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LIVRE COMMODE
DES ADRESSES DE PARIS
TOME l"
OUVRAGES DU MEME AUTEUR.
Histoire de la Butte des Moulins, suivie d'une étude his-
torique sur les demeures de Pierre Corneille à Paris,
avec deux vues de la Butte en ijji et 1652. Beau
volume in-i8, papier vélin. j fr. jo
Le Vieux Neuf. Seconde édition, refondue et considérable-
ment augmentée. 3 vol. gr. in-i8. 15 fr.
L'Esprit des autres. 5' édition refondue et considérable-
ment augmentée, i vol. in-i8. (Sous presse.)
Imprimerie Gouverneur, G. Daupeley à Nogent-le-Rotrou
Caractères elîeviriens de la Librairie Daffis.
LE
LIVRE COMMODE
DES ADRESSES DE PARIS
POUR 1692
par
ABRAHAM DU PRADEL
(NICOLAS DE BLEGNy)
Suivi d'appendices,
précédé d'une introduction, et annoté
par
EDOUARD FOURNIER
Tome P'
PARIS
Paul DAFFIS, éditeur-propriétaire
DE LA BIBLIOTHÈQUE ELZEVIRIBNNB
7, rue Guénégaud
M DCCC LXXVIII
/.
,^%M^^-^^*\y ,
INTRODUCTION.
es guides, les ciceroni dans les gran-
des villes sont aussi anciens qu'elles.
Nous n'en connaissons pas une, du
moins, parmi les plus célèbres, qui
n'ait eu les siens.
Athènes et Corinthe offroient aux étrangers
qui les visitoient tout un collège d'exégètes
(conducteurs^, « dont la charge, lisons-nous
dans les Mélanges publiés sous le nom de Vi-
gneul Marville', étoit de leur faire voir ce qu'il
y avoit de curieux, de leur expliquer les inscrip-
tions anciennes et tout ce qui concemoit ce
genre d'érudition. »
I. T. II, p. 217.
vj Introduction.
Pausanias n'a eu garde de les oublier. Ils
avoient dû, en effet, lui être fort utiles pour le
renseigner sur les détails d'art et d'antiquité que
recherchoit surtout sa curiosité de voyageur.
L'Itinéraire, qu'il rédigea au retour, est rempli
de ce qu'il recueillit à leur suite. On y trouve,
à chaque page de ses dix livres, une trace de
leurs renseignements. Aussi cette première rela-
tion d'un Voyage en Grèce n'est-elle, elle-même,
comme on l'a justement remarqué', qu'une sorte
de guide du touriste.
De Rome, où, comme à Pompeï, les affiches
étoient d'ailleurs en usa^e 2, il nous est resté,
pour la ville même, distribuée par régions, deux
de ces « guides, » l'un de Publius Victor, l'autre
plus incomplet attribué à Sextus Rufus. Les
indications n'y sont que sommaires, mais d'une
multiplicité de détails surprenante. Il n'y est
fait grâce ni du plus petit temple [sdicula), ni
d'un bain, ni d'un arbre, si peu qu'il fût con-
sacré, etc., etc.
Pour compléter ces « guides w écrits et em-
pêcher qu'on ne s'égarât dans le labyrinthe de
curiosités qu'ils vous ouvroient, il y avoit ce
qu'on appeloit des nomenclatures i, sortes de
guides parleurs et bavards, qui — leur nom le
disoit — vous faisoient la liste, vous dressoient,
de mémoire, « la nomenclature, «nom par nom,
de toutes les personnes de distinction qui pas-
soient, et vous animoient ainsi la rue ou la
1. Biog. ginèr., t. XXXIX, p. 41 j.
2. V. Le Vieux-neuf, 2" édit., t. Il, p. 64, note; et 94-
3. Ciccro, ad Atticum, hb. iv.
Introduction. vij
place, dont ils vous montroient les monuments.
De cette façon , ils n'expliquoient pas seulement
le tableau, ils y mettoient les personnages.
Les riches patriciens avoient de ces « nomen-
clateurs » parmi leurs esclaves. Ils leur faisoient
tenir pour eux une sorte d'almanach des adresses,
où figuroient, avec les gens composant leur
« clientèle, « les nombreux amis que leur avoit
tout naturellement attirés la richesse.
L'usage de ces esclaves dresseurs de listes
existoit depuis longtemps chez les rois d'Asie,
et c'est de là qu'il étoit venu à Rome. Sénèque
ne le condamna que plus sévèrement dans un de
ses traités, où cet étalage de clients et d'amis ne
lui semble qu'une ostentation de cour :
« C'est, dit-il ', une vieille coutume des rois
ou de ceux qui imitent les rois, de faire enregis-
trer un peuple d'amis. »
A côté du renseignement curieux, l'étranger
pouvoit, dans les villes grecques, trouver le ren-
seignement utile. Etoit-ce un Corinthien de pas-
sage à Athènes, ou un Athénien à Corinthe? Il
trouvoit chez le chargé d'affaires de sa ville tout
ce qui pouvoit l'empêcher de s'égarer ou d'être
pris pour dupe. Le gite même, s'il arrivoit avec
une mission de ses concitoyens , lui étoit fourni
par ce fonctionnaire — nous allions presque
dire ce consul — complaisant et hospitalier 2.
On l'appeloit Proxène, mot que reprirent les
Romains pour en faire celui de Proxeneta, qui
n'eut que plus tard le sens déshonnête qu'il de-
1. De Bentficiis, lib. VI, cap. 33.
2. Boeckh, Economie politique des Athéniens, t. I, p. 388.
viij Introduction.
voit prendre et que nous avons laissé à son
dérivé proxénète.
D'abord, le proxeneta n'étoit à Rome qu'une
sorte de courtier en marchandises, un intermé-
diaire, intercessor, comme dit Apulée, entre
l'acheteur et le vendeur. Il s'entremettoit pour
les affaires de change, qui ont toujours tant im-
porté aux étrangers. Il né^ocioit même pour
eux ou pour les clients urbains, des emprunts à
intérêts'. En ce cas, il prenoit le nom spécial de
pararius^. De tout cela, il formoit un ensemble
d'affaires, auxquelles on avoit donné le nom
particulier de proxenetica, et que la loi recon-
noissoit comme légales : Proxenetica, lit-on dans
le Digeste?, jure licito petuntur.
Malheureusement d'autres trafics s'y mêlèrent
peu à peu pour primer honteusement les pre-
miers. Le proxénétisme devint ce que nous l'in-
diquions tout-à-l'heure. Les proxénètes finirent
par n'être plus que des entremetteurs, des cour-
tiers de débauches.
D'autres agents, les prosagogues qui s'étoient
faits, comme les exégètes, mais avec moins de
savoir, les interprètes et les conducteurs des
étrangers, tombèrent aussi, par l'abus de leur
métier, dans une infamie qui n'étoit pas moins
dégradante. Ils se firent espions et délateurs.
S'ils renseignoient d'un côté ceux qui en toute
confiance les prenoient pour guides, de l'autre
ils donnoient sur eux et contre eux des rensei-
1. Sénèque, Epitrt 119.
2. Id. Des bienfaits, liv. III.
3. Liv. 50, tit. 14, loi I".
Introduction. ix
gnements à la police. Plutarque s'en est plaint
dans la Vie de Dion.
A l'époque même, où ils n'en étoient pas en-
core là, et s'en tenoient aux choses permises de
leur profession d'interprètes et de « donneurs
d'indications, » ils n^avoient pas semblé au
grand philosophe de la vie pratique, Aristote,
d'une utilité suffisamment étendue et sérieuse.
Pour qu'il fût possible à chacun de s'éclairer
sur ce qui importoit à son travail ou à ses affaires,
il eût voulu plus et mieux que ces proxénètes et
ces prosagogues : « Il est nécessaire, dit-il, dans
sa Politique', qu'il existe quelque chose, où le
peuple se puisse renseigner, et perde ainsi tout
prétexte d'être oisif. »
Un peu plus haut, dans le même traité >, il
avoit ait : « On convient que, dans une répu-
blique bien constituée, ce qui est nécessaire à
chacun doive être en évidence. Mais comment y
parvenir ? Ce n'est pas facile. »
Il fallut, en effet, bien des siècles encore,
pour trouver la solution du problème.
Au moyen-âge, l'utilité s'éclairant par la cha-
rité qui fut sa vraie lumière, il y eut quelques
bonnes tentatives et quelques progrès. Dès le
xi* siècle, par exemple, les pauvres filles en
quête de conditions surent où se renseigner pour
en trouver une, et en même temps, qui mieux est,
n'eurent plus à chercher le refuge où elles pour-
roienl l'attendre : les bonnes sœurs de l'Ostel-
lerie Sainte Opportune, ou Catherinettes , leur
1. Liv. IV, ch. 15.
2. Id. Liv. III, ch. 7.
X Introduction.
offroient à la fois les renseignements et le gîte'.
En i3?o, autre fondation d'une charité tout
aussi hospitalière et plus maternelle encore. Les
nourrices de la campagne ne savoient pas, en
venant à Paris, comment trouver des nourris-
sons, et les mères n'ignoroient pas moins de
quelle façon se procurer des nourrices. L'éta-
blissement dont nous voulons parler y pourvut,
en satisfaisant les unes et les autres.
La nourrice du fils du roi, alors régnant, Phi-
lippe VI, avoit quatre grandes filles. On leur
créa quatre offices, qui constituoient à chacune
le privilège de tenir un bureau, où mères et
nourrices pussent se présenter pour s'entendre^.
On les appela Commanderesses , ou mieux
Recommanderesses, mot qui étoit moins nouveau
que leur office. Il servoit déjà depuis quelque
temps à désigner certaines femmes qui fai-
soient une concurrence active, mais non gra-
tuite, aux Catherinettes, pour le placement des
servantes.
Nous en trouvons deux dans le registre de
la Taille, de 1292, et, un peu plus tard, elles
furent assez nombreuses pour donner leur nom
à la partie de la rue de la Vannerie qu'elles
occupoient du côté du carrefour Guillori ? .
Toute pauvre fille une fois placée par ces
Recommanderesses, leur payoit un droit sur ses
1 . Piganiol de la Force, Descript. de Paris, t. II, p. 149 ;
H. Bordier, les Eglises et les Monastères de Paris, 18} 6,
in-i2, p. 23.
2. Hurtaut et Magny, Dict. hist. de la ville de Paris,
t. IV, p. 216-217.
3. Voir ce qui en est dit plus loin.
Introduction. xj
premiers gages, tandis qu'en sortant de rOstel-
lerie Sainte Opportune, elle n'auroit eu qu'à dire
merci à Dieu et aux bonnes sœurs.
Où celles-ci mettoient la charité, les recora-
manderesses mettoient le courtage.
Il commençoit, du reste, alors à fonctionner
sous toutes les formes, dans presque tous les
métiers, même ceux où il étoit inutile. Estienne
Boileau eut donc soin d'exclure ceux qui en
étoient les agents, c'est-à-dire « les couratiers, »
partout où il ne les trouva pas indispensables :
« El mestier devant dit, écrit-il en pareil cas,
ne puet ne ne doit avoir nul courratier'. »
Ils n'en furent ni moins nombreux, ni surtout
moins tenaces, pour tâcher de se faire une double
proie, aux trousses du vendeur et de l'acheteur.
Il n'est pas de trafics où on ne les trouve.
Dans chaque négoce, se faufilent c< proxe-
nettes-couratiers, comme il est dit dans le
Coustumier général, et autres commis à vendre
marchandises à eux confiées 2. » Veut-on, par
exemple, pour entrer en campagne, ou seule-
ment pour quelque passe d'armes, un bon cheval
qui se puisse monter sans retard .f* Désire-t-on
une belle haquenée dont on puisse faire présent ?
Le courtier est là qui vous les procure, et qui
« moyenne, » comme on disoit, le marché.
« Alors, lisons-nous dans VHystoire du petit
Jehan i y à propos des palefreniers et maréchaux
du roi auxquels, en arrivant, il s'étoit adressé,
1. Est. Boileau, Lrne des Mestiers, p. 149.
2. T. I, p. 899.
3. Edit. Guichard, p. 69.
xij Introduction.
alors envoyèrent auérir les plus souffisants et
féables couratiers de chevaux, et se informèrent
des plus belles hacquenées qui fussent à Paris. »
Les mariages mêmes déjà n'échappoient point
à ces courtages, et les moines, disoient les mau-
vaises langues, s'en mêloient quelquefois. Ils se
faisoient « moyenneurs de mariages, » pour
nous servir d'une expression de Philippe de
Commines'. Une satire contre les Dominicains,
que cite Du Gange*, le leur reproche, ainsi que
d'autres petits trafics de même sorte :
De maint marchié sont couratiers
Encor plus ils sont curatiers
De mariages.
Dans tout cela, si ce n'est pour ce qui inté-
ressoit les servantes, à l'isolement desquelles
pourvoyoit si naturellement l'œuvre des Cathe-
rinettes, il n'y avoit pas eu d'avantages nouveaux
et surtout désintéressés en faveur du public.
Il lui manquoit toujours, lorsqu'il cherchoit à
se renseigner sur ce qui lui importoit pour ses
besoins ou ses affaires, ce qui lui avoit manqué
du temps d'Aristote.
L'idée et les vœux de celui-ci restoient ainsi
pleinement à satisfaire, lorsqu'au xvi* siècle, un
homme du meilleur sens, le père de Montaigne,
s'en occupa, croyant, d^ailleurs, qu'on ne l'y
avoit pas devancé. Il ne les réalisa pas, même
par un commencement de mise en pratique;
mais grâce à l'autorité de son fils qui eut l'excel-
lent esprit d'en parler dans ses Essais, et d'in-
1. Liv. m, ch. 8.
2. Nouv. édition, au mot corraterius.
Introduction. xîîj
sister sur ce qu'il y avoit là de nécessaire,
la voie cette fois leur fiit ouverte, et quelqu'un,
comme nous le verrons, éclairé, guidé par ce
qu'il en avoit dit, se trouva enfin pour les faire
passer du projet à l'application.
C'est au chapitre 54 de son i^f livre publié en
1 5 80, que sous ce titre : D'un défaut de notre
police, Montaigne nous a entretenus des idées
de son père sur ce point, sans savoir plus que lui
du reste qu'il y avoit eu Aristote pour précurseur.
« Feu mon père, dit-il, homme pour n'estre
aidé que de l'expérience et du naturel, d'un
jugement bien net, m'a dit autrefois qu'il avoit
désiré mettre en train, qu'il y eust es villes cer-
tain lieu désigné, auquel ceux qui auroient be-
soin de quelque chose se peussent rendre, et
faire enregistrer leur affaire à un officier estably
pour cet effect : comme je cherche à vendre des
perles, je cherche des perles à vendre, tel de-
mande un ouvrier, qui ceci, qui cela chacun
selon son besoin, et semble que ce moyen de
nous entr'advertir apporteroit non légère com-
modité au commerce public; car à tous coups il
y a des conditions qui s'entrecherchent, et, pour
ne s'entendre, laissent les hommes en extrême
nécessité. J'entends avec une grande honte de
notre siècle. »
A ce propos, prenant alors l'idée par ce qu'elle
a de plus élevé et de plus charitable, il laisse
tout ce qui peut y intéresser le commerce, et ne
voit que ce qui s'y trouveroit d'avantages pour
ceux que, malgré leur mérite, la misère tue,
les moyens leur manquant pour faire connaître
que ce mérite est sans emploi.
xiv Introduction.
Il cite, comme exemples, deux savants, l'un
d'Allemagne, l'autre d'Italie, morts ainsi, dit-il,
« en Testât de n'avoir pas leur saoul à manger,
et, ajoute-t-il, croy qu'il y a mil hommes qui
les eussent appelez avec très-avantageuses con-
ditions, ou secourus où ils estoient s'ils l'eussent
sçu. »
Il ne croit pas, en parlant ainsi, trop présumer
du monde, « qui n'est pas, dit-il, si généralement
corrompu. » Il se porte d'ailleurs garant que son
père n'eût pas autrement agi. Quant à lui-même,
en toute franchise, il avoue qu'il n'y eût peut-
être pas été si empressé : a En la police œcono-
mique, dit-il, mon père avoit cet ordre, que je
sçay louer, mais nullement ensuivre. »
Il n'y avoit guère en ce temps, sans journaux,
que les livres pour répandre les idées, et comme
beaucoup ne paroissoient que pour être oubliés,
et déjà lettres mortes, ce qu'ils dévoient faire
connoître restoit comme eux inconnu. Les Essais,
par bonheur, ne dévoient pas être de ces mort-
nés de la philosophie. Le succès fut très-vif, tant
pour le livre et ses merveilleuses fantaisies de
forme et d'allures, que pour ce qui s'y animoit de
ces allures, et s'y revêt oit de cette forme.
Tout germa, tout fructifia de ce qu'il portoit
comme semence. Deux ans après qu'il eut paru,
nous voyons, par exemple, publier à Genève un
petit livret de renseignements, qui pourroit bien
déjà n'être qu'une variante de ce que Montaigne
avoit demandé. Il vouloit, lui, qu'en arrivant
dans une ville, chacun pût savoir où trouver ce
qu'il lui faut. Le petit livret dont nous parlons,
prenoit l'idée à revers. Il vous renseignoit sur
Introduction. xv
tout ce dont il faudroit se garder en s'aventurant
dans les boutiques. C'étoit arriver au même but,
mais par le côté contraire, comme on arrive à
l'orthographe par la cacographie.
Voici le titre, qui, tant il est net, nous dis-
pensera de plus longues explications :
Le Livre des Marchands, fort utile à toutes gens
pour cognoisîre de quelles marchandises on se doit
donner garde d'estre deceu. Genève, 1 582, in-24.
Sous Henri IV, ce fut mieux. L'homme à pro-
jets du règne, Barthélémy de Laffemas, « tailleur
varlet de chambre du roy, » comme il aimoit à
se qualifier ' , auquel l'industrie et le commerce
de son temps durent tant de progrès^, et en
auroient dû bien davantage, si le roi n'eût pas
été tué, s'inspira de l'idée même de Montaigne,
et en fit le point de départ d'un établissement,
qui auroit pu complètement et très-largement la
réaliser.
Ce fut, malheureusement, parmi ses projets,
un de ceux qui ne survécurent pas au roi qui
protégeoit et qui encourageoit Laffemas. Cet
appui manquant, il n'y donna pas suite. Comme
la plupart des autres, il le laissa oublier, et l'on
n'en sauroit même rien, si, après sa mort, son
fils Isaac, le même c^ui fut le grand justicier de
Richelieu?, n'en avoit pas parlé dans le traité
où, sous ce titre : Histoire du Commerce de
1. Variitis hist. et litt. de la Biblioth. Elzéririenne ,
t. vil, p. 303.
2. Id. Ibid.
3. Id,, t. X, p. i8.
I
xvj Introduction.
France, il ne fait guère que l'apologie historiée
des projets de son père ' .
Il ne dissimule pas pour celui-ci que l'inspi-
ration lui en avoit pu venir de Montaigne « que
l'on tient, dit-il 2, avoir eu d'aussi heureuses et
fortes conceptions qu'homme du monde. » Laf-
fémas n'avoit fait que développer et étendre ;
mais, cela, suivant son fils, en de telles pro-
portions, que le projet en étoit devenu ce qu'il
pouvoit y avoir de plus profitable pour l'intérêt
du commerce.
Plus de difficultés dès lors, plus d'entraves.
Les affaires, que d'utiles renseignements éclairent
de partout, se font d'elles-mêmes, aussi bien sur
place que par correspondance, car Laffémas n'a
pas limité à une seule ville, à Paris, les bienfaits
de sa fondation. Il veut que l'Europe, que le
monde entier, s'il se peut, en profite.
Son fils, qui reprend l'idée, ne la voit pas
autrement. Il s'enthousiasme de cet accord uni-
versel entre tous les trafiquants de l'Univers; il
ne voit rien qui puisse y faire obstacle, si les
Bureaux dont son père a conçu l'idée d'après
celle du père de Montaigne, peuvent enfin
s'établir :
« J'attends cela, dit-il 3, de l'invention des
Bureaux publics, qui défaillent seuls à la facilité
de nostre commerce pour le rendre à sa perfec-
tion, bureaux, autant nécessaires à l'utilité pu-
1. Cimber et Danjou, Archives curieuses, 1" série, t. XIV,
p, 409-4ÎO.
2. Id., p. 424.
}. Id., p. 423-424.
Introduction. xvij
blique et commodité des particuliers, que tout
ce qu'on a inventé pour cet effet.
« Je veux, ajoute-t-ii, signaler cette proposi-
tion entre les plus belles que mon père ait jamais
faites, pour la première, plus utile, et de plus
grande importance ; aussi est-ce un remède ta-
cite à une infinité d'abuz, et un préservatif
contre la ruine de notre commerce, outre tant
de diverses particularitez que cela demanderoit
autant d'histoires, auxquelles toutesfois fau-
droient et le papier et le temps.
« Il me suffira de dire que seront certaines
correspondances que les agents publics auront
par toutes les villes, pour faire gérer et négocier
toutes sortes d'affaires, qui leur seront volon-
tairement et sans contrainte apportées en leurs
bureaux. »
Cela étoit écrit en 1606. Trois ans après,
l'idée reparoissoit, mais sous une autre forme,
celle d'une feuille de publicité, comme nous
dirions, qui devoit répandre dans le public, ce
que d'après le système de Laffémas, on eût été
obligé d'aller chercher dans ses Bureaux.
C'est sous le nom de Gazette, employé là pour
la première fois, que cette feuille d'annonces
devoit paroître. Viollet-le-Duc possédoit le seul
livret qui en fut publié, et dont la rareté est
telle, que jamais on n'en a vu que son exem-
plaire ' .
Cette Gazette est en rimes, comme il y en eut
tant d'autres plus tard, et comme il en couroit
déjà de manuscrites. Où la prose n'eût pas été
I. Brunet, Manuel du Libraire, t. II, col. 1515.
Livre commode. b
xviij Introduction.
permise aîors, on toléroit ainsi les vers, surtout
lorsque, comme ici, ils ne prenoient pas l'allure
trop sérieuse de l'alexandrin.
Dès son titre, la Gazette, dont nous allons
faire rapidement l'analyse, d'après celle qu'en a
donnée ViolIet-le-DuC, se déclare on ne peut
mieux renseignée de partout, sur les hommes et
sur les choses :
La Gazette en ses vers
Contente les cervelles;
Car de tout l'Univers
Elle reçoit nouvelles.
On y semble savoir ce que désiroient le père
de Montaigne et Barthélémy de Laffémas. Tout
ce qu'ils n'ont vu qu'en utopie, on y satisfait,
on le réalise :
La Gazette a mille courriers
Qui logent partout sans fourriers.
Il faut que chacun luy réponde
Selon sa course vagabonde
De ça, delà diversement,
De l'Orient en Occident
Et de toutes parts de la sphère,
Sans laisser une seule affaire
Soit d'Edit, de Commissions
De diiels, d'exécutions
De pardons pleniers et de bulles,
D'ambassadeurs venus en mulles
De morts subites de seigneurs
Pour estre trop grands besogneurs
Des livres de maître Guillaume....
Quoi qu'il en soit rien ne s'oublie
Car la Gazette multiplie
Sans relasche ses postillons
Vistes comme des Aquilons....
I. Bibliothèque poétique, 1845, in-8, p. J49"Î50'
Introduction. xuc
Les modes auront leur chapitre, tant pour les
hommes que pour les femmes.
Les uns apprendront de quels « points » ou
dentelles il sied de se parer, et quel air il faut
donner , en la portant, à « la roupille » ou cape
à l'espagnole :
La Gazette en cette rencontre
Comprend les poincts plus accomplis,
Les courtes chausses à gros plis,
Les gauches détours des roupilles, etc.;
Les autres, pour lesquelles le détail est plus
étendu et plus galant, trouveront où s'aller four-
nir de ce qui intéresse la coquetterie :
.... Les méthodes,
Les inventions et les modes.
Des cheveux neufs à qui les veut.
Fausses gorges à qui ne peut,....
Nœuds argentez, lassets, escharpes,
Bouillons en nageoires de carpes,
Porte-fraises en entonnoir,
Oreillettes de velours noir,
Doubleures aux masques huilées,
Des mentonnières dentellées,
Des sangles à roidir le buse,
Des endroits où l'on met le musc.
Tout cela — le ton le dit assez — n'étoit que
pour rire. Cette Gazette semble n'avoir paru que
pour se moquer de ce que pourroit être un jour-
nal de faits, d'avis et d'affaires, qui paroîtroit
régulièrement. C'est ce qui, — de même que la
mise à exécution si longtemps attendue de l'idée
de Montaigne et de Laffémas, — ne tarda guère.
Dès 1612, Théophraste Renaudot, médecin
du Roi, se disant grand ami des pauvres,
étoit en instance près de la Reine-mère, tant
pour obtenir le privilège d'une Gazette que pour
XX Introduction.
avoir, par privilège aussi, permission d'ouvrir
des Bureaux d'adresses; il complétoit ainsi une
fondation par l'autre.
Les Bureaux furent la première.
Elle devança l'autre d'une année. A peine
Renaudot en avoit-il émis le projet^ qu'il recevoit
l'approbation royale. Ce n'étoit malheureusement
qu'un premier pas. Cinq ans se passèrent avant
qu'il pût en faire un second. L'approbation royale
étoit du 14 octobre 16 12, il n'eut que le 50 oc-
tobre 1617 l'approbation du Conseil. II fallut
ensuite aller devant le Parlement pour obtenir
arrêt de jouissance. Les démarches traînèrent,
avec une formalité par étape, du 30 octobre 1 6 1 7
au 3 février 161 8, et du 16 février 1618 aux 28
février et 22 mars 1624.
Ce n'est pas tout, quand le Parlement eut
approuvé, une nouvelle halte fut nécessaire pour
attendre la déclaration royale. Elle n'arriva que
quatre ans après, le 31 mars 1628. Enfin, Re-
naudot touchoit à son privilège, mais il fallut,
pour qu'il l'eût en main, plus de quatorze mois
encore. Il n'est daté que du 8 juin 1629.
C'est à la fin de cette année qu'il ouvrit, je
ne dirai pas son, mais ses Bureaux. Lui-même,
en effet, nous donne à entendre qu'il en avoit
plusieurs, par- la façon dont il fait connoître son
adresse, à la fin du titre de la brochure gr. in-4°
de 34 pages, qu'il publia aussitôt pour mettre
son idée au grand jour :
« Inventaire des addresses du Bureau de rencontre ,
où chacun peut donner et recevoir advis de toutes
les nécessitez et commoditez de la vie et société
humaine, par permission du Roy contenue en ses
Introduction. xxj
brevets, etc. Dédié à Ms' le Commandeur de la
Porte, par T. Renaudot, médecin du Roy, à
Paris, à l'enseigne du Coq, rue de la Calandre,
sortant au Marché neuf où l'un desdits bureaux
d'addresse est estably. »
Dans la longue préface, dont il fit précéder
cet « inventaire, » et que reproduisit le Mercure
français de l'imprimeur Richer', seul journal
qu'il y eût alors, il avoue, tout en exposant son
idée, à quelles sources il l'a prise. Il la déclare
« fondée sur l'autorité d'Aristote; » il invoque
aussi celle du sieur de Montagne [sic] « pour
servir de preuve, dit-il, au bien qui en revien-
dra. »
C'est en faveur des pauvres gens surtout qu'il
veut que ce bien se produise. En cela, « Mes-
sieurs de la Ville » l'ont compris, puisqu'ils lui
ont donné leur approbation, et Messieurs de
l'Hôtel-Dieu de même, qui_, le 28 janvier 1628,
lui ont accordé leur patronage.
Renaudot est médecin, et ne l'oublie jamais.
C'est ce qui lui a fait rechercher, et sans doute
aussi obtenir cette protection de l'Hôtel-Dieu.
L'indication des remèdes qu'il aura, d'ailleurs,
soin de choisir parmi les plus efficaces, sera
pour une bonne part dans les annonces qu'il
fera, et dont il complétera le détail à ceux qui
voudront bien venir se renseigner au « Bureau
d'adresse. »
Par une singulière rencontre, Blegny, le faux
Abraham du Pradel, dont nous publions le vo-
lume, s'occupoit aussi — nous ne le verrons que
I. T. XXII.
xxij Introduction.
trop bientôt — de remèdes de toutes sortes.
S'il publia son Livre commode, ce fut avant tout
pour les faire connoître, de même que Renaudot
n'établit en grande partie ses bureaux, nous en
jurerions, que pour donner de la publicité aux
siens ' . Ainsi les deux premières sources de ren-
seignements qui se soient ouvertes pour le pu-
blic, seront parties du même point vers un but
identique.
Renaudot, le médecin, pour trouver l'emploi
de sa science et de ce qu'elle possédoit, fonde
le Bureau d'adresse; Blegny, l'apothicaire, pour
faire connoître et placer ses marchandises d'em-
pirique, crée l'Almanach des adresses.
Renaudot n'avoua qu'à mots couverts, on le
comprend, cette particularité tout égoïste de sa
fondation. La charité en fut le but le plus en
vue. Venir en aide aux pauvres sans ouvrage,
voilà, nous l'avons dit, voilà surtout ce qu'il
veut. Il reprend aussi, mais plus largement et à
poste fixe, la mission des proxènes antiques et
des cour aller s du moyen-âge, mais cela sans
vouloir faire concurrence à ceux qui, de son
temps, pouvoient encore avoir des métiers pa-
reils. Loin de chercher à les gêner, il les aidera :
son bureau, dit-il, « sera commode même aux
entremetteurs et proxenettes. »
Il va de soi que ces mots sont pris par lui
dans le sens le plus honnête.
Ensemble, eux et lui serviront de guides aux
1 . V. notamment à ce sujet dans le Sommaire du cha-
pitre de l'Inventaire des addresses du Bureau ou table de
Rencontre, les chap. XYI-XVIII.
Introduction. xxiij
nouveaux venus de l'étranger et de la campa-
gne, dont Paris, s'ils ne savent comment s'y
retrouver, épuise si vite les ressources.
Il se dévouera plus qu'aux autres encore à ces
imprudents des villages et des champs qui s'y
risquent à l'aventure, sans prévoir que les pires
dangers les attendent à l'arrivée :
« Ils accourent à trouppes en cette ville, qui
semble être le centre et le pays commun de
tout le monde, sous l'espérance de quelque
avancement, qui se trouve ordinairement vaine
et trompeuse : car ayant despencé ce peu qu'ils
avoient au payement des bienvenues et autres
frais inutiles ausquels les induisent ceux qui
promettent de leur faire trouver employ, et aux
desbauches qui s'y présentent d'elles-mêmes
auxquelles leur oisyveté donne un facile accez,
ils se trouvent accueillis de la nécessité avant
qu'avoir trouvé maistre : d'où ils sont portés à
la mendicité, aux vols, meurtres et autres
crimes énormes Au lieu qu'ils pourront
désormais une heure après leur arrivée en cette
ville, venir apprendre au Bureau s'il y a quelque
employ ou conditions présentes, et y entrer
beaucoup plus aisément qu'ils ne feroient après
avoir vendu leurs hardes ; ou, n'y en ayant
point, se pourvoir ailleurs. Ce qui fera discerner
plus facilement les fainéants et gens sans adveu,
pour en faire la punition qu'il appartiendra. »
Combien en coûtoit-il pour aller se renseigner
chez Renaudot, et pour faire inscrire sur son
registre l'emploi qu'on désiroit, la marchandise
qu'on vouloit acheter ou vendre, la maison qu'on
cherchoit à louer, et jusqu'à la femme ou au
xxiv Introduction.
mari, dont il pouvoit vous pourvoir, car la va-
riété de ses indications s'étendoit à toutes ces
choses? Il a oublié de nous l'apprendre, mais
nous l'avons su autrement.
Pendant le second carnaval, c'est-à-dire celui
de 163 1, qui suivit l'installation du Bureau de
rencontre, lequel, on le pense bien, avoit, comme
invention nouvelle, fait événement, un faiseur
de a ballets, » sortes de pièces, moitié dansées,
moitié chantées, où tous les à-propos étoient
volontiers saisis, s'avisa de prendre pour types
Renaudot et ses clients. Il le fit assez habilement
pour que le Roi demanda que la représentation
fût donnée devant lui ; et aussi, — ce qui étoit
un succès peu commun, — pour que la pièce
après avoir été chantée et dansée fût imprimée.
En voici le titre : Ballet du Bureau de rencontre
dancé au Louvre devant Sa Majesté, Paris, Julian
Jacquin, 1631, in-8°'.
Le Maistre du Bureau avoit, cela va de soi,
l'un des principaux rôles. Il commençoit par un
récit en trois couplets, dont nous vous devons
au moins le premier, car c'est là que se trouve
le détail sur le prix des consultations oublié
dans la préface ae Renaudot. Il étoit, comme
on va le voir, des plus modiques :
Filles, qui cherchez maris,
Beaux garçons qui cherchez femmes,
Voici l'unique à Paris
Pour satisfaire vos âmes ;
I . Les vers furent publiés à part, la même année, sous
ce titre : Vers du ballet du Bureau des addresses, 1631,
in-4° ; ils ont été reproduits dans la publication de J. Gay,
Ballets et mascarades de Cour, 1869, in-i2,t. IV, p. 175.
Introduction. xxv
Donnez trois sols tant seulement
Vous aurez contentement.
Quelques couplets d'avant-propos adressés
aux Curieux, avoient avec une assez gaillarde
bonhomie expliqué le secret de l'affaire, où, en
payant si peu, Ton pouvoit tout apprendre. C'est
la préface même de Renaudot résumée en rimes :
En ces lieux il vient d'arriver
Un homme qui sçait tout trouver.
Et chez qui de tout se fait montre ;
Sans dire ni quoy ni comment,
Son registre ne faut, ne ment;
Il tient le bureau de rencontre.
Par luy vous aurez des laquais
Et pour faire de bons acquêts,
Vous sçaurez les terres en vente,
Les offices à résigner.
Les deniers qui sont à donner
Et prendre à interests ou rente.
Aussi vous serez advertis
Qu'il enseigne les bons partis
Pour assortir un mariage,
Et fait, comme bien entendu,
Retrouver ce qu'on a perdu,
Fors des filles le pucelage.
Pour les femmes il est adroit
A leur trouver en bon endroit
Nourrice ou ser\'ante à les suivre.
En son fait, il est diligent.
Et ne couste guère d'argent
A se faire escrire en son livre ' .
Tout cela n'est que de la vérité en riant. Re-
naudot, en son bureau, vous pourvoyoit réelle-
I . Il parut une nouvelle édition de ce livret l'année sui-
vante, avec des preuves de la reconnoissance de Renaudot :
Ballet du Bureau de rencontre, ensemble le remerdment du
maître du Bureau d'Adresse, à ceux qui dansent son ballet,
1632, in-i2.
xxvj Introduction.
ment, si pour trois sous on vouloit bien s'adresser
à lui, de tout ce qui vient d'être ici annoncé aux
curieux.
On a connu la diversité des renseignements
dont il disposoit, et Tordre avec lequel il en
tenoit registre, par la découverte et la repro-
duction ' que nous fîmes, il y a quelques années,
de l'une des feuilles qui, ajoutant une publicité
de plus à son établissement, en étoient, pour
ainsi dire, les petites affiches.
Il en sera parlé un peu plus loin dans une
note 2.
Ces feuilles, qui paroissoient tous les trois
mois — celle que nous avons publiée est la
quinzième — complétoient pour Renaudot non-
seulement son Bureau d'adresse ou de publicité,
comme nous dirions, mais aussi son autre fon-
dation, la Gazette, qui, à partir de i6^i, c'est-à-
dire un an après que ce Bureau eut été fondé,
marcha de pair avec lui.
Lorsqu'un événement n'avoit pas assez d'im-
portance pour figurer dans la Gazette, ou exigeoit
un récit trop développé pour qu'il y pût trouver
place, Renaudot l'ajournoit jusqu'à sa prochaine
feuille d'annonces. Il l'y publioit en tête, et les
petites affiches venoient à la suite avec tout leur
détail.
Pour cette Quinziesme feuille du Bureau
d'addresse, datée du i^' septembre 1633, c'est
le récit du Duel signalé d'un Espagnol et d'un
Portugais qui marche en avant. Puis viennent
1. variétés histor. et litt., t. IX, p. 51 et suiv.
2. P. 9-10.
Introduction. xxvij
les annonces les plus diverses : Terres seigneu-
riales à vendre; Maisons et héritages aux champs
en roture à vendre; Maisons à Paris à vendre;
Maisons à Paris à donner à loyer; Maisons à
Paris qu'on demande à prendre à loyer ; Rentes
à vendre, Bénéfices à permuter, Offices à ven-
dre; Meubles à vendre, et enfin Affaires meslées,
où se trouve en effet le pêle-mêle de demandes
ou de propositions le plus singulier et le moins
attendu.
On demande par exemple : « un homme qui
sçache mettre du corail en œuvre. » Plus loin,
c'est quelqu'un qui « voudroit compagnie pour
aller en Italie dans quinze jours. « Mais l'article
le plus curieux est le dernier : « On vendra un
jeune dromadaire à prix raisonnable. »
Nous ignorons quel fut au juste le sortdu Bureau
d'adresse, et surtout celui de ses feuilles d'an-
nonces. Renaudot, qui ne mourut qu'au mois
d'octobre 1653, laissa-t-il cet établissement dans
un état aussi prospère que La Gazette, qui, elle,
ne périclita jamais, l'appui du Roi, dont le gaze-
tier n'étoit guère que le mandataire, étant tou-
jours là pour la garer de tout péril.? Nous ne
le pensons pas.
Un livret antérieur de six ans à la mort du
gazetier, et que nous ne connaissons malheu-
reusement que par son titre : Renouvellement des
bureaux d'adresse, prouveroit que l'affaire n'avoit
pas marché sans encombre ' . Si on la renouveloit,
c'est qu'elle avoit été interrompue, et la ténacité
I. Il existoit sans doute encore toutefois en 1640, car
à cette époque un nouveau Ballet du Bureau des Addresses
fut dansé à Dijon devant Mgr le Prince. V. le recueil cité
plus haut, t. VI, p. 17-îi.
xxviij Introduction.
de Renaudot étant connue, la malechance pou-
voit seule avoir été cause de cette interruption.
La brochure, qui semble annoncer la reprise,
est de 1647, mauvaise date, car elle touche de
bien près celle des premiers troubles de la Fronde,
où — ce qui arriva du reste — le journalisme
des libelles pouvoit bien naître, mais où, par
contre, celui des annonces n'étoit f)as de nature
à revivre. Nous sommes donc autorisés à penser
que la Feuille du bureau d'adresse, malgré ce oue
Renaudot avoit fait pour la ressusciter, étoit bel
et bien morte, lorsqu'il mourut lui-même en 1 6 5 3 .
Il n'en resta que le privilège, qui fut plusieurs
fois cédé plus tard, comme nous verrons.
La Gazette, qui avoit aussi le sien, survécut
à Renaudot. Transmise à son fils Eusèbe, comme
un héritage, elle fit survivre le Bureau d'adresse,
d'où elle étoit sortie avec l'autre feuille.
Le logis de Renaudot, où Eusèbe resta jus-
qu'à ce que le roi lui eut donné un logement au
Louvre, n'eut plus que ce nom : le Bureau.
Il n'y falloit plus aller, comme auparavant,
chercher « les adresses » et les renseignements,
qu'il sembloit toujours annoncer, mais à la place
on y trouvoit des nouvelles. Loret, lorsqu'il en
manque pour avoir de quoi mettre en rimes
dans sa Muse historique, ne va pas autre part,
et il recommande de faire comme lui, pour
peu qu'on veuille, sur un fait quelconque, en
savoir plus qu'il n'en a pu dire.
« Mais, » dit-il, par exemple ' , à propos des
merveilles d'une fête donnée à Naples,
1. La Muse historique. Édit. Elzévir., t. III, p. 268
(16 octobre 1660).
Introduction, xxix
Mais si quelques gens curieux
Désirent de s'instruire mieux
Il faut aller chez Renaudot,
C'est-à-dire au Bureau d'adresse.
Cette source, la seule où voulut puiser son
journalisme naïf, étoit pour lui celle de toutes
vérités.
« Messieurs du Bureau d'adresse », comme il
appelle Eusèbe R enaudot et ses aides ' , se tenoient-
ils muets sur une affaire, elle étoit pour lui non
avenue. Si le bruit, par exemple, s'est répandu
que le maréchal Fabert est mort à Sedan, le
17 mai 1662, il n'y veut pas croire, la Gazette
n'en ayant pas parlé. Le fait, vrai pour tout le
monde, ne le sera pour lui que lorsqu'elle l'aura
certifié :
Mais je doute un peu sur ce point
Car le Bureau n'en parle point,
C'est-à-dire la gazette en prose,
Qui doit parler de toute chose 2.
La Gazette, qui ne paroissoit alors que tous
les samedis?, est « son oracle hebdomadaire».
Ses « ordinaires », c'est-à-dire ses numéros de
chaque semaine suffisent plus ou moins à Loret,
mais lorsqu'elle se donne le luxe assez fréquent
d'un « extraordinaire » — nous dirions d'un
supplément — il est ravi.
Les événements d'importance, dont le récit de-
mande à être développé, foumissoient la matière
de ces extraordinaires, qui étoient, à la suite de
la Gazette, ce qu'avoient été, comme nous l'avons
1. Ibid,, p. 578 (2 décembre 1662).
2. Ibid., 540 {19 août 1662).
j. /d., t. II, p. 278 (21 juillet i6j7).
XXX Introduction.
vu plus haut, les récits ou descriptions à dévelop-
pements de même sorte, mis en tête des feuilles
du Bureau d'adresse, dont, par là, survivoit ainsi
quelque chose.
La Gazette n'en avoit rien gardé de plus.
Jamais, dans aucune partie de ses numéros, ne
figurèrent ce qu'alors on appeloit « adresses »,
et ce que nous appelons « annonces et ré-
clames ».
En cela, Loret la suppléa. Sa Muse historique
ne s'en fit pas faute. Chaque fois qu'il y peut
recommander quelqu'un, faire valoir quelque
chose, indiquer où se peut voir tel spectacle ou
telle curiosité et à quel prix, il y est exact et
empressé.
Les feuilles du Bureau se retrouvent ainsi en
détail dans les siennes avec la rime de plus.
Il nous fait par exemple connoître le premier
les expériences de la machine à calculer du
jeune Pascal ', sans trop se douter qu'il donne
l'éveil sur le génie d'un grand homme. A quel-
ques rimes plus loin, en effet, il est bien autre-
ment enthousiaste pour l'empirique de philoso-
phie Lesclache.
Richesource, autre charlatan, mais de beau
langage, obtient de même la faveur d'une
chaude recommandation de sa part, avec regret
de ne pouvoir dire encore où se donneront ses
conférences. Il y aura heureusement un moyen
de la savoir, et il l'indique :
Les affiches qu'en grosse lettre
Aux lieux publics il fera mettre
I. Id., t. I, p. 232 (14 avril 1652).
Introduction. jjx]
Pourront apprendre où ce sera
Au curieux qui les lira^.
Quand il peut lui-même dire l'adresse, il n'y
manque pas. Ainsi, à propos de la Philosophie
de René Bary, après avoir écrit :
Ce livre de rare mérite
Chez son propre auteur se débite,
il met en marge : « Rue des Petits-Champs,
chez madame Bataille 2. » C'est, comme on
voit, l'annonce complète.
Ailleurs, s'il parle d'un concert, tel que
ceux qu'on faisoit entendre en 1656, dans la
salle du Palais-Royal, construite par Richelieu
pour sa Mirame, et qui devoit quelques années
après devenir le théâtre de Molière, il nous en
dit le prix :
obligeamment on les donne
Pour trente sols chaque personne'.
Il annonce aussi, avec le même détail, chaque
livret des Ballets du Roi, que publie Balard,
« et, » dit-il,
Et qui doit être lu de tous
Car on ne le vend que dix sous*.
Pour les théâtres en général, il ne méhage
pas les recommandations, ou, suivant le mot
d'aujourd'hui, « les réclames ». Celui du Marais
est en cela toutefois son préféré. C'est là que
Corneille donne le plus volontiers ses pièces, et
en qualité de Normand, Loret croit se devoir
1. id., t. II, p. 55} (16 nov. 1658).
2. Id., t. m, p. 186 (3 avril 1660).
}. Id., t. 11, p. 263 {II nov. i6j6).
4. ibid., p. 292 (20 juillet 1657).
xxxij Introduction.
tout entier à cette gloire de la Normandie. La
tragédie à machines, la Toison d'or, que Corneille
appela d'abord Jason, est-elle à l'étude dans
cet ancien Jeu de paume de la rue Vieille-du-
Temple, vite, il en avertit le public. Dès
que les premières affiches sont placées, sans
perdre de temps il lui dit : lisez-les :
Les affiches marquent l'endroit.
L'heure, le prix et la journée
Et c'est toujours l'après-dînée*.
Voilà, certes, un beau zèle de littérature. Il
ne faut pas lui en savoir trop de gré. Pour des
spectacles bien inférieurs : pour un jeune géant
qui se fit voir au bout du Pont-Neuf, une pre-
mière fois^ et qui, deux ans plus tard, y revint,
après avoir encore grandi ? ; pour une baleine
bien conservée, que l'on pouvoit aller admirer
à ChaiIlot4, il n'a pas des réclames moins em-
pressées.
Que gagnoit-il à tout cela .? Rien, ou fort peu
de chose : son entrée gratuite, par exemple, de
même qu'il avoit, sans doute à meilleur compte,
après les avoir maintes fois annoncées, quelques
billets des loteries, dont il couroit avidement les
hasards s.
Il trouvoit aussi en voisin quelques profits
à grappiller lorsqu'il avoit agréablement parlé
1. Ibid., p. 437 (} déc, 1661).
2. Ibid., p. J43 (15 oct. 1659), et p. 552 (16 nov.).
3. Id., t. III, p. 288 (4 déc. 1660), et p. 306 (8 janv.
1661).
4. Id., t. II, p. J43 (19 oct. i6j9), et p. 549 (2 no-
vembre).
5. Ibid., 433 (19 janv. i6j8) et p. 439 (2 fév.).
Introduction. xxxiij
des fournisseurs renommés qui se groupoient,
non loin du Louvre, aux environs de Thôtel
Schomberg, son premier logis, ou tout près de
la rue de TArbre-Sec, qu'il habita ensuite.
Il est certain que lorsqu'il s'étend coraplai-
sarament sur les merveilles de l'industrie de sa
voisine Madame Touzé, qui fait les perruques
du bel air ' ; sur les friandises de la célèbre
boutique de Francœur, l'épicier-confiturier', et
sur l'excellence de l'hypocras de Maillard,
« apothicaire près Saint-Honoré 3 », c'est-à-dire
à deux pas de Francœur, ses rimes ne doivent
pas être désintéressées. Il y aura gagné, nous
n'en doutons pas : ici, une perruque de la bonne
façon ; là, quelques sucreries, et, chez Maillard,
quelques-unes de ces bonnes rasades, qui ne lui
déplaisoient point.
Du Laurens, qui lui succéda, sous le pseu-
donyme de Robinet, fit de même et eut sans
nul doute les mêmes profits. Il étendit, qui
plus est, la réclame et la détailla mieux. Comme
en ce temps-là tout étoit curiosité : soit une
belle maison, telle que l'hôtel d'O, dans le
quartier du Temple, qu'on alloit voir pour un
sou 4, soit simplement quelques beaux meubles,
dont la mise en montre se payoit aussi, mais
souvent plus cher, il ne perdit pas l'occasion
de faire quelques bénéfices par l'annonce de ces
choses à recommander. Il nous semble notam-
1. Ibid., p. i86 (29 avril 1656).
2. Id., t. III, p. 29Î (18 déc. 1660).
j. Ibid., p. J07 (Sjanv. 1661).
4. Sauvai, t. Il, p. 241.
Livre commode.
xxxiv Introduction.
ment plus que probable que ce ne fut pas pour
rien qu'il se complut à décrire trois meubles,
dont au mois d'avril 1669 on faisoit l'exposition
rue de Richelieu. Il eut certainement sa part
plus ou moins forte dans les quinze sous par
personne qu'on payoit pour les aller voir. Ce
sont, dit-il,
Ce sont trois rares cabinets
Dont plus de mille Robinets,
Comme moi, seroient fort à l'aise,
Et même, ne vous en déplaise,
Des comtes, barons et marquis 1.
En marge, il ajoute pour bien fixer l'annonce
par l'adresse exacte : « Rue de Richelieu, vis-
à-vis le bain royal ' ; la porte est marquée par
des affiches. »
Il y avoit dans tout cela un vieux reste de la
Feuille d'adresse, mais cette feuille même ne
reparaissoit pas.
Personne ne s'en faisoit céder le privilège
resté aux Renaudot. Au commencement de 1670,
il y eut un essai, sans doute par suite d'une
cession. Il semble n'avoir pas abouti. Nous
n'avons vu qu'un numéro, le premier, de la
feuille nouvelle qui portoit ce titre : Liste des
avis du Bureau d'adresse.
Six ans se passèrent sans qu'il y eût d'autre
tentative pour reprendre et exploiter le privi-
lège.
François Colletet, le poète crotté de Boileau,
s'en avisa enfin avec l'audace des gens qui
n'ont rien à perdre.
I. Gazette de Robinet (ij avril 1669).
Introduction. xxxv
En 1676, à la fin de juin, on vit tout à coup
paraître une feuille, s'annonçant comme hebdo-
madaire et portant ce titre : Journal de la ville
de Paris contenant ce qui se passe de plus mémo-
rable pour la curiosité et avantage du public.
C'étoit la Gazette d'affaires et d'adresses de
François Colletet. Il y procédoit un peu comme
Rena'udot, avec cette différence qu'au lieu d'y
mettre en tête, avant les annonces et avis,
quelque long récit, tenant toute la place, il y
débitoit les nouvelles intéressantes de la se-
maine, jour par jour.
C'est ce qui le perdit. Sur une plainte qui
vint, soit de la Gazette, qui ne vouloit pas qu'on
touchât à ces nouvelles mondaines auxquelles
elle-même pourtant dédaignoit de toucher; soit
du Mercure, encore nouveau et d'autant plus
ardent à repousser tout ce qui pouvoit lui faire
concurrence, Colletet reçut ordre de ne pas con-
tinuer, du moins sous cette forme. Son journal
n'eut qu'un seul numéro.
Ce n'étoit pas une fin, toutefois, ce n'étoit
qu'une évolution. Se conformant à l'ordre reçu,
sans abandonner l'idée qu'il reprenoit, Colletet
ne perdit pas un jour, pas une heure, pour
publier une feuille nouvelle, où il se tiendroit,
en un cahier de quelques pages, aux seules
choses, dont on lui laissoit la disposition : les
annonces.
Le contenu de la feuille changeant ainsi, son
titre devoit changer de même. Il prit celui-ci :
Journal des avis et affaires de Paris.
La première fondation de Renaudot renais-
soit. Colletet donna même à entendre que son
xxxvj Introduction.
entreprise n'en étoit que la suite. Dans le préam-
bule d'un de ses numéros, il parle du privilège
obtenu sous Louis XIII pour une feuille de
même sorte que la sienne, et qui seroit devenu
le sien '. Ce ne peut être certainement que celui
de Renaudot le père, dont il seroit ainsi, nous
ne savons comment et avec quel argent, parvenu
à se faire accorder la cession.
A son Journal d'affaires, il joignit, lui aussi,
comme c'étoit naturel, un Bureau d'adresse. Il
y recevoit trois fois par semaine : les lundi,
mercredi et vendredi, de une heure à six heures
dans les grands jours, et jusqu'à quatre et demie
seulement en hiver. C'est là qu'il complétoit,
pour quiconque venoit le consulter, les avis
donnés par sa feuille, et que prudemment il
n'avoit fait qu'y ébaucher.
Ce bureau, d'abord, fut bien loin du centre
des affaires pour lesquelles il étoit fondé. Colle-
tet n'avoit pas voulu quitter la maison du quar-
tier Saint-Victor, où avoit vécu son père, et
dont comme lui il étoit fier, car c'étoit celle que
Ronsard avoit habitée. C'est donc rue du Mûrier,
derrière le séminaire de Saint-Nicolas-du-Char-
donet, qu'étoit installé son bureau. Personne ne
vint, et force lui fut, la clientèle n'arrivant
point, de faire quelques pas pour aller à elle.
Nous voyons que lorsque parut son onzième
numéro — c'étoit peut-être un peu tard — il s'y
étoit enfin décidé.
Son nouveau logis fut du reste d'un bon
i. V. un excellent article de M. Hatin, Bulletin du
Biblioph., 1861, p. 620.
Introduction. xxxvij
choix, il se trouvoit sur le quai de l'Horloge,
entre le Palais et le Pont-Neuf, les deux centres
du mouvement et de la vie de Paris en ce
temps-là. Dans cette même onzième feuille, il
donne cette nouvelle adresse de son bureau,
aussi bien qu'on pouvoit la donner alors, le
numérotage des maisons n'existant pas : « Les
affiches, ajoute-t-il, marqueront la porte. » Trois
semaines après, le public ne l'avoit pas trouvée.
CoUetet nous l'apprend avec une certaine mélan-
colie dans son numéro quatorze, celui du 27
octobre. Il y avoue qu'on ne le connoît encore
que bien peu, mais il ne perd pas courage. Il
espère que les affaires viendront, « Dieu aidant,
écrit-il, quand les affiches auront fait connoître
plus amplement notre demeure, et que nos
cahiers auront appris à tout le monde ce qui
résulte de notre innocent commerce. »
Le mot « innocent » n'est pas mis là pour
rien par Colletet. Sa feuille étoit menacée,
comme l'avoit été la première, on intriguoit
contre elle auprès de La Reynie, qui, par un
mémoire, en référoit à Colbert, dont le fils,
Seignelay, se chargeoit d'en résumer la teneur
au roi. Le pauvre Colletet avoit plus ou moins
vent de tout cela, et il croyoit aller au-devant
du coup et le parer, en faisant valoir, comme
on l'a vu, ce que son humble feuille avoit
d'inoffensif. Il en fut pour sa peine.
Le 27 novembre, c'est-à-dire jour pour jour
un mois après sa timide protestation d'inno-
cence, M. de La Rej^nie reçut ordre de suppri-
mer ses cahiers. Voici la lettre qu'à ce propos
lui écrivit Seignelay :
xxxviij Introduction.
« J'ai rendu compte au Roy du mémoire que
vous avez donné à mon père au sujet du Jour-
nal des affaires de Paris, que le nommé Colletet
s'est ingéré de faire imprimer. Sa Majesté m'a
ordonné de vous dire qu'elle veut que vous en
défendiez le débit et l'impression ' . »
C'étoit formel. Colletet, à qui La Reynie ne
fit pas attendre la décision royale, dut se sou-
mettre. Par suite, nouvelle interruption de la
publicité des adresses et des avis. Deux ans
après, l'instant paraissant favorable, car on par-
loit de la paix, qui en effet ne tarda pas, elle
reprend son cours. Il paroît en 1678 un petit
livret in- 12 sous ce titre : Le Bureau d'adresse
établi pour les maîtres qui cherchent des serviteurs
et pour les serviteurs qui cherchent des maîtres.
On ne pouvoit être plus modeste. L'échec de
Colletet, puni d'avoir voulu trop faire, servoit de
leçon. L'idée revenoit timidement à son ber-
ceau. Quand on lisoit le livret on ne la trouvoit
plus, il est vrai, aussi élémentaire; elle repre-
noit toutes les proportions que lui avoient
rêvées Montaigne et Laffémas et qu'elle avoit
prises avec Renaudot et Colletet.
Au lieu d'être seulement, comme l'indiquoit le
titre, une sorte d'extrait des registres d'une recom-
manderesse, la feuille du Bureau redevenoit un
véritable Journal d'avis. Eusèbe Renaudot, à qui
Colletet dépossédé n'avoit pu que rendre son privi-
lège, y étoit-il pour quelque chose? Rien de plus
probable. La feuille, en effet, est privilégiée du
1. Correspondance administrative de Louis XIV, t. II,
p. 369.
Introduction. xxxix
roi, et s'en fait gloire sur son enseigne, comme
on le verra par cette mention, qui se trouve à
la fin : « Le bureau est establi au Marché neuf,
vers le milieu du costé de la rivière, vis à vis
un tabletier : on verra le tableau sur la porte
avec les armes du roy. »
Ce ne lui fut pas une recommandation de
succès. Nous ne connoissons qu'un numéro de
cette feuille.
Une autre ne tarda pas. Le courant étoit pris:
coûte que coûte, malgré obstacles et insuccès,
il falloit que, jusqu'à ce qu'enfin elle se fût fait
complètement jour, cette idée de publicité ne
cessât pas de renaître, sous l'impulsion des
exigences nécessaires, qui, de tous côtés, la
poussoient en avant.
Ce nouveau Journal du bureau de rencontre —
c'est ainsi qu'il s'appeloit — parut en 1 68i . Les
Renaudot n'y furent pour rien que par la cession
du privilège, comme avec CoUetet. Eusèbe étoit
mort en 1679, et son fils, l'abbé, s'occupoit
beaucoup moins de ces sortes d'affaires que de
philologie orientale.
C'est à Devizé, qui depuis neuf ans faisoit
vivre tant bien que mal le Mercure galant, dont
il étoit le fondateur, que le privilège avoit, cette
fois, été cédé ou plutôt, comme on disoit,
a loué ». Devizé voulut en étendre plus que de
raison les dispositions, et l'affaire périclita en-
core. Une de ses prétentions étoit de ne pas
faire seulement du Bureau d'adresse ou de ren-
contre un bureau d'avis et de petites affiches,
mais une boutique, un « magazin » . Après avoir
annoncé des marchandises, il vouloit les vendre.
xl Introduction.
Les six corps marchands s'en émurent.
Il y eut plainte de leur part au lieutenant de
police La Reynie, qui leur donna raison par une
lettre du 2 5 novembre 1 68 1 au commissaire Dela-
marre, où se trouvoit, entre autres choses, une
désapprobation formelle de ces sortes d'entre-
prises, qu'il s'étonnoit de voir toujours repa-
roître : a Tant de personnes de première qua-
lité, disoit-il dans sa lettre, ont fait effort pour
parvenir à cet établissement sans y pouvoir
réussir, qu'il seroit inutile de le tenter de nou-
veau. »
De simples avis donnés au Bureau d'adresses
ou publiés par lui dans une feuille sans consé-
quence, voilà tout ce qu'il permet ' .
Devizé, à qui son Mercure donnoit une sorte
d'autorité et de franc parler, ne persista pas
moins dans son idée de Bureau-Magasin, et, à
cet effet, coup sur coup, il écrivit deux lettres
au lieutenant de police, dont la réponse, de plus
en plus catégorique et nette, ne se fit pas
attendre. Elle est du 29 novembre et est adres-
sée, comme l'autre, à Delamarre : Jamais il
ne permettra l'établissement d'un pareil bureau,
« capable, dit-il, de renverser tout le commerce
de Paris... Il y a là, continue-t-il, un nombre
infini d'inconvénients très-dangereux. »
Pour finir, il donne à entendre que si Devizé
ne se soumettoit pas, il lui interdiroit même la
feuille d'avis 2.
Devizé ne répliqua plus et abandonna l'af-
1. Collection Delamarre, aux mss. de la Biblioth. nat.,
21, 741, p. i6j.
2. Id., p. 166.
Introduction. xlj
faire, y compris cette feuille d'avis, qui ne lui
sembloit rien sans l'autre combinaison. Jus-
qu'en 1 688, nous ne la voyons pas reparoître.
Alors seulement, au mois d'août, un numéro se
risque, daté du Bureau d'adresse, d'où la Gazette
de France datoit toujours les siens, et qui avoit
encore pour principal intéressé l'abbé Renaudot,
à cause du privilège que le désistement de De-
vizé lui avoit remis en main. Vouloit-il, par
cette réapparition de sa feuille, qui avoit pris
pour nouveau titre : Liste générale du Bureau
d'adresse et d'avis par privilège du Roi, rappeler
l'attention sur ce privilège et tâcher de trouver
ainsi quelqu'un à qui le céder encore? Je le
crois, et ce qui me donne raison c'est que, vers
la fin de la même année 1688, ce (quelqu'un
s'étant trouvé, l'abbé lui loua le privilège.
Il s'appeloit Chômât. Marché fut conclu
au mois de décembre, sous la réserve que le
lieutenant de police approuveroit. Il n'approuva
pas. Le commissaire Delamarre, à qui s'étoient
adressés l'abbé Renaudot et Chômât, soumit par
lettre leur demande à La Reynie, qui la re-
poussa par une simple note très-nette, mise en
marge ' .
La feuille d'avis dut ainsi, malgré le vif désir
de l'abbé, revenir au Bureau d'adresse, où là,
du moins à cause de lui, La Reynie, qui n'étoit
hostile qu'aux nouveaux venus, vouloit bien la
tolérer. Au mois de février 1689 elle y reparut,
et, pendant quatre mois consécutifs, dont nous
avons vu les numéros, elle ne cessa plus. En
I. Id., p. 169.
xlij Introduction.
1693, nous la trouvons encore, mais avec un
changement dans le mode de publicité et une
modification dans le titre.
L'unique numéro de cette année-là, que nous
ayons vu, porte celui-ci : Liste des avis du Journal
général de France, ou Bureau de rencontre, pour
servir au public, depuis le mercredy 1 8 novembre
jusqu'au mercredy 2 décembre 1 69 3 . La feuille, au
lieu de ne paroître que tous les mois, paroissoit
donc alors tous les quinze jours, ce qui étoit un
progrès et sembloit une preuve de prospérité.
Comme elle n'a cependant laissé qu'une trace
— celle dont nous parlons — nous sommes
tenté de croire qu'elle n'a pas duré longtemps
avec son nouveau titre.
L'année d'auparavant, une autre du même
genre avoit eu des velléités de paroître, mais ne
semble pas y être parvenue. Sous la forme « d'un
cahier volant, » et avec le titre assez singulier.
Les Adresses casuelles de la ville de Paris, elle
auroit, chaque mois, indiqué les ventes pu-
bliques, l'adjudication des héritages licites et
décrétés, etc., etc.; puis, comme un véritable
journal de courtage, « l'état des marchandises,
dont les courtiers commissaires se trouvoient
chargez', » etc.
D'où seroit partie cette nouvelle feuille d'af-
fiches ? De chez un homme qui n'en étoit pas à
sa première entreprise, mais auquel on ne doit
pas de publication plus intéressante que celle-là
même, commencée un an plus tôt, en 1691,
dont nous reproduisons ici la seconde et dernière
1. V, plus loin, p. 9-10.
Introduction. xliij
année : Le livre commode, contenant les adresses
de la ville de Paris.
Pour ce petit volume, si réellement nouveau
alors, et que son journal. Les Adresses casuelles,
n'auroit fait que compléter, un livre anglois du
même genre, dont les éditions se succédoient à
Londres depuis 1677, lui avoit certainement
servi de guide ' ; mais il s'étoit bien gardé d'en
parler. Le silence en pareil cas faisoit partie de
ses procédés d'accapareur, comme nous le ver-
rons, et disons le mot, — qui, d'ailleurs, est
du temps* — de ses habitudes de «faiseur ».
La première édition ou première année de
son livre d'indications avoit pour titre : « Les
Adresses de la ville de Paris, avec le trésor des
almanachs, livre commode, en tous lieux, en tous
temps et en toutes conditions, par Abraham du
Pradel, astrologue lionnois. » Ce nom étoit, on
le devine, aussi imaginaire que le titre, dont il
le faisoit suivre, et qu'il modifia l'année sui-
vante. Au lieu d'Abraham du Pradel, « astro-
logue lionnois », il se contenta de mettre « phi-
losophe mathématicien », ce qu'au reste il n'étoit
pas plus qu'astrologue.
Il étoit de son métier chirurgien apothicaire,
et de son vrai nom, Nicolas Blegny ou de
Blegny, ainsi qu'il s'appeloit lui-même plus
volontiers, se donnant la particule avec une
complaisance qui nous paroît suspecte.
Il n'étoit pas de Paris et nous ignorons le lieu
aussi bien que la date de sa naissance. Peut-
1. Le Bibliophile français, août 1872, p. 255.
2. Le Livre à la mode, par l'abbé Bordelon, p. 28.
xliv Introduction.
être venoit-il de Lyon, ce qui expliqueroit pour-
quoi, en prenant le pseudonyme de du Pradel,
astrologue, il se donna pour « Lionnois. »
Le rédacteur de la Biographie universelle,
qui s'est occupé de lui, mais seulement comme
empirique et sans connoître le curieux petit livre
qu'on lui doit, a dit qu'il mourut en 1722,
ayant soixante-dix ans. Il seroit né ainsi, par
conséquent, en 1652. C'est, croyons-nous, une
erreur. D'après un document émané de Blegny
lui-même et que nous aurons à citer longue-
ment tout-à-l'heure , nous savons, en effet,
qu'en 1683 il avoit déjà « dix-sept-ans d'éta-
blissement », ce qui feroit remonter sa naissance
non à 1652, mais au moins dix ans plus tôt,
et lui donneroit à sa mort quatre-vingts ans au
lieu de soixante-dix. Pour tout ce qu'il entre-
prit, écrivit, projeta, car il fut surtout, comme
dit Moreri, « fertile en projets ; « pour tout ce
qu'il s'attira d'ennuis, de persécutions et même
d'emprisonnements, il ne falloit pas moins.
Quand — vers 1666 probablement — il vint
à Paris, son apprentissage étoit fait, et, tout
aussitôt, il se mit à pratiquer, comme s'il étoit
maître. Il ne tarda pas non plus à se faire
auteur. Par le titre de ses ouvrages, on jugera
du peu de sérieux de sa science et du charla-
tanisme de ses pratiques.
C'est aux maladies, malheureusement les
plus répandues alors et qui étoient d'un produit
excellent pour les empiriques, tant à cause des
remèdes à vendre que du scandale à exploiter
contre tout malade qui ne payoit pas leur
silence, que Blegny s'attaqua d'abord.
Introduction. xlv
Un des premiers livres que nous connoissions
de lui et qu'il publia en 1673, est : L'art de guérir
les maladies vénériennes, expliqué par les principes de
la nature et de la mécanique, in-12. Pareil traité
ne pouvoit être que d'un charlatan. Le succès
n'en fut que plus vif, et cela partout : à Paris,
où il eut deux éditions ; à Lyon, où on le réim-
prima; à La Haye, à Amsterdam, et aussi à
Londres, où il fut traduit en anglais.
Son ouvrage, L'art de guérir les hernies de
toute espèce dans les deux sexes, avec le remède du
Roi, qui parut en 1676, sembla plus sérieux;
mais Blegny revint au charlatanisme des attrape-
niais, lorsque, trois ans après, il publia un petit
in-12 avec ce titre : Histoire anatomique d'un
enfant qui a demeuré vingt-six ans dans le ventre
de sa mère.
Vers le même temps, ne trouvant pas qu'être
apothicaire, faire de la chirurgie, tenir une
Académie de découvertes — nous en parlerons
bientôt — écrire des livres, où il inventoit des
remèdes ou des monstres, etc., suffisoit à son
activité d'empirique à projets, il se fit journa-
liste médical. Sous le titre de Nouvelles décou-
vertes dans toutes les parties de la médecine, il se
mit à publier, en 1679, une sorte de gazette
mensuelle, qui ne mentit pas à ce qu'elle pro-
mettoit. Toutes les découvertes y furent réelle-
ment passées en revue, mais par la façon dont
elle en parla, chaque fois que les remèdes nou-
veaux n'étoient pas de Blegny lui-même, on la
considéra bientôt moins comme un journal utile
que comme un pamphlet intéressé.
Le docteur Théophraste Bonnet aggravoit
' xlvj Introduction.
ces médisances par le contre-coup qu'il en don-
noit à Genève, dans sa gazette latine, Zodiacus
medico Gallicus, qui n'étoit guère que la traduc-
tion de celle de Blegny.
Il y eut de très-vives plaintes, et, en 1682,
ordre lui vint, de par arrêt du Conseil, de mettre
fin à son Journal. Il fit la sourde oreille. Sou-
tenu par le frère du Roi, dont quelques petits
services secrets lui avoient sans doute gagné
les bonnes grâces, qu'il avoit suivi en Flandre
pendant la campagne de 1676, et qui lui avoit
permis de mettre sur l'enseigne de sa boutique,
voisine alors du Palais-Royal, devant l'Opéra :
« Chirurgien ordinaire du corps de Monsieur ; »
assez avant aussi dans les faveurs du lieutenant
de police La Reynie; enfin, ce qui est plus sin-
gulier, hautement protégé par Daquin, premier
médecin du Roi, il continua, malgré l'arrêt, de
publier ses Nouvelles découvertes, et Bonnet con-
tinua aussi à les traduire en latin. Blegny se
contenta de n'y plus mettre son nom.
Il en fut ainsi pendant toute l'année 1683.
L'ordre alors étant sans doute devenu plus
formel, il cessa, mais pour reprendre ailleurs
ce qu'on l'obligeoit d'interrompre à Paris. Le
Journal des Nouvelles découvertes étoit à peine
mort en France, qu'il ressuscitoit en Hollande,
sous le titre : le Mercure savant.
Un médecin de Niort, nommé Gautier, établi
alors à Amsterdam, y aida Blegny. Celui-ci
envoyoit de Paris la matière du Journal et Gau-
tier veilloit à l'impression. On y trouvoit mille
choses : des pièces de vers, mêlées à de petits
traités de médecine, des chansons avec leur
Introduction. xlvij
musique, des nouvelles relatives aux affaires
d'État, et, sur le tout, beaucoup de méchan-
cetés. Elles n'en firent pas le succès.
Le Mercure savant ne dura que deux mois ; il
s'arrêta après son second volume, celui de
février 1684.
Il n'eut qu'un seul bon résultat, mais très-
indirect, et sans que Blegny son rédacteur s'y
trouvât pour rien. Il fut cause que quelqu'un
donna à Bayle l'idée de la célèbre î)ublication
périodique, où, comme on l'a dit, il fonda la
critique littéraire. Lui-même avoua ce qu^en
cela il devoit au Journal de Blegny, que, d'ail-
leurs, il trouvoit détestable :
« Je vous dirai, écrit-il le 8 août 1684 à
M. Lenfant, à Rotterdam, que le dessein du
Journal que l'on m'inspira et que je goûtai
quand j'eus vu les deux tomes du Mercure savant,
qui avoient paru en janvier et en février, et
qui avoient fort déplu, quant à l'exécution,
quoique le projet en eût été agréable, s'exécute
depuis le mois de mars. Il s'intitule, non pas
Journal, mais Nouvelles de la République des
lettres. »
D'autres affaires que celles de sa Gazette
avoient vivement occupé, et même, à un cer-
tain moment, gravement inquiété Blegny, pen-
dant le temps qu'il la faisoit paroître.
Il tenoit chez lui, on l'a vu plus haut, une Aca-
démie de nouvelles découvertes y dont cette Gazette
n'étoit pour ainsi dire que le compte-rendu men-
suel ; de plus, il avoit ouvert un cours de Chirurgie,
où il donnoit des leçons particulières aux gar-
çons chirurgiens, et îin cours de Pharmacie, qui
étoit une école du même genre pour les garçons
xlviij Introduction.
apothicaires. Son ardeur de professer et de doc-
toriser étoit telle que, suivant Moréri, « il
s'avisa même de faire un cours de perruques pour
les garçons perruquiers. »
On s'en amusoit dans le public, mais on n'en
rioit pas dans le monde des médecins et des
chirurgiens, dont cette rage d'accaparements
narguoit et froissoit les privilèges. Pouvoit-on
souffrir qu'un intrus, sorti l'on ne sait d'où, qui
n'étoit ni de l'Académie de médecine, ni de
celle de chirurgie, autrement dite Académie de
Saint-Côme, se permît de pratiquer, comme s'il
appartenoit à l'une et à Pautre, de professer sur
toutes les matières de leur compétence, et, qui
plus est, d'en écrire ?
Chacun de ses ouvrages y avoit soulevé de
véritables tempêtes, ceux notamment où, avec
aussi peu de mesure que de modestie, il s'ad-
jugeoit une sorte de science universelle, et se
posoit presque en dieu de la médecine. N'avoit-
il pas osé publier, dès 1673, trois volumes sous
ce titre : Nouvelles découvertes sur toutes les par-
ties de la médecine, et, en 1679, deux volumes
encore, qu'il avoit intitulés le Temple d'Esculape,
comme si lui seul en avoit la clé ?
Toutefois, le sachant très-puissamment sou-
tenu, on le laissoit faire. C'est à peine s'il y eut
contre ses livres quelque protestation écrite,
telle que la brochure du chirurgien Devaux,
Découverte sans découverte, faite à propos de
l'impudente publication de Blegny, Découverte
du véritable remède anglois contre les fièvres ' .
I. V. les Mémoires littéraires du P. Des Molets, t. Vlll,
' partie, Éloge de Devaux,
O
Introduction. xlix
On attendoit pour l'attaquer et tâcher de déta-
cher de lui les protections dont il faisoit sa force,
qu'il donnât prise à quelque action sérieuse.
C'est ce qui arriva vers la fin de 1681, dans
une circonstance que ses ennemis de la Faculté
surent envenimer, et qui leur permit non-seule-
ment de faire passer M. de La Reynie de leur
côté, mais encore d'ébranler la confiance que
Monsieur avoit en Blegny.
Un factum que celui-ci dut rédiger pour se
défendre, et dans lequel les besoins de sa justifi-
cation l'entraînèrent à donner de nombreux
détails sur lui-même, va nous mettre au fait de
cette affaire et incidemment nous compléter
plusieurs points de sa biographie.
A cette époque les dissections n'étoient per-
mises qu'à ceux qui relevoient des Académies
de chirurgie ou de médecine, ou qui en avoient
obtenu, delà Faculté, l'autorisation. Faire enle-
ver un cadavre sans qu'elle eût été prévenue
et le disséquer en dehors de l'amphithéâtre des
Écoles, étoient choses des plus graves, et qui
pouvoient vous attirer une peine fort rigoureuse.
Or, il arriva qu'en décembre 1681 les doyens
et docteurs furent avisés qu'un jeune chirurgien
nommé Desnoues, qui, en qualité de membre
de V Académie des nouvelles découvertes^ fondée
par Blegny, « donnoit des leçons secrettes à
plusieurs étudiants, » dans une chambre dépen-
dant de cette Académie, s'étoit fait apporter par
le garçon de salle, Baptiste, de chez le fos-
soyeur Pajot, le corps d'une petite fille de cinq
ans, et en avoit commencé la dissection.
Les doyens firent saisir le corps par l'huissier
Lint commode. i
1 Introduction.
Masson, chez Desnoues, et, sur leurs instances,
le lieutenant de police ouvrit une action dans
laquelle ils insinuèrent tout d'abord que Ble-
gny, qu'ils visoient surtout, devoit être compris,
comme maître de l'Académie où la dissection
s'étoit faite.
