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Full text of "Le général Miguel Miramon: notes sur l'histoire du Mexique"

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ï?arbarïi Collège ittirarg 




FROM THE 



BRIGHT LEGACY. 



One half the incomc from this Legacy, which was 
received in 1880 under thc will of 

JONATHAN BROWN BRIGHT 

nf Waltham, Massachusetts, is to be expended for 
books for the Collège Library. The other half of the 
incoxne is dcvoted to scholarships in Harvard Uni- 
versity for the benefit of descendants of 

HENRY BRIGHT, JR., 

who died at Watertown, Massachusetts, in 16S6. In 
the absence of such descendants, other persons are 
eligible to the scholarships. The will requires that 
this announcemcnt shall be made in every book added 
to the Library under its provisions. 



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LE GENERAL MIGUEL MIRAMON 




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Xje Général 



MIGUEL MIRAMON 



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ITOTES 
SUR 1/ HISTOIRE DU MEXIQUE 



PAR 



VICTOR DÂRAN 




ROME 

IMPRIMERIE DE L'EDITEUR ED04RDO PERINO 

1886. 






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Madame Veuve de Miramon, 



Paris te 19 Juin 1886. 



Madame, 



fl'ai -passé au Mexique Us meilleures années de ma vie. 
fAddoné au travail, je suis resté étranger aux luttes civiles qui 
dévoraient ce pays, auquel je suis toujours profondément attaché. 

%'ai gardé le silence lorsque j'ai assisté au triste dévouement des 
événements politiques de i867, mais mon cœur palpita de douleur 
£ en voyant succomber sur le ^Cerro de las ^Campanas le chef de la 

• Monarchie, et les vaillants généraux qui le soutinrent loyalement 

I dans le siégé' héroïque de tQuerctaro. 

T>crmcttez~moi donc, Madame, que je m'incline devant votre juste 
deuil et que je vous offre comme un tribut de mon respect, ces notes 
d'un livre que je gardais pour moi comme les feuilles mortes de l'arbre 
de ma jeunesse, recuillies avec enthousiasme dans le pays qui pen~ 

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dont de longues années m'a offert son hospitalité. 
^Croyez, Madame, à ma plus profonde considération. 



Victor Daran. 






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AVANT-PROPOS 



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La révolution d'Ayutla qui avait pris naissance en 1854 
aboutit en 1855 par l'élévation du général Juan Alvarez 
au fauteuil présidentiel. 

Effrayé par la tâche difficile qui lui était imposée, ne 
se croyant pas- capable de s'en acquitter, Alvarez, quelques 
jours après son élection, remettait le pouvoir entre les 
mains d'un homme conciliant et libéral modéré, le général 
Comonfort. 

Comonfort tint les engagements pris par la révolution, 
11 convoqua un congrès constitutionnel jqui dicta au Me- 
xique une charte pleine de réformes libérales qui furent 
la cause de la guerre civile. 

La parfaite égalité des droits de l'homme, l'exclusion du 
•clergé des fonctions civiles de l'Etat, la division des pou- 
voirs publics en exécutif, législatif et judiciaire, la création 



VIII AVANT-PROPOS 



de la garde nationale, la suppression des fueros ecclésia- 
stiques et militaires, furent les éléments principaux de cette 
charte qui fut discutée sur les champs de bataille. 

Le clergé, fort riche à cette époque, se voyant attaqué 
dans sa propriété et dans ses individus, trouva, pour dé- 
fendre ses droits, un puissant et terrible allié dans l'armée,, 
qui voyait sa ruine dans la création de la garde nationale 
et se sentait cruellement blessé par la suppression de ses 
justes prérogatives. 

Puebla fut la première ville importante attaquée par les. 
insurgés : ils s'en rendirent maîtres. Les corps d'armée en- 
voyés pour les soumettre tournaient leurs armes contre le 
gouvernement et se jetaient dans les bras de l'insurrection 

La guerre débuta par de brillants combats, des sièges 
sanglants et vaillamment soutenus, par des actions d'éclat, 
des prodiges de courage et de science militaire dans 
l'un et dans l'autre camp ; mais bientôt les emprisonn e- 
ments arbitraires, les gibets dressés pour châtier les insurgés, 
et toutes sortes de vexations impossibles à décrire, démon- 
trèrent le besoin de recourir à des moyens extraordinaires 
pour mettre un terme à ce déplorable état de choses. 

Comonf ort promulgua alors une loi qui défendait au clergé 
de posséder des bien-fonds. 

Ce fut une nouvelle source de mécontentement. Le gou- 
vernement vit fondre sur lui les anathèmes de l'église, et 
la société en grande partie considéra les insurgés comme 
les vrais défenseurs de la religion. 



AVANT-PROPOS IX 



Les champions conservateurs qui se distinguaient dans 
cette lutte étaient deux jeunes colonels, liés par une 
étroite et profonde amitié, hommes d'un grand courage et 
d'un sang-froid à toute épreuve. 

Jouissant, malgré leur jeunesse, de l'estime de leurs su- 
périeurs par leur intelligence et leurs connaissances dans 
Fart difficile de la guerre, ils étaient réellement dignes d'oc- 
cuper le poste élevé qu'on leur avait désigné dans cette 
nouvelle croisade. 

C'étaient Louis Osollo et Miguel Miramon. 

Leurs actes de témérité avaient été si nombreux, leurs 
aventures militaires telles, qu'on ne comptait pas leurs an- 
nées, mais les fois qu'ils avaient échappé à la mort. 

On les voyait conduisant dans les grandes batailles qui 
ensanglantaient la patrie, des bataillons bien ordonnés ; ail- 
leurs ils réduisaient par leur énergie des masses indiscipli- 
nées ; tantôt prisonniers, tantôt proscrits, ils faisaient trem- 
bler le gouvernement à la tête d'une conspiration, se bat- 
taient personnellement avec leur ennemi et si besoin était 
remplissaient l'office de simples soldats. 

Pendant qu' Osollo, battu à la Magdalena par de nom- 
breux adversaires, tombait un bras fracassé au moment où 
il pointait lui-même une pièce, Miramon, armé d'un pistolet, 
s'introduisait chez le gouverneur de Puebla et l'obligeait 
à lui livrer les troupes de la place. 

Loin de les effrayer, cette vie aventureuse et pleine de 
dangers les excitant davantage à l'accomplissement de leur 



X AVANT-r-ROPOS 

entreprise, Comonfort se vit dans la nécessité de dissoudre 
le congrès et d'annuler la constitution de 1857- 

Les conservateurs vinrent alors lui prêter leur appui, 
mais le parti radical se souleva, et Comonfort, effrayé par 
son attitude, se jetta de nouveau dans ses bras et put 
ainsi garder quelque temps encore le pouvoir. 

Cette faiblesse le perdit. 

Les radicaux le rejetèrent et donnèrent la présidence à 
l'avocat Benito Juarez, très-arrêté dans ses idées et es- 
sentiellement radical ; Osollo et Miramon lui enlevèrent la 
capitale après une lutte encore plus sanglante que les pré- 
cédentes. 

Hommes de guerre l'un et l'autre, ils n'aspiraient pas au 
pouvoir. Ils le remirent au général Zuloaga et marchèrent 
avec l'armée pour obtenir de nouvelles victoires. 

Osollo mourut. 

Miramon resta à la tête de l'armée. 

Élevé à la présidence par des circonstances extraordi- 
naires, lors qu'il avait pacifié le pays, sauf Vera-Cruz, où 
s'était réfugié Juarez avec son gouvernement, il en aurait 
triomphé, si l'escadre américaine, prêtant son appui aux 
radicaux, n'avait insulté le pavillon national, en s'emparant 
à Anton Ligardi des vaisseaux de guerre mexicains qui de- 
vaient coopérer au siège de Vera-Cruz. 

Juarez assura son triomphe en décrétant les lois de ré- 
forme par lesquelles les biens de main-morte devenaient pro- 
priété de l'Etat qui ensuite les revendait à vil prix. 



AVANT-PROPOS XI 



La révolution gagna le pays entier ; les armées conser- 
vatrices subirent plusieurs échecs et Miramon voyait les 7000 
hommes, qui lui restaient, écrasés à CalpulalpamparGon- 
zales Ortega qui en avait 18,000 et par la fuite de sa ca- 
valerie qui refusa de charger. 

Proscrit de Mexico, il réussit à gagner le port de Vera- 
Cruz, accompagné, d'un seul aide-de-camp et de son mini- 
stre de justice. Durant ce long trajet, ses compagnons 
tombèrent en pouvoir des libéraux, et seul il put se fra- 
yer passage à coups de revolver au milieu de nombreux 
adversaires et s'embarqua pour l'Europe. 



IL 



Le duc de Morny, qui travaillait à la réussite des pro- 
jets politiques des émigrés mexicains qui se trouvaient à 
Paris, voulut faire entrer Miramon dans ses vues enjlui of- 
frant l'appui de l'armée française pour de prochaines opé- 
rations de guerre au Mexique. 

Miramon repoussa ces propositions qui offensaient son 
patriotisme et rompit les conférences avec le duc. 

Plus tard, le 31 octobre 1861, eut lieu la signature de 
la convention Franco-Anglo-Espagnole. 

Ces trois puissances décidèrent d'exiger au Mexique une 



AVANT-PROPOS 



réparation, si besoin était, par les armes, pour les domma- 
ges causés à leurs nationaux. Elles devaient en même temps 
appuyer le gouvernement local qui. leur donnerait de sé- 
rieuses garanties. 

Pendant ce temps la république des Etats-Unis du Nord 
était déchirée par la guerre civile ; les puissances coalisées 
qui voyaient avec regret son influence s'étendre chaque jour 
davantage sur le continent Américain, jugèrent le moment 
propice pour établir au Mexique un gouvernement solide 
et puissant qui contrebalançât leur pouvoir et empêchât de 
nouveaux démembrements de son territoire. 

Dès leur arrivée à Vera-Cruz, les représentants des puis- 
sances coalisées ouvrirent des conférences diplomatiques avec 
le gouvernement mexicain, dirigé par Juarez. 

Le général Prim et sir Charles Wike plénipotentiaires 
d'Espagne et d'Angleterre en vinrent à un accommode- 
ment avec M. Doblado, ministre des affaires étrangères. 
Mais le représentant de la France, s' écartant du programme 
de la Soledad, déclara la guerre au Mexique. 

Quelques jours après, le 5 mai 1862, le général Laurencez 
était battu sous les murs de Puebla et se retirait à Orizaba. 

Juarez refusa d'accepter, contre les Français, les services 
des chefs conservateurs qui combattaient son gouvernement 
Il les exclut de toutes les amnisties, ce qui obligea les 
uns, tels que les généraux Zuloaga, Cobos et Benavides, à 
se réfugier à l'étranger, d'autres à se jeter dans les bras 
de l'intervention française. 



A V A NT-PROPOS XII I 



C'est ainsi qu'une guerre qui devait être nationale se 
convertit en civile, car les conservateurs, en grande partie, 
s'abstinrent de prêter leur aide au gouvernement de Juarez. 

Un renfort de 40,000 hommes sous les ordres du général 
Forey vint tirer les français de l'inaction dans laquelle 
ils étaient à Orizaba. Ils marchèrent sur Puebla et s'en ren- 
dirent maîtres après un siège de cinquante-cinq jours. 

Juarez dut abandonner Mexico. Les français y pénétrè- 
rent et réunirent une assemblée de notables de la capi- 
tale qui élut empereur du Mexique, l'archiduc Maximilien 
d'Autriche. 



III. 



Pendant que ces événements se déroulaient, Miramon se 
trouvait à Bronswile. Doblado, qui était auprès de Juarez 
à San Luis Potosi, lui adressa une lettre confidentielle en 
l'invitant à prendre service dans l'armée nationale. 

Miramon, donnant suite à cette invitation, se rendit im- 
médiatement à Cerro Prieto dans les environs de S. Luis. 

Il y attendait l'entrevue qui lui avait été promise par Do- 
blado pour s'entendre avec le gouvernement de Juarez, lors- 
qu'il apprit que le général Escobedo marchait sur Cerro 



XIV AVANT-PROPOS 



Prieto à la tête de mille hommes avec ordre de l'arrêter 
et de le passer par les armes. 

Force lui fut de quitter cet asile ; en effet, le lendemain 
de son départ pour Mexico, Escobedo arrivait à Cerro 
Prieto, qu'il fouillait en tous sens de même que les haciendas 
du voisinage. 

Miramon trouva dans la capitale un gouvernement établi, 
qui soutenait les mêmes principes qu'il avait défendu toute 
sa vie à la pointe de son épée, et qui avait donné à l'ar- 
chiduc Maximiiien le sceptre de la nouvelle monarchie. 

Malgré cela, il se serait retiré de la politique si le gé- 
néral Forey ne l'avait mis dans le cas d'opter pour servir 
l'empire ou pour quitter le pays. 

A cause de ses circonstances particulières, il était dans l'im- 
possibilité de prendre ce dernier parti et il se vit obligé de se 
mettre aux ordres de la Régence, qui l'envoya à Guada- 
lajara pour y former une division. 

Il remplissait cette mission avec son activité habituelle, 
lorsque Bazaine voulut le subordonner au colonel Garnier. 
Cette décision fit qu'il se retirât complètement de la chose 
publique. 

Maximiiien arriva au Mexique dans les premiers jours 
de 1864 et une de ses premières mesures fut de lui con- 
fier une mission militaire en Prusse, où il demeura pendant 
toute la durée de l'empire. 

Lorsque le corps expéditionnaire fut rappelé en France 
et que le gouvernement de Maximiiien ne comptait plus 



AVANT-PROPOS XV 



que des éléments nationaux, Miramon retourna au pays. Il 
y soutint le trône de ce malheureux prince jusqu'à ce que 
la trahison de Lopez l'ayant livré à ses ennemis, il mêla 
son sang avec celui de son souverain sur le Cerro de las 
Campanas. 

C'est l'histoire de ce guerrier que nous allons raconter. 



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NOTES SUR L" HISTOIRE DU MEXIQUE 



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PREMIÈRE PARTIE 









Chap. 1. 



Chapultepec. 









Naissance de Miramon — Son entrée au Collège de S. Oregorio 
et à V école militaire — Batailles du 8, 12 et 13 Septembre 1847 
— Miramon est fait priso?inier par X armée américaine. 



L'homme dont nous allons raconter la vie, Miguel Miramon, 
naquit à Mexico le 21 novembre 1831. Par son aïeul il était 
d'origine française, du Béarn, et son père, entré dans la 
carrière militaire au temps de la domination espagnole avait 
été un des officiers d'Iturbide. 

La complexion de Miguel était faible et délicate; et au sou- 
venir de la vie aventureuse des camps, des rudes campagnes 
et de la tâche ardue des combats, son père recula devant 
l'idée de lui donner une instruction militaire. 

Il ne songeait point alors que cet enfant débile jetterait 
un jour sur le nom de Miramon un éclat qui le placerait in- 
contestablement au premier rang parmi les gloires militaires 
d'Amérique. 

Et ce n'était qu' après avoir traversé les mers et les siè- 
cles que devait avoir lieu la résurrection d'un nom qu' avait 



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4 MIGUEL MIRAMON 

illustré à Parie un ancêtre de Miguel, le marquis de Mira- 
mou, frappé mortellement dans cette mémorable journée â 
côté de François I. 

Pavie et Qneretaro ! Singulier contraste que devait rappro- 
cher le nom de Miramon. 

A dix ans Miguel fut déclaré impropre au métier des ar- 
mes et il entra au collège de S. Gregorio pour y commencer 
ses études littéraires et faire ses humanités, selon l'usage du 
temps. C'était mettre l'enfant à l'épreuve. Il ne tarda pas à 
révéler un tempérament ardent, amoureux de lutte et d'action. 
L'étude des lettres exige une application calme dont il n'était 
guère capable et la méditation répugnait à son caractère 
impétueux. Miguel délaissait à plaisir ses devoirs d'écolier. 

Son père sut comprendre qu'il avait engagé son fils dans 
une fausse voie et peu après Miguel abandonnait le paisible 
collège de S. Gregorio pour entrer à l'école militaire de Cha- 
puttepec. 

Ce devait être bientôt son premier champ de bataille. 

A l'ouest de Mexico et à une lieue environ de cette ville 
on aperçoit, ainsi qu'un immense rocher jeté dans la vallée, 
une montagne couronnée par un édifice aux tons blanchâtres 
émergeant à peine au-dessus des cimes d'énormes cyprès. C'é- 
tait Chapultepec 

Ces arbres plusieurs fois séculaires ombrageaient la maison 
de plaisance des empereurs aztèques. Les afiuehuetes — tel 
est le nom de ces arbres dans la langue primitive des in- 
digènes — étonnent par leurs proportions colossales, leur ra- 
mure puissante et noueuse, et l'aire immense qu'ils embrassent. 
Géants de la végétation tropicale dans la vallée de l'Anahu&c, 
ils ne croissent qu'avec une extrême lenteur. Les printemps 
perpétuels qui seuls régnent dans ces régions, s'accumulent 
sur Yahuekuete avant qu'il n'ait atteint toute sa puissance, et 
sur son déclin le vieil arbre se joue des années pendant quel- 
ques siècles encore. 






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CHAPULTEPEC 



Les générations passent, les empires s'effondrent, Yahiiehuete 
survit. 

Les souvenirs historiques s'y gravent comme sur le gra- 
nit, et non loin de Chapultepec, à Popotla, s'élève encore, ainsi 
qu'un monument, Yahuéhuete de la noche triste sous lequel s'ar- 
rêta Fernand Cortes, vaincu sans être abattu, pour compter les 
hommes que la mort avait fauché dans les rangs de son hé- 
roïque phalange. 

Témoin vivant et muet des révolutions humaines, Yahuéhuete 
n'élève point ses branches vers le ciel; elles s'inclinent vers 
la terre, éplorées, et comme pliées par le souvenir des géné- 
rations disparues qu'abritait son feuillage. 

Le gui parasite du chêne ne s'y trouve qu'accidentelle- 
ment, le héno envahit Yahuéhuete dans toutes ses parties 
et en forme comme le complément et l'ornement. Il s'attache 
aux nœuds des ses branches, vivant de leur sève, et ses longs 
filaments neigeux, entrelacés, tombent en blanches stalactites se 
détachant sur la sombre verdure de la feuillée et semblant 
surcharger l'arbre et l'accabler dans sa majestueuse vétusté. 

A Chapultepec les ahuehuetes forment un bois autour de la 
montagne. Irrégulièrement plantés, on les trouve isolés ou en 
massifs; il semblerait parfois que la main d'un architecte a 
rangé leurs troncs comme d'immenses colonnes d'une cathédrale 
s'élevant majestueusement jusqu'au ciel. Leur parfum résineux 
s'élève comme un encens du tapis des menues feuilles mortes 
qui recouvre le sol. C'est ce bois, qu'auraient affectionné les 
Druides, que Montezuma avait élu pour séjour. 

Les Espagnols construisirent sur le sommet de la montagne 
le château de Chapultepec, résidence des vice-rois. Après la 
guerre de l'indépendance le château fut transformé en école 
militaire et devint le théâtre des événements qui vont suivre 
et auxquels le jeune Miramon devait être mêlé. 

Le Mexique luttait depuis onze ans contre son envahissant 
ennemi, la jeune Confédération des États-Unis du nord, dont les 



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6 MIGUEL MIRAMON 

forces exubérantes éclataient, se répandant dans l'immensité 
de son territoire comme une marée montante dont l'effort de- 
vait se faire sentir à l'ouest jusqu'à San Francisco, au sud 
jusqu'à Mexico. C'était le premier choc, dans l'immense étendue 
de l'Amérique septentrionale, de deux peuples issus de races 
différentes. 

Eu découvrant l'Amérique les conquérants espagnols, poussés 
par l'esprit d'avventure et de conquête, n'eurent qu'une avance 
de quelques décades sur les puritains qui fuyainet leur patrie 
à la recherche d'une terre libre. 

Il serait trop long de suivre le développement des deux colonies. 

Quand le jour de l' indépendance et de la liberté arriva, les 
Etats confédérés du nord qui s' étaient formés eux-mêmes plus 
qu'ils n'avaient été formés par l'Angleterre, se détachèrent 
de la métropole presque sans secousse et dés le premier jour 
ils prirent possession d'eux-mêmes. Ils n'avaient point d'ail- 
leurs à compter sur la race indigène, déjà presque complète- 
ment éliminée. 

Le Mexique façonné par la main de fer des Espagnols et 
ses fils issus de cette race, métis ou indigènes brisant le moule 
d'une organisation trois fois séculaire, naquirent à un monde 
nouveau, inconnu. 

La liberté n'entraîna d'abord que le bouleversement et 
l'anarchie, et le pays ne devait retrouver une nouvelle forme 
de gouvernement qu' à la suite de longues et sanglantes guer- 
res civiles. 

C est au milieu de ses luttes que le Mexique eut à se dé- 
fendre contre les États-Unis du nord. 

II ne pouvait présenter à l'armée nord-américaine, suffisam- 
ment instruite, munie d'un bon armement et pourvue d'argent 
que des soldats mal armés et peu instruits. 

Les combats s'échelonnèrent sous les pas du vainqueur de- 
puis les rives de Las Nueces, se rapprochant chaque jour de 
la capitale. 



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CHAPULTEPEC 



Vera-Cruz et Cerro-Gordo à Test, la Reseca et la Angos- 
tura au nord marquèrent les sanglantes étapes du triompha- 
teur, qui se présenta bientôt aux portes de Mexico. 

Le président Santa-Ana organisa la défense avec les dé- 
bris de son armée et en mobilisant la garde nationale de la 
ville. 

Les points éminents qui environnent la capitale furent 
fortifiés^ et quand Y armée américaine tenta une attaque du 
côté des lacs, elle trouva au milieu des terres marécageuses 
<\\xi les environnent les défenses du Penon, monceau de lave 
volcanique qui domine la vaste plaine en partie inondée. Le 
général Scott fit replier ses troupes et les porta au S-O. de 
Mexico, à Tlalpan, où elles prirent leurs quartiers. 

Une partie des troupes mexicaines sous les ordres du gé- 
néral D. Gabriel Valencia surveillait les mouvements de l'en- 
nemi. Le général avait pour instruction de se replier sur Me- 
xico en cas d' attaque. Il ne voulut point tenir compte de cet 
ordre, et n' écoutant que son impétuosité, il livra bataille aux 
nord-américains et fut battu à Padierna. 

Santa-Ana dut faire avancer sa deuxième ligne, et Penu- 
nuri et Martinez de Castro moururent bravement sous les murs 
du couvent de Churubusco. 

Bien que l'armée mexicaine fut décimée, Santa-Ana ne per- 
dit pas courage et il couvrit Chapultepec avec les débris de 
ses troupes. 

Chapultepec est un château de plaisance sans pareil, mais 
un fort de médiocre valeur. 

C'était à ce moment le dernier rempart à opposer à l'en- 
vahisseur. 

Le général Don Francisco Perez et le colonel Don Miguel 

Echagaray occupaient avec 1500 hommes la partie occidentale 

4u bois couverte par les arcades de l'aqueduc qui conduit l'eau 

4e Chapultepec à la ville. (Voir la carte N. 1). 

Le lieutenant-colonel Cano, avec 300 hommes d'infanterie, 






8 MIGUEL MIRAMON 

défendait la Casa-Mata au N-O.; 4,000 chevaux bous les ordres 
du chef serrano D. Jnan Alvarez se trouvaient dans Vhadenda 
de Iob M&rales située derrière la Casa-Mata. 

Le château de Chapultepec était gardé par 300 hommes 
d'infanterie, un nombre égal d'invalides et 100 élèves de l'é- 
cole militaire. 

Santa- Ana occupait la chaussée qai conduit a Mexico, avec 
le restant de ses troupes qui formaient la réserve. 

Le total des forces mexicaines s'élevait à 7,000 hommes 
d'infanterie et 4,000 chevaux. 

L'armement était pitoyable et l'artillerie, insuffisante quant 
au nombre des pièces, était de mauvaise qualité. 

Les nord-américains comptaient 8,000 hommes, parfaitement 
armés et équipés, dont le courage avait été relevé par les 
combats précédents. 

Campés à Taeubaya, le 8 septembre 1847, à l'aube, deux de 
leurs colonnes Be détachèrent parallèlement pour attaquer la 
Casa-Mata et le Molino del Rey. Ces deux points furent vaillam- 
ment défendus par le général D. Francisco Perez et le lieutenant- 
colonel Cano, qni après une lutte acharnée repoussèrent l'ennemi. 

Santa- Ana, dans le but de tirer parti de ce succès et pour 
transformer en déroute la retraite désordonnée des nord-amé- 
ricains, donna l'ordre à Juan Alvarez de charger avec sa ca- 
valerie. 

Juan Alvarez se renferma dans une inertie absolue et non 
seulement il n'exécuta point cet ordre, mais il rappela dans 
les rangs le capitaine Jésus Malo qui s'avançait déjà pour courir 
sur l'ennemi. 

Les nord-américains eurent donc tout le temps le se réor- 
ganiser et bientôt ils revinrent à la charge recommençant 
l'attaque sur les mêmes points. 

Le général Perez et le lieutenam>colonel Cano supportent 
ce nouveau choc avec le même courage, arrêtant l'effort de 
l'ennemi et le repoussant une deuxième fois. 



J 



• >*■ 



"M 



CHAPULTEPEC 



Le lieutenant-colonel Echagaray, emporté par son ardeur, 
quitte ses retranchements et suivi de ses soldats poursuit l'en- 
nemi baïonnette au canon. 

Alvarez, monté sur un mulet, considérait froidement l'effort 
de ses compagnons d'armes, sans leur porter le moindre se- 
cours, et son impassibilité désespérait Santa-Ana qui voyait 
une grande partie de son armée immobilisée par la négli- 
gence du chef serrano. 

Les nord-américains battirent en retraite jusqu' àTacubaya, 
où ils se réorganisèrent une troisième fois et appuyés parleurs 
réserves ils recommencèrent l'attaque. 

Perez et Cano, auxquels vient s'unir, par la route d'Ansures, 
le général Léon à la tête d'une brigade, opposent la plus vive 
résistance ; mais leurs troupes sont décimées ; le général Léon 
et le lieutenant-colonel Cano tombent mortellement frappés, ainsi 
que Lucas Valderas, simple ouvrier qui se distingua par son 
brillant courage: et le général Francisco Perez se voit forcé de 
battre en retraite, et de gagner la chaussée de Mexico avec 
les débris de ses troupes. 

Maîtres de la ligne extérieure du bois, les nord-américains 
concentrèrent leurs forces et se préparèrent à l'assaut du châ- 
teau où commandait le général Nicolas Bravo. l 

Pendant quatre jours ils reconnurent le terrain et mi- 
rent en position leurs bitteries de mortiers destinées au 
bombardement du château. De fausses attaques étaient di- 
rigées sur différents points de la ville pour tenir Santa-Ana en 
haleine. 

1 Ce nom mérite qu'on s'y arrête un instant. Bravo appartenait à une tamille 
aisée de Chilpancingo, ville de 30,00 ) habitants située dans l'état de Querrero. Lors 
des luttes de l'indépendance D. Leonardo Bravo, père de Nicolas Bravo, et ses fils prirent 
fait et cause pour Morelo*, versant leur sang et sacrifiant leur fortune pour affran- 
chir leur pays de la domination espagnole. Ce fut une lutte sans quartier, où les pri- 
sonniers n'étaient point épargnés. Dans une rencontre avec les Espag nols Leonardo- 
Bravo fut battu, pris et fusillé. 



M 



LVi 



10 MIGUEL MIRAMOX 



Chapultepec était protégé par deux séries de défenses, l'une 
extérieure, l'autre intérieure. l 

Le 12 septembre au matin l'ennemi fit une fausse attaque 
sur la garita du Ni no perdido et immédiatement le général 
Scott fit commencer le bombardement du château par les bat- 
teries établies au Molino del Rey. 

Le tir ne causa d'abord aucun effet, mais bientôt il fut rec- 
tifié et les murs du château furent criblés de projectiles prin- 
cipalement par un mortier situé dans l'aire du Molino del Rey. 

L'artillerie de Chapultepec répondit au feu àe l'ennemi en 
lui faisant éprouver des pertes sensibles. 

Son fils D. Nicolas Bïavo combattait loin de là et le sort des annes lui avait été 
favorable. Victorieux dans un combat il avait fait aux Espagnols 300 prisonniers 
qu'il ne fusilla point, se réservant de les changer contre des prisonniers mexicains. 
Apprenant la mort de son père, il fait réunir les 300 Espagnols et leur communi- 
quant la nouvelle qu'il venait de recevoir : « Que ferai-je. dit-il, en ce moment où 
mon coeur est déchiré par la douleur? » Los prisonniers pleins d'effroi demeurer en t 
silencieux. Après quelques instants de réflexion Bravo ordonna qu'on leur rendît la li- 
berté. Don Nicolas Bravo occupa par la suite divers emplois publics; et lorsque le 
Mexique fut envahi par les nord-américain*, bien que l'âge dût le retenir à son forer 
et qu' il ne fût point partisan de Santa-Ana, il prit les armes pour la défense de 
son pays. 

1 Pour l'intelligence du récit nous dirons que la première se composait d'une de- 
mi-lune construite sur la chaussée qui conduit à Tacubaya, d'un parapet qui défen- 
dait la porte d'entrée, et d'une flèche précédée d'un fossé de 8 raros (7 mètres) en- 
viron de large ar et 2 a> 50 de profondeur, qui protégeait l'enceinte du côté du sud. 
La seconde série de fortifications comprenait une banquette appuyée sur le mur d'en- 
ceinte et qui protégeait le périmètre du jardin botanique tout en lui servant de pa- 
rapet; d'unéclnfiudige d'une longueur d* 216" environ et qu'on devait con- 
struire sur toute la longueur d'enceinte du bois afin que les assiégés pussent com- 
battre à couvert; une flèche au sud enfilant l'entrée , une autre à l'ouest et la dernière 
près de la maisonnette du pied de la montagne. Il y avait de plus six fourneaux de 
mine dont trois sealement furent chargés. Sur le premier plan du versant de la mon- 
tigne du côté sud on construisit un parapet, et un second se trouvait édifié près de 
la maisonnette placée entre les deux rampes du chemin qui conduit au château; plus 
haut la partie dénommée dormit or ios était garnie de blindages et le périmètre de 
l'édifice lui-même était protégé par des sacs de terre (voir carte n° 1). 



CHAPULTEPEC 11 



Le bombardement fut terrible; il commença à 5 heures 
du matin pour ne se terminer qu' à la nuit, et pendant qua- 
torze heures il ne cessa pas un instant. 

Le lendemain l'ennemi se disposa à monter à l'assaut avec 
les colonnes des généraux Pillow, Quitnam et Worth, et il occupa 
le bois avec ses soldats armés de rifles. 

La colonne Worth tourna la position et porta son attaque 
sur la chaussée d'Ansures; une quatrième colonne menaça 
le pont de la condesa. 

Les généraux Quitnam et Pillow voyant que les deux attaques 
détournaient l'attention de Santa-Àna, passèrent par le Mo- 
lino dél Rey et montèrent à l'assaut l'un par la rampe, 
l'autre par le N-E., s'abritant derrière les rochers et les arbu- 
stes, se dérobant dans les angles morts et profitant des moin, 
dres replis du terrain. 

Le feu des défenseurs du château ne tarda pas à s'éteindre ; 
la colonne Quitnam qui suivait la rampe trouva cependant une 
vive résistance de ce côté, elle dut vaincre le bataillon de 
S. Blas commandé par le lieutenant-colonel Ticotencal qui périt 
glorieusement à la tête de ses soldats. 

Un régiment de New- York attaqua le château, qui ne con- 
tenait qu 7 un petit nombre de défenseurs. 

Le vieux général Bravo, qui avait combattu dans les guerres 
de l'indépendance, avait sous ses ordres, comme nous l'avons 
déjà dit, 300 hommes d'infanterie, environ, 300 invalides et 100 
élèves de l'école militaire. 

La défense fut tenace; à côté des vieux soldats mutilés qui 
avaient versé leur sang sur tous les champs de bataille de la 
république, les élèves de l'école militaire, presqu' enfants, se 
battirent héroïquement. Parmi ces derniers on en distinguait 
un qui s'exposant aux coups de l'ennemi avec la plus grande 
témérité, luttait avec le sang- froid d'un vétéran ; c'était Miguel 
Miramon, qui bientôt tombait frappé d'une balle au visage. 

Un soldat nord-américain de race nègre allait l'achever, 




12 



lorsqu' il en fut empêché par un jenne officier anglo-saxon qui 
le releva, le prît dans ses bras et le fit transporter à l'hôpital 
de son camp. 

Le château était perdu pour les Mexicains: le général Bravo 
fut fait prisonnier par le lieutenant Charles Brom et le drapeau 
étoile des États-Unis du nord flotta sur la cime de la mon- 
tagne. 

Santa-Âna continuait la lutte avec le même insuccès dans 
la vallée. Couvert de sang sans être cependant blessé, il réussit 
à se retirer avec quelques soldats et à rentrer a Mexico. 

Trois jours s'écoulèrent encore, et après nu dernier enga- 
gement à la garita de Bethléem, les armées nord-américaines 
occupaient la capitale. 

Miguel Miramon avait alors 14 ans; il reçut le baptême du 
sang dans cette école où il devait apprendre l'art de combattre 
en luttant avec ses camarades, pour la défense de la patrie. 

Plus tard une pyramide eommémorative fat élevée dans les 
jardins de Chapultepec; on y lit les noms des élèves qui com- 
battirent dans cette journée; celui de Miguel Miramon s'y 
trouve parmi ceux de ses jeunes compagnons qui prirent part 
à cette glorieuse défense. 



Chap. IL 



Dictature de Santa-Ana. 



(Jofonie de Texas — Causes de la guerre du Mexique avec les 
États-Unis — Paix entre ces deux nations — Rentrée de 
Miramon à Vécole militaire — Plan de JaMsco — Siège de 
Ouadalajara — Conférences d'Arroyo-Zarco — Ptésidence 
de Santa-Ana — Révolution tfAyutla — Causes qui la mo- 
tivèrent 



Bien que les causes qui entraînèrent la lutte entre les Etats- 
Unis et le Mexique soient bien connues, nous croyons devoir 
les résumer. Ces faits sont instructifs : ils ne doivent point 
être oubliés, car l'avenir est gros de semblables périls. L'hi- 
stoire se répète. 

Moïse Austin avait obtenu du gouvernement espagnol, avant 
que le Mexique ne proclamât son indépendance, une concession de 
terrain pour l'établissement dans le Texas d'une colonie de 300 
familles nord-américaines. 

Ce contrat dont les clauses n'avaient pas été complètement 
remplies par les colons à l'époque de la guerre de l'indépen- 
dance, prit fin, et fut ratifié par Iturbide en faveur d'Etienne 
Austin, fils de Moïse, décédé. 

L'éloignement de cette partie du territoire mexicain, non 
seulement de la capitale, mais encore des régions centrales et 
peu peuplées des hauts plateaux, ainsi que les guerres intes- 
tines continuelles qui absorbaient toute l'attention du gouver- 



i 



14 MIGUEL MIRAMON 



nement, firent que les colons agirent à leur gré, jouissant, de 
fait, d'une indépendance qu'ils voulurent proclamer en droit ; 
ils constituèrent donc la République du Texas, nommèrent 
M. Samuel Houston président, M. Lorenzo Zavala vice-prési- 
dent et se préparèrent à défendre par les armes le nouveau 
gouvernement qu'ils s'étaient donné. 

Santa-Ana entreprit une campagne contre l'État rebelle; 
elle fut longue, très pénible, ensanglantée par de nombreux 
combats où plusieurs fois les prisonniers furent exécutés. 
Le président de la République mexicaine reconquit le terri- 
toire perdu et arriva jusqu'aux frontières qui séparaient le 
Texas des États-Unis du nord. 

Une nuit il détacha 1,200 hommes de son corps d'armée, 
qui en comptait 14,000, et s'avança à la poursuite de l'ennemi 
jusqu'aux positions de San Jacinto, où il fit halte. 

Les soldats avaient parcouru de longues étapes sous une 
chaleur accablante et le général Santa-Ana leur permit im- 
prudemment de se re oser — sestear — selon le mot castillan. 

L'ennemi ayant connu l'effectif peu nombreux des troupes 
qui le poursuivaient, fit volte-face, les surprit dans leur camp, 
les mit en déroute et s'empara de la personne du président 
de la République.' 

Le gros de l'armée mexicaine était resté sous les ordres du 
général Vicente Filizola à quelques lieues en arrière. 

Lorsque le général apprit le désastre de San Jacinto, loin 
de marcher en avant et de secourir son chef, il prit la réso- 
lution de battre en retraite sur Mexico. 

Il en était éloigné de 400 lieues, manquant de vivres, et il 
lui fallait parcourir cette longue distance à travers un pays 
sans routes et presque sans ressources pour son armée. C'était 
aller volontairement au devant d'un second désastre, mais selon 
les paroles mêmes du général Filizola a la précieuse vie du com- 
mandant en chef n'était pas exposée. „ 

Le général Filizola était italien ; il avait été engagé dans 



DICTATURE DE SANTA-ANA 15 



le corps expéditionnaire espagnol qui combattait l'insurrection 
mexicaine et s'était glissé dans ses rangs. 

L'Indépendance proclamée, il avait été nommé, grâce à son 
instruction militaire, à des grades élevés dans l'armée, mais 
il ne sut jamais remplir avec succès les opérations militaires 
qui lui furent confiées. Il n'avait pas le tempérament du sol- 
dat, et, au grondement du canon aux champs de bataille, il 
préférait de beaucoup la douce intimité de quelques amis 
dans l'ombre discrète de sa demeure. 

Le Texas fut perdu pour le Mexique, et cet État entra 
plus tard dans la Confédération des États-Unis du Nord. 

Le Mexique, qui n'avait pas fait abandon de ses droits, pro- 
testa énergiquement contre cette violation de son territoire 
et il s'appuya , pour les revendiquer, sur la même doctrine pro- 
clamée quelques années plus tard par le président Lincoln pour 
combattre la séparation des États du sud de l'Union américaine. 

Il en résulta une guerre qui se termina par l'invasion nord- 
américaine et la prise de Mexico. 

Après les sanglantes batailles dont nous avons parlé au cha- 
pitre précédent et la chute de la capitale, on discuta les pré- 
liminaires de la paix. 

Cest dans une maison située entre Mexico et Chapultepec et 
connue sous le nom de maison de V inquisiteur Alfaro que les 
premières conférences eurent lieu. 

M. Tritzt représentait le gouvernement des États-Unis; 
les généraux I. Joaquin Herrera, Ignacio Mora y Villamil et 
les licenciés Bernardo Coûto et Miguel Atristain, le Mexique. 

La surprise de ceux-ci fut grande lorsque M. Tritzt demanda 
l'annexion aux États Unis non seulement de l'État du Texas, 
mais encore d'autres États limitrophes. 

M. le licencié Coûto fit valoir que la guerre avait eu pour 
cause l'annexion de l'État du Texas aux États-Unis, et que 
le Mexique consentant à l'abandon de cet État, la guerre n'a- 
vait plus de raison d'être et la paix pouvait être signée sur 




16 MIGUEL MIRAMON 



ces bases; que les autres États limitrophes étaient hors du 
débat et qu'il n'y avait pas à en parler. 

Le plénipotentiaire nord-américain rabattit quelques unes 
de ses prétentions, mais le Mexique n'en passa pas moins par 
les forches caudines et il dut abandonner au vainqueur le 
Texas, le Nuevo -Mexico et la haute Californie. Il reçut une 
somme de 15 millions de piastres en échange de cet immense 
territoire. 

La paix signée, les prisonniers furent remis en liberté et 
Miramon rentra au collège militaire pour y continuer ses 
études. 

Caporal le 13 septembre 1848, sergent le 7 novembre de 
la même année, et sous-lieutenant de la l. ère compagnie de 
l'école le 7 mars 1851, il continua les études toute cette année 
pour entrer dans le corps d'artillerie le 29 octobre 1852. 

Peu de jours après le nommé Blancarte, chapelier de G-ua- 
dalajara, levait l'étendard de la révolte dans cette ville contre 
le gouvernement de cet État. 

Ce commencement d'insurrection était appuyé par le général 
José Lopez Uraga et le colonel Bamhonde qui se soulevèrent 
dans le Michoacan contre M. Melchor Ocampo qui en était 
gouverneur. 

Cette révolution avait pour cause les pouvoirs trop étendus 
des gouverneurs des États. Elle était centraliste et demandait 
une dictature provisoire d'une année, laps de temps suffisant 
pour la nomination d'un congrès appelé à modifier la Consti- 
tution. 

Le général Àrista, alors président de la République, donna 
l'ordre au général José Vicente Miiion de marcher à la tête 
d'une division contre les insurgés de Guadalajara. Miramon 
fit partie de cette expédition. 

Guadalajara est éloignée de 732 KmI i» de Mexico; c'était 
la deuxième ville de la République et comptait alors 90,000 
habitants. Elle renferme de solides constructions favorables à 






DICTATURE DE SÀNTA-ANA 17 

la défense, et se trouve protégée à l'extérieur par une rivière 
sur laquelle se trouve le pont de Calderon où de nombreux 
combats ont été livrés à différentes époques. 

Elle se trouve placée dans une région sèche, riche en pro- 
duits agricoles: on y trouve plusieurs centres importants, 
comme Lagos, Tépic et S. Blas. 

Le général Minon dut franchir la longue distance qui sé- 
pare Guadalajara de Mexico à travers les routes effondrées 
chaque année par les pluies torrentielles de la saison d'été. 

Il l'assiégea et le 24 décembre 1862 il lança du Molino 
de Chocolaté sur la place une colonne d'attaque aux ordres 
du colonel Severo del Castillo. Trois fois elle fut repoussée 
et le général Minon reçut une blessure au visage. 

Miramon prit part avec sa batterie aux attaques succes- 
sives, dont le résultat devait être infructueux. 

En effet Minon ayant épuisé ses munitions, dut lever 
le siège. Devant cet échec l'insurrection prit un nouvel essor. 

Lorsque le gouvernement central connut le mouvement de 
retraite de ses troupes, le président Arista demanda au Con- 
grès des facultés extraordinaires en ce qui concernait les 
ministères de la guerre et des finances; elles lui furent re- 
fusées et Arista démissionna et se retira à la vie privée danà 
son hacienda de Nanacamilpam dans l'État de Puebla. 

Le président de la cour de justice M. Juan Bautista Ce- 
ballos lut élevé à la présidence et son premier acte futede 
remplacer le général Minon dans son commandement par 
M. le colonel Robles Pezuela. 

L'insurrection gagnait du terrain et le général Uraga mar- 
chait sur Mexico. 

Quelques jours après Ceballos décréta la dissolution du Par- 
lement qui lui était hostile, et ce coup d'État fit que Robles Pe- 
zuela donna son adhésion au plan de Jalisco. Les conférences 
de Arroyo-Zarco se réunirent et nommèrent Santa-Ana pré- 
sident de la République. Une commission lui fut dépêchée pour 

iiràion - 3 



18 MIGUEL MIRAMON 



lui faire connaître cette décision à Turbago (Nouvelle Gre- 
nade) où l'ancien président s'était retiré depuis 1847. 

Miramon revint à Mexico, où il fat nommé lieutenant et 
chargé de l'enseignement de la tactique à l'école militaire le 
11 avril 1853. x 

Santa- Ana arriva à Mexico en avril 1853 et son premier 
soin fut d'instruire et de discipliner une armée qu'il éleva au 
chiffre de 90,000 hommes, alors qu'au Mexique le nombre des 
soldats sous les armes n'avait jamais dépassé celui de 20 & 
25,000. 

Peu de jours après l'arrivée au pouvoir de SantaAna, ce 
général donna de l'avancement à Miramon en le nommant 
capitaine avec charge d'instruire la première compagnie de 
l'école militaire. Ce fut le 26 juin 1853. 

H y avait dans l'armée un bataillon connu sous le nom de 
bataillon de California, composé d'éléments divers, refuge de 
sous-officiers signalés par leurs mauvais antécédents et for- 
mant une troupe insubordonnée et difficile à commander. 

Le 15 juillet 1854 Miramon fut placé à sa tête avec mission de 
la discipliner. Sa jeunesse, son visage imberbe et sa frêle ap- 
parence n'en imposèrent nullement aux soldats du bataillon 
de California ; mais il s'aperçurent bientôt que le jeune offi- 
cier sous les dehors d'une apparente faiblesse cachait une 
énergie peu commune. 

Le bataillon dut se plier aux règles de la discipline et lors- 
que, quelques mois après, il se battit dans le sud, il se 



1 La nomination de Miramon dans l'arme spéciale de l'artillerie, la charge tonte 
technique qu'il eut à remplir à l'école militaire et d'antres missions qui lni furent 
dévolues plus tard dans des cas où l'intervention d'un officier instruit était né* 
cessHire, prouvent bien que ses connaissances dans l'art de la guerre étaient 
aussi étendues qu'elles pouvaient l'être, eu égard aux circonstances des lieux et des 
temps; elles réduisent à néant les assertions de M. 6. Baz, biographe de Juarez, 
lorsqu'il met en doute l'instruction militaire de Miramon. 



DICTATURE DE SANTA-ANA 19 

distingua dans les combats de la Huerta, Tejupilco et Tlacua- 
chinapa. 

Au sud de Mexico sur le versant du Pacifique s'étend une ré- 
gion au climat torride et souvent malsain, qui donne naissance 
à nombre d'insectes venimeux fort incommodes pour le voyageur. 

Ce pays très accidenté est traversé par les nombreuses si- 
nuosités du rio Mezcala. 

Les chemins y sont rares et presque impraticables, les vil- 
lages très éloignés les uns des autres, et fort dépeuplés. Nom- 
bre de ses habitants se distinguent par des taches nombreuses 
de leur épiderme, dont l'aspect est repoussant. 

Ce fut dans cette partie de la République qui comprend 
l'État de Guerrero, que se fit jour la révolte contre le gou- 
vernement de Santa-Ana. 

Les plaintes qui s'élevaient contre le gouvernement étaient 
nombreuses. 

On reprochait à Santa-Ana la vente du territoire de Me- 
silla au gouvernement des États-Unis. 

Santa-Ana à bout de ressources et pour maintenir sur 
pied sa nombreuse armée, avait cédé ce territoire moyennant 
une somme de 20 millions de piastres (100 millions de francs). 
Mais les nord- américains connaissant ses besoins d'argent, ne 
lui offrirent au dernier moment que 15 millions, que Santa- 
Ana accepta, et après maints débats il n'en reçut que 10. 

D'autre part, Santa-Ana n'avait pas rempli les conditions 
exigées par le plan de Jalisco, c'est-à-dire la convocation 
d'un congrès afin qu'il réformât la constitution ou en pro- 
mulguât une nouvelle. 

Cette tâche devait être remplie avant que son année de di- 
ctature fut terminée ; mais loin d'agir dans ce sens, il se fit don- 
ner le titre d'Altesse Sérénissime, créa des croix et des distin- 
ctions honorifiques et nomma des titulaires parmi ceux qu'il 
destinait à former une aristocratie peu en harmonie avec les 
principes républicains du pays. 



20 MIGUEL MIRAMON 

Enfin Santa-Âna voulait revenir sur le plan do 
amendé & Cordova en 1821, lorsque Iturbide proclami 
pendance dn Mexique. 

Dans ce plan, le pays, adoptant la forme monarchii 
pelait an trône dn Mexique nn des Bourbons d'Espaf 

Santa-Ana fit une tentative dans ce sens et le l"juill 
M. Gutierrez Estrada fat nommé plénipotentiaire ave< 
pouvoirs accordés par le président de la République < 
sant au nom de ses concitoyens pour traiter auprès d( 
de Paris, Londres, Vienne et Madrid, de l'établissemei 
monarchie au Mexique sous le sceptre d'un prince en 

Enfin Santa-Anna voulait faire engager trois ré) 
suisses au service du Mexique pour y consolider la pa 
cet effet il faisait communiquer le 1" juillet au minis 
nipotentiaire de la République en France l'ordre qui 

Ex.me Sefior, 

" A cette date le traité en suspens avec les États- 
" dû être ratifié selon le désir exprimé par le Cabinet < 
" shington et les instructions données au général A 
" S. A. S. croit opportun de faire embarquer les trois 
" menta suisses engagés par V. E. au service de la 
• S. A. S. désire que V. E. prenne aussitôt toutes les 
u res nécessaires pour leur transport, et à cette fin V.] 
■ donner des ordres pour que remise lui soit faite par 
" néral Almonte, dûment averti & cette date, d'une 
" de 500,000 piastres ; et si V. E. ne pouvait faire trait 
" des conditions favorables, après avis préalable cette 
" lui sera remise an lien de sa résidence. 

* Je suis, etc. 



DICTATURE DE SANTA- AN A 21 

A ces causes venaient s'en ajouter d'antres encore, telles 
que l'arrestation et la persécution des citoyens qui ne se mon- 
traient pas favorables à la politique du président, la suppres- 
sion des journaux et les perquisitions à domicile. 

Mais ce qui peut-être offensait le plus le pays dans ses 
sentiments égalitaires, fut la création par Santa-Ana d'une 
aristocratie comprenant diverses distinctions et privilèges pour 
les titulaires. C'est ainsi que les Grand-croix, commandeurs, 
et chevaliers de Guadeloupe avaient des places privilégiées au 
théâtre, dans les églises et autres lieux publics. Le ridicule 
s'en mêla; et ces aristocrates improvisés portant assez gauche- 
ment le costume d'étiquette que leur imposait leur nouveau 
rang, les laquais n'étant pas moins grotesques sous la livrée 
dont on les affublait, ce fut une risée générale dans la capitale 
au sujet de ces travestissements. 

Ces différentes causes que nous venons d'énumérer succin- 
ctement semèrent le discrédit dans le gouvernement du général 
Santa-Ana et vers le milieu de l'année 1854 la révolution 
éclata dans l'Etat de Guerrero sous les auspices des généraux 
Alvarez, Moreno et Yillareal. 

Santa-Ana se mit & la tête de 1' armée et remporta les 
victoires de Coquillo et de Peregrino, mais il éprouva un 
échec à Acapulco, port du Pacifique. Le château de S. Diego 
défendu avec ténacité par le colonel Comonfort opposa une 
résistance dont les assiégeants ne purent triompher. 

Santa-Ana dut battre en retraite, livrant des combats par- 
tiels qui se répétaient presque quotidiennement au milieu 
d'un pays peu favorable aux grandes expéditions et d'un cli- 
mat qui décimait l'année. 

De retour à Mexico, Santa-Ana y fit une entrée triomphale 
peu justifiée par l'issue de la campagne. 

Bientôt des gnerrillas se formèrent dans l'état de Michoacan, 
elles se multiplièrent et se réunirent sous les ordres des gé- 
néraux Degollado, Huerta et Pueblita. 



22 MIGUEL MIRAMON 

Miramon chef de bataillon au ll ms i 
faisait alors partie de la brigade du i 
après s'être battu à Mezcala, Xochipala 
lieutenant-colonel le 29 juillet 1855 a 
conduite dans ces combats. 

La brigade du général Rosas Landa ; 
la guerre dans le sud, apprit que Pinzi 
hommes avait pris position sur les bor 
marcha à sa rencontre et envoya Mirai 
la tête de son bataillon. 

Le jour suivant Miramon, éloigné d 
reste de la brigade, fut attaqué par 1< 
Pinzon. 

H prit position sur une éminence ce 
Timajalco et sitnée non loin de la roi 
résister à l'attaque des troupes de Pinz 
riensement et quittant ses positions co 
adversaires. 

Lorsque Rosas Landa arriva but le 
était terminé et dans le rapport qu'il 
nement il loua hautement la conduite 
Miramon et de son bataillon. 

Santa-Ana entreprit la campagne de 
a Morelia il ne tarda pas à se rendre 
vait vaincre le courant de l'opinion pal 
contre lui, et abandonna le siège présid 
Oruz et se rendit à S. Thomas aux An 
dant de longues années. 

Une assemblée de notables choisit lt 
confia le pouvoir : un mois après, Car 
lontairement et remettait le comuiandou 
rai Romnlo Diaz de la Vega. 

Mais la révolution triomphante gags 
cotés; ses chefs au sad entraient àlgi 



DICTATURE DE SANTA-ANA 23 

furent nommés avec mission de se réunir à Caernavaca pour 
la nomination <T un président. Ce dernier était tout indiqué et 
quelques jours après, le 12 décembre 1855, Juan Alvarez était 
nommé chef de l'Etat 



■» m <» 



i 



Chap. 111. 

Religion et f 



Présidence d! Alvarez — Administratu 
de Bas — Caractère du clergé — 
éclesiastiques et militaires — Proni 
Bataille tPOcoUan — Premer siège 
cette ville — Second siège — Prise 
Sultepec — Emprisonnement de . 
Prise de Cuernavaca — Son retoi 



A ta chute de Santa-Ana en 185! 
Tarez, chef de la révolution d'Ayutl 

Homme d'un talent naturel, mais i 
pour remplir le poste élevé et diffiei 
taché du reste aux coûtâmes et tradi 
il regrettait lea montagnes, regardai 
trême tout ce qui était étranger & 
centricltés peu en harmonie avec la 
de la capitale lui valurent la criti'qi 

Alvarez avait amené du Snd une 
d'une grossièreté extrême et d'un as 

Les taches particulières dont lent 
couverts, jointes a leur malpropreM 
plua repoussants encore. 

Ces hommes, dépourvus de toute 



RELIGION ET FUEROS 25 

maient une sorte de milice barbare dévouée, corps et âme, 
au Président, dont ils recevaient directement les ordres, mé- 
connaissant tout antre commandement. 

Cet état de choses était .d'un funeste exemple pour la dis- 
cipline de l'armée. 

Ces soldats improvisés portaient pour tout uniforme leurs 
costumes champêtres, c'est-à-dire une chemise et un ample 
caleçon de toile, un zarape grossier et un chapeau à larges 
bords* 

Comme la température de Mexico leur paraissait froide, on 
les voyait continuellement drapés dans leur couverture et cou- 
chés dans le corps de garde du palais avec la même désin- 
volture et le même sans-gêne que s'ils se fussent trouvés 
dans une étable de leur village. 

Les officiers se distinguaient des soldats par des ganses 
dorées ou argentées attachées à leur chemise. 

Cette soldatesque brutale et sans grand courage lorsqu'on la 
faisait sortir de sa province causait de graves ennuis à l'an- 
cienne armée de San ta- A na délaissée par Alvarez. 

Celui-ci employait une partie de sa journée à des détails 
puérils — il s'amusait h faire monter de la trésorerie l'argent 
destiné à la solde de son fameux bataillon — il le plaçait 
sous son lit et le retirait au fur et à mesure que les capi- 
taines se présentaient pour toucher la paie de leur compagnie 
— Alvarez s'entretenait familièrement avec ses officiers, per- 
dant ainsi un temps précieux et négligeant les affaires publiques. 

Mexico, après avoir supporté pendant trois mois un semblable 
gouvernement, vit avec satisfaction Alvarez imiter Cincinnatus 
et retourner dans ses terres, après avoir laissé la présidence 
de la République entre les mains du général Ignacio Comon- 
fort. 

Le nouveau chef de l'État avait reçu une éducation soi- 
gnée. C'était un vaillant soldat, quoique dépourvu de grandes 
aptitudes militaires. Son esprit était souple et son caractère 






>,t 



26 MIGUEL MIRA» 

naturellement» disposé à réconcilier 
çaient & se former, et qui devaient, 
la patrie dans des lattes fratricides 

Comonfort remplit les engagemei 
convoqua nu congrès qni vota la 
sanf qttelqnes détails, est celle en v 

Le licencié Juan José Baz fat i 
strict. Celui-ci commença aussitôt a: 
contre les anciens partisans de Sa 
qaence fat de les jeter dans la révc 

Dons faits graves signalèrent la 
gouverneur. 

