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Full text of "Le Hradischt de Stradonitz en Boheme ..."

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FRANCIS B. HAYES 

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LE 



HRADISCHT de STRADONITZ 



EN BOHEME 



PAR 



J. L. PIC 

CONSERVATEUR DU MUSÉE DU ROYAUME DE BOHÊME X PRAGUE 



OUVRAGE TRADUIT DU TCHÈQUE 



PAR 



JOSEPH DÉCHELETTE 

CONSERVATEUR DU MUSÉE DE ROANNE 



AVEC%8 PLANCHES DONT*4 EN COULEURS ET 15 FIGURES DANS LE TEXTE 




LEIPZIG 

KARL W. HIERSEMANN 

1906 



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Avertissement du traducteur. 

En 1903, M. le Dr. Pic, Conservateur du Musée National de Bohême, a publié, sur les découvertes 
du Hradischt (ou oppidum) de Stradonitz, la monographie détaillée et définitive que la science archéo- 
logique réclamait depuis longtemps. 

Les trouvailles de cette Pompéi protohistorique, située au centre de la Bohême, à 32 kilomètres 
au sud-ouest de Prague, et si malheureusement dilapidée par des fouilleurs ignorants, sont depuis long- 
temps célèbres. Plusieurs archéologues allemands et autrichiens, Tischler, Osborne, de Hochstetter, Undset, 
Hoemes, en ont, à diverses reprises, à partir de 1878, signalé le haut intérêt. En 189Q, à la suite d'un 
voyage en Bohême et à Vienne, nous avions nous-même, d'accord avec M. Pic, insisté tout particulièrement 
sur Funité complète de civilisation — phénomène vraiment inattendu — que présentent les deux stations 
de Stradonitz et du mont Beuvray, ancienne Bibracte, capitale des Eduens. 

«Au milieu des conjectures encore discutables que provoquent les belles découvertes de Stradonitz 
et leur comparaison avec celles de Bibracte, écrivions-nous alors, un fait irréductible subsiste, que l'archéo- 
logie de la Tène doit retenir: c'est l'étroite similitude de deux centres de culture celtique, qui, bien que 
séparés par une distance de deux cents lieues, nous donnent en quelque sorte deux images semblables 
et se complétant l'une par l'autre, d'une même civilisation.» 

Le nouvel ouvrage de M. Pic, copieusement illustré, permet aux archéologues de connaître en détail 
la masse énorme d'objets divers recueillis depuis 1877 dans les demeures incendiées des habitants du 
Hradischt et conservés en partie aux musées de Prague et de Vienne. 

La première édition, faisant partie du grand recueil publié par l'auteur sur les Antiquités de la 
Bohême (Starozitnosti Zemë Ceské, tome II, fascicule 2), a été écrite en langue tchèque. La connaissance 
de cet idiome étant peu répandue en dehors de la Bohême et de la Moravie, il a paru à l'éditeur qu'une 
traduction dans une des principales langues européennes serait favorablement acueillie. 

Nous nous sommes chargé de ce travail de traduction avec empressement, estimant que la 
science des antiquités protohistoriques et notamment celle des antiquités nationales de la France peut 
tirer un notable profit de la diffusion de cet ouvrage, désormais accessible à un plus grand nombre 
de lecteurs. 

Ceux-ci reconnaîtront avec nous l'importance archéologique de cette ville de Stradonitz, résidence 
royale de Marobod, selon l'opinion de l'auteur, mais profondément pénétrée par la civilisation celtique, et 
l'on s'accordera sans doute pour la classer, avec l'oppidum de Bibracte, au premier rang des stations les 
plus célèbres de la période gauloise. 



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— IV — 

Contrairement à Topinion de M. Pic, nous sommes porté à considérer Stradonîtz comme un oppidum 
boïen fondé dans le cours du premier siècle et détruit sans doute à l'arrivée de Marobod, vers Tan 10 av. 
J.-C Nous avons soutenu ces conclusions dans notre notice: Le Hradischt de Stradonic en Bohême 
et les fouilles de Bibracte, étude d'archéologie comparée, Extrait du Congrès de Mâcon, Mâcon, Protat, 
IQOl (réimprimé dans notre ouvrage: Les Fouilles du mont Beuvray de 1897 à 1901, Paris, A. Picard, 
1904). C'est à ce travail que pourront se reporter ceux des lecteurs de ce livre que ce problème ethnique 
intéresserait. Nous n'avons pas cru devoir ouvrir de nouveau la discussion à ce sujet dans les annotations 
de ce volume. 

Nous tenons à remercier M. Pic d'avoir pris la peine de revoir les épreuves. 

Dans la notice précitée, nous avions adopté l'orthographie tchèque du mot Stradonic, mais la 
lettre c de l'alphabet tchèque ayant le son de ts (comme dans le mot tsar), nous avons donné ici la 
préférence à la forme orthographique allemande: Stradonîtz, déjà connu dans la littérature. Aux environs 
de cette localité, on ne connaît que la dénomination tchèque Stradonice, mot pluriel, inusité au singulier, et 
dont l'a final tombe au génitif: Hradiste u Stradonic. 

Nous rappelons que la lettre tchèque c ayant le son du tch français, le nom de l'auteur doit se 
prononcer Pi te h e. 




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Table des Matières. 



Pages 

Avertissement du Traducteur III 

Le Hradischt de Stradonitz 1 

Situation topographique du Hradischt 3 

Anciennes fortifications du Hradischt 4 

Vestiges d'habitations 6 

Examen des objets trouvés au Hradischt 10 

Monnaies 10 

Objets de parure: Fibules 31 

Objets de parure en verre coloré 37 

Objets émaillés 45 

Anneaux 49 

Bracelets de métal 54 

Ornements de ceinture 55 

Pendeloques 60 

Anneaux d'ornement 62 

Figurines d'hommes et d'animaux 65 

Objets de toilette 69 

Objets divers de bronze 73 

Armes 77 

Ustensiles et outils 80 

Objets en os 87 

La Céramique: Céramique peinte 92 

Céramique façonnée au tour, de couleur foncée 96 

Céramique commune 99 

Fusaïoles en argile 101 

Vestiges d'ateliers de fondeurs de bronze 101 

Objets de pierre 102 

Poids en terre cuite 103 

L'époque de l'occupation du Hradischt 104 

Nationalité des habitants du Hradischt 112 

Les Marcomans en Bohême 127 

Conclusions 133 



^ 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



Au confluent de THabrovka et de la Berounka, sur 
un haut plateau où le laboureur pousse péniblement 
sa charrue dans un sol pierreux, se pressait jadis 
une population nombreuse. Là s'élevait une ville 
dont la prospérité est encore attestée de nos jours 
par les monnaies d'or et d'argent et les objets de 
métal précieux que les travaux de culture ramènent 
parfois à la lumière. 

Il y a vingt-huit ans, ce plateau alors désert attira 
un grand nombre de visiteurs. Le 2 août 1877, sur 
la pente nord, qui s'étend au-dessous du contrefort 
appelé Le Château, un trésor d'environ 200 pièces 
d'or fut découvert. Les habitants des localités 
voisines et même les ouvriers d'une usine située 
aux alentours, stimulés par cette trouvaille, boulever- 



sèrent la terre de fond en comble, pendant trois 
années. Les fouilleurs ne recueillirent pas d'objets 
d'or, mais ils exhumèrent, outre une quantité consi- 
dérable d'ossements d'animaux, que l'on utilisa pour 
l'extraction du spodium, un lot très riche d'antiquités. 
Quelques archéologues se rendirent sur le lieu de 
ces découvertes, mais personne ne se livra à des 
recherches méthodiques, sans doute parce que des 
travaux de fouilles eussent été plus coûteux que 
l'achat des objets trouvés. Encore est-il heureux 
que ces objets aient été conservés de cette façon dans 
des collections particulières. Le lot principal fut 
acheté par le Dr. Stephan Berger, dont la collection 
fut ensuite acquise pour le royaume de Bohême 
et déposée au Musée de Prague. Un second lot 




Fig. 1. Vue du Hradischt, côté sud. 



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Dr. J. L. Pie?. 



plus important, réuni par le directeur d'un établisse- 
ment industriel, M. Grosse, passa par voie d'acqui- 
sition, au Musée de Vienne. Un troisième fut con- 
stitué par le prince de Fûrstenberg. Des séries 
moins importantes étaient devenues la propriété du 
Musée de Prague, de M. Osborn, de M"* Lehman 
et d'autres amateurs. 

Lors de ces découvertes, j'étais encore à Mlada 
Boleslav, exclusivement occupé à des recherches sur 
l'histoire ancienne des Slaves dans le bassin moyen 
et inférieur du Danube. Le bruit en parvint jusqu'à 
moi, sans m 'attirer néanmoins au Hradischt. Quand 
plus tard je m'adonnai à des études archéologiques, 
quand je me rendis sur les lieux, il y a sept ans, 
pour une exploration que j'ai recommencée cette 
année encore, le sol avait été entièrement retourné. 
Je ne pouvais que tenter de reconstituer l'ancien 
état du gisement, tâche qui me parut obligatoire, 
lors de l'entrée au Musée de l'ancienne collection 
Berger, lorsque j'eus accepté d'opérer une classification 
scientifique des trouvailles du Hradischt. 

La mise au pillage de cette station est une perte 
irréparable pour la science. Il faut du moins se 
féliciter de ce que la plus grande partie des objets 
recueillis se trouve déposés en lieu sûr. Ces dé- 
couvertes de Stradonitz constituent en effet une 
collection d'une richesse exceptionnelle et d'une 
importance* de premier ordre, non seulement pour 
la Bohême mais pour l'Europe, et le profit qu'on 
en peut tirer n'intéresse pas seulement l'archéologie 
mais encore l'histoire. J'ai eu déjà l'occasion de 
signaler cette importance de la station de Stradonitz 
dans les Vyzkum archeologicky, mais c'est seule- 
ment par une étude détaillée des découvertes que 
l'on peut en apprécier la valeur. Commençons par 
les soumettre à une enquête archéologique, avant de 
passer au domaine de l'histoire. 

Situation topographique du Hradischt. 

De Pilsen à Zbrasiav, la rivière de la Bérounka suit 
une vallée protonde, qui, vers les forêts de Krivoklat, 
présente un site des plus pittoresques. A l'entrée 
de cette partie du cours de la Bérounka, dans un 
paysage d'une beauté sévère, se dresse sur une 
croupe escarpée le château de Nizbor. En face de 
Nizbor, dans la direction de l'est, s'élève un plateau 
aux pentes abruptes nommé Le Hradischt, limité 
d'un côté par la profonde vallée du ruisseau Habrov- 
ka, d'un autre par la Bérounka. Il se termine 
brusquement en face du village de Stradonitz, situé 
au fond d'une vallée. 



La partie supérieure du Hradischt se compose 
proprement d'un plateau assez accidenté mesurant 
42 hectares et d'une déclivité dont la contenance est 
de 35 hectares^). On y accédait autrefois par un 
chemin qui part du cimetière de Stradonitz et qui 
est inscrit dans le cadastre Joséphin sous le nom 
de Hradistska cesta, tandis que celui de Novâ- 
Hut à Hradischt y est désigné sous l'appellation de 
Novâ-Cesta (Nouveau chemin). Il est vraisemblable 
que la voie nommée Hradistska cesta (chemin 
du Hradischt) date des temps préhistoriques. 

Ancienne fortifications du Hradischt. 

Le Hradischt de Stradonitz se classe en raison de 
sa superficie parmi les hradischt s les plus étendus 
de la Bohême, mais il diffère par l'absence de rem- 
part de ceux qui ne sont pas antérieurs à l'occupation 
slave. Il est vrai que l'on a recueilli, à la surface 
du sol, quelques poteries et de menus objets 
appartenant à cette époque (époque tchèque des 
hradischts), mais ce sont là de faibles vestiges 
d'une occupation sans importance, surtout en com- 
paraison de la richesse des trouvailles de l'époque 
antique. 

Le souvenir d'une muraille de pierre s'est con- 
servé chez les habitants de la localité-). C'est au 
jourd'hui un fait bien acquis que les retranchements 
en pierres non maçonnées ne sont pas plus anciens 
que les retranchements de terre de l'époque tchèque. 
Mais ici il est question non pas d'un simple re- 
tranchement, mais d'une muraille. Au cours des 



^) Dans le cadastre relevé au temps de Pempereur Joseph II, 
la description du domaine de Nizbor contient une mention du 
village de Stradonitz et l'indication des limites du Hradischt. 
Le sol de Pancien oppidum, aride et pierreux, n*était mis en 
culture que tous les deux ans. La superficie du Hradischt, 
d'après l'indication du cadastre, est de 63 hectares. 

-) Adauctus Voigt, Beschreibung der bisher be- 
kannten Miinzen und Medailen. Prague, 1771, p. 76: 
«Nischburg, localité près de laquelle on a trouvé souvent des 
monnaies d'or, était peu éloigné de la ville de Beraun, qui doit 
être antique Marobuduum, lieu de résidence du célèbre roi 
(Marbod); une montagne de cette région, voisine de Nischburg, 
porte précisément le nom du Hradischt, dérivé du mot bo- 
hémien hrad, forteresse; on y voit encore une ancienne 
muraille et ce lieu, dans le langage des gens de la localité 
s'appelle ordinairement Sur l'ancien fort On pourrait donc 
considérer ces ruines sans invraisemblance comme un ouvrage 
avancé de l'antique capitale de Marobuduus, aujourd'hui com- 
plètement détruite.» Le même auteur, dans la note n» 28, fait 
remarquer que presque tous les écrivains indigènes ou étrangers 
identifient l'emplacement de la ville de Prague d'abord avec le 
Bubienum boïen, plus tard avec le Maroboduum. 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



recherches que j'ai entreprises cette année au 
Hradischt, mon premier soin fut de m'assurer si 
ces informations données par les habitants étaient 
fondées. 

J'ai commencé par explorer les points les plus 
accessibles près de l'entrée, à gauche du chemin 
appelé Hradischtskâ cesta. Au point où la Vysokâ 
mez (Haute borne) se dirige au nord-est, j'ai ren- 
contré sous la terre végétale les fondations d'un mur 
en pierres brutes, sans mortier ni pièces de char- 
pente, d'une largeur de 2™, 50 et d'une longueur 
de 74 mètres (pi. I). On ne pouvait naturellement 
plus déterminer sa hauteur primitive, car il n'en restait 
que les substructions, enfouies assez profondément 
pour ne pas gêner les travaux de culture. On ne 
saurait non plus reconnaître si ce mur constituait un 
mur de terrasse ou s'il s'élevait au-dessus du relief 
du sol; ces deux hypothèses sont possibles, mais la 
première, d'après des recherches ultérieures, est plus 
vraisemblable. 

Des restes de mur ont été reconnus également 
de l'autre côté de la Hradischtskâ cesta. Sur 
plusieurs points on a pu étudier la nature de la 
maçonnerie et constater que le mur était établi en 
soutènement sur une longueur de 150 mètres (largeur 
1™, 20; hauteur !>", 30); les pierres brutes n'étaient 
liées par aucun mortier, celles du parement avaient 
été choisies parmi les plus grosses et placées en 
assises irrégulières, de manière à ce que leurs arêtes 
se correspondent. On trouva près de ce mur des 
pierres éboulées recouvrant une largeur de 1°», 30. 
Les matériaux n'avaient pu servir à consolider la 
muraille, car celle-ci présentait un parement très 
distinct; ils provenaient donc de le désagrégation 
de la partie supérieure du mur. La déclivité 
naturelle du sol sur le pourtour du Hradischt 
était donc évidemment fortifiée par un mur à 
terrasse, qui s'écroula après le destruction de la 
forteresse. 

La portion orientale de la partie supérieure du 
Hradischt ne peut être fouillé, le rocher affleurant le sol. 
Au nord, du côté de la Berounka, des travaux de cul- 
ture m'ont arrêté (dans le champ n° 458 du cadastre); 
dans le champ voisin (n° 422), on avait extrait de 
la pierre et, sur un autre (n° 417), on a trouvé, au- 
dessous de l'arête du plateau, une certaine quantité 
de pierres qui pouvaient provenir d'un mur de terrasse 
établi pour le défense du Hradischt supérieur. Dans 
le dernier champ (n° 409) nommé le Champ des 
ducats, là où fut découvert le 2 août 1877, le trésor 
funeste à la station, se trouvait, dit-on, un mur-terrasse, 
dans la Vysokâ mez, près du bord de la partie 



supérieure du Hradischt. On rapporte que le trésor 
était caché dans une niche de ce mur, mais il existe 
encore d'autres versions à ce sujet. 

A l'extrémité ouest ou plutôt nord -ouest du 
Hradischt, apparaît un rempart ou mur de faible 
hauteur, de même qu'à l'est, près de la forêt. Des 
sondages ont démontré qu'il se composait de terre 
mélangée de pierres, extraites de la partie supérieure 
du Hradischt où le sol est rocheux. Quelques son- 
dages ont été pratiqués sur la déclivité boisée de la 
face nord, mais on n'a pas trouvé de traces d'amon- 
cellement de pierres. Il n'a pas été non plus possible 
de reconnaître si le rempart de terre se prolongeait 
ou non sur ce point. Au sud, au-dessous de 
PostredniOudolice, on trouva sur la déclivité un 
autre vestige de mur-terrasse (hauteur 1 "*, 20, largeur 
1™, 10), mais ses traces disparaissaient bientôt, soit 
qu'il ait été détruit par les travaux agricoles, soit 
qu'on ne l'ait jamais exhaussé au-dessus de l'escar- 
pement naturel du talus. 

Un autre rempart en terrasse fut reconnu au 
premier ressaut du sol du Hradischt, au-dessus du 
cimetière de Stradonitz. Ses traces peuvent être 
suivies jusqu'au vallon où conduit aujourd'hui la 
route passant par la déclivité nord du Hradischt. 
On dit qu'un mur-terrasse existe aussi sur le côté 
est et au-dessus de Hadischtskâ cesta, au premier 
ressaut du terrain. 

Le Hradischt de Stradonitz diffère donc par la 
nature de sa fortification des autres hradischts de 
la Bohême, d'une part, et des oppida de l'Europe 
occidentale, de l'autre. 

Vestiges d'habitations. 

La partie la plus élevée du Hradischt présente 
une importance toute spéciale non seulement en raison 
de son étendue (elle mesure 1370 pas de longueur 
sur 664 en largeur), mais encore à cause de sa 
hauteur et de la régularité de sa fortification. C'est 
là qui se trouvait le centre actif de la ville. La partie 
antérieure (située à Test), jusqu'au point où se dresse 
une croix de bois, était la plus habitée. Le sol en a 
été presque entièrement fouillé et c'est là qu'ont 
été faites les plus nombreuses découvertes. D'après 
ce que j'ai observé moi-même et d'après les récits qui 
m'ont été rapportés, sur tous les points de cette 
partie du Hradischt s'étendaient de nombreuses couches 
de cendres, témoignant de la multiplicité des habi- 
tations. Là s'élevaient des maisons isolées les unes 
des autres, mesurant 4 à 5 mètres de long sur 3 à 4 
de large et dont l'aire se trouvait à O'", 50 environ 



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Dr. J. L. Pi2. 



8 



en contre-bas du sol; d'autres étaient établies de plain- 
pied, comme j'ai pu le constater moi-même. Ces 
demeures construites en bois avaient été réduites en 
cendres; plusieurs avaient reçu une toiture d'argile 
molle. Les aires étaient également constituées par 
une couche d'argile soigneusement battue et rougie 
par le feu. D'autres fois cette couche ne correspon- 
dait peut-être qu'au foyer. Auprès de quelques habi- 
tations se trouvaient aussi des cavités plus profondes 
et plus étroites, de plan quadrangulaire, également 
remplies de cendres; on les considérait comme des 
ateliers et, en effet, j'y ai recueilli deux fois des 
débris de fer et de bronze fondu. Au milieu du 
Hradischt, surtout autour de la croix de bois, se 
trouvaient, près des habitations, plusieurs puits et 
cistemes; près de l'entrée et au-delà d'Oudolic 
jaillit encore une source abondante. Derrière le 
Hradischt, à l'ouest de la croix, s'étendent deux sur- 
faces élevées, appelées Na h rade (Sur le château), 
bien que cette dénomination ait été donnée par les 
uns à la première colline, par d'autres à la seconde; 
on a même absolument contesté dans la suite cette 
dénomination. Une masse rocheuse affleure ces sur- 
faces élevées; elle est recouverte d'une faible couche 
de terre arable. Les cendres s'y rencontrent rarement 
et seulement dans quelques petites fosses. Mais dans 
une dépression, entre deux éminences qui divisent la 
petite colline, elles forment de nombreuses couches 
indiquant des vestiges d'anciennes habitations. La 
seconde colline s'abaisse à l'ouest et dans la vallée 
les cendres sont abondantes. Au témoignage de 
celui qui l'a fouillée, on y a découvert, entre autres 
objets, la fibule en or du musée de Prague et une 
belle chaîne en bronze, conservée au musée devienne; 
mais, d'après les renseignements donnés par un autre 
fouilleur, cette trouvaille proviendrait du lieu situé 
entre les deux hauteurs de la première colline, et la 
dénomination Na h rade s'appliquerait tantôt à la 
première et tantôt à la seconde des deux collines. 
Sur le versant occidental qui regarde cette dernière, 
entre les deux Oudolic, on a mis également à décou- 
vert beaucoup de cendres et d'objets divers. Dans le 
vallon qui sépare les deux collines s'étend une couche 
d'alluvions récentes recouvrant des vestiges d'habita- 
tions. Au cours de ma première fouille, j'ai reconnu 
là un atelier de fondeur à deux mètres de profondeur, 
semblable à celui que j'ai trouvé en 1902, à droite 
de l'entrée du Hradischt. Dans la partie basse, au- 
dessus de la Berounka, surtout sur le versant, se 
trouvent, des restes d'habitations assez clair-semées. 
J'ai rencontré là sur divers points assez distants 
quelques fosses circulaires; des couches cinéraires 



plus nombreuses et par conséquent des habitations 
s'étendaient, d'après ce que l'on rapporte, dans la 
partie basse, au-dessous du bastion inférieur. 

Le Hradischt de Stradonitz était donc très habité 
sur presque toute son étendue: il formait certainement 
une grande ville, fortifiée de deux bastions, avec des 
bâtiments de bois et des parties dépourvues de con- 
structions. Les maisons étaient-elles disposées régu- 
lièrement le long des voies? On pourrait encore le 
savoir en pratiquant des fouilles, mais ce serait là 
un gros travail pour un résultat peu rémunérateur. 

La richesse des trouvailles du Hradischt atteste 
celle de la population, dont les goûts étaient fort 
luxueux. Il n'y avait peut-être pas à cette époque une 
ville aussi opulente dans toute l'Europe centrale. On 
s'y livrait à la fabrication de toutes sortes d'objets 
de métal, ainsi que l'attestent des ateliers de fondeurs 
et des scories, des moules et des objets sortis de 
ces mêmes moules. L'extrême abondance des débris 
d'ossements d'animaux sauvages '0 et domestiques 
démontre que la viande était la principale nourriture 
des habitants qui se livraient sans doute tout à la 
fois à la chasse et à l'élevage^); beaucoup de petites 
meules, de faux, de faucilles et de socs de charrue 
en fer indiquent que le labourage et la mouture des 
farines alimentaires étaient connus. 

Un jour vint où la superficie de la ville ne put 
suffire à loger tous ses habitants, jusque dans la 
vallée, avant l'entrée de l'oppidum, à gauche du 
Chemin de Hradischt, on trouva sur un large 
espace de terrain de grandes quantités de cendres, 
d'os et d'objets divers; à Stradonitz même, sur le 
versant de Hradischt, et jusque dans ses alentours 
se rencontrent des lieux habités contemporains de la 
ville antique. 

Une fouille ancienne, non méthodique, a amené 
la découverte de quelques rares traces de sépultures 
à inhumation de la même époque. J'ai appris qu'au 
fond de citernes profondes, au nord de la croix, on 
avait trouvé un squelette d'enfant et, près de l'entrée 
du Hradischt, un squelette debout, sans aucun mobi- 
lier funéraire. Au pied de la ville, deux squelettes 
ont été découverts l'an dernier. Hochstetter rapporte 
que 40 à 50 sépultures par incinération auraient été 



*) Hochstetter rapporte que durant une seule année on a 
retiré du sol du Hradischt plus de 3000 kilogrammes d'os; il 
évalue à 30 wagons la quantité totale des os exhumés (Die 
Altertiimer vom Hradischt, Mitt. antrop., Vienne, VI II, p. 145.) 

^) Parmi les restes d'os d'animaux, j'ai remarqué à côté 
d'os de cerf, des os d'élan et d'ours, d'un taureau aux cornes 
courtes, de chèvre, de cheval, de chien, de porc (Hochstetter, 
loc cit., VIII, 145). 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



10 



trouvées sur la rive droite de la Berounka*^) mais 
aucun des habitants n'en a conservé le souvenir. 
Beaucoup d'entre eux m'ont au contraire affirmé 
que les champs situés le long de la Berounka n'ont 
rien livré. Le sieur Bernard, laboureur du village de 
Stradonitz, m'a raconté que dans son champ, sur le 
versant gauche du vallon, derrière le Hradischt, il 
avait trouvé quelques tombes avec de menus débris 
d'os brûlés et des tessons, mais sans mobilier 
ni offrandes. Le D"" èubrt m'a fait lui aussi savoir, 
pendant mes premières fouilles, que, dans son domaine 
au dessous de la Vyzokâ mez, se trouvent des 
sépultures par incinération. Cette année (1Q02) alors 
que le champ était en friche, desséché et depuis long- 
temps sans eau, on y remarquait des taches vertes 
formées par la végétation, au nombre de deux cents, 
indiquant que les racines des herbes avaient ren- 
contré là une terre fertile. J'ai ouvert quelques-uns 
de ces emplacements et j'ai rencontré chaque fois, 
à 0"* 40 ou 0™ 50 de profondeur, des os calcinés, du 
charbon et des cendres dans le terrain naturel. J'ai 
déblayé une petite tombe à un mètre de profondeur: 
La fosse mesurait 0*" 50 de largeur sur 0"* 38 de 
hauteur; elle était entièrement entourée de terre rouge 
et remplie d'une cendre blanche, comme si tout le 
contenu avait été entièrement incinéré. Elle renfermait 



quelques tessons de vases, l'un à pâte noire lustrée, 
un autre rougeâtre, un troisième à surface rugueuse 
avec des bords lustrés, c'est-à-dire conformes aux 
types céramiques du Hradischt. D'autres fosses m'ont 
livré des échantillons similaires. J'ai ouvert encore 
de larges tranchées à travers ce champ, mais je n'ai 
rencontré aucune tombe régulière, avec vases cinéraires 
ou offrandes. 

En résumé, il s'agit ici de sépultures en pleine 
terre et à incinération, de l'époque du Hradischt, qui 
se distinguent par une pauvreté inacoutumée. 

Telles sont les observations générales que j'ai 
pu recueillir sur le Hradischt de Stradonic. Malgré 
bien des lacunes, elles permettent d'établir avec assez 
d'évidence que cette station, par les particularités de 
ses ouvrages défensifs, par la richesse de sa popu- 
lation, et surtout par l'importance des objets d'or 
et des bijoux, occupe une place à part dans l'archéo- 
logie de la Bohême. Mais, pour arriver à comprendre 
et à expliquer le problème de ses origines, nous 
devons avant tout porter notre attention sur les objets 
qui y ont été recueillis. C'est par une étude détaillée 
de leurs caractères et de leur répartition géographi- 
que que nous réussirons à déterminer l'époque de 
l'occupation de cette ville et la nationalité de ses 
habitants. 



Examen des objets trouvés au Hradischt. 



Le sol du Hradischt est en général aride et 
rocheux. Il n'est donc pas surprenant qu'il soit 
resté en grande partie inculte jusqu'à la fin du 
XVIll''. siècle. Mais les laboureurs remarquèrent 
qu'après les jours de pluie on recueillait dans les 
sillons de petits objets d'un aspect étrange et princi- 
palement des objets d'or. Cette fertilité toute spéciale 
du sol devint pour ainsi dire proverbiale. On accourait 
au Hradischt pour y chercher de l'or et actuellement 
encore il arrive qu'après la pluie on trouve dans les 
champs des monnaies d'or que les eaux ont débarassées 
de leur gangue argileuse et que leur éclat rend plus 
visibles**). Lorsqu'en 1877 survint la découverte de 



'^) Hochstetter, loc cit., VIII, 143. 

^) Ce que dit Stan. Wydra dans le passage suivant s'appli- 
que évidemment aux trouvailles de monnaies et de menus 
objets faites au Hradischt: «En général, il est digne de re- 
marque, en ce qui concerne cette région, notamment Pûrglitz, 
Nischburg et Teirzow . . . qu'on y a trouvé à diverses épo- 
ques des pièces d'or disséminées, pièces qui se trouvaient 
après la pluie et que Ton a nommées improprement coupes à 



200 pièces d'or, tout naturellement on se mit à 
entreprendre des fouilles. On ne recueillit pas seule- 
ment des monnaies de ce précieux métal, mais aussi 
et en plus grande quantité des monnaies d'argent, 
de bronze et de potin, en même temps qu'une grande 
quantité d'objets de parure et d'objets divers. Nous 
allons en examiner la composition. 

Monnaies. 

Un simple coup d'œil sur les monnaies du 
Hradischt permet de constater qu'elles ne sont nulle- 

l'arc-en-ciel (Regenbogenschiissel, scutellae Iridis); on 
y a recueilli en outre des monnaies d'argent similaires, mais 
dénotant une époque plus récente et toutes sortes d'objets en 
cuivre et en laiton, anneaux, chaînes, agrafes, boucles, etc., dont 
je possède quelques spécimens. Le trésor de Podmokly n'est 
donc pas, sous le rapport des objets recueillis, la première des 
trouvailles, mais la plus importante.» Stan. Wydra, Abhand- 
lung ûber die bei Podmokle im J. 1771 gefundenen 
Goldklumpen, Prague, 1777, p. 9. 



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11 



Dr. J. L. Piî. 



12 



ment homogènes, mais qu'elles se divisent en quel- 
ques séries que nous pouvons classer de la façon 
suivante: 

I. Imitations du tétradrachme macédonien de 
Philippe II. Trois types sont représentés au musée 
de Vienne. 

1. Tête à gauche; diadème perlé. R.: Cheval marchant à 
gauche (fig. 2, 1). Poids, 9 gr. 40. 

2. Tête diadémée, à droite; barbe abondante (Jupiter). R.: 
Cheval au pas, tourné à gauche; au-dessus, un type confus 
(peut-être un cavalier), un cercle et peut-être les traces 
d'une légende (fig. 2, 2). Poids, 11 gr. 50. 

3. Tête imberbe, à gauche (Apollon). R.: Cheval au pas, 
à gauche. Un cercle derrière chacun des membres antérieurs 
et postérieurs (fig. 2, 3). Poids, 9 gr. 50. 




Fig. 2. Monnaies du musée de Vienne: 
1—3, argent; 4—6, or; 7, bronze. 

Des didrachmes semblables et aussi des tétra- 
drachmes figuraient dans la collection de M. Donne- 
baur') et autrefois dans celle de M. St. Berger**), mais 
j'ignore si elles provenaient du Hradischt. Ayant 
demandé aux gens de la localité s'ils avaient 
gardé la souvenir de découvertes de grandes pièces 
d'argent, je n'obtins que des réponses négatives, 
même après leur avoir montré les dessins de ces 
monnaies. Mais nous savons par une attestation 



•) Catal. der nachgelassenenSammIungdesH.Max 
Donnebaur zu Prag. Miinzen und Medaillen des 
Kônigreichs Bôhmen, Frankfort, 1889, fig. 15—18. 

**) Auctions-Catalog enthaltend die nach- 
gelassene Sammlung des H. Dr. Stephan Berger, 
Munich, 1901. 



datant du XVIIh siècle que des tétradrachmes®) sem- 
blables ont été trouvés soit au Hradischt, soit dans 
ses environs. 

Des imitations de tétradrachmes macédoniens, 
d'un poids égal à celui des originaux ou inférieur 
de moitié (didrachmes), comptent parmi les imitations 
barbares de types classiques assez répandues au sud 
du Danube, de même que dans le Noricum et la 
Pannonie, avec ou sans l'indication du nom des chefs 
barbares; le nom de Biatec est le plus commun. 

II. Monnaies romaines ou imitations de monnaies 
romaines. 

1. Tête à gauche, à peine distincte. R.: Entièrement fruste, 
(fig. 1, 7.) Bronze. 

2. Tête imberbe, diadémée, à droite. 
R.: Proue de navire au-dessus, 
légende: ROMA (?). 

Imitation d'une monnaie de 
la république romaine. PI. Il, 
fig. 38, Bronze. 

3. Tête imberbe, à gauche. R.: 
Jupiter assis. Très fruste. Imi- 
tation d'une monnaie de la ré- 
publique romaine. PI. Il, fig. 36, 
Bronze. 

De plus, le monnaie figurée 
sur la pi. Il, no 42, pourrait 
être également une imitation 
barbare d'un aes grave sur 
une face duquel est figurée une 
coquille. 

III. Plus important et 
plus connu est le groupe 
des monnaies d'or barbares; 
elles diffèrent des monnaies 
d'or classiques par leur forme 
en cupule, parfois même par 
leur épaisseur et enfin par 
les particularités des types. 
Comme ces pièces se trouvent souvent après la 
pluie, lorqu'elles ont été lavées par les eaux, une 
croyance superstitieuse a pris naissance sur leur 
origine: elles apparaissent, dit-on, sur les points où 
l'arc-en-ciel rencontre la surface du sol; de là leur 
ancienne dénomination populaire de cupules à l'arc- 
en-ciel (scutellae Iridis, en allemand Regen- 
bogenschûsselchen). 

*') Neumann cite une lettre originale du prince de Fursten- 
berg par laquelle celui-ci lui fait savoir qu'on a trouvé sur son 
domaine des monnaies d'or ressemblant aux pièces à l'arc-en- 
ciel et des tétradrachmes d'argent (Neumann, Populorum et 
regum numi veteres incogniti, Vindobona, 1779, 1, p. 141). 
De son côté, Hochstetter rapporte aussi qu'on a recueilli au 
Hradischt des imitations de tétradrachmes de Philippe 11 et 
d'autres rois de Macédoine (avec tête de Jupiter). 



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13 



Le Hradischt de Stradonitz. 



14 



Voici les types trouvés au Hradischt: 

1. Sur la face convexe, un tête d'oiseau grossièrement figurée, 
tournée à gauche; au-dessus et au-dessous du bec, un 
globule; autour de la tête, une couronne semi-circulaire de 
feuilles cordiformes, dont sept sont distinctes (deux à 
gauche, dnq à droite); la couronne est terminée d'un côté 
par une petite boule; Pautre extrémité manque. R.: Côté 
concave. Dans un demi-cercle terminé par des globules 
sont inscrits six globules étages en pyramide (posés 1, 
2 et 3). 

Collection du prince de Furstenberg, à Donaueschingen, 
(provenant du Hradischt, vers 1840); Taschenbuch f. 
Gesch. u. Alterthum in Sûd-Deutschland, 1840, p. 406, 
pi. II, 8; cf. Pamâtky arch., X, 77, Vocel, Mince celtiké 
vCechach, Musejnik, 1850, 109. — Streber, Ûber d. s. 
Regenb., Abhandl. d. Wissenschaften, 1863, IX, 1, pi. III, 46. 
— De U Tour, Atlas, XXXIX, 9428. — A. Blanchet (Mon- 
naies celtiques de l'Europe centrale, Paris, 
1902, p. 33—34) remarque que le type des Regenb. 
avec une tête d'oiseau était connu aussi en Gaule, 
notamment entre la Seine et l'Oise, au pays des 
Santons et près de l'Atlantique, dans le voisinage 
de Courcoury, canton de Saintes et à Tayac 
(Gironde); il signale les trouvailles plus anciennes 
de Serviès-en-Val (Aude) et de Brienne-le-Château 
(Aube). 

Fig. 3, n" 5. 

2. Sur la face convexe une tête d'oiseau de profil à 
gauche, avec le bec un peu ouvert. Cette tête est 
tournée vers une couronne semi-circulaire se com- 
posant de dix feuilles doubles, cordiformes, cinq à 
droite et cinq à gauche. Derrière la tête, un demi- 
arc dont les extrémités se replient en spirale. R.: 
Demi-arc à globules terminaux, inscrivant trois 
globules, posés 1 et 2. 

Coll. du prince de Furstenberg, Donaueschingen, 
exemp. provenant d'une trouvaille du Hradischt, 
vers 1840. — Streber, Ûber d. s. Regenb., Abh., 
IX, 1, pl. 16; IV, 53 (de Irsching etOagers); page 
560, Streber signale encore les trouvailles d'Achberg, 
de Gundremingen, de Diir-Lauingen, de Diessen, 
d'Elwangen. — De U Tour, Atlas, pl. XXXIX, 
9430. Trois Regenb. d'or, du poids de 7 gr. 489, avec 
une tête d'oiseau dans une couronne et, au revers, trois 
globules et une étoile dans une petite couronne, ont été 
trouvés à ^iSkov, près de la place de Komensky, au cours 
de la construction d'une école. Pamatky, X, pl. 16, I, 19. 

Fig. 3, 4. 

3. Sur la face convexe, une demi-couronne composée de seize 
petits arcs ou doubles feuilles, huit à droite, huit à gauche. 
Elle se termine par une boule à chaque extrémité. R.: 
Dans un demi-arc, six globules posés en pyramide, 1, 
2 et 3. 

Coll. du prince de Furstenberg, Donaueschingen, exemp. 
provenant du Hradischt. — Streber, loc. cit., Abh. IX, 1, 
pl. VI, 68—71; p. 561, il indique les trouvailles de Gagers, 
d' Irsching, de Schrobenhausen, de Elwangen. — De La 
Tour, Atlas, XXXIX, 9423. 

Fig. 3, 2. 

4. Sur la face convexe, un serpent arqué, tourné à gauche. 
R.: Demi-arc à extrémités globulaires, encadrant six glo- 
bules en pyramide, posés 1, 2 et 3. 



Coll. du prince de Furstenberg, Donaueschingen, exemp. 
provenant du Hradischt, vers 1840. — Taschenbuch fur 
Gesch. u. Alterth. in Sûd-Deutschland, Fribourg en 
Breisgau, 1841 (Dr. H. Schreiber) p. 406, pl. Il, 7. — Streber, 
loc, cit., Abh. IX, 1, pl. 1, fig. 3— 15, trouvailles d'Irsching 
et de Gagers, avec quelques variantes (premier groupe). — 
Ed. Fiala, Beschreibung bôhm. Miinzen, 1891, pl. I, 
13, avec l'indication (page 7, note 3) que ce type figurait 
dans les trouvailles du Hradischt de 1877. — De La Tour, 
Atlas, pl. XXXIX, 9421. 
Fig. 3, 1. 
5. Sur la face convexe, un animal en forme de serpent, au 
corps arqué, tourné à droite; la tête est celle d'une lion 
ou d'un loup, avec des oreilles pointues, une crinière et 
une ligne de petits points le long de l'arête dorsale. Il 
entoure une petite cavité rectangulaire avec globule intérieur 
et sillons latéraux. R.: Figure ressemblant à une hache à 




^P'fP 



Q'V 






Fig. 



3. Monnaies d'or de la collection du prince de Furstenberg 
(Donaueschingen). 



tranchant semi- circulaire; au-dessus, un signe cruciforme 
et d'autres signes confus sur les côtés. 

Musée de Vienne. Un autre exemplaire dans le Cabinet 
des Médailles devienne, de provenance inconnue; cf. Ameth, 
Catal. d. K. K. Medaillen-Stempel-Sammlung, p. 3; 
Hagen'schesOriginaI-Mûnzkabinet,fig. 8. — Streber, 
loc cit., Abh., IX, pl. I, 1 (premier groupe). — Ed. Fiala 
(loc. cit., pl. 1, 4) reproduit une monnaie semblable 
venant aussi du Hradischt, actuellement dans la coll. de 
M. Ed. Hajsl. — De U Tour, Atlas, XXXIX, 9419. 

Fig. 2, 4. — Poids 7 gr. 25. 
6. Sur le côté concave, une moitié de la pièce porte un 
croissant convexe et l'autre moitié une coquille à stries 
rayonnantes. R.: Le côté convexe est uni. 

Ce type se rencontre à l'ouest de la Bohême, surtout dans 
les importantes trouvailles de Gagers, dont Streber (loc. 
cit., pl. IX, fig. 108—116) reproduit neuf variétés, en rappe- 
lant (p. 184, 708) que les exemplaires en or pur ne se 
trouvent qu'en Bavière; mais d'autres pièces semblables 
(Regenbog.) de la Bavière sont en electrum, ayant 692 parties 



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15 



Dr. J. L. Pië. 



16 



d'or, 228 parties d'argent et 80 parties d'autres métaux. Dans 
la partie orientale de la Bohême, le type le plus voisin est celui 
des pièces à la légende BIATEC, sur le côté concave, pièces 
qui se rencontrent déjà en Moravie et sur tout en Hongrie. 
PI. Il, fig. 2—4. Poids; 6 gr. QOO, 7 gr. 070, 7 gr. 310, 
7 gr. 190; un exemplaire, 7 gr. 320; un autre, 3 gr. 530. 
Au musée de Vienne se trouvent des monnaies semblables 
du poids de 7 gr. 120, 7 gr. 190, 7 gr. 200, 7 gr. 270, 
7 gr. 300. 

7. Sur le côté concave, un croissant de forme irrégulière, ce 
qui indique sans doute une frappe de date plus récente. 
R.: Trois rayons partant d'un globule. 

De U Tour, Atlas, XL, 9447. 
PI. II, fig. 5. Poids 7 gr. 190. 

8. Sur la face concave, une moitié présente un croissant, et 
l'autre une sorte de coquille à côtes rayonnantes, épaisses, 
partant d'un globule concave. R.: Trois rayons partant 
d'une petite boule. 

Monnaie semblable, à cinq rayons, dans Streber, loc cit., 
Abh. IX, 1. pi. IX, fig. 114; trouvée à Gagers. 
PI. II, 10. - Poids, 7 gr. 030. 

9. Sur la face concave, un croissant convexe, chargé d'un 
globule légèrement concave d'où naissent des rayons sem- 
blables aux nervures d'une coquille. R.: Quatre rayons 
partant d'un segment de cercle et dont le second est accom- 
pagnée d'un globule, près du bord de la pièce. 

Coll. du prince des Furstenberg, Donaueschingen. — Lettre 
à M. de Longpérier sur les monnaies d'or con- 
caves, dans la Revue numismatique, 1869—70, XIV, pl.II, 21. 

Conf. De U Tour, Atlas, XL, 9449. 

Fig. 3, 3. 

10. Sur la face concave, un cercle à surface convexe, avec un 
réseau confus de lignes et de globules. R.: Croix, avec 
un rang de traits brisés en forme de W et des globules. 
Une autre exemplaire semblable porte seulement une croix. 

Une monnaie semblable de la collection E. Mik§ est re- 
produite par Fiala, loc. cit., pi. I, 4. Elle provient également 
du Hradischt. 

PI. Il, fig. 11. Poids, 7 gr. 310; la seconde, 7 gr. 330. 

1 1 . Sur le côté concave, un croissant en relief et une sorte de 
coquille, comme sur les exemplaires précédents (cf. PI. 11, 
5.) R.: Autour d'une protubérance centrale, une figure en 
forme d'arc dont une des extrémités se prolongent par deux 
lignes ponctuées. 

De U Tour, Atlas, pi. XXXIX, 9444. 
PI. Il, fig. 12. Poids, 7 gr. 300. 

12. Personnage en pied, le genou gauche à terre, de profil à 
droite, avec casque ou chapeau; il tient de la main droite 
un objet allongé (glaive ou javelot); derrière, un bouclier 
avec umbo très saillant. R.: Surface lisse avec des con- 
vexités irrégulières. 

Musée de Vienne. Ed. Fiala (loc. cit.) décrit une mon- 
naie semblable, mais d'un poids supérieur (800 centigr.), de 
la coll. du comte Ervin Nostic, en relatant qu'elle provient 
de la trouvaille de Podmokly; il en reproduit encore une 
semblable (pi. I, 1) de la coll. de M. Em. Miks. 

De U Tour, Atlas, XXXVIII, 9367 (classée aux Ger- 
mains). — Sur des découvertes semblables, associées à 
des tétradrachmes du type de Philippe II, provenant de 
Galishegy, près de Munkâcs, voy. Kenner, Monatsblatt, 
1896, p. 365. 

Fig. 1, 5. Poids, 1 gr. 



13. Sur le côté concave, une protubérance ovale divisée en 
deux par un sillon profond (comme un grain de froment). 
Elle est entourée sur une moitié par une ligne en zig-zag 
et accostée, d'autre part, de quatre petits bâtonnets rayon- 
nants. R.: Le côté convexe est uni. 

Dans la trouvaille de Podmokly (1771), ce type était abon- 
damment représenté: Adauctus Voigt, Schreiben an 
einen Freund von den bey Podmokly, einem in der 
hochfiirstl. Furstenbergischen Herrschaft Piirglitz 
gelegelen Dorfe in Bôhmen gefundenen Gold- 
mûnzen, Prague, 1771, pi. n^ 5; St Wydra, Abhandlung 
ûber die bei Podmokle im J. 1771 gefundenen Gold- 
klumpen, Prague 1877, pi. n^ 8, 9; Ed. Fiala (loc. cit., 
pi. 1, 7) reproduit une monnaie semblable trouvée à Kolfn, 
de la coll. E. MikS. Conf. De U Tour, Atlas, XL, 9460. 

PI. II, 9. Poids, 2 gr. 290; d'autres du même type, 
2 gr. 330, 2 gr. 320, 2 gr. 380; un exempl. du musée de 
Vienne, 2 gr. 300. 

14. Sur la face concave, une protubérance ovale, divisée en 
deux parties par un sillon médian, comme un grain de 
froment; Pichler la compare à deux croissants opposés 
(Repertorium, 1, 146); tout autour, une ligne de chevrons 
formant couronne. R.: Le côté convexe est lisse. 

De La Tour, pi. XL, 9459. Monnaie semblable trouvée 
à Lemberg (Dobrna) près Cilli; cf. Pichler, Repertorium 
der steierischen Mtinzkunde, Gratz, 1865, I, pL III, 5; 
Neumann (Populorum et regum numi veteres in- 
cogniti. Vienne, 1779, I, 140) reproduit une monnaie 
semblable de provenance inconnue, portant au revers la 
légende BIAT(ec); une autre, aux mêmes types et avec 
la même légende est reproduite par Kenner, Mtinz- 
fund V. Simmeringen, pi. III, 10; elle provient de 
Deutsch-Jahrendorf. Un exemplaire fruste a été trouvé à 
OSkobrh près Podëbrad (Pamâtky, XIX, 388, fig. 2). 

PI. Il, fig. 1. Poids, 2 gr. 220. 

15. Sur la face concave, au centre, une sorte de triangle; sur 
deux de ses côtés sont greffés des rayons, au nombre de 
six à huit, allant au bord de la pièce; près du troisième sont 
placés trois ou six globules. R.: Le côté convexe est uni. 

Ce type était également représenté dans la trouvaille de 
Podmokly: Adauctus Voigt, Schreiben, etc., fig. 9. 10. 
St. Wydra, Abhandlung, fig. 10. - Ed. Fiala (Be- 
schreibung bôhm. Miinzen, 1891, p. 5) cite pour cette 
monnaie les trouvailles des localités suivantes: Niîbor, 
Beroun, Kïivoklât, Podmokly, Zbirov, Pilsen, KaSperske Hory, 
SuSice; — au Hradischt de Stradonitz, ce type de monnaie 
se rencontre encore fréquemment. — Cf. De La Tour, 
Atlas, XL, fig. 9470, 9471 gr. 

PI. Il, fig. 6-8, 13—16. Poids, gr. 750; 0, 750; 0, 750; 
0, 760; 0, 780; 0, 790; 0, 800; 0, 810; 0, 820; 0, 830; 0, 840; 
0, 840; 0, 890; 0, 940. 

16. Figure rayonnante, d'un dessin confus, sur un flan d'or simple 
ou jumelé, en forme de cupule. R.: Le côté convexe est lisse. 

PI. Il, 17, 19. Poids, gr. 61; gr. 80. 

17. Cheval trottant à gauche; ses jambes sont tronquées comme 
celles des pièces que reproduisent les figures 63—65. Re- 
vers lisse. 

PI. II, fig. 18. Poids, gr. 50. 

18. Monnaie plate. Figure en forme de crabe. Revers lisse. 

Cabinet de Vienne. Deux petites pièces semblables au 
musée de Prague, mais en argent. 
Fig. 2, 6. Poids, gr. 40. 



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17 



Le Hradischt de Stradonitz. 



18 



19. Pièce fourrée, avec une mince feuille d'or recouvrant un 
noyau intérieur en bronze. Fig. 2, 9. 

PI. Il, 25. Poids, 1 gr. 350. 

Des pièces fourrées semblables sont figurées sur la planche 
II, no 23 et 24. Elles portent les mêmes types, mais elles 
sont simplement saucées d'or. Poids, 1 gr. 00, gr. 94. 

A Blanchet (Recherches sur les monnaies celtiques 
de l'Europe centrale, Paris, p. 16) cite une trouvaille 
faite à Oberhollabrunn contenant une pièce divisionnaire 
(douzième), fourrée de bronze. Cf. Kenner, Miinzfund 
von Simmering, p. 84. 

20. Sur la face convexe, une tête barbare, de profil à gauche; 
Revers concave. Serpent replié en cercle, la gueule ouverte, 
au centre, trois globules. Traces de dorure. 

PI. Il, 29. 

21. Sur la face concave, un serpent. Type très fruste. Six 
globules au centre d'un demi cercle dont les extrémités 
sont en forme de boules. La pièce n» 21 présente un 
motif semblable, mais plus fruste. L'exemplaire n» 20 était 
saucé d'or. 

PI. Il, 20. 

22. Sur la face convexe, une ligne brisée près du bord de la 
pièce, type similaire à celui de la monnaie que reproduit 
la figure n» 1. Revers concave: spirale en relief. Cette 
monnaie porte des traces de dorure ancienne. 

PI. Il, 30. 

On reconnaît au premier examen que les pièces 
«à l'arc en ciel> doivent être classées en plusieurs 
groupes assez nettement distincts. On distingue 
d'abord deux séries de pièces représentant l'unité. 