On commença toutefois par n'arrêter que
Desnoues. Quand il fut à la Conciergerie, il
parla. C'est ce qu'on désiroit. Il chargea Ble-
gny; or, comme, en attendant, une démarche
avoit été faite avec plein succès, le 2 1 janvier
1682, par M'' Nicolas Liénard, doyen de la
Faculté de médecine, à la tête de sa compagnie,
auprès de Monsieur, « en son Palais », pour
lui remontrer respectueusement, ainsi que d'ail-
leurs l'en avoit déjà prévenu M. de La Reynie,
qu'une protection telle que la sienne n'étoit pas
due à un pareil homme « qui, disoit le doyen,
profane en tout lieu vostre grand nom ' ; » Ble-
gny se trouvoit alors sans défenseur.
Lors donc que, quelques jours après, sur la
dénonciation de Desnoues, arrêt de prise de
corps eut été lancé contre lui, personne n'inter-
vint pour empêcher la justice d'avoir son cours.
Doyens et docteurs triomphoient. Ce qu'ils dé-
siroient depuis si longtemps étoit obtenu : a Si, »
avoient-ils dit, d'après le témoignage même de
celui qu'ils accusoient et qui les connaissoit bien^,
i< si nous pouvons tenir Blegny, il ne nous échap-
pera pas \ nous avons en main de quoi le faire
M
1. Discours à S. A. R. en son palais à Paris, par
' Nicolas Liénard, etc., in-4°.
2. Factum pour M' Nicolas de Blegny, etc., in-4'', p. 4.
Introduction. Ij
pendre. Il sera bien heureux s'il en est quitte
pour les galères. Il y a trois cents témoins qui
déposeront contre lui. M. de La Reynie en a
informé S. A. R. à notre considération, et ce
magistrat a promis à notre doyen de nous déli-
vrer bientôt du chagrin que nous avons de voir
un chirurgien écrire sur toutes les matières de
la médecine et présider dans une Académie à
des docteurs de diverses facultés'. »
Cela dit, pour prouver la partialité de ceux
qui le dénoncent, il prend corps à corps l'accu-
sation et la rejette sur Desnoues qui l'en a
chargé. C'est lui seul qui s'est permis les dissec-
tions défendues, et cela non-seulement cinq ou
six fois, comme on le pense, mais quarante au
moins. Il alloit disséquant n'importe où, dans
tous les quartiers. Quelqu'un qui le savoit lui
joua le tour de le surprendre un soir, rue de
l'Université, à l'hôtel Tambonneau, et de lui faire
la plus forte peur, en se disant commissaire.
Desnoues, qui le crut, décampa par la fenêtre de
la mansarde où il disséquoit, emportant le corps
à moitié dépecé. Il le laissa dans la gouttière, où
un couvreur le retrouva le lendemain.
S'est-il, lui Blegny, livré à ces opérations
clandestines, a-t-il jamais couru les risques de
pareilles surprises? Ses dénonciateurs n'osent
même le supposer, et cependant ils font tout
pour Técraser par leurs allégations :
« Il n'est pas, » s'écrie-t-il avec une certaine
éloquence 2, « il n'est pas d'injures dont ils
n'aient tâché de le noircir en toute occasion,
1. Id., p. 9.
2. Id,, p. 10.
Hj Introduction.
point d'artifices dont ils ne se soient servis pour
lui faire perdre la protection qu'il avoit naguère
du sieur lieutenant de police et qu'il a encore
du sieur premier médecin du Roy; point de pré-
textes qu'ils n'aient inventés pour luy dénier la
justice qu'ils luy doivent ; point de moyens
secrets qu'ils n'aient mis en usage pour le dif-
famer, pour diminuer son employ, pour luy
attirer l'indignation de S. A. Monsieur; point
d'entreprises qu'ils n'aient faites pour troubler
ses exercices et pour empêcher la publication de
ses ouvrages; point d'occasions qu'ils n'aient
recherchées avec empressement pour luy susciter
des procez; enfin, point d'intrigues qu'ils n'aient
pratiquées pour porter ses confrères et ses meil-
leurs amis à se déclarer contre luy, »
Ce qui lui tient le plus au cœur, c'est qu'ils
ont vilipendé ses ouvrages. Il n'en est pas un
auquel ils aient fait grâce. N'ont-ils pas prétendu
aussi que les chirurgiens, de même que les méde-
cins, avoient eu tous à se plaindre de lui, chose
absolument fausse, ainsi que le prouve l'appro-
bation accordée par beaucoup d'entre eux aux
instruments par lui inventés.
On l'accuse, continue-t-il, « d'être sans doc-
trine, et d'avoir des auteurs à gages » ; or, il a
passé dix-sept ans d'établissement sans tomber
dans la moindre impéritie, et il s'est rendu la
voix publique favorable par l'exactitude de sa
conduite et par l'heureux succès des cures qu'il
a entreprises.
S'il n'a pas été examiné à Saint-Côme, c'est
qu'il n'a pas fait son apprentissage à Paris ' . Il
I. id., p. 12.
Introduction. lii}
est donc faux que la maîtrise lui ait été déniée
« à cause de ses mauvaises mœurs et de son
incapacité ».
Ils ont été encore plus loin que cette accusa-
tion de mœurs scandaleuses. Ils ont fait courir
le bruit qu'une de ces terribles affaires crimi-
nelles, comme il y en eut tant à l'époque de
la Brinvilliers et de la Voisin, l'avoit eu pour
complice, et qu'il avoit même fallu à cette occa-
sion s'assurer de lui. « Pendant, dit-il, qu'il
estoit en Flandres près de S. A. R. Monsieur,
ils publièrent partout qu'il estoit à la Bastille,
pour le poison. »
Son seul crime — et c'en est un des plus
impardonnables à leurs yeux — est d'avoir
écrit quelque part « qu'il y a des docteurs sans
doctrine et des doctes sans doctorat ». Ils se
sont reconnus, et leur première vengeance a été
de crier que lui aussi étoit un faux docteur. Il
est vrai qu'il n'a point passé par les collèges et
qu'il n'a pris de degrés dans aucune faculté. Il
n'en est pas moins prêt à soutenir dans une
dispute réglée les questions les plus difficiles,
« soit de médecine, soit de physique », contre
les plus savants.
Son livre sur la guérison des fièvres a été le
plus attaqué; il le défend à outrance. Il se
montre aussi très-ardent à prouver l'excellence
d'un cordial — on le trouvera décrit plus loin
— « auquel il a donné la forme d'opiatte [sic] »,
et qui ne seroit, à les entendre, autre chose que
« l'orviétan », dont il auroit acheté le secret à
Hiéronimo Cei. Il ne récuse pas celui-ci, son ami
et son compère, mais il nie le reste.
Livre commode. d*
liv Introduction.
Pour conclure, il espère que ses juges le feront
sortir de cette affaire, non-seulement libre et
justifié, mais indemnisé :
« Il oze préjuger que la Cour, en prononçant
son absolution et déclarant l'escrou fait de sa
personne injurieux, tortionnaire et desraison-
nable, condamnera ceux qui l'accusent à luy faire
réparation d'honneur, en 10,000 livres de dom-
mages et intérêts, à quoi il se restreint, et en
tous les despens du procez, «
Une note manuscrite, mise au bas de l'exem-
plaire du factum qui nous a servi pour tous ces
détails, dit que l'arrêt fut rendu sur le rapport
de M. Amproux, le 12 juillet 1683, mais
n'ajoute pas s'il fut ou non favorable. Nous
croyons qu'il dut l'être, car nous trouvons quel-
ques mois après Blegny reprenant ses publica-
tions avec plus d'impudence et d'emphase que
jamais. En 1684, par exemple, peu de mois
après sa mise en liberté, il fait paraître un vo-
lume in- 1 2 avec ce titre singulier : La doctrine
des rapports, fondée sur les maximes d'usage et
sur la disposition des nouvelles ordonnances.
Ses emplois semblent lui être restés, du moins
en partie. Peut-être n'a-t-il plus sa charge chez
Monsieur, ni celle de « premier chirurgien »,
qu'il s'étoit fait donner chez la Reine en 1 678,
mais il est toujours médecin du Roi, « préposé,
comme il ne manque pas de le répéter partout,
à la recherche et vérification des nouvelles dé-
couvertes de médecine. »
Son peu de fidélité dans l'exercice de cette
fonction délicate lui attira une nouvelle disgrâce.
Il avoit fondé, aux environs du faubourg Saint-
Introduction. Iv
Antoine, à Pincourt — nous dirions aujour-
d'hui Popincourt — une sorte de maison de
santé avec jardin de plantes médicinales, dont
il sera parlé plus bas, et près de laquelle logeoit
« un certain prieur «, comme il l'appelle ', qui
se mêloit aussi de remèdes.
Il en avoit, à ce qu'il semble, trouvé d'assez
efficaces, dont il avoit livré le secret au roi, à con-
dition que le public en profiteroit pour rien.
Blegny abusa de ce qu'il étoit chargé de la
vérification de ces sortes de découvertes pour
accaparer au passage les remèdes du Prieur et les
ajouter aux siens. Il s'en occupa dans les Con-
férences de son bureau ou Académie, qu'il avoit
transféré de la place du Palais-Royal à la rue
Guénegaud ; et, qui pis est, il les vendit avec ses
propres drogues.
De nouvelles plaintes arrivèrent alors, aux-
quelles il opposa son impudence ordinaire, ce
qui fut cause qu'elles ne tardèrent pas à être
suivies d'un nouvel arrêt de prise de corps.
Voici ce que nous lisons à ce sujet dans un
curieux recueil manuscrit : Lettres historiques et
anecdotiqnes'^ , sous la date du 1 5 janvier 1686 :
« Blegny, chirurgien, a esté mis à la Bastille,
pour s'estre voulu mesler d'enseigner la manière
d'user des remèdes que le prieur de Cabrie avoit
donné au Roy et que S. M. fait distribuer gra-
tuitement. Il avoit dit des impertinences. »
Ce dernier détail suffiroit, connoissant Blegny
comme nous le connoissons, pour ne nous
1. V. plus loin, p. 157, note.
2. Bibl. nat., Mss. Suppl. franc, n» 10,265.
Ivj Introduction.
laisser aucun doute sur l'authenticité de la nou-
velle.
Cette captivité, qui explique pourquoi Der-
nier, parlant de lui, l'appelle « le bastille et le"
bastillable' », ne dut pas être de bien longue
durée, mais ne le laissa pas moins un peu plus
mesuré et plus modeste. L'année d'après il ne
publia qu'un livre des plus anodins : Le bon
usage du thé, du café et du chocolat pour la pré-
servation et la guérison des maladies, in-12; et,
en 1688, deux autres petits volumes sans beau-
coup plus de conséquence : Secrets concernant la
beauté et la santé, qui ont fait dire avec raison
par un de ses biographes : « Le titre seul de cet
ouvrage annonce le charlatanisme : les vrais
médecins ne connaissent pas de secrets^. »
De 1688 à la fin de 1690, il ne publia rien.
Il étoit occupé de son livre : Les Adresses de la
ville de Paris, dont, ainsi que nous l'avons dit,
il avoit sans doute emprunté l'idée à celui des
adresses de Londres publié en 1677. Il lui falloit
un privilège, mais, comme dans cet ouvrage,
il vouloit plus ou moins exploiter ceux qu'il y
recommanderoit, et, sous prétexte de parler de
tout le monde, parler sans cesse de lui-même, en
se ramenant à chaque coin de page, à tort et à
travers et pour n'importe quelle raison, il se
garda bien de demander ce privilège en son
propre nom. Sa voisine, la veuve Nyon, libraire
sur le quai Conti, se le fit accorder à sa place
dès le 14 juillet 1690 et se chargea de faire
1. Anti'Menagiana, préface, p. 16.
2. Biog. universelle, art. Blegny.
Introduction. Ivij
imprimer le manuscrit chez l'imprimeur Ron-
dot. Un pseudonyme sur le titre, celui d'Abraham
Du Pradel, fut, pour lui-même, afin de ne pas
se trahir, tout ce que se permit Blegny.
Le petit volume, qui se compliquoit d'un
almanach, devoit de toute nécessité être prêt
le premier janvier 1691 ; il le fut. Réussit-il?
Nous le pensons. Il avoit d'avance une clientèle
de lecteurs toute faite : chez les étrangers de
passage à Paris, chez les gens de province et
même chez les Parisiens qui, à cette époque
comme à la nôtre encore, n'ignoroient rien tant
que ce qui se trouve à Paris de bon à acheter
et de curieux à voir.
Ce succès, quoiqu'il eût rencontré de l'oppo-
sition, car beaucoup, même dans le monde des
marchands, s'étoient trouvés froissés de ce qu'on
les eût nommés sans leur permission, encouragea
Blegny. Pour l'année suivante, tout en tenant
compte de ces plaintes, qui paroîtront bien sin-
gulières à présent que la réclame est partout
courue et nulle part évitée, il voulut faire mieux,
être plus varié, plus complet. Ce fut sa perte.
Il s'en étoit tenu, la première année, presque
exclusivement aux adresses marchandes ou
industrielles. Pour la seconde, que nous repro-
duisons ici, avec le titre nouveau qu'il lui
donna, il prétendit y joindre les adresses de
Messieurs des Fermes, du Conseil d'État, etc.,
etc. , celles aussi des Curieux célèbres et des
Dames curieuses, et bien d'autres encore.
Les plaintes grossirent en conséquence. De
quoi se méloit-il.^ De quel droit ces indiscrétions
qui ne pouvoient qu'attirer des nuées d'impor-
Iviij Introduction.
tuns chez les personnes dont il indiquoit ainsi
la qualité et l'adresse? N'empiétoit-il pas d'ail-
leurs, en bien des points, sur ce que, par privi-
lège, VEtat de France pouvoit seul publier.
Il y avoit dans tout cela beaucoup plus
qu'il n'en falloit pour faire supprimer Le Livre
commode. Camusat dit que Blegny reçut ordre
de ne pas le continuer parce qu'il fut trouvé
détestable'. Nous croyons bien plutôt que ce
fut pour les raisons dont nous venons de parler,
qu'il dut ne plus paroître, et que même —
ce qu'ignoroit Camusat — il fut saisi. Nous
avons trouvé les procès-verbaux qui le prouvent * .
Le 29 février 1692, c'est-à-dire deux mois
après la publication de la seconde année, la
veuve Nyon fut requise par Denis Aumont, ser-
gent à verge, d'avoir à lui présenter le privi-
lège en vertu duquel elle avoit fait imprimer le
Livre commode contenant les adresses de la ville de
Paris et à lui déclarer le nombre d'exemplaires
qui lui en restoit. Elle répondit que le privilège
étoit demeuré entre les mains du sieur Rondot,
par qui elle en avoit fait faire l'impression, et
elle offrit de le retirer et de le rapporter. Quant
aux exemplaires, dont la plus grande partie
n'avoit pas encore été vendue, elle offrit aussi
de les rapporter « en blanc», c'est-à-dire non
reliés, au nombre de deux mille cinq cents.
Aumont se les fit présenter et les saisit.
Même visite fut faite chez Rondot l'imprimeur.
1. Histoire critique des journaux, t. I, p. 230231.
2. Collection Delamarre, aux mss. de la Biblioth. nat.,
n° 2'.7Î9, P- "0.
Introduction. lix
A la première réquisition du sergent à verge
il présenta le privilège, qui fut saisi comme
l'avoient été les exemplaires. Ce n'étoit, disent
les procès-verbaux, que par simple provision,
et jusqu'à nouvel ordre ; mais l'ordre contraire
ne vint jamais. Exemplaires et privilège étoient
saisis, ils le restèrent jusqu'à ce qu'on les eût
détruits. C'est ce qui explique pourquoi cette
seconde année du Livre commode est beaucoup
plus rare encore que la première.
Ce fut le coup de grâce pour Blegny. Dès
lors il cesse de publier. Un livre, bien inattendu
de sa part et qui prouveroit qu'il a même
renoncé à la médecine, est le seul qui paroisse
sous son nom. Il est de 1694 et il a pour titre :
Projet de l'histoire générale des religions militaires
et des ordres politiques et séculiers de chevaliers K
Pourquoi l'avoit-il fait? Quel but y visoit-il.^
Peut-être étoit-ce un moyen d'exploiter les gens
si nombreux alors qui cherchoient à se faufiler
par la chevalerie dans la noblesse et qui n'arri-
voient ainsi qu'à devenir, suivant le mot du
temps, des «chevaliers de l'industrie». Blegny
étoit homme à en créer beaucoup de cet ordre.
Quoi qu'il en soit, de mauvais bruits coururent
alors sur son compte. On parla même d'escro-
querie 2 ; il perdit les dernières charges qui lui
restoient, et, le terrain lui manquant tout à fait
sous les pieds, il quitta Paris pour Angers. On l'y
arrêta. Nous ignorons pourquoi, mais ce devoit
1. Il n'est pas indiqué dans la Biblioth. Script. Medic.
de Manget, qui n'avoit du reste à donner que la liste des
livres de médecine de Blegny.
2. Biog. un'n., art. Blegny.
Ix
Introduction.
être pour affaire grave, car il resta huit ans pri-
sonnier dans le château. Lorsqu'il eut fait son
temps, il chercha un pays plus hospitalier. Il se
retira sur terre papale, à Avignon, où il mourut
en 1722 à quatre-vingts ans.
Voilà l'homme, vous allez juger à présent de
son essai d'Almanacli des adresses. L'auteur est
un assez vilain personnage, mais le livre est
Curieux.
LE
LIVRE COMMODE
CONTENANT
LES ADRESSES
DE LA
VILLE DE PARIS
ET
LE TRÉSOR DES ALMANACHS
POUR l'année bissextile 1692
avec
Us scéances et les vacations des Tribunaux, l'ordre
et la discipline des exercices publics, le prix des
Matéraux et les ouvrages d'Architecture, le
Tarif des nouvelles Monnoyes, le Départ des
Courriers et des Voitures de Routes, et géné-
ralement toutes les commoditez sujettes aux
mutations.
Par Abraham Du Pradel, Philosophe
et Mathématicien.
A PARIS,
chez la Veuve de Denis-Nion, Marchand-libraire
sur le quay de Nesle, devant l'Abrevoir de
Guénégaud, à l'image Sainte Monique.
M. DC. XCII.
Avec privilège du Roy.
AVERTISSEMENT.
s'auteur ne s'étoit pas trompé en pré-
)sumant que son ouvrage seroit jugé
'généralement utile; l'approbation du
i public et le débit qui s'en est fait en
»sont de fortes preuves; il s'en trouve
très honoré, et il se propose d'en être autant
reconnaissant qu'on le peut désirer. Il vient de
redoubler ses soins et ses recherches pour le
rendre plus exact et plus complet : il en fera de
même dans les années suivantes; il examinera
par luy-même les mémoires qui luy seront don-
nés, et il préviendra par cette précaution, le
reproche qu'il s'est attiré l'année précédente,
pour s'en être tenu aux protestations de quel-
ques personnes qui lui avoient donné de fausses
adresses, et qui avoient attribué à certains arti-
sans une réputation qu'ils n'avoient pas encore
acquise.
4 Le Livre commode.
* Il ne faut pas croire néanmoins qu'il prétende
demeurer garand du mérite des personnes qu'il
doit indiquer. C'est le public qui donne la répu-
tation. Il est luy-même responsable de ses propres
injustices. Un particulier n'est pas en droit de
s'opposer au torrent de la voix publique quand
même il seroit assez téméraire pour le faire, il
ne seroit pas écouté. Il s'agit ici uniquement des
adresses de personnes renommées. Il suffit qu'un
nom ait été célébré pour avoir place dans cet
Opuscule : et il n'est pas permis à l'Auteur d'y
ajouter celui dont on n'a pas encore parlé, quand
même il appartiendroit au plus digne homme
d'une profession.
La seule omission qu'on pourroit reprocher à
TAuteur, est celle de n'avoir rien dit d'un grand
nombre de personnes qui ont acquis dans le
Commerce et dans les Arts une distinction par-
ticulière; mais il ne tiendra qu'à ces personnes
mêmes ou à leurs amis, qu'il ne leur rende là-
dessus bonne justice l'année prochaine, et elles
peuvent même s'assurer qu'elles auroient été
prévenues dès la première édition de cet Ou-
vrage, si l'Auteur eut été assez intrigué ' dans
le monde, pour savoir tout ce qui mérite d'être
connu.
Un Médecin et quelques autres personnes in-
diquées dans l'édition précédente, avoient trouvé
mauvais qu'on se fut étendu sur leurs talens
I. Nous dirions aujourd'hui « lancé ». Boiieau, dans l'Art
poétique, chant III, a donné à ce mot le même sens :
L'âge viril, plus mûr, inspire uii air plus sage,
Se pousse auprès des grands, s'intrigue, se ménage.
Le Livre commode. 5
autant qu^on avoit cru le devoir faire. Elles
connaîtront par celle-ci, qu'on a eu soin de
flatter leur modestie, autant qu'elles le pouvoient
raisonnablement désirer.
Il auroit été à souhaiter qu'on eut pu suivre
l'ordre de dignité en parlant des Compagnies,
des personnes et des professions; mais outre
qu'il pourroit y avoir des contestations à l'infini
sur les rangs et sur les préséances, il auroit été
presque impossible à l'Auteur de s'en assurer,
quand même il y auroit quelque certitude; c'est
pourquoi il a dû avertir qu'il a traité sans aucune
distinction de droits ni de mérite, toutes les dif-
férentes choses qui sont le sujet de cet Ouvrage,
ce qui doit contenter ceux qui ne se trouveront
pas dans l'ordre qui leur conviendroit en autre
chose.
Comme on s'est proposé en ceci de donner
annuellement au public toutes les instructions
qui luy sont nécessaires sur les choses sujettes à
mutations, on ne sera pas surpris d'y trouver les
vacations des Tribunaux et le prix des matereaux
et des ouvrages concernant les batimens : car si
d'un côté ces choses ne sont pas du genre de
celles qu'on doit indiquer par des adresses, elles
sont du moins de celles qui peuvent être chan-
gées en quelques circonstances.
Ceux qui prétendent que l'Auteur auroit dû
comprendre dans cet ouvrage, tout ce qui est
contenu dans les listes des Tribunaux et dans
les catalogues des Compagnies et des Commu-
nautés, devroient se ressouvenir de la protesta-
tion qu'il a faite de servir tout le monde sans
nuire à personne, et réfléchir sur le tort qu'il
6 Le Livre commode.
feroit à ceux qui ont accoutumé de vendre ces
listes et ces catalogues; outre que le seul recueil
qu'on en feroit composeroit un trop gros volume
pour un simple manuel journalier, et qu'ainsi il
étoit plus expédient et plus raisonnable d'indi-
quer seulement, comme il a fait, les sièges oik
l'on peut recouvrer les listes et les Bureaux où
l'on peut trouver les catalogues.
Sur ces deux considérations que l'Auteur ne
veut nuire à personne, et qu'il ne s'est proposé
de traiter que les choses sujettes à mutations, on
peut inférer qu'on ne trouvera dans cet Ouvrage,
ni la situation des Eglises, ni la description des
Palais, des Hotels, des Fontaines, ni des autres
Edifices de Paris, puis que ce seroit dérober le
sujet de M. le Maire à qui nous devons un Livre
en trois volumes, qui a pour titre Paris ancien
et nouveau', et celui de M. l'abbé Brice, qui
nous a donné une description de la Ville de
Paris 2, et que d'ailleurs ces choses ne regardent
1. Il avoit paru, in- 12, en i68j. Voici le titre complet :
Paris ancien et nouveau, avec une description dt tout ce
qu'il y a de plus remarquable dans toutes les églises, com-
munautés, palais, maisons, rues, places, etc. D'après le
P. Lelong et les éditeurs de la neuvième édition du livre
de G. Brice, dont nous parlerons dans la note suivante,
cet ouvrage de Le Maire n'est guère qu'une copie, en style
moins ancien, des Antiquités de Paris du P. Du Breul.
2. Elle avoit été publiée en 1684, c'est-à-dire un an
avant le livre de Le Maire, en 2 vol. in- 12, sous le titre
de : Description nouvelle de ce qu'il y a de plus remar-
quable dans la ville de Paris, par M. B... L'auteur, Ger-
main Brice, qui se déroboit sous cette initiale, portoit, sans
être prêtre, l'habit ecclésiastique, c'est pourquoi il est ici
appelé abbé. Il se mettoit au service des étrangers de qua-
lité pour leur apprendre le françois et leur faire voir Paris,
Le Livre commode. 7
qu'indirectement les commoditez qui doivent
satisfaire les besoins ausquels on s'est proposé
de pourvoir.
Au surplus, comme ce Livre sera chaque an-
née publié dès les premiers jours du mois de
Novembre, et qu'on en commencera par consé-
quent l'impression dès le commencement d'Aoust,
il seroit inutile d'envoyer des mémoires ni pour
les nouvelles adresses, ni pour les mutations
passé la S. Jean, l'Auteur ayant besoin d'un
temps considérable pour diriger sa matière.
ce qui, disent avec bonhomie ses éditeurs posthumes, lui valoit
« de la part de ces seigneurs des reconnoissances utiles ». Son
livre avoit eu huit éditions, et, toujours s'augmentant, étoit
monté de deux volumes à quatre, lorsqu'il mourut en 1727,
à soixante-quatorze ans. La neuvième édition qu'il prépa-
roit ne fut achevée par Mariette, dit-on, et l'abbé Perrault
qu'en 1751 et fut publiée l'année suivante. C'est un ouvrage
très-utile et qu'il est bon surtout de suivre dans toutes ses
transformations de 1684 à 1752. — Nous ajouterons que
Brice n'étoit pas seul à faire le métier de cicérone parisien,
almanach des adresses allant et venant au service de chacun.
Le Novitius, dictionnaire latin-françois de 1721, nomme,
au mot Nomendator, un certain Herpin, qui gagnoit sa vie
de la même manière : « C'est un homme qui enseigne à
Paris les noms et les demeures des gens de qualité ».
AVIS.
SUR LES ADRESSES CASUELLES.
^ans le courant de l'année précédente,
îbien des gens ont donné des mémoires
|que l'Auteur a reservez, et qu'il ne pu-
iblira que dans un cahier volant, par
cette raison qu'ils ne contiennent que des com-
moditez qui n'ont rien de permanent, c'est à
dire qui sont aujourd'hui existantes, et qui ne le
seront peut-être pas le mois qui vient, ce qui ne
conviendroit pas dans un Recueil, qui doit servir
une année entière, et dans lequel même il ne se
doit presque faire aucun changement que par
rapport aux simples mutations.
Ce cahier volant sera renouvelle tous les mois,
et aura pour titre les Adresses casuelles de la Ville
de Paris ' ; on y trouvera, par exemple, le dessein
I. C'étoit un essai de petites afficha mensuelles dont
nous n'avons rien retrouvé. Peut-être Blégny n'y donna-
10 Le Livre commode.
des Auteurs qui auroient besoin de mémoires,
l'arrivée et le départ des Marchands forains,
l'ouverture des ventes de meubles publiques et
judiciaires qui mériteront d'être sçues, l'adjudi-
cation d'héritages licitez et décrétez, les Bureaux
pour la levée des charges de nouvelles créations,
les Fermes à bailler et les biens à vendre, Tétat
des Marchandises dont les Courtiers-Commis-
sionnaires se trouveroient chargez; la qualité
des Equipages, Meubles et Bijoux dont les par-
ticuliers voudront se défaire par vente ou par
échange, les bois qui seront à couper, les Emplois
qui seront vacans, les ouvrages et fournitures
qui seront à faire au rabais, les fonds qui seront
à placer, les emplois qu'on proposera d'en faire,
et généralement les adresses de toutes commodi-
tez dont la fin paroitra prochaine.
t-il pas suite. Renaudot en avoit tenté du même genre, mais
trimestrielles, sous Louis XIII. On en trouve le plan dans
sa rarissime brochure : Inventaire des adresses du bureau
de rencontre, i6}o, gr. in-4°. Le roi lui avoit, à cet effet,
accordé un privilège le 8 juin 1629. On ignoroit si l'exé-
cution avoit suivi le projet, lorsque nous fûmes assez
heureux pour découvrir à la Bibliothèque Nationale un
numéro de ces premières petites affiches, portant la date
du I"' septembre i6j} et l'indication que c'étoit la i ^"feuille
de cette publication. Or, comme elle avoit dû commencer
à la fin de 1629, il y avoit juste quinze trimestres qu'elle
existoit en septembre 1633. Nous avons publié, avec des
notes, dans le tome IX de nos Variétés, p. 51 et suiv.,
cette 15° feuille, la seule que l'on connoisse encore.
Il
SUCCEZ DES REMEDES
INDIQUEZ l'année PRÉCÉDENTE.
l'Auteur étant persuadé qu'entre tous
îles besoins ausquels il s'est proposé de
> pourvoir, il n'y en a point de plus
^pressans que ceux qui concernent le
rétablissement de la santé, il a jugé qu'on trou-
veroit ici, avec plaisir, une relation qu'il tient
de son libraire par qui elle est certifiée véritable,
puis qu'elle contient un grand nombre de cures
merveilleuses opérées dans le courant de Tannée
précédente, par l'usage des remèdes spécifiques
qui avoient été par lui annoncez.
Plus de trente personnes de l'un et de l'autre
sexe accablées par des Rhumatismes habituels
et inveterez, par la Sciatique, par les Gouttes
des pieds et des mains, et par des douleurs
12 Le Livre commode.
causées par les panacés et autres poudres mer-
curielles, ont été parfaitement guéries en peu de
jours, par l'usage des Etuves vaporeuses et de la
liqueur anodine marquée à la page 5 1 .
Autant en est-il arrivé à un paralitique qui
avoit d'ailleurs au bras droit des nodus d'une
prodigieuse grosseur, les membres paralitiques
ayant été parfaitement rétablis, et les nodositez
entièrement dissipées dans l'espace de cinq se-
maines.
Ces remèdes ont encore opéré dans un jeune
homme à peu près dans le même espace de
temps, la guérison de la Goutte des pieds et la
dissipation de plusieurs Loupes et Tumeurs
froides qu'il avoit aux deux genoux.
Un homme d'une particulière considération,
en qui il s'étoit fait un effroyable dépôt d'hu-
meurs sur les jambes, après avoir fini par le
quinquina des vapeurs dont il étoit tourmenté,
a été parfaitement guéri en six semaines par la
liqueur vulnéraire, quoi qu'extraordinairement
replet, non seulement de cette fluxion, mais en-
core de plusieurs grands ulcères qu'elle causa
subitement avec mortification de la peau et des
chairs, accompagnez d'une fièvre terrible et
d'un vomissement continuel que le quinquina
avoit causé.
L'un des domestiques de ce malade fût guéri
dans le même temps d'une Hidropisie formée en
deux prises d'un Sirop spécifique.
Plus de cinquante personnes ont été guéries
de Décentes de Boyaux, les unes en un mois ou
cinq semaines en faisant retraite à la pension de
Pincourt, les autrefois mois ou environ, en vac-
Le Livre commode. ij
quant à leurs affaires ; par les Bandages ' et par
, les emplâtres de la Manufacture royale.
Vingt deux malades accablez d'une longue
suite de cours de ventre, de flux de sang et de
dissenteries, ont été guéris sans retour et sans
ressentir la moindre incommodité, avec une ou
au plus deux prises d'un vin composé qui nour-
rit comme le vin ordinaire.
On a pareillement guéri un grand nombre de
fébricitans par l'usage de la Liqueur fébrifuge.
On a d'ailleurs guéri par la Liqueur balsa-
mique, en deux femmes différentes, un ulcère
formé dans la matrice; et par cette même liqueur
aidée par les grains balsamiques, un grand
nombre de personnes de Gonorrhées habituelles
et de Pertes blanches.
Onze personnes ont été parfaitement guéries
de la grosse maladie, sans régime et sans retraite
par le seul usage du mercure d'or*.
Rien n'est plus commun que de voir des gens
guéris sur le champ et pour jamais de la douleur
1. C'étoit une invention très-ancienne, ainsi que nous
l'avons prouvé dans le Vieux-neuf, 2= édition, t. I, p. i}j-
134, note. En 1647, un charlatan avoit inventé un ban-
dage dont il promettoit merveille. Les Annales du Bibliophile,
t. I, p. j8, ont publié l'affiche qui en énuméroit les mi-
racles.
2. Nous n'avons pas besoin d'expliquer ce que Blégny
entend par « la grosse maladie ». En la guérissant par le
mercure, il étoit araéré. Locke, lorsqu'il vint à Paris, vit,
affichée sur les murs, l'annonce d'un « remède sans mer-
cure », pour lequel le roi avoit accordé un brevet, dont
le duc de Bouillon avoit le bénéfice, et qui datoit du
7 septembre 1667. Voy. dans la Vie de Locke par lord
King, un extrait de ses Voyages à la date du ij février
1679.
14 Le Livre commode.
de la carie des Dents, par l'application de TEs-
sence végétale.
Une religieuse qui ne vivoit depuis quatorze
mois que de trois cuillerées de bouillon par jour,
chacune desquelles luy coutoit un martire par
les sanglots et mouvements convulsifs qu'elle
luy causoit pendant près d'une heure, et les
douleurs d'estomach qu'elle ressentoit ensuite,
fut soulagée très considérablement dès la pre-
mière prise de l'opiate digestive, et se trouva
après la deuxième en état de faire deux grands
repas par jour sans aucune incommodité.
Deux poulmoniques ont été parfaitement gué-
ris par l'usage de la Conserve pulmonaire.
Une fistule lacrimale accompagnée d'un flux
de larmes involontaires, a été guérie en peu de
jours sans opération par une simple pomade.
Quand l'Auteur connoitroit les personnes sur
qui ces Cures ont été faites, il ne pourroit les
nommer sans imprudence, mais les incrédules
pourront s'assurer de la vérité, par le témoi-
gnage de diverses autres personnes qui ont eu
occasion de voir opérer le Médecin par qui elles
ont été entreprises, et dont le Libraire qui débite
cet Ouvrage, offre de donner les noms et les
adresses selon l'exigence des cas.
«5
LE
LIVRE COMMODE
CONTENANT
les Adresses de la Ville de Paris et le Trésor
des Almanachs
POUR l'année 1692. -
AFFAIRES ECCLÉSIASTIQUES.
|onseigneur l'Archevêque de Paris donne
; Audience aux particuliers dans les ap-
'^^^ fpartemens de l'Archevêché, près Notre-
sDame, le matin à onze heures quand il
est à Paris. C'est au même lieu qu'on s'adresse
à Monsieur de Morange pour impetrer les dis-
penses et autres grâces Ecclésiastiques qui
émanent de mondit Seigneur.
Monsieur Ameline Grand Archidiacre, et
M. de la Baude Archidiacre de Brie, demeurent
au Cloître.
i6 Le Livre commode.
Messieurs les Abbez Daquin' et de Bourle-
mont Agens du Clergé, demeurent; sçavoir, le
premier au Jardin du Roi 2, et le deuxième rue
d'Enfer près les Chartreux.
Monsieur de Bouquenet Doien de Notre Dame,
à qui l'on s'adresse pour les affaires du Chapitre,
demeure dans le Cloître, et tient Chapitre les
Lundis, Mercredis et les Vendredis.
M. Chéron Officiai de Paris, à qui l'on
s'adresse pour obtenir permission de publier
Monitoire?, demeure rue du petit Musc près
l'Arsenal. On le trouve aussi bien souvent à la
maison de Pincourt rue des Amandiers Faux-
bourg saint Antoine 4.
Il tient son Audience en la première cour de
l'Archevêché, le Mercredi, et le Samedi à midi,
où l'on porte toutes les Causes concernant les
fonctions Curiales et les Accessoires; et par
conséquent les questions matrimoniales, la Mo-
rale des Prêtres 5, etc.
1. C'étoit le frère du médecin du roi, qui lui avoit
donné, en avril 1688, l'abbaye de Saint-Laurent [Journal
de Dangeau, t. II, p. 130).
2. C'est comme frère du premier médecin que l'abbé
Daquin y logeoit, la surintendance du Jardin royal étant
encore, pour la plus grande part, dans les attributions du
premier médecin du Roi.
3 . Ordonnances de l'autorité ecclésiastique, avec menace
d'excommunication, ayant pour objet d'obliger ceux qui
avoient connoissance d'un crime de déclarer ce qu'ils en
pouvoient savoir.
4. «. Monsieur l'Official de Paris qui connoît des fonc-
tions et actions bénéficiales, demeure rue du Petit-Musc et
est souvent à Pincourt, où il a une maison de bon air. »
Edit. 1691, p. 5.
$. L'Official, en effet, connoissoit de toutes ces choses.
Le Livre commode. 17
M. Coignet Promoteur de cette jurisdiction,
qui conclud pour la manutention des Canons et
Discipline Ecclésiastique, est Curé de la Paroisse
de S. Roch.
M. Robert Grand Pénitencier qui absout les
cas reservez ' , confesse presque tous les matins
et quelquefois l'apresdiné.
M. Le Chantre de la même Eglise 2, à la no-
C'est lui, par exemple, qui légitimoit par mariage les
unions qui n'avoient pas jusque là été régulières. Celle du
perruquier Lamour et d'Anne, sa perruquière, avoient
longtemps été du nombre, ainsi que Boileau nous l'apprend
au chant I" du Lutrin :
ce couple charmant
S'unit, dit-on, longtemps avant le sacrement,
Mais depuis trois moissons à leur saint assemblage
L'Official a joint le nom de mariage,
L'offirialité de Paris, abolie par la Révolution, fut rétablie
par Napoléon, pour qu'on y statuât sur son divorce.
1 . Il auroit pu, si l'on en croit la chronique, garder
pour lui-même beaucoup des pénitences qu'il distribuoit. Sa
vie n'étoit pas des plus édifiantes. L'abbé Legendre,
Mémoires, p. 59, se contente de dire qu'il avoit « des
talents, autant pour le monde que pour sa profession. »
Les chansons en disoient plus. V. le Recueil de Maurepas,
t. XXV, p. 363. Il avoit une pension de mille francs «pour
écriie l'histoire de ce que Louis XIV avoit fait en faveur de
la religion. » Il n'en écrivit pas un mot. (Legendre, Mém.,
p. 99.) Ajoutons toutefois que Nicole, qui étoit de Chartres
comme lui, le tenoit en grande estime. (Coujet, Vie de
Nicole, f'part., p. 16, et 2* part., p. ijo, 144.)
2. Ce chantre n'étoit pas moins que le célèbre Claude
Joly, dont nous trouvons un si bel éloge dans le Valesiana,
p. 39. Il avoit été, à Munster, le conseiller intime du duc
de Longueville pour les négociations du traité. Après la
Fronde, où il fut des plus hostiles à Mazarin, il devint
officiai de l'Église de Paris, puis, ce que nous le voyons
ici, grand chantre. Il ne mourut que le 19 janvier 1700,
à quatre-vingt-treize ans, des suites d'une chute. V. le
Mercure de France à cette date, p. 276.
Liyre commode. 2
i8 Le Livre commode.
mination duquel sont tous les Maîtres et toutes
les Maîtresses des petites Ecoles de Paris, et
qui connolt des causes concernant cette profes-
sion ', demeure aussi dans le Cloître, où il tient
son Audience le Jeudi à trois heures de relevée.
Messieurs Jousse et Moussinot au Parvis.
M. Marais rue Cocatrice, et M. Chevalier rue
saint Pierre aux bœufs, sont les quatre Marguil-
1ers Laies de l'Eglise de Paris.
Les Procureurs de l'Officialité et les Notaires
Apostoliques chez qui on peut passer tous actes
recevables en Cour de Rome, sont tous établis
rue Neuve, Cloître et Parvis Notre Dame.
Les douze Banquiers Expéditionnaires en Cour
de Rome, par l'entremise desquels on obtient
toutes les Bulles et Expéditions du saint Siège,
à peine de nullité et d'amende^, sont :
Messieurs
Du Bourgt, rue Bailleul.
De la Noue, rue de la Harpe.
1 . Il leur avoit consacré tout un livre en trois parties ;
Traité historique des Ecoles épiscopales par Claude Joly.
Paris, Muguet, 1678, in-12. Il eut, à leur sujet, bien des
contestations avec l'Université, et aussi avec les curés de
Paris qui n'acceptoient pas que le droit des Ecoles de
Grammaire appartînt seulement à MM. du Chapitre et au
grand chantre, comme ceux-ci le prétendoient. On peut lire
dans l'excellente édition, donnée par M. Cocheris, de V His-
toire du Diocèse de Paris, de l'abbé Lebeuf, t. I, p. 43-
44, le détail des factums qui furent échangés entre les deux
partis.
2. Us étoient conseillers du roi, et faisoient leurs expé-
ditions par courriers, non-seulement pour la Cour de Rome,
mais pour les légations. Ils eurent leur chapitre spécial
dans VAlmanach royal, dès la première année, 1699. Leur
création datoit du mois de mars 167}.
Le Livre commode. 19
Le Pelletier, rue saint Severin ' .
Daquinet, Parvis Notre Dame.
Noyer, rue de la Licorne.
Ruelle, rue des Prouvaires.
Le Roy, rue Bardubec.
Chubuté, rue des Prêtres saint Germ" l'Auxer-
rois*.
Le Zineau, rue des Massons ?.
Antoine, rue saint Christophle.
Beaudet de Beaumont, rue saint André.
Le Maine, rue Hautefeuille4.
On trouve des instructions très importantes
sur l'obtention et sur le dénombrement des Bé-
néfices de France, dans les livres que M. Le
Pelletier a composés, et qu'il vend chezluys,
et encore dans quelques autres que Michallet a
imprimés, rue saint Jacques à l'Image saint Paul.
Le Sieur François Muguet^ seul Imprimeur
1. Jacques Le Pelletier. En 1702, il étoit doyen des
banquiers expéditionnaires, et s'étoit rapproché de Notre-
Dame; il logeoit rue Saint-Christophe. (Alman. royal,
1702, p. 75.)
2. Son nom, défiguré ici, était Chubéré (Jean-Pierre).
Alman. royal, 1702, p. 7J.
j. Laurent Lezineau. {Id.)
4. Au lieu de douze banquiers-expéditionnaires, il devroit
y en avoir vingt ici. Un édit du mois de septembre de l'an-
née précédente, 1691, a voit, en effet, rétabli définitivement
les huit offices héréditaires créés au mois de décembre 1689,
et supprimés le mois suivant.
5 . « M. Pelletier, banquier expéditionnaire en cour de
Rome, qui demeure rue et devant Saint Séverin, est auteur
de deux livres très instructifs sur l'obtention et le dénom-
brement des bénéfices. » Edit. 1691, p. 5.
6. Nous avons vu plus haut que c'est lui qui avoit
public en 167} le Traité de Claude Joly sur les écoles épis-
copales.
20 Le Livre commode.
de l'Archevêché pour les Mandemens, Moni-
toires, Jubilez, Catéchismes, etc., demeure rue
de la Harpe.
Les Brefs à l'usage de Rome, se vendent chez
la Veuve Coignard, rue Saint Jacques'.
Les usages Romains, à scavoir Bréviaires,
Diurnaux, Missels, Rituels, Processionnels, An-
tiphonètes, Graduels etc. se trouvent chez pres-
que tous les Libraires de la rue S. Jacques, et
particulièrement chez la Veuve Coignard, et
chez les Sieurs de La Caille 2, Josse et Hérissant.
Les Livres de l'Office Divin à l'usage du
Diocèse de Paris, se vendent chez les sieurs
Josse et Léonard, rue Saint Jacques?.
M. Mariochaud Avocat en Parlement et Bailly
de la Justice Nostre-Dame, demeure dans le
Cloître.
M. Chevalier qui est Procureur Fiscal de cette
Justice, demeure rue saint Pierre aux bœufs.
M. Savin qui en est Greffier, demeure derrière
Saint Denis de la Chartre.
1. « chez Jean-Baptiste doignard, rue Saint-Jacques, à
la Bible d'or. » Edit. 1691, p. 4. « Le bref de Paris se vend
chez la veuve Cramolsy, même rue, aux Cigognes. » Ibid.
— La Bible d'or devint, au siècle suivant, l'enseigne des
Didot, et les Cigognes celle des Barbou, puis des Delalain.
2. Jean de la Caille. Sa boutique étoit rue Saint-Jacques,
à l'enseigne de la Prudence. C'est à lui qu'on doit l'excel-
lent ouvrage, devenu rare aujourd'hui, Histoire de l'Impri-
merie et de la Librairie, 1689, in-4°. V. ce qu'en dit
Chevillier, l'Origine de l'Imprimerie de Paris, 1694, in-4°,
p. 58.
3. « Les heures et autres livres de piété généralement
compris sous le titre d'usages, se vendent chez différents
libraires rue Neuve Notre-Dame, Quay de Gesvre et Pont
au Change.» Edit. 1691, p. 4.
Le Livre commode. 21
M. Des Combes Greffier de l'Officialité, de-
meure rue de la Draperie.
M. Taupinard Bailly de la Temporalité' et
qui tient son Audiance le Lundy et le Jeudy à
midy, demeure rue Galande.
M. Le Comte son Greffier, demeure rue des
Noyers.
EXERCICES DE PIÉTÉ.
Le Roi à qui Dieu a concédé le pouvoir de
guérir par un simple attouchement les malades
atteints des Ecrouelles, a la bonté de toucher
tous ceux qui ont été visitez par M. le premier
Chirurgien de Sa Majesté, la veille de Pâques,
de la Pentecoste, de la Toussaints, et de Noël,
après avoir fait ses dévotions^, et de leur faire
ensuite distribuer à chacun quinze sols par forme
d'aumône, à cause dequoi Monseigneur le Grand
Aumônier de France est toujours présent à la
Cérémonie.
1 . C'est ce qu'on appeloit aussi Bailliage de la duché-
pairie de l'Archevêché de Paris. On y connoissoit des
appellations de sentences rendues en matière civile par les
officiers de justice sur les domaines de l'archevêché. Un
bailli, un procureur fiscal et un greffier étoient attachés à
cette juridiction.
2. Pour plus de détails, on peut lire l'Etat de France de
1692, t. I, p. 238. Le nombre des scrofuleux que le roi
touchoit était quelquefois très-considérable. Nous lisons, par
exemple dans le Journal de Dangeau, sous la date du
21 avril 1685, c'est-à-dire à l'époque de Pâques, une de
celles où, comme on le voit ici, cette cérémonie revenoit
tous les ans : « Le roi fit son bonjour (ses pâques) à la
paroisse entre les mains du cardinal de Bouillon, et toucha
ensuite treize cents malades. »
22 Le Livre commode.
Le Roi pratique aussi chaque année le Jeudi
Saint, une action digne de sa singulière Piété;
car après le Service, l'Absoute et la Prédication,
Sa Majesté accompagnée de tous les Seigneurs
de sa Cour, lave les pieds à treize pauvres en-
fans, revêtus d'une longue Robe de ratine rouge
ayant une serviette au col qui s'estend jusqu'à
leurs pieds', à chacun desquels elle distribue
ensuite par les mains de Monseigneur le Grand
Aumônier de F'rance, treize plats de bois garnis
de poissons chacun avec la figure de l'un des
Apostres, un pot de vin, deux Aulnes de toile,
et treize écus blancs dans une bource à treize
pendans, ce oui est mis dans une manne et
donné ensemble à chacune des Mères de ces
enfans^.
Le même jour Monseigneur l'Archevêque de
Paris, fait aussi la Sêne dans la grande salle de
l'Archevêché, où il lave pareillement les pieds à
douze pauvres, à chacun desquels il distribue
trois plats de bois garnis de poissons, un pain,
un pinte de vin et un écu blanc.
M. De PelissonFontanierMaitredesRequestes
logé dans la maison Abbatialle de Saint Germain
1. L'Etat de France de 1692 contient aussi, à ce sujet,
d'intéressants détails, t. I, p. 20, 70, 120, 387.
2. Ce que Blégny devroit ajouter, c'est que les princes
prenoient part à cette cérémonie de la Cène, comme on
l'appeloit, et y servoient : « Le roi, écrit Dangeau, à la
date du Jeudi Saint, 7 avril 1689, entendit le sermon de
l'abbé Roquette, qui prêcha à merveille ; ensuite le Roi fit
la cérémonie de laver les pieds des pauvres. Monseigneur le
duc de Bourgogne servit à la cène pour la première fois.
Monseigneur — c'est le Dauphin — communia à la paroisse,
et puis revint servir à la cène. »
Le Livre commode, 23
des Prez', distribue par ordre du Roy, une infi-
nité d'Aumônes et de pensions considérables
aux Nouveaux Convertis*.
Mesdames de Guise?, de Créqui et de la Tré-
moùille4 qui sont Directrices de la Charité de la
Paroisse S. Sulpice, font d'ailleurs de grandes
aumosnes aux pauvres honteux.
Autant en font Mesdemoiselles de la Moignon 5
rue de Taranne, et l'Eschassier^ derrière la même
Eglise.
1. Il y logeoit comme administrateur de l'économat de
Tabbaye, charge qu'il occupa durant quinze ans. (Marcou,
PelUsson, Etudes sur sa vie et ses œuvres, 1859, in-8,
P- îîi-)
2. Il ne s'y epargnoit pas, en effet, en bon converti qu'il
étoit lui-même. Ces aumônes faisoient, au reste, partie de
ses fonctions : en même temps que l'économat de Saint-
Germain des Prés, il administroit la caisse des conversions
créée en novembre 1676. (/rf., p. 342.)
3. C'est en souvenir de son père Gaston d'Orléans, et du
palais du Luxembourg, où elle étoit née de son second ma-
riage, que la duchesse de Guise étoit restée une des grandes
aumônières de la paroisse Saint-Sulpice. Sa résidence étoit
alors, en effet, bien loin de là, au Marais, dans l'Hôtel occupé
aujourd'hui par les Archives.
4. Mesdames de Créquy et de la Trémoille étoient la
mère et la fille. M""' de la Trémoille mourut la première,
au mois d'août 171 1.
j. Elle avoit, pour les œuvres de charité, succédé à sa
mère la présidente, qu'on y avoit vue si aaive pendant la
Fronde. (Feillet, Misère au temps delà Fronde, 1862, in-8,
p. 231.) Elle avoit contribué surtout à l'œuvre des prisons,
dont elle fut une des premières trésorières. {Etal ou tableau
de la Ville de Paris, 1760, in-8, p. 72.) C'étoit une des
œuvres oii les dévots, comme Tartuffe, s'entremettoient le
plus volontiers, surtout par leurs fréquentes visites. [Athe-
nœum, t. II, p. 565.)
6. Elle étoit sœur de Favocat du roi, que nous trouverons
plus loin.
24 Le Livre COMMODE.
Il y a paraillement dans toutes les Parroisses
de Paris des Communautez de Dames Pieuses ' ,
qui font assister les pauvres malades honteux
d'Alimens, de Remèdes, et d'Opérations Chi-
rurgicales, et qui font même instruire des orphe-
lins de l'un et de l'autre sexe.
Quelques unes de ces Dames pratiquent encore
la charité avec un zèle exemplaire, pour la déli-
vrance des pauvres prisonniers retenus pour
dettes 2. Celles là sont connues de tous les
Concierges et Geolliers des Prisons, à qui on
peut s'adresser pour en avoir les addresses?.
Les Pauvres Prisonniers du Châtelet, et du
Fort l'Evêque, peuvent impetrer avec succez le
secours de Madame Lieve Tresoriere de la Cha-
rité de Saint Germain de Lauxerrois qui demeure
dans le Cloître.
Madame de Miramion4 Institutrice et Supé-
1 . « Sous la direction des quelles il y a des médecins,
des chirurgiens et des sœurs grises. » Edit. 1691, p. 3.
2. V. l'avant-dernière note.
j. « On apprendra les noms et demeures de ces Dames
rédemptrices, dans les geoUes mêmes des prisons, et entre
autres en celle de la Conciergerie du Palais, où l'on trouve
la dame Bourcier, femme du concierge, de qui elles sont
très-bien connues. » Edit. 1691, p. 4.
4. Marie Bonneau, veuve de Jean-Jacques de Beauharnois,
seigneur de la terre de Miramion, à une lieue d'Orléans.
S'étant vouée aux œuvres pieuses, dès qu'elle fut veuve,
l'année même qui suivit son mariage, et après que Bussy
eût tenté de l'enlever, elle fonda la Maison du Refuge pour
les filles qu'on arrachoit de force à la débauche, et celle de
Sainte Pélagie, pour les repentantes, qui s'en retiroient vo-
lontairement. Sa dernière fondation fut la Congrégation dont
il est parlé ici. Ce ne fut d'abord, en 1661, qu'une Commu-
nauté de douze filles pieuses, destinées à tenir les petites
écoles, panser les blessés, assister les malades. Son premier
Le Livre COMMODE. 25
rieure de la Congrégation des Filles de Sainte
Geneviève établie sur le Quay de la Tournelle ',
a toujours la même application aux œuvres
pieuses et charitables; et particulièrement en
faveur des pauvres Malades qu'elle fait assister
dans tous leurs besoins.
Madame de Poncarré^ occupée du même zèle,
demeure rue Neuve Saint Mederic.
Les Révérends Pères Celestins font distribuer
tous les jours du pain, à tous les pauvres qui
se présentent à leur porte à huit heures du ma-
tin, à deux, et à six heures de relevée.
Les Révérends Pères de Saint Lazare, donnent
tous les jours à disné à vingt quatre pauvres.
Les Révérends Pères Chartreux, donnent à
disné tous les Vendredis à un grand nombre de
pauvres honteux.
Les Révérends Pères de l'Oratoire de l'En-
fant Jésus rue d'Enfer, donnent aux pauvres la
déserte 3 de leur table.
On donne à disné tous les Dimanche à douze
nom fut la Sainte Famille, puis elle prit celui de Sainte
Geneviève qu'elle a ici, quand on l'eut réunie à une autre
communauté ainsi nommée, et dont le but étoit le même.
M""' de Miramion en fut la supérieure jusqu'à sa mort, le
24 mars 1696.
1 . On l'appela aussi, jusqu'à la Révolution, Quai des
Miramionnes, à cause des saintes filles que dirigeoit M"" de
Miramion. L'hôtel, dont elle avoit fait pour elles un cou-
vent, est aujourd'hui la Pharmacie centrale des hôpitaux
civils. Celui de sa fille, mariée au maître des requêtes,
Guillaume de Nesmond, est auprès, avec son marbre à lettres
d'or au-dessus de la porte : « Hôtel ci-devant de Nesmond. »
2. Femme du maître des requêtes, nommé en 170J pre-
mier président à Rouen.
}. Lisez « desserte. »
26 Le Livre commode.
pauvres honteux au Jardin Médicinal de Pin-
court, Fauxbourg Saint Antoine'.
L'Almanach Spirituel qui marque toutes solem-
nitez des Eglises de Paris, les jours et la condi-
tion des Indulgences, se vend rue Saint Jacques
chez George Josse^ à la Couronne d'Epine.
Tous les Dimanches après Vespres M. l'Abbé
Galliot sous Pénitencier de Paris, tient une
conférence publique de Controverse en la Cha-
pelle du Collège des Lombards rue des Carmes.
FINANCES ROYALES.
Chef du Conseil Royal des Finances.
M. De Beauvilliers, rue Sainte Avoye?.
Contrôleur Général des Finances.
M. de Ponchartrain4, au bout de la rue Vivienne
devant les Filles Saint Thomas 5.
1. « où ils sont servis par Monsieur le Directeur. »
Edit. 1691, p. 4. C'étoient, y est-il dit aussi, « les méde-
cins de la Société Royale » qui donnoient le dîner.
2. Un des plus vieux libraires du quartier Saint- Jacques.
De 1659 à 1661, il a voit été syndic.
3. Paul, comte de Saint Aignan, puis duc de Beauvilliers,
gouverneur du duc de Bourgogne. Il étoit chef du Conseil
des finances, depuis 1685, et le roi l'avoit fait mini.stre
d'état en 1691. Il habitoit rue Sainte-Avoie, englobée au-
jourd'hui, comme on sait, dans la rue Vieille-du-Temple,
l'Hôtel d'Avaux, qui prit à cause de lui le nom d'Hôtel
Saint Aignan, inscrit encore au-dessus de la haute porte,
seule partie qui en soit restée à peu près intacte.
4. Louis Phelippeaux de Pontchartrain fut dix ans, de
1689 à 1699, contrôleur général des finances. Il fut ensuite
chancelier de 1699 à 1704. M. de Maurepas, ministre sous
Louis XVI, étoit son petit-fils.
5. L'année précédente, il logeoit dans un tout autre
I
Le Livre commode. 27
Intendans des Finances.
M. De Breteuil, rue du grand Chantier».
M. Le Pelletier, rue Couture Sainte Catherine*.
M. De Caumartin, rue Sainte AvoyeJ.
M. Du Buisson, rue Simon le France.
M. De Chamillart, à la Place RoialeJ.
M. Darmenonville, vieille rue du Temple^.
qaarùer : « M. de Pontchartrain a son hôtel à Paris, près
les Cannes déchaussez du faubourg Saint-Germain. » Edit.
de 1691, p. 5.
1. François le Tonnelier de Breteuil. d'abord conseiller
au Parlement, puis intendant en Picardie et en Flandre, et
enfin, en janvier 1 684, intendant des finances et conseiller
d'ÉUt.
2. Michel Le Pelletier de Sovizy, qui, après avoir été
conseiller au Parlement, et successivement intendant de
Franche-Comté et de Flandre, s'étoit trouvé en passe de
devenir contrôleur général à la place de son frère. C'est
celui-ci qui lui fit préférer Pontchartrain, « par un motif
rare de conscience, » dit Saint-Simon dan? une note sur
Dangeau, mais par pure jalousie, suivant nous. — Son
hôtel de la rue Culture est occupé aujourd'hui par la pen-
sion Jauffret.
). L. Lefèvre de Caumartin, marquis de Saint-Ange, fut
intendant des finances de 1690 à 171 5, après avoir été
conseiller au Parlement et maître des requêtes. M. de Cau-
martin, prévôt des marchands de 1778 à 1784, qui donna
son nom à l'une des rues de la Chaussée- d'Antin, étoit son
petit-fils.
4. Beau-frère de Sonning, qui, beaucoup plus connu que
lai, — nous en parlerons plus loin, — avoit aidé à sa fortune.
j. « Rue des Bernardins. » Edit. 1691, p. 6. — C'est
Michel de Chamillard, qui, après avoir été maître des requêtes,
intendant à Rouen, puis, en 1690, intendant des finances,
eut une fortune si haute, lorsque de cette dernière charge,
étant passé, en 1699, à celle de contrôleur général, qu'il
garda )usqu'en 1707, il finit par devenir alors ministre de la
guerre.
6. Il devint plus tard directeur des finances. Il avoit de
très-grands biens, entre autres Rambouillet, qu'il échangea
28 Le Livre commode.
Gardes du Trésor Royal.
M. De Frémont, rue Neuve Saint Augustin'.
M. Brunet, rue des Francs Bourgeois 2.
Fermiers Généraux des Domaines, cinq Grosses
Fermes, et Domaine d'Occident comme cau-
tions de M. Pierre Domergue preneun.
avec le roi, pour qu'il y mît un haras, et la Muette qu'il
vendit à M"" de Berry, fille du Régent. La direction des
finances, dont il étoit titulaire, ayant été supprimée, il eut
une pension de douze mille livres, et en attendant qu'on le
fît secrétaire d'Etat des affaires étrangères, la charge, créée
exprès pour lui, de capitaine du bois de Boulogne. Il y fit
bâtir le pavillon, qui s'appelle encore à cause de lui « pa-
villon d'Armenonville. »
1. Avant d'être, à partir de 1689, garde du Trésor royal,
il avoit été dans les finances, et s'y étoit souvent empêtré,
notamment en 1682, 011 l'on avoit dû nommer deux com-
missaires pour l'examen de ses affaires, et mettre garnison
chez lui. Il ne s'en étoit tiré que moyennant quatre mil-
lions. (V. aux Mss. de la Biblioth. Nat., Lettres hist. et
anecdot., 10 et 17 avril et 8 may 1682.) Le maréchal de
Lorges, que sa fille .Geneviève avoit épousé en 1676,
l'avoit beaucoup aidé dans ce mauvais pas. Saint-Simon
épousa l'une des filles nées de ce mariage, quoique le
grand-père fût, comme ancien traitant, de la classe des gens
que son orgueil de duc avoit le plus en mépris. — L'hôtel
de la rue Neuve-Saint-Augustin, ou nous voyons ici Frémont,
devint, après lui, la propriété de son gendre, M. de
Lorges. Il fut acheté ensuite par la princesse de Conti,
•C'est sur son emplacement que fut percée en 1777 la rue
à laquelle le prévôt des marchands, M. de La Michodière,
a laissé son nom.
2. Brunet de Chailly, frère de Brunet de Rancy, et de
Brunet de Montferrand, auquel il succéda comme président
des Comptes, après avoir vendu à la fin de mai 1696, sa
charge de garde du Trésor, moyennant un million à M. de
Turmenies. Il y a dans les poésies de P. Du Cerceau, t. I,
p. 38-41, de jolis vers à sa femme.
3. Ce Pierre Domergue était le prête-nom, l'homme de
Le Livre commode. 29
M. Brunet, rue des Francs-Bourgeois'.
M. Pelissier, rue du Boulloy^.
M. de Reaupalu, rue Vivienne.
Mf* Arnaud, et de Blaine?, rue Neuve saint Au-
gustin.
M. Remond, rue de la Verrerie4.
M^s de Furgiss Hocquart, et Doùilli, rue des
fossez Montmartre.
W^ Granval^, de Lagni" et Corneri^, rue de
Richelieu.
paille de Berthelot, qui, en mars 1687, avoit pris pour
trente-six millions le bail des Gabelles et des Cinq grosses
fermes. Ce bail succédoit à celui de Jean Fauconnet, dont
on sait le nom par La Bruyère, qui appelle « les Faucon-
net » ceux qui, comme Berthelot et consorts pour Do-
mergue, lui servoient de caution. Ces prête-noms, seuls
contraaants officiels, avec la responsabilité de la prise de
corps, étoient de pauvres diables, qu'on payoit de leurs
risques par une pension de deux ou trois mille livres.
Monteil avoit vu une de leurs quittances d'appointements.
1. Un des frères de Brunet de Chailly, dont il a été parlé
dans l'avant-dernière note.
2. Avant celui-ci, dans l'Edit. précédente, p. 6, se trouve :
« Colin, rue Saint-Martin. »
3. Melchior de Blair, et non de Blaine, étoit un simple
intéressé aux fermes qui avoit, comme tel, eu des missions
en 1689 et 1691, dans la Picardie et la Bretagne. En 171 6
il fut mis à la taxe par la Chambre de justice pour 240,000
livres.
4. Remond de la Renouillère. Il fut taxé, en 1716, à
4J7,ooo livres.
5. « Turgis. » Edit. 1691, p. 6. C'est le vrai nom. Sa
femme, Marie de Maupeou, étoit cousine de M'"^ de Pont-
chartrain.
6. Charles de Poirel de Grandval. En outre de son inté-
rêt dans les fermes, il avoit une charge de munitionnaire
de la marine.
7. J.-B. de Lagny. Il fut directeur général du commerce
en 1694.
8. « De Cormery. » Edit. 1691, p. 6. C'est le nom vé-
?o Le Livre commode.
Mrs Hotman ', et l'Huillier, rue Sainte Anne.
M. Ricoult, vieille rue du Temple.
M. de Saint Amant, rue Vieilles Audriettes.
M. Berthelot l'ainé à l'Arsenal*.
M. Berthelot de Belleyj, rue Plastrière,
M. le Jariel, rue Verderet.
M. Brunet de Vauge, vieille rue du Temple 4.
M. Baugier 5, rue Sainte-Croix de la Bretonnerie.
M. Valier<', rue Beaubourg.
ritable. Louis Bauyn de Cormery devint fermier général à
Lyon en 1694.
1. Il avoit été en 1689 directeur des fermes à Rouen, et
c'est lui qui, en 1682, avoit dû avec un autre commissaire
faire cet examen des affaires de Frémont, dont il a été
parlé plus haut.
2. C'est lui, comme il a été dit dans une note précé-
dente, qui étoit le véritable preneur de ce bail des fermes,
sous le nom de Domergue. Il y avoit eu l'agrément com-
plet du roi, et plus même : « depuis ce traité fait, écrit
Dangeau, le 7 mars 1687, le roi a donné à Berthelot, la
valeur de plus de joo,ooo livres, et a dit qu'il le choisissoit
comme l'homme d'affaires le plus capable de faire les recou-
vrements sans tourmenter les peuples. » Il avoit été fermier
général en Flandre sous Colbert, puis munitionnaire des
guerres, ce qui lui avoit valu le logement que nous lui voyons
ici à l'Arsenal et, par suite, le surnom de « Berthelot des pou-
dres. » Sa fille épousa le baron de Beauvais, fils de cette
Beauvais la borgnesse qui passoit pour avoir déniaisé
Louis XI V, et dont l'hôtel fait, comme disoit Brienne,
avec des pierres du Louvre, existe encore rue Saint-An-
toine, n° 64.
3. Frère du précédent, mêlé à ses affaires, mais moins
riche.
4. De cette famille des Brunet que nous connaissons déjà,
et qui formoit dans le quartier du Temple une vraie tribu
de financiers.
5. Edme Baugier, qui avoit été longtemps intéressé dans
les fermes en Bourgogne.
6. Guillaume Vallier, qui, avant d'être fermier général,
Le Livre commode. 31
M. le Juge, rue du grand Chantier'.
M. Germain, rue des Victoires*.
M. de Courchant, cloître Saint Mederic?.
M. le Teliier, rue Neuve Saint Eustache4.
M. le Normand, rue de Torignis.
M. Boulanger, rue Neuve des Bons Enfans^.
M. Hénault, rue du Boulloy7.
avoit été greffier du Conseil privé et contrôleur du parle-
ment de Metz.
1. Sa maison, bâtie par de Cotte, étoit des plus belles,
avec ses bas-reliefs de Coysevox, son magnifique jardin, etc.
V. G. Brice, édit. 1701, t. I, p. 266.
2. Jean Germain fut secrétaire du roi en même temps
que fermier général, après avoir été dans les fermes à La
Rochelle.
3. C'est lui, suivant les Clés, que La Bruyère dénonce
dans le chapitre des Biens de fortune, g 16, comme s'étant
démesurément engraissé « dans le huitième denier : quelle
monstrueuse fortune, dit-il, en moins de six années! »
4. P. Le Teliier, qui, en 1687, n'étoit que sous-fermier
en Champagne.
5. Il étoit secrétaire du Roi, et avoit été d'abord fermier
général en Flandre. Son fils, le Normand de Tournehem,
fiit aussi fermier général, puis, en 1745, directeur-ordonna-
teur des bâtiments. Il eut pour neveu et héritier le Nor-
mand d'Etiolés, mari de M""' de Pompadour.
6. Charles Boulanger, qui avoit été, en 1689, receveur
général en Flandre.
7. Jean-Remi HenauIt, père du président si célèbre, selon
Voltaire, par ses soupers et sa Chronologie. Il avoit, sui-
vant son fils {Mémoires, p. 4), toute la confiance de Pont-
chartrain. Il n'eut pas moins celle de Chamillard, qui lui
abandonna le détail des Fermes, et l'auroit fait, pour peu
qu'il y eût consenti, secrétaire d'Etat de la Guerre. Ce que
le président n'ajoute pas, c'est que sous la Régence, son
père avoit des comptes à rendre. La taxe alloit le frapper
quand il la devança, en faisant la part du feu. Il avoua
2,500,000 francs de biens, plus $00,000 donnés à son fils
et pareille somme à sa fille, M"' de Jonsac. En abandon-
nant un million, au lieu de 1,2(0,000 livres qu'on vouloit
32 Le Livre commode.
Fermiers Généraux, des Aydes et Domaines de
France et Droits y joints, comme cautions de
M. Christophle Charrier ' preneur.
M. Logeois, rue de l'Université ^ à Saint-Ger-
main des Prez.
M. Dapougni, rue Bar-dubec?.
M. Robert, rue Neuve Saint Eustache4.
M. Delpeche, rue Saint Martin s.
M. Romans, rue Sainte Croix de la Bretonnerie.
d'abord, il fut tenu quitte, avec le profit de passer pour
fort habile, grâce à ses propositions faites d'avance. {Journ.
de Dangeau, 6 octobre et 5 décembre 1716.)
1. « Charriere. » Edit. de 1691, p. 7. C'est le vrai
nom. Le bail des aides et domaines, fait en même temps
que celui de Domergue, dont nous avons parlé plus haut,
avoit été adjugé moyennant vingt-sept millions : pour les
aides, vingt-et-un; pour les domaines, six.
2. « Rue Jacob. » Ibid. — Il étoit fils du receveur des
consignations du Châtelet, ce qui ne l'empêcha pas de se
faire appeler M. d'Imbercourt, quand il eut acheté la sei-
gneurie de ce nom. Sa fille, mariée d'abord au riche trai-
tant La Popelinière, épousa en secondes noces le maréchal
de Tourville, à qui elle apporta, en outre de ce que lui avoit
laissé son premier mari, 200,000 livres que lui donna son
père. [Journ. de Dangeau, 15 janvier 1690.) Lâugeois,
suivant les Clés, seroit le Chrysippe de La Bruyère.
3 . Un des traitants les plus riches et les plus intraitables.
C'est lui, suivant Richelet [Recueil de Lettres, t. I, p. 410,
note), qui harcela le plus vivement Patru pour quelques
dettes, et qui l'eût fait mettre au Châtelet, si Boileau ne
l'eût tiré de peine.
4. Il avoit commencé par être payeur des gages du Châ-
telet. Il parvint par l'intendant d'Armenonville, dont Gilbert,
son neveu, fils du riche drapier, à l'enseigne des Rats, étoit
le beau-frère.
5. Encore un traitant parti de fort bas, s'il falloit,
d'après les Clés de La Bruyère, voir en lui le type de ce
caractère : « Sosie, de la livrée a passé par une petite
recette à une sous ferme.... »
Le Livre commode. 33
M. Thomé, rue des fessez Mommartre'.
M'^ Mainon^ et le Maistre, rue Beaubourg.
M. de Mouchi, rue Jacob 5.
M. Blein, rue de Cléry.
M. Dumas, rue Beaubourg.
M. de la Porte, rue de Braque.
Receveurs Généraux des Finances.
Paris. M. Carel, place Royale.
— M. Sonning, rue des petits Champs 4.
1. Thomé de Lesse, comme l'appellent les auteurs des
Clés de La Bruyère qui veulent voir en lui le type du Ca-
ractère : « un homme d'un petit génie peut vouloir s'avan-
cer, il néglige tout, il ne pense du matin au soir, il ne
rêve la nuit qu'à une seule chose qui est de s'avancer... »
2. Il étoit alors nouveau dans les affaires. Il s'y poussa
davantage lorsqu'il eut épousé la veuve de Despech que
nous trouverons plus loin.
3. Vincent Maynon. Il resta, jusqu'en 17 17, fermier
général des aides, d'où alors il demanda « à être osté, » à la
seule condition qu'on lui rembourseroit sa charge. Ce qui fut
fait. Il vouloit plus, la ferme des Tabacs, dont l'an d'après
il offrit 2,200,000 livres. Law eut la préférence. {Joum.
de Dangeau, 24 avril 17 17; 31 août 17 18.)
4. Beau-frère de l'intendant des finances Dubuisson, dont
il a été parlé plus haut. Il n'étoit pas encore, rue des
Petits-Champs, parvenu à l'énorme fortune dont il étala le
luxe dans l'hôtel que Dulin lui bâtit un peu plus tard rue
de Richelieu, près de l'endroit où avoit été la porte, c'est-
à-dire à la hauteur de la rue Feydeau aauelle. Sa vie, de
même qu'à Neuilly, où il avoit une autre belle maison, y
fut des» plus galantes, comme on peut le voir par ce qui
est dit de la diversité de ses bonnes fortunes dans les
Partisans démasqués, 1707, in- 12, p. 189. Il y recevoit
aussi beaucoup de gens d'esprit : Chaulieu, J.-B. Rousseau,
l'abbé Courtin. etc. A tous ces titres, il avoit droit au cu-
rieux chapitre que M. G. Desnoiresterres lui a consacré dans
ses Cours galantes, t. III, p. 269. Si l'on connoît un peu
sa vie, on ignore complètement quel étoit son vrai nom,
Livre commode. 3
34 Le Livre commode.
Lion. M. du Pile, rue de Cléry'.
— M. Prendre, au petit Hôtel delaVrillière*.
Rouen. M. Aubry, rue des deux portes, quartier
S. Sauveur?.
— M. PouUetier, rue Sainte Anne 4,
tant l'orthographe en varie suivant les livres. Dans les uns,
il est écrit Sonning, comme ici ; dans les autres, tels que
les Partisans démasqués, il est orthographié Sonnen ; ail-
leurs, c'est Sonnin ou Sonningen. Ce dernier nom, qui
feroit supposer une origine allemande, nous pâroît devoir
être le vrai. Il étoit, en 1716, devenu caissier général des
fermes. Il fut mis à la taxe pour 600,000 livres.
1. Jacques- André Du Pille avoit été receveur des finances
à Lyon, avant de l'être à Paris, puis munitionnaire de l'ar-
mée et de la marine.
2. Paulin Prendre, d'abord receveur des finances et
« traitant » à Lyon, suivant Dangeau, qui le nomme
Prond. Ayant fait une belle fortune, il voulut, au commen-
cement de la Régence, marier sa fille, à laquelle il donnoit
200,000 écus de dot, avec le chevalier de Roye, mais ce
mariage manqua pour un autre qui sembloit plus beau, et
qui manqua de même. M"" Marg.-Pauline Prondre alloit
épouser le marquis de Rochefort, lorsqu'en septembre 171 6,
la charge de son père, ses maisons, ses terres furent sai-
sies par la Chambre de justice. Il fut taxé finalement à
1,900,000 livres. {Journal de Dangeau, 6 et 29 déc. 171 5;
9 sept, et 27 nov. 1716.) Sa fille, dès l'année suivante,
n'en épousoit pas moins le comte de Clermont Tonnerre.
V. dans le Journal de Verdun, sept. 1756, p. 240, un article
sur elle, à l'époque de sa mort. — Prondre avoit commencé
par être garçon de boutique à Lyon. [Correspond, des
contrôleurs généraux, t. I, p. 279.)
3. Il étoit mort au commencement des terribles exécu-
tions de la Chambre de justice, mais sa succession restoit.
Elle figure au 8" rôle pour 887,000 livres de taxe.
4. Il acheta plus tard, pour 800,000 livres, une charge
d'intendant des finances, qu'il voulut se faire rembourser,
quand ces charges furent supprimées en 17 16; on lui fit
dire qu'il ne seroit pas mis à la taxe, et qu'il se tînt pour
satisfait. C'est ce qu'il fit. {Journ. de Dangeau, n nov. 1716.)