Le premier fut de mettre en j 
officiers, qu'il livra ensuite & la jus 
enchaînés et désignés à faire partii 
commun qui sont chargés des travaux 
qne deux de ces infortunés, les colone 
impassibles devant cet ordre barbai 
gnité, Juan José Baz croyant décot 
mépris de son autorité, se rua sur et 

Le jour suivant, Mexico vit avec : 
les chefs réactionnaires, la chaîne s 
peine vers la ruelle de Santa Clara pour 

Comonfort, qui ignorait ce qui s 
par l'indignation publique.... Il on 
les prisonniers tussent reconduits 
décision, qui reçut l'assentiment gém 
dn Président avec son trop irascible 

Le second fait reproché à Baz et 
les sentiments religieux de la capitt 
par le gouverneur à l'occasion de lf 
grario de la cathédrale, que le chi 
Jeudi saint entre les mains du Prési 
marque de patronage sur l'église na 



\ 



RELIGION ET FUEROS 2^ 

Le Jeudi saint de 1856, le chapitre ne remit pas les clefs 
à Comonfort, et Baz voulait les arracher aux chanoines ré- 
fugiés dans la cathédrale. Il fit placer des troupes auprès 
de Tédifice avec un déploiement de -forces inutile dans de 
semblables circonstances. U pénétra à cheval dans la sacristie 
proférant des insultes et des menaces contre les chanoines, 
vieillards valétudinaires et inoffensifs. 

Le clergé, fort riche à cette époque, voulut prendre part à 
la direction de la chose publique, projet qui n'étonnera pas 
ceux qui savent que cet ordre employait souvent ses ressour- 
ces pour fomenter les guerres intestines qui ont si longtemps 
plongé la patrie dans le deuil. 

L'influence du clergé était extraordinaire alors. 

Les prêtres étaient reçus dans les familles, dont ils diri- 
geaient les consciences. Cette situation particulière leur per- 
mettait de pénétrer les secrets les plus intimes du foyer do- 
mestique. 

La ferveur religieuse de la femme mexicaine dépassait les 
limites de la piété et se transformant en superstition était 
arrivée au point qu'elle ne pouvait supposer le mal chez le 
prêtre chargé du soin d'absoudre ses fautes. 

Ceci donnait, à cette époque, une force excessive au pouvoir 
du clergé, qui se servait habilement de la confession et de la 
chaire pour accroître son influence, et sa richesse s'augmen- 
tait par les sommes extorquées au chevet des mourants. 

La chaire était comme une tribune publique, du haut de 
laquelle il attaquait impunément les institutions politiques. 

Ces circonstances, jointes au relâchement observé dans cer- 
tains ordres monastiques, décidèrent le parti libéral à pren- 
dre des mesures propres à mettre un terme à ces abus. Pour 
atteindre ce résultat, on fit des lois justes et convenables afin 
d'arrêter le mal, mais il s'en trouva quelques-unes complè- 
tement arbitraires. 

La charte fondamentale de la République promulguée le 



l\ 




28 MIGUEL MIRAMON 



5 février 1857 établissait des principes d'un libéralisme extraor- 
dinaire, mais il est facile d'y remarquer une lacune peu en 
rapport avec l'esprit général de cette œuvre respectable. 

Dans le bnt de priver le clergé de tonte ingérence dans 
les affaires publiques, on lui enleva le droit de vote dans les 
élections ; cet article constitutionnel est encore aujourd'hui en 
contradiction avec la loi, qui, tout en proclamant l'égalité par- 
faite des citoyens, créait un privilège négatif pour les personnes 
appartenant à l'église, puisque celles-ci ne pouvaient prendre 
une part active aux élections. Cette charte, établie sur des 
principes libéraux en rapport avec l'esprit' philosophique du 
siècle, devait postérieurement créer la séparation de Y Église 
et de l'État, établir l'affranchissement des biens de main 
morte, fonder le mariage civil et promulguer la liberté des 
cultes. 

À la suite de ces attaques, le clergé forma une coalition avec 
l'ancienne armée de Santa-Àna et commença des soulèvements 
partiels qui furent la base de la guerre civile qui allait 
éclater. 

Deux circonstances décidèrent l'armée à prendre part au 
mouvement : premièrement la création de la garde nationale, 
qui en la mettant au second rang la réduisait à un rôle se- 
condaire ; et en deuxième lieu la suppression de ses ftieros et 
privilèges qui rendaient le soldat justiciable des tribunaux or- 
dinaires. 

Bientôt le colonel Francisco Guittian, excité par le curé de 
Zacapoastla, levait dans ce village l'étendard de la révolte. 

Le gouvernement de Comonfort confia une division au li- 
cencié Ignacio de la Llave pour combattre le chef rebelle. 

Celle-ci ayant abandonné son chef sur la route, passa avec 
armes et bagages à l'ennemi. Cette défection permit à Guittian 
et à Osollo, secondés par d'autres chefs réactionnaires, d'attaquer 
la ville de Puebla, alors défendue par le général Juan Bau- 
tista Tracones. 



RELIGION ET FUEROS 29 



t ! 









. 'Ta 



Miramon se joignit aux prononcés, qui furent reçns avec en- 
thousiasme par les habitants de Puebla, dévoués à la cause 
des dissidents. 

Le nom que G-uittian donna à ce pranunciamienio fut celui 
de " Religion et f ueros. „ 

Peu après les vainqueurs purent réunir sous les murs de 
Puebla une armée de 3,500 hommes* Cette légion s'augmenta 
encore par la défection des deux brigades aux ordres de Se- 
vero del Castillo, Vicente Minon et du. 10 e d'infanterie 
qui partit de Pachuca pour s'incorporer à l'armée prononcée. 

L'excommunication que le clergé lança contre les libéraux, 
ses sermons remplis de menaces avec lesquels il foudroyait 
les ennemis du haut de la chaire, le ton des journaux réac- 
tiounairen bien rédigés qui se publièrent alors, les abus de 
Baz, la protection donnée à la garde nationale et bien d'au- 
tres causes encore, dont il est inutile de faire mention, firent 
regarder les prononcés de Puebla comme les défenseurs de la 
religion et de l'armée, descendant dans l'arène, et marchant, 
nouveaux croisés, au secours du Crucifié. 

Ils déployèrent un courage extraordinaire qui leur fit bra- 
ver les nombreuses troupes qui marchèrent contre eux, les 
uns poussés par fanatisme religieux, les autres pour défenlre 
les droits et les prérogatives de l'armée attaqués par le g u- 
vernement. 

Comonfort réunit à Mexico 13,000 hommes et marcha con- - 

tre Puebla. Il fit halte à Yhacienda de Santa Inès Xacalteco, „ 4 

appuyant le centre de ses opérations sur le cerro de Ocotlan à 

11 km. de Puebla et sa droite sur les hauteurs connues sous >< 

le nom de cerro del Oachupin. ^ 

Puebla est située au milieu d'une belle plaine, baignée 4| 

par les eaux de i'Atoyac, qui peut servir de première ligne J| 

de défense tant que la place dispose d'une garnison assez 
nombreuse pour lui permettre d'avancer jusqu'à elle et occu- 
per le pont de Mexico. (Voir carte N° 2) 









.>■■ à: 



v^ 1 



1 ?t! 



30 MIGUEL MIRAMON 

A l'Ouest de la ville et rattachés à celle-ci se 
cerros de Loreto et de Guadelupe, positions d'une 
portance qui dominent la place et font face à 1; 
vient de Vera-Cmz. 

Près de Puebla, entre la rivière Atoyac et la 
Mexico, se dresse le cerro de San Juan, position ai 
geuse, mais que les armées assiégées ont souvent, 
cuper tors des différents sièges que Puebla a soi 
que ce point stratégique se trouve situé en dehoi 
de défense. Au centre de la place et dans ses i 
dressent San Agustin, la Penitencieria, la Coucor 
ced et d'autres édifices fortement construits, qui foi 
cette ville comme une place de guerre de second 
particularité l'a désignée pour servir de théâtrt 
civiles et étrangères qui ont ensanglanté la patri 

Le caractère des habitants est belliqueux, mais 
était alors réfractaire à tonte idée de réforme el 
Le clergé y régnait en maître et l'ascendant qu': 
tenu sur les masses lui fut d'un grand secours p 
tien de la guerre civile dont il éiait l'éternel agit 

A la tête du mouvement révolntionnaire se tro 
nio Haro y Tamariz, appartenant à une honorable famille, ri- 
che etjouissant de l'estime publique. Haro avait été employé 
an ministère des finances sous Santa- Ana, mais il s'était rallié 
au mouvement d'Ayntla aussitôt que l'ancien président s'oc- 
cupa de la vente de la Mesilla. Ou n'ignore pas qu'il finit ses 
jours dans un couvent de jésuites à Rome. 

Du côté des chefs militaires, figuraient Severo del Castillo, 
JoBé Ticente Minon, Panfilo Galindo et Miguel Andrade comme 
généraux ; Aljobin, Osollo, Miramon, Marquez et Guittian 
comme colonels. 

La plupart des généraux étaient dépourvus de commande- 
ment effectif; Castillo seul se trouvait à la tête des 3,500 
hommes prononcés et Galindo commandait la place. 



RELIGION ET FUEROS 31 

Le président amenait de Mexico 13,000 hommes et 40 piè- 
ces de bonne artillerie, chiffres indiqués par Revilla y Pedre- 
guera dans sa biographie de Comonfort. Cette armée était 
commandée par les généraux Parodi, Guilardi, Villareal, Zu- 
loaga, BosasLanda, Alvarez, José Jnsto et Doblado. 

Le 8 mars 1856, Comonfort occupait Vhacienda de Santa 
Inès Xacalteco. Le général Parodi avec les brigades Zuloaga 
et Sosas Landa soutenait la droite ; Guilardi occupait la gau- 
che, Doblado le centre. Le général J. J. Alvarez remplissait 
les fonctions de cuartel maestro dans cette journée. 

Au lever du soleil, les prononcés sous les ordres de Severo 
del Castillo se dirigent en trois colonnes vers la position centrale 
de Comonfort. Le colonel Miramon commandait la première 
composée des deux bataillons du 10 e et 11° légers. La deuxième 
formée avec le 1 er et le 8* me légers était conduite par Osollo, et 
la troisième avec le 4 ème de ligne et un bataillon de sapeurs 
marchait sous les ordres d'Aljobin, qui pour enflammer da- 
vantage sa troupe avait revêtu un manteau blanc sur lequel 
se dessinait une croix rouge. 

Miramon et Osollo avaient reçu l'ordre de menacer les flancs 
de l'ennemi au moyen d'une fausse attaque, de revenir vers 
le centre pour repousser Doblado, et battre ensuite séparé- 
ment les forces de Parodi et Guilardi. 

Les assaillants soutenus par 24 pièces d'artillerie aux ordres des 
capitaines Arellano, Cuevas et Diaz de la Vega, s'avancent en bon 
ordre vers 1»» cerro de Ocotlan dont ils ont bientôt escaladé les 
flancs et délogé les libéraux. Aljobin, qui avait conduit sa troupe 
avec la même intrépidité, tombe mortellement frappé et cet évé- 
nement retarde la marche de sa colonne. (Voir carte N° 3) 

Les vainqueurs reviennent vers le centre de Comonfort et 
après un combat qui dura deux heures se trouvèrent maîtres 
de la position. Miramon avait fait prisonniers deux ba- 
taillons appartenant à la brigade de Guanajuato, et Osollo 
avait enlevé les pièces en batterie sur les cerros. 



32 MIGUEL MIRAHON 

En ee moment, Haro ordonna de cesser le fen. On ouvri 
des conférences avec Comoniort pour traiter de la paix an mi 
tien d'un champ de bataille troublé par les appels des blessé 
et les plaintes des mourants. 

Les pourparlers terminés, les dissidente se retirèrent su 
Puebla, arec leurs trophées; mais ayant trouvé le pont d 
Mexico occupé par les forces de Comoniort, Miramon, & h 
tête de l'avant-garde, dut forcer le passage. 

Comonfort sur l'avis de ses généraux avança snr Puebla e 
aussitôt le cerro de San Juan eut & soutenir nne lutte s 
chaînée. Les prononcés l'abandonnèrent, non sans avoir far 
éprouver de sérieuses pertes a l'ennemi. 

Le siège commencé, le président essaya de prendre la Pe 
nitenciaria et l'église de la Merced. Miramon, chargé de la dé 
' fense de cette partie de la ville, disputa le terrain pas à pas 

Les prononcés malgré leurs faibles ressources résistèrent pen- 
dant 28 jours aux attaques de l'armée libérale avec le couragt 
héroïque que leur inspirait la cause qui leur était confiée. Cet 
hommes, pareils aux soldats du désespoir, semblaient vouloir 
s'ensevelir sons les ruines d'une cause qui allait périr. Ile 
redoublèrent d'impétuosité et d'efforts. On vit rarement latte 
plus opiniâtre. Chaque rue, chaque maison était défendue 
avec un courage voisin du délire — la fumée de la poudre 
qui enivre, et le vertige de la bataille qui aveugle soutenaient 
leur valeur. Cependant les prononcés devaient bientôt succom- 
ber sous le nombre; ils durent se replier vers le centre de 
la place, et leur chef demanda h capituler. 

Comonfort commença les négociations d'usage, et les prin- 
cipaux articles ayant été acceptés, on stipula le respect de la 
vie et de la propriété des vaincus; le gouvernement ferait 
donner à ceux-ci un emploi en rapport avec leur situation 
particulière et dans les lieux qu'il jugerait convenable. 

Sous ces conditions, les prononcés abandonnèrent Puebla et 
se retirèrent dans lenr foyers, persuadés de la bonne foi de 
Comonfort; mais celui-ci était à peine rentré dans les murs 



RELIGION ET FUEROS 33 

de la ville vaincue que les journaux libéraux attaquèrent sa 
conduite comme étant empreinte d'un caractère de faiblesse. 

Le Président, pour mettre un terme aux reproches de son 
parti, interpréta la convention de Puebla en alléguant que le 
.gouvernement s'étant réservé dans la capitulation la faculté 
d'accorder un emploi à sa convenance aux chefs et officiers 
réactionnaires, il usait de cette latitude en incorporant les 
vaineus en qualité de simples soldats dans les rangs de l'armée 
yictorieuse ; et des ordres furent donnés en conséquence. 

La conduite du Président provoqua une indignation générale. 
Oomonfort s'était montré sans énergie lors de la capitulation 
de Puebla, et il donna de nouvelles preuves de l'indécision de 
son caractère dans l'interprétation du traité. 

Les faiblesses et les fautes de cet homme d'État furent e- 
xagérées et exploitées par ses partisans, qui dénigrèrent ses 
succès, usèrent son autorité et le rendirent impuissant à con- 
jurer l'orage amoncelé par leurs intrigues. 

Le parti vaincu, encore vibrant de colère et de haine, sem- 
bla oublier un instant ses cruelles défaites pour s'unir aux li- 
béraux mécontents, dans le. but de précipiter la chute de 
Comonfort. 

Après la prise de Puebla, le Président fit promulguer une loi 
qui mettait à la disposition de la nation les biens que le 
clergé possédait dans la ville, en prétextant les agissements 
de cet ordre dans le dernier pronunciamiento que les libéraux 
venaient d'étouffer. 

Cette confiscation qui, sans jugement, disposait des richesses 
du clergé de Puebla, fut considérée comme une atteinte à la 
propriété particulière et comme une violation du traité avec 
les vaincus. 

Comonfort, de retour à Mexico, fit sa fameuse loi du 
25 juin 1856, et plus tard le congrès promulgua la Constitution 
Actuellement en vigueur au Mexique, et dont nous avons eu 
précédemment l'occasion de donner un léger aperçu. 

niranon - 4 



o4 MIGUEL MIRAMON 

Nous nous arrêterons uninstantsurlaloidu25juin lf 
que celle-ci eut une influence directe sur les événen 
se sont succèdes quelques années après et qui ont c 
de maux chez les Mexicains. 

Miguel Lerdo de Tejada, ministre des finances sou; 
fort, fut l'auteur de la loi précitée, qui détendant au 
posséder des bien-fonds, ordonnait que les- locataires 
meubles prissent possession de ces biens en qualité 
priétaires et en payassent la location au clergé, ci 
térêt dn capital de l'immeuble. Le nouveau possesseï 
à payer à l'État que les droits ordinaires cono 
mutation de domaine. 

L'Église possédait environ 60 millions de piastres en b 
La plupart consistaient en propriétés rurales et urba: 
quelles il faut ajouter plusieurs églises et couvents. 

L'archevêque Lazaro de la Gauza y Ballesteros, da 
de mettre sa responsabilité à couvert, s'empressa à 
son chapitre pour délibérer sur la conduite à sur 
d'aussi graves circonstances. 

Vieillard instruit, versé dans l'étude des langues 
de la théologie, il connaissait mal son époque; l'ot 
quelque peu exagérée de son caractère l'empêchait 
d'envisager froidement la mesure radicale prise par 1< 
nement et dont la conséquence devait entraîner la 
son Église. 

Le chapitre adopta une politique d'opposition exti 
violente. 

B ientôt l'excommunication, le refus de sépnliur 
sacrements, les anathèmes vinrent alarmer les consc 
jeter dans le foyer révolutionnaire des éléments de 1 
placable qui devait briser tant de carrières et plonge 
familles dans le deuil. 

Le* biens du clergé faisaient vivre depuis le pau 
de c- mpagne relégué dans les lieux le plus éloigna 



1 



RELIGION ET FUEROS 35 



civilisation, jusqu'aux opulents prélats habitant les palais 
somptueux des grandes cités. Ils servaient en outre à l'en- 
tretien d'un grand nombre de familles (50,000 environ) com- 
posées de majordomes des couvents, de sacristains et de tout 
ce monde particulier qui vit à côté de l'Église. 

On comprend que ces gens-là, habitués à mener une exi- 
stence facile et à l'abri des soucis du lendemain, s'insurgèrent 
contre une loi qui devait mettre un terme à une vie dont ils 
regrettaient l'oisiveté et l'abondance. 

Le parti libéral, en enlevant au clergé ses immenses ri- 
chesses, source de son influence, porta à cette Institution un 
coup dont elle ne s'est jamais relevée. Ceci d'autre part eut 
pour résultat pratique de mobiliser les biens de main-morte 
et permit au locataire économe de devenir avec le temps pro- 
priétaire a son tour. 

Dans cet état de choses, le jeune colonel Luis Gh Osollo 
s'insurgeait dans le petit village de Saint Juan Coscomalte- 
pec. Il fut rejoint par l'espagnol Cobos. 

Calvo soulevait bientôt après la garnison de San Luis Potosi, 
et le colonel Tomas Mejia tint en échec les États de Que- 
retaro et Gnanajuato. 

Sur ces entrefaites, Miramon, accompagné du commandant 
Francisco Vêlez, pénètre de nuit à Puebla. Il séduit le capi- 
taine de garde au palais, qui s'engage à livrer son poste à 
minuit. Les deux conjurés en attendant l'heure fixée se ren- 
dent au théâtre et là ils trouvent le commandant de la 
place José Maria Garcia Conde qui recevait du colonel José 
Barreiro l'assurance de l'excellent esprit qui animait la gar- 
nison. 

Minuit allait sonner. Vêlez, arrivé près du palais, simule 
l'ivresse, et est appréhendé par la police qui veut le con- 
duire en prison. 

Miramon s'approche, insinue aux agents que l'ivrogne est 
un officier de l'armée qu'il doivent conduire au poste militaire. 



36 MIGUEL MIRAMON 

Les gardiens obéissent et Vêlez, à peine entré an 
de garde, s'arme d'un pistolet et somme l'officier ( 
de remplir sa promesse. Celui-ci met son poste à la c 
tioo de l'audacieux Vêlez. 

Miramon avec ce faible appui se dirige vers les a] 
ment» du commandant de la place et lui ordonne sons p 
mort de lui livrer la garnison. Garcia Conde dut obéir, < 
dant que Miramon s'empare de la caserne, Yelez tr 
de la résistance auprès de Barreiro qui commandait le 
t&illon de ligne, le fait conduire sur une petite place, e 
de vouloir le fusiller. Cet officier, intimidé, remet sa 
aux ordres des conjurés, et obtient sa liberté, 

M. Eugenio Barreiro, sachant ce qui se passait d 
place, se met à la tête de son régiment de cavalerie t 
tite de la nuit pour s'enfuir vers Tesmeluia, où il ar 
lendemain matin. De ce point, il envoie un courrier à ( 
fort pour lui apprendre les étranges événements dont 
venait d'être le théâtre. En ce moment arrivait son 
José Barreiro avec le général Garcia Conde queMiramoi 
tait placer dans une diligence et diriger sur Mexico. 

Deux jours après, le général Joaquin Orihuela ar 
Puebla avec une petite troupe composée de 600 homme 
mit a la disposition des réactionnaires. Miramon s( 
ordres du général Orihuela organisa «ne défense sérieu 
contraignit Comonfort à envoyer une armée de 10,000 h 
sous les murs de Puebla. 

Cette armée fnt confiée au général Tomas Moreno, qi 
cha immédiatement sur la ville sans rencontrer d'obstat 
route, mais en arrivant devant la place, il y troui 
garnison de 2000 hommes secondée par une partie des 
tants, résolus à lui opposer une résistance acharnée. 

L'attaque commença bientôt sur la Concordîa. Miran 
cupait cet édifice et disputa le terrain avec son coura| 
bituel. Les troupes libérales ayant pénétré daus l'église 



RELIGION ET FUEROS 37 

mon, suivi d'une poignée de braves, s'établit dans le choeur, et 
la défense fut si rude que l'assaut et la prise de cette partie 
de l'édifice coûtèrent 600 hommes à Moreno,*y compris le ca- 
pitaine d'artillerie Manuel Lopez Bueno, officier fort estimé 
dans l'armée mexicaine. 

Nous citerons ici un acte de bravoure de Miramon, qui du 
reste ne surprendra pas ceux qui ont eu connaissance de l'ex- 
trême témérité du général. 

Au plus fort du combat et au moment où les troupes li- 
bérales cherchaient à enlever une barricade, le drapeau qui se 
trouvait sur celle-ci tomba la hampe brisée par la mitraille. 
Miramon donna des ordres pour qu'il fût remplacé, mais les 
soldats hésitèrent devant une mort presque certaine. 

Miramon s'élança alors sur le sommet de la barricade, et 
de ce point périlleux, commanda à un de ses officiers d'aller 
chercher le pavillon qui flottait loin de là sur le palais du 
gouvernement. Miramon, impassible au milieu des balles et 
le visage tourné vers l'ennemi, attendit le drapeau, qu'il planta 
de ses propres mains sur le point le plus élevé du retranchement. 

Puebla dut enfin succomber et se rendre après trente-deux 
jours de combats partiels.Miramon put sortir de la ville avec Ori- 
huela, mais ce dernier fut bientôt après capturé et fusillé par 
le général Pneblita à San Andrés Chalchicomula. 

Miramon ayant réuni une petite troupe de 80 cavaliers, se 
présente une nuit devant Toluca : il fait mettre pied à terre 
à une partie de ses soldats, et suivi de ceux-ci, de Manuel 
Ramirez Arellano et du commandant F. Vêlez, il pénètre 
grâce à l'obscurité dans la caserne, fait prisonnier un batail- 
lon qui y était logé, et l'amène avec lui. Aussitôt que le 
commandant de place Plutarco Gonzalez apprend ce hardi 
coup de main, il se met à la poursuite de Miramon. Celui-ci 
l'attend aux environs de Toluca et le bat à Vharienda de la 
Gabia. 

Miramon poursuit sa route vers Sultepec, village qu'il trouve 



38 MIGUEL MIRAMON 

fortement défendu et qu'il essaie d'enlever av« 
troupes qn'il a sons sa main; mais dans l'attaq 
veinent blessé à ,une jambe. On le conduit couch 
card jusqu'à l'hacienda de Atenco, où il est soign 
dans la crainte que sa présence ne soit signalée 
de l'État de Mexico. 

La blessure augmente de gravité; on est sur 
puter la jambe : le propriétaire de l'hacienda Jl 
vantes fait conduire le blessé à Mexico, au mi 
grandes difficultés, Grâce à des soins intelligent 
bientôt guéri et se dispose déjà à partir, lorsqu'i 
infidèle va le dénoncer à la police. Juan José Ba 
de Mexico, accourt chez Cervantes et se saisit 
qu'il fait enfermer dans un cachot 

Miramon était en prison depuis un mois, lors. 
moment où on relevait la garde il reconnaît 
d'escouade son ancienne ordonnance Trejo, qui j 
tinelle devant sa porte un nommé Ignacio Muci: 
poral du bataillon de Californie que le prisonni 
mandé autrefois. 

Ces deux hommes du peuple éprouvaient pou 
chef un attachement extraordinaire, et le lendei 
relevant la garde, Mucinos donna son uniforme 
Trejo l'ayant placé parmi ses hommes, le fait so 
Étant arrivé du côté de la " Acordada. „ Mira: 
squement des rangs et s'évade. Par une circonst 
le fugitif trouve au Faseo Nuevo son ami dévo 
Mora, riche propriétaire de la capitale, qui le 
son hacienda de Pablo del Medio, où Miramon i 
plètement la santé et bientôt on le voit partir 
de nouveaux éléments pour combattre le gouver 
monfort. 

Ayant réuni 200 chevaux, il marche à leur 1 
navaca, dont il s'empare. Il reçut en ces mon 



RELIGION ET FUEROS 39 



velle du coup d'État de Comonf ort, et du pronundamiento de 
Mexico. Ces graves événements l'obligèrent à se rendre à la 
oapitale de la République, où eurent lieu les faits dont nous 
.parlerons au prochain chapitre. 



<%*&— 



Chap. IV. 

Triomphe des conservateurs. 



Coup d Etat de Comonjort — Plan de Taciibaya — 
l'iwspkio de itobres et de l'Aœrdada — Entrée à A 
l'armée conservatrice — Reddition de Toluca — 1 
Salamanca — Capitulation de Romita — Emprison 
Juarez et de son ministère — Dangers qu'ils courent — 
— Mort de Manero — Mort a" Osollo — Son testament - 
de Carrelas — D'Atenquique — Prise de S. Louis-Poto 
daurri — d'Ahualulco — Attaque de Mexico par Bh 
est battu à HuicMlac — Mariage de Miramon — J 
Casanova à Cuevitas — Prise de Ouadalajara — 
des colonels Pielago et Monayo — Assassinat de Bh 
Miramon reprend Guadalajara — Bataille de Tonit 
nunciamiento de Mexico par Bobles — Nominatie 
ramon à la Présidence par les chefs prononcés — 
nonce — Décret de Zuloaga le nommant présiden 
de la République. 



En décembre 1857 M. Comonfort président de la B 
luttait contre l'influence des deux grands partis qui 
le Mexique et il se montrait au-dessous de la t&ch 
haute situation lui imposait. 

Voulant toar-à-tour satisfaire les deux camps, i 
les sympathies de l'un et de l'autre. Les libéraux 
qu'il penchait trop ouvertement du côté des consen 
les conservateurs se plaignaient amèrement des gaj 
donnait aux libéraux. Si les deux partis jugeaient dit! 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 41 



les sentiments politiques du président, ils s'accordaient pour 
reconnaître la versatilité de son caractère, la perfidie de 
quelques uns de ses actes et son insuffisance à remplir les 
devoirs de sa charge. 

Après avoir penché tantôt vers un parti, tantôt vers l'autre, 
Comonfort sur le conseil de son ministre des finances, Manuel 
Payno, prit une résolution extrême aboutissant à un coup d'Etat. 
Il s'agissait de convoquer une assemblée constituante où se 
trouveraient représentés tous les partis. Otte assemblée an- 
nulerait d'abord la constitution de 1857 et la modifierait en- 
suite dans un sens conservateur. 

On devait également procéder à la rédaction d'un concoi dat 
qui réglerait définitivement les rapports de l'État et du clergé. 
Ce plan fut secondé par M. Juan José Baz, gouverneur 
du district, qui se rendit immédiatement à Vera-Cruz afin de 
solliciter du gouverneur de cet État, M. Manuel Gutierrez 
Zamora, son adhésion au projet du président. 

Le général Félix Zuloaga était ami et même compadre l k Co- 
monfort. A la tête de 3000 hommes bien disciplinés il devait 
exécuter le pronunciamiento. Son quartier général se trouvait 
en proximité de la ville à Tacubaya, et c' est au nom du plan 
de Tacubaya que Comonfort fit dissoudre le congrès. 

M. Benito Juarez, président de la cour suprême de justice, 
qualifia de trahison l'acte de Comonfort, il protesta et dé- 
clara qu'il assumait le pouvoir en sa qualité de vice-pré 
aident de la République. Comonfort le fit emprisonner dans 
le palais même du gouvernement. 

Le 11 janvier 1858 le général Parra se souleva à Santo-Do- 
mingo au cri de Religion y fueros; et Comonfort voyant que 
ses projets, attaqués dans la capitale, n'étaient pas mieux ac- 
cueillis dans les provinces, se jeta dans les bras du parti 
libéral. 

1 Parrain de baptême de son fils. 



42 MIGUEL MIRAMON 



Le général Zuloaga ne voulut pas le suivre dans cette voie et 
se joignit à Parra; Miramon et Osollo, qui à la tête de quel- 
ques partisans combattaient dans l'intérieur du pays, furent 
appelés à Mexico. Anselmo de la Portilla décrit ainsi qu' il 
suit leur entrée à la capitale. 

Dans une de ces journées deux jeunes chevaliers au bril- 
lant aspect traversèrent au galop les rues de la ville, le pi- 
stolet au poing; ils passèrent près des lignes du gouverne- 
ment et ils s'arrêtèrent au couvent de Santo-Domingo pour 
se transporter ensuite à la Ciudadela. La foule les suivait et 
les acclamait et sur toute la ligne des pronunciados les cloches 
sonnèrent à toute volée en signe de réjouissance. Cette allé- 
gresse était justifiée, car les nouveaux arrivés étaient Osollo 
et Miramon, les plus vaillants champions de la révolution con- 
servatrice. 

Les pronunciados au nombre de 4,000 occupaient la cita- 
delle et les couvents de Santo-Domingo et Saint Agustin ; le 
gouvernement occupait les autres hauts de la ville avec 5000 
hommes environ et il fit élever des barricades dans les rues 
en même temps que le colonel d'artillerie M. Manuel Balleontin 
fortifiait YAeordada et Vhospicio de pobres situés à proxi- 
mité de la citadelle. M. Comonfort avait rendu la liberté à 
Juarez. Le parti libéral lui prêta son appui, car ce n'était 
plus le président, mais le pouvoir du parti libéral qui était 
en jeu. 

Avant d'ouvrir les hostilités, le Président voulut gagner les 
deux officiers Miramon et Osollo qui jouissaient déjà d' une 
grande renommée. Une commission composée de M. le licencié 
José Maria Lacunsa, Manuel Siliceo et Manuel Payno, s'a- 
dressa à eux afin de chercher à les attirer dans le camp li- 
béral. On allajusqu' à leur promettre le grade de général 
de brigade et un commandement dans l'armée active. 

Les colonels Miramon et Osollo reçurent les délégués de Co- 
monfort, mais ce ne fut que pour affirmer en leur présence les prin- 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 43 



cipes conservateurs dont ils défendaient si vaillamment la 
cause. La lutte ne tarda pas à s'engager. 

Miramon avec 1500 hommes sous ses ordres dirigea le feu 
de son artillerie sur YAcordada et Vhospicio de pobres, et 
après une canonnade de deux ^heures ayant réussi à ouvrir une 
brèche dans un des côtés de l'hospice, il s 1 y précipita à la 
tête de ses soldats sous une grêle de balles. 

Un terrible combat s'engagea corps à corps dans les cours 
et les escaliers de l'hospice, et Miramon ne s'en rendit maître 
qu' en éprouvant des pertes sensibles. Par un hasard miracu- 
leux il sortit sain et sauf de cette sanglante bagarre. 

Maître de l'hospice, il attaqua YAcordada où luttait vail- 
lamment le colonel Osollo contre Balleontin et il put s'e nem- 
parer tout en réussissant à empêcher la fuite des nombreux 
prisonniers pour délit de droit commun qui s'y trouvaient 
renfermés et qui auraient pu mettre à profit le désordre qui 
régnait à ce moment dans la ville pour la mettre au pillage. 

Le chef de la police, M. Porfirio Garcia de Léon, voulut se- 
courir la Acordada; mais Osollo s'étant porté au-devant de lui 

m 

le battit en retraite avec une précipitation qui produisit une 
terreur panique dans les rangs de ses soldats. 

La nuit était venue et les troupes du gouvernement la 
mirent à profit pour abandonner la ville. Le 21 janvier M. Co- 
monfort prenait le chemin de Vera-Cruz, où il arriva sans en- 
combre, grâce à la protection que lui accorda Osollo. k Vera- 
Cruz, Comonfort s'embarqua pour la Nouvelle-Orléans. 

Une assemblée de notables se réunit le 22 janvier à Me- 
xico et elle accorda le titre de président de la République au 
général Félix Zuloaga, qui prit possession de ce poste dans 
la journée même et dont le premier acte fut de nommer un mi- 
nistère composé d'hommes politiques notoirement conservateurs. 

L'entrée triomphale de l'armée victorieuse dans la ville de 
Mexico eut lieu le jour suivant au milieu d'un enthousiasme 
général. 



44 MIGUEL MIRAMON 




Les principes religieux, qui depuis des siècles et malgré Tin- 
dépendance formaient exclusivement le fond de l'éducation de 
toutes les classes de la société, n'avaient pu être déracinés 
en quelques années par les violentes attaques des libéraux. 
Les femmes surtout, passionnément attachées aux pratiques 
religieuses, firent un accueil enthousiaste à l'armée libératrice. 
Les fenêtres et les balcons étaient couverts de draperies comme 
aux jours des grandes solennités religieuses et les fleur» pou- 
vaient sous les pas des vainqueurs. Ce n'était sur le passage des 
troupes que des transports de joie et cris d'allégresse. 

La jeunesse des deux chefs conservateurs Osollo et Miramon, leur 
valeur incontestable, leurs brillantes campagnes, les actes de 
courage et de témérité dont ils se montraient prodigues, les 
coups de main audacieux dans une guerre de surprises fertile 
en incidents de toute sorte, les avaient rendus justement po- 
pulaires dans l'esprit d'un peuple naturellement ardent et amou- 
reux d'aventures. Ils furent les héros de cette journée et les 
acclamations qui s'élevaient jusqu'aux triomphateurs partaient 
non seulement du peuple mais encore des classes élevées de 
la société. Quelques dames allèrent jusqu'à jeter leurs man- 
tilles sous les pieds du cheval d'Osollo, et le brillant colonel 
abandonnant un instant sa monture ramassa lui-même les pré- 
cieux gages d'enthousiasme pour les remettre k leurs charman- 
tes propriétaires. 

Osollo avait 28 ans, il était de haute taille et blond. Il 
avait perdu le bras droit à la bataille de la Magdalena. 

Son instruction militaire était très étendue et maintes fois 
il fit preuve d'un caractère franc et généreux. Il fut toujours 
uu des plus fermes appuis du parti conservateur. 

Miramon n'était âgé alors que de 25 ans; il était détaille 
moyenne, brun; ses yeux noirs étaient remarquablement grands, 
et bien qu'il fût d'un caractère froid et très réservé, il ne re- 
cherchait pas moins la société des femmes auprès desquelles 
il se montrait empressé et galant. Malgré sa jeunesse il avait 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 45 



conquis tous les grades sur le champ de bataille, et dans ses 
combats il avait montré la fertilité de son esprit en expédients 
de tout genre et son aptitude innée pour l'art de la guerre. 
Osollo avait pour lui une grande amitié et estimait hautement 
ses qualités militaires II en donna ce jour même une preuve 
frappante. Le président Zuloaga l'ayant élevé au grade de 
général de brigade, il demanda de partager cette faveur avec 
Miramon, qui appelé au palais reçut également cette haute 
distinction. 

Ici se place un incident qui a trait à la vie intime de Mi- 
ramon, mais que nous ne saurions passer sous silence. Trois 
ans auparavant, Miguel Miramon, séduit par la beauté d'une 
jeune fille appartenant à une famille qui habitait la capitale, 
s'était montré fort assidu auprès d'elle et lui avait fait part 
de ses projets de mariage ; mais la jeune fille, en riant, lui 
avait dit, après avoir considéré le visage imberbe du jeune 
officier : " Vous repasserez quand vous serez général. 

Ces mots s'étaient gravés dans l'esprit de Miramon, et quel- 
ques instants après avoir été promu au grade de général de 
brigade, il sortait du palais et se dirigeait vers la maison 
qu' habitait M lle Conception Lombardo — c'était le nom de 
la jeune fille — et lui rappelant leur dernière entrevue il je- 
tait à ses pieds la faja (bande), insigne du grade quïl por- 
tait. La jeune fille surprise hésitait, mais sur les instances du 
général Osollo qui vint le soir même appuyer la demande de 
sou jeune compagnon d'armes, il fut décidé que les jeunes fiancés 
s'uniraient à la fin de la campagne que Miramon devait en- 
treprendre immédiatement dans l'intérieur du pays pour com- 
pléter et consolider la victoire des conservateurs. 

Le lendemain Miramon partait à la tête de 1500 hommes 
se rendant à Toluca où commandait le général D. Antonio 
Bamirez, dont les troupes abandonnant leur chef embrassèrent 
la cause conservatrice. 

Miramon revint à Mexico pour repartir presque aussitôt à 



46 MIGUEL MIRAMON 

la tête de la seconde division et attaquer les libéraux 
taient concentrés dans les États deQueretaro et de Gna 

Le général Louis Osollo avait le commandement t 
mais sa mauvaise santé ne lui permit d« rejoindre ] 
qu'à Queretaro. Delà ils marchèrent contre les troupes i 
qui étaient campées dans la plaine de Salamanca. Elle» 
commandées par le général D. Anastasio Parodi, officier i 
qui s'était distingué dans de nombreuses rencontres ; 
conservateurs. 

Salamanca est une ville de 16,000 habitante situt 
une plaine à 80 lieues au nord-ouest de Mexico et ; 
sud de Guanajuato. Sur sa droite s'élèvent des colli 
sont les contre-forts des montagnes au pied desquelles 
Guanajuato. (Voir carte N° 4). 

Parodi prit Salamanca pour base de ses opérations, il 
ses réserves ; quant à lui, comme nous l'avons dit, il 
ses troupes dans la plaine au sud de la ville, comptan 
fectif d'environ 6200 hommes et 24 pièces d'artillerie. 

L'armée conservatrice s'avançait par la route qui 
de Celaya à Salamanca et bientôt la guerrilla de Fi 
Rocha qui formait l'avant-garde arriva en présence 
nemi. 

Les troupes de Parodi formaient un carré dont un c 
mets s'appuyait sur Salamanca. Un des côtés de ce ea 
sant face aux collines, était commandé par Huerta; u: 
qui barrait !a route de Celaya avait à sa tête Doblado. 
deux autres qui s'appuyaient sur Salamanca étaient diri 
le général Parodi. 

Osollo, à la tête de 5200 hommes et 24 bouches à 
visa ses forces en trois colonnes: Mhamon commandai 
du centre, le général Manero la gauche et le général F) 
Casanova la droite. La cavalerie en réserve sous les or 
général Mejia occupait l'arrière -garde. 

L'action s'engagea sur toute la ligne: Miramon att 



* 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 47 



front de Doblado, Manero la droite de Parodi et Casanova oc- 
cupa les collines de face à Huerta. Les troupes libérales ayant 
tout intérêt a déloger Casanova des hauteurs dont il s'était 
emparé, l'attaquèrent avec une extrême vigueur et faillirent le 
rejeter dans la plaine. Miramon voyant le danger gui mena- 
çait la droite, sans interrompre son attaque, donna ordre au 
colonel Solis de courir avec le deuxième bataillon au secours 
de Casanova. 

Solis s'élança vers la hauteur il arrêta les fuyards et Tordre 
ayant été rétabli, Casanova put déployer ses troupes sur sa droite 
en tâchant d'envelopper l'ennemi. Le général Parodi, qui avait 
vu le désordre des troupes de Casanova et ensuite l'élan des 
siennes arrêté tout d'un coup par l'arrivée du bataillon de 
Solis, voulut tenter un coup décisif en ordonnant au colonel 
José Maria Calderon de charger à la tête de sa cavalerie. 

Calderon charge brillamment, mais Osollo voyant s'ébranler 
la cavalerie ennemie, ordonne à Mejia de contourner au galop 
les collines, et de la prendre par son flanc gauche. 

Quelques minutes après les deux cavaleries ennemies se ren- 
contrèrent. Mejia arrête celle de Calderon et un combat ter- 
rible et meurtrier s'engage corps à corps. Calderon, blessé à 
différentes reprises, tombe mortellement frappé, sa cavalerie 
se débande et au même moment les colonnes de Miramon et 
de Manero ayant culbuté les troupes qu'ils avaient combattues, 
se trouvent concentrées en un même point. 

L'armée libérale en complète déroute abandonna sur le 
champ de bataille un grand nombre de morts et de blessés, 
son artillerie et ses bagages. 

L'armée conservatrice eut à déplorer la perte du colonel 
Solis frappé en se portant au secours de la brigade Casanova. 
Osollo laissa à la cavalerie le soin de poursuivre les fuyards, 
et cette victoire fut si décisive que dans les conférences de Ro- 
mita qui suivirent, Parodi et Doblado déclarèrent abandonner au 
vainqueur leurs dernières ressources et se retirer à la vie privée. 



48 MIGUEL. MIRAMON 

Au lendemain de la bataille de Salamanca le général Osollo 
pleurait la mort d'un ami, le colonel Calderon. Bien que com- 
battant dans des camps opposés, les deux officiers se connais- 
saient intimement et avaient appris à s'estimer. 

Le colonel Calderon était un officier instruit et un soldat 
chevaleresque. Une de ses sœurs, mariée à M. Juan Harro 
Maldonado, ministre des finances de Zuloaga, lni avait écrit 
une lettre pressante pour le détourner du parti libéral. Cal- 
deron, qui ne manquait pas A'hunrmr, lui répondit, dans une 
lettre qui devait être la dernière, que " la consigne lui dé- 
fendait d'entretenir des relations avec l'ennemi. „ 

Osollo fit faire au colonel Calderon les funérailles dues an 
rang qu'il occupait dans l'armée et auxquelles il assista en 
personne. Au même moment Miramon conduisit aussi le deuil 
d'un ami, le colonel Solis. 

Pendant qu' Osollo et Miramon combattaient à Salamanca, 
.Tuarez s'était retiré à Guadalajara, ville située à 170 lieues 
de Mexico et qui pour sa population et sa richesse pouvait être 
considérée comme la seconde de la République. 

Faisant appel aux principes constitutionnels et en sa qua- 
lité de vice-président de la République, il avait assumé le pou- 
voir et se trouvait ainsi être sans conteste le chef reconnu du 
parti libéral. Il nomma un minisl 
le siège de son gouvernement. 

L'éclatante victoire de Salamat 
ment dans tout le pays et quand I 
l'État de Jalisco, le colonel libén 
taillon, se tourna vers le soleil It 
cause commune avec les conserva 
emprisonner Juarez et ses minîst; 
Refera l'ordre de les fusiller. L'offi 
mes du côté de la prison et pour 
il décida de procéder à l'exéeut 
prison même, qui n'était que le [ 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 4<J 

Ici se place un fait caractéristique qui dévoile l'état d'esprit 
de ces soldats. Enrôlés dans une guerre de partisans dont ils n'en- 
trevoyaient pas toujours exactement le but, sans opinions 
arrêtées et entraînés de vive force dans le tourbillon des 
«iombats, ces hommes se laissaient facilement guider par 
leurs sympathies, prêts à subir l'influence morale des chefs ca- 
pables de les entraîner. C'était le cas de quelques officiers 
comme Osollo et Miramon, qui avaient le don d'enthousiasmer 
leurs soldats. Dans l'incident qui va suivre cène fnt point un 
soldat, mais un civil, maître dans l'éloquence, poète ut littérateur 
distingué, M. Guillermo Prieto, qui apprenant que Juarez, ses mi- 
nistres et lui-même — M. G. Prieto était ministre des finances — 
allaient être, sur le champ, passés par les armes, marcha au- 
devant du peloton et harangua les soldats. Haut trouver des 
accents dignes des antiques tribuus du peuple qui dominaient 
les foules par leur parole enflammée, et le peloton d'exécution, sé- 
duit, et subjugué par l'éloquence de l'orateur, leva la crosse en l'air. 

Cet acte d'insubordination sauva la vie des prisonniers, car 
le général Osollo ayant donné l'ordre au colonel Landa de 
laisser la vie sauve à Juarez et à ses ministres, ceux-ci pu- 
rent se réfugier chez le consul de France qui, grâce à son 
influence, put obtenir quelques jours après que Juarez et les 
siens pprtissent de Guadalajara. 

Le général Osollo marcha sur cette ville en fractionnant les 
6000 hommes, qu'il avait sous ses ordres, en trois colonnes: 
une de 3000 hommes sous les ordres de Miramon prit gar- 
nison à Guadalajara, la deuxième de 1000 hommes sons les 
ordres du général Antonio Manero marcha sur Zacatecas, et lui- 
même avec les 2000 autres marcha sur Saint-Luis. Les trois 
villes que nous venons de citer forment uu angle, dout Zaca- 
tecas est le sommet, la distance de Zacatecas à Saint-Luis 
étant de 60 lieues et celle de S. Luis à Guadalajara de 100 en- 
viron. (Voir carte N* 9) 

Le 31 mai 1858 le général Manero fut attaqué par le gé- 
llBUON - 6 



50 MIGUEL MIRAMON 

lierai Juan Zuazua à la tète de 4000 hommes que le 
Santiago Vidaurri avait levés dans les Etats de Nue 
et Coahuila pour la défense des principes libéraux. Le 
Manero se fortifia dans le cerro de la Bufa.qm domin 
de Zacatecas et se défendit courageusement dans an 
qui ne dura pas moins de dix heures. Vaincu, il tomba 
voir du général Zuazua qui le fit fusiller immédiateme 
que le colonel Landa, les lieutenants colonels Gallardo « 
et le chef de division M. Annibal Drecbi. Le colone 
était celui qui deux mois auparavant avait em; 
Juarez. 

Ces exécutions causèrent une vive émotion dans 
conservateur, et le gouvernement de Zuloaga fit pro 

par son ministre de l'intérieur, M. Manuel Fern*ndez 

regui, la loi dite des conspirateurs, par laquelle tout officier li- 
béral tombant au pouvoir des troupes conservatrices devait 
être immédiatement passé par les armes. 

Le général Osollo apprit la défaite du général Manero à 
Saint-Luis Potosi ; il voulut marcher sur Zacatecas, mais frappé 
par la fièvre typhoïde il mourut lé 18 juin 1858. 

Cette perte fut vivement sentie par le parti conservateur; 
personnellement Osollo avait su se créer des symphaties dans 
tout le pays, et par ses hautes qualités militaires, son im- 
mense prestige et son dévouement à J» cause nn'ît défendait il 
était devenu le plus ferme soutien de 
sait un vide immense; et ses partisai 
jetèrent lès yeux sur Miramon, seul 
vaillant champion de l'idée conservât 

Les sentiments de douleur que fit 
troublèrent si fort les esprits, qu'un instJ 
soudaine avait été causée par le poil 

Le testament d'Osollo mérite d'êtn 
sèment de cet homme, qui aurait si 
tant d'autres s'il avait usé de l'influ 



J 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 51 



haute situation, démontre bien, chez ce jeune général, mort à 
l'âge de 28 ans, une probité scrupuleuse. 

Il laissait pour toute fortune trois chevaux, sa moutre et 
quelques vêtements ; il recommandait de payer avec l'allocation 
dn mois courant, qu'il n'avait point touché, cent piastres, prix 
d'un des chevaux qu'il avait acheté récemment. Il léguait à 
Miramon son épée et sa capote de campagne et le signalait 
au gouvernement général comme son successeur. 

Sur ces entrefaites B. Juaréz s'était embarqué dans un poil 
du Pacifique, avait gagné les Etats-Unis du Nord qu'il avait 
traversé et s'était rendu à Vera-Cruz où Gutiérrez Zamora, 
gouverneur de cet État, l'accueillit et où il établit le siège de 
son gouvernement. Il prétendait être président constitutionnel 
et légal de la République et contestait les pouvoirs du général 
Zuloaga qu'il jugeait illégitimes. De longues controverses ju- 
ridiques s'élevèrent sur le point de savoir lequel des deux pré- 
sidents in partïbus, qui régissaient les destinées du Mexique, 
était dans la légalité. Cette question fut passionnément débat- 
tue, sans toutefois donner aucun résultat pratique. 

Les pays qui entretenaient des rapports avec le Mexique re- 
connurent unanimement le gouvernement établi dans la capi- 
tale. Plus tard le cabinet de Washington modifia son opinion; 
Juarez lui donna des gages sur lesquels nous croyons ne pas 
devoir insister et il fut reconnu président de la république 
Mexicaine par le gouvernement de l'Union. 

Le général Zuazua vainqueur à Zacatecas, se dirigea vers 
S. Luis défendu par le général Calvo, qui fut battu par des trou- 
pes supérieures en nombre et abandonna la place. Zuazua y 
entra en vainqueur et y commit maints excès de pouvoir qui 
irritèrent la population. La chute de Zacatecas, les exécutions 
sommaires des officiers prisonniers, la mort d'Osollo et la perte 
de S. Luis causèrent une profonde émotion dans la capitale. 
On commençait à croire que l'on ne pourrait vaincre l'armée 
libérale qui dominait le nord du pays, et le découragement se 
fit sentir dans les rangs des conservateurs. 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 33 

Si les colonnes qui parcouraient l'intérieur du pays n'embar- 
rassaient pas leur marche par le transport des approvision- 
neme.its en vivres, il en était de même de beaucoup d'autres 
accessoires indispensables à une armée en campagne; les tentes 
étaient un luxe inconnu, point des chariots, de forgea, d'outils, 
et ce qui est plus encore, point d'ambulances. Le convoi se com- 
posait de quelques mulets chargés de munitions de guerre, suivis 
des femmes, compagnes dévouées des soldats, attachées à leurs 
pas et à leurs souffrances, dans les étapes d'une guerre sans fin. 

Si le sort du soldat était navrant, la tâche des officiers 
n'était pas moins ingrate, et les chefs supérieurs devaient dé- 
ployer la plus grande activité afin de maintenir l'ordre dans 
des masses incohérentes et d'éviter les désertions au cours des 
étapes et les jours de combat. 

Au moment où nous parlons, les conservateurs avaient à vain- 
cre d'autres difficultés ; ils étaient maîtres de l'intérieur du pays, 
mais les forts, les frontières et presque toutes les voies de 
communication avec l'étranger étaient au pouvoir de ses 
adversaires. Ceux-ci se fournissaient au dehors, aux États-Unis 
surtout, d'armes perfectionnées, tandis que les conservateurs 
ne possédaient qu'un armement vieux et disparate. 

Reprenons notre récit: 

Miramon reçut l'ordre de marcher sur S. Luis. Il laissa à 
Guadalajara le général Casanova à la tête de 1500 honftnes 
et il prit le chemin de S. Luis avec une division composée 
de 3000 hommes, pour aller à la rencontre du général Zuazua 
dont le prestige avait grandi à la suite des succès qu'il avait 
remporté sur les généraux Manero et Calvo. 

Non loin de S. Luis se trouve le col de Carretas ; Zuazua 
et Vidaurri avaïeut campé leur armée sur les hauteurs qui do- 
minent la route en cet endroit et leurs soldats s'embusquaient 
aisément derrière les nombreux cactus qui couvraient les ver- 
sants de la montagne, et qui s'étendaient des deux côtés, jusqu'à 
la route elle-même. 



54 MIGUEL MIRAMON 

Miramon fit halte ; une brigade sous les on 
Eligio Buelos prit possession sur la route avec 1 
confia la garde des munitions et des autres app 
de l'armée. Miramon se mit à la tête de deuï 
fanterie et muni de quelques pièces de monta 
hors de la route, tournant le flanc gauche de 1 
Un sanglant combat s'engagea, et lorsque M 
rapprocher du versant de la montagne, le gén 
porta en avant, suivant les ordres précis qu'il 
bien qu'en éprouvant des pertes sensibles il ré 
l'armée de Zuazua. La route était libre et M: 
entrée à S. Luis, où il fut chaleureusement i 
cause des sympathies que lui portait la popu 
ville, soit à cause des vexations dont elle avait é 
dant la courte domination du général Zuazua 

Sur ces entrefaîtes le général Santos Degollauo, un des cneta 
les plus actifs du parti libéral, avait réuni des troupes nom- 
breuses dans la région du sud de 1' État de Jalisco et dans 
le nord de l'État de Michoacan. H menaçait la ville de Gua- 
dalajara défendue par le général Casanova. 

Miramon reprit le chemin de cette ville et à son arrivée 
le général S. Degollado se retira en bon ordre et s'en alla 
camper sur un terrain des plus favorables à son ar 
Atenquique. Miramon marcha à sa poursuite, mais il 
rété parla position presque inexpugnable choisie par De 

T>' énormes barrancas' prennent naissance dans ces mon 
les plus importantes, celles d'Atenquiqne et de Beltran, « 
de 1700 mètres de profondeur. Aucune voiture ne p 
traverser ; les chemins étroits et rapides tracés sur lei 
sants ne sont praticables qu'aux bêtes de somma Les 1 
s'étaient établis en arriére de ces immenses tranchées, d 
Artillerie balayait facilement les bords opposés. Il eût 

1 Havins. 



<?<£?; 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 55 



prudent d'aborder cet obstacle de front. Aussi le général Mi- 
ramon, laissant une partie de sa colonne devant lesbarrancas 
pour occuper et surveiller l'adversaire, traversa pendant la nuit 
le rio Coahuanejo, dans lequel les barrancas viennent débou- 
cher, et faisant un grand détour sur sa gauche, il suivit un 
chemin de montagne par lequel il pouvait, d'après les circon- 
stances, soit prendre la position à revers, soit marcher directe- 
ment sur Colima. A l'aube, il tombait sur l'arrière-garde de 
Degollado, qui surprise et sans défense de ce côté fut mise en 
complète déroute, entraînant la perte de l'armée libérale. 

Miramon revint à Guadatyjara, où il apprit que le général 
Santiago Vidaurri à la tête de 6000 hommes se dirigeait 
des États de Nuevo Léon vers S. Luis Potosi défendu 
par des troupes insuffisantes sous les ordres du général Ma- 
nuel Fernandez. 

Miramon marche sur Guanajuato, où le gouvernement lui 
envoie une somme d'argent et 2,000 hommes de troupes com- 
mandés par les généraux Marquez et Mejia. Mais le général 
Fernandez menacé à S. Luis abandonna cette place et se re- 
tira en bon ordre sur Guanajuato. 