1. Le type qui porte sur le côté concave quel- 
ques globules en demi-cercle et sur l'autre face un 
serpent arqué ou une tête d'oiseau dans une cou- 
ronne, ou encore une simple couronne. Déjà Streber 
avait justement remarqué que ces pièces d'or ver- 
dâtre, appelé electrum, métal qu'on recueille depuis 
longtemps dans le Rhin^**), le haut Danube et l'Isar, 
sont répandues au sud du Danube, du lac de Con- 
stance jusqu'à l'Inn, puis au nord du Danube, jusqu'au 
Main et au Rhin, et jusqu'en Bohême. Lorsque, deux 
ans plus tard, en 1865, au Congrès de Turin ^^), 

^^) Streber, Ûber die sog. Regenbogenschûsselchen, 
Abhandlungen der philos, philol. Classe d. k. Bayerischen 
Akademie d. Wissenschaften, Munich, 1863, T. IX. L'auteur, 
après avoir décrit les deux grandes trouvailles de Gagers en 
1751 (1400-1500 pièces) et d'irsching en 1858 (916 pièces), cite 
encore diverses découvertes; monnaies à tête d'oiseau d'Achberg 
(p. 173), de Gundremingen (p. 174), de Markt Eislingen (p. 174), 
de Binswangen (p. 174), de Kloster Diessen sur l'Amersee (p. 175), 
de Neubourg sur le Danube (p. 176), de Ries, au nord du Danube 
(p. 180), d'Ellwangen (p. 181); il mentionne des monnaies au 
serpent à Donaueschingen et à Kloster Diessen (p. 175) et encore 
des monnaies avec simple couronne à Schrobenhausen (p. 176), 
Ries, au nord du Danube (p. 180) et Ellwangen (p. 181). 

") Domenico Promis cite des monnaies semblables à San 
Germano, Rovasendo et entre Santhia et Carisio, dans le district 
de Novare; ce sont les types à tête d'oiseau et serpent iRi- 
cerche sopra alcune monete antiche scopcrte nel 
Vercellese, Reale Acad. d. Scienza di Torino, 1865). 



Domenico Promis, pariant de la trouvaille de Vercelli, 
eut établi que des exemplaires tout à fait semblables 
à ceux de la Bavière se rencontrent aussi dans l'Italie 
du Nord, M, Friedlànder^-), de Beriin, exprima aussi- 
tôt l'opinion que ce groupe de monnaies avait été 
émis par les Celtes cisalpins**^). 

2. Le second groupe présente sur la face con- 
cave une sorte de croissant et un motif rayonnant, 
types que Ton a interprêtés comme étant la représen- 
tation d'une coquille ou même de la lune et du 
soleil; l'autre face est lisse ou porte de petits sym- 
boles. Une variété peu différente est figurée sur la 
planche II, fig. 11. 

Les pièces de ce modèle ne se sont rencontrées 
à l'ouest de la Bohême que dans la grande trouvaille 
de Oagers en Bavière^O- Elles diffèrent surtout des 
précédentes par le nature du métal qui est de l'or 
rouge, c'est-à-dire de l'or pur de ducat (23 carats, 
8 gr.), soit seulement 4 gr. d'alliage, tandis que les 
pièces de la première série ne contiennent que 
16 carats Vo. Comme on trouve sur le Danube 
moyen et sur ses affluents des pièces semblables 
aux nôtres par le métal et par la frappe ou portant 
en outre la légende Biatec^*^) et comme on place en 

'-) Friedlànder, Zwei Regenbogenschiisselchen mit 
Aufschriften, Berliner Blâtter fur Mûnz-Siegel- und Wappen- 
kunde, 1866, p. 173. 

^*) Cf. Adrien Blanchet, Recherches sur les monnaies 
celtiques de l'Europe centrale (Rev. numism., 1902), 
Paris 1902. Cet auteur signale de nouvelles provenances italien- 
nes. [Le mémoire de M. Blanchet a été refondu dans son ré- 
cent Traité des monnaies gauloises (Paris, 1905), ouvrage 
auquel le lecteur devra se reporter pour compléter les statisti- 
ques des provenances des diverses monnaies gauloises inven- 
toriées dans ce chapitre]. Note du traducteur. 

^M Streber, Ûber d. s. Regenb., Abhand., IX, I, pi. IX, 
fig. 108—116, p. 566. 

^^) Le Dr. Fr. Pichler (Repertorium der steierischen 
Miinzkunde, Gratz 1865) en représente une semblable (p*. III, 
fig. 3) de la grande trouvaille de Dobema (Lemberg, près 
Cilli) et dte (p. 143) la découverte de Frauenberg près Leibnitz 
(dans les deux cas avec des tétradrachmes ). Le Dr. Fr. Kenner 
(Der Mûnzfund von Simmering, dans la Numismatische 
Zeitschrift de Vienne, 1896, XXVII, p. 64) énumère les trouvailles 
suivantes: Deutsch-Jahrendorf (avec des monnaies d'argent, 
27 pièces d'or, dont quelques-mes portent la légende BIATEC); 
Frohnleiten en Styrie et une série de petites trouvailles conser- 
vées au Cabinet impérial de Vienne, au Johanneum à Gratz, 
dans le cabinet du prince de Windischgràtz, à Budapest, etc. 
Il y a en aussi quelques trouvailles en Moravie (cf. éervinka, 
Morava za Pravëku, Briinn, 1902, p. 272); cet auteur cite 
les découvertes des localités suivantes: Nâklo et Prostëjoviîky, 
pièces à l'arc en ciel de grand module; VSemîny et Malé 
Hradisko (module moyen et petit), Svisedlice (plus petit module) 
et Putnovice (un exemplaire fruste). Cf. du même, Archeo- 
logicky Vyzkum na Prostëjovsku, Prostèjov, 1900, p. 68). 

Les trouvailles hongroises ont été étudiées dernièrement 

2 



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Dr. J. L Pi?. 



20 



Styrie^*) la provenance du métal, on admet généralement 
que ce type constitue le monnayage le plus caracté- 
ristique du Norique et de la Pannonie où on le 
trouve aussi fréquemment 

3. Le troisième groupe comprend les tiers des 
grandes pièces; ils présentent, au centre, du côté 
concave, une convexité à incision médiane, imitant 
un grain de blé ou deux croissants accolés, et tout 
autour une ligne de dentelures; sur certains exemplaires 
la bordure dentelée n'occupe que les deux tiers du 
pourtour et elle est remplacée sur le troisième par 
des traits parallèles. Le côté convexe est lisse. 

Cette belle monnaie (pi. II, 1, 9) est aussi repré- 
sentée au sud du Danube et s'est rencontrée notam- 
ment dans la grande trouvaille de Dobema (Lemberg) 
près de Cilli^^; elle est connue aussi avec le nom 
abrégé de Bia(tec).***) Cette légende permet de 
classer cette petite monnaie dans le même groupe 
que les grandes pièces à l'arc-en-ciel, avec lesquels 
elle se rencontre au Hradischt et dans d'autres localités. 

4. Très souvent apparaît chez nous la pièce 
fractionnaire représentant le sixième des grands 
Regenbogen schuss. Elle porte au centre un 
triangle, entouré de rayons sur deux de ses côtés 
et de globules sur le troisième. 

Ces petites pièces se trouvent aussi au-delà du 
Danube, mais avec des types différents. 

5. Les pièces au sagittaire agenouillé (fig. 2, n"* 5) 
sont très rares dans notre région. 

Les Regenbogenschusselchen constituent 
donc un monnayage d'un caractère tout particulier, 
qui appartient en propre à l'Europe centrale. On y 
reconnaît deux groupes géographiques qui se diffé- 
rencient l'un de l'autre par la nature du métal, par 
les types et par le poids ou la valeur.^*) Les pièces 

par M. Adrien Blanchet, op. cit p. 18 et suiv., par exemple 
celle de Nâdasd (comitat de Sopron), où on a trouvé en 1899 
43 monnaies d'or, celle de Brasso (Transylvanie) se composant 
de 3 monnaies vendues au Cabinet impérial de Vienne, celle 
de Nagy-Biszterecz (comitat d'Arva). 

^•) Fichier, Repertorium, I, 124. 

>') Ibid., p. 144, fig. 4, 5, pi. UI, fig. 5. 

^'*) Neumann, Popolorum et regum numi, p. 140. 
Kenner, Der Mûnzfund v. Simmeringen, dans la Numis. 
Zeits., XXVII, p. 64, pi. III, 10. 

*•) lo Grandes pièces (Regenbog.): 

Streber (Regenbogenschusselchen, Abh., IX, 706), a 
reconnu le poids moyen de 7 gr. 540 pour 102 exemplaires de 
la Bavière types I— VI. Voici l'indication des pièces, prises 
séparément 

7 gr. 833 (1 ex.); 7 gr. 743-7 gr. 753 (5 ex.); 7 gr. 
606—7 gr. 677 (10 ex.); 7 gr. 503—7 gr. 559 (46 ex.); 7 gr. 
402—7 gr. 497 (28 ex.); 7 gr. 340, 7 gr. 342, 7 gr. 345 (3 ex.); 
7 gr. 161 (1 ex.); 7 gr. 042 (2 ex.); 6 gr. 949, 6 gr. 980 (2 ex.); 
6 gr. 777 (1 ex.); 6 gr. 318 (1 ex.). 



du premier groupe sont caractérisées par un or de 
couleur verdâtre, par un monnayage spédal et par 
un poids moyen de 7 gr. 540. Son aire s'étend de 
l'Italie du nord à la r^on du Main, en embrassant 
l'Allemagne méridionale; quelques trouvailles spora- 
diques peuvent être notées jusque dans la Gaule, 
au-delà du Rhin, et, à l'est, jusqu'au Hradischt Le 
second groupe appartient au Danube moyen; il 



Parmi les exemplaires de la trouvaille de Oagers ( Vlh typei, 
semblables à nos pièces à rarc-en-del, Streber en a trouvé huit 
du poids moyen de 6 gr. 970; i6 gr. 873, 6 gr. 882; 6 gr. 888; 

6 gr. 918; 6 gr. 991; 7 gr. 033; 7 gr. 005; 7 gr. 174). 

J'ai trouvé, pour 14 exemplaires du Hradischt, le poids 
moyen de 7 gr. 003, soit pour chaque pièce: 

Au musée de Prague: 6 gr. 900; 7 gr. 030; 7 gr. 070 

7 gr. 190; 7 gr. 250; 7 gr. 250; 7 gr. 300; 7 gr. 310; 7 gr. 320 
au musée de Vienne: 7 gr. 120; 7 gr. 190; 7 gr. 200; 7 gr. 250 
7 gr. 270; 7 gr. 300. 

Void les pesées de Kenner, Mûnzfund v. Simmering, 
Num. Zeit, XXVII. 83: 

Trouvaille de Podmokly, au Cabinet impérial de Vienne 
10 ex. du poids moyen de 6 gr. 922; soit par unités, 6gr. 450 

6 gr. 510; 6 gr. 580; 6 gr. 720; 6 gr. 810; 6 gr. 950; 7 gr. 080 

7 gr. 130; 7 gr. 270; 7 gr. 720. 

Trouvaille de Deutsch-Jahrendorf: 5 ex. du poids moyen 
de 6 gr. 480; par unités, 6 gr. 460; 6 gr. 470; 6 gr. 490; 6 gr. 500; 
6 gr. 510. 

D'après Pichler, dans la trouvaille de Lemberg (p. 143), 
un ex. pesait 6 gr. 755, un autre, 6 gr. 910. 

2o Moitiés: 

Trouvaille du Hradischt, au musée de Prague, 1 ex. 3 gr. 530. 
Trouvaille de Deutsch-Jahrendorf Streber (p. 83), 3 ex.: 3 gr. 470; 
3 gr. 080; 2 gr. 990. 

30 Tiers: 

D'après Streber, loc cit, trouvailles de la Bavière, 11 des 
plus petites monnaies, 1 gr. 871. Pesées diverses: 1 gr. 700; 
1 gr. 735; 1 gr. 806; 1 gr. 831; 1 gr. 875; 1 gr. 877; 1 gr. 912; 

1 gr. 930; 1 gr. 938; 2 gr. 07Z 

Trouvaille du Hradischt, au musée de Prague: i5 ex.) et 
au musée devienne (1 ex.), poids moyen: 2 gr. 316; poids par 
unités, 2 gr. 220; 2 gr. 290; 2 gr. 300; 2 gr. 320; 2 gr. 330; 

2 gr. 380. 

Trouvaille de Podmokly, d'après les pesées de Streber: 
poids moyen de 9 pièces: 2 gr. 240; par unités, 2 gr. 120; 2 
gr. 150; 2 gr. 240; 2 gr. 250; 2 gr. 310; 2 gr. 350; 2 gr. 500; 
2 gr. 580; 2 gr. 650. 

Trouvaille de Deutsch-Jahrendorf: 2 ex. du poids de 
2 gr. 120. 

3<» Pièces appelée sixièmes. 

Trouvaille du Hradischt: Poids moyen de 13 ex. du musée 
de Prague, gr. 838; poids par unités 0, 750; 0, 750; 0, 760; 
0, 780; 0, 790; 0, 800; 0, 810; 0, 820; 0, 830; 0, 840; 0, 890; 
0, 940. 

Trouvaille de Podmokly, d'après les pesées de Streber: 
deux ex., gr. 810 et 0, 800. 

Trouvaille de Deutsch-Jahrendorf: Poids moyen de 5 ex. 
0, 880; poids par unités gr. 750; 0, 850; 0, 900; 0, 950; 0, 980. 

De l'ensemble de ces rapprochements des poids des divers 
groupes de monnaies barbares, il résulte que les statères ou 
pièces entières de la série des Regenb. en electrum, trouvées 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



22 



comprend non seulement des pièces entières, mais 
des tiers et même des pièces de bronze recouvertes 
d'une feuille d'or, c'est-à-dire des monnaies fausses^). 
La provenance des pièces à l'arc-en-ciel trouvées 
en Bohême serait évidemment déterminée si l'on 
avait la certitude qu'elles ont été monnayées avec 
l'or de la Styrie, dont l'exploitation, au témoignage 
formel de Polybe^^) est antérieure à la domination 
romaine. L'analyse chimique permettrait peut-être de 
résoudre ce problème par des essais comparatifs, en 
admettant que l'or recueilli actuellement en Styrie ait 
la même composition qu'à l'époque préhistorique. Mais 
un autre fait mérite de retenir l'attention. On sait par 
divers témoignages que sur la rive droite du Danube 
se rencontrent parfois des statères ou des tiers de sta- 
tère portant le nom de Biatec Ce même nom se lit sur 
des tétradrachmes d'argent de type macédonien et sur 



en Bavière sont dans l'ensemble beaucoup plus lourdes que celles 
en bon or des trouvailles de Gagers, du Hradischt de Stradonitz, 
de Podmokly et de Deutsch-Jahrendorf, les poids moyens res- 
pectif de ces cinq groupes étant de 7 gr. 540, 6 gr. 970, 7 
gr. 003, 6 gr. 922, 6 gr. 480. Si nous considérons les quatre 
derniers groupes, nous reconnaissons que le septième groupe 
de Streber, celui de Oagers, s'accorde avec celui du Hradischt 
et de Podmokly, non seulement par les types et la composition 
du métal, mais aussi par le poids des pièces. Les faibles écarts 
de poids s'expliquent en effet par les inégalités de la frappe. 
La trouvaille de Deutsch-Jahrendorf se classe enfin avec le groupe 
des pièces plus légères du Hradischt et de Podmokly. En 
outre, la trouvaille de Deutsch-Jahrendorf se rapproche de celles 
du Hradischt par la présence des demi-Regenb. qui ne se 
rencontrent que dans ces deux localités. Quant aux tiers, les 
exemplaires de la Bavière en electrum sont plus légers que 
ceux des autres groupes, car le poids moyen des pièces de la 
Bavière est de 1 gr. 871, contre 2 gr. 316 au Hradischt, 2 gr. 240 
à Podmokly, 2 gr. 120 à Deutsch-Jahrendorf. Pour les s i x i è m e s, 
on ne les trouve représentés que dans le groupe oriental par 
des types différents, mais de poids moyen similaire: Le Hradischt, 
gr. 838; Podmokly, gr. 810; Deutsch-Jahrendorf, gr. 880. 

A travers toutes ces variations du poids des diverses pièces, 
qui impliquent l'usage de peser la monnaie pour les paiements — 
ce qui est confirmé par la présence au Hradischt d'un grand 
nombre de petites balances — il y a cependant une différence 
marquée dans le poids, ou pour employer le langage actuel 
dans la valeur, entre le groupe des Regenb. en electrum (de 
la Haute Italie au Main), d'une part, et le groupe oriental, 
d'autre part ; autrement dit, les pièces en bon or des trouvailles 
du Hradischt et de Podmokly, se rapprochent par le métal, des 
types et la valeur du groupe oriental, malgré les écarts individuels 
du poids et des les types. 

*®) Kenner, DerMûnzfund v. Simmering, p. 84: «...On 
trouva aussi dans ce lieu, sur le domaine du prince Egon de 
Furstenberg, un sixième d'or fourré de bronze (cf. les figures 
23 et 24 de la pi. II). Le placage se remarque aussi sur une 
monnaie de Biatec; la collection impériale possède même des 
a ni ma e de bronze de ces monnaies. 

^*) Polybe, XXXIV, 10, Iv toÎç Taupîaxoi; toîç Ntopixoîç, eùpeÔTJvai 
Xpo(rtiov; cf. Strabon, IV, 6, 12. 



des monnaies divisionnaires de la même série, qui se 
trouvent fréquemment dans la même région. Ainsi 
ces deux séries de pièces, les tétradrachmes et les 
Regenbogenschûsselchen, de même que leurs 
divisions, circulaient à la même époque dans ces 
pays et, de plus, ont été monnayées, les unes et les 
autres, avec le nom du chef indigène. On admet 
généralement que les pièces portant cette légende 
sont plus récentes que les pièces anépigraphes; il 
est donc possible que celles de la Bohême soient plus 
anciennes que celles provenant du territoire situé au 
sud du Danube, mais il ne s'agirait que d'un faible 
nombre d'années, puisqu'au-delà du Danube on 
trouve dans les mêmes dépôts les pièces à légende 
et les pièces anépigraphes (Deutsch Jahrendorf). Il 
demeure donc vraisemblable que les monnaies dites 
à Tarc-en-ciel trouvées en Bohême peuvent provenir 
de la région située au sud du Danube, d'autant 
mieux que les didrachmes et les tétradrachmes 
recueillis au Hradischt sont d'origine transdanubienne. 
Un autre problème qui intéresse tout à la fois 
les numismates et les historiens, c'est celui de la 
date d'émission de ces pièces. De tous les auteurs, 
Streber est celui qui a le plus reculé cette date,^*) 
en s'appuyant sur le fait que le quadratum incusum, 
habituel sur les monnaies macédoniennes et appa- 
raissant aussi sur les pièces au serpent (fig. 1, n° 4), 
disparaît à l'époque du roi Amyntas (397 — 371), ce 
qui ferait reculer jusqu'au IV' siècle av. J.-C la date 
d'émission de ces pièces. Mais Friediânder a fait ob- 
server que ce rhombe avait peut-être été appliqué 
sur la matrice dans le seul but d'en empêcher le 
glissement sous les coups du marteau; la question 
demeure donc problématique. Friediânder estimait 
que, dans son ensemble, ce monnayage était antérieur 
à l'époque où les peuples de cette région entrèrent 
en relations avec les Grecs et les Romains.*^ Neu- 
mann^^) porta un jugement plus précis, en expliquant 
que les monnaies d'argent avec le nom de Biatec 
sont imitées des deniers romains de la famille Fufia, 
frappés en l'an 8Q av. J.-C. Kenner regarde, de 
son côté, comme leurs prototypes les deniers de la 
République romaine émis jusque vers Tan 48 et même 
jusqu'en l'an 37 av. J.-C., tout en abaissant' leur 
émission jusqu'aux dix premières années de notre 
ère, c'est-à-dire à l'époque d'Auguste.**) 



«) Streber, Uber d. s. Regenbogensch., Abh. IX, I, 272. 

*^) Friediânder, Zwei Regenbogensch., Berl. Blâtter, 
1866, 171. 

") Neumann, Populorum et regum numi, 139. 

^) Kenner, DerMûnzfund, Numism. Zeitschrift, XXVII, 
68, 76. 

2* 



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23 



Dr. J. L Pic. 



24 



On a naturellement produit d'autres hypothèses 
sur le date des monnaies d'argent au nom de Biatec, 
mais sans arriver à aucune solution positive. Comme 
cette question présente une haute importance pour 
le classement chronologique des trouvailles de 
Stradonitz, je me permettrai de signaler ici un do- 
cument nouveau et inédit. Ainsi que je Tai exposé 
en décrivant les pièces à Tarc-en-ciel, les grandes 
pièces ou unités, frustes ou nettement distinctes, de 
même que les tiers et les sixièmes de bonne con- 
servation, se sont rencontrés en Bohême non seule- 
ment au Hradischt de Stradonitz, mais aussi dans le 
fameux trésor, découvert en 1771 à Podmokly'^^) près 
de la Berounka, entre Krivoklat et Zbirov. La 



(fig. 4a). A l'examen de ce débris, on remarque 
tout d'abord la forme de l'attache de l'anse, en bronze 
massif, avec échancrure cordiforme à sa base (voir 
pi. 4 b) et plus encore l'anse en métal fondu terminée 
par un col de cygne. Par leur caractère massif et 
par leur forme, ces pièces accessoires diffèrent de 
celles que portent les vases hallstattiens et étrusques. 
Ces deux types, l'attache d'anse ou oreillette fondue 
et l'anse à courbure ovale et à tête de cygne, sont 
l'un et l'autre représentés dans les trouvailles de 
Stradonitz et n'apparaissent en Bohême qu'avec des 
objets de l'époque provinciale romaine, par con- 
séquent pas avant le premier siècle après J.-C. Si 
nous parvenons donc à reconnaître dans le civilisation 





Fig. 4 a. Partie supérieure de la situle contenant le trésor de Podmokly. 

Collection du prince de Furstenberg, à Kf ivoklat. 



Fig. 4 b. Attache d'anse de la situle 
de Pomokly, vue de dessous. 



trouvaille se composait d'une situle de bronze conte- 
nant plusieurs milliers de monnaies qui furent en 
partie achetées par des marchants juifs, mais dont le 
lot principal fut remis au seigneur du lieu, le prince 
Egon Fûrstenberg. Au dire de Voigt, le poids de 
ce dernier lot était de 80 livres viennoises, soit 45 kil., 
200. Une faible partie de ces pièces fut recueillie 
par les collections publiques. 

Mais la collection de Fûrstenberg à Krivoklat 
conserve encore le bord supérieur de la situle, avec 
la moitié de son anse en forme d'arc surbaissé 

'^**) Adauct Voigt, Schreiben an einen Freund von den 
bei Podmokl .... in Bôhmen gefund. Goldmùnzen, 
Prague, 1771. Item, Beschreibung der bôhm. Miinzen u. 
Medaillen, Prague, 1771. St. Wydra, Abhand. ùber die bei 
Podmokle im Jahre 1771 gefundenen Goldklumpen, 
Prague, 1777. 



de Stradonitz les premiers effets de cette influence 
romaine, nous pourrons classer à l'époque où elle 
s'est exercée, c'est-à-dire au commencement du 
premier siècle de notre ère, le vase de bronze de 
Podmokly et par suite les pièces à l'arc- en -ciel de 
cette trouvaille, ainsi que celles de Stradonitz. C'est 
à cette attribution que Kenner avait été déjà conduit 
par d'autres considérations. 

Le classement ethnographique des pièces à l'arc- 
en-ciel a été fort controversé. Streber, dans l'ouvrage 
précité, a largement développé cette question, soutenant 
que les pièces de la Bavière appartiennent aux Vin- 
delici, celles de la Bohême aux Boïens; il admet 
donc que toutes ont été émises par des peuples 
celtiques. Mais après que ces monnaies eurent été 
signalées en Italie, Friedlànder exprima l'avis qu'elles 
avaient été émises par des Celtes de la Cisalpine. 



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25 



Le Hradischt de Stradonitz. 



26 



Kenner, au contraire, en s'appuyant sur des trou- 
vailles survenues au sud du Danube, attribuait ce 
groupe oriental aux Boïens qui émigrèrent en Panno- 
nie et qui, d'après le témoignage d'une inscription 
latine'^'), découverte près de Fermo, y étaient encore 
fixés au temps de l'empire romain; il attribue le 
trésor de Podmokly à Marbod, opinion déjà sontenue 
par St. Vydra un siècle auparavant dans son 
opuscule. 

IV. Les monnaies qui circulaient à l'époque de 
César, dans la Oaule propre, chez les Helvètes et chez 
les Vindéliciens sont représentées au Hradischt par 
des types très nombreux. 

1. Personnage masculin de taille courte, revêtu de larges pan- 
talons et d'une sorte de veston; ses cheveux retombent en 
natte. De sa main droite portée en avant, il tient un ja- 
valot, de l'autre main, qui est dans une position inverse, il 
porte un torques. R.: Quadrupède à gauche, rappelant le 
type de Tours; il dévore ou étrangle une sorte de reptile 
figuré à ses pieds; au-dessus, un animal ressemblant égale- 
ment à un serpent replié sur lui-même. 

D. Meyer (Beschreibung der in der Schweiz auf- 
gefundenen gallischen Miinzen, Ziirich, 1863, pi. IV, 
131, 132) cite, p. 25, les trouvailles du Saint-Bernard, du 
Mont-Terrible et de Bâie; — Jos. Déchelette (Inventaire 
général des monnaies antiques trouvées au mont 
Beuvray de 1867 à 1898, extrait de la Revue numis- 
matique, 1899, p. 23, n» 49) classe cette pièce aux Lingons 
fconf. du même. Le Hradischt de Stradonitz, Mâcon, 
1901, p. 12, no 7; Fauteur signale deux exemplaires de cette 
pièce à Stradonitz, et trois au mont Beuvray); — Lambert 
l'attribue aux Bellovaques et aux Viromandui. (Essai sur 
la Numismatique gauloise, 1844, p. 19). — De La 
Tour, Atlas, pi. XXXII, n» 8124 (classée aux Catalauni). 

PI. H, no 32. Bronze, 4 exemplaires. 

2. Tête ordinairement barbare, à gauche, diadémée. R. : Animal 
fantaisiste, tourné à gauche; sa tête et ses jambes sont 
rassemblées, comme si Panimal s'apprêtait à bondir ou à 
attaquer. Les uns regardent cette représentation comme 
celle d'un taureau; d'autres y voient celle d'un cheval ou 
d'un capridé ou encore de quelque animal symbolique. 

Le Dr. Meyer rapporte que cette monnaie est la pièce 
gauloise la plus commune en Suisse, où il en signale de 
nombreux exemplaires, dont en rappelant les trouvailles 
connues sur les territoires des Séquanes et des Aeduens 
(Beschreibung, pi. 111, 115—123 et p. 21); — Keller 
(Pfahibauten, VI™e Rapport, pi. XV, n^ 36 et 37) et Gross 
(LaTène, pi. XI, 2— 11) publient des monnaies semblables 
provenant de la station de La Tène; — Bianchetti, en re- 
produit une, recueillie dans la sépulture n» 49 de San 
Bemardo (1 Sepolcreti di Ornavasso, Turin, 1895, 
pi. XIV, fig. 21); — J. Déchelette relate que cette pièce 
compose à elle seule le tiers ou le quart de toutes les 
trouvailles numismatiques du 'mont Beuvray, et qu'elle est 
très commune également à Essalois, ancien oppidum des 
Ségusiaves (Inventaire général, p. 14). 11 la considère 
comme une imitation d'une monnaie de Marseille, émise à 

^') Mommsen, C. I. L, IX, 5363. Volcacius . . . praef. 
ripae Danuvii et civitatum duarum Bojor. et Azalior. 



l'époque de César et se classant au monnayage le plus 
récent des Aeduens, des Séquanes, des Ségusiaves et des 
Helvètes; — De La Tour classe aux Séquanes (Atlas, 
pi. XVI, n« 5368), mais elle est si répandue dans le centre 
et l'est de la Gaule jusque chez les Helvètes qu'elle peut 
encore être attribuée à d'autres peuples. Le prototype de 
cette pièce est une monnaie de Marseille, frappée en l'an 
49 av. J.-C. Elle continua d'être émise jusqu'à la fin du 
monnayage national gaulois. 

[Il convient d'observer toutefois que la première émission 
de ces bronzes coulés est plus ancienne qu'on ne l'admettait 
jusque-là. On sait que la nécropole de San Bemardo, à 
Ornavasso, a été abandonnée vers l'an 88 av. J.-C. Deux 
sépultures gauloises, découvertes en Suisse et antérieures 
à La Tène III, contenaient des ^potins gaulois-* de ce 
même type. Cf. J. Déchelette, Montefortino et Orna- 
vasso, Revue archéol., I, p. 277. D'autre part, M. Adrien 
Blanchet a démontré que les bronzes massaliètes ayant 
servi de prototypes remontaient au moins au \h siècle av. 
J.-C. Traité des monnaies gauloises, l^^c partie, p.292.] 
Note du traducteur. 

PI. II, n» 39. Potin, 5 exemplaires. 

3. Sorte de bouquetin, de profil à gauche, la tête retournée 
en arrière et la queue dressée. R.: Signe indéterminé se 
composant de deux demi-cercles reliés par une tige qui 
les traverse. 

Le Dr. Meyer reproduit une monnaie semblable prove- 
nant de Tiefenau près de Berne (Beschreibung, pi. III, 
127); — De La Tour la classe aux Helvètes (Atlas, 
pi. XXXVIII, 9361). 

PI. Il, fig. 35. Bronze, 1 exemplaire. 

4. Tête diadémée, à gauche. R.: Sanglier tourné à gauche; 
entre ses pieds, une croix. 

Le Dr. Meyer (Beschreibung, pi. III, 125) publie une 
pièce de ce type de la collection Schwab; il rapporte (p. 23) 
qu'on en a trouvé un exemplaire à Tiefenau près Berne, 
dans les cantons de BâIe et de Soleure et dans diverses 
localités de la France, surtout en Champagne et en Lorraine; 

— De La Tour classe cette monnaie aux Leuques (Atlas, 
pi. XXXVII, 9078; cf. Dict. archéol. de la Gaule, 166); 
J. Déchelette en inventorie un exemplaire au mont Beuvray 
(Le Hradischt, p. 12; cf. du même Inventaire général, 
p. 23); ~ Bianchetti en reproduit un exemplaire provenant 
aussi de la sépulture n" 49 de San Bemardo (pi. XIV, 20). 

PI. II, 37. Bronze, 2 exemplaires. 

5. Tête aux cheveux bouclés, d'un dessin confus. R.: Dans 
un grènetis, un oiseau aux ailes éployées, la tête tournée 
à gauche. Classée aux Camutes par H. de La Tour, (Atlas, 
XIX, 6140). 

PI. Il, 28. Bronze, deux exemplaires. 

6. Feuilles groupées en cercle autour de quelques globules 
(de 1 à 4), de telle sorte que l'ensemble ressemble à la figu- 
ration d'une fleur. R.: Cheval galopant à gauche; au-dessus 
ou au dessous, un cercle (solaire?) avec ou sans rayons. 

Trouvailles enregistrées par Meyer (Beschreibung, pi. I, 
15—30 et p. 4): Courroux, dans le Jura, Belpberg près 
Thun, aux environs de Berne et de BâIe;— J. Déchelette 
note au mont Beuvray trois de ces monnaies, classées 
aux Helvètes (Le Hradischt, p. 11; cf. Inventaire, p. 23; 

- De La Tour, Atlas, XXXVIII, 9322). 

PI. II, no 47—55. Argent. Poids, 1 gr. 05; 1 gr. 13; 
1 gr. 15; 1 gr. 17; 1 gr. 24; 1 gr. 30; 1 gr. 35; 



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27 



Dr. J. L PiC. 



28 



1 gr. 40; 1 gr. 44; 1 gr. 45; 1 gr. 45; 1 gr. 50; 1 gr. 70; 
1 gr. 93. 

7. Sur le côté convexe, tête imberbe d'Apollon, les cheveux 
bouclés; fruste et presque méconnaissable. R.: Sur le 
côté concave, un bige dont on ne voit qu'une roue et qui 
porte un guerrier devant lequel est figuré un petit cercle 
(bouclier?); entre les pieds du cheval, un triquetrum. 
Sur un autre exemplaire assez semblable, dans la collection 
du musée, le triquetrum est remplacé par une rouelle 
de quatre rayons. 

D'après Meyer (Beschreibung, pi. Il, 98, et second 
exempl. avec rouelle, n^ 97), des trouvailles de cette monnaie 
ont été signalées à Buchs près d'Uffikon, canton de Luceme 
et à Tiefenau près Berne; — Lenormant (Revue nu mis m., 
1858, 115) la classe aux Arvernes; — H. de La Tour, aux 
Helvètes (Atlas, XXXVIll, 9305, 9309); de même que 
Pfaffenhoffen, Lettre à Longpérier sur quelques mon- 
naies celtiques, Revue numismatique, 1869, p. 17, pi. Il, 
17; — Gross, La Tène, pi. XI, fig. 22; — Cette monnaie 
est plus souvent en or qu'en argent. 

PI. Il, 41. Argent. Poids, 4 gr. 40. 

8. Type confus, se composant de points et de lignes ondulées 
(cheveux bouclés). R.: Cheval bondissant, tourné à droite, 
figuré tantôt avec soin, tantôt d'une façon confuse. 

Une pièce semblable se trouve dans la collection de 
monnaies gauloises du musée de Saint-Germain, avec cette 
indication qu'elle appartient au monnayage éduen, bien 
qu'elle n'ait pas été recueillie sur le territoire de ce peuple. 
La collection du musée national de Prague possède deux 
monnaies semblables trouvées, dit-on, à i^iïkov, sur la place 
Komensky, dans les fondations d'une école. Cf. Staroiitnosti, 
II, pi. VIII, fig. 14, 15; Pamatky, X, pi. I, fig. 20; un 
exemplaire, provenant de Stradonitz, est déposé au musée 
de Vienne. 

PI. Il, 45, 46. Argent. Poids, 1 gr. 30; 1 gr. 44; 
1 gr. 55; 1 gr. 62. 

9. Tête de relief accusé, tournée à droite. Cheveux bouclés et 
diadèmes. R.: Cavalier tourné à gauche, sommairement 
figuré. Au-dessus de sa tête, l'image de la lune. 

D'après une communication que nons devons à l'obligeance 
de M. de La Tour, le Cabinet des Médailles de Paris 
possède une monnaie d'or semblable, sans désignation de 
provenance; elle est reproduite dans l'Atlas, pL XLVIll, 
9842. 

PI. Il, fig. 33. Argent. Poids, 2 gr. 75. 

10. Tête humaine imberbe, avec cheveux bouclés, tournée à 
droite; elle est entourée d'un tortil. R.: Tête humaine 
imberbe, sur un corps d'oiseau, tourné à gauche; le monstre 
tient un collier ouvert (torques?) de la main gauche; il est 
encadré de deux cercles concentriques, le cercle intérieur 
se composant s'annelets ponctués, le cercle extérieur d'une 
couronne de feuilles doubles. 

Cette monnaie est classée aux Vindelici (De La Tour, 
Atlas, pL XXXVIll, 9388; - Déchelette, Le Hradischt, 
p. 12). 

PI. Il, fig. 34. Argent. Poids, 1 gr. 17. 

11. Tête imberbe, aux cheveux bouclés, dans un grenetis. R.: 
Figuration ressemblant à l'image d'un insecte aux ailes 
ouvertes et au corps côtelé; sur le pourtour, un cercle 
d'annelets. 

Cette monnaie est tout à fait similaire par son style à la 
pièce no 34 et doit se classer de même aux Vindelici. 



PI. Il, fig. 44. Argent Poids, 1 gr. 05; 1 gr. 40; 
1 gr. 55; 1 gr. 60. 

12. Du côté convexe, une tête bouclée, fruste, tournée à droite. 
R.: Le côté concave est divisé par une croix en quatre 
compartiments qui présentent des symboles indéterminables. 

M. de La Tour classe cette monnaie aux Tectosages 
émigrés (Atlas, pi. XXXVIll, 9288); — Streber en publie 
un exemplaire trouvé à Neubourg sur le Danube (Be- 
schreibung, Abhandl. IX, 2, pi. Il, 29, p. 686); — Pichler 
en reproduit un autre de la collection du musée de Gratz 
en Styrie, sans indication de provenance (Repertorium, 
I, pi. V, (fig. 9); — un autre exemplaire, trouvé à Gurina, est 
conservé dans la section préhistorique du Musée d'histoire 
naturelle de Vienne. 

PI. Il, fig. 43. Argent. Poids, 1 gr. 15. 

13. Tête barbue, diadémée, de profil à gauche. R.: Cheval 
galopant à gauche; au dessus et au dessous, deux lettres. 

Les conservateurs du Cabinet des Médailles de Paris ont 
bien voulu me déterminer cette pièce, qui appartient au 
monnayage numide du roi Massinissa ou du roi Micipsa. 
Les monnaies africaines et les monnaies celtibériennes, assez 
semblables aux premières, se rencontrent disséminées dans 
la Gaule méridionale et centrale, où elles sont arrivées 
évidemment par Marseille, car elles apparaissant là où se 
trouvent les pièces massaliotes. Cf. Déchelette, Monnaies 
antiques du mont Beuvray, p. 37. En Bohême, elles 
ont été certainement importées avec les monnaies gauloises. 

PI. Il, 27. Bronze. 

Toute cette intéressante série de monnaies 
d'argent, de bronze et de potin a été étudiée en 
détail par les numismatistes qui se sont occupés du 
monnayage de l'ancienne Oaule, et si les opinions 
varient au sujet des attributions à telle ou telle 
peuplade gauloise, il n'en demeure pas moins établi — 
et c'est pour nous une constitution importante — que 
les pièces abondantes au Hradischt sont originaires de 
la Gaule orientale et de l'Helvétie et même d'un terri- 
toire plus voisin de la Bohême, celui des Vindélicîens. 
Il est particulièrement intéressant de constater qu'au 
mont Beuvray, dans l'ancienne Bibracte^**), Toppidum 
principal des Aeduens abandonné vers Tan 15—5 av. 
J.-C, selon le témoignage des découvertes numis- 
matiques, on rencontre une monnaie gauloise trouvée 
au Hradischt (pl. II, n° 39), monnaie très abondante 



««) J.-O. Bulliot, Fouilles du mont Beuvray de 1867 
à 1895. Autun, 1899, p. 304: * Quelle qu'ait pu être la date précise 
de sa désertion que les dernières médailles des colonies de 
Vienne et de Nîmes ainsi que celles de Germanus placent 
une dizaine d'années au moins avant l'ère chrétienne, il n'y a 
pas été trouvé une seule médaille impériale, un seul ob- 
jet postérieur au principat d'Auguste^. Le même auteur, 
p. 473, place la fin de Bibracte vers l'an 15—10 av. J.-C. et 
p. 310, la fondation d'Augustodunum vers l'an 15 av. J.-C. 
M. Déchelette, le continuateur au mont Beuvray des travaux de 
son oncle, place la fin de Bibracte vers l'an 5 av. J.-C. Le 
Hradischt de Stradonitz, Mâcon, 1901, p. 63; du même, 
Inventaire général des monnaies recueillies au mont 
Beuvray, Paris, 1899, p. 37. 



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29 



Le Hradischt de Stradonitz. 



30 



au Beuvray où elle constitue environ le tiers des 
pièces gauloises, dont le total dépasse 1000; pi. II, 
n° 32, deux exemplaires; pi. II, n^ 37, un exemplaire; 
pi. II, n" 47—55, treize exemplaires.^®) Enfin il est 
à remarquer qu'à Bibracte, à côté des monnaies 
gauloises circulaient aussi un numéraire romain, 
appartenant aux derniers temps de la République et 
à la première partie du principat d'Auguste. On peut 
donc penser que les rares monnaies romaines recueillies 
au Hradischt ont pénétré en Bohême en même temps 
que les pièces gauloises. L'époque que Ton doit 
assigner à ces monnaies se détermine sans difficulté: 
elles ont certainement circulé en Oaule pendant le 
première moitié du règne d'Auguste et, en Bohême, 
elles ne peuvent être plus anciennes, puisque c'est 
de la Gaule qu'elles ont été importées au Hradischt 
par voie de terre. 

V. Une petite monnaie d'argent, frappée sur les 
deux faces ou sur une seule face, s'est rencontrée 
au Hradischt en très grande abondance; environ 
500 exemplaires en ont été recueillis, non-seulement 
dans les habitations incendiées, mais encore spora- 
diquement dans la ville. Ces pièces comprennent 
plusieurs types ou variantes: 

1. Tête tantôt distincte, tantôt moins nette, avec des variantes 
dans la coiffure, en général diadémée et tournée à gauche. 
R.: Cheval sautant, tourné à gauche. 

Ces petites pièces plates ne se trouvent pas ailleurs 
qu'au Hradischt. 

PI. Il, fig. 56—66. — Poids, gr. 33; 0, 34; 0, 38; 
0, 39; 0, 40; 0, 40; 0, 42; 0, 45; 0, 50; 0, 50; 0, 54. 

2. Du côté concave, un petit cheval sautant ou galopant, dont 
le corps est formé par deux globules, comme sur les mon- 
naies du type précédent R.: Le côte convexe est lisse. 

PI. Il, 67-74. - Poids, gr. 30; 0, 37; 0, 37; 0, 38; 
0, 39; 0, 40; 41 ; 0, 43; 0, 43; 0, 46; 0, 49; 0, 49; 0, 52; 
0, 53. Le Cabinet des Médailles de Vienne possède quatre 
petites pièces semblables, provenant de Gurina et dont 
void les poids: gr. 43; 0, 43; 0, 52; 0, 64. 

3. Sur une des faces, légèrement concaves, un signe crudal, 
cantonné de lignes chevronnées. R.: Le revers est lisse. 

PI. Il, fig. 75, 77, 78. Poids, 0, 46; 0, 64; 0, 75. Le 
Cabinet des Médailles de Vienne possède douze monnaies 
' semblables, trouvées à Gurina et dont void les poids: gr. 43; 
0, 45; 0, 46; 0, 46; 0, 50; 0, 50; 0, 54; 0, 60; 0, 65; 0, 65; 
0, 70; 0, 77. Voir Meyer, Gurina im Obergailthal, 
Dresde, 1889, pi. V, 1—5. Par leur type ces pièces 
ressemblent à la monnaie des Tectosages émigrés, no 43; 
elles rappellent les monnaies de Marseille. 

4. Sur une des faces, un peu concave, un triangle dont deux 
des côtés portent des rayons dirigés vers le pourtour de la 
pièce; près du troisième côté sont figurés des globules. 
R.: Surface lisse. 

5. Figuration confuse ressemblant à un crabe. R.: Revers lisse. 
Par son type cette pièce diffère entièrement des autres. 

PI. II, 76. 

«♦) J. Déchelette, Le Hradischt de Stradonitz, p. 11, 12. 



Cette petite monnaie, si Ton en juge par Tabon- 
dance des trouvailles, était au Hradischt d'un usage 
courant; de plus, elle devait y être frappée, comme 
l'indiquent un certain nombre de flans demeurés 
lisses (pi. II, n^ 80—81). Ce qui fortifie cette hypo- 
thèse, c'est que le moitié de ces petites pièces, tout 
au moins celles qui ont pour types une tête distincte 
ou un triangle, ne se rencontrent pas ailleurs et sont 
particulièrement caractéristiques à Stradonitz. L'autre 
moitié de ces pièces, celles qui portent un cheval ou 
un signe composé de chevrons, est représentée au 
Cabinet de Vienne par des trouvailles de Gurina et 
comme, malgré les différences de poids de quelques 
exemplaires, il existe un rapport certain entre les 
petits pièces d'argent du Hradischt et celles de 
Gurina*^), il semble vraisemblable que ce monnayage 
d'argent du Hradischt était apparenté à celui des 
pays situés au sud du Danube, fait déjà constaté 
pour les monnaies d'or. 

Au Hradischt de Stradonitz circulaient donc tout 
à la fois des monnaies originaires de pays situés 
très à l'ouest, d'autres venant de régions du sud-est 
plus rapprochées, d'autres enfin, d'or et d'argent, 
émises sur place. En comparant les poids de ces 
monnaies, on est conduit à supposer que certaines 
séries, principalement les monnaies d'or, se com- 
posaient de plusieurs types divisionnaires, tels que 
l'unité, le tiers et le sixième; de même pour les 



**) Les petites pièces à bâtonnets cruciformes du Cabinet 
impérial de Vienne pèsent séparément: gr. 43; 0, 43; 0, 46; 
0, 50; 0, 50; 0, 54; 0, 60; 0, 65; 0, 65; 0, 70; 0, 77; soit en 
moyenne 0, 56. Les trois exemplaires du Hradischt ont un 
poids moyen de 0, 58. Les deux séries se correspondent non 
seulement par la moyenne du poids, mais par les limites extrêmes 
qui sont pour Gurina 0, 43-0, 77 et pour le Hradischt 0, 46 à 
0, 75. II en est de même pour les pièces creuses au type du 
cheval. Le poids des exemplaires de Gurina, au Cabinet de 
Vienne, est de 0, 43; 0, 45; 0, 52; 0, 64; soit, en moyenne, 0, 48, 
tandis que celui des 14 pièces du Hradischt est en moyenne 
de 0, 43; les extrêmes sont pour Gurina 0, 43—64, pour le 
Hradischt 0, 30—0, 53. Uécart est donc peu appréciable. De 
ces derniers poids se rapproche celui de la petite monnaie 
aux types de la tête de profil et du cheval, car le poids des 
15 exemplaires que j'ai pesés est de 0, 43, avec les limites 
extrêmes de 0, 33 à 0, 54. 

Le type mentionné ci-dessus, à bâtonnets cruciformes, re- 
présenté au Hradischt par 3 ex., est plutôt étranger que local. 
Mais les deux types qui se rencontrent l'un et l'autre aussi 
abondamment (l'un seulement avec le cheval, l'autre avec la 
tête et le cheval) sont, il est vrai, plus légers que les échantillons 
de Gurina; toutefois, malgré ces écarts, leurs poids sont assez 
voisins pour que nous puissions admettre que la valeur de ces 
petites monnaies était soumise à une règle déterminée. Les 
écarts de poids s'expliquent naturellement par la difficulté de 
découper les flans de ces pièces dans des lames métalliques 
d'égale épaisseur. 



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31 



Dr. J. L Piè. 



32 



monnaies d'argent, on peut dans une certaine mesure 
reconnaître que le demi-tétradrachme ou didrachme 
est d'un poids six fois plus élevé que les deniers 
gaulois d'argent et que ces derniers sont eux-mêmes 
trois fois plus pesants que les petites pièces de 
frappe locale. Néanmoins presque tous les exem- 
plaires présentent un poids plus ou moins différent 
du poids théorique. Aussi est-il permis de croire 
que les habitants du Hradischt utilisaient pour la 
pesée des espèces monétaires les petits balances 
qui ont été fréquemment recueillies dans cette station 
(pi. XX VII, fig. 3). Il n'est pas possible de savoir si 
le pièces gauloises de bronze et de potin avaient 
une valeur déterminée par rapport aux monnaies d'or 
et d'argent. 

Objets de parure. 

Fibules. 

L'étude des fibules présente une importance 
capitale pour l'archéologie préhistorique. Ces petits 
objets, qui servaient à fixer le manteau, varient sui- 
vant les caractères particuliers du costume national 
de chaque peuple. 

Dans le cours des siècles, la forme des fibules 
se modifie, tantôt par suite d'un développement na- 
turel des formes antérieures, tantôt en raison de l'appa- 
rition de types nouveaux, indigènes ou étrangers. 

Lorsque certains types se rencontrent sur des 
territoires déterminés, avec un rite et un mobilier 
funéraires particuliers, ils présentent une importance 
toute spéciale, non seulement pour l'étude des civili- 
sations locales, mais pour les classifications chrono- 
logiques. Dans les régions où la fibule n'était pas 
employée tout d'abord, et où l'épingle en tenait 
lieu^^), son apparition indique la pénétration d'une 
nouvelle mode et, par conséquent, d'une influence 
venue du dehors. On peut reconnaître par là quelles 
sont les relations chronologiques d'une civilisation 
par rapport à une autre. Il est donc naturel que 
les préhistoriens aient accordé une attention toute 
spéciale aux fibules, chronomètre archéologique d'une 
importance presque égale à celle des monnaies. 

Les fouilles du Hradischt de Stradonitz ont 
donné un grand nombre de fibules en fer et en bronze 
deux en argent et une en or. Sur les planches III 

^0 Le question de l'origine de la fibule, dérivée de 
répingle, a été traitée par Voss: Nadel, Fibel und Gurtel- 
haken dans les Verhandl. der Berl. anthrop. Gesell., 1898, 
p. 216. On pourrait cependant ajouter que cette transformation 
ne s'est pas produite en Europe. 



et IV sont figurés 66 exemplaires typiques que nous 
devons classer comme suit en divers groupes: 

I. Le musée de Prague possède six fibules du 
type caractéristique de la civilisation marnienne, 
auquel on donne le nom de type de La Tène I. 
Elles se composent d'un seul fil métallique; l'extré- 
mité de l'arc, libre et recourbée, se termine par 
un petit disque ou par une boule (pi. III, 1 — 6). Ce 
modèle prédomine dans les sépultures à inhumation 
des Gaulois Boïens; il compose exclusivement la 
trouvaille de Dux (en Bohême), d'où la dénomi- 
nation de fibule de Dux qui lui est également don- 
née; nous avons parié de ces découvertes dans le 
fascicule précédent des Starozitnosti. 

II. La fibule dite de La Tène II, avec talon replié 
mais fixé à l'arc, est représentée par plusieurs types: 

1. Le type numériquement le plus important au Hradischt est 
celui de la fibule aux formes grêles, ordinairement à quatre 
spires, avec tête mince, arc souple et talon replié, solide- 
ment fixé à l'arc à l'aide d'une petite feuille mince. 

Le musée de Prague possède 42 exemplaires en bronze 
de ce type et 125 en fer, outre un nombre considérable de 
fragments de bronze et de fer (pi. III, 9, 1 1, 16, 21, 22, 29—30). 

Cette fibule s'est rencontrée à La Tène sur le lac de 
Neuchatel, presque exclusivement, puis au mont Beuvray et 
à Alésia, dans des trouvailles du temps de la conquête de 
César. Elle est commune non seulement dans l'ancienne 
Gaule, mais encore dans l'Europe centrale et septentrionale. 

2. Arc plus court et plus recourbé; nodosités sur le talon, solide- 
ment fixé à l'arc (pi. III, 10, 12, 14, 15).»-) 

3. Modèle plus spécial, dit en arbalète, avec ressort à 14 spires, 
corde extérieure parallèle au ressort et arc court relié au 
talon qui est également replié (pi. III, 7).'^'*) 

4. Modèle semblable, avec cette différence que la tige du talon 
se replie en boucles à plusieurs reprises, de même que la 
corde du ressort (pi. III, 13). Ce type se retrouve dans 
l'Europe centrale.*') 

*^) Undset reproduit une fibule semblable de Bienenwald 
près de Neu Ruppin (Das erste Auftreten des Eisens in 
Nordeuropa. Hambourg, 1892, XXI, 11). Une autre provient 
de la Haute Bavière (Postbuckel) ; j'en ai vu le fac-simile au 
musée de Mayence. 