Le Livre commode. 55
Soissons. M. Lallemant, porte Montmartre'.
— M. Hubert, rue Sainte Avoye.
Orléans. M. Bachelier, rue de la Corderie, près
le Temple.
— M. Desespoisses, près les Enfans Rou-
ges ^
Tours. M. de la Tour RoUot, rue de Richelieu.
— M. de Valiere, rue Saint Antoine.
Bourges. M. Héliot, rue du Mail.
— M. Jannay, rue des Bernardins 3.
Bordeaux. M. du Jardin Beaussart, rue de Ri-
chelieu.
— M. Crozat, place des Victoires 4.
Poitiers. M. de la Ravoye, rue d'Anjou au Ma-
rais 5.
1. Lallemant de Betz, qui fut, lui, mis à la taxe. On lui
fit rendre 480,000 livres.
2. Charles Vireux des Espoisses. Tout ce que nous sa-
vons de lui, c'est qu'il fut mis à la taxe en 1716, pour
}8o,ooo livres.
3. Jean-Etienne Janet. Il étoit mort, en 1716, quand les
financiers durent rendre gorge. On s'en prit à sa veuve,
qui paya une taxe de 45,000 livres.
4. Antoine Crozat qui devint, suivant le Journal de l'avo-
cat Barbier (février 1723), « le plus riche particulier de
France. » Il avoir commencé par être caissier de Penautier,
que nous trouverons plus loin, puis traitant à Montpellier, et
receveur général des finances à Bordeaux, comme nous le
voyons ici. Il étoit déjà fort riche, et s'étoit fait, à prix
d'argent, marquis Du Châtel, lorsqu'en 1707 il maria sa
fille, qui n'avoit guère que douze ans, au comte d'Evreux.
{Journ. de Dangeau, 2} fév. 1707.) La taxe à laquelle il
fut mis, en 171 6, ne fut pas moins de 6,600,000 livres. Ses
trois fils, qui firent grande figure, furent Crozat, marquis
Du Châtel, le président de Tugny et le baron de Thiers, im
des grands amateurs de son temps.
5 . Il étoit encore, à la fin de l'année précédente, receveur
36 Le Livre commode.
— M. Chambelin, rue Sainte Anne'.
Moulins. M. Raymond, rue des Blancs-Man-
teaux 2.
— M. de la Croix, rue Saint Antoine.
Riom. M. de Romanet, rue Sainte Croix de la
Bretonnerie?.
— M. Despech, rue Saint Martin 4.
Caèn. M. Groùin, rue d'Orléans, au Marais $.
général de la Rochelle. Sa fille, dont la dot fut de 410,000
livres, argent comptant, épousa, au mois de janvier 1712,
le marquis Du Plessis Châtillon.
1. Sa veuve, mise à la taxe en 1716, dut rendre 180,000
livres.
2. Il avait échangé pour celle de Poitiers la recette géné-
rale de Moulins, qu'il avait déjà en 1684.
j. Claude de Romanet, beau-frère de Racine, et mari de
l'une des filles de Vitart, ancien ami du poète. Il ne se
contenta pas, comme son père, André de Romanet, d'être
trésorier de France en quelque généralité, il se lança dans
les plus grosses affaires, où il gagna une fortune qui le
dénonça à la Chambre de justice de nov. 171 6. On peut
évaluer ce qu'il possédoit par le chiffre de la taxe à laquelle
on l'imposa : elle fut de 4,453,000 livres. Il la subit sans
sourciller et sans faire attendre. Dangeau annonce le 24 no-
vembre qu'il est condamné à la payer, et, deux jours après,
il ajoute qu'elle est payée déjà. Il mourut l'année suivante.
Son fils épousa M"° d'Estrade. {Journ. de Dangeau, 24 et
26 nov. 1716; II déc. 1717.)
4. Paul Despech. Il était mort en 171 6, mais la taxe eut
des reprises sur sa veuve, qui, nous l'avons dit, a voit
épousé Mouchi. Elle dut restituer au trésor 150,000 livres.
;. Pierre Gruyn ou Crouïn. Il étoit depuis longtemps
dans les affaires, où il avoit commencé comme receveur des
fortifications. Il devint garde du Trésor royai, et ne fut pas
dans cette charge d'une aménité rare. Son aventure avec
Jean Bart, qui avoit dû venir le trouver dans ses bureaux de
la rue du Grand-Chantier, où il logeoit alors, et qu'il reçi't
avec une brutalité qui, d'ailleurs, lui fut bien rendue, court
tous les ana. Une autre du même genre est moins connue,
Le Livre commode. j7
— M. Chaillon, rue des blancs Manteaux.
Allençon. M. Haette, rue de la Tixeranderie.
— M. de la Marliere, Cloître Saint Me-
deric.
Metz. M. Chevalier, rué Neuve Saint Eustache.
— M . Goujon, rue Neuve des petits champs ' .
Picardie. M. Boutin, Cloître Saint Honoré^.
— M..
Montauban. M. Berthelot de Scheiles?, rué Pla-
trière.
— M. du Jardin, rue de Richelieu.
Limoges. M. Sandrieu, à l'Hôtel de Lavrillière-t.
— M. Deschauffour, rue des Bons En-
fans 5 .
c'est la scène que lui fit un officier de gendarmerie, qui
alla juqu'à le maltraiter chez lui. Grouîn se contenta de le
faire mettre à la Conciergerie. [Journ. de Dangtau, lo et
17 avril 1698.) Son vrai nom étoit Desbordes-Grouïn, et il
venoit de fort bas : « jadis garçon de cabaret, dit Guy
Patin, fils du maître de la Pomme de pin, il est aujourd'hui
grand partisan, et même un des gabelles. » Plus il fut haut,
plus on se souvint d'où il venoit. Sa nomination de garde
du Trésor fut accueillie par cette chanson :
Garde du trésor de la France,
Gruyn quelle est ton insolence!
Connais-tu la Pomme de pin f
C'est là que l'épouse peu fière
D'un maudit frelateur de vin
Te donna jadis la lumière.
1 . C'est, croyons-nous, le même qui fut intendant de
Rouen à la place de Ronjault en 171 5.
2 . René Boutin qui n'étoit, quatre ans auparavant, qu'un
simple intéressé dans la ferme du Tabac.
}. Lisez Berthelot de Séchelles. Après avoir été receveur
à Montauban, il venoit d'être munitionnaire en Italie.
4. J.-B. Sandrier, et non Sandrieu, qui de la recette de
Montauban passa à celle de Limoges, fut secrétaire du Roi.
5 . Il avoit été direaeur des franchises au Mans, et mena
^8 Le Livre commode.
Bourg -en -Bresse. M. Jauranché, rue Haute
Fueille.
Receveurs du don gratuit des Etats.
Flandres. M, Brunet de Revey, rue des Francs
bourgeois.
— M. Berthelot de Belloy, rue Plâtrière.
Franche-Conté. M. du Rey, rue du Roi de Sicile.
Bourgogne. M. Chartraire, rue Saint Antoine.
Languedoc. M. Penautier, rue'.
Trésoriers des Parties Casuelles.
M. Damon, rue de Cléry.
M. Bertin, rue Neuve Saint Augustin 2.
si grand train dans toutes ses charges qu'il mourut misé-
rable. L'un de ses fils, qui avoit été lieutenant dans le régi-
ment de Tessé, eut une fin plus triste encore. Convaincu de
se livrer au vice infâme, et pour ainsi dire d'en tenir
maison, il fut brûlé vif en Grève le 24 mai 1726. Comme
on crioit son arrêt par les rues, sans oublier le nom du
crime, les filles de Madame la Princesse demandèrent à leur
mère ce qu'étoit ce crime-là. Elle leur répondit : c'est une
espèce de fausse monnoie.
1. Si son adresse n'est pas donnée, c'est qu'il n'en avoit
pas à Paris. Il étoit toujours en Languedoc, où il mourut
à la fin de juillet 171 1. Saint-Simon écrivit alors en marge
de la copie qu'il avoit du Journal de Dangeau, cette note
qui résume bien sa vie : « Penautier étoit devenu de cais-
sier un très-riche financier, trésorier du clergé et des Etats
de Languedoc; homme de beaucoup d'esprit, bien fait,
galant, magnifique et obligeant. Il fut mêlé dans les affaires
de la Brinvilliers et des poisons, et mis en prison avec grand
danger. » Nous avons vu que Crozat commença par être
son caissier.
2. Il avoit encore cette charge en 1702, mais plus tard,
sa fortune monta. Le Régent, dès son arrivée au pouvoir,
le fit un de ses plus intimes conseillers en matière de
finance. En 1697, il quitta la rue Neuve-Saint-Augustin
pour la rue Saint- Honoré, où il avoit acheté, pour l'embellir
1
Le Livre commode. 39
Trésorier du Marc d'or.
M. Chupin", rue Saint Honoré.
Trésorier du Sceau.
M. Bechet, place des Victoires*.
Receveur des Amandes du Parlement.
M. Dongois, Cour du Palais?.
Receveur des Amandes du Châtelet.
M. de l'Autel, rue Jean Robert 4.
encore, le bel hôtel du doyen des conseillers d'Etat, Henri
Pussort, dont il sera parlé plus loin. V. G. Brice, Descrip-
tion de Paris, 5' édit., 1701, in-12, p. I2j-ii6.
1. Il étoit mort en 1716; sa veuve fut mise à la taxe,
mais pour une faible somme : 22,500 livres. Son fils, qtfi
se fit appeler Chuppin de Gouzampré, fut reçu premier
président de la Cour des monnoies, le 15 août 1727.
2. Il devint plus tard greffier en chef du Parlement, et
mourut à 83 ans, le 24 juillet 1717 : « il avoit toujours été
fort estimé, » dit Dangeau à cette date. Il étoit fils d'une
sœur aînée de Boileau, qui, par ironie pour les grands airs
qu'il se donnoit, l'appelle souvent dans ses lettres « mon
illustre neveu. » Il logea de longues années chez lui, cour
du Palais. Voltaire, dont le père, M. Arouet, après avoir
été notaire, devint, comme « receveur des épices, » le col-
lègue de Dongois, s'est aussi moqué dans son Epître à
Boileau des ridicules de ce neveu, chez qui on l'avoit sou-
vent mené étant enfant :
Chez ton neveu Dongois je passai mon enfance,
Bon bourgeois, qui se crut un homme d'importance.
}. Dans VAlmanach royal de 1702, p. 42, oii nous le
trouvons à la même adresse, on ajoute : « chez lequel on
retire les lettres, quand elles sont scellées. »
4 . Simon de l'Autel, qui vivoit encore en 1 7 1 6, et ne fut
rais à la taxe que pour 6,400 livres.
40 Le Livre commode,
TRÉSORIERS PAYEURS.
Généraux de l'Extraordinaire des Guerres.
M. de Turmenies, rue d'Orléans, au Marais'.
M. de la Touanne, rue Neuve Saint Augustin 2.
Payeurs des Gages du Parlement.
M. Guygou, rue de Vantadour.
Des Gages du Grand Conseil.
M. Baudouin, rue des fossez Montmartre.
M. Biguet, rue Mauconseil.
Des Gages de la Cour des Aydes.
M. Cailly, rue Sainte Croix de la Bretonnerie.
M. Faure, devant les Blancs Manteaux.
1 . Louvois avoit eu en lui la plus grande confiance, ainsi
qu'on le vit à sa mort : Turmenies déclara alors quinze
millions que le ministre lui avoit donnés en réserve pour
l'extraordinaire des guerres {Journ. de Dangeau, 23 août
1691). Nous avons vu plus haut qu'en 1696, il acheta de
Frémont une des charges de gardes du Trésor. Il la remit en
1702 à son fils Turmenies de Nointel, intendant du Bour-
bonnais, maître des requêtes.
2. Un des hommes de finances, dont la fortune, puis la
chute firent le plus grand bruit. Il se soutint par le crédit
de Bontemps, dont, en 1690, son fils avoit épousé la nièce
M"' Dubois. Il avoit les plus belles terres, menoit le plus
grand train ; bref il faisoit parler de lui partout, même à
l'Opéra, où il disputa la célèbre Fanchon Moreau au Grand
Prieur. {Chansonnier Maurepas, ms. t. VII, p. 269.) Sous
le ministère de Chamillart, ses affaires et celles de Saurion,
qui étoit alors avec lui à l'Extraordinaire des guerres, se
gâtèrent, et en vinrent à un tel point que Saurion dut avouer
au ministre quatre millions de déficit dans leur caisse. H
fut mis à la Bastille. On en eût fait autant pour La Touanne,
si la maladie, dont il mourut bientôt, ne l'eût mis hors
d'état d'y être transporté. Le roi confisqua tout ce qu'il
avoit, et paya ses dettes.
Le Livre commode. 41
Des Gages de la Chambre des Comptes.
M- Henin, rue Jacob.
M. des Isles, rué
Des Gages de la Cour des Monnoyes.
M. Poulet, rue des Postes.
M. Mongeot, rue du Piastre.
M. Guilbert, rue de la Tixeranderie.
Des Gages du Chastelet.
M. Amelon, rue Barbette.
Des Secrétaires du Roy.
M. Raymond, rue des Blancs Manteaux.
M. Baudouyn, rue des fossez Montmartre.
Des Gardes Françaises.
M. Bourret, rue de Brac.
M. Duvaux, rue Saint Sauveur.
Des Gardes Suisses.
M. de Chaufoumeau, rue d'Orléans, aux Marais.
M. du Mée, rue du Mail '.
Des cent Suisses.
M. Alvarez, rue Thibaut-Thodé^.
1. Son vrai nom était Du May. Dans la correspondance
de Pontchartrain et de D'Argenson se trouve une curieuse
lettre sur la vie scandaleuse qu'il menoit, quoique marié,
avec une fille Grossot, dont le dévergondage était à ce point
éhonté qu'il l'avoit fait chasser de l'Opéra. V. Clément, La
Police sous Louis XIV, p. 451.
2. Louis Alvarès, qui se fit plus tard baron de Coursan,
étoit un intrigant bon à tout pour s'enrichir. Nous le trou-
vons ici trésorier des Cent-Suisses ; plus loin, nous le ver-
rons joaillier de la Cour. Il étoit en outre banquier, traitant.
42 Le Livre commode.
Des Chevaux Légers de la Garde.
M. Poupart, rue
M. Bourgevin, rue
M. Rullault, rue
Des Gens d'Armes de la Garde.
M. Pardé des Mottes, rue du Temple.
RENTES DE L'HOTEL DE VILLE.
La première partie des Rentes assignées sur le
Clergé est payée par
Mfs Boileau, vieille rue du Temple, et Roberge,
rue des Rosiers.
La deuxième le Vendredy, par
Mrs de la Bruyère, rue des Augustins ', et Guy-
bert, rue du Cimetière S. André.
La troisième le Jeudy, par
M, le Bœuf, Cloître Notre Dame.
et fournisseur de la marine. L'espionnage et la délation
étoient aussi son fait. C'est lui qui fit prendre, selon Fou-
cault {Mémoires y p. 327), Chauvigny, dit La Bretonnière,
qui faisoit le lardon ^ c'est-à-dire la Gazette de Hollande,
et qu'on accusoit d'être l'auteur du Cochon Mitri (V. nos
Variétés, t. X, p. 327); Foucault fit tirer Chauvigny de la
cage de bois où Louis XIV l'avoit fait enfermer au Mont
Saint-Michel, mais dut le laisser dans la prison même, où il
mourut après vingt ans de captivité. — D'après les dernières
découvertes de M. Jung [la Vérité sur le Masque de fer,
1872, in-8, p. 376), Alvarès pourroit bien avoir été pour
quelque chose dans la capture du prisonnier masqué.
I . Louis de La Bruyère, frère cadet de l'auteur des Carac-
tères. D'abord premier huissier du Parlement, il avoit
quitté cette charge vers 1686, pour celle que nous lui voyons
ici. Il mourut, un an avant son frère, le 12 mai 169J, n'ayant
que quarante-sept ans. (Jal, Dictionn. critique, p. 715.)
Le Livre commode. 43
La première partie des Rentes assignées sur les
Aydes et Gabelles est payée le Mardy, par
M. Lerelle, rue du grand Chantier.
La deuxième le Mardy j par
M. Bachelier, rue de la Corderie.
La troisième le Mercredy, par
M. Desponty, rue Tizon.
La quatrième le Mercredy, par
M. Boiteux, rue de la Cerisaye.
La Cinquième le Jeudy, par
M. Deschamps, près les Minimes.
La Sixième le Mercredy, par
M. le Droit, rue de Grenelle.
La Septième le Vendredy, par
M. Amiot, rue Michel le Comte.
La Huitième le Vendredy, par
M. Fredy, Cloitre Saint Benoist.
La Neuvième le Vendredy, par
M. Routier, rue Geoffroy Lasnier.
La Dixième le Vendredy, par
M. du Noyer, Cul de sac des Blancs Manteaux.
La Onzième le Samedy, par
M. Tissart l'Aine, rue Saint Sauveur.
La Douzième le Samedy, par
M^s Le Mesie, rue des Ecrivains, et Issaly, rue
des Rats.
La Treizième le Samedy, par
M. Houdiart, rue Perpignan.
44 Le Livre commode.
La Quatorzième le Samedy par
M. Hocart, rue des Fessez Montmartre.
La Quinzième le Jeudy, par
M. Roùalle, rue des Audriettes.
La Seizième le Jeudy, par
M. Tissart le Jeune, rue Saint Sauveur.
La Dix septième le Mercredy, par
W^ Boureau, rue de la Tisseranderie, et Berger,
rue d'Orléans, au Marais.
La Dix huitième le Mardy, par
Mfs Priaux, rue de la Colombe, et Soûet, rue
Verderet.
Les douze cens mil livres^ de l'Ediî du mois de
Novembre 1689 sont payez par
Mrs de Bellecour, rue des Victoires, Berger le
I. Dangeau {Journal, i"' àéc. 1689) dit i ,400,000 livres,
ce qui est le vrai chiffre. Il ajoute que cette somme étoit
constituée en tentes viagères sur l'Hôtel de Ville, « acquises
suivant les différents âges, avec accroissement de l'intérêt
des mourants sur les survivants. » C'étoit la réalisation de
la Tontine, proposée plus de trente ans auparavant par
l'italien Tonti, de qui venoit son nom. (Isambert, An-
ciennes lois françaises, t. XX, p. 87.) La somme affectée
aux intérêts, en principal, devoit être prise sur les droits
d'aides et gabelles, et sur les cinq grosses fermes, « spéciale-
ment hypothéquées, disoit l'édit, au payement desdites
rentes, même par préférence à la partie de notre Trésor
royal. » Cette tontine eut un très-grand succès : <■< J'aurois,
écrivoit l'intendant du Berry, Seraucourt, au Contrôleur géné-
ral, à l'époque où le projet en fut émis, j'aurois peine à
vous expliquer l'applaudissement qu'on lui donne dans toute
cette province, tant pour l'invention (chacun présumant
-qu'il vivra plus que Içs autres, et espérant par-là parvenir
à une grande fortune) que par la sagesse, avec laquelle tous
Le Livre commode. 45
Jeune, rue de Poictou au Marais, et Boucher,
rue Plastrière.
La Tontine ou Rentes Viagères sont payées par
M. Durand, à l'Hôtel d'Albret, rue des Francs
Bourgeois.
Les Syndics Onéraires^, sont
pour les I®, 2^, 3^, 4^, 5* et 6^ Classes
M. de Lonpré, à l'Hôtel de Ville.
Pour les 7e, 8", 9^ et lo^ Classes.
M. Tiercelet, rue Saint Antoine au dessus de
S. Paul.
Et pour les 11^, 12^, 13* e/ 14e Classes^
M. de Courcelles, près Sainte Marine.
Le Million de livres de lEdit du mois
de May 1 69 1 3 est payé par
Mrs Perelle, rue du grand Chantier, Bachelier,
les cas qui peuvent tomber dans l'imagination ont été pré-
vus. » (Boislisle, Correspond, des contrôleurs généraux,
in-4°, P- 211)
1. C'est-à-dire responsables, ayant réellement charge
{anus). Presque sous la même forme, c'est ainsi un mot
tout opposé à « honoraire. »
2. Une dame Charlotte Bonnemay, veuve Louis Barbier,
avoit pris une action de la 15'' classe, et, quand une
seconde tontine fut créée en 1696, une action encore, mais
de la 14'= classe. En 1726, elle vivoit toujours, et, se trou-
vant la survivante des rentiers de ces deux classes, elle
n'avoit pas moins de 76,000 livres de rente. Elle mourut
cette année-là, le 9 mars, à quatre-vingt-seize ans.
{Gazette de France, 9 mars 1726.)
3. t Le roi, dit Dangeau, à la date du 28 mai 1691, a
créé un million de rentes à la Maison de Ville, au denier
dix-huit. » Nous dirions à cinq et demi pour cent. C'étoit
dix sous de plus que le taux légal qui, dès le temps de
46 Le Livre commode.
rue de la Corderie et Despontis, rue des Tour-
nelles.
Le Bureau des Officiers Conservateurs des
Hipotheques sur les Rentes de la Ville est rue
de la Verrerie près la rue Bardubec, où M. de
la Porte principal Commis reçoit les Opposi-
tions, Main levées, et Ratifications et en délivre
les Expéditions, ainsi que des échanges, Dona-
tions etc.
CONSEILS DU ROY, ET CHANCELLERIE.
Monseigneur Boucherat ' Chevalier des ordres
du Roi, Chancelier et Chef de la Justice de
France a son Hôtel rue Saint Louis, au Marais^,
où il tient souvent le Conseil des Parties et l'Au-
diance du Sceau.
Conseillers d'Etat ordinaires.
M. l'Archevêque Duc de RheimsJ, rue Saint
Thomas du Louvre.
Colbert, étoit au denier vingt, c'est-à-dire cinq pour cent.
(Chéruel, Fouquet, t. II, p. 269.)
1 . Louis Boucherat, chancelier de France et garde des
sceaux, depuis le i" nov. 1665. Après avoir été successive-
ment conseiller au Parlement, maître des requêtes, inten-
dant de Guyenne, de Languedoc, de Champagne et de
Picardie, il étoit à quarante-neuf ans, par la protection de
Turenne, monté à ces hautes fonctions, qu'il garda jusqu'à
sa mort, le 2 septembre 1699.
2. Il existe encore au n° 40, mais est plus connu dans le
quartier sous le nom d'hôtel d'Ecquevilly, qu'il eut ensuite,
que sous le nom de Boucherat. Quand celui-ci mourut, on
commençoit le percement d'une rue qui devoit relier la rue
Vieille-du-Temple à la rue Chariot. On lui donna son nom
qu'elle garda jusqu'en 185 1 ; elle fut confondue alors avec
la rue Saint-Louis, aujourd'hui de Turenne, dont elle est,
en effet, le prolongement.
}. Charles-Maurice Le Tellier, archevêque de Reims, le
Le Livre commode. 47
M. l'Archevêq. de Rouen', rue de Verneuil.
M. Pussort^, rue Saint Honoré.
M. Voisin?, rue Sainte Croix de la Bretonnerie,
M. Courtin4, rue Saint Louis, au Marais.
M. Benard de Rezé5, rue d'Orléans.
M. d'Aligre^, rue Saint Dominique, Quartier
Saint Germain.
même qui fut si cruellement satirisé dans le Cochon Mttré^
dont nous avons parlé plus haut.
1. Jacques-Nicolas Colbert, un des fils du ministre.
Avant d'être archevêque à Rouen, il y avoit été coadjuteur,
avec le titre d'archevêque de Carthage.
2. Henri Pussort, doyen du Conseil, le dernier survivant
des juges de Fouquet, contre lequel il avoit déployé une
véhémence dont s'indigna M""' de Sévigné, et qu'expliquoit
sa parenté avec Colbert, dont il étoit l'oncle maternel. Il
mourut le 18 février 1697, « dans une grande vieillesse,
dit Saint-Simon, et toujours dans une grande considération. »
Pour sa maison, achetée en 1697 par Bertin des parties
casuelles, voy. plus haut ce que nous avons dit de celui-ci.
3 . Le même, qui devint ministre de la guerre, puis chan-
celier, puis garde des sceaux, le 2 juillet 1 714, et qu'il eût
fallu, suivant Saint-Simon, laisser dans quelque intendance,
comme celle du Hainaut, où il avoit montré des qualités,
mais de second ordre : < Noyé, dit-il, dans la science d'in-
tendant qu'il possédoit parfaitement, et dans l'exercice de
laquelle il avoit passé presque toute sa vie. »
4. Honoré Courtin, doyen du conseil après la mort de
Pussort. Il avoit été plusieurs fois ambassadeur, notamment
en Angleterre, à l'époque de la fuite de la reine, femme de
Jacques H : « Il avoit, dit Saint-Simon, signé le traité de
Heilbronn, celui de Bréda et plusieurs autres, il avoit tou-
jours été fort estimé et fort honoré dans tous les emplois
où il avoit passé. » Il mourut le 27 décembre 1703.
5. Fut longtemps du Conseil, dont il mourut le sous-
doyen, le 9 décembre 1702. Un de ses fils fut évêque
d'Angoulême.
6. Fils du chancelier Etienne d'Aligre. Il avoit dû à la
haute position de son père d'être fait conseiller ordinaire,
sans passer par le titre de conseiller de semestre. Cette faveur
48 Le Livre commode.
M. de Pommereu', vieille rue du Temple.
M. d'Argouges*, rue de l'Echarpe.
M. Bignon?, rue des Bernardins4.
M. Rouilles, Isle Notre. Dame.
M. de la Reynie^, rue du Boulloy.
étoit grande, et personne de son rang ne l'obtint après lui,
ce que Dangeau n'oublia pas de constater, en parlant de sa
mort le 19 mai 1695.
1. Aug. Rob. de Pommereu, seigneur de la Bretêche-
Saint-Non, fut intendant du Bourbonnais et de Bretagne, où
M"' de Sévigné le trouva le plus honnête homme et le plus
bel esprit de la n-obe. Il fut ensuite à Paris prévôt des mar-
chands de 1676 à 1683, et devint deux ans après conseiller
d'Etat. Quand il mourut en septembre 1699, Saint-Simon
écrivit en marge de son manuscrit du Journal de Dangeau
cette note qui vaut une oraison funèbre : « homme droit,
ferme, et transcendant, qui avoit et méritoit des amis. »
2. Frère du lieutenant civil. H fut fait conseiller d'Etat
avec Caumartin, le 20 janvier 1685 : « Us étoient, dit
Dangeau, les plus anciens du semestre. »
3. Jérôme Bignon, fils de l'avocat général au Parlement,
et conseiller d'Etat depuis le 28 mars 1686. Saint-Simon,
qui « étoit de père en fils ami particulier des Bignon, »
l'avoit en grande estime.
4. L'hôtel patrimonial des Bignon s'y trouvoit. Il avoit
été construit en 1566 pour Jacques Lefèvre, abbé de la
Chaise-Dieu, conseiller intime de Charles IX, L'étage infé-
rieur, dont les sculptures allégoriques, datées de 1567, sont
attribuées à Jean Goujon, fut transporté, après la démoli-
tion de l'hôtel, en 1830, dans la seconde cour de l'École
des Beaux Arts, où il est toujours. L'abbé Bignon, fils du
consei'ler d'Etat et bibliothécaire du roi, avoit, au commen-
cement du xviii" siècle, vendu l'hôtel au chancelier de la
principauté de Dombes, M. Chol de Torpane, dont il avoit
pris le nom.
5 . Rouillé, comte de Mêlai, dont M""" de Sévigné dési-
roit tant que son fils épousât la fille. Il avoit été fait con-
seiller d'Etat à la mort de Caumartin, et il fut président du
Conseil des finances au commencement de la Régence.
6. Gabriel-Nicolas de la Reynie, si célèbre comme lieu-
Le Livre commode. 49
M. le Marquis de Villars', rue sainte Anne.
M. de Saint Romain*, rue saint Louis.
M. le Comte de la Vauguion?, rue de Grenelle,
Quartier S. Germain,
M. FArchevesqued'Ambrun4, près le Collège des
4 Nations.
Conseillers d'Etat du Semestre de Janvier.
M. d'AguesseauJ, Quai de Nesle.
tenant de police. C'est à ce titre que nous parlerons de
lui plus loin. Sa nomination au Conseil d'Etat datoit du
28 mars 1686.
1 . Un des trois conseillers d'état d'épée. Le célèbre ma-
réchal duc de Villars étoit son fils. C'est VOrondate de
M"' de Sévigné. Il avoit été ambassadeur en Danemarck,
puis à Madrid, d'où il rapporta ce curieux Mémoire sur la
Cour d'Espagne, depuis 1679 jusqu'en 1681, publié en 1733,
pet. in-8, et réimprimé à Londres, à petit nombre, en 1861,
d'après un manuscrit, par M. W. Stirling qui le croyoit
inédit. Le marquis mourut le 28 mars 1698, à plus de
quatre-vingts ans. Sa femme a laissé des Lettres, dont le
chevalier Perrin possédoit le recueil, et dont la publication
qu'il se réservoit n'a été faite qu'en 1 760, six ans après sa
mort. Léop. CoUin les réimprima sous l'empire , et plus
récemment M. Courtois en donna une édition fort soignée.
2. Melchior de Harod de Senevas, marquis de Saint-
Romain, mort en juillet 1694, à plus de quatre-vingts ans.
Il étoit le plus intime ami de Courtin que nous avons vu
plus haut : « tous deux conseillers d'état, dit Saint-Simon,
l'un d'épée, l'autre de robe. »
3. Cette note de Saint-Simon, dans le Journal de Dan-
geau, à la date de sa mort, le 29 décembre 1693, peut lui
servir de biographie : « Après diverses folies, il se tua de
deux coups de pistolet, chez lui à Paris, dans son lit. Il
étoit chevalier de l'Ordre depuis 1688, conseiller d'Etat
d'épée, et avoit eu plusieurs ambassades, fort gueux, plein
d'esprit et de galanterie ; veuf et sans enfant, très petit et
simple gentilhomme. »
4. Charles Brulart de Genlis, mort en 1714.
5. Henri d'Aguesseau, d'abord maître des requêtes, pré-
Livre commode. a.
50 Le Livre commode.
M. de Ribeyre', rue de Taranne.
M. le Comte d'Avaux», rue sainte Avoye.
M. l'Abbé le Pelletiers, rue de la Couture sainte
Catherine.
M. de BreteuiU, rue du Grand Chantier.
M. du Gué de Bagnols 5, Intendant en Flandres.
Conseillers d'Etat du Semestre de Juillet.
M. de Marillac, rue Sainte Avoye ^.
sidcnt au grand Conseil, puis intendant à Limoges, à Bor-
deaux, dans le Languedoc, et enfin conseiller d'Etat. L'idée
de créer l'ordre de Saint-Louis est de lui. A sa mort, le
5 sept. 1699, Saint-Simon, dans une note du Journal de
Dangeau, fit amplement son éloge. L'illustre chancelier
d'Aguesseau étoit son fils.
1 . Antoine de Ribeyre, qui étoit aussi conseiller d'hon-
neur au parlement de Paris, après avoir été intendant à
Poitiers, puis à Tours, et commissaire du Conseil en Bre-
tagne. A 5^ mort, en octobre 171 2, son gendre La Bour-
donnois, intendant d'Orléans, lui succéda comme conseiller
d'Etat.
2. Jean-Antoine de Mesme, qui s'étoit donné le titre de
comte d'Avaux qui n'appartenoit qu'à son frère aîné : « Ses
fréquentes ambassades, dit Saint-Simon, l'avoient accoutumé
à l'épée et à se faire appeler le comte d'Avaux en pays
étranger. Dans ses divers retours en France, il ne put se
résoudre à se défaire de cette qualité de comte, ni à
reprendre l'habit de son état. » C'est lui que M"'" de Sévi-
gné appelle Figuriborum. Il mourut en février 1709. Nous
avons, p. 26, note 3, parlé de son hôtel.
3. Ancien commissaire aux Grands Jours d'Auvergne,
frère du contrôleur général Le Pelletier et de Le Pelletier
de Souzy. Il étoit conseiller d'Etat depuis 1685, et il mourut
le 17 octobre 1696.
4. Ancien intendant des finances, et conseiller d'Etat de-
puis i68j.
5. Dreux-Louis Du Gué de Bagnols, conseiller d'Etat
depuis 1687. C'est le même dont la femme amusoit tant
M"" de Sévigné avec ses ridicules.
6. Ancien avocat général au grand Conseil et intendant
Le Livre commode. 51
M. le Pelletier de Souzy', rue de la Couture
S. Catherine.
M. delà Moignon de Basville, Intendant en Lan-
guedoc 2.
M. Bazin de Bezons, Intendant en Guyenne?.
M. de Harlay de Bonneuil4,ruë Saint Louis, au
Marais.
M. de Fourcy 5, rue de Jouy^.
Maîtres des Re^juestes de PHotel du Roy.
Pour M. le Doien, voiez le Chapitre des prin-
cipaux Magistrats, et pour les autres prenez la
liste dans la Grand' Salle du Palais, près la Cha-
à Poitiers. Il eut la charge de conseiller d'Etat de semestre
en 160}, parce que son père s'en démit pour lui, « ce qui,
dit Dangeau, ne s'étoit jamais pratiqué. » — L'escalier de
son hôtel, rue Sainte-Avoye,étoit remarquable. V. G. Brice,
}« édit., t. I, p. 256.
1 . Nous avons dit comment il fut en passe de succéder
à son frère comme contrôleur général au lieu de Pontchar-
train. Il étoit d'une grande capacité. C'est avec lui que le
roi faisoit tous les lundis le travail des fortifications.
2. Cinquième fils du président de Lamoignon. Il fut
d'abord intendant à Poitiers. En Languedoc, après la révo-
cation de l'Edit, il fut terrible contre les protestants.
3. Avoit été d'abord intendant à Limoges et à Orléans.
Il étoit conseiller d'Etat de semestre depuis le 28 mars 16S6.
4. Nicolas-Auguste de Harlay de Bonneuil, d'abord con-
seiller au Parlement, maître des requêtes et intendant en
Bourgogne. Il fut conseiller d'Etat de semestre en 1686, et
conseiller d'Etat ordinaire en 1700. Le chancelier Boucherai
étoit son beau-père.
j. Autre gendre de Boucherat, dont il avoit épousé la
fille aînée. 11 fut prévôt des marchands à Paris, de 1684
à 1691.
6. A l'époque de sa prévôté on ouvrit, près de son hôtel,
une rue qui faisoit communiquer la rue de Jouy avec la
rue Saint-Antoine. On lui donna son nom qu'elle a gardé.
52 Le Livre commode.
pelle, au bas du degré des Requestes de l'Hôtel,
ou chez les Sieurs Michallet et Rondet impri-
meurs rue Saint Jacques.
Les Grands Audianciers de France, Examinateurs
et Rapporteurs des Lettres qui doivent passer
au Grand Sceau ^ sont
Pour le quartier de Janvier, M. Boucher, rue
des Quatre Fils. Pour celuy d'Avril, M. le Mire,
rue de Paradis. Pour celuy de Juillet, M. le
Fevre, Place du Collège Mazarini ' . Et pour celuy
d'Octobre, M. le Ménestrel, rue du Hazard*.
Les Contrôleurs Généraux de PAudiance de la
Chancellerie d" France qui veillent à ce que
les Lettres accordées ne soient soustraites, et
que nulles autres ne passent au sceau, sont :
Pour le quartier de Janvier, M. Contard?, rue
saint Honoré. Pour celui d'Avril, M. Pitot4,
rue de Ventadour. Pour celui de Juillet, M. Be-
noist, rue de Grenelle, quartier saint Germain.
Et pour celui d'Octobre, M. de Jonquiere, rue
Vivienne.
1. Il logeoit, en effet, au collège des Quatre Nations, ou
collège Mazarin, qui est, comme on sait, devenu le palais
de l'Institut.
2. Fils du trésorier du Conseil des bâtiments. Il habitoit,
rue du Hazard, une des nombreuses maisons dont son père
avoit eu, grâce à sa charge, le terrain presque pour rien, à
l'époque oîi l'on construisoit ce quartier. V. notre Histoire
de la Butte des Moulins, p. 84.
j. Il faut lire Coustard, d'après VAlman. royal de 1702,
p. 41.
4. Le même Almanach le nomme Pirot.
1
Le Livre commode. 5j
Us Gardes des Rolles des Offices de France, sont :
Pour le quartier de Janvier, M. Préval, rue
de la Sourdiere. Pour celui d'Avril, M. Hevin',
rue des Fossez Montmartre. Pour celui de Juillet,
M. Boucot2, rue Hautefueille. Et pour celui d'Oc-
tobre, M. Ausbourg, rue des Fossez Montmartre.
Trésorier General du Sceau.
M. Bechet, Place des Victoires.
1. Hénin, d'après le même Almanach, p. 41.
2. C'étoit un des plus grands curieux de Paris, comme
on le verra plus bas, à propos de sa bibliothèque. Il eut
la visite de Lister, quand celui-ci fit son second voyage à
Paris. Grand amateur de coquilles, il admira surtout celles
qui étoient une des nombreuses curiosités du cabinet de
Boucot [Voyage de Lister à Paris en 169S, tradua. de la
Société des bibliophiles, 187}, in-8, p. 64-66). G. Brice, qui
lui aussi, dans sa Description de Paris, parle longuement, t. II,
P- 97-99j <^cs collections de Boucot, y mentionne en particu-
lier la bibliothèque : « On y voit, dit-il, ... une grande quan-
tité de livres très-bien conditionnés, entre lesquels il y en a
plusieurs de cartes et d'estampes rares et singuliers. » A la
mort de Boucot, en 1699, la vente de ses livres prouva que
Brice avoit dit vrai : il nous suffira de donner le titre du
Catalogue, qui annonçoit cette vente pour le 16 nov. : Cata-
logue de la Bibliothèque de défunt M. Boucot, garde rolle
des officiers de France, composée de plus de dix huit mille
volumes de livres imprimez, très-bien conditionnez, plusieurs
des in-folio étant de grand papier, et reliez en maroquin, de
plus de soixante et dix mille estampes, entre lesquels il y a
dix sept mille portraits. M. G. Duplessis a publié, en 1870,
sur cette vente, une curieuse lettre de Nicos Clément à
Gaignières, dans le Bibliophile français, t. V, p. 97.
54 Le Livre commode,
SECRETAIRES DU ROY.
MAISON ET COURONNE DE FRANCE.
Syndics en Charge.
M. de la Baune, rue Thibaut Thodé.
M. Rouillet de Beauchamps, rue des Rosiers,
quartier S. Germain.
M. Gourdon, à l'Hôtel de Guise.
M. Gamard, rue Neuve des petits champs.
M. Hubert, rue Sainte Avoye.
M. Hérardin, à l'Hôtel de la Monnoye.
Trésorier de la bourse commune.
M. de Lamet, près Saint Eustache.
Ces Officiers tiennent les Assemblées du Col-
lège en la Chancellerie du Palais, où l'on peut
recouvrer la liste générale de ceux qui en sont
Membres, et encore chez le sieur Rondet Impri-
meur, rue S. Jacques.
Advocats ez Conseils du Roy.
M. Aubery leur Doyen, demeure rue Saint Denis
devant la rue du petit Lion.
On peut recouvrer leur Liste chez le sieur du
Brec Clerc de leur Collège rue de la Calandre,
ou encore chez le même Rondet.
Le Livre commode. 55
PRINCIPAUX MAGISTRATS.
Juges ordinaires et gens du Roy, des Cours souve-
raines et Juridictions subalternes de Paris.
PARLEMENT.
Premier Président.
M. de Harlay, Cour du Palais.
Présidens à Mortier.
M. de Nesmond^, Quay de la Tournelle?.
M. de Maisons4, rue de l'Université.
1 . Achille de Harlay, qui avoit succédé dans cette charge
à M. de Novion, en sept. 1689. Sa complaisance, lorsqu'il
étoit procureur général, pour la légitimation des bâtards du
Roi, « doubles adultérins, » fut, selon Saint-Simon, la
source de sa fortune. Il avoit été « l'adroit auteur de cette
légitimation... sans nommer la mère. > Saint-Simon, Af «m.
1877, in-i8, t. XX, table rédigée par lui-même, p. 257.
2. Il avoit acquis, en 1689, de Lamoignon, qui en garda
la survivance, cette charge de président à mortier. Lors-
que Nesmond mourut en 1693, Lamoignon eut ainsi le
droit, moyennant 350,000 livres données à sa famille, de
reprendre la charge. (Dangeau, Journal, 4 déc. 1689 et
19 mars 1693.)
3. Son hôtel y existe encore presque intact, auprès de la
Pharmacie centrale, qui étoit alors, nous l'avons dit plus
haut, l'hôtel dont M"' de Miramion, belle-mère de Nes-
mond , avoit fait un couvent. Selon Saint-Simon , c'est
Nesmond qui fit le premier poser au-dessus de sa porte un
marbre avec son nom en lettres d'or. V. nos Enigmes des
rues de Paris, p. 181.
4. Il est beaucoup parlé de lui dans Saint-Simon, qui dit
beaucoup de bien de son esprit, et assez peu de son caraaère.
Il mourut en août 171 5, dans toute la force de son influence
sur le Parlement, et avec l'espérance qu'à la mort du roi,
qui ne devoit tarder que de quelques jours, il seroit fût
0 . Le Livre commode.
M. de Champlatreux', rue du Brac.
M. le Pelletier^, vieille rue du Temple.
M. de MesmesJ, rue Sainte Avoye.
M de Novion4, rue du Baac.
M. Talon J, rue Saint Guillaume.
garde des sceaux. Le nom de sa famille étoit Longueil.
Elle l'avoit échangé pour celui de Maisons, lorsque l'aïeul
du président avoit obtenu l'érection en marquisat de la
terre de Maisons, où il avoit fait bâtir un si beau château,
pendant qu'il étoit surintendant des finances. Ses malversa-
tions le firent révoquer. Il se contenta de dire : « Us ont
tort; j'avois fait mes affaires, j'allois faire les leurs. »
Saint-Simon, notes sur Dangeau, 12 avril 1705.
1. De l'illustre famille des Mole, et fils de l'un des der-
niers gardes des sceaux. Il céda sa charge à son fils, lors-
qu'il eut trente et un ans. (Dangeau, 11 avril 1707.)
2. Il devint premier président après la démission de M, de
Harlay, et se démit lui-même de cette charge, en 1712, à
la mort de son père, Claude Le Pelletier, ancien ministre
d'Etat et contrôleur général, qui l'y avoit fait rester malgré
lui. Un accident arrivé au Palais, dans l'Hôtel de la Prési-
dence, oîi le plancher de la salle à manger croula sous lui,
avoit dérangé son cerveau, jusqu'à le rendre presque inca-
pable de tout travail. (Saint-Simoii, t. IV, 78; VI, p. 212.)
C'est son père, étant prévôt des marchands avant d'arriver
au Ministère, qui avoit fait construire près de la Grève, en
167J, le quai nommé, à cause de lui, quai Pelletier. {Id.,
t. I, p. 301.)
j. Jean-Antoine de Mesme, neveu du comte d'Avaux dont
il a été question plus haut. Il avoit succédé, comme prési-
dent à mortier, à son père mort en janvier 1688. Il devint
premier président en 17 12, par suite de la démission de Le
Pelletier.
4. Potier de Novion, de l'Académie française, qui avoit
été jusqu'en septembre 1689 premier président. Sa vénalité
força le roi de lui faire abandonner cette charge pour la
céder à M. de Harlay. n Sur ses injustices réitérées, dit
Saint-Simon, le roi prit enfin le parti de l'obliger à se dé-
faire. » {Note sur Dangeau, 20 septembre 1689.)
5. Denis Talon, d'abord avocat général. Il avoit eu, en
Le Livre commode. 57
M. de Menars ', porte de Richelieu *.
Présidens des Enquesîes.
Première Chambre, M'^^ de Meaupou, rue Pierre
novembre 1690, une des deux places de présidents à mor-
tier que le roi venoit alors de créer, et pour chacune des-
quelles il avoit fait verser à l'un et à l'autre des titulaires
une somme de 350,000 livres, afin de dédommager les
présidents à mortier de ce qu'on augmentoit leur nombre.
(Dangeau, 12 nov. 1690.) — Sa maison existe encore au
n^ 16 de la rue Saint-Guillaume, avec cette « struc-
ture tout à fait belle, » dont parle G. Brice, édit. de 1684,
t, II, p. 187. « Les appartements, ajoute-t-il, sont très
agréables, ayant les vues tournées sur les jardins des
maisons voisines. La cour est grande, et enfin il paroît que
cette maison a été élevée avec beaucoup de dépense; mais
ce qui lui donne un merveilleux ornement, est l'excellente
bibliothèque qui y est, composée de tout ce qu'il y a de
plus rare et de plus recherché, soit pour les manuscrits,
soit pour les livres imprimés. »
1 . Jean-Jacques Charron de Ménars, frère de Madame
Colbert, qui avoit d'abord été conseiller au Parlement et
surintendant de la maison de la Reine. Il avoit eu la
seconde des deux charges de président à mortier créées en
1690, et dont Talon, nous l'avons dit, avoit eu la première.
Il m.ourut au mois de mars 171 3, à sa belle terre de Mé-
nars, près de Blois : f plein d'honneur, dit Saint-Simon
'(t. X, p. 28), de probité, d'équité, et modeste, prodige
dans un président à mortier, j
2. Son hôtel étoit en effet € à côté de la porte de Riche-
lieu, » dans l'impasse qui a gardé, en devenant une rue, le
nom de Ménars qu'elle lui devoit. Il avoit d'abord logé rue
Vivienne, près de l'hôtel de son beau-frère Colbert (G. Brice,
édit. 1684, t. I, p. 89). La bibliothèque de De Thou, qu'il
avoit achetée tout entière un fort grand prix, le suivit dans
ces deux hôtels, où Quesnel. puis l'abbé Du Guay en furent
les gardiens intelligents. Quant à lui, il ne s'en occupoit
guère, et celui qui l'acquit à sa mort n'en prit pas beaucoup
plus de souci : < Le cardinal de Rohan, dit Saint-Simon
(t. X, p. 28), acheta sa précieuse bibliothèque, qui étoit
celle du célèbre M. de Thou, qui fut pour tous les deux un
meuble de fort grande montre, mais de très-peu d'usage. »
58 Le Livre commode.
Sarrazin', et delà Barde^, Cloître Notre Dame.
Deuxième Chambre, M's Sevin de Quinsi, rue
des Blancs Manteaux, et de Thumery de Bois-
sise, rue Barbette.
Troisième Chambre, M^s Briçonnet, rue porte
Foin, et Amelot?, rue Dauphine.
Quatrième Chambre, M^s Crosset4, rue Neuve
Saint Augustin, et Feydeau, Cloistre Nostre
Dame.
Cinquième Chambre, M^s de la BaroireJ, rue de
1. Il devint président à mortier à la mort de Ménars,
par suite d'un marché que Saint-Simon qualifie d'extraordi-
naire, et qui l'est, en effet. Il lui acheta en 171 7 la survi-
vance de sa charge pour la somme énorme de 750,000
livres, dont 2 j 0,000 comptant, et 500,000 à verser aux
héritiers. Il y eut de plus 20,000 livres de pot de vin !
2, Denis de la Barde, qui en mime temps que président
des enquêtes étoit archidiacre de Josas et chanoine de
l'église de Paris, ce qui explique sa demeure au cloître
Notre-Dame. Il mourut le 2 mars 1709, à soixante et
onze ans.
}. Amelot de Chaillou, qui étoit arrivé à cette présidence
des enquêtes, après avoir été longtemps doyen des maîtres
des requêtes. Il avoit, en 1688, marié son fils, qui n'avoit
pas moins de 100,000 livies de rente, avec la fille de Ba-
rillon, notre ambassadeur à Londres.
4. Louis-Alexandre Croiset, et non Crosset, qui mourut
le 19 novembre 1728, à quatre-vingt trois ans, président
d'honneur au Parlement.
5. Il ne devroit plus figurer ici, puisqu'il étoit mort au
mois d'octobre de l'année précédente. Son entrée au Parle-
ment, comme conseiller, datoit du 19 décembre 1659. Il
avoit épousé une vieille mais très-riche veuve, avec laquelle
il se conduisoit fort mal, suivant M""" de Sévigné, qui l'ap-
pelle de la Baroie. V. sa lettre du 4 juin 1676. C'est lui,
d'après les Clés, qui, pour cela, auroit servi de type au
26" caractère de La Bruyère, dans le chap. de Quelques
usages.
Le Livre commode. 59
Taranne, et le Clerc de Lesseville', Cloître
Saint Méderic.
Présidens des Requesîes du Palais.
Première Chambre, M^^ Ferrand, rue Serpente»,
et Besnard de Rezé, près les Capucins du
Marais.
Deuxième Chambre, M^^ de Boiquemare?, rue
de Bourbon, et Brunet de Thorigny, rue des
Francs-Bourgeois.
Avocats Généraux.
M. de Harlay4, Cour du Palais.
1. C'est, d'après les Clés, un des Sannions de La
Bruyère. Ils étoient plusieurs frères, tous dans la haute
robe, qui descendoient, disoit-on, d'un tanneur de Mantes
dont la fortune étoit venue d'un prêt qu'il avoit fait sur
parole à Henri IV, dans le temps de la bataille d'Ivry.
2. C'est ce pauvre président Ferrand, dont la femme,
une Belizani , fit tant parler d'elle , moins pour l'Histoire
des amours de Cliante et de Belise, assez piètre roman de
sa façon, que pour l'histoire de ses propres amours. Le
scandale en fut si grand, que le président refusa de recon-
noître une fille, dont elle étoit accouchée, et qu'elle dut
faire élever sous un nom supposé, dans un couvent. Cette
fille, dont le prénom étoit Michelle, plaida par la suite pour
se faire reconnoître, mais n'obtint du Parlement que d'être
reconnue par sa mère. Le célèbre libraire De Bure, qui
avoit habité, rue Serpente, l'hôtel du président, recueillit
avec soin, comme souvenir, toutes les pièces de ce curieux
procès. (V. le Catalogue de sa bibliothèque, pp. 55 et 40,)
3. Lisez de Bocquemart. La présidente d'Osembray,
grande coquette du temps, la Lise de La Bruyère, l'avoit
épousé en secondes noces, mais sans vouloir perdre son
premier nom. C'est ce qui a fait dire à La Bruyère {Des
femmes, g 76), à propos de certains maris et de leurs
femmes : « ils n'ont souvent rien de commun... pas même
le nom... chacun a le sien. »
4. Fils du premier président, nonuné plus haut. Il étoit
6o Le Livre commode.
M, de la Moignon', à l'Hostel d'Angoulesme^.
M. d'Aguesseau?, rue Pavée, prés Saint André 4.
Procureur General.
M. de la Brisse, rue Barbette.
avocat général depuis le mois de janvier 1691, et devint
conseiller d'Etat en février 1697, tout cela fort jeune pour
de si importantes fonctions, car lorsqu'il mourut, le 23 juillet
1717, il n'avoit que quarante-neuf ans.
1. Chrétien de Lamoignon, fils aîné du célèbre premier
président Guillaume de Lamoignon, à qui est adressée une
des épîtres de Boileau. Ce fils devint président à mortier en
avril 1698, et mourut le 7 août 1709.
2 . Au coin de la rue Pavée et de la rue des Francs-Bour-
geois. Il existe encore, avec ses curieuses façades sur la
cour, telles qu'elles avoient été construites par Diane de
France, fille naturelle de Henri H, dont l'initiale et les em-
blèmes se voient encore dans les frontons, et après laquelle
l'hôtel, pour rester dans la bâtardise, passa au duc d'An-
goulême, fils naturel de Charles IX et de Marie Touchet, de
qui lui vint le nom qu'on lui donne ici. Il prit celui de
Lamoignon, qu'il a gardé, lorsque les Lamoignon s'y furent
succédé. Le premier fut Chrétien, l'avocat général, qui fit
de grandes réparations dans les jardins, qui étoient alors
d'une grande étendue; et dont la bibliothèque, qui avoit
Adrien Baillet pour bibliothécaire, y devint célèbre. (Ger-
main Brice, édit. de 1701, t. 1, p. 323.)
3. L'illustre chancelier. Avant d'arriver à l'être, le 2 fé-
vrier 1717, il fut, dès le 12 janvier 1691, avocat général,
comme nous le voyons ici, puis en octobre 1700, procureur
général.
4. Son hôtel existe encore. C'est le premier qu'on trouve
à gauche en entrant, de la rue S^int-André-des-Arts, dans
la rue Pavée, qui s'appelle aujourd'hui rue Séguier, du nom
d'une autre illustre famille de magistrats, qui occupoit
l'hôtel voisin de celui-ci. Le 27 juin 17 14, éclata à l'hôtel
d'Aguesseau un terrible incendie qui donna lieu à de grands
procès, par suite de la destruction de nombreux dossiers
appartenant à diverses parties. (Bruneau, Observations sur
Us lois criminelles^ in-4°, p. 9}.)
Le Livre commode, 6i
GRAND CONSEIL.
Premier Président.
M. Bignon', rue Saint Jacques.
Présidens du premier Semestre.
M. le Boulanger, rue des petits Augustins.
M. Feydeau de Brou 2, rue neuve Saint Paul.
M. Joly de Blaizy;, rue des Rosiers.
M. Rouillé de Marbœuf, rue Philippeaux.
Présidens du second Semestre.
M. Poucet de la Rivière^, rué des Francs Bour-
geois.
1. Deuxième fils de l'avocat général Jérôme Bignon. Son
prénom étoit Thierry. Il fut d'abord simple président au
grand Conseil, puis, en mars 1690, premier président. Il
mourut à soixante-cinq ans, le 19 janvier 1697.
2. Il étoit de cette îamille des Feydeau qui donna son
nom à l'une des rues du quartier Richelieu, construite vers
la fin du xvu" siècle, lorsque Catherine Vivien, veuve de
Pierre Feydeau, étoit dame du fief de la Grange-Batelière,
sur lequel on en avoit pris le terrain. (Lebéuf, Hist. du
diocèse de Paris, t. IX, p. 38.) Feydeau de Brou avoit eu
du roi la présidence au grand Conseil, en 1689, « comme
plus ancien maître des requêtes. » (Mim. de Foucault,
P- 254)
3. Lisez Joly de Bézy.
4. Mathias Poncet de la Rivière, comte d'Ablis, d'abord
conseiller au Parlement, puis maître des requêtes, inten-
dant en Alsace, à Metz, à Bourges, à Limoges, et en même
temps, depuis 1676, président au grand Conseil. Il mourut
en 1693. Son père, Pierre Poncet, conseiller d'Etat, avoit
été en passe de succéder en 1677 au chancelier d'Aligre.
Un livre qu'il venoit de publier. Considérations sur les
avantages de la vieillesse, etc., l'en empêcha par le ridicule
qu'il jeta sur lui, bien qu'il s'y fût couvert par le pseudo-
nyme de baron de Prelle. C'est sa mésaventure qui a fait
62 Le Livre commode.
M. Du Tillet de la Bussiere, vieille rue du
Temple ' .
M. de i'Isle, rue de Torigny.
M. Pinon», rue des Lions, près Saint Paul.
Avocats Généraux.
M. de Benoist, rue Beautreillis.
M. Anjoran, rue du Four, près Saint Eustache.
Procureur General.
M. Hennequin, Cloître Notre Dame?.
dire par La Bruyère : « un magistrat alloit par son mérite
à la première dignité, il éloit délié et pratique dans les
affaires : il a fait imprimer un ouvrage moral, qui est rare
par le ridicule. » Des ouvrages de l'Esprit, g 3.
1. Son fils Jean François, qui fut greffier en chef du Par-
lement, embellit beaucoup son hôtel de la rue Vieille-du-
Temple, dont on remarquoit surtout la porte « avec un
balcon au-dessus et une grande fenêtre couronnée d'un
fronton. » (G. Brice, édit. 1701, t. I, p. 274-27J.)
2. Il étoit de cette famille des Pinon, alliés aux d'Ormes-
son, qui furent, après les Vivien, seigneurs de la Grange
Batelière, près de laquelle une rue bâtie en 1780 porta leur
nom jusqu'en 1850, où elle devint la rue Rossini.
}. Hennequin de Charmont, qui logeoit au cloître chez
son frère, chanoine de Notre-Dame et conseiHer au Parle-
ment. C'est à lui qu'étoit arrivée cette peu honorable
aventure du testament de M""= Valentin, dont il fut fait un
conte, attribué à La Fontaine, publié avec plus de vraisem-
blance dans les Œuvres de Régnier Desmarets, et qui se
trouve aussi avec de très-curieuses notes dans le chansonnier
Maurepas, t. VII, p. 137-142 : M™" Valentin, près de
mourir sans enfant, et voulant laisser à son mari tout ce
qu'elle possédoit, fit en faveur d'Hennequin, leur ami, un
testament qui n'étoit qu'un fidéi-commis impliquant, sans
doute possible, restitution au mari. Hennequin ne l'entendit
pas ainsi ; il se mit en grand deuil comme héritier sérieux,
et se hâta de mettre la main sur le bien. Le coup par bon-
heur étoit prévu. Un second testament, qui annuloit le
Le Livre commode. 6}
COUR DES AYDES.
Première Chambre.
Mfs le Camus, Premier Président, rue de Berry •
au Marais, et de Briou *, rue Michel-Ie-Comte.
premier, fut produit à temps en faveur du conseiller des
aides, Jérôme Bragelogne, un autre ami, mais plus honnête
et plus fidèle, qui rendit l'héritage, comme l'avoit voulu la
testatrice. « Hennequin, dit une des notes du chansonnier
Maurepas, fut déshonoré et vilipendé partout. » La Bruyère
a fait une allusion directe à cette affaire dans les Caractères
59 et 60 de son chapitre de Quelques usages.
1. Frère du lieutenant civil, que nous trouverons plus
loin, et du cardinal Le Camus. Ils descendoient de Nicolas
Le Camus, marchand de la rue Saint-Denis, qui avoit été
un des entrepreneurs de la place Royale, où, comme on
sait, les bâtiments dévoient d'abord servir à l'établissement
de grandes manufactures de soie. Un pélican étoit l'enseigne
de Le Camus. Ses petits-fils en mirent un d'argent sur
champ de gueules, dans leurs armes.
2. C'est lui dont le fils fit tant de bruit par son mariage
avec M"'^ de la Force. Quoiqu'il fût gardé à vue chez son
père, que son amour pour cette vieille fille, plus âgée que
lui de prés de vingt ans, désespéroit, elle trouva moyen
de le voir et de le faire échapper. Un prêtre, qu'ils avoient
gagné, mais qui n'avoit pas l'autorisation de son curé, les
maria le 7 juin 1687, le jeune de Briou étant majeur depuis
à peine deux mois. Son père ne perdit pas de temps. Dès
le 17 juin il faisoit ouvrir une enquête, puis il obtenoit une
audience du roi, auquel il remontroit que M"^ de la Force
qui étoit pauvre n'en avoit voulu qu'au bien de son fils
qui étoit considérable; et le roi lui promettoit que, malgré
la puissance de la famille de M"'' de la Force, il laisseroit
toute liberté à la justice. L'incarcération du fils à Saint-
Lazare fut un des premiers effets de cette promesse. Ensuite
viiit le procès, qui aboutit, le 15 juillet 1689, à un arrêt
qui cassoit le mariage pour abus de célébration. (Nie.
Nupied, Journal des principales audiences du parlement,
I7J}, in^l., t. IV, p. 189.) La Fontaine a parlé de cette
64 Le Livre commode.
Deuxième Chambre.
Mfs Payen, dans le Temple, et Chassepot de
Beaumont, rue Beautreillis.
Troisième Chambre.
Mrs de l'Estoile de Gravelle, rue de Sorbonne, et
le Vasseur, rue de Berry.
Avocats Généraux.
M. des Aguests ', rue Vivienne.
M. Bignon, rue des Bernardins.
M. des Aguets de Gueitot, rue Mauconseil.
Procureur General.
M. du Boscq, Isle Notre Dame.
CHAMBRE DES COMPTES.
Premier Président.
M. NicolaP, vieille rue du Temple.
affaire dans sa deuxième lettre au prince de Conti (18 août
1689).
1. Il avoit cette charge depuis six ans : « M. des Aguets,
homme de beaucoup d'esprit, écrit Dangeau, le 20 mai 1686,
a été fait avocat général de la Cour des Aydes. »
2. Le sixième de cette grande famille des Nicolaï qui, de
IJ06 à 1791, fournit, sans interruption, son président à la
Chambre des comptes. Il étoit si bien admis, dans l'ancienne
Cour, qu'un Nicolaï devoit seul occuper cette charge que
pendant la Restauration, le prince de Condé ne pouvoit
s'empêcher d'appeler le marquis de Barbé Marbois, alors
président des Comptes : « Mon cher Monsieur de Nicolaï. »
— Celui qui figure ici, Jean-Aymard de Nicolaï, fut en
charge pendant quarante-huit ans, de 1686 à 17J4. Nous
ajouterons que ce sont les archives de cette famille, mises
à la disposition de M. A. de Boislisle par M. le marquis
de Nicolaï, qui lui ont fourni les éléments de son bel ou-
vrage, la Chambre des Comptes de Paris.
Le Livre commode. 65
Autres Présidens.
M. de Bretonvilliers ', Isle Notre Dame^.
M. Lambert de Torigny?, la même 4.
1. Le Ragois de Bretonvilliers, qui mourut en janvier
1700, sans qu'on eût beaucoup parlé de lui, si ce n'est à
cause de sa femme, Claude-Elisabeth Perrot, dont l'intimité
avec l'archevêque de Harlay fit quelque peu scandale, et à
cause aussi des magnificences de son hôtel.
2. L'hôtel Bretonvilliers, bâti de 1641 à 164^, pour le
père du président nommé ici, et qui étoit, lui, secrétaire du
roi, et intéressé dans les fermes, se trouvoit à la pointe de
l'Ile Notre-Dame ou Saint-Louis. Le quai sur pilotis qu'il
avoit fait construire à l'entour de cette pointe et les fon-
dations seules de son hôtel lui avoient coûté huit cent mille
livres. On peut juger par-là de la dépense du reste, dont
on peut lire d'ailleurs le curieux et magnifique détail dans
l'ouvrage de Brice (1701, in-8, t. 1, p. 392-J94). — A la
mort du président des Comptes, en 1700, son hôtel fut
aussitôt mis en vente, mais ne trouva acquéreur qu'en
17 16. C'est le maréchal de Tallard qui l'acheta, pour la
somme relativement minime de 220,000 livres. On y plaça
sous Louis XV la Cour des Aides. Les principales façades
furent détruites pendant la Révolution. Ce qui restoit de
l'hôtel du côté du quai fut emporté dernièrement pour le
percement du boulevard Henri IV.
3. Claude-Jean-Baptiste Lambert de Thorigny, mort en
août !70o. Il avoit eu, au mois de juin 1685, la survi-
vance de son père. Il étoit gendre du fameux Bontems.
4. Il s'agit de l'hôtel Lambert, situé en effet dans
a la même » Ile, tout près de l'hôtel Bretonvilliers. Le
Vau le construisit pour Nicolas Lambert, dit t le riche, »
suivant Tallemant, grand-père de celui qui figure ici, et
comme lui président des comptes. Il y eut de sa part en
le faisant bâtir un peu de dépit contre Bretonvilliers, par
qui, selon Tallemant encore, il s'étoit laissé enlever la
riche héritière Elisabeth Perrot. Vaincu par lui sur le ter-
rain du mariage, il voulut l'emporter contre lui sur un
autre, celui des constructions, en se bâtissant un hôtel plus
beau que celui que Bretonvilliers tenoit de son père. Il n'y
réussit pas. L'hôtel Lambert, tout superbe qu'il fût, avec
ses peintures de Romanelli, de Lebrun et de Lesueur, resta,
Livre commode. 5
I
66 Le Livre commojje.
M. Paris', rue neuve Saint Paul.
M. Rezé*, rue des Bourdonnois.
M. Rossignol 3, près les Filles Saint Thomas.
M. le Vassan4, rue neuve Sainte Geneviève.
M. Brunet de MonferrantJ, rue des Francs-Bour-
geois.
comme magnificence des bâtiments, étendue et point de
vue, inférieur à son voisin. G. Brice, édit. de 1701, t. I,
p. 388-391, en a donné une intéressante description, et il
existe, sous le nom de galerie Lambert, une collection de
gravures de Picard, datées de 1740, qui reproduisent les
peintures qu'y avoient faites Lebrun et Lesueur. L'hôtel,
qui fut plus tard la propriété du fermier général Dupin, où
Voltaire logea avec M"" du Châtelet, etc., appartient aujour-
d'hui, depuis 1842, à la famille Czartoriski.
1. Il avoit succédé à son père, l'un des députés de la
Chambre des comptes aux conférences de Rueil, pendant la
Fronde {Gazette de France, 6 mars 1649).
2. De la même famille que le président des requêtes
Bernard de Rezé, que nous avons vu plus haut.
3. Il avoit eu sa charge, en octobre 1688, par l'influence
de Louvois, à la mort de M. Dupré. Il étoit fils de Rossi-
gnol, qui avoit été si utile à Richelieu, puis à Mazarin, par
sa facilité à déchiffrer les écritures secrètes. {Historiettes de
Tallemant, édit. P. Paris, t. II, p. 33-34.) Son fils avoit
hérité de son savoir. « C'étoit, dit Dangeau (14 octobre
1705), à l'époque de sa mort, le plus grand déchiffreur de
l'Europe. » Peut-être M. Paulin Paris a-t-il raison, lorsque
parlant du père, qui avoit eu si bien le premier la clé de
toutes les écritures cachées, il dit : « Je croirois assez que
de cet habile homme vient le nom de rossignols, donnés
aux clés passe-partout. » Notes sur Tallemant, t. II, p. 94.
4. Lisez de Vassan.
j. Il avoit acheté une des nouvelles charges 100,000 écus,
« comme le roi, dit Dangeau, les a fixées. » Un beau por-
trait de lui gravé par P. Drevet, d'après F. de Troye, se
trouve en tête des Nouvelles remarques, ou réflexions criti-
ques, morales et historiques, par l'abbé Bordelon, vol. in-
12 publié en 1695, qui lui est dédié.
Le Livre commode. 67
M. Gilbert', rue de Torigny.
M. Tambonneau^, rue de l'Université?.
1. Louis-Charles Gilbert, qui occupoi* cette charge de
président à la Chambre des Comptes, depuis 1691. Il étoit
fils du marchand Gilbert, qui vendoit du drap, près des
Saints Innocents, à l'enseigne des Rats, et à qui sa grosse
fortune avoit valu de pouvoir marier sa fille Jeanne au
Conseiller d'Etat, Fleuriau d'ArmenonvilIe, dont il a été
parlé plus haut. Ce mariage avoit été beaucoup remarqué
et chansonné. (V. le Chansonnier ms. de Maurepas. t. VII,
p. 43 et 275.) Le président Gilbert étoit des plus entendus.
Il fit notamment un rapport célèbre, qui donna gain de
cause au Roi contre le duc de Bouillon dans un important
procès. (Dangeau, 9 avril 171 5.) H étoit aussi fort riche.
En 1 70 j , son fils avoit pu acheter 5 5 ,000 livres le régiment
de Chamiliart.
2. Son père, auquel il succéda, comme président des
Comptes, en 1684, a, dans Tallemarit, son historiette, où
ni lui ni sa femme ne sont fort bien traités. (Edit. P. Paris,
t. VII, p. 80, etc.) Le fils, avant d'avoir sa charge, avoit
dès 1657 été conseiller au Parlement, puis envoyé extra-
ordinaire à Cologne, et ambassadeur en Suisse. Il mournt,
ayant environ quatre-vingt-huit ans, au mois de novembre
1719.
3. Il habitoit o cette belle maison auprès du Pré aux
Ciers, » comme dit Tallemant, que Le Vau avoit bâtie pour
son père, et qu'on voit déjà figurée, en 1652, sur le plan
Gomboust. Elle est décrite par G. Brice (édit. de 1701,
t. 11, p. 267), avec son ordre dorique en pilastres, sa cour
« d'une étendue considérable, p ses appartements doubles,
et son jardin où, ajoute G. Brice, f La Quintinie fameux
jardinier du Roy a fait son apprentissage. » Tambonneau
la vendit longtemps avant de mourir. En février 1698, il
entra en marché avec M. le comte de Marsan, et après
quelques difficultés à propos de la propriété d'une moitié
de jardin, qui sont curieusement racontées dans les Annales
de la Cour et de Paris, t. 1, 221, l'affaire s'arrangea
Tambonneau avoit, paroît-il, besoin de vendre. Le prix fiit
de 235,000 livres, mais l'on calcula qu'avec les réparations
à faire, et l'achèvement de quelques parties, l'hôtel ne
monteroit pas à moins de 100,000 écus f^ Dangeau, 5 fév.
68 Le Livre COMMODE.
M. Robert', rue Neuve Saint Augustin.
M. Larcher^, Couture Sainte Catherine.
La Charge d'Avocat Général vacante.
Procureur Général.
M. Rouillé?, près l'Hôtel d'Angoulesme.
1698). En 1710, le comte de Marsan le vendit à M. de
Matignon. Quatorze ans après son petit-fils, le prince de
Pons, le racheta, et le garda toute sa vie. On ne la démoli
qu'en 1845, pour percer la rue Neuve de l'Université, dont
le nom actuel est rue du Pré aux Clercs, et qui par sa
longueur, de la rue de l'Université à la rue Saint-Guillaume,
permet d'apprécier ce qu'étoit l'étendue de ce magnifique
hôtel.
1. Louis Robert de Fortille. Nous nous étonnons qu'il
figure ici, car il avoit, deux ans auparavant, le 20 dé-
cembre 1 690, donné démission de sa charge pour payer ses
dettes, à la suite d'énormes pertes au jeu. (Dangeau, 20
déc. 1690.) C'étoit un des plus gros joueurs de Paris. On
veut que La Bruyère l'ait eu en vue dans le 7 5 " Caractère
de son chapitre des Biens de fortune : « Mille gens se
ruinent au jeu.... » Un jour, chez Lauzun, il avoit perdu
contre le prince Philippe dix mille pistoles « qu'il paya,
sans vouloir de composition, » dit Dangeau (13 août 1686).
Il étoit parent de Louvois, dont il avoit très-énerg'quement
secondé les projets en Hollande, comme intendant des places
conquises. (C. Rousset, Hist. de Louvois, t. I, p. 435.)
L'Espine, des bâtiments du roi, que nous trouverons plus
loin, étoit son beau-père.
2. Pierre Larcher, marquis d'Esternay, qui fut président
à la Chambre des Comptes, de 16$ i à 1700, époque où il
se démit en faveur de son fils. Il passoit pour avoir été le
conseiller de la princesse de Carignan, pour la rédaction de
ce fameux testament par lequel trois de ses enfants étoient
déshérités.
3. Il ne quitta cette charge qu'en juin 1701, pour celle
de Directeur des finances, moyennant 800,000 livres payées
au Trésor. Elle venoit d'être créée en double. Armenonville
eut l'une, comme on l'a vu plus haut. Rouillé eut l'autre.
Il passoit pour ami des lettres. Sénecé lui a adressé une de
Le Livre commode. 69
Requesîes de l'Hôtel du Roy.
M. De Fortia ', premier Président, rue de Baune,
près le Pont royal.
Procureur Général.
M. Maboulle*, rue de Sorbonne.
COURS DES MONNOYES.
Premier Président.
M. Colignon de ChampignyJ, rue S. Thomas du
Louvre.
Autres Présidens.
M. Cousin 4, rue de Guenegaud.
M. Feydeau, Isle Notre Dame.
M. de Lochefontaine, rue de Guénégaud.
ses épigrammes qui finit ainsi :
A vous qui reconciliez
Les Muses avec les finances.
1 . Bernard de Fortia, doyen des maîtres des requêtes de
l'Hôtel. Il mourut le 20 oaobre 1694.
2. Il occupoit cette charge, depuis vingt ans, par la ces-
sion que lui en avoit faite Nicolas Foucault, qui en parle
ainsi dans ses Mémoires (in-4'', p. 16) : t 1672. Le i" jan-
vier, j'ai passé ma procuration ad resignandum de la charge
de procureur général des requêtes .de l'hôtel à M. Maboul,
en exécution du traité fait avec lui de ladite charge, moyen-
nant 78,000 livres, dont il s'est obligé à payer j8,ooo livres
comptant. Le même jour, je lui ai rendu les provisions en
main. 1
j. Il venoit de succéder à son père Nicolas Cottignon —
et non Colignon — de Chauvry, mort le 22 mars 1692, à
8} ans, et qui cumuloit cette charge à la Cour des Mon-
noies, avec celle de généalogiste du roi.
4. Louis Cousin, que ses traductions des principaux au-
teurs byzantins publiées sous différents titres, de 1672 à
70 Le Livre commode.
M. Hourlier', Porte Saint Michel.
M, le Vacher, à l'Arsenac.
M. Desbiais, rue Sainte Avoye.
M. Faudet^, rue Barbette.
Avocats Généraux.
M. Guillaine, rue d'Enfer.
M. Hurez, rue Quinquempoix.
Procureur General.
M. de Selles, rue des fossez Montmartre.
AMIRAUTÉ.
M. le Comte de Thoulouse, Grand Amiral en
Cour.
Les Charges de Lieutenants Généraux et Par-
ticuliers, de Conseillers et d'Avocats du Roy,
vacantes.
M. Jacob, Procureur du Roy, rue Perdue.
CHASTELET.
Prévost de Paris i.
1685, firent nommer de l'Académie françoise, le 19 mai
1697. Il mourut en mars 1707.
1 . Claude Hourlier, que nous trouverons plus loin, bailli
du Palais.
2. Lisez Faudel. Il avoit épousé la fille de Zacharie
More!, maître de la Chambre aux deniers. Suivant les Clés
de La Bruyère, c'est à ?a femme qu'il seroit fait allusion
dans le 28° Caractère du chapitre de Quelques usages : « la
fille d'Aristippe est malade... » Le président Faudel mou-
rut en septembre 1707.
3. Le prévôt de Paris y étoit le représentant de l'auto-
rité et de la justice royale, mais depuis la création de la
I
Le Livre commode. 71
M. de Bullion', rue Platrière^.
Lieutenant Civil.
M. le Camus î, rue de Paradis.
Lieutenance de police en 1666, sa charge s'y étoit singu-
lièrement amoindrie.
1 . Le marquis de Bullion, fils du surintendant Claude de
Bullion, qui s'étoit fait sous Richelieu une si grosse fortune.