Deux lettres adressées par Miramon à M"° Concepcion Lom- 
bardo donneront une idée exacte de la situation qui était faite 
au jeune général. Dans la première de ces missives datée deGua- 
najato le 12 août 1858, il s'exprime ainsi : * Je te parlerai de 
politique; je suis arrivé sans encombre, mes troupes s'élèvent 
à 4,000 hommes, elles se sont reposées et je n'attends que 
l'arrivée de Marquez avec 1200 hommes et celle de Mejia avec 
800 hommes pour marcher immédiatement à l'ennemi. Je te 
tiendrai au courant de ce qui se passera, afin que tu ne sois 
pas inquiète et surtout ne fais aucun cas des racontars 
rapportant qu'on me tue, qu'on me blesse ou que l'on me bat. , 

Le 25 août 1858 il écrivait ce qui suit : " J'ai une foi aveugle 
dans le triomphe de mes troupes sur celles du nord; mais 
malgré cette confiance demande au ciel qu'il m'inspire, qu'il 



56 MIGUEL MIRAMON 

donne le courte à mes troupes et qu'il épargne la vie 
que j'aime. , 

Deux autres lettres révèlent les sentiments intimes 
néral Miramon et noua croyons devoir en donner les ■ 

suivants : " Queretaro, 31 août 1858 Puisqu'il te | 

savoir ce qui se passe ici en fait de politique ou pi 
fait d'événements militaires, je te le ferai connaître. I 
pour le moment de prendre S. Luis occupé par l'enne 
d'après l'avis de quelques personnes défendra cette ] 
tout prix avec 7000 hommes et 42 pièces d'artillerie ; i 
disent 5000 hommes et 38 pièces ; quoiqu'il en soit, je 
mets de t'écrire de S. Luis le 15 du mois prochain et 
engageons la bataille je vaincrai probablement, car je 
sur 5500 bons soldats et 37 excellentes pièces d'artill 

" Je n'ai pas d'inquiétude an sujet de la campagne, 
crois que la victoire est avec nous, mais nous n'en dei 
moins demander a Dieu de m'inspirer pour conduire he 
meut mes opérations et pour terminer la guerre dt 
régions. „ 

Le 12 septembre 1858 il écrivait: 

" Je remplis ma promesse en t'écrivant avant le i 
mois de la ville de S. Luis Potosi et j'ai le regret de 
que Vidaurri a battu en retraite, mettant entre mes trc 
les siennes une distance de 20 lieues. Cependant si 
escompter aujourd'hui quelques traites sur Guanajuatt 
huit jours je battrai Vidaurri, ou bien j'occuperai Za> 
J'ai également le regret de l'annoncer que la fortune 
n'accompagner que moi, car tu ne peux ignorer les évéi 
à Tampico, Àguas-Calientes et HQachinango ; et comm 
puis être partout, je crains, à la longue, de me la 
d'avoir à prendre la résolution de quitter ce pays. J< 
connaître ton opinion, dont je fais le plus grand cas: 
que je puis compter sur ton aflection et ce que tu me 
leras sera dicté pour mon bonheur. „ 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 57 

yant {ait son entrée à San-Luis, Vidaurri se retira 
le Zacatecas et il se fortifia dans les montagnes 
> près du village de ce nom. (Voir carte N° 5). Il 
agné de quelques chefs supérieurs, comme Sayas, 
igoza, Quiroga et Ârrambéri. De son côté l'armée 
i comptait parmi les siens Marquez, Mejia, Yelez 
a Vega. 

[ue Miramon eut obtenu les ressources pécuniaires 
ient défaut, il se mit à la poursuite de Yidaurri. 
25 septembre en face d'Ahualulcn, mais un épais 
mpëcha l'attaque dans cette journée ; Miramon 

d'accord avec es généraux, d'attaquer l'ennemi de 
comprenant les dangers de cette opération il en- 
loration le colonel Felipe Chacon qui découvrit 
rable au passage des troupes pour l'attaque du 

de l'ennemi en remontant jusqu'à Bocas. On ré- 
«r l'attaque de ce côté et le général Marquez fut 
stte manœuvre ; il avait sons ses ordres 3000 hom- 
dés par les colonels Manuel Diaz de la. Vega et 
, cavalerie était sons les ordres de Mejia secondé 
iels Chacon et Barroso. 
«uma la gauche de l'ennemi, tandis que Miramon 

centre; et après trois heures d'un combat très 
re se déclara du côté des conservateurs, 
écrivait d'Ahualulcn le 30 septembre 1858: 
ec le pins grand plaisir que je t'annonce qn' hier, 
e anniversaire de ma naissance, j'ai complètement 
urri et son armée composée de 5000 hommes et 
s d'artillerie. Il m'attendait dans les formidables 

se trouvent anx environs dn village d'Ahualulco. 
i été acharnée, notre triomphe complet et l'ennemi 
lotre pouvoir ses 23 pièces d'artillerie, 130 cha- 
ï de munition, d'armes, d'effets, d'habillement et 
>visionnements qu'il avait pris à S. Luis. 



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58 



MIGUEL MIRAMON 






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tt 11 a laissé sur le champ de bataille 400 morts, un grand 
nombre de blessés et nous lui avons fait 100 prisonniers. Les 
chefs ont pu se sauver et seuls les malheureux soldats sont re- 
stés sur le champ de bataille. Nous avons perdu le colonel 
BaiToso frappé mortellement ; le général Mejia, le colonel Vê- 
lez, le lieutenant colonel Inguanzo et le commandant Villasana 
ont été blessés; 22 autres chefs ont été tués ou blessés. Les gé- 
néraux, officiers et soldats se sont hier très bien battus et ils 
ont voulu fêter mon anniversaire en me faisant hommage 
des canons et chariots pris à l'ennemi. 

* Le défaut de ressources m'oblige à retourner à 8. Luis 
et de là je marcherai sur Zacatecas. „ 

Miramon envoya à Mexico son secrétaire M. le colonel An- 
tonio Ayes Teran, afin de renseigner le gouvernement sur la 
situation pécuniaire de l'armée en lui indiquant qu'il ne pou- 
vait se mouvoir et occuper les États du Nord où le général 
Vidaurri jouissait d'une certaine influence. 

Au moment où le colonel Ayes Teran arrivait à Mexico, 
cette ville était menacée par le général Miguel Blanco, qui 
faillit s'en emparer dans la journée du 15 octobre. 

Le gouvernement conservateur n'avait connu la présence 
du général Miguel Blanco aux environs de la ville, à Tacu- 
baya, qu'au moment où les libéraux attaquaient Chapultepec. 
Les élèves de l'école militaire se rangèrent sur la chaussée 
de la Veronica et ils arrêtèrent la colonne de M. Blanco. 

Le général Luis Perez Gomez se porta à leur secours avec 
un millier d'hojimes qui se comportait vaillamment au feu 
ce qui n'empêcha pas le générai Perez Gomez de fuir honteu- 
sement et de rentrer dans les rues de Mexico au grand galop 
de son cheval. Cependant M. Blanco fit halte à Chapultepec 
et il fit occuper par le général José Justo Alvarez le couvent 
de S. Pablo situé au sud de Mexico. 

Le générai Miguel Pina, nommé pour remplacer le général 
Perez Gomez, attaqua dans l'après-midi le couvent de S. Pa- 



RIOMPHE DES CONSERVATEURS 59 

la Merced dont s'était emparé, avec quelques 
e homme, M. Daniel Traconis. Alvarez et Tra- 
loussés, et le général Blanco, désespérant de 

capitale, battit en retraite par le chemin du 
iar M. Pina qui l'atteignit à Huich'Iaque, où 
mbat de peu d'importance : l'avantage y resta 
guel Pina. 

Dlanco s'était présenté aux portes de la capi- 
eraent avait télégraphié à Miramon, qui prit 
le chemin de Mexico. 

t séparé de Mexico par une distance de 130 
imon franchit en 60 heures, marchant nuit et 
e accompagné de son Etal-major armé de ri- 
vée à Mexico tout danger avait disparu ; Mi- 

par le gouvernement avec de hautes marques 
til mit à profit son court séjour à Mexico pour 

Conception Lombardo. M. Zuloaga, président 
le, et M™' Zuloaga furent les témoins de Mi- 
nés son mariage, le jeune général reprit le che- 
. où il apprit que le général Casanova avait été 
.s malgré une brillante charge de cavalerie con- 
léral Herran, qui reçut cinq blessures et réus- 

d'une batterie ennemie. 

rai Casanova rit sonner la retraite. G-uadala- 
;iège de quelque jour tomba au pouvoir du gé- 
, qui fit étrangler, ahorcar, sur la place pu- 
iels Pielago et Molayo. 

osé M. Blancarte tut assassiné par le colonel 
nio Rojas, qui prit la fuite et que Degollado 
dres de l'armée. 

rit la route de Guadalajara; il quitta San- 
sa sa jeune femme; la place restait soua les 
-al F. Vêlez. 



60 MIGUEL MIRAMON 

Guadalajara est défendue au nord par une 
protège contre tonte attaque venant de ce côté 
une seule voie de communication, le pont de 
Degollado mit en état de défense. Miramon ne 
taque de ce côté, il St chercher un gué et l'aj 
loin de là, toute l'armée y passa, le général M< 
Degollado voulut l'arrêter à Atequizii, mais il 
Miramon entra à G-uadalajara. 

Là; il apprit, que plusieurs chefs, Ogazon, Ce 
ras Medellin, avaient levé des troupes et qu'ils 
à quitter le sud de l'Etat de Jalisco pour se po 
du général Degollado ; il marcha à leur rencon 
à S. Joaquin. 

Le 14 décembre 1858 il écrivait àM"' Miram 
" Hacienda de Atequiza. Noua nons sommes ba 
heures du matin jusqu'à trois heures de l'après 
vant l'ennemi depuis le village de Pozittan jusqu' 
L'ennemi a perdu dans sa retraite 2000 homi 
a00 morts et blessés, quatre pièces d'artillerie, 
et des fusils. 

" J'ai dû faire halte, mes troupes étant trop f; 
muuitions n'ayant pas encore été transportées de i 
vière. Demain je continuerai la poursuite et a] 
reviendrai à Gtuadalajara. „ 

Le surlendemain il écrivait: 

" Guadalajara, 16 décembre 18-58. J'ai cour 
trajet de 48 lieues, car je suis sorti de Tonila ; 
dans cette ville sans encombre et en ce momen 
matin, je suis réveillé par les salves de mousq 
tards, le bruit des cloches, les musiques, les < 
clamations des habitants de Guadalajara, qui 
trée d'hier soir, et le triomphe complet remporl 
pes de Degollado et de ses compagnons qui 
abandonné 28 canons, 500 prisonniers, 800 ft 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 61 

ions, deux drapeaux, et qui ont perdu beaucoup d'how- 
s ou blessés. Parmi les premiers on compte un co- 

appartenait à l'armée, un lieutenant colonel, secré- 
général Colima, et quelques autres commandants et 
oot, j'ignore les noms, ta sais que je ne sais pas curieux. 
i ces jours de combats, je te dirai, mais ne crains rien, 
rnier m'a coûté fort cher ; j'ai reçu une balle dans 
gauche, qnatre doigts au-dessous de l'aine; le coup 
lent, que j'ai cru que j'avais la cuisse brisée; mais 
e fortune et surtout la providence ont permis que 
rappât le bouton d'argent de la poche de la chapar- 
; cela, ajouté à l'épaisseur du cuir, a fait que la force 
e tût amortie et qu'elle ne m'occasionnât qu'une forte 

dont je suis complètement guéri comme tu pourras 
mr la chevauchée d'hier — 32 lieues — et le reste en 

en terminer avec ce qui se rapporte à la campagne, 
A que l'expédition a duré un mois, je n'ai pas perdu 
nés tant tués que blessés ou disparus, nous avons 

nos cadres et je compte sur 3500 fantassins, 1500 
et 500 artilleurs avec 60 canons. 
îu deux généraux blessés, Cobos et Manuel Vega, ainsi 
lonel Ayes Teran, le lieutenant colonel Bulnes, et 18 
iciers ; les officiers tués sont au nombre de sept, tous 
es. „ 

mite de ces événements, Miramon se dirigea avec 
îmes sur l'État de Colima. 

avoir traversé les ravins d'Atenquique, il rencontra 
bérale en position sur des hauteurs considérables, 
ied est baigné par un torrent, qui grossi par les 
rentielles des tropiques, était difficile à franchir. 
i libérale, commandée par Degollado, Rocha et Ches- 

en cair en nuage su Mexique pour monter à cher al. 



7>' 62 MIGUEL MIRAMON 

£ ■ __ __ . _ 

.«; 

£ nam comptait 7,000 hommes et 40 bouches & feu ; 

?' pait Tenexcamilpam,El Conejo et le village de S. J 

ljj_ -, Miramon, fit occuper les débouchés des ravins af 

t. per la retraite de l'ennemi et forma en bataille de 

t- positions. 

jjv An milieu de la nuit du 25 décembre 1858, il fit 

|V un radeau au moyen du quel, il put traverser le t 

|- un point appelé los Novillos. 

| Par cette manœuvre, il avait tourné l'ennemi et 

|.-' main matin, celui-ci surpris à l'arrière-garde et troav 

£.' les issues fermées, dut mettre bas les armes. 

|p A la suite de cette victoire, il occupa les ports du 

K- et fit retour à Guadalajara. 

tjj'. Quand le gouvernement conservateur apprit le rt 

fi- la campagne de Miramon, il lui décerna le titre de f 

U division. 

* Mais la révolution étoufiée d'un côté renaissait a 

ij, portant indifféremment sur tous les points de la U( 

et un événement se produisit qui devait grandemen 
V la situation de Miramon. 

Un bataillon en garnison à Mexico et qui occupa 
vent de S. Agustin se révolta avec son chef le col 
nuel G-ttal contre Zuloaga. Le mouvement insurrectionnel 
gea dans les rangs d'autres bataillons de la ville sons les 
général Manuel RoblesPezuela. De son côté le génén 
de l'armée d'orient M. Miguel Eehagaray leva l'étend 
révolte dans le village d'Ayutla. 

Nous devons rappeler ici un fait important, qui ] 
sortie de Miramon. Degollado avant de quitter Gu 
avait miné le palais gouvernemental, garnissant c 
quelques parties de l'édifice. Deux jours après une 
explosion éclatait ; une partie dn palais fut détruite 
railles tombèrent, les toits s'effondrèrent et le nombre 
mes fut considérable. Miramon et Marquez se sain 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 63 

cette catastrophe en descendant d'une fenêtre au moyen d'une 
corde. 

Parmi les morts on retrouva le cadavre dn licencié Escoto, 
père de Joaqnin Escoto qui plus tard tut assesseur et en 
cette qualité condamna Miramon à la peine de mort. Le père 
de Joaqnin Escoto était lié d'amitié avec Miramon, qui en dif- 
férentes occasions put lui rendre des services qui dans la suite 
furent oubliés par son fils. 

Parmi les blessés se trouvait le lieutenant-colonel Luis Al- 
varez, aide de camp de Miramon, qui ne se remit que long- 
temps après dea cruelles blessures qu'il reçut dans cette journée. 

Le général Robles Pezuela appartenait au parti modéré; il 
revenait des États-Unis, où il avait rempli avec succès une mis- 
sion diplomatique auprès du gouvernement de ce pays ; depuis 
son retour il n'avait pas repris le service sous l'administration 
de Zuloaga. Robles Pezuela était originaiiA de Guanajuato; 
fort jeune il était venu à Mexico, où il suivit les cours de 
l'école des mines jusqu'au moment où il fut nommé ingénieur. 
Entré dans l'état-major de l'armée, il s'était fait remarquer par 
son instruction et lors de l'invasion des Nord-américains il se 
battit vaillamment à Vei a-Cruz. Lorsque cette place capitula, tous 
les chefs et officiers devaient jurer qu'ils ne reprendraient plus 
les armes contre l'année de l'invasion à l'exception de deux chefs 
par grade, et Robles demanda d'être classé parmi ces derniers. 
Ayant pu quitter Vera-Cruz, il se présenta à Santa-Ana, qui 
lui fit fortifier Cerrogordo tont en repoussant l'idée de Robles 
qui voulait également fortifier la montagne du Telegrafo; ce 
dernier point fut, en effet, occupé par les Nord-américains et 
leur donna la victoire. 

Robles se rendit alors à Mexico, qu'il fortifia habilement; et 
quand la guerre civile recommença, il se trouva sous les ordres 
du général Bustamente à l'attaque de Guanajuato défendu par 
t<i général Mariano Parades, et la ville fu prise grâce à la sa- 
vante direction que Robles sut imprimer à l'attaque. 



04 MIGUEL MIRAMON 

Robles n'était encore que lieutenant-colonel loraq 
néral Arista le nomma ministre de la guerre, il pri 
le commandement du corps du général Minon 
rait contre G-uadalajara. 

Plus tard Robles fut l'auteur des conférences de Àrr 
qui enlevèrent à Uraga ses prétentions à la préside 
République et sous l'administration du général Coin 
représenta le Mexique auprès du gouvernement des É 

Robles était un homme de haute valeur et d'une 
struction; ingénieur distingué, soldat émérite, il av 
coup voyagé et parlait plusieurs langues. Il était 
moyenne, très obèse, de manières fort avenantes, très 
dans ses dépenses. 

Tel était l'homme qui levait une troisième bannit 

Zuloaga pouvait combattre; il ne voulut point 1< 
se démit de la haute charge qu'il remplissait, eonflam 
le pouvoir exécutif. 

Le général Robles convoca une assemblée de not 
l'auraient élu président si les dépêches officielles des 
de Miramon n'étaient arrivées ce jour même à Mes 
créèrent un courant d'opinion tellement favorable 
général, que les notables l'élurent président de la Ri 

Robles fit un choix de personnes amies à Mîramoi 
forma une commission, à la tête de laquelle se tronvaie 
dro Diaz et le général Casanova, chargée d'annonce 
lement au jeune général son élection a. la première 
ture du pays. 

Miramon fit à Guadalajara le meilleur accueil à la 
sion qui lui était envoyée, mais il ne voulut point 
encore la nomination à la présidence, gardant à 
la plus grande réserve. Il ordonna que le 2*"* et i' 
Ion, sous les ordres de ses deux frères cadets M 
Carlos, prissent la route de la capitale et lui-même 
pas a les suivre. 



TRIOMPHE DES CONSERVATEURS 65 

au village de Tlanepantla, il eut une entrevue 
t en sa qualité de général eu chef de l'armée 
a de président, Miramon fit remettre le pouvoir 
. général Zuloaga, déclarant qu'il ne voulait pas 
immandement suprême de la République à la suite 
nt militaire. 

rit le pouvoir, mais dix jours après il nomma 
ident substitut de la République et se retira à 

>nta alors au fauteuil présidentiel. 



-9Wtt- 



Chap. V. 

Présidence du génén 

Formation du Cabinet — Choix des ckt 
pagne de Ver a-Crue — Attaque de 
Cobos — Combat de la Sole/lad — 
vont Vera-Cruz — Retraite de Vert 
Cumbres d'Acultzingo — Siège de 2 
avril — Bataille de Taaihaya — i 
bïlité de ces odes — Modifications à 
y Pesa — Prise de 60,000 piastres 
tutùm de ce chef — Bataille de la j 
Campagne du sud de Jalisco. 

Miramon ayant été nommé présiden 
blique par le décret de Zuloaga dont 
son premier acte fnt de nommer un mil 
de Bonil'a fat appelé ans affaires étra 
rainzar a la justice ; M. Octaviano Mi 
publics ; M. le licencié Teofilo Marin à 
Zagaceta aux finances ; le ministère 
au général Severo del Castillo. 

Presque tous les nouveaux ministre 
modéré, sauf cependant MM. Bonillaet I 
intransigeants ; ils appartenaient tous 
la capitale et leur honorabilité était ui 

M. Mtmoz Ledo avait été gouvernei 
juato sons le gouvernement libéral du 
et il était renommé comme avocat et 



RÉSIDENCE DU GENERAL MIRAMON 67 

tfarin faisait son entrée dans le monde politique, 
fait connaître avantageusement dans la magi- 
i droiture et la fermeté de son caractère s'étaient 
signalant à Hiramon pour le poste difficile qu'il 

Zagaceta était un avocat très répandu à Mexico 
d'une grande fortune qu'il sacrifia en partie dans 
occupa. Le cas mérite d'être signalé. 
al Severo del Castillo était un officier distingué, 
mce et possédant une vaste instruction militaire; 
it cependant un homme d'initiative et il fut 
sureox dans les campagnes où il commandait 

s s'entourer alors d'un cercle d'officiers supérieurs, 
ses n'avaient pas été appréciés par le gouverne- 
ra] Zuloaga et qni cependant auraient pu relever 
parti conservateur. 

îs le général Antonio Corona, officier d'artillerie 
)mmé dans l'armée ; il avait été éloigné et même 
rritoire de la république par le général Zuloaga. 
Miramon fut maître du pouvoir, il le fit appeler 
i commandement de la place de Mexico ainsi que 
nverneur du district fédéral. 
Adrien Woll, soldat heureux et doué de grandes 
maires, reçut le commandement d'une division 
gir dans les États de S. Luis, Guanajuato 
;ette époque le général Woll était âgé de 75 ans ; 
aise, il avait assisté comme soldat à la bataille 
En 1815 îl s'enrôla sous les ordres du général 
ui mourut en défendant l'indépendance du Mé- 
fait combattu sur tous les champs de bataille de 
et après une longue carrière il était arrivé au 
rai de division ; très sincère dans ses convic- 
l'une grande franchise lorsqu'on le consultait sur 



68 MIGUEL MIRAMON 

des questions militaires. En 1838, quand l'escadre français 
mandée par le prince de Joinville arriva dans les eanx de 
Cruz, Woll renonça aux privilèges de son grade et ref 
prendre part à la lutte qui allait s'engager entre sa 
d'origine et sa patrie d'adoption. 

Le général Manuel Robles Pezaela fit également par 
groupe dont Miramon crut devoir s'entonrer ; et ces nomin 
qni étaient l'expression d'une politique modérée, ne fureu 
du goût du parti conservateur intransigeant et notamm 
clergé, éminemment influent à cette époque, qui se pif 
d'être tenu à l'écart dans la nouvelle combinaison minis' 
où il aurait voulu voir figurer qnelques-nns des siens, 
le père Javier Miranda, représentant fidèle à ce mome 
doctrines intransigeantes du parti clérical. Aussi les pr 
actes de Miramon furent-ils critiqués par une fraction di 
conservateur et les mécontents jetèrent les yeux sur 
néral Leonardo Marquez. 

Celui-ci venait d'être investi par le général Miram 
commandement en chef de l'armée du nord, dont le q 
général était à Guadalajara. 

Miramon ayant fermé son ministère, se consacra tout 
aux préparatifs de la campagne qui avait Veia-Cnii 
objectif. Il n'y avait pas de temps à perdre; le vomito 
règne à Vera-Cruz et aux environs pendant la saison d 
mars à septembre, et ce terrible fléau décimait les arm 
descendaient des hauts plateaux. Il fallait donc mettre i 
la saison d'hiver pour pousser vigoureusement la eau 
Zagaceta put obtenir du clergé les ressources suffisant* 
entreprendre cette expédition, sous la condition expresse ■ 
ne devaient être employées que dans cette campagne, bit 
eût été préférable d'étouffer la rébellion dans l'État de 1 
eau. foyer où la guerre se rallumait constammen 
s'étendre aux pays limitrophes et tenir en échec les l 
des États de Queretare, Guanajuato et Mexico ; mais bc 



PRÉSIDENCE DU GENERAL MIRAMON 69 

pensaient alors que Vera-Cruz était le dernier rempart du parti 
libéral et ils croyaient qu'il fallait le vaincre sur ce point. 

i 

Miramon forma à Mexico une division sous les ordres du 
général F. Casanova ; elle fut composée en partie des batail- 
lons qui avaient pris part au pronunciamiento de Navidad contre 
Zuloaga, ainsi que des troupes de Jalapa, Cordova et Orizaba, 
qui se trouvaient aux ordres du général Echegaray; ce der- 
nier, auteur du pronunciamiento d'Ayutla, dut céder le com- 
mandement de ses troupes au général Miguel Negrete, qui 
demeura à la tête de cette division jusqu'à l'arrivée de Mira 
mon à Orizaba. 

L'armée conservatrice se composait de 7,000 hommes avec 
40 pièces d'artillerie ; elle se mit en marche sur Vera-Cruz, ne 
trouvant d'abord d'autres obstacles que ceux que présente un 
terrain fort accidenté. 

Pendant cette marche, le général Miramon se mit en devoir 
de déloger du village de Huatuzco les forces libérales qui s'y 
étaient établies dans une position avantageuse. 

A cet effet, il disposa que la brigade Oronoz prît l'ennemi 
sur la droite en traversant la rivière de los Micos, pendant 
que le général Cobos l'attaquerait sur la gauche et lui-même 
prenant le chemin le plus court se présenterait sur son centre. 

Oronoz exécuta ponctuellement les ordres qu'il avait reçu 
du quartier général. Ayant traversé au gué la rivière de los 
Micos, il battit l'aile droite de l'ennemi. 

Mais Cobos précipita son attaque contre les troupes de Millan, 
Diaz Ordaz etLlave, qui devait avoir lieu simultanément à 
celle que Miramon devait diriger personnellement sur le centre 
de l'ennemi ; cette imprudence lui coûta d'être repoussé avec 
une perte de 200 hommes et 4 canons. 

Dès que l'on apprit cet échec au quartier général de Cor- 
dova, Miramon donna des ordres pour que Oronoz repassât im- 
médiatement los Micos et fît sa jonction avec le corps d'armée. 

Il fit soutenir Cobos par la brigade Escobar de la division 



70 MIGUEL MIRAMON 

Casanova et chargea ce dernier d'exécuter l'opération d 
quelle Cobos s avait échoaé. Les troupes Libérales, dès q 
eurent connaissance de ces mesures, battirent en retra 
bon ordre sur la Soledad. où elles se disposèrent à re 
l'attaque de l'armée de Miramon. 

En cet endroit l'ennemi avait pris position sur les bo 
la rivière qui coule non loin du village. 

Le pont unique qui traverse la rivière avait été t 
par les libéraux. 

Miramon conduisit l'attaque avec la 1*™ division de sor 
d'armée et il remporta facilement la victoire prenant à l'e 
quatre canons, des armes et quelques prisonniers. 

Poursuivant son chemin, il arriva sans encombre soi 
mura de Vera-Cruz vers le milieu du mois de mars 
et bien que l'artillerie de siège lui lit défaut, il invtf 
place, se préparant à tenter un assaut. 

Vera-Cruz est une place forte de quelque importance en 
de murailles et flanquée de bastions du côté de ten 
côté de la mer elle est protégée par le château de Sai 
de Ulua, qui se dresse sur un îlot à nn mille environ 
place qu'il domine complètement. Ce château était, en 
temps qu'un bagne, une forteresse armée de canons de 80 e 
on ne pouvait tenter l'attaque que secondé par une force t 

De plus, Vera-Cruz avait été mise en état de défense 
ouvrages de fortification avaient été complétés habileme 
les soins des généraux libéraux, Pedro Ampudia et I 
Iglesias. 

La mauvaise saison ne tarda pas à faire sentir ses 
sur l'armée de Miramon. qui craignant le caractère épidé 
du vomito negro et qui apprenant d'autre part que le g 
Degollado menaçait la capitale, où le général Corona i 
que des troupes insuffisantes, dut aussitôt lever le sièg 

Il reprit le chemin de Mexico et se vit arrêté à Acul 
par les troupes dn général P. Ampudia. 



PRÉSIDENCE DU GENERAL MIRAMON 71 

Les Cumhrcs d'AcuItzing© forment une partie du soubase- 
inent du plateau de l'Anahuac. Ce sont deux épaisses mu- 
Tailles presque verticales, séparées par une étroite vallée, qui 
s'étend du nord au sud et débouche sur Teauacan. 

C'est sur cette forte position presqu'impossible à tourner, 
-que ie général Ampudia attendait l'armée de Miramon. Il avait 
environ 4000 hommes. 

Malgré la difficulté, Miramon chargea le général Bobles Pe- 
zaela de tourner la gauche de. l'ennemi en prenant un chemin 
de montagne et de tomber sur son arrière-garde. 

Le général Robles exécuta fort heureusement cette opéra- 
tion et Miramon lui confia 4000 hommes qni devaient prendre 
leurs quartiers dans les villes de Jalapj, CordovaetOrizaba. 

Il continua sa route avec le restant de ses troupes et 
atteignit Puebla. La il prit la diligence avec son état-major 
et traversant une région infestée de bandes ennemies il arriva 
a Mexico le 11 avril 1859 à 11 heures du matin. 

Pendant que Miramon procédait au siège de Vera-Oruz, le 
général Degollado avec une activité remarquable avait levé 
6000 hommes de troupes dans l'État de Michoacan et tra- 
versant les États de G-uanajuato et de Queretaro il se dirigea 
vers la capitale. 

Le général Gregorio Callejo quitta San Lnis à la tète de 
1600 hommes et se porta à la rencontre du général Degollado. 
A San Juan del Rio, Callejo s'unit au général Mejia qui avait 
2000 hommes sons ses ordres, et arrivé près de l'hacienda de 
■Calamanda la bataille s'engagea. Mejia commandait la droite 
de l'armée conservatrice; il attaqua le général D. José 
Maria Arteaga. s'empara de deux pièces d'artillerie et lui fit 
■quelques prisonniers ; mais le centre et l'aile gauche des con- 
servateurs, commandés par Callejo, furent tenns en échec par 
l'armée de Degollado*. Après un combat sans résultat, sauf les 
pertes sensibles qu'éprouvèrent les deux armées, elles prirent 
l'une et l'autre le chemin de la capitale par des routes différentes 



72 MIGUEL MIRAMON 

et tandis que Degollado arrivait a Tacubaya, Mejia et C 
taisaient leur entrée a Mexico. 

Le général Antonio Corona commandant de la place ava 
vé des barricades, et fortifié la ville autant qu'il éta 
son pouvoir, en renforçant sa faible garnison par les ti 
qui occupaient Toluca, Tulancingo et Pachnca, 

Le 2 avril 1859 le général Degollado disposa son 
d'armée en trois colonnes sous les ordres des généraux L( 
Yalle, Fernando Poucel et Ignacio Zaragoza, faisant p; 
à la première de ces colonnes, soas les ordres de Val 
chemin de Chapultepec à San Cosme, les deux autres co 
agissant parallèlement dans les potreros voisins, portai 
taque sur la garita de S. Cosme, le cimetière anglais, S 
mas et ie collège d'agriculture, situées sur une même Ii 

Ces différents points étaient défendus par le général 
mal remis de sa blessure de Ahualulco et qui, dans c 
constances critiques, avait demandé au commandant de h 
de reprendre le service actif. D avait environ 1200 h< 
d'un bataillon du génie sons les ordres du lient-colonel G 
du 4* d'infanterie avec Carlos Miramon et du 8" régimt 
cavalerie commandé par le général Taboada. 

La bataille s'engagea par un combat très vif dès le matin, 
de l'artillerie de Vêlez décimait l'armée libérale, q 
poussée une première fois n'en tenta pas moins ui 
conde attaque. P. Vêlez avec un entrain merveilleux 
donna ses retranchements et se jeta sur l'ennemi 
nette au canon. Les pertes furent sensibles de part et d 
mais les libéraux se retirèrent à Tacubaya. 

Deux jours après, le général Leonardo Marquez arri 
Mexico. Venant de Guadalajara à la tête de 1000 ch 
on lui confia le commandement en chef des troupes 
capitale. 

Marquez laissa 2000 hommes sous les ordres du gêné 
rona pour garder la ville, et à la tête de 8000 autres 



PRÉSIDENCE DU GENERAL MIRAMON 73 

le chemin de S. Cosme, occupant Vhacienda de los Morales et 
prenant position sur les collines qui dominent Tacubaya. 

Degollado se retrancha dans la huerta de San Diego ; cette 
grande propriété est entourée de murs qui en- défendent Tac- 
ces et où Degollado fit pratiquer des meurtrières. 

Il occupa le couvent de S. Diego et ordonna au général 
José Justo Alvarez de défendre le château de Chapultepec et 
l'aqueduc qui s'en détache. 

Marquez, après avoir détruit par le feu de son artillerie les 
faibles retranchements de S. Diego, fit avancer l'infanterie et 
après une lutte de deux heures les libéraux vaincus fuyaient 
de tous côtés. 

Chapultepec fut alors attaqué et la résistance n , y fut pas 
de longue durée : Marquez maîti e du terrain fit arrêter tous 
ceux qu'il croyait dévoués au parti libéral et dans la jour- 
née même à 7 heures du soir les fit fusiller. 

La bataille commencée à l'aube prit fin vers onze heures du 
matin, au moment même où Miraraon arrivait à Mexico. Il ne 
s'y arrêta, que le temps de monter à cheval et suivi de son 
aide de camp et d'une escorte d* vingt hommes il traversa 
Vhacienda de los Morales où quelques fuyards le reconnurent et 
tentèrent de s'emparer de sa personne. C'était une bonne prise. 
Miramon s'ouvrit le passage au milieu d'un feu de mousque- 
terie assez vif et il arriva au camp de Marquez où sa pré- 
sence causa une grande surprise. 

Nous devons nous arrêter ici pour raconter les tristes évé- 
nements qui se produisirent après la bataille et qui dans la 
suite eurent une importance capitale. 

Un certain nombre de prisonniers furent fusillés, comme 
nous l'avons dit plus haut ; mais ces prisonniers n'étaient pas 
tous soldats et les exécutions, dont le caractère était évidemment 
odieux, habilement exploitées par les passions politiques, eu- 
rent un grand retentissement dans le pays. On en vint à con- 
sidérer les victimes comme des martyrs et cette sanglante vi- 



74 MIGUEL MIRAMON 

sioii est restée attachée an nom de Marquez: elle > 
sur le parti conservateur et sur Miramon lui-même, q 
qnez signalait comme en étant l'auteur. 

Cependant la. responsabilité en retombe toute entièi 
général en chef M. L. Marquez. 

Voici les laits: 

Vers sept heures- du soir un ancien chef de l'arma 
lfère, M. Marcial Lazcano, qui avait quitté le camp const 
pour le camp libéral ; plusieurs jeunes médecins, do 
qnes-uns venaient à peine de recevoir leur titre de i 
quelques étudiants en médecine parmiles quels se trouvait 
Diaz Cobarrubias, jeune poète qui donnait les plus granc 
rances, Maieos et d'autres encore furent passés par lei 

Ces jeunes gens avaient été faits prisonniers dans le 
lances, où ils prodiguaient leurs soins aux blessés, et l'i 
venait de faire l'amputation d'une jambe au lieutenan' 
conservateur Juan Herran. 

Mais ce n'était pas tout. 

Un avocat, M. Agustin Jauregui, qui demeurait ai 
des siens dans le petit village de Mixcoac, fut arrac 
famille, et fusillé en même temps que les prisonniet 
journée. Il n'avait commis d'autre délit que de profe 
idées libérales. 

Marquez avait ordonné ces terribles exécutions 
lonel Daza Arguelles, et, cet officier, n° se content 
de remplir sa mission de bourreau, se mit à la recherche 
velles victimes et fit arrêter le licencié Ignacio Jaut 
colonel Feliciano Chavarria, le colonel Dionisio Bello 
tre autres personnes qui furent sauvées grâce au 
Mariano Miramon. En apprenant les exécutions du s< 
arrestations qui venaient d'avoir lien, il quitta le cam 
cubaya et donna au général Miramon la nouvelle d 
sanglants qui venaient de se produire et des arresta 
promettaient de nouveaux méfaits. 



LAL MIRAMON 



«ment des ordres pour sas- 
lit au domicile privé de 
-ci pour mettre à couvert 
itoriaation de faire passer 
faits prisonniers, 
tre au chiffre de M me Mira- 
après-midi de ce jour et 
de V. E. (la mas edrecha 
lerez l'ordre de faire passer 
appartenant à l'armée en 
Closes de gefes y oficiales) 
e ceux qui ont encouru cette 
.1859.' „ 

labilementde ce document 
sn l'initiative de ces actes 

ss<>r de donner cet. ordre 
e sa condescendance envers 
lilne faut point oublier que 
t nous avons déjà parlé, 
leur. 

it.ait à cette époque l'état 
îpposés ; la situation respe- 
tfarquez, dont la mésintelli- 
àonnement et jeter le dé- 
ni l'un de ces chefs venait de 
en échec, l'autre ayant 
sauvé la capitale. Dans 
ition irritante, Miramon agit 
t en partie Marquez, 
t que prévenir de nouveaux 

1. Partie, ch. II. pag. 76. 



76 ' MIGUEL MIRAMON 

malheurs, ce qu'il fit eu effet, en taisant, remettre immédiat 
ment en liberté les derniers prisonniers de la soirée. 

Si nous analysons les faits qni précédèrent et suivirent, ; 
nous portons plus loin la discussion relative aux exécutior 
de Tacubaya, il est évident que la responsabilité tonte entière t 
retombe sur le général Leonardo Marquez. En effet l'ordi 
donné par Miramon et que nous avons cité plus haut eh e: 
tier, n'est relatif qu'aux chefs et officiers prisonniers. 

Diaz Cobarrubias, Sanchez, Mateos et Jauregni étaient-i 
chefs ou officiers? 

Si les titres et brevets des victimes se trouvaient rempl 
cette qualification, Marquez (en supposant qu'il eût reçu i'ordi 
de Miramon avant les exécutions) aurait certainement a 
conformément à cet ordre, basé sur la loi des conspirateur 
Mais il n'en est point ainsi, et c'est en agissant arbitrair 
ment, en dehors des limites qui lui étaient tracés, que Ma 
quez s'est rendu coupable des actes qui ensanglantèrent le 
camp de Tacnbaya. 

Cela est tellement vrai, que le parti libéral dans 
passionnées et ses violentes récriminations à ce suji 
le nom du général Ascano ; il savait qu'on exécuta 
prisonniers, et lui-même pratiquait quelquefois 
Mais il cite bien haut les noms de Jauregui, Diaz ( 
Sanchez et Mateos, pour rejeter !e sang versé à la : 
victorieux à Tacubaya. 

Il y a plus: Marquez se sert de l'ordre de Min 
d'un bouclier, ponr décliner tonte responsabilité 
cution de ceux qu' il haïssait ; et sa dépêche 
au ministre de la guerre, après avoir fourni des 
les péripéties de la bataille, se termine par ces m< 

* Parmi les prisouniers que nous avons faits, 
le général I). Martial Lazcano et beaucoup d'offici 
déjà expié sur l'échafaud (en él patibulo) qu'ils 
te crime qu'ils avaient commis. » 



PRÉSIDENCE DU GENERAL MIRAMON 77 



La communication officielle de Marquez publiée sur le jour- 
nal officiel du 12 avril 1859 dit ainsi : 

« . 1 er Corps d'Armée, 

" Les armes du gouvernement suprême ont remporté un 
triomphe complet sur les brigands qui ont assiégé la capitale 
de la République. Les vaillantes troupes que j'ai l'orgueil de 
commander ont obtenu cette victoire, en disputant pied â pied 
le terrain et. dans la lutte, elles n'ont pas seulement battu 
l'ennemi, mais elles se sont rendues maîtresses, de vive force, de 
toute son artillerie, son parc, ses armes et de son matériel de 
guerre. Entre autres dépouilles nous avons en nos mains l'uni- 
forme et la bande de général de division, que l'infâme De- 
gollado ne rougit pas de porter sans avoir jamais servi son 
pays, ni fait partie de la noble carrière des armes. 

u Jrarmi l°s prisonniers que nous avons faits, se trouvent le gé- 
néral D. Marcial Lazcano et beaucoup d'officiers qui ont déjà 
expié sur Vêclafaud qu'ils méritaient le crime qu'ils avaient 
commis. 

u Le courage avec lequel ce corps d'armée s'est battu, est 
au-dessus de tout éloge, et beaucoup de faits d'armes person- 
nels en ont démontré la valeur. 

* Le vaillant lieutenant-colonel D. José Sanchez Facio, 
qui, toujours à l' avant-garde de l'aimée, a donné une nouvelle 
preuve de sa valeur militaire, est chargé de remettre à V. E. 
l'uniforme et la bande de Degollado, comme un trophée de gloire 
pour le gouvernement suprême. 

u En ce moment, fat la gloire de hisser de ma propre main 
le pavillon national sur le fort de Chapultepec, et d'employer 
pour cela le drapeau du bataillon du génie qui a bien mérité 
de la patrie. Cet acte me remplit d'une joie telle que je ne 
puis la décrire et ce souvenir restera éternellement gravé dans 
mon âme. 

u Je lèverai le camp aujourd'hui et Centrerai demain à Me- 
xico avec l'armée victorieuse. Je me réserve alors de faire au 



/ 



8 MIGUEL MIRAMO 

fouvernement suprême au rapport dé 
era toujours une gloire pour l'armée. 

' J'ai l'honneur de communiquer ceci 
a satisfaction et celle de la conrag 
u'elle en donne connaissance à 3. E. le 
(uartier général de Chapultepec, le 1 
Iabquez. 

" A S. E. le Commandant en chef 
9 général D. Antonio Corona. „ 

Mais si Marquez était investi des prérog 
uoi n'écrit-il pas que c'est en exéci 
u'il a passé par les armes les prisonnie 

L<a raison est simple, et ici se déci 
ènéral Marquez. Il ne pouvait faîri 
u'il n'avait point encore et qu'il devait 
amon. 

Mais, d'une part il désirait passer, v 
lique, comme l'exécuteur irresponsabti 
a' preuve la lettre écrite à M"' Adel 
utre. Leonardo Marquez voulait égal 
u parti conservateur intransigeant, e 
ion de ceux qui demandaient hautain 
résailles et une guerre sans quartier 

C'est ainsi que le général Marquez, sol 

tond les lois militaires, qu'il appliqua 
'antnne grande sévérité dans le ser< 
inistre de la guerre, qu'il savait retr( 
liedeTacubaya, et, qui seul était auto 
■dres, et ce n'est qne le lendemain qi 
i il se contente de la lettre que nom 

L'opinion publique ne pouvait s'égai 
,its, et l'histoire signalera d'antres ac 
[éditions de Tacubaya, dont Marques 

Pins tard, lorsque Marquez guerroyait 



PRESIDENCE DU GENERAL MIRAMON H 

naires de Mexico qui reconnaissaient comme président de la 
République M. le général Félix Zuloaga, le chef espagnol Lin- 
doro Cagiga surprit M. Melchor Ocampo, ancien ministre de 
Juarez ; M. Ocampo se trouvait alors dans l'hacienda de Po 
moca, où il surveillait ses intérêts personnels. Les mêmes trou- 
pes révolutionnaires avaient capturé M. Léon Ugalde. On dé- 
libéra longtemps sur le sort des deux prisonniers et Marquez 
parla pour que tous deux fussent exécutés. Zuloaga se résigna 
à sacrifier L. Ugalde, et Marquez, recevant de vive voix l'or- 
dre d'exécntion, dit au colonel Antonio Andrade : 

— " Qu'on exécute le prisonnier. , 

Ce fut Melchor Ocampo qui fut passé par les armes sur 
l'ordre secret de Marquez. Le général Zuloaga ayant de- 
mandé plus tard des explications Marquez prétexta un mal- 
entendu. 

C'est à-peu-près a la même époqne qne le général Leandro 
Valle tomba entre les mains des conservateurs après un com- 
bat dont il serait trop longde raconter les péripéties. Marquez 
le fit exécuter, et lorsqu'on lui reprochait cet acte sanguinaire 
il en rejetait la responsabilité sur le général Zuloaga. 

Ces précédents révèlent le caractère du général L. Marquez 
et son adresse à (oir toute responsabilité, explique suffisam- 
ment sa conduite sur le champ de bataille de Tacubaya. 

Tout autre était le caractère de Miramon. 

Sous le poids des imputations calomnieuses de Marquez, il 
eut à répondre devant le conseil de guerre de Queretaro des ■ 
exécutions de Tacubaya. Son avocat Ignacio Jauregui qui lui 
devait la vie et qui était le frère d'une des victimes de cette 
jonrnée le défendit en ces termes : 

" Ma présence en ce lieu et la mission quej'yremplis éton- 
neront, sans doute, beaucoup de mes co-partisans (M. L Jauregui 
appartenait au parti libéral) ; les apparences pourraient m'ac- 
cuser de prévarication politique avec d'autant pins de raison que 
je pourrais me présenter comme accusateur autant a cause de 



MIGUEL. M IR/ 

opinions politiques que des t 
un frère qui m'était cher et de 
pins loin M. Jauregni ajoute 
Te dois m'expliqner sur un iai 
icubaya du 11 avril 1859, crin 
l'auteur était une hyène que ) 
.rquez, homme lâche, qui a'acha 
iger dans la bataille. M. Migi 
l'il était consommé, il se révi 
châtier, [îarceque l'honneur d 
.ait à Marquez. Je me trouva 
nés comme victimes dans cet 
iaonnés dans un cachot; je fns i 
Hiramon, bien que je ne fis r; 
amille, que je n'avais point av 
existe un autre document dur 
;onnée et dont 1 importance es 
ramon était tombé au mouvoir d 
îtix. en conseil de guerre. Le/i 
e, qni voyait un avenir politi 
», accusa Miramon non pas d'à 
Tisonniers de Tacubaya, ma 
■ de Marquez dans cette afiai 
i texte de l'accusation est ain 
Interrogé pour qu'il répondit 
iter la peine de mort sur les 
,cubaya le 11 avril 1859, sain 
iraient les malades, ni même 
iii vait accuser d'aucun crime et q 
l'armée vaincue, faits qui, s'i 
furent approuvés par lui ; 
répondit : 

Que cette exécution, dont on 
utorisée par lui, si ce n'est en 



PRESIDENCE DU GENERAL MIRAMON 81 

jui avaient passé a l'ennemi et à qnî on appli- 
i ; qu'il réprouvait la mort des antres prisonniers 
avait pas châtié le coupable, qui n'était autre que 
arquez, c'est parceque ce général était le vainqueur 
on sait combien il est difficile d'appliquer la ju- 
sque dans de semblables circonstances. Il ajouta 
Miniers non fusillés ce jour furent v mis en liberté 
ne le colonel Chavarria et le licencié Jauregui en 
êmoignages vivants. „ 

: la réponse de Miramon quelques jours avant sa 
; voyons ses assertions confirmées : 1" par l'ordre 
arquez présenta ptur sa défense. — 2" par la dé- 
cile de ce chef au ministre de la guerre sur la 
racubaya et les exécutions qui suivirent. — 3° par 
je du licencié Jauregui. — 4" par l'acte d'aceu- 

du Jîscal Âspiros. 
eci il résulte clairement que Marquez est le seul 
les exécutions de Tacubaya le 11 avril 1859. 
is parlé précédemment, en remontant dans la vie 
[arquez, d'autres exécutions dont il était l'auteur 
îtrent à l'évidence son tempérament sanguinaire, 
dans les nombreux combats qu'il eut A livrer et 
.8 lui fut souvent favorable, captura maints gé- 
ftciers supérieurs. Nous citerons les généraux José 
ez et Santiago Tapia, faits prisonniers à la bataille 
eia de las Vacas; le général José Lopez Urags, à 
; les généraux Santos Degollado, Felipe Berrio- 
■lonels Benito.Goraez Farias, Juan V. Gobantes 
:hefs et officiers qu'il serait trop long d'énamérer, 
bat de Toluca. 

iUxièmepronîtïicïomî'entodePuebla il fit prisonnier 
José Garcia Conde et le colonel José Barreiro. 
Bciers eurent la vie sauve, ainsi que le colonel 
le licencié Ignacio Jauregui; plusieurs d'entre eux 
huuion - 8 



MIGUEL MIRAMON 

ot encore à l'heure où nous écrivons, et 
énéral Santos Degollado, sont morts fa 
lehors de tonte influence de la part de 

est inutile d'insister sur le parallèl 
t chefs conservateurs. 

révèle leur caractère et des tempéran 
;laire les faits qui se déroulèrent & Tac 
aelques changements ministériels euren 
e de Tacubava. M. Zagazeta fut rempla 
Pesa y Pesa, créateur des bons qui p 
; l'émission n'eut aucun succès. 

la guerre, le général Antonio Corona 
Seveio del Castillo, qui prit le comma: 
i cantonnée à Guanajuato. 
nfin M. Manuel Larrainzar céda la place 
étaire de Miramon. Ce dernier choix fnt ci 
talent incontestable du jeune avocat, m 
esse même. 

e général Marquez fut nommé commat 
mée dont le siège était à Guadalajara 
at de Jalisco. 

e général Woll prit le commandement 
a dans l'Etat de Zacatecas, et le g> 
mé commandant de la division d'Orient 
es du général Miguel Echagaray. 

ce moment l'administration du gouverne 
tionnait aussi régulièrement qu'on poi 
su d'une situation aussi troublée. La j 
t rendue et les autorités supérieures s* 

souci de la légalité, 
jule, la pénurie du trésor causée par I' 

nombreuses, entravait la marche du f 
iriété foncière fut grevée de surtaxes et 
ires pour subvenir à des besoins pressai 



ilDENCE DU GENERAL MIRAMON 83 

wque et dans ces conditions que M. B. Jna- 
Vera-Cruz les lois dites de " Réforme „ re- 
larisation des biens du clergé. Elles devaient 
oitises, créer de nouveaux et nombreux inté- 
une révolution économique, 
ecclésiastique devenait le domaine de l'État 
locataires et aux débiteurs de capitaux hypothé- 
ions les plus avantageuses. 
la propriété ou de la dette à payer était di- 
dont 3 à payer moyennant des bons de la dette 
cotisait alors au 5 ou 6 0(0 de sa valeur 
-es parties étaient payables en 40 bons d'amor- 
més en un espace de temps de 40 mois. 
édait d' immenses richesses en biens fonciers 
distribués un peu sur toute l'étendue de la 
une valeur de 300 millions de francs; une 
oir était représenté par des prêts sur typo- 
aire et banquier, le clergé devait voir ses 
iers et ses clients se retourner contre lui, et 
lépens en s'appuyant sur les lois de réforme, 
qui hésitaient à agir ne faisaient qu'aban- 
s que d'autres faisaient valoir. 
itgers acquirent en quelques mois des fortu- 
i, Il se créa ainsi de nombreux intérêts in- 
pouvoir libéral et qui devaient être son plus 

ent de Vera-Cruz obtint par ce moyen des 
tiaires qu'il employa à organiser son armée, 
sou influence les biens du clergé furent di- 
répartitions éhontées qui ue firent qu'ang- 
e des partisans juaristes. 
lit pas seulement attaqué dans ses intérêts 
réforme; celles-ci établissaient la séparation 



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PRESIDENCE DU GENERAL MIRAMON 85 

duit de ses mines, et la circulation de ce précieux métal 
était devenue impossible. 

Afin de remédier à cette crise le commerce de la capitale 
convint avec le gouvernement qu'un convoi d'argent partirait 
de Mexico ponr se rendre à un port du Pacifique, et Miramon 
s'engagea à le protéger dans sa route. 

Dana ce bnt il fit escorter la conduda, qui, en se dirigeant 
vers Guadalajara, devait y être confiée aux soins du général 
Marquez ; celui-ci à son tour devait pourvoir à sa surveillance 
jusqu'au port de S. Blas. 

Mais aussitôt que Marquez fut en possession du convoi, 
il en détourna 600,000 piastres à titre d'emprunt pour l'en- 
tretien de ses troupes. 

Les commerçants de Mexico, fort émus, portèrent leur plain- 
tes à Miramon qui, désapprouvant hautement la conduite du 
général Marquez, lui donna les ordres les plus formels de 
restituer les fonds dont il s'était emparé. 

Marquez n'obéit point à cette injonction et le ton hautain 
de sa réponse aggravait singulièrement l'acte d'insubordination 
dont il s'était rendu coupable. 

Miramon se trouvait dans une situation difficile. Il devait 
prendre des mesures énergiques pour faire cesser l'opposition 
manifeste d'un chef qui jouissait d' une grande autorité et 
qui commandait alors des troupes imposantes par le nombre. 
Mais la résidence de ce chef se trouvait tort éloignée de la 
capitale. 

D'ailleurs, la lutte se continuait sur la plus grande partie 
du pays avec une fortune variable. Le général Woll attaqué à 
Léon par les troupes du général Pueblita remportait un 
triomphe complet qui lui livrait I' État de Zacatecas et sa 
capitale. 

Des forces libérales menaient de couper les communica- 
tions de l'armée d'Orient avec le gouvernement du Mexico. 
Elles furent attaquées simultanément par le général Robles et 



L 



86 MIGUEL MIRAI 

par le général Carlos Oronos ; ce dt 
tête d'un millier d'hommes. 

La bataille s'engagea à la Olk, 
Jalapa et Puebla ; les troupes libé; 
dispersées, mais les conservateurs 
environs de Monte Blanco dans l'Él 

Le fameux guerrillero Antonio Car 
non et lui faisait quelques pri^ounie 
vait le colonel Antonio Daza Arg 
quelques mois auparavant avait été 
de Tacubaya. Il fut fusillé après s 
tilé; on lui fit subir un terrible su 

D'autre part le général Santos De 
les États de Mîchoacan et de Colim: 
mes. avec laquelle il envahissait l'Éta 
cisco Vêlez gouverneur de cet État ■ 
avec les .800 hommes qu'il cominand 

La situation devenait critique, et 
et rapidité qui distinguaient son car 
de se mettre à la tète de ses troup 

On était au commencement de n 
jours de ce mois sont fêtés dans la 
sances publiques ; une grande partit 
le soir sur la grande place. Miramo 
en apparence, et s'entretint avec plnsi 
il ne manifesta rien de ses projets, 

Cependant, en se retirant vers un 
diligence et accompagné seulement dt 
versa 56 lieues d'un pays infesté 
rilkros et le 4 novembre au matin 

Il avait au préalable ordonné à m 
le lieutenant- colonel Luis Ordonez, ( 
pièces d'artillerie, et de les conduire 
d'un faible détachement du 4* d'inta 



PRÉSIDENCE DU GENERAL MIRAMON 87 



devait s'acquitter fidèlement de cette mission et vain- 
route de grands obstacles qu'un terrain détrempé 
es averses ajoutait à L'incommodité des bandes en- 
devaient le harceler. 

ne trouva à Queretaro que 1000 hommes sous les 
Ènéral Mejia, 800 sons les ordres de Francisco Vêlez et 
is qui formaient la garnison de la place. L'art il- 
lisait presque complètement défaut. 
it les troupes libérales avançaient ; elles se trou- 
en partie au village de Apaseo, et connaissant la 
e Miramon à Queretaro et la marche d'Ordonez, le 
■se Justo Alvai'ez" décida en conseil de guerre 
d'abord Ordonez pour revenir ensuite sur Queretaro. 
fut repoussé par les chefs libéraux et les mem- 
nseil du guerre se séparaient, lorsque l'un d'eus, 
-J. Justo Alvarez, fut victime d'un grave accident 
de camp de Doblado descendait de cheval, lors- 
i en se secouant fit détacher des fontes un des pis- 
tombant à terre un coup partit et la balle atteignit 
J. Justo Alvarez à la jambe. On dut an plutôt 
son amputation. 

équences de cet accident ne devaient pas tarder à 
itir. Le général J. Justo Alvarez dirigeait les opé- 
itaires de l'armée libérale ; car, bien que M. M. Do- 
sgollado eussent l'un et l'autre le titre de général, 
it point les connaissances suffisantes pour conduire 
. et généralement ils s'en rapportaient aux jugements 
lui les accompagnaient. 

ntrefaites, Ordonez n'arrivait point, et Miramon pour 
temps ouvrit des conférences avec le général Santos 
pour traiter de la paix. 

ae des deux généraux fut des plus cordiales et 
; deux chefs n'eut qu'à se louer des procédés de 
aire. 