") Ces fibules sont abondantes à Omavasso, nécropole 
gauloise de la Haute Italie (cf. Bianchetti, I Sepolcreti di 
Omavasso, pi. IX, X. Much en reproduit des exemplaires 
trouvés à Krain (Ober. Schleinitz-Swetesch) et à Kroitie (Vital 
près de Prozor). Kunsthist. Atlas, Vienne, 1889, pi. LU, fig. 6, 
7 et pi. XC, fig. 11. 

**) Une fibule semblable se trouve au musée de Mayence pro- 
venant des environs de cette ville; une autre au musée de Berlin, 
provenant des Gleichberg près Rômhild et à l'Académie de Munich 
(de Dolmansberg), d'autres à Munich (tumulus de Hôgen près 
Kaunritz, et de Nonsberg), à Zurich (de Langhofen). Des nodosités 
semblables se trouvent déjà devant les spirales sur des fibules 
de la Certosa, par exemple à S. Lucia (Marchesetti, pi. XIX, 
10; XX, 1, 2) à Watsch (Much., Atlas, pi. LU, fig. 8), au musée 
de Besançon, sur celles des tumulus de Refranche (Doubs) à 
Laibach, provenance de Zirkniz, etc. 



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33 



Le Hradischt de Stradonitz. 



34 



5. Type plus riche; l'arc s'élargit en ovale ou en rectangle; 
l'attache du talon sur l'arc se trouve soit en avant du disque 
de l'arc, près des spirales (pi. 111, 8), soit en arrière du 
disque (pi. 111, 23-28). 

III. On classe ordinairement parmi les fibules de 
La Tène, selon le système de Tischler, celles qui, étant 
encore fabriquées d'un fil de métal d'une seule pièce, 
présentent un cadre triangulaire, muni d'une rainure 
pour Tardillon, au lieu de la terminaison en talon 
replié des modèles qui précèdent. Ce cadre est 
parfois orné d'appendices ouvragés. A l'appui du 
système de Tischler on pourrait invoquer la forme 
des fibules (pi. IV, 11, 12) où les rainures latérales 
de l'arc peuvent s'expliquer comme étant un rudiment 
de la forme des fibules à talon replié. Mais, d'autre 
part, l'arc de ce type, par l'ensemble de ses formes, 
présente un aspect entièrement différent de celui des 
fibules dites de La Tène II, de telle sorte que 
les fibules de la planche VI (à partis du numéro 11) 
sont beaucoup plus voisines des fibules provinciales 
romaines que des modèles de La Tène II. D'ailleurs, 
elles n'apparaissent qu'au temps de la domination 
romaine en Gaule et dans les pays alpins et elles 
sont caractéristiques de la période initiale des villes 
placées sous l'influence romaine; nous pouvons 
donc dire que la classification de Tischler, utile 
pour déterminer le développement typologique des 
fibules provinciales romaines, ne s'applique pas ici 
à l'époque pré-romaine, gauloise ou autre, mais 
au véritable début d'une nouvelle culture dans ces 
régions, sous l'action de la civilisation romaine. 
En d'autres termes, ces fibules représentent la pre- 
mière phase du développement de la fibule pro- 
vinciale romaine, car celles de Stradonitz (pi. IV, 
fig. 24—26) ne diffèrent d'une partie de celles de 
Pichora près Dobrichov, appartenant à la même 
époque, que par une particularité: la présence d'un 
crochet consolidant la corde du ressort, tandis que 
l'autre partie des fibules semblables de Dobrichov 
possèdent, outre le crochet de consolidation, une 
enveloppe protectrice des spirales. Pour rattacher 
ce type de fibules au groupe de La Tène, on pour- 
rait seulement faire valoir ce détail que sur quelques- 
uns des exemplaires du Hradischt, la corde du ressort 
passe en dessous des spires. 

Les variétés peuvent se classer comme suit: 

1. Arc d'une épaisseur presque uniforme et se terminant par 
une petite coquille recouvrant le ressort (pi. III, fig. 18—20). 
Sur la face postérieure de la coquille prend naissance le 
fil du ressort à quatre enroulements, avec corde passant 
en dessous de la coquille ; Pardillon se loge dans la rainure 
d'un porte-agrafe triangulaire. Une de ces fibules est en or 
(fig. 18); deux sont en argent (19 et 20). Tischler classe 



ce type à la seconde moitié du premier siècle av. J.-C. et 
au commencemment de l'époque impériale.**) 

2. Arc se composant d'une plaque mince, allongée et trian- 
gulaire, soit tout à fait lisse, soit ornée (pi. IV, fig. 1—9). 
Un exemplaire porte une bague (fig. 2). Ressort à quatre 
spires, corde passant sous l'arc, épingle se logeant dans 
une rainure du cadre triangulaire que porte l'extrémité de 
la fibule; ce cadre est grillagé sur un exemplaire. Ce type 
se rencontre notamment dans les trouvailles des premiers 
temps de la domination romaine.'***) 

3. Arc coudé, avec une nodosité globulaire au coude^') (pi. IV, 
fig. 11 et 12). Sur les exemplaires figurés. Tare porte 
latéralement sur ses deux faces une rainure longitudinale; 
celle-d peut s'expliquer aussi, que nous l'avons dit, comme 
étant une survivance d'un détail de construction de la 
fibule à talon replié. 

4. Fibules se rapprochant des fibules noriques, provinciales 
romaines (pi. IV, fig. 15, 16, 18, 19, 21, 22, 24—26); tête 
de l'arc s'élargissant en forme de cône, nodosités à trois 
ou quatre côtes, rainure placée au dessous du porte-agrafe, 
ressort prenant naissance au-dessous de la tête de l'arc, 
cord horizontale. Ce type de fibule, répandu sur la rive 
droite du Danube, dans le Noricum, et la Rhétie, apparaît 
aussi dans la Haute-Italie (Ornavasso, pi. X, fig. 15), 
plus loin chez les Helvètes et dans la Gaule de l'est; 
certaines formes (figures 24—26) se trouvent aussi en Bohême 
à Piîhora près DobHchov. 

5. Types plus développés que le modèle précédent et beau- 
coup plus massifs; nodosités de l'arc en forme d'ailettes 
(fig. 14 et 27); sur un exemplaire (fig. 30) de grande 

^) A. B. Meyer, Qurina im Obergailthal (Carinthie), 
Dresde, 1885, p. 24: Quant à l'âge de cette fibule, on doit le 
considérer, surtout en raison des trouvailles de Nauheim, comme 
voisin du milieu du premier siècle av. J.-C. Elle a peut-être 
été en usage jusqu'au commencement de l'empire . . . Comme 
cette fibule ne s'est absolument pas maintenue plus longtemps 
durant l'époque romaine, je suis porté, en me basant d'ailleurs 
sur d'autres faits, à la considérer comme pré-romaine.» Voici 
la statistique des trouvailles donnée par Tischler: Nauheim, 
près de Francfort, Limburk, musées de Bonn et de Wiesbaden, 
Xanten (musée de Karlsruhe), Flavion en Belgique (musée de 
Namur), Chalons-sur-Mame (musée de Saint-Germain), musée 
de Besançon. A Ornavasso (Bianchetti, pi. X, 6), on l'a trouvée 
assodée à une fibule à large spirale, à une fibule similaire au 
type norique avec cadre ajouré et à des monnaies imitées des 
pièces marseillaises et des deniers romains de l'an 84 av. J.-C. 
Deux exemplaires sont reproduits dans l'ouvrage de Anger, 
Das Grâberfeld von Rondsen im Kreis Graudenz, 
Graudenz, 1890, pi. X, fig. 1 et 3. 

^) Un ex. semblable est reproduit dans Gross, La Tène, 
un oppidum helvète, Paris, 1886, pi. XI, fig. 35. Autres 
exemplaires au musée de Saint-Germain (d'Alésia et du mont 
Bemy), au musée de la Société Eduenne à Autun (du mont 
Beuvray), Bulliot, Album, pi. LUI, 2, à Berne (de Tiefenau), à 
Neuchatel, à Worms, à Bar-le-Duc et à Kôszeg (coll. Miske, 
de l'oppidum de Velem S. Veit, Hongrie). 

**') Exemplaires semblables dans Anger, Grâberfeld von 
Rondsen, pi. X, 9—13; dans Undset, Eisen, pi. XIII, fig, 6, 
de Wzedzin, au musée de Thorn, et XV, fig. 2, de Cliva près 
de Danzig. Un exemplaire, trouvé à Aylesford, est au musée 
Britannique. 

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35 



Dr. J. L Piè. 



36 



dimension, cadre du porte-agrafe ajouré; poids presque 
égal à celui des fibules noriques de Tépoque impériale**). 

6. Fibules avec arc orné d'entailles, comme sur quelques-unes 
de celles de Dux, mais avec la même disposition du porte- 
agrafe que dans les modèles précédents. 

7. Des fibules inachevées, d'un seul morceau de métal (pi. IV, 
fig. 10 et pi. XXVIII, fig. 14 et 15), démontrent que ces 
objets étaient réellement fabriqués à Stradonitz. 

IV. Passons maintenant aux fibules provinciales 
romaines, les unes conservées au musée de Vienne, 
les autres à celui de Prague. 

1. Fibule à arc élargi, condé au premier tiers de sa longueur, 
avec crochet consolidant la corde du ressort. Type connu 
sous les dénominations de fibule vendique, fibule oculée, 
etc, dont il faut chercher l'origine dans la Gaule rhénane, 
d'où il s'est répandue dans les régions de l'Elbe et de la 
Baltique««). (PI. XXVIII, fig. 8.) 

2. Fibule (pi. XXVIII, 6) à arc replié en demi cercle; la tête 
se termine par un bouton; le ressort s'enroule sur un axe 
central dont chaque extrémité porte également un bouton. 
Ce type est surtout abondant en Dalmatie; à mon avis, il 
a été importé de Salone à Camuntum et jusqu' à la 
Baltique, où la mode s'en est répandue^). 

3. Fibule (fig. 5) à arc large, cannelé, s'amortissant dans un 
talon court. Ce type figure également parmi les objets 
d'époque romaine, dans les musées de Francfort, de Mayence, 
de Lausanne et de Saint-Qermain (forêt de Compiègne). 

4. Fibule à arc court (pi. IV, fig. 17), talon court et porte- 
agrafe très long, ce qui indique une époque déjà avancée 
de la période impériale romaine. On remarquera l'anneau 
de suspension fixé à la tête de cette fibule. Exemplaires 
assez semblables, découverts à Tfebicka, près DobFichov.^^) 

5. Fibule en deux pièces (pi. IV, fig. 28). A en juger par le 
talon, elle se classe aux IV— V«^ siècles ap. J.-C. Elle est 
représentée à Tî^ebicka, près Dfobrichov**). 

Si nous étudions la composition des fibules du 
Hradischt de Stradonitz, nous constatons tout d'abord 
que deux types sont étrangers aux modèles caracté- 
ristiques de la civilisation représentée dans cette 
station: en effet, on y remarque, d'une part, quelques 
fibules de type marnien ou, suivant l'expression 
allemande, de La Tène primitive (en Bohême, nous 
employons la dénomination de fibule de Dux), d'autre 



^) Exemplaires semblables du mont Beuvray, au musée 
de Saint-Germain et à Autun (Bulliot, Atlas, pi. XLIX, 6), 
d'Alésia, au musée de Saint-Germain, de Gergovie, au musée 
de Roanne. J'en ai vu un autre à l'exposition de Genève. 
Exemplaires du même type entièrement développé au musée de 
Munich, venant de Reichenhall, et aussi de l'époque impériale 
sur la Baltique (Anger, Grâberfeld v. Rondsen, pi. 8 et suiv). 
Cf. Almgren, Studien ûber nordeuropâische Fibelformen 
der ersten nachchristlichen Jahrhunderte, Stockholm, 
1897, p. 211, fig. 238. 

^) Sur la dispersion de ce type, voir Almgren, Fibel- 
formen, p. 208. 

^«) Ibid., pi. VIII, p. 196. 

**) Archael. vyzkum ve strednîch Éechàch, 1893, 
pi. XXIII, 11 exempl. assez similaires. 

*^) Ibid., pi. XXIII, 1, 7, 12, 14. 



part, quelques exemplaires qui appartiennent déjà à 
l'époque gallo-romaine. 

Si nous portons notre attention sur le groupe 
principal et si nous tentons d'en déterminer la date, 
nous devons chercher au-delà de nos frontières des 
points de comparaison. A La Tène, sur le lac de 
Neuchatel, station où les fibules sont peu abondantes, 
le type le plus commun est précisément le modèle 
à talon retroussé, attaché à Tare, modèle abondamment 
représenté à Stradonitz; on y trouve, en outre, la 
fibule à arc triangulaire (pi. IV., 1 — Q). Mais, en 
raison de la longue durée de l'occupation de l'oppi- 
dum de La Tène, habité encore au temps d'Hadrien, 
ces rapprochements sont plus utiles pour une classi- 
fication géographique des fibules que pour la déter- 
mination de leur date. 

Il importe avant tout de constater que ces mo- 
dèles de fibules de Stradonitz et de La Tène se 
rencontrent particulièrement dans des stations histori- 
ques de la Gaule, associés d'ailleurs à d'autres types 
de Stradonitz. C'est ainsi que sur l'emplacement de 
l'Alésia de César, on a recueilli non seulement la 
fibule dite de La Tène II, mais encore d'autres types 
de Stradonitz, par exemple la fibule dite de La Tène HI, 
avec porte-agrafe en forme de plaque parfois ajourée 
et la fibule à ailettes (type de Stradonitz, pi. IV, 14, 
27, 30). De même, au mont Beuvray, dans l'ancienne 
capitale des Aeduens, abandonnée sous Auguste, et 
sur la montagne de Oergovie, emplacement du prin- 
cipal oppidum des Arvernes, on a rencontré, avec 
la fibule de La Tène II, d'autres types de Stradonitz. 

Fait digne d'attention, cette fibule de La Tène, 
dite de La Tène II, se trouve dans l'ancienne Gaule 
aux premiers temps de la culture gallo-romaine: on 
la reconnaît au musée de Bonn, parmi les trouvailles 
du camp de Drusus, à Neuss, et des sépultures 
correspondant à l'occupation de ce camp; elle y est 
associée à des fibules provinciales romaines. Il en 
est de même à Autun, l'ancien Augustodunum, ville 
fondée à l'époque d'Auguste, comme en témoigne 
son nom. 

Je mentionnerai encore la présence de cette fibule 
dans d'autres trouvailles de l'époque gallo-romaine, 
au musée de Saint-Germain (mont Berny, forêt de 
Compiègne), aux musées de Nantes, de Niort et 
de Magdalenenbourg près de Klagenfurth. 

Il faut en conclure que la fibule dite de La 
Tène II, presque seule représentée dans les récoltes 
de La Tène et commune à Stradonitz, caractérise 
l'époque de César et d'Auguste, c'est-à-dire les débuts 
de l'époque gallo-romaine ou provinciale romaine. 
D'ailleurs, à Stradonitz, cette fibule peut d'autant 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



38 



mieux être attribuée à l'époque romaine qu'elle se 
rencontre dans cette station avec des fibules pro- 
vinciales romaines, figurées sur la planche IV et que 
nous avons signalées ci-dessus. Donc, au témoignage 
des fibules, la date de Toccupation de Stradonitz doit 
être abaissée tout au moins jusqu'au temps d'Auguste, 
malgré l'absence des monnaies de cet empereur. 

Mais, d'un autre côté, on doit constater qu'au 
mont Beuvray, dans les ruines de l'ancienne Bibracte, 
désertée sous Auguste vers les années 10—5 av. J.-C, 
on trouve un type de fibule semblable à celui que 
reproduit la figure 30 de la planche IV, mais avec 
une griffe en forme de crochet assujettissant la 
corde du ressort^'^); cette particularité est caracté- 
ristique pour les fibules proprement provinciales ro- 
maines. Les fouilles du même oppidum ont donné 
quelques exemplaires d'une autre fibule gallo-romaine, 
portant un disque médian, circulaire ou losange, avec 
ornement en forme de fleur de chardon, type qui 
chez nous ne s'est rencontré que dans la nécropole 
bien connue dePichora près Dobrichov^*)- En présence 
de ces constatations, comme on ne peut qu'accorder 
toute créance aux travaux consciencieux de M. Bulliot, 
il ne reste, en définitive, qu'à opter entre deux partis: 
ou bien il faut penser avec M. Déchelette^*^) que la 
fin de l'occupation de Stradonitz est antérieure de 
quelques années à l'abandon de la capitale des 
Aeduens au mont Beuvray, ou bien admettre que 
les deux types de fibule, d'époque gallo-romaine, 
dont nous venons de parler, assez rares d'ailleurs à 
Bibracte, n'ont apparu que pendant les dernières 
années de cet oppidum et n'ont pu, en raison de 
l'éloignement, atteindre Stradonitz, au temps de son 
occupation. 

Pour trancher cette question problématique, nous 
devons porter notre attention sur les autres trou- 
vailles de Stradonitz. 

Objets de parure en verre coloré. 

Je ne connais pas en Europe de collection pré- 
historique où les objets de parure en verre coloré 
de cette même époque se trouvent aussi abondamment 
représentés qu'au musée national de Bohême. Au 

*'^) 5 exempl. au musée de Saint-Oermain. 

^*) Archaelogicky v^zkum ve stî^ednîch techàch, 
Prague, 1897, pi. XXIV, 1, 2 et pi. XXXII, 6. 

*'') Jos. Déchelette, Le Hradischt de Stradonitz, Mâcon, 
1002, p. 64. L'auteur place la fin de Toccupation du Hradischt 
de Stradonitz vers Tan 10 av. J.-C, soit, suivant ses déductions, 
5 ans avant l'abandon du mont Beuvray, que Bulliot fait remonter 
à quelques années plus tôt, vers l'an 10. (Fouilles du mont 
Beuvray, p. I, 304). 



premier examen de la collection des bracelets, mal- 
heureusement très fragmentés, et des grains de collier 
aux couleurs si variées, le visiteur le plus incompétent 
reconnaît aisément qu'il se trouve en présence des 
vestiges d'une industrie artistique merveilleusement 
avancée et qu'aucune autre ne dépassait à la même 
époque. Il serait superflu de s'attacher à démontrer 
que cette industrie était étrangère à Stradonitz, mais 
il nous faut rechercher la région où ont été fabriqués 
et d'où ont été importés dans nos contrées ces 
pertes et ces bracelets de verre. 

A l'aurore des temps dits historiques, nous 
savons que l'art de la verrerie avait atteint un plein 
développement en Egypte et en Phénicie. On sait 
que sur les peintures des tombes de 3eni-Hassan*®), 
remontant à la XVIII^ dynastie (vers Tan 1500 av. J.-C) 
sont représentés des verriers soufflant comme nos 
ouvriers actuels dans de longs tuyaux. Déjà on 
connaissait l'art de fabriquer des récipients en verre 
de couleur, comme en témoigne un flacon du Musée 
britannique en verre bleu avec ornements en verre 
clair, flacon qui porte le cartouche de Thoutmès III 
(15Q1— 1565 av. J.-C). Ces constatations sont con- 
firmées par le mobilier des tombes royales de Sidon, 
du milieu du second millénaire av. J.-C, et des sépul- 
tures de l'île de Chypre, où abondent les pertes et 
les produits divers des verreries de cette ville. 

La date et le lieu d'origine de l'invention du 
verre demeurent toujours parmi les questions pro- 
blématiques. On sait que, d'après la légende relatée 
par Pline, des marchands de nitre ayant relâché près 
de Ptolémaïs et ne trouvant pas de pierres pour 
établir leurs foyers de cuisine, utilisèrent à cet effet 
des pains de nitre de leur cargaison; ils s'aperçurent 
alors que cette matière mélangé au sable se liquée- 
fiait sous l'action du feu: C'est ainsi que se serait 
opérée l'invention du verre^'). 



**^) Wilkinson, The manners and customs, London, 1847, 
II, 140; Gamier, Histoire de la verrerie et de l'émaillerie. Tours 
1886, p. 5. 

*') Plinius Hist. naturalis XXXVI 65. Pars est Syriae, 
quae Phoenice vocatur, finitima Judaeae, intra montis Carmeli 
radiées paludem habens, quae vocatur Cendevia. Ex ea creditur 
nasci Belus amnis, quinque M. pass. spatio in mare perfluens, 
iuxta Ptolemaidem coloniam. Lentus hic currit, insalubri potu, 
sed cerimoniis sacer, limnosus, vado profundus. Non nisi refuso 
mari arenas fatetur: fluctibus enim volutatae nitescunt, detritis 
sordibus. Nunc et a marino creduntur adstringi morsu, non 
prius utiles. Quingentorum est passuum non amplius litoris 
spatium, idque tantum multa per secula gignendo fuit vitro. Fama 
est, appulsa nave mercatorum nitri, cum sparsi per litus epulas 
pararent, nec esset cortinis attollendis lapidum occasio, glebas nitri 
e nave subdidisse. Quibus accencis permixta arena litoris, trans- 
lucentes novi liquoris fluxisse rivos, et hanc fuisse originem vitri. 

3* 



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39 



Dr. J. L Pie. 



40 



Pline lui-même n'ajoutait pas foi à cette fable, 
ainsi que cela résulte de ses propres expressions 
(fa ma est). Le nitre, non plus que le sable, ne 
saurait en effet être liquéfié sous la simple action 
d'un foyer de cuisine, le point de fusion de l'une 
et de l'autre de ces deux matières atteignant 1000 
à 1200 degrés. Dans un autre passage (XXXVI, 66), 
Pline***) rapporte expressément que le nitre, le sable et 
d'autres substances étaient fondus comme du minerai 
dans des chaudières soumises à un feu violent et 
que la matière de couleur noirâtre obtenue après 
cette première opération était fondue de nouveau 
dans des fourneaux où elle recevait les principes 
colorants. 

De la légende rapportée par Pline on peut du 
moins retenir ce fait que les célèbres verreries de 
Sidon devaient leur réputation à la pureté du sable 
des environs de Ptolémaïs, sable qui, agité par les 
flots, dit l'auteur latin, se nettoyait de ses impuretés. 
Strabon cite comme un autre centre de la fabrication 
du verre la ville d'Alexandrie^®) dont les ateliers 
furent renommés jusqu'aux temps de la domination 
romaine et même durant la période suivante. Le 
géographe grec ajoute que les verriers alexandrins 
utilisaient le sable transparent du sol égyptien qui 
seul leur permettait de fabriquer de beaux produits 
colorés, obtenus ailleurs à l'aide de diverses sub- 
stances. 

Tous ces verres des ateliers égyptiens et phéni- 
ciens étaient opaques (quelques-uns légèrement dia- 
phanes) et colorés dans la masse. On constate ainsi 
non sans surprise que non seulement dès l'origine 
la fabrication du verre on a produit des pièces de 
couleurs variées, mais encore que quelques-uns de 
ces produits se recommandent par une admirable 
exécution, provoquant aujourd'hui l'étonnement des 
connaisseurs. 



*^) Plinius XXXVI. 66. . . Sidone quondam iis offidnis no- 
bili . . V. 17. . . et Sidon artifcx vitri . . conf. Strabon XVI. 2. 25 

IxeraÇu 8è ttjç "Axt)? xa\ Tùpou ô-ivtuÔTjç aî^taXoç toriv 6 ç£p«ov ttjv 
uaXtxiv a(jip.ov. ÈvTaG^a [Jtàv ouv çaai jxt) yewO-ai, xo'JLia^^taav g?; 
iliSûva Se TTjv /(uvciav 8éy£ad-ai. Ttvkç $à xa\ toÎç îitSovîotç etvai ttjv 
raXlnv tj/ocfxjjLov è;:iXTfj$£i'av elç yûatv . , 

*^) Strabon XVI. 2. 25. . . Tjxouaa S' Iv if; 'AXsÇavôp£{a r.apà 
Twv uaXoupYtuv, Eivai Tiva xa\ xax A^f^irrov ûaXÎTtv y^v, f)5 yy^piç 
oùy oïov T£ xàç Tz6k\j-/p6o\jç xoLi jioXuTsXeîî xataaxeudç àroxeXeaO^vai, 
xaO-a::ep xa\ àXXoiç àXXtuv (jn^ixaTtov Seiv. Voici le commentaire 
donné par MM. Perrot et Chipiez, Histoire de Tart, Paris 
1882, I. 826: on croit généralement, que cette substance 
n'était autre que la soude. Les Vénitiens, pendant le moyen 
âge, tiraient d'Alexandrie la soude qu'employaient leurs manu- 
factures. Cette soude d'Egypte, assure-t-on, est la meilleure 
connue; elle provient de la cendre d'une plante que les bota- 
nistes appellent Mesem Byranthemum copticum. 



Le verre blanc transparent (et ensuite le verre 
cristallin) parait être, au témoignage de Pline, une 
découverte d'origine seulement italique. «Aujourd'hui, 
dit cet auteur, à l'embouchure du fleuve Vulturne en 
Italie, sur la côte, dans un espace de six mille pas, 
entre Cumes et Liternum, on recueille un sable blanc 
très tendre; on le broie au mortier et à la meule; 
ensuite on y mêle trois parties de nitre, soit au poids, 
soit au volume; le mélange étant en fusion, on le 
fait passer dans d'autres fourneaux: là il se prend en 
une masse à laquelle on donne le nom d'ammonitre. 
Cette masse est mise en fusion, et elle donne du 
verre pur et des pains de verre blanc. Cet art a 
passé même en Gaule et en Espagne, où Ton traite 
le sable de la même façon» '^). Mais on fabriquait 
aussi en Italie du verre coloré*^^). A l'époque impériale, 
les vases de verre ne servaient pas seulement aux 
usages domestiques; ils entraient souvent dans la 
composition des mobiliers funéraires; aussi se ren- 
contrent-ils abondamment dans les sépultures de 
toutes les provinces de l'empire romain. 

A de rares exceptions près, les trouvailles de 
Stradonitz contiennent exclusivement des objets en 
verre de couleur. On peut les répartir en divers 
groupes : 

1. Les bracelets de verre. Représentés par 
de grands fragments et de menus débris, ils offrent 
une très remarquable variété de formes et d'orne- 
mentation. Le bleu, obtenu à l'aide du cobalt est 
leur couleur dominante. Ces bracelets étaient évi- 
demment soufflés dans des moules au moyen de 
tuyaux et coupés à la longueur nécessaire. 

Les sépultures à inhumation de La Têne II 
découvertes à Libceves (Libschhausen)'*-) nous avaient 
déjà livré des bracelets de verre bleu uni, à simples 



^) Plinius XXXVI. 66. lam vero et in Vulturno mari Italiae 
arena alba nascens, sex M. pass. litore, inter Cumas atque Li- 
ternum, quae molissima est, pila molaque teritur. Dein miscetiir 
tribus partibus nitri pondère vel mensura, ac liquata in alias 
fomaces transfunditur. Ibi fit massa, quae vocatur ammoni- 
trum: atque haec recoquitur, et fit vitrum purum, ac massa 
vitri candidi. lam vero per Gallias Hispaniasque simili modo 
arenae temperantur . . . Strabo XVI. 2. 25: xa\ Iv 'Pw(x7) 8à ;:oXXà 
rapeupîay.sO-aî ©aai xa\ rpo; xàç /poas 3'.a\ ;:poç xfv 'paaicovTjv ttJç 
xaTaoxEu^ç, xa^-airep ira xav xpuaiaXXo^avwv . . . 

^^) Je dois remercier particulièrement M. Edmond Kadiik, 
ancien propriétaire d'une verrerie, pour ses renseignements 
obligeants sur la fabrication du verre de couleur. — A cette 
occassion j'adresse également mes sincères remerciments à M. 
Joseph Szombathy, conservateur du musée impérial de Vienne, 
qui a non seulement m'a autorisé à publier les objet de Strado- 
nitz de la collection de Vienne, mais qui a fait lui même les 
photographies pour cette publication. 

"') Staro^itnosti, II, 1, pi. XXVII, 7. 



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41 



Le Hradischt de Stradonitz. 



42 



moulures, mais sur ceux de Stradonitz on trouve le 
plus souvent des ornements d'applique. C'est ainsi 
que les exemplaires n° 1 — 23 de la planche V présen- 
tent, outre les moulures habituelles, une ornementation 
sur la partie médiane: une bandelette plus on moins 
• large, façonnée avec le même verre bleu y a été appli- 
quée; travaillée au moyen d'un ébauchcir ou d'un 
couteau, elle dessine des festons, des grènetis ou 
des motifs similaires. Un fragment en verre bleu du 
musée de Vienne porte des globules d'applique 
exécutées à l'aide d'une forme métallique (pi. VIII, 25). 

Une autre ornementation consiste dans l'appli- 
cation de filets jaunes formant des zig-zags ou des 
ondulations disposées alternativement sur la côte cen- 
trale du bracelet bleu et sur les côtes externes (pi. V, 
37—40, 42—43). Cette couleur jaune s'obtenait par le 
mélange d'un oxyde sulfureux (parfois d'un oxyde 
d'argent) et d'un oxyde de zinc ou d'uranium; il 
est possible que ce filet jaune fut appliqué à la façon 
de l'émail. Cette technique paraît du moins avoir 
été employée pour les jolis bracelets en verre brun 
ornés de filets jaunes en zig-zag (pi. V, 2Q, 30); la 
couleur brune de ces bracelets est évidemment le 
produit du manganèse. Il faut encore signaler le 
mode de décor des bracelets vert d'eau (pi. V, fig. 34) 
et bleu foncé (fig. 33) dont le corps à section hémis- 
phérique est orné de filets curvilignes en forme de 
huit. Ce type s'était rencontré dans les sépultures 
à inhumation de Libceves et de Stradonitz, sur le 
fleuve Eger près Laun'^'*). 

On doit particulièrement signaler des bracelets 
de couleur jaunâtre, fabriqués avec du verre blanc 
revêtu sur la face interne d'une couche de verre 
jaune, appliqué à la façon d'un émail; l'emploi du 
verre blanc fait songer aux produits de la Haute 
Italie, la coloration en jaune semblant par contre 
répondre au goût d'un peuple barbare. 

2. Les gros grains de collier ordinairement bico- 
lores sont représentés au musée de Prague par un 
grand nombre de variétés. La série la plus nom- 
breuse se compose de peries dont la masse est de 
couleur verdâtre, bleue ou tout à fait foncée et dont 
la surface est rayée de spires en verre jaune ou 
jaunâtre. Ces spires ne sont pas incrustées pro- 
fondément dans le corps de la perle, comme on peut 
le constater sur les grains fragmentés. Ce sont 
donc les premiers essais des verres polychromes 
en usage un peu plus tard, à l'époque impériale 
romaine et connus sous la désignation usuelle de 
verres millefiori. Sur quelques peries les incrustations 

^^) Ibid., II, 1, pi. XXVII, 9; pi. XXX, 5. 



jaunes affectent la forme de petits cubes (pi. VI, IQ, 
2Q, 35) ou dessinent des lignes entrecroisées (pi. VI, 
32, 33, 36). 

Les grains de collier bicolores, mouchetés, for- 
ment une autre série (pi. VI, 12, 17). Leur surface 
est tachetée de mouchetures blanches de grandeur 
variable, ne pénétrant pas profondément la masse 
vitreuse, ce qui dénote une technique analogue à 
celle des grains à spirales: Sur la masse de verre, 
à l'état de cylindre et encore chaude, on appliquait 
des parcelles de verre blanchâtre, dont l'adhérence 
et le polissage s'obtenaient en faisant rouler le cy- 
lindre sur une surface polie et en soumettant le 
verre à une nouvelle cuisson. C'est encore par un 
procédé similaire que l'on obtenait les peries à œils, 
dont les plus abondantes et par conséquent les plus 
en faveur, sont de couleur jaune, avec des yeux bleu 
et blanc (pi. VI, 40, 44). Les peries vert foncé à 
cercles bleu et blanc (pi. VI, 41) sont rares et celles 
de couleur bleu foncé à bandes jaunes, formant des 
spirales d'un dessin confus sont plus rares encore. 
Il faut classer parmi les formes exceptionnelles les 
grandes perles de verre bleu avec mamelons à spirales 
jaunes. Aux mêmes séries appartiennent des grains 
cylindriques à rubans blancs simples (pi. VII, 70) ou 
ramifiés (pl. VIII, 7; VII, 69). 

Un groupe spécial est constitué par de minces 
anneaux de verre dont la forme est intermédiaire 
entre celle des bagues et celle des grains de collier 
(pl. VII, 55—63); les uns sont monochromes, les 
autres bicolores comme les grosses peries. Enfin 
de petits grains globulaires rappellent des formes 
plus anciennes, mais avec une régularité plus symé- 
trique. Leur couleur est le bleu foncé, le bleu clair 
ou le blanc; les peries blanches de verre cristallin, 
aujourd'hui irisé, se rattachent à la fabrication italique 
(pi. VII, 72, 74). 

Les peries de verre rouge ne se rencontrent ni 
en Bohême, ni dans aucune région de l'Europe: pour 
cette couleur, on préférait, à cause de leur éclat, 
soit les pierres précieuses (pl. VII, 73), soit plus 
ordinairement l'ambre, qui se présente sous diverses 
formes (pl. VII, 64—68). 

On a encore recueilli au Hradischt quelques 
fragments de vases en verre (par ex. pl. VIII, fig. 22), 
irisés comme ceux de l'époque romaine; mais il est 
difficile d'assurer qu'ils n'appartiennent pas à une 
période plus récente que le reste des trouvailles. 

On ne saurait rencontrer nulle part une collection 
d'objets de parure en verre d'une telle richesse. 
Mais il est intéressant de délimiter dans la mesure 
du possible l'aire de dispersion de ces objets. 



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43 



Dr. J. L Piif. 



44 



Dans le fascicule précédent des Staroïitnosti,*^*) 
j'ai déjà parlé des bracelets de verre de couleur et 
montré que, d'après la statistique des découvertes, 
leur zone géographique s'étend de la Bohême à la 
Gaule, tandis que chronologiquement ils marchent 
de pair avec la fibule dite de la Tène II, si commune 
à Stradonitz, et disparaissent aux premiers temps de 
l'époque romaine. Comme type nouveau, on ne peut 
signaler à Stradonitz que les bracelets lisses de cou- 
leur foncée (pi. V, 46— 4Q). Ces derniers forment, 
dans les trouvailles de Bibracte (mont Beuvray), la 
série la plus commune de bracelets de verre'^^), avec 
ceux qui sont simplement côtelés. 

Parmi les grains de collier, les plus répandus 
sont ceux qui sont ornés d'yeux (pi. VI, 40, 44); 
dans cette série, les grains en verre jaune à cercles 
bleu et blanc se rencontrent sur une vaste zone 
s'étendant de la Grèce et de l'Europe centrale jusqu'à 
la Crimée et exceptionnellement jusqu'au Caucase"***). 
La classification chronologique de ces peries de- 
meure indécise. Dans les régions des Alpes orientales, 
elles appartiennent au milieu de l'époque hallstatienne, 
tandis qu'en Bohême elles sont plutôt synchroni- 
ques avec la pleine époque de la Tène. Ces con- 
statations ne sauraient donner lieu à aucune dis- 
cussion, puisqu'il est actuellement établi que les 
deux civilisations ont eu pendant un certain laps de 
temps un développement parallèle, de telle sorte 
qu'il est préférable de les étudier sur chaque région 
géographique, plutôt que d'admettre un ordre de 
succession partout synchronique, hypothèse impos- 
sible à établir. Les grains de collier en verre jaune 
avec yeux bleus, trouvés à Stradonitz, comptent parmi 
les plus récents de cette série, car dans les stations 
de l'époque impériale romaine, on ne les a jamais 
rencontrés, à ma connaissance. 

Beaucoup plus rares sont les grains de collier 
en verre vert avec yeux jaunes (pi. V, 41), qui, d'ailleurs, 
se rapprochent, beaucoup plus que les précédents, 
de perles similaires, susceptibles de nous indiquer 
l'origine de ces verroteries de couleur. On voit en 
effet au musée de Constantinople des peries bleues, 
avec yeux vert et blanc et bleu et blanc, qui pro- 

»') Ibid., II, 1, p. 41-43. 

^^) Fouilles du mont Beuvray, Album, pi. L VI, 28— 30. 
Quelques bracelets à pâte noire brillante, avec rayures jaunes 
ondulées à la surface, ont été trouvés aussi dans Toppidum 
de Velem Szt Veit, près Kôszeg, Hongrie, (collection Miske). 

'^') O^ Ouvarov, MaTepiajiM a^h apxeojiorin KasKaaa, 
VIII, pi. XCI, fig. 15: perle jaune avec oculi bleus, de l'Ossétie 
et fig. 9 de Kumbulta (exemp. plus petit); ailleurs prédominent 
les perles bleues avec des yeux bleu et blanc ou verts; on 
trouve aussi de petits cylindres avec des ramifications (pi. XC). 



viennent des tombes royales de Sidon et, selon toute 
vraisemblance, sont de fabrique locale; ces peries, 
qui constituent un groupe plutôt méridional, sont 
surtout répandues dans Tîle de Chypre, dans les 
Balkans et autour de la mer Noire, mais la technique 
du décor est la même. J*ai vu aussi au Musée britanni- 
que des peries semées d'yeux provenant d'Egypte, 
mais elles se rapprochaient davantage des peries 
phéniciennes que des nôtres. Il est intéressant de 
constater que les tombes royales de Sidon (musée 
de Constantinople) contenaient, à côté des peries 
ornées d'yeux, des peries cylindriques foncées, ornées 
de dessins en forme de rameaux blancs, du même 
style que l'une de celles de Stradonitz (pi. VIII, 
fig. ly'). Ces rapprochements, s'ils ne permettent 
pas d'assigner la même origine à nos peries, pro- 
curent du moins à cet égard des jalons indicateurs. 
Les grosses perles de verre rayées et mouche- 
tées n'offrent point, par contre, une aire de dispersion 
étendue: on les trouve au mont Beuvray et à 
Oergovie, mais elles sont très rares en Gaule, 
où cependant on peut encore en signaler quelques 
spécimens près du Rhin et chez les Helvètes^"*). Un 
détail est à noter pour en déterminer la date: 
dans les trouvailles de la ville romaine d'Augusto- 
dunum, où se transportèrent les habitants de Bibracte 
(vers l'an 15—5 av. J.-C) apparaissent des peries à 
noyau blanc avec bandes jaunes moins profondément 
incrustées (cf. pi. VI, 19, 35). Les peries similaires 
du Hradischt de Stradonitz (malgré la différence des 
colorations) se classent donc à une période limitée 
par les dernières années de l'indépendance de Bibracte 
et peut-être par les premières années de l'occupation 
d'Augustodunum. 

^') Trouvailles de Hamdi-bey au Musée de Constantinopel. 
Exempl. semblables au musée de Saint-Germain avec des perles 
à inscrustations ondulées. 

^**) Le musée de Worms conserve deux perles rubanées 
jaunes et une blanche, à noyau noir, trouvées à Osthofen, dans 
une sépulture, avec la fibule de Stradonitz; autres trouvailles au 
musée de Mayence: une perle de verre foncé, tachetée de 
jaune, provenant d'une sépulture à Neuenmorgen; elle était 
associée à un poignard de la Tène, à lame recourbée ; à Berne, 
une perle bleue, rubanée de blanc, à surface côtelée, provenant 
de la célèbre trouvaille de Tiefenau près Berne ; au mont Beuvray, 
perles rubanées et tachetées de blanc (Bulliot, Fouilles du 
mont Beuvray, Atlas, 15—18, 37, 42, 44, 47 et 19); le musée 
de Roanne possède des grains de colliers semblables provenant 
de Oergovie et de Corent, villes du territoire arveme. Trois 
grandes perles rubanées semblables ont été trouvées à Murceint 
(Lot), avec des fibules au type de Stradonitz (musée de Rennes) ; 
d'autres proviennent de Levroux (Gabatum), musée de Bourges. 
Quelques variétés de ces perles ont été également trouvées 
dans Toppidum de Velem Szt Veit, près Kôszeg, en Hongrie 
(coll. Miske). 



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45 



Le Hradischt de Stradonitz. 



46 



Objets émaillés. 

L'émail est une matière vitreuse qui se fixe sur 
les métaux par Taction du feu, dans un but décoratif, 
et permet de les recouvrir d'un revêtement aux cou- 
leurs éclatantes. C'est un composé de silice (réduite 
en poudre), d'oxyde de plomb et de potasse ou de 
soude*^®). On le rend opaque par l'addition d'oxyde 
d'étain et on le colore de plusieurs tons à l'aide de 
divers oxydes métalliques, de même que le verre. 

Le lieu d'origine de l'émaillerie est inconnu, 
comme celui de la verrerie, bien que, selon toute 
apparence, on soit porté à le chercher également 
près des confins de l'Afrique et de l'Asie, où des 
objets d'argile d'une haute antiquité sont revêtus 
d'une couche vitreuse colorée, ressemblant aux 
émaux métalliques. C'est de TEgypte que pro- 
viennent les véritables émaux les plus anciens. Il 
n'est pas de grand musée qui ne s'honore d'en 
posséder quelques spécimens, parmi lesquels on peut 
citer particulièrement des bijoux d'or en forme 
d'épervîer à tête de bélier, les ailes éployées, ornés 
d'émaux polychromes. Il est vrai que, suivant 
l'opinion de Laborde®**), ces bijoux auraient été dé- 
corés à froid, c'est à dire revêtus non pas d'émaux, 
mais de petits morceaux de verre coloré ou de 
pierres précieuses. Toutefois l'exemplaire du musée 
du Louvre paraît bien être vraiment orné d'émaux, 
autant qu'il m'est permis d'en juger, et comme 
l'émail apparaît sur d'autres objets de parure égyp- 
tiens, c'est aux anciens Egyptiens qu' appartient 
sans contestation l'honneur d'avoir fabriqué les pre- 
miers objets émaillés. On ne peut avec autant de 
certitude attribuer aux Etrusques une série de belles 
couronnes et des boucles d'oreilles ornées de fili- 
granes en or émaillé (musée du Louvre), car des 
bijoux du même genre ont été découverts en ces 
derniers temps dans la péninsule de Crimée et sont 
regardés comme des ouvrages grecs provenant des 
côtes de l'Asie mineure. Je crois donc, comme 
M. Martha, que les bijoux émaillés des tombeaux 
étrusques sont des importations helléniques®^). 



^) Je tiens à exprimer tous mes remerciments à M. le 
Dr. E. Dumont, Conservateur du musée préhistorique de 
Genève, lequel m'a mis en rapport avec son cousin, M. Millenet- 
Chantepoulct, professeur d'émaillerie à Técole industrielle; celui- 
ci m'a prêté son concours avec une extrême obligeance pour 
l'examen des collections d'émaux gaulois et m'a fait ensuite 
assister, dans son laboratoire, à des expériences démonstratives 
touchant l'application de l'émail sur le métal; l'accès de l'atelier 
où se fabrique l'émail brut ne m'a pas été accordé. 

^) De Laborde, Notice des émaux du Louvre, p. 19. 

«^) Jules Martha, L'Art étrusque, Paris, 1889, p. 588. 



A Pappui du fait que l'art de l'émaillerie était 
pratiqué par les peuples de l'Europe occidentale, on 
cite ordinairement le témoignage du rhéteur grec 
Philostrate, venu en Italie au commencement du 
Ilh siècle. Cet auteur rapporte que «les barbares 
voisins de l'Océan savent verser des couleurs sur 
le bronze incandescent, où elles se fixent ensemble, 
prennent la consistance de la pierre et conservent 
les figures qu'on y a dessinées»**'-). Les uns voient 
dans ce passage une allusion à l'art de la dorure 
ou de l'argenture, les autres croient qu'il s'agit de 
l'émaillerie, mais, en réalité, son intérêt est secondaire 
à côté des découvertes archéologiques faites dans 
l'ancienne Gaule, en Bretagne et ailleurs. 

En étudiant les objets d'ornement de la civilisa- 
tion marnienne, découverts en Bohême, nous avons 
vu que l'on ornait à cette époque certains bijoux de 
bronze, tels que des fibules trouvées dans des tombes 
à Zizkov,"-^) au moyen d'applications de corail; on 
remplaçait parfois le corail par une pâte de couleur 
rouge improprement appelée émail, que l'on fixait 
à l'aide d'un petit clou sur le disque terminal du 
talon de la fibule ou sur les extrémités des torques 
de bronze.***) Le véritable émail, de matière vitreuse, 
appliqué à chaud sur le métal, ne se rencontre que 
sur des chaînettes de bronze servant de ceinturon,***^) 
soit à la partie centrale de l'agrafe en forme de petite 
tête d'animal, soit sur les anneaux de la chaînette, 
ainsi qu'on le voit sur le bel exemplaire trouvé à 
Stradonitz (près Laun). 

Les ceintures de bronze sont ordinairement asso- 
ciées aux fibules à talon relevé et fixé à l'arc, type 
caractéristique la station de la Tène et qui domine 
au Hradischt de Stradonitz, où l'on rencontre égale- 
ment l'agrafe à petite tête d'animal pour ceintures 
de bronze (pi. XIX). Dans la partie massive des 
anneaux et des agrafes sont creusées de petites 
cavités triangulaires, remplies d'émail. Cette technique 
se rencontre avec diverses variantes à Stradonitz, de 
même que dans l'ancienne Gaule, à l'époque de César, 
principalement dans les ruines de la célèbre capitale 
des Eduens, à Bibracte, ville qui peut-être considérée 
comme une sœur de notre Hradischt. 



^^) Philostrates, I, XXVI II, Taura, ©aat, ta ypwfxaxa xoùç Iv 
'Ûxsavco Pappdtpou; I^xeiv tôÎ /.a^xô) 8ta7uîpa), xà Sa auvîgraaO-ai, xai 

«3) Staroïitnosti zemë Ceské, IL, 1, pi. VIII, 1. 

^) De petits disques semblables, émaillés ou non, avec 
un petit rivet ou simplement avec le petit trou du rivet, sont 
reproduits dans les Starozitnosti, II, 1, pi. IV, 6, 7; VII, 7; 
VIII, 11; X, 8; XII, 9; XIII, 7, 10, 18; XIV, 6, 15 etc. . . . 

«^0 Starozitnosti, II, 1, pi. XXVI, 1; XXX, I. 



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47 



Dr. J. L. Piè. 



48 



Les émaux du Hradischt sont des émaux 
champlevés monochromes: par exemple, sur un orne- 
ment en forme de tête d'oiseau à col allongé, Toeil 
est dessiné par un disque d'émail blanc opaque; un 
large disque formant l'extrémité d'un petit clou est 
creusé de deux cercles concentriques, autrefois 
garnis d'émail (pi. IX) 50. 

Cette classe d'émaux dans son ensemble présente 
tout à la fois un caractère très primitif et une inconte- 
stable beauté; aussi est-il impossible de la rapprocher 
des émaux d'origine égyptienne ou hellénique. Mais 
nous devons mentionner ici une catégorie d'émaux 
provenant des régions situées entre la Baltique et le 
Caucase, notamment des ornements de harnachement; 
de grandes fibules triangulaires, présentent la même 
technique champlevée®*), en sorte qu'il serait difficile 
d'attribuer à un simple hasard une telle similitude 
de technique et de décor; néanmoins, comme les 
objets émaillés des deux régions géographiques sont 
entièrement différents, il est vraisemblable d'admettre 
que la mode des bronzes émaillés et l'art de leur 
fabrication ont pris naissance dans les régions du 
sud et de là se sont propagés, d'une part, dans le 
Caucase et l'Europe orientale, de l'autre, à l'ouest 
dans les pays gaulois**^. 



^) Tischler (Ost-preussische Gràberfelder, III, pi. V, 
1; item, p. 3) reproduit une fibule triangulaire de la région 
Baltique, en faisant observer que ces fibules sont de travail ro- 
main; je citerai encore une pièce de harnais avec petites croix 
émaillées, du musée de Wilna, que Kondakof classe au 1II« ou 
IV« siècle après J.-C. (PyccKla ApeBHocTH st naMHTHHKax'b 
HCKycTBa, 1890, III, 152), tandis qu'il attribue aux I— V« siècles 
la bride trouvée dans le gouvernement de Kalisch (ibid., p. 155). 
Chojnovsk^ (ApxeonorHHecia cB^A'^Hia o npeAKax-B CjiaBSH'b 
H PycH, Kief, 1896, pi. XIX, p. 851) reproduit une pièce 
de harnachement émaillée, trouvée près de Kief, avec des 
fibules émaillées de Tépoque romaine; un objet similaire, 
découvert dans le gouvernement de Polock, est conservé au 
musée de Wilna (voir KaTajior-B, n^ 481). On connaît de plus 
des fibules triangulaires ajourées, trouvées à Romask, gouverne- 
ment de Kief, reproduites dans Fouvrage deChanënko, JJjpeBHOCTH 
npHAntHpoBiH, Kief, 1901, 4, pi. VII, 195 - 197; ces fibules 
sont semblables à celles de la Baltique mentionnées ci-dessus 
et à celle» qui ont été trouvées dans le bassin supérieur du Volga 
(Baron de Baye, Les Bronzes émaillés de Mostchina, 
gouvernement de Kaluga, Paris 1891, pi. I— IV). Chanënko 
(pi. VIII, fig. 248—288) reproduit une série de pendeloques 
émaillées, similaires à celles qui ont été trouvées dans diverses 
localités du gouvernement de Kief; on peut les rapprocher 
également des fibules de la nécropole de Koban, dans le Cau- 
case, conservées au musée de St.-Germain et dans la collection 
de la comtesse Ouvarov. 

*') Oamier (Histoire de la verrerie et de Témaillerie, 
Paris, 1886, p. 362, 367) estime que ces émaux étaient fabriqués 
par des ouvriers nomades, hypothèse possible, mais nullement 
nécessaire. 