Le marquis avoit prêté serment au Parlement, comme
prévôt de Paris, le 22 mai 1685. Cette charge rapportoit
8,000 livTes, il l'avoit payée 50,000 écus. Toute diminuée
qu'elle fût, elle avoit son importance, surtout comme pres-
tige d'autorité : t les arrêts du Châtelet, écrit Dangeau
(20 octobre 1684), se rendent au nom du prévôt de Paris,
et le lieutenant civil est à son égard ce que sont les lieu-
tenants généraux dans les présidiaux, à l'égard du grand
bailli ou du sénéchal de la Province. » Le marquis de
Bullion mourut fou, en 172 1, dans une de ses maisons de la
Beauce, oii on l'avoit enfermé. < Un de ses cadets, écrit
Saint-Simon, étoit dès lors prévôt de Paris, sur sa démis-
sion, » {Mémoires, in-i8, t. XI, p. 397.)
2. Il habitoit l'hôtel que Le Vau avoit bâti pour Claude
de Bullion, de 1650 à 1634, et qui existe encore en partie
au n* 3 de la rue Jean-Jacques Rousseau, ancienne rue
Platrière. On y lit toujours au-dessus de la porte : Hôtel
Bullion. Il fut longtemps un des plus beaux du quartier et
des environs. {V. notre Histoire de la Butte des Moulins,
p. 95.) Il perçoit jusqu'à la rue Coq- Héron. C'est même de
ce côté-là que s'en trouvoient la galerie basse, avec sa
série des douze mois peinte par Blanchard, et la galerie
haute, où Simon Vouet avoit peint, en 1634, les aventures
d'Ulysse. Cette partie fut détachée de l'hôtel dans la
seconde moitié clu xviii' siècle. La loge maçonnique de
Saint Jean d'Ecosse s'y établit en 1779, dans la galerie
même de Vouet, qui étoit encore très-bien conservée.
L'autre partie, sur la rue Platrière, étoit devenue ce
qu'elle resta longtemps, presque jusqu'à nos jours : l'hôtel
des ventes. De nombreux locataires l'occupoient. On voyoit
entre autres écriteaux sur la porte, en 1789, suivant le
Provincial à Paris (Quartier du Louvre, p. 1 34) : f M. Taima
dentiste. » C'étoit le père du grand tragédien.
3. Frère du président à la Cour des aides, dont nous
72 Le Livre commode.
Lieutenant General de Police.
M, de la Reynie', rue du BouUoy.
Lieutenant Criminel.
M. d'Effila^, rue de la Verrerie.
avons parlé plus haut. Il avoit commencé par être maître
des requêtes, puis intendant d'Auvergne. C'est depuis le
4 septembre 1671 qu'il étoit lieutenant civil. Lorsqu'en
1684 les juridictions du grand et du petit Châtelet, qui
avoit aussi son lieutenant civil, furent réunies, sa charge,
devenue plus importante, puisqu'elle restoit seule, lui fut
conservée. C'étoit, suivant Saint-Simon, un fort honnête
homme, mais, ajoute-t-il (t. V, p. 342), « glorieux à un
point qu'on en rioit, et qu'on en avoit pitié. » Il étoit frère
du premier président de la Cour des Aides, et du cardinal
Le Camus, et quand il disoit : « Mon frère le Cardinal, »
il se rengorgeoit que c'étoit un plaisir.
"i. La charge de Lieutenant de police avoit été créée pour
lui en 1666. Il l'occupa jusqu'à ce qu'en 1697 le roi l'en
eût déchargé sur sa demande. Il ne garda que la place de
Conseiller d'Etat, qu'il avoit depuis 1680. Il étoit né à
Limoges le 25 mai 1625, de Nicolas de la Reynie, qui
depuis j6o8 y étoit conseiller du roi en la sénéchaussée
et siège présidial. Lui-même commença dans un présidial,
celui de Bordeaux, où il fut président en 1646. Il devint
ensuite Maître des requêtes, en 1661, puis enfin, cinq ans
après, lieutenant de police. Il mourut le 24 juin 1709, à
quatre-vingt-quatre ans. Il fut enterré sans aucune pompe,
au petit cimetière Saint-Joseph, « ainsi qu'il l'avoit de-
mandé. » {Mercure, juin 1709, p. 297.)
2. Lisez Deffita. Il avoit, en 1666, succédé dans cette
charge à Tardieu, si fameux par son avarice, et dont Boileau
a rappelé l'assassinat dans sa X' satire. Deffita, qui avoit
d'abord été procureur du roi des requêtes de l'hôtel, charge
qu'il céda à Nicolas Foucault, pour devenir lieutenant cri-
minel, conserva ce dernier emploi jusqu'à sa mort à la fin
de novembre 1700. Nicolas Le Comte lui succéda le i"
février suivant.
Le Livre commode. yj
LUutenans Particuliers.
Mfs du Martray • , rue du Mail, et Pasquier, rue
Bourlabbé.
Lieutenant Criminel de Robe Courte.
M. Bachelier du Moncel, rue de Clery,
Prévost de l'Isle de France^.
M. Francine de Grand Maison?, rue des Prou-
vaires.
Chevalier du Guet.
M. Chopin, rue de la Verrerie.
Juge Auditeur.
M. Testebone, rue Saint Antoine.
Avocats du Roy.
M. Brochard, rue Haute-fueille.
M. Leschassier4, rue du Jardinet.
M. Mallet, rue Neuve Saint Mederic.
1. Il étoit gendre de Félix, premier chirurgien du roi,
qui lui fit avoir en 1699 une pension de 500 écus. (Dan-
geau, 17 octobre 1684, et 14 juillet 1699.)
2. C'étoit le titre que prenoit le prévôt des maréchaux,
dont la juridiction s'étendoit sur toute l'Ile de France. Un
autre prévôt siégeoit à Melun, pour le reste de la généralité
de Paris.
3. Il étoit frère de Francine, qui avoit épousé une sœur
de LuUi, et qui devint, après celui-ci, direaeur de l'Opéra.
Francine de Grandmaison se démit de sa charge en faveur
de son fils, qui la céda lui-même, mais fort tard, en 171 8.
« Suivant l'usage, écrit Dangeau (12 novembre 171 8), son
successeur fut installé à la table de marbre par MM. les
maréchaux de France. »
4. Il étoit frère du supérieur du séminaire de Saint-Sul-
pice, et de M"' Lechassier dont nous avons vu plus haut
les grandes aumônes, il mourut à 84 ans, le 12 août 172;.
74 Le Livre commode.
Procureur du Roy.
M. Robert', rue Sainte Avoye.
PREVOSTÉ de l'HOSTEL DU ROY».
Grand Prévost.
M. de Sourchesî, rue de l'Université.
Lieutenans Généraux.
M. Barbier, cul de Sac Saint Sauveur.
M. Cornu de Noyon, rue Poupée.
Procureur du Roy.
M. Colinet, prés Saint Gervais.
1 . Claude Robert. Il étoit depuis longtemps attaché à la
juridiction du Châtelet, où il avoit commencé par être lieu-
tenant particulier. Il y a deux lettres de lui dans la Cor-
respondance des contrôleurs généraux, publiée par M. de
Boislisle.
2. Tribunal que présidoit le grand prévôt. Il jugeoit les
délits et procès survenus entre les gens de cour, et de plus
tous les crimes commis à Paris, lorsque le roi y résidoit.
3. Louis -François du Bouchet, marquis de Sourches, avoit
eu de son père la survivance de la grande prévôté, le
15 septembre 1649. Il fut, avant d'en être titulaire, con-
seiller d'Etat, colonel du régiment d'infanterie qui portoit
son nom, major général de M. de Luxembourg en Hollande,
gouverneur du Maine et du Perche, il se démit de la
grande prévôté, le 2j août 1714, en faveur de son fils, et
mourut le 4 mars 17 16. U a laissé des Mémoires qui sont
du Dangeau développé et du Saint-Simon éteint. Le troi-
sième volume, qui comprend les années 1685 et 1686, a
seul été publié en 1836 par M. Adelhm Bernier, d'après le
manuscrit trouvé par lui un peu auparavant, et qui prove-
noit de la bibliothèque du président Roland, vendue en 1834.
Le reste existe au château de Sourches, propriété du duc
Descars.
Le Livre commode. 75
CHAMBRE DU TRÉSOR.
Lieutenant General.
M. Vigneron, rue Jean Lointier.
Procureur du Roy.
M. le Sec de Saint Martin, rue de la Harpe.
CONNESTABLIE ET MARESCHAUSSÉE.
Lieutenant General.
M. de Ladarel, rue du Puis, près les Blancs
Manteaux.
Lieutenant Particulier.
M. Favart, rue Saint Honoré.
Procureur du Roy.
M. de la Fond, rue Saint Martin.
HOSTEL DE VILLE.
Prévost des Marchands.
M. de Fourcy ', rue du Jour».
Eschevinsi.
M. de la Leu4, rue Saint Denis.
1. Le même que nous avons vu plus haut parmi les con
seillers d'Etat de semestre.
2. Lisez rue de Jouy, comme plus haut, p. $1.
3. Il y en avoit seize et non pas quatre seulement. Ceux
qui suivent ne figurent ici que parce qu'ils avoient été les
derniers élus en 1690 ou 1691.
4. Il étoit conseiller du Roi et notaire au Châtelet. L'une
M
76 Le Livre commode.
M. Tardif', rue Saint Honoré.
M. Chauvin*, rue Saint Denis.
M. SavaletteJ, rue Saint Antoine.
Procureurs du Roy.
Titon, rue Sainte Avoye.
M. Girard Substitud, Quay Pelletier.
juge et consuls des marchands.
Grand Juge.
M. Clerambault, rue Jean Loinctier.
Consuls.
M. Rosseau, Chevalier du Guet.
M. Arnot, rue Saint G. Lauxerrois.
M. Convert, Quay des Orfèvres.
M. la Roze, rue de la Cossonnerie; lesquels Juge
et Conseils seront chargez le 27 Janvier de la
présente Année 1 692 .
EAUX ET FORESTS.
Lieutenant General.
M. Brachet, rue Saint Martin.
de ses filles épousa le fermier général Dupleix de Bacquan-
court, et l'autre Verani de Varennes, receveur des tailles
de l'élection de Montdidier. (Mercure, sept. 1734, p. 2089.)
1. Il étoit, de plus, conseiller de ville. Son élection da-
toit de 1691.
2. Son titre de quartenier, c'est-à-dire d'officier de po-
lice, chargé de faire respecter dans son quartier l'autorité
municipale, ne l'avoit pas empêché, ce qui étoit rare, à
cause du double emploi, d'arriver à l'échevinage, en 1690.
3. Notaire au Châtelet. Il étoit fils du fameux vinaigrier
de la rue Beaubourg, Savalette, dont l'histoire un peu
arrangée par Le Noble, dans son Gage touché, 1711, in-12,
p. 83, servit de sujet à Mercier pour sa pièce, la Brouette
du Vinaigrier.
Le Livre commode. 77
Lieutenant Particulier.
M. Goupy, rue Sainte Avoye.
Avocat General.
M. de l'Hommeau, vieille rue du Temple.
Procureur General.
M. Menard, rue Perdue.
ELECTION'.
Président.
M. de Chevriere, rue Saint André.
Procureur du Roy.
M. de Chenedé^, rue des Billettes.
BAILLIAGE DU PALAIS.
Bailly.
M. HourlierJ, porte Saint Michel.
1 . Juridiction des Elus, c'est-à-dire des magistrats, char-
gés par voie d'éleaion d'assister les commissaires royaux
dans !a levée des Aides, et la répartition des Tailles. Ils
avoient en outre la garde des deniers qui en provenoient.
Les pays d'Etat n'avoient pas d'Élus , aussi appeloit-on,
pour les distinguer, pays d'Élection ceux qui en avoient.
Paris figuroit dans le nombre, avec un personnel considé-
rable : un président, un lieutenant, un assesseur, vingt
conseillers, un avocat du Roi et un procureur du Roi, un
substitut et un greffier en chef. Les deux principaux de
cette magistrature figurent seuls ici.
2. Joachim de Chénedé, qui, après avoir été conseiller
au présidial d'Angers, et maire de la ville, fut successive-
ment conseiller, avocat et procureur du Roi, en l'Élection
de Paris. Il avoir épousé la fille de Bachelier, premier valet
de la garde-robe du Roi. il mourut le 8 avril 1694.
3. Claude Hourlier, que nous avons vu plus haut prési-
yS Le Livre commode.
Procureur du Roy.
M. Robert, rue Sainte Avoye.
MASSONNERIE.
Lieutenant General.
M. de l'Espine ', prés Saint Roch.
SCEANCES DES TRIBUNAUX,
ET JURISDICTIONS DE PARIS.
Les Tribunaux sont au dedans, ou hors de
l'enclos du Palais.
Ceux qui sont dans l'enclos du Palais, sont le
Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour
des Aydes, la Cour des Monnoyes, l'Amirauté,
les Requestes de l'Hôtel, les Requestes du Pa-
lais, la Chancellerie du Palais. Le Bureau des
Trésoriers de France, la Chambre Souveraine,
des Décimes, l'Amirauté, la Table de Marbre,
Eaux et Forests, la Chambre du Trésor, l'Elec-
dent de la Cour des Monnoies. Il avoit, comme bailli du
Palais, droit d'inspections sur toutes les boutiques qui s'y
trouvoient, entre autres celles des libraires du perron de la
Sainte-Chapelle, et des galeries Mercière et des Prisonniers.
C'est ce qui fait comprendre pourquoi Thomas Quinet, à
qui Molière avoit cédé son privilège pour la publication du
Dépit amoureux, le dédia à M. Hourlier. Celui-ci mourut
en juillet 1700.
I. Beau-père du président Robert, dont il a été parlé
plus haut. Il avoit, en 1667, donné « l'avis et plan pour
l'aplanissement de la Butte des Moulins ou Saint Roch, »
ce qui lui avoit permis de s'y faire une belle part dans les
terrains à construire. {V. notre Histoire de la Butte des
Moulins, 1877, in-18, p. 81, 84.)
Le Livre commode. 79
tien, le Bailliage du Palais ' et la Maçonnerie.
Ceux qui sont hors l'enclos du Palais sont, le
grand Conseil du Roy, et la Prevosté de l'Hôtel
de Sa Majesté, qui tiennent leurs Séances à
l'Hôtel d'Aligre, rue Saint Honoré, et rue
Bailleul^
Les Prévost des Marchands et Eschevins, qui
ont leur siège à l'Hôtel de Ville.
Les Juge et Consuls des Marchands, qui
tiennent leurs Audiances au Cloitre Saint Me-
dericî.
La Jurisdiction des Poudres et Artillerie, et
celle de la Chambre Royale, qui se tiennent à
l'Arsenal.
La Justice des Garennes et Chasses, qui se
tient aux Galleries du Louvre.
Celle des Officiers du Grenier à Sel, qui ont
leur siège au Carrefour des trois Maries.
L'Officialité, la Justice Notre-Dame, la Tem-
poralité et la Chambre de Jurisdiction de M. le
1. L'Almanach royal, pour 1702, p. 65, ajoute id : c la
Bazoche, qui est la juridiction des clercs. »
2. Le grand Conseil dut quitter, sous Louis XV, l'hôtel
d'Aligre qui menaçoit ruine. Il fut alors installé au Louvre,
dans la partie qui longe le jardin de l'Infante. Il ne reste
de l'hôtel d'Aligre, rue Saint- Honoré, qu'une cour, qui la
met en communication avec la rue Bailleul, et qu'on appelle
passage d'Aligre.
}. C'est-à-dire Saint-Merry. La maison des Juges Con-
suls, qui servit, après eux, au Tribunal de Commerce, jus-
qu'à ce qu'on l'eût transféré à la Bourse, existe encore en
partie dans la rue du Cloître, telle qu'elle avoit été
reconstruite sous Louis XV. M. de Crissé dans ses Souvenirs
du vieux Paris, 1836, in-fol., pi. 26, a donné une lithogra-
phie exacte de l'escalier qui en est le reste le plus curieux.
8o Le Livre commode.
Chantre, qui se tiennent à l'Archevêché et au
Cloitre Notre Dame.
Enfin la Justice du Temple, et celle de saint
Jean de Latran, qui se tiennent dans les enclos
de ces deux Prieurez ■.
L'Ouverture du Parlement se fait le lendemain
de la Saint Martin, auquel jour la Cour après
avoir assisté en Robes rouges à la Messe solen-
nelle qui se dit dans la grand' Salle du Palais *,
reçoit le Serment des Avocats et Procureurs.
Messieurs les Avocats Généraux, font leurs
harangues à la Cour le Lundi de la huitaine
franche d'après la Saint Martin.
Les Mercuriales? se font par M. le Procureur
Général, le même jour et le lendemain de la
Quasimodo.
Depuis Pâques jusqu'aux Vacations qui arri-
vent le sixième Septembre, lors qu'une Fête
arrive le Jeudi on plaide le Vendredi à la grand
Chambre.
1 . L'enclos de Saint-Jean de Latran, siège de la comman-
derie des Hospitaliers de Saint-Jean, quirelevoit de l'ordre
de Malte, se trouvoit place Cambray, en face du Collège
de France, et s'étendoit jusqu'à la rue Saint-Jean de
Beauvais, où étoit la Chapelle. La Tour d'entrée qui étoit
sur la place et qu'on appela dans les derniers temps Tour
Bichaî, du nom du célèbre médecin qui s'y étoit fait un
cabinet pour ses expériences anatomiques, n'a été détruite
qu'en i8j5.
2. L'autel de Saint-Nicolas, qui étoit, en effet, dans la
Grand'salle, et où l'on disoit chaque jour la messe.
3. C'est ce que nous appelons discours de rentrée. Il ne
faut pas les confondre avec les anciennes mercuriales, que
le Procureur général avoit le droit d'adresser, dans les
assemblées du mercredi — leur nom en étoit venu — comme
observations et remontrances aux Magistrats sur leur con-
duite, et la façon dont ils administroient la justice.
Le Livre commode. 8i
Tous les jours ouvrables depuis la Saint Mar-
tin jusqu'au Carême, la Cour se levé le matin à
10 et de relevée à quatre heures.
Pendant le Carême et jusqu'à la fin du Parle-
ment, elle se levé le matin à onze heures, et de
relevée à cinq.
Le Mardi-gras, le Vendredi de l'Octave de
Pâques, et le jour de la saint Nicolas ' en Mai,
la Cour se levé le matin à neuf heures et n'entre
point de relevée 2.
Nosseigneurs de la grand Chambre du Parle-
ment, tiennent les grandes Audiances de Robes
rouges sur les hauts Sièges, les Lundis, les Mar-
dis, et les Jeudis, depuis huit heures du matin
jusqu'à dix; et celles de Robes noires de relevée
les Mardis pour les causes du Rôle, et les Ven-
dredis pour celles des PlacetsJ.
Les Audiances ordinaires de la grand Chambre
qui se tiennent sur les bas Sièges en Robes noires,
sont données les Mercredis, Vendredis, et Same-
dis, outre les petites Audiances qui se donnent
tous les jours à l'exception des Lundis depuis
sept jusqu'à huit heures du matin.
Nosdits Seigneurs donnent encore Audiance
à la Toumelle civile tous les jours depuis dix
heures jusqu'à midi ; à la grande Toumelle cri-
minelle le samedi, et à la petite Toumelle crimi-
1 . C'étoit un patron très-fêté au Palais, où nous venons
de voir qu'il avoit son autel dans la Grand'salle.
2. VAlmanach royal de 1702, p. 66-67, après avoir
donné ce détail, ajoute : * Delà vient le proverbe : Quand
la Cour se lève matin, elle dort l'aprés dînée. »
5. Le placet étoit une démarche succincte, par écrit,
pour obtenir justice. Le mot vient du latin placere, plaire.
Livre commode. 6
82 Le Livre commode.
nelle le Mercredi, et le Vendredi depuis 8 jusqu'à
dix heures '.
Les Audiances de la première et de la deuxième
Chambre des Enquestes, se tiennent le Mercredi
et le Samedi, celles de la cinquième les Lundis
et Jeudis, et celles de la quatrième le Mardi et
le Vendredi.
Nosseigneurs les gens du Roy, tiennent tous
les matins leurs Audiances au Parquet où ils
jugent les affaires qui leurs sont renvoyées, les
conflits d'entre les Chambres du Parlement, etc. ,
et où Nosseigneurs les Avocats Généraux pren-
nent communication par les Avocats et Monsei-
gneur le Procureur Général parles Substituts de
toutes les affaires dans lesquelles ils doivent
conclure.
La Toumelle où M^s les Avocats Généraux
vont alternativement de trois en trois mois est
composée de six Conseillers de la Grand Chambre,
et de huit des Enquestes ; c'est de quoi M^^ les
Doyens de la Grand Chambre et de la première
Chambre des Enquêtes se peuvent dispenser.
Tous les jours ouvrables ausquels il n'y a
point d'Audiances de relevée excepté la veille
de la Fête Dieu et la veille de la Notre Dame
d'Aoust, la Cour juge de Commissaires les Pro-
cez de Rapport.
I . On appeloit ces juridictions tournelles, parce qu'elles
avoient d'abord été établies au Palais dans les deux tours
jumelles qui flanquent l'entrée de la Conciergerie sur le
Quai. Sauvai (t. m, p. 407) donne l'extrait d'un compte
de 1472 où on lit : « A... charpentier, pour la réparation
par lui faite en deux tournelles estant au Palais du côté de
la rive de la Seine, l'une appelée la Toumelle civile, et
l'autre la Toumelle criminelle. »
Le Livre commode. 85
La Séance de Grâce pour les Prisonniers, se
tient la surveille de Noël, le Mardi de la Semaine
Sainte, la surveille de la Pentecôte, la veille de
la Saint Simon Saint Jude.
Le premier Rolle qui se plaide est pour la
Province de Vermandois, il commence après la
Saint Martin et finit au dernier Décembre.
Celui du Bailliage d'Amiens va jusques au
quinze Janvier, et celui du Bailliage de Senlis
jusqu'à la fin du même mois.
Le Roplle de Paris commence après la Chan-
deleur, et continue tout le Carême, quelque fois
même après Pâques, au gré de Monseigneur le
premier Président.
Le Roolle de Champagne et de Brie, com-
mence après la Quasimodo et finit en Mai, quel-
ques fois au commencement, d'autres fois au
quinze et souvent à la fin.
Le Roolle de Poitou se plaide pendant le reste
de Mai, et tout le mois de Juin.
Le Roolle de Lion, pendant la première quin-
zaine de Juillet.
Le Roole de Chartres dure le reste des Plai-
doiries, excepté les deux derniers jours dont l'un
est pour le Roolle d'Angoumois, et l'autre pour
les présentations.
Les Lundis et Mardis on plaide du Roolle
ordinaire des Provinces et Bailliages, les Jeudis
matins et les Mardis et Vendredis de relevée du
Roolle extraordinaire.
Nosseigneurs des Requestes de l'Hôtel du
Roy, et Nosseigneurs des Requestes du Palais,
donnent leurs Audiances, les Lundis et Jeudis,
depuis dix heures du matin jusqu'à midi, et les
84 Le Livre commode.
Mardis et Vendredis, depuis deux heures de re-
levée jusqu'à cinq '.
Les Audiances de la Chancelerie du Palais
tiennent les Mercredis et Samedis du matin.
Nosseigneurs du grand Conseil du Roy, don-
nent Audiance les Lundis, Mardis, Jeudis et
Vendredis, depuis neuf heures jusqu'à midi, et
jugent les Procez de Rapport les Mercredis et
Samedis, pendant que Nosseigneurs les gens du
Roy, jugent au Parquet les affaires qui leurs sont
envoyées, et prennent communication les autres
jours des affaires dans lesquelles ils doivent con-
clure.
Nosseigneurs de la Chambre des Comptes
tiennent tous les jours leurs Audiances depuis
neuf heures du matin juqu'à onze, et de relevée
depuis deux heures jusqu'à cinq.
Nosseigneurs de la Cour des Aydes, donnent
leurs Audiances en la première Chambre, les
Lundis, Mardis, Jeudis, et Vendredis^ et dans
la deuxième et troisième Chambre les Mercredis,
Vendredis et Samedis.
Les Plaidoiries du Roolle ordinaire de la Cour
des Aydes, sont les Mercredis et Vendredis ma-
tin, et pour l'extraordinaire le Lundi de relevée
depuis le mois de Décembre jusqu'à la fin
de Mai.
I. « A compter, lit-on dans VAlmanach royal, à compter
du jour de la rentrée jusqu'au mois de mars ; et, depuis le
premier mars, les audianciers commencent à pareille heure
jusqu'à six. Quelques fois, ajoute encore l'Almanach, nos
Seigneurs des Requêtes de l'hôtel donnent des audiances
extraordinaires de relevée, pendant un tems, dont ils font
avertir à la communauté des Procureurs. »
IVRE COMMODE. 85
Les Audiances de la Cour des Monnoyes, se
tiennent le Mercredi et le Samedi.
A l'égard du Siège Prési'dial du Châtelet, on
plaide à la Prévoté, au Parc Civil, au Présidial,
et aux Auditeurs, tous les jours de la semaine à
l'exception du Lundi; à la Chambre Civile le
Mercredi et le Samedi, à la Police, au Criminel,
et en la Chambre de M. le Procureur du Roy,
le Mardi et le Vendredi.
Il y a plusieurs Sièges dans l'enclos du Palais,
qui ont leurs Audiances réglées le Mercredi et le
Samedi, à sçavoir : l'Amirauté, la Chambre du
Trésor, le Bailliage du Palais, la Chambre Sou-
veraine des Décimes, la Connétablie, la Maçon-
nerie et la Table de Marbre, qui tient encore des
Audiances le Lundi et le Jeudi, pour juger au
Souverain.
Messieurs les Prévostsdes Marchands et Esche-
vins de la Ville de Paris, donnent Audiance les
Mardis, Mercredis, Vendredis et Samedi du
matin.
M's les Juges et Consuls des Marchands, tien-
nent trois jours de la semaine leurs Audiances
les Lundis, Mercredis, et Vendredis du m.atin
et de relevée.
Les Officiers de l'Election donnent Audiance
tous les jours, depuis neuf heures jusqu'à midi,
et ceux du Grenier à Sel seulement le Mercredi
et le Samedi.
On tient Audiance le Mercredi, et le Samedi
à l'Officialité et à la Justice Nostre-Dame; le
Lundi à midi à la Temporalité, et le Jeudi de
relevée à la Justice de Monsieur le Chantre.
L'Audiance de la Chambre Royale de l'Arse-
86 Le Livre commode.
nal, se tient tous les Lundis matins, et celle des
Poudres et Salpestres tous les Samedis de
relevée.
Celle du Bailliage du Temple, se tient le
Samedi à trois heures de relevée.
La Jurisdiction du Bailliage de S. Jean de
Latran se tient le Lundi à trois heures de re-
levée.
VACATIONS DES TRIBUNAUX.
PARLEMENT.
La Cour vaque depuis le 6. Septembre jusqu'au
lendemain de la Saint Martin, c'est à dire jus-
qu'au 12. Novembre, du moins si on en excepte
la Chambre des Vacations qui est préposée pour
les matières provisoires et autres qui requièrent
célérité. Elle ne dure que depuis le 7. Septembre
jusqu'au 27. Octobre, en sorte que depuis ce
jour jusqu'au 12. Novembre, il ne se fait aucun
Acte de Judicature au Palais.
La Cour vaque aussi dans le reste de l'année
tous les Dimanches et Fêtes solennelles, et en-
core en Décembre le 6. jour de la Saint Nicolas,
en Janvier le 23. Fête de Saint Hilaire, et le 28.
Fête de Saint Charlemagne, en Mars le 19. Fête
de Saint Joseph seulement le matin, le 22. pour
la Procession Générale de la réduction de Paris ',
et le 25. Fête de l'Annonciation Notre Dame,
en Mai le 2. Fête de Saint Catien, en Juin un
jour de choix pour le Lundi ou Foire de Saint
I. Cet anniversaire de l'entrée d'Henri IV dans Paris,
le 22 mars 1594, fut célébré jusqu'à la Révolution.
Le Livre commode. 87
Denis, en Juillet le 22. Fête de la Magdelaine,
et le 28. Fête de Sainte Anne, en Aoust le 16.
Fête de Saint Roch ' .
La Cour vaque pareillement le jour des Cen-
dres, et depuis le Mercredi de la Semaine Sainte
jusqu'au lendemain de la Quasimodo, si ce n'est
le Vendredi de l'Octave de Pâques elle va à
Notre-Dame.
La Chambre des Vacations vaque les 23 et
24. Septembre quoique non Fêtez, et encore en
Octobre un jour de choix pour la Foire de Saint
Denis, et le 18. Fête de Saint Luc.
Quand le Dimanche ou l'une des Fêtes Mo-
biles, arrive un des jours ci-dessus marquez, la
Vacation de la Cour est remise au lendemain.
Le 1 5 . Aoust passé on ne plaide plus à la
grand' Chambre à huy ouvert.
Les Requêtes du Palais qui sont du Corps de
Parlement et qui vaquent les mêmes jours, ne
commencent néanmoins leurs Vacations que le
1 5 . Septembre.
DOCTEURS ET LICENTIEZ EN DROIT.
Professeurs des Ecoles.
M. de Loy, aux Eçolles, rue des Carmes*.
1. La veille même des grandes fêtes, le Palais étoit
fermé. Louis XIV supprima ce supplément de vacances
fériées : « L'on entre, dit l'Almanach royal de 1702, la
veille de toutes les festes, depuis l'ordonnance de 1667. »
2. Michel De Loy, de qui l'on a un éloge en latin de
Pierre Halle, lecteur en grec au Collège royal, puis profes-
seur en droit canon, mort en 1689. De Loy étoit fils du
professeur de l'Université pour lequel Corneille avoit fait
88 Le Livre commode.
M. Baudin', mêmelieu^.
M. Cuiniez, même lieu?.
M. Mongin, rue de Bièvre.
M. Colson, rue Saint Jean de Beauvais.
M. le Gendre, rue des Noyers 4.
En Droit Françoise.
M. de Launay, rue des Massons 6.
Docteurs agrégez.
M. Piolin, rue des Assis.
M. du Ru, rue Saint Jean de Beauvais.
.M. Amiot, même rue 7.
des vers, le félicitant de son panégyrique de M. de Bellièvre
prononcé, en 1658, au Collège de La Marche. (V. Œuvres
de Corneille, édit. Marty-Laveaux, t. X, p. iji.)
1. Jacques Baudin, qui mourut cette année même 1692.
Il avoit eu beaucoup de réputation comme professeur. V. à
ce sujet les additions de Perrière au livre de Taisand : Vies
des plus célèbres Jurisconsultes, ^Til-, in-4'', p. 590, et les
Mémoires sur le Collège royal, par l'abbé Goujat, t. III,
p. 420.
2. C'est-à-dire aux Ecoles de Droit. Elles avoient leur
principale entrée rebâtie monumentalement, en 1675, rue
Saint-Jean de Beauvais, en face de la maison à l'enseigne
de l'Olivier, rendue si célèbre par l'imprimerie des Etienne;
mais elles perçoient par derrière jusqu'à la rue des Carmes,
oii se trouvoient les logements des plus anciens professeurs.
3. Son vrai nom etoit Cugnet. Il avoit épousé une des
filles de son collègue Baudin. Son éloge se trouve aussi dans
les Additions de Ferrière, p. 695.
4. Ces six professeurs enseignoient le droit romain, c'est-
à-dire le droit civil, et le droit canonique.
5 . Cette chaire de droit françois n'existoit que depuis 1680.
6. François De Launay, qui mourut l'année suivante,
1693. Son éloge parut alors dans \e Journal des Savants,
t. XXXVP.
7. Il étoit, comme Cugnet, gendre de Baudin. On trouve
aussi son éloge dans les Additions de Ferrière au livre de
Taisand, p. J95 .
Le Livre commode. 89
M. des Barrières, même rue.
M. Hulin, même rue.
M. Sachet, même rue.
M. Bonnamour, rue Galande.
M. l'Escuyer, rue Pierre Sarrasin.
M. Pavoine, rue Saint Jaques.
M. Basthide, rue du Plâtre.
M. Porsely, rue du Foùare.
Licentiez Immatriculez au Parlement.
On peut recouvrer la Liste des Avocats Plai-
dans et Consultans au Palais, chez Charles de
Sercy, Libraire dans la grand Salle à la bonne
Foy couronnée.
Ceux qui sont dénommez en cette Liste sont
gens généralement reqammandables par leur con-
dition et par leur éloquence par exemple pour les
Consultations, M^^ Billard, rue de Savoye'.
I. C'est ce terrible avocat Billard, qui fit tant de bruit
pour empêcher les Comédiens, que le voisinage du collège
Mazarin faisoit chasser du théâtre Guénegaud — aujour-
d'hui passage du Pont-Neuf — de venir s'installer dans la
rue de Savoie. Louvois leur étoit favorable, car, ainsi
qu'on l'apprend par une lettre de Racine à Boileau, il
s'étoit même fait donner le plan du lieu « où ils vouloient
bâtir dans la rue de Savoie; » mais Billard, avec ses cris,
l'emporta, à la grande joie de son quartier, du reste :
« Tous les Bourgeois, dit encore Racine, trouvent fort
étrange qu'on vienne leur embarrasser leur rue. M. Bil-
lard surtout qui se trouveroit vis-à-\-is de la porte du
parterre, crie fort haut ; et, quand on lui a voulu dire qu'il
en auroit plus de commodité pour s'aller divertir^ il a
répondu fort tragiquement : « Je ne veux point me diver-
tir. » — Il avoit de la réputation. Une de ses causes les
plus brillantes avoit été, en lôyj, celle d'une servante,
épousée par le fils du riche marchand de la Herse d'Or,
au faubourg Saint-Germain, dont on vouloit faire casser
le mariage. (Journal des Audiences, t. III, p. 70,)
90 Le Livre commode.
Sonnet, rue du Battoir. Issaly, rue des Rats.
Husson', rue Bourtibourg. Le Verrier, rue du
Jardinet. Raviere, rue des Deux Portes. Chappé,
rue de l'Observance. Du Pré, rue des Cordeliers.
Sever^, même rue. De Riparfonds, rue de la
Harpe. Braquet, Cloître Notre Dame, etc. Pour
les Plaidoïers M^s Chardon 4, rue des deux Portes.
De Nivelle, rue de la Bucherie5. Robert de S.
Martin, rue Haute-feuille. Baille, rue du Cime-
tière Saint André des Arts. Hérard, rue de Sa-
voye. De Retz, près Saint Jean en Grève. Du
Mont '5, rue du Jardinet, etc. Pour'les Matières
1. Martin Husson. Il figuroit déjà au tableau des avo-
cats, en 1643. Le traité de Advocato est de lui.
2. Nous le trouvons, vers ce temps-là, plaidant avec
succès dans une affaire de succession. {Journal des Au-
diences, t. II, p. 79-80.)
3. Etienne Gabriau de Riparfond, inscrit, dès le 13 juin
1661, au tableau des avocats. Une de ses plus belles
affaires fut, comme on peut le voir dans le Journal des
Audiences (t. III, p. loi), celle des religieuses de Sainte
Catherine, qu'il gagna. Il mourut en 1724, léguant aux
avocats du Parlement sa bibliothèque, qui fut pour la
leur un premier fond. On peut consulter sur lui l'Histoire
des Avocats au Parlement de Fournel, t. II, p. 408; et la
Bibliothèque du Poitou par Dreux du Radier, t. IV, p. 3 35.
La Conférence des avocats possède son portrait en robe
rouge. C'est un don de Dupin aîné en 183 1.
4. L'abbé Goujet (Biblioth. franc., t. II, p. 367) nous
le donne comme ayant eu une grande réputation, mais
qui s'effaça vite.
5. Louis de Nivelle, inscrit au tableau depuis le 2 dé-
cembre 1657 : « Il peut, dit l'abbé Goujet (id., p. 369J,
passer pour très-bon avocat. Il est savant^ il a du génie
et du bon sens. » D'Aguesseau ne l'appeloit que le grand
Nivelle. C'est lui qui avoit défendu la Brinvilliers. Ses
plaidoyers n'ont pas été conservés, ce qui étoit un des
regrets de l'abbé Goujet. {id,, p. 330.)
6. Jacques- François Dumont, avocat inscrit, depuis le
Le Livre commode. 91
Benéficiales M^s Nouët', montagne Saint Gene-
viève. Sachet 2, rue de l'Eperon. Ferrand, rue
Saint Louis du Marais. Du Chesne, rue de
Bièvre. Et pour les matières qui sont traitées
4 juillet 1667. L'abbé de Villiers, dans une note de sa
}• Epître, livre I", le cite comme un des célèbres. Il vient
de blâmer LuUi de ce qu'il fait chanter la tragédie au
théâtre, et il ajoute :
Si cet usage plaît, s'il est autorisé
Qievalier ou Dumont pourroit s'être avisé
En plaidant les moyens que sa partie expose
D'en mettre en airs les droits, et de chanter sa cause.
Dans l'affaire Beausergent, qui fut célèbre en 1689, il
avoir plaidé contre Beausergent. (Guyot de FHtaval, Causa
célèbres, t. III, p. 194-196.) — Quand il mourut en 1718,
le Mercure du mois de mai lui consacra un article, p. 187,
où on lisoit qu'il fut « pendant cinquante ans l'aigle du
Palais. >
1. Il ne plaidoit pas, il s'en faut, que les affaires ecclé-
siastiques. Nous le trouvons, en effet, le 18 fé\'rier 1677,
dans une cause dont l'espèce étoit au moins scabreuse.
C'est celle du cas d'impuissance du marquis de Langey,
de laquelle il résulta que défense fut faite aux Juges d'or-
donner pour ces sortes d'affaires « la preuve par le Con-
grès. » Pageau plaida pour le marquis, Blondeau et Nouet
pour la partie adverse. {Journal des Audiences, t. 111,
p. 195.) D'après une note de Brillon, dans son Théo-
phraste moderne (1701, in-12), c'est l'avocat Nouet qu'il
y auroit peint sous le nom de Téocrine dans ce passage
flatteur : c Téocrine n'a que sa chevelure naturelle, une
robe très-simple, point de laquais, point de carrosse, mais
beaucoup de talent pour sa profession. > D'Aguesseau cita
Nouet comme un modèle dans sa mercuriale de rentrée,
en 1699.
2. La protection de son frère l'abbé Sachot, grand
directeur de dévotes, dont il est parlé dans les Mémoires
de l'abbé Legendre (p. 59-60), l'avoit poussé vers ces
affaires ecclésiastiques. Comme Nouet, il ne s'y tenoit pas
exclusivement, tl plaida par exemple, mais sans succès,
pour la duchesse de Mazarin contre son mari, dans un
procès dont nous reparlerons à la note suivante.
92 Le Livre commode.
au Trésor, Fiefs, Aubaines et Confiscations,
M. Mouffle, rue des mauvaises paroles, etc.
Quelques uns de ces célèbres sont particulière-
ment habituez au grand Conseil, comme M''' de
Monchant, Cloître Saint Mederic. Vaillant, rue
de Savoye. Eurard, Cloître Saint Germain l'Au-
xerrois". Laurent, rue de la Monnoye. Chaudet,
rue Quinquempoix. Doremieux, rue Bailleul, etc.
Ou à la Cour des Aydes, comme W^ Merlin, rue
de la Verrerie. De Tessé, rue de la Colombe.
Martinet 2, rue Hautefeuille, etc. Ou au Châtelet,
comme M^^ Maurice, rue des Prouvaires. Guérin,
rue S. Martin. Gondault?, rue de Glatigny.
PoUiac, rue de la Bucherie. Barbier, rue du
Platre4, etc.
1. Lisez Errard (Claude). Inscrit au tableau, depuis le
24 août 1664. Il gagna, en 1691, la cause des trois frères
aînés Le Boultz, que le père avoit réduits à leur légitirne,
pour avantager leur puîné ; mais son triomphe fut l'affaire
du duc et de la duchesse de Mazarin, dont nous venons
de dire un mot. Il plaida pour le duc contre sa femme,
l'intrigante Hortense Mancini, qu'il voulut qu'on déclarât
à cause de sa conduite déchue et privée de sa dot. Il de-
manda aussi que provisoirement elle fût mise au moins
dans un couvent, ce que lui accorda la Cour. On sait que
Saint-Evremond lui répliqua par un Mémoire qui est dans
ses Œuvres (t. V, p. 35J, et VI, p. 500). Les plaidoyers
d'Errard furent recueillis en 1694. {Journal des Savants,
16 avril 169J.)
2. Nous ne savons rien de lui, sinon qu'il étoit bel
esprit, et qu'il fit cette épigramme sur le petit Jacques
Corbin qui avoit plaidé sa première cause à quatorze ans :
Vidimus attonito puerum garrire senatu.
Bis pueri, puerum qui stupuere senes.
3. Edme Condault et non Gondault, avocat depuis le
31 janvier 1659.
4. C'est le père de l'avocat Edmond-Jean-François Bar-
Le Livre commode. 9J
SECRETAIRES ET GREFFIERS
DU CONSEIL, DES COURS SOUVERAINES, ET DES
JURISDICTIONS SUBALTERNES.
Les Secrétaires des Finances sont
Pour le quartier de Janvier, M. Roûillet, rue
de Grenelle à Saint Germain des Prez.
Pour celui d'Avril, M. Coquille, rué Sainte
Croix de la Bretonnerie.
Pour celui de Juillet, M. Ranchin, rue des
petits Champs.
Et pour celui d'Octobre, M. de Laistre, rue
Saint Honoré près la rue des Prouvaires.
Les Secrétaires et Greffiers du Conseil privé sont
Pour le quartier de Janvier, M. Planton, rue
Saint Honoré prés les Feùillans.
Pour celui d'Avril, M. Dumas, rue Beaubourg.
Pour celui de Juillet, M. des Vieux, Cloitre
Saint Germain l'Auxerrois.
Et pour celui d'Octobre, M. Pecquot, rue des
Blancs Manteaux.
Les Commis au Greffe du Conseil privé sont
Pour le quartier de Janvier, M. Langlié, rue
du grand Chantier.
Pour celui d'Avril, M. Danirelle, rue Pastou-
relle.
Pour celui de Juillet, M. Akaquia', rue des
deux écus.
bier, dont oa a un si curieux Journal sur la Régence et le
règne de Louis XV. li ne logeoit pas encore rue du Plâtre,
mais rue Galande, quand son fils étoit né le i6 janvier 1689.
I . Ce nom bizarre a'étoit que la traduction grecque de
94 Le Livre commode.
Et pour celui d'Octobre, M. Chesnelon, rue
Pastourelle.
Les Greffiers gardes Sacs ' du Conseil privé sont
Pour le quartier de Janvier, M. Sifflet.
Pour celui d'Avril, M. Denis.
Pour celui de Juillet, M. de la Noue.
Et pour celui d'Octobre, M. Duc, tous quatre
rue Saint André.
Les Greffiers Conservateurs des Hipothèques
ont leur Bureau rue de la Verrerie.
GREFFIERS DU PARLEMENT.
A la grand' Chambre, sont
Mi's du Tillet, Place Roiale; Decaiman, Cloître
Notre Dame; et Dongois% Cour du Palais.
A la Tournelle Criminelle.
Mfs Dravet, Cloître Notre Dame; de la Baune,
rue Thibaut Thodé ; Amiot, et Lancluse, rue
de la Calandre.
A la première Chambre des Enquêtes.
M. Mirebaut, à l'Hôtel des Ursins5.
celui de « Sans-Malice. » C'est un médecin de François I",
qui l'avoit le premier traduit ainsi, et ses descendants, dont
étoit sans doute le commis au greffe, qui figure ici, l'avoient
gardé sous cette forme.
1. C'est-à-dire « porte-dossiers. » On mettoit alors les
pièces de procédure en des sacs pendus à la ceinture.
2. C'est le neveu de Boileau, dont nous avons déjà parlé
plus haut.
3. Démoli à la fin du xviii" siècle, et remplacé par trois
rues : la rue Haute, la rue du Milieu, la rue Basse des
Ursins. Il devoit son nom au prévôt des Marchands, Juvé-
Le Livre commode. 95
à la Deuxième.
M. Joûannet, Cloître Notre Dame.
à la troisième.
M. Menet, rue Cristine.
à la quatrième.
M. le Roi, rue Pavée, près l'Hôtel de Bour-
gogne'.
à la cinquième.
M. Masson, rue de la Calandre.
à la première Chambre des Requestes du Palais.
Mfs Dupuis, rue Hautefueille, et Anet, rue Sainte
Croix de la Bretonnerie.
à la deuxième.
M. Aubry, rue des Noyers.
A la Cour des Aydes.
M. Olivier, Isle Notre Dame.
Au grand Conseil.
M. le Normand, Greffier en Chef, rue des Vieux
Augustins.
nal des Ursins, à qui la ville l'avoit donné. Depuis long-
temps, à l'époque dont il est question ici, on l'avoit di\'isé
en appartements, occupés presque tous par des gens du
Palais : Magistrats, greffiers, avocats. Sur le tableau de
ceux-ci, pour 1693, on en compte trois dans cet hôtel.
On a su par Valincourt que Racine y logeoit, lorsqu'il fit
les Plaideurs; il y avoit pu observer ses principaux types
sur place.
I . L'hôtel de Bourgogne, occupé alors par le théâtre de
la Comédie Italienne, s'étendoit de la rue Mauconseil, où
se trouvoit sa principale entrée, jusqu'au derrière des mai-
sons de la rue Pavée-Saint-Sauveur. Ce qui en reste, le
curieux donjon de Jean-sans-peur, se voit encore dans la
coor de l'une des maisons de cette rue.
96 Le Livre commode.
M. Guichard, Greffier Plumitif, dans l'enclos du
grand Conseil ' .
M, Presteville, Greffier garde Sacs, rue des Prou-
vaires.
Aux Requestes de l'Hôtel.
M. le Mazier, rue de Bièvre^.
A la Chambre des Comptes.
M. Richer, à la pointe Saint Eustache.
A la Cour des Monnoyes.
M. Hérardin, à l'Hôtel de la Monnoye.
A la Prévôté de l'Hôtel.
M. Baubiere Dechars, rue Platriere.
Au Châtelet.
M. Josse, Greffier en Chef, vieille rue du Temple.
Secrétaires du Châtelet.
Mfs Doyard, rue de la Tixeranderie, de la René,
rue Beaubourg, Audinot, et Coligny, vieille
rue du Temple,
Au Parc Civih, et Prévoté.
Mrs Moreau, place du Chevalier du Guet, et de
Castes, rue Neuve Saint Mederic.
1 . c'est-à-dire dans la cour de l'hôtel d'Aligre, rue Saint-
Honoré, où nous avons vu, plus haut, que siégeoit le
grand Conseil.
2. I! étoit parent de la famille Vitart, dont il est tant
parlé dans la correspondance de Racine, et, par elle, il se
trouvoit allié à celui-ci. L'avocat Le Mazier, qui n'étoit
pas sans causes, car mauvaises ou bonnes il les plaidoit
toutes, pour n'en pas gagner une, étoit de ses parents.
On ne le connoît plus que par les vers où Boileau s'est
moqué de lui. {V. la Sat. V et l'Epître II.)
3. C'est ce qu'au Parlement on appeloit « le parquet. »
Le Livre commode. 97
Pour les Déposts et Sentences sur Production
de Parties.
Mrs Claude Tartel, rue des Assis, Charles Tartel,
près l'Hôtel de Ville, et Tixeran, rue de Mont-
morancy.
Pour l'Expédition des Sentences sans production.
M" Menessiers, Cloître des Bernardins, du Four,
rue Saint Honoré, Tartel, rue des Assis, et
Forbet, vieille rue du Temple.
Pour les Défauts aux Ordonnances.
M" Philipe Luce, rue Saint Martin, et Estienne
Luce, rue Quinquerapoix.
Pour les Décrets.
M. François pour M. Favier sur le Quay de la
Mégisserie.
Pour les certifications des criées.
M"^ Magny, rue Hautefeùille, et Luce, rue Quin-
quempoix.
A la Chambre Civile.
M'î Gaudion, vieille rue du Temple, Dupuis, rue
des Prouvaires, Nicolas et Pierre Tauxier, rue
de la Tixeranderie.
Au Criminel.
Mfs Galliot, rue Saint Thomas du Louvre, du
Jardin, rue de Bièvre, Pariset, rue Saint Ger-
main l'Auxerrois, et Lodet, rue Pavée, prés
l'Hôtel de Bourgogne.
— a On dit, lisons-nous dans le Dictionn. de Trévoux,
qu'une ctiose a été faite et adjugée au parc civil du Châ-
telet : pour dire à l'ordinaire, à l'issue de l'audience. »
Livre commode. 7
98 Le Livre commode.
Pour les Inthimations.
M. Gamier, rue du Figuier.
Pour les Affirmations de Voyages ' .
M. Gauciier, rue Trainée, près Saint Eustache.
Pour le Greffe Criminel de Robe-courte.
M. Cassen, rue des Ménétriers-
Pour M. le Prévost de Vlsle.
M. le Marié, rue des Anglois.
Pour M. le Juge Auditeur.
M. Thiery, rue Saint Martin.
Pour la Geolle.
M. Vallon, rue de la vieille Monnaye.
Garde Scel.
Qui signe pour les Notaires interdits, et qui
reçoit et scelle les Oppositions aux Décrets, et
les Immatricules 2 des Notaires et Huissiers.
M. Quinot, rue Thibaut-Thodé.
Pour le Sceel des Sentences du Chatelet et des
Consuls.
M . le Cour, rue de la Tixeranderie.
Pour le Sceel des Expéditions des Notaires.
M rue Geoffroy-Lasnier.
1. Cet office avoit été créé par l'ordonnance de 1667, à
l'effet de donner aux plaideurs venus de province acte de
leurs voyages ainsi que du temps de leur séjour, et de
leur permettre, s'ils gagnoient leur cause, de pouvoir faire
taxer séjour et voyage,
2. On appeloit ainsi les actes enregistrés.
Le Livre commode. 99
Au Trésor.
M. Gassot, rue des Marmouzets.
A FHotel de Ville.
M. Mitantier, à la Grève,
A l'Amirauté.
M. Charrier, rue Saint Jacques.
A la Connétablie et Maréchaussée.
M. Lebert, rue Galande.
A l'Election.
M. Métayer, rue des Blancs Manteaux.
Eaux et Forêts.
Mfs Broquet, rue de la Calandre, et le Noble,
rué Saint Bon.
Au Bailliage du Palais.
M. Godin, rué de la Calandre.
Aux Consuls.
Mfs Verrier père et fils. Cloître Saint Mederic.
A la Massonnerie.
M. Le Roy, rue des Marmouzets.
Au Bailliage du Temple.
M. Gilbert, au petit marché du Marais'.
I. U existe encore rue de Bretagne, mais sous le nom
de c Marché des Enfants rouges, » qui lui \ient du voi-
sinage d'un ancien hospice d'enfants, fondé par Fran-
çois 1" et supprimé en 1772. Il communique avec la rue
de Beauce par la ruelle des Oiseaux, près de laquelle
M"* de Scudéry vécut les dernières années de sa vie.
Cette ruelle s'étoit d'abord appelée c petite rue Chariot. »
(Sauvai, t. H, p. 658.)
100 Le Livre COMMODE.
CONTRAINTES JUDICIAIRES.
On trouve les Huissiers Audianciers et autres
de toutes les Cours et Jurisdictions, au lieu et à
l'heure de chaque Audiance, pour l'exécution
des Arrests, Sentences, Décrets et Ordonnances
des Magistrats et Juges ordinaires, pour raison
de quoy on aura recours à l'article de la scéance
des Tribunaux.
Les Huissiers du Grand Conseil ont un Bureau
au pied du grand degré.
Les Barrières des Huissiers et Sergens du
Chatelet, sont au marché neuf, au petit marché
Saint Germain', à l'aile du pont Marie, à la
pointe Saint Eustache, au coin Saint Jacques de
l'Hôpital, au cimetière Saint Jean, à la pointe
Saint Honoré 2, devant l'Abbaye Saint Martin,
à la place Maubert, rue du petit Pont, rue des
Ecrivains.
Le Bureau des Huissiers à cheval ? est sur le
1. Il étoit tout près de l'enclos de la foire Saint-Ger-
main.
2. C'est-à-dire au carrefour de la rue Croix-des-Petits-
Champs, de la rue de Grenelle et de la rue du Coq, au-
jourd'hui rue de Marengo. Le poste ou barrière des
huissiers et sergents du Chatelet lui avoit fait donner le
nom de « Barrière des Sergents, » qu'il garda longtemps
après que le poste eût été supprimé. L'enseigne des « Deux
Sergents, » qui ne vient que de disparoître, le rappeloit
encore, mais avec une singulière variante : Au lieu de deux
recors, on y voyoit deux sergents de l'ancienne garde im-
périale ! — On trouve au t. j8, p. 179 de la Collection
Delamarre, à la Bibliotti. Nat., de curieux renseignements
sur les Barrières des Sergents, depuis ijji jusqu'à 1698.
3 . Comme les huissiers au Parlement, dits « huissiers à
la chaîne, » ils pouvoient instrumenter dans tout le
Le Livre commode. ici
quay de la Mégisserie où l'on peut recouvrer
leur liste, et où l'on peut apprendre le temps de
leur départ pour chaque Province et Départe-
ment.
Les Six vingt Huissiers seuls reservez d'entre
les Huissiers à Vierge par Edit du mois de Février
1691, pour la fonction de Priseurs et Vendeurs
de biens meubles en la Ville, Fauxbourgs et
Banlieu de Paris, ont leur bureau dans la Cour
du Grand Chatelet, et sont compris dans la liste
suivante :
Pierre Blanchans, rue Saint Denis proche Saint
Leu.
Jacques Taconnet, rue de l'Arbre-secq.
Antoine Bruneau, rue Saint Denis devant le
Sepulchre.
Alexandre Vaubelin, rue de la Boucherie.
Gilles la Hogue, rue Saint Martin.
Jean Divry, rue de Bièvre.
royaume, et pour cela ils le prenoient de très-haut avec
les autres, les simples huissiers à verge, car, dit le Marquis
du Joueur de Regnard :
Car huissier à cheval, c'est presque chevalier.
Un seul jour dans l'année, le lendemain de la Trinité, tous,
huissiers à verge, huissiers priseurs, huissiers à cheval, se
confondoient dans une même cavalcade, pour aller faire
visite au prévôt de Paris, au premier président, au lieute-
nant civil, etc. Mercier s'en est moqué dans son Tableau
de Paris, et Lemierre encore mieux au chant VI' de son
poème des Fastes :
Voyez-vous s'avancer, couverts de noirs manteaux,
Ces roides écuyers juchés sur leurs chevaux.
Cavalcade peu faite aux marches régulières.
Qui vient parodier nos brigades guerrières,
Et tenant mal les rangs, plus mal les étriers.
Saisit au moindre choc le crin de ses coursiers.
102 Le Livre commode.
Claude de Cay, place Maubert.
Thomas Beccasse, rue des Noyers.
Pierre le Gagneur, rue du Temple.
Louis Malbeste', rue du Plâtre proche la rue
des Noyers.
Nicolas Fontaine, rue Neuve Saint Mederic.
Jean Brunet, rue de la Tonnelerie.
Simon Monet, rue Galande.
Pierre Vaillan-t, rue Saint Denis proche les Saints
Innocens.
Guillaume Fournier, porte Saint Jacques.
Pierre Bertelot, rue des Boucheries, fauxbourg
S. Germain.
Simon Mozac, Fieffé^, rue vieille Monnoye.
Laurent de la Place, rue Saint Antoine.
François le Tourneur, rue de Bretagne.
Michel Faguet, rue Saint Pierre aux Bœufs.
Alexandre Arnoult, rue Parcheminerie.
Antoine le Moine, rue Saint Martin.
1. Nous retrouvons ce nom grotesque porté du temps
de Beaumarchais, par un avocat, qui sans doute descen-
doit de l'iiuissier nommé ici. On sait quel parti l'auteur
de Figaro en tira pour un des effets les plus comiques de
ses Mémoires contre Goezmann : « Il n'est rien, avons-nous
dit dans la Notice, mise en tête de l'édition de ses Œuvres
(1876, gr. in-8, p. xxi), il n'est rien qui ne lui soit bon
pour mettre les rieurs de son côté. Marin s'est-il moqué
du nom du pauvre avocat M' Malbête, le seul que Beau-
marchais ait trouvé pour signer son Mémoire, comme
l'exige la loi; il lui retourne de la plus plaisante façon
le nom dont il se moque : « le Gazetier de France, dit-il,
« se plaint de la fausseté des calomnies répandues dans
« un libelle signé Beaumarchais-Malbête, et il entreprend
« de se justifier par un petit manifeste signé Marin, qui
« n'est pas Malbête, »
2. On appeloit huissier Jîe/'^ celui qui avoit son office
à charge de redevance, ce qui le rendoit héréditaire.
Le Livre commode. ioj
Charles Pinard, rue de la Huchette.
Pierre Hargenvilliers, rue Galande.
Pierre de Noleson, rue Saint Antoine, devant la
rue des Barres.
François Clozier, rue Tixeranderie.
Brice' Fleury, Fieffé, rue du Crucifix Saint
Jacques.
Antoine Marais, rue S. Antoine.
Nicolas Gaspard Boucault, cloître Saint Martin.
Jacques le Roy, rue Tixeranderie.
Philippes Menard, rue des Lombars.
Nicolas Gasté, rue Saint Antoine prés les Jésuites.
Bonaventure Guilliot, rue Saint Martin devant
la rue aux Ours.
Jean Manet, rue des vieilles Audriettes.
Benjamin le Maistre, rue Aubri-boucher.
Jacques Giroux, rue Darnetal.
Laurent Mazier, rue Montmartre.
Henry Charpentier, rue Aubri-boucher.
Jacques Duval, à la Ville-neuve.
Guillaume Dupré, rue de Bery, au Marais.
Nicolas Bauldry, rue des Barres.
Maurice Poteron, rue Crucifix Saint Jacques.
Michel Lyon, rue vieille Monnoye.
Jean Caron, rue des Barres.
Pierre Langlois, rue Saint Louis dans Lisle.
Philippes Veron, rue du Four Saint Honoré.
Pierre Desvaux, rue aux Ours.
Pierre Pinchon, rue Saint Jacques à l'entrée.
Louis Jacquemarc, rue Quinquempoix.
Pierre de Bréquigny, rue Thibaut Thodé.
Jean Loyseau, rue des Boucheries Saint Germain.
Gilles Foumier, rue Saint Germain, attenant la
Gabelle.
104 Le Livre commode.
Nicolas Taconnet, rue de l'Arbre Secq.
Pierre Menne, rue de la Vannerie.
Jean Guesdon, place Maubert.
Antoine Dainnal, rue de la Savonnerie.
Charles Jacob, rue des Petits Champs.
Nicolas Deon, Fieffé, rue Tixeranderie.
Mathieu Pelouard, derrière le Palais Royal.
Jean Prévost, rue Galande.
Jean Arnoult, rue Saint Louis, prés Saint Roch.
Jean Mouillefert, rue S. Denis.
Louis Raoult, rue des Barres.
Louis Colas, vieille rue du Temple.
Gabriel Nicolas Beauval, devant S. André des
Arts..
Charles Baignard, rue S. Antoine, prés la Bar-
rière.
François Traffons, rue Bourtibourg.
Pierre Chambon, Fieffé, rue Pierre au Lard.
Jean Dudoigt, rue des Tournelles, prés la porte
S. Antoine.
Michel Roger, cloître S. Opportune.
Thomas Mandoùyt, porte S. Michel.
Jean du Brecq, rue de la Calande, prés le Palais.
Claude de la Haye, rue S^*^ Marguerite, devant
l'Abbaye S. Germain.
Jacques Gohier, rue de la Tixeranderie.
Pierre Tauxier, rue de la petite Truanderie.
Yves de Boucquainville, rue S. Antoine, près
l'Hôtel de Sully.
Hubert le Moyne, rue S. Honoré.
Dominique Theventin, rue S. Antoine, devant la
rue Geoffroy Lasnier.
Noël Thibault, rue de la Verrerie.
Jacques Martin, rue Quinquempoix.
Le Livre commode. 105
François du Rot, rue des Lombards.
Pierre Morin, rue Bourtibourg.
Joseph Alexis le Doyen, rue Tixeranderie.
Estienne Trilliau, rue Beaubourg.
Nicolas Cabaille, rue Madame.
Nicolas Remy, rue S. Denis.
Jean Henneguy, rue de la Calandre.
Estienne Arondeau, Fieffé, rue S. Jacques.
Jean Huvellier, rue Dauphine.
Sébastien Huré, rue des Arcis,
Gilles de Bauve, rue S. Honoré.
Pierre René Patin, rue S. Martin.
Jean Sebert, devant le Fort l'Evesque.
Pierre Paillet, rue S. Honoré.
Jean Maisondieu, rue des Noyers.
Pierre Massé, Fieffé, rue des Boucheries Saint
Germain.
Gilbert Mouillard, rué de la vieille Orangerie.
Jean Edme Ravillonnet, rue S. Antoine.
Jacques Robert de Cercellier, rue du Roi de
Sicile.
Jacques Barbarin, rue Coustellerie.
Claude Dépoigny, rue Saint Martin.
Jean Coucet, rue des Mauvaises Parolles.
Léonard de Champagne, rue de la Bouderie.
Joseph François le Normand, Pont Notre Dame.
Noël Avenet, rue aux Maires.
Jacques Rioult, Marché aux Poirés.
Nicolas Henrion, rué Michel le Comte.
Jean Simon Mozac, rue des Lombards.
Charles Coignet, rue de la Licorne.
Charles Flattier, rue S. Antoine, prés la rue
Percée.
Charles Cappé, rue S. Louis Isle Notre Dame.
io6 Le Livre commode.
Pierre le Gros, place de Grève.
Jean Baptiste Destrehan, rue S. Antoine.
Nicolas Duval, devant S. Pierre aux Bœufs.
Pierre Brisset, rue du Mouton.
Claude Ronjault, nommé par Sa Majesté, au
lieu d'Estienne Marlet.
Les particuliers pourroient se pourvoir en tout
temps à l'ordinaire contre ceux d'entre les Huis-
siers à cheval et à verge du Châtelet qui auroient
malversé; mais on peut plus sommairement et
sans frais en porter plainte à M. le Lieutenant
Civil, qui tient scéance à cet effet le surlende-
main de la Trinité depuis huit heures du matin
jusqu'à midy, et qui les fait appeller l'un après
l'autre selon l'ordre de leur réception, pour re-
pondre aux plaintes qui sont faites contre eux,
et sur lesquelles mondit Sieur le Lieutenant Civil
fait droit sur le champ, sans que TOfficier puisse
se dispenser de satisfaire à sa condamnation;
premièrement parce qu'il est obligé sous paine
d'amande, de repondre à l'appel de l'Huissier.
Secondement, parce qu'il est mis en arrêt jus-
qu'à ce qu'il ait satisfait. On peut encore dans
le courant de l'année rendre plaintes des malver-
sations des Huissiers à cheval et à verge aux
Officiers de leur Communauté, qui s'assemblent
tous les Dimanches matin, dans le Cloître S^"
Croix de la Bretonnerie.
BUREAUX PUBLICS.
Le Bureau General de la Douane est à l'Hôtel
Seguier, rue de Grenelle, dont la basse-cour où
entrent les Roulliers est dans la rue du BouUoy.
Le Livre commode. 107
Le Bureau General des Aydes est dans la
rue des Barres, derrière S. Gervais, à l'Hôtel de
Chamy ' .
Le Bureau Général des Fermes du Tabac est
rue Betisy, à l'Hôtel d'Anjou.
Le Bureau Général pour la Marque des Cha-
peaux est rue neuve Saint Mederic *.
Les Bureaux des Papiers et Parchemins tim-
brez sont dans la Cour de la Moignon», rue
Galande, rue de Bussy, rue S. Germain TAuxer-
rois4, rue des petits Champs, rue de la Vannerie,
et rue des Barres, à l'Hotel de Chamy.
1 . Il s'appeloit d'abord Hôtel des Barres, comme la rue,
à cause des Moulins des barres du Temple, qui étoient au-
près sur la Seine. Le percement de la rue Louis-Philippe
en emporta une partie, et le reste fut démoli vers le même
temps. Le bureau des Aides ne quitta l'hôtel de Chamy
qu'un peu avant la Révolution. Il fut alors transféré rue
de Choiseul dans an vaste bâtiment où nous avons vu
l'administration de l'Enregistrement et des Domaines.
2. c Dans la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. »
(Edit. 1691, p. 7.) — Sans cette marque, les chapeaux
de castor étoient considérés comme contrebande. Elle
n'avoit été qu'un prétexte à l'établissement d'offices de
marqueurs, achetés surtout par des chapeliers enrichis.
{Correspond, des Contrôl. génér., n" 767.) En 1694, elle
fut supprimée à Lyon, et remplacée par une augmentation
des droits de douane sur les chapeaux. {Id., n" 1372.)
3. f Cour neuve du Palais. » (Edit. 1691, p. 7.)
4. c Rue des Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois. » Id. —
Les parchemins et papiers timbrés constituoient une sorte
de ferme, dont à la fin du règne de Louis XIV le fameux
Deschiens fut le principal traitant, ce qui lui valut cette
épigramme citée par Jamet dans ses Stromates, t. II,
p. 1797 :
On l'a toujours bien dit le papier souffre tout,
Et, quoi que sa candeur marque son innocence.
Le Roi lui fait porter les armes de la France,
Et le donne à Deschiens qui le barbouille tout.
io8 Le Livre commode.
Le Bureau des petits Domaines pour les droits
des places et eschoppes des lieux publics, est
rue Saint Germain l'Auxerrois au coin de la rue
Thibaut Thodé.
Les Bureaux du Contrôle des Exploits, sont
rue Galande', cour de la Moignon, rue de la
Poterie, rue de Bussy, rue d'Orléans, rue du
petit Lion, rue Saint Antoine, rue du Monceau
Saint Gervais et dans l'enclos du grand Châtelet.
Le Bureau de M. Bertin, Receveur Général
des Parties Casuelles^, est rue neuve Saint Au-
gustin.
Le Bureau général des Chevaux de renvoy et
de louage est à l'Hôtel de Sens?, prés l'Ave
Maria.
Le Bureau de la Compagnie des Indes Orien-
tales est dans la rue Pavée, prés4 l'Hôtel de
Bourgogne 5 .
1. A la suite dans l'édit. précédente, p. 7 : t Cul de
Sac de la foire Saint-Germain. »
2. On appeloit a parties casuelles » les droits de finance
que devoir payer annuellement tout détenteur d'un office
vénal non héréditaire, s'il vouloir le conserver à sa veuve
et à ses enfants. — Nous retrouverons Bertin qui en étoit
alors le trésorier, parmi « les fameux curieux. »
3. Nous en parlerons plus loin, à propos du coche de
Lyon qui en partoit.
4. « Derrière, » édit. 1691, p. 6i.
5. La Compagnie des Indes Orientales avoit été créée
par Colbert pour faire le commerce avec les côtes de l'In-
doustan. Elle avoit le privilège exclusif des toiles fines des
Indes, peintes ou blanches, mais toutes soumises à la marque,
sous peine d'être saisies et brûlées comme marchandises
de contrebande (ordonnance du 8 février 1687). Ce com-
merce se faisoit souvent par échanges : pour les toiles des
Indes importées, on exportoit nos draps du Languedoc.
Le Livre commode. 109
Celui des Indes Occidentales ' est dans la rue
Saint Martin, devant Saint Julien des Méné-
triers.
Le Bureau du Voier du Roi est dans la rue
de Grenelle, quartier Saint Honoré.
Celui de la Manufacture des Buffles est rué
Neuve Saint Mederic, chez M. Jabac^.
Celui de la Manufacture des Marroquins et
Vaches Touges façon de Levant est sur le Quay
deTEcoUes.
Celui des Jurez Crieurs est rue Neuve Saint
Médéric.
[Correspond, administr. de Louis XIV, t. III, p. 654
et 660.)
I. La Compagnie des Indes Occidentales commerçait avec
l'Amérique, où nous possédions alors le Canada, l'Acadie,
Terre-Neuve, la Louisiane. Son commerce se faisoit sur-
tout par les navires de Saint-Malo, et exploitoit de préfé-
rence les peaux de castor et les matières d'or et d'argent.
{Correspond, des Contrôleurs généraux, n" 665.) — C'étoit,
comme l'autre compagnie, une création de Colbert, mais
toutes deux, depuis sa mort, étoient bien déchues. (Isam-
bert, Anciennes lois , françoises , t. XVIII , p. 55, }8,
et 211.)
a. Il s'agit des peaux de buffles préparées, dont on faisoit
pour l'armée des juste- au-corps, des coUetins, etc. Jabach,
que nous retrouverons plus loin, avoit établi à Corbeil,
pour leur préparation, la meilleure manufacture qu'il y en
eût en France, aussi n'est-il pas étonnant qu'elle eût son
bureau chez lui, à Paris : f Celle de Corbeil, lisons- nous
dans le Dict. univ. du Commerce de Savary, t. I, col. 1 1 J2,
est la plus considérable, et les peaux qui s'y apprêtent
sont réputées les meilleures. On en doit l'établissement au
sieur Jabac, natif de Cologne, qui les avoit poussées à la
dernière perfection. »
} . C'est sans doute « la manufacture de maroquin et de
peau de chagrin, » dont la comtesse de Beuvron avoit
obtenu le brevet, vers le même temps. (Corresp. administ.
de Louis XIV, t. III, introd. p. lv.)
no Le Livre commode.
Celui des Vendeurs de foin ' est sur le Quai
des Ormes.
Les Commissionnaires Facteurs de toutes mar-
chandises ont des Bureaux rue de la Mortelle-
rie, sur le port de la Grève, sur le quay de
l'Ecole, etc.
Les Jurez Mouleurs et Aides Mouleurs de
Bois 2, ont aussi leurs Bureaux par tout où l'on
fait commerce de bois à brûler, quay de la
Grève, quay de la Tournelle, quay de l'Ecole,
quay de la Grenouillière , porte Saint An-
toine, etc.
1. Leur vrai titre étoit « Juré peseur et compteur de la
marchandise de foin, » comme on le voit par une épitaphe
que rapporte M. Cocheris dans son édit. de l'Histoire du
Diocèse de Paris de l'abbé Le Beuf, in-8, t. I, p. 238.
2. Ces sortes d'offices datoient du xiv" siècle. Il existe,
en effet, une ordonnance de Charles VI, qui établit « qua-
rante jurés compteurs et moteurs de bois. » Leur fonction
consistoit à faire mesurer dans un cercle de fer, appelé
mole ou moule, le bois à brûler, qui se vendoit sur les
ports. Ce sont les charges dont on se moqua le plus,
surtout lorsque, par expédient de finances, elles se multi-
plièrent sous Louis XIV : « — Vous aimez les titres, dit
Colombine dans la farce des Chinois jouée au théâtre
Italien en 1692, et si l'on n'y tient la main, vous vous
mettrez de pair avec les mouleurs de bois. » (Acte IV,
scène 2.) — Us ne tardèrent pas à être supprimés en
province, mais il fallut que les villes payassent leur sup-
pression. (Correspond. desContrôl. ^énér., n" 1564 et
1573.) Ils durèrent plus longtemps a Paris. Au mois de
juillet 1725, on parla même d'en créer de nouveaux.
(Journal de Math. Marais, t. III, p. 208.) — C'est par
délégation que la charge s'en exerçoit. On s'explique ainsi
comment Philippe Caffiéri, père du grand artiste, à qui
l'on doit les admirables bustes du théâtre Français, put
être à la fois « sculpteur du Roy, et mouleur de bois, »
ainsi qu'on le voit sur son acte de mort, en date du
7 sept. 1716. (Jal, Dict. crit., p. 303.)
Le Livre commode. i 1 1
Les Jurez Mesureurs et Controlleurs de grains
et farines, en ont à la Halle et sur les quais de
l'Ecole et de la Grève.
Le Bureau des Commissaires Controlleurs de
la Bûche, est devant le pont-neuf du côté de la
Samaritaine ■ .
Les Jurez Controlleurs de Vins, Cidres et
autres Boissons, ont leurs Bureaux, rue Fremen-
teau^ et sur le Quay des Céleslins.
Il y a au même lieu un Bureau pour les décla-
rations des marchandises qui doivent les droits à
la Doùanne.
Les Jurez Courtiers de Vins ont leurs Bureaux
sur le quay de la Grève 3.
Celui des nouveaux Officiers Gardes batteaux
et Metteurs à bord, est sur le même quay et
pareillement celuy du Domaine et Barrage.
Celuy des droits du Poisson de mer frais, sec
et salé, est sur le quay des Celestins.
Au même lieu est le Bureau des droits qui se
lèvent sur les Cendres, Soudes et Gravelées.
1. Pour tous ces < officiers sur les ports et quais » se
trouve un curieux dossier dans la collection des papiers
Delamarre, aux mss. de la Biblioth. Nat., t. 15}, fol. ij,
etc. — Ceux qui avoient qualité de mouleurs et aides-
mouleurs de bois, dont il est parlé dans la note précé-
dente, exerçoient, ou plutôt faisoient exercer, principale-
ment au quai de l'Ecole. C'est là, plus encore qu'à la
Grenouillère — aujourd'hui le quai d'Orsay — qu'avoient
lieu les grands arrivages de bois à brûler. Corbinelli
du Pédant joué de Cyrano ne va pas autre part pour
acheter les meilleurs cotrets.
2. C'est-à-dire Froidmanteau ou Fromenteau.
3. Ils faisoient l'essai des vins dans les caves mêmes de
l'Hôtel de ville.
112 Le Livre commode.
Le Bureau des Marchands Bouchers est sur
le port de la Grève devant la place aux veaux ' .
ADMINISTRATION DES HOSPITAUX
Gouverneurs et Administrateurs de VHotel Dieu
et des Incurables.
Monseigneur l'Archevêque de Paris; à l'Arche-
vêché.
Monseigneur le Premier Président, Cour du
Palais.
Monseigneur le Premier Président de la Cham-
bre des Comptes, vieille rue du Temple.
Monseigneur le Premier Président de la Cour
des Aydes devant les Capucins du Marais.
Monseigneur le Procureur Général, rue Bar-
bette.
M. de la Reynie, rue du Boulloy.
M. de Fourcy, rue de Jouy.
M. le Pelletier, vieille rue du Temple.
M. Chuppé, rue de l'Observance.
M. Acard, vieille rue du Temple *.
M. Guiloire, cul de sac Saint Dominique.
M. Champy, rue de la Harpe.
M. Petitpied, rue du Jour.
M. de Bragelonne, dans le Temple.
1 . C'est-à-dire sur la gauche de la Grève, vers la rue de la
Tannerie, où s'étoit tenu en effet le Marché aux Veaux,
jusqu'en 1646, époque où il fut transféré quai des Ormes.