>rocha et pent-êtr 
si Degollado n'a 
issance par le gén 
dans toutes ses pt 
tir, les deux chefs f 
i et les troupes liber; 
iro et prirent pos 
Vaeas. (Voir cart 
Apaseo à Quere 
ire nommée la Laja. 
actas (nopaleras). 
tnd une vaste pli 
i ganche fit élever > 

-ésenta à 4 heures < 
itance marcha à la r 
upes en trois colon 
ux autres avaieii 
o et Francisco V* 
idait la cavalerie « 

du matin l'artiller 
nchements qui dé] 
*ain déblayé de ce 
ivec une impétno 
troupes et allait ti 

lieutenant-colonel 

1' attaque parvi 
6 et le centre de 
ite commandée par 
es ses positions. 

de ce côté araitt 
:, carie rio de la 
ait fort grossi par 1 



ilDENCE DU GENERAL MIRA MON B"J 

ro porta ses troupes en aval de la rivière où il 
!. Il attaqua vigoureusement la gauche sur 
menue. Les troupes libérales faiblirent, et le 
pléta la victoire par une brillante charge de 
inut parmi les fuyards le général Uoblado 
lonrsnite ; déjà il le serrait de près et le te- 
sa lance, lorsque son cheval surmené par 
douzaine de lieues s'abattit, expirant de 

liante victoire. 

donnait sur le champ de bataille toute son 
tes et des munitions, un grand nombre de pri- 
esquels les généraux S. Tapia et J. J. Al- 
!, comme nous l'avons dit, s'était retiré & 

de la victoire de Miramon, la foule s'était 
maison où se trouvait Alvarez, dans l'inten- 
în mauvais parti ; elle n'était retenue que par 
être, lorsque te général Mejia fit son entrée 
premier soin fut de protéger la maison du pri- 
on dès qu'il arriva, lui rendit visite, le traita 
de ménagements et lui offrit même ses res- 
les. 

pia également prisonnier ne fut point traité 
énérosité. 

ittarda pas a Celaya ; il prit, en diligence, 
adalajara, accompagné de son État major et 
i justice. M. Isidro Diaz. 
de quitter Guadalajara à la tête de la plus 
ses troupes, lorsque Miramon arriva dans 
Lussitût Miramon lui intima l'ordre de celer le 
e ses troupes à son second et se rendre im- 
riiadalajara. 
et arriva en présence de Miramon. qui le fit 



J GENERAL MIRAMON 91 

meiies de cloches, des pétards et par 
antes usitées en pareil cas. Le jour 
était accueilli à Guadalajaia avec 
■X te général Woll exprimait son 
: " J'étais déjà général que vous 
'en suis cependant pas moins lier 

ivemeut Miramon, car il tenait en 
[itaires et la parfaite sincérité du 

rfco. Tout danger imminent avait 
irtout battu, ne comptait plus de 
Michoacan; mais il avait encore 
ce de Vera-Cruz. C'est de ce côté 
rer ses efiorts. 



Anton Liz 



Mat <tt >a manne Mexicaine — 

— Prétentions des libéraux paui 
Conférences pour la paix — Leu 
cupe Aharado — Anton Lizard 
Oaxaca — Le général Cuevasjait l 
conservateurs — Le général Diae 
néral Vêlez — Bataille de Lonu 
mon pour l'intérieur — Il emmè 
d'Uraga - Assaut de Gitadalaja 
Woïl — Miramon se dirige sur 
de cette place — Sa retraite sur 

— Miramon est nommé prrsiden 

— Siège de Quadalajara — Degi 
à Laguna Seca — Défaite de M 
luca — Caïpulalpam — Miranw 
prisonnement du ministre J>ïaz - 



Malgré l'étendue de ses côtes, le 
peu ou point de marine en 1859. 

La flotte en effet appartenait à 
tion dominait au Mexique, et dans 
guerres civiles avaient absorbé tous 
de terre. Les quelques navires que 
la surveillance des côtes, venaient 
Lerdo de 'JVjada ministre des finar 
dernier arriva à Vera-Cruz. 

Cependant il y avait encore qi 



ANTON LIZARDO 93 

a, homme de mer distingué, instruit par une 
lue, ayant fait ses preuves dans l'expédition de 
ans la guerre de séparation de l'Etat de Texas, 
près le premier siège de Vera-Cruz avait chargé 
pourvoir à l'étranger de deux bâtiments de guerre 
il nécessaire pour coopérer par mer à l'attaque 

plit cette mission et il acheta aux États-Unis 
auquel il donoa le nom de " Générai Miramon „ 
}uba un deuxième navire de guerre: le " Mar- 
abana. „ 

rt Miramon comptait sur 7,000 hommes, et en 
lu'il entreprenait la campagne de Vera-Crnz pour 
; complication dans l'intérieur du pays, il douna 
lverio Garnirez le commandement d'une brigade 
:er dans les États de Durango et de Chibuahua. Un 
;pagnol nommé Cajen fut autorisé a lever des 
agir de concert avec le général Ramirez. 
S, Juarez se préparait à la résistance. Ocampo, 
aleur, mais dont la carrière était toute civile, 
ministère de la guerre, qui fut confié au géné- 
de Parteairoyo, soldat instruit Le ministère des 
reres fut confié a Degollado, qui se rendit à V>ra- 
*nces restèrent entre les mains de Lerdo de Te- 
ce fut donnée à Ruiz, les travaux publics à 
le porte-feuille de l'intérieur à Llave, 
les troupes libérales de l'intérieur du pays 
tre augmentées par de nouvelles levées d'hommes 
s sous les ordres du général José Lopez Uraga. 
rai une brillante carrière militaire, mais dont 
politique était bien connue. 
Rosas Landa eut mission d'agir contre les con- 
tts l'État de Oaxaca. 
a critique du gouvernement libéral à cette épo- 



94 MIGUEL MIRAMON 

que inspira à quelques hommes éminents d 
de recruter à l'étranger des volontaires pour 
leurs rangs. Hais Joarez, paraît-il, ne vonli 
cette mesure, et lorsque en 1862 le député , 
Juarez de trahison devant le congrès, Zarco 
aident libéral en ces termes: 

" Nous disons, que presque seul le présidei 
idées qu'abritaient alors un grand nombre de 
faisant ainsi nous taisons la part de chacu 
chefs militaires déclaraient que l'engagement 
était nécessaire; d'autres voulaient qu'il vin 
des troupes, mais aussi des officiers ; M. Lerd 
gouverneur Zamora partageaient ces idées qu 
franchement, car nous ne craignons pas la i 
nos opinions, étaientles nôtres, en ces dooloun 
ces. C'est en vain qu'on faisait des instances 
sident, c'est en vain qu'on lui proposait les précau 
diées pour ne point comprommttre ni l'indépei 
gnité de la république; c'esten vain que l'on conï 
d'autres frases en la reliant aux besoins de la 
la nécessité de rendre effective la liberté des 
tenir après le triomphe un élément de force 
ble de compléter la pacification du pays. M. 
toutes ces idées; il eut même à ce sujet de 
dences avec un grand nombre de ses amis in 
correspondance il contraria toujours le projet, 
dans la lutte, les événements lui ont don) 
grâce à lui la république a vaincu ses opprest 
secours que ses propres ressources et les ci 
de ses enfants. Il existe une foule de lettre 
qui prouveraient nos assertions. ' „ 

Miramon entreprit sa marche sur Vera-Cru: 

1 Juarez et Cénr Oantù, h. 17. 



ANTON LIZARDO 95 



Avant de procéder à son investissement, il invita le chef de 
la place, le général D. Ramon Iglesias, & l'ouverture d'une 
conférence pour y traiter la paix de la république. * 

Le gouvernement de Juarez accepta ces avances et il com- 
misionna M. M. Santos Degollado et José EmpAram, ministre 
des affaires étrangères et de l'intérieur, pour se mettre en 
rapport avec M. M. Isidro Diaz et Manuel Robles Pezuela 
nommés par Miramon. 

La conférence se prolongea; les discussions n'aboutissant 
pas, l'un et l'autre parti désirant faire prévaloir son programme 
politique dans tous ses détails, le général Robles Pezuela émit 
alors l'idée le faire trancher les différents que divisaient les 
partis belligérants du Mexique par un congrès national. 

Cette idée fut acceptée par la conférence, qui se sépara 
pour fair ratifier par les piésidents les bases de la convention. 

Le lendemain les représentants conservateurs crurent avoir 
trouvée une solution en apportant le traité ratifié par Miramon, 
mais Juarez refusa de consentir à un arrangement logique et 
conforme aux idées libérales. 

Voici le texte de cette convention : 

Art. I. — Dans le but de procéder aux dispositions d'un 
armistice général en vue du rétablissement définitif delà paix 
dans la République, les hostilités sont immédiatement su- 
spendues entre l'armée qui enveloppe Vera-Cruz et les forces 
qui occupent cette place, ou celles qui dépendant de celles-ci, 
opèrent dans les environs, dans le territoire compris dans la 
ligne qui passe par les points suivants : Antigua, Actôpan, 
Naolinco, Jalapa, Huatusco, Orîzaba, Songolicaet Alvarado. 

Art, IL — Trois négotiateurs seront nommes d'une part et 
de l'autre qui s'aboucheront à Tlalpan dans le terme de 15 jours, 
avec les pouvoirs nécessaires pour poser les bases d'un ar- 
mistice général à toute la république et pour convenir pendant 
elui-ci des moyens du rétablissement de la paix. 






III. — Lea deux p 
nts des grandes p 
Espagne, la Prusse 
amicale. 

[V. — Lesuégotia 
les déterminations 

les puissances étr. 
s, s'ils ne se metti 
Les. En attendant c« 

jour. 

V. — Les deux pa 
teurs nommes par 
lie la nation seulei 
nt actuellement les 

VI. — Le gouver 
i des marchandises 
■ des autorités coni 
axes que celles éta 

dans les ports et 
.yer en partie à M 
très de change en 
la République. 

suivant M. M. Dt 
qu'ils avaient cou 
ec les additions et 
rticle 1", accepté j 
itéraient au pouv< 
iéquence Alvarado, 
du gouvernement 
trticle est accepté 
t lieu dans \')iacie 

rejeté, 
est rejeté, 



ANTON LIZARIK» 97 

soin d'en juger aur ces affaires qui ne pourraient avoir d'au- 
tres changements que ceux que permettrait leur état lorsque 
la représentation nationale aurait à s'en occuper. 

Le 5 4h * est accepté, arec la condition que la façon dont on 
doit obtenir la décision de la nation, sera au moyen de la 
convocation d'une assemblée constitutionnelle, conformément 
à la charte de 1857. 

Le 6*°" est rejeté, tout en laissant la possibilité aux négo- 
ciateurs de s'en occuper postérieurement, lors des négociations 
pour l'armistice général. (Journal La Sociedad du 26 mars 1860). 

Ce ne fut pas sans regret, que Miramon vit échouer des 
négociations qui pouvaient amener la fin d'une guerre civile 
dont on ne pouvait prévoir le terme. Il avait fait preuve 
d'un grand esprit de conciliation qui fut mal accueilli non seu- 
lement par Juarez, mais encore par un grand nombre de con- 
servateurs, qui en apprenant la première ratification de Mi- 
ramon manifestèrent leur mécontentement. 

Le général Miramon voyant qu'en modifiant l'article V des 
convention Juarez voulait proclamer comme base d'an accom- 
modement la constitution de 1857, qui était la cause capitale 
de la guerre, rompit les pourparlers et se décida à vider la 
question par les armes. Tout en ouvrant les hostilités contre 
Vera-Craz, il prit deux mesures destinées & donner de bons 
résultats pour son entreprise. 

La première fut de fermer au commerce le port de Vera- 
Craz en déclarant l'embargo sur toutes les marchandises étran- 
gères qui débarqueraient dans ce port; la seconde, de s'emparer 
du port d'AIvarado situé sur le litoral à quelques lieues de 
distance au sud-est de Vera-Craz. 

Cette dernière opération offrait l'avantage de substituer le 
port d'AIvarado à celui de Vera-Craz et de s'emparer en 
même temps de la grosse artillerie qui en garnissait les for- 
tifications. 

Le général Tamaris avee la 2* brigade de la division 
■uuion - 9 



MIGUBL MIHAMpN 

pava d'Alvarado arec toute la rapidit 
iais malgré la rapidité de son mouvt 
put arriver à temps pour se saisir 
•ouvait, car de son côté le général ] 
royo, pendant qu'il marchait sur la 
r les forts et [transporter par mer le 

eiaites la situation vint à se complu 
j par la présence dans la baie de i 
iruerre anglais, français, espagnols et i 
ma ces eaux pour protéger leurs natic 
.enés devant Vera-Cruz par le tait dt 
xez, qui, quelques jours auparavant, a 
çnol Conception accusé d'apporter des i 

conservateurs. 

Àldams qui commandait une frégate 
i auprès de Miramon pour empêcher 
Vera-Cruz où résidaient quelques an; 
tondit, au capitaine Aldams qu'il ne 1 

droit d'intervenir dans des questions 
î, tout en constatant que si le gouv 
[uelque plainte & faire valoir, il pour 
aire de M, Otowy ministre Janglais a 
de Miramon. 

s ministres, à l'exception dn miniat 
rèrent au château de S. Juan d'Ulu 
t difficilement les atteindre; grand nomb: 
uts quittèrent Vera-Cruz et le bombi 
imença. 

rin arriva dans la baie d'Anton Lizai 
latériel de guerre qu'il avait apporté 
es et coopérer avec ses deux navires 

?tait sans l'intervention dn commodor i 



ANTON LZZARIXX 9* 



ricain, Turner, commandant la frégate Saratoga, qui devait faire 
le jeu des. libéraux. 

A la nuit tombante la Saratoga accompagnée d'un antre 
navire nord-américain, le White, portant à son bord M, 
Ignacio, de la Llave ministre de l' intérieur de Juarez, 
quitta le port de Vera-Cruz et se dirigea vers Anton Lizardo. 
Bien ne faisait, soupçonner la manœuvre honteuse du comman- 
dant Turner, et le pavillon étoile des États-Unis flottait sur 
les deux navires, lorsqu'ils entrèrent dans le port d'Anton 
Lizardo où leur présence ne. pouvait donner lieu à aucune in- 
quiétude. Mais arrivés à portée de canon, quelle ne fut pas la sur- 
prise de M. Marin, lorsqu'il vit les deux navires nord-américains 
ouvrir le feu sur " le général Miramon et " le Marqués de la 
Habana. „ 

Bien qu'il ne fut pas préparé au combat, Marin se dé- 
fendit vaillamment, mais l'attaque avait été trop imprévue et 
les navires mexicains furent capturés. Il y eut quelques morts 
et parmi les blessés se trouvait M. Ignacio de la Llave frappé 
au visage. 

Marin prisonnier protesta solennellement contre l'acte de 
félonie dont il avait été victime et le tribunal de l'amirauté 
des États-Unis après un long procès désapprouva la conduite 
du commandant Turner et ordonna la restitution des navires 
de guerre. Mais le temps s'était écoulé et la guerre civile était 
terminée. 

Miramon se trouva donc privé des forces auxiliaires qui 
devaient agir par mer, et après un bombardement de quelques 
jours voyant l'inutilité de ses efiorts, il dut reprendre la route 
de Mexico. 

Il apprit que la place de Oaxaca était menacée de tomber 
au pouvoir du général Vicente Bosas Landa. 

Oaxaca, capitale de l'État de ce nom, est une ville de 60,000 
habitants, bâtie dans une vallée fertile; cette région, riehe 
par ses produite, offrait de nombreuses ressources aux deax 



100 MIGUEL MIRAI 

partis qui se la disputaient. Les 
étaient renommés dans la Républlqu< 
" ' '"-■ de Oaxaca ont laissé di 

nilitaire dn Mexique, 

rai José Maria Cobos, assiéj 
troupes dans un couvei 
par la solidité de ses mi 

raseurs de la place établira 

enlever. 

anda prévoyant la difflcul 

l le terrain afin de faire i 
projet ne réussit qu' ine< 
occasionnât de graves ■ 
commandés par le lieutei 
tard président de la Eép 

ut les assiégeants, qui ; 
er le siège. En effet, le 

lexîco sons les ordres de S 

ide de secours, 
entrefaites, les intrigues 
les conférences de Vera-( 

i aucun résultat pratiqu 
rti conservateur. 
y avait révélé un esprit 

transaction empreinte d't 
uarez même, qui se targu 
on vif patriotisme il ava 

it mettre un terme aus 

acrifices. 

de parti chez les conserv 

it cas nobles sentiments. I 

. plus le chef que devait si 

ragea à taire reprendre 
non seulement Miramon 

ait entouré. 



ANTON LIZARDO 101 

Robles Pezuela était particulièrement en batte 
es; les ans l'accusaient d'aspirer a la présidence, 
codaient qu'il était en rapport arec le gouverne- 
rez et qu'il se jetterait dans ses rangs avec sa 
ju'une occasion lai en serait fournie. 
ait au général Vêlez d'administrer a sa fantaisi-s 
lajuato et on reprouvait hautement le choix d'un 
i et inexpérimenté qui avait pour mission de 

paix daus les États de S. Luis, Zacatecas et 

Robles se montrait tort attaché aux principes 
et il venait d'en donner une preuve récente au 
os Cer-ntos. 

i que blessé d'une balle qui n'avait pu être ex- 
i campagne et manoeuvrait fort habile ment pour 
général Uraga de recruter des soldats et en former 

ivait à Mexico nombre de généraux dont beau- 
fait partie de l'armée de Santa-Ana et ils in- 
vertement contre un gouvernement qui n'usait 
services. 

ts délaissait en connaissance de cause; quelques- 
res, manquaient d'instruction militaire, d'autres 

l'art de la guerre, mais ils en ignoraient la 
îvent même ils n'avaient point le tempérament 
enfin beaucoup d'entre eox étaient âgés. 
1e du soldat était dure an Mexique; il fallait 

longues distauces et supporter des fatigues 
mes jeunes et fortement constitués pouvaient 
it. Il fallait encore y déployer une activité 

se retirer a cause de sa blessure; il fut rem- 
i des chefs les plus en vue du parti conserva- 
-al Romulo Diaz de la Vega, qui autrefois avait 



pé le fauteuil présider 
■a et du courage personi 
une portée très ordi 
ssive. 

elez lai remît le comr 
1 Uraga, qui connai: 
lement dans l'État de 
pes et l'attendit à Lo 
s général Diaz de la 
ace de la montagne o 

essaya de tourner se 
es de 400 hommes cb 
t et qui furent répons 
inchements et s'élam 
t les troupes conserva 
'armée vaincue fut fi 
i que Diaz de la Veg 
rs. Uraga n'abusa pas 
généreux envers les ] 
s succès dTJraga aggr 
ervateur dans l'intérie 
>re nne fois Mexico p< 
i il ne devait pas aba 
ations ourdies par les i 

abouti à une singuli 
omme nous l'avons dil 
a République par déci 
n matin les murs de 
manifeste de Zuloaga 
endre le pouvoir. Une 
se sous pli cacheté à 
nts à Morîco. 
[iramon fnt surpris 
■ée en campagne H s 



Afcïfcfc IAZAKBO 193 



et obligea à raccompagner dans son expédition en lui disant: 
" Je vais vous apprendre à conquérir an fauteuil présidentiel. „ 

Le soir même Miramon prit la diligence, accompagné de son 
état-major et de Zuloaga, et à travers les périls d'une route 
où les guerrilla8 ennemies et les bandes de brigands régnaient en 
maîtresses, il put atteindre Q-uanajuato, ville où il se propo- 
sait de réunir les troupes suffisantes pour entreprendre la 
lutte contre Uraga. 

L'État de Guanajuato renferme la riche région minière du 
même nom, qui offre de grandes ressources aux troupes qui 
l'occupent; on y trouve aussi de grands centres comme dé- 
laya, Léon et San Miguel Ayende. Cette dernière ville est 
séparée de Guanajuato par un bras de la Sierra Madré et se 
trouve sur le chemin qui relie Queretaro à S. Louis Potosi. 
Celaya se trouve sur le chemin appelé du Bajio, qui uûit 
Queretaro à Léon, ville située à l'extrémité de l'État et voi- 
sine des États limitrophes de Jalisco, San Luis, Zacatecas et A- 
guas-Calientes, offrant par cette situation de grands avantages 
stratégiques. (Voir carte N° 9) 

Uraga, qui s'était emparé de Léon, n'attendit pas que Mira- 
mon arrivât jusqu'à lui. Il prit le chemin de San Luis, vint & 
San Miguel el Grande et abandonnant le chemin du Bajio, il 
traversa la ramification de la Sierra Madré qui s'étend de 
ce côté, et entra à Guanajuato, d'où il reprit le chemin de 
Léon, ayant ainsi décrit un triangle dans une marche rapide 
et toujours poursuivi par Miramon. 

Le but dlJraga était de s'emparer de Guadalajara, défen- 
due par Woll à la tête de troupes suffisantes; de sortir im- 
médiatement de cette ville pour se rendre maître du pont 
de Calderon, et de camper sur les bords de la rivière qui dé- 
fend Guadalajara. 

Là, dans une forte position, il comptait livrer batailla 

Si dans cette situation avantageuse il ne remportait pas là vi- 
ctoire, il pouvait se réfugier à Guadalajara, 



MIGUEL MIRAMON 

raga avait deux étapes d'avance sur Mira 

arches forcées sur G-uadalajara, où il intima 

.re d'avoir à rendre la place sur le chair 

algré l'infériorité numérique de ses trou 

1 répondit qu'il était prêt a la défendre 

hommes. 

raga en comptait 6,000 de toutes armes. 

iramon en avait un chiffre égal, bien ar 

nés. 

a général Woll abandonna les lignes ei 

et concentra ses troupes dans le périmé 
spoussa victorieusement une première atts 
a Maria de Gracia. 

raga jugea que le général Colombres, cht 
aque, avait agi mollement, il l'invectiva e 
le à la tête de la colonne, il recommença 
a lutte fut sanglante. Le libéraux mitra 
: pourtant éprouvèrent des pertes crue 
;a eut nne jambe emportée et fut fait | 
,nt lancé à la poursuite des fuyards fut j; 

jambe. 

e lendemain Miramon arrivait a G-tiadala 
t terminé ; les conservateurs restaient ma 
on occidentale da Mexique, 
aarez, pendant ce temps, cherchait à se ci 
ources pécuniaires pour continuer la lu 
b fois au gouvernement des États-Unis pa 
ion ministre des afiaires étrangères M. 1 

avec le ministre, des États-Unis auprès < 
^era-Cruz, M. Mac Lane, combina le tri 
Est concéda aux Américains à perpétuité I 
l'isthme de Tehaantepec, par quelque che 
tant ou a créer ; l'établissement de deus 
lantique, l'antre sur le Pacifique; legouv 



ANTON LIZARDO 

an droit sur les marchandises transita 
n'est sur celles destinées à la consom 
République. 

l'engage & protéger par la force des ai 
ricaine, hommes et choses, et s'il es 
i le taire, la charge en incombe de dre 

la libre entrée et le transit de toutes U 
tenant ou consignées aux Américains d 
>rts dn golfe du Mexique, depuis Mat 
oint de Rio Grande jusqu'au port, de Ma 
die de Californie ; depuis le Rancho de 
ie point qui conviendra aux Américai 
ceux-ci se réservant le droit de choii 
l'ils voudront bien admettre à la vent 

ris ont également le droit de passage pr 
aunitions de guerre par tout chemin qi 
ruaymas jusqu'au Rancho de Nogales 01 
:ur convenance à travers la Sonora. 
i ces privilèges le gouvernement de Juar 
i somme de 40 millions de francs. , 
irit à Mexico la signature de ce trait 
bation s'éleva dans les rangs des conserv 
béraux désapprouvèrent hautement un c 
Dtègrité du territoire national. 
Miramon dans sa protestation, je n'acc 
traité. Placé par la Providence à la t 
is profondément pénétré de la respons 
i dans une crise aussi grave, 
lé la victoire dans une guerre intestin* 
a donnera dans une guerre entrepris* 
le ma patrie, pour la défense de sa n 
son territoire. „ 



106 



*BGtt&L MAAHON 



Le général Ramon Iglesias et le colonel Paz, qui se trou- 
vaient à Vera Cruz, excités par un vif patriotisme, lèverait 
la voix contre le traité Ocampo-Mac Lane, et déclarèrent à 
Juarez qu'ils passeraient dans le camp conservateur si le 
traité venait à être exécuté. 

Le général de Partearroyo renonça au ministère de la guerre 
et fut remplacé par M. Pedro Ampudia. 

Juarez fut même accusé plus tard de trahison par le dé- 
puté M. Âguirre dans la session du congrès de 1862 et 
M. Francisco Zarco défendit le président libéral en ces termes : 

w .... Il était nécessaire de rapporter ce qui précède pour 
" exprimer notre profond étonnement en entendant dans une 
" des dernières séances du congrès M. le député Aguirre ac- 
u cuser de trahison M. le Président de la République, enrap- 

* pelant comme un grièf la célébration du traité Ocampo- 

* Mac Lane, dans lequel, bien qu'on fit de grandes concessions 
" aux États-Unis, on le leur accordait pas cependant tous les 

* avantages qu'il sollicitaient, comme le prouve le fait que cette 
u convention ne fut pas approuvée par le sénat américain. 
" Le texte du traité, quelle qu'en soit la teneur, n'est pas un 
u motif pour accuser le Président du Mexique, car on sait 
u que le droit d'introduire des corrections et des changements 
" existe jusqu'au moment de la ratification. D'ailleurs les fran- 
" chises communales, le droit de passage pour les troupes 
u américaines dans des cas déterminés, n' impliquent pas une 
u attaque à V indépendance nationale et ne peuvent justifier 

* V accusation de trahison lancée si légèrement par les députés 
u de Nuevo Léon et de Cohahuila „. 

Nous ferons remarquer que les clauses du traité Mac Lane 
avaient déjà été présentées à la signature du goovernement 
mexicain par M. Trist, ministre des États-Unis, dans Fart. 8 
du traité de paix de 1847. 

Cet article avait été repoussé par les représentants i 
Mexique comme présentant de graves dangers pour l'indépeo 



107 



dence de ta République ; et à ce moment le Mexique venait 
d'être vaincu snr les champs de bataille: il n'y avait donc pas 
Heu de lea accepter alors que les États-Unis ne pouvaient 
exercer aucune contrainte sur les décisions du gouvernement 
mexicain. 

Si Juarez s'est montré énergique dans la lutte qu'il a sou 
tenu a la tête de son parti, nous devons signaler le fait d'An- 
ton Lizardo et le traité Mac Lane comme deux taches anti- 
patriotiques sur la réputation de cet nomme historique. Le 
traité Ocampo-Mac Lane n'ayant pas été ratifié par les États- 
Unis, on se rejeta snr les biens dn clergé qui fournissaient 
toujours quelques subsides; lesJuaristes continuèrent, à lever 
des troupes dans différentes régions de la République, et parmi 
les chefs libéraux qui poursuivaient la lutte avec plus de 
succès se trouvait le général Jésus Gonzales Ortega. Il opérai! 
dans les États de Durango et de Zacatecas et il était entré vic- 
torieux dans la capitale de cet État après avoir défait les 
troupes du général Silverio Bamirez a la hacienda de Pe- 
nuelas. 

D'autre part les généraux Pedro Ogazon et Leandro Valle 
remportaient des seccès dans le sud de Jalisco. 

Le chef conservateur Valdés était battu près de Mazatlan 
et les porte de S. Blas et de Manzanillo tombaient au pou- 
voir des libéraux. 

Pedro Ogazon et L. Valle s'étaient fortifiés & Zayula, tant 
pour y recueillir les débris de l'armée d'Uraga, que pour ré- 
sister & Miramon dans une très forte position. 

Enfin le général Cobos était battu aux environs de Oaxaca 
et cette ville tombait au pouvoir des libéraux. 

Miramon marcha sur Zayula, mais les chemins déjà presque 
impraticables pendant la saison des pluies, avaient été profon- 
dément conpés par des tranchées qui barraient la route a la 
grosse artillerie. 

Miramon ne prit donc que l'artillerie de campagne et & la 



MIGUEL MIRAMON 

nés il arriva devant Zaynls 
vec les éléments dont il disj 

iur G-uadalajara sans tenter 1' 
i s'imposait ailleurs ; Ortega 

îtte dernière ville où il laissa 
le 8,000 hommes et il se d: 
C chasseurs et le 9* de ligne, 
r des troupes pour faire fat 
libéraux. Il était accompagi 
ïernandez et du colonel M. ] 

;e dirigeait sur Qaeretaro pour 
ts. 

résident Zuloaga pnt s'enfuir ei 
nda a se soustraire à tonte pi 
qui lui fut facilement accord' 
encore des soldats et formait ; 
; d'armée qui était retranché 
ons et évitant par un demi-toi 
s'unir aux troupes de OJonza 
o, commandant de la place d 
ont il devait plus tard donne 
' la jonction des troupes liber 
en effet, à la tête de 7,0( 
se replier sur Silao a la 
» de 3,000 hommes et il Foblij 

i d'un combat acharné ses trou 
les efforts de valeur et d'intellif 
téraux Pacheeo et Hernandez, 

joint, d'être fait prisonnier f 



ANTON LIZARDO 

ami, lorsqu'il laissa tomber une bo 

ir arrêter ses poursuivants. 

aton Boa ' qui le suivait, croyt 

hasard, s'arrêta pour la rainasse: 

toldat juariste qui allait lui faire 

«lui-ci tomba frappé par une ord< 

Perez. 

i à Mexico, où il était amené par 

par les graves événements que n 

npirait, il fallait lever de nouvel 
iux libéraux et Miramon rendit 
» des faits de la dernière cam] 
ibles se réunit et Miramon fut 
lel. 

lé, Miramon réunit chez lui tous '. 
o & titre de représentants du cle 
îtuation désastreuse dn parti con; 

devenaient nombreuses dans rai- 
era eux-mêmes désespéraient: le 
Haragau avait déserté à Silao deva 

régiment, donnant pour prétext< 
e ses soldats se trouvaient réduit 
onservateurs et la cause du clerg 
ies, le triomphe des libéraux ma 
le l'Église et consommerait sa ru 
émirent; évidemment la situatioi 
i ils ne pouvaient disposer d'aucun 
mée; cependant on aurait recoc 
îs dans les églises et on en desti 
nement. 

JO francs. 

■ire de la légation mexicaine i Berlin. 



llv', Mieupi. un 

Miramon éprouva une vive dé 
cours, il accepta cependant la 
mise et qui fut encore réduite au 

Miramon lit replier sur Mexi 
Robles Fezaela et à ce moment 
daient que la capitale, la place c 
château de Perote. 

Gtonzales Ortega, vainqueur à I 
xico, mais il s'arrêta à Qaeretaro 
Guadalajara et revenir ensuite s 

Guadalajara fut bientôt inves 
fat tiré de sa prison et placé & 
5,000 hommes destinée à secour 

Arrivé à Léon, Marquez vit so 
la cavalerie ennemie, mais il co 
jusqu'au moment où il se trouva 
qui comptait 18,000 hommes et 
demander un armistice. 

Marquez voulut traiter avec l'f 
lamentaires les généraux Santiaj 
Facio, qui furent accueillis froidem 
ragoza. 

H fallait combattre ; mais à 
ouvert le feu et la bataille n'ét 
Marquez disparaissait. 

La fuite honteuse du général 
de secours si péniblement organi 
Tout fut perdu: hommes, armes 
de la place de (Suadalajara et de 
et San Luis. 

Le découragement se fit jour 
valeurs; la discipline se relâcha 
passaient à l'ennemi, qui d'ailleu 
démoralisation de l'armée cooserv 



ANTON LJZA*«W IH ■ 

Les chefs eux-mêmes taisaient, détection. Lea uns abandon- 
naient nu parti qui faiblissait et paraissait voué a une ruine 
imminente, d'antres laissaient le service poussés par des promesses 
ou par des gages plus positifs. Ce fut ainni, que le commandant 
de bataillon Sostenes Rocha.. depuis général, sortait la nuit 
de ses quartiers a la tête de ses troupes et passait à l'en- 
nemi; le lieuteuant-colonel Garcia, prétextant des ordres reçus, se 
dirigeait avec ses troupes ver Tlalpam occupé par les libéraux 
et se joignait à eux. 

Le colonel Manuel Bamirez de Àrellano prétait l'oreille aux 
promesses du comité libéral qui fonctionnait à Mexico même, 
et recevait une somme d'argent, mais restait fidèle à Miramon. 
On alla jusqu'à circonvenir un des frères du président, le co- 
lonel Mariano Miramon ; il accepta une somme d'argent, qu'il 
fit immédiatement distribuer a ses troupes sans paie depuis 
quelques jours. 

Les juaristes également épuisaient leurs dernières ressour- 
ces ; le général Degollado s'empara à Laguna Seca d'un con- 
voi d'argent appartenant au commerce. 

Miramon, pour subvenir aux besoins de son année, eut le 
tort de s'emparer des fonds déposés an consulat de la Grande 
Bretagne, et destinés & payer la dette anglaise. 

Mais la décision prise par le gouvernement de Miramon 
porta la pins grave atteinte a un parti qui jusqu'alors s'était 
montré scrupuleusement respectueux de la propriété particu- 
lière. 

L'armée libérale se rapprochait de Mexico, et Miramon ne 
pouvait compter tant a Mexico qu'à Pnebla sur plus de 9,000 
hommes.. 

Il hésitait a livrer des combats partiels; dans ce but 
il eut recours a un de ces subterfuges que lui suggérait 
son esprit fertile en ruses de guerre. Il annonça que le 8 
1 membre, jour anniversaire de la naissance de M me Miramon, 
: donnerait une grande soirée. En même temps il fit con. 



112 MIGUEL MIRAI 

lectionner un grand nombre de bloue 
taient lesjuaristes, et en revêtit ses 
sous les ordres de Cobos. 

Le 7 décembre, Miramon quittait 
Toluca par le chemin du Mayorasgo 

Cobos se dirigeait sur le même pc 
où il trouvait l'avant-garde des tro 
zabal qui s'était emparé de Toluca q 

L'avant-garde de Berriozabal, trot 
costumes des conservateurs, fut sur] 

Miramon s'avança jusqu'à Toluca 
la ville vers 11 heures du matin. 

Une partie des soldats libéraux ■ 
assistaient à la messe dans les princ 

Miramon ouvrit le feu et la gan 
après un combat de courte durée. 

Berriozabal se défendit courageux 
présence dn général Miguel Negrete 
dres de Miramon, un combat singulie 
chefs. Berriozabal fut légèrement bl 
ainsi que d'autres chefs importants, 
Farias, Bocero Gobantes et nombre 

Marquez engageait vivement Mip 
lution extrême et à faire passer p 
capturés. Miramon n'en fit rien ; lo: 
prisonniers, selon sa coutume, toute 

Le général Gonzales Ortega, après 
dalajara, se rapprochait de la capiti 
Mexico et à la tête de 7,000 homn 
Zarco, où l'ennemi fort de 18,000 ho 

Les colonnes de l'armée conserva 
par Negrete, Vêlez et Cobos ; Antoi 
la cavalerie et Marquez remplissait 
tat-major. 



r 



ANTON LIZARDO 113 



Le 22 décembre 1860 les deux armées se trouvèrent en pré- 
sence dans les champs de Calpulalpam. 

Le général Negrete attaqua vigoureusement la gauche de 
l'armée libérale et mit en déroute la brigade de Morelia com- 
mandée par le général Epitafio Huerta, mais la cavalerie des 
-conservateurs faiblit et lâcha pied, découvrant le flanc gau- 
che de la colonne Cobos ; la lutte se poursuivit enèore pen- 
dant quelques heures avec acharnement, mais la victoire res- 
ta aux troupes du général G-onzales Ortega. 

Miramon vaincu rentra à Mexico et donna le commandement 
4e la ville à son prisonnier le général Berriozabal pour qu'il 
la livrât au vainqueur. Il voulut cependant sauver les quelques 
troupes qui tenaient encore garnison à Mexico et il donna des 
ordres pour qu'elles se préparassent à marcher sur Toluca; 
mais lorsqu'il se rendit au quartier de la garde municipale, 
pour en prendre le commandement, le colonel Francisco Heraz 
flt feu sur lui et voulut s'emparer de sa personne. 

Miramon s'ouvrit un passage à coups de revolver au milieu 
de soldats qui l'entouraient et gagna l'hôtel de l'ambassade 
espagnole où il demeura jusqu'au 2 janvier 1861 ; il quitta 
alors Mexico à cheval, accompagné de deux amis dévoués, 
M. le licencié Isidro Diaz, M. Manuel Rodriguez son ancien 
aide-de-camp, et de son ordonnance Albino Perez. 

Par des chemins de traverse et traqués de toutes parts, ils 
Arrivèrent aux environs de Jalapa ; mais Rodriguez ayant pris 
an mauvais chemin, ils entrèrent dans le village de Jico dont 
les habitants étaient fort dévoués aux libéraux. 

Le village était sous les armes et à peine les voyageurs y 
avaient pénétré, qu'ils furent entourés et sommés de se 
rendre. 

Le colonel Rodriguez et Albino Perez furent capturés, 
tuais Miramon et Isidro Diaz prirent la fuite; Diaz tomba 
de cheval et fut pris. 

Miramon continua sa route cherchant un refuge dans la mon- 

miramon - 10 



114 MIGUEL MI 

tagne, lorsque son cheval s'abatl 
et allait le saisir, lorsque 
ila la cervelle ; un deimèu 
ae sort: il profita delaaui 
ne haie et continua sa rou 
i qui le mettait hors de vut 
jbjets qu'il portait sur lui an 
Lite revenant sur ses pas e 
à Jalapa, où il trouva un 
tombant de cheval il s'était 
elques jours d'un repos foi 
i il fallait quitter Jalapa; 
et fouettant des mulets il 
où il pénétra en conduisait 
i au consulat de France qu 
Iques matelots du Mercure 
ans le port, descendirent au 
;nme de l'un d'eux gagna 
t ainsi que Miramon quittai 
es jours auparavant, 
apprit le lendemain, que ï 
re, et le capitaine d'un nav 
iate du chef du gouverner 
at anglais à Mexico. 
capitaine du Mercure répi 
is n'avait couvert des actes 
il ne trahissait pas ses hô 
commandant anglais couste 
re et s'embarquer à bord i 
sit a la Havane. Il y fut ao 
i, M. Francisco Serrano, a 
distinction. 



ANTON LIZARDO 115 

trefaites Juarez entrait à Mexico et nommait un 
sntiellement radical. 

Isidro Diaz avait été conduit de Jico à Jalapa, 
ssage une foule avide de spectacles sanglante de- 
ands cris la vie du prisonnier. Juarez, qui se lais- 
ois guider par le peuple ordonna de le fusiller, 
iramon apprenant la condamnation de l'exmini- 
, toute considération politique, se dirigea immé- 

palais, résidence de Juarez. Elle en avait 
euil lorsqu' elle aperçut le général Leandro 
time de Miramon depuis l'école militaire et dont 
itait jamais refroidie, bien qu'il combattit dans 
es ennemis. — Qu'est-il arrivé, s'ecria-t-il en aper- 
le Miramon, Miguel est prisonnier? Répondez 

a vos ordres pour sauver un ami et un frère. — 
Miguel mais Isidro qui est condamné et vous 
>r une preuve d'amitié en insistant avec moi auprès 
ur obtenir sa grâce. 

par l'angoisse qui se peignait sur le visage 
non, l'accompagna et tous deux implorèrent la 
[sidro Diaz. 

ta un instant sur le parti qu'il devait prendre, 
nce l'emporta et la grâce demandée fut accordée, 



Fin de la Première Partie. 



DEUXIÈME PARTIE 

Chap. I. 

Cinq Mai. 

Miramon à Paris — Son entrevue avec le duc de 

— Notes des ministres de France et d'Angleterre — 
ion de Londres — Médiation de Seward — Arrivée 
ires alliées — Miramon veut débarquer à Tera-Cruz 
& arrêté par les Anglais et envoyé à la Habana — 
utires de la Soledad — Retraite des armées espagnoles 
ises — Rupture avec la France — AculUingo — 
ai — Retraite d Orizaba — Barranca Seca — Bor- 

Renforts envoyés A V armée française — Siège de 

— Bataille de S. Lorenzo — Capitulation de Puebla 
lùuvememeni libéral se retire à S. Luis — Occupation 
co — Assemblée des Notables — Election de Maxi- 

— Régence de Vempire. 



i arriva à Paris dans les premiers jours de mars 1861, 
«cueilli par Napoléon III avec de hantes marques 
ration. 

iremier moment, le duc de Morny le rechercha. Il 
irs entrevues avec lui, dans lesquelles il essaya de 
à sa cause, désirant obtenir pour la France l'État 
et la Basse Californie. 



MIGUEL MIRAMON 

■amon fit d'abord valoir sa situation t 
i impuissance à contracter un engag 
lut. 

duc de Morny lui demanda quand m 
i projet, en lui laissant entrevoir an 
dans sa situation politique: on pourri 
rouver une formule qni aplanît toutes 
amon, ne pouvant alors éluder une ré] 
. en ternies aussi cathégoriques, déclh 
. un projet qui entraînerait le démeml 
mexicain et déclara qu'il ne vendait j 
. Guttierez Estrada, Almor.te et Hidalf 
lins, commencèrent alors à manoeuvre 

projets qui devaient entraîner plus t 
» malheureuse guerre si fatale à la 
lui prirent part à rétablissement de l'an 
première cause invoquée par l'Espagni 
xique, était celle du dommage souffert 
e désordre des guerres civiles. 

citait spécialement le cas des espagi 
ula de San Vicente Cliiconcuac. prop 

qui partagea le sort de ses compatri 
; en 1858 qu'une troupe de bandits e 
i but de la piller et de se venger des 
s qu' avaient usé à leur égard les e: 
;ion. Ils massacrèrent impitoyablement 
lonnel de l'hacienda. 
gouvernement de Comonfort fit poursi 
taiteurs ; quelques-uns furent capturé 



est ra)>iuitti*(* ilaiis Le Me;riqiie 
MinoicnUires que tet auteur y «joute 

riiitttTïi'iitLiin'i-t aiinqncl» Mimiiiùu 



lent ils furent condamnés à mort et exécutés 
la promenade publique au milieu d' une foule 
uloaga était alors président, 
êclamait encore au sujet de la saisie du navire 
ncepcion ordonnée par Juarez à Vera-Cruz sous 
renfermait des munitions de guerre destinées à - 
ces réclamations, et d'autres encore, avaient été 
e général Àlmonte ministre du gouvernement de 
ris et M. Mon, ambassadeur d'Espagne auprès de 

s de France et d'Angleterre auprès du gouver- 
nez établi à Mexico après la bataille de Cal- 
maient de grandes difficultés au gouvernement 
prenaient des prétextes pour faire intervenir 



ment pour le Mexique, le gâchis financier était 

îe. 

ment de Juarez établi à Mexico le T r janvier 1861 

en avril et Monsieur Prieto ministre des finan- 
lander au congrès des facultés extraordinaires 

les budgets de la guerre et des finances et 
ays un emprunt forcé d'un million et 1\:> de 

e faire une idée de la dilapidation des fonds 
ad nous dirons que les 60 millions de piastres, 
tus du clergé, dont s'était emparé le gouverne- 
z, avaient complètement disparu et que les cais- 

itaient aussi vides que jamais. ' 

'ke écrivait à son gouvernement le 27 mai lrtiîl : « Coiifonné- 
lié parle gouvernement, il j a déjà quelque temps, celui qui dé- 
fi' de l'égliso a droit de l'acheter dans les conditions suivantes r 
le l'immeuble eu des terrains, pliable en bons de la dette inté- 
! ne valent que 6 °[ ; 10 \w pagarés, ou traites à échéance 
lois; ces bons sont escomptes et doiinéspour une somme qni-leoti- 



120 MIGUEL MIRAMON 

La pénurie du Trésor obligea le gouv* 
suspendre le paiement des coupons de 
conditions stipulées par les conventions i 
espagnole; et ce fait donna aux trois goui 
une raison plausible pour signer la con 
, bre 1861, dans laquelle les trois parties 
geaient à intervenir au Mexique par ! 
et à 7 établir sous leur auspiceun gouv 

Les états européens qui intervenaient 
d'autres vues et la plus élevée était celle < 
une nation puissante, capable d'entraver 
l'influence trop prépondérante des Étata-Ui 

Les tendances des Nord-Américains se m 
rement; il en est de même aujourd'hui; 
passé et le présent ; l'avenir ne saurait '. 
fluence politique agit sans contrepoids e 
nomiques se poursuivent activement, prépa: 
dissements de territoire. ' 



que en numéraire, tant le gouvernement est pressé d'aï 
lions de piastres de biens du clergé ont été dissipés dan 
gouvernement qui n'a pins an centime en caisse cherc 
pour couvrir ses dépenses conrantes. 

Le parti de l'église bien que vaincu n'est pas encore 
chefs sont à six lieue» de la capitale à la tête de troupes 
hommes. 

l'n de cm chefs est le fameui Marquez, qui dernière 
coup de corps de troupes envoyés contre lui par le gou 

1 Castolar dit i ce propos : < Cette grande pensée t 
façon mais dans le même bat ; les nations hispano 
l'idée du grand Bolivar do former entre elles une conféc 
progrès des Ètats-Cnis du Nord, ont vn leur projet déjoué 

Et plus loin dans son ouvrage Gitrrra dt A 
prime ainsi : * En vertu de ces préliminaires nous 
grès hispano-américain serait bientôt tenu à Panama 
sonnants projets et de réconfortantes espérances. Hais 



convention de Londres fut signée, le mo ■ 
lus favorables pour que l'Europe mît un 
)ns de la république anglo-saxonne. 

s'étendait dans le nord de l'Amérique ; de 

combattaient sans cesse et arrosaient de 
tes du Mississipi ; la haine divisait chaque 

deux partis, et le trésor était épuisé, 
ens crurent qu'un gouvernement fort pour- 
x au Mexique, relever le pays, lui donner 
(aire pour tenir en respect son envahissant 
' l'équilibre des peuples américains. 
stre des États-Unis, comprit tonte la por- 
m de Londres et il indiqua que si la cause 
'était autre qne la suspension du paiement 
tipnlées avec les puissances, les fonds du 
ornement payeraient cette dette pour éviter 
*rre qui le menaçait. ' 

de générosité de M. Seward à l'égard du 
1er se rapportaient peut-être plus spéciale- 
mitrophes où ii aurait trouvé une garantie 



; punique ont complètement renversé cette grande entre- 
laires étrangères a été. assez osé, qui le croirait ? pour 
de rénnir le congrès à Washington tt sons la présidence 
on pays. Et pouisnivant cette idée il a proposé qne les in- 
ts réunis dans la capitale américaine fussent payées par le 
,tion. Cette note incroyable a circulé dans tontes les rhan- 
de et a mis en relief les funestes projets con; os par ces fili- 

Nons ne voudrions pas le dire parce qne nous en souffrons, 
t'a pas été assez poissant pour rénnir le congrès Je Waehing- 
nt pour empêcher le congres de Panama. Le Chili lui-même 
promesses et il a mis en oeuvre tous lf s obstacles imigi- 
mt cette oeuvre de réconciliation et de paii. » 

à M. Calderon Collantes, ministre des affaires étrangère* 

octobre 1861. 



Lee trois nations européennes 
M. Seward et les troupes de l'in 
Vera-Cruz. 

Dans les conférences tenues a i 
étrangers et M. Doblado, ministre 
les premiers obtinrent un grand av 
celui de pouvoir quitter Vera-Cr 
malsain, pour établir leurs quarti* 
Tehuacan. 

D'autres conférences furent tenu 
et ces négociations aboutirent cou 
représentée par le général Prim t 
par sir Charles Wyke. 

Il n' en fut pas de même pour 1; 
elle était représentée par M. Dub< 
faire comprendre dans la dette du 
l'emprunt Jeker. 

Le gouvernement mexicain refi 
tions et les bostilités s'ouvrirent. 

Le ministre anglais prit parti 
gouvernement mexicain et M. Dub 
non sans raison, que le représenta 
n'avait rien à voir dans les réclan 
Mexique. 

Il iaut aussi constater que Jeck 
çaîs; il était de nationalité suisse 
entreprendre une guerre périlleuse 
tions qui ne provenaient point de 

La guerre commença ; elle n'é 
France, et n'avait, en résumé, d'aul 
Napoléon III et les manœuvres de 
triés qui voulaient à tout prix en 
dans cette déplorable aventure. 

Miramon, qui suivait de prés les 



CINQ MAI 123 

er, quitta 1* Europe et ae rendit à Vera-Cruz 
Avore, mais en arrivant dans ce port il fut 
Anglais, qui le rembarquèrent à destination 

Juvernois jugea en ces termes ce procédé arbi- 
icte est certainement regrettable et pouvait su- 
its fort graves : Miramon n'était pas un mal- 
i. Il eût été plus digne, de la part du ministre 
pas se laisser aller à des sentiments de haine 
and il avait à décider des questions autrement 
les de l'arrestation d'un homme pour lequel il 
antipathie invincible. „ 

:hie provenait du fait que nous avons déjà rap- 
it les fonds de la convention anglaise déposés 
m de la rue Capuchinas et dont Miramon s'em- 
uoment critique. Bien qu'on doive le réprouver, 
is Miramon sous la juridiction anglaise et sir 

représentant anglais, pouvait tout an plus de- 

ernement auprès duquel il était accrédité, le chA- 

ible. 

.t'avait agi un de ses prédécesseurs sur la ré- 

, maison Baron, Forbes et C.' r contre le général 

ujet des affaires île Tenir. 

fit dire injustement à quelques personnes que 
lit dès lors de prendre tait et cause pour l'ïn- 
3 heureusement pour la mémoire du général 

prouver qu'il n'en est pas ainsi. 

iiamon avait eu des rapports avec les hommes 

î, il n'aurait pas été expulsé par le représen- 

nations alliées. 

îu, Miramon écrivit au général Almonte une 

b par les journaux de Paris, de New- York, de 

e Mexico, dans laquelle il protestait contre l'iu- 

inteiventîon, disait-il, n'est qu'un prétexte pour 



MIGUEL MI] 

ihir le pays, il s'agit d'one c 
équent j'offrirai mon épée au 
nfin dans deux lettres dirigéi 
it: 

Le 12 mars 1863. Eustaquio 
, il ne vent pas entendre par 
is des Français. Il croit, que < 
pour les chasser du pays. F 
éalise. „ 

t dans une autre du 13 de juin 
Puelila m'a causé une îndispc 
souffert à Madrid et à New- 
sentiments patriotiques. 
Ortega et l'armée d'Orient on 
'armée nationale, mais on am 
t rompu la ligne ennemie, c 
mes suffisamment pourvus de r 
Moi je l'aurais fait une, deux < 
ernière détermination. Cepem 
- un militaire de café et je n 
r juger èqmtabletnent la coin 
ord de connaître l'état de dis 
régnait dans la place, car ce] 
luite. „ 

n pourrait objecter et se demai 
émeut ces idées et ces intenti 
ique dans un port qui se tr< 
i mexicaines. 

i réponse est bien simple: e: 
rdées par Jnarez, hors la loi, i 
les armes s'il tut tombé dan 
en t. 

Ion, Intervention française, pag. 56. 



CINQ MAI 125 



Cela est tellement vrai, que M. Manuel Maneyro, consul de 
la république mexicaine an Havre en 1861 fut autorisé par 
Miramon à offrir son épée à Juarez contre l'intervention. Ma- 
neyro lui répondit que Juarez refusait ses services et qu'il 
était décidé à le sacrifier s'il mettait les pieds sur le territoire 
national. l 

L'arrestation de Miramon par les Anglais donna lieu à des 
réclamations en toute forme de la part du général Prim et 
de l'amiral Jurien de la G-ravière. Ils convinrent que Miramon 
serait embarqué pour la Havane et remis en liberté, ce qui 
eut lieu comme nous l'avons dit antérieurement. 

Les lettres que Miramon avait dirigé à plusieurs chefs de 
l'armée avant cet incident, donnèrent pour résultat ce que dit 
Noix dans son ouvrage déjà cité, page 56. 

Il avait écrit à plusieurs d'entre eux que l'intervention n'é- 
tait qu'un prétexte pour envahir le payn; qu'il s'agissait 
d'une domination étrangère et que par conséquent il offrirait son 
épée aux démocrates ; et ce furent peut-être ces lettres qui déter- 
minèrent plusieurs des généraux du parti conservateur à rester 
au Mexique et à se rallier à Juarez en profitant de l'amnistie 
qui leur était offerte. 

Quoi qu'il en soit, l'Espagne et l'Angleterre retirèrent leurs 
troupes, comme nous l'avons indiqué plus haut, et les Français 
restèrent àOrizava. 

Le général Lorencez vint prendre le commandement des 
troupes ; il arrivait accompagné de M. Juan N. Almonte, au- 
teur principal de l'intervention, qui nomma un ministère et qui 
organisa un gouvernement contre lequel Miramon protesta dans 
la lettre que nous avons déjà rapportée. 

Le gouvernement mexicain se prépara à la défense ; il for- 
tifia la place de Puebla et mit 4,000 hommes sous les ordres 

1 M. D. Manuel Maneyro est mort, mais sou frère Louis, qui est actuellement 
consul de la République à Bordeaux, peut affirmer la véracité de ce que nous a- 
Tançons. 



126 MIGUEL MIRj 

du général José Lopez Uraga. En 
une ^amnistie générale, mais il en ex 
mon, Marquez, Zuloaga, Mejia, Ta 
d'autres encore qu'il serait trop loi 

Ce fut une grave faute de Juarez ( 
qui, à l'exception de Miramon, comm 
assez nombreuses, les obligeant ain 
suivre la guerre civile ou à servir 

Si l'amnistie eût été générale, pi 
bliant leurs rancunes politiques en 
gère auraient probablement pris 
ment de Juarez. 

Une amnistie conçue en ces ter 
liberté d'option aux chefs conserva 
le choix, forcément ils se trouvera 
vention. 

D'autres chefs conservateurs qui 
l'amnistie vinrent offrir leur épée a 
tels que les généraux Negrete et Dom 
Ignacio Alatorre, Manuel Gonzalez 

La loi d'amnistie fut complétée r. 
condamnant à mort tout mexicain c 
tervention ; cette loi devait être apj 

1 La loi d'amnistie. portait les exceptions soi 

1. Ceux qui ont été présidents dopais 18! 

2. Les chefs qui ont autorisé et exécn 
condamné Ocampo; 

'A, Tons ceux qni ont été exilés par Alvai 
4. Tons les chefs et officiera qui ne sont ] 

part & la réaction et an gouvernement de Mirai] 
6. Tons ceux qni ont signé le traité Mon-J 
6. Les chefs qui ont autorisé et exécuté 

trea delà légation anglaise. 

Ceux qui ne sont pas compris dans ces articlee. 

emnlois et mdra qo'iIh ont on qu'ils aiaieut av 



CINQ MAI 127 

ii se réuniraient temporairement et pour chaque 

rait se présenter. 

in relation avec les généraux Marquez et Mejia 

du général Lorencez pour qu'il marchât sur Pue- 

mvait disposer que de 7,300 hommes pour cette 

mis Almonte faisait valoir les éléments conaerva- 

rouverait à Puebla même et qui lui faciliteraient 

la prise de la ville. Ce projet fut approuvé par 

e Saligny et Lorencez se mit en marche. 

tte époque que la loi du 26 janvier 1862 fut ap- 

général Robles Pezuela; voici en quels termes 
io ' raconte le capture et l'exécution de cet offi- 
jénéral Robles Pezuela avait demandé au gouver- 
r uarez un passeport, voie Acapuleo, et il partit de 

le général Taboada ; mais ils prirent nue diree- 
re et arrivés à Tacamachalco (État de Puebla) 
Têtes par Yakalde de ce village. Robles n'opposa 
tance, mais M. le général Taboada put s'échapper 
r itesse de son cheval. Robles fut dirigé snr Chal- 
Htat de Puebla) et remis au quartier général de 
ient. Le général Ignacio Zaragoza qui habitait la 
[. Couttolene y reçut Robles et ils eurent tous les 
g entretien, après quoi Robles fut remis au quar 
tral Ignacio Mejia. Il portait sur lui deux grands 

deux petits, tous du système Lefaacheux ; dans 
ille se trouvait l'itinéraire du chemin de Mexico 

aux I. Zaragoza- et les colonel» J. Colombres et 
i se réunirent en conseil ; ils examinèrent le cas 
ftobles, les circonstances de son arrestation, et con- 
i la loi du 25 janvier 1862 il fnt décidé que le 
asserait en jugement. 

conenl de jfeiiqae en Eâpagne. 



MIGUEL MIRAMC 

je colonel Agustin Alcerraca, aide 
f, fut nommé fiscal et l'instruction i 
lt. Le soir venu, le colonel Alcerraca 
suite de l'instruction au lendemain, 
-, sur les ordres du général Zan 
struction jusqu'à ce qu'elle fut tei 
'-'e ne fut guère qu'à ce moment e 
léral Robles comprit qne sa vie et 
£n effet le fiscal demanda la peine 
-agoza s'y conforma et donna Tord 
ion. 

ja nouvelle circula en ville et une i 
ues vint demander la grâce du co: 
;oza répondît qu'il ne pouvait qu'a 
une demande de grâce fût envoyée 
'io ne fut point accordé et le généi 
e, fut fusillé à San Andrés Chate 
iteuil, 

Dans la division qui fusilla Robles 
;lan et d'autres chefs qui avaient 
i étaient liés avec lui d'amitié. 
L'opinion publique attribua la mor 
sla à une intrigue politique ourdi 
i ami intime. 

Eu effet, lors de la chute du gou 
1860, les chefs de ce parti, qui a 
us l'armée, les ministres qui avaie 
loaga et de Miramon, et enfin tous 
ice élevée dans ces deux administi 
i, exilés ou périrent sur l'échafaut 
Nous en donnerons comme exemple 
lo et Casanova qui passèrent dix : 
que ; l'archevêque de Mexico, nom 
îels Charles et Mariano Miramon 



CINQ. MAI 129 



pays et MM. Vincente Ssgara Arguelles et le général Trejo 
qui tarent passés par les armes. 

Doblado, gouverneur de l'état de Guanajuato, mit le géné- 
ral Bobles Pezuela à couvert de cette persécution contre le 
parti conservateur, en le tenant auprès de lui. 

Lorsque les puissances alliées arrivèrent à Vera-Cruz, une 
idée circula, qui voyait un rétablissement possible de la paix 
du pays dans la démission de Juarez de président de la ré- 
publique et dans l'élévation de Doblado à cette dignité. 

Cette opinion est confirmée par une lettre de Bobles à Du- 
bois de Saligny. Elle est datée de Guanajuato le 12 novem- 
bre 1861 et M. Duvernois la cite textuellement dans son 
ouvrage l' Intervention française au Mexique (Chapitre III, 
de la page 115 à la page 119 incl.). 

Ces circonstances donnent lieu à penser que Bobles s'ache- 
minait à Orizava en qualité d'agent de Doblado ; surpris dans 
sa route il fut sacrifié et abandonné à son sort par son ami ministre, 
qui craignait des révélations compromettantes pour sa popu- 
larité et qui voulait tenir dans l'ombre le véritable but du 
voyage de Bobles au quartier général d'Orizava. 

A cette époque, le général Uraga ayant déclaré que les 
éléments dont il disposait pour combattre l'armée française 
étaient insuffisants, était remplacé par Zaragoza au com- 
mandement de l'armée d'Orient. 

C'est dans ces circonstances que Lorencez entreprit sa 
marche sur Puebla, et rencontra l'armée mexicaine forte 
de 4000, hommes aux Cumbres de Âcultzingo. 

Ces 4000 hommes étaient divisés en cinq brigades d'infan- 
terie, trois batteries de montagne de six pièces et 1200 ca- 
valiers. Ils étaient répartis de la manière suivante : à sa droite 
une brigade sous les ordres du colonel Escobedo ; au centre, 
défendant la route et les bâtiments en partie ruiné3 d'un an- 
cien presidio, une brigade commandée par le général Arteaga; 
À sa gauche la brigade du général Negrete. 

M1RAHON - Il 



130 MIGUEL MIRA 

En arrière, sur le sommet des grai 
en première réserve commandée pa: 
arrière encore, sur les pentes des d< 
tre réserve formée par la brigade 
avec une batterie de six pièces. 

Le général Lorencez fit immédia 
et décida de forcer le passage le 
die au bataillon des chasseurs à p 
et d'engager l'action. Deux compagn 
droite de la montagne pour enlevei 
cains avaient établie sur nn contre 
mandait la route. Au centre, deux 
compagnie de grande garde des zou 
rocailleux sur le flanc des hauteurs 
nières compagnies s'avancèrent sur 
sur les ruines du présidio, où l'enn 
tranché. La cavalerie, qui ne pom 
circonstance, fut massée derrière ut 

Le général de Lorencez fit souti 
bataillon du 2*™* zouaves; deux ai 
gauche. 

Dès que les zouaves eurent rejoint 
engagés, l'offensive fut reprise avec 
Mexicains arrêta encore l'élan des tr 
envoyer de nouveaux renforts. Enfin 
fut enlevé; nne compagnie, qui avait 
ragoza, atteignît le col de la mont; 
nette les attaques des Mexicains, qi 
leur nombre, et couronna les haute 

Bientôt après, deux compagnies de 
lement les hauteurs de droite ; ce m 
goza à abandonner définitivement la 
delà dn pont Colorado au pied des 

Les zouaves le suivirent de près, 



ordre de s'arrêter en avant du pont et de 
à leur feu. 

combat le général de Lorencez s'était avancé 
le 9 9*" de ligne et le bataillon de marins, qui, : 
b, montait lentement sac an dos. Il établit 
ronac sur le col même, afin de surveiller 
i l'armée mexicaine, et fit redescendre les z»ua 
■s sur Acultziogo ou ils avaient laissé leurs 

Zaragoza se replia avec le gros de ses trou 
stin del Palmar. La brigade Escobedo ayant 
gauche lut obligée de se retirer par la route 

le général Lorencez franchit lui-même les c 
ss. U arriva le 1 er mai à 8. Agnetin del Pab 
s troupes mexicaines qui avaient incendié 
ù elles passaient. 

se trouvait à Quetcholac, le lendemain à A< 
Amozoc et le 5 devant Puebla. 
ine ville ouverte; elle est construite régulu 
se coupent à angle droit, et chaque îlot 
Ire, forme une aorte de forteresse carrée, très t 
née par les barricades des rues. De nombn 

les murs solidement bâtis ont plusieurs met 
rvaient de point d'appui à la défense intérieu 
par des communications couvertes, l'armée i 
it formé an centre d« la place un vaste 
lierai Lorencez ne pensait pas pouvoir enle 

La ville est commandée, à nn kilomètre 
s Cerro de Gu&dalnpe, colline d'un relief de ] 
jntes abruptes et sur laquelle est construit 
oza l'avait fortifié et garni d'artillerie. Ce i 
nge vers l'ouest par une crête de 1200 met 
gueur, dont l'extrémité (en contre-bas de 



132 MIGUEL MIRAMON 



mètres du couvent de Guadalupe) est couronnée par un petit 
fort carré en maçonnerie appelé Loreto. (Voir Carte N.™ 2). 

Le 5 mai, au point du jour, l'armée française quitta Amo- 
zoc et à neuf heures et demie du matin, ayant dépassé les 
mouvements de terrain qui masquaient son horizon, elle se 
trouva en vue de Puebla. 

Le général Zaragoza avait environ 7,000 hommes comman- 
dés par les généraux Negrete, Berriozabal, Diaz. Lamadtid, 
i Tapia et Alvarez (ce dernier commandait la cavalerie) il 

avait envoyé une partie de ses troupes aux ordres des 
généraux Carbajal et O'Horan du côté d'Atiixco et de Mata- 
mores, pour arrêter les bandes réactionnaires qui tenteraient 
de rallier l'armée française ; il se tenait sur la défensive dans 
la ville et avait fait occuper les hauteurs par la division 
Negrete, forte de 1200 hommes avec 2 batteries de campagne 
et de montagne; le reste des troupes mexicaines attendait 
l'attaque du côté de la plaine. 

Après une reconnaissance trop rapide pour être complète, 
le général Lorencez persista dans son intention de faire at- 
taquer le Cerro de Guadalupe. 

En arrivant d'Amozoc, on ne pouvait pas apercevoir le fort 
de Loreto, entièrement caché par le couvent ; il était probable 
que les pentes qui y conduisaient étaient moins rudes que 
celles de l'autre extrémité, mais, pour l'aborder, il eût fallu 
exécuter un grand mouvement tournant pendant lequel les 
troupes auraient été longtemps exposées au feu de Zaragoza 
et se seraient trop éloignées du convoi que Ton faisait mas- 
ser près de Vhacienda de los Alamos. 

L'attaque de Guadalupe ayant donc été définitivement ré- 
solue, des rampes praticables à l'artillerie furent ouvertes le 
long du ravin qu'on devait traverser, et les troupes firent halte 
à 3 kilomètres de la ville. A onze heures, les dispositions 
suivantes furent prises: la colonne d'attaque, formée de dei 
bataillons de zouaves ayant entre eux dix pièces d'artillerû 



A 



CINQ MAI 133 



traversa le ravin et appuya sur la droite de manière à abor- 
der les hauteurs par les pentes les moins rapides. Le régiment 
d'infanterie de marine resta en réserve; les fusiliers marins 
et la batterie de montagne se dirigèrent vers la droite de la 
colonne d'attaque afin d'en protéger les derrières contre la 
cavalerie de Zaragoza. 

A la gauche de la ligne de bataille, le bataillon de chas- 
seurs fit face aux corps mexicains en position dans la plaine 
qui avaient poussé quelques tirailleurs en avant. Le tf9 m * de 
ligne et quatre compagnies d'infanterie de marine furent char- 
gées de la garde du convoi. 

L'escadron de chasseurs d'Afrique s'avança derrière les co- 
lonnes d'infanterie et une ambulance volante fut de suite éta- 
blie dans les bâtiments de l'hacienda de Renteria. L'artillerie 
ayant ouvert le feu à 2,000 mètres environ, tira pendant trois 
quarts d'heure sans résultat appréciable ; les pièces furent alors 
portées plus à droite afin de battre directement la face de 
l'ouvrage sur laquelle l'assaut devait être donné ; mais par 
suite du relief du sol, plus on s'approchait, moins on avait de 
vue sur les fortifications et moins le tir de l'artillerie, dirigé 
de bas en haut, pouvait être efficace; celui des batteries de 
Zaragoza, parfaitement servies, était au contraire fort meurtrier. 

Le général Zaragoza. qui n'avait pas prévu une attaque dans 
cette direction, envoya en toute hâte la brigade Berriozabal 
sur le Cerro de Guadalupe afin de renforcer la division Negrete, 
et fit sortir de la place, derrière Loreto, un corps de cavalerie, 
destiné à charger à son extrême gauche sur les colonnes d'at- 
taque. Avec le gros de ses troupes, il prit position : sa 
gauche (brigade Lamadrid) appuyée au Cerro de Guadalupe, 
sa droite (division Diaz) à l'église de los Remedios, dans le 
faubourg de la ville ; le reste de sa cavalerie étant à son 
extrême droite. 

Après une heure et quart de canonnade, l'artillerie fran- 
çaise avait dépensé 1,000 coups enviroa, c'est-à-dire la moitié 



134 



MIGUEL MIRAMON 



de ses munitions, et les défenses de Zaragoza n'étaient pas 
encore endommagées; le général de Lorencez résolut néan- 
moins de tenter une attaque de vive force. Les deux batail- 
lons de zouaves étaient dqjà arrivés à mi-côte ; il fit avancer 
quatre compagnies de chasseurs à pied et leur prescrivit de 
gravir les pentes à la gauche des zouaves, de manière à di- 
viser 1 attention de Zaragoza; deux compagnies de ce batail- 
lon restèrent seules dans la plaine, faisant face à la gauche 
de l'armée mexicaine. Le 1 er bataillon de zouaves, la batterie 
de montagne, le bataillon de marins et l'infanterie de marine 
durent obliquer à droite en s'abritant le plus possible des 
feux de Loreto et prendre la position à revers ; une section 
du génie munie de planches à échelons fut jointe à chacune 
des colonnes. 

Le signal de l'assaut est donné. 

Les chasseurs à pied arrivés près des zouaves du second ba- 
taillon, s'élancent avec eux sur le couvent de Guadalupe et 
luttent d'héroïsme pour escalader ces positions encore intactes. 

C'est en vain que sous un feu terrible ils franchissent un 
profond fossé, obstacle aussi sérieux qu'inattendu ; quelques- 
uns parviennent à se hisser sur le mur, mais leurs efforts ne 
peuvent rien contre un solide réduit organisé autour de l'é- 
glise et défendu par trois étages de feux superposés ; tous tom- 
bent glorieusement, à, l'exception du clairon Roblet, qui se 
maintient quelque temps en sonnant la charge. 

Pendant cet assaut le 1 er bataillon de zouaves prononçait 
son mouvement plus à droite ; mais il fut reçu par une vio- 
lente fusillade de cinq bataillons mexicains, massés entre Gua- 
dalupe et Loreto; en même temps les batteries de Loreto, jus- 
qu'alors invisibles et silencieuses, entraient en action et pre- 
naient en écharpe la colonne d'attaque. L'arrivée du batail- 
lon de marins et des compagnies d'infanterie de marine ne 
permit pas de triompher de la résistance des Mexicains parfai- 
tement abrités. 



CINQ. MAI 135 



Au même moment la cavalerie mexicaine, sortie de Puebla 
derrière Loreto, chargeait les troupes françaises à l'improvi- 
ste, et les obligeait à s'arrêter. 

D'un autre côté les deux compagnies de chasseurs à pied 
restées seules dans la plaine se voyaient enveloppées par une 
nuée de cavaliers. Elles se formèrent en carré avec un admira- 
ble sang-froid, et malgré des pertes sensibles ne se laissèrent 
cas entamer. 

Dans cette journée la division du général de Lorencez per- 
dit 476 hommes, chiflre considérable relativement à son ef- 
fectif ; l'ambulance comptait alors, tant malades que blessés, 
345 hommes. 

D'après le rapport du général Zaragoza, les Mexicains eu- 
rent 83 hommes tués, 132 blessés et 12 disparus. 

Le général de Lorencez songea un instant à renouveler 
l'attaque sur un autre point; mais la crainte d'exposer sa 
petite armée à un nouvel échec lui fit bientôt abandonner ce 
projet, et il se détermina à rétrograder sur Orizava. 

(Journal des marches du 5 mai et du 29 juin). 

Pendant trois jours Lorencez resta sous les murs de Puebla 
et effectua une belle retraite sur Orizava, dont il était séparé 
par 35 lieues d'un terrain fort accidenté. Quelques jours 
après Marquez attaqua la ville de Matamoros. Izucar mit en 
déroute les troupes du général Alatriste' et ce dernier ayant 
été fait prisonnier fut immédiatement passé par les armes. 

Marquez se dirigea alors sur Orizava pour opérer sa jonc- 
tion avec les Français et trouva à Barranca-Seca les forces 
libérales sous les ordres du général Santiago Tapia; la ba- 
taille s' engagea et les libéraux remportaient l' avantage , 
lorsque le 99 e de ligne arriva au secours des conservateurs 
6t leur donna la victoire. 

Les généraux Zuloaga, Cobos et Benavides arrivèrent avec 
Marquez à Orizava, mais il ne voulurent point prendre part 



136 MIGUEL MIRA) 

à l'intervention et ils s' embarquère 

Cuba, Cobos et Benavides aux Étal 

Le général Zaragoza se décida i 

ses nouvelles positions à Orizava. L 

tega à la tête de 3,000 hommes ai 

prit possession du Cerro del Borrei, 

ragoza devait prendre la place à r 

Les troupes du général Ortegj 

route et dans la nuit elles se livré 

le général prît les précautions d'u; 

laine Detrié a la tête de quelques 

et suivi du capitaine Leclerc, arri 

escarpés sur le sommet de la mont 

de mousqneterie jeta la confusion 

sjon Zacatecas; les soldats liber* 

désordre et leur déroute fut compl 

Le général Douai avança Bur les 

vu l'affaire du Borrego, battit en i 

Lorsqu'on apprit en France réel 

on envoya immédiatement au Mex 

40,000 hommes, aux ordres du gé 

VeraCruz et après avoir passé ne 

néral Forey se dirigea sur Pnebk 

cette place commandée par Gouzal 

Les troupes françaises débarquait 

de Béjoar à Orizava elles entrèrent 

Le général Zaragoza était mort. 

Puebla avait été convenablement 

par 18,000 combattants, soutint un 

de nombreux combats, durant les 

put lui enlever de vive force que 1 

Apres 51 jours, le général Fore; 

a la tète de quatre bataillons, don 

la batterie de la garde, une sectic 



CINQ MAI 137 

sment du génie, pour attaquer le camp du général 
ni, & la tête de 7,000 hommes, opérait dans les 
Puebla et marchait an secours des assiégés. 
Miguel Lopez — dont nous aurons à reparler 
auxiliaire des troupes françaises, s'avança à la 
l'avant-garde de Comonfort et pénétra dans 
uni en se taisant passer pour juariste et comme 
le troupes de la frontière. Durant ce temps les 
.quèrent Comonfort et la manoeuvre de Lopez ayant 
t réussi, les troupes de Comonfort furent mises en 

1 Miguel Lopez — qui portait le même nom 
i servait les français — opposa une très vive 

l'attaque des Français et fut tué dans cette 
le lieu t.- colonel Juan Espinoza y Gorostiza, plus 
, s'ouvrir un passage dans les rangs \ennemis et 

débris de l'armée de Comonfort. 
ars après. Puebla avait épuisé ses dernières res- 
i général J. Gonzales Ortega se rendait à discré- 
avoîr encloué son artillerie et détruit son ar- 

s'était replié snr Mexico avec 5,000 hommes en- 
ï restaient, mais le 3L mai 1863 le gouvernement 
donnait la capitale, transportant le siège de son gou- 

San Luis Potosi et se préparant à poursuivre 
t l'intérieur du pays. 

-anç&ise fit son entrée à Mexico le 10 juin 1863 
(ment le général Forey fit convoquer une assem- 
bles. Celle-ci déclara que la forme du gouveme- 
hangée. établit l'empire, et nomma pour occuper 
érial (l'archiduc Ferdinand Maximilien de Habs- 
omniission présidée par M- J. M. Gutierrez Estrada 
ôt pour offrir la couronne à l'archiduc Maximi- 
se temps la régence fut confiée à M. M. Almonte, La- 



13S MIGUEL Ml 

bastida archevêque de Mexico, S; 
cfaea et Pavon, suppléants. 

L'absence de l'archevêque Lai 
forma un triumvirat composé de; 
de l'évêque J. B. Ormachea. 

La commission envoyée à Ma] 
le succès qu'elle espérait. 

Ce prince déclara qu'il n'acce] 
lui offrait, si le choix de l'assen 
confirmé par le vote populaire. I 
convoquer les électeurs, et les ti 
vers l'intérieur du pays pour ba 
dans ses derniers retranchements 



Régence. 



Décrets de Juarez de S. Luis Potosi — Loi du 16 août 

— Ses conséquences — Nécessité de renvoyer les emj 
dans leurs foyers — Décrets de la régence — Conduite 
tique du général Forey — U est nommé maréchal et fo 
tour en France — Evasion dès généraux prisonnier 
Formation du ministère de Juarez à Saint Luis Pote 
XJraqa — Mort de Comonfort — Miramon à Bronswi 
Lettre de Doblado à Miramon — Arrivée du général à 
Frieto — Poursuivi par Escohedo, il se réfugie à Mexi 
Ilreconnait l'Empire — Marche de l'armée française à i 
ritur du pays — Juarez abandonne S. Luis Potosi et t 
porte le siège de son gouvernement au SaUillo — Mej. 
cupe S. Luis Potosi — Il est attaqué par Negrete — Ma 
défend Morelia — Miramon se rend à Guadalajara — 
désagréments avec Bazaine — 21 renom-? à son comtm 
ment — La police le surveille — Bataille de Matehua 
Pronttndamiento de Vidaurri et de Qniroga ■-- Marin 
arrepte la couronne — Son arrivée à Mex/i'i) 



Juarez, en abandonnant, la capitale de la république, 
aporta à S. Luis Potosi le siège du gouvernement préaide 

Il lattça de cette ville plusieurs décrets importants d< 
but était d'abattre le pouvoir de l'intervention. Nous 
rona entre autres comme le plus important celui d 
août 1863 par lequel il ordonnait la confiscation des 
de tous ceux qui prendraient nne part quelconque, direc 
indirecte, à l'intervention française et au nouvel ord 



140 MIGUEL MIRAMON 

Une conséquence de cette loi fut qu'un grai 
bitants pacifiques de la République, énormém 
et de simples particuliers, 'se rendissent aupi 
nement de Juarez de crainte d'encourir les 
par les décrets. 

Ce nombre extraordinaire d'employés causa 
les dépenses au gouvernement de Juarez, qu' 
d'y porter remède. A cet effet, par une circula 
des finances, il fit remettre une somme de 12 
cun d'eux, et autorisa tout le monde à se k 
lui semblerait, même dans les places occupées 
tion. Cest ainsi que purent rentrer à Mexico 
' ployés et les simples particuliers, bon fnombi 
qui appartenaient au parti libéral. 

Eu même temps que ceci se passait à S. 
gouvernement de la régence tdictait des lois 

Elle dmna d'abord toutes les places vacant 
nistration, par le départ de Juarez, à ceux c 
occupées lors du gouvernement de Miramon. 

Elle faisait confisquer les biens de ceux qui 
rez et créait des cours martiales françaises 
délits politiques et les brigands qui infestait 
chemins. 

Bientôt Mexico fut attristé par un doulou 

Un groupe de personnes appartenant au part 
arrachées à leurs foyers et enfermées au chat 
de Ulua. Parmi celles-ci se trouvèrent MM. 
Velasco, Âusa, Rio et Cipriani. La fièvre jaun 
ques jours après M. Florencio Castillo Velasd 

Mais les habitants de Mexico allaient souffi 
vexations. 

Le quartier général donna aux officiers de 1 
des billets de logement dans les meilleures mi 
et quoique beaucoup de. ceux-ci gardassent 1 



RÉGENCE 141 



exigées par l'éducation et la civilisation de cette armée, d'au- 
tres commirent des fautes qui blessèrent profondément la so- 
ciété mexicaine. 

La conduite essentiellement conservatrice du général Forey 
et des actes tels que de sortir en tête des processions, réta- 
blies dans la ville, de défendre l'exécution des lois de réforme, 
déplurent au cabinet des Tuileries, qui sous prétexte de lui 
donner le bâton de maréchal, le rappela en France et nomma 
Bazaine chef du corps expéditionnaire. 

Les généraux Gtonzales Ortega, Patoni, la Llave, Escobedo 
et d'autres chefs, faits prisonniers à Puebla, furent envoyés en 
France, mais ayant réussi à s'évader à Orizava, ils rejoigni- 
rent le quartier général de Juarez à S. Luis Potosi. 

Negrete, Berriozabal et Porflrio Diaz, qui n'étaient pas 
tombés dans les mains de l'armée française, commencèrent à 
organiser les troupes qui plus tard devaient combattre l'em- 
pire. 

Juarez forma un nouveau cabinet en nommant M. Manuel 
Doblado aux affaires étrangères ; aux travaux publics M. J. Te- 
ran; à la guerre, le général Comonfort; & la justice, M. S. Lerdo 
de Tejada; à l'intérieur M. José Maria Iglesias, et fit sous, 
secrétaire des finances M. Juan Zambrano. 

Le général D. José Lopez Uraga fut chargé de lever des 
troupes dans les états de Queretaro et de Guanajuato, parmi 
lesquelles se trouvait à S. Juan del Rio une brigade sous les 
ordres du général Porfirio Diaz. 

Comonfort, qui se rendait de San Miguel el Grande à Ce- 
laya avec une petite escorte, fut attaqué dans les montagnes 
par des troupes appartenant au général impérialiste Mejia et 
laissa la vie sur le champ de bataille. 

Quelques jours auparavant le général La Lave, qui se diri- 
geait de Guanajuato vers San Felipe avec le général Gon- 
zales Ortega, était massacré par ses soldats et Ortega n'é- 
chappa à la mort que grâce à la vitesse de son cheval. 



142 MIGUEL MIR. 

Pendant que le gouvernement dt 
Luis Potosi, Miramon se rendait à 
généraux Cobos et Benavides et i 

Doblado lui dirigea la lettre su 

" S. Luis Potosi, 19 juin 1863. 

" W. le général D. Miguel Mirai 



" Monsieur le général, 

" Monsieur le licencié D. Joaqi 
charger pour vous d'une commiBsi* 

h Les liens de l'ancienne et bonne 
donnent lieu à penser que vous 
et qne vous serez convaincu, que i 
mon nom et en celui de M. Jnare: 
oute mon influence pour lui taire a 
tsera scrupuleusement observé. 

1 M r Alcalderons mettra lui-mèm 
générales pour une entente. Suiva 
crois, au fond, que nous ne diffère 
jugements, la situation est Mlemi 
difficilement quelqu'un qui puisse 1 

■ Je ne voua propose rien qui 
haute position que vous avez occu 
l'indépendance et l'honneur de la 1 

* C'est dans cette persuasion qu 
écrire pour la première fois, quoiqi 
aient déjà parlé en mon nom dans 

* Je vous prie de correspondre à 1 
Boyez persuadé, que vous ne trouv 
teur de votre courage et un ami d 



RÉGENCE 143 

ireusement la m.irt prématurée de sa femme empê- 

Alcalde de remettre personnellement a Miramon la 

e nous venons de citer. 

éral en la recevant se crnt suffisamment autorisé pour 

sa femme et ses enfants à l'hacienda de Cerro Prieto, 

i listance de San Luis Potosi, propriété de M* Ro- 

i^agoaga son beau-frére, qui se trouve. 

i temps après il s'y rendit lui-même accompagné du 

Lcebal, pour ouvrir les conférences en vue de l'arran- 

iui lui était proposé par Doblado. 

chit avec les plus grandes difficultés par de mauvais 

et entouré d'ennemis les 864 km. qui séparent 
le de Cerro Prieto. et lorsqu'il y arriva, il vit avec 
que sa famille venait d'en être expulsée par un or- 
traire du général Francisco Alcalde gouverneur de 

San Luis. 
i cela et toujours en vue d'une conférence avec Do- 
était décidé a y séjourner, lorsqu'il apprit que le gé- 
îcobedo à la tête de 1000 hommes venait à sa re- 
avec ordre de Juarez de s'emparer de sa personne et 
iser immédiatement, par les armes, 
obligea à reprendre sa marche snr Mexico, où il ar- 
!8 juillet 1863. 
ido arriva à Cerro Prieto le lendemain du départ d 

et il y fit des perquisitions minutieuses de même 
aciendas de S. Martin et de Cieneguillasqui se trou 
is les environs. 

lendemain de son arrivée à Mexico, le maréchal Forey 
t visite cherchant à le gagner à la cause de la régence, 
i ne promit rien. Le maréchal insista auprès de lui 
en serait nommé empereur du Mexique, il serait ap- 
idant quelques années par la légion étrangère alors que 
française aurait déjà abandonné le Mexique et le nou- 
ivernement serait essentiellement national. 



144 MIGUEL MIRAMC 

Ce programme se trouvait dévelop] 
vants :. ' 

* Art. 1. Les troupes françaises qu 
seront réduites le plus tôt possible ai 
mes, y compris la légion étrangère. Ct 
les intérêts qui ont motivé l'intervenl 
ment au Mexique dans les conditions 
suivants. 

" Art. 2. Les troupes françaises év 
fur et à mesure que S. M. l'empereur 
ganfser les troupes nécessaires pour l< 

" Art. 3. La légion étrangère au si 
posée de 8,000 hommes demeurera ni 
six années au Mexique après que tout* 
çaises auront été rappelées conformé!] 
de ce moment la dite légion étrangère 
la solde du gouvernement mexicain. Le 
se réserve la faculté d'abréger la dm 
que de la légion étrangère. 

" Art. 10. L'indemnité à payer à 
nement mexicain pour dépenses de s< 
tien des troupes du corps d'armée, à 
demeure taxée à la somme de 1,000 fran 

Enfin le maréchal Forey lui fit corn] 
ne pouvaient l'engager à prendre sei 
périales, il se trouverait dans la née 

Miramon se trouvait alors dans un 
ses faibles ressources pécuniaires avait 
années d'exil et c'était ancore l'exil i 

Ces circonstances l'engagèrent à pt 
vernement qui se présentait comme de 
ractère national. 

1 Convention de Mirarair projetée entre Sapa 



RKGKNCK 145 



La haine que lui avait voué Juarez, qui voyait en lui un 
homme populaire au Mexique et un compétiteur sérieux qui 
pouvait lui porter ombrage, l'avait exclu de toutes les amnis- 
ties. Escobedo l'avait traqué pour le mettre à mort, Cobos 
avait été trompé et tusillè et M me Miramon même avait été 
expulsée du territoire occupé par les républicains. 

Mais si, malgré ces circonstances, à notre avis, Miramon 
eut peut-être le tort de reconnaître et de servir le gouverne- 
ment de la Régence, nous n'en réprouvons pas moins én'ergi- 
quement la qualification de traître que lui infligea le parti 
juariste. 

" Un peuple abandonné de fait par son gouvernement, cesse 
d'être sous sa juridiction pendant son état de séparation, „ a dit 
le jurisconsulte Reinoso. 

Or considérons ce qu'était le Mexique à cette époque. 

Juarez après être resté six mois à San Luis Potosi et après avoir 
résidé en plusieurs endroits, fixa le siège de son gouvernement 
à Paso del Norte, village insignifiant, situé sur le rio Bravo. 

A San Luis déjà, le président était en contradiction avec lui- 
même: Il déclarait rébelles ceux-là même qui vivaient paisible- 
ment sur le territoire occupé par les troupes de l'intervention 
et il y envoyait son ministre Higinio Nunez et tous les employés 
qui l'avaient suivi dans ses pérégrinations. 

D'un autre côté Juarez payait au gouvernement de la Ré- 
gence les impots qui provenaient des immeubles qu'il possédait 
à Mexico. 

Enfin le gouvernement de Maximilien tut accepté par la très 
grande majorité du pays et les immantUs bien comptés, se trou- 
vaient être au nombre de vingt-deux. 

Tous les hommes éminents du parti conservateur l'avaient 
reconnu, à de rares exceptions près : dans Tordre civil, M. M 
les licenciés Munoz Ledo et Zagaceta, anciens ministres de 
Miramon et les colonels Manuel Gonzalez, F. Carreon, José 
Montecinos et Ignacio Alatorre daus Tordre militaire. 

miramon - 12 



146 MIGUEL MIRAMO!» 

Les hommes les plus influents du pa 
cepté l'empire et le servaient : nous ci 
Ramirez, Pedro Escudero y Echanove, . 
Manuel Siliceo, José Linares, Manuel 
Luis Mendez, José Higinio Nunez, Mi 
Ruiz, etc. etc. Parmi les soldats, la j 
prisonniers de Puebla, tels que le i 
lez Mendoza, commandant en second d 
bla, le général L. Uraga, ancien génér 
juariste, les généraux Camaiïo, Parrodi, 
sias et beaucoup d'antres encore qu'il : 
mérer. 

Le Mexique était donc occupé près 
troupes de l'intervention, les homme 
parti libéral reconnaissaient le gouver 
dit que les troupes de la légion étrang 
trichiennes et belges amenées par Ma: 
au service exclusif du Mexique. 

Peut-on dans ce cas considérer comn 
soumettait à cet état de choses et pre 
dans le gouvernement qu'il trouvait ai: 

Evidemment non. 

La majorité de la nation se composa 

Vatel, l' éminent professeur de droil 
cette question et s'exprime en ces tern 
nécessaire de considérer les deux parti 
la suite, ou au moins pendant quelque 
panés ou deux peuples différents, et : 
soit coupable de la rupture de V unité 
position à l'autorité légitime, ils n'en s 
de fait. Qui pourra juger et décider de 
lion ou la justice? 

" Il n'y a pas d'autorité qui leur 
terre et par conséquent ils se trouvent 



it en contestation et qui ne pouvant conclure 
t en Tiennent aux armes, 
as, il est évident que les lois ordinaires de la 
ximes d'hnmanité, de modération, de droiture 
qne nous avons exposées, doivent être observées 
artis dans les guerres civiles. Les mêmes rai- 
inent leur application d'État à État, les font 
3S on plus encore dans le cas malheureux où 
stinés ensanglantent leur commune patrie. „ 
i ont été appliquées a maintes reprises et l'iri- 

ollre plusieurs exemples. 

lorsque Henri IV combattait dans les guerres 

affectèrent tant ce pays, il avait pour auxi- 
m anglaise, et après avoir vaincu ses ennemis, 
le n'a accusé de trahison ce roi illustre, dont 
aient dans U basilique de S. Denis. 
Espagnols se, divisèrent dans la guerre de suc- 
i cristino fit appel a une légion anglaise acceptée 
s tels qu' Espartero, Narvaez et Prim et ceux- 

été qualifiés de traîtres. 
ips auparavant et lorsque le trône de Ferdi- 
t en péril, le duc d'Angouléme appuyait avec 
nçaises le monarque espagnol sans qne celui- 
lutte à de telles accusations. 
xique même, quand M. Zarco défendait Juarez 

de trahison portée contre ce dernier par le dé- 

se montrait partisan d'avoir recours aux troupes 
i une guerre civile. Il s'exprimait en ces termes: 
de chefs militaires déclaraient que l'engagement 
étrangers était nécessaire, d'autres voulaient 
seulement des troupes, mais aussi des officiers; 
ejada et le gouverneur Zamora partageaient 
nous le disons franchement, (car nous ne crai- 
esponsabilité de nos opinions) étaient les nôtres 
roses circonstances. , 



1 

1 
■ 

\ 

: 



148 MKJUEL. MIRAMOl 

Nous le répétons encore: noua auri< 
prêter l'appui de sa vaillante épée au: 
ses qualités militaires y auraient brill 
denr. Mais nous repoussons hautement 
et les cria de naine qui ne révèlent q 
timents de Bes ennemis, et marquent 
général Miramon par ta crainte qu'il 1 

C'est dans ces circonstances que le 
la campagne de l'intérieur à la tête d 
mandés par les généraux Douai, Castagi 

Ce corps d'armée fut divisé eu deux col 
deux routes différentes devaient opérei 
dalajara. (Voir Carte N.™ 9). 

Douai prit avec Mejia la route du n 
jours après à Queretaro, tandis que Baz; 
quez marchaient sur Morelia. 

Une brigade, sous les ordres de Berti 
de jours auparavant sur la route de Toi 
contre sans importance à Ztnacatepec s 

Celles-ci se trouvaient éparpillées ui 
toires de la République : Doblado occu; 
ceux de Queretaro et de Guanajuato; 
tosi avec 5,000 et Uraga opérait avec 
Jalisco. 

Le général Alvarez, avec 3,000 voli 
condait les opérations de Porfirio Dias 
hommes prenait d'assaut le ville de T 

Après ce succès, Diaz entreprit le si 
dait le général impérialiste Vicario. M 
gade au secours de la place et Porflri 
de lever le siège et de s'interner dans 
il fortifia la capitale, ayant étendu soi 
côte de Sota-Vento et sur l'état éloigi 

La colonne de Douai arriva heureus 



t en novembre 1863, l'ordre de s'y rendre pour 
ision avec lea cadres de chefs et officiers qu'on 
tion. 

la'ajara il prenait, les premières mesures pour 
i ses troupes, lorsque le colonel Garnier du 
riva dans cette plaee. 

rnier prétendait qtie Miramon se mît sous ses 
ici s'y refusa et eut recours au ministère de la 
m qui lui fut donnée ne lui étant pas favorable, 
ssion et résolut de se retirer à la vie privée, 
înt de la Régence accepta la démission du 
oufié à Miramon, mais ne crut pas devoir ac- 
ion de l'armée impériale, avant l'arrivée de 
ut lieu quelques jours après. ' 
ent produits de décembre 1863 à mars 1864 
[aximilien eut lien en juin de cette année. Ils 
importance au point de vue militaire, tant à 
aps de temps que Miramon était resté a Gua- 
i modiques ressources que le gouvernement de 
mis à sa dispositiou. 

ous croyons bon d'insérer les communications 
tes entre les généraux Miramon et Bazaine: 
tionnaire dn Mexique. — Cabinet du général 
17 — Guadalajara, le 11 janvier 1864. 



de vous informer qu'avant de quitter Gua- 
ntreprendre mes opérations militaires, j'ai 
Commandant de la 2'" brigade de la pre- 
i corps expéditionnaire, pour remplir les fon- 
idant supérieur de la ville de Guadalajara et 

;ainc) fit revenir ;i Mexiuo le général MiramoD, dont l'at- 
wta. Hiux, Ittwiaion frattotixc, |>. 354. 



150 MIGUEL MIRAMON 

du district. — J'ai également investi Al 
Mariano Moret des fonctions de Préfet polit* 
fonctions qu'il remplira concurramment avec i 
nieipal auxquelles l'a appelé la confiance i 
Vous n'aurez donc à vous occuper à Gi 
l'organisation de la 3*""' division de l'arma 
sous votre commandement et dont vous troi 
dans les troupes auxiliaires qui occupent 1 
Il est bien entendu que dans le cas où & 
supérieur ferait appel à vos troupes, ces di 
ses à sa disposition pour la défense de lu 
toire, principalement du côté des }uu:iendas 
Recevez, général, l'assurance de ma consid 
stînguée. — Le général commandant en cliei 
xicaine — Bazaine. „ 

Le général Miramon répondit dans les t 

• Armée mexicaine — Division Miram 
général. » 

* Général, 

• J'ai reçu hier à dix heures du soir v< 
du 10 courant. 

" Par elle j'ai vu que le commandant d( 
la 1'™ division du corps expéditionnaire a 
du commandement militaire supérieur de ci 
que M r Mariano Moret a été chargé d'occuper 
litique et municipal. 

• Vous me dites, général, que je n'aurai 
l'organisation de ma division et dans le de 
votre note vous me prévenez que dans le 
dant supérieur ait besoin de mes troupes 
ville ou son territoire, je les mette à sa d 



RÉGENCE 151 



désigner, pas plus qu'aux autres généraux qui m'accompagnent, 
la place que dans un cas semblable nous devrions occuper. 

* J'ai énormément regretté, général, d'avoir reçu votre note 
16 heures après votre départ car cela a empêché toute expli- 
cation à ce sujet. Cependant, permettez-moi que je vous dise, 
avec toute la franchise propre de mon caractère, que ni ma con- 
science, ni ma dignité me permettent de jouer le rôle que vous 
me réservez dans le cas d'une attaque possible de cette place, 
et que, dans l'alternative de rester inactif dans la défense de 
la place ou de me mettre aux ordres du colonel qui en est 
le commandant, il ne me reste, comme solution, que de me 
retirer à la capitale avec mes cadres et de remettre au plus 
ancien colonel le commandement du peu de troupes qui exi- 
stent. De cette façon au moins je conserverai la dignité de 
l'emploi dont je suis investi par la nation. 

tf Lorsque j'ai accepté le commandement de la division, 
que m'a confiée la Régence de l'empire, je l'ai fait, animé des 
meilleurs désirs pour le bien de mon pays, pour sa tranquillité 
et pour contribuer de toutes mes forces à y fixer pour tou- 
jours les principes d'ordre et de moralité qui sont la base 
d'une nation bien constituée. 

u J'ai voulu donner l'exemple de la soumission à la volonté 
nationale dignement interprétée par la junte des notables, 
j'ai accepté sans réserves ses décisions, et venant à peine de 
quitter la première magistrature de l'ancien régime, je dési- 
rais, que mes actes prouvassent plus que mes paroles, la lo- 
yauté avec laquelle j'embrassais la nouvelle forme de gouver- 
nement que la nation allait se donner et le respect et la vé- 
nération avec laquelle je regardais l'illustre prince élu pour 
en conduire les destinées. 

" Mais je voulais tout ceci, en conservant ma dignité ou pour 
mieux dire la dignité de la haute place que j'occupe dans 
l'armée, et comme votre détermination du 10 rend ceci im- 
possible, je vous prie, général, de donner des ordres dans le 



152 



MIGUEL MIRAMON 



sens que je vous ai indiqué et croyez qu'il m'est bien sensible 
de ne pouvoir vous aider d'une façon efficace et active dans 
vos opérations. 

" Le Général de division 
u Miguel Mibamon .. 



De retour à Mexico, il fut scrupuleusement observé par la 
police de la Régence. 

Bazaine de retour à la capitale après sa campagne de l'in- 
térieur, mal disposé envers lui, le tracassait même dans ses 
actes les plus insignifiants. 

Il fit un rapport à la régence de l'empire, dans lequel il 
T accusait d' insubordiné, d' ambitieux et de s' être emparé 
de 500 francs provenant des dépôts de Celaya. 

Miramon n'eut pas de peine à détruire ces accusations ; et 
quant à la dernière, qui était celle qui l'offensait davantage, 
il prouva que cet argent avait été le prix de la location de 
chars qui avaient transporté les bagages des chefs de sa di- 
vision lorsqu'il s'était rendu à Guadalajara. 

Une fois justifié officiellement, il en fit avec Bazaine une 
question personelle, qui se termina par la restitution à Mira- 
mon de l'original de cette communication blessante. Cette com- 
munication se trouve dans les archives du général Miramon 

Pendant que ces événement avaient lieu, d'autres plus gra- 
ves se passaient dans l'état de Michoacan. 

Dans ce dernier État, Uraga inquiétait le général L. Mar- 
quez, qui dut concentrer ses troupes dans la ville de Morelia. 

Uraga ayant réuni toutes ses troupes attaqua la place avec 
une grande vigueur; la résistance ne fut pas moins énergique 
et Marquez reçut au visage une grave blessure ; mais il rem- 
porta la victoire. 

Plus tard, le général Uraga fut gagné k la cause de l'em- 
pire et il vint avec les généraux Iglesias et Camano à la têtr 



RÉGENCE 153 



de surf aimée se rendre a Marquez. Cependant nombre de 
soldats restèrent fidèles à la cause républicaine et abandon- 
nèrent le général qui les livrait à l'ennemi. l 

En décembre 1863 le général Mejia était entré à San Luis 
Potosi, siège du gouvernement de Juarez; il y entra sans 
trouver de résistance ; mais peu de jours après, le général Ne- 
grete, ministre de la guerre de Juarez, attaqua la ville et le 
bataillon de zapadores pénétra jusque dans l'intérieur de la 
place. 

Mejia chargeant à la tête de sa cavalerie faisait prisonnier 
le bataillon de zapadarw. 

Le colonel, baron Aymard, vint avec le 62° de ligne s'unir 
au général Mejia et tous deux livrèrent bataille au général 
Doblado à Matehuala et le mirent en déroute. 

Juarez se trouvait au Saltillo sous la sauvegarde du général 
Vidaurri qui commandait depuis plusieurs années dans les tëtats 
limitrophes de Nuevo Léon et Ceahuila. 

Mais Vidaurri donna son adhésion au gouvernement impé- 
rial en même temps que son lieutenant, le colonel Quiroga, qui 
faillit fusiller Juarez. 

Le président s'achemina vers Chihuahua, où il établit son 
gouvernement. 

Le général Mejia après le combat de Matehuala devait pour- 
suivre sa marche jusqu'à la frontière nord-américaine, et occu- 
per la ville de Matamoros située en face de Bronswille. 

L'État de Tamaulipas fut envahi par des cùntre-guerrillas 
commandées par un officier français, nommé Dupin, qui fit 
une guerre cruelle dans cette région aux giœrriUas qui 
s'y étaient organisées et spécialement à celle du colonel Pedro 
Mendez, non moins cruel que Dupin ; aussi la guerre prit elle 
un caractère de sauvagerie extrême dans cet État. 

1 Le général L. Uraga fut accueilli favorablement par Maxirailien, qui le nomma 
membre du conseil d'état, ponte qu'il occupa jusqu'à la fin de l'empire. Il se rr 
tira alors à San rYaricisni (Californie} où il mourut après 18 ans d'exil. 



154 MIGUEL MIRAMON 

C'est dans ces conditions et alors que 
pas encore Chihuahna, que lurent levés 
qui appelèrent Maximilien au trône du il 

Ce prince reçut eu avril 1864 la coran 
la couronne impériale et immédiatement i 
militaire et envoyait à Mexico le commi 
driguez muni des pouvoirs nécessaires po 
la Régence et nommer le général AIœ 
l'empire. Maximilien se rendit à Rome, où : 
avec Pie IX; il vint ensuite à Paris, où 
trevues avec Napoléon III. 

Il contracta un emprunt pour couvrir 
de son nouvel empire. 

La question financière était la plus di1 
avons déjà dît dans quelle détresse se 
mexicain depuis de longues années ; les 
étaient presque entièrement taries, il fs 
au crédit public les sommes indispensabli 
mier établissement ; mais comment amem 
prêter leur argent à un débiteur jusqu'ic 
l'insolvabilité future n'était que trop taci 
bileté de M. Fould, ministre des finances 
de cet obstacle, en substituant, il est v 
Acuités du moment des difiicultésplus gravet 

La plus grande partie des titres d< 
mexicaine, qui s'élevait au capital de 25 
et dont l'origine remontait aux premiers 
danee, se trouvait entre les mains de en 

On aSecerait une partie de cette dette 
penses personnelles de l'empereur Maximi 
virait à couvrir les intérêts de la dette, i 
ser les créanciers anglais au succès de 1 

M. Fould sut faire accepter cette idée 
maison de banque anglaise. 



RÉGENCE 155 

ission des finances mexicaines fat constituée à 

présidence du comte de Germiny, pour repré- 
vernement mexicain dans les opérations finan- 
tées par l'emprunt. 

enu que l'on créerait 18 milliois de rente à 6 O[o, 
ions seraient réservés à la France et aux indem- 
es. En émettant l'emprunt au taux de fi 3 francs, 
ïur un capital de 1»0 millions environ; mais la 
publique fournit seulement 102,200,000 francs, 

de courtage, et de commission réduisirent encore 
6 millions. Sur ce produit, une somme de 6 mil 
nédiatement comptée à l'empereur Maxim ilîen : 
passèrent aux mains des créanciers anglais; le 
posé à la caisse des dépôts et consignations en 
eux années d'intérêts, et repris par le trésor fran- 

sur les frais de guerre. 

fut presque entièrement souscrit en France, grâce 

i qu'inspirait la prétendue coopération des capi- 

lis et grâce surtout a la propagande faite par 

i l'État. 

. de cette opération financière était, en défini 

servir l'épargne française au remboursement 
i anglais : elle se chargea de l'émission, 
la société du crédit mobilier français tnt asso- 
)mbinaison, et les receveurs généraux des finances 
* à y prêter leur concours, 
période de la régence le pays jouit d'un certain 
>n attribua A la nouvelle forme de gouvernement, 
■ à ses véritables causes. 

vile était payée régulièrement, les denrées se con- 
, se payaient à des prix élevés et la sûreté indi- 
tait sur tous les points occupés par les troupes 

prwenait de ce que le trésor mexicain ne payait 



156 MIGUEL MIR^MON 

pas I armée doiit les dépenses étaient sole 
française, et du grand nombre de troupe* 
contingent es traordinaiiv. et une agglomérat 
vait disparaître lors de rembarquement pou 
expéditionnaire. 

Cependant les actes civils des autorités f 
aliéné une grande partie de la population ; 
avaient été sacrifiées sous la Régence par I< 
des cours martiales, composées d'officiers fn 
qui étaient appelés à y comparaître étaiei 
heureux qui ne savaient même pas de qu 



Les jugements en étaient sommaires et h 
cution des condamnés avait lieu le lendema 
de Miscalco. 

Il y eut des innocents, qui furent frap 
délation et dont la difficulté de se défendr 
différence des langues. 

Le lieutenant- colonel Potier, nommé pai 
dant de la place de Mexico, établit la pein 
la réprobation générale. 

Un grave dissentiment s'éleva entre la R 
général français. 

Le gouvernement de .Tuarez avait vend 
hypothécaire souscrits par ceux qui avaie 
acquis les bien-fonds du clergé. 

Les possesseurs de ces titres vinrent e: 
aux tribnnaux de la régence. 

Le personnel de la justice, qui comptait 
un grand nombre de conservateurs, refust 
a ces demandes et voulait rester en deho 
avaient un rapport quelconque avec le cle 

Cette inaction de la part des tribnnaux 
un cii général par les intéressés. 



RÉGENCE 157 



A cette époque l'archevêque de Mexico, Monseigneur Labas- 
tida, faisait partie de la régence et n'était pas le dernier à 
pousser les tribunaux dans la voie qu'ils avaient adopté. 

Les possesseurs de biens nationaux s'en plaignirent àBa- 
zaine, et le prièrent de faire exécuter les lois de Juarez qui 
n'étaient pas abrogées. 

Le chef du corps expéditionnaire s' étant abouché avec les ré- 
gents Almonte et Sala obtint d'eux ce qu'on lui demandait. 

Mais l'archevêque s'opposa à cet arrangement, il abandonna 
la régence, et partit pour l'Europe peu de temps après. 

L'administration de la justice suivit les idées de l'arche- 
vêque et se refusa à accepter les décisions de la Régence, ce 
qui obligea à les remplacer par des magistrats qui reçurent les 
pouvoirs pour juger des affaires appartenant & la désàmortisa 
tion des biens du clergé. 

Maximilien après avoir rendu visite à Napoléon III et con- 
clu avec lui le traité deMiramar, dont nous avons déjà parlé, 
s'embarqua avec l'impératrice à bord de la frégate autrichienne 
Navara et fit voile pour le Mexique. 

Pour que Ton connaisse bien tous les détails qui précédè- 
rent la fin de ce malheureux prince, nous croyons bien de 
rappeler qu'avant son départ de Miramar, le gouvernement ré- 
publicain lui envoya M r J. Teran, ancien ministre de Juarez, 
pour lui notifier- que tous les actes de la Régence avaient eu 
lieu sous la pression d'une armée française et que son élec- 
tion au trône du Mexique n'était pas l'expression de l'opinion 
populaire du pays. 

Cette communication donna lieu à la consultation, de la 
part de Maximilien, d'une commission de jurisconsultes anglais 
dont l'opinion fut favorable à l'idée de l'assemblée des notables 
de la Régence. 

S'étant embarqué, comme nous l'avons dit, il arriva à Vera- 
Cruz le 29 mars 1864. 

Il y fut reçu très-froidement, quoique cela n'eût pas lieu dans 



158 MIGUKL MIRAMON 

les antres villes qu'il traversa pour se ren 
qu'il trouva bien disposées en sa faveur. 

Fort bien accueilli par la haute société c 
il entra le 12 juin, il n'en fut pas de même 
affecta nne certaine indifférence lors de l'arr 

C'est dans ces conditions que Maximilien j 
gouvernement, ayant à lutter avec une situât 
difficile, comme on verra dans la suite. 



Cap. ni. 

L'Empire. 

Caractère de Maximilien — Ses conseillers — Choix de son mi- 
nistère — Il doit résoudre les questions financières, militaires 
et ecclésiastiques — Abus de Bazaine — Voyage de Vempereur 
dans Vintérieur du pays — Bazaine est nommé maréchal de 
France — Campagne de Douay dans le sud de Jalisco — 
Coopération de Castagny à ces opérations — Arteaga et Sala- 
zar sont fusillés — Bomero est passé par les armes — 
Bataille de Majoma — Juarez se retire à Cliihuahua — 
Son coup d'État — Poursuivi par Brincourt il se réfugie à 
Paso del Norte — Yucatan — Tàbasco — Projets de Ma- 
ximilien pour améliorer la situatim des indiens — Opérations 
militaires dans la Huasteca — Assaut et pillage de Bagdad 

— Réclamations diplomatiques — Siège de Matamoros — 
' Combat de S ta Isahél — Capitulation de Matamoros — Prise 

de Oaxaca — Emprisonnement et fuite de Porfirio Diaz à 
Puébla — Défaite d'Oronoz — Bataille de la Carbonera — 
Mission de M. M. Costa, Boudin et Langlois — M. Osmond 
et Priant sont nommés ministres de la guerre et des finances 

— Napoléon III désapprouve ces nominations — Auza s'em- 
pare à Zacatecas de Gonzales Ortega — Le corps expédition- 
naire français se retire du Mexique — Situation des partis 
politiques dans le pays — Maximilien à Orizava — Arrivée 
dans cette ville des généraux Miramon et Marquez — Mira- 
mon entreprend 1% campagne de Vintérieur — Prise de Za- 
catecas — Castillo reste immobile à San Miguel el Grande 

— Bataille de San Jacinto — Exécution du général Joaquin 
Miramon — Bataille de la Quemada — Retraite des impé- 
riaux à Queretaro, 



Noix décrit Maximilien dans ces termes : 
" Maximilien était heureusement doué; bon, affable, intel- 
„ iigent, instruit, exerçant un grand charme sur tous ceux 



JOU MIGUEL, MIRAHON 

■' qai l'approchaient, il manquait cependant de la 
" de la force de volonté nécessaires pour triompt 
" tuation aussi difficile; le soin d'organiser son pa 
J gler l'étiquette de sa cour, de distribuer les hau 
*' domestiques ou gouvernementales aux familiers < 
" accompagné au Mexique, paraît avoir absorbé ut 
" partie de son temps. L'impératrice, femme d'une 
" élevée, d'une grande vigneur morale, et d'un car 

* gique, s'associa aux travaux de l'empereur ; mai 
" pouvait-elle suppléer par son activité à l'expérien 
" qui faisait naturellement défaut à nue princesse 
■' quatre ans? „ 

" Avec les souverains, étaient arrivés d'Europe 

" mes dont l'influence fut considérable au début 

" L'un d'eux, M. Scherzenlechner, hongrois d'origin 

" gouverneur de l'empereur dans sa jeunesse ; l'autr 

" ingénieur belge, s'était attaché à la fortune de V 

" Charlotte. Installés au cabinet de l'empereur ai 

" de conseillers intimes, ils se partagèrent toutes le 

" Rien ne se fit sans leur intermédiaire ; leur igt 

■' hommes et des choses du pays, l'impossibilité de 

' multiplicité des travaux, l'insuffisance de leurs co: 

" en matière politique et administrative, les entrave 

" portaient à la prompte expédition des affaires p 

* men minutieux et parfois incompétent, eurent h 
" dieux résultats. 

■' Les ministres supportèrent difficilement l'higôi 
" deux étrangers dans les affaires du pays, et le 
" Bazaioe lui-même eut bientôt à se plaindre de 
" dont ses opérations militaires étaient l'objet. 1 
■■ côté, l'empereur, obéissant à des tendances lib* 

* n'était pas opportun de manifester, éloigna ta i 
" hommes choisis par la Régence, et nomma le g 
" monte grand maréchal du palais, pour le relègue 



l'empire 151 



" haute sinécure honorifique qui ne lui laissait plus aucune 

■ influence. Il constitua un ministère en y appelant des hom- 
" mes connus pour leur libéralisme ; il donna le porte-feuille des 
u affaires étrangères à M. Ramirez, républicain ardent, remar- 
u que par son antipathie pour l'intervention, et qui n'avait 
* pas voulu siéger à l'assemblée des notables ; cette politique 
B aliéna la plupart des hommes du parti clérical conservateur 

■ sans rallier sincèrement aucun de ceux du parti opposé „. 
Trois questions d'une haute gravité s'imposèrent à son exa- 
men dès le premier jour, de la résolution desquels dépendait 
l'avenir du nouveau gouvernement. 

C'était d'abord la question militaire, qui se présentait sous 
une double face: le recrutement de l'armée et le grand 
nombre de chefs et d'officiers qui vivaient sur le trésor. 

Le recrutement s'était toujours fait par la leva, ou enrô- 
lement forcé d'hommes pris arbitrairement suivant les besoins 
de l'armée. 

Jamais aucune loi de conscription ne fut appliquée prati- 
quement, et bien que des commissions nommées par Maximilien 
eussent déterminé le mode de recrutement, le gouvernement 
n'eut pas l'énergie suffisante pour le faire appliquer. 

Cette première difficulté ne fut donc pas vaincue. Le sys- 
tème de l'engagement volontaire était coûteux et n'aboutis- 
sait pas davantage. 

Maximilien, d'après la convention du 10 avril 1864, aurait 
pu facilement organiser une armée nationale; il pouvait, en 
effet, s'appuyer pendant cinq ans sur la légion étrangère, forte 
de 25,000 hommes, qui lui fournissait tous les éléments pour 
discipliner et instruire une armée mexicaine. 

Loin de mener à bien son projet, il licencia la plus grande 
partie des troupes qui avaient défendu vaillamment la ville de 
Morelia et il fit venir d'Autriche 9,000 hommes de troupes 
bien commandées, mais jeunes et non aguerries. 

xiramon - 13 



! 



Iu2 MIGUEL MIRJ 

Il livra de plus le commandement 
pénales au maréchal Bazaine, tain 
leure partie de sou temps à organ 
Bon service domestique, k nommer 
bellir le château de Chapultepec. 

La légèreté du caractère du pri 
minuties. 

On comprit que l'empire lie dure: 
pes françaises l'appuiraient et que 
feraient le pays, le trône de Maxii 
blement, entraînant dans sa chute i 
compromis dans sa cause. 

De son côté le maréchal Bazaint 
il était investi. 

Les troupes mexicaines manquaie: 
nécessaires pour une longue camp 
Mejia dans sa marche sur les prov: 
de chariots, de forges, etc. 

D'autre part le maréchal Bazaine 
contributions aux villes on villages 
libéral; il prolongeait le maintien c 
caises et permettait que Duprès ei 
des villages, dans les États de Ta 
naloa, par la seule raison qu'ils de 
vernement républicain. 

La question militaire ne fut donc 
Maximilien. Il laissait au corps expéd 
de pacifier le pays, croyant sans 
toujours, sans prévoir ce qui ad\ 
donnerait le territoire mexicain. 

La caisse du corps expéditionnair 
assez considérables, et l'emprunt conti 
quelques ressources momentanées, do 
lité pour les dépenses ordinaires de 



\ 



l'empire 163 



créant nombre de nouveaux emplois qui épuisèrent bientôt le 
trésor national. 

Bestait la question religieuse, d'une résolution difficile à 
cause des lois de réforme. 

Ces lois avaient été appliquées et avaient profondément mo- 
difié le régime économique du pays en créant de nouveaux 
et nombreux intérêts. 

Le clergé et le parti conservateur voulaient rendre ces biens 
à leurs nouveaux propriétaires. Le parti libéral au contraire 
manoeuvrait pour que les lois de réforme restassent en vigueur. 

L'impératrice Charlotte, douée d'un grand jugement et d'une 
énergie peu commune, adoucie par sa bonté, proposa avec raison 
an moyen terme qui aurait pu satisfaire les deux partis et 
ramener la tranquillité dans le pays ; c'était de confirmer 
les opérations faites jusqu'à ce jour et de suspendre les ef- 
fets des lois pour les biens que possédait encore le clergé. 

L'impératrice se fondait, pour adopter ce système, sur des 
faits identiques dont elle trouvait des exemples dans d'autres 
pays, et dans les concordats de plusieurs nations européennes. 

Elle se heurta à l'opposition de monseigneur Meglia, délégué 
apostolique auprès du gouvernement de Maximilien. On convint 
de décréter, la révision des opérations faites, par le conseil 
d'État; celles conformes aux lois de la réforme auraient été 
confirmées; les autres annulées. 

Ces décrets conformes à la justice et qui ne détruisaient 
pas les réformes de Juarez, ne donnèrent aucun résultat à 
cause de l'extrême lenteur du conseil d'État; mais le clergé 
les désapprouva et il en résulta un mécontentement tel r 
que Maximilien craignit que quelques-uns de ses chefs 
ne se révoltassent contre son autorité ; il écarta les généraux 
Miramon, Marquez et Taboada, et il appela au ministère des 
libéraux certainement fort honorables, mais par ce change- 
ment radical dans sa politique il s'éloignait de plus en plus 
du parti qui l'avait appelé au gouvernement du pays. 



Quelques jours après son ai 
avait voulu visiter l'intérieur dt 

En général il fut accueilli eh: 
tiODs des régions qu'il traversai! 

Se trouvant le 15 septembre 
le premier cri d'indépendance, i 
dans tonte la République, ilpro 
tement le mérite d'Hidalgo et di 

De Dolores, Maximilien rent 
Morelia et reçut avec des marqt 
le général Marquez, qui vint à 
division. 

Il le fit rappeler à Mexico qu 
une mission dans les Saints I 
dans leurs foyers la plus grande 
le reste ans ordres du colonel I 

Le général Taboada tut exili 
chargé d'une commission militaii 
sien; on dissimula de cette fa 
imposait. 

Miramon se rendit en Prusse 
vas et il y fut reçu avec les plus gi 

A cette époque il était nomnn 
mandeur de son ordre et l' eu 
grand-croix de celui de Guadahi 

Le général Bazaine, nommé 
but d'activer la campagne, ordoi 
trouvait à Guadalajara de se re 
pour y réduire les troupes commi 
teaga- Douai s'y rendit et appu 
parvint à le pacifier et à occuper 
rent tenus en respect par l'escai 

De son côté Castagny partai 1 
l'action de Douai. 



l'empire 165 



Après plusieurs rencontres plus ou moias heureuses les 
forces de l'intervention battues à Veranos et à San Pedro 
par Corona et ïlosales, finissaient cependant par dominer les 
États de Sonora et Sinaloa. 

Arteaga se rendait dans l'État de Michoacan après la dé- 
fection d'Uraga et s'y réunissait à Régules, Riva Palacios et 
& Romero qui soutenaient la cause de la République en lut- 
tant contre Mendez, Potier, Gomez et Lamadrid. 

Les généraux Arteaga et Salazar battus par Mendez furent 
passés par les armes. 

Le colonel Romero fait prisonnier par Lamadrid était remis 
à l'autorité française et condamné à mort par une cour 
martiale. 

Le lieutenant colonel Van der Minser à la tête de la légion 
belge, tantôt heureux, tantôt malheureux, dans l'État de Mi- 
choacan, recevait l'ordre de se retirer de ces parages à cause 
de la rivalité qui existait entre lui et le colonel Mendez. 

Dans le nord les généraux Gkmzales Ortega, Patoni et Al- 
calde attendaient à Majoma la colonne française commandée 
par le colonel Martin. 

Un vif combat s'engagea et la victoire des armes françaises 
fut au prix de la vie de son chef. 

Le colonel Brincourt reçut l'ordre d'occuper Chihuahua, siège 
du gouvernement de Juarez, et ce dernier voyant la proxi- 
mité des troupes expéditionnaires se retira sur la frontière à 
Paso del Norte avec son administration. 

Juarez prorogea le terme de sa période présidentielle échue 
aux termes de la constitution le 30 novembre 1865. 

La constitution mexicaine reconnue par Juarez ordonne 
que, dans un cas semblable, le vice-président de la République 
prenne la direction des affaires publiques, et défend rigou- 
reusement que ce pouvoir soit exercé par celui qui sort 
de la présidence. 

Juarez, pour ne pas remettre le pouvoir à Gkmzales Ortega, 



166 MIGUEL MIRAMON 

a qui il revenait de droit, lui fit intenter un p 
général dut se réfugier aux États-Unis pour évii 
sécution. 

La péninsule du Yucatan avait accepté l'empii 
missaire impérial M. Salazar Ilarregui la gouve 
quement. 

En revanche l'insurrection reprenait les art 
ville de S. Juan Bautista (Tabasco) et les tronp 
se voyaient obligées de Y évacuer , ne pouvt 
server. 

Le même fait avait lieu à Acapulco, qui était 
un régiment algérien et le général Juan Alvare: 
de l'administration de cette ville. 

Maximilien, de son côté, après avoir changé i 
cabinets, faisait une loi l en rapport avec les c 
pour réprimer les délits politiques. Cette loi et 
cours martiales qui avec des procédés extrèmem 
res devaient juger et condamner les coupables a 

Il favorisa autant qu'il le put la race indigène 
rieusement les moyens de la soustraire à la pre 
qu'elle subissait de la pvt des propriétaires des 

Dans le ressort de la justice, il promulgua 
sage pour l'organisation des tribunaux et il fit pt 
mier livre du code impérial. 

Il visitait les prisons et les hôpitaux et se me 
gue pour secourir les classes indigentes 

Les opérations militaires que dirigèrent succès» 
la Huasteca les colonels Tours et Bessol contre 
Kampfert ne donnèrent ancun résultat, l'empire t 
exagérée la somme qu'ils exigeaient poursesoum 
régler les dépenses de leurs troupes. 

Miramon à cette époqne se trouvait à Berlin. 

' Loi du 3 octobre 1865. 



L EMPIRE 



167 



'Eût éclaté entre l'Autriche et la Prusse, il se 
i où il obtint la permission de suivre les opê- 
es entre ces deux grandes puissances, 
qualité d'attaché au quartier général autri- 
lille de Sadowa et lorsque la guerre lut ter- 
idit à Paris, d'où il entreprit volontairement son 
Mexique en novembre 1866. 
;te époque que l'impératrice Charlotte vint en 
igocier auprès de Napoléon III les conditions 
t l'appui, pendant deux années encore, du corps 
français, 
devait échouer et la malheureuse femme en 

lerdait chaque joui- sa popularité et les Fran- 
itter le Mexique. 

ce temps* que deux graves événements se pro- 
rontïère du Nord : le péril ne fut conjuré que 
té et & l'énergie du général Mejia. 

sécession touchait à sa fin aux États-Unis et 
s confédérées vinrent chercher ua refuge au 
idéraux qui les poursuivaient sommèrent Mejia 
r sous peine de marcher à leur poursuite dans le 
ain. 

t que les troupes du Sud qui avaient pénétré 
i mexicain seraient désarmées, mais qu'il ne les 
ir elles se trouvaient sous la sauvegarde du 
En, et que si les troupes nord-américaines tra- 
îtière il se verrait dans la nécessité de les re- 
force. 
i mécontenta fort les autorités nord-américaines 

qui pour se venger firent passer sur le terri- 
3,000 hommes de troupes nègres licenciées; elles 
la ville de Bagdad située but le rio Bravo, éloignée 
léral de Mejia qui se trouvait a Matamoros. 



100 MIGUEL MIRAMON 

Bagdad est une petite ville, riche et dont le con 
tenu par les étrangers; deux cents hommes y tem 
nison et deux canonnières françaises se trouvaient di 
portant à leur bord trente soldats autrichiens. 

La garnison combattit brillamment pendant dei 
les canonnières françaises essuyèrent le fen des trou 
et y répondirent, après quoi la place ne pouvant 
fut envahie et pillée. 

Aussitôt que Mejia connut ces faits, il arma la poi 
Matamoros en y laissant un bataillon pour part 
éventualité et il se dirigea en toute hâte sur Bagd 
reste de ses troupes. 

Les troupes nègres voulurent livrer la ville au; 
mais il n'en eurent pas le temps, car Mejia arriva 
et ils durent repasser le Bravo abandonnant une 
leur butin. 

En même temps Mejia portait ses réclamations 
autorités nord-américaines, qui lui donnèrent toute s 
le général Crawford qui commandait le corps d'ar 
frontière nord-américaine fut emprisonné et une b 
ses troupes avaient enlevé à Bagdad fut rendue è 

Vers cette époque le général Diaz se fortifiait 
et le général Courtois-Durbois se préparait à ass 
place; maïs comme il y apportait quelque retard, : 
Bazaine prit le commandement en chef, marcha sur 
l'assiégea et s'en empara; tonte la garnison de 1, 
faite prisonnière. 

Le général Diaz et les principaux chefs furent 
Pnebla et emprisonnés dans cette ville. 

D'autres événements s'étaient produits dans le 
blicain; après la perte de la bataille de Majorait 
néral Gtonz»les Ortega, le gouvernement républicai 
une division aux ordres du général Negrete, po' 
aux troupes du général Mejia. 



l'empire 169 

I Negrete subit no échec devant Matamoros et 
se divisèrent en deux corps, dont l'un fat confié 
Sscobedo qui le dirigea vers les États de Coahcula 
n; l'autre resta sous les ordres du général Negrete, 
ar le désert de Chihuahua, où les vivres lui fi- 
dut assister a la dispersion de son armée. 
a d'Escobedo, s'étant augmentées par de nouvelles 
mes, remportèrent un succès à S'* Isabel et sur- 
Oertrudis un convoi que Mejia avait envoyé sur 
ar le général Olvera. 
revint alors sur Matamoros, qu'il assiégea. 
ît mis sons les ordres d'Olvera la plus grande pai- 
oupes, n'avait que 300 hommes ; il se vit obligé de 
perdant son artillerie, mais avec faculté de pou 
juer avec ses troupes pour se rendre à VeraCruz. 
! P. Diaz, qui avait pu s'évader de Puebla, s'était 
uantepec où il avait formé une division et avait 
ivirons de Oaxaca le général impérialiste Carlos 

aussitôt la ville de Oaxaca, mais ayant appris qu'uoe 
o-autrichienne arrivait au secours de laplace.il se 
■ncontre et la défit complètement à laCarbonera. 
t sur Oaxaca, dont il s'empara, et s'y arrêta quel- 
>ur organiser son armée. 

de sécession prit fin aux États-Unis et M. Seward 
s de Napoléon III pour que les troupes françai- 
assent le Mexique. 

e du corps expéditionnaire français fut ordonnée ; 
it les villes abandonnées étaient immédiatement 

les troupes libérales. 

al Bazaine voulut former des bataillons de chas- 
tes cadres en partie français, avec les soldats du 
ionnaire qui voulaient prendre du service dans 
'ialtt; il pensait ainsi former un noyau de trou- 



170 MIGUEL MIRAMON 

pes poor organiser l'armée impériale réduite à à 
insignifiantes par les ordres de Maximilien. 

Mais cette idée ne réussit pas dans les propoi 
pour difiéientes causes, spécialement & cause de 
trésor mexicain. 

Les caisses de l'État étaient épuisées ; M; 
manda un agent spécial français pour examine 
financière du pays. 

M. Corta, membre du corps législatif, fut cl 
mission et son rapport ayant été favorable, Ma 
du gouvernement français une somme de 50 millic 

Deux autres agents français, MM. Baudin et 
rivèrent à Mexico pour procéder à l'organfsatio 
le premier étant tombé malade retourna en Fra 
qui l'avait remplacé mourut peu de temps aprè 

Maximilien s'était complètement livré an mari 
il nomma M. Friand, intendant de l'armée fran 
des finances, et le général Osmond ministre de 

Ces nominations causèrent nn profond inécontei 
les Mexicains et elles soulevèrent de nouvelle! 
de la part du gouvernement des États-Unis, qui 
insistance la non- intervention des Français dai 
intérieures du Mexique et la retraite du corps e: 

Napoléon III désaprouva également ces nomii 
ximilien forma alors an ministère essentiellement 

C'est vers cette époque que le général J. G-c 
vice-président de la République mexicaine, revi 
Unis et arrivant à Zacatecas fat arrêté sur les on 
et du gouverneur de l'État, M. Miguel Auza, 

Dans ces circonstances critiques ponr Maxim 
rai Casteinan, aide-de-camp de Napoléon m, arrr 
pour activer la retraite du corps expédîtionnair 

1 Nui*. IntemntioB française, p. 424. 



l'empire 171 

; décidée pour le 5 février 1867 et le maréchal Ba- 
e général Castelnau insistèrent auprès de Mazimilien 

abdiquât et rît retour en Europe, 
lien se rendit à Orizava et fit ses préparatifs de dé- 
; les membres du conseil d'État vinrent l'y trouver 
èrent à conserver le pouvoir. 
lien croyant que ce serait une faiblesse d'abandon- 
«te périlleux se rendit aux prières de ses con- 

dans les rêves de son imagination il crut qu'il ponr- 
.nter les institutions impériales au Mexique. 
loment Marquez et Miramon arrivèrent à Vera-Cruz, 
é par l'empereur, l'autre volontairement. Us furent 
ppelés auprès de lui. 
atfon politique se résumait donc ainsi : 
avait été élu président de la République mexicaine 
>re 1861 pour 4 ans, c'est-à-dire jusqu'au 30 no- 
65. 

icles 79, 80 et 81 de la constitution mexicaine ne per- 
à Juarez, ni à aucun président, de prolonger la pé- 
identielle, sous quelque cause que ce fût, et sens 
texte, et la loi ordonnait dans ce cas que le pouvoir 
au président de la haute cour de justice en sa qua- 
;e président de la République, 
ne se soumit pas à la loi et il prorogea ses pou- 
identiels ; ce coup d'Etat fut couronné de succès, mais 
t la légitimité des titres avec lesquels il avait dé- 
libertés du Mexique, et on peut dire qu'il ne tut, à 
cette époque, qu'un chef révolutionnaire. 
: façon, en 1867, lorsque le corps expéditionnaire fran- 
ta.it le Mexique et abandonnait Maximtlien a ses 
«sources, Juarez n'était que le chef d'une cause en- 
l'empire, et point président de la République, 
irai I. Gonzalez Ortega vice-président de la Répu- 
ait présenté pour réclamer à Juarez le pouvoir pré- 



172 MIGUEL MIRAMON 

sidentiel qui lui revenait de droit. Mais Jnt 
avait lancé un manifeste à la nation, où ï 
constitution a sa manière, faisait passer Go 
jugement et l'emprisonnait. 

Lorsque les troupes françaises quittèrent 
xîmilien se trouvait donc être chef du parti 
ne pouvait disposer que de faibles ressource 
qu'il avait à vaincre augmentaient chaque j 

Le trésor était épuisé, le crédit ruiné et i 
armée avec la plus grande rapidité. 

Maximitien avait complètement brisé avec 
de la France au Mexique; il ne voyait plut 
zaine, ni le ministre de France, M. Danou, 
accorder une audience au général Casteluau 

De son côté le maréchal Bazaine agissai 
lien ; aussitôt que les troupes françaises ab 
leur mouvement de retraite, une localité qui 
immédiatement occupée par les troupes libé: 
préalable ; c'était livrer les places à l'ennem 

Il y avait plus; il enlevait aux conservai 
ments de guerre et lorsqu'il abandonna Mes 
les fossés de la citadelle les munitions de 
vaient être utilisées par les impérialistes. 

Enfin, d'après le général Porflrio Diaz, ai 
dent de la République, le maréchal Bazaine 
propositions telles, qu'il y aurait opposé un 

Voici en quels termes édifiants s'est ex 
Porflrio Diaz: 

" Le maréchal Bazaine, par l'intermédi; 
personne, me fit l'offre de mettre entre me 
occupées par les Français et de me livrer 
qaez, Miramon, etc. si j'acceptais une propo 
poussée pareeque je ne la trouvais pas hont 

" Une autre proposition venant égalemen 



l'empire 1 73 



maréchal Bazaine avait trait à l'acquisition de 6,000 fusils et 
de 4 millions de capsules. Si je l'avais désiré, il m'aurait 
vendu aussi des canons et de la poudre, mais j'ai refusé 
d'accepter ces propositions. 



u Pobpirio Diaz. „ 



Comme nous l'avons dit, Maximilien sur les instances de ses 
conseillers consentit, à Orizava, à garder le pouvoir. 

Il fit appeler les généraux Marquez et Miramon qui arri- 
vaient à Vera-Cruz et il leur confia deux grands commande- 
ments ; le général Miramon devait former une division pour 
marcher sur les provinces du Nord, Marquez à la tête d'une 
deuxième division devait agir dans les États de l'Ouest. 

Miramon reçut à Mexico 800 hommes de divers bataillons, 
qui unis aux restes des brigades de Mejia et de Gutierrez qui 
arrivaient, battant en retraite, la première de l'État deTa- 
maulipas, la seconde de Jaiisco, devaient former le noyau du 
futur corps d'armée. 

Miramon partit donc de Mexico avec un cadre d'officiers 
pour se rendre à Queretaro, où se concentraient les troupes 
impérialistes ; il y trouva les brigades Mejia et Gutierrez 
comptant 2,500 hommes environ, et comme ces deux chefs 
étaient souffrants, le premier surtout, il plaça ces troupes 
sous les ordres du général Severo del Castillo. Miramon donna 
à ce général l'ordre de marcher sur San Luis Potosi, tandis 
que lui-même avec 2,000 hommes se dirigeait par le chemin 
du Bajio sur Zacatecas, siège du gouvernement de Juarez. 

Nous devons faire remarquer que deux chemins partent de 
Queretaro, le premier sur S. Luis Potosi et les États de la 
frontière du Nord, passant par San Miguel de Allende et les 
villages de Dolores et de S. Felipe ; le second mène du Bajio 
aux villes de Celaya, Salamanca, Lagos, Léon et Zacatecas. 

Les deux chemins sont séparés par une partie de la Cor- 



1/4 MIGUEL MIRAMOï 

dillère, la Sierra madré, inaccessible & l'a 
difficile pour une année. (Voir carte N 

Le général Escobedo se trouvait à 
Zacatecas : ponr atteindre ces deux ri 
jours an moins; il se mit donc en route 
ches forcées, et il donna des ordres poi 
rigeat sur San Luis afin d'observer Esc 
ses positions à San Luis, laisserait li 
dans sa marche. 

Miramon ordonna également à Castilli 
vant à S. Felipe pour que tous les deiu 
sur les troupes d'Escobedo afin d'éviter 
les qui défendaient Juarez. 

La première partie de ce plan réussit 
entraînant sa petite armée s'empara de 
vif combat an Cerro de le Buta qai d 
y entra au moment où Juarez quittait 
faillit même être fait prisonnier. 

Mais Miramon dut bientôt abandonne 
rai Severo del Castillo n'avait point co 
avant et sous prétexte qu'il manquait d 
res il perdit huit jours a S. Miguel de 

Le gros des troupes d'Escobedo s'éta 
et poursuivait Miramon. Le général I 
hommes sous ses ordres, 24 pièces d'aï 
nombreuse et une partie de ses soldats 
américains. 

Miramon n'avait & sa disposition qu' 
hommes détachée de son armée et là 

Le gros de celle-ci se trouvait avec 
opérer sa jonction avec lui à Zacatecas 

Escobedo eu revanche avait sous ses 
mée libérale renforcée par des guerrillas 
de S. Luis Potosi. 



l'empire 175 



Miramon fit tout ce qu'il put pour éviter la bataille ; il 
battit en retraite une douzaine de kilomètres qui séparent S. Ja- 
cinto de la hacienda de S. Francisco de los Adames, lorsque 
son frère, le général J. Miramon, ayant été blessé, le 2* m * et 
7 Am régiments de cavalerie composés de nouvelles recrues se 
débandèrent, se jetèrent en désordre sur l'infanterie et 
causèrent une défaite complète. 

Escobedo fit de nombreux prisonniers et donna des preuves 
d'une cruauté raffinée. 

Cent cinquante sept soldats français qui avaient pris ser- 
vice dans l'armée mexicaine furent passés par les armes quel- 
ques heures après la bataille. 

Le général Escobedo les fit fusiller successivement, par pe- 
tits groupes, prolongeant leur agonie et les faisant assister 
à l'exécution de leurs camarades. 

Ces exécutions en masse jettent une tâche ineffaçable sur le 
général qui en fut l'auteur. 

Le général Joàquin Miramon, frère de Miguel, avait été 
fait prisonnier, grièvement blessé à la jambe ; le général Esco- 
bedo le fit fusiller le lendemain de la bataille de S. Jacinto, 
dans l'hacienda de Tepetate. 

Joaquin Miramon, ne pouvant marcher à cause de sa bles- 
sure, fat transporté sur une Chaise, la nuit, dans les écuries 
de Yhacienda et c'est dans ces circonstances qu'il reçut la mort. 

Lorsque le général Miguel Miramon connut la mort de son 
frère et les détail* de son exécution, il laissa éclater son in- 
dignation. Bien que d'un caractère très réservé et qu'il ne 
proférât jamais une parole de mépris ni de haine contre ses 
ennemis, il lança une proclamation à l'armée qui se terminait 
par les mots vaœ vitis : acceptant le duel à mort que lui pro- 
posait l'armée juariste. 

A San Jacinto, Miramon dut s'ouvrir passage à coups de re- 
volver dans les rangs ennemis et continuant sa retraite accom- 
pagné de quelques officiers, il trouvait le lendemain matin le 



*♦• 



■énéral Castillo à Yhac'enda 
an Jacintf). 

C'était la deuxième preov< 
Mo, cm déjà en 1860, à Sil 
armée conservatrice. 

Miramon ordonna immédia 
<a cavalerie d'Escobedo for 
ar les généraux Herrera y < 
îs chevaux portaient des fai 
ière-garde de Miramon. Ce 
luemada et se prépara àliv 

H plaça une partie de son 
(ne de la hacienda, et quelq 
jrie dans la plaine de côté 

Le feu de cette batterie ci 
alêne ennemie et la victoin 
3s cuirassiers de l'impératrice 
onzales. 

Les libéraux éprouvèrent ( 
orts on trouva le cadavre i 

Cairo. 

La victoire de la Quemad 
arche en avant et les impi 
aite sur Queretaro sans étr 
ilien, qui annonçait son an 
rt. Son intention était de 
lef de l'armée impériale. 



Chap. IV. 

Queretaro. 



i ueretaro — Armée impériale — Armée répu- 
ntative de bataille devant Queretaro — Recon- 
'astillo le 2 mars — Bataille du 14 — Causes 
uer les attaques de Miramon sur les cerros de 
de 8. Pàbîo — Occupation de i'hacienda de 
Conseil de guerre — Marquée sort de la place 
camp républicain des généraux J. ifendee, 
Martinee et Régules — Bataille de la Casa 
ellano est nommé général — Antécédents des gé- 
ndee et Quiroga — Maximilien visite Us blessés 
i 1" avril — Echec du Prince de Salm Salm 
■s manquent de vivres et de munitions — On 



? dans le détail des opérations du siège de Que- 
ms nous arrêter an instant pour donner une 
n de la ville, et pour éuumérer les éléments 
iptaient les assiégeants et les assiégés. 
)ios Arias nous décrit la place de Queretaro 
" Queretaro est située à 20' 25' 27" lati- 
i' 44" de longitude Ouest, et a 50 lieues me- 
i. E. de Mexico ; les dernières ramifications de 
qui viennent se perdre sur le plateau central, 
le, qui forme un rectangle de 2,600 m. envi- 
-N.-E. sur un versant couvert de petites col- 
la Canada du nord ; de l'autre côté se trouve 

MIRAÏÛN - 14 



178 MIGUEL MIRAMON 

nue hauteur, le Cimatario, et autres peti 
tissent à la Cordillère; au snd s'étend le 
riches vallées traversées par la route qu 
à Cetaya et dans l'intérieur du pays. (Y< 

" Sor ce chemin vers l'Ouest et à moins 
limites de la Tille s'élève une émfnenee appe 
panas, dont le sommet se trouve à 22 mèti 
de la ville, hauteur suffisante pour la de 
collines et les plaines des environs. 

" Queretaro, comme beaucoup des princ 
publique, compte de nombreux et de trè 
principalement ses Églises et ses couven 
marquables sont ceux de la Crnz, de S. F 
S ta Clara, de S. Felipe, de S. Agustin et di 
et coûteuses constructions, élevées par le 
sent être non des maisons de communautés 
comme elles le devinrent en effet. 

* Sa population se compose de 35 à 3 
trouve bien pourvue d'eau par la rivièrt 
l'Ouest, par d'innombrables puits qui ai 
vergers et par le célèbre aqueduc qui est un 
pins remarquables. Dans les environs et 
on trouve de nombreux arbres fruitiers el 
qui fournissent des commestibles à bon 

" Les mœurs de ses habitants sont pais 
est doux. En politique les réformes libéi 
accueillies avec enthousiasme à cause di 
très nombreux autrefois pour une ville 
avaient introduit des mœurs telles que 
des voyageurs elle apparaît comme un gr 
lui a mérité le nom de ville Uvitique „. 

Comme on l'a dit, Maximilien donna d 
que la petite armée impériale se concen 
brigades qui la composaient arrivèrent i 



QUERETARO 179 



d« Castillo venant de la Quemada était forte de 3,000 hom- 
mes ; celle de Mendez, qui opérait dans l'État de Michoacan, en 
avait le même nombre, ce qui, avec les 2,000 hommes de Ma- 
ximilien, la portait à un total de 8,000 combattants. 

Maximilien avait auprès de lui le général Leonardo Marquez, 
qui remplissait les fonctions de chef d'État-major ; le général 
Miramon qui commandait l'infanterie, le général Mejia la ca- 
valerie. Les généraux Ramon Mendez, Severo del Castillo, 
F. Casanova, Manuel Maria Escobar, Silverio Garnirez a- 
vaient sous leurs ordres des brigades, bien que les derniers dus- 
sent abandonner ces commandements plus tard pour des rai- 
sons que nous exposerons plus loin. M. le colonel Manuel Ra- 
mirez Àrellano commandait l'artillerie de la place. 

A son arrivée à Queretaro, Maximilien réunit les généraux 
qui s'y trouvaient, pour décider sur les opérations prochaines ; 
et Miramon émit l'avis de prendre l'offensive et de battre en 
détail d'abord les troupes d'Escobedo qui arrivaient sur la 
ville par la route de San Luis, qui se joint dans Queretaro à 
celle qui vient de Lagos, route que suivaient les troupes du 
général Corona. 

Miramon voulait éviter la concentration de ces deux armées, 
ce qui pouvait encore se faire en les attaquant séparément. 

Le général Marquez émit une opinion contraire ; à son avis 
il fallait rester sur la défensive à Queretaro, bien que cette 
place entourée de collines présentât de graves inconvénients 
pour y soutenir un siège. Marquez jouissait alors d'une grande 
influence auprès de Maximilien et son avis fut adapté. 

L'opinion de Miramon dans ces ir constances, que l'on pour- 
rait croire émise après coup, est signalée par M. Noix l en 
ces termes: 

* Contrairement à l'avis de Miramon et d'après le conseil de 
Marquez l'armée impériale resta sur la défensive. Le 6 et le 7 

1 Expédition française, p. 705. 



180 MIGUEL MIRAMON 

mars les troupes républicaines au nombr 
se présentèrent sur les routes de S. Luii 
attaquèrent le 14 mars et furent repoua 

Dès lors l'armée impériale se prépara i 
slve et peu de jours après Escobedo et < 
Queretaro, le premier a la tète de 10,00 
avec 8,000 hommes. Les troupes républicai 
dées en chef par. le général Escobedo ; M 
était ctef d'état-major et M. Francisco 
tillerie. 

Le commandement de l'armée du non] 
rai Trevino, qui avait sous ses ordres les g 
cha, Francisco Arce commandant l'infant* 
Aguirre la cavalerie. 

Le corps d'armée d'occident était sous 
Ramon Corona, composé de la division " 
néral Manuel Marquez, celle de " Sinaloa 
Èix Vega, celle de " Miehoacan » avec le 
gules, et la 3*™ division d'infanterie du c 
avec le général Silvestre Aranda. 

M. Arias, à qui nous empruntons ces < 
néral Marango qui commandait une divisi 

H néglige aussi de citer, parmi les poin 
siégeants, leamros de San Gregorio, de Sa: 
ta China. 

La ligne des assiégés n'était autre, 
partie intérieure de la ville, appuyée sur 
panas et le couvent de la Cruz qui se ti 
mité contraire de la ville. 

Ces deux positions étaient reliées par la 
la partie sud de Queretaro par la Âktme. 
pour retrouver le ccrro de las Campanas 

Le 6 mars 1867 l'armée impériale se 
bataille, devant l'armée libérale, formant 



QUERETARO 181 

ouvait au cerro de las Campanas, ayant devant 

s de Celaya et de S. Luis ; le général Escobedo n'a- 

i accepter le combat, l'armée impériale revint à 

positions. 

dversaires restèrent ainsi jusqu'au 12 mars, jour 

Castiilo fit une reconnaissance avec ordre de 
■/était possible, de l'octroi et de l'église de S. Pa- 
ttaqua vigoureusement et pénétra jusqu'à la cour 

commandant du bataillon des chasseurs, Villa- 
rement blessé. 

■me, le général Corona occupa les positions du 
.e Cuesta Clnna, dans le but d'établir l'investis* 
;t de la place. 

Escobedo attaqua le couvent de la Crcz, so- 

précédée d'un cimetière et d'un grand jardin, 
nna l'ordre d'abandonner le jardin et le cime- 
ire replier les troupes sur la Cruz; d'épaisses 
>upes républicaines se détachèrent des collines de 

Gregorio, menaçant la ligne des assiégés, et la 
-da pas à devenir générale 

la rivière était attaquée avec ardeur par les 
t au S. 0. de la ville en face la Casa Blanca 
iel Pueblito la cavalerie d'Escobedo attaquait les 

combattaient sous les ordres de Mejia. 
ina l'ordre au général Castiilo de l'évacuer et 
er sur le couvent de la Cruz ; mais Miramon 
en il était périlleux d'exécuter cet ordre en 
mnemi, il prit sur lui de désobéir et de revenir 
\ position, ce qni lui permit de repousser victo- 

républicains. 
; de 8. Sébastian est réuni à la ville par un 
balayé par une pièce rayée qni placée snr une 
causait le plus grand mal aux défenseurs de la 



182 MIGUEL MIRAMON 

Le prince de Salm Salm reçut l'ordre de s'empa 
pièce à la tête du bataillon de chasseurs dont i 
nel, ordre dont il s'acquitta heureusement. L'im 
Marquez d'abandonner le jardin «t le cimetière d 
la Cruz, permit à l'ennemi de s'en emparer et d( 
couvent de très près. 

Maximilien dut reprendre ces points à tout pi 
effet le colonel Juan de Dios Rodriguez fit ouvrir 
dans la clôture qui sépare le couvent du cimeti 
quelle il pénétra suivi de son bataillon ; comm 
était fort étroite et que les impériaux ne pouvai 
qu'un à un, ils furent décimés par un feu meurt 

A ce moment Mendez se replia sur la ligi 
quez envoya quelques compagnies du 3*"" de ligi 
nues par l'artillerie, purent s'emparer de ce terra 

Le général Escobedo ne perdit pas courage 
firent un mouvement sur la droite de la Cruz, ; 
te couvent sur le flanc protégé par les maisoi 
qui étaient en leur pouvoir ; Àrellano avait suivi 
et après avoir lancé quelques grenades sur les 
abritaient l'ennemi, il les fit attaquer par le 3*" 
les reprit aux assaillants. 

D'autre part les républicains détachèrent des 
Cimatario une 2*™ colonne de cavalerie, qui tut ( 
poussée par Mejia; et Miramon, avec des troupes 
et quelques pièces d'artillerie ramenées des lijj 
de la ville, appuya la défense, et étant venu 
avec les réserves des républicains les obligea à 
traite. L'attaque d'Escobedo ayant échoué sur te 
les deux armées revinrent à leurs positions san 
taille du 14 mars eût produit d'autres résultats q 
sensibles de part et d'autre. 

Nous devons faire remarquer que dans cette jot 
Tordre impérial, la brigade de réserve se ti 



QUERETARO 183 

les ordres du général Mendez et que le couvent de la Cruz 
était défendu par le colonel Miguel Lopez. 

Le 15, Maximilien fit organiser une fête militaire pour ré- 
compenser les traits de courage du 3* me bataillon. Le 17 on 
convint d'attaquer les cerros de S. Pablo et de S. Gregorio, 
et Te commandement de cette sortie fut confié au général 
Miramon. 

Au nombre des troupes qui devaient participer à l'attaque 
se trouvait la brigade de réserve, commandée par le général 
Mendez. H devait se rendre de la place de S. Francisco au 
pont de S. Sébastian, point de réunion choisi par Miramon, 
qui s'y trouva dès quatre heures du matin; mais la brigade 
de réserve n'arriva pas, n'ayant pu traverser la rue qui con- 
duisait au pont de S. Sébastian à cause d'une barricade et 
d'un chariot renversé qui en barraient le passage. 

Telle fut du moins la raison qui fut donnée au général 
Miramon ; en réalité, Marquez, Mendez et Lopez étant con- 
traires à l'attaque, chacun d'eux intrigua auprès de Ma- 
ximilien, qui n'était pas soldat et dont la faiblesse de ca- 
ractère leur était bien connue pour que celle-ci n'eût pas lieu ; 
Mendez employait le prétexte du chariot pour ne pas aller 
au rendez- vous ; Marquez déconseillait l'attaque à Maximilien, 
et Lopez faisait valoir qu'il craignait une attaque sur le cou- 
vent de la Cruz, clef de la place de Queretaro. 

Le but de Miramon était de surprendre l'ennemi dans son 
camp, car après la bataille du 14 les républicains étaient 
persuadés que les assiégés ne pourraient les attaquer ; Mira- 
mon, d'ailleurs, voulait agir avant que les troupes des géné- 
raux Martinez, Riva-Palacio, Régules et Juan Mendez, qui 
étaient déjà proches, n'eussent apporté aux assiégeants un nou- 
veau renfort de 9,000 hommes. 

C'est au moment de marcher que Miramon avait reçu l'or- 
dre de suspendre une attaque qui à son avis et à celui d'au- 
tres chefs aurait sauvé l'armée de Queretaro, 



184 MIGUEL MIRAMON 

Aussi, lorsque le général Marquez communie 
Maximilien de suspendre l'attaque, au moment 
mon haranguait les troupes, celui-ci éprouva u 
tion, mais il obéit aveuglement, car les lois n 
geaieut ainsi. 

II déplorait d'avoir pour chef un prince fai 
l'intimité prétait l'oreille aux conseils d'un co 
tel qne Lopez, d'avoir à combattre dans une arm 
d'état-major était Marquez, son ennemi mortel, e 
ter une fois de plus avec Mendez, homme extn 
envieux malgré ses brillantes qualités militaires 

Miramon, encore sous l'influence de la colère, r< 
néral Vidaurri, ministre de la guerre, et lui donn 
du commandement dont il était investi. 

M. Albert Hans raconte ainsi qu'il suit, dans i 
titulée Qtieretaro, le colloque des deux générait 

* Il apprit (Miramon), en chemin, que pen 
geait à attaquer la Gruz ; son désespoir fut tel 
et dit au vieux général Vidaurri qu'il rencoutr 
vant le palais municipal : 

— " Dites à l'empereur qu'il ne compte plus 
an autre projet d'attaque ou pour assister ai 
guerre. J'obéirai aux ordres qu'on me donnera ; 

" Le brave ministre, homme prudent avant 
à calmer Miramon et se garda bien de répéter 
les paroles du général. 

u L'empereur reconnut l'erreur involontaire A 
de la Cruz, mais trop tard pour réparer le ma 
nait et l'ennemi voyait tous nos mouvements qu 
pour lui comme une énigme „. 

Maximilien voulut réparer son erreur et ordoi 
de faire une sortie sur l'hacienda de S. Juanico si 
de la ville et qui était bien pourvue de vivres. 

Miramon partit le 19 mars à la tête du bat 



UERETARO 185 

olonel Antonio Gayon, nne partie 

sous les ordres du prince Salm 
entière commandés par le général 
^ d'artillerie. 

,nde difficulté à S. Juanico, qui fut 
'.ains, et fit charger quelques eha- 
f trouvaient. 

a ne tardèrent pas à revenir de leur 
arrama, à la tète de 4,000 cke- 
batterie, attaqua le général Qui 
tretaro et qui, peut-être, eût subi 
., digne émule de Miramon, le lieut- 
fit élancé sur Guadarrama à la tête 

municipaux pour arrêter l'ennemi, 
veaux renforts et il essaye de barrer 

attaque vigoureusement et rentre à 
Min. 

réunit les généraux en conseil ; lu 
is d'abandonner Queretaro et de se 

réunir les troupes de Queretaro 

le colonel Ramirez Àrellano com- 
lontrant que l'année impériale de 
se d'une place, n'était peut-être pas 
urentrepiendre avec succès unere- 

laqnelle beaucoup d'armées euro- 
l'en abandonnant Queretaro dans ces 
t à une déroute complète; ils pen- 
i généraux de la place pouvait sortir 
me de cavalerie, se rendre à Me- 
ents pécuniaires, réunir des troupes 
i place, 
larqnez intrigua auprès de Maxim i- 

expédition. 



186 MIUUEL Min 

Dans la nuit du 22 mars, Man 
compagne du général Vidaurri et 
aux ordres du général Quiroga; t 
le projet de Marquez, il ne put 1 
ter d'envoyer le général G-uadarr 
4,000 chevaux. Miramon avait tri 
fausse attaque sur S. Juanico. 

Après le départ de Marquez la 
mandée par Mendez fut placée ai 
et le général Mendez eut le com) 
sud, la plus faible de la place et 

Le 5(3 mars les généraux Riva 
Régules et Martiuez amenaient à 
fort de 8,000 hommes, alors que 1 
réduites a moins de 7,000 hommes 
vaux de Marquez. 

Le 24 mars l'armée républicain 
défendue par Mendez, dans le bu 
et de la Casa Blanca ; cet éc 
les plus forts de la place, 

À 9 heures du matin trois gr 
formèrent au Cimatario; elles et 
droite par le général Juan N. Me 
général Joaquin Martinez et cell< 
Riva Palacio qui avait sous ses 
brigade, F. Vêlez et Benigno Can 

Entre le Cimatario et la ville 
plaine de Carretas, que les troi 
franchir parcourant un espace de 

Elles s'avancèrent au nombre < 
dant de la Ouesta China vers la 
matario et formant lenrs colonne. 
dd Pue&lito; où se trouvait le généi 
ensuite vers la ligne du sud de 1 
des impériaux. 



QUERETARO 18/ 

llerie des assiégés taisait de nombreux vides dans les 
is républicains et la plaine de Carretas se couvrit 
rres; les républicains se rapprochaient des lignes de 
conservant l'ordre de bataille. Miramon et Mendez 
défendu à leurs troupes de répondre au feu de l'ennemi, 
ne la colonne républicaine du centre, commandée par 
al Joaquin Martinez, se lut approché suffisamment, 
ouvrit soudainement In feu. 

des plus meurtriers et jeta le désordre dans les rangs 
uns. Bientôt la colonne de gauche commandée par 
al Eiva Palacio faiblit également. Mejia sur les or- 
rfiramon charge avec son entrain habituel; il arrive sous 
e l'artillerie des républicains, qui lui fait subir des 
wsez grandes, mais il rentre à Pueblito avec 200 
îrs. 

xoupes républicaines repoussées se réorganisent et 
i égal courage recommencent l'attaque de la Casa 
Les impériaux n'avaient pas quitté leurs retranehe- 
le crainte d'une attaque générale. Miramon fit porter 
re sur la Casa Blanca, habilement défendue par Rn- 
j-ellano qui essuyait un feu terrible, et Riva Palacio 
le déploiement imprévu de forces dut se retirer en dé- 
joursuivi par Mejia qui chargea une deuxième fois à 
le sa cavalerie. 

cette attaque les républicains perdirent 2,000 hommes; 
uva parmi les morts les licenciés Manuel Pena y Ra- 
ie jeune Florcntino Mercado, qui avaient quitté le 
pour prêter l'appui de leur bras aux républicains. 
!en était resté à la Oruz pour parer à une fausse 
qu' Escobedo dirigea sur ce point 
it arriver Miramon accompagné de Mendez et de Ramirez 
, il lui manifesta sa plus vive satisfaction, et transporté 
:housiasme. en le serrant entre ses bras, il lui attacha 
trine la croix du mérite militaire. 



Miramon lui recommanda le 
Maximilieii s'adressant à Rami 
êtes gén ér al , . Maximilien 
très peu de généraux ; il n'i 
Quiroga et Àrellano, qui avaient 
daient dignes de cet honneur, j 
pie soldat et il avait conquis 
bataille ; son courage était pr< 
acquis une instruction militair 
les missions qui lui turent coi 

Il fut accusé de cruauté e 
un caractère envieux et jalou; 

Quiroga n'était qu'an soldat 
impétuosité qui le faisaient crai 
geait à la tète de la cavale: 
par les libéraux, qui ne lui- p 
leurs rangs pour passer au se 

Marquez, Almonte, M. Laba 
les seuls exclus de l'amnistie 
le congrès à ceux qui avaient 
bien que ce dernier n'eût pas 
compagnons d'exil. 

Ramirez Arellano était ni 
et d'une grande instruction; 
politiques et militaires qui eu: 

Dans la défense de Quereta 
pour créer des ateliers et fabriq 
d'autres munitions de guerre q 
firent jamais défaut à l'armée 
sources dont elle pouvait disj 
grade de général fut-elle bien 

Ces trois généraux sont moi 
roga tombèrent au pouvoir de; 
par les armes ; Ramirez Arell 



QUERETARO 1 89 



de San Marine en Italie, dans une extrême pauvreté. En 
signalant à grands traits leurs qualités et leurs défauts, nous 
ne sommes donc guidés que par le désir de leur rendre pleine- 
ment justice. 
Au lendemain de la bataille, Maximilien visita les blessés ; 

* 

il trouva pour eux des paroles d'encouragement et leur promit 
la rentrée dans leurs foyers aussitôt qu'il pourrait leur accor- 
der cette faveur. Le 1 er avril le général Miramon se dirigea 
vers 3 heures du matin, à la tête d'une colonne, sur l'église 
de S. Sébastian occupée par la brigade de Guanajuato aux 
ordres du général Florencio Àntillon. 

Maître de l'église où il ramassa deux obusieis, il s'avança 
sur la Cruz dél Cerrito et mit en déroute les troupes qui s'y 
trouvaient. Le général E. Antillon en fuyant sans même 
avoir eu le temps de se vêtir complètement, avait instruit 
le quartier général de sa défaite. Escobedo à la tête de trois 
bataillons marcha sur Miramon, qui attaqué de front et de 
flanc se retira sur Queretaro, emportant les deux obusiers 
qu'il avait enlevés à Antillon. 

Antillon tomba en disgrâce auprès des siens. Bien qu'il fût 
capable d'organiser une troupe, souvent, en présence de l'en- 
nemi, son courage le trahissait. 

Le 10 avril, anniversaire du jour où Maximilien accepta 
la couronne impériale, fut fêté au couvent de la Cruz. M. Ma- 
nuel Garcia Agairre, ministre de la justice, parla au nom 
du parti qu'il représentait et Maximilien lui répondit par de 
nobles paroles en lui assurant qu'il était décidé à s» sacrifier 
pour la cause qu'il avait embrassé. 

Le 1 1 avril les assiégés firent une sortie sur la Oarita de 
Mexico ; elle fut commandée par le prince Salin Salm avec 
le 3 èm * de ligne, le bataillon de l' empereur et celui des chas- 
seurs; il était appuyé sur la droite du couvent de la Cruz 
par les régiments de l'Impératrice et les hussards qui se 
déployèrent dans la plaine de Carretas. 



ItU MIGUEL MIRAI 

La Qariia de Mexico était défend 
nez ; il s'y était solidement retrancl 
lerie qui y est adjacente et dans les 
sur le bord du chemin. Aussi ma 
prince de Salm Salm il fut repoussé 
sérieuses ; un jeune polonais qui apj 
mille et qui combattait sous le nom 
dans cette journée. 

Cet échec fit comprendre aux assii 
devenait critique. 

Escobedo s'était retranché dans s( 
remparts et en creusant des fossés, 
vaient dans s«s lignes avaient été 
plu3 il recevait chaque jour de S. I 
parties du pays des renforts en h 
argent. 

Les assiégés, au contraire, ne pou 
que les balles de l'ennemi ouvraien 
rangs, leurs vivres s'épuisaient, la fa 
tége de maux se faisait sentir dan! 
la population de la ville. 

On attendait Marquez, liais ce gêné 
s'emparait des ressources de la capi 
opérations militaires qui devaient en 
mée assiégée à Queretaro. 



Trahison de Lopez. 



rquez à Mexico — Sa campagne de Puebla — 
la déterminèrent — Action de S. Loreneo — 
■ommises à Mexico et à Queretaro — Ouillen 
ortifications élevées devant le cerro de Las Cam 
'ojet de sortie d'une colonne de cavalerie aux ordres 
Saint Salm et de Moret — Eue n'a pas lieu — 
•■azua — Défaite de Conde au Cimatario — Le co- 
in Pedreçuera s'empare de CaUejas — Mort de 
'ort de Carrillo — Hihetamo amène des renforts aux 
— Attaque du cerro de San Oregorio — Mira- 
é par Lopez — Ascendant de ce chef sur Ma-ci- 
■éparatifs pour rompre le siège — Entrevue de Lo- 
ibedo — Sa trahison — MaximUien se rend — 
blessé et trahi par son médecin Licea — Mort du 
i-Oruz — Mort du colonel Ocampo. 



rcourut sans encombres la route de Queretaro 
ique la cavalerie de Guadarrama fat à sa pour- 

■ acte, en arrivant à la capitale, fut de décré- 
nta forcés et de lever de nouvelles troupes avec 
larcha au secours de Puebla assiégée par lege- 

irenant l'arrivée de Marquez, avait fait un su- 
t s'était emparé de la place, 
t battre en retraite, mais atteint a la hacienda 
so il y fut battu le 11 avril, le jour même où 



1V2 MIGUEL MtRAMON 

le prince de Salin Salm éprouvait on échec i 
sur la gariia de Mexico. 

Marquez rentra a Mexico ; son adminiatratic 
nique. Ceux qui se refusèrent à payer ses ei 
étaient envoyés ans avant-gardes et exposes : 
publicains qui assiégeaient la place. 

Une des victimes de Marquez, entre autres, : 
Bestegui, riche mineur, qui résidait alors dai 
Marquez le fit placer à la garita de Vallejo, o 
de Mexico et nu des points les plus menacés par 1 
jusqu'à ce qu'il eût versé une somme de 100,00i 

Les assiégés de Queretaro en étaient d'aillei 
mêmes expédients pour se procurer quelques soi 
et ils étaient désespérés de voir que Marquez 
pas la mission qui lui avait été confiée. 

La conduite da général Marquez a été divi 
mentée, mais nous dirons la vérité en nous apt 
causes véritables, ou tout au moins probables, 
rent le retour dn général. 

Marquez était complètement dévoué au génér 
qui du lieu de son exil ue cessa de conspirer 
vers gouvernements qui s'étaient succédés au : 

De pins le général Marquez avait des idées i 
conservatrices et il avait désapprouvé la polit» 
lien lorsque celui-ci avait adopté un programm 

Enltn, il savait haïr; il en a donné des prei 
pouvait pardonner à Miramon son emprisonnen 
événements de G-uadalajara, à Maximilien son 
voilé sous le prétexte d'une mission à Jérusalem. 

Mous ne pensons pas qu'il ait sérieusement s( 
les détenseurs de Queretaro et bien moins qu'il 
d'agir dans ce sens ; mais certainement il ne i 
vant l'idée de les abandonner à leurs propres el 
parer de Puebla et d'offrir le gouvernement 
qui a ce moment débarquait & Vera-Cruz. 



TRAHISON DE LOPEZ 193 



* Santa Ana s'était présenté devant Vera-Cruz le 3 juin 
et Ton disait que, d'accord avec Marquez, il voulait relever le 
drapeau conservateur; les autorités refusèrent de le recevoir ; 
comme il continuait ses intrigues, les capitaines des station- 
naires anglais et américains le firent arrêter et le forcèrent 
à s'éloigner. 11 se rendit alors au Yucatan, dans l'espoir d'y 
trouver des partisans, mais il y fut également arrêté et em- 
prisonné par les autorités républicaines „. 1 

Quoiqu'il en soit, la situation des assiégés de Queretaro em- 
pirait chaque jour ; ils ne pouvaient s'expliquer le retard du 
général Marquez. Dans un conseil de généraux, Maximilien 
fut invité à sortir de Queretaro avec la cavalerie qui en réa- 
lité était inutile dans la place, pour qn'il ordonnât l'exécu- 
tion des opérations confiées au général Marquez. 

Miramon, qui était l'auteur de ce plan, promit de soutenir 
le siège jusqu'à la mort, en attendant les renforts que Maxi- 
milien enverrait à son secours. 

Maximilien, avec une grande abnégation, déclina l'offre de 
Miramon, bien que ce fût pour lui un moyen de salut, et il 
déclara hautement que son devoir de soldat l'obligeait à 
partager les dangers de son armée ; que, si celle-ci devait suc- 
comber à Queretaro, il en serait la première victime. 

Miramon modifia son plan^ et proposa la sortie de la cava- 
lerie sous les ordres du général Mejia avec pleins pouvoirs 
pour ce chef de destituer Marquez et d'apporter les secours 
dont Queretaro avait si grand besoin. 

Cette idée fut acceptée avec enthousiasme, mais le général 
Mejia, souffrant, ne pouvait commander cette expédition et 
Maximilien choisit, pour le remplacer, le prince de Salm Salm, 
officier prussien, d'une valeur incontestable, mais qui ne con- 
naissait pas la langue du pays, ni le terrain sur lequel il allait 
manœuvrer. 

1 Noix, Intervention française, p. 715. 

MIBAMON - 15 



194 MIGUEL MIRAHON 

Pour obvier à cet inconvénient, Maximilien décida 
prince de Salm Salm serait accompagné du général Me 
sonnage qui jouissait indûment des faveurs de Mirai 
portait avec élégance la tenue militaire, mais qui raanq 
conditions les plus essentielles pour le commandemen 

La colonne devait sortir la nuit et traverser par 
les lignes ennemies. Miramon accompagna le généra 
jusqu'à ce qn' en présence de l'ennemi le feu s'ouvr 
ramon cherchait à relever son courage et a lui fai 
prendre qu'il pouvait par une action d'éclat faire tair 
disance qui s'attachait à lui- 
La sortie commandée par le prince de Salm Salm 
néral Moret échoua piteusement. Seul un vaillant gu 
qui formait l'avantgarde avec 50 chevaux sous ses 
franchît les lignes ennemies et prit la route de S. J< 
bide, poursuivi de près par le colonel Arredondo qui 
dant ne put l'atteindre. 

Poursuivant son chemin, Zarazua, tel était le nom 
rûlero, rencontre le commandant TVevino qui prétend 
rer le passage; Zarazua se jette sur lui et le bat à, plate 

Zarazua ne connaissait pas les instructions don 
prince de Salm Salm et au général Moret; se trouva 
il prit le chemin de la Sierra, augmenta son effectif et < 
a guerroyer, avec succès, contre les troupes libérales. 

Le général F-scobedo se préoccupait des troupes d 
rai Olvera qui se trouvaient dans la sierra de Quer 
qui pouvaient, bieu que leur nombre tût réduit, ton: 
son arrière-garde. Pour éviter ce danger il fit garder 
colonel José G-il Flores le village de S. Juan del I 
plaça le colonel Justo Conde dans une hacienda pr 
Luis de la Paz pour fermer les chemins de la Sierra; 
retaro. 

Zarazua, après avoir organisé sa petite troupe, surpi 
Conde, le défit et pénétra 'dans la Sierra. 



TRAHISON DE LOPEZ 195 



Nous avons dit que les assiégeants se retranchaient de leur 
mieux pour éviter toute surprise de la part d-is impériaux 
et chaque jour leurs tranchées se rapprochaient davantage 
étreignant la place dans un cercle de fer. 

Le 24 avril, Miramon vit que l'ennemi élevait des retran- 
chements en face du cerro de Las Campanas«et il décida de 
détruire les travaux commencés. Il confia ce soin au colonel 
Antonio Gallon, qui prit la moitié du bataillon de " Celaya „ 
appuyé par une gvœrrilla de cavalerie sous lès ordres de Gon- 
zalez, chef des milices rurales levées pour défendre l'Empire 
dans l'Etat de Michoacan. 

Le colonel Gayon remplit sa mission avec succès, et après 
un léger combat il fit 20 prisonniers à l'ennemi et rentra 
dans la place. 

Dans la nuit du 26 avril, Miramon exposa à Maximilien la 
combinaison suivante pour attaquer l'ennemi. 

Deux colonnes sortiraient de la place suivant deux directions 
différentes : la première engagerait d'abord le combat et sup- 
porterait le choc des réserves d'Escobedo, tandis que la se- 
conde colonne après avoir également engagé le combat se 
porterait au secours de la première en suivant l'arc de cer- 
cle qui les séparait. 

La première colonne devait attaquer Yhacienda de Callejas 
sous les ordres du général Severo del Castillo ; la seconde co- 
lonne devait porter ses efiorts sur le Cimatario sous les ordres 
♦ de Miramon. 

Ce plan fut adopté et le 27 avril les deux colonnes s'é- 
branlèrent. 

Le général Miramon, malgré un feu d'artillerie très vif, 
avança sur l'ennemi ; son aile gauche s'empara du Cimatario 
où il prit 23 pièces d'artillerie qu'il fit conduire à la place et 
30 chariots de provisions de guerre et de bouche qu'il confia 
à un corps de cavalerie pour les amener à Queretaro. 

Le général Ca9tillo s'arrêta dans sa marche et n'atteignit 



196 MIGUEL MIRAMON 



pas Y hacienda de Callejas; il revint à Queretaro sans avoir 
rempli les instructions qui lui avaient été données. 

Aussitôt que le général Escobedo apprit la déroute de ses 
troupes au Cimatario, il ordonna au général Corona de reprendre 
cette position avec 6,000 hommes de ses meilleures troupes. 

Lorsque Corona arriva au Cimatario, il trouva cette position 
au pouvoir des impériaux et fit attaquer l'escorte de cavalerie 
qui ramenait les chariots à Queretaro ; il les reprend au chef 
impérialiste qui se présente à Maximilien en lui assurant que 
les troupes libérales qui lui avaient enlevé le convoi n'étaient 
qu'au nombre de 300 hommes. 

Maximilien était sorti de la place pour partager le péril de 
ses soldats. 

Miramon marche sur Corona avec 3,000 hommes, et ses trou 
pes repoussées reviennent en désordre sur la place, où proté- 
gées par le feu de l'artillerie qui arrête les républicains, elles 
se réorganisent et rentrent dans la ville. Le convoi fut perdu 
pour les impériaux. 

Ce fut une sanglante journée, où de part et d'autre les com- 
battants firent preuve d'un grand courage ; on remarqua dans 
le camp républicain la brillante conduite du colonel Doria, et du 
côté des impériaux le colonel Pedro Gonzalez se comporta 
vaillamment à la tête du régiment des cuirassiers l'Impératrice 

Les impériaux prirent à l'ennemi, dans cette journée, 23 pièces 
d'artillerie, beaucoup de vivres et de munitions. 

Si le général Castillo avait atteint le but qu'on lui avait fixé 
la victoire eût été complète pour les assiégés. 

En présence de Maximilien, le général Castillo fit valoir que 
Vhacienda de Callejas était impossible à prendre parce qu'elle 
était très bien fortifiée et que les éléments dont il disposait 
étaient insuffisants. 

" Général, dit Miramon, je ne suis pas de votre avis, et je 
crois qu'un des bons colonels que compte notre armée pourrait 
s'emparer de ce point que vous jugez imprenable „. 



kj^d 



\ 



TRAHISON DE LOPEZ 197 



Ce propos fut connu par les officiers et le colonel Joaquin 
Rodriguez wollicita du général Miramon l'honneur de comman- 
der cette opération, voulant, disait-il, mourir à Queretaro ou 
y gagner le grade de général. 

Cette demande fut accueillie favorablement par Miramon, 
qui en fit part à Maximilien. Laissons la parole à M. Albert 
Hans: 

* Bodriguez fut appelé par le souverain ; c'était un beau 
jeune homme aux moustaches blondes; il avait été aide-de- 
camp de l'Empereur et il s'était distingué depuis le commen- 
cement du siège. 

— u Bodriguez, lui dit le souverain, l'importance de l'at- 
taque que vous allez commander est capitale pour le salut de 
la place. Je ne doute pas que vous saurez remplir votre de- 
voir comme d'habitude. Je vous promets une récompense digne 
de vous. 

— u Sire, dit en s'inclinant le noble et vaillant colonel, 
vous me nommerez aujourd'hui général, ou je serai tué „. 

u Sur le champ, Rodriguez organisa sa petite colonne, tandis 
que Arellano battait en brèche Vhacienda de Callejas, con- 
struction solide, qu'il fallait prendre avant d'arriver à la 
garita* 

" Avant d'en commencer l'attaque, Rodriguez examina avec 
soin les difficultés qu'il avait à vaincre pour remporter le 
triomphe. Ceux qui étaient à son côté crurent le voir pâlir; 
son regard se voila. Avec cette intuition particulière à cer- 
tains hommes, quelque chose lui disait, peut-être, qu'il allait 
mourir. 

k II fit appeler Pradillo, officier d'ordonnance de l'Empereur, et 
il lui confia sa croix de Guadalape, une lettre pour sa fiancée, 
une seconde lettre pour une vieille tante qui l'avait élevé et 
il le supplia de faire parvenir le tout à son adresse. 

u Puis, revenant complètement à lui, il monta à cheval et se 
plaça à la tête de sa petite colonne, 



198 MIGUEL MIRAMON 



u Se présenter à cheval devant l'ennemi dans ces circonstan- 
ces, c'était trop s'exposer. On le lui fit observer et il répondit 
qu'étant mauvais marcheur il préférait être à cheval, car a insi 
sa vue s'étendrait sur tous ceux qui étaient sous ses ordres. 

" L'hacienda de Callejas ayant été suffisamment battue par 
l'artillerie, trois pièces se turent, et Rodriguez s'élançait sur 
Vliacienda à la tête de sa colonne et s'en emparait sans 
coup férir. 

u Conformément aux ordres qu'il avait reçus, Rodriguez au- 
rait pu s'y arrêter un moment, mais enthousiasmé par ce pre- 
mier triomphe, il voulut prendre la garita de Mexico et il 
continua sa marche en avant, encourageant ses hommes du 
geste et de la voix. " En avant, chasseurs ! disait-il aux Fran- 
çais, dont il parlait la langue avec une grande pureté, ade- 
lunte muchachosf criait-il aux Mexicaiiis, et tous couraient 
sous un feu meurtrier. 

" Arrivé près de la garita, un terrible feu de mousquete- 
rie dirigé par d' innombrables meurtrières que les républicains 
avaient pratiquées dans les murs, éclata de toutes parts. 

" A ce moment suprême Rodriguez tomba avec son cheval; 
une balle lui avait traversé le coeur. Lorsque tomba V homme 
si fortement trempé, qui attirait vers le péril un millier d'hom- 
mes, comme l'aimant attire le fer, il se produisit parmi 
nos soldats un fatal mouvement d'hésitation qui se transforma 
bientôt en une retraite précipitée. 

" Quelques chasseurs et des gardes municipaux qui avaient 
déjà franchi un mur de la garita, furent abandonnés pen- 
dant que toutes les réserves de l'ennemi arrivaient pour 
prendre part au combat. Les républicains chargèrent alors de 
rôle; d'assaillis ils devinrent assaillants. Le corps de Rodri- 
guez allait être abandonné; quelques chasseurs qui l' avaient 
dégagé de dessous son cheval, s'étaient vus forcés de le quit- 
ter aussitôt. 

• Domet, ce vaillant officier dont j'ai déjà parlé, ne voulut 



TRAHISON DE LOPEZ 199 



pas laisser le cadavre de son colonel aux mains de l'ennemi. 
Tl s'élance suivi de deux soldats qui tombent mortellement frappés 
sur le corps de Rodriguez. Domet ne se décourage pas; pre- 
nant le corps, il le traîne appelant quelques gardes munici- 
paux qui accourent et portent Rodriguez dans nos lignes. Le 
découragement était complet dans nos rangs ; l'ennemi, plus 
nombreux et plus audacieux que d'habitude, reprit Yhociemda 
de C al le j as et un instant on crut qu'il allait pénétrer dans la 
ville par S. Francisquito. 

ta Le colonel Carrillo, personnage important parmi les répu- 
blicains, fut blessé d'un coup de sabre et jeté à bas de son 
cheval par le brave Domet qui allait le faire prisonnier 
lorsqu'un soldat qui passait l'acheva d'un coup de fusil à 
bout portant Maximilien et Miramon suivaient le combat du 
clocher de l' église de S. Francisquito ; un boulet de canon 
des batteries du Cimatario frappa à leur côté et les couvrit 
de pierres. 

" Miramon voyant que tout effort était devenu inutile, donna 
aux troupes l'ordre de rentrer ; mais l'ennemi s'était avancé 
tellement et ses tirailleurs s'étaient si bien placés, que les piè- 
ces qui défendaient les avant-postes de nos lignes furent sur 
le point d'être prises et il en aurait été ainsi si la compa- 
gnie du génie n 1 , les avait vaillamment défendues. 

u Les artilleurs tombaient les uns après les autres et leur 
jeune officier perdait la tête. Le général Arellano s'en aperçut 
et il s'avança pour diriger lui-même le feu. 

u Ce fut un moment magnifique pour lui et pour les artil- 
leurs, car tout le monde avait les yeux fixés sur eux. 

" Le général pointait les pièces les unes après les autres. 

u Dans le nombre de ceux qui tombèrent à son côté se trou- 
vait un vieux sergent chargé de pointer. Ce vieux soldat mon- 
trait un admirable sang-froid. En le voyant manoeuvrer on 
l'eût cru à l'exercice. 

u Le général Arellano qui observait le sang-froid de ce brave 



**: 



200 MIGUEL MIKAMON 



sergent et qui avait les meilleurs renseignements sur son compte, 
songeait déjà à le recommander à l'empereur pour une ré- 
compense lorsqu'en se retournant il le vit à terre la poitrine 
percée d'une balle. 

" Notre commandant général d'artillerie échappa par miracle ; 
il ne fut point touché ; mais en revenant à la Cruz avec Mi- 
ramon et Maximilien, il reçut une grave contusion, occasionnée 
par une balle qui s'en fut mourir en un endroit couvert où 
personne n'eût jamais craint être blessé. „ 

Le jour même où eut lieu ce sanglant combat le co- 
lonel Valdes apportait aux républicains le renfort des troupes 
de Hiietamo. 

Rodriguez fut enterré avec toute la pompe que Maximilien 
put donner à cette cérémonie dans les tristes circonstances où 
il se trouvait. 

Les vieux soldats de la garde municipale suivaient le corps 
du colonel et plus d'une larme sillonna leurs joues brûlées 
par le soleil et amaigries parla faim. 

Quelques jours auparavant la même solemnité avait eu lieu 
pour le colonel José Farquet, ami de Miramon, mort à l'attaque 
de la Cruz del Cerrito. 

Une nouvelle réunion de généraux présidée par Miramon 
décida pour le 3 mai l'attaque des cerros de San Pablo et de San 
Gregorio qui avaient été bien fortifiés et qui étaient défendus 
par le général Trevino, 

Miramon insista pour que le plan qu'il avait combiné lors 
de l'attaque du Cimatario fut exécuté; on devait attaquer 
Vhxicieiida de Callejas pour y attirer les réserves d'Escobedo 
et durant ce temps attaquer le Cerro de S. Gregorio qui se 
trouvait sur un rayon différent ; les deux colonnes impériales 
devaient alors le rejoindre. 

Le plan fut adopté dans toutes ses parties et le général 
Severo del Castillo reçut Tordre de prendre YJiacienda de Cal- 
lejas, dont, quelques jours auparavant, Rodriguez s'était emparé. 



TRAHISON DE LOFEZ 201 

iai, avant l'aube, Miramon était prêt à marcher, n'at- 
■our partir que ta marche de Caatillo sur Callejas. 
i ne remplit pas l'ordre qui lui avait été donné, et 
impatienté attaque le Cerro de 9. Gregorio, s'empare 
miére ligne des assiégeants, désorganise la deuxième 
1 déroute un bataillon républicain qui Ini opposait 
9e résistance. Mais Caatillo n'ayant pas attiré sur 
les réserves de l' ennemi, celui-ci vient combattre 
e de Miramon. La lutte fut acharnée; le lieutenant- 
eballos est grièvement blessé, le lieutenant- colonel 
e commaudant Franco tombent frappés à mort ; la 
.nicipale à perdu ainsi tons ses chefs, mais eUecon- 
ombattre. 

léral Trevino, chef des républicains, est blessé et doit 
■ dn champ de bataille ; mais le combat devient iné- 
gal; les impériaux faiblissent et rentrent en désordre dans la 
place. 

C'était la quatrième fois que Castillo par sa conduite était 
néfaste au général Miramon et malgré tant de déceptions on 
ne songeait pas a destituer ce chef qui passait pour un des 
meilleurs généraux de l'armée impériale. 

Pourquoi usait-on de tant de tolérance envers ce général 
qui ne remplissait pas les ordres qu'on lui donnait et qui 
exposait tes siens à des désastres sanglants ? 

Nons le dirons en deux mots: le général Castillo avait la 
réputation d'être nn général instruit, brave et prudent; on 
en tenaitcompte. D'ailleurs Maximilien écoutait complaisamment 
les insinuations du prince Salm Salm et du colonel Lopez, 
contraires au général Miramon. 

Ils présentaient ce général comme un ambitieux et un au- 
dacieux capable dans une sortie de nonaser en avant, et de 
quitter Queveiaro. 

Avec sa faiblesse ordinaire, Maximilien ajoutait foi a ces 
racontars et lorsque Miramon, dans nue sortie, s'éloignait trop 



202 MIGUEL MIRAMON 



de la place, Maxim i lien le rappelait avec insistance, les vic- 
toires de Miramon restaient infructueuse s, car le général vou- 
lait, pour rompre le siège, affaiblir l'ennemi par de continuelles 
surprises et relever le moral abattu de l'armée impériale par 
une série de triomphes partiels. 

Les calomnies des détracteurs de Miramon servirent au 
général Castillo, qui conserva son grade, bien qu'il tût nui- 
sible à la cause qu'il prétendait défendre, mais elles ne purent 
heureusement tacher la mémoire du général Miramon, car parmi 
ses accusateurs se trouvait l'homme qui devait livrer Maxi- 
milien à ses ennemis, le colonel Lopez. 

Après la sortie du 3 mai, les assiégés restèrent sur la dé- 
fensive ; le 5 mai un feu nourri d'artillerie cribla la place de 
projectiles et fit croire aux impériaux qu'ils allaient être at- 
taqués; il n'en fut rien. 

Escobedo avait vu que Maximilien vers 4 heures de l'après- 
midi se promenait sur la place de la Cruz accompagné de 
quelques personnes de son entourage, et il fit établir une bat- 
terie pour envoyer des projectiles sur cette place à l'heure in- 
diquée. 

Maximilien ne se déconcerta pas et il continua à la même 
heure ses promenades accoutumées. 

De son côté Miramon avait connu l'emplacement de la tente 
du général Escobedo et il fit pointer vers ce but une pièce 
prise à l'ennemi dans le combat du Cimatario, et qui portait 
ce mot : la Tempestad, ultima razon de lus naciones. 

Escobedo fit transporter sa tente hors de portée du canon 
des impériaux. 

L'investissement de la place se resserrait chaque jour, l'étrei- 
gnant dans un cercle de tranchées et de remparts qui ren- 
daient toute sortie infructueuse. 

Miramon émit alors l'avis de rompre le siège et d'abandonner la 
place, puisque Marquez n'arrivait pas et qu'il était impossible 
de tenir plus longtemps dans la ville. 



TRAHISON DE LOPEZ 203 



L'idée de Miramon trouva des contradicteurs et bien qu'elle 
fût admise en principe, elle fut toujours retardée sous des pré- 
textes spécieux. 

On vanta outre mesure la popularité du général Mejia 
parmi les habitants de Queretaro et on demanda qu'il haran- 
guât le peuple afin qu'il défendît les remparts, pendant que 
l'armée marcherait sur les assiégeants. 

Pour mettre cette combinaison en pratique on perdit deux 
jours et on n'obtint que le recrutement de 160 hommes. 

D'autres projets aussi irréalisables furent conçus et Maximi- 
lien décida enfin de quitter la place pendant la nuit du 14 
au 15 mai 1867. 

Les ordres furent donnés pour les mouvements des trou- 
pes et Miramon se retira chez lui invitant R. Arellano à dî- 
ner. Les deux généraux avaient gardé le silence le plus 
complet au sujet des événements qui se préparaient. 

Pendant le dîner on annonça à Miramon que les généraux 

Mejia et Castillo qui avaieat eu vent de la décision prise vou- 
laient en connaître les détails. 

Miramon se maintint sur la plus grande réserve et laissa les 
deux généraux dans le doute. 

Maximilien au contraire avait fait part de la résolution 
prise au prince de Salm Salm et au colonel .Lopez, qui firent 
des objections et trouvèrent des partisans dans le général 
Mendez et le colonel Bedonet. 

Miramon finissait de dîner lorsqu'il fut appelé au quartier 
général par un ai de- de- camp de Maximilien et celui-ci dit 
qu'il se présentait deux difficultés pour tenter la sortie ; la 
première était le défaut d'argent pour payer l'armée pendant 
sa marche, la seconde provenait de la faiblesse des chevaux 
insuffisamment nourris depuis plusieurs jours. 

Lopez prétendait avoir découvert un dépôt de maïs que 1 on 
pourrait distribuer aux chevaux pendant la nuit, et différer ainsi 
la sortie d'un jour. 



204 MIGUEL MIRAMON 

Miramon s'opposa à l'idée le Maximilien, bien qu'il n 
la nécessité de payer les troupes aussitôt après la se 
la place ; l'entrevue se prolongeait et l'on perdait un 
précieux ; Maximilien parla d'une proclamation qui dev 
faite aux troupes le jour suivant, dans laquelle il fal 
sait-il, changer le mot " brûler „ et il perdit deux heur 
cette discussion puérile. 

Pour convaincre Miramon relativement à l'état des c 
de la cavalerie, Maximilien Ût appeler Lopez ; deux a 
camp partirent à sa recherche, mais ils ne purent le ti 
enfin à onze heures Lopez se présenta à Maximilien. 

L'attitude du colonel était singulière, il était pâle, 
et Maximilien l'ayant interrogé, il répondit en balbuti 

Maximilieu alla jusqu'à l'excuser devant ses génère 
tribuant le trouble de Lopez au retard qu'il avait n 
rendre auprès de lui. 

Enfin le général Mendez avait dit, paraît-il, qu'en re 
la sortie de 24 heures, il répondait du succès, mais co 
insistait auprès de lui pour connaître sa pensée, il affi 
cette idée lui avait été attribuée par le colonel Bedoi 

Maximilien se prononça pour la remise de la sortie et 
les généraux se retiraient il dit à Miramon : " Ne y 
figez pas, Miguel, qu'importent 24 heures an succè; 
opération de guerre ? 

— " Sire, je ne suis point de votre avis. Dieu noi 
pendant ces vingt-quatre heures „. 

Lorsque les aides-de-camp de Maximilien étaient j 
la recherche du colonel Lopez, ils ne l'avaient point 

Où était le colonel Lopez? 

Que se passait il dans le camp républicain ? 

M. Juan de Dioa Àrias parlant de cet incident s' 
ainsi : u Dans la nuit du 14, Lopez, par l'intermédia 
agent secret, obtint du général Escobedo la permission 
plir sa délicate mission. 



TRAHISON DE LOPEZ 205 



u II arriva, en effet, à la tente dn général républicain, qui, 
ayant repoussé des propositions que quelques officiers étran- 
gers lui faisaient pour livrer la place, ne voulant pas devoir 
la victoire à un acte de trahison, ne put faire à moins que 
d'éprouver une gvande surprise et d'interroger Lopez sur la vé- 
ritable situation de la place. 

" Cet agent de Maximilien qui avait vu la démoralisation 
de l'armée assiégée, qui connaissait les défections et les 
manœuvres de quelques officiers pour la livrer, et qui était 
instruit du projet ridicule de rompre la ligne avec d'aussi 
mauvais éléments, ne put moins faire que de confesser la po- 
sition critique des impériaux. Comment, en eflet, aurait-il pu la ca- 
cher, quand les propositions dont il était lui-même porteur 
avaient découvert au général Escobedo toute la vérité sur ce 
qui se passait dans la place ? „ 

Nul ne saurait présenter comme étant contiaire au général 
Escobedo, l'autorité de M. Juan de Dios Arias; U est non 
seulement le biographe du général républicain et son panégy- 
riste, mais encore il invective les chefs de la place de Quere- 
taro en rapportant des faits historiques qui devraient être 
écrits avec équité et mesure, et non en termes grossiers, 
pleins d'insinuations perfides pour les uns et de louan- 
ges outrées pour les autres. Nous nous appuierons sur 
cette autorité irrécusable pour les républicains, pour analyser 
la conduite du colonel Lopez et tout d'abord nous jugeons 
que sa présence dans le camp républicain Bans une autorisa- 
tion écrite de Maximilien indique des accointances que réprou- 
vent les lois de la guerre et la morale la plus élémentaire. 

Dans l'histoire de nos révolutions nous trouvons un cas 
bien connu du général Escobedo et que nous signalerons. 
Lorsque Marquez marcha au secours de la place de G-uadala- 
jara défendue par Severo del Castillo, il envoya, le 1 M no- 
vembre 1860, les généraux Santiago Cuevas et José Sanchez 



206 MIGUEL MIRAMON 

Facio en qualité de parlementaires au général Ignaci 
goza qui assiégeait la place- 
Les généraux S. Cuevas et S. Facio se dirigèrent 
camp libéral arec une antorisation écrite, précédés d' 
peau blanc et en arrivant aux avant-postes ennemis 
banda les yeux et ils furent conduits à la tente du 
Zaragoza où ils remplirent leur mission. 

1 leur retour les mêmes formalités furent observé» 
général Escobedo, qui à ce moment commandait an bt 
connut tous les détails de cette entrevue. 

D'ailleurs tous les auteurs qui traitent de cette 
sont d'accord sur les formalités à remplir en pareil cai 
signalerons entre autres Carrel, qui s'exprime ainsi : " Le 
pettes et les parlementaires de l'ennemi ne dépassent jai 
premières sentinelles ; ils sont tournés du côté opposé a 
et à l'armée ; on leur bande les yeux s'il en est bes< 
sous-officier reste avec eux pour exiger que ces disp. 
soient observées, pour tâcher de tromper Leur curios 
des réponses adroites et prévenir l'indiscrétion des sent 
Le commandant de la grand'garde donne reçu des d< 
et les expédie immédiatement au général de la brig 
congédie sur le champ le parlementaire. ' „ 

Le colonel Lopez en se dirigeant vers le camp enuen 
dépourvu de toute autorisation de Maximîlien, car, bie 
ait dit que l'empereur lui avait ordonné d'exécuter cet 
sion, il n'a pas présenté d'autorisation écrite, et on n 
ajouter foi à ses assertion!). 

En effet, le général républicain ne pouvait croire Lo 
parole, peut-être l'aurait-îl jugé comme un espion et In 
appliqué les lois de la guerre. 

Ainsi donc il résulte du fait de la présence de Lope 



1 Ordonnance dn service des armées en campagne. 



« < 
* 



TRAHISON DE LOPEZ 207 



le camp républicain, qu'il ne s'y trouvait qu'à la suite d'ac- 
cointances avec un ou plusieurs chefs de l'armée libérale. 

Le colonel Lopez se rendit auprès d'Escobedo pour y trai- 
ter la livraison du fort de la Cruz qu'il commandait, recevant 
comme prix de son infamie trente mille piastres 1 et la pro- 
messe d'avoir la vie sauve après la prise de la place. 

L'opinion publique ne s'y est pas trompée et s'est prononcée 
dans ce sens : elle signale le général Vêlez, partisan de l'em- 
pire jusqu'à décembre 1866, pour avoir servi d'intermédiaire 
dans ce marché honteux en usant de l'influence qu'il avait 
sur le colonel Lopez. 

Ces faits furent confirmés plus tard à la prise de Queretaro, 
par les mesures d'exception accordées à Lopez, qui ne parta- 
gea nullement le sort de ses compagnons d'armes, ceux-ci fus- 
sent-ils d'un grade inférieur au sien. 

Plusieurs généraux furent condamnés à mort et exécutés ; des 
colonels moins remarqués en politique que Lopez, et de sim- 
ples capitaines eurent à subir l'emprisonnement ou l'exil. 

Lopez n'était pas un personnage insignifiant dans le monde 
politique. 

H avait pris part à .la guerre de trois ans contre le gou- 
vernement de Juarez; il avait suivi Marquez dans la révo- 
lution qui eut pour théâtre la sierra et d'autres parties du 
pays en 61 et 62 ; il avait été s'incorporer aux troupes fran 
çaises à Orizava pendant le siège de Puebla. 

Il avait conduit l'armée de Bazaine à San Loienzo, où il 
se fit passer aux yeux de l'ennemi comme un chef de la 
frontière qui amenait des renforts, contribuant ainsi à la dé 
faite de l'armée de Comonfort dans cette journée. Il avait 
combattu le gouvernement de Juarez dans les États de Coa- 
huila et Nuevo Léon et il avait rougi ses mains du sang de 



1 150,000 franc». 



208 MIGUEL MIRAMON 

nombreux prisonniers mexicains ; enfin il était le c 
garde de Maximilien et le confident de ce prince. 

Il y avait dans ces faits matière à jugement et 1 
VHÎt, comme les siens, comparaître devant un tribune 
dant depuis le jour de la prise de Queretaro jusqu'à 
où nous parlons Lopez a joui d'une complète liberté 
il ne s'est dérobé aux recherches du gouvernement 
qui lui a toujours accordé les garanties dont jouisse: 
toyens paisibles et honnêtes: 

Le seul châtiment qu'ait éprouvé cet homme ma 
le mépris de tout le pays y compris ceux-là même q 
tèrent et tous considèrent comme un être immonde, 
de Queretaro, traître au drapeau, qu'il défendait, i 
Maximilien qui était son ami, son compadre et qui ; 
avait contitué à son fils une dotation prise de sa 
particulière. 

Lopez, revenu du camp d'Escobedo, pour mettre e 
sa trahison changea la garde que commandait le li 
Doniet à l'un des angles du jardin de la Cruz proche 
établissement de bains qu'occupaient les troupes d'Est 
la remplaça par un corps de cavalerie irrégulière o 
par un de ses complices le commandant Yablosky. 

Peu d'instants après avoir quitté Maximilien et les ; 
dans l'entrevue que nous avons racconté plus haut 
avait montré son trouble, le colonel Lopez rett 
camp républicain et revint & la Cruz accompagné 
néraux Vêlez et Chavarria, des colonels Rincon G-a 
A. Lozano, du tient-colonel Osio et d'un bataillon 
premos Poderos. 

Lopez releva lea postes occupés par Impériaux et 1 
cuper par les troupes républicaines qui arrivaient touj< 
nombreuses favorisées par l'obscurité et dans le plu 
silence. 

Quelqu'un, parmi les impéraux, s'avisa de demander 



TRAHISON DR LOPEZ 209 



de ce changement et Lopez répondit qu'il amenait les troupes 
de Marquez venues de Mexico. 

Des troupes républicaines toujours précédées de Lopez arri- 
vèrent ainsi jusqu'à proximité de la demeure de Maximilien 
que Lopez fit réveiller en l'avertissant que l'ennemi s'était em- 
paré par surprise du couvent de la Cruz, et qu'il courait le 
plus grand péril. 

L'empereur se leva, s'habilla à la hâte et descendit les esca- 
liers de la Cruz accompagné de deux ou trois personnes, parmi 
lesquelles se trouvait le général Severodel Castillo. 

En arrivant sur la place de la Cruz il fut arrêté par un 
groupe de soldats républicains, mais le colonel Bincon G-al- 
lardo donna Tordre de les laisser passer sous prétexte que 
c'étaient des civils. 

Les soldats obéirent, bien que Maximilien portât des insi- 
gnes militaires ; il se dirigea à grands pas vers le palais mu- 
nicipal et sur le parcours ses officiers d'ordonnance lui offri- 
rent un cheval, mais il ne voulut pas l'accepter parce que ses 
compagnons allaient à pied. 

Il arriva au palais municipal, donna l'ordre de faire appe- 
ler le général Miramon et de lui dire qu'Use dirigeait vers le 
cerro de Las Campanas. 

Le colonel Lopez se présente encore devant Maximilien et 
le prie de se cacher dans une des maisons de Queretaro ; le 
prince repousse le moyen de salut et continue sa marche vers 
le cerro de Las Campanas, ou il trouve une partie de ses 
troupes sous les ordres du général Mejia. 

Maximilien attend l'arrivée de Miramon et de Mendez, et 
lorsque le colonel Pedro Gonzalez lui annonce que le général 
Miramon vient d'être grièvement blessé, il consulte Mejia sur 
le parti à prendre. Celui-ci sonde l'horizon, il voit partout 
d'épaisses colonnes ennemies et répond qu' il n'y a plus de mo- 
yen de salut. 

Le colonel Pedro Gonzalez qui entend la réponse de Mejia 

miramon - 16 



210 MIGUEL MIRAMON 

s'approche de Maximilien et le supplie de ne pas se 
ae met à ses ordres pour se frayer un passage a t 
rangs ennemis; mais Maximilien n'accepte pas la pro 
brave colonel Gonzalez. 

Il envoie un de ses aides-de-cainp en qualité de pai 
aux avant-postes ennemis pour manifester qu'il se 
scrétion. 

L'aide-de-camp arrive jusqu'au général Corona, qni 
conditions de Maximilien et donne Tordra de suspei 

Le prince s'avance sur tes lignes libérales, troui 
rai Corona et lui rend sonépée; Corona lui indiqu 
au général Escobedo qu'il doit la remettre. 

Accompagné des généraux Corona et Riva Palaci 
lien se trouve en présence d'Escobedo et lui remei 
après quelques instants d'entretien. 

Escobedo donne l'ordre an général Riva Palacio d 
Maximilien, en qualité de prisonnier, au couvent de 
de faire incarcérer les généraux de l'armée impéria 
vent deTeresitas. 

Peu de jours après, Maximilien fnt transporté à T 
compagnie de ses généraux, puis au couvent de ( 
qu'il ne devait quitter que pour marcher au suppli 

Qu'étaient devenus, pendant ce temps, les gênéi 
mon et Mendez? 

Le général Mtramon se trouvait dans sa demem 
Lopez introduisait l'ennemi dans la Cruz; mais < 
craignant une attaque du côté de la ligne de la riv 
dirigea de ce côté et constata que quelques officiel 
passé à l'ennemi ; parmi eux le colonel Paz y Puei 
tenant-colonel Ontiveros et le commandant de bat 
de Castro. Les officiers subalternes et les soldats è 
stés fidèles à leur devoir. 

Miramon confia le commandement de cette troupe 
Antonio Jauregui, appartenant à son état-majoret offl( 
vé; il se dirigea ensuite vers d'autres points de la ] 



TRAHISON DE LOPEZ 211 



son attention fut éveillée par les cloches de la Cruz qui son- 
naient à toute volée. 

Surpris, il se dirige de ce côté pour connaître la cause de 
ce signal d'alarme. 

Comme il était à pied il s'adresse à ses aides-de-camp 
pour que l'un d'eux lui fît amener son cheval. Miramon était 
accompagné de treize personnes et bien qu'il se fût adressé 
spécialement à G-orgwis, tous se précipitent pour remplir cet 
ordre ; ils pressentaient le danger. 

Miramon resta seul avec le vaillant lieut.-colonel Luis Or- 
douez, son ami, son disciple et son compagnon d'armes dans 
ses longues campagnes, et avec lui, il se dirige sur la Cruz. 

Arrivé à la place de S. Francisco il aperçoit deux officiers & 
cheval et marchant au pas ; il dit à Ordoiïez de s'avancer pour 
les reconnaître. 

Ordoîiez s'avance, mais l'un des officiera lui crie : ■ Qui vive? „ 
— u Empire! „ répond Ordonez, qui tombe aussitôt frappé 
d'une balle. 

Miramon se porte au secours de son aide-de-camp, il fait 
feu avec son revolver sur les deux officiers, qui ripostent et fuient 
après l'avoir blessé au visage. 

L'officier qui avait tiré sur Miramon était un déserteur, an- 
cien officiel 1 belge, nommé Devaud, qui avait abandonné |son 
corps pour prendre du service dans l'armée républicaine. 

II cherchait le commandant Luis Echagaray avec qui il était 
lié d'amitié, lorsqu'il rencontra Miramon accompagné de son aide • 
de- camp. 

Miramon, perdant beaucoup de sang, se dirige vers la de- 
meure de son médecin, le D r Vincente Licea, il lui dit qu'il 
craint d'avoir une balle dans le maxillaire droit, et le prie de 
lui faire un premier pansement en toute hâte, car les instants 
sont précieux. 

Le D r Licea prétend que le cas est très grave, que la balle est 
tresée dans la plaie et qu'il va l'extraire ; puis il fait avertir 



212 MIGUEL MIRAMÛN 

le colonel républicain Refugio Gonzalea que Min 
chez lui. 

Le médecin rendait son citent et son hôte. 

La nouvelle de la blessure de Miramon ne tarde pa; 
pandre et le colonel Pedro Gonzalez, commandant le ré) 
l'Impératrice arrive, à la porte de la maison du D r L 
met aux ordres de Miramon, 

Le général Casanova arrive également et Miramon 
prend qu'un corps de tronpes républicaines s'approche 
son du D r Licea dit au général Casanova de donn 
au colonel Gonzalez de charger les tronpes qui s'avi 
de leur résister jusqu'à ce qu'il ait le temps lui-mêi 
scendre pour le rejoindra 

Le général Casanova ne communique pas cet ord 
contente d'aider le D 1 . Licea dans les soins qu'il prod 
blessé. Il martyrisait celui-ci en sondant la plaie. 

Le colonel Pedro Gonzalez entouré d'ennemis se 
eux et se dirige vers le Cerro de las Campanas pour i 
à Maximilien l'état de Miramon et se mettre à ses or 
lui frayer un passage hors de la place. 

Le D r . Licea avait atteint son but : quelques he 
tard il livrait Miramon an général Refugio Gonzale 

Le général Mendez n'avait pn se rendre au Cen 
Campanas ; averti très tard de la chute de la place 
que tout était perdu et se cacha dans une maison. 

H se savait visé et recherché spécialement par 

1 Le d.» Licea fat chargé plus tard de faire l'autopsie du corps de 1 
fut accusé de faits révoltants ; en faisant l'autopsie il avait dit " qn 
reui de tenir dans ses mains les entrailles d'un aristocrate " ; il vend 
des prii élevés quelques parties des dépouilles mortelles de l'infortu 
quelques menas objets qu'il trouva sur le cadavre. 

Nous n'aurions pas rapporté ces faits monstrueni ai le gonvernenu 
ému an point de faire ouvrir une enquête qui aboutit à un procès 
le journal El Dencho en 1868. 



TRAHISON DE LOPEZ 213 



blicains, qui, s'ils l'avaient trouvé au Cerro de las Campanas, 
l'auraient immédiatement passé par les armes. 

Ils se souvenaient de la guerre acharnée que Mendez leur 
avait fait dans l'État de Michoacan et de l'exécution des gé- 
néraux José Maria Àrteaga et Carlos Salazar. 

Le colonel Santa Cruz voulut se frayer un passage à tra- 
vers les troupes républicaines et tomba criblé de coups. 

Le colonel Campos, chef de l'escorte de Maximilien, fut sé- 
paré des autres prisonniers et fusillé sur le champ. 

Ainsi 1 finit le siège de Queretaro, où les assiégés firent 
des prodiges de valeur et où Maximilien perdit sa couronne. 

H devait quelques jours plus tard mourir comme un soldat 
en mêlant son sang à celui des généraux qui l'avaient ac- 
compagné dans le dernier acte de ce drame qui émut le monde 
entier. 



.oltHorf//! 



1 Le siège de Queretaro avait duré soixante-dix jours, P en dan^eqg^eJ|J^r- 
nison et les habitants firent preuve d'une grande énergie. La dernière situation 
des troupes assiégées présentait un effectif de 5637 hommes ; les ïorces <te l'en- 
nemi s'élevaiet, assure-t-on, à plus de 40,000 hommriHV ce^eào^iy^hfton 
seule lui livra la place (Noix, Expédition du &ea6l^W) TMh. f '*ll>nth 



Cerro de Las Campanas. 



Victor Hugo demande à Juarez la vie des prisonnier 
uard fait de» démarches dans le même sens — L 
Bamon Corona demande l'exécution de la peine de 
Le, lieutenant- colonel Aspirai et le soldat Jacinfo 
sont chargés dinstruire le procès contre Maximilien 
les généraux Miramon et Méfia — Le général Ban 
dez est arrêt-é etJusiUé sur le champ — Miramon 
nomment leurs défenseurs - Incident qui empêch 
fenseurs de Mb amon de quitter Mexico pour se rend 
reta'o — Charges qu'on lui faisait dans h vrocès et 
futatUm — Noble conduite de Maximilien — Lettrt 
dame de Miramon à Lerdo de Tejada — Tfttamen 
ramon — Événement du 1b juin - On s'efforce à 
Potosi d'obtenir la grâce des prisonniers — Réponst 
rez et de Lerdo — Lettres de Miramon à sa fenm 
avocat Jauregui — Lettre de Maximilien à sa fam 
baron Lago — Noblesse d'un général républicain et 
ramon — Marche des prisonniers au supplice 
dernières paroles - Lettre du confesseur de Mit 
Gloire de ce général 



Cest un noble sentiment qui a poussé l'homme a i 
l'abolition de la peine de mort et a soustraire son se 
l'infamie de l'échafaud. 

Le christianisme, avec sa donce et protonde ph 
en dévoilant & l'homme les mystères d'une vie fiitu 
rituelle, lui enseigne qu'il n'a pas le droite de v 



CERRO DE LAS CAMP AN AS 215 

mort sur son semblable, et le divin Crucifié, le Juste lai-mê- 
me, lai ea a donné l'exemple en pardonnant du haut de sa 
croix aux assassins qui l'insultaient. 

Conformément aux préceptes du Christ, la mission de la 
société doit se résumer à garantir ses membres des attaques 
et des retours du crime, tout en cherchant à ramener Je cri- 
minel au bien. 

L'arrêt suprême n'appartient qu'à Dieu et cette divine do- 
ctrine n'a cessé, depuis qu'elle a été proclamée, de pénétrer, 
dans les moeurs, dans les institutions et dans les lois, à me- 
sure que les peuples se sont développés en culture et en ci- 
vilisation. 

La Belgique, la Suisse et l'ancien grand-duché de Toscane 
sont les premières nations qui, après de nombreuses tentatives, 
ont rayé de leurs codes la peine de mort 

Sans doute il y a lutte encore entre la matière et l'esprit, 
entre les ténèbres et la lumière, mais un jour viendra où 
l'esprit et la lumière triomphant, on franchira l'espace im- 
mense qui sépare l'échafaud du bagne où le criminel réduit 
à l'impuissance de nuire se régénère par le travail. 

Le code mexicain de 1857 abolit la peine de mort pour les 
délits politiques, et les législateurs philanthropes l'effacèrent 
pour toujours, ne voulant pas que l'erreur, les préjugés et le 
mensonge même qui parfois les entraîne, fussent cause de la 
destruction de la vie humaine. 

Victor Hugo, l'immortel poète français, le grand démocrate, 
ne voulant pas que la liberté, vierge qui dort dans un lit de 
fleurs, fût profanée par des mains tachées de sang et dont le 
déshonneur serait proclamé par des chants de triomphe, s'a- 
dressa à Juarez et le conjura, an nom de la doctrine qu'il 
avait proclamé, de pardonner aux défenseurs de Queretaro. 

M. Seward, l'éminent homme d'état et ministre de Lincoln, 
implorait la pitié pour Maximilien et pour ses compagnons d'in- 
fortune. 



216 MIGUEL MIRAMON 



Peu de temps auparavant, la nation Nord-Araéricaiae s'é- 
tait emparée de Jefterson Davis à Richmond : elle le soumettait 
au jugement public, sans attenter à la vie de cet homme qui 
cependant avait ensanglanté son pays en défendant la cause 
inique de l'esclavage. 

Le général Trevino, blessé au siège de Queretaro, travailla 
pour sauver ses ennemis d'hier avec une ardeur et une no- 
blesse de sentiments qui honorera sa mémoire. 

Une seule voix osa s'élever publiquement pour demander 
avec insistance le sacrifice de Maximilien et de se* généraux ; le 
général Corona, en apprenant la mort de l'un des lieutenant 
de Maximilien, mort dont nous parlerons plus loin, écrivait à 
Juarez de San Juan del Rio, le 19 mai 1867 : " Dans ma 
lettre antérieure du 15, je vous ai rendu compte de ma con- 
duite militaire lors de l'occupation de la place de Queretaro 
par nos troupes dans la matinée de ce même jour. 

u Je considérais qu'il était mon devoir à ce moment de 
donner des garanties aux hauts personnages que j'eus l'occa- 
sion de faire prisonniers dans le camp, et de les présenter au 
général en chef parcequ'il n'entrait pas dans mes attributions 
de décider sur leur sort. 

u Cette démarche en conséquence ne peut avoir d'autre in- 
terprétation. 

" Je partage le sentiment général de mes concitoyens qui 
voient dans ces tristes (sic) personnages les auteurs de nos 
troubles politiques, de la ruine de tant d'intérêts et de tant 
de sang versé. 

" J'ai la conviction que l'avenir de la République, la sé- 
curité de notre indépendance et la consolidation de l'ordre 
intérieur de notre société dépendent immédiatement de la con- 
duite qui sera observée par le gouvernement général à leur égard. l n 

1 Ensayo historico del ejército de occidente por D. Juan iïijar y Haro et José 



CERRO DE LAS CAMPANAS 217 

Le gouvernement de la République, qui résidait alors à San 
Luis Potosi, décréta, le 21 mai 1867, que Maximilien de Hap- 
sbourg serait jugé pour crime d'usurpation d'autorité publi- 
que et les généraux Miramon et Mejia pour celui de trahi- 
son à la patrie, conformément à la loi du 25 janvier 1862. 

Le lieut -colonel et licencié en droit M. Manuel Àspiroz fut 
nommé fiscal l et Jacinto Melendez, soldat de la 3 èm * compagnie 
du Supremo Poder, fut nommé rapporteur. 

Maximilien et le général Mejia quittaient le couvent de Te- 
resitas, et le général Miramon la maison du médecin Licea, 
sous une forte escorte, pour être transférés à l'ancien couvent 
de Capuchinas. 

En même temps, le général Escobedo faisait publier une 
proclamation où il assignait un terme de 24 heures pour 
que tous ceux qui avaient pris les armes en faveur de l'Em- 
pire se constituassent prisonniers, punissant de mort tous 
ceux qui n'obéiraient pas à cet ordre. 

Tous les généraux, chefs et officiers qui avaient contribué 
à la défense de Queretaro étaient emprisonnés, sauf les géné- 
raux Ramon Mendez, Ramirez de Arellano, les colonels Carlos 
Miramon, Antonio Jauregui, Miguel Lopez et le commandant 
Jablosky. 

Nous avons dit quelles étaient les prérogatives accordées à 
Lopez et à Joblosky comme récompense de la reddition du 
couvent de la Cruz. 

Le général Arellano et les colonels Juaregui et Miramon 
avaient réussi à tromper la surveillance des républicains et 
les deux premiers avaient gagné la capitale occupée encore par 
Marquez; Carlos Miramon s'était réfugié dans une maison 
de campagne. 

Le général Ramon Mendez, plus malheureux que ses compa- 
gnons, fut découvert à Queretaro même, dans la maison d'un 

1 Procureur de la République. 



218 MIGUEL MIRAMON 



ami qui lui donnait asile et emprisonné dans le couvent de 
Teresitas dans la nuit du 18 mai. 

Le décret d'Escobedo lui fut appliqué et on lui notifia sa 
condamnation à mort. 

Maximilien et le général Mejia se trouvaient encore à Te- 
resitas et ce dernier dit au condamné: 

— Mendez, je suis persuadé que vous serez aujourd'hui de- 
vant ces gens là ce que vous avez toujours été. 

— Ne craignez rien, général, répondit Mendez avec le plus 
grand calme. 

Avant de quitter la prison il voulut voir Maximilien, qui 
lui dit avec émotion : 

« — Mendez, vous n'êtes que l'avant-garde, nous irons bien- 
tôt vous rejoindre „, et il l'embrassa. 

Mendez le quitta pour se rendre au lieu du supplice, suivi 
d'une grande foule qui lui manifestait sa sympathie et où les 
sanglots eclataint souvent. Avant d'arriver au lieu de l'exé- 
cution (ce fut Yàlameda ou promenade de Queretaro) on le fit 
entrer dans une maison voisine et on lui accorda deux heures 
pour faire ses adieux à sa famille et prendre ses dernières dis- 
positions. 

Il passa ses derniers instants entouré de sa femme et de 
son fils âgé d3 10 ans, d'une sœur qui lui portait une grande 
afiection et d'un prêtre; sur un signe que lui fit l'officier com- 
mandant du peloton d'exécution il quitta les siens, disant qu'il 
avait une dernière recommandation à faire à cet officier et 
marcha résolument à la mort. 

Cette exécution causa une profonde émotion dans la ville ; 
on comprit quel était le sort réservé aux autres prisonniers 
et les efforts redoublèrent pour tenter de les arracher à la 
mort et mettre uu terme aux maux déjà si nombreux causés 
par cette lutte sanglante. 

Le procès de Maximilien était vivement conduit, on rejeta 
les conclusions des accusés qui opposaient l'incompétence du 



CERRO DE LAS CAMP AN AS 219 

tribunal et on leur notifia d'avoir à nommer leurs défen- 
seurs. 

Maximilien nomma M. M. les licenciés Rafaël Martinez de 
la Torre, Eulalio Ortega, Mariano Riva Palacio de Mexico et 
M. Jésus Vasquez Palacios du barreau de Queretaro. 

Il demanda également à faire appel au baron Magnus, mi- 
nistre de Prusse auprès du gouvernement mexicain, et au 
baron de Lago, ministre d'Autriche-Hongrie également accré- 
dité à Mexico. 

Miramon fit choix du général Partearroyo, ancien ministre 
de la guerre du gouvernement de Juarez, et du licencié Vi- 
cente Gomez Parada ; mais comme l'un et l'autre résidaient à 
Mexico, il les fit appeler par télégramme. 

Marquez s'opposa à leur sortie, prétextant que Queretaro ne 
s'était pas rendu et que le général Partearroyo, officier de mé- 
rite, loin de porter secours à Miramon irait se joindre au gé- 
néral Porfirio Diaz qui . assiégeait Mexico. l 

1 « Devant moi, qui souscris, Consul Général des États-Unis du Nord, en ce con- 
solât de la Ville de Mexico, s'étant présentés personnellement devant moi le 5 
Juin 1867 M. le Général José Gil de Partearroyo, ancien général de la Répu- 
blique, retiré du service, et M. le licencié Vicente Parada, avocat des tribunaux 
de la Nation, après avoir prêté serment d'être vrai ce qu'ils exposeraient, dé- 
clarent: que le premier a reçu hier une note ci-jointe de M. Juan José Baz, dans 
laquelle on lui fait savoir que M. le Général de Division D. Miguel Miramon 
Ta nommé de même que le susnommé licencié M. Vicente Gomez Parada pour 
remplir le rôle de défenseurs et afin qu'ils aillent à Queretaro dans ce but; que 
l'un et l'autre étaient prêts à accomplir leur devoir dans le cas où leurs services 
fussent jugés nécessaires; qu'ils ne peuvent sortir de cette capitale parceque le 
Général Marquez, commandant de cette place et sans le consentement duquel on 
ne peut délivrer de passeport, a refusé cette permission à ceux qui comparaissent 
devant moi, comme l'affirment MM. D. José Maria de Lacunza et D. Luis Rêves, 
étant le premier président du conseil d'état et le second colonel au service actif 
et ancien aide-de-camp du Général Miramon. 

« Que pour sauvegarder leur honneur ils tiennent à faire cette protestation, afin 
qu'il soit de tout le monde connu et de tons temps, que s'ils ne remplissent pas 
la noble et humanitaire mission qu'on leur confie, c'est par la raison ci-dessus 



220 MIGUEL MIRAMON 

Mais si Marquez ne croyait pas à la reddition de Qi 
pourquoi laissait-il sortir les défenseurs de Maximiliei 

Et s'il n'autorisait pas le départ de Partearroyo, en 
lité de général, pourquoi taisait-il la même oppositiot 
cencié Parada avocat qui n'était point compromis dans lt 
politiques ? 

Peut-être ne saurait-on trouver une réponse satista 
ces questions qu'en dévoilant les sentiments de naine 
taient Marquez à l'égard de Miramon. 

Toujours est-il que ce dernier dut faire choix d'aut 
cats ; il nomma M. Ambrosio Moreno, du barreau de 
taro, et un jurisconsulte des plus honorables qui ava: 
le barreau à cause de son état de santé, M. Ignacio J. 
libéral très-radical et dont le frère aine avait été 
par Marquez le 11 avril 1859 à Tacubaya. 

exposée, de ne pouvoir sortir de cette ville, et que maigre - cela ils w 
à faire tona leurs efforts pour obtenir des passeports; qne cette prota 
remise an Consul qui soussigné, paxceque, dans les circonstances ai 
est le seul qui pnisse la formuler, se trouvant occuper une position n 
les questions politiques qui agitent le paya. 
«Et en foi de quoi ils signent: 

Signé: José Gil du Pabtiikboto, général en retrs 
Signé: VlCBNTE QOHIZ Parada, avocat. 
Témoins Signé: A. Luit — Signé iom Gara. 

Consulat des États-Unis d'Amérique 

Mexico, le 5 Juin 1867 

* Je certifie, qne, aujourd'hui 5 Juin 1867, se sont présentes deve 

ce consulat, le Général José Gil de Partearroyo et le licencié Tirante ' 

rada, me demandant l'autorisation d'étendre devant moi, consul des Et 

déclaration et la protestation contenues dans le dominent ci-dessns. 

« Le motif de cette façon d'agir, donné par cas Messieurs, est d'en 
sagrrments et les persécutions dn Général Marquez si l'on venait à 
bliquement qu'ils on fait cette démarche, qne d'antre part ils croient 
pour sauvegarder leur responsabilité ot leur bonneor. 

« En foi de quoi je signe et j'appose le sceau de ce consulat » 

Signé: Marcis Ottkbboom, U- S. C 



CERRO DE LAS CAMPANAS 221 

Le général Meija nomma le licencié Prospero Vega; le 
conseil de guerre se réunit dans le théâtre d'Iturbide ; il était 
composé du lieutenant-colonel Platon SancheZ, président; 
des commandants José Vicente Ramirez et Emilio Logero, des 
capitaines Ignacio Jurado, Juan Rufday Auza, José Verasti- 
gui et Lucas Villagran vocales et du licencié Joaquin Escoto 
asesor. 

Maximilien retenu dans sa prison par la maladie n'assista pas 
à l'audience et les généraux Miramon et Mejia compaiurent 
seuls devant le tribunal, qui prononça la sentence de mort, con- 
firmée par le général Escobedo sur l'avis d'Escoto. 

L'accusation portée contre Miramon, le signalant comme 
traître à la patrie, mérite qu'on s'y arrête à cause de sa gra- 
vité ; elle fut injuste au point de vue juridique et il n'est pas 
inutile d'indiquer les considérations qui militent contre cette 
qualification. 

Monsieur le Général José Gil de Partearroyo. 

Tacubaja, 8 Juin 1867. 
Cher ami, 
« J'ai reçu de Queretaro à votre adresse une lettre de M. Miguel Miramon dans 
laquelle il vous prie, ainsi que M. Vicente Parada, d'aller immédiatement vous 
charger de sa défense. 

« Gomme on a caché quelques communications de ce genre, je vous le fais sa- 
voir, en vous faisant observer qu'on a accordé trois jonrs de temps pour la dé- 
fense. Agissez comme vous le croirez convenable 

« Je sais toujours bien à vous. » 

Signé: Juan José Biz. 

Consulat des États-Unis. 
Mexico, 8 Jnin 1867. 
« Je certifie qne la lettre précédente est originelle et déposée en ce consulat. En 
foi de quoi je signe et j'appose le sceau de ce consulat. » 

Signé- Marcus Ottebboubo, U. S. Consul. 

€ Les faits se sont passés de la façon suivante : 

Sur la demande de MM. J. Qil de Partearroyo et de V. Gomez Parada, le Consul 
des États-Unis d'Amérique a passé une note au Général Marquez en lai signifiant» 
qu'étant données les demandes de plusieurs personnes respectables et dans un but 



222 MIGUEL MIRAMON 

Le fiscal Aspiroz disait dans l'acte d'accusation : 
" En ce qui se rapporte à Miramon il tant noter: 
dires dans la révolte contre le gouvernement (page 13, el 
26, et 26 verso) son infidélité lorsqu'il servait, à titre 
taire, le gouvernement émané duplan de Ayutla, et qi 
aux pronunciados de Zacapoaxtla (pages 25 et 26), l'act 
assumé le commandement suprême de la nation (de la 
à la page 28); le fait de n'avoir point puni Marquez après 1 
sinats qu'il commit à Tacubaya le 11 avril 1859 snrlespri 
de guerre, les médecins qui soignaient les blessés et 
yen pacifique, alors qu'en même temps il ordonnait i 
passer par les armes les officiers de l'armée qui araie 
an service du gouvernement constitutionnel (p. 28 
l'acte de s'être emparé, avec le titre de président qu' 
donné, des fonds de la convention anglaise, en bri 
scellés de la légation britannique (page 29 et verso) ; < 
placé sous les auspices de l'intervention étrangère e 
m en cernent de 1862, ponr échapper au châtiment qu' 
tait à cause de ses délits antérieurs (page 30 et verso) et 

Immunitaire il ne refusa pas les passeports à CM Messieurs qui avaient él 
défenseurs de Hiramon, et jugeant convenable leur sortie de la place 
eus de doute de cette nomination. 

< Le Général Marquez ne répondit pas, quoique le Consul exigeât plue 
une réponse de sa part. Malgré cela, les défenseurs ne cessèrent pas d' 
de faire toutes les démarches en lenr pouvoir pour obtenir la permission 
de la ville afin de remplir la mission qui leur était confiée. RnSyi le 
Monsieur Parada faisait savoir an Consul qu'on lui offrait un passepor 
lendemain, sans toutefois lui permettre d'en donner avis au camp libère 
de cela, il priait le Consul de le couvrir du drapeau de l'Union pour le garai 
des lignes ennemies. Le 1 1 Juin H. Parada accompagné de sa famille et du Y 
des États-Unis se rendit à l'Alameda où il attendit les passeports qui lui fut 
par le Colonel Luis Reyes a trois heures de l'après-midi et tous ensen 
s'étant rendus a la tranchée de « la Calzada Nueva », on leur refusa 
pareeque les passeports n'étaient pas en règle. On leur refusa de même de C: 
du pont. H, le Vice-Consat voulut passer à pied et il en fut emptehé. 



CERRO DE LAS CAMPANAS 223 

pris les armes contre la République et pour la défense de 
l'usurpateur Maximilien à Zacatecas, S. Jacinto et la Que- 
mada (pages 13 et 28 verso). „ 

On pourrait tout d'abord faire observer que les lois n'ont 
pas d'effet rétroactif et que c'est un des principes sur lesquels 
s'appuie la charte fondamentale de la république mexicaine. 

Mais on pourrait arguer que nous ne voulons pas combat- 
tre les charges dans un ordre spécial. Et relevant d'abord 
l' accusation qui se rapporte au prontmciamiento Zacapoaxtla ; 
nous dirons, que celui-ci prit fin par la capitulation de 
Puebla signée par les insurgés et par Comonfort et qui dit 
ce qui suit: 

• Art. 4. — Les généraux, chefs et officiers qui se trou- 
vent dans la place iront résider dans les lieux que leur signa- 
lera le gouvernement suprême, en attendant que celui-ci 
puisse décider de quelle façon il resteront dans l'armée. * 

MM. Alfonso Labat, Raimando Mon, le Colonel Reyes et le licencié Isidro Diaz 
sont témoins oculaires de ces faits. » 

Consulat des États-Unis. 
Mexico, le 8 Juillet 1867. 
« Je certifie que les faits racontés ci-dessus sont de ma connaissance et de tout 
point exacts, 
c En foi de quoi je signe et j'appose le sceau de ce consulat. > 

Signé: Marcus Ottbrbourg, U. S. Consul. 

M. Lacunza, président du Conseil de l'Empire, dirigea à ce propos à M. Parada la 
lettre suivante : 

M. Vicente G. de Parada. 

Mexico, 8 Juin 1867. 

Mon cher Vicente, 

« Notre confrère Diaz m'a parlé et m'a mis au courant de ce dont ?ous me parlez 
dans votre lettre d'aujourd'hui. 

« Je reviens de los Angeles, je n'ai rien obtenu ou pour mieux dire on n'a pas 
voulu parler de cette affaire. 

« Bien à vous. » 

Signé: Lacuhïà. 

1 Capitulation del 22 de marzo de 1856. 



224 MIGUEL MIRAMON 

Sans doute on dira que Comonfort imposa aux lus 
peines que Miramou ne subit pas ; et bien que ce 
vrai, il ne fut dû qu'an décret de Comonfort qui im 
illégalement et d'une façon arbitraire la convention de 
Enfin le décret dn 27 avril 1856 permit aux chefs e 
qui avaient capitale de ne pouvoir servir dans l'arm 
de simples soldats, à condition de s'expatrier pour i 
de quatre ans. 

La deuxième accusation dit: 

* Miramon assnma le commandement suprême de 
blique. , Or, Miramon avait adhéré, avant d'arriver au 
au plan de Tacnbaya proclamé par Comonfort ; et 
chef d'une nation adopte une politique, ceux qui le t 
l'obéissent ne sont pas coupables. 

Miramon arriva au pouvoir, comme nous l'avons 
haut, par le vote d'une assemblée de notables qni l'i 
présidence et son gouvernement fut reconnu par tout 
diplomatique résidant à Mexico, à l'exception toutefo: 
nistre des États-Unis qui reconnaissait le gouvernt 
Juarez, 

Selon le droit international, un pouvoir comprend 
veraineté extérieure et la souveraineté intérieure ; la 
était pleinement reconnue dans le gouvernement de] 
puisque la très grande majorité des nations en relat 
le Mexique l'avait reconnu. 

La seconde est plus discutable ; si l'on envisage \< 
Miramon isolément, elle ne l'est point si l'on s'en 
aux précédents et aux moeurs politiques de l'époque 

D'autres gouvernements avaient été élus par nue ai 
de notables, entre autres celui de L843, qui jeta les 
la constitution mexicaine et celui de M. Jnan Alvarez i 

C'est à la suite de ce dernier gouvernement et du 
ti'uniento initié par Doblado eu faveur de Comonfort, 
lui-ci eut le pouvoir de convoquer les électeurs et d 



p^ 



cerrô de Las campanas 225 



le congrès qui lui donna le titre de président et qui, en 
même temps, nomma M. Benito Juarez vice-président de la Ré- 
publique. 

Il n'y a rien d'étrange que dans un pays divisé par des dis- 
cordes permanentes on eût recours à des assemblées de no- 
tables pour constituer un gouvernement qui était considéré 
comme légitime et M. Benito Juarez reconnut lui-même comme 
tels les gouvernements de 1843 et 1855. 

Il y a plus, Miramon fut considéré par Juarez comme bel- 
ligérant et nous en trouvons une preuve dans les conférences qui 
eurent lieu à laEstancia de las Vacas entre Miramon et De 
gollado, et en face de Vera-Cruz, entre I. Diaz et Robles Pezuela, 
représentants de Miramon, et Degollado et Emparam, représen- 
tants de Juarez. 1 

Le fiscal Aspiroz avait voulu ignorer ces faits 

La troisième accusation portée par le fiscal Aspiroz contre 
Miramon, est celle relative aux fonds de la convention an- 
glaise et elle est rédigée inexactement. 

Les recettes du budget étaient grevées par la dette anglaise, 
qui & maintes reprises a donné lieu à des débats parlemen- 
taires très-orageux. 

Une partie des recettes des douanes était destinée à en 
payer les intérêts. A ce moment l'engagement pris par le Me- 
xique envers l'Angleterre était régulièrement tenu par les deux 
gouvernements qui divisaient la République, et c'est dans ce 

1 Filangieri parlant bot les guerres civiles s'exprime ainsi 

<r Les actes du vainqueur sont aussi légitimes que ceux du vaincu dépossédé 
de ses attributs temporairement. La différence entre le gouvernement de fait et le 
gouvernement de droit est inadmissible (Tratado de leyes deï orden social, tomo 
Ul, p. 607). 

Burlamacchi émet la même opinion: 

« La guerre civile romp les liens entre les sujet* et le gouvernement et ils 
se trouvent dans la situation de deux belligérants indépendants. » — Le droit 
international, tom. III, p. 101. 

MIRAMON - 17 



22b MIUUEL MIRAMON 

but qu'une somme de 600,000 piastres avi 
un magasin de la rue de Capuchinas à j 
vernemeut conservateur au moment où 
chaientsur la capitale. 

Le gouvernement de Miramon, a bout : 
des ordres pour que cette somme fut ver: 
tre d'emprunt forcé. Le consul anglais prot 
outre. 

Nous avons déjà fait connaître notre o| 
si Miramon avait écouté les observations 
Robles Pezuela, il n'aurait pas eu recour 
dont les effets furent déplorables pour le 
nom de son administration, 

Mais si nous réprouvons cet acte du 
Miramon, nous ne saurions admeitreles te 
l'accusation du fiscal Aspiroz est conçue. 

Les fonds n'étaient point déposés à la 
mais dans un magasin situé dans la rue d 

Il n'y avait point de légation anglaise 
époque, comme le prouvent les documents 
affaires étrangères; en effet, M. OtUway, n 
Bretagne, avait présenté ses lettres derapi 
de Miramon, laissant son secrétaire Masi 
légation. 

Plus tard ce dernier ayant pris parti pt 
de Juarez, il reçut ses passeports et confii 
légation anglaise au ministre de France. 

On ne pourrait donc violer rfne légation 
et nous pourrions citer maints auteurs de 
indiquant que la remise des passeports pa: 
à un ministre étranger met complètement f 
remplissait auprès de lui. ' 

1 Précis du droit des gens, par T. Puncfc Brstsno 
et suivant**. 



CERRO DE LAS CAMPA NAS 227 



On n'insulta donc pas le pavillon anglais, car tous les droits 
et privilèges dont jouit la demeure d'un ministre étranger 
cessent complètement d'exister du moment que les relations di- 
plomatiques sont rompues. 

Enfin, les fonds de la Convention anglaise furent pris par 
le gouvernement de Miramon peu de jours avant sa chute, et 
lorsqu'il tomba, il laissait dans les caisses du Trésor une som- 
me de 500,000 piastres, soit les 5j6 des fonds de la conven- 
tion, et le gouvernement libéral, loin de remettre cette somme 
aux créanciers anglais, s'en servit pour subvenir à ses besoins. 

Loin donc de réparer la faute qu'il reprochait à Miramon, 
il en profitait lui-même. 

Le fiscal Aspiroz n'était donc guère autorisé en venant quel- 
ques années plus tard récriminer sur ce point ; et cela d'autant 
plus qu'il semblait avoir oublié que la propriété privée eut à su- 
bir de rudes assauts au Mexique pendant ces périodes de trou- 
bles aussi bien de la part du gouvernement de Juarez que 
des autres gouvernements quels qu'ils fussent. 

Nous ne parlerons que pour mémoire, des impôts, contribu- 
tions ordinaires et extraordinaires, réquisitions de chevaux et 
de bétail, etc. dont usaient largement tous les partis. 1 

Citons aussi le cas du général Degollado s'emparant à La- 
guna Seca d'un convoi d'argent d'un million de piastres ; il est 
vrai que le gouvernement libéral en entrant à Mexico soumet- 
tait le général Degollado à un jugement ; mais celui-ci n'eut 
aucun effet, et quelques mois après on lui donnait le comman- 
dement des troupes qui entreprirent la campagne de las Cruces 
où il trouva la mort. 

i « Un gouvernement de fait, reconnu par les autres États et en communion 
intime avec la masse de la nation, possède à l'égard du territoire national les 
mêmes pouvoirs que le gouvernement légitime qu'il remplace. Tout ce qu'il a fait 
dans la limite prévue et déterminée par le droit public intérieur qui régit l'État, 
soit en acquérant, soit en aliénant, est donc valable et irrévocable. » Traité de 
droit international, G. Calvo. 



228 MIGUEI, MIRAMON 

Le fiscal Aspiroz ajoute que la prise de posa 
fonds fut une des causes de l'intervention ; il 
rappeler les notes officielles qui se rapportent à 
de Londres du 31 octobre 1861 et qui démontra 
basée et avait pour cause la suspension des i 
intérêts décrétés par le congres national. < 

La quatrième accusation comprend deux paît 
de n'avoir point châtié le général Marquez à c 
cutions de Tacubaya ; 2° d'avoir autorisé l'exécutli 
officiers qui avaient déserté les rangs conservât 

On pourrait répondre à la première accusation 
l'impuissance de Miramon pour châtier le coupa 

Miramon, eu effet, se trouvait à la tète d'un \ 
in partxbm; il revenait de Vera-Cruz, qu'il ava' 
tilement et il rentrait k Mexico au moment mêm 
venait de remporter une grande victoire. Miramt 
donc dans cette occasion, par son échec devant Ve 
une situation en quelque sorte difficile vis-à-vis 
et du parti conservateur qu'ils détendaient tous 

Nous trouvons d'ailleurs sur ce point une conti 
les termes de l'accusation du fiscal Aspiroz, car i 
ramon de ne point avoir usé de son autorité po 
quez, c'est qu'il reconnaît implicitement cette au 
détruit la deuxième accusation relative à l'usurf 
voir présidentiel. 

Si le fiscal ne reconnaît point cette autorité coi 
pourquoi l'accuse- t-il de ne point en avoir usé? 

Il devrait au contraire l'absoudre, puisque Mira 
d'user d'une autorité qui d'après Aspiroz était u 

Dans d'autres termes : on Miramon était prési 
l'était pas. 

1 Note adressée par Sir I. Crempton il Lord Riissel le 13 se 
confirmée par la note de H. de la Fnente ministre du gotmrn 



CERRO DE LAS CAMPANAS 229 



S'il était président, l'accusation portant snr l'usurpation de 
fonctions publiques disparaît. Si au contraire Miramon n'était 
pas président, il ne pouvait pas avoir l'autorité d'imposer un 
châtiment à Marquez, et c'est cette dernière accusation qui di- 
sparaît. 

La 2* partie de l'accusation se réduit uniquement à l'exé- 
cution du général Ma r ci al Lascano, soldat qui après avoir servi 
les conservateurs était passé dans les rangs des libéraux. On 
ne fit que lui appliquer une loi militaire en vigueur dans les 
deux partis belligérants. 

La cinquième accusation est relative â l'arrivée de Miramon 
au Mexico en 1862 et son choix pour débarquer sur le territoire 
occupé par les troupes de l'intervention. 

Cette charge n'a aucune signification, car Miramon n'offrit 
pas ses services aux troupes alliées ; loin de là, il protesta contre 
l'intervention, comme le prouve une lettre qu'il adressa au gé- 
néral Almonte et qui à l'époque fut publiée par les journaux 
de Paris, New York, la Havane et Mexico. 

Si Miramon revenait au Mexique, c'est parcequ'il com- 
ptait y vivre dans la retraite, sa situation de fortune ne 
pouvant suffire à une résidence trop longue en Europe ; et s'il 
prit terre sur la partie du territoire envahie par les alliés, 
c'est qu'il avait été exclu de toutes les amnisties et qu'il y 
aurait eu pour lui de graves périls à agir autrement. 

Plus tard, lorsque la guerre éclata, il descendit à Bronswille 
et ce n'est pas sans courir un grand danger qu'il se rapprocha 
du gouvernement libéral qui résidait à San Luis. Par l'inter- 
médiaire du licencié Joaquin Àlcaide il demanda à combattre 
l'étranger. 

Pendant que ces pourparlers étaient engagés, le général 
Escobedo reçut l'ordre de faire entourer par ses troupeg l'ha- 
cienda de Cerro Prieto, résidence de Miramon, de s'emparer de 
celui-ci et de le passer par les armes. 

Lorsque, dans la suite, Miramon arriva à'Mexico, il y trouva 



230 



MIGUEL MIRAMON 



un gouvernement établi de fait, Maximilien élu et accepté par 
la totalité des conservateurs et par un grand nombre de nota- 
bilités du parti libéral. 

Il crut que ce gouvernement pouvait se constituer et vivre, 
mettant ainsi fin aux discordes civiles ; mais lorsqu'il vît que 
Tattnée mexicaine était subordonnée à l'armée française, il se 
démit du commandement qu'il avait à Gruadalajara et revint 
en Europe chargé d'une mission scientifique que lui confiait 
Maximilien. 

Miramon ne servit donc jamais l'intervention et d'ailleurs 
son nom n'a jamais figuré parmi ceux des chefs et officiers qui 
eurent un commandement à cette époque. ] 

La dernière charge qui pèse sur Miramon est relative au 
service qu'il prit sous le gouvernement de Maximilien après 
le départ des Français. 

1 M. G. Noix dans son Expédition du Mexique, 1H61- 67, donne à p. 750 le re- 
levé des troupes mexicaines et des chefs qui servirent à cette époque ; nou* le 
rapportons ci-après : 

Troupes mexicaines. 

Division Marqnez ; Morelia et environs, Jalapa, Perote .... 6,099 hommes 

Division Mejia; San Luis Potosi, Venado, Matehuala .... 5,270 » 

Brigade Vicario ; Cuernavaca, Ignala, etc 1,876 » 

Colonel Flon ; Pnebla, Tepeji 236 » 

Colonel Triujeque; Pnebla, Acotlan, Atlixco 419 » 

Colonel Arguellez ; Cordova, etc 304 » 

Général Galvez; Orizaba, ect . , 291 » 

Colonel Valdez ; Tolaea, etc 871 m 

Colonel Navarrete ; Toluca, etc • . . 356 » 

Colonel Cano ; Pachuca 99 » 

Colonel Antonio Dominguez ; Pachuca 205 » 

Colonel Piguerero ; Vera-Cruz 158 » 

Commandant Ribera; S. Martin, Texmelncan 66 » 

Commandant José de la Pena ; Tula 207 » 

Commandant Murcia; la Soledad 104 » 

Bataillon d'invalides ; Mexico 272 » 

Colonel Chavez; Aguas Calicntes 625 » 






! 



CERRO DE LAS CAMPANAS 



231 



Cette accusation disparaît complètement si Ton se rapporte 
aux événements antérieurs. En effet Juarez n'était plus pré- 
sident de la Eépublique depuis le 30 novembre 1865, époque 
où prit fin sa période présidentielle. A ce moment il fit em- 
prisonner M. Gonzales Ortega, vice-président de la République 
et son successeur légal suivant la constitution, dans les cir- 
constances difficiles que traversait le pays. Juarez prorogea 
donc arbitrairement les pouvoirs dont il était, investi et ses 
droits à gouverner ne pouvaient être plus réguliers que ceux 
de Maximilien élevé au trône à la suite d'une élection, celle- 
ci tutelle apparente ou réelle. 

Lorsque Miramon prit en 1867 fait et cause pour l'Empire, 
il ne faisait que s'enrôler sous les drapeaux d'un, des deux 
partis établis de fait et il était loin de commettre le crime 
que lui jetait injustement à la face le conseil de guerre de 
Queretaro. 

Nous pousserons la franchise plus loin encore en disant que 
si le gouvernement de San Luis avait appliqué aux prison- 
niers l'art. 28 de la loi du 25 janvier 1862 et si au moment 
de leur arrestation il avait ordonné leur exécution, il aurait 
dans ce cas agi avec ou sans justice, mais conformément au 
droit de représailles de tout belligérant. Mais il faut réprou- 
ver hautement, au nom de la justice mexicaine elle-même, 
cette prétendue justification de l'échafaud par un procès basé 
sur une consigne servilement exécutée. 



Colonel Zermeno; Lago* 318 hommes 

Colonel Cuellar; Guadalajara 329 » 

Colonel Octavio; Castellanos; Tepatitlan 106 » 

Colonel Renteria; Guadalajara 582 » 

Colonel Velarde ; la Barca 562 » 

Colonel Santiago Castellanos; Guadalajara .... . . 87 » 

Colonel Dupin ; Contraguerrillas de Tampico et Tamaulipas . . 848 » 

Total 20,285 hommes. 



232 MIGUEL MIRAMON 

Napoléon I e1 malgré toute sa gloire n'a pu juatif 
cation du duc d'Enghlen par le procès de Vinceunes 
quité de ce procès politique sera toujours reconnue par 
rite malgré les apparences de justice dont on a voulu I 

Nous avons dans les lignes qui précèdent relevé s 
ment les charges que le conseil de guerre fit peser 
ramon et nous avons porté la critique dans l'exa 
points essentiels. 

Poursuivons notre récit. 

Dans le couvent de Capuchinas à Queretaro, on t 
premier étage un appartement composé de trois i 
plutôt trois cellules anciennement habitées par les relig 
couvent. Ces trois chambrea ont leur porte d'entré» 
corridor d'une dizaine de mètres de longueur et 3 n 
largeur, qui longe une cour étroite et fermée par d 
et solides murailles. 

Les cellules portent encore les noms que leur avaie 
les premiers occupants, et la première où se trouvait 
le général Mejia était connue sous le nom des onze mill 
celle du milieu, occupée par Miramoo, portait le 
Santa fiosa et celle de Maximilien s'appelait Santa Te. 
noms sont encore inscrits sur les portes des cellul 
habitants de 'Jueretaro conservent comme des reli 
meubles qui servirent aux prisonniers. 

La cellule de Santa Teresa est un peu plus gn 
les deux premières. Elle se prolongeait avançant sm 
dor et formant un vestibule qui servait de Balle de : 
pour le petit nombre de visiteurs admis a voir Maxi 

L'aménagement de ces cellules était bien modeste 
composait guère que d'un lit de camp, d'une table 
blanc, trois ou quatre chaises et d'un lavabo en t 
simple. Dana les derniers jours M> e Miramon fli é 
petit autel dans la chambre du général et les trois pr 
y entendirent la messe la veille de leur mort 



CERRO DE LAS CAMPANAS 233 

Le général Tomàs Mejia se trouvait très affaibli et les 
douleurs physiques et morales lui avaient enlevé son énergie 
habituelle. Souffrant des fièvres intermittentes, il garda constam- 
ment le lit, sauf les jours où il dut se rendre au conseil de 
guerre et lorsque, condamné, il dut s'acheminer vers le lieu 
de l'exécution. 

Celle-ci ayant été remise, il rentra dans sa cellule pour at- 
tendre encore l'heure fatale qui ne devait tarder d'arriver. 

D'autrns soucis tourmentaient le général. Ne possédant au- 
cune fortune, il ne pouvait se résigner à laisser voués à la mi- 
sère sa jeune femme et son unique enfant encore au berceau. 

Maximilien invitait fréquemment le général Miramon à l'ac- 
compagner chez Mejia, qui ne prêtait qu'une oreille distraite 
aux bonnes paroles de ses amis et retombait dans le si- 
lence et l'abattement. 

Un jour Mejia répondit par ces mots à Miramon, auquel il 
était lié d'une longue amitié et qui cherchait à relever son 
courage : 

— Considérez ma situation, Miguel, et vous apprécierez 
mes maux quand je vous dirai que je laisse une femme et 
un enfant sans fortune et sans appui dans ce monde. 

— Quel est donc mon sort, Don Tomas I répondit Miramon; 
hi vous laissez un fils, j'en laisse quatre, et si le vôtre est au 
berceau, l'un des miens est encore dans les bras de sa mère, 
et si vous quittez une épouse que vous affectionnez, moi je 
quitte aussi celle que vous voyez ici m accompagner dans mes der- ' 
niera jours. Vous êtes brave dans la mêlée, général, et vous ne devez 
pas vous laisser absorber ici par ces idées; songez que vous 
devez conserver toute votre énergie pour montrer à l'armée 
comment meurent des généraux. 

— Ce que vous dites est juste, répondit Mejia, mais quand 
jVntrais en campagne, jamais je ne crus qu'une balle me tue- 
rait; il en est autrement aujourd'hui et cela au moment où 
je venais de me créer une famille. 



MIGUEL MIRAMON 

— A mon avis, reprit Miramon, vous 

vous inquiéter, peut-être serai-je la seule 

i point sauvé deux fois Escobedo ? Et ne c 

'■■ dans le cas que le conseil de guerre pro: 

!■ damnation, Escobedo n'intervienne en fai 

3 lui a généreusement accordé la vie et qui'il 

£ son influence auprès de Juarez pour obten 

►ir. Ces paroles calmèrent quelque peu le 

|-' qu'il mît en doute les sentiments de re 

I- néral Escobedo. 

v 

« Peu de jours après, Maximilien fit une 

kr. ne pouvons passer sous silence tt qui 

jf» ■ d'âme de ce prince. Il avait envoyé uq tt 

I*" pour le supplier de le sacrifier seul et 6 

t{ raux Miramon et Mejia. 
l~ Cette dépêche resta sans réponse, et Ma: 

* vei-s la cellule de Miramon s'agenouilla e 
|r. sant qu'il lui fit part de sa demande 
; résultat. 

Miramon, surpris de l'attitude du prin 

n'ai rien à vous pardonner, Sire, je me 

-" soldat et c'est un grand honneur pour m 

à mêler mon sang au vôtre. Levez-vous, 

* crainte et que nos ennemis ne puissen 
£ acte de faiblesse ce qui n'est qu'une mac 

' noble coeur. 

C'est avec les yeux pleins de larmes 
brassa Miramon et madame de Miramon 
sente à cette scène. 

Madame de Miramon adressa à Lerdo 
des affaires étrangères de Juarez et ancii 
lège national de San Ildefonso sous la pri 
une lettre, en lui demandant la grâce de 

Elle en reçut la réponse suivante: 



CERKO DE LAS CAMPANAS 235 



■ San Luis Potosi, 16 juin 1867. 

u Madame Concepcion Lombardo de Miramon 

" Queretaro. 

u Madame, 

u Vous avez eu la bonté de m'adresser une lettre avant 
hier afin que je demande !a grâce de monsieur votre mari. 
Ce serait un motif suffisant pour faire peser au gouverne- 
ment toutes les conditions favorables à la grâce, s'il ne l'avait 
déjà fait. 

" Soyez persuadée, madame, que le gouvernement a mû- 
rement réfléchi et ce n'est qu'avec peine qu'il se trouve dans 
l'inévitable nécessité d'accomplir ses tristes devoirs. 

ft Croyez aussi, madame, qu'il déplore le malheur qui vous 
accable ainsi que vos enfants et qu'il se trouve dansl'impos 
sibilité de l'éviter. 

" C'est avec un sincère déplaisir que je donne cette ré- 
ponse à votre lettre et je vous prie, madame, de me croire 
votre très- dévoué et respectueux 

w S. Lkbdo de Tejada. „ 

La grwe ou indulto fut rejetée le 16 juin, et vers midi et 
demi les prisonniers déjeûnaient lorsque parut le fisràl Aspi- 
roz qui leur annonça qu'ils seraient exécutés à 3 heures de 
l'api ès-midi de ce même jour. 

Miramon reprocha au fiscal Aspiroz de lui transmettre cet 
ordre en présence de M." e de Miramon et il demanda à celle- 
ci et à M." e veuve Cobos de se retirer pour préparer son lit 
de mort. Il leur recommanda de faire enterrer son corps dans 
le cimetière de S. Fernando à Mexico, aux côtés de la tombe 
de son père, et de placer son coeur dans une orne qui serait 
déposée aux pieds de la tombe du général Osollo, un de ses 
premiers et de ses meilleurs amis. 

M." 1 * de Miramon et M."* veuve Cobos sortirent en larmes pour 
remplir leur pénible mission. 



236 MIGUEL MIRAMON 



Miraraon écivit quelques lettres adressées à sa famille et 
à ses amis; c'est d'une main ferme et avec le plus grand 
sang-froid qu'il rédiçea sas dernières recommandations. 

Dans une lettre adressée à M. J. Gil Partearroyo il disait: 

tt Je vais mourir dans trois heures, bien qu'on n'ait ap- 
porté aucune preuve de l'acte de trahison qu'on m'a jeté à 
la face pour justifier mon exécution, mais il fallait que je 
meure et ceci devait arriver. „ 

Les prisonniers s'habillèrent en grand deuil; le général 
Mejia portait à la q^nture la banda, insigne de son grade de 
général, et tous trois sortirent de leurs cellules et attendiren 
dans le corridor l'ordre de marcher à la mort. 

Trois heures sonnèrent, le temps s'écoulait dans cette pé- 
nible attente sans qu'aucun officier ne parût et il en fut ainsi 
jusqu'à quatre heures. Enfin un aide-de-camp du général 
Escobedo apporta l'ordre de suspendre l'exécution pendant 
trois jours. 

Lorsque M. me de Miramon apprit le délai accordé aux pri- 
sonniers, elle revint auprès de son mari ; mais le général, pqnr 
lui éviter les terribles épreuves qu'elle venait de traverser 
et qui allaient se renouveler dans peu de jours, la pria de 
se rendre à S. Luis Potosi pour y demander sa grâce à Juarez. 

Elle pouvait l'obtenir maintenant qu'il avait souffert toutes 
les angoisses de la mort. 

Le lundi 17 juin, M me de Miramon prit la diligence pour se 
rendre à S. Luis ;.elle y trouva l'appui des licenciés Riva Pa- 
lacio et Martinez de la Torre, défenseurs de Maximilien, des 
ministres d'Autriche-Hongrie et de Prusse, soutenus par le gé- 
néral Geronimo Trevino, dont la noblesse de sentiments ne se 
démentit jamais; et ses instances furent si pressantes que, Juarez 
ému, hésita un instant. Mais poussé par Lerdo il revint h 
ses premières idées et l'exécution des prisonniers fut maintenue 
pour le 19. 

Lerdo de Tejada pensait que si Maximilien n'était pas fu- 



CERRO DE LAS CAMP AN AS 237 

sillé, le parti conservateur ferait de nouvelles tentatives pour 
le relever et que le pays jamais se pacifierait, que Miramon était 
un homme jeune et très audacieux et que ses qualités unies à ses 
connaissances militaires en faisaient un ennemi dangereux pour 
les gouvernements à venir ; que Mejia jouissait dans la Sierra 
d'une grande influence et que cette partie du territoire mexi- 
cain ne retrouverait jamais la paix, twt qu'il vivrait : et c'est 
en s'appuyant sur ces considérations qu'ils rejetaient la grâce. 

Les défenseurs des prisonniers ne perdirent jamais courage; 
ils répétaient leurs démarches et le 17 juin ils s'adressaient à 
Lerdo de Tejada et faisaient valoir que les prisonniers avaient 
souffert la veille toutes les angoisses d'une mort qu'ils avaient 
attendu pendant de longues heures : qu'ils croyaient injuste de 
les faire mourir deux fois et que la République triomphante ne 
devait pas se dégrader par des exécutions sanglantes. 

Lerdo leur répondit : 

" Le gouvernement a éprouvé un chagrin inexprimable en 
prenant une décision de laquelle il fait dépendre la paix pour 
l'avenir. 

" La justice et la convenance publique l'exigent Si le gou- 
vernement commet une erreur, elle ne sera le résultat d au- 
cune passion ; nous l'aurons commise avec une conscience tran- 
quille. C'est là ce qui nous a dicté notre pénible refus à vos 
suppliques. i „ 

Les défenseurs s'adressent alors & Juarez accompagnés des 
ministres d' Autriche Hongrie et de Prusse, lui offrant la 
garantie de tous les souverains d'Europe unis à Maximilien par 
des liens de parenté, pour promettre que si la vie était accordée 
à Maximilien et à ses généraux, jamais ils ne feraient retour au 
Mexique et jamais ils n'aspiraient à revenir au pouvoir ; c'était 
combattre l'idée de nécessité inéluctable qui s'imposait au gou- 
vernement républicain pour exécuter les prisonniers. 

i Intervention française au Mexique, Clément DuYeroois, page 351. 



238 MIGUEL MIRAMON 

M. Noix ' raconte ainsi qu'il suit les efforts de M™ Mirante 
des défenseurs des prisonniers : 

u Dans la nuit du mardi au mercredi la femme de A! 
mon arriva accompagnée d'une vingtaine de dames. Elle 
manda aux avocats : Eeste-t-il quelque espérance de sa; 
la vie de Miguel? La réponse fut : " Il n'en reste auc 
Elle suppliait à genoux. Ses paroles étaient vagues, inc 
rentes, pleines d'angoisses. Elle demandait l'exil éternel, i 
elle voulait la vie sauve pour Bon mari. MM. RivaPalaciot 
la Torre allèrent trouver le pi ésident et le supplièrent de 
cevoir M me Miramon. Juarez répondit : Evitez moi cette en 
vue pénible, qui ne me servirait qu'à faire connaître à c 
femme mon irrévocable décision. „ 

" M. Martinez de la Torre ne pouvant se contenir prit la n 
du président, et d'une voix étouffée, il lui dit : 

" M. le Président, plus de sang; qu'il n'y ait pas un ab 
entre les défenseurs de la république et les vaincus! Qut 
paix dont nous avons un besoin impérieux soit la conséque 
du pardon. Ce n'est pas le défenseur de Maximilien qui v 
parle. Je considère déjà ce prince dans la tombe, avec M 
et Miramon. Je suis un des hommes qui aiment leur pa 
avec délire. C'est l'amour de la patrie qui m'inspire cette s 
plique que je vous adresse. Que l'avenir du Mexique ne : 
pas assombri par le sang de ses fils, que ceux qui ont été ége 
ne payent pas leur égarement de leur vie, car le deuil des 
milles serait pour les vainqueurs le noir reproche que po 
rait leur adresser la liberté triomphante ! » 
Juarez répondit alors : 

" En accomplissant votre mandat de défenseur vous a 
dû souffrir cruellement du l'inflexibilité du gouvernement, 
n'en peut comprendre aujourd'hui la nécessité pas plus qui 
justice qui la dicte. Le temps se chargera de ce soin. La 

1 Intervention française, p. 355 et 356. 



CERRO DJî LAS CAMPANAS 239 



et la sentence sont en ce moment inexorables, parcequ'ainsi 
l'exige le saint public. „ 

En analysant les accusations portées contre Mîramon nous 
avons mis en relief les singulières allégations du procureur de 
la République pour essayer de justifier la condamnation des 
prisonniers; nous croyons avoir démontré qu'en toute justice 
un magistrat intègre n'aurait pu porter un jugement semblable. 

Restait la raison d'État, c'est-à-dire la convenance pour le 
parti libéral de supprimer les hommes qui plus tard auraient 
pu relever le drapeau qu'ils avaient si vaillamment défendu. 

Mais ceux qui, inflexibles, faisaient valoir la raison d'Etat 
étaient juges et partie dans leur propre cause; c'étaient ces 
vainqueurs de la veille qui subissaient encore les passions 
nées d'une longue lutte où ils avaient subi maints revers. 

Miramon, qui, en sa qualité de soldat, dédaignait les subti- 
lités du droit, ne se fit jamais d'illusions sur son sort, et il 
ne crut ni à la clémence de ses ennemis, ni à l'efficacité des 
moyens mis en œuvre pour sauver sa vie. 

Dès le jour où il tomba prisonnier, il jugea que sa mort était 
certaine, il envisagea cette éventualité avec l'indomptable cou- 
rage qui ne l'abandonna jamais et il se prépara à subir son 
sort. 

Il écrivit son journal du siège deQueretaro et une longue 
lettre à son jeune fils où il lui transmet en termes concis 
ses derniers conseils, et où il le détourne de toute idée de ven- 
geance et l'engage à ne pas suivre la carrière militaire, sauf 
à se sacrifier pour sa patrie si le sort l'exigeait. 

Miramon n'avait point de fortune; il laissait à ses amis 
une petite bibliothèque dont il partagea les livres, signalant 
et transcrivant les titres des ouvrages qui devaient être 
donnés à chacun d'eux. Il laissait ses deux chevaux à son avocat 
Moreno pour le payer de ses honoraires et une somme de 
800 piastres qu'il léguait à sa femme et k ses enfants. 

L'homme qui mourait ainsi avait été Président de la Ré- 



f 



240 MIGUEL MIHAMO: 

publique; il avait eu entra ses mains 

râbles comme chef d'armée; il avait, si 

et sa fortune était celle qae pouvait li 

taine. Le général qui s'était distingué 

sa bravoure et ses talents militaires a 1 

dat ; comme Osollo, il n'avait pas soiig 

Miramon écrivait alors les lettres su 

" Capuct 

" Ma Coucha adorée, 

u Lorsque tu m'as quitté, je me suit 

" Hier j'ai passé la matinée comm 

l'heure du déjeûner, j'ai été envahi è 

m'a plus quitté. 

* C'eat le résultat de ton absence. S 
pu te retenir auprès de moi pour t'inf 
le martyre? C'était impossible. C'eût 
que celle de nos ennemi». Je pensais i 
regui vous obtiendriez quelque chose 
Magnus et Bach viennent d'arriver et i 
de salut. Ils m'ont dit t'avoir rencont 
avant la Quemada et qu'à l'heure qu'il 
San Luis. Dieu veuille que tu arrives 
tu ne tombes pas malade, car après 
dernier malheur qui puisse l'arriver. 

* J'ai écrit plusieurs lettres qu'Ail 
laisse également quelques souvenirs à c 
je te prie de les leur faire remettre. 

" Aie la bonté de régler les honorai) 
surtout ceux de l'avocat Moreuo. Il a. 
fession et se trouve un peu gêné. 

* Je n'ai plus rien à te dire : tu sais 
coup; soigne les enfants. Tâche de gan 

1 L'iniHtatriu des enfaati- 



CERRO DE LAS CAMP AN AS 241 



près de toi ainsi que ta le désirais : je lui ai déjà écrit. Ne 
cesse pas de prier pour ie repos de mon âme. 

" Ordonez a une tresse des cheveux de ma mère. Qu'il te 
la remette et fais en sorte qu'elle soit conservée avec respect 
ou fais la enterrer avec celui de la famille jqui succombera 
le premier. 

' Ce soir et demain j'ajouterai quelques lignes avant de te 
faire mon dernier adieu. 

u II est huit heures du soir. Toutes les portes sont fermées, 
excepté celles du ciel. Je suis résigné et ce n'est qu'à cause 
de toi que je regrette de quitter ce monde. 

" L'exécution devait avoir lieu à 10 h. ; on a décidé qu'elle 
soit à 6 h. 1{2, par conséquent je ne pourrai disposer d'une 
minute pour te dire adieu. 

B Sois résignée; soigne-toi pour l'éducation et l'avenir des 
enfants; et pour ôter à Miguel toute idée de vengeance. 

" Pense quelquefois à celui qui t'a tant fait souffrir, mais 
qui t'a beaucoup aimé. 

u Mille souvenirs aux soeurs et à tous les parents et toi 
reçois le dernier adieu de ton 

" Miguel. „ 

u Ma Concha adorée, 

M Je viens de recevoir Dieu et je suis plein de confiance 
dans sa miséricorde. * 

" Je t'ai béni ainsi que mes enfants; ma dernière pensée 
sur la terre sera pour toi et si Dieu le permet je prierai 
dans le ciel pour vous. Je t'en prie, résigne-toi et pardonne à 
ceux qui te causent un si grand malheur. 

" Fais prier pour le repos de mon âme et veille pour nos 
chers enfants. 

" Ton époux 

" Miguel 

* En partant pour l'échafaud. „ 

miramon - 18 



1 



242 MIGUEL MIRAMON 



Il adressait les lignes suivantes à son défenseur Jauregui : 

" Capuchinas, 16 juin 1867. 

u Cher avocat et ami, 

* Je vous suis reconnaissant pour toute la peine que vous 
vous êtes donné pour me sauver. Ne pouvant pas vous re- * 
mercier de vive voix, je le fais avec -ces lignes. 

" Je vous prie de défendre mon honneur comme vouz l'aver 
fait jusqu'à présent. Je n'ai pas été traître: si cela eût été r 
la domination étrangère durerait encore, parceque mon épée 
l'aurait soutenue ; mais j'ai trop aimé ma patrie pour souf- 
frir chez elle le joug de l'étranger. 

* Quant aux événements de Tacubaya vous verrez peut- 
être un ordre de moi de fusiller les chefs et officiers, mais en 
aucune façon les médecins et encore moins les civils. 

u Je fais cette déclaration en ce moment, prêt à compa- 
raître devant Dieu. 

u Adieu, cher avocat, je vous prie de nouveau de défendre- 
mon nom et avec mes remerciements croyez-moi votre ami 
bien dévoué 

u Miguel Mibamon. „ 

Maximilien, persuadé enfin qu'il n'y avait plus d'espoir, é- 
crivit plusieurs lettres à ses plus proches parents et à ses 
amis et il confia à M°" de Miramon seg dernières recomman- 
dations pour sa mère, l'archiduchesse Sophie. 

Il n'oublia pas sa patrie adoptive et il adressa à Juarez 
la lettre suivante: 

* A monsieur Benito Juarez. 

* Près de mourir pour avoir voulu tenter si par de nou- 
velles institutions politiques je pouvais mettre fin & la san- 
glante guerre civile qui ruine depuis bien des années cet in- 
fortuné pays, je ferais avec bonheur le sacrifice de ma vie,. 






CERRO DE LAS CAMPANAS 243 

t 

si ce sacrifice pouvait contribuer à la paix et à la prospérité 
de ma nouvelle patrie. 

u Intimement convaincu que rien de solide ne peut se fon- 
der sur un sol arrosé de sang et agité par des secousses vio- 
lentes, je vous conjure de la façon la plus solennelle et avec 
une sincérité que m'inspirent les derniers moments qui me re- 
stent à vivre, de ne pas faire couler d'autre sang que le 
mien. Je vous conjure aussi d'employer cette persévérance que 
j'ai su reconnaître et louer au milieu de la prospérité, et 
avec laquelle vous avez défendu une cause qui triomphe au- 
jourd'hui, à la tâche noble de réconcilier les esprits afin de 
pouvoir fonder d'une manière stable et durable la paix et la 
tranquillité dans ce malheureux pays. 

Signé: " Maximilien. „ 

Et d'autre part les deux lettres suivantes en faveur de 
M me de Miramon : 

u Queretaro, le 31 mai 1867 
u Ne pouvant prévoir les événements dans la situation où 
je me trouve, je remets cette lettre pour faire savoir que dans 
le cas où nous souffrions la mort, le général de Miramon et 
moi, mon désir est que ma femme, l'Impératrice Charlotte, se 
charge de Madame de Miramon et de ses jeunes enfants. Je 
veux ainsi donner au général une preuve de ma reconnais- 
sance pour sa fidélité durant le temps qu'il a passé auprès de 
moi et de l'amitié sincère que je lui porte. 

Signé: " Maximilien. 

* Si la triste nouvelle de la mort de ma femme venait à 
se confirmer, je prie mes parents de remplir la recommandation 
que je fais dans cette lettre. 
■ Le 15 juin 1867 

Signé :* * Maximilien „ 

Le général premier aide-de-camp et chef de la maison impériale : 

Signé: u Prince De Salm Salm. 

L'aide-de-camp do général Miramon: 

Signé: * Maxtmo Gobdwitz, chef d'escadron. 









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MIGUEL MIRAMON 



À S. E. le ministre d'Autriche & Mexico 

M. le Baron de Lago, 
" Mon cher Baron, 
" J'en ai fini avec ce monde ; mes désirs se rapportent se 
ment à mes restes mortels, qui bientôt seront délivrés des s< 
rrances, et à ceux qui me survivent. 

" Mon médecin le docteur Basch fera transporter mon ce 
à Vera-Cruz. 

" Il ne sera accompagné que par mes domestiques, G-nl 
Tudos. 

* J'ai ordonné qu'il soit transporté à Vera-Cruz sans poi 
et sans démonstrations solennelles. On ne fera aucune c 
morne extraordinaire sur le navire qui doit le transporte 
Europe. 

" J'ai attendu la mort avec calme ; je veux jouir d> 
même paix dans le cercueil. Tâchez, mon cher baron, qui 
docteur Basch et les deux domestiques chargés de veiller 
mon corps soient embarqués pour l'Europe dans un des d> 
navires de guerre qui doivent me transporter. Je désire qi 
m'enterre là-bas près de ma pauvre femme. Si la nouvellt 
fë sa mort était inexacte, qu'on dépose mon corps n'importe 

jf-> jusq'à ce que l'Impératrice soit réunie à moi par la mort. 

», " Ayez la bonté de transmettre les ordres nécessaires 

capitaine de vaisseau Groeller. 

" Ayez aussi la bonté de faire en sorte que Madame 
Mirainon, veuve de mon fidèle compagnon d'armes, puisses' 
barquer pour l'Europe à bord d'un des deux navires de gue 
Je compte d'autant plus sur l'accomplissement de cette volo 
que j'ai chargé Madame de Miramon de se rendre auprès 
ma mère à Tienne. 

" Je vous remercie de tout coeur pour le dérangement 
je vous cause et je suis toujours bien a vous 

Signé * Maximilien. „ 
" Queretaro, de la prison des Capuchinas, le 17 juin 1867 . 



CERRO DE LAS CAMPANAS 245 



Mejia toujours souffrant léguait à sa jeune femme et à son 
fils une maison de adobes (briques en terre) dans le village de 
S. Pedro Toliman, situé dans la sierra, et un troupeau de 18 
vaches. 

C'est dans ces conditions que les prisonniers de Capuchi- 
nas se préparaient à la mort, lorsqu'un général républicain se 
présenta dans la cellule de Miramon : 

" Vous ne me connaissez pas ,lui dit-il, je suis républicain 
et votre ennemi politique, j'ai admiré les prodiges que vous 
avez fait dans la défense de votre cause et je crois qu'un 
homme de votre valeur peut encore rendre de grands ser- 
vices à notre pays. Je viens vous donner la liberté ; je prends 
votre place et vous sortez avec mon costume. „ 

Il n'y avait pas à mettre en doute la sincérité du général 
républicain ; sa loyauté était bien connue et il parlait en 
homme convaincu. 

Miramon lui demanda s'il pouvait sauver Maxirailien et 
Mejia, et sur la réponse négative du général républicain Mi- 
ramon refusa d'abandonner ses compagnons d'infortune. 

La veille de l'exécution, le colonel Palacios chargé de la 
surveillance des prisonniers, dont il avait su gagner les bon- 
nes grâces, entra dans la cellule de Miramon qui lui dit : 

— Enfin, colonel, quel sera le lieu de l'exécution? 
. — Je l'ignore, général. 

— Je crois qu'on a choisi le Cerro de Las Campanas. 

— Je le crois aussi, balbutia le colonel. 

— Et bien, tant mieux, c'est une situation dominante. 
Miramon veilla jusqu'à minuit, heure à laquelle il reçut un 

télégramme de M™ de Miramon lui disant: • Tout espoir est 
perdu, adieu, jusqu'au ciel. „ 

H froissa légèrement le télégramme entre ses doigts et s'adres- 
sant au frère de M me de Miramon qui lui avait apporté cette mis- 
sive: " Je ne regrette la vie qu'à cause d'elle, va-t-en et sois 
demain au Cerro avec les autres parents qui m'ont promis d'as- 



J4b MIGUEL MIRAMON 

sister à l'exécution et apporte une couvert* 
mon corps à la curiosité publique. 

Il dormit trois heures, prit du chocolat, s'hi 
grand soin et à six heures du matin il était 
accompagné d'un prêtre, M. Ladron de G-nev: 

En sortant dans le corridor il trouva Max 
ses adieux au licencié Eulalio Ortega. 

Le soleil se levait et les vires clartés du 
hauts plateaux, resplendissaient dans la vall 
De joyeux rayons de lumière pénétraient da 
du couvent. 

" Quelle belle journée, Don Eulalio! dit 
ainsi que je l'aurais choisie pour le jour de 

Une sonnerie de clairon se fit entendre et 
ne savait l'interpréter, demanda à Miramon: 

— Miguel, est-ce pour l'exécution ? 

— Je ne sanrais vous renseigner, Sire, c 
fois qu'on me fusille. 

Cette réponse fit sourire Maximilien. 

1 Madame, 

Le général de Mîrainon, toujours grand, ne parlait en ce 
fles grandes. 

Il était d'an* parfaite tranquillité d'esprit, sans se iai 
par la mort, qu'il attendait en y préparant son âme. 

Quelques fois la prudence m'indiquait de lui accorder q 

Il s'occupait alors d'écrire à sa femme, à .ses enfants 
amis et c'est avec nne main sûre et nn visage souriant qu'i 
il leur indiquait la façon dont ils devaient se conduire pour 

bans une occasion il laissa échapper ces paroles : ■ Sur 
recommande qu'ils n'aient jamais l'idée de me venger, qu'il 
et qu'ils servent leur patrie sans intérêt et avec noblesse, ri 
Parfois il s'entretenait avec l'Empereur ou avec d'autres per 
et avec le plus grand sang-froid. 

L'Emperenr étant entré dans sa chambre: « Croyez- vo 
qu'on nous fusillera ? — Sire, répondit-il, n'eu doutez pas i 



CERRO DE LAS CAMP AN AS 247 

L'heure fatale était arrivée ; les condamnés montèrent cha- 
cun dans une voiture et traversèrent les rues de Queretaro 
au milieu d'une foule qui se pressait respectueuse et attendrie 
sur leur passage. 

Les condamnés saluaient et retrouvaient dans la multitude 
•des figures connues ; des mouchoirs s'agitaient. 

Ils arrivèrent un peu avant sept heures au Cerro de las Cam- 
panas, descendirent de voiture, s'acheminèrent à pied au mi- 
lieu d'un carré de 4,000 hommes jusqu'à mi-côte de la col- 
line, et s'adossèrent à un massif de cactus. 

Le général commandant les troupes, Jésus Garcia de Leou, 
fit lire un ordre du jour condamnant à mort ceux qui ten- 
teraient de s'opposer à l'exécution, et la parole fut donnée aux 
condamnés. 

L'officier commandant le peloton d'exécution s'approcha de 

surezvous, imaginons -nous qae nous périssons sur le champ de bataille. » — L'Em- 
pereur lui donna une légère tape sur l'épaule en disant : < Comme je vous ai 
connu tard, général ! » 

J'avais repris ma conversation sur les choses éternelles, lorsque tout d'un coup 
il se leva et me dit avec toute son énergie, en me prenant la main : € Certainement, 
si l'Empereur m'avait accordé sa confiance, il ne périrait sur l'échafttud, l'empire 
ne tomberait pas et la patrie aurait un autre avenir, mais Dieu i'à voulu ainsi. Pau- 
vre Empereur! » 

Bien souvent se souvenant de sa femme il murmurait : « Pauvre Coucha, qui 
m'aime tant, je l'ai envoyée à San Luis, convaincu qu'elle n'obtiendra rien, mais il 
fallait lui éviter ce sanglant spectacle !! > 

Il parlait de ses entants, louait leurs capacités et s'attend rissant sans faiblesse 
il me montra leurs lettres et une carte géographique faite par l'aîné. 

Enfin le jour de l'exécution arriva. Après avoir entendu la messe à cinq heu- 
res du matin et communié avec ferveur, nous montâmes dans la voiture qui devait 
nous conduire au lieu désigné pour l'exécution. 

Il ne faiblit pas un instant et quelques minutes avant d'y arriver il me dit : 
« Mon père, voilà l'échafaud ; l'heure a sonné ; je vous prie de remettre ce portrait 
et cette montre à ma femme, » et reprenant le Crucifix : « Mon Dieu, je t'offre 
mon sang pour l'expiation de mes péchés en te demandant le bonheur de ma 
patrie. » 



■ 



248 MIGUEL MIRAMON 

Maximilien et lai demanda pardon pour l'ordre qu'il 
exécuter. 

Maximilien lui répondit que le soldat doit exécuter 
signe et il distribua plusieurs onces d'or à son effigie a 
dats, en leur recommandant de ne pas lui tirer au visag 
il embrassa Mejîa et Miramon. Comme celui-ci s'était r 
sa droite, il lui dit à haute voix : " Lea braves doivei 
respectés des monarques même au moment de mourir, g 
passez à la place d'honneur. „ 

Miramon passa au centre. 

Puis d'une voix terme et s'adressant à la foule: 

" Mexicains, les hommes de ma race et de mon 
naissent pour faire le bonheur des peuples ou pour et 
tyrs ; que mon sang soit le dernier versé pour la réde 
de ce malheureux pays. Yive le Mexique ! , 

Aussitôt Miramon, avec tout l'éclat de sa voix, com 
commandait une armée sur le champ de bataille, s'écri 

« Mexicains, 
« Au conseil de guerre mes défenseurs ont vouju sauver ma 
prêt à la perdre et lorsque je vais comparaître devant Dieu, je | 
contre l'accusation de traître qu'on m'a lancé au visage pour 
mon exécution. Je meurs innocent de ce crime, je pardonne à me 
triers, dans l'espoir que Dieu me pardonnera et que mes comf 

Lorsqu'il descendit de voiture il marcha d'nn pas sûr jusqn'à ia pla 
fût désignée, à la droite de l'Empereur.... 

Ce futle piemier qui mourut. 

H. Joaqnin Coi rai se présenta immédiatement avec an linceul et I 
nécessaires pour transporter le cadavre, accomplissant fidèlement la trist 
qu'on lui avait confié. 

C'est, Madame, tout ce que je puis vousdire sur ce douloureuï et san 
nement. 11 ne me reste qu'à vous remercier pour l'ouvrage que m'a lég 
ne'ral et que vous avez eu la bonté de me remettre. 

Signé: Ladron deGuev, 



CERRO DE LAS CAMPANAS 249 



éloigneront de mes enfants une si vilaine tache, en me faisant justice. 
Vive le Mexique! » 

Le général Mejia leva les yeux au ciel : a Très-Sainte Mère, 
je te prie que ton Fils pardonne mes péchés comme je par- 
donne à ceux qui vont me sacrifier. „ 

Le feu du peloton éclata 

La fumée se dissipait..... et Maximilien apparut se tordant 
dans une mare de sang et gémissant: Hay hombre! 

Le coup de grâce l'acheva. 

Le cadavre de Miramon fut recueilli par sa famille; les ' 
deux corps de Maximilien et de Mejia furent relevés par les 
soldats 

Ainsi mourut Miguel de Miramon dans la trente- cinquième 
année de son âge, victime des vicissitudes de l'inconstante fortune 
et de la haine implacable de ses ennemis. Pareils aux Romains 
qu'Annibal vaincu et proscrit faisait trembler encore du fond 
de son exil, les vainqueurs de Queretaro réclamaient cette 
victime immolée à la Peur. 

Si la Providence eût fait naître cet homme à une autre 
époque et sur une autre scène, son courage et ses capacités 
guerrières T eussent placé à côté de ces héros légendaires aux- 
quels les peuples élèvent des statues pour perpétuer leur mé- 
moire. Miramon conduisant les armées de la république fran- 
çaise aurait eu sa place marquée entre Hoche et Marceau. 

Miramon était d'une constitution (robuste, d'une taille au- 
dessus de la moyenne, il avait le visage ovale, son teint était 
brun, légèrement coloré, les yeux noirs, pleins de vivacité et 
de feu. Une moustache forte et hardiment retroussée, l'impé- 
riale longue et fournie donnaient à sa physionomie une expres- 
sion d'énergie extrême. Sa voix, douce lorsqu'elle s'adressait à 
ses amis dans l'intimité, devenait forte et impérieuse dans le 
commandement. 

Son esprit était cultivé, il parlait le français avec facilité; 



/ 






250 



MIGUEL MIRAMON 



m 



il était sobre par tempérament et un court sommeil suffisait 
à rétablir ses forces épuisées par la vie active des combats 
et des camps. 

Jamais plus courte existence ne fut mieux remplie. Cette 
vie qui semble un rêve est pleine d'enseignements pour ceux 
qui étudient la philosophie dans l'histoire des révolutions des 
peuples. 

Et toi, voyageur, que les hasards de la vie amènent à gravir 
ce calvaire qui porte le nom fatidique de Cerro de las Cam- 
panas, dirigeant tes pas vers ce coin de terre ensanglanté par 
des discordes civiles, cherche la place où tomba celui dont 
nous avons retracé l'histoire, et si ton coeur, à l'abri des pas- 
sions mesquines, bat au souvenir de ce qui est noble et gé- 
néreux.... découvre-toi ! 



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EPILOGUE 



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Mexico capitula le 21 juillet 1867. 

Les généraux Vidaurri et 0' Horan y furent passés par les 
armes. 

Depuis lors, dix-neuf ans se sont écoulés. 

Beaucoup de ceux qui ont pris part à cette terrible lutte 
ne sont plus; d'autres servent le gouvernement actuel de la 
Eépublique; quelques-uns frappés plus cruellement par la 
chute de l'Empire ne se sont pas relevés et finissent triste- 
ment leurs jours dans l'exil. 

Maximilien repose à Vienne dans le caveau de ses ancêtres 
et sa tombe est couverte des témoignages d'affection que les 
siens viennent y déposer ; quelques amis la visitent. 

Juarez, l'homme de la Eépublique, l'ennemi persévérant de 
l'Intervention et de l'Empire, gît dans un riche mausolée élevé 
aux frais de l'État dans le cimetière de San Fernando à Mexico. 

Miramon et Mejia dorment dans le même cimetière sous 
d'humbles croix de famille, entourés du respect du peuple qui 
les visite. . 

Marquez, le terrible chef de l'état major de Queretaro, le 
général qui donnait des ordres brefs et impérieux à l'assaut 
du 14 mars, mange le pain de l'exil et rédige des libelles 
outrageants pour la mémoire du général de Miramon, oubliant 









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252 ÉPILOGUE 



le legs de déshonneur que lui a laissé Maximilien dans la 
If fe lettre que le Baron de Lago adressait aux colonels autri- 



chiens qui se trouvaient à Mexico et qui se termine pas ces 

mots : Maximilien m'a déclaré à plusieurs reprises à Queretaro, 
kgir'- Q.^ Marquez est le plus grand des traîtres. l 

f^Jy Un homme vit encore, abject et misérable, repoussé par- 

tir; '■";. tout et méprisé de tous. H se dérobe dans l'ombre, habitant 

une masure et vivant du pain que lui a procuré son infamie. 

Vêtu d'un long paletot aux couleurs sombres, chaussant de 

^f: grosses bottes et. cachant son visage émacié sous les larges 

bords d'un chapeau de feutre, il ne s'aventure au dehors 



p qu'armé d'un lourd gourdin, pour défendre sa misérable vie. 



ïl est haut de taille mais courbé, son visage est pâle, ses 
y^?v cheveux presque blancs, ses yeux bleus, fuyant les regards 

m^- r '- de mépris de ses concitoyens. Son allure est celle d'un né- 

l&v'T grier vieilli dans le crime et si le voyageur demande son nom, 

on lui répond : 
C'est le renégat de 1847, le guide de San Lorenzo, le com- 

padre de Maximilien et le traître de Queretaro: Miguel 

Lopez ! 



FIN 



1 Lettre du Baron de Lago du 19 juin 1867 citée dans l'ouvrage : L'inter- 
vention française au Mexique, de Clément Duvernois, p. 934. 



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TABLE DES MATIÈRES 



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Lettre de Fauteur à Madame veuve de Miramon Pag. v 

Avant-propos „ vu 

PREMIÈRE PARTIE 

Chapître I. Chapultepec „ 3 

„ II. Dictature de Santa- Ana . . . „ 13 

„ III. Religion y Fueros „ 24 

„ IV. Triomphe des conservateurs . „ 40 

„ V. Présidence du général Miramon „ 66 

„ VI. Anton Lizardo ../...„ 92 

DEUXIÈME PARTIE 

Chapitre I. Cinq Mai „ 117 

„ II. Régence „ 139 

„ III. Empire. „ 159 

„ IV. Qjieretaro „ 177 

„ V. Trahison de Lopez n 

„ VI. Cerro de las Campanas ... ff 

Épilogue^ „ 251 

Plans N. i — 2— à — 4 — 5 — 6— j -8 — 9 



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