Au Hradischt de Stradonitz, de même qu*à 
Bibracle, les bossettes ou têtes de clou forment la 
série d'émaux la plus importante. Ces petits objets 
sont tous figurés sur la planche IX; se sont de 
petits clous entiers ou de simples calottes. Leur 
surface est gravée de rayures cruciales ou quadrillées; 
le clou lui-même est en bronze ou en fer. Les 
gravures de la bossette étaient entièrement remplies 
d'émail rouge vitreux, dont quelques parties se sont 
conservées sur certains exemplaires (par exemple, 
fig. 16 et 21). La technique de l'application de 
l'émail a été expliquée de diverses manières, mais il 
est incontestable que la poudre d'émail recouvrait 
intégralement la bossette, car le musée de St. Oermain 
conserve de petites capsules d'émail provenant des 
ateliers du mont Beuvray; ces capsules sont creusées 
de petites rainures; elles représentent la couche 
d'émail appliquée sur le métal gravé avant l'opération 
du polissage. Ces petits clous émaillés sont tout à 
fait caractéristiques pour la période gauloise la plus 
récente. Ils servaient à fixer de petits ornements de 
bronze sur des objets de cuir ou de bois; on les 
rencontre encore sur des agrafes de ceinturon en 
bronze, sur des casques, sur des disques, etc.®^) 

Le plus remarquable des objets émaillés du 
Hradischt est la pendeloque que représente la figure 33 
de la planche XIII. Elle porte à la partie supérieure 
un bouton perforé, qui affecte une forme triangulaire 
et est garni à sa base de trois petits anneaux. Sur 
une des faces, à la partie inférieure, sont creusés 
deux cercles concentriques servant à loger l'émail; 
de là partent deux rayures latérales champlevées, 
encadrant un espace triangulaire également champlevé. 
L'émail présente l'aspect d'une mosaïque à tons al- 
ternés; le cercle externe est blanc et bleu (ces deux 
tons ce confondent sur la photographie); les bordures 



^**) On peut étudier au Hradischt ces diverses applications 
des bossettes ornées sur des objets de bronze: pi. IX, 5; 
pi. XIll, 6, 31 ; pi. XXIV, 2, 6 (une imitation est reproduite sur 
la pi. Vin, 30; XXI, 5, 7). Hors de la Bohême, j'ai rencontré 
ces bossettes sur les objets suivants: au musée de Francfort, 
sur une agrafe de chaîne, trouvée à Nauheim; au musée de 
Mayence, sur une agrafe de chaîne sans indication de provenance, 
sur des fac-similés d'objets provenant de la Hesse rhénane et 
sur l'extrémité d'une monture en bronze de dent de sanglier, 
trouvée dans le Rhin; au musée de St.-Germain, sur un casque 
d'Alésia et sur un ornement de ceinture recueilli à St.-Germain- 
les-Corbeil (Seine-et-Oise), avec des objets romains; au musée 
de Bienne, sur des plaques en forme d'écussons provenant de 
La Tène; au mont Beuvray, sur des garnitures de bronze (voir 
Bulliot, Atlas, XLIX, 22); enfin, à l'oppidum de Velem Szt 
Veit, en Hongrie (coll. Miske), on a trouvé également une 
garniture en bronze avec trois bossettes, au type de celles de 
Stradonitz. 



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49 



Le Hradischt de Stradonitz. 



50 



latérales sont émaillées de blanc et de rouge; la 
partie centrale triangulaire est rouge. Les différents 
tons des émaux ne sont séparés par aucune division 
métallique. Je connais des ornements semblables 
appartenant aux premiers temps de l'époque impériale 
romaine®®), avec cette seule particularité distinctive que 
l'appendice est placé à l'extrémité la plus large et 
qu'il servait de couvercle à de petites capsules évi- 
demment destinées à renfermer des parfums; le plus 
souvent, ces capsules elles-mêmes se sont conservées. 
Mais les petites plaques du Hradischt, en raison de 
la largeur de l'appendice terminal et des petits anne- 
aux fixés à la base, servaient vraisemblablement de 
pendeloques pour colliers. 

En résumé, on peut dire que l'émail était ap- 
pliqué sur des objets d'ornement que leur caractère 
rattache à la civilisation gauloise. Les petits clous 
émaillés se rencontrent surtout dans les milieux pro- 
prement gaulois, mais ils s'appliquaient déjà à des 
garnitures d'ornement appartenant à la culture pro- 
vinciale romaine; par contre, les petits disques décorés 
d'émaux mosaïques polychromes se rencontrent dans 
des couches archéologiques romaines et annoncent 
le grand développement de l'art de l'émaillerie dans 
la Gaule, art auquel on doit les belles fibules à dis- 
ques, ornées d'émaux mosaïques de l'époque gallo- 
romaine. 

Anneaux. 

L'usage de porter au doigt un anneau de métal 
remonte à une antiquité très reculée, puisqu'on le 
rencontre déjà dans les légendes mythologiques rela- 
tives à Prométhée et à Mydas. Hérodote rapporte 



^) Le musée de Mayence conserve de petites capsules 
semblables, de provenance locale; on en rencontre également 
au musée de St-Germain (trois exemplaires, provenant de 
diverses localités de la forêt de Compiègne), au musée d'Autun 
(d'Augustodunum); au musée de Zurich (de Riddes, dans le 
Valais); à Raitsbonne (d^Althaufen). Lindenschmit (Rôm.-Germ. 
Centralmuseum, XVni, 15, 16, 18, 19), reproduit des objets 
semblables, trouvés dans le Hesse. Voir aussi Schumacher, 
Sammlung antiker Bronzen, Karlsruhe, 1890, pi. III, 48, 
Chlingensperg (Die rômischen Brandgrâber bei Reichen- 
hall, Brunswick, 1893, pi. V, fig. 2—4) reproduit trois pende- 
loques semblables, à émaux noir et bleu. — Il faut encore re- 
marquer que la pendeloque n° 33 de la pi. XIII appartient à 
l'ancienne collection du musée de Prague et a été enregistrée 
avec la dénomination: trouvailles de Podmokly; il paraît 
vraisemblable qu'elle ait fait partie, ainsi que d'autres petits 
objets, de la collection du professeur Wydra, qui possédait des 
objets du Hradischt, et qu'elle ait été donné au Musée national 
par la Société des Sciences. Un émail mosaïque semblable 
orne une pendeloque en forme de croissant (cf. pi. XII, 42, 43), 
conservée au musée de Genève. 



(I, 1Q5) que tous les habitants de Babylone portaient 
un anneau sigillaire. On s'exph'que donc la grande 
abondance de ces objets dans TAsie occidentale, et 
c'est peut-être dans cette région que la mode a pu 
en prendre naissance. Il n'est pas fait mention 
d'anneaux dans Homère, bien que les fouilles de 
Mycènes aient livré des anneaux d'or et des anneaux 
à chaton lapidaire"^). A Polycrate (t523 avant J.-C) 
appartient le premier anneau précieux mentionné dans 
l'histoire; cet anneau portait une émeraude non 
gravée, d'après Pline (XXXVII, 2—4), gravée, d'après 
Pausanias (VIII, 14); on le conservait encore à Rome 
au temps de Pline. On connaît aussi l'anneau 
de Démosthène, dont la 
pierre cacha le poison qui 
délivra à Calaurie le grand 
orateur athénien de la capti- 
vité (322 avant J.-C). Pyrgo- 
télès est alors cité comme 
le plus habile graveur en 
pierres dures, et c'est à lui 
qu' Alexandre le Grand ac- 
corda exclusivement le droit 
de reproduire son image sur 
des ouvrages de glyptique; 
après lui on mentionne Apo- 
lydes et Cronios et encore 
Dioscorides, au temps d'Au- 
guste^^). 

A Rome comme à Sparte, 
on portait à l'origine des 
anneaux de fer sans pierre, 
et, jusqu'à la fin de l'époque 
républicaine, l'usage était que 
le triomphateur eut au doigt 
un anneau de fer, de même 

que l'esclave qui soutenait au-dessus de sa tête une 
couronne d'or; pour les fiançailles, la future épouse 
recevait en cadeau une petite bague de fer. Les an- 
neaux d'or était à Rome d'un usage exceptionnel: 
Ils servaient aux sénateurs envoyés comme ambassa- 
deurs dans des pays étrangers, mais les sénateurs 
portaient à Rome des anneaux de fer et Marins ne 
prit l'anneau d'or qu'à son troisième consulat. ^*^) 
L'annead d'or avec pierre gravée fut porté à Rome, 
pour la première fois, par Scipion Emilien, puis par 
Sylla, dont l'intaille représentait Jugurta livré; Auguste 
se servait d'un anneau dont la pierre gravée portait 

'<>) Schliemann, Mykenae, Leipzig, 1878, p. 152, 164, 258, 
403, 409. 

'^) Pline, Hist. nat., XXXVIl, 4. 
'*) Pline, XXXIIl, 4. 

4 




Fig. 5. Fibule provinciale 

romaine et plaque oma- 

mentale. 

Coll. du prince de FQrstenberg. 



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51 



Dr. J. L. PiC. 



52 



tout d'abord l'image d'un sphinx et plus tard celle 
d'Alexandre le Orand. L'anneau de Mécènes, dont 
la pierre représentait une grenouille, avait un mauvais 
renom, car ce cachet était souvent apposé sur des 
édits ordonnant de nouveaux impôts."*) Les anneaux 
étaient primitivement portés à Rome au doigt que 
nous appelons annulaire, puis à l'index, plus tard au 
petit doigt et enfin à ces trois doigts, en sorte que 
le doigt du milieu en était seul dépourvu; c'est au 
contraire au médius qu'en Gaule et en Bretagne on 
plaçait l'anneau'*). A l'époque d'Auguste, alors que 
la mode des pierres gravées s'était répandue, les 
chevaliers (équités et judi ces) portaient encore des 
anneaux de fer; des anneaux simplement en fer ou 
en fer doré, ou encore en or sans chaton lapidaire, 
étaient principalement portés par les esclaves; au 



7. Z. J. ♦. 






Fig. 5 a. Pierres gravées ou camées. 



témoignage de Pline, l'usage de l'anneau d'or chez 
l'esclave avait été importé de l'île de Samothrace. 

En Italie, les anneaux étaient alors portés par 
les hommes: c'est ainsi qu'après la bataille de 
Cannes, Annibal put envoyer à Carthage comme tro- 
phée de guerre trois boisseaux d'anneaux romains.'*) 
Au contraire, dans l'Europe centrale, d'après le té- 
moignage des trouvailles archéologiques, ils étaient 
alors d'une très grande rareté; on ne fabriquait que 
des anneaux de bronze.'^) Le Hradischt de Stradonitz 



'«) Ibidem, XXXVH, 4. 

'^) Ibidem, XXXIll, 6. 

'^) Ibidem, XXXVII, 6: trimidia illa annulorum Cartha- 
ginem ab Hannibale mitti. 

'®) Dans la riche série de bronzes ornés provenant des 
sépultures à inhumation de l'époque de La Tène, nous pouvons 
noter avec certitude deux anneaux-bagues, Fun en forme de 
cercle, provenant de Pî^emySlenî (Staroîinotsti, II, 1, pi. II, 
fig. 3), le second d'un type de Stradonitz, provenant de Libteves 
(ibidem, pi. XXV, 15); toutefois il n'est pas certain qu'ils aient 
été trouvés dans les sépultures. Parmi les importantes trou- 



présente donc une véritable exception par l'abondance 
des anneaux comme par le grand nombre des 
objets de verre coloré; on y remarque des anneaux 
avec ou sans pierre, soit en or, soit en bronze, soit 
en fer. 

1. On compte à Stradonitz cinq petits anneaux simples en 
or; deux consistent en un simple fil d'or mince (pi. VII, 
1 , 2) les trois autres sont formés d'un petit ruban de même 
métal sans ornements. 

2. On trouve les mêmes anneaux simples en bronze et aussi 
formés d'un ruban de bronze avec une légère gravure au 
centre de la face extérieure (fig. 42), ou composé d'un 
simple fil de bronze enroulé en spirale (Fig. 40), ou 
d'un fil de bronze aux extrémités renflées et dont l'une 
ressemble à une tête de serpent (fig. 39)"); on a encore 
recueilli des anneaux fermés finement gravés sur une partie 
de leur pourtour (fig. 38). 

3. Petits anneaux en fil de bronze avec extrémités enroulées en 

spirale (pi. VII, 13, 43, 
44), forme caractéristique 
dans l'ancienne Gaule 
pour les premiers temps 
de l'époque gallo- 
romaine '^). 
4. L'anneau que reproduit 
la figure 21 est assez 
semblable à ceux du 
type précédent; il porte, 
au lieu de spirale, trois 
petites plaques, dont les 
deux latérales étaient 
remplies d'une sorte 
d'émail, tandis que celle 
du centre est ornée d'un 
globule de verre, dis- 
position que je n'ai pas 
rencontrée ailleurs. 
5. Les anneaux à chaton de pierre, conservé ou disparu, 



vailles des Gleichberg, près Rômhild, synchroniques de celles 
de Stradonitz, on ne trouve que des anneaux en forme de 
cercles simples. Tadte (Germ., 31) rapporte le fait suivant, 
au sujet des Chates : fortissimus quisque ferreum insuper annu- 
lum (ignominiosum id genti) velut vinculum gestat donec se 
caede hostis absolvant. Mais ce passage est interprété de di- 
verses façons, évidemment parce que le texte en est tronqué 
(conf. MûUenhof, IV, 416), et les informations archéologiques 
relatives à des découvertes d'anneaux-bagues sur le territoire 
des Chates font défaut. 

") Lindenschmit (Alterthûmer, III, 1, IV, 6) en re- 
produit un semblable, mais avec une petite tête à chaque extré- 
mité (trouvailles romaines de Heddemheim). 

'*) Le musée d'Autun conserve un petit anneau semblable, 
provenant d'Augustodunum même; on en voit d'identiques 
au musée de St.-Germain, provenant de la forêt de Compiègne, 
aux musées de Clermont, de Bourges, et de Nantes. Linden- 
schmit (Alterthûmer, II, V, III, 5) reproduit avec des objets 
romains un anneau semblable, recueilli aux environs de Mayence; 
j'ai déjà parlé de l'anneau de Libîeves. Enfin, on en a trouvé 
un dans l'oppidum de Velem Szt. Veit près Kôszeg, en Hongrie 
(coll. Miske). 



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53 



Le Hradischt de Stradonitz. 



54 



forment parmi les trouvailles du Hradischt une jolie série. 
Il faut placer au premier rang un exemplaire en or (fig. 4) 
qui présente la forme d'un anneau à cacheter mais avec un 
chaton d'ambre remplaçant la pierre. Les anneaux de fer 
(fig. 25, 32, 34, 36) ressemblent, quant au type, à cet 
anneau d'or. 

Les anneaux que reproduisent les figures 15—20, 22, 24, 
26 — 31, sont particulièrement typiques tant par leurs formes 
recherchées que par leurs petites pierres ovales ou leurs 
pâtes de verre imitant la pierre. Les exemplaires fig. 12—14 
présentent une forme exceptionnelle à Stradonitz; la couleur 
jaune clair de la pierre d'ambre (fig. 12) est également 
anormale, de même que celle des chatons d'ambre fig. 52—54, 
car, en général, l'ambre trouvé au Hradischt est de couleur 
grenat. 
6. On remarque encore quatre pierres gravées, qui étaient 
évidemment fixées à autant d'anneaux: 

a) Demi-cornaline, de forme ovale, avec une image de 
Pallas-Athéna; assise, la tête casquée, elle tient un casque 
de la main droite; près d'elle voltige un papillon. Beau 
travail grec (pi. Vil, 47). Furtwàngler regarde ce type 
comme d'origine hellénistique sud-italique et le classe aux 
derniers temps de la république romaine.'®) 

b) Pierre ciliceuse de couleur foncé, ornée d'un buste 
féminin, avec cheveux boudés, en partie retenus par une 
bandelette; on peut le regarder comme représentant Méduse 
ou Isis. Furtwàngler considère également ce type comme 
heHénistique et sud-italique; il le classe au premier siècle 
avant y-C."^) 

c) Sur une cornaline de plus grande dimension est gravée 
avec la même finesse l'image d'une gazelle ou d'un cerf 
qu'attaque un loup ou un chien; cette gemme parait être 
également d'origine italique.®*) 

d) Intaille de plus petite dimension avec personnages 
nus accroupis. Travail sud-italique. 

Les anneaux trouvés au Hradischt présentent 
par leur nouveauté un haut intérêt pour Tarchéologie 
tchèque. Nous pouvons notamment admettre comme 
très vraisemblable que les jolis exemplaires composés 
d'un fil de bronze avec spirales terminales sont 
originaires de la Gaule romaine et, au surplus, d'une 
région, comprenant en toute certitude Augusto- 
dunum et la forêt de Compiègne. 

On trouve aussi dans la région rhénane des 
anneaux analogues à ceux qui présentent des têtes 



'*) Furtwàngler (Die Antiken Oemmen, Leipzig 1900) 
reproduit ce type d'Athena sur la planche XXVII, 68. 

««) Furtwàngler (ibidem, pi. XXVI, 11, 12, 35); types assez 
similaires; cet auteur fait observer (p. 282) que la figure 11 
représente la déesse égyptienne Isis. Une gemme semblable 
a été trouvée dans la nécropole de Omavasso (Bianchetti, 
loc. cit., XIV, 2), dans la tombe n^ 110 de Persona, c'est-à- 
dire dans la partie la plus récente de cette nécropole. 

^^) Une gazelle semblable ou un autre animal est représenté 
également sur des intailles trouvées dans la partie la plus 
ancienne du dmetière d'Omavasso, à San Bemardo (Bianchetti, 
loc. cit, XIV, 9, 13—15); mais il n'y a pas de représentation 
de loup ni de chien; voir également une gemme semblable, au 
type de la gazelle, dans Furtwàngler, loc. cit., pi. XXIX, 1, 2. 



de reptiles. La mode des anneaux avec chatons de 
pierre et des anneaux d'or, de bronze et de fer est 
d'origine italique; toutefois on ne peut affirmer qu elle 
ait pénétrée directement de l'Italie dans l'Europe 
centrale, car, d'après Pline, l'usage de porter des 
anneaux s'était répandu en Gaule; ce fait est d'ail- 
leurs confirmé par les trouvailles d'Augustodunum, 
où l'on rencontre des anneaux de bronze filiformes 
avec spirales terminales et des anneaux avec pierre 
parfois gravée; sur Tune d'elles, on voit une tête de 
Méduse tout-à-fait semblable à celle que nous 
venons de décrire plus haut. Il faut d'ailleurs ajouter 
que plusieurs intailles ont été trouvées dans les 
fouilles de l'ancienne Bibracte. Comme elles appar- 
tiennent à l'époque de César, on peut admettre que 
les anneaux avec pierre unie ou gravée, ont été im- 
portés en Oaule vers l'époque de l'abandon de 
Bibracte et de la fondation d'Augustodunum. Enfin 
il est possible que la mode du port des anneaux 
au Hradischt soit la conséquence de l'introduction 
de cet usage en Oaule, à la fin du premier siècle, 
sous l'influence de la civilisation italique. On ne 
peut savoir, il est vrai, si à cette époque les anneaux 
de fer à chaton lapidaire étaient ou non répandus 
en Oaule. 

Bracelets de métal. 

Parmi les objets les plus caractéristiques de la 
belle civilisation gauloise figurent en première ligne, 
à côté des fibules, de magnifiques torques, des bra- 
celets et des anneaux de jambe. Au Hradischt, le 
torques n'est représenté que par un cercle creux 
(pi. XIV fig. 3, musée de Vienne) et par quelques 
fragments ornés de globules en relief (pi. XI, XV, XVI). 
Les anneaux de jambe ne se rencontrent plus et la 
plupart des bracelets sont en verre; les bracelets 
métalliques sont très rares et offrent des formes tout- 
à-fait nouvelles. 

Le plus bel exemplaire des bracelets de métal 
est celui que reproduit la fig. 23 de la pi. XI; ajouré 
et orné avec art,^*) il rappelle certains bracelets de 
la dernière période gauloise, tel qu'un exemplaire 
trouvé à Stradonitz près Loun, ajouré de même, 
mais décoré d'ornements en spirale.**^ A un type 
différent appartient un bracelet creux à patine foncée 
(pi. XXVII, 7), dont j'attribuerais la forme à l'industrie 
hallstattienne. 



*♦'*) J'ai vu au musée national de Zurich des bracelets pro- 
venant des fouilles toutes récentes de la nécropole de Oiubiasco 
dans le Tessin et ressemblant beaucoup à ceux du. Hradischt. 

*») Starozitnosti zemé Êeskë, 11, 1, pi. XXX, 4. 

4* 



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55 



Dr. J. L Pi«. 



56 



Un peu plus nombreux sont les bracelets faits 
d'un fil de bronze, dont les extrémités se croisent 
pour s'enrouler en spirale sur deux points opposés 
(pi. XXVII, 12, 13; pi. XXVIII, 5); d'une forme peu 
artistique, ils se rencontrent déjà en Gaule dans les 
fouilles de l'ancienne Bibracte et aussi parmi les 
vestiges des villes gallo-romaines, où ils sont assez 
abondants."*) Ils disparaissent en général au moment 
du plein développement de la culture provinciale 
romaine. 

Ornements de ceinture. 

A l'époque antérieure appelée époque marnienne, 
on faisait usage de ceintures en forme de chaînes. 
Celles-ci se rencontrent encore au Hradischt de 
Stradonitz, mais déjà exceptionnellement, car on n'en 
a recueilli qu'une seule (pi. XV, 1); elle se compose 
de petits anneaux et de maillons simples ou présen- 
tant une moulure médiane. Il n'est pas possible de 
dire si le fragment de chaîne du musée de Prague 
(pi. XII, 7) a fait partie de cette même chaîne, ou 
s'il appartenait à un second exemplaire. Parmi les 
autres chaînettes trouvées au Hradischt, quelques- 
unes (pi. XXVII, fig. 1, 10) peuvent encore être con- 
sidérées comme des ceintures, tandis que d'autres, 
plus légères (fig. 11, 16), servaient évidemment à la 
suspension des balances; une autre (fig. 6), terminée 
à chaque extrémité par une double plaque, n'était 
peut-être qu'un simple ornement de harnachement. 

Parmi les agrafes de ceinture, il s'en trouve 
également quelques-unes absolument conformes aux 
agrafes des chaînes-ceintures en bronze appartenant 
à la dernière époque gauloise, c'est-à-dire aux Boïens 
ou aux Helvètes; elles sont représentées sur la 
pi. XIX, fig. 2, 3, 6, 8, 9. 

Elles se terminent par une petite tête d'animal, 
décoration que nous connaissons déjà; toutefois on 
ne saurait décider si elles appartenaient à des chaînes- 



**) J'ai vu au musée de Francfort, des bracelets semblables, 
trouvés à Niederolm avec des bracelets de La Tène en métal mince 
et des bracelets creux. J'en ai noté d'autres dans les musées 
suivants: au musée de Mayence (provenant également des 
sépultures à incinération de Niederolm, c'est-à-dire d'époque 
romaine); au musée de Meiningen (des Gleichberg près Rôm- 
hild) ; au musée de Zurich (des tombes de Gubiasco) ; au musée 
de Strasbourg (trouvailles d'époque romaine); au musée de 
Saint-Germain (trouvailles romaines de la forêt de Compiègne) ; 
au musée d'Autun (divers fragments provenant de Bibracte et 
un exemplaire complet d'Augustodunum), au musée de Clermont- 
Ferrand (des sépultures des Martres de Veyre) ; au musée de 
Nantes, à la main d'un squelette; le musée de Prague possède 
de Libîfeves un bracelet semblable (Staroiitnosti, II, 1, 
pi. XXIV," 6). 



ceintures en bronze ou à des ceinturons de cuir. 
Peut-être ces crochets en forme de têtes s'engagaient- 
ils dans la boucle des contre-agrafes, dont la figure 12 
reproduit un exemplaire, autrefois orné d'émaux de 
style gaulois. 

La planche XIX reproduit d'autres modèles 
d'agrafes, les uns de style gaulois, les autres déjà 
gallo-romains; le plus simple (fig. 4, 7), se compose 
d'un anneau qui s'engageait dans l'extrémité du 
ceinturon de cuir et qui porte une petite tige formant 
l'agrafe proprement dite.^*^) Un autre (fig. 1 ) appartient 
à un type plus développé, avec deux petites ailettes 
à la naissance du pied de l'agrafe;^®) on peut voir 
sur la planche XXXIII des agrafes en fer similaires. Sur 




Fig. 6. Plaque ornée de la coll. 
du prince de Fûrstenberg. 



un autre modèle, l'anneau est remplacé par un rectangle 
(fig. 5); d'autres fois, une petite barre transversale 
remplace le bouton de l'agrafe (fig. 13—15, 17j. Un 
exemplaire (fig. 10) porte un disque orné d'ambre. 
Un autre, d'un type spécial, est figuré sur la planche 
XIV (fig. 67). Certaines agrafes, composées d'une 
feuille de bronze terminée en crochet (pi. XXII, fig. 4, 8) 
rappellent par leur forme les agrafes d'une époque 
antérieure qui apparaissent, avec la fibule dite de La 
Tène II, dans la Bohême septentrionale.^") L'exemplaire 



^) Le musée de Bienne possède, parmi les trouvailles de 
la station de La Tène, 34 agrafes en forme de petits anneaux 
simples, mais avec une petite tige à bouton terminal servant 
de crochet; il y en a de semblables au musée de Zurich; des 
agrafes semblables à double anneau et à bouton sont conservées 
aux musées de Saint-Germain, de Clermont et de Bourges, pro- 
venant de découvertes de l'époque romaine; je n'ai pas rencontré 
ailleurs des exemplaires d'une forme aussi simple que ceux de 
Stradonice. 

**") Voir Anger, Das Grabfeld von Rondsen, pi. XIV, 
1—15; exemplaire semblable. 

^') Voss et Sleimming, Vorgeschichtliche Alterthûmcr 
der Mark Brandenburg. Brandenb. 1886; sépultures à in- 
cinération de Krielow, de Fohrde, de Ragôsen ; voir aussi Linden- 
schmit, AltertiJmer, H, IX, II. 



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57 



Le Hradischt de Stradonitz. 



58 



ajouré d'ornements (fig. 7) se rattache au contraire 
aux objets de style provincial romain. 

Dans cette dernière série se classe en premier 
lieu la grande agrafe à évidement central circulaire 
(pi. XIX, fig. 16), qui rappelle un peu par Tensemble 
de sa forme les agrafes à tête d'animal.*^^) J'attribue 
à la même influence romaine la série des agrafes 
(ou garnitures?) terminées par une palmette (pi. XIX, 
fig. 18 — 26). **®) C'est aussi à la fermeture des ceinturons 
que servaient les boucles circulaires (pi. XIX, 27 et 
XXVIII, 4); on les rencontre avec diverses variétés de 
forme dans les trouvailles où apparaît le style provincial 
romain. Les anneaux ouverts, aux branches repliées 
(pi. XVI, 4; pi. XIV, 45, 46, 52, 58), sont aussi des 
cadres de boucles.^*^) 

On a trouvé au Hradischt en grande abondance 
des ornements de bronze autrefois appliqués sur 
des objets de cuir, mais il est difficile de distinquer 
entre les ornements de ceinture et les ornements de 
harnais. 

Dans la première série je classerai notamment 
de petites bossettes en bronze, portant au revers 
sur leur pourtour deux ou quatre languettes triangu- 
laires (pi. XIV, fig. 5—7)®^); celles-ci étaient destinées 
évidemment à pénétrer dans des incisions du cuir, 
ce qui assurait l'adhérence des bossettes. Ce pro- 
cédé rappelle une mode hallstattienne et il est pos- 
sible que les bossettes aient servi, comme celles des 
sépultures hallstattiennes, à garnir des ceintures de 
cuir. On remarque également des appendices sem- 
blables sur des boutons en forme de bossettes à 
dépression centrale (pi. XIV, fig. 8), tandis que sur 
d'autres exemplaires (pi. X, 1, 5, 7—10), les traces 
de ces languettes ne se sont pas conservées. Sur 



**) Une agrafe semblable, du musée de Prague, provient 
des sépultures à incinération bouleversées lors de la construc- 
tion de la gare de Smichov ; une autre, du musée de Mayence, 
provient du Rhin; une autre est reproduite dans Voss (Nadel, 
Fi bel und Gûrtelhaken, dans les Verhandl. d. Berliner anthr. 
Oesell. 1898, 226); une agrafe entièrement semblable, mais avec 
petit crochet provient de Ober-Wiederstadt (Cercle de Mansfeld). 

^) On a trouvé au mont Beuvray un exemplaire semblable, 
incomplet (voir Déchelette, Le Hradischtde Stradonitz, p. 50). 

^) Me"« Mestorf (Entstehung der Schnalle, dans les 
Verhandl. Berlin, 1884, 28) reproduit un exemplaire semblable, 
provenant de Trêves (fig. 5), un autre de Berne (fig. 6), un autre 
de Schwerin; un exemplaire semblable se trouve au musée de 
Troyes (Catalogue des bronzes du musée de Troyes. 
pi. LXXX, fig. 789). Mais ces petits anneaux pouvaient avoir 
une autre destination. 

^^) Ce type s^est conservé à l'époque impériale romaine (voir 
Chlingensperg, Die rômischen Brandgrâber bei Reichen- 
hall, Braunschweig, 1896, pi. V, fig. 13). 



des courroies servant de ceinture ou de harnais, ou 
peut-être utilisées pour ces deux destinations, on 
fixait aussi des ornements circulaires en bronze, de 
plus grandes dimensions, ornés de cercles con- 
centriques ou d'un bossage, à la partie centrale; ces 
disques étaient attachés au cuir, soit à l'aide de 
petits rivets (pi. XII, 1, 6, pi. XVI, 18), soit par de 
doubles œillets (pi. X, 3), suivant un procédé hall- 
stattien. Aux mêmes types se classent une jolie 
garniture ajourée (fig. 6) que fixaient de petits rivets. 




Fig. 7. Disque de suspension de Skrej 
collection du prince de Fûrstenberg. 



et une garniture circulaire également ajourée et munie 
au revers de deux oreilles (pi. XXII, fig. 11), enfin 
une autre plaque ajourée, fixée seulement par des 
rivets et où apparaissent déjà des motifs décoratifs 
de l'époque provinciale romaine (pi. XXII, 10)®*^). Au 
contraire, l'élégant disque de suspension ajouré, trouvé 



^) Un ornement semblable, de Tépoque des invasions 
barbares, et provenant du gouvernement de Kiew est reproduit 
dans l'ouvrage de Chanënko, ^peBHOTn ITpHAHinpoBia, Kiew. 
1901, pi. IV, fig. 282; la collection de la comtesse Ouvarov en 
conserve un autre, trouvé dans une hypogée, près de Balty 
dans le Caucase (voir comtesse Ouvarov, MaTepiajiu no apxe- 
ojioriH KaBKaaa, VIll, pi. LXV, 28). 



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59 



Dr. J. L ra. 



60 



à Skrej, servait seulement d'ornement de harnais 
(fig. 7); de même, je suis porté à croire que la 
garniture de bronze munie de trois appendices la- 
téraux, avec un évidement en forme d'arc et une sorte 
de triquètre émaillé sur le bossage central, servait à 
orner quelque harnachement (pi. XII, fig. 10); cet 
objet par son style se rattacherait de préférence à 
une industrie orientale. Il est difficile de se pro- 
noncer sur la destination des ornements^de certaines 
plaques métalliques, terminées d'un côté par une 
rouelle (par ex. pi. XII, 8, 12, 28 etc.); ces objets 
pouvaient être appliqués sur du cuir ou encore 
servir de garniture à des coffrets de bois ou à des 
ustensiles similaires. 

Parmi les ornements dont le style révèle l'influence 
de la civilisation provinciale romaine, nous pouvons 
compter de belles garnitures de bronze (pi. XII, 
fig. 23, 26—28), dont la partie inférieure est creuse 
et qui étaient fixées par de petits rivets soudés à la 
base. A la même série appartient une jolie garniture 
(pi. XXVI, fig. 2), ornée au centre d'un clou à bossette 
orné et une autre (pi. XXVI, fig. 10), attachée à la 
partie inférieure. Ces deux garnitures paraissent 
avoir orné des pièces de harnachement. 

La planche XIII reproduit une série de petites 
garnitures de courroie. Celles que représen- 
tent les fig. 6 et 7, comme l'indiquent leurs formes, 
étaient placées transversalement sur une ceinture et 
fixées par de petits clous à des bossettes ornées. 
La destination des garnitures à deux lames, à travers 
lesquelles passait évidemment une courroie (pi. XIII, 
10, 30), est indiquée par la pièce que reproduit la 
figure 6 de la planche XXVII: à une garniture sem- 
blable est suspendue une chaînette dont la des- 
tination est à coup sûr purement décorative. Une 
garniture similaire, formée d'une lamelle repliée et 
dont les extrémités étaient fixées par un rivet à une 
courroie (peut-être une ceinture) (pi. XIII, 11, 12, 
26, 40), servait évidemment à y fixer quelques orne- 
ments, au moyen d'une chaînette ou d'un anneau, 
ainsi qu'on peut le constater par d'autres objets 
(pi. XIII, fig. 25, 2Q). Les garnitures des fourreaux 
de poignards étaient fixées par des objets sem- 
blables (pi. XXX, 9). 

Au contraire, il est difficile de décider si les 
petits boutons de bronze à large disque avec 
bossage orné à la partie centrale (pi. X, 11 — 23) et 
ceux à tête plate ou hémisphérique (pi. XIV, 10—15, 
19 — 23), servaient d'ornements de courroie ou s'ils 
étaient fixés à des vêtements. Il n'est certainement 
pas douteux que les vêtements simples, d'étoffes 



non cousues ou seulement en partie cousues, 
connus par les trouvailles nordiques de l'âge du 
bronze, ont donné naissance à un véritable habille- 
ment complet, se composant dans les régions situées 
au nord des Alpes, du pantalon, de la tunique et du 
manteau. Que l'usage de la couture fut répandu 
au Hradischt, c'est un fait que démontre pleinement 
l'abondance des aiguilles et des pesons de fuseau 
découverts dans cette station; mais, d'autre part, 
les fibules y sont si minces qu'elles ne pouvaient 
évidemment pas servir à attacher le manteau; on 
peut donc se demander si le vêtement de dessous 
des habitants était maintenu par des agrafes, sui- 
vant la mode gauloise, et si les boutons de grande 
dimension dont nous venons de parier n'étaient 
pas aussi de simples ornements de courroie, ce qui 
est établi avec certitude pour les petits boutons 
de l'époque hallstatienne. 



Pendeloques. 

J'ai déjà parié plus haut des grains en verre de 
couleur qui servaient évidemment à composer des 
colliers; je suis porté à croire que le plupart des 
pertes de bronze et des petits annelets (pi. XVIII, 
1 — 5) avaient le même emploi, tandis que pour 
les anneaux plus grands (pi. XVIII, 6, 7), on peut 
se demander si telle était leur destination, ou si, 
comme l'admettent quelques archéologues, ils étaient 
employés comme monnaie. 

La planche XII reproduit toute la série des 
petites pendeloques. Les plus communes ont la 
forme d'un anneau à deux oreillettes (fig. 19, 27, 34); 
sur un exemplaire, un appendice vertical à extrémité 
bifide est inséré à la naissance des deux oreillettes 
(fig. 25); sur un autre (fig. 30), l'appendice prend 
naissance au centre de chaque oreillette. Un petit 
ornement incomplet (fig. 21) rappelle un type de 
pendeloque qui se rencontre dans les tumulus; un 
autre (fig. 20) présente déjà la forme d'une palmette 
dénotant une influence romaine, influence qui se 
manifeste sur l'ornement n*" 22. 

Parmi les pendeloques les plus caractéristiques 
figurent des plaques en forme de croissant, dont 
un exemplaire (fig. 42) s'est intégralement conservé, 
tandis que d'autres (fig. 41, 43) sont incomplets; 
ces ornements, ainsi que nous l'avons montré plus 
haut, à propos du croissant émaillé du musée de 
Genève, se rattachent, d'une part, à l'influence gau- 
loise et, de l'autre, par certaines trouvailles, à la 



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61 



Le Hradischt de Stradonitz. 



62 



culture gallo-romaine®^); aussi peut-on les classer à 
la période de transition. 

Également intéressante est une pendeloque fixée 
à une chaînette, se composant d'une petite tige verti- 
cale qui porte à son centre deux autres tiges, placées 
en croix horizontalement; un sphéroïde termine chaque 
extrémité des tiges (fig. 31). Je connais trois pende- 
loques à chaînette semblables, conservées au musée 
de Zurich et provenant de la nécropole de Oiubiasco, 
dans la vallée du Tessin, nécropole explorée récem- 
ment; comme d'autres types de ce cimetière se re- 
trouvent encore au mont Beuvray et à Stradonitz, 
il est possible que ce modèle de pendeloque se 
soit répandu de cette région des Alpes dans des 
contrées lointaines®*). Une autre pendeloque, en 
forme de croissant suspendu à une chaînette (fig. 24), 
paraît n'être qu'une variante des ornements de forme 
demi-lunaire décrits ci-dessus. 

Enfin, parmi les pendeloques, les rouelles pré- 
sentent une importance particulière. Le nombre de 
leurs rayons est de quatre pour les petits exem- 
plaires, de huit pour les grands; beaucoup sont 
perforées à la partie centrale, qui présente souvent 
une saillie sur ses deux faces; les plus grandes 
rouelles ressemblent dans une certaine mesure à des 
roues de char; d'autres, plus petites, sont entièrement 
dentelées sur tout leur pourtour (pi. X, fig. 24, 25, 
27—40). Ces rouelles, comme le démontre la 
figure 24 de la planche X, étaient attachées par une 
chaînette aux fibules; ici la fibule est déjà d'une 
forme de transition, ce qui confirme un fait déjà 
constaté, à savoir que, tout au moins en Gaule, les 
rouelles apparaissent dans les milieux les plus récents 
de la culture gauloise et aussi dans les couches 
de civilisation romaine ou plus exactement gallo- 
romaine®*). 



•*) Trouvailles semblables au musée de S' Germain (forêt 
de Compiègne, époque romaine), au musée de Lausanne 
(Chevroux), au musée de Genève (plaquettes émaillées, men- 
tionnées ci-dessus), au musée de Mayence (trouvailles romaines 
et fac-similés d'après des originaux provenant de la forêt de 
Lorsch près Darmstadt). H est intéressant de constater que ce 
type se rencontre également au Caucase: voir comtesse Ouvarov, 
op. cit. Vni, pi. LLXII, fig. 8, trouvailles de Dalogk et pi. CLLLI, 
fig. 7, trouvailles de Machëesk, beaux ornements de coiffure. 

^) Autre l'exemplaire, ci-dessus mentionné, de Giubiasco, 
j'en ai vu un autre au musée de Francfort, suspendu à une 
chaînette, provenant de la Hesse rhénanne; au musée de 
Mayence, on voit des fac-similés provenant des sépultures à 
incinération d'Ansiedeln, cercle d'Erfurt. 

^) Au musée d'Autun, une rouelle à six rayons provenant 
du mont Beuvray (voir Bulliot, Atlas, pi. LXX, fig. 23); au 
musée de S' Germain, exemplaires de dimensions variées pro- 
venant de la forêt de Compiègne et de diverses localités: 



Parmi les pendeloques, il faut encore ranger de 
petits ornements se composant d'une tige cylindri- 
que terminée d'un côté par un anneau, de Tautre 
par une plaque triangulaire, dentelée à la base et 
ornée de petits cercles (pi. XII, 3Q, 40, 45); mais 
il est possible que ces pendeloques aient servi à 
décorer des pièces de harnachement. 

Anneaux d'ornement. 

J'ai déjà décrit plus haut un bracelet orné de 
globules (pi. XI, 23), qui rappelle dans une certaine 
mesure des bracelets de la fin de la période gau- 
loise et notamment par sa forme un bracelet trouvé 
à Stradonitz, près Loun. On a recueilli au Hradischt 





Fig. 8. Anneaux ornés de têtes de bélier. 

(PI. XI, fig. 24, 9.) 



toute une série d'anneaux à décor globulaire de 
formes et de dimensions variées. Sur l'un d'eux, 
d'un modèle bizarre (pi. XI, 24), particulièrement 
intéressant, quatre têtes de bélier aux cornes en- 
roulées en volute ornent la face extérieure; ces 
têtes, d'un modelé rudimentaire, sont adossées deux 
à deux (fig. 8, 1). Entre les deux groupes de têtes 
est figuré, de part et d'autre, un demi -bourrelet 
guilloché. Moins caractéristique est le fragment 
d'un autre cercle semblable (pi. XI, Q et fig. 8, 2), où 
les têtes de bélier ne sont que confusément repré- 
sentées. Sur un troisième cercle, conservé au musée 



mont Berny, Camp de Châlons, Naix (Meuse), Saint Pierre-en- 
Chartre, plateau du Puy d'Issolu, Boviolles (Meuse), mont Auxois, 
Ballastière de Guîgniecourt (Aisne), Auvenay (Côte d'Or), le 
mont Beuvray; j'ai vu des rouelles semblables au musée d'Epinal, 
sans indication de provenance, à Rennes de la Marne, à Châlons 
(de S' Etienne-au-Temple), à Lausanne (d'Augst), à Berne (de 
Tiefenau). Gross en reproduit de semblables provenant de La 
Tène (pi. XI, fig. 27); le musée de Munich en possède de sem- 
blables, trouvées à Beratshausen. 



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63 



Dr. J. L. Piî. 



64 



de Vienne (pi. XVI, 7), trois têtes de bovidés, d'un 
dessin confus, alternent sur le pourtour extérieur 
avec trois globules. 

Les anneaux ornés de représentations de petits 
animaux ou de têtes d'animaux ne se rencontent 
que rarement®*^) et, comme la civilisation hall- 
stattienne a livré des motifs semblables, on a exprimé 
l'opinion que ces ornements appartiendraient encore 
au développement de cette culture, peut-être comme 
survivance. Mais un certain nombre ayant été ren- 
contrés associés à des objets des derniers temps 
de l'époque de La Tène, plusieurs archéologues 
autorisés les ont revendiqués pour cette époque, 
et, après que Virchow eût attiré l'attention sur des 
objets semblables découverts à Koban dans le 
Caucase*^, Szombathy fut fondé, ce me semble, à 
attribuer à ces anneaux une origine orientale, dont 
l'influence ce serait exercée d'une manière encore 
indéterminée sur la civilisation de La Tène^***). 

^) L'exemplaire qui se rapproche le plus de Tanneau de 
Stradonitz (fig. 24) est celui qui a été retiré du Rhin à 
Mayence, aujourd'hui au musée de Mayence; il porte de petites 
têtes de bélier et une belle ornementation globulaire; il était 
associé à des fibules de La Tène II, à des fibules romaines et 
à des lingots de bronze (Verhandl. Berliner anth. Gesells., 
1891, fig. 5). L'exemplaire le plus approchant est en second 
lieu celui qui a été trouvé en Suisse, près de port Niedau, en 
creusant un canal: la même fouille a mis à découvert des épées 
de La Tène; cet anneau porte deux figures d'oiseau et trois 
têtes cornues de bœuf ou de bélier (Verhandl. Berl. anth. 
Oes., 1891,332; Heierli, Urgeschichte d. Schweiz, Zurich, 
1901, 336, fig. 322). Un troisième exemplaire semblable, 
aujourd'hui au musée de Wiesbaden, a été trouvé dans le Rhin 
près de Walluf ; il est orné de quatre têtes de bélier, alternant 
avec quatre globules groupés deux à deux. (Verhandl. Berl. 
anth. G es., 1891, p. 491, fig. 1). En décrivant ces petits anneaux 
ornés, Virchow en cite encore deux autres du musée de Wies- 
baden avec petits têtes d'animaux cornus (p. 492): Voss, de 
son côté, signale un anneau décoré de trois têtes de bélier, 
trouvé près de Cologne et conservé au musée de Berlin; il 
mentionne encore un exemplaire avec représentations d'oiseaux 
trouvé à Epfach (musée d'Augsbourg (ibid. p. 334). 

«') Virchow (Verhandl. Berlin, 1891, p. 333 et Das 
Grabfeld von Koban) mentionne des ornements de bronze, 
en forme de têtes de bélier, recueillis dans la célèbre nécropole 
de Koban ; des pendeloques avec le même motif sont reproduites 
par la comtesse Ouvarov, MaTepia;iu no apxeoJioriH KasKaaa, 
I, pi. XXV. 49, 31, 68, 51. 

^^) Au cours de la discussion engagée en 1891 à la Société 
d'Anthropologie de Berlin sur l'origine de ces anneaux, Virchow, 
d'accord avec Bertrand, les attribuait à la civilisation hallstattienne, 
sans doute influencée par l'art étrusque, tandis que Voss, Tischler 
et Heierli exprimaient l'opinion qu'ils appartiennent à l'époque 
de La Tène; Szombathy appela avec raison l'attention sur leur 
présence dans les trouvailles du Hradischt et, à l'appui de 
l'attribution à l'époque de La Tène, il montra l'analogie de 
l'ornementation globulaire de ces anneaux avec celle des bracelets 
de verre de la fin de cette époque. 



Les anneaux et cercles à décor globulaire simple 
présentent de grandes variétés de forme et de di- 
mension: les globules sont parfois disposés sur un 
seul rang, espacés et au nombre de cinq (pi. XI, fig. 4) 
ou au nombre de six sur un cercle extérieur, con- 
centrique à un premier cercle central (fig. 12); les 
globules se trouvent encore répartis sur deux ou 
trois rangs, soit à intervalles égaux sur tout le pour- 
tour, soit par groupes isolés à intervalles parfois 
inégaux; sur un fragment (fig. 3), ils forment des 
groupes de trois, avec tige commune; la figure 13 
montre un annelet orné d'une boucle et de deux appen- 
dices rectilignes à extrémité trêflée. 

Ces annelets simples appartiennent naturellement 
à la même époque et à la même culture que les 
anneaux ci-dessus décrits, ornés tout à la fois de 
globules et de petits motifs zoomorphes; leur aire 
de dispersion est cependant un peu plus étendu**). 
Leur destination ne saurait être déterminée avec 
une entière certitude. Quelques-uns étaient portés 
comme bracelets (fig. 23); d'autres servaient peut- 
être de colliers (fig. 20, 15, 16); quant aux plus petits, 
M. Szombathy a fait remarquer que, dans les tombes 
des régions alpestres, ils étaient placés à l'extrémité 
des courroies de ceinturon et servaient de boucle 
de fermoir^^); il n'est pas impossible que les anne- 

^) Virchow cite un anneau du musée de Wiesbaden (Ver- 
handl. Berl. Anthr. Gesells., 1891, p. 814, fig. 4) et Szombathy 
des anneaux à triple ornement globulaire, trouvés avec des 
fibules de La Tène I et II, ainsi que d'autres du musée de 
Landshut (trouvailles de Gôttersdorf). Cf. Lindenschmit, Alter- 
th limer, II, V, I, 2. 3 (d'IIvesheim) et Lindenschmit fils, Das 
Rom. Germ. Central-Muséum, XXXI, 12. Wenzel Schulz 
(ibid., p. 878) cite les anneaux de Tynice, de Svàrov et de Renî 
en Moravie, tous conservés au musée de Prague. J'ajouterai 
que le musée d'Autun possède deux petits anneaux à décor 
globulaire venant du mont Beuvray (Bulliot, Atlas, pi. LXIX, 
fig. 10, 16, 18); je citerai encore au musée de Roanne un exemplaire 
provenant du département de l'Allier, au musée de Trêves, un 
torques à décor semblable provenant de Marpingen et dans le 
collection Miske quelques exemplaires trouvés à Velem Szt Veit, 
près Kôszeg (Hongrie). En outre, Virchow (ibid., p. 491, fig. 6) 
publie un anneau à quatre globules provenant de la nécro- 
pole de Gogdaja dans le Caucase et Chanënko (^peenocTH 
IIpHAntnpoBifl, pi. IV, 22 et pi. XX, fig. 223) représente des 
anneaux similaires connue faisant partie de brides de chevaux 
découvertes dans des sépultures scythes, à Volkov, gouverne- 
ment de Poltava et à Prus, gouvernement de Kijev. Les analogies 
avec les types industriels de régions orientales lointaines, peut- 
être explicables par une influence de civilisation, sont donc ici 
encore mises en évidence. 

^^) >Ringe von 2—5 cm Durchmesser mit 3—10 Warzen in 
einer Reihe am Umfange, in den Gràbern von Hallstatt, Watsch, 
St. Margarethen, St. Lucia u. s. w. vorkommen, hàufig mit einer 
kleinen Bronzeschleife am Ende eines Riemens befestigt, zum 
Einhaken des am anderen Riemenende befestigten Giirtelhakens.< 



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65 



Le Hradischt de Stradonitz. 



66 



lets similaires trouvés au Hradischt aient en tout ou 
au moins en partie la même destination; leur style 
répond en effet dans une certaine mesure à celui 
des agrafes en forme de têtes d'animaux. Mais ils 
ont pu être également employés à d'autres usages. 

Figurines d'hommes et d'animaux. 

Une série assez nombreuse de figurines, pour 
la plupart en bronze, présente une importance excep- 
tionnelle pour le Hradischt de Stradonitz^^^) et constitue 
une nouveauté pour l'archéologie de la Bohême. 
Leur présence donne aux trouvailles de cette station 
un caractère vraiment original. 

Au premier rang parmi ces figurines se place 
une petite tête de bronze (pi. XX, fig. 8), où l'on 
remarquera la forme du visage exécuté avec soin, 
les yeux obliques, la coiffure symétriquement dis- 
posée et le collet entourant le cou; la partie inférieure 
se termine en pointe et présente une échancrure 
profonde; ces particularités démontrent que la tête 
était appliquée sur quelque objet; elle était d'ailleurs 
traversée par un rivet qui passait par une étroite 
ouverture, perforée au sommet du crâne. Une petite 
tête de bronze absolument semblable à celle-ci, au 
point que toutes deux sembleraient sorties du même 
moule, a été trouvée à Corent (Puy-de-Dôme). 
M. Déchelette a fait remarquer cette similitude et a 
démontré que les deux exemplaires ont servi de 
pommeaux à des poignards à lame de fer, dont le 
type s'est rencontré en Bohême, à Nesuchynë. A 
l'appui de cette attribution, M. Déchelette a repro- 
duit un poignard semblable provenant du lac de 
NeuchâteF*^^). Les poignards de ce type à lame de 
fer et poignet de bronze dérivent d'un modèle hall- 
stattien, mais ils apparaissent en pleine époque gau- 
loise ou de La Tène, comme le démontre entre autres 



Szombathy, Verhandl. d. Berliner Ges. f. Anthrop., 1891, 
p. 814. Les trouvailles des tombes scythes confirment le 
témoignage des tombes alpestres sur la destination de ces 
anneaux qui pouvaient aussi servir d'ornements à des pièces 
de harnachement. 

^^0 Joseph Déchelette, Le Hradischt de Stradonic, 
p. 43, fig. 3. 

^^) J. Déchelette, ibidem, fig. 4. L'auteur indique que ce 
poignard est conservé dans la collection Ritter à Neuchatel. 
Heierli (Urgeschichte der Schweiz, p. 337, fig. 323) re- 
produit un poignard entièrement semblable, avec petite tête 
entre les deux antènes terminales, trouvé à Schwadernau (musée 
de Berne), dans les fouilles ci-dessus mentionnées du canal du 
lac de Sienne; un poignard semblable, mais avec un simple 
sphéroïde remplaçant la tête, a été retiré du Rhin, près de 
Mayence et déposé au musée de cette ville; une autre trouvaille 
est mentionnée dans les Starozinosti zemë Ôeskë, II, 1, p. 15. 



la trouvaille de Schwadernau (Suisse); ils subsistent 
encore à une période de l'époque de La Tène beau- 
coup plus récente qu'on ne l'avait pensé, ainsi que 
cela résulte des découvertes de Stradonitz. 