Son ancien emplacement fut appelé « Vieille place aux
Veaux. »
2. Aux Archives de l'Assistance publique se trouvoit le
procès-verbal de la prestation de serment, en la grand'
Chambre du Parlement, des sieurs Accart, Choart, et
Baussan, nommés, en 1673, gouverneurs de l'Hôtel-Dieu.
Le Livre commode. 1 1 j
M. Goupy, rue Sainte Avoye.
M. Soufflot', ruades deux Ecus.
M. le Verrier, rue Percée.
M. Levêque de Vaugrineuse, rue Saint Martin.
M. Herblot, rue Saint Germain l'Auxerrois.
M. Marchand, rue Tictonne.
M. Destrichy*, rue Bertin Poirée.
M. Cierambault, rue Jean Lointier.
M. Piquet, rue de la Tixeranderie.
Receveur de CHotel-Dieu.
M. Perlan, rue Saint Martin.
Greffier de l'Hotel-Dieu.
M. Beaufort, Parvis Notre-Dame.
1. Il fut un des administrateurs de l'Hôtel-Dieu jusqu'en
171 7. Il fit en 1707 un rapport, qui étoit aux Archives
de l'Assistance publique, sur une rébellion au faubourg
Saint-Germain f contre l'exempt et les archers préposez pour
veiller aux fraudes de la boucherie de l'Hôtel-Dieu, pendant
le caresme. » On sait que c'est la seule boucherie qui avoit
à cette époque de l'année le droit d'ouvrir et de vendre. En
1 7 17, comme l'un des doyens, il fut chargé de veiller à l'auto-
da-fé des peintures licencieuses qui s'etoient trouvées dans
le legs que M. de Callières avoit fait à l'Hôtel-Uieu de
tous ses biens : « Sur ce qui a esté dit par M. d'Estrechy,
lisoit-on dans une pièce des Archives, que parmy les
tableaux de la succession de feu M. de Callières, il s'en est
trouvé quatre représentant des nudités et des postures
indécentes capables de blesser la pudeur et la modestie
chrestienne s'ils estoient exposez en vente, la Compagnie
a aresté qu'ils seront jettes au feu, en présence de Mes-
sieurs Soufflot et d'Estrechy. »
2. Lisez d'Estrechy. C'est le même qui est nommé dans
la note précédente. En 1708, à l'époque d'une épidémie
scorbutique à Paris , il fit Jine déclaration curieuse :
« M. d'Etrechy a dit que si l'augmentation des malades
venus à l'Hôtel-Dieu depuis quelques jours continu», il y
en aura trois mil ou environ dans dimanche procham. »
{Archives hospitalières par Léon Brièle, 1877, in-8, p. 69.)
Livre commode. 8
114 Le Livre COMMODE.
Receveurs et Greffiers des Incurables.
M. Garilde, rue du Four S. Germain.
Le Bureau de l'Hôtel Dieu se tient tous les
Mercredis et les Vendredis, depuis dix heures
jusqu'à midi.
Il y a encore une autre scéance du même
Bureau à l'Archevêché, tous les Samedis aux
mêmes heures.
Messieurs du Bureau prennent une sorte de
vacance pendant les vacations du Parlement,
mais quelques uns ne laissent pas de s'assembler
pour les affaires urgentes une fois la semaine
seulement, alternativement au Bureau ordinaire
et à l'Archevêché, le Vendredi au premier en-
droit et le Samedi à l'autre, aux heures ci-devant
marquées.
Gouverneurs et Administrateurs de l'Hôpital
General.
CHEFS DE l'administration.
Monseigneur l'Archevêque de Paris, Nossei-
gneurs les premiers Presidens du Parlement, de
la Chambre des Comptes et de la Cour des Aydes,
Monseigneur le Procureur Général, Monsieur de
Fourcy et Monsieur de la Reynie, aux adresses
ci-devant marquées.
ADMINISTRATEURS ORDINAIRES.
M. Pajot, rue du Bac, aux Missions Etrangères.
M. le Vieux ', cul de sac des Bourdonnois.
I. Quand les Hôpitaux et les Incurables firent banque-
route en 1689, il passa pour y avoir contribué par ses
Le Livre commode. iij
M. Meliand, rue Saint Louis du Marais.
M. Pinette, à l'Oratoire du Fauxbourg Saint
Michel.
M. le Caron, rue Bardubec.
M. Hourlier', rue des fossez saint Michel.
M. Blin, quay des Augustins.
M. Berthelot, près la place des Victoires^.
malversations. C'est sur cette banqueroute, d'où vint la
ruine de tant de gens, qui avoient prêté aux hôpitaux
leurs deniers à rentes viagères ou à fond perdu, que La
Bruyère écrivit : c Le fonds perdu, autrefois si sûr, si re-
ligieux et si inviolable, est devenu avec le temps et par
les soins de ceux qui en étoient chargés, un bien perdu. »
De quelques usages, g 39. — Les Clés disent qu'on chassa
les administrateurs accusés de friponnerie. Le Vieux,
quoiqu'elles le nomment, n'en étoit pas, puisque trois ans
après nous le trouvons encore ici parmi les administrateurs
de l'Hôpital général.
I . Nous le connaissons déjà comme bailli du Palais. —
Le 14 août 1671, il prit part aux mesures adoptées pour
donner des nourrices aux Enfants trouvés. Il émit alors
une opinion intéressante sur la recherche des pères pour
cette catégorie d'enfants : « Monsieur Hourlier, bailly du
Palais, lisoit-on à cette date dans une pièce des Archives
hospitalières, a dit qu'il avoit esté cy-devant rendu plu-
sieurs sentences au Châtelet, portant condamnation contre
plusieurs paiticuUers trouvés estre pères d'aulcuns enfans
trouvez, lesquelles sentences n'ont point esté suivies d'exé-
cution. A esté arresté qu'on fera ses efforts pour retrouver
lesdictes sentences, et Monsieur le Procureur du Roy sup-
plié d'en prendre soin. »
.2. C'est Berthelot l'aîné, que nous avons vu plus haut
au chapitre des fermiers généraux des Monnoies. Devenu
fort riche, il usoit bien de sa fortune, et s'étoit ainsi donné
des droits à prendre place dans l'administration des Hos-
pices. On lui dut en partie celui des Convalescents : « Il
a esté dit, lisons-nous dans le Ricolement des archives hos-
pitalières dressé par M. Brièle, que le prieuré de Saint-
Julien estoit plus propre à cet hospice, et mesme y avoit
esté destiné dès le commencement. On a dit aussi que
ii6 Le Livre commode.
M. Petitpas, Parvis Notre Dame.
M. Husson, rue du Roy de Cicile.
M. Guilloire, cul de sac saint Dominique.
M. Rillart, près Saint Paul.
M. Petitpied, rue du Jour.
M. Briçonnet, près les Enfans Rouges.
M. de Bie, rue Bardubec.
M. le Bœuf, Isle Notre Dame.
M. le Febvre, près saint Sulpice.
M. Thieriac, près VAve Maria.
M. de Fremont', porte Gaillon.
M, Boucot^, rue Hautefueille.
M. David, cul de sac saint Sauveur.
M. Braquet, Cloitre Notre Dame.
M. Soubeiran, près l'Oratoire saint Honoré.
M. Gourdon5, à l'Hôtel de Guyse.
M. Colin4, Isle Notre Dame.
M. Badoulleau, rue des Prouvaires.
M. le Febvre, Cousture sainte Catherine.
M. Pirot, rue de Ventadour.
M. Berthelot, qui a donné 60,000 livres et promis quarante
autres mille livres, a témoigné n'avoir point d'attache pour
le lieu. » (Janv. 1675.)
1 . Nous avons parlé de lui plus haut au chapitre des Gardes
du Trésor royal.
2. Il figure déjà plus haut parmi « les gardes des rôles
des offices de France. »
j. Il avoit prêté serment, en 1681, comme « receveur
charitable de l'Hôpital général. »
4. Il semble avoir été chargé des aumônes de M"" de
Miram.ion pour les hospices : « Monsieur Colin, lisons-
nous dans le Récolement des archives hospitalières, p. 138,
a apporté 64 louis d'or, valant 90} livres, que lui a don-
nés Madame de Miramion, procédés de la queste faicte à
la Cour. » (1694, 28 avril.)
Le Livre commode. 117
BANQUIERS
POUR LES REMISES DE PLACES EN PLACES.
Messieurs le Coûteux', rue de la Tixanderie,
pour Normandie, Bretagne et pais étrangers.
M. André Hébert, cul de sac de la rue Quin-
quempoix^, pour les mêmes lieux, et encore;
1 . Nom qui fut longtemps célèbre dans la banque. En
177}, nous rstxonvons dans i'Almanach d'indication de Roze
de Chantoiseau : « Le Coulteux et Compagnie, rue Mon-
torgueil, négociants en banque; une des plus anciennes
maisons. » Roze disoit vrai, puisqu'alors cette maison existoit,
nous en avons la preuve ici, depuis plus de quatre-vingts
ans. Nous verrons tout à l'heure qu'elle remontoit encore
bien plus haut. A l'époque de la Révolution, le chef de
la famille, M. Le Coulteux de la Noraye, fut de la pre-
mière municipalité de Paris, et son fils Le Coulteux de
Canteleu, député à l'Assemblée constituante et au Conseil
des Anciens, puis sénateur et pair de France. C'est lui qui
fit bâtir, vers 1790, de la rue Montorgueil à la rue Mont-
martre, sur les terrains dépendant de sa maison de banque,
toute une rue à maisons uniformes, à laquelle l'architecte
Mandar, qui l'avoit construite, donna son nom. M. Le
Coulteux en fut longtemps l'unique propriétaire. Voici ce
que Berryer père, dans ses Souvenirs (1837, in-8, t. II,
p. 320), dit sur l'ancienneté des Le Coulteux : « C'étoit
dans la banque de Paris une maison antique, une des
plus anciennes de la bourgeoisie de Paris, dont l'existence
remontoit sans interruption ni déviation en plus ni en
moins, aux époques d'oîi datoient les Thibert, les Trubert,
les Bouillerot, réputés les plus anciennes familles de la
capitale. »
2. On l'appeloit aussi cul de sac de Venise, à cause du
voisinage de la rue de ce nom, dans laquelle le comte de
Horn, au plus fort de la crise du Système, assassina un
agioteur dans le cabaret de VEpée de bois. Ce sont les
banquiers, logés alors en grand nombre rue de Venise et
surtout rue QuincampoLx — nous en trouverons un plus
loin — qui avoient attiré de ce côté Law et tout son agio.
ii8 Le Livre commode.
Messieurs Hébert Frères, près saint Julien des
Ménétriers.
Et M. Petit, rue du Four, quartier saint
Honoré.
M, Michel Heuh, rue Mauconseil, aussi pour
les Provinces de Normandie et Bretagne, et
encore pour tous les Etats d'Allemagne.
M. Pierre Heuh, rue saint Martin, pour les
mêmes lieux.
M. Tourton, rue de la Truanderie, aussi pour
l'Allemagne et pour le Lionnois.
M . Sorbiere, rue Quinquempoix, pour la même
Province.
Et M. Michon, rue Aubry Boucher.
M. de Meuves, cul de sac de la rue des Bour-
donnois, pour Allemagne, Angleterre, Italie,
Hollande, Lyonnois, Languedoc et Flandres
conquise.
M. Rigioly, rue (Quinquempoix, aussi pour
l'Italie et pour le Lyonnois.
Dancourt, en 1710, dans sa Comédie des Comédiens (acte II,
scène 9), fait lancer par Mezzetin un lardon contre ces
banques : « Je connois, dit-il, un bonnetier de la rue
Saint-Denis, et un banquier de la rue Quincampoix, qui,
avec 10,000 francs, qui n'étoient pas à eux, ont trouvé
moyen de se faire chacun cent mille écus qui ne leur
appartiennent guère. »
I. C'étoit un de ses banquiers italiens, comme il y en
avoit eu beaucoup aux époques précédentes dans ce quar-
tier, où ils avoient même laissé leur nom aux rues des
Lombards et de Venise. Sous Louis XVI, il en existoit en-
core. Nous trouvons dans VAlmanach général des Marchands
de 1778 : Caccia, banquier, rue Saint-Martin, vis-à-vis la
rue aux Ours ; Giambone, rue Mauconseil ; Boggiano, place
des Victoires.
Le Livre commode. 119
Messieurs Narcisses et Maçon, rue Thibaut
Thodé, pour les mêmes lieux.
Et Messieurs Vallentin, rue
M. Helissant, rue saint Denis, pour Alle-
magne, Pologne, Angleterre, Hollande, etc.
M. Moreau, rue Michel le Comte, pour Es-
pagne, Bretagne, etc.
M. le Nostre, rue Troussevache, pour Anjou,
Touraine, Poitou, etc.
M. Patu, rue de la Chanverrerie, pour Es-
pagne.
M. Artus, rue Mauconseil, pour Angleterre,
Ecosse, Irlande, Hollande, Flandres con-
quise, etc.
M. Milochin, rue saint Denis, pour la Flandre
Espagnole.
M. Herins, derrière saint Leu et saint Gilles,
pour tous les Pais bas.
M. Foissin, rue saint Denis, pour Allemagne,
Suède, Dannemarc, Hollande, Italie, etc.
Messieurs les Agens de change s'assemblent
tous les jours ouvrables vers le midy à la place
de change, joignant la conciergerie du Palais,
pour la négociation des Lettres et Billets de
Change ' .
I. h'Almanach royal de 1702^ qui donne à peu près,
p. 64, le même renseignement, ajoute : < Le public peut
s'adresser à leur clerc, qui y demeure, pour faire avertir
lesdits Messieurs des billets perdus, lettres de change, ou
autres billets négociables, j Telle étoit alors la Bourse de
Paris : une voûte près d'une prison, pour s'assembler une
fois tous les huit jours; et un clerc, pour répondre à tout,
le reste de la semaine. L'anglais Evelyn, qui visita le Palais
en 1644, la trouva de bien mesquine apparence auprès de
celle de Londres : « Les galeries, où l'on vend les menues
120 Le Livre commode.
Pour les Banquiers Expéditionnaires en Cour
de Rome, voyez l'article des affaires Ecclésias-
tiques.
ACADEMIES
ET CONFÉRENCES PUBLIQUES'.
Il y a maintenant à Paris deux Académies
Royales, établies pour perfectionner les sciences.
La plus ancienne est l'Académie Françoise dont
le Cardinal de Richelieu a jette les premiers
fondemens et dont le Roy est protecteur.
Elle est composée de quarante Académiciens,
tous gens illustres par leur qualité, par leur
mérite, et par leur condition. Ils sont unique-
ment appliquez à réduire la langue Françoise
dans toute la pureté qu'on peut désirer. Ils
tiennent leurs assemblées trois fois la semaine ^
marchandises, dit-il, n'approchent pas des nôtres, non
plus que le lieu où se tiennent les négociants, qui n'est
qu'une simple voûte basse. » (K. Extraits de son Voyage
à la suite de celui de Lister, publié par la Société des
bibliophiles, p. 230.)
1 . « Il y a diverses Académies qui ont toutes leurs utili-
tez publiques. Si celles des Jeux n'avoient pas été défendues,
on en feroit de quatre espèces. Mais comme on ne joue
plus que dans des maisons particulières, et entre personnes
connues, on réduira seulement à trois espèces celles qui
subsistent à présent; sçavoir celles qui ont été établies
pour perfectionner les Sciences, celles qui regardent l'Edu-
cation de la Noblesse, et celles qui concernent les beaux
arts. » Edit. 1691, p. 7-8.
2. On ne s'étoit d'abord réuni qu'une fois par semaine,
puis deux fois. Enfin, l'on alla jusqu'à trois fois en 1675,
pour presser le travail du Dictionnaire, et, dès lors, ce fut
la règle : « Depuis ce temps là, dit l'abbé d'Olivet, dans
une note sur l'Histoire de l'Académie, par Pelisson, c'est
Le Livre commode. 121
au vieux Louvre', où ils distribuent tous les
ans à la saint Louis des prix considérables, à
ceux qui ont le mieux travaillé sur une pièce
proposée, et sur un sujet à la gloire du Roy'.
La deuxième, est l'Académie des Sciences qui
s'applique à faire des découvertes dans l'Anato-
mie, dans la Botanique, dans la Chimie, dans
l'Astronomie, dans la méchanique, et générale-
ment dans toutes les parties de la Philosophie et
des Mathématiques.
l'usage que les trois jours ordinaires d'assemblée soient le
lundi, le jeudi, et le samedi. »
1 . € A la prière de Colbert, qui en étoit membre depuis
cinq ans, le Roi accorda à l'Académie françoise au rez de
chaussée du Louvre, près du pavillon des Cariatides... les
Salles, qui, après la Fronde, avoient été celles du Conseil,
et qui sont aujourd'hui dans le Musée de Sculpture les
salles de Puget et de Coustou. » {Hist. au Louvre, p. 66,
dans Paris à travers les âges.)
2. Ces deux prix étoieni : celui d'éloquence, fondé par
Balzac, qui ne fut distribué qu'à partir de 1671 ; et celui
de poésie, dont Pelisson et trois autres académiciens firent
les frais, et qu'ensuite l'Académie en corps prit à son
compte, jusqu'à ce qu'un de ses membres, l'évêque de
Noyon, M. de Clermont-Tonnerre, l'eût constitué à perpé-
tuité.
}. « La salle, lisons-nous dans l'ouvrage que cite notre
avant-dernière note, la salle qui étoit à la suite de celle
des séances servoit pour le travail du Dictionnaire, dont le
roi payoit toutes les écritures ; et pour l'examen des pièces
envoyées au concours des prix d'éloquence et de poésie que
l'Académie distribuoit tous les ans à la Saint-Louis sous la
forme de deux médailles d'or, de trois cents francs chacune.
Ce jour là, comme la chapelle, d'ailleurs fort délaissée, que
Le Mercier n'avoit pu achever au premier étage du pavillon
des Cariatides de Sarrazin, étoit à la disposition de l'Aca-
démie françoise, dont les Salles se trouvoient presque au-
dessous, les Quarante y faisoient dire une messe en musique
et prononcer le panégyrique du saint Roi. »
122 Le Livre commode.
Les Académiciens qui la composent s'assem-
blent tous les Mercredis et Samedis à la Biblio-
teque du Roi qui est présentement rue Vivienne',
et qui sera bien-tot à la place de Vendôme 2.
Ceux d'entr'eux qui professent les Mathéma-
tiques, ont leurs appartements à l'Observatoire
Royal à l'extrémité du Fauxbourg Saint Jacques.
Quoy-que la musique fasse partie des Mathé-
matiques ; elle a néanmoins son Académie par-
ticulière, parcequ'elle seroit entièrement inutile,
si comme les autres Arts libéraux, elle n'étoit
soutenue de la pratique?. Cette Académie
s'exerce au quartier de saint Roch4 chez M. de
1 . « où se doivent adresser ceux qui ont des découvertes
ou des inventions nouvelles à proposer, dans le dessein
d'être récompensez, ou seulement recommandables. Lors-
qu'il s'agit de faits mathématiques, sur l'explication des-
quels on veut prévenir les Académiciens de cette Académie,
on peut s'adresser à l'Observatoire royal, où ils ont chacun
leur appartement. » Edit. 1691, p. 8.
2. Ordre avoit été donné pour la construction de la
Bibliothèque à la Place Vendôme, le 19 mai 1691. On en
trouve le texte dans les mss. de la Collection Delamarre, à
la Biblioth. Nat., t. 131, fol, 81. Elle eût été construite au
levant, dans la partie où fut bâti l'hôtel Bourvalais, au-
jourd'hui Ministère de la Justice, et elle eût absorbé, par
derrière, une portion de l'espace occupé, depuis, par les
hôtels de la rue Neuve des Capucines, ainsi qu'on en peut
juger d'après les plans qui se trouvent au Cabinet des Estam-
pes, Topographie de Paris, Place Vendôme.
}. « L'Académie royale de musique, qu'on nomme Opéra,
est principalement occupée à représenter des tragédies en
musique de la composition de M. Quinault » Edit. 1691,
p. 8. {V. plus loin au chap. Passe-temps et Menus plaisirs.)
4. Rue Saint-Nicaise. C'est ce qu'on appeloit « l'hôtel de
l'Académie. » {V. notre Hist. de la Butte Saint-Roch,
p. 182,)
Le Livre commode. 125
Francine qui en est Directeur' à la répétition
des pièces de Théâtre qu'on nomme Opéra, et
qu'elle représente ensuite sur le Théâtre du
Palais Roial, ce qui peut être pratiqué par la
Noblesse sans déroger.
La Société Royale de Médecine est encore
une espèce d'Académie ^ en laquelle on passe
des règles à la pratique, ce qui fait qu'elle est
composée de Philosophes, de Médecins, de
Chirurgiens et d'Apoticaires artistes. Elle tient
des Conférences publiques tous les Dimanches
après Vêpres, rue de Pincourt, Faubourg saint
Antoine, chez Monsieur de Blegny qui en est
Directeur, qui a commencé cet établissement par
ordre du Roy, sous la protection de M. Daquin,
premier Médecin de S. M. Il a déjà publié plu-
sieurs volumes d'Observations et d'Expériences,
et il travaille sans relâche à faire de nouvelles
découvertes?. Cette Société a des membres en
1 . U avoit succédé à LuUi, dont il étoit le gendre.
2. «... Est établie par ordre de la Cour, et.... discipli-
née sur le pied des Académies d'établissement royal. Elle a
pour sujet toutes les sciences naturelles et les arts qui en
dépendent. » Edit. 1691, p. 12.
}. « M. de Blegny... a l'avantage d'avoir pratiqué et
enseigné successivement toutes les parties de la philosophie
et de la médecine. Il a composé dix-huit volumes très-cu-
rieux sur les sujets particuliers qui en dépendent, et inventé
diverses machines fort industrieuses, qui lui ont toujours
attiré beaucoup d'auditeurs. U s'est retiré depuis quelque
temps à son jardin médicinal à l'entrée du faubourg Saint-
Antoine, grande rue de Pincourt, où il tient une pension
pour les malades, dont il sera parlé ci-après {V. plus bas,
Pension pour les malades). Mais on ne laisse pas de le
trouver presque tous les jours chez M. son fils, apothicaire
du Roi, à l'entrée de la rue de Guénegaud, où il tient ses
conférences en hiver, ne les ayant établies l'été à Pincourt,
124 Le Livre commode.
plusieurs Villes de Provinces, qui travaillent
utilement à la fin commune, qui est la perfec-
tion du plus important de tous les Arts.
Il en est tout de même de l'Académie d'Archi-
tecture, c'est un Art qui a beaucoup de préceptes
scientifiques, mais qui sont applicables à la
mechanique active. Elle est d'établissement
Royal et a eu feu M. Colbert pour protecteur.
Maintenant elle est sous la protection de M. de
Villacerf ' et tient ses assemblées tous les Lundis
de relevée, au Palais Brion^.
Pour ce qui est des deux Académies établies
pour la Peinture, pour la Sculpture et pour la
Dance, elles n'ont presque pour objet que l'exer-
cice. La première qui est pour les Peintres et
pour les Sculpteurs, se tient aussi au Palais
qu'à cause des plantes médicinales qu'il y fait élever pour
la satisfaction et l'utilité des médecins, chirurgiens et artistes,
qui sont sous sa direction, et qui s'y rendent les dimanches
après le service divin, pour conférer à l'ordinaire et con-
sulter sur les indispositions des malades, qui se présentent,
et à qui l'on donne gratuitement les ordonnances et délibé-
rations. Mais en hiver, la conférence de la rue Guénegaud
se tient les jeudis non fêtez, et commence à trois heures
de relevée. » Edit. 1691, p. 12.
1. Edouard Colbert, marquis de Villacerf, cousin du
ministre.
2. «Qui fait partie du Palais Royal, et qui a sa porte dans
la rue de Richelieu.» Edit. 1691, p. 9. C'étoit un pavillon,
dont une salle donnoit de plain-pied sur le jardin du Palais-
Royal. Il devoit son nom au duc de Damville, qui n'étoit que
comte de Brion quand le roi l'avoit fait bâtir, pour lui, en
165 1 . Il y logea plus tard M""' de La Vallière. C'est là que
se fit, en plein air, la première exposition de peinture, en
1673. Le Théâtre françois en occupe à peu près l'emplace-
ment. On verra en effet plus loin que le Palais Brion étoit
« à l'entrée de la rue de Richelieu. »
Le Livre commode. 125
Brion, à l'entrée de la rue de Richelieu. Elle est
composée d'un grand nombre de fort habiles
Maîtres qui apportent un soin particulier à l'édu-
cation de leurs élèves, et qui leur fournissent
continuellement pour le dessein, des modèles
humains et vivans placez en différens jours et
en diverses postures. Us trouvent même cet
avantage dans leurs études, que l'Académie fait
distribuer des prix considérables à ceux qui font
plus de progrès dans un certain espace de temps • .
I. f Pour être compris dans la liste des disciples, qui
doivent y avoir entrée, l'aspirant doit avoir pour professeur
l'un des Académiciens, qui, pour justifier la proteaion qu'il
lui accorde, lui donne un billet imprimé signé de lui, et
adressant aux Officiers de l'Académie auxquels il le présente.
Après quoy ce billet ayant été pareillement signé du Rec-
teur qui est de quartier, et du Professeur qui est en mois,
le disciple a la liberté de se rendre tous les jours à l'Aca-
démie, où il s'exerce avec tous les autres à dessigner des
modèles humains et vivants, placez en différents jours et en
diverses postures ; ce qu'ils continuent pendant trois mois,
laissant toujours leurs desseins à l'Académie, où ils sont
ensuite examinez par les Officiers, qui distribuent une forte
médaille d'or à celuy qui a le mieux réussi, une médaille
moins pesante du même métail à celui qui approche le plus
près de la force de ce premier, et une médaille d'argent à
celui dont les desseins prévalent sur tous ceux des disciples
auxquels l'Académie n'accorde aucun prix. Après cela, on
divise la troupe en trois classes, relativement à la capacité
des disciples. Ceux de la première entrent et se placent
avant les deux autres classes, qui gardent entre elles le
même ordre ; mais avant que les entrées se renouvellent, on
recommence aussi la cérémonie des billets et des présenta-
tions cy-devant expliquées. Outre les prix qui se distribuent,
comme il vient d'être dit, il s'en distribue encore quatre
autres à la Saint Louis, qui donnent encore plus d'émula-
tion aux disciples; par cette raison que ceux qui les ont
gagnez sont envoyez et entretenuz à Rome durant trois ans,
aux dépens du Roi, même de couleurs et de pinceaux, en
126 Le Livre commode.
La deuxième qui est pour l'exercice de la
Danse ' tient Salie tous les Jeudis pour éprouver
ses élevés, rue Bailleuil, chez M. de Beauchamp
qui en est Chancelier et Maître des Balets du
Roy. Selon les statuts de cette Académie, elle
ne devroit estre composée que de treize Acadé-
miciens ; mais ce nombre a esté augmenté 2 par
les grâces que le Roy a bien voulu faire, à
travaillant seulement quatre jours la semaine à faire des
copies pour Sa Majesté : outre qu'étant revenus, ils sont
préférés pour les beaux ouvrages, et reçus sans peine
membres de l'Académie, ce qui leur donne de plein droit
la liberté de travailler à Paris, et ce qui les met dans un
degré de distinction très honorable. Les élèves des peintres
et ceux des sculpteurs sont indifféremment admis à disputer
les prix, lorsqu'ils ont été jugés de force suffisante; à cet
effet, ceux qui aspirent à ce bénéfice, présentent chacun un
esquisse de leur façon ; et, afin que l'Académie soit assurée
qu'aucune de ces esquisses n'a été supposée, les Professeurs
font faire en leur présence un impromptu à chacun de ceux
qui ont présenté de bonnes esquisses ; et tous ceux de qui
les impromptus sont d'une force relative à leurs esquisses,
sont admis à travailler pour les prix qui sont au nombre de
quatre, savoir : deux médailles d'or, et deux d'argent, qui
sont distribuées aux quatre disciples qui ont travaillé avec
plus de succès, entre lesquels le plus fort reçoit encore un
laurier de la main du surintendant de ces Académies. »
Edit. 1691, p. 9.
1 . « L'Académie royale de danse, qui est établie par lettres
patentes à l'instar de celles dont il vient d'être parlé, tenoit
il n'y a guère ses assemblées au Palais des Tuileries, dans
l'antichambre de Monseigneur, et les tient maintenant dans
la salle de Monsieur Beauchamp, maître des ballets du Roi,
et chancelier de l'Académie, en sa maison rue Bailleul, der-
rière l'hôtel d'Aligre. » Id., p. 10. — Les lettres patentes
« pour l'établissement de l'Académie royale de danse, en
la ville de Paris, » avoient été vérifiées au Pariement le
30 mars 1662.
2. « Et le sera probablement encore. » Edit. 1691,
p. 10.
Le Livre commode. 127
Quelques uns de ceux qui ont eu l'honneur de
anser devant Sa Majesté avant d'y estre admis ' .
CONFÉRENCES.
Il y a un concours de scavans toutes les
aprésdinées chez M. l'Abbé Ménage, Cloitre
Notre Dame^, où l'on confère sur toutes sortes
de sujets ?.
1 . « Trois de ces maîtres se rendent tous les jeudis à
l'Académie, pour exercer gratuitement les personnes de
considération qui s'y trouvent, et les élèves des Académi-
ciens, qui aspirent d'être admis à l'Académie, et qui ont, à
cet effet, leurs protecteurs, par qui l'Académie est certifiée
de leur capacité lors de leur réception, qui se fait toujours
après la convocation de plusieurs personnes qualifiées, et
des maîtres de l'Académie, en présence desquels ils font une
expérience de chef-d'œuvre : après quoy, ils sont en plein
droit d'enseigner la danse à Paris, et de jouir de divers
privilèges que le Roi a eu la bonté d'accorder à cette Aca-
démie, où l'on est reçu seulement en payant une somme
très modique, et en donnant une bourse de jetons d'argent
qui sont distribués au nombre de deux à chacun des maîtres
qui se trouvent à l'Académie les jours d'exercice et encore
les premiers jeudis de chaque mois, afin de porter les Aca-
démiciens à se trouver à l'Assemblée générale qui se tient
ce jour là à l'Académie pour délibérer sur les affaires com-
munes, ainsi que le premier jour de mai. » Id., p. 10.
2. Ménage, après la mort du cardinal de Retz, dont il
étoit en quelque sorte devenu le secrétaire, avoit pris un
logis au Cloître : « Il y tint régulièrement, dit La Monnoye
dans la Notice en tête du Menagiana, t. I, tous les mercre-
dis de chaque semaine, une assemblée, qu'il appeloit, à cause
du jour, sa Mercuriale, où il eut la satisfaction de voir tou-
jours un grand concours de gens de lettres, tant françois
qu'étrangers. » La maison où il logeoit, existe encore rue
Massillon, n* 4. C'est celle où La Harpe mourut. {Rev.
archiolog., t. IV, i" part., p. 144.)
3. « La conférence de M. de la Courtière, qui se tient
128 Le Livre commode.
M. de Villevant, Maître des Requestes, rue
Hautefeùille, donne aussi entrée chez lui toutes
les aprésdinées aux Sçavans de considération,
qui tiennent une conférence curieuse sur tous
les sujets qui se présentent.
M. d'Herbelot', rue de Condé, tient une autre
conférence chez lui tous les soirs après sept
heures.
Les Mardis de relevée, on tient une confé-
rence curieuse chez M. le Marquis d'Angeau,
Chevalier des Ordres du Roi, Place Royale 2.
Les Jeudis de relevée, chez M. l'Abbé de la
Roque, rue de Guénégaud, sur diverses matières
scientifiques 3,
rue Saint-Jean de Beauvais, a pour principal sujet la Phi-
losophie, et pour accessoires les nouveautez de tous
genres. » Edit. 1691, p. 12.
1. C'est l'orientaliste, professeur en langue syriaque, au
collège Royal, secrétaire-interprète des langues orientales,
auteur de la Bibliothèque orientale, qui fut publiée in-fol.
en 1697, deux ans après sa mort.
2. L'abbé de Dangeau, bien plus que son frère le Marquis,
trop occupé à la Cour, tenoit cette conférence presque en-
tièrement grammaticale, et qu'on appeloit la Martiale,
parce qu'elle avoit lieu le mardi. Le poète Lainez, qui la
fréquenta quelque temps, se vengea de l'ennui qui l'y avoit
gagné et des habitudes de purisme qu'il y avoit failli
prendre, par cette épigramme :
Je sens que je deviens puriste,
J'aligne au cordeau chaque mot.
Je suis les Dangeaux à la piste :
Je pourrois bien n'être qu'un sot.
3. L'abbé Jean-Paul de la Roque, qui, depuis 1675, diri-
geoit le Journal des Savants à la place de Gallois, et depuis
1683, le Journal de Médecine, dont il étoit le fondateur. Ses
conférences du jeudi, rue Guénégaud, ont été curieusement
décrites par Le Maire dans son Paris ancien et nouveau,
1685, in-12.
Le Livre commode. 129
Les Samedis aussi de relevée, chez M. le
Chevalier Chassebras du Breau, Carrefour saint
Benoist, quartier S. Germain, sur l'Histoire et
sur les sciences ' .
BIBLIOTEQUES
PARTICULIERES ET PUBLIQUES.
Les curieux peuvent avoir par faveur, quel-
ques entrées dans les Biblioteques suivantes :
sçavoir;
A la Biblioteque du Roy qui est encore rue
Vivienne; et qui sera bien-tôt à la place de
Vendosme^, où l'on trouve encore une infinité de
Livres et de Manuscrits rares, tout ce qu'il y a
eu de plus considérable dans toutes les Langues
orientales.
Au Cabinet des Livres du Château du Louvre'.
A la Biblioteque de Monseigneur l'Archevêque
de Rheims4, rue Saint Thomas du Louvre.
1. « Enfin, celle de M. de Fontenay, qui se tient les sa-
medis, rue Christine, a pour objet les Mathématiques. »
Edit. 1691, p. 12.
2. K. un peu plus haut, au chap. des Académies.
j. On n'y conservoit guère alors que les livres à l'usage
des rois, et ceux qui leur avoient été offerts ou dédiés. Le
P. Jacob en a parlé dans son Traité des Bibliothèques, 1644,
in-8, sans oublier le conseiller d'Etat Chaumont qui en étoit
alors le bibliothécaire.
4. Maurice Le Tellier, qui, étant directeur de la Biblio-
thèque du Roi, s'étoit laissé gagner par l'amour des livres.
Il en eut un grand nombre qui passèrent tous à la Biblio-
thèque des chanoines de Sainte-Geneviève, où, dit Baudelot
de Dairval, « ils font un très bel ornement par leur condi-
tion. » De l'utilité des Voyages, t. 11, p. 418. Le catalogue
en fut imprimé in-fol., à l'imprimerie Royale, en 1693,
Liyre commode. 9
130 Le Livre commode.
A celle de Monseigneur le Chancelier', rue
S. Louis du Marais.
A celle de Monsieur le Premier Président,
Cour du Palais, qui est remplie d'excellens
Tableaux, de Médailles et de Monnoyes antiques
et modernes.
A celle de Monseigneur de Menars, Président
à mortier, près la Porte de Richelieu, où sont
la plus grand part des plus curieux livres de
M. deThou^.
A celle de Monseigneur Talon?, aussi Prési-
dent à mortier, rue Saint Guillaume.
A celle de Monseigneur l'Avocat Général de
la Moignon, à l'Hôtel d'Angoulesme4, où il y a
un grand nombre de belles Médailles antiques s.
sous ce titre : Bibliotheca Telleriana. Le sorboniste Ph.
Dubois, bibliothécaire du prélat, l'avoit dressé. En 1700,
Le Tellier avoit donné la plupart de ses manuscrits, 500
environ, françois, orientaux, latins surtout, à la Bibliothè-
que du Roi.
1 . Boucherat, dont la bibliothèque avoit en effet son
prix, depuis surtout que M. M. de Brienne lui avoit donné,
en 1685, une riche collection de copies faites sur le recueil
de M. de Loménie, dont l'original étoit à la bibliothèque
du Roi. Tous les livres de Boucherat portent sa devise :
un coq avec un soleil, avec ces mots : Sol reperiî vigilem.
2. Nous avons parlé de cette bibliothèque, à propos de
son possesseur M. de Ménars, au chapitre des Présidents à
mortier.
3. Nous avons aussi parlé de lui, au chapitre des Prési-
dents à mortier. Sa bibliothèque, qu'il accrut beaucoup, lui
venoit de son père, l'illustre Orner Talon. La jurisprudence,
l'histoire, la philosophie, en étoient, comme on le pense
bien, le fond principal.
4. „Sa bibliothèque avoit été formée par son père, le
président de Lamoignon, qui avoit eu le célèbre Adrien
Baillet pour bibliothécaire.
5. Il les devoit en partie à Tavernier, qui les lui avoit
i
Le Livre commode. 131
A celle de Monseigneur de la Moignon de
Basville, Conseiller d'Etat ', rue où
sont les plus belles Médailles modernes.
A celle de M. de la Proutiere, rue Saint Do-
minique, où il y a des Tableaux, des Bronzes,
et des Médailles d'un choix particulier.
A celle de M. le Clerc de Lesseville, rue Ga-
lande^.
A celle de M. Boucot, rue Hautefeuille3.
A celle de M. Rousseau, rue de la Calandre,
où il y a un grand nombre des plus rares es-
tampes 4.
A celle de M. BultaultJ, près la place des
Victoires.
rapportées de ses voyages.
1 . Nous avons parlé de lui au chapitre des Intendants. Il
rétoit du Languedoc.
2. Frère de celui que nous avons vu plus haut parmi les
présidents des Enquêtes.
3 . Nous l'avons vu figurer plus haut parmi « les gardes
des offices de France, » et nous avons à ce sujet parlé de
sa bibliothèque et de ses collections.
4. « Le cabinet de M. Rousseau, on l'on voit plus de
quatre-vingts volumes, gros comme l'Atlas, lesquels con-
tiennent tout ce qu'il y a de beau dans tous les Etats du
monde. Tous les hommes illustres et tous les saints y sont
représentés, — au moins ceux dont on a fait des estampes. —
Néanmoins cette bibliothèque ne doit passer que pour un
recueil. » (Le Gallois, Traité des plus belles Biblioth. de
l'Europe, 1680, in-8, p. I3c^-i5i.)
5. Louis Bulteau, qui mourut l'année suivante, 1693,
chez les Bénédictins. Son frère Charles, en faveur duquel
il s'étoit démis de sa charge de secrétaire du Roi, conserva
la riche bibliothèque qu'il lui légua. Elle ne fut vendue
qu'en 171 1, un an après sa mort. Gabriel Martin en publia
le catalogue : Bibliotheca Bulteriana, 2 voi. in- 12. A cette
vente, la Bibliothèque du Roi n'acquit pas m.oins de 8jo
volumes.
132 Le Livre commode.
A celle de M. l'Abbé de la Chambre', sur le
quay de Nesle.
A celle de M. Chassebras de Cramailles, rue
du cimetière saint André, où il y a beaucoup de
curiositez d'Italie et du Levant, d'Estampes, de
Monnoies, etc.
A celle de la Sorbonne, où il y a de rares
manuscrits de Théologie 2.
A celle du Collège de Louis le Grand, rue
saint Jacques, composée en partie de celle de
M. FouquetJ.
A celle des Chanoines Réguliers de sainte
Geneviève du Mont 4.
1. « Sa grande inclination, dit Vigneul-Marville, dans
l'éloge qu'il a fait de cet académicien inconnu, étoit pour
les livres Italiens et Espagnols. » [Mélanges d'histoire et de
littérature, t. I, p. 97.)
2. Le Gallois, dans son Traité cité tout-à-l'heure, nous la
donne, p. 13}, comme étant « sans contredit une des plus
florissantes de l'Europe. » C'étoit en 1680, elle augmenta
beaucoup, depuis. Au xviii° siècle, on n'y comptoit pas
moins de 5,000 mss., et 60,000 volumes. Ses principaux
bienfaiteurs avoient été Richelieu et l'un de ses secrétaires,
l'abbé Des Roches, que l'on connoît par l'Epître que lui
dédia Boileau. En 1796, les manuscrits furent portés à la
Bibliothèque Nationale, où on les réunit au fonds qui pro-
venoit du cardinal de Richelieu.
3. Suivant une note fort juste de l'abbé Goujet, écrite
en marge de l'exemplaire du De Bibliothecis parisiensibus,
de Dan. Maichel, 1729, in-8, p. 94, que nous possédons,
le Fouquet auquel les Jésuites dévoient un fonds dont s'en-
richit leur bibliothèque n'étoit pas Fouquet, le surintendant,
mais Fouquet, marquis de la Varenne. Les livres acquis avec
l'argent de son legs se distinguoient par un double <ï>, sur
le dos de la reliure.
4. V. ce que nous avons dit plus haut, à propos de la
bibliothèque de Le Tellier. Celle des Génovéfains se trou-
voit, où nous l'avons vue encore, au dernier étage de cette
Le Livre commode. 133
A celle de l'Abbaïe saint Germain des Prez'.
A celle du Chapitre de Notre Dame».
A celle du Collège de Navarre, montagne
sainte Geneviève 5.
A celle du Collège de Boissy 4, rue du Cime-
tière saint André.
partie de l'abbaye Sainte-Geneviève, qui étoit devenue une
dépendance du collège Henri IV. En 1768, on la rendit
publique trois fois par semaine, le lundi, le mercredi et le
samedi, de deux heures à cinq. Elle est maintenant en de
nouveaux bâtiments construits sur l'emplacement du collège
Montaigne. V. plus bas.
1. Elle étoit la plus riche après la Bibliothèque du Roi,
principalement en manuscrits, dont un grand nombre lui
vinrent au xviii' siècle de M. de Coislin, de l'abbé d'Estrées,
de l'abbé Renaudot, etc. V. ce qu'en dit D. Bouillart dans
son Hist. de Saint-Germain des Prej, 1724, in-fol. — Malgré
l'incendie de 1792, et un vol en 1791, qui fit passer 120 de
ses mss. en Russie, la Biblioth. Nat. n'en eut pas moins de
9,000 de cette seule provenance.
2. Elle étoit assez modeste, n'occupant que deux pe-
tites chambres dans la cathédrale même, et ne comptant au
xviii* siècle que 5,000 volumes au plus. Le principal fonds
en étoit venu de Claude Joly, dont nous avons parlé au
chapitre des Affaires ecclésiastiques. Il tenait de son grand-
père, l'avocat Loisel, un certain nombre de mss. qui pas-
sèrent avec les siens et les autres du chapitre à la Biblio-
thèque du Roi, par une donation que firent les chanoines,
le 24 avril 1756.
j. Il est occupé aujourd'hui par l'Ecole Polytechnique.
Sa bibliothèque, dont le premier fonds venoit de Jeanne de
Navarre, fondatrice du collège, avoit pour principale richesse
la plus grande partie des livres de l'illustre curieux du temps
de Louis XIII, le provençal Peiresc, et de nombreux volumes
sur peau vélin, avec initiales en miniature. De ses nombreux
mss. il n'en arriva que 124 à la Bibliothèque Nationale
pendant la Révolution,
4. Nous ne savons rien sur la bibliothèque de ce collège
fondé en 1354 par Guill. de Boissy, qui lui donna son nom.
Il étoit en 1692 en complète décadence, dont il ne se releva
134 Le Livre commode.
A celle des Augustins Réformez de saint Ger-
main des Prez'.
A celle des Augustins Déchaussez, rue des
Victoires 2.
A celle des Célestins, près l'Arsenal?.
A celle des Cordeliers, près l'Eglise saint
Cosme4.
que l'an d'après. Sa bibliothèque toutefois étoit, à ce qu'il
paroît, restée assez riche.
1. L'école des Beaux-Arts, rue Bonaparte, a pris la place
de leur couvent. La bibliothèque n'en devint importante
que lorsque le président de la Cour des Monnoies, Gilbert
Mauguin, lui eut légué ses 12,000 volumes de théologie et
de jurisprudence, en 1674. Elle s'augmenta encore, en 1728,
de ceux du copiste Jean Pontal. On y remarquoit 14 volumes
in-fol. à'Antiphonaires, tous écrits, notés et enluminés, au
xvit" siècle, par le P. Trochereau, un des moines du
couvent.
2. Ce sont les petits Pères, de la rue Notre-Dame des
Victoires, dont il ne reste que l'église, une caserne des
gardes de Paris, ayant, depuis 1850, pris la place du cou-
vent. On y comptoit, vers le milieu du xviii" siècle, environ
30,000 volumes. Auprès de la bibliothèque étoient un ca-
binet de peinture, et un autre d'histoire naturelle et d'an-
tiquités.
3 . On y comptoit environ 20,000 volumes, non compris
les manuscrits, dont les plus précieux venoient de la
bibliothèque que le frère de Charles VI, Louis d'Orléans,
conservoit dans son hôtel de Pute y musse, voisin du cou-
vent. Un des deux seuls exemplaires de l'édition xylogra-
phique du Spéculum humante salvationis, que l'on connut
au xviii*^ siècle, s'y trouvoit aussi,
4. Brûlée en 1580, cette bibliothèque redevint peu à peu
plus importante qu'elle ne l'avoit été. L'incendie y avoit
détruit 9,000 volumes; en 1680, elle en avoit 12,000,
mais l'on n'y trouvoit plus la plupart des beaux manuscrits
donnés par Catherine de Médicis, ni ceux des auteurs latins,
dont les Aide et les Estienne s'étoient servis pour leurs
éditions. Les 163 qui en sont venus à la Bibliothèque Natio-
nale sont la plupart sans grande valeur.
J
Le Livre commode. 155
A celle des Jacobins du Grand Couvent, rue
saint Jacques'.
A celle des Jacobins Reformez, rue saint Ho-
noré*.
A celle des Chanoines Réguliers de sainte
Croix de la Bretonnerie3.
A celle du Prieuré de saint Martin des
Champs 4.
1 . Elle n'étoit pas alors bien riche, les dons du chanoine
lyonnois Tricaud, et du duc d'Orléans, fils du Régent, ne
l'ayant augmentée qu'au siècle suivant. Les livres du prince,
qui, au nombre de 6,800 volumes, formoient plus d'un tiers
de la bibliothèque, s'y voyoient dans une salle à part,
nommée Bibliothaa AurtUana. Il n'est venu des Jacobins
à la Bibliothèque Nationale que 60 mss. environ des xm*
et xiv^ siècles.
2. « Somptueuse en édifices, écrivoit sous Louis XIII le
P. Jacob, mais de beaucoup moindre qualité en livres. »
Elle s'enrichit plus tard. Un des religieux du couvent lui
légua, en 1649, toute la bibliothèque de son père, médecin
en Allemagne. Le sorboniste Picque lui laissa, en 1699, les
manuscrits arabes de son cabinet, qui devaient passer en
1795 à la Bibliothèque Nationale, et auxquels se joignirent
ceux que le P. J. Goar avoit rapportés de Grèce. Sous
Louis XV, sans compter les manuscrits, il y avoit chez les
Jacobins de la rue Saint-Honoré 26,000 volumes. En 1748,
le P. Bérenger avoit dressé le catalogue des livres et ma-
nuscrits en 7 vol. in-fol. On l'appeloit quelquefois la
Bibliothèque de M. le Dauphin, parce qu'à la naissance de
Louis XIV, les Jacobins la lui avoient dédiée. Une partie
de la correspondance du cardinal de Noailles, aujourd'hui
à la Bibliothèque Nationale, s'y trouvoit.
3. Nous ne savons rien sur cette bibliothèque d'un cha-
pitre d'ailleurs peu important.
4. On n'y trouvoit guère que 5 ou 6,000 volumes, mais
beaucoup de manuscrits, dont 112 sont aujourd'hui à la
Bibliothèque Nationale ; et, comme dans tous les prieurés
de Bénédictins, un grand nombre de chartes et diplômes.
Dom Chameaux, qui en étoit le conservateur, sous Louis XV,
1^6 Le Livre commode.
A celle des Minimes de la place Roïale'.
Outre les Biblioteques particulières, il y en a
quelques unes à l'usage du public, dans les-
quelles on donne entrée à tous venans aux jours
et heures ci-après marquées ; sçavoir,
Celle du Collège Mazarini qui est ouverte les
Lundis et Samedis du matin et de relevée 2.
Celle de l'Abbaie saint Victor où sont les
en évaluoit le chiffre à 80,000. Us avoient été rassemblés
par Dom Pernot dans la première moitié du xviii"' siècle.
1. Un des religieux du couvent, le P. Joseph Renaud,
avoit créé le principal fonds de cette bibliothèque, en lui
léguant la sienne. Le savant Jean de Launoy en fit autant.
C'est avec ces ressources que les PP. Niceron et Mersenne
composèrent leurs ouvrages si pleins de recherches. Au
xviii'' siècle, la bibliothèque des Minimes, au lieu de
8,000 volumes qu'elle possédoit sous Louis XIV, en comp-
toit 20,000, presque tous reliés en veau fauve, avec un
soleil d'or sur les plats, portant au centre le mot caritas,
et en exergue l'inscription : Conventus parisiensis Minimo-
rum. — L'Herbarium vivum, m.s. en 15 vol. in-fol., du
P. Prumier, contenant la description de toutes les plantes
qu'il avoit étudiées de 1675 à 1704, tant en Italie qu'en
Amérique, étoit une des curiosités de la bibliothèque des
Minimes. Ce beau recueil lui fut enlevé, par ordre, pour celle
du roi, en 1768.
2. « On commence aussi à donner entrée les lundis et
jeudis en celle du collège Mazarini. « Edit. 1691, p. 11.
~ Elle avoit été ouverte pour la première fois, en octobre
1688, dans le pavillon du collège Mazarin, aujourd'hui
palais de l'Institut, oii elle est encore, sous le nom de
Bibliothèque Mazarine. Le premier bibliothécaire fut Ludovic
Picques, à la suite d'une élection faite par la Société de
Sorbonne, qui seule avoit droit de nommer à cette place.
Elle avoit été, comme on sait, formée pour Mazarin, par
G. Naudé, qui en parle beaucoup dans son Mascurat. Un
siècle après eux, elle avoit presque doublé. On n'y comptoit
que 27,000 vol. à la mort du cardinal; en 175 1, lorsque
Desmarais en fit le catalogue, il n'y en avoit pas moins
de 4J,ooo.
Le Livre commode. 157
Livres de feu M. Bouchet de Bournonville, qui
est ouverte les Lundis, Mercredis et Samedis, le
matin depuis sept jusqu'à onze heures, et l'aprés-
dinée depuis deux jusqu'à cinq '.
Et celle du Jardin Médicinal de Pincourt, qui
est ouverte seulement les Dimanches après
Vêpres, en faveur des Médecins, des Chirur-
giens et des Apoticaires artistes; qui confèrent
en même temps sur les Nouvelles Découvertes
qui se font dans les Sciences Naturelles et dans
les Arts qui en dépendent.
I. « où l'on peut consulter les auteurs d'autant plus
utilement qu'elle est des plus complètes, et qu'on y met
entre les mains des curieux tous les livres qu'ils demandent. »
Edit. 1691, p. II. — C'est la bibliothèque dont Rabelais
a dressé un si burlesque catalogue. Au xvu' siècle, elle
s'étoit assez sérieusement enrichie pour que l'on ne s'en
moquât plus. M. de Bournonville, conseiller de grand'
Chambre, dont il est parlé ici, lui avoit, en 1690, non-
seulement légué tous ses livres, mais aussi une rente pour
en acheter d'autres, à condition qu'elle seroit publique trois
jours par semaine, le matin et l'après-dîner. On voit ici
qu'il y fut fait droit. Plus tard vint le don de M. de Tra-
lage, neveu de La Reynie, qui possédoit une collection
inappréciable de cartes et plans, dont le plus précieux étoit
celui de Paris par Du Cerceau, qui prit, en passant par la
bibliothèque de l'abbaye, le nom de plan de Saint- Victor.
Ce legs de M. de Tralage, fait en 1698, fut suivi en 170J
de celui du président Cousin, qui donna tous ses livres aux
Victorins. Leur bibliothèque dut être alors agrandie de
plus du double. Les î,ooo manuscrits suffisoient pour rem-
plir l'ancienne. La Bibliothèque Nationale, depuis 1796, en
possède 1265, dont un tiers de mss. latins. Dans le nombre
est le très-curieux catalogue de la Bibliothèque Saint-Victor
par Claude de Grandrue.
138 Le Livre commode.
COLLÈGES
ET LEÇONS PUBLIQUES'.
Les Collèges où il y a exercices ordinaires
des Humanitez, de la Rhétorique et de la Phi-
losophie, sont,
Celuy de Louis le Grand et celuy du Plessis
Sorbonne^, rue saint Jacques. Celuy des Quatre
Nations sur le quay de Nesle3, celuy de Na-
varre 4, celuy de la Marches, et celuy de Mon-
1. « U y a d'ailleurs dans l'étendue de l'Université
divers collèges où la jeunesse est instruite à très-peu de
frais, et oti il y a même des bourses fondées pour l'entre-
tien d'un certain nombre de pauvres étudiants. » Edit. 1691 ,
p. II.
2. Geoffroi Du Plessis, secrétaire de Philippe-le-Long,
l'avoit fondé en 13 16. Réuni à la Sorbonne en 1647, il
prit le double nom qu'il a ici. Les facultés de Théologie,
des Sciences et Lettres l'occupèrent sous l'Empire et la
Restauration jusqu'à ce qu'on y eût mis l'Ecole normale.
3. C'est le collège Mazarini, dont il a été parlé plus
haut : « Messieurs de Sorbonne, ajoute l'édit. de 1691,
p. II, qui ne tiennent point chez eux de petites classes,
ont la direction de ce collège, où ils font enseigner gratis
toutes les humanités, au désir de la fondation du feu car-
dinal Mazarin. Les RR. PP. Jésuites en font de même au
collège de Louis-le-Grand, rue Saint-Jacques. »
4. Fondé en 1364, avec un legs de la reine Jeanne de
Navarre, femme de Philippe-le Bel, il fut rebâti et agrandi
plus tard avec le prix de la vente de la tour de Nesle, qui
appartenoit aux rois de Navarre. Depuis l'Empire, il est
occupé par l'Ecole polytechnique. La chapelle en est cu-
rieuse. [Rev. archéolog., t. I, p. 192-200.)
5. Il datoit de 1420. Guillaume de La Marche l'avoit
fondé pour des écoliers de sa pauvre province. Supprimé à
la Révolution, il devint une pension célèbre du quartier
Latin, la pension Vattier. Les bâtiments en ont disparu,
avec une partie de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève,
où ils se trouvoient sous le n° 37.
Le Livre commode. 139
taigu' à la montagne sainte Geneviève; celuy
d'Harcourt* et celuy de Lizieux, rue de la
Harpe? ; ceux de Beauvais4 et de Presles 5, rue
saint Jean de Beauvais, celuy du Cardinal le
Moine^, rue saint Victor^ et celuy des Grassins/,
rue des Amandiers s.
1. Un des plus pauvres et des plus austères collèges de
Paris. Aycelin de Montaigu l'avoit fondé en 13 14, Erasme
y étudia. La maigre pitance, à laquelle on y étoit soumis,
l'avoit fait appeler Collège des Haricots, nom qui resta à la
prison militaire, qu'on y installa, en 1792. (V'. notre Paris
Démoli.) Ses bâtiments, qui faisoient l'angle de la rue des
Sept-Voies et de la place du Panthéon, furent démolis en
184J, pour faire place à ceux de la nouvelle bibliothèque
Sainte-Geneviève.
2. Un chanoine de Paris, Raoul d'Harcourt, l'avoit fondé
en 1220. Ses bâtiments, reconstruits en 167J, ont été em-
portés en partie par le boulevard Saint-Michel. Ce qui reste
est occupé par le lycée Saint- Louis.
3. Il y a ici une erreur. Si le collège d'Harcourt fut rue
de la Harpe, le collège de Lisieux en revanche n'y fut
jamais. L'évêque de Lisieux, Gui d'Harcourt, le fonda en
1336, rue des Prêtres-Saint-Séverin ; il passa ensuite rue
Saint-Etienne des Grès, et n'en fut déplacé qu'en 1764, pour
occuper, rue Saint-Jean de Beauvais, les bâtiments du col-
lège de Dormans.
4. C'est celui dont nous venons de parler, le collège de
Dormans-Beauvais, qui devoit son nom à son fondateur,
l'évêque de Beauvais, Jean de Dormans. Il datoit de 1370.
Supprimé à la Révolution, Caruot y établit la première
école mutuelle d'essai.
j . Raoul de Presles l'avoit fondé en 1 3 1 3 pour les pauvres
écoliers du diocèse de Soissons, d'où lui vint son premier
nom de collège de Soissons. Ramus y professoit; c'est là
qu'il fut tué à la Saint- Barthélémy.
6. Il devoit son nom au cardinal Jean Lemoine, qui
l'avoit fondé en 1302. Calvin y étudia, et Lhomond y fut
professeur. Il n'en existe plus rien que le nom d'une petite
rue bâtie sur les chantiers qui en avoient pris la place.
7. Il ne datoit que de 1569. Le sénonois P. Grassin,
140 Le Livre commode.
Il y a encore des Communautez Religieuses
qui ont des Maisons Collégiales dans l'étendue
de l'Université, où les nouveaux Profez sont
instruits aux Humanitez, Rhétorique, Philoso-
phie, etc., à sçavoir : les Grands Augustins
devant le Pont neuf", les Grands Cordeliers,
près saint Cosme*, les Grands Jacobins, rue
saint Jacques?, les Bernardins, au quartier saint
Victor 4; les Carmes, à la place MaubertJ, les
de qui lui venoit son nom, l'avoit fondé pour des écoliers
nés à Sens. Chamfort, qui s'appeloit alors Nicolas, en fut
le dernier élève distingué.
8. « Celui de Cambrai et celui de fondation royale, près
Saint-Jean de Latran,.... celui des Trésoriers, près de la
Sorbonne. » Edit. 1691, p. 11.
1. Ils ont donné leur nom au quai. De leur église, cons-
truite en 1368, on fit, sous le premier empire, le marché à
la Volaille, qui garda le nom de la Vallée, parce qu'on l'y
transféroit de la Vallée de Misère, située près du Châtelet.
Ce qui restoit, sur le quai, de l'église devenue marché, vient
de disparoître. Il subsiste encore quelque chose des bâti-
ments, au n° 5 de la rue du Pont de Lodi, dont le perce-
ment, en 1797, coupa en deux le terrain occupé par le
couvent.
2. Ils avoient donné leur nom à la rue, qui prit, en 1790,
celui de rue de l'Ecole de Médecine. Leur église y subsiste
encore. C'est le Musée Dupuytren. Pendant la Révolution,
ce fut le Club des Cordeliers, d'oia Camille Desmoulins, qui
en faisoit partie, datoit son journal, le Vieux Cordelier,
3. Nous en avons parlé un peu plus haut, à propos de
leur Bibliothèque.
4. Dans la rue à laquelle ils avoient fait donner leur nom,
et qui prit, en 1 806, celui de rue de Pontoise, parce qu'elle
est voisine du Marché aux Veaux, que Pontoise approvi-
sionne.
5. Ils n'étoient pas sur la place même, mais auprès, dans
la rue, qui leur devoit son nom. Leur église, qui datoit du
xiv" siècle, fut démolie en 1814, pour faire place au marché
Maubert. Ces carmes ne sont pas à confondre avec ceux de
Le Livre commode. 141
Prémontrez, rue Hautefueille ' ; les Religieux de
l'Ordre de Grammont, rue du Batoir^j et ceux
de l'Ordre de Cluny, place de Sorbonne?.
Outre les exercices ordinaires de l'Université,
on professe la Théologie au Collège de Sor-
bonne4, et à celuy de Navarre.
La Jurisprudence aux Ecolles de Droit, rue
saint Jean de BeauvaisJ.
La Médecine, au Collège des Médecins, rue
de la Bucherie^.
la rue de Vaugirard, Us Carmes déchaussés, à qui l'on doit
l'eau de Mélisse, et dont l'église exbte encore.
1. Ils s'y étoient établis, dès 1252, dans une des mai-
sons que Pierre Sarrazin, qui donna son nom à une des
rues voismes, y possédoit. Leur chapelle, située au coin de
la rue Hautefeuille, à gauche de la rue de l'Ecole de Mé-
decine, fut démolie et rebâtie en 1618. C'est aujourd'hui
un café.
2. Us n'étoient pas rue du Battoir, mais dans le voisi-
nage, rue Mignon, où, depuis 1603, ils occupoient, par
suite d'un échange avec leur prieuré du bois de Vincennes,
le collège fondé en 134?, par le maître des Comptes, Jean
Mignon.
}. Le collège de Cluny se trouvoit en effet au coin de
cette place et de la rue des Grès. Sa fondation par Yves de
Vergy, abbé de Cluny, datoit de 1269. Quelques restes du
cloître subsistent encore. David y avoit son atelier en 1 806.
4. Les écoles de théologie fondées par Richelieu n'étoient
pas à la Sorbonne même, mais sur la place, au n' 2. Elles
furent supprimées à la Révolution.
5. V. plus haut.
6. Les écoles de médecine et de chirurgie étoient déjà rue
de la Bûcherie en 1472. Les bâtiments en furent reconstruits
en 1676, à l'exception d'un ponail du xiv' siècle qui cxis-
toit encore, il y a quelques années. En 1744, on avoit
refait l'amphithéâtre, dont le dôme se voit toujours dans la
maison qui porte le n" 1 J , au coin de la rue de l'hôtel
Colbert. Ce n'est qu'en 1774 que ces écoles furent transfé-
rées, où nous les voyons, dans l'ancien collège de Bourgogne
142 Le Livre COMMODE.
Les Mathématiques, et les Langues Arabe,
Grecque, et Hebraique, au Collège Royal, Place
de Cambray.
Les autres Collèges dont les revenus ne servent
maintenant qu'à l'entretien des Bourciers, sont
pour les Provinces du Maine et d'Anjou, celui
de Bayeux ' ; pour ceux du Diocèse de Nar-
bonne', celui de ce nom; pour la Bourgogne,
celui du même nom?; pour le Diocèse d'Arras,
encore celui du même nom 4; pour la Touraine,
celui de Tours 5 ; pour le Diocèse de Vienne et
reconstruit exprès, et qu'on avoit acheté aux Bénédictins,
qui justement y avoient établi une école de chirurgie.
1 . Il avoit été fondé par Guillaume Bonnet, évêque de
Bayeux. L'inscription, que l'on put lire jusqu'à sa démoli-
tion, il V a vingt-cinq ans, au-dessus de la porte gothique,
rue de la Harpe, n" 107 : Collegium Bajocence, fund. anno
1308, dispensoit de chercher la date de la fondation. On
l'avoit réuni à l'Université en 176}.
2. Autre fondation épiscopale. On la devoit à Bernard de
Pages, archevêque de Narbonne, en 13 17. Ce collège se
trouvoit rue de la Harpe, presqu'en face de la rue de l'Ecole
de Médecine; rebâti en 1760, et réuni trois ans après à
l'Université, il étoit, depuis la Révolution, un hôtel garni,
lorsqu'on le démolit vers le même temps que celui de
Bayeux.
3. « Rue des Cordeliers. » Edit. 1691, p. 11. — La
comtesse Jeanne de Bourgogne l'avoit fondé, en 13?!, pour
vingt pauvres écoliers de sa province. Nous avons dit, dans
une des notes précédentes, comment il devint l'Ecole de
Médecine.
4. Il devoit son nom à l'abbé de Saint-Waast, à'Arras,
Nicolas Le Candrelier, son fondateur en 1527. Il fut réuni,
en 1763, à celui de Louis-le-Grand. Il avoit été transféré
de la rue Chartière dans la rue des Murs, qui en prit le
nom de rue d'Arras, qu'elle porte encore.
5. Il étoit au n" 7 de la rue Serpente où, de 1330 à 1333,
l'archevêque de Tours, Etienne de Bourgueil, l'avoit fondé.
Les bâtiments reconstruits en 1730 existent encore.
Le Livre commode. 143
de Bourbonnois, celui du cardinal Bertrand';
pour le Liraosin, celui de saint Michel*; pour
Theroûenne, celuy de Boncourt ^ ; pour le Dio-
cèse de Bayeux, celui de M. Gervais4; pour le
Diocèse de Rheiras, celuy du même nom 5; pour
1 . On l'appcloit aussi collège d'Autun. Il se trouvoit au
n* 22 de la rue Saint-André des Arts, où l'évêque d'Autun,
cardinal Pierre Bertrand, l'avoit fondé en 1341. Lorsqu'en
1764, on l'eut réuni au collège Louis-le-Grand, l'école gra-
tuite de dessin y fut établie pendant quelques années. Il
fut démoli sous le premier empire.
2. L'évêque de Paris, Guillaume de Chanac, l'avoit fon-
dé rue de Bièvre, au xiV siècle, sous l'invocation de saint
Michel. On l'appeloit quelquefois collège de Chanac. Comme
limousin, l'abbé Dubois y avoit étudié.
3. Fondé rue Bordet, en 1357, par le sieur de Bécoud,
dont on fit de Bécourt, de Beaucourt, puis de Boncourt. Huit
pauvres écoliers, en logique ou philosophie, venus de Thé-
rouanne, pays de P. Bécoud, en furent, d'abord, les seuls
élèves. Il fut réuni, en 1638, ainsi que celui de Toumay,
au collège de Navarre, qu'il joignoit par une espèce de pont
qui traversoit la petite rue Clopin. Son nom et ses privi-
lèges lui furent laissés. Voilà pourquoi ici nous le voyons
encore réservé aux écoliers de la ville de Thèrouanne, qui
malheureusement ne pouvoit guère lui en envoyer, depuis
qu'en 1 5 j 2 Charles-Quint l'avoit complètement détruite.
Lorsque l'Ecole polytechnique fut fondée au collège de Na-
varre, on en mit les bureaux au collège de Boncourt, qui,
depuis lors, a été entièrement démoli.
4. Gervais Chrétien, chanoine de Bayeux et médecin de
Charles V, l'avoit fondé en 1370. On l'appeloit aussi collège
de Notre-Dame de Bayeux, à cause du canonicat de son
fondateur, et des élèves que Bayeux y envoyoit. Il étoit
situé rue du Foin-Saint-Jacques, réunie aujourd'hui à la
rue des Noyers. On en fit, à la Révolution, une caserne
d'infanterie.
j. « Derrière Saint-Hilaire. » Edit. 1691, p. 11. — Ce
collège étolt rue des Sept-Voies. Il avoit été fondé, en 1409,
en exécution d'une clause du testament de Guy de Roye,
archevêque de Reims. Il n'en reste plus rien, depuis long-
temps.
144 L-^ Livre commode.
le Diocèse de Séez, celui de ce nom ' ; pour ceux
de Paris et de Beauvais, celui de sainte Barbe »;
pour ceux de la famille de feu M, Fortet, et à
leur deffaut, pour Paris et saint Flour, celui
de Fortet? ; pour ceux de la Famille de Godefroy
1 . La fondation en étoit due aussi à une disposition tes-
tamentaire. Grégoire Langlois, évêque de Séez, mort en
1404, avoit légué l'argent nécessaire, qui n'eut son emploi
qu'en 1427. Ce collège n'avoit que huit boursiers, dont
quatre du diocèse de Séez. Un don de Jean Aubert, en
1634, permit d'en augmenter le nombre. P. Lallemand,
évêque de Séez, fit rebâtir ce collège presque entièrement,
en 1730. Quand on le supprima, il devint l'hôtel garni, dit
de Nassau. Il fut emporté, en 1854, par la rue des Ecoles,
avec le collège de Narbonne, comme lui, rue de la Harpe.
2. Il avoit été fondé, en 1460, par Geoffroi Lenormant,
professeur de grammaire au collège de Navarre, dans l'hôtel
de la rue des Cholets et de la rue des Chiens ou Saint-
Symphorien, qui avoit appartenu à P. de Châlon. Sainte
Barbe, à laquelle il fut dédié, étoit, dit M. J. Quicherat,
« la vierge savante qui passa de la plus tendre jeunesse
dans l'éternité... après avoir vaincu dans la discussion les
plus habiles défenseurs du paganisme grec. » (Hist. du col-
lège Sainte-Barbe, t. 1, p. 9-10.) — Ce collège ne s'admi-
nistra lui-même, et ne fut réellement fondé, que lorsque
Robert Dugast, qui l'avoit dirigé, lui eut, en 1557, fait
don de l'hôtel de Châlon où il étoit établi depuis un siècle.
Il y créa aussi sept bourses : trois grandes, pour les
diocèses d'Autun, de Rouen, d'Evreux et de Paris; et
quatre petites pour les paroisses qu'il avoit administrées :
celle de Saint- Hilaire à Paris, celle de Saint-Nicolas-des
Alleux-le-Roi, et celle de la Neuville d'Aumont. C'est pour
ces dernières, situées dans le Beauvaisis, que nous voyons
ici que des boursiers du diocèse de Beauvais étoient admis
à Sainte-Barbe. A la fm de 1798, le collège Sainte- Barbe
devint l'institution de Lanneau, mais reprit plus tard son
nom, qu'il a gardé.
j . Ce collège de Fortet, situé rue des Sept- Voies, devoit
son nom au chanoine de Paris, Pierre Fortet, dont une dis-
position testamentaire, exécutée en 1397, avoit laissé
Le Livre commode. 145
de Boissy, celui du même nom'; tous lesquels
sont dans l'enclos de l'Université.
On enseigne d'ailleurs publiquement et gra-
tuitement par ordre et aux dépens du Roi, au
Jardin Royal des plantes, Fauxbourg saint Vic-
tor, la Chirurgie, l'Anatomie, la Chimie et la
Botanique. Le public est averti de l'ouverture
des Leçons par des Affiches, au commencement
de l'hiver pour les Dissections Anatomiques, et
pour les Opérations Chirurgicales, et au com-
mencement de l'Eté pour la Démonstration des
Plantes et pour les Préparations Chimiques*.
Aux Ecoles de Chirurgie, rue des Cordeliers,
on fait aussi annuellement et gratuitement tous
les Hivers des Démonstrations Chirurgicales
Anatomiques , suivant la fondation de feu
M. Biennaisseî.
l'argent disponible pour cette fondation. Comme il étoit
d'Aurillac, quatre bourses étoient destinées à des enfants de
cette ville ou du diocèse de Saint-Flour, mais pris de préfé-
rence dans sa famille. Quatre autres bourses étoient réservées
pour Paris.
1 . V. ce que nous avons dit plus haut de ce collège de
Boissy, situé rue du Cimetière-Saint-André, à propos de sa
bibliothèque.
2. « Aux Ecoles de Médecine rue de la Bûcherie, on fait
aussi chaque année des dissections anatomiques et des
opérations chirurgicales, mais à prix d'argent. » Edit. 1691,
p. lî.
3. € Le public est averti des unes et des autres par des
affiches. » Ibid. — Ces écoles de la rue des Cordeliers, au-
près de l'église dédiée à saint Côme, patron des chirurgiens,
étoient plus exdnsivement chirurgicales que celles de la rue
de la Bûcherie, dont il a été parlé plus haut. Elles avoient
eu pour origine la confrérie de Saint-Côme et Saint-Da-
mien fondée, dit-on, par saint Louis. C'est par son testament
que M. Jean Bienaise, mort le 21 décembre 1681, après
Livre commode. 10
146 Le Livre commode.
MATHÉMATIQUES.
Les Professeurs es Mathématiques qui sont de
l'Académie Royale des Sciences et qui ont des
appartemens à l'Observatoire Royal, pour les
Observations Astronomiques, sont M^scassùni',
de la HireS Couplet 5, Sédillot4 et Cusset5,
M. de la Hire est encore de l'Académie d'Ar-
chitecture qui se tient au Palais Brion^, où il
fait des leçons publiques d'Architecture, par
conséquent sur la Coupe des pierres.
avoir été un des bons praticiens de son temps, avoit laissé
six cents livres de rente pour deux professeurs chargés de
faire les démonstrations d'anatomie et de chirurgie, dont il
est ici question.
1 . Jean Dominique, le premier et le plus célèbre de la
dynastie des Cassini, né en 1625 à Nice, mort en 1712 à
Paris. (V. son Eloge dans les Œuvres de Fontenelle, t. V,
p. }22.) Ses principales découvertes en astronomie s'y
trouvent analysées.
2. Philippe de La Hire, de l'Académie des sciences,
comme Cassini, et professeur de mathématiques et d'astro-
nomie au collège de France. Il mourut en 1 7 1 9 à soixante-
dix-neuf ans. Fontenelle a fait aussi son éloge, t. VI, p. i .
3. Claude-Antoine Couplet, qui fut plutôt ingénieur-mé-
canicien qu'astronome. Aussi n'étoit-il logé à l'Observatoire
que comme garde du cabinet des machines. Il mourut le
22 juillet 1722, à quatre-vingt-un an. {V. son éloge dans
Fontenelle, t. VI, p. 159.)
4. Il n'est guère connu que par la part qu'il prit, en 1718,
au voyage du second des Cassini, pour la prolongation de
la mesure du méridien jusqu'à Dunkerque.
5. Lisez Casset. Il devint secrétaire de Bouchu, intendant
du Dauphiné, mais ne cessa pas de s'occuper de science.
On a de lui, dans les Mémoires de V Académie àt 170J, une
lettre curieuse à La Hire sur la montagne soi-disant inac-
cessible du Dauphiné.
6. V. plus haut ce que nous avons dit de cette dépen-
Le Livre commode. 147
M. Rolle' qui est aussi de l'Académie Royale
des Sciences, et qui est profond sur l'Algèbre,
demeure rue
M. Sauveur*, rue et rue
sont Professeurs Royaux au Collège de Cam-
bray 3.
Mi's Hébert, Professeur au Collège de Maitre
Gervais, rue du Foin 4, et Varignon 5 au Collège
Mazarini"^, sont encore d'une très particulière
distinction.
dance du Palais-Royal, où siégea, en effet, l'Académie
d'architecture avant d'être installée au Louvre,
1 . Il étoit d'Ambert en Auvergne. L'algèbre, comme on
le dit ici, fut sa science préférée; il n'eut pas à le regretter.
Elle le mena droit à l'Académie des sciences, et la solution
d'un problème posé par Ozanam lui valut une gratification
de Colbert, que l'abbé Gallois, secrétaire des ministres,
dont Rolle avoit accepté la collaboration, fit bientôt chan-
ger en pension durable, il mourut en 1719, à soixante-sept
ans. Fontenelle a écrit son éloge. (V. ses Œuvres, t. VI,
P- 74-)
2. Un des plus illustres savants de son temps, pour les
mathématiques et la physique. Né en 1652 à La Flèche, il
mourut, en 171 6, à Paris. (V. son Eloge paftni ceux que
Fontenelle a faits des membres de l'Académie des sciences,
t. V, p. 466.)
3. C'est le collège de France, souvent appelé comme il
l'est ici, parce qu'il avoit été établi dans l'ancien collège de
Cambray, qui lui-même avoit donné son nom à la place
oîi il s'ouvroit. Sauveur professoit au collège de France
depuis 1686.
4. Nous n'avons rien trouvé sur ce professeur. Peut-être
au lieu d'Hébert faut-il voir là Hubert, qui professa ensuite
à Caen, où il resta en relation avec Varignon. ( V. Histoire
de l'Académie des sciences, année 1719, p. J9.) ,
5. Pierre Varignon, né à Caen en 1654, mort à Paris
en 1722, grand ami de l'abbé de Saint-Pierre et de Fonte-
nelle, auquel il légua tous ses papiers, et qui a fait son
éloge, t. VI, p. 182.
6. En même temps qu'on le nommoit, en 1688, de l'Aca-
148 Le Livre commode.
Les Professeurs qui enseignent chez eux et en
Ville toutes les parties des Mathématiques, sont
Mrs Ozanam, rue de Seine', Lieutault, rue des
fossez Saint Germain, de Boissiere, rue des Bou-
cheries Saint Germain, et de Blegny le jeune,
près la Madelaine.
Entre les fameux Ouvriers pour les Instrumens
Mathématiques, sont Mrs ig Bas, aux Galleries
du Louvre^, Chapotot? et Buterfield4, sur le
Quay de l'Horloge 5.
demie des sciences, il étoit fait professeur de mathématiques
au collège Mazarin, et il le resta toute sa vie. C'est après
avoir fait sa classe, le 22 décembre 1722, qu'il mourut. Il
avoit aussi une chaire au collège de France.
1 . Jacques Ozanam, né en 1640, dans le pays de Dombes,
mort à Paris le 3 avril 1717. Il fut reçu à l'Académie des
sciences en 1701. Ses Récréations mathématiques et phy-
siques, dont la i"" édition est de 1699, in-8% sont un des
premiers ouvrages de physique amusante que l'on ait pu-
bliés. Fontenelle, t. V, p. 557, a écrit l'éloge d'Ozanam.
2. Jean Lebas, qui avoit succédé à son père Philippe
Lebas, mort en 1677. Le logement que celui-ci avoit
occupé depuis le 26 janvier 1670, « avec les autres artisans
de réputation dans la galerie du Louvre, destinée à cet
effet, » ainsi qu'il étoit dit dans son brevet, avoit été con-
servé à son fils. Un ouvrier du même métier, nommé
Ferrier, y avoit devancé Philippe Lebas. (Registres du
Secrétariat, pour 1670, ms. de la Bibl. Nat. Suppl. fr.,
n» 2771.)
j. Ozanam a parlé de lui dans ses Récréations mathéma-
tiques... 1696, in-8, t. Il, p. 277 : « Le sieur Chapotot,
dit-il, ingénieur du Roi, et fabricateur des instruments de
mathématiques à Paris, dont l'habitude est de renchérir sur
les plus belles inventions. »
4. C'étoit un mécanicien allemand, — Lister dit anglais,
— qui s'étoit établi à Paris depuis quinze ou vingt ans, et
que plusieurs mémoires : Niveau d'une nouvelle construc-
tion, 1677, in- 12; Adomètre nouveau, 1681, in-12, etc.,
avoient déjà fait avantageusement connoître. Il y mourut en
Le Livre commode. 149
On trouve des Cartes de Géographie très cu-
rieuses chez M. Sarnson", aux Galleries du
Louvre, et chez Mademoiselle du Val*, sur le
C^uay de l'Horloge.
1724. On lui doit de grands quarts de cercle qui ont beau-
coup contribué à sa célébrité. Ses boussoles-cadrans, qu'il
faisoit d'ordinaire en argent, s'appeloient, de son nom, des
Butterfield.
5 . Ce quai n'a pas changé d'industries, comme on voit ;
et déjà sous Louis XIV — Chapotot, d'après notre avant-
dernière note, en est la preuve — les fabricants d'instru-
ments de mathématiques y prenoient le titre < d'ingé-
nieur. » — Quelques années après la publication de ce
Liyre commode, un fabricant, nommé Lefèvre, s'y distin-
guoit à côté de Chapotot et de Butterfield. L'abbé Bor-
delon, dans ses Diversités curieuses, 1699, in-12, t. II,
p. 57, a parlé de lui, à propos d'un t cadran équinoxial,
universel, qui s'oriente, dit-il, sans aiguille aimantée, pour
voir l'heure au soleil, et tracer les lignes horaires sur
toutes sortes de plans... Ce cadran, ajoute-t-il, nouvellement
inventé, est fait par le sieur Le Fèvre, très-habile pour les
instruments de mathématiques. Il demeure à Paris, aux
deux globes, sur le quay de l'Horloge, dit des Morfondus. »
1. Adrien Sanson, fils de Nicolas, mo:t en 1667, géo-
graphe du Roi, comme lui. Il avoit eu un frère aîné, tué
le 27 août 1648, dans l'une des premières émeutes de la
Fronde. Adrien Sanson mourut le 16 mai 170J.
2. Son père P. Du Val étoit « géographe ordinaire du
Roi. » Elle vendoit ses livres, entre autres un Traité de
géographie, revu et augmenté, quand Du Val fut mort, par
le P. Placide, augustin déchaussé, qui étoit aussi « géo-
graphe du Roi. » Ce Traité devint la base du volume
classique, connu sous le titre de Géographie de Crozat, qu'il
devoit à la fille du riche financier Crozat, pour laquelle
on en avoit accepté la dédicace, avec permission de mettre
son portrait au frontispice. Nous possédons un des rares
exemplaires où il se trouve. L'édition est de 1704, in-12. La
boutique de M"' Du Val n'étoit plus alors au quai de l'Hor-
loge. On lit, en effet, sur le titre : « Chez Mademoiselle Du
Val, fille de l'auteur, rue Saint-Jacques, au Dauphin d'or,
vis-à-vis la rue de la Parcheminerie. »
ijo Le Livre commode.
MEDECINE ORDINAIRE.
Ce qu'on doit entendre par Médecine ordi-
naire, est celle qui est légitimement pratiquée
par gens graduez, qui se rapportent assez dans
les principes et dans les maximes essentielles,
pour se rendre réciproquement compte de leur
conduite lors des Consultations.
M. le Premier Médecin du Roy ', a son appar-
tement au Jardin Roial des Plantes, où il loge
quand il est à Paris '.
Il y a quelques Médecins de Sa Majesté ser-
vant par quartier?, qui pratiquent à Paris avec
beaucoup de réputation, par exemple :
Messieurs Lallier4, rue des Prouvaires, Du
Gués, près saint Paul, Fresquière^, rue sainte
Avoye, etc.
1. Depuis le ii avril 1672, ce premier médecin du Roi
étoit Daquin, dont les appointements cumulés ne s'élevoient
pas à moins de 37,000 livres, suivant l'Etat de France de
1692, p. 2}5.
2. Il y étoit surintendant des démonstrations des plantes,
de la chimie et de la chirurgie, et touchoit à cet effet
5,000 livres, qui se confondoient avec les 37,000 de ses
appointements généraux.
3. C'est-à-dire par trimestre. Ils étoient huit : deux par
quartier, ayant chacun 1,200 livres de gages sans compter,
dit l'Etat de France, « 273 livres 1 5 sous de livrées, chacun
pour sa bouche à cour. »
4. Il étoit de service chez le Roi pendant le quartier
d'avril. Il étoit aussi, selon l'Etat de France, médecin de
la Bastille.
5. Il servoit en cour, pendant le quartier d'octobre.
6. Jean-Baptiste de Fresquières, qui étoit de service pen-
dant le trimestre de janvier.
Le Livre commode. 151
Messieurs du Chesne ' , rue de la Sourdière, et
Armand 2, près saint Gervais, sont encore des
Médecins des Maisons Roiales qui ont beaucoup
d'empioy à Paris.
M. Mayeux, Doyen en charge de la Faculté de
Médecine de Paris, demeure rué de Bièvre.
M. Legier, censeur de la même Faculté, de-
meure rue de Grenelle, quartier saint Honoré.
Messieurs le Moine, rue des Poulies, et le
Rat, rue du Four S. Germain, sont Professeurs
en Chirurgie, et Messieurs Daval, rue du Mon-
ceau Saint Gervais, et de la Carlière, rue du
Batoir, en Botanique et Pharmacie.
On peut recouvrer la Liste des Docteurs de
cette Faculté chez le Concierge de leur Collège
rue de Bucherie, qui ne comprend que des gens
d'une profonde érudition, entre lesquels il y en
a un grand nombre qui sont fort renommez dans
le public : par exemple. Messieurs Morin5, rue
Crisîine, Theiiard, rue Roiale, Thuillier4, rue
1 . U étoit médecin du duc de Bourgogne.
2. Son nom étoit Souard, mais on ne le connoissoit guère
que sous son prénom d'Armand. Il étoit non pas médecin,
mais chirurgien, et comme tel attaché à la maison de Ma-
dame, duchesse d'Orléans.
}. Us étoient deux que Lister, dans la relation de son
voyage à Paris, dit être « des gens fort instruits. » L'un, né
à Toulon, étoit naturaliste. L'autre, celui qui figure ici, né
au Mans, étoit médecin. Us arrivèrent presque en même
temps à l'Académie des sciences. Louis Morin, le médecin,
qui étoit aussi grand botaniste, mourut le i" mars 1715
ayant près de quatre-vingts ans. Fontenelle a écrit son
Eloge. {V. le t. V de ses Œuvres, p. jSo.)
4. Il étoit dorteur-régent de la Faculté de médecine de
Paris. Son fils Adrien eut le même titre, et fut de plus de
l'Académie des sciences, (v. Fontenelle, t. V, p. 54.)
152 Le Livre commode.
de Grenelle, Finot ', rue de la Monnoye, Mathon,
à la Pierre au Lait, etc.
Messieurs Dodard, à l'Hôtel de Conty^, et
Bourdelot?, rue sainte Croix de la Bretonnerie,
ont chacun un parfait assortiment de tous les
Livres de Philosophie et de Médecine.
M. de Blegny, Médecin du Roy, préposé à la
recherche et vérification des Nouvelles Décou-
vertes de Médecine, demeure au Jardin Médicinal
de Pincourt, fauxbourg saint Antoine, et tient
Bureau rue de Guenegaud tous les jours de rele-
vée. Celui là est fort renommé pour les Décentes,
pour les maux vénériens, pour les maladies des
femmes et des enfants, pour les hidropisies, pour
les Rheumatysmes inveterez, et généralement
pour les maladies extraordinaires.
M. Agnan ci-devant l'un des deux Capucins
qui travailloient au vieux Louvre^, et qui a pris
1 . C'est le même que Lister appelle Minot, et dont il dit
qu'il étoit « au prince de Conti, et qu'il l'avoit autrefois
connu à Montpellier. »
2. Denis Dodart, de l'Académie des sciences, né en 1634
à Paris, où il mourut en 1707. On lui doit, entre autres
ouvrages, la Statica medicina gallica. C'est comme conseiller-
médecin du prince qu'il logeoit à l'hôtel de Conti. Fonte-
nelle a écrit son Eloge, t. V, p. 190.
3. Pierre- Bonnet Bourdelot, premier médecin de la
duchesse de Bourgogne, qui le gardoit près d'elle à Ver-
sailles. Lister vante son savoir, surtout pour l'histoire de la
science qu'il pratiquoit, ce qui confirme ce qu'on lit ici à
propos de sa riche bibliothèque : « Je citerai encore, dit-il,
M. Bourdelot, médecin de la duchesse de Bourgogne, qui
est bien pensionné et logé à Versailles. C'est un savant
homme qui connoît parfaitement l'histoire de la médecine. «
4. Ces capucins du Louvre, comme on les appeloit, et
dont M"" de Sévigné, entre autres remèdes, estimoit tant
l'eau d'émeraude (édit. Hachette, t. VII, p. 411, 414),
Le Livre commode. 153
ses Degrez en la Faculté de Padoue, a quelques
expériences pour les maladies croniques, il de-
meure rue et près les Incurables.
M. Elvetius, Médecin Hollandois, qui donne
une poudre émétique contre les cours de ventre
et dissenteries, demeure rue Serpente'.
avoient été deux : le P. Agnan nommé ici, et le P. Rousseau
qui étoit mort à cette époque. Le nom par lequel on les
désignoit leur étoit venu de ce que le roi, sur la recom-
mandation de Condé émerveillé de leurs remèdes, leur avoit
donné un appartement et un laboratoire au Louvre, où,
pendant près de deux ans, ils eurent tout le loisir de tra-
vailler. Le frère du P. Rousseau publia en 1697, in-i2,un
volume devenu rare : « Secrets et remèdes éprouvez, dont
Us préparations ont été faites au Louvre, de l'ordre du Roy,
par deffunt M. l'abbé Rousseau, cy-devant capucin et mé-
decin de Sa Majesté. » Le P. Agnan est nommé dans
l'avertissement, comme « confrère et co-inventeur de notre
illustre deffunt. » Il est resté de Rousseau, dans le Codex,
une sorte d'hydromel fermenté et opiacé connu sous le nom
de vin ou < gouttes de Rousseau. » {V. Le Vieux- Neuf, 2*
édit., t. II, p. 388.) — Le curieux et rare volume publié en
1693, l'Ancienne médecine à la mode, est du capucin
Aignan, qui du reste l'a signé.
I. € Le médecin Hollandais, renommé pour quelques
remèdes spécifiques, demeure rue Gille Cœur. » Edit. 1691,
p. 15. — Le remède, auquel Helvétius dut sa réputation
et sa fortune, étoit Vlpécacuhana récemment importé du
Brésil, et que lui avoit fait connoître un droguiste de Paris.
Reçu docteur en médecine, et naturalisé françois, il obtint,
le 19 juillet 1688, permission de débiter son remède, pen-
dant quatre années, après épreuves faites à l'Hôtel-Dieu par
Daquin, premier médecin. (Biblioth. Nat., mss. Clairam-
bault, t. 556, p. 798.) Le roi le lui acheta ensuite une
très-forte somme. Il trouva plus tard un fébrifuge excellent,
et ne commença qu'alors à ne plus passer pour un empi-
rique : « Helvétius, écrit Racine à son fils, le 24 sept. 1691,
est en réputation même pour les fièvres, et il va partout
comme les autres médecins. » On peut lire sur lui quelques
pages curieuses dans l'Elite des Bons- Mots, 175 1, in- 12,
154 Le Livre commode.
La veuve Nion, Libraire, dont l'adresse est à
la première page ' , vend la Biblioteque univer-
selle des secrets de Médecine recherchez et pu-
bliez, par ordre de M. le premier Médecin de Sa
Majesté 2, le Recueil des Journaux de Médecine,
le Traité Médicinal du Thé, du Caffé et du Cho-
colat 5, les Observations astronomiques etMedi-
t. 1, p. 469. — Son fils fut le riche financier philosophe,
auteur du livre De l'Esprit.
1 . La veuve Nyon, dont la librairie, devenue exclusive-
ment classique, existe encore à la même place sur le quai
Conti, alors appelé quai de Nesle, avoit eu pour mari Denis
Nyon, fils de Guillaume Nyon, reçu libraire en 1580. Après
elle, son fils Jean-Luc dirigea sa librairie, et quand il fut
mort, sa femme, autre veuve Nyon, en garda la direction
jusqu'à ce qu'elle mourut en 1747. Elle s'appeloit Marie-
Anne Didot, étoit fille de Denis Didot, marchand de Paris,
et avoit pour frère François Didot, qui, reçu en 1713, fut
dans sa boutique du quai des Augustins, à la Bible d'or,
le premier libraire de la longue et illustre dynastie des Didot.
2. L'édit. de l'année précédente donnoit plus de détails
sur ce point : « On a, depuis peu, y est-il dit, par ordre
de M. le premier médecin du Roi, fait un recueil général
de tous les remèdes secrets, tant de ceux qui avoient déjà
été publiés que de ceux qui estoient réservez en manuscrits
dans les bibliothèques curieuses, ou qui avoient esté com-
muniquez par divers particuliers aux médecins de la Société
royale. Ce recueil, qui est compris en deux gros volumes
in-8°, se vend six livres, chez la veuve Nion, devant
l'abreuvoir Guénegaud, où l'on trouve encore tous les autres
de M. de Blegny qui en est auteur. » Il nous a dit, en
effet, tout-à-l'heure, qu'il éioit « préposé à la recherche et
vérification des nouvelles découvertes de médecine. »
}. Blegny, qui tout-à-l'heure fera de si belles réclames à
ses remèdes, annonce ici discrètement un de ses livres, publié
cinq ans auparavant, et dont voici le titre exact : Le bon
usage du thé, du café et du chocolat, pour la préservation
et la guérison des maladies. Lyon, 1687, in-12. L'ouvrage
qui suit doit aussi être de lui, mais nous ne pouvons l'as-
surer.
Le Livre commode. 155
cinales qu'on doit à l'invention des lunettes
d'aproche, et plusieurs autres Livres curieux à
l'usage des Medicins.
Pour la Société Roiale de Médecine, voiez
l'article des Rapports et Vérifications d'Experts,
L'Histoire de la Médecine et des Médecins
nouvellement publiée par M. Bernier', auteur
de l'Histoire de Blois, se vend chez Simon Lan-
grôgne, rue saint Victor. Les premières parties
de ce Livre estant comme un extrait du Diction-
naire Historique de Morery^, on le lit avec
plaisir, jusqu'à l'endroit où l'Auteur a donné de
fortes atteintes à l'honneur de gens vertueux et
recommandables', dont apparemment il a voulu
se distinguer.
1 . Ce sont les Essais de médecine de Jean Bernier, aux-
quels il ne donna le titre d'Histoire chronologique de la
Médecine, qu'à la seconde édition, en 1695. La première
étoit de 1689. Il avoit fait, comme on le dit ici, une His-
toire de Blois, sa ville natale.
2. Dans le chapitre IV de la i" partie' de son livre,
Bernier fait, en effet, l'histoire chronologique de la méde-
cine et des médecins, et n'y reproduit guère que ce qu'on
en lisoit dans Moréri.
3. Les gens « vertueux et recommandables, » dont parle
ici Blegny, sont lui-même et ses pareils, les charlatans, que
Bernier malmène d'importance dans son XlIP chapitre :
Des charlatans prétendus médecins, et des médecins charla-
tans. « Quant à nos empiriques, y dit-il par exemple, ce
ne sont ordinairement.... que des banqueroutiers, des gens
ruinez ou saisis, des fugitifs, des téméraires : au moins des
gens sans étude, sans principes, sans caractère. » Parmi
tous ces gens, pour se reconnoître, Blegny n'avoit que
l'embarras du choix, et son imprudence fut de vouloir se
venger de l'attaque par l'ironique riposte qu'on lit ici, et
qui lui valut de plus directes représailles. Dans l'Anti-Mena-
giana, publié en 1693, Bernier, qui ne l'avoit pas nommé
dans ses Essais, le nomme sans pitié, et cela dès sa pré-
ijô Le Livre commode.
La Médecine pratique d'Ettemuler imprimée à
Lyon en latin et en françois", se trouve chez
presque tous les Libraires de la rue Saint
Jacques.
MEDECINE EMPIRIQUE.
Cette espèce de Médecine est celle qui est pra-
tiquée par des particuliers, dont l'étude n'a pas
esté assez réglée pour parvenir aux degrez, et
qui se fondent principalement sur les épreuves
de quelques Receptes médicinales.
Il n'y a presque à présent que des Ecclésias-
tiques et des Religieux qui pratiquent à Paris
cette sorte de Médecine 2; par exemple, M. l'Abbé
Guiton qui étoit n'agueres Religieux Cordelier,
et qui demeure à présent à l'Arsenal,
M. l'Abbé Fayolles, qui demeure rue Mazarini.
M. le Curé d'Evry, Village de Brie?, qui donne
face, p. 16, où, parlant de son almanach et des ennuis qu'il
lui avoit attirés, il dit : « l'auteur en est Blegny, le bastille
et le bastillable. » Ailleurs, p. 118, il y revient dans une
attaque contre Ménage et ses assemblées du cloître Notre-
Dame, « qui, dit-il, ne sont plus guères célèbres que dans
VAlmanach des adresses d'Abraham Du Pradel. » F>lus loin,
p. 230-231, autre attaque encore contre l'homme et son
livre. Blegny, comme on voit, n'avoit gagné à se défendre
que des horions nouveaux.
1 . Ce sont les InsUtutions de médecine de Michel EttmùUer,
mort en 1683.
2. C'est, mais très-brutalement, ce que dit aussi Dernier
dans son chapitre cité tout-à-l'heure. Les empiriques sont
pour lui la plupart « des moines ignorants, et las de la
robe, ... des pieds déchaux, qui ne savent où donner de la
tête. »
3. Evry-les-Châteaux , canton de Brie-Comte-Robert,
département de Seine-et-Marne.
Le Livre commode. 157
avec permission ane boisson sudorifique, par la
chaleur de la quelle il tache de consommer les
causes des maladies.
Un autre Ecclésiastique, qu'on nomme M. le
Prieur, et qui demeure rue de la Raquette,
Fauxbourg saint Antoine, est fort recherché pour
un apéritif qu'il dit propre à déboucher les plus
fâcheuses opilations dans les deux sexes '.
Le Frère Ange, Capucin», qui distribue un
Opiatte et un Sirop mesentirique et epatique,
est résident au Fauxbourg saint Jacques.
Le Frère Pierre, des Jacobins du Fauxbourg
saint Germain, fait des recherches dans la
Chimie.
OPERATIONS CHIRURGICALES.
Monsieur le premier Chirurgien du Roy, a son
appartement au vieux Louvre, où il loge quand
il est à Paris,
M. de Tertre, son Lieutenant pour la Ville,
Prévôté et Vicomte de Paris?, renommé pour la
1. Il est traité plus cavalièrement dans l'édit. précéd.^
p. 18 : « Assez prés du jardin médicinal de Pincourt dans
la rue de la Raquette, il y a un prieur qui s'entremet de
médecine, et qui se dit tres-habile. » Rue de la Raquette,
c'est, comme on sait, rue de la Roquette. — Bemier, p. 296
de ses Essais, semble faire allusion à ce remède du prieur :
t Je n'ai garde, dit-il, de donner ici à connoître ceux qui
ont débité et fait valoir aux simples : qui des remèdes pour
les dents ; ... qui ... des stipiques à divers usages, des apé-
ritifs... »
2. < Renommé pour la cure des maladies chroniques....
au couvent du faubourg Saint-Jacques, .... a un laboratoire
assez curieux. 1 Édit. 1691, p. 18.
}. François Du Tertre, que l'Etat de France pour 1692,
158 Le Livre commode.
saignée et pour la grande Chirurgie', demeure
rue du Jardinet, à l'ancien Hôtel de Rouen.
Les Prévôts, Jurez et Gardes de la Commu-
nauté des Chirurgiens Jurez de Paris, sont Mes-
sieurs David, rue de l'Arbre sec : Cuqùel, rue
Galande, Caubouë, rue Montorgueil : et Gigot,
rue saint André.
La Liste générale des maîtres de cette Com-
munauté se peut recouvrer aux Ecoles de Chi-
rurgie près l'Eglise de saint Côme. L'exactitude
du chef d'oeuvre 2 et des exercices qui s'y font
en tout temps, doit faire présumer que cette
liste n'est composée que d'habiles gens; et en
effet il y en a peu qui ne se soient rendus recom-
mandables par quelques endroits : par exemple,
pour les grandes Opérations, Messieurs Petit à
l'Hôtel Dieu?. Bessière, près la Trinité 4. Tri-
t. I, p. 240, qualifie « lieutenant des chirurgiens de Paris, »
retenu par le Roi pour « l'employer où il pourra en avoir
affaire. Il a cinq mille et tant de livres d'appointements. »
Les chirurgiens du Roi qui étoient au nombre de neuf, un
premier ordinaire, et huit ordinaires servant par quartier,
pouvoient, d'après une déclaration de Louis XIII, « tenir
ou faire tenir boutique, enseigne de chirurgien, oîi seront
les armes du Roy, exclusivement à tous autres barbiers
chirurgiens. »
1. Il prenoit le titre de premier chirurgien du Roi et du
Parlement.
2. On sait que c'est ainsi que s'appeloit dans toutes les
corporations l'épreuve décisive pour être reçu maître. Pour
la communauté des chirurgiens, ce devoit être une opéra-
tion faite avec succès.
3 . On a de lui un Traité des maladies des os, et un
certain nombre de mémoires parmi ceux de l'Académie des
sciences.
4. a M. Bessière, chirurgien fameux pour les playes et
pour les grandes opérations, demeure rue d'Arnetal (Gre-
Le Livre commode. 159
boulleau, rue des Juifs. Roberdeau, rue saint
André. Haustome, rue de la Truanderie, etc.
Pour les Consultations M. Morel, rue du Bac,
près les Convalescens ' .
Pour la Saignée Messieurs Gillet, rue d'Or-
léans. Passerai, rue Neuve des Petits Champs.
Canto, rue des Boucheries saint Germain. Gervais,
rue saint Antoine. Meurisse, rue saint Jacques, etc.
Pour la réduction des os rompus et demis,
M. Michault, rue Hautefeuille, etc.
Pour les accouchemens, M^^ Mauriceau, rue
neuve de Richelieu. Clément, rue et devant le
petit S. Antoine 2. Portail et Bonnamy, rue saint
néiat), près la Trinité. » Edit 1691, p. 18. — Jacques
Bessier — c'est son vrai nom — fut, en effet, célèbre.
C'est un des quatre chirurgiens auxquels le roi accorda des
lettres de noblesse. Il les obtint en 1712. Julien Clément,
qu'on trouvera tout-à-l'heure, en avoit eu de semblables
l'année précédente.
1. « M. Morel, premier chirurgien de la Charité, recher-
ché pour les consultations chirurgicales.... » Edit. 1691,
p. j8. — L'hôpital des convalescents, près duquel il de-
meuroit, se trouvoit rue du Bac, à la hauteur du n* 98,
qui le remplace. Il avoit été fondé, en 1642, par M"» de
BuUion, femme du surintendant des finances, pour les
convalescents de la Charité. Tous y étoient admis, à l'ex-
ception des soldats, des laquais et des prêtres.
2. t M. Mauriceau, chirurgien-accoucheur, auteur d'un
traité des maladies des femmes, qui se vend chez d'Houry,
rue Saint-Jacques, demeure dans la rue des Petits-Champs.
— Monsieur Clément, qui a eu l'honneur d'accoucher Ma-
dame la dauphine, demeure devant le petit Saint-Antoine. »
Edit. 1 691, p. 18. — Mauriceau, qui fiit si célèbre pour
les accouchements, et dont le Traité des femmes grosses,
qu'il publia en 1 63 1 , et qu'il traduisit lui-même en latin,
resta classique en chirurgie jusqu'à nos jours, avoit en effet
demeuré rue Neuve-des-Petits-Champs avant d'aller rue de
Richelieu. Il y logeoit, quand son Traité, qu'il vendoit
i6o Le Livre commode.
Martin. Desforges, près saint Eustache. De
Frades, rue Comtesse d'Artois, etc.
Pour l'Anatomie Messieurs Chevalier, rue de
la Pelleterie, et Dalibourg, rue Neuve de Ri-
chelieu.
M. Tolet Opérateur du Roy pour l'opération
de la Pierre qu'on nomme Lithotomie, demeure
rue Jacob près la Charité'.
Messieurs Collot père et fils, fameux pour la
même opération, demeurent rue de Seine quar-
tier saint Germain.
M. Gervais, rue Mazarini au coin de la rue de
Guénegaud, a un particulier talent pour penser
les loupes, les signes et les porreaux.
M. Girard Chirurgien Opérateur qui s'attache
particulièrement à la Catharacte, et qui fait son
séjour ordinaire à Chalons en Champagne vient
à Paris tous les ans au Printemps, et loge rue
lui-même, parut. On lit sur le titre : « Chez l'auteur, au
milieu de la rue des Petits-Champs, au bon Médecin. » Cet
accoucheur avec enseigne ne doit pas surprendre. C'étoit
l'usage, que les sages-femmes continuent encore. La plu-
part des chirurgiens tenoient d'ailleurs boutique, et une
enseigne ]eur étoit nécessaire. On lit dans les Œuvres de
Santeul, 1698, in-12, 2" part., p. 178, un distique qu'il
avoit fait pour une de ces enseignes : Sur un tableau de la
charité de Saint Louis, y est-il dit, à la boutique d'un chi-
rurgien, proche Saint Martial :
Ne medicas adhibere manus dubitaveris œgro,
Admonet haec pietas regia, te que docet.
I. « M. Tolet, qui a été longtemps chirurgien de la
Charité, où il a pratiqué cette opération (de la pierre), et
qui est auteur d'un livre qui en traite particulièrement,
demeure rue Jacob, près le portail de cet hôpital. » Edit.
1691, p. 18.
Le Livre commode. 161
de la Huchette à l'enseigne des Capillaires de
Montpellier ' .
M. Quarante qui a succédé au feu Sieur Car-
meline* son oncle pour les maladies et pour les
opérations de Dens, demeure sur le quay de la
Mégisserie devant le Pont neuf.
Les Sieurs du- Moulin, à la Croix du Tiroir,
Surin et Coupart au Pont Marie , s'exercent aux
mêmes opérations.
Les Sieurs Langlois?, rue Montmartre; de
1. Enseigne toute pharmaceutique, il sera parlé plus
bas, p. 169, n. 2, du sirop que faisoit Blégny avec « les
capillaires de Montpellier. »
2. Ce Carmeline, l'arracheur de dents, avoit été célèbre
dès le temps de la Fronde. Il est souvent parlé de lui dans
les Mazarinades. Sa boutique étoit sur le Pont-Neuf, au
rez-de-chaussée de l'un des deux pavillons de la place Dau-
phine, où, suivant U Chevr<eana, il s'étoit donné pour
ingénieuse devise ce vers un peu arrangé du VI' livre de
VŒnéide :
Uno avulso non déficit aller.
Son neveu, que Blégny nous présente ici, ne le fit pas ou-
blier. L'arracheur de dents par excellence fut toujours
Carmeline. Ecoutez Racine dans une lettre à son fils, du
4 oaobre de cette même année 1692 : « Si vous aviez bien
lu la vie de Cicéron par Plutarque, vous auriez vu qu'il
mourut en fort brave homme, et qu'apparemment il n'auroit
pas fait autant de lamentations que vous si M. Carmeline
lui eût nettoyé les dents. * En 1696, on ne nomme encore
que Carmeline ; de son neveu et successeur Quarante pas
un mot : « C'est, dit Arlequin, à la scène première du pre-
mier acte à'Arlequin Misanthrope joué cette année-là, c'est
une beauté surannée, qui oublie qu'elle n'a pas une dent
dans la bouche sur laquelle Carmeline n'ait une hypothèque
spéciale. »
}. Pierre Langlob, docteur de la faculté de Montpellier,
qui soutint, de concert avec François Prieur, de la faculté
de Reims, une lutte fort vive, en 1695, contre c les doyens
et docteurs de la Faculté de Médecine de Paris, > qui ne
Livre commode. 1 1
i62 Le Livre commode.
Rere et Cuvillier, à la Croix du Tiroir, sont
occupez à la réduction des os fracturez et dislo-
quez.
Mademoiselle de Blegny directrice honoraire
et perpétuelle de la Communauté des Jurées
Sages Femmes de Paris, qui pratique seulement
pour les personnes de la première qualité et
pour celles qui luy sont confiées, demeure chez
M. son Fils Apoticaire du Roy, rue de Guene-
gaud, première porte à droite ' .
Les Directrices agentes de la Communauté,
sont Mesdames Langlois, rue Dauphine, Soret,
rue Transnonnain. Cuvilliers, place Baudoyer,
et Regnault, rue du Crucifix saint Jacques de la
Boucherie.
Pour les Jurez Chirurgiens et les Jurées Sages-
Femmes du Châtelet, voyez l'article des Rapports
et Vérifications d'Experts.
On est renvoyé au même endroit pour le Traité
des Rapports de Chirurgie.
Le Livre des Accouchemens de M. Mauriceau*
vouloient pas les reconnoître, et refusoient de consulter
avec eux. Après un an de guerre de mémoires etfactum,
le roi donna raison aux deux docteurs provinciaux. Ce
dédain des médecins de Paris étoit depuis longtemps de
tradition chez eux. Furetière n'avoit-il pas dit, en 1664,
dans sa IV' satire : le Médecin pédant :
Il traite d'écolier
L'homme le plus savant, s'il vient de Montpellier.
1 . Cet article est différent, moins long, mais plus curieux
dans l'édition précédente, p. 19. Blégny n'ose pas y nom-
mer sa femme : « la Directrice en chef honoraire et perpé-
tuelle des jurées sages-femmes de Paris, dit-il, demeure au
Jardin médicinal de Pincourt, où les dames de province
peuvent faire leur couche à un écu par jour. »
2. V. plus haut, p. 159-160, sur Mauriceau et son livre.
Le Livre commode. 165
et celuy des Décentes de M. de Blegny, se ven-
dent chez Laurent d'Houry, rue saint Jacques '.
Le Traité des Maux Vénériens ^ du même
Auteur, se trouve chez Estienne Michallet, rue
saint Jacques, et chez la veuve Nion, quay de
NesleJ.
On trouve un grand nombre d'autres Livres
de Chirurgie chez les mêmes Libraires.
1 . Il avoit été reçu libraire à la place de Jean d'Houry,
son père, en 1678.
2. Les remèdes contre ces maladies étoient les plus
exploités, et cela pour de honteuses raisons que Lister nous
explique au chapitre XI et dernier de son Voyage à Paris
en 1698 ; € Ces traitements secrets, dit-il, ont mis en
pratique de misérables petites espèces de toute sorte, et
leur ont donné lieu d'insulter les familles, sitôt qu'elles
ont été au fait de leurs malheurs.... Tout le monde ici s'en
mêle, et veut avoir son spécifique contre cette maladie :
Apothicaires, barbiers, femmes, moines... »
5. Dans l'édit. de 1691, p. 19-20, Blégny donne bien
mieux qu'ici la liste de ses livres : « Chez la veuve Nion. . .
l'on trouve tous les autres livres de M. de Blegny, à sça-
voir : le Recueil des nouvelles découvertes de médecine, en
quatre volumes in-douze, qui se vendent huit livres — il
n'a été parlé plus haut que de l'édit. en deux volumes in-8,
sans indication de prix ; — le Remède anglais, publié par
ordre du Roy, qui se vend vingt sols; VArt de guérir les
maladies vénériennes, en trois volumes in-12, qui se vendent
quatre livres dix sols; l'Art de guérir les descentes, qui se
vend une livre dix sols ; la Doctrine des rapports de chirur-
gie fondée sur les maximes d'usage et sur la disposition des
nouvelles ordonnances, qui se vend une livre cinq sols ; le
Bon usage du thé, du caffé et du chocolat, pour la. préser-
vation et pour la guérison des maladies, qui se vend une
livre dix sols ; les Observations qui ont esté faites dans Us
astres depuis l'invention des lunettes d'approche avec Us
utilitez qu'on en peut tirer pour la pratique de la médecine,
qui se vend une livre cinq sols, et quelques autres. »
164 Le Livre commode.
MATIERES MEDÉCINALES
SIMPLES ET COMPOSÉES.
Les Marchands Epiciers qui s'attachent parti-
culièrement à la Droguerie medecinale', sont
pour la plu-part dans la rue des Lombards :
par exemple, Messieurs Tranchepain, Vilain et
Michon.
Il y a néanmoins de ces Droguistes en quel^
ques autres endroits de la Ville : par exem.ple,
Messieurs Andry, rue de la vieille Bouderie 2,
Brousset, rue neuve saint Mederic ; Moulin, rue
1. Les épiciers, sous prétexte de drogueries, s'étoient
faits de véritables apothicaires, mais cela n'alla pas sans
procès. Il y en eut un notamment fort grave entre ces
rivaux de la pilule et des drogues, en 1653. Gui Patin en
a parlé. (V. ses Lettres, anc. édit., t. I, p. 38, et II, p. 1 34.)
A Paris, l'affaire s'arrangea ; mais un siècle après, elle se
ralluma en province, à Chartres, où le démêlé entre les
épiciers et les apothicaires fit très-grand bruit en 1758. On
en trouvera quelques détails dans l'Année littéraire àt Fréron,
1758, t. VIII, p. 256. Pendant que les apothicaires de
province contestoient aux droguistes la vente des remèdes,
les droguistes de Paris faisoient la même querelle aux reli-
gieux carmes ou jésuites qui s'étoient mis avec eux en con-
currence : « les jésuites, écrit Voltaire à Thiriot le 1 5
septembre 1768, eurent, il y a quelques années, un procès
avec les droguistes de Paris, pour je ne sais quel élixir qu'ils
vendoient fort cher, après avoir vendu de la grâce suffisante
qui ne suffisoit point, tandis que les jansénistes vendoient
de la grâce efficace sans efficacité. Ce monde est une grande
foire, où chaque Polichinelle cherche à s'attirer la foule;
chacun enchérit sur son voisin. »
2. Son fils, qui se faisoit appeler Andry de Boisregard,
publia, en 1738, un volume sous ce titre : Cléon à Eudoxe,
touchant la prééminence de la médecine sur la chirurgie.
3. « Au coin de la rue Maçon. » Edit. 1691, p. 32.
Le Livre commode. 165
des trois Maures ; Boileau , rue des Lavan-
dières', etc.
Les uns et les autres vendent en gros et en
détail, généralement tout ce qui peut faire le
sujet des opérations de la Pharmacie et de la
Chimie, à l'exception de quelques métaux dont
il sera parlé dans un chapitre à part; de la plu-
part des herbes qui sont vendues dans les Halles
et Marchez par les Herboristes, et des fleurs
qn'on trouve dans leurs temps le matin, rue aux
Fers près saint Innocent, ou chez les Fleuristes
ou Bouquetières.
Les Maitres et Gardes en Charge de l'Apoti-
cairerie, sont Messieurs Clément à l'Hôtel de
Soissons ; Gaillard, rue saint Honoré près saint
Roch, et Martel, rue saint Avoye.
Et ceux de l'Epicerie et Droguerie sont Mes-
sieurs Harland, rue saint Jacques de la Bouche-
rie; Boudet, rue saint Martin; et Chabouillé,
rue de la Cordonnerie.
Les Apoticaires et les Epiciers qui ne com-
posent ensemble qu'un même corps, ont leur
Bureau au petit cloître sainte Opportune.
Il y a plusieurs Apoticaires de cette Commu-
nauté qui se piquent d'avoir chez eux un grand
assortiment de préparations Chimiques et Phar-
maceutiques : par exemple,
Messieurs Geoffroy, rue Bourtibourg^, et
1 . « Quartier Sainte-Opportune. » Ibid.
2. Mathieu-François Geoffroy, qui avoit été échevin en
1785. Il se tenoit chez lui des assemblées de savants, dont
Fontenelle, dans l'éloge qu'il écrivit de son fils, a fait res-
sortir toute l'importance (t. VI, p. 487) : « M. Cassini, dit-il,
y apportoit ses planisphères, le P. Sébastien ses machines.
i66 Le Livre commode.
Bolduc '^ rue des Boucheries saint Germain, qui
opère au Jardin Royal des Plantes.
M. Bourdelin Apoticaire de l'Académie Royale
des Sciences, a pareillement une Apoticairerie
fort complette dans sa maison rue de Seine à
saint Germain des Prez^.
M. Joblot ses pierres d'aimant, M. Du Verney y faisoit ses
dissections, et M. Komberg des opérations de chymie. ...
Ces conférences parurent si bien entendues et si utiles,
ajoute-t-il, qu'elles furent le modèle et l'époque de l'établis-
sement des expériences de physique dans les collèges. »
Lister, au chapitre XI de son Vo-jagt à Paris, a décrit
ainsi l'apothicairerie de Geoffroy : « Elle est, dit-il, dans
la rue Bourgthibourg : l'entrée de la basse-cour est par
une porte cochère avec des niches, où sont de grands
vases de cuivre. Quand vous êtes entré, vous trouvez des
salles ornées d'énormes vases et de mortiers de bronze, qui
sont là autant pour la parade que pour l'usage. Les drogues
et les préparations sont en des armoires rangées autour de
ces pièces. Sur les derrières sont des laboratoires très -pro-
pres et parfaitement montés. » Lister parle ensuite du fils
de Geoffroy, qu'il avoit vu en Angleterre, où il étoit allé
avec le comte de Tallard. Il le considère comme un jeune
homme de la plus belle espérance, ce qu'il ne démentit pas.
Il arriva, comme médecin, à l'Académie des sciences, et,
nous l'avons dit, Fontenelle fit son éloge.
1. Saint-Simon, dont il étoit l'apothicaire, en faisoit le
plus grand cas : « C'étoit, dit-il {Mémoires, édit. Hachette,
in-i8, t. VI, p. 238), un excellent apothicaire du Roy, qui,
après son père, avoit toujours été et étoit encore le nôtre
avec un grand attachement, et qui en savoit pour le moins
autant que les meilleurs médecins, comme nous l'avons
expérimenté, et avec cela beaucoup d'esprit et d'honneur,
de discrétion et de sagesse. »
2. Claude Bourdelin, né à Villefranche, près de Lyon,
en 1621, mort à Paris en 1699. Il fut, comme chimiste, de
l'Académie des sciences, dès sa fondation en i666. Fonte-
nelle, qui a écrit son éloge (t. VI, p. 48-50), dit « qu'il
fit voir à l'Académie près de deux mille analyses de toutes
sortes de corps. » Il le vante aussi, comme apothicaire.
à
Le Livre commode. 167
Il en est de même de M. Habert Syndic en
Charge des Apoticaires des Maisons Royales,
qui fait souvent des Cours publics de Chimie en
son Laboratoire, rue du Four à saint Germain
des Prez.
M. Rouviere Apoticaire ordinaire du Roy et
des Camps et Armées de Sa Majesté', qui
n'est pas moins curieux dans sa profession et
qui a fait deux préparations publiques de la
Theriaque d'Andromachus^ avec un applaudis-
sement général, vend d'ailleurs une Eau vulné-
raire qui est d'un très grand effet dans les playes
d'arquebusade, rue saint Honoré près saint
f pour l'exacte et fidelle préparation des remèdes, qu'il
distribuoit, dit-il, à tout le monde, à un prix égal et très-
modique. »
1. Il fit un cours public de chimie, en 1706, au Jardin
des Apothicaires, rue de l'Arbalète, près de la rue Mouffe-
tard. On lui dut plusieurs découvertes. Il étoit, d'après
l'Etat dt France de 1692, p. J54, non-seulement apothi-
caire tt des camps , hôpitaux et armées, » mais aussi du
Dauphin. Il se faisoit appeler Henry de Rouviere.
2. On attribuoit, d'après Galien {De antidotis, lib. I), la
composition très-compliquée de la Thiriaque, dont le nom
venoit de la morsure des bêtes venimeuses, thira, qu'elle
guérissoit, au médecin de Néron, Andromachus. C'étoit une
espèce d'opiai ou d'élertuaire liquide composé de drogues
choisies, dont on finit par faire une sorte de panacée. A
Venise, les magistrats présidoient à sa composition. Aussi
est-ce de là que venoit, on le verra plus loin, celle qui ins-
piroit le plus de confiance. A Paris, comme il est dit ici,
la préparation s'en faisoit chaque année publiquement, et
il en fut ainsi jusqu'à la Révolution. (Y. les Mémoires secrets,
t. XXVI, p. 246.) Le célèbre Moïse Charas commença sa
réputation par un ouvrage sur le fameux remède : Thiriaque
d'Andromaque, avec des raisonnements et observations néces-
saires sur l'élection, la préparation et U mélange du ingré-
dients, Paris, 1668, in-8.
i68 Le Livre commode.
Roch ', où il a une boutique d'une propreté ex-
traordinaire.
M. Lemory* célèbre par son livre? et par ses
Cours de Chimie4, qui a esté gratifié d'un Privi-
lège du Roy, en faveur de sa conversions,
continue ses exercices, et la distribution de ses
1. Il avoit, comme confrère et voisin, sur la même pa-
roisse, « un apothicaire-épicier, » Claude-François Péaget,
dont il tint sur les fonts, le 27 décembre 1685, la fille
Marie-Charlotte, qui devint la femme de Crébillon le tra-
gique, et la mère de l'auteur du Sopha, (Jal, Dict. critique,
P-4J5-)
2. Lisez Lémery. Il s'agit, en effet, du rouennais Nicolas
Lémery, qui fut de l'Académie des sciences, de 1699 à
171 j, époque de sa mort, et, quoique simple apothicaire, y
jeta le plus vif éclat. Parmi ses remèdes, qui furent très à
la mode, et qui l'enrichirent, se trouvoit le magistère de
Bismuth, qui, tout seul, eût suffi à sa fortune. Ce n'est
pourtant, comme dit Fonterielle (t. V, p. 393), « que ce
qu'on appelle du blanc d'Espagne ; » mais il n'y avoit que
lui qui en eût alors le secret à Paris,
3. C'est son Cours de chimie publié en 1675, et dont le
succès fut tel que, suivant Fontenelle, « il se vendit comme
un ouvrage de galanterie ou de satire. »
4. La chimie, science alors nouvelle et par conséquent à
la mode, lui attira l'affluence la plus choisie : « Il en ou-
vrit, dit Fontenelle, des cours publics dans la rue Galande,
où il se logea. Son laboratoire étoit moins une chambre
qu'une cave et presque un antre magique éclairé de la seule
lueur des fourneaux; cependant l'affluence du monde y étoit
si grande, qu'à peine avoit-il de la place pour ses opéra-
tions. »
5. Il étoit de la religion, et la Révocation de l'édit de
Nantes l'avoit d'autant plus atteint, que tout protestant y
avoit perdu le droit de s'occuper de la médecine et de ce
qui en dépendoit. Lémery qui, deux ans auparavant, avoit
séjourné en Angleterre, songea d'abord à y retourner avec
tous les siens, mais il se décida enfin pour la conversion,
dont on parle ici. Dans les premiers mois de 1686, c'étoit
chose faite.
Le Livre commode. 169
préparations Chimiques, et du sel policrete de
M. Seignette, chez luy au bas de la rue saint
Jacques ' où il vend son Livre, qu'on trouve
d'ailleurs chez Estienne Michalet près la fon-
taine saint Severin.
M. de Blegny fils Apoticaire ordinaire du
Roy sur le quay de Nesle au coin de la rue de
Guenegaud, tient aussi un assortiment complet
de toutes les compositions, extraits, eaux distil-
lées, sels, et Magistères de la Pharmacie Gale-
nique, et de la Chimie, tant de la préparation
de Paris, que de celle de Montpellier, de Provence,
d'Italie, etc., aussi bien que les Baumes verts,
noirs, et blancs du Pérou, de Judée, etc.*
C'est le seul artiste à qui les descendans du
Signor Hieronimo de Ferranti Inventeur de
l'Orvietan 3, ayent communiqué le secret ori-
ginaM.
1. An coin de la rue Galande. v. l'avant-dernière note.
2. < L'eau générale contre les vapeurs de l'un et l'autre
sexe, la crème de perles qui oste les boutons et rougeurs
du visage, l'opiaite de corail qui entretient la beauté et la
bonté des dents : la véritable eau de la reyne d'Hongrie et
le vrai sirop de capillaires de Montpellier, le chocolat dé-
graissé, la thériaque de Venise, le baume apoplectique
d'Angleterre, le baume blanc, le baume ven et le baume
du Pérou; la pommade qui amortit les héméroîdes, la
poudre de vipère et les vipères mêmes, la pommade contre
les dartres, les parfiims de toutes espèces, les essences de
romarin, de sauge, de rhue, d'anis, de fenouille, et autres
essences fortes venant de Montpellier, la fleur de thé, l'eau
impériale et toutes autres eaux distillées, l'emplastre contre
les loupes et ganglions, le sirop de caffé, la panacée mer-
curielle, la poudre stemutatoire, l'huile de palme. » Edit.
1691, p. 19
3. C'est un électuaire qui avoit été apporté, en 1647,
par le charlatan d'Orvietto, dont le nom se trouve ici, et
lyo Le Livre commode.
Il dispense aussi tous les Remèdes achetez et
publiez par ordre du Roy,
Une conserve et une liqueur pour la guérison
des phtisiques et des poulmoniques ' .
Une tizanne filtrée pour purger doucement et
agréablement la bile, la pituite et généralement
toutes les superfluitez.
Une Eau vulnéraire qui guérit le Scorbut et
les Ulcères de la gorge, les Cancers, les Ecroûelles
ulcérées, la Teigne et les Ulcères malins et vari-
queux des jambes et d'ailleurs 2.
Une Eau anodine qui appaise avec une
promptitude surprenante la douleur des dents,
toutes les espèces de Coliques, les Véroliques?,
qui fut surtout connu par son surnom Orvietano, qui devint
bientôt celui de son remède. On le croyoit bon surtout
contre les poisons et contre les maléfices. C'est pour cela
que le Sganarelle de l'Amour médecin veut en faire prendre
à sa fille.
4. « L'orviétan original d'Italie, dont la dispensation luy
a été communiquée par le seignor Hieronimo Cei, dernier
héritier du secret. » Edit. 1691, p, 19.
1 . « La conserve balsamique qui guérit presque tous les
poulmoniques en six semaines. » /rf., p. 17.
2. Dans redit, précédente, p. 17, c'est à « l'emplâtre
philosophique » que sont attribuées toutes ces vertus.
} . C'étoit la grande clientèle de l'époque. Ceux qui pré-
tendoient la guérir, faisoient courir par de petits Savoyards,
selon Palaprat dans la préface de sa comédie des Empiriques
jouée en 1697, des billets imprimés du genre de celui-ci :
« M. Mercurini, napolitain, guérit sûrement, promptement,
agréablement, et sans obliger à garder la maison, toutes
sortes de maladies secrètes M. Mercurini voit les
hommes. Madame Mercurini voit les femmes. » Il nous
semble bien que ce sont M. et M™" Blégny, d'autant mieux
que l'on trouvera plus loin un spécifique de leur façon,
«qui guérit promptement, sûrement» lesdites maladies. On
a vu, d'ailleurs, plus haut, p. ij, que le remède de Blégny
Le Livre commode. 171
les Rhumatismes, les Douleurs causées par le
mercure, la Sciatique, et les Gouttes des mains
et des pieds.
Une Liqueur de jouvence' qui rectifie les
constitutions vicieuses, qui désopile les viscères
obstruez, qui corrige les deffauts de la digestion,
qui guérit radicalement le vertige, la migraine
et les vapeurs, qui règle les excrétions, en un
mot qui rajeunit comme une espèce de fontaine
de jouvence.
Une Eau dissenterique d'une vertu infiniment
audessus de la Racine emétique, puis que sans
faire vomir ni causer la moindre incommodité,
elle arrête infailliblement en une ou deux prises
toutes sortes de cours de ventre, de flux de sang
et de dyssenteries.
Un Spécifique infaillible pour prévenir et pour
guérir promptement, seurement et infailliblement
les Maladies Vénériennes.
Des grains et des liqueurs balsamiques pour
la guérison des gonorrhées, des pertes blanches,
de l'impuissance vénérienne, de l'incontinence
d'urine^, etc.
étoit le mercure, ce qui jusrifieroit le nom de Mercurini que
lui donne Palaprat.
1. Il y a dans le chap. XIII de la i" partie des Essais
de médecine de Bemier, quelques lignes contre « une eau
de Jouvence, n qui pourroit bien être cette liqueur de
Blégny.
2. c Des grains balsamiques qui préviennent et qui rec-
tifient toutes espèces de pourriture intérieure, qui conso-
lident les ulcères des reins, des urètres, de la vessie et du
canal urinaire, qui arrêtent les gonorrhées habituelles, qui
fortifient tous les nerfc, qui réparent l'impuissance de
Venus, qui épuisent les pertes blanches, et qm contribuent
172 Le Livre commode.
Une Epreuve végétale' qui guérit à jamais la
douleur et la carie des Dents.
Une Eau hystérique qui abaisse les vapeurs
des femmes et qui les délivre sur le champ des
plus violentes suffocations et de la plupart des
mauvais travaux.
Les Eaux d'Ange^, de Cordoùe, d'Amarante,
de fleurs d'Oranges, de Thim, et généralement
les Eaux odoriférantes et medecinales qui servent
aux cassolettes philosophiques, pour parfumer et
des-infecter les chambres, et pour guérir les ma-
ladies de sympathie?.
très-efficacement à la guérison des descentes et des parali-
sies. » Edit. 1691, p. 16-17. — Cet article y est précédé
de celui-ci : « les grains dépuratifs, qui dépurent la masse
du sang, qui desobtruent les viscères et les vaisseaux san-
guinaires, qui règlent toutes les fonctions naturelles, qui
amortissent les levains et qui abaissent les vapeurs, enfin
qui corrigent tous les vices habituels d'une mauvaise cons-
titution. »
1. « Une essence végétale... » Id., p. 17. On y lit à !a
suite de cet article : « l'eau rouge de la reine d'Hongrie,
qui appaise les douleurs de la goutte et des rhumatismes en
fortifiant toutes les parties le sirop de vanille, qui a une
propriété singulière contre la toux et contre les fluxions de
poitrine. L'antidote universel qui survient (subvient) à
toutes les maladies des pauvres gens et de leurs bestiaux.
Le sirop de thé fébrifuge qui arrête sans retour, en très-peu
de prises, toutes les espèces de fièvres intermittentes. Le
Trésor d'Esculape, qui contient dans un très-petit volume
une excellente panacée et divers autres remèdes expérimen-
tez, pour survenir (subvenir) à toutes les occasions pres-
santes et subites. »
2. On l'appeloit ainsi, parce que c'étoit l'eau de senteur
par excellence, l'eau des Anges. On la faisoit avec de
l'iris de Florence, du benjoin, du storax, du sental citrin,
etc., sur lesquels on versoit des eaux de rose et de fleurs
d'orange distillées.
j. Cet article est beaucoup plus curieux dans l'édit. de
Le Livre commode. 173
Plusieurs Remèdes infaillibles pour guérir
très promptement les Décentes, sans opération,
sans rien prendre par la bouche, et quelquefois
sans bandage ' ou sans retraite*.
1691, p. 17, surtout pour les < cassolettes philosophiques. >
Blégny, comme on va voir, ne les appelle alors que « cas-
solettes royales. » Il parle d'abord d'une sorte d'appareil
pour le café et le chocolat, dont l'invention rappelle sin-
gulièrement celle de nos c caléfacteurs, » et devoit être
d'une grande commodité pour les gens qui aimoient comme
certain gourmet de Regnard à porter « cuisine en poche. »
Voici ces deux articles : « les caffetières et chocolatières
portatives, qui n'occupent à peine qu'une seule poche, et
ne laissent pas de contenir tout ce qu'il faut de thé, de
cafFé, de chocolat et de sucre pour faire trois prises de
chaque boisson, la lampe, le fourneau, l'esprit de vin, le
fusil, les gobelets, les soucoupes, les cuillères, etc. — Les
cassolettes royales, par lesquelles on réduit très-agréable-
ment et très-utilement en vapeur les eaux d'Ange, de
Roses, de Cordoue, de fleurs d'Orange et d'Amaranthe,
pour parfumer et désinfecter les chambres sans fumée et
à très-peu de frais, au moyen d'une lampe à esprit de vin,
au-dessus de laquelle on place sur deux petites consoles
de cuivre, un globule de cristal ayant un bec alongé, par
lequel ces liqueurs sont attirées au-dedans du globule dès
qu'on lui a fait ressentir quelque chaleur que ce soit, et
par lequel aussi elles sont ensuite exhalées en vapeur
presque imperceptibles, par la flamme de la lampe, qui
les fait bouillir jusqu'à leur entière consommation sans
casser le globule, ce qui est d'un effet fort plaisant, mais
principalement pour les malades, à qui l'on peut faire
respirer par ce moyen un air chargé de liqueurs médica-
menteuses qui conviennent à leurs indispositions. »
1 . V. sur les bandages ou brayers, depuis le moyen-âge
jusqu'au xvii* siècle, le Vieux-Neuf, 2' édit., t. I, p. 134,
et plus haut p. ij.
2. « A cause de quoy il a pareillement établi la manu-
facture royale des bandages à vis et à ressort qui arrêtent
les descentes que les bandages ordinaires ne peuvent
arrêter, et qui contribuent beaucoup par cet assujétisse-
ment à la guérison de ces maladies. » Edit. 1691, p. 16.
174 ^^ Livre commode.
Une Eau diurétique pour la dissolution et
l'expulsion des glaires, du gravier et de la pierre
des reins et de la vessie, et un grand nombre
d'autres spécifiques expérimentez' pour les mala-
dies des yeux, la sourdité, les bourdonnemens
d'oreilles, les ulcères du nez, les loupes, les
signes, les porreaux, etc.
Une Eau et un Sel fébrifuges, qui guérissent
les fièvres sans retour en très peu de prises.
Tous ces Remèdes sont distribuez dans des
bouteilles et boettes cachetées', sur lesquelles
on fait coller l'imprimé qui enseigne leurs vertus
et leurs usages 2.
Une personne solvable qui connoit la vertu
de ces Remèdes, s'oblige quand on le veut d'en
payer la valeur en l'acquit des malades en cas
qu ils ne guérissent pas, pourvu qu'ils con-
viennent de les payer au double pour une par-
faite guérison.
Le Sieur Fillesac, rue de la Bucherie joignant
1 . Ces boîtes étoient toujours très-soignées, aussi disoit-on
proverbialement : propre comme une boîte d'apothicaire.
C'est ce qu'au temps de Rabelais on appeloit des Silènes :
« Silènes estoyent, dit-il (Liv. 1, prologue), petites boytes,
telles que voyons de présent es bouticques des apothe-
caires, paintes au dessus de figures joyeuses et frivoles,
comme des harpyes, satires, oysons bridez, lièvres cornuz,
canes bastées.... et aultres telles painctures contrefaictes
à plaisir pour exciter le monde à rire.... mais au dedans,
l'on réservoir ces fines drogues, comme baulme, ambre
gris, amomon, muscq, zivette... » Silènes passoient aussi
pour boîtes à secret. Erasme se servit du mot dans ce
sens, lorsqu'il fit, en 1527, son petit livre les Silènes
d'Alcibiade. (V. le Bulletin du bibliophile, 1857, p. ij^2.)
2. On ne fait pas autrement aujourd'hui pour les boîtes
de pâte de Regnault, et autres.
Le Livre commode. 175
les Ecoles de Médecine, vend toutes sortes d'Eaux
minérales artificielles ' .
Les Eaux distilées, le Cristal minéral, la
Crème de tartre, le Sel policreste ordinaire, et
généralement les Drogueries Chimiques se ven-
dent en gros chez le Sieur Courtier au cul de sac
des petits Carreaux.
Les huiles d'amandes douces, de noix, de
semences froides, de pavots, et autres tirées
sans feu, sont extraites et vendues aux Apoti-
caires et Droguistes par un Epicier qui demeure
rue Montmartre près l'égout, et par un autre qui
demeure au carrefour saint Benoist, quartier
saint Germain.
Les essences fortes et les huiles grasses de
Provence et de Montpellier sont commercées
par le Sieur Verchant devant saint Honoré, et
par les Provenceaux du cul de sac saint Germain
TAuxerrois^.
1 . « On trouve d'ailleurs des eaux de Forge, rue de la
Truanderie, au bureau du Messager de Forge. » Edit. de
1691, p. 19. — Les eaux minérales artificielles sont vive-
ment moquées par Bernier dans ses Essais de médecine,
i" part., chap. Xlll. On les fait, dit-il, avec beaucoup
d'eau pure et un peu de vitriol — nous dirions aujour-
d'hui d'acide sulphurique; — or, les limonades gazeuses
ne se font pas aujourd'hui autrement. Les eaux minérales
de Fillesac u'étoient donc qu'une sorte de limonade ga-
zeuse. On trouve un curieux prospectus imprimé de sa
drogue en bouteille dans les Mss. de la colleaion Delamarre,
n* 2i,7}8, adfinem. Un certain Barbereau, que La Bruyère
a désigné par B. B. dans son chapitre des Jugements, §21,
lui fit concurrence. Dès 1670, il étoit connu. Nous trou-
vons aux Mss. de la Bibl. nat., dans un des registres du
Secrétariat, une permission, en date du 12 avril 1670,
donnée « au sieur Barbereau, médecin ordinaire du Roy,
de vendre et débiter les remèdes de son invention. »
2. Ce cul-de-sac existe encore presque en face du che-
176 Le Livre commode.
L'Esprit de vin est commercé en gros à la
devise Royale, sur le quay de Nesle; chez le
Sieur Butet, devant saint Roch; et chez la veuve
des Barres, rue S. André,
Les Eaux de vie sont aussi commercées en
gros par ledit sieur Butet, et encore par les
Sieurs Hazon, rue saint Martin ' , et Frotin, rue
des Canettes.
Le Sieur Guyon Apoticaire Epicier à la place
Maubert, et un autre au cimetière saint Jean,
font venir des vipères en vie de Poitiers 2.
vet de Saint-Germain-l'Auxerrois, rue de l'Arbre-Sec. Après
avoir quatre ou cinq fois changé de nom depuis le
xiu'= siècle, il prit, pour ne plus le quitter, celui de Cul-
de-sac des Provençaux, qu'il doit aux marchands d'huiles
et d'essences de Provence, que nous trouvons ici, et dont
il sera reparlé.
1 . La famille Hazon étoit d'Orléans, dont les eaux-de-
vie furent si longtemps célèbres. C'est le père de celui que
nous trouvons ici, qui avoir osé répondre à Colbert l'in-
terrogeant, lui et les négociants de Paris et des villes
voisines « sur le moyen de rétablir le commerce : — Je
vous dirai franchement, Monseigneur, que, lorsque vous
êtes venu au Ministère, vous avez trouvé le chariot ren-
versé^ et que, depuis que vous y êtes, vous ne l'avez
relevé que pour le renverser de l'autre côté. » Le ministre
fit grise mine, ce qui empêcha non-seulement Hazon
d'achever, mais les autres de rien dire. (Amelot de la
Houssaye, Mémoires histor., t. II, p. 365.)
2. La vipère entroit pour une grande part dans les
préparations de la polypharmacie du xvu' siècle, surtout
dans celles qui dévoient combattre la blessure même faite
par la morsure des vipères. C'étoit de l'homœopathie par
anticipation. Il entroit aussi des trochiques de vipères
dans la composition de la thériaque. L'apothicaire Charas,
dont nous avons parlé, p. 167,6! qui fut si célèbre, avoit,
pour cela, donné à sa boutique de la rue des Boucheries,
au coin de celle du Cœur-Volant, des vipères d'or pour en-
seigne. Cette apothicairerie fameuse, dont le titulaire étoit
encore un Charas en 1777, "'a cessé d'exister qu'au com-
mencement de ce siècle.
Le Livre commode. 177
M. Alary Apoticaire' privilégié du Roy, qui
(par rinfidelité de ses Commis' s'est trouvé mal
des Bureaux qu'il avoit établi dans les Provinces,
pour la distribution de ses tablettes fébrifuges 2,
et de son Sirop purgatif de la bile, ne laisse pas
d'en continuer la distribution chez luy au bout
du pont saint Michel devant le quay des Augus-
tins à l'enseigne du Page du Roy.
Ledit Sieur Alary se propose de publier bien
tôt un spécifique pour les fièvres continues, pour
la pleurésie, etc., qui agira avec une prompti-
tude extraordinaire?.
On vend rue saint Denis à l'enseigne de la
Providence près la rue des Prêcheurs, une po-
made qui répare tous les deffauts de la peau du
visage, et qui donne une fort grande fraicheur
au teint.
1. « De Grou en Provence. » Edit. de 1691, p. 18. —
Son fils, l'abbé Alary, fut de l'Académie française, et pré-
sident du club philosophique, qui se tenoit chez lui, à
l'entre-sol de l'hôtel du président Hénault, place Vendôme,
d'où lui étoit venu le nom de Club de l'entresol. L'abbé
de Longuerue l'avoit stylé à l'érudition : « Il se mit, dit
le marquis d'Argenson, dans ses Mémoires (édit. Jannet,
t. 1, p. 65), il se mit à dicter à l'abbé Alary, qui n'étoit
alors qu'un petit garçon, fils de son apothicaire, trop heu-
reux d'écrire sous lui. »
2. € A cinq sols la prise. » Edit. 1691, p. 18.
3. L'édit. de 1691, p. 32, donne un article que celle-ci
ne reproduit pas : t le sieur Soubircn, apoticaire, rue de
la Vieille-Monnoie, et le sieur Andry, apoticaire-épicier,
au carrefour de l'Ecole, vendent des drogues et composi-
tions pour les maladies des chevaux. »
Ltvri commode.
178 Le Livre commode.
PENSION
POUR LES MALADES.
Cette pension est une nouvelle commodité
qu'on a procurée au public depuis deux ans.
Ceux qui scavent ce que les Officiers, les Pro-
vinciaux et les Etrangers souffrent, dépensent et
risquent dans les Auberges de Paris, lorsqu'ils
y tombent malades, en comprendront facilement
l'utilité, sur tout lors qu'ils apprendront que
cette Pension est placée à Pincourt ' , c'est à
dire dans une grande et belle rue qui étoit
n'aguère un hameau, qui fait maintenant partie
des Fauxbourgs de Paris ^, et qui se trouve entre
la porte saint Louis? et la porte saint Antoine4.
La maison qu'on a fait bâtir à cet effet, est
au milieu de cette rue, à l'opposite du cours
1. c'est-à-dire Popincourt, qui devoit son nom, qu'il a
repris tout entier, à la maison qu'y possédoit M. Jean de
Popincourt, premier président du Parlement, de 1403 à
1413.
2. C'est vers la fin du règne de Louis XIII qu'il avoit
été réuni au faubourg Saint-Antoine.
3. Elle se trouvoit au bout de la rue du Pont-aux-
Choux. [Registres de l'Hôtel de Ville pendant la Fronde,
t. I, p. 48.)
4. Il y eut toujours de ce coté des maisons de santé.
C'est au n° 70, rue de Charonne, par exemple, que se
trouvoit, à la fin du dernier siècle, celle du docteur Bel-
homme, où tant de prévenus du tribunal révolutionnaire
firent leur temps de prison, et dans laquelle mourut
Ramponneau, le fameux pitre, le 4 avril 1802. C'est aussi
d'une de ces maisons, celle du docteur Dubuisson, près de
la barrière du Trône, que partit le général Malet, avec ses
complices, pour faire son incroyable coup d'Etat contre
l'Empire.
Le Livre commode. 179
planté sur le rempart' dont elle n'est séparée
que par de vastes marais bien cultivez, ce qui
forme le plus bel aspect du monde. Outre la
face et les deux ailes du principal corps de logis,
il y a encore au bout d'un grand jardin au des-
sus d'une haute terrasse en parterre, un pavillon
de Belveder, d'où l'on découvre de tous costez
des vignobles, des plaines, des collines, des jar-
dins et des maisons de plaisance^.
1. c'est le Cours de la porte Saint-Antoine, qui faiîoit
alors grande concurrence au Cours la Reine, et qui com-
mença la réputation des promenades du Rempart ou du
Boulevard.
2. Cette maison, qui avoit pris de l'endroit où elle se
trouvoit, le nom de Pincourt, existoit encore en 171 5, et
sembloit même en pleine prospérité. Liger en parloit alors
ainsi dans le Voyageur fidèle, p. 241-242 : « c'est une
maison établie pour les étrangers qui tombent malades, et
oîi on les traite moyennant une pension, et à bien meil-
leur prix que dans les auberges. Cette maison est située
entre la porte de Saint-Louis et la porte Saint-Antoine,
dans une grande rue où il y avoit autrefois un hameau,
ei composée de deux ailes, qui accompagnent le principal
corps de logis. Au bout d'un grand jardin, et au-dessus
d'une grande terrasse, s'élève un paviilon en belvédère,
d'où l'on découvre différents objets lointains, qui forment
une perspective fort agréable. — C'est aussi dans cette
maison que plusieurs personnes bons bourgeois domiciliez
même à Paris, vont pour se faire traiter lorsqu'ils sont
malades ; ceux qui sont convalescents seulement choisissent
ce séjour agréable pour y prendre l'air et de nouvelles
forces. 11 y a même des dames qui vont y faire leurs couches
pour jouir d'un plus grand repos et y trouver plutôt
qu'ailleurs les secours qui, pour lors, sont nécessaires. —
Il n'y a point de maladies qu'on n'y traite, exceptés les
maux vénériens. A cela près, on y reçoit tous ceux qui
veulent y aller, de quelque condition qu'ils soient. Il y a
aussi, pour cela, des pensions plus ou moins fortes, et
proportionnées aux moyens des malades qui s'y font porter.
i8o Le Livre commode.
Cette belle situation et le bon air de Pincourt,
n'en sont pas les seuls agrémens ; les Lumières
de celuy par qui elle est dirigée, la Bibliotèque,
le Laboratoire, les Plantes medecinales et les
autres commoditez qui s'y trouvent, la diverse
situation et la propreté des appartemens, la
Libérale économie qu'on y observe et l'exacti-
tude du service, y font trouver goût aux per-
sonnes mêmes qui sont domiciliées à Paris, et
qui ne sont au plus qu'à demi malades, puis que
beaucoup de convalescens et de valétudinaires y
vont prendre le Lait, les Eaux minéralles, les
Bains, les Etuves, etc.
Il arrive même bien souvent que des Dames
de Paris aussi bien que celles de Provinces y
vont faire leurs couches, pour y être plus éloi-
gnées du monde et du bruit, et pour être plus
seures du secours qu'elles désirent, y ayant un
Accoucheur et une Sage femme d'une expérience
consommée.
C'est au même lieu que les Goûteux, les Para-
lytiques ; et ceux qui souffrent des Rhumatismes
opiniâtres ou des douleurs causées par le mercure,
trouvent le secours dont il sera parlé à l'article
suivant.
On dit qu'on y pratique des moyens infaillibles
pour rectifier les constitutions vicieuses et guérir
radicalement toutes les indispositions habituelles
qui en dépendent. Asthme, Phtisie, Poulmonie,
Migraine, Vapeur, Epilepsie, Hidropisies, He-
morrhoides. Vieux Ulcères, Cancers, Varices^ etc.
On y est même traité à forfait si on le souhaite, et le mé-
decin soir et matin n'y manque point. »
Le Livre commode. i8i
On sçait même qu'il y a des lieux destinez
pour les maniaques et généralement pour les
personnes qui doivent être privées de la liberté.
Les personnes atteintes de Maux vénériens n'y
sont pas reçues, mais elles sont traitées sous la
même direction dans une autre maison du voi-
sinage.
A cela près telle que puisse être la condition
des gens et la nature des maladies chacun y
peut être reçu. Il y a des lieux où les personnes
indigentes sont traitées à vingt et trente sols
par jour selon le régime qu'elles doivent obser-
ver. Il y en a d'autres où les gens de service
sont placés à quarante sols ' ; enfin il y a des
chambres particulières et des ordinaires distin-
guez pour les personnes de considération à trois,
à quatre, à cinq et à six livres par jour selon la
dépense qu'ils doivent faire, et les peines qu'ils
doivent exiger.
Soit que la pension soit grosse ou modique,
toute la dépense s'y trouve comprise sans en
rien excepter, Traitement, Remèdes, Logement,
Nourriture, Service, Feu, Lumière, etc.
On y trouve même cette commodité quand on
le souhaite, qu'on y est traité à forfait pour une
somme dont on convient, au de là de la quelle
on ne paye rien de plus, si opiniâtre et si longue
que puisse être la maladie.
1 . f Les malades qui s'y font traiter, y trouvent cet
avantage, qu'ils y sont agréablement logez, exactement
traitez et libéralement nourris pour un écu par jour, et
■ même pour quarante sols lorsqu'il s'agit de fièvres, de
pleurésies, et généralement des maladies qui demandent
un régime exact, ce qui est d'une commodité particulière
pour les gens d'auberge et de service. » Edit. 1691, p. 16.
i82 Le Livre commode.
En tel temps et à telle heure qu'on y puisse
arriver, on y est reçu, et on y trouve une cham-
bre prête en payant par avance la pension de
huit jours; et on est même assuré d'y trouver
le Médecin tous les matins au moins jusqu'à dix
heures, et tous les soirs depuis six heures jus-
qu'au temps du coucher.
Au surplus^ quoy que les Edifices et les jardins
de cette maison ayent une considérable étendue,
le progrez de cet établissement fait prendre des
mesures pour les accroître de beaucoup.
BAINS ET ETUVES.
Les Barbiers Baigneurs' qui tiennent des
Bains, des Etuves et des dépilatoires pour la
propreté du corps humain, sont Messieurs du
Pont et Mercier, rue de Richelieu =, Jordanis,
1. Les baigneurs, — et cela depuis longtemps déjà
{Ane. poésies, t. II, p. 284, et XIII, p. 204) — non-seule-
ment tenoient des bains, mais des chambres garnies, ce
qui les astreignoit à faire les mêmes déclarations que les
maîtres des auberges. {Correspond, administr. de Louis XIV,
t. II, p. 737.) Bussy se permettoit d'y loger quelquefois,
au grand scandale de M""" de Sévigné (Edit. Hachette,
t. I, p. Î92). Elle connoissoit la mauvaise réputation de
ces gîtes. Le plus fameux étoit celui qu'avoit tenu Prud'-
homme, et que La Vienne, à qui Louis XIV, qu'il avoit
soigné, fit une grosse fortune, reprit après lui, pour ne
pas le rendre plus honnête. (V. Hist. amoureuse des
Gaules, édit. elzévirienne, t. III, p. 235.) Prud'homme
avoit été baigneur dès 1643. Un acte du 19 septembre de
cette année-là le désigne ainsi avec son adresse :
< M' Prud'homme, maître des estuves et faiseur de poil
(barbier), rue Neuve-Montmartre. »
2. Il y avoit encore, en 1755, deux baigneurs en re-
Le Livre commode. iSj
rue d'Orléans; du Bois, rue saint André; du
Perron, vieille rue du Temple ; de la Cour, rué
des Marmouzets, etc.
Les Dames sont baignées chez M. du Bois
par Mademoiselle son Epouse '.
Il y a encore des Etuves de l'ancien usage,
rué de Marivaux* et rue du cimetière saint Nico-
las des Champs, où les gens de médiocre condition
vont chercher quelque secours pour les Rhuma-
tismes.
Ces douleurs, celles de la Sciatique, celles
qui sont causées par le Mercure qui a été donné
en panacée, en Sublimez et en précipitez : celles
de la Goutte des pieds et des mains, les Parali-
sies universelles et particulières, les Tumeurs
froides et beaucoup d'autres maladies, sont in-
failliblement guéries par l'usage des Bagnoires
et Etuves vaporeuses de nouvelle invention qui
se tiennent au jardin medecinal de Pincourt,
entre la porte saint Louis et la porte saint An-
toine.
C'est une sorte de machine en laquelle on est
baigné sans être dans l'eau, et en laquelle on
sue aussi abondament que l'on veut sans être à
nom, rue de Richelieu : Gagne et L'Etourneau. {Journal
du Citoyen, p. i86.)
1. Il ne faut pas oublier ici que dans les métiers et la
bourgeoisie, les femmes mariées ne se faisoient encore ap-
peler que Mademoiselle. Le chevalier Denisart ne devoit
faire que plus tard sa satire sur les Bourgeoises qui se
font appeler Madame.
2. Près de Saint-Jacques-la-Boucherie. Une impasse qui
s'y trouvent, entre les n" 21 et 23, s'appeloit encore, avant
les démolitions qui l'ont fait disparoître avec la rue, Cul-
de-sac des Etures.
184 Le Livre commode.
sec, ce (]ui fait que son usage ne cause, ni la
constipation du ventre et la faiblesse de poitrine
comme les bains ordinaires, ni les évanouisse-
mens, la chaleur intérieure, et la difficulté de
respirer, qui sont les suites ordinaires des
Etuves échauffées par le feu de bois ou d'esprit
de vin.
Les Malades y sont couchez sur un lit sus-
pendu où ils reçoivent une vapeur nouvelle,
anodine et fortifiante,, d'un effet infiniment plus
prompt et plus assuré que la boue de Barbotan,
et que les Bains de Bourbon et de Barrège,
pendant qu'ils ont la tête hors la machine com-
modément placée sur un oreiller, et qu'ils res-
pirent un air rafraîchissant, parlent, chantent et
boivent à leur gré.
Ceux à qui le Médecin qui les a inventées, ne
les ordonne qu'une fois par jour, ne payent qu'un
écu neuf toute dépense comprise, Logement,
Nourriture, Service, Feu, Lumière, Drogues,
etc., mais ceux à qui elles conviennent soir et
matin, payent un ecu et demi.
Ce qu'il y a de commode en cela pour les
personnes délicates, est que la chaleur de ces
Etuves peut être donnée à tel degré que l'on
veut, en sorte qu'on ne luy donne quelquefois
que la force des fomentations.
Comme le Médecin peut régler le choix des
herbes dont on fait les décoctions vaporeuses,
selon la juste indication de chaque maladie, il
peut en la composant diversement, produire au-
tant de différens effets, qu'il y a de distinctions à
faire dans les maladies qui viennent d'être dé-
duites, et dans les tempérammens des personnes
Le Livre commode. 185
qui en sont atteintes; outre qu'en plusieurs
occasions, il donne certains véhicules intérieurs
qui ont les plus justes proprietez, dans les cas
mêmes les plus extraordinaires.
Au surplus, qui voudra sçavoir la disposition,
les agrémens et les Commoditez du Jardin Me-
décinal, aura recours à l'article.
IMPRESSIONS ET COMMERCE
DE LIBRAIRIE.
La Chambre syndicale des Imprimeurs et
Marchands Libraires de Paris est rue et joignant
TEglise des Mathurins, où sont examinez les
Livres qui viennent de dehors les Mardis et
Vendredis de relevée, après que de la Douanne
où ils doivent être déposez en arrivant, ils ont
été retirez sur le billet du Syndic ou d'un Adjoint
pour être apportez à la Chambre.
Le Sieur Auboùin à présent Syndic ' en Charge
demeure sur le quay des Augustins au coin de
la rue Gist le cœur, où il vend les Œuvres de
1. Pierre Auboùin, libraire depuis 1666, fut adjoint de
communauté, puis syndic, c II se fait remarquer, dit La
Caille, tant par sa capacité dans les langues... que par
la connoissance et le bon choix qu'il sait faire des livres. »
Hist. de l'Imprimerie, 1689, in-4*, p. 289. — Il avoit été
chargé, comme syndic, en 1680, de la saisie faite à Ville-
juif de 1,500 exemplaires du dictionnaire de Richelet, que
le libraire Widerold avoit envoyés clandestinement de Ge-
nève. Bernard, confrère d'Auboûin, qui l'avoit aidé pour
cette saisie, suivie immédiatement de la destruction des
exemplaires, « fut poignardé le lendemain dans la foule,
en sortant de la bénédiction de Saint- Benoist, qui étoit
sa paroisse. » (Lettre de Papillon à Lederc, dans la cor-
respondance inédite du président Bouhier, t. X, p. 104.)
i86 Le. Livre commode.
M. l'abbé de Fenélon, et celles de M. l'abbé
Fleury.
Les Nouvelles Ordonnances du Roy, la Con-
férence de ces mêmes Ordonnances avec les
anciennes', les Reglemens de Police, le Dic-
tionnaire historique de Morery, les Œuvres de
M. Boileau, et diverses autres pièces importantes
s'impriment et se vendent chez le Sieur Denis
Thierry Libraire rue saint Jacques^.
Les Livres de Messieurs de Port Royal se
vendent même rue chez les sieurs DesprezJ,
Josset4, RouUand et Pralard.
Les Opéra, et généralement les Livres de
Musique, s'impriment et se vendent seulement
chez le Sieur Ballard rue S. Jean de BeauvaisJ.
1. L'édit. de 1691, p. 34, ajoute, à propos de la vente
des édits et déclarations : « On les trouve encore au Pa-
lais chez les sieurs de Luyne, Barbin, Loison et Guignard :
de même que chez le s' Auboûyn, quai des Augustins, et
chez la veuve Pépingué, rue de la Harpe. »
2. 11 étoit libraire depuis 1652, et étoit devenu l'un des
plus considérés. Il avoit donné, avec Barbin, l'édition du
Molière de 1675, détruite presque entièrement par un in-
cendie du collège Montaigu, où il avoit ses magasins.
Boileau, dont il étoit le libraire, l'a nommé dans son
Ep'itre X.
3. « Guillaume Desprez, rue Saint-Jacques, à l'Image
Saint-Prosper, vend une grande partie des livres de Port-
Royal concernant la Religion.» Edit. i69i,p. 4. — C'est
le fils de Guillaume Desprez, qui avoit imprimé les œuvres
de Pascal et des religieux de Port-Royal, et dont il conti-
nuoit le commerce dans le même esprit. Son père étoit
mort en 1669, d'une chute de voiture, en se rendant à
Port-Royal, où il fut enterré.
4. Il étoit fort instruit et avoit une collection de mé-
dailles rares. V. l'abbé de Vallemont, Réponse à M. Bau-
delot, 1706, in-i2, p. 79.
5. Dès 1551, un Robert Ballard étoit imprimeur du Roy
Le Livre commode. 187
A l'exception du Livre de M. de la Ouintinie '
3ui se vend chez le Sieur Barbin sur le Perron
e la sainte Chapelle 2. Tous les autres Livres de
Jardinages se vendent chez le Sieur Charles de
Sercy dans la grand' Salle du Palais, où l'on
trouve d'ailleurs un nouveau Cuisinier Royal et
bourgeois, et une Instruction pour les Confitures,
les Liqueurs et les Fruits; outre plusieurs livres
de Droit, Civil et Canon sur les Matières Bene-
ficiales et autres 3.
Le même Sieur Barbin vend les Œuvres de
Varillas, celles de saint Euremont, etc.4.
pour la musique. Son fils Pierre lui succéda avec un pri-
vilège exclusif qui le mettoit à l'abri de toute concurrence
pour ce genre d'impression. Puis vint un second Robert
Ballard, son fils, avec le même monopole, et ensuite
Christophe Ballard, qui figure ici, et qui avoit été reçu
imprimeur-libraire le 17 juin i66é. Jusqu'à la Révolution,
le même privilège fut maintenu dans cette famille, avec ce
qu'il avoit d'absolu. Notre ami J.-B. Weckerlin, auteur
d'une excellente notice sur les Ballard, retrouva, il y a
quelques années, un reste de leurs caractères, rue Jean-
Jacques Rousseau, à l'imprimerie de Mourgues, qui a
succédé à la leur.
1 . Il en sera parlé dans une des notes suivantes.
2. Claude Barbin, si célèbre par ce qu'ont dit de lui
Molière et surtout Boileau. Les livres qu'il publioit donnent
ainsi son adresse : « Claude Barbin, sur le second perron
de la Sainte-Chapelle. » Il avoit logé auparavant, vers
1664 : « vis-à-vis de la Sainte-Chapelle, au signe de la
Croix. »
3 . Ce mélange singulier de livres de droit et d'ouvrages
sur la cuisine et les confitures, formoit, en effet, le fond
de la boutique de Sercy. La Caille, Hist. de l'Imprimerie,
p. 296, n'insiste que sur sa vente des livres de droit. Il
avoit aussi publié des romans et des poésies licencieuses,
ce qui empêcha Nicole de consentir à travailler pour lui.
/. sa Vie, par l'abbé Goujet, p. 6.
4. f Et beaucoup de livres galants. » Edit. de 1691,
i88 Le Livre commode.
Les Sieurs de Luyne, Loizon et Traboûillet
ont au Palais un grand assortiment de Comé-
dies', d'Historiens et de Poètes 2.
On trouve un grand assortiment de Livres
étrangers chez les Sieurs Boudot, de la Caille?
et Hortemels4, rue saint Jacques.
p. 34. — c'est ce qu'on appeloit des barbinades. Le Saint-
Evremond étoit surtout en grande faveur chez Barbin. Il
auroit voulu que chaque auteur lui en fît : « le libraire
Barbin, dit Voisenon, si célèbre dans le Lutrin de Des-
préaux, alla un jour chez un auteur qui écrivoit assez
bien : Eh Monsieur, lui dit-il, faites-moi du saint Evre-
mond, je vous donnerai trente pistoles. Vous m'en avez
déjà donné dont j'ai été content. » Œuvres, t. IV, p. 75.
— Dans l'édition de 169 1, p. 34, Blégny ajoutoit, à propos
de Barbin : « On trouve encore chez lui les jardinages
de feu M. de La Quintinye, » c'est-à-dire les Instructions
pour les jardins fruitiers et potagers, 1690, 2 vol. in-4';
puis, à la suite : « le sieur Charles de Sercy, au Palais,
a un grand assortiment de livres de jardinages. »
1. Pierre Traboûillet avoit publié « en compagnie » de
Thierry, Deluynes et Barbin, le théâtre de Corneille et
ceux de Molière et de Racine. Son adresse est ainsi don-
née sur les livres qu'il publioit : « Pierre Traboûillet, dans
la galerie des Prisonniers, à la Fortune. »
2. Voici l'adresse de Deluynes et celle de Loyson nom-
més ici avec Traboûillet : « Guillaume de Luynes, libraire-
juré au Palais, dans la salle des Merciers, sous la montée
de la Cour des Aydes. » — « Estienne Loyson, au Palais,
à l'entrée de la galerie des Prisonniers, au nom de Jésus. »
3. Dans l'édit. précédente, p. 34 : « Martin » est nommé
à la place de La Caille, mais celui-ci a quelques lignes plus
bas sa mention spéciale : « le sieur de La Caille, rue Saint-
Jacques à la Prudence, a composé et imprimé l'histoire de
l'Imprimerie et Librairie. » C'est l'ouvrage que nous avons
déjà cité plusieurs fois. Il est devenu rare.
4. Il étoit venu de Hollande, et après avoir épousé la
fille du libraire huguenot Antoine Cellier, il avoit lui-même
été reçu de la communauté !e 18 septembre 1686.
Le Livre commode. 189
Même rue, chez le Sieur Léonard ', on trouve
tous les Reglemens de la Cour des Monnoyes.
Et chez le Sieur Coignard, toutes les pièces
concernant l'Académie Françoise 2, l'Histoire de
France de Cordem.oy, l'Architecture de Vitruve,
celle de Scamosy, etc.
Celle de VignoUe nouvellement commentée,
se trouve chez le Sieur Langlois 5, et celle de
1 . Voici son adresse complète : € Frédéric Léonard, rue
Saint-Jacques, à l'Escu de Venise. » Il avoit succédé à l'un
des derniers Estienne, en 1662, comme imprimeur ordinaire
du Roi, et s'étoit fait, à ce titre, éditeur de la coileaion latine
ad usam Delphlni. On trouve des vers en son honneur dans
les Œuvres de Santeul (1698, 2' partie, p. 122). Il publioit
volontiers les livres diplomatiques : e Vous avez, écrit le
12 mars 1691 le bénédiain Michel Germain à Maglia-
becchi, donné la puce à l'oreille de M. Léonard, libraire
de Paris, qui imprime en plusieurs volumes la même chose
que vous marquez qu'on fait en Allemagne touchant les
traités de paix et autres semblables négociations. » Un livre
politique, l'Histoire de Venise, par Amelot de la Houssaye,
qu'il s'avisa de publier ainsi, lui coûta cher : le livre fut
saisi, et l'auteur mis à la Bastille. (Mss. Delamarre, à la
Biblioth. nat., n^ 21,743, ^o'- '^o-)
2. J.-B. Coignard, qui avoit succédé à Damien Foucault
comme imprimeur ordinaire du roi, et avoit été choisi, en
1687, pour remplacer feu Pierre Le Petit dans la charge
d'imprimeur de l'Académie françoise, dont il acheva d'impri-
mer le Dictionnaire.
}. Nicolas Langlois, dit Chartres, comme son père Fran-
çois auquel il avoit succédé, et dont on a un si curieux
portrait, en joueur de musette, peint par Van-Dyck. En
souvenir de ses nombreux voyages à l'étranger, notamment
en Angleterre, François Langlois avoit pris l'enseigne des
Colonnes d'Hercule, avec la devise : nec plus ultra, que
garda son fils, et que conserva aussi Mariette, qui leur
succéda dans cette boutique. Comme lui-, les Langlois
avoient vendu surtout des estampes et des livres d'architec-
ture. On a, de Mariette même, la gravure d'un portrait de
190 Le Livre commode.
Bullet chez le Sieur Michallet, rue saint Jacques.
Le même Michallet aussi bien que les Sieurs
Muguet, rue de la Harpe, Léonard, Desprez,
Langlois et Coignard, rue saint Jacques, vendent
les Edits et Déclarations du Roy'.
Ledit Sieur Michallet^ a d'ailleurs imprimé
presque tous les Livres de Mathématiques, de
Messieurs de l'Académie des Sciences.
On trouve aussi plusieurs Livres de Mathé-
matiques chez le Sieur Jombert', sur le quay
des Augustins.
On trouve un grand assortiment de Livres de
Médecine chez le Sieur d'Houry, rue saint
Jacques4, et chez la veuve Nion., quay de Nesle,
François Langlois, peint par Vignon. Le privilège de son
fils, pour la vente des estampes, datoit de 167J . (V. colUct.
Delamarre, n° 21,751, p. 53.)
1. Dans l'édit, précédente (p. 34), Thierry est nommé à
la place de Desprez, et les autres sont désignés avec leur
prénom : François Muguet, Frédéric Léonard, Estienne
Michallet et Jean-Baptiste Coignard. A la suite : « le dit
sieur Muguet imprime aussi, d'ailleurs, tout ce qui concerne
l'archevêché. »
2. « Estienne Michallet, premier imprimeur du Roy, rue
Saint-Jacques, à l'Image Saint-Paul. » Ainsi est donnée son
adresse en tête du livre le plus célèbre qu'il ait publié, les
Caractères de La Bruyère, dont en onze ans, de 1688 à
1699, il donna dix éditions. Le produit, d'après l'intention
formelle de l'auteur, qui n'y prétendit rien, fut, comme on
sait, pour la dot de la fille de Michallet, qu'un fermier gé-
néral épousa. {V. notre Comédie de Jean de La Bruyère,
t. II, passim.)
3. Pierre Jombert, dont on trouve le Catalogue dans la
collection Delamarre (n- 21,739, fol. 40), et qu'il ne faut
pas confondre avec Jean Jombert, mort en 1681, premier
éditeur du Glossaire de Du Cange, et du De re diplomaticâ
de Mabillon.
4. « Laurent d'Houry, rue Saint-Jacques, devant la fon-
Le Livre commode. 191
qui vend d'ailleurs toutes les Œuvres de M. de
Blegny. La Miîhologie Phisique de M. Duncan'.
Les Discours Philosophiques de Cordemoy^.
L'Arithmétique des Ingénieurs de La Londe ?. Les
Spécifiques de M. Boy le 4, etc.
Les Livres et les Feuilles de Classes se ven-
dent chez la veuve Thiboult et le Sieur Esclas-
sants, place de Carabray, à l'exception de ceux
des RR. PP. Jésuites, qui se vendent chez la
veuve Besnard, rue saint Jacques.
Même rue chez le Sieur Cusson, on trouve le
Journal des Sçavans^.
taine Saint-Séverin. > Telle est son adresse d'après le titre
des livres qu'il a publiés. Nous avons déjà parlé de lui plus
haut.
1. Ce doit être quelque résumé de l'histoire de l'Animal
ou la connaissance du corps animé par la mécanique et la
chimie, ouvrage du momalbanais Duncan (1682, in-8), dans
lequel il démontre que la vie, exposée comme elle l'est,
avec la fragilité de ses ressorts, à l'imminence d'incessants
dangers, est un miracle continuel aussi étonnant que tous
les prodiges de la « mythologie. »
2. « La philosophie » de Cordemoy (édit. précéd., p. 34).
— Ce sont les six discours de cet académicien, mort alors
depuis huit ans, sur la distinrtion de l'âme et du corps.
3. Ouvrage très-rare aujourd'hui du caenais La Londe,
dont le fils, ingénieur aussi, avant de devenir archéologue,
fit de curieuses études sur le cours de l'Orne, qu'il vouloit
rendre navigable jusqu'à la mer.
4. Ces « spécifiques » sont une tradaaion du livre que
Boyle avoit publié en 1688, à Londres : Receipt sent to a
friend in America (recettes envoyées à un ami en Amérique).
j. f Le sieur Desdassan et la veuve Thibault (sic) en
compagnie. » Edit. 1691, p. 34. — Thiboult est le vrai
nom. — Expresse défense étoit faite aux libraires, qui
vendoient les livres pour les classes, d'en racheter aux éco-
liers. (Collection Delamarre, n' 21,730, fol. 117.)
6. Jean Cusson, qui, après avoir été avocat au Parlement,
avoit succédé à son père comme libraire, en 16)9. C'est six
192 Le Livre commode.
Pour les Brefs, les Bréviaires, les Diurnaux,
les Missels, les Rituels, les Graduels, les Anti-
phoniers, les Offices, etc., voyez l'article des
affaires Ecclésiastiques, et pour l'Almanach Spi-
rituel, voyez l'article des Exercices de Pieté.
Les plus belles Heures se trouvent rue saint
Jacques chez les Sieurs Angot ', Josset, Foucault
et Hérissant 2; au Palais dans la grand' Salle
chez les Sieurs le Gras? et Poirier; et sur le
Pont au Change chez les Sieurs Poirion et
Vaugon.
On en trouve d'ailleurs sur le quay de Gesvres
et rue Neuve Nôtre Dame.
La Liste des Prédicateurs de l'Avant et du
ans après, le 5 janvier 1665, qu'il publia, sous la direction
de Denis de Salo, le premier numéro du Journal des
Savants. La périodicité, qui en étoit alors hebdomadaire,
fut brusquement interrompue à la fin du troisième mois, à
cause des opinions trop peu ultramontaines du rédacteur,
et elle ne reprit, le 4 janvier de l'année suivante, qu'à la
condition qu'il seroit remplacé par une créature de Colbert,
l'abbé Gallois. La publication, dès lors, n'en fut plus trou-
blée jusqu'à la Révolution.
1. Charles Angot, qui, étant syndic en 1686, eut une
grande part au règlement qui rendit la communauté des
relieurs distincte de celle des libraires, dont l'Université
n'avoit jamais permis jusque-là qu'elle fût séparée.
2. Les livres d'heures les plus magnifiques, les plus riche-
ment dorés se vendoient en effet chez lui. On les considéra
comme objet de luxe, quand la misère de la fin du règne
fit prendre par Louis XIV des mesures somptuaires. Héris-
sant fut inquiété. (V. sa déclaration dans la collection
Delamarre, n° 21,627, fol. 288.)
3. Jacques Legras, petit-fils de Henry Legras, qui avoit
publié, en 1640, les Antiquités et Annales de Paris, in-fol.,
par Malingre, Sa réception comme libraire datoit du 10
septembre 1683. On trouve dans la collection Delamarre,
n" 2i,j63, f. 289-305, un curieux traité fait avec lui.
Le Livre commode. 193
Carême, s'imprime chez le Sieur Chevillon rue
saint Jacques.
Le Mercure ' et les autres Livres de l'Histoire
du Temps, se vendent chez le Sieur Guèroult au
Palais dans la galerie neuve*.
Les Almanacns ordinaires imprimez à Troyes,
se vendent à Paris en gros et en détail chez le
Sieur Raflé, rué du Petit-Pont, et chez la veuve
Oudot?, rue de la vieille Bouclerie.
1 . Le Mercure galant, qui, puisqu'il avoit commencé à
paroître le i" janvier 1672, en étoit alors à sa vingtième
année. Visé, qui l'avoit créé, le dirigeoit toujours; il en
garda même la direaion pendant plus de dix-huit ans
encore. Il ne l'abandonna, presque mourant, qu'au mois de
mai 1710. Durant ces trente-huit années, il n'avoit pas publié
moins de quatre cent quatre-vingt-trois volumes.
2. t Les gazettes se trouvent au Palais et sur le quay
des Augustins. » Edit. 1 691, p. 3 j. On les y vendoit au
numéro, comme aujourd'hui les journaux dans les kiosques :
( M. de Torcy m'a appris, écrit Racine à son fils aîné, le
6 février 1698, que vous étiez dans la Gazette de Hollande :
si je l'avois su, je l'aurois fait acheter pour la lire à vos
petites sœurs, qui vous croiroient devenu un homme d'im-
portance. » Une lettre inédite de Dom Calmet, du 4 sep-
tembre 1714, nous donne de curieux détails sur la vente,
et aussi sur le louage des différents journaux françois et
étrangers à Paris : t Je me suis informé, dit-il, de la
commission des journaux des Savants et des Gazettes pour
M. Olivier. Le journal des Savants se vend 6 sols, et les
deux gazettes de Hollande, avec les suppléments, 30 sols.
Le tout coûtera 40 sols rendu à la poste tous les samedis.
Si vous souhaitez avoir une des deux gazettes à la poste !e
mercredi, il vous en coûtera un sol davantage, parce que
ces gens se privent par là du petit gain qu'ils tirent de la
lecture qu'ils laissent faire dans leur boutique de cette ga-
zette pendant deux jours. » En 1655, selon Loret, t. II,
p. 127, la Gazette de France se vendoit 4 sols et demi.
3 . C'est elle qui imprima et vendit tant de petits livrets
populaires : légendes, romans, contes, chansons. Elle avoit
Livre commode. 1 3
194 Le Livre commode.
Les Livres de Bibliotèque et généralement les
vieux Livres et Manuscrits rares, se peuvent
recouvrer chez les Sieurs Villery' et Moette^,
rue de la vieille Bouderie, Seneuze, rue de la
Harpe, Clouzier et Emery, David et plusieurs
autres, sur le quay des Augustins et place de
Sorbonne'.
Les Sieurs le Vasseur^, BarnacheJ et Nion^,
fameux Relieurs et Doreurs, qui sont emplojrez
à la Bibliotèque du Roy, demeurent prés saint
Hilairev,
Au même endroit, les beaux caractères d'Im-
primerie se font chez les Sieurs Cottin^ et San-
lecque9.
une autre librairie à Troyes, rue du Temple, d'où s'écou-
loit surtout cette littérature d'almanachs et de bibliothèque
bleue. Son fils Jean Oudot lui succéda sous la Régence.
1. Il donnoit ainsi son adresse : « Jacques Villery, rue
de la Vieille-Bouclerie, à l'Estoille. »
2. Thomas Moette, libraire depuis 1659 : « Il se fait
distinguer, dit La Caille qui avoue l'avoir souvent consulté,
par la grande connaissance qu'il a dans les livres. »
3. a Et quai de la Tournelle. » Edit. 1691, p. 54.
4. Eloy Le Vasseur, qui fut, suivant La. Caille, le plus
célèbre relieur de ce temps-lA.
j. Ou Bernache, qui, malgré l'édit de i686, continuoit
à cumuler le métier de relieur et celui de libraire.
6. Denis Nyon, qui fut, après l'édit de 1686, un des
premiers gardes de la nouvelle corporation des relieurs-
doreurs.
7. Ce fut jusqu'à nos jours le quartier des relieurs.
8. Philippe Cottin, qui étoit libraire en même temps que
fondeur, et donnoit ainsi son adresse : « P. Cottin, fondeur
de caractères d'imprimerie et libraire, rue Saint-Jacques, à
l'entrée de la rue du Foin, à la Minerve. »
9. Jean Sanlecque. C'est chez son père Jacques, que
Philippe Cottin, qui précède, avoit appris l'art de graver,
de frapper les matrices et de fondre les caractères. — Le
Le Livre commode. 195
Le Sieur de la Caille le jeune a le secret de
faire une matière fort propre aux Fondeurs de
caractères d'Imprimerie, qui ne finit point et ne
déchet que de très peu.
Livres qui ont été imprimez pendant le courant
de Vannée 1691.
Pour le Sieur Michallet outre ceux dont il a
été parlé,
Une nouvelle édition des Ordonnances pour
la Marine, in-40.
La septième édition de la Chimie de Lemery ' ,
in-8°.
' La sixième édition des Caractères ou Mœurs
de ce siècle 2, in-12.
Du Hanrel Theologia speculatrix et practica,
in-8", 7 vol. 3.
Manuduxio ad praxim executionis Litterarum
S. Pœnitent. 12.
Dictionnaire Mathématique avec explications
et figures, in-4''4.
La Connoissance des temps, Calendrier et
Ephemerides du Soleil et de la Lune, in-12.
L'Art d'évaluer toutes sortes de Toisez, in-i 2.
p. Sanlecque, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, à
qui l'on doit de bonnes satires, étoit son grand-onde.
1. La première édition étoit de 1675.
2 . Cette édition du livre de La Bruyère, quoique publiée,
comme il est dit ici, en 1691, pone sur son titre la date
de l'année suivante.
}. C'est la première édition de ce livre célèbre de l'avo-
cat Duhamel, de l'Académie des Sciences.
4. Dictionnaire de Mathématiques par Ozanam, qui parut,
en effet, cette année-là.
196 Le Livre commode.
Traité du légitime Usage des Medicamens
selon les Modernes, in-12 '.
Constitutions de l'Abbaye de la Trape, in-i 2 *.
L'Ortografe dans sa pureté 3.
• La Conquête de la Nouvelle Espagne avec
figures, in-4°4.
Le Desordre du Jeu.
Pour les Sieurs Auboùyn, Emery et Clouzier.
Histoire des Monnoyes de France par M. le
Blanc, avec figures, in-4°J.
Histoire Ecclésiastique de M. l'Abbé Fleury,
2 vol. in-4''6.
Institution du Droit Ecclésiastique, 2 vol.
in- 12 7.
Relation de divers voyages de Hongrie, avec
figures, in-4°8.
1. Ouvrage de Daniel Tauvri, qui, en 1691, quand il le
publia, n'avoit que vingt-et-un ans.
2. Par l'abbé de la Trappe lui-même, M. de Rancé. En
1701, un an après sa mort, on y ajouta les Règlements qui
firent un second volume.
3. Le vrai titre de ce livre très-rare est : Traité de
l'Ortographe française, ou VOrtographe en sa pureté. L'au-
teur s'appeloit De Soûle. Quoique ce soit, selon l'abbé
Goujet, un volume très-inutile, il eut, en 1692, une seconde
édition un peu moins rare que la première.
4. Le vrai titre est : Histoire de la Conqueste du Mexique
ou de la Nouvelle Espagne, par Fernand Cortez, traduit de
l'espagnol d'Antonio de Solis, par l'auteur du Triumvirat,
c'est-à-dire par Citri de la Guette.
5. C'est une seconde édition. La première est de 1690.
6. Ce sont les deux premiers volumes de cet ouvrage
célèbre, qui en eut vingt, quoique l'auteur ne l'ait poussé
que jusqu'à l'année 1414.
7. Autre ouvrage de l'abbé Fleury. Le vrai titre est :
Institution au droit ecclésiastique.
8. La révolte du hongrois Tékeli donnoit alors à tous les
Le Livre commode. 197
Pratique de la Guerre, par Mattus', avecfig.,
in-8°. Nouvelle édition du Maréchal de Soleisel,
in-4*''.
Le Manège ou l'Art de monter à cheval, du
même Autheur, avec figures, in-4°3.
Nouvelle édition de l'Ecole des Arpenteurs,
in- 12 4.
Hueîii Concordanîia Rationis et Fidei, in-4°5.
Pour le Sieur Muguet.
Abrégé de l'Histoire universelle, 2 vol. in-i 2 ^.
Acîa primorum martyrumi.
Commentaire sur la Règle de saint Benoist
en François et en Latin, in-4°.
livres sur son pays un à-propos que les libraires s'empres-
soient d'exploiter. Celui-ci fut du nombre. Il est peu connu.
1 . Lisez Malthus. Voici le titre détaillé de son livre, qui
parut pour la première fois, en 1650, chez Clouzier, un des
trois libraires mdiqués ici. et dont une seconde édition in-8
avoit paru en 1 68 1 : Pratique de la guerre, contenant l'usage
de l'artillerie, bombes et mortiers, feux artificiels et pétards,
sappes et mines, ponts et pontons, tranchées et travaux, avec
tordre des assauts aux brèches, ensemble un traité des feux
de joye, par François Malthus.
2. La première édition étoit de 1664.
. }. C'est, avec additions, une traduction du livre du ma-
nège, ou Méthode nouvelle pour dresser les chevaux, dont
une première traduct. avoit paru in-fol. en 1691, par le duc
de New-Castle.
4. Par Philippe de la Hire, de l'Académie des Sciences,
dont il a été parlé plus haut.
5. Un des principaux ouvrages de Daniel Huet : Quas-
tiones Alnetana de concordia rationis et fidei. C'est à Caen,
sa ville natale, qu'il l'avoit fait imprimer.
6. Première édition de l'ouvrage de Claude Delisle, qui,
plus tard, hx porté à sept volumes : Introduction à l'his-
toire générale et politique de l'Univers, ou Abrégé de l'histoire
universelle.
7. C'est le recueil in-fol. de Ruinart, qui fut plus tard traduit
en françois par Drouet de Maupertuy, en deux vol. in-8.
198 Le Livre commode.
La Mort de Dom Muce.
Traité de la vérité et du mensonge du R. P.
Thomassin, in-S".
La Méthode d'étudier les langues, du même
Auteur, 2. vol.'.
Pour le Sieur Seneuze.
Arlequin Comédien aux champs Elisée*.
Remarques ou Reflexions Critiques, Morales
et Historiques de M. l'Abbé Bordelon, in-i2 5.
Caractères naturels des hommes en forme de
dialogues, par le même Auteur, in- 12 4.
Le véritable Pénitent, 2 vol. in-i2 5.
Dissertation sur la prison de saint Jean, in-12.
Idée de l'Amitié, par M. de Bellegarde, in-12.
Reflexions sur ce qui peut plaire ou déplaire
dans le commerce de la vie, 2 vol. in-12 ^.
1. Méthode d'enseigner chrétiennement la grammaire ou
les langues, par rapport à l'Ecriture Sainte. 2 vol. in-8.
2. Comédie en trois actes, en prose, par l'abbé Borde-
Ion, qui ne fut jamais jouée, et ne pouvoit l'être, pas plus
que sa Lotterie de Scapin, qu'il publia deux ans après, à la
suite de Molière aux Champs-Elysées, un des livrets les plus
rares sur Molière.
3. L'abbé publia deux ans après, à Lyon, chez Briasson,
un volume faisant suite à celui-ci : Nouvelles remarques ou
Réflexions critiques, etc. En tête se trouve un beau portrait
gravé, d'après De Troye, par Drevet. C'est celui de M. Fran-
çois Brunet, dont nous avons vu plus haut les parents, et
qui, après M""» de Sévigné, habita l'hôtel Carnavalet.
4. L'édition hoUandoise, qui parut l'année suivante chez
Louis et Henry Van- Dole, à La Haye, a pour titre : Les
Caractères naturels des hommes en cent dialogues, par
M. Bordelon. Ce livre, qui s'étoit donné le titre mis à la
mode par La Bruyère, est dédié au comte de Carné.
5. Par le bon prêtre parisien Jean Girard de Ville-
thierry.
6. Comme le précédent, cet ouvrage est de l'abbé Morvan
Le Livre commode. 199
La Morale des Ecclésiastiques, in-12.
Pour le Sieur de la Caille, rué saint Jacques
aux trois Cailles.
Mémoires pour l'Université de Paris, par
M. Cuvilliers, in-4°.
Lé 4. tome des Devises du P. Ménétrier,
in-8°'.
Les Fables d'Esope moralisées, avec figures,
in-12 2.
Pour le Sieur Remy, rue saint Jacques.
Avis salutaires sur l'éducation des enfants,
in-12.
Pour le Sieur Villette, rue saint Jacques à la
Croix d'or.
La Vie des Princes d'Orange pour servir à
l'Histoire d'Hollande, in-S».
Les Poésies de Madame des Houllieres, in-803.
L'Histoire d'Angleterre, 4 vol. in-12.
Pour le Sieur Hortemels.
Remarques sur la Bibliotèque des Auteurs
Ecclésiastiques, par M. du Pin, in-8»4.
de Bellegarde. Il fait partie de l'édition de ses œuvres qui
fut publiée en Hollande, et forme 1 4 petits volumes.
1. Il s'agit de La Science et l'art des devises... par le
P. Menestrier, qui se publioient sans doute en fascicules.
Nous ne connaissons, en effet, de lui aucun ouvrage qui ait
quatre volumes.
2. Première édition du petit livre de Le Noble : Esprit
d'Esope, ou nouvelle traduction de ses fables, en vers, avec
une lettre morale sur chacune. La seconde édition est
de 1695.
^. A la suite venoient les poésies de sa fille Thérèse, ce
qui formoit un volume en deux parties. En 1 694, après la
mort de M"' Des Houillères, le même libraire Villette en
publia une seconde édition.
4. Ce sont des remarques d'Ellies Dupin sur son propre
200 Le Livre commode.
Nouveaux Essais de Morale, in- 12 '.
La Vie de M. Descartes 2.
Les Pseaumes en forme de Prières, in-12 5.
Prières formées sur la Morale de l'ancien et
nouveau Testament, in- 12 4.
Dissertation sur la Goutte, in-12 5,
Traité des Opérations Chirurgicales, par M. de
la Chariere, in-12.
Homélies sur les Commandemens de Dieu, le
Symbole et l'Oraison Dominicale, 4 vol. in-12 6.
Pour les Sieurs Couterot et Guerin en com-
pagnie.
Sermons de M. Fromentieres, Evêque d'Aire,
6 vol. in-S"?.
recueil : Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, qui avoit
commencé de paroître en 1686. Elles forment trois vo-
lumes.
1 . Nouveaux Essais de morale sur le luxe et les modes,
par Jean Frain du Tremblay, qui ne se nomma pas sur le
titre.
2. Ce sont les deux volumes in-4° d'Adrien Baillet sur
Descartes, qui parurent, en effet, en 1691.
3. Cette « paraphrase, » comme dit le titre, est du curé
de Saint-Lambert, François Paris, et du curé de Che-
vreuse, Vincent Loger. La première édition avoit paru
en 1690.
4. Autre ouvrage du même François Paris, curé de
Saint-Lambert.
5. Ouvrage de l'oratorien Michel Mauduit, dont la pre-
mière édition avoit paru en 1688. Une Réfutation en avoit
été publiée par le même libraire Hortemels, en 1690.
6. Première partie des Homélies de l'abbé de Monmorel,
qui, peu d'années après, arrivèrent à former dix volumes.
Il devint alors aumônier de la duchesse de Bourgogne.
7. M, de Kromentière, évêque d'Aire, étoit mort en
1684, en ordonnant que rien de ses sermons ne fût imprimé.
On n'en publia pas moins les six volumes indiqués ici, et
qui se composent : les trois premiers de Sermons pour les
Le Livre commode. 201
Discours moraux pour la Chaire, 10 vol.
in-i2'.
Manière de prêcher selon l'esprit de l'Evan-
gile, in-i2 *.
La Main qui conduit au Ciel, du Cardinal
Bona, in-i2 5.
Conférences morales sur la Religion, 2 vol.
in-8°.
L'Eglise Protestante détruite par elle-même,
in-i2.
Pour le Sieur Pépie, rue saint Jacques à saint
Basile.
Suite des Instructions Monastiques, in-12.
Satires de Juvénal, par M. de Silvecane, 2 vol.
in- 1 2 4.
Traité des Fièvres, par M. d'Hesse, in-12 5.
Pensées Chrétiennes, par M. l'Abbé de Choisy,
in- 12 6.
fîtes, deux autres de Sermons pour le Carlme, et le dernier
à' Œuvres diverses.
i . Ouvrage de l'avocat Jean Richard, qui, bien que laïque
et marié, passa toute sa vie à écrire des sermons, que de
vrais prêtres se chargeoient de prononcer. Quand il mourut,
ses Discours moraux pour la chaire n'avoient pas seulement
dix, mais douze volumes. C'est lui qui avoit été l'éditeur
de l'ouvrage précédent, les Sermons de l'évêque d'Aire.
2. Par le capucin de Paris, Albert. Couterot, son éditeur,
republia ce livre en 1701.
j. Ce traité, un des plus célèbres du mystique Bona, est
le même dont l'abbé Le Duc fit une nouvelle traduction
avec cet autre titre : le Chemin du Ciel, lyjS, in-12.
4. C'est une des plus anciennes et non des meilleures
traductions rimées du satirique latin . En voici le vrai titre :
Traduction des satyra de Juvénal en vers françois, avec des
remarques et le latin à côté, par Pierre de Silvecane.
5. Traduction du hoUandois en françois du Traité des
fièvres de Corneille Boutekoe.
6. Un des nombreux écrits religieux que l'abbé de Choisy
202 Le Livre commode.
Grammaire Italienne, in-12.
Pour le Sieur RouUand fils, rue saint Jacques.
Analise des Epîtres de saint Paul, etc., 2 vol.
in-12.
Explication des Prières de la Messe, par M. de
Meaux, in-12!.
Pratique judiciaire sur les Censives, in-12.
Pour le Sieur Robuste!, rue saint Jacques.
Histoire des Empereurs, par M. Tillemont,
2 vol. in-402.
Traité des Etudes Monastiques, par le P. Ma-
billon, in-40?.
Pour la veuve Coignard et son Fils en com-
pagnie.
Les Offices de Cicéron et autres Œuvres,
traduits du Latin de Grotius avec des nottes,
in-804.
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel,
2 vol. in-4°5.
publia après sa conversion, sans grande conviction encore
et surtout sans grand savoir. N'a-t-il pas dit, après la pu-
blication de son principal ouvrage en ce genre : « J'ai
écrit l'histoire ecclésiastique, il ne me reste plus qu'à
l'apprendre. »
1. Il n'est pas besoin de dire que M. de Meaux, c'est
Bossuet.
2. Ce célèbre ouvrage, quand l'auteur mourut en 1698,
avoit six volumes.
3. L'ouvrage a deux volumes. Il fut écrit pour réfuter
l'opinion de l'abbé de la Trappe, qui prétendoit que les
moines ne peuvent ni ne doivent étudier.
4. Cette traduction est de Goibaud Du Bois, de l'Acadé-
mie françoise.
j . Ce sont les deux premiers volumes du grand ouvrage
de Domat. Un troisième compléta bientôt cette partie des
lois civiles.
Le Livre commode. 205
Manière de fortifier selon la métode de M. de
Vauban, in-12.
Traitez de Metaphisique, d'histoire et de poli-
tique de feu M. de Cordemoy, in-12'.
La Géographie ancienne, moderne et histo-
rique, 2 vol. in-40.
Nota. Que dans le courant de la présente
année 1692, on imprimera chez ledit Sieur
Cognard nls, Imprimeur du Roy et de l'Acadé-
mie Françoise, le Dictionnaire de ladite Aca-
démie^.
Pour le Sieur Auroy, rue saint Jacques.
Etablissement de la Foy dans la nouvelle
France, 2 vol. in-12 5.
Nouvelle Relation de la Gaspesie.
Barhei Compendium TheologU.
Pour le Sieur Boudot.
Homélies Theologiques et morales de M. Pa-
lafox, traduites par M. Amelot de la Houssaye,
in-12'*.
Lettres de M. l'Abbé le Grand à M. Bumet,
in-12.
1. Recueil des petits traités de Cordemoy, déjà publiés
à part, tels que : \t. Discours physique de la parole, d'où
Molière tira tout le comique de la scène du professeur de
philosophie au premier acte du « Bourgeois gentilhomme ; »
la Lettre sur le système de Descartes, etc., etc.
2. Le privilège d'impression du Dictionnaire de l'Acadé-
mie avoit alors déjà huit ans de date. Il est, en effet, de
1674. [Collect. Delamarre, n° 21,739, fol. 79.) La pre-
mière édition parut, non en 1692, mais en 1694, chez
Coignard, en 2 vol. in-fol.
j. Le titre complet porte par le P. Le C... C'est le
Père Ch. Le Clercq, récollet.
4. Ces homélies, traduites de l'espagnol, ont pour texte
principal la Passion.
204 L.E Livre commode.
Deffense de l'Antiquité des Temps, par le
R. P. Dom Paul Perron'.
MUSIQUE.
Grand Maître de la Musique de la Chapelle
du Roy.
Monseigneur l'Archevêque de Rheims*, rue
saint Thomas du Louvre.
Sur-Intendans de la Musique de la Chambre de
Sa Majesté.
M. de la Lande qui est d'ailleurs Maître de la
Musique de la Chapelle?, et M. Boisset qui est
Maître de la Musique de la Chambre, en Cour4,
1 . C'est une défense de son propre ouvrage, VAnîiquiti
des Temps rétablie, publiée en 1687, et que les PP. Mar-
tiany et Le Quien avoient fort attaquée.
2. Charles-Maurice Le Tellier, dont il a déjà été parlé.
Il avoit, comme « maître de la Chapelle -Musique, »
1,200 liv. de gages, plus 3,000 « pour sa bouche à
cour. » Etat de France, 1692, p. 39.
3. Michel-Richard de Lalande, d'abord violon, claveci-
niste et organiste, compositeur de motets, de pastorales et
de ballets, puis surintendant de la musique du Roi, charge
dans laquelle il mourut, en 1726, à quatre-vingt-trois ans.
Il avoit été fait, le 9 janvier 1689, surintendant de la
musique de la Chambre, ce qui étoit un acheminement à la
surintendance générale.
4. Jean Boësset, sieur de Haut, fils de Boësset, qui avoit
été de la musique de Louis XIII, et de qui l'on a quelques
jolis airs de chansons, entre autres celui des couplets de
Lingendes, qui furent si célèbres :
Si c'est un crime de l'aimer....
Boësset étoit maître de musique des pages de la Chambre,
aux gages de 1,140 liv.
Le Livre commode. 205
Autres Maîtres de la Musiijue de la Chapelle, de la
Chambre et des Plaisirs de Sa Majesté.
Messieurs Lambert, rue sainte Anne', Gou-
pille', rue Minoret5, rue Celasse,
rue Traversine4, et Moreau, rue sainte Croix de
la Bretonnerie 5 .
Maîtres pour lOrgue et pour le Clavecin.
Messieurs le Begue^, rue Simon le Franc,
1. Michel Lambert, si recherché, en i66é, à l'époque de
la satire du Repas de Boileau, et qui n'a voit pas alors moins
de quatre-vingt-deux ans. Lulli avoit épousé sa fille, et lui
avoit donné dans sa maison, qui existe encore aux coins
des rues Sainte-Anne et des Petits- Champs, l'appartement
oii nous le voyons logé, et où il mourut au mois de juin 1696.
\v. notre Histoire de la Butte du Moulins.)
2. Lisez Coupillet. Il faisoit, comme prêtre, pendant le
semestre de janvier, les fonctions ecclésiastiques de maître
de musique, et avoit soin, durant le même temps, t de la
nourriture, éducation, conduite et entretien des pages de
musique. »
}. Guillaume Minoret. Il avoit, pendant le semestre de
juillet, les mêmes fonctions que Coupillet pendant celui de
janvier. Ses motets sur un certain nombre de psaumes
sont très-estimés. Le Cerf de la Vieuville, dans son livre,
Comparaison de la musique italienne et de la musique
françoise, 1706. in-8, }• partie, le met, ainsi que Coupillet,
sur le même rang, pour la composition, que Collasse et
Lalande.
4. Pascal Collasse, un des meilleurs élèves et héritiers
de Lulli. .^près avoir collaboré avec son maître, il fit seul
plusieurs opéras, dont celui de Thitis et PeUe est le plus
célèbre.
5. Jean-Baptiste Moreau, à qui Madame de Maintenon
fit éaire, pour Saint-Cyr, la musique des chœurs d'Esîher
et d'Athalie. Il fit aussi les airs de quelques chansons de
Lainez, son ami de cabaret.
6. Nicolas Le Bègue, un des quatre organistes de la
Chapelle reçus en 1678. Son quartier étoit celui d'octobre.
2o6 Le Livre commode.
Taumelin, rue de la Verrerie', Couprin, prés
saint Gervais^, Dandrieux, rue saint Louis du
Palais 3, Nivert, prés saint Sulpice4, Danglebert,
rue sainte Anne 5, Martin, rue de l'Echelle, le
Roux^ rue , Buterne, prés saint Paul 7,
Montalan, rue du Cimetière saint André», Ossu
Il touchoit l'orgue à Saint-Merry, et l'on a de lui trois
livres de pièces pour cet instrument. Il mourut très-vieux
en 1700. Ses ouvrages se vendoient tout près de chez lui,
dans la même rue. L'édit. de 1691, p. 62, dit, en effet :
« le livre d'orgues de M. Le Bègue se vend chez M. Noël,
rue Simon-le-Franc. »
1. Jacques Tomelin, organiste de la Chapelle, comme Le
Bègue. Il exerçoit pendant le quartier de janvier.
2. François Couperin, le second des trois frères qui fon-
dèrent la renommée de cette dynastie de clavecinistes célè-
bres. Nous le voyons ici logé près de Saint-Gervais, parce
que de 1669 à 1698, il y toucha l'orgue. Il mourut à
soixante-dix ans, en 1701, écrasé par une voiture. L'année
précédente, Montéclair lui avoit dédié sa Méthode facile
ae musique.
5. On ne le connoît que par son fils, Jean-François
Dandrieu, qui, de 1720 à 1740, se distingua sur l'orgue et
le clavecin.
4. Guill. -Gabriel Nivers, un des quatre organistes de la
Chapelle. Il avoit été maître de musique de la Reine.
5. Jean-Baptiste d'Anglebert. Il étoit de la musique de la
Chambre pour le clavecin, ce qui lui rapportoit 600 liv. de
gages, 900 de nourriture, 213 de monture, « et 270 pour
la nourriture de son Porte-épinette. » Etat de France,
1692, p. 22}.
6. Il étoit aussi compositeur. V. Le faux Satyrique,
1706, in-8, p. II, ofi il est traité de « fameux maître de
musique. »
7. Jean Buterne, un des quatre organistes de la Cha-
pelle-Musique.
8. « Messieurs Le Règne — c'est celui qui est désigné
plus haut sous son vrai nom le Bègue — rue Simon-le-
Franc, et de Montalan, rue du Cimetière-Saint-André, sont
renommez pour toucher et enseigner le clavecin. » Edit
Le Livre commode. 207
l'ainé, rue saint Denis', Ossu le cadet, Cloître
saint Jacques de l'Hôpital, Gamier, rue Traver-
sine, La Lande, Cour du Palais.
Autres Maîtres pour le Clavecin.
Messieurs le Moine, rué saint Honoré 2, Pitay,
rue sainte Croix de la Bretonnerie, Eudet et de
la Cerisaye, rue sainte Croix de la Cité, Bouton,
rue Pavée, Mérault et Alexandre, rue saint De-
1691, p. 60. — Claude Rachel de Montalant, après avoir
enlevé de son couvent, où sans doute il donnoit des leçons,
la fille de Molière, étoit, vers 1686, devenu son mari. Une
note de Titcn du Tillet {Parnasse françois, 1732, in-fol.,
p. 318) que nous avons citée le premier dans le Roman
de Molière, 1862, in-i8, p. 129, ne laisse sur ce point
très-curieux aucun doute : « Elle épousa, dit-il, M. de
Montaland, gentilhomme, qui a été quelque temps orga-
niste de Saint-André des Arts. » Il l'étoit sans doute
encore en 1691, ce qui expliqueroit pourquoi il logeoit
tout près de cette église. Titon le traite de gentilhomme
parce qu'il se faisoit appeler : Claude Rachel, écuyer, sieur
de Montalant.
1. Lisez Houssu. Nous avons su son nom par le curieux
procès que a. les maîtres à danser et joueurs d'intruments
tant hauts que bas » firent aux clavecinistes, en 1693, pour
les empêcher d'enseigner à toucher le clavecin avant de
s'être fait recevoir de leur communauté. Les clavecinistes,
représentés par plusieurs de ceux qui figurent ici, dont on
a vu les noms plus haut, ou qu'on trouvera nommés plus
loin : Médéric Comeil, Nicolas Gigault, Jean-Baptiste de
La Brune, Marin de la Guerre, Jean Mérault, Antoine
Houssu, Nicolas Le Bègue, Guillaume-Gabriel Nivers, Jean
Buterne, François Couprin, appelèrent d'une première
sentence rendue contre eux par le prévôt de Paris, et
obtinrent, le 7 mars 1695, un arrêt de la Grand' Chambre
qui leur donna raison, et leur rendit l'entière liberté d'en-
seigner.
2. Il étoit de la musique de la Chambre pour le
théorbe.
2o8 Le Livre commode.
nis, Bernier, rue Tictonne', Hardy et Landrin,
Cloitre sainte Opportune, Cointereau, place
Maubert, Saffin, rue des Noyers, Boucher, rue
des Assis*, Corneille, Cloître Notre Dame, de
Bordeaux, rue saint Jacques, Raison, rue saint
Estienne, Gigot et Delian, rue saint Martin, la
Brune, rue des Moineaux, Fouquet, rue Coquil-
lière, de la Guerre? et Jacquet, Isle Notre
Dame, etc.
Maîtresses pour le même Instrument.
Mesdames Oves, rue saint Denis, et Louis,
rue de la Monnoye.
Et encore Mesdemoiselles Rebours etleTellier,
fauxbourg saint Germain 4.
M. du Clos, rue Bétizy, accorde en perfection
le Clavecin.
Messieurs Denis, sur le Q^uay neuf, Richard,
.rue du Paons, Rosée, rue de Cléry, Créteil, rue
Poupée, Dathene, rue saint Antoine 6, Voudry,
1. Nicolas Bernier, dont le succès fut si grand, surtout
sous la Régence, pour ses motets, la musique de ses can-
tates et ses airs à boire. Il est fait de lui le plus grand
éloge dans le poëme de J.de Serré, la Musique, dont la pre-
mière édition date de 1 7 1 4 .
2. Lisez des Arcis.
3. Son vrai nom étoit Jacquet, le seul que prit son frère
nommé ici avec lui. Jacquet de la Guerre étoit organiste à
Saint-Séverin. Sa fille, M"" Elisabeth La Guerre, se distin-
gua sur le clavecin et fit la musique de l'opéra de Céphale
et Procris, en 1694. Elle mourut en 1727.
4. « Mademoiselle Le Tellier, qui demeure au cul-de-sac
de la rue Beaubourg. » Edit. 1691, p. 60.
5. « Près Saint-Nicolas du Chardonnet. » Edit. 1691,
p. 60.
6. « Le sieur Dathene, qui fait des clavecins, demeure
Le Livre commode. 209
rue saint Jacques, Boudet, rue saint Martin,
Thierry, rue sainte Marguerite, du Catel et
l'Esclop, rue Orner', Clico, rue Philippot, et le
Febvre, rue Aubry Boucher, fabriquent, rajustent
et accordent les Orgues et les Clavecins.
Maîtres pour la Vlolle.
Messieurs de sainte Colombe ^, rue....; Marais,
rue Bertin PoiréeJ, Theobal, rue de Richelieu 4,
des Fontaines î, rue de Grenelle saint Honoré,
de Machy, rue des fossez saint Germain, Gamier,
prés le Palais Royal, Bellier, rue de Mommo-
rency, Fourcroy le fils, rue vieille du Temple, etc.
Mademoiselle Mengey, rue saint Hono.''é, prés
la rue des Poullies, fait aussi profession de tou-
cher et de montrer à toucher la Violle.
rue et devant le petit Saint-Antoine. > Id., p. 64. « Le
sieur Créteil, faiseur d'orgues, demeure dans la rue Pou-
pée. » Ibid.
1 . Lisez rue au Maire.
2. Il n'est plus connu que parce qu'il fat le maître de
celui qui vient ici après lui.
î . « Monsieur Marais touche la viole par excellence, et donne
des leçons chez luy, rue Quincampoix. » Edit. 1691, p. 48.
— Marin Marais, élève de Sainte-Colombe, et le plus habile
joueur de viole de son temps. Il a beaucoup écrit pour cet
instrument, et, de plus, l'on a de lui plusieurs partitions
pour l'Opéra, où il avoit commencé à être simple batteur de
mesures. La plus célèbre est celle d'Alcione, dont la Tem-
pête fut un des morceaux les plus à effet de ce temps-là.
Elle est décrite dans le poème de la Musique cité plus haut.
4. Théobaldo Gaddi, qui, attiré de Florence à Paris par
son admiration pour LuUi, fut mis par celui-ci dans l'or-
chestre de l'Opéra, où il joua pendant près de cinquante ans
de la basse de viole. Il avoit fait, en 1691, la musique de
la pastorale héroïque de Coronis.
5 . « Le même Des Fontaines montre d'ailleurs à toucher
le clavecin et la basse de viole. » Edit. 1691, p. 48.
Livre commode. 14
210 Le Livre commode.
Maîtres pour le TheorbeK
Messieurs du Pré, rue des Escoufles, et de la
Barre en Cour, qui sont de la Chambre du Roy 2,
et encore Messieurs PinetJ, rue le
Moyne, Cloître saint Jacques de l'Hôpital, Aubin,
rue de l'Escharpe, Poussilac, prés les Jacobins
saint Jacques, Lavaux, rue Hurel-,
Quay de la Mégisserie.
Maîtres pour la basse de Violon.
Messieurs Marchands père et fils, et Converset,
rue des Poulies 4, Boudet, rue saint Antoine,
Reffiet, rue des vieux AugustinsJ, la Rue, prés
saint Mederic.
Maîtres pour le dessus de Violon.
Messieurs Favre, rue saint Honoré, le Peintre,
à Versailles^, Thoùin, rue de la Verrerie?, Ver-
! . C'étoit une espèce de grand luth, qui lui-même étoit
une sorte de guitare.
2. Du Pré n'étoit qu'en survivance, en 1692, à la chambre
du Roi pour le théorbe. Pierre Chabançeau de La Barre,
beaucoup plus célèbre, jouoit de la grosse-basse ou du
théorbe à la Chapelle-Musique. Il étoit valet de chambre de
la Dauphine.
j. Lisez Pinel. Il jouoit du théorbe à la chambre du Roi,
mais y avoit, auparavant, chanté les hautes tailles.
4. « Rue Bétizy, Gillet, place du Palais-Royal. » Edit.
1 691, p. 48. — A la chambre du Roi, les deux Marchand :
Jean Noël, le père, et Jean-Baptiste, le fils, jouoient non la
basse, mais le dessus de violon.
5. Urbain Reffiet. Il étoit un des vingt-cinq violons ordi-
naires, dont Dumanoir étoit le roi.
6. Augustin-Jean Le Peintre. Il étoit aussi des vingt-cinq
violons, et, de plus, un des violons du Cabinet, où il jouoit
les dessus, avec 600 liv. de gages. Il étoit en outre attaché,
comme violon, à la maison du Dauphin, ce qui lui valoit
Le Livre commode. 211
dier, rue du Chantre, Baptiste, Cloitre saint
Honoré, du Bois, rue des fessez saint Germain,
de l'Isle, rue saint Honoré, Charpentier, rue de
la Harpe, du Chesne, rue Aubry Boucher, Jobert,
rue saint Antoine, Marchand, rue de Berry, etc.
Maîtres pour la Guitarre.
Messieurs de Vizé, à Luxembourg', Cheron,
rue Dauphine^, Medard, prés saint Nicolas des
Champs, le Tellier, rue du Foin, Galet, cul-de-
sac saint Sulpice, du Gesne, rue des Prouvaires,
PoussilotJ, prés les Jacobins saint Jacques, etc.
Le Sieur Alexandre Roboara fait des Guitarres
par excellence 4.
Maîtres pour le Luth.
Messieurs Mouton, rue saint Antoine, et du
Bue, rue 5.
600 liv. sur la cassette du prince, 400 sur le trésor royal,
« et quelques autres gratifications, » dit l'Etat de France.
On comprend qu'avec le cumul de ces gages et ce que pou-
voient lui rapponer ses leçons, il ait pu faire dire à Richelet,
au mot violon de son dirtionnaire : « Le Peintre, l'un des
meilleurs joueurs de violon de Paris, gagne plus que Cor-
neille, l'un des plus excellents de nos plus fameux poètes
françois. »
7. L'édition précédente l'appelle à tort Thonin.
1. C'est-à-dire au palais du Luxembourg. Vizé fut très-
célèbre en son temps. Palaparat, dans la préface du Gron-
deur, parlant d'un joueur de flûte fameux, dit qu'il tire de
la flûte allemande « des sons plus doux.... »
Que ceux que De Vizé tire de sa guitarre.
2. Nous le trouverons plus loin parmi les faiseurs d'ins-
truments.
3. Lisez Poussillac, comme plus haut.
4. Il demeuroit rue des Arcis.
5. L'édition de 1691, p. 61, nomme, avec lui, « Gallot
212 Le Livre commode.
Maîtres pour le Jeu et pour la Fabrique des
Instruments à Vent, Flûtes, Flageolets, Haut-
bois, Bassons, Musettes^ etc.
Messieurs Colin Hotteterre', rue d'Orléans;
Jean Hotteterre, rue des fossez S. Germain; Fil-
lebert, rue S. Antoine 2; des Costeaux, Faux-
et Jacqueson. » Mouton étoit, de beaucoup, le plus célèbre.
On a de lui, d'après de Troyes, un très-beau portrait gravé
par Edelinck. Mariette en parle ainsi dans une note de VAbe-
cedario, t. II, p. 219, que nous reproduisons avec toute
sa singularité : « Jean Mouton, célèbre joueur, jouant de
la guitare — est-ce un luth ? est-ce une guitare ? C'est un
luth — à demy corps, d'après Fr. De Troyes ; d'après un
des plus beaux tableaux qu'ait peints M. de Troyes. Il a
été peint en 1690, Mouton étant, pour lors, âgé de 64 ans.
J'ai vu, ajoute Mariette, ce tableau en 1755, et j'ose dire
que le plus beau tableau de Van Dyck ne me paroît pas
supérieur. » Edelinck grava ce beau portrait pour remercier
Mouton d'avoir enseigné le luth à sa fille sans vouloir être
payé. {Mém. inéd. sur la vie et les ouvrages des membres
de l'Acad. de peinture, t. II, p. 55.)
1. Colin étoit un diminutif de Nicolas, son vrai prénom.
Il étoit basson à la Chapelle-Musique. Lui, et son fils Jean,
qui le suit ici, et un autre, dont nous ne savons pas le pré-
nom, excelioient surtout comme facteurs : « le père,
lisons-nous dans un Traité de la Musette, etc. (Lyon,
1682, pet. in-fol., p. 38), est un homme unique pour la
construction de toutes sortes d'instruments de bois, d'ivoire,
d'ébeine, comme sont les musettes, flageolets, hautbois; et
mesme pour faire des accords parfaits de tous ces instru-
ments. Ses fils ne luy cèdent en rien pour la pratique de
cet art. »
2. Philibert Rebillé. Très-renommé comme flûtiste et
acteur de société. Palaprat dit de lui dans une note de son
théâtre (t. I, p. 183) ; « fameux joueur de flûte allemande,
qui a mérité d'être chanté sur la lyre de M. De La Mothe,
Ode de la Flûte. » La flûte allemande étoit ce qu'on appelle
aujourd'hui « flûte traversière. » L'autre étoit la clarinette.
Philibert eut de très-grands succès à la Cour, comme on le
voit par les Poésies de Lainez, son ami, et de très-vifs aussi,
Le Livre commode. 213
bourg saint Antoine'; Filidot en Cour*; du
Mont, rue de Toumon; Rousselet, rue des Assis ;
Dupuis, carrefour de l'Ecole ? ; le Breton et Fre-
mont, rue de l'Arbre sec ; Héron, prés le cadran
saint Honoré; du Bue, rue de Richelieu; Roset,
rue neuve saint Eustache4, etc.
Plusieurs d'entre les Maîtres de tous les Ins-
trumcns ci-dessus, travaillent par excellence à
la composition de la Musique, outre lesquels
entre les habiles Compositeurs de Paris, on
compte d'ailleurs Messieurs Oudot à la place
Royale; Mignons, cloître Notre Dame^; l'Al-
trop vifs même dans la bourgeoisie. Une certaine M"* Bru-
net, qui s'étoit affolée de lui, empoisonna son mari, et
l'épousa en secondes' noces. Les révélations de La Voisin,
qui lui avoit fourni le poison, la firent prendre, condamner
et exécuter. Philibert, dont le roi ne mit pas en doute
l'innocence, fut sauvé. Il y a, dans les Caractères, une
allusion à cette affaire. Philibert y est nommé Dracon.
{Comédie de Jean de La Bruyère, t. I, p. 212-214.)
1. Il étoit joueur de flûte, comme Philibert, dont il fut
l'ami dévoué. Il avoit beaucoup connu Molière, et en par-
loit très-curieusement. Sa passion pour les fleurs fut célèbre.
C'est pour la mieux satisfaire qu'il s'étoit logé au faubourg
Saint-Antoine, où, comme nous le verrons, se trouvoient les
grands c floristes. » C'est lui, suivant Math. Marais, qui
auroit posé pour le curieux de fleurs des Caractères.
2. André-Danican Philidor, et non Filidot. Il jouoit delà
basse à la Chapelle-Musique et dans la chambre du Roi.
Veuf de Marguerite Monginot, il eut, de son second mariage
avec Elisabeth Le Roy, un fils qui devint célèbre comme
compositeur, mais surtout comme joueur d'échecs.
l. Nous le retrouverons, avec les quatre autres qui
suivent, parmi les fabricants d'instruments.
4. « Le sieur Rozet est renommé pour les instruments
de musique de la garde-robe du Roy. Il demeure rue
Neuve-Saint-Eustache. » Edit. 1691, p. 49.
5. Il étoit maître de la musique de Notre-Dame, et,
comme on le voit ici, logeoit auprès. Il étoit aussi, à son
214 LiE Livre commode.
loùette, prés saint Germain de l'Auxerrois ' ;
Charpentier, rue Dauphine*; Bertet, Isle Notre
Dame; Chaperon, cour du Palais; Martin, rue
des saints Pères; Terrier, prés les Innocens, etc. 3.
Maîtres pour l'Art de Chanter 4.
Messieurs Dambruy, rue Betizy, du Buisson,
temps perdu, grand amateur de bouts rimes. C'est lui qui,
en 1682, avoit proposé un prix à quiconque rempliroit le
mieux à la louange du roi les rimes de pan, guenuche, etc.,
qui pendant une saison entière occupèrent toutes les sociétés.
{Menagiana, t. I, p. 35.)
6. « Colasse, rue Sainte-Anne, Lorenzani... » Edit. 1691,
p. 62. — Ce dernier est nommé dans les Caractères,
au g 29 du chapitre de la Mode : « on sait que Lorenzani
fait de beaux motets. » Il en publia quelques-uns, en
1693, chez Ballard. LuUi s'étoit opposé de tous ses efforts
à sa célébrité. Sénecé, qui l'appelle Lorenzain, parle ainsi
de cette jalousie du Florentin dans le libelle qu'il fit contre
lui, Lettre de Clément Marot, etc. : « Je t'atteste encore,
célèbre Lorenzain, à qui un mérite connu de toute l'Europe
n'a servi qu'à blesser les yeux du jaloux Lulli.... »
1. Jean-François Lalouétte, qui passe pour avoir travaillé
aux opéras de Lulli, son maître, mais qui fut surtout
célèbre pour ses motets. Il étoii maître de musique de
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, près de laquelle nous le
voyons logé ici.
2. Marc-Antoine Charpentier, que son logement place
Dauphine mettoit à proximité de la Sainte-Chapelle, où il
étoit maître de musique. Il enseigna la composition au
Régent, et fit avec lui l'opéra de Philomèle, qui ne fut ni
joué, ni imprimé.
3. A la suite de ces « habiles compositeurs de musique, >
on lit dans l'édit. précédente, p. 62 : « le sieur Jolly, rue
des Rosiers, près la vieille rue du Temple, l'enseigne avec
une grande facilité. »
4. Ils étoient, depuis quelques années, en grande faveur.
« — Fais-toi plutôt maître à chanter, dit Colombine. On
te donnera deux louis d'or par mois, et tu trouveras peut-
être quelque écolière à qui tu ne déplairas pas : car voilà
Le Livre commode. 215
rue Dauphine, du Bousset, rue des Fontaines,
Halle, rue des Marais saint Germain, du Parc,
rue de la Savaterie : Saint Germain, près la
Madelaine, Chevalier, rue ; la Pomme-
raye, prés saint Leu de saint Gilles : de Lair,
rue saint Honoré : Gillier, rue de Berry ' : Bon-
namy, rue Tictonne, etc.
Messieurs Hallin frères sont renommez pour
le Jeu de la Trompette et des Timbales qu'on
trouve de la meilleure Fabrique chez le Sieur
Crestien, rue de la Ferronnerie, à la Ville de
Vemon.
Les Cordes de Rome pour les Instrumens, se
vendent en gros rue saint Denis aux trois Mail-
lets, et en détail chez tous les faiseurs d'Instru-
mens, entre lesquels le Sieur Offlard*, rue de
Bussy, et les Sieurs Cheron?, rue Dauphine et
rue de la vieille Bouderie en ont un grand
assortiment.
la grippe des femmes d'aujourd'hui... On est de tous les
bons repas ; jamais de promenade sans le maître à chan-
ter. » (Regnard, La descente de Mezzetin aux Enfers, aae I,
scène i".)
1 . C'est le père de Gillier qui fit tous les divenissements
de musique à la Comédie et aux Italiens pour les pièces de
Dancourt, Regnard, etc.
2. Il faut, je crois, lire « Offland. » Nous trouvons, en
effet, un Jean Offland parmi « les maistres faiseurs d'ins-
truments de musique, » dans un compte du commencement
du siècle. (Bulletin archéolog., t. Il, p. 542.)
3. « Luttier. » Edit. précèd., p. 112. Ces deux Chéron
étoient sans doute frères. L'édit. précédente n'indique que
celui de la rue Dauphine, qui figure déjà plus haut parmi
les maîtres de guitare. Un Nicolas Chéron, comme nous le
voyons par un acte de baptême, étoit déjà c faiseur d'ins-
truments de musique, » en 1658. Peut-être étoit-ce le père
de celui-ci.
2i6 Le Livre commode.
Il y a une fabrique pour l'Orgue et pour le
Manicordium', rue saint Julien des Ménétriers*.
FAMEUX CURIEUX
DES OUVRAGES MAGNIFIQUES?.
Monsieur le Duc d'Aumont, rue de Jouy4.
1. Sorte de petite épinette à sons amortis par du drap
étendu sur les cordes. On i'appeloit aussi épinette sourde.
2. « Les musettes et les autres instruments à vent, se
vendent chez les sieurs Dupuis, carrefour de l'Ecole, Le
Breton et Froment, rue de l'Arbre-Sec, Héron, près le
cadran Saint-Honoré, et Du Bue, rue de Richelieu. » Edit.
1691, p. 49. — La musette étoit alors à la mode. Nous
avons vu, dans une note précédente, comment Van-Dyck
peignit le libraire Langlois jouant de cet instrument. La
vielle le remplaça. Sous Louis XV, tout le monde en jouoit.
V. aux Mss. de la Biblioth. Nat. les Stromates de Jamet,
t. Il, p. 2050.
3. Le Roux de Lincy a publié cette liste, avec quelques
notes insuffisantes, dans la Gazette des Beaux-Arts du 1 5
février i8j9, p. 224. — Nous n'avons pas besoin de dire
ce qu'on entendoit alors par « curieux, » les Caractères de
La Bruyère nous l'ont assez appris. Nous ajouterons toute-
fois que, sous Louis Xlll, le mot avec ce sens n'étoit pas
encore employé. On disoit des « grippés. » Dans une
curieuse pièce Ms. du Supplément français, à la Biblioth.
Nat., n" 12,491, p. 268, intitulée les Francs grippez, nous
trouvons : le grippé des fleurs, le grippé des médailles, etc.
Il y eut aussi alors un ballet, les Grippez à la mode. (v. le
catal. Soleinne, t. III, p. 8j.)
4. C'est le père de celui qui, à la fin du règne, fut am-
bassadeur en Angleterre. Il avoit eu d'abord son cabinet de
tableaux — c'est ce qu'il collectionnoit — rue Vivien, ou
Vivienne. La liste des curieux, publiée par Spon dans Les
Recherches des antiquités et curiosités de la ville de Lyon,
1673, in-8, p. 212-218, que nous aurons souvent à citer,
d'après la reproduction qu'en a faite la Revue universelle des
Arts, t. XV, p. 259, lui donne cette adresse. Il s'installa
ensuite dans l'hôtel de sa famille rue de Jouy, dont nous
Le Livre commode. 217
M. le Duc de Saint Simon, rue de Taranne '.
M. le Duc de Richelieu, place Royale*.
M. le Chevalier de Lorraine, au Palais Royal J.
M. le Marquis d'Hauterive4, au Cherche Midy.
M. le Marquis de Rieux, rue de Seine.
M. le Comte de FlamarinJ, prés saint Roch.
M. le Comte de Bartolet, rue de Toumon.
avons déjà parlé. Il y joignit à son goût pour les tableaux,
celui de l'Antiquité. « Monsieur le duc d'Aumont, écrivoit,
en 1686, Bourdelot d'Airval au t. II de son livre de l'Uti-
lité des Voyages, a bien fait voir qu'il se connoissoit en
tout dans les conférences qu'il a tenues chez lui, touchant
l'histoire ancienne : il a découvert depuis peu deux por-
traits en agathe de quelques-uns des tyrans du temps de
Gallien. »
1 . Claude de Saint-Simon, père de l'auteur des Mémoires.
Il ne mourut que l'année suivante. Il avoit des tableaux.
Son fils [Uém., édit. in- 18, t. I, p. 34) parle entre autres
de celui de Pomone et Vertumne, un des plus beaux de
Carrache, que lui avoit donné le duc de Montmorency
avant de monter à l'échafaud.
2. Père du maréchal duc de Richelieu. Il avoit une fort
belle galerie de tableaux, avec de nombreux et remarquables
Rubens : « On en trouve dans cet hôtel, dit G. Brice, }• édit.,
t. I, p. 350, un plus grand nombre qu'en nul endroit de
Paris. >» De Piles les a décrits dans ses Dissertations sur
les ouvrages des plus fameux peintres. La description du plus
beau de tous, la Chute des mauvais Anga, est de M. de
Richelieu lui-même.
3 . Le chevalier de Lorraine, dont on sait la faveur équi-
voque près de Monsieur, avoit dans son appartement, l'un
des plus beaux du Palais- Royal, un cabinet sur le jardin,
tout rempli de tableaux rares, des italiens surtout, tels que
l'Albane. On y trouvoit aussi quelques Poussin.
4. Suivant la liste de Spon, ce marquis, souvent nommé
par Dangeau, avoit aussi le goût des tableaux.
5. GrossoUe de Flamarens. Il paroît avoir eu surtout le
goût des livres. On en rencontre à ses armes : d'or, au lion
de gueules, naissant d'une rivière d'argent, chef d^azur
chargé de trois étoiles d'or.
2i8 Le Livre commode.
M. le Marquis de Rhodes', prés la porte saint
Honoré.
M. le Baron de Breteuil^, rue de Paradis.
M. le Comte de Morstein, sur le Quay des
Théatins?.
M. le Comte de Renés, rue saint Dominique,
quartier S. Germain.
M. le Commandeur d'Hautefeuille, rue du Bac4.
M . le Commandeur de Gaults, derrièresaint RochJ .
M. le Chevalier de Simonville^, rue sainte Croix
de la Bretonnerie.
1. Grand maître des cérémonies, charge qu'il vendit, au
grand blâme de tous, car on l'étoit de père en fils, depuis
longtemps, dans sa famille.
2. Ce baron qui ne l'étoit pas, selon Saint-Simon, est le
même qui mena avec la présidente Ferrand le scandaleux
roman dont nous avons parlé. Nous ignorons quels étoient
ses goûts de curieux.
}. M. de Morstein, ancien grand trésorier de Pologne,
avoit son hôtel, qui devint ensuite celui du maréchal d'Es-
trées, au coin de la rue des Saints-Pères et du quai des
Théatins, aujourd'hui quai Voltaire. C'étoit un grand curieux
en toutes choses. Ses jardins à Montrouge étoient magni-
fiques. Rigaud l'avoit peint avec sa fille, puis séparément.
4. Étienne-Texier d'Hautefeuille, grand prieur d'Aquitaine
et ambassadeur extraordinaire de la religion de Malthe en
France. Il mourut le 3 mai 170}, laissant, suivant Saint-
Simon (t. IV, p. 4J3), tous ses tableaux à son Ordre. Us
étoient d'un grand prix, car au dire de Mariette [Abeceda-
rio, t. II, p. 345)j « il étoit très-grand curieux, et avoit de
très-belles choses. » Il habitoit dans le haut de la rue du
Bac une des maisons neuves bâties par l'administration des
Incurables.
j. Sur la liste de Spon, son nom est écrit Gotz, et son
adresse est donnée au bout de la rue des Petits-Champs.
Son cabinet, y est-il dit, comprenoit tableaux, médailles
modernes^ curiosités de toutes sortes.
6. Lisez de Sémonville. Nous ne savons rien sur ses col-
lections.
Le Livre commode. 219
M. le Chevalier de Nogent', rue d'Anjou au
Marais.
Messieurs les Présidens Lambert et Bretonvil-
liers, Isle Notre Dame'.
M. le Président Dorieux, prés les Enfans
Rouges 3.
M. le Président de la Proutiere, rue saint Domi-
nique 4.
M. Jolly, Conseiller en la Cour, rue saint An-
toine 5.
M. de Caumartin, rue sainte AYoye^.
M. Mendat, rue saint Louis du Marais?.
1. Un des favoris préférés de Louvois, qui lui donna une
maison charmante à Meudon, où il réunit les plus pré-
cieuses de ses curiosités. Il mourut très-âgé, en 1708.
2. Nous n'avons pas à insister sur la magnificence des
hôtels Lambert et Breton villiers, elle est connue : tableaux
rares, meubles du plus grand prix se trouvoient partout daris
l'un et dans l'autre. On peut s'en faire une idée par ce qu'en
a dit G. Brice, 3* édit., t. II, p. 388-394.
3. Il étoit fils de Nicolas Dorieu, mort intendant de
Limoges en 1686, qui lui avoit légué une bibliothèque qu'il
compléta, et dont le prix venoit surtout des documents
imprimés et manuscrits qu'elle contenoit sur l'histoire de la
noblesse de France. Ses livres portoient sur les plats :
un icusson d'azur à la bande d'or chargée de 3 molettes
de gueules dans le sens de la bande.
4. François Gourreau de la Proustière. Il aimoit les livres.
Nous en avons vu passer dans les ventes quelques-uns à ses
armes : d'or à l'aigle à deux têtes, iployêe de sable, bec-
quée et membrée de gueula.
5. Il figure déjà, avec la même adresse, dans la Ibte de
Spon, en 1673. Il y est donné comme amateur de tableaux
modernes.
6. Le Fèvre de Caumanin, que nous avons déjà vu parmi
les intendants des finances. Il aimoit, lui aussi, les tableaux
modernes, surtout ceux de Rigaud, qui lui fit deux fois son
portrait, et peignit aussi celui de sa femme.
7. Conseiller à la Grand' Chambre, père du maître des
320 Le Livre commode.
M. Jabac, rue Neuve saint Mederic'.
M. de la Saldiere, rue du gros Chenet^.
M. le Doyen de saint Germain l'AuxerroisJ.
requêtes, Galiot de Mandat, baron de NuUy, dont les goûts
nous sont plus connus que les siens : il étoit bibliophile.
L'écusson des livres de sa bibliothèque, dont la vente se fit
en 1755, avec Catalogue dressé par David l'aîné, porte :
d'azur au lion couronné d'or, au chef d'argent chargé d'une
hure de sanglier de sable, accostée de deux roses de
gueules.
1 . Evérard Jabach, banquier de Cologne, établi en France,
où il devint directeur de la compagnie des Indes orientales,
et l'un des maîtres de la curiosité. Il a déjà été parlé
de lui, p. 109, note 2. Ses acquisitions à Londres,
après la mort de Charles I", furent considérables selon
Mariette. Il eut dès lors, tant comme peintures et des-
sins, que comme marbres et bronzes, le plus riche cabinet
de Paris. La gêne vint par la prodigalité. Jabach dut vendre
à Mazarin l'admirable série de ses Corrège, qui, plus tard,
passèrent au Roi, et sont maintenant au Louvre. Puis, la
ruine à peu près complète ayant suivi, il fallut céder la
collection entière : 101 tableaux et 5,542 dessins. Le roi
offrit 200,000 livres, et, au mois de mars 1671, marché
fut conclu. Jabach garda quelques dessins, dont il ne put
s'empêcher de faire le fonds d'une collection nouvelle que
vendit son petit-fils. Il a voit aussi conservé quelques
tableaux, entre autres celui où Lebrun, qui s'y étoit peint
lui-même, l'avoit représenté avec sa femme et ses enfants.
Il fut vendu à Cologne, en février 1787. — L'hôtel de
Jabach, rue Neuve-Saint-Merry, existe encore en partie
ainsi que le passage qui le fait communiquer avec b rue
Saint-Martin. BuUet en avoit été le principal architecte.
Au xviii° siècle, les membres de l'Académie de Saint-Luc y
firent leurs expositions jusqu'en 1777. C'est ce qui faisoit
appeler par Diderot « Jabach » ces tableaux d'ordre infé-
rieur. Un fameux magasin de tabatières s'établit aussitôt
après à l'hôtel Jabach.
2. Ne seroit-ce pas, comme nous l'avons dit dans la
Comédie de la Bruyère, le bibliophile Guyon de Sardière qui
pouvoit alors commencer sa riche collection ? Si ce n'est
lui, nous ne savons qui c'est.
3. Il avoit entre autres belles peintures son portrait peint
Le Livre commode. 221
Mfs Belluchot et le Riche, rue des Massons '.
M. de Furetière, rue du Roy de Cicile^.
M. de Creil, rue de Montmorency?.
par Rigaud, et aimoit aussi beaucoup les antiques. C'étoit
un D'Argenson.
1. François Belluchot, secrétaire du Roi, et Antoine Le
Riche, secrétaire du Roi aussi, avoient leurs cabinets dans
la même maison : Belluchot y coUertionnoit avec un grand
goût des tableaux de maîtres — il en avoit un surtout du
Guide qui étoit admirable. — Le Riche faisoit, lui, collec-
tion de livres choisis et d'estampes, dont il avoit beaucoup
de € très-belles et très-curieuses, » dit G. Brice (j* édit.,
t. II, p. I7J).
2. Ce n'est pas l'auteur du Dictionnaire, mort alors depuis
quatre ans, mais son frère Nicolas Furetière, avocat au
Parlement, qui avoit comme lui le goût des curiosités,
et peut-être avoit hérité des siennes. Dans sa liste de
1672, Spon n'avoit pas oublié Furetière, le lexicographe,
l'auteur du Roman Bourgeois, il nous l'avoit donné comme
étant curieux de livres rares, d'estampes, de bronzes, etc.
Son frère, que nous voyons logé rue du Roi-Sicile, pouvoit
y demeurer alors. Le 9 janvier 1691, il avoit fait baptiser
une de ses filles à Saint-Gervais, qui est la paroisse de
cette rue. il mourut le 9 décembre 1697, à 111e Saint-Louis.
M. Ferd. de Lasteyrie a retrouvé son inventaire après
décès. Cent cinquante tableaux y figurent avec « une infi-
nité de petits bronzes, de médailles, d'objets en pierre
dure, etc. » Il avait donc qualité pour compter parmi les
Curieux. V. Bull, de la Soc. de l'hist. de PariSy t. IV,
p. 146-150.
j. Il figure dans la liste de Spon. On y apprend
qu'il coUertionnoit : tableaux anciens et modernes, porce-
laines, statues de bronze, médailles antiques et modernes.
Il en brocantoit aussi : « Il y a longtemps, écrit Baudelot
d'Airval, en 1686, dans l'Utilité des Voyages, que M. de
Creil règne dans le commerce des choses précieuses.... il
s'en défait aussi avec toute la complaisance possible, lors-
que les curieux connoissent le prix de l'antiquité, et n'es-
timent pas les choses médiocrement. » — Parmi ses tableaux
modernes, se trouvoit un baptême du Christ que Le Sueur
avoit peint pour lui.
222 Le Livre commode.
Mfs Berlin' et de la Touanne, porte Gaillon.
M. Despond, aux Incurables.
Mfs QueneP et de Montigny, à sainte Magloire.
M. l'Abbé Vetery, rue des bons Enfans, où il
donne entrée aux Curieux tous les matins.
M. de Blois, rue du Jardinet?.
Mfs Gedouin et Bergeron, rue de la Couture
sainte Catherine.
M. de Chantelou, prés le Trône du Fauxbourg
S. Antoine 4,
M. Rappes, rue de la Harpe J.
M. Paillot, prés les Capucins du Marais^.
1 . Trésorier des parties casuelles, « qui, lisons-nous dans
les Annales de la Cour et de Paris, pour 1697-1698, t. I,
p. 148, est un des hommes de Paris les plus curieux pour
les meubles. » il avoit surtout de merveilleux tapis, acquis
par lui de la succession du conseiller Pussort. Le Roi les
vit, les désira, et ils lui furent cédés. Ibid.
2. Frère du fameux P. Quesnel et comme lui de l'Ora-
toire, dont la maison de Saint-Magloire, où il logeoit, étoit
une dépendance. « Il étoit, dit Mariette [Abecedario, t. II,
p. 230), un peu peintre et un peu brocanteur. » Il avoit
acquis de Dacquin, évêque de Séez, grand nombre de des-
sins, dont plusieurs excellents de Jules Romain. Il possédoit
aussi les débris de la collection des dessins de Vasari. Il
céda le tout à Crozat. Id., p. 46.
3. Ancien secrétaire de notre ambassade près du Sultan.
Sa collection se composoit, suivant Spon, de tableaux, mé-
dailles, couteaux de Turquie, etc.
4. Paul Fréart de Chanteloup, conseiller et maître d'hôtel
du Roi, si célèbre par sa correspondance avec Poussin, de
qui, entre autres œuvres, il possédoit la série des Sept-Sa-
crements, qui passèrent de son cabinet dans la galerie du
Palais-Royal, et qui sont aujourd'hui en Angleterre. L'hôtel
de M. de Chanteloup, près du Trône, étoit l'ancienne maison
de Reuilly qui a donné son nom à une rue de ce quartier.
5. Officier de chancellerie, grand amateur de tableaux. Il
possédoit celui d'Hercule et Oraphale par François Perrier.
6. Il aimoit aussi et coUectionnoit les tableaux. Son por-
Le Livre commode. 22J
M. de Nasse, rue de Cléry.
M. l'Abbé Dannecourt, rue de Grenelle.
M. Franctot, Quay d'Alençon dans l'Isle.
M. Berthelot de Mareuil, rue Platriere.
Mrs Bordalou ' et Rigault, rue de la Sourdière.
M. Robert, prés les petits Pères 2.
M. l'Abbé de Rouilliere, rue des Rosiers saint
Germain.
M. de Renne-Moulin, près l'Estrapade.
M. le Chevalier du Guet, vieille rue du Temple.
M. l'Abbé Noué, rue Neuve des Petits Champs.
M. Gamarre, rue du Sépulcres.
M. de Briancourt, rue saint André.
M. de Chaufoumeau, prés les Petits Capucins.
M. de Treville4, prés la Sorbonne.
Mfs Moreau 5 et de la Gardette, rue saint Nicaise.
M. l'Abbé d'Apremont, rue de l'Université.
trait est un des premiers que peignit Hiaqrathe Rigaud.
1. Mariette, qui parle plusieurs fois de lui dans son Abe-
ctdario, l'appelle M. Bourdaloue, et place son nom parmi
€ les célèbres de la curiosité. » Il possédoit de belles
estampes du Parmesan, et il avoit été très-curieux des des-
sins de La Page, que, suivant Mariette, il payoit un louis
par jour pour lui en faire. On a son portrait gravé par
Pitau d'après Largillière. Crozat acheta beaucoup à sa
vente.
2. C'est sans doute le doaeur en Sorbonne Robert, qui
étoit grand ami de Le Brun.
3. Spon, en 167}, le loge rue Taranne. Il étoit lieute-
nant des chasses, et avoit une galerie de tableaux anciens
et modernes.
4. Henry-Joseph de Peyre, comte de Tréville, l'Arsène
de La Bruyère. Il avoit une riche bibliothèque, très-fournie
surtout en livres grecs.
5. Auditeur des Comptes. Baudelot d'Airval dit de lai :
« M. Moreau aime les livres, les manuscrits, les médailles,
et sait en faire un choix fort judicieux. »
224 Le Livre commode.
Mfs Aincelin ', d'Apoigny ^ et de saint Maurice?,
rue Bardubec.
M. Lhuillier4, rue des Jeusneurs.
M. de Cormery, prés saint RochJ.
M. Caiilet, à l'Hotel de Condé.
M. Marion, à l'Hotel de Bellingant.
M. Hedeline, Doyen de saint Honoré^.
M. l'Abbé de la Roucherie, rue S. Thomas,
quartier S. Michel.
M. Imbert, prés les Chartreux?.
Mfs le Febvre^ et le Ferron9, rue Mauconseil.
M. Leviez, rue saint Sauveur.
1 . Lisez Hesselin, fils du fameux Hesselin de l'Ile-Saint-
Louis, qui, entre autres livres rares, avoit possédé un si
curieux volume sur les ballets.
2. Nous avons déjà parlé de lui au chap. des fermiers
généraux des Aydes. Nous ignorons quels étoient ses goûts
de curieux.
}. Il avoit, entre autres charges, celle d'intendant des
Inscriptions. {Archives de l'Art français, t. III, p. 237.)
4. Fermier général, qui fut de la grande entreprise de la
place Vendôme, oii il fit construire avec son collègue Ville-
marec l'hôtel qui appartint ensuite à Bourvalais, et qui est
aujourd'hui le Ministère de la Justice.
5. Amateur de peinture, plus curieux que sincère. Van
Fallens, par exemple, lui peignoit des copies qu'il faisoit
volontiers passer pour des originaux de maîtres. (Mariette,
Âbecedario, t. Il, p. 246.) Rigaud fit son portrait et celui
de sa femme.
6. Il figure sur la liste de Spon parmi les amateurs de
tableaux.
7. Elève de Le Brun et de Vandermeulen, et maître de
Parrocel. Il fréquentoit les Chartreux, près desquels il loge
ici, et il finit, en 170}, par entrer dans leur Ordre.
8. Grand audiencier. Rigaud avoit peint son portrait et
celui de sa femme.
9. Président au Parlement. Il avoit habité d'abord un
hôtel de la rue Barre-du-Bec, où Laurent de La Hire lui
avoit peint une galerie,
Le Livre commode. 225
M. l'Abbé Bizot', rue saint Jean de Beauvais.
M. de Gagniere, à l'Hôtel de Guise 2.
1. Baudelot d'Airval, dans son Utilité des Voyages, au
chapitre des € Cabinets de France, » parle ainsi de lui :
f Monsieur l'abbé Bisot {sic) a des talents pour la curiosité
qui sont incompréhensibles : on peut dire qu'il en est une
.source inépuisable, et que personne ne connoît mieux les
médailles modernes que lui. »
2. François- Roger de Gaignières, le plus célèbre des
curieux de son temps. Il avoit eu le gouvernement des
ville, château et principauté de Joinville, par M"= de Guise
qui se l'étoit attaché, et qui le logeoit dans son hôtel de la
rue du Chaume avec ses collections. Elles comprenoient :
documents de tous genres, lettres originales, copies, des-
sins, estampes, le tout choisi avec une remarquable intelli-
gence. Il en fit cession au roi le 19 février 1711, moyennant
4,000 liv. comptant, une pension viagère de même somme,
et 20,000 liv. à payer après sa mort aux personnes qu'il
désigneroit. C'étoit donné, aussi ne vit-on là qu'un don de
la part de Gaignières. Le 17 mars suivant, Coulanges lui
écrivoit : « Votre cabinet mérite bien l'immortalité, et,
pour y parvenir, vous ne pouviez mieux faire que de le
joindre à celui de Sa Majesté. Je souhaite fort que tant que
vous vivrez elle vous donne largement des marques bien effec-
tives de la reconnoissance qu'elle en doit avoir. Le présent
le mérite bien. » Cette acquisition fut la dernière qui fut
faite sous Louis XIV pour la bibliothèque du Roi. Elle en
est restée un des fonds les plus importants. — Gaignières se
mêloit quelquefois de dessiner. On peut voir au Cabinet des
Estampes, Topographie du Loiret (arrondissement d'Orléans)
une mauvaise gravure de M. de Caumartin, faite d'après un
dessin de lui, signé. C'est une vue du château de Cléreau,
près de Sully-la-Chapelle, dans une contrée qu'il devoit
connoître. Il étoit, en effet, croyons-nous, et nous pour-
rions le prouver, originaire de Jargeau. N'oublions pas de
dire que, suivant G. Brice (t. I, p. 366), il joignoitau goût
des dessins et des estampes celui des médailles, et aussi
celui des portraits contemporains et autres. C'étoit un des
plus à la mode, comme on le voit par cette fin d'un cou-
plet de Coulanges dans son Recueil de chansons choisies,
1696, in-^, p. 35 :
Livre commode. 15
226 Le Livre commode.
M. de la Ravoire, rue d'Anjou'.
M, de Silly, rue saint Louis au Marais^.
M. Malot, rue Neuve saint Eustache?.
M. Gaiot, prés le Chevalier du Guet.
M. Dupuis, rue des Tournelles4.
M. de la Planche, rue de la Plancher
M. Lavocat, prés l'Hôtel d'Angoulesme.
M. le Doyen de la sainte Chapelle.
Venez tous dans mon cabinet.
Chacun, pour sa parure.
Aura sa bordure,
Avec son cloud à crochet,
— V. sur le cabinet de Gaignières, de très-curieux détails
dans le Voyage de Lister, chap. IV.
1. Lisez Neret de La Ravoye. Il étoit receveur général
de La Rochelle. Nous ne savons rien sur ses collections.
V. sur lui et sa fille une note du chap. sur les Receveurs
généraux, p. 3 j-36.
2. Vipart de Silly, parvenu bas-normand, dont Saint-
Simon a raconté la singulière et ambitieuse fortune (t. III,
p. 9J-96). Il s'étoit donné tous les goûts des gens à la
mode : Rigaud, par exemple, avoit fait son portrait.
3. Nous croyons qu'il faut lire Malet et non Malot. Ce
seroit alors le conseiller au Parlement Louis Malet, mort en
1698, laissant une belle bibliothèque, dont les livres por-
toient sur les plats un écusson d'azur, au phénix d'or, sur
son immortalité de même, regardant un soleil aussi d'or
posé au premier canton. (Guigard, Armoriai du Bibliophile,
t. I, p. 87-88.)
4. Il collectionnoit surtout les marbres. Une des premières
copies du buste de Louis XV enfant, faite par l'auteur même,
Coysevox, fut pour lui.
5. Raphaël de la Planche, fils de René de la Planche,
contrôleur et trésorier général des Bâtiments du Roi. Il fut,
avec Alexandre Comans, directeur d'une manufacture de
tapisseries, au coin de la rue de la Chaise et de la rue de
Varenne, qui lui dut ainsi jusqu'à la rue du Bac son pre-
mier nom de rue de La Planche. Il fut ensuite un des
administrateurs des Gobelins.
Le Livre commode. 227
M. Chassebras de Cramailles, rue du Cimetière
S. André'.
M^s Moulle, Bonnet et Bourdelot^, rue sainte
Croix de la Bretonnerie.
M. Aubert, rue de la Tixeranderie.
M. Hubert, rue du Temple.
M^s Guilloire, rue BourlabéJ.
M. du Vivier, à l'ArsenaU.
M. du Plessy, rue de JouyJ.
M. Croissade, rue Coquilliere^.
M. du Vaux 7, rue Tictonne.
1 . Frère de Chassebras de Bréau, qui, on l'a vu plus haut,
p. 129, lenoit des conférences au quartier Saint-Benoit. Il
etoit, lui, grand amateur de livres. V. Catalogue des livres
composant la bibliothèque de feu J.-B. Chassebras, ancien
docteur de Sorbonne. Paris, 1693, in-8.
2. Il a été parlé plus haut de lui et de ses livres au chap.
Médecine ordinaire, p. ij2.
j. Ancien médecin de la grande Mademoiselle. Nous
l'avons déjà trouvé parmi les administrateurs des hôpitaux.
4. Lister qui, dans son Voyage à Paris, l'appelle à tort
De Vivier, fait de sa collection une description dont Ger-
main Brice (?' édit., t. I, p. 376) confirme les détails :
o J'ai visité, dit Lister, l'appartement de M. de Vivier à
l'Arsenal : il consiste en sept ou huit pièces au rez-de-
chaussée donnant sur le grand jardin. Elles sont petites,
mais meublées avec la plus grande recherche; elles sont
ornées de porcelaine de Chine la plus variée et la mieux
choisie que j'aie jamais vu, sans excepter les pagodes et
les peintures du même pap. J'y ai aussi remarqué des
bureaux et des corps de bibliothèques aussi riches qu'élé-
gants, et quelques tableaux des meilleurs maîtres. »
5. Sur la liste de Spon, en 1675, >' figure comme ama-
teur de médailles antiques. Il logeoit alors rue Saint-
Martin.
6. Lisez Crosade. Il étoit premier commis de Penautier,
receveur général du clergé. Il possédoit entre autres ubleaux
celui de François Perrier, Alexandre et le médecin Philippe.
7. Lisez De Vaux ou Des Vaux, car Mariette l'appelle
228 Le Livre commode.
M. de la Forest', rue du Colombier.
M. Bran^eon, quay des Balcons*.
Mrs Desvieux? et de la Haye, quay de rEcole4.
M, le Vasseur5, rue Grenier saint Lazare.
Mfs de la Touche et du Frayer, Cloître saint
Honoré.
M. le Febvre, rue Beautreillis^.
M. Poirée, prés saint Sauveur?.
indifféremment de l'une ou l'autre manière. Il a voit de
beaux tableaux, notamment une vierge du Pesarèse qu'il
céda à Pasquier, autre amateur. Sa collection d'émaux par
Petitot étoit célèbre; il possédoit aussi de très-précieuses
médailles.
1. C'est, croyons-nous, le peintre J.-B. Forest, un des
meilleurs élèves de Mole pour le paysage, et dont Largillière
devint le gendre. Si ce n'est lui, c'est peut-être Forest,
« fameux marchand de tableaux, » dont parle le marquis
de Châtre, et chez lequel le bourreau de Paris, qui étoit
grand amateur, alloit monter sa collection composée surtout
de peintures analogues à son métier : tortures, supplices, etc.
{Nouveaux entretiens des Jeux d'esprit, 1709, in-12, p. 218-
"4-) , . . .
2. C'est le nom qu'on donnoit vulgairement au quai de
Béthune, Ile-Saint-Louis.
j. C'est lui qui, étant devenu l'un des directeurs de la
compagnie des Indes sous la Régence, décida Nattier, qui
faisoit alors son portrait, à vendre, pour des actions, à
Law ses dessins de la galerie du Luxembourg; ce qui le
ruina.
4. Lisez Le Hay. Il étoit ingénieur du Roi, et avoit
épousé la célèbre M"° Sophie Chéron, poète, musicienne et
artiste en tous genres : peinture, gravure, etc.
5. L'abbé P'rançois Le Vasseur, ami de l'historiographe
de l'Académie de peinture, Guillet de Saint-Georges.
6. Grand amateur de fleurs, qui en faisoit des échanges
avec le voyageur antiquaire Vaillant, aussi engoué que lui
de cette passion.
7. Dans la liste de Spon, il est désigné ainsi : « M. Poirct,
à Saint-Sauveur, tableaux, estampes et livres. »
Le Livre commode. 129
M. Biet, prés saint Jean en Grève.
M. Rivet, rue saint Honoré.
M. Mandin, rue des Victoires.
M. de Pile', prés les Minimes.
M. de Sainfroy^, rue de l'Egout.
M. VarletJ, rue saint Antoine, prés les Jésuites.
M. de Lonpré, carrefour saint Benoist4,
M'^s de la Guerre et Chaperon î. Cour du Palais.
M. Tirard^, rue du Bout du Monde.
Mfs Orangé et de Chambrault, Cloitre saint Ger-
main l'Auxerrois.
1 . Roger de Piles, qui, d'assez mauvais peintre, devint
meilleur historien de la peinture. Nous avons cité plus haut
un de ses ouvrages. Il voyagea beaucoup, soit à la suite de
M. Amelot tour à tour ambassadeur à Venise et en Portu-
gal, soit avec son fils. Il rapporta de Portugal et d'Espagne
une curieuse collection de dessins; et de Hollande, oîi il
fut retenu en prison pour avoir trop mêlé la politique aux
arts, des manuscrits de Rubens et des dessins de Rem-
brandt.
2. Lisez Sainte-Foi. Il étoit maître des requêtes.
}. Peut-être faut-il lire Vallet et non Varlet. Ce seroit le
graveur au burin Vallet, qui fut de l'Académie de peinture.
4. C'est le même que nous retrouverons plus loin parmi
les académistes. Il étoit grand amateur des médailles de
l'empire, dont il possédoit toute la série moins une. Il pa-
roît hors de doute que c'est lui qui figure dans les Carac-
tères sous le nom de Diognête, i l'homme aux médailles. »
V. La Comédie de La Bruyère, 2° édit., t. I, p. xxxiv-xxxvi.
5. Nous les avons déjà rencontrés tous deux, p. 208,
214, parmi les musiciens, l'un, comme maître de clavecin,
l'autre, comme compositeur. Peut-être coUectionnoient-ils
des instruments de musique, comme faisoit Dovin, dont a
parié M. Bonnaffé dans son charmant petit livre Les Collec-
tionneurs de l'ancienne France, p. 60, et qui devroit figurer
ici.
6. Il faut, croyons-nous, lire Tissard. Ce seroit alors
l'amateur dont Rigaud fit le portrait en 1688.
230 Le Livre commode.
M. de Beauchamp, rue Bailleul'.
M. l'Abbé du Plessy, prés le Puits d'Amours*.
M. Dron, prés saint Thomas du Louvre?.
M. Bonart, rue Hautefeuille.
M. de Chatigny, rue Neuve des Petits Champs.
M. Fracansani, rue du Petit Lion4,
1 . c'est le fameux maître à danser, que nous retrouve-
rons plus loin au chapitre des nobles exercices, et dont
il a déjà été question, p. 126, note i. G. Brice parle
ainsi {y édit., t. I, p. 268-269) de son cabinet qu'il
avoit, en 1701, transféré de la rue Bailleul dans une mai-
son neuve faisant le coin à gauche des rues Saint-Ho'noré
et des Petits-Champs : « on trouvera dans ce cabinet des
choses d'une excellente beauté ; mais les tableaux en sont
la principale partie, qui sont la plupart des plus fameux
maîtres d'Italie. On y remarquera aussi quantité de porce-
laines anciennes, très-rares, à présent, des cabinets de
vernix (sic) du Japon, des bronzes et d'autres choses
curieuses disposées avec beaucoup de jugement et de con-
noissance. »
2. C'étoit plutôt un brocanteur qu'un amateur, car nous
le trouverons tout-à-l'heure parmi ceux « qui se plaisent à
troquer les tableaux. »
3. L'abbé François Dron. Il logeoit près de l'église, dont
il étoit chanoine : « Il a, dit G. Brice (3'= édit., t. II,
p. 86), un cabinet de médailles de moyen bronze, dont la
suite est des plus étendues que l'on puisse voir, et dont le
choix est admirable. Les sçavants sont charmés de la quan-
tité et de la diversité des revers singuliers que l'on y
remarque, et il seroit bien difficile de rien voir ailleurs de
mieux conservé et de plus entier. Il a aussi quelques
tableaux de prix dans son cabinet. » Il mourut le 22 avril
1702. L'abbé Goujet possédoit de lui 2 vol. in-4'' de lettres
originales et manuscrites, de 1687 à 1690, traitant de nu-
mismatique, « avec les empreintes dessinées de quantité de
médailles. » Elles étoient adressées à Thoynard, Vaillant,
Morelle, Nicaise, etc. V. le Catal. ms, de l'abbé Goujet à
la Bibliothèque.
4. Michel-Ange Fracanzani. Il jouoit le personnage de
Polichinelle à la Comédie Italienne, près de laquelle —
Le Livre commode. 2}i
M. de Blegny, rue de Guenegaud.
Le R. P. Dom Placide, Bibliotequaire de saint
Germain des Prez ' .
Le R. P. Dom Estienne, aux Blancs Manteaux.
Le R. P. Auchereau, aux Celestins^.
Au surplus, voyez à la Préface un avis impor-
tant touchant la Curiosité.
DAMES CURIEUSES.
Madame la Duchesse de Lude, prés saint Eus-
tache 5 .
étant logé, comme nous le voyons ici, rue du Petit-
Lion-Saint-Sauveur — il demeuroit. Son père, assez
proche parent de Salvator Rosa , et peintre lui-même
de l'école de Ribera, l'avoit suivi de Naples à Paris, où ils
coUectionnoient ensemble livres d'art, estampes, dessins.
Les études de Le Sueur pour sa galerie des Chartreux, qui
sont maintenant au Louvre, viennent de la collection de
Fracanzani : « Il étoit bon curieux, dit Mariette à son nom
dans VAbecedario ; il se mêloit de dessiner, et même de
génie, mais d'un goût lourd et fort mauvais. >
1 . Dom David-Placide Porcheron, qui mourut à 42 ans,
le 14 février 1694. Il étoit très-entendu en numismatique,
histoire et surtout géographie, comme le prouve son célèbre
ouvrage sur l'Anonyme de Ravennes.
2. € J'ai vu, dit Lister (chap. V), le cabinet ou la cel-
lule du R. P. Hochereau, qui a une collection très-choisie
de tableaux originaux de plusieurs des meilleurs maîtres. >
Il avoit entre autres le Repentir de saint Pierre, peint par
Rembrandt, en 1654, et gravé aussitôt par Van Vliet.
3. Marguerite- Louise-Suzanne de Béthune Sully, qui,
veuve du comte de Guiche, avoit épousé Henri de Daillon,
duc de Lude, veuf lui-même de Rénée-Eléonore de Bouille.
Elle étoit magnifique en meubles et en argenterie, mais elle
sacrifia tout, quand vinrent les désastres. Toute son argen-
terie, ses meubles d'orfé\Terie passèrent à la Monnoie, et elle se
contenta pour ses galeries, ce qu'admira fortM'"^ de Sévigné,
de meubles de bois et de glaces. L'hôtel qu'elle habitoit,
252 Le Livre commode.
Madame la Duchesse d'Orvalle, rue saint Domi-
nique ', quartier saint Germain.
Madame la Maréchalle de Hurniere, à l'Ar-
senal 2.
Madame la Duchesse de Sully, devant saint
Paul 5.
Madame d'Estrées, rue des trois Pavillons 4.
Madame la Princesse de Meklebourg J, près saint
Roch.
Madame la Duchesse de Porsmeuch, rue^
près Saint-Eustache, au coin des rues Montmartre et Tique-
tonne, devint plus tard l'hôtel Béthune-Charost. Il existe
encore en partie.
1. Anne d'Harville, femme de François de Béthune, duc
d'Orval ou d'Erval, troisième fils du duc de Sully.
2. Louise-Antoinette-Thérèse de la Châtre, femme, du
maréchal, duc d'Humière. « Il étoit, dit Saint-Simon,
magnifique en tout. » Il collectionnoit des estampes, dont
quelques-unes lui sont dédiées. Sa femme partageoit ses
goûts.
3. M a rie- Antoinette Servien, duchesse de Sully, très-
magnifique, très-dépensière. Elle mourut pauvre, quoique
sa dot eût été de 800,000 livres. Elle habitoit presque de-
vant Saint-Paul, rue Saint-Antoine, l'hôtel bâti par Sully,
et qui existe encore à peu près intact.
4. Marie-Marguerite Morin, duchesse d'Estrées, tenoitde
son père, qu'on appeloit Morin le Juif : « brocanteuse, dit
Saint-Simon, se connoissoit aux choses et aux prix, avoit le
goût excellent, et ne se refusoit rien. »
5. Angélique- Isabelle de Montmorency-Boutteville, du-
chesse de Mecklembourg-Schwerin. Saint-Simon nous la
représente comme « très-avare et très-entasseuse. »
6. Louise-Renée de Penacoët de Kéroual. Le roi d'An-
gleterre, Charles II, dont elle avoit longtemps été la maî-
tresse, l'avoit faite baronne de Petersfield, comtesse de
Farsam, duchesse d'Aubigny et de Portsmouth. Revenue en
France, lorsqu'il fut mort, elle s'étoit logée sur le quai des
Théâtins, auprès de la rue des Saints-Pères, dans un hôtel
où elle avoit entassé tout ce qu'elle avoit pu prendre des
Le Livre commode. 255
Madame la Duchesse de Bouillon, sur le quay
Malaquet ' .
Madame la Présidente du Tillet, rue de la
Planche*.
Madame de Coulange?, dans le Temple^.
magnifiques collections de Charles II. Liger, dans le Voya-
geur fidèk, p. i}6, vante sa galerie de tableaux.
1. Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon, une des
nièces de Mazarin, la protearice de La Fontaine. Son hôtel
existe encore en partie au n' 19 du quai Malaquais. Il avoit
été bâti par le financier La Bazinière, mais elle l'avoit
beaucoup transformé et embelli. En juillet 1696, elle y
faisoit encore travailler. « Les dedans, écrit Liger (p, 1 3 5),
sont plus curieux que les dehors par les tableaux et autres
meubles et bijoux qui en sont la richesse et l'ornement. »
Suivant Saint-Simon, la duchesse étoit surtout magnifique
en pierreries.
2. Fille aînée du président Bailleul, mariée au président
Girard du Tillet. Elle avoit, dans sa jeunesse, fait beaucoup
parler d'elle. V. la Carte du pays de Braquerie. dans l'His-
toire amoureuse des Gaules, édit. elzévir., t. I, p. 11.
3. Marie-Angéhque Du Gué Bagnols, femme du marquis
de Coulanges, le chansonnier, parent et ami de M"' de
Sévigné. Le mari et la femme étoient l'un et l'autre de fins
collectionneurs. Coulanges aima d'abord les tableaux : « le
cabinet de M. de Coulanges, écrit M"* de Sévigné à sa
fille, le 10 nov. 1673, est trois fois plus beau qu'il n'étoit;
vos petits tableaux sont dans leur lustre, et placés digne-
ment. » Il aimoit surtout les portraits. On l'a vu par une fin
de couplet citée plus haut. Il donnoit aussi dans les faïences,
mais les richesses qu'il vit entassées à l'hôtel de Guise lui
firent prendre des goûts plus coûteux : il passa aux corna-
lines, aux cristaux, aux agathes. C'est encore une des
chansons de son Recueil (p. 151) qui nous l'apprend. Sa
femme recherchoit les raretés curieuses. M"" de Sévigné
(t. X, p. 182) nous a raconté son ravissement lorsqu'elle
retrouva le miroir de toilette de la reine Marguerite.
4. Les Coulanges avoient, à la fin de 1690, quitté la rue
du Parc- Royal pour venir habiter un des petits hôtels de
l'endos du Temple.
2}4 Le Livre commode.
Madame la Marquise de Richelieu, Isle Notre
Dame '.
Madame de Boufflers, rue de Bourbon^.
Madame la Marquise de Quintin, même ruëî.
Madame de Chaviçny, à l'Hôtel saint Paul 4.
Madame la Marquise de Mallet, rue saint Louis
du Marais 5.
1. Fille d'Hortense Mancini et du duc de Mazarin, et par
conséquent nièce de la duchesse de Bouillon, dont nous
avons parlé tout-à-l'heure. Le marquis de Richelieu, petit-
neveu du cardinal, l'avoit enlevée, en 1682, du couvent de
Sainte-Marie de Chaillot, et l'avoit emmenée à Londres, où
il l'avoit épousée. Ils habitoient dans l'île Saint-Louis, sur
le quai d'Anjou, l'hôtel oii avoit logé Lauzun, et qui devint
plus tard celui des Pimodan. V. nos Chroniques et légendes
des rues de Paris, p. 1 18-1 19.
2. Catherine-Charlotte de Grammont, maréchale de Bouf-
flers. Le mari avoit une belle bibliothèque, avec tous les
livres à ses armes. Nous ne savons quelles étoient, comme
curieuse, les préférences de sa femme.
j. Suzanne de Montgommery, comtesse — et non mar-
quise — de Quintin. Saint-Simon, qui lui tenoit d'assez
près par sa femme, a fait d'elle et de ses entours, « la
meilleure compagnie de la Cour, » un bien curieux tableau
(t. 1, p. 326-?27).
4. C'étoit une Phélypeaux de Vilesavm, qui avoit épousé
le marquis de Chavigny. On la citoit depuis longtemps comme
célèbre curieuse. L'abbé de Marolles, parlant dans ses Mémoires
de son cabinet et de celui de M"'' d'Aiguillon, dit : «Us souf-
frent peu de comparaison pour la magnificence des cristaux, des
lapis, des agates, des onyces (onyx), des calcédoines, des
coraux, des turquoises, des aiguës marines, des amétystes,
des escarboudes, des topazes, des grenats, des saphyrs, des
perles et des autres pierres de grand prix qui y sont mises
en oeuvre dans l'argent et dans l'or, pour y former des
vases, des statues, des obélisques, des escrins, des miroirs,
des globes, des coffres, des chandeliers suspendus et autres
choses semblables. »
5. Rigaud fit son portrait, ainsi que celui de son mari,
en i686. C'est tout ce que nous savons sur elle.
Le Livre commode. 255
Madame d'Allouy, rue du Bac'.
Madame de Monchal, près Bellechasse*.
Mademoiselle de Cutigny, rue des Rosiers saint
Germain.
Madame de Maillier, rue saint Anastaze.
Madame la Présidente le Lièvre, rue de Brac.
Madame la Marquise de Polignac, près la Cha-
rités
Madame de Sauvebœuf, rue de Grenelle, quar-
tier S. Germain.
Madame de Verderonne, rue S. Antoine, à
l'Hôtel de Beauvais4.
Madame de Chevry 5 et Mademoiselle de Clapis-
son^, prés les Enfans Rouges.
I. Bénigne de Meaux de Fouilloux, marquise d'Alluye,
et non d'Allouy. Grande joueuse, suivant Saint-Simon, et
grande confidente de galanteries, quand l'âge l'empêcha de
s'en occuper autrement.
^2. ]\y avoit, dans la famille des Montchal, une fort belle
bibliothèque formée par les soins de Pierre de Montchal,
conseiller au grand Conseil, mort en 1652. Peut-être est-ce
à ce titre que sa bru figure ici parmi les curieuses.
}. Marie-Armande de Rambures, marquise de Polignac,
tante de l'abbé de Polignac qui devint cardinal, et fit l'Anti-
Lucrice.
4. Nous ne savons^ rien ni sur elle ni sur son mari
Etienne-Claude de L'Aubespine, marquis de Verdronne.
Nous ignorons aussi pourquoi elle logeoit à l'hôtel de
Beauvais, occupé encore à ce moment-là par le fils de la
favorite d'Anne d'Autriche, qui l'avoit fait construire, le
baron de Beauvais.
5. Petite nièce de Fénelon, qui avoit épousé tard le
vieux Chevry, l'aveugle. Elle tenoit bureau d'esprit, dévot
et quiétiste, < qui ne laissoit pas, dit Saint-Simon, d'être
compté dans Paris. »
6. Précieuse de la société de M"' de Scudéry, qui logeoit
tout près d'elle. Les Clapisson étoient une famille de la
2^6 Le Livre commode.
Madame de Lamec ', rue saint Antoine.
COMMERCE DE CURIOSITEZ
ET DE BIJOUTERIES.
Les Marchands tenans boutique, Acheteurs,
Vendeurs et Troqueurs de Tableaux, Meubles de
la Chine2, Porcelaines?, Cristaux, Coquillages,
et autres Curiositez et Bijouteries, sont Messieurs
d'HosteU, à l'entrée du quay de la Mégisserie,
bonne bourgeoisie parisienne. (K. Archives hospitalières,
Hôtel-Dieu, r" part., p. 107.)
1 . Lisez de Lamet. C'étoit la sœur du curé de Saint-Eus-
tache. Rigaud fit son portrait en 1696.
2. Il n'y en avoit pas de plus à la mode. Sénecé, dans
ses Epigrammes et autres pièces (171 7, in- 12, p. 272-274),
nous parle de ce goût pour les meubles et les porcelaines
de Chine, le « lachinage, » comme on disoit en langage de
marchands (vo>'. plus bas p. 239). Limojon de Saint-Disdier,
dans son curieux livre, le Voyage du Parnasse, ij 16, in-12,
p. 174) nous fait voir le cabinet d'un curieux tout lambrissé
de laque : « c'est, dit-il, une pièce ovalle, revêtue du haut
jusqu'en bas de morceaux de lacq [sic) de la Chine, d'une
grandeur et d'une beauté surprenantes. »
3. On ne les vouloit que de la Chine : — « Rappelez-
vous, dit Lisette, dans la Maison de campagne de Dancourt
(acte !, se. 5), celle qui en riant vous cassa toutes ces por-
celaines de Hollande, parce qu'elle jiisoit qu'il n'en falloit
avoir que de Chine. » Une déclaration royale du 2 juillet
1709 défendit l'importation des porcelaines, faïences et "
poteries étrangères.
4. Lisez Dautel ou Dotel. Il est continuellement cité dans
les pièces du temps. Le Sage, par exemple, le nomme dans
Turcaret, et Regnard dans l'Homme à bonnes fortunes,
scène des Curiosités. — « Est-il curieux ? dit Brocantin.
— Bon, répond Arlequin, c'est le Dotel du pays. Il troque
de nippes à tout moment, et je vous réponds qu'avant qu'il
soit deux jours il aura troqué sa femme. » Le financier du
Voyage du Parnasse se vante, p. 20 j, d'avoir acheté chez
Le Livre commode, 257
Malaferre' et Varenne', quay de l'Orloge; la
Fresnaye? et Laisgu4, rue saint Honoré; Ques-
lui € une belle jatte de la vieille porcelaine verte du Japon. »
V. aussi le Théophraste moderne, p. 422 ; l'Ambigu d'Au-
teuil, p. 16-17; Gacon, le Poète sans fard, p. 41.
1 . Il n'étoit pas moins célèbre que Dautel. L'abbé de
Villiers le nomme avec lui dans ses Poésies, p. 149, et seul
dans son poëme de l'Amitié, p. 48 :
Voulez-vous voir chez vous vos salons inutiles,
Montrer aux curieux mille ornements fragiles,
En antiques tourner et le bronze et le fer.
Et dans un cabinet mettre tout Malafer...
Il collectionnoit pour son propre compte, et possédoit no-
tamment, sans vouloir le vendre ni le troquer, le Saturne
coupant les ailes de l'Amour, par Nicolas Perrier. Il voyoit
beaucoup artistes et poètes. La veuve Laurent l'avoit comme
habitué dans son café du coin des rues Dauphine et Chris-
tine; il fut ainsi mêlé à l'affaire des couplets de Rousseau.
Il avoit écrit une histoire des peintres, dont nous ne con-
noissons qu'une notice, celle de Santerre, publiée par le
Mercure, sept. 171 8, p. 69.
2. Spon, en 1673, l'avoit mis non parmi les marchands
de curiosités, mais parmi les curieux : « M. Varenne,
dit-il, près la Monnoie, tableaux et diverses curiosités. »
3. Il est, aussi bien que Dautel, nommé dans plusieurs
pièces du temps, comme brocanteur célèbre, et peut-être
aussi un peu comme prêteur sur gages. {V. Dancourt, la
Foire Saint-Germain, se. XII, et la Femme d'intrigue, aae V,
se. IX.) Ses deux fils Eléonor et Pierre lui succédèrent au
Palais, l'un à l'enseigne de la Croix d'or; l'autre à celle du
Dauphin. — On trouve, dans les Mss. Delamarre, n° 21,627,
p. 170, le procès- verbal d'une visite faite chez La Fresnaye,
après l'édit contre les dorures, décrété en 1669 et renouvelé
en 1687 et 1689.
4. « Près les pères de l'Oratoire. » Edit. de 1691, p, 24.
— Il est nommé par l'abbé Bordelon dans son Livre à la
Mode, 1696, in- 12, p. 33. Marianne demande en quoi
consistent les façons du bel air :
Est-ce à rouler les yeux pour se faire plus belle,
A façonner sa bouche, et passer tout le jour
2j8 Le Livre commode.
nel, rue des Bourdonnois • ; Protais, rue des
Assis; Fagnany, quay de l'Ecole^; Antheaume,
derrière l'Hôtel de Bourgogne ; NaneauJ, au Pa-
lais, etc.
Mademoiselle de Tournon, qui tient aussi
boutique sur le Pont au Change, fait le même
trafic.
Dans ces soins fatisants de prendre un air de Cour?....
A hausser sa fontange en coquette éventée
Et renchérir d'abord sur la mode inventée?
A vouloir affecter par un soin assidu
Pour ses marchands : Le Gras, La Fresnaye et l'Egu ?
1. Dans redit, de 1691, il est à la suite des autres,
sans indication d'adresse, mais avec un détail qui manque
ici : « Ils vendent pareillement des coquillages, mais le
sieur Quenel est celui d'entre eux qui s'y attache le plus. »
2. « A la descente de la Samaritaine. » Edit. de 1691.
— Nous avons beaucoup parlé de cet intrigant du brocan-
tage dans notre Histoire du Pont-Neuf, t. II, p. 277-281.
On nous permettra d'y renvoyer. Nous rappellerons seule-
ment ici les altérations qu'il fit subir aux planches de Callot,
dont il possédoil un grand nombre, que son fils mit en
recueil {Mercure, mars 1725, p. 561), et sa fameuse loterie
qui ne fut qu'un immense vol organisé. Dancourt en fit une
pièce, où il l'appela Sbrigani, et les Italiens, dans leur
comédie les Bains de la porte Saint-Bernard, allèrent
encore plus loin : ils le nommèrent « el signor Furba-
gnani. » On lit dans le Théophraste moderne, à propos de
cette loterie : « lui-même y a plus gagné sans avoir de
billets que tous ceux qui ont eu des lots. » Il gagna beau-
coup aussi avec ses tabatières à scandales, ofù toutes les
aventures scabreuses du moment étoient satiriquement
représentées. Il en est parlé dans le Retow de la foire de
Bezons, et mieux encore dans les Souhaits joués en 169^ :
« MoMus. Qui est-ce qui porte cet épicier à éventer la
honte de son lit, et à solliciter une place sur les tabatières
de Fagnany? La Folie. »
3. Nous trouvons pour Nanot {sic) dans la Collect. Dela-
marre, n" 21,627, p. 170, un procès-verbal de visite,
comme celui qui fut dressé chez La Fresnaye.
Le Livre commode. 239
Il y a d'ailleurs en chambres hautes plusieurs
Vendeurs et Troqueurs de Curiositez; comme
Messieurs Raclot, rue de Harlay; Poignan, rue
de Mommorancy ; Roussel, cul de sac de la rue
Beaubourg; Paris, près la Jussienne ' ; des Dieux,
rue des Assis au petit Broc, etc.
Mesdames Noël, rue de Grenelle saint Honoré,
et Tonnetti, quay de la Mégisserie, ont aussi
chez elles beaucoup de Curiositez dont elles font
trafic.
M. Dorigny, rue Quinquempoix, M. Laittier
et Mademoiselle le Brun, à l'aport de Paris, ont
aussi ordinairement de belles pièces de Porce-
laines et de Lachinage^.
M. l'Argilliere, rue sainte Avoye, fait com-
merce de bons Tableaux ? .
Autant en font Messieurs Guillemart, prés
saint Yves, et Muguet, au milieu de la rue
Bourlabé.
M. de Cauroy, rue Briboucher, tient magasin
de Bijouteries et Coffres d'Angleterre^, de Por-
1. L'édit. de 1691, p. 24, le place dans un art. non
reproduit ici : « M. l'abbé Du Plessis, près le puits
d'Amour, le sieur Dalançon, rue Chapon, et le sieur Paris,
près la Jussienne, se plaisent à troquer des tableaux. »
2. V. sur ce mot une des notes précédentes, p. 236.
j. Nicolas de Largillière, le fameux peintre de portraits.
Il ne quitta la rue Sainte-Avoye que peu de temps avant
sa mort, en 1746, à quatre-\'ingt-dix ans. C'étoit, comme
on sait, la partie de la rue du Temple actuelle qui s'éten-
doit de la rue Croix-de-la-Bretonnerie à celle des Vieilles-
Haudriettes. Il logeoit en face de la fontaine placée entre
les n°* 40 et 42. V. G. Bricc, }' édit., t. I, p. 255,
4. Ces € articles » anglais furent longtemps à la mode.
Le 30 juillet 1743, un privilège de dix ans fut accordé à
Claude- Imbert Gérin, qui s'établit rue de Charenton, pour
240 Le Livre commode.
celaines, de Pagottes', de terre cizelées et de
Meubles de la Chine 2.
M. de la Cousture, Cloitre S. Nicolas du
Louvre, a un particulier talent pour damas-
quiner sur l'acier? en Figures et Ornemens de
la Chine.
Le Sieur Salé Peintre, rue de la Ferronnerie,
dit avoir trouvé un secret d'Optique qui fait
voir dans un Tableau toutes autres Figures que
celles qui y sont peintes, et même au gré des
Spectateurs.
fabriquer « toutes sortes de fayences, à l'imitation de celles
d'Angleterre. »
1. Pour « pagodes. » C'étoit une des chinoiseries les
plus recherchées. Au siècle suivant, Gersaint, le fameux
marchand de curiosités, en avoit fait son enseigne. Voici le
texte de l'adresse que M. de Caylus avoit gravée pour lui,
en 1740 : « à La Pagode, Gersaint, marchand jouaillier
sur le Pont- Notre- Dame, vend toute sorte de clainquaillerie
nouvelle et de goût, bijoux, glaces, tableaux de cabinet,
pagodes, vernis et porcelaines du Japon, coquillages et autres
morceaux d'histoire naturelle, cailloux, agathes, et générale-
ment toutes marchandises curieuses et étrangères.
2. Cet art. est un peu différent dans l'édit. de 1691,
p. 24. Après une liste à peu près pareille à celle qui com-
mence ce chapitre, mais moins longue, on y lit : « Ces
marchands vendent des porcelaines, des meubles de la
Chine et des terres cizelées en détail, mais on en trouve
en gros chez M. Du Cauroy, à la ville d'Anvers, rue Bri-
boucher, » c'est-à-dire, comme on sait, rue Aubry-le-
Boucher.
3. Cet art de damasquiner n'étoit pas nouveau chez nous,
mais il avoit été singulièrement perfectionné par un des
maîtres de La Cousture, nommé ici, le fourbisseur parisien
Cursinet, mort vers 1670. « Il a fait, dit Félibien, Des prin-
cipes d'architecture, 1676, in-4°, p. 45 5, des ouvrages incom-
parables en cette sorte de travail, tant pour le dessin, que
pour la belle manière d'appliquer son or, et cizeler de relief
par dessus. »
Le Livre commode. 241
Le Sieur l'Arche Fondeur et Cizeleur en
Bronze, qui est fort renommé pour les Figures
de Cabinet, demeure rue des Ciseaux, prés
l'Abbaye saint Germain; il donne une couleur
de bronze antique aux figures modernes'.
Les Sieurs Vilaine, rue Neuve saint Mederic,
et la Pierre, quay des Orfèvres, ont un particu-
lier talent pour bien nettoyer les Tableaux,
Le Sieur Pouilly^, rue Dauphine, a trouvé
un secret pour augmenter de beaucoup la vertu
de l'Aymant et un Microscope qui grossit ex-
traordinairement les objets?.
Les Tableaux Cilindriques^ se vendent chez
le Sieur Amielle, près saint Hilaire.
Il y a un Père Theatin qui en fait pour luy et
pour ses amis d'une beauté extraordinaire 5, aussi
bien que des Figures de toutes espèces pour la
Lanterne magique^.
1. Il se servoit de purpurine, ou bronze moulu, qui s'ap-
pliquoit soit à l'huile soit au vernis.
2. « Faiseur d'instruments mathématiques vend un
calandrier de cabinet propre et curieux. » Edit. de 1691.
3. Ces derniers détails manquent dans l'édit. de 1691,
p. 24, mais après l'article se lit celui-ci, qui n'a pas reparu
ici : « On trouve des estampes de toutes sortes chez le
portier de l'Académie des peintres, rue de Richelieu. »
4. Il eût mieux valu dire « miroirs cylindriques. » V. à
leur sujet, le Diction, des Arts et Métiers de l'abbé Jaubert,
1773, in-i2, t. II, p. 612.
5. Les religieux s'occupoient volontiers d'optique; le
P. Jean-François Niceron, auteur du Thaumaturgus opticus,
1646, in-fol., âvoit fait chez les Minimes de la place
Royale, qui étoient un couvent de son ordre, des tableaux
changeants d'une habileté et d'un effet surprenants.
6. Ce n'étoit pas encore devenu un amusement enfantin
et vulgaire. On s'en divertissoit dans le monde, comme à
cette soirée de l'hôtel de Liancourt, où le spectacle fut une
Liyre commode. 16
242 Le Livre commode.
Le Sieur Hubin Emailleur, rue saint Denis,
devant la rue aux Ours, fait et vend des Baro-
mettres, des Thermomettres et des Hidromettres
d'une propreté particulière ' .
Le Sieur Do aussi Emailleur, rue du Harlay,
aux armes de France, en vend de plus simples
et à meilleur marché^.
Le Sieur Langlois père, et le Sieur Langlois
lanterne magique, avec deux vielles pour orchestre. V. Loret,
Muse historique, 13 mai 1656.
1. Il étoit célèbre depuis déjà longtemps. En 1673, Spon
le plaçoit sur la liste de ses curieux : « M. Ubin, dit-il,
emailleur, rue Saint-Denys, vis-à-vis la rue aux Ours :
thermomètres, baromètres, larmes d'Hollande, et autres
curiosités. » Suivant Huet, qui lui fit faire un anémomètre,
qu'il avoit lui-même inventé, et qui le traite « d'excellent
ouvrier, » il étoit anglois. {Huetiana, p. 56.) C'est lui qui,
avant Réaumur, construisit les thermomètres les plus par-
faits : « les curieux en conservent encore dans leurs cabi-
nets, » écrivoit, en 1773, l'abbé Jaubert (t. III, p. 143).
Il excelloit aussi pour les yeux de verre : « chez Hubins,
le fabricant d'yeux de verre, dit Lister à la fin du chap. V
de son Voyage à Paris en 1698, j'en vis de pleins tiroirs,
de toutes couleurs, de façon à appareiller n'importe quels
yeux : et il faut qu'il en soit ainsi, car la moindre diffé-
rence seroit intolérable. » L'édit. de 1691, p. 31, n'oublie
pas ce talent de Hubin pour les yeux artificiels, et elle lui
donne pour concurrent Le Quin, rue Dauphinc, que nous
retrouverons plus loin. — Hubin était grand ami de Papin,
dont, en 1674, il avait présenté à l'Académie des sciences
l'ouvrage important. Nouvelles expériences du vuide.
2. On lit, à la suite, dans l'édit. de 169 1, p. 31 : « le
sieur Roault, autre emailleur, rue Saint-Denis, fait en
émail toutes sortes de figures humaines, et autres repré-
sentations. Il vend aussi des aigrettes d'émail, qui, avec
une grande beauté , ont cette propriété de ne pas
prendre la poussière. » Son fils lui succéda, et ses émaux
furent encore plus célèbres que les siens. V. V Année littéraire,
1755, t. VIII, p. 49, )o; et 1758, t. VII, p. i}8. Piron
en possédoit, dont il étoit très-fier.
Le Livre commode. 24}
fils aine', qui imitent et qui raccommodent en
perfection les Meubles de la Chine, demeurent
grande rue du fauxbourg saint Antoine, prés
l'Hôtel de Bel air».
Le Sieur Langlois le cadet qui excelle pour
les Figures et Omemens de la Chine, demeure
rue de la Tixeranderie, chez M, Perducat Chi-
rurgien 5 .
Le Sieur Taboureux qui demeure sur le Quay
de la Megisserie4, prés le Fort l'Evêque, imite
fort bien les Coffres et Ferrures d'Angleterre 5.
Les Sieurs Thierry, rue du petit Heuleu à
l'Etoile ; de Monceau à la Bastille, et Darmé,
chez un Cordonnier, rue de la vieille Draperie,
font des Tablettes de poche d'une grande pro-
preté.
Les Cassolettes philosophiques^ à feu d'Esprit
de vin et Globule de Cristal qui attire les Liqueurs
à la façon de l'Eolipile?, se vendent sur le quay
1 . En outre d'un article à peu près pareil à celui-ci dans
redit, précédente, p. 24, Langlois, père et fils, en ont un,
p. 35, qui manque ici, et qui complète l'autre : « les sieurs
Langlois, père et fils, font des cabinets et paravents, façon
de la Chine, d'une beauté singulière; ils demeurent l'un et
l'autre, grande rue du Faubourg Saint-Antoine, près la rue
de Charonne. »
2. < Le sieur Paty, même faubourg, près l'enseigne du
Tambourg, fait de moindres ouvrages, façon de la Chine. »
Edit. 1691, p. 24.
}. Son adresse, dans Pédit. précéd., p. 35, est : « au
Cloître Sainte-Catherine de la Couture. »
4. « Au milieu du quai de la Mégisserie. » Edit. de 1691.
5. Avant cet article se trouve celui-ci dans l'édit. de 1691,
p. 24 : « le sieur Des Essarts, au haut des fossez de Condé,
imite le La Chinage en creux et en relief. »
6. Il en a été parlé plus haut, p. 172-173.
7. L'esprit de vin chauffoit le globe comme un éolipyle,
244 L.E Livre commode.
de Nesle, à l'Apoticairerie royale', et servent
non seulement à des-infecter et parfumer les
chambres agréablement sans fumée et presque
sans frais 2, mais encore à guérir plusieurs ma-
ladies par des vapeurs medecinales.
COMMERCE DES OUVRAGES D'OR,
d'argent, de pierreries, de perles, etc.
La Chapelle aux Orphevres, où les Maîtres et
Gardes de l'Orphevrerie ont leur bureau, et où
ils font les Mardis et Vendredis l'essai de tous
les Ouvrages d'or et d'argent, est dans la rue
des Lavandières ? .
C'est au même lieu qu'est le Bureau des Con-
troUeurs de la marque pour l'or et pour l'argent 4.
Les Maîtres et Gardes en charge de l'Orfè-
vrerie sont, Messieurs Bretault, place Dauphine,
Bulot, rue saint Louis du Palais, Juillet, quay
et la chaleur en chassoit les parfums, dont on vouloit par-
fumer les chambres. Ces cassolettes s'appeloient philoso-
phiques, comme tout ce qui tenoit alors un peu à la
chimie.
1. C'est-à-dire chez Blegny.
2. On les allumoit derrière les pilastres et les meubles
des chambres ou des salles, pour qu'elles en fussent em-
baumées, y. VArt de bien traiter. Paris, 1674, in-12, chap.
de la Salle à manger.
3. Le bureau étoit rue des Lavandières -Sainte- Opportune,
mais la chapelle se trouvoit dans la rue des Orfèvres, qui
alloit de la rue Saint-Germain-l'Auxerrois à la rue Jean-
Lantier. Elle avoit été dédiée par la corporation, en 1399,
à saint Eloi.
4. Tous les ouvrages sans marque — nous dirions sans
contrôle — étoient saisis. Il y eut, par arrêt du 4 août
1693, une exécution de ce genre contre les orfèvres Bastier,
Prévost, Turmelle, Ladoireau et Gauche.
Le Livre commode. 245
de rorloge, de Ronel, Grenier et l'Evesque,
quay des Orphévres'.
M. de Launay, Orphevre du Roy, demeure
devant les Galleries du Louvre'.
M. de Villers qui travaille aussi pour Sa Ma-
jesté aux ouvrages d'Orphevrerie, demeure aux
Gobelinsî.
M. de Montarsis qui a soin des Ouvrages de
1. On voit que la plupart des orfèvres étoient groupés
dans la place Dauphine ou sur les quais et les rues qui
l'entourent. Cette réunion de riches boutiques, sur un même
point, avoit obligé, au siècle dernier, de placer tout près,
au terre-plain du Pont-Neuf, un corps de garde du Guet,
dont une sentinelle se tcr.oit toute la nuit au coin du quai
des Orfèvres.
2. H étoit, en effet, « un des illustres qui sont logez sous
la grande gallerie, » comme dit G. Brice. « De Launay,
orfèvre, ajoute-t-il (t. I, p. 75), conduit ordinairement les
ouvrages magnifiques que le roi fait faire. » Tout l'ameu-
blement de Versailles, « en meubles d'orfèvrerie, » tels que
les bancs d'argent massif, qui se trouvoient devant chaque
fenêtre de la galerie des glaces, avoit été fait sous sa
direction. Quand arrivèrent les lois somptuaires dont nous
avons parlé, il n'en fut pas pour cela plus épargné. Le com-
missaire Delamarre fit chez lui une visite le 4 mars 1687,
et il lui fallut déclarer tout ce qu'il avoit d'ouvrages
d'or et d'argent, achevés ou à finir. V. les papiers Dela-
marre à la Biblioth. Nat., n" 21,627, fol. I02etsuiv. On
apprend par le procès-verbal qu'il étoit défendu aux orfèvres
de vendre des soufflets et des grils d'argent, mais qu'en
revanche ils avoient le droit de mise en vente pour les
boîtes à poudre, boîtes à savonnettes, sonnettes, écritoires,
bassinoires et pots de chambre en argent!
3. Les Gobelins n'étoient pas alors qu'une manufaoure de
tapisseries, mais une sorte d'école d'arts et métiers sous la
direction de Le Brun, puis de Mignard, avec ateliers de
bijouterie, d'ebénisterie, de marqueterie, de peinture, de
gravure, etc. Il n'est donc pas étonnant que nous y trou-
vions l'orfèvre De Villiers, en 1692. Trois ans après, le
malheur des temps fit fermer la plupart de ces ateliers.
246 Le Livre commode.
pierreries de Sa Majesté, demeure devant la place
du Carrousel ' .
Messieurs Bins^ et Guyon distinguez pour
mettre toutes sortes de Pierreries en œuvre, de-
meurent aux Galleries du Louvre.
Messieurs le Lorrain, à l'aport de Paris, du
Grenier, quay de Nesle, Pierre, quay de la
1 . C'étoit encore un des illustres des galeries. Voici son
nom complet : Pierre Le Tessier de Montarsy. Il se quali-
fioit « joaillier ordinaire du Roi, » puis, quand son père,
qui étoit « garde des pierreries de la Couronne, » fut mort,
il prit le même titre, mais en le partageant avec le prési-
dent Du Metz. C'est lui qui, en 1697, fut chargé de cons-
tater à la Sainte-Chapelle, sur le reliquaire de la couronne
d'épines, la soustraction que Henri III y avoit fait faire de
plusieurs rubis des plus précieux. (Morand, Hist. de la
Sûinte-Chapelle, p. 199-200.) Montarsy, avant de figurer
ici au premier rang des joailliers, auroit pu être classé
parnii les curieux : « Il a, dit G. Brice, une très-belle ga-
lerie remplie de tableaux des plus grands maîtres, de
bronzes, de bijoux précieux, de porcelaines rares, de vases
de cristal de roche, et de mille curiositez d'un goût exquis
et d'un prix très-considérable. Ces belles choses sont dans
sa maison, située à l'extrémité du cul-de-sac de Saint-
Thomas du Louvre. » C'est chez lui qu'on se fournissoit des
boîtes à portrait du Roi : « Je m'adresse à vous, lui écrit
Phélypeaux, le 10 oct. 1694, ne sachant si M. Du Metz est
à Paris, pour vous dire de m'envoyer le plutôt qu'il se
pourra une boette à portrait de huit cents ou mille escus.
Il faut que le portrait du Roy soit d'émail, en relief, de la
façon du Suédois, en cas que vous en ayez un prêt. » Jal,
à qui nous devons de connoître cette lettre, se demande
quel peut-être ce peintre suédois. C'est, sans aucun doute,
Kleintgel ou Klingstet, qui étoit déjà célèbre alors à Paris
pour ses miniatures.
2. « Bain, émailleur, dit G. Brice (t. I, p. 76), presque
le seul en France qui entende à présent le travail des émaux
clairs. » Il avoit un logement aux galeries du Louvre, de-
puis le 14 sept. 1671. {Arch. de l'Art français, t. I,
p. 220.)
Le Livre commode. 247
Mégisserie, et Legare', rue de Hariay, sont
encore renommez pour le même fait.
Messieurs Alvarez, rue Thibault aux dez^,
Catilon, quay de l'Orloge, et Poirier, prés la
Croix du Tiroir, font grand commerce de Pier-
reries.
Messieurs Loir?, quay des Orphèvres, et
Jacob, rue de Gesvres, sont des Orphèvres re-
nommez pour la fabrique des Omemens d'Eglise.
Messieurs Vaudine, rue du Hariay, Bel, place
du Collège Mazarini, Blanque, rue Dauphine,
et les frères Sehut, même rue, ont un particulier
1. Lisez Légaré. Il étoit fils de Gilles Légaré, qui avoit
publié, en 1663, un très -curieux volume sur son art : Livre
des ouvrages d'orfèvrerie, fait par Gilles Légaré, orfèvre du
Roy, rue de la Vieille-Draperie, devant le Palais au Barillet,
proche Saint-Pierre des Arcis.
2. Nous avons déjà parlé de lui, quand nous l'avons vu
passer comme trésorier payeur des Cent Suisses. Nous ajou-
terons à ce que nous avons dit, que — ce qui n'étonnera
pas — il prêtoit sur gages : « Elle sortit dès huit heures
du matin, lisons-nous dans La France devenue Italienne,
pamphlet galant de 1686, et fut mettre des pierreries et de
la va'sselle d'argent en gage chez Alvarès, fameux joaillier,
pour quatre mille pistoles. » Il brocantoit de joyaux et
d'antiques même à l'étranger, en se disant agent du Roi.
V. dans la Correspondance inédite de Mabillon et de Mont-
faucon avec l'Italie, t. I, p. 220-227, deux lettres écrites en
février 1686 par Michel Germain à Claude Bretagne.
3. Alexis Loyr, fils d'un orfèvre, qui avoit eu sa célé-
brité, a surtout, suivant Mariette, pour les grands ou-
vrages. » Il fut lui-même très-habile dans l'art de son
père. De plus, il gravoit, et l'Académie le reçut comme
graveur et orfèvre, en 1678. Il mourut à soixante-treize
ans, en 1713. Son frère, Nicolas Loyr, fut un peintre de
talent, qui l'aida pour ses dessins. On a d'eux à la
Biblioth. Nat., un recueil contenant f dessins de brasiers,
dont les ornements peuvent servir aux cuvettes; nouveaux
dessins de guéridons, éventails, écrans, etc. »
248 Le Livre commode.
talent pour les petits Ouvrages et Bijouterie d'or.
Messieurs Berthe, rue des deux Ecus', et
Ronde, rue Bertin Poirée, trafiquent de Barres,
Lingots et Grenailles d'or et d'argent.
Les Garnitures et Joyaux de fausses Perles et
Pierreries, se vendent chez plusieurs Marchands
et Ouvriers établis aux environs du Temple 2.
Les fausses Perles de nouvelle invention ar-
gentées par dedans, qui ressemblent fort aux
naturelles 5, se vendent chez les Sieurs Grégoire,
rue du petit Lion, Huvé et Desirçux, rue saint
Denis.
PREMIERES INSTRUCTIONS
DE LA JEUNESSE4.
Il y a dans chacun des quartiers de la Ville et
FauxDourg de Paris un Maître et une Maîtresse
1. Dans l'édit. précédente, p. 23, il. est qualifié « or-
fèvre, » et son adresse est donnée ainsi : « joignant l'hôtel
de la Monnoye. »
2. On les appeloit « diamants du Temple. » Dict. des
Arts, 1752, in-fol., I, 534.
j. Il s'agit, sans nul doute, des perles faites avec cette
« essence d'ablettes, » dont le hasard fit découvrir le secret
au bijoutier Jaquin, en 1684. Il s'associa, pour l'exploiter,
avec un nommé Breton, et tous deux le perfectionnèrent si
bien que, suivant le Mercure galant (août 1686, p. 230),
ces perles, « façon de fines, » trompoient tous les jours les
joailliers eux-mêmes. Les Jaquin faisoient encore ce com-
merce à la fin du règne de Louis XV. Hubin avoit appris à
Lister comment elles se fabriquoient : « la pâte, dit-il,
dont on les étame à l'intérieur, se fait uniquement d'écaillés
d'ablettes, sans autre mélange.... un collier de ces perles
revient à deux ou trois pistoles. »
4. Cette partie forme, dans l'édit. de 1691, le cha-
pitre XXXVIII : Des maîtres es arts, et autres tenant pen-
Le Livre commode. 249
de petites Ecoles instituez par M. le Chantre de
Paris, pour apprendre aux enfans de l'un et de
l'autre sexe, le Calhecisme, et les Prières chré-
tiennes, la lecture des Livres latins et françois,
et les principes de la Grammaire', de l'Ecriture
et de l'Aritmetique*.
Outre ces Maîtres, il y a encore une Commu-
nauté de Maîtres Expers et Jurez Ecrivains, qui
enseignent aux jeunes gens qui ont déjà passé
par les petites Ecoles, la perfection de l'Ecri-
ture, de l'Ortographe et de l'Aritmetique?. Il
n'y a aucun de ces Maîtres qui n'écrivent par
excellence tous les differens caractères d'Ecri-
tures. On les distingue des Maîtres des petites
Ecoles par leurs enseignes où il y a le titre d'Ex-
pert ou de Jurez Ecrivain 4.
M. des Planches, à présent Sindic en charge
sionnaireSj pour les Leçons et pour les Répétitions du Latin,
du Grec, de la Philosophie et des Mathématiques. Il
commence par ces quelques lignes qui ne se retrouvent pas
ici : « Entre ces maîtres, les uns sont principalement
appliquez à répéter les enfants qui vont au collège, qui ne
sont chez eux pour la plupart qu'à demi pension. »
1. Fleury, Traité des Etudes, 1687, in-tz, ch. 22, vou-
loit que l'on commençât par la grammaire.
2. V. ce que nous avons dit de ces écoles dans une note
du chap. 1="" : Affaires ecclésiastiques.
3. Fleury, au chap. 20-25 du Traité que nous venons de
citer, vouloit qu'on apprît aux enfants, non-seulement
l'arithmétique, mais le commerce, la banque, le change, la
manière de tenir leurs comptes, de fournir et recevoir
quittances, faire des contrats et des transactions.
4. Nicolas Lesgret, né à Reims, et oit le maître à écrire
des pages de la grande Ecurie. Il prenoit le titre de « maître
écrivain juré. » Etat de France, 1692, t. 1, p. 529. Il
devint « secrétaire de la chambre du roi. » On a de lui :
Le livre d'exemplaires, composé de toutes sortes de lettres,
Paris, 1694, in-fol.; Le nouveau livre d'écriture italienne et
bâtarde, Paris, Mariette, in-4' oblong.
2J0 Le Livre commode.
de leur Communauté, demeure rue et devant le
()etit saint Antoine, où l'on peut recouvrer leur
iste lorsqu'il s'agit de consultation sur les écri-
tures et signatures suspectes, qu'ils sont seuls
en droit de vérifier, comme on le verra dans
l'article des Rapports et Vérifications d'Experts.
Il y a d'ailleurs dans l'Université et aux extre-
mitez des Fauxbourgs, des Maîtres es Arts et
autres tenans pensionnaires pour les leçons et
pour les répétitions du Latin, du Grec, de la
Philosophie et des Mathématiques.
Il y a par exemple à cet effet, aux environs du
Collège Mazarini, Messieurs Souplet, quay de
Nesle'; le Page, rue de Nevers; Roger, rue des
Petits Augustins; Galande, rue Mazarini; Bou-
cher et Henrion, près le passage de la rue de
Seine.
Au quartier de l'ancienne Université, Mes-
sieurs Fleury, rue saint Estienne des Grecs;
Cosson et Blin, rue Chartiere; Macet, cloître
saint Benoist; Laisné, Cluet, Busselin, Hacland,
Guyart, Chastel le jeune et Morice^, rue saint
Jacques.
Sur les fossez saint Michel 3 jusqu'à l'Estra-
pade, Messieurs Landemaine, l'Elubois, Martin,
des Fevres, du Tal, le Prieur, des Rohes4, Valot,
Parisot et Martin.
1. Dans l'édit. de 1691, p. 58, son adresse est « rue
Mazarini, » ainsi que celle de Garande, appelé ici Galande.
On y trouve aussi indiqué « le sieur Picard, rue Guéne-
gaud, devant l'abrevoir (sic), » qui manque ici.
2. A la place de celui-ci, on trouve Guillard, dans l'édit.
de 1691, p. j8.
3. « Saint Jacques et saint Marcel. » Edit. 1691.
4. Sans doute « Des Roches. » Il manque dans l'autre
édition.
Le Livre commode. 251
Au Fauxbourg saint Antoine', Messieurs du
Catel l'ainé, près la Raquette; du Catel le
jeune 2, rue de Reuilly; Desdurcet3, rue de
Charonne; Castelet, rue de Charenton; Roger 4
et Thomas, grande rué du Fauxbourg; Mogey
le jeune à Pincourt; Mogey l'ainé, Faucon,
Desquinemare, Dupuis, Deschamps, Bussys et
Guibert à Picquepuce^.
Et en divers autres quaniers de Paris, sont
Messieurs Davesne, rue Pavée7; Harivel^, rue
1. Dans redit, de 1691, on lit, pour commencer cet
article, quelques lignes non reproduites ici : « les Maîtres,
dont les pensionnaires ne vont pas au collège, et qui leur
donnent la plupart toutes les instruaions nécessaires jus-
qu'en philosophie, sont au faubourg Saint- Antoine.... »
2. € Et Mauger, • dit l'édit. de 1691.
3. c Des Urset, » dans l'édit. de 1691.
4. L'édit. précédente dit c Roger, » et ne nomme pas
celui qui suit.
5. Edit. 1691 : a De Bassy. 1
6. On voit que ce quartier de Picpus étoit rempli de mai-
sons d'éducation. Le hollandois Vanden Ende, qui fut pendu
comme complice de la conspiration du chevalier de Rohan,
en tenoit une de ce côté. Elles y étoient encore nombreuses
au siècle dernier. Le Journal du Citoyen [i-j) s, in-8, p. 16}-
165) n'en indique pas moins de neuf dans les rues de
Montreuil, de Reuilly, Picpus et Charonne.
7. Il y a sur lui une note bien curieuse dans le t. I" du
Catalogue ms. de l'abbé Goujet : « Je l'ai connu dans mon
enfance, dit l'abbé, il tenoit école et pension rue Gilles-
Cœur, paroisse de Saint-André-des-Arts. C'est chez lui que
j'ai appris à lire, à écrire, les premiers principes de la re-
ligion et les éléments du latin. C'étoit un très-bon maître,
et à qui j'ai eu beaucoup d'obligation. Ma famille ne vou-
loit pas me mettre à l'étude, et il commença à m'instruire
secrètement, me donnant chaque jour plusieurs heures de
son temps, et ce fut lui enfin qui détermina mon père à me
laisser livrer à l'étude. »
8. « Anivel. » Edit. 1691.
252 Le Livre commode.
de la Cossonnerie; le Roy, rue Quinquempoîx;
Mauger, près la Croix du Tiroir; Fleury, près le
Palais Royal; Regnard', rue de Bourbon; Clé-
ment, rue Jean de l'Espine; Milot, porte saint
Denis; Bilheult, près le Temple, et du Chesne,
à Chaillot^.
M. de Blegny?, maitre Expert et Juré-Ecri-
vain, auteur de l'Ortografe Françoise 4, demeu-
rant à l'entrée de la rue saint André, devant le
pont saint Michel, