Skip to main content

Full text of "Le couronnement de Louis; chanson de geste pub. d'après tous les manuscrits connus, par E. Langlois"

See other formats


D 


SOCIÉTÉ 


DES 


ANCIENS  TEXTES  FRANÇAIS 


LE  COURONNEMENT  DE  LOUIS 


I.e  Puy.  imprimerie  dz  Mârchessou  fils,  boulevard  Saint-Laurent   23 


CauyfTyyi&rr)  &tjt     cLe    Lpi/iS 


LE 


COURONNEMENT  DE  LOUIS 


CHANSON  DE  GESTE 


PUBLIÉE   d'après   tous   LES   MANUSCRITS   CONNUS 


E.    LANGLOIS 


PARIS 
LIBRAIRIE   DE   FIRMIN    DIDOT  ET   €«« 

56,    RUE    JACOB,    56 


M  DCCC  LXXXVIII 


Publication  proposée  à  la  Société  le  24  février  1886. 
Approuvée  par   le  Conseil  le  24  mars  1886   sur   le   rapport   d'une 
commission  composée  de  MM.  Longnon,  Meyer  et  G.  Paris. 

Commissaire  responsable  : 
M.  G.  Paris. 


LA  MÉMOIRE 

DE  MON  FRÈRE 

HENRI  LANGLOIS 

AVOCAT  A  LA  COUR  d'aPPEL  DE  PARIS 


PARIS 

28  NOVEMBRE    il 


INTRODUCTION 


P.  Paris  appela  le  premier  l'attention  des  érudits 
sur  le  Coronement  Lodïs,  d'abord,  en  1 840,  en  l'ana- 
lysant dans  les  Manuscrits  françois  de  la  Biblio- 
thèque du  roi  \  ensuite  en  lui  consacrant  une  ex- 
cellente notice  dans  VHistoire  littéraire  de  la 
France  2.  Peu  après,  Jonckbioet,  dans  son  ouvrage 
intitulé  Guillaume  d'Orange  ^,  publia  le  texte  du 
poème  *,  puis  une  étude  sur  ses  sources  histori- 
ques ^,  enfin  une  traduction  en  français  moderne  ^. 
Littré,  en  rendant  compte  des  deux  premiers  volumes 
de  cet  ouvrage  dans  le  Journal  des  savants  (janvier 


1.  Vol.  Iir,  pages  i23-i3o  (Paris,  1836-1848,  7  vol.  in-80). 

2.  Vol.  XXII,  pages  481-488. 

3.  Guillaume  d'Orange,  chansons  de  geste  des  xi*  et  xii*  siècles, 
p.  p.  AL  W.  J.  A.  Jonckbioet.  (La  Haye,  1854-1867,  3  vol.  in-S"). 

4.  Vol.  I,  pages  1-71. 

5.  Vol.  II,  pages  80-116. 

6.  Vol.  III,  pages  91-133. 


M  INTRODUCTION 

1867),  analysa  de  nouveau  le  Coronement  LooïsK 
Dans  la  seconde  édition  de  ses  Recherches  sur 
rhistoire  et  la  littérature  de  l'Espagne  -,  Dozy 
avait  essayé  d'établir  Torigine  normande  d'un  cer- 
tain nombre  de  chansons  de  geste  et  en  particulier  du 
Coronement  Loo?5,  mais  M.  G.  Paris,  dans  r//i5/oiVe 
poétique  de  Charlemagne  3,  et  M.  L.  Gautier,  dans 
les  Épopées  françaises  '^,  ont  réfuté  ses  arguments  ; 
aussi  Fauteur  a-t-il  abandonné  sa  théorie  dans  la 
troisième  édition  de  son  livre  ^.  M.  Liicking  aussi,  en 
s'appuyant  sur  l'étude  des  assonances  du  Coronement 
Loois^  a  attribué  ce  poème  à  un  trouvère  normand» 
mais  cette  étude,  ne  reposant  pas  sur  un  texte  cri- 
tique, est  sans  valeur  ^\  Très  important,  au  contraire, 
est  l'article  dans  lequel  M.  G.  Paris  "^  prouve  que 
le  Coronement  Looïs  contient,  non  pas  quatre,  mais 
au  moins  cinq  branches,  et  que  Guillaume  de  Mon- 
treuil -sur-Mer  est  un  des  héros  du  poème. 

J'ai  déjà  cité  les  Épopées  françaises  de  M.  L.  Gau- 
tier; le  IVc  volume,  entièrement  consacré  à  la  geste 
de  Guillaume,  contient  l'étude   la  plus  complète  ^ 


1.  Littré  a  reproduit  cet  article  dans  son  Histoire  de  la  langue 
française,  l,  160-1 85  (Paris,  1869). 

2.  Vol.  Il,  pages  27G  et  ss.  (Leyde,  1860,  2  vol,  in-S"). 

3.  Page  82,  note  4  (Paris,  186!),  in-8'). 

4.  2«  édit.,  tome  IV,  pages  gS  et  ss. 

5.  Leyde,  i88ï,  2  vol.  in-S». 

6.  Die   aeltesten  fran^oesischen    Mundarten,    pages    223-226 
(Berlin,  1877). 

7.  Rnmania,  I,  177-180. 

8.  Passim  et  surtout  pages  334-369. 


INTRODUCTION  III 

qui  ait  été  faite  jusqu'ici  sur  le  CoronementLooïs  K 
Si,  malgré  tous  ces  travaux,  j'ai  repris  le  même 
sujet,  c'est  avec  Tintention  de  coordonner  les  ma- 
tériaux épars  plutôt  que  d'en  apporter  de  nouveaux. 
Ce  qui  m'a  surtout  décidé,  c'est  cette  considération 
qu'à  un  poème  de  la  valeur  du  Coronement  Looïs 
une  édition  critique,  sur  laquelle  on  pût  s'appuyer 
pour  des  études  ultérieures,  était  nécessaire.  Le 
texte  donné  par  Jonckbloet  a  sans  doute  rendu  d'im- 
portants services  à  la  science,  mais  il  n'a  pas  été 
publié  d'après  les  principes  rigoureux  que  les  progrès 
de  la  philologie  imposent  aujourd'hui  à  tout  éditeur 
de  nos  anciens  textes.  Jonckbloet  s'est  contenté  de 
copier  un  manuscrit  2,  qui,  à  la  vérité,  est  très  bon, 
en  remplissant  les  lacunes  ou  en  corrigeant  les  fautes 
évidentes  à  l'aide  d'un  autre  manuscrit  de  la  même 
famille.  Il  s'est  ainsi  privé  des  ressources  que  lui 
oflraient  les  autres  manuscrits.  Le  texte  de  Jonck- 
bloet n'a  donc  rien  de  fixe  ;  les  travaux  qui  le  pren- 
draient pour  point  de  départ,  au  lieu  d'être  écha- 
faudés  sur  une  base  solide,  ne  reposeraient  que  sur 
un  sable  mouvant.  Si  ce  fait  avait  besoin  d'être  dé- 


1.  Je  dois  citer  encore  le  livre  de  L.  Clarus,  Heri^og  Wiîhelm 
von  Aquitanien  (Munster,  i865,  in-8"),  où  les  études  de  P.  Pa- 
ris, Jonckbloet  et  Dozy  sur  le  Coronement  Looïs  sont  résu- 
mées en  quelques  pages  (207-216),  et  la  Chrestomathie  de  Van- 
cien  français  de  M.  Constans  (Paris,  1884,  in-S»),  dans  laquelle 
l'auteur  a  inséré,  d'après  le  ms.  B.  N.  fr.  774,  146  vers  du 
Coronement  Looïs  (pages  37  et  ss.) 

2.  Le  ms.  B.  N.  fr.  774  ou  le  ms.  B.  N.  fr.  1449,  qui  n'en 
dirtere  pas, 


IV  INTRODUCTION 

montré,  je  pourrais  en  fournir  des   preuves  tirées 
des  ouvrap^es  cites  ci-dessus. 

Kn  i883,M.  G.  Paris  m'avait  charge,  pour  ses 
conférences  à  TÉcole  des  Hautes  Études,  d'un  travail 
sur  le  début  du  Coronemcnt  Looïs  ;  c'est  cette  étude, 
faite  sous  la  direction  du  professeur  et  revue  par  lui, 
que  j'ai  étendue  au  poème  tout  entier  pour  en  faire 
l'objet  de  la  présente  publication  ;  qu'il  me  soit  donc 
permis  de  témoigner  ici  ma  profonde  reconnaissance  à 
mon  illustre  et  cher  maître. 


I.  —   l'élément  historique  dans  le 

CORONEMENT   LOOÏS 


Jonckbloet  avait  divisé  ^  le  Coronement  Looïs 
en  quatre  parties;  depuis,  M.  G.  Paris  a  montré  ^ 
que  les  quarante  derniers  vers  du  poème  sont  l'a- 
brégé d'une  deuxième  chanson  aujourd'hui  perdue. 

La  première  branche  (vers  i  à  27  i)  est  le  récit  du 
couronnement  de  Louis  le  Débonnaire  au  palais  d'Aix- 
la-Chapelle. 

Dans  la  seconde  (vv.  272  à  1429)  Guillaume  au 
Court  Nez  va  en  Italie  guerroyer  contre  les  Sarrasins. 

1.  Guillaume  d'Orange,  II,  8i. 

2.  Romania,  I,  177. 


L  ELEMENT  HISTORIQUE  V 

La  troisième  (vv.  1430  à  2224)  raconte  les  luttes  de 
Guillaume  contre  les  ennemis  de  l'empereur  Louis. 

La  quatrième  (vv.  2225  à  2652)  est  le  récit  d'une 
expédition  de  Guillaume  en  Italie,  où  il  secourt  le  pape 
contre  les  Allemands. 

La  cinquième  (vv.  2653  à  la  fin)  est  analogue  à  la 
troisième. 

Je  montrerai  plus  loin  que  dans  la  composition  du 
Coronement  Looïs  sont  entrés  plusieurs  autres  poè- 
mes, mais  tellement  abrégés,  altérés,  fondus  avec 
d'autres,  qu'il  est  impossible  de  les  étudier  à  part; 
c'est  pourquoi  j'adopterai  la  division  de  M.  G.  Paris. 


I.  —  Première  branche. 

La  première  branche  du  Coronement  Looïs  (vers 
1-271)  n'est  pas  une  simple  fiction  de  poète;  elle  re- 
pose sur  un  fonds  historique.  Fauriel  ^  et  P.  Pa- 
ris 2  avaient  déjà  reconnu  ce  fait,  Jonckbloet  ^  le 
mit  hors  de  doute;  depuis,  personne  ne  l'a  contesté. 

Cette  partie,  prise  isolément,  est  le  reste  d'un  poème 
qui  avait  pour  sujet  le  couronnement  de  Louis,  fils  de 
Charlemagne.  En  voici  l'analyse  : 

Le  vieil  empereur  sent  qu'il  va  mourir  et  songe  à 
se  décharger  du  poids  de  la  couronne  en  la  plaçant 


1.  Hist.  de  la  poésie  provençale,  III,  88-89  (Paris,  3  vol.  in-S"). 

2.  Les  Manuscrits  françois  de   la  Bib.  du  Roi,  III,    123  ;  His- 
toire littéraire,  XXII,  481-488. 

3.  Guillaume  d'Orange,  II,  80-94. 


VI  INTRODUCTION 

sur  la  tête  de  son  fils.  Il  réunit  donc  sa  cour  dans  la 
chapelle  d'Aix  :  comtes,  abbés,  évêques,  archevê- 
ques, tous  les  grands  y  accourent,  même  «  Tapostoi- 
les  de  Rome  .»  Là  Charles  énumère  à  son  fils  les  char- 
ges qu'impose  le  trône  et  termine  en  disant  : 

•  S'ensi  vuels  faire,  ge  te  doins  la  corone, 
O  se  ce  non,  ne  la  baillier  tu  onques.  • 

Mais  Louis,  ébahi  de  ce  qu'il  vient  d'entendre,  n'ose 
prendre  la  couronne.  L'empereur,  irrité,  veut  le  faire 
tonsurer  : 

«  Tirra  les  cordes  et  sera  marregliers, 
S'avra  provende  qu'il  ne  puist  mendiier.  » 

En  ce  moment,  un  traître,  Arneïs  d'Orléans,  demande 
à  Charlemagne  la  lieutenance  du  royaume,  pour  trois 
ans  seulement,  après  lesquels,  si  Louis  a  changé. 

S'il  vuelt  proz  estre  ne  ja  buens  entiers, 

il  lui  rendra  le  pouvoir  «  de  gré  et  volentiers  » .  L'em- 
pereur y  consent  et  les  amis  d' Arneïs  s'en  réjouissent  : 
bientôt  Charles  mourra,  son  fils  unique  sera  relégué 
dans  un  couvent  et  le  traître  sera  couronné. 

Mais  Guillaume,  fils  d'Aimeri  de  Narbonne,  qui, 
chose  assez  bizarre,  était  allé  chasser  pendant  que  les 
autres  barons  s'occupaient  des  affaires  les  plus  graves 
de  l'État  \  rentre  tout-à-coup  au  palais  impérial,  est 


I .  Au  début  du  Charroi  de  Nintes,  Guillaume  est  de  même  à  la 
chasse  pendant  que  les  barons  sont  assemblés  autour  de  l'empe- 
reur et  à  son  retour  apprend  de  son  neveu  ce  qui  se  passe  au 
palais. 


l'élément  historique  Vli 

mis  au  courant  de  ce  qui  se  passe  par  son  neveu  Ber- 
trand, pénètre  dans  la  chapelle,  ronnpt  la  presse  des 
barons,  s'avance  vers  Arneïs  et  le  tue  d'un  coup  de 
poing,  puis  il  prend  la  couronne  sur  Tautel  et  la  pose 
sur  le  front  de  l'héritier  légitime,  en  lui  jurant  de  tou- 
jours la  défendre  ^  Le  vieil  empereur  en  verse  des 
larmes  de  joie  : 

«  Sire  Guiilelmes,  granz  merciz  en  aiez. 
Vostre  lignages  a  le  mien  esalcié.  » 

Il  fait  à  son  fils  les  plus  belles  exhortations. 

Chacun  s'étant  retiré,  Guillaume  prend  congé  de 
Charles  et  de  Louis  et  va  faire  «  un  pèlerinage  »  à 
Rome. 


I .  Cette  scène  en  rappelle  une  autre  dont  Guillaume  duc  de  Nor- 
mandie fut  le  héros  et  que  Richer  raconte  ainsi  :  «  Ludovicus  rex, 
cum  in  conclavi  sese  cum  Ottone  rege  ac  principibus  recepisset, 
consilio  incertum  an  fortuitu,  solus  Wilelmus  dux  admissus  non 
est.  Diucius  ergo  afforis  exspectans,cum  non  vocaretur,  rem  animo 
irato  ferebat.  Tandem  in  iram  versus,  utpote  manu  et  audatia 
nimius,  foribus  clausis  vim  intulit  ac  retrorsum  vibrabundus  ade- 
git,  ingressusque  lectum  conspicatur  gestatorium,  in  que  etiam  a 
parte  cervicalis  Otto  editiore,  rex  vero  in  parte  extrema  humilior 
residebat,  in  quorum  prospectu  Hugo  et  Arnulfus  duabus  résiden- 
tes sellis  consilii  ordinem  exspectabant.  Wilelmus  rcgis  injuriam 
non  passus  :  «  An,  inquit,  his  interesse  non  debui  ?  Deseriorisne 
dedecore  aliquando  sordui?  »  Fervidusque  propinquans  :  «  Surge, 
iiKjuit,  paululum,  rex!  »  Quo  mox  surgente,  ipse  resedit.  Dixitque 
indecens  esse  regem  inferiorem,  alium  vero  quemlibet  superiorem 
videri  ;  quapropter  oportere  Ottonem  inde  amoliri  regique  cedere. 
Olto,  pudore  affectus,  surgit  ac  régi  cedit.  Rex  itaque  superior,  at 
Wilelmus  interior  consederunl.  »  {Riclieri  hist.,  H,  3o,  éd.  Pertz, 
Mon.  Genn.  hist.  in-f»;  Script.,  III,  SgS,  594). 


VIII  INTRODUCTION 

Fauriel  le  premier  a  reconnu  dans  ce  récit  la  tradi- 
tion d'un  événement  réel  :  «  Les  historiens  contempo- 
rains, »  dit-il,  «  qui  ont  décrit  la  mort  de  Gharlemagne 
et  l'avènement  de  Louis  le  Débonnaire  ont  laissé, 
comme  à  dessein,  une  sorte  de  voile  mystérieux  sur  cer- 
taines particularités  de  cet  événement.  Ils  donnent  à  en- 
tendre qu'aussitôt  Gharlemagne  mort,  quelques-uns 
des  principaux  officiers  de  son  palais  ourdirent  une 
conspiration  dont  Tobjet  était  d'exclure  Louis  le  Dé- 
bonnaire du  trône.  Les  conspirateurs  échouèrent,  sans 
que  l'histoire  nous  dise  pourquoi,  par  quelles  causes, 
ni  par  l'aide  ou  l'intervention  de  qui.  Ce  ne  fut  cer- 
tainement pas  par  celle  de  Guillaume  le  Pieux.  Ge  duc 
avait  eu,  il  est  vrai,  des  relations  très  intimes  avec 
Louis  le  Débonnaire,  lorsque  celui-ci  n'était  encore 
que  roi  d'Aquitaine;  mais  il  se  retira  du  monde  et  des 
affaires  plusieurs  années  avant  celle  où  Louis  suc- 
céda à  Gharlemagne;  et  s'il  n'était  déjà  mort  à  cette 
époque,  du  moins  est-il  certain  qu'il  ne  sortit  pas  du 
monastère  fondé  par  lui  dans  un  désert  des  Gévennes. 
Il  ne  put  donc  assister  au  couronnement  de  Louis  le 
Débonnaire,  ni  l'aider  à  triompher  des  ennemis  qui 
lui  disputèrent  la  couronne. 

«  Les  allusions  faites  à  ce  service  dans  le  passage 
du  roman  de  Guillaume  au  Gourt  Nez  sont  donc 
fausses.  Mais,  cela  convenu,  restent  les  allusions  à  la 
conspiration  ourdie  contre  Louis  le  Débonnaire  ^ .  » 


I.  Hist.  de  lapoés.  prou.,  III,  88.  Ce  n'est  pas  dans  une  étude  sur 
le  Coronement  Looîs  que  Fauriel  a  écrit  ces  lignes,  mais  à  propos 
des  allusions  faites  à  notre  poème  dans  la  chanson  d'Aliscans. 


l'élément  historique  IX 

Jonckbloet,  après  avoir  cité  ces  lignes,  reprend 
la  question  pour  Pétudier  à  fond  et  mettre  en  relief 
ces  allusions  dont  parle  Fauriel. 

Mais  avant  de  chercher  quelle  part  il  faut  faire  à 
l'histoire,  quelle  part  à  la  légende,  dans  cette  première 
partie  de  notre  chanson,  je  ferai  remarquer,  aprioriy 
que  la  poésie  a  réuni  deux  faits  qui  n'ont  pu  être  réu- 
nis dans  la  réalité  :  le  couronnement  de  Louis  et  la 
conjuration  qui  devait  empêcher  son  élévation  au 
trône.  Si  quelqu'un  a  réellement  essayé  de  s'opposer 
à  l'avènement  de  Louis  le  Débonnaire,  ses  résistances 
n'ont  pu  se  manifester  du  vivant  de  Charlemagne. 
Celui-ci  était  déjà  âgé  lorsqu'il  couronna  son  fils, 
mais  les  années  en  affaiblissant  ses  forces  ne  lui 
avaient  pas  enlevé  son  prestige,  et  il  n'était  personne 
qui  ne  se  courbât  encore  sous  sa  puissante  main. 

En  admettant  donc  qu'une  conspiration  ait  été  tra- 
mée contre  Louis,  les  conjurés  devaient  avoir  pour 
but  d'empêcher,  non  son  couronnement^  mais  son 
avènement,  et  c'est  à  la  mort  du  père  seulement  qu'il 
faut  chercher  les  traces  de  leurs  menées. 

C'est  pourquoi  je  distinguerai  dans  mes  recherches 
ces  deux  points,  que  la  légende  a  confondus,  mais  qui 
doivent  être  séparés  dans  l'histoire  :  le  Couronnement 
et  la  Conspiration. 

C'est  en  8i3,  quelques  semaines  avant  la  mort  de 
l'empereur,  qu'eut  lieu  cette  imposante  cérémonie  du 
couronnement. 

De  bonne  heure  Charlemagne  avait  assigné  un 
royaume  à  chacun  de  ses  trois  fils.  Un  testament,  ap- 
prouvé par  les  grands  en  806,  au  plaid  de  Thion- 


X'  INTRODUCTION 

ville,  et  signé  par  le  pape  Léon,  réglait  définiti- 
vement le  partage.  Après  la  mort  de  l'empereur,  son 
fils  aîné,  Charles,  devait  avoir  le  pays  des  Francs, 
c'est-à-dire  la  Neusirie,  l'Austrasie  et  la  Germanie*, 
Pépin  le  pays  des  Lombards,  c'est-à-dire  Tltalie,  la 
Rhétie  et  la  Bavière;  enfin  Louis  aurait  la  Gaule  ro- 
maine, c'est-à-dire  l'Aquitaine,  la  Septimanie,  la 
Provence  et  la  Bourgogne. 

«  Mais,  »  dit  M.  Himly,  «  la  mort  simultanée  de 
Pépin  et  de  Charles  en  8io  et  en  8i  i  avait  tout  remis 
en  question.  De  toute  la  descendance  de  Charlemagne 
il  ne  restait  plus  que  son  troisième  et  dernier  fils 
légitime  Louis,  des  bâtards  encore  en  bas  âge  et  un 
fils  illégitime  de  Pépin  appelé  Bernard  ^.  » 

C'est  pour  régler  de  nouveau  sa  succession  que 
Charlemagne  tint,  en  81 3,  dans  sa  chapelle  d'Aix, 
le  grand  conseil  dont  notre  poème  représente  la  tra- 
dition souvent  très  fidèle.  Les  historiens  contempo- 
rains font  mention  de  cette  assemblée  ;  Thégan  et  le 
poète  Ermoldus  Nigellus  se  plaisent  à  en  donner  des 
détails  qu'on  retrouve  sans  grandes  modifications  dans 
la  chanson  de  geste. 

Je  vais  reproduire  les  passages  d'Einhard ,  de 
Thégan,  de  la  chronique  de  Moissac  et  d' Ermoldus 
Nigellus  qui  se  réfèrent  à  cet  événement. 

Einhard  s'exprime  ainsi  :  «  Extremo  vitae  tem- 
pore,  cum  jam  et  morbo  et  senectute  premeretur,  vo- 
catum  ad  se  Hludowicum  filium,  Aquitaniae  regem, 


I.   Waia  et  Louis  le  Débonnaire^  p.  3i  (Thèse  pour  le  doctorat. 
Paris,  1849,  in-8*). 


l'élément  historique  XI 

qui  solus  filiorum  Hildegardae  supererat ,  congregatis 
sollempniter  de  toto  regno  Francorum  primoribus, 
cunctorum  consilio,  consortem  sibi  totius  regni  et 
imperialis  nominis  heredem  constituit,  impositoque 
capiti  ejus  diademate,  imperatorem  et  augustum 
jussit  appellari.  Susceptum  est  hoc  ejus  consilium 
ab  omnibus  qui  aderant  magno  cum  favore,  nam 
divinitus  ei  propter  regni  utilitatem  videbatur  inspi- 
ratum-,  auxitque  magestatem  ejus  hoc  factum  et 
exteris  nationibus  non  minimum  terroris  incus- 
sit  ^  » 

La  Chronique  de  Moissac  s'étend  davantage  sur 
cette  cérémonie  :  «  Et  in  ipso  anno,  mense  septembri, 
jam  dictus  Karolus  fecit  conventum  magnum  populi 
apud  Aquis  palatium  de  omni  regno  vel  imperio  suo. 
Et  convenerunt  episcopi,  abbates,  comités  et  senatus 
Francorum  ad  imperatorem  in  Aquis;  et  ibidem 
constituit  capitula  numéro  xlvi  de  causis  quae  erant 
necessariae  ecclesiae  Dei  et  christiano  populo.  Post 
haec  habuit  consilium  cum  praefatis  episcopis  et  ab- 
batibus  et  comitibus  et  majoribus  natu  Francorum, 
ut  constituèrent  filium  suum,  Ludovicum  regem,  ym- 
peratorem,  qui  omnes  pariter  consenserunt,  dicentes 
hoc  dignum  esse  ;  omnique  populo  placuit,  et  cum 
consensu  et  acclamatione  omnium  populorum  Ludo- 
vicum filium  suum  constituit  imperatorem  secum,  ac 
per  coronam  auream  tradidit  ei  imperium,  populis 
acclamantibus  et  dicentibus  :  «  Vivat  imperator  Lu- 


I.  Vita  Caroli  Magni,  cap.   xxx  (Pertz,  Mon.  Germ.  hist.   in-fo; 
Script,  II,  459). 


XII  INTRODUCTION 

dovicus!  »  Et  facta  est   laetitia   magna  in    populo 
in  illa  die  K  » 

Mais  c'est  dans  Thégan  que  nous  trouvons  les  dé- 
tails les  plus  explicites  :  «  Supradictus  vero  impera- 
tor,  cum  jam  intellexit  adpropinquare  sibi  diem 
obitus  sui,  senuerat  enim  valde,  vocavit  filium  suum 
Hludowicum  ad  se,  cum  omni  exercitu,  episcopis, 
abbatibus,  ducibus,  comitibus ,  locopositis  ^  habuit 
générale  colloquium  cum  eis  Aquisgrani  palatio,  pa- 
cifiée et  honeste  ammonens  ut  fidem  erga  filium  suum 
ostenderent,  interrogans  omnes  a  maximo  usque  ad 
minimum  si  eis  placuisset  ut  nomen  suum,  id  est 
imperatoris,  filio  suo  Hludowico  tradidisset.  Illi  om- 
nes exultando  responderunt  Dei  ammonitionem  esse 
illius  régi.  Quod  factum,  in  proxima  die  dominica  or- 
navit  se  cultu  regio  et  coronam  capiti  suo  imposuit; 
incedebat  clare  decoratus  et  ornatus,  sicut  ei  decuerat. 
Perrexit  ad  ecclesiam,  quam  ipse  a  fundamento  cons- 
truxerat,  pcrvenit  ante  altare  quod  erat  in  eminentiori 
loco  constructum  caeteris  altaribus  et  consecratum  in 
honorem  Domini  nostri  Jesu  Christi,  super  quod  coro. 
nam  auream,  aliam  quam  ille  gestabat  in  capite 
suo,  jussit  imponi.  Postquam  diu  oraverunt  ipse  et 
filius  ejus,  locutus  est  ad  filium  suum  coram  omni 
multitudine  pontificum  et  optimatum  suorum,  am- 
monens eum  inprimis  omnipotentem  Deum  diligere 
ac  timere,  ejus  praecepta  servare  in  omnibus,  aec- 
clesias  Dei  gubernare  et  deffendere  a  pravis  homini- 
bus;  sororibus  suis  et  fratribus,  qui  erant  natu  junio- 

I.  Chronicon   Moissiacense ,  z\\ .  8i3  (Pertz,  Ibid.,  II,  259). 


l'élément  historique  xin 

res,  et  nepotibus  et  omnibus  propinquis  suis  indeffi- 
cientem  misericordiam  semper  ostendere  praecepit; 
deinde  sacerdotes  honorare  ut  patres,  populum  dili- 
gere  ut  filios,  superbos  et  nequissimos  homines  in  viam 
salutis  coactos  dirigere  ;  coenobiorum  consolator  fuisset 
et  pauperum  pater;  fidèles  ministres  et  Deum  ti- 
mentes  constitueret ,  qui  munera  injusta  odio  habe- 
rent;  nuUum  ab  honore  suo  sine  causa  discretionis 
ejecisset,  et  semetipsum  omni  tempore  coram  Deo 
et  omni  populo  irreprehensibilem  demonstrare.  Post- 
quam  haec  verba  et  alia  multa  coram  multitudine 
filio  suo  ostenderet,  interrogavit  eum  si  obediens  vo- 
luisset  esse  praeceptis  suis.  At  ille  respondit  libenter 
obedire  et,  cum  Dei  adjutorio,  omnia  praecepta  quae 
manda verat  ei  pater  custodire.  Tune  jussit  eum  pa- 
ter  ut  propriis  manibus  elevasset  coronam  quae 
erat  super  altare  et  capiti  suo  imponeret,  ob  recor- 
dationem  omnium  praeceptorum  quae  mandaverat 
ei  pater.  At  ille  jussionem  patris  implevit.  Quod  fac- 
tum,  audientes  missarum  sollemnia  ibant  ad  palatium. 
Sustinuit  enim  filius  patrem  eundo  et  redeundo, 
quamdiu  cum  eo  erat  filius.  Non  post  multos  dies 
magnificis  donis  et  innumeris  honoravit  eum  pater 
suus  et  dimisit  eum  ire  Aquitaniam  ^ .  » 

Malgré  la  longueur  de  ces  citations,  je  vais  encore 
donner  les  vers  d'Ermoldus  Nigeîlus  qui  se  rappor- 
tent au  couronnement  de  Louis  ;  il  est  intéressant  de 
comparer  la  poésie  savante  avec  la  poésie  vulgaire 
sur  un  même  sujet  : 

I.  Vita  Hludowici  imperatoris,  cap,  vi  (Pcrlz,  Ibid.,  II,  591 ,  592). 


XIV  INTRODUCTION 

Jamquc,  favcnte  Deo,  Frnncos  pax  undique  habebat, 

Siravcrat  adverses  Marsque  Dcusque  viros. 
Namque  senex  Carolus  Caesar  vencrabilis  orbi 

Concîlium  revocat  ad  sua  tecta  novum. 
Aurato  residens  solio  sic  coepit  ab  alto, 

Electi  circum  quem  résident  comités  : 
«  Audite,  G  proceres,  nostro  nutriminc  frcii, 

Agnita  narro  quidem  veraque  credo  satis  : 
Dum  mihi  namque  foret  juvenali  in  corpore  virtus, 

Viribus  atque  armis  ludere  cura  fuit  ; 
Non  torpore  meo  turpique  pavore,  fatebor, 

Francorum  fines  gens  inimica  tulit. 
Jam  quoquG  sanguis  hebet,  torpescit  dira  senectus, 

Florida  canities  lactea  colla  premit; 
Dextera  bellatrix,quondam  famosa  per  orbem, 

Sanguine  frigente,  jam  tremcbunda  cadit. 
Proies  nata  mihi  superis  abscessit  ab  oris, 

Ordine  functa  suo,  heu  !  tumulata  jacet, 
Sed  quoque  quae  potior  Dominoque  placentior  olira 

Visa  fuit,  semper  est  mihi  cessa  modo, 
Nec  vos  dcseruitChristusquin  germine  nostro 

Servaret,  Franci,  nunc  sobolem  placitam. 
nia  meis  semper  delectans  inclita  jussis 

Paruit  atque  meum  edidit  imperium, 
Semper  amore  Dei  ecclesiarum  jura  novavit, 

Crédita  régna  sibi  contulit  in  melius. 
Vidistis  quae  (dona)  olim  Maurorum  funerc  misit  : 

Regem,  arma  et  vinctos,  magna  trophaea  simul. 
Vos  mihi  consilium  fido  de  pectore,  Franci, 

Dicite,  nos  prompte  mox  peragamus  idem.  » 
Tune  Heinardus  erat,  Garoli  dilectus  amorc, 

Ingenioque  sagax  et  bonitate  vigens; 
Hic  cadit  ante  pedes,  vestigia  basiat  aima; 

Doctus  consiliis  incipit  ista  prior  ; 
«  O  Caesar,  famose  polo  terraque  marique, 

Caesareum  qui  das  nomen  habere  tuis, 


l'élément  historique  XV 

Addere  consiliis  nil  nostrum  est  posse,  nec  ulli 

Mortali  potius  Ghristus  habere  dédit  : 
Quae  tihi  corde  Deus  miseratus  contulit,  hortor, 

Quantocius  parens  omnia  perficias. 
Filius,  aime,  tibi  praedulcis  moribus  exstat, 

Pro  meritis  qui  quit  régna  tenere  tua  : 
Hune  petimus  cuncti,  majorque  minorque  popellus, 

Hune  petit  aecclesia,  Ghristus  et  ipse  favet  ; 
Hic  valet  imperii  post  tristia  funera  vestri 

Jura  tenere  armis  ingenioque,  fide.  » 
Annuit  at  Gaesar  laetus  Ghristumque  precatur, 

Mittitet  ad  sobolem  mox  celerando  suam. 
Tempore  namque  illo  Hludowic  bonus  Aquitanorum, 

Ut  supra  cecini,  régna  tenebat  ovans. 
Quid  moror?  Extemplo  patris  pervenit  ad  aulam. 

Gaudet  Aquis  clerus,  plebs  proceresque,  pater. 
Incipit  haec  iterum  Garolus,  per  singula  verba, 

Dilectae  proli  narrât  et  exposuit  : 
a  Nate,  Deo  care  et  patri  populoque  subacto, 

Quem  mihi  solamen  cessit  habere  Deus, 
Gernis  at  ipse  meam,  senio  properante,  senectam 

Deficere  et  tempus  mortis  inesse  mihi. 
Prima  mei  cura  regni  moderamina  constant 

Quae  immerito  mihimet  contulit  ipse  Deus, 
Non  favor  aut  levitas  humanae  mentis  adurguet 

Quae  tibi,  crede,  loquor,  sed  pietatis  amor. 
Francia  me  genuit,  Ghristus  concessit  honorem, 

Régna  paterna  mihi  Ghristus  habere  dédit. 
Haec  eadem  tenui,  nec  non  potiora  recepi, 

Ghristicoloque  fuit  pastor  et  arma  gregi. 
Gaesareum  primus  Francorum  nomen  adeptus, 

Francis  Romuleum  nomen  habere  dedi.  » 
Haec  ait  et  capiti  gemmis  auroque  coronam 

Imposuit,  pignus  imperii,  sobolis  : 
a  Accipe,  nate,  meam,  Ghristo  tribuente,  coronam 

Imperiique  decus  suscipe,  nate,  simul. 


XVI  INTRODUCTION 

Qui  tibi  concessit  culmcn  miscratus  honoris 

Conférât  ipse  tibi  posse  placerc  sibi.  » 
Tune  patcr  et  soboles,  praestandi  munere  laeti, 

Prandia  magna  colunt  cum  pictate  Dei. 
O  fcstiva  dies,  multos  memoranda  per  annos! 

Augustos  geminos,  Francia  terra,  tenes. 
Francia,  plaude  libens,  plaudat  simul  aurea  Roma  : 

Imperium  spectant  cetera  régna  tuum. 
Tum  Carolus  sapiens  multis  suadebat  alumnum 

Diligat  ut  Christum  ecclesiamque  colat. 
Amplexans  nimium  libavit  et  oscula  pulcra; 

Dat  licitum  ad  propria,  verbasuprema  sonat  '. 

Les  ressemblances  qui  existent  entre  ces  différents 
textes  et  le  poème  français  sont  trop  nombreuses  et 
trop  évidentes  pour  qu'il  soit  utile  d'insister  sur  cette 
comparaison. 

Il  est  donc  certain  que  le  début  du  poème  français 
a  un  fonds  historique;  on  peut  même  ajouter  qu'il 
remonte  à  une  époque  où  la  tradition  n'avait  encore 
que  très  peu  altéré  Thistoire,  c'est-à-dire  à  une  épo- 
que presque  contemporaine  des  événements  qu'il 
raconte. 

Je  ne  crois  pas,  comme  M.  L.  Gautier,  que  le 
début  du  Coroucmcnt  Loo'fs  ait  été  calqué  sur  les  ré- 
cits d'Einhard  ou  de  Thégan^.  Il  est  même  fort 
probable,  pour  ne  pas  dire  certain,  que  le  trouvère 


1.  Ermoldi  Nigelli  lib.  Il,  vv.  1-84  (Pertz,   Ibid.,  II,  478-480.) 

2.  «  Le  début  du  Couronnement  Looys,  qui  contient  le  récit  des 
derniers  conseils  et  des  adieux  de  Charles  à  son  fils,  paraît  en  par- 
tie calqué  sur  deux  textes  d'Éginhard  (  Vita  Karoli  Magni,  cap.  xxx, 
Pertz,  II,  459)  et  de  Thégan  (Vita  Hludowici,  cap.  vi,  Perlz,  II, 
591).  7>  (Les  Épopées  françaises,  2*  éd.,  IV,  SSy-S). 


l'élément  historique  XVII 

n'a  jamais  connu  ces  chroniques.  Les  auteurs  de  nos 
chansons  de  geste,  en  général,  n'étaient  pas  des  clercs 
et  ne  pouvaient  lire  les  textes  latins.  On  pourrait  ré- 
pondre à  la  rigueur  qu'ils  se  les  faisaient  traduire. 
C'est  possible,  mais  le  cas  devait  être  bien  rare,  sur- 
tout à  l'époque  oii  je  crois  que  notre  poème  fut  com- 
posé. 

Je  n'oserais  pas  dire  qu'il  est,  en  tenant  compte, 
bien  entendu,  des  transformations  qu'il  aurait  subies 
depuis,  de  la  même  date  que  les  chroniques  citées  plus 
haut,  mais  je  le  crois  de  peu  postérieur.  «  Ce  début  a 
certainement  un  grand  air  d'ancienneté,  »  dit  P.  Paris, 
«  et  la  première  inspiration  doit  en  appartenir  à  l'épo- 
que Carlo vingienne  ^  »  Et  pourtant  lorsqu'il  écrivait 
ces  lignes  P.  Paris  ne  s'appuyait  pas  sur  les  ressem- 
blances frappantes  qui  viennent  d'être  signalées  entre 
l'histoire  et  la  poésie.  Jonckbloet  dit  de  son  côté, 
après  avoir  cité  les  vers  d'Ermoldus  Nigellus  :  «  No- 
tre chanson  de  geste  nous  a  sans  aucun  doute  trans- 
mis les  dernières  vibrations  de  cette  hymne  popu- 
laire '.  » 

En  résumé,  malgré  les  nombreux  rapports  qui 
existent  entre  notre  poème  et  les  textes  dont  je  l'ai 
rapproché,  on  peut  affirmer  qu'il  ne  dérive  pas  de  ces 
textes.  D'une  même  source  sont  sorties  d'un  côté 
l'histoire  des  clercs,  de  l'autre  celle  du  peuple,  la 
chronique  et  la  légende*,  elles  se  sont  écartées  de  jour 
en  jour  l'une  de  Tautre,  pas   assez  cependant  pour 

i.   Histoire  littéraire,  XXII,  481. 


XVIIl  INTRODUCTION 

qu'on  ne  puisse  retrouver  leur  parenté  et  par  là  re- 
monter à  leur  origine  commune. 

«  Si  l'auteur  de  la  chanson  s'est  inspiré  de  This- 
toire,  »  observe  M.  L.  Gautier,  «  il  n'a  pas  toutefois 
respecté,  comme  Ta  fait  Thégan,  la  physionomie  his- 
torique de  Louis;  il  n'a  pas  craint  de  le  représenter 
sous  les  traits  les  plus  méprisables  ^  » 

Cette  différence  entre  l'histoire  et  la  légende  est 
toute  naturelle.  J'en  cite  un  exemple.  Quand  après 
de  sages  conseils  donnés  à  son  fils,  le  vieil  empereur 
dit  à  celui-ci  : 

«  S'ensi  vuels  faire,  ge  te  doins  la  corone, 
O  se  ce  non,  ne  la  baillier  tu  onques.  » 

Louis,  dit  le  trouvère,  est  tout  ébahi  : 
Ot  le  li  cnfcs,  ne  mist  avant  le  pie. 

Il  n'en  est  pas  de  même  chez  le  chroniqueur  : 
«  Postquam  haec  verba  et  alia  multa  coram  multitu- 
dinc  iilio  suo  ostendcret,  interrogavit  eum  si  obediens 
voluisset  esse  praeceptis  suis.  At  ille  respondit  liben- 
tcr  obedire  et,  cum  Dei  adjutorio,  omnia  praecepta 
quac  mandaverat  ei  patcr  custodire.. .  At  ille  jussio- 
nem  patris  implevit  ^.  » 

Thégan  raconte  les  faits  comme  ils  se  sont  passés, 
c'est  tout  naturel;  mais  la  légende,  pour  comprendre 
le  rôle  d'Arneïs  d'Orléans  et  celui  de  Guillaume  Fiè- 
rebrace,  avait  besoin  de  rapetisser  la  figure  du  roi  ; 


1.  Les  Ep.fr.  IV.  338. 

2.  Thégan,  loc.  cit. 


l'élément  historique  XIX 

c'est  ainsi  qu'elle  fit  de  Louis  un  enfant  de  quinze  ans, 
tandis  qu'en  réalité  il  en  avait  trente-cinq  lorsqu'il 
reçut  la  couronne  impériale. 

Cette  dégradation  de  la  personne  du  prince  pour- 
rait avoir  aussi  une  autre  cause.  Le  peuple  avait  bien 
acclamé  avec  enthousiasme  Tavènement  de  Louis,  il 
applaudit  bien  encore  à  ses  premiers  actes  \  mais  il 
ne  dut  pas  garder  longtemps  cette  admiration  pour  un 
homme  qui  n'était  capable  de  porter  qu'une  tonsure 
au  lieu  d'une  couronne  ^.  Quelle  humiliation,  en 
effet,  pour  ce  peuple  fier  et  guerrier  de  voir  son 
empereur  se  dégrader  lui-même  dans  l'assemblée 
générale  d'Attigny  !  Quel  mépris  il  dut  concevoir  pour 
rhomme  imbécile  dont  toute  la  vie  ne  fut  qu'une 
série  d'opprobres,  que  son  étonnante  faiblesse  lui  fit 
accepter  de  ses  évêques  et  de  son  fils  ! 

Ainsi  s'explique  le  rôle  méprisable  que  joue  Louis 
le  Débonnaire  dans  notre  chanson. 

Nous  retrouvons  encore  la  différence  des  deux  ten- 
dances, historique  et  légendaire,  dans  les  dernières 
exhortations  de  Charles  à  son  fils.  Dans  Thégan, 
dans  Ermoldus,  perce  surtout  la  préoccupation  des 

I.  Qualia  per  mundum  confregit  gesta  celidri, 

Christicolis  cessit  munera  quanta  quidem, 
Haec  canit  orbis  ovans  laie  vulgoque  résultant; 
Plus  populo  résonant  quam  canat  arte  melos. 

(Erm.  Nig.,II,  191-4.  —  Pertz,  Ibid.,  Il,  482). 
a.  Circa  divinum  cultum  et  sanctae  ecclesiac  exaltationcm  inci- 
labatur  animus,  ita  ut  non  modo  regem  sed  ipsius  opéra  poiius 
cum  vocilcrarentur  sacerdotcm  (Vita  Hlud.,  cap.  xix.  —  Pertz,  II, 
Ibid.^  616).  —  Cf.  le  portrait  de  Louis  le  Débonnaire  par  M.  Himly 
(TFtî/ci  ci  L.  le  D.  pages  84-37). 


XX  INTRODUCTION 

intérêts  de  l'Église  et  du  clergc,  et  toutes  les  recom- 
mandations du  vieillard  pourraient  presque  se  résu- 
mer dans  ces  deux  vers  : 

Tum  Carolus  sapiens  multis  suadcbat  alumnum 
Dilignt  ut  Christum  ecclcsiamque  colat  '. 

Chez  le  trouvère  les  conseils  de  Charlemagne  sont 
bien  plus  humains,  ils  sont  surtout  plus  généraux  ; 
l'empereur  pense  à  tout  son  peuple  et  notamment  aux 
faibles,  aux  pauvres,  aux  orphelins  et  aux  veuves, 
doHt  le  nom  revient  jusqu'à  quatre  fois  dans  ses  pa- 
roles :  Que  Louis  évite  le  péché,  la  luxure,  la  trahi- 
son, les  jugements  injustes,  qu'il  serve  Dieu,  qu'il  dé- 
fende les  veuves  et  les  orphelins,  qu'il  honore  les 
pauvres,  qu'il  humilie  les  orgueilleux,  qu'il  punisse 
les  rebelles,  et  enfin  qu'il  ne  s'entoure  que  de  bons 
conseillers. 

Arrivons  enfin  à  la  trahison  d'Arneïs  d'Orléans. 
J'ai  déjà  cité  quelques  lignes  dans  lesquelles  Fauriel 
semble  croire  à  une  conspiration  ourdie  contre  l'avè- 
nement de  Louis  le  Débonnaire.  Jonckbloet,  cher- 
chant ce  que  cette  croyance  a  de  fondé,  invoque  d'a- 
bord des  passages d'Einhard, de Thégan,  des  Annales 
faussement  attribuées  à  Einhard,  enfin  de  l'annaliste 
Saxon.  J'ai  cité  plus  haut  ^  les  paroles  du  premier  de 
ces  chroniqueurs,  j'y  ai  ajouté  un  extrait  de  la  Chro- 
nique de  Moissac;  voici  maintenant  comment  s'ex- 
prime Thégan  :  «  Post  obitum  glorio.sissimi  supradicti 


1.  Cf.  page  XVI. 
2    Pages  X  et  ss. 


l'élément  historique  •  XXI 


imperatoris  Karoli,  perrexit  filius  ejus  Hludowicus  de 
partibus  Aquitaniae,  venit  Aquisgrani  palatium  et 
suscepit  omnia  régna  quae  tradidit  Deus  patri  suo  sine 
ulla  contradictione  ^.  » 

Einhard  et  l'annaliste  Saxon  disent  de  même  : 
«  Hludowicus...  tricesimo  postquam  id  acciderat  die, 
Aquasgrani  venit  summoque  omnium  Francorum 
consensu  ac  favore  patri  successit  ^.  » 

Je  cite  encore  Nithard  :  «  Hères  autem  tantae  su- 
blimitatis,  Lodhuwicus,  filiorum  ejus  justo  matrimo- 
nio  susceptorum  novissimus  ,  ceteris  decedentibus, 
successit  ;  qui,  ut  pro  certo  patrem  obisse  comperit, 
Aquis  ab  Aquitania  protinus  venit,  quo  undique  ad 
se  venientem  populum  absque  quolibet  impedimenta 
suae  ditioni  addixit  ^. 

Enfin  la  Chronique  d'Adon  :  «  Ludovicus...  in- 
gressum  imperii  secunda  et  placida  quiète  habuit, 
porro  finis  ejus  multis  incommoditatibus  et  adversita- 
tibus  fatigatur  ^.  » 

J'ai  fait  remarquer  précédemment  qu'il  faut  établir 
une  distinction  entre  l'avènement  de  Louis  et  son 
couronnement.  Or  c'est  précisément  en  parlant  de  ce 
dernier  fait  qu'Einhard  dit  :  «  Susceptum  est  hoc 
ejus  consilium  ab  omnibus  qui  aderant  magno  cum 
favore,  »  11  ne  répond  donc  pas  à  la  question  de 
Jonckbloet  :  «  Louis  le  Débonnaire   a-t-il  rencon- 


1.  VitaHlud.  cap.  8  (Pertz,  Ibid.,  If,  Sgz). 

2.  Einh,  Ann.  an.  814  (Perlz,  Ibid.,  I,  201);  Ann.  Sax.  (Ibid., 
VI,  570). 

3.  Nit.  Hist.  I,  2  (Pertz.  Ibid.,  II,  65i. 

4.  Adonis  Cliron.  (Pcrtz,  Ibid.,  II,  3 20). 


XXII  INTRODUCTION 

trc  de  lopposiiion  à  son  avènement?  »  Cette  observa- 
lion  s'applique  également  à  la  Chronique  de  Moissac. 

Kestent  les  autres  textes  :  ils  sont  formels  et  s'ac- 
cordent à  dire  que  le  nouvel  empereur  fut  acclamé  à 
son  avènement. 

Mais  il  n'en  est  pas  de  même  du  passage  suivant  de 
l'Astronome  Limousin  :  «  Per  idem  autem  tempus, 
mortuo  jam  pridcm  Pippino,  Italiae  rege,  nuper- 
rime  autem  Karolo,  itidem  fratre,  res  humanas 
relinquente,  spes  universitatis  potiundae  in  eum  ad- 
surgcbat.  Misso  enim  pro  quibusdam  necessariis  pa- 
trem  consulendis  Gerrico,  capis  praelato,  cum  in  pa- 
latio  moraretur,  praestolans  perlatorum  responsum, 
monitus  est  tam  a  Francis  quamque  a  Germanis  ut 
ad  patrcm  rcx  veniret  eique  propter  adsisteret  -,  vi- 
deri  sibi  dicentcs  quod  pater  cum  jam  in  senilem  ver- 
gerct  aetatem  et  acerbe  ferret  liberorum  infortuna- 
tam  defectionem ,  citam  illius  haec  portenderent 
corpoream  solutionem.  Quod  Gerricus  cum  régi,  rex 
vero  consiliariis  retulisset,  quibusdam  vcl  pêne  omni- 
bus visum  est  salubre  suggestum  \  sed  rex  altiori  con- 
silio,  ne  forte  per  hoc  patrem  suspcctum  redderet, 
agere  distulit.  Haec  tamen  divinitas,procujus  timoré 
et  amore  facere  noiuit,  ut  sibi  moris  est  amatores  sui 
sublimius  quam  cogitari  potest  nobilitare,  prudentius 
ordinavit.  Pacem  porro  petentibus  his  quos  bello  fa- 
tigare  solitus  erat  rex,  articulo  duorum  annorum 
praestituto,  libenter  induisit.  Interea  imperator  Ka- 
rolus,  considcrans  suum  in  senectute  adclinem  de- 
vexum  et  verens  ne  forte  subtractus  rébus  humanis 
confusum  relinquerct  regnum,  quod  erat  Deo  donante 


l'élément  historique  XX m 

nobiliter  ordinatum,  scilicet  ne  aut  externis  quatere- 
tur  procellis,  aut  iniestinis  vexaretur  scissionibus,  mi- 
sit  filiumque  ab  Aquitania  evocavit;  quem  venientem 
clementer  suscepit,  tota  aestate  secum  tenuit,  de  his 
quibus  eum  indigere  putavit  instruxit.  Qualiter  vide- 
licet  sibi  vivendutn,  regnandum,  regnum  ordinandum 
et  ordinatum  tenendum  foret  monuit,  et  tandem  im- 
periali  eum  diademate  coronavit,  et  summam  rerum 
pênes  eum  futuram  esse,  Christo  favente,  innotuit,  et, 
hoc  peracto  negotio,  reditum  ad  propria  concessit. 
Qui,  mense  Novembri  a  pâtre  digrediens,  Aquitaniam 
repetiit...  Defuncto  autem  pâtre  piae  recordationis, 
missus  est  Rampo  ad  eum  ^  ab  eis  qui  sepultu- 
ram  ejus  curarunt,  liberis  scilicet  et  proceribus  pa- 
latinis,  ut  et  mortem  ejus  mature  cognosceret  ad- 
ventumque  suum  nullo  modo  comperhendinaret.  Qui 
eum  Aurelianam  devenisset  ad  urbem,  Theodulfus, 
ejusdem  urbis  episcopus,vir  undecumquedoctissimus, 
causam  ejus  adventus  persensit,  et  velocissime  misso 
perlatore  imperatori  innotescere  studuit,  hoc  tantum- 
modo  ei  suggerendum  jubens,  utrum  praestolaretur 
venientem  in  urbem  an  in  itinere  ahquo  sibi  occurre- 
ret  venturo  ad  urbem.  Quam  protinus  causam  ille 
commentatus  agnovit  et   ipsum  venire  ad  se  jussit. 
Inde  ahum  atque  ahum  hujusce  rei  tristes  suscipiens 
nuntios,  post  quinlum  diem  ab  eodem  loco  pedem 
movit  et  eum  quanto  passa  est  angustia  temporis  po- 
pulo iter  arripuit.   Timebaiur  enim  quam  maxime 
Wala,  summi  apud  Karolum  impcratorcm  habiius 

I.  I.udovicuin. 


XXIV  INTRODUCTION 

loci,  ne  forte  aliquid  sinistri  contra  imperatorem 
vtoliretur.  Quitamen  ciiissime  ad  eum  venit  et  humil- 
lima  subjectionc  se  ejus  nutui  secundum  consuetudi- 
nem  Francorum  commendans  subdidit.  Post  cujus  ad 
imperatorem  adventum  aemulati  eum  omnes  Franco- 
rum proceres  certatim  gregatimque  ei  obviam  ire 
certabant  ;  landemque  ad  Aristallium  prospero  per- 
venit  itinere  et,  die  tricesimo  postquam  ab  Aquitania 
promovit, palatio  Aquisgrani  pedem  féliciter  intulit... 
Venit  ergo  impcrator  Aquispalatium  et  a  propinquis 
atque  multis  Francorum  militibus  eum  multo  est  fa- 
vore  reccptus  imperatorque  secundo  dcclaratus  ^  » 

«  En  combinant,  »  dit  Jonckbloet,  après  avoir  rap- 
pelé ce  passage,  «  en  combinant  le  message  pressé 
de  révêque  Théodulfe,  les  craintes  du  jeune  roi  et 
l'exil  inopiné  des  anciens  favoris  -,  on  arrive  facile- 
ment à  admettre  une  conjuration  déjouée,  probable- 
ment par  l'adhésion  bruyante  de  tout  le  peuple  dont 
tous  les  auteurs  font  foi.  L'histoire  n'en  parle  pas, 
mais  elle  paraît  incontestable  ^.  » 

Enfin  Jonckbloet  rapporte  encore  un  passage  de 
la  Vîta  Waîac  et  deux  strophes  d'un  poème  de 
Théodulfe,  dans  lesquels  il  voit  des  allusions  aux 
projets  de  résistance  ^ 


1.  Vita  Hludovici  PU,  cap.  xx-xxi!  (Periz,  Ibid.,  II,  617-8). 

2.  De  Wala  et  des  siens,  qui  peu  après  ravcneraeiit  de  Louis 
furent  l'objet  d'une  disgrâce  éclatante. 

3.  Guil.  d'Or.,  II,  87. 

4.  Voici  ces  deux  textes  :  u  Fascasius.  Detunclo  Antonio,  paulo 
post  substituitur  [Wala]  pater  cximius  ejus  in  loco;  ob  cujus 
nimirum  electionem    a   fralribus   egomet  directus,    mox  obiinui 


l'élément  historique  XXV 

Mais,  plusieurs  années  déjà  avant  l'érudit  hollan^ 
dais,  M.  H  i  ml  y  n'avait  pas  hésité  à  reconnaître  dans 
le  passage  cité  plus  haut  de  l'Astronome  Limousin 
les  traces  certaines  d'une  conspiration,  qui  aurait  eu 


apud  Aùgustum  quod  olim  plures  optabant...  Mox  occupavit  eum 
nostra  electio.  De  cujus  nimirum  vitae  abstinenlia  et  rigore  casti- 
gationis  tune  mihi  a  quibusdam  optimaium,  ut  persensi,  Auguste 
jubente,  suasum  est  quod  non  eum  ferre  possemus  neque  vitae 
vestigia  imitari.  Ad  quod  ego  quasi  arridens  :  «  An  nescis,  heus 
lu,  nos  qui  sumus?  Numquid  caudam  pro  capite,  ut  quidam  adso- 
lent,  monstruose  volumus  eligere  ?...  Numquid,  quia  commeare 
nequimus,  eum  praeferre  oportet  qui  post  tergum  eat,  et  non 
potius  eum  qui  praecedat  ?  »  Tum  ille  paulisper  subridens  Au- 
guste haec,  ut  credo,  retulit,  quibus  ita  dictis,  cuncta  quae  volui, 
et  ut  volui,  penitus  impetravi;  atque  cogente  illo,  nostris,  licet  in- 
vitus,  paruit  votis,  qui  dudum  subterfugerat  quaniisper  praelatus. 

Adeodatus.  Timeo  ne  forte  qui  talem  eum  oblatrant  sentiant 
de  quo  proposueras  aenigmate  loqui  clarius  praedicari. 

Pascasius.  Non  invisa  dicimus,  neque  incognita.  Idcirco,  etsi 
adurabratur  titulus ,  lineamenta  taraen  gestorum  produnt  ,  uti 
pictorura  mos  est  qui  bene  pingere  norunt,  qui  saepe  ita  vultus 
cxprimunt  ut  sine  litteris  et  voce  loquantur.  Sed  talibus,  quia 
necdum  apposui  labra,  etcondita  sub  silentio  servo,  erit,  ut  credo, 
illa  dies  mihi  eum  liceat  ejus  aperte  dicere  facta,  et  quae  poiiora 
sunt  de  illo  manifestius  explicare.  Interdum  vero,  sicut  mones, 
ne  quid  nimis  fiât,  cautius  loqui  juvat  »  (Pertz.,  Ibid.,  II,  b'ij  • 

Voici  maintenant  les  vers  de  Théodulfe  : 

Muniiint  urb^'in  liane  proccres  fidèles, 
qui  pio  Christo  sua  dcdicarunt 
hostis  adversi  tokrando  bella 

corpora  casta. 
lii  duces  sancti  reducesque  sunto, 
ut  lui,  Cacsar,  fovcantquc  tcmet, 
horuin  et  obtentu  supcres  duelles 

posciniuii  omiies. 
'Theod.  caimina,  xxxvir,  lo-i  i.  —  Pcrtz,  Mon.  Genn.,  in-4,  Poetae  lai.  asvt 
larolini  I,  bny. 


XXVI  INTRODUCTION 

pour  but  de  priver  Louis  de  la  couronne  impériale  : 
«  On  enseigne  partout,  »  dit  M.  Himly,  «  que  Louis 
succéda  sans  opposition  à  son  père  ;  je  n'en  suis  pas 
moins  persuadé  qu'il  eut  à  vaincre,  sinon  des  résis- 
tances ouvertes,  au  moins  des  répugnances  profondes, 
et  que  le  plus  ardent  de  ses  adversaires  ne  fut  per- 
sonne d'autre  que  le  chef  même  du  conseil  impérial, 
le  favori  de  Tempereur,  Wala  en  un  mot  K 

«  J'admets,  par  conséquent,  comme  un  fait  au 

moins  probable,  que  Wala  s'opposa  à  l'association 
du  seul  fils  légitime  de  Charlemagne,  et  qu'il  essaya 
de  lui  substituer  un  autre  héritier,  plus  capable  que 
lui  de  porter  le  poids  des  affaires  ^.  » 

Moi  aussi,  je  suis  convaincu  qu'il  y  eut  à  la  cour, 
dans  les  dernières  années  de  Charlemagne,  des  intri- 
gues qui  avaient  pour  but  de  s'opposer  à  l'avènement 
de  Louis.  Mais  je  ne  crois  pas  que  ces  résistances  se 
soient  manifestées  ouvertement.  Si  Wala  s'était  pro- 
noncé contre  l'association  de  Louis  à  l'empire,  il  au- 
rait perdu  la  confiance  et  l'amitié  de  Charles;  or  il 
est  reste  au  premier  rang  des  honneurs  jusqu'à  la  mort 
de  l'empereur.  D'un  autre  côté,  c'est  bien  lui  qui  vint 
le  premier  des  seigneurs  réunis  à  Aix  saluer  Louis 
lors  de  son  avènement. 

Mais  l'existence  seule  du  complot,  qui  semble  n'a- 
voir été  un  mystère  pour  personne,  suffisait  pour  don- 
ner naissance  à  la  légende  que  nous  retrouvons  dans 
notre  chanson. 


1.  U^i/.T  et  L.  le  D.,  p.  Si, 

2.  Joid.,  p.  5o. 


L  ELEMENT  HISTORIQUE  XXVII 

Il  reste  à  expliquer  les  rôles  de  Guillaume  et  d'Ar- 
neïs  dans  le  poème . 

Le  peuple  était  incapable  de  comprendre  les  gran- 
des vues  politiques  qui  avaient  poussé  Wala  à  la  ré- 
sistance contre  Louis  le  Débonnaire.  Pour  la  foule, 
Louis,  étant  le  seul  fils  légitime  de  l'empereur,  était 
aussi  son  unique  héritier,  et  quiconque  mettrait  des 
entraves  à  sa  succession  au  pouvoir  commettrait  un 
crime.  Or  pouvait-on  attribuer  ce  rôle  odieux  à  Wala? 
Wala,  le  cousin  germain  de  Gharlemagne,  avait  été 
son  bras  droit;  disgracié  par  Louis,  il  s'était  retiré 
dans  un  monastère,  où  par  ses  vertus  il  édifiait  les 
moines,  qui  l'élurent  abbé.  Il  ne  sortit  du  cloître  qu'a- 
près le  plaid  d'Attigny,  lorsque  l'empereur  eut  déclaré 
à  l'Église,  en  présence  du  peuple,  qu'il  se  soumet- 
tait à  une  pénitence  publique,  pour  l'avoir  fait  exiler 
injustement.  Il  redevint  donc  encore  une  fois 
l'homme  le  plus  puissant  de  l'empire.  Bientôt  en  dé- 
saccord avec  l'empereur,  il  fut  toujours  secondé  par  le 
haut  clergé,  parce  que  dans  toutes  ses  entreprises  il 
avait  en  vue  surtout  le  bien  de  l'État  et  celui  de  TÉ- 
glise.  Après  avoir  rempli  de  très  importantes  mis- 
sions^  il  mourut  au  cours  d'une  ambassade,  dont  il 
s'était  chargé  dans  le  dessein  de  réconcilier  l'empe- 
reur avec  son  fils  Lothaire. 

Cet  homme  ne  pouvait  être  pris  pour  un  traître-,  le 
peuple  ne  pouvait  lui  prêter  le  rôle  qu'il  a  donné  à 
Arneïs  d'Orléans  dans  la  chanson. 

Parmi  les  chefs  de  Taristocratie  militaire  qui  firent 
tant  d'opposition  au  faible  empereur  et  suivirent  le 
parti  de  Wala  l'histoire  nous  a  conservé  le  nom  d'un 


XXVIII  INIRODUCTION 

Matfred,  comte  d'Orléans,  qui  fut  toujours  associé  à 
la  fortune  de  Wala,  arrivant  au  pouvoir  avec  lui 
quand  son  parti  était  vainqueur,  partageant  ses  dis- 
grâces quand  il  était  vaincu.  Il  est  fort  probable  que 
ce  comte  d'Orléans  avait  trempé  dans  les  conjurations 
de  Wala  contre  l'avènement  de  Louis*,  du  moins  sa 
conduite  ultérieure  donne  beaucoup  de  vraisemblance 
à  cette  supposition. 

Mais  les  raisons  qui  ne  permettaient  pas  d'attribuer 
à  Wala  le  rôle  d'un  traître  n'existaient  plus  pour  le 
comte  d'Orléans.  Matfred  n'était  pas  de  la  famille  im- 
périale, il  n'a  jamais  eu  la  gloire  de  Wala,  et  surtout 
il  était  loin  de  mener  la  vie  religieuse  de  ce  dernier. 
Bien  plus,  il  fut,  ainsi  que  Hugues,  comte  de  Tours, 
dans  un  plaid  tenu  à  Aix  en  828,  à  l'instigation  de 
l'impératrice  Judith,  accusé  de  trahison,  reconnu  cou- 
pable et  publiquement  dégradé .  Ces  deux  comtes , 
envoyés  avec  une  grande  armée  au  secours  de  Ber- 
nard, comte  de  Barcelone,  contre  les  Goths,  avaient, 
par  haine  de  ce  Bernard,  laissé  l'ennemi  piller  à  loisir 
les  environs  de  Barcelone  et  se  retirer  tranquillement 
avec  son  butin. 

C'est  peut-être  pour  ces  différentes  raisons  que  le 
rôle  de  traître  fut  attribué  dans  notre  légende  au  comte 
d'Orléans. 

De  même  que  le  rôle  de  Matfred  dans  l'histoire  a 
pu  donner  naissance  au  personnage  d'Arneïs  dans  la 
légende,  de  même  celui  de  Bernard,  dont  je  viens  de 
citer  le  nom,  expliquerait  peut-être  l'introduction 
de  Guillaume  dans  notre  chanson.  Bernard,  en  effet, 
est  précisément  le  lils  de  ce  Guillaume  qui  devint  si 


l'élément  historique  xxîx 

célèbre  dans  les  chansons  de  geste.  Bernard,  filleul 
de  Tempereur  Louis,  fut  son  plus  puissant  défenseur 
contre  le  parti  aristocratique,  et  c'est  lui  qui,  d'accord 
avec  l'impératrice  Judith,  fit  condamner  pour  trahi- 
son, comme  je  Tai  dit  plus  haut,  ses  deux  plus  mor- 
tels ennemis,  les  comtes  de  Tours  et  d'Orléans. 

En  combinant  ces  faits  et  en  les  résumant,  on  trouve 
dans  l'histoire,  aussi  bien  que  dans  la  poésie,  un  comte 
de  Toulouse  qui  se  fait  le  défenseur  de  la  famille  im- 
périale et  qui  cause  la  perte  d'un  comte  d'Orléans, 
ennemi  de  l'empereur  et  coupable  de  trahison. 

Ce  rapprochement  me  paraît  expliquer  assez  bien 
le  rôle  que  la  légende  attribue  au  comte  de  Toulouse 
et  à  celui  d'Orléans  dans  la  cérémonie  du  couronne- 
ment. Mais,  s'il  en  est  ainsi,  pourquoi  ces  deux  per- 
sonnages n'ont-ils  pas  gardé  leurs  propres  noms  ? 

La  substitution  de  Guillaume  à  Bernard  est  toute 
naturelle.  Guillaume  avait  été  nommé,  en  790,  duc  de 
Septimanie  et  comte  de  Toulouse,  avec  charge  de 
faire  rentrer  les  Vascons  sous  l'obéissance  des  Francs  ; 
il  s'acquitta  glorieusement  de  sa  tâche.  En  793,  il  se 
jeta  au  devant  des  Sarrasins  d'Espagne  qui  envahis- 
saient la  France,  fut  vaincu  par  eux  sur  les  rives  de 
rOrbieu,  à  Villedaigne,  mais  après  une  telle  résis- 
tance que  les  Sarrasins,  malgré  leur  victoire,  furent 
obligés  de  repasser  les  Pyrénées.  En  801,  (ou  80 3) 
c'est  encore  Guillaume  qui  eut  la  plus  large  part  à  la 
prise  de  Barcelone  par  les  armées  du  roi  d'Aquitaine, 

Le  bruit  de  ces  exploits  ne  remplit  pas  seulement 
les  contrées  qu'ils  avaient  pour  théâtre,  mais  le  pays 
tout  entier  des  Francs-,  nous  en  avons  la  preuve  dans 


XXX  INTRODUCTION 

les  deux  poèmes  qui  nous  sont  parvenus  sur  les  deux 
faits  d'armes  signalés  plus  haut,  la  bataille  de  l'Or- 
bieu  et  la  prise  de  Barcelone. 

Or  ce  roi  d'Aquitaine,  au  service  de  qui  Guillaume 
consacrait  sa  vie,  était  précisément  le  fils  de  Cliarle- 
magnc,  Louis,  qu'on  avait  porté  en  berceau  dans  son 
royaume  et  qui  avait  à  peu  près  douze  ans  lorsque 
Guillaume  fut  nommé  comte  de  Toulouse. 

Ainsi,  quand  s^ouvrit  le  ix^  siècle,  Louis  régnait  sous 
la  sauvegarde  énergique  de  Guillaume,  et  pendant 
près  de  quinze  ans  le  comte  de  Toulouse  fut  pour  ce 
jeune  roi  et  pour  ses  états  un  protecteur  de  tous  les 
instants. 

Dans  le  récit  du  couronnement  de  Louis  la  légende 
fait  du  futur  empereur  un  enfant  ;  cet  enfant  trouve 
contre  ses  ennemis  un  généreux  défenseur  :  naturelle- 
ment ce  défenseur  doit  être  celui  que  Louis  eut  pen- 
dant toute  son  enfance,  c'est-à-dire  Guillaume. 

Guillaume  devenant  ainsi  le  protecteur  exclusif  et 
nécessaire  de  Louis,  nous  le  verrons  plus  loin  se  subs- 
tituer dans  la  tradition  à  d'autres  personnages  histo- 
riques, qui  s'étaient  faits  les  défenseurs  de  la  royauté 
contre  la  féodalité;  substitution  qui,  outre  la  célébrité 
de  Guillaume  de  Toulouse,  s'explique  encore  par  la 
similitude  des  noms  de  ces  personnages,  dont  plu- 
sieurs s'appelaient  Guillaume. 

Ainsi,  en  admettant  que  dans  la  première  partie  du 
Coronement  Looïs  le  personnage  de  Guillaume  n'ait 
pas  été  créé  de  toutes  pièces,  on  s'explique  aisément 
comment  ce  même  personnage  a  pu  prendre  la  place 
de  Bernard  son  fils,  comme  lui  comte  de  Toulouse. 


l'élément   historique  XXXI 

Quant  au  nom  d'Arneïs  ^,  il  a  eu  nécessairement  sa 
raison  d'être,  mais  cette  raison  je  ne  la  connais  pas. 
Je  n'ai  trouvé  dans  l'histoire  aucun  personnage  de  ce 


I.  Au  lieu  d'Arneis,  Hernaut  se  trouve  dans  les  deux  meilleures 
familles  de  manuscrits;  le  manuscrit  D  seul,  qui  offre  une  rédac- 
tion postérieure,  donne  Hernaïs.  Mais  le  changement  d'Arneis  en 
Hernaut  était  si  facile  qu'il  a  pu  s'introduire  dans  deux  manuscrits 
indépendants  l'un  de  l'autre. 

Les  poèmes  divers  qui  font  allusion  au  nôtre  donnent  le  nom 
d'Ernais  ou  d'Arneis,  avec  ou  sans  H  initiale  : 

Por  l'amor  Deu,  ja  vos  corona  il 
A  vive  force,  volant  voz  enemis, 
Quant  il  voloient  coroner  Hernaïs. 
{Moniage  Guillaume,  Ms.  Bibl.  nat.,  fr.  774,  f  217) 

Ici  la  forme  en  is  est  assurée  par  l'assonance. 

Au  vers  171  du  Charroi  de  Nimes  l'exemple  est  moins  sûr. 
Jonckbloet  a  imprimé  :  Li  quens  Hernaut,  M.  Paul  Meyer  :  Quens 
Hernaïs.  Les  manuscrits  sont  en  effet  divisés;  mais  leur  classifi- 
cation donne  raison  à  M.  Meyer. 

Tous  les  textes  en  prose  donnent  de  même  Arneïs  ou  Ernais.  Je 
les  cite  plus  loin.  En  s'y  reportant,  on  constatera  que  ce  n'est  pas  par 
leur  nombre  qu'ils  doivent  peser  dans  la  balance,  car  la  plupart 
dérivent  d'un  même  remaniement,  qui  lui-même  descendait  d'une 
rédaction  différente  de  la  nôtre. 

D'ailleurs  il  est  constant  qu'à  une  certaine  époque  il  y  eut  con- 
fusion dans  la  littérature  entre  les  deux  noms  : 

En  Orlenois  s'en  vaita  Hernaïs, 
Tout  li  conta  de  Gcrbert  le  marcis  : 
«  Las,  >  dist  Hcrnaus,  «  or  va  de  mal  en  pis.  » 
(Anseis  fils  de  Gerbert  ;  Bib.nat.  fr.  4988,  f"  1891). 

Dans  ce  dernier  passage  la  bonne  leçon  est  certainement  celle  en 
is,  qui  dans  le  premier  vers  est  assurée  par  la  rime,  et  qui,  dans  le 
troisième,  peut  facilement  remplacer  l'autre,  si  l'on  supprime 
l'interjection  Las,  pour  rétablir  la  mesure. 

Arneïs  est  un  personnage  bien  connu  dans  notre  plus  ancienne 
poésie.  On  le  trouve  notamment  dans  le  cycle  des  Lorrains. 

Enfin  la  substitution  du  nom  très  répandu  d'Hcrnaut  à  celui 


XXXn  INTRODUCTION 

nom  qui  ait  mérite  le  rôle  joué  dans  le  poème  par  le 
comte  d'Orléans.  Que  faut-il  en  conclure  ?  Que  les 
documents  de  l'époque  sont  insuffisants  pour  éclairer 
riiistoire,  et  rien  de  plus. 

Je  ne  chercherai  pas  à  expliquer  les  autres  différen- 
ces qui  existent  entre  le  poème  et  Thistoire;  elles  ré- 
sultent de  l'altération  fatale  des  faits  par  la  tradition 
orale  ou  par  le  caprice  des  trouvères. 


2.  —  Seconde  branche. 

La  seconde  branche  du  Coronement  Looïs  est  la 
plus  étendue;  elle  ne  comprend  pas  moins  de 
1 100  vers  (vv.  272-1429).  Si  on  en  fait  une  analyse 
exacte,  de  laquelle  on  écarte  toutes  les  incidences, 
tous  les  détails  qui  ne  peuvent  être  que  le  fait  du 
poète,  lors  même  que  le  fonds  aurait  une  origine 
historique,  on  trouve  ceci  : 

Guillaume  est  à  Rome-,  il  y  est  venu,  non  dans 
l'intention  de  guerroyer,  mais  simplement  en  pèleri- 
nage. Deux  messagers  arrivent  et  annoncent  au  pape 
que  les  Sarrasins,  conduits  par  l'émir  Galafre,  ont 

d'Arneïs,  devenu  très  rare  déjà  au  moyen  âge,  était  toute  naturelle, 
et  de  plus  singulièrement  favorisée  parce  fait  que  Hernaut,  frère  de 
Guillaume  au  Court  Nez,  devient  dans  la  légende  épique  duc  d'Or- 
léans. 

Pour  toutes  ces  raisons  j'ai  adopté  le  nom  d'Arneïs,  composé  des 
deux  radicaux  arn  et  gis  de  l'ancien  haut  allemand.  Foerstemann 
(Altd.  Namenbuch,  sous  le  radical  arj  cite  les  formes  Arugis  et 
Arnis.  Les  formes  Ernaïs,  Harneïs,  Hernaïs,  données  par  les  ma- 
nuscrits, sont  fautives. 


l'élément  historique  XXXIII 

pris  la  ville  de  Ghapre  \  avec  le  roi  Guaifier, 
sa  famille,  et  un  grand  nombre  de  soldats.  Guil- 
laume, averti  par  le  pape,  fait  armer  ses  chevaliers. 
Mais  avant  la  rencontre  des  deux  armées  ennemies, 
un  accord  a  lieu  entre  les  chrétiens  et  les  infidèles. 
Au  lieu  d'une  mêlée  générale,  on  remettra  le  sort  des 
deux  parties  entre  les  mains  de  deux  guerriers,  qui, 
dans  un  combat  particulier,  décideront  à  qui  devra 
appartenir  le  pays.  Les  Sarrasins  ont  pour  cham- 
pion un  géant  orgueilleux  nommé  Gorsolt  *,  celui  du 
pape  est  Guillaume  Fièrebrace.  A  l'heure  convenue, 
des  otages  ayant  été  remis  de  part  et  d'autre,  le 
combat  a  lieu  en  présence  des  deux  armées.  Après 
une  lutte  acharnée,  pleine  de  péripéties,  Guillaume, 
qui  a  reçu  au  nez  une  légère  blessure,  parvient  à 
terrasser  son  adversaire  et  lui  coupe  la  tête.  Ce  ré- 
sultat épouvante  les  infidèles,  qui  prennent  la  fuite; 
il  ranime,  au  contraire,  Tespoir  et  le  courage  des 
chrétiens,  qui  les  poursuivent  et  en  font  un  grand 
carnage.  L'émir  Galafre  est  pris  et  se  fait  baptiser. 
Guaifier,  délivré,  ainsi  que  sa  famille  et  ses  sujets, 
offre  à  son  libérateur  sa  fille  et  la  moitié  de  ses  états  ; 
Guillaume  accepte,  et  les  noces  vont  avoir  lieu,  lors- 
que le  héros  franc  est  rappelé  subitement  au  secours 
de  l'empereur  Louis.  Il  abandonne  sa  fiancée  et  court 
où  son  devoir  l'appelle. 


1.  Les  manuscrits  diffèrent  sur  ce  nom;  la  famille  A  donne 
Chartres,  i5,  Chapres,  C,  Carpe;  il  s'agit  évidemment  de  Capoue, 
en  français*  du  moyen  âge  Chape.  J'ai  adopté  la  forme  Chapre, 
parce  que  les  variantes  de  tous  les  mss.  ont  un  r. 


XXVIV  INTRODUCTION 

Tels  sont  les  faits  principaux  de  cet  épisode,  les 
seuls  auxquels  on  puisse  espérer  assigner  une  origine 
historique.  Tout  le  reste  ne  doit  être  considéré  que 
comme  des  amplifications  légendaires. 

Le  terrain  ainsi  déblayé,  les  recherches  deviennent 
plus  faciles. 

Les  trois  noms  principaux  qui  figurent  dans  la  se- 
conde partie  du  Coronement  Looïs  sont  ceux  de  Guil- 
laume, de  Gorsolt  et  de  Guaifier.  Trouve-t-on  dans 
rhistoire  un  événement  qui  se  rapporte  à  des  person- 
nages de  ce  nom  et  qui  ait  pu  inspirer  notre  poème  ? 

Les  Sarrasins  n'ont  guère  commencé  leurs  ravages 
dans  la  péninsule  avant  la  seconde  moitié  du  ix^  siè- 
cle. Ils  y  pénétrèrent  pour  la  première  fois  en  838, 
lorsque  le  duc  de  Naples,  André,  en  guerre  contre 
Sicard,  prince  de  Salerne,  appela  à  son  secours  les 
Arabes  de  Sicile.  Or,  Guillaume  de  Gellone,  le  héros 
du  cycle  épique  qui  porte  son  nom,  est  mort  dans  les 
premières  années  du  siècle.  Si  donc  les  faits  que  ra- 
conte le  poème  ont  réellement  eu  lieu,  ce  n'est  pas  à 
Guillaume  de  Gellone,  mais  à  un  ou  à  plusieurs  au- 
tres personnages  qu'il  faut  les  attribuer,  que  ces  per- 
sonnages s'appellent  ou  non  Guillaume,  sauf  à  cher- 
cher ensuite  comment  les  faits  ont  été  rattachés  à  la 
légende  poétique  de  saint  Guillaume. 

Le  nom  de  Gorsolt  ne  nous  apprend  rien  de 
plus.  Ou  bien  Gorsolt  est  le  même  personnage 
que  ce  Gorson  à  qui  Gharlemagne  substitua 
Guillaume  dans  le  comté  de  Toulouse  \  en  793,  et 

I.  Voyez  page  li. 


l'élément  historique  XXXV 

alors  son  rôle,  comme  celui  de  Guillaume,  et  pour 
la  même  raison  chronologique,  ne  peut  être  que  lé- 
gendaire ;  ou  bien  il  représente  tout  autre  personnage 
historique  ou  imaginaire,  duquel  on  ne  sait  rien. 

Si,  au  contraire,  on  étudie  de  près  le  troisième  per- 
sonnage, celui  qui  porte  le  nom  de  Guaifier  et  le  titre 
de  roi,  on  arrive  à  un  résultat  tout  différent. 

Ce  nom  de  Guaifier  est  peu  commun  dans  l'histoire  ; 
on  ne  connaît  guère  que  le  duc  d'Aquitaine,  plus 
souvent  appelé  Waïfre,  qui  suscita  tant  de  difficultés 
à  Pépin  le  Bref  et  dont  le  roi  n'eut  raison  qu'en  le 
faisant  assassiner,  en  768,  et  Guaifier,  prince  de  Sa- 
lerne,  qui  consuma  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  en 
guerres  contre  ses  voisins  et  contre  les  Musulmans  K 
Il  est  clair  que  le  premier  n'est  pas  le  héros  de  notre 
chanson.  Dans  l'histoire  du  second  on  trouve  un 
épisode  qui  pourrait  bien  avoir  été  la  première 
inspiration  du  poème.  C'est  le  siège  de  Salerne  par 
les  Sarrasins,  de  871  à  873.  La  Chronique  anonyme 
de  Salerne  le  raconte  en  détail  ^. 

Trente  mille  Arabes,  sous  la  conduite  du  roi  Abd- 
Allah,  ayant  débarqué  en  Calabre,  vinrent  dresser 
leurs  tentes  autour  de  Salerne,  dévastant  tous  les 
environs,  pillant  Bénévent,  Naples ,  Capoue.  Le 
prince  de  Salerne,  Guaifier,  prévenu  à  temps  de  l'ar- 
rivée prochaine  des  infidèles,  s'était  préparé  à  la  ré- 
sistance. Aidé  par  les  Capouans  et  les  Toscans,  il 
avait  réparé  les  murs  de  sa  ville  et  les  avait  flanqués 

1.  Je  laisse  nalurellement  de  côté  Benoît  Guaifier.  poète  théolo- 
gien, moine  du  Mont  Cassin  au  xi«  siècle. 

2.  Pertz,  Mon.  Genn.  hist..  Script.  Ill,  328-533. 


XXXVI  INTRODUCTION 

de  tours  hautes  et  solides.  De  part   et  d'autre  on 
n'avait  rien  négligé,    les  infidèles,   pour    se    rendre 
maîtres  de  la  place,  les  chrétiens,  pour  la  défendre; 
aussi  le  siège  fut-il  long  et   pénible.    Chaque  jour, 
c'était  des  assauts  de  l'ennemi  ou  des  sorties  impé- 
tueuses des  assiégés.  Plus  Guaifier  mettait  d'opiniâtreté 
dans  la  défense,  plus  les  Sarrasins  mettaient  de  vi- 
gueur dans  l'attaque;  et  ceux-ci  recevaient  quoti- 
diennement des  renforts,  tandis  que  les  forces  des 
Salernitains  allaient  s'affaiblissant  de  jour   en  jour. 
La  famine  exerçait  sur  les  assiégés  d'affreux  ravages, 
les  plus  vils  animaux,  les  chiens,  les  rats,  étaient  leur 
seule  nourriture.  Cependant  chacun  faisait  son  de- 
voir; la  femme  du  prince  Guaifier  montait  elle-même 
sur  les  murs  pour  encourager  les  défenseurs  et  leur 
porter  des  vivres.  Malgré  tous  ces  efforts  les  assiégés 
allaient  être  obligés  de  se  rendre  lorsqu'enfin  Louis, 
fils  de  Lothaire,  roi  d' Italie  et  empereur,  imploré  par 
révêque  Landolf,  comte  de  Capoue,  qui  était  venu  le 
trouver  à  Pavie,  se  décida  à  porter  secours  à  ces  mal- 
heureux. Au  commencement  de  Tannée  SyS,  il  des- 
cendit dans  le  midi  de  Tltalie  avec  une  armée.  Quand 
l'empereur  fut  arrivé  sur  le  théâtre  de  la  guerre,  son 
neveu  Gontier,  à  peine  âgé  de  quinze  ans,  lui  de- 
manda l'autorisation  de  marcher   à  l'ennemi.  Après 
un    long    refus,   Louis  finit    par    céder.    Gontier, 
ralliant   alors   à   sa  troupe    la    milice  de   Capoue, 
profita  d'un  épais  brouillard  pour  fondre  à  Timpro- 
viste  sur  l'ennemi,  qui  fut  mis  en    pleine  déroute, 
laissant  neuf  mille  hommes  sur  le  terrain.  Malheu- 
reusement Gontier  périt  dans  la  mêlée,  et  l'empereur 


l'élément  historique  XXXVII 

ne  put  que  pleurer  sur  son  corps,  lorsqu'il  vint  visi- 
ter le  champ  de  bataille. 

«  Les  Arabes,  effrayés  par  les  succès  de  l'armée 
française,  levèrent  le  siège  de  Salerne,  après  avoir 
garotté  leur  général  Abd-el-Maleck  et  l'avoir  entraîné 
de  force  sur  un  vaisseau  prêt  à  mettre  à  la  voile  ^  » 

Quelque  temps  après,  l'empereur  reprit  la  route  de 
ses  états;  il  mourut  Tannée  suivante  à  Brescia  (875). 

«  La  même  année,  le  wali  Sicilien  Abou-Maleck, 
envoya  une  nouvelle  flotte  qui  débarqua  quelques 
troupes  aux  environs  de  Naples.  Cette  expédition 
réussit  à  surprendre  le  prince  de  Salerne, qu'elle  battit 
complètement  et  dont  elle  aurait  occupé  la  capitale, 
sans  l'arrivée  d'une  armée  grecque,  qui  l'obligea  à 
se  rembarquer  précipitamment  ^.  » 

Guaifier  mourut  en  879,  après  avoir  embrassé  la 
vie  monastique  en  expiation  de  ses  fautes. 

La  durée  du  siège  que  je  viens  de  raconter,  l'é- 
nergie avec  laquelle  résistèrent  les  Salernitains,  les 
longues  souffrances  qu'ils  endurèrent,  les  atrocités  et 
les  déprédations  commises  par  les  ennemis  dans  les 
environs  de  la  ville,  les  combats  multiples  qui  se 
livraient  tous  les  jours  sous  ses  murs,  l'importance 
elle-même  de  cette  place,  qui  était  devenue  une  des 
villes  les  plus  prospères  et  les  plus  renommées  de 
l'Italie  méridionale,  ont  du  donner  à  cet  événement 
un  grand  retentissement  dans  le  monde  chrétien  et 


1,  Famin.  Hist.  des  Inv.  des  Sar.  en  It.  du  vu»  au    ix*  siècle, 
p.  333  (Didot,  1843). 

2.  Ibid.,  p.  342. 


XXXVIII  INTRODUCTION 

en  particulier  dans  l'Italie  et  la  Gaule.  Mais  la  renom- 
mée grandit  en  voyageant.  Le  récit,  grossi  par  l'ima- 
gination populaire,  offrait  en  arrivant  chez  les  Francs 
un  beau  sujet  de  chanson,  dans  ce  pays  et  à  cette 
époque  où  les  trouvères  étaient  si  nombreux,  où  le 
peuple  écoutait  avec  enthousiasme  les  chants  de  guerre. 
Ce  sujet  a-t-il  été  mis  en  œuvre?  Le  nom  de 
Guaifier,  roi  en  Italie,  figure  dans  plusieurs  chan- 
sons de  geste  ',  et  ce  Guaifier,  je  l'ai  déjà  fait  re- 
marquer ^,  ne  peut  être  que  le  prince  de  Salerne.  Or 
dans  la  vie  de  ce  prince  un  seul  fait  a  pu  acquérir  à 
son  nom  cette  célébrité,  c'est  celui  que  je  viens  de 
raconter,  le  siège  de  Salerne  en  873.  C'est  de  beau- 
coup la  plus  belle  page  de  son  histoire,  car  la  plupart 
de  ses  autres  guerres  ont  été  des  querelles  injustes 
contre  ses  voisins  *,  les  relations  qu'il  eut  avec  les  Sarra- 
sins après  la  délivrance  de  sa  ville  ne  sont  rien  moins 
que  glorieuses  pour  lui,  puisque,  après  avoir  été  battu 
par  les  infidèles,  il  fit  avec  eux  un  traité  d'alliance 
offensive  et  défensive,  qu'il  fut  menacé  des  foudres  du 
Saint-Siège,  et  qu'enfin,  ayant  été  frappé  d'une  mala- 
die, il  crut  à  une  vengeance  du  ciel  et  se  fit  moine  en 
expiation  de  ses  crimes.  Il  est  donc  certain  que  la 
renommée  qui  le  fit  vivre  dans  nos  chansons  comme 
un  défenseur  de  la  foi  et  un  adversaire  des  Sarrasins 
est  née  du  long  siège  qu'il  soutint  si  glorieusement. 

1.  Généralement  sous  le  nom  de  Guaifier  d'Espolice  (pays  de 
Spolète).  Ce  nom  d'Espolice  ne  figure  pas  dans  la  a*  branche  du 
Coronement^  mais  seulement  au  vers  2234,  dans  un  passage  ajouté 
par  le  romancier  pour  souder  la  4*  branche  aux  précédentes. 

2.  Page  XXXV. 


l'élément  historique  XXXIX 

Je  vais  plus  loin  et  je  dis  que  c'est  dans  le  poème 
aujourd'hui  représenté  par  la  seconde  partie  du  Coro- 
nement  Looïs  que  ce  fait  historique  a  reçu  son  déve- 
loppement littéraire.  Il  y  a,  en  effet,  entre  le  poème  et 
la  Chronique  de  Salerne  des  ressemblances  tellement 
frappantes  qu'on  ne  peut  les  attribuer  au  simple 
hasard. 

Dans  le  Coro)iement  Looïs  nous  voyons  un  Guai- 
fier,  roi  de  Capoue,  fait  prisonnier  avec  sa  famille  et 
ses  sujets  par  les  Sarrasins  et  délivré  par  les  Francs; 
dans  la  chronique  nous  trouvons  un  Guaifier,  sou- 
verain de  Salerne,  réduit  à  la  dernière  extrémité, 
presque  fait  prisonnier  avec  sa  famille  et  ses  sujets 
par  les  Sarrasins  et  délivré  par  les  Francs.  Dans 
les  deux  récits  les  infidèles ,  après  leur  défaite , 
quittent  l'Italie.  Ce  sont  là  les  faits  principaux, 
ceux  qui  forment  le  fonds  du  récit,  et  ils  sont  iden- 
tiques de  part  et  d'autre  ^  C'est  seulement  en  en- 
trant dans  les  détails  qu'on  trouve  des  différences. 
Voyons  si  ces  différences  sont  aussi  réelles  qu'elles 
paraissent  Têtre  de  prime  abord ,  si  elles  ne  dépen- 
dent pas  de  la  différence  essentielle  des  deux  genres 
de  récit,  de  la  chronique  et  de  la  poésie.  Le  chroni- 
queur cherche  à  raconter  les  événements  tels  qu'ils 
se  sont  passés  dans  la  réalité,  et  ces  événements,  une 
fois  écrits,  restent  immuables  sur  le  parchemin.  Le 
trouvère,  au  contraire,  prend  un  fait  que  souvent  il 
ne  connaît  que  très  imparfaitement,  qu'il  déforme 

1 .  La  confusion  de  Salerne  et  de  Capoue  est  naturelle  ;  les  deux 
villes  étant  relativement  voisines  et  les  habitants  ayant  pris  une 
part  égale  à  la  lutte  contre  les  Sarrasins. 


XL  INTRODUCTION 

sciemment  pour  le  rendre  plus  agréable  à  ses  audi- 
teurs, et  qui  aura  encore  la  plupart  du  temps  à  subir 
les  remaniements  des  générations  suivantes. 

Dans  Phistoire  le  théâtre  de  la  guerre  est  sous  les 
murs  de  Salerne,  dans  la  chanson  il  est  près  de  Rome. 
Mais,  d'abord,  on  sait  que  les  trouvères  ne  se  pi- 
quaient pas  d'une  grande  exactitude  géographique 
dans  leurs  récits.  Pour  eux  le  siège  du  pape  était  un 
centre  oiî  venaient  se  grouper  tous  les  événements 
qui  se  passaient  au-delà  de  Montjeii.  Le  fait  avait 
lieu  en  Italie,  donc  ce  pouvait  être  près  de  Rome. 
Bien  plus,  en  étudiant  de  près  la  seconde  partie  du 
Coronement  Looïs,  on  reconnaît  qu'à  l'origine  de  la 
légende  la  scène  n'était  pas  aussi  près  de  Rome 
que  dans  la  rédaction  actuelle.  En  effet,  Guillaume 
est  arrivé  à  Rome  en  simple  pèlerin,  sans  aucune 
pensée  de  combat,  sans  parler  une  seule  fois  des 
Sarrasins,  sans  songer  à  eux.  Le  pape  lui-même  n'en 
paraît  pas  davantage  préoccupé,  et  rien  ne  ferait 
penser  à  Tennemi,  si,  au  moment  où  l'on  s'y  attend 
le  moins,  deux  messagers  n'arrivaient^  annonçant  que 
les  infidèles  viennent  de  prendre  Capoue  ^ 

Les  infidèles  sont  à  Capoue,  les  chrétiens  à  Rome. 
Avant  que  les  deux  armées  se  rencontrent,  on  s'at- 
tend naturellement  à  les  voir  franchir  l'espace  qui 
les  sépare.  Eh  bien,  il  n'en  sera  pas  ainsi.  Comme 
dans  un  rêve,  où  l'espace  et  le  temps  n'existent  pas, 
où  l'on  commence  dans  un  lieu  une  action  que  Ton 
continue  dans  un  autre,  sans  s'apercevoir  du  change- 

I.  Vers  325-332. 


l'élément  historique  xli 

ment  de  scène,  le  poème  ne  tient  aucun  compte  des 
cinquante  lieues  qui  séparent  les  deux  villes.  Le  jour 
même  où  l'on  apprend  que  les  païens  sont  dans  Ca- 
poue,  le  pape  va  trouver  Fémir  pour  lui  proposer  la 
paix,  rentre  dans  Rome,  rend  compte  de  son  message 
à  Guillaume,  qui  sort  à  son  tour,  tue  le  géant  Cor- 
solt,  met  les  païens  en  fuite,  et  délivre  les  prisonniers 
chrétiens.  Bref,  dans  la  première  partie  du  récit, 
Capoue  et  Rome  sont  assez  distantes  pour  que  dans 
celle-ci  on  ignore  ce  qui  se  passe  autour  de  l'autre  ;  dans 
la  seconde  partie,  au  contraire,  les  deux  villes  sont  à 
peu  près  confondues.  Comment  expliquer  cette  incon- 
séquence? Tout  simplement  par  l'ignorance  d'un  rema- 
nieur, qui,  en  introduisant  le  pape  dans  le  poème, 
a  transporté  devant  Rome  le  lieu  du  combat,  lequel 
originairement  avait  lieu  sous  les  murs  de  Capoue.  ^ 
11  y  a  d'autres  divergences  entre  les  deux  récits. 
Dans  la  chronique,  les  Sarrasins  sont  vaincus  en 
bataille  rangée;  d'après  la  chanson,  c'est  dans  un 
combat  singulier.  Mais  c'est  là  une  différence  de 
détail,  sans  importance,  qu'on  pourrait  même,  à  la 
rigueur,  expliquer  encore  par  l'histoire.  En  effet,  le 
récit  du  siège  est  précisément  agrémenté  de  plusieurs 
de  ces  combats  particuliers;  le  chroniqueur  se  plaît 
même  à  en  raconter  deux  avec  assez  de  détails  ^ 


I.  «Cumque  in  hac  obsidionem  prope  terminarentur  annus,  et 
nuUus  sufiTragium  Salernitani  obtinerent,  et  saepissime  cum  Aga- 
renis  certamen  inirent,  factum  est  ut  unum  eminentissimum 
Agarenum,  très  tesiiculis  gerens,  voci  ingenti  clamaret  ac  pro- 
meret  :  O  ercescende  filius  Petre,  veni,  et  iniaraus  singularem 
certamen  ;  et  tune  conîcere  poteris  Agarenorum  virtules  !  Set  dum 


XLII  INTRODUCTION 

Dans  le  premier  nous  n'avons  pas  le  nom  du  cham- 
pion Sarrasin,  mais  nous  savons  que  c^était,  comme 
Corsolt,  un  géant  présomptueux  et  insolent,  que 
comme  lui  il  fut  terrassé  et  mis  à  mort  par  le  chrétien. 


diu  cxultaret  eademque  verba  rcpeteret,  Pctrus  ille,  fisus  in  Rc- 
demtoris  clementiam,  audaci  animo  Agareno  exiit  obviam,  suos 
interminans  hiis  ut  nullum  auxilium  illis  cédèrent.  Agarenus  ille 
pone  civiiaiis  cum  ingenti  audacia  moeniam  vcnit,  loricaque  in- 
dutus  et  capite  calea  septus  et  sex  lanceis  propria  manu  gestans, 
super  eum  irruit.  Petrus  ille  jam  dictus  impetum  illius  omnimodis 
cavit  ;  set  dum  iterum  Agarenus  cum  expedito  equo  super  illum 
veniret  et  lancea  cum  omni  nisu,  ut  eum  protinus  in  terram 
strarct,  iniceret,  christianus  quamvis  cum  metu  agiliter  feritam 
illius  evasit,  et  continue  Deum  invocavit,  et  suos  martires,  ante 
quorum  ecclesiam  certamen  iniebat,  silicet  Cosmam  et  Daraia- 
num,  asta  quae  manu  gestabat  illi  protinus  misit,  eumque  in- 
ter  duas  percussit  scapulas,  et  statim  vitalis  calor  aufugit,  am- 
plexoque  equi  coUum,  ad  suos  refugit,  et  sine  mora  extinxit. 
Christiani  una  oranes  Deum  videlicet  collaudabant,  necnon  et  vires 
rccipiebant.  n  (Chron.  Salem,  cap,  cxiii,  éd.  Pertz,  Mon.  Germ. 
hist,  in-f»;  Script.  III,  53o). 

Voici  maintenant  le  récit  du  second  combat  :  «  Helim  filii  erant 
quatuor,  qui  saepissime  vehementer  Salernitanos  atterebant,  eo  quod 
prae  ceteris  Agarenis  eminentiores  erant;  et  praepotens  statura  illo- 
rum  erat  una,  et  similes  equos  habebant,  et  inter  omncs  illis  antici- 
pabant.  Unus  illorum,  audacior  ceteris,  Salernitanis  cotidie  accla- 
mabat  :  <c  Unus  ex  vobis  vcniat,  singulare  certamen  mecum  iniat, 
et  lune  experiri  valebitis  qualis  est  Helim  filius.  >  Tune  unus  ex 
Salernitanis,  Landemari  nomine,  ocius  urbem  egressus  est  et 
omnimodis  ad  bcllum  se  praeparavit.  Set  dum  Elim  filius  super 
eum  cum  magna  virtute  veniret,  et  forli  yctu  percussit,  set,  Domino 
non  sinente,  ncquaquam  illum  namque  sauciavit,  Revolvente 
itaque  ocius  equum,  qualiter  eum  prosterneret,  ille  christianus 
non  segniter  gessit,  set  continuo  omni  nisu  lancea  illi  protinus 
misit  et  eum  secus  ilium  percussit.  Ille  vero  jam  nequaquam  cum 
illo  certamen  iniit,  set  ad  suos  reversas  est  et  non  diu  supervixit.  » 
(Jbid.,  cap.  cxiv,  Peru,  ibid.  III,  53o). 


l'élément  historique  xliii 

Le  champion  des  chrétiens  dans  la  chronique  s'ap- 
pelle Pierre,  dans  la  légende,  Guillaume;  j'expli- 
querai plus  loin  la  présence  de  Guillaume  dans  le 
poème. 

Mais  au  lieu  de  pousser  si  loin  l'explication  des 
détails,  il  est  bien  plus  naturel  d'admettre  que  la  lutte 
entre  Corsolt  et  Guillaume  n'est  qu'un  épisode  joint 
au  fait  historique  de  la  délivrance  de  Guaifier  par  les 
Francs. 

Il  faut  attribuer  à  l'altération  fatale  de  l'histoire 
par  la  légende  les  autres  différences  existant  entre  les 
deux  récits  et  en  particulier  ce  fait  que  la  chanson 
présente  Guaifier  comme  étant  déjà  prisonnier  des 
ennemis,  tandis  qu'en  réalité  il  faillit  seulement  le 
devenir  ^ 

J'ai  dit  déjà  que  Guillaume,  comte  de  Toulouse, 
n'avait  pu  aller  combattre  les  Sarrasins  en  Italie,  et 
dans  le  récit  du  siège  de  Salerne  l'histoire  ne  fait 
mention  d'aucun  Guillaume.  Les  deux  champions 
chrétiens,  vainqueurs  des  deux  combats  singuliers  ra- 


1.  Dans  le  récit  du  siège  de  Salerne  nous  voyons  la  femme  de 
Guaifier  prendire  une  part  glorieuse  aux  travaux  de  la  défense, 
monter  sur  les  remparts,  porter  les  vivres  aux  soldats  et  leur 
donner  l'exemple  du  courage  :  ^  Set  dum  famés  valida  praedictam 
urbem  consumeret,  conjux  Guaiferii  principis  per  semet  ipsam 
per  murot  civitatis  gradiebat,  alimentaque  deferebat  nimirum  et 
confortabat.  »  (Ibid.  cap.  cxv,  Pertz,  ibid.  III,  53i.) 

Les  trois  vers  qui  suivent  sont  peut-être  un  dernier  souvenir  de 
cet  événement  : 

Pris  est  par  force  li  riches  reis  Guaifiers, 

//  et  sa  fille  et  sa  franche  moillier. 

Et  trente  mille  de  cliaitis  prisonicr!>. 

(Vers  35o-353.| 


XLIV  INTRODUCTION 

contés  par  le  chroniqueur,  sont  appelés  Tun  Pierre, 
l'autre  Landémar.  Celui  qui  bat  définitivement  les 
Sarrasins  et  délivre  SalerneestGontier,  neveu  de  l'em- 
pereur Louis.  Non  seulement  le  nom  de  Guillaume 
ne  figure  pas  dans  le  récit  du  siège  de  Salerne,  mais 
on  ne  connaît  aucun  personnage  de  ce  nom  qui  soit 
allé  en  Italie  combattre  les  Musulmans.  Guillaume 
Bras-de-Fer,  fils  de  Tancrède  de  Hauteville,  n'eut 
jamais  affaire  à  eux.  De  sorte  qu'en  donnant  à  notre 
chanson  une  base  historique  autre  que  celle  que  je 
propose,  on  n'y  expliquerait  pas  davantage  la  pré- 
sence de  Guillaume.  Aussi  suis-je  convaincu  qu'à 
l'origine  ce  nom  n'y  figurait  pas  et  qu'il  n'y  a  été 
introduit  que  postérieurement,  soit  lors  de  ce  travail 
d'unification  plus  ou  moins  inconscient  qui  classa 
nos  poèmes  épiques  en  trois  gestes,  celles  du  roi,  de 
Garin  de  Monglane  et  de  Doon  de  Mayence,  soit 
dans  tout  autre  circonstance. 

Pour  P.  Paris,  qui  le  premier  s'est  occupé  sérieu- 
sement de  cette  question  et  a  montré  le  chemin  à  ceux 
qui  devaient  le  suivre,  le  héros  de  notre  chanson  n'é- 
tait autre  que  Guillaume  de  Hauteville  :  «  Le  chef 
des  Normands,  »  dit-il,  «  qui  conquirent  la  Pouille  sur 
les  Sarrasins  au  xi^  siècle,  Guillaume  de  Hauterive 
(sic),  portait  le  surnom  de  Bras  de  Fer,  évidemment 
le  même  que  celui  de  Fièrebrace.  De  cette  coïncidence 
déjà  remarquée  ailleurs,  on  peut  conclure  que  la  par- 
tie de  la  branche  du  Couronnement  de  Looys  relative 
aux  guerres  d'Italie  a  été  inspirée  par  les  bruits  ré- 
pandus en  France  au  temps  de  la  conquête  du  che- 
valier normand.  Pour  distribuer  entre  plusieurs  per- 


L*ÉLéMENT  HISTORIQUE  XLV 

sonnes  les  exploits  souvent  réunis  dans  les  chansons 
de  geste  sur  une  seule  tête,  il  faut  tenir  compte  des 
surnoms  différents  du  même  personnage.  Guillaume 
d'Orange,  Guillaume  Fièrebrace,  Guillaume  au  Court 
nez,  représenteront  un  Aquitain  vainqueur  des  Mau- 
res; un  Normand  vainqueur  des  Sarrasins  d'Italie; 
enfin  un  baron  féodal  défenseur  des  droits  du  roi  de 
France.  Il  n'est  pas  impossible  d'expliquer  la  confu- 
sion de  ces  trois  légendes.  Tandis  que  les  jongleurs 
chantaient  les  anciens  exploits  du  comte  Guillaume 
contre  les  Maures  d'Espagne,  d'autres  racontaient 
les  récentes  victoires  de  Guillaume  Bras  de  Fer  sur 
les  Sarrasins  de  Sicile,  la  délivrance  de  Salerne, 
les  dons  énormes  d'argent  et  de  terre  accordés  aux 
aventuriers  normands  ;  ainsi  les  gestes  de  Guil- 
laume d'Orange  et  du  Normand  Guillaume  Bras 
de  Fer  marchèrent  de  front  jusqu'à  ce  que  l'igno- 
rance de  la  génération  suivante  finit  par  les  confon- 
dre ^  )) 

Jonckbloet  ne  partage  pas  l'opinion  de  P.  Paris. 
Il  lui  fait  d'abord  cette  objection  :  «  Si  nous  tenons 
compte  des  surnoms,  il  sera  difficile  de  conclure  des 
événements  de  la  chanson  que  Guillaume  d'Orange 
prend  ici  la  place  de  Guillaume  de  Hauteville.  La 
déduction  serait  parfaitement  logique  si  le  héros  pre- 
nait ici  le  nom  de  Fièrebrace  ;  mais  nous  voyons  au 
contraire  qu'il  le  perd,  pour  en  prendre  un  autre  qui 
a  prévalu.  Guillaume  portait  déjà  dans  des  chansons 
antérieures  le  surnom  de  Fièrebrace,  qu'il  tient  pro- 

I.  Histoire  littéraire,  XXII,  487. 


XI.VI  INTRODUCTION 

bablement,  comme  nous  l'avons  vu,  du  comte  de 
Poitiers  du  même  nom  '.  » 

Cette  objection  n'est  pas  solide.  Non  seulement 
Guillaume  ne  perd  pas  ici  le  surnom  de  Fièrebrace, 
qu'il  continue  à  porter  simultanément  avec  celui  de 
Court  Nez,  mais  rien  ne  prouve  qu'il  ne  le  prenne  pas 
ici  pour  la  première  fois.  Il  est  appelé  Fièrebrace,  il 
est  vrai ,  dans  des  chansons  qui  passent  pour  être  an- 
térieures à  notre  rédaction  du  Coronement  Looïs^ 
mais  il  faudrait,  pour  tirer  de  là  un  argument  contre 
P.  Paris,  prouver  deux  choses,  d'abord  que  ces  chants 
sont  antérieurs  à  la  première  rédaction  du  Corone- 
ment Looïs  où  ce  nom  ait  figuré,  en  second  lieu  que 
ce  surnom  de  Fièrebrace  se  trouvait  déjà  dans  les 
premières  rédactions  de  ces  chants  et  n'y  a  pas  été 
ajouté  à  une  date  postérieure. 

La  seconde  objection  de  Jonckbloet  ne  me  semble 
pas  meilleure  que  la  première.  Après  avoir  fait  une 
histoire  succincte  des  expéditions  de  Guillaume  de 
Hauteville  en  Italie,  le  savant  Hollandais  conclut  : 
«  Si  Guillaume  de  Hauteville  n'a  pas  défendu  le  Pape, 
n'a  pas  combattu  les  Sarrasins,  il  va  sans  dire  que 
pour  cette  raison  encore  nous  hésiterons  à  vouloir 
retrouver  dans  cette  partie  de  notre  poème  un  écho 
de  la  tradition  de  ses  hauts  faits  2.  » 

On  peut  répondre  à  Jonckbloet  que  si  Guillaume 
Bras-de-Fer  n'a  pas  combattu  les  Sarrasins,  que 
s'il  n'a    pas  défendu  le  pape,  d'autres   Normands, 

1,  Guil.  d'Or.,  II,  106. 

2.  Ibid  ,  p.  110. 


l'élément  historique  xlvii 

qui  l'avaient  précédé  en  Italie,  ont  fait  Tun  et  l'autre, 
et  que  la  gloire  de  Guillaume  a  fort  bien  pu  absorber 
celle  de  ses  compatriotes  qui  l'ont  précédé,  accom- 
pagné ou  suivi  dans  la  Péninsule.  Ses  exploits  ont 
fait  grand  bruit  ^,  et  on  a  pu  lui  attribuer  volontaire- 
ment ou  involontairement  des  faits  qu'il  n'a  jamais 
accomplis. 

Mais  la  troisième  et  dernière  objection  est  plus 
grave  :  «  Il  faut  observer,  »  dit  Jonckbloet,  «  que  ce 
n'est  pas  seulement  ici  qu'on  rencontre  le  récit  de  la 
délivrance  de  Rome  de  la  domination  sarrasine  par 
suite  d'un  combat  singulier  d'un  champion  Carlovin- 
gien.  Les  mêmes  faits  se  retrouvent  dans  une  bran- 
che de  la  chanson  d'Ogier  d'Ardenne  de  Raimbert 
de  Paris.  Là  non  seulement  le  nom  du  Sarrasin 
Corsolt  ou  Corsubles  revient,  mais  ce  qui  est  beau- 
coup plus  curieux,  c'est  qu'on  a  rattaché  à  la  gloire 

I.  Guillaume  d'Apulée  dit  de  lui  {Gesta  Roberti  Wiscardi^  I, 
V.  530-532,  éd.  Pertz,  Mon.  Germ.  hist.  in-f»;  Script.  IX,  252)  : 

Is,  quia  fortis  erat,  est  feriea  dictus  liabere 
Brachia,  nam  validas  vires  animumque  gerebat 

Et  plus  loin  (Ibid.,  Il.v.  23-26;  Pertz,  ibid.lX,  234)  : 

vir  ferrea  dictus  habere 

Brachia  Guilermus,  cui,  vivcre  si  licuisset, 
Nemo  poeta  suas  posset  depromere  laudes  ; 
Taiita  fuit  probitas  animi,  tam  vivida  virtus. 

Geoffroy  Malaierra  n'en  fait  pas  un  moindre  éloge  dans  son  His- 
toria  Sicula.  11  parle  d'un  combat  singulier  dans  lequel  Guillaume, 
«  qui  Ferreabvachia  mincupatur ,  »  tue  le  commandant  de  Syracuse, 
u  unde  et  maxima  îaudis  admiratione  deinceps  apud  Graecos  et 
apud  Siculos  fuit.  »  Il  l'appelle  u  laude  militiae  ferox^  armis  stre- 
nuus...  quasi  leo  furibundus.n  Hist.  Sic.  (Lib.  I,  cap.  vu;  Mura- 
tori,  Rer.  Ital.  Script.  V,  55.) 


XLVIII  INTRODUCTION 

d'Ogier  le  souvenir  de  la  trahison  d'Alori,  complète- 
ment perdue  dans  les  chansons  de  Guillaume  d'A- 
quitaine. Il  pourrait  bien  y  avoir  quelque  connexité 
entre  les  deux  branches  de  ces  poèmes,  mais  l'espace 
nous  manque  pour  insister  sur  ce  point. 

«  En  tout  cas,  dans  le  poème  d'Ogier  il  n'y  a  pas 
de  confusion  de  noms  possible,  donc  pas  de  raison 
pour  attribuer  cette  geste  au  fils  de  Tancrède  de 
Hauteville  ^  » 

Cet  argument,  en  montrant  avec  quelle  facilité  les 
trouvères  savaient  changer  les  noms  de  leurs  person- 
nages, prouve  que  le  combat  contre  Corsolt  a  pu  être 
attribué  à  Guillaume  de  Narbonne  aussi  directement 
qu'à  Ogier,  sans  l'intermédiaire  de  Guillaume  Bras- 
de-Fer. 

De  plus,  la  principale  raison  qui  semble  avoir  porté 
P.  Paris  à  voir  dans  notre  héros  le  fils  de  Tancrède 
de  Hauteville,  c'est  son  nom  de  Guillaume  et  surtout 
son  surnom  de  Bras-de-Fer,  «  évidemment  le  même 
que  celui  de  Fièrebrace  ».  Mais  précisément  ces  deux 
surnoms  sont  bien  distincts,  le  premier  vient  de  Bra- 
chium  deferro,  le  second  de  Fe7^a  brachia;  il  n'y  a 
donc  pas  moyen  de  les  confondre.  Si  le  Guillaume 
épique  a  emprunté  son  surnom  de  Fièrebrace  à  un 
personnage  historique,  c'est,  selon  toute  vraisem- 
blance, à  Guillaume  Fièrebrace,  comte  de  Poitiers  et 
d'Aquitaine  (gôS-ggS).  Ce  n'est  pas  dans  cette  par- 
tie de  notre  poème  que  la  confusion  des  deux  per- 
sonnages a  pu  avoir  lieu. 

I.  Guil.  d'Or.,  Il,  110-11 1.  ^ 


l'élément  historique  xlix 

Pour  moi,  je  crois  l'origine  de  notre  chanson  an- 
térieure aux  conquêtes  des  Normands  dans  l'Italie 
méridionale,  tout  en  trouvant  exagérée  Tantiquité 
que  Jonckbloet  est  prêt  à  lui  accorder,  quand  il  dit 
qu'  «  elle  date  peut-être  du  temps  des  campagnes  en 
Italie  de  Pépin  ou  de  Gharlemagne,  qui  tous  deux 
marchèrent  à  la  défense  du  pape  ^  »  Il  me  paraît  évi- 
dent que  celte  branche  du  Coronement  Looïs  remonte 
aux  souvenirs  du  siège  de  Salerne  en  872-873  -, 

Guillaume  de  Bezalu,  surnommé  Trunnus^  cité 
par  Jonckbloet  ^  à  cause  du  surnom  de  Guillaume  au 
Court  Nei,  n'a  rien  de  commun  avec  le  poème. 

J^ajouterai  qu'il  a  dû  exister  une  rédaction  ne  men- 
tionnant pas  l'accident  qui  a  écourté  le  nez  de  Guil- 
laume. Mais  je  suis  loin  de  dire  que  cette  rédaction 


1.  Guil.  d'Or. y  Y)'  m. 

2.  Aux  arguments  que  j'ai  développés  en  faveur  de  cette  thèse, 
j'en  joins  ici  un  autre;  à  savoir  que  je  me  suis  presque  rencontré 
sur  ce  terrain  avec  Jonckbloet,  dont  je  n'avais  pas  encore  remarqué 
les  lignes  suivantes,  lorsque  je  m'arrêtai  à  l'opinion  que  je  viens 
d'exprimer  :  «  Dans  le  dernier  quart  du  ix»  siècle,  les  Sarrasins 
mirent  plusieurs  fois  l'Italie  à  sac,  et  pénétrèrent  même  jusque 
dans  les  environs  de  Rome.  Louis,  roi  d'Italie,  leur  fit  un«  guerre 
acharnée,  et  c'est  de  ce  temps  que  figure  Gaifier  duc  de  Salerne, 
qui  prit  tant  de  part  aux  troubles  qui  désolèrent  l'Italie,  et  qui 
mourut  vers  879.  Ce  Gaifier  revient  dans  notre  chanson  et  dans 
celle  d'Aspremont,  quoiqu'il  y  joue  un  rôle  tout  autre  que  dans 
l'histoire.  Nul  doute  que  les  souvenirs  de  ces  guerres  se  sont 
mariés  à  ceux  du  commencement  du  siècle  suivant  pour  former 
cette  branche  de  notre  chanson.  »  (Ibid.y  p.  m.) 

Mais  je  ne  concilie  pas  très  bien  cette  dernière  phrase  avec  celle 
où  Jonckbloet  dit  que  notre  chanson  «  date  peut-être  du  temps 
des  campagnes  en  Italie  de  Pépin  ou  de  Gharlemagne.  » 

3.  76ii.,p.  II 5. 

d 


L  INTRODUCTION 

fût  plus  ancienne  que  la  nôtre.  Je  donnerai  plus  loin 
deux  remaniements  en  prose  qui  ne  parlent  pas  de 
cette  blessure.  Voici  un  passage  d'une  chronique  fran- 
çaise du  xiv^  ou  du  xv°  siècle  qui  rattache  cet  acci- 
dent à  une  autre  période  de  la  vie  de  Guillaume  : 
«  Guillaume  d'Orenge  avoit  eu  le  bout  du  nés  coup- 
pés  a  la  troisième  bataille  ou  il  fut  devant  Nerbonne. 
Si  Tapplerent  plusieurs  Guillaume  au  Court  Nés  ^  » 
De  qui  donc  Guillaume  a-t-il  pris  la  place  dans 
notre  poème? 

Dans  la  3^  partie  du  Coronement  Looïs,  au  vers 
1619,  le  nom  de  Guarin  de  Rome^  donné  par  les 
familles  de  manuscrits  B  et  C,  est  remplacé  dans  la 
famille  A  par  Gontier  de  Rome.  Dans  les  manuscrits, 
les  noms  propres  sont  souvent  abrégés  et  un  copiste, 
dont   l'esprit  était  rempli   des   noms  de  Guarin  de 
Montglane  et  de  Guarin  le  Loherain,  résolvait  tout 
naturellement  Tabréviation  G.  de  Rome  en  Guarin  de 
Rome.  Pour  lire  Gontier  de  Rome^  il  fallait  ou  que 
ce  nom  fut  écrit  en  toutes  lettres,  ou  que  le  copiste 
connût  un  personnage  héroïque  du  même  nom.  Or, 
ce  personnage  est  évidemment  ce  neveu  de  Tempereur 
Louis,  Gontier,  qui  délivra  Guaifier  assiégé  par  les  in- 
fidèles, et  trouva  la  mort,  à  l'âge  de  quinze  ans,  dans 
les  bras  de  la  victoire.   C'est  le  même  événement 
historique  qui  fit  entrer  l'oncle  et  le  neveu  dans  la 
poésie.  Lorsque  plus  tard  les  remanieurs  identifièrent 
avec  Louis,  fils  de  Charlemagne,  tous  les  rois  ou 
empereurs  du  même  nom,  lorsqu'ils  firent  de  Guil- 

I.  Bib.  nat.,  manus.  fr.  5oo3,  f.   127  v^. 


l'élément  historique  li 

laume  le  défenseur  nécessaire  de  Louis  le  Débon- 
naire, Gontier  subit  une  transformation  parallèle  à 
celle  de  son  souverain  Louis  II,  et  quand  celui-ci 
céda  la  place  à  Louis,  fils  de  Charles,  lui-même  fut 
absorbé  par  Guillaume. 

L'identification  de  Corsolt  est  encore  plus  difficile 
que  celles  de  Guaifier  et  de  Guillaume.  Il  ne  faut  peut- 
être  voir  dans  ce  personnage  qu'un  de  ces  géants 
qu'on  rencontre  dans  la  poésie  primitive  de  tous  les 
peuples,  créés  par  Timagination  pour  mettre  en  relief 
le  guerrier  qui  les  terrasse  ^ 

En  combinant  les  faits  historiques  que  j'ai  cités  et 
les  suppositions  que  j'ai  émises  plus  haut,  on  pourrait 
se  représenter  ainsi  le  développement  de  la  seconde 
branche  du  Coronement  Looïs,  A  l'origine,  un  poème 
racontait  la  délivrance  de  Guaifier,  que  les  Sarrasins 
tenaient  assiégé  dans  Salerne,  par  Gontier,  à  la  tête 

I.  Cependant  on  trouve  dans  la  Vita  Hludowici  pu  imperatoris 
un  personnage  qui  pourrait  bien  être  devenu  le  type  de  Corsolt. 
En  787  ou  788,  Corson,  comte  de  Toulouse,  s'étant  laissé  prendre 
par  les  Gascons,  fut  destitué  et  remplacé  dans  sa  charge  par  Guil- 
laume. Ea  tempesîate  Chorso,  dux  Tliolosanus,  doîo  cujusdam 
Wasconis,  Adelerici  nomine,  civcumventus  est  et  sacramentorum 
vinculis  obstrictus  sicque  demum  ab  eo  absolutus...  Chorsoue porto 
a  ducatu  Tliolosano  submoto,  ob  cujus  incuriam  tantum  dedecus 
régi  et  Francis  acciderat,  Willelmus  pro  eo  subrogatus  est  (Pertz, 
Mon.  Germ.  hist.  in-f<>;  Script.  II,  609).  Que  devint-il  après  sa 
disgrâce.''  Il  n'est  plus  mentionné  nulle  part  et  nous  n'avons  aucun 
renseignement  sur  son  compte  ;  mais  il  est  permis  de  conjecturer 
que,  dès  cette  époque,  Guillaume  dut  le  compter  au  nombre  de 
ses  ennemis,  dans  les  rangs  des  Gascons  ou  des  Sarrasins.  Un 
combat  entre  les  deux  adversaires  a  pu  former  la  légende  dont  le 
dernier  écho  se  retrouve  dans  le  Coronement  Looïs.  Toutefois  c'est 
là  une  pure  hypothèse. 


LU  INTRODUCTION 

des  troupes  de  rempereur  Louis  II.  L'introduction 
du  pape  dans  la  légende  transporta  la  scène  devant 
Rome.  L'unification  de  Louis  II  avec  Louis  le  Dé- 
bonnaire substitua  Guillaume  à  Gontier.  La  bataille 
gagnée  par  Gontier  sur  les  Sarrasins  fut  remplacée 
par  le  combat  singulier  entre  Guillaume  et  Gorsolt, 
champion  épique  qui,  sous  le  nom  de  Corsubles, 
Gorsables,  Corsabrin  etc.,  se  retrouve  dans  de  nom- 
breuses chansons  de  geste. 


3.  —  Troisième  branche. 


La  troisième  branche  du  Coronement  Looïs  a  pour 
objet  les  luttes  de  Guillaume  au  Court  Nez,  défendant 
Louis  contre  les  vassaux  rebelles  qui,  après  la  mort 
de  Charlemagne,  veulent  asseoir  sur  le  trône  Acelin, 
fils  de  Richard  de  Normandie  (vers  1480  à  2224). 

Louis,  obligé  de  fuir,  s^est  réfugié  dans  l'abbaye  de 
Saint-Martin  de  Tours,  mais  déjà  le  duc  de  Norman- 
die s'est  emparé  de  la  ville,  déjà  les  évêques  et  les 
abbés. 

Qui  por  aveir  ont  le  mal  plait  basti  ', 

vont  livrer  le  prince,  lorsque  Guillaume,  averti  à 
temps,  revient  d'Italie,  arrive  à  Tours,  tue  Acelin, 
rend  le  trône  au  souverain  légitime,  soumet  tous  les 
rebelles  dans  une  guerre  qui  ne  dure  pas  moins  de 

I.  Vers  i6y5. 


L  ÉLÉMENT  HISTORIQUE  LUI 

trois  ans,  puis  enfin  prend  Richard,  qui  avait  voulu 
l'assassiner  dans  un  guet-apens,  et  le  conduit  dans  la 
prison  du  roi. 

A  la  mort  du  roi  Raoul,  Hugues  le  Grand,  duc  de 
France,  qui  aurait  pu  facilement  s'emparer  de  la 
couronne,  préféra  la  donner  au  fils  de  Charles  le 
Simple,  Louis.  Cet  enfant,  à  peine  âgé  de  i6  ans, 
était  alors  à  la  cour  d'Angleterre,  où  sa  mère,  Ogive, 
sœur  du  roi  Athelstan,  l'avait  emmené  après  la 
défaite  de  son  époux.  C'est  là  que  Hugues  le  Grand, 
Guillaume  Longue-Épée,  duc  de  Normandie,  Her- 
bert, comte  de  Vermandois,  et  quelques  autres  sei- 
gneurs moins  connus,  envoyèrent  chercher  le  jeune 
prince  pour  le  ramener  à  Laon  et  l'y  couronner. 

A  peine  Louis  IV  fut-il  sacré  qu'il  voulut  relever 
le  pouvoir  royal  de  son  abaissement  et  secouer  le 
joug  de  ses  protecteurs.  Ce  n'est  pas  ce  qu'avaient 
espéré  ceux-ci.  De  là  ces  luttes  continuelles  entre  les 
derniers  rois  carolingiens  et  les  grands  vassaux  du 
Nord. 

Il  semble  qu'en  cette  occasion  les  seigneurs  du 
Midi  prirent  parti  pour  le  roi  légitime.  Sismondi 
revient  plusieurs  fois  sur  cette  conjecture  :  «  Les 
seigneurs  de  l'Aquitaine,  »  dit-il,  «  avaient  montré  en 
général  de  l'attachement  à  la  famille  de  Charlemagne, 
moins  encore  par  un  sentiment  de  loyauté  que  par 
opposition  aux  comtes  de  Paris,  et  aux  rois  qu'ils 
avaient  donnés  à  la  France.  Il  est  probable  qu'ils  four- 
nirent quelques  troupes  à  Louis  d'Outre-mer  pour 
ses  expéditions;  mais  à  cet  égard  nous  devons  nous 
borner  à  des  conjectures;  car  le  petit  nombre  d'his- 


LIV  INTRODUCTION 

toriens  contemporains  que  nous  pouvons  consulter, 
fait  à  peine  mention  de  tout  le  midi  des  Gaules  ^  » 

En  941,  Louis,  se  trouvant  à  Vienne,  entra  en  né- 
gociation avec  plusieurs  des  princes  de  l'Aquitaine, 
qui  ne  voyaient  pas  sans  regret  le  comte  Hugues, 
auparavant  leur  égal,  agir  en  maître  dans  la  monar- 
chie :  «  Guillaume  Tête  d'Étoupes,  comte  de  Poitiers 
et  duc  d'Aquitaine,  se  montra  le  plus  zélé  pour  l'au- 
torité royale  (942),  parmi  ces  seigneurs  du  midi  de  la 
Loire  dont  Louis  d'Outre-mer  était  venu  implorer  le 
secours;  avec  l'aide  de  ses  voisins,  il  forma  pour  lui 
une  armée  ^,  »  Et  plus  loin  encore  :  «  Au  printemps 
de  945,  il  (Louis  d'Outremer)  visita  l'Aquitaine,  et 
il  y  eut  des  conférences  avec  les  principaux  seigneurs 
du  pays,  surtout  avec  Raimond  Pons,  peut-être  le 
comte  de  Toulouse,  peut-être  son  cousin  le  comte  de 
Rouergue,  de  même  nom  que  lui  ;  tous  deux  étaient 
très  puissants  dans  la  Gaule  méridionale;  tous  deux 
avaient  fait  pompe  de  leur  attachement  à  un  monar- 
que qui  n'avait  presque  rien  à  démêler  avec  eux.  Il 
est  probable  qu'en  cette  occasion  Louis  en  obtint 
quelques  secours  ^.  » 

Ainsi  Sismondi  nous  montre,  d'un  côté,  le  jeune 
Louis  en  lutte  contre  ses  vassaux  du  Nord,  parmi 
lesquels  Guillaume,  duc  de  Normandie;  d'un  autre 
côté,  des  seigneurs  du  Midi,  et  notamment  un  Guil- 
laume, duc  d'Aquitaine,  venant  au  secours  du  roi. 


1.  Hist.  des  Français,  II,  244  (Bruxelles,  8°). 

2.  Ibid.,  Il,  25 1. 

3.  Ibid.,  U,  256. 


l'élément  historique  lv 

Notre  poème  aussi  nous  montre  un  Guillaume 
d'Aquitaine  défendant  Louis  contre  les  usurpations 
du  duc  de  Normandie.  Il  est  vrai  que  le  trouvère 
appelle  ce  duc  de  Normandie  Richard  et  non  Guil- 
laume, mais  cette  objection  est  sans  valeur,  car  Ri- 
chard le  Vieux  ou  le  Roux  est  le  nom  épique  des  ducs 
de  Normandie  au  moyen  âge. 

Cependant  le  principal  ennemi  du  roi  n'avait  pas 
été  le  duc  de  Normandie,  mais  Hugues  de  France. 
Pourquoi  donc,  si  notre  chanson  se  réfère  à  ces  luttes, 
n'a-t-elle  pas  donné  à  ce  dernier  le  rôle  qu'elle 
assigne  au  Normand  ?  Hugues  triompha  de  la  race 
carolingienne  et  sa  victoire  valut  la  couronne  de 
France  à  son  fils.  C'était  un  de  ses  descendants  qui 
occupait  le  trône  lorsque  les  souvenirs  de  cette  triste 
époque  vinrent  se  condenser  dans  notre  chanson.  Dès 
lors  la  poésie  ne  pouvait  lui  faire  jouer  un  rôle  cri- 
minel. 

A  cette  explication  toutefois  je  préfère  la  suivante. 
Nos  poèmes  épiques,  à  l'origine,  étaient  pour  la  plu- 
part locaux,  chantés  seulement  dans  une  région  oià  le 
héros  était  populaire,  et  ils  ne  s'occupaient  que  des 
exploits  de  ce  héros.  Or  il  est  possible  que  le  Guil- 
laume primitif  de  notre  chanson  n'ait  eu  affaire,  dans 
la  grande  lutte  que  j'ai  racontée  plus  haut,  qu'aux 
Normands  en  particulier.  (Ce  qui  expliquerait  peut- 
être  en  même  temps  le  lieu  choisi  pour  le  théâtre  des 
événements.  Tours,  qui  se  trouve  entre  l'Aquitaine 
et  la  Normandie,  sur  la  route  de  Poitiers  à  Rouen.) 
Voici  d'autres  événements  qui  se  sont  passés  pen- 
dant'que  Richard  le  Roux  était  duc  de  Normandie, 


Î.VI  INTRODUCTION 

qui  ont  dû  exciter  chez  les  Français  une  grande  haine 
contre  les  Normands,  et  qui,  à  mon  avis,  ont  eu  une 
profonde  influence  sur  notre  légende. 

Lorsque  Guillaume  Longue- Épée  fut  assassiné 
(943),  il  avait  depuis  quelque  temps  fait  la  paix  avec 
le  roi  de  France,  néanmoins  celui-ci,  feignant  de 
prendre  sous  sa  protection  le  jeune  Richard,  fils  de 
Guillaume,  fit  venir  cet  enfant  à  Laon,  sous  prétexte 
de  l'élever  dans  les  mœurs  de  la  cour,  et  Ty  retint 
prisonnier.  Les  Normands,  profondément  attachés  à 
leur  prince,  prirent  aussitôt  la  résolution  de  se  ven- 
ger. Lorsque  Richard  se  fut  sauvé  de  Laon,  grâce  au 
dévouement  du  fidèle  Osmond,  qui  l'y  avait  accom- 
pagné, les  Normands  attirèrent  à  Rouen,  sous  un 
prétexte  pacifique,  le  roi  Louis,  et,  dès  qu'il  y  fut 
arrivé,  ils  le  firent  prisonnier,  après  avoir  massacré 
une  grande  partie  de  sa  suite.  Quelque  temps  après 
ils  le  rendirent  à  Hugues  le  Grand. 

Cette  trahison  dut  inspirer  aux  partisans  de  la 
famille  carolingienne  la  haine  que  nous  retrouvons 
dans  notre  poème  contre  les  Normands.  Il  semble 
même  que  la  légende  ait  gardé  un  double  souvenir 
de  ces  faits  dans  la  captivité  de  Richard  et  dans  le 
guet-apens  du  duc  de  Normandie,  qui  se  précipite 
sur  Guillaume,  lorsque  celui-ci,  confiant  dans  la  paix 
qu'il  a  faite  avec  lui,  vient  sans  escorte  à  Rouen. 

L'opinion  de  M.  G.  Paris,  qui  voyait  plus  volontiers 
dans  cette  partie  du  Coronement  Looïs  le  souvenir  des 
luttes  que  soutint  Guillaume  de  Montreuil-sur-Mer, 
au  nom  des  derniers  carolingiens,  contre  Richard  de 
Normandie,  repose  sur  une  méprise.  Guillaume  de 


l'élément  historique  LVtl 

Montreuil  figure  certainement  dans  la  cinquième  par- 
tie du  poème  ;  il  y  est  formellement  nommé  : 

Vait  s'en  li  reis  a  Paris  la  cité, 

Li  cuens  Guillelmes  a  Mosteruel  sor  mer'. 

De  ce  Guillaume,  M.  Dozy  fait  un  vassal  du  duc 
Richard  de  Normandie,  en  s'autorisant  des  deux  vers 
qui  suivent  : 

Ge  te  desfi,  Richarz,  tei  et  ta  terre, 

En  ton  service  ne  vueil  ore  plus  estre  ^. 

M.  G.  Paris  a  fait  remarquer  qu^à  la  fin  du  x"  siè- 
cle le  Pontieu  relevait  déjà,  comme  il  l'a  toujours 
fait  depuis,  de  la  couronne  de  France.  Cependant 
comme  les  ducs  de  Normandie,  aussi  bien  que  les 
ducs  de  France  et  les  comtes  de  Flandres,  préten- 
daient à  la  suzeraineté  du  Pontieu,  «  l'exclamation  de 
Guillaume  citée  par  M.  Dozy  s'explique  merveilleu- 
sement dans  la  bouche  du  comte  de  Montreuil-sur- 
Mer,  qui  était  bien  réellement  le  contemporain  de 
Richard  «  le  Vieux  »  de  Normandie.  Guillaume  de 
Montreuil,  le  héros  de  l'épisode  n"  5  du  poème,  est 
donc  également  celui  de  l'épisode  n°  3.  Si  ces  conjec- 
tures sont  fondées,  on  voit  que  la  poésie  a  conservé 
la  trace  des  relations  de  Guillaume  de  Montreuil- 
sur-Mer  avec  la  royauté  carolingienne,  sur  lesquelles 
l'histoire  est  muette  ;  qu'elle  nous  le  montre  aussi, 
sûrement  d'après  une  tradition  antique,  en  guerre 


1 .  Vers  2648-9. 

2.  Vers  i6o5-b. 


LVni  INTRODUCTION 

acharnée  avec  les  Normands  ses  voisins,  et  particu- 
culièrement  avec  Richard  I"  K  » 

Ces  déductions  sont  fort  justes,  seulement  elles 
partent  d'un  principe  qui  ne  Test  pas  autant.  M. 
Gaston  Paris  n'a  pas  contrôlé  la  citation  de  M.  Dozy, 
pas  plus  que  M.  Léon  Gautier,  qui  a  reproduit  l'ar- 
gument 2.  Ce  n'est  pas  Guillaume  qui  jette  à  Richard 
Torgueilleux  défi,  mais  un  simple  portier  : 

Quant  li  portiers  entendi  la  novele 

Del  pro  Guillelme  cui  proece  révèle, 

Vers  le  palais  a  tornee  sa  teste, 

Et  prist  un  guant,  sel  mist  en  son  poing  destre, 

Puis  s'escria  a  sa  vois  halte  et  bêle  : 

«  Ge  te  desfi,  Richarz,  tei  et  ta  terre; 

En  ton  service  ne  vueil  ore  plus  estre. 

Quant  traïson  vuels  faire  ne  porquerre 

Il  est  bien  dreiz  et  raison  que  i  perdes.  »  3 

En  voyant  dans  cet  épisode  un  Guillaume  d'Aqui- 
taine, j'ai  encore  pour  moi  cet  argument,  que  le 
poème  place  dans  l'Ouest  les  différents  théâtres  de 
ces  luttes.  De  Tours  Guillaume  va  à  Poitiers  (les 
ducs  d'Aquitaine  étaient  comtes  de  Poitiers),  sur  la 
Gironde,  à  Saint-Gilles,  en  Bretagne.  Ce  sont  là  des 
allusions  à  des  poèmes  aujourd'hui  perdus,  qui  célé- 
braient, selon  toute  vraisemblance,  les  exploits  des 
ducs  d'Aquitaine. 

En  résumé,  mon  opinion  est  que  la  troisième  par- 
tie du  Coronement  Loois^  dans  sa  rédaction  actuelle, 

1.  Rotnania,  I,  184-185. 

2.  Epopées  fr.;  2^  éd.  IV,  100. 

3.  Vers  1600-1608. 


l'élément  historique  un 

doit  nous  rappeler,  non  un  fait  particulier  et  isolé, 
mais  des  événements  continus  et  constants,  tels  que 
les  soulèvements  des  vassaux  sous  les  derniers  caro- 
lingiens et  même  sous  Hugues  Gapet;  que  certains 
faits  plus  saillants,  comme  la  captivité  de  Richard  et 
la  trahison  des  Normands,  ont  dû  cependant  avoir 
une  plus  grande  part  dans  la  légende;  qu'enfin,  parmi 
les  défenseurs  du  roi,  on  peut  bien  admettre  Guil- 
laume de  Montreuil,  mais  qu'il  faut  surtout  compter 
des  ducs  d'Aquitaine,  Guillaume  Tête-d'Étoupes  et 
notamment  Guillaume  Fièrebrace,  celui  qui  ne  vou- 
lut pas  reconnaître  Hugues-Capet  à  son  avènement, 
et  qui  a  probablement  donné,  en  cette  occasion,  son 
surnom  au  Guillaume  épique. 


4.  —  Quatrième  branche, 

La  quatrième  partie  du  Coronement  Looïs  est  le 
récit  d'une  nouvelle  expédition  de  Guillaume  en  Ita- 
lie (vers  222  5  à  2652).  Les  Allemands,  sous  la  con- 
duite de  Gui,  assiègent  Rome;  le  pape  implore  le 
secours  des  Francs;  Guillaume  passe  les  Alpes,  ar- 
rive sous  les  murs  de  la  ville  sainte,  tue  Gui  dans  un 
combat  singulier,  et  les  Allemands  prennent  la  fuite. 

Nulle  part  Jonckbloet  n'a  mis  autant  de  subtilité 
que  dans  ses  recherches  sur  l'origine  historique  de 
cet  épisode.  Je  vais  indiquer  le  résultat  de  ses  inves- 
tigations. 

A  la  mort  de  Charles  le  Gros,  en  888,  Bérenger, 
duc  de  Frioul,  et  Gui,  duc   de  Spolète,  veulent  se 


I.X  INTRODUCIION 

partager  l'empire  :  Bérenger  aura  l'Italie,  et  Gui,  la 
France.  Mais  Gui,  mal  accueilli  en  deçà  des  Alpes, 
se  rabat  sur  l'Italie,  dont  il  dispute  la  couronne  à 
Bérenger.  Celui-ci,  battu  deux  fois,  à  Plaisance  et  à 
Brescia,  demande  du  secours  à  l'Allemagne.  L'em- 
pereur Arnolphe  lui  envoie  des  troupes  sous  la  con- 
duite de  son  fils  bâtard  Centebald.  Pendant  vingt  et 
un  jours  les  deux  armées  ennemies  restent  en  présence, 
et  quotidiennement  un  Allemand  vient  provoquer  les 
soldats  de  Gui.  Le  défi  est  enfin  relevé  par  Hubald 
de  Spolète,  qui  terrasse  son  adversaire,  le  tue  et  jette 
son  cadavre  dans  la  rivière.  Les  Allemands  se  retirent, 
mais  ils  reviennent  bientôt  et  s'emparent  de  Rome. 
Vers  la  même  époque,  Gui  se  noie  dans  le  Taro  ^ 

Quatre  ans  plus  tard,  Louis,  fils  de  Boson,  roi 
de  Provence,  entre  en  Italie  à  la  tête  d^une  armée  ; 
il  est  accueilli  par  les  ennemis  de  Bérenger,  qui  lui 
décernent  la  couronne  de  Lombardie.  Il  s'avance 
jusqu'à  Rome  et  le  pape  lui  remet  le  sceptre  impé- 
rial (901). 

De  ces  faits,  Jonckbloet  conclut  :  «  Il  est  plus  que 
probable  que  ces  deux  événements  aient  été  confon- 
dus dans  notre  chanson,  mais  non  sans  une  grande 
confusion  de  dates  et  de  faits,  qui  ont  été  inter- 
vertis d'une  manière  surprenante.  Le  roi  Arnolphe 
avait  soutenu  Charles-le-Simple,  Gui  avait  prétendu 
au  royaume  de  celui-ci,  il  devait  être  odieux  aux 
Français  qui  tenaient  pour  la  légitimité.  Voilà  déjà 


I.  La  vérité  est  que  Gui   est   mort  d'une  hémorrhagie,  sur  les 
bords  du  Taro,  en  894. 


L  ELEMENT  HISTORIQUE  LXI 

une  raison  pour  que  l'imagination  populaire  inter- 
vertît les  rôles  et  plaçât  Gui  à  la  tête  des  Allemands 
faisant  une  invasion  en  Italie,  surtout  depuis  que  ce 
parti  guerroya  contre  un  roi  Louis,  qui  fut  pris  pro- 
bablement pour  son  homonyme  français,  dont  la 
poésie  chantait  déjà  les  louanges.  »  » 

Ces  substitutions  de  noms  et  de  faits  sont  déjà  bien 
invraisemblables  pour  être  vraies.  Mais  pourquoi 
Jonckbloet  dit-il  que  Gui  était  odieux  aux  Français, 
qui  ont  dû  le  placer  à  la  tête  des  Allemands,  lorsqu'il 
vient  de  rappeler,  quelques  lignes  plus  haut,  un 
poète  latin  contemporain,  qui  insiste  sur  les  épithètes 
de  Gaîlicus  héros ,  Rhodaniens  ductor,  dux  Gai- 
licus,  appliquées  au  même  Gui  ^? 

«  Gui  devenu  le  représentant  des  Allemands,  » 
c'est  toujours  Jonckbloet  qui  parle,  «  fut  enfin  chargé 
du  rôle  du  plus  présomptueux  d'entre  eux,  ce  qui  fut 
peut-être  rendu  plus  plausible  par  cette  circonstance 
que  lui  aussi  avait  trouvé  une  mort  violente  dans  un 
fleuve.  Il  n'est  pas  bien  clair  pourquoi  on  ait  substi- 
tué au  nom  de  son  vainqueur  celui  de  Guillaume, 
mais  il  est  possible  que  dès  leur  formation  les  tradi- 
tions ne  furent  pas  d'accord  sur  ce  point  :  Guillaume 
et  Hubald  étaient  à  la  tête  d'un  nombre  égal  de  sol- 
dats et  ils  sont  cités  d'une  haleine  par  le  poète  qui 
dit  expressément  qu'ils  agissaient  consimili  fer- 
vore.  »  3  II  s'agit  d'un  Guillaume  simple  lieutenant, 
mentionné  seulement  dans  le  passage  suivant  : 

t.Guil.  cTOr.  II,  io3-4. 

2.  Ibid.  p.  io3. 

3.  Jbid.  p.  104. 


LXII  INTRODUCTION 

Collectos  etiam  ducit  Wilelmus  amicos 
Tercentum,  lorica  habiles  galeaque  minaces, 
Nec  jaculo  segnes.  Todidem  propellit  Ubaldus 
Consimilifervore...  • 

Mais  le  Guillaume  dont  ces  vers  seuls  nous  ont 
gardé  le  nom  joue-t-il  un  rôle  capable  d^inspirer  un 
trouvère  ou  de  créer  une  légende  ?  Il  est  à  la  tête  de 
trois  cents  hommes,  mais  son  nom  est  tellement 
commun  qu'on  trouverait  peu  d'armées  qui  n'aient 
au  moins  un  Guillaume  parmi  leurs  lieutenants. 

«  Or,  en  chantant  les  louanges  d'un  Guillaume  se 
trouvant  sous  les  ordres  d'un  dux  Gallicus  ou  même 
Rhodaniens,  l'imagination  populaire  a  dû  facilement 
voir  dans  ce  Guillaume  un  miles  Rhodaniens,  un 
chevalier,  un  chef  des  bords  du  Rhône-,  et  en  le  met- 
tant en  rapport  avec  un  roi  Louis,  on  en  vint  néces- 
sairement à  le  confondre  avec  le  héros  dont  la  re- 
nommée était  dans  toutes  les  bouches.  »  ^ 

Guillaume  était  sous  la  conduite  d'un  dux  Gallieus^ 
mais  de  ce  dux  Gallicus  Jonckbloet  vient  de  faire 
un  dux  Germanieus,  qu'il  a  placé  à  la  tête  des  Alle- 
mands. 

L'érudit  hollandais  lui-même  n'est  pas  très  satisfait 
de  son  argumentation  et  il  avoue  que  ces  conjectures 
«  ne  dispersent  pas  complètement  les  nuages  qui 
obscurcissent  cette  partie  de  notre  geste.  » 

En  résumé,  ce  qui  semble  avoir  égaré  Jonckbloet 
dans  ses  recherches,  c'est  : 

1.  De  laudibus  Berengarii  Augusti;  Muratori,  Revum  Ital.  Script. 
II,  1,391. 

2.  Guil.  d'Or.  II,  104. 


l'élément  historique  lxiii 

i^  Le  combat  entre  Guillaume  et  Gui,  quHl  a  cru 
retrouver  dans  celui  où  Hubald  de  Spolète  tue  un 
Allemand  de  F  armée  de  Centebald.  Mais  le  combat 
singulier  était  une  chose  tellement  fréquente  au  moyen 
âge  qu'elle  en  était  devenue  banale  dans  la  réalité 
comme  dans  la  poésie. 

2®  Le  nom  de  Gui  quil  croit  être  Gui  de  Spo^ 
Vête.  Mais  Gui  est  un  nom  germanique,  qui  a  pu  être 
porté  par  un  chef,  inconnu  aujourd'hui,  de  ces  ar- 
mées allemandes  qu'on  voit  pendant  tout  le  moyen 
âge  guerroyer  contre  la  papauté.  Du  reste,  il  peut  fort 
bien,  et  c'est  mon  opinion,  représenter  un  duc  de 
Spolète,  sans  que  pour  l'identifier  on  soit  obligé  d'ac- 
cepter les  faits  que  Jonckbloet  assigne  comme  base  à 
notre  légende. 

3°  Les  trois  vers  suivants,  où  Jonckbloet  voit  une 
allusion  à  la  mort  du  duc  de  Spolète  : 

Près  fu  del  Teivre,  si  l'a  dedenz  lancié. 
Al  font  l'en  meinelifers  dontfu  chargiez, 
Que  puis  par  orne  ne  fu  il  hors  sachiez  '. 

Pour  raconter  ce  fait,  la  poésie  n'avait  pas  besoin 
de  s'appuyer  sur  un  exemple  de  l'histoire  ;  elle  en  dit 
autant  dans  le  Moniage  Guillaume. 

4°  Enfin  le  nojn  de  Wilelmus,  mentionné  par  le 
poète  latin.  J'ai  dit  plus  haut  le  peu  d'importance  que 
j'attache  à  ce  personnage. 

Une  grande  difficulté,  à  laquelle  s'est  heurté 
Jonckbloet,  est  l'altération  de  la  légende  primitive 


I .  Vers  2606-2608. 


LXIV  INTRODUCTION 

par  les  rédactions  successives  du  poème.  En  compa- 
rant la  quatrième  partie  du  Coroncment  Looïs  aux 
allusions  qui  y  sont  faites  dans  le  début  du  Charroi 
de  Nimes,  on  acquiert  à  peu  près  la  certitude  qu'elle 
est  formée  par  la  réunion  de  deux  épisodes  originai- 
rement distincts.  Dans  le  premier,  l'ennemi  des 
Francs  était  Gui,  dans  le  second,  Otton.  C'est  de  ce 
principe  qu'il  faut  partir,  semble-t-il,  pour  chercher  à 
rattacher  la  légende  à  l'histoire. 
On  lit  dans  le  Charroi  de  Nimes  : 

«  Rois,  quar  te  membre  de  l'alemant  Guion; 

«  Quant  tu  aloies  a  saint  Pere  au  baron 

«  Ghalanja  toi,  François  et  Borgueignon, 

'(  Et  la  corone  et  la  cit  de  Loon. 

«  Jostai  a  lui,  quel  virent  maint  baron  : 

«  Par  mi  le  cors  li  mis  le  confenon  ; 

«  Gitai  le  el  Toivre,  sel  mengierent  poisson. 

«  De  celé  chose  me  tenisse  a  bricon, 

«  Quant  ge  en  ving  a  mon  hoste  Guion 

«  Qui  m'envoia  par  mer  en  .j.  dromon  '.  • 

Il  est  certain  que  le  trouvère  du  Charroi  de  Nimes 
avait  sous  les  yeux  une  rédaction  du  Coronement  Looïs 
différente  de  la  nôtre.  Dans  celle-ci,  Louis  et  Guil- 
laume passent  en  Italie  à  la  tête  d'une  armée  pour  y 
combattre  Gui-,  dans  l'autre  il  semble  que  Louis, 
allant  pacifiquement  en  pèlerinage  à  Rome,  fût  atta- 
qué  par  Gui  et  que  Guillaume,  ayant  tué  l'insul- 

I.  Vers  205-214;  P.  Meyer,  Rec.  d'Ane.  Textes,  II,  246.  —  A 
noter  encore  que  le  scribe  da  ms.  i4^,  au  lieu  de  Mor^  est  Guai- 
fiers,  avait  d'abord  écrit  Mor:{  est  rois  Otes.  (Vers  2284,  va- 
riantes.^ 


l'élément  historique  lxv 

teur,  fût  obligé  de  fuir  parce  qu'il  n'avait  pas  de  sol- 
dats avec  lui  : 

«  Quant  ge  en  ving  a  mon  hoste  Guion, 
Qui  m'envoia  par  mer  en  .j.  dromon.  » 

Ces  deux  derniers  vers  n'ont  laissé  aucun  souvenir 
dans  notre  rédaction. 

Deux  autres  vers  de  ce  passage  trop  court  sont  à 
noter  spécialement,  parce  qu'ils  semblent  faire  allu- 
sion aux  prétentions  de  Gui  de  Spolète  à  la  couronne 
de  France  : 

«  Chalanja  toi  François  et  Borgueignon, 
Et  la  corone  et  la  cit  de  Loon.  » 

A  la  suite  de  ce  poème  en  venait  un  autre,  qui  avait 
pour  objet  l'expédition  en  Italie,  contre  l'empereur 
Otton  : 

«  Rois,  quar  te  membre  de  la  grant  ost  Oton; 
«  O  toi  estoient  François  et  Borgoignon, 
«  Et  Loherenc  et  Flamenc  et  Frison, 
«  Par  sus  Monjeu,  en  après  Monbardon, 
«  Desi  qu'a  Rome,  qu'en  dit  en  pré  Noiron  ; 
«  Mes  cors  meïmes  tendi  ton  paveillon, 
«  Puis  te  servi  de  riche  venoison. 

«  Quant  ce  fu  chose  que  tu  eiis  mengié, 
0  Ge  ving  encontre  por  querre  le  congié  ; 
a  Tul  me  donas  de  gré  et  volentiers, 
«  Et  tu  cuidas  que  m'alasse  couchier 
«  Dedenz  mon  tref  por  mon  cors  aesier  : 
«  Ge  fis  monter  .11^.  chevaliers  ; 
«  Derriers  ton  tref  te  ving  eschaugaitier, 
«  En  .j.  bruillet  de  pins  et  de  loriers, 
«  Iluequesfis  les  barons  enbuschier. 
a  De  ceus  de  Rome  ne  te  daignas  gaitier  : 


LXVI  INTRODUCTION 

«  Monté  estoient  plus  de  .xv.  millier; 

«  Devant  ton  tref  s'en  vinrent  por  lancier, 

«  Tes  laz  derompre  et  ton  tref  trebuchier, 

«  Tes  napes  traire,  espandre  ton  mengier  ; 

«  Ton  seneschal  vi  prendre  et  ton  portier; 

«  D'un  tref  en  autre  t'en  fuioies  a  pie, 

«  En  la  grant  presse  corn  chetif  liemier. 

«  A  haute  voiz  forment  escriiez  : 

«  Bertran,  G.,ça  venez,  si  m'aidiez!  » 

«  Lors  oi  de  vos,  dans  rois,  molt  grant  pitié. 

«  La  joustai  ge  a  .vu»",  enforciés, 

«  Et  si  conquis  a  vous  de  chevaliers 

«  Plus  de  .CGC,  as  auferranz  destriers. 

«  Delez  .1.  marbre  vi  lor  seignor  bessié. 

«  Bien  le  connui  au  bon  heaume  vergié, 

«  A  l'escharbocle  qui  luisoit  el  nasel  (sic)  : 

«  Tel  li  donai  de  mon  tranchant  espié 

((  Que  l'abati  sor  le  col  del  destrier; 

«  Merci  cria,  por  ce  en  oi  pitié  : 

«  Ber,  ne  m'oci,  se  tu  G.  ies!  » 

«  Menai  le  vos,  onc  n'i  ot  delaié; 

«  Encore  en  as  de  Rome  mestre  fié  '.  » 

Ces  deux  poèmes  ont  été  fondus  ensemble,  et  dans 
la  rédaction  actuelle  on  pourrait  faire  à  chacun  d'eux 
sa  part.  Au  premier  appartient  le  duel  entre  Guil- 
laume et  Gui,  au  second  la  surprise  du  camp  des 
Francs  par  les  Romains. 

Cette  comparaison  entre  le  quatrième  épisode  du 
Coronement  Looïs  et  les  allusions  du  Charroi  de 
Nimes  est  très  curieuse  :  elle  nous  montre  com- 
ment deux  légendes  distinctes  peuvent  se  fondre  en 
une  seule,  et  nous  avertit  qu'il  faut  être  très  prudent 

I.  Ibid.  v.  2  1 5-253. 


l'élément  historique  lxvii 

lorsqu'on  veut  identifier  ces  souvenirs  confus  de  l'his- 
toire. 

Il  est  évident  que  le  second  élément  de  la  qua- 
trième partie  du  Coronemeiit  Lodïs  se  rapporte  à 
quelque  secours  reçu  de  la  France  par  la  papauté 
contre  les  Allemands,  sans  doute  sous  le  long  règne 
d'Otton  I"  le  Grand  (936-973).  —  Otton  II  et  Ot- 
ton  III  vécurent  constamment  en  bons  termes  avec  le 
Saint-Siège.  —  Quant  à  la  lutte  de  Guillaume  contre 
Gui,  il  est  probable  qu'elle  se  rattache  aux  vaines 
tentatives  de  Gui,  duc  de  Spolète,  pour  monter  sur  le 
trône  de  France.  Mais  c'est  une  simple  hypothèse,  et 
rétude  des  chroniques  n'offre  aucun  renseignement 
plus  précis  à  ce  propos. 

J'essaierai  plus  loin  d'expliquer  la  présence  de 
Guillaume  dans  cette  partie  du  poème. 


5.  —  Cinquième  branche. 

La  cinquième  partie  du  Coronement  Looïs  est  très 
courte,  elle  compte  à  peine  quarante  vers  (vers  2643- 
2688)  : 

Guillaume,  de  retour  chez  lui,  à  Montreuil-sur-Mer, 
croit  s'y  reposer  de  ses  travaux,  mais  un  messager 
vient  lui  annoncer  que  les  barons  ont  renversé  du 
trône  le  jeune  roi  Louis.  Le  comte  aussitôt  rassem- 
ble ses  hommes  et  vient  à  Paris,  oij  il  commence  «  la 
grant  guerre  a  mener  »  ;  mais  voyant  qu'en  ce  pays 
il  y  a  trop  d'ennemis, 


LXVIII  INTRODUCTION 

11  prent  l'enfant  que  il  ot  a  guarder, 
Si  Ten  porta  a  Loon  la  cité  '. 

Une  fois  le  roi  en  sûreté,  Guillaume  revient  contre 
les  rebelles  et  les  fait  rentrer  dans  le  devoir.  Puis  il 
donne  sa  sœur  en  mariage  à  Louis.  Tant  de  services 
furent  payés  d'ingratitude  : 

En  grant  barnage  fu  Looïs  entrez. 
Quant  il  fu  riches  Guillelme  n'en  sot  gré. 

Dans  ce  morceau  les  faits  ne  sont  pas  racontés, 
mais  simplement  indiqués;  c'est  «  un  résumé  excessi- 
vement sommaire  d'un  long  poème  et  peut-être  même 
de  tout  un  groupe  de  poèmes  plus  anciens  ~.  n  Mais 
ce  résumé  est  du  plus  grand  intérêt.  Un  vers  d'une 
ancienne  rédaction,  échappé  aux  remaniements  pos- 
térieurs, nous  fait  connaître  un  des  guerriers  qui  ont 
composé  le  grand  personnage  légendaire  de  Guil- 
laume d'Orange  : 

(Vait  s'en  li  reis  a  Paris  la  cité,) 

Li  cuens  Guillelmes  a  Mosteruel  sor  mer  3. 

M.  Dozy  le  premier  a  remarqué  ce  vers  et  s'en  est 
servi  pour  appuyer  sa  théorie  sur  l'origine  normande  de 
l'épopée  française.  Son  argumentation  était  fondée  sur 
la  confusion  de  Guillaume  de  Montreuil-sur-Mer  avec 
Guillaume  de  Montreuil  l'Argillé,  et  sur  l'attribution 
à  Guillaume  de  Montreuil  de  la  prise  de  Barbastro  sur 
les  Maures,  en   1064. 

1.  Vers  2676-7. 

2.  G.  Paris,  Romania,  loc.  cit. 

3.  Vers  2648-9. 


l'élément  historique  lxix 

M.  Hirsch  a  prétendu  depuis  que  ce  fait  d'armes 
revient  à  Robert  Grespin  K  Les  arguments  donnés 
par  ces  deux  savants  ^  en  faveur  de  Tune  et  l'autre 
thèses  ne  sont  pas  décisifs.  La  question,  du  reste, 
n'intéresse  plus  le  Coronement  Looïs ,  depuis  que 
M.  Léon  Gautier  a  fait  observer  que  le  Guillaume  de 
M.  Dozy  était  G.  de  Montreuil-sur-Mer  ^.  M.  Dozy 
lui-même,  dans  la  troisième  édition  de  son  livre,  a 
renoncé  à  sa  théorie  sur  Torigine  de  notre  épopée. 

M.  Gaston  Paris  a  repris  ce  vers,  et  dans  une 
étude  spéciale  en  a  mçntré  «  la  haute  valeur  histo- 
rique et  la  signification  primitive  ».  Dans  le  héros  de 
notre  poème,  il  a  reconnu  Guillaume  de  Montreuil- 
sur-Mer,  successeur  et  probablement  fils  de  Rotgar. 
Guillaume  apparaît  dans  Thistoire  vers  960,  mais  on 
sait  très  peu  de  choses  sur  son  compte  :  «  Ce  qui 
paraît  certain,  c'est  qu'il  fut  l'allié  du  roi  Lothaire, 
qu'il  fit  avec  lui  la  guerre  à  l'empereur  Otton,  et 
qu'aidé  par  le  roi,  il  agrandit  considérablement  ses 
états  aux  dépens  de  ses  voisins.  L'histoire  du  règne 
de  Lothaire  est  la  période  la  plus  obscure  de  l'obscur 
x^  siècle;  il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  d'y  voir  Guil- 
laume à  peine  mentionné.  Il  ne  faut  pas  surtout  dire 
qu'un  personnage  aussi  peu  connu  n'a  pu  vivre  dans 
la  poésie  populaire.  Les  poèmes  qui  ont  célébré  Guil- 


1.  Amatus  de  Monte  Cassino,  Forschungen  f«r  deutschen  Ge~ 
schichte.  Goeitinge,  1868.  pp.  232-234. 

2.  Voyez  la  3"  édit.   des  Recherches  sur  VHist.  et  la  Lit.  de 
l'Espagne,  II,  353. 

3.  Epop,  franc.,  2»  édit.  IV,  qb  et  ss. 


LXX  INTRODUCTION 

laume  étaient  des  poèmes  purement  locaux;  ils  sont 
nés  dans  une  région  où  la  poésie  épique  a  vécu  à 
cette  époque  d'une  vie  particulièrement  intense;  le 
petit  pays  du  Vimeu,  qui  faisait  partie  des  possessions 
de  Guillaume,  a  produit,  entretenu  et  finalement  in- 
troduit dans  la  grande  tradition  nationale  une  épopée 
toute  locale,  celle  de  Gormond  et  Isembart.  Nous 
avons,  d'ailleurs,  la  preuve  que  le  nom  de  Guillaume 
de  Montreuil-sur-Mcr  était  resté  célèbre  dans  le  nord 
de  la  France  longtemps  après  sa  mort.  Lambert 
d'Ardres,  au  commencement  du  xiii^  siècle,  fait  re- 
monter à  Guillaume  les  comtes  de  Pontieu,  de  Bou- 
logne et  de  Saint-Pol,  et  combat  les  Boulonais,  qui 
prétendaient  que  les  comtes  de  Guines  en  descen- 
daient également.  Lambert,  pour  soutenir  la  tradition 
de  famille  qui  donnait  pour  ancêtres  aux  comtes  de 
Guines  le  Normand  Sifrid,  expose  ce  qu'il  regarde 
comme  la  vérité  sur  le  compte  de  Guillaume.  Il  a  beau 
dire  qu'il  tire  ses  renseignements  de  veterum  anna- 
libus,  non  de  opinione  vulgari,  il  avoue  lui-même 
qu'il  écrit  auditis  etiam  et  intellectis  plurimorum 

narrationibus   antiquorum    et  fabulis sicut   a 

grandaevis  patribus  quandoque  audivimus.  Le  point 
de  vue  purement  polémique  et  généalogique  de  Lam- 
bert l'empêche  de  nous  donner  des  détails  plus  précis 
sur  Guillaume;  le  peu  qu'il  en  dit  suffit  à  nous  mon- 
trer en  lui  un  héros  de  la  poésie  populaire  :  Fuit  qui- 
dam de  nobilissimo  Francorum  oriundus  génère  in 
Pontivo  praepotens  cornes  nomine  Willelmus,  qui 
cum  virtute  corporis  non  minus  quant  nobilitatis 
génère  famosissimus  existeret  et  longe  lateque  ad- 


l'élément  historique  lxxi 

modum  polîeret  et  fama  personaret,  etc  ^  Ce  Guil- 
laume, d'après  Lambert,  conquit  plusieurs  comtés 
qu'il  laissa  à  ses  fils  ;  la  tradition  racontait  sans  doute 
qu'il  les  avait  gagnés  au  service  du  roi  légitime  ^.  » 

Si  Guillaume  de  Montreuil-sur-Mer  est  incontes- 
tablement le  héros  primitif  du  poème  que  résume  la 
cinquième  partie  du  Coronement  Looïs^  il  n'est  pas 
aussi  sûr  qu'il  ait  à  revendiquer  une  part  quelconque 
dans  la  troisième  branche.  J'ai  montré  plus  haut  par 
quelle  méprise  on  l'avait  introduit  dans  cette  partie 
de  notre  poème. 


6.  —  Assemblage  des  branches  du  Coronement  Looïs. 

Cette  fusion  de  différents  poèmes  en  un  seul  est 
un  des  plus  curieux  chapitres  de  notre  histoire  litté- 
raire. Elle  nous  montre  comment  des  chansons,  dès 


1 .  Voici  le  passage  entier  de  Lambert  d'Ardres  :  «  Fuit  quidam 
de  nobilissimo  Francorum  oriundus  génère  in  Pontivo  praepotens 
comes,  nomine  Willermus,  qui,  cum  virtute  corporis  non  minus 
quam  nobîlitatis  gloria  famosissimus  existeret  et  longe  lateque 
admodum  polîeret  et  fama  personaret,  cumque  sibi  sua  non  suffi- 
cerent  sed  in  adjacentia  multa  vi  et  fortitudine  manus  extenderet, 
Boloniensium  vastitatem  suis  subjugavit  et  continuavit  interstitiis. 
Qui  etiam,  cum  ex  veterum  reiatione  cognovisset  quod  antiquus 
praedccessor  suus  comes  Walbertus  olim  tantae  virtutis  extitisset 
quod  usque  ad  mare  occidentale  sive  juste  sive  injuste  suae  domi- 
nationis  extendisset  et  exercuisset  potentiam,  hoc  idem  concepit; 
et  quoad  ipse  potuit,  suae  satisfecit  et  obtemperavit  voluntati... 
Haec  igitur  de  veterum  annalibus  non  de  opinione  vulgari  contra 
Bolonienses  dicta  sufficiant  [Rec.  des  Hist.  XI,  296).  » 

2.  Romania,  I,  i83. 


LXXII  INTRODUCTION 

qu'elles  avaient  quelque  point  commun,  pouvaient 
être  réunies. par  le  temps.  Non  seulement  le  Carotte- 
ment  Loois  se  compose  de  cinq  poèmes,  mais  deux 
ou  trois  de  ces  cinq  poèmes  sont  eux-mêmes  formés 
de  plusieurs  autres.  Dans  le  quatrième,  j'ai  distingué 
la  lutte  de  Guillaume  contre  Gui  de  son  expédition 
contre  Otton  ;  dans  le  cinquième,  M.  G.  Paris  verrait 
volontiers  un  résumé  de  plusieurs  chansons  *,  dans  le 
troisième  enfin,  il  est  probable  que,  outre  les  tenta- 
tives d'usurpation  du  Normand  orgueilleux,  la 
guerre  en  Poitou,  la  bataille  du  gué  de  Pierrelate,  la 
prise  de  Saint-Gile,  peut-être  le  guet-apens  de  Ri- 
chard de  Normandie,  formaient  à  Torigine  autant 
de  poèmes  distincts.  Ceux-ci  avaient  un  même  objet, 
la  rébellion  des  vassaux  contre  le  roi  *,  c'est  ce  qui  les 
a  réunis  entre  eux  d'abord,  et  ensuite  à  la  première 
et  à  la  cinquième  partie  du  Coronemeni  Looïs  actuel. 
Et  cette  dernière  union  serait  devenue  bien  plus  in- 
time si,  au  lieu  de  l'ordre  illogique  qui  a  présidé  à 
leur  assemblage,  ces  poèmes  s'étaient  séparés  plus 
naturellement  en  deux  groupes;  d'une  part,  les  expé- 
ditions en  Italie,  de  l'autre  les  luttes  féodales.  C'est 
ce  qui  est  arrivé  dans  la  rédaction  du  ms.  fr.  1448  de 
la  Bibliothèque  nationale,  d'où  les  expéditions  d'Ita- 
lie ont  été  exclues.  L'usurpation  de  Richard  et  les 
luttes  de  Guillaume  de  Montreuil  n'y  sont  données 
que  comme  un  épisode  de  la  trahison  d'Arneïs.  De 
même  dans  la  rédaction  suivie  par  les  remanie- 
ments en  prose,  les  diverses  luttes  féodales,  ayant 
été  rapprochées  dans  un  seul  groupe,  à  l'exclusion 
des   guerres    d'Italie,  ont   fini    par  s'amalgamer    à 


l'élément  historique  lxxiii 

ce  point  qu'Arneïs  est  devenu  le  fils  de  Richard. 
y^-  Un  autre  côté  intéressant  du  Coronement  Looïs^ 
c'est  la  fusion  de  plusieurs  rois  en  un  seul  :  Louis  le 
Débonnaire,  Louis  d'Outremer,  son  fils  Lothaire  et, 
à  mon  avis,  Louis  II  empereur,  peut-être  d'autres 
encore,  ne  font  qu'un  seul  roi,  Louis,  fils  de  Charles. 

Tandis  que  le  nom  de  Guillaume  ou  le  caractère 
général  du  poème  paraît  avoir  été  le  trait  d'union 
entre  la  première,  la  troisième  et  la  cinquième  parties, 
il  semble  que  ce  soit  le  nom  de  Louis  qui  ait  réuni  la 
seconde  et  la  quatrième  aux  trois  autres  :  Louis  II 
empereur  pour  la  seconde,  Louis  IV  d'Outremer, 
peut-être  son  fils  Lothaire,  devenu  Louis  dans  la  lé- 
gende, pour  la  quatrième. 

Enfin  la  formation  du  Guillaume  cyclique  est  ici 
prise  sur  le  fait.  Il  est  probable  que  Guillaume  Tête- 
d'Étoupes  ou  Guillaume  Fièrebrace,  ou  plutôt  tous 
deux,  figuraient  dans  la  troisième  partie  de  la  chan- 
son, et  il  est  hors  de  doute  que  Guillaume  de  Mon- 
treuil-sur-Mer  était  le  héros  de  la  cinquième.  Ces 
différents  personnages,  grâce  à  la  similitude  des 
noms,  ont  été  identifiés  avec  le  vaincu  populaire 
d'Aliscans  ;  celui-ci,  une  fois  devenu  le  type  du  dé- 
fenseur de  l'empereur  Louis,  a  pris  peu  à  peu  la  place 
de  tous  ceux  qui  jouaient  le  même  rôle,  dans  la  pre- 
mière, dans  la  deuxième  et  dans  la  quatrième  parties 
du  Coronement  Looïs  ^ 


I.  Dans  Ja  première  partie,  Guillaume  défend  Louis  le  Débon- 
naire; dans  la  seconde,  Louis  il,  fils  de  Lothaire;  dans  la  troi- 
icme,   des  rois  qui  devaient  prendre,  quels  qu'il»  aient  été,  le 


LXXIV  INTRODUCTION 

La  fusion  de  deux  personnages,  l'un  du  Nord, 
Tautre  du  Midi,  Guillaume  de  Monireuil-sur-Mer  ei 
Guillaume  de  Narbonne,  qui  vécurent  à  deux  siècles 
d'intervalle,  présentait  aux  jongleurs  une  double  diffi- 
culté. L'une  était  la  différence  des  dates:  le  héros  du 
Midi  était  un  guerrier  de  Charlemagne;  celui  du  Nord 
était  contemporain  de  Louis.  En  réalité,  il  vivait,  sous 
Lothaire,  mais  comme  je  Tai  rappelé  précédemment, 
la  poésie  ne  connaît  que  Pépin,  Charles  et  Louis. 
Pour  faire  disparaître  cette  contradiction,  on  trans- 
porta sous  Louis  tous  les  faits  du  Guillaume  du  Midi, 
ainsi  que  tous  les  personnages  de  sa  suite.  C'est  l'œu- 
vre des  jongleurs.  Ce  n'est  que  dans  la  traduction 
norvégienne  du  Moniage  Guillaume  qu'on  voit  celui- 
ci  mourir  sous  Charlemagne.  La  rédaction  française 
la  plus  ancienne,  celle  de  TArsenal,  met  la  scène  sous 
Louis. 

La  seconde  difficulté  était  la  différence  des  lieux; 
pour  l'aplanir  l'invention  se  donna  libre  carrière.  Le 
Charroi  de  Nîmes  fut  le  pont  qu'on  jeta  sur  les  deux 
rives  du  cycle.  Guillaume  demande  en  fief,  comme 
récompense  des  services  qu'il  a  rendus,  les  terres 
occupées  par  les  Sarrasins  ;  il  les  obtient,  forme  un 
noyau  de  guerriers,  et  du  Nord  descend  dans  le  Midi. 

C'est  ainsi  qu'on  rattacha  l'un  à  l'autre  les  deux 
Guillaume,  mais  cette  fusion  de  deux  personnages  en 
un  seul  est  souvent  très  visible.  Il  arrive  parfois  que 

nom  de  Louis  dans  la  classification  des  remanieurs.  Ceux-ci 
n'admettaient  dans  les  chansons  que  trois  empereurs  :  Pépin, 
Charles  et  Louis;  les  événements  qu'ils  ne  pouvaient  placer 
sous  le  règne  des  deux  premiers,  ils  les  attribuaient  au  troisième. 


L^ÉLÉMENT  HISTORIQUE  LXXY 

Guillaume  est  appelé  dans  les  recueils  cycliques  com- 
pilés au  xiu^  siècle  fils  d'Aimeri  de  Narbonne  et 
marquis  de  France,  Dans  le  Charroi  de  Nimes  Guil- 
laume, en  quittant  la  France,  se  retourne  vers  elle  en 
disant  :  «  Doux  vent  de  mon  pays,  je  te  presse  sur 
mon  cœur  comme  la  belle  France,  »  et 

L'eve  li  cole  fil  a  fil  sor  le  vis  '. 


II.    —  TÉMOIGNAGES  POUR   LE  CORON EMENT  LOOlS 


I.  —  Témoignages  tirés  des  poèmes. 

J'ai  dit  que  le  Coronement  Looïs  est  une  compila- 
tion de  nombreux  poèmes  originairement  distincts. 
Ceux  qu'on  peut  encore  y  reconnaître  sont  : 

1°  Le  couronnement  de  Louis  le  Débonnaire  à 
Aix-la-Chapelle  ; 

2*>  Les  secours  prêtés  au  pape  par  les  Francs  contre 
les  Sarrasins  du  roi  Galafre  ; 

3°  La  lutte  de  Guillaume  contre  l'usurpateur  nor- 
mand ; 

4«>  Les  guerres  en  Poitou  ; 

5^  La  répression  de  Dagobert  de  Cartage,  battu  au 
gué  de  Pierrelate  ; 

I.  Cette  explication  de  la  fusion  de  Guillaume  de  Narbonne  et 
de  Guillaume  de  Montreuil-sur-Mer  est  extraite  du  cours  professé 
par  M.  Gaston  Paris  à  l'École  des  Hautes  Études,  an.  1880-81.— 
Cf.  aussi  Romania  l,  189. 


LXXVI  INTRODUCTION 

6®  La  soumission  de  Julien  après  la  prise  de  Saint- 
Gile; 

7**  Peut-être  la  trahison  de  Richard  le  Roux  et  sa 
captivité; 

S^  Le  combat  de  Guillaume  contre  Gui; 

9°  Son  expédition  contre  Oiton  ; 

10°  Les  luttes  de  Guillaume  de  Montreuil  contre  les 
vassaux  du  roi  Lothaire. 

Mais  l'unité  primordiale  de  toutes  ces  chansons 
n'est  pas  également  sûre.  Pour  les  n"  i,  2,  3,  10,  elle 
est  bien  caractérisée.  Ce  n'est  qu'à  l'aide  des  allusions 
du  Charroi  de  Nimes  que  j'ai  pu  distinguer  l'un  de 
l'autre  les  n"  8  et  9,  et  que  nous  constatons,  d'une 
manière  indubitable,  l'unité  primitive  du  n**  5.  Quant 
au  n°'4,  6  et  7,  formaient-ils  réellement  trois  poèmes? 
Je  considère  la  chose  comme  possible,  mais  non 
comme  certaine. 

L'étude  des  allusions  faites  au  Coronement  Looïs 
par  divers  poèmes,  et  celle  des  remaniements  en 
prose,  nous  donnent  de  précieux  renseignements  à 
cet  égard. 

Le  début  grandiose  du  Charroi  de  Nimes  est  tout 
particulièrement  intéressant  ;  il  résume  notre  poème, 
mais  d'après  une  rédaction  différente  de  la  nôtre. 
Dans  rénumération  des  services  qu'il  a  rendus  au 
roi,  Guillaume  rappelle  : 

1°  Son  «  grant  estor  champel  »  contre  «  Corsolt 
l'amiré  »  ; 

2"  La  bataille  qu'il  a  livrée  à  Dagobert  au  gué  de 
Pierrelate  ; 

3**  La  trahison  d'Arneïs  ; 


L*ÉLÉMENT  HISTORIQUE  LXXVII 

4'*  Les  tentatives  d'usurpation  du  «  Normant  or- 
gueilios  »  ; 

5°  Le  retour  de  Guillaume  du  Mont  Saint-Michel, 
le  guet-apens  de  Richard  et  sa  captivité  ; 

6°  La  lutte  de  Guillaume  contre  Gui  ; 

7"  Son  expédition  contre  Otton. 

Le  Charroi  de  Nîmes  omet  donc  les  épisodes  4, 
6,  10,  du  Coronement  Looïs.  Il  constate  l'existence 
originairement  indépendante  d'un  poème  qui  avait 
pour  sujet  la  défaite  de  Dagobert  au  gué  de  Pierre- 
late  ;  il  place  au  premier  et  au  dernier  rangs  les  ex- 
péditions en  Italie,  de  sorte  que  les  luttes  de  la  royauté 
contre  la  féodalité  sont  réunies.  Cette  disposition  n'ap- 
partient pas  à  Tauteur  du  Charroi  de  Nimes^  car  elle 
se  retrouve  dans  les  remaniements  en  prose  du  Coro- 
nement. Elle  existait  donc  dans  une  rédaction  diffé- 
rente de  la  nôtre.  Quelle  est  la  plus  ancienne  de  ces 
deux  rédactions  ?  Il  est  difficile  de  décider. 

M.  G.  Paris  pense  que  Tallusion  faite  par  le 
Charroi  de  Nimes  à  la  rébellion  du  duc  de  Norman- 
die repose  sur  une  rédaction  plus  ancienne  que  la 
nôtre,  parce  que  dans  le  Charroi  de  Nimes  le  Nor- 
mand se  contente  de  défier  Louis,  ce  qui  doit  être 
plus  conforme  à  Thistoire,  et  partant  plus  ancien 
que  la  tentative  d'usurpation  dont  parle  notre  poème. 

Mais  l'auteur  du  Charroi  de  Nimes^  qui  ne  con- 
sacre que  huit  vers  à  en  résumer  un  millier  du  Coro- 
nement Looïs^  a  bien  pu  avoir  en  vue  la  tentative 
d'usurpation  du  Normand  en  disant  : 

«  Qui  desfier  te  vint  ci  en  ta  cort.  » 


LXXVIII  INTRODUCTION 

et  surtout  : 

«  N'as  droit  en  France,  »  ce  dist-il,  oiant  toz. 

Le  Charroi  de  Nîmes  place  la  cour  du  roi  à  Pa- 
ris ^  et  c'est  là  que  vient  le  Normand  2,  ce  qui  peut 
être  une  preuve  de  modernité.  Les  remaniements  en 
prose,  que  j'étudierai  plus  loin,  font  également  venir 
à  Paris  Richard  et  son  fils.  Ces  remaniements  ont 
avec  la  rédaction  connue  de  l'auteur  du  Charroi  de 
Nimes  d'autres  points  de  rapprochement  :  d'abord  le 
nom  d'Arneïs,  au  lieu  d'Hernaut  —  Arneïs  dans  les 
textes  en  prose  est,  non  le  duc  d'Orléans,  mais  le  fils 
du  duc  de  Normandie,  confusion  qui  prouve  que  les 
personnages  jouaient  le  même  rôle — ;  ensuite  la  dispo- 
sition de  différents  épisodes  du  poème  :  les  remanie- 
nients,  comme  le  Charroi  de  Nimes,  donnent  le 
premier  rang  à  la  lutte  de  Guillaume  contre  Corsolt, 
puis  font  suivre  sans  interruption  les  différentes  par- 
ties ayant  trait  aux  luttes  du  roi  contre  ses  vassaux. 

Le  théâtre  des  événements,  le  nom  d'Arneïs,  l'or- 
dre des  diverses  parties,  étant  communs  aux  rema- 
niements et  au  Charroi  de  Nimes^  nous  permettent 
de  croire  que  ceux-ci  dérivent  d'une  même  source,  et, 
comme  les  remanieurs  font  du  Normand  un  usurpa- 
teur, de  conclure  que  la  rédaction  dont  s'est  servi  le 
Char^roi  de  Nimes  prêtait  aussi  au  fils  du  duc  de 
Normandie  l'intention  de  s'emparer  du  trône,  enfin 
que  la  raison  pour  laquelle  M.  G.  Paris  voit  dans 


1.  V.  201, 

2.  V.  285. 


l'élément  historique  lxxix 

les  allusions  du  Charroi  de  Nîmes  le  reste  d'une  ré- 
daction antérieure  à  la  nôtre  est  insuffisante. 

Les  épisodes  6  et  7  du  Charroi  de  Nimes  offrent 
seuls  des  éléments  —  que  j'ai  indiqués  plus  haut,  en 
distinguant  la  lutte  de  Guillaume  contre  Gui  de  son 
expédition  contre  Otton  *  —  antérieurs  à  ceux  de  la 
rédaction  actuelle  du  Coronetnent  Looïs  ;  mais  ils  ne 
prouvent  pas  que  la  disposition  des  différentes  parties 
du  poème  dont  s'est  servi  l'auteur  du  Charroi  de 
Nimes  soit  antérieure  à  celle  du  Coronement  Looïs 
actuel.  On  conçoit  facilement  une  rédaction  O  don- 
nant naissance  à  la  fois  à  une  rédaction  A,  qui,  en 
maintenant  l'ordre  des  différentes  parties,  fait  subir  à 
ces  parties  des  rajeunissements,  et  à  une  autre  rédac- 
tion B,  qui  conserve  un  caractère  d'ancienneté  à  cer- 
taines parties,  tout  en  intervertissant  l'ordre  de  l'en- 
semble. 

Cette  diversité  de  combinaisons  auxquelles  ont  été 
soumises  les  branches  du  poème  actuel  permet  de 
constater  un  fait  intéressant  :  c'est  que  ces  différents 
poèmes,  au  lieu  d'avoir  été  fondus  en  un  seul  par  le 
travail  réfléchi  d'un  remanieur,  se  sont  groupés  peu  à 
peu,  tout  en  restant  distincts,  pour  former  une  sorte 
de  petit  cycle,  comme  nous  voyons  aujourd'hui  les 
nombreuses  chansons  de  la  geste  de  Narbonne  réu- 
nies dans  des  manuscrits  qu'on  a  justement  appelés 
cycliques.  Ainsi  on  s'explique  comment  ils  ont  pu,  sans 
se  détacher  du  même  groupe,  y  occuper  différentes 
places.  Peu  à  peu,  les  traits  qui  les  distinguaient  en- 

I.  Page  Lxiv. 


LXXX  INTRODUCTION 

core  les  uns  des  autres,  tels  que  rubriques,  invoca- 
tions, se  sont  effacés,  des  vers  de  liaison  ont  été 
intercalés,  et  la  fusion  s'est  opérée  :  on  a  eu  notre 
rédaction,  celle  du  manuscrit  1448  de  la  Bib.  Nat., 
celle  qu'ont  suivie  l'auteur  du  Charroi  de  Niines  et 
les  remanieurs  en  prose. 

Aujourd'hui  nous  pouvons  encore  constater  ce  tra- 
vail de  fusion  là  où  le  défaut  de  temps  Ta  laissé  ina- 
chevé. Certains  poèmes  du  cycle  de  Narbonne,  qui 
dans  des  manuscrits  sont  séparés  par  une  rubrique, 
se  suivent  immédiatement  dans  d'autres.  Dans  sept 
des  huit  manuscrits  dont  je  me  suis  servi  pour  établir 
mon  texte,  le  Coronement  Looïs  est  séparé  du  Char- 
roi de  Ninies  par  une  rubrique,  mais  déjà  le  premier 
annonce  le  second  dans  ses  derniers  vers.  Dans  le 
manuscrit  1448,  la  fusion  des  deux  poèmes  est  telle- 
ment complète  qu'on  ne  peut  les  séparer  l'un  de 
l'autre. 

C'est  d'un  travail  semblable  que  sont  sorties  les 
différentes  rédactions  que  nous  connaissons  directe- 
ment ou  indirectement  du  Coronement  Looïs. 

Le  Charroi  de  Nimes  n'est  pas  le  seul  poème  qui 
contienne  des  allusions  au  nôtre;  dans  Aliscans^ 
Guillaume  dit  à  Louis  : 

«  Loei,  sire,  chi  a  maie  saudee. 

Quant  a  Paris  fu  la  cours  assemblée, 

Ke  Charlemaine  ot  vie  trespassee, 

U  il  [lise!^  Vil  te)  tenoient  tôt  chil  de  la  contrée. 

De  toi  fust  France  toute  desiretee. 

Ja  la  corone  ne  fust  a  toi  donee, 

Quant  je  soffri  por  vos  si  grant  mellee, 


TÉMOIGNAGES  LXXXI 

Ke,  maugré  aus,  fu  en  ton  cief  posée 
La  grans  corone,  ki  d'or  est  esmeree. 
Tant  me  doutèrent  n'osa  estre  vee[e]  ; 
Mavaise  amor  m'en  ave's  or  mostree  '.  » 

M.  G.  Paris  fait  remarquer  que  dans  ce  passage  le 
siège  de  la  cour  n'est  plus  Aix,  mais  Paris,  ce  qui 
indique  une  rédaction  moins  ancienne. 

A  cette  preuve  de  rajeunissement  s'en  joint  une 
autre.  Ici  la  cour  se  réunit  quand  Charlemagne  est 
mort,  ce  qui  est  moins  conforme  à  Thistoire  que 
notre  version  et  par  conséquent  moins  ancien.  On 
pourrait  objecter  que  ces  vers  font  allusion,  non  à 
l'assemblée  d'Aix-la-Chapelle,  mais  à  la  cour  réunie  à 
Paris,  en  présence  de  laquelle  le  fils  de  Richard,  se- 
lon la  version  des  remaniements  en  prose  et  du  Char- 
roi  de  Nimes^  osa  contester  à  Louis  ses  droits  au 
trône;  mais  ce  serait  une  autre  preuve  de  rajeu- 
nissement. 

Plus  loin,  la  chanson  à'Aliscans  fait  allusion  à 
la  dernière  partie  du  Coronemenî  Looïs.  Elle  rap- 
pelle les  luttes  de  Guillaume  contre  les  vassaux  ré- 
voltés, le  mariage  de  Blanchefleur  avec  Louis ,  et 
passe  au  Charroi  de  Nîmes  : 

«  Loeis  sire,  »  dist  Guillames  li  ber, 
«  Quant  on  te  vaut  dou  tôt  desireter, 
Et  fors  de  France  et  chacier  et  jeter, 
Je  te  reting  et  te  fis  corouner. 
Tant  me  doutèrent  ne  l'osèrent  veer. 
Et  a  mon  père  te  fis  ma  suer  douner. 


I.  Éd.  GuessarJ  et  Montaiglon,  p.  84. 


I.yXXII  INTRODUCTION 

rius  hautement  ne  la  poi  marier, 
Ne  jou  ne  sai  en  nul  sens  esgarder 
Ou  tu  [pelisses  mellor  feme  troverj.  »  ' 

Enfin,  elle  parle  de  la  blessure  qui  a  valu  à  Guil- 
laume son  surnom  de  au  Court-Nez,  mais  elle  confond 
le  géant  Corsolt,  tué  par  Guillaume  sous  les  murs  de 
Rome,  avec  le  géant  Isoré,  tué  par  le  même  sous 
Paris  : 

Dame  Guibors  l'esgarde  apertement, 

Voit  sor  le  nés  la  boce  aparissant 

Ke  li  ot  fait  Isorés  de  Monbrant, 

Très  devant  Rome,  en  ia  bataille  grant; 

Li  quens  l'ocist  si  kel  virent  .vii.c  2 

J'ai  eu  déjà  occasion,  à  propos  du  nom  d'Arneïs, 
de  signaler  les  vers  suivants  du  Moniage  Guillaume  : 

«  Por  l'amor  Deu,  ja  vos  corona  il 
A  vive  force,  voiant  voz  anemis, 
Quant  il  voloient  coroner  Hernaïs. 
Li  gentix  hom  sor  vo  chief  ia  rasist, 
N'i  ot  si  cointe  qui  l'en  contredeïst. 
A  son  pooir  t'a  volentiers  servi, 
Si  t'a  aidié  t'anor  a  maintenir; 
Se  il  ne  fust,  ja  ne  fussiez  serviz  \   » 

Un  passage  diAnseïs  fils  de  Gerbert  est  curieux, 
il  attribue  le  rôle  de  Guillaume  à  Hardré  : 

Che  dist  Gantiers  :   «  Entendes,  sire  roys  ; 
Hardre's  li  viens,  ki  mest  encontre  Artois, 

1.  Éd.  Gaessatd  et  Montaigloii,  p.  94. 

2.  Ibid.,  p.  123. 

3.  Mou.  GnUlaione;  ms.  B.  N.  fr.  774,  f»  217. 


TÉMOIGNAGES  LXXXIII 

T'eut  en  baillie  .xiii.  ans  et  .iiii.  mois; 
Courorina  vous  tout  malgré  les  François, 
N'i  ot  si  cointe  ki  fust  outre  son  pois, 
Que  trayson  pense  {lise^  pelist)  en  lui  veoir  '.  » 

Le  Siège  de  Narbonne^  qui  est  censé  précéder 
immédiatement,  au  point  de  vue  chronologique,  le 
Coronement  Looïs^  annonce  ainsi  ce  dernier  poème  : 

De  par  Ghallon  leur  fu  .i.  mes  tramis, 
Que  li  rois  est  si  forment  afoiblis 
Qu'il  est  boisiez  de  trestouz  ses  subgis, 
Et  que,  pour  Dieu  qui  en  la  crois  fu  mis, 
Li  soit  G.  a  ce  besoi[n]g  amis. 
Li  quens  en  jure  Jesu  de  paradis 
N'avra  repos,  ne  par  nuit  ne  par  dis, 
Dusques  a  tant  au  roi  iert  revertis. 
Lors  fait  trousser  et  mules  et  roncis. 
Isnelement  s'est  a  la  voie  mis 
Droit  vers  Ais  la  Chapelle  '. 

Dans  le  roman  de  Lohier  et  Mallart^  autant 
qu'on  peut  le  connaître  à  travers  la  traduction  alle- 
mande Loher  und  Maller  ^,  on  trouve  un  «  résumé 
très  bref  de  Phistoire  de  la  tentative  faite  par  Arneïs 
d'Orléans  pour  s'emparer  de  la  couronne  de  France, 
au  détriment  de  Louis,  fils  de  Charles^  l'auteur  place 
cette  tentative  après  la  mort  de  Charles,  comme  la 
chronique  française  du  ms.  5oo3,  B.  N.,  et  sans  doute 
Albéric  de   Trois    Fontaines    (H.   poét. ,  p.  4o3), 


1.  Ans.  fils  de  Gerbert;  ms.  B.  N.  fr.  49S8,  f.  2  36  v». 

2.  Siège  de  Narboune-,  ms.  B.  N.  fr.  24369. 

3.  G.  Paris,  Histoire  littéraire,  XXVIII,  239  et  suiv. 


LXXXIV  INTRODUCTION 

mais  contrairement  au  Coronement  Loeys  ^ .  » 
Outre  ces  allusions  et  ces  témoignages,  d'autres  poè- 
mes semblent  offrir  une  imitation  du  nôtre.  La  chan- 
son d'Ogier  de  Danemarche^  de  Raimbert  de  Paris, 
raconte  «  la  délivrance  de  Rome  de  la  domination 
sarrasine  par  suite  d'un  combat  singulier  d'un  cham- 
pion carlovingien Là,  non  seulement  le  nom  du 

Sarrasin  Corsolt  ou  Corsubles  revient,  mais  ce  qui 
est  beaucoup  plus  curieux,  c'est  qu'on  a  rattaché  à  la 
gloire  d'Ogier  le  souvenir  de  la  trahison  d'Alori, 
complètement  perdue  dans  les  chansons  de  Guillaume 
d'Aquitaine.  Il  pourrait  bien  y  avoir  quelque  obscure 
connexité  entre  les  deux  branches  de  ces  poèmes  ^.  » 
Enfin  le  roman  de  Huon  de  Bordeaux  débute, 
comme  le  Coronement  Looïs^  par  le  récit  de  la  der- 
nière assemblée  que  tint  l'empereur  pour  le  choix  de 
son  successeur.  Mais  ici  le  fils  de  Charles  est  Chariot. 


1.  G.  Paris,  Romania,  II,  iii. 

2.  Jonckbloet,  G.  d'Or.  II,  i  lo.  —  Cf.  Ogier  de  Danemarche,  pu- 
blié par  Barrois,  Paris,  Techener,  1842;  Les  Enfances  Ogier , 
d'Adenès  le  Roi,  publié  par  Scheler,  Bruxelles,  1874. 

Le  Siège  de  Barbastre  résume  aussi,  en  14  vers,  le  couronnement 
de  Louis  à  Aix  par  Guillaume,  mais  ne  parle  pas  d*Hernaut.  Louis 
n'osant  prendre  la  couronne,  à  cause  des  recommandations  de  son 
père,  Guillaume  la  lui  pose  sur  la  tête  (Ms.  B.  N.  fr.  1448,  f<»  1 35  t^). 

M.  L.  Gautier  s'est  trompé  en  signalant  comme  empruntée 
au  Coronement  Looîs  une  laisse  intercalée  dans  le  Roman  de  la 
Violette.  C'est  une  laisse  d'Aliscans  :  «  Grant  fu  la  noise  en  la  salle 
a  Loon  »  (Aliscans,  éd.  Guessard  et  Montaiglon,  p.  93,  v.  3o36- 
3059.  —  Rom.  de  la  Violette,  éd.  Fr.  Michel,  p.  73). 


TÉMOIGNAGES  LXXXV 

2.  —  Témoignages  tirés  des  textes  en  prose. 

Des  textes  en  prose  qui  font  allusion  au  Corone- 
ment  Looïs^  le  plus  ancien  est  un  passage  d'Albéric 
de  Trois-Fontaines  :  «  Abhinc  super  Aquitaniam 
certius  et  manifestius  regnavit  Ludowicus.  Quod  co- 
rnes Aurelianensis  Arnaïs  voluit  regnare  et  esse  tutor 
Ludowici,  sed  Guillelmus  Aurasicensis  fortiter  restitit. 
Qui  Arnaïs  fuit  pater  Samsonet  de  una  sorore 
Karoli  ^  » . 

Dans  le  remaniement  du  ms.  B.  N.  fr.  1497, 
Taînédes  fils  d'Aimeri  de  Narbonne,  «  Hernais  »,  ob- 
tient le  duché  d'Orléans,  dont  le  seigneur  «  avoit  par 
le  sien  frère  Guillaume  esté  occis,  et  en  espousa  la 
duchesse,  car  de  par  elle  estoit  la  terre  venue,  laquelle 
le  comte,  qui  mort  estoit,  ne  pouoit  par  son  meffait 
avoir  confisquée  ne  pardue.  » 

Le  mariage  d'Hernaut  de  Girone  avec  la  veuve 
d'Arneïs  d'Orléans  se  trouve  encore  dans  une  chroni- 
que française  en  prose,  dont  les  deux  seuls  manus- 
crits que  je  connaisse  sont  du  xiv°  ou  du  xv"  siècle  ^  : 
«  L'empereur  donna  a  Hernault,  le  frère  Guillaume, 
la  duché  d'Orliens  et  la  duchesse,  qui  estoit  vefve.  ^  » 

Ce  détail  est  déjà  dans  le  Siège  de  Narbonne  : 

Bernart  i'aisné  s'en  rêvait  en  Brubant, 


1.  Pertz,  Mon.  Germ.  hisi.,  Script.^  XXIII,  720. 

2.  L'un  est  à  Paris,  B.  N.  fr.  5oo3;  l'autre  à  Rome,  Vat.  Reg. 
no  749. 

3.  Ms.  B.  N.  fr.  5oo3,  fol.   i25  v». 


l.XXXVI  INTRODUCTION 

Ernaul  le  Roux  a  Gyronde  errant. 
Icis  tint  puis  Orliens  en  son  commant  '. 

La  confusion  qui  existe  entre  les  deux  noms  d'Ar- 
neïs  et  d'Hernaut  a  pu  être  facilitée  par  cette  légende. 

La  chronique  du  manuscrit  B.  N.  fr.  5oo3,  que 
je  viens  de  citer,  touche  en  plusieurs  endroits  à  notre 
chanson.  Une  première  fois  elle  ne  fait  qu'une  men- 
tion de  la  légende  du  couronnement  de  Louis.  Voici 
le  passage  ;  on  verra  la  parenté  qui  unit  ce  texte  à 
celui  d'Albéric  : 

L'empereur  Charlemaine,  quant  il  aloit  hors  et  menoit 
son  ost  et  sa  chevalerie,  laissoit  le  gouvernement  de  sa  terre 
a  Chariot  son  filz,  mais  onque  Chariot  ne  fut  amé  des 
François.  Chariot  avoit  ung  mestre  qui  ot  nom  Aymer, 
comte  du  Mans,  quifl)  le  gouvernoit.  Cel  Aymer  luy  fist 
fere  moult  de  maulvaises  entreprinses.  Il  déshérita  un  duc 
d'Orliens  apelé  Arneïs,  et  estoit  seigneur  de  Melun,  et  avoit 
espousee  une  des  filles  de  l'empereur,  seur  de  Chariot, 
apelee  Belicent.  Et  avoit  adonc  a  Melun  ung  chastelain 
apelé  Ancellin,  qui  avoit  .xiiii.  filz,  qui  tint  Melun  .x.  ans 
contre  Chariot.  Arneïs  ot  ung  filz  de  Belicent  sa  femme, 
qui  depuis  occist  Aymer  devant  Chariot,  pour  la  trahison 
qu'il  avoit  mise  sus  a  son  père.  Ce  fîlz  avoit  nom  Sanson- 
net, et  dist  l'istoire  qui  parle  de  luy  en  rommant  que  cestui 
Sansonnet  tint  depuis  le  royaume  de  Hongrie  de  par  Lohier, 
ung  des  filz  Karlemaine,  qui  se  fist  empereur.  Et  si  raconte 
l'histoire  ou  roumant  de  la  vie  de  Guillaume  d'Orenge 
que  cestui  Arneïs,  après  la  mort  de  l'empereur  Charlemaine, 
se  volt  faire  roy  de  France  et  débouter  Loys,  le  filz  de 
l'empereur,  dont  Arneïs  fut  occis  de  l'entreprise  Guillaume 
d'Orenge,  et  donna  l'empereur  Loys  Arnault,  le  fils  Aimery 


I.  Ms.  B.  N.  fr.  24369,  f«  75  ro. 


TEMOIGNAGES  LXXXVIJ 

de  Narbonne,  frère  de  Guillaume  d'Orange,  le  duché  d'Or- 
liens  et  la  duchesse.  ' 

Plus  loin  la  chronique  revient  à  notre  chanson. 
Elle  résume  d'abord  l'expédition  de  Guillaume  en  Ita- 
lie contre  Corsolt  : 

Les  Sarrazins  a  grant  puissance  allèrent  lors  devant 
Ronîe;  toute  la  terre  gasterent.  Le  pape  envoya  par  toutes 
terres  pour  avoir  secours.  Sy  y  ala  Guillaume,  le  bon  com- 
batant,  et  la  fistde  moult  belles  proesses.  La  avoil  ung  moult 
fort  et  puissant  jaiant  appelé  Corbaut,  lequel  Guillaume 
occist  devant  Rome,  en  ung  champ  de  bataille  qui  fut  d'eus 
.II.,  dont  Guillaume  acquist  grant  los  et  grant  pris  du  pape  et 
de  tous  les  Rommains.  ^ 

Il  n'est  pas  question  dans  ce  récit  de  la  blessure  que 
Guillaume  reçut  dans  le  combat  et  qui  lui  valut  son 
surnom  de  au  Court-Nez.  C'est  qu'en  effet  plus  loin 
notre  auteur  nous  apprend  que 

Guillaume  avoit  eu  le  bout  du  nés  couppés  a  la  .III^  ba- 
taille ou  il  fut  devant  Nerbonne.  Si  Tapplerent  plusieurs 
Guillaume  au  court  nés.  ^ 

Guillaume  était  encore  à  Rome  quand  il  apprit  la 
mort  de  Charlemagne  et  les  obstacles  qu'on  opposait 
à  l'avènement  de  son  fils  : 

Sy  cuida  bien  le  bon  empereur  Loys  tenir  son  pays  pai- 
sible, mais  ne  pot  estre  sacré  au  royaume  de  France  sy  tost 
après  la  mort  de  son  père,  tant  trouva  de  contrariettés  en 
son  royaume  de  France,  car  plusieurs  trictres  voldrent  fere 


1.  Ms.  B.  N.  fr.  5oo3,  f»  loi  v«. 

2.  Ibid.,  fol.  125  r*- 

3.  Ibid.,  fol.  127  ro. 


LXXXVIII  INTRODUCTION 

roi  d'un  aultre   apelé  Herneïs.  En  ce  temps  que  ce  trouble 
en  estoit  en  F'rance,  Guillaume,  le  filz  Aimery  de  Nerbonne,    ^ 
se  partit  de  Rome  et  vint  en  France. 

L'empereur  Loys  ot  ung  frère  nommé  Doeme,  qui  estoit 
moult  prcudoms,  et  avoit  tout  son  cucur  a  Dieu,  et  le  fist 
l'empereur  evesque  de  Mes.  Ces  evcsque  et  Guillaume,  le  filz 
Aymery,  assemblèrent  moult  de  leurs  amis  et  vindrent  a  Pa- 
ris a  ung  jour  ou  il  avoit  grant  assemblée  de  princes  ;  et  y 
en  avoit  qu'ilz  voulloient  débouter  l'empereur  Loys  de  la 
couronne  de  France,  sy  y  ot  moult  grant  débat,  car  aucunes 
croniques  racontent  que  Guillaume  occist  Arneïs,  que  on 
voulloit  fere  roy,  et  moult  de  ces  complices,  et  fut  esmeu 
tout  le  peuple  de  Paris  pour  aidier  Guillaume,  et  vint  l'em- 
pereur Loys  a  Paris,  et  de  la  par  Tesvesque  son  frère  et  le 
conte  Guillaume  fut  mené  coronner  et  sacrer  a  Rains,  a  grant 
sollempnite  et  joye.  Après  le  sacre  de  l'empereur  Loys,  Guil- 
laume fut  fait  connestable  de  l'empire  et  desfendeur  de  la 
terre  chrestienne.  L'empereur  donna  a  Hernault,  le  frère 
Guillaume,  la  duché  d'Orliens  et  la  duchesse,  qui  estoit 
[vefvej.  '  » 

J'ai  déjà  cité  quelques  vers  de  la  chanson  d'Alis^ 
cans,  d'après  lesquels,  comme  dans  la  version  en 
prose,  c'est  à  Paris,  et  après  la  mort  de  Charlema- 
gne,  que  la  cour  s'assemble.  Nous  allons  encore  voir 
successivement  deux  remaniements  en  prose  où  il  en 
est  de  même.  Ces  deux  derniers  textes,  ainsi  que  la 
chronique  du  ms.  5oo3,  placent  la  lutte  de  Guil- 
laume contre  Gorsolt  avant  le  couronnement  et  n'y 
font  aucune  mention  de  la  blessure  de  Guillaume. 
D'autres  détails  encore,  communs  aux  trois  récits, 
prouvent  que  ceux-ci  sont  de  la  même  famille.  Mais 


I.  Ibid.,  fol.  12b  V". 


TÉMOIGNAGES  LXXXIX 

les  deux  rédactions  qu'il  nous  reste  à  voir  sont  plus 
étendues  que  la  précédente,  et  nous  montrent  mieux 
comment  le  remanieur  a  combiné  ensemble,  non  seu- 
lement la  première  et  la  troisième  partie  de  notre 
chanson,  ainsi  que  l'a  déjà  remarqué  M.  Léon  Gau- 
tier, mais  encore  la  cinquième,  car  c'est  dans  celle-ci 
que  se  trouve  la  mention  du  mariage  de  Blanchefleur, 
sœur  de  Guillaume,  avec  Louis,  mariage  raconté  par 
les  remaniements. 

Constatons  encore  que  ces  mêmes  remaniements, 
pas  plus  que  les  autres  textes  que  nous  avons  déjà  vus, 
en  prose  ou  en  vers,  sauf  le  début  du  Charroi  de 
Nimes,  ne  font  aucune  allusion  aux  expéditions  de 
Guillaume  en  Italie  contre  les  Allemands. 

Tous  ces  faits  s'expliquent  parfaitement  si  on  admet 
ce  que  j'ai  établi  plus  haut,  et  que  je  crois  incontesta- 
ble, à  savoir  qu'il  a  existé  des  rédactions  de  notre 
poème  où  l'ordre  des  parties  était  interverti.  Le  com- 
bat de  Guillaume  tenait  le  premier  rang,  puis  venaient 
toutes  les  luttes  de  la  royauté  contre  la  féodalité,  et 
enfin  les  expéditions  des  Francs  en  Italie  contre  Gui 
et  Otton.  Cette  circonstance  explique  : 

1°  L'ordre  suivi  dans  le  début  du  Charroi  de  Mi- 
mes; 

2^  La  version  du  ms.  1448,  qui  n'a  eu  qu'à  suppri- 
mer la  première  et  la  dernière  partie  du  poème,  sup- 
pression qui  aurait  été  moins  simple  si  ces  parties 
avaient  été  enchevêtrées  dans  les  autres; 

3°  Pourquoi,  dans  tous  les  textes  en  prose  que 
nous  avons,  la  lutte  contre  Corsolt  tient  le  premier 
rang; 


XC  INTRODUCTION 

4°  Comment  ces  mêmes  textes  ont  combiné  ensem- 
ble la  première,  la  troisième  et  la  cinquième  partie  de 
notre  version  -, 

5°  Comment  ils  ont  pu  supprimer  les  guerres  contre 
les  Allemands. 


III.  —  REMANIEMENTS  EN  PROSE  DU  CORONEMENT 
LOOÏS 


Les  deux  remaniements  français  en  prose  que  je 
vais  analyser  sont  contenus  dans  deux  manuscrits  du 
XV*  siècle,  conservés  Tun  à  la  bibliothèque  de  l'Arse- 
nal (n°  335 1 ,  anc.  B.  L.  F.  226)  et  Tautre  à  la  biblio- 
thèque nationale  (f.  fr.  1497).  M.  Léon  Gautier  en  a 
déjà  donné  une  analyse  rapide,  accompagnée  d'ex- 
traits K 

Le  ms.  de  l'Arsenal,  après  avoir  longuement  ra- 
conté les  aventures  de  la  reine  Sibille,  nous  dit  que 
cette  malheureuse  princesse,  étant  rentrée  en  France 
avec  son  enfant  Louis  et  son  protecteur  Varrocher,  fut 
rencontrée  par  le  comte  Aimeri  de  Narbonne,  qui 
rendit  hommage  au  jeune  fils  de  la  reine  : 

Fol.  375  v°.  Puis  commanda  ainsy  le  faire  a  ses  enfans, 
qui  mie  ne  lui  voulurent  désobéir,  ains  s'acointerent  de  l'en- 
fant Loys,  et  depuis  en  furent  si  privez  que  leur  seur  lui 
donnèrent  en  mariage  après  la  mort  de  Charlemaine,  et  le 

I.  Ép.fr.,  2«  éd.,  t.  IV.,  p.  343-347. 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  XCI 

remist  Guillaume  en  son  royaume,  dont  il  fut  débouté  par 
les  trahitres  de  France,  lesquelz  lui  imposoient  que  lui  ne 
son(t)  frère  Lohier  n'avoient  aucun  droit  a  posséder  la  sei- 
gneurie de  l'empire  et  maintenoient  qu'ilz  n'estoient  mie  lé- 
gitimes enfans  de  Charlemaine,  mais  bastart,  pour  tant  que 
la  dame  avoit  geu  de  Louys  durant  le  temps  qu'elle  avoit 
esté  bannye,  comme  oy  avez  ça  avant,  et  convint  que  Guil- 
laume au  court  nez,  qui  pour  cellui  temps  estoit  aie  servir 
le  saint  père  en  Rommenie,  et  combattre  ung  payen  que 
nul  prince  de  chrestienté  n'osa  combatre,  retournast  hasti- 
vement  en  France,  pour  le  débat  des  princes  du  royaume  et 
de  l'empire,  qui  envieusement,  a  tort  et  sans  cause,  avoient 
dechacié  Louys  et  mis  hors  de  Paris  après  la  mort  de  son 
père,  et  vouloient  couronner  Harnays,  le  filz  Richart  de 
Normandie. 

Guillaume  au  court  nez,  qui  la  nouvelle  en  ouy,  lui 
estant  a  Romme,  par  les  messages  que  l'enfant  Louys  avoit 
envolez  pour  avoir  aide  du  saint  père,  fut  trop  dolant  quant 
il  sceust  la  mort  de  l'empereur  Charlemaine  et  moult  blasma 
l'outrage  qu'on  faisoit  a  l'enfant,  que  en  Paris  ne  s'osoit 
veoir,  mais  s'estoit  en  Meleun  sur  Saine  retrait,  a  tout  ceulx 
de  qui  il  se  pouoit  aidier,  et  la  atendoit  nouvelles  et  response 
du  père  saint,  lequel  ne  lui  pouoit  aidier,  sy  non  mettre  la 
chose  en  sa  main  et  procéder  en  excommeniement  sur  ceulx 
qui  ce  tort  lui  faisoient  et  qui  le  droit  de  l'enfant  vouloient 
empeschier.  Sy  se  tira  le  conte  Guillaume  vers  le  père  saint 
lors  et  lui  dist  : 

«  Vous  savez,  sire  apostoUe,  que  je  sui  en  icestui  païs  venu, 
a  vostre  mandement,  pour  combatre  Corbaut,  le  Sarrasin  fé- 
lon, lequel  j'ay  occis  puis  n'a  gaires,  et  pour  ce  ay  vostre 
païs  délivré  de  ceulx  qui  en  son  ayde  estoient  passez  mer  en 
sa  compagnie  ;  sy  ne  reste  plus  si  non  moy  donner  congié, 
car  j'ay  autre   part  a   besongnier. 

—  Quelle  besongne  vous  est  nécessaire,  beaux  fieulz  ?  » 
ce  respont  le  père  saint,  «  je  say  que  vous  estes  par  deçà 
venu  a  mon  mandement,  et  avez  la  chose  exécutée  que  je 


XCII  INTRODUCTION 

desiroie  estre  mise  a  execucion.  Sy  vous  convient  reposer  et 
refaire,  puis  vous  en  irez  a  vostre  bon  plaisir  et  emporterez 
de  mon  trésor  tant  comme  emporter  en  pourez,  et  cependant 
vous  querray  compagnie  qui  s'en  yra  en  France  comme 
vous. 

—  De  ce  vous  rend  je  grâces,  sire,  »  ce  respondi  Guillaume,, 
«  je  sui  pour  vous  aidier  cy  venu  voiremeut,  et  voulentiers 
l'ay  fait,  car  il  en  estoit  nécessité;  sy  sui  tenu  par  obliga- 
cion  d'ainsy  faire  ailleurs,  veu  l'aage  que  Dieu  m'a  donné, 
que  je  considère,  et  vous  mesmes  le  pouez  considérer,  car, 
quant  je  seray  ataint  de  viellesse,  lors  ne  pouray  je  faire  ce 
que  je  puis  et  pouroie  de  présent.  Sy  ne  me  doy  doncques 
reposer  ne  dormir  en  oisiveté,  comme  le  me  aprent  le  sage 
en  ung  sien  dittié,  fait  en  deux  vers  rimez,  la  ou  il  dit  : 

Par  souvenir,  par  soing,  par  diligence, 

Est  le  jeune  homme  tost  monté  en  chevance. 

—  Il  m'est  souvenu,  sire,  »  fait  il,  «  d'un  cas  mervilleux  et 
extresme,  lequel  est,  comme  l'en  m'a  recité,  survenu  en 
France,  dont  je  sui  dolant,  car  on  dit,  et  bien  l'avez  sceu, 
comme  raison  est,  et  que  mieux  et  plus  brief  y  pouez  remé- 
dier que  homme  vivant,  que  Charlemaine,  qui  tant  fut  noble , 
riche,  conquérant,  puissant  et  doubté,  est  aie  de  cestui  scie- 
cle  en  l'autre,  a  delaissié  ses  enfans  Louys  et  Lohier,  légiti- 
mes et  vrais  successeurs  de  son  empire,  de  son  royaulme  et 
de  sa  seignourie,  et  Louys,  en  especial,  premier  et  ainsné, 
lequel,  sauf  tous  drois,  a  esté  refusé,  débouté  de  la  couronne 
et  fugitif;  pour  quoy,  comme  j'ay  entendu,  vous  a  envoyé  ses 
messages  pour  requérir  vostre  aide,  puisque  point  n'a  de  puis- 
sance ou  de  main  forte.  Je  sui  demouré  en  ce  soing  jour  et 
nuit,  escoutant  se  vous  envoieriés  par  delà  ou  non,  dont  je 
me  sui  povrement  apperceus.  Pour  quoy  j'ay  considéré  qu'il 
est  mon  vray  seigneur,  qu'il  est  vray  et  naturel  filz  de  Char- 
lemaine, comme  par  sa  mère  Sebille  de  Grèce  vous  a  autre- 
fois esté  vérifié,  et  vous  mesmes  passastes  les  mons,  alastes 
en  France  et  pacifiastes  la  dame  avecq  l'empereur,  lequel 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  XCIII 

advoua  et  congnut  Louys  son  filz  et  vray  héritier.  Or  est 
ainsy  que,  mort  le  père,  ne  puet  l'enfant  hériter,  par  l'ostacle 
que  les  princes  de  France  y  mettent,  lesquelz  sont  tous  con- 
tre l'enfant  qu'ilz  desapointront  de  son  bien,  et  lui  toldront 
son  honneur,  se  vostre  grâce  et  Dieu  premier  n'y  pourvoient, 
laquelle  il  requiert  humblement.  Mais  je  voy  que  nulle  pro- 
vision n'y  est  par  vous  donnée,  et  pour  ce  me  convient  dili- 
genter  et  chevauchier  a  Paris  le  plus  hastivement  que  faire 
le  pouray,  pour  mon  seigneur  droitturier  secourir  et  aydier 
a  son  droit  soustenir  contre  les  trahitours  qui  ainsy  s'effor- 
cent de  le  déshériter.  » 

Et  quant  l'apostole  entendi  Guillaume  au  court  nez,  qui 
ainsi  parla,  il  fut  moult  joieux,  et  bien  dist  a  soi  mesmes 
que,  puisque  mort  estoit  Gharlemaine,  Guillaume  devoit 
estre  nommé  et  tenu  pour  crestienne  espee,  pour  pillier  catho- 
lique, soustenant  la  loi  Jésus  Grist,  et  pour  gardien,  bras  et 
conservateur  de  l'église.  Sy  lui  respondi  moult  doucement  : 

«  Je  envoyerai  par  delà,  sire  Guillaume,  »  fait  il,  «  et  y 
transmettray  ung  légal  acompagnié  notablement,  lequel  por- 
tera ung  excommeniement  sur  ceulx  qui  ainsy  vuellent 
Louys,  le  filz  Gharlemaine,  deffaire  et  débouter  de  son 
hérédité  ;  et  se  a  ce  ne  vuellent  obéir,  lors  y  pourveray 
je  par  telle  voye  que  en  France  ne  sera  [service]  chanté  ne 
église  desservie,  et  vivront  comme  bestes  ou  gens  non  crea- 
bles  ne  dignes  de  nulle  bonne  recommandacion.  » 

Mais  ad  ce  ne  se  voulut  Guillaume  accorder,  ains  respondi 
au  père  saint  : 

t  Bien  vous  ay  entendu,  sire,  »  fait  il,  «  mais  trop  seroit 
la  besongne  longue  et  doubteuse  de  atendre  tant  que  vos 
légaux  feussent  la  endroit  arrivez.  Ge  sont  gens  qui  ne  re- 
quièrent mie  paine  ne  traveil,  ains  apettent  tous  leurs  aises, 
courte  messe,  long  disner,  couchier  de  haulte  heure  et  lever 
tart,  petites  journées  et  grant  despens  ;  et  nous  autres  requé- 
rons tout  le  contraire,  par  especial  tandis  que  jeunesse  nous 
demeine,  Sy  n'en  pouons  pis  valoir,  car  comme  racompte 
ung  sage  en  deux  mos  de  rime  : 


XaV  INTRODUCTION 

Pioutlitablc  est  le  travail  en  jeunesse, 
Que  cichever  tait  soulfraite  en  vicllesse. 

Je  m'en  partiray  devant,  sire,  »  fait  il,  «  pour  ce  qu'en  peu 
de  temps  seray  la  venu,  et  porteray  par  delà  vostre  commis- 
sion, en  atendant  vos  légaux,  sy  la  mettray  moy  mesmcs  a 
execucion  telle  qu'il  ne  sera  jamais  que  mémoire  n'en  soit 
perpétuellement  faitte.  Et  se  vousdemandiés  quelle  commis- 
sion je  requier  avoir  de  vous,  s'est  que,  pour  les  services  que 
j'ay  fais  a  vous  et  a  crestienneté,  vous  me  oyés  en  confes- 
sion, ja  soit  ce  que  ja  me  confessissie's  quant  je  voulus  com- 
batre  Corbault,  et  me  donnez  absolucion  plainiere  de  mes 
pechiés.  Sy  m'en  retourneray.    » 

Et  quant  le  père  saint  Teust  ouy,  et  qu'il  lui  eust  ses  pe- 
chiés pardonnez,  lors  s'en  party  Guillaume,  et  en  peu  de 
temps  vint  a  Paris,  ou  sy  bien  arriva  a  point  que  deux  ou 
.III.  jours  après  se  tint  le  parlement  pour  constituer  le  filz 
du  duc  de  Normendie  roy  de  France,  auquel  consitoire  arriva 
Guillaume  de  telle  heure  qu'il  rompi  la  presse,  ou  tant  avoit 
de  peuple  que  c'estoit  grant  confusion.  Et  lui,  armé  soubz 
son  mantel,  pour  toutes  seuretez,  sans  soy  estre  descouvert 
a  parent,  a  amy,  a  ung  ne  a  autre,  tira  une  lettre  que  le  saint 
père  lui  avoit  a  son  partementbailliee,  scellée  d'un  grant  seel 
de  plomb,  qu'il  monstra  si  haut  que  la  plus  grant  partie  la 
pouoitbien  veoir;  et,  en  disant  :  «  Le  pape  vous  salue  tous, 
beaulx  signeurs  »,  mist  la  main  a  l'espee,  haulça  son  mantel, 
sy  que  on  vist  le  haulbert  menu  maillié,  luisant  et  cler,  s'a- 
dreça  vers  le  filz  du  duc  Richart  et  lui  donna  du  taillant, 
dont  il  avoit  Corbault  occis  devant  Romme,  sy  qu'il  le  pour- 
fendi  en  deux  pars,  et  cria  «  Nerbonne  !  »  si  haultement  que 
tout  fut  le  demeurant  esbahy,  et  se  absentèrent  les  pluiseurs 
et  plus  grans,  en  eulx  eslongnant  et  mussant  derrière  le 
menu  commun.  Et  quant  Guillaume  eust  ainsy  exploitié,  et 
il  vist  que  nul  ne  se  mettoit  a  deffense,  ains  s'en  aloit  chas- 
cun  qui  se  sentoit  coulpable  du  meffait,  il  se  monta  amont, 
l'espee  nue,  rouge  et  sanglante  en  son  poing,  se  mist  au 
siège  royalj  non  mie  en  soy  séant,  mais  debout,  comme  ung 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  XCV 

siéger  ou  greffier  qui  veult  une  sentence  prononcer,  et  la 
se  monstra  plainement,  en  disant  qu'il  venoit  de  Romme  de 
par  le  pere  saint,  qui  luy  avoit  sa  burle  bailliee  pour  tous 
ceux,  prestres,  nobles,  clerset  lais,  excommenier  qui  contre 
leur  prince  et  droitturier  signeur  avoient  mespris  et  offensé 
en  malfait,  en  maldit,  en  pensée  inique,  et  autrement  con- 
tre droit  et  raison. 

Finablement  s'en  partirent  du  palais  secrètement  plus  de 
.XII.  que  ducs,  que  contes  et  de  grans  seigneurs  sans  nombre; 
mesmement  Richart  de  Normendie  se  evadua,  quant  il  vist 
que  contre  Guillaume  nul  ne  s'esmouvoit,  et  en  peu  d'eure 
s'esl«va  ung  bruit  grant  et  merveilleux  par  my  Parys  du 
commun  et  menu  peuple,  qui  bien  savoit  Tassamblee  et  la 
besongne  que  l'en  traittoit,  mais  a  eulx  n'estoit  nul  consen- 
tement demandé,  ainçois  avoient  les  portes  du  palais  esté 
gardées  et  si  bien  fermées  que  nul  n'y  entroit  se  il  ne  sem- 
bloit  gentil  homme,  ou  de  noble  lieu  issu,  et  quant  chascun 
homme  de  mestier,  bourgois  ou  autre,  apperceurent  la  ma- 
nière de  ceulx  qui  ainsy  pensifs  et  mornes  s'en  issoient  du 
palais,  l'un  par  ung  lieu,  l'autre  par  ung  autre,  et  ilz  furent 
informez  de  l'aventure,  lors  s'armèrent  ilz  de  rue  en  rue,  de 
main  en  main,  et  tellement  s'en  emply  le  palais  que  moult  en 
fut  Guillaume  comptent.  Il  enquist  ou  estoit  Loys,  qui  leur 
roy  devoit  estre,  et  on  lui  dit  qu'il  estoit  a  Meleun  pour  la 
seurté  de  son  corps,  et  que  ja  avoient  ses  ennemis  saisies, 
prises,  garnies  les  villes,  citez,  places  et  les  châteaux  de 
France,  sy  qu'il  ne  se  savoit  plus  ou  retraire;  sy  l'envoya 
quérir,  fin  de  compte,  et  le  couronna  roy,  malgré  tous  ceulx 
qui  son  bien  et  honneur  avoient  voulu  empeschier;  et  a 
icelle  heure,  pour  retourner  au  propos  premier,  lui  donna 
Guillaume  sa  seur  Blancheflour  a  mariage. 

Ce  récit  fait  une  simple  mention  de  la  lutte  de 
Guillaume  contre  Corsolt,  il  n'en  parle  qu'incidem- 
ment et  comme  pour  expliquer  la  présence  de  Guil- 
laume à  Rome.  Mais  s'il  l'avait  racontée,  son  récit 


XCVI  INTRODUCTION 

aurait  été  semblable  à  celui  que  ie  vais  en  donner 
d'après  le  ms.  de  la  B.  N.  Les  deux  textes  sont,  en 
effet,  de  la  même  famille,  comme  je  l'ai  déjà  fait  re- 
marquer. Voici  ce  récit:  Un  roi  Sarrasin, nommé Cor- 
bault,  a  mis  le  siège  devant  Rome.  Il  a  tellement 
malmené  le  pape  que  celui-ci  est  obligé  d'entrer  en 
composition.  Le  Sarrasin  accorde  au  pape  un  armistice, 

pendant  lequel  il  se  devoit  pourveoir  d'un  champion 
en  crestienté  et  le  livrer  et  présenter  pour  combatre  le  roy 
Corbault,  par  condiction  telle,  que  se  le  champion  chrestien 
qui  au  paien  combatroit  le  pouoit  subjuguer  ou  convaincre, 
Corbault  lui  devoit  rendre  ses  places  qu'il  avoit  sur  luy 
prises  et  conquestees,  et  restorer  les  damaiges  lesquieulx 
lui  avroient  esté  fais.  Et  se  au  contraire  le  chrestien  estoit 
desconfit  et  convainqu,  il  convient  le  père  saint  et  les  chas- 
teaux  ou  ilz  sont  retrais  délivrer  et  rendre,  par  convenance 
et  prommesse  sur  ce  faicte,  et  par  hostaiges  bailliees,  tant 
d'une  comme  d'aultre  partie  '. 

Le  pape  envoie  des  légats  de  tous  côtés  ;  deux  d'en- 
tre eux  viennent  trouver  Aimery  de  Narbonne,  qui 
passe  pour  le  plus  grand  prince  de  la  chrétienté,  car 
la  force  de  Charlemagne  décline  déjà,  Aimery  ne  peut 
absolument  pas  aller  à  Rome,  obligé  qu'il  est  de  dé- 
fendre sa  propre  ville  contre  les  Sarrasins,  mais  son 
fils  Guillaume  offre  de  partir  à  sa  place,  et  sa  propo- 
sition est  accueillie  avec  joie  par  les  ambassadeurs. 
Aussi,  malgré  les  prières  de  sa  mère,  qui,  pour  le  dé- 
tourner de  son  voyage,  lui  parle  de  la  belle  Orable, 
Guillaume,  après  avoir  chargé  son  serviteur  Isaac 

I.  Ms.  B.  N.  1497,  f  i5o  \°. 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  XCVII 

d'annoncer  son  absence  à  sa  dame,  se  met  en  route 
avec  les  prélats. 

fFol.  i52  y*.)  Comment  Guillaume^lefil^Aymery^  combat  et 
conquist  le  jaiant  Corbault  devant  Romme^la  grant  cité, 
par  sa  vaillance. 

Ce  dit  l'istoire  que  quant  le  légat,  le  cardinal,  Guillaume 
et  leur  compaignie  furent  de  la  cité  de  Nerbonne  départis, 
et  ils  furent  mis  a  chemin,  ils  chevaulchierent  tant,  sans 
faire  de  leurs  journées  menction,  que  ils  aprouchierent 
Romme,  que  les  Sarraissins  maistrisoient  par  la  conqueste 
que  ils  avoient  faicte;  et  quant  Guillaume  eust  veeu  les  tours, 
les  chasteaux  et  les  grans  eddiffices  sumptueux  et  anciens, 
il  demanda  esquieulx  s'estoient  les  chrestiens  retrais  et  com- 
ment ils  pourroient  dedans  entrer.  Si  lui  respondi  le  légat  ; 
«  A  ce  n'avra  nulle  faulte  que  n'y  entrions,  sire,  »  fet  il,  «  car 
noustre  saufconduit  contient  que  nous  pounos  aller  la  ou 
bon  nous  semble  quérir  et  pourchasser  champion  ou  che- 
vallier, pour  le  roy  Corbault  le  grant  combatre  ;  le  terme 
qu'il  nous  a  donné  durant  n'est  mye  encore  passé,  expiré  ne 
fini,  sy  n'aies  paour  se  nous  sommes  devant  luy  menés  par 
advanture,  car  bien  me  double  que  il  ne  veille  savoir  des. 
nouvelles.  » 

Et  a  itant  se  sont  avanciés  jusques  aux  vailles  et  deffences 
anciennes  de  la  cité,  ou  ils  trouvèrent  gardes  de  par  le  roy 
Corbault,  qui  la  les  avoit  commis  (fol.  i53  r*)  pour  les  ad- 
vantures.  Et  quant  ils  aparceurent  les  messaigiers  venir,  ils 
cognurent  legierement  et  les  menèrent  ou  tref  du  roy  Cor- 
bault, qui  de  sa  parolle  les  festoya  et  leur  demenda  comment 
ils  avoient  besongnié,et  en  quel  païz  ;  et  ilz  lui  respondirent 
courtoisement  ad  ce  que  il  n'eust  cause  de  soy  courousser  : 
«  De  nos  nouvelles  ne  poués  vous  mye  savoir,  sire,  » 
font  ilz,  «  plus  tôt  que  le  père  saint,  de  par  lequel  nous 
sommes  messaigiers.  Mais  en  brief  temps  savrésce  que  nous 
avons  peeu  besongnier,  et  se  vous  avrés  champion,  ou  se  le 
père  saint  se  rendra  ou  non,  car  le  terme  que  vous  nous  avés 


XCyiU  INTRODUCTION 

donné  fauldradedens.in.  jours,  ne  plus  n'avons  de  delay,  se 
de  voustre  grâce  ne  le  voulés  prolongier,  tant  que  nous 
aronssceu  es  aultres  parties  chrestiennes  que  en  celles  que 
nous  avons  cerchiees.  ■ 

Le  roy  Corbault,  oiant  les  clers  messaigiers  ainssy  parler, 
fut  ausques  joyeulx,  pour  tant  qu'il  pença  que  nul  champion 
n'eussent  en  leur  compaignie  amené,  et  leur  dist  : 

«  Voustre  langaige  est  vainement  fondé,  beaus  signeurs,  • 
fet  il,  «  et  bien  estes  en  vous  mesmes  abusés,  se  vous  cuidiés 
que  je  vous  donne  aultre  delay  que  celluy  que  vous  avés  eu, 
mais  dictes  a  voustre  pape  que  il  se  prépare  de  soy  humilier 
vers  nos  dieu  et  que  ilz  se  soubzmecte  a  l'obéissance  de  nous- 
tre  loy,  et  nous  lui  ferons  tant  de  honneur  qu'il  ara  dominac- 
tion  par  dessus  tous  les  caliphes  et  maistres  de  la  loy 
Mahom.  »  Et  lors  demenda  Corbault  le  vin  pour  en  servir 
les  seigneurs,  lesquieulx  ne  l'osèrent  reffuser,  ains  le  prirent 
et  beurent  par  son  commandement,  puis  le  fist  présenter  a 
Guillaume,  qui  oncques  ne  deigna  tendre  la  main,  dont  Cor- 
bault se  aïra  en  rougissant  par  la  face  et  lui  dist  :  o  Pour 
quoy  ne  buvez  vous,  vassal,  »  fet  il,  «  quant  le  vin  vous  est 
pour  boire  présenté  ?  »  Si  luy  respondi  Guillaume  :  «  Pour 
ce,  certes,  »  fet  il,  «  que  se  je  buvoye  a  voustre  hanap, 
ce  me  pourroit  estre  imputé  a  trahison,  puis  que  j'ay  intenc- 
tion  de  vous  porter  nuisance  avant  que  je  m'en  voyse  de  ces- 
tuy  païs.  »  Et  lors  le  regarda  Corbault  moult  ententivement, 
sy  le  vist  sy  jeune  d'aaige  que  de  lui  ne  tint  compte,  ja  soit 
ce  qu'il  feust  grant  et  bien  fourme  selon  sa  jeunesse,  ains  se 
prist  a  soubzrire  et  dist  aux  .11.  cardinaulx  que  ils  feïssent 
son  messaige  au  pape,  ainsi  qui  leur  avoit  dit,  et  ils  dirent 
que  si  feroient  ils. 

Apprès  le  congié  s'en  partirent  les  cardinaulx,  et  tant  firent 
qu'ilz  allèrent  au  chastel  ouquel  estoit  le  père  saint,  qui 
joyeusement  les  receut,  espérant  avoir  bonnes  nouvelles, 
comme  sy  eurent  ilz,  car  si  tost  comme  ils  furent  dessendusa 
la  porte  et  entrés  ou  chastel,  il  vint  au  devant  d'eulx  et  leur 
demenda  comment  (fol.  i  53  v<^}  ilz  avoient  besongnié,  et  ilz 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  XCXIX 

luy  respondirent  :  «  Au  mieulx  que  nous  avons  sceu  faire, 
sire,  »  font  ils,  «  et  tant  saichiés  que  nous  avons  esté  en 
Lorabardie,  en  Piémont,  en  Savoie  et  jusques  es  marches  de 
Bourgoigne  et  de  France,  et  avons  enquis  de  Gharlemeine, 
qui  tant  est  vieulx  que  plus  ne  peust,  ne  nul  ne  veult  mais  a 
luy  obéir,  comme  on  nous  a  raporté  en  chemin  ;  sy  avons  tant 
enquis  qu'on  nous  a  envoies  a  Nerbonne  par  devers  Aymery, 
qui  en  fait  d'armes  et  de  noblesse  pressede  maintenant  en 
terre  chrestienne,  comme  filz  et  lieutenant  de  proesse  et  de 
chevallerie.  Celui  Aimery  a  tant  a  besongnier  aux  ennemis  de 
nostre  foy  qu'il  n'a  jour,  terme  ne  heure  de  repos,  et  non 
pour  tant  après  l'exposicion  du  vostre  caz,  qui  tant  leur 
a  esté  pittable,  que  le  plus  dur  cueur  c'est  asouply  et  baignié 
en  larmes,  c'est  ung  de  ses  fils  avancé  et  a  respondu  vail- 
lamment qu'il  feroit  le  champ  contre  Corbault,  lequel  l'a  veu, 
mais  guieres  n'en  a  tenu  de  compte,  pour  tant  que  il  n'a  en- 
cores  que  prime  barbe;  si  le  vous  avons  avecques  no  u 
amené,  et  de  lui  pourrés  savoir  quant  il  vouldra  la  bataille 
commencer.  » 

Et  quant  le  saint  père  entendi  le  légat,  qui  lui  présenta 
Guillaume,  le  filz  Aymery,  il  fut  plus  joyeux  qu'il  ne  souloit, 
etl'acolla  et  receut  moult  amoureusement.  Puis  luy  demenda 
comment  ilavoit  nom,  et  il  lui  respondi  :  «  On  me  appelle 
Guillaume,  sire,  »  fetil,  «  qui  suy  ça  venu  par  grant  affection, 
et  désireux  pour  combatre  au  jaiant  Corbault,  qui  en  si 
grande  subgection  vous  tient,  comme  je  puis  aparcevoir,  si 
saichiés  que  je  suy  tout  apresté  quant  il  vous  plaira,  mais  que 
voustre  bénédiction  me  soit  donnée,  car  j'ay  avecques  moy 
mon  harnoisaporté,  mon  escu,  ma  lance,  m'espee,et  sy  suy 
de  si  bon  vouloir  garni  qu'il  me  semble  que  je  lui  donray 
assés  a  besongnier  au  bon  plaisir  de  cellui  pour  lequel  nom 
soustenir  j'ai  maint  mont  et  maint  val  monté  ou  dessendu.» 
Et  quant  le  saint  père  eust  Guillaume  entendu,  il  luy  res- 
pondi lors  :«  Vous  soies  le  très  bien  venu,  beau  fielx,  »  fet  il, 
«  et  Dieux  garl  le  père  qui  tel  enffant  engendra,  par  qui  saincte 
chrestienté  pourra  par  avanture  mieulx  valoir   a  tousjours 


C  INTRODUCTION 

mais,  car  se  venu  ne  feussiés,  l'apoinctement  de  Corbault  et 
de  moy  contenoit  que  je  me  dévoie  a  lui  soubzmettre  et  lui 
rendre  ce  chastel  et  ung  aultre,  ouquel  a  moult  grant  et  no- 
ble clergié,  qui  tout  devoit  estre  serf  a  luy  et  subgect.  Or  vous 
a  Dieux  et  bonne  fortune  par  deçà  amené  pour  le  combac- 
tre;  sy  conseille  que  nous  facions  en  leur  ost  publier  la  ba- 
taille a  ung  jour  briefque  vous  nousdire's.  Gara  voustre  bon 
aise  et  plaisir  le  voulons  bien  faire,  et  c'est  raison.  »  Et  quant 
Guillaume  ouy  le  père  saint  qui  ainsy  parla,  (fol.  i54  r*)  il  ne 
fut  mye  trop  esbahy,  ains  respondi  :  •  Pour  vous  venir  se- 
courir, père  saint,  »  fet  il,  «  ay  je  des  bessongnes  laissiés  moult 
nécessaires,  lesquelles  me  sont  touchans  au  cueur,  si  suy 
comtempt  d'estre  expédié  plus  tost  que  plus  tard,  affin  d'icel- 
les  plus  tost  eschever  ;  sy  me  consens  que  a  demain  faciès 
publier  la  journée,  car  mieulx  vault  et  plus  honorablement 
dedans  le  terme  et  le  jour  contenu  en  voustre  respit  et  triesve 
que  plus  tart.  »  Sy  en  fut  le  père  saint  ausques  joyeux,  et 
commanda  que  on  alast  sur  les  murs  parler  aux  Sarrasins  et 
denoncierla  bataille  a  l'endemain. 

Par  le  commandement  du  père  saint, par  le  consentement 
de  Guillaume,  et  du  commun  acort  du  clergié,  par  le  conssôil 
de  la  chevalerie  rommaine,futung  chevallier  transmis  sur  le 
mur  du  chastel,  pour  crier  en  l'ost  des  Sarrasins  a  ce  que  quel- 
qu'un parlast  a  lui,  et  lors  vindrent  les  Sarrasins  a  .x.  ou  a  .xii, 
[Quant  les]  paiens  furent  la  arrivés,  lors  parla  a  eulx  le  che- 
valier en  italien  haultement  :  «  Depar  le  pape  chrestien  vous 
fay  a  savoir,  beaussigneurs,  »fetil,«  que  a  demain  soit  la  jour- 
née d'un  champion  chrestien,  qui  est  nouvellement  arrivé 
pour  combatre  au  roy  Corbault,  en  enssieuvant  et  entrete- 
nant le  traictié  lequel  a  esté  fait  ;  sy  denonciés  au  roy 
Corbault  qu'il  y  soit,  se  bon  lui  semble,  car  l'intenction  du 
père  saint  est  de  plus  tost  abregier  que  plus  tard.  »  Et  quant 
les  Sarrasins  ouïrent  cellui  qui  ainssy  parla,  ils  lui  respondirent 
que  ils  yroient  ceste  chose  denoncier  a  leur  seigneur,  lequel 
fut  moult  joyeux,  car  grant  estoit,  puissant  et  fort  a  mer- 
veilles,  et  ne  doubtoit  homme  nul  du  monde;  sy  renvoya 


REMANIEMENTS  EN   PROSE  .CI 

devers  le  chevallier  pour  la  journée  accepter  et  avoir  aggrea- 
ble  a  rendemain;  et  ainsi  fut  la  journée  prise  d'une  etd'aul- 
tre  partie. 

Icellui  jour  se  passa  au  fort  et  vint  le  lendemain,  qui  moult 
estoit  désiré  par  le  roy  Gorbault,  qui  armer  se  fist  par  .un. 
rois  sarrassins^lesquieulx  firent  moult  riche  tapis  estendre  par 
terre,  pour  les  apoinctier  a  son  devis.  L'un  des  .un.  rois  luy 
vesty  son  haubert,  le  deuxième  luy  ferma  ses  plates,  le  tiers 
luy  laissa  son  heaulme,  le  quart  lui  atacha  son  escu  ;  et  il 
saindi  s'espee,  puis  lui  fut  son  cheval  amené,  sur  lequel  il 
monta,  puis  demanda  une  lance  ;  et  quant  il  fut  en  point 
prestet  armé,  lors  appellases  hommes  devant  lui  et  leur  disl 
haultement  :  «  Vous  avés  tous  esté  de  mon  consseill,  beaus 
seigneurs,  »  fet  il,  «  et  d'acort  emssamble  comme  moy  de  trai- 
tieret  composer  avecques  le  pape  chrestien;  par  ainssy  que 
j'ay  promis  de  mon  corps  exposser  en  bataille  contre  (Ms.  : 
comme)  ung  chevallier  chrestien  et  de  tenir  foy  et  loyaulté 
sans  faulcer,  ay  livrez  .nn.  rois  en  ostaiges  de  par  nous  ;  et  ilz 
nous  (fol.  1 54  V»)  ont  livrez  des  cardinaulx  pour  seureté  de  leur 
partie.  Or  est  venu  celiui  chevallier  ou  champion,  comme 
hier  ce  mandèrent,  lequel  je  vois  conbatre,  ainssy  que  je 
l'ay  convenance,  sy  vous  prie  et  requier  que  il  n'y  ait  trahi- 
son, faulceté  ne  barat,  car  je  perdroye  mes  hommes  que 
j'ay  bailliés  et  livrés,  et  si  pourroit  a  nous  tous  par  avan- 
ture  mal  venir  ou  mescheoir,  et  a  bon  droit,  se  nous  avions 
nos  dieux  a  essiant  parjurez.  »  Sy  lui  convenancerent 
que  le  traitié  tendroient  ainssy  qu'il  estoit  fait  ;  et  lors  se 
parti  Gorbault  le  grant  et  vint  devant  le  chastel  si  bien  armé 
et  monté  comme  mieulx  le  sceurent  ses  amis  apointier  et 
armer.  Et  quant  il  fut  la  arrivé,  il  ficha  sa  lance  en  terre 
pour  veoir  qui  a  lui  vendroit  combatre,  car  jamais  n'eust 
cuidié  que  homme  eust  eu  le  hardement  de  soy  tourner  con- 
tre luy  en  armes,  a  pié  ne  a  cheval. 

Grant  fut  le  bruit  par  le  chastel  du  Sarrassin,  qui  la  es- 
toit venu  armé  et  monté;  mais  a  icelle  heure  n'egtoit 
mye  Guillaume  endormy,  ains  estoit  matin  levé  et  armé. 


cil  INTRODUCTION 

et  ja  avoit  la  messe  ouye,  comme  bon  chrestien,  et  plus 
n'atendoit  sy  non  le  pere  saint  pour  sa  bénédiction  re- 
cepvoir,  car  moult  la  desiroit,  après  ce  qu'il  avoit  sa  cons- 
cience esclarcie  et  netoyé.  Le  pere  saint  arriva  la  ou  il 
n'atendoit  plus  que  son  cheval  et  lui  dist,  en  la  présence  de 
maint  cardinal  et  de  maint  grant  clerc,  que  tous  lermoient 
de  pitié'  pour  luy,  car  plus  grant,  plus  grox  et  plus  fourni 
materielement  que  lui  estoit  le  roy  Corbault.  Et  lors  se 
mist  Guillaume  devant  le  pere  saint  a  genouls,  atendant  sa 
bénédiction,  laquelle  il  lui  donna  disant  :  «  A  celluy  Dieu 
soies  tu  commandé,  beaux  fielx,»  fetil,  «  qui  du  haultestaige 
cellestiel  vint  ça  a  bas  pour  l'umaine  lignée  racheter, 
lequel  te  doint  force,  vertu,  pouoir  et  grâce  du  Sarrasin 
mater  et  desconfire,  et  tel  pardon  comme  il  fist  a  Marie  la 
pecharresse  te  soit  de  par  moy  donné  et  octroie.  »  Puis  se 
seigna,  et  Guillaume  se  leva  lors  et,  son  heaulme  lassé,  son 
escu  enchantelé  et  atachié  a  sa  poitrine,  sailli  ou  bauchant 
ainsi  legierement  comme  ung  aultre  eust  sailli  sans  harnois 
nul  ;  puis  demenda  sa  lance  et  on  lui  bailla,  puis  fut  la 
porte  ouverte,  dont  il  issy  legierement,  et  vint  en  champ 
devant  Corbault,  qui  bien  le  vist  issir  et  chevaulchier  droit 
la  lance,  comme  pour  le  courir  seure.  Et  quant  il  fut  ausques 
près  il  le  regarda  sans  mot  sonner,  et  quant  ilz  eurent  l'un 
l'autre  assés  regardé,  Guillaume  baissa  sa  lance  lors  et  vint 
poignant  contre  le  Sarrasin,  qui  deffendre  se  pouoit,  se  bon 
luy  sembloit;  et  tellement  l'assena  en  son  escu  que  ploierlui 
fist  l'eschine,  ou  il  vousist  ou  nom,  mais  a  itant  ne  se  tint 
mye,  car  il  poigni  oultre  avant  et  a  force  de  cheval,  qui 
puissamment  couroit,  et  rencontra  au  corps  sy  aïrement  que 
par  terre  le  porta,  mal  gré  eust  il,  et  en  passant  par  emprès 
cria  «  Nerbonne  »  si  haultement  que  bien  l'entendi  le  roy 
Corbault. 

Dieux  !  comme  fut  dollant  Corbault  quant  ainssy  se 
senti  abatu  et  il  eust  celluy  ouy  qui  cria  «  Nerbonne  » 
ainssy  haultement!  Il  se  leva  lors  legierement  et  puis  dist  a 
Guillaume  :  «  Dy  moy,  vassal,  »  fct  il,  «  par  la  foy  que  tu  dois 


REMANIEMENTS  EN   PROSE  CHI 

au  Dieu  ou  quel  est  ta  créance,  qui  tu  es  et  sce  c'est  le  tien 
cry  que  de  Nerbonne,  ou  pour  quoy  tu  l'as  cy  présente- 
ment crie'. 

—  Je  le  puis  bien  faire,  Sarrasin,  »  fet  il,  «  et  puis  que  tu 
m'as  tant  conjuré  comme  sur  la  loy  que  je  tiens,  laquelle 
ne  sera  ja  par  moy  faulcee,  te  repondz  je  que  je  suy  de  la 
lignie  de  Nerbonne,  et  suy  filz  au  conte  Aymery,  lequel  en 
peut  porter  les  armes  et  le  cry,  en  despit  de  tous  les  payens 
du  monde. 

—  Bien  pert  a  ton  langaige  que  tu  es  dulinaige,  vassal,  »  fet 
il,  «  car  tu  parles  trop  outraigeusement,  et  bien  say  que 
Aymery  a  fait  maint  mal  au  peuple  croiant  en  Mahom, 
dont  mal  luy  en  prendra  en  la  fin,  et  a  toy  aussy  avant 
que  de  mes  mains  puissies  eschaper,  se  une  chosse  ne  veulx 
faire  et  acorder,  laquelle  je  te  diray  cy  présentement  : 
c'est,  pour  tant  que  te  voy  vaillant  homme  et  que  je  sçay  que 
grant  damaige  seroit  de  ta  mort,  que  tu  creusses  en  la 
loy  que  Mahom  nous  donna  et  prescha,  et  que  tu 
renonces  a  la  loy  que  les  chrestiens  tiennent  ;  je  te  donray 
des  terres  et  des  seigneuries  plus  que  tu  ne  vouldras 
demender,  et  sy  avras  ma  suer  Matrosne,  qui  tant  est  belle 
que  en  peannie  n'a  sa  pareille  de  beaulte'.  » 

Et  quant  Guillaume  de  Nerbonne  entendile  roy  Corbault, 
qui  a  sa  loy  le  cuida  atraire,  il  luy  respondi  lors:  «  Bien 
pert  que  tu  as  cueur  failli.  Sarrasin,  »  fet  il,  «  quant,  pour 
ung  coup  de  jouste  que  tu  as  de  moy  cy  receu,  veulx  parle- 
menter et  entrer  en  composicion.  Tant  veil  que  tu  saichies  que 
tu  es  trop  loings  de  ton  compte,  car  je  ne  suy  mye  cy  en- 
voyé de  par  le  mien  père  Aymery  pour  toi  déporter  de 
mort  ne  pour  toy  lessier  vivre  longuement,  ainçois  y  suy 
transmis  pour  toy  combatre,  pour  toy  tolir  la  vie,  et  pour 
le  tien  chief  coper  et  porter  au  fer  de  la  lance  mesmes  a 
Nerbonne,  ou  plus  ne  me  oseroie  trouver  se  ainssy  ne  le 
faisoie  comme  je  te  dy,  car  ainsy  l'ay  je  convenance  du 
faire.  Et  au  regart  de  ta  sueur,  dont  tu  m'as  cy  parlé,  ne  tien 
je  compte,  car  j'ay  plus  belle  sans  nulle  comparaison"  que 


CIV  INTRODUCTION 

n'est  Matrosne,  dont  je  n'ay  mie  oublié  le  nom,  et  se  tu  me 
demendoies  qui  elle  est,  je  te  dirai  que  c'est  Orable,  la  fille 
Desramc',  que  je  conqueray  si  tost  comme  je  avray  a  toy 
combatu.  Sy  te  gardes  de  moy,  car  l'amour  te  feray  au  jour 
d'uy  desplaisir.  »  Guillaume  a  Tespee  tirée  lors,  et  le  Sar- 
rasin lui  couru  seure  moult  asprement  et  tellement  qu'il 
convint  Guillaume  dessendre,  s'il  n'eust  voulu  perdre  son 
cheval. 

Quant  Guillaume  fut  du  bauchant  dessendu,  il  rua  au 
Sarrassin  lors,  qui  vaillamment  se  mist  contre  luy  a  deffence, 
et  d'un  coup  il  cuida  Guillaume  ferir,  lequel  se  destourna,  fery 
son  espee  en  terre  sy  avant  [que]  elle  luy  rompy  ou  poing  an 
retira[nt],dontilfut  sy  dollant  qu'il  getta  le  demourant  emmy 
le  champ,  et  tira  ung  coutel  grant  et  fort  assés,  qui  au  costé 
lui  pendoit.  Ils  combatirent  l'un  l'autre  longuement  adonq, 
mais  fort  le  pressoit  Guillaume  de  l'espee,  qui  plus  estoit 
avantaigeuse  pour  luy  que  celle  de  Corbault,  qui  bien  se 
prouvoit  non  pour  tant,  et  moult  donna  de  travail  au  mar- 
chis  Guillaume,  lequel  haulça  l'espee  a  ung  coup  et  en  fery 
Corbault  a  mont  sans  espargnier,  si  que  du  coup,  qui  glissa  au 
coste'  du  heaulme,  lui  emporta  par  terre  l'espaule  toute  jus, 
dont  il  senti  une  angoisse  sy  grant  que  emmi  le  pré  le  con- 
vint verser,  vousist  ou  non,  mais  mye  n'y  fist  la  longue  ge- 
sine,  ainçois  se  releva  le  plus  tost  qu'il  peust,  et,  en  soy  aprou- 
chiant  cautement  de  Guillaume,  gecta  son  bazelere  jus  et  a 
une  main  le  prist,  et  tant  tira  et  saicha  que  bien  le  cuida 
porter  par  terre,  et  ja  lui  eust  fait  grand  desplaisir  quant 
Guillaume  se  prist  a  luy  au  corps,  et  d'un  tour  françois  qu'il 
savoit  le  tournya  tellement  que  dessoubz  le  mist,  qui  que  le 
vousist  voir. 

Moult  furent  joyeux  les  nobles  barons,  le  père  saint  et 
tout  le  clargié  de  Romme,  quant  ilz  virent  Guillaume,  le  no- 
ble chevallier,  ainssy  maintenir  contre  le  Sarrasin  Corbault, 
qui  [n'a]  guieres  avoit  .nii.  champions  requis  et  demendés  pour 
combatre,  et  maintenant  le  veoient  en  peu  de  heure  par  ung 
seul  chrestien  comme  conquis  et  mené  a  oultrancc,  car  il 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  CV 

avoit  l'un  de  ses  bras  pardu  et  copé  tout  jus,  si  que  par  nulle 
voie  du  monde  ne  s'en  pouoit  jamais  aidier.  Et  si  estoit  son 
corps  en  si  grant  subgection  que  Guillaume  le  tenoit  par  des- 
soubz  lui  couchié  de  son  long  et  renvercé.  Si  louèrent  le 
hault  nom  de  Dieu  en  beneïssant  Guillaume  et  louant  Ay- 
mery  qui  tel  enffant  avoit  engendré,  par  lequel  saincte  chres- 
tienté  seroit  exssaulciee  et  la  loy  païenne  confondue  et  ra- 
baissie  ;  et  se  joyeux  estoient  les  chrestiens,  vous  devés  sa- 
voir que  d'aultre  part  estoient  si  troublés  et  couroussés  les 
Sarrasins  pour  leur  seigneur,  que  ils  veoient  en  telle  disposi- 
cion,  que  ja  se  feussent  mis  en  peine  de  lui  aidier,  ne  feust  ce 
que  les  chrestiens  avoient  .un.  rois  en  leur  chastel,  tenans 
ostaiges  pour  la  composicion  et  traictié  fais  entre  eulx,  et 
aussy  pour  tant  que  ils  eussent  leur  foy  parjurée  a  leur  es- 
siant.  Et  quant  Guillaume  vist  le  payen  soubz  lui,  comme 
ouy  avés,  il  rompy  les  lasnieres  du  heaulme  qu'il  avoit  en 
son  chief  et  fist  tant  par  force  qu'il  luy  arracha  hors  du 
chief,  puis  se  leva  pour  prendre  son  espee,  laquelle  il  lui 
avoit  convenu  getter  par  terre  quant  il  prist  le  Sarrassin  aux 
bras  et  au  corps;  et  tandis  se  leva  le  Sarrassin,  qui  moult  le- 
gier  estoit  et  habillé,  et  bien  cuida  retourner  au  corps  de 
Guillaume,  qui  d'aultre  chosse  ne  se  garda  et  fist  ung  sault 
arrière  de  luy,  l'espee  ou  poing,  dont  en  soy  retournant 
fery  le  Sarrassin  a  mont  sur  le  hanepier,  tellement  que  jus- 
ques  en  la  poitrine  luy  mist  le  taillant  et  le  mist  mort  em- 
my  le  pré. 

Sy  tost  comme  Guillaume  vist  le  paien  Corbault  occis,  il 
vint  a  son  cheval  adonq,  puis  monta  dessus  et  s'en  ala  tout 
droit  au  chastel,  dont  le  pont  luy  fut  legierement  abaisié  et 
la  porte  ouverte,  sy  entra  ens,  et  lors  lui  ala  le  père  saint  au 
devant  pour  le  festoier  et  recevoir,  ainssi  comme  bien  apar- 
tenoit.  Sy  devés  savoir  que  de  luy,  des  légaux,  des  cardi- 
naulx  et  aultres  nobles  clercs,  chevaliers,  sinateurs  et  bour- 
gois,  qui  leans  estoient,  fut  baisié,  et  ses  vestemens,  armeii- 
res  atouchiés  par  ceulx  qui  de  plus  prés  ne  le  pouoient  con- 
jouir  et  festoier.  Et  finablement  désarmèrent  Guillaume  et 


CVr  INTRODUCTION 

le  firent  mengicr  et  rcpaistre,  car  grant  besoing  en  avoit,  et 
non  sans  cause.  Et  les  payens  envoyèrent  ou  champ  quérir 
le  corps  de  leur  seigneur  Corbault,  auquel  fortune  avoit  esté 
toute  contraire  celuyjour.  Puis  allèrent  a  consseil  pour  leurs 
ostaiges  ravoir,  lesquieulx  estoient  ou  chastel  dollans  a  mer- 
veilles de  leur  avanture,  qui  estoit  ainssy  advenue,  et  disans 
qu'onques  mais  Corbault  n'avoit  homme  trouvé  qui  contre 
lui  durast  en  champ  ne  qui  osast  le  sien  corps  seulement 
exposser  contre  lui  en  armes,  comme  avoit  fait  Guillaume, 
le  filz  au  conte  Aymery  de  Nerbonne.  Et  quant  le  corps  fut 
du  champ  levé  et  emporté  ou  tref  ouquel  il  avoit  esté  logié, 
lors  vindrent  dixSarrassins  a  la  porte  du  chastel  requérir  que 
on  leur  delivrast  leurs  ostaiges,  puis  que  la  bataille  estoit  fi- 
nie ;  mais  les  nobles  chrestiens,  doubtans  que  par  leur  grant 
mauvaitié  ilz  ne  s'en  vousissent  partir  ne  lesser  la  cité,  al- 
lèrent a  consseil  emssamble,  et  la  conclurent  que  ja  ne  leur 
rendroient  se  premièrement  ilz  ne  avoient  la  cité  vuidiee  et 
habandonnee  du  tout,  car  l'amiral  de  Barbastre,  qu'ilz 
avoient  en  ostaige,  estoit  assés  grant  seigneur  et  puissant 
pour  les  tenir  en  auci  grant  subgection  comme  le  roy  Cor- 
bault; et  qui  demenderoitqui  estoit  celui  amiral  de  Barbas- 
tre, respont  l'istoire  qu'il  estoit  d'Espaigne,  frère  du  vieulx 
amiral  Desramé,  qui  avoit  esté  occis  devant  la  cité  de  Ner- 
bone,  et  père  de  Sallatrie,  la  noble  jouvencelle,  laquelle  es- 
toit en  Gloriete,  le  palaix  d'Orange,  aveques  Orable,  quant 
Guillaume  ala  jouer  aux  esciis  de  bois  devant  le  jeune  Des- 
ramé et  Thibault  d'Arrabbe. 

Le  conseil  des  chrestiens  fini,  fut  le  cardinal  qui  avoit 
esté  quérir  Guillaume  envoyé  donner  la  responce  aux  dix 
Sarrassins,  lesquieulx  l'alerent  raporter  aux  rois  Sarrassins 
de  Tost  et  leur  dirent  :  «  Vos  ostaiges  que  Corbault  bailla  ne 
rares  vous  point,  beaus  signeurs,  »  fet  ilz,  «  se  premièrement 
ne  vous  partes  de  ceste  cité  sans  rien  demollir  ne  plus  de 
mal  faire  que  fait  a  esté,  et  tout  selon  le  traictié  lequel  a 
esté  fait  entre  nous  et  vous.  Mais  bien  ont  prommis  de  les 
vous  rendre  et  amener  hors  la   porte  si  tost  que  vous  avrés 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  CVII 

vostre  sieige  et  voustre  ost  desemparé.  »  Sy  ne  voulurent 
mye  contredire  les  payens,  ains  firent  trompes,  cors  et 
buisines  sonner  pour  deslogier  et  lessier  la  cité,  et  finable- 
ment  furent  les  pleiges  rendus  tant  d'une  part  comme  d'aul- 
tre  et  la  cité  lessée  par  les  Sarrassins,  les  quieulx  s'en  allè- 
rent ainssy  que  les  acordances  avoient  esté  faictes  ;  et  les 
Rommains  qui  fuis  s'en  estoient  es  pais  voisins  s'en  retour- 
nèrent pour  eulx  amesnaigier,  et  Guillaume,  qui  ung  peu  se 
vouloit  refaire  et  cognoistre  le  père  saint,  les  cardinaulx  et 
ausques  de  leur  estât,  se  délibéra  de  séjourner  jusques  a 
.XV.  jours  ou  ung  mois,  mais  mye  n'y  fut  si  longuement, 
comme  l'istoire  le  recordera,  car  en  France  tourna  sy  grant 
meschief  que  merveilles,  tandis  que  le  sieige  de  Romme 
dura,  par  les  princes  et  pers  du  royaulme,  lesquieulx  vou- 
lurent débouter  Louys,  le  filzCharlemeine,  lequel  mouru  en 
icellui  temps,  et  voulurent  faire  roy  le  filz  du  duc  de  Nor- 
mendie,  nommé  Hernaïs,  pour  aulcunes  causes,  lesquelles 
vous  seront  cy  après  desclairees.  Sy  se  taist  a  itant  l'istoire 
du  père  saint,  des  cardinaulx,  des  Rommains,  lesquieulx  se 
relogierent  en  la  cité,  et  du  noble  chevallier  Guillaume,  et 
racompte  des  pers  et  barons  de  France,  lesquieulx  voulurent 
faire  ung  roy  au  vouloir  des  aulcuns  et  au  desplaisir  des 
aultres. 

Comment  l'abbé  de  Saint  Denis  fut  envoyé'  a  Romme  devers 
le  père  saint,  pour  remédier  au  débat  que  les  princes  de 
France  avoient  emssamble  pour  faire  ung  roy  nouvel 
(fol.  iSy  r»). 

Charlemagne  vient  de  mourir,  laissant  deux  fils, 
Louis  et  Lohier.  La  couronne  revient  de  droit  au 
premier,  mais  les  grands  du  royaume  veulent  priver 
les  enfants  de  la  succession  impériale.  Louis,  en  dan- 
ger, s'enfuit  à  Melun.  Le  duc  de  Normandie  et  ses 
partisans  prétendent  qu'il  n'est  qu'un  bâtard,  né  de 
la  reine  Si  bille  et  d'un  nain,  et  que  le  plus  proche 


CVIII  INTRODUCTION 

héritier  du  trône  est  Richard  lui-même,  le  duc  de 
Normandie.  Cependant,  il  se  trouve  encore  des  sei- 
gneurs assez  courageux  pour  défendre  l'honneur  de 
Sibille  et  les  droits  de  Louis  ;  ils  ont  pour  eux  les 
bourgeois  et  le  commun  peuple.  Pendant  que  les  par- 
tisans du  Normand  veulent  réunir  à  Paris  un  parle- 
ment où  l'on  couronnera  Hernaïs,  fils  du  duc,  tous 
ceux  qui  sont  restés  fidèles  à  la  famille  de  Gharlema- 
gne,  et  parmi  eux  l'archevêque  de  Reims,  envoient 
Tabbé  de  Saint-Denis  demander  des  secours  à  Rome. 
Le  messager  se  rend  auprès  du  pape,  lui  expose  sa 
mission,  lui  dit  que  sur  douze  pairs  dix  sont  pour 
Hernaïs,  deux  seulement  pour  Louis.  Guillaume,  qui 
est  présent  à  cet  entretien,  gémit  d'abord  sur  la  mort 
de  Charlemagne,  puis  s'écrie  :  «  Je  servi  le  père,  sy 
doy  aimer  et  cognoistre  le  fils.  » 

Il  obtient  du  pape  le  pouvoir  d'excommunier  ceux 
qui  s'opposeront  à  l'élection  de  Louis,  et  part  pour 
Paris.  Arrivé  dans  la  grande  ville,  il  descend  chez  son 
hôte  habituel,  à  qui  il  fait  connaître  le  but  de  son 
voyage  et  qu'il  prie  de  garder  le  secret  sur  son  arrivée. 
Cependant,  le  troisième  jour,  se  tient  le  fameux  par- 
lement réuni  par  Richard.  Guillaume  envoie  d'abord 
son  hôte  aux  informations,  puis  il  se  rend  lui-même 
au  palais,  seul,  une  épéesous  son  manteau. 

Comment  Guillaume,  le  fils  Aymery  de  Nerbonne,  envoya 
quérir  Laouys^  le  filsf  Charlemeine,  a  Melun  et  le  fist 
couronner  a  Rains  et  espouser  sa  sueur  Blanchefluer 
(fol.  160  v«). 

Guillaume  se  rend  donc  au   palais,  traversant  une 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  CîX 

foule  qui  ne  le  reconnaît  pas,  parce  qu'on  ne  se  doute 
pas  de  sa  présence  à  Paris  et  parce  que  le  soleil  d'Ita- 
lie l'a  bruni.  Le  portier,  qui  a  la  consigne  de  ne  plus 
laisser  entrer,  lui  ouvre  cependant  lorsque  Guillaume 
se  fait  connaître  (c'est  une  réminiscence  de  la  scène 
du  poème  entre  Guillaume  et  le  portier  de  Tours). 
Celui-ci  arrive  dans  la  salle  du  conseil,  rompt  la 
presse  et  s'avance  aux  premiers  rangs,  «  emmy  le 
parc  ». 

Quant  Guillaume  fu  emmy  le  parc  entré,  si  que  plus  ne 
pouoit  passer  sans  excéder  le  terme  des  aultres  grans  sei- 
gneurs, et  qu'il  vist  les  nobles  princes,  ducs  et  contes,  assis 
par  ordre  comme  en  ung  parlement,  et  le  duc  Richart  de 
Normendie  a  costé  d'un  hault  dois  richement  ordonné  par 
grant  magnificence,  ou  millieu  duquel  estoit  Hernaïs  son  fils, 
assis  comme  en  magesté,  atendant  l'onneur  qu'on  lui  devoit 
par  la  deliberaction  des  ducs,  contes  et  barons  illeques  assis- 
tens  présenter,  se  aulcuns  n'y  avoit  contredisans,  se  aparut 
ileq  Guillaume,  le  filz  Aymery,  lequel  getta  par  terre  le  man- 
tel  endossé,  et  demoura  en  son  harnaiz  tout  cler  ou  verny 
de  roeil,  ainssy  et  tel  comme  il  avoit  aporté  de  Romme,  et 
monta  sur  le  faulxdesteil,  si  que  bien  peust  ataindre  a  Her- 
naïz,  qui,  comme  vous  avez  ouy,  esloit  plus  hault  que  nul 
aultre,  et  de  l'espee  qu'il  tenoit  nue  lui  donna  ung  coup  si 
grant  que  le  chief  lui  fist  plus  de  dix  piez  voiler  emmy  le 
parc,  voire  en  criant  «  Nerbonne  »  si  haultement  que  de 
toutes  pars  peust  bien  estre  ouy  et  entendu.  Mais  mye  ne  se 
tint  a  itant,  ains  assena  le  duc  d'Orléans  et  le  mist  mort 
comme  Tautre,  car  c'estoit  celluy  qui  plus  prés  de  luy  estoit, 
et  qui  son  fait  avoit  le  plus  suporté  a  son  advis.  Lambert,  le 
comte  de  Montfort,  estoit  d'aultre  part  assiz,  qui  autant  en 
receut  par  sa  main;  et  quant  le  duc  Richart  vist  l'cxecuc- 
tion  que  Guillaume  faisoit,  il  fust  sy  esbahy  que  il  se  mise 
en  fuite  et  se  bouta  par  mi  les  gens  qui  la  estoient,  lesquieulx. 


ex  INTRODUCTION 

ou  la  plus  grant  partie,  furent  si  espardus  que  chascun  s'es- 
carta  l'un  ça  Tautre  la,  ne  oncques  n'y  eust  homme  qui  a 
deffence  sceut  le  sien  corps  mettre  par  la  grâce  de  Dieu, 
ainssi  comme  il  pouoit  visiblement  sembler. 

Alors  les  uns  prirent  la  fuite,  les  autres  se  soumi- 
rent et  obtinrent  grâce.  En  apprenant  ce  qui  se  pas- 
sait, les  bourgeois,  marchands,  laboureurs,  gens 
d'église  et  de  tous  autres  états  coururent  aux  armes 
pour  soutenir  Guillaume,  qui,  en  peu  de  temps,  devint 
ainsi  le  maître  de  Paris. 

L'ennemi  dispersé,  on  fît  des  fêtes,  on  envoya  cher- 
cher Louis  à  Melun  et  on  le  reçut  à  Paris  avec  les  plus 
grands  honneurs.  Puis  «  Guillaume  et  ceulx  de  Paris 
firent  de  par  le  fîlz  Gharlemeine,  Loys,  mander  tous 
les  princes,  pers  et  barons  de  France,  pour  venir  au 
couronnement  et  sacre  de  leurroy  a  Rains,  ainssi  qu'il 
est  acoustumé.  »  Le  sacre  fut  suivi  de  fêtes  qui  durè- 
rent huit  jours,  pendant  lesquelles  Guillaume,  qui 
gouvernait  de  fait  sous  le  nom  de  Louis,  proposa  au 
roi  pour  femme  sa  sœur  Blanchetieur.  Le  roi  ayant 
accepté,  Guillaume  envoya  immédiatement  des  mes- 
sagers à  Narbonne  pour  y  donner  des  nouvelles  de  ce 
qui  se  faisait  à  Paris  et  pour  demander  qu'on  amenât 
Blanchefleur  en  grande  pompe. 

Le  mariage  fut  une  occasion  de  prolonger  les  fêtes 
qui  durèrent  encore  quinze  jours,  après  lesquels  «  la 
cour  départit  » .  Aimery  de  Narbonne  et  ses  fils  res- 
tèrent auprès  du  roi.  L'alné  de  ceux-ci,  Hernaïs, 
obtint  de  Louis  le  duché  d'Orléans,  dont  le  seigneur 
a  avoit  par  le  sien  frère  Guillaume  esté  occis,  et  en 


REMANIEMENTS  EN  PROSE  ^CXI 

espousa  la  duchesse,  car  de  par  elle  cstoit  la  terre 
venue,  laquelle  le  comte  qui  mort  estoit  ne  pouoit  par 
son  meffait  avoir  confisequee  ne  pardue»;  Louis  donna 
à  Aimer  Venise  à  conquérir  sur  les  Sarrasins  et 
20000  hommes  pour  cette  conquête.  Guillaume  vint 
à  son  tour  demander  au  roi  la  permission  de  con- 
quérir sur  les  infidèles  Nîmes,  Béziers,  Carcassonne, 
Montpellier,  Orange  et  le  pays  qui  entoure  Narbonne. 
Le  roi  lui  accorda  ces  terres.  Suit  alors  la  rubri- 
que : 

Comment  Guillaume,  le  fils  Aymery,  conquist  la  cité  de 
Nismes  par  subtillité  qu'il  trouva^  a  l'aide  des  gens  que  le 
roy  de  France  lui  bailla  (fol.  i66  v»}. 

Et  le  récit  du  Charroi  de  Nimes  commence,  ex 
abrupto^  sans  le  magnifique  début  qui  fait  le  plus 
grand  mérite  de  la  chanson  de  geste. 

D'après  les  sous-familles  A  et  B  de  notre  poème, 
Guillaume  était  à  Rome  en  simple  pèlerin  lorsque  les 
Sarrasins  y  arrivèrent  -,  d'après  la  famille  G,  Guil- 
laume était  encore  à  la  cour  d'Aix,  où  il  venait  de 
couronner  le  jeune  Louis,  lorsque  des  légats  vinrent  de 
la  part  du  Saint  Père  implorer  l'assistance  des  Francs 
contre  les  Sarrasins.  Dans  le  manuscrit  en  prose  de 
la  Bibliothèque  nationale,  Guillaume  est  à  Narbonne, 
chez  son  père,  quand  les  ambassadeurs  du  pape  vien- 
nent demander  des  secours.  Le  manuscrit  de  l'Arsenal 
aurait  fourni  sur  ce  point  la  même  version,  s'il  avait 
eu  à  raconter  cette  expédition  de  Guillaume  en  Italie. 
En  effet,  il  finit  ainsi  : 

Chascun  des  autres  prist  congîé  quant  bon  lui  sambla  et 


CXII  INTRODUCTION 

retournèrent  en  leur  païs  joieux  et  comptent  de  la  paix  de 
l'empereur,  de  la  dame  et  de  Louis  le  damoisel,  qui  puis 
fut  chacié  hors  de  Paris,  après  la  mort  Charlemaine,  et  re- 
cueilliz  par  Guillaume  d'Orenge,  le  filz  Aimery,  qui  puis 
donna  sa  suer  en  mariage  a  Louys,  ainsy  comme  le  livre  sur 
ce  fait  [racompte] ,  que  ne  puet  mie  l'istorien  tout  mettre  avecq 
cestui,  qui  fine  a  tant,  et,  pour  commencer  le  surplus,  faul- 
droit  venir  au  père  saint,  qui  trouva  les  payens  en  son  pays 
et  manda  Guillaume  en  F'rance  pour  lui  aidier  (fol.  3j8). 

Les  remaniements  semblent  donc  se  rapprocher  de 
la  famille  en  vers  G.  Ce  n'est  pourtant  pas  une  raison 
de  croire  que  les  remanieurs  se  soient  servis  de  la 
leçon  de  G.  D'abord,  dans  G,  comme  je  viens  de  le 
dire,  Guillaume  est  à  Aix,  à  la  cour,  lorsque  les  légats 
arrivent,  tandis  que,  suivant  les  auteurs  en  prose,  il 
est  à  Narbonne  dans  sa  famille.  En  second  lieu  G, 
comme  les  autres  familles  en  vers,  ne  place  l'expédi- 
tion en  Italie  qu'après  le  couronnement  de  Louis  à 
Aix-la-Ghapelle,  tandis  que  les  remaniements,  d'après 
une  rédaction  que  nous  n'avons  plus,  mais  que  j'ai 
prouvé  ^  avoir  existé,  met  au  premier  rang  la  lutte  de 
Guillaume  contre  Gorsolt.  Gette  lutte,  dans  l'ouvrage 
en  prose,  est  devenue  on  ne  peut  plus  banale.  Qu'on 
cha  nge  le  nom  des  deux  champions  et  on  ne  verra  plus  à 
quel  poème  le  prosateur  songeait  en  écrivant  :  Gorsolt 
n'est  plus  le  champion  du  roi  Sarrasin,  c'est  Gorbault 
lui-même  qui  est  le  roi,  comme  Gorsuble  dans  Ogier 
de  Danemarche;  il  n'est  plus  question  de  Gaifier,  roi 
de  Police,  ni  de  sa  fille  ;  enfin,  il  n'est  fait  aucune 

I ,  Cf.  page  Lxxxviii. 


LE  CORONEMENT  LOOlS  A  L  ETRANGER  CXIII 

allusion  à  la  fameuse  blessure  qui  valut  à  Guillaume 
le  surnom  de  au  Court  Nez.  L'absence  de  ce  dernier 
détail  nous  est  expliquée  par  la  chronique  française  du 
manuscrit  B.  N.  fr.  5oo3  déjà  citée  :  «Guillaume 
d'Orange  avoit  eu  le  bout  du  nés  coupé  a  la  m* 
bataille  ou  il  fut  devant  Nerbonne.  Si  Tapplerent 
plusieurs  Guillaume  au  court  nés.  » 


IV.  —  LE  CORONEMENT  LOOIS  A  L  ETRANGER 


A  l'étranger,  notre  chanson  ne  semble  pas  avoir 
été  bien  répandue.  On  crut  d'abord  que  Ulrich  von 
dem  Turlin  l'avait  connue,  mais  il  est  aujourd'hu 
démontré  que  le  passage  de  VArabellens  Entfûhrung 
sur  lequel  on  appuyait  cette  assertion  a  été  inspiré 
par  les  quelques  vers  que  j'ai  cités  plus  haut  de  la 
chanson  dCAliscans^  traduite  dans  le  Willehalm  de 
Wolfram  d'Eschenbach  (i). 

Les  traductions  Scandinaves  de  nos  vieux  poèmes 
ne  font  aucune  mention  du  Coronement  Looïs, 

En  Italie,  deux  textes,  Tun  du  xiv*  siècle,  l'autre 
de  la  fin  du  xv^,  se  rapportent  à  notre  chanson. 

Le  premier  est  un  passage  des  Nerbonesi. 

Les  Nerbonesi  (2)  racontent  le  couronnement  de 


1.  Voyez  Romania  II,  p.  m,  l'article  de  M,  Suchier. 

2.  Le  Storie  Nerbonesi,  roman\o  cavalleresco  del  secoîo  xiv, 


CXIV  INTRODUCTION 

Louis,  mais  d'une  manière  tout  autre  que  la  chan- 
son de  geste  \  d'après  celle-ci,  le  jeune  empereur  est 
couronné  en  présence  même  de  son  père,  au  grand 
conseil  que  Charlemagne  a  réuni  à  Aix  ;  suivant  Tau- 
teur  italien,  Charles,  dans  l'assemblée  qui  se  tient  à 
Arles,  désigne  seulement  son  successeur  Louis,  qui  ne 
sera  couronné  que  dans  sept  ans,  et  lui  donne  un 
régent.  Du  reste,  les  deux  versions  sont  tellement  diffé- 
rentes qu'il  est  impossible  d'établir  un  parallèle  entre 
elles.  Voici  l'analyse  du  passage  des  Nerbonesi  qui  fait 
mention  de  notre  légende  ;  on  pourra  la  comparer  au 
poème  et  se  rendre  compte  de  la  désinvolture  avec  la- 
quelle l'auteur  italien  a  donné  cours  à  son  imagination  : 

Guillaume  était  encore  à  Pampelune(I,  242),  lors- 
qu'une nuit,  pendant  son  sommeil,  lui  apparut  une 
dame  vêtue  de  blanc,  qui  lui  dit  :  «  Abandonne  les 
affaires  d'Espagne  et  chevauche  nuit  et  jour,  jusqu'à 
ce  que  tu  sois  arrivé  auprès  de  Charles,  parce  qu'il 
faut  soutenir  le  royaume  de  France.  »  Guillaume 
obéit  et  vint  à  XvXts^ad  Arli  del  Bianco^oxx  était 
Charles  avec  tous  ses  barons,  «  princes,  ducs,  rois, 
marquis  » . 

Cependant  Charles  avait  réuni  tous  ses  leudes  dans 
réglise  Sainte-Marie  d'Arles  ;  il  y  avait  fait  venir  son 
fils  Louis,  à  qui  il  voulait  laisser  par  testament  les  rênes 
du  gouvernement.  Là,  après  quelques  paroles  assez 
banales  sur  la  vanité  des  choses  de  ce  monde,  sur  la 


pubblicato  per  cura  di  I.  G.  Isola,  vol.  I  (Colle:{ione  di  opère  inédite 
o  rare  dei  primi  tre  secoli  délia  lingua;  Bologna,  G.  Romagnoli, 

1877). 


LE   CORONEMENT  LOOÏS  A  l'ÉTRANGER  CXV 

brièveté  de  h  vie,  sur  la  nécessité  d'être  prêt  à  la 
mort,  sur  les  origines  de  la  famille  impériale,  qui 
remonte  à  Constantin,  sur  les  services  qu'elle  a  ren- 
dus à  rÉglise,  sur  la  fermeté  avec  laquelle  elle  a  dé- 
fendu Toriflamme  que  Dieu  lui  a  confiée,  l'empe- 
reur raconte  la  révélation  d'un  ange  qui  lui  a  prédit 
sa  mort  pour  la  saint  Pierre.  «  Vous  savez  qu'alors  la 
couronne  doit  revenir  à  mon  fils  Louis,  encore  trop 
jeune  pour  pouvoir  la  garder.  Je  veux  lui  donner  un 
tuteur  qui  la  défende  pendant  sept  ans,  qui  dirige  le 
royaume,  qui,  au  bout  de  ce  temps,  arme  mon  fils 
chevalier,  le  couronne  roi  de  France,  lui  donne  une 
femme  de  son  lignage,  afin  d'unir  par  le  sang  les  deux 
familles.  Choisissez  donc,  je  vous  prie,  parmi  vous 
un  noble  baron  capable  de  rendre  la  justice  aux  pau- 
vres et  aux  riches,  aux  hommes  et  aux  femmes,  aux 
grands  et  aux  petits,  aux  veuves  et  aux  orphelins,  et 
de  maintenir  la  sainte  foi  chrétienne.  »  Quand  Charles 
eut  cessé  de  parler,  tous  les  seigneurs  se  regardèrent 
les  uns  les  autres,  mais  aucun  d'eux  n'osa  accepter 
la  couronne.  Un  seul,  un  puissant  baron,  qui  avait 
nom  Macaire  de  Lausanne  et  était  de  la  famille  des 
Maïençais,  la  demanda  à  Charles,  en  lui  promettant 
de  suivre  exactement  ses  recommandations.  L'empe- 
reur, un  peu  déconcerté  par  cette  proposition,  répon- 
dit :  «  Macaire,  ton  offre  m'est  très  agréable  ;  puisse 
Dieu  récompenser  ton  bon  cœur,  mais  je  ne  veux  pas 
te  donner  tant  de  peine,  c'est  pourquoi  ni  toi  ni  per- 
sonne de  ton  lignage  n'aura  cette  charge.  »  Ensuite 
Charles  s'adresse  à  son  gendre,  «  Bernard  de  Busbant  » , 
le  priant  de  prendre  la  couronne  pour  sept  ans;  mais 


CXVI  INTRODUCTION 

Bernard  s'excuse  en  alléguant  sa  faiblesse  et  sa  crainte 
des  Maiençais,  le  jeune  âge  de  son  propre  fils,  qui  a 
besoin  de  lui  ;  toutefois,  il  défendra  jusqu'à  la  mort 
Louis  et  sa  couronne,  quand  on  les  attaquera»  Charles 
fait  successivement  la  même  demande  aux  autres  fils 
d'Aimeri,  à  Beuves,  à  Hernaut,  à  Garin  d'Anseùne, 
à  Guielin  ;  tous  s'excusent.  Après  les  Narbonnais, 
Charlemagne  s'adresse  au  roi  de  Hongrie,  puis  à 
beaucoup  d'autres  seigneurs,  mais  aucun  n'ose  accep- 
ter. Le  lendemain,  l'empereur  réunit  de  nouveau  ses 
barons  et  renouvelle  ses  prières,  mais  il  éprouve  les 
mêmes  refus.  Déjà  il  perd  tout  espoir,  lorsqu'on  lui 
annonce  l'arrivée  d'une  troupe  de  chevaliers  :  c'est 
((  Guglielmo  Lancionieri  »  qui  revient  d'Espagne. 

Guillaume  entre  dans  l'église,  et,  pendant  que  tous 
les  barons  se  lèvent  pour  l'honorer,  va  saluer  l'em- 
pereur. Charles  lui  raconte  alors  sa  vision  et  lui 
adresse  la  même  demande  qu'il  a  déjà  faite  inutile- 
ment à  tout  son  entourage  ;  Guillaume  répond  : 
«Votre  prière  est  un  ordre;  je  reconnais  votre  fils  pour 
mon  seigneur,  j'offre  d'être  son  champion  toute  ma 
vie,  de  lui  défendre  sa  couronne  pendant  sept  ans 
contre  quiconque  voudra  la  prendre,  fût-ce  même 
contre  Aimeri  de  Narbonne  mon  père  ou  contre  mes 
frères  »  (p.  269).  Charles  embrasse  Guillaume,  le  bé- 
nit et  lui  donne  plein  pouvoir  pendant  sept  ans  dans 
le  royaume  de  France.  Il  veut  même  lui  mettre  la 
couronne  sur  la  tête,  mais  Guillaume  jure  par  le 
vrai  Dieu  qu'il  ne  la  portera  jamais  ainsi,  et  se 
contente  de  la  passer  autour  de  son  bras;  puis,  après 
avoir  reçu  la  bénédiction  du  pape,  il   se  tourne  vers 


LE  CORONEMENT  LOOÏS  A   L'ÉTRANGER  CXVII 

les  barons  et  proclame  Louis.  Tous  les  seigneurs  pré- 
sents promettent  à  Guillaume  de  Paider  dans  la  dé- 
fense de  Louis  et  du  royaume,  «  bene  ch'alcuno  si  fusse 
proferto  ch'arebbe  voluto  il  contrario  di  questo  ». 

Charles,  plein  de  joie,  remercie  ses  barons,  puis 
fait  un  court  testament.  Il  laisse  le  royaume  à  Louis, 
200,000  écus  d'or  à  l'église  Sainte-Marie  d'Arles,  une 
dotation  magnifique  à  une  chapelle,  qui  prit  depuis 
son  nom  ;  à  Guillaume,  il  laisse  de  quoi  marier  mille 
jeunes  filles  pauvres  et  lui  recommande  ses  deux 
filles.  Élise  et  Rosarès.  Ensuite  le  vieil  empereur 
marie  sa  fille  Élise  à  Élie,  descendant  des  Scipion, 
qu'il  fait  duc  d'Orléans,  puis  arme  chevalier  Guibelin, 
qu'il  envoie  reprendre  Andrenas.  Enfin,  «  passato  il 
termine,  come  lo  re  Carlo  avia  detto,  morî  il  di  di 
santo  Piero,  a  di  .xxix.  di  giugno,  negli  anni  del  nos- 
tro  signore  Giesu  Cristo  ottocento  .xxvii.  «  (p.  267). 
Ce  fut  un  deuil  immense  pour  tout  le  royaume. 

On  exécuta  le  testament  de  Charles  ;on  fit  porter 
son  corps  à  Paris,  puis  Guillaume  s'entendit  avec  ses 
frères  et  les  autres  barons  sur  les  moyens  de  défendre 
Louis  envers  et  contre  tous. 

Quelque  temps  après,  Guillaume,  allant  à  Tou- 
louse, au  secours  de  Guibelin,  laissa  Bernard  de 
«  Busbant  »  à  Paris  pour  garder  Louis.  Profitant  de 
cette  occasion,  des  seigneurs,  jaloux  de  la  puissance  des 
Narbonnais,  s'entendirent  pour  couronner  Louis  e^ 
chasser  de  Paris  la  famille  d'Aimeri.  Après  avoir  fait 
courir  sur  Guillaume  les  plus  injustes  calomnies  et 
avoir  gagné  à  leur  cause  la  plupart  des  Parisiens,  ils 
se  disposaient  à  exécuter  leurs  desseins,  lorsqu'un 


CXVni  INTRODUCTION 

homme,  nommé  F'éricon,  qui  avait  été  mis  au  courant 
des  machinations,  alla  prévenir  Bernard.  Bernard, 
n'étant  pas  en  état  de  résister  aux  traîtres,  s'enfuit  de 
nuit  avec  Louis  et  quelques  chevaliers  seulement  et 
vint  à  Avignon.  Le  lendemain,  les  conjurés  arrivèrent 
en  armes  au  palais  royal,  mais  Bernard  et  Louis  n'y 
étaient  plus.  Décontenancés,  ils  résolurent  de  cacher 
leurs  criminelles  intentions  et  d'aller  au  camp  de 
Toulouse  rejoindre  Guillaume,  croyant  que  leur 
trahison  ne  serait  pas  découverte. 

Cependant  d'Avignon  Bernard  avait  conduit  le 
jeune  roi  à  Toulouse.  Il  avait  donné  pour  prétexte  de 
son  arrivée  inattendue  au  camp  le  désir  de  Louis  de 
voir  la  guerre. Guillaume  qui,  seul  avait  été  mis  au  cou- 
rant des  événements,  avait  alors  conclu  avec  les  Sarra- 
sins une  trêve  de  cinq  ans,  et  le  traité  avait  été  célébré 
par  des  fêtes  dans  les  deux  armées.  C'est  au  milieu  de 
ces  fêtes  qu'arrivèrent  les  traîtres.  Guillaume  les  reçut 
courtoisement,  feignant  de  tout  ignorer. 

Les  fêtes  terminées,  on  revint  à  Paris,  et  Guillaume 
ordonna  à  tous  les  seigneurs  d^  accompagner  le  roi. 
Arrivés  là,  les  Narbonnais  firent  arrêter  de  nuit 
les  principaux  coupables,  et  quinze  barons  furent  exé- 
cutés sur  la  place  publique  ;  après  quoi,  les  autres 
seigneurs  furent  congédiés  et  Guillaume  ne  garda  avec 
lui  que  «  Bernart  de  Busbant  et  Bueves  de  Cor- 
mariz  ».  Il  s'occupa  alors  de  maintenir  la  paix  dans 
tout  le  royaume,  ce  qui  lui  valut  les  louanges  de  toute 
la  France  et  de  toute  la  chrétienté. 

Lorsque  la  septième  année  de  sa  régence  fut  près 
d'expirer,  Guillaume  fit  venir  à  Paris  toute  sa  famille, 


LE  CORONEMENT  LOOIS  A  L  ETRANGER     CXIX 

son  père,  sa  mère,  ses  frères  et  sa  sœur  Brancifîor, 
qui  devait  être  donnée  pour  épouse  à  Louis,  et  le  pape 
lui-même  se  rendit  à  son  invitation.  Le  jour  fixé,  tout 
le  monde  se  réunit  sur  une  place  de  Paris  luxueuse- 
ment ornée,  et  là,  après  de  nombreux  discours,  Guil- 
laume prit  la  couronne  à  deux  mains  et  la  posa  sur 
la  tête  de  Louis,  «e'I  papa  gliela  confermô  »  (p.  36o). 
Et  tout  le  monde  s'écria  :  «Vive  le  roi  Louis  !  »  Puis 
Louis  épousa  Brancifîor,  et,  après  plusieurs  jours  de 
fêtes,  tous  les  invités  se  retirèrent  ;  mais  Guillaume 
resta  à  Paris.  On  l'appelait  Guillaume  Sans-Terre, 
parce  qu'il  ne  possédait  aucun  domaine.  Pendant  sa 
régence,  il  avait  été  souvent  appelé  au  secours  de 
deux  villes  situées  l'une  au-dessus,  Pautre  au-dessous 
d'Avignon;  la  première,  appelée  Orange,  assise  sur 
le  Rhône,  la  seconde,  Nîmes,  près  de  la  mer. 
Guillaume  résolut  de  faire  la  conquête  de  ces  deux 
villes. 

Ainsi  s'annonce  le  Charroi  de  Nîmes. 

Ici,  du  reste,  s'arrête  le  traité  de  PoUieri,  médecin 
d'Aimeri  de  Narbonne,  mort  avant  de  l'avoir  ter- 
miné, mais  on  l'achèvera  à  l'aide  des  autres  livres  qui 
font  mention  des  Narbonnais  (p.  365). 

C'est  sur  cette  grossière  supercherie  que  nous  nous 
arrêtons.  Cette  analyse  suffit  pour  donner  une  idée  du 
rifacimento  et  pour  montrer  quelles  modifications  il 
a  fait  subir  à  la  légende.  Son  auteur  est-il  responsable 
de  toutes  ces  altérations,  ou  s'est-il  inspiré  d'une  ver- 
sion du  poème  qui  ne  nous  serait  pas  parvenue  et  qui 
aurait  été  déjà  elle-même  notablement  changée  ?  Il  est 
difficile  de  faire  à  cette  question  une  réponse  satisfai- 


CXX  INTRODUCTION 

santc.  Quant  à  la  conspiration  qui  vint  si  piteusement 
échouer  dans  les  appartements  vides  du  roi  parti  la 
veille,  répond-elle  à  la  troisième,  ou  à  la  cinquième 
partie  de  notre  poème?  Est-ce  un  souvenir  vague  de 
ces  deux  parties  confondues  dans  la  mémoire  du 
remanieur  ?  Est-ce  une  amplification  inventée  par 
celui-ci  de  la  trahison  d'Arneis  d'Orléans  rem- 
placé par  Macairede  Lausanne?  Ici  encore  je  ne  puis 
répondre. 

Le  second  texte  italien  a  été  signalé  pour  la  pre- 
mière fois  par  Melzi  dans  la  Bibliogvafia  dei  ro- 
man:{i  e  poemi  cavallereschi  italiani  ^,  sous  cette 
rubrique  :  La  Incoronatione  del  Rey  A  lois i  fi- 
gliîiolo  di  Carlo  Magno  Imperadore  di  Fran- 
cia  y  composta  da  Michel  Angelo  di  Christo- 
phano  da  Volterra  ^y  sen\a  nota  di  luogo,  anno  e 
stampatore  ^,  in-^°.  Le  seul  exemplaire  connu  est  à  la 
bibliothèque  Laurentienne  à  Florence  (Pal.  E,  6, 
n.  25);  M.  Pio  Rajna,  à  qui  j'adresse  ici  mes  plus 
sincères  remerciements,  a  bien  voulu  me  communi- 


1.  Milano,  2«  édition,  i838,  in-So,  p.  298). 

2.  Michelangelo  di  Cristoforo  da  Volterra,  né  en  1464,  est  l'au- 
teur de  deux  autres  poèmes;  l'un  a  pour  sujet  Ugo  d'Alvernia;  il 
fut  terminé  en  1484;  (cf.  Bandini,  Bibl.  Leop.;  supplément  II, 
p.  238,  notice  du  ms.  Pal.  82.  —  Renier,  Discesa  di  Ugo  di  Alver- 
nia  allô  Inferno^  dans  la  Scelta  di  curiosità  letterarie,  disp.  194,  In- 
troduction, p.  Lxxv  et  suiv.);  l'autre  est  une  description  des  «  mira- 
bili  et  inaldite  belle^e  del  Campa  Santo;  l'unique  exemplaire  connu 
de  ce  dernier  poème  est  à  l'Arsenal  à  Paris  (cf.  d'Ancona,  N.  Anto- 
logia.  XXIX,  68). 

3.  M.  Rajna  pense  qu'il  fut  imprimé  au  commencement  du 
xvi«  siècle. 


LE  CORONEMENT  LOOIS  A  L  ETRANGER     GXXI 

niquer  les  notes  qu'il  possède  sur  ce  volume  et  que  je 
vais  résumer  en  quelques  lignes.  Le  poème  perd,  du 
reste,  beaucoup  de  son  intérêt  par  le  fait  qu'il  est  ex- 
trait des  Nerbonesi. 

L'auteur  indique  lui-même  cette  source  en  maints 
endroits  : 

Corne  in  sul  Nerbonese  si  ragiona... 
Corne  si  trova  chiaro  nel  Nerbonese...  etc. 

Après  la  conquête  de  TEspagne,  Charlemagne,  de 
retour  en  France,  épouse  la  fille  de  Tempereur  de 
Constantinople,  Bellisante.  De  cette  union  naît  un 
'fils,  Louis.  A  la  mort  de  Charles,  Guillaume  est  chargé 
de  la  tutelle  de  Louis  pendant  sept  ans.  Les  sept  ans 
écoulés,  Guillaume  réunit  sa  cour  à  Paris.  Tous  les 
grands  de  l'empire  y  accourent  ;  Aimeri  y  amène  sa  fille 
Blanchefleur,  que  Louis  doit  épouser,  selon  les  der- 
nières volontés  de  Charlemagne.  L'auteur  consacre 
1 06  strophes  à  décrire  les  décorations  de  la  place  où 
doit  avoir  lieu  la  cérémonie.  Le  couronnement  et  le 
mariage  de  l'empereur  sont  suivis  d'un  tournoi,  à  la 
description  duquel  l'auteur  emploie  encore  82  stro- 
phes. Le  poème  entier  n'en  ayant  que  262,  M.  Rajna 
remarque  justement  que  le  titre  et  le  sujet  du  poème 
ne  sont  qu'un  encadrement  à  ces  longues  descrip- 
tions. 

Voici  la  première  strophe  du  poème  : 

O  regina  del  cielo  o  vera  donna 
deU'universo  piu  che  imperadrice 
nostra  vera  salute  et  gran  colonna 
che  nelli  eiecti  ha  messo  le  radice 


CXXII  INTRODUCTION 

io  ti  priego  xMaria  di  noi  madonna 
tu  che  sopra  dell'altre  se  felicie 
che  doni  tâto  ingegno  a  mia  memoria 
che  seguir  possa  una  gentile  historia. 

Le  volume  se  termine  ainsi  : 

Finita  la  incoronatioe  del  re  Aloy 
si  figluolo  di  Carlo  Magno  Imperado 
re  di  Frâcia  composta  da  Michelangio 
lo  di  Christophano  da  Volaterra 
Finis. 


MANUSCRITS    DU    CORONEMENT   LOOIS. 


Huit  manuscrits  contenant  le  Coronement  Looïs, 
en  entier  ou  en  fragments,  nous  sont  aujourd'hui  con- 
nus. Deux  se  trouvent  à  l'étranger,  l'un  à  Milan,  à  la 
bibliothèque  des  Trivulzi  (fol.  22-38),  et  l'autre  à 
Londres,  au  British  Muséum,  bibl.  du  Roi,  20  D,  XI 
(fol.  io3-ii2).  Six  sont  restés  en  France:  Tun  est  à 
la  bibliothèque  de  Boulogne-sur-Mer,  S^^  Bertint, 
192  (fol.  21-38),  les  5  autres  à  la  bibliothèque  natio- 
nale, fr.  774  (fol.  18-33),  fr.  1449  (fol-  23-38),  fr. 
24369  (fol.  75-90),  fr.  1448  (fol.  88-89). 


I.  Description  des  manuscrits. 
Le    manuscrit    du    British    Muséum    est    du 


MANUSCRITS  CXXIII 

XIV*  Siècle  ^  Son  texte,  bien  qu'il  offre  beaucoup  de 
bonnes  leçons,  a  reçu  pourtant  d'assez  nombreux  ra- 
jeunissements. Par  exemple,  des  expressions  qui  se 
trouvent  dans  les  manuscrits  B.  N.  744  et  1449,  mais 
qui  au  xiv*  siècle  avaient  vieilli,  ont  été  remplacées 
par  d'autres  plus  modernes.  De  même  des  mots  ter- 
minés par  la  syllabe  ien,  que  l'original  admettait  dans 
les  assonances  en  ié,  en  ont  été  rejetés  par  le  manus- 
crit de  Londres  aussi  souvent  que  possible.  Ce  ma- 
nuscrit contient  Garin  de  Monglane,  Girart  de 
Vienne,  Aimeri  de  Narbonne,  le  Département  des 
enfan:{  A  imeri,  les  Enfances  Guillaume,  le  Siège  de 
Narbonne,  le  Coronement  Looïs,  le  Charroi  de  Ni- 
mes,  la  Prise  d'Orange,  les  Enfances  Vivien,  le  Co- 
venent  Vivien,  Aliscans^  la  Bataille  Loquifer,  le 
Moniage  Guillaume,  le  Siège  de  Barbastre,  Gui- 
bert  d'Andrenas,  la  Mort  Aimeri  de  Narbonne, 
Foulque  de  Candie, 

Ce  manuscrit  a  été  décrit  par  Fr.  Michel  ^  et 
récemment  par  M.  Couraye  du  Parc  ^. 

2"  Le  manuscrit  du  duc  de  Trivulzi  a  été  l'objet 
d'une  notice  de  M.  Rajna,  dans  la  Romania  ^.  Il  est 
de  la  seconde  moitié  du  xiu^  siècle^;  il  contient  les 

1.  Je  dois  à  Miss  Lucy  Toulmin  Smith  une  excellente  copie  de  ce 
manuscrit. 

2.  Rapports  au  ministre...  (Doc.  inédits.) 

3.  La  Mort  Aymeri  de  Narbonne  (Soc.  des  Ane.  Textes,  1884). 

4.  Rom.  1877,  p.  257-261. 

5.  C'est  par  erreur  que  M.  L.  Gautier  (Épop.  fr.  IV,  Addi- 
tions et  Rectifications)  le  place  entre  les  années  i3i2  et  i328.  Ces 
deux  dates  sont  données  par  M.  Rajna  comme  étant  celles  du  do- 
gat  de  Giovanni  Soranzo,  dont  le  nom  est  écrit  au  verso  du  der- 


CXXIV  INTRODUCTION 

Enfances  Guillaume,  \e  Coronement  Loois,\t  Charroi 
de  Nîmes,  la  Prise  d'Orange,  les  Enfances  Vivien,  le 
Covenans  Vivien,  Aliscans,  la  Bataille  Loquifer,  le 
Moniage  Renouart,  le  Montage  Guillaume. 

Beaucoup  de  ces  poèmes  ont  été  mutilés  au  début 
et  à  la  fin  par  la  disparition  d'un  ou  de  plusieurs 
feuillets,  enlevés  sans  doute  à  cause  des  miniatures 
qu'ils  contenaient.  Le  Coronement  Looïs^  heureuse- 
ment, n'est  pas  de  ce  nombre. 

3°  Le  manuscrit  de  Boulogne  a  été  terminé  le 
i6  avril  1295,  comme  nous  l'apprennent  les  quatre 
méchants  vers  suivants,  écrits  par  le  scribe  au  lieu  de 
Texplicit  : 

Chil  livres  fu  fais  l'an  de  grasse 
.MCC.  et  .XX.  fiies  .IIII. 
Et  .XV.  ans  tout  droit  sans  mentir, 
Le  tierch  samedi  en  avril. 

Il  a  été  décrit  par  Mone  ^  et  par  MM.  Guessard  et 
de  Montaiglon  ^.  Il  contient  les  Enfances  Guillaume, 
le  Coronement  Looïs,  le  Charroi  de  Nimes,  la  Prise 
d'Orange,  les  Enfances  Vivien,  le  Covenans  Vivien, 
Aliscans,  la  Bataille  Loquifer,  le  Moniage  Re- 
nouart, Foulques  de  Candie,  le  Moniage  Guillaume. 

Ce  manuscrit  est  dû  à  un  scribe  picard,  qui  souvent 
ne  comprenait  pas  ce  qu'il  écrivait  ^  il  a  donc  beau- 
coup de  fautes.  Néanmoins  il  fournit  souvent  la  bonne 

nier  feuillet,  mais  non  comme  celles  entre  lesquelles  le  manuscrit 
a  dû  être  écrit.  Partout  dans  le  courant  de  son  livre  M.  Gautier 
l'avait  daté  avec  raison  du  x:ii'  siècle. 

1.  An:i;eiger,  V,  1 81-1 91. 

2.  Aliscans,  préface,  pp.  lxxxix-xcii. 


MANUSCRITS  CXXV 

leçon,  et  il  m'a  été  d'autant  plus  précieux  qu'il  cons- 
titue à  lui  seul  une  famille. 

4°  et  5°  Les  deux  manuscrits  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale fr.  774  (anc.  7186%  Colb.  1377)  et  1449  (anc. 
7535^'*,  Gange  27)  présentent  les  caractères  extérieurs 
d'une  parenté  très  rapprochée.  Ils  n'ont  entre  eux  que 
de  très  rares  variantes.  L'orthographe,  sauf  quelques 
exceptions  insignifiantes,  l'écriture,  la  réglure  du  par- 
chemin, la  distance  des  lignes  et  leur  nombre  dans 
chaque  page  sont  les  mêmes  dans  les  deux  manuscrits. 
Les  lettrines  aussi  sont  semblables,  excepté  la  pre- 
mière du  poème,  qui  est  plus  belle  et  plus  compliquée 
dans  1449  ^"^  ^^ns  774.  Tous  deux  ont  une  minia- 
ture représentant  le  couronnement  de  Louis,  et  dans 
tous  deux  l'encadrement  de  cette  miniature,  la  pose 
du  nouvel  empereur  et  celle  des  autres  personnages, 
leur  vêtement,  la  forme  de  la  couronne  sont  exacte- 
ment pareils,  si  ce  n'est  que  1449  a  huit  personnages 
tandis  que  774  n'en  a  que  quatre,  et  encore  que,  par 
une  interversion  tellement  constante  qu'elle  paraît  cal- 
culée, ce  qui  est  en  bleu  dans  l'un  est  en  rouge  dans 
l'autre  et  réciproquement.  Cependant  je  démontrerai 
plus  loin  qu'ils  ne  dérivent  pas  l'un  de  l'autre.  Ils  sont 
tous  deux  du  xiii^  siècle. 

Le  n®  774  est  assez  mutilé.  M.  Suchier  a  démon- 
tré dans  la  Romania  (II,  p.  335)  que  ce  manuscrit 
est  le  «  grand  tome  en  vers  françois  »  dont  parle  Ga- 
tel  dans  son  Histoire  des  comtes  de  Tolose  et  dans 
les  Mémoires  de  l'Histoire  du  Languedoc,  et  qu'il  a 
trouvé  «  dans  les  archifs  du  monastère  Saint  Guil- 
laume du  Désert  ».  Il  contient  les  Enfances  Guil- 


CXXVI  INTRODUCTION 

laume,  le  Coronement  Looïs,  le  Charroi  de  Nimes,  la 
Prise  d'Orange,  les  Enfances  Vivien,  le  Covenans 
Vivien,  Aliscans  (fragment).  Foulque  de  Candie A^ 
AJoniage  Renoart,  le  Moniage  Guillaume.  Il  a  été 
décrit  par  M.  P.  Paris  ^ 

Le  n°  1449  contient  les  Enfances  Guillaume ,  le 
Coronement  Loois,  le  Charroi  de  Nimes,  la  Prise 
d'Orange,  les  Enfances  Vivien,  le  Covenans  Vivien, 
Aliscans,  la  Bataille  Loquifer. 

6°  Le  manuscrit  368  a  été  décrit  par  Crapelet  2, 
F.  Michel  ^  P.  Paris  ^,  dans  le  Catalogue  des  manus- 
crits de  la  Bibliothèque  nationale,  et  par  M.  Paul 
Meyer  ^. 

Il  est  du  xiv^  siècle;  il  contient  le  Roman  de  Par- 
tenopeus,  plusieurs  branches  de  la  Chanson  d'Alexan- 
dre, la  Chanson  de  Guiteclin  de  Saissongne,  la  Chan- 
son de  Charlemagne  et  de  Simon  de  Pouille,  le 
Coronement  Looïs,  le  Charroi  de  Nimes,  les  Enfan- 
ces Vivien,  Aliscans,  la  Bataille  Loquifer,  le  Mo- 
niage Renouart,  le  Moniage  Guillaume. 

Il  est  très  mutilé  et  ne  contient  du  Coronement 
Looïs  que  697  vers  (fol.  161  r°-i62  v°).  Ce  fragment, 
comparé  aux  passages  correspondants  des  manuscrits 
774  et  1 449,  n'offre  pas  de  variantes,  sauf  quelques  ca- 
ractères de  modernité,  tels  que  l'apposition  constante 
de  l'épithète  rois  au  nom  Looïs  qui,  au  xiv*  siècle, 

i.  Les  Man.  français. ..V,  iZb-i^/^. 

2.  Partonopeus  de  Blois,  1834,  I,  39-47. 

3.  Chanson  des  Saxons,  i83g,  I,  xxi  et  ss. 

4.  Manuscrits  français,  etc.,  I,  72  et  ss. 

5.  Romania,  XI,  3o7-3ii. 


MANUSCRITS  CXXVII 

n'était  plus  que  de  deux  syllabes,  tandis  que  dans 
l'original  il  comptait  pour  trois.  Il  ne  m'a  donc  pas 
été  bien  utile. 

7°  Le  manuscrit  24869  (anc.  Lavallière  23)  est  aussi 
du  XIV*  siècle.  Il  offre  les  mêmes  rajeunissements  que 
le  manuscrit  du  British  Muséum  dont  j'ai  parlé  plus 
haut.  Il  contient  Aimeri  de  Narbonne,  les  Enfances 
Guillaume,  le  Département  des  Enfan^  Aimeri,  le 
Siège  de  Narbonne,  le  Coronement  Looïs,  le  Charroi 
de  Nimes,  la  Prise  d'Orange,  les  Enfances  Vivien, 
le  Siège  de  Barbastre,  Guibert  d'Andrenas,  le  Co- 
venans  Vivien,  Aliscans,  la  Bataille  Loqiiifer, 

8**  Enfin  le  manuscrit  1448  (anc.  7535)  est  du 
xiu*^  siècle.  Il  a  une  version  toute  différente  de  celle 
des  manuscrits  précédents,  laquelle  ne  comprend  que 
3x6  vers  intimement  soudés  au  Charroi  de  Nimes, 
Je  donnerai  ce  texte  à  part.  Le  manuscrit  contient 
Girart  de  Viane,  Aimeri  de  Narbonne,  les  Enfances 
Guillaume,  le  Coronement  Looïs,  le  Charroi  de  Ni- 
mes, la  Prise  d'Orange,  le  Siège  de  Barbastre,  la 
Prise  de  Cordres,  les  Enfances  Vivien,  le  Covenans 
Vivien,  Aliscans,  la  Bataille  Loquifer,  le  Moniage 
Renoart, 


2.  —  Classification  des  manuscrits. 

Les  huit  manuscrits  que  je  viens  de  décrire  se  grou- 
pent en  trois  familles,  que  j'appellerai  a:.  G*,  D*.  Les 
deux  dernières  sont  représentées  chacune  par  un  seul 
manuscrit.  G*  par  le  manuscrit  de  Boulogne,  que  je 


CXXVIII 


INTRODUCTION 


désigne  par  la  lettre  G,  D*  par  le  manuscrit  B.  N. 
1448,  désigné  par  D.  La  famille  x  se  subdivise  en 
2  sous-familles,  A  et  B.  La  sous>famille  A  est  repré- 
sentée par  4  manuscrits  :  A^  (B.  N.  774),  A2(B.  N. 
1449),  A3  (B.  N.  368),  A^  (Bib.  Triv.);  B  par  2  ma- 
nuscrits :  B^  (Brit.  Mus.)  et  B^   (B.  N.  24369)  K 

O 


D 


A»-    / 


A«  A^ 


A* 


B 


B^  B* 


D 


Voici  les  preuves  de  cette  classification  : 
A  =  Al  -}-  A2  +  A3  +  A4.  En  effet,  vers 


2)  Al, 


2, 4  donnent 


nonante  et  dix  roiames,  B^,  G,  D  no- 


I.  M.  Paul  Meyer  est  arrivé  exactement  au  même  résultat  dans 
le  classement  des  manuscrits  du  Charroi  de  Nimes. 

Dans  le  tableau  ci-dessus,  la  distance  d'un  manuscrit  à  l'original 
est  marquée  par  une  série  de  points,  pour  indiquer  qu'il  peut  y 
avoir  solution  de  continuité  dans  la  ligne,  c'est-à-dire  que 
celle-ci  a  pu  être  interrompue  par  des  manuscrits  intermédiaires, 
La  longueur  des  lignes  pointées  est  en  raison  directe  de  la  distance 
des  manuscrits  à  l'original,  mais  on  comprend  que  ce  rapport  n'est 
qu'un  à  peu  près;  néanmoins  il  montre  à  vol  d'oiseau,  pour  ainsi 
dire,  le  degré  de  confiance  relative  que  j'ai  accordé  à  chacun  des 
manuscrits. 


MANUSCRITS  CXXIX 

nante  et  nuef  roiames.Or  je  prouverai  plus  loin  que  G 
et  D  constituent  deux  familles  distinctes  de  B^*,  on  a  donc 
ici  trois  groupes  différents  contre  A^,  2,  ^  (A^  manque). 
— V.  14)  A^,  2^  4 .  Li  maines  rois,  B^  G  :  Li  niieldves 
rois.  —  V.  17)  A\  ^^  ^  :  Il  ala  prendre^  B~:  Ja  i 
apent,  C:  Il  i  apent,  D  :  Qu'il  i  apent.  Ici  le  mot 
apent  se  trouve  dans  3  groupes  contre  A^,  2,  ^,  qui 
àonnQVit prendre,  —  V.  34)  A^,  2,  ^  :  A  cortoisie,  B, 
G  :  A  convoitise,  D  :  Par  convoitise.  Convoitise  est 
donc  donné  par  3  groupes  contre  A^,  ^,  ^,  qui  rempla- 
cent ce  mot  par  cortoisie.  —  Vers  36-38)  A^,  2,  ^  sont 
encore  réunis  par  une  leçon  commune  évidemment 
fausse  : 

A',%*  ;   Deus  est  prodhoms  qui  nos  governe  et  paist, 
Si  conquérons  enfer  qui  est  punais, 
Les  mal  vais  princes  dont  ne  resordrons  mais  '. 

B'  :  Mais  Damedieus,  qui  estsoverains  et  vrais, 
Ses  en  rendra  leur  gueredons  parfais, 
S'en  conquerront  enfer  qui  est  punais, 
Le  malvais  puis^  dont  ne  resordront  mais. 

B':  Dieusen  prent  droit  qui  nos  governe  et  paist, 
S'en  conquerront  enfer  qui  est  pusnais. 
Le  mauves  pui^,  dont  ne  resordront  mais. 

C  :  Dieu  lor  perdonne,  qui  les  governe  et  paist, 
S'en  conquerront  ynfer  qui  est  pusnes. 
fie  vers  38  omis) 

D  : (le  vers  36  omis) 

Dont  il  avront  enfer  lou  tout  punais, 
El  puis  d'anfer  dont  n'iseront  ja  mais. 

Il  est  certain  qu'il  faut  lire  le  malvais  pui:{^  et  non 
les  malvais  princes. 

(1)  ^'  resordront 


CXX3C  INTRODUCTION 

Ne  connaissant  de  A'*  que  les  40  premiers  vers,  pu- 
bliés par  M.  Rajna,  je  ne  puis  continuer  ma  démons- 
tration en  ce  qui  concerne  ce  manuscrit,  mais  les  pas- 
sages que  je  viens  de  citer  suffisent  amplement  à 
expliquer  pourquoi  j'ai  groupé  ensemble  A^,  A^et  A'*. 
Quant  à  A\  A2,  je  pourrais  multiplier  les  preuves  de 
leur  parenté.  Ainsi  le  vers  65,  qui  est  nécessaire  à 
l'intelligence  du  texte,  est  omis  par  tous  deux  : 

Or  ne  puet  plus  ceste  vie  mener. 

Il  ne  puet  plus  la  corone  porter  :  (v.  55) 

11  a  un  fin  a  qui  la  vuelt  doner. 

De  même  : 

V.  87)  A',"  :  Ot  le  li  enfes,  onques  ne  mut  le  pie. 
B,  C  :  Ot  le  li  enfes,  ne  mist  avant  le  pie. 
V.  101-102)  B  :  De  granz  losenges/e  voldra  conseillier. 
Droi^  empereres,  faites  pais,  si  m'oiez. 
G  :  De  granz  losenges  le  prist  a  araisnier  : 
Droi^  empereres^  faites  pais,  si  m'oiez. 
A','  :  De  granz  losenges,  faites  pais,  si  m'oiez. 

En  réunissant  ainsi  le  premier  hémistiche  d'un  vers 
au  second  hémistiche  du  vers  suivant,  A^  -  donnent 
une  leçon  qui  n'offre  plus  de  sens.  —  Le  vers  139, 
omis  par  AS  ^  est  donné  par  B  et  G.  De  même  les 
vers  i83,  SgS. 

Plus  loin  c'est  toute  une  série  de  9  vers  (v.  427- 
435)  qui  manquent  dans  A^  ^.  Le  copiste  de  A^  +  A^, 
trompé  par  la  similitude  des  deux  vers  426  et  435,  a 
pris  le  second  pour  le  premier.  Toutefois  cette  faute 
n'est  pas  très  démonstrative,  car  on  comprend  qu'elle 
ait  été  commise  par  deux  scribes  indépendants,  mais 


MANUSCRITS  CXXXI 

jointe  aux  autres  elle  a  sa  valeur,  d'autant  plus  que 
les  deux  scribes  de  A^  et  de  A^  sont  généralement 
très  attentifs. —  Les  vers  622,  712,  736  sont  encore 
omis  par  A^,  ^,  tandis  qu'ils  sont  donnés  par  B  et  G. 
Pour  ne  pas  surcharger  cette  énumération,  je  me 
hâte  d'arriver  au  passage  où  A^  vient  se  joindre  à 
A\  2  :  Vers  1 128)  A\  %  3  ;  Se  li  cors,  B  et  G  :  Se 
li  Turs.  —  Le  vers  1176,  nécessaire  à  Tintelligence 
du  texte,  et  donné  par  B,  G,  manque  dans  A\  2,  ^.  — 
Le  vers  1 282  manque  encore  dans  A^,  ^,  3,  tandis  qu'il 
est  donné  par  B  et  G. 

1 182)  A',  ',  '  :  Que  je  ne  fusse  el  maistre  renc  premiers. 
B,  G:  Que  je  ne  voise  el  maistre  renc  premiers. 

1 198)  A',  %  ^  :  cil  conseilz  iert  cre%,  B,  G  :  cil  conseilz  iert 
tenu^. 

1199)  A',',  '  :  .XXV.  graisles,  G  :  .xiiii.   graisles,  B:  .xiiii. 
cors. 

1233)  A',  ',  '  :  Les  halbercs  ont  desmailliez  et  rompuz. 

B,  G  :  Les  blancs  halbercs  desmaillez  et  rompuz. 
1261)  A',  *,  '  :  devez  bien  repairier,  B  :   vos  doit  on  res- 
p    itier^  G  :  dois  estre  respitie^. 
1 329)  A,  C  :  Mais  tant  les  orent  batuz  li  losengier. 
A',*,'  :  Mais  tant  les  orent  batuz  et  ledengie^. 
1427)  B,  G  :  .XXX.  somiers  trosse^^  A',  ^,  ^  :  .xxx.  somiers/?re- 

1443)  B  et  G  :  .m.  chevaliers  a  armes,  A',  %  '  :  .1111™.  homes 
a  armes. 

Dans  tous  ces  exemples  et  dans  bien  d'autres  en- 
core que  j'omets  à  dessein,  B  et  G,  que  je  démontre- 
rai plus  loin  appartenir  à  deux  familles  différentes, 
donnent  une  même  leçon  contre  A^,  -,  ^.  Donc  A',  A^, 
A^  doivent  être  groupés  ensemble.  J'ai  prouvé  plus 


CXXXII  INTRODUCTION 

haut  que  A*  se  rattache  à  A'  et  à  A^  et  par  suite  à  A^: 
on  a  donc  A'  -f  A^  +  A=^  +  A^  ~  A. 

2*  B  iz:  B'  +  B^.  Les  preuves  de  cette  équation 
sont  nombreuses  ;  j'en  donnerai  quelques-unes  seule- 
ment : 

V.  42)  B',  '  ;  Gel  jor  i  ot  si  bêle  ofrende/ai7e. 

Ce  vers  est  sûrement  mauvais,  puisque  le  moi  faite 
est  ici  en  assonance  dans  une  laisse  en  è  entravé,  ce 
que  Toriginal  n'admettait  pas. 

V.  88)  A,  G  :  Por  lui  plorerent  maint  vaillant  chevalier. 
B',  B'  ;  Esbahiz  fu  de  ce  qu'il  entendié; 
N'osa  aler  la  corone  baillier. 
Et  quant  ce  virent  li  baron  chevalier, 
Molt  en  sont  tuit  (B*  M.  par  en  s.)  dolent  et  corrocié 

V.  95)  A,  G  :  Or  li  fesons  tO!(  les  chevels  trenchier» 
B',  '  :  Or  li  fesons  les  chevels  rooignier. 

Le  vers  108,  omis  par  B^,  2^  est  donné  par  A, 
C,  D.  —  De  même  les  vers  386, 447,  649,  740,  926, 
donnés  par  A,  C,  manquent  dans  B\  ~.  Je  pourrais 
multiplier  ces  exemples,  mais  ceux  qui  précèdent 
démontrent  suffisamment  que  B'  +  B-=:B. 

3°  C*  =  G.  Jusqu'ici  j'ai  supposé  que  G  forme  une 
famille  distincte  de  A  et  de  B.  Il  me  faut  maintenant 
le  prouver,  c'est-à-dire  montrer  que  toutes  les  fois 
que  G  est  d'accord  avec  A  ou  B,  il  a  la  bonne  le- 
çon. 

Parmi  les  exemples  cités  plus  haut,  il  en  est  où  C 
est  avec  A  contre  B,  et  d'autres  où  il  est  avec  B  con- 


MANUSCRITS  CXXXIII 

tre  A.  Voici  d'autres  cas,  pris  au  hasard,  de  cet  ac- 
cord alternatif  de  C  avec  l'un  des  deux  groupes  A  et 
B  contre  l'autre  : 

C  est  d'accord  avec  A  contre  B  dans  les  vers  482, 
433,  443,  481,  490,  504,  507,  5 14,  5 1 5,  etc. 

C  est  d'accord  avec  B  contre  A  dans  les  vers  437, 
473,  5io,  58i,  612,  642,  65o,  671,  722,  728,  etc. 

En  résumé,  on  a  tantôt  C  +  A  contre  B, 
tantôt  C  +  B  contre  A. 

Or  dans  ces  deux  cas,  il  est  nécessaire  que  C  ait  la 
bonne  leçon.  En  effet,  si  dans  les  deux  cas  il  avait 
une  mauvaise  leçon,  il  ferait  partie  tantôt  du  groupe 

A,  tantôt  du  groupe  B,  ce  qui  est  impossible.  S'il 
avait  une  mauvaise  leçon  dans  le  premier  cas  seule- 
ment, il  ferait  partie  du  groupe  A,  mais  alors  il  ne 
pourrait  avoir  dans  le  second  cas  une  bonne  leçon, 
tandis  que  A^,  A%  A^  A^  en  auraient  une  mauvaise, 
et  on  vient  de  voir  qu'il  ne  peut  donner  une  mauvaise 
leçon  dans  les  deux  cas.  Inversement,  il  ne  peut  avoir 
une  mauvaise  leçon  dans  le  second  cas  et  une  bonne 
dans  le  premier. 

Donc  C  n'a  jamais  de  faute  commune  avec  A  ou 

B,  donc  il  constitue  un  groupe  distinct  de  A  et 
de  B. 

40  D*  =  D.  D  ne  peut  entrer  dans  le  groupe  A.  En 
effet,  dans  les  vers  déjà  cités  12,  17,  34,  36-38,  etc., 
où  AV/  ont  une  faute  commune,  D  a  la  bonne  le- 
çon ou  s'en  rapproche. 

D  ne  fait  pas  partie  du  groupe  B,  puisque  souvent 
il  a  la  bonne  leçon  avec  A  et  C  contre  B'  et  B*. 
Ainsi   v.  99)  BV  :   Hernalz  li  fiers,  A:  Hernalz 


CXXXIV  INTRODUCTION 

d'Orltens,  G  :  Hernalz  cil  d'Orlieus^   D  :  Hernais 
d'Orliens. 

V.  I  i3-i  14)  A,  G  :  Sempres  fust  rois  quant  Guillelmes  i  vient, 
D'une  forest  repaire  de  chacier. 

D  :  Il  fust  jai  rois  cant  G.  i  vient. 

Li  gentis  cuens  repaire  de  chacier. 

B  :  Sempres  fust  rois  li  culverz  losengiers, 
Ne  fust  Guillelmes  li  marchis  au  vis  fier. 
Par  les  degrez  est  entrez  el  mostier, 
A  la  cort  vient  o  lui  maint  chevalier. 

Les  hémistiches  quant  G,  i  vient  et  repaire  de 
chacier  sont  communs  à  A,  G  et  D;  B  les  a  corrigés 
à  cause  de  la  nasale  du  mot  vient^  qui  le  choquait 
dans  une  assonance  en  ié ^  comme  dans  l'exemple 
précédent  (v.  99),  il  a  remplacé  d'Orliens  par  li 
fiers.  Ici  donc  D  est  encore  avec  A  et  G  contre  B, 
qui  a  la  mauvaise  leçon. 

V.  126)  A,  G  :  Quant  li  remembre  del  glorios  del  ciel. 
D  :  Gant  li  menbra  do  gloriox  do  ciel. 
B  :  Quant  se  ramembre  de  Dieu  le  droiturier. 
V.  191)  A,  G  :  Om  miel^  se  fie  la  le  fai  assegier. 

D  :  La  ou  miolx  se  fie  la  lou  fai  assigier. 
B  :   Ton  anemi  fai  tantost  assegier. 
V.  202)  G  et  D  :  ira  por  cortoier.,  A  ;  ira  plus  cortoier^  B  : 

ira  por  tornoier. 
V.  2 14)  A,  G  :  Et  dist  li  enfes  :  Voir  dites  j  par  mon  chief. 
D  :  Et  dist  Loys  :  Voir  dites,  par  mon  chief. 
B  :  Voir,  dist  li  enfes,  refuser  ne  le  quier. 

Il  serait  superflu  de  prolonger  cette  énumération, 
les  exemples  qui  précèdent  suffisent  à  prouver  que  D 
est  distinct  de  B  aussi  bien  que  de  A. 


MANUSCRITS  CXXXV 

D  doit  aussi  être  considéré  comme  distinct  de  C, 
car  il  est  impossible  de  constater  aucune  faute  com- 
mune à  ces  deux  versions.  Toutes  les  fois  qu'elles  sont 
d'accord,  elles  ont  la  bonne  leçon. 

Ne  pouvant  être  rattaché  ni  à  A,  ni  à  B,  ni  à  C,  D 
doit  être  considéré  comme  représentant  d'une  nou- 
velle famille  D  *. 

b^  X  =  A  +  B.  Deux  de  ces  quatre  groupes,  A  et 
B,  ne  sont  que  deux  sous-familles  et  doivent  être 
réunis  pour  constituer  une  famille  x.  C'est  ce  que  je 
vais  prouver  par  un  relevé  attentif  des  fautes  commu- 
nes à  A  et  à  B  : 

V.  3)  c,  D  :  Bone  chançon,  cortoise  et  avenant. 
A,  B  :  Bone  et  gentil,  cortoise  et  avenant. 

Le  vers  i  Sgo,  qui  manque  dans  A  et  B,  et  qui  est 
donné  par  C,  est  nécessaire  au  sens  du  texte.  Voici  le 
passage  : 

Dist  li  portiers  :  «  Deus  en  seit  aorez  ! 
Se  li  conseilz  m'en  esteit  demandez, 
Tost  en  sereit  li  aguaiz  désertez 
Et  par  message  queiement  amenez. 
Li  traïtor  sont  ça  en^  enserre';  (v.  i  Sgo) 
Ou  les  querras  quant  ci  les  as  trovez?  » 

Évidemment  ce  dernier  vers  ne  peut  se  passer  du 
précédent. 

V.  1622)  A  :  Qu'il  viegne  a  moi,  que  noise  n'i  soit  faite! 
B  :  Si  viegne  avant,  que  noise  n'i  soit  faite. 
C  :  Si  viegne  tost,  n'i  ait  noise  ne  feste. 

Ce  vers  fait  partie  d'une  laisse  en  è  entravé  et  cette 


CXXXVI  INTRODUCTION 

assonance  dans  notre  poème  exclut  rigoureusement 
la  diphtongue  ai. 

Les  deux  vers  1768  et  1759,  donnés  par  C,  man- 
quent dans  A  et  B.  Rapprochés  des  vers  1772  et 
suivants,  ils  paraissent  représenter  la  bonne  leçon. 
Mais  ce  n'est  là  qu'une  conjecture.  Voici  le  passage  : 
Guillaume  demande  à  ses  soldats  quel  châtiment 
mérite  un  clerc  qui  a  trahi,  ceux-ci  répondent  : 

«  Penduz  deit  estre  corne  1ère  fossiers.  » 

Respont  Guillelmes  :  «  Bien  m'avez  conseilliez 

Par  saint  Denis,  etge  mielz  ne  vos  quier  ; 
(V.  1768)  Mais  l'ordene  Deu  ne  vueil  mie  abaissier, 
(1759)  Et  neporquant  le  comparront  il  chier.  » 

Li  cuens  Guillelmes,  a  l'aduré  corage, 

Le  jugement  a  01  del  barnage  ; 

Tresqu'al  chancel  en  est  venuzen  haste, 

Ou  a  trové  et  evesques  et  abes 

Et  le  clergié  qui  a  lor  seignor  falsent  ; 
(1765)  7^0/^5  les  croces  fors  des  poin^  lor  esrache, 

A  Looïs  son  dreit  seignor  les  baille  ; 

Li  gentilz  cuens  par  mi  les  flans  l'embrace, 

Si  le  baisa  .1111.  feis  en  la  face. 

Li  cuens  Guillelmes  de  neient  ne  se  targe, 

Tresqu'al  chancel  en  est  venuz  en  haste, 

Ou  a  trové  et  evesques  et  abes  ; 
(1772)  Por  le  pechié  ne  les  volt  tochier  d'armes^ 

Mais  as  bastons  les  desrompent  et  bâtent. 

Fors  del  mostier  les  traînent  et  chacent, 

Ses  comanderent  a  quatre  vinz  deables. 

Qui  traïson  vuelt  faire  a  seignorage, 

Il  est  bien  dreiz  que  il  i  ait  damage. 

L'omission  du  vers  1765  dans  A  et  B  semble  aussi 
fautive,  celle  du  vers   iggi   Test   certainement.  On 


MANUSCRITS  CXXXVII 

vient  de  voir  le  premier  cas,  voici  le  second.  Guillaume 
laisse  Louis  à  la  garde  de  l'abbé  de  Saint-Martin-de- 
Tours  : 

Guardez  le  bien  ;  s'il  vait  esbaneier, 
Qu'il  maint  o  lui  al  meins  cent  chevaliers. 
Que,  par  Tapostre  que  requièrent  palmier, 
Se  je  oeie  novele  al  repairier 
Que  Loois  i  e'ùst  encombrier^  (v.   199 1) 
Totes  voz  ordenes  n'i  avreient  mestier 
Ne  vos  feïsse  toz  les  membres  trenchier. 

V.  2034)  C  :  Tel  chose  fist  qui  a  Jesu  agrée  : 

U église  garde  qu'ele  ne  fust  guastee. 
A  :  Tel  chose  fist  qui  a  Jesu  agrée  : 

Or  al  hernois^  franche  gent  honorée. 
B  :  Tel  chose  dist  qui  a  plusors  agrée  : 
Or  al  ernois,  franche  gent  honorée. 

Le  vers  2034,  donné  par  A  et  C,  est  bon  ;  dans  B 
c'est  une  correction;  le  vers  2o35,  tel  qu'il  est  dans 
A  et  B,  est  certainement  fautif,  car  il  ne  peut  suivre 
le  vers  2034. 

Toutes  ces  fautes  communes  à  A  et  B  ne  laissent 
aucun  doute  sur  la  parenté  des  deux  groupes.  Il  ne 
reste  donc  que  trois  familles  x  :  C*,  D*.  Rien  n'au- 
torise à  réduire  ce  nombre. 

De  ces  trois  familles.  Tune,  D%  ne  m'a  pas  été 
d'un  grand  secours  pour  l'établissement  du  texte, 
d'abord  parce  qu'elle  ne  contient  que  la  première 
partie  et  un  résumé  très  succinct  de  la  troisième 
et  de  la  cinquième  partie  de  la  chanson,  ensuite 
parce  que  ces  parties  sont  elles-mêmes  très  modifiées. 
C'est  rceuvre  d'un  copiste  inintelligent  ou  fort  inat- 


CXXXVIll  INTRODUCTION 

teniif.  Néanmoins,  ce   manuscrit  offre   souvent  de 
bonnes  leçons,  qui  viennent  confirmer  celles  dcx. 

X  paraît  s'être  rapproché  beaucoup  de  O.  Or,  on 
peut  le  reconstituer  à  peu  près  exactement,  à  l'aide 
de  A  et  de  B,  en  accordant,  toutes  les  fois  qu'on  n'a 
pas  de  raisons  spéciales  pour  faire  le  contraire,  la 
préférence  à  A  sur  B,  qui  a  subi  des  rajeunissements 
nombreux. 

Pour  résumer,  en  passant  de  la  synthèse  à  l'ana- 
lyse, toute  cette  étude  sur  les  manuscrits,  le  Coro- 
nement  Looïs  est  aujourd'hui  représenté  par  trois  fa- 
milles de  manuscrits,  :v,  C*,  D*.  x  est  de  beaucoup 
la  plus  rapprochée  de  O,  D*  en  est  la  plus  éloignée. 
X  se  subdivise  en  deux  sous-familles  A  et  B.  B  est 
plus  jeune  que  A,  et  des  deux  manuscrits  B',  B-  qui 
la  constituent,  B^  est  meilleur  que  B-.  A  a  peu  ra- 
jeuni a:,  il  est  représenté  par  A',  *,  ''^,  %  qui  n'offrent 
entre  eux  que  très  peu  de  variantes. 

On  peut  encore  se  demander  quelle  sorte  de  pa- 
renté réunit  entre  eux  les  divers  manuscrits  des  deux 
sous-familles  A  et  B. 

D'abord  il  est  certain  que  A  ne  peut  descendre  de 
B  ni  B  de  A,  puisqu'il  arrive  souvent  à  chacune  de 
ces  deux  sous-familles  d'avoir  la  bonne  leçon  pen- 
dant que  l'autre  en  a  une  mauvaise.  J'en  ai  donné 
plus  haut  des  exemples. 

De  même  B^  et  B^  ne  peuvent  descendre  l'un  de 
l'autre.  B'  a  fréquemment  la  bonne  leçon  contre  B*. 

V.  243)  B'  :  A  Looys  remest  ses  héritiers. 
A,  C  :  Et  Looys  remest  ses  héritiers. 
B*:  A  Looys  demorerent  ses  fié. 


MANUSCRITS  CXXXIX 

V.  795)  A,  C,  B'  :  Voir,  dist  Guillelmesja  orras  vérité. 

B'  :  Guillelme  a  dit  :  Dirai  t'en  vérité. 
V.8i2)A,C,  B':  desjie:^,  B' vilaine. 
V.  992)  A,  C,  B'  :  Et  un  et  altre,  le  prestre  et  li  clerçon. 
B'  :  Crestien  qui  aorent  vo  saint  nom. 

B%  de  son  côté,  a  souvent  la  bonne  leçon  contre  B'. 
Le  début  du  poème  suffit  à  le  démontrer.  B^  a  les 
trois  mêmes  premières  laisses  que  les  autres  familles, 
B*  les  remplace  par  une  tirade  qui  lui  est  particulière. 
B'  passe  encore  les  vers  77,  1 1 5-12  3,  469,  etc.,  don- 
nés par  B'^  et  confirmés  par  les  autres  familles. 

Restent  A\  A%  A%  A^ 

A^,  qui  est  du  xiv^  siècle,  ne  peut  être  la  source 
d'aucun  des  trois  autres,  qui  sont  du  xiii«  siècle. 

Je  ne  connais  de  A^  que  les  40  premiers  vers.  Ils 
sont  insuffisants  pour  nous  montrer  s'il  descend  ou 
non  de  A*  ou  de  A^,  mais  ils  nous  prouvent  au  moins 
que  ni  A'  ni  A^  ne  dérivent  de  lui,  en  offrant  deux 
fautes  que  ceux-ci  ne  reproduisent  pas  :  v,  4)  ./.  nain 
jugîere  au  lieu  de  Vilain  juglere;  v.  5)  ./.  moi  au 
lieu  de  Nul  mot. 

A'  ne  descend  pas  de  A^.  En  effet, 

V.  825)  A'  :  Frère  Guibert  d'Andernas  le  mein^^  né. 
B  :  Frère  Guibert  qui  de  nos  est  mein:j[  ne:j[. 
A'  :  Frère  Guibert  d'Andernas  la  cité. 
V.  1 721)  A'  :  Filz  a  bon  roi.  A'  et  B'  :  Filz  de  bon  roi,  A'  Filz 
a  baron. 

Ce  dernier  exemple  prouve  encore  que  A^  ne  des- 
cend pas  de  A*.  —  V.  1796)  A'  et  B  ;  por  tôt  l'or 
&  Avalons,  A*  :  por  l'anor  de  Mascons,  —  V.  2610) 


CXL  INTRODUCTION 

B:   Deus,  saint    Denis,   aidie\y   A':    saint   Denis, 
aïdiei^  A*  :  saint  Denis,  asoiei. 

V.  2619)  A',  B"  :  Fors  por  Corsolt  a  qui  se  combatié. 
A'  :  Fors  por  Corsolt  le  desloial,  le  fier. 

Enfin  les  deux  vers  1 1 2 1  et2ii3,  donnés  par  A^ 
et  confirmés  par  B  et  C,  manquent  dans  A*. 

A^  ne  descend  pas  de  A'.  En  effet,  vers  99)  C,  B, 
A'^  :  Hernal^^  A'  :  Bernard.  Cet  exemple  n'a  pas 
beaucoup  de  valeur,  parce  que  la  faute  de  A'  était 
évidente  et  facile  à  corriger  ;  mais  les  autres  en  ont 
davantage.  —  V.  147)  B,  G,  A^  :  Voit  le  li  pères, 
A*  :  Voit  Vempereres.  —  V.  io55)  B,  C,  A^  :  La 
vieille  broigne.  A'  :  La  meillor  broigne.  —  V.  i3oo) 
B,  C,  A^,  A^  :  conseillier,  A'  :  compasser.  — 
V.  i3oi)  C,  A%  A3  :  Sarrazin  oxpaïn,  A}  :  Sarrazin 
et  Escler.  —  V.  i3o2)  C,  A%  A^  :  levez  et  bapti- 
siez, B  :  lever  et  baptisier^  A'  :  baptisié  et  levé,  — 
V.  i58i)  A%  A^  A  :  atorne^^  A'  :  conrae:{. 

Ces  quatre  derniers  exemples  prouvent  encore  que 
A^  ne  descend  pas  de  A',  comme  le  vers  172 1  montre 
qu'il  n'a  pas  été  copié  sur  A^. 

Ce  chapitre  était  imprimé,  le  bon  à  tirer  des  feuilles 
précédentes  était  donné,  lorsque  j'ai  reçu  de  M.  G. 
Paris  la  copie  d'un  fragment  de  parchemin,  décou- 
vert par  M.  L.  Delisle  dans  une  reliure.  Ce  frag- 
ment provient  d'un  manuscrit  du  Coronement  Looïs^ 
j'en  parlerai  plus  bas,  appendice  IIL 


» 


DIALECTE  ET  AGE  CXLl 


VI.  —    DIALECTE   ET  AGE  DU   CORONEMENT  LOOIS 


Après  avoir  reconstitué,  au  moins  approximative- 
ment, grâce  à  la  comparaison  des  manuscrits,  la  ver- 
sion originale  du  poème,  il  reste  à  en  revêtir  le  texte 
des  formes  grammaticales  usitées  par  Fauteur.  Ce 
dernier  travail  exige  la  solution  préliminaire  d'un 
double  problème.  Dans  quel  dialecte  et  à  quelle 
époque  écrivait  le  trouvère?  Sur  ce  point  Tétude 
des  manuscrits  ne  nous  apprend  rien,  et  cela  pour 
deux  raisons.  Les  manuscrits  souvent  sont  beaucoup 
plus  jeunes  que  l'ouvrage  qu'ils  contiennent,  et  sou- 
vent aussi  les  scribes  écrivent  dans  un  dialecte  diffé- 
rent de  celui  de  l'auteur.  Des  huit  manuscrits  du  Co- 
ronement  Looïs^  l'un  est  picard,  les  sept  autres 
français.  Est-ce  une  raison  de  croire  que  le  poème 
ait  été  écrit  en  français  ou  en  picard,  plutôt  qu'en 
normand  ou  en  lorrain  ?  Non  ;  tout  au  plus  le  nom- 
bre des  manuscrits  français  constitue-t-il  une  pré- 
somption en  faveur  de  ce  dialecte.  Quant  à  l'âge  du 
poème,  il  trouve  bien  dans  celui  des  manuscrits  une 
limite  en  deçà  de  laquelle  on  ne  peut  plus  le  faire 
avancer;  mais  au-delà  le  champ  est  libre.  Le  plus 
ancien  des  manuscrits  du  Coronement  Looïs  est  de 
la  seconde  moitié  du  xiii°  siècle  ;  évidemment  le 
poème  n'est  pas  postérieur  à  cette  date  ;  mais  si  la 
critique  n'avait  d'autres  ressources  que   Tétude  des 


CXLII  INTRODUCTION 

manuscrits,  rien  ne  nous  apprendrait  si  le  trouvère 
vivait  au  xni%  au  xii*  ou  au  xi"  siècle. 

Aucun  nom,  aucune  date,  aucun  fait  historique 
ne  se  trouvent  dans  le  poème,  qui  puissent  nous 
éclairer  dans  cette  recherche  ;  les  événements  les  plus 
récents  auxquels  il  soit  fait  allusion  sont  du  x"  siè- 
cle. Il  ne  reste  donc  d'autre  moyen  que  d'étudier  la 
langue  de  l'auteur  ;  mais  cette  langue  a  été  dénaturée, 
et  pour  la  reconstituer  il  faut  précisément  connaître 
répoque  et  le  pays  du  trouvère.  Heureusement  ce 
cercle  vicieux  n'est  pas  aussi  complètement  fermé 
qu'il  paraît  l'être.  Dans  l'œuvre  de  transformation  à 
laquelle  ils  se  livraient,  les  remanieurs  rencontraient 
des  difficultés  devant  lesquelles  ils  ont  reculé,  ou 
qu'ils  n'ont  vaincues  qu'à  demi,  de  sorte  que  çà  et 
là  ils  nous  laissent  entrevoir  l'œuvre  originale.  Grâce 
à  ces  éclaircies,  on  peut  reconnaître  le  niveau  pri- 
mitif du  sol  et  déblayer  le  terrain  de  toutes  les  allu- 
vions  dont  le  cours  des  siècles  l'a  en  partie  recouvert. 
Je  m'explique  par  un  exemple  :  le  mot  roiaume, 
roiaulme,  ainsi  écrit  dans  les  manuscrits,  est  répété 
assez  fréquemment  dans  le  poème  ;  cette  orthographe 
et  la  prononciation  qu'elle  suppose  sont  elles  l'or- 
thographe et  la  prononciation  du  poète  ?  Evidemment 
non  :  ce  mot  assone  dans  la  première  laisse  avec  le 
son  nasalisé  am..e^  et  pour  qu'il  en  fût  ainsi  il 
fallait  que  Va  fut  immédiatement  suivi  de  la  nasale. 
La  forme  roiaume,  roiaulme  est  donc  celle  des  co- 
pistes et  non  celle  de  l'auteur. 

Le  principal  obstacle  pour  les   remanieurs  était 
l'assonance  ou  la  rime,  quelquefois  aussi,  mais  à  un 


DIALECTE  ET  AGE  CXLIII 

degré  moindre,  la  mesure  du  vers.  Nous  allons  donc 
voir  quelles  particularités  caractéristiques  offrent  l'as- 
sonance et  la  mesure  dans  le  Coronement  Looïs, 

Théoriquement,  cette  étude  devrait  reposer  sur  un 
texte  déjà  définitivement  établi  par  la  critique,  mais 
comme  l'établissement  du  texte  a  souvent  besoin,  lui 
aussi,  de  s'appuyer  sur  Tétude  des  assonances  et  de 
la  mesure,  il  s'ensuit  que  dans  la  pratique  ces  deux 
études  se  complètent  Tune  par  Tautre. 


I.  —  Étude  des  Assonances. 

Le  Coronement  Looïs  comprend  quinze  groupes 
différents  d'assonances,  dont  voici  le  tableau  : 
1°  AN,  EN,  laisses  i,  xxiii,  lix,  lxh, 

2°    AN...E,   EN...E,   11. 

3°  AT,  IV,  XI. 

4°   A...E,    XiV,     XVI,    XVIII,    XXIV,    XXXI,    XXXIV,    XLII, 

XLIX,  LVIII. 
5®   É,  VII,    XV,  XXII,  XXXIII,   XXXVII,    XLVII,    LVÎ,    LXIII. 

6°  É...E  libre,  xxvii,  l. 
7°  É...E  entravé,  v. 

8°   È...E,  VI,  XXXVllI,   LIV. 
9°    I,  X,  XXXV,  XL,  LX. 
10**   I...E,  XII. 

Il»  lÉ,   IX,  XIII,    XVII,  XIX,  XXI,  xxvm,  xxx,  xxxii, 

XXXVI,  XXXIX,  XLl,  XLIV,  XLVI,   LI,  LUI,   LV,   LVII, 
LXl. 

12°  6,  m,  XXV. 

i3°  6,  xxvr,  XLiii,  Lir. 


CXLIV  INTRODUCTION 

14°    ON...E,  VIII,   XLV,  XLVIII. 
l5°    U,   XX,  XXIX. 

En  reprenant  un  à  un  ces  divers  groupes,  je  vais 
signaler  ce  que  l'étude  détaillée  de  chacun  d'eux  peut 
fournir  d'utile  à  la  critique. 

1°  L'assonance  masculine  an  comprend  quatre 
laisses,  en  tout  i36  vers.  Les  mots  qui  la  composent 
sont  »  : 

Laisse  1  :  aidan:{,  vaillant,  avenant,  vant  (lat.  va- 
nitet),  cornant ,  (lat.  commandei),  gent,  chant. 

Laisse  \xin:  fièrement,  escient,  neient ,  firmament , 
arpent,  comandement,  sacrement,  esposemen\,  vent 
(lat.  ventîim),  foleiemen^,  cravent,  gent,  omnipo- 
tent, preechani ,  premièrement,  enivrement,  vilai- 
nement, talent,  malement,  veraiement,  chasement, 
parent,  sovent,  vilment,  errament,  torment,  comen- 
cement,  hardement,  acesmeement,  prent,  pent,  mal- 
talent, fièrement,  entent,  apent,  acordement,  legie- 
rement. 

Laisse  lix  :  frans,  Alemant,  defent,  desiranz, 
talent,  comant^  convenant,  Bertrans ,  malement^ 
champ,  neient,  demant^  comant,  folement^  démentant, 
puissant,  guant,  reculant,  Abilant^  devant,  bro- 
chant^ aresiement,  créant,  escient,  avant,  guar- 
nemen^,  jasèrent,  arden^,  luisant,  flanc,  corant, 
maintenant,  prent,  pesant,  trenchant,  pent,  espero- 
nant,  errant^  vaillan:^,  combatan:^,  pendant,  ares- 
tant. 


I.  Je  ne  donne  qu'une  fois  les  mots  qui  se  trouvent  répétés  dans 
la  même  laisse. 


DIALECTE  ET  AGE  CXLV 

Laisse  Lxii  :  frans,  isnelement,  maintenant,  sere- 
ment,  bonement,  neient,  colchani, 

La  première  de  ces  laisses  est  formée  de  9  vers, 
dont  8  sont  en  an,  un  seul  en  en  (gent);  la  deuxième 
comprend  44  vers,  tous  en  en;  la  troisième,  76  vers, 
dont  un  cinquième  à  peu  près  en  e«,  le  reste  en  an; 
la  quatrième  a  8  vers,  dont  4  terminés  par  en  et  4 
par  an. 

Donc,  dans  la  troisième  et  la  quatrième,  le  mé- 
lange des  deux  terminaisons  est  absolu,  car  si  dans  la 
troisième  les  mots  en  en  ne  comptent  que  pour  un 
cinquième,  c'est  que  dans  le  vocabulaire  cette  termi- 
naison est  bien  moins  nombreuse  que  l'autre.  Mais  il 
n'est  pas  permis  de  douter  que  les  mots  en  an  n'aient 
été  systématiquement  exclus  de  la  deuxième  laisse. 
Quant  à  la  première,  elle  n'est  pas  assez  étendue  pour 
qu'on  puisse  être  certain  du  système  suivi  par  le  trou- 
vère; la  distinction  entre  les  deux  sons  paraît  cepen- 
dant probable.  En  la  laissant  de  côté,  il  reste,  d'une 
part,  la  deuxième  laisse  qui  sépare  les  deux  termi- 
naisons en  et<i«,  d'autre  part,  la  troisième  et  la  qua- 
trième qui  les  réunissent.  D'où  vient  cette  différence 
entre  deux  parties  d'un  même  poème  ?  On  verra  plus 
loin  un  fait  analogue  se  reproduire  dans  les  assonan- 
ces en  ô  :  sur  trois  laisses,  la  première  n'admet  que 
V6  suivi  d'une  nasale,  tandis  que  les  deux  autres  ne 
tiennent  pas  compte  de  la  nasalisation.  Est-ce  le  fait 
d'un  trouvère  qui,  vivant  à  l'époque  oia  les  deux  sons 
en  et  an  étaient  en  train  de  se  confondre,  et  la  nasa- 
lisation de  Vô  en  voie  de  formation,  se  serait  d'abord 
imposé  dans  ses  assonances  une  sévérité  dont  il  se  se- 


CXLVI  INTRODUCTION 

rail  ensuite  départi?  Ou  bien  cette  différence  pro- 
vient-elle de  ce  que  nous  avons  affaire  à  plusieurs 
poèmes  originairement  distincts  et  fondus  plus  tard 
en  un  seul?  Les  deux  explications  sont  également 
plausibles.  Seulement,  en  admettant  la  dernière,  il 
faudrait  voir  dans  le  fait  une  différence  entre  les  poè- 
mes, non  d'âge,  mais  de  dialecte,  car  celui  (la  lutte 
de  Guillaume  contre  Gorsolt)  qui  admet  la  distinction 
des  deux  sons  en  et  an,  plus  ancienne  que  leur  confu- 
sion, est  aussi  le  même  qui  connaît  la  nasalisation  de 
l'd,  à  coup  sûr  plus  moderne  que  la  non-nasalisation. 
Si,  dans  un  troisième  système,  on  voulait  attribuer 
cette  différence  à  des  remanieurs,  qui,  ayant  com- 
mencé à  réformer  Tassonance,  n'auraient  pas  mené 
jusqu'au  bout  ce  travail  de  correction,  on  soulève- 
rait deux  objections.  La  première,  c'est  que   cette 
différence  se  retrouve  dans  toutes  les  familles  de  ma- 
nuscrits et  que,  par  conséquent,  elle  remonte  bien 
haut.  La  seconde,  c'est  que,  pour  l'assonance  en  an, 
on  ne  comprend  guère  que  les  deux  sons  ayant  été 
confondus  par  le  trouvère,  des  remanieurs  plus  mo- 
dernes les  aient  distingués;  il  faudrait  admettre  que 
ces  remanieurs  étaient  d'une  contrée  oij  la  distinction 
a  survécu,  c'est-à-dire  de  la  région  picarde,  mais  le 
poème  ne  renferme  aucun  caractère  précis  qui  l'as- 
signe à  cette  région  ^ 

I.  Dans  un  article  des  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique 
de  Paris  (t.  I),  M.  Paul  Meycr  émet  l'opinion  qu'au  xiii»  siècle 
les  poètes  distinguaient  dans  les  assonances  les  deux  terminaisons 
an  et  en  pour  flatter  l'œil,  et  non  pour  plaire  à  l'oreille,  qui  ne 
percevait  plus  de  différence  entre  les  deux  sons.  Mais  cette  théorie 


DIALECTE  ET  AGE  CXLVII 

D'une  part,  donc,  en  considérant  que  la  confusion 
des  deux  sons  existe  déjà  dans  notre  poème,  nous  en 
conclurons  qu'il  n'a  pas  été  écrit  dans  la  région  N.-E.  ; 
d'autre  part,  en  observant  que  cette  confusion  est  en- 
core incomplète  et  par  conséquent  récente,  nous  fe- 
rons remonter  notre  chanson  au  commencement  du 
xn«  siècle,  époque  où  les  deux  sons  ont  été  réunis 
dans  le  reste  de  la  langue  d'oïl.  An  et  en  sont  encore 
bien  distincts  dans  les  poèmes  de  Clermont,  dans  le 
Saint  Léger,  dans  le  Samt  Alexis,  mais  cette  dis- 
tinction apparaît  déjà  moins  pure  dans  le  Roland.  11 
semble  même  que  le  mélange  de  ces  deux  sons  soit 
aussi  avancé  dans  ce  dernier  poème  que  dans  le  Co- 
ronement  Loois,  et,  comme  il  est  évident  que  la  chan- 

ne  peut  résister  devant  les  objections  suivantes  :  i*>  les  trouvères, 
pour  la  plupart,  n'étaient  pas  instruits  et  ne  connaissaient  pas  suf- 
fisamment l'étymologie  des  mots  pour  en  faire  la  base  de  leur 
système  d'assonance;  2°  des  chartes  de  la  région  N.-E.  font  au 
xiu«  siècle  cette  distinction  dans  la  graphie;  3°  enfin,  dans  cette 
même  région,  les  patois  actuels  distinguent  encore  les  deux  sons. 
—  M.Meyer  dit  :  «  Les  trouvères  qui  opèrent  la  distinction,  et  c'est 
^'immense  majorité,  admettent  cependant  parmi  les  rimes  en  ant  des 
mots  qui,  étymologiquement,  devraient  s'écrire  par  e  et  rimer  en 
conséquence.  Ce  sont  (si  je  n'en  oublie  point),  covant  (couvent), 
doîans,  escient,  noient  (néant)  orient  (?),  sans  (sens),  sevgans  (sergent), 
talans,  tans  ».  Ce  fait  est  réel,  mais  comment  ces  trouvères  se  se- 
raient-ils entendus  pour  faire  tous  les  mêmes  exceptions,  s'ils 
n'avaient  été  guidés  par  la  prononciation  i  Bref,  cette  théorie  peut 
être  vraie  pour  quelques  poètes,  mais  il  ne  faut  pas  la  généraliser. 
La  distinction  repose  sur  une  différence  de  sons  ;  c'est,  depuis  une 
certaine  époque,  un  fait  dialectal,  qui  appartient  à  la  région  N.-E. 
(picarde,  dans  le  sens  très  large  souvent  donné  à  ce  mot).  Comme 
jC  picard  a  beaucoup  produit,  on  trouve  souvent  cette  distinction. 
Si  on  la  rencontre  dans  un  texte  qui  n'est  pas  picard  (ni  anglo- 
normand),  c'est  un  indice  que  ce  texte  est  très  ancien. 


CXLVIII  INTRODUCTION 

son  de  Roland  est  antérieure  à  la  nôtre,  nous  expli- 
querons ce  fait  en  attribuant  au  Coronement  Looïs  un 
dialecte  où  la  distinction  s'est  maintenue  plus  long- 
temps que  dans  celui  du  Roland^  une  région  intermé- 
diaire  entre  celle  où  fut  rédigée  cette  dernière  chanson 
et  la  région  N.-E.,  probablement  TIle-de-France. 

Ces  conclusions,  il  est  vrai,  reposent  sur  des  pré- 
misses bien  peu  solides,  et,  en  attendant  que  la  suite 
de  cette  étude  vienne  les  corroborer,  je  ne  les  donne 
qu'à  titre  d'hypothèse. 

II.  —  AN...E,  EN...E.  L'assonance  féminine  an.,.e 
ne  nous  est  offerte  que  par  une  seule  laisse  de  i  o  vers 
(laisse  ii),  comprenant  les  mots  :  esemple,  avenante, 
7^eiames,  France,  Charlemagne,  apende,  Alemaigne, 
Bretaigne,  Toscane. 
On  y  constate  : 

1  °  Le  mélange  complet  des  deux  terminaisons  an.,.e 
et  en...e.  Dans  le  Roland,  cette  confusion  des  deux 
sons  est  à  peine  pressentie  et  bien  moins  avancée  que 
dans  les  assonances  masculines. 

2°  Que  Va  et  Ve,  comme  le  prouve  leur  conso- 
nance, sont  nasalisés  même  devant  iï,  et  qu'il  faut 
prononcer  Aleman-gne,  Bretan-gne. 

3°  Que  la  lettre  /est  tombée,  au  moins  dans  la  pro- 
nonciation, dans  le  mot  reiame.  Ces  deux  derniers 
faits  existent  déjà  dans  le  Roland. 

III.  —  Al.  Deux  laisses  masculines,  comprenant 
seulement  i8  vers,  assonent  en  ai.  Les  mots  qui  y 
figurent  sont  : 

Laisse  iv  :  Ais,  fai\,  mais,  palais,  vait,  ait,  mal- 
vais, plaît,  paist,  punais. 


DIALECTE  ET  AGE  CXLIX 

Laisse  xi  :  fait,  plait,  vait,  mais^palais,  entresait. 

De  cette  assonance  sont  exclus  les  mots  en  a  pur 
et  les  mots  en  é.  A  l'origine,  la  diphtongue  ai,  lors- 
que Taccent  tonique  était  encore  sur  Va,  assonait  en  a 
pur,  comme  dans  les  poèmes  de  Clermont,  et  encore 
parfois  dans  le  Roland.  Plus  tard,  ai  assonera  avec  é. 
Pour  passer  de  Tun  à  Tautre  de  ces  deux  sons,  ai  a  dû 
avoir  un  son  intermédiaire,  et  alors  il  n'assona  qu'a- 
vec lui-même.  C'est  l'âge  de  notre  poème  :  le  pre- 
mier tiersMu  xii^  siècle. 

Dans  les  désinences  féminines,  la  transformation 
de  ai  semble  moins  avancée.  Nous  n'avons  pas  de 
laisse  en  ai...e,  mais  quelques  mots  de  cette  termi- 
naison se  trouvent  dans  l'assonance  a...e. 

IV.  —  A...E.  Cette  assonance,  qui  comprend  plus 
de  3oo  vers,  en  9  laisses,  est  formée  des  mots  : 

Laisse  xiv  ;  Fierebrace,  Charle,  armes,  baille, 
large,  masse,  esperi table,  trespasse,  cage,  damage, 
malaise,  arche,  pèlerinage,  Chartres,  creables,  sa- 
che, barnage,  contasse,  lasse. 

Laisse  xvi  :  Fierebrace,  sages,  message,  aspres, 
damage,  Chapre,  altres,  glaive,  esmaiables,  marbre, 
esperitable,  barnage,  Charle,  targe,  espalle,  visage. 

Laisse  xviii  :  visage,  sages,  esperitable,  salvage, 
Fierebrace,  pèlerinage,  barnage,  armes,  combatre 
guardes,  vasselage,  eage,  corage,  aspres,  herber- 
jage,  guionages,  large,  sache,  place,  lace,  paile, 
baille,  targe,  taille,  marche,  faille,  ventaille,  co- 
mençaille,  piétaille,  barres,  seignacle,  bataille,  es- 
tage,  maie,  et  rage,  basse,  Galafre,  barges,  rivage, 
arche,  chape,  vaille,  abes,  araisne,  messages,  de- 


CL  iNTRODUCTION 

morabky  aire,  eritage,  aves,  Cesaires,  damage, 
esmaiables,  Carlage,  lignage,  fromage,  ostage, 
arbre. 

Laisse  xxiv  :  salvages,  combatre,  eritage,  Fiere- 
brace,  armes,  esperitable,  Charle,  Calabre,  arche, 
giiarde,  sages,  assailles,  avantage,  miiables,  barnage, 
bataille,  large,  trespasse,  paile,  desmaille,  meaille, 
chape,  esrache,  omage,  blasme,  erbage,  barnage, 
folage,  damage,  pasme,  haste. 

Laisse  xxxi  :  barges,  visage,  corsage,  Fierebrace, 
sache,  esperitable,  chapes,  place,  marches,  onora- 
blés,  larges,  face,  ares t âge,  maies. 

Laisse  xxxiv  :  Pasques,  Fierebrace,  mariage,  Ora- 
ble,  message,  aspres.  Chatoies,  marches,  face,  barbe, 
barnage,  sage,  armes,  charge,  large,  lasse,  con- 
tasse. 

Laisse  xlii  :  corage,  barnage,  haste,  abes,  falsent, 
esrache,  baille,  embrace,  place,  large,  armes,  bâ- 
tent, chacent,  deables,  seignorage,  damage. 

Laisse  xlix  :  corage,  Pierrelate,  Cartage,  sage, 
larges. 

Laisse  lviii  :  message,  Arabe,  martre,  aste,  paile, 
Charle,  marche,  eritage,  otrage,  combatre,  face,  ba- 
taille, damage,  taille,  meaille,  Chartres,  large, 
atarge,  barnage,  language,  celasse,  visage,  cage, 
esrage,  Fierebrace,  place,  lairmes,  quatre,  faille. 

Dans  cette  nomenclature,  on  remarquera  les  mots 
malaise,  glaive,  araisne  (3  fois),  aire,  Cesaires,  lair- 
mes, al  très,  espalle,  falsent.  Ces  mots  remontent  à 
l'original,  car  les  remanieurs,  au  lieu  de  les  ajouter, 
étaient  plutôt  portés  à  les  supprimer.  De  plus^  araisne 


DIALECTE  ET  AGE  CLï 

(v.  2433),  glaive  (v.  333),  altres  (v.  332),  espalle 
(v.  341)  sont  donnés  à  la  fois  par  les  deux  familles  a:  etC. 
Les  mots  en  ai  prouvent  que  cette  diphtongue  ai 
dans  les  terminaisons  féminines  n'avait  pas  encore 
passé  du  son  di,..e  au  son  siii  generis  aî...e,  qui 
a  précédé  le  son  é...e,  mais  le  petit  nombre  de  ces 
mots,  8  seulement  sur  plus  de  3oo  rimes,  nous  mon- 
tre que  cette  transformation  était  déjà  en  train  de 
s'accomplir. 

Dans  aucune  assonance  en  è  masculin  ou  féminin 
n'apparaît  cette  diphtongue,  tandis  que  le  Roland, 
qui  fait  bien  rimer  ai  avec  a,  ai...e  avec  a..,e,  admet 
en  même  temps  Thomophonie  des  deux  terminaisons 
ai  et  è  masculines  ou  féminines.  Notre  chanson  est 
donc  en  retard  dans  cette  évolution  sur  celle  de  Ro- 
land. Est-ce  une  raison  de  croire  qu'elle  soit  plus  an- 
cienne que  cette  dernière?  Non;  c'est  là  une  différence 
dialectale  seulement,  mais  une  preuve  néanmoins  que 
le  Coronement  Looïs  est  ancien,  du  premier  tiers  du 
XII*  siècle  au  moins,  sinon  du  premier  quart. 

Les  mots  altres,  espalle,  falsent,  nous  montrent 
que  la  lettre  /  suivie  d'une  consonne  n'était  pas  encore 
vocalisée  à  l'époque  où  vivait  notre  trouvère,  ou  tout 
au  moins  que  si  al  avait  déjà  pu  produire  une  diph- 
tongue du  (dou),  il  n'était  pas  encore  devenu  au  =  b. 

Les  diverses  remarques  que  je  viens  de  faire  sur 
les  assonances  en  ai  et  en  a,,.e  sont  très  importantes 
à  plusieurs  égards  : 

1°  Pour  l'établissement  du  texte,  parce  qu'elles  nous 
montrent  comme  mauvaises  deux  leçons  qui  introdui- 
saient le  mol  faite,  une  fois  dans  une  laisse  en  é...e 


CLII  INTRODUCTION 

entravé  (v.  42),  d'après  deux  manuscrits,  et  une  autre 
fois,  d'après  deux  sous-familles,  dans  une  laisse  en 
è...e  (v.  1622)  ; 

2*  Pour  Torthographe  :  j'ai  rétabli  partout  la  nota- 
tion ai  lorsque  les  manuscrits  donnent  e.  J'ai  de  même 
maintenu  la  lettre  /  devant  une  consonne,  parce  que, 
outre  les  exemples  que  je  viens  de  donner  de  sa  non- 
vocalisation,  j'en  indiquerai  encore  d'autres  dans  le 
courant  de  cette  étude,  et  parce  que,  en  admettant 
même  que  al  se  prononçât  déjà  dou,  cette  évolution 
ne  pourrait  être  que  toute  récente.  Or  il  est  certain 
que  les  variations  de  l'orthographe  ont  toujours  été 
de  quelque  temps  postérieures  à  celles  du  son  ; 

3°  Pour  fixer  l'âge  du  poème,  que  je  ferai  remonter 
au  premier  tiers  du  xn^  siècle. 

V.  —  É.  L'assonance  masculine  en  é  forme  huit 
laisses,  en  tout  455  vers.  Laisses  vu,  xv,  xxii,  xxxm, 

XXXVII,XLVir,  LVI,  LXÏII. 

L'énumération  des  mots  qui  la  composent  serait 
très  longue  et  n'offrirait  aucun  intérêt.  Je  signalerai 
seulement  les  mots  fere:{  (fut.  de  faire,  v.  66)^  tol- 
drei  (v.  67),  menrei  (v.  1426),  qui  prouvent  que  les 
secondes  personnes  pluriels  du  futur  n'étaient  pas  en 
eî:{  ni  en  oî:{,  mais  en  e^;  ostels  (v.  283),  tels  (v.  324), 
charnels  (v.  736),  mortels  (v.  2Ô75).  Comment  ces 
quatre  derniers  mots  se  prononcent-ils?  L'/  est-elle 
tombée  purement  et  simplement,  ou  s'est-elle  vocali- 
sée  en  eu,  ou  est-elle  maintenue?  Tout  en  suspen- 
dant mon  jugement  sur  la  prononciation,  j'adopterai 
la  graphie  el,  pour  la  raison  que  j'ai  donnée  à  propos 
dtal. 


DIALECTE  ET  AGE  CLIII 

Cette  assonance  est  distincte  de  celle  en  ié,  de  même 
que  dans  Tassonance  en  é...e  n'entre  aucun  mot  en 
îé...e. 

VI.  —  É...E.  Cette  assonance  est  représentée  par 
38  vers,  en  2  laisses,  xxvii,  l.  Elle  n^offre  aucun  in- 
térêt à  la  critique,  sinon  que,  comme  je  viens  de  le 
dire,  elle  est  distincte  de  l'assonance  en  iê...e. 

VII.  —  Ë...  E  (lat.  é  entravé).  Laisse  v,  de  trois 
vers.  Les  mots  sont  :  evesques,  arcevesques,  messe. 
M.  Lûcking  a  déjà  remarqué  cette  assonance,  mais 
au  lieu  d'en  faire  une  laisse  à  part,  il  Ta  réunie  à  la 
suivante,  qui  est  en  e...e  entravé  ^  Pourtant  il  est  évi- 
dent que  les  deux  laisses  sont  absolument  distinctes. 
Si  dans  les  manuscrits  la  seconde  ne  commence  pas 
par  une  grande  majuscule,  c'est  que  les  copistes,  ne 
percevant  plus  de  différence  entre  les  deux  sons,  n'ont 
cru  avoir  affaire  qu'à  une  seule  tirade.  La  distinction 
des  deux  e  a  cessé  en  effet  de  bonne  heure.  La  chanson 
de  Roland  est  le  seul  poème  connu  jusqu'ici  qui  offre 
cet  exemple  d'une  tirade^  assonant  en  ë...e  entravé 
sans  mélange  de  e...e  entravé.  Le  poème  de  Sainte 
Eulalie  ne  contient  dans  les  assonances  aucun  e  ve- 


1.  «  Li  Coronemenz  Looys  a  trois  tirades  féminines  en  è  40-45, 
1589-1618,  2i56-6g  (lisez  39-44,  1600-1629,  2167-2180}.  La  se- 
conde ne  contient  aucun  e  venant  d'ï,  la  troisième  seulement  grant 
erre  2i5y  (lis.  2168);  mais  la  première  est  divisée  en  deux  par- 
ties, la  seconde  partie  commençant  par  les  mots  Cel  jor  i  ot  ;  la 
première  partie  a  e  venant  de  ï,  la  seconde  e  venant  de  e  (resp.  ai) 
cvesquc,  arcevesquc,  messe  :  fête  (faite),  belc,  estre.  Il  semble  que 
le  poète  ait  cherché  une  nouvauté.  »  (Die  Itesten  aefran:{oesischen 
Mundarten,  Berlin,  1877,  p.  gS.) 

2.  Laisse  cxxxi,  édit.  L.  Gautier. 


CLIV  INTRODUCTION 

nant  soit  de  é  soit  de  è  entravés.  Dans  Saint  Léger, 
dans  Saint  Alexis,  on  ne  trouve  que  Ve  provenant  de 
è  entravé.  «  La  distinction  de  c  venant  de  e,  »  dit 
M.  Lûcking,  «  d'avec  e  provenant  de  é,  était  de  droit 
dans  les  plus  anciens  monuments,  mais  elle  n'existe 
plus  pour  répopée  du  centre  de  la  France  au  xii«  siè- 
cle ^  »  Cette  distinction  dans  notre  poème  témoigne 
donc  en  sa  faveur  d'un  âge  assez  reculé.  Nous  allons 
voir  que  ë  est  exclu  des  assonances  en  e...e  entravé. 
VIII.  —  È...E  (lat.  è  entravé).  Trois  laisses  : 
Laisse  vi  :  bêle,  feste. 

Laisse  xxxviii  :  novele,  révèle,  teste,  destre,  bêle, 
terre,  estre,  porquerre,  pe?^des,  overte,  desserre, 
apele,  Tudele,  feste,  areste  (ad  restât),  fenestres, 
pesmes. 

Laisse  liv  :  tertre,  empresse,  bêle,  celés tre,  so- 
fer  te,  destre,  estre,  Guillelmes,  terre,  conquerre, 
boele,  resne. 

Aucun  e  venant  de  e  ne  figure  dans  ces  trois  tira- 
des; le  mot  erre  signalé  par  Lûcking  est  une  faute 
d'un  manuscrit.  Cette  exclusion  est-elle  due  au  hasard 
ou  à  la  volonté  de  l'auteur?  Les  mots  en  ê*..e  entravé 
sont  à  la  vérité  bien  moins  nombreux  que  ceux  en 
ê.,.e  entravé,  mais  il  est  peu  probable  que  parmi 
quarante-sept  mots  en  è,..e  il  n'en  fût  entré  au  moins 
un  en  ë.,.e,  si  cette  exclusion  n'était  intentionnelle. 
De  plus  il  est  certain  que  dans  la  laisse  en  ê...e  citée 
plus  haut  Vè..,e  a  été  écarté.  Lors  même  qu'on  réuni- 
rait en  une  seule  les  deux  petites  tirades  successives 

I .  Lûcking,  ibid. 


DIALECTE   ET  AGE  CLV 

en  ë...e  eie..,e,  on  serait  obligé  d'y  reconnaître  un 
groupement  réfléchi. 

Faut-il  voir  dans  les  trois  vers  assonant  en  ê...e  un 
vestige  du  poème  primitif  qui  est  venu  se  souder 
aux  autres  parties  de  la  chanson  actuelle,  à  laquelle 
il  a  donné  son  nom?  J'ai  déjà  proposé  une  sembla- 
ble hypothèse  à  propos  des  assonances  en  ai  et  en  d. 
Mais  il  faudrait  attribuer  au  hasard  l'absence  de  Vë 
dans  les  trois  assonances  en  ê..,e.  Ce  serait  chercher 
des  complications  inutiles;  il  me  semble  bien  plus 
naturel  de  faire  remonter  la  rédaction  actuelle  du 
poème  à  l'époque  oii  la  distinction  de  deux  sons  était 
encore  sensible,  et  sans  reculer  cette  époque  autant 
que  le  fait  M.  Liicking,  fixer  la  date  du  Coronement 
Looïs  au  commencement  du  xii«  siècle. 

IX.  —  I.  L'assonance  masculine  en  i  est  représen- 
tée par  quatre  laisses,  en  tout  169  vers.  Les  mots  qui 
terminent  ces  vers  sont  : 

Laisse  x  :Jil:{,  tenir,  toîir,  angevin,  servir,  ho- 
nir,  servie,  cherii. 

Laisse  xxxv  :  marchis,  tenir,  fin,  peler  in,  fraisnin, 
avril,  mis,  Martin,  di,  Looïs,  Denis,  pais,  maleïr, 
flori,  maintenir j  beneïr,  foi,  murdri,  gentil,  Ai- 
mer i,  poïst,  laidi\,  trair,  ris,  basti^,  partir,  che- 
min, amis,  vini  (xx),  pris,  Savaris,  vint  (l.  venit)^ 
ami,  lin,  guarantir,  Alori, 

Laisse  xl  :  marchis,  Plesseïs,  Paris,  pris  (l.  pre- 
tium)^  vint  (xx),  vis  (l.  vivus)^  ocis,  devis,  posti^, 
mis,  parevis,  vis  (1.  visum)^  crucefis,  Looïs,  vint  (1. 
venit)^  assis,  senti,  menti,  dit,  Martin,  basti,  gua- 
rantir, pri,  mi,  failli,  ris,  nori^,  respondi,vif,fini 


CLVI  INTRODUCTION 

saisi,  esba%  amis,  matin,  requis,  plevit,  merci,  plai- 
sir. 

Laisse  lx  :  marchis,  mis,  menti,  pris  (l.  prehen- 
sum)^  venir,  dit,  forbi,  Denis,  fis,  Arrabi,  vis  (I.  ri- 
vus),  vis  (l.  visum),  Paris,  Aimeri,  ami,  tenir,  ma- 
leïr,  ici,  traïr,  toîir,  beneï:{,  requis,  paradis,  altresi, 
traisist,  pi^,  ferir,  forbi :{,  volti\,  desmentir,  sofrir, 
esclis,  pris  (1.  pretium\  croissir,  venir,  cheïr,  sailli. 

On  remarquera  dans  cette  nomenclature  : 

1°  Les  mots  pri  (preco,  v.  1698)  et  pi'{  (pectus, 
V.  2539).  Dans  ces  deux  mots  Vi  provient  de  la 
triphtongue  iei  ==  è  +  j  venant  de  c.  La  réduction  de 
cette  triphtongue  n'a  pas  été  la  même  dans  toutes 
les  régions.  Dans  TOuest,  dans  le  Sud-Normand, 
dans  le  Maine,  l'Anjou,  la  Touraine,  iei  de  è  +  pa- 
latale s'est  contracté  en  ie,  ei;  dans  la  Norman- 
die du  N.-E.  et  surtout  sur  la  rive  droite  de  la 
Seine^  dans  l'Ile-de-France,  elle  s'est  contractée  en 
i.  Le  Roland  n'admet  pas  dans  ses  assonances  en  i 
venant  de  t  latin  des  mots  comme  pri^  pi^^  dont 
\'i  vient  de  e  latin  plus  une  palatale  devenue  j. 
Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  triphtongue  iei  pro- 
venant de  e  latin  précédé  d'un  j,  comme  dans 
merci  de  mercedem;  merci  assone  régulièrement  dans 
le  Roland  avec  les  mots  en  i  de  F  latin.  La  présence  du 
mot  merci  dans  nos  assonances  ne  nous  apprend  donc 
rien,  mais  celle  des  mots  pri  et  pi^  prouve  que  notre 
poème  n'appartient  pas  aux  dialectes  occidentaux. 

2°  Les  deux  formes  mi  (v.  1699),  ^^^^''  (v.  2553) 
appartiennent  encore  aux  régions  de  l'Est  et  du  Nord- 
Est. 


DIALECTE  ET  AGE  CLVII 

X.  —  I...E.  Cette  assonance  n'offre  absolument 
rien  d'intéressant.  Elle  n'est  d'ailleurs  représentée  que 
par  les  8  vers  de  la  laisse  xii  :  mie^  baillie,  beneie^  des- 
fie,  Marie,  ocire, 

XL  —  lÉ.  L'assonance  masculine  en  ié  est  de  beau- 
coup la  plus  nombreuse.  Elle  ne  comprend  pas 
moins  de  1 120  vers,  en  18  laisses,  ix,  xui,  xvii,  xix, 

XXI,  XXVIII,   XXX,   XXXII,    XXXVI,  XXXIX,  XLI,  XLIV,  XLVI, 

Li,  LUI,  Lv,  Lvii,  Lxi.  Toutes  les  sources  de  la  diph- 
tongue iê  y  sont  représentées  ^ 

On  remarquera  dans  cette  assonance  les  mots 
Orliens  (v.  99,  112),  vient  (ii3,  1944), ^^/ew  (672, 
1 3o  I  ),  crestiien  (  1 2^2)  ^sostient  (  1 647),  criew/  (  1 855), 
tiefît  (i863),  sieîi  (2161),  qui  prouvent  qu'à  l'époque 
où  vivait  notre  auteur  la  nasalisation  n'avait  pas  en- 
core gagné  la  diphtongue  ié. 

A  signaler  aussi  les  parfaits  embatié  (128),  convei' 
lié  (i  1 5o),  atendié  (1939),  rompié  (21 52),  respondié 
(2562,  2582),  descendié  (26o3). 

Le  mot  Dié  ne  figure  pas  dans  cette  assonance, 
tandis  que  dans  l'assonance  en  é  on  trouve  deux  fois 
Dé,  C'est  pour  cette  raison  que  j'écrirai  constamment 
ce  mot  sans  /. 

La  distinction  qui  existe  entre  ié  et  é  est  une  preuve 
entre  beaucoup  d'autres  que  notre  poème  n'est  pas 
anglo-normand.  Le  poitevin  et  le  tourangeau  ont 
aussi  de  bonne  heure  réuni  les  deux  sons,  mais  on 


I .  Il  ne  s*agit  pas  ici  naturellement  de  la  diphtongue  iè,  de  ë 
latin  entravé,  qui  appartient  aux  dialectes  du  N.  E. 


CLVI  INTRODUCTION 

saisi,  esbaï\,  amis,  matin,  requis,  plevit,  merci,  plai- 
sir. 

Laisse  lx  :  marchis,  mis,  menti,  pris  (l.  prehen- 
sum)^  venir,  dit,  forbi,  Denis,  fis,  Arrabi,  vis  (l.  vi- 
vus),  vis  (1.  visum),  Paris,  Aimeri,  ami,  tenir,  ma- 
leïr,  ici,  traïr,  tolir,  beneï\,  requis,  paradis,  altresi, 
traisist,  pi-{,  ferir,forbii,  volti^,  desmentir,  sofrir, 
esclis,  pris  (l.  pretium\  croissir,  venir,  cheir,  sailli. 

On  remarquera  dans  cette  nomenclature  : 

1°  Les  mots  pri  {preco,  v.  1698)  et  pi^  (pectus, 
V.  2539).  Dans  ces  deux  mots  Vi  provient  de  la 
triphtongue  ici  =  è  +  j  venant  de  c.  La  réduction  de 
cette  triphtongue  n'a  pas  été  la  même  dans  toutes 
les  régions.  Dans  TOuest,  dans  le  Sud-Normand, 
dans  le  Maine,  l'Anjou,  la  Touraine,  iei  de  è  -f  pa- 
latale s'est  contracté  en  ie,  ei;  dans  la  Norman- 
die du  N.-E.  et  surtout  sur  la  rive  droite  de  la 
Seine^  dans  l'Ile-de-France,  elle  s'est  contractée  en 
i.  Le  Roland  n'admet  pas  dans  ses  assonances  en  i 
venant  de  î  latin  des  mots  comme  pri^  pi^^  dont 
^^  vient  de  c  latin  plus  une  palatale  devenue  j. 
Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  triphtongue  iei  pro- 
venant de  e  latin  précédé  d'un  j ,  comme  dans 
merci  de  mercedem;  merci  assone  régulièrement  dans 
le  Roland  avec  les  mots  en  i  de  F  latin.  La  présence  du 
mot  merci  dans  nos  assonances  ne  nous  apprend  donc 
rien,  mais  celle  des  mots  pri  et  pi^  prouve  que  notre 
poème  n'appartient  pas  aux  dialectes  occidentaux. 

2°  Les  deux  formes  mi  (v.  1699),  ^hetr  (v.  2553) 
appartiennent  encore  aux  régions  de  TEst  et  du  Nord- 
Est. 


DIALECTE  ET  AGE  CLVII 

X.  —  I...E.  Cette  assonance  n'offre  absolument 
rien  d'intéressant.  Elle  n'est  d'ailleurs  représentée  que 
par  les  8  vers  de  la  laisse  xii  :  mie^  baillie,  beneie^  des- 
fie,  Marie,  ocire, 

XL  —  lÉ.  L'assonance  masculine  en  ié  est  de  beau- 
coup la  plus  nombreuse.  Elle  ne  comprend  pas 
moins  de  1 120  vers,  en  18  laisses,  ix,  xni,  xvii,  xix, 

XXI,  XXVIII,   XXX,   XXXII,    XXXVI,  XXXIX,  XLI,  XLIV,  XLVI, 

Li,  LUI,  Lv,  Lvii,  Lxi.  Toutes  les  sources  de  la  diph- 
tongue iê  y  sont  représentées  ^ 

On  remarquera  dans  cette  assonance  les  mots 
Orliens  (v.  99,  112),  vient  (11 3,  1^44)^ paien  (672, 
1 3o  I  ),  crestiien  (  1 2g2)^sostient  (  1 547),  criew/  (  1 855), 
tient  (i863),  sien  (2161),  qui  prouvent  qu'à  l'époque 
où  vivait  notre  auteur  la  nasalisation  n'avait  pas  en- 
core gagné  la  diphtongue  iê. 

A  signaler  aussi  les  parfaits  embatié  (128),  convei' 
lié  (ii5o),  atendié  (1939),  rompié  (21 52),  respondiê 
(2562,  2582),  descendié  (26o3). 

Le  mot  Dié  ne  figure  pas  dans  cette  assonance, 
tandis  que  dans  l'assonance  en  é  on  trouve  deux  fois 
Dé.  C'est  pour  cette  raison  que  j'écrirai  constamment 
ce  mot  sans  i. 

La  distinction  qui  existe  entre  iê  et  ê  est  une  preuve 
entre  beaucoup  d'autres  que  notre  poème  n'est  pas 
anglo-normand.  Le  poitevin  et  le  tourangeau  ont 
aussi  de  bonne  heure  réuni  les  deux  sons,  mais  on 


I .  Il  ne  s'agit  pas  ici  naturellement  de  la  diphtongue  iè,  de  ë 
latin  entravé,  qui  appartient  aux  dialectes  du  N.  E. 


CLVIII  INTRODUCTION 

ne  sait  pas  précisément  à  quelle  époque,  si  cVst  avant 
ou  après  celle  où  fut  rédigé  notre  poème. 

Enfin  l'étude  de  l'assonance  en  té  m'a  fourni  d'utiles 
renseignements  pour  l'établissement  du  texte.  Ainsi  au 
vers  1 147,  c'est  à  cause  de  l'assonance  que  j'ai  pré- 
féré la  leçon  de  A,  qui  donne  graciier,  à  celle  de 
B  et  C  réunis,  qui  remplacent  ce  mot  par  mercier; 
mercier  doit  se  prononcer  mer-ci-er  et  assoner  avec 
les  mots  en  é,  ce  qu'il  fait  du  reste  aux  vers  69  et 
1429,  de  même  que  crier  (708,  223o),  desjie:[  (812), 
afiei  (2233).  Dans  ces  mots  Ve  a  été  rapproché  de  1'/ 
par  la  chute  du  d  médial,  mais  les  deux  voyelles  ne  se 
sont  réunies  en  diphtongue  que  bien  plus  tard.  Au 
vers  1950,  j'ai  encore  remplacé  la  leçon  de  A,  B  :  toi 
doi ge  mercier,  par  celle  de  C'.grani  merci^  en  aie;; 
au  vers  2340,  celle  de  B  :  qui  les  devait  guier,  par 
celle  de  G  :  ques  ot  a  justicier.  Au  vers  182  déjà,  j'ai 
préféré  la  leçon  de  D  :  Ja  al  povre  orne  ne  te  chalt  de 
tencier,  à  celle  de  A  +  B  :  Envers  le  povre  te  dois 
humelier» 

XII.  —  ô.  L'assonance  masculine  en  c)  a  composé 
deux  laisses.  Tune  de  7  vers,  l'autre  de  26.  Elle  ne 
contient  que  des  mots  dont  l'o  vient  de  à  entravé  ou 
de  au  latin  : 

Laisse  m  :  or^  cors,  tort,  bos,  mort,  los. 

Laisse  XXV  :for:{,  cors,  hors,  col,  or,  esfor:{,  no:{, 
viO'{,  tost,  destort,  dos,  desclot,  clos,  mor^,  javelot, 
tochot,  Loth,  tort. 

Rien  de  particulier  dans  cette  nomenclature,  si  ce 
n'est  l'imparfait  tochot  (v.  955). 

XIII.  —  o.  L'assonance  masculine  en  ô  comprend 


DIALECTE  ET  AGE  CLIX 

i83  vers,  en  trois  laisses,  xxvi,  xliii,  lu.  La  première 
laisse,  qui  compte  io8  vers,  ne  contient  absolument 
que  des  mots  en  o  +  nasale;  les  deux  autres,  au  con- 
traire, ne  distinguent  pas  les  uns  des  autres  les  mots 
en  o  suivis  ou  non  suivis  de  la  nasale.  J'ai  déjà,  en 
étudiant  Tassonance  en  ^w,  signalé  ce  fait,  et  j'en  ai 
proposé  deux  explications.  La  première  ferait  remon- 
ter cette  diversité  dans  le  système  d'assonances  aux 
poèmes  originairement  distincts  qui  se  sont  réunis 
pour  former  le  nôtre  ;  la  seconde,  celle  que  je  préfère, 
admettrait  qu'à  l'époque  où  le  trouvère  rédigeait  no- 
tre poème,  la  nasalisation  de  Vo  existait  déjà,  mais 
n'était  pas  encore  assez  ancienne  pour  que  les  poètes 
fussent  obligés  d'en  tenir  compte. 

Je  ne  donnerai  pas  la  liste  des  mots  qui  composent 
la  première  laisse,  celle  oia  Vo  est  nasalisé.  Elle  com- 
prend des  terminaisons  en  o  entravé  et  des  mots  en 
6  libre,  ex.  parfont,  don;  mais,  sauf  le  mot  homo,  qui 
fait  toujours  exception,  et  qui,  dans  le  Roland,  par 
exemple,  se  trouve  dans  les  assonances  en  o,  en  même 
temps  que  dans  les  deux  tirades  xii  et  cclxix  en  ue, 
aucun  mol  en  ô  libre  ne  se  trouve  dans  notre  laisse, 
bien  qu'elle  ait  io8  vers.  Le  même  b  libre,  suivi  d'une 
nasale,  ne  se  trouve  pas  davantage  dans  les  deux  lais- 
ses qui  confondent  o  libre  ou  entravé  avec  les  mots  en 
on,  ni  enfin  dans  les  assonances  féminines  en  on.,,e. 
Comme  ces  diverses  laisses  réunies  comprennent  près 
de  2  20  vers,  au  lieu  d'attribuer  cette  exclusion  au  ha- 
sard, il  me  paraît  plus  logique  de  l'expliquer  par  la 
diphtongaison  de  ô  libre,  même  devant  une  nasale,  et, 
sans  en  tirer  aucune  conclusion  pour  l'âge  ou  le  dia- 


CLX  INTRODUCTION 

lecte  du  poème,  j'adopterai  pour  cet  o  la  même 
orthographe  diphtonguée  que  pour  Vô  libre  non 
suivi  d'une  nasale,  et  j'écrirai  bueîis  comme  buef, 
suens  comme  ^we?-,  ctdejis  comme  cuer;  mais  au  con- 
traire om  ne  sera  pas  diphtongue. 

Les  deux  tirades  où  Vo  suivi  d'une  nasale  n'est  pas 
nasalisé  renferment  les  mots  : 

Laisse  xliii  :  chevaleros,  seignor,  raison,  enveions, 
vos,  otreions,  baron,  orgoillos,  moît,  sols,  bastou, 
avons,  compaignons ,  tôt,  hontos,  Avalon,  ferons, 
Neiron,  perdrons,  aragon,  esperon,  aresteison,  om, 
lion,  menton,  sont,  beneïçon,  font,  dons,  guarçon, 
boton,  guarison,  esleccion,  bandon,  mangons,  par- 
don, cèlerions,  mont  (1.  miindum)^  amor,  nos. 

Laisse  lu  :  mont  (l.  montem)^  ros,  compaignons, 
freor,  raison,  ferons,  reençon,  on,  estions.  Tors,  vos, 
pont,  amors,  lion,  mont  (1.  mundum)^  baron. 

Inutile  de  faire  remarquer,  d'après  cette  assonance, 
que  l'orthographe  des  manuscrits  dans  l'intérieur  des 
vers,  seigneur,  chevalereus,  leur,  etc.,  n'est  pas  celle 
du  trouvère;  à  l'époque  où  celui-ci  vivait,  l'évolution 
d'o  libre  en  eu  n'avait  pas  encore  eu  lieu. 

XIV.  —  6... NE.  L'assonance  féminine  en  o?/...^  com- 
prend 33  vers,  en  3  laisses. 

Laisse  viii  :  corone,  Rome,  âmes,  Gironde,  confon- 
dre, joindre,  onques. 

Laisse  xlv  :  persone,  araisone,  confonde,  honte, 
corone,  longe,  demandomes,  destruiromes,  oncles, 
boche,  or?ie,  onques,  monde,  reproche. 

Laisse  xlviii  :  persone,  Gironde,  Amarmonde,  co- 
rone, longes. 


DIALECTE  ET  AGE  CLXI 

Dans  cette  série,  2  mots  seulement  n'ont  pas  Vo  suivi 
d'une  nasale  :  boche  (v.  1922),  reproche  (v.  iqSo). 
Appartiennent-ils  à  l'original  ou  ont-ils  été  introduits 
postérieurement  dans  le  texte  ?  Le  mot  boche  se  trouve 
dans  A  et  B,  mais  il  est  corrigé  dans  G,  qui,  au  lieu 
du  vers  : 

Dont  la  cervele  li  espande  en  la  boche, 

donne  le  suivant,  assez  difficile  à  expliquer  : 

Dont  la  cervele  desrouge  jusqu'à  l'ongle. 

Le  mot  reproche  ne  se  trouve  que  dans  A  ;  ce  mot 
a  peut-être  choqué  B,  qui  a  supprimé  le  vers  ;  G  le 
remplace  par  vergoigne,  et  au  lieu  des  deux  vers  : 

Ge  l'ocirai  ainceis  a  molt  grant  honte 
Que  tuit  si  eir  en  avront  grant  reproche, 

il  donne  : 

Jou  l'ocirai  a  molt  plus  grant  vergoigne 
Si  que  li  oir  en  avront  après  honte 

Si,  dans  le  premier  cas,  on  préfère  la  leçon  de  G  à 
celle  de  A  B,  on  devra  en  faire  autant  dans  le  second 
cas  et  on  aura  une  assonance  féminine  en  0  nasalisé 
pure;  si,  au  contraire,  on  admet  le  mot  boche,  on  ad- 
mettra aussi  le  mot  reproche^  et  on  en  concluera  qu'à 
l'époque  où  vivait  le  trouvère  la  nasalisation  de  Vo, 
dans  les  terminaisons  féminines,  était  encore  incom- 
plète ou  au  moins  toute  récente.  Une  raison  qui  mi- 
ite  en  faveur  de  A  contre  G  est  qu'on  ne  comprend 
pas  pourquoi  A  aurait  remplacé  ongle  par  boche,  ver^ 
goigne  par  reproche,  tandis  que  les  corrections  de  G 


CLXIl  INTRODUCTION 

s'expliquent  facilement  par  le  désir,  chez  le  remanieur, 
de  moderniser  l'assonance. 

Enfin,  dans  cette  assonance,  je  signalerai  les  deux 
premières  personnes  du  pluriel  demandomes  (y .  1918), 
destruiromes  (v.  1919).  Dans  son  introduction  à  la  Vie 
de  saint  Alexis,  M.  Gaston  Paris  dit  que  la  forme  en 
ornes  est  spécialement  picarde,  mais  depuis  il  a  re- 
connu qu'elle  se  rencontre  aussi  dans  des  textes  du 
centre  ^  Du  reste,  la  forme  la  plus  usitée  dans  notre 
poème,  comme  le  prouvent  l'assonance  en  on  et  la 
mesure  des  vers,  est  celle  en  om  ou  en  ons  ;  c'était 
certainement  celle  du  trouvère,  et  les  deux  terminai- 
sons ornes  que  j'ai  citées  sont  dues  à  l'influence  litté- 
raire ou  au  contact  des  dialectes  voisins. 

XV.—u.L'assonance  masculine  en  z<  compte  83  vers, 
en  2  laisses,  xx,  xxix.  Son  étude  n'offre  aucun  inté- 
rêt. Le  vers  1 1 99  se  termine  par  le  mot  un,  mais  Vu 
suivi  d'une  nasale  a  rimé  très  longtemps  avec  u  pur  ; 
c'est  seulement  vers  le  xvi^  siècle  qu'il  a  été  nasalisé. 

J'ai  indiqué  pour  chaque  voyelle  en  particulier 
comment  elle  se  comporte  dans  notre  poème  devant 
la  nasale.  Voici  en  résumé  ce  que  j'ai  constaté  : 

A  et  Ê'  sont  complètement  nasalisés,  mais  ce  fait 
n'apprend  rien  sur  l'âge  ni  sur  le  dialecte  du  poème, 


I.  Conférence  de  M.  Gaston  Paris  à  l'Éc.  des  H. -Études  (1880-1). 
—  Dans  l'Introduction  de  Raoul  de  Cambrai,  M.  P.  Meyer  dit  : 
«Ces  formes,  qu'on  a  crues  longtemps  picardes,  paraissent  étrangè- 
res à  la  Picardie,  mais  on  les  rencontre  un  peu  plus  à  l'Est,  à  par- 
tir de  Tournai  environ,  toujours  dans  la  région  du  Nord.  »  (Raoul 
de  Cambrai,  p.  Ixxj.  Pub.  de  la  Soc.  des  A. -T.) 


DIALECTE  ET  AGE  CLXIII 

parce  qu'il  est  très  ancien.  Déjà  dans  Saint  Alexis 
an  et  en  n'assonent  plus  avec  a  ou  e. 

lÉ.  La  nasalisation  n'a  pas  encore  atteint  cette  diph- 
tongue. J'ai  cité  dans  Tassonance  ié  les  mots  Or- 
liens,  vient,  paient,  crestiien,  sostient,  crient,  tien, 
sien.  Les  mots  en  ien  étant  bien  moins  nombreux  que 
ceux  en  ié,  ces  exemples  sont  suffisants  pour  montrer 
que  le  trouvère  confondait  les  deux  terminaisons  dans 
la  même  assonance. 

I  est  resté  pur  devant  la  nasale. 

6.  Dans  Tassonance  masculine  en  d,  une  laisse  de 
io8  vers  en  on  exclut  rigoureusement  l'd  non  suivi 
d'une  nasale,  deux  autres  laisses  confondent  les  deux 
terminaisons,  mais  ont  une  tendance  à  se  diviser  en 
groupe.  D'où  cette  conclusion  qu'à  l'époque  du  trou- 
vère la  nasalisation  de  l'd  dans  les  terminaisons  mas- 
culines se  faisait  déjà  sentir,  mais  pas  encore  assez 
complètement  ou  depuis  trop  peu  de  temps  pour 
empêcher  les  poètes  de  faire  assoner  par  tradition  les 
deux  sons  d  et  on. 

Mêmes  observations  et  même  conclusion  pour  l'as- 
sonance féminine,  qui,  dans  3  laisses  en  07i...e,  n'ad- 
met que  les  deux  mots  boche  et  i^eproche,  où  Vo  ne 
soit  pas  suivi  d'une  nasale. 

ô  libre  est  diphtongue  devant  la  nasale. 

u.  C'est  au  xvi^  siècle  seulement  que  1'//  a  été  nasa- 
lisé. 

2.  —  Mesure  des  mots. 

L'étude  de  la  mesure  des  mots  dans  le  Coronement 
Looïs  ne  nous  dit  rien  sur  le  dialecte  de  l'auteur. 


CLX[V  INTRODUCTION 

mais  elle  confirme  ce  que  les  assonances  nous  ont  ap- 
pris relativement  à  l'âge  du  poème  et  nous  donne  de 
plus  quelques  renseignements  sur  l'orthographe. 

Le  point  capital  dans  cette  étude  est  Télision;  il 
faut  donc  voir  comment  le  trouvère  en  a  usé. 

I.  —  Dans  les  monosyllabes. 

Li  article  ms.  sg.  est  tantôt  élidé  (vers  89,  273, 
3o2,  320,  379,  426,  435,  etc.),  tantôt  en  hiatus  avec 
la  voyelle  qui  commence  le  mot  suivant  (vv.  41,  87, 
214,  327,  334,  340,  404,  etc.).  Li  n'est  jamais  élidé 
dans  Saint  Alexis,  mais  l'élision  est  déjà  fréquente 
dans  le  Roland  \  dans  le  Comput  2,  dans  le  Voyage 
de  Charlemagne  à  Jérusalem  ^.  Les  poètes  ont  usé 
pendant  longtemps  de  la  faculté  d'élider  ou  de  main- 
tenir Vi  selon  les  besoins  de  la  mesure. 

Li  art.  ms.  pi.  n'est  jamais  élidé.  Il  en  est  de  même 
dans  tous'les  textes. 

Li  pronom  personnel  est  élidé  3  fois  (vers  697, 
1822,  21 10).  Partout  ailleurs  il  est  en  hiatus. 

La  pron.  pers.  est  élidé  une  fois  (vers  2663). 

Ma  adj.  poss,  fém.  sing.  est  élidé  2  fois  (vers  666, 
681);  sa  est  élidé  5  fois  (vers  128,  642,  1026,  1068, 

2236). 

Ge  pron.  pers.  est  élidé  1 5  fois  dans  le  Coronement 
Looïs  (vers  68,  118,437,479,646,922,962,  1089, 
1 122,  i565,  i632,  181 1,  1849,  2198,  2220),  5  fois 

1.  G.  Paris,  Alexis,  p.  32.  —  Lœschhorn,  Zum  normannischen. 
Rolandsliede  {Diss.  Leipzig,  1873),  p.  6. 

2.  Mail,  Li  Cumpo\,  p.  33. 

3.  Koschwitz,  Ueber  die  Ch.  des   V.  de  Ch.  à  J.    {Rom.  Stud, 
h  3o). 


DIALECTE  ET  AGE  CLXV 

seulement  il  est  en  hiatus  (vers  263,  927,  1228, 
1259,  1990).  Dans  le  Saint  Alexis,  ce  pronom  n'est 
pas  encore  élidé;  dans  le  Roland,  les  cas  d'élision 
sont  déjà  fréquents  ^,  dans  le  Comput,  Télision  n'a  pas 
jieu  2;  dans  le  Voyage  de  Charlemagne,  M.  Kosch- 
witz  ^  pense  que  ge  n'est  jamais  élidé,  mais  tous  les 
exemples  qu'il  cite  ne  sont  pas  également  sûrs. 

Ce  pron.  démonstratif,  devant  le  verbe  être  (seul 
cas  où  il  se  trouve  devant  une  voyelle  dans  le  Corone- 
ment  Looïs)^  est  en  hiatus  une  seule  fois  (v.  674),  ail- 
leurs il  est  élidé  (vers  486,  783,  861,  1022, 
1087,  1410,  1547,2379).  Les  cas  d'élision  existent 
déjà  dans  Saint  Alexis  ^^  dans  Roland  ^,  dans  le 
Voyage  de  Charlemagne  ^. 

Qui  pron.  relatif  est  soumis  à  l'élision  i  fois  (vers 
2533).  Partout  ailleurs  il  est  en  hiatus.  Au  vers  477 
il  est  difficile  de  savoir  si  le  mot  élidé  est  qui  ou  que. 

Que  pron.  relatif  est  élidé  7  fois  (vers  58o,  1145, 
1193,  1627,  1798,  1934,  2043)  et  en  hiatus  3  fois 
(vers  464  et  577,  2676). 

Que  pron.  interrogatif  se  trouve  deux  fois  devant 
une  voyelle  ;  dans  les  deux  cas  il  est  élidé  (v.  63o  " 

1195). 

1.  G.  Paris,  Ibid.,  p.  38;  Lœschhorn,  Ibid.,  p.   8;  Hill,  Ueber 
das  Melrum  in  der  Ch.  de  Roi.  (Diss.  Strasbourg,  1874),  p.  18. 

2.  Mail,  Ibid.,  p.  33. 

3.  Ibid.,  p.  32. 

4.  G.  Paris.  Ibid.,  p.  33. 

3.  Lœschhorn,  Ibid.,  p.  12.  —  Hill,  Ibid.,  p.  16. 

6.  Koschwiiz,  Ibid,  p.  35. 

7.  Qu'atendereie  plus  ;  on  pourrait  lire  aussi  :  Que  atendreie 
plus.  Mais  les  manuscrits  sont  d'accord  pour  donner  la  leçon. 


CLXVI  INTRODUCTION 

Que  conjonction  est  de  même  élidé  dans  les  vers 
24,  125,  i53,  etc.,  en  hiatus  dans  les  vers  363,  376, 
410,  759,  760,  etc. 

Se  conjonction  (lat.  si)  est  tantôt  élidé  (vers  25,  68, 
188,227,675,  etc.),  tantôt  en  hiatus  (vers  i83,  io63, 
1087,  etc.). 

Ne  conjonction  est  élidé  3  fois  seulement  (vers  i  54, 
519,  868),  partout  ailleurs  il  est  en  hiatus  (vers  23 
(2  fois),  82,202,  245,  579,  712,  2539,  etc.). 

II.  —  Polysyllabes. 

Les  cas  d'élision  et  d'hiatus  que  je  viens  de  signa- 
ler s'appliquent  tous  à  des  monosyllabes;  dans  les  cas 
suivants,  au  contraire,  la  question  porte  sur  des  po- 
lysyllabes. Il  s'agit  de  savoir  si  leur  dernière  syllabe 
compte  dans  la  mesure  du  vers  devant  une  voyelle  ; 
en  un  mot,  s'ils  sont  terminés  par  un  e  muet  ou  par 
une  consonne. 

Les  substantifs  suj.  ou  voc.  sing.  emperere,  sire, 
ancestre,  prestre,  père,  se  rencontrent  9  fois  devant 
un  mot  commençant  par  une  voyelle  (vers  73,  io3, 
464,  475,  541,  992,  1008,  i8o5,  2628)  et  toujours 
leur  dernière  syllabe  est  élidée;  ce  qui  nous  montre 
qu'à  l'époque  où  fut  arrangé  le  Corouement  Looïs, 
ces  mots  et  leurs  semblables  n'avaient  pas  encore  reçu 
Vs  analogique,  qu'ils  empruntèrent  dans  la  seconde 
moitié  du  xii«  siècle  aux  substantifs  masculins  de  la 
seconde  déclinaison  latine  en  us. 

Au  contraire,  les  deux  vers  736  et  948  nous  mon- 
trent cette  s  analogique  au  sujet  singulier  masculin 
altres.  Je  ne  parle  pas  du  vers  634,  qu'il  ne  m'a  pas 


DIALECTE  ET  AGE  CLXVJI 

été  possible  d'établir  d'une  façon  satisfaisante;  je  crois 
que  le  i*^'"  hémistiche  devrait  tiTç.S'uns  altres  ont.  En 
tous  cas,  les  deux  autres  exemples  de  altres  suj. 
masc.  sing.  sont  sûrs.  Faut-il  en  conclure  que  tous  les 
adjectifs  de  la  même  déclinaison  ont  reçu  cette 5?  Non, 
car  altres  a  pu  la  recevoir  plus  tôt  que  les  autres  ad- 
ectifs,  par  analogie  avec  uns  :  li  uns  li  altres,  uns 
altres. 

Au  vers  2812,  le  vocatif  de  Guillelmes  est  rendu 
par  la  forme  oblique.  Ce  n'est  pas  la  forme  générale, 
mais  elle  n'est  pas  sans  exemple  dans  des  textes  anciens, 
et  je  n'ai  pas  trouvé  dans  ce  fait  une  raison  suffisante 
pour  remplacer  ce  vers  par  le  suivant  que  donne  G  : 

Sire  G.,  Bertrans  !  c'or  m'aïdiés. 

Dans  les  verbes  le  /  final  des  3®^  pers.  du  sing.  qui 
ont  en  latin  un  a  posttonique  a  complètement  dis- 
paru dans  notre  poème.  On  sait  que  déjà  dans  le  Ro- 
land  il  n'est  plus  guère  maintenu  que  par  la  tradition. 
Cette  chute  du  /  dans  le  Coronement  Looïs  se  cons- 
tate aux  vers  129,  298,  355,  65o,  670,  827,  972, 
1070,  1922,  1923,  1927,  etc.  Si  au  vers  ]56,  l'éli- 
sion  n'a  pas  lieu,  c'est  que  Vh  de  honir  est  aspirée. 

A  toutes  ces  remarques  je  crois  utile  d'en  ajouter 
une  sur  le  pronom  il  employé  impersonnellement. 

Le  pronom  //  employé  impersonnellement  se  trouve 
24  fois  dans  le  Coronement  Looïs  (vers  17,  22,  io5, 
2o5,  23i,  3i3,  391,  444,  63i,  633,  724,  742,  787, 
891,  1227,  i383,  1593,  j634,  1675,  1716,  1777, 
2oo3,  2129,  2409).  Mais  tous  ces  cas  sont  loin  d^être 
assurés.  Le  1",  par  exemple  (v.  17),  n'est  donné  que 


CLXVIII  INTRODUCTION 

par  les  manuscrits  G  et  D;  le  3'  (v.  io5),  par  C  et 
B'  ;  le  4'  (v.  2o5),  par  A'^  ;  le  5'  et  le  6''  (v.  23 1 ,  3 1 3), 
par  X  seul.  Le  vers  répété  444  et  460,  donné  par  x 
seulement,  est  écrit  par  tous  les  manuscrits  de  cette 
famille  dans  le  i"  cas  avec  il,  dans  le  second  sans  il. 

V.  444  :  Ainz  qu'il  i  muire  tanz  gentilz  ornes  sages. 
V.  460  :  Ainz  que  i  muire  tanz  gentilz  om  a  armes. 

De  même  au  vers  78,  A  donne  seul  s'il  vos  plait, 
contre  B  et  C,  qui  ont  d'autres  leçons  différant  entre 
elles. 

Ces  exemples,  que  je  pourrais  multiplier,  montrent 
combien  la  présence  de  il  dans  Toriginal  est  peu  as- 
surée, lors  même  qu'on  le  trouve  dans  les  manuscrits. 
En  général,  l'étude  d'un  monosyllabe  ne  peut  pas 
remonter  au-delà  des  plus  anciens  manuscrits  où  il 
se  trouve.  Du  reste,  l'emploi  du  pronom  il  imperson- 
nel par  l'auteur  du  Coronement  Looïs  ne  nous  ap- 
prendrait pas  beaucoup.  M.  Horning,  dans  un  article 
intéressant  sur  Le  pronom  neutre  il  en  langue  d'oïl  ^ 
malgré  sa  ferme  résolution  de  ne  pas  admettre  ce  pro- 
nom avant  le  milieu  du  xn^  siècle,  n'a  pu  faire  autre- 
ment que  de  le  laisser  dans  le  Bestiaire  de  Ph.  de 
Thaun,  dans  le  Comput  et,  qui  pis  est,  une  vingtaine 
de  fois  dans  le  Roland, 

Pour  résumer  cette  étude  un  peu  longue  sur  la  ver- 
sification du  Coronement  Looïs  et  pour  en  tirer  une 
conclusion  générale,  je  vais  rappeler  les  traits  les  plus 
caractéristiques  que  j'y  ai  rencontrés  : 

I.  Rom.Stud.,  IV,  22q  et  ss. 


dialecte  et  age  clxix 

1°  Pour  le  dialecte  : 

La  confusion  de  an  et  en  prouve  que  notre  poème 
n'appartient  ni  au  dialecte  anglo-normand,  ni  aux  ré- 
gions du  N,-E.  de  la  France,  où  la  distinction  s'est 
maintenue  entre  les  deux  sons. 

La  distinction  entre  e  et  ié  s'ajoute  à  l'homophonie 
des  deux  sons  an  et  en  pour  prouver  que  nous  n'avons 
pas  affaire  au  dialecte  anglo-normand. 

La  réduction  de  la  triphtongue  iei  =è+j  en  i 
prouve  que  le  Coronement  Looïs  n'appartient  pas  à 
l'Ouest  de  la  France. 

Les  deux  formes  mi,  cheïr  viennent  s'ajouter  à  cette 
preuve. 

La  i""^  pers.  plur.  en  ornes  est  du  Nord-Est.  Notre 
poème  emploie  généralement  la  forme  om  et  ons  et 
3  fois  seulement  celle  en  ornes  ^,  qu'il  a  empruntée  à 
un  dialecte  voisin.  Il  n'est  donc  pas  du  Nord-Est, 
mais  il  n'en  est  pas  éloigné. 

Ajoutons  encore  que  l'esprit  du  poème  est  anti-nor- 
mand d'un  bout  jusqu'à  l'autre; 

Qu'aucun  des  caractères  souvent  si  tranchés  du 
dialecte  picard  n'y  apparaît  ; 

Enfin  qu'on  n'y  trouve  aucun  trait  qui  ne  puisse 
s'expliquer  dans  le  dialecte  français. 

D'oiJ  je  conclus  que  notre  poème  a  été  rédigé  dans 
rile-de-France,  plutôt  à  l'Est  qu'à  l'Ouest  de  cette 
région. 

Nous  avions  déjà  en  faveur  de  cette  conclusion  une 


I .  Aux  deux  exemples  confirmés  par  l'assonance  et  déjà  cités,  l'é- 
tude de  la  mesure  des  mots  en  ajoute  un  troisième  dans  le  vers  2172. 


CLXX  INTRODUCTION 

présomption  assez  forte  dans  l'étude  des  manuscrits, 
qui,  au  nombre  de  7  sur  8,  sont  écrits  par  des  scribes 
français. 

2°  Pour  l'âge  : 

L'absence  de  Vs  au  nom.  sing.  des  substantifs  jt?ere, 
sire,  emperere,  anceslre,  prestre  fait  déjà  remonter 
notre  poème  à  la  première  moitié  du  xii^  siècle. 

L'incertitude  qui  règne  encore  dans  le  mélange 
des  sons  an  et  en  fait  reculer  cette  date  jusqu'au  pre- 
mier tiers  du  même  siècle. 

La  distinction  de  la  diphtongue  ai  et  du  son  é,  et 
Tassonance  de  la  même  diphtongue  avec  a  pur,  en- 
fin la  distinction  de  ë  entravé  et  de  e  entravé  accusent 
un  âge  au  moins  aussi  reculé. 

La  nasalisation  des  voyelles,  encore  toute  récente 
pour  o  et  nulle  pour  i  et  pour  ié,  confirme  ces  preuves 
d'antiquité. 

Je  crois  donc  pour  toutes  ces  raisons  que  le  Coro- 
nement  Looïs  a  été  rédigé  dans  sa  forme  actuelle  par 
un  Français,  dans  les  premières  années  du  xii*  siècle, 
au  plus  tard  vers  jijo. 

J'ai  encore  trouvé  dans  Tétude  des  assonances  et  de 
la  mesure  du  vers  des  indications  précieuses  sur  l'or- 
thographe que  je  devais  employer  dans  le  texte.  Je  les 
ai  signalées  :  le  maintien  de  /  dans  la  graphie  partout 
où  plus  tard  elle  est  devenue  u,  sa  chute  dans  le  mot 
reiame;  le  rétablissement  de  la  diphtongue  ai  partout 
où  les  manuscrits  récrivent  e;  la  distinction  dans  la 
graphie  entre  an  et  en,  suivant  Tétymologie;  le  mot 
Deus  écrit  sans  /  ;  la  diphtongaison  de  b  libre  même 
devant  une  nasale  (j'ai  adopté  ue  plutôt  que  oe,  parce 


VALEUR  LITTERAIRE  CLXXI 

que  c'est  la  forme  que  je  crois  avoir  été  la  plus  gé- 
nérale dans  rile-de-France  au  commencement  du 
xii^  siècle)  -,  les  2  pers.  plur.  du  futur  en  e^  et  non  en 
ei^;  enfin  les  nominatifs  sing.  père,  emperere  et  au- 
tres de  la  même  déclinaison  sans  s. 

Ce  sont  les  seuls  renseignements  que  l'étude  de  la 
versification  m'ait  donnés  sur  cette  question.  Je  ne 
pouvais  en  demander  d'autres  aux  manuscrits,  qui 
sont  trop  postérieurs  à  l'original .  J'ai  donc  été  obligé, 
pour  compléter  mon  système  de  graphie,  de  m'ins- 
pirer  des  travaux  qui  ont  été  faits  directement  ou  in- 
directement sur  l'orthographe  française  au  xn^  siècle. 


VII.   —   VALEUR   LITTERAIRE   DU    CORONEMENT 
LOOÏS. 


Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  les  différentes  branches 
du  Coronement  Looïs  aient  toutes  une  égale  valeur 
littéraire  ;  la  première  est  de  beaucoup  la  plus  belle  ; 
c'est  même  une  des  plus  remarquables  pages  de  notre 
vieille  poésie  épique.  C'est  après  en  avoir  cité  deux 
vers,  véritablement  magnifiques,  que  M.  Paulin  Pa- 
ris écrivait  :  «  Je  ne  crains  pas  de  dire  que  ces  vers, 
dont  l'harmonie  est  imposante  comme  celle  des  flots 
de  la  mer,  doivent  compter  parmi  les  morceaux  de  la 
plus  haute  poésie  »  ^  On  y  rencontre  en  effet  partout 

1.  Histoire  littéraire,  xxii,  481. 


CLXXII  INTRODUCTION 

les  sentiments  d'une  âme  fière  et  honnête,  exprimés 
dans  un  style  noble,  vigoureux,  sobre,  exempt  des 
épithètes  oiseuses  et  des  nombreuses  formules  si  com- 
modes aux  trouvères  sans  talent  pour  cheviller  leurs 
vers  insipides.  L'auteur  est  un  Français  convaincu  que 
Dieu  en  ordonnant  les  royaumes  de  la  terre  a  mis  la 
France  au  premier  rang  : 

Tôt  le  meillor  torna  en  dolce  France. 

Le  chef  d'un  si  noble  pays,  celui  qui  en  porte  «  la  co- 
rone  d'or  »,  doit  être  un  preux,  capable  de  poursui- 
vre sans  relâche  les  ennemis  du  royaume,  de  rendre  la 
justice  aux  faibles,  de  mériter  h  sympathie  et  l'admi- 
ration de  tous  les  gens  de  bien  ;  en  un  mot,  d'être  un 
digne  successeur  de  Charlemagne.  Mais  que  les  temps 
sont  changés  depuis  la  mort  du  grand  empereur! 

Lors  fist  Ten  dreit,  mais  or  nel  fait  l'en  mais. 

Après  cette  mélancolique  réflexion  d'un  esprit  qui 
souffre  à  la  vue  des  injustices  de  son  temps,  l'auteur 
raconte  la  cérémonie  du  couronnement  de  Louis,  la 
trahison  du  comte  d'Orléans,  son  châtiment.  Dans  son 
récit,  les  caractères  sont  nettement  dessinés  :  Charle- 
magne  est  le  vieillard  qui  ne  peut  plus  imposer  sa  vo- 
lonté parce  que  son  bras  n'a  plus  la  force  de  la  faire 
respecter;  Louis  est  un  enfant  timide,  Arneïs  un  traî- 
tre adroit,  Guillaume  un  baron  brave  et  dévoué. 

Ou  l'auteur  de  la  seconde  branche  était  bien  infé- 
rieur à  celui  de  la  première,  ou  l'une  a  plus  souffert 
que  l'autre  des  arrangements  du  remanieur.  Peut-être 
les  deux  causes  ont-elles  concouru  à  faire  de  la  se- 


VALEUR  LITTÉRAIRE  CLXXIII 

conde  partie  du  Coronement  Looïs  une  œuvre  as- 
sez médiocre.  L'originalité  y  a  fait  place  aux  banalités, 
aux  répétitions  monotones,  qui  ont  affadi  le  style  et 
ralenti  l'action.  C'est  ainsi  que  dans  le  duel  entre  Cor- 
solt  et  Guillaume  les  deux  champions,  au  lieu  de  frap- 
per se  lancent  d'interminables  défis.  Guillaume  entre 
ses  coups  trouve  le  temps  de  réciter  deux  longues 
prières,  l'une  de  quatre-vingt-quinze,  l'autre  de  cin- 
quante-quatre vers,  de  ces  prières  trop  connues,  dans 
lesquelles  le  suppliant  raconte  à  Dieu  l'ancien  et  le 
nouveau  Testament;  et  Corsolt,  qui  avait  annoncé 
son  intention  d'en  finir  plus  tôt 

Que  vos  n'iriez  demi  arpent  a  pié, 

le  laisse  faire  et  se  contente  de  lui  demander  à  la  fin  à 
qui  il  a  «  si  longement  parlé  ». 

Un  caractère  assez  particulier  de  cette  branche  est 
une  sorte  de  bouffonnerie,  plus  ou  moins  consciente, 
dans  l'expression  et  même  dans  l'idée.  Galafre  ap- 
pelle le  pape  «  sire  al  chaperon  large;  »  Corsolt  lui 
dit: 

«...  Petiz  om,  tu  que  quiers? 

Est  ce  tes  ordenes  que  hait  ie's  reoigniez  ?  » 

Le  pape  permet  à  Guillaume  d'user  des  femmes  au- 
tant que  ses  forces  le  lui  permettront  ;  quelque  péché 
qu'il  commette,  le  paradis  lui  est  assuré.  Ailleurs  il 
menace  saint  Pierre  de  lui  supprimer  radicalement  les 
messes  dans  son  moûtier. 

Il  faut  cependant,  pour  être  juste,  reconnaître  qu'il 
y  a,  même  dans  cette  branche,  quelques  beaux  vers, 
par  exemple  ceux  oii  Corsolt  exprime  au  pape  sa  haine 


CLXXIV  INTRODUCTION 

contre  le  Dieu  des  chrétiens;  les  deux  derniers  du 
passage  sont  vraiment  superbes  : 

Et  mei  et  Deu  n'avons  mais  que  plaidier  : 

Meie  est  la  terre  et  siens  sera  li  ciels  (v.  536,  537). 

La  troisième  branche,  sans  valoir  la  première,  est 
cependant  bien  supérieure  à  la  seconde;  le  style  est 
plus  vif,  les  formules,  les  épithètes  inutiles  sont  plus 
rares;  l'action  procède  plus  régulièrement,  suivant  un 
plan  bien  tracé  ;  l'auteur  se  rend  compte  des  lieux  où 
il  fait  agir  ses  personnages;  il  connaît  probablement 
Tours  et  le  monastère  de  Saint-Martin;  il  connaît 
même  la  géographie  du  Nord-Ouest  de  la  France,  car 
l'itinéraire  qu'il  fait  suivre  à  Guillaume  après  la  mort 
d'Ancelin  ne  cesse  d'être  vraisemblable  que  lorsqu'on 
sort  de  cette  région.  Cette  particularité  et  les  noms 
aquitains,  comme  Flore  du  Plessis,  Gautier  de  Tou- 
louse, donnés  aux  compagnons  de  Guillaume,  con- 
firment les  raisons  que  j'ai  déjà  données  pour  identi- 
fier le  Guillaume  de  cette  branche  avec  un  des  comtes 
de  Poitiers  du  même  nom. 

La  quatrième  branche  ressemble  beaucoup  à  la  se- 
conde; en  modifiant  quelques  détails,  en  donnant  aux 
Allemands  le  nom  de  Sarrasins  et  à  Gui  celui  de  Cor- 
solt,  l'une  ne  sera  plus  que  la  répétition  de  Tautre. 

La  cinquième  branche  est  un  simple  sommaire 
de  trente  à  trente-cinq  vers.  Le  remaîtieur  avait  évi- 
demment pensé  à  l'étendre  davantage,  comme  le 
prouvent  les  trois  vers  suivants  placés  à  la  fin  de  la 
quatrième  branche  : 

Tels  li  jura  qui  le  tint  bonement 


VALEUR  LITTERAIRE  CLXXV 

Et  tels  alsi  qui  ne  li  tint  neient, 

Com  vos  orrez  ainz  le  soleil  colchant  (v.  2639-2641). 

Il  est  en  effet  peu  admissible  que  dans  cette  an- 
nonce l'auteur  n'ait  eu  en  vue  que  le  récit  abrégé  que 
nous  avons. 

Celui  qui  a  réuni  ces  diverses  branches  en  un  seul 
poème  était  un  homme  fort  médiocre.  En  beaucoup 
de  cas,  naturellement,  il  est  difficile  de  décider  si  l'idée 
ou  l'expression  est  de  lui  ou  de  l'auteur  original,  mais 
aussi  dans  d'autres  on  reconnaît  incontestablement 
les  traces  de  sa  main  maladroite.  Des  vers  répétés 
dans  les  différentes  branches  ne  peuvent  être  que  de 
lui,  ou  du  moins  ont  été  introduits  par  lui,  et  ces  vers 
sont  généralement  les  plus  mauvais  de  l'ouvrage.  Il  a 
laissé  les  contradictions  les  plus  choquantes  dans  les 
diverses  parties.  Par  exemple,  à  la  fin  de  la  première 
branche,  quand  Guillaume  quitte  la  cour  d'Aix  pour 
se  rendre  à  Rome,  le  remanieur  oublie  absolument 
que,  d'après  la  première  branche,  en  même  temps  que 
Guillaume,  le  pape  se  trouvait  à  Aix,  où  il  était  venu 
pour  le  couronnement  de  Louis.  Dans  la  première 
branche,  la  cour  siège  à  Aix  ;  dans  les  autres,  Louis 
est  le  roi  de  Saint-Denis,  ou  de  Paris.  A  la  fin  de  la 
seconde  branche,  le  vainqueur  de  Gorsolt  est  sur  le 
point  d'épouser  la  fille  de  Gaifier  ;  mais  ce  vainqueur 
prenant  dans  le  remaniement  le  nom  de  Guillaume  au 
Court  Nez,  le  mariage  devient  gênant,  puisque  dans 
la  poésie  la  femme  de  Guillaume  est  la  belle  Orable  ; 
le  remanieur  sort  de  cet  embarras  avec  un  vers  : 

Trestot  aveit  entrobliee  Orable. 


CLXXVI  INTRODUCTION 

Ce  mariage  manque  est  le  prétexte  qui  ramène 
Guillaume  en  Italie  à  la  fin  de  la  troisième  branche, 
pour  y  devenir  le  héros  de  la  quatrième.  Guillaume 
redescend  donc  en  Italie  pour  épouser  la  jeune  fille, 
dont  Gui  d'Allemagne  convoite  la  main  et  surtout  les 
biens.  Il  vient  à  Rome,  tue  Gui,  puis  rentre  en  France, 
sans  que,  dans  tout  le  récit,  il  soit  fait  la  moindre  al- 
lusion à  la  fille  de  Gaifier.  Ce  serait  le  cas  de  dire  au 
jongleur  ce  que  les  messagers  disent  à  Guillaume  : 

De  la  pulcele  vos  a  petit  membre. 

Au  lieu  d'insister  sur  ces  contradictions,  j'aime 
mieux  signaler  encore  les  vers  qui  ont  servi  de  sou- 
dure entre  les  différentes  branches  et  qui  dévoilent 
chez  le  remanieur  une  étonnante  faiblesse  d'inven- 
tion :  ceux  qui  relient  la  troisième  branche  à  la  se- 
conde, depuis  : 

Es  dous  messages  venant  toz  abrivez  (v.  1 384), 

jusqu'à  : 

De  Looïs  vos  est  petit  membre  (v.  iSgS), 

se  retrouvent  entre  la  troisième  et  la  quatrième,  de- 
puis : 

Es  dous  messages  poignant  tôt  abrivez  (v.  2225), 

jusqu'à  : 

De  la  pulcele  vos  a  petit  membre  (v.  2232). 

Le  premier  de  ces  vers,  Es  dous  messages.,,  est 
déjà  dans  la  soudure  de  la  première  à  la  seconde 
branche  (v.  32  3). 


VALEUR  LITTERAIRE  CLXXVII 

Dans  le  récit  des  voyages  que  Guillaume  fait  suc- 
cessivement d'Aix  à  Rome,  de  Rome  à  Tours,  d'Or- 
léans à  Rome,  on  découvre  la  même  pauvreté  d'ima- 
gination. Le  premier  voyage  est  ainsi  raconté  : 

Vait  s'en  li  cuens,  de  neient  ne  se  large; 
De  ses  jornees  ne  sai  que  vos  contasse  : 
Montgeu  trespasse,  qui  durement  le  lasse; 
De  ci  a  Rome  n'aresta  Fierebrace  (v.  268-271). 

Voici  le  second  : 

Vait  s'en  li  cuens,  qui  de  riens  ne  se  large, 

Montgeu  trespasse,  qui  durement  le  lasse. 

De  lor  jornees  ne  sai  que  vos  contasse; 

De  ci  en  Brie  n'arestent  ne  se  targent  (v.  1446- 1449). 

Dans  le  troisième,  le  changement  d'assonance  a  né- 
cessité une  légère  modification  : 

De  lor  jornees  ne  vos  sai  deviser  : 
Montgeu  trespassent,  qui  molt  les  a  penez, 
De  ci  a  Rome  ne  se  sont  aresté  (v.  2276-2278). 

Malgré  ces  défauts,  il  n'en  reste  pas  moins  au  Co- 
ronement  Looïs  un  réel  mérite  littéraire,  qui,  joint  à 
l'importance  historique  et  à  la  valeur  linguistique  de 
ce  poème,  en  fait  un  des  plus  intéressants  ouvrages  de 
l'ancienne  poésie  française. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


LI  CORONEMENZ  LOOIS 


lEz,  seignor,  que  Deus  vos  seit  aidanz  ! 
^Pllil    P^^^^^  ^^^  ^^^  d'une  estoire  vaillant. 
i^î^    Buene  chançon,  corteise  et  avenant? 
Vilains  juglere  ne  sai  por  quei  se  vant 
Nul  mot  n'en  die  tresque  l'en  li  cornant. 
De  Looïs  ne  lairai  ne  vos  chant, 
Et  de  Guillelme  al  cort  nés  le  vaillant, 


I  5»  a  un  tout  autre  début;  il  remplace  les  trois  premières  laisses 
de  A,  B^,  C  et  D  par  la  suivante  :  G.  fu  tous  drois  en  son  estant 
Il  jure  dieu  le  père  tout  poissant  Quil  ne  lairoit  por  nule  riens 
viuant  Veoir  ne  voist  charleinagne  le  grant  II  sapareille  auec  lui 
maint  sergant  Qui  de  laler  estoienl  desirrant  A  dieu  commandent 
ermengart  la  vaillant  De  leur  jorneez  ne  vos  irai  contant  Desci  a 
ais  ne  se  vont  arestant  La  ont  irouue  guielin  et  bertrant  Qui  por 
g.  furent  lie  et  joiant  Pour  la  leçon  de D,  voye^  ci-dessous;  après 
le  ler  vers  A  donne  Li  glorios  par  son  coniandement  —  3  A 
et  B  Bone  et  corioise  gentil  et  auenant  —  4  C  A^  sen  vant;  /l* 
.1.  nain  j.  —  5  .(4  N.  m.  a  dire;  /l*  .1.  mot—  G  C  De  1.  ne  lise  — 
7  B^  le  puissant 


LI  CORONEMENZ  LOOIS 

Qui  tant  sofri  sor  sarrazine  gent; 

De  meillor  orne  ne  cuit  que  nuls  vos  chant. 


II 


10        Seignor  baron,  plaireit  vos  d^une  esemple, 
D'une  cliançon  bien  faite  et  avenante? 
Quant  Deus  eslist  nonante  et  nuef  reiames, 
Tôt  le  meillor  torna  en  doice  France. 
Li  mieldre  rcis  ot  a  nom  Charlemagne; 

i5        Cil  aleva  volentiers  doice  France; 

Deus  ne  tist  terre  qui  envers  lui  n^apende; 
Il  i  apent  Bavière  et  Alemaigne, 
Et  Normandie,  et  Anjou,  et  Bretaigne, 
Et  Lombardie,  et  Navare,  et  Toscane. 


III 


20        Reis  qui  de  France  porte  corone  d'or 

Prodom  deit  estre  et  vaillanz  de  son  cors  ; 
Et  s'il  est  om  qui  li  face  nul  tort, 
Ne  deit  guarir  ne  a  plain  ne  a  bos, 
De  ci  qu'il  l'ait  o  recréant  o  mort  : 

23        S'einsi  nel  fait,  dont  pert  France  son  los; 
Ce  dist  Testoire  :  coronez  est  a  tort. 


8  B»  Q..  t.  s.  contre  paiene  gent  —  9  C  Du  nul  meillor  n. 
q.  —  10  B^  Plaist  il  vous  a  entendre;  C  plaist  il  vos  a  ensemple 
—  1 1  B=«  Bone  c.  b.  f.  por  aprendre  —  12  A  nonante  et  .x.  —  1 3  C 
dona  a  d.  f.  —  14  A  Li  maines  r.;  B^  si  ot  nom  c.  —  i  5  B*  G.  a. 
a  son  pooir  le  règne  —  16  C  qua  lui  ne  doie  aprendre  —  17  -^ 
B^  Il  ala  prendre;  B^  isi  \  a.;  D  Quil  i  apent  —  19 B-  Et  berriier 
et;  C  Et  1.  auauterre  et  t.  —  26  C  manque 


Ll   CORONEMENZ  LOOlS 


IV 


Quant  la  chapele  fu  beneeite  a  Ais. 

Et  li  mostiers  fu  dédiiez  et  faiz, 

Cort  i  ot  buene,  tel  ne  verez  ja  mais; 
3o        Quatorze  conte  guarderent  le  palais. 

Por  la  justice  la  povre  gent  i  vait; 

Nuls  ne  s^i  claime  que  très  buen  dreit  n'i  ait. 

Lors  fist  Ten  dreit,  mais  or  nel  fait  Ten  mais; 

A  conveitise  l'ont  torné  li  malvai^; 
35        Por  fais  loiers  remainent  li  buen  plait. 

Deus  est  prodom,  qui  nos  governe  et  paist, 

S^en  conquerront  enfer  qui  est  punais, 

Le  malvais  puiz,  dont  ne  resordront  mais. 


V 
Gel  jor  i  ot  bien  dis  et  uit  evesques, 


27  C  Q.  b.  f.  la  c.  a  ais;  B^ ,  au  lieu  des  cinq  vers  27  <à  31^ 
donne  les  trois  suivants  Or  est  g.  dedens  la  cite  de  ais  Segnor 
a  yce  jour  que  li  mousiiers  fu  fais  Et  li  lieus  beneis  adont 
estoit  drois  fais  —  28  B^  Et  1.  m.  i  fu  formez  et  f.  —  29  C  K.  tint 
cort  gregnor  n.;  A  B  tele  ne  verroiz  mais  —  3o  C  i  gardent  —  3 1  C 
P.  1.  j.  se  poure  gent  ni  ait  —  32  A^  A"^  que  très  bien  d.  nen  ait; 
B'  que  molt  bon  d.  —  33  B^  Or  est  ainsi  que  on  ne  le  fait  mais; 
B*  mais  poi  en  fait  on  mais;  C  On  fist  dont  droit  mais  or  nen  fait 
on  mais  —  ^4  A  A  corioisie;  C  sont  torne  —  35  A^  reraainrcnt; 
C  eslongneiit  le  d.  p.  —  36  B^  On  ne  fait  droit  ne  au  clers  ne  as 
lais  Mais  damedieus  qui  est  souerains  et  vrais  Ses  en  rendra  leur 
gueredons  parfais;  B^  Dieus  en  prent  droit  qui  nous  gouuerne  et 
fait;  C  Dieus  lor  perdonne  q.  les  g.  e.  p.  —  37-4  Si  conquérons  — 
38  A  Les  maluais  princes  dont  ne  resordrons  {A^  resordront)  mais; 
C  manque  —  39  jB  Li  jors  fu  bicl  qui  fu  icelle  feste  Ce  jor  i  ot 
bien  .xxvii.  euesques;  C  diffère  trop  pour  qu'on  en  puisse  mention- 
ner toutes  les  variantes;  je  renvoie  à  la  copie  intégrale  que  j'en 


U  CORONEMENZ  LOOIS 


40        Et  si  i  ot  dis  et  uit  arcevesques, 

Li  apostoiles  de  Rome  chanta  messe. 


VI 


Gel  jor  i  ot  oferende  molt  bêle, 

Que  puis  celé  ore  n'ot  en  France  plus  bêle. 

Qui  la  reçut  molt  par  en  fist  grant  feste. 


VII 


45        Gel  jor  i  ot  bien  vint  et  sis  abez, 

Et  si  i  ot  quatre  reis  coronez. 

Gel  jor  i  fu  Looïs  alevez, 

Et  la  corone  mise  desus  Taltel  ; 

Li  reis  ses  père  li  ot  le  jor  doné. 
5o        Uns  arcevesques  est  el  letrin  montez, 

Qui  sermona  a  la  crestienté  : 

«  Baron,  dist  il.  a  mei  en  entendez  : 

Gharles  li  magnes  a  molt  son  tens  usé, 

Or  ne  puet  plus  ccste  vie  mener. 
55        II  ne  puet  plus  la  corone  porter  : 

Il  a  un  fill  a  cui  la  vuelt  doner.  » 

Quant  cil  rcntendent,  grant  joie  en  ont  mené; 


imprime  à  la  fin  de  ce  volume.  Quand  de  nouveau  il  se  rapprochera 
asse^  des  autres  leçons  pour  que  je  puisse  reprendre  le  système 
d'annotation  appirqué  aux  vers  précédents,  je  le  ferai  —  40  Z>  .xxv. 
a.  —  41  jB  Et  lapostoiles  meismes  c.  m.  —  42  A^  offrande  molt 
très  bcle;  B  si  bêle  oftrende  faite  —  43  5  Q.  p  c.  h.  en  france 
not  si  bêle  —  44  B^  en  parfist  molt  g.  f.  ;  A  Q.  1.  r.  il  dut  bien 
preudoms  estre  —  45  J3  .xxviii.  —  46  Après  ce  vers  B  ajoute 
Quatorze  contes  por  le  palais  garder  —  49  /^  len  ot  le  don  donc 
—  53  B  Ch.  li  rois  —  b\  B  Or  ne  vuclt  —  55  A  mcinquc  ;  B  vuelt. 


LI  CORONEMENZ  LOOIS 

Totes  lor  mains  en  tendirent  vers  Deu  : 
«  Père  de  gloire,  tu  seies  merciez 

60        Qu'estranges  reis  n'est  sur  nos  dévalez  !  » 
Nostre  emperere  a  son  fill  apelé  : 
«  Bels  fiiz,  dist  il,  envers  mei  entendez  : 
Veiz  la  corone  qui  est  desus  Taltel? 
Par  tel  convent  la  te  vueil  ge  doner  : 

65        Tort  ne  luxure  ne  pechié  ne  mener, 
Ne  traïson  vers  nelui  ne  ferez, 
Ne  orfelin  son  fié  ne  li  toldrez; 
S'einsi  le  fais,  g'en  lorai  Damedeu  : 
Prent  la  corone,  si  seras  coronez  ; 

70        O  se  ce  non,  filz,  laissiez  la  ester  : 
Ge  vos  defent  que  vos  n'i  adesez. 


VIII 

«  Filz  Looïs,  veiz  ici  la  corone? 
Se  tu  la  prenz,  emperere  iés  de  Rome; 
Bien  puez  mener  en  ost  mil  et  cent  ornes, 
75        Passer  par  force  les  eves  de  Gironde, 
Paiene  gent  craventer  et  confondre, 
Et  la  lor  terre  deis  a  la  nostre  joindre. 


58  B'  Chascuns  ses  mains  en  tendi  eniiers  de;  B^  T .  1.  m.  ont 
tendues  v.  d.  —  bg  B  P.  d.  g.  vos  soyez  aorez  —  60  B  Questranges 
rois  nait  sur  nos  poeste  —  62  A  manque  ainsi  que  pour  les  vers 
suivants;  Die  donne  —  64  S»  vous  —  6b  B  Tort  ne  outrage  que 
vos  ne  maintendrez  —  66  B  v.  nul  home  ferez  —  67  B  de  son  fie 
ne  toldrez  —  68  B  Les  veues  famés  toi  a  droit  maintendrez  (J5»  totes 
bon  d.  m.)  Seinsi  le  fais  je  te  dis  par  verte  De  dieu  seras  et  de 
tes  genz  amez  —  ôq  B  P.  1.  c.  sen  s.  c.  —  72  B  Fils  ce  dist  charles 
vez  ici  (B^  veez  ci)  la  c.  ;  A  veez  ci  —  74  B  En  ost  ponas  bien 
mener  .cm.  homes  —  yb  B  Passer  porras  les  yaues  de  girondc  — 
—  76  B  P.  g.  tormenter  et  c.  —  77  /j'  manque;  B^  Ht  la  1.  t.  d. 
a  la  terre  ai  oindre 


Ll    CORONEMENZ  LOOIS 


S'einsi  vuels  faire,  ge  te  doins  la  coronc  ; 
O  se  ce  non,  ne  la  baillier  tu  onques. 


IX 


80        a  Se  tu  deis  prendre,  bels  rilz,  de  fais  loiers, 

Ne  desmesure  lever  ne  esalcier, 

Faire  luxure  ne  alever  pechié, 

Ne  eir  enfant  retolir  le  sien  fié, 

Ne  veve  famé  tolir  quatre  deniers, 
85        Geste  corone  de  Jesu  la  te  vie, 

Filz  Looïs,  que  tu  ne  la  baillier.  » 

Ot  le  li  enfes,  ne  mist  avant  le  pié. 

Por  lui  plorerent  maint  vaillant  chevalier, 

Et  l'emperere  fu  molt  grains  et  iriez  : 
90        «  Ha  !  las,  dist  il,  com  or  sui  engeigniez  ! 

Delez  ma  famé  se  colcha  paltoniers, 

Qui  engendra  cest  coart  eritier. 

Ja  en  sa  vie  n'iert  de  mei  avanciez. 

79  B^  O.  s.  c.  n.  fils  ne  la  bailler  onques  —  80  A'  S.  i.  d. 
p.  b.  fils  loier;  B  Fils  dist  li  rois  ge  te  vueil  chastoier  Se  tu  doiz 
prendre  aucun  mauues  oier(B'  baux  filz  mauuais  loier)  —  81  BNe 
démesure  aleuer  nessaucier;  A  Ne    démesure  de   noient    abaissier 

—  82  jBNe  faire  tort  n.  a.  p.  —  83  B  Ne  orfclin;  A  B  a  retolir 
son  fie  —  84  ^  Aucune  famé  t.  .1111.  1.  ;  B'  N  v.  f.  t.  le  seul  de- 
nier; JB*  N.  V.  f.  seul  t.  .1.  d.  —  85  -B  Geste  corone  qui  desus  lautel 
siet  De  dieu  de  gloire  la  vous  defent  ge  bien  —  86  B  F.  1.  q.  vous 
n.  1.  bailliez  —  H")  A  O  1.  1.  e.  onques  ne  mut  le  pie  —  88  B  Es- 
bahiz  fu  de  ce  quil  entendie  Nosa  aler  la  corone  baillier  Et  quant 
ce  voient  li  baron  cheualier  Molt  en  sont  tuit  dolent  et  corocie 
(fit  M.  par  en  sont  d.  e.  c.)  —  8g  5'  E.  le.  en  fu  g.  e.  i.;  JB*  en 
fu  forment  i,;  B  ajoute  Quant  son  fill  vit  qui  si  ert  vergoigniez 
Dont  le  mescrut  lempereres  proisiez  Si  a  parle  que  loient  maint 
princier  —  90  B^  com  ge  sui  e.;  B'  o  ge  sui  e.  ;  B  ajoute  Tels 
cuide  auoir  une  bone  moillier  Qui  la  mauuaise  de  verte  le  sachiez 
Or  jureroie  par  la  vertu  du  ciel  —  ()2  C  A  la  leçon;  B  mauuais  he. 

—  93  B  manque  ;  C  J.  e.  s.  v.  niert  d.  m.  justicier 

%v  •?-    -  v  ■ 


Ll   CORONEMENZ  LOOIS  ^ 

Quin  fereit  rei,  ce  sereit  granz  péchiez. 
95        Or  li  fesons  toz  les  chevels  trenchier, 

Si  le  metons  la  cnz  en  cel  mostier  : 

Tirra  les  cordes  et  sera  marregliers, 

S  avra  provende  qu'il  ne  puist  mendiier.  » 

Delez  le  rei  sist  Arneïs  d'Orliens, 
100      Qui  molt  par  fu  et  orgueillos  et  fiers; 

De  granz  losenges  le  prist  a  araisnier  : 

«  Dreiz  emperere,  faites  pais,  si  m'oiez. 

Mes  sire  est  jovenes,  n'a  que  quinze  anz  entiers, 

Ja  sereit  mors  quin  fereit  chevalier. 
io5      Geste  besoigne,  s'il  vos  plaist,  m'otreiez, 

Tresqu'a  treis  anz  que  verons  cornent  iert. 

S'il  vuelt  preuz  estre  ne  ja  buens  héritiers, 

Ge  li  rendrai  de  gré  et  volentiers, 

Et  acreistrai  ses  terres  et  ses  fiez.  » 
1 10      Et  dist  li  reis  :  a  Ce  fait  a  otreier.  » 

«  Granz  merciz,  sire,  »  dient  li  losengier, 

Qui  parent  erent  a  Arneïs  d'Orliens. 

Semprcs  fust  reis  quant  Guillelmes  i  vient; 


94  C  B  Quen  ;  A  Qui  e.  f.  r.  c.  s.  péchiez  —  ob  C  A  la  leçon; 
B  O.  1.  f-  les  cheuels  roongnier—  96  A  Moines  sera  a  ais  en  c. 
m.;  B  Si  le  metons  par  dedenz  .1.  m.  —  97  B^  Tirera  cordes;  ]i' 
T.  1.  c.  et  s.  marrublier;  C  T.  1.  c.  si  s.  m.  —  gH  B  Sa  p.  quan- 
quil  porra  mangier;  C  Sa.  p.  qui  ne  vuelt  mendier  —  99  JB  se  s. 
h.  (A^  bernarz)  do.;  B  se  s.  h.  le  fier;  C  hernauz  cil  dorliens  — 
100  A  Qui  molt  se  fîst  e.  o.  e.  (.;  B  Riches  hom  fu  et  molt  fist  a 
proisier  —  101  A  réunit  le  jer  hémistiche  du  vers  loi  au  2e  du 
vers  102  :  De  granz  losenges  faites  pais  si  moiez;  B  D.  g.  1.  le 
voldra  conseillier  ;  C  la  leçon  —  io3  A  Mes  s.  iert  moines  ;  C  .vu.  ans 
—  106  B  Dusqua  .111.  a.  quen  verra  ci.;  C  Jusqua  .111.  a.  je  verrai 
quels  il  iert  —  107  B  Sil  v.  preuz  e.  n,  j.  b.  cheualiers;  C  Se  il 
quet  esire  jamais  bons  jusiichicrs  —  108  B  manque;  C  ).  1.  r.  sa 
terre  volentiers;  D  Puis  li  r.  d.  g.  e.  v.  —  109  B  On  li  croisira  et 
sa  terre  e.  s.  f. ;  D  Croisserai  1.  s.  t.  e  s.  f.  (ce  vers  placé  avant 
108)  -—  iio  B^  Le  rois  a  dit  —  112  B  Q.  p.  e.  celui  h.  le  fier; 
A  duc   hernault  do.  —  iio  B  au  lieu  des  vers  ii3  et  114  donne 


0  LI   CORONEMENZ  LOOIS 

D'une  foresl  repaire  de  chacier. 

1  I  5      Ses  niés  Bcrtrans  \i  coru  a  Tcstrier  ; 

Il  li  demande  :  «  Dont  venez  vos,  bels  nies? 

—  En  nom  Deu,  sire,  de  la  enz  del  mostier, 
Ou  j'ai  oï  grant  tort  et  grant  pechic. 
Arneïs  vuelt  son  dreit  seignor  boisier  : 

I  20      Scmpres  iert  reis,  que  Français  l'ont  jugié. 

—  Mar  le  pensa,  »  dist  Guillelmes  11  tiers. 
L'espee  ceinte  est  entrez  el  mostier, 
Desront  la  presse  devant  les  chevaliers  : 
Arneïs  trueve  molt  bien  apareillié; 

1 25      En  talent  ot  qu'il  li  copast  le  chief, 

Quant  li  remembre  del  glorios  del  ciel, 
Que  d'ome  ocire  est  trop  mortels  péchiez. 
.     Il  prent  s'espee,  el  fuere  Tembatié, 
Et  passe  avant;  quant  se  fu  rebraciez, 

i3o      Le  poing  senestre  li  a  meslé  el  chief, 
Halce  le  destre,  enz  el  col  ii  assiet  : 
L'os  de  la  gole  li  a  par  mi  brisié  ; 
Mort  le  tresbuche  a  la  terre  a  ses  piez. 


les  quatre  suivants  :  Sempres  fust  rois  li  culueiz  losengiers  Ne  tusi 
g.  li  marchis  au  vis  fier  Par  les  degrez  est  entrez  el  mostier  A  la 
cort  vient  o  lui  maint  cheualier  —  114  D  Li  gentils  cuens  repaire 
de  chacier  —  1 15  ii*  B.  s.  n.  1.  c.  a  le.  ;  B^  omet  ce  vers  et  les  sui- 
vants jusqu'au  vers  1 23  inclusivement  —  116  B^  I.  1.  d.  d.  v. 
sire  nies  —  118  5»  manque  —  11  ç)  B'  Ernaut  le  fel  cui  dieus 
doint  encombrier  Si  veut  leenz  son  droit  seigneur  boisier  A  loeys 
veut  retolir  son  h^;  A  B'^  hernaulz  si  v.  —  120  ^  S.  i.  r.  de  france 
le.  j.  —  B^  S.  i.  r.  quar  les  pers  lo.  j.  —  i23  B^  D.  1.  p.  d.  maint 
c.  —  124  JS  H.  i  trueue  m.  b.  a.  Ja  le  voloient  coroner  losengier 
Tantost  fust  rois  quant  g.  i  vient  Quant  il  le  voit  a  poi  nest  mar- 
uoiez;  A  H.  troua;  i25  B'  E.  t.  o.  de  coper  li  le  c.  —  126  B  Q. 
se  r.  de  dieu  le  droilurier  —  128  .4  II  prent  le  brant  si  le  ra  es- 
toie;  B  Sa  bone  espee  ra  el  f.  fichie  —  129  .4  Puis  passe  auant 
quant  se  fu  porpense;  B^  E.  p.  a.  q.  s,  f.  redrt-cie;  B'  la  leçon  — 
i3o  B  Son  poing  —  i33  v4  M.  1.  t.  a  terre  a  s.  p.  ;  A  M.  1.  t.  dcuani 
lui  a  s.  p. 


Ll   CORON EMENZ  I.OOIS  ( 

Quant  il  l'ot  mort  sel  prent  a  chasteier  : 
I  35      «  Hé  !  gloz  !  dist  il,  «  Deus  te  doint  encombrier  î 
Por  quei  voleies  ton  dreit  scignor  boisicr? 
Tu  le  deiisses  amer  et  tenir  chier, 
Creistre  ses  terres  et  alever  ses  fiez. 
Ja  de  losenges  n'avéras  mais  loier. 
J40      Ge  te  cuidoe  un  petit  chasteier, 

Mais  tu  iés  morz,  n'en  dorreie  un  denier.  » 
Veit  la  corone  qui  desus  Taltel  siet  : 
Li  cuens  la  prent  senz  point  de  l'atargier, 
Vient  a  l'enfant,  si  li  assiet  el  chief  : 
f45      «  Tenez,  bels  sire,  el  nom  del  rei  del  ciel, 

Qui  te  doint  force  d'estre  buens  justiciers!  » 
Veit  le  li  père,  de  son  enfant  fu  liez  : 
«  Sire  Guiilelmes,  granz  merciz  en  aiez. 
Vostre  lignages  a  le  mien  esalcié.  » 


j5o      a  Hé!  Looïs,  »  dist  Charles,  «  sire  filz, 
Or  avras  tu  mon  reiame  a  tenir. 
Par  tel  couvent  le  puisses  retenir 
Qu'a  eir  enfant  ja  son  dreit  ne  toiir, 
N'a  veve  famé  vaillant  un  angevin; 

i55      Et  sainte  église  pense  de  bien  servir, 
Que  ja  deables  ne  te  puisse  honir. 


i34  ^Q..  il  l'o.  m.  prent  le  a  c.  —  i  35  J3»  Fel  glouz  —  iH  B  C. 
s.  t.  Icuer  et  essaucier  —  i3ç)  A  mayique  —  140  A  G.  t.  c.  u.  p. 
esmaier  —  142  A  Vois  —  143  B  Li  cuens  (B>  Li  ber)  la  preni  plus 
aiendre  ne  quiert  —  145  A  el  nom  de  dieu  d.  c;  B^  Tien  la  bien 
sire;  B»  Tien  dist  il  sire  —  146  A  Qui  t.  d.  t.  a  estre  justicier; 
B  Que  tu  de  f.  soies  b.  j.  —  147  A^  Voit  lemperere  —  ibi  A  Tu 
auras  tost  —  i52jB  P.  t.  c.  1.  p.  tu  saisir  —  i53  /î  Qua  orfelin  ne 
puisses  rien  tolir  —  154  B  Ne  veue  famé  de  sonor  desenir—  i55 
A  Saintes  églises  pensez  —  \56  B  Quel  ne  te  laist  al  deable  honir 


10  LI  CORONEMENZ  I.OOIS 

Tes  cheraliers  pense  de  chier  tenir  ; 

Par  els  seras  onorez  et  serviz, 

Par  totes  terres  et  amez  et  cheriz.  » 


XI 


i6o      Quant  ont  le  jor  de  Looïs  rei  fait, 

La  cort  départ,  si  sont  rcmés  li  plait; 

Chascuns  Franceis  a  son  ostel  s'en  vait. 

Cinc  anz  vesqui  puis  Charles  et  non  mais. 

Charles  li  reis  en  monta  el  palais  ; 
j65      Ou  veit  son  till,  si  li  dist  entresait  : 


XII 


«  Filz  Looïs,  ne  te  cèlerai  mie, 
Or  avras  tôt  mon  reiame  en  baillie, 
Après  ma  mort,  se  Deus  me  beneïe. 
Qui  me  guerreie,  bien  sai  qu'il  te  desfie, 
170      Cil  qui  me  het,  bien  sai  ne  t'aime  mie  : 

Se  gel  puis  prendre,  par  Deu  le  HU  Marie, 
De  reençon  ge  n'en  vueil  aveir  mie, 
Ainz  le  ferai  detrenchier  et  ocire. 


137  A  pense  de  resbaUlir  —  iSq  B  Gar  {B^  Car)  losengiers  ne 
soit  par  toi  ois  Ne  croire  (B'  crois)  pas  lor  bordes  ne  lor  diz  Se  tu 
le  fais  tu  en  seras  honiz  —  160  i4  De  looïs  quant  le  jor  lont  r.  f. 
—  161  A  si  est  remes;  A^  remes  replet  —  162  B  C.  baron  en  son 
palais  sen  vait  —  164  jB  C.  1.  r.  monta  enz  {B^  hauti  el  palais  — 
166  ^  ne  vos  c.  m.)  B  Fils  dist  le  rois  —  167  5  Or  auras  tu  molt 
roial  scignorie  —  169  B  bien  sait  [B^  seni)  quil  me  défie  —  171 
manque  —  178  jB  D.  r.  denier  nen  aurai  mie 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  1  l 


XIII 


«  Filz  Looïs,  a  celer  ne  te  quier, 

175      Quant  Deus  list  rei  por  pueples  justicier, 
Il  nel  fist  mie  por  false  lei  jugier, 
Faire  luxure,  ne  alever  pechié, 
Ne  eir  enfant  por  retolir  son  fié, 
Ne  veve  famé  tolir  quatre  deniers; 

180      Ainz  deit  les  torz  abatre  soz  ses  piez, 
Encontreval  et  foler  et  pleissier. 
Ja  al  povre  orne  ne  te  chah  de  tencier; 
Se  il  se  claime  ne  t'en  deit  ennoier, 
Ainceis  le  deis  entendre  et  conseillier, 

i85      Por  l'amor  Deu  de  son  dreit  adrecier; 
Vers  l'orgoillos  te  deis  faire  si  fier 
Comme  liepart  qui  gent  vueille  mangier; 
Et  s'il  te  vuelt  de  neient  guerreier, 
Mandez  en  France  les  nobles  chevaliers, 

190      Tant  qu'en  aiez  plus  de  trente  miliers  ; 
Ou  mielz  se  fie  la  le  fai  asegier, 
Tote  sa  terre  guaster  et  essillier. 
Se  le  puez  prendre  ne  a  tes  mains  baillier, 
N'en  aies  onques  manaide  ne  pitié, 


174  A  Aincois  le  fai  —  ijb  A  por  le  pueple  esaucier  —  176  B  por 
les  bons  foriugier  —  1 77  fi  Por  faire  tort  ne  maluais  essaucier  —  1 78 
B  Ne  por  tolira  orfelin  son  fie  —  179  B  N.  v.  f.  seul  tolir  .1.  denier 
—  180  B  Ainz  dois  le  tort  foler  et  abaissier;  les  deux  vers  180  et 
1 S I  sont  ainsi  réunis  —  182  La  bonne  leçon  est  celle  de  D ;  x  En- 
vers le  (A  les)  poure  te  dois  humelicr  —  i83  A  manque  —  184  A  Et 
si  lor  dois  aider  et  conseillier  —  i85  A  Por  amor  Deu  sa  parole 
adrecier —  187  A  qui  gent  doie  m.;  B  qui  vueille  gent  m.  —  188  B 
Se  il  te  V.  —  189  B  Mandez  francois  —  igo  fi*  tresqua  .xxx.  m.» 
B^  Tant  que  en  aies  dusqua  .xxx.  m.  —  191  B  Ton  anemi  fai  tan- 
tosi  a.  —  19Î  fi  T.  s.  t.  ardoir  et  c.    -  194  B  Onques  nen  aies 


12  ^  LI  CORONEMENZ  LOOIS 

195      Ainceis  li  fai  toz  les  membres  trenchier, 
Arcieir  en  feu  ne  en  eve  neier  ; 
Quar  se  Franceis  te  veient  entrepiez, 
Diront  Normant  en  nom  de  reprovier  : 
«  De  si  fait  rei  n'avions  nos  mestier. 

200      «  Mal  dahé  ait  par  mi  la  croiz  del  chief 
«  Qui  avuec  lui  ira  mais  osteier, 
«  Ne  a  sa  cort  ira  por  corteier  ! 
(c  Del  sien  meïsme  nos  poons  bien  paicr.  » 
Et  altre  chose  te  vueii,  filz,  acointier, 

2o5      Que  se  tu  vis  il  t'avra  grant  mestier  : 
Que  de  vilain  ne  faces  conseillier, 
Fill  a  prevost  ne  de  fil!  a  veier  : 
Il  boisereient  a  petit  por  loier; 
Mais  de  Guillelme  le  nobile  guerrier, 

210      Fill  Aimeri  de  Narbone  le  fier, 

Frère  Bernart  de  Brebant  le  guerrier  : 
Se  cil  te  vuelent  maintenir  et  aidier, 
En  lor  service  te  puez  molt  bien  fiier,  » 
Respont  li  enfes  :  «  Veir  dites,  par  mon  chief.  » 

2i5      II  vint  al  conte,  si  li  cheï  as  piez. 

Li  cuens  Guillelmes  le  coru  redrecier; 


igô  A  en  la  mer  noicr  —  197  ^  Q.  s.  f.  le  tenoient  soz  piez;  B 
Q.  s.  félon  t.  tenoient  e.;  D  la  leçon  —  198  D  /a  leçon;  B  Li  uns  a 
laulre  le  voloient  noncier;  A  Q.ui  de  la  guerre  se  puissent  aidier  Sem" 
près  diront  li  félon  losengier  Et  li  normant  lecheor  pautonier  — 
199  B'  auiemes  mestier;  B^  auions  nos  m.  —  200  A  C.  dahait  — 
201  D  la  leçon;  B  A  Por  lui  ira  en  grant  ostostoier  —  202  A  ira 
plus  c.  ;  B  i.  p.  tornoier  —  2o3  A  nos  peusmes  paier —  2o3  A  Q.  s. 
t.  vuels;  B  Q.  s.  t.  vis  et  ta.  g.  m.  —  207  B  Fill  de  p.  n.  d.  f.  a 
closier  —  208  B  II  tricheroient  assez  tost  por  loier  —  209  B  Mais 
vez  ici  g.  le  g.  —  210  B  F.  a.  de  n.  au  vis  fier  —  21 1  B  F.  b.  et 
guibert  le  proisie  —  212  yl  Et  sil  t.  v.  m.  e.  a.;  iJ  ne  aidier  — 
2i3  -S  le  porras  —  214  B  Voir  dist  li  enfes  refuser  ne  le  quier  — 
2i5  B  Vint  a  g.  cheoir  li  volt  as  piez  —  21GB  Mais  li  frans  cuens 
la  amont  rcdrecic 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  l3 

Il  li  demande  :  «  Dameisels,  que  requiers? 

—  En  nom  Deu,  sire,  et  manaide  et  pitié. 

Mes  père  dit  qu'estes  buens  chevaliers, 
220      N'a  tel  baron  soz  la  chape  del  ciel  ; 

En  vos  vueil  mètre  mes  terres  et  mes  fiez, 

Que  les  me  guardes,  nobiles  chevaliers, 

Tant  que  ge  puisse  mes  guarnemenz  baillier.  » 

Respont  li  cuens  :  «  Par  ma  fei,  volentiers,  » 
225      II  li  jura  seur  les  sainz  del  mostier 

Ja  n^en  avra  vaillant  quatre  deniers, 

S'il  ne  li  doint  de  gré  et  volentiers. 

Lors  vint  a  Charle,  ne  s'en  volt  delaier; 

Devant  le  rei  se  vait  agenoillier; 
2  3o      «  Dreiz  emperere,  ge  vos  demant  congié  ; 

Quar  il  m'estuet  errer  et  chevalchier 

Tôt  dreit  a  Rome,  por  saint  Père  preier; 

Bien  a  quinze  anz,  a  celer  ne  vos  quier, 

Que  m'i  promis,  mais  ne  poi  espleitier. 
235      Cestui  veiage  ne  vueil  ge  plus  laissier.  » 

Li  reis  li  donc  coroços  et  iriez, 

Si  li  charja  seissante  chevaliers. 

D'or  et  d'argent  trossez  trente  somiers; 

Al  départir  se  corurent  baisier. 
240      Par  tel  couvent  i  ala  li  guerriers, 

Puis  ne  revint  si  ot  grant  encombrier; 

Ainz  fu  morz  Charles  que  il  fust  repairicz; 


217  B  Puis  li  d.  d.  que  me  quiers  —  218  ^  A  n.  d.  —  221  A  Que 
V.  V.  —  222  -B'  Quel  me  guardez  ;  B^  Ques  me  guardez  —  224  A  Li 
cuens  respont  —  225  B  par  les  sainz  —  226  B  la  monte  dun  de- 
nier; A  Jancois  naura  v.  .1111.  d.  Ne  vous  rendra  plain  droit  ne  demi 
pie  —  227  B'  de  son  gre  volentiers  --  228  A  Quil  ne  volt  delaier. 

—  23o  B  quar  me  donez  congie  —  233  B  B.  a  .v.  a.;  B^  ja  celer 
nel  V.  q.  —  234  B  Que  li  promis  mais  ne  li  poi  paier  —  237  A  .xl. 

—  238  B  Do.  c.  da.  li  dona  .x.  somiers  —  239  B  A.  d.  se  sont  en- 
trebaisie  —  241  B  P.  n.  r.  sains  ne  saufs  ne  entiers  —  242  B  A.  f. 
m.  c.  quil  peusi  repnirier 


14  I-ï  CORON EMENZ  LOOÏS 

Et  Looïs  remest  ses  eritiers. 
Ainz  que  Guillelmes  peûst  puis  espleitier, 
245      Ne  il  en  France  peûst  puis  repairier, 
Fu  il  a  tort  enserrez  et  muciez, 
Qu^il  n'i  aveit  fors  des  membres  trenchier; 
Trop  li  peûst  Guillelmes  delaier. 


XIV 


Al  mostier  fu  Guillelmes  Ficrebrace, 
25o      Congié  demande  a  l'empereor  Charlc; 
Et  il  li  charge  seissante  omes  a  armes, 
D'or  et  d'argent  trente  somiers  11  baille. 
Vait  s'en  li  cuens,  de  neient  ne  se  targe, 
Et  Looïs  le  conveie  grant  masse; 
255      Plorant  apele  Guillelme  Fierebrace  : 

a  Hé!  gentils  cuens,  por  Deu  lespeiitablc, 
Veez  mon  père  de  cest  siècle  trespasse  : 
Vielz  est  et  frailes,  ne  portera  mais  armes, 
Et  ge  sui  jovenes  et  de  petit  eage; 
260      Se  n'ai  secors,  tôt  ira  a  damage.  » 

Respont  li  cuens  :  «  Ne  seiez  a  malaise. 
Que,  par  Papostre  que  l'en  requiert  en  l'arche, 
Se  ge  ai  fait  icest  pèlerinage, 


243  fi'  A  1.  r.  s.  h.  ;  52  A  1.  demorercnt  ses  fie  — -  244  B^  peust 
puis  reperier;  B»  sen  peust  reperier —  245  H  a  réuni  ce  vers  au 
précédent  —  246  B  Fu  si  menez  de  païens  losengiers  Et  si  atains 
1.  au  vis  fier  (B'  le  princier)  —  248  B  Trop  se  p.  —  25i  A  .xl.  — 
262  B  Et  .X.  somiers  dor  et  dargent  1.  b.  —  253  B'  V.  s.  1.  c.  pour 
dieu  lesperitable  —  264  A*  conuoia;  jB'  omet  ce  vers  et  les  deux 
suivants  —  258  ^  V.  e.  e.  faibles  ;  A'  si  ne  puet  porter  a.  ;  A*  ne  puet 
mais  porter  a,  —  260  B^  ge  i  aurai  damage;  £»  bien  sai  quaurai 
damage  —  261  B  nen  soiez  en  m.  —  262  fi'  Que  par  celui  qui  mist 
noel  en  larche;  B'  Quar  par  ce  dieu  qui  mist  noel  en  larche  — 
2G3  /?•  cesiui  pèlerinage;  B^  sauoie  fait  cestui  p. 


Ll  CORONEMENZ  LOOlS 

Se  me  mandez  par  seels  et  par  Chartres, 
205      O  par  tel  orne  qui  bien  en  seit  creables, 
Ja  ne  lairai,  por  nul  orne  que  sache, 
Ne  vos  secore  o  mon  riche  barnage.  » 
Vait  s'en  li  cuens,  de  neient  ne  se  targe; 
De  ses  jornees  ne  sai  que  vos  contasse  : 
270      Montgeu  trespasse,  qui  durement  le  lasse; 
De  ci  a  Rome  n'aresta  Fierebrace. 


XV 


Vait  s'en  Guillelmes  li  gentils  et  li  ber, 

Et  Guielins  et  Bertrans  l'alosez; 

Desoz  les  chapes  orent  les  branz  letrez, 
275      Et  neporquant  si  orent  il  trossé 

Les  buens  halberz  et  les  helmes  dorez. 

Li  escuier  furent  forment  lassé 

Des  forz  escuz  et  des  espiez  porter. 

De  lor  jornees  ne  vos  sai  aconter; 
280      Montgeu  trespassent,  qui  molt  les  a  lassez, 

Par  Romenie  se  sont  acheminé, 

De  ci  a  Rome  ne  s'i  sont  aresté. 

Cil  escuier  porprenent  les  ostels; 

Ciquaires  fu  lor  ostes  apelez, 
285      Celui  a  tôt  son  aveir  comandé. 

Celé  nuit  fu  li  cuens  bien  conreez. 

Après  mangier  sont  aie  reposer, 


264  B  Et  me  m.  p.  s.  o.  p.  c.  —  2Ô5  A  qui  bien  soit  sofisabies 

—  266  A  qui  sache  —  270  B  manque  —  271  B'  D.  c.  a.  r.  nar- 
reste  ne  se  sache;  fî»  D,  c.  a  r.  ne  seiorna  en  place  —  273  B  ber- 
narz  la.  —  274  B»  les  brans  dacier  serrez;  B»  1.  b.  dacier  letrez 

—  276  B  helmes  gemez  —  277  B  résout  forment  1.  —  278  B  et  des 
lances  —  281  fî  manque  —  282  A  ne  sont  mie  areste  —  284  A  Cir- 
taiîïes  —  2^6  B  richcmeiU  ostclez 


l6  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

'  Li  cuens  se  dort,  qui  molt  par  fii  lassez. 
vSoiija  un  songe  dont  molt  fu  esfreez  : 

290      Devers  Rossie  vint  'uns  feus  embrasez, 
Qui  esprenoit  Rome  de  trestoz  lez; 
Uns  veltres  vint  corant  tôt  abricvcz  ; 
Des  altres  est  partiz  et  desevrez: 
Guillelmes  ert  soz  un  arbre  ramé, 

295      De  cele  beste  csteit  tôt  esfreez; 

Quar  de  sa  poe  li  dona  un  cop  tel 
Tôt  le  feseit  envers  terre  cliner. 
Li  cuens  s'csveille,  si  se  comande  a  Deu. 
Onques  mais  songes  ne  fu  si  avérez, 

3oo      Quar  Sarrazin  espleitierent  d'aler; 
Li  reis  Galafres  et  li  reis  Tenebrez, 
Li  reis  Cremuz  et  Gorsolz  l'amirez 
Pris  ont  de  Chapre  les  maistres  fermctez. 
Li  reis  Guaifiers  i  est  emprisonez, 

3o5      II  et  sa  fille,  sa  famé  a  grant  belté. 

Et  trente  mile  de  chaitis  encombrez, 
Qui  tuit  eussent  les  chiés  des  bus  sevrez. 
Tant  ama  Deus  Guillelme  le  membre 
Que  par  lui  furent  de  prison  délivré 

3  10      Envers  Corsolt  d'oltre  la  roge  mer, 

Le  plus  fort  ome  dont  l'en  oïst  parler. 
Cil  detrencha  a  Guillelme  son  nés, 
Com  vos  orrez  ainz  qu^il  seit  avespré, 


287  J5  A.  m,  se  sont  couchierale  —  288  B  qui  molt  estoit  lassez 
—  291  5  romaigne  de  toz  lez  —  292  B  corant  deschaenez  —  293  B 
Deuant  les  autres  venoit  tôt  abrieuez  —  294  B  G.  estoit  —  296  B  De 
ceste  beste  estoit  t.  e.  —  296  B  Qui  d.  s.  p.  1.  donoit  —  297  B  acli- 
ner  —  298  fî  si  a  deu  reclame—  299  B  mielz  auerez  —  3oo  B  nes- 
ploitent  que  derrer  —  3oi  A  garsiles  —  3o2  ^  omet  ce  vers  et  les 
2  suivants  —  3o3  B»  P.  o.  des  mestres  fermetez  assez  —  3o4  B»  Le 
roygalaffre—  3o6  B  A  .xxx  m.  de  c.  enserrez.  —  3ii  ^  Del  p.  f. 
h.  que  (B'  qui)  le.  o.  p.  —  3 12  AC  rctrcncha;  B  C.  d.  al  franc 
conte  le  nés 


LI   CORONEMENZ  LOOIS  17 

Se  vos  donez  tant  que  vueille  chanter. 
3  F  5      A  cez  paroles  se  trait  a  l'ajorner. 

Li  cuens  Guillelmes  s^est  par  matin  levez, 

Al  mostier  vait  le  service  escolter; 

Totes  ses  armes  fait  mètre  sor  l'altel  ; 

De  Tor  d'Arabe  les  volt  puis  rachater. 
320      Et  l'apostoiles  fu  molt  gentilz  et  ber, 

Qui  se  revest  por  la  messe  chanter. 

Quant  li  service  fu  diz  et  definez 

Es  dous  messages  venant  tôt  abrivez  ; 

Ja  conteront  unes  novelestels 
325      Dont  mainz  frans  om  fu  le  jor  esfreez. 


XVI 

Al  mostier  fu  Guillelmes  Fierebrace. 
Messe  ot  chantée  li  apostoiles  sages; 
Quant  il  Pot  dite  si  vienent  dui  message, 
Qui  li  aportent  unes  noveles  aspres: 

33o      Que  Sarrazin  li  font  molt  grant  damage  ; 
Pris  ont  par  force  la  grant  cité  de  Ghapre, 
Et  trente  mile  de  chaitis  qu'uns  que  altres, 
S'il  n'ont  secors,  qui  tuit  morront  a  glaive, 
Li  apostoiles  en  fu  molt  esmaiables; 

335      Demandant  vait  Guillelme  Fierebrace. 
L'en  li  enseigne  aval,  desus  le  marbre, 


3i4  B  manque.  —  3i5  5  le  trait—  319  B  les  vait  puis  —  320  B 
Li  a.  —  32  1  B  II  s.  r.  p.  sa  m.  c.  —  322  B  afinez  —  323  A  Es 
vos  paien  poignant  t.  a.  Dui  messagier  vinrent  tôt  effrae  —  325 
A  airez  —  328  B  si  li  vint  —  3'io  B  li  ont  fait  g.  d.  —  33i  C 
I.  g.  c.  de  carpes;  A  la  fort  c.  d.  Chartres  Pris  ont  guaifier  de 
police  le  sage  —  332  B  de  gent  molt  honorable;  C  Et  bien  .xxx. 
caiiis  que  uns  que  autres  —  333  B  Sil  nont  par  tems  qui  lor  soit 
secorables  Par  tems  morront  dont  ce  iert  granz  otrages  —  334  A 
qui  f.  m.  amiables;  B^  enorables  ;  B*  enuiable 


j8  II   CORONEMENZ   I.OOÏS 

Ou  prie  Dcu,  le  pcre  esperitable, 
Qu'il  li  doint  force  et  onor  et  barnage, 
Et  son  seignor  Looïs  le  till  Charle. 
340      Li  apostoiles  de  neient  ne  se  targe  ; 

Prist  un  baston,  si  le  hurte  en  l'espalle  ; 
Li  cuens  se  drece,  monstre  li  le  visage. 


XVII 

Li  cuens  Guillelmes  se  dreça  sor  ses  piez, 
Et  Tapostoilcs  l'en  prist  a  araisnier  : 

545      «  Hé!  gentilz  cm,  por  Deu  le  dreiturier, 
Et  quar  me  dites  se  me  porrez  aidier. 
Ja  nos  requièrent  paien  et  aversier, 
Li  reis  Galafres,  qui  des  altres  est  chiés. 
Cil  est  destreiz  qui  nos  soleil  aidier  : 

35o      Pris  est  par  force  li  riches  reis  Guaifiers, 
Il  et  sa  fille  et  sa  franche  moillier, 
Et  trente  mile  de  chaitis  prisoniers, 
S'il  n'ont  secors,  qui  tuit  perdront  les  chiés. 
—  Hc!  Deus  aide!  »  dist  li  cuens  al  vis  her. 

355      De  tant  de  reis  se  comence  a  seignier  ; 
Ses  niés  Bertrans  l'en  prist  a  araisnier  : 
o  Oncles  Guillelmes,  estes  vos  esragiez? 
Ainz  mais  por  ome  ne  vos  vi  esmaier.  » 
Respont  Guillelmes  :  «  Merci,  por  Deu,  bel  niés 


337  B  Ou  il  prioit  jesu  le.  —  SSg  A  Son  droit  seignor  — 
342  B  Si  li  tent  le  visage;  B^  ajoute  En  seurriant  a  resgarde  le 
pappe  —  343  B  se  drece  —  344  B  le  prist  —  345  B  H.  g.  cuens 
—  346  B  Dites  moi  sire  porriez  moi  aidier  —  349  B  desiruiz  — 
35 1  i^  sa  cortoise  moillier  —  352  B  Et  (B'  Bien)  .xxx.m.  ont  pris 
de  prisoniers  —  333  B  tuit  i.  p.  1.  c.  —  355  B  Contre  tant  rois  qui 
sosera  drecier  —  3ôG  B  Bertrans  lentent  sen  fu  molt  corociez 
Ou  voit  son  oncle  sel  p.  a  a.  —  iby  B  O.  dist  il  —  338  fl'  Que  m. 
p.  ho.  —  35(j  B  Merci  bel  nies  por  dcu  le  dioiiurier 


LI   CORONEMENZ  LOOÏS  I9 

36o      Contre  lor  force  n'a  la  nostre  mestier, 

Ainz  nos  convient  porquerre  un  messagier, 

A  Looïs  le  convient  enveier, 

Que  il  nos  viegne  et  secorre  et  aidier, 

Charles  remaigne  por  son  dreit  a  jugier  : 
365      Vielz  est  et  frailes,  ne  puet  mais  chevalchier.  » 

Et  dist  Bertrans  :  «  De  Deu  le  dreiturier 

Seit  confonduz  et  morz  et  esragiez 

Qui  ira  ja  cest  message  noncier, 

S'iert  ses  escuz  et  troez  et  perciez, 
370      Et  ses  halberz  desroz  et  desmailliez, 

Et  il  meïsmes  feruz  d'un  grant  espié, 

Que  l'en  le  puisse  conoistre  a  messagier! 

Paien  nos  quierent  a  cent  et  a  milier. 

Or  tost  as  armes,  n'avons  que  delaier; 
375      Défendons  nos  senz  point  de  Tatargier.  » 

En  cels  de  Rome  nen  ot  que  esmaier; 

Pou  ont  de  ^ent,  ne  furent  cent  milier. 


XVIII 

El  mostier  fu  li  cuens  al  fier  visage; 
Dist  l'apostoiles,  qui  fu  corteis  et  sages  : 
38o      «  Gentilz  om,  sire,  por  Deu  l'esperitable, 
Quar  nos  secor  contre  la  gent  salvage. 
—  Hé!  Deus  aïde!  »  dist  li  cuens  Fierebrace, 


36i  B  II  n.  c.  —  363  A  secore  et  aidier  —  364  B  por  la  terre 
guaitier  —  367  -B*  et  vils  le  messagier;  B'  et  mors  le  messagier  — 
368  J3'  Qui  ira  la  —  371  B  feruz  de  .11.  espiez  — -  372  B  que  len 
puist  bien  —  374  B  soions  preuz  et  legier  —  375  B  Et  du  défen- 
dre ne  soions  pas  lasnier  —  376  B'  lors  not  que  e.  —  377  B  Poi 
sont  paien  —  378  A  Al  m.  f.  Guillclmes  a.  f.  v.  — ■  379  C  qui  fu 
et  proz  et  sages  —  38o  A  manque.  —  38i  X  Quar  nos  ferons;  C  Q. 
me  secore 


20  LI   CORONEMENZ  LOOIS 

«  Ci  sui  venuz  en  mon  pèlerinage, 
S'ai  amené  molt  petit  de  barnage; 
385      N'ai  que  seissanle  de  chevaliers  a  armes; 
Contre  tanz  reis  ne  porreie  combatre. 

—  Hé!  Deus  aïdc!  »  dist  Papostoiles  sages, 

«  Vei  ci  saint  Père,  qui  des  anmes  est  guarde  : 
Se  por  lui,  sire,  fais  ui  cest  vasselage, 

390      Char  puez  mangier  les  jorz<ie  ton  eage, 

Et  feme  prendre  tant  comc  il  t'iert  corage; 
Ne  feras  mais  pechié  qui  tant  seit  aspres, 
Se  tant  puez  faire  de  traïson  te  guardes, 
N'en  seies  cjuites  en  trestot  ton  eage. 

395      En  paradis  avras  ton  herberjage, 

Que  nostre  sire  a  ses  buens  amis  guarde; 
Sainz  Gabriel  vos  sera  guionages. 

—  Hé!  Deus  aide!  »  dist  li  cuens  Fierebrace, 
«  Ainz  mais  nuls  clers  nen  ot  le  cuer  si  large  ! 

400      Or  ne  laireie,  por  nul  ome  que  sache, 
Ne  por  paien,  tant  seit  ne  fels  ne  aspres, 
A  cez  glotons  ne  me  voise  combatre. 
Bels  niés  Bertrans,  alez  prendre  voz  armes. 
Et  Guielins  et  li  altre  barnages.  n 

405      Armes  demande  Guillelmes  Fierebrace  ; 
L'en  li  aporte  devant  lui  en  la  place. 


383  A  Ge  sui  venuz;  B  Venuz  sui  ci  —  386  B  manque.  —  388  B^ 
q.  e.  g.  d.  a.  ;  B'  quest  conducteur  des  âmes;  C  s.  piere  —  389  B 
faites  c.  v.;  C  S.  p.  1.  fais  hui  sire  v.  390  C  et  le  jor  compenage 
391  C  test  corage;  B  E.  p.  f.  t.  c.  es  (jB'  tu  es)  souz  eage  —  392 
A  B  qui  te  soit  aspres  —  SgS  A  manque;  C  Sant  pues  f.  —  394  B 
Q.uen  s.  q.  ;  C  Toz  s.  q.  a  t.  t.  e.  —  3^5  C  a  mis  ion  herbegage; 
B  sera  tes  héritages  —■  397  C  vos  fera;  B  nos  sera;  A  sera  nos  — 
398  B  aide  deus  —  399  B  One  soldoiers  not  soldées  s.  1.;  C  Ainz 
clieualiers  not  remède  s.  1.  —  400  C  Or  nel  lairoie  por  lonor  de  car- 
tage  —  401  A  tant  soit  ne  fols  ne  sages;  B  ne  fiers  ne  aspres  ;  C  fé- 
lons n.  a.  —  402  C  ne  men  v.  c.  ;  B  que  n.  m.  v.  c,  ;  B'  A  ces  paiens 
—  403  C  alez  querre  —  404  B*  et  tout  lautre 

\ 


LI   COKONEMENZ   LOOIS  2 

Il  vest  rhalberc  et  le  vert  helme  lace, 
Et  ceint  l'espee  par  les  renges  de  paile. 
L'en  li  ameine  le  balcent  en  la  place; 

410      Li  cuens  i  monte,  que  il  estrier  n'i  baille. 
A  son  col  pent  une  vermeille  targe, 
Entre  ses  poinz  un  reit  espié  qui  taille,  ' 
A  cinc  clos  d'or  une  enseigne  de  paile  : 
«  Sire  apostoiles,  »  dist  Guillelmes  li  sages, 

4i5      «  Combien  avez  de  gent  en  vostre  marcher'  » 
Dist  i'apostoiles  :  a  Gel  vos  dirai  senz  faille  : 
Trèi  mile  sômes,  n'i  a  cil  n'ait  ventaille, 
Et  fort  espié,  et  eèpee  qui  taille.  » 
Respont  li  cuens  :  «  C'est  bêle  començaille. 

420      Armer  les  faites,  et  tote  la  piétaille, 

Qui  nos  tendront  les  portes  et  les  barres.  » 

Et  cil  respont  :  «  Bien  est  dreiz  qu'on  le  face.  » 

Par  tote  Rome  s'arote  li  barnages. 

Quant  armé  turent,  si  vindrent  en  la  place. 

425      Li  apostoiles  lor  a  fait  un  seignacle  : 

«i  Seignor  baron,  »  dist  I'apostoiles  sages, 


407  B'  et  puis  lelme  après  l.  ;  B^  et  après  lyaume  1.  —  408  J3'  a 
1.  r.  d.  p.;  B'  qui  la  renge  auoit  large;  C  Et  auoit  chainte  lespee 
bone  et  large  -—  409  B  beaucent  en  mi:  A  lauferrant  —  410  .4 
que  il  estrier  ni  b.;  B  Et  il  i  monte;  B^  que  point  le.  ni  b.  — 
411  manque  ainsi  que  les  2  suivants  dans  C.  —  412  B  En  son 
poing  prenl  —  41 3  B  A  .v.  c.  dor  gonfanon  i  {B^  li)  atache  — 
4i5  i4  de  gent  de  v.  m.;  B  C  de  gent  auez  e.  v.  m.  —  416  B  ce 
sauez  sans  atarge;  C  bien  le  sarai  retraire  —  417  C  .111  .m.  s.  lacies 
les  ventailles;  B  .nu. m.  homes  —  418  C  As  f.  c.  as  e.  q.  t.  —  419 C 
cest  bone  c.  ;  B'  Et  dist  li  quens;  J5»  Li  quens  a  dit  —  420  C  Ar- 
mer le  fait  ;  B  Armer  les  faites  sire  apostoiles  sages  Et  en  après 
(B^  Et  après  ce)  tresiote  la  piétaille  —  421  C  Qui  lor  ■—  422  C  Et 
cil  respondenl  raison  est  con  le  f. ;  A  quon  le  sache  —  423  A 
acueillent  lor  voiage;  C  P.  trestoi  r.  sarouent  li  b.  —  424  A^  et 
tuii  en  une  place;  A^  et  venu  en  la  place;  C  losl  furent  en  la 
place 


22  Ll  CORONEMENZ  LOOIS 

«  Qui  en  cest  jor  morra  en  la  batnillc 

En  paradis  avra  son  herberjage, 

Que  nostre  sire  a  ses  buens  amis  guarde; 
430      Sainz  Gabriel  li  sera  guionages.  » 

Lors  se  leva  chascuns  en  son  estage 

Envers  la  gent  et  orgoillosc  et  maie. 

Si  come  ils  vindrent,  hurtent  par  lor  otrage 

A  la  grant  porte,  qui  n^esleit  mie  basse  : 
435       «  Seignor  baron,  »  dist  Papostoiles  sages, 

tt  Ici  endreit  guarderez  cest  barnage  ; 

G'irai  parler  a  l'amirant  Galafre; 

Se  por  aveir  que  prometre  li  sache 

Vuelt  retorner  et  ses  nés  et  ses  barges, 
440      Et  ses  granz  oz,  qui  sont  sor  cel  rivage, 

Ge  li  dorrai  le  grant  trésor  de  l'arche  ; 

N'i  demorra  ne  calice  ne  chape, 

Or  ne  argent,  ne  qui  un  denier  vaille, 

Ainz  qu'il  i  muire  tanz  gentilz  omes  sages.  » 
445      Et  cil  respondent  :  «  Bien  est  dreiz  qu'on  le  sache.  » 

A  tant  s'en  torne,  o  lui  s'esmu  uns  abes; 

De  ci  ai  tref  de  neient  ne  s'atarge. 

Iluec  trova  le  riche  rei  Galafre; 

Pas  nel  salue,  n'est  pas  drëiz  que  le  face. 
450      Li  riches  reis  par  fierté  le  reguarde. 


427  C  Qui  hui  c.  ].',  A  omet  et  vers  et  les  huit  suivants;  il  a 
confondu  les  vers  426  et  4.3b.  —  428  B*  sera  son  héritage  ;  B^  sera 
son  herbergage  —  430  C  li  fera  g.  —  482  B  orgueilleuse  et  sau- 
uage  —  433  B  Si  come  issir  durent  deuers  la  barge  —  436  B  le 
barnage;  C  manque.  —  437  A  a  l'amirant  aufage  —  439  C  et  sa 
nef  et  sa  barge;  ^  a  s.  n.  e.  s.  b.;  B  et  as  n.  e.  as  b.  —  440  C 
manque;  B  Et  ses  granz  genz  qui  sont  ci  demorable  —  441  C  le 
grant  chite  de  crapes  —  442  C  ni  remainra  —  443  B  qui  .1.  sol  d. 
V.  —  444  B  tant  de  gentil  lignage;  C  manque.  —  446  B  quon  le 
face  —  446  C  sen  vint  .1.  abes;  B  Et  cil  (jB»  il)  sen  torne  o  lui  ala 
.1.  abes  —  447  A^  ne  se  targe;  B  manque  ;  C  De  si  as  osts  de  rien 
ne  si  aiargc  —  449  A  nen  est  droit  quil  le  face;  B  Point  n.  s. 


Ll   GORONEMENZ   LOOÏS  2  3 

Li  apostoiles  de  maintenant  l'araisne  : 
«  Sire,  »  fait  il,  «  ge  sui  ci  uns  messages 
Deu  et  saint  Père,  qui  des  anmes  est  guarde. 
De  soe  part  vos  vueil  dire  un  message  : 

453      Que  retornez  et  voz  nés  et  voz  barges, 

Et  voz  granz  oz,  qui  ci  sont  demorabies. 
Ge  vos  dorrai  le  grant  trésor  de  l'arche; 
N'i  demorra  ne  calice  ne  chape, 
Or  ne  argent  qui  un  sol  denier  vaille, 

460      Ainz  que  i  muire  tanz  gentilz  om  a  armes. 
Prenez  conseil,  gentilz  reis  de  bon  aire.  » 
Respont  li  reis  :  a  Tu  n'iés  mie  bien  sages; 
Ci  sui  venuz  en  mon  dreit  eritage, 
Que  estora  mes  ancestre  et  mes  aves, 

465      Et  Romulus  et  Julius  Cesaires, 

Qui  fist  cez  murs  et  cez  ponz  et  cez  barres. 
Se  ge  par  force  puis  cez  pilers  abatre, 
Quant  qu^a  Deu  monte  tornerai  a  damage, 
Les  clers  quil  servent  a  dueil  et  a  honlage.  » 

470      Li  apostoiles  en  fu  molt  esmaiables, 

N'i  volsist  estre  por  tôt  l'or  de  Carlage; 
Conduit  demande  a  l'amirant  Galafre. 


431  B  manque  ;  CEt  larceuesqueet  lapostoile  et  labe  —  452  CSire 
dist  il  ge  sui  icil  m.—  453  C  s.  piere  —  455  C  Car;  B  Que  retraiez  a 
voz  nés  et  voz  barges  (jB»  el  a  vos  barges)  —  456  A  aornable;  C 
manque  —  457  A  tôt  le  trésor;  B^  manque  —  458  A  ne  calice  ne 
chace;  Ce  vers  et  les  3  suivants  manquent  dans  C  —  459  A^  qui  .1. 
denier  vaille—  461  B  manque  —  462  B^  Le  roy  respont  —  463  B 
a  mon  d.  he. ;  C  Chi  es  venus  —  464  C  Questora  m.  a.  et  m.  a.; 
B  Que  mon  ancestre  le  fist  en  son  aage;  A  m.  a.  m.  a.  —  465  B  R. 
ot  a  nom  et  roi  julcs  c;  C  manque  —  466  B  ce  mur  et  ce  p.  et  c. 
b.  ;  C  ces  pons  et  ces  murs  et  ces  barjes  —  467  C  les  piliers;  B 
ce  pilier  —  468  B  Q.  ad.  tome  t.  a  kantage;  C  La  loi  jesu  me- 
terai  a  hontage  —  469  fl»  Les  clers  qui  seruent  s.  père  et  son  ymage  ; 
5'  C  manquent  —  470  A  amiables;  B  si  esmaiables  —  471  C  Si  v. 
p.  lonor  de  c.  —  472  A  Congie  demande  ni  a  fait  arestage;  C  a 
galatre  le  sage 


24  II   CORONEMENZ   LOOIS 

Por  sait  conduit  treis  Sarrazins  li  baille. 
Li  reis  Galafres  encore  Ten  araisne  : 

475      «  Parlez  a  mei,  sire  al  chaperon  large; 
Ne  dites  mie  que  ge  nul  tort  vos  face 
De  la  cité  qu'est  de  mon  critage  ; 
Prenez  un  ome  apresté  de  ses  armes, 
G'en  avrai  un  de  mon  riche  lignage  : 

480      Por  champions  les  métrons  en  la  place; 
Se  vo  Deus  a  nul  poeir  qu'il  le  face, 
Que  li  miens  seit  conquis  par  vo  barnage, 
Dont  avrez  Rome  quite  et  a  eritage  ; 
Ne  troverez  en  trestot  vostre  eage 

485      Qui  vos  en  toille  vaillissant  un  fromage. 

Et  se  c'est  chose  que  de  couvent  vos  faille, 
Ansdous  mes  filz  retenez  en  ostage, 
Que  reençon  un  denier  ne  lor  baille, 
Ainz  les  pendez  ambesdous  a  un  arbre.  1^ 

490      Quant  l'apostoiles  entent  la  raison  sage, 
Ne  fust  si  liez  por  tôt  Tor  de  Cartage  ; 
Dont  li  remembre  del  conte  Fierebrace 
Tôt  adobé  el  mostier  devant  l'arche. 
Bien  set  que  mieldre  ne  puet  porter  ses  armes. 


473  A  Por  sarrasins  molt  bon  conduit  li  baille  —  475  C  sire 
apostoiles  sages  —  478  C  adobe  —  479  A^  de  molt  riche  barnage; 
A'  de  molt  r.  1.  ;  jB  Gen' prendrai  .1.;  C  .1.  en  aurai  d.  m.  r.  yre- 
tage  —  480  C  les  meterons  en  place;  B  metons  —  481  5  se  vos 
auez  pooir  —  482  B  par  nul  b.  ;  A  par  vasselage  —  483  A  conquis 
en  her.;  C  tôt  quite  1er.  —  ^85  C  une  maille  — -  487  C  Tos  mes 
.111.  f .  ;  A^  receuez  —  489  C  Ainz  le  pendes  a  larbre  fustage;  B 
andoi  si  quon  le  sache  —  490  B  la  raison  taie  —  491  -<4  por  lonor; 
B  por  lor  de  cornoaille  —  493  B  qui  fu  armez;  A  quadobe  ot  — 
494  C  ne  puet  porter  armes;  B  mielz  ne  puet  baillier  ses  armes 


Ll  CORON EMENZ  LOOÏS  25 


XIX 


495      Li  apostoiles  fu  molt  bien  enseigniez  ; 
Or  veit  il  bien  que  Deus  li  vuelt  aidier, 
Quant  par  un  orne  puet  son  dreit  desraisnier. 
Molt  requiert  bien  son  dreit  vers  Faversier  : 
<(  Sire,  »  fait  il,  «  a  celer  ne  vos  quier, 

5oo      Quant  par  dous  ornes  nos  convendra  plaidier, 
Vo  champion  verreie  volentiers, 
Qui  contre  Deu  vuelt  Rome  chalengier.  » 
Respont  li  reis  ;  a  Tôt  en  sui  aaisiez.  » 
L'en  li  ameine  le  rei  Corsolt  en  pie, 

5o5      Lait  et  anché,  hisdos  come  aversier  ; 

Les  uelz  ot  roges  com  charbon  en  brasier, 
La  teste  lee  et  herupé  le  chief  ; 
Entre  dous  ueilz  ot  de  lé  demi  pié, 
Une  grant  teise  de  l'espalle  al  braier; 

5  10      Plus  hisdos  om  ne  puet  de  pain  mangier. 
Vers  l'apostoile  comence  a  reoillier; 
A  voiz  escrie  :  «  Petiz  om,  tu  que  quiers? 
Est  ce  tes  ordenes  que  hait  iés  reoigniez? 
—  Sire,  »  fait  il,  «  ge  serf  Deu  al  mostier, 

5 1 5      Deu  et  saint  Père,  qui  devant  nos  est  chiés. 
De  soe  part  vos  vorreie  preier 


496  B^  Or  set;  A  B  lor  v.  a.  —  499  B  nel  vos  q.  —  5oo  C  Q.  p. 
•  II.  ho.  VOUS;  A  nos  poons  emplaidier;  A'  .1.  home;  B  conuiendra 
desraisnier  —  5oi  C  Ton  compaignon  —  5o2  B  vuelt  home  c.  — 
5o3  B  or  e.  s.  a.  —  504  B  corsolt  le  fier  •—  5o5  C  Deuant  le  roi 
hi.  c.  a.;  B  L  e.  hi.  et  noir  c.  a.  —  5o6  B  come  feu  e.  b.  —  507 
C  L.  t.  ot  1.;  B  manque  —  5o8  C  E.  les  iex  ot  demi  .1.  grant  p. 
—  509  A  despaules  a  b.  —  5io  ^  ne  pot  estre  sor  piez  —  bi2  C 
que  tu  q.  —  5i3  C  que  tu  ies  r. ;  B  ques  si  haut  reoigniez  —  5 14 
A  seruir  d.;  B  Sire  dist  il  a  celer  ne  vos  quier  Ge  doi  seruir  dame- 
dicu  al  mousiier  —  5i5  B  qui  de  nos  toze.  c;  A  chier 


20  II   CORONEMENZ    I.OOIS 

Que  vos  voz  oz  relorner  feïssiez  : 

Ge  vos  dorrai  le  trésor  del  mostier; 

N'i  remandra  calice  n'encensier, 
520      Or  ne  argent  qui  vaille  un  sol  denier, 

Que  ne  vos  face  ça  hors  apareillier.  » 

Respont  li  reis  :  «  N'ics  pas  bien  enseigniez, 

Qui  devant  mei  oses  de  Deu  plaidier  ; 

C'est  Pom  el  mont  qui  plus  m'a  fait  irier: 
525      Mon  père  ocist  une  foldre  del  ciel; 

Tôt  i  fu  ars,  ne  li  pot  l'en  aidier. 

Quant  Deus  l'ot  mort,  si  fist  que  enseigniez  ; 

El  ciel  monta,  ça  ne  volt  repairier; 

Ge  nel  poeie  sivre  ne  enchalcier, 
53o      Mais  de  ses  omes  me  sui  ge  puis  vengiez  ; 

De  cels  qui  furent  levé  et  baptisié 

Ai  fait  destruire  plus  de  trente  miliers, 

Ardeir  en  feu  et  en  eve  neier; 

Quant  ge  la  sus  ne  puis  Deu  guerreier, 
535      Nul  de  ses  omes  ne  vueil  ça  jus  laissier, 

Et  mei  et  Deu  n'avons  mais  que  plaidier  : 

Meic  est  la  terre  et  siens  sera  li  ciels. 

Se  ge  par  force  puis  prendre  cest  terrier, 

Quant  qu'a  Deu  monte  ferai  tôt  essillier, 
540      Les  clers  qui  chantent  as  coltels  escorchier, 


517  5'  fesissiez  reperier;  B^  en  faciez  reperier  —  biS  B  don- 
roie  —  oic)  B  remaindroit;  manque  ainsi  que  les  2  suivants  dans 
C  —  520  B  vaillissant  .1.  denier  —  523  A  Qui  deuant  nos  oses  ici 
p.;  B  Qui  'B»  Quant)  deuant  moi  osasd.  d.  p.  —  524  C  manque  — 
525  C  B'  .1.  efFodre;  JB'  .1.  fodre  de  son  c.  —  526  C  Toz  li  f. 
a.;  B  n.  Icn  p.  o.  a.  —  527  A  lot  ars;  B  Et  sachez  bien  dieus 
fait  q.  e.  —  528  C  ni  ot  que  atargier;  B»  Quant  est  es  cieux  ne 
veut  jus  reperier;  B^  Qucs  ciel  se  lient  jus  ne  veut  reperier  — 
529  A'  poroie;  J5'  La  nen  puis  je;  B^  La  nel  puis  ge;  C  manque 
—  53o  C  aidie  —  534  ^  Quant  jou  la  fus  —  537  C  et  il  aura 
le  chiel  —  538  -<4  cel  terrier  —  33q  C  ferai  jou  essillier  —  540  C 
Les  clcrs  kcl  serucnt;  B  manque 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  27 

Et  tei  meïsme,  qui  sire  iés  del  mostier, 
Ferai  rostir  sor  charbon  en  foier, 
Si  que  li  feies  en  cherra  el  brasier.  » 
Quant  Tapostoiles  Toi  ensi  plaidier, 
545      N'est  pas  merveille  s'il  en  fu  esmaiez. 
Il  et  li  abes  prenent  a  conseillier  : 
«  Par  saint  Denis,  cil  Turs  est  esragiez! 
Grant  merveille  est  quant  terre  est  soz  ses  piez, 
Qu'el  feu  d'enfer  ne  l'a  Deus  enveié. 

550  Ahi!  Guillelmes,  li  marchis  al  vis  fier, 
Cil  te  guarisse  qui  en  croiz  fu  dreciez! 
Contre  sa  force  n'a  la  toe  mestier.  » 
Conduit  demande  a  Galafre  le  fier, 
Et  il  li  charge  les  filz  de  sa  moiilier  ; 

555      De  ci  a  Rome  le  conduient  a  pié. 

Li  cuens  Guillelmes  i  est  venuz  premiers; 

Il  le  saisist  par  le  fer  de  l'estrier  : 

«  Sire,  »  fait  il,  «  come  avez  espleitié? 

Et  quar  me  dites,  veïstes  l'aversier 
56o      Qui  contre  Deu  vuelt  Rome  desraisnier? 

Gentilz  om,  sire,  avez  tant  espleitié? 

—  Oïl,  bels  sire,  a  celer  ne  vos  quier, 

3.41  B'  qui  sers  «iroit  ou  mostier;  B»  qui  le  sers  el  m.  —  542  C 
de  fouier;  A  Ferai  ardoir  s.  c.  embrasiez  —  543  A  el  foier;  C  si 
que  le  cies;  B»  c.  jus  ou  b.  ;  B»  ton  f.  c.  sus  le  b.  —  545  C  sil  en 
est  e.  —  546  C  prisent  a  c.  —  547  B  par  saint  sépulcre  —  548  C 
est  desor  piez;  A  que  sor  terre  est  ses  piez  —  649  B  manque;  A 
Quant  f.  de.  ni  a  d.  e.   Ou  que  ne  font  la  terre  soz  ses  piez  — 

55 1  A  qui  le  mont  doit  jugier;  B'  q.  e.  c.  fu  poiez;  B'  qui  fu 
crucefiez  —  552  B  la  leçon  +  A  ces  paroles  ni  voui  plus  atargier 
Li  apostoiles  ainz  sen  volt  repairer  —  554  ^  ^i  baille  —  555  A 
manque  ainsi  que  les  deux  vers  suivants;  C  De  si  au  toiure;  B 
Dusques  a  r.  ne  voldrent  delaier  —  556  B  les  encontra  premiers  — 
557  B  Si  le  s.;  C  par  le  frain  du  destrier  —  558  A  font  il  ;  C  dist 
il  —  559  B'  vistes  vous  Inurcssicr;  B*  Or  me  dites  veisles  vous 
laurcssicr  —  5bo  C  calcngicr  —  bùi  B  aucz  vos  apcsie;  C  manque 
—  302  c  biax  frère;  B  la  leçon  -}-  Je  vos  di  bien  par  dieu  le 
droilurier 


28 


Ll    CORONEMENZ  LOOIS 


Ce  n'est  pas  om,  ainz  est  uns  aversicrs. 

Se  vif  estaient  Rolanz  et  Oliviers, 
565      Yve  et  Yvoires,  Hâtes  et  Berengiers, 

Et  Tarccvesques,  et  Tentes  Manessiers, 

Estolz  de  Langres,  et  li  corteis  Gualtiers, 

Et  avuec  els  Gcrins  et  Engeliers, 

Li  doze  per,  qui  turent  detrenchié, 

Et  se  i  fust  Aimeris  li  guerriers, 

Vo  gentilz  père,  qui  tant  fait  a  preisier, 

Et  tuit  vo  frère,  qui  sont  buen  chevalier, 

Ne  Tosereient  en  bataille  aprochier. 

—  Deus!  )>  dist  Guillelmes,«  dites  mei  que  ce  icrt; 

Or  vei  ge  bien  falsez  est  li  clergiez. 

Ja  dites  vos  que  Deus  par  est  tant  chiers, 

Qui  que  il  vuelt  maintenir  et  aidier, 

Nuls  nel  porra  honir  ne  vergoignier, 

Ardeir  en  feu  ne  en  eve  neier. 

Mais,  parl'apostre  qu'on  a  Rome  requiert, 

Se  il  aveit  vint  teises  vers  le  ciel, 

Si  combatreie  al  fer  et  a  l'acier. 

Se  Deus  nos  vuelt  nostre  lei  abaissier, 

Bien  i  puis  estre  ocis  et  detrenchiez, 
585       Mais  sUl  me  vuelt  maintenir  et  aidier, 

N^a  soz  ciel  ome  qui  me  puisse  empirier. 


564  B  r.  ne  o.  —  56b  B  hardrez  et  b.;  C  Hiere  et  yuoire  — 
56G  B  et  naymes  al  vis  fier  —  56;  A  li  cortois  guaifiers;  C  et  li 
danois  ogiers   —  568  B  guerins;  B^  Et   auec   tous;  C  englehiers 

—  570  A  Et  si  estoit;  C  a.  au  vis  fier  —  byi  C  frères;  A  Et  vo 
bon  père  qui  fu  bons  cheualiers  —  572  C  li  vallant  cheualier;  A 
qui  font  tant  a  proisier  —  b'/S  B  de  bataille;  C  Ne  loseroie  —  574 
B  bels  père  ce  que  iert  —  573  C  qui  faux  est;  B  la  leçon  +  Sire 
apostoiles  dist  g.  li  fiers  —  577  A  quanque  il  vuelt  ;  B  m.  ne  aidier 

—  578  B  Nuls  ne  le  puet  greuer  ne  damagier  Ne  si  ne  puet  en  nul 
lieu  perillier  ;  A  Puis  ne  porra  —  58i  A  .x.  —  582  B  Combairai 
mi  —  583  B  S.  d.  y  vuelt  n.  1.  auilier  —  583  A  nos  -  586  B  da- 
magier ;  A  sor  ciel 


Ll  CORONEMENZ  LOO'lS  29 

Ardeir  en  feu  o  en  eve  neier.  » 
Quant  l'apostoiles  l'oï  ensi  plaidier  : 
a  Ahi  !  »  dit  il,  «  nobiles  chevaliers, 

590      Cil  te  guarisse  qui  en  croiz  fu  dreciez! 
Tel  hardement  ne  dist  mais  chevaliers. 
Ou  que  tu  ailles,  Jésus  te  puisse  aidier. 
Quant  as  en  lui  pensée  et  desirrier!  » 
Le  braz  saint  Père  aporte  del  mostier; 

595      L'or  et  Pargent  en  ont  fait  esrachier, 
La  maistre  jointe  font  al  conte  baisier, 
Puis  len  font  croiz  sor  son  helme  d'acier, 
Contre  le  cuer  et  devant  et  derrier; 
Si  faiz  joiels  H  ot  le  jor  mestier  : 

600      Ne  fu  puis  om  quil  peiist  empirier, 

Ne  mais  itant  Tespès  de  dous  deniers, 
Dont  li  frans  om  ot  puis  grant  reprovier. 
A  tant  en  monte  sor  Palferant  destrier. 
A  son  col  pent  un  escu  de  quartier, 

6o5      Et  en  son  poing  un  reit  trenchant  espié. 
De  ci  qu'ai  tertre  ne  s'i  volt  atargier. 
Molt  le  reguardent  paien  et  aversier; 
Dist  Tuns  a  l'altre  :  «  Vei  la  bel  chevalier 
Et  pro  et  sage,  corteis  et  enseignié; 


590  manque  ainsi  que  le  vers  suivant  dans  C.  —  692  C  O.  q.  tu 
aies  d.  t.  puist  bien  a,;  Ad.  t.  p.  a.;  B^  O.  q.  t.  soies;  B  J.  t. 
vueille  a.  —  DgS  B  Q.  tu  as  tel  ;  C  Q.  en  lui  as  fiance  e.  d.  —  694 
C  Le  brach  s.  piere  aporta  —  SgS  B  Hors  de  largent  le  font  traire 
et  glacier;  C  en  a  fait  desracier  —  596  C  fait  au  conte  baillier  — 
bc^-j  C  fait;  A  sor  le  helme  vergie  —  Ooo  B  Ne  fu  mais;  C  Ne  fu 
nus  hom  qui  le  peusl  empirier  Ne  de  son  cors  honir  ne  vergoignier 
—  601  C  N.  m,  pourtant;  B^  Ne  mes  sanz  plus  lespas  de  .11.  de- 
niers; B^  Fors  que  sanz  plus  lespas  de  .111.  d.  —  602  A  li  franz 
cuens;  C  maint  recourier  —  6o3  C  en  monte  el  a.  d.;  B  sen  monte 
(£•  monta)  s.  la.  corsier;  A  remonte  —  6o3  C  en  son  poing  tint; 
B  Entre  ses  poinz;  A  son  r.  t.  e.  —  606  C  Des  espérons  n.  si  v.  a.; 
A  se  V.  a.;  B'*  Dusques  a.  t.  — -  607  A  lesguarderent ;  C  sarrazin 
auersier  — •  608  A  c\  a  bel  —  609  C  affaiiie 


3o  U   COnONF.MENZ   LOOÏS 

6io      S'elist  son  per  ou  deûst  bataillicr, 

Fiers  fust  ancui  l'esiors  al  comencier; 
Mais  vers  Corsolt  n'a  sa  force  mestier  : 
De  tels  quatorze  ne  dorreit  un  denier.  » 


XX 


Li  reis  Galafres  est  de  son  trcf  issuz; 

6 1 5      A  Ici  de  rei  est  chalcicz  et  vestuz  ; 

Le  tertre  esguarde  et  celui  qui  fu  sus, 
Dist  a  ses  ornes  :  «  Li  Franceis  est  venuz. 
Gel  vei  al  tertre  :  bien  li  siet  ses  escuz; 
Cil  deit  combatre  vers  Corsolt  le  membru, 

620      Mais  vers  lui  est  et  chaitis  et  menuz. 
Pou  i  vaidra  Mahotnez  et  Cahu, 
Se  cil  n'est  tost  par  rei  Corsolt  vencuz.  » 
Li  reis  le  mande  et  il  i  est  venuz; 
Vait  li  encontre  les  dous  braz  cstenduz  : 

625      «  Bels  niés,  »  dist  il,  «  bien  seiez  vos  venuz! 
Vei  le  Franceis  sor  le  tertre  batu  : 
S'est  quil  requière  n'a  talent  qu'il  remut.  » 
Respont  Corsolz  :  a  Morz  est  et  confonduz  ; 
Puis  que  gel  vei,  ja  n'iert  plus  atendu. 

63o      Or  tost  mes  armes  :  qu'atendereie  plus?  » 
Il  i  corurent  set  rei  et  quinze  duc, 


610  B  bien  dcust  —  611  C  lestors  ancui  612  A  naura  son  cors 
m.  —  6i3  B  la  leçon  4-  Toz  les  auroit  maintenant  detrenchiez 
—  6i5  C  fu  c.  e.  V.  —  616  A  est  c.  —  618  6'  Jel.  v.  ester  b.  1.  s. 
li  e.  -—  619  B  le  mien  dru  —  621  B  Poi  maidera;  C  Poi  mosterra 
mahomet  les  vertuz  —  622  B  Se  cil  nestoit;  A  manque.  —  624  A 
ses  d,  b.  e.  ;  jB  Vait  a  lencontre  —  626  C  sor  cel  tertre  aparu  — 
627  C  Sest  quel;  A  Sel  requérez  nai;  B  Ton  cors  requiert  na  ta- 
lent quil  aille  sus  (fi'  quil  sen  fuit)  —  G28  A  iert  —  629  A  Puis 
que  le  voi;  B'  nieri  ja  p.  a.  —  63o  A  ni  ait  plus  arestu  —  63i  C 
.III.  dus;  B  .VI.  amirals  i  sont  tanlost  coru 


Ll   CORONEMENZ  LOOIS  3i 

Si  H  aportent  soz  un  arbre  ramu; 
Mais  de  tels  armes  ne  cuit  qu^il  en  seit  plus  ; 
S'uns  altre  om  les  etist  el  dos  vestu, 
635      Nés  remuast  por  tôt  l'or  qui  onc  fu. 


XXI 

Quatorze  rei  armèrent  Taversier; 
El  dos  li  vestent  une  broigne  d'acier, 
Desus  la  broigne  un  blanc  halberc  doblier, 
Puis  ceint  Tespee  dont  trenche  li  aciers; 

640      Teise  ot  de  lonc  et  de  lé  demi  pié; 
11  ot  son  arc  et  ses  turqueis  laciez, 
Et  s'arbaleste  et  ses  quarels  d'acier, 
Darz  esmoluz,  afaitiez  por  lancier. 
On  li  ameine  Alion  son  destrier; 

645      A  grant  merveille  par  fu  li  chevals  fiers, 
Si  desreez,  corn  j'oï  tesmoignier, 
D'une  grant  teise  n'i  pot  on  aprochier, 
Fors  que  icil  qui  en  fu  costumiers. 
Quatre  darz  ot  a  la  sele  atachiez, 

65o      Mace  de  fer  porte  a  Parçon  derrier*., 
Li  reis  Corsolz  i  monta  par  Testrier; 


C33  Citels;  A  ge  cuit  nen  ère  plus;  J3'  ne  croit  que  il  sont  plus; 
B'  ce  croi  ge  nicrt  il  plus  —  (I34  A  Suns  allrcs  liom  leust  e.  d.  v.;  B 
en  son  dos  les  eust;  —  635  C  conques  fu  ;  fi'  nesesmeust;  B'  Nalast 
G  tout  —  636  C  Corsaut  aportent  ses  armes  li  paiens;  B  Quant  armer 
voldrent  le  païen  auersier  Quatorze  rois  lenmeinent  sans  targier  — 
638  B  CDesoz;  B  le  b.  h.  d.  —  63g  A  B  dont  bien  trenche  (B' 
irencha)  lacier  ;  C  II  irait  —  640  C  manque.  —  641  C  et  son  helme 
lacie;  B  et  son  dart  afaitie  —  642  A  et  ses  coltels  dacier;  B  et 
quarels  bien  forgies  —  643  C  por  lancer  afaitiez;  B  Si  dart  es- 
toient  empene  p.  I.  —  640  li  chiers  —  646  C  coni  orres  dcsrais- 
nier;  B  et  si  oltrecuidez  —  647  A  ni  ose  on  -—  648  X  ne  mais 
celui  —  65o  A  a  laicon  de  derricr 


32  U  CORON EMENZ  LOOÏS 

A  son  col  pent  un  escu  a  or  mier, 
Une  grant  teise  et  l^escuz  de  quartier; 
Mais  ainz  de  lance  ne  deigna  il  baillier; 

655      De  doblcs  armes  l'ont  bien  apareillié. 

Deus!  quels  chevals,  quil  pcust  chasteier! 
Et  neporquant  il  cort  si  li  destriers 
Ne  s'i  tenist  ne  lièvre  ne  lévriers. 
Envers  son  oncle  se  prist  a  desraisnier, 

660      A  voiz  s^escrie  :  «  Faites  pais,  si  m'oiez  : 
Les  seneschals  faites  tost  avancier, 
Les  tables  mètre,  atorner  le  mangier; 
Por  cel  Franceis  ne  Testuet  delaier, 
Plus  tost  l'avrai  ocis  et  detrenchié 

665      Que  vos  n'iriez  demi  arpent  a  pié  ; 
Ja  de  m^espee  ne  le  quier  atochier, 
Se  de  ma  mace  puis  un  cop  empleier  ; 
Se  lot  n'abat  et  lui  et  le  destrier, 
Ja  mais  frans  om  ne  me  doint  a  mangier!  » 

670      Paieil  escrient  :  a  Mahom  te  puisse  aidier!  > 
Très  parmi  Tost  comença  a  brochier; 
A  Mahomet  Tout  comandé  paien. 
Li  cuens  Guiilelmes  vit  venir  l'aversier, 
Lait  et  hisdos  et  des  armes  chargié; 


652  C  une  targe  dacier;  B  uns  escuz  de  quartier  —  653  B  man- 
que. —  654  i>'  Mais  ainz;  C  Mais  de  1.  n.  d.  ains  b.  ;  ^  M.  arc  ne 
1.  n.  d.  point  b.  —  655  B  fu  b.  a.;  C  lot  ont  b.  a.  —  656  B  gaai- 
gnier  —  637  J3  cil  cort;  C  manque.  —658  C  Nel  retendroit—  ô5q 
Deuers  son  oncle  commence  a  aprochier;  B  sest  li  turs  adrecie;  A 
intervertit  avec  660.  —  660  B  En  haut  sescrie  faites  pais  si  moiez 
Oncle  dist  il  faites  apareillier  —  661  -4  Le  s.  —  662  ^4  a.  a  m.;  B 
et  corner  1.  m.  —  663  A  si  mcstuet  auancier;  JB»  ne  les  estuet  d. 
—  665  A  B*  Que  niriez  —  666  B'  ne  le  ruis  atochier  —  667  B  li 
puis  un  cop  paier  —  669  B^  que  mangier  —  671  ^  manque;  B  A 
ces  paroles  ne  volt  plus  delaier  +  la  leçon.  —  672  A  Tresqua 
mahom  lont  paien  conuoic;  B  Comande  lont  a  mahom  qui)  ot 
chier 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  33 

675      S'il  le  redote,  nuls  n'en  deit  merveillier. 

Deu  reclama  le  père  dreiturier  : 

«  Sainte  Marie,  com  ci  a  buen  destrier! 

Molt  par  est  buens  por  un  prodome  aidier; 

Mei  le  convient  des  armes  espargnier. 
680      Deus  le  guarisse,  qui  tôt  a  a  jugier, 

Que  de  m'espee  ne  le  puisse  empirîer.  » 

De  tel  parole  n'eiist  coarz  mestier. 


XXII 

Guillelmes  fu  s6r  le  tertre  montez 


De  bêles  armes  vestuz  et  conreez  ; 

685      Veit  le  paien  venir  tôt  esfreé  ; 

S'il  le  redote  ne  fait  mie  a  blasmer. 
A  pié  descent  del  destrier  sejorné; 
Contre  Orient  aveit  son  vis  torné, 
Une  preiere  a  dit  de  grant  bonté  : 

690      N'a  soz  ciel  ome  qui  de  mère  seit  nez, 
S'il  la  diseit  par  buene  volenté, 
Al  matinet,  quant  il  sereit  levez, 
Ja  puis  deables  nel  porreit  encombrer. 


675  B  Nus  ne  d.  m.  ;  C  nen  doit  on  m.  —  677  B  com  il  ;  C  com 
la  —  678  B  Com  p.  e.  b.  ;  C  Tant  p.  e.  b.  ;  ^  Molt  par  est  proz 
por  prodome  aidier  —  681  Au  lieu  des  2  derniers  vers  de  la  laisse, 
B  donne  :  De  rien  qui  soit  ne  le  vueil  empirier  Mielz  lameroie  se 
le  puis  gaaignier  Que  ne  fcroie  tôt  le  trésor  gaifier  Deus  quel  vas- 
sal com  il  fait  a  proisier  Itels  paroles  nosast  nuls  desresnier  Qui 
tel  deable  veist  vers  lui  brochicr  Mais  il  est  voirs  et  le  vueil  tes- 
moignier  Miels  valt  uns  hom  proz  et  hardiz  et  fiers  Que  ne  feroient 
de  coarz  uns  milliers  —  682  C  nen  eust  c.  m.  —  683  C  sor  un  t. 
m.—  684  A  et  aiornez  ;  £J'  armez  et  c.  ;  C  garniz  et  c.  ;  B'  iert  molt 
bien  c.  —  683  B  abrieue  —  687  B  Errant  d.  d.  d.  abrieue;  C  in- 
tervcrtit  avec  686  —  688  B  Vers  o.  a.  s.  chief  t.  —  68q  B  dist 
de  si  g.  b.  —  6(ji  C  de  b.  v.  —  692  ii»Chescun  matin  —  69!^  B  le 
peust  e.'j  A  ne  seroit  encombrez 


34  ^l  CORONEMENZ  LOOÏS 

Deu  reclama  par  grant  humilité  : 
695      ((  Glorios  Deus,  qui  me  feïstes  né, 

Feïs  la  terre  tôt  a  ta  volenté, 

Si  la  closis  environ  de  la  mer; 

Adam  formas  et  puis  Evain  sa  per; 

En  paradis  les  en  menas  ester; 
700      Li  fruiz  des  arbres  lor  fu  abandonez, 

Fors  d'un  pomier,  icil  lor  fu  veez; 

Il  en  mangierent,  ce  fu  granz  foletez; 

Grant  honte  en  orent,  quant  nel  porent  celer. 

De  paradis  les  en  convint  aler, 
705      Venir  a  terre,  foïr  et  laborer, 

Et  mortel  vie  sofrir  et  endurer. 

Gains  ocist  Abel  par  cruelté  ; 

Adonc  convint  terre  braire  et  crier; 

Uns  cruels  dons  li  fu  cel  jor  donez  : 
710      Riens  n^en  istra  n"'i  conviegne  rentrer. 

Deus,  cil  qui  furent  de  celui  pueple  né 

Ainz  ne  vos  vorent  servir  ne  onorer  : 

Toz  les  feïstes  al  déluge  finer. 

N'en  eschapa  solement  que  Noé, 
715      Et  si  trei  fiU,  et  chascuns  ot  sa  per. 


694  B  Li  quens  g.  prist  dieu  a  reclamer  —  ôgS  A  G-  père;  B^ 
qui  de  mère  fus  nez;  B^  qui  de  vierge  fus  nez  —  696  B  Qui  feis 
ciel  terre  a  t.  v.—  697  B  de  toz  lez  —  699  B  les  meis  hosteler  —  70 1 
C  Fors  du  p.;  A  celui  1.  f.  v.';  B  Fors  que  dun  seul  cil  leur  fu 
deueez  —  702  C  Cil  en  manja  —  703  C  quant  ne  porent  aler  —  704 
C  seurer  —  703  C  V.  a.  t.  seruir  et  1.  ;  A  Foir  en  terre  venir  et  1. 

—  709  C  lor  —  710  A  Riens  ni  venist  qui  nesteut  aler;  C  Dauoir 
ynfer  quant   lame  en  dut  aler  Riens  nisoit  dels  ni  conuenisi  aler 

—  71 1  C  De  c.  q.  f.  ;  .4  D.  de  cel  pueple  cil  qui  ainz  furent  ne  ;  B 
Dieus  toz  le  pueple  qui  de  ceux  f.  n.  —  712  jB^  Oncj  C  Ainz  vos 
vorent;  A  manque  —  713  C  au  delundi  finer;  A  Toz  les  fcistes  en 
larche  definer  Par  le  déluge  ce  fu  la  vérité  ;  B  Toz  les  feistes  en  lar- 
che  definer  De  la  lignie  ce  fu  la  vérité  —  714  C  fors  seulement  n. 

—  yiD  C  Etsi  doi  fil  cascuns  i  ot  sa  per;  B  o  lui  chascuns  sa  per 


LI    CORONEMENZ  LOOÏS  35 

De  totes  bestes,  por  le  siècle  estorer, 

Masle  et  femele  fist  en  l'arche  poser. 

Deus,  de  cel  siècle  qui  de  cels  turent  né 

Issi  la  vierge  qui  tant  ot  de  bonté, 
720      Ou  vos  deignastes  vostre  cors  esconser. 

De  char  et  d'os  i  fu  tes  cors  formez, 

Et  del  saint  sanc  qui  fu  martir  clamez. 

En  Bethléem,  la  mirable  cité, 

La  vos  plot  il,  vrais  Deus,  a  estre  nez, 
725      Tôt  veirement,  a  la  nuit  de  Noël; 

Sainte  Anestase  vos  feïstes  lever  : 

N'ot  nules  mains  por  vo  cors'^C^norer  ; 

Vos  li  rendistes  tôt  a  sa  volenté. 

Et  des  treis  reis  fustes  vos  visitez, 
730      D'or  et  de  mire  et  d'encens  esmeré  ; 

Par  altre  veie  les  en  feïs  aler, 

Tôt  por  Herode,  qui  tant  ot  cruelté, 

Qui  les  voleit  ocire  et  desmembrer. 

Li  innocent  i  furent  decolé, 
735      Trente  milier,  ce  truevent  clerc  letré. 

Trente  et  dous  anz,  come  altres  om  charnels, 

Alas  par  terre  le  pueple  doctriner  ; 

Et  si  alas  el  désert  geûner, 

Quarante  jorz  acompliz  et  passez; 
740      Et  al  deable  vos  laissantes  porter. 

As  blanches  pasques,  qu'on  deit  palmes  porter, 


716  J5  por  le  mont  —  717  C  en  la  terre  p.  ;  B  ot  en  larche  pose  — 
718  C  De  cel  lignage  qui  la  furent  garde  —  719  C  a  de  bonté  — 
720  B  aombrer.  —  721  J5  refu  t.  c.  f.  —  722  A  Et  del  saint  cors 
—  724  A  bels  sire;  B^  plaist  il  —  725  B  Tôt  droitement  a.  1.  n. 
dun  n.  —  726  C  qui  vos  rouit  leuer  —  728  A  donasies  —  730  B 
honore;  C  par  verte  —  j3i  B  râler  —  j35  C  estoient  par  verte;  A 
MU.  XX.  mil  trueuent  li  clerc  letre  —  786  A  manque  —  737  A  Par 
terre  alastes  —  738  B  Et  es  deserz  alas  tu  —  739  C  manque  — 
740  B  manque  —  741  C  A  bêle  p.  q.  o.  d.  célébrer;  B  A  ice  jor 
quon  dut  palmes  {B'  palmirs)  p. 


36  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

La  vos  plot  il,  verais  Deus,  a  aler 

En  Jersalem,  la  mirable  cité, 

Par  Portes  Oires,  que  firent  defermer. 
745      Guerpis  les  riches,  ce  fu  granz  simpletez, 

As  povres  fu  vo  corages  tornez. 

Chiés  Simon  fustes  le  lepros  ostelez. 

Li  doze  apostre  i  furent  assemblé; 

La  Madeleine  quciement,  a  celé, 
750      Vint  soz  la  table,  que  n'osa  mot  soner, 

De  cleres  lairmes  ot  voz  dous  piez  lavez, 

De  ses  chevels  en  après  essuiez  ; 

Iluec  li  furent  si  pechié  pardoné. 

La  fist  Judas  de  vos  grant  cruelté; 
755      II  vos  vendi,  ce  fu  granz  foletez, 

Trente  deniers  del  tens  Matusalé  ; 

En  baisant  fustes  as  fais  juïs  livrez 

Et  a  Tesiache  leiez  et  arestez, 

Tresqu'al  matin,  que  il  fu  ajorné, 
760      Que  en  un  tertre  vos  en  firent  mener, 

Mont  Escalvaire,  ensi  l'oï  nomer. 

A  vo  col  firent  vostre  grant  crois  porter, 

Et  d'un  mantel  molt  hisdos  afubler, 


742  C  vrais  d.  estre  honorez;  B  Adont  vos  plot  sire  d.  (5»  biaux 
doux  sire)  a  a.  —  748  C  En  jherusalem;  B^  Enz  en  jherusalem  — 
744  A  qui  furent  define  ;  C  ce  fu  grans  simpletes  ;  B'  P.  p.  o.  la 
vous  conuint  aler  Vrai  d.  de  gloire  que  firent  defTermer-,  B*  z=l  B^ 
+  Les  feuls  juis  pour  vous  la  honorer  Mais  ce  vous  firent  puis 
molt  chier  acheter  —  746  A  ce  fu  la  vérité  ;  C  dont  ce  fu  simpletes 

—  75o  A  quel;  C  que  —  761  -4  De  chères  armes  a  v.  d.  p.  1.—  7D2 
C  De  ses  cauels  les  pies  ressues—  ']bo  A  li  fu  —  764  A  la  cruelte; 
C  vers  vos  g.  c.  —  755  A  Quil  ;  B  falsete  —  756  J5'  dont  ce  fu  fo- 
letcz;  B»  par  desesperaute  — 757  jB  as  juis  deliurez;  C  El  en  après 
fu  as  juis  liures  —  7^8  B  et  encombrez  ;  C  et  malmenés  --  759  B 
que  jorz  fuajornez  —  760  A  Quant;  B  Que  il  vos  firent  sus  un  ter- 
tre m.  —  761  C  Mont  en  caluaire  —  762  C  une  g.  c.  p.  ;  B*  A  vos 
espaulles  vos  i  firent  porter  La  sainte  croiz  ou  vous  voudrent  pener 

—  703/1  molt  cruel  afubler 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  07 

Ainz  n'i  passastes  un  pas,  par  vérité, 
765      Que  ne  fussiez  o  feruz  o  botez. 

En  sainte  crois  fu  vostre  cors  penez 

Et  vo  chier  membre  travaillié  et  lassé. 

Longis  i  vint,  qui  fu  bien  étirez, 

Ne  vos  vi  mie,  ainz  vos  oï  parler, 
770      Et  de  la  lance  vos  feri  el  costé, 

Li  sans  et  l'eve  li  cola  al  poing  clers; 

Terst  en  ses  uelz,  si  choisi  la  clarté, 

Bâti  sa  colpe  par  grant  umilité, 

Iluec  li  furent  si  pechié  pardoné. 
775      Nicodemus,  ensemble  o  lui  José, 

Vindrent  a  vos,  corne  laron  nuitel, 

De  la  crois  ont  voz  membres  remué, 

Et  el  sépulcre  et  colchié  et  posé, 

Et  al  tierz  jor  fustes  ressuscitez. 
780      Dreit  en  enfer  fu  voz  chemins  tornez. 

Toz  voz  amis  en  alastes  geter, 

Qui  longement  i  aveient  esté. 

Si  com  c'est  veir,  bels  reis  de  magesté, 

Defent  mon  cors,  que  ne  seie  afolez. 
785      Ci  dei  combatre  encontre  cest  malfé, 

Qui  tant  est  granz,  parcreliz  et  membrez. 

Sainte  Marie,  s'il  vos  plaist,  secorez, 

764  B  .1.  pie  —  765  A  feruz  et  escopez;  fi»  et  f.  et  b.  —  766  C 
posez  —  767  fi  En  V.  c.  m.  clos  fichie  et  bote;  C  manque  —  768 
B  qui  ert  bien  airez  —  769  B  Ne  vos  vit  mais  a.  v.  o.  p.  —  771 
A  len  a  es  poinz  cole;  B  Apres  la  lance  en  rouia  li  sanz  clers  — 
772  fi  C  T.  a,  ^  Ses  eulz  en  tert  errant  vit  la  —  775  B  Joseph  ;  C  en- 
semble lui  josoe  —  776  A  Furent  venu  corne  laron  proue;  B  Qui  a 
pilate  vos  auoient  roue  —  777  A  orent  ;  B  descloe  ;  C  De  1.  c.  firent  le 
vostre  corsoster—  778  A  et  levé;  Cet  couchier  el  poser;  B  et  col- 
chié et  pose  —  779  ^  surrexis  come  de  --  780  B^  trouez  ;  A  le  grant 
chemin  ferre-,  C  Brisas  ynfer  ni  ot  pooir  malfcs  —  781  il  en  eustes 
gitez;  B  en  volsistes  git  er  —  783  B'  doux  rois  —  784  C  ni  —  786  B 
ge  ;  A  Qui  d.  c.  e.  cel  m.  —  786  B^  p.  et  fabrez  —  787  C  et  car  me 
secoures  ;  B^  mcre  dieu  secourez  ;  fi'  He  mère  dieu  hui  si  me  secourez 


38  Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 

Par  coardise  ne  face  lascheté, 

Qu'a  mon  ligwage  ne  seit  ja  reprové.  » 

790      Scigne  son  vis,  en  est  a  tant  levez. 
Li  Sarrazins  vint  a  lui  esfreez, 
Ou  veit  Guillclme  si  Ta  araisonc  : 
«  Di  mei,  Franceis,  ne  me  scit  pas  celé, 
A  cui  as  tu  si  longement  parlé? 

795      —  Veir,  »  dist  Guillelmes,  «  ja  orras  vérité  : 
A  Deu  de  gloire,  le  rei  de  magesté, 
Qu'il  me  conselt  par  la  soe  bonté, 
Que  je  te  puisse  toz  les  membres  coper, 
Et  que  tu  seies  par  mei  en  champ  matez.  » 

800  Dist  li  paiens  :  «  Tu  as  molt  fol  pensé. 
Guides  tu  donques  tes  Deus  ait  poesté 
Que  il  te  puisse  vers  mei  en  champ  tcnser? 

—  Gloz,  »  dist  Guillelmes,  a  Deus  te  puist  mal  doner  ! 
Quar  s'il  me  vuelt  maintenir  et  guarder, 

8o5      Tost  en  sera  tes  granz  orguelz  matez. 

—  Veir,  »  dist  li  Turs,  «  tu  as  molt  fol  pensé. 
Se  tu  voleies  Mahomet  aorer, 

Et  le  tien  Deu  guerpir  et  desfier, 
Ge  te  dorreie  aveir  et  richeté, 
810      Plus  que  n^ot  onques  trestoz  tes  parentez. 

—  Gloz,  »  dist  Guillelmes,  «  Deus  te  puist  mal  doner  ! 
Que  ja  par  mei  n'ieri  mais  Deus  desfiez. 

—  Veir,  »  dist  li  Turs,  «  tu  iés  de  grant  fierté, 
Quant  en  bataille  ne  puis  ton  cors  tenser. 


789  C  ne  soit  il  r.;  B^  Que  mon  —  790  B^  seigna  son  chief  si  est 
en  pie  1.;  B^  Son  chief  seigna  si  est  en  pie  1.;  C  manque  —  791  t^ 
desreez;  B  tôt  armez  —  793  B  guarde  ne  soit  celé  —  793  B^  G.  a 
dit  dirai  ten  vérité  —  797  C  Qui  me;  B'  Que  me;  J3»  Qui  hui  maiut 
—  798  C  Que  il  te  puist.  —  800  B^  trop  f.  penser  —  802  C  en  champ 
vers  moi  —  804  B  Se  il  m.  v.  —  8o5  B  Molt  tost  s.  ;  C  Tost  i  s.  ;  — 
806  B  fol  penser  —  809  C  honor  et  r.  —  810  ^  Plus  te  dorroie  que 
not  t.  p.  —  812  B^  Q_uar  j.  p.  m.  ni.  m.  d.  vilaine;  C  Ja  li  miens 
dieus  nert  par  moi  defhes  —  8i3  ^4  molt  ies 


Ll  CORONEMENZ  LOOIS 


39 


81 5      Corne  as  tu  nom?  Ne  le  me  deis  celer. 

—  Veir,  »  dist  Guillelmes,  «  ja  orras  vérité  ; 
Ainz  por  nul  orne  ne  fu  mes  noms  celez. 
J'ai  nom  Guillelme  le  marchis,  a  nom  Dé, 
Fill  Aimeri,  le  vieil  chenu  barbé, 

820      Et  Hermenjart,  ma  mère  o  le  vis  cler, 
Frère  Bernart  de  Brebant  la  cité 
Et  frère  Hernalt  de  Gironde  sor  mer, 
Frère  Guarin,  qui  tant  fait  a  loer, 
De  Commarchis  Buevon  le  redoté, 

825      Frère  Guibert  d'Andernas  le  meinzné  ; 
Si  est  mes  frère  li  gentilz  Aïmers, 
Qui  n'entre  en  loge  ne  feste  chevroné, 
Ainz  est  toz  jorz  al  vent  et  a  l'oré, 
Et  si  detrenche  Sarrazins  et  Esclers; 

83o      La  vosire  gent  ne  puet  il  point  amer.  » 
Li  paiens  l'ot,  a  pou  qu'il  n'est  desvez  ; 
Les  ueilz  reoille,  s'a  les  sorcilz  levez  : 
«  Culverz  Franceis,  or  as  tu  trop  duré, 
Quar  tes  lignages  a  mort  mon  parenté.  » 


81 5  Cne  le  me  soit  celé;  B  garde  nel  me  celer—  816  B  ce  dist 
g.  ;  B*  ja  en  orras  verte;  A  manque  —  817  B  Quar  p.  n.  ho.  niert 
ja  m.  n.  c;  A  manque  —  818  J5  de  nerbonne  sor  mer  (B^  d. 
n.  suy  ne);  C  li  marcis  au  cort  nés  —  820-4  est  ma  mère  al  vis 
cler;  B  la  dame  o  le  vis  cler  —  821  B  lalose  —  822  A  manque  — 
823  C  manque;  B  la  leçon  +  Cil  danseune  le  gentil  et  le  ber  — 
825  A^  la  cite;  B  qui  de  nos  est  meinz  nez;  C  manque—  S 26  A  li 
chaiiis;  B*  Et  est  m.  f.  —  827  B  soz  feste  cheminel  —  828  C  Qui 
est  —  82ÇJ  B  destruit  —  83o  A  La  vostre  gent  —  83i  jB  le  sens 
cuide  desuer  —  832  B  les  grenons  leue  Dist  a  g.  qui  ni  a  demore; 
C  manque  —  833  C  parle  —  834  ^  Li  tiens  1.  ;  A  Que  mon  lignage 
as  mort  et  crauente  —  835  A  lapele;  B  Li  s.  que  li  cors  dieu  crauent 
En  apela  g.  fièrement  —  836  B  harderaent 


40 


LI  CORONEMENZ  LOOIS 


XXI  II 


835      Li  Sarrazins  Papela  fièrement  : 

«  Di  va,  Guillelmes,  molt  as  fol  escient, 

Quant  celui  creiz  qui  ne  te  valt  neient. 

Deus  est  la  sus,  desor  le  firmament  ; 

Ça  jus  de  terre  n'ot  il  onques  arpent, 
840      Ainz  est  Mahom  et  son  comandement. 

Totes  voz  messes  ne  toz  voz  sacremenz, 

Voz  mariages  ne  voz  esposemenz 

Ne  pris  ge  mie  ne  qu'un  trespas  de  vent. 

Crestientez  est  tôt  foleiemenz. 
845      —  Gloz,  »  dist  Guillelmes,  «  li  cors  Deu  te  cravent! 

La  toe  lei  torne  tote  a  neient; 

Que  Mahomez,  ce  sevent  plusor  gent, 

Il  fu  profeles  Jesu  omnipotent; 

Si  vint  en  terre  par  le  mont  preechant. 
85o      II  vint  a  Mesques  trestot  premièrement, 

Mais  il  bu  trop,  par  son  enivrement, 

Puis  le  mangierent  porcel  vilainement. 

Qui  en  lui  creit  il  n'a  nul  buen  talent.  » 

Dist  li  paiens  :  a  Trop  mentez  malement; 
855      Se  tu  vuels  faire  tôt  mon  comandement 

Et  Mahomet  creire  veraiement, 


838  B  dcdenz  —  S3q  A  not  onques  .1.  arpent;  C  La  jus  —  841 
C  Tôles  les;  B  et  toz  voz;  A  et  vostre  sacrement  —  842  A  et  voz 
e.;  B  et  vostre  c.  —  843  B  Ne  p.  g.  pas  —  844  C  manque;  B  est 
grant  f.  A  grant  tort  la  qui    desus  lui  la  prent  —  846  A  manque 

—  846  B*  torne  ge  tôt  a  vent;  B^  ne  vaut  plain  poing  de  vent  — 
847  B^  Quar  m.  c.  s.  molt  de  gent;  B  ajoute  :  Nest  quune  ydole 
quest  false  et  deceuant  —  848  A  a  deu  o.  —  849  A  II  v.  e.  t.  ce 
sauent  molt  de  gent;  B  le  nom  dieu  anoncant;  p.  1.  m.  praietant 

—  85o  C  J5»  manquent  —  85i  B'  tant  —  852  B  li  mangierent  le  vis 

—  853  C  manque  —  834  C  vos  meniez  —  850  B  C  lot  vraiement 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  4I 

Ge  te  dorrai  onor  et  chasement 

Plus  qu'onques  n^orent  tuit  ti  meillor  parent; 

Quar  tes  lignages  est  molt  de  halte  gent, 
860      De  tes  proeces  oï  parler  sovent  ; 

Ciert  granz  damages  se  tu  muers  si  vilment. 

Se  le  vuels  faire,  di  le  mei  errament, 

O  se  ce  non,  ja  morras  a  torment. 

—  Gloz.  »  dist  Guillelmes,  «  li  cors  Deu  te  cravent! 
865      Or  te  pris  meins  que  al  comencement  ; 

Al  menacier  n'a  point  de  hardement.  » 

Guillelmes  monte  molt  acesmeement, 

pstrier  nU  baille  n'a  arçon  ne  se  prent. 

Prent  son  escu  et  a  son  col  le  pent; 
870      L'espié  brandist  par  si  fier  maltalent, 

Lance  a  fermée  a  l'enseigne  qui  pent. 

Li  Sarrazins  Tesguarde  fièrement, 

Et  dist  en  bas,  que  nuls  om  ne  l'entent  : 

«  Par  Mahomet,  ou  la  meie  ame  apent, 
875      Cil  om  est  pleins  de  molt  fier  hardement.  » 

S'adonc  seûst  Guillelmes  son  talent 

Et  il  volsist  prendre  Tacordement, 

Ja  trovast  pais  assez  legierement. 


858  X  Plus  que  nen  orcnt  {B  ont);  A  onques  tuit  ti  p.  —  SSg 
B  Quen  son  lignage  a.  —  860  B  oy  parler  molt  souent  —  861  C 
manque  —  862  A  Se  tu  v.  f.  d.  1.  m.  bonement  —  863  A  errau- 
ment ;  C  maintenant  —  866  A  En  m.',  B  Hom  m.  —  867  B  A  cez 
paroles  g.  plus  natent  Ainz  est  montez  tost  et  deliurement  —  868 
C  Ne  si  p.;  il»  ne  arcon  ;  B  questrier  —  870  B  Son  espie  prent  — 
871  B  Lance  en  frémit;  C  Lance  auoit  roide  et  le.  q.  p.  —  871  B 
molt  forment;  A  lesguardent  —  873  A  Et  dist  soef;  B^  que  nului 
ne  lentent.  —  S-jS  A  raaltalent;  B  François  est  pleins  de  molt  grant 
h.  -  878BJaeust 


4%  LI  CORONKMtNZ  LOOÏS 


XXIV 


«  Di  va,  Franceis,  »  dist  Corsolz  li  salvages, 

880      «  Par  le  tien  Deu,  por  qui  tu  deis  combatre, 
Claimcs  tu  Rome  com  ton  dreit  eritage? 
—  Tu  l'orras  ja,  »  dist  li  cuens  Fierebrace. 
a  Ge  dei  combatre  a  cheval  et  as  armes 
El  nom  de  Deu,  le  père  esperitable. 

885      Par  dreit  est  Rome  nostre  empereor  Charle, 
Tote  Romagne  et  Toscane  et  Galabre; 
Saint  Père  en  est  et  li  porz  et  li  arche, 
Et  Tapostoile,  qui  desoz  lui  le  guarde.  » 
Respont  li  reis  :  «  Tu  n'iés  mie  bien  sages. 

890      Quant  tu  par  force  vuels  aveir  l'eritage, 

Dont  est  il  dreiz  et  raison  que  m'assailles. 
Or  te  ferai  un  molt  bel  avantage  : 
Prent  ton  espee  et  si  restreing  tes  armes, 
Fier  m^en  Pescu,  ja  n'en  serai  muables  : 

895      Ge  vueil  veeir  un  pou  de  ton  barnage, 
Com  petiz  om  puet  ferir  en  bataille.  » 
Et  dist  Guillelmes  :  «  Fols  sui  se  plus  m'en  targe.  » 
Le  cheval  point,  un  grant  arpent  trespasse 
De  la  montaigne,  qui  tant  est  granz  et  larges. 

879  C  Di  va  vassal  —  880  A  te  d.  c.  —  881  B  C.  noient  en  r.  Ihc- 
ritage  —  883  C  Ge  te  dis  bien  comment  que  le  plait  aille  Comba- 
trai  moi  a  toi  en  ceste  place  Sus  mon  cheual  et  de  mes  bones  armes 
—  885  A  large  —  886  B  Et  lombardie  et  trestote  toscane;  A  T.  r. 
de  ci  que  en  arabe.  —-  887  B  li  pors  et  li  riuages;  C  li  apors  — 
888  B  Et  lapostoiles  de  d.  1.  1.  g.;  C  manque  —  889  A  li  turs  — 
8qo  C  que  par  forche ;  B  qui  veus  auoir  par  force  Ihe.  —  Sgi  A  Dont 
il  est  droit;  5' Dont  est  li  d.  —  892  C  molt  bon;  A  molt  très  bel 
-—  893  A  Prent  ton  escu  et  altresi  tes  armes  —  894^  ja  ne  —  895  C 
intervertit  avec  896  —  896  A  le  puet  faire  —  897  C  matarge;  B 
Lors  dist  —  89S  A  broche  —  899  C  qui  molt  est  g.  et  1.  ;  B  qui 
est  et  g.  et  I. 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  43 

900      Tôt  entor  lui  a  restreintes  ses  armes  ; 
Li  Sarrazins  ne  se  mut  de  la  place. 
Dist  Tapostoiles  :  «  Ja  avrons  la  bataille. 
Or  tost  a  terre  et  li  fol  et  li  sage  : 
Chascuns  prit  Deu  de  molt  riche  corage 

905      Qu'il  nos  rameint  Guillelme  Fierebrace 
Tôt  sain  et  salf  dedenz  Rome  la  large.  » 
Li  gentilz  cuens  a  choisi  le  barnage, 
Qui  por  lui  prient;  fols  est  se  plus  s'atarge. 
Le  cheval  broche,  les  dous  rcsnes  li  lasche. 

910      Brandist  la  lance  o  l'enseigne  de  paile, 
Fiert  le  paien  soi:  la  vermeille  targe  : 
Teinz  et  verniz  et  li  fuz  en  trespasse, 
Le  blanc  halberc  li  desront  et  desmaille, 
La  vieille  broigne  ne  li  valu  meaille  ; 

9i5      Par  mi  le  cors  son  reit  espié  li  passe, 
Que  d'altre  part  peûst  l'en  une  chape 
Soz  le  fer  pendre,  qui  bien  s'en  preïst  guarde. 
Li  cuens  Guillelmes  par  tel  vertu  trespasse, 
Le  bon  espié  hors  del  cors  li  esrache. 

920      Ainz  li  paiens  n'en  perdi  son  corage, 

Ainz  dist  soef,  que  nuls  om  ne  le  sache  : 


900  A  astreintes  —  902  B  verrons  —  903  B'  Or  aille  a  terre 
—  904  C  de  nniolt  deuot  c;  B  de  bon  certain  c.  —  goS  C  ameint  — 
906  C  manque;  B^  ajoute  :  Et  il  respondent  bien  est  droit  quon  le 
face  Tous  li  clergies  enuers  terre  sauale  Et  cil  des  murs  de  rorames 
et  des  estagesTuit  prient  dieu  le  père  esperitable  Quil  lor  ramaint 
g.  au  fier  courage  Tout  sain  et  sauf  dedenz  rorae  la  large  —  90g 
C  point;  A  et  les  resnes  ~  910  jB  manque  —  91 1  -4  el  milieu  de 
la  targe  --912-4  Lor  le  verniz;  B  et  fust  trcstot  trespasse;  C  Taint 
et  vermeil  et  le  fut  li  trespasse  —  91 3  C  Le  bon;  A  li  rompit  — 
914  jB»  ne  li  vaut  .1.  maille;  A  .1.  paille;  C  manque.  ~  916  C  len- 
seigne  li  empale  —  916  C  par  ert  bien  .1.  espaue;  B  parut  len- 
seigne  large  —  917  C  Pendus  del  fer;  A  Pendre  al  fer  qui  sen  fust 
pris  bien  garde;  B^  Quon  la  veist  hors  qui  sen  preist  garde  —  918 
A  sen  passe;  B  tel  air  —  919  C  fors  du  cors;  B  Son  b.  e.  —  920 
B^  One  1.  p  ;  ^  Quainz  1.  p.  ne.  p.  son  esiage  —921  B  manque 


^  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

a  Par  Mahomet,  a  cui  j'ai  fait  omage, 
Molt  par  est  fols  qui  petit  orne  blasme, 
Quant  il  le  veit  entrer  en  grant  bataille. 

925      Quant  ge  le  vi  ui  main  en  cest  erbage, 
Molt  pou  prisai  et  lui  et  son  barnage, 
El  d'altre  part  le  tieng  ge  a  folage, 
Quant  desor  mei  li  donai  avantage, 
Qu'ainz  mais  par  ome  ne  reçui  tel  damage. 

930      Tel  angoisse  ot  a  pou  qu'il  ne  se  pasme. 
Li  cuens  Guillelmes  del  referir  se  haste. 


XXV 

Guillelmes  fu  molt  vertuos  et  forz; 

Le  paien  a  féru  par  mi  le  cors, 

Par  si  grant  ire  en  a  trait  l'espié  hors 

935      Tote  la  guiche  li  desrompi  del  col, 
Qu'a  terre  chiet  li  bons  escuz  a  or. 
Tuit  cil  de  Rome  s'escrient  a  esforz  : 
a  Refier,  frans  cm,  Deus  sostiegne  ton  cors! 
Sainz  Père,  sire,  seiez  guaranz  as  noz  !  » 

940      Li  cuens  Guillelmes  a  entendu  les  moz, 
Le  destrier  broche,  qui  li  desserre  tost, 
Brandist  la  hanste,  le  gonfanon  destort, 
Fiert  le  paien  sor  l'alberc  de  son  dos, 


923  B^  Il  est  trop  f.  —  924  B  en  tel  bataille  —  926  B  Quant  ge 
entrai  huimain  en  cestui  flage;  C  manque  —  926  C  Molt  prisai  poi  ; 
B  manque  —  927  C  le  retieng  a  f .  ;  B  Sachiez  de  voir  ge  le  tien  a 
f.  —  928  B  Ne  quant  sur  moi  —  929  B'  Conc;  B  por;  C  manque 
—  930  C  a  poi  quil  ne  se  pasme;  B  qua  poi  que  il  nesrage  —931 
C  B»  de  referir  —  933  B  ot  —  934  C  fors;  A  le  fer  trait  hors  — 
935  A  Tote  lissue  1.  d.  d.  cors;  B  Tote  la  gorge;  C  li  desront  de 
son  col  —  938  B  guarisse;  C  manque  —  939  C  Sire  sainz  père;  5* 
soiez  aidant;  JB^  soiez  aide  —  940  C  entendi  bien;  B»  lor  —  941  B 
randosne  tost;  C  qui  lemporte  molt  tost  —  943  B^  sur  lescu 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  46 

Qu'il  li  desmaille  et  desront  et  desclot, 
945      La  vieille  broigne  ne  li  valu  dous  clos  : 

L'espié  li  mist  très  par  mi  leu  del  cors, 

Que  d'altre  part  en  paru  li  fers  hors. 

De  meindre  plaie  fust  uns  altres  hom  morz. 

Li  Sarrazins  ne  s'est  de  rien  estorz; 
gSo      A  son  arçon  a  pris  un  javelot, 

Envers  Guillelme  l'a  lancié  si  très  fort 

Si  bruit  li  cos  que  foldre  cjui  destort. 

Li  cuens  s'abaisse,  que  paor  ot  de  mort, 

Triers  l'armeûre  le  feri  sor  le  dos  ; 
955      Deus  le  guari  que  en  char  nel  tochot  : 

«  Deus,  »  dist  li  cuens,  «  qui  formastes  saint  Loth, 

Defent  mei,  sire,  que  ge  n'i  muire  a  tort  !  » 


XXVI 

Li  Sarrazins  se  sent  navré  parfont  : 
Li  bruns  espiez  li  gist  sor  le  polmon, 
960      Li  sanz  en  raie  de  ci  a  l'esperon  ; 
Et  dit  soef,  que  ne  Tentendi  on  : 
a  Par  Mahomet,  dont  j'atent  le  pardon, 


944  B  QuJl  li  desront  et  desmaille  et  d.  —  945  C  .1.  tort;  A  li 
ûuoit  mise  hors  —  946/^  par  mi  le  vuit  del  cors;  manque  ainsi 
que  le  vers  suivant  dans  A  —  947  C  fors  —  949  C  nest  remuez  ne 
lors;  B  Voit  le  li  turs  onques  plus  grant  (B»  greignur)  duel  not 
—  950  B  Tôt  maintenant  a  p.  u.  j.  --  951  C  B'  le  lance;  B»  moli 
très  f .  ;  B'  molt  très  tost  —  952  C  qui  carot;  B  Q.ue  (J3"  com)  fou- 
dre que  len  ot  —  gSS  B  baisse;  A  quil  ot  peor;  C  qui  paor  a  — 
934  A  sor  le  col;  C  Sus  larmeure  le  ferit  enz  el  dos  Ne  lempira 
la  montance  dun  poil  (B»  dun  tros)  —  953  B^  quen  char  ne  la- 
teignot;  B'  qui  nateini  char  ne  os;  C  Que  larmeure  ne  li  valut 
.11.  clos  —  950  B  qui  tournastes  s.  pol  —  957  A  ne  muire  encor  ; 
B  Guaris  mon  cors  {B*  Guérissez  moi)  de  damage  et  de  mort  — 
959  A  l.e  bon  —  9C0  B^  Si  ques  a  le  ;  C  manque  —  961  B  Puis 


46  Ll   CORONEMENZ  LOOÏS 

Ainz  mais  por  orne  n'oi  tel  destrucion. 
Et  d'altre  chose  me  relieng  a  bricon, 

965      Quant  desor  mei  li  délivrai  le  don.  » 
Un  dart  molu  a  pris  a  son  arçon, 
Envers  Guillelme  le  lança  de  randon, 
Si  bruit  li  cos  come  uns  alerions. 
Li  cuens  guenchi,  qui  dota  le  félon, 

970      Porquant  li  trenche  son  escu  a  lion  : 
La  vieille  broigne  ne  li  fist  guarison; 
Lez  le  costé  li  passe  a  tel  randon 
Que  d'altre  part  fiert  dous  piez  el  sablon. 
Veit  le  Guillelmes,  si  tient  le  chief  embronc, 

975      Deu  reclama  par  son  saintisme  nom  : 
«  Glorios  père,  qui  formas  tôt  le  mont, 
Qui  feïs  terre  sor  le  marbrin  perron, 
De  mer  salée  la  ceinsis  environ, 
Adam  feïs  de  terre  et  de  limon, 

980      Evain  sa  per,  que  de  fi  le  savons, 
De  paradis  lor  feïstes  le  don, 
Le  fruit  des  arbres  lor  meïs  a  bandon, 
Fors  d'un  pomier  lor  veastes  le  don  ; 
Cil  en  mangierent,  ne  firent  se  mal  non, 

983      Mais  puis  en  orent  si  cruel  guerredon 

Qu'en  enfer  furent,  el  puis  de  Baratron, 
Qu'adonc  serveient  Berzebut  et  Neiron. 


965  B  Quant  desus  moi  li  ai  donc  tel  don  Quil  me  ferisl  auant 
sur  mon  blason  Lors  ni  fist  plus  li  turs  darestoison  —  966  B' 
trenchant;  JB*  .1.  dart  a  pris  tranchant;  A  tenoit  li  gloz  félon  — 
967  B  lenuoia  —  968  C  si  comme  un  alerions  —  969  A  le  glo- 
ton  —  972  C  par  le  —  975  C  et  son  s.  n.  —  976  B  sire;  C  manque 
—  977  A  et  le  m.  p.  —  978  A  le  closis;  B'  ceinsis  terre  —  980  B' 
que  de  fi  le  set  on;  B'^  que  de  voir  le  set  on  —  981  C  En  p.  —  982 
mangue  ainsi  que  les  on:;e  vers  suivants  dans  C  —  983  A^  Fors  du  ; 
B*  dont  fu  deft'ension  —  984  B  II  e.  m.  ne  lor  fist  s.  m.  n.  —  986  A 
maie  rendation  ;  B^  Quar  il  en  o.  ;  B'  Et  il  en  o.  si  bien  lor  g.  — 
986  B  enz  el  puis  baratron  —  987  B  que  tôt  s. 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  47 

A  unes  pasques  feïs  procession, 

Que  d'une  asnesse  chevalchas  le  faon, 
990      Si  vos  sivirent  li  petit  enfançon  ; 

As  blanches  pasques  en  font  procession 

El  un  et  altre  li  prestre  et  li  clerçon. 

Et  herberjas  chiés  le  lepros  Simon. 

La  Madeleine  feïstes  le  pardon, 
995      Qui  mist  ses  uelz  sor  voz  piez  a  bandon, 

Et  i  plora  par  buene  entencion  ; 

Tu  l'en  levas  a  mont  par  le  menton, 

De  ses  péchiez  li  feïstes  pardon  ; 

La  fist  Judas  de  vos  la  traïson  : 
1000   II  vos  vendi,  s'en  ot  mal  guerredon. 

Trente  deniers  en  reçut  li  félon  ; 

Et  en  la  crois  fustes  mis  a  bandon. 

Juif  en  firent  corne  encrisme  félon  : 

Ne  vorent  creire  vostre  surreccion. 
ioo5    El  ciel  montas  al  jor  d'Ascencion, 

Dont  viendra,  sire,  la  grant  redempcion, 

Al  jugement,  ou  tuit  assemblerons. 

La  ne  valdra  père  al  fiU  un  boton, 

Li  prestre  n'iert  plus  avant  del  clerçon, 
loio    Ne  Tarcevesques  de  son  petit  guarçon, 

Li  reis  del  duc,  ne  li  cuens  del  troton, 

Nuls  om  traître  n'i  avra  guarison. 

g88  B  Apres  biax  (B*  doux)  sire  feis  procession  —  989  B  Et  de 
lasnesse  —  qgi  B  ramembroison  —  992  B*  Crestien  qui  aourent 
vo  saint  nom  —  998  B  Et  herberjastes  —  994  B*  f.  gent  pardon 
—  995  B  Qui  sus  voz  piez  mist  ses  ueilz  a  bandon  ;  manque,  ainsi 
que  les  trois  vers  suivants,  dans  C  — 996  B  Si  plora  sire—  997  B 
Tu  len  leuas  sire  p.  1.  m.  —  1000  A  La  vos  v.  —  looi  C  ot  des 
juis  félon  —  1002  B»  enz  en  1.  c.  ;  B  sanz  reson  ;  manque,  ainsi  que 
le  l'ers  suivant,  dans  C.  —  1004  B  manque  —  îoo6  A  Nos.  viendra; 
C  De  nos  venra  —  1007  A^  assemblcron  —  1008  C  Lors  ne  v.;  B 
La  ni  v.  —  1009  B  Ja  nicri  li  prestre;  A  Neis  li  prestre  niert  a.  d. 
c.  —  loio  C  Ne  li  euesques  —  101 1  C  manque  ' —  1012  B  Fel  ne 
trichiere;  A  manque 


48  LI  CORON EMENZ  LOOÏS 

Et  as  apostres  donas  confession; 

Meïs  saint  Père  el  chicf  del  pré  Neiron, 
ICI 5    Et  convertis  saint  Pol  son  compaignon; 

Jonas  guaris  el  ventre  del  peisson, 

Et  de  la  famé  le  cors  saint  Simeon, 

Et  Daniel  enz  la  fosse  al  lion  ; 

Et  Symomague  abatis  le  félon  ; 
1020    Moyses  vi  la  flame  enz  el  buisson, 

Qui  n'ardeit  busche  ne  ne  feseit  charbon. 

Si  com  c'est  veir,  et  creire  le  deit  on, 

Defent  mon  cors  de  mort  et  de  prison, 

Que  ne  m'ocie  cist  Sarrazins  félon; 
1025    Tant  porte  d'armes  qu'aprochier  nel  puet  on, 

Quar  s'arbaleste  li  pent  a  son  giron, 

Mace  de  fer  li  pent  a  son  arçon. 

Se  cil  n'en  pense  qui  Longis  fist  pardon, 

Ja  n'iert  conquis,  trop  a  d'armes  fuison.  » 
io3o    Corsolz  li  dist  treis  moz  par  retraçon  : 

«  Ahi  !  Guillelmes,  corne  as  cuer  de  félon  ; 

A  grant  merveille  semblés  buen  champion, 

De  l'escremir  ne  resembles  bricon; 

Mais  par  ces  armes  n'avras  ja  guarison.  » 
io35    Lors  trestorna  son  destrier  aragon. 

Et  trait  l'espee  qui  li  pent  al  giron, 

1014  C  Mesmes  s.  p.  —  1016  A  Guéris  j.  —  1017  A  La  made- 
leine feistes  le  pardon;  Ce  verset  les  4  suivants  manquent  dans  C 
—  1019  A^  Symon  meismes  ;  B^  Et  symagogue  —  1020  B  en  un 
buisson  —  i023  A  de  honte  e.  d.  p.  —  1024  B»  le  s.  f.  —  1026  B 
pent  a  son  gambeson  —  B  Et  sarbaleste  qui  li  pent  a  larcon;  C 
Car  sa  baleste  li  vient  a  son  giron  —  1027  A  voi  pendre  a  son  ar- 
çon ;  B'  li  pent  a  son  giron  ;  B»  li  repent  au  giron  —  1029  B  trop 
est  fors  li  gloton  —  io3o  C  B»  par  traison;  B»  par  contencon.  — 
io3i  B"  de  lyon  —  io32  A  bien  c;  C  manque;  Le  copiste  de  B*, 
trompé  par  la  similitude  des  deux  vers  Jo3i  et  io58,  a  passé  du 
premier  au  second—  io33  B'  De  lescrenne  me  semblés  bien  bre- 
ton —  1034  B'  Mais  de  tes  ;  C  manque  —  io35  A^  L.  retorna  le  d.  ; 
A'  L.  t.  le  d.  —   io36  B'  Trait  a;  A'  manque 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  49 

Et  fiert  Guillelme  par  tel  devision 

Que  le  nasel  et  l'elme  li  desront. 

Trenche  la  coife  del  halberc  fremillon, 
1040    Et  les  chevels  li  trenche  sor  le  front, 

Et  de  son  nés  abat  le  someron. 

Maint  reprovier  en  ot  puis  li  frans  om. 

Li  cols  dévale  par  de  desus  l'arçon, 

Que  del  cheval  li  a  fait  dous  tronçons. 
1045    Li  cols  fu  granz,  si  vint  de  tel  randon 

Que  treis  cenz  mailles  en  abat  el  sablon  ; 

L^espee  vole  hors  des  mains  al  gloton. 

Li  cuens  Guillelmes  sait  en  pié  contre  mont, 

Et  trait  Joiose,  qui  li  peut  al  giron; 
io5o    Ferir  le  cuide  par  desus  l'elme  a  mont, 

Mais  tant  esteit  et  parcreiiz  et  Ions 

N'i  avenist  por  tôt  For  de  cest  mont. 

Li  cols  descent  sor  Talberc  fremillon, 

Que  treis  cenz  mailles  en  abat  el  sablon. 
io55    La  vieille  broigne  fist  al  Turc  guarison  ; 

Ne  Tempira  vaillant  un  esperon. 

Corsolz  li  dist  dous  moz  par  contençon  : 

«  Ahi  !  Guillelmes,  çome  as  cuer  de  félon  ! 

Ne  valent  mais  ti  colp  un  haneton.  » 
1060    Tuit  cil  de  Rome  s'escrient  a  hait  ton. 

Et  l'apostoiles,  qui  fu  en  grant  friçon  : 

€  Sainz  Père,  sire,  secor  ton  champion, 

io37  B»  Fiert  en  g.  —  io38  B^  de  lelme  —  loSg  5»  T.  lauberc 
et  la  coife  ;  ce  vers  manque,  aiusi  que  les  4  suivants,  dans  C  — 
1040  B'  manque  —  1043  Z3'  par  de  deuant  —  1044  -S*  en  a  fait;  C 
Et  fist  .11.  pièces  del  destrier  aragon  —  1045  A  de  grant  randon;  C 
manque  —  104G  C  manque  —  1047  C  hors  de  puins  —  1049  A  Et 
tint  j.  —  io3o  B»  dessus  son  elme  —  io5i  X  Mais  tant  est  granz 
el  p.  e.  1.  —  1034  B^  en  abat  a  bandon  —  io55  A'  La  meillor  b. 
—  io56  C  valissant  .1.  bouton  —  loSy  J3'  .111.  moz;  manque,  ainsi 
que  le  suivant^  dans  C  —  io58  J5'  de  lyon  —  loSg  B  Trestuit  ti 
colp  ne  valent  .1.  bouton  —  1060  B  a  .1.  ton;  C  a  rion  —  1062  C 
socoures  vo  baron 


5o  Ll  CORON EMENZ  LOOÏS 

Se  il  i  mucrt  maie  iert  la  retraçon; 
En  ton  mostier,  por  tant  que  nos  vivons, 
io65    N'avra  mais  dite  ne  messe  ne  leçon.  » 


XXVII 

Li  cuens  Guillelmes  a  la  chiere  membree 
Fu  tôt  armez  sor  la  montaigne  lee; 
Veit  le  paien  qui  ot  perdu  s'espee, 
Dont  son  cheval  ot  trenchié  l'eschinee. 

1070  Li  Turs  passe  oltre  plus  d'une  arbalestee, 
Tôt  en  poignant  sa  mace  a  destesee, 
Envers  Guillelme  en  vint  gole  baee  ; 
Alsi  c^cume  corne  beste  eschalfee 

Que  li  chiens  chacent  en  la  selve  ramee. 
1075    Li  cuens  le  veit,  s'a  sa  targe  levée. 

Li  Turs  i  fiert  de  si  grant  randonee 

De  chief  en  altre  li  a  tote  quassee, 

Emprès  la  bocle  li  a  tote  copee  ; 

Par  le  pertuis  i  passast  de  volée 
1080    Uns  esperviers,  senz  point  de  demoree. 

io63  C  la  raenchon  —  1064  C  El  ton  m.  ;  A  tant  com  n.  v.  — 
io65  B  Ni  aura  mais  ne  raesse  ne  leçon  Tôt  destruiront  li  en- 
criesme  félon  .la  ni  aura  qui  nos  soit  guerison  Adonc  plorerent 
de  duel  maint  hait  baron.  —  1067  B  Fu  toz  a  pie;  C  en  la  m.  1. 
—  1068  A  quot  perdue;  B  perdue  —  io6g  ^  De  s.  c.  ;  jB  cope  -' 

1071  C  A  poignant  vient  sa  la  mace  entesee;  A  destrossee  —  1072 
A  reuient  —  loyS  B  lisse;  C  loue  —•  1074  C  hastent  —  1076  C  la 
t.  1.;  ^  manque  —  1076  C  le  fiert  —  1077  ^  li  a  rote  et  falsee  — 
1078  Jusqu'au  vers  108 3  les  trois  versions  diffèrent  beaucoup. 
J'ai,  comme  dans  tous  les  cas  douteux,  adopté  celle  de  A,  qui  est 
en  général  la  meilleure  :  A  la  leçon;  B  Près  de  la  bocle  li  a  fait 
lele  corree  (B^  entrée)  Quuns  esperuiers  y  entrast  de  volée  Li  cuens 
le  voit  sa  la  chiere  enclinee  Empres  (B*  Apres)  le  helme  est  la  mace 
colee  Le  chief  baissa  et  la  masse  est  passée  Se  ce  ne  fust  cest  vérité 
prouee;  C  Empres  la  lance  11  a  tele  donee  Que  sil  neust  la  teste 
enclinee 


Ll   CORONEMENZ  LOOÏS  5l 

"Emprès  le  helme  est  la  mace  passée. 
Baissa  le  chief  a  icele  encontree. 
Ja  mais  par  lui  ne  fust  Rome  aquitee, 
Se  Deus  ne  fust  et  la  vierge  onoree. 
io85    Tuit  cil  de  Rome  haltement  s^escrierent  ; 

Dist  l'apostoiles  :  «  Que  fais  tu  or,  sainz  Père? 
Se  il  i  muert,  c'iert  maie  destinée  ; 
En  ton  mostier  n'iert  mais  messe  chantée, 
Tant  com  ge  vif  ne  que  j'aie  durée.  » 


XXVIII 

1090    Li  cuens  Guillelmes  fu  molt  estoltoiez, 
Et  de  cel  colp  tu  durement  chargiez, 
Mais  d^ne  chose  s'est  il  molt  merveilliez, 
Que  li  Turs  a  tant  duré  el  destrier, 
Por  ce  qu'il  ot  tant  durement  saignié; 

1095    Et  s'il  volsist  il  l'eûst  mis  a  pié. 

Mais  il  espargne  quanqu'il  puet  le  destrier, 
Quar  il  se  pense,  s'il  le  puet  guaaignier, 
Bien  li  porreit  ancore  aveir  mestier. 
Li  Sarrazins  vint  a  lui  eslaissiez  ; 

1 100    Ou  veit  Guillelme,  si  l'a  contraleié  : 

«  Gulverz  Franceis,  or  iés  mal  engeigniez, 
Quar  de  ton  nés  as  perdu  la  meitié  ; 
Or  seras  mais  Looïs  provendiers, 
Et  tes  lignages  en  avra  reprovier. 


1085  C  ont  fait  une  escriee  —  1086  B  que  fais  sire  sainz  père; 
C  D.  la.  qui  saint  pieres  est  1ère  —  1089  A  et  que;  B  ne  com  jaie 
d.  —  logi  B  molt  forment  —  1092  A  Et  du.  c.  est  il  m.  m.  — 
1093  J3»  Quant;  B  este  el  d.;  C  Com  1.  t.  —  1094  B'  longuement 
—  1095  A  B*  Que  sil  v.  —  1097  B  manque  —  1098  C  II  serroit 
mes  loey  prouendier  B.  I.  p.  e.  a.  m.  ~  1099  A  corocicz  — 
iioo  B*  Ou  quil  le  voit  —  1 102  manque,  ainsi  que  les  3  suivants, 
dans  C  —  iio3  il  Qui  seras—  1104-1106  B  Ge  sai  molt  (B»  très) 


52  LT  CORONEMENZ  LOOÏS 

r  io5    Or  veiz  tu  bien  ne  te  puez  plus  aidier  ; 
O  tôt  ton  cors  m^cn  estuet  repairier, 
Quar  l'amiranz  m'atent  a  son  mangier; 
Molt  se  merveille  que  ge  puis  tant  targier.  » 
Il  s'abaissa  vers  son  arçon  premier, 

1 1 10    De  devant  lui  le  voleit  enchargier 
Trestot  armé  sor  le  col  del  destrier. 
Veit  le  Guillelmes,  le  sens  cuide  changier; 
Bien  fu  en  aise  por  son  colp  cmpleier, 
Et  fiert  le  rei,  que  n'ot  soing  d'espargnier, 

1 1 1 5    Par  mi  son  elme,  qui  fu  a  or  vergiez, 
Que  flors  et  pierres  en  a  jus  tresbuchié, 
Et  li  trencha  le  maistre  chapelier. 
La  bone  coife  li  convint  eslongier, 
Que  pleine  palme  li  fent  le  hanepier; 

1 120    Tôt  Tembroncha  sor  le  col  del  destrier. 
Les  armes  peisent,  ne  se  pol  redrecier  : 
«  Deus,  »  dist  Guillelmes,«  com  j'ai  mon  nés  vengié! 
Ne  serai  mais  Looïs  provendiers, 
Ne  mes  lignages  n'en  avra  reprovier.  » 

1 1 25  Son  bras  a  fors  des  enarmes  sachié, 
L'escu  geta  enz  el  champ  estraier  : 
Tel  hardement  ne  fist  mais  chevaliers. 


bien  nen  porras  reperier  En  ton  pais  ne  recorras  arrier  Ge  toci- 
rai  cui  quen  doie  ennoier  Trop  longuement  me  fais  ci  bataillier 
Et  demorer  por  mahom  que  jai  chier  —  iio8  C  Molt  sesmer- 
ueillent  comment  ai  tant  targie  —  iiog  B  sus  son  —  iiio  J5« 
Droit d.  1.;  C  Par  d.  1.  1.  v.  encafigier  —  ni3  B  Bien  fu  a  point; 
C  empirier  —  1 114  Le  roi  feri  qui  (B*  que);  A  ne  le  vuelt  espar- 
gnier  —  1 1 1!>  C  Dor  entailliez;  ici  commence  A^  —  1 1 16  C  en  tait 
jus  t.— II  17^3  Si  a  trenchie—  1118  jB  li  fist  si  e.  (B'esloignier)  ;  A 
conuint  il  empirier— II  iQil  lecheualier—  1121  C  pot;  A^  manque  — 
1122  A  trenchie;  A^  B  or  ai  —  ii23  A^  Ne  serai  rois  loys  p.  — 
II 24  C  Na  mon  1.  ne  sera  r.  ;  B  recourir  -f  Dont  passe  auant  li 
vaillant  cheualiers  —  ii25  C  Son  brant  a  fors  de  son  fuerrc  s.;  B 
hors  de  ses  armes  s.  ■—  1 126  Zi  manque  —  1 127  fi'  franc  guerrier; 
B>  nul  guerrier 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  53 

Se  li  Turs  fust  sains  et  sais  et  entiers, 
Par  grant  folie  fust  li  plaiz  comenciez  ; 

I  i3o    Mais  Deu  ne  plot  plus  se  peûst  aidier. 

Li  cuens  Guillelmes  ne  s'i  volt  atargier  ; 
A  ses  dous  poinz  saisist  le  brant  d'acier 
Et  fiert  Je  rei,  n'ot  seing  de  l'espargnier, 
Par  mi  les  laz  de  son  elme  vergié. 

II  35    La  teste  o  Telme  fist  voler  quatre  piez  ; 

Li  cors  chancelé  et  li  Sarrazins  chiet. 

Li  cuens  Guillelmes  ne  s'i  volt  delaier  ; 

La  buene  espee  dont  son  nés  ot  trenchié, 

Il  la  volt  ceindre,  mais  trop  longe  li  iert  ; 
1 140    Vint  a  l'arçon,  maintenant  la  pendié. 

Pié  et  demi  sont  trop  lonc  li  estrier  : 

Grant  demi  pié  les  a  lors  acorciez. 

Li  cuens  Guillelmes  i  monta  par  l'estrier, 

Del  Sarrazin  a  retrait  son  espié, 
1 145    Qu'il  li  aveit  enz  el  corps  apoié; 

Tôt  entor  Tanste  en  est  li  sanz  glaciez  : 

o  Deus,  »  dist  Guillelmes,  •  com  vos  dei  graciier 

De  cest  cheval  que  j'ai  ci  guaaignié  ! 

Or  nel  dorreie  por  l'or  de  Montpelier. 
1  i5o    Hui  fu  tel  ore  que  molt  Toi  conveitié.  » 

De  ci  a  Rome  ne  s'est  pas  atargiez. 


1128  A  Se  li  cors  —  ii3o  C  qui  tôt  a  a  jugier  —  ii3i  il  ne 
volt  mie  atargier;  B  ne  se  volt  plus  targier  —  11 32  B  mains  — 
Il 33  B  ne  lot  soing  de.;  -A^  »  Sanz  point  de  le.;  A^  Sanz  poinj 
de  latargier  —  11 35  C  fait  v.  ;  -4  en  vola  —  ii36  C  Li  cors  ses- 
tent  ;  B*  L-  c. c.  du  sarrazin  si  chiet  —  ii3y  A  ne  li  volt  pas  laissier; 
C  ni  volt  plus  atargier—  ii38  C  fu  trenchicz;  B  manque  —  iiSg 
C  il  le  voit;  B  manque  —  1140  A  B  manquent  —  1141  B  manque 

—  1142  B  C  manquent—  1143  B  manque  —  1145  C  envoie;  B^ 
embroie  —  1 146  B  Tôt  enuiron  en  est  li  sanz  raiez  —  1 147  B  vos 
doi   je   mercier;  D  mercier  —  1149  ^»,  ^  ^  rendroie;  A  Que  nel 

—  iibo  A^  B  Puis  f.  t.  o.  que  il  li  ot  mestier;  C  II.  f.  t.  ho.  quen 
fui  a  grant  mesaif  —  iibi  B  Dusques  a  rome  ne  si  est  a.;  C  ni 
est  plus  a. 


54  Lï  CORONEMENZ  LOOÏS 

Li  apostoiles  i  est  venuz  premiers, 
Si  le  baisa  quant  l'elme  ot  deslacié. 

V          Tant  ont  ploré  li  cuens  Bertrans,  ses  niés, 

1 155    Et  Guielins  et  li  corteis  Gualliers! 

Tel  paor  n'orent  a  nul  jor  desoz  ciel  : 
«  Oncles,  »  fait  il,  «  estes  sains  et  haitiez? 
—  Oïl,  »  fait  il,  «  la  merci  Deu  del  ciel. 
Mais  que  mon  nés  ai  un  poi  acorcié; 

I  i6o    Bien  sai  mes  nons  en  sera  alongiez.  » 
Li  cuens  meismes  s^est  iluec  baptisiez  : 
a  Dès  ore  mais,  qui  mei  aime  et  tient  chier, 
Trestuit  m'apelent,  Franceis  et  Berruier, 
Conte  Guillelme  al  cort  nés  le  guerrier.  » 

1 165    One  puis  cel  nom  ne  li  pot  l'en  changier. 
Puis  ne  finerent  tresqu'al  maistre  mostier. 
Cil  ot  grant  joie  qui  le  tint  par  l'estrier. 
La  nuit  font  teste  por  le  franc  chevalier, 
Tresqu'al  demain  que  jorz  fu  esclairiez, 

1 170    Que  d*altre  chose  voldront  assez  plaidier. 
Et  dist  Bertrans  :  «  As  armes,  chevalier  ! 
Puis  que  mes  oncles  a  le  champ  guaaignié 
Vers  le  plus  fort  qui  tant  ert  resoigniez, 
Bien  nos  devons  as  feibles  essaier, 

1 175    Oncles  Guillelmes,  faites  vos  aaisier, 

Quar  molt  par  estes  penez  et  travailliez.  » 

1 152  manque,  ainsi  que  le  suivant,  dans  C  —  1 164  /4  Toi  en  plo- 
rant  1.;  C  Encontre  vos  1.  —  11 55  C  Tant  ont  plore  g.  et  g.  — 
ii56  iJ  T.  p.  no.  a  mais  j.  d.  c;  A  desor  ciel  —  iibj  B  font  il 

—  1 158  B  merci  jesu  d.  c.  —  iibg  B  est  u.  p.  escochiez;  C  escor- 
chiez  —  1160  A  Ge  ne  sai  certes  com  sera  alongiez;  B  Bien  sai 
(B»  sent)  quun  poi  en  sera  acorcie— - 1162  Au  lieu  de  1162^  11 63, 
C  donne  Dore  en  auant  lapelent  li  princhier  —  11 63  B  Vueil  que 
ma.  —  ii65  B*  C  ainz;  B  ne  pot  estre  changiez;  C  ne  li  fa  can- 
giez  —  1167  A  a  lestrier  —  n68  A  font  joie;  C  font  veille  por 
lenfant  cheualier  —  1169  A  dut  esclairier;  C  que  il  fu  e.  —  1171 
B»  Le  dist";  C  arme  vos  cheualier  —  1 173  B»  q\ii  plus;  C  manque 

—  1 175  ^  manque 


LI  CORON EMENZ  LOOÏS  55 

Guiilelmes  Tôt,  si  s'en  rit  par  feintié  : 
«  Hé!  Bertrans,  sire,  or  del  contraleier! 
Ja  vo  contraires  ne  vos  avra  mestier, 

II 80   Que,  par  Tapostreque  requièrent  palmier, 
Ge  ne  laireie  por  Tor  de  Montpeiier 
Que  ge  ne  voise  el  maistre  renc  premiers, 
Et  i  ferrai  de  l'espee  d'acier.  » 
Quant  cil  de  Rome  i'oïrent  si  plaidier, 

1 185    Li  plus  coarz  en  fu  proz  et  legiers. 
Dès  or  se  guardent  li  félon  iosengier, 
Que  trop  i  pueent  demorer  et  targier, 
Quar  cil  de  Rome  se  vont  apareiliier. 


XXIX 

Li  reis  Galafres  est  de  son  tref  issuz; 

II 90   A  lêi  de  rei  est  chalciez  et  vestuz; 

Dist  a  ses  omes  :  «  Or  ai  ge  trop  perdu, 
Quant  par  cel  ome  est  Corsolz  confonduz. 
Li  Deus  qu'il  creient  deit  bien  estre  creiiz; 
Guardez  que  tost  seit  mes  très  destenduz  ; 

1195    Fuions  nos  en,  qu'atendrions  nos  plus? 
Se  cil  de  Rome  se  sont  aperceû, 
Ja  de  nostre  ost  n'en  eschapera  nuls.  » 
Et  cil  respondent  :  «  Cil  conseilz  iert  tenuz. 
Quatorze  grailes  sonerent  tôt  a  un, 


1177  C  si  en  rit;  A  si  sen  rit  volentiers;  fi»  par  faintie  —  11 78 
C  Or  b.  nies  —  1 181  C  Jou  nel  lairoie  —  1 182  ^  Que  ge  ne  fusse 
—  ii83  A  de  mespee  —  1184  B  loent  ainsi  p.  —  ii85  A  \  i\x', 
B  Tôt  en  fu  lors  (fi'  plus)  li  coarz  rehaitiez  —  1186  -4  si  g.  ;  A^ 
sesgardent  —  1187  ^'  Or  trop  —  11 88  fi»  /a  leçon  +  Por  la  loi 
deu  vers  paiens  dcresnicr  —  iigo  C  sest  c.  et  v.;  fi  fu  c.  et  v.  — 
1193  B^  doit  estre  bien  cremu  ;  B^  doit  bien  estre  cremu  —  H97 
A  uns;  B  Ja  de  nos  loz  —  1 198  fi»  Et  toz  r.;  A  iert  creuz  —  ngq 
A  .XXV.  graile  i  sonent  tôt  a  un;  fi  .xiv.  cors  sonerent  a  un  hu 


56  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

1200    Et  l'ost  monta  qui  estormi  se  fu. 

Guillelmes  a  le  temulte  entendu  \ 

Dist  a  ses  ornes  :  «  Trop  avons  atendu  ; 

Paien  s'en  fuient,  li  gloton  mescreti. 

Or  tost  après,  por  Deu  le  rei  Jcsu  !  « 
I  2o5    Tuit  cil  de  Rome  s'en  issent  a  un  hu  ; 

Guillelmes  s'est  el  premier  renc  tenuz, 

Li  gentilz  cuens^si  lassez  come  il  fu  ; 

Alion  broche  des  espérons  aguz, 

Si  se  desreie  qu'a  peine  Ta  tenu  : 
12 10    Legiers  li  semble  cil  qui  desor  lui  fu. 

Entre  dous  tertres  ont  paiens  conseil. 

La  veïssiez  un  estor  maintenu, 

Tant  pié  colpé,  tante  teste,  tant  bu  ! 

Li  cuens  Bertrans  s'i  est  molt  chier  vendu. 
12 15    Après  sa  lance  a  trait  le  brant  molu  : 

Gui  il  ateint  jusqu'el  piz  l'a  fendu, 

Halbers  n'i  valt  la  monte  d'un  festu, 

Maint  colp  reçut  et  plus  en  a  rendu; 

Et  Guielins  i  a  maint  colp  féru, 
1 2  20    Et  cil  Gualtiers  qui  de  Tolose  fu; 

Mais  sor  toz  altres  fu  Guillelmes  cremuz. 

lioo  C  qui  estormie  fu  ■—  1201  B  Et  g.  a  la  grant  noise  e.;  C 
Et  cil  de  rome  ont  la  noise  e.  —  1202  C  Dient  enireux  —  i2o3  C 
Li  cuuert  m.;  B^  sarrazin  mescreu  ;  B>  li  félon  m.  —  1204  ^  Or 
tost  as  armes  —  i2o5  B  ni  ont  plus  atendu  De  la  cite  issirent  a 
.1.  hu.  —  1208  A  Arion  ;  B  A.  b.  d.  e.  a.  Et  li  destriers  qui  fu  de 
grant  vertu;  manque j  ainsi  que  les  2  suivants,  dans  C  —  1209  A  a 
peine  lont  tenu  —  1210  A  celui  qui  sor  lui  fu  ;  B  la  leçon  +  Apres 
paiens  sarotent  par  vertus  Qui  sen  fuioient  quar  paour  ont  eu  Por 
ce  que  rois  corsolz  estoit  veincuz  Que  dams  guillelmes  ot  mort 
et  confondu  Tant  ont  coite  li  nostre  par  vertu  —  121 1  B  Quentre 
deus  monz  les  ont  aconseuz  Entre  eus  se  fièrent  par  force  et  par 
vertu— -121 3  A  Tant  poing  cope;  B  Tant  pie  trenchie  —  1214  B  scst 
moli  bien  combatu  —  121 5  B  Apres  la  1.  a.  t.  le  b.  tôt  nu  —  12 16 
A  est  fenduz  ;  B  jusques  denz  la  f.  —  1217  B  Ni  vaut  hauberz; 
C  manque  —  iiiS  B'  mais  p.  en  a  r.;  C  manque  —  1219  B  en  i  a 
maint  féru  —  1221  A  Mais  sor  les  a. 


LI  CORONEMENZ  LOOlS  b'J 

Li  reis  Galafres  i  fu  aperçeliz  ; 

Guillelmes  point,  a  son  col  son  escu, 

Li  reis  Galafres,  quant  l'a  aperceli, 
1225    De  cuer  reclaime  Mahomet  et  Cahu  : 

«  Mahomet,  sire,  cornent  m'est  avenu? 

Se  il  vos  plaist,  quar  i  faites  vertuz, 

Que  ge  eusse  Guillelme  retenu.  » 

Le  destrier  broche  des  espérons  aguz. 
i23o    Li  cuens  Guillelmes  ne  fu  mie  esperduz. 

Granz  cols  se  donent  a  mont  sor  les  escuz; 

Desoz  les  bocles  les  ont  fraiz  et  fenduz. 

Les  blanz  halbers  desmailliez  et  rompuz. 

Lez  les  costez  sentent  les  fers  moluz. 
1235    Deus  en  aida  Guillelme  le  cremu, 

Et  cil  sainz  Pères  cui  champions  il  fu, 

Que  par  le  rei  ne  fu  en  char  feruz. 

Li  gentilz  cuens  li  a  tel  colp  rendu 

Que  d^ansdous  parz  a  les  estriers  perduz. 
1240    Li  chevals  baisse  quant  a  le  colp  sentu, 

Et  dont  cheï  li  reis  a  terre  jus. 

1222  A  garsile  —  1 223-1228  C  la  leçon  que  fai  adoptée;  A 
Monte  guil.  a  son  col  son  escu  Mahom  reclaime  a  force  et  a  vertu 
Mahomet  sire  moult  mest  mal  auenu  Que  ge  ne  lai  et  pris  et  retenu; 
B'  Monstrez  g.  a  son  col  son  escu  Mahom  redainie  li  rois  par  grant 
vertu  Mahomet  sire  car  i  faites  vertus  Que  ce!  baron  qui  tant  a 
bien  féru  Quil  a  corsult  et  mort  et  confondu  Que  je  le  puisse  auoir 
pris  et  tenu  Lors  ni  a  plus  galafres  atendu;  B*  Moustre  g.  a  son 
col  son  escu  Mahom  reclaime  le  roy  et  sa  vertu  Mahom  dist  il 
com  mest  mal  auenu  Quant  par  .1.  home  est  roy  corsult  vaincu 
Le  dieu  quil  croient  doit  bien  estre  cremu  Mahomet  sire  quar  i 
faites  vertu  Que  ce  baron  qui  tant  a  bien  féru...  (le  reste  comme  B^) 
—  i23i  A  amont  es  helmes  bruns;  B  Encontre  lui  a  broche  li  cre- 
muz  Granz  cops  se  donent  amont  sus  les  escuz  Desos  les  bocles 
les  ont  fraiz  et  fenduz  —  1232  C  Desor  ;  A  manque  —  i233  A  Les 
halberz  ont  —  1234  C  aguz;  B*  Lez  lor  c.  s.  1.  f.  toz  nuz;  B'  L. 
1,  c.  seteint  1.  f,  toz  nuz  —  i235  A^  aide;  A*,  ^  aida;  C  a  aidieJ 
B  g.  le  membru  —  1 236  fi'  II  est  s.  p.  ;  B'  Lui  et  s.  p.  c.  c.  i  fu  — 
1237  fi  Que  par  galafre—  1239  A*  Que  de  .11.  parz  —  1240,  1241  /! 


58  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

L'aguz  del  elme  est  en  terre  feruz, 
Par  si  grant  force  dous  des  laz  a  rompuz 
Li  cuens  Guillelmes  est  sor  lui  arestuz, 
1245    Et  trait  le  brant  dont  l'aciers  fu  moluz  : 
Ja  li  trenchast  le  chief  desus  le  bu, 
Quant  Deus  i  fist  miracles  et  vertuz, 
Quar  mainz  chaitis  dolenz  et  irascuz 
En  fu  le  jor  fors  de  prison  issuz. 


XXX 

i25o    Li  cuens  Guillelmes  fu  molt  buens  chevaliers. 
Devant  lui  vit  le  rei  tôt  embronchié; 
Se  il  volsist  ja  li  trenchast  le  chief, 
Quant  cil  li  crie  et  manaide  et  pitié  : 
«  Ber,  ne  m'oci,  quant  tu  Guillelmes  iés, 

12  55    Mais  vif  me  prent,  molt  i  puez  guaaignier. 
Ge  te  rendrai  le  riche  rei  Guaitier, 
Lui  et  sa  fille  et  sa  franche  moillier 
Et  trente  mile  de  chaitis  prisoniers, 
Se  ge  i  muir  qui  tuit  perdront  le  chief. 

1260    —  Par  saint  Denis,  »  dist  li  cuens  ai  vis  fier, 
«  Por  itel  chose  deis  estre  respitiez.  » 
Li  cuens  Guillelmes  s'aficha  en  Testrier. 
Li  reis  li  rent  le  riche  brant  d'acier. 


Le  cheual  laisse  qui  le  fais  ot  eu  (1241  manque)  B  Le  cheual 
laisse  qui  le  cop  a  sentu  Si  le  feri  g.  par  vertu  Que  li  rois  chiet 
ne  pot  estre  tenuz  Encontremont  sont  li  talon  venu  —  1242  B  Li 
coing  du  haume  li  est  au  pie  feruz  —  1243  A  manque;  C  P.  s.  g. 
f.  des  las  a  desrompus  —  1244  B  sest  s.  1.  a.  —  1245  A^  Il  trait; 
B  trenchant  fu  —  I252  C  ja  li  tolisi;  B  bien  li  trenchast  —  i253 
B*  Mais  cil  l.  c,  B  nianaides  et  pitiez  —  1259  C  ki  perderonl  le 
cief  ;  B  les  chiefs  —  1260  C  Brachetier;  B  dist  li  frans  berruiers  — 
1 261  il  deuez  bien  repairier;  B  Par  itel  change  vos  doit  on  rcs- 
pitier  —  1262  C  se  rafice  es  estriers;  A*  el  destrier  —  1263  A^,- 
1.  tent;  B  Li  rois  galafres  li  rent  son  brant  dacier  Et  il  le  prent 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  StJ 

A  l'apostoile  l'enveie  tôt  premier, 
1265    Et  bien  treis  cenz  des  altres  prisoniers. 

Quant  Sarrazin,  li  gloton  losengier, 

Veient  ensi  lor  dreit  seignor  pleissier 

En  fuie  tornent  par  veies,  par  sentiers  ; 

De  ci  al  Teivre  n'i  voldrent  atargier. 
1 270    Lor  nés  troverent,  qui  lor  ont  grant  mestier  ; 

Enz  en  entrèrent,  s'esioigncnt  le  gravier. 

Li  cuens  Guillelmes  est  retornez  arrier. 

Le  rei  desarment  desoz  un  olivier. 

Li  gentilz  cuens  le  prist  a  araisnier  : 
1275    «  Hé!  gentilz  reis,  por  Deu  le  dreiturier, 

Coment  ravrons  les  chaitis  prisoniers 

Qui  en  voz  barges  sont  estfeint  et  leié?  » 

Respontli  reis  :  «  De  folie  plaidiez; 

Quar,  por  la  croiz  que  requièrent  palmier, 
1280    Ja  n'en  avrez  vaillant  un  sol  denier 

Devant  que  seie  levez  et  baptisiez, 

Que  Mahomet  ne  me  puet  plus  aidier. 

—  Deus,  »  dist  Guillelmes,  «  tu  seies  graciiez  !  » 

Li  apostoiles  ne  s'est  mie  targiez, 
1285    Ainz  a  les  fonz  molt  tost  apareilliez; 


si  ne  le  volt  laissier  Si  le  bailla  a  .1111.  cheualiers  —  1264  C  len- 
uoia  —  1265  Et  .iiiic.  —  1266B  li  culuert  renoie;  ce  vers  et 
les  12  suivants  manquent  dans  A  —  1267  C  Voient  le  jor  lor 
droit  seignor  loier  —  1268  C  rochiers  —  1269  JB'  De  ci  as  nés; 
B*  Dusques  as  nés  —  1270  J3  qui  lor  orent  m.  —  1271  B  Enz  sont 
entre  —  1272  Bien  prent  —  1 274 B  len  prent  —  1 277  C  aues  cains 
et  loies;  A  Au  lieu  de  ce  vers  et  des  12  précédents  donne  Lors  dist 
al  roi  de  folie  plaidiez  —  1278  A  Et  il  respont;  B  Sire  g.  d.  f.  p.  (ce 
vers  interverti  avec  le  suivant)  —  1279  B  Por  la  croiz  dieu  —  1^280 
B  vaillant  .1111.  d. ;  C  valissant  .1.  d.  —  1281  A^  Trusque  j.  s.;  ^4',^ 
Tant  q.  j.  s.;  C  Ains  cre  anchois  —  1282  B  Mahom  renoi  quil  est 
vains  et  lasniers  Car  ne  me  puet  secore  ne  aidier;  manque,  ainsi  que 
le  suivant,  dans  C  —  1284  B  atargiez;  C  au  lieu  de  ce  vers  et  des 
deux  suivants  donne  Li  a.  va  les  fonz  por  famier  Puis  le  baptise 
sanz  point  de  laiargier 


6o  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Le  rei  i  ont  levé  et  baptisié. 
Parins  li  fu  Guillelmes  li  guerriers, 
Et  Guielins  et  li  corteis  Gualtiers, 
Et  bien  tel  trente  de  vailianz  chevaliers 

1290    N'i  a  celui  ne  seit  frans  om  del  chief  ; 

Mais  de  son  nom  ne  li  ont  point  changié, 
Ainz  li  aferment  al  nom  de  crestiien. 
L^eve  demandent,  s'assieent  al  mangier. 
Quant  ont  assez  ce  que  lor  fu  mestier 

1 295    Li  cuens  Guillelmes  est  resailliz  en  piez  : 
«  Hé!  gentilz  reis,  por  Deu  le  dreiturier, 
Nobles  filluels,  et  quar  vos  avanciez. 
Coment  ravrons  les  chaitis  prisoniers 
Qui  en  voz  barges  sont  estreint  et  leié?  t> 

i3oo    Respont  li  reis  :  «  Or  m'estuet  conseillier  ; 
Quar  s  or  saveient  Sarrazin  et  paien 
Que  ge  me  fusse  levez  et  baptisiez, 
Ainz  me  laireient  trestot  vif  escorchier 
Qu'il  me  rendissent  vaillant  un  sol  denier. 

i3o5    Mais  or  me  faites  de  mes  dras  despoillier, 
Si  me  metez  sor  un  guaste  somier, 
Et  avuec  mei  un  quart  de  chevaliers, 
Si  près  del  Teivre  que  ge  puisse  huchier. 
Trestoz  voz  omes  faites  apareillier 


1286  B  Li  rois  i  fu  —  128g  C  de  jentieus  cheualiers;  B  de  che- 
ualiers  proisiez  —  1290  C  de  fief;  B  ne  soit  gentils  de  chief  — 
1 291  ^  pas;  C  ne  voiroit  point  cangier  —  1292  C  un  nom  de  c.  ; 
B  Ainz  le  baptisent  —  1294  B  et  beu  et  mangie  —  1295  B  en  est 
sailliz  en  pie  —  1298  A^  raions  —  1299  A  Qui  en  voz  buies  sont 
esiroitlie;  B  manque  —  l'ioo  C  R.  guillelmes;  A^  compasser; 
B  mestuet  il  c.  —  i3oi  A^  et  escler;  B  sarrazin  auersier  —  i3o2 
A'^  baptisiez  et  leuez;  B^  aussi  fet  baptisier  —  i3o3  C  manque 
—  i3o4  C  valissant  .1.  d.;  B^  qui  vausist  .1.  d.  —  i3o5  B  tresiot 
nu  despoillier  —  i3o6  C  Si  me  menez  soz  .1.  gaste  raostier  —  i3o7 
B  Sierent  o  moi;  B'  .111.  gentils  cheualier;  A  manque  —  i3o8  A 
Si  près  des  lor;  B  Si  près  del  tertre  que  les  {B^  leur)  p.  h.  —  iSog 
B  ferez  a. 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  6l 

i3io    Desoz  cel  mur,  en  cel  brueil  d'olivier. 

Se  Sarrazin  se  vuelent  esforcier, 

Que  il  me  voillent  et  secorre  et  aidier, 

Tuit  seiez  prest  as  lances  abaissier. 

—  Deus,  »  dist  Guillelmes,  «  par  ta  sainte  pitié, 
i3i5    Mieldre  convers  ne  puet  de  pain  mangier.  » 

Trestot  son  buen  li  ont  fait  otreier, 

Ne  mais  del  batre,  de  ce  Tout  espargnié; 

Ainz  l'ensanglentent  del  sanc  a  un  lévrier. 

De  ci  al  Teivre  ne  se  voldrent  targier. 
i32o    Li  reis  Galafres  comença  a  huchier  ; 

A  voiz  escrie  :  «  Champions,  sire  niés, 

Filz  a  baron,  quar  me  venez  aidier. 

Fai  en  geter  les  chaitis  prisoniers, 

Por  tant  istrai  de  prison,  ce  sachiez.  » 
i325    Dist  Champions  :  «  Bien  t'a  Mahom  aidié, 

Quant  por  aveir  est  tes  cors  respitiez.  » 

Le  dromont  font  a  la  rive  sachier  ; 

Fors  en  ont  trait  les  chaitis  prisoniers, 

Mais  tant  les  orentbatus  li  losengier, 

i3io  C  Desoz  cel  tor;  A  Desoz  cel  brueil  qui  est  a  loliuier;  B 
la  leçon  +  La  les  ferez  quoiement  embuschier  —  i3ii  C  se  vo- 
loient  e.  —  i3i2  il  Q.  i.  m.  v.  secorre  et  aidier;  B  secorre  ne 
aidier—  i3i3  fi»,  soient;  C  Si  soies  —  i3i5  C  Mieldres  consaus 
ne  puet  estre  otroies  —  i3i6  C  li  font  il  o.  —  i3i7  Cde  batre;  A 
a  ce  lo.  e.  —  i3i8  Cde  .11.  leuriers  —  1 3 19  fi' ne  se  sont  atargiez 
—  1 323- 1326  C  la  leçon)  A  Se  deus  maist  or  en  ai  grant  mes- 
tier  Li  deus  quil  seruent  doit  bien  estre  proisie  Rois  a  corone  ne 
doit  estre  loie  Mais  por  auoir  iert  mes  cors  respitiez;  B  Par  maho- 
met  or  en  ai  grant  mestier  Cil  crestien  mont  trop  mal  atierie  Li 
(B'  Cil)  deus  quil  seruent  doit  molt  estre  pro^eie  Qui  si  lor  fait 
trestous  lor  desirriers  Bien  ma  mahoms  lessie  et  oublie  Qui  si  me 
lesse  as  crestiens  baillier  (fi»  traitier)  Mes  por  auoir  iert  mes  cors 
respitiez  {B*  replegie)  Fai  leur  geter  les  chetis  (B*  riches)  prison- 
niers Dist  champions  or  ta  mahom  aidie  Quant  por  auoir  puez 
estre  respitie  A  ces  paroles  ne  volt  plus  delaier  (fi'  delaissier)  — 
i327  B  L.  d.  fist  a  1.  r.  atachier  —  i328  B  Hors  en  a  t.  I.  geniilz 
p.  —  i329  A  baïuz  et   ledengiez 


62  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

i33o    Por  ce  qu'il  furent  desconfit  et  chacié, 
N'i  a  celui  n'ait  sanglent  le  braier 
Et  les  espalles  et  le  cors  et  le  chief. 
De  pitié  plore  Guillelmes  li  guerriers. 


XXXI 

La  ou  il  getent  les  chaitis  de  lor  barges, 
i335    N'i  a  celui  n'ait  sanglent  le  visage 
Et  les  espalles  et  trestot  le  corsage. 
De  pitié  plore  Guillelmes  Fierebrace; 
Veit  Tapostoile,  a  un  conseil  le  sache  : 
«  Sire,  »  fait  il,  «  por  Deu  Tesperitable, 
1340   Mainz  gentilz  om  a  ci  nu  le  corsage; 

Quar  lor  donons  pels  et  mantels  et  chapes, 
Or  et  argent  ait  chascuns  en  la  place, 
Que  retorner  s'en  puissent  en  lor  marches. 
Dist  l'apostoiles  :  «  Gentilz  om  onorables, 
1345    A  onor  faire  deit  chascuns  estre  larges. 

Icest  conseil  est  bien  dreiz  que  Ton  face.  » 
De  ci  a  Rome  ne  firent  arestage  ; 
Por  les  chaitis  destrosserent  lor  maies, 
Si  lor  donerent  et  dras  et  pels  et  chapes  ; 


i33o  A^  fachie;  A*  cachie;  A^  châtie  —  i332  C  et  le  cors  et  les 
piez  —  i334  C  La  u  issiereut  1.  c.  d.  1.  b.  —  i335  C  Ni  a  celui 
qui  nait  —  1340  B  De  maint  prodome  a  ici  le  corsage  Qui  sont 
tuit  nu  molt  ont  soferi  malage  —  1341  C  et  dras  et  piaus  et  ca- 
pes; B  Reuestons  les  por  dieu  et  por  simage  De  nos  trésors  lor 
donons  a  grant  masse  Por  respasser  de  ceste  grant  mesaise  — 
1342  B  le  vers  est  compris  dans  les  3  précédents  —  1 344  C  jenticx 
quens  ho.  —  1346  B^  En  ho.  f.  —  1346  B»  quon  le  face;  B^  Cest 
bon  conseil  si  vueil  bien  quon  le  face  —  1347  ^  ^^  ^^^^  "^  s'  atargc; 
JB»  Tresques  a  r.;  C  manque  —  1348  B  desfermerent  —  1349  A\^ 
et  pels  et  dras  et  chapes;  B  cotes  sercoz  et  c;  A^  et  dras  et  peaus 
de  martre;  Cet  dais  e.  p.  e.  c. 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  63 

i35o    Or  et  argent  ot  chascuns  en  la  place, 

Que  bien  s'en  porent  retorner  en  lor  marches. 


XXXII 

Quant  cil  a  Rome  sont  ensi  repairié, 

Li  cuens  Guillelmes  sor  un  perron  s  assiet; 

A  tant  es  vos  li  riches  reis  Guaifiers. 

i355    Tôt  maintenant  li  est  chetiz  as  piez  : 
«  Gentilz  om,  sire,  eti  m'avez  mestier. 
Rescos  m'avez  des  mains  as  aversiers, 
Qui  en  lor  terre  m'en  menassent  leié, 
Mais  ne  veïsse  mes  onors  ne  mes  fiez. 

i36o    Une  fille  ai,  n'a  si  gente  soz  ciel  : 

Ge  la  vos  doins  de  gré  et  volentiers, 
Se  la  volez  ne  prendre  ne  baillier, 
Et  de  ma  terre  avrez  une  meitié, 
Après  ma  mort  serez  mes  eritiers.  » 

1 365    Respont  li  cuens  :  «  Mei  estuet  conseillier. 
Veit  l'apostoile,  d'une  part  l'a  sachié  : 
«  Sire,  »  dist  il,  «  prendrai  ge  la  moillier? 
—  Oïl,  bels  sire,  de  gré  et  volentiers. 


i35o  il».»  ot  tant  chascuns  en  place;  C  manque  -  i35i  B  Dont 
bien  porront  retorner  (fi'  râler)  e.  I.  m.  —  i352  C  Q_.  c.  de  rome 
sont  le  jor  r.  —  i353  A  lez  un  buisson  —  i354  C  Atant  es  lor; 
fl'  la  leçon  +  Ou  voit  g.  vers  lui  sest  adreciez  —  i355  C  li  vait 
cair  au  pie;  B  la  leçon  +  Ses  deus  mains  jointes  granz  merciz  li 
rcndie  Tôt  en  plorant  li  auoit  escrie  (B»  li  a  dit  a  haut  cri)  ■—  iSbj 
A  C  z\  auressier  —  1358  C  memmenoient;  B  Qui  mennmenas- 
sent  (B»  memmenoient  en  1.  t.  loie  —  i3b(j  B^  Plus  n.  v.  -^ 
i36o  C  Si  gente  na  s.  c.  — -  i363  C  aueres  la  moitié;  B  De  mon 
roiaumc  auiez  vous  la  moitié  {B'  par  trcstot  la  moitié)  —  i364  A 
soiez  —  i365  B*  Li  quens  respont;  B  ge  men  vueil  conseillier 
—  1367  C  fait  il  ;  J3  la  prendrai  ge  a  moillier  —  i368  B'  Oil  voir 
sire;  C  Oil  biau  frère;  B»  Ce  dist  le  pappe  bien  le  veull  sil  vous 
siet 


64  Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 

Bachelers  estes,  de  terre  avez  mestier.  » 
1370    Respont  li  cuens  :  «  Bien  fait  a  otreier.  » 
L'en  li  ameine  a  veeir  la  moillier. 
Nuls  om  de  char,  pèlerins  ne  palmiers, 
Ne  seiist  tant  errer  ne  chevalchicr 
Plus  bele  dame  pcûst  nuls  acointier. 
1 375    Celé  preïst  Guillelmes  li  guerriers, 

Quant  par  essoigne  convint  tôt  respitier, 
Com  vos  orrez  ainz  le  soleil  colchier. 


XXXIII 

Plaist  vos  oïr  de  la  soe  belté  ? 

Nuls  om  de  char  ne  peûst  tant  aler 
1 38o    Plus  bele  dame  pelist  onques  trover. 

Celé  preïst  Guillelmes  al  cort  nés, 

Quant  par  essoigne  convint  tôt  refuser, 

Com  vos  orrez  ainz  qu'il  seit  avespré. 

Es  dous  messages  venant  toz  abrivez; 
i385    De  France  vienent,  s'ont  lor  chevals  lassez 

Et  recreiiz,  confonduz  et  matez. 

1372  B'  Ainz  hom;  J5»  One  h.  —  iSyS  C  Ne  saroit  t.;  B 
Ne  feist  t.  —  1 874  B  peust  pas  a.  ;  C  trouuast  nului  sor  ciel  —  1  SyS 
B'  Icelle  preist  g.  au  vis  fier;  B^  Celc  preist  le  marchis  au  vis 
fier  ;  B  ajoute  Mais  ne  le  fist  a  celer  ne  vos  quier  Si  come  orrez 
Sun  poi  puis  esploitier  —  1376  B  Quar  par;  A  li  conuint  a  les- 
sier  —  i377  J5*  Si  com  orrois;  B^  manque  —  1878  Avant  ce  vers 
B  dit  Molt  par  fu  gente  la  dame  al  cors  mole  —  1379  B  Nuls  hom 
viuant;  A  ne  pot  ainz  tant  aler  —  i?8o  C  ne  peust  onques  t.;  B 
peust  mie  t.  —  i38r  C  Et  le  presist  ;  JB*  dant  g.  au  c.  n.  —  i382 
B  Mais  p.  e.  c.  t.  demorer  —  i383  B  Sel  morrez  dire  a.  quil 
s.  a.  Ci  vos  lerai  de  la  pucele  ester  —  i384  A  effraez  —  i385  A 
Par  deuers  f.  les  cheuals  ont  1.  ;  J5  De  dolce  f.  sont  venu  le  règne 
—  i386  A'  C  et  lassez;  ^4^  c  et  penez;  B  Puis  que  il  furent  de 
leur  pais  tome  Ont  .x.  cheuals  recreuz  et  lassez  De  cheualchier  con- 
fonduz et  matez 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  65 

Tant  ont  Guillelme  et  quis  et  demandé 

Qu^il  ont  le  conte  enz  el  mostier  trové, 

Ou  il  deveit  sa  molllier  esposer, 
1390    Et  Tapostoiles,  qui  fu  gentilz  et  ber, 

Fu  revestuz  por  la  messe  chanter  ; 

Et  l'anel  prist  por  la  dame  esposer, 

Quant  li  message  li  sont  al  pié  aie  : 

a  Merci,  Guillelmes,  por  sainte  charité, 
iSgS    De  Looïs  vos  est  petit  membre, 

Que  mors  est  Charles,  li  gentilz  et  li  ber; 

A  Looïs  sont  les  granz  eritez. 

Li  traïtor  l'en  vuelent  hors  boter. 

Un  altre  rei  il  vuelent  coroner, 
1400    Le  fin  Richart  de  Roen  la  cité. 

Tôt  le  pais  ont  a  dolor  torné, 

Gentilz  om,  sire,  se  vos  nel  secorez.  » 

Ot  le  Guillelmes,  s'est  vers  terre  cliné; 

Veit  l'apostoile,  d'une  part  Fa  torné  : 
1405    «  Sire,  »  fait  il,  «  quel  conseil  me  donez?  » 

Dist  l'apostoiles  :  «  Deus  en  seit  aorez! 

Qui  conseil  quiert  bien  li  deit  l'en  doner; 

En  peneance  vos  vueil  ge  comander 

Que  Looïs  vo  seignor  secorez. 
1410    C'iert  granz  damages  s'il  est  deseritez.  » 

Respont  li  cuens  :  «  Si  com  vos  comandez, 


1387  B  enquis  —  i388  B^  le  ber  —  iSgi  A  Tôt  reuestuz  — 
1 392  /l  de  la  d.  e.  ;  C  Pris  ot  la  neif  —  1 395  A^  vos  ert  p.  m.  ;  C  vos 
a  p.  m.;  A^  D&  rois  looys  —  1396  B'  Car;  B^  manque  —  1397  C 
A  roi  looys  ;  B^  manque  —  1 398  C  L.  t.  li  ont  le  dos  torne  —  1 399 
J3»  reueulenl  c.  —  1400  C  Del  fill  —  1401  A  ont  a  honte  liure;  B» 
en  dolor  ont  t.  —  1402  A  nés  secoures;  B*  pour  le  secorez;  B»  et 
car  le  secourez  ;  B  ajoute  Car  se  de  vous  na  secours  ce  sauez  Mors 
est  li  rois  ocis  et  afolez  —  1403  B  vers  terre  est  enclinez  —  1405 
C  donrez;  A  que  c.  m.  d.  —  1406  B  la  leçon  +  Foi  que  ge  doi  le 
roi  de  mageste  —  1407  A  len  li  doi  bien  doner  —  1408  B  vos  vueil 
dire  et  monstrer  —  1409  A^  Que  rois  looys;  B  Que  vo  seigneur 
loiaument  secorez  —  1411  C  R.  guil.  a  vostre  volente 


66  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Ja  vo  conseilz  ne  sera  refusez.  » 
Guillelmes  baise  la  dame  o  le  vis  cler, 
Et  ele  lui,  ne  cesse  de  plorer. 

141 5    Par  tel  convent  es  les  vos  desevrez 
Que  ne  se  virent  en  trestot  lor  aé  : 
a  Sire  Guillelmes,  »  dist  Tapostoiles  ber. 
«  En  dolce  France  vos  en  convient  aler. 
Ci  remaindra  Galafres  Pamirez, 

1420    De  vostre  part  avra  Rome  a  guarder.  » 
Respont  li  cuens  :  «  De  folie  parlez. 
De  traïson  ne  fui  onques  retez  : 
D'or  en  avant  m'en  dei  ge  bien  guarder. 
—  Sire  Guillelmes,  »  dist  Tapostoiles  ber, 

1425    «  En  dolce  France  vos  en  convient  aler  : 
Mil  chevaliers  avuec  vos  en  merrez, 
D'or  et  d'argent  trente  somiers  trossez. 
Toz  as  conquis,  ses  en  deis  bien  porter.  » 
Respont  li  cuens  :  «  Ce  fait  a  mercier.  » 


XXXI III 
1430    Un  diemenche,  .xv.  jors  après  Pasques, 


1413  B  la  pucele  o  vis  cler  —  141 5  A  ainsi  sontdeseure  —  1416 
A  Puis  ne  s.  v.  —  1419  A'  exponctue  Galafre  et  met  en  marge 
Garsile  —  1420  A  nostre  —  1421  C  a  vostre  volente;  B 
bien  fait  a  creanter  Mes  filleuis  est  gart  ni  peust  maluaiste  Sil 
le  fesoit  par  dieu  de  mageste  Ne  remaindroit  el  monde  desoz  de 
Tant  le  siuroie  quauroit  le  chief  cope  Mais  gart  très  bien  la  terre 
et  le  règne  Que  loeys  sont  les  granz  héritez  Mon  droit  seignor 
qui  tant  a  de  bontez  Et  dist  li  rois  tôt  a  vo  volente  Vos  sauez  bien 
et  si  est  veritez  —  1423  B  Do.  e.  a.  crerai  en  damede  Et  si  ferai 
la  soie  volente  Et  g.  raolt  auez  bien  parle  Seinsi  le  faites  com 
lauez  deuise  Dont  serez  vos  mes  drus  et  mes  priuez  —  1426  B  me- 
nez —  1427  A  .XXX.  s.  prenez  —  1428  A^  Tes  as  c.  ;  C  ses  en  dois 
enmencr;  B  Conques  les  as  bien  les  en  dois  porter  —  1429  B  Et 
dist  li  c.  —  1430  A^  En  d.  ;  v4-  Une  dimenche 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  67 

Esteit  a  Rome  Guillelmes  Fierebrace, 

Famé  dut  prendre  et  faire  mariage, 

Trestot  aveit  entrobliee  Orable, 

Quant  de  vers  France  li  sont  venu  message 
1435    Qui  li  aportent  unes  noveles  aspres  ; 

Que  morz  esteit  liemperere  Charles; 

A  Looïs  sont  remèses  les  marches; 

Li  traïtor,  cui  li  cors  Deu  mal  face, 

Del  fin  Richart  de  Roen  a  la  barbe 
1440    Vuelent  rei  faire,  volant  tôt  le  barnage.  » 

De  pitié  plore  Guillelmes  Fierebrace, 

Congié  demande  a  l'apostoile  sage, 

Et  il  li  charge  mil  chevaliers  a  armes, 

D'or  et  d'argent  trente  somiers  li  charge. 
1445    Al  départir  en  plore  li  barnages. 

Vait  s'en  li  cuens,  qui  de  riens  ne  se  targe, 

Montgeu  trespasse,  qui  durement  le  lasse. 

De  lor  jornees  ne  sai  que  vos  contasse  ; 

De  ci  en  Brie  n'arestent  ne  ne  targent. 


1436  C  nostre  emperere  c.  —  1437  A^  A  rois  looys;  B  en  sont 
remes  —  1438  C  Li  traitor  len  font  honte  et  outrage  Boisie  ii  ont 
le  cors  dieu  mal  lor  face  Ne  il  laissierent  le  vaillant  .1.  escace  Tolir 
li  voelent  le  chief  sor  les  espaule  —  1439  C  D.  f.  r.  de  meni  le  bar- 
bastre  —  1440  B  Vouloicnt  faire  roi  de  france  la  large;  A  V.  r. 

f.  de  france  le  barnage;  C  la  leçon  +  Sil  na  secors  france  en  va  a 
hontage  Et  la  contrée  en  ert  destruite  et  arse  —  1441  C  la  leçon  + 
Et  prie  dieu  le  père  esperiiable  Quil  ne  lairoit  por  nul  home  quil 
sache  Ca  son  pooir  son  secors  ne  li  fâche  —  1442  C  a  la  pucele 
sage  —  Au  lieu  des  4  vers  suivants,  C  donne  Par  tell  deuoir  ambe- 
doi  se  départent  Puis  ne  se  virent  en  trestout  lor  eage  Pris  a  congie 

g.  t.  Cele  li  done  et  bele  et  conuenable  Dor  et  dargent  .xv.  som- 
miers li  carge  Auoec  li  maine  .m.  cheualiers  as  armes  Et  ses  .xl. 
camena  de  ses  marces  Passent  les  terres  et  les  contrées  larges  — 
1443  A  .1111".    a   armes  —  1444  B  .xxx.   somiers  do.  et  da.  1.  c. 

—  1446  B  de  noient  ne  latarge  —  1447  C  qui  forment  les  trauaille 

—  1449  A  Tant  quil  i  vinrent  (-«4»  virent)  ne  sarresterent  guère; 
C  De  si  en  brie  acuellent  lor  voiage  ;  B^  Mes  que  la  terre  a  grant 
esploit  trespassent  Si  ques  en  b. 


68  Ll   CORONEMENZ  LOOÏS 


XXXV 

1450   Vait  s'en  Guillelmes  al  cort  nés  le  marchis. 

De  ses  jornees  ne  sai  conte  tenir  ; 

De  ci  en  Brie  ne  prist  il  onques  fin. 

En  mi  sa  veie  encontre  un  pèlerin, 

L'escharpe  al  col,  el  poing  le  fust  fraisnin; 
1455    Ainz  ne  veïstes  tant  gaillart  pèlerin  ; 

Blanche  ot  la  barbe  corne  flor  en  avril. 

Veit  le  Guillelmes,  si  l'a  a  raison  mis  : 

a  Dont  es  tu,  frère  ?  —  De  Tors  de  Saint  Martin. 

—  Ses  tu  noveles  nules  ?  Quar  nos  en  di. 
1460    —  Oïl,  bels  sire,  del  petit  Looïs  ; 

Que  morz  est  Charles  li  reis  de  Saint  Denis, 

A  Looïs  est  remes  li  pais  ; 

Li  traïtor,  que  Deus  puist  maleïr  ! 

Del  fill  Richart  de  Roen  le  flori 


1450  B  Vait  sen  li  cuens  g.  li  marchis  —  146 1  Bde  lor  j.;  C  man- 
que —  1462  A  ne  pristrent  onques  fin  —  i^bl  C  acuelli  son  chemin 
—  1454  C  Escherme  au  col  et  un  bordon  fraisnin;  B* manque \  jB'  la 
leçon  +  Molt  bien  estoit  afublez  le  matin  —  1455  B^  si  g.  p.  C 
B'  manquent  —  1456  B  c.  f.  daubespin  ;  CB.  o.  1.  b.  et  le  guernon 
flori  —  1458  C  Amis  biaus  frère  dieus  te  puist  beneir;  B  D.  e.  t.  f. 
g.  respondi  (B^  li  a  dit)  Sire  dist  il  de  tours  de  s.  martin  Et  dist 
g.  por  dieu  qui  ne  menti  —  1459  C  car  le  me  di;  BS.  t.  n.  amis 
car  (B»  par  amour)  n.  e.  d.  --  1460  C  de  père  loeys;  A^  del  petit 
rois  looys;  B  Oil  voire  sire  ce  dist  li  pèlerins  Del  roy  loys  que 
len  guerroie  si  —  1461  B  Morz  est  rois  caries  qui  tant  ot  le  cuer 
fin  —  1462  A^  A  rois  looys  ;  C  Par  droit  doit  estre  la  terre  a  .  i .  sien 
fill;  Voici  de  suite  le  texte  de  C  correspondant  aux  16  vers  sui- 
vants des  autres  mss.  Mes  li  traître  len  ot  si  defors  mis  Quil  ne 
li  laissent  vaillant  .1.  angeuin  Jou  le  laissai  a  tors  a  s.  martin  En 
une  croste  del  mostier  benei  Ne  garde  leure  que  il  laient  ocis 
Nen  i  a  nul  qui  losast  garantir  Par  cel  apostle  que  quierent  pèle- 
rin Se  jou  fuisse  hom  que  aidier  se  peust  Ja  li  fieus  karle  ne  fust 
issi  bonis  Les  traitors  eusse  départis  Que  cure  neussent  de  lor 
seignor  irair 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  69 

1465    Vuelent  rei  faire  de  France  a  maintenir. 

Mais  uns  frans  abes,  que  Deus  puist  beneïr, 

En  une  volte  del  mostier  Saint  Martin 

En  a  l'enfant  ensemble  o  lui  foï. 

Ne  guardent  Pore  que  il  seient  murdri. 
1470    Hé!  Deus  aide!  »  dist  li  frans  pèlerins, 

«  Ou  sont  aie  li  chevalier  gentil 

Et  li  lignages  al  pro  conte  Aimeri? 

Icil  soleient  lor  seignor  maintenir. 

Par  celé  crois  ou  li  cors  Deu  fu  mis, 
1475     Se  ge  fusse  om  qui  aidier  li  poïst, 

Les  traïtors  eusse  si  laidiz 

N'eussent  cure  de  lor  seignor  traïr.  » 

Ot  le  Guillelmes,  s'en  a  geté  un  ris  ; 

Bertran  apele,  si  l'a  a  raison  mis  : 
1480    a  Oïstes  mais  si  corteis  pèlerin? 

Se  il  fust  om  qui  aidier  li  poïst, 

Ja  malvais  plaiz  ne  fust  par  lui  bastiz.  » 

Dis  onces  d'or  douent  al  pèlerin, 

Molt  lieen>ent  le  fait  de  lui  partir. 
1485    Vait  s'en  Guillelmes,  s'acueilleson  chemin. 

Tant  ber  fu  nez  qui  planté  a  d'amis: 

Guillelmes  guarde  devant  lui  el  chemin, 

Venir  i  veit  de  chevaliers  set  vinz. 


1465  B  de  france  le  pais  —  1466  B  Mais  uns  sainz  abes  —  146g 
B  que  il  laient  murtri  —  1470  A  d.  1.  cuens  p  —  147 1  B  li  cheua- 
lier  de  pris  —  1473  B  Qui  si   soloient  —  1476  B  eusse  malbailliz 

—  1477  B  manque  —  1479  ^  ^-  ^-  son  neueu  si  li  dist;  C  B.  a. 
gautiers  si  lor  a  dit  —  1480  C  Oistes  onques  s.  c.  p.  ;  5  Amis  dist 
il  por  dieu  qui  ne  menti  Oistes  (5*  Veistes)  mais  s.  c.  p.  —  148 1 
C  Se  i  fust  qui  aidier  li  peust  —  1482  5»  Ja  nus  mais  p.;  A  Jamais 
par  els  ne  fust  mal  plait  basti;  J3'  ajoute  Et  dist  bertrans  certes  il 
est  genlis;  B^  ajoute  Bernart  respont  par  foy  il  est  gentis  —  1483 
C  manque  —  1484  A  le  fist  ;  fi'  se  fist  d.  1.  p.  ;  B^  sestoit  diluée  parti 

—  1485  C  manque —  i486  B  qui  auques  a  damis;  C  Or  entendes 
dieu  vous  puist  beneirChieus  est  .aidies  qui  dieus  vielt  maintenir 

—  1487  5»  G.  esgarde 


70  LI  CORONEMENZ  LOOIS 

1490    Gualdins  li  bruns  les  conduit,  li  marchis, 

Et  avuec  lui  fu  li  proz  Savaris, 

As  clercs  armes  et  as  chevals  de  pris  ; 

Cil  sont  nevot  Guillelme  le  marchis  ; 

En  France  en  vont  secorre  Looïs. 

Quant  s'entrencontrent  a  merveille  lor  vint; 
1493    11  s'entrebaisent,  nevot  sont  et  ami. 

D'els  ne  se  guarde  li  abes  de  franc  lin 

Qui  ot  en  guarde  le  petit  Looïs. 

S'un  pou  le  puet  tenser  et  guarantir, 

Et  destorner  del  lignage  Alori, 
1 5oo    Secors  avra  ainz  que  past  li  tierz  dis. 


XXXVI 

Vait  s'en  Guillelmes  li  nobiles  guerriers 
Ensemble  o  lui  doze  cent  chevalier. 
Par  sa  maisnie  a  fait  un  ban  huchier; 


1488  B*  .VIII"  .;  CSi  voit  venir  —  1490  C  Ses  a  conduist  viuiens 
li  marcis  —  149 1  B  Auueques  lui  fut  li  cuens  s.;  C  manque  — 
1492  C  Cis  estoit  nies  g.  l.  m.  ;  ^',  ^  g.  al  fier  vis;  J5>  g.  o  le  fier 
vis;  A  Cil  furent  nies  —  1493  A^  secorre  rois  looys;  B  Si  vont  en 
france  ;  C  Nest  mie  poures  qui  a  plente  damis  Secorre  vient  son 
seignor  loeys  Or  croist  la  force  g.  le  marchis  —  1494  A^  sen- 
treuinrent;  manque,  ainsi  que  les  3  vers  suivants,  dans  B»  — 
1495  C  et  cousin;  C  termine  ainsi  cette  laisse  Auant  cheualcent 
par  mi  le  gaut  foilli  Tant  com  cheual  puet  jornee  tenir  Sen  vont 
vers  tors  le  droiturier  chemin  Li  gentieus  abes  qui  fu  frans  de  bon 
lin  Qui  ot  en  garde  le  jouene  loey  Et  en  la  croûte  del  mostier  la- 
uoit  mis  Se  or  le  puet  tenser  ne  garandir  Et  destorner  des  parens 
alori  Secors  aura  ains  que  part  li  tiers  dis  —  1497  A  Qui  en  garde 
ot;  51  Qui  a  en  garde  ;  A^  le  p.  rois  looys  —  1499  B  Et  destra- 
ver  d.  1.  aymeri  —  i5oo  B  de  ci  que  al  tiers  di  ;  A^  que  part  — 
i3oi  B  G.  erra  qui  molt  fist  a  proisier;  C  Vien  g.  au  cort  ncs  li 
guerriers—  i5o2  C  devient  tellement  différent  des  autres  mss.  que 
je  n'en  donnerai  plus  qu'occasionnellement  les  variantes.  —  i5o3 
B  Par  sa  compaigne 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  ni 

Chascuns  a  point  qui  cheval;  qui  destrier, 

1 5o5    Et  il  lor  dist,  senz  point  de  l'atargier, 
Qu'il  n'aient  cure  de  cheval  espargnier  : 
Qui  pert  roncin,  il  li  rendra  destrier, 
a  Al  malvais  plait  vueil  estre  a  comencier; 
Ge  vueil  par  tens  saveir  et  acointier 

i5io    Qui  vuelt  reis  estre  de  France  justiciers; 
Mais  par  l'apostre  que  requièrent  palmier, 
Tels  se  fait  ore  et  orgoiilos  et  fier 
Gui  ge  métrai  tel  corone  en  son  chief 
Dont  la  cervele  l'en  vendra  tresqu'as  piez.  » 

i5i5    Die^it  Romain  :  «  Cist  om  a  le  cuer  fier. 
Qui  li  fafdra,  Deus  li  doint  encombrier!  » 
Ne  sai  que  deie  la  novele  noncier; 
De  ci  a  Tors  ne  voldrent  atargier.  ^ 

Molt  sagement  en  voldra  espleitier  : 

1 520    En  quatre  aguaiz  a  mis  mil  chevaliers  : 

Dous  cenz  en  meine  molt  bien  apareilliez, 
Qui  ont  vestu  les  blans  halbers  dobliers, 
Desoz  les  coifes  les  verz  helmes  laciez, 
Et  si  ont  ceint  les  brans  forbiz  d'acier  ; 

1 525    Et  molt  près  d'els  resont  li  escuier, 
As  fors  escuz  et  as  trenchanz  espiez, 
Ou  al  besoing  porront  bien  repairier. 
De  ci  as  portes  ne  voldrent  atargier  ; 

i5o4  B  Chascuns  acourt  en  son  poing  son  destrier  —  i5o5  B 
manque  —  i5o6  B  Qui  en  alant  puissent  ades  mangierJa  naient 
cure —  i3o7  B^  je  li  donrai  destrier  —  i5o8  C  la  leçon;  A  v.  estre 
comencie;  B  A.  m.  roy  v.  estour(B*  esuoire)  commencier  ■—  i5oq 
B^  manque  —  ibio  Bet  justiciers  —  i5i2  A  molt  o.  et  f.  ~  i5i3 
B  iiel  corone  el  chief  —  i5i4  ^»  li  venra;  B  en  venra  jusquau  (B» 
dusquau)  pie  —  ibi-j  B  lor  jornecs  alongier —  i5i8  B*  Si  que  a  t.; 
A  ne  se  v.  targier  —  iok)  B  enuoia  ses  princiers  —  ib22  B^Em- 
près  la  char;  J3*  Apres  la  char  —  i523  B  Soz  chaperons  les  forz 
coifes  dacier  —  1524  D  Les  branz  forbiz  ont  ceint  H  cheualier  — 
i527  A^  porrons;  B  manque  —  i528  B^  Tresques  as  p.  ;  B  ne  si 
sont  atargiez 


72  LI  CORONEMENZ  LOOIS 

Le  portier  truevent,  si  l'ont  lors  araisnié  : 

i53o    a  Uevre  la  porte,  ne  nos  fai  ci  targier, 
Nos  venons  ci  al  riche  duc  aidier  ; 
Ancui  sera  coronez  al  mostier 
Ses  filz  a  rei,  que  Franceis  l'ont  jugié.  » 
Li  portiers  Tôt,  a  pou  n'est  esragiez  ; 

i535    Deu  reclama  le  père  dreiturier  : 

«  Sainte  Marie  !  »  dist  li  corteis  portiers , 

«  Looïs  sire,  c'est  povres  recovriers; 

Se  cil  n'en  pense  qui  tôt  a  a  jugier, 

N'en  puez  partir  senz  les  membres  trenchier. 

1540    Hé  !  Deus  aide  !  »  fait  li  corteis  portiers, 
«  Ou  sont  aie  li  vaillant  chevalier 
Et  li  lignages  Aimeri  le  guerrier, 
Qui  si  soleient  lor  dreit  seignor  aidier?  » 
Dist  a  Guillelme  :  a  N'i  métrez  or  les  piez. 

1545    Trop  a  ça  enz  de  glotons  losengiers; 

Ge  ne  vueil  ore  que  plus  les  acreissiez. 
C'est  granz  merveille  quant  terre  vos  sostient. 
Quar  pleûst  ore  al  glorios  del  ciel 
Que  ja  fondist  la  terre  soz  voz  piez, 

i55o    Et  Looïs  fust  arrière  en  son  fié  ! 

De  malvais  pueple  sereit  li  monz  vengiez.  » 
Guillelmes  Tôt,  s'en  fu  joianz  et  liez. 
Bertran  apele  :  «  Entendez,  sire  niés, 
Oïstes  mais  si  bien  parler  portier  ? 

i555    Qui  son  corageli  voldreit  acointier. 

Bien  nos  porreit  ancui  aveir  mestier.  » 

1529  A  Le  portier  trueuent  si  lont  lors  araisnié  —  i53o  B  Oeuvre 
1,  p.  tont  il  bels  (5*  douz)  amis  chiers  —  i53i  jB  Ge  sui  venuz  le 
duc  richart  aidier  —  ib36 B  S.  n.  fait  I.  c.  p.  —  iSSy  A  L.  s.  si  p. 
r.—  1539  B  la  teste  t.  —  1541  A  li  gentils  c.  —  1644  B  vos  ni  mé- 
trez le  pie  —  1546  B»  engroissiez  —  1^47  A  Grant  merueille  est 
•—  1548  B'  au  roi  du  firmament  •—  1649  J5'  Quelle  fondist  la  terre 
s.  V.  p.;  B"  Que  celle  terre  fondist  desouz  voz  p.  —  i55o  B' fust 
remis  en  son  fie;  B^  fust  remis  en  ses  fiez  —  ibb^.  B^  Onques  noy; 
B'  One  mais  noy  —  i535  B  Q.  s.  c.  nos  a  dit  et  noncie 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  'j'h 


XXXVII 

«  Amis,  bels  frère,  »  dist  Guillelmes  li  ber, 
«  Estoltement  m'as  ton  ostel  veé  ; 
Mais  se  saveies  de  quel  terre  sui  nez, 

1 56o    Et  de  quel  gent  et  de  quel  parenté, 
A  ceste  esemple  que  ge  foi  ci  conter, 
Molt  Toverreies  volentiers  et  de  gré.  » 
Li  portiers  dist  :  «  Deus  en  seit  abrez  !  » 
Le  guichet  uevre  tant  qu'il  l'ait  esguardé  : 

i565    «  Gentilz  om,  sire,  se  j'osasse  parler, 
Ge  demandasse  de  quel  terre  estes  nez, 
Et  de  quel  gent  et  de  quel  parenté. 
—.  Veir,  »  dist  Guillelmes,  «  ja  orras  vérité, 
Qu'ainz  por  nul  ome  ne  fu  mes  nons  celez  : 

1570    Ge  sui  Guillelmes  de  Narbonne  sor  mer.  » 
Dist  li  portiers  :  «  Deus  en  seit  aorez! 
Sire  Guillelmes,  bien  sai  que  vos  querez  : 
Vostre  lignages  n^ot  onques  lascheté  ; 
Li  mais  Richarz  est  ça  dedenz  entrez, 

1575    A  tôt  set  cenz  de  chevaliers  armez; 
Gentilz  om,  sire,  petit  de  gent  avez 
Por  lor  grant  force  sofrir  ne  endurer.  » 
Respont  Guillelmes  :  «  Nos  en  avrons  assez. 

1 557  Avant  ce  vers  B  dit  Li  quens  g.  ne  se  volt  arrester  Le  por- 
tier prent  molt  bel  a  apeler  —  i559  A  en  quel  t.  fui  n.;  B  Mais 
sor  sauoies  de  q.  t.  sui  n.  —  i56i  B  manque  —  1662  B  Tu  lo.  v. 
de  bon  g-;  B' Moult  volentiers  louuroies  et  de  gre  —  i563  A  Dist 
li  portiers; -B  Li  portiers  lot  sen  fut  asseurez  Quant  il  oy  si  g. 
(B>  g.  ainssi)  parler  —  i563  B  Dist  li  portiers  qui  molt  fisl  a  loer 
G.  ho.  s.  si  josoie  p.  —  lôôg  B'  Que  p.  n.  ho.;  B^  Quar  onc  por 
home  —  1 570  ^  de  n.  fui  nez  —  1 57 1  ^4  jB  tu  soies  aorez;  B^  ajoute 
Glorieus  sire  qui  de  vierge  fus  ne  —  1 572  B*  Sire  dist  il  bien  soiez 
vos  trouez  —  iby4  A  est  en  d.  e.  ;  B  Li  vieils  r.  —  1 576  B'  trop 
pou  de  gent  auez  —  i  577  B  sofrir  et  e.  —  1 378  A^  auons  ;  ^4*  n. 
e.  auons  saucz;  B>  Et  dist  g.  ;  B'  Ce  dist  g. 


74  LI  CORON EMENZ  LOOIS 

En  quatre  aguez  sont  ça  dehors  remés 

i58o    Mil  chevalier  guarni  et  conreé; 

S'en  ai  dous  cenz  de  molt  bien  atornez, 
Desoz  les  cotes  li  blanc  halberc  safré, 
Desor  les  coifes  li  vert  helme  gemé  ; 
Li  escuier  resont  après  assez, 

i585    Ou  al  besoing  porrons  bien  recovrer.  » 
Dist  li  portiers  :  «  Deus  en  seit  aorez! 
Se  li  conseilz  m'en  esteit  demandez, 
Tost  en  sereit  li  aguaiz  désertez 
Et  par  message  queiement  amenez. 

i5go    Li  traïtor  sont  ça  enz  enserré; 

Ou  les  querras  quant  ci  les  as  trovez? 
En  icest  jor,  sache  de  vérité, 
O  ainz  qu'il  seit  li  matins  ajornez, 
En  puez  tu  faire  totes  tes  volentez. 

iSgS    Om  qui  tel  fais  vuelt  sor  lui  atorner 

Deit  plus  fiers  estre  que  en  bois  li  senglers.  » 
Guillelmes  l'ot,  s'est  vers  terre  clinez; 
Bertran  apele  :  «  Sire  niés,  entendez  : 
Oïstes  mais  si  bien  portier  parler  ?  » 


XXXVI  II 
600    Quant  li  portiers  entendi  la  novele 


i58i  A'  garniz  el  conraez;  A^,^  gainiz  et  alornez  —  i382  B  Sus 
les  chemises  les  hauberz  endossez  --  i583  BSoz  chaperon»  les  ba- 
cinez  fermez;  A^  manque—  i584  A^  r.  a.  alez;  B  se  resont  apreste 

—  i586  B^  Le  portier  dist  —  i588  AVi  gaainz  desseurez;  B  li  a  des- 
fermez —  1589  A  encusez  —  i5go  C  la  leçon;  A  manque;  B  Or  le 
sauras  dist  g.  li  ber  Puisquainsi  est  que  le  mas  demande  —  1691 
A  quant  tu  1.  a.  t.  —  B  ainz  quil  soit  auespre  —  1594  B  tote  ta  v. 

—  iSgS  A  voit  —  1596  B^  .1.  sengler;  jB'  D.  p.  ferm  estre  que 
nest  en  bois  s.  —  iSgy  B  enclinez  —  ibgH  B  escoutez  —  1599  ^ 
portier  si  bien  p.  Ncnil  (B»  Nail)  voir  sire  ce  dist  li  gentils  ber 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  j5 

Del  pro  Guillelme  cui  proece  révèle, 

Vers  le  palais  a  tornee  sa  leste, 

Et  prist  un  guant,  sel  mist  en  son  poing  destre, 

Puis  s'escria  a  sa  vois  halte  et  bêle  : 

i6o5    «  Ge  te  desfi,  Richarz,  tei  et  ta  terre  : 
En  ton  service  ne  vueil  ore  plus  estre. 
Quant  traïson  vuels  faire  ne  porquerre, 
Il  est  bien  dreiz  et  raison  que  i  perdes.  » 
Contre  Guillelme  fu  tost  la  porte  overte; 

1610    Tôt  maintenant  li  desferme  et  desserre  : 
Entre  Guillelmes  et  sa  compaigne  bêle, 
Et  li  portiers  dolcement  l'en  apele  : 
a  Frans  chevaliers,  va  la  vengeance  querre 
Des  traïtors  qui  contre  tei  révèlent.  » 

161 5    Ot  le  Guillelmes,  si  s'embronche  vers  terre, 
Isnelement  un  escuier  apele; 
Es  portes  entrent  qui  lor  furent  overtes  : 
«  Va,  si  me  di  dan  Gualtier  de  Tudele, 
Guarin  de  Rome  en  diras  la  novele, 

1620    Qu"*encontre  mei  sont  les  portes  overtes; 
Qui  vuelt  aveir  guaaignier  et  conquerre, 
Si  viegne  tost,  n'i  ait  noise  ne  feste.  » 
Et  cil  s'en  torne  qui  de  riens  ne  s'areste. 
Isnelement  li  aguaiz  se  desserre. 


i6o3  A  E.  p.  .1.  g.  et  m.  e.  s.  p.  d.;  B  E.  p.  son  g.  sel  (B»  si)  m. 
e.  sa  main  d.  —  16045  Et  sescria  a  sa  voiz  quil  ot  clere  —  i6o5 
B  roi  richarz  et    la   terre  —  1606  B  Quen  t.  s.  ne  v.  je  or  p.  e. 

—  1607  B  Qui  t.  veut  —  1608  B*  en  la  fin  quil  perde;  B'  que  en 
la  fin  i  perde —  1610  B'  T.  m.  la  porte  li  defferme;  B'  manque  — 
161 1  B»  Entre  enzg.  et;  B^  manque  —  i6i3  A  la  vengeance  v.  q. 

—  i6i5  B' sembroncha;  B*  scmbroncha  en  terre—  1617A  qui 
li  f.  G.  —  1619  i4  Gontier  de  r.  —  1620  Leçon  de  C  ;  A  Que  contre 
moi  î  est  la  p.  o.  (Ce  vers  placé  après  le  vers  1622);  B  manque  — 
1622  il  Quil  viegne  a  moi  que  noise  ni  soit  faite;  B  Li  viegne 
auant  que  noise  ni  soit  faite  —  i623  B  qui  point  ne  si  areste  — 
1624  B  Isnelement  (B'  Molt  prestement)  trestoz  les  guez  va  querre 
Quant  cis  oircnt  quon  les  enuoie  querre  Tôt  maintenant  que  plus 


76  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

1625    Es  portes  entrent  qui  lor  furent  overtes. 

Quant  cil  les  virent  des  murs  et  des  fenestres 
Guident  que  seient  cil  qu'ont  enveié  querre, 
Mais  il  avront  ancui  altres  noveles, 
Qui  lor  seront  doleroses  et  pesmes. 


XXXIX 

i63o    Li  cuens  Guillelmes  apela  le  portier  : 

«  Amis,  bels  frère,  se  me  vuels  conseillier, 
J'ai  molt  de  gent  que  ge  dei  herbergier. 
—  En  nom  Deu,  sire,  ne  vos  sai  conseillier, 
Qu'il  n'i  a  volte,  ne  crote,  ne  celier, 

i635    Qui  ne  seit  pleine  d'armes  et  de  destriers; 
Et  par  les  loges  gisent  li  chevalier. 
Vostre  est  la  force  del  plus  maistre  marchié: 
Lor  herneis  faites  et  saisir  et  baillier, 
Et  qui  nel  vuelt  de  buen  cuer  otreier 

1640    N'i  mete  ja  fors  la  teste  a  trenchier.  » 

Respont  Guillelmes  :  «  Bien  m'avez  conseillié, 
Par  saint  Denis,  et  ge  mielz  ne  requier; 
Ne  serez  plus  ne  guaites  ne  uissiers, 
Ainceis  serez  mes  maistres  conseilliers.  » 

1645    Bertran  apele  :  a  Entendez,  sire  niés: 
Oïstes  mais  si  bien  parler  portier? 

ne  si  arrestent  —  1626  B^  Et  cil  1.  v.  ;  J5'  Que  c.  J.  v.  des  huis  et 
d.  f.,  B  ajoute  Q.ui  la  estoient  venu  pour  le  roy  faire  —  1627  B 
des  leur  que  len  voist  querre  —  1628  B  Mais  anquenuit  orront 
—  i63i  B^  ses  me  tu  c.  ;  B^  Amis  dist  il  sez  me  tu  c. —  i632  B 
qui  nont  ou  h.  —  i633  B  En  n.  d.  s.  ge  nen  sai  c.  —  1634  A 
ne  crote  ne  solier  —  i638  A  manque  —  1639  B  de  bon  gre  o.  — 
1640  B  Ni  mete  gage  fors  {B^  que)  le  chief  a  trenchier  --  1641 
B^  'Et  dist  g.  ;  B'  Ce  dist  g.  —  1642  A  que  ja  m.  n.  vos  quier  — 
1643  A*  ne  garde  ne  p.;  B  ne  sergent  ne  portiers  —  1644  B 
Des  or  serez  -—  1645  B  B.  a.  ca  venez  —  1646  J5'  parler  si  bien 
p.j  B^  si  bien  portier  plaidier 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  77 

Adobez  le  a  léi  de  chevalier.  » 

Respont  Bertrans  :  «  Bels  sire,  volentiers.  » 

Il  le  reguarde  et  as  mains  et  as  piez, 

i65o    Molt  le  vit  bel  et  gent  et  enseignié, 
Si  l'adoba  a  lei  de  chevalier 
De  fort  halberc  et  de  helme  d'acier, 
De  bone  espee  et  de  trenchant  espié, 
Et  de  cheval,  de  roncin,  d'escuier, 

i655    De  palefrei,  de  mulet,  de  somier  ; 
De  son  service  li  dona  buen  loier. 
Li  caens  Guilleimes  en  apela  Gualtier 
Le  Tolosain,  ensi  l'oï  noncier, 
Fin  de  sa  suer,  un  gentil  chevalier  : 

1660    «  A  celé  porte  qui  torne  vers  Peitiers, 
La  m'en  irez,  filz  de  franche  moillier, 
Ensemble  o  vos  avra  vint  chevaliers  ; 
Guardez  n'en  isse  nuls  om  qui  seit  soz  ciel, 
Ne  clers  ne  prestre,  tant  sache  bien  preier, 

i665    Que  il  n'en  ait  toz  les  membres  trenchiez.  » 
Et  cil  respont  :  «  Bels  sire,  volentiers.  » 


XL 


Li  cuens  Guilleimes  al  cort  ne's  li  marchis 
En  apela  Sohier  del  Plesseïs  : 


1648  B*  bels  oncles  --  iG5o  5>  gentil  et  aligne;  A  et  droit  et 
aligne—  lôbi  B  et  le  fist  cheualier  —  i652  B  de  bon  helme 
dacier—  1654  B  et  de  bon   escuier  —  i655  B  et  de  molt  bon  s. 

—  1657  B  manque  —  i658  B  La  leçon  4-  En  apela  g.  le  guerrier 

—  1660  A  vers  portiers;  B  Alez  bels  nies  gardez  ni  atargiez  (B» 
dcmourez)  A  celé  porte  queuure  deuers  poitiers  —  1661  B  La  en 
irez  —  1662  B  Auesques  vos  iront  .xx.  c.  —  1664  B  N.  c.  ne  lai 
t.  s.  b.  plaidier  —  i665  B  Qui  nail  le  chief  del  bu  jus  rooignie 
(fi»  bien  roognie)  —  166G  fi»  Bertran  respont;  B  corn  vo  plera  si 
iert  —  1668  A   tloire  du  p.;  B»  soihier  du  p.  ;  B^  soef  du  p. 


78  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

«  A  cele  porte  qui  uevre  vers  Paris, 

1670    La  en  irez,  frans  chevaliers  de  pris, 

Ensemble  o  vos  chevalier  tresqu'a  vint. 
Guardez  n'en  isse  nuls  om  de  mère  vis 
Que  il  ne  seit  detrenchiez  et  ocis.  » 
Et  cil  respont  :  «  Tôt  a  vostre  devis.  » 

1675    II  n^i  ot  barre  ne  porte  ne  postiz 

Ou  li  cuens  n'ait  de  ses  chevaliers  mis. 
Tresqu'al  mostier  s'en  vait  tôt  a  devis. 
Il  descendi  devant  el  parevis; 
El  mostier  entre,  crois  fist  devant^son  vis; 

1680    Desus  le  marbre,  devant  le  crucefis, 
La  s'agenoiUe  Guillelmes  li  marchis 
Et  prie  Deu  qui  en  la  crois  fu  mis 
Qu^il  li  enveit  son  seignor  Looïs. 
Atant  es  vos  Gualtier  un  clerc  ou  vint  : 

i685    Bien  reconnut  Guillelme  le  marchis, 
Desor  s'espalle  li  a  son  deit  assis  : 
Tant  le  bota  que  li  cuens  le  senti  ; 
Li  cuens  se  drece,  si  li  monstra  le  vis  : 
«  Que  vuels  tu,  frère?  guarde  n'i  ait  menti.  » 

1690    Et  cil  respont  :  «  Ja  le  vos  avrai  dit  : 
Quant  venuz  estes  secôVre  Looïs, 
Fermez  les  uis  del  mostier  Saint  Martin. 


1669  B  A  ceste  porte  ;  A  A  cele  p.  qui  vient  deuers  paris  —  1673 
J3'  d.  et  maumis;  B^  afolez  et  mal  mis  —  iGyS  B  II  ni  ot  huis  — 
1G76  B  La  leçon  +  A  cez  paroles  ne  si  sont  alenti  —  1677  ^»,  », 
sen  vont  t.  a.  d.  ;  /l^  ^  g  demis  —  1678  x  paueis  —  1679  B  en  mis 
son  vis  —  1680  B'  desoz  le  c.  —  i683  A^  s.  s.  rois  loys  —  1684 
B  %.  .1.  c.  gentils  —  1688  B  se  torne  si  li  monstra  le  vis  —  1689 
B  li  cuens  g.  dist  —  1690  B  gel  vos  aurai  tost  dit  Ge  sui  certain 
et  si  le  sai  de  fi  —  1691  B  Que  v.  e.  —  1691  à  1699  C  Q.  v.  e. 
por  aidier  loeys  La  félonie  est  chaiens  del  pais  Des  traitors  a 
chaiens  .iiii.  vins  Q.ue  clers  que  vesques  que  moines  beneis  Frans 
hom  fremes  les  huis  de  s.  martin  As  traitors  faites  les  ieustolirT. 
1.  p.  d.  m.  p.  s.  m.  —  1G92  B  He  gentils  sire  por  dieu  de  paradis 
-}-  la  leçon 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  7^. 

Clers  et  chanoines  a  ça  enz  quatre  vinz, 

Vesques,  abés,  qui  molt  sont  de  grant  pris, 
1695    Qui  por  aveir  ont  le  mal  plait  basti; 

Deseritez  iert  ancui  Looïs, 

Se  Deus  et  vos  nel  volez  guarantir  ; 

Prenez  les  testes,  por  Deu,  ge  vos  en  pri  : 

Tôt  le  pechié  del  mostier  pren  sor  mi, 
1700    Quar  il  sont  tuit  traïtor  et  failli.  » 

GuilJelmes  l'ot,  s'en  a  geté  un  ris  : 

a  Bien  seit  de  i'ore  que  tels  clers  fu  noriz  ! 

Ou  troverai  mon  seignor  Looïs  ? 

—  En  nbm  Deu,  sire,  »  li  clers  li  respondi, 
I  705    tt  Ge  l'amerrai,  se  Deu  plaist  et  ge  vif.  » 

Tresqu'al  mostier  ne  prist  il  onques  fin, 

En  la  grant  crote  isnelement  en  vint; 

Iluec  trova  son  seignor  Looïs. 

Li  gentilz  clers  par  la  main  Ta  saisi  : 
17 10    «  Filz  de  bon  rei,  ne  seiez  esbaïz, 

Si  m'aïst  Deus,  que  plus  avez  d'amis 

Que  ne  cuidoes  al  lever  ui  matin. 

Ja  est  venuz  Guillelmes  li  marchis  : 

A  doze  cenz  de  chevaliers  de  pris 
171 5    Vos  a  li  cuensen  cel  mostier  requis. 

Il  n'i  a  barre  ne  porte  ne  postiz 

Ou  il  nen  ait  de  ses  chevaliers  mis.  » 

Looïs  lot,  molt  joianz  en  devint, 

Tresqu'al  mostier  ne  prist  il  onques  fin. 

1694  A  Euesques  et  abez  q.  m.  sont;  B  Euesque  auez  q.  m.  est 

—  169b  B  ot  1.  m.  p.  b.  —  1696  B  fust  a.  1.;  A^  iert  a.  rois  I.  — 
1797  B  ne  leussiez  guéri  —  1698  B  P.  1.  tours  frans  hom  —  1700 
B  t.  foy  menti  —  1702  B  Cortoisement  et  en  basset  (B»  et  molt 
basset)  a  dit  Bone  soit  leure  que  itels  clers  nasqui  Amis  dit  il  por 
dieu  et  quar  me  di  (B«  par  amor  or  me  dit)  —  1708  B  s.  s.  rois  1. 

—  1709  B  le  saisi  —  171 2  iî  Que  ne  quidastes  al  leuer  al  matin  — 
1715  B  enz  el  m.  r.  —  1716  B  11  ni  a  volte  ne  barre  n.  p.  —  1717 
B  Qui  tuit  ne  soient  de  ses  barons  porpris  —  1718-4'  Rois  looys 
lot  ;  Ce  vers  et  les  2  suivants  manquent  dans  C 


8o  U  CORON EMENZ  LOOÏS 

1720    Li  gentilz  abes  l'en  a  a  raison  mis  : 
«  Filz  de  bon  rei,  ne  seiez  esbaïz  : 
Vei  la  Guillelme  qui  sa  fei  vos  plevit  ; 
Va  li  al  pié,  si  li  crie  merci.  » 
L^enfes  respont  :  «  Tôt  a  vostre  plaisir.  » 


XLI 

1725    Li  gentilz  abes  l'en  apela  premier  : 
«X  Filz  a  baron,  guarde  ne  t'esmaier  : 
Vei  la  Guillelme,  va  li  cheeir  al  pié.  » 
L'enfes  respont  :  «  Bels  sire,  volentiers.  > 
Devant  le  conte  se  vait  agenoillier, 

1730    Estreitement  li  a  le  pié  baisié, 

Et  le  soler  que  li  cuens  ot  chalcié. 

Pas  nel  conut  Guillelmes  li  guerriers, 

Quar  de  clarté  aveit  pou  al  mostier  : 

a  Lieve  tei,  enfes,  »  ce  dist  li  cuens  preisiez, 

1735    «  Deus  ne  fist  ome  qui  tant  m'ait  corocié, 
Se  tant  puet  faire  que  il  viegne  a  mon  pié, 
Ne  li  pardoinse  de  gré  et  volentiers.  » 
Et  dist  li  abes,  qui  fu  ses  emparliers  : 
«  En  nom  Deu,  sire,  a  celer  ne  vos  quier, 

1740   C'est  Looïs,  fils  Charlon  al  vis  fier; 
Ancui  sera  ocis  et  detrenchiez, 
Se  Deus  et  vos  ne  li  volez  aidier.  » 
Ot  le  Guillelmes,  sel  corut  embracier, 
Par  les  dous  flanz  le  lieve  senz  targier  : 


1721  A^  B^  Filz  de  b.  r.  ;  A^  Filz  a  baron;  B^  manque  —  1722  A^ 
la  f.  V.  p.;  B»  Voici  le  g.  qui  ;  B*  Vas  a  g.  qui  —  1723  B^  Chie  li 
—  1 723  J3  Li  gentils  clercs  qui  moût  fist  a  prisier  En  apela  looys  tôt 
premier  ~  1726  B  Filz  de  bon  roi  —  1728  A-  Biaus  frère;  B  Res- 
pont li  enfes  —  1734  B  dist  li  cuens  al  vis  fier  —  1737  B^  Je  li 
perdoigne  son  forfet  volentiers  —  1739  A  filz  charle  al  vis  fier;  B* 
le  filz  charle—  1744  B  le  prist  senz  atargier 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  8l 

1745    «  En  nom  Deu,  enfes,  cil  m'a  mal  engeignié 
Qui  te  rova  a  venir  a  mon  pié, 
Qaar  sor  toz  ornes  dei  ge  ton  cors  aidier.  » 
Il  en  apele  ses  gentiz  chevaliers  : 
«  Un  jugement  vueil  or  que  me  faciez: 

1750   Puis  que  Tom  est  coronez  al  mostier 
Et  il  deit  vivre  a  lire  son  saltier, 
Deit  il  puis  faire  traïson  por  loier  ? 
—  Nenil,  bels  sire,  »  dient  li  chevalier. 
«  Et  s'il  le  fait,  quels  en  est  li  loiers? 

1755    —  Penduz  deit  estre  come  1ère  fossiers.  » 

Respont  Guillelmes  :  «  Bien  m'avez  conseillié, 
Par  saint  Denis,  et  ge  mielz  ne  vos  quier  ; 
Mais  Tordene  Deu  ne  vueil  mie  abaissier, 
Et  neporquant  le  comparront  il  chier.  » 


XLII 

1760    Li  cuens  Guillelmes  a  Taduré  corage 
Le  jugement  a  oï  del  barnage; 
Tresqu'al  chancel  en  est  venuz  en  haste, 
Ou  a  trové  et  evesques  et  abes 
Et  le  clergié  qui  a  lor  seignor  falsent; 

1765  Totes  les  croces  fors  des  poinz  lor  esrache, 


1745  leçon  de  C  \A  tu  mas;  5  on  ma  —  1746  B  la  leçon  + 
Molt  a  mal  fait  et  moll  mal  enseignie  [B*  on  men  a  mal  paie)  — 
1749  B  te  doi  ge  bien  aidier—  1748  A  Lors  en  a.;  B  ses  cortois  c. 

—  1749  B  vueil  or  a  vous  sachiez  —  175©  B  Puisques  hem  sest  ■— 
175 1  B  Et  ordenez  a  lire  son  saltier  Messes  matines  doit  tous  jours 
versiiiier  --  1753  B  N.  voir  sire  d.  si  c.  —  1734  B  Et  sil  1.  f. 
par  dieu  le  droiturier  Auoir  en  doit  molt  dolereus  loier  —  1755 
B  c.  1.  meurtriers  —  1766  B  R.  li   quens  —   1757.4   ne   requier 

—  1758-9  X  manque  —  1762  B  Apres  ce  mot  ni  a  fait  arestage 
Dusqual  chastel  est  venuz  senz  atarge  —  1763  leçon  de  B;  A  Ou  ot 
assez  [A*  lessiez)  et  euesques  et  abes-,  C  lluec  troua  les  vesques  et  les 
abes—  17G4  A  a  lors,  false;  Ba  son  s.  faillent  —  1765  x  manque 


82  Ll  CORONEMENZ  LOOYs 

A  Looïs  son  dreit  seignor  les  baille; 

Li  geniilz  cuens  par  mi  les  tians  l'embrace, 

Si  le  baisa  quatre  feis  en  la  face. 

Li  cuens  Guiilelmes  de  neient  ne  se  targe, 

1770    Tresqu'al  chancel  en  est  venuz  en  hasle, 
Ou  a  trové  et  evesques  et  abes  ; 
Por  le  pechié  ne  les  volt  tochier  d'armes. 
Mais  as  bastons  les  desrompent  et  bâtent, 
Fors  del  mostier  les  traînent  et  chacent, 

1775   Ses  comanderent  a  quatre  vinz  deables. 
Qui  traïson  vuelt  faire  a  seignorage 
Il  est  bien  drêiz  que  il  i  ait  damage. 


XLIII 

Li  cuens  Guiilelmes  fu  molt  chevaleros. 
Il  en  apele  Looïs  son  seignor  : 

1780    «  Sire,  »  dist  il,  t  entendez  ma  raison  : 
Un  messagier  vueil  que  nos  enveions 
A  Acelin,  qui  die  de  part  vos 
Viegne  dreit  faire  Looïs  son  seignor.  » 
Dist  Looïs  :  «  Sire,  bien  l'otreions.  » 

1785    II  en  apele  Alelme  le  baron  : 

«  Va,  si  me  di  Acelin  l'orgoillos 
Dreit  viegne  faire  Looïs  son  seignor 
Isnelement,  quar  de  lui  se  plaint  molt.  » 


1 766  A^  le  baille  —  1 767  B  Et  looys  —  1 769  B  ne  satarge  —  1 77 1  il 
Ou  ot  assez  (4»  lessiez)  —  1 773  leçon  deC\B  Mais  de  baston ;  A  Mais 
li  baron  —  1774  B  et  sachent  —  1775  B  Puis  les  comandent  a  .1111". 
d.  —  1778  B  contralios  —  1780  B  manque  —  1781  B  pren  un  mes- 
sage bon  filz  dempereor  —  1782  B  Et  si  lenuoie  ancelin  lorgueil- 
los  —  1783  B  Droit  viegne  faire  1.  (B»  a  I.)  —  1784B  manque  — 
1785  B  le  comtor  —  1786  A  a  cel  vieil  o.;  B  ancelin  a  estros; 
C  Alez  me  tosi  al  normant  o.  —  1787  B  looys  sanz  sejor 


LI  CORONEMENZ  LOOYs  83 

Respont  Alelmes  :  «  Irai  ge  donc  tôt  sols  ? 
1790   —  Oïl,  bels  frère,  en  vo  main  un  baston. 

—  Et  s'il  demande  quels  esforz  nos  avons? 

—  Et  vos  li  dites  quarante  compaignons; 
Et  se  cel  plait  vos  refuse  del  lot, 

Très  bien  li  dites,  oiant  ses  compaignons, 
1795   Qu'ainz  l'avesprer  en  sera  si  hontos 

N'i  voldreit  estre  por  tôt  l'or  d'Avalon.  » 

Respont  Alelmes  :  «  Vostre  talent  ferons. 

Par  cel  apostre  qu'on  quiert  en  pré  Neiron, 

Ja  par  message  nule  rien  n'i  perdrons.  » 
1800    II  est  montez  sor  un  mul  aragon, 

Par  mi  les  rues  s'en  vait  a  esperon, 

Tresqu'a  l'ostel  n'i  fist  aresteison  ; 

Acelin  trueve,  molt  ot  de  compaignons, 

Il  l'en  apele  haltement,  oiant  toz  : 
i8o5    «  Sire  Acelins,  nobiles  gentilz  om, 

Savez  que  mande  Guillelmes  li  frans  om. 

C'est  Fierebrace,  qui  cuer  a  de  lion? 

Dreit  venez  faire  Looïs  vo  seignor 

Isnelement,  quar  de  vos  se  plaint  molt.  » 
1810   Acelins  l'ot,  s'embroncha  le  menton  : 

«  Amis,  »  dist  il,  «  g'entent  bien  la  raison  ; 

Di  de  ton  oncle  come  a  de  compaignons. 

—  En  nom  Deu,  sire,  trente  chevalier  sont.  » 
Dist  Acelins  :  «  A  Deu  beneïçon  ! 


1789  B  et  irai  ge-,  A^  irai  i  ge;  A»  irai  ge  i  —  1790  A  en  ta 
main  ;  B  011  bels  sire  —  17915'  auons  nos  —  1 792  B  .lx.;  A^  fait 
défaut  ici  pour  160  vers  par  la  perte  d'un  feuillet—  1793  A'  Tiegne 
cest  plait  ou  refustc  a  estors  —  1794  A^  voianl;  B  deuant  —  1793 
A^  en  sera  il  h.  ;  B  Que  ainz  le  vespre  —  1796  A^  por  lamor  de 
raascons  —  1797  B  commant  —  i8o5  B  nobile  poigiieour  — 
iHoG  A  Ici  vos  mande-—  1807  A  La  f.  qui  a  cuer  de  1.  —  1810  B 
manque  —  i8iiBtar.  —  i8i2<B  Dites  combien  auez  d.  c.  — 
181 3  B'  bien  sont  .xxx.  par  non;  B*  .xxx.  somes  par  non  —  1814 
A  de  d.  b. 


84  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

> 

i8i5    Va,  si  me  di  a  Guillelme  le  pro 

Que  il  otreit  ce  que  li  alire  font. 

De  la  corone  m'est  délivrez  li  dons  ; 

Bien  sereit  France  perdue  a  cel  guarçon  : 

Ja  ne  valdra  Looïs  un  boton. 
1820   Li  cuens  Guillelmes  est  merveilles  prodom, 

Mais  ancor  n'a  terre  ne  guarison  : 

Ge  Ten  dorrai  tôt  a  esleccion  ; 

Une  contrée  avra  tote  a  bandon, 

Dis  muls  chargiez  entre  or  fin  et  mangons, 
1825    Adonc  sera  merveilles  riches  om. 

—  Veir,  »  dist  Alelmes,  «  vos  parlez  en  pardon  ; 

Il  nel  fereit  por  tôt  Por  d'Avalon. 

Ancor  vos  mande,  por  quei  le  cèlerions  ? 

Plus  cruel  chose  que  ci  nomé  n'avons  : 
i83o  Se  vos  cest  plait  refusez  a  bandon, 

Ainceis  le  vespre  en  serez  si  hontos 

NU  voldriez  estre  por  tôt  l'aveir  del  mont.  » 

Dist  Acelins  :  «  A  Deu  beneïçon  ! 

Quant  ge  nU  puis  pais  trover  ne  amor, 
i835    Ge  le  desfi,  ce  li  mant  ge  par  vos.  » 

Et  dist  Alelmes  :  «  Entendu  vos  avons. 

Tôt  altresi  vos  redi  de  part  nos  : 

Ge  vos  desfi,  oiant  toz  voz  barons.» 


i8i5  i4  g.  le  franc  hom  —  1816  B  Que  il  motioit  —  1821  B  et 
men  liure  le  don  —  1822  A  Ge  li  d.  —  1823  B  a  son  bon  — 
1827  Bdarragon  —  1S28  A  que  le  cèlerions  —  1829  leçon  de  C; 
B  que  nous  ci  ne  dison;  A  Pis  que  tel  chose  que  noncie  nen  auons 
—  i83o  B  manque  —  i83i  B»  manque;  B^  Quainz  le  vespre  vos 
donra  .i.  tel  don  —  i832  B'  pour  toute  besencon;  A  Nel  v.  — 
1834  B^  trouuer  que  cuisancon  —  i835  A  ce  li  di  de  par  nos; 
B»  ce  par  vous  li  mandon  —  i836  leçon  de  C;  B  entendu  ai  vo 
bon;  A  Respont  a.  bien  oi  v.  a.  —  1837  B»  du  baron  —  i838  B 
Défiez  estes  et  vostre  compaignon  (B'  et  tui  vo  compaignon) 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  85 


XLIV 


Acelins  fu  molt  orgoillos  et  fiers  ; 
1840    Alelme  esguarde  et  as  mains  et  as  piez, 

Molt  le  vi  bel  et  dreit  et  alignié, 

Bien  le  conut  qu'il  esteit  escuiers  : 

«  Amis  bels  frère,  tu  iés  mal  enseigniez, 

Qui  me  dis  honte,  oiant  mes  chevaliers, 
1845    Ne  de  ton  oncle  ne  dorreie  un  denier. 

Quant  ge  n'i  trûîs  ne  pais  ne  amistié, 

Ge  le  desfi  de  la  teste  trenchier  ; 

Ui  le  ferai  par  membres  despecier, 

Que  j*ai  o  mei  tels  set  cenz  chevaliers 
i85o    Et  quatre  contes  qui  molt  font  a  preisier  : 

Ne  me  fat^ront  por  les  membres  trenchier. 

Ne  fust  por  ce  que  tu  [es  messagiers 

Ge  te  feïsse  celé  teste  trenchier  ; 

Et  tôt  le  cors  destruire  et  essillier.  » 
i855    Respont  Alelmes  :  «  Dahé  ait  qui  vos  crient  !  » 

De  la  cort  ist,  onques  n'i  prist  congié. 

Acelins  fist  sa  gent  apareillier. 

Li  frans  Alelmes  mist  pié  en  son  estrier, 

Par  mi  les  rues  s'en  vait  tôt  eslaissiez  ; 
1860    Premiers  encontre  GuilIeJme  le  guerrier, 

Il  li  demande  :  «  Gome  avez  espleitié? 

—  En  nom  Deu,  sire,  n'i  a  point  d'amistié, 


1841  B  et  franc  et  enseignie  —  1842  B  Bien  reconut  —  1843  B 
II  li  a  dit  sanz  point  de  delaier  Amis  b.  f.  ~  1845  J3'  Voir  de  t. 
o.  ;  B*  Voir  en  t.  o.  —  1847  B  a  trenchier  —  1849  A  bien  .vu".  — 
i852  B  escuiers  —  i853  B»  par  les  bras  esracier  —  1864  B  de- 
traire  et  depecier  —  i855  B  Kt  dist  a.  d.  a.  qui  ten  c.  —  i856  A 
ni  quist  congie  ;  B  qua  nul  congie  ni  prent  —  1857  fi  fait  —  i858 
A  est  montez  el  destrier  —  1859  A  sen  vet  sans  delaier;  B  la  leçon 
+  Bien  semble  effoudres  (B»  Ce  sembloit  foudre)  qui  des  nues  jus 
chiet  —  1862  A  point  ni  a  da. 


86  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Ne  Looïs  a  son  seignor  ne  tient. 
Quant  ge  li  dis  les  nons  des  chevaliers, 

i865    Adonc  i  fustes  assez  tost  menaciez 
Et  desfiez  de  la  teste  trenchier; 
Ne  fust  por  ce  qu^esteie  messagiers, 
Il  m'eùst  fait  toz  les  membres  trenchier, 
Ardeir  en  feu  o  en  eve  neier.  » 

1870    Guillelmes  Pot,  le  sens  cuida  changier. 

Toz  les  ostels  vont  et  prendre  et  cerchier; 
Tôt  le  herneis  ont  en  un  mont  ruié, 
Et  qui  nel  volt  de  buen  gré  otreier 
Ainz  n'i  mist  guage  fors  la  teste  trenchier. 

1875    Et  li  borgeis  sont  en  fuie  tochié  ; 
Li  cuens  les  fait  retenir  et  leier. 
Li  traïtor,  cui  Deus  doint  encombrier, 
Qui  le  mal  plait  aveient  comencié, 
En  fuie  tornent,par  esforz  de  destriers, 

1880    De  ci  as  portes  ne  finent  de  brochier, 
Mais  a  chascune  truevent  félon  portier, 
Le  treûage  lor  i  convint  laissier, 
Que  nuls  n^en  voldrent  en  prison  estuier 
Por  nul  del  mont  qui  en  seûst  preier. 

i885    Li  cuens  Guillelmes  comença  a  brochier 
Tresqu'a  Fostel  al  franc  borgeis  Hungier; 
Acelin  trueve  sor  un  perron  ou  siet, 
Mais  tant  le  trueve  et  orgoillos  et  fier 
Que  contre  lui  ne  se  deigna  drecier. 


i863  A  Na  l.  na  s.  s.  nafiert  —  i863  B  Assez  i  fustes  de  trestoz 
menaciez—  1867  A  escuiers  —  1868  5demon  cors  raehaignier  — 
—  1869  >M^«<7«^»  ^'«5»  ^"^  ^«*  -5  v^^'S  suivants,  dans  A  —  1879  B 
Et  quant  il  voient  sur  eus  (B^  seur)  est  li  merchis  En  f.  t.  —  1880 
i?  ne  voldrent  atargier  —  1881  B  auoit  f.  p.  —  1882  A  1.  conuint 
a  laissier  —  i883  B  Que  puis  nalerent  par  besoin  ostoier  —  1884 
B  Por  nul  el  siècle  —  i885  B  huchier  Or  tost  barons  pensez  de  vos 
aidier  Mar  en  iront  li  culuert  paltonier  Li  cuens  g.  ne  fine  Je  bro- 
chier --  1886  B  le  f.  b.  beriier  —  1889  B»  Encontre  lui 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  87 

1890   Veit  le  Guillelmes,  le  sens  cuide  changier; 
Il  a  soné  un  graile  menuier  : 
Qui  donc  veïst  les  aguaiz  desbuschier  ! 
A  tant  es  vos  et  Bertran  et  Gualtier, 
En  lor  compaigne  mainz  vaillanz  chevaliers. 

1895    La  veïssiez  fier  estor  comencier, 

Tante  anste  fraindre  et  tant  escu  percier, 
Et  tant  halberc  desrompre  et  desmaillier. 
Et  quant  cil  virent  cel  estor  comencier, 
Grant  paor  orent  li  culvert  losengier; 

1900    Onques  lor  force  ne  lor  i  ot  mestier, 
Toz  les  branz  nuz  geterent  a  lor  piez, 
A  jointes  mains  vont  la  merci  preier. 
Li  cuens  les  fait  retenir  et  leier; 
Et  Acelins  s'en  fuit  tôt  eslaissiez. 

1905    Li  cuens  Guillelmes  le  suit  al  dos  derrier, 
Si  li  a  dit  un  vilain  reprovier  : 
a  Sire  Acelins,  quar  retornez  arrier, 
Si  vos  venez  coroner  al  mostier. 
Nos  vos  métrons  tel  corone  en  cel  chief 

1910   Dont  la  cervele  vos  vendra  tresqu'as  piez.  » 


XLV 

Li  cuens  Guillelmes  a  la  fiere  persone 
Veit  Acelin,  forment  l'en  araisone  : 


1890  B  Molt  ot  des  siens  poi  en  ol  li  guerriers  —  1892  A  comen- 
cier —  1894  B  orent  .xx.  cheualiers  -—  iSgî)  B  hurter  tant  bon 
destrier  — -  1899  B  Et  les  g.  si  fièrement  aidier  —  1900  B  Et  que 
lor  force  ni  (B'  ne)  pot  auoir  mestier  —  igoi  A  Toz  les  nuz  bianz; 
B*  Les  branz  loz  nuz  —  1902  B^  len  vont  m.  p.;  B'  li  vont  m. 
p.  —  1903  B^  les  vet  r.  et  1.  —  1904  B  A.  fuit  sa  (B>  les)  gent  a  tôt 
lessiez  —  1903  B'  le  suiui  par  derrier;  B^  le  sui  par  d.  —  1909  B 
Quar  bien  lauez  deserui  ce  sachiez  —  1910  B  Que  por  traitre  certes 
tenuz  en  ies  —  1912  B  fièrement  larresone 


88  U  CORONEMENZ  LOOÏS 

«  Traître  Icre,  li  cors  Deu  te  confonde  ! 
Por  quei  feseies  ton  dreit  seignor  tel  honte  ? 

1915    Richarz  tes  père  ne  porta  onc  corone.  » 
Es  vos  Bertran,  qui  ot  Tespee  longe. 
Veit  le  Guillelmes,  fièrement  l'araisone  : 
«  Bels  niés,  »  dist  il,  «  conseil  vos  demandomes 
De  cest  traître,  cornent  le  destruiromes.  » 

1920   Et  dist  Bertrans  :  «  Que  pensez  vos,  bels  oncles? 
Or  li  metons  enz  el  chief  tel  corone 
Dont  la  cervele  li  espande  en  la  boche.  » 
Il  passe  avant  et  tint  Pespee  longe: 
Ja  le  ferist  quel  veïssent  cent  orne 

1925   Quant  li  escrie  cuens  Guillelmes  ses  oncles  : 

«  Bels  niés,  »  dist  il,  t  ne  i'adesez  vos  onques. 
Ne  place  a  Deu,  qui  forma  tôt  le  monde, 
Que  il  ja  muire  par  arme  de  prodome  ! 
Ge  Tocirai  ainceis  a  molt  grant  honte, 

1930   Que  tuit  si  eir  en  avront  grant  reproche.  » 


XLVl 

Li  cuens  Guillelmes  fu  molt  buens  chevaliers 
Vers  orgoillos  se  feseit  molt  très  fier, 
Corne  lieparz  qui  gent  deie  mangier  ; 
D'arme  qu'il  port  ne  le  deigna  tochier; 
935    En  une  treille  vi  un  pel  aguisié, 
Passa  avant,  si  l'en  a  esrachié. 
Fiert  Acelin  en  mi  la  crois  del  chief, 


191 3^  mal  te  donc  —  19 14  A  vergoigne  —  igiôjB»  qui  iespce 
auoit  longue  —  1918  A  Bels  nies  bertrans  —  19 19  -4  De  ceste  terre 
c.  1.  d.  Et  cest  traître  comment  le  defferomcs  —  1921  ^  Quar  1.  m. 
e.  e.  c.  la  corone  —  1925  A  dans  g,  —  1929  B  11  morra  voir  ancui 

—  igSo  B  manque  —  1932  B  Vers  les  glotons  se  par  fesoit  si  fier 

—  1933  B  que  ja  doie  esragier  —  1934  B'  quil  ot;  B'  queust  — 
1937  5'  Fiert  enl  celui  ;  J3»  Fiert  ent  ancelin  par  mi  1.  c.  d.  c 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  89 

Sans  et  cervele  en  ala  tresqu'as  piez; 

Mort  Tabati  que  plus  n'i  atendié  : 
1940    «  Mon  joie  !  »  escrie,  «  sainz  Denis,  quar  m'aidiez  : 

De  cestui  rei  est  Looïs  vengiez.  » 

Li  cuens  Guillelmes  comença  a  brochier, 

Ainz  nefina  tresqu'al  maistre  mostier; 

A  Looïs  son  dreit  seignor  en  vient, 
1945    II  le  coru  par  les  flans  embracier  : 

«  Dameisels  sire,  de  qui  mais  vos  plaigniez? 

Del  fin  Richart  vos  aige  bien  vengié; 

Ja  n'ira  mais  par  besoing  osteier, 

Por  ome  el  siècle  qui  l'en  sache  preier. 
1950    —  Deus,  »  dist  li  enfes,  «  granz  merciz  en  aiez! 

Se  ore  esteie  de  son  père  vengiez, 

Molt  en  sereie  balz  et  joianz  et  liez. 

—  Deus  !  »  dist  Guillelmes,  «  quil  me  set  enseignier  ?  » 

L'en  li  enseigne  par  dedenz  le  mostier  ; 
1955    Li  cuens  i  vait  poignant  tôt  eslaissiez, 

Et  après  lui  quatre  vint  chevalier  ; 

Richart  trova  a  l'altel  apoié. 

Nel  laissa  mie  por  ce  qu'ert  al  mostier  : 

Le  poing  senestre  li  a  meslé  el  chief, 
i960    Tant  Tenclina  que  il  Ta  embronchié; 

Halce  la  destre,  enz  el  col  li  assiel  ; 

Tôt  estordi  Tabati  a  ses  piez, 

Que  toz  les  membres  li  peûst  l'en  trenchier, 


1 938  B  en  a  jus  tresbuchie  —19395  deuant  lui  a  ses  piez  —  1 940 
8.  dénis  aidiez;  B'  s.  dénis  maidiez  —  1941  B  est  rois  loeis 
vengiez  —  1943  B  Ainz  n.  f.  si  vint  droit  al  mostier  —  1944  5' 
A  son  seigneur  roi  1.  en  vint;  B^  A  son  seigneur  1.  quil  tient 
chier  —  1946  J5»  de  qui  plus  v.  p.  —  1947  A  manque  —  1948  A 
Cist  nira  mais  —  1949  ^  ^^r  nul  el  monde  qui  {B^  tant)  len  s.  p. 
—  1950  A  B  toi  doi  ge  mercier  —  1953  B  Qui  me  sait  conseillier 
Ou  ge  le  truisse  ne  le  (B'  si  que)  puisse  baillier  —  ig55  A  quil 
na  soing  de  lessier  —  1958^  Ne  lessa  mie—  i960  5  Tant  le 
sacha  —  ig63  B  sachier 


go  LI  CORONFMFNZ   LOOÏS 

Ne  remuast  ne  les  mains  ne  les  piez. 

1965    Veit  le  Guillelmes,  si  li  prist  a  huchier  : 

a  Oltre,  culverz!  Deus  te  doint  encombrier!  » 
Forces  demande,  si  li  tondi  le  chief, 
Tôt  nu  a  nu  sor  le  marbre  Tassiet, 
Puis  s'escria,  oiant  les  chevaliers: 

1970    «  Ensi  deit  l'en  traïtor  justicier, 

Qui  son  seignor  vuelt  traïr  et  boisier.  » 
Tant  l'ont  li  conte  et  li  baron  preié 
Qu^il  ont  Richart  a  Guilielme  apaié. 
La  mort  son  fill  clama  quite  premiers  ; 

1975    La  pais  fu  faite  a  toz  cels  del  mostier; 
Si  se  baisierent,  veiant  mainz  chevaliers; 
Mais  celé  acorde  ne  valu  un  denier, 
Quar  puis  le  voldrent  murdrir  et  essillier 
Dedenz  un  bois  a  un  coltel  d'acier; 

1980    Mais  Deus  nel  volt  sofrir  ne  otreier. 

Li  cuens  Guillelmes  ne  volt  mieatargier; 
Il  en  apele  le  bon  abé  Gualtier  : 
«  Ge  m'en  irai  el  règne  de  Peitiers; 
Des  traïtors  i  a  molt  herbergiez, 

1985    Mais  se  Deu  plaist  ges  ferai  desnichier. 
Mon  dreit  seignor  ne  voldrai  sol  laissier: 
Guardez  le  bien  ;  s'il  vait  esbaneier, 


1964  £'  Ni  r.  les  membres  n.  1.  p.  ;  B^  N.  r.  ja  pour  ce  bras  n. 
p.  —  1965  B  prent  —  1966  A  O.  glouton  d.  vous  d.  e.  —  1967  B 
la  leçon  +  Et  puis  après  li  rompi  le  braier  —  1968  B  Tout  nues 
nages  —  1969  B  o.  maint  cheualier  —  1970  fi'  vergoignier  ;  S>  aai- 
sier  —  197 1  B  vuelt  falser   ne  boisier  —  1972  A  et  li  duc  as  prie 

—  1973  B  manque  ;  A  Quil  ont  le  conte  a  g.  a.;  C  Ainz  fu  r.  a  g. 
a.  —  1974  B  a  loeys  quittie  —  1975  A  Apres  fu  faite;  B  La  p. 
f.  f.  ains  quissist  del  m.  —  1976  A  Si  le  b.  v.  .c.  cheualiers  — 
1977  B^  Aine  c.  a.;  B^  One  c.  a.  —  1979  B  a  leur  c.  da.  —  (980 
A  ne  volt;  B  manque  —  198 1  B^  ne  si  iB'  ne  se)  volt  atargier  — 
1982  A  Ainz  apela  —  1983  B  la  leçon  -f-  Par  foy  dist  il  a  celer 
nel  vos  quier  —  1985  B  les  ferai  deslogier  —  1986  B  voldrai  ici  1. 

—  1987  B  Gardez  quil  naît  joer  nesbanoier 


Ll  CORON EMENZ  LOOÏS  9I 

Qu'il  maint  o  lui  al  meins  cent  chevaliers, 
Que,  par  l'apostre  que  requièrent  palmier, 

1990  Se  ge  oeie  novele  al  repairier 
Que  Looïs  î  eûst  encombrier, 
Tûtes  voz  ordenes  n'i  avreient  mestier 
Ne  vos  feïsse  toz  les  membres  trenchier.  » 
Et  dist  li  abes:  «  En  pardon  en  plaidiez. 

1995    Mièîz  iert  guardez  que  li  sainz  del  mostier.  » 
Li  cuens  Guillelmes  fu  molt  buens  chevaliers  : 
Par  mi  la  terre  a  ses  briés  enveiez, 
Si  fait  mander  les  barons  chevaliers  ; 
Ainz  que  passast  doze  jorz  tôt  entiers 

2000    En  assembla  plus  de  trente  miliers  ; 

Puis  s'en  alerent  tant  qu'il  sont  a  Pcitiers. 
Puis  fu  Guillelmes  tels  treis  anz  tôt  entiers 
Qu'il  ne  fu  jorz,  tant  par  fust  halz  ne  fiers, 
Que  il  n'eûst  le  vert  elme  lacié, 

20o5    Ceinte  l'espee,  armez  sor  le  destrier; 
A  nule  feste  que  l'en  deiist  preier, 
Jor  de  Noël,  que  l'en  deit  sorhalcier  , 
Que  il  ne  fust  armez  et  halbergiez. 
Grant  peneance  sofri  li  chevaliers 

2010   Por  son  seignor  maintenir  et  aidier. 


1988  B  Que  il  ne  maint  o  lui  .c.  c.  —  1990  B  Se  gen  ooie  parler 
a.  r.  —  igqi  leçon  de  C;  x  manque  —  1992  B  ne  vos  aront  m.  — • 
1993  leçon  de  C;  B  manque;  A  Que  nen  feisse  les  testes  reoignier 
Et  toz  les  cors  destruire  et  essillier  —  1994  S  Ce  dist  1.  a.  (B^  1.  a. 
a  dit)  ce  fait  a  otroier  Je  vos  affi  ne  le  vous  quier  noier;  A  Mielz 
iert  guardez  dist  labes  par  mon  chief  —  1995  fi*  dun  m.;  A  Que 
ne  sera  li  cors  sainz  d.  m.  —  1996  B  Voir  dist  li  cuens  il  en  est 
bien  mestier  +  la  leçon  —  1997  B  sa  terre  —  1998  B  Et  f.  m,  — 
1999  B  Ainz  quil  p.  .xv.  j.  —  2000  B  En  ot  ensemble  —  2001  B 
Puis  erra  tant  quil  vindrent  a  poitiers  —  2002  A  manque  —  2004 
B  le  brun  h.  1.  —  2oo5  B  Lespee  ceinte  —  2008  A  armez  sor  le 
destrier  —  2009  B»  sosiint  1.  c.j  B*  sosiint  le  bon  guerrier 


gi  LI   CORONEMENZ  LOOÏS 


XLVII 

Treis  anz  tôt  pleins  fu  Guillelmes  li  ber 
Dedenz  Peitou  la  terre  conquester; 
Ainz  ne  fu  jorz  tant  feïst  a  loer, 
Ne  jorz  de  Pasques  ne  de  Nativité, 
201 5    Feste  Toz  Sainz,  que  l'en  deit  célébrer, 
Que  il  n'elist  le  brun  elme  fermé, 
Ceinte  Tespee,  sor  le  cheval  armez. 
Grant  peneance  sofri  li  bachelers 
Por  son  seignor  guarantir  et  tenser. 


XLVIII 

2020    Li  cuens  Guillelmes  a  la  fiere  persone 

S'en  est  tornez  vers  Bordels  sor  Gironde  ; 
La  conquist  il  le  fort  rei  Amarmonde: 
De  Looïs  i  reçut  la  corone 
Et  ses  onors,  qui  erent  granz  et  longes. 


XLIX 

2025    Li  cuens  Guillelmes  a  l'aduré  corage 
S'en  retorna  par  devers  Pierrelate  ; 


2014^  ne  la  n.  — -  2oi5  B^  N.  la  t.;  B'  ajoute  Ne  pentccoste 
ne  jor  de  trinile  —  2016  B  le  halberc  endosse  —  2017  B  sur 
son  cheual  monte  —  2018  B'  a  li  cuens  endure  —  2019  B 
maintenir  et  saluer.  —  2021  J3»  Sen  est  alez  souz;  B*  alez  a  — 
2022  A  amaronde;  C  marimonde —  2028-24  B  Et  si  fist  tant 
li  ber  de  sa  personne  De  I.  {B'  De  son  seigneur)  li  fit  prendre  c.  El 
retenir  par  grâce  de  sâS  homes  Et  ses  ho.  —  1026  A  pierrelarge 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  çS 

La  conquist  il  Dagobert  de  Gartage, 

Qui  tint  la  terre  de  Looïs  le  sage 

Et  ses  onors,  qui  erent  granz  et  larges. 


2o3o    Li  cuens  Guillelmes  a  la  chiere  membree 
Vers  Annadore  a  sa  veie  tornee; 
Saint  Gile  assalt  a  une  matinée; 
Le  bore  ot  pris  senz  nule  demoree. 
Tel  chose  fist  qui  a  Jesu  agrée  : 

2o35    L'église  guarde  qu'ele  ne  fust  guastee  ; 
Prist  Juliien,  qui  guardeit  la  contrée: 
Ostages  done  tant  corne  al  conte  agrée; 
Par  itel  chose  a  sa  pais  creantee. 
Li  cuens  Guillelmes  a  sa  gent  apelee, 

2040    Tel  chose  dist  qui  a  plusors  agrée  : 

a  Or  al  hërneis,  franche  gent  onoree, 
Si  s'en  ira  chascuns  en  sa  contrée, 
A  sa  moillier  qu'il  avra  esposee.  » 


LI 

Li  cuens  Guillelmes  al  cort  nés  li  guerriers 


1027  fî'  La  conquist  dagoubert  la  cite  de  c.  —  2028  A  Et  si  fist 
tant  li  cuens  par  son  barnage  Qua  looys  vint  rendre  son  homage 
Sa  terre  tint  de  looys  le  sage  —  202g  B  quierent  granz  et  esparses 
Du  roi  les  tint  ce  fu  gians  seignoragesTot  par  g.  le  marchis  fiere- 
brace  Le  gentil  conte  que  li  cors  dieu  bien  face  —  2o3i  B  Vers 
cnueudure  —  2o33  A  ont;  B  aincois  none  passée  (fi»  sonnée)  — 
2034  A  fist;  B  manque  —  2o35  manque,  ainsi  que  les  cinq  vers 
suivants,  dans  A,  dont  le  copiste  a  été  trompé  par  le  mot  agrée  qui 
termine  2084  et  2040;  B  manque  —  2039  leçon  de  C  ;  B  manque 
—  2043  B  quil  i  a  esposee 


94  l'ï  CORONEMENZ  LOOÏS 

2045    Vers  dolce  France  pense  de  chevalchier  ; 
Mais  en  Peitou  laisse  des  clievaliers 
Es  forteresses  et  es  chasteis  pleniers; 
Dous  cenz  en  meine  molt  bien  apareilliez. 
Tote  Bretaigne  comence  a  costeier  ; 
2o5o    Ainz  ne  lina  tresqu'al  mont  Saint  Michiel. 
Dous  jorz  sejorne,  puis  s'en  parti  al  lierz, 
Par  Costentin  s'en  prist  a  repairier. 
De  ses  jornees  ne  vos  sai  anoncier  : 
Tresqu'a  Roen  ne  se  volt  atargier; 
2o55    El  maistre  bore  s'est  li  cuens  herbergiez, 
Mais  d'une  chose  fait  il  molt  que  legiers, 
Que  par  la  terre  al  duc  Richart  le  vieil 
Osa  il  puis  errer  ne  chevalchier 
Qu'il  li  tua  son  fill  al  grant  levier; 
2060    Mais  la  se  fie  li  gentilz  chevaliers 
Que  il  se  furent  acordé  et  paie  ; 
Mais  celé  acorde  ne  valu  un  denier, 
Quar  puis  le  voldrent  murdrir  et  essillier. 
a  Veir,  »  dist  Richarz,  «  bien  devreie  esragier 
2o65    Quant  par  ma  terre  vei  celui  chevalchier 
Qui  m'a  tolu  le  meillor  eritier 
Qui  onques  fu  por  terre  justicier. 
Mais,  par  Papostre  que  requièrent  palmier, 
Ainz  qu'il  s'en  parte  sera  molt  corociez. 
2070    —  En  nom  Deu,  sire,  »  dient  si  chevalier, 


2045  B  de  reperier  —  2046  A  seç  cheualiers;  B  laissa  —  2047 
B  chasteis,  prisiez  —  2048  B  .11".  e.  m.  de  bien  a.  —  2049  B  a 
prise  a  c.  —  2o53  B  acointier;  A  ne  sai  conte  noncier  —  2054  A 
nest  li  dus  atargiez  —  2o55  A  sest  li  dus  h.  — 2o56  A  le  tieng  ge  a 
1.  —  2057  B  Quant  —  2o58  A^  Noserent  plus;  A^  mêmes  mots  ex- 
ponctuéset  remplacés  par  Nosoit  li  dus;B  Osoit  errer  li  ber  ne(£* 
et)  c.  ;  C  O.  aine  p.  aler  n.  e.  —  2069  B  sanz  esparnier  —  2060  £« 
li  filz  a  c.  ;  £=•  li  baron  c.  —  2061  A  Por  ce  quil  furent  —  2o63  B 
manque  —  2o65  B  Q..  en  m.  t.  —.2066  A  me  tolit;  B  1.  ra.  che- 
ualier  —  2069  B  le  voudrai  corrocier 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  çS 

a  En  ceste  ville  n'iert  il  par  vos  tochiez, 
Quar  li  borgeis  li  voldreient  aidier  ; 
Traïson  n'est  pas  buene  a  comencier.  » 
Et  dist  Richarz  :  «  Tant  sui  ge  plus  iriez. 
2075    Ge  manderai  al  duc  par  amistié 

Qu'en  doice  France  vueil  o  lui  chevalchier; 
Nos  serons  seize  molt  bien  apareillié; 
Se  de  sa  gent  le  poons  hors  sachier, 
Chascuns  avra  un  buen  coltel  d'acier  : 

2080  Iluec  sera  murdriz  et  essilliez.  » 
La  li  afient  tel  quinze  chevalier, 
Mielz  lor  venist  qu'il  l'eussent  laissié; 
Quar  puis  en  furent  boni  et  vergoignié. 
Deus  !  qu'or  nel  set  li  cuens  o  le  vis  fier! 

2085    Al  matin  monte,  pense  de  chevalchier 
Tresqu'a  Lion,  un  riche  gualt  plenier; 
En  une  lande  sont  descendu  a  pié  ; 
Li  païsant  lor  portent  a  mangier. 
Quant  ont  disné  li  noble  chevalier, 

2090  Alquant  s'endorment,  quar  il  sont  travaillié. 
Veit  le  Guillelmes,  molt  l'en  prist  grant  pitié: 
Ses  armes  crie  por  sei  apareiliier; 

L'en  li  aporte  senz  point  de  delaier  :  - 
Il  vest  l'albèrc,  lace  l'elme  d'acier 
2095    Et  ceint  l'espee  al  pont  d'or  eniaillié  ; 

2071  B  E.  c.  terre  —  2074  B  Et  tant  sui  g.  p.  liez  —  2075  B 
Mander  le  vueil  par  molt  grant  a.  —  2077  ^*  •*"'•  "~  2078  B  1. 
p.  esloignier  —  2080  B  Si  le  porrons  murdrir  et  detrenchier  — 

2081  B  .XVI.  c.  —•  20S2  A  M.  li  V.;  B»  Qui  miex  v.  —  2084 
B  nen  set  —  2088  B  la  leçon  +  Iluec  mangierent  por  lou  cors 
aesier  —  2089  Leçon  de  C;  A  Apres  mengier  font  les  napes 
drecier;  B  Quant  franceis  durent  de  la  table  drecier  —  2090  A 
Desoz  les  arbres  prenent  a  someillier  ;  B  Molt  durement  pensent 
(fî»  pristrent)  a  someillier  Q.ue  molt  estoient  pêne   et  trauaillie  — 

2091  B*  Voit  les  g.;  -Bsi  le.  p.  g.  p.  Dormir  les  lest  souz  .1.  arbre 
foillie  De  lune  part  sest  li  quens  apoiez  —  2094  B  lelme  doblier 
—  2093  B  Et  ceint  joieuse  a  son  tianc  senestrier 


96  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

L'en  li  ameine  Alion  son  destrier: 

Li  cuens  i  monte  par  son  senestre  estrier; 

A  son  col  pent  un  escu  de  quartier, 

Prent  en  son  poing  un  fort  trenchant  espié, 

2100    A  quinze  clos  le  gonfanon  fichié; 

O  lui  n'en  meine  mais  que  dous  chevaliers 
Sor  la  rivière  se  vont  esbaneier. 
A  tant  es  vos  le  duc  Richart  le  vieil, 
Qui  tôt  le  jor  l'aveit  fait  espiier, 

2io5    O  lui  bien  quinze  de  hardiz  chevaliers. 
Veit  le  Guillelmes,  molt  en  fu  esmaiez. 


LU 

Li  cuens  Guillelmes  chevaïche  lez  un  mont; 
A  tant  es  vos  le  duc  Richart  le  ros, 
Ensemble  o  lui  ot  quinze  compaignons. 

21 10    Veit  le  Guillelmes,  molt  Ten  prist  grant  freor; 
Il  en  apele  ansdous  ses  compaignons, 
Tôt  queiement  les  a  mis  a  raison  : 
«  Baron,  »  dist  il,  «  dites  quel  le  ferons. 
Ici  nos  vient  li  dus  Richarz  li  ros, 

2 1 1 5    Et  il  me  hei  de  molt  grant  reençon  : 
Son  fill  ocis,  que  por  veir  le  set  on  ; 


2096  B  son  auferrant  corsier  —  2097  B  manque  —  2099  A  .1. 
roit;  B  le  fort  —  2100  -4  lacie  —  2101  A  ne  meine  fors  que;  B* 
seul  que  —  2102  B  Les  1.  r.—  2io3  B  \.  d.  r.  ou  vient  —  2104  ^" 
Qui  tôt  le  jor  —  2io5  B  Aueques  lui  ot  .xvi.h.  •—  2io6J5  sien  f.  e. 
—  2107  -Bcheualcha  a  estros  —  2109  Leçon  de  C;  A^E\  o  lui  .xv.  ; 
A^O  lui  .XV.;  .4  de  hardiz  poigneors;B'  Auuec  lui  ot  bien  .xvi.  c; 
B*  Auueques  lui  01  .xvi.  c,  —  2 no  B'  Voit  les  g.  si  en  p.  g.  fri- 
con;  B»  manque  —  211 1  J5'  manque  —  21 12  J5  Tôt  maintenant  — 
2 1 1 3  il»  manque  —  2 1 1 5  Leçon  de  C  ;  A  plus  que  home  del  mont; 
B  II  me  hait  ja  dune  grant  traison  Q.uil  firent  ja  looys  mon  sei- 
gnor  —  21 16  5^  que  de  fi  ;  B^  que  de  voir 


Ll  CORONEMENZ  LOOIS  97 

Mais  neporquant  acordé  estions, 

La  pais  fu  faite  enz  el  mostier  de  Tors.  » 

Et  cil  respondent  :  «  De  quei  le  dotez  vos? 
2120    Mais  chevalchiez  et  poignez  tresqu^al  pont, 

Sil  saluez  par  bien  et  par  amors; 

S'il  vos  defent  de  riens  vostre  raison, 

Si  vos  tenez  a  l'escu  a  lion, 

Ne  vos  faldrons  por  tôt  l'or  de  cest  mont.  » 
2125    Respont  Guillelmes  :  «  Vostre  merci,  baron.  » 


LUI 


Li  cuens  Guillelmes  vint  al  pont  tôt  premiers, 

Ou  veit  le  duc  sel  prent  a  araisnier: 

«  Dus,  »  dist  li  cuens, a  Deus  te  guart  d'encombrier  ! 

Me  convient  il  de  riens  de  vos  guaitier  ? 
2 1 3o    Ja  somes  nos  acordé  et  paie  : 

La  pais  fu  faite  a  Tors,  enz  el  mostier; 

La  nos  baisâmes,  veiant  maint  chevalier. 

—  Veir,  M  dist  Richarz,  «  bien  savez  préeschier  ; 

Tu  me  tolis  le  meillor  eritier 
2 1 3  5    Qui  onques  fu  por  terre  justicier  ; 

Mais,  par  Tapostre  que  requièrent  palmier, 

Ainz  que  l^en  partes  seras  molt  corociez: 

Ne  Deus  ne  om  ne  t'en  porreit  aidier 

2117  C  M.  n.  a.  nous  en  son  —  21 18  B'  en  un  m.;  B  a 
tors —  2120  B  jusqua  lour  —  2123  B  Corez  li  seure  a  guise 
de  baron  Aiderons  vos  par  bone  entencion  —  2124  B  por  rien 
qui  soit  el  mont  —  2125  B  v.  m.  seignors  —  2128  il  D.  d. 
guillaumes;  B  d.  vous  g.  de.  —  2129  A  C.  me  il  ;  J5  Conuient 
il  mes  moi  de  vos  riens  (B*  point)  gaitier  —  2i3o  B  par  acort 
apaie  —  2i3i  B*  en  un  m.  —  2i32  /l  v.  .c.  cheualicrs —  21 33 
B  V.  d.  r.  tu  ses  molt  bien  pledier  Mais  ton  sermon  ne  taura 
ja  mestier  —  21 34  B  cheualier  —  2i35  ^  soz  la  chape  dei  ciel  — 

2137  il  s.   si   c.  ;  £  Quant   ge   te   tien  a  plain  sus  le  grauier  — 

21 38  A^  porront;  B  pona 


g8  LI  CORON EMENZ  LOOÏS 

Que  ne  te  face  celé  teste  trcnchier 
2140    Et  toz  les  membres  hors  del  cors  esrachier. 

—  Gloz,  ■  distGuillelmes,  «  Deus  te  doint  encom- 

Ge  ne  te  pris  plus  qu'un  chien  esragié.  »     [brier  ^ 

Alion  broche  des  espérons  d'or  mier 

Et  fiert  Richart  en  l'escu  de  quartier  : 
2145    Desoz  la  bocle  li  a  frait  et  percié, 

Le  blanc  halberc  desrot  et  desmaillié; 

El  flanc  senestre  li  fait  coler  Tacier, 

Que  de  dous  parz  en  fait  le  sanc  raier. 

Li  buens  chevals  s'est  del  fais  deschargiez, 
2 1 5o    Li  esperon  tornerent  vers  le  ciel, 

L^aguz  de  Telme  est  en  terre  fichiez 

Par  si  grant  force  dous  des  laz  en  rompié. 

Sor  lui  s^areste  et  trait  le  brant  d'acier  : 

Mien  escient  ja  en  preïst  le  chief  : 
2 1 5  5    Es  vos  les  quinze,  cui  Deus  doint  encombrier  : 

Sore  corurent  Guillelme  le  guerrier. 

Qui  donc  veïst  sor  toz  le  conte  aidier, 

Al  brant  d'acier  les  riches  cols  paier, 

De  gentil  orne  li  preïst  grant  pitié. 
2160    Si  compaignon  li  sont  venu  aidier. 

Tôt  maintenant  abat  chascuns  le  sien. 

Tant  lor  aida  li  père  dreituriers 
-  Que  dis  en  ont  ocis  et  detrenchiez  ; 


îiSg  B  la  teste  rooignier  —  2 141  A  G.  d.  li  cuens --  2142  B  plus 
quel  chien  e. —  2143  B  des  espérons  des  piez— 2144  B  sus  lescu— 
2143  J3  et  brisie;  A  li  fait  fendre  et  percier  ;  leçon  de  C  —  2  146  leçon 
de  C  ;  B  Le  bon  h.  rompu  et  d.  ;  ^  desrompre  et  desmaillier  —  2147 
B  entrer  lacier  —  2 1 5o  leçon  de  C,  B  en  volent  ;  A  manque  --  2 1 5 1 
A  Li  coinz  d.  he.—  2ibz  B  que  .11.  laz  en  rompie  —  2i55  B  .xvr. 
--2i56  B  Sus  lui  trouuerent  g.  1.  g.  Seure  li  queurent  ne  lèvent 
{B^  voldrent)  espargnier  11  se  defent  a  loi  de  cheualier  —  21 58  X 
Al  brant  forbi;  B  ferir  et  chaploier  —  2159  B'  Del  gentil  conte  — 
2160  Zi  li  s.  alez  a.  —  2  161  B'  Tost  fist  chescun  jus  le  sien  trebu- 
chier 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  99 

Li  cinc  s'en  fuient  et  navré  et  plaie. 
21 65    Li  cuens  Guillelmes  les  suit  al  dos  derrier, 
Si  lor  a  dit  un  vilain  reprovier. 


LIV 


Li  cinc  s''en  vont  fuiant  par  mi  un  tertre. 

Li  cuens  Guillelmes  les  enchalce  et  empresse  ; 

A  vois  escrie  une  ramposne  bêle  : 
2170    «  Seignor  baron,  por  Deu  le  rei  celestre, 

Cornent  sera  la  grant  honte  soferte? 

Vo  dreit  seignor  en  menromes  en  destre. 

Deus  !  quel  barnage,  se  rescos  poeit  estre  !  r> 

Et  cil  respondent:  «  Por  Deu, merci, Guillelmes! 
2175    Frans  chevaliers,  bien  deûssiez  reis  estre, 

O  amiralz  d'une  grant  riche  terre. 

Si  m^aït  Deus,  bien  nos  poez  conquerre; 

Sor  noz  arçons  nos  gisent  no  boele, 

Li  plus  alegre  n'a  soing  d'aler  en  destre.  » 
2180    Ot  le  Guillelmes,  si  a  tome  sa  resne. 


LV 


Quant  veit  Guillelmes  qu'il  ont  merci  preié. 
N'en  tochast  un  por  l'or  de  Montpelier. 


2164  Leçon  de  C ;  A  que  n.  que  p.  ;  B  Li  .v.  {B^  .vi.)  sen  vont  — 
2167  B  Li  .VI.  barons  sen  fuient  par  un  tertre  —  2168  B*  Li  ber  g.; 
A  les  e.  grant  erre  —  2169  Leçon  de  C;  A  II  lor  a  dit;  B  une 
parole  lede  —  2 171  B  si  g.  h.  s.  —  2172  B»  et  C  en  menrons  nos 
en  d.  —  2174  B  p.  d.  sire  g.  —  2175  B  vos  d.  r.  e.  —  2176  B« 
amirant  —  2 1 78  Leçon  de  C  et  B* ;  B^  Sus  les  a;  A  en  g.  n.  b.  — 
2179  B  L.  p.  hetie  na  s.  damer  pucele  —  2180  Leçon  de  C  et  B»; 
B»  sa  retorne;  A  sa  genchie—  2181  B  crie—  2182  ^  por  les  mem- 
bres trenchier 


100  LI  CORONEMENZ  LOOlS 

Isnelement  est  retornez  arrier. 

Le  duc  Richart  i  ont  pris  et  leié. 
2 1 85    Tôt  altresi  corne  cofre  en  somier 

L'en  ont  mené  sor  un  corant  destrier. 

De  ci  a  l'ost  ne  voldrent  atargier. 

Quant  il  i  vindrent  si  furent  esveillié  : 

€  Oncles  Guillelmes,  »  dist  Bertrans  li  guerriers, 
2190    «  De  vostre  brant  vei  sanglent  tôt  l'acier, 

Et  vostre  escuz  n'est  mie  tôt  entiers  : 

Alcun  malice  avez  vos  comencié.  » 

Respont  Guillelmes  :  «  Merci,  por  Deu,  belsniés! 

Quant  me  parti  de  ci  por  chevalchier, 
2195    Ge  vos  vi  molt  pené  et  travailliez 

Si  vos  laissai  dormir  et  someillier, 

One  avuec  mei  n'oi  que  dous  chevaliers. 

J'ai  encontre  le  duc  Richart  le  vieil, 

Qui  tote  jor  m'i  aveit  espiié  ; 
2200    O  lui  quinzaine  de  hardiz  chevaliers. 

La  mort  son  fiU  me  mist  en  reprovier 

Et  si  me  volt  toz  les  membres  trenchier. 

Tant  nos  aida  li  père  dreituriers 

Dis  en  avons  ocis  et  detrenchiez, 
22o5    Et  cinc  s'en  fuient  et  navré  et  plaie. 


21 83  A  ta  leçon  +  As  .x.  ont  tost  les  armes  despoiHe;  B  A  ses 
barons  quil  auoit  la  lessiez  En  la  bataille  ou  li  dus  r.  iert  —  2184 
B  La  Ion  sesi  et  lont  pris  et  loie  —  2i85  -B  Si  lont  trosse  corne 
(B'  c.  un)  cofre  a  deniers  —  2186  B  Et  lont  monte  —  2188  B 
Quant  il  i  furent;  B^  moult  par  en  furent  liez  (B»  si  en  sont  for- 
ment lie)  —  2190  J3»  voi  tout  le  poing  moillie;  B^  voi  tout  le  pong 
•ouillie  —  2191  B  manque  —  2192  B  auez  hui  c.  —  2193  A  Voir 
dist  g.  bertrans  bels  sire  nies  —  2194  X  manque  —  2196  Leçon  de 
C;  A  fait  dire  ce  vers  à  Bertrand,  après  le  vers  2792.  Je  vos  voi... 
2196-4  manque  —  2197  B  Si  nen  menai  mais  que  (B»  seul  que) 
.11.  cheualiers  —  2198  B  Deuant  .1.  val  lez  un  pont  depecie  La  en- 
contrames  — 2200  C  O  lui  .xv*;  B  Lui  .xv\  iert  de  barons  c; 
A  Lui  et  .XV.  altres  —  22o3  B  Quant  —  22o5  B  Les  .vi.  se. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  JOI 

Veez  en  ci  et  armes  et  destriers. 

Le  duc  Richart  en  amenons  leié.  » 

Et  dist  Bertrans  :  «  Deus  en  seit  graciiez!  » 


LVI 


€  Oncles  Guillelmes,  »  ce  dist  Bertrans  li  ber, 
22  lo    «  Le  semblant  faites  plus  ne  volez  durer. 

—  Niés,  »  dist  Guillelmes,  a  merci  le  vueil  rover, 

Quar  en  grant  peine  vueil  ma  jovente  user, 

Ainz  que  cist  reis  n'ait  ses  granz  eritez.  » 

Lors  s'apareillent  et  pensent  de  Terrer. 
221 5    Tant  ont  par  force  espleitié  et  erré 

Qu'il  sont  venu  çi  Orliens  la  cité. 

La  a  Guillelmes  rei  Looïs  trové. 

Come  prison  li  a  Richart  livré, 

Et  il  le  fait  en  sa  chartre  geter. 
22  20    Puis  i  fu  tant,  si  com  j'oï  conter, 

Que  il  fu  morz  de  dueil  et  de  laslé. 

Or  se  cuida  Guillelmes  reposer, 

Vivre  de  bois  et  en  rivière  aler  ; 

Mais  ce  n'iert  ja  tant  com  puisse  durer. 
2225    Es  dous  messages  poignant  tôt  abriyez  ; 

De  Rome  vienent,  chevals  ont  tôt  lassez 

Et  recreiiz,  confonduz  et  matez. 

Tant  ont  le  rei  et  quis  et  demandé 


2ao6  B  Vez  en  ici  —  2207  A'  amenon  très  loie;  B  en  ameinent 
foie  —  2208  B  Respont  b.  —  2210  B  ne  vueillez  plus  doner  — 
2211  A  proier  —  2212  B  juenesse  —  22i3  B X.  q.  no  rois—  2214 
B"  L.  sa.  erraument  de  le.;  B*  L.  sa  vistement  de  le.  —  22i5  B 
Tant  ont  a  force  soir  et  main  chemine  —  2217  B  le  roi  loeys 
troue  —  2218  B  mené  —  221g  B*  fist  —  2221  iB'  Quil  i  f.  m.  ; 
B*  Q.ue  il  mourut  —  2225  B  Que  .11.  m.  —  2226  A  Par  deuers  r.; 
B  D.  r.  V.  la  mirable  cite  Puis  que  partirent  du  lieu  et  du  règne  Ont 
.VI.  cheuals  recreuz«t  tuez  —  2227  B  T.  o.  les  mesenquis 


102  I.I  CORONEMENZ  LOOIS 

Qu'il  ont  Guillelme  et  Loois  trové. 

223o   Al  pié  H  vont  por  la  merci  crier  : 

«  Merci,  franscuens,  por  Deu  de  magesté 
De  la  pucele  vos  a  petit  membre 
Gui  vos  avez  voz  convenz  afiez. 
Morz  est  Guaifiers  de  Police  li  ber; 

2235    Assez  la  quierent  conte,  demaine  et  per, 
Altre  que  vos  ne  vuelt  s'amor  doner. 
Por  altre  essoigne  somes  meû  assez  : 
Morz  est  Galafrcs,  li  gentilz  amirez, 
Que  vos  feïstes  baptisier  et  lever, 

2240    Et  Papostoiles  est  a  sa  fin  alez. 

Gui  d'Alemagne  a  ses  oz  assemblez  ; 
Pris  a  de  Rome  les  maistres  fermetez. 
Toz  li  pais  est  a  dolor  tornez, 
Gentilz  om  sire,  se  vos  nel  secorez.  » 

2245    Ot  le  Guillelmes,  s'est  vers  terre  clinez, 
Et  Loois  comença  a  plorer. 
Veit  le  Guillelmes,  le  sens  cuide  desver  : 
«  Hé!  povres  reis,  lasches  et  assotez, 
Ge  te  cuideie  maintenir  et  tenser 

2  25o    Envers  toz  cels  de  la  crestienté, 

Mais  toz  li  monz  t'a  si  cueilli  en  hé 
En  ton  service  vueil  ma  jovente  user 
Ainz  que  tu  n'aies  totes  tes  volentez. 


2229  5Quil  o.  le  conte  —  zzSi  B^  M.  bels  sire;  B'  M.  font  il  — 
2.i33  B  A  cui  auez  —  2234  A^  M.  e.  rois  otes  (otes,  exponctué,  est 
remplacé  par  gaifiers  écrit  en  marge)  ;  B  dypolite  1.  b.  Ni  a  plus 
doir  que  la  bêle  al  vis  cler  A  lui  en  est  remese  lirele  (5»  remes 
tout  ierite)  —  2235  B  Molt  la  demandent;  A  c.  et  dus  et  p. —  2237 
Leçon  de  C  ;  A  \  sui  venuz  a.;  B  manque  —  2238  A  li  riches;  B' 
"galliers;  B'  gaifier—  2242  A  Si  près  de  r.  —  2245  B  enclinez  — 
2246  B  A  1.  c.  a  parler  Treslot  ainsi  corn  ja  oir  porrez  —  2247  B 
manque  —  2248  B  Rois  dist  li  cuens  por  deu  de  majesté  —  225o  B 
Vers  toz  les  homes  —  225 1  B  si  ta.  —  2262  B  jeunesse  —  2233  B 
Ancois  que  naies  tôt  ton  règne  a  garder 


LI  eORONEMENZ  LOOÏS  Jo3^ 

Faites  voz  ornes  et  voz  barons  mander, 

2255    Et  tuit  i  viegnent  li  povre  bacheler, 
A  clos  chevals,  a  destriers  desferrez, 
A  guarnemenz  desroz  et  despanez; 
Tuit  cil  qui  servent  as  povres  seignorez 
Viegnent  a  mei  :  ge  lor  dorrai  assez, 

2260    Or  et  argent  et  deniers  moneez, 

Destriers  d'Espaigne  et  granz  muls  sejornez, 

Que  j'amenai  de  Rome  la  cité, 

Et  en  Espaigne  en  ai  tant  conquesté 

Que  ge  ne  sai  ou  le  disme  poser. 

2265   Ja  nuls  frans  om  ne  m'en  tendra  aver, 

Que  toz  nés  doinse  et  ancor  plus  assez.  » 
Respont  li  reis  :  «  Deus  vos  en  sache  gré!  » 
Il  font  lor  Chartres  et  lor  briés  seeler, 
Et  lor  sergenz  et  lor  guarçons  errer. 

2270    Ainceis  que  fussent  li  quinze  jor  passé, 
En  i  ot  tant  venuz  et  assemblez, 
Cinquante  mile  les  peûst  Fen  esmer, 
Que  buens  sergenz,  que  chevaliers  armez. 
De  cels  a  pié  ne  laissent  nul  aler, 

2275    Por  le  secors  angoissier  et  haster. 
De  lor  jornees  ne  vos  sai  deviser  : 
Montgeu  trespassent  qui  molt  les  a  penez, 
De  ci  a  Rome  ne  se  sont  aresté. 
Mais  en  la  porte  ne  porent  il  entrer, 

2280    Quar  l'Alemans  les  a  molt  destorbez. 
Reis  Looïs  i  fist  tendre  son  tref, 


ii54  B  Or  toi  bels  sire  ni  a  que  dcmorer  +  la  leçon  —  2235  B  la 
leçon  +  Qui  mestier  ont  de  auoir  (B^  bien  dauoir)  conquester  — 
aa56  et  2257  B  As  c.  c.  as  drapiaus  d.  —  2261  B*  ei  mules 
afeutres;  B»  et  mulets  sejornez  —  2264  B  ou  je  les  doi  poser  — 
2266  B  Qui  tout  ne  d.  —  2267  B»  Et  dist  li  rois;  B*  Li  rois  li  dist 
—  2269  B  la  leçon  +  Par  rai  la  terre  quil  orent  a  garder  —  2271 
B  manque —  2272  B  L™.  en  peust  —  2276  B  aconter—  2277  A 
lassez  —  2280  B  dcstornez  —  2281  B  Li  rois  1.  i.  f.  t.  ses  très 


104  ^ï  CORONEMENZ  LOOÏS 

Et  ses  alcubes  et  ses  brahanz  lever; 
Fait  les  cuisines  et  les  feus  alumer. 
Li  cuens  Guillelmes  a  les  foriers  menez 
2285    Par  mi  la  terre  por  le  païs  guaster  ; 
Et  font  la  terre  et  le  pais  rober, 
Dont  cil  de  l'ost  sont  riche  et  assasé. 


LVII 

Li  cuens  Guillelmes  a  conduit  les  foriers. 
Gui  d'Alemaigne  se  leva  sor  ses  piez  ; 

2290    Un  per  de  Rome  en  aveit  araisnié  : 

tt  Hé!  gentilz  sire,  faites  pais,  si  m'oiez. 
Prenez  les  armes  tresqu^a  mil  chevalier 
Ainz  que  il  aient  les  paveillons  dreciez, 
Ses  escriez  molt  bien  el  premier  chief  ; 

2295    S'avez  besoing  ge  vos  irai  aidier.  » 

Et  cil  respont  :  «  Bien  fait  a  otreier.  » 
Isnelement  se  vont  apareillier; 
Les  halbers  vestent,  s'ont  les  helmes  laciez, 
Ceignent  espees  et  montent  es  destriers  ; 

23oo    A  lorcol  pendent  les  escuz  de  quartier 

Et  en  lor  poing  les  reiz  trenchanz  espiez. 
Par  mi  la  porte  s'en  issent  eslaissié. 
Une  broïne  comence  a  espessier, 
Qu'on  ne  poeit  veeir  ne  chevalchier  ; 


2  283  B  ses  c.  et  ses  f.  a.  —  2284  B  sus  t.  m.  — •  2285  B  Par  le 
pais  por  la  terre  g.  —  2286  B  Et  font  les  proies  et  le  charroi  mener 
Et  bues  et  vaches  a  motons  por  saler  —  2287  B  sont  tuit  bien  ras- 
saze  —  2288  B  ses  f.  —  2289  ^  ^^  ^st  leuez  en  piez  —  2290  A  Son 
per;  B*  Le  père  —  2292  B  Preignent  lor  a  —  2293  B  lor  p.  d.  — 
2294  B  premier  cl  p.  c.  —  2296  B  E.  c.  respondent  bels  sire  vo- 
leniiers  —  2299  jB*  Espees  ceignent  puis;  iJ»  C.  e.  si  —  23oo  A 
A.  1.  cops  —  23oi  B  En  lor  poing  prennent  —  23o4  A  vcoir  ne 
charoier 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  I05 

23o5    Onques  Franceis  ne  s'i  sorent  guaitier. 

Tant  que  Romain  se  sont  es  très  fichiez  : 

Chevals  en  meinent,  s'ocient  escuiers, 

De  la  cuisine  en  portent  le  mangier, 

Et  si  ocient  le  maistre  despensier. 
23 10    Et  Looïs  s'en  vait  fuiant  a  pié; 

De  tref  en  tref  se  vait  par  tôt  mucier  ; 

A  sa  vois  crie  :  «  Bertrans,  Guillelme,  ou  iés? 

Fill  a  barons,  quar  me  venez  aidier. 

Se  Deus  m'ait,  or  en  ai  grant  mestier.  » 
23 1 5    Li  ber  Guillelmes  ra  conduit  les  foriers. 

Premiers  parla  li  cuens  Bertrans  ses  niés  : 

et  Oncles  Guillelmes,  pensez  de  l'espleitier. 

En  cest  ost  oi  molt  durement  huchier; 

Se  Deus  m'ait,  d'aide  ont  grant  mestier.  » 
2320    Respont  Guillelmes  :  «  Nos  estuet  chevalchier 

Par  devers  Rome,  les  forz  elmes  laciez; 

Ses  poons  clore  defors  et  engeignier, 

Et  cil  de  l'ost  refussent  halbergié, 

Molt  grant  eschiec  i  puet  l'en  guaaignier; 
2325    Ne  fust  si  granz  depuis  la  mort  Guaifier.  » 

Par  devers  Rome  pensent  de  chevalchier  ; 

Et  la  broïne  prent  fort  a  espessier; 

Onques  Romain  ne  s'i  sorent  guaitier 

Tant  que  Guillelmes  comença  a  huchier  : 
233o    «  Mon  joie!  »  escrie,  «  ferez  i,  chevalier!  » 

23o6  B»  o  eus  fichie  ;  B'  sus  eus  f.;  B  ajoute  La  veissiez  un  aba- 
teis  fier  Costes  et  bras  et  testes  pecoier  Es  très  comencent  forment 
a  chaploier  —  aSo?  B  sergenz  et  e.  -—  23og  B  Et  si  ocisirent  I. 
m.  cuisinier—  23ii  fi'  com  autre  sodoier;  B^  aussin  cun  sou- 
doicr;  B  D.  tr.  en  autre  —  23 1 2  B  A  vois  escrie  —  2314  fi  Se 
maist  dieus  —  23 1 5  B  Li  cuens  g.  sen  reperoit  arrier  Si  condui- 
soit  aucc  lui  les  fouriers  —  2320  B  Et  dis  g.  nos  estuet  c.  —  232 1 
B'  Par  deuant  r.  ;  B  les  vers  h.  \.  —  2322  A  Ses  poions  fors  clore 
et  c.  —  2323  B  fussent  apareillie  —  2324  B  i  porions  g.  —  2325 
B  la  leçon  -f  Respont  b.  bien  fait  a  otroier  —  2326  A  pense  — 
2327  B  se  print  a  abaissier 


I06  LI  CORONEMEN2  LOOYS 

La  veissiez  un  estor  comencicr, 
Tante  anste  fraindre  et  tant  escu  percier 
Et  tanthalberc  desrompre  et  desmaillier, 
L'un  mort  sor  Taltre  verser  et  tresbuschierl 

2335    Et  cil  de  Tost  se  furent  halbergié. 
Si  les  encloent  et  devant  et  derrier. 
De  cels  de  Rome  ne  voldrent  nul  laissier 
Que  tuit  ne  fussent  ocis  et  detrenchié, 
Et  li  alquant  retenu  et  leié. 

2340    Fuit  s'en  li  sire  ques  ot  a  justicier. 

Li  cuens  Guillelmes  le  suit  tôt  eslaissiez  ; 
Il  li  escrie  :  «  Retorne,  chevaliers, 
O  ja  morras  a  lei  de  paltonier.  » 
Lez  le  costé  li  a  colé  l'acier; 

2345    Tôt  l'embroncha  sor  le  col  del  destrier. 
Traite  a  l'espee,  vait  li  colper  le  chief, 
Quant  il  li  crie  et  manaide  et  pitié  : 
«  Ber,  ne  m'oci,  se  tu  Guillelmes  ie's, 
Mais  pren  mei  vif,  molt  i  puez  guaaignier  : 

235o    Ge  te  dorrai  un  grant  mui  de  deniers.  » 

Li  cuens  Guillelmes  s'est  de  lui  aprochiez, 

Et  cil  li  rent  le  brant  forbi  d'acier. 

A  Loois  Ta  rendu  prisonier, 

Puis  s'en  retorne  arrière  a  ses  foriers. 

2355    Gui  d'Alemaigne^se  leva  sor  ses  piez, 

2336  B^  Si  1.  escrient  —  2337  B  Des  .m.  de  r.  ne.  v.  un  1.  — 
2338  B  Que  toz  nés  face  ocire  et  detrenchier  —  2340  A  lez  .1. 
mont  eslaissiez  ;  B  qui  les  deuoit  guier  —  2341  A  manque  —  2342 
B  A  vois  e.  reiornez  c.  —  2343  B'  O.  j.  m.  en  fuiant  com  ber- 
gier  ;  B*  O.  j.  morrez  en  tuiant  com  lasnier  —  2344  B  De 
lance  forte  planée  de  pomier  +  la  leçon  ;  A  Lez  le  halberc—  2345 
B»  T.  1.  courba  —  2346  A  Vet  li  c.  1.  c;  B  Volt  li  tolirl.  c.  — 
2347  A  Q.  il  li  prie  —  2348  B'  se  lu  quens  g.  ies  —  2349  B'  M^ 
p.  mon  vis  m.  i,  puet  g  ;  B^  bien  i  p.  g.  —  235o  B'  un  mui  de 
bon  d.—  2  35  I  B  sest  vers  lui  a—  2332  A  Li  dus  li  tent  son  riche 
brant  dacier— 2353  A  le  rendent  —  2353  B  G.  da.  fu  en  rome  li 
sers  Si  se  leua  en  estant  sus  ses  piez 


L»  CORONEMENZ  LOOÏS  iOJ 

Dist  a  ses  omes  :  «  Faites  pais,  si  m'oiez  : 
Mort  sont  mi  orne,  ocis  et  detrenchié  ; 
Se  par  bataille  ne  me  puis  espleitier 
Tôt  cors  a  cors  encontre  un  chevalier, 
236o    Toz  nostre  esforz  ne  nos  i  a  mestier.  » 


LVIII 

Gui  d'Alemaigne  apela  un  message, 
Sel  fist  monter  sor  un  destrier  d'Arabe. 
A  son  col  pent  une  grant  pel  de  martre, 
Entre  ses  poinz  un  bastonet  en  aste. 

2365    Gui  d'Alemaigne  li  a  dit  un  message  : 
«  Alez  me  tost  a  ces  tentes  de  paile, 
Si  me  direz  Loois  le  fill  Charie 
Qu'a  molt  grant  tort  me  vuelt  guaster  ma  marche, 
N'a  dreit  en  Rome  ne  en  tôt  l'eritage  ; 

2370    Et  s'il  le  vuelt  aveir  par  son  otrage, 

Encontre  mei  l'en  convcndra  combatre, 
O  chevalier  qui  por  son  cors  le  face. 
Et  se  ge  sui  vencuz  en  la  bataille, 
Rome  avra  quite  et  trestot  l'eritage, 

2375    Ne  trouvera  qui  l'en  face  damage; 
Et  se  gel  veine  a  Tespee  qui  taille, 
Mar  i  prendra  vaillant  une  maaille  : 
Voist  s'en  en  France,  a  Paris  o  a  Chartres, 
Laisse  mei  Rome,  que  c'est  mes  eritages.  » 

238o    Et  cil  respont  :  «  Bien  est  dreiz  que  le  face.  » 
A  tant  s'en  tome  par  mi  la  porte  large, 

2358  B  ne  mi  puis  apaier  —  236o  B  ne  nos  aura  mestier  — 
2363  B  une  fort  pel  —  23645*  un  bastonet  desrable  ;  B'  un  bas- 
tonet de  madré—  2366  B  Amis  tait  il  entent  a  mon  langage  Alez 
molt  lost  —  2368  B  vient  de  gaster  mes  marches  —  2373  A  man- 
que— 2376  B  Et  sel  conquier  —  2377  A'  Mar  i  perdra;  A''  Mar  i 
perdrai  qui  vaille;  B'  iMes  ni  p.  —  2379  ^  ^  "^°'  '^^^  rome 


I08  LI  CORON EMENZ  LOOÏS 

De  ci  as  très  de  riens  ne  s'i  atarge. 

Il  descendi  lez  la  tente  de  paile, 

Si  s^en  entra  el  tref  qui  esteit  larges  ; 

2385    Ilucc  trova  Looïs  le  fill  Charle. 
11  Tapela  veiant  tôt  le  barnage  : 
«  Dreiz  emperere,  entendez  mon  language; 
Ne  vos  salu,  n'est  pas  dreit  que  le  face. 
Gui  d'Alemaigne  m'enveie  por  message; 

2390    Par  mei  vos  mande,  ne  sai  que  vos  celasse, 
N'as  dreit  en  Rome  ne  en  tôt  Teritage. 
Et  se  le  vuels  aveir  par  ton  oltrage 
Encontre  lui  t'en  convient  a  combatre, 
O  chevalier  qui  por  ton  cors  le  face. 

2395    Et  se  il  est  vencuz  en  la  bataille 

Dont  avras  Rome  quite  et  tôt  l'eritage, 
Ne  troveras  qui  t'en  face  damage; 
Et  s'il  te  veint  a  Tespee  qui  taille, 
Mar  i  prendrez  vaillant  une  maaille  : 

2400   Alez  en  France,  a  Paris  o  a  Chartres, 

Laissiez  li  Rome,  que  c'est  ses  eritages.  » 
Ot  le  li  reis,  s'embronche  le  visage, 
Quant  se  redrece,  s'apele  son  barnage  : 
<c  Seignor  baron,  entendez  mon  language  : 

2405    Gui  d'Alemaigne  me  mande  grant  oltrage  ; 
Par  noz  dous  cors  me  mande  la  bataille,  ' 
Et  ge  sui  jovenes  et  de  petit  eage, 


2382  A  al  tref;  B  de  noient  ne  sa.  —  2383  B  lez  la  porte  de  p. 
—  2384  B  Si  sen  lorna  a  la  tente  al  fill  charle.  —  i383  B  le  roi 
et  son  barnage  —  2386  B  Al  roi  parla  oiant  cels  de  la  place  — 
2388  5'  con  le  f.  ;  B»  car  droit  nesl  quon  1.  f.  —  2390  B  Que  a 
grant  tort  as  gastees  ses  marches  Nas  d.  en  r.  nen  point  de  leri- 
tage  —  2393  B  ten  conuenra  —  2396  B  D.  auras  r.  et  tôt  le  sei- 
gnorage  —  2397  B  qui  otrage  ten  face  —  2398  A  vos  —  239g  B 
manque  —  2400  A  Alez  a  chartrc  a  p.  lenorable;  B  Va  ten  en  f. 
a  p.  soz  montmarire  —  2401  B  Si  le  lessiez  estre  en  {B*  dcdenz) 
son  héritage  —  240D  B  grant  otrage 


Ll  C0R0NEMEN2  LOOlS  I  O9 

Si  ne  puis  pas  maintenir  mon  barnage. 
A  il  Franceis  qui  por  mon  cors  le  face  ?  » 

2410    Quant  cil  l'oïrent,  s^embronchent  lor  visage. 
Veit  le  li  reis,  a  poi  que  il  n'esrage; 
Tendrement  plore  desoz  les  pels  de  martre. 
A  tant  es  vos  Guillelme  Fierebrace, 
Qui  les  foriers  a  conduiz  en  la  place. 

241  5    Tôt  armez  entre  en  la  tente  de  paile, 

Et  veit  le  rei  qui  sospire  a  granz  lairmes  : 
Quant  il  le  veit,  a  poi  que  il  n'esrage. 
Lors  li  escrie,  oiant  tôt  le  barnage  : 
«  Hé  !  povres  reis,  li  cors  Deu  mal  te  face  ! 

2420   Por  quei  plorez?  Qui  vos  a  fait  damage?  » 
Et  Looïs  respondi,  que  n'i  targe  : 
«  En  nom  Deu,  sire,  ne  sai  que  vos  celasse  : 
Gui  d'Alemaigne  m'a  mandé  grant  oltrage. 
Par  noz  dous  cors  me  requiert  la  bataille, 

2425    N'i  a  Franceis  qui  por  mon  cors  le  face, 
Et  ge  sui  jovenes  et  de  petit  eage, 
Si  ne  puis  pas  bien  sofrir  tel  barnage. 
—  Reis,  »  dist  Guillelmes,  «  li  cors  Deu  mal  te  face  1 
Por  vostre  amor  en  ai  fait  vint  et  quatre  : 

2430    Guidiez  vos  donc  que  por  ceste  vos  faille? 
Nenil,  por  Deu!  Ge  ferai  la  bataille. 
Tuit  vo  Franceis  ne  valent  pas  maaille.  » 
Ou  veit  le  mes  fièrement  l'en  araisne. 


LIX 

«  Amis,  bels  frère,  »  dist  Guillelmes  li  frans, 

1408  B  porroie  maintenir  la  bataille  -—  2409  Ce  vers  et  les 
18  suivants  manquent  dans  A,  dont  le  copiste  a  été  trompé  par  la 
similitude  des  deux  vers  2408  et  242  j  —  2428  B  a  ladure  corage 
—  2429  B  Ml.  ou  .iiii.  —  2480  A  C.  V.  ore  ;  B*  que  a  c.  v.  f.  — 
2431  B  N.  p.  foi  g.  f.  1.  b.  —  2433  J5  il  li  a  dit  senz  faille 


110  Ll   CORONEMENZ  LOOlS 

2435    a  Va,  si  me  di  a  Guion  rAlemant 

Qu^uns  chevaliers,  qui  son  seignor  defent, 
Vuelt  la  bataille,  molt  en  est  desiranz. 
Ge  vueil  ostages  trestot  a  mon  talent, 
Et  il  les  preigne  trestot  a  son  cornant, 

2440    Cil  qui  veintra,  qu'il  ait  son  convenant.  » 
En  pié  sailli  li  palazins  Bertrans  : 
«  Oncles,  »  dist  il,  «  trop  nos  vait  malement  ; 
Tôt  vos  eschiet,  et  batailles  et  champ. 
Vostre  barnages  met  le  nostre  a  neient. 

2445    Geste  bataille,  sire,  ge  la  demant  : 

Donez  la  mei  par  le  vostre  cornant.  » 
Respont  li  cuens  :  «  Vos  parlez  folement. 
Quant  LoQïs  s^aleit  or  démentant, 
Ainz  n'i  ot  nul  tant  hardi  ne  puissant 

2450    Qui  devant  lui  osast  tendre  son  guant. 
Guidiez  vos  ore  qu'alasse  reculant? 
Ge  nel  fereie  por  l'onor  d'Abilant. 
Messagiers  frère,  di  Guion  l'Alemant 
Armer  se  voist,  et  puis  si  voist  el  champ, 

2455    Li  cuens  Guillelmes  li  sera  al  devant.  » 
Et  cil  s'en  tome  a  espérons  brochant. 
De  ci  a  Rome  ne  fist  arestement. 
Encontre  lui  vint  Gui  li  Alemans  : 
«  Amis  bels  frère,  que  as  trové  as  Frans? 

2438  B  Dist  li  mesages  bels  sire  a  moi  entent  De  la  bataille  dont 
tu  te  vas  vantant  Vueil  ge  auoir  estages  maintenant  —  2489  B  Vous 
les  aiez  (B'  raurez)  aussi  a  vo  talent  —  2440  B  C.  q.  v.  la  bataille 
et  le  champ  Si  aura  tôt  quite  son  conuenant  Et  dist  guillelmes  sen 
aurez  a  talent  —  2441  B  se  dresce  —  2448  B  intervertit  ce  vers  avec 
le  suivant  —  2444  B^  le  mien  meine  a  n.;  JB^  met  le  mien  a  n. 
—  2447  jB  R.  g.  —  244g  jB»  Nen  i  ot  un  tant  preu  ne  tant  vail- 
lant; B*  Nen  i  ot  un  tant  fu  preuz  ne  vaillant  —  2452  B  por  tôt 
lor  dorient  —  2453  B  di  a  ton  alemant  —  2454  B  viegne  el 
champ  Et  bien  li  di  ne  li  va  pas  celant  —  2458  A  vint  guion  la- 
lemant;  B  sen  vint  li  alemant  —  24!)9  B*  quau«z  t.  el  f . ,  fi' 
quauez  t.  errant 


LI  CORON  EMENZ  LOOIS  I  l  I 

2460   —  En  nom  Deu,  sire,  nel  celeiai  neient  : 

Uns  chevaliers  qui  est  de  Fost  des  Frans 

Vuelt  la  bataille  trestot  a  son  talent, 

Ostages  vuelt,  molt  en  est  desiranz, 

Et  tu  en  preignes  alsi  a  ton  talent. 
2465    Cil  qui  veintra,  quMl  ait  tôt  son  créant. 

Guillelme  a  nom,  par  le  mien  escient. 

En  pié  saillist  uns  chevaliers,  Bertrans, 

Il  est  ses  niés,  gel  sai  a  escient, 

De  la  bataille  esteit  molt  desiranz. 
2470   —  Amis  bels  frère,  »  dist  Gui  li  Alemans, 

«  Quant  de  Guillelme  avrai  fine  le  champ, 

S'adonques  vuelt  icil  siens  niés  Bertrans, 

Ja  por  bataille  n'en  ira  en  avant. 

Aportez  mei  mes  plus  chiers  guarnemenz.  » 
247S    Et  cil  respont  :  «  Tôt  a  vostre  comant.  » 

L'en  li  aporte  senz  plus  d'arestement. 

El  dos  li  vestent  son  halberc  jasèrent, 

Roge  est  la  maille  plus  que  n'est  feus  ardenz; 

Et  puis  li  lacent  un  vert  elme  luisant, 
2480    Une  escarbocle  el  nasel  par  devant  ; 

Ceinte  a  l'espee  a  son  senestre  flanc; 

L'^en  li  ameine  le  buen  destrier  corant. 


î46oil  Et  cil  respont  ncn  c.  n.  —  2461  B  qui  son  seignor  de- 
fent  —  2462  B  molt  en  est  desiranz  —  2463  B  ce  dist  il  vraiemeni 

—  2464  B  manque  —  2465  B  quil  ait  son  conuenajit  —  2466  B  la 
leçon  +  Cil  qui  vers  vos  se  doit  combatre  el  champ  Q.uant  ge  es- 
toie  deuant  le  roi  des  franz  —  2467  A  brebant  —  2468  JS'  ge  Iç 
sai  vraiemenl;  B*  Nies  est  g.  qui  ca  venra  briement  —  2469  B^ 
Pour  la  bataille  quil  ala  requérant  —  2470  A^  dit  guion  la.  ;  A^ 
d'il  guion  le  vaillant  ;  B'  ce  dist  guis  la.;  B*  A.  di  moi  ce  li  dist  la. 

—  2472  B  Sadont  i  vient  —  2474  B  Alez  bels  frère  ni  alez  demo- 
rant  A.  m.  mes  armes  maintenant  —  2475  B'  sire  a  v.  talent;  Bt 
lalent  —  247Ô  A  sanz  nul  delaiement  —  2479  B  Et  en  son  chief 
lace  lelme  luisant  —  2480  B  ot.enz  el  nés  deuant  -^  24S2  B  son 
destrier  aulcirant 


112  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Une  altre  espee  pent  a  l'arçon  devant; 

Sor  son  destrier  est  sailliz  maintenant, 
2485    Que  a  estrier  n'a  arçon  ne  si  prent. 

A  son  col  pent  un  fort  escu  pesant, 

Entre  ses  poinz  un  fort  cspié  trenchant, 

A  cinc  clos  d'or  un  gonfanon  i  pent. 

Par  mi  la  porte  s'en  ist  esperonant. 
2490    En  pré  Neiron  s'en  est  venuz  errant. 

Li  cuens  Guillelmes  l'a  choisi  tôt  avant; 

Il  en  apele  Guielin  et  Bertran  : 

«  Mon  anemi  vei  entré  en  cel  champ, 

Se  plus  me  targe  tien  mei  a  recréant. 
2495   Aportez  mei  mes  plus  chiers  guarnemenz.  » 

Et  cil  respont  :  «  Tôt  a  vostre  comant.  » 

L'en  11  aporte  senz  plus  d'arestement. 

A  l'armer  fu  Looïs  li  vaillanz. 

Il  vest  l'alberc,  lace  l'elme  luisant 
25oo   Et  ceint  Joiose  a  son  senestre  flanc, 

Que  li  dona  Charles  li  combatanz. 

L'en  li  ameine  Alion  le  corant, 

Et  il  i  monte  molt  acesmeement. 

A  son  col  pent  un  fort  escu  pesant, 
25o5    Et  en  ses  poinz  un  bon  espié  trenchant, 

A  cinc  clos  d'or  le  gonfanon  pendant. 


2483  B  a  prise  maintenant  Si  la  pendi  a  son  arcon  deuant  — 
2484  B  Et  puis  monta  molt  acesmeement—  2485  B  Questrier  ni 
baille  na  a.  n.  s.  p.  —  2487  A  .1.  roit  ;  B  Frent  en  son  poing  son 
fort  e.  t.  —  2488  ^  le  g.  i  p.;  B*  un  g.  pendant  —  2491  B  la 
veu—  2493  B  Seignor  dist  il  par  le  mien  escient  M.  a.  v.  e.  enz  el 
c.  (B'  voi  venir  cheualchant)  —  2494  B  Se  plus  atarge  t.  m.  por 
r.  —  2496  B  talent  —  2497  A*  sanz  point  da.  ;  B'  sanz  nul  a.  ; 
fi»  sanz  plus  de  parlement  —  2498  fi  A  lui  armer  fu  1.  li  frans 
~  25o3  B  Li  quens  i  m.  ;  fi»  quil  ni  va  detriant  —  2504  fi'  .1.  f. 
e.  luisant;  B'  .1.  f.  e.  grant—  25o5  B^  En  son  poing  porte  .1.  roit 
e.  t.;  B*  manque  —•  25o6  B  i  pent 


LI   CORONEMENZ  LOOÏS  IjJ 

Par  mi  les  loges  s'en  vait  esperonant, 
De  ci  al  tertre  ne  se  vait  arestant. 


LX 


El  tertre  monte  Guillelmes  li  marchis; 
25 10   Gui  d'^lcmaigne  l'en  a  a  raison  mis  : 
(c  Qui  iés  tu,  va,  guarde  n'i  ait  menti, 
Qu'as  en  ton  cuer  si  grant  hardemeni  pris 
Qu'encontre  mei  osas  en  champ  venir? 

—  Veir,  »  dist  Guillelmes,  «  gel  vos  avrai  tost  dit  : 
25 1 5    Ge  dei  combatre  al  brant  d'acier  forbi. 

Par  dreit  est  Rome  al  rei  de  Saint  Denis 
Et  ge  meïsmes  une  bataille  en  fis, 
En  som  cest  tertre,  vers  Corsolt  PArrabi, 
Le  plus  fort  ome  qui  de  mère  fust  vis. 

2520    Si  me  colpa  le  nés  desus  le  vis.  » 

Quant  Gui  l'entent  a  pou  n'esrage  vis, 
N'i  volsist  estre  por  Ponor  de  Paris. 
Ou  veit  Guillelme  si  Pa  a  raison  mis  : 
«  lés  tu  ce,  va,  Guillelmes  li  marchis, 

2525    Cil  de  Narbone,  filz  al  conte  Aimeri? 
Pesons  la  pais  et  seions  buen  ami. 
Et  mei  et  tei  avrons  Rome  a  tenir. 

—  GloZ;»  dist  Guillelmes, «  Deus  te  puist  maleïr! 

2607  B  tentes;  B»  sen  vaii  arrestant;  B*  sen  vet  molt  liement 
—  25o8  Ce  vers  a  été  fondu  par  le  copiste  de  B^  avec  2507-- 
i3io  ^  lauoit  a  r.  m.  —  25 1 1  B'  Qui  es  vassal  garde  ne  me  men- 
tir —  25 12  B  Qui  en  t.  c.  as  tel  h.  p.;  A^  manque  —  ^bi^A  je  le 
vos  aurai  dit  ;  B  la  leçon  +  Jai  nom  g.  fill  le  conte  aimeri  Cil  de 
nerbone  le  preu  et  le  hardi  —  25 1 5  £  Ci  d.  c.  a.  b.  da.  f.  Encontre 
toi  que  voi  ci  aasti  (i?»  aaci)  Par  tel  conuent  com  ja  porras  oir(B»  sera 
oi)—  25  16  A  charle  des.  dénis  Et  après  lui  la  tendra  looys— 25i8 
B  Desus  cel  t.  a  c.  —  25ig  JB»  qui  adonques  f.  v.—  252o  A  Si  li 
copai;  B  manque  —  %b2i  B^  manque  —  2522  B'  pour  tout  lor — 
2523  A  manque  —  2524  JïEscoie  moi—  ib^T  B  manque 


114  Ll  CORONEMENZ  LOOYs 

Por  preechier  ne  vin  ge  pas  ici  ; 

2  53o   Ge  ne  vueil  mie  mon  drtit  seignor  traïr, 
Ge  nel  fereie  por  les  membres  toiir.  » 
Quant  Gui  l'entent  a  pou  n'esrage  vis; 
L'apostre  en  jure  qu'a  Rome  est  beneïz  : 
a  Por  vil  me  tieng  quant  onques  t'en  requis  : 

2  5  35    Or  te  desfi  de  Deu  de  paradis.  » 

Respont  Guillelmes  :  «  Et  ge  tei  altresi.  » 
Il  s'entresloignent  plus  qu'uns  ars  ne  traisist, 
Puis  s'entresguardent  et  se  mostrent  les  vis. 
Les  forz  escuz  tienent  devant  lor  piz; 

2540    Bien  s'apareillent  de  ruistes  cols  ferlr. 
Les  chevals  brochent  des  espérons  forbiz. 
Lances  baissiees  se  sont  molt  test  requis. 
Granz  cols  se  douent  sor  les  escuz  voltiz, 
Dcsoz  les  bocles  les  ont  fraiz  et  malmis. 

2545    Les  blans  halbers  ne  porent  desmentir, 

Les  hanstes  brisent,  qui  nés  porent  sofrir, 
Encontre  mont  en  volent  li  esclis. 
Il  s'entrefierent  et  des  cors  et  des  piz, 
Ensemble  joignent  les  forz  escuz  voltiz, 

25 5o    Et  les  halbers  et  les  chevals  de  pris. 

Sor  les  visages  font  les  helmes  croissir, 

Sanc  et  suor  en  font  aval  venir, 

Que  trestoz  quatre  les  convint  a  cheïr. 

2629  B  ne  venimes  pas  ci  ;  A*  manque  —  253o  A  honir  —  253 1 
B  Ce  que  tu  quiers  saches  le  tu  de  fi  (J3»  ce  saches  bien  de  fi)  Ge 
nen  feroie  por  tôt  lor  que  dieus  fist  —  2532  B  Quant  cil  le.  —  2533 
A  qui  est  bien  b.  —  2536  B  Et  dist  g.  ~  2537  leçon  de  Cet  B;  A 
un  arpent  et  demi  —  2538  A  el  vis  --  2539  B  metent  —  2540  A 
Molt  se  penerent  de  rudes  c.  f.  —  2541  B  Des  (B»  Les)  espérons 
brochierent  par  air  —  2642  B  bien  requis  —  2543  manque,  ainsi 
que  les  3  suivants,  dans  B^  —  2544  J8'  et  croissis  —  2545  B»  Li 
bon  h.  —  2546  B'  Les  lances  b.  ne  porent  plus  tenir  —  2547  B 
Quencontremont  —  2549  B  les  bons  e.  v.  —  255o  B  Et  les  che- 
uals  qui  estoient  de  pris  —  255 1  A  hauberz  —  2553  B  1.  c 
jus  c. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  Il5 


Li  buen  destrier  se  sont  a  terre  pris, 
2555    Et  li  vassal  resont  en  piez  sailli, 

Espees  traites,  les  escuz  avant  mis; 
Ja  mostreront  qu'il  ne  sont  pas  ami. 


LXI 

Li  cuens  Guillelmes  en  est  saîlliz  en  piez, 
Deu  reclama,  le  père  dreiturier  : 

256o    «  Sainte  Marie,  vierge  pulcele,  aidiez  ; 

Ainz  mais  par  ome  ne  perdi  mes  estriers.  » 
Gui  d'Alemaigne  fièrement  respondié  : 
«  Por  Deu,  Guillelmes,  ne  te  valt  un  denier. 
Ge  chaleng  Rome,  et  les  murs  et  le  fié; 

2565    Ja  Loois  n'en  sera  eritiers. 

—  Gloz,  »  dist  Guillelmes, «  Deus  te  doint  encom- 
Que,  par  Tapostre  que  requièrent  palmier,  [brierl 
Ainceis  le  vespre  ne  le  soleil  colchié 
Te  cuit  ge  si  del  cors  apareillier 

2570    Qu'on  te  porreit  d'un  besant  eslegier.  » 
Il  tint  Joiose  dont  li  branz  fu  d'acier  ; 
Ou  veit  Guion  durement  le  requiert, 
Granz  cols  li  done  sor  son  helme  vergié, 
Que  flors  et  pierres  en  a  jus  tresbuchié  ; 

2575    Ne  fust  la  coife  del  blanc  halberc  doblier, 
Après  ce  colp  n'eûst  ja  mais  mestier. 
Desus  la  hanche  est  li  cols  apoiez, 

2554^4  L.  b.  cheual  —  2558  B  est  resailliz  —  2560  B  S.  m. 
mère  dieu  quar  maidiez  —  2562  B  tantost  li  r.  —  2564  B  les  {B^ 
le)  murs  et  le  terrier  —  2566  B  la  leçon  +  Guides  me  tu  (B*  Me 
cuides  tu)  auoir  si  esmaie  Por  ce  que  mas  fait  les  arçons  vuidier 
—  2367  B  Por  cel  a.  —  2568  B  Ainz  quil  soit  vespre  — -  2569  iJ* 
Te  cuide  si  —  2671  B  est  dacier  —  2672  B  vassalmcnt  1.  r.  —  2573 
B  Tel  c.  I.  d.  —  2574  B  en  fist  j.  t.  —  2byb  B'  del  bon  —  2576 
A  A.  le  c.  ;  A*  james  neust  m,  —  2577  B  Desoz  la  bocle  e.  1.  c. 
abessiez 


110  LI  CORONEMENZ  LOOIS 

*Que  del  charnal  li  abat  plus  d'un  pié. 
Toz  remest  nuz  li  os  sor  le  braiçr  : 

25 80    «  Veir,  »  dist  Guillelmes,  «  de  ça  vos  ai  saignié. 
Or  ses  tu  bien  com  trenche  mes  aciers.  » 
Gui  d'Alemaigne  fièrement  respondié  : 
«  Ahi!  Guillelmes,  Deus  te  doint  encombrier  ! 
Me  cuides  tu  por  si  pou  esmaier? 

2585    De  povre  char  se  puet  l'en  trop  chargier  ; 
Mais,  par  la  crois  que  requièrent  palmier, 
Ainceis  le  vespre  ne  le  soleil  colchié, 
Cuit  ge  ma  char  de  la  toe  vengier.  » 
Il  tint  l'espee,  dont  li  branz  fu  d^acier; 

2590    Ou  veit  Guillelme  durement  le  requiert  ; 
Grant  colp  li  done  par  mi  Telme  vergié, 
Que  flors  et  pierres  en  a  jus  tresbuchié  ; 
'  Ne  fust  la  coife  del  blanc  halberc  doblier, 
Cuens  Aimeris  fust  senz  cel  eritier  ; 

2595    Mais  Deus  nel  volt  sofrir  ne  otreier. 
A  celui  colp  a  Gui  pou  guaaignié, 
Emprès  le  poing  li  est  li  branz  froissiez; 
Il  retrait  Taltre,  ne  s'est  mie  atargiez. 
Veit  le  Guillelmes,  si  s'en  rit  volentiers. 

2600    II  tint  Joiose  al  riche  brant  d'acier  ; 
Ou  veit  Guion  durement  le  requiert  ; 
Grant  colp  li  done  sor  son  helme  vergié, 


2578  B  la  moitié  —  258o  B  v.  ai  tochie  —  258 1  B  mes  espicz 
--  2584  A  Cuides  me  tu  —  2585  A  De  penre  c.  ;  leçon  de  C  et  B  — 
2586  J3»  Qui  est  lasus  e.  c;  B^  qui  lasus  est  e.  c.  —  2587  B  Ainz 
quil  soit  V. —  2089  B  II  trait  le.  —  2590  B*  vassalment;  B*  fière- 
ment— 2591  B  sus  son  helme  vergie  {B*  cerclie)  —  2593  B  del 
bon   hauberc  doblier  {B^  maillie)  —  2594  B  neust  point   deriiier 

—  2595  A  B  ne  volt;  B  ajoute  Qui  les  siens  garde  quant  il  en  est 
mestier  —  2596  B»  A  ice  cop;  A  A  tel  cop  na  li  cuens  riens  g.  — 

—  2597  B  Delez  I.  p.  1.  e.  l.  b.  brisie  —  2598  B>  targie  —  2600  B 
al  brun  coutel  dacier  —  2601  J5'  fièrement;  B*  asprement  — 
2602  J3'  lacie;  B>  sus  Ihelme  de  son   chief 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  HJ 

Dcsus  l'cspalle  li  cols  en  descendié  : 
De  ci  el  piz  Ta  fendu  et  trenchié, 

2605    Estort  son  colp,  si  Va  mort  tresbuchié  ; 
Près  fu  del  Teivre,  si  l'a  dedenz  lancié. 
Al  font  l'en  meine  li  fers  dont  fu  chargiez, 
Que  puis  par  orne  ne  fu  il  hors  sachiez. 
Veit  le  Guillelmes,  si  comence  a  huchier  : 

2610    «  Monjoie!  »  escrie,  «  Deus,  sainz  Denis,  aidiez! 
De  cestui  est  reis  Looïs  vengiez.  » 
Sor  Alion  est  montez,  son  destrier, 
Prent  Clinevent,  qu'il  ne  le  voh  laissier  ; 
De  ci  a  l'ost  ne  se  volt  atargier. 

2615    Encontre  vait  li  cuens  Bertrans,  ses  niés, 
Et  Looïs,  balz  et  joianz  et  liez. 
Tant  ont  ploré  Guielins  et  Gualtiers, 
Tel  paor  n'orent  a  nul  jor  desoz  ciel, 
Fors  por  Corsolt  a  cui  se  combatié  : 

2620    «  Oncles  Guillelmes,  estes  sains  et  haitiez? 
—  Oïl,  »  dist  il,  <x  la  merci  Deu  del  ciel  ! 
Bels  niés  Bertrans,  a  celer  ne  vos  quier, 
Ge  vos  doins  or  cest  buen  corant  destrier, 
Por  la  bataille  que  requeïstes  ier.  » 


2603  B'  le  cop  est  si  glacie;  A  a  le  cop  apoie  —  2604  B  Que 
dusquel  piz;  A  De  ci  el  pie  —  260b  B  jus  trebuchie  —  2606  A* 
Près  fu  de  liaue  —  2607  A^  A.  f.  sen  vet;  B  A.  f.  lemporte  1. 
t,  dont  fu  (B»  iert)  c.  —  2608  B  Ne  fu  traiz  ne  sachiez  —  2609  B^  si 
le  prent  a  h.  ;  B»  si  a  pris  a  h.  —  2610  A^  M.  e.  s.  d.  aidiez  ; 
A'  asoiez  —  2612  B  A  cez  paroles  ne  sest  plus  delaiez  +  la  leçon  ; 
B^  par  lestrier  ;  A  Arion  —  26 1 3  B'  Prist  c.  ;  B  quil  ne  volt  pas  1. 
—  2615  B»  Encontre  vint— 2617  /l»  guillelmes  et  g.;  -B  et  guibers 
et  g.—  2618  B»  Car  peor  orent  du  vaillant  cheualier  Que  il  ne 
fust  ou  mors  ou  mehaigniez  Norent  mes  tele  a;  B  n'est  plus 
représenté  que  par  B^  :  le  dernier  feuillet  du  poème  manque 
dans  B»  —  2619  A^  corsoble  ;  A*  le  desloial  le  fier  —  2620  B' 
Tuit  larraisonnent  li  baron  cheualier  Voit  le  bertrans  si  len  a 
arresnie  —  2623  B'  Je  vous  en  doing  cel  auferrant  coursier  —  2624 
B>  q.  demandastes  hier 


n8  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

2625    Respont  Bertrans  :  «  Cent  mcrciz  en  aiez!  » 
En  ccls  de  Rome  n^en  ot  que  esmaier; 
Dist  Tuns  a  laltre  :  «  Mal  somes  engeignié  : 
Nostre  sire  est  ocis  et  detrenchiez; 
Il  nos  convient  trestoz  umeliier  : 

263o    Alons  molt  tost  por  la  merci  preier.  » 

Dist  Tuns  a  l'altre  :  «  Bien  fait  a  otrcicr.  > 
Les  portes  uevrent  senz  point  de  delaier; 
Bel  recoillircnt  lor  seignor  dreiturier. 


LXII 

Par  dedenz  Rome  fu  Guillelmes  li  frans  ; 
2635    Prent  son  seignor  tost  et  isnelement, 

En  la  chaiere  Tassiet  de  maintenant. 

Sel  corona  del  barnage  des  Frans. 

La  lui  Jurèrent  trestuit  le  serement. 

Tels  li  jura  qui  li  tint  bonement, 
2640    Et  tels  alsi  qui  ne  li  tint  neient, 

Com  vos  orrez  ainz  le  soleil  colchant. 


LXIII 

Par  dedenz  Rome  fu  Guillelmes  li  ber, 
S'a  Loois  son  seignor  coroné  : 
De  tôt  l'empire  li  a  fait  seûrté. 


2625  B^  grans  m.  en  a.  —  2626  jB»  ni  ot  q.  e.  —  2627  B*  nous 
s.  e.  —  2628  B'  et  mors  et  d.  —  263o  B'  Alons  au  roi  —  263i  B' 
Dient  li  autre  ce  fait  a  o.;  A  la  leçon  +  A  granz  croiz  dor  qui  molt 
font  a  proisier  A  (A'  Et)  filatieres  et  encens  et  sautier  Encontre 
portent  les  cors  sainz  del  mostier  —  2632  B'  Euurcnt  les  portes 
—  2635  B'  Prist  s.  s.  —  2636  B'  manque  —  2637  B'  au  barnage  — 
2638  B'  le  lige  s.  —  263g  A  manque  —  2640  A  Tels  1.  j.  q,  — 
2641  B'  manque  —  2643  B'  Loeys  a  s.  s.  c.  —  2644  B'  li  ont  f.  s. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  |  Ig 

2645    Lors  s'aparcille  et  pense  de  l'errer. 

Tant  ont  ensemble  erré  et  cheminé 

Qu'il  sont  venu  en  France  le  régné. 

Vait  s'en  li  reis  a  Paris  la  cité, 

Li  cuens  Guillelmes  a  Mosteruel  sor  mer. 
265o    Or  se  cuida  Guillelmes  reposer, 

Déduire  en  bois  et  en  rivière  aler; 

Mais  ce  n'iert  ja  tant  com  puisse  durer, 

Quar  li  Franceis  prirent  a  révéler, 

Li  uns  sor  l'altre  guerreier  et  foler. 
2655    Les  viles  ardent,  le  pais  font  guaster, 

Por  Looïs  ne  se  vuelent  tenser. 

Uns  mes  le  vait  a  Guillelme  conter; 

Ot  le  li  cuens,  le  sens  cuide  desver, 

Bertran  apele  :  «  Sire  niés,  entendez  : 
2660    Por  Tamor  Deu,  quel  conseil  me  donez  ? 

Li  reis  mes  sire  est  toz  deseritez.  » 

Respont  Bertrans  :  «  Quar  le  laissiez  ester. 

Quar  laissons  France,  comandons  l'a  malfé, 

Et  cestui  rei,  qui  tant  est  assotez; 
2665    Ja  ne  tendra  plein  pié  de  Terité.  » 

Respont  Guillelmes  :  «  Tôt  ce  laissiez  ester  : 

En  son  service  vueil  ma  jovente  user.  » 

Il  fait  ses  omes  et  ses  amis  mander. 

Tant  ont  par  force  chevalchié  et  erré 
2670    Qu'il  sont  venu  a  Paris  la  cité. 

La  a  Guillelmes  rei  Looïs  trové. 


2645  B^  Lors  sapareillent  et  pensent  d.  le.  —  2646  5'  Tant  ont 
par  terre  aie  et  c,  —  265o  manque,  ainsi  que  le  suivant,  dans  5'  — 
2056  A^  ne  sen  v.;  B'  ne  se  vuelent  cesser  —  2658  JB*  Oit  le  g. 
1.    s.    cuida   d.  —    2661  B'   L.  r,    nos  s.  —  2662  B^  B.  respont 

—  2063   B'  Comandons  la  a  .  c".  maufe  ;  A  Q.   1.  f.  c.  a  maufe 

—  2664  JB'  Et  ce  fol  roi  qui  ne  vaut  ne  ne  fait  —  2666  iS'  la  le- 
çon 4-  Mal  auez  dit  si  me  puist  dieus  sauuer  Mon  seigneur  vueil  et 
aidicr  et  tcnsser  —  2667  B^  vueil  je  ma  vie  user  -—  2668  B^  Lors 
fct 


J  20  LI  CORONEMENZ  LOOIS 

Dès  or  comencent  granz  guerres  a  mener. 

Quant  veit  Guillelmes,  li  marchis  al  cort  nés, 

Qu'en  celé  terre  ne  porra  demorer, 
2675    Quar  trop  i  a  des  enemis  mortels, 

Il  prent  l'enfant  que  il  ot  a  guarder, 

Si  l'en  porta  a  Loon  la  cité  ; 

A  cels  dedenz  le  fait  molt  bien  guardcr, 

Et  cels  defors  et  ardeir  et  preer  ; 
2680    Dont  s'acuelt  il  as  granz  barres  colper, 

Et  as  halz  murs  percier  et  esfondrer. 

Dedenz  un  an  les  ot  il  si  menez 

Que  quinze  contes  fist  a  la  cort  aler, 

Et  qu'il  lor  fist  tenir  les  eritez 
2685    De  Looïs,  qui  France  ot  a  guarder; 

Et  sa  seror  li  fist  il  esposer. 

En  grant  barnage  fu  Looïs  entrez  : 

Quant  il  fu  riches  Guillelme  n'en  sot  gré. 

2672  B*  commencent;  A  la  guerre  a  mener  —  2673-2688 
Pour  la  fin  du  poème  j'ai  adopté  le  texte  de  A;  voici  de 
suite  les  variantes  de  B^  :  Quant  voit  g.  le  marchis  au  cort 
nez  A  lui  se  claime  des  barons  du  règne  Qui  si  li  gastent 
sa  terre  et  serite  G.  lot  forment  len  a  pesé  Lors  fist  le  roi  er- 
raument  cheminer  Droit  a  laon  len  a  il  fet  aler  A  ceus  de- 
denz a  fet  sur  sainz  jurer  Quil  garderont  lor  seignor  naturel  Et 
il  si  font  volentiers  et  de  gre  Adonc  ni  volt  li  quens  plus  demou- 
rer  Ceus  qui  guerroient  commence  a  trebouler  Leur  viles  proie 
leur  terres  fait  gaster  Tant  les  a  fet  par  force  démener  Et  leur 
haus  murs  pecoier  et  quasser  Dedenz  .1.  an  les  a  il  liex  menez 
Que  .XV.  contes  a  fet  au  roy  aler  Du  roi  leur  fist  tenir  leur  héritez 
Molt  bien  serui  le  roy  li  bachelers  Tant  en  fu  bien  du  roi  et  du 
barne  Que  sa  serour  li  fist  il  espouser  Tous  les  barons  fist  a  lui 
acordcr  En  grant  barnage  fist  loeys  entrer  Ses  riches  terres  li  a 
fet  aquiter  Riche  le  fist  li  vaillanz  bacheler  Mes  ne  len  sot  rois 
loeys  nul  gre  Si  com  orroiz  se  lauez  cscoute 


APPENDICES 


I.  -  TEXTE  DU  MANUSCRIT  D 

Seignor  baron,  plairoit  vos  un  esanple, 
Bone  chançon,  cortoise  et  avenante  ? 
Cant  Deus  prist  primes  nonante  et  .ix.  reaumes, 
Nonante  dus  et  nonnante  duchesmes  (sic), 

5  Lou  premier  roi  que  Deus  tramist  en  France 

Coronés  fut  par  anuntion  d'angles  ; 
Pour  ce  dit  il  toutes  terre  i  apendent, 
Qu'il  i  apent  Bavière  et  Alemaigne, 
Toute  Borgoigne,  Loheraine  et  Tocane, 

10  Poitou,  Gascogne  dec'au  marches  d'Espaigne. 

Seignor  baron,  plairoit  vos  c'on  vos  chant 
Bone  chançon,  cortoise  et  avenant  ? 
C'est  de  Loys,  lou  cortois  et  lou  franc, 
De  saint  G.,  lou  hardi  combatant. 
i5  Vilain  jugleres  ne  cuit  que  ja  s'en  vent 

.1.  mot  en  die,  se  ge  ne  li  comment. 

Rois  qui  de  France  porte  corone  d'or 
Bien  doit  mener  .c".  homes  en  ost, 
Par  mi  les  pors,  en  Espaigne  la  fort. 
20  S'il  en  trove  home  qui  l'an  face  nul  tort, 

Tant  lou  demoine  qu'i  l'ait  ou  pris  ou  mort. 
Que  devent  lui  en  fait  gésir  lou  cors. 
Se  ce  ne  fait,  France  a  perdut  son  los; 
Ce  dit  la  geste  :  «  Coronés  est  a  tort.  » 

25  Quant  la  chapelle  fut  ben[e]ïte  a  Aix, 

Et  li  mostiers  fut  bcncïs  et  fais, 


122  LI  CORONEMENZ  LOOlS 

Tel  plait  i  out  tel  n'i  avra  ja  mais. 
Por  la  justice  la  povre  gent  i  trait  : 
Dont  fist  on  droit,  mais  or  no  fait  on  mais; 
3o  Por  les  loyiers  sont  remeis  maint  bon  plait; 

Par  covoitise  l'ont  li  riche  home  atrait, 
Dont  il  avront  enfer,  lou  tout  punais, 
El  puis  d'anfer  dont  n'iseront  ja  mais. 

Lou  jor  i  out  .xl.  et  .x.  abés, 

35  Et  si  out  bien  .iiii.  rois  coronés. 

Uns  arcevesques  en  est  en  pies  levés  ; 
Bien  fut  vestus  des  armes  Damedé(s), 
Si  faitement  com  messe  dut  chanter; 
Voit  lou  barnaige,  sel  prist  a  apeler  : 

40  «  Châles  mes  sires  a  molt  lou  tens  usé; 

Violz  est  et  frailles  et  chanus  et  barbés, 
Si  ne  puet  mais  ses  garnement  porter, 
Ses  os  conduire,  ne  an  cheval  monter. 
I  lait  .1.  fil  qui  la  voira  doner; 

45  Lo(e)ys  a  nom,  s'il  vit  que  molt  ert  bers.  » 

François  l'entendent,  s{i)  'en  ont  joie  mené, 
Qu'estrange  rois  n'iert  sus  aus  alevés. 
Cant  K.  voit  que  tuit  li  ont  gréé. 
Son  fil  Loys  a  li  bers  apelé  : 

5o  «  Beaus  filz,  »  dist  il,  «  envers  moi  entendes 

Tu  avras,  filz,  mon  realme  a  garder  ; 
Or  te  voil  ge  proier  et  commender 
Que  honor  gardes  sainte  crestienté. 
De  veves  dame  mesdisant  n'achater  {sic), 

55  Ne  orphe  enfent  ne  fai  deseriter, 

Ne  nul  povre  home  ne  faire  en  plait  antrer. 
Se  ce  ne  faites,  ja  mar  la  baillerés.  » 
Looys  l'ot,  lou  sanc  cuide  desver; 
N'alast  avent  por  les  menbres  coper. 

60  K.  lo  voit,  lo  sanc  cuide  desver  : 

«  Biaus  filz  Lo(o)ys,  voi  ici  la  corone, 
Si  la  t'aporte  l'apostoille  de  Rome. 
Paiene  gent  dois  destruire  et  confondre  : 
Se  ce  ne  fais,  France  est  tornce  a  honte. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  i  23 

65  Ce  dist  la  geste,  a  tort  porte(roie)s  corone. 

Looys  Tôt,  ne  volt  .i.  mot  respondre. 
K.  lo  voit,  s'en  eut  au  cuer  grant  honte. 

«  Biaus  filz  Lo(o)ys,  »  ce  dist  K.  H  fiers, 

a  Se  tu  dois,  filz,  prendre  les  faus  lo[i]ers, 
70  Fauses  mesures,  ne  faire  faus  sestiers, 

Ne  vaives  dames  ses  cha(s)tés  retranchier, 

Ne  l'orfe  enfent  dois  faire  pladoier, 

Ne  lou  povre  home  ne  faire  cortoier, 

De  Damedeu,  beaus  filz,  je  vos  dévié, 
75  Lou  glorious,  la  corone  baiilier.  » 

Loys  Tentent,  lou  sanc  cuide  changier  ; 

N'alast  avent  por  les  menbres  tranchier. 

Gant  lo  voit  K.,  a  poi  n'est  enragiés: 

«  Ha!  Deus,  »  dist  K.,  «  com  or  suis  engingniés! 
80  Delés  ma  feme  se  cocha  aversier, 

Ou  malvais  queus,  ou  aucuns  boutilliers, 

Qui  engendra  cest  malvais  iritier. 

Mais,  par  l'apostre  c'on  a  Rome  requiert, 

Je  li  ferai  .11.  des  menbres  tranchier, 
85  An  son  ma  table  li  donrai  a  mengier, 

Mais  non  portant  n'en  aiez  reprochier; 

Sonez  les  cloches,  si  soiez  marlerrier; 

Car  s'il  est  rois  ceu  iert  deus  et  pichiés  ; 

Ja  li  reaumes  n'iert  par  lui  justiciez.   » 
90  Et  d'autre  part  fut  Herneïs  d'Orliens  ; 

En  toutes  cors  n'ot  peior  chevalier, 

Ne  plus  traîtres  por  son  seignor  boisier; 

IncUement  s'est  contre  mont  dreciés, 

Devent  lo  roi  en  vint  ester  en  pies  : 
95  «  Drois  enpereres,  »  dist  Herneïs  d'Orliens, 

«  Si  m'aïst  Deus,  mal  dites  et  pechiés  : 

Mes  sire(s)  est  jones,  n'a  que  .xv.  ans  antiers, 

Ja  seroit  mort  qu'en  feroit  chcvalier{s). 

Mais  la  corone,  se  vos  plaist,  me  baillie's; 


74  Ms.  ne!  vos  deviez  —  73  Ms.  ne  bailliez  —  87  Ms.  Soner 
91  Ms.  paor  —  9g  Ms.  M.  s.  v.  p.  l.  c.  m.  b. 


124  ^'  CORONEMENZ  I.OOIS 

100  D'ui  en  .vu.  ens  li  garderai  molt  bien  ; 

Croisserai  li  ses  terres  et  ses  fiés, 

Puis  li  rendrai  de  grés  et  volantiers.  » 

François  l'otrient  cant  oient  lou  louier. 

Il  fust  jai  rois,  cant  G.  i  vint. 
io5  Li  gentis  cuens  repaire  de  chacier, 

En  sa  compaigne  .iiii^x.  chevaliers 

De  prime  barbe,  de  novel  afaitiés. 

Cors  ont  d'ivoire,  por  lou  soner  ligier. 

Isnellement  sont  descendu  a  pie, 
iio         Desous  .1.  ourme,  devent  Tuis  do  mostier. 

Ses  niés  Bertran  li  corut  a  l'estrier  ; 

Plus  tost  qu'il  pot  li  a  dit  et  nuntié 

Si  com  liglos,  li  traître,  a  boisié. 

Et  distG.  :  «  Dont  venés  vos,  biau  niés? 
11 5         —  Por  Deu,  [biaus]  oncles,  ge  vien  de  cest  mostier. 

Ou  j'ai  oï  maint  tort  et  maint  pichié. 

Herneïs  velt  son  droit  seignor  boisier; 

Sempres  iert  rois,  François  l'ont  otrié  ; 

[Que]  la  corone  li  velt  on  mètre  o  chief.  » 
1 20         Out  lou  G . ,  lou  sanc  cuide  changier  : 

•  Voir,  »  dist  li  cuens,  «  i  lou  conperrachier.  » 

Si  faitement  est  antres  o  moustier, 

Heuses  vesties  et  espérons  chauciés, 

Desront  la  presse  des  barons  chevaliers  ; 
ia5         Trove  Hernaïs,  qui  an  la  chiere  siet, 

Ke  la  corone  li  volt  on  mètre  o  chief. 

Il  passe  avent,  des  poinz  li  a  sachié. 

Par  maltalent  desus  l'autel  l'asiet  ; 

Por  .1.  petit  qu'il  ne  l'a  peçoié. 
j3o         Isnellement  est  restornés  aiers, 

Et  mist  la  main  a  l'espec  d'acier. 

Or  out  en  pens  qu'il  li  copast  lou  chief, 

Cant  li  manbra  do  glorious  do  ciel, 

D'ome  a  o(r)cire  ce  est  molt  grant  pichiés. 
i35  Hauce  lou  poing,  sor  lou  col  li  asiet, 

Desor  lou  marbre  lou  fait  agcnoillier  : 


127  Ms.  iora  s. 


Ll  GORONEMENZ  LOOÏS  125 

«  Glos,  »  dist  G.,  «  lichieres  pautonnîer, 

Por  coi  vels  tu  ton  droit  seignor  boisier  ? 

Ja  es  tu  suens  et  des  mains  et  des  pies, 
1 40         Et  si  te  puet  et  bourre  {sic)  et  engagier. 

Droit  l'an  feras  par  les  iolz  de  mon  chief, 

Ou  se  ce  non,  par  la  vertus  do  ciel, 

De  ceste  espee  qui  me  pent  a  mon  lé 

Je  t'en  fandrai  dec'au  neu  do  braier.  » 
145         Cil  lou  regarde,  si  l'a  molt  resoignié  : 

«  Mercis,  »  dist  il,  «  por  la  vertus  do  chiel! 

Droit  l'an  ferai,  s'i  lou  daigne  baillier.  » 

Et  dist  li  cuens  :  «  Tos  est  aparailliés.  » 

Entre  ses  poinz  li  a  son  guant  ploie, 
1 5o         Droit  li  a  fait,  voient  maint  chevalier  : 

«  Hei!  Looys,  »  dist  G.  li  fiers, 

t  En  ceste  cort  te  velt  on  forjugier  ; 

Mais,  par  l'apostre  c'on  a  Rome  requier[t], 

N'i  a  François  tant  orguillous  et  fier, 
i55  Se  de  riens  née  vos  velt  contraloier, 

C'a  mon  espee  ne  li  cope  lou  chief. 

Ja  serois  rois,  se  Deus  vos  velt  aidier, 

Lou  glorious,  qui  lassus  maint  o  ciel.  » 

Prist  sor  l'autel  la  corone  d'or  mier, 
160         Vint  a  l'anfent,  si  li  a  mis  ou  chief  : 

«  Tenés,  beau  sire,  en  l'onor  Deu  do  ciel, 

Qui  vos  laist  estre  veraies  justicier, 

Et  foi  porter  vos  barons  chevaliers.  » 

B.  li  aies  espérons  chauciés, 
i65         Et  dan  Garin  d'Anseline  li  vielz 

Li  çaint  l'espee,  com  geniis  chevalier. 

A  l'adouber  out  .vu  ".  chevaliers. 

A  la  cort  fut  li  conte  Berangier, 

Huel  de  Nantes,  Landri  li  timoniers, 
170         N.  li  dus  et  li  DenoisOgiers, 

.LX.  conte  qui  molt  font  a  prisier. 

G.  sert  son  seignor  droiturier, 


i38  Ms.  velt  —  141  Àfs.  ferai  —    149  Ms.  grant  ploicr  —  167 
Aïs.  Et  ladouber 


ia6  LI  CORON EMENZ  LOOÏS 

C'o  palais  fut  bien  lou  dut  otrier  : 
«  Bias  filz  Loys,  «  ce  dist  K.  li  tiers, 

175         «  Coronés  estes,  ia  mercis  Deu  do  ciel. 
Bon  greis  en  ait  G.  li  guerriers, 
Il  et  ses  freires  Guibelin  li  prisiés. 
Li  suens  lignages  alo  mien  esaucié. 
Or  te  voil  ge  proier  et  chastoier 

180  C'a  honor  gardes  tes  barons  chevaliers. 

Et  sainte  iglise  panse  de  l'essaucier.  • 
Et  il  respont  :  «  Biau  sire,  volantiers.  » 

«   Béas  [filz]  Loys,  *  ce  dist  K.  li  ber, 
«  Coronés  estes,  la  merci  Damedé. 

i85  Bons  grés  en  ait  G.  au  cor  neis, 

Il  et  ses  freires  Guiber  li  aloses. 
Or  te  voil  ge  proier  et  commander 
Que  sainte  iglise  panses  de  l'onorer.  ■ 
Et  respont  cil  :  0  Si  com  vos  commandés. 

190         —  Et  de  tes  homes  ne  te  chalt  a  blâmer; 
De  lor  talant  les  lai(t)  assés  errer  : 
Par  aus  seras  chier  tenus  et  amés, 
En  toutes  cors  servis  et  honorés.  » 
Et  il  respont  :  a  Si  com  vos  commandés.  » 

195         La  cort  despart,  li  consail  sont  fine. 

Et  chascuns  prince  repaire  an  son  rené. 
Hui  mais  orés  comment  il  ont  fine  ; 
Tos  est  bonis  qui  ne  seit  ou  torner. 

«  Béas  filz  Loys,  »  rois  K.  li  a  dit, 
200         «  Ja  mal  vais  home  ne  laissier  o  païs: 

Tant  lou  demoignes  que  l'aies  mort  ou  pris. 
C'a  mal  guepir  en  fai  lou  cors  venir.  » 
Et  il  respont  :  «  Tout  a  vostre  plaisir.  » 

«  Béas  filz  Loys,  ne  vos  cèlerai  mie, 
2o5  Grant  mas  m'est  pris  ancontre  la  poitrine; 

Ceu  est  la  mort,  n'en  eschaperai  mie. 

178  Ms.  et  1.  m.  e. 


Ll  CORONEMENZ  LOOIS  1^7 

Or  ne  lairai,  baus  filz,  ne  vos  chastie  : 
A  honor  gardes  ta  grant  chevalerie, 
Si  com  j'ai  fait  de  ma  prumiere  vie  ; 
210         Qui  me  menace  je  nou  poi  amer  mie, 

Qui  me  gueroie  bien  sai  qu'il  me  défie  ; 
Se  jou  pou  prendre,  il  n'en  out  garentise, 
Fors  que  de  tant  ou  d'ardoir  ou  d'ocire, 
Lou  cuer  tranchier  par  desos  la  poitrine.  » 

1 1 5  «  Beaus  fils  Loys,  a  celer  ne  vos  quier, 

Ja  au  povre  home  ne  te  chaut  de  tancier; 

Se  il  se  claime,  ne  te  doitesnoier, 

Ansins  lou  dois  maintenir  et  aidier, 

Por  l'amor  Deu,  qui  lassus  maint  o  ciel  ; 
220         Vers  l'orguillox  te  dois  foire  (sic)  si  fiers 

Comme  leupart  que  gent  voille  mangier  ; 

Et  s'il  te  velt  de  riens  contralier. 

Si  mande  en  France  tes  barons  chevaliers, 

Tant  que  tu'n  aies  dec'a  .xxx"». 
225         (La)  Ou  miolx  se  fie  la  lou  fai(t)  assigier, 

Toute  sa  terre  gaster  et  esillier; 

Et  se  to  pues  a  tes  .ii.  poins  baillier, 

Mar  en  avras  manade  ne  pitié, 

Fors  que  de  pandre,  d'ardoir  ou  de  noier; 
23o         Que  se  François  te  voient  antrepiés, 

Diroient  Norment  en  nom  de  reprochier  : 

«  De  tel  seignor  n'avriens  nos  mestier. 

•  Mai  dahait  ait  par  mi  la  crois  do  chief 

«  Qui  avoc  lui  ira  mais  ostoier, 
235         «  Ne  a  sa  cori  ira  por  cortoier! 

«  Do  suen  meïsmes  lou  paierons  nos  bien.  » 

Mais  an  G.,  lou  gentil  chevalier. 

Fil  Aymeri  de  Nerbone  lo  viel, 

Pros  est  aus  armes  et  corageus  et  fier, 
240         Se  il  te  velt  maintenir  et  aidier, 

En  sa  parole  te  pues  tu  bien  fier.  » 

Et  dist  Loys  :  «  Voir  dites,  par  mon  chief.  » 


217  Aïs.  il  t.  d.  ft. 


128  Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 

Tous  les  degrés  en  aval[a]  a  piet, 

Ains  ne  fina  si  en  vint  au  mostier. 
245  La  a  trové  G.  a  vis  fier, 

Ou  proie  Deu,  lou  glorious  do  ciel, 

Qu'i  li  amaint  tel  terre[s]  et  tel  fiés, 

Dont  dolant  soient  Sarrasin  et  paien; 

Es  vos  l'anfent  qui  li  chaï  aus  pies; 
2  5o         Voit  lou  li  cuens,  molt  s'an  est  mervailliés; 

I  li  demande  :  «  Mes  damoixias,  que  quiers? 

—  E  non  Deu,  sire,  manades  et  pitiés. 

Mes  sires  dit  qu'estes  bons  chevaliers, 

Et  pros  as  armes,  et  corageuset  fiers  : 
255         Si  vos  lairai  mes  terres  et  mes  fiés. 

Ses  me(s)  gardés,  gentis  frans  chevaliers, 

Por  l'amor  Deu,  lou  gloriox  do  ciel. 

Tant  que  ge  puisse  errer  et  chevalchier: 

Preu  i  avrés,  par  les  iolx  de  mon  chief.  » 
260         Et  dist  li  cuens  :  «  De  gré  et  volantiers, 

Tant  con  porrai  errer  et  chevalchier.  » 

P{r)ur  ce  li  vait  desor  les  sains  jurer. 

I  li  jurait,  il  i  entendi  bien; 

Et  enbedoui  remontent  o  planchier, 
265  En  une  chanbre,  n'ot  si  belle  sos  ciel, 

Ancortinee  de  brun  pailles  roés. 

K.  i  gist  de  la  mort  angoissiés. 

L'anperere  est  confès  et  commeniez. 

Li  cors  s'estant  devent  aus  o  planchier, 
270         L'ame  s'an  vait,  que  n'i  volt  plus  targier. 

Plorent  i  dames,  pucelles  et  moilliers, 

Et  clerc  et  lai,  sergent  et  chevaliers; 

Sonent  ces  cloches  par  anples  ces  mostiers; 

Tout  de  lor  greit  sonoient  volantiers. 
275  Lou  cors  en  portent,  ne  l'i  volent  laissier, 

En  la  chapelle,  ens  en  mi  lou  mostier. 

Quant  mors  fu  K.  a  la  chenue  teste, 
En  l'en  porta  a  Aix  en  la  chapelle; 

244  Aïs.  An  n  f.  —  2ji  Ms.  P.  so  âmes  — -  276  Ms.  en   ens 
278  Ms.  En  l'enportet  a  aiez  e.  1.  c. 


Ll  CORONEMENZ  LOOIS  I29 

Teil  sépulture  n'avra  mais  rois  en  terre. 
280         II  ne  gist  mie,  ançois  i  siet  a  certes.... 

Sus  ses  genolz,  l'espee  an  son  poin  destre  : 

Ancor  menace  la  pute  gent  averse. 

Son  fil  Loys,  qu'i  laissa  en  grant  presse, 

Se  cil  li  faillent  qui  a  lui  dussent  estre, 
285  En  petit  d'ore  avroit  perdu(e)  sa  terre, 

Gant  lou  retint  et  B.  et  Guillermes. 

Quant  voit  G.  ne  la  pora  durer, 

Fort  lou  demoinent  li  traïtor  prové, 

C'an  nul  termine  no  laissent  sejorner, 
290         N'a  tort,  n'a  droit,  ne  au  bien,  ne  au  mel, 

I  vaist  l'auberc,  si  a  l'iaume  fermé, 

Çainte  a  l'espee  an  senestre  costé, 

A  son  col  pent  .1.  fort  escut  bouclé, 

Et  en  ses  poins  .1.  roi  espiet  quarré, 
295         A  .III.  clos  d'or  lou  confanon  fermé, 

Puis  en  monta  .1.  destier  sejorné, 

Lo[o]ys  porte  a  Loon  la  cité. 

Les  plus  vaillans  a  G.  apelé  : 

«  Seignor,  por  Deu,  envers  moi  entendes  : 
3oo         Por  Deu  vos  pri  cest  enfent  me  gardés. 

Que  ne  l'ocient  li  traïtor  prové  ; 

Je  panseroi  de  la  guerre  mener.  » 

Et  il  respondent  :  «  Si  con  vos  commendés.  » 

Aieres  torne  li  vasas  adurés  ; 
3o5         Sor  son  destier  est  aieres  armés  ; 

Or  encommencent  li  fort  estor  chanpés. 

De  ponz  trenchier,  de  barres  a  coper(t), 

De  maintes  gent  ocire  et  afoler; 

En  pou  de  terme  les  out  il  si  menés 
3 10         Plus  de  .Lx.  en  fist  a  cort  aler. 

Droit  a  Loys,  a  Loon  la  cité(r). 

As  pies  li  vont  por  la  mercis  crier; 

Trestuit  li  font  homage  et  s[eJUrté, 

No  falront  mais  por  nul  ami  charnel. 
3i5         Loys  fut  riche,  n'en  sol  G.  gré. 

3i5  Ms.  :  La  fut  riche  Loys 


|30  Ll   CORONEMENZ  LOOÏS 


II.  -  TEXTE  DU  MANUSCRIT  C 


Vait  s'en  Guill.  au  cort  nés,  li  guerriers,      (xxxvi) 

Il  apela  son  neveu  Vivien, 

Bertran  le  conte  et  le  vassal  Gautier  : 

«  Seignor  baron,  pensés  de  Tesploitier  : 
12  10       A  .11.  sergans  faites  par  l'ost  huchier 

Qu'il  n'aient  cure  de  ceval  espargnier  : 

Qui  pert  ronchi  il  li  rendra  destrier. 

Au  malvais  plait  vel  estre  a  commenchier, 

Car,  par  l'apostle  que  on  requiert  a  pie, 

Tels  se  fait  ore  et  orguelloz  et  fier 

Dont  la  cervele  li  bourra  a  ses  pies.  • 

Dient  Romain  :  «  Com  cis  hom  par  est  fiers  ! 

Ki  li  faura  trop  ara  cuer  lannier. 

Diex  le  defFenge  de  mort  et  d'enconbrier!  » 
1220       De  lor  jornees  ne  vous  sai  anonchier  : 

Desi  a  Tors  ne  valrent  atargier. 

Defors  la  vile  ot  .i.  bruelle  plenier  : 

Illuec  laissa  molt  de  ses  chevaliers. 

Par  molt  grant  sens  li  estuet  esploitier  : 

En  .1111.  lieus  les  a  fait  enbuissier  ; 

Mais  ses  nevels  ne  valt  il  pas  laissier  ; 

Dusc'a  la  porte  ne  fine  de  brochier, 

Isnelement  apele(nt)  le  portier  : 

«  Oevre  la  porte,  Diex  garisse  ton  chief. 
i23o       Jou  vieng  ichi  roi  Loey  aidier  : 

Demain  serra  coronés  au  moustier. 

Si  serra  rois,  car  François  l'ont  jugié.  » 

I.  Les  i2o5  premiers  vers  du  manuscrit  G  sont  donnés  dans  les 
variantes  des  i5oo  premiers  vers  du  texte  critique.  Le  nombre  en 
chiffres  romains  placé  à  droite  du  premier  vers  de  chaque  laisse  est 
celui  delà  laisse  correspondante  du  texte  critique.—  12 13  Ms.  :  ne 
lestre. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  l3l 

Li  portiers  Tôt,  le  sens  quide  cangier, 
Tenrement  pleure  des  biax  iex  de  son  cief, 
Et  dist  souef,  que  il  l'entendent  bien  : 
«  (E)  Loey  sire,  con  povre  recouvrier! 
Jhesus  vous  puist  et  secorre  et  aidier! 
N'en  pues  aler  sans  les  menbres  trenchier! 
Sainte  Marie,  »  dist  li  gentiex  portiers, 

1240       «  Tôt  sont  perdu  li  vallant  chevalier 
Et  li  lignages  Aimeri  le  guerrier, 
Qui  si  soloit  son  bon  seignor  aidier.  » 
Dist  a  Guill.  ;  «  N'i  i  (sic)  métrés  les  pie's. 
Trop  i  a  il  traïtors  renoie's. 
Diex  les  confonde  qui  tôt  a  a  baillier! 
Je  ne  voel  pas  que  plus  les  cherissiés. 
C'est  grans  mervelle  que  terre  vos  soustient; 
Je  volroie  ore  que  fondist  soz  vos  pies, 
Et  Loeys  fust  a  Rains  a  son  fief: 

i2  5o       De  malvais  pule  seroit  li  mons  vengiés.  » 
Ot  le  Guill.,  si  a  croUé  le  chief; 
Dist  a  Bertran  :  0  Ascoute's,  sire  niés. 
De  cest  affaire  n'en  est  cis  gaires  liés. 
Qui  son  corage  li  aroit  acointié(r). 
Il  nos  poroit  avoir  molt  graut  mestier.  » 

0  Amis  biax  frère,  »  dist  Guill.  li  ber,         (xxxvii) 
«  Estroitçment  m'as  ton  mostier  vaé. 
Se  tu  savoies  de  quel  terre  sui  né 
Et  de  quels  gens  et  de  quel  parenté, 
1260       A  tes  essamples,  con  t'ai  oï  conter, 

Le  m'overroies  volentiers  et  de  gré.  »    " 
Li  portiers  l'ot,  si  est  en  pies  levés, 
Le  guichet  oevre  tant  qu'il  Ta  esgafdé; 
Dont  l'en  apele  par  grant  nobilité  : 
«  Hé!  jentiex  hom,  por  Dieu  de  majesté. 
Qui  estes  vos?  Dites  moi  vérités.  » 
Respont  Guill.  :  «  Ja  en  orrés  parler  ; 


1248  Ms.  :  sor  V.  p.  —  1257  Ms.  :  mestier.  —  1263  Ms.  :  les  a 
esgardtfs. 


l32  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Je  suis  Guill.,  li  marcis  au  cort  nés, 
Fiex  Aimeri  de  Nerbone  sor  mer. 
1270       Chi  vieng  secorre  mon  seignor  nature, 

Et  vieng  de  Romme,  molt  ai  mon  cors  pené 

Ne  li  fauroie  por  les  menbres  couper.  » 

Li  portiers  Tôt,  Dieu  en  a  merchié  : 

«  Sire  Guill.,  a  moi  en  entende's  : 

En  ceste  vile  est  ja  .1.  dus  entrés, 

Cil  de  Ruem,  Ricars  li  viex  barbés; 

S'a  .1.  trésor  mervelloz  asamblé. 

Dont  il  a  tant  as  chevaliers  donné. 

As  dus,  as  contes,  as  princes,  as  casés, 

1280       Toz  les  plus  rices  a  envers  lui  tomes, 
Et  tôt  li  ont  et  plevi  et  juré 
De  toute  France  fera  sa  volenté. 
Il  vielt  par  force  .1.  sien  fil  coroner. 
Et  Loey  del  tôt  desireter. 
Grant  mervelle  est  que  il  n'est  mors  jetés, 
Mes  il  est  bien  el  mosiier  enserrés  : 
Ne  garde  l'eure  qu'il  ait  le  cief  coupé. 
Jentiex  hom,  sire,  petit  de  gent  avés 
Por  lor  efiforche  soffrir  ne  endurer.  » 

1290       Et  dist  li  quens  :  «  Nos  en  avrons  assés  ; 
En  .1111.  agais  sont  la  defors  remés 
.M.  chevalier  garni  et  apresté. 
Quant  il  m'orront  mon  maistre  cor  soner 
De  grant  socors  ne  sui  pas  esgarés  ; 
Chi  a  .iic  .  ou  molt  me  puis  fier. 
Sous  les  dras  ont  les  haubers  endosés, 
Et  avoec  als  les  bons  brans  acherés. 
Les  autres  armes  avons  faites  torser. 
Li  escuier  ont  les  escus  bouclés.  » 

i3oo       Dist  li  portiers  :  «  Diex  en  soit  aourés! 
Se  mes  consaus  en  estoit  demandés, 
Toz  li  agais  seroit  ja  désertés 
Et  par  message  coiement  amenés. 
Li  traïtor  sont  chaiens  enserré  : 
Ou  les  querras  quant  chi  les  as  trovés  ? 
Toutes  les  portes  faites  molt  bien  fremer, 
Qu'il  ne  se  peussent  partir  ne  desevrer. 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  I  33 

Il  est  matin,  encore  n'est  leve's  : 
Fiex  a  baron,  ne  vos  asseiirés; 
i3io       Vengier  t'en  pues  ains  que  soient  armé.  » 
OUe  Guill.,  si  a  le  chief  crolle'. 
Bertran  et  Vivien  a  le  quens  apelé  : 
«  Diex  !  quel  conseil  on  puet  en  lui  trouver!  » 

Quant  li  portiers  entendi  la  novele  (xxxvui) 

Que  ch'est  Guill., qui  proeche  governe, 
Fiex  Aimeri  a  la  florie  teste, 
Teil  joie  en  a  toz  li  cuers  li  sautele  : 
«  Hé  !  Diex,  *  dist  il,  «  vrais  glorious  celestre, 
Qui  vous  aidiés  empiriés  ne  puet  estre, 

i320       Ancui  orra  li  dus  Rie.  noveles 

Qui  li  seront  dolerouses  et  pesmes. 

En  son  service  ne  valroie  mie  estre. 

Contre  Guill.  ert  ja  la  porte  ouverte, 

N'i  remanra  ne  bare  ne  posterne.  » 

Isnelement  le  grant  porte  defferme, 

Et  li  portiers  doucement  l'en  apele  : 

«  E!  jentiex  hom,  va  le  venjanche  querre 

Des  traïtors  qui  contre  toi  révèlent. 

—  Voir,  »  dist  li  quens,  «  ensi  doit  il  bien  estre.  » 

i33o       Tout  coiement  .1.  messagier  apele  : 

0  Va  me  la  fors  a  Gautiers  de  Tudele, 
Garin  de  Romme  me  dites  la  novele, 
Qu'encontre  mi  sont  les  portes  ouvertes. 
Qui  velt  avoir  gaaignier  et  conquerre 
Si  viegne  tost,  n'i  ait  noise  ne  fesle.  » 
Vait  s'ent  li  mes,  qui  gaires  n'i  areste, 
Jusc'as  agais  ne  fine  ne  ne  cesse. 
Isnelement  lor  conte  la  novele. 
Quant  cil  l'entendent,  si  montèrent  es  seles, 

1340       Jusc'a  la  porte  n'i  ot  tenue  règne. 
Voi  le  Guill.,  coiement  l'en  apele  : 
•  Tenés  seri  les  destriers  de  Castele.  » 
Dusc'au  marchié  de  noient  ne  s'arestent; 

1 309  Ms.  :  Fuies  baron  -  1 3 1 1  Lise^  :  Ot  le—  1 3 1 2  vers  alexandrin. 


l34  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Chou  quident  cil  qui  furent  as  fenestres 
Chou  fust  des  lor  qui  lor  venist  requerre, 
Des  gens  Rikier  a  la  kenue  teste, 
Mes  il  orront  anqui  autre  novele, 
Qui  lôr  seront  dolerouses  et  pesmes. 

Quant  voitGuill.,  11  marcis  au  vis  fier,        (xxxix) 

i35o       Dedens  la  porte  sont  tôt  11  chevalier, 
Il  en  apele  Bertran  le  bon  guerrier  : 
«  En  vo  conpaigne  prendés  .c.  chevaliers  ; 
A  celé  porte  irés  o  le  portier. 
La  m'en  irés,  jentiex  hom,  por  gaitier, 
Que  il  n'en  isse  serjant  ne  chevaliers, 
Ne  hom  el  mont  tant  com  face  proier.  » 
Et  cil  respont  :  «  Biax  sire,  volentiers.  • 
Li  quens  Guill.  apele  le  portier  : 
«  Amis  biax  frère,  .i.  conseil  vous  requier  : 
Jou  ai  molt  gent,  com  ert  de  l'herbergier  ? 

1 36o       —  Sire,  »  dist  il,  «  molt  en  sui  esmaié, 
Il  n'i  a  croûte,  ne  vaute  ne  celier 
Qui  ne  soit  plaine  d'armes  et  de  destriers. 
Et  par  ces  loges  gisent  cil  chevalier. 
Vostre  est  la  force,  garde's  que  ne  targiés  : 
Isnelement  les  faites  deslogier. 
Et  les  ostex  tolir  et  efForchier  ; 
Qui  se  deffent  batus  soit  et  froissie's. 
D'autre  conseil  ne  vous  sai  conseillier, 

iSjo       Car  liproiers  ne  vauroit  .i.  denier. 

Li  homs  qui  vielt  teil  aise  commenchier 
Doit  plus  fiers  estre  de  sangler  de  ramier. 
Jou  voi  bien  gens  de  bien  faire  haitiés, 
Desoz  les  costes  sont  li  hauberc  doublier, 
Desoz  les  capes  li  branc  forbi  d'achier  : 
Faites  les  toz  de  ces  dras  despoUier, 
L'autre  harnas  faites  mètre  en  lor  cie's. 
Si  gart  cascun  qu'il  ait  l'elrne  lachié 
Et  dale's  lui  tiegne  son  escuier, 

i38o       Cal  grant  besoing  ait  tost  son  recouvrier 
Au  bon  escu  et  au  trenchant  espiel. 
Quant  vous  venés  por  Loey  aidier. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  J  35 

Molt  fièrement  le  doit  on  commenchier, 
Que  on  en  face  les  plus  [fiers]  esmaier. 
—  Voir,  »  dist  Guill.,  «  bien  m'avés  consellié, 
Par  saint  Denis,  et  jou  miex  ne  requier. 
Ne  serés  me's  ne  gaites  ne  huissiers.  » 
Il  li  donna  .i.  auferrant  destrier. 
Molt  le  vit  bel  et  gent  et  ensignie', 
iSgo       Si  l'adouba  a  loy  de  chevalier. 

De  son  service  a  rechut  son  loier. 

Li  bers  Guill.  fu  molt  preus  et  hardis.  (xl) 

Il  en  apele  et  Gerbert  et  Jerin; 

Si  neveu  furent  et  de  sa  seror  fil  : 

«  A  celé  porte  qui  oevre  vers  Paris, 

La  m'en  irés,  franc  chevalier  jentil, 

En  vo  conpaigne  de  chevaliers  .vu.  vins, 

A  cleres  armes  et  as  cevals  de  pris. 

Gardés  n'en  isse  nus  hom  de  mère  vis. 
1400       La  félonie  est  chaiens  del  païs, 

Si  sui  venus  por  aidier  Loeys, 

Sel  menterrai  se  Dieu  plaist  et  jou  vif.  » 

Et  cil  respondent  :  «  Tôt  a  vostre  devis.  » 

Vait  s'en  Guill.  li  droiturier  chemin. 

Par  mi  les  rues  s'en  vait  vers  Saint  Martin. 

En  la  cité  n'a  porte  ne  postis 

Ou  il  n'eiist  de  ses  chevaliers  vint. 

Lieve  la  noise,  es  les  vos  estormis  ; 

Encor  ne  sevent  que  chou  lor  soit  rentis. 
1410       Vait  s'ent  Guill.  au  cort  nés,  le  marcis, 

Dusc'al  mostier,  par  dedens  le  parvis. 

A  pié  descent  del  bon  ceval  de  pris, 

El  mostier  entre,  crois  fist  devant  son  vis, 

Desor  le  marbre,  devant  le  crucefis, 

Fait  s'orison,  a  genoillons  s'est  mis, 

Dieu  reclama  qui  onques  ne  menti  : 

«  Glorieus  rois,  qui  le  monde  fesis, 

Si  com  c'est  voir  que  Adam  beneïs, 

Lui  et  se  feme  mesis  en  paradis, 
1420       Et  qu'il  en  fu  par  son  pechié  partis. 

Et  por  vo  cors  en  convint  a  soffrir 


l36  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Le  ruiste  paine  au  jor  de  venredi, 

Si  com  c'est  voirs,  par  la  toie  merchi, 

Si  me  rendes  mon  seignor  Loey, 

Mon  droit  seignor  que  j'ai  de  lonc  requis.  » 

A  tant  es  vos  .i.  sage  clerc  ou  vint  ; 

Bien  reconnut  Guill.  le  marcis, 

Desor  l'espaule  li  a  le  doit  asis. 

Li  quens  se  dreche,  se  li  mostre  le  vis. 

1430       II  li  demande  :  «  Que  quere's  vos,  amis?  » 
Et  dist  li  clers,  qui  molt  bien  fu  apris  : 
«  Sire  Guill.,  por  l'amor  Dieu,  mercis, 
Quant  venus  estes  por  aidier  Loeys. 
La  félonie  est  chaiens  del  pais; 
Des  traïtors  a  chaiens  .1111.  vins, 
Que  clers,  que  vesques,  que  moines  beneïs. 
Frans  hom,  fremés  les  huis  de  Saint  Martin, 
As  traïtors  faites  les  iex  tolir  : 
Tôt  le  pechié  del  mostier  preingsor  mi. 

1440       —  Voir,  »  dist  Guill.,  «  bon  conseil  m'aves  dit. 
Bien  soit  del  homme  qui  si  bon  clerc  norri. 
Le  fil  Karlon,  qui  je  ma  foi  plevi, 
Ou  le  trouvrai  ?  car  forment  le  désir.  » 
Et  distli  clers  :  «  Ne  vous  en  quier  mentir, 
Jou  l'amenrai,  se  Dieu  plaist  et  jou  vif.  » 
Va  en  la  croûte  ou  il  estoit  fuis; 
La  le  gardoit  .1.  abes  beneïs  : 
Ne  gardent  l'eure  candoi  fussent  ocis. 
Es  vos  le  clerc,  par  le  puing  l'a  saisi  : 

1450       «  Damoisiaus  sire,  plus  iés  doute's  d'amis 
Que  ne  quidoies  ier  main  a  l'esclarcir. 
Chi  te  sekeurt  Guill.  li  marcis, 
Cil  de  Nerbone,  qui  fu  fiex  Aimeri. 
Il  vient  de  Romme,  tous  lassez  et  débris, 
A  grans  jornees  por  ton  cors  garandir, 
A  .xii".  de  chevaliers  jentis, 
A  cleres  armes  et  as  chevals  de  pris. 
Les  pues  trouver  devant  le  crucefis. 
Si  n'i  a  bare,  ne  porte,  ne  postis, 

1460       Ne  grant  destroit  que  il  n'ait  fait  saisir. 
Or  soies  preus,  baus  et  seiirs  et  fis. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  I  $7 

Mar  douterés  nul  homme  qui  soit  vis; 
Garant  aras  contre  tes  anemis.  » 
Loeys  Tôt,  molt  joians  en  devint. 
Li  clers  s'en  torne  et  li  abes  jentis  ; 
L'enfant  en  mainent  tous  les  degrés  marbrins, 
Desi  au  conte  ne  prisent  onques  fin. 
Li  jentiex  abes  l'en  a  a  raison  mis  : 
«  Entendes  moi,  fiex  a  roi  de  bon  lin  : 
1470       Vois  la  le  conte  qui  sa  foi  te  plevi; 

Ne  te  fauroit  por  homme  qui  soit  vis.  » 

Li  jentiex  abes  a  l'enfant  araisnié  :  (xu) 

a  Fiex  a  baron,  va  li  caoir  al  pié 
Tant  que  il  t'ait  plevi  et  fianchié 
Qu'il  t'aidera,  nel  laira  por  mescief.  » 
Au  pié  li  va  por  la  merchi  proier 
Et  l'esporon  li  a  estroit  baisié. 
Li  quens  Guill.  l'en  prent  a  araisnier  : 
«  Lieve  toi  sus;  ne  te  connois  de  rien, 

1480       Mes  neporquant  ne  m'as  tant  corechié, 
Puis  c'as  tant  fait  qu'es  venus  a  mon  pié, 
Que  ne  te  soit  pardoné  volentiers.  » 
Et  dist  li  abes,  qui  fu  ses  amparliers  : 
«  En  non  Dieu,  sire,  tôt  autre  cose  quiert  : 
C'est  Loeys,  fiex  Karlon  au  vis  fier. 
Qui  vous  requiert  et  manaide  et  pitié. 
Por  voir  est  mors  se  vos  ne  li  aidiés.  » 
O  le  Guill.,  le  sens  quide  cangier; 
Desor  le  marbre  se  r'est  ajenoilliés, 

1490       Par  mi  les  flans  a  l'enfant  enbrachié 
Par  grant  amor,  se  l'a  .111.  fois  baisié  : 
«  Damoisiaus  sire,  cil  m'a  molt  engignié 
Qui  te  rova  chi  venir  a  mon  pié. 
N'est  hom,  s'a  tort  t'a  fait  del  tien  irié, 
Nel  te  desraisne  tant  que  sera  jugié.  » 
Il  en  apele  les  jentiex  chevaliers  : 
«  .L  jugement  voel  que  vous  me  faciès  : 


1468  Ms.:  les  a  a  r.  m.  —  148^  Ms.  :  Et  dist  Guill. 


l38  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Puis  que  l'omme  est  coronés  au  mostier, 
Doit  il  puis  faire  traison  por  loier? 
i5oo       —  Ncnil,  biau  sire,  »  respondent  li  guerrier. 

—  «  Et  s'il  le  fait,  quels  en  est  li  loiers? 

—  Pendus  doit  estre  comme  leres  fosiers.  » 

Et  dist  li  quens  :  «  Et  jou  miels  ne  vous  quier. 
Par  saint  Denis,  bien  m'avrés  consillic; 
Me's  l'ordre  Dieu  ne  voel  mie  abaissier, 
Et  neporquant  le  comparront  il  chier.  » 

En  pie's  s'estut  li  quens  au  fier  corage.  (xlii) 

Le  jugement  a  oï  del  barnage  : 

El  cancel  entre,  que  de  rien  ne  se  targe  ; 
i5io       lUuec  trouva  les  vesques  et  les  abes 

Qui  otroierent  le  duel  et  le  damage 

Del  fil  Rie.  de  Ruem  a  la  barbe. 

A  els  s'en  va  Guill.  Fierebrache, 

Toutes  les  croces  fors  des  puins  lor  esrace  ; 

A  Loey  son  droit  seignor  les  baille. 

Voi  le  li  enfes,  liés  fu  en  son  corage. 

Li  quens  Guill.  par  mi  les  flans  l'enbrache. 

Tout  en  plorant  li  baisa  le  visage. 

Li  quens  s'en  torne,  voiant  tôt  le  barnage. 
i520       (Tôt  en  plorant  li  baisa  le  visage.) 

Il  fera  ja  as  clers  molt  grant  hontage  : 

Drois  est  qu'il  ait  cil  qui  le  mal  porcace 

Ordenés  sont,  si  nés  vielt  toucier  d'armes, 

Me's  as  bastons  les  fait  deronpre  et  batre. 

N'i  a  celui  tant  soit  de  haut  parage, 

Ou  arcevesques  ou  vesques  ou  dans  abes, 

Ne  soit  sanglens  el  col  ou  el  visage. 

Fors  del  mostier  les  trebucent  et  cachent; 

Saint  Picre  jure,  que  on  requiert  en  l'arce, 
i53o       S'il  nel  laissoit  por  Dieu  l'esperitable, 

Ja  les  corones  ne  lor  feroient  carge. 

Li  quens  Guill.  fu  molt  chevalerous  (xliii) 

Et  preus  et  sages  et  plains  de  grant  honor  : 
A  Loey  son  seignor  vint  le  jour, 
Il  l'en  apele,  dit  li  a  par  amors  ; 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  £  Sg 

«  Loey  sire,  de  qui  vous  plaignie's  vous  ? 

—  En  non  Dieu,  sire,  del  fil  Rie.  le  rous, 
Qui  tant  par  est  et  fiers  et  orguellous. 

Et  de  son  père  me  plaing  je  desor  tous; 

1 540       Por  son  avoir  me  fait  si  angoissous 

Hui  m'eiist  mort  se  Diex  ne  fust  et  vous.  » 
Ot  le  Guill.,  si  froncha  le  grenon. 
Il  apela  Aliaume  son  nevou  : 
«  Ale's  me  tost  al  Normant  orguellous. 
Mais  n'i  parle's  ne  de  pais  ne  d'amor, 
Mes  dites  li  qu'il  viegne  a  nostre  court, 
Por  faire  droit  Loey  son  seignor, 
Isnelement,  car  de  lui  se  plaint  molt. 
Et  s'il  demande  quel  effort  nos  avons, 

i35o       Et  vos  li  dites  .xl.  conpaignons.  » 

Et  dit  Aliaumes  :  «  Irai  jou  dont  tous  sous  ? 

—  O  vos,  biaus  nie's,  en  vo  main  .1.  baston.  » 
Cil  ne  respont  nule  riens  se  bien  non  : 

«  Nie's,  »  dist  Guill.,  «  entendes  ma  raison  : 
Très  bien  le  dites,  oiant  tous  les  barons, 
Ains  qu'il  soit  vespres  estera  si  hontous 
N'i  volroit  estre  por  tôt  l'or  saint  Simon.  » 
Et  dist  Aliaumes  :  «  A  Dieu  beneïchon. 
Bien  li  dirai,  qui  qu'en  poist  ne  qui  non, 

i36o       Ja  n'i  larai  [un]  point  de  la  raison.  » 
Il  est  montés  sor  .1.  mul  aragon  ; 
Par  mi  l'estree  s'en  va  a  esporon. 
Vint  a  l'ostel  au  Normant  orguellous  ; 
Leve's  estoit,  molt  ot  de  compaignons; 
Vestus  estoit  a  loy  d'empereor. 
Car  coronés  devoit  estre  cel  jor. 
En  poi  de  terme  cangera  sa  raison. 
Encor  ne  seit  noveles  del  baron 
Par  qui  il  ot  le  jor  si  grant  dolor. 

ibyo       II  le  tua,  qu'il  n'ot  confession. 

Es  vous  Aliaume  qui  descent  au  perron. 
Il  est  montés  les  degrés  contre  mont, 
Voit  le  Normant  qui  tant  est  orguellous, 

1 53 jMs.  :  del  fel  Rie. 


140  LI  CORONEMENZ  LOOIS 

Il  n'i  parole  ne  de  pais  ne  d'amor  : 
«  Sire,  »  dist  il,  «  entende's  ma  raison  : 
Ne  vous  salu,  deffendu  le  m'a  on. 
Seis  que  te  mande  Guill.  li  frans  hom. 
C'est  Fierebrace,  qui  cuer  a  de  baron  ? 
Vien  faire  droit  Loeys  ton  seignor, 
i58o       Isnelement,  car  de  toi  se  plaint  molt.  » 
Li  Normans  l'ot,  a  poi  d'ire  ne  font. 
Il  le  regarde,  si  li  dist  par  irour  : 
a  Seis  tu  conbien  il  a  de  conpaignons? 

—  En  non  Dieu,  sire,  .xxx.  chevalier  sont. 

—  Amis  biax  frère,  »  li  Normans  li  respont, 
«  Di  moi  ton  oncle,  le  nobile  baron. 

Que  il  otroit  chou  que  li  autre  font,  (bis) 
.IIII.  sommiers  li  donrai  a  bandon, 
Cargie's  de  pailes  et  de  molt  chiglaton; 
1590       Une  chite'  esgart  tôt  a  son  bon. 
Si  li  donrai,  s'il  otroie  le  don 
De  le  corone,  si  que  nos  le  querons  ; 
Encor  n'a  il  ne  terre  ne  honor, 
Je  l'en  donrai  a  sa  devision. 
Ja  Loeys  ne  valra  .1.  bouton, 
Bien  seroit  France  perdue  a  cel  garchon. 

—  Voir,  »  dist  Aliaumes,  «  chi  a  foie  raison. 
Il  nel  feroit  por  tôt  l'or  de  Valon. 

Encor  vos  mande  Guill.  li  frans  hom 
1600       Plus  cruel  cose  que  chi  nommé  n'avon  ; 
Se  vous  cest  plait  refuse's  a  estrous, 
Encor  anqui  en  sere's  vous  hontous, 
N'i  vauriés  estre  por  Rains  ne  por  Soisons.  » 
Li  Normans  l'ot,  a  poi  d'ire  ne  font. 
Grant  honte  en  ot  por  cels  qui  oï  l'ont; 
Dist  au  message  :  «  Je  te  tieng  por  bricon  ; 
Toi  ne  ton  oncle  ne  pris  jou  .1.  bouton; 
Puis  que  n'i  puis  trover  pais  ne  amor 
Bien  le  deffi,  ce  sache  il  de  par  vous; 
1610       Tost  i  perdra  le  cief  sor  le  menton.  » 

Et  dist  Aliaumes  :  «  Entendu  vous  avon  ; 

1579  ^^-  '■  ^^"^  fraire  —  082  3/s.  :  Il  se  r. 


LI  CORONEMENZ  LOOIS  I4I 

Tôt  autre  teil  vous  redi  de  par  nos.  • 

Li  Normans  fu  et  orguellous  et  fiers;  (xliv 

Bien  le  regarde  et  al  chief  et  as  pies, 

Et  bien  conut  que  il  ert  escuiers  : 

«  Di  va,  vallet,  tu  m'as  molt  manechié  ; 

Ne  fust  por  chou  que  tu  es  messagiers, 

Jou  te  feïsse  toz  les  menbre  trenchier. 

De  cel  tien  oncle  ne  donroie  .1.  denier. 
1620       Quant  par  amors  ne  m'i  puis  apoier, 

S'il  vielt  bataille,  je  sui  aparelliés. 

Encor  ai  jou  tex  .xxx.  chevaliers 

N'i  a  celi  ne  tiegne  de  moi  fief, 

Que  dus,  que  contes  .xxv.,  par  mon  chief. 

Qui  trestot  m'ont  juré  et  fianchiét 

Ne  me  fauront  por  les  menbres  trenchier.  » 

Et  dist  Aliaumes  :  «  Chou  m'estuet  renonchier.  » 

A  perron  est  au  mulet  repairiés, 

Isnelement  i  monta  par  Testrier. 
i63o       Li  Normans  fait  sa  gent  aparellier, 

Et  li  messages  s'en  rêva  eslaissiés. 

Encontre  va  Guill.  li  guerriers  : 

«  Biax  nies  Aliaumes,  com  avés  esploitié? 

—  En  non  Dieu,  sire,  n'i  a  point  d'amistié. 

Assés  vous  off're  et  argent  et  or  mier, 

Et  se  li  dis  ja  nel  rouvriés  baillier, 

Et  se  li  dis  nonbre  des  chevaliers. 

Lues  maintenant  i  fustes  manechiés. 

Ne  Loey  a  son  seignor  ne  tient, 
1640       Ne  le  coronne  ne  velt  il  pas  laissier. 

Par  vive  force  le  vaura  avanchier. 

Car  li  baron  li  ont  tôt  otroiét.  » 

Ot  le  Guill.,  le  sens  quide  cangier  ; 

Par  mautalent  monta  sor  son  destrier, 

A  vois  escrie  :  «  Que  faites,  chevalier? 

Vous  devés  bien  vo  droit  seignor  aidier.  » 

Il  fait  soner  .1.  graille  menuier. 

Qui  dont  veïst  la  gent  Guill.  aidier  ! 

As  osteus  prendre  fu  mains  nus  brans  saciés  : 
i65o       Qui  se  deffent  tost  est  a  mort  jugie's  ; 


142  LI  CORON EMENZ  LOOlS 

Ne  met  escange  fort  de  teste  trenchier. 

Quant  cil  dedens  ont  oï  le  buscier, 

Li  escuier,  li  armé  chevalier 

En  fuies  tornent  par  mons  et  par  braiers, 

Nés  puet  garir  ne  vaute  ne  celiers; 

Et  les  borgois  ont  il  pris  et  loiés. 

Li  traïtor,  qui  orent  commenchié 

Le  malvais  plait  por  le  Normant  aidier, 

En  fuies  tornent  par  effors  de  destriers  ; 
1660       Par  mi  la  porte  s'en  quident  repairier, 

Me's  a  cascune  truevent  félon  portier. 

Tel  treliage  lor  i  couvint  laissier, 

Onques  n'i  orent  a  preudomme  mestier. 

Li  quens  Guill.  s'en  retorna  arrier, 

En  le  maison  au  franc  borgois  Hungier; 

Le  Normant  truevent  ou  n'ot  que  corechier. 

Molt  de  ses  gens  l'avoient  ja  laissié 

Por  le  baron  Guill.  le  guerrier, 

Mes  tant  se  fist  et  orguellous  et  fiers 
1670       Qu'il  ne  daigna  onques  merchi  proier. 

Voi  le  Guill.,  le  sens  quide  cangier. 

Por  chou  que  (il)  est  seus  et  peu  i  a  des  siens, 

Par  vertu  sone  .1.  graille  menuier. 

Qui  dont  veïst  ces  agais  desbuissier, 

Que  li  quens  ot  as  portes  envoie's  1 

Mes  bien  les  font  garder  et  veroillier, 

Et  a  cascune  laissent  .c.  chevaliers. 

Et  li  Normans  monte  entr'els  el  destrier. 

A  tant  es  vous  Bertran  poignant  premier, 
1680       Et  Guielin,  et  son  frère  le  fier, 

Et  lor  cousins,  li  hardis  Viviiens; 

En  lor  effort  orent  .m.  chevaliers. 

La  veïssie's  .1.  estor  commenchier. 

Sor  les  Normans  est  tornés  li  mesciés. 

Quant  il  chou  virent  ne  se  porent  aidier. 

Ne  lor  efïors  ne  lor  aroit  mestier, 

Trestot  lor  bra[n]s  jetèrent  a  lor  pie's; 

A  jointes  mains  vont  la  merchi  proier. 

Li  quens  les  fait  retenir  et  loier, 
1690       Et  plus  de  .V.  en  furent  prisonier  ; 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  148 

Et  li  Normans  s'en  fuit  le  col  baissié; 
Li  quens  Guill.  le  suit  au  dos  derier; 
A  sa  vois  clere  li  commenche  a  hucier  : 
«  Sire  Asselin,  li  fiex  Rie.  le  viel, 
Estes  .1.  poi,  je  voel  a  vous  plaidier. 
Car  vous  venés  coroner  au  mostierl  » 

Li  quens  Guill.  a  le  fiere  persone  (xlv) 

Par  les  grenons  le  saisist,  sel  retorne  : 
a  Fiex  a  putain,  li  cors  Dieu  te  confonde  ! 

1700       Por  coi  pensas  teil  duel  et  si  grant  honte  ? 
Ton  droit  signor  por  coi  volsis  confondre? 
Rich.  tes  pères  ne  porta  aine  corone.  » 
Bertran  apele,  qui  tint  Tespee  longhe  : 
«  Biaus  niés,  »  dist  il,  «  conseil  vous  requeromes 
De  cest  glouton,  se  nos  le  destruisommes.  » 
Et  dist  Bertrans  :  «  Que  pense's,vous,  sire  oncles? 
Son  gueredon  li  rendes  a  .c.  doubles 
De  chou  qu'il  volt  son  droit  seignor  confondre. 
Or  li  fermés  el  cief  celé  corone 

1710       Dont  la  cervele  desrouge  jusc'a  l'ongle.  » 
Il  pase  avant,  vers  Asselin  se  torne, 
Ja  le  veïst  se  le  ferist  .c.  hommes  (sic) 
Ens  en  son  chief  de  s'espee  le  longhe. 
Quant  li  escrie  quens  Guill.  ses  oncles  : 
«  Ne  place  Dieu,  qui  forma  tôt  le  monde, 
Que  il  ja  muire  par  arme  de  preudomme! 
Jou  l'ocirai  a  molt  plus  grant  vergoigne, 
Si  que  li  oir  en  aront  après  honte.  » 

Li  quens  Guill.  fu  orguelloz  et  fier,  (xlvi) 

1720       D'arme  qu'il  porte  ne  li  daigna  touchier  ; 
En  .1.  soif  vit  .1.  pel  enfichier, 
Il  passe  avant,  si  l'en  a  esraehié  ; 
Fiert  le  Normant  par  mi  le  crois  du  cief, 
Sanc  et  cervele  en  abat  a  ses  pies  ; 
Mort  le  trebuce.  Diex  li  doinst  enconbrier! 
Issi  doit  on  traïtor  essillier, 

I70S  Ms.  :  De  chou  qui!  voit. 


144  Ï'I  CORONEMENZ  LOO'lS 

Qui  son  seignor  vielt  traïr  et  boissier 
11  s'en  retorne  arrière,  li  guerrier, 
Voit  Loey,  sel  corut  enbrachier. 

1730       Dont  li  demande  li  quens  par  amistié  : 
«  Loeys  sire,  gardés  ne  me  noies, 
Et  car  me  dites  de  qui  vous  vous  plaigniés  : 
Le  fil  Rie.  ai  mis  corone  el  cief, 
Mes  il  n'ira  en  cest  an  ostoier, 
Por  homme  en  terre  qui  l'en  sache  proier.  ■ 
Dist  Loeys  :  «  Grans  mercis  en  aies. 
Del  traïtor  m'avés  molt  bien  vengié, 
Mes  de  Rich.,  le  kenu  et  le  viel, 
Hé!  Diex,  quel  joie  se  il  ert  essilliés!  » 

1740       O  le  Guill.,  le  sens  quide  cangier; 
Il  le  demande,  on  li  a  ensignié  : 
En  une  crote  ert  fuis  el  mostier. 
Li  quens  i  va  après  toz  eslaissiés  ; 
Au  dos  le  sieuvent  .l.  chevalier; 
As  flans  ont  chaint  les  brans  forbis  d'achier. 
Rich.  trouva  sor  .1.  marbre  couchié 
De  son  juïse  qui  doit  estre  aprochié. 
Li  quens  Guill.  nel  daigna  ains  touchier 
D'arme  qu'il  porte,  de  lance  ne  d'espiel  ; 

1750       Lieve  le  puing,  ens  el  col  li  asiet. 
Que  tôt  pasmé  le  laissa  a  ses  pies  ; 
Forces  demande,  si  li  tondra  le  chief. 
A  .1.  coutel  a  coupé  les  chevex. 
Toz  cois  estoit  sor  le  marbre  entailliés. 
Si  doit  on  bien  traïtor  essillier, 
Qui  son  seignor  vielt  traïr  et  boissier. 
Tant  ont  li  conte  a  Guill.  proie 
Qu'il  nel  vielt  mie  ocire  et  detrenchier; 
Ains  fu  Rich.  a  Guill.  apaisiés. 

1760       Le  mort  son  fil  clama  quite  premiers, 

Si  s'entrebaisent,  voiant  maint  chevalier, 
Mais  celé  pais  ne  valut  .11.  deniers, 
Car  puis  le  valt  ochire  et  detrenchier. 
Mais  Diex  nel  valt  soffrir  ne  otroier. 

1758  Ms.  :  o.  ne  d. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  l  ^.b 

Il  en  apele  le  bon  abé  Gautier  : 
«  Je  m'en  irai  el  règne  de  Poitiers, 
Por  aquiter  mon  srgnor  droiturier 
Ses  grans  contrées  as  glotons  losengiers, 
Qui  li  voloient  tolir  et  enforchier; 
Mon  droit  seignor  vous  valdroie  laissier: 
Le  nuit  le  faites  a  candoile  gaitier, 
Que  il  ne  soit  enherbe's  ne  touchiés; 
Et  quant  c'est  cose  qu'il  va  esbanoier, 
En  sa  conpaigne  en  maint  .c.  chevaliers, 
Car,  par  Tapostle  c'on  a  Romme  requiert, 
Se  jou  ooie  novele(s)  au  repairier 
Que  Loeys  i  elist  enconbrier, 
Toute  vostre  ordene  ne  vous  aroit  mestier 
Ne  vous  fesisse  toz  les  menbres  trenchier.  » 
1780       Et  dist  li  abes  :  «  En  pardom  en  plaidiés. 
Miels  ert  gardés  que  li  sains  el  mostier.  » 
A  tant  s'en  part,  si  demande  congiét. 
O  lui  amaine  dusc'a  .m.  chevaliers, 
Et  ses  neveus  que  il  aime  et  tient  chier. 
De  ses  jornees  ne  vous  sai  anonchier  : 
Aine  ne  finerent,  si  vinrent  a  Poitiers. 
Puis  i  esturent  .1111.  jors  tous  entiers. 

Li  quens  Guill.,  li  marcis  au  cort  nés,  (xlvii-xlix) 

Puis  que  il  fu  dedens  Poitiers  entrés, 
1790       Aine  ne  li  lut  el  règne  a  sejorner; 

Des  traïtors  i  trueve  a  grant  plenté. 

Desor  Bordiaus  a  .1.  jour  dénommé  : 
lî  Rois  Marimondes  i  fu  enprisonés; 

Puis  se  fist  il  baptisier  et  lever. 

Quant  li  quens  a  icel  camp  acuité, 

A  Piereplate  s'en  est  au  gieu  aies; 

Guires  d'Auborc  i  fu  enprisonés. 

Qui  de  Marcois  estoit  sires  clamés  : 

Li  quens  le  prist,  qui  molt  fist  a  loer, 
1800        En  prison  l'ot  tant  com  li  vint  a  gré, 

Tant  com  li  ot  bons  ostages  livré, 

1781  Ms.  :  Bien  e.  g. 

10 


146  LI  C0R0NEMEN2  LOOIS 

Ch'a  Loeys  feroit  sa  volenté, 
De  lui  tenroit  toutes  ses  yretés. 
Por  chou  fu  il  a  Guill.  acordés. 

Tant  fu  Guill.  en  icele  contrée  (l| 

Qu'il  [r]ot  par  forche  Loeys  acuitee. 

Devers  Gironde  a  sa  voie  aiornee  ; 

Li  baronnie  est  avoec  lui  alee, 

Puis  prist  sa  terre,  mais  forment  fu  gastee. 
1810       Saint  Gille  assalent  a  .1.  matinée  ; 

Le  porte  assalent,  n'ot  gaires  de  durée. 

Li  frans  Guill.  a  la  chiere  menbree 

Fist  .1.  cose  qui  Damedieu  agrée  : 

L'église  garde  qu'ele  ne  fust  gastee, 

Aine  n'i  perdirent  .1.  pume  parée. 

Juliien  prisent,  qui  gardoit  la  contrée. 

Si  faitement  ont  le  pais  creantee 

Par  celi  est  li  grans  guerre  afinee. 

Vait  s'en  li  quens  o  sa  gent  honorée;^ 
1820       Jusqu'en  Hainau  n'i  ot  resne  tirée. 

Tant  que  il  l'ot  molt  bien  tote  aquitee, 

Et  Juliens  a  ostages  livrée  (sic). 

Li  quens  Guill.  a  sa  gent  apelee  : 

«  Or  as  harnas,  france  gent  honorée, 

Si  gart  cascuns  que  sa  maie  ait  torsee  : 

Nous  en  irons  en  Franche  la  loee, 

Puis  que  j'arai  ceste  terre  acuitee.  » 

Geste  parole  as  plusors  gens  agrée, 

Li  quens  Guill., o  le  corage  fier,  (li) 

i83o       Dels  qu'il  estoil  el  règne  de  Poitiers, 
Ne  fu  nul  jor  ne  montast  sor  destrier, 
Ne  qu'il  n'elist  vestu  l'auberc  doublier. 
Es fortereches  laissa  .m.  chevaliers; 
Part  de  la  terre,  si  demande  congié. 
Il  s'en  repaire  par  le  mont  Saint  Richier. 
Li  jentiex  hom  vait  orer  au  mostier; 
.11.  jors  sejorne,  puis  s'en  parti  au  tierch. 
Par  Constentin  s'est  li  quens  repairie's. 
En  Normendie  s'est  avant  adrechiés. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  I47 

1840       De  ses  jornees  ne  vous  sai  anonchier. 
En  sa  conpaigne  avoit  .c.  chevaliers, 
As  cleres  armes  et  as  courans  destriers; 
Les  autres  ont  en  garnison  laissié. 
Dusc'a  Fuem  ne  se  volrent  targier. 
Au  mestre  bore  s'est  la  nuit  herbergiés, 
Mes  d'une  cose  fait  li  quens  que  legiers, 
Que  par  les  terres  au  duc  Rich.  le  viel 
Osa  aine  puis  aler  ne  chevalchier 
Son  fil  ot  mort  d'un  grant  pel  aguisié  ; 

i85o       La  s'en  afie  Guill.  li  guerriers 
Que  il  estoit  acordés  et  paisiés, 
Si  se  baisierent,  voiant  .c.  chevaliers; 
Mais  celé  acorde  ne  valut  .11.  deniers, 
Se  Diex  n'en  pense,  qui  tôt  a  a  jugier  : 
En  teil  lieu  s'est  li  frans  hom  herbergiés 
Ou  on  le  heit  de  la  teste  a  trenchier. 
Ains  le  quart  jor  aconpli  et  entier 
N'i  yolroit  estre  por  l'or  de  Monpellier, 
Com  vous  orrés  ains  le  soleil  couchier. 

1860       Li  viex  Rie.  fu  dolans  et  iriés  ; 

Il  en  apele  son  maistre  conseillier  : 
m  Baron,  »  dist  il,  «  bien  me  puis  esragier 
Quant  par  ma  terre  voi  celui  chevalchier 
Qui  m'a  tolu  le  millor  justichier 
Qui  onques  fust  en  terre  ne  soz  ciel  ; 
Mes,  par  l'apostle  que  requièrent  paumier, 
Jou  nel  lairoie  por  les  menbres  trenchier, 
Que  ne  l'en  rende  molt  dolerous  loier.  » 
Dient  si  home  :  «  Tort  dites  et  pechié  : 

1870       Ja  fustes  vos  acordés  et  paisiés; 
De  traïson  esteriés  ensigniés. 
En  ceste  vile  n'ert  il  de  vous  touchiés, 
Car  li  borgois  li  volroient  aidier, 
Que  tôt  li  ont  plevi  et  fianchié. 
—  Voir,  »  dist  Rich.,  «  tant  sui  je  plus  iriés. 
Mes,  par  l'apostle  c'on  a  Romme  requiert, 
Jou  nel  lairoie  por  les  menbres  trenchier 

1862  Ms   :  ostagier   —  1869  Ms.  :  t.  dient  e.  p. 


148  LI  C0R0NEMEN2  LOOYs 

Que  nel  porsuie  armés  sor  mon  destrier; 
Se  jou  par  force  ne  le  puis  juslichier, 

1880       Jel  manderai  anchois  par  amistié 

C'avoec  li  vuol  en  France  cevauchier  ; 
Se  de  ses  hommes  le  puis  defors  sachier, 
Cascun  ara  .1.  bon  coutel  d'achier  : 
Miex  voel  morir  que  ne  soit  essilliés.  » 
Dont  l'en  afient  teil  .xv.  chevalier, 
Se  cil  n'en  pense  qui  tôt  a  a  jugier, 
Par  traïson  ert  li  quens  depechie's. 
A  .1.  matin,  que  jors  fu  esclairiés, 
Monta  li  quens,  qui  ne  se  sot  gaitier, 

1890       Jusc'a  midi  a  li  quens  chevalchié; 
En  une  lande  est  descendus  a  pie, 
Il  est  si  homme,  li  jentil  chevalier; 
Li  païsant  li  portent  a  mangier. 
Quant  ont  disné  li  noble  chevalier, 
Au  quart  s'en  dorment,  car  il  sont  travillie'. 
Li  bers  Guill.  ne  s'i  volt  atargier  : 
Trestous  armé,  le  bon  elme  lacié, 
Sor  Arondel  son  ceval  le  proisié, 
A  son  col  pent  .1.  escu  de  quartier, 

1900       Entre  ses  puins  son  fort  trenchant  espiel; 
O  li  en  maine  ne  mais  .11.  chevaliers, 
Cascuns  fu  d'armes  molt  bien  aparelliés. 
De  sa  gent  part  por  lui  esbanoier, 
Descent  d'un  tertre  contre  val  .1.  gravier, 
A  une  rive  est  venus  eslaissiés  ; 
Il  i  cuida  venir  esbanoier  : 
Por  la  rivière  qui  molt  fist  a  proisier 
S'en  va  li  quens  déporter  el  gravier, 
Mes  d'autre  cose  li  couvenra  plaidier  : 

J910       A  tant  es  vos  le  duc  Rich.  le  viel. 

En  saconpaigne  sont  .xv.  chevalier. 

Bien  sont  armés  sor  les  courans  destriers. 

Li  dus  Rich.  l'aperchut  tous  premiers, 

Dist  a  ses  hommes  :  «  Se  vous  m'avés  riens  chier, 

Dont  vous  penés  de  ma  honte  vengier. 

De  raenchon  n'i  ert  onques  plaidié. 

Vés  la  Guill,  au  cort  nés  le  guerrier, 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS  I49 

Qui  me  toli  chou  que  (j)avoie  tant  chier, 
Mes,  par  l'apostle  c'on  a  Romme  requiert, 
1920       S'il  vous  escape  ne  vous  arai  mes  chier  : 
Mon  fil  m'a  mort,  bien  le  doi  empirier.  » 
Et  cil  respondent  :  «  Ja  n'en  estuet  plaidier.  » 
Les  chevals  brochent,  cascuns  a  enbrachié 
Le  fort  escu  et  brandi  son  espiel; 
Les  gonphanons  ont  avant  desploiés. 
Guill.  ot  la  noise  des  destriers, 
As  garnimens  conut  Rich.  le  viel. 
Voi  le  li  quens,  molt  en  fu  esmaie's. 

Li  quens  Guill.  chevalce  leis  .1.  mont,  (lu) 

1930       Leis  la  rivière,  qui  bêle  est  contre  mont; 
La  encontra  le  duc  Rich.  le  rous, 
Ensamble  o  lui  ot  .xv.  conpaignons  ; 
Bien  fu  armés  cascun  de  ses  adous. 
Voille  Guill.,  s'en  ot  molt  grant  paor; 
Il  en  apele  ses  chevaliers  barons  : 
«  Seignor,  »  dist  il,  «  por  Dieu  quel  le  ferons? 
Chi  voi  venir  le  duc  Rich.  le  rous, 
Il  est  .xv.simes^  que  conter  les  puet  on  ; 
Nous  sommes  .111.,  molt  forment  les  doton, 
1940       Car  il  me  heit  de  molt  grand  raenchon  : 
Son  fil  ocis,  que  molt  bien  le  seit  on  ; 
Mes  neporquant  acordé  nous  en  son. 
G'irai  avant,  au  passage  del  pont. 
Vous  remanrés  desor  cest  riu  qui  cort. 
Et  s'il  me  dist  nule  riens  se  bien  non. 
Dont  n'i  voi  je  se  del  bien  faire  non, 
Car  li  fuïrs  n'i  vauroit  .1.  bouton.  » 
Et  cil  respondent  :  «  Vous  parlés  de  folor. 
Aies  i  tost,  brochant  a  esporons, 
1950       Sel  salués  par  bien  et  par  raison  : 

S'il  vous  deffent  de  rien  vostre  raison, 

Ne  vous  faurons  por  tout  Tor  de  cest  mont.  » 

Li  quens  Guill.  vint  au  pont  toz  premiers,      (un) 

1934  Ms.  :  lise:{  Voit  le  —  193©  Ms.  :  p.  mi  c    p.  a. 


|50  LI   CORONEMENZ  LOOÏS 

U  voit  le  duc,  sel  prist  a  araisnier  : 

«  Dus,  ■  ditli  quens,  a  Diex  te  gart  d'enconbrier  ! 

Me  convient  il  de  nule  rien  gaiiier? 

Li  pais  fu  faite  a  Tors  ens  el  mostier  : 

La  nous  baisâmes,  voiant  maint  chevalier. 

—  Voir,  »  dist  li  dus,  «  bien  savés  prc[e]chier; 
i960       Tu  me  tolis  le  mellor  iretier 

Qui  onques  fust  por  terre  justichier  ; 
Mes,  par  l'apostle  que  requièrent  palmier, 
Ains  que  départes  seras  molt  courechiés  : 
Ne  Dieus  ne  hom  ne  t'en  porroit  garder 
Que  ne  te  fâche  celé  teste  trenchier 
Et  tous  les  menbres  de  ton  cors  esragier. 

—  Gloz,  »  dist  Guill.,  «  Diex  te  doinst  enconbrierl 
Jou  ne  te  pris  nés  c'un  chien  csragié.  » 

Alion  broce  des  esporons  d'or  mier 
1970       Et  fiert  Rich.  en  l'escu  de  quartier  : 

Desoz  la  boucle  li  a  frait  et  perchié, 

Le  blanc  hauberc  desrout  et  desmallié  ; 

El  flanc  scnestre  li  a  colé  Tespiel, 

Que  d'ambes  pars  li  fait  le  sanc  raier. 

Li  bons  chevals  s'est  du  fais  descargiés. 

Li  esporon  tornerent  vers  le  chiel, 

L'agus  de  l'elme  est  en  terre  fichiés 

Par  si  grant  [force]  .11.  des  las  li  ronpie'. 

Sor  li  s'areste  et  tint  le  branc  d'achier  : 
1980       Mien  ensiant,  ja  en  presist  le  cief  : 

E  vous  les  .XV.,  qui  Diex  doinst  enconbrier, 

Seure  corurent  Guill.  le  guerrier. 

Qui  donc  veïst  sor  toz  le  conte  aidier, 

As  brans  d'achier  les  rens  aclaroier, 

De  gentil  homme  li  presist  grant  pitiés. 

Tôt  maintenant  abat  cascun  le  sien. 

Tant  lor  aida  li  pères  droituriers 

Que  .X.  en  ont  ocis  et  detrenchiés  ; 

Li  .V.  s'en  fuient  et  navré  et  plaie. 
1990        Li  quens  Guill.  les  suit  au  dos  derier, 

Si  lor  a  dit  .1.  vilain  reprovier  : 

1958  Ms.  :  La  vohs  b.  —  19Ô3  Ms.  :  départ. 


lTnCORonemenz  looïs  i5i 

«  Tôt  i  morrés,  traiter  losengier.  » 

Li  .V.  s'en  fuient  courant  par  mi  un  tertre.        (liv) 
Li  quens  Guill.  les  encauce  et  enpresse; 
A  vois  escrie  une  ramprosne  laide  : 
«  Seignor  baron,  por  Dieu  le  roi  celestre. 
Comment  sera  li  grant  honte  sofferte  ? 
Vo  droit  seignor  en  menrons  nous  en  destre? 
Diex  !  quel  bernage  se  rescous  peiist  estre!  » 
2000       Et  cil  respondent  :  «  Merchi,  por  Dieu,  Guill.  ! 
Frans  chevaliers,  que  rois  deussiez  estre, 
U  amirans  d'une  grant  rice  terre. 
Sor  nos  arçons  nos  gisent  nos  boueles, 
Li  plus  haiigres  n'a  soing  d'aler  en  destre.  » 
O  le  Guill.,  si  a  torné  sa  resne. 

Quant  voit  Guill.  qu'il  ont  merchi  proie,  (lv) 

N'en  touchast  .i.  por  l'or  de  Monpellier. 

Isnelement  est  retornés  arrier. 

Le  duc  Rich.  i  ont  pris  et  loié. 
2010       Tout  en  travers,  comme  cofre  a  sommier, 

L'en  ont  mené  sor  .i.  courant  destrier, 

Desi  a  l'ost  ne  se  volrent  targier. 

Quant  il  i  vindrent,  si  furent  esvellié  : 

«  Oncles  Guill.,  »  ce  dist  Bertrans  ses  niés, 

«  De  vostre  branc  voi  sanglenté  l'achier, 

Et  vos  escus  n'est  mie  toz  entiers.  » 

Respont  Guill,  :  «  Merchi,  por  Dieu,  biaus  niés! 

Jou  vous  vi  molt  pené  et  travellié, 

Si  vous  laissai  dormir  et  soumellier, 
2020       O  moi  n'och  jou  ne  mes  .ii.  chevaliers. 

Jou  encontrai  le  duc  Rie.  le  viel, 

Qui  toute  jor  m'avoit  fait  espiier; 

O  lui  .xv.sJmc  de  hardis  chevaliers. 

La  mort  son  fil  me  fist  en  reprovier 

Et  si  me  volt  toz  les  menbres  trenchier. 

Tant  nous  aida  li  pères  droituriers 

.X.  en  avons  ocis  et  detrcnchiés, 

Et  .v.  s'en  fuient  et  navré  et  plaie. 

Veés  cnt  chi  et  armes  et  destriers. 


l52  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

2o3o        Le  duc  Rie.  en  amenons  loie', 

S'en  amenons  .xv.  de  lor  destriers. 

Gautiers  de  Termes  a  fièrement  parlé  :  (lvi) 

«  Sire  Guill.,  molt  grant  tort  en  avés  ; 

Estes  vous  dont  anuios  et  lassés, 

Et  de  conquerre  travilliés  et  penés  ? 

Le  samblant  faites  n'i  poés  plus  aler.  » 

Adont  s'en  tornent  le  grant  cemin  feré; 

Dusc'  a  Orliens  n'i  volrent  demorer. 

La  a  Guill.  roi  Loey  trové. 
2040       Comme  prison  li  a  Rie.  livré, 

Et  il  l'a  fait  en  sa  prison  jeter. 

Puis  i  fu  tant,  si  com  j'oï  conter, 

Que  il  fu  mors  de  duel  et  de  lasté. 

Or  se  cuida  Guill.  reposer, 

Vivre  de  bos  et  en  rivière  aler  ; 

Mes  chou  n'ert  mes  tant  com  il  puist  durer. 

Oï  ai  dire,  et  si  est  vérités, 

Après  grant  bien  revient  de  mais  asés  : 

«  Sire,  »  dist  il,  «  molt  vos  estes  penés  : 
2o3o       .1.  riche  pan  de  ma  terre  esgardés, 

Si  le  prendés  tôt  a  vo  volenté, 

Ou  le  pais  Rie.  le  viel  barbé; 

Ja  n'a  il  oir  qui  le  voelle  tenser.  » 

Et  dist  Guill.  :  «  En  pardon  en  parlés  : 

Puis  c'a  bataille  l'ai  conquis  et  matés, 

Ja  ne  serh  par  moi  desiretés.  » 

Or  se  quida  Guill.  reposer, 

Vivre  de  bos  et  en  rivière  aler; 

Mais  maint  preudomme  convient  molt  endurer 
2060       Es  .11.  messages  poignans  tous  abrievés; 

De  Romme  vienent,  durement  sont  lassé, 

Et  ont  Guill.  et  le  roi  salué. 

Cil  diront  ja  unes  noveles  tés 

Dont  maint  preudons  fu  durement  penés. 

L'uns  des  mesages  fu  molt  bien  enparlés; 

En  haut  parole  quant  il  fu  escoutés  : 

«  Sire  Guill.,  jentiex  quens  honerés, 

Bien  nos  avés  le  païs  acuité  : 


LI  GORONEMENZ    LOOIS 

Toute  Rommaigne  et  Romme  la  chité 
2070       Est  délivrée  del  pooir  as  Esclers, 

Mes  durement  est  li  pàïs  troblés  : 

Mors  est  Galafres,  li  gentiex  au  vis  cler, 

Que  vous  fesistes  baptisier  et  lever, 

Et  Tapostoles  est  a  sa  fin  ale's. 

Mors  est  Galafres  (sic)  d'Espolise  li  bers; 

Brie's  et  seaus  vous  avons  aportés  ; 

Toz  li  pais  en  sera  délivrés  : 

Rois  poés  estre,  se  faire  le  volés 

Assés  le  cuerent  et  demaine  et  casé, 
2080       Mes  tôt  en  vont  de  lui  bien  refusé  : 

Autrui  que  vous  ne  valt  s'amor  doner. 

Por  autre  essoigne  sommes  meii  assés, 

Car  cil  de  Romme  se  voelent  révéler; 

.1.  autre  roi  voelent  il  coroner. 

Il  a  non  Guis  et  d'Alemaigne  est  nés. 

Emperere(s)  ert  par  sa  force  clamés, 

Et  cil  de  Romme  l'ont  dit  et  créante, 

Et  Loeys  est  del  tout  oubliés. 

Par  force  vielt  saisir  ses  iretés, 
2090       Et  la  pucele,  qui  molt  a  de  biautés, 

Vielt  il  par  force  en  fin  desireter. 

Toz  li  pais  est  a  dolor  troublés, 

A  duel  destruis,  se  vous  nel  secoures.  » 

O  le  Guill.,  a  poi  n'est  forsenés; 

Vint  a  Bertran,  dit  li  a  et  conté  : 

«  Biax  sire  niés,  quel  conseil  me  donrés? 

—  Oncles,  »  dist  il,  «  quel  conseil  demandés? 

Ja,  se  Dieu  plaist,  par  vo  cors  n'ert  pensés. 

Ne  vo  lignage  ne  sera  reprové; 
2100       Tant  com  puissiés  vos  garnimens  porter, 

N'ert  Loeys  nos  rois  desiretés. 

-—  Niés,  »  dist  Guill.,  «  de  vostre  grant  bonté! 

Malvais  conseil  n'i  porroit  on  trouver. 

Or  s'aparellent  li  legier  baceler, 

Qui  bien  porront  les  paines  endurer. 

Aine  nos  lignages  n'ot  pais  en  son  aé. 

En  nos  mainsnie  n'avons  point  scjornc. 

2107  àMs.  :  Et  n.  m. 


53 


l54  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Et  encor  est  niens  del  demorcr.  » 
Quant  Loey  oï  le  mes  parler, 

21  lo       Que  il  pert  Romme  et  le  grand  ireté, 
Molt  tenrement  commencha  a  plorer. 
Voit  le  Guill.,  si  a  pris  a  parler  : 
•  Sire,  »  dist  il,  «  molt  estes  effreés. 
Mes,  par  l'apostle  que  on  doit  aourer, 
En  vo  service  m'estuet  ains  dévier 
Que  ne  vous  renge  toutes  vos  iretés. 
Faites  vos  Chartres  et  vos  briés  seeler, 
Et  vos  serjans  et  vos  corlieus  aler; 
Les  chevaliers  faites  par  tôt  mander, 

2120       Toz  cheus  qui  puent  lor  garnimens  porter. 
Et  les  serjans,  que  bien  font  a  loer, 
Qui  ceval  puent  et  garnimens  porter. 
Si  grans  trésors  li  soit  abandonés 
Ne  sera  povres  en  trestot  son  aé. 
Mes  la  piétaille  n'i  caut  il  amener  : 
Longe  est  la  voie,  trop  seroient  lassé. 
Encor  avons  le  trésor  amassé 
Que  jou  conquis  a  Romme  la  chité; 
Et  en  portant  (sic)  en  pris  a  grant  plenté. 

2i3o       Tant  ai  argent  et  fin  or  esmeré 

Que  bien  en  puis  .xxx.  sommier  lorser: 
Onques  frans  hom  ne  m'en  tiegne  a  aver, 
Car  contre  vous  n'ert  il  ja  enseré, 
Ains  en  donrai  as  povres  bacelers.  » 
Dist  Loeys  :  «  Diex  vos  en  sache  gre  !  » 
Ne  sai  que  doie  en  i'estoire  conter  : 
Onques  Guill.  ne  Loeys  li  bers 
Ne  laissa  terre  de  la  lor  poesté 
De  coi  il  n'aient  les  barons  asamblé  ; 

2140       Et  il  i  vien[en]t  volentiers  et  de  gré, 
Quant  il  oïrent  des  rices  dons  parler. 
Quant  sont  ensemble  ses  a  on  aesmés 
A  .c™.  homes,  si  corn  l'oï  conter. 
Passent  les  terres  a  molt  grant  salveté  ; 
Que  il  n'i  ont  ne  tolu  ne  emblé 
Nule  viande  que  frans  hom  doit  user. 
Par  cel  païs  orent  si  grant  plenté, 
Li  païsant  ont  assés  conquesté. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  I  55 

Par  tote  l'ost  en  furent  asamblé. 
2i5o       Ne  sai  que  doie  lor  jornees  conter  : 

Mongieu  trespassent,  qui  molt  les  a  penés  ; 

Quant  furent  outre,  .m.  jors  ont  sejorné, 

Adont  s'esmurent,  a  Romme  en  sont  aie. 

Quant  il  i  vinrent  ne  porent  ens  entrer, 

Car  l'Alemans  les  avoit  destorbe's. 

Cil  par  dedens  se  sont  asseuré, 

Car  bien  i  furent  .m.  chevalier  armé. 

Guis  les  apele,  ses  a  araisonés  : 

a  Vous  m'avés  tout  et  plevi  et  juré 
21 60       Ne  me  faurés  por  homme  qui  soit  nés  : 

Cis  rois  de  France  est  molt  desmesurés, 

Chi  vient  a  ost  por  ma  terre  gaster. 

Dus  d'Osteiise,  vous  i  couvient  aler, 

A  tôt  l'effort  que  vous  ichi  veés  ; 

Et  jou  ferai  molt  bien  ma  gent  armer. 

Si  remanrai  en  la  bone  chité. 

Anchois  qu'il  aient  par  estendi  lor  très 

Vuel  jou  qu'il  soient  bien  par  vous  revidë. 

S'il  vous  encauchent  par  lor  grant  poesté, 
2170       Jou  serai  près,  ja  mar  en  douterés.  » 

Et  dist  li  dus  :  «  Si  com  vous  commandés.  » 

Par  dedens  l'ost  s'arment  li  chevalier.  (lvu) 

François  se  logent,  li  nobile  guerrier  ; 
De  ceus  de  Romme  ne  se  sorent  gaitier. 
Molt  fait  souef  et  une  plueve  chiet. 
Roumain  s'en  issent  armé  sor  lor  destrier. 
Guill.  ert  ens  en  .1.  val  arrier. 
En  sa  compaigne  .inic.  chevaliers, 
Por  l'ost  garder  qu'il  ot  a  justichier. 
2180       Anchois  qu'il  puist  mais  au  roi  repairicr 
Avéra  il  de  son  secors  mestier, 
Car  cil  de  Romme  pensent  de  l'esploitier, 
Et  cil  de  l'ost  ne  se  porent  gaitier, 
Ne  mot  ne  sorent,  si  sont  a  els  plonchiet. 
Une  bruine  lor  vint  devers  le  ciel, 
Que  il  nés  porent  veïr  n'escargaitier, 
Espees  traites,  ens  escus  enbuissiés;- 


lb6  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Desarmé  furent,  molt  i  ot  grant  mescief. 
Le  jor  i  furent  maint  baron  detrenchiét, 

2190       Le  mestre  treif  ont  a  val  trebuchiét, 

Les  cordes  trenchent  as  brans  forbis  d'achier, 
Et  Loeys  s'en  va  fuiant  a  pie. 
A  la  quisine  sont  venu  li  furier; 
Illuec  ocissent  le  maistre  boutellier; 
De  la  cuisine  en  portent  le  mangier, 
Et  Loeys  s'en  fuit  tous  eslaissie's, 
Qui  paor  ot  de  la  teste  trenchier. 
François  sonerent  .1.  grant  cor  menuier: 
L'est  s'estormist  et  devant  et  derrier, 

2200       Et  Loeys  commencha  a  hucier  : 

«  Sire  GuilL,  e  Bertrans,  c'or  m'aidiés.  » 
O  le  Bertrans,'  si  l'en  prist  grant  pitie's. 
Encore  estoient  ens  el  val  tôt  couchié... 
«r  En  celé  ost  oi  a  molt  grant  cris  hucier 
Et  reclamer  Guill.  le  guerrier.  » 
Et  dist  li  quens  :  «  Ja  m'aront  sans  dangier.  » 
L'ost  trespasserent  a  .1.  castelet  vies, 
Et  cels  de  Romme  enclosent  par  derier  : 
La  veïssiés  .1.  estor  commenchier, 

2210       Tant  hanste  fraindre  et  tant  escu  perchier, 
Et  tant  hauberc  desronpre  et  desmaillier, 
Et  tant  baron  a  terre  trebuchier  ! 
Trop  i  peust  Guill.  atargier, 
Car  Loeys  ert  ja  si  justicie's 
Qu'il  n'i  avoit  fors  del  prendre  et  loier. 
Quant  cil  de  Romme  se  virent  enginier, 
Cascuns  se  paine  de  sa  vie  alongier. 
Le  grant  eschet  lor  i  convint  laissier  : 
Aine  n'en  menèrent  valissant  .1.  denier. 

2220       Et  cil  de  l'ost  pensent  del  raloier  ; 

Et  cil  de  Romme  sont  tôt  a  mort  jugie'. 
Des  .M.  qui  vinrent  a  l'ost  por  gaaignier 
Onques  a  Romme  n'en  retorna  .1.  pies. 
Fuiss'ent  li  sires  ques  ot  a  justichier  ; 
Tant  com  chevals  puet  corre  et  esploitier 

2324  lise^  :  Fuit  s'ent 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  l5j 

S'en  vait  fuiant  lés  .i.  mont  col  baissié; 

A  le  grant  porte  quide  avoir  recovrier. 

Li  quens  Guill.  nel  volt  mie  laissier, 

Arondel  broche,  son  auferrant  destrier, 
22 3o       Qui  plus  tost  court  que  ne  vole  espervier  : 

En  .1.  vaucel  les  a  aconsuis  [sic). 

Li  bers  Guill.  par  grant  aïr  le  fiert, 

Par  grant  aïr,  sor  son  hauberc  doublier, 

Ens  el  costé  li  fist  le  fer  baignier  : 

Tôt  Fembroncha  sor  le  col  du  destrier. 

L'espee  ot  chainte,  s'en  volt  prendre  le  cief, 

Quant  il  li  crie  et  manaide  [et]  pitié... 

«  Mais  vif  me  pren,  si  m'en  remain  arrier 

A  Loeys  ton  seignor  droiturier  : 
2240       Jou  te  donrai  .1.  grant  mont  de  deniers, 

Dont  tu  porras  louer  tes  soudoiers. 

Guis  d'Alemaigne,  trop  estes  atargiés, 

Vostre  secors  ne  nous  ara  mestier. 

Le  vostre  orguel  avons  conparé  chier.  » 

Guill.  rent  le  branc  forbi  d'achier. 

De  si  a  l'ost  est  retornés  arier. 

Le  duc  en  mainent  ou  n'ot  que  courechier; 

A  Loeys  en  rendent  prisonier. 

Par  defors  Romme  ot  .1.  gaste  mostier  : 
22 5o       Les  mors  i  portent,  n'en  orent  nul  gaitier* 

Messe  i  canta  li  bons  abes  Reniers. 

Au  matinet,  quant  il  fu  esclariés, 

Par  dedens  Romme  fist  faire  .1.  grant  carnier  : 

Les  mor[s]  i  getent,  plus  n'i  vaurent  targier. 

Dont  commenchierent  la  terre  a  essillier. 

Li  quens  Guill.  a  conduit  les  forriers. 

En  cels  de  Romme  n'en  ot  que  courechier 

a  Seignor,  »  dist  il,  a  mal  sommes  engigniés  : 

Pris  est  li  dus,  retenus  et  loiés. 
2260       Mort  sont  et  prins  tôt  mi  .m.  chevalier, 

Ne  vos  effors  n'i  vauroit  .1.  denier  : 

Se  par  bataille  m'i  pooie  acointier 

Tôt  cors  a  cors  envers  .1.  chevalier, 

2243  Ms.  :  n.  vous  a.  m.   -  2263  Ms.  :  T.   jors  a  c. 


l58  Ll  CORONEMENZ  LOOYs 

Par  chou  porroie  bien  Romme  justichicr; 
Et  se  jou  sui  retenus  ne  loiés. 
Toute  la  terre  li  demorra  en  fief.  » 

Guis  d'Alemaigne  fu  molt  cortois  et  sages,    (lvih) 
Et  coragous  et  hardis  par  ses  armes. 
Isnelement  apela  .i.  message  : 

2270       «  Va  me  la  fors,  el  maistre  treif  de  paile. 
Si  me  diras  Loey  le  fil  Karle  : 
Por  coi  moront  tant  chevalier  a  armes, 
Ne  por  coi  ert  tante  contrée  arse? 
S'el  cors  de  lui  a  tant  de  vasselage 
Que  cors  a  cors  se  voelle  a  moi  conbatre, 
Dont  avra  Romme  cuite  et  tôt  l'iretage, 
S'il  me  conquiert  (et)  en  icele  bataille  ; 
Et  se  jou  lui  puis  conquerre  par  armes, 
Ou  campion  qui  por  li  se  conbate, 

2280       Dont  s'en  revois  ariere  ens  es  ses  marces  : 

Soie  soit  Franche  qui  bien  est  grande  et  large, 

Et  jou  arai  Romme,  Puille  et  Calabre  ; 

Jusc'a  Mongieu  avra  tôt  l'iretage.  » 

Li  mes  s'en  torne,  qui  de  riens  ne  se  targe. 

Il  est  montés  sor  .1.  mulet  d'Arage. 

Ist  de  la  porte,  qui  fu  et  grans  et  large, 

Et  vint  as  tentes  por  furnir  son  mesage. 

Ne  salua  le  roi  ne  le  barnage. 

Chevaliers  ert  preus  et  cortois  et  sage, 

2290       Ja  parlera  com  hom  de  bon  corage  : 

■  Drois  empereres,  entendes  mon  langage  : 

Dans  Guis  vous  mande,  o  le  fier  vaselage, 

Par  vos  .11.  cors  .1.  fiere  bataille. 

Se  tant  avés  en  vo  cuer  vasselage 

Que  le  puissiés  conquerre  par  ses  armes, 

U  campion  qui  por  vous  se  conbate... 

Tôt  sans  calenge  velt  avoir  l'iretage.  » 

O  le  li  rois,  a  poi  de  duel  n'esrage, 

Tous  cheux  de  France  .1.  et  .1.  en  regarde, 

2263  Ms.  :  vevois  n.  1.  (Vencus  ne  peut  convenir  ;  il  faut  un  mot 
de  3  syllabes.  Voye:{  vers  aaSg).  -   3274  ^s.  :  Se  cors. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  169 

2  3oo       Les  dus,  les  contes  qui  sont  es  très  de  paile  ; 
Il  en  apele  maintenant  le  barnage  : 
«  Franc  chevalier,  por  Dieu  Tesperitable, 
Jou  sui  trop  jovenes  por  furnir  tel  batalle. 
A  il  celui  qui  por  mon  cors  le  face  ? 
Jou  li  donrai  Rains  et  Paris  et  Cartres.  » 
Tôt  s'en  embronchent,  n'i  a  cel  quil  regarde. 
Voit  le  li  rois,  or  ne  seit  il  qu'il  face; 
Tenrement  pleure  dosous  ses  piaus  de  martre. 
Or  ne  seit  il  que  respondre  as  messages. 

aSio       Et  cil  respont,  qui  le  semont  et  haste  : 

«  E!  couars  rois, li  cors  Dieu  mal  te  face! 

Comment  quidés  tenir  teil  yretage, 

Qui  vers  .1.  homme  ne  t'oseras  conbatre?  a 

A  tant  es  vo  Guill.  Fierebrace, 

Bertrans  o  lui,  qui  fu  cortois  et  sages, 

Et  Guielins  a  l'aduré  corage. 

De  fuerre  vienent  et  gastee  ont  le  marce. 

En  sa  conpaigne  ot  .c.  François  as  armes, 

Et  les  serjans  qui  lor  proie  lor  cacent. 

2320       Molt  en  amainent  et  pors  et  bues  et  vaces. 
A  pié  descent  Guili.  Fierebrace  ; 
Il  est  entrés  dedens  le  tref  de  paile, 
Environ  lui  asamble  le  barnage. 
Voit  Loeys  qui  tient  le  chiere  basse, 
Les  larmes  courent  tôt  a  val  le  visage; 
Voit  le  Guill.,  si  li  dit  par  contraire  : 
«  Sire  empereres,  molt  estes  amiables  ; 
Vous  samble's  feme  qui  ploure  par  usage.  » 
Et  dist  li  rois  :  «  Jou  ne  sai  que  jou  face, 

2  33o       Que  au  besoing  me  faut  tous  mes  barnages. 
Guis  d'Alemaigne  m'a  mande'  par  message, 
Que  cors  a  cors  me  requiert  de  bataille  ; 
Et  jou  sui  jovenes,  chou  savés  vous  sans  faille, 
Si  ne  truis  hom  qui  por  moi  se  combate. 
—  Drois  empereres,  »  dist  Guill.  li  sages, 
«  Por  vous  en  ai  fait  plus  de  .xxxiiii.  : 
Guidie's  vous  dont  que  por  cestui  vous  faille?  » 
O  le  li  rois,  par  mi  les  flans  l'enbrace. 
Veille  ou  ne  voelle,  le  baisa  el  viaire  : 


l6o  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

2340       «  Hé  !  jentiex  hom,  Dieu  te  soit  secourable! 
Toz  mes  cors  est  en  vostre  grans  barnages.  » 
Dist  Bertrans  :  «  Oncles,  por  Dieu  Tesperitable, 
Laissie'  me  faire  por  vos  ceste  batalle.  » 
Et  dist  li  quens  :  «  Ja  Damediex  ne  place 
Qu'en  lieu  de  moi  .1.  autres  se  conbate  !  » 
Li  quens  apele  hautement  le  message. 

Li  quens  Guill.  fu  droit  en  son  estant,  (lix) 

Le  messagier  apela  fièrement  : 

«  Amis  biax  frères,  »  dist  Guill.  li  frans, 
235o        «  Che  me  dires  dant  Guion  TAlemant 

Que  por  bataille  mar  en  ira  avant.... 

.L  chevalier,  qui  son  seignor  deffent. 

Par  vos  li  mant  les  trieves  fermement. 

Ostages  voel  et  asselirement; 

Jes  liverrai  vers  lui  tôt  ensement. 

Li  quels  qui  soit  vencus  ou  recréant 

Del  autre  avra  trestot  le  couvenant, 

Q'il  n'ara  garde,  por  nul  homme  vivant; 

So  jel  puis  vaintre  ne  conquerre  ens  el  camp, 
2  36o       Que  li  rois  ait  tote  Romme  le  grant, 

Et  la  contrée  et  Puille  la  devant  ; 

Et  se  jou  sui  vencus  ne  recreans, 

A  iretage  l'avra  a  remanant. 

Et  Loeys  a  son  barnage  grant, 

Outre  Mongiu,  s'en  voist  mus  et  taisans; 

Ja  mais  cha  outre  ne  clamera  plain  gant.  » 

Et  dist  li  mes  :  «  Jou  Fotroi  et  créant.  » 

Il  ist  del  tré  sor  le  mulet  ambiant, 

Desi  a  Romme  s'en  vint  esperonant, 
2370        Par  mi  la  porte  i  est  venus  brochant. 

Encontre  va  dans  Guis  li  Alemans; 

Il  li  escrie,  par  son  fier  maltalent  : 

«  Que  dist  li  rois  qui  justice  les  Frans? 

—  En  non  Dieu,  sire,  tous  fu  mus  et  taisans. 

De  soie  part  fust  bien  fine's  li  cans. 

Car  il  n'eiist  de  conbatre  talent; 

2  363  Ms.  :  nus  e    t. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  l6l 

Il  ne  pooit  avoir  nul  de  ses  Frans 

Qui  por  conbatre  vousist  prendre  le  gant, 

Quant  i  survint  uns  chevalliers  vallant  : 

2  38o        Guill.  dient  Franchois,  mon  ensiant, 
Gros  a  le  neis  et  le  viaire  grant, 
Et  .1.  sien  niés,  c'on  apele  Bertran. 
Cil  dui  plaidierententr'elsmoltlongement 
De  la  bataille  dont  vos  di  le  samblant; 
Li  uns  voloit  del  roi  prendre  le  gant, 
Mes  cil  Guill.  jura  son  sairement 
Que  nus  por  lui  n'en  est[e]roit  en  camp.  » 
Et  respont  Guis  :  «  Bien  i  venra  a  tans. 
Quant  j'avrai  mort  cestui  et  recréant, 

2390       Après  i  viegne  chieus  que  tu  dis,  Bertrans.  » 
Dist  li  messages  :  «  Il  veut  par  couvenant 
Que  li  livrés  ostages  a  talant 
Qu'il  n'ara  garde,  por  nul  homme  vivant, 
Fors  de  vo  cors  et  de  vos  garnimans.  » 
Et  respont  Guis  :  «  Couars  soit  qui  defFant  1  » 
.XX.  chevaliers  i  envoie  esraument. 
De  si  au  tref  vinrent  tôt  maintenant, 
Guill.  jurent  trestot  .xx.  sairement 
Que  couvenant  li  tenront  loiaument. 

2400       Li  quens  Guill.  lor  relivre  ensement  : 
Guis  d'Alemaigne,  a  qui  la  terre  apent, 
N'i  ara  garde  de  trestoute  sa  gent. 
Ne  mais  de  lui  et  de  ses  garnimens. 
Li  quens  s'adoube  par  son  grant  hardement; 
Il  vest  Tauberc,  lace  l'elme  ensement. 
Li  quens  Bertrans  ot  molt  le  cuer  dolent 
Por  la  bataille  dont  n'ot  l'otroiement. 
Guill.  chainst  l'espee  au  poing  d'argent; 
Sor  Arondel  mont[a]  apertement. 

2410       II  prent  la  targe  et  a  son  col  le  pent, 
Prent  .1.  espiel  afilé  et  trenchant, 
A  .V.  claus  d'or  .1.  gonphanon  pendant. 
Le  destrier  broce,  qui  les  grans  saus  porprent. 


^392  Ms.  :  o.  a  lillant  —  2402  Ms.  :  N'i  a  regarde 

II 


î62  U  CORONEMENZ  LOO'lS 

Desi  au  lieu  en  vint  esperonant 

Ou  conbati  a  Corsaut  l'amiranl. 

Et  Guis  s'adoube  dedens  Romme  le  grant  : 

Il  vest  l'auberc,  lace  l'elme  luisant, 

Et  chainst  l'espee  que  fist  Magnificant. 

On  li  amaine  .i,  bon  destrier  courant, 
2420       Noirs  comme  meure,  mais  les  .111.  pies  ot  blans; 
Prinsaut  l'apelent  li  petit  et  li  grant. 

En  nule  [terre]  n'avoit  plus  remuant  : 

Fors  Arondel,  on  ne  seit  plus  vaillant. 

Celui  conquist  Guill.  au  cuer  franc, 

Si  le  dona  au  palasin  Bertrant. 

Quant  fu  montés  dans  Guis  li  Alemans, 

A  son  col  mist  .1.  fort  escu  pesant. 

Entre  ses  puins  .1.  fort  espiel  trenchant, 

A  .111.  claus  d'or  l'enseigne  ventelant. 
2430       Par  mi  la  porte  s'en  ist  esperonant; 

Desi  au  lieu  s'en  est  venus  brochant 

Ou  il  trouva  Guill.  le  vaillant. 

Descendus  est  sor  .1.  pui  verdoiant, 

Arondel  ot  aresné  de  devant  ; 

A  une  brance  pendent  si  garnimant, 

[Et]  son  espiel  a  fichie'  ens  el  camp  ; 

La  bone  enseigne  va  au  vent  ventelant. 

Guis  li  vins  près,  sel  va  contraliant  : 

«  Certes,  François,  jou  te  tieg  por  enfant, 
2440       Qui  contre  moi  as  pris  tes  garnimans. 

Tul(e)  conparras  ains  le  soleil  couchant.  » 

Et  dist  Guill.  :  «  Tais  toi,  fel  souduiant, 

Jou  ne  te  pris  le  quartier  d'un  besant.  » 

Sor  Arondel  est  montés  erraument. 

A  l'acointier  feront  autre  samblant. 

En  TAlemant  ot  chevalier  hardi,  (lx) 

Preu  et  cortois  por  ses  armes  tenir; 
S'il  elist  droit,  assés  estoit  partis. 
Ou  voit  Guill.,  si  l'a  a  raison  mis  : 
2450       I  Sire  Guill.,  trop  par  estes  hardis, 

2414  Ms.  :  D.  a  lui 


U   CORONEMENZ  LOOÏS  l65 

Qui  contre  moi  osastes  cha  venir; 
De  vo  corage  estes  seiirs  et  fis; 
Bien  le  sot  cil  qui  a  moi  te  tramist. 
Desor  mon  droit  est  venus  Loeys  : 
Combatrai  moi,  se  Dieu  plaist  et  jou  vif. 
Par  droit  est  moie  Romme  et  (tres)toz  li  païs, 
Puille,  Calabre  et  Toscane  autresi, 
Toute  la  terre  dusc'as  mons  de  Mongi. 
—  Voir,  »  dist  Guill.,  a  vous  i  avés  menti. 
2460       Par  droit  est  Romme  mon  seignor  Loey, 
Et  la  contrée  et  trestous  li  païs, 
Et  jou  meïsmes  [la]  bataille  en  ai  pris, 
En  icest  camp,  a  Corsaut  l'Arrabi.  » 
Quant  Guis  Tentent,  tous  li  sans  li  frémi, 
N'i  valsist  estre  por  tôt  l'or  Saint  Denis. 
Il  l'en  apele,  si  l'a  a  raison  mis  : 
«  Estes  vous  chou  Guill.  li  marcis. 
Cil  de  Nerbone,  fiex  au  conte  Aimeri? 
Par  dedens  Romme  m'a  on  maintes  fois  dit 
2470       Que  vous  par  armes  estes  preus  et  hardis. 
Gel  roi  de  France,  sel  voliés  guerpir, 
Et  jou  et  vous  partommes  le  païs.  » 
Et  dist  Guill.  :  «  Tais  toi,  Dieu  anemis, 
Que  ja  par  moi  n'ert  mes  sires  traïs. 
De  Damedieu  le  père  te  deffi.  » 
Par  maltalent  li  a  respondu  Guis  : 
«  De  moi  te  garde,  jou  de  toi  autresi. 
Quant  jou  n'i  truis  manaide  ne  merchi, 
Ne  jou  ne  toi  ne  poons  estre  ami.  » 
2480       II  se  départent,  les  cevals  ont  guenchi, 

Plus  s'entrelongent  que  .1.  ars  ne  traisist. 
Les  cevals  brochent,  les  frains  a  bandon  mis, 
Grans  cols  se  douent  es  escus  qui  sont  bis, 
Desoz  les  boucles  les  ont  frais  et  mal  mis, 
Trencent  les  ais,  le  taint  et  le  vernis. 
Tant  furent  fort  li  bon  hauberc  treilis 
Maille  n'en  ront,  ne  clavains  n'en  parti  ; 
Mais  as  grans  forces  des  bons  cevals  de  pris, 

2481  Ms.  :  Puis  —  2484  Ms.  :  D.  1.  coudes 


164  LI  CORONEMENZ  LOOYs 

Et  a  la  force  des  chevaliers  jentis, 
2490       Et  as  grans  lances,  as  bons  fers  poitevins, 
Si  fièrement  se  sont  andoi  requis 
Sele  ne  chaingle  nés  pot  onques  tenir, 
Ne  li  poitral  ne  valent  .11.  espis, 
Gascun  n'estuece  le  sien  archon  guerpir. 
Il  s*ent[r]abatent  des  bons  cevals  de  pris; 
Par  terre  jurent  li  hauberc  doublentin. 
Isnelement  sont  en  pies  resailli; 
Espees  traites,  les  escus  avant  mis, 
Par  grant  iror  se  sont  andoi  requis. 

2  5oo       Quant  li  baron  sont  revenus  en  pies  (lxi) 

A  lor  chevals  prendent  a  repairier  : 

«  Diex,  »  dist  Guill.,  «  par  la  toie  pitie's, 

Ja  ai  jou  fait  itant  estor  plenier, 

Aine  mais  par  homme  ne  perdi  mon  estrier, 

Ne  desoz  moi  ne  caï  mes  destriers.  » 

Guis  d'Alemaigne  commencha  a  huchier  : 

«  Sire  Guill.,  or  t'ai  bien  assaie', 

G'ainc  mais  par  homme  ne  perdi  mon  estrier. 

Gomment  qu'il  prenge,  vous  le  comparrés  chier.  9- 
25 10       Par  grant  iror  va  Tescu  enbrachier. 

Et  trait  l'espee,  dont  li  brans  fu  d'achier. 

Voit  le  Guill.,  si  l'a  molt  resoignié. 

Il  le  connut  a  molt  bon  chevalier. 

De  Tescremir  s'est  bien  aparelliés, 

Gar  en  s'enfance  detercie's  en  fu  bien; 

Il  traist  l'espee,  en  l'escu  s'est  plongiés. 

Guis  d'Alemaigne  par  leil  vertu  i  fiert 

Desor  son  elme,  qui  a  or  fu  vcrgie's, 

Pierres  et  flors  en  a  jus  trebuchiés, 
2520       Le  maistre  cercle  devant  li  a  trenchié. 

Le  bone  coiffe  ne  pot  il  damagier  : 

Encontre  val  coula  li  brans  d'achier, 

De  la  grant  targe  li  trencha  .1.  quartier. 

Voit  le  li  quens,  molt  en  fu  aïriés  ; 

Dieu  reclama,  le  père  droiturier  : 

«  Secor  moi,  sire,  por  la  toie  pitié, 

Que  mes  lignages  n'en  ait  lait  reprovier, 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  I  65 

Ne  Loeys  n'en  resoit  avilliés.  » 

Il  tint  l'espee,  dont  li  brans  fu  d'achier, 

253o       Vint  a  Guion,  qui  le  vaut  damagier, 

Par  mi  son  elme  .i.  [molt]  grant  cop  le  fiert 
Desor  l'escu,  qui  fu  a  or  vergiét, 
Le  blanc  hauberc  li  a  molt  damagie't. 
Desoz  la  hanste  coula  li  brans  d'achier; 
Desous  les  os  li  fist  la  car  perchier, 
Après  l'auberc  la  char  blance  li  chiet  ; 
Reis  a  reis  l'os  li  est  li  brans  glacie's. 
Li  Alemans  fu  del  cop  si  irie's  : 
«  Gloz,  »  dist  Guill.,  «  or  ie's  tu  engingnie's. 

2540       De  vostre  char  ai  este'(i)  machecliers  ; 

Se  fust  de  porc,  bien  vausist  .11.  deniers.  » 
Cil  li  respont,  qui  molt  ot  le  cuer  fier  : 
«  De  ceste  part  sui  jou  or(e)  plus  legiers. 
De  povre  char  se  puet  on  trop  cargier; 
Mes  de  la  toie  me  vaurai  or(e)  vengier; 
Et  [a]  .1.  mire  ai  oï  blasteng[i]er 
Qui  chevalier  fiert  autre  sor  braier.  » 
Et  dist  Guill.  :  «  On  doit  bien  empirier 
Son  anemi  et  en  toz  lieus  blechier.  » 

255o       Puis  s'en  requièrent  ambedoi  li  guerrier, 
Ne  li  uns  l'autre  n'a  cure  d'espargnier. 
N'i  a  celui  ne  se  paint  d'enpirier 
Son  conpaignon  au  brant  forbi  d'achier. 
Lor  grans  escus,  que  portèrent  entiers, 
Ont  il  si  près  a  lor  brans  detailliés 
Cascuns  n'en  a  dont  (il)  puist  covrir  son  chief. 
Tôt  nu  a  nu,  sor  les  haubers  doubliers, 
Les  estuet  me's  as  brans  nus  acointier. 
Bertrans  le  voit,  a  poi  n'est  esragiés, 

256o       Et  Guielins  en  rest  molt  courechiés, 
Et  Loeys  se  rest  en  crois  couchie's 
Devant  l'image  ens  el  maistre  mostier; 
La  proie  Dieu,  le  père  droiturier, 
Qu'il  li  ramaint  Guill.  le  guerrier, 
Le  jentil  conte,  sain  et  sauf  et  entier  : 
«  Diex,  »  dist  li  rois,  «  par  la  toie  pitié, 
Se  Jou  le  pert,  tôt  sui  a  mort  jugiés, 


i66  LI  CORONEMENZ  LOOYs 

Car  c'est  ma  force  et  toz  mes  recovriers. 
En  ceste  ost  a  maint  félon  chevalier, 

2570       Qui  de  moi  tienent  lor  terres  et  lor  fiés, 
Se  jou  perdoie  Guill.  le  guerrier. 
Qui  molt  seroient  haut  et  joiant  et  lie  ; 
Ja  de  lor  terre  n'averoie  plain  pie, 
Tôt  me  valroient  par  force  guerroier.  » 
Pleure  Bertrans  et  Guielins  ses  niés  ; 
Dist  Guielins  :  «  Par  le  vertu  du  chiel, 
Jou  nel  lairoie  por  les  menbres  trenchier 
Que  ne  li  voise  tôt  maintenant  aidier.  » 
Respont  Bertrans  :  «  Que  dis  tu,  esragiés  ? 

2  58o       Ja  vo  lignages  n'en  ara  reprovier  ; 
Nos  li  avons  plevi  et  fianchié.  » 
As  .11.  barons  devommes  repairier, 
Qui  se  conbatent  as  brans  forbis  d'achier. 

Li  quens  Guill.  fu  grains  et  irascus; 
Dieu  reclama,  qui  el  ciel  fait  vertus. 
Aine  mais  ne  fu  par  homme  confondus, 
S'or(e)  ne  se  venge,  ne  se  prise  .1.  festu; 
Il  tint  l'espee,  dont  li  brans  fu  molu, 
Grant  cop  li  donne  en  tant  com  ot  d'escu  : 

2590       Li  quens  le  trait  a  li  par  teil  vertu 

Le  brant  d'achier,  qui  estoit  esmolus, 

A  icel  cop  li  est  mal  avenu, 

Devant  le  heut  li  est  li  brans  rompus. 

Voi  le  li  quens,  aine  tant  dolans  ne  fu, 

A  l'espiel  vient  corant  par  grant  vertu; 

Tôt  son  eslais  est  arrière  venus, 

Et  fiert  Guion  sor  l'auberc  c'ot  vestu, 

Par  molt  grant  force  li  a  tôt  derompu, 

Ens  en  son  elme  li  a  .1.  cop  féru 

2600        Par  si  grant  force  que  il  l'a  abatu 
A  jenoillons,  dolans  et  irascus  ; 
Par  mi  sa  cuisse  ot  molt  de  sanc  perdu  : 
Crevés  estoit  del  cop  qu'il  ot  eii. 
Li  oel  li  troublent,  s'ot  le  viaire  oscur, 
Et  neporquant  tint  il  le  brant  tôt  nu; 
.L  si  grant  cop  a  le  conte  féru, 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  1  67 

S'a  icel  cop  reiist  (bien)  aconseli, 

Mien  escient,  ja  mais  n'elist  vescu. 

Li  quens  trestorne,  ne  l'a  mie  atendu  : 
2610       De  tel  randon  est  li  cols  descendus 

Qu'en  terre  fiert  ou  .un.  pies  ou  plus. 

A  icel  cop  a  il  le  branc  perdu. 

Li  jentiex  quens  ne  se  fist  mie  mu» 

L'espee  prent,  car  grant  mestier  l'en  fu  : 

«  Gloz  •,dist  Guill.,  «  com  ore  ie's  deceus! 

Mar  fu  tes  cors  et  la  toie  vertus; 

Dedens  ton  elme  ai  jou  mon  branc  perdu  : 

Escange  en  ai  del  tien  qui  autés  fu; 

Del  tien  meïsme  te  donrai  ja  salu. 
2620       Par  ton  outrage  t'est  enconbriers  venus. 

Quides  tu  ore  ouvrer  contre  Jhesu, 

Tolir  au  fil  chou  que  le  père  fu  ? 

Tôt  chou  conquist  Karles  par  sa  vertu, 

A  Loeys  est  par  droit  revenu.  » 

Li  quens  Guill.  fu  jentiex  chevaliers,       (lxi-lxii) 

Courtois  et  sages,  se  n'i  ot  qu'ensignier  : 

Se  il  vausist  a  lui  merchi  proier, 

Il  le  rendist  (a)  Loey  prisonier. 

Guis  resaut  sus  a  loi  d'omme  guerrier, 
263o       Car  il  cuida  a  l'espiel  repairier. 

Et  dist  Guill.  :  «  Or  me  puis  trop  targier!  » 

Grant  cop  li  donne  par  mi  l'elme  vergie', 

Pieres  et  flors  en  a  jus  trebuchié. 

Desor  l'espaule  descent  li  cols  pleniers, 

Li  blans  haubers  ne  li  valt  .1.  denier  : 

Desi  a  l'os  li  fist  le  branc  baignier, 

Que  devant  lui  l'a  fait  ajenoillier. 

D'un  autre  cop  ot  li  quens  reprovier  : 

Tel  cop  li  done  sor  son  elme  vergié 
2640       Par  mi  les  las  a  son  cop  emploie. 

La  teste  en  vole  et  li  Alemans  chiet 

En  .1.  fossé,  dont  parfont  sont  li  lié. 

Li  fers  pesans  l'affondra  el  gravier 

2620  Ms.  :  tost  e.  V. 


l68  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Poisson  en  l'aiguë,  qui  puis  n'en  fu  sachiés. 

Li  quens  Guill.  ne  s'est  mie  atargie's  : 

Isnelement  est  venus  au  destrier. 
Andoi  estoient  par  desoz  l'olivier. 

Sor  Arondel  est  monte's  tôt  premiers, 

Qui  miex  valoit  que  nus  cevals  soz  ciel; 
265o       Pri[n]saut  en  maine,  qu'il  ne  le  valt  laissier. 

Desi  a  lost  ne  fina  de  brochier. 

Encontre  vienent  li  baron  chevalier, 

Encontre  va  Loeys  li  guerriers. 

Teil  l'a  joï  qui  ne  l'a  gaires  chier. 

Et  Guielins  et  Bertrans  li  legiers  : 

«  Comment  vous  est,  »  font  il,  «  biax  oncles  chiers? 

—  Cousin,  »  dist  il,  «  tous  sui  sains  et  haitiés. 

Me's  d'orbes  cols  ai  si  mon  cors  cargié. 

Tôt  mon  gaaing  vous  donrai  volentiers, 
2660       Cest  bon  ceval,  qui  molt  fait  a  proisier. 

Il  est  molt  bons  por  .1.  prodomme  aidier  : 

Fors  Arondel,  il  n'a  mellor  soz  ciel.  » 

Et  dist  Bertrans  :  «  Grans  mercis  en  aies; 

Por  vostre  amor  le  tenra  on  molt  chier.  » 

Li  quens  Guill.  a  fait  par  l'ost  huchier 

Que  trestot  s'arment,  serjant  et  chevalier  ; 

S'iront  a  Romme  assalir  et  lanchier  : 

«  S'on  ne  nous  ouevre  les  portes  sans  dangier, 

Toz  les  ostages  que  on  me  livra  ier 
2670       Ferai  ancui  et  pendre  et  essillier.  » 

Li  baron  s'arment,  qui  ne  l'osent  laissier. 

De  si  a  Romme  ne  se  valrent  targier. 

Cil  dedens  Romme  se  sont  aparellié, 

D'eus  a  defFendre  ne  sont  preu  consillié  : 

Les  portes  oevrent,  s'ont  le  pont  abaissié. 

Encontre  vait  tous  li  sages  clergiés; 

Tôt  revestu  issirent  del  mostier. 

Conte  Guill.  vont  tôt  caoir  as  pie's. 

Et  Loey,  le  bon  roi  droiturier. 
2680       Au  jentil  conte  en  prist  si  grant  pitie's 

Que  le  chité  ne  laissa  essillier. 

Son  seignor  fait  erraument,  sans  targier, 

En  la  caiere  assir  ens  el  mostier; 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  169 

Corone  d'or  li  a  fermé  el  cief. 
Le  jor  le  fist  Guill.  roi(s)  princhier. 
Dont  fait  mander  les  jentiex  chevaliers 
Qui  par  Rommaigne  pueent  plus  justichier; 
Toz  les  a  fait  plevir  et  fianchier 
Foi  porteront  Loey  le  guerrier 
2690       Et  a  seignor  le  tenront  volentiers. 

Tôt  li  jurèrent  et  foi  et  sairement.  (lxiii) 

Tels  li  jura  qui  molt  bien  li  atent, 

Et  tels  li  jure  qui  ains  li  puet  li  ment, 

Si  se  parjurent  vers  lui  a  enssient  : 

«  Loeys  sire,  »  dist  Guill.,  «  entent  : 

Ore  avés  Romme  en  vostre  casement. 

Faire  en  poés  vostre  commandement, 

Si  comme  cil  a  qui  Tonors  apent; 

Or  savons  nos  très  bien  a  ensient 
2700       Que  d'apostole  n'a  a  Romme  noient. 

Cil  qui  mors  est  le  tint  molt  longement. 

Mes  sires  estes  :  s'il  vous  vient  a  talent, 

Metés  i,  sire,  apostoile  briefment, 

A  eslichon  en  sommes  plus  de  cent.  » 

Illuec  estoit  li  fiex  Milon  d'Aiglent, 

Plus  sage  clerc  n'ot  dusqu'en  Bonivent; 

En  la  caiere  l'asissent  hautement. 

Nostre  empereres  par  son  avisement 

L'avoit  eslit  a  son  avisement 

2710       Par  le  conseil  dant  Guill.  et  sa  gent  : 

La  terre  en  fu  gardée  sauvement. 

Quant  trestot  furent  doné  li  casement, 

Li  rois  apele,  si  parla  bêlement 

A  l'apostole,  a  qui  la  lois  apent. 

De  ses  prisons  le  grant  raenchon  prcnt  : 

Tôt  départi  et  l'or  fin  et  l'argent, 

Si  le  donna  a  Guill.  et  sa  gent. 

Onques  blasmé  n'en  fu,  mon  ensient. 

Rois  Loeys  quant  ot  de  chou  fine,  (lxiii) 

271!)  Ms.  :  possons 


17^  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

2720       Tôt  li  baron  li  ont  fait  feuté. 

Dont  s'en  tornerent  le  grant  cemin  feré. 
Quant  de  la  terre  fu  bien  asselirés, 
Vers  douce  France  velt  li  rois  retorner. 
Ne  sai  que  doie  lor  jornees  conter  : 
Vers  Lombardie  se  sont  acheminé, 
Desi  en  France  ne  se  sont  aresté. 
A  Paris  vindrent,  la  mirable  cité. 
Guill.  va  a  Most[e]ruel  sor  mer, 
Et  avoec  lui  Bertrans  li  adurés. 

2730       A  Loeys  recroist  la  paine  teis, 
Cil  qui  li  orent  plevi  et  afié 
Trestot  li  fallent,  si  s'estoient  fausé. 
Li  .1.  velt  l'autre  guerroier  et  fouler. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS  171 


III.  —  FRAGMENTS  DU  MANUSCRIT  E 


M.  L.  Delisle  a  bien  voulu  m'cnvoyer  le  morceau  de 
parchemin  dont  j'ai  parlé  plus  haut  (p.  cxl),  et  m'appren- 
dre  en  même  temps  que  «  la  reliure  dans  laquelle  s^est 
trouvé  ce  morceau  ne  renfermait  pas  d'autres  parche- 
mins, mais  seulement  des  débris  d'impressions  de  livres 
de  droit  en  caractères  gothiques,  d'origine  italienne  et 
lyonnaise.  » 

Ce  fragment  ^  contient,  d'un  côté,  14  vers,  et,  de  l'au- 
tre, 14  vers  et  demi.  Ces  vers  sont  à  peu  près  identiques 
aux  vers  2385-2398,  2504-25 18  du  manuscrit  C,  et  suffi- 
sent à  prouver  que  les  deux  manuscrits  sont  de  la  même 
famille.  Celte  comparaison  avec  le  manuscrit  C  permet 
encore  de  constater  qu'entre  le  dernier  vers  du  recto  et 
le  dernier  du  verso  du  fragment,  la  distance  est  de 
119  vers,  ce  qui  montre  que  le  manuscrit  perdu,  que 
j'appelle  E,  était  écrit  sur  2  colonnes  de  40  vers  chacune, 
et  qu'il  nous  reste  les  derniers  vers  des  colonnes  a  et  d. 
De  plus,  on  peut  reconnaître  les  initiales  A,  E,  A,  Par, 
D,  O,  D,  A,  A  des  9  vers  de  la  colonne  b,  correspondant 
aux  vers  2427-2435  du  manuscrit  C.  Le  manuscrit  E  a 
été  écrit  par  un  Picard. 


Li  uns  voloit  del  roi  prendre  le  gant. 
Mes  cil  G.  jura  son  sairement 
Que  nus  por  li  n'en  enterroit  en  camp.  » 
Et  respont  Guis  :  «  Bien  i  venra  a  tans. 
Quant  j'avrai  mort  cestui  et  recréant, 
.4prés  i  viegne  chieus  qui  tu  dis,  B.  » 

I.  11  a  été  rattaché  au  ms.  Fr.  5094,  nouv.  acq.,  volume  où  l'on  a 
réuni  des  fragments  de  divers  manuscrits  français. 


172  LI  CORONEMENZ  LOOÏS 

Dist  li  messages  :  t  II  veut  par  couvenant 
Que  li  livrés  ostages  a  talant 
Qu'il  n'avra  garde,  por  nul  homme  vivant, 
Fors  de  vo  cors  et  de  vo  garnimans.  » 
Et  respont  Guis  :  «  Couars  soit  qui  deffant! 
Vint  chevaliers  i  envoie  erraument. 
De  si  au  tré  vinrent  tôt  maintenant, 
Guill.  jurent  trestot  .xx.  sairement 


«  Aine  mais  par  homme  ne  per[di  mon  estrier,] 

Ne  desoz  moi  ne  caï  mes  destriers.  » 

Guis  d'Alemaigne  commencha  a  huchier  : 

«  Sire  Guill.,  or  sui  jou  bien  ....  ié, 

C'ainc  mais  par  homme  ne  perdi  mon  estrier. 

Comment  que  pregne,  vos  le  comparre's  chier.  1 

Par  grant  irour  a  l'escu  enbrachié, 

Et  trait  l'espee,  dont  li  brans  fu  d'acier. 

Voi  le  Guill.,  si  l'a  molt  resoignié. 

Il  le  connut  a  molt  bon  chevalier. 

Del  escermir  s'est  bien  aparelliés, 

Car  en  s'enfance  dotrinés  en  fu  bien; 

Il  traist  l'espee,  en  l'escus  s'est  plongie's. 

Guis  d'Alemaigne  par  teil  vertu  i  fîert 

Desor  son  elme,  qui  a  or  fu  vergiés 


VOCABULAIRE 


(1) 


1  a  14,  23,  à. 

2  a  voy.  aveir. 

aaisier  1 175,  aaisiez  5o3,  rendre 
heureux,  mettre  à  Vaise. 

aaisiez  voy.  aaisier. 

abaissa  voy,  abaissier. 

abaisse  voy.  abaissier. 

abaissier  583,  i3i3,  abaisse  (s*) 
953,  abaissa  (sO  1109,  abais- 
ser. 

abandonez  (abandoner)  700, 
abandonner. 

abat  voy.  abatre. 

abati  voy.  abatre. 

abatis  voy.  abatre. 

abatre  180,  467,  abat  668,  1041, 
1046,  abatis  1019,  abati  1939, 
1962,  abattre. 

abé  voy.  abes. 

abcs  446,  346,  abé  1982,  abes 


1763,  1771  (f orme  ir  régulière 
durég.pl.),  abez  45,  1694, 
abbé. 

abez  voy.  abes. 

abrivez  (abriver)  292,  323,  1 384, 
22  25,  rapide,   impétueux. 

acesmeement  867,  2  5o3,  élé- 
gamment, avec  grâce. 

acheminé  (s'acheminer)  281,  se 
mettre  en  route. 

acier  voy.  aciers. 

aciers  639,  258i,  acier  582, 
2 147,  acier,  épée. 

acoilli  voy.  acuelt. 

acoiniier  204,  i555,  faire  con- 
naître; 1 374,  fréquenter^  con  - 
naître;  ibog,  connaître. 

acompliz  (acomplir)  739,  «c- 
complir. 

acorïter  279,  conter,  raconter. 


(i)  J'ai  fait  entrer  dans  ce  vocabulaire  tous  les  mots  du  texte  critique,  même- 
le&  plus  connus,  parce  que  mon  intention  n'est  pas  seulement  de  faciliter  la  lec- 
ture de  ce  texte,  mais  encore  et  surtout  de  contribuer  à  l'histoire  des  mots. 
Sauf  pour  les  mots  rares,  ou  ayant  différentes  acceptions,  je  n'ai  indiqué  que 
deux  exemples  de  chaque  forme. 


74 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 


acorcié  (acorcier)  iiSg,  raccour- 
cir. 

acorde  1977,  2062,  accord. 

acordé  (acorder)  2061,  21 17,  ac- 
corder. 

acordement  877,  accord. 

acreissiez  voy.  acreistrai. 

acreistrai  (acreistre)  109,  acreis- 
siez 1546,  accroître. 

acuelt  (s')  (s'acoillir)  2680, 
acoilli  1485,  se  mettre  à, 
commencer. 

adesez  Cadeser)  1 926, 7 1 ,  toucher. 

adoba  (adober)  i65i,  adobez 
1647,  adobé  493,  armer,  ar- 
mer chevalier. 

adobé  voy.  adoba. 

adobez  voy.  adoba. 

adonc  708,  876,  alors. 

adonques  2472,  alors. 

adrecier  1 85, /aire  droit. 

aduré  (adur«r)  1760,  2025, 
rendre  dur,  solide. 

aé  1416,  âge. 

afaitiez  (afaitier)  643,  préparer. 

aferment  (afermer)  1292,  con- 
firmer. 

aficha  (s')  (s'aficher)  1262,  s'é- 
tabliry  se  consolider. 

aficnt  (afier)  2081,  afiez  2233, 
assurer,  donner  sa  parole. 

afolez  (afoler)  784,  blesser. 

afubler  763,  revêtir. 

agenoille  (s')  voy.  agenoillier  (s'). 

agenoillier  (s')  229,  1729,  age- 
noille (s';  1681,  s'agenouiller. 

agrée  (agréer)  2034,  2037,  plaire. 

aguaiz  i588,  1624,  1620,  1579, 
embuscade. 

aguisié  (aguisier)  1935,  aiguiser. 


aguz  1208,  1229,  1242,  2i5i, 

pointu. 
ahi  55o,  589,  ahf 
ai  voy.  aveir. 
aida  voy.  aidier, 
aidanz  voy.  aidier. 

1  aïde  2319,  aide,  secours. 

2  aïde  voy.  aidier. 
aidié  voy.  aidier. 

aidier  212,  34G,  aida  1235, 
22o3,  aide  354,  ^82,  aidiez 
256o,  2610,  aït  2177,  23 14, 
aidanz  i,  aidié  i325,  aider. 

aidiez  voy.  aidier. 

aie  voy.  aveir. 

aient  voy.  aveir. 

aies  voy.  aveir. 

aiez  voy.  aveir. 

ailles  voy.  aler. 

aime  voy.  amer. 

ainceis  184,  195  (adv.),  mais,  au 
contraire;  2568,  2S8y  (prép.), 
avant. 

ainz  173,  iSo  (adv.),  mais,  au 
contraire;  2641  (prép.),  avant. 

aire  461,  race,  naturel. 

aise  iii3,  aise. 

ait  voy.  aveir. 

ait  voy.  aidier. 

ajorner  voy.  ajornez. 

ajornez  (ajorner)  159?,  ajorner 
3i5,  séjourner, 

al  7,  182  =  a  le,  au. 

ala  voy.  aler. 

alas  voy.  aler. 

alasse  voy.  aler. 

alberc  943,  ïob3, haubert.  Voy. 
halbers. 

alcubes  2282,  sorte  de  tente. 

alcun  2192,  à  quelqu'un. 


VOCABULAIRE 


aie  voy.  aler. 

alegre  2179,  sain. 

aleit  vojy.  aler. 

aler  3oo,  742,  vait  3i,  162,  vont 
1188,  2167,  aleit  2448,  alas 
737,  738,  ala  240,  igSS,  ale- 
rent  200 r,  irai  437,  2295, 
ira  201,  2473,  irez  1661, 
iriez  665,  va  161 3,  2435, 
alons  263o,  alez  4o3,  2366, 
voise  402,  1182,  voist  2378, 
2454,  ailles  592,  alasse  2451, 
alez  2240,  aie  287.  i3Q3,a//er. 

alerent  voy.  aler. 

alerions  968,  aigle. 

aleva  voy.  alever. 

«lever  82,  i38,  177,  aleva  i5, 
alevez  47,  élever,  accroître. 

alevez  voy.  alever. 

alez  voy.  aler. 

alferant  6o3,  cheval  de  bataille. 

alignié  (alignier)  1841,  aligner. 

alongiez  (alongier)  1160,  a/oH- 
ger. 

alons  voy.  aler. 

alosez  (aloser)  273,  renommé. 

alquant  2090,  2339,  quelques- 
uns. 

alsi  1073,  2464,  autant,  aussi. 

altel  48,  63,  autel. 

altre  voy.  altres. 

altres  404,  736,  293,  332,  alire 
1077,  2334,  204,  73i,  1816, 
autre. 
altresi  iiSb,  2536,  aussi. 
alumer  2283,  allumer. 
ama  voy.  amer, 
ambesdous  489,  tous  deux. 
ameine  (amener)  409,  5o4,  ame- 
nons    2207,    amenai     2262  , 


amerrai   1705,  amenez  iSSg, 
amené  384,  amener. 

amenai  voy.  ameine. 

amené  voy.  ameine. 

amenez  voy.  ameine. 

amenons  voy.  ameine, 

amer    iSy,    83o,     aime     170, 
ama  3o8,  amez  159,  aimer, 

amerrai  voy.  ameine. 

amez  voy.  amer. 

ami  voy.  amis. 

amiralz  2176,  chef  sarrasin. 

amirant  voy.  amiranz. 

amiranz  1 107,  amirant  437,  472, 
chef  sarrasin. 

amirez   3o2,   1419,   2238,  chef 
sarrasin. 

amis  2434,   2459,   ami    1495, 
2526,  amis  396,  429,  ami. 

amistié  1846,  1862,  amitié. 

amor  i85,  i834,  amors   2121, 
amour. 

amors  voy.  amor. 

ancestre  464,  ancêtre. 

anché  5o5.  Le  sens  précis  de  ce 
mot  m'échappe.  Est-ce  trapu 
Cm.  à  m.  qui  a  des  hanches)? 
est-ce  boiteux  {mha.  hinken, 
boiter.  Voy.  Rom.,  III,  i52)? 
Dans  le  roman  de  Meraugis 
de  Portlesguez  on  lit  :  Son 
duel  menant  par  le  palais 
Quant  ele  voit  Belchis  Tan- 
ches (Ms.  de  Vienne,  d'après 
le  Dict.  de  Godefroi,  au  mot 
anches);  Tançais (3/5.  de  Tu- 
rin, d'après  M.  Michelant, 
Mer.  de  P.,p.  266,  variantes). 
AI.  Michelant  a  imprimé  dans 
^      son    texte  Belchis   Lanchais 


76 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


{p.  164).  Le  portrait  de  Bel- 
chis.  Qui  a  le  front  plus 
noir  que  pois,  C'est  li  plus 
lais  qu'onques  nature  Feïst 
(p.  160),  ressemble  à  celui  de 
Corsolt. 

anconSîi,  1828,  encore. 

ancore  474,  1098,  même  sens. 

ancui  611,  aujourd'hui. 

anel  1392,  anneau. 

angevin  154,  angevin  (petit 
denier  de  l'Anjou). 

angoisse  930,  souffrance. 

angoissier  22-25,  presser. 

anme  874,  anmes  388, 453,  dme. 

anoncier  2o53,  conter. 

ansdous  487,  2111,1239,  même 
sens  ^«'ambesdous. 

anste  1146,  1896,  2332,  bois  de 
la  lance.  Voy.  hanste. 

anz  io3,  106,  an,  année. 

aorer  807,  aorez  1406,  i563, 
adorer. 

aorez  voy.  aorer. 

apaié  (apaier)  1973,   accorder. 

apareille  voy.  apareillier. 

apareillent  voy.  apareillier. 

apareillié  voy.  apareillier. 

apareillier  52 1 ,  1 188,  2569,  apa- 
reille (s')  2645,  apareillent  (s') 
2214,  2540,  apareillié  124, 
655,  apareilliez  1285,  apprê- 
ter, préparer,  arranger. 

apareilliez  voy.  apareillier. 

apela  voy.  apcle. 

apele  (apeler)  255,  2G59,  ape- 
lent  ii63,  apela  835,  2386, 
apelez  284,  apelé  61,  apelee 
2o3g,  apeler. 

apclé  voy.  apele. 


apelee  voy.  apele. 

apelent  voy.  apele. 
apelez  voy.  apele. 

apende  voy.  apent. 

apent  (apendre)  17,  874,  apende 
16,   appendre,  dépendre. 

aperceû  voy.  apcrceûz. 

aperceûz  (aperceivre)  1222,  aper- 
ceû  1224,  1196,    apercevoir. 

apoié  voy.  apoiez. 

apoiez  (apoier)  2577,  apoié  1 145, 
1957,  appuyer. 

aporte  (aporter)  40G,  594,  apor- 
tent  329,  632,  aporlez  2474, 
2495,  apporter. 

aportent  voy.  aporte. 

aportez  voy.  aporte. 

apostoile  voy,  apostoiles. 

aposioiles  41,  327,  apostoile 
5 II.  SSS,  pape. 

apostre262,  bSo,  2533, S. Pierre; 
apostres  101 3,  apôtre. 

apostres  voy.  apostre, 

après  168,  287,  après. 

apresté  (aprester)  478,  apprêter. 

aprochier  573,  647,  aprochiez 
235 1,  approcher. 

aprochiez  voy.  aprochier. 

aquitee  (aquiter)  108 3,  délivrer. 

aragon   io35,  1800,  aragonais. 

araisne  voy.  araisnier. 

araisnié  voy.  araisnier. 

araisnier  loi,  344,  356,  araisne 
45 1,  2433.  474,  araisone 
19 12,  araisnié  2290,  araisone 
792,  entretenir,  adresser  la 
parole. 

araisone  voy.  araisnier. 

araisone  voy.  araisnier. 

arbaleste  1026,  6^2,  arbalète. 


I 


VOCABULAIRE 


177 


arbalestee  1070,  portée  d'une 
arbalète. 

arbre  294,  489,  arbres  700,  ar- 
bre. 

arc  voy.  ars. 

arcevesques  60,  566,  40,  arche- 
vêque. 

arche  887,  262,  441,  457,  493, 
niche;  717,  arche  (de  Noë). 

arçon  65o,  arçons  2178,  ar- 
çon. 

ardeir  196,  533,  2679,  ardent, 
2655,  ardait  1021,  ars  526, 
brûler. 

ardait  voy.  ardeir. 

ardenz  2478,  ardent. 

ardent  voy.  ardeir. 

arcsiage  1347,  ^f*'^i- 

arestant  voy.  areste. 

■reste  (s')  (s'arester)  1623, 
2i53,  arestent  1449,  arestant 
25o8,  aresté  282,  2278,  ares- 
tuz  1244,  s'arrêter. 

tresté  voy.  areste  (s'). 

aresteison  1802,  arrêt. 

trcstement  2457,  2476,  2497, 
arrêt. 

arestent  voy.  areste  (s'). 

arestuz  voy,  areste  (s'). 

argent  238,  25»,  argent. 

arme  1928,  1934,  armes  25i, 
2  58,  arme. 

armé  voy.  armer. 

armer  420,  armèrent  636,  ar- 
mez 2415,  2273,  armé  lui, 
424,  armer  2498,  armer. 

armèrent  voy.  armer. 

armes  voy.  arme. 

armez  voy.  armer. 

armeûre  954,  armure. 


arote(s')  (s'aroter) 423,5c  mettre 

en  troupe. 
arpent  665,  839,  arpent. 
arrieri272, 1907,  2iS3, arrière. 
arrière  i55o,  2354,  arrière. 

1  ars  voy.  ardeir. 

2  ars  2537,  ^rc  641,  arc. 

1  as  2i5,  374,  741,  aux. 

2  as  voy.  aveir. 
asegier  191,  assiéger. 
asnesse  989,  ànesse. 

aspres  392,  401,  329,  i435, 
cruel,  pénible. 

assailles  voy.  assalt. 

assalt  (assalir)  2o32,  assailles 
891,  assaillir. 

assasé  2287,  rassasier. 

assembla  (assembler)  2000,  as- 
semblerons 1007,  assemblez 
2241,  2271,  assembler. 

assemblerons  voy.  assembla. 

assemblez  voy.   assembla. 

assez  878,  1294,  2  235,  asse:{, 
beaucoup. 

assieent  voy.  assiet. 

assiet  (asseeir)  i3i,  144,  i353, 
2636,  assieent  (s')  1293,  as- 
sis 1686,  appliquer,  placer, 
asseoir. 

assis  voy.  assiet. 

assotez  (assoter)  22^8,  2664, 
rendre  sot. 

aste  2364,  M.  Godefroy  (Dict,, 
sous  enhaste)  lit  enhaste.  En- 
haster  signifie  embrocher  et 
ne  peut  guère  aller  ici;  je 
préfère  en  aste  =  en  guise  de 
lance,  tenu  comme  une  lance. 

atachiez  (atachicr)  649,  attacher. 

atarge  (s';  voy.  atargier. 
12 


'78 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 


atargier  1981,  2  187,  atargier  (s*) 

606,  2614,  atarge(s')  447,  908, 

2382,    aiargiez    ii5i,    2398, 

atargier  143,  375,  attarder, 

s'attarder. 

atargiez  voy.  atargier. 

ateint  (ateindre)  12 16,  atteindre. 

atendereie  voy.  atent. 

atendié  voy.  atent. 

atendrions  vo^'.  atent. 

Etendu  voy.  atent. 

atent  (atendre)  962,  1 107,  aten- 
dié 1939,  atendereie  63o,aten- 
drions  1195,  atendu  629, 
1202,  attendre. 

aiochier  666,  toucher.  {On  peut 
lire  aussi  a  tochier). 

atorner662,  i5gb,  atornez  i58i, 
armer,  préparer,  attirer. 

atornez  voy.  atorner. 

aval  voy.  val  (a). 

avancier  661,  avanciez  1297, 
93,  avancer. 

avanciez  voy.  avancier. 

avant  87,  129,  avant;  2491 ,  d'a- 
bord. 

avantage  892,  928,  avantage. 

aveieni  voy.  aveir. 

I  aveir  172, 890,  ai  260,  2314,  as 
794,  800,  a  i3o,  149,  avons 
374,  536,  avez  415,  558,  ont 
34,  57,  aveit  247,  688,  avions 
199,  oi  963,  2197,  ot  14,  29, 
orent  274,  7o3,  avrai  664. 
247,  avras  i5i,  167,  avéras 
139,  avra  98,  2o5,  avrons 
902,  1578,  avrez  1 363,  avront 
1930,  avreient  1992,  aiez 
1950,  2625,  aie  1089,  aies 
194,   2253,  ait    24,    32,   aiez 


190,  aient  2293,  eusse  i228,{ 
1476,  eûst  610,  634,  eussent 
307,  1477,  eu  i356,  avoir. 

2  aveir  285,  438,  fortune. 

aveit  voy.  aveir. 

avenants,  avenante  11,  agréa- 
ble. 

avenist  (avenir)  io52,  avenu 
1226,  advenir. 

avenu  voy.  avenist. 

aver  2265,  avare. 

avéras  voy.  aveir. 

avérez  (avérer)  29g,  confirmer, 
réaliser. 

aversier  voy.  aversiers. 

aversiers  563,  i357,  aversier 
498,  5o5,  559,  347,  607,  er^ 
nemi,  diable. 

aves  464,  aïeul. 

avespré  (avesprer)  3i3,  i383,  se 
faire  tard. 

avesprer  iy0,tard,  soir. 

avez  voy.  aveir. 

avions  voy.  aveir. 

avons  voy.  aveir. 

avra  voy.  aveir. 

avrai  voy.  aveir. 

avras  voy.  aveir. 

avreient  voy.  aveir. 

avrez  voy.  aveir. 

avril  1456,  avril. 

avrons  voy.  aveir. 

avront  voy.  aveir. 

avuec  201,  568,  avec. 


bacheler  voy.  bachelers. 
bachelers    1369,  2018,  bacheler 

22bb,  jeune  homme. 
baee  (baer)  1072,  être  béant. 


VOCABULAIRE 


179 


baille  voy.  baillier. 
baillie  167,  possession. 
baillier 79,  193,223,654,  )362, 
i638,  baille  252,  410,  473, 
488,  868,  i-]^6, prendre,  pos- 
séder, porter^  donner. 
baisa  voy.  baisier. 
baisâmes  voy.  baisier. 
baisant  voy.  baisier. 
baise  voy.  baisier. 
baisié  voy.  baisier. 
baisier   239,    596,   baise   141 3, 
baisa    11 53,    1768,    baisâmes 
2i32,baisierent(se)  1976,  bai- 
sant 757,  baisié  1730,  baiser, 

baisierent  voy.  baisier. 

baissa  voy.  baisse. 

baisse  (baissier)  1240,  baissa 
1082,  baisser. 

balcent  409,  cheval  pie,  tacheté. 

balz  1952,  -6i6,;7/eirt  d'entrain. 

ban  i5o3,  ban. 

bandon  (a)  995,  1002,  entière- 
ment. 

baptisié  voy.  baptisier. 

bapiisier  2239,  baptisiez  1161, 
1281,  baptisié  1286,  53i, 
baptiser. 

baptisiez  voy.  baptisier. 

barbe  1439,  1456,  barbe. 

barbé  819,  barbu. 

barges  439,  455,  barques. 

barnages,  404,  423,  2444,  bar- 
nage  267,  338,  384,482,  895, 
assemblage  de  barons,  acte 
digne  d'un  baron,  courage. 

baron  voy.  ber. 

barons  voy.  ber. 

barre  1675,  1716,  barres  421, 
<lOG,  clôture. 


barres  voy.  barre. 

bas  873  iadv.)  bas. 

basse  434  {adj .),  bas. 

basti  voy.  bastiz. 

bastiz  (bastir)  1482.  basti  1695, 

créer. 
baston  341,  1790,  basions  1773, 

bâton. 
bastonet  2364,  petit  bâton. 
bataille 427,  573,  batailles  2443, 

bataille. 
batailles  voy»  bataille, 
bataillier  610,  se  battre. 
bâtent  (batre)   1773,   bâti   773, 

batu  626,  batuz    1329,    batre 

i3i7,  battre. 
bâti  voy.  batre. 
batre  voy.  bâtent, 
batu  voy.  bâtent, 
batuz  voy.  bâtent. 

1  bel  2633  {adv,),  bien. 

2  bel  {aaj.)  voy.  bels. 
bêle  voy.  bels. 
bêles  voy.  bels. 

bels  62,  80,  bel  608,  892,  bêle 
419,  42,  43.  bêles  684, 
beau. 

bel  té  1378,  beauté. 

beneeite  voy.  beneïr. 

beneïçon  1814,  i833,  bénédic- 
tion. 

beneïr  1466,  beneïz  2533,  be- 
neeite 27,  bénir. 

beneïz  voy.  beneïr. 

ber  320,  1254,  2209,  baron 
220,  i322,  10,  52,  barons 
2254,  brave,  guerrier. 

besan  12570,  besant. 

besoing  1327,  2285,  besoin. 

beste  1073,  bête. 


i8o 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


1  bien  3g,  45,  74  {adv.),  bien, 
au  moins. 

2  bien  2121  (subst.),  bien. 
blanc  638,  giS,    blans    i233, 

2545,  blanche  1456,  blanches 
741,  991,  blanc. 
blanche  voy.  blanc, 
blanches  voy.  blanc, 
blans  voy.  blanc, 
blasme  voy.  blasmer. 
blasmer    698,  blasme  923,  blâ- 
mer. 
boche  1922,  bouche. 
bocle  1078,  2145,  bocles  i232, 
2544,   renflement   central   de 
Vécu. 
bocles  voy.  bocle, 
boele  2178,  intestins. 
bois    iSgô,    1979,    2223,    bois, 

forêt, 
boisereient  voy.  boisier. 
boisier  119,  i36,   1971,  boise- 
reient 208,  trahir. 
bonté  689,  bonté, 
bore  2o33,  2o55,  bourg. 
borgeis  1886,  1875,  2072,  bour- 
geois. 
bos  23,  bois. 
bota  voy.  boter. 
boter   1398,   boia   1687,    botez 

765,  pousser,  heurter. 
botez  voy.  boter. 
boion  1008,  1819,  bouton. 
brahanz  2282,  tente. 
braier  609,  i33i,  ceinture. 
braire  708,  crier. 
brandist     (brandir)    870,    910, 

brandir. 
brant    11 32,    I2i3,  branz   274, 
i324,  épées. 


branz  voy.  brant. 

brasier  5o6,  543,  brasier. 

braz  594,  1 125,  624,  bras. 

bricon  964,  io33,/ott. 

briés  1997,  2268,  lettre. 

brisent  (brisier)  2546,  brisié 
i32,  briser. 

brisié  voy.  brisent. 

brochant  voy.  brochier. 

broche  voy.  brochier. 

brochent  voy.  brochier. 

brochier  671,  1942,  broche  909, 
941,  brochent  2641,  brochant 
2456,  éperonner. 

broigne  971,  637,  638,  cui- 
rasse. 

broïne  23o3,  2327,  brouillard. 

brueil  iZ  10^  petit  bois. 

bruire  (bruire)  952,  968,  faire 

du  bruit. 
brun  voy.  bruns, 
bruns  gSg,    1489,  brun    2016, 
bruns. 

1  bu  (beivre)  85 1 ,  boire. 

2  bu  i2i3,  1246,  bus  3o7, 
tronc  du  corps. 

1  buen  i3i6,  ce  qui  plaît. 

2  buen  voy.   buens. 
buene  voy.  buens. 

buens  107,  146,  429,  2273,  buen 
32,677,35,2526,  buene  3,  29, 
bon. 

buisson  1020,  buisson. 

bus  voy.   bu  2. 

busche  1021,  bois  de  chauffage. 


c  pour  ce. 

1  ça  521,  528  {adv.),  ici. 

2  ça  258o  {pron.),  cela. 


VOCABULAIRE 


l8l 


calice  442,  458,  calice. 

ce  94,  iio,  70,  79.  ce. 

ceignent  voy.  ceindre. 

ceindre  ii'ig,  ceint  408,639, 
ceignent  2299,  ceinsis  978, 
ceint  i524,  ceinte  122,  2481, 
ceindre. 

ceinsis  voy»  ceindre. 

ceint  voy.  ceindre. 

ceinte  voy,  ceindre. 

cel  voy.  cil. 

celasse  voy.  celer. 

ccle  voy.  cil. 

celé  voy.  celer. 

célébrer  201 5,  célébrer. 

celer  174,  233,  703,  2622,  cèle- 
rai 166,  2460,  cèlerions  1828, 
celasse  2390,  2422,  celez  817, 
celé  793,  749,  cacher. 

cèlerai  voy.  celer. 

cèlerions  voy.  celer. 

celestre  2170,  céleste. 

celez  voy.  celer. 

celier  1634,  cellier. 

cels  voy.  cil. 

celui  voy.  cil. 

cent  74,  373,  377,  cenz  1046, 
1054,  cent. 

cenz  voy.  cent. 

cerchier  1871,  parcourir,  fouil- 
ler. 

ccrvele  i5i4,  igio,  cervelle. 

cesse  (cesser)  1414,  cesser. 

ccst  voy.  ci  st. 

ceste  voy.  ci  st. 

cestui  voy.  cist. 

cez  voy.  cist. 

chacent  voy.  chacier. 

chacié  voy.  chacier. 

chacier    114,     chacent    1074, 


1774,   chacié   i33o,   chasser. 

chaiere  2636,  siège. 

chaitis  1248,  3o6,  332,  prison- 
nier; 620,  faible. 

chalcié  voy.  chalciez. 

chalciez6i5,  1190, chalcié  1731, 
chausser. 

chaleng  voy.  chalengier. 

chalengier  5o2,  chaleng  2564, 
réclamer. 

chah  (chaleir)  182,  importer, 
falloir. 

champ  799,  802,  1172,  2471, 
2443,  combat  particulier. 

champion  voy.  champions. 

champions  1 236,  480,  champion 
5oi,  1062,  champion. 

chancel  1762, 1770,  grille,  chan- 
cel. 

chancelé  (chanceler)  1 136,  chan- 
celer. 

chançon  3,  11,  chanson. 

changié  voy.  changier. 

changier  11 12,  ii65, 1870, chan- 
gié 1291,  changer. 

chanoines  1693,  chanoines. 

chant  voy.  chanter. 

chanta  voy.  chanter. 

chantée  voy.  chanter. 

chantent  voy.  chanter. 

chanter  314,  32 1,  chantent  540, 
chanta  41 ,  chant  6,  9,  chantée 
1088,  327,  chanter. 

chape  220,  442,  458,  916,  cha- 
pes 274,  manteau^  chappe. 

chapele  27,  chapelle. 

chapelier  11 17,  capuchon  de 
mailles  de  fer. 

chaperon  475,  chapeau. 

chapes  voy.  chape. 


l82 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 


char  390,  721,  chair. 

charbon  5o6,  642,  charbon. 

charge  voy.  chargier. 

chargié  voy.  chargier. 

chargier  25'S5,  charge  25 1,  1443, 
charja  237,  chargiez  logi, 
2607,  1824,  chargié  6j^,  char- 
ger. 

chargiez  voy.  chargier. 

charité  1394,  charité. 

charja  voy.  chargier. 

charnal  2578,  chair. 

charnels  736,  de  chair. 

chartre  2219,  prison. 

Chartres  264,  2268,  lettres. 

chascune  voy.  chascuns. 

chascuns  162,  2161,  chascune 
1881,  chacun. 

chasement  857,  domaine. 

chasteier  134,  140,  656,  répri- 
mander, corriger. 

chastels  2047,  château. 

cheeir  1727,  cheïr  2553,  chiet 
936,  n36,  cheï  2i5,  1241, 
cherra  543,  cheûz  i355,  tom- 
ber. 

cheï  voy.  cheeir. 

cheïr  voy.  cheeir. 

chemin  voy.  chemins. 

cheminé  (cheminer)  2646,  che- 
miner. 

chemins  780,  chemin  1485, 
1487,  chemin. 

chenu  819,  blanc. 

cheriz  159,  chéri. 

cherra  voy.  cheeir. 

cheùz  voy.  cheeir. 

cheval  voy.  chevals. 

chevalchas  voy.  chevalchier. 

chcvalche  voy-  chevalchier. 


chevalchié  voy.  chevalchier. 

chevalchier  23 1,  365,  chcvalche 
2107,  chevalchas  989,  cheval- 
chiez  2120,  chevalchié  2669, 
chevaucher. 

chevalchiez    voy.    chevalchier. 

chevaleros    1778,   chevalereux. 

chevalier  voy.  chevaliers. 

chevaliers  222,  i23,  189,  1127, 
chevalier  88,  233o,  104,  608, 
chevalier, 

chevals  645,  656,  2226,  2256, 
cheval  883,  898,  cheval. 

chevels  95,  752,  cheveux. 

chevroné  (chevroner)  827,  gar- 
nir de  chevrons. 

chief  vqx.  chiés. 

chien  voy.  chiens, 

chiens  1074,  chien  2142, 
chien. 

chier  voy.  chiers. 

chiere  1066,  2o3o,  visage. 

chiers  576,  2474,  chier  767, 
i37,  157,  cher. 

1  chiés  348,  5i5,  307,  chief  125, 

1077,  tête,  bout. 

2  chiés  747,  993,  cAef . 
chiet  voy.  cheeir. 

choisi  (choisir)  772,  2491,  907, 

voir, 
chose  486,  204,  964,  chose. 
ci  343,  452,  ici;  ci  (de)  24,  282  ; 

ci  (vei)  388. 
ciel  voy.  ciels. 

ciels   537,  ciel    ia6,    145,   ciel. 
cil  i5,  170,  57,  212,  cel  39,  42, 

celé  43,   286,  cels  376,  53i, 

celui    285,     6i6,    2596,    ce, 

celui,  celui-là. 
cinc  i63,  4i3,  cinq. 


VOCABULAIRE 


83 


cinquante  2272,  cinquante. 

cist  1024,  221 3,  cest  92,  256, 
ceste  54,  85,  cez  466,  467, 
3i5,  466,  cestui  235,  1941, 
2611,  ce,  celui,  celui-ci. 

cité  33 1,  477,  ville. 

claime  voy.  claimes. 

claimes  (clamer)  88 1 ,  claime  (se), 
32,  i83,  clama  1974,  clamez 
722,  appeler,  proclamer,  se 
plaindre. 

clama  voy.  claime. 

clamez  voy.  claime. 

clarté  772,  1733,  clarté. 

clerc  voy.  clers. 

clerçon   1009,  992.  petit  clerc. 

clercs  voy.  clers. 

clergié  voy.  clergiez. 

clergiez  575,  clergié  1764,  en- 
semble de  clercs. 

i  clers  399,  469,  540,  clerc  735, 
clerc. 

2  clers  771,  cleres  751,  1491, 
brillant,  limpide. 

cliné  voy.  cliner. 

cliner  297,  clinez  1597,  2245, 
cliné  1403,  incliner. 

clinez  voy.  cliner. 

clore  2322,  dosis 697,  enfermer. 

1  clos  41 3,  945,  clou. 

2  clos  2256,  éclopé. 
closis  voy.  clore. 

coardise  788,  lâcheté,  poltron- 
nerie. 

coart  voy.  coarz. 

coarz  682,  1 185,  coart  92,  lâche, 
couart. 

cofre  21 85,  coffre. 

coife  2575,  2593,  1039,  II 18, 
coifcs  1323,  coiffe. 


coifes  voy.  coife. 

coilli  (coillir)  22b î,  prendre. 

coilvert  voy.  coilverz. 

coilverz  833,  iioi,  1966,  coil- 
vert 1899,  de  condition  servile 
(terme  de  mépris). 

col  i3i,  41 1,  cou. 

cola  voy.  coler. 

colcha  voy.  colchier. 

colchant  voy.  colchier. 

colchié  voy.  colchier. 

colchier  1377,  colcha  91,  col- 
chié 778,  2  568,  2587,  col- 
chant  (soleil  colchant)  2641, 
coucher. 

colé  voy.  coler. 

coler  2147,  ^0^^  77'»  ^^^^  2344, 
couler. 

colp  voy.  cols. 

colpa  voy.  colper. 

colpast  voy.  colper. 

colpe  773,  coulpe. 

colpé  voy.  colper. 

colpee  voy.  colper. 

colper  2346,  2680,  colpa  2520, 
colpast  125,  colpé  I2i3,  col- 
pee 1078,  couper. 

cols  1043,  1045,  123 1,  2i58, 
colp  1059,  1091,  in3,  coup. 

coltel  1979,  2079,  coltels  540, 
couteau. 

corn 90, 3 1 3,  comme.  Voy.  corne. 

coraande  (se)  voy.  comander. 

comandé  voy.  comander. 

comandement  840,  855,  com- 
mandement. 

comander  1408,  comande  (se) 
298,  comandez  1411,  coman- 
dcrcnt  1775,  comandons  2663, 
cornant  5,  comandé  285,  672, 


i84 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


commander,  se  recommander. 

comanderent  voy.  coraandcr. 

comandez  voy.  comander. 

comandons  voy.  comander. 

I  cornant  voy,  comander. 

a  comant  4239,  2446,  comman- 
dement. 

combatanz  2  5oi,  combattant. 

combatié  voy.  combatre. 

combatre  386,  619,  combatié 
2619,  combatreie  582,  com- 
battre. 

combatreie  voy.  combatre. 

combien  39 1,  bob,  combien. 

corne  39!,  433,  comme,  lorsque. 
Voy.  com. 

comença  voy.  comencier. 

començaille  419,  commence- 
ment. 

comence  voy.  comencier. 

comencemeni  865,  commence- 
ment. 

comencent  voy.  comencier. 

comencié  voy.  comencier. 

comencier  i5o8,  1895,  comence 
355,  5ii,  comencent  2672, 
comença  671,  i885,  comen- 
ciez  1129,  comencié  1878 
2192,  comencier  611,  com- 
mencer. 

comenciez  voy.  comencier. 

coment  106,  1226,  comment. 

compaigne  16x1,  1894,  compa- 
gnie. 

compaignon  ioi5,  2160,  com- 
paignons  1792,  ijg^,  compa- 
gnons. 

compaignons  voy.  compaignon. 

comparront  (comparer)  1759, 
payer. 


conduient  voy.  conduit. 

1  conduit  (conduire)  148g,  con> 
daient,555,conduit  2288,23 1 5, 
conduiz  2414,  conduire. 

2  conduit  472,  473,  553,  sauf- 
conduit. 

conduiz  voy.  conduit. 

confession  101 3,  confession. 

confonde  voy.  confondre. 

confondre  76,  confonde  191 3, 
confonduz  367,  628,  1192, 
i386,  2227,  détruire. 

confonduz  voy.  confondre. 

congié  23o,  25o,  congé. 

conoistre  372,  conut  1732,  con- 
naître. 

conquerre  1621,  2177,  conquist 
2022,  2027,  conquerront  37, 
conquis  482,  1029,  1428,  con- 
quérir. 

conquerront  voy.  conquerre. 

conquesté  voy.  conquester. 

conquester  2012  ,  conquesté 
2263,  acquérir  à  la  guerre.- 

conquis  voy.  conquerre. 

conquist  voy.  conquerre. 

conreé  voy.  conreez. 

conreez  (conreer)  286,  684, 
conreé  i58o,  soigner,  orner, 
équiper. 

conseil  voy.  conseilz. 

conseillié  voy.  conseillier  i. 

1  conseillier  184,  546,  i3oo, 
conseil  797,  conseillié  1641, 
1756,  conseiller,  se  consulter. 

2  conseillier  voy.  conseilliers. 
conseilliers      1644,     conseillier 

206,  conseiller. 
conseilz  1198,  i4i2,conseil46i, 
ij58,  conseil. 


VOCABULAIRE 


i8b 


conseil  voy.  conseillier. 
conseu  (consivre)  1 2 1 1 ,  poursui- 
vre. 
contasse  voy.  conter. 

1  conte  1451,  énumération,  ré- 
cit. 

2  conte  voy.  cuens. 
contençon    io57,  querelle,   dis- 
pute. 

conter  i56i,  2220,  2657,  con- 
teront, 324,  contasse  269, 
1448,  raconter,  énumérer. 

conteront  voy.  conter. 

contraires  1179,  acfiou  de  con- 
trarier. 

contraleié  (contraleier)  iioo, 
contraleier   1178,   contrarier. 

contraleier  voy.  contraleié. 

contre   36o,    688,  contre,  vers, 

contrée  1823,  2o36,  contrée. 

conut  voy,  conoistre. 

conveie  (conveier)  264,  accom- 
pagner. 

conveitise  "i^,  convoitise. 

convenant  voy.  convient. 

convendra  voy.  convient. 

convent  64,  152,486,  convenz 
22  33,   convention,  condition. 

convenz  voy.  convent. 

convers  i3i5,  convers. 

convertis  (convertir)  ioi5,  con- 
vertir. 

conviegne  voy.  convient. 

convient  (convenir)  36 1,362,  con- 
vint II 18,  1882,  convendra 
5oo,  237 1 ,  conviegne  7 1 0,  con- 
venant 2440,  convenir,  falloir. 

convint  voy.  convient. 

corage  voy.  corages. 

corages    746,  corage   391,904, 


920,  i555,  2025,  cœur,  désir, 
volonté,  courage. 

corant  voy.  cort. 

cordes  97,  cordes. 

corocié  voy.  corociez. 

corociez  (corocier)  2069,  2137, 
corocié  1735,  courroucer. 

coroços  236,  courroucé. 

corona  voy.  coroner. 

corone  48,  20,  55,  couronne. 

coroner  1399,  1909,  corona 
2637,  coronez  26,  69,  46,  cou- 
ronner. 

coronez  voy.  coroner. 

cors  721,  766,  21,  720,  2548, 
corps. 

corsage  i336,  1340,  buste. 

icort(corir)657,coruiii5, 1743, 
corurent  239,  63 i,  corant 
292,  2186,  2482,  25o2,  2623, 
courir. 

2  cort  161,  29,  202,  cour. 

3  cort  7,  2044,  court. 
corteier  202,  fréquenter  la  cour. 
corteis  379,  567,  6o9,corteise  3, 

courtois,  distingué. 
corteise  voy.  corteis. 
corurent  voy.  cort  i . 
corut  voy.  cort  i. 
costé    770,    972,   costez    1234, 

côté. 
costeier  2049,  côtoier. 
costumiers  648,  habitué. 
cotes  1D82,  cotte. 
cravent  voy.  craventer. 
craventer  76,  cravent  845,  864, 

détruire. 
creablcs   265,  croyable,    digne 

de  foi. 
créant  2463  ,  désir. 


i86 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 


crcantce  (creanter)  2o38,   assu- 
rer, garantir. 
creient  voy.  creire. 
crcire    836,     1004,   creiz    837, 

creit  853,  creient  iigS,  creûz 

1193,  croire. 
creistre  i38,  augmenter. 
creit  voy.  creire. 
creiz  voy.  creire. 
cremu  voy.  crient, 
cremuz  voy.  crient, 
cresiienté  voy.  crestientez, 
crestientez  844,    crestienté   5i, 

2  25o,  chrétienté. 
crestiien  1292,  chrétien. 
creiiz  voy.  creire. 
crie  voy.  crier, 
crient  (craindre)    i853,  cremuz 

1221,  cremu  i235,  craindre. 
crier7o8,  crie  1253,  2347,  1723, 

crier. 
croces  1765,  crosse. 
crois  200,  762,  croix. 
croissir  2  55i,  grincer. 
crote  1634,  crypte. 
crucefis  1680,  crucifix. 
cruel  voy.  cruels, 
cruels    709,    cruel    o85,   1829, 

cruel. 
cruelté  732.  cruauté. 
cuens  143,  2i6,  conte  3o,  2i3, 

596,  comte. 
cuer  399,  398,  cœur. 
cui  voy.  qui. 
cuida  voy.  cuit, 
cuide  voy.  cuit, 
cuideie  voy.  cuit, 
cuident  ï^oy.  cuit, 
cuides  voy.  cuit, 
cuidiez  voy.  cuit. 


cuisine  23o8,  cuisines  2283, 
cuisine. 

cuit  (cuidier)9,  633,  cuides  801, 
2584,  cuide  io5o,  11 12,  cui- 
diez 2430,  245i,cuident  1627, 
cuideie  140,  2249,  cuideies 
17 12,  cuida  1870, 2222,  croire. 

cure  1477,  i5o6,  cure,  souci. 


dahé  200,  i833,  malédiction^ 
malheur.  \ 

damage  voy.  damages. 

damages  861,  damage  260,  468, 
perte,  dommage. 

dame  1374,  i38o,  dame. 

damedeu  68,  seigneur  Dieu. 

dameisels  217,  ig^6,  damoiseau. 

dan  161 8,  seigneur. 

dart  966,  darz  643,  649,  dard. 

darz  voy.  dart. 

d'  pour  de. 

de  20,  85,  de,  par. 

Dé  voy.  Deus. 

deable  voy.  deables. 

deables  i56,  693,  1773,  deable 
740,  diable. 

decolé  734,  décoler,  couper  le 
cou. 

dedenz  2606,2678  {adv.),  2634, 
2642  (prép.),  dedans,  dans. 

dédiiez  (dediier)  28,  faire  la  dé- 
dicace. 

déduire  263 1,  se  récréer. 

défendons  voy.  defent. 

defent  (défendre) 71,  2122,  2436, 
784,  957.  défendons  373, 
dejfendre. 

definez  (definer)  322,  terminer. 

defors  2322,  2679,  dehors. 


VOCABULAIRE 


187 


dei  (deveir)  785,  883,  deis  77, 
80,  deit  21,23,  devons  1174, 
devait  1389,  dut  1432,  devreie 
2064,  deie  1933,  deûsses  i37, 
deûst  610,  2006,  deûssiez 
2175,  devoir. 

deie  voy.  dei. 

deigna  (deigner)  654, 1889,  dai- 
gner, 

deis  voy.  dei. 

1  deit  1686,  doigt. 

2  deit  voy.  dei. 
dei  pour  de  le. 

delaier  228,  248,  374,  2632, 
tarder. 

delez  91,  99,  à  côté  de. 

délivrai  (délivrer)  965,  délivrez 
1817,  délivré  309,  délivrer. 

délivré  voy.  délivrai. 

délivrez  voy.  délivrai. 

déluge  713,  déluge. 

demain  1169,  lendemain. 

demaine  22  35,  seigneur. 

demandant  voy.  demant. 

demandasse  voy.  demant. 

demande  voy.  demant. 

demandé  voy.  demant. 

demandent  voy.  demant. 

demandomes  voy.  demant. 

demant  (demander)  23o,  2445, 
demande  116,  217,  deman- 
domes 1918, demandent  1293, 
demandasse  i566,  demandé 
1387,  demandant  335,  de- 
mander. 

démentant  (se)  (se  dcmenter) 
2448,  se  désoler. 

demi  5o8,  640,  demi. 

demorables  456,  en  repos,  sta- 
tionnaires. 


demoree  voy,  deraorer, 

demorer  1187,  2674,  demorra 
442,  458,  demoree  1080, 
2o33,  demeurer,  rester. 

demorra  voy.  demorer. 

denier  i3o4,  443,  deniers  84, 
179,  denier. 

deniers  voy.  denier. 

départ  161,  départir  239,  1443, 
séparer,  se  séparer. 

départir  voy.  départ. 

depuis  2325,  depuis. 

derrier  Sg-S,  65o,  derrière. 

dès  1162,  1186,  dès. 

desarment  (desarpier)  1273,  dé- 
sarmer. 

desbuchier  1892,  débusquer, 

descendi  voy.  descent. 

descendié  voy.  descent. 

descendu  voy,  descent. 

descent  (descendre)  687,  io53, 
descendi  1678,  2383,  des- 
cendié 2603,  descendu  2087, 
descendre. 

deschargiez  (deschargier)  2149, 
décharger. 

desclot   (desclore)  944,  ouvrir. 

desconfit  (desconfire)  i33o,  met- 
tre en  déroute. 

deseriiez  (deseriter)  1410,  1696, 

2661,  deshériter. 
désert  738,  désert. 
désertez   (déserter)  i588,  aban- 
donner. 
desevrez  (desevrcr)   293,    141 5, 

séparer. 
desfermer  744,  desferme  1610, 

ouvrir. 
desferrez  (desferrer)   3  2  56,  dé- 
ferrer. 


i88 


LI   CORON EMENZ  LOOIS 


dcsfi  voy.  desficr. 

desfie  voy.  desfier. 

desfier  808,  desfi  i6o5,  2335, 
desfie  169,  desfiez  812,  1866, 
deffier. 

desfiez  voy.  desfier. 

desiranz  (désirer)  2437,  2463, 
désireux. 

desirier  693,  désir, 

deslacié  (dcslacié)  1 153,  délacer. 

desmaille  voy.  desmaillier. 

desmaillié  voy.  desmaillier. 

desmaillier  1897,  2333,  des- 
maille 913,  944,  desmailliez 
370,  1233,  desmaillié  2146, 
briser  les  mailles. 

desmailliez  voy.  desmaillier. 

desmembrer  733,  couper  les 
membres. 

desmentir  2546,  fausser. 

desmesure  81,  arrogance. 

desnichier  1985,  dénicher. 

desor  838,  sur. 

desoz  274,  2145,  sous. 

despanez  (despaner)  2257,  dé- 
chirer. 

despecier  1848,  mettre  en  pièces. 

despensier  2309,  dépensier. 

despoillier  i3o3,  dépouiller. 

desraisnier  497,  56o,  65g,  dis- 
puter. 

desreez  voy.  desrei(se). 

desreic  (se)  (se  desreer)  1209, 
desreez  646,  être  fougueux, 
s'emporter. 

desrompent  voy.  desrompre. 

desrompi  voy.  desrompre. 

desrompre  1897,  2333,  desront 
123,  gi3,  desrompent  1773, 
desrompi    935,    dtsroz    370, 


2257,  desrot  2146,  rom- 
pre. 

desront  voy.  desrompre. 

desrot  voy.  desrompre. 

desroz  voy.  desrompre. 

desserre  (desserrer)  941,  1610, 
1624,  être  lancé,  partir,  ou- 
vrir. 

destenduz  (destendre)  1194,  dé- 
tendre. 

destesee  (desteser)  1071,  abais- 
ser, décharger. 

destinée  1087,  sort. 

destorbez  (destorber)  2280,  gê- 
ner, entraver. 

destorner  1499,  écarter. 

destort  (destordre)  942,  952, 
dérouler,  déployer. 

1  destre  i3i,  droit. 

2  destre  2172,   2179,  destrier, 

3  destre  1961,  main  droite. 
destreiz  349,  en  détresse. 
destrier  voy.  destriers, 
destriers  657,  2256,  desirier  6o3, 

2186,  cheval  de  bataille. 
destrosserent  (destrosser)  1348, 

déballer. 
destrucion  963,  destruction. 
destruire   532,    1854,     destrui- 

romes  ig\ c),  détruire. 
destruiromes  voy.  destruire. 
desus48,  63,  sur. 
desver  2247,  2658,  desvez  83 1, 

devenir  fou. 
desvez  voy.  desver. 
detrcncha  voy.  detrenchier. 
dctrenche  voy,  detrenchier. 
detrenchié  voy.  detrenchier. 
detrenchier  173.  detrenche  829, 
detrencha    3 12,    detrcnchiez. 


VOCABULAIRE 


89 


584,  2628,  2i63,  2204,  de- 
trenchié  664,  Sôg,  2338,  cou- 
per en  morceaux. 

detrenchiez  voy.  detrenchier. 

Deusi,i2,  Deu  58,  117,  Dé  818, 
Dieu . 

deûssesvq/.  dei. 

deûssiez  voy.  dei. 

deûst  voy.  dei. 

dévale  (dévaler)  1043,  dévalez 
60,  descendre. 

dévalez  voy.  dévale. 

devant  123,  220)^  devant. 

deveit  voy.  dei. 

devers  290,  232i,  rfu  côté  de. 

devis  1674,  1677,  souhait. 

deviser  2276,  parler. 

devision  1037,  manière. 

devons  voy.  dei. 

devreie  voy.  dei. 

di  voy.  dire. 

die  voy.  dire. 

diemenche  1430,  dimanche. 

dient  voy.  dire. 

dirai  voy.  dire. 

diras  voy.  dire. 

dire454,dis  1864, 1844, dit  SSg, 
961,  dites  2 14,  dient  111,1753, 
diseit  691,  dis  1864,  dist  26, 
52,  dirai  416,  diras  1619,  di- 
rez 2367,  diront  198,  di  793, 
862,  dites  346,  476,  die  5, 
1782,  diz  322,  dit  689,  2166, 
dite  328,  io65,  dire. 

direz  voy.  dire. 

diront  voy.  dire. 

1  dis  i5oo,  jour. 

2  dis  1483,  1824,  dix  (dis  et  uit 
39,  40,  dix-huit). 

3  dis  voy.  dire. 


diseit  voy.  dire. 

disme  2264,  dixième  partie, 

disné  (disner)  2089,  dîner. 

dist  voy.  dire. 

dit  voy.  dire. 

dite  voy.  dire. 

dites  voy.  dire. 

diz  voy.  dire. 

dobles  655,  doubles. 

doblier638,2575,dobliers  i522, 
double  [épithète  du  haubert  qui 
a  deux  rangs  de  mailles). 

dobliers  voy.  doblier. 

doctriner  737,  instruire. 

doins  voy.  doner. 

doinse  voy.  doner. 

doint  voy.  doner. 

dolce  i3,  i5,  doux. 

dolcement  là  12,  doucement. 

dolenz  1248,  triste. 

doleroses  1629,  douloureux. 

dolor  1401,  2243,  douleur. 

don  voy.  dons. 

dona  voy.  doner. 

donai  voy.  doner. 

donas  voy.  doner. 

donc  2430,  donc. 

done  voy.  doner. 

doné  voy.  doner. 

donent  voy.  doner. 

doner  56,  64,  doins  78,  i36i, 
done  236,  2573,  donez  3i4, 
2660,  donent  i23i,  1483,  do- 
nai 928,  donas  ioi3,  dona 
296, 1 656,  donerent  1 349,  dor- 
rai44i,  5i8,dorreie  141,809, 
dorreit  6i3,donons  1341,  do- 
nez 2446,  doinse  2266,  doint 
i35,  146,  donez  709,  doné 
49,  doner. 


i9^ 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


doncrent  voy.  doner. 

donez  voy.  doner. 

donons  voy.  doner. 

donques  80 1,  donc. 

dons  709,   1817,  don  gôS,  981, 

don. 
dont  25,    38.   116,    289,   483, 

492,  dont,  d'où,  de  là,  alors. 
dorez  (dorer)  276,  do7'ei\ 
dormir  2196,    dort    (se)    288, 

dormir. 
dorrai  voy.  doner. 
dorreie  voy.  doner. 
dorreit  voy.  doner. 
dort  (se)  voy.  dormir, 
dos  634,  637,  dos. 
dota  voy.  dotez, 
dotez  (doter)   2 119,    dota  969, 

craindre. 
dous  voy.  dui. 
doze  569,  748,  ifoMfe  (doze  cent 

i5o2,  doze  cenz  171  4). 
dras  i3o5,  1349,  ^^'^P- 
dreça  (se)  vo^'.  drecier(se). 
drece  (se)  voy.  drecier  (se). 
drecier(se)  1889,  drece  (se)  342, 

1688,  dreça  (se)  343,  dreciez 

55 1,  590,  2293,  se  lever. 
dreciez  voy.  drecier  (se). 

1  dreit  232,  780  (adv.),  droit. 

2  dreit  voy.  dreiz. 
dreiturier  voy.  dreituriers. 
dreituriers  2162,  dreiturier  345, 

366,  Juste. 

1  dreiz  422,  445,  dreit  32,  33 
(subst.),  droit. 

2  dreiz  102,  23o,  dreit  119,  i  36 
(adj.),  juite,  droit. 

dormont  1 327,  sorte  de  bateau. 
duc  voy.  dus. 


dueil  469,  2221,  douleur. 

dui  328,  dous  323,  5oo,  909, 
2148,  deux  (dous  cenz  i52i, 
deux  cents). 

duré  voy.  durer. 

durée  1089,  durée. 

durement  1091,  1094,  dure- 
ment, rudement. 

durer  2210,  2632,  duré  833, 
1093,  durer. 

dus  2128,  duc  63i,  loii,  i53i, 
duc. 

dut  voy.  dei. 


eage  259,  390,  âge. 

église  I  55,  2o35,  église. 

eir  83,  i  53,  178,  1930,  héritier. 

el  5o,  1  22, pour  en  le. 

ele  voy.  il. 

elme  1  o38,  2  1 5  i,  2499,  heaume. 
Voy.  helme. 

els  voy.  il. 

embatié  (embatre)  i  28,  enfon- 
cer. 

embrace  voy.  embracier. 

embracier  I  743,  1945,  embrace 
1767,  embrasser. 

embrasez  (embraser)  290,  al- 
lumer. 

embronc  974,  baissé. 

embroncha  voy.  embronche. 

embronche,  161 5,  2402,  em- 
bronchent  2410,  embroncha 
18  10,  2345,embronchié  i25i, 
i960,  baisser,  renverser. 

embronchent  voy.  embronche. 

embronchié  voy.  embronche. 

emparliers  1738,  celui  qui  parle 
pour  un  autre. 


VOCABULAIRE 


•9» 


empereor  voy.  emperere. 
emperereôi,  yS,  empereor  25o, 

883,  empereur. 
empira  voy.  empirier. 
empire  2644,  empire. 
empirier  586,  600,  empira  io56, 

empirer. 
empleier  667,  iii3,  appliquer. 
emprès  1078,  1081,  près  de. 
empresse  (empresser)2i  68, /7res- 

ser. 

emprisonez  (emprisoner)  304, 
emprisonner. 

1  en  33,  262,  on. 

2  en  43,  74,  e«,  clans  {in). 

3  en  37, 44,  e«  {inde). 

enarmes  11 25,  enannes  (cour- 
roies de  Vécu  dans  lesquelles 
on  passait  le  bras  pour  se  met- 
tre en  défense). 

encens  730,  encens. 
encensier  5 19,  encensoir. 
enchalce  voy.  enchalcier. 
enchalcier  529,  enchalce  2168, 

poursuivre. 
enchargier  1 1 10,  mettre  sur. 
enclina  (encliner)  i960,  incliner. 
encloein(encloer)2336,e«/erwer. 
encombrer  693,  encombrez  3o6, 

faire  dommage. 
encombrez  i^oy.  encombrer, 
cncombrier  i35,  241,  embarras, 

difficulté. 

1  encontre  6/4,  785,  au  devant, 
contre,  vers  (encontre  mont 
2547,  en  haut;  encontre  val 
181,  en  bas). 

2  encontre  (encontrer)  1453, 
1860,  encontre  2198,  rencon- 
trer. 


encontre  voy.  encontre  2, 

encontree  1082,  rencontre. 

encrisme  ioo3,  méchant. 

endorment  (s')  (s'endormir) 
2090,  s'endormir. 

endreit  436  (ici  endreit,  ici 
même). 

endurer    706,    iSyy,    endurer, 

enemi  2493,  enemis  2675,  en- 
nemi. 

enfançon  990,  petits  enfants. 

enfant  voy.  enfes. 

enfer  37,  549,  enfer. 

enfes  87,  214,  enfant  83,  144, 
enfant,  jeune  homme. 

engeignié  voy.  engeignier. 

engeignier  2322,  engeigniez  90, 
iioi,  engeignié  1745,  2627, 
tromper. 

engendra  (engendrer)  92,  engen- 
drer. 

enivrement  85 1,  ivrognerie. 

ennoier  i83,  ennuyer. 

ensanglentent  (ensanglanter) 
i3i8,  ensanglanter. 

1  enseigne  voy.  enseignier. 

2  enseigne  413,  871,  banderollé 
{de  la  lance). 

enseignié  voy.  enseignier. 

enseignier  1953,  enseigne  336, 
1954,  enseigniez  493,  522, 
enseignié 609,  lôbo, instruire. 

enseigniez  voy,  enseignier. 

ensemble  775,  1468,  ensemble. 

enserré  voy.  enserrez. 

enserrez  (enserrer)  246,  enserré 
1590,  enfermer. 

entaillié(entaillier)2095,c/sder. 

entencion  996,  intention. 

entendent  voy.  entendre. 


192 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 


entendez  voy.  entendre. 

entendi  voy.  entendre. 

entendre  184,  entent  1811,490, 
873,  entendent  67,  entendi 
961,  1600,  entendez  52,  62, 
entendu  940,  1201,  entendre. 

entendu  voy.  entendre. 

entent  voy.  entendre. 

entiers  1128,  2 191,  loi,  entier. 

entor  900,  autour  de. 

entra  voy.  entrer. 

1  entre  voy.  entrer. 

2  entre  412  entre;  1824,  l'un  et 
Vautre. 

entré  voy.  entrer. 

entrebaisent  (s')  (s'entrebaisier) 
1495,  se  baiser  réciproque- 
ment. 

entrefierent  (s')  (s'entreferir) 
2548,  se  frapper  réciproque- 
ment. 

cntrencontrent  (s')  (s'entrencon- 
trer)  1494,  se  rencontrer  ré- 
ciproquement. 

entrepiez  igj,  foulé  aux  pieds. 

entrer  924,  2279,  entre  827, 
16 II,  entra  2384,  entrèrent 
1271,  entrez  122,  2687,  entré 
2493,  entrer. 

entrèrent  vor-  entrer. 

eniresait  i65,  aussitôt. 

cntresguardent  (s')  (s'entresguar- 
der)  2  538,  se  regarder  réci- 
proquement. 

entresloignent  (s*)    (s*entresloi- 
gner)    2537,   s'éloigner   réci- 
proquement. 
entrez  voy.  entrer, 
entrobliee      (entroblier)     i433, 
oublier. 


enveie  voy.  enveier. 
enveié  voy.  enveier. 
enveier  362,  enveie  1264,  ^389, 

enveions    1781,  enveit  i683, 

enveié   1627,    enveiez    1997, 

envoyer, 
tnve'iezvoy.  enveier. 
enveions  voy.  enveier. 
enveit  voy.  enveier. 
envers  16,62,297,    3 10,   432, 

95 1,  à,  vers,  envers,  contre. 
environ   697,  978,    autour,    à 

Ventour. 
enz  96, 117,  i3r,  en,  dedans. 
erbage  925,  hcî'bage,  prairie. 
eritage  voy.  eritages. 
eritages  2379.  eritage  463,  483, 

héritage. 
erité    2666,    eritez  1397,  2684, 

héritage^  domaine. 
eritez  voy.  erité. 
entier  voy.  entiers, 
eritiers    243,   2  565,  entier  92, 

2x34,  héritier. 
errament  862,    immédiatement. 
errant  voy.  errer, 
erré  voy.  errer, 
errer    23i,    1373,  2214,   2645, 

erré  22 15,  2646,  errant  2490, 

cheminer,  voyager. 
crent  voy.  cstre. 
ert  voy.  estre. 

î  es  1625,  2047,  ;70//r  en  'es. 
2  es  323,  1415,  2i55,  voici. 
esalcié  voy.  esalcier. 
esalcier  81,  esalcié  149,  élever. 
esbaïz  (esbaïr)  i-jio,  ébahir. 
esbancier  i gSj,s'esbaneier  2 1 02, 

se  divertir,  prendre  ses  ébats. 
escarbocle  2480,  escarboucle. 


VOCABULAIRE 


193 


eschalfee(eschalfer)  1  oyS ,  échauf- 
fer. 
eschapa  (eschaper)  714,  escha- 

pera  1 197,  échapper. 
eschapera  voy.  eschapa. 
escharpe  1454,  besace. 
esdiiec  2224,  butin. 
eschiet  (escheir)   2443,  écheoir. 
eschinee  1069,  échine. 
escient  836,  2164,  escient. 
esclairiez      (esclairier)      11 69, 

éclairer,  éclaircir. 
esclis  2647,  éclat  (de  bois). 
escolter  317,  écouter. 
esconser  720,  cacher. 
escorchier  540,   i3o3,  écorcher. 
escremir  to33, faire  de  Vescrime. 
escria  voy.  escrier. 
escrie  (escrier)  5 1 2,  s'escrie  660, 
escrient   670,  s'escrient  937, 
escria  1969,  escrierent    io85, 
escriez  2294,   crier,  s*écrier. 
escrient  voy.  escrie. 
escrierent  voy.  escrie. 
escriez  voy.  escrie. 
escu  voy.  escuz. 
escuier  voy.  escuiers. 
escuiers     1842,    2307,     escuier 

1634,  277,  283,  écuyer. 
escume  (escumer)  xo-p^écumer. 
escuz  369,  618,  278,  23oo,  escu 
604,  2123,  écu,  bouclier. 

esemple  10,  i56i,  exemple. 

esfondrer  2681,  effondrer. 

esforcier  (s*)  13 il,  faire  effort. 

esforz   236o,  937,  1791,   1879, 
force. 

esfreé  voy.  esfreez. 

esfreez  (esfreer)   289,    295.  es- 
freé   685,    agiter,    effrayer. 


esguarde  (esguarder)  616,  872, 
1840,  esguarde  i564,  regar- 
der. 
esguarde  voy.  esguarder. 
eslaissié  voy.  eslaissiez. 
eslaissiez(eslaissier)  1099, 1904., 
2341.  eslaissié  23o2,  lancé  (à 
cheval). 
esleccion  (a)    1822,  à  choisir,  à 

discrétion . 
eslegier  2570,  payer. 
eslit  (eslire)  12,  élire. 
esloignent  (esloignier)  1271,  s'é- 
loigner de. 
eslongier  1 1 18,  écarter. 
esmaiables  334,  47o»  ^ff^'<^yé. 
esmaier  358,  376,  1726,  2584, 
2626,    esmaiez    545,     2106, 
décourager. 
esmaiez  voy,  esmaier, 
esmer  2272,  estimer. 
esmeré  (esmerer)  73 o,  purifier. 
esmoluz  (esmoldre)  643,  émou- 

dre. 
esmut  (s')  (s'esmoveir)  446,  se 

mouvoir. 
espalle  341,  509,  espalles  i332, 

épaule. 
espalles  voy.  espalle. 
espande  (espandre)   ig22,  se  ré- 
pandre. 
espargne  voy.  espargnier. 
espargnié  voy.  espargnier. 
espargnier     679,     11 14,    ii33, 
i5o6,  espargne    1096,  espar- 
gnié i3i7,  épargner. 
espee  122, 1 28, espees  2299,  épée. 
esperduz  i2  3o,  éperdu. 
esperitable  256,  337,   38o,  spi- 
rituel. 

i3 


»^ 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


esperon  960,  io56,  2i5o,  espé- 
rons 1208,  ii2g,  éperon. 
esperonant    (esperoner)     2489, 

2507,  éperonner. 
espérons  voy.  éperon, 
esperviers  loSo,  épervier. 
espès  601,  épaisseur. 
cspessier  2 3 o3,  2327,  s'épaissir, 

augmenter. 
espié  voy.  espiez. 
espiez  959,  espié  371,  412,  6o5, 

espiez  278,  23oi,  lance. 
espiié  voy.  espiier. 
espiier2io4,  espiié  2igg,  épier. 
espleitié  voy,  espleitier. 
espleilier  234,  244,  iSig,  2317, 
espleitierent      3oo,     espleitié 
558,  56 1,  agir.  ' 
espleitierent  voy.  espleitier. 
esposee  voy.  esposer. 
esposemenz  842,  mariage. 
esposer     1389,     1392,    esposee 

2043,  épouser. 
espreneit  (esprendre)  29 t,  em- 
braser. 
esrache  voy.  esrachier. 
esrachié  voy.  esrachier. 
esrachier  595,  2 1 40,  esrache 9 1 9, 
1763,  esrachié  zg36,  arracher. 
esrage  voy.  esragier. 
esragié  voy.  esragier. 
esragier     2064,     esrage     252 1, 
24H,  esragiez  357,  367,  547, 
esragié  2  ii\2,  enrager. 
esragiez  voy.  esragier. 
essaier  (s')  11 74,  s'éprouver. 
cssillier  192,  539,   >854,  1978, 
cssi liiez  2080,  dévaster,   dé- 
truire. 
essilliez  voy.  essillier. 


essoigne    1376,  i382,  empêche^ 

ment, 
essuiez  (ewuier)  752,   essuyer. 
est  voy.  estre. 
estache  758,  poteau. 
estage  (en  son)  431,  debout. 
esté  voy.  estre. 
esteie  voy.  estre. 
esteient  voy.  estre. 
esteit  voy.  estre. 
estenduz  (estendre)    624,   éten- 
dre. 
ester  70,  699,  se  tenir,  se  tenir 

tranquille. 
estes  voy.  estre. 
estions  voy.  estre. 
estoire  2,  26,  histoire. 
estoltement    i558,    téméraire- 
ment. 
estolteiez  (estolteicr)  1090,  étour- 
dir. 
estor  voy.  eslors. 
estora  voy.  estorer. 
estordi  (estordir)   1962,  étour- 
dir. 
estorer  716,  estora  464,   bâtir. 

créer. 
estormi    (s'estormir)    1200,    se 

mettre  en  mouvement. 
estors    611,   estor    12 12,    1895, 

combat,  assaut. 
estort    (estordre)    26o5,    estorz 
949,  retirer  l'arme  après  avoir 
frappé. 
estorz  voy.  estort. 
estraier  1 126,  désert, 
estranges  60,  étranger. 
esire  21,  107,   sui  90,   259,   iés 
73,    141,   est    3G,  37,   somes 
417,    2i3o,  estes    219,    337, 


VOCABULAIRE 


195 


sont  161,  281,  esteie  1867, 
igSi,  est^iit  293,  io5i, estions 
2117,  csteient  664,  ert  294, 
1173,  erent  112,  fustes  729, 
757,  fu  27,  28,  furent  277, 
309,  serai  894,  seras  69,  148, 
sera  97,  397,  serons  2077, 
serez  1643,  1644,  iert  93, 
106,  sereie  1952,  sereit  94, 
104,  seions  2626,  seiez  261, 
i3i3,  scie  784,  1281,  seies 
59,  394,  seit  I,  265,  seient 
1469,  fusse  1475,  fust  242, 
2325,  fussiez  765 ,  fussent 
2270,  esté  782,  esire. 
estreint  (estreindre)  1277,  1299, 

serrer. 
cstreitcment   1730,  étroitement. 
estrier  ii5,  557,  "4''   estriers 
1239,  256 1,  étriers. 

estriers  voy.  estrier. 

estuet  (estoveir)  23 r,  663,  fal- 
loir. 

esluier  i883,  enfermer  {mettre 
dans  Vétui). 

esveille  (s')  (s'esveiller)  298,  es- 
veillé  2188,  se  réveiller, 

eu  voy.  aveir. 

eûrez  768,  heureux. 

eusse  voy.  aveir. 

eussent  voy.  aveir. 

eùst  voy.  aveir. 

eve77i,  196,  533,  eves  75,  c^w 

eves  voy.  eve. 

evcsque»  39,    1763,   1771,  évê 
qui. 


1  face  voy.  faire. 

2  face  1768, /actf. 


faces  voy.  faire. 
faciez  voy.  faire, 
fai  voy.  faire. 

1  faille  voy.  faldra. 

2  faille  486  faute. 
failli  voy.  faldra. 

faire  78,  82,  fais  68,  389,  fait 
25,  33,  font  33o,  596,  feseit 
297,  i02i,fis  25i7,  feïs  696, 
731,  fist  16,  33,  feïstes  Ô95, 
71 3,  firent  744,  762,  ferai 
173,  539,  feras  392,  ferons 
1797,  ferez  66,  fereie  2452, 
253i,  fereit  94,  104,  fai  191, 
195,  fesons  95,  2526,  faites 
102,  420,  face  476,  788,  faces 
206,  face  22,  422,  faciez  1749, 
feïsse  1853,  1993,  feïst  2oi3, 
feïssiez  517,  faiz  28,  599,  fait 
160,  199,  faite  2118,  2i3i, 
faire . 

1  fais  voy.  faire. 

2  fais  1595,  2149,  fardeau, 
poids. 

fait  voy.  faire. 

faite  voy.  faire. 

faites  voy.  faire. 

falzvoy.  faire. 

faldra    (faillir)    i5i6,    faldrons 

2124,    faldront     i85i,    faille 

486,  2430,  failli  lyoo,  faillir, 

manquer. 
faldrons  voy\  faldra. 
faldront  voy,  faldra. 
fais  35,  80,  false  176, /dw.v. 
fai  se  voy.  fais, 
falsent  (falser)  1764,  falsez  675, 

fausser^  tromper. 
falsez  voy.  falsent. 
faon  989,  petit  ((Tun  animal). 


196 

fei  224,  1722, /oi. 

feibles  11  y  4,  faible. 

feies  543,  foie. 

feintié  1 177,  feinte,  semblant. 

feïs  voy.  faire. 

feïsse  voy.  faire. 

feïssiez  voy.  faire. 

fdst  voy.  faire. 

feïstes  voy.  faire. 

fel  401,    félon    1001,1024   (sj. 

sg.J,  96g,  1019,  ioo3,  1186, 

déloyal. 
félon  voy,  fel. 
feme  84,  91,  femme. 
femele  y i y,  femelle. 
fendu  (fendre)  12 16;  2604,  fen- 

duz  1232, /éJiire. 
fenduz  voy.  fendu, 
fenestres  1626.  fenêtre. 
fer  voy.  fers. 
ferai  voy.  faire, 
feras  voj^.  faire. 
fereie  voy.  faire, 
fereit  vo>^.  faire. 

1  ferez  voy.  faire. 

2  ferez  voy.  ferir. 
feri  voy.  ferir. 

ferir  896,  2540,  fiertgii,  943, 
feri  770,  954,  ferrai  11 83, 
fier  894,  ferez  2  33o,  ferist 
1924,  feruz  371,  765,  féru 
933,  i2ig,  frapfcry  blesser. 

ferist  voy.  ferir. 

fermé  voy.  fermez. 

fermée  voy.  fermez. 

fermetez  3o3 ,  2242,  défense, 
forteresse. 

fermez  (fermer)  1692,  fermé 
2016,  fermée  8ji,  fixer,  fer- 
mer. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


ferons  voy.  faire, 
ferrai  voy.  ferir. 
fers  947,  2607,  1234,   fer  557, 

582, /er. 
féru  voy.  ferir. 
feruz  voy.  ferir. 
feseit  voy.  faire, 
fesons  voy,  faire. 

1  feste44,  1622, /eVe. 

2  feste  ^2-],  faite. 
fesiu  121-],  fétu. 
feu  voy.  feus. 

feus  290,  2478,  2283,  feu   196, 

333, /^«. 
fichié  voy.  fichiez, 
fichiez    (fichier)     2i5i,     23o6, 

fichié  2 100,  fixer,  mettre. 
fie  (se)  voy.  fiier  (se), 
fié  67,  83,  2564,  fiez  109,    i38, 

M- 

i  fier  voy.  fiers. 

2  fier  voy.  ferir. 

fiere  j/qy.  fiers. 

fièrement  835,  872,  2433,  2502, 

2582,  fièrement. 
fiers  100,  121,  fier  186,  210,  fiere 

191 1,  fier,  fort,  terrible. 
fiert  voy.  ferir. 

fierté  450,  Si3,  fierté,  orgueil, 
fiez  voy.  fié. 
fiier  (se)  21 3,  fie  (se)   191,    se 

fer. 
fîll  voy.  filz. 
fille  3o5,  3b I,  fille. 
filluelz  1297,  filleul. 
filz  62,  70,  487,  fill  7i5,  23i3, 

56,  6 1, fils. 

1  fin    1452,    1706,    2240,  fn, 
mort. 

2  fin  1824. yî>i,  pur. 


VOCABULAIRE 


197 


fina  voy.  finer. 

fine  voy.  finer. 

finent  voy.  finer. 

finer  7i3,finent  1880,61131943, 
2o5o,finerent  1 166,  fine  2471, 
terminer,  finir. 

finerent  voy.  finer. 

firent  voy.  faire. 

firmament  m^, firmament. 

fis  voy.  faire. 

fist  voy.  faire. 

flame  \ 020,  flamme. 

flanc  2147,  flans  1767,  1943, 
flanc. 

flans  voy.  flanc. 

flor  i456,flors  1116,  ^b-]/^, fleur. 

flori  (florir)  1464,  blanchir. 

flors  voy.  flor. 

foï  voy.  foïr. 

foier  542,  foyer. 

foïr  705,  foï  1468,  creuser,  ca- 
cher, enfouir. 

fois  i768,/o/5. 

fol  voy.  fols. 

folage  927,  folie, 

foldre  523,  ç^b^,  foudre. 

foleiemenz  844,  /b/ie. 

folement  z^^j,  follement. 

foler  181,  2654,  fouler  (aux 
pieds). 

foletez  702,  755,  folie. 

folie  1129,  12']^, folie. 

fols  897,  908,  fol  800,  806,  9o3, 
fou. 

fondist  \b<\^,  fondre. 

1  font  voy.  faire. 

2  font  2607,  fond. 
fonz  1285,  fonts. 

torbi  (forbir/  2  332,  25  1 3,  forbiz 
1D24,  zb^i,  fourbir. 


forbiz  voy.  forbi. 

force  75,  146,  force. 

forces  1967,  ciseaux. 

forest  114,  foret. 

foriers  2284,    2288,   fourrier. 

forma  voy.  formas. 

formas  (former)  698,  976,  forma 

1927,  formastes  956,  formez 

"j  21,  former. 
formastes  voy.  former, 
forment  277,  ig  12,  fortement. 
formez  voy.  former, 
fors  247,  648,  excepté. 

1  fort  voy.  forz. 

2  fort  951,  232^,  fortement. 
forteresses  2047,  forteresse. 
forz  932,  278,  232  1,  fort  3i(, 

418,  1173,  fort. 
fosse  loiH,  fosse. 
fossiers    1755,  qui  habite  dans 

une  caverne. 
frailes  258.  365,  caduc, 
fraindre  1896,  2332,  frait  2145, 

fraiz  1232,  2544,  briser. 
fraisnin  1454,  de  fr aîné. 
frait  voy.  fraindre. 
fraiz  voy.  fraindre. 
franc  voy.  frans. 
franche  voy.  frans. 
frans  325, 602,  franc  1 168,  1886, 

franche  35 1 , 1 257, //7>re,/r^»ic, 
fremillon    loSg,  io53,  épithète 

fréquente   du   haubert  (bruis- 
sant). 
freor  2 1 1  o,  frayeur. 
frère  826,  2434,  211,  byi,  frère. 
friçon  1 06 1 , frisson  (de frayeur). 
froissiez  (froissier)  2597,  mettre 

en  morceaux. 
fromage  485,  fromage. 


igS 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


front  to^o,  front, 

fruiz  "joo,  fruit. 

fu  voy.  estre. 

fuere  \  2^,  fourreau. 

fuiantvqy.  fuit. 

fuie  1268,  1875, /«ife. 

fuient  voy.  fuit. 

fuions  voy.  fuit. 

fuison  1029,  grande  quantité. 

fuit  (fuir)  1904,  2340,  fuient 
i2o3,  3164,  fuions  1195, 
fuiant  2167,  2'i  10,  fuir. 

furent  voy.  estre. 

fusse  voy.  estre. 

fussent  voy.  estre. 

fussiez  voy.  estre. 

1  fust  voy.  estre. 

2  fust  voy.  fuz. 
fustes  voy.  estre. 

fuz  9 12,  fust  1454, /m/  de  lance. 


g'pourge. 

gaillart  1455,  dispos. 

ge  64,  7i,mei  62,  93, mi  1699, 
me  169,  222,  nos  1792,2130, 
36,  349,  je,  me,  moi,  nous. 

gel  171,  41Ô,  pour  ge  le. 

gemé  (gemer)  i583,  orner  de 
pierres. 

1  gent  3i,  8,  76,  859,  i56o, 
1567,  1576,  847,  nation , peu- 
ple, gens,  famille. 

2  gent  i65o,  gente  i36o,  beau, 
gentil. 

gente  voy.  gent. 

gentil  voy.  gentilz. 

gentilz  272,   460,   444,    genti 

2159,  noble. 
ges  1985,  pour  ge  les. 


geta  voy.  geter. 
geté  voy.  gcter. 
getent  voy.  geter. 
geter   781,    i32  3,  2219,  getent 
1334,    geta     II 26,     geterent 
1901,  geté    i4jS,  Jeter, 

geûner  yliS, jeûner. 

giron  1026,  io36,  côté. 

gisent  voy.  gist. 

gist  (gésir)  959,  gisent  i636, 
2178,  être  placé,  être  étendu. 

glaciez  (glacier)  iii\6,  figer. 

glaive  (a)  333,  par  le  fer. 

gloire  59,  796,  gloire. 

glorios  695,  976,  126,  1548, 
glorieux, 

gloton  voy.  gloz. 

glotons  voy.  gloz. 

gloz  i35,  8o3,  gloton  1047, 
glotons  402,  glouton  (appella- 
tion injurieuse), 

gole  i32,  1072,  bouche,  gueule. 

gonfanon  942,  2488,  gonfanon. 

governe  (governer)  36,  gouver- 
ner. 

graciier  1147,  graciiez  i283, 
2208,  rendre  grâces  y  remer- 
cier. 

graciiez  voy.  graciier. 

graile  voy.  grailes. 

grailes  1199,  graile  1891,  espèce 
de  trompette. 

grains  Sg,fdché. 

grant  voy.  granz. 

granz  94,  148,  2261,  101,  m, 
grant  118,  2o5,  1006,  2171, 
44,  57,  grand. 

gravier  1271,  gravier. 

gré  108,  227,  2267,   2688,  gré. 

guaaignié  voy.  guaaignicr. 


VOCABULAIRE 


199 


guaaignicr  1097,  2324,  234g, 
guaaignié  1 148,  iiy2, gagner. 

guage  ÎS74,  gage. 

guaite  1643,  guetteur. 

guaitier(se)  2129, 23o5,  2328,5c 
garder. 

gualt  2086,  bois. 

guant  2450,  gant. 

guarantir  1498,  lôgj, préserver^ 

guarçon  10 10,  18 18,  guarçons 
2269,  valet. 

1  guarde  voy.  guarder. 

2  guarde  917,  1497,  garde. 

3  guardes  388,  453,  gardien. 
guardeit  voy.  guarder. 
guardent  voy.  guarder. 
guarder  804,  guarde  396,  429, 

guardes  222,  393,  guardent 
1469,  guarderent  3o,  guarde- 
rez  436,  guarde  1689,  25ii, 
guardeit  2o36,  guardez  1194, 
i663,  guart  2128,  guardent 
1186,  guardez  iggS,  garder, 
protéger,  préserver,  prendre 
garde,  faire  attention. 

guarderent  voy.  guarder. 

guarderez  voy.  guarder. 

guardes  voy.  guarder. 

guardez  voy.  guarder. 

guari  voy.  guarir. 

guarir  23,  guaris  1016,  guari 
g55,  guarisse  53i,  Sgo,  680, 
sauver,  se  sauver. 

guaris  voy.  guarir. 

guarison  971,  1012,  1821,  dé- 
fense, protection. 

guarisse  voy.  guarir. 

guarnemenz  223,  2237,  armure. 

guarni  (guarnir)  i  58o,  équiper. 

guart  voy.  guarder. 


guasie  i3o6,  hors  de  servce. 
guastee  voy.  guaster. 
guasteri92,  2285,  guastee 2o3b, 

dévaster. 
guenchi  (guenchir)  969,  se  dé- 
tourner. 
guerpir  808,  guerpis  745,  aban- 

donner. 
guerpis  voy.  guerpir. 
guerredon  985,  récompense. 
guerreie  voy.  guerreier. 
guerreier    188,     534,    guerreie 

169,  guerroyer. 
guerres  2672,  guerre, 
guerrier  voy.  guerriers, 
guerriers   570,  2189,  guerrier 

209,  2  I  56,  guerrier. 
guiche  935,  courroie    par   la- 
quelle Vécu  se  suspendait  au 
cou. 
guichet  1564,  guichet. 
guionages   397,  43o,    conduite, 
escorte. 


haitiez  (haîtier)  1 1  57,  2620, 
mettre  en  bonne  santé. 

halberc  voy.  halbers. 

halbergié  voy.  halbergiez. 

halbergiez  (halbergier)  2008, 
halbergié  232  3,  2  335,  revêtir 
du  haubert. 

halbers  370,  276,  2298,  hal- 
berc 407,  1039,  haubert.  Voy. 
alberc. 

halce  (halcier)  i  3  i,  1961,  haus- 
ser. 

1  hait  5i3,  haut,  hautement. 

2  hait  1 060,  halte  859,  1  504, 
halz  20o3,  2681,  haut. 


200 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


halle  voy.  hait. 

haltement  io85,  hautement. 

halz  voy.  hait. 

hanche  aSyy,  hanche. 

haneton  loSg,  hanneton. 

hanste  942,  hanstes  2546,  bois 

de  la  lance,  lance. 
hardement     Sgi,    875,     25 12, 

hardiesse. 
hardi  2449,  hardiz  2200,  201 5, 

hardi. 
hardiz  voy.  hardi. 

1  haste  1762, 1770,  hdte. 

2  haste  voy.  haster. 

haster  2275,   haste  981,  hdter. 
hautement  iSoj,  hautement. 

1  hé  2  25 1  (coillir  en  hé,  prendre 
en  haine). 

2  hé  i35,  i5o,  exclamation. 
helme    407,    597,    276,    2298, 

heaume.  Voy.  elmes. 

herbergier  i632,  herberjas  993, 
herbegiez  1984,  loger,  se  lo^ 
ger. 

herberjage  395,  428,  logement. 

herberjas  voy.  herbergier. 

herneis  i638,  1872,  2041,  ar- 
mure. 

herupé  (heruper)  5o7,  hérisser. 

het  (haïr)  1 70,  21 15,  hair. 

hisdos  5io,  5o5,  674,  hideux. 

honir  i56,  578,  honi  2o83, 
honir. 

hontage  469,  honte. 

honte  217  I,  703,  honte. 

hontos  1795,  i83i,  honteux. 

hors  52  1,  919,  hors. 

hu  I  2o5,  cri. 

huchier  1  3o8,  i  bol,  crier,  ap- 
peler. 


humilité  694,  humilité. 

hurte  (hurter)  341,  hurlent  433, 

heurter. 
hurtent  voy.  hurte. 


i    I  7,  2g,  3 1,  y,  là. 

icele  voy.  icil. 

icest  263,  1346,  ce,  cet. 

ici  72,  436,  ici. 

icil  648,  701,  icele  1082,  ce 
cet. 

ier  2624,  hier. 

iert  voy.  esire. 

iés  voy,  estre. 

il  116,  125,  3i3,  391,  208,  275, 
ele  1414,  le  44,  56,  li  i5o7, 
i5i7,lui  1414,1490, lor  i5o5, 
els  1496,  i523,  se  4,  91,  sei 
2092,  il,  ils,  elle,  le,  lui,  leur, 
se  soi. 

iluec  448,  753,  là. 

innocent  734,  innocent. 

ira  voy.  aler. 

irai  voy.  aler. 

irascuz  voy.  irier. 

ire  934,  colère. 

nez  voy.  aler. 

irier  524,  iriez  89,  236,  irascuz 
1248,  se  fâcher. 

i  iriez  voy.  irier. 

2  iriez  voy.  aler. 

isnelement  1616,  2i83,  vite,  ra- 
pidement. 

isse  voy.  ist. 

issent  voy.  ist. 

issi  voy.  issir. 

issuz  voy.  ist. 

ist  (issir)  i836, 2489,  issent  i2o5, 
23o2,    issi  719,   istrai    i324, 


VOCABULAIRE 


201 


islra    710,  isse    i663,    1672, 
issuz  614,  1189,  sortir. 

istra  voy.  ist. 

istrai  voy.  ist. 

itant  601,  autant  que. 

itel  1261,  tel. 


y  pour  ge. 

ja  29,  93,  104,  107,  139,  i53, 
^éjà,  jamais  (avec  une  néga- 
tion) . 

jaserenc  2477,  épithète  du  hau- 
bert, signifiant  en  mailles  de 
fer. 

javelot  930,  javelot. 

joianz  i552, 1718,  26 iÇt, joyeux» 

joie  57,  1167,  joie. 

joiels  599,  joyau. 

joignent  voy.  joindre. 

joindre  77,  joignent  2549,  join- 
tes 1(^02,  joindre. 

jointe  596,  articulation. 

jointes  voy.  joindre. 

jor  39,  42,  2270,  jorz  390,  739, 
jour. 

jornees  269,  2-^ g,  journées. 

jorz  voy.  jor. 

jovenes  io3,  2bg, jeune. 

jovente  2212,  22b2y  jeunesse. 

jugement  looy,  ij^g, jugement. 

jugié  voy.  jugier. 

jugier  176,  364,  jugié  120, 
juger,  décider. 

juglere  4,  jongleur. 

juïs  757,  juif. 

jura  voy.  jure. 

jure  (jurer)  2533,  jura  223, 
2639,  jurèrent  2636,  jurer. 

jurèrent  voy.  jure. 


jus  535,  Il  16,  2574,  en  bas. 
justicier  175,  2i35,  2340,  ren- 

dre  justice,  gouverner. 
justiciers   146,    i5io,  celui  qui 

rend  la  justice. 


1  r  33,  euphonique . 

2  r  pour  le,  la,  pronom. 

3  r  pourlif  le,  la,  art. 

1  la  96,  117,  là. 

2  la  voy.  il. 

3  la  voy.  li. 

laborer  705,  travailler. 

lace  (lacier)  407,  2499,  lacent 
2479,  laciez  641,  i523,  2004, 
lacer. 

lacent  voy.  lace. 

laciez  voy.  lace. 

laidiz  (laidir)  1476,  maltraiter. 

lairai  voy.  laissier. 

lairf.ie  voy.  laissier. 

laireient  voy.  laissier. 

lairmes  75 1,  2416,  larmes. 

laissa  voy.  laissier. 

laissai  voy.  laissier. 

laissastes  voy.  laissier. 

laisse  voy.  laissier. 

laissié  voy.  laissier. 

laissier  235,  535,  2337,  laisse 
2046,  laissai  2196,  laissastes 
740,  laissa  1958,  lairai  6,  266, 
laireie  400,  1181,  laireient 
i3o3,  laissons  2663,  laissiez 
70,  2401,  laisse  2379,  laissié 
2082,  laisser. 

laissiez  voy.  laissier. 

laissons  voy.  laissier. 

lait  5o5,  674,  laid. 

lança  voy.  lancier. 


202 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


lance  654,  770,  lance. 

lancié  voy.  lancier. 

lancier  643,  lança  967,  lancié 

95 1,  2606,  lancer. 
lande  3087,  lande. 
language  2387,  *404»  langage. 
large  voy.  larges, 
larges    i345,  2384,  large  399. 

475,  899,  906,  238 1,  large, 

vaste,  généreux. 
laron  voy.  1ère. 
las  90,  hélas. 

lasche  (laschier)  909,  lâcher. 
lasches  2248,  lâche. 
lascheté  788,  1673,  lâcheté. 
lasse  (lasser)  1447,  lasser  288, 

1207,  280,  i385,  2226,  lassé 

277»  767,  fatiguer. 
lassé  voy.  lasse, 
lassez  voy.  lasse, 
lasté  222 {,  lassitude. 
lavez  (laver)  761,  laver. 
laz  1134,  1243,  21 52,  lacets. 

1  le  voy.  li. 

2  le  voy.  il. 

lé  5o8,  640,  largeur. 

leçon  io65,  leçon. 

lee  5o8,  1067,  large. 

legierement  S-jS,  facilement. 

legiers  11 83,  mo,  léger,  agile. 

Ici  176,  583,  6i5,  1190,  loif 
manière. 

Icié  voy.  leier. 

leier  1876,  leiez  758,  leié  i358, 
2207,  1277,  Ï299,  lier. 

leiez  voy.  leier. 

lepros  747,  993,  lépreux. 

1ère  1753,  191 3,  laron  776,  vo- 
leur. 

I  les  voy.  li. 


2  les  voy.  il. 

letré  733,  letrez  274,  lettré^  qui 
a  une  inscription. 

letrez  voy.  letré. 

lelrin  5o,  lutrin. 

leu  946,  lieu. 

leva  voy.  lever. 

levas  voy.  lever. 

levé  voy.  lever. 

levée  voy.  lever. 

lever  81,  726,  lieve  1744,  levas 
997,  leva  43i,  2289,  2333, 
lieve  1734,  levez  3 16,  692, 
832,  levé  1286,  53 1,  levée 
1075,  lever  171 2,  lever,  éle- 
ver {au  moral),  tenir  sur  les 
fonts. 

levez  voy.  lever. 

lévrier  voy.  lévriers. 

lévriers  658,  lévrier  i3i8,  2059, 
lévrier. 

1  lez  291,  côté. 

2  lez  972,  2344,  2383,  à  côté. 
X  li  28,  34,  3,  734,  887  {sj,fm. 

5g.),  le  3o,  38,  la  48,  5i,  les 
95,  97,  le,  la,  les. 

2  li  voy.  il. 

lieement  1484,  joyeusement. 

liepart  voy.  lieparr 

lieparz  1933,  liepart  187,  léo- 
pard. 

lieve  voy.  lever. 

lièvre  658,  lièvre. 

liez  147,  ^gi,  joyeux. 

lignage  voy.  lignages. 

lignages  149,  lignage  479.  789, 
famille. 

limon  979,  limon. 

lin  1496,  race. 

lion  970,  1807,  lion. 


VOCABULAIRE 


203 


lire  1751,  lire. 

livré  voy.  livrez. 

livrez  (livrer)  767,  livré  2218, 
livrer. 

loer  823,  201 3,  lorai  68,  louer. 

loge  827,  loges  i636,  2607, 
baraque. 

loier,  iSg,  208,  loiers  1734,  35, 
80,  salaire,  récompense. 

loiers  voy.  loier. 

lonc  voy.  Ions. 

longe  voy.  Ions. 

longement  782,  794,  longue- 
ment. 

longes  voy.  Ions. 

Ions  io5i,  lonc  640,  1141, 
longe  1139,  1916,  longes 
2024,  long,  grand. 

1  lor  voy.  il. 

2  lor  voy.  ses. 
lorai  voy.  loer. 
lors  33,  228,  alors. 
los  2  5,  gloire. 

losenges    101,     139,    fiatteriey 

tromperie. 
losengier   m,  1186,  losengier 

1545,     flatteur,      trompeur. 
lui  voy.  il. 

luisant  2479,  2499,  luire. 
luxure    17,    65,    82,   luxure. 


m  voy.  gc. 

ma  vo^.  mes. 

mace  1081,  65o,  667,  masse. 

magesté  783,  796,  majesté, 

magnes    53,  grand  (Charles  li 

magnes). 
maille  2478,  mailles  1046,  io54, 

maille. 


mailles  voy.  maille. 

1  main  925,  matin. 

2  main  1709,  mains  58,  193, 
main. 

mains  voy.  main  2. 

1  maint  voy.  mainz. 

2  maint  (maindre)  1988,  r«/tfr. 
maintenant   2636,  maintenant. 
maintenir  2 1 2, 585,  2249,  main- 
tenu 1212,  maintenir. 

maintenu  voy,  maintenir. 

mainz  325,  1248,  1340,  maint 
1042,  1218,  88,  maint. 

mais  33,  141,  i39,  29,  38,  i63f 
201,  mais, plus  (ja...  mais). 

maisnie  i5o3,  compagnie. 

maistre  voy.  maistres. 

maistres  1644,  3o3,  2242,  mais- 
tre II 17,  ii66,  2309,  596, 
principal. 

1  mal  2627,  mal. 

2  mal  voy.  mais. 

3  mal  8o3,  811,   mal,  malheur. 
malaise  261,  souci. 

maie  voy.  mais. 

maleïr  1463,  2528,  maudire. 

malement  854,  2442,  mal. 

maies  1348,  malle. 

malfé  785,  2663,  diable. 

malice  2192,  malice. 

malmis  (malmettre)  24^5, mettre 

en  mauvais  état. 
mais  1574,  ^^^  200,  maie  io63, 

1087,  432,  méchant,  mauvais. 
maltalcnt  870,  colère. 
malvais  34,  1482,  38,  mauvais^ 

méchant. 
manaide  194,  218,  miséricorde. 
mande  voy.  mander, 
mandé  voy.  mander. 


204 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


mander  2254,  2668;  mant  i835, 
mande  623,  23go,  mandez264, 
i8g,  mandé  2423,  envoyer 
chercher,  faire  venir,  faire 
savoir. 

mandez  voy.  mander. 

mangier  3qo,  5 10,  mangierent 
702,  mangier  287,  662,  man- 
ger. 

mangierent  voy.  mangier. 

mangons  iS2/^,pièce de  monnaie. 

mant  voy.  mander. 

mantel  763,  mantels  1341,  man- 
teau. 

mantels  voy.  mantel. 

mar  121,  pour  son  malheur; 
2377,  2399,  "^^<^^'0"  éner- 
gique. 

marbre  336,  1680,  marbre. 

marbrin  977,  de  marbre. 

marche  415,  2368,  marches 
1437,  1343,  i35i,  contrée. 

marches  voy.  marche. 

marchis  55o,  2509,  818,  mar- 
quis. 

mariage  1432,  mariages  842, 
mariage. 

mariages  voy.  mariage. 

marregliers  97,  marguillier. 

martir  722,  martyr. 

martre  2363,  2412,  martre. 

masle  717,  mdle. 

masse  254,  masse. 

matez  (mater)  799,  8o5,  i38ô, 
2227,  dompter,  vaincre. 

matin  voy.  matins. 

matinée  2o32,  matinée. 

matinet  6^2,  point  du  jour. 

matins  i593,  matin  3 16,  759, 
matin. 


me  voy.  ge. 

meaille  914,  2377,  maille  {nom 

d'une  petite  monnaie). 
mei  voy.  ge. 

1  meie  voy.  mes. 

2  meie  voy.  miens, 
meillor  voy.  mieldre. 
meindre  948,  moindre. 
meine  voy.  mener, 
meinent  voy.  mener, 
meinz  865,  moins. 
meinzné  825,  le  plus  jeune. 
meïs  voy.  mètre, 
meïsme  voy.  meïsmes. 
meïsmes    371,    1161,   meïsme 

541,  2o3,  même. 

meitié  1102,  i363,  moitié. 

membre  767,  195,  247,  mem- 
bres. 

1  membre  (se  membrer)  i395, 
22  32,  se  souvenir. 

2  membre  voy.  membrez. 
membree  voy.  membrez. 
membres  voy.  membre, 
membrez    786,    membre    3o8, 

membree  1066,  2o3o,  mem- 
bru. 

membru  619,  membru. 

menaciez  i863,  menacier  866, 
menacer. 

menas  voy.  mener. 

menassent  voy,  mener. 

mendiier  98,  mendier. 

mené  voy.  mener. 

mener  54,  74.  65,  2672,  meine 
2607,  meinent  2307,  menas 
699,  menromes  2172,  menrez 
1426,  menassent  i358,  mené 
57,  2186,  menez  2284,  2682, 
mener. 


VOCABULAIRE 


205 


I 


menez  voy.  mener. 

menrez  voy.  mener. 

raenromes  voy.  mener. 

mentez  (mentir)  854,  menti 
1689,  25 II,  mentir. 

menti  voy.  mentez. 

menton  997,  1810,  menton. 

menuier  1891,  aigu, 

menuz  620,  petit. 

mer  697,  978,  mer^  océan  (roge 
mer  3 10,  Mer  rouge). 

merci  359,  Ii58,  2125,  2621, 
merciz  m,  148,  2625,  grâce. 

mercier  1429,  merciez  59,  re- 
mercier. 

merciez  voy.  mercier. 

merciz  voy.  merci. 

mère  690,  mère. 

I  merveille  545,  548,  645,  mer- 
veille. 

%  merveille  (se)  voy.  merveillier. 

merveilles  1820,  1825,  merveil- 
leusement. 

merveillier  675,  merveille  (se) 
1108,  merveiliiez  1092,  s'é- 
tonner. 

merveilliez  yqy.  merveillier. 

mes  Jo3,  219,  221,  i359,  mon 
i5i,  167,  mi  235,  ma  666, 
991,  mien  2154,  meie  874, 
mon,  ma,  mes. 

mes  2657,  2433,  messager. 

mescreû  i2o3,  mécréant. 

meslé  (mesler)  i3o,  1959,  en- 
tortiller {dans  les  cheveux). 

message  voy.  messages. 

messages  452,  323,  i384,  mes- 
sage 368,  454,  328,  1434. 
messager,  message. 

roessagier  voy.  messagiers. 


messagiers  i852,  2453,  messa- 
gier  36 1,  372,  messager. 

messe  1088,  41,321,  messe  841, 
messe. 

messes  voy.  messe. 

mestier  199,  2o5,  36o,  552,  be^ 
soin,  profit. 

met  voy.  mètre. 

meie  voy.  mètre. 

metez  voy.  mètre. 

metons  voy.  mètre. 

métrai  voy.  mètre. 

mètre  221,  3i8,met  2444,  meïs 
1014,  mist  87,  2201,  meirai 
i5i3,  métrons  480,  1909, 
métrez  1 644,  metons  96,  1921, 
metez  i3o6,  mete  1640,  mis 
1095,  25 10,  2556,  mise  48, 
mettre. 

métrez  voy\  melre. 

métrons  voy.  mètre. 

meû  voy.  mut. 

1  mi  200,  i32,  25o7,  milieu  (par 
mi  =  parmi). 

2  mi  voy.  mes. 

3  mi  voy.  ge. 

mie  (ne)  170,  434,  ne  pas. 
mieldre  14,  494,  meillor  9,  i3, 

858,  meilleur. 
mielz  191,  1757,  mieux. 

1  mien  (adj.)  voy.  mes. 

2  mien  (le)  voy.  miens, 
miens   (li)  482,  mien   (le)    149, 

meie  537,  mien,  mienne. 
mier  652,  2143,  pur. 
mil  74,   1426,  1443,  mile  3o6, 

332,  417,  mille. 
mile  voy.  mil. 
milier    373,    377,    735,  miiiers 

lyo,  532,  millier. 


2o6 


Ll  CORONEMENZ  LOOÏS 


milicrs  voy.  milier. 

mirable  723,  743,  admirable. 

miracles  1247,  miracle. 

mire  73 o,  myrrhe. 

mis  voy.  mètre. 

mise  voy.  mètre. 

misl  voy.  mètre. 

moiUier35i,  554,125-;,  épouse. 

molt  42.  44,  très,  beaucoup. 

molu  voy.  moluz. 

moluzCmoldre)  1245, 1234,  molu 

966,  121 5,  émoudre. 
mon  voy.  mes. 
monde  1927,  monde. 
moneez  2260,  monnayé. 

1  mont  voy.  monz. 

2  mont  761  mont;  a  mont  997, 
loSo,  i23i, contre  mont  1048, 
encontre  mont  2^47,  en  haut, 
en  Vair. 

monta  voy.  monter, 
montaigne   899,  1067,  monta- 
gne. 
montas  voy.  monter. 

1  monte  voy.  monter. 

2  monte  1217,  valeur. 
montent  voy.  monter, 
monter  2362,  monte  410,  468, 

339,  montent  2299,  montas 
ioo5,  monta  164,  628,  mon- 
tez 5o,  683,  monter. 

montez  voy.  monter. 

monz  i53i,  225i,  mont  524, 
849,  monde. 

raorra  voy.  muir. 

morras  voy.  muir. 

morront  voy.  muir. 

1  mort  voy.  muir. 

2  mort  168,  933,  mort. 
mortel  voy.  mortels. 


mortels  127,  2675,  mortel  706, 

mortel. 
morz  voy.  muir. 
mostier  voy.  mosticrs. 
mostiers   28,    mostier  96,  117, 

5 18,  église,  couvent. 
mostra  voy.  mostre. 
mostre  (mostrer)  342,  mostrent 

2338,   mostra   1688,   mostre- 

ront  2557,  montrer. 
mostrent  voy.  mostre. 
mostreront  voy.  mostre. 
moz  940,  io3o,  parole. 
muables  894,  qui  bouge. 
mucier  23 1 1 ,  muciez  246,cacAtfr. 
muciez  voy.  mucier. 
muers  voy.  muir. 
muert  voy.  muir. 
mui  233o,  muid. 
muir  (morir)   1239,  muers  861, 

muert  io63, morras  863,  2343, 

morra    427,    morront    333, 

muire  957,    444,    morz    104, 

141,  mort 24,  i33,  527,  2357, 

mourir,  tuer. 
rauire  voy.  muirir. 
mul  voy.  muls. 
mulet  i635,  mulet. 
muls  2261,  mul  1800,  mulet. 
mur    i3io,    murs    46Ô,     1C26, 

mur. 
murdrir    1978,    2o63,    murdri 

1469,  murdriz  20S0,  tuer. 
murs  voy,  mur. 
mut    (moveir)   901,  meU  2237, 

mouvoir. 


nasel    io38,    2480,    partie    du 
heaume  qui  protégeait  le  ne^. 


VOCABULAIRE 


ao7 


navré  (navrer)  gSS,  2164,  22o5, 

blesser. 
ne  23,  65,  ni;  iq3,  243,  107,  «^ ,* 

196,  ou;  65,  66,  ne  pas  ;   ne 

que  843,17^5  |»/m5  ^we. 
né  voy.  nez. 
ncient    188,    253,  2444,   2460, 

26 3 q,  rien,  néant,  pas. 
neier  196,  533,  noyer. 
nel  2  5,  33,  pour  ne  le. 
nelui  66,  personne. 
nenil  lySS,  2431,  non. 
neporquant    275,    657,     21 17, 

néanmoins. 
nés  635,  2266,   2546,  pour  ne 
les. 

1  nés  439,  455,  vaisseau. 

2  nés  7,  3 12,  ne:(. 
ncvoi  vo^'.  niés. 

nez  (naistre)  690,  724,  né  695, 
711,  718,  naître. 

niés  II 5,  356,  nevot  1492,  1495, 
neveu. 

no  voy.  noslre. 

nobile  voy.  nobiles. 

nobiles  222,  i5oi,  i8o5,  nobile 
209,  noble  2089,  nobles  189, 
noble. 

noble  voy.  nobile. 

noise  1622,  tapage. 

nom  voy.  nons. 

nome  voy.  nomer. 

nomer  761,  nomé  1829,  nom- 
mer. 

nonante  12,  quatre-vingt-dix. 

noncier  368,  i5i7,  annoncer. 

nons  1160,  1569,  1864,  nom 
117,  145,  nom. 

noriz  (norir)  1702,  éh.ver. 

nos  voy.  ge. 


1  nostre  voy.  mes. 

2  nostre  voy.  mien. 

novele  i5i7,  1600,  161 9,  novc- 
les  324,  329,  nouvelle. 

nu  voy.  nuz. 

nuef  12,  neuf. 

nuit  285,  725,  nuit. 

nuitel  776,  nocturne. 

nul  voy.  nuls. 

nules  voy.  nuls. 

nuls9,  ^2,  nul  5,  22,  nule  1799, 
nules  1459,  nul,  aucun. 

nuz  2579,  1968,  nu  i340,  nu. 


1  o  267,  446,  avec. 

2  o  24,  70,  ou. 
oci  voy.  ocire. 
ocie  voy.  ocire. 
ocient  voy.  ocire. 
ocirai  voy,  ocire. 

ocire  127,  173,  ocient  2307, 
2309,  ocis  2116,  ocist  525, 
707,  ocirai  1929,  oci  1254, 
2348,  ocie  1024,  ocis  1673, 
1741.  584,  664,  2338,  2357. 
2i63,  2204,  tuer. 

ocis  voy.  ocire. 

ocist  voy.  ocire. 

oeie  voy.  oïr. 

1  oi  voy.  oïr. 

2  oi  voy.  tveir. 
oï  voy.  oïr. 
oiant  voy.  oïr. 
oiez  voy.  oïr. 

oïl  562,  n58,  oui. 

oïr  2,  oi  23 1 8,  ocie  1990,  ot  87, 
2180,  oï  646,  761,  544,  588, 
oïrent  1184,  2410,  orras  795, 
816,  orrez  3!3,  2641,  oiez  i, 


208 


LI  CORONBMENZ  LOOÏS 


102,  olst  3rr,  oYant  1794,  oï 
1 18,  1760,  entendre. 
oïrent  voy.  oïr. 
oïst  voy.  oïr. 

olivier  1273,  i3io,  olivier. 
oltre  3io,  ig6(j,  outre. 
om  22,  345,  orne  9,  127,  omes 

74,  25 r,  homme,  on. 
omage  922,  hommage. 
ome  voy.  om. 
omes  voy.  om. 

omnipotent  848,  tout-puissant. 
onc  635,  ii65,2ig'j,  jamais. 
onces  1483,  once. 
oncles  357,   1172,   oncle   1812, 

1845,  oncle. 
onor    338,    857,    2452,    2522, 
onors    1359,    2024,   honneur, 
biens. 
onorables  1344,  glorieux. 
onoree  voy.  onorer. 
onorer  712,  onorez  1 58,  onoree 

1084,  2041,  honorer. 
onorez  voy.  onorer. 
onors  voy.  onor. 
onques  79,  194,  jamais, 
ont  voy.  aveir. 

1  or  33,  54,  maintenant» 

2  or  238,  252,  or. 
ordene  voy.  ordenes. 
ordenes  5i3,  1992,  ordene  1758, 

ordre  (religieux). 
i  ore  245 1 ,  comme  or  i . 
2  ore  43,  1469,  heure. 
oré  828,  tempête,  orage. 
orent  voy.  aveir. 
orfelin  67,  orphelin. 
orgoillos  100,  186,  1786,  1932, 

orgoillose   432,    orgueilleux. 
orgoillose  voy.  orgoillos. 


orguelz  8o5,  orgueil. 

orras  voy.  oïr. 

orrez  voy.  oïr. 

os  2579,  i32,  721,  05. 

osa  voy.  oses. 

osas  voy.  oses. 

osast  voy.  oses. 

osasse  voy.  oses. 

osereient  voy.  oses. 

oses  (oser)  523,   osas  25 1 3,  osa 

75o,    2o58 ,    osereient    573, 

osasse     i565,     osast     2450, 

oser. 
ost  1200,  74,  671,  oz  440,  456, 

armée. 
ostage  487,  ostages  2037,  2438, 

oîage. 
osteier20i,  1948,  guerroyer. 
ostel  i558,    1802,    ostels    283, 

1871,  maison. 
ostelez  (osteler)  747,  loger. 
ostels  voy.  ostel. 
ostes  284,  hôte. 

1  ot  voy.  aveir. 

2  ot  voy.  oïr. 

oltrage  433,  2370,  témérité,  vio- 
lence. 

otreier  1 1 o,  1  3 1 6,  otreions  1 784, 
otreiez  io5,  otieit  1816,  ac- 
corder. 

otreiez  voy.  otreier. 

otreions  voy.  otreier. 

otreit  voy.  otreier. 

ou  1 18,  337,  où. 

overreies  voy.  uevre. 

overte  voy.  uevre. 

overtes  voy.  uevre. 

oz  voy.  ost. 


VOCABULAIRE 


209 


paie  voy.  paier. 
paien  voy.  paiens. 
paiene  voy.  paiens. 
paiens  800,  83 1,  paien  401,685, 
347,  373,  paiene  -jô^payen. 
paier  2o3,    21 58,  payer;  paie 

2061,  2i3o,  faire  la  paix. 
paiie  408,  41 3,  étoffe  précieuse. 
pain  5 10,  pain. 

pais  2ii8,2i3i,  102,660, ^jj/at. 
païs  1462,    2243,    1401,    2285, 

pays. 
païsant  2088,  paysan. 
paist  (paisire)  36,  nourrir, 
palais  3o,   164,  palais,  grande 

salle  du  palais. 
palazins  2441,  palatin. 
palefrei  1 6b b,  palefroi. 
palme  11 19,  paume  {mesure  de 
dimeusion);pa\mes-j4.i, palme. 
palmier  voy.  palmiers, 
palmiers   1372,  palmier    1180, 

2i36,  pèlerin. 
pahonier  voy.  paltoniers. 
paltoniers  91  ,   paltonier  2343, 
homme    méprisable,    truand, 
coquin. 
paor  953,  iib6,  peur. 
i  par  64,  75,  par. 
2  par  44,   100  (particule  aug- 

mcntativé). 
paradis  428,  6gc),  paradis. 
parcreûz  786,  io5i,  de  grande 

dimension. 
pardoinse  (pardoner)  1737,  par- 
doné   753,    jy^,  pardonner. 
pardon  (en)  1826,  1994,  inutile- 
ment. 
parent  1 12,  858,  parent. 
parenté  voy.  parentez. 


parentez  8io,parenté834,  i56o, 

ibôy,  parenté. 
parevis  lôyS,  parvis. 
parfont  958,  profondement. 
parins  1287,  parrain, 
parla  voy.  parler, 
parlé  voy.  parler, 
parler  3 11,   437,    parlez    1826, 

2447,  parla  23 16,  parlez  475, 

parlé  794,  parler. 
parlez  voy.  parler, 
parole  682,  paroles  3 15,  parole. 
paroles  voy.  parole, 
part  454,  5 16,  parz  2148,  part. 
partes  voy.  partir, 
parti  voy.  partir, 
partir  1484,  parti  2o5i,  2194, 

partes  21 37,  parte  2069,  P^^~ 

tiz  293,  partir,  diviser. 
partiz  voy.  partir, 
paru  (pareir)  c)^j,  paraître. 
parz  voy.  part, 
pas  764,  pas. 
pasme  (pasmer)  930,  tomber  en 

pâmoison. 
pasques  741,  988,  991,  pâques, 
passa  voy.  passer, 
passast  voy.  passer, 
passastes  voy.  passer, 
passe  voy.  passer, 
passé  voy.  passer. 
passée  voy.  passer, 
passer  75, 129,  915,  passe  1923, 

passa  1936,  past  i5oo,  passas- 
tes 764,  passast  1079,   1999, 
passé  2270,  passez  j3q,  paS' 
ser. 
passez  voy.  passer, 
past  voy,  passer, 
pavcillons  2293,  tente. 

14 


2lO 


VOCABULAIRE 


pechié  voy.  péchiez. 

péchiez  94,  127,  pechié  82,  118, 
753,  péché. 

peisson  10 16,  poisson. 

peine  (a)  i20(^,  peine  (àj. 

ipela363,pelsi34i,  i3^g,peau. 

2  pel  1933,  pieu. 

pèlerin  voy.  pèlerins. 

pèlerinage  263,  383,  pèlerinage. 

pèlerins  1372,  pèlerin  1453, 
1455,  pèlerin. 

pels  voy.  pel. 

pendant  voy.  pendre. 

pendent  voy.  pendre. 

pendez  voy.  pendre. 

pendié  voy.  pendre. 

pendre  9i7,pent4ii,  604,  pen- 
dent 23oo,  pendié  1 140, pen- 
dez 489,  pendant  23o6,  pen- 
duz  1755,  pendre. 

penduz  voy.  pendre. 

pené  voy.  penez. 

peneance  i/[oS,  200g,  pénitence. 

penez  (pener)  766,  1176,  pené 
2195,  22']'],  souffrir. 

pensa  voy.  pense. 

pense  (penser)  1028,  1097,  pen- 
sez 1920,  pensent  2214,  2326, 
pensa  121,  pense  i53,  137, 
pensez  2317,  penser. 

pensé  800,  806,  pensée, 

1  pensée  bg3,  pensée. 

2  pensée  voy.  pensé, 
pensent  voy.  pense, 
pensez  voy.  pense. 
pent  voy.  pendre. 

per  698,  7i5,  569,  223b,  pair. 
percié  voy.  percier. 
percier     2332,    2681,     perciez 
369,  percié  2  1^3,  percer. 


perdes  voy.  pert. 

perdi  voy.  pert, 

perdrons  voy.  pert. 

perdront  voy,  pert. 

perdu  voy.  pert. 

perdue  voy.  pert. 

perduz  voy.  pert. 

père  49,  147,  267,  337,  père. 

perron  977,  i333,  perron. 

perso  ne  1 9 1 1 ,  prestance. 

pert  (perdre;  25,  1607,  perdi 
256i,  920,  perdrons  1799, 
perdront  333,  1259,  perdes 
i3o7,  perdu  1068,  perdue 
1818,  perduz  i23g,  perdre. 

periuis  1079,  trou. 

pesant  2^86,  lourd. 

pesmes  1629,  très-fdcheux. 

1  petit  voy.  peiiz. 

2  petit  140,  384,  2232, peu. 
petiz  5 12,  896,  petit  259,923, 

990,  petit,  jeune. 
peûst  voy.  puis  2. 
pié   87,    640,   1141,  2378,  piez 

i33,    180,  pied    (membre   et 

mesure). 
pierres  11 16,  2bj^,  pierre. 
piétaille  420,  gens  de  pied. 
piez  voy.  pié. 
pilers  467,  pilier. 
pitié  194,  218,  pitié. 
piz  1216,  2539,  2b j^^,  poitrine. 

1  place  406,  ^og,  place. 

2  place  voy.  plaist. 

plaidier  11 70,  plaidiez  1278, 
1994,  discuter. 

plaidiez  voy.  plaidier. 

plaie  948,  blessure. 

plaie  (plaier)  2164,  22o5,  bles- 
ser. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


21 


plaigniez  voy.  plaint, 
plain  23, plaine. 
plaint  (se)   (se  plaindre)    1788, 
i8og,  plaigniez  1946,5^^7/^1»- 
dre. 
plaisir  1724,  plaisir. 
plaireit  voy.  plaist. 
plaist  (plaire)   2,  io5,  plot  724, 
742,  plaireit  10,  place   1927, 
pleûst  1548,  plaire. 
plait  voy.  plaiz. 
plaiz    1129,   1482,    plait    i5o8, 
35,  161,  convention,  combat, 
querelle,  procès,  plaid. 
plein  voy.  pleins, 
pleine  voy.  pleins, 
pleins  875,  201 1,    plein   2665, 

pleine  i635,  11 19,  plein. 
pleissier  181,  126'jfplier,  briser. 
pleniers  voy.  plenier. 
plenier     2086,    pleniers    2047, 

épais. 
plenté  t^S6,  grande  quantité. 
pleûst  voy.  plaist. 
plevit  (plevir)  1722,  garantir. 
plora  voy.  plore. 
plore  (plorer)  i333,  i337,  plo- 
rez  2420,  plora   996,  plore- 
rent    88,    ploré  11 54,    26  r  7, 
plorant  255,  pleurer. 
ploré  voy.  plore. 
plorerent  voy.  plore. 
plorez  voy.  plore. 
plot  voy.  plaist. 
plus  43,  54,  1829,  plus. 
plusor  847,  plusors  2040,  plu- 
sieurs. 
poe  2y6,  patte. 
poeie  voy.  puis  2. 
poeir  voy,  puis  2. 


poeit  voy.  puis  2. 
poesté  801,  j^owvoir. 
poez  voy.  puis  2. 
poi  voy.  puis  2. 
poignant  voy.  point, 
poignez  voy.  point, 
poing    i3o,    6o5,    poinz     412, 
1 132,  poing. 

1  point  143,  375,  point  (néga- 
tion). 

2  point  (poindre)  898,  1223, 
poignez  2120,  poignant  1071, 
2225,  point  i5o4,  éperonner, 
charger. 

poinz  voy.  point, 
poïst  voy.  puis  2. 
polmon  959,  poumon. 
pomier  yoi,  pommier. 

1  pont  2120,  2126,  ponz  466, 
po7it. 

2  pont  2095,  pommeau. 
poons  voy.  puis  2. 

por  4,  3i y  pour. 
porcel  852,  pourceau. 
porent  voy.  puis  2. 
porprenent     (porprendre)    a83, 

occuper. 
porquant  970,  néanmoins. 
porquerre  36 1,  1607,  chercher. 
porra  voy.  puis  2. 
porreie  voy.  puis  2. 
porreit  voy.  puis  2. 
porrez  voy.  puis  2. 
port  voy.  porter, 
porta  voy,  porter. 

1  porte  voy.  porter. 

2  porte  434,  i53o,  portes  1620. 
421,  i528,  porte. 

portent  voy.  porter. 

porter   55,  278,  porte  20,  65o, 


i 


2  12 


VOCABULAIRE 


portent     208S,     2  3o8,    porta 
igiS,  portera  258,  port  1934, 
porter. 
portera  voy.  porter, 
portes  voy.  porte, 
portier  voy.  portiers, 
portiers     i534,     i536,    portier 

1529,  i554,  portier. 
porz  887,  port. 
posé  voy.  poser, 
poser  717,  2264,  posé  778,  po- 
ser. 
postiz  1676,  1^16,  poterne. 
pot  voy.  puis  2. 
povre  voy.  povres. 
povres  1537,  2248,  746,  2258, 
povre  2255,  3i,  ^b^b, pauvre. 
pré  10(4,  prairie. 
preechant  voy.  preechier. 
preer  2679,  piller. 
preechier  21 33,  preechant  849, 

prêcher. 
preié  voy.  preier. 
preier  232,  5 16,  pri  1698,  prie 
337,   prient    908,    prit    904, 
preié  1972,  2i8i,;?rjer. 
preiere  689,  prière, 
preigne  voy.  prendre, 
preignes  voy.  prendre. 
preisier57i,  i85o,pris843,  865, 
prcisai    926,    preisiez    1734, 
estimer. 
preïst  voy.  prendre, 
premier  voy.  premiers. 
premièrement    85o,    première- 
ment. 
premiers     556,    1182,   premier 

1264,  2294. /7rem/cr. 
prendra  voy.  prendre, 
prendrai  voy.  prendre. 


prendre  80,  171,  prent  1699, 
prenz  73,  prent  128,  134, 
prenent  546,  prist  loi,  341, 
pristrent  2653,  prendrai  1367, 
prendra  2377,  prendrez  2399, 
prent  69,  893,  prenez  461, 
478,  preigne  2439,  preignes 
2464,  preïst  917,  1375,  pris 
35o,  2184,  îoZ,iZi, prendre^ 
commencer. 

prendrez  voy.  prendre. 

prenent  voy.  prendre. 

prenez  voy.  prendre. 

prent  vo^.  prendre. 

prenz  voy.  prendre. 

presse  i23,  foule. 

prest  i3i3,  prêt. 

prestre  1009,  1664,  992,  prê- 
tre. 

prevost  207,  prévôt. 

prie  voy.  preier. 

prient  voy.  preier. 

pri  voy.  preier. 

1  pris  voy.  preisier. 

2  pris  1491.  2Dbo,prix. 

3  pris  voy.  prendre, 
preisai  voy.  preisier. 

prison  309,  102 3,  prison  2218, 
prisonnier. 

prisonier  a353,  prisoniers  3D2, 
12  58,  prisonnier. 

prist  voy.  prendre. 

pristrent  voy.  prendre. 

prit  voy.  preier. 

pro  voy.  proz. 

procession  609,  1472,  proces- 
sion. 

prodom  21,  36,  prodome  678, 
1928,  homme  de  bien. 

prodome  voy.  prodom. 


LI   CORONEMENZ  LOOIS 


2l3 


proece  i5oi,  proéces  860,  vail- 
lance. 

proeces  voy.  proece. 

profetes  847,  prophète. 

promette  488,  promis  234,  pro- 
mettre. 

promis  voy.  prometre. 

provende  98,  prébende. 

provendiers  iio3,  ii23,prében- 
dier. 

proz  1085,  1490,  pro  609,  i47'2, 
vaillant. 

pulcele  256o,  2232,  jeune  fille. 

pueent  voy.  puis  2. 

pueple  711,  737,  pueples  173, 
peuple. 

puet  voy.  puis  2. 

puez  voy.  puis  2. 

1  puis  43,  i63,  244,  depuis, 
ensuite. 

2  puis  171,  467,  puez  74,  193, 
puet54,  55,poons  2o3,  2322, 
poez  2177,  pueent  ii87,poeie 
529,  poeit  2173,  23o4,  poi 
234,  pot  526,  647,  porent 
7o3,  i35i,  porra  578,  2674, 
porrez  346,  porreie  386,  por- 
reit  693,  1098,  puisse  223, 
68ï,  puisses  i52,  puist  98, 
8o3,  puisse  i56,  372,  puis- 
sent 1343,  peûst  244,  245, 
poïst  1475,  1481,  poeir  481, 
pouvoir. 

puissant  2449,  puissant. 
puisse  voy.  puis  2. 
puissent  voy.  puis  2. 
puisses  voy.  puis  2. 
puist  voy.  puis  2. 
puiz  38,  986,  puits. 
panais  37,  qui  sent  mauvais. 


qu'  60, 98,  pour  que;  477,  2533, 

pour  qui. 
quanqu*  1096,  pour   quanque, 

tout  ce  que. 

1  quant  12,  27,  quand. 

2  quant  468,  tout  ce  que 

quar  197,  23i,  car;  38i,   559, 

donc  {formule  impérative), 
quarante   739,    1792,  quarante. 
quarels  642,  flèche. 
quart  i3o7,  quatrième. 
quartier  (escu  de)  604,  653,  écu 

écartelé. 
quassee(quasser)  1077,  ^'''ser. 
quatorze  3o,  61 3,  quators^e. 
quatre  46,  84  (quatre  vinz  1693, 

1775;  vint   et    quatre   2429), 

quatre. 

1  que  9,  32,  ^«e;  120,  262  car; 
(que...  que  332,  tant...  que; 
n'avons  que  374,  nous  n'avons 
pas  à). 

2  que  voy.  qui. 
quei  4,  i36,  quoi. 
queiement  749, 1 589,  sans  bruit. 
quel  voy.  quels. 

quels  656.  1754,  1791,  quel 
1559,  i56o,  quel. 

querez  voy.  querre. 

querras  voy.  querre. 

querre  i6i3,  1627,  quier  174, 
233,  quiers  5x2,  quiert  1407, 
1798,  querez  1572,  quierent 
373, 2235,  querras  1591,  quis 
i387,  2228,  chercher. 

ques  2340,  pour  qui  les. 

1  qui  (relat.)  36,  63,  1 1 2,  cui  56, 
794,  que  262,  267,   qui,  que. 


214 


VOCABULAIRE 


2  qui  25 II  (inter.),  que  21^,  qui, 

que. 
quier  voy.  querre. 
quierent  voy.  querre. 
quiers  voy.  querre. 
quiert  voy.  querre. 
quil  469,  600,  pour  qui  le. 
quin  94,  104,  pour  qui  en. 
quinzaine  2200,  qui)i:^aine. 
quinze  io3,  2  33,  quin:^e. 
quite  voy.  quites. 
quites   394,    quite    483,    2374, 

absous,  quitte. 


ra  (raveir)  23i5,  ravrons  1276, 
1298,  ravoir. 

rachater  319,  racheter. 

raie  voy.  raier. 

raier  2148,  raie  960,  couler. 

raison  891,  490,  1457,  2122, 
raison,  justice,  discours,  lan- 
gage. 

ramé  294,  ramee  1074,  branchu, 
touffu. 

ramee  voy.  ramé. 

rameint  (ramener) 90 3,  ramener. 

ramposne  2169,  insulte. 

ramu  632,  branchu,  touffu. 

randon  967,  972,  élan. 

randonee  1076,  élan. 

ravrons  voy.  ra. 

rebraciez  (se  rebracier)  129, 
relever  ses  manches. 

reclaime  (reclamer)  1225,  re- 
clama 676,  694,  réclamer. 

recoillirent  (recoillir)  2633,  re- 
cevoir. 

recréant  (recreire)  24,  recreûz 
i386,  2227,  céder ^  se  rendre. 


reconut  (reconaistre)  i685,  re- 
connaître. 

recovriers  i537,  secours. 

recovrer  ibSb,  s'aider. 

recreûz  voy.  recréant. 

reçui  (receivre)  929,  reçut  44, 
100 1,  recevoir, 

reculant  (reculer)  2451,  reculer. 

reçut  voy.  reçui. 

redempcion  1006,  rédemp- 
tion. 

redi  (redire)  1837,  répondre. 

redote  (redoter)  675,  686,  redoté 
824,  craindre. 

redreça  voy.  redrecier. 

redrecier  216,  1121,  redrece 
2403,  relever, 

reençon  172,  488,  rançon. 

referir  931,  refier  63ii,  frapper 
de  nouveau. 

refuse  1793,  refusez  i83o,  1412, 
refuser. 

refusez  voy.  refuse. 

refussent  voy.  resont. 

régné  2647,  royaume. 

reguarde  (reguarder)  450,  re- 
guardent  607,  regarder. 

rei  voy.  reis. 

reiame  ibi,  167,  reiames  12, 
royaume. 

reiames  voy.  reiame. 

reis  14,  20,  46,  729,  rei  94, 
99,  63i,  636,  roi. 

reit  412,  6o5>  reiz  23oi,  raide, 
fort. 

remaigne  voy.  remainent. 

remainent  (remaneir)  35,  re- 
mest  243, 2579, remandra  5 1 9, 
1419,  remaigne  364,  remés 
161,  1579,  rester. 


LI  CORON EMENZ  LOOÏS 


2l5 


remembre  (remembrer)  1 26, 
492,  souvenir. 

remés  voy.  remainent. 

remest  voy.  remainent. 

remuast  voy.  remut. 

remué  voy.  remut. 

remut  (remuer)  627,  remuast 
635, 1 964, remué  777,  rc»7i«er. 

renc  1182,    1206,  rang. 

rendent  voy.  rent. 

rendissent  voy.  rent. 

rendistes  voy.  rent. 

rendra  voy.  rent. 

rendrai  voy.  rent. 

rendu  voy.  rent. 

renges  408,  ceinture. 

rent  (rendre)  i263,  2352,  ren- 
dent 2343,  rendistes  728,  ren- 
drai 108,  1256,  rendra  i5o7, 
rendissent  i3o4,  rendu  1218, 
1238,  rendre. 

rentrer  710,  rentrer. 

reoigniez  (reoignier)  5i3,  ion- 
surer. 

reoille  voy.  reoillier. 

reoillier  5ii,  reoille  832,  rouler 
les  yeux. 

repaire  voy.  repairier. 

repairié  voy.  repairier. 

repairier  245,  2o52,  repaire  114, 
repairiez  242,  repairié  i352, 
repairier  1990,  retourner,  re- 
venir. 

repairiez  voy.  repairier. 

reposer  287,  2222,  reposer. 

reproche  i83o,  reproche. 

reprové  (reprover)  789,  repro- 
cher. 

reprovier    198,    602,    reproche. 

requeistes  voy.  requiers. 


requière  voy.  requiers. 

requièrent  voy.  requiers. 

requiers  (requerre)  217,  requiert 
262,  498,  requièrent  347, 
21  36,  requis  2534,  requeistes 
2624,  requière  627,  requis 
1715,  demander. 

requiert  voy.  requiers. 

requis  voy.  requiers. 

resailliz  (resaillir)  1295,  se  re- 
lever. 

rescos  (rescorre)  2173,  i357, 
délivrer. 

resembles (resembler)  1  o33,  les- 
sembler. 

resne  2180,   resnes  909,  rêne. 

resnes  voy.  resne. 

resoigniez  (resoignier)  11  73,  re- 
douter. 

resont  (restre)  i525,  1584,  re- 
fussent 2323,  être  de  nou- 
veau, à  son  tour. 

resordront  (resordre)  38,  res- 
sortir. 

respitier  1376,  respitiez  1261, 
1  326,   différer,  épargner. 

respondent  voy.  respont. 

respondi  voy.  respont. 

respondié  voy.  respont. 

respont  (respondre)  214,  224, 
respondent  445,1198,  res- 
pondi 1704,  2421,  respondié 
2562,  2582,  répondre. 

ressuscitez  (ressusciter)  779,  res- 
susciter. 

restreing  (restreindre)  893,  res- 
treintes 900,  resserrer. 

restreintes  voy.  restreing. 

retenez  voy.  retenir. 

retenir  i52,  1876,  rctieng  964, 


2l6 


VOCABULAIRE 


retenez  487,  retenu  1228, 
2339,  retenir. 

retenu  voy.  retenir. 

reiez  (reter)  1422,  accuser. 

retieng  voy.  retenir. 

retolir  83,  178,  prendre. 

retorna  voy.  retorner. 

retorne  voy.  retorner. 

retorner  439,  517,  i  343,  re- 
torne 2334, 2  342, retorna  2026, 
retornez  1455,  1907,  272, 
2  I  83,  retourner. 

retornez  voy.  retorner. 

retraçon    io63,  io3o,  reproche. 

retrait  (retraire)  1144,  2598,  re- 
tirer. 

révèle  voy.  révéler. 

révèlent  voy.  révéler. 

révéler  2653,  révèle  1601,  ré- 
vèlent 1614,  se  révolter,  se 
manifester. 

revest  (se)  (revestir)  32 1,  reves- 
tuz  1391,  se  revêtir. 

revestuz  voy.  revest. 

revint  (revenir)  241,  revenir. 

ri  voy.  rire. 

riche  voy.  riches. 

riches  35o,  450,  745,  2i58, 
riche  267,  448,  2  176,  2287, 
riche,  puissant. 

richeté  809,  richesse. 

rien  voy.  riens. 

riens7io,  2  122,2129,  rien  179g, 
quelque  chose,  rien. 

ris  1478,  1701,  rire  Csubst.). 

rit  (rire)  1 177, 2699,  '*"'^  (verbe). 

rivage  440,  rivage. 

rive  i327,  rive. 

xW\txt  2.2^3  t^6bi, bord  de  Veau. 

rober  2286,  piller. 


roge     2478.    3 10,    roges    5o6, 

rouge. 
rompié  (rompre)  2  i  52,  rompuz 

1 233,  1243,  rompre. 
rompuz  voy.  rompié. 
roncin    ibo7,    1654,  cheval  de 

service. 
ros  21 14,  2108,  roux. 
rostir  542,  rôtir. 
rova  voy.  rover. 
rover  2211  ,ro  va  1 746,  demander. 
rues  1801,  1859,  rues. 
fuié  (se  ruier)  1872,  se  ruer. 
ruistes  2540,  violent. 


1  s  ,  pour  sa. 

2  s',  pour  se. 

3  s',  pour  si. 
sa  voy.  ses. 

sablon  973,  1046,  sable. 

sache  voy.  saveir. 

sachié  voy.  sachier. 

sachier  1 32 7,  2078, sachiez  2608, 
sachié  11 25,  i366,  tirer,  re- 
tirer. 

1  sachiez  voy.  saveir. 

2  sachiez  voy.  sachier. 
sacremenz  841,  sacrement. 
safré  (safrer)  ib^-x, garnir  d'une 

panne. 
sage  voy.  sages, 
sages  327.  379*  444»  sage  609, 

490,  903,  sage. 
sai  voy.  saveir. 
saignié  (saignier)    1094,     258o, 

saigner. 
sailli  voy.  sait. 
sailliz  voy.  sait, 
sain  voy.  sains. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


217 


sains  1128,  iiSy,  sain  906, 
sain. 

saint  voy.  sainz. 

sainte  voy.  sainz. 

saintisme  975,  très  saint. 

sainz  397,  225,  saint  232,  388, 
sainte  677,    i55,  726,  saint. 

saisi  voy.  saisir. 

saisir  i638,  saisisi  557,  ^^32, 
saisi  1709,  saisir. 

saisist  voy.  saisir. 

salée  (saler)  978,  saler. 

salf  voy.  sais. 

sais  1128,  salf  473,  sauf. 

sait  (saillir)  1048,  sailli  2441, 
2467, 2555,  sailliz  2484,2558, 
sauter. 

saltier  1751,  psautier. 

salu  (saluer)  2  388,  salue  449, 
saluez  2 121,  saluer. 

salue  voy.  salu. 

saluez  voy.  salu. 

salvage  voy.  salvages. 

salvages  879,  salvage  38 1,  sau- 
vage. 

sanc  voy.  sans. 

sanglent  i33i ,  i  335,  sanglant. 

sans  771,  960,  sanc  722,  2148, 
sang. 

sarrazine  8,  sarrasine. 

saveient  voy.  saveir. 

saveies  voy.  saveir, 

saveir  1 509,  sai  4,  1 69,  ses  1 459, 
2  58i,  set  494,  2084,  savons 
980,  savez  1806,  21 33,  sevent 
847,  saveies  i559,  saveient 
x3oi.  sot  2688.  sorent  23o5. 
2328,  sachiez I  324,  sache  266, 
400,  445,  2267,  seûst  876, 
1373,  savoir,  connaître. 


savez  voy.   saveir. 

savons  voy.  saveir. 

se  voy.  il. 

2.  se  73,  168,  51  (se...  non  70, 
79,  sinon,  si  ce  n'est). 

secor  voy.  secorre. 

secore  voy.  secorre. 

secorez  voy.  secorre, 

secorre  363,  1493,  secorez  1402, 
2244,  secor  38 1,  1062,  se- 
corez 787,  secore  267,  se- 
courir. 

secors  260,  333,  secours. 

seeler  2268,  sceller. 

seels  264,  sceaux. 

sei  voy.  il. 

seie  voy.  estre. 

seient  voy.  estre. 

seies  voy.  estre. 

seiez  voy'.  estre. 

seignacle  425,  signe. 

seigne  (seignier)  790,  faire  le 
signe  de  la  croix  sur. 

seignor  voy.  sire. 

seignorage  1776,  seigneurie. 

seignorez  22b8,  seigneur. 

seions  voy.  estre. 

seit  voy.  estre. 

seize  2077,  seqe. 

sejorne  (sejorner)  2o5i,  séjour- 
ner. 

sejorné  687,  sejornez  2261,  dis- 
pos, vigoureux. 

sejornez  voy.  sejorné. 

sel,  pour  si  le  et  se  le. 

sele  649,  selle. 

selve  1 07 4,  forêt. 

semblant  2210,  semblant. 

semble  (sembler)  12 10,  semblés 
io32,  ressembler. 


2|8 


VOCABULAIRE 


semblés  voy.  semble. 

sempres  ii3,  120,  aussitôt, 

seneschals  661,  sénéchal. 

senestre  i3o,  2147,  gauche. 

senglers  ibgô,  sanglier. 

sens  1 112,  2247,  sens. 

sent  (sentir)  968,  sentent  1234, 
senti  i687,sentu  12/^0,  sentir. 

sentent  voy.  sent. 

senti  voy.  sent. 

sentiers  1268,  5e;i/ier. 

sentu  voy.  sent. 

senz  143,  375,  sans. 

sépulcre  778,  sépulcre. 

sera  voy.  estre. 

serai  voy,  estre. 

seras  voy.  estre. 

sereie  voy,  estre. 

sereit  voy.  estre. 

serement  2638,  serment. 

serez  voy.  estre. 

serf  voy.  servir. 

sergenz  2269,  2273,  servant. 

sermona  (sermoner)  5i,  sermo- 
ner. 

serons  voy.  estre. 

seror  voy.  suer. 

serveit  voy.  servir. 

servent  voy.  servir. 

service  21 3,  3 17,  32  2,  service. 

servir  i53,  712,  serf  614,  ser- 
vent 469,  2258,  serveient  987, 
serviz  i38,  servir. 

sei  viz  voy.  servir. 

1  ses,  pour  si  les  et  se  les. 

2  ses  49,  i33,  109, 1 15,  sa  192, 
698,  soe  454,  3 16,  siens  537, 
2472,  sien  83,  son  21,  23,  si 
733,  774,  lor  77,  279,  son, 
sa,  ses,  leur. 


ses  voy.  saveir. 

1  set  voy.  saveir. 

2  set  63 1,  sept  (set  vinz  1488, 
cent  quarante  ;  set  cenz  i575, 
1849,  sept  cents,  etc.). 

seûrlé  2644,  assurance. 
seùst  voy.  saveir. 
sevent  voy.  saveir. 
sevrez  (sevrer)  307,  séparer. 

1  si  voy.  ses. 

2  si  40,  186,  424,  etc.,  51,  ainsi, 
alors. 

siècle  257,  716,  monde. 

sien  voy.  ses. 

siens  voy.  ses. 

siet  (sedeir)  142,  618,  sist  99, 
être  assis,  être  placé. 

sil,  pour  se  le. 

si  m  pieté  743,  simplicité. 

sire  io3,  396,  seignor  i,  10, 
119,  i36,  sire,  seigneur. 

sis  43,  six. 

sist  voy.  siet. 

sivirent  voy.  sivre. 

sivre  329,  suit  21 63,  2341,  si- 
virent 990,  suivre. 

soe  voy.  sa. 

soef  921,  961,  doucement. 

soferte  voy.  sofrir. 

sofri  voy.  sofrir. 

sofrir  706,  1377,  sofri  8,2009, 
soferte  2 171,  souffrir,  sup^ 
porter. 

soing  II 14,  II 33,  souci. 

sol  voy.  sols. 

sols  1789,  sol  439,  1280,  seul. 

soleient  voy.  soleit. 

soleil  1377,  2568,  soleil. 

soleit(soleir)  349,  soleient  1473, 
1343,  avoir  coutume. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


219 


solement  714,  seulement. 

soler  1731,  soulier. 

som  25 18,  sommet. 

someillier  2196,  dormir, 

someron  1041,  extrémité. 

somes  voy.  estre. 

somier  i  3o6,  i633,  somiers  238, 
2  52,  béte  de  somme. 

son  voy.  ses. 

soner  750,  sonerent  1199,  son- 
ner. 

sonerent  voy.  soner. 

songe  289,  songe. 

sonja  (songier)  289,  rêver. 

sont  voy.  estre. 

sor  8,  60,  sur. 

sorcilz  832,  sourcils. 

sore  21 56,  sur. 

sorent  voy.  saveir. 

sorhalcier  2007,  célébrer. 

sospire  (sospirer)  24 16,  soupirer. 

sosiiegne  voy.  sostient. 

sostient  (sostenir)  1547,  sostie- 
gne  938,  soutenir^  supporter. 

sot  voy.  saveir. 

sovent  860,  souvent. 

soz  180,  220,  sous. 

suer  i65g  (rg.  sg.),  seror  2680, 
sœur. 

sui  voy,  estre. 

suit  voy.  sivre. 

suor  2552,  sueur. 

surreccion    1004,   résurrection. 

sus  534,  616,  en  haut. 


t ,  pour  te. 

ta  voy.  tes. 

table  75o,  tables  662.  table. 

taille  (taillier)4i2,  418,  tailler. 


talent  i25,  627,  désir. 

1  tant  {adv.)  190,  223,  tant;  a 
tant  446,  790,  a/ors. 

2  tant  voy.  tanz. 

tanz  460,  386,  444,  tant  I2i3, 
i8q6,  tante  121 3,  1896,  tant. 

1  targe  411,911, targe {bouclier), 

2  targe  voy.  targier. 
targent  voy.  targier. 

targier  1108,  1187,  targe  897, 
2494,  253,  268,  targent  1449, 
largiez  1284,  tarder. 

targiez  voy.  targier. 

te  voy.  tu. 

tei  voy.  tu. 

leinz  912,  couleur. 

teise  640,  647,  teises  58 1,  toise. 

tel  voy.  tels. 

tels  2639,  324,  tel  64,  i52,  29, 
682,  tel. 

temulte  1201,  tumulte. 

tencier  182,  quereller. 

tendirent  voy.  tendre. 

tendra  voy.  tenir. 

tendre  2281,  2450,  tendirent  58, 
tendre. 

tendrement  241  2,  tendrement. 

tendront  voy.  tenir. 

tenez  voy.  tenir. 

tenir  137,  i5i,  tieng  927,  2534, 
tient  974,  tienent  2539,  tint 
1 167,  2589,  tendra  2265,  ten- 
dront 421,  tenez  145,  21 23, 
tenist  658,  tenuz  1198,  1206, 
tenu  1209,  tenir. 

tenist  voy.  tenir. 

tens  53,  756,  i5o9,  temps. 

tenser  802,  814,  2019,  soutenir, 
défendre. 

tente  3383,  tentes  a366,  tente. 


220 


VOCABULAIRE 


tenu  voy.  tenir. 

tenuz  voy.  tenir. 

terre  i33,  297,  terres,  109,  i38, 
terre, 

lerst  (terdre)  772,  essuyer, 

terrier  538,  territoire. 

tertre  606,  616,  tertre. 

tes  5i3,  721,  i57,  ta  696,  toe 
552,  846.  2588,  tien  808,  880, 
ton  i36.  390,  ti  838,  1059, 
vo  481,  571,  482,  5oi,  572, 
767.  voz  780,  777,  403,  453, 
vostre  149,  415,  ton,  ta,  tes, 
votre,  vos. 

tesmoignier  646,  témoigner. 

teste  507,  2139,  testes  1698, 
tête. 

ti  voy.  tes. 

tien  voy.  tes. 

tienent  voy.  tenir. 

tien  g  voy.  tenir. 

tient  voy.  tenir. 

tierz  i5oo,  779,  troisième. 

tint  voy.  tenir. 

tirra  (tirer)  97,  tirer. 

tochast  voy.  locher. 

tochié  voy.  tochier. 

tochier  1772,  1984,  tochot  955, 
tocliast  2182,  tochiez  2071, 
tochié  1875,  toucher. 

tochiez  voy.  tochier. 

tochot  voy.  tochier. 

toe  voy.  tes. 

toille  voy.  tolir. 

toldrez  voy.  tolir. 

tolir  84,  i53,  tolis  2134,  tol- 
drez 67,  toille  485,  tolu  2066, 
prendre. 

tolis  voy.  tolir. 

tolu  voy.  tolir. 


ton  voy.  tes. 

londi  (tondre)  1967,  tondre. 
torment  863,  supplice. 
torna  voy.  tome, 
torne  846,  238i,  tornent  1879, 
torna  i3,  tornerent2i5o,  tor- 
nerai  468,   tornez  746,   780, 
torné   34,   688,   tornee  2o3i, 
tourner. 
torné  voy.  torne. 

tornee  voy.  torne. 

tornent  voy.  torne. 

tornerai  voy.  torne. 

tornerent  voy.  torne. 

tornez PO/,  torne. 

tort  22,  65,  torz  180,  tort. 

tost  374,  622,  tôt. 

tôt  voy.  toz. 

tote  voy.  toz. 

totes  voy.  toz. 

toz  236o,  95,  713,  tôt  i3,  167, 
260,  232,  293,  tote  192,  420, 
totes  58,  159,  tuit  307,  333, 
tout,  tous. 

traînent  (traîner)  1774,  traîner. 

traïr  1477,  253o,  trahir. 

traisist  voy.  trait. 

traison  66,  393,  trahison. 

trait  (se)  (traire)  io36,  3ii?. 
traisist  2537,  trait  934,  traite 
2046,  traites  2556,  tirer, 
aller. 

traite  voy.  trait. 

traites  voy.  trait. 

traïtor  voy.  traître. 

traïtors  voy.  traître. 

traître  1012,  1913,  19 19  {rg. 
sg.),  traïtor  1438,  1463,  traï- 
tors 1984,  traître. 

travaillié  voy.  travailliez. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


'221 


travailliez  1176,  travaillié  2195, 
767,  travailler. 

tref  voy.  très. 

trei  417,  7i3,  treis  106,  473, 
trois. 

treille  igSS,  treillis. 

treis  voy.  trei. 

trenchant  voy.  trenchier. 

trenchanz  voy.  trenchier. 

trenchast  voy.  trenchier. 

trenche  voy.  trenchier. 

trenchié  voy.  trenchier. 

trenchier  gS,  igS,  trenche  639, 
970,  trenchast  1246,  1232, 
trenchant  6o5, trenchanz  23oi, 
trenchié  1069,  2604,  tran- 
cher. 

trente  190,  2  38,  trente. 

1  très  32,  9D1,  très;  071,  94G, 
à  travers,  de  part  en  part. 

2  très  1194,  23o6,  2382,  tref 
447,  614,  tente. 

tresbuche  voy.  tresbuchier. 

tresbuchié  voy.  tresbuchier. 

tresbuchier  2334,  tresbuche  i33, 
tresbuchié  1 1 16,  2374,  renver- 
ser, trébucher. 

trésor  441,  457,  trésor. 

trespas  843,  souffle. 

trespasse  (trespasser)  257,  898, 
trespassent  280,  2277,  passer 
outre,  franchir,  trépasser. 

trespassent  voy.  trespasse. 

tresqu'  106,  17Ô2,  pour  très- 
que. 

tresque  5,  jusque. 

trestorna(irestorner)  io35,  tour- 
ner. 

trestot  voy.  trestoz. 

trestoz  810,  291,   2353,  trestot 


394,  484,  85o,  trestuit  2638, 
tout. 

trestuit  voy.  trestoz. 

treûage  882,  tribut. 

triers  964,  à  travers. 

troez  (troer)  369,  trouer, 

tronçons  1044,  tronçons. 

trop  127,  248,  trop. 

trossé  (tiosser)  275,  trossez 
2  38,  1427,  charger. 

trossez  voy.  trossé. 

iroton  loii,  celui  qui  fait  les 
courses. 

trova  voy.  trover. 

irovast  voy.  trover. 

trové  voy.  trover. 

trover  1834,  truis  1846,  trueve 
124,  i8o3,truevent733,  1529, 
trova  448,  2383,  troverent 
1270,  troverai  1703,  troveras 
2397,  trovera  2375,  troverez 
484.  trovast  878,  trovc  i388, 
2217,   irovez    1591,  trouver. 

trovera  voy.  trover. 

troveras  voy.  trover. 

troverent  voy.  trover. 

troverez  voy.  trover. 

trovez  voy.  trover. 

truevent  voy.  trover. 

truis  voy.  trover. 

tu  39,  137,  te  64,  78,  i56,  169, 
tei  541,  vos  71,  116,  I,  2,  tu, 
te,  toi,  vous. 

tua  (tuer)  2059,  tuer. 

tuit  voy.  toz. 

turqueis  641,  turc. 


uelz  5  06,  œil. 

uevre   (ovrir)   1364,   1669,  ue- 


222 


VOCABULAIRE 


vrent  a63î,  overreies  1 562, 
uevre  i  53o,  overte  ibog,  over- 
tes  1617,  1620,  ouvrir. 

uevrent  voy.  uevre. 

ui  389,  925,  aujourd'hui. 

uis  1692,  porte. 

uissiers  1643,  huissier. 

uit  39,  40,  huit. 

umeliier  2629,  humilier. 

umilité  773,  humilité. 

un  voy.  uns. 

une  voy.  uns. 

unes  voy.  uns. 

uns  5o,  290,  332,  un  56,  141, 
une  525, 114,  411,  unes  324, 
329,  un. 

usé  voy.  user. 

user  2212,  2252,  266,  usé  53, 
user,  employer. 


va  voy.  aler. 

vaillant  voy.  valt. 

vaillanz  voy.  valt. 

vaille  voy.  valt. 

vaillissant  voy.  valt. 

vait  voy.  aler. 

val  336,  2552,  basizva],  en  bas). 

valdra  voy.  valt. 

valent  voy.  valt. 

valt  (valeir)  837,  2563,  valent 
1059,  2432,  valu  914,  945, 
valdra  621,  1008,  vaille  443, 
459,  vaillanz  21,  2498,  vaillant 
7,  154,  226,  2,  88,  vailli- 
sant  485,  valu  1977,  valoir. 

valu  voy.  valt. 

vant  (se)  (se  vanter) 4,5e  vanter. 

vassal  2555,  vassai,  guerrier. 

vasselage  389,  prouesse. 


veé  voy.  vie. 

veeir  893,  1371,  vei  575,  2190, 
veiz  63,  72,  veit  142,  147, 
veient  197,  1267,  vi  358,  925, 
769,  1020,  veïstes  559,  virent 
1416,  1898,  verrons  106^ 
verrez  29,  verreie  5oi,  vei 
388,  veez  257,  2206,  veisse 
1359  ,  veïst  1892,  2157  ,  veïs- 
siez  12 12,  233 1,  veïssent 
1924,  veiant2  i  32,  2  386,  voir. 

1  veez  voy.  veeir. 

2  veez  voy.  vie. 
vei  voy.  veeir. 
veiage  235,  voyage. 
veiant  voy.  veeir. 

veie73i,  2o3i,veies  1268,  voie. 

veient  voy.  veeir. 

veier  207,  voyer  (fonctionnaire 
d'humble  condition). 

veies  voy.  veie. 

veine  (veintre)  2376,  veint  2398, 
veintra  2440,  2465,  vencuz, 
622,  2373,  vaincre. 

veint  voy.  veine. 

veintra  voy.  veine. 

veir  783,  1022.  214,  7q5, 
vrai,  voire. 

veirement  725,  vraiment. 

veïsse  voy.  veeir. 

veïssent  voy.  veeir. 

veïssiez  voy.  veeir. 

veïst  voy.  veeir. 

veïstes  voy.  veeir. 

veit  voy.  veeir. 

veiz  voy.  veeir. 

veltres  292,  grand  chien,  lé- 
vrier. 

venant  voy.  venir. 

vencuz  voy.  veintre. 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


223 


vendi  (vendre)  ySS,  looo,  vendu 
I  2  14,  vendre. 

vendra  voy.  venir. 

venez  vqy.  venir. 

vengeance  1 6  i  3,  vengeance. 

vengié  voy.  vengier. 

vengier  2  588,  vengiez  53o,  i  55  r, 
vengié  11  22,  venger. 

vengiez  vqy.  vengier. 

venir  673,  25  i3,  vient  11  3,  144, 
venons  i53i,  venez  116, 
vienent  328,  i385,  vin  2529, 
vint  21 5,  228,  vindrent  424, 
433,  vendra  i5i4,  19 10,  venez 
1808,  23i3,viegne363i  1622, 
viegnent  2255,  2259,  venant 
323,  1384,  venuz  383,  463, 
2271,  venu  1434,  2160,  venir. 

venist  voy.  venir. 

venons  voy.  venir. 

veni  828,  843,  vent. 

ventaille  417,  partie  du  haubert 
qui  se  relevait  sur  la  face. 

ventre  1016,  ventre. 

venu  voy.  venir. 

venuz  voy.  venir. 

veraiement  856,  vraiment. 

verais  742,  vrai. 

vergié  voy.  vergiez. 

vergiez  (vergier)  11 15,  vergié 
II  34,  2573,  rayé. 

vergoignié  vo.  vergoignier. 

vergoignier  578,  vergoigné  2083 , 
déshonorer . 

vérité  795,  816,  vérité. 

vermeille  411,  911,  rouge. 

verniz  912,  verni. 

verrai  voy.  vceir. 

verreie  voy.  veeir. 

verrons  voy.  veeir. 


vers  58,  66,  619,  vers,  envers, 

contre. 
verser  2334,  renverser. 
vert  407,  2479, 1 583,  ^^'"^  »  ^23, 

vert. 
vertu    918,  vertuz  1227,  1247, 

force,  miracle. 
vertuos  932,  valeureux. 
vertuz  voy.  vertu, 
verz  voy.  vert, 
vespre  2568,  2587,  soir. 
vesques     1694,    évéque.      Voy. 

evesques. 
vesqui  voy.  vivre, 
vest  407,    2499,   vestent    637, 

2298,  vestuz  61  5,  684,  vestu 

634,  vêtir. 
vestent  voy.  vest. 
vestu  voy.  vesU 
vestuz  voy.  vest. 
veve  84,  veuve. 
vi  voy.  veeir. 
vie  54,  g3,vie. 
vie   (veer)    85,    veez   701,    veé 

i558,  interdire. 
viegne  voy.  venir, 
vieil  voy.  vielz. 
vieille  voy.  vielz. 
vielz  258,  365,  vieil  819,  2198, 

vieille  971,  gi 4,  vieil. 
vienent  voy.  venir, 
vient  voy-  venir, 
vierge  719,  1084,  vierge. 

1  vif  voy.  vivre. 

2  vif  voy.  vis. 
vil  2534,  vil. 
vilain  voy.  vilains, 
vilainement  852,  laidement. 

vilains4,vilain  1906,2  i66,W/a/n. 
viles  2655,  ville. 


\ 


324 


VOCABULAIRE 


vilment  86 1,  vilement. 
vin  voy.  venir, 
vindrent  voy.  venir. 

1  vint  voy.  venir. 

2  vint  58 1,  vingt  (vint  et  quatre 
3429,  vint  et  sis  45). 

virent  voy.  veeir. 

1  vis  1672,  2519,  vif  1255,  i3o3, 
564,  vivant. 

2  vis  voy.  vivre. 

3  vis  354,  55o,  2538,  mine,  vi- 
sage. 

visage  3^2,'i']S,255i, même  sens. 

visages  voy.  visage. 

visitez  (visiter)  729,  visiter. 

vit  voy.  veeir. 

vivons  voy.  vivre. 

vivre  1751,  2223,  vif  1089,  1705, 

vis  2o5,  vivons  1064,  vesqui 

i63,  vivre. 
vo  voy.  tes. 
voiiient  voy.  vueil. 
vois  5 12,  2169,  voix. 
voise  voy.  aler. 
voist  voy.  aler. 
voldreie  voy.  vueil. 
voldrent  voy.  vueil. 
voidront  voy.  vueil. 
vole  voy.  voler, 
volée  1079,  volée. 
voleies  voy.  vueil. 


voleit  voy.  vueil. 

volent  voy.  voler. 

volenté  691,  696,  volcntez  1^94, 
2253,  volonté. 

volentiers    i5,    108,  volontiers. 

voler  II 35,   vole    1047,   volent 
2547,  voler. 

volez  voy.  vueil. 

volsist  voy.  vueil. 

volt  voy.  vueil. 

volte  1467,    1634,  salle  voûtée. 

voltiz  2543,  2549,  bombé. 

vont  voy.  aler. 

I  vos  vo^.  tu. 

vostre  voy.  tes. 

voz.  voy.  tes. 

vrais  724,  vrai. 

vueil  (voleir)  64,  172,  vaels  78, 
vuelt  56,  107,  volez  i362, 
1697,  vuelent  212,  2656,  vo- 
leies i36,  807,  voleit  733, 
voldrai  1986,  voidront  1170, 
volt  319,  528,  voldrent  2187, 
2?37,  voldreie  5 16,  voldreit 
1796,  voldriez  i832,  vxieille 
3i4,  187,  vueillent  i3i2, 
volsist   471,  8jy7,  vouloir. 

vueille  voy.  vueil. 

vuelent  voy.  vueil. 

vuels  voy.  vueil. 

vuelt  voy.  vueil. 


TABLE  DES  NOMS'" 


Abel  707,  tué  par  Caïn. 

Abilant  (l'onor  d')  2452. 

Acelin  1782,  1786,  i8o3, 
i8o5,  1810,  1814,  i833, 
1839,  1857,  1887,  1904, 
1907,    1912,    1937,    Ance- 

..  lin  man.  B^,  B2,  fils  de 
Richard  de  Normandie  ;  il 
veut  s'emparer  de  la  cou- 
ronne de  France  au  détri- 
ment de  Louis  ;  il  est  tué 
par  Guillaume  (voy.  Ro- 
mania,  I",  i85). 

Adam  698,  979,  mangea  du 
fruit  défendu  et  fut  chassé 
du  paradis. 

Aiglent  voy.  Milon  d'A. 

Aïmer  826,  frère  de  Guil- 
laume. 

Aimeri  570,  819,  1472,  1542, 


2525, 

2594, 

Aimeri    de 

Narbonne    210,    père    de 

Guillaume. 

Ais27,  Aix-la-Ghapeil 

î. 

Alelme 

1785, 

1789, 

1797, 

1826, 

i836, 

1840, 

i855, 

i858, 

Aliaui 

ne    C 

1543, 

i55i, 

i558, 

i57[, 

etc., 

écuyer 

,    neveu    de 

Guil- 

laume. 
Alemaigne     17,    dépend    de 

Charlemagne.     Gui     d'A. 

voy.  Gui. 
Alemans  (Gui   li)    voy.  Gui. 
Aliaume  voy.  Alelme. 
Alion  644,  1208,2096,2143, 

25o2,     2612,    Arion    var. 

1208,  2612,  cheval  de  Cor- 

solt,    puis   de   Guillaume, 

après  la  mort  de  Corsolt, 


I.  On  ne  trouvera  dans  cette  table,  sur  les  personnages  ou  les  lieux  qui  y 
figurent,  que  les  renseignements  fournis  par  le  poème.  Aux  noms  du  texte 
critique  j'ai  ajouté  ceux  des  variantes  lorsqu'ils  pouvaient  être  intéressants 
C,  D  =  appendice  C,  D;  var.  =  variante. 

i5. 


220 


Ll   CORONEMENZ  LOOIS 


Dans  C  le  même  cheval 
est  appelé  une  fois  Alion 
(1969),  et  ailleurs  Arondel 
(1898,  2229,  2409,  2423, 
2434,  2444,  2648,  2662). 

Alori  1499,  chef  du  lignage 
des  traîtres. 

Amarmonde  2022 ,  Ama- 
ronde  var.  2022,  Mari- 
monde  C  1 793,  roi  du  Bor- 
delais, conquis  par  Guil- 
laume, se  fait  baptiser. 

Amaronde  voy.  Amarmonde. 

Ancelin  voy.  Aceiin. 

Andernas  voy.  Guibert  d'A. 

Anestase  (sainte)  726,  man- 
chote, recouvra  ses  mains 
en  accouchant  la  Vierge. 

Anjou  18,  dépend  de  Char- 
lemagne. 

Annadore  2o3i,  Enveudure 
var.  2o3i,  ville  située  sur 
la  route  de  Pierrelate  à 
Saint-Gile. 

Anseline  voy.  Guarin. 

Arabe  (or  d')  319,  (destrier 
d')  2362,  Arabie. 

Arage  (mulet  d')  C  2285, 
Arabie. 

Arion  voy.  Alion. 

Arneïs  1 19, 124,  Arneïs  d'Or- 
liens  99,  112,  Hernaïs  D 
125,  Herneïs  d'Orliens  Z) 
90,  95,  117,  Ernaul  var. 
119,  Hernaulz  var.  119. 
(Cf.  p.  xxvii  et  suiv.) 

Arondel  voy.  Alion. 

Arabi  (1')  voy.  Corsolt. 

Ascencion  ioo5. 

Auborc  voy.  Guires. 


}  Avauterre  var.  19. 

i  Avalon  (l'or  d')    1796,  1827, 

j  Valon  (l'or  de)  C  1598  (île 

1  d'Avalon,    séjour    du    roi 

'  Artur). 


Baratron  (puiz  de)  986,  en- 
fer. 

Bavière  17,  dépend  de  Char- 
lemagne. 

Berengiers565,pairdeChar- 
lemagne. 

Bernart  de  Brebant  211, 
Bernart  de  Brebant  la  cité 
821,  frère  de  Guillaume. 

Berriier  voy.  Berruier.  | 

Berruier    11 63,    var.    1260,      * 
Berriier  var.  19,  hommes 
du  Berry. 

Bertran  ii5,  273,  356,  366, 
4o3,  1171,  1479,  i353, 
1598,  1645,  1648,  1893, 
1916,  1920,  2189,  2208, 
2209,  23i2,  2467,  2472, 
2492,  2622,  2625,  2659, 
2662,  comte  Bertran  1 154, 
1214,  23i  6,  2615,  paladin 
Bertran  2441.  Neveu  de 
Guillaume. 

Berzebut  987,  est  en  enfer. 

Besençon  var.  i832. 

Bethléem  723,011  naquit  Jé- 
sus. 

Bonivent  C  2706,  Bénévent. 

Bordels  sor  Gironde  2021, 
Bordeaux. 

Borgoigne  D  9,  dépend  de 
Charlemagne. 

Brachefier  voy.  Fierebrace. 


^ 


TABLE  DES  NOMS 


227 


Brebant  voy.  Bernart. 

Bretaigne  18,  dépend  de 
Charlemaigne  ;  2049,  Guil- 
laume la  côtoie. 

Brie  1449,  1452,  sur  la  route 
de  Rome  à  Tours. 

Buevon  de  Commarchis  824, 
frère  de  Guillaume. 


Cahu  621,    1225,   dieu   des 

Sarrasins. 
Caïn  707,  tue  Abel. 
Calabre  886,  C  2282,  2457. 
Carpes  voy.  Chapre. 

(;  Cartage   (l'or  de)   471,  491, 
(cité  de)  var.  2027. 
l  Cartage  voy.  Dagobert  de  C. 
Castele  (destrier  de)  C  1342, 
Castille. 

Cesaires  voy.  Julius. 

Champion  i32i,  i325,  ne- 
veu du  roi  Galafre. 

Chapre  3o3,  33 1, Carpes  v<ir. 
33 1>  Crapes  var.  441,  Ca- 
poue.(Cf.  p.  XXXIX, note  I.) 

Charlemagne   voy.  Charles. 

Charles  i5o,  i63,  164,  228, 
242,  25o,  339,  364,  885, 
1396,  1436,  1461,  2385, 
a5oi,  Charlemagne  14, 
Charles li magnes  53, Char- 
lemagne le   grant  var.    1. 

Chartres  2378,  2400,  var. 
33i. 

Ciquaires  284,  Cirtaiges  var. 
284,  hôte  de  Guillaume  à 
Rome. 

Cirtaiges  voy.  Ciquaires. 

Clinçvent  261 3,  Prinsaut  C 


[ 


2421,  265o,  cheval  de  Gui 
d'Alemaigne,  conquis  par 
Guillaume,  qui  le  donne  à 
Bertran. 

Commarchis  voy.  Buevon 
deC. 

Constentin   voy.   Costentin. 

Cornoaille  (l'onor  de)  var. 
491. 

Corsolt  612,  619,  628,  io3o, 
1192,  2619,  Corsolt  l'A- 
rabi  25 18,  d'oltre  la  roge 
mer  3 10,  li  salvages  879, 
l'amirez  3o2,  rei  Corsolt 
5o4,  622,  65 1.  (Cf.  p. 
xxxiv  et  suiv.) 

Costentin  2o52,  Constentin 
C  i838,  Cotentin. 

Crapes  voy,  Chapre. 


Dagobert  de  Cartage  2027, 
roi  vaincu  par  Guillaume. 

Daniel  1018,  dans  la  fosse 
aux  lions. 

Denis  (roi  de  Saint)  1461, 
25 16,  saint  Denis  (cri  de 
guerre)  2610,  par  saint 
Denis  547,  1260,  1642, 
1757. 


Engeliers  568,  Englehiers 
var.  568,  pair  de  Charle- 
magne. 

Enveudure  voy.  Annadore. 

Ermengart  vor.  Hermenjart. 

Ernaut  voy.  Arneïs. 

Escalvaire  (mont)  761,  Cal- 
vaire. 


228 


LT  CORONEMENZ  LOOlS 


Esclers  829,  Slaves. 
Espaigne  2263;  (destrier  d') 

2261. 
Espolise  voj\  Police. 
Estolz  de  Langres  SGy,  pair 

de  Charlemagne. 
Evain  698,  980,  mangea  la 

pomme  défendue. 


Fierebrace  271,  382,  398, 
492,  882;  voy.  Guillelme 
F.;  Brachefier  var.  1260. 
(Cf.  p.  xLviii  et  suiv.) 

Floiredu  Plesseïs  vo/.Sohier. 

France  20,  26,43,  189,  245, 
i385,  1434,  1465,  1493, 
i5io,  1818,  2378,  2400, 
2047,2663,2683,  Francela 
d'olce  i3,  i5,  1418,  1425, 
2045,  2076. 

Franceis  120, 162,  197,  ii63, 
i533,  23o5,  2409,  2425, 
2432,  2653;  épithète  de 
Guillaume  617,  626,  663, 
793,  833,  879,  I  ICI. 

Frans  2469,  2461,  2637, 
synonyme  de  Franceis. 


Gabriel  (saint)  397,  430. 

Galafre  553,  Galafre  l'ami- 
rant  437,  472,  i'amire' 
1419,  2238,  le  rei  3oi, 
348,  448,  474,  614,  1189, 

1222,    1224.    l320. 

Garsile  var.  3oj,  1222,  1419, 

pour  Galafre. 
Gascogne  D  10,  dépend  de 

Charlemagne. 


Gerbert  C  i393,  fils  d'une 
sœur  de  Guillaume  (peut- 
être  faut-il  lire  Guibert  : 
le  signe  d'abréviation  n'est 
pas  net). 

Gerin  568,  Gucrin  var.  568, 
pair  de  Charlemagne. 

Gile  (Saint)  2o32,  ville  prise 
par  Guillaume. 

Gironde  75  ,  fleuve.  Voy^. 
Bordels  sor  G. 

Gironde  sor  mer  voy.  Hernalt 
de  G. 

Gontier  de  Rome  var.  1619, 
pour  Guarin  de  Rome. 

Guaifier  2325,  de  Police  2234 
(cf.  p.  xxxviir,  note  i),  le 
rei  3o4,  35o,  i256,  i354. 
(Cf.  p.  XXXV  et  suiv.) 

Gualdin  le  brun  1489,  neveu 
de  Guillaume. 

Gualtier  567,  pair  de  Char- 
lemagne. 

Gualtier  11 55,  1288,  1893, 
2617,  probablement  le 
même  que  Gualtier  deTo- 
lose. 

Gualtier  de  Tolose  1220, 
Gualtier  le  Tolosain  i638, 
fils  d'une  sœur  de  Guil- 
laume. 

Gualtier  de  Tudele  1618, 
probablement  encore  le 
même  que  le  précédent. 

Gualtier  i684,clerc  de  Tours. 

Gualtier  1 982,  abbé  de  Tours. 

Guarin  823,  G.  d'Anseiine 
var.  823,  D  i65,  frère  de 
Guillaume. 

Guarin  de  Rome  1619,  peut- 


TABLE  DES  NOMS 


229 


f 


être  le  même  que  le  pré- 
cédent. 

Guaulier  de  Termes  C2o32, 
peut-être  le  même  que 
Galtier  de  Tudele. 

Guerin  voy.  Gerin. 

Gui  2521,2532,  2596,  Gui 
d'Alemaigne  2241 ,  2289, 
2355,  236i,  2365,  2389, 
2405,  2423,  25io,  2562, 
2582,  GuiliAlemans2458, 
2470,  Guion  2572,  2601, 
Guion  l'Alemant  2435 , 
2453.  (Cf.  p.  Lix  et  suiv.) 

Guibelin  D  177,  frère  de 
Guillaume,  le  même  que 
Guibert. 

GuiberD  186,  vJr.  2617. 

Guibert  d'Andernas  le  mein- 
zné  825 ,  frère  de  Guil- 
laume. 

Guielin  273,404, 1 155, 1219, 
1288,  2492,  2617,  compa- 
gnon de  Guillaume,  peut- 
être  son  neveu;  C  1680, 
cousin  de  Vivien. 

Guillelme  11 3,  121,  148,  209, 
244,  248,  272,  294,  3o8, 
3i2,  357,  359,  414,  574, 
683,  792,  795,  8o3,  811, 
816,  836,  845,  864,  867, 
876,  897,  932,  95i,  967, 
974 ,  io3i  ,  io37,  io58, 
1072,  iioo,  II 12,  1122, 
1147,    1175,    1177,    1201, 

1206,   1221,   1223,   1228, 

J235,  1254,  1283,  1287, 

i3i4,  i333,  1375,  i387, 

1394,  1403,  1413,  1417, 

1424,  1450,  1457,  1478, 


1485,  1487,  i5oi,  1544, 

i552,  1557,  i568,  1572, 

1578,  1597,  1601,  1609, 

1611  ,  i6i5,  1641,  1701, 

1722,  1727,  1732,  1743, 

1756,  i8i5,  1860,  1870, 

1890,  1917,  1925,  J953, 

1965,  1973,  2002,  201 I, 

2091,  2106,  2IIO,  2125, 

2141,  2i56,  2174,  2180, 
2I8I,  2189,  2193,  2209, 

22II,  2217,  2222,  2229, 
2245,  2247,  23l2,  23l5, 

23i7,  2320,  2329,  2348, 

2428,  2434,  2466,  2471, 

25i4,  2523,  2528,  2536, 

2563,  2566,  258o,  2583, 

2590,  2599,  2609,  2620, 

2634,  2642,  2649,  265o, 

2657,  2666,  2671  ,  2688, 

comte  Guillelme,  216,  3 16, 
343,  556,  673,  918,  93i, 

940,  1048,  1066,  1090, 

ii3i,  ii37,  1143,  1164, 

i23o,  1244,  i25o,  1262, 

1272,  1295,  i353,  i63o,. 

1657,  1760,  1769,  1778, 

1820,  i885,  1905,  1911, 

1931,  1942,  1981  ,  199Ô, 

2020,  2025,  2030,  2039, 

2044,  2107,  2126,  2i65, 
2168,  2284,  2288,  2341, 
235i,  2455,  2491,  2558, 
G.  le  marchis  55o,  818, 
1492,  1681,  i685,  1713, 
25o9,  2524,  G.  al  cort  nés 
7,  i38i,  2673,  G.  Fiere- 
brace  249,  255,  320,  335, 
4o5,9o5,  1337,  1431,  1441, 
1806,  1807,  2413,  G.  de 


23o 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


Narbonne  2524,  G.  de 
Narbonne  sor  mer  iSjo, 
cucns  G.  al  cort  nés  2044, 
cuens  G.  al  cort  nés  li 
marchis  1667.  (Cf.  In- 
troduction, l'Élément  his- 
torique.) 

Guion  voy.  Gui. 

Guires  d'AuborcCi797,  sire 
deMarcois,  enfermé  à Pier- 
replate,  soumis  par  Guil- 
laume. 


Hainau  C  1820,  soumis  par 
Guillaume. 

Hardrez  voy.  Hâtes. 

Hâtes  565,  Hardrez  var, 
565,  pair  de  Charlemagne. 

Hermenjart  820,  Ermengart 
var.  I,  femme  d'Aimeri  de 
Narbonne,  mère  de  Guil- 
laume. 

Hernaïs  voy.  Arneïs. 

Herneis  d'Orliens  voy.  Ar- 
neïs. 

Hernalt  de  Gironde  sor  mer 
822, frère  de  Guillaume. 

Hernaulz  voy.  Ernaïs. 

Herode  732,  fit  massacrer  les 
Innocents. 

Hiere  voy.  Yve. 

Huel  de  Nantes  D  169,  est  à 
la  cour  de  Charlemagne. 

Hungier  1886,  bourgeois  de 
Tours. 


Jerin  C  iSqS,  fils  d'une  sœur 
de  Charlemagne. 


Jersalem  743,  Jérusalem. 

Jesu  85,  592,  848,  1204, 
2034. 

Joiose  1049,  25oo,  2571, 
2600,  épée  de  Guillaume. 

Jonas  1016,  sauvé  du  ventre 
de  la  baleine. 

José  775,  Joseph  var.  775, 
Josoé  var.  775  (Joseph 
d'Arimathie),  ensevelit 
Jésus. 

Joseph  voy.  José. 

Josoé  voy.  José. 

Judas  754,  999,  vendit  Jésus. 

Juif  ioo3,  ne  crurent  pas  Jé- 
sus. 

Juliien  2o36,  seigneur  de 
j  Saint-Gile ,  soumis  par 
j       Guillaume. 

!   Julius     Gesaires    465,    bâtit 
!       Rome. 


Landri  le  timonier  Z>  169, 
est  à  la  cour  de  Charlema- 
gne. 

Langres  voy.  Estolz  de  L. 

Lion  2086,  forêt  en  Norman- 
die. (Cette  forêt  est  men- 
tionnée dans  Wace,  Ro- 
man  de  Rou,  I,  1548,  II, 
5 12,  éd.  Andresen;  et  dans 
Benoit  de  StcMore,  Chro- 
nique des  ducs  de  Norman- 
die, I,  9816,  9844,  II,  335, 
éd.  F.  Michel.  Lions-la- 
Forêt  est  aujourd'hui  un 
bourg  du  département  de 
l'Eure.  La  lande  voisine 
est  appelée  Corcers  {Cour- 


TABLE   DES   NOMS 


23 


celles?)  par  Wace,  i^ii.  II, 
5ii,  529). 

Loheraine  D  9,  dépend  de 
Charlemagne. 

Lombardie   19,    dépend    de 
Charlemagne. 

Longis   768,   1028,  perça  le 
côté  de   Jésus    en    croix,  j 
(VQX.      les      Bollandistes ,  ' 
i5  Mars) 

Looïs  6,   47,  72,  86,    ï5o, 
160,   166,   174,  243,  254, 
339, 362, 1 io3, 1 123,  1395, 
j397,    1409,    1437,    1460, 
1493,    1497,    1537,    i55o,  j 
i683,    1691,    1696,    1703,  I 
1708,    1718,    1740,    1766,  j 
1779,   1783,    1784,    1787, 
1808,    1819,   i863,    1941,  I 
1944,    199^,   2023,    2028,  î 
2217,    2229,    2246,   2281,  I 
23io,    2353,    2367,    2385,    ; 
2421,   2448,    2498,   2565,  I 
2611,    2616,   2643,   2656,   I 
2671,  2685,  2687.  j 

Loon    2677,    D    297,    3ii,  ' 
Laon,  résidence  de  Louis.   ! 

Loth  (saint)  956,  formé  par 
Dieu.  i 


Madeleine  749,  994,  essuie 
les  pieds  de  Jésus  avec  ses 
cheveux. 

Magnificant  C  2418,  a  forgé 
l'épée  de  Gui  d'Allemagne. 

Mahom  670,  840,  i325,  Ma- 
homet 621,  672,  807,  847, 
856,  874,  922,  962,  1225, 
1226,    1282,  prophète   de 


Jésus,  vint  prêcher  sur 
terre,  d'abord  à  La  Mec- 
que ;  s'étant  enivré,  il  fut 
dévoré  par  des  porcs. 

Mahomet  voy.  Mahom. 

Manessiers  (Fenfes)  566,  pair 
de  Charlemagne. 

Marcois  voy.  Guires. 

Marie  171,  sainte  Marie  677,* 
787,  256o. 

Marimondevo/.Amarmonde. 

Martin  (mostier  Saint)  1467, 
1692,  Tors  de  Saint  Mar- 
tin 1458. 

Mascons  (por  lamor  [/.  i'o- 
nor]  de)  var.  1796. 

Matusalé  (del  tens)  756,  Ma- 
thusalem. 

Mesques    85o,    La  Mecque. 

Michiel  (mont  Saint)  2o5o, 
en  Normandie. 

Milon  d'Aiglent  C  2705,  père 
du  pape. 

Monjoie  1940,  233o,  2610, 
cri  de  guerre  des  Français. 

Montgeu  270,  280,  1447, 
2277. 

Montmartre  (Paris  soz)  var. 
2400. 

Montpelier(orde)ii49,  ii8r, 
2182. 

Mosteruel  sor  mer  2649.  (Cf. 
p.  xLviii  et  suiv.) 

Moyses  1020,  vit  le  buisson 
ardent. 


N.  voy.  Naymes. 
Narbone  voy.  Aimeri,  Guil- 
laume. 


232 


LI  CORONEMENZ  LOOÏS 


Nativité  (jour  de)  2014. 

Navare  19,  dépend  de  Char- 
lemagne. 

Naymes  var.  566,  N.  li  dus 
var.  170,  pair  de  Charle- 
magne. 

Neiron  987,  est  en  enfer; 
pré  Neiron  1014,  1798, 
2490  {pratum  Neronis.aux 
environs  du  Vatican). 

Nicodemus  775,  Nicodème, 
ensevelit  Jésus. 

Noé  714,  s'est  échappé  du 
déluge. 

Noël  (nuit  de)  725,  (jour  de) 
2007. 

Normandie  18,  dépend  de 
Charlemagne;  Normendie 
C  1839,  traversée  par  Guil- 
laume. 

Normant  198,  C  1684,  les 
Normands;  C  1544,  i563, 
etc.,  dénominatif  de  Ri- 
chard. 

Normendie  voy.  Normandie. 


Ogier  (le  Danois)  var.  567, 
D  170,  pair  de  Charlema- 
gne. 

Oires  voy.  Portes  Oires. 

Oliviers  564,  pair  de  Charle- 
magne. 

Orable  1433,  fiancée  de  Guil- 
laume. 

Orient  688,  Guillaume  se 
tourne  vers  l'Orient  pour 
prier.  ^ 

Orliens  2216,  Orléans;  voy. 
Arneïs  d'O. 


Ostelise  (duc  d')  C  2i63,  che- 
valier de  Gui  d'Allema- 
gne, pris  par  Guillaume 
(duc  d'Osterice?). 

Otes  (rois)  var.  2234. 


Paris  1669,  2378, 2400, 2522, 

2648,      2670,     Paris     soz 

Montmartre  2400. 
Pasques  i43o,  2014. 
Peitiers  1660,2001,  Poitiers; 

règne  de  Peitier  1983. 
Peitou    2012,   2046,    Poitou 

D  10,   dépend  de  Charle- 
magne. 
Pentecoste  var.  201 5. 
Père  (saint)  232,    388,  453, 

5i5,  594,  887,  939,  1014, 

1062,    1086,    1236,    saint 

Pierre. 
Piereplate  voy.  Pierrelate. 
Pierrelarge  voy.  Pierrelate. 
Pierrelate   2026,    Piereplate 

C   1796,    Pierrelarge  var. 

2026,    ville  conquise   par 

Guillaume. 
Pilate   var.    776,    rendit   le 

corps  de  Jésus. 
Plesseïs  voy.  Sohier  del  P. 
Poitou  voy    Peitou. 
Pol  (saint)  101 5,  converti  par 

Jésus. 
Police    2234,    Ypolite    var. 

2234,  Espolise  C2075.  (Cf. 

p.  xxxviii,  note  i.) 
Portes     Oires     744,     porte 

de  Jérusalem  (Portae  au- 

reae). 
Prinsaut  voy.  Clincvcnt. 


Puille  C  2282,  236i,  2457, 
Fouille. 


TABLE  DES  NOMS 

Rossie  290,  Russie. 


233 


Rains  C  1249,  Reims,  fîef  de 
Louis;  C  i6o3,  23o5 . 

Renier  C  225 1,  abbé  de 
Rome. 

Richart   1574,    i6o5,    1915, 

1947»  1937,  1973,  2064, 
2074,  21 33,  2144,  2184, 
2207,  2218,  R.  de  Roen 
1400, 1439,  1464,  R.  leros 
2108,  2 114,  R.  le  vieil 
2057,  2io3,  2198. 

Richier  (mont  Saint)  C  i835, 
pour  mont  Saint  Michel. 

Roen  2o54,  Rouen  Voy.  Ri- 
chart de  R. 

Rolanz  564,  pair  de  Gharle- 
magne. 

Romagne  886,  appartient  à 
Charlemagne. 

Romain  i5i5,  23o6,  2328. 

Rome  41,  73,  232,  271,  282, 
291,   376,  423,  483,    502, 
555,  56o,  58o,  885,  906, 
937,    1060,    io83,    io85, 
ii5i,    1184,    1188,    1196, 
i2o5,    1347,    '-î^^,    1420, 
1431,   2226,   2242,    2262, 
2278,    2290,    232  1,    2326,    ; 
2337,   2369,    2374,    2391,   ! 
2396,  2401,    2457,    25 i6,   \ 
2527,    2533,    2564,    2626,    i 
2634,  2642.  j 

Romenie  281,  entre  Montgeu 
et  Rome. 

Romulus  465,  fondateur  de 
Rome 


Sarrazin  3oo,  33o,  473,  829, 
1266,  i3oi,  i3ii,  les  Sar- 
rasins; 79/,  835,  872,901, 
949, 958, 1024, 1099,  1 136, 
1144,  qualificatif  de  Cor- 
solt. 

Savari  1490,  neveu  de  Guil- 
laume. 

Simeon  1017,  est  pre'serve 
de  la  faim.  (Probablement 
Sime'on  le  stylite.) 

Simomague  1019,  Simon  le 
magicien. 

Simon  747,  993,  le  lépreux, 
hôte  de  Jésus. 

Simon  (or  saint)  C  i557. 

Sohier  del  Plesseïs  1668, 
Floire  du  P.  var.  1668, 
Soihier  du  P.  var.  1668, 
chevalier  de  l'armée  de 
Guillaume. 

Soihier  du  Piessisvor.Sohier. 

Soisons  C  i6o3,  Soissons. 


Teivre    1269,     i3o8,    i3i9, 

2606,  Tibre. 
Tenebrez  3oi,  roi  païen. 
Termes     voy.    Guautier   de 

Termes. 
Tolosain  voY.  Gualtier  li  T. 
Tolose  voy.  Gualtier  de  T. 
Tors  i5i8,  (mostier  de)2i  18, 

2i3i,  T.  de  Saint  Martin 

1458,  Tours. 
Toscane   19,  886,  dépend  de 

Charlemagne. 


.34 


LI   CORONEMENZ   LOOIS 


Toz  Sainz  201 5,  Toussaint. 

Trinité  (jor  de)  var.  201 5. 

Tudele  voy.  Gualtier  de  T. 

Turc  547,  806,  81 3,  io55, 
1070,  1076,  1093,  1128, 
dénominatif  de  Corsolt. 


Valon  voy.  Avalon. 

Vivien  C  1207,  i3j2,  neveu 


de   Guillaume,   Viviien  C 
1681,  cousin   de   Guielin. 
Viviien  \oy.  Vivien. 


Ypolite  voy.  Police. 

Yve  565,  Hiere  var.  565, 
pair  de  Charlemagne. 

Yvoires  565,  pair  de  Charle- 
magne. 


ERRATA 


Vers  23  einsi  lise{  cnsi. 
29  verez  /.  verrez. 
60  sur  /.  sor. 
68,  78  einsi  /.  ensi. 
84,91  famé  /.  feme. 
100  orgueillos  /.  orgoillos. 
104  mors  /.  morz. 

106  verons  /.  verrons. 

107  preuz  /.  proz;  héri- 
tiers /.  entiers. 

125  copast  /.  colpast. 

i54,  179  famé  /.  feme. 

181  encontreval  /.  encon- 
tre val. 

187  comme  /.  corne. 

200  croiz  /.  crois. 

225  seur /.  sor. 

256,  172  gentils  /.  gentilz. 

276  halberz  /.  halbers. 

291  esprenoit  Z.  espreneit. 

296  cop  /.  colp. 

3o5  famé  /.  feme. 

336  aval  /.  a  val. 

342  monstre  /.  moslre. 

354  Deus  aide  /.  Dcus, 
aïde. 

359  bel  /.  bels. 

370  halberz  /.  halbers. 


382    Deus   aide     /.    Deus, 

aïde. 
388guarde/.  guardes. 
401  fels  /.  fel. 
433  ils  /.  il;  otrage  /.  ol- 

trage. 
446  s'esmu  /.  s'esmut. 
453  guarde /.  guardes. 
461  bon  /.  buen. 
5o8  ueilz  /.  uelz. 
5i2  voiz  /.  vois. 
5 16  vorreie  /.  voidreie. 
348  grant  /.  granz. 
55i,  590, 597,  croiz /.crois. 
660  voiz  /.  vois. 
712  vorent  /.  voldrent. 
74?  simpletez  /.  simpleté. 
817  noms  /.  nons. 

832  ueilz  /.  uclz. 

833  culverz  /.  coilverz. 
865  meins  /.  meinz. 
874  ame  /.  anme. 

899  larges  /.  large. 
919  bon  /.  buen. 
926  prisai  /.  preisai. 
936  bons/,  buens. 
948  hom  /.  om. 
95a  cos  /.  cols. 


236 


Ll    CORON EMENZ  LOOl's 


q6o  sanz  /.  sans. 

968  cos  /.  cols. 

980  fi  /.  fei. 

986  puis  /.  puiz. 

1004  voient/,  voldreni. 

1006  viendra  /.vendra. 

1017  au   lieu  de  fame^  il 
faut    probablement    lire 
faim  :  Siméon  le  stylite 
mangeait  une  fois  tous 
les  quarante  jours. 
Ce  vers  et  les  4  suivants  trou- 
blent l'ordre  historique  de  la 
prière  ;  le  mot   abatis  du   v. 
10 19    devrait    être     abateis; 
enfin   les  cinq  vers  manquent 
dans  C;  pour  toutes  ces  rai- 
sons je   regrette  de  les  avoir 
laissés  dans  le  texte.  En  gé- 
néral je  crains  de  n'avoir  pas 
assez  tenu   compte  de  la   fa- 
mille représentée  par  C. 

1078  copee  /.  colpee. 

logoestoltoiez  /.  estolteiez. 

II 01  culverz  /.  coilverz. 

1 1 18  bone  /.  buene. 

1 145  corps  /.  cors. 

1 146  sanz  /.  sans. 
1 159  poi  /.  pou. 
i;33  blanz  /.  blaiis. 
1279  croiz  /.  crois. 
i3i2  voillent  /.  vueillent. 
i32i  voiz  /.  vois. 

1329  batus  /.  batuz. 
1396  mors  /.  morz. 
14 19  remainiira  /.  reman- 

dra. 
1426  merrez  /.  menrez. 
1432  famé  /.  feme. 
14  10  voianl  /.  veiant. 


1450  le  /.  li. 

1485  acueille  /.  acoilli. 

i524  brans  /.  branz. 

1526  fors  /.  forz. 

1570  Narbonne     /.     Nar- 
bone. 

1579  aguez  /.  aguaiz. 

1643  guaites  /.  guaite. 

i653  bone  /.  buene. 

1684  Âtant  /.  A  tant. 

i685    reconnut     /.    rcco- 
nut. 

1688  monstra  /.  mostra. 

1694  abés  /.  abez. 

1705  amerrai  /.  amenrai. 

1710  bon  /.  buen. 

1721  bon  /.  buen. 

1740  fils  /.  filz. 

1744  flanz  /.  flans. 

1899  culvert  /.  coilvert. 

1966  culverz  /.  coilverz. 

1988  meins  /.  meinz. 
21 33  preeschier    /.    pree- 

chier. 
2232  pucele  /.  pulcele. 
2241  Aleniagne  /.  Alemai- 

gne. 
2261  cueilli  /.  coilli. 
2370  otrage  /.  oitrage. 
2375  trouvera   /.  trovera. 
2377  nîaaille  /.  meaille. 
241 1  poi  /.  pou. 
2432  maaille  /.  meaille. 
2467  saillist  /.  sailli. 
2477  jasèrent  /.  jaserenc. 
2493  anemi  /.  enemi. 
25 18  Arrabi  /.  Arabi. 
Vocabulaire,  amerrai  /.  amen- 
rai. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Pages 

INTRODUCTION i 

I  L'Élément  historique  du  Coronement   LooÏs iv 

1  Première   branche v 

2  Seconde  branche xxxn 

3  Troisième  branche lu 

4  Quatrième   branche lix 

5  Cinquième  branche i.xvii 

6  A ssemblage  des  branches lxxi 

II  Témoignages  pour  le  Coronement  Logis lxxv 

1  Témoignages  tirés  des  poèmes lxxv 

2  Témoignages  tirés  des  textes  en  prose lxxxv 

m  Remaniements  en  prose xc 

IV  Le  Coronement  Looïs  A  l'étranger cxiii 

V  Manuscrits cxxii 

1  Description  des  manuscrits cxxii 

2  Classificatioyi  des  manuscrits cxxvii 

VI  Dialecte  et  âge  du  Coronement  Looïs cxli 

1  Etude  des  assonances cxliii 

2  Mesure  des  mots clxiii 

VII  Valeur  littéraire  du  Coronement  Looïs clxx[ 

TEXTE  CRITIQUE i 

APPENDICES 12  1 

I  Texte  du  manuscrit  D 121 

II  Texte  du  manuscrit  G 1 3o 

III  Fragment  du  manuscrit  E 171 

VOCABULAIRE 173 

TABLE  DES  NOMS 225 

ERRATA 23? 


Publications  de  la  Société  des  anciens  textes  français. 
(En  vente  à  la  librairie  Firmin  Didot  et  C'%  56,  rue 
Jacob,  à  Paris.) 


Bulletin  de  la  Société  des  anciens  textes  français  (années  1875  à  1888). 
N'est  vendu  qu'aux  membres  de  la  Société  au  prix  de  3  fr.  par  année,  en  pa- 
pier de  Hollande,  et  de  6  fr.  en  papier  Whatman. 

Chansons  françaises  du  xv«  siècle  publiées  d'après  le  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque nationale  de  Paris  par  Gaston  Paris,  et  accompagnées  de   la  musi- 
que transcrite  en  notation  moderne  par  Auguste  Gevaert  (1875).       Epuisé. 
Il  reste  quelques  exemplaires  sur  papier  Whatman,  au  prix  de....     37  fr. 

Les  plus  anciens  Monuments  de  la  langue  française  (ix*,  x'  siècles)  pu- 
bliés par  Gaston  Paris.  Album  de  neuf  planches  exécutées  par  la  photogra- 
vure (1875) 3o  fr. 

Brun  de  la  Montaigne,  roman  d'aventure  publié  pour  la  première  fois,  d'après 
le  manuscrit  unique  de  Paris,  par  Paul  Meyer  (1875) 3  fr. 

Miracles  de  Nostre  Dame  par  personnages  publiés  à'après  le  manuscrit  de 
la  Bibliothèque   nationale  par  Gaston  Paris  et  Ulysse  Robert,  t.  1  à  VU 

(1876,  1877,  1878,  1879,  1880,  188 1,  1882),  le  vol 10  fr. 

Texte  complet.  Le  t.  VI II,  qui  est  sous  presse,  contiendra  le  vocabulaire. 

Guillaume  de  Paterne  publié  d'après  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  l'Ar- 
senal à  Paris  par  Henri  Michelant  (1876) lofr. 

Deux  Rédactions  du  roman  des  Sept  Sages  de  Rome  publiées  par  Gaston 
Paris  (1876; 8  fr. 

Aiol,  chanson  de  geste  publiée  d'après  le  manuscrit  unique  de  Paris  par 
Jacques  NoRJi.4ND  et  Gaston   Raynaud  (1877) 12  fr. 

Le  Débat  des  Hérauts  de  France  et  d'Angleterre,  suivi  de  The  Debate  be- 
tween  the  Heralds  of  England  and  France,  by  John  Coke,  édition  com- 
mencée par  L.  Pannier  et  achevée  par  Paul  Mever  (  1877) 10  fr. 

Œuvres  complètes  d'Eustache  Deschamps  publiées  d'après  le  manuscrit  de  la 
Bibliothèque  nationale  par  le  marquis  de  Queux  de  Saint-Hilaire,  t.  I, 
H,  m,  IV  et  V  11878,  1880,  1882,  1884.,   1887),  le  vol ix  fr. 

Le  Saint  Voyage  de  Jherusalem  du  seipieur  d'Anglure  publié  par  François 
BoNNARDOT  et  Auguste  LoNGNON  (1878) 16  fr. 

Chronique  du  Mont-Saint-Michel  {i343-i46ii)  publiée  avec  notes  et  pièces 
diverses  par  Siméon  Luce,  t.  I  et  11  (1879,  i883),  le  vol.....' 12  fr. 

Elie  de  Saint-Gille,  chanson  de  geste  publiée  avec  introduction,  glossaire  et 
index,  par  Gaston  Raynaud,  accompagnée  de  la  rédaction  norvégienne  tra- 
duite par  Eugène  Koelbing  (1879) 8  fr. 

Daurel  et  Béton,  chanson  de  geste  provençale  publiée  pour  la  première  fois 
d'après  le  manuscrit  unique  appartenant  à  M.  A.  F.  Didot  par  Paul  Meyer 
(««8o) «  fr. 

La  Vie  de  saint  Gilles,  par  Guillaume  de  Berneville,  poème  du  xii*  siècle  pu- 
blié daprès  le  manuscrit  unique  de  Florence  par  Gaston  Paris  et  Alphonse 
Bos  (i»8i) lotr. 

L'Amant  rendu  cordelier  à  l'observance  d'amours,  poème  attribué  à  Martial 
d'Auvergnb,  publié  d'après  les  mss.  et  les  anciennes  éditions  par  A.  de  Mon- 
TAiGJ.ON  (1881) lo  ir. 


Raoul  de  Cambrai,  chanson  de  gebte  publiée  par  Paul  Meyer  cl  Auguste 
LoNùNON  (1882) i5  (i 

Le  dit  de  la  Panthère  d'Amours,  par  Nicole  de  Margival,  poème  du  xiii*  siè- 
cle publie  par  Henry  A.  Vodd  (1883) 6  fr. 

Les  œuvres  poéliques  de  Philippe  de  Rémi,  sire  de  Beaumanoir  publiées  par 

H.  SucHiER,  t.  l-ll  (1884-85)  25  tr. 

Le  premier  volume  ne  se  vend  pas  séparément  ;  le  second  volume  seul    »5  fr. 

La  Mort  Armeri  de  Narbonne,  chanson  de  geste  publiée  par  J.  Couraye  du 
Parc  (1884) 10  fr. 

Trois  versions  rimécs  de  l'Evangile  de  Nicodème  publiées  par  G.  Paris  et 
A.  Bos(i883) 8  fr. 


Frapnents  d'une  vie  de  saint  Thomas  de  Cantorbery  publiés  pour  la  pre- 
mière fois  d'après  les  feuillets  appartenant  à  la  collection  Goethals  Vercruysse, 
avec  fac-similé  en  héliogravure ae  l'original,  par  Paul  Mever  (i885)..     10  fr. 

Œuvres  poétiques  de  Christine  de  Pisan  publiées  par  Maurice  Roy,  t.  1 
{1886) 10  fr. 

Merlin,  roman  en  prose  du  xiii«  siècle,  publié  d'après  le  ms.  appartenant  à 
M.  A.  Huth,  par  G.  Paris  et  J.Ulrich,  t.  I  et  H  (1886) 20  fr. 

Aymeri  de  Narbonne,  chanson  de  geste  publiée  par  Louis  Demaison,  t.  1  et  II 
(1887» 20  fr. 

Le  Mystère  de  saint  Bernard  de  Menthon,  publié  d'après  le  ms.  unique  appar- 
tenant à  M.  le  comte  de  Menthon,  par  A.  Lecoy  de  la  Marche  (1888].     0  fr. 

Les  quatre  âges  de  l'homme,  traité  moral  de  Philippe  de  Navarre,  publié  par 
Marcel  DE  Fréville  (1888) 7  fr. 

Le  Couronnement  de  Louis,  chanson  de  geste  publiée  par  E.  Langlois, 
(1888) i5  fr. 

Le  Mistére  du  Viel  Testament,  publié  avec  introduction,  notes  et  glossaire, 
par  le  baron  James  de  Rothschild,    t.   I,  II,  III,  IV  et  V  (1878,    1879, 

1881,  1882,  i885),levol lofr. 

("Ouvrage  imprimé  aux  frais  du  baron  James  de  Rothschild  et  ojerl 
aux  membres  de  la  SociétéJ 

Tous  ces  ouvrages  sont  ia-8",  excepté  Les  plus  anciens  Monuments  de  la 
langue  française,  album  grand  in-folio. 

Il  a  été  fait  de  chaque  ouvrage  un  tirage  sur  papier  Whatman.  Le  prix  des 
exemplaires  sur  ce  papier  est  double  de  celui  des  exemplaires  en  papier  ordi- 
naire. 

Les  membres  de  la  Société  ont  droit  à  une  remise  de  2  5  p.  100  sur  tous  les 
prix  indiqués  ci-dessus. 

La  Sociélé  des  Anciens  Textes  français  a  obtenu  pour  ses  pu- 
blications le  prix  Archon-Despérouse,' à  l'Académie  française,  en 
1882,  et  le  prix  La  Grange,  à  l'Académie  des  Inscriptions  et 
Belles-Lettres,  en  j8S3. 


Le  Puy.  —  Imprimerie  de  Marchessou  fils,  boulevard  Saint-Laurent,  23. 


APR  1  0  1575 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKET 


UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


PQ      Couronnement,  de  Louis 

14-53       Le  couronnement  de  Louis 

C6 

1888 


f 


'5ï;7'