Très intéressante est aussi la figurine reproduite 
également sur la pi. XX, fig. 33 et qui a été trouvée 
au Hradischt, à cinquante pas de la croix: elle re- 
présente un personnage viril, nu, ithyphallique; la 
main gauche appuyée sur la hanche, il tient de l'autre 
main un objet recourbé ressemblant à une trompette, 
dont la forme et le large pavillon rappellent les 
trompes de guerre en bronze de la Scandinavie; les 
traits du visage dénotent une technique entièrement 
primitive; les yeux, le nez et la boucle sont indiqués 
par de simples points, comme sur une petite tête 
similaire ornant un torques de l'époque de La Tène, 
conservé au musée de Troyes^^*). Ce n'est pas 
seulement par les détails du visage, mais encore par 
tous les détails de l'exécution que cette figurine 
présente un caractère barbare et pré-romain; elle a 
en effet une analogie bien marquée avec des pro- 
duits gaulois de l'époque pré-romaine, notamment 
avec une figurine trouvée dans une sépulture de Saint- 
Jean-sur-Tourbe (Marne), et associée à une fibule à 
tymbale; cette figurine, d'une forme un peu plus 
simple, mais pourvue d'oreillettes de suspension 
fixées aux épaules, était suspendue avec d'autres 
pendeloques à un torques. Des figurines semblables 
ont été trouvées aussi dans d'autres régions gau- 
loises et en Hongrie, (territoire jadis gaulois), et au 
Caucase ^^*); elles procèdent de diverses influences 
qu'il serait difficile de déterminer exactement; mais 
on doit admettre comme vraisemblable que les 
figurines phalliques, gauloises et danubiennes, peu- 
vent s'expliquer par les influences auxquelles sont 

^o«) Catal. du Musée de Troyes, pi. LXII, fig. 512. 

^^*) Le BaronJ.de Baye (Sépulture gauloise de Saint- 
Jean-sur-Tourbe, Marne) cite et reproduit en outre la 
trouvaille d^une sépulture, à Domêvre-en-Haye, Meurthe-et- 
Moselle (exemplaire sans anneau de suspension, fig. 5) et celle 
du tumulus de Lunkofen (Aargau en Suisse), exemplaire avec 
boucle de suspension fixé au chef (fig. 6). Trouvailles hongroises : 
à Lipto-Szt.-Yvan et à Maria Csalad, exemplaire sans appendice 
(ibid., fig. 7 et 8); à Retlo dans le Caucase (fig. 9), où des 
figures semblables ont été trouvées au nombre de plus de 200. 
La Comtesse Ouvarov (MaTepiajiM no apxeonoriH KasKada, 
Vlll, p. 64, fig. 58, 62 et pi. CXXll, 1) reproduit des figurines 
humaines servant de pendeloques, provenant du cimetière de 
Koban, et mentionne qu^elles étaient suspendues à la ceinture 
ou à la coiffure; dans le même ouvrage (pi. CCXVlll) sont 
figurés d'autres exemplaires, de Komunta. Dans sa publication 
sur le Caucase, M. Chantre rattache ces figurines au culte 
d'Astarté et admet que leur dispersion en Asie-Mineure et en 
Europe est due aux Phéniciens. 

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Dr. J. L Pig 



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dues également les pendeloques phalliques, en faveur 
dans l'industrie romaine. Certaines relations jusque- 
là encore inexpliquées semblent en effet exister entre 
la civilisation récente de La Tène dans l'Europe 
occidentale et la civilisation du Caucase, ainsi que 
je l'ai déjà fait observer à propos des objets décrits 
ci-dessus. 

Une figure semblable dont le phallus est faible- 
ment développé et que conserve le musée de Vienne, 
est reproduite sur la pi. XXV, fig. Q^^'^). 

D'autres petites têtes (pi. XX, fig. 7, 9, 12) présen- 
tent un caractère barbare. La première (fig. 7) offre 
une coloration verdâtre; son poids est très léger et 
la matière dont elle est faite ressemble à de la pierre 
ponce; les traits barbares du visage ne permettent 
à ma connaissance aucun rapprochement; seuls, les 
détails de la coiffure rappellent certaines représen- 
tations sculptées de paysans gaulois. 




Fig. 9. Bossette en bronze avec tige en fer, 
trouvée à Klrivoklat. 



La seconde (Fig. 9), en ambre léger présente un 
caractère caricatural également sans aucune analogie. 
La troisième (Fig. 12), en une matière tendre de couleur 
noirâtre imitant la terre cuite, présente sur chaque 
face un visage grossièrement figuré; la chevelure 
offre une disposition analogue à celle d'une autre 
petite tête (fig. 13). Dans l'ensemble, ces trois têtes 
donnent l'impression d'un travail local, exécuté par 
une main maladroite, soit à l'époque antique, soit 
tout récemment, alors qu'un nombre considérable de 
falsifications furent fabriquées au Hradischt. 

Deux autres têtes (pi. XX, fig. 13 et fig. 9 dans 
le texte) rappellent des types égyptiens. Toutes deux 
sont appliquées sur une petite plaque; à en juger 
par la figure 9, elles devaient être fixées, au moyen 
d'une tige en fer, à quelque objet de bois ou à un 



loft) YQÎr une figurine semblable de style barbare, avec 
phallus peu développé, provenant des environs de Bavai (Nord) 
dans Saiomon Reinach, Bronzes figurés du musée de 
S» Germain, n" 202; une autre, provenant de la nécropole 
San-Francesco de Bologne, dans Montelius, La Civilisation 
primitive en Italie, Stockholm, 1895, pi. CXX, 15. 



ustensile quelconque, dans un but simplement déco- 
ratif. Si nous considérons que l'influence de l'art 
alexandrin ne s'est pas manifestée dans l'Europe 
occidentale avant le commencement de l'époque 
impériale romaine, c'est-à-dire l'époque d'Auguste, 
nous serons peut-être fondé à croire que ces deux 
petites têtes sont d'une date plus récente que les 
précédentes. Une tète figurée sur une feuille de 
bronze convexe (pi. XXV, fig. 14) offre un intérêt 
tout particulier; la noblesse des formes et l'habileté 
de Texécution lui assignent une place parmi les 
produits de la toreutique classique originaires soit 
directement de la Orèce, soit plutôt des ateliers sud- 
italiques travaillant sous Tinfluence immédiate de 
l'art grec. 

Les figurines d'animaux sont représentées en 
premier lieu au Hradischt par trois petits chiens; 
celle de ces trois figurines dont l'exécution est la 
plus soignée (pi. XX, fig. 26) représente un chien 
de berger; elle a été recueillie sur le même point de 
Toppidum que le trésor de monnaies d'or. Les deux 
autres chiens (pi. XXV, fig. 2, 3) ne peuvent être 
classés à aucune race bien déterminée ou du moins 
à aucune des races actuelles^***). Une figurine de 
sanglier (pi. XX, fig. 21) offre également une exécu- 
tion très rudimentaire, tandis qu'une autre du même 
animal, conservée autrefois dans la collection Grosse 
et aujourd'hui disparue, était, dit-on, d'un travail 
soigné ^®^. Une petite figurine (pi. XX, fig. 25), d'une 



*°®) On voit au musée de Mayence des fac-similés de 
figurines similaires provenant d'Heppenheim près Worms (avec 
un bracelet de verre et une fibule de La Tène, ainsi que d'autres 
figurines de chiens plus petites provenant d'Osthofen; des 
figurines de petits chiens apparaissent déjà comme motifs 
d'ornement par exemple sur les fibules de Santa Lucia (Marche- 
setti, pi. XX, 9, 10, 12) etc . . . D'autres ont été recueillis 
également au Caucase (voir comtesse Ouvarov, MaTepîajiu, I, 
pi. XXV, 80; sur les trouvailles de Cegem, voir lome VIII, 105). 

^^^) Le sanglier était en général un animal sacré pour les 
peuples gaulois; au témoignage des monnaies gauloises, son 
image était portée comme enseigne de guerre: Tanimal était 
fixé par les quatre pieds à une plaque surmontant une hampe. 
Le sanglier trouvé à Sàrka (musée de Prague) porte aux pieds 
des appendices ayant servi à le fixer sur une plaquette ; sa forme 
correspond à celle du sanglier- signum des guerriers gaulois; 
le sanglier de la collection Grosse, trouvé au Hradischt, pouvait 
présenter une forme semblable, d'après un dessin de cet 
objet. J'ai vu une figurine de sanglier entièrement semblable 
à la nôtre (pi. XX, 21) au musée de Oenève; el'e provient de 
Vaison (Vauduse); je mentionnerai encore un sanglier avec 
soies hérissées, d'une bonne exécution, au musée de Roanne 
un autre à Rodez, plusieurs au musée d'Orléans, (de Neuvy-en- 
Sullias); le musée d'Autun possède un sanglier et un jeune 
taureau, trouvés dans la ville même d'Augustodunum; le musée 
de Londres conserve trois figurines de ce même animal, dont 



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69 



Le Hradischt de Stradonitz. 



70 



exécution également grossière, paraît représenter un 
bouc, un bélier ou quelque animal similaire. Celles 
de deux oiseaux, dont la partie antérieure du 
corps est seule figurée (pi. XX, 22), sont plus 
dignes d'attention; creuses à la partie inférieure, 
elles servaient évidemment d'appliques, comme 
l'indique un exemplaire similaire trouvé au mont 
Beuvray^**^). Au contraire, la petite tête d'oiseau 
à col de cygne et à œil émaillé, décrite ci-dessus 
(pi. XX, 16), se mouvait autour de son axe, car la 
forme cylindrique du bec indique que cette partie de 
l'objet se logeait dans une mortaise, sans doute 
comme fermeture d'un coffret ou de quelque objet 
semblable. Enfin la planche XX reproduit une série 
de petites têtes de cygne ou de canard qui apparais- 
sent avec les mêmes formes, tout au moins dans 
les régions pénétrées par l'influence romaine; elles 
étaient placées à l'extrémité des anses de vases, des 
manches de patères, de passoires, etc.; mais l'origine 
de ce motif appartient à une époque plus reculée, 
car on le trouve aux derniers temps de la civili- 
sation hallstattienne et il se rencontre aussi dans 
l'Allemagne méridionale, sur les plus anciennes fi- 
bules de La Tène. 



Objets de toilette. 

De curieuses trousses se composant de petites 
pinces, de spatules pour oreilles et degrattoirs, 
ont été recueillies au Hradischt en nombre assez 
considérable. Les figures 16 et 17 de la planche XVII 
représentent deux de ces garnitures complètes. On 
remarque encore des pièces détachées, parmi lesquelles 
des pincettes, de destination indéterminée, sont les 
plus abondantes. En Bohème, ces trousses apparaissent 
déjà dans les sépultures à squelettes accroupis de 



une est semblable au sanglier de Tàbor; il n'y en a deux au 
musée de Dublin. Enfin M. Salomon Reinach (Catalogue 
des bronzes figurés du musée de Saint Germain, 
fig. 249—252) reproduit quelques figurines similaires et joint à 
leurs descriptions une petite carte indiquant la distribution en 
Gaule des monnaies au type du sanglier: ces monnaies se 
rencontrent depuis la région du lac de Constance jusqu'au sud 
de l'île de Bretagne. 

^o«) Bulliot, Atlas, pi. LXIX, 19 (on n'a d'ailleurs pas 
trouvé au mont Beuvray d'autres figurines à l'exception de 
têtes de taureau, ibidem 2—4). Un exemplaire semblable mais 
avec tête cornue, provenant d'Heppenheim, se trouve au musée 
de Worms; d'autre part, la comtesse Ouvarov reproduit une 
figurine semblable d'oiseau en bronze creux avec oreillettes 
de suspension, figurine trouvée à Koban dans le Caucase 
(MaTepiajiH, VIII, pi. XXV, 9). 



Bylany, mais elles se rencontrent surtout sous cette 
forme sur les deux rives du Main^^^). 

Au Hradischt apparaît encore le peigne (pi. XVII, 
fig. 1 — 1 1). On ne peut dire à quelle époque et en quel 
lieu il fut pour la première fois en usage; il est possible 
que les premiers spécimens aient été taillés dans du 
bois. Les femmes ont de tout temps porté les cheveux 
longs; pour les hommes cette mode était souvent 
la marque d'une condition libre. Sur les sculp- 
tures orientales les cheveux et la barbe sont arrangés 
avec art, ce qui implique déjà remploi du peigne. 
Ceux de ces instruments qui se sont conservés sont 
en bronze et en os et se rencontrent avec des trousses 
comprenant de petites pinces, des spatules et des 
grattoirs. Les archéologues Scandinaves classent ces 
deux séries d'objets aux derniers temps et parfois 
à la fin de l'âge du bronze."^). Chez nous, avant 
le Hradischt, le peigne ne s'est encore rencontré que 
dans des tombes à squelettes repliés, découvertes 
à Uherce, avec des objets de bronze du type d'Unëtice; 
il faudrait donc accorder à la culture d'Unëtice une 
survivance beaucoup plus longue que ne l'admettent 
les classifications actuelles de l'archéologie. 

Les peignes de bronze du Hradischt ont en 
général un manche évidé et des dents peu nombreuses. 
Les peignes en os ont un manche plein, souvent 
orné de cercles ou de points; quelques-uns sont en 
plusieurs pièces, c'est-à-dire se composent l'une partie 
dentée et de deux petites plaques qui servent de 
poignée; c'est la disposition des peignes plus récents, 
à partir de l'époque romaine. 

Les miroirs de bronze comptent parmi les 
emprunts faits assez tardivement aux pays classiques.^^^) 
Pline rapporte ^^^) que de son temps les miroirs d'étain 
et de cuivre (alliage appelé métal blanc), fabriqués à 
Brindisi, étaient les plus estimés et que Praxiteles 
aurait le premier, au temps de Pompée, fabriqué des 



^^) Staroîitnosti zemë Èeské, I, 1, p. 77. 

^^^) Millier, Nordische Alterthumskunde, Strasbourg, 
1897, I, p. 257, fig. 121; le peigne figuré a un manche ajouré; 
je ne connais pas de peigne à manche plein, en dehors de la 
trouvaille lacustre de Guévaux (voir Antiquités lacustres du 
musée de Lausanne, 1896, pi. XXX, 2, 3). 

"^) D'après Schrader, Reallexikon d. indogerm. Alter- 
tumsk., Strasbourg, 1901, p. 784, les mots grecs S^ojrrpov et 
xaTo;:pov ne se rencontrent que dans Alcée et Eschyle; le mot latin 
spéculum se retrouve dans le mot allemand Spiegel. 

"^) Pline, Hist nat, XXXUI, 45. Atque ut omnia de 
speculis peragantur hoc loco, optima apud maiores fuerant 
Brundisiana, stanno et aère mixtis. Praelata sunt argentea. 
Primus fedt Praxiteles, Magni Pompeii aetate. Nuper credi 
coeptum, certiorem imaginem reddi, auro opposito aversis. 

5* 



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71 



Dr. J. L. Pië. 



72 



miroirs d'argent"*); ailleurs, il attribue aux habitants 
de Sidon l'invention de cet objet. Ces miroirs de 
bronze se composaient d'un disque quelquefois plat, 
mais présentant le plus souvent une légère convexité 
(les miroirs à déformations grotesques, convexes et 
concaves, étaient connus), pourvus de manches simples 
ou ornés. 

On n'a trouvé au Hradischt que des fragments 
de miroirs. Les plus soignés sont ceux du musée de 
Vienne; l'un de ceux-ci (pi. XXVIII, fig. 11) se compose 
d'une portion de disque en métal blanc, avec manche 
évidé à rainure d'emmanchement et anneau de suspen- 
sion. Le modèle le plus simple est pourvu d'un 
manche plat se terminant par un arc de cercle, qui 
entoure le disque en partie. Il présente sur tous ses 
côtés un contour concave. Un exemplaire semblable 
figure dans le collection du musée de Prague (pi. XXIII, 
fig. 31). Mais le plus souvent l'arc terminal est peu 
développé (pi. XXIII, fig. 32). Dans les deux cas, le 
manche devait être soudé au disque. Nos collections 
ne possèdent du Hradischt que des débris de ces 
disques qui peuvent à peu près s'adaptera des manches 
semblables, mais en Bohême on n'a trouvé qu'un 
seul miroir complet et c'est dans la nécropole de 
Pichofa"*). 

Les mêmes manches de miroir (modèle simple 
et modèle orné), apparaissent au mont Beuvray."'*) 
Ce type d'objet est donc antérieur à l'an 10—5 av. 



"^) Pline, XXXVl, 66. Sidone quondam iis offidnis nobili: 
siquidem etiam spécula excogitaverat Comme Pline parle dans 
ce passage de la fabrication du verre, Schrader (loc. cit.) a 
pensé qu'il s'agit ici de l'invention des miroirs de verre et cette 
explication pourrait dans une certaine mesure être confirmée 
par l'information que donne Pline, à savoir que la face postérieure 
des miroirs était recouverte d'or, ce qui ne saurait s'appliquer 
à des miroirs de métal. Je ferais néanmoins observer que je 
ne me souviens pas d'avoir rencontré un miroir de verre dans 
aucune collection européenne, tant pour l'époque pré-romaine 
que pour Tépoque romaine. On pourrait donc supposer que 
Pline, après avoir rappelé la célébrité de Sidon dans la fabri- 
cation du verre, s'est souvenu que l'invention des miroirs était 
attribuée à cette même ville et a par hasard fait mention 
de ce fait. 

Il faut ajouter que les manches de miroir ont été en usage 
tout d'abord en Phénicie et en Egypte. Voir Perrot et Chipiez, 
Histoire de Tart, I, p. 830, fig. 563 (du musée de Boulaq) 
et 111, p. 862, fig. 692 (de Chypre, en forme de figurines); dans 
ces deux exemplaires le manche est fixé à l'aide de rivets. 

"^) Archaeologich^ v^zkum ve stlrednîch èechâch, 
1895-1896, Prague, 1897, pi. LXl, fig. 21; d'autre part, deux 
jolis manches trouvés dans une sépulture à Holubice sont 
déposés au musée de Prague. 

^i*^) Bulliot, Atlas, pi. CI, fig. 3; voir de plus, pi. C, 15, 
des exemplaires tout à fait simples, semblables aux manches 
simples du Hradischt. 



J.-C, et puisque il est rare dans d'autres stations, 
nous pouvons peut-être en conclure que les manches 
de miroir du Hradischt sont tout au moins en 
partie, sinon en totalité, contemporains de ceux du 
mont Beuvray. 

Les aiguilles sont dans l'Europe centrale des 
acquisitions récentes parmi les objets dûs aux progrès 
de la civilisation. Le mot tchèque siti^^*) coudre, se 
rattache au mot sidio, résidence, et cette relation 
indique un lent progrès dans la confection des vête- 
ments. Les plus anciens spécimens de vêtements 
connus appartiennent à l'âge du bronze Scandinave: 
des squelettes enfermés dans des cercueils en forme 
d'auges portent des vêtements consistant pour les 
hommes en deux panneaux d'étoffe consus, pour 
les femmes en une jupe et une camisole à manches 
courtes, avec couture grossière.^^ ') Comme les plus 
anciennes étoffes ne se composaient que d'un tissu 
croisé très commun, la couture n'exigeait alors aucune 
habileté et ne comportait pas l'emploi d'instruments 
d'un type spécial, c'est-à-dire d'aiguilles, dans 
l'acception que nous donnons à ce mot. 

Le luxe dans la confection du vêtement est un 
emprunt aux pays civilisés. C'est alors que l'emploi 
de l'aiguille devint indispensable. Dans les régions 
barbares, au nord et à l'ouest des Alpes, l'aiguille 
de métal n'apparaît qu'assez tard. Je ne l'ai ren- 
contrée que dans des trouvailles de l'époque romaine 
et avec les formes des exemplaires du Hradischt ^^**). 
Typologiquement, on pourrait croire que la grosse 
aiguille à tête oblongue et pointe mousse (pi. XXIV, 
5, 18) constitue le modèle rudimentaire le plus ancien, 
mais comme elle se rencontre au Hradischt à l'état 
d'ébauche (fig. 7, 23), elle n'est peut-être qu'une 



"«) Schrader (Reallexikon d. indogerm. Alterthums- 
kunde, p. 570) attribue aux Ariens primitifs, antérieurement à 
leur dispersion, la connaissance de la couture; cet auteur s'appuie 
sur les données de la philologie comparée: sanscrit, siv, 
sî'viati; grec, xaaouto; latin, suo; goth. siujan; lith., siùti; 
slave, Siti; Schrader ajoute que primitivement cet art de !a 
couture s'appliquait à des vêtements de peaux (grec, xaaoufxa, 
semelle; latin, sûtor, cordonnier; slave, podeSev; latin, su bu la 
(alêne); slave, Sîdlo. 

"') S. Mûller, Nordische Alterthumskunde, I, 268 
et suiv. 

"**) J'ai vu les trois types d'aiguille de Stradonitz au musée 
de St Germain (forêt de Compiègne) et à Bienne (de Niedau- 
Steinberg); au musée de Worms, on trouve les deux premiers 
types, provenant de fouilles romaines; de même, à Lausanne 
(trouvailles de Concise) ; le second type, conforme ou grossière- 
ment imité, s'est rencontré à Heddemheim, à Autun (d'Augusto- 
dunum) et à Poitiers (trouvailles romaines de cette ville). On 
a trouvé enfin les trois types à l'oppidum de Velem Szt. Veit, 
près Kôszeg en Hongrie (coll. Miske). 



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73 



Le Hradischt de Stradonitz. 



74 



imitation des types plus soignés que reproduisent 
les figures 1 — 2, 17—20. Lés aiguilles les mieux 
façonnées sont celles qui ont un chas arrondi sans 
appendice supérieur (fig. 6, 21, 22). 

Etuis d'aiguilles. Telle est la dénomination en 
usage pour de petits objets de bronze, de forme 
tubulaire, ouverts à la partie inférieure, appartenant 
à la dernière période de La Tène. Ils sont tantôt 
cannelés, tantôt lisses ou ornés diversement et ordi- 
nairement munis de petits appendices ou oreilles 
portant des anneaux de suspension. On leur a donné 
le nom d'étuis, parce qu'un exemplaire, trouvé à La 
Tène et pourvu de trois paires d'anneaux, contenait 
une aiguille de fer^^®). Au Hradischt, on a également 
exhumé deux tubes de bronze à anneaux mobiles 
et ouverts par le bas (pi. XX, 28, 29); l'un d'eux 
porte à sa base deux petits bâtonnets de bronze qui 
sembleraient avoir servi à un emmanchement. Mais, 
en admettant que la destination admise pour ces 
objets soit exacte, il faut tout au moins remarquer 
que vers la fin de l'époque hallstattienne, les étuis 
d'aiguilles présentent une forme toute différente, comme 
en témoignent les trouvailles de Bylany^^) et d'autres 
découvertes de la Bohême occidentale. Les deux 
types ne dérivent donc pas l'un de l'autre et n'ont 
entre eux aucune relation de parenté. D'ailleurs, 
l'aire géographique du modèle de La Tène^-^) ne 
coïncide pas avec celle du modèle hallstattien. 

Objets divers de bronze. 

Parmi les objets caractéristiques se place une petite 
garniture de bronze, qui se compose d'une plaquette 
rectangulaire, aux bords légèrement échancrés; au 



"^) Oross, La Tène, un oppidum helvête, Paris, 
1886, p. 44. 

«») Staroïinosti zemë Ceské, I, 1, pi. XXVI, 5. 

^^*) Je citerai les trouvailles suivantes: musée Britannique 
(sans indication de provenance); Autun (de Bibracte, BuUiot, 
Atlas, LUI, fig. 20); Besançon (de Mandeure), avec de petites 
pendeloques à crochets; Moulins (avec simples anneaux); Franc- 
fort (de Nauheim); Omavasso (Bianchetti, pi. XV, 1); musée 
de Laybach (de Smarjeta et de Magdalena). Dans Le Musée 
préhistorique, Paris 1881, pi. XCLVIII, fig. 1228, O. de 
Mortillet reproduit un objet semblable, muni d'anneaux, provenant 
de la palafitte de Orésine, sur le lac du Bourget (musée d'Aix- 
les-Bains). Dans le même ouvrage, figure 1229, est reproduit 
un autre exemplaire à 8 oreillettes et autant d'anneaux, provenant 
de Charroux, département de TAllier (musée de Moulins). G. de 
Mortillet regarde ces objets comme des pommeaux de canne. 
De petits cylindres semblables, avec des annelets auxquels sont 
suspendues par de minces chaînettes des figurines de bronze, 
sont reproduits par la comtesse Ouvarov dans les trouvailles de 
Koban (Caucase); voir MaTepHanu, VIII, pi. XXIX, 6. 



centre, est fixée une tige bifide, dont les deux branches, 
de longueur inégale se recourbent en demi -cercle 
(pi. XX, 6, 1 7, 23—24). On en a recueilli cinq exemplaires 
entiers et six fragments, mais il est difficile de savoir 
s'ils servaient comme garnitures de courroie ou pour 
tout autre usage. Quoi qu'il en soit, au mont Beuvray, 
cet objet est abondant ^^^). 

Celui que représente la figure 10 de la même 
planche est assez semblable aux précédents, sauf 
que sa tige porte à la partie médiane un anneau qui 
en limite la hauteur. 

Instruments médicinaux et pharmaceu- 
tiques. Dans cette catégorie on doit signaler en 
premier lieu trois longues spatules, à bords légèrement 
échancrés, munis de manches allongés et dont le renfle- 
ment terminal rappelle celui des sondes de chirurgiens 
(XXIV, 9— 11). Ces ustensiles, de forme élégante, se 
rencontrent dans les stations provinciales romaines^^^) 
avec quelques variantes dans la décoration. On les 
appelle tantôt spatules de médecin, tantôt spatules 
de pharmacien, distinction apparemment peu fondée, 
car nous savons que, tout un moins dans les provinces, 
le médecine était alors exercée par de simples 
empiriques. Outre divers électuaires mentionnés par 
Pline, on faisait usage d'onguents et de cataplasmes 
préparés à l'aide de spatules semblables ou d'une 
forme plus simple (fig. 24). Les pincettes (fig. 12), 
dont on se servait peut-être pour l'opération de la 
saignée, ainsi que diverses petites sondes et tiges 
cylindriques, les unes appointées, les autres s'amor- 
tissant en spatule, complétaient ces ustensiles médicaux 
dans les villes de l'empire romain, de même qu'à 
Stradonitz. 

Les hameçon s de bronze et de fer sont représentés 
par plusieurs types. Dans le modèle le plus primitif, 
le fil de métal est replié simplement à chaque extrémité; 
l'une d'eux porte un anneau (pi. XXIV, fig. 37); un 

***) Quatre petits objets d'ornement semblables, provenant 
du mont Beuvray sont répartis entre le musée de Saint-Germain 
et celui d'Autun, Conf. Bulliot, Atlas, LUI, fig. 22. J'ai vu 
au musée de Saint-Oermain un objet semblable, recueilli à Saint- 
Pierre-en-Chastres, forêt de Compiègne, dans un milieu déjà 
gallo-romain. On en a trouvé un à Velem Szt. Veit. 

**^) La collection la plus complète d'instruments de méde- 
cine ou plutôt de pharmacie se trouve au musée de Saint- 
Germain (provenance Reims et Compiègne). J'ai noté des objets 
semblables au musée d'Autun (exemplaire trouvé sur place, à 
Augustodunum) et dans les musées des villes suivantes (fouilles 
d'époque romaine) : Avignon, Toulouse, Cologne, Bonn, Genève, 
Mayence, Francfort (de Hedderheim), Munich, Vienne (de 
Brigittenau) , Klagenfurt (de Magdalenenberg), Londres (musée 
Britannique). Onze instruments tout-à-fait semblables aux 
précédents ont été également recueillis dans l'oppidum de Velem 
Szt. Veit, près Kôszeg en Hongrie (coll. Miske). 



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75 



Dr. J. L Piè. 



76 



autre est à double pointe (pi. XXIV, fig. 33); quelques- 
uns sont conformes au modèle actuel (pi. XXIV, 
fig. 39). Les plus anciens témoignages matériels 
établissant la pratique de l'art de la pêche remontent 
à l'époque du mammouth et du renne. On faisait 
alors usage de harpons en os poli. On employa 
ensuite les filets, dont des débris ont été retrouvés 
dans les palafittes (Hérodote parie de pêches pratiquées 
au moyen de simples corbeilles). Dans les pays 
méditerranéens, chez les Grecs et en Italie, l'art de 
la pêche avait atteint un grand développement. La 
connaissance des engins perfectionnés se répandit 
au nord des Alpes. En Bohême, leurs vestiges se 
trouvent rarement: parmi les déchets de cuisine, 
autour des foyers d'habitation, les os de poissons ne 
se rencontrent que par exception; nous ne connaissons, 
comme hameçons de bronze, que ceux des cachettes 
de Prelouc^'^^) et de Sarka. C'est seulement au 
Hradischt qu'ils se trouvent en abondance, et comme 
leurs diverses formes sont connues en Gaule ^*^), on 
peut croire qu'ils ont été importés dans cette station 
avec d'autres objets de la dernière civilisation gauloise. 
L'usage des petites balances devint indispen- 
sable, dès que le métal, dont la valeur était tout 
d'abord déterminée par des pesées, fut adopté pour 
les transactions commerciales. Plus tard encore, et 
surtout chez les barbares, dont les monnaies d'or et 
même d'argent ne présentaient aucune uniformité de 
poids, ces mêmes instruments demeurèrent aussi 
utiles aux vendeurs qu'aux acheteurs. Les peuples 
barbares imitèrent les monnaies et les balances des 
pays classiques. Les types de balances romaines. 



»**) Pamâtky arch., XVllI, pi. XLIX, fig. 11. 

^*'^) Un hameçon tout à fait simple, du mont Beuvray, est 
figuré dans Bulliot, Atlas, L, fig. 20. G. de Mortillet reproduit 
également des hameçons de la palafitte du Bourget et de Saint- 
Pierre-en-Chartres, dans la forêt de Compiègne (Musée pré- 
historique, pi. LXXXVII, fig. 1020, 1021, 1026); il publie 
également des hameçons à double crochet du lac de Neuchâtel 
(ibidem, pi. LXXXVII, fig. 1025). Conf. Trôltsch, Pfahl- 
bauten des Bodenseegebietes, Stuttgart 1902, p. 177, fig. 430. 
Mortillet reproduit un hameçon de forme moderne, trouvé à 
Mardieux (Seine-et-Oise) et un autre de la palafitte de Mœringen 
(fig. 1023 et 1024); au musée de Lausanne, on trouve les trois 
types de hameçon de Stradonitz, provenant principalement de la 
palafitte de Corcelette (voir Antiquités lacustres du musée 
de Lausanne, 18%, pi. XXXII, fig. 22—46 et fig. 20, 33, 41, 
44, 45, hameçon double). On trouve encore ces trois types au 
musée de Zurich (palafittes de Haute -Rive, sur le lac de 
Neuchâtel); voir Catalog d. Sammlungen, fig. 1803 (avec 
des épingles semblables à celles du Hradischt). — II n'est donc 
pas impossible que l'art de la pêche, tel quM'l était pratiqué au 
Hradischt, se rattache dans une certaine mesure à celui des 
populations lacustres de la Suisse et de la Savoie. 



pesons et petites balances à aiguilles, se répandirent 
au nord des Alpes seulement dans les régions 
romanisées, tandis que les petites balances simples, 
sans aiguilles, du type de celles de Stradonitz, étaient 
déjà connues dans les villes gauloises ^'^*'). Tous ces 
exemplaires sont de la même époque et appartiennent 
à la fin de la période gauloise. On les a trouvés en 
assez grand nombre au Hradischt. Notre collection 
renferme trente fléaux de balances, les uns assez 
grands (par ex. pi. XXVII, fig. 3), les autres plus 
courts ou de très petites dimensions (fig. 4 et 5). 
Une telle abondance de ces instruments s'explique 
par la variabilité du poids des monnaies d'or et 
d'argent, qui rendait les pesées indispensables. 

Il faut encore mentionner une boucle massive 
fixée à des plaquettes obliques (en dos d'âne), entre 
lesquelles se trouve un petit appendice arqué servant 
à fixer cet l'objet sur du cuir (pi. XXVI, 1). Cette 
boucle faisait évidemment partie d'une pièce de 
harnachement; on admet généralement, qu'elle servait 
de coulant à des rênes de chevaux d'attelage. De 
ce côté des Alpes, elle ne se rencontre qu'au temps 
de la civilisation romaine^-'). 

La vaisselle de bronze n'est pas représentée 
au Hradischt par des vases entiers; des fragments 
établissent du moins qu'elle y était non seulement 
connue, mais d'un usage courant. On doit citer tout 
d'abord le modèle d'anse (pi. XXI, 19 et XXVI, 3) 
qui comporte à la partie supérieure une double 
branche semi-circulaire, embrassant l'ouverture du 
vase et, à la base, une tète humaine: c'est un type 
très répandu en Grèce et en Italie. En Bohême, un 
vase semblable provient d'une sépulture par incinéra- 
tion, découverte à Zliv^-**) et datant des premiers 
temps de l'empire romain. L'anse figurée sur la 
planche XXI a subi évidemment l'action du feu, car 



**•) J'ai vu au musée de Roanne de petites balances pro- 
venant de Oergovie, semblables à celles de Stradonitz; le musée 
de Bar-le-Duc en possède provenant de Foppidum gaulois de 
Boviolles. Au musée de Trêves sont conservées des balances 
à chaînettes de suspension et des balances à languettes, pro- 
venant de trouvailles romaines; au musée de Francfort, on 
rencontre seulement les balances à languettes. 

**') Un exemplaire semblable est conservé au musée 
d'Autun (fouilles d'Augustudonum), il présente la forme la plus 
simple, avec petit disque conique horizontal et tiges appointées 
servant à le fixer; on trouve aussi cet objet au mont Beuvray 
(Bulliot, Atlas, LU, 1), au musée de Bonn (camp romain 
de Neuss), au musée de Francfort (de Hedderheim), à Neuchâtel 
(de Pont-de-Thiel), au musée de Mayence (fouilles de la ville). 

^«**) Pamâtky, XIII, pi. III, fig. 6; conf. aussi Archaeo- 
logick^ vyzkum, 1897, pi. XXIV, fig. 5 (la coifhire de la tête 
est assez semblable à celle que reproduit notre figure 3 de la 
pi. XXVI). 



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77 



Le Hradischt de Stradonitz. 



78 



le masque ne présente que des détails confus. 
D'autres anses sont reproduites sur la planche XXI, 
figures 10, 17; elles étaient attachées au vase à l'aide 
d'une plaquette cordiforme. Deux anses similaires, 
de forme coudée, ornées à la base de deux orne- 
ments en forme de dauphin, ressemblant au petit 
bronze de notre figure 16 (pi. XXI), garnissent une 
situle de bronze, découverte par M. Wanëk dans la 
nécropole bien connue de Pichora^^**); ce vase con- 
tenait les cendres d'une femme. Les petites plaques 
de bronze massif, de forme semi-circulaire, figurées 
sur la planche XXI, 1, 2, 5—8, d'un travail tantôt 
ordinaire, tantôt délicat, servaient de pieds à des vases 
de bronze, comme les trouvailles de Pichora permettent 
de l'établir avec certitude. En outre, la collection du 
musée de Prague renferme deux fragments de passoires, 
dont nous n'avons pas obtenu d'images photo- 
graphiques assez nettes. La figure 28 de la planche 
XXI représente vraisemblablement un fragment de la 
garniture du bord d'un petit chaudron. 



Armes. 

Parmi les armes en usage, il faut mentionner en 
premier lieu les pointes de flèches, pour le plupart 
barbelées, quelques-unes en forme de feuilles, et 
s'emmanchant en général à l'aide d'une douille 
(pi. XXIX, 2—5, 9—11). On ne saurait dire si elles 
faisaient partie de l'armement militaire ou si elles 
n'étaient employées que comme armés de chasse. 
Mais il est digne de remarque que dans le blockhaus 
de la Tène, sur le lac de Neuchâtel, on a rencontré 
également des pointes de flèche barbelées et lancé- 
olées.^^) 

Les lances de jet du Hradischt se classent 
également en deux groupes. Celles à barbelures 
(fig. 6 et 7) étaient en général inconnues chez nous 
à l'époque des tombes à inhumation de La Tène. 
Elles apparaissent seulement dans la nécropole bien 

^^) Archaeol. vyzkum, 1897, pi. XXIV, fig. 3. Deux 
vases semblables se trouvent au Muséum fur Vôlkerkunde 
à Berlin, provenant du cimetière de Meisdorf, près Mersebourg; 
la même collection en conserve un autre, avec anses brisées, 
trouvé à Liinnebourg; au musée de Schwerin on trouve un 
vase semblable venant de la nécropole de Kôrchov, dans le 
Mecklenbourg; un autre s'est rencontré près de Fembouchure 
de la Vistule, dans la nécropole de Rondsen (Anger, Das 
Grâberfeld zu Rondsen, 1890, pi. XXHI); une anse de vase 
semblable a été recueillie dans la nécropole de Neuhof près 
Uckermiinde (Photographisches Album, Berlin, section 3, 
pi. XXI). 

'^) Gross, La Tène, pi. VI, 5—7. 



connue de Pichora près Dobrichov^^^), associées à 
d'autres lances et à des pointes de flèches en feuille 
de saule. Les lances et les javelots en feuille de 
saule appartiennent plutôt aux formes de Pichora 
qu'à celles des sépultures gauloises à inhumation et 
diffèrent des types de La Tène, où prédominent les 
javelots à larges ailerons. Toutefois, les javelots sont 
garnis, comme ceux des tombes gauloises, de ferrets 
coniques à l'extrémité de leurs hampes (fig. 21). 

Les épées ne constituaient pas au Hradischt une 
pièce importante de l'armement, car on n'en a recueilli 
que des débris; la figure 5 de la planche XXX 
représente l'unique fragment de lame d'épée du type 
de La Tène qui y ait été découvert. Les figures 1 — 4 
reproduisent les pièces servant de garniture à la 
partie supérieure du fourreau; la figure 10 montre un 
fragment de fourreau, les figures 11, 16, 17, les garni- 
tures latérales en fer de ces fourreaux. On trouve 
en outre ces mêmes garnitures en bronze (fig. 8, 9, 
14 et 15), un peu plus récentes que les précédentes, 
car elles ressemblent à celles de Pichora ^'*^), avec 
une légère différence: à Pichora, les pattes des rivets 
sont découpées dans la même feuille de métal que 
la garniture, tandis que sur les exemplaires deStradonitz , 
ce sont des pièces rapportées, dont la figure 9 montre 
exactement la disposition primitive. Les garnitures 
de Pichora sembleraient donc un peu plus récentes, 
car elles témoignent d'un perfectionnement apporté 
dans la confection de ces objets. 

Les éperons ne se trouvent pas sur les monu- 
ments égyptiens ou asiatiques ^^•^) et il est digne de 
remarque que les cavaliers asiatiques ne s'en servent 
pas actuellement. Ils sont mentionnés pour la 
première fois par Phérécrate (vers 430 av. J.-C, 
hyKsvTQiâsç^ xévTQov = aiguillon) dans un passage con- 
servé par le lexicographe Pollux (vers 180 ap. J.-C); 
Théophraste (autour de 300 av. J.-C), Asclépiade 
(com' du III* siècle) et Polybe (vers 150 av. J.-C) parlent 
également de l'éperon. A Rome, Plante est le premier 
écrivain qui en fasse mention (vers 200 av. J.-C — 
calcar ou calx = talon)^^*). 

De ce côté des Alpes, les cavaliers des situles 
de bronze estampées de l'époque hallstattienne n'ont 



^«0 Archaeol. vyzkum, 1897, pi. XXV, 11; conf. Meyer, 
Ourina, pi. XII, fig. 12. 

>32) Archaeol. vyzkum, 1897, pi. XXIII, 11, XXV, 19, 
XXVII, 23, XXVIII, 1. 

^^) Demmin, Die Kriegswaffen, Géra, 1891, p. 617. 

**') Schrader, Reallexikon der indogerm. Alter- 
thumskunde, p. 790. Olshausen, Ûber einen Orabfund 
von Hedehusum auf Fôhr, 3. Beitrag z. Geschichte d. 
Reitersporns, Verh. d. Berliner Ges. f. Anthropologie. 1890, 200. 



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79 



Dr. J. L. P\}S. 



80 



pas d'éperons. C'est seulement avec la fibule de 
La Tène II (ou de Stradonitz) que ceux-ci appa- 
raissent, par exemple à Alésia en Oauie, à La Tène 
sur le lac de Neuchâtel et au Hradischt. 

Au Hradischt, on a trouvé sur divers points 
(quelquefois dans les habitations) trois sortes d'éperons : 

1. L'éperon dit de La Tène est formé de deux 
branches en demi-cercle, portant à leurs extrémités un 
bouton auquel se fixait la courroie d'attache et, au 
centre, une pointe plus ou moins longue. L'exemplaire 
que représente la figure 2 est le plus achevé, car son 
arc est orné de moulures, de même que la base 
de l'aiguillon; un travail aussi soigné indique que 
ce type d'éperon est originaire d'un pays possédant 
déjà une industrie développée, sans doute de l'Italie 
ou de la Oauie. Un second éperon (fig. 6) est égale- 
ment mouluré; son aiguillon est orné également de 
moulures à sa base, ses boutons latéraux présentent 
des rainures cruciformes, où l'on distingue encore 
des restes d'émail rouge, ce qui classe cet objet au 
milieu de la dernière période de la civilisation gauloise. 
L'éperon en bronze que reproduit la figure 8 est déjà 
moins orné; il ne présente qu'une simple cannelure 
à la partie centrale et un aiguillon tout uni; les autres 
exemplaires sont en fer et d'une forme tout à fait 
simple, avec des pointes de longueur variable. — Ce 
type d'éperon apparaît, comme nous l'avons dit, au 
nord des Alpes, avec la fibule de La Tène II; il est 
représenté jusqu'à la Baltique par de rares exemplaires; 
il se conserva évidemment pendant une période assez 
longue, car on le rencontre encore à Tfebickâ, près 
Dobfichov.^*^) 

2. Un autre éperon (fig. 3) représente le second 
type, dont les branches plus minces et plus longues 
se terminent par des plaques percées d'une ouverture, 
dans laquelle passait la courroie d'attache. L'aiguillon 
s'engageait aussi dans une ouverture circulaire de 
la partie centrale. On trouve des spécimens analogues 
dans la région du Rhin moyen.^'^**) 

3. Des fragments d'éperons en métal blanc (fig. 16, 
17 et 20) appartiennent également au groupe des 
éperons à anneaux d'attache, comme on le voit par 
la figure 20; toutefois l'aiguillon n'était pas fixé directe- 
ment à la monture en demi-cercle, mais à un appen- 
dice muni de deux demi-cercles servant à l'assujettir. 
Je ne connais qu'un exemplaire de ce type; égale- 



^»'^) Archaeol. vyzkum, 1893, pi. XXVI, fig. 10. Das 
Grabfeld von Rondsen, pi. VIII, fig. 4 et Tischler, Ost- 
preussische Alterthiimer, Kônigsberg, 1902, pi. XVI, 
3— 10;conf. aussi Lissauer, Praeh. Denkmâler d. Prov. West- 
preussen, Leipzig, 1887, pi. IV, 9. 

^^) OIshausen, VcrhandI. Berlin, 1890, 198. 



ment dépourvu de sa pointe en fer, il provient de 
Pichora près Dobrichov.^^^ 

Il faut ajouter qu'à Pichora les éperons ne se 
sont rencontrés que dans trois sépultures par unités 
et non par paires, ce qui prouve que cet objet 
n'était porté qu'à un seul pied (le pied gauche), 
tandis qu'à Trebickâ une tombe contenait deux éperons. 
Au Hradischt, où les éperons étaient épars çà et là, 
on ne peut se prononcer sur cette particularité. 

Les mors de bride en fer articulés, avec barres 
et avec larges anneaux (pi. XXX, fig. 6, 7, 12, 13 et 18) 
jouaient un rôle aussi important que l'éperon. La 
bride n'apparaît de ce côté des Alpes qu'avec la 
culture de Hallstatt^***), en Bohême, à Zabor, Bylany, 
Nëm. Kopisty et Plâtenice. Il est à remarquer que 
le plus souvent cet objet se rencontre par paires, par- 
ticularité que l'on observe aussi pour les brides en 
fer trouvées dans les tombes à squelettes accroupis de 
Bylany, dans les tombes à incinération de Plâtenice et 
dans le septième tumulus de ftepec"®). Cela prouve 
qu'à l'époque des mors de bride en bronze et au 
temps des trois rites funéraires de la Bohême repré- 
sentés par ces sépultures, les combattants faisaient 
usage du char de guerre attelé de deux chevaux. 
Il est vraisemblable qu'au Hradischt le char de guerre 
de parade était connu: la figure 1 de la planche XXII 
représente un fragment de moyeu, similaire à ceux 
des chars à deux roues des tumulus de l'Allemagne 
du sud, ou des sépultures à inhumation de la Marne; 
mais le nombre considérable des éperons montre 
que Ton donnait déjà la préférence à l'équitation. 



Ustensiles et outils. 

L'usage de la clef est l'indice d'une civilisation 
déjà avancée. Au dire de Pline^^), la clef, et par 
conséquent la serrure, aurait été inventée par Théodore 
de Samos, mais on connaît en Egypte des clefs 
remontant à l'époque de Ramsès 11^*^), et chez les 



'^') Archaeol. vyzkum, 1897, pi. XXXIV, 19. 

13"*) Le D"" Grempler a dressé avec soin un inventaire des 
découvertes (Schlesiens Vorzeit in Bild u. Schrift, VII, 
1897, p. 202. 

^*») Archaeol. vyzkum, 1897, p. 46, sépulture n^ 18 de 
la nécropole de Bylany et plus loin dans d'autres sépultures; 
Pamâtky, XVIII, 1, tumulus 7, conf. p. 3; sur les tombes de 
Plâtenice, voir Pamàtky, XX, 16, LUI, 4, 5, 14, LVI, 1, 2, 4, 6. 

"**) Pline, Hist nai, VII, 57 ... . normam autem et 
libellam et tornum et clavem Theodorus Samius 
(invenit) . . . 

"») Anthrop. Verhandl., Berlin 1888, (180); rapport 
du Prof. Erman sur une clef de fer coudée et munie de quatre 
dents, trouvée dans une tombe de l'époque de Ramsès II. 



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81 



Le Hradischt de Stradonitz. 



82 



auteurs grecs, on trouve déjà dans l'Odyssée la 
première mention des clefs et des serrures (XXI, 6, 46). 
Enfin Schliemann a reproduit une véritable clef, trouvée 
à Mycènes dans les couches supérieures.^^-) Cet 
ustensile fut apporté en Italie par les colons grecs 
et perfectionné à l'époque romaine où Ton fit usage 
de clefs rotatives. 

Au Hradischt, le modèle le plus simple est en 
forme de T (pi. XXXII, fig. 1); il se compose d'une 
tige assez longue, terminée d'un côté par une traverse 
portant deux dents parallèles à cette tige (l'une 
de ces dents est brisée). La clef en T est appelée 
aussi clef laconienne, parce qu'elle aurait été inventée 
en Laconie. Elle s'appliquait à des serrures de bois, 
dont le dispositif est connu.^*'^) 

L'addition des dents, suivant des modèles variés, 
constitua un premier perfectionnement. Le recourbe- 
ment de la clef, qui s'observe fréquemment au 
Hradischt, implique une serrure d'un modèle déjà 
compliqué. Les petites clefs de bronze (par ex. 
fig. 3, 14), appartenaient évidemment à des serrures 
de petits coffrets ou d'écrins, renfermant peut-être 
des monnaies d'or ou d'argent, ou des bijoux. Il est 
intéressant de constater que ces diverses clefs, celles 
en forme de T, celles à tige recourbée ou avec tige 
brisée à angle droit, se rencontrent en abondance 
dans les maisons du mont Beuvray et dans d'autres 
localités de la Gaule appartenant aux premiers temps 
de l'empire^"); on les trouve aussi dans l'Europe 
centrale jusque dans la région de la Baltique. 11 est 
vraisemblable qu'elles sont parvenues au Hradischt 
avec les autres objets de la fin de la période gauloise 
et du commencement de l'époque gallo-romaine qui 
y ont été importés de la Gaule. Au mont Beuvray, 
les substructions des maisons, construites en pierre, 
se sont conservées. Au Hradischt, elles ont été 
incendiées de fond en comble, parce qu'elles étaient 
en bois, tantôt en charpente forte, tantôt en bois 
léger, et enduites sur les deux faces d'une couche 
de torchis (v. pi. LVIII, fig. 1), comme certaines 
habitations roumaines actuelles; mais ces demeures 



"*j Schliemann, Mykenâ, p. 83, fig. 20. Uinventeur la 
croit plus récente que les autres trouvailles et la classe au 
V« siècle avant J.-C. 

"**) Sur les ouvrages relatifs aux clefs antiques, cf. J. Fink, 
Der Verschiuss bei denOriechen und Rômern, Regens- 
bourg, 1890, p. 2. En Bohême, J. Smolîk a étudié les clefs 
romaines dans un article des Pamàtky (t. XVII, 223): O tf ech 
KliCich, nalezen^ch u Dobfichovic. 

'**) Bulliot, Atlas, pi. XLIV, 1, 2; XLVI, 3; les musées 
de Saint-Germain, de Mayence et plusieurs autres possèdent un 
grand nombre de clefs semblables, provenant de trouvailles 
romaines. 



étaient déjà closes par des portes munies de serrures, 
renfermant des objets qu'il fallait garantir des dé- 
prédations. 

Les couteaux de fer sont nombreux et variés 
au Hradischt. La plupart appartiennent au type ancien, 
caractérisé par la légère courbure du dos de la lame. 
L'un deux (pi. XXXIV, fig. 14) rappelle par sa forme 
les couteaux de bronze de la Suisse, sauf que le 
manche est d'un autre modèle.^*"*) Les couteaux 
grands et petits, à pointe relevée légèrement, et à 
large soie plate, coudée à son extrémité, se rapprochent 
d'un type hallstattien et sont caractéristiques pour 
cette époque.^*") Le modèle alors le plus répandu 
est celui à soie plate, terminée par un anneau de 
suspension (pi. XXXIV, 8, 12). On a recueilli des 
couteaux semblables au mont Beuvray et dans des 
stations contemporaines^*^). On trouve encore au 
Hradischt de petits couteaux à soie annulaire (fig. 2), 
qui constituent un type de transition, par rapport 
aux couteaux-rasoirs du territoire provincial-romain.^*^) 
Les petits couteaux à lame allongée et étroite (fig. 3, 
18), appartiennent à un type qui s'est trouvé à 
La Tène^*®) et qui a disparu postérieurement. 

Les broches appelées broches à larder se classent 
parmi les ustensiles culinaires que la civilisation romaine 
a répandus en Oaule, où ces objets sont cependant 
de dimensions un peu plus grandes que les broches 
fragmentées trouvées au Hradischt (pi. XXll, fig. 6). 

Les forces se rencontrent à l'état de fragments; 
un exemplaire entier est reproduit sur la planche 
XXXI V, fig. 15. De même que les forces de type plus 
ancien, représentées dans les trouvailles de La Tène, 
ces ciseaux se composent de deux lames opposées, 
jointes par un ressort; celui-ci, dans le modèle de la 

"*) Des couteaux semblables ont été trouvés dans la 
nécropole de Bylany (Staroîitnosti, 1, 1, pi. XXV, 2 et 
XXVII, 21). 

"^) J'ai vu un couteau de cette forme dans la grande 
collection d'objets de fer provenant des Gleichberg, près de 
Rômhild, au musée de Meiningen; le même type apparaît 
d'ailleurs fréquemment dans l'Allemagne du sud et en France, 
à l'époque précédente (dernière époque hallstattienne et époque 
marnienne ou de La Tène). 

V*') Bulliot, Atlas, pi. XLIV, 6 (au musée de Saint Oermain); 
conf. Gross, La Tène, IX, 2; Meyer, Gurina, XII, 4; mêmes 
trouvailles aux Gleichberg, près de Rômhild; des couteaux 
semblables ont été trouvés dans des sépultures à Neuenmorgen 
(musée de Mayence avec des fibules de La Tène II), et dans 
la forêt de Compiègne, avec des objets romains (musée de 
Saint-Germain). 

"") Conf. Gross, La Tène, IX, fig. 16. Mêmes trouvailles 
au musée de Lausanne, de la palafitte de Corcelette, et au musée 
de Meiningen, des Gleichberg. 

^*«) Gross, La Tène, pi. IX, 4, 7; Meyer, Gurina, 
XII, 7, 8. 

6 



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Dr. J. L Piif. 



84 



station de La Tène, se compose d'un simple demi- ' 
cercle, tandis qu'au Hradischt, sa forme se rapproche 
davantage du cercle entier; ce dernier modèle, qui est 
celui du mont Beuvray,^*^*) semble être caractéristique 
pour la période provinciale romaine. 

De petites fourches à trois dents, à tige mince, 
coudée presque à angle droit, sont représentées sur 
la planche XXXV (fig. 5, 10, 16, 23, exemplaires entiers; 
fig. 6, 12, fragments). On voit apparaître ici pour la 
première fois un ustensile qui, par sa forme générale, 
se rapproche de nos fourchettes, mais qui en diffère 
par la disposition coudée du trident et par la courbure 
en demi-cercle de ses dents. On ne saurait donc 
déterminer si cette fourchette à trois pointes servait 
au même usage que la nôtre, mais il est certain que 
c'est là une forme d'ustensile caractéristique pour le 
Hradischt de Stradonitz et pour la station de La 
Tène^-^^) où cet objet s'est rencontré pour la première 
fois; en Bohême, on l'a trouvé également à Lipany 
et trois fois dans les pays étrangers. ^'^*-) 

Les fourchettes à deux dents, figurées sur 
la même planche (n°M9, 20, 21, 11) sont encore très 
caractéristiques, car les trois dernières sont munies 
d'une douille dans laquelle se fixait un manche en 
bois, qui présentait la même direction que celui des 
fourchettes à trois dents; ici encore la destination 
demeure problématique, j'ai vu au musée de Meiningen 
des instruments semblables, mais dont l'emmanchure 
rappelait celle de nos hoyaux actuels, servant à piocher. 

Parmi les outils dont la destination est incertaine, 
se placent des petits racloirs à lame semi-circulaire 
et à tige mince; le racloir n° 13 est droit, tandis que 
le n"* 14 est coudé; le modèle coudé est représenté 
au musée de Meiningen par deux exemplaires des 
Oleichberg; au musée d'Autun, par un exemplaire 
du mont Beuvray; le modèle droit, au musée de 
Bienne, par un exemplaire de la station de La Tène^^*'^), 
ce qui confirme de nouveau la parenté de ces trouvailles, 
déjà si souvent mentionnées. 

Nous ne savons non plus comment dénommer 
l'objet en forme de petite hache (pi. XXXV, 25), qui 



'^) BulHot, Atlas, XLVI, 2. 

1") Gross, La Tène, pi. VIII, 4. 

^^') Sur la fourche de Lipany, je sais seulement qu'elle 
provient d'une briqueterie; M. Milner, propriétaire à Lipany, me 
l'a cédée pour le musée. J'en ai d'ailleurs rencontré de semblables 
au musée de Meiningen, provenant des Oleichberg, au musée 
de Klagenfurt, de trouvailles romaines à Magdalenenberg, au 
musée de Nîmes, d'une localité indéterminée du midi de la 
France. 

^'''•') Gross, La Tène, pi. IX, 14. Conf. Jacob, Die Gleich- 
berge bei Rômhild, Vorgesch. Alterth. d. Provinz Sachsen, 
Vll-Vin, Halle, 1887, fig. 6, 24. 



s'est rencorttré plusieurs fois sous la même forme 
dans les trouvailles de la Suisse.^**) 

Les marteaux, martelets et pinces (pi. XXXV, 
27, 31, XXXVI, 1—9 et XXXV, 28—30) appartiennent 
déjà à des types d'ustensiles gréco-romains et pouvaient 
servir comme nos outils similaires à diverses artisans. 
Les marteaux et les pinces servaient principalement 
aux opérations métallurgiques et surtout sidérurgiques. 
On ne peut affirmer qu'on ait trouvé au Hradischt 
ou dans ses environs des fours pour la fonte du fer; 
mais le musée de Prague conserve le fond d'un grand 
vase rempli de fer ayant subi une double cuisson; 
en outre, la fig. 2 de la planche LVIII reproduit un 
morceau de scorie de fer assez riche en métal, c'est- 
à-dire de même nature que les scories des fours 
primitifs les plus anciens. 

Je n'hésite donc pas à admettre que la plus 
grande partie des objets de fer trouvés au Hradischt 
a été fabriquée sur place par des ouvriers originaires 
des pays occidentaux. 11 est en effet impossible de 
supposer qu'une telle masse d'objets en fer ait été 
importée au Hradischt par le commerce, alors surtout 
qu'à partir du Rhin, on ne trouve aucune trace d'une 
telle exportation.^"*'*) Parmi les témoignages matériels 
confirmant l'existence d'ateliers métallurgiques au 
Hradischt, nous avons déjà signalé des épingles et 
des aiguilles de bronze inachevées, dont la fabrication 
nécessitait évidemment l'emploi de pincettes et de 
martelets de petite dimension. 

Des spatules de fer, de forme oblongue, à 
manche mince (pi. XXXVI, 10 — 17), avaient une 
destination quelque peu problématique. On les trouve 
sur la rive gauche du Rhin, dans des découvertes 
d'époque romaine, ^'^**) mais il est difficile de savoir 

^^) J*ai vu au musée de Zurich un objet semblable pro- 
venant des trouvailles romaines de Saxon (Valais), un autre au 
musée de Berne (trouvailles de Studenburg, également de l'époque 
romaine); le musée de Lausanne en possède un exemplaire, 
découvert dans le canton de Vaud, sans autre indication de 
provenance. 

*") Jai noté au musée d'Autun des pinces en fer de même 
forme, parmi les trouvailles du mont Beuvray (Bulliot, Fouilles 
du mont Beuvray, pi. VI, 3); des marteaux plus grands et 
plus petits ont été recueillis aux Oleichberg (musée de Meiningen), 
à Alésia (musée de Saint-Oermain) et à Magdalenenberg (musée 
de Klagenfurt). — Cet objet figure aussi parmi les trouvailles 
du tumulus de Celles (Cantal); conf. L'Anthropologie, 1903, 
p. 385. .— On voit sur des vases peints helléniques ces mêmes 
pinces, tenues par des ouvriers forgerons; les marteaux de 
ces représentations de forges sont d'une autre forme, mais on 
trouve aussi sur les vases grecs le marteau du type de Stradonitz. 
Voir Jahn, Darstellung des Handwerks und Handels- 
verkehrs auf Vasenbildern, pi. V, 2, 4. 

*•'**) Les Oleichberg, près Rômhild, ont livré des spatules 
semblables; le musée de Mayence en possède qui sont un peu 



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85 



Le Hradischt de Stradonitz. 



86 



exactement à quoi servaient ces ustensiles; le n^ 15 
cependant se rapproche un peu par sa forme de 
notre ciseau. 

Des fragments de scies en fer (pi. XXXVI, 26, 27) 
ont été trouvés quelquefois au Hradischt; elles sont 
si légères qu'elles ne pouvaient servir qu'à couper 
du bois très mince. 

La planche XXXVll reproduit des haches en 
fer de diverses dimensions. La plupart rappellent 
par leurs formes les haches à douille en fer de la 
nécropole de Hallstatt, avec cette différence que la 
douille est ouverte, comme dans les haches de 
Ourina,^^") tandis que les haches des trouvailles 
occidentales, synchroniques avec celles du Hradischt, 
ont des ailerons fermés ne laissant qu'une petite 
ouverture à leur partie inférieure.^'*^) 

La faucille et la faux apparaissent à La Tène 
avec des formes complètement développées,^'**') qui 
se retrouvent au Hradischt (pi. XXXVll, 3, 6), bien 
que la faux soit ici un peu plus longue, plus recourbée 
à la pointe et pourvue d'une languette d'emmanchement 
plus longue. Pour la faucille, on observera la petite 
languette recourbée qui consolidait son emmanchement. 
Ces types de faux et de faucilles se sont conservés 
jusqu'aux X— Xh siècles et n'ont pas subi depuis cette 
époque de grandes modifications. 

Le soc de charrue en fer se composait d'une 
plaque ogivale (pi. XXXVll, fig. 10), échancrée à sa base; 
celle-ci est pourvue d'une rainure pour l'emmanchure 
de la tête de charrue. Pour suivre le développement 
typologique de cet instrument, on peut comparer ce 
modèle à celui qui est représenté sur les vases grecs ^®^) 



différentes et viennent de trouvailles romaines ; on en voit encore 
de semblables au musée de Bonn, provenant de fouilles d'époque 
romaine, et au musée de Saint-Germain, de la même époque 
(forêt de Compiègne). On en a recueilli également au mont 
Beuvray (Bulliot, Atlas, XUI, 4, 17; conf. Fouilles du mont 
Beuvray, II, pi. VI, 1). 

1*7) Meyer, Ourina, pi. Xll, 13. 

^^'^) Gross, La Tène, VIII, 15, fig. 21, 14 et 16. On voit 
les deux formes au musée de Saint-Germain, provenant du mont 
Beuvray. Les Gleichberg, près Rômhild (musée de Meiningen), 
ont livré des haches à ailerons, des haches à douille et des 
haches de la forme actuelle. Jacob (Die Gleichberge, Alter- 
tùmer Sachsens, 1887) reproduit seulement (fig. 5 et 7) des 
haches à ailerons et (fig. 9—13) des haches de la forme actuelle. 

^^^) Gross, La Tène, VIII, 19, 20. Jacob, Die Gleich- 
berge, fig. 155, exemplaire incomplet. 

^^^) Jahn, Darstellung des Handwerks und Handels- 
verkehrs auf Vasenbildern, pi. I; j'ai vu des représentations 
semblables sur quelques vases du Louvre. — Au dire de Pline, 
l'inventeur de la charrue serait Buzyges, d'Athènes et, suivant 
d'autres, ajoute-t-il, Triptolème (VII, 57). 



et sur les gravures rupestres de Bohuslân en Suède.^'*^) 
Nous ne connaissons qu'un petit nombre de charrues 
du type de Stradonitz, ^"'^) sans doute parce que ce 
modèle a été remplacé de bonne heure par la forte 
charrue romaine, usitée encore de nos jours dans 
quelques contrées, par exemple en Dalmatie; mais 
le type de Stradonitz, lui aussi, n'a pas encore disparu: 
je Fai rencontré, par 
exemple, dans les envi- 
rons de Kiev en Russie. 

Les forets trouvés 
au Hradischt présentent 
deux sortes de types: 
danslesuns(pl.XXXVIIl, 
fig. 22 et 23), le tran- 
chant est semi- circu- 
laire; dans les autres 
(fig. 24, 25), destinés à 
perforer des plaques 
plus épaisses, il affecte 
une forme losangée.^"') 

Les ciselets sont 
petits et de formes 
simples, avec un mince 
tranchant plat, au bout 
d'une tige de fer plus 
ou moins forte (pi. 

XXXVIII, 3, 19, 27, 28, 

XXXIX, 4, 5); d'autres 
sont minuscules et ont 
une de leurs extré- 
mités terminée en burin 
(pi. XXVIll, 2, 13, 14); 
quelques petits ciselets 
sont pourvus de leur 
manche en os, uni ou 
orné de cercles (pi. XLll, 
12, 19). 

La lime (fig. 10) à dents obliques, était rare à 
cette époque, car je ne puis citer ici comme objet 
similaire que les trouvailles de la nécropole de Rondsen 
(Anger, loc. cit., pi. Vil, 6; cf. les limes découvertes 




'H 



Fig. 10. Petite lime à manche en 
os et petit couteau de fer. 

Coll. du prince de Furstenbcrg, Kl'ivoklât. 



^"*) Montelius, Kultur Schwedens in vorchristlicher 
Zeit, Berlin, 1885, p. 69. 

^"*) J'ai vu des socs de charrue semblables au musée de 
Mayence, provenant de Geddernheim et de Worms, et en fac- 
similés, provenant de fouilles romaines à Fainningen (Dillingen). 
Zichy, Voyages au Caucase et en Asie Centrale, Buda- 
pest, 1897, I, pi. XCI, 3, reproduit une charrue du Caucase de 
forme encore grecque, avec un soc semblable. 

***^) On voit au musée de Meiningen une série de forets 
semblables, trouvés aux Gleichberg et, au musée de Mayence, 
un exemplaire provenant de trouvailles romaines. 

6* 



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87 



Dr. J. L Pie. 



88 



dans letumulus de Celles, Cantal, L'Anthropologie, 
1903, p. 385). 

Des burins de fer, de divers calibres, ont 
été trouvés en assez grand nombre (pi. XXXVIII, 
5—10, 15). 

Les alênes de fer consistent tantôt en une lame 
simple à deux pointes (pi. XXXVIll, fig. 11), ou en 
une lame à manche en os (pi. XLII, fig. 13, 14, 17, 20), 
ou en une lame avec manche en fer mouluré, le tout 
d'une seule pièce (pi. XXXVIll, fig. 12). 

Les crocs de fer sont simples ou triples,^"^) 
et munis d'une boucle servant à les suspendre à un 
clou de fer (pi. XXXVIll, 37, 41, peut-être aussi, 
pi. XXXIX, 7). On les employait à suspendre des 
objets de toutes sortes, principalement des chaînes 
et des chaînettes, auxquels étaient accrochés des 
chaudrons métalliques, au-dessus des foyers de 
cuisine. 

On remarquera particulièrement de curieuses 
garnitures en fer, avec tête de bovidé grossièrement 
figurée (pl. XXXVIll, fig. 26 et XXXIX, fig. 2); leur 
partie inférieure était évidemment fixée à des vases 
de bois, en guise d'anses. 

Les chaînes et les chaînettes en fer (pl. XL 
et XLI) se composent d'anneaux en forme de huit, 
ou à nodosité médiane, ou en torsade; ils servaient 
principalement à suspendre au-dessus du foyer des 
chaudrons de métal, ainsi qu'à d'autres usages 
domestiques. 

Objets en os. 

A l'époque où se produisirent les découvertes 
du Hradischt, on y mit en circulation un grand 
nombre d'objets faux, principalement des objets en 
os, fabriqués avec assez d'habileté. Je ne saurais 
donc garantir l'authenticité de chacun de ceux qui sont 
conservés dans nos collections, bien que sans nul doute 
les falsifications ne puissent être qu'exceptionnelles. 
Ces objets d'os se classent en diverses catégories: 

Un petit cadre d'ivoire, orné de moulures (pl. 
XXII, 3), devait évidemment être fixé à quelque tablette 
de métal. M. Osborne à émis l'opinion qu'il s'agit 
ici d'une ces tablettes enduites de cire, servant à 
écrire, d'un usage fréquent tout au moins à l'époque 
impériale romaine. ^^•^) Cette conjecture peut être 
exacte, puisqu'on a trouvé, d'autre part, au Hradischt 



^®*) J'ai noté des triples crocs semblables dans les musées 
suivants: au musée de Francfort, de'Heddemheim (en bronze), 
au musée de Mayence (trouvailles romaines), et au musée de 
Zurich, de Saxon, dans le Valais. 

^«*) Anthrop. Mitth., Vienne, X, pl. VI, 6, p. 258. 



des styles à écrire sur la cire (pl. XLIII, fig. 4, 
XLVII, 11, 25, 31), ainsi que des spatules à effacer 
(pl. XLIII, 2) et des styles -spatules (pl. XLVI, fig. 5, 
24, 25, 27). A la vérité, il est difficile de supposer 
que Part d'écrire ait été au Hradischt d'un usage 
général. Mais comme cette station a livré beaucoup 
d'objets de caractère romain, on peut admettre que 
la pratique de l'écriture était connue de quelques 
habitants, à titre d'exception; ce qui indique combien 
elle était peu répandue, c'est que l'on pourrait à peine, 
à l'aide des trouvailles, reconstituer deux de ces 
cadres. Les styles sont également assez rares. 

Un fragment de crâne humain, orné de 
cercles gravés concentriques (pl. XLIII, fig. 17), con- 
stitue une découverte archéologique d'une importance 
spéciale. On a trouvé assez souvent en Bohême, 
dans les sépultures, sur les lieux habités par le 
peuple des squelettes accroupis, des ossements 
humains séparés et même des fragments de crânes 
gisant parmi des rejets de cuisine; ces découvertes, 
à la suite de l'examen des restes d'habitations de 
Knoviz, ont été regardées comme des preuves maté- 
rielles de cannibalisme. On a trouvé également cà 
et là, dans les sépultures à squelettes accroupis, des 
crânes isolés et séparés des autres ossements; on 
les a regardés comme des crânes d'esclaves, qui 
auraient été sacrifiés lors des funérailles, afin de 
demeurer encore dans l'autre monde au service du 
défunt. Mais aucune de ces deux hypothèses ne 
s'applique au cas présent, qui en appelle une troi- 
sième; une coutume, en usage chez les peuples 
sauvages, existait encore chez les habitants de 
l'ancienne Europe et même assez récemment chez 
les tribus belliqueuses des Balkans, celle de décapiter 
le cadavre d'un ennemi vaincu sur le champ de 
bataille et de conserver son crâne comme un précieux 
trophée. L'histoire rapporte que dans les temps 
anciens on transformait les crânes des ennemis vaincus 
en coupes, dont on se servait aux jours de fête: 
c'est ainsi, par exemple, que le roi lombard Alboin 
! buvait dans le crâne du roi gépide Kounimond, le 
j tzar bulgare Krum, dans celui de l'empereur d'Orient, 
I Nicéphore. On ne saurait déterminer si le crâne du 
Hradischt, conservé au musée de Vienne, a eu une 
destination analogue, puisque nous n'en possédons 
qu^un fragment;^****) il faut du moins remarquer qu'il 
rappelle entièrement, par son ornementation, composée 
de cercles, les autres objets en os de l'époque de 
l'occupation du Hradischt. 

^*^) Ce fragment de crâne a été notamment Tobjet d'une 
notice publiée par J. V. Éelîzko, dans le Casopis vlasten. 
Musejniho spolku v Olomouci, 1898, XV, 10 et suiv. 



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89 



Le Hradischt de Stradonitz. 



90 



Les manches en os, lisses ou ornés, ont été 
déjà décrits à propos des alênes et des petits ciselets 
(pi. XLII); il nous reste à mentionner encore quelques 
types de manches. 

La fig. 18 de la planche XLIII représente une 
moitié de manche en os orné d'un semis de cercles 
et qui servait sans doute de poignée de couteau ou 
de coutelas^**). Un manche en corne de cerf est 
décoré avec soin de deux cercles quadrillés (pi. XLIII, 
10), mais on ne saurait dire à quel genre d'outils en 
fer il était fixé. Un os cylindrique est orné d'un 
décor similaire à bandes horizontales (pi. XLIII, fig. 9) 
et rappelle les manches d'alênes et de ciselets de la 
planche XLII. Signalons encore de petits manches 
cylindriques, lisses ou ornés, perforés à leur partie 
centrale, qui ressemblent à ceux de nos perçoirs 
modernes (pi. XLII, 9, 11, 16; XLV, 39-41, 46-48, 
52, 53 j. De petits cylindres en os, évidés intérieure- 
ment, ornés de cercles ou de gravures, consolidaient 
l'emmanchement de couteaux ou d'objets similaires 
(pi. XLIII, 6, 16, grandeur naturelle; XLV, 1—8, demi- 
grandeur). Quelques-uns sont au contraire ornés de 
côtes saillantes (pi. XLV, fig. 11, 16). 

Un garrot en corne de cerf est appointé et poli 
à l'une de ses extrémités, tandis que l'autre est ornée 
d'un semis de cercles et de deux bagues; il est 
entaillé et perforé à sa base, dans laquelle devait 
s'engager quelque objet métallique, maintenu par 
une virole. Le musée de Prague possède un objet 
semblable, avec une garniture et une virole en bronze, 
de provenance inconnue, mais on ne saurait dire s'il 
s'agit ici de quelque instrument ou d'une pendeloque 
de chasseur. Des cornes de cerf portant des entailles 
sont abondantes au Hradischt, mais on ne peut savoir 
si elles servaient à quelque destination pratique ou 
bien comme simples ornements. 

De petits disques en os (pi, XLIV) sont ornés 
sur une face de cercles concentriques en relief, suivant 
des modèles très variés, tandis que leur face postérieure 
reste toujours lisse; leurtranche, surtout son développe- 
ment, est creusée d'une profonde rainure que l'on 
peut distinguer sur les exemplaires de la planche 
XLIV, dont les bords sont brisés. On se trouve 
donc en présence de deux hypothèses: ou bien ces 
boutons étaient engagés, en guise d'ornement, dans 
les entailles d'une courroie, ou bien leur face posté- 
rieure était couverte d'étoffe et ils servaient dans ce 
cas de boutons de vêtement. Contre cette dernière 



hypothèse, on pourrait, il est vrai, objecter qu'on a 
trouvé au Hradischt des boutons de bronze à oreillettes 
et que l'on y a même fabriqué des boutons en os 
du même genre (pi. XLV, 30), mais cette constatation 
ne s'oppose pas entièrement à la conjecture indiquée. 
Il est vrai qu'ici je ne peux signaler à l'étranger 
aucune trouvaille similaire, pour éclaircir cette question. 
En Bohême, M. Felcman a trouvé dans une sépulture 
à incinération, à Oubrnice, des disques semblables, à 
rainure.^*''*) Mais les disques trouvés à l'étranger dans 
des fouilles de l'époque romaine ne portent pas 
d'incision sur leur tranche et sont regardés comme 
des pions à jouer, analogues à ceux de nos jeux 
de dames. 

Des pions à jouer en os ont été recueillis en 
grand nombre; leur forme rectangulaire est celle de 
nos dominos, mais ils portent sur quatre côtés des 
marques numériques se composant de cercles ponctués; 
les nombres vont ordinairement de trois à six, les 
plus élevés étant gravés parfois sur la plus grande 
face, parfois aussi sur la plus petite (voir pi. XLIV). 
Ces cubes présentent des dimensions très variées, ainsi 
qu'on peut le constater en comparant les 21 exemplaires 
figurés, dont quelques-uns (les n<^ 19 et 41, par exemple) 
sont vus sur leur plus petit côté: on ne pouvait 
donc les placer de la même manière que nos dominos; 
d'autre part, il est difficile d'admettre qu'ils aient 
servi de dés, c'est-à-dire qu'ils aient pu être lancés 
sur une table de jeu, car ils n'auraient pu retomber 
sur leurs plus petites faces; or celles-ci, le plus souvent, 
portent précisément des numéros. . 

Dans la station de La Tène, on a trouvé déjà 
des dés en forme de cube,^®*) semblables à ceux de 
l'époque romaine, dés qui d'ailleurs se rencontrent 
rarement. ^'*^) 

Nulle part on n'a trouvé en aussi grande abondance 
qu'au Hradischt des dés plats ou cubiques: nous 
pouvons donc en conclure que dans aucune ville 
de l'Europe le jeu n'était à cette époque plus en 
faveur; les monnaies d'or et d'argent trouvées au 
Hradischt ne servaient pas seulement aux transactions 
commerciales, mais encore aux enjeux. 



^**') Le musée de Prague doit à M. le directeur Fr. Siedek, 
de Lîbeznice, deux objets semblables; ils présentent encore le 
caractère de l'époque de La Tène. 



^«'*) Pamàtky, XIX, p. 27. 

'«*) Oross (La Tène, pi. XI, fig. 33) reproduit un dé en 
os du musée de Bienne et (fig. 34) un dé de bronze de forme 
un peu oblongue, de la collection Dardel. 

^'**) J'ai vu au musée de Rouen, des dés semblables associés 
à des dés cubiques, les uns et les autres provenant de fouilles 
romaines. Le musée de Saint -Germain en possède qui 
viennent d'Arles. Joseph Déchelette en mentionne d'analogues 
à ceux de Stradonitz parmi les trouvailles du village lacustre 
de Glastonbury (musée de Glastonbury). 



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91 



Dr. J. L Piè. 



92 



Le jeu de dés fut inventé, au dire d'Hérodote, 
par des Lydiens, au temps du roi Atys. Mais les 
Aryens pratiquaient ce jeu et peut-être avant que le 
nom des Lydiens ne fût connu, car déjà dans le 
Rigveda, il en est fait mention ,^'^) et dans le poème 
épique du Mahabharata on voit le roi des Pandavas, 
Judhishthira, jouer aux dés avec le roi des Kouravas, 
Durjodhana, et perdre sa royauté, sa liberté et celle 
de sa race. 

Ainsi, chez les anciens habitants de Tlnde, ce 
jeu était aussi en faveur que chez les Germains, dont 
Tacite (Oerm. 24) rapporte également qu'ils perdaient 
au jeu non seulement leurs biens, mais encore leur 
liberté, étant ensuite réduits à se vendre eux-mêmes 
comme esclaves. 

Les épingles à cheveux en os se répandirent 
dans TEurope centrale sous Tinfluence d'une mode 
d'origine romaine. On trouve au Hradischt des 
épingles à tête toute simple (pi. XLVI, 28, 29; XLVII, 
26, 28, 42, 50), ou avec tête plus ornementée (pi. XLVI, 
1—4), ou même avec une décoration finement gravée, 
comme celle des épingles provinciales romaines (pi. 
XLVI, 44, 60). 

On y rencontre aussi des aiguilles en os à tête 
mince qui pouvaient parfois remplacer dans une 
certaine mesure les aiguilles de métal (pi. XLVII, 
52, 53) et des aiguilles à grosse tête (pi. XLVII, 51, 
54) impropres aux travaux de couture, mais pouvant 
servir à la fabrication du filet. 

Des spatules en os (pi. XLVI, 12, 16, 32—35) 
servaient évidemment dans les ateliers de potiers au 
lissage des vases façonnés sur le tour, tandis qu'à 
l'aide des spatules dentelées on traçait sur l'argile 
molle des zones rectilinéaires ou ondulées. 

Les perçoirs en os sont semblables à ceux 
que l'on recueille dans les restes d'habitations du 
peuple des squelettes accroupis; dans ma jeunesse, 
j'en ai vu de similaires, employés à la confection 
des fléaux; les habitants du Hradischt s'en servaient 
à coup sûr pour coudre les cuirs et confectionner 
des chaussures. 

Les racloirs pour la fabrication des peaux sont 
de grandes dimensions et parfois dentés (pi. XLIl, 
fig. 1, 2, 10, 15); ces derniers servaient évidemment 
aux premiers raclages des peaux, tandis que les 
racloirs étroits étaient employés ensuite pour le 
polissage. 

Des lances et des javelots (pi. XLVIII, 29—38) 
étaient façonnés avec des os solides et résistants; on 

^'*) Zimmer, Altindisches Leben, p. 283; Schrader, 
Reallexicon, 785. 



les polissait et on les aiguisait avec soin,^"-) en sorte 
que, comme arme de chasse, ils pouvaient remplacer 
les lances et les javelots en fer. L'apparition de ces 
armes en os, à une époque où l'industrie était si 
avancée peut facilement s'expliquer par ce fait que 
le fer fabriqué au Hradischt n'offrait pas une dureté 
suffisante; en outre, les lances et les javelots en os 
pouvaient être aisément façonnés à la maison, aux 
heures de loisir. On chassait alors (à en juger par 
les trouvailles de cornes et de défenses) le chevreuil, 
le sanglier, le cerf, et enfin l'élan, mentionné par 
César. 

La céramique. 

Les produits de la céramique ont pour l'archéo- 
logie moderne une importance spéciale, en raison de 
ce que les transactions commerciales ne les trans- 
portaient pas généralement à de grandes distances, 
comme les objets de métal. On peut donc les 
considérer comme les produits d'une industrie toute 
locale. Naturellement les types industriels se modifient 
dans chaque région sous l'influence des modes nou- 
velles, qui s'appliquent tout d'abord aux objets de 
métal et ensuite au costume et à la céramique. Dans 
l'état actuel des études archéologiques, nous pouvons 
avec assez d'exactitude déterminer les courants des 
diverses civilisations et leur diffusion dans les pays 
d'Europe. Cela est vrai surtout en ce qui concerne 
les objets de métal, dont la technique, la composition 
chimique et aussi l'ornementation présentent un 
caractère local; connaissant les centres de dispersion 
des objets métalliques, nous pouvons reconnaître 
également les poteries de même origine, parfois 
exportées au loin avec les objets de métal. Comme 
les variétés de poterie rencontrées au Hradischt sont 
nombreuses et caractéristiques, nous devons rechercher 
les centres de dispersion auxquels elles se rattachent 
et expliquer leur apparition dans cette station. 

La céramique peinte. 

I. Le genre de poterie correspondant par ses 
caractères à la céramique peinte de la Marne 
n'est représenté au Hradischt que par un seul tesson 

^'-) Les lances et les javelots en os sont fréquents dans 
les palafittes suisses de Page de la pierre, mais dans une 
palafitte qui a livré des haches de bronze à ailerons et quelques 
objets rappelant ceux du Hradischt, à Corcelette, on a trouvé 
souvent des lances et des javelots en os ; nous ne pouvons donc 
pas affirmer en toute certitude, tout au moins pour la Suisse, 
que les armes offensives en os sont spéciales à Tépoque de la 
pierre exclusivement. 



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93 



Le Hradischt de Stradonitz. 



94 



(pi. XLIX, 2). La céramique des sépultures marniennes 
à inhumation, tout d'abord très simple, a bientôt | 
subi des influences que la poterie des Vénètes de | 
ritalie du nord peut très facilement expliquer. A 
l'époque de cette transformation, on voit apparaître I 
dans la région de la Marne sur des vases d'une I 
forme nouvelle et se rattachant aux typef nord- | 
italiques, une couverte peinte de couleur noire sur | 
fond rouge ou jaunâtre. La peinture de ces vases , 
ne se rattache pas à la technique des vases helléniques, 
à décor figuré (vases dont quelques spécimens se | 
sont rencontrés dans les tombes marniennes). On 
pourrait plutôt la comparer pour la technique aux 
vases peints de la civilisation hallstattienne, bien 
qu'elle en diffère par Tomementation: en effet, au 
lieu du décor hallstattien rectilinéaire, on trouve ici 
une ornementation, dont le thème fondamental se 
compose de lignes courbes en forme d'S et qui 
est particulière à l'époque de la Tène. Le tesson 
de Stradonitz, comparé aux vases peints de la Marne, 
en diffère par la prédominance du noir, mais l'orne- 
ment en S de sa partie gauche est tout-à-faît dans 
le goût du décor caractéristique de la poterie mar- 
nienne.^"'^) 

II. La céramique à zones rouges et blanches 
est caractéristique pour l'époque plus récente de la 
poterie gréco-italique et l'on peut suivre sa diffusion 
de l'île de Chypre jusqu'à l'Océan Atlantique. En 
Gaule, elle a été exportée par Marseille et a pénétré 
aux premiers temps de l'empire romain jusque dans 
les provinces du nord, puis à l'est jusqu'au Rhin 
moyen et à la Suisse actuelle. ^"^) Au Hradischt, 
on a trouvé un petit vase presque entier, à col étroit, 
lèvres arrondies, panse svelte et profil élégant (pi. L, 
fig. 4); ce vase porte à chacune de ses extrémités 
une large bande rouge; sa partie médiane se compose 
d'une zone blanche, divisée en deux par une bande 
rouge. Le musée de Prague possède tout un lot de 
tessons peints à zones rouges et blanches, provenant 

*") De beaux vases à peintures noires sur fond rouge ou 
jaune sont conservés au musée de Saint-Germain, provenant de 
Jonchères-«ir-Suippes (où Ton trouve également la fibule de 
Stradonitz) et de Bussy-le-Château ; la collection Morel (auj. au 
Musée britannique) en possède venant de Prunay, et le musée 
de Châlons, de Cheppe. 

^'*) On voit au musée de Saint-Germain des vases à bandes 
rouges et blanches provenant du MontChypres, près deCompiègne 
et de Chevincourt dans la forêt de Compiègne (Oise), ainsi que 
de Vichy (Allier) ; on en trouve d'ailleurs dans la plupart des grands 
musées. Mentionnons encore les trouvailles suivantes: dans la 
Gaule orientale, près du Rhin, un vase d'Osthofen, au musée 
deWorms; en Suisse, des poteries d'Engiwald, au musée de 
Berne (époque romaine); d'autres, de la même station et 
d'Eschenz, près du Rhin, au musée de Constance. 



de Stradonitz. Quelques-uns sont figurés sur la 
planche en couleurs, n'' XLIX: le fragment n° 7 pro- 
vient d'un vase plus large et plus sphérique que le 
précédent; il présente des lignes ondulées, tracées 
au-dessous de son rebord. Le n'' 10 appartenait à 
un vase allongé, à col étroit: il est également orné 
de lignes ondulées. Le numéro 22 présente un 
système de zones blanches et brunes et de lignes 
courbes. A l'époque marnienne ou époque de 
La Tène, les courbes ondulées, faiblement indiquées 
sur l'argile molle, présentent l'aspect brillant du 
graphite, tandis qu'à la période romaine, elles sont 
vraiment gravées dans la pâte. Nous croyons donc 
être dans le vrai en attribuant au commencement de 
l'époque gallo-romaine l'apparition de la céramique 
à peinture rouge et blanche. Celle-ci est alors 
représentée en Oaule et disparaît plus tard devant 
l'invasion de la poterie arrétine, connue sous le nom 
de terra sigillata, et sa disparition se place encore 
au premier siècle de notre ère. 

III. Lacéramique àzones rouges et blanches 
avec zone blanche ornée d'un décor rudi- 
m entai re annonce typologiquement la prochaine 
évolution de cette poterie à zones peintes; elle est 
extrêmement caractéristique pour le Hradischt. 

La planche XLIX reproduit des tessons sur 
lesquels on rencontre entre les zones rouges ou brunes 
des rectangles et des losanges quadrillés dont la 
couleur est peu résistante: sur l'un deux le motif 
d'ornementation comprend un demi-cercle, strié de 
hachures; on en trouve aussi dont les compartiments 
ne sont pas entièrement remplis de hachures, ou sont 
ornés de traits en zigzags. On reconnaît les mêmes 
motifs sur des fragments dont la couverte rouge et 
les dessins noirs se rattachent plutôt au premier groupe 
de cette céramique peinte (n**^ 3, 4). Les spécimens 
à dessins noirs sur fond blanc (n°Ml, 19) ne différent 
que par la couleur des vases rouges et blancs. 

Cette céramique bien typique est apparentée par ses 
formes à la poterie peinte à zones rouges et blanches 
d'origine gréco- italique. De même que le groupe 
précédent, elle se rattache à la poterie de l'ancienne 
Gaule, où elle apparaît dans plusieurs trouvailles, sur 
une zone territoriale étroite, limitée par Toulouse et 
Trêves ou Mayence^'*) c'est-à-dire sur une zone bien 



^^^) Des dessins géométriques différents apparaissent sur 
des vases peints du mont Beuvray (Voir Bulliot, Atlas, pi. V, 
VI H) tandis que, sur la planche IV, on voit déjà un vase avec 
décor peint à feuillage. Des vases semblables, encore inédits, 
ont été trouvés, d'après un renseignement que m'a donné 
M. Déchelette, à Poppidum gaulois du Crêt-Châtelard, commune 



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95 



Dr. J. L Pig. 



96 



déterminée de la Oaule orientale; ces trouvailles 
apparaissent dans les villes gauloises de l'époque 
immédiatement postérieure à César et du temps de 
premiers empereurs. Le centre de cette poterie paraît 
être le mont Beuvray, c'est-à-dire Bibracte, l'ancienne 
capitale des Eduens, où l'on peut observer l'évolution 
du décor géométrique simple au décor à feuillage et 
au décor à compartiments ornés. Cette même évolu- 
tion, au commencement de l'empire romain, ne se 
rencontre plus que sur les vases découverts à Roanne, 
ville située au bord de la Loire.^"^) 

Pour expliquer la genèse de cette poterie, je 
pourrais rappeler tout d'abord que j'ai vu dans divers 
musées le décor à losanges ou à rectangles quadrillés, 
notamment sur des poteries de l'île de Chypre, où l'on 
rencontre les vases à zones rouges et blanches. On 
pourrait donc faire intervenir ici quelque influence 
orientale, si des types de vases similaires n'appa- 
raissaient pas dans une région moins lointaine. En 
effet, il est certainement intéressant de constater que 
le décor à traits minces quadrillés se trouve aussi 
sur des vases cinéraires du nord-est de l'Italie, à 
Santa Lucia, à Oolasecca, et peut-être aussi dans 
d'autres localités; ces vases ont des formes correspon- 
dant à celles de Stradonitz. Enfin, dans les nécropoles 



de Saint-Marcel-de-Félines (Loire), oppidum occupé à T époque 
de César. J'ai vu des poteries peintes, tout-à-fait similaires à 
celles de Stradonitz, avec des carrés et des losanges quadrillés, 
dans les localités suivantes: au musée de Toulouse, vases de 
Montans (Tarn), au nombre de trois; on y a trouvé également 
de la poterie sigillée, c'est-à-dire de la poterie des I— Ih siècles 
ap. J.-C; au musée de Rodez, céramique également ornée de 
losanges, trouvée près de Tamphithéâtre antique; au musée de 
Mende, vases de Banassac, ancienne ville romaine (à moitié 
chemin entre Mende et Rodez), où se trouvaient des ateliers de 
poterie sigillée; au musée de Châlons, vases de Reims; au 
musée de Trêves, vases des tumulus de Hermeskeil; au musée 
de Mayence, vases provenant de sépultures à incinération con- 
tenant aussi les fibules de Stradonitz, à Geisheim (Lindenschmit, 
Alterthûmer, I, VI, VI, 5), à Alzey (ibid. III, VI, IV, 4) et vases 
de Heidesheim et Bretzheim; au musée de Worms, vases de 
Ostbofen. [Le traducteur a exposé dernièrement son opinion 
sur l'origine des vases peints de la Gaule, dans son ouvrage. 
Les Vases céramiques ornés de la Gaule romaine, 
Paris, Picard, 1904, t. I, p. 3-4, 130 et 139 et suiv.] 

^'•*) Joseph Déchelette, Les Vases peints gallo-romains 
du musée de Roanne, Paris, 1895, Extrait de la Revue 
archéologique, 1895, I, p. 196: Fauteur signale encore dans cette 
notice quelques trouvailles que je n'ai pas vues, celles d'Alisay 
(Eure) et de Lezoux. [Sur les vases peints découverts dans les 
ateliers de Lezoux et aux environs de cette localité, voir le récent 
ouvrage du même auteur: Les vases céramiques ornés 
de la Oaule romaine, Paris, Picard, 1904, t. I, p. 139 
et suiv. On n'a pas rencontré d'atelier de potiers au mont 
Beuvray.] 



du Tessin,^'^ connues par le caractère anormal de 
la civilisation semi-hallstattienne et semi-mamienne 
qui s'y rencontre, on trouve également des vases 
ornés de motifs en couleur, se composant de rectangles 
et de losanges quadrillés. Comme les trouvailles de 
cette région se rattachent à la civilisation celtique, 
représentée dans le bassin du Rhône, il est permis 
de penser que cette ornementation typique pour 
la Oaule orientale, durant Tépoque augustéenne, a 
pénétré en Oaule en venant de T Italie du nord par 
le Tessin et que de la Oaule orientale elle a atteint 
le Hradischt. 

Une ornementation un peu différente apparaît sur 
un fragment de vase semi-globulaire (pi. XLIX, fig. 18), 
dont le bord est peint en rouge et la panse semée 
de cercles blancs sur fond rouge. Je n'ai rencontré 
de spécimens analogues qu'au mont Beuvray,^'^) avec 
cette légère différence que les cercles des vases éduens 
sont encore plus petits. Tous ces vases peints ont 
été façonnés au tour, à l'aide d'une argile soigneuse- 
ment épurée. Leur cuisson a été évidemment faite 
dans un four à potier. La cassure montre sur la 
tranche une fine couche superficielle de nuance blanche 
ou rouge. La pâte du vase elle-même présente une 
couleur rouge clair, ou encore rouge sur les deux 
faces externes et grise à l'intérieur, ou vice versa, 
ou encore entièrement grise: ces différences dans la 
coloration de la pâte proviennent évidemment du degré 
de cuisson ou de la nature de l'argile. La couche 
peinte est très mince, ce qui est une preuve de la 
bonne qualité des couleurs. Ces vases, comparés 
aux vases peints de la nécropole de Bîlany, témoignent 
d'un très grand progrès, qui se révèle non seulement 
dans l'emploi du tour et dans l'élégance presque 
classique des formes, mais encore dans l'application 
des couleurs. Aussi devons-nous attribuer la fabrica- 
tion des vases de Stradonitz à l'influence d'une civili- 
sation toute nouvelle. 



Céramique façonnée au tour, de couleur foncée. 

On a trouvé au Hradischt plusieurs sortes de 
vases fins, à pâte foncée: 

1. Des vases allongés à col étroit, à panse faible- 
ment renflée et à base rétrécie, présentent une pureté 
de galbe égale à celle des vases italiques. 



*") Le musée national de Zurich possède des poteries avec 
cette ornementation provenant de Castione, de Molinazzo-Arbedo 
et de Cerinascia etc., c'est-à-dire de localités situées pour la 
plupart aux environs d'Arbedo. 

^'«) Bulliot Atlas, pi. Vil I, 6, 7; pi. IX, 11. 



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97 



Le Hradischt de Stradonitz. 



98 



Ils sont représentés dans l'ancienne Oaule par 
des spécimens aussi parfaits^""). Parmi les vases 
figurés sur la planche L, le n*' 2 présente une surface 
polie d'un noir luisant, de même que les n"' 5 et 8, 
mais ceux-ci sont ornés de stries longitudinales, légère- 
ment imprimées dans la pâte. Les vases que représen- 
tent la figure 11 et le n° 1 de la planche LI sont plus 
convexes et offrent comme les précédents une surface 
polie, d'un noir lustré. 

2. Vases assez semblables aux précédents, mais 
avec une ouverture large et les lèvres renforcées d'une 
collerette ou seulement d'un rebord; leur surface est 



apparaissent en Bohême sur divers points, à Dobrovice 
et à Labsky Kostelec et qui se rattachent plus vrai- 
semblablement à la civilisation des sépultures à inhuma- 
tion de La Tène. 

4. De petits couvercles, avec ou sans bouton, 
ornés de rayures en tout ou partie (pi. LIV, 1 1 ; pi. LV, 
13) et des cribles unis, à fond perforé (pi. LIV, 3, 
22), complètent l'inventaire de cette céramique fine. 

En ce qui concerne l'ornementation, il faut tout 
d'abord signaler des vases ornés de lignes noires 
lustrées, obtenues avec du graphite, à l'aide d'une 
impression légère sur la terre molle: le décor se 





Fig. 12. Vase peint. 

Coll. du prince de Furstenberg, 
à Krivoklât. 




Fig. 11. Poteries du musée devienne. 



Fig. 13. Vase incisé. 

Coll. du prince de Furstenberg, 
à Kl'ivoklàt. 



polie et d'un noir brillant; ces mêmes formes se 
rencontrent également en Oaule ^'^). 

3. Des plats à surface lustrée, de couleur foncée, 
égalent, au point de vue technique, les vases ovoïdes 
à col étroit. On en trouve également de similaires 
en Oaule'^'), mais ils rappellent aussi des formes qui 

^'^') Ibid., pi. V, 3, 4; pi. VI, 3, 5, etc. 
^«>) Ibid., pi. II; pi. V, 1; pi. XXIX, 17, 20. 
^") Ibid., pi. XVIII, 1; pi. XXI; pi. XXXI, 18. Conf. 
Staroïitnosti, II, 1, p. 50, fig. 2, 3, 5. 



compose de réticulations en losanges (pi. LUI, 20, 22, 
24) ou de dessins formés de demi-cercles, comme 
sur le fragment fig. 2 de la planche LU, dont la forme 
I en calice rappelle certains vases de Planany. On trouve 
aussi cette même ornementation sans graphite; dans 
ce cas, elle se compose le plus souvent de traits 
ondulés (pi. LU, 6, 15, 19, etc.). Ce décor est aussi 
typique que le précédent pour l'époque de La Tène. 
Les stries sont ordinairement longitudinales ou croisées 
(pi. LUI, 4; LIV, 11) ou tracées suivant d'autres 

7 



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99 



Dr. J. L Piii. 



100 



dispositions (pi. LU, 17, 18) ou encore en larges bandes 
ondulées (pi. LU, 1, 3; pi. LIV, 13; pi. LV, 14). On 
trouve encore d'autres variétés. 

Les stries ondulées, disposées en bandes ou 
recouvrant toute la surface du vase, apparaissent 
également au mont Beuvray'^-), tandis que dans les 
pays des Alpes orientales ce décor ne se rencontre que 
sur des vases de Tépoque impériale romaine ^**'^), et 
chez nous, par unités, à Pichora^'^O- D'ailleurs, le 
décor strié est représenté au mont Beuvray par d'autres 
variétés. 

De même que les vases peints, ces belles poteries 
ont été fabriquées avec une argile finement épurée, 
tournassées et cuites au four. A la cassure, leur pâte 
est tout à fait noire ou encore grise dans le milieu 
de l'épaisseur et noire sur les parois, ou encore 
entièrement grise (sans doute par suite d'une cuisson i 
trop faible); dans ce cas, la couverte seule est | 
lustrée. Dans leur ensemble, ces vases lustrés de | 
couleur noire, quelquefois aussi de couleur brune, se | 
rattachent, comme les vases peints, aux types céra- 
miques de l'ancienne Oaule, de l'époque de César; 
ils diffèrent d'ailleurs par leurs formes de la céramique 
des sépultures à inhumation de La Tène, également 
fabriquée sur le tour; celle-ci, n'étant pas représentée 
en Oaule, peut s'expliquer chez nous par des influences 
spéciales, peut-être originaires de l'Italie septentrionale. 



La céramique commune. 

Outre la poterie peinte et la poterie fine à pâte 
noire, on trouve encore au Hradischt une céramique 
commune, où l'on distingue trois séries: 

1. Des vases façonnés au tour, à surface côtelée 
intégralement, à l'exception des bords qui sont unis 
et polis. Ces vases présentent une large ouverture 
et un fond peu rétréci. Le n° 6 de la planche Ll est 
de couleur brun -clair, le n" 8 est gris; quelques 
fragments sont plus foncés et leur pâte, à la cassure, 
est aussi brillante que celle des vases du Hradischt 
dont l'argile est mêlée de graphite; toutefois ils ne 
noircissent pas le papier autant que ces derniers, 
ce qui indique une proportion moindre de graphite. 
On distingue d'ailleurs dans leur pâte, examinée à la 
cassure, des grains de sable broyés, mêlés à l'argile 
et au graphite. Des vases semblables ont été trouvés 



'^') Bulliot, Atlas, pi. XXXVI, 1-3; on voit au musée 
d'Autun des tessons à traits ondulés incisés semblables aux nôtres. 
^^«) Pamâtky archaeoL, XVIII, 401. 
'«') Archaeologicky Vyzkum, pi. XXIX, fig. 14. 



à Ourina en Carinthie'**^) et en Bohême, à Chrast, 
avec des vases rouges en terre fine, fabriqués au 
tour et se rangeant également parmi les types de 
Stradonitz. 

2. Fragments de petits vases, de couleur foncée, 
aux rebords légèrement évasés et dont le col est 
faiblement indiqué: ils sont également lustrés jusqu'au 
dessous du col; le reste de leur surface est granuleuse 
(pi. LVI, 1—4); à la cassure, leur pâte présente une 
couleur foncée; elle est mélangée de sable fin et de 
mica. Des fragments de vases semblables ont été 
recueillis eh Bohême, au début de nos explorations, 
près de l'Elbe, dans les fouilles de Pferov^'***). 

3. Des vases qui rappellent par leurs formes et 
leur technique la céramique des fonds d'habitations 
découverts en Bohême sont représentés au Hradischt 
par divers spécimens: le grand vase n° 3 de la 
planche LI, de couleur brun foncé, orné longitudinale- 
ment de côtes exécutées par l'impression du doigt 
et dont le col est saillant, rappelle les vases à conserves 
des fonds d'habitations de la Bohême centrale; le plat 
n" 1 1 (pi. LI) révèle les mêmes influences, mais le plat 
n^ 5 présente une forme un peu différente. On trouve 
dans les collections du musée toute une série de 
petits vaisseaux en forme de plats et de tasses; parmi 
ceux que reproduit la planche LI, les n'^' 4 et 7 différent 
légèrement par leurs formes des vases similaires 
provenant des restes d'habitations, mais ils présentent 
la même technique. En résumé, tout ce troisième 
groupe diffère de là céramique du Hradischt et peut 
se rattacher à une fabrication indigène et traditionnelle, 
d'origine plus ancienne. 

Si nous tenons compte du nombre restreint des 
vases et des petits vaisseaux apparentés à l'ancienne 
céramique de la Bohême centrale dans ses plus 
récentes productions, nous constatons l'importante 
supériorité numérique des vases peints et des vases 
noirs lustrés qui se rattachent à la céramique de la 
Oaule orientale. 

Les fouilles ayant été exécutées sans méthode 
au Hradischt, on n'a pas pu naturellement y reconnaître 
aucun atelier ou four de potier, mais comme aucun 
vestige de cette céramique typique et spéciale n'a 
été recueilli entre ia Oaule et le Hradischt, il nous 
est cependant permis de croire que ces vases ont 
été fabriqués dans cette station, comme les objets de 
bronze et de fer. Ils sont évidemment l'ouvrage 
d'artisans qui ont importé là les modèles de la dernière 
époque gauloise et du début de l'époque romaine. 



'^) Meyer, Ourina, XIII, 32, 33. 40. 

I**") Archaeologicky vyzkum, 1893, pi. I, fig. 10. 



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101 



Le Hradischt de Stradonitz. 



102 



Ce fait résulte de l'abondance des poteries qui 
n'auraient pu être transportées à une aussi grande 
distance et en telle quantité, à l'aide des moyens de 
communication de cette époque. 

Il est également confirmé par la découverte 
d'instruments de potiers en os, c'est-à-dire de lissoirs 
et d'outils dentelés, servant à décorer les vases d'orne- 
ments striés. 

Fusaïoles en argile. 

L'art de filer compte parmi les plus anciennes 
inventions humaines, car déjà dans les habitations 
lacustres et aussi dans la première ville d'Issariik, 
les pesons de fuseaux se trouvent en grand nombre. 
Ils ont conservé jusqu'à nos jours leur forme originelle. 
Ce fut une découverte d'une grande utilité pour 
l'homme que d'appendre à réunir par la torsion les 
fibres des textiles pour obtenir un fil continu. 

C'est sans doute parce que ce travail était 
dévolu aux filles et aux femmes que les fuseaux 
présentent depuis la plus haute antiquité jusqu'à nos 
jours une ornementation toujours élégante, alors même 
qu'elle est simple. Sur la planche LVII sont reproduits 
47 fusaïoles, c'est-à-dire à peu près le tiers des 
trouvailles. Elles présentent diverses variétés de 
forme et d'ornementation: tantôt leurs bords sont 
dentelés, striés ou cannelés, ornés de points ou de 
cercles, ou encore ornés de plusieurs de ces motifs. 
Quelques-uns, perforés de trous plus petits, ont pu 
servir de grains de collier. 

Vestiges de fonderies de bronze. 

Comme on Ta vu plus haut, les pinces, les mar- 
teaux, et les martelets trouvés au Hradischt témoignent 
clairement de l'existence d'ateliers métallurgiques. J'ai 
également relaté la découverte d'ateliers renfermant 
des scories de fer et de bronze, dans le voisinage 
du rempart, près de la route du Hradischt et sur un 
autre point. 

Des gisements de minerai de fer aux environs 
de l'oppidum favorisaient l'exploitation de l'industrie 
sidérurgique. Divers objets sont des vestiges carac- 
téristiques de cette industrie, notamment un fragment 
de fer fondu (pi. LVIII, fig. 2) et un culot de vase 
contenant du fer ayant évidemment subi déjà deux 
fusions; ces deux pièces sont conservées dans les 
collections du musée. 

On a fabriqué encore au Hradischt des objets 
de bronze avec des métaux évidemment importés. 
La certitude de ce fait résulte surtout de la présence 



de deux creusets, l'un avec traces de scories de 
bronze (pi. LVIII, 3), l'autre mieux conservé (n° 13), 
muni d'un petit bec pour l'écoulement du métal; ces 
deux creusets portent des traces distinctes du feu 
violent auquel ils ont été exposés, car ils sont entière- 
ment boursouflés; le premier est de plus déformé. 

On a trouvé plusieurs moules en pierre, figurés 
sur la planche LVIII (fig. 26, 27, 29—33). Les moules 
en calcaire (fig. 29, 30, 32) servaient à fondre des 
annelets en bronze. Le n° 26 est sans doute un fragment 
de moule à aiguilles; le n" 31, un moule de rouelle 
à dix branches; le n° 29 servait à la fabrication d'un 
objet indéterminable; le n° 27 est un moule de figurine 
en bronze, dont l'exécution trahit une main inexpéri- 
mentée, soit du temps de l'ancienne colonisation 
du Hradischt, soit de l'époque des rares trouvailles 
plus récentes. 

Il est intéressant de noter les vestiges matériels 
des fonderies de bronze. Le métal était versé dans 
un moule en pierre composé de deux valves; l'objet 
fondu, au sortir du moule, présentait une sorte 
d'appendice ou de bouton, correspondant au canal 
par lequel le métal en fusion était coulé dans le moule: 
ces jets de fonte sont figurés sur la planche LVIII, 
n^" 5 et 6. On peut encore citer comme objet 
caractéristique les clous de bronze de la pi. IX, n** 51, 
dont les tiges sont encore unies par une lamelle 
métallique résultant de l'adhérence imparfaite des 
deux valves du moule. 

Parmi les objets de forme singulière se placent 
des tablettes d'argile dont la surface est creusée de 
cupules hémisphériques. On les a déjà rencontrées 
ailleurs dans des ateliers métallurgiques et on les a 
considérées comme des polissoirs de bossettes en 
bronze émaillé, explication qui n'est guère acceptable. 
J'en ai trouvé moi-même des spécimens dans les deux 
ateliers métallurgiques. Ces plaquettes étaient donc 
bien évidemment utilisées pour ce genre d'industrie; 
mais je regarde comme plus vraisemblable qu'elles 
se rattachent à la frappe des monnaies d'argent et 
d'or; on devait verser sur la plaque d'argile des 
gouttes de métal à demi fondu qui étaient ensuite 
estampées; ces cupules répondent aux monnaies du 
Hradischt dont la face lisse présente une convexité. 



Objets de pierre. 

Le musée de Prague possède une série de grands 
et de petits fragments de couteaux en silex (pi. LVIII, 
8—11, 17) et des outils en pierre polie, coins, 
haches et marteaux brisés (pi. LVIII, 14 -16, 18—24). 



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103 



Dr. J. L. Piè. 



104 



Ces objets ont été trouvés, dit-on^^"), dans les cendres 
des habitations incendiées, tantôt entiers, tantôt à 
Tétat de fragments. Les couteaux de silex présentent 
la forme habituelle, mais les haches sont de plusieurs 
modèles. Il est très intéressant de constater qu'au 
mont Beuvray, dans les ateliers des métallurgistes, on 
a trouvé de même non seulement des couteaux de 
silex, mais encore des haches de pierre polie, en 
assez grand nombre^****). Ajoutons encore que les 
stations, appartenant à cette même époque, de Ourina 
en Carinthie^**®) et des Oleichberg, près de Rômhild^"^), 
de même qu'en Bohême les vestiges d'habitations 
de Prerov^*^), ont livré de semblables haches polies. 
On voit que dans cinq stations synchroniques, de 
l'époque proto-historique, des instruments en pierre 
se sont rencontrés: il faut donc admettre que ces 
objets étaient alors encore en usage, de même que 
les instruments en os de type primitif. Par consé- 
quent, lorsque nous rencontrons un couteau de silex 
taillé, une hache ou un marteau en pierre polie, nous 
ne devons pas toujours considérer ces instruments 
comme des objets de Tâge de la pierre. 

Parmi les objets de pierre, nous avons encore 
à signaler des moulins à bras, composés de deux 
meules; celle du dessus, mobile et perforée d'un trou 
médian, présente une face concave qui s'emboîte sur 
la face convexe de la meule inférieure ou meule fixe. 
C'est seulement à l'influence romaine qu'est due 
l'apparition de ce type de moulin au nord du Danube. 

Mentionnons enfin des pierres à aiguiser en 
grès, carrés et rondes; sur les pierres de forme 
oblongue, les traces du travail d'aiguisage sont 
reconnaissables. 

Poids en terre cuite. 

Nous avons souvent rencontré dans les stations 
occupées par le peuple des squelettes accroupis ces 
poids de terre, dont la destination est expliquée de 

***') Le sieur Bernard, cultivateur à Stradonitz, m'a rapporté 
qu'à répoque des grandes trouvailles du Hradischt, c'est dans 
les cendres des habitations incendiées que l'on recueillit des 
marteaux de pierre, ordinairement brisés; d'autre part, le sieur 
Oberstein, alors le principal pourvoyeur de M. le Dr Berger, 
m'a affirmé que les haches et les marteaux de pierre gisaient 
toujours près des portes des demeures brûlées, où elles avaient 
été placées comme préservatif de la foudre, ajoutait-il. 

^'*'*) Bulliot, Fouilles du mont Beuvray de 1867 à 1895, 
Autun, 1899, H, p. 82, 83, 84, 112, 159, 160, 205, 229, 293, 399. 
Atlas, pi. LVIII, 1-63. 

1.0) Meyer, Ourina, pi. XII, 28. 

1*^) Jacob, Die Oleichberge bei Rômhild, Vorgesch. 
Alterth. d. Prov. Sachsen, V— VIH, Halle, 1887, pi. III, 41-44. 

*^*) Archaeologicky vyzkum ve stl^enîch Cechâch, 
Prague, 1893, pi. I, 13, 18. 



diverses façons. On a trouvé de même au Hradischt 
des poids quadrangulaires ou coniques, perforés 
d'un trou à leur sommet (pi. LVIII, 7), mais on y a 
recueilli aussi de petits poids en grès (fig. 25, 28). Si 
Ton en juge par leurs formes et leurs poids, il semble 
vraisemblable qu'ils servaient à la charge de métiers 
à tisser, en forme de simples cadres; ils étaient en 
effet d'un emploi plus pratique que les poids ordinaires 
en argile. Le grand nombre des fusaToles indique 
que l'on filait beaucoup au Hradischt: il est donc 
naturel d'admettre que l'art du tissage y était égale- 
ment pratiqué. 

L'époque de roccupation du Hradischt. 

Les trouvailles du Hradischt comprennent quel- 
ques fibules marniennes ou fibules de Dux, qui 
n'apparaissent que tout à fait exceptionnellement. 
Il en est de même de quelques fibules provinciales- 
romaines. Mais, d'autre part, la masse des trouvailles 
n'est pas homogène, en ce sens que, comme nous 
l'avons vu dans l'inventaire qui précède, elles com- 
prennent tout à la fois des objets de style gaulois, 
de l'époque de César, se rattachant surtout aux 
découvertes du mont Beuvray, capitale des Eduens 
jusqu'à Auguste, et des objets de style romain 
semblables à ceux d'Augustodunum, la nouvelle 
capitale éduenne, à partir d'Auguste. Dans le premier 
groupe, on peut signaler quelques analogies avec les 
découvertes de la station de La Tène et des Oleich- 
berg; le second se rapproche de certaines trouvailles 
des premiers temps de l'empire romain en Oaule et 
de celles de Ourina, en Carinthie; on note encore 
quelques points de comparaison dans les mobiliers 
de la nécropole de Rondsen, de date antérieure, de 
la nécropole de Reichenhall, d'époque romaine, et 
de Pichora, près de Dobrîchov. 

En conséquence, si nous voulons déterminer et 
délimiter la période d'occupation du Hradischt, nous 
devons tout d'abord négliger les rares fibules mar- 
niennes de la collection Berger, sur la provenance 
desquelles nous n'avons pas de renseignements 
précis, car l'ensemble des récoltes ne contient aucun 
des types associés d'ordinaire à ces fibules. Tout 
ce que nous savons sur l'archéologie de cette période 
marnienne en Bohême, étudiée dans le fascicule 
précédent des Starozitnosti, nous oblige à reconnaître 
que l'industrie du Hradischt se rattache à des courants 
de civilisation tout à fait nouveaux et que les fibules 
marniennes, si elles proviennent vraiment du Hradischt, 
y constituent seulement des objets sporadiques, 
étrangers à l'ensemble des trouvailles et vraiment 
exceptionnels. 



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105 



Le Hradischt de Stradonitz. 



106 



Ces fibules mises à part, c'est donc aux découvertes 
du mont Beuvray, de l'oppidum de La Tène et des 
Oleichberg que nous devons comparer le lot le plus 
ancien des objets du Hradischt. Le blockhaus de 
La Tène se rattache par ses débuts aux derniers 
temps de la culture gauloise, du vivant de César, et 
a subsisté, d'après les trouvailles numismatiques, 
jusqu'au II* siècle après J.-C; on y a recueilli, en effet, des 
monnaies gauloises récentes et des pièces d'Auguste, 
de Tibère, de Claude et d'Hadrien. En raison de 
cette occupation prolongée, la station de La Tène, 
malgré ses nombreux points de similitude avec le 
Hradischt, ne saurait nous procurer un critérium de 
détermination chronologique. La période initiale des 
Oleichberg est au contraire très antérieure au Hradischt, 
car les fibules à navicella et à timbale, de même 
que les fibules de type marnien l'emportent en nombre 
sur les fibules à talon relevé et fixé à l'arc Au 
témoignage des fibules et des autres objets, l'occu- 
pation des Oleichberg prend donc fin à l'époque de 
Stradonitz, station à laquelle elle ressemble beaucoup 
plus que celle de La Tène, par sa situation topo- 
graphique sur le sommet d'une colline, et par son 
système de fortification en pierres. 

Au mont Beuvray, l'ancienne Bibracte, capitale 
des Eduens, était sans doute protégée par une forti- 
fication bien différente de celle du Hradischt, car 
elle possédait un puissant rempart, se développant 
parallèlement à la ligne de crête du sommet du 
mont et construit, suivant la méthode gauloise, en 
pierres et en bois. De même encore, ses maisons 
en pierres sèches ne ressemblaient point à celles de 
Stradonitz; mais, d'autre part, la céramique et les 
objets caractéristiques des deux stations offrent une 
surprenante similitude, ou, pour mieux dire, sont 
absolument identiques, et l'étroite parenté de ces deux 
villes que j'appellerais des villes sœurs se reconnaît 
nettement, au premier coup d'oeil. 

Après la réduction de la Oaule en province 
romaine, nous voyons tout d'un coup disparaître les 
anciennes villes gauloises fortifiées, tandis que de 
nouvelles cités, établies d'après les usages romains, 
s'élèvent dans les plaines. Tel fut le sort de la 
capitale des Eduens, jusque-là située sur le mont 
Beuvray. Durant le proconsulat d'Auguste en Oaule, 
vers l'an 15 avant J.-C.^"-), une nouvelle capitale 
fut fondée dans la plaine, sur le territoire éduen, à 



*"*^) Bulliot relate que les plus anciennes monnaies romaines 
trouvées à Augustodunum sont précisément des pièces pro- 
consulaires de Pan 15 avant J.-C, portant les bustes d'Auguste 
et d'Agrippa, pièces tantôt entières, tantôt coupées (Fouilles 
du mont Beuvray, I, 310; II, 150j. 



quelques lieues de distance de l'ancien oppidum; en 
l'honneur d'Auguste, elle reçut le nom d'Augusto- 
dunum. C'est à cette époque que se place donc 
l'abandon de Bibracte; au témoignage de l'archéologie, 
une partie des habitations fut incendiée, les autres 
simplement désertées et abandonnées à la ruine, à 
l'exception d'un petit temple, alors de construction 
récente; consacré par la tradition religieuse, ce temple 
continua d'être visité, comme l'est encore de nos 
jours la chapelle dédiée à saint Martin, élevée 
sur son emplacement. La date de l'abandon de 
Bibracte peut être déterminée à l'aide des trouvailles 
numismatiques: on a trouvé dans le temple une 
monnaie de l'an 15 avant l'ère chrétienne; un peu 
plus récentes encore sont des monnaies des colonies 
de Vienne et de Nîmes et des pièces deOermanus 
Indutilli, datant de l'an 10 environ avant J.-C^««). 
Comme on n'a recueilli dans les maisons aucune 
pièce d'Auguste de date plus récente, il semble certain 
que Bibracte a été désertée quelques années avant 
l'ère chrétienne, soit vers les années 15—10, suivant 
l'opinion de M. Bulliot ^®^), soit vers l'an 5, d'après 
M. Déchelette^*'^). Puisque la civilisation gauloise du 
mont Beuvray n'a laissé à Augustodunum que des 
traces sporadiques, celle du Hradischt de Stradonitz, . 
qui lui est identique, ne saurait donc être postérieure 
aux dernières années avant notre ère, indiquées ci- 
dessus. C'est à ce point de repère chronologique, 
solidement établi, que nous pouvons rattacher les 
premiers temps de l'occupation du Hradischt, car il 
est impossible que cette ville remonte à une date 
plus récente que celle de l'abandon de Bibracte. 

La similitude caractéristique des trouvailles des 
deux stations, déjà mise en évidence par les descriptions 
qui précèdent, ressort surtout des découvertes numis- 
matiques, notamment de certaines pièces gauloises 
(pi. II, fig. 39 [les plus communes], fig. 32, 37, 47—55). 
Ces monnaies circulaient à Bibracte jusqu'aux dernières 
années de cet oppidum, car quelques-unes ont été 
encore recueillies à Augustodunum. En second lieu, 
la même similitude s'observe pour un grand nombre 
d'objets divers; nous rappelons que les types les 
plus caractéristiques sont les suivants: 

Les grains de collier en verre polychrome, à bandes 
en spirales ou ornées de mouchetures (pi. VI, 1—6, 
12, 17, 27). 



^^^) Ibidem, 11,88; 1,304. L'auteur cite encore un denier 
de L. Maevius Surdinus, de Tan 10 av. J.-C. 

^«M Ibid., I, 473. 

io5j Déchelette, Inventaire général des monnaies 
antiques au mont Beuvray, Paris, 1899, p. 38. 



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107 



Dr. J. L. Pi5. 



108 



Les émaux de style gaulois, notamment les 
bossettes à surface incisée, jadis émaillées (pi. IX). 

Les ornements en forme de figurines (pi. XX). 

Les anneaux de bronze à décoration globulaire 
(pi. XI). 

Les manches de miroir (pi. XXIII). 

Les petits étuis appelés porte-aiguilles (pi. XX, 
28, 29). 

Les petits tranchets en fer (pi. XXXV, 13, 14). 

Les haches en fer (pi. XXXVII), etc. 

Il faut ajouter à cette liste d'autres objets, qui tout 
en étant caractéristiques pour Bibracte, apparaissent 
encore à Augustodunum et dans d'autres trouvailles 
de répoque impériale romaine: 

Les fibules en fer et en bronze en forme de 
fibules simples à talon recourbé et fixé à l'arc, type 
dit de U Tène II (pi. III, 9). 

Les fibules avec porte-agrafes, type correspondant 
aux fig. 1—9 de la planche IV. 

Les rouelles en bronze (pi. XXVII, 12, 13). 

Les petites plaques en bronze, à tige bifide 
(pi. XX, 6, 17). 

Les agrafes de ceinturon et un grand nombre 
d'instruments et d'ustensiles, spatules de pharmacie, 
couteaux, pinces, clefs, ciseaux, garnitures cylindriques 
de gaines de couteaux, boutons de bronze, etc. 

On se servait donc à Bibracte d'objets qui, tout 
en appartenant à la période gauloise la plus récente, 
subsistent avec les mêmes formes au temps d'Auguste. 

Il faut enfin compter parmi les objets communs 
aux deux villes de Bibracte et de Stradonitz, la 
céramique peinte et la céramique noire lustrée, qui 
apparaissent à l'est de la Gaule dans quelques villes 
gauloises et dans quelques villes déjà romaines et, 
plus au nord, dans certaines nécropoles; ici, la similitude 
est complète pour la technique, la peinture et le 
décor. 

Au nombre des objets de Bibracte qui font défaut 
à Stradonitz, figurent la fibule à disque médian, la 
fibule à arc presque rectiligne, orné de cannelures 
longitudinales, et la fibule similaire à celle que nous 
nommons vendique; en Bohême ces fibules se ren- 
contrent seulement à Pichora, près Dobnchov^**% 
importées évidemment avec d'autres objets de style 
provincial-romain, fabriqués quelque part près du Rhin 
moyen. Enfin, on ne trouve pas au Hradischt de poterie 
sigillée, tandis qu'à Bibracte on en rencontre d'assez 
nombreux spécimens, tous d'origine italique et pour 
la plupart arrétins, la fabrication de cette céramique 
en Oaule n'ayant débuté que dans le cours du premier 

'^) Archaeologicky vyzkum, 1897, pi. XXIV, 1, 2. 



siècle de notre ère. En Bohême, elle a toujours fait 
défaut, car nous n'en connaissons dans cette région 
que trois petits fragments, provenant de stations des 
premiers temps de l'empire romain. 

Par contre, on peut signaler au Hradischt des 
types d'objets qui manquent au mont Beuvray, alors 
qu'on les rencontre à Augustodunum et dans d'autres 
villes de la Oaule, pénétrées par l'influence de la 
culture provinciale-romaine. Je citerai notamment les 
objets suivants du Hradischt: 

La belle pendeloque à émaux mosaïque (pi. XIII, 
fig. 33), qui se retrouve à Augustodunum, dans la 
forêt de Compiègne, sur le Rhin et à Reichenhall ^**"), 
avec la même forme et le même décor, mais servant 
de couvercle à de petites cassolettes. 

Des grains de collier ressemblant à des verroteries 
d'Augustodunum, à bandes jaunes sur fond blanc 

De petits anneaux filiformes en bronze, avec 
plaque en spirale. 

Une intaille ornée d'une tête de Méduse. 

Des fibules à porte-agrafes ajourés. 

Des trousses complètes de pharmacien (Au mont 
Beuvray, on ne trouve que la spatule séparément). 

Un assez grand nombre d'objets peuvent être 
attribués à l'influence de la civilisation provinciale- 
romaine, telle qu'elle s'est développée surtout en 
Gaule, à savoir: 

De nombreux anneaux, quelques-uns à intailles 
(pi. VII). 

Une grande agrafe de ceinturon (pi. XIX, 16). 

Des agrafes terminées par des palmettes (pi. XIX, 
18—20). 

Des pieds et des anses de vases en bronze 
(pi. XXI). 

Un cadre en os provenant d'une tablette à écrire 
(pi. XXII, 3). 

De nombreux ustensiles de médecins et de 
pharmaciens (pi. XXIV). 

Des balances (pi. XXVII, 3); des clefs (pi. XXXII); 
des supports de vases en bronze en forme de pieds 
d'animaux (pi. XXII, 13); etc. 

On peut encore distinguer au Hradischt certaines 
influences venues des Alpes orientales au début de 
l'époque impériale romaine, surtout de Ourina, où 
l'on retrouve les objets suivants: 

La fibule à ressort coiffé d'une coquille (pi. III, 
17—20). 

La fibule de bronze à porte-agrafe ajouré. 

La chaîne de bronze (pi. XV, 1). 



^"^) Voir plus haut, note 69. 



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109 



Le Hradischt de Stradonitz. 



110 



Les petites pièces d'argent à la croix (pi. Il, 43, 
75, 78). 

Les javelots à ailerons (pi. XXIX, 6, 7). 

Les couteaux à manche terminé par un anneau 
(pi. XXXIV, 8). 

Les vases à bords lisses, à panse striée (pi. Ll, 
fig. 6, 8). 

Chez nous, en Bohême, dans les trouvailles du 
début de l'époque impériale, on ne reconnaît que des 
spécimens peu nombreux de l'industrie représentée 
au Hradischt. Ils proviennent presque tous de la 
nécropole de Pichora, près Dobfichov. En voici 
rénumération: 



assez de certitude que le commencement de l'occu- 
pation du Hradischt est antérieur à l'abandon du 
mont Beuvray, c'est-à-dire antérieur aux années 
15—5 av. J.-C, date assignée à cet événement par 
MM. Bulliot et Déchelette. Toutefois, comme la civili- 
sation représentée au mont Beuvray et ensuite au 
Hradischt ne remonte pas à un temps bien plus 
ancien que la guerre des Gaules et prend fin avec 
Auguste, on ne saurait placer la fondation du Hradischt 
à une date bien antérieure à celle de l'abandon de 
Bibracte. 

Mais l'occupation du Hradischt s'est prolongée 
au delà de celle du mont Beuvray, car on a trouvé 




0^ ^^ 





^:# 



^^ 






Fig. 14. Diverses trouvailles des monnais d'or en Bohême. 



L'éperon d'un type particulier (pi. XXXI, 16, 
17, 20). 

Le javelot à ailerons (pi. XXIX, 6). 

Un vase entier à anse et une anse similaire à celles 
que reproduisent les figures 10 et 17 de la pi. XXI. 
Sur le même vase de Pichora sont encore conservés 
de petits supports en bronze, qui ont été recueillis 
au Hradischt séparément (pi. XXI, fig. 1, 2, 5—7). On 
trouve aussi à Pichora des anses de vases en bronze 
avec masques humains (pi. XXI, 19; XXVI, 3) et des 
garnitures de fourreaux d'épées comme celles des 
figures 9 et 14 de la planche XXX. 

Conduits par l'étude des faits à une conclusion 
générale, nous pouvons maintenant admettre avec 



au Hradischt d'assez nombreux objets, énumérés ci- 
dessus, qui font défaut au mont Beuvray, alors qu'on 
les rencontre dans certaines stations où domine la 
civilisation provinciale- romaine: à Augustodunum, 
dans la forêt de Compiègne, dans des villes romaines 
de la région rhénane, à Ourina et ailleurs. Or ces 
objets n'ont pu évidemment apparaître au Hradischt 
avant d'apparaître en Gaule et dans la région des 
Alpes orientales, c'est-à-dire avant une date voisine 
des premières années de notre ère; nous connaissons, 
en effet, la date approximative de la fondation 
d'Augustodunum; quant à la colonie romaine de 
Ourina, elle n'a pu être établie avant la soumission 
du Norique (vers l'an 15 av. J.-C). 



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111 



Dr. J. L. Pi^. 



112 



La date de la destruction du Hradischt peut 
également être déterminée assez exactement, à Taide 
des trouvailles. Celles du Hradischt comprennent 
quelques objets romains qui apparaissent aussi dans 
les sépultures de Pichora, mais, par contre, on ne 
trouve au Hradischt (sauf Texemplaire que reproduit 
le fig. 8 de la pi. XXVIII) aucune fibule à griffe (sur 
le ressort), tandis que ce modèle prédomine à Pichora. 
Il est encore à noter que les trouvailles du Hradischt 
comptent de nombreuses fibules dont la forme générale 
est celle du type appelé norique (pi. IV, 18 — 22) et 
aussi une variété plus développée avec deux petites 
ailettes disposées sur une nodosité de l'arc (pi. IV, 
30); mais sur ces fibules du Hradischt, la griffe servant 
à assujettir le ressort fait généralement défaut, tandis 
que cette pièce se trouve sur la plupart des exem- 
plaires de Pichora. Or comme les fibules à griffe 
constituent un type perfectionné et par conséquent 
plus récent, nous devons admettre que la nécropole 
de Pichora est d'une date postérieure à celle de 
l'occupation du Hradischt. Toutefois le laps de temps 
séparant la fin du Hradischt du début du cimetière 
de Pichora ne saurait être étendu: en effet, les trans- 
formations typologiques des fibules que nous venons 
d'indiquer ont dû s'opérer dans un espace de temps 
assez court, puisque dans ces deux stations se 
rencontrent des objets contemporains, de culture 
provincialeromaine. Ces deux stations, le Hradischt 
et Pichora, ne sont pas synchroniques, mais de dates si 
voisines qu'elles se touchent presque sans interruption. 

L'époque de la principale occupation du Hradischt 
peut donc en définitive être déterminée assez exacte- 
ment. Elle commence avant l'abandon de Bibracte 
et prend fin avant l'ouverture des sépultures de 
Pichora. J'ai dit que la date de l'abandon de Bibracte 
est placée par M. Bulliot, d'après les trouvailles 
numismatiques, vers les années 15—10 avant J.-C. 
et par M. Déchelette vers l'an 5. Quant à la date 
du début de Pichora, en me basant sur les monnaies 
découvertes avec les fibules noriques dans une nécro- 
pole de la province romaine la plus voisine, à Reichen- 
hall, je l'ai placée vers l'an 50 environ après notre 
ère^®^), date que M. Déchelette recule quelque peu, 
soit au premier quart du premier siècle, en se fondant 
sur une sépulture d'Andemach contenant avec une 
monnaie d'Auguste une fibule bi-oculée et sur le 
fait que la fibule à disque médian, de même que 
celle à dos cannelé, apparaissent au Beuvray ^""). II me 

*"^) Archaeologick^ v^zkum, 1897, p. 104. 

^ Joseph Déchelette, Le Hradischt de Stradonitz, 
p. 55. Conf. Almgren, Nordeuropâische Fibelformen, 
Stockholm, 1897, p. 25. 



semble difficile de décider entre nos deux opinions, 
parce qu'à mon avis une classification chronologique 
précise des fibules n'est possible que sur le territoire 
romain; d'ailleurs, en raison de la longue durée de 
ce genre d'objet, on ne saurait dire à quelle date 
les fibules de Pichora ont été importées en Bohême. 
Au reste, l'écart des deux dates proposées est minime 
et, à défaut d'un élément de certitude absolue, nous 
pouvons accepter un chiffre moyen et assigner à 
l'ouverture du cimetière de Pichora les années 25—50 
après J.-C. 

Ainsi l'occupation du Hradischt a commencé, 
selon moi vers les années 15 — 10 ou 5 avant notre 
ère et a pris fin vers les années 25 — 50 après notre ère. 

La nationalité des habitants du Hradischt 

Il résulte de nos recherches que le Hradischt de 
Stradonitz était une grande ville, dont l'occupation se 
place à l'époque d'Auguste et de Tibère, peut-être 
aussi à l'époque de Claude. Elle était fortifiée par 
un double mur de pierres sèches, en forme de terrasse. 
La plus grande partie des objets qu'on y a découverts 
appartiennent à la phase la plus récente de la civili- 
sation gauloise, telle qu'elle apparaît dans la Oaule 
orientale, sur une zone limitée par la ville actuelle 
de Toulouse et par celles de Trêves ti de Mayence. Les 
vestiges de cette civilisation apparaissent surtout à 
Bibracte, en sorte que la similitude frappante des 
deux oppida de la Bohême et du pays éduen ressort 
nettement de la comparaison des collections des 
musées de Saint-Oermain et d'Autun, d'une part, et 
des musées de Prague et de Vienne, d'autre part. 
Un lot moins considérable des trouvailles de Stradonitz 
se compose d'objets importés des centres de la culture 
provinciale- romaine, au début de l'époque impériale, 
c'est-à-dire de la Oaule et des régions des Alpes 
orientales. 

Dès les temps les plus reculés et pour toutes 
les époques connues jusqu'à l'époque de Stradonitz, 
les antiquités de la Bohême se rattachent surtout à 
celles des régions occidentales et, pour une part plus 
restreinte, à celles des pays du sud: la relation qui 
unit le Hradischt à la Oaule et aux régions alpestres 
ne constitue donc pas un fait imprévu. Ceci posé, 
il reste à savoir si le faciès industriel du Hradischt 
est dû à un simple courant de civilisation ou, au 
contraire, à l'arrivée d'un peuple nouveau. 

Avant d'aborder cet important problème, remar- 
quons que le Hradischt occupe un emplacement 
auparavant inhabité. Il existait, il est vrai, au nord- 
ouest de cette ville, ainsi qu'au-dessus de la Berounka, 



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113 



Le Hradischt de Stradonitz. 



114 



à Podfezi, près Zbecnô, un petit groupe de tumulus 
de ïàge du bronze, mais, lors de Toccupation du 
Hradischt, il y avait longtemps déjà que toute trace 
de cette population des tumuli avait disparu dans 
ces contrées. A Test, au-dessus de la Berounka, 
on a découvert des sépultures à incinération 
également à Hyskov, avec des vases peints de 
style hallstattien, et à Zâvodî, près de Beroun, 
avec des vases peut-être un peu plus anciens que 
ceux du Hradischt. Mais Tâge de ces vases est assez 
incertain; il se peut qu'ils soient synchroniques avec 
les précédents ou même plus jeunes, car un vase 
des sépultures de Zâvodî présente une forme hall- 
stattienne mais avec un décor d'un ruban des lignes 
serrés et rappelle d'ailleurs ceux des incinérations de 
Lisovic, du début de l'époque romaine^). On ne 
connaît aucune trouvaille de date plus ancienne à 
plusieurs heures de marche, au nord-est. 

On voit donc qu'une des conditions essentielles 
pour admettre l'hypothèse de l'infiltration d'un courant 
de civilisation fait ici entièrement défaut, à savoir la 
présence d'une ancienne population sur l'emplacement 
du Hradischt ou dans ses environs. Les ateliers 
métallurgiques, les creusets de fondeurs de bronze 
et les moules apportent leur témoignage contre cette 
hypothèse, en démontrant que les objets trouvés 
n'ont pas été importés du dehors, mais fabriqués 
sur place par les habitants. Comme la civilisation 
représentée au Hradischt se rattache non pas à 
celle des diverses périodes archéologiques connues 
en Bohême, mais bien à celle de la Gaule et, pour 
une part restreinte, à celle des Alpes orientales, nous 
devons en conclure que les artisans établis dans cette 
ville n'étaient point originaires de quelque centre 
industriel situé en Bohême, mais qu'ils étaient sans 
doute venus de la Gaule de l'est, soit de Bibracte, 
soit de quelque localité voisine, ou encore des Alpes 
orientales. 

Lorsqu'un nouveau courant de civilisation pénètre 
un territoire où se trouve un centre de production 
industrielle, l'influence de cette nouvelle culture se 
manifeste naturellement dans toute la région voisine, 
sur une zone étendue. Or, si nous cherchons en 
Bohême des traces de la civilisation de Stradonitz, 
nous n'en trouvons qu'un petit nombre. La céramique 
peinte à décor quadrillé, si caractéristique, ne s'y 
est rencontrée nulle part. Quant aux autres types 
céramiques, on a trouvé à Prerov, sur l'Elbe, des tessons 
à surface granuleuse et à Chrâst, dernièrement, des 
fragments à pâte commune, enduits de graphite et 

*«>) Pamàtky arch., XVH, pi. LXXHI, 10. 



à décor incisé, associés à des fragments de couleur 
noir lustré; ces poteries peuvent être comparées à 
celles de Stradonitz. Il est possible que l'on signale 
encore quelques échantillons de poterie noire lustrée, 
mais toutes ces trouvailles sont de minime importance 
et ne sauraient étayer l'hypothèse de l'introduction 
d'un nouveau courant de civilisation, surtout lorsqu'on 
constate que les objets de métal ne trouvent nulle 
part en Bohême leurs similaires, la fourche de Lipany 
exceptée. Seules, les monnaies d'or barbares ont 
été rencontrées en Bohême sur plusieurs points, et 
ces trouvailles comprennent non seulement les types 
représentés abondamment au Hradischt, mais encore 
d'autres types qui ne s'y sont pas rencontrés 
(fig. 14)*^^^). Or, il faut considérer que des monnaies 

^^) Le premier auteur qui ait fait mention de ces trouvailles 
de monnaies d'or est Balbin: Historiae sancti Montis L c. 3, 
p. 23. Hoc quoque de Veliz a fide dignis narratum accepi: 
Numos aureos eo loco repertos, qui parte altéra solem, altéra 
lunam expressam haberent, nullis tamen additis temporum 
argumentis, neque adjectis litteris, unde aetas numorum aut 
conditio principum nomenque posset agnosci — A. Voigt, Schreiben 
an einen Freund von den bei Podmokl . . . gefundenen Oold- 
miinzen, Prag, 1771, p. 4. A cette information donnée par Balbin, 
Voigt ajoute ce qui suit: Depuis lors, on a trouvé dans diverses 
localités de notre royaume, soit isolément, soit dans des cachettes, 
d'autres exemplaires de ces pièces d'or barbares, notamment à 
Kuttenberg, à Gilowé, à Nischburg, non loin de Beroun, etc. — 
Fiala est le dernier auteur qui ait dressé une statistique des 
lieux de trouvailles et un inventaire des pièces dispersées dans 
les musées et les collections partiailières, en s'aidant des notes 
de M. E. Mik§, banquier (Fiala, Beschreibung bôhmischer 
Miinzen und Medaillen, Prague, 1891). Outre Podmokly 
et le Hradischt, il cite les localités suivantes: 

Pièces à l'arc-en-ciel, du type ordinaire: Leitmeritz, Beroun, 
Kïivoklât, Pilsen, Susice, Levy Hradec (1856). 

Pièces portant d'un côté une tête d'oiseau et des globules 
sur l'autre face: Pilsen (1856), Vinohrady (1873, 1886). 

Pièces avec un petit personnage: Veltrusy (1862), Lîsek 
près Beroun (1860),. Roudnice (1876). 

Pièces aux croissants opposés (Tiers): Kolin. 
Pièces au triangle: Beroun, Kï'ivoklàt, Zbirov, Pilsen, 
KaSperské Hory (Bergreichenstein), Susice (Schûttenhofen). 
Tétradrachme d'argent: Kokorin. 

De plus, Wocel signale une pièce d'argent portant une 
tête humaine et un cavalier, provenant d'un tumulus situé à 
Pivon (Wocel, Mince celtické v Cechach, Musejnîk, 1850, 
p. 106). M. J. Hellich note une monnaie d'or au triangle, trouvée 
à OIkobrh. 

Mais, outre les monnaies dont il a été question, nous 
connaissons d'autres pièces barbares trouvées en Bohême, et 
dont voici les types, qui diffèrent entièrement des monnaies 
circulant au Hradischt: 
1. Personnage viril, le genou gauche posé à terre, tourné à 
droite, tenant de la main droite deux javelots (?) et portant 
sur le dos un petit bouclier rond à umbo. 
R.: Saillies irrégulières et de faible relief. 

8 



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Dr. J. L Piè. 



116 



semblables circulaient aussi dans les pays voisins, 
que, d'autre part, on en a recueilli à Éizkov dans les 
sépultures à inhumation de La Tène, assurément 
plus anciennes que les trouvailles de Stradonitz, aux- 
quelles, par conséquent, on ne saurait les rattacher 
exclusivement. 



Monnaie d'or, trouvée près de Nechanice. Musée de Prague. 
Poids, 8gr. 16 (V. De la Tour, Atlas, pi. XXXVIII, 9366; 
cet auteur Tattribue aux Germains). 

2. Tête imberbe de profil ; coiffure formée sur la partie gauche 
par des incisions en forme d'S. 

R.; Quadrupède cornu, ressemblant à un taureau, tourné 
à gauche; au-dessus une spirale en relief; entre les jambes 
de ranimai, une anse de vase en forme de croissant 

Monnaie d*or, trouvée près de Nechanice. Musée de 
Prague. Poids, 8 gr. 18. 

Quatre autres pièces à Tarc-en-del, de la même provenance, 
dépourvues de types, pèsent 8 gr. 18, 8 gr. 13, 8 gr. 12, 
8gr. 25; une autre, de la collection de M. E. Hajsl, également 
sans types, pèse 7 gr. 80. 

3. Quadrupède en forme de cheval, avec une crinière et une 
queue épaisse, mais portant une corne; il est tourné à gauche; 
au-devant, au-dessus et au-dessous de Panimal, des lignes 
en relief, ondulées. 

R.: Ornement végétal, avec fleuron en forme de triquètre; 
près du bord, trois triangles. 

Monnaie d'or. Musée de Prague. Provenance inconnue. 
Poids, 2 gr. 53. 

4. Quadrupède en forme de cheval, tourné à gauche, la queue 
relevée; au-dessus un globule et un arc, au-dessous, un 
losange. 

R.: Sur la surface lisse, des incisions informes. 
Monnaie d'or. Musée de Prague. Provient d'une localité 
indéterminée de la Bohême. Poids, 7 gr. 62. 

5. Personnage viril, tourné à gauche, élevant un glaive de 
chaque main; au-dessus de sa tête, un arc; de chaque côté, 
un globule et un obi,et ressemblant à un arc. 

R. : Un sanglier au dos hérissé de dix soies ressemblant à 
des clous ; un globule sous sa tête, trois autres entre ses jambes. 

Monnaie d'or. Musée de Prague. Trouvée à Tïiblice, 
dans l'exploitation d'un gisement de grenats. Poids, 7 gr. 85. 
Second exemplaire, trouvé à Peruce; Poids, 7 gr. 95. 
Troisième exemplaire, dans la coll. Hajsl, provenant de 
ithuïïccy près Casiav; poids, 7 gr. 90 (Voir De la Tour, 
Atlas, pi. XXXVIII, 9364, attribuée aux Oermains). 

6. Tête de femme casquée, tournée à droite (Rome). 

R.: Oénie aux longues ailes éployées. 

Monnaie d'or. Musée de Prague. Trouvée à Star^ 
Bydiov. Poids, 7 gr. 75. Une pièce semblable pesant 
8 gr. 04, a été trouvée à Brtnice, en Moravie. Voir De la 
Tour, Atlas, pi. XL, 9475 (figure la plus approchante), 
avec attribution aux Raetes. 

7. Personnage viril, à demi tourné à gauche; il tient de la 
main droite un objet coudé d'un côté, bifide de l'autre, 
près duquel sont des globules, peut-être comme imitation 
de caractères alphabétiques; de l'autre main, il porte un 
bouclier et un objet semblable au précédent. 

R.: La surface du revers est à demi convexe et bosselée. 

Monnaie d'or. Localité indéterminée de la Bohême. Poids, 

2 gr. 82. Autre exemplaire provenant des environs de Câslav, 



Le Hradischt de Stradonitz présente donc, au 
point de vue archéologique, des conditions excep- 
tionnelles: d'une part, cette ville se rattache par son 
industrie aux régions que nous venons d'indiquer, 
de l'autre, nous ne rencontrons dans aucune autre 
localité de la Bohême la trace distincte de l'influence 
de sa civilisation propre. Elle ne s'alimentait donc 
pas de l'exportation de ses produits manufacturés; 
elle ne constituait pas non plus la capitale d'un peuple 
dispersé dans ses environs sur un territoire étendu. 



dans la coll. Hajsl; poids, 2 gr. 80. On voit dans l'Atlas 
de M. De la Tour plusieurs pièces semblables, attribuées 
aux Raetes (pi. XL, 9489-9492). 

8. Personnage viril, tourné à gauche, semblable à celui du type 
précédent, mais avec une croisette au-dessous de l'objet 
qu'il tient de la main droite. 

R.: Tête imberbe, diadémée, avec les cheveux frisés. 

Monnaie d'or. Musée de Prague. Provient d'une localité 
indéterminée de la Bohême. Poids, gr. 98 (Voir De la 
Tour, Atlas, pi. XL, fig. 9488). 

9. Tête de femme coiffée d'un capuchon, avec une tresse; 
par devant, un rameau. 

R.: Oiseau à tête de femme retournée en arrière, les 
pieds armés de fortes griffes (harpye); devant l'oiseau, les 
lettres TTO. 

Monnaie d'argent. Musée de Prague. Trouvée à Staiy 
Koul^im. Poids, 17 gr. 15 (tétradrachme). 

10. Tête d'oiseau, au bec tourné à gauche; de ce côté de la 
pièce est une couronne de feuilles doubles terminées par 
des globules. 

R.: Etoile à quatre branches; au-dessus, trois globules; 
au-dessous, deux arcs en S, avec un globule au centre. 

Coll. Hajsl. Trouvée à JiCîn. Poids, 7 gr. 15. Voir Streber 
Regenbogenschûsselchen, IX, t. II, fig. 19—21, p. 555. 
Cet auteur mentionne les trouvailles d'Irsching, Freihalden, 
Meiningen. 

11. Personnage tourné à gauche, tenant un arc; devant et 
derrière, trois globules. 

R.: Sanglier à gauche; ses soies affectent la forme de 
petits clous (comme sur la pièce n» 5) ; il a la gueule ouverte 
et les oreilles dressées ; au-dessous, trois globules ; au-dessous 
de sa gueule, un autre globule. 

Coll. Hajsl. Trouvée à Ronov, près èaslav. Poids 
6 gr. 45. 

Ces onze sortes de monnaies, que reproduit la figure 14, 
diffèrent donc des monnaies du Hradischt par leurs types; 
elles en diffèrent également par leur poids, car, à l'exception 
du no 10, elles sont beaucoup plus lourdes que celles du 
Hradischt et de Podmokly; leur poids l'emporte aussi sur 
celui des pièces de la Bavière et des Alpes orientales; on 
le constate [non seulement pour les pièces représentant 
l'unité, mais encore pour les tiers et Les sixièmes, ainsi 
qu'on peut le remarquer en se reportant à la note 19. En 
résumé, nous pouvons dire que l'on a trouvé en Bohême 
plusieurs monnaies ressemblant par leurs types à celles du 
Hradischt, mais d'autres pièces de types et de poids différents 
circulaient encore en Bohême, de telle sorte que dans ce 
pays l'influence qu'a exercé le Hradischt sur les monnaies 
n'a été que partielle. 



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117 



Le Hradischt de Stradonitz. 



118 



Elle formait, tout au contraire, une sorte d'îlot isolé, 
au sein d'une population différente. Les habitants 
étaient donc d'une autre nationalité que celle-ci. 

Mais cette ville constitue une des plus grandes 
places fortes de la Bohême: sa longueur excède en 
effet un kilomètre, dimension qui correspond aussi 
à sa plus grande largeur, sur la pente nord. La plus 
grande partie de sa superficie était couverte d'habi- 
tations, dont le nombre était tel qu'il n'a pas fallu 
moins de trois années pour retourner les couches 
de cendres qui en marquaient la place, bien que 
parfois trois cents ouvriers aient été occupés à ce 
travail de fouilles. Ajoutons qu'en dehors de son 
enceinte, on a découvert encore, devant son entrée, 
un vaste emplacement recouvert de cendres, vestiges 
d'une sorte de quartier extérieur. Une nombreuse 
population se pressait donc dans l'enceinte de cette 
vaste cité, parfois même insuffisante à loger tous ses 
habitants. Une masse considérable de débris d'osse- 
ments d'animaux, rejets de cuisine correspondant à 
une période d'occupation proportionnellement courte, 
témoigne également de la densité de cette population, 
dont la viande était la nourriture principale. 

En outre, le mode de fortification du Hradischt 
est tout à fait exceptionnel en Bohême. Ce fut à 
coup sûr un travail énorme, que d'élever sur cette 
colline un double mur, bâti en terrasse tout autour 
de la ville, presque isolée ainsi de la population des 
alentours à laquelle ce genre de forteresse était inconnu. 

Au point de vue purement archéologique, les 
origines du Hradischt se présentent donc à nous 
comme un mystérieux problème. Comment concevoir 
que dans cette grande ville, populeuse et puissamment 
fortifiée, possédant des ateliers, une civilisation beau- 
coup plus avancée que dans le reste du même pays, 
se soit développée, sans qu'elle ait rayonné tout 
autour et sans que ce centre industriel ait répandu 
dans la région voisine ses objets de luxe et surtout 
ses ouvrages en fer, outils et instruments, utiles à la 
vie domestique? Le Hradischt ne pouvait tirer ses 
ressources du commerce et de l'industrie, puisqu'on 
ne constate pas que des relations commerciales se 
soient nouées entre cette ville et les localités voisines. 
Elle ne les trouvait pas non plus dans l'agriculture, 
sa population étant concentrée sur un même lieu, 
dans une contrée montagneuse, boisée, et aujourd'hui 
peu fertile; ni dans l'élève du bétail qui, plus encore 
que l'agriculture, l'eût entraînée à s'étendre sur 
un vaste espace, où dans ce cas, nous retrouverions 
ses traces. 

Une autre question problématique a souvent retenu 
mon attention. Dès le XIX* siècle on a trouvé au 



Hradischt et on recueille aujourd'hui encore, à la 
surface du sol, des monnaies d'or éparses. Au mont 
Beuvray, la plupart des habitations abondonnées ren- 
ferment quelques pièces d'argent qui faisaient partie 
du pécule de ses habitants. On m'a rapporté que 
les cendres des maisons du Hradischt contenaient 
souvent des monnaies d'argent, perdues lors de 
l'incendie, tandis que les monnaies d'or furent 
pour la plupart recueillies une à une, en dehors des 
habitations. Or, étant donné le valeur de ces dernières, 
on s'expliquerait mal aisément que, même dans un 
moment de grand trouble, les artisans du Hradischt 
les aient perdues lors de l'incendie, après les avoir 
auparavant retirées de leurs demeures. On ne saurait, 
d'autre part, supposer que ces mêmes commerçants 
et artisans aient sacrifié à la passion du jeu un or pénible- 
ment amassé. Il y avait donc tout à la fois au Hradischt 
des gens appréciant la valeur de l'or, comme en 
témoignent les trouvailles nombreuses de petites 

I balances, et des gens prodigues qui l'abandonnaient 

i aux hasards du jeu, ainsi que cela résulte des dé- 

j couvertes multiples de dés à jouer. 

I Voici enfin un troisième problème à résoudre. 

1 On a trouvé au Hradischt de véritables ateliers conte- 
nant des vestiges de travaux industriels et en même 
temps des armes diverses. Il est vrai que la population 
civile, les artisans et les négociants, devaient se tenir 
prêts à défendre la ville et qu'ils devaient s'armer 
dans leurs expéditions commerciales à travers des 
régions éloignées. On pourrait donc prétendre que 
les flèches, les lances et les épées ensevelies dans 
les demeures incendiées constituaient l'armement 
de cette population civile, mais il serait difficile de 
raisonner de même au sujet des éperons, étant donné 
leur abondance au Hradischt. Les artisans n'en faisaient 
certainement pas usage dans leurs voyages à cheval. 
J'ai vu dans les Balkans des marchands se rendant 
à cheval au marché, toujours bien armés; j'ai vu 
encore dans d'autres pays des paysans chevaucher 
pour aller à la ville, mais les uns et les autres étaient 
toujours sans éperons. De nos jours encore, l'éperon 
est la marque distinctive d'un cavalier militaire ou 
d'un cavalier de rang élevé. Dans un temps où la 
cavalerie romaine elle-même ne s'en servait pas, 
à une époque pour laquelle le total de tous les 
spécimens de cet objet, découverts dans les pays 
réunis de l'Europe centrale, n'égale pas les trouvailles 
faites dans la seule ville du Hradischt, l'éperon était 
porté très rarement et exceptionnellement. Nous 
pouvons donc prétendre en toute certitude que ces 
objets n'appartenaient point à des marchands, mais à 
des guerriers. 

8* 



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119 



Dr. J. L Piè. 



120 



Nous nous trouvons amené par ces considéra- 
tions archéologiques aux conclusions suivantes: dans 
cette ville fortifiée était établie, au temps d'Auguste, 
de Tibère et peut-être de Claude, en résumé pendant 
près d'un demi -siècle, une population différant de 
celle du même pays par les conditions de son ins- 
tallation et par son industrie. Cette population 
comprenait deux classes. Ceux des habitants qui 
savaient apprécier la valeur des monnaies et qui les 
éprouvaient dans de petites balances étaient des artisans 
et des commerçants, travaillant d'après des traditions 
industrielles, alors représentées uniquement dans la 
Gaule de l'est, surtout au mont Beuvray, et partiellement 
dans les Alpes orientales. Ils devaient être eux- 
mêmes originaires de ces pays, car la connaissance 
technique d'une industrie ne peut être transportée que 
par des gens exercés à sa pratique. La seconde 
classe d'habitants, ceux qui exposaient avec prodi- 
galité des monnaies d'or aux hasards du jeu de dés, 
monnaies qui n'étaient pas le fruit de leur travail, ceux- 
là, comme l'indiquent les trouvailles d'éperons, cons- 
tituaient la classe guerrière. Dans quelle proportion 
numérique relative, ces deux éléments se trouvaient- 
ils associés? Les guerriers Temportaient-ils en nombre 
et dans ce cas la classe laborieuse se composait-elle 
uniquement de fournisseurs attachés à leur suite, ou, 
au contraire, la ville était-elle une cité industrielle, 
simplement gardée par une garnison de défenseurs? 
Pour trancher cette question, il faut nous rappeler 
que dans toute la Bohême on n'a retrouvé aucune 
trace des objets divers représentés dans l'industrie 
de Stradonitz. Or, un groupe d'artisans sans clien- 
tèle extérieure n'auraient point édifié une forteresse 
d'une telle importance. Il ne reste donc, en dernière 
analyse, qu'une solution acceptable, à savoir que le 
Hradischt était une ville essentiellement militaire, où 
des artisans et des marchands originaires de la Gaule 
de l'est, ou des Alpes orientales travaillaient pour 
l'élément guerrier. 

L'archéologie toutefois, livrée à ses seules res- 
sources, ne réussirait pas à déterminer la nationalité 
de ces guerriers de Stradonitz, précisément parce que 
les types d'objets de parure et d'ustensiles domes- 
tiques répandus dans cette ville pouvaient y avoir 
été importés par les artisans venus de l'étranger. 
C'est pourquoi ce problème ethnique a donné lieu 
à des opinions fort diverses, les uns attribuant le 
Hradischt aux Boïens, les autres à Marbod et à ses 
Marcomans. 

Les Boïens ont été mis en avant, comme étant 
les habitants de le Bohême celtique ou gauloise, où 
leur présence est attestée par les textes historiques et 



surtout par les documents numismatiques. Depuis 
longtemps, les monnaies d'or dites à l'arc-en-ciel sont 
considérées comme celtiques et l'on sait que Streber, 
dans son excellente étude sur ces monnaies^^), a 
attribué aux Tectosages les pièces portant la tête 
d'Apollon, et aux Boïens, les pièces à la coquille, 
communes en Bohême; il laissait aux Helvètes et aux 
Vindéliciens les monnaies en électrum. 

Feu Tischler a rapproché le Hradischt du mont 
Beuvray et de la nécropole de Nauheim, attribuant cette 
ville de la Bohême aux Boïens, avant l'arrivée des Marco- 
mans, tout en ajoutant que les types industriels cons- 
tituent un critérium de certitude un peu faible pour la 
détermination des nationalités^^). D'accord avec 
Tischler, et se plaçant également sur le terrain archéo- 
logique, M. Joseph Déchelette, considère le Hradischt 
comme une ville boïenne, détruite à l'arrivée de Marbod, 
vers l'an 10 avant J.-C'^^). 

Par contre, la découverte du trésor de Podmokly 
se composant de monnaies à l'arc^en-ciel, identiques 
à celles du Hradischt, connues déjà au XVIlh siècle, 
a fait entrer en scène, dans cette discussion, Marbod 
et les Marcomans. Déjà, dans l'ouvrage de Voigt sur 
les monnaies de la Bohême, Clauser soutient l'opinion 
que le Hradischt serait le Marobudum^*^); de son 
côté, Wydra, dans sa monographie du trésor de 
Podmokly, s'est efforcé de démontrer que les Regen- 
bogenschùsselchen de cette trouvaille et du 
Hradischt sont des monnaies marcomanes, émises 
par Marbod et Catualda et enfouies durant les guerres 
civiles ^«). 

Kenner a exprimé dans une certaine mesure une 
opinion moyenne en soutenant que les pièces de 



*^-) F. Streber, Ûber die Regenbogenschûsselchen, 
Abh. d. K. bayerischen Akademie, Munich, 1863, IX, 727. 

^^ O. Tischler, Die Oewandnadein oder Fibein, 
dans Meyer, Ourina in Obergailthal, Dresde. 1885, 23: 
Il faut vraisemblablement attribuer le Hradischt aux guerriers 
boïens, avant Tarrivée des Marcomans, en raison de la similitude 
absolue de cette station avec les stations gauloises. A la vérité 
cependant, chez les Germains, comme chez les Chattes suéviques 
de Nauheim, apparentés aux Marcomans, et ainsi que cela résulte 
d'autres trouvailles de l'Allemagne du nord, une civilisation 
tout à fait analogue doit avoir dominé, en sorte que les objets 
industriels seuls n'ont aucune valeur ethnographique.» 

2<^*) J. Déchelette, Le Hradischt du Stradonitz, Mâcon, 1901, 
p. 64: En résumé, je suis porté à considérer Stradonitz, comme 
un oppidum boïen fondé dans le cours du premier siècle et 
détruit peut-être à l'arrivée de Marbod, vers Tan 10 avant J.-C. 
Sa ruine ne serait donc antérieure que de quelques années 
seulement à l'abandon du mont Beuvray.» 

205J Voigt, Beschreibung der bisher bekannten 
bôhm. M un zen, Prague, 1771, p. 76. 

^ St. Wydra, Abhandlung iiber die bei Podmokle 
im J. 1771 gef. Ooldklumpen, Prague, 1777, 47 et suiv. 



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121 



Le Hradischt de Stradonitz. 



122 



Pomokly, qu'il attribue à des Gaulois Boïens, étaient 
tombées en possession des Marcomans,. après leur 
victoire sur les Boïens; ceux-ci émigrèrent au delà 
du Danube et monnayèrent encore dans leurs nou- 
veaux domaines des espèces de même poids et de 
même valeur'^"). 

J'ai moi-même défendu la thèse suivant laquelle 
le Hradischt de Stradonitz serait la ville historique 
de Marbod ou Marobudum^**), en m'appuyant princi- 
palement sur un passage de Tacite. Cet historien 
rapporte que lors de la prise de la ville de Marbod par 
Catualda, chef gothon, allié des Romains, on trouva 
dans la ville des marchands et des artisans fugitifs, 
qui avaient trahi leur patrie romaine. A mon avis, 
la seule cité industrielle de la Bohême, au début de 
rère chrétienne, est le Hradischt de Stradonitz. Quant 
aux marchands fugitifs dont parie l'historien latin, 
ils étaient originaires de la Gaule orientale, alors 
insurgée contre Rome et cherchant naturellement à 
s'allier avec Marbod, son dangereux adversaire. 

Si l'on compare ces diverses opinions on reconnaît 
tout d'abord qu'elles s'accordent sur certains points, 
particulièrement au point de vue archéologique. 
Tischler, M. Déchelette et moi, nous sommes una- 
nimes à reconnaître la similitude incontestable du 
mont Beuvray et du Hradischt. Cette similitude a 
frappé M. Déchelette au musée de Prague aussi 
vivement qu'elle m'avait frappé moi-même quand je 
me suis trouvé pour le première fois au musée de 
Saint-Germain, en présence des trouvailles du mont 
Beuvray. Les avis sont simplement partagés en ce 
qui concerne la date des trouvailles du Hradischt. 
Tischler et M. Déchelette reconnaissent l'un et l'autre 
que celles-ci renferment non seulement des objets de 
type gaulois, mais encore des objets appartenant à 
le civilisation provincialeromaine; toutefois, ils n'attri- 
buent pas à ces derniers autant d'importance que je 
le fais moi-même. M. Déchelette, le continuateur des 
fouilles du mont Beuvray, oppidum que j'ai visité et 
où il m'a aimablement guidé, insiste sur la cons- 
tatation suivante, tirée de l'examen des fibules. 
Plusieurs types de fibules appartenant déjà à l'époque 
provinciale-romaine se rencontrent au mont Beuvray 
et font défaut au Hradischt: la fibule à disque 
médian, c'est à-dire celle dont l'arc porte à sa partie 
médiane une petite plaque losangée, ornée, la fibule 
à arc presque rectilinéaire, avec cannelures longi- 
tudinales et enfin la fibule à griffe. De l'absence de 



*®') Kenner, Der Mûnzfund von Simmering, Numism. 
Zeitschrift, Vienne. 1896, XVII, 86. 

^^) Archaeologick^ Vyzkum, 1S97, p. 105 et siiiv. 



ces types les plus récents, dans les trouvailles du 
Hradischt, M. Déchelette conclut que l'abandon de 
cette ville doit être antérieur à celui de Bibracte et 
se placer, par conséquent, quelques années avant 
l'an 5. Il est ainsi conduit à expliquer la ruine du 
Hradischt, comme l'avait fait Tischler, par l'irruption 
des Marcomans en Bohême, vers l'an 10 avant J.-C 

Si le Hradischt était situé en Gaule, sur le territoire 
éduen, on ne pourrait élever aucune objection contre 
l'opinion de M. Déchelette. Mais une distance de 
plus de deux cents lieues sépare les deux stations, et 
il convient d'observer que la civilisation de la fin de 
l'époque gauloise, si abondamment représentée à 
Bibracte, n'est pas dérivée chez nous de la civilisation 
boïenne représentée par nos nécropoles à inhumation. 
Elle nous a été apportée de la Gaule où les influences 
des pays classiques, de l'Italie du Nord et de l'Orient 
pouvaient aisément pénétrer. C'est donc de la Gaule 
que sont venus en Bohême les types industriels de 
la fin de l'époque gauloise et nous pouvons admettre 
que les artisans, importateurs de ces modèles au 
Hradischt, où ils ont exercé leurs industries, avaient 
quitté Bibracte avant l'époque de l'apparition des 
dites fibules, qui caractérisent le début de la période 
provinciale-romaine. 

Le point essentiel de cette intéressante discussion, 
est de savoir si cette date de Tan 10 avant notre 
ère, indiquée par M. Déchelette, constitue un terme 
ad quem ou a quo, si elle marque le commencement 
de l'occupation ou la ruine du Hradischt. Pour les 
motifs précédemment indiqués, j'estime que cette date 
est la date initiale, notamment parce que, dans une 
certaine mesure et en raison de la présence de 
quelques types d'objets romains, les trouvailles de 
Stradonitz se rapprochent de celles du célèbre cimetière 
de Pichora, près de Dobfichov. En effet, j'ai fait 
observer plus haut qu'on a trouvé, par exemple, 
au Hradischt, l'anse d'un vase en bronze et à Pichora, 
un vase en bronze entier, avec la même anse. La 
fibule à disque médian, losange et orné, qui se 
rencontre à Bibracte, par conséquent avant l'an 5, 
n'apparaît chez nous qu'à Pichora. 

M. Déchelette est également dans le vrai en 
constatant que parmi tant de monnaies découvertes 
au Hradischt, aucune n'appartient à Auguste. Mais il 
faut en même temps observer que les pièces romaines 
sont en petit nombre dans cette station; les rares 
monnaies d'Auguste découvertes dans le bassin de 
l'Elbe ont pu être égarées après le principat de cet 
empereur. S'il est vrai que les monnaies d'Auguste 
font défaut au Hradischt, on y trouve, par contre, 
un nombre considérable d'objets qui apparaisssent déjà 



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123 



Dr. J. L Pief. 



124 



dans les provinces romaines du vivant de cet empereur, j 
comme je Tai fait remarquer dans la description détaillée 
des trouvailles. 

A mon avis, dans ce problème ethnique, on ne 
saurait se baser absolument sur la date de l'apparition 
de tel ou tel type dans diverses régions, car des 
circonstances multiples et tout à fait éventuelles 
déterminent l'introduction commerciale plus ou moins 
précoce et la conservation plus ou moins prolongée 
d'un produit manufacturé dans des pays différents. 

Deux faits demeurent en somme indiscutables: la 
similitude de la civilisation du Hradischt avec la civili- 
sation de la Oaule orientale et sa dissemblance avec 
la culture des Boïens de Thistoire, représentés dans la 
Bohême centrale par les sépultures à inhumation. Ceux- 
ci n'ont laissé dans la Bohême centrale aucune trace de 
leur industrie: c'était une race guerrière et conquérante; 
ils dédaignaient par atavisme le travail manuel et ce 
n'est pas d'eux que l'on pouvait attendre des 
perfectionnements industriels, ni même de simples 
imitations de produits étrangers, façonnés suivant 
une technique nouvelle. Les artisans du Hradischt 
n'étaient donc point de race boïenne et si, con- 
trairement à ce que je pense, il fallait considérer 
cette ville comme boïenne, les Oaulois y constitueraient 
exclusivement la classe guerrière. 

Au témoignage des textes historiques, les Boïens 
ont émigré de la Bohême avant le commencement 
des campagnes de César en Gaule, c'est-à-dire à peu 
près à l'époque où la culture représentée à Bibracte 
et au Hradischt commençait à se développer en Gaule. 
Or, comme au Hradischt apparaissent des types 
d'objets du début de l'époque provinciale- romaine, 
il n'est pas possible d'attribuer cette ville à des 
Boïens venus au temps de César de Bohême en 
Gaule. Il faudrait donc supposer que quelque 
reste de ce peuple se serait établi dans cette ville, 
en se détachant de toute la population celtique 
ayant occupé la Bohême. Mais comment ces Boïens 
d'arrière -garde auraient -ils appris à construire de 
puissantes forteresses, alors que nous ne connaissons 
en Bohême aucun lieu fortifié remontant à l'époque 
boïenne proprement dite? La difficulté est d'autant 
plus grande que la fortification du Hradischt est toute 
différente de celle des autres stations de la Bohême 
et aussi des remparts celtiques de la Gaule. 

Les sépultures nous apportent enfin un témoignage 
important. Pendant leur séjour dans le Boïohemum, 
les Boïens inhumaient leurs morts avec leurs armes 
et leurs objets de parure, en plaçant les corps dans 
la direction nord-sud, et les Boïens, établis par César 



en Oaule, à la frontière sud -ouest des Eduens, 
conservèrent ce mode funéraire. On a découvert au 
Hradischt, d'après ce qui m'a été rapporté, plusieurs 
squelettes, mais aucune de ces sépultures ne rappelait 
celles de l'époque de La Tène, c'est-à-dire des Boïens. 
La collection Berger a conservé sept crânes de 
Stradonitz, mais on n'a aucune indication de détail 
sur leur provenance. Ils ont été mesurés, décrits et 
comparés aux crânes de l'époque de La Tène par 
M. le D*" Boh. Hellich^®). En ce qui concerne l'indice 
céphalique, cinq de ces sept crânes sont brachycéphales 
(80—81, 5); deux sont mésaticéphales (75, 6; 77, 5). 
Sur vingt- six crânes de l'époque de La Tène, six 
sont brachycéphales (indice, 80—85), quatre mésati- 
céphales et seize dolichocéphales (66,3—74,5). Sur 
un seul des sept crânes de Stradonitz, l'indice de 
hauteur-largeur est supérieur à 100, alors qu'il excède 
ce nombre sur huit crânes de La Tène (parmi les vingt- 
six étudiés). Il en résulte que ces crânes de Stradonitz, 
de provenance imparfaitement connue, il est vrai, 
présentent une largeur bien supérieure à celle des 
autres crânes de l'époque de La Tène ou crânes 
boïens, mais en même temps une hauteur bien plus 
faible. Les deux groupes se touchent à peine dans 
leurs indices extrêmes. On ne saurait donc établir 
que les sept crânes de Stradonitz appartiennent à 
quelque tribu attardée des Boïens de la Bohême. 

Mais, outre quelques inhumations, on a découvert 
au Hradischt même, au lieu appelé Vysokâ Mez (la 
Haute Borne), des incinérations appartenant au temps 
de la grande occupation de la ville: les cendres 
avaient été déposées en pleine terre, sans aucun 
mobilier. On connaît des sépultures de ce genre, 
contenant parfois un tesson, rarement un vase entier, 
dans les pays du Nord, par exemple à Bomholm, 
près de l'embouchure de la Vistule, mais ni en 
Bohême ^^**), ni dans l'Europe centrale, ni dans aucune 
région de la Gaule, on ne rencontre de sépultures 
aussi pauvres. En conséquence, à moins qu'on ne 
découvre ultérieurement aux environs de Stradonitz 
quelque nécropole contenant des offrandes funéraires 
plus abondantes, nous devons admettre que les 
habitants se contentaient d'une très grande simplicité 
dans l'aménagement des sépultures, ordonné par leur 
religion; peut-être n'accordaient-ils pas aux morts ces 
témoignages d'amour filial qui se manifestent en 
Germanie, dans les sépultures de cette même époque. 
Tacite rapporte que les Germains fixés entre le Rhin 
et l'Elbe ne déployaient aucun luxe dans les céré- 

2»») Dr Boh. Hellich, Praehistorické lebky v èechàch, 
Prague, 1899, pi. 6. 

2^«) Archaeologicky Vyzkum, 1893, LXVI. 



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125 



Le Hradischt de Stradonitz. 



126 



monies funéraires, mais que les armes des guerriers 
étaient déposées avec leurs restes-^^). 

En résumé, il résulte de cet examen des faits 
que la prétendue nationalité boïenne des habitants du 
Hradischt ne saurait être établie par les constatations 



*^') Tacite, Oerm., 27; Funerum nulla ambitio: id solum 
observatur, ut corpora darorum virorum certis lignis crementur, 
struem rogi nec vestibus nec odoribus cumulant: sua cuique 
arma, quorundam igni et equus adicitur, sepulcrum caespes 
erigit. 



de l'archéologie, ni même être tenue pour vraisemblable. 
Il nous reste une seconde h3rpothèse, celle de l'attri- 
bution du Hradischt aux Marcomans de Marbod. 
Mais comme ce peuple, aux temps qui ont précédé 
son arrivée en Bohême et même à Tépoque de son 
séjour dans cette région, nous est connu par les 
sources historiques plutôt que par les découvertes 
de Tarchéologie, nous devons interroger de nouveau 
les textes et rechercher si leurs témoignages peuvent 
s'appliquer au Hradischt. 





Fig. 15. 
Fragments de pendeloques. 



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Les Marcomans en Bohême^). 



Le nom des Marcomans se rencontre pour la 
première fois dans les Commentaires de César; 
celui-ci les cite parmi les tribus germaines combattant 
sous les ordres d'Arioviste, lors de l'invasion du 
pays des Séquanes, en Tan 58 av. J.-C. Par sa 
victoire sur Arioviste, César débarrassa la Oaule des 
envahisseurs germaniques que son armée rejeta au 
delà du Rhin'O. 

Les sources historiques ne nous ont laissé que 
des informations trop sommaires sur ces diverses 
tribus refoulées par César entre le Rhin et le Mein. 
Les Suèves occupèrent la région du Mein, ainsi que 
les Marcomans. Dion Cassius rapporte en effet que 
S. Domitius Ahenobarbus, père de l'empereur Néron, 
qui commandait alors Tarmée du Danube, fixa les 
Hermunduri nomades sur le territoire des Marco- 
mans'^). Comme nous savons que les Hermundures 
occupaient le pays situé sur le Danube, au nord de 
la Vindélicie, nous pouvons admettre que le territoire 
des Marcomans, cédé aux Hermundures, était situé 
entre la forêt de Thuringe et le Danube, peut-être 
de chaque côté du haut Mein. 

Florus raconte ensuite que Drusus, pendant ses 
campagnes contre les Germains (12 — 9 av. J.-C), éleva 
avec les dépouilles des Marcomans un trophée en 
forme de tertre*). 

Au temps où Tacite écrivit sa Germanie, il n'y 
avait plus de Germains derrière le Rhin, jusqu'au 

*) Nous avons résumé ici le texte original de Tédition 
tchèque, dans laquelle l'auteur a donné à cette thèse d'histoire, 
étrangère à l'archéologie, son entier développement [Note du 
traducteur). 

«) Caesar, B. G. I, 51. 

3) Dion, LV, 11. 

*) Florus, IV, 12. 



coude du Danube, voisin de la ville actuelle de Regens- 
bourg, dans la contrée appelée Agri Decu mates. 
Seuls, les Hermundures, alors oubliés, occupaient le 
haut Mein. Cependant les Marcomans apparaissent 
alors dans le Boiohaemum, c'est-à-dire dans la 
Bohême actuelle. Trois textes importants mentionnent 
leur migration: 

Velleius Paterculus, un témoin oculaire, car il 
était tribun de cavalerie dans l'armée de Tibère, 
rapporte que dans la Germanie, alors vaincue par 
la puissance romaine, seule la tribu des Marcomans 
demeurait insoumise et que, sous le commandement 
de Marbod, elle avait abandonné ses foyers pour 
s'établir dans le pays, entouré par la forêt hercynienne, 
que l'on nommait Boiohaemum'^). La suite du 
récit indique clairement que ce pays ne peut être 
cherché ailleurs qu'en Bohême, car Velleius Paterculus 
ajoute que l'attaque contre Marbod devait être tentée 
en même temps de Carnuntum et de la région du 
haut Mein. 

Un second auteur contemporain, Strabon, nous 
dit que le territoire environné par la forêt hercynienne 
est occupé par les Suèves et par les Quades et que 
dans leur pays se trouve le Bouiaimon, résidence 
du roi Marbod, qui y a conduit un grand nombre 
de gens, parmi lesquels les Marcomans, ses com- 
patriotes*). Il ajoute que Marbod avait passé sa 
jeunesse à Rome, comblé de faveurs par Auguste, 
qu'à son retour il devint roi et soumit plusieurs autres 
tribus. Strabon a écrit ces lignes en Italie, alors que 
la puissance de Marbod touchait à son déclin. Ce 
passage de cet historien présente quelques obscurités. 



*) Hist. Rom., II, 108. 
•) Strabon, VII, 3. 



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129 



Le Hradischt de Stradonitz. 



130 



Au lieu de parler d'un pays portant le nom de 
Boiohaemum, Strabon nomme Bouiaimon la 
capitale de Marbod, qu'il dit située au pays des 
Quades; en outre, d'après lui, Marbod y serait arrivé 
à la tête non seulement de ses compatriotes marco- 
mans, mais de guerriers d'autres nations, ce qui semble 
indiquer qu'il commandait une armée recrutée chez 
divers peuples, marcomans et autres. Il résulterait 
encore de ce même passage que Marbod régnait sur 
les Quades ou seulement sur la ville dans laquelle 
son armée tenait garnison, les Quades reconnaissant 
sa domination, à titre d'alliés. 

Une troisième information nous est apportée par 
Tacite, à savoir que les Marcomans avaient conquis 
leur nouvelle patrie après en avoir chassé les Boïens 
et qu'ils se vantaient de cette victoire"). Tacite 
connaissait à l'égard des Boïens ce que César en 
avait rapporté; il connaissait également ce queVelleius 
Paterculus et Strabon avaient écrit sur la migration 
des Marcomans; le nom du Boiohaemum n'était pas 
inconnu à son époque; mais ce qu'il y a de nouveau 
dans son récit, c'est le fait que les Marcomans se 
seraient emparés de ce territoire après en avoir expulsé 
les Boïens. Est-ce là une simple assertion de l'historien 
latin, gratuitement déduite des indications précédentes, 
ou bien un fait emprunté à de nouvelles sources, 
écrites ou orales? L'histoire ne saurait ici décider. 
Quoi qu'il en soit, si le rapport de Tacite repose 
sur un fond de vérité, il ne saurait être question de 
la totalité de la nation boïenne, celle-ci se trouvant 
déjà transférée en Gaule à l'époque de César, en 
58 av. J.-C. Au surplus. César qui ne nomme que 
les Tectosages celtiques dans la forêt hercynienne, 
n'y mentionne aucun reste du peuple boïen. 

Au point de vue archéologique, on pourrait, il 
est vrai, se fonder sur le témoignage d'une sépulture 
à inhumation de Kostomlaty, contenant une fibule du 
type de Stradonitz, associée, dit-on, à une monnaie 
d'Auguste. Si cette pièce avait été réellement recueillie 
dans la sépulture, il paraîtrait en résulter que quelques 
Boïens isolés seraient demeurés sur leur propre terri- 
toire, après le départ du corps principal de la nation. 
Mais si l'on s'en tient à une relation plus récente 
sur cette découverte, au témoignage de laquelle la 
monnaie d'Auguste ne proviendrait pas du même 
dépôt funéraire que la fibule, on ne pourrait citer 
aucun document archéologique à l'appui du texte de 
Tacite. Il faudrait donc considérer l'assertion de cet 
auteur comme une déduction sans fondement qu'il 
aurait tirée du rapprochement des textes de César 



') Oerm., 28. 



et de Velleius. En résumé, il résulte des informations 
concordantes données par ces deux auteurs et par 
Tacite, que les Marcomans ont occupé ou envahi le 
Boiohaemum, dans la forêt hercynienne, avant la fin 
du premier siècle avant J.-C. C'est là un fait acquis 
et incontestable au point de vue historique et ce n'est 
que dans l'exposé des détails qu'apparaissent les 
divergences et les obscurités. 

Quant aux événements qui ont déterminé cet 
exode des Marcomans, nous les ignorons. Peut- 
être est-il permis d'en rechercher l'origine dans le 
développement de la puissance militaire des Romains 
sur le Rhin et le Danube, de César à Oermanicus. 
La terreur se répandait chez les Germains, lorsque 
les légions romaines commandées par Drusus, Tibère 
et Domitius Ahenobarbus, pénétraient jusqu'à l'Elbe 
et Germanicus jusqu'au Weser. Les Suèves, saisis 
d'effroi, avaient abandonné le pays du Mein, et 
c'est peut-être pour le même motif que les Marco- 
mans étaient allés chercher un refuge derrière la forêt 
hercynienne. 

La date précise où se place l'exode des Marco- 
mans en Bohême, ne peut être déterminée avec une 
entière certitude. Velleius Paterculus (11, 108) parie 
de la tribu (gens) marcomane dans le Boiohaemum 
et l'on pourrait en conclure que ce peuple en entier 
s'était établi dans notre patrie, mais Strabon, égale- 
ment contemporain de ces faits, rapporte que dans 
la forêt hercynienne étaient établis des peuples suèves, 
comme les Quades, et que chez eux se trouvait 
Bouiaimon, la résidence royale de Marbod, où ce 
chef avait conduit plusieurs autres peuples, ainsi que 
les Marcomans, ses compatriotes. Strabon ajoute 
que Marbod avait soumis, outre les Marcomans, la 
grande nation des Luii (peut-être les Lugii de Tacite), 
les Zumi, les Butones, les Mugilones, les Sibini, 
et les Semnones, grand peuple de la famille des 
Suèves*). 

Ce curieux passage du géographe grec présente 
plusieurs obscurités. Strabon est le seul, parmi les 
écrivains de l'antiquité, qui place les Quades à l'intérieur 
de la forêt hercynienne et la capitale de Marbod sur 
leur territoire. C'est chez lui seulement que le mot 
Bouiaimon (pour Boiohaemum) s'applique aune 
ville et non pas à une contrée, comme dans les textes 
de Tacite et de Velleius. Strabon rapporte que Marbod 
a conduit ses compatriotes et d'autres peuples dans 
la forêt hercynienne; cet auteur a donc conservé le 
souvenir de l'histoire de la confédération formée par 
Marbod. 



«) Strabon, tll, 1, 3. 



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131 



Dr. J. L. Pig. 



132 



L'histoire de Marbod dans le Boiohaemum est 
connue. Nous savons parVelleius Paterculus qu'au 
temps où toute la Germanie entre le Rhin et TEIbe 
était pacifiée, à la suite des expéditions de Drusus, 
de Tibère et de Domitius, Marbod seul demeurait 
menaçant**). Il concentrait dans le Boiohaemum 
70000 fantassins et 4000 cavaliers, c'est-à-dire une 
force militaire assez importante pour inquiéter le terri- 
toire romain au sud du Danube et en Germanie. 
C Sentius Saturninus et Tibère, en Tan 6 de notre 
ère, préparèrent contre lui une expédition avec douze 
légions, mais la révolte illyrienne (6—9 ap. J.-C.) dont 
la soumission entraîna sur d'autres pints cette armée 
romaine, sauva Marbod. 11 est à remarquer que celui- 
ci, menacé par les Romains, ne mit pas à profit la 
situation critique de ses adversaires lors de cette 
révolte de l'Illyricum, ni plus tard, lors du désastre 
de Varus en Germanie (an 9 ap. J.-C). Au lieu 
d'utiliser ces événements pour tenter de dicter ses 
conditions aux Romains, il use envers eux de ménage- 
ments et leur fait remettre la tête de Varus pour qu'elle 
puisse être ensevelie. Il se vante d'être traité en égal 
par les Romains, oubliant que ceux-ci, bien décidés à 
l'écraser quelques années auparavant, n'avaient modifié 
leurs desseins que par une impérieuse nécessité. 

Les sources historiques ne permettent pas 
d'expliquer cette singulière attitude. On constate 
cependant que Marbod, malgré sa nombreuse armée, 
ne devait pas être bien menaçant, car Tibère, en l'an 16, 
ordonnant à Germanicus de clore les hostilités en 
Germanie, alléguait la soumission des Suèves et du 
roi Marbod, réduits à demander la paix. Un an après, 
Marbod, dans sa guerre contre Arminius, implorait 
le secours de Rome et quand au moment décisif, les 
Semnones et les Lombards délaissèrent sa cause, il 
fut contraint d'abandonner la lutte. L'année suivante, 
l'heure de sa chute avait sonné. Elle fut préparée 
par Catualda, jeune homme de naissance noble, de 
la tribu des Gothons, jadis contraint à fuir devant 
la puissance de Marbod, et qui, à cette heure, voulait 
tirer vengeance de son adversaire. Catualda, à la 
tête d'une troupe nombreuse, envahit les terres des i 
Marcomans, gagna les principaux chefs et s'empara 
de la ville royale et du château qui la défendait^^). 
«On y trouva, rapporte Tacite, l'ancien butin des 
Suèves, ainsi que des vivandiers et des marchands 
de nos provinces, attirés par le commerce, et retenus 
par l'espoir du gain et l'oubli de leur patrie» ^^). Aban- | 
donné de toutes parts, Marbod s'enfuit au sud du 

») Velleius Paterculus, II, 109. 

^0) Ann., Il, 46. 

11) Ibid., Il, 62. ^ \ 



Danube. Rome l'accueillit en ami et lui assigna une 
demeure à Ravenne. Mais peu du temps après, un 
sort semblable était échu à Catualda (an 19 ap. J.-C). 
Chassé par une armée des Hermundures que com- 
mandait Vibilius, Catualda s'enfuit à son tour chez les 
Romains qui l'envoyèrent à Fréjus, dans la Gaule 
Narbonnaise. Les barbares qui accompagnaient ces 
deux rois furent établis au delà du Danube, entre le 
fleuve Mare et le fleuve Cuse, et Drusus leur donna 
pour roi Vannius, de la tribu des Quades. 

Après la chute de Marbod, le nom des Marco- 
mans rentre dans l'ombre. On le retrouve dans 
rénumération géographique des peuples de la Germanie, 
donnée par Tacite à la fin du premier siècle^^). Cet 
auteur commence sa description par la rive nord du 
Danube. Parmi les Suèves, il nomme en premier 
lieu les Hermundures, sur la frontière de la Raetie, et 
place près d'eux les Varisques, puis les Marcomans 
et les Quades. A partir du temps où vivait Tacite 
jusqu'au commencement de la guerre dite marcomane, 
les textes sont à peu près muets sur les contrées 
situées au nord du Danube. 

Avant cette guerre, Ptolémée d'Alexandrie composa 
sa fameuse géographie du monde, en huit livres, 
dans laquelle il décrit les contrées occupées par les 
différents peuples de la Germanie, mais il n'était 
instruit sur la géographie de cette partie de l'Europe 
que très indirectement, et son œuvre, en ce qui concerne 
les pays barbares, ne constitue qu'une source de 
deuxième ou de troisième ordre. Ce qu'il rapporte 
sur les Marcomans et les Quades diffère des indica- 
tions données par les autres auteurs, car il place 
les Marcomans dans la forêt Gabreta^^). Mais nous 
savons en toute certitude, par les récits relatifs aux 
campagnes de Marc-Aurèle, que les Marcomans et 
les Quades touchaient au Danube. 

C'est à Dion Cassius que nous devons surtout 
l'histoire des événements de la guerre marcomane^*). 
On peut tirer de son récit deux conclusions princi- 
pales: 1^. Les Marcomans et les Quades étaient fixés 
au nord du Danube durant la seconde moitié du 
deuxième siècle, car après leur défaite, en l'an 175, 
Marc-Aurèle imposa aux Marcomans de se tenir à 
trente-huit stades de ce fleuve. 2^ Ni les Marcomans, 
ni les Quades ne constituaient une grande nation, 
puisque 20000 soldats romains suffisaient à les refouler. 
La faible étendue de leur territoire ressort d'ailleurs 
nettement de ce fait que l'empereur Commode leur 
donna l'ordre de tenir leurs assemblées mensuelles 



^«) Oerm., 41. 

^3) Ptolémée, II, 11. 

1*) Dion Cassius, LXXI et LXXII. 



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133 



Le Hradischt de Stradonitz. 



134 



à une place déterminée et en présence d'un centurion 
romain. 

L'histoire parle encore ultérieurement des incur- 
sions des Marcomans et des Quades dans l'empire 
romain, mais l'importance de ces deux tribus ne cesse 
de s'affaiblir. Ils sont nommés pour la dernière fois 
en 451, lors de la grande invasion d'Attila en Gaule, 
bien qu'il soit incertain s'ils ont pris part à cette guerre. 

Au point de vue historique, un fait nous semble 
certain: le corps de guerriers qui a passé le Danube 
avec Marbod, d'une part, celui que Catualda d'autre 
part établit au nord du Danube, de la Moravie au 
fleuve Kusus, après avoir obéi à un chef commun, 
Vannius, puis séparément à deux chefs distincts et 
chacun sous un nom particulier (Marcomans et Quades), 
sont demeurés l'un et l'autre dans la même région; 
ce sont ces deux compagnies qui constituent les 
principaux acteurs de la guerre dite marcomane. Des 
historiens modernes ont prétendu que le corps de 
la nation marcomane serait demeuré dans le Boio- 
haemum jusqu'en 451 et même jusqu'à une date 
plus tardive, mais c'est là une assertion qui ne repose 
sur aucun document historique. 

Conclusions. 

Sur plusieurs points les textes historiques sont 
confirmés par les découvertes archéologiques. 

En parlant de l'invasion de Catualda et de l'ex- 
pulsion de Marbod, Tacite s'exprime ainsi: irrumpit 
regiam castellumque juxta situm .... tandis 
que Strabon nomme cette résidence royale du 
Marbod Buiaimon. L'histoire mentionne donc une 
capitale du royaume de Marbod et le mot castellum 
s'applique non pas à toute la ville, mais bien au 
palais, à la résidence personnelle de Marbod. Or 
précisément en Bohême, au début de notre ère, 
c'est-à-dire à l'époque de Marbod, on ne trouve qu'une 
seule grande ville, vraiment fortifiée; en outre, le point 
culminant et le plus abrupt de cette ville a conservé la 
dénomination na H rade, sur le Château, et c'est dans 
ce lieu qu'on a trouvé une fibule d'or et une fibule 
d'argent ainsi qu'une chaîne-ceinture en bronze. Au 
pied du château, on a découvert enfin un trésor de 200 
pièces d'or. Il est plus intéressant encore de constater 
que la fortification, se composant d'un mur-terrasse en 
pierres sèches, ressemble d'une manière frappante à 
celle du Klein-Oleichberg, près Rômhild, entre le Mein 
et la forêt de Thuringe. C'est de cette région que 
Marbod a pu conduire son peuple dans le Boiohaemum. 
L'occupation de Klein-Oleichberg est assurément 
plus ancienne, comme l'indiquent les fibules, mais 



elle finit au début de l'ère chrétienne. Outre cette 
similitude dans le mode de fortification, plusieurs 
instruments en fer sont communs tout à la fois au 
Klein-Oleichberg et à Stradonitz. 

Tacite rapporte encore qu'il y avait dans la ville 
de Marbod des vivandiers et des marchands (industriels) 
venus des provinces romaines et attirés là par l'appât 
du gain et l'oubli de la patrie. Or c'est uniquement 
au Hradischt que Ton reconnaît à cette même époque, 
les traces d'une industrie importée, d'origine provin- 
ciale-romaine; de plus, la céramique et les objets de 
métal de cette station se rattachent aux productions 
de la Oaule orientale (du mont Beuvray, en particulier) 
et des Alpes orientales (Ourina). La présence au 
Hradischt des étrangers oublieux de leurs devoirs 
envers leur patrie, dont parie Tacite, s'explique aisément: 
au temps de Marbod, se préparait en Oaule la révolte 
contre la domination romaine. Venir en aide à ce 
chef, adversaire redoutable des Romains, c'était de 
la part des Oaulois, servir leurs propres intérêts. 

Velleius Paterculus rapporte que Marbod attaqué 
dans le Boiohaemum, avait réuni une armée de 70000 
fantassins et 4000 cavaliers. Velleius, général de 
cavalerie dans l'armée assaillante, pendant cette expé- 
dition de Tibère, connaissait exactement l'effectif de 
l'ennemi qu'il combattait. Le nombre des cavaliers 
de l'armée de Marbod représente une force de cavalerie 
exceptionnelle en Oermanie. Or, on a trouvé au Hradischt 
une quantité d'éperons supérieure au total de ceux 
de la même époque recueillis dans tout le centre de 
l'Europe et si Ton recherche en Bohême une ville 
fortifiée où la présence de 70000 fantassins et de 
4000 cavaliers, ainsi que celle d'industriels et de 
négociants étrangers ait laissé quelque trace, on ne 
saurait trouver dans tout le royaume une autre lo- 
calité que le Hradischt. 

Selon le témoignage de Tacite, Catualda s'est 
emparé par un coup de force de la capitale de Marbod 
(irrumpit). Le même auteur ajoute que Catualda fut 
à son tour expulsé par Vibilius, roi des Hermundures 
(II, 62, 63). Ces événements n'ont pu se produire 
sans que la ville soumise à ces assauts n'ait été 
ruinée ou tout au moins mise à sac. La couche de 
cendres qui recouvre les demeures du Hradischt 
démontre clairement que cette ville a été brusquement 
anéantie par un incendie. 

Tacite rapporte encore qu'à l'arrivée de Catualda 
dans la ville de Marbod, on y trouva l'ancien butin 
des Marcomans, qui tomba entre les mains du vain- 
queur. On ne dit pas que lors de l'expulsion de 
Catualda, Vibilius se soit à son tour emparé de ce 
butin. Ce que Tacite entendait désigner exactement 

9* 



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135 



Dr. J. L Pi&. 



136 



par cette expression, l'ancien butin des Marcomans 
(veteres praedae), il serait difficile de le dire. 
Mais il est sûr que la cachette la plus importante de 
cette époque, trouvée en Bohême, est celle de Pomokly, 
dont les quatre-vingt livres d'or constituent un trésor 
plus que royal et que renfermait un chaudron de 
bronze, paraissant appartenir au commencement de 
l'époque impériale romaine. En outre, les pièces 
composant ce trésor appartiennent au monnayage en 
circulation au temps de l'occupation du Hradischt. 
Peut-être est-il donc permis de conjecturer que la 
cachette de Pomokly, enfouie d'ailleurs sur l'unique 
route conduisant du Hradischt dans la direction de 
de l'ouest, soit une partie des veteres praedae des 
Marcomans, confiée à la terre par Catualda, lors de 
sa fuite. 

Contre cette hypothèse, on pourrait objecter que 
les monnaies d'or trouvées au Hradischt et à Pod- 
mokly correspondent par leurs types et leur poids 
au numéraire en circulation dans la région des Alpes 
orientales, alors qu'il n'est question dans aucun texte 
d'expéditions militaires engagées dans cette contrée 
par les Marcomans. Mais il serait permis de répondre 
que les veteres praedae des Marcomans pouvaient 
originairement se composer de captifs, et que ceux-ci 
auraient été vendus comme esclaves, en échange de 
monnaies d'or. Telle serait l'explication la plus simple 
du fait que des monnaies d'or, originaires de la région 
des Alpes orientales, se sont trouvées en si grand 
nombre dans la ville du Hradischt. 

Ajoutons enfin qu'au témoignage de l'archéologie, 
la civilisation du Hradischt, quels que soient son origi- 



nalité et son haut développement, n'a exercé aucune 
influence sur celle de la Bohême à cette époque et 
que Stradonitz forme à cet égard, dans ce territoire 
bohémien, une sorte d'île nettement délimitée. 

La population indigène s'était tenue à l'écart de 
cette ville, occupée par des guerriers marcomans et des 
négociants venus de la Oaule, et l'isolement de cette 
colonie militaire explique la facilité avec laquelle elle 
fut surprise par les assaillants. 

Il résulte donc de l'ensemble des constatations 
de l'archéologie que l'on peut identifier le Marobudum 
des textes historiques, avec le Hradischt de Stradonitz. 
Quant aux Marcomans qui l'occupèrent, il faut en- 
tendre par ce nom ethnique un corps de guerriers 
nommé pour la première fois par César comme faisant 
partie de l'armée d'Arioviste et conduit plus tard par 
Marbod du pays du Mein au Boiohaemum. 

A cette époque, au centre de la Bohême, c'est- 
à-dire dans la partie fertile de ce territoire, vivait une 
population qui incinérait ses morts. Vers la fin du 
temps de la suprématie de Marbod, elle noua des 
relations commerciales avec l'empire romain et en 
adopta les types industriels. Mais en étudiant ulté- 
rieurement, dans le volume suivant des Starozitnosti, 
la civilisation de ce peuple, nous constaterons qu'on 
ne saurait le confondre avec les habitants du Hradischt 
de Stradonitz ^'^). 



^^) Ce nouveau fascicule des Starozitnosti zemë Seské, 
! t. Il, 3, vient de paraître. Il porte pour sous-titre: iàrové 
I hroby v Èechâch a prîchod Cechu, Prague, 1905 (Sépul- 
I iures à incinération de la Bohême et apparition des Tchèques). 



Dnick von Emil Herrmann senior in Leipzig. 



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PI. I. 




Vue du Hradischt (côté méridional) 

d'aprôs un tableau de Oljîa Hlava. 




Vue à vol d'oiseau de la montagne du Hradischt 

d'après un modèle du Musée de Prapue. 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. II. 











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Monnaies (gr. nat.). 
Fig. 1—19, monnaies d'or; 20 — 21, monnaies saucées d'or; 22-25, monnaies plaquées d'or; 33, 34, 41, 43— 81_^ monnaies d'agent ;^ 

35—38, monnaies de bronze; 39, monnaie de potin. 
Le Hradischl de Stradonitz. 



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PI. III. 




Fibules (gr. nat.). 
Fig. 19, or; fig. 17, 18, 20, argent; fig. 1—16, 21—31, bronze; 32—33, fer. 



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Le Hradischt de Stradonilz. 



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F>l. IV. 



17. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Fibules de bronze (gr. nat). 



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PI. V. 





Fragments de bracelets en verre coloré (gr. nat). 



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Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. VI. 




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Le Hradischt de Stradonitz. 





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Grains de collier en verre coloré [gr. nat.;. 



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PI. VII. 



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Bagues, chatons de bagues, perles d'ambre et de verre coloré (^r. nat.). 
Le HradischI de Stradonitz. Digitized by 



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PI. VIII. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Grains de collier et fragments de bracelets en verre coloré (^r. nat.). 

Mus(-o do Vienne. Digitized by 



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PI. IX. 



^ ^ 




Bossettes de bronze (gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. X. 




Petits boutons de bronze et pendeloques en forme de rouelles (gr. nat.). r^- ■.■ 
Le Hradischt de StradoniU. ^igitized by 



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PI. XI. 




Le Hradischt de Stradonilz. 



Anneaux de bronze ornés de rangs de globules (gr. nat.). Digitized by V^TïOOvlC 



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PI. Xil. 




Garnitures de courroies en bronze et pendeloques ornées (gr. naL). 



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Le Hradischt de Slradonitz. 



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PI. Xill. 



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Le Hradischt de Stradonilz. 





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Petits ornements en bronze; fig. 3B, pendelogue ômaiilée (^t. nat). 



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PI. XIV. 



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Epingles, boutons et petites garnitures en bronze (^v. nat.)- 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XV. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Chaîne en bronze, éperon et objets divers ornés (gr. nat.). 
Muscle do Vienne. 



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PI. XVI. 




Le Hradischt de Slnulonitz. 



Peigne en bronze, garnitures ornées, etc. (izr. nat.). 
Musée de Vienne. 



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PL XVII. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Peignes en bronze et en os, pincettes, grattoirs, spatules (gr. naU. Digitized by 



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PI. XVIII. 








Perles et petits anneaux en bronze ('/, gr. nnt). 



Le Hradiscbt do Stradonilz. 



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PI. XIX. 




Agrafes de ceinture en bronze (gr. nat.)* 



Le Hradischl de Slradonilz. 



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PI. XX. 



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Figurines et pendeloques en bronze et en diverses matières (gr. nat.)- 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXI. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Fragments de vases en bronze, pendeloques et garnitures diverses (izr. nalj. 

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PI. XXII. 





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Cadre en os de tablettes de cire, agrafes, garnitures, etc. (gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXIil. 




Aiguillettes en bronze ornées; fi^r. 31, 32, manches de miroir (gr. nat). 



Le Ilradisclit de Stradonitz. 



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PI. XXIV. 




Aiguilles de bronze, instruments médicaux, etc. (gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXV. 




Le Hradischt de Stradonit/. 



Figurines de bronze, garnitures, etc. (gr. nal ). 
Musée de Vienne. 



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PI. XXVI. 




Le Hradischt de Slradonitz. 



Garnitures de bronze, etc. (gr. nat.). 
Musée de Vienne. 



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PI. XXVII. 




Chaînettes de bronze, petites balances, bracelets (gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXVIIL 




Le Hradisclit do Stradonilz. 



Fibules de bronze, fragment de miroir, bracelet, etc. (^r. nat.) 
Musée de Vienne. 



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PI. XXIX. 




Le Hmdischt de Stradonitz. 



Flèches, lances et javelots en fer (V, gr. nat.). 



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PI. XXX. 




Fragments de fourreaux d'épées et mors de bride en fer (gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXXI. 




I.o Ilnidischt de Slradonit/.. 



Eperons en bronze et en fer (^r. nat.). 



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PI. XXXII. 




Clefs en bronze et en fer (gi*. nal ] 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXXIII. 




Agrafes, boucles et fermoirs en fer (Vt gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXXIV. 




Couteaux et ciseaux en fer (*/2 gr. nat.). 



Le Hradischt de Stradonilz. 



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PI. XXXV. 




Le ^^adi^cIlt do Stradonitz. 



Objets de fer. Petits couteaux, fourches, pinces, marteaux, etc. l'/, gr. nat.l 

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PI. XXXVI. 




Petits marteaux de fer, petites pelles, etc. ('« gr. nat.)- 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXXVII. 




Outils de fer. Hachettes, faux, faucille, soc de charrue (V^t gr. nat.)- 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XXXVIII. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Objets de fer. Ciseaux, alênes, perçoirs, crocs, grappins, crampons, etc. (V, ^''•[Jj^jjjzed bv x^TïOOÇl^ 



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PI. XXXIX. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Objets de fer. CiseletSi manche de vase en bois et garnitures (gr. nat.). 

Musée de Vienne. Digitized by 



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PI. XL. 




Lo Hradischt de Stradonitz. 



Objets de fer. Fragments de chatnesi objets de suspensiorii etc. (gr. nat). 

Musée de Vienne. Digitized by 



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PI. XLi. 




Chaînes et chaînettes de fer (V2 gr. nat.). 



Le Hnidischt de Stradonitz. 



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PI. XLII. 






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Le Hradischt de Stradonitz. 



Manches en os pour poinçons, oiselets, etc. Grattoirs en os (V, ^r. naL). Diqitized bv^^^OOÇl^ 



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PI. XLIII. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Objets en os. Epingles, manchesi peigne, fragment de calotte crânienne ornée, etc. (^r 

Musée de Vienne. 



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PI. XLIV. 




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Le Hradischt de Stradonitz. 




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Objets en os. Petits disques ornés et dès A Jouer (*;, gr. nat.). 




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PI. XLV. 




Garrot avec trou de suspension, objets en os ornés, manches, petits anneaux, etc. ('U 



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Lo Hradischt de Stradonitz. 



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PI. XLVI. 




Le Uradischt de Slradonitx. 



Epingles à cheveux et ébauchoirs de potier lisses et dentelés ('/s ^c- i^^^)* 



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PI. XLVII 




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Le Hradisclil do Slradonitz. 



Objets en os. Epingles, aiguilles, burins, etc. (' ^ ?r. nut.). 



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PI. XLVIII. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Objets en os. Alênes, grattoirs, lances et Javelots (',, gr. nat). 



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PI. XLIX. 









Tessons de poterie peinte (' ^ '-'• "^i') 



[.0 Hrndischt (if Siradoiiil?.. 



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PI. L. 




Vases à liquides et écuelles ('/a ?r. nat). 



Le Uradischt de Stradonitz. 



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PI. LI. 




Vases divers (V3 ?i*- mit.; los fijr. 3 et G \\ ^r. nal.). 



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Le Uradischt de Stradonilz. 



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PI. LII. 




Tessons de vases ornés {\., ^r. nat). 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. LUI. 




Tessons de vases ornés {\^ ^r. nat). 



Le llradischt de Stradonitz. 



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PI. LIV. 




Z2. 



Tessons de vases ornés (V, gr. nat.)- 



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Le Hradisclit do Stradonit/.. 



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PI. LV. 




Le Hradischt de Stradonitz. 



Tessons de vases ornés {\^ gr. nat.). 
Musée de Vienne. 



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PI. LVI. 




Tessons de vases (V2 gr. "at/ 



Le Ilradischt de Slradonilz. 



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PI. LVII. 




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Fusaïoles en argile ('/. gr. nat) 



Le Hradischt de Stradonitz. 



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PI. LVIII. 




Fi;r. 1. Enduit de clayonnage; 2. scorie de fer; H. 13. creusets pour la fonte du bronze; 5, 6. languettes de bronze provenant de l'orifice 
d'un moule; 4, 12. plaques d'argile à fossettes; 8—11, couteaux en silex; 14—21. haches et marteaux de pierre; 7, 25, 28, poids; 26, 27, 

29—33, moules pour la fonte d'objets de bronze (• ^ «ir. nat). ^^^ 

Le Hradischt do Stradonitz. 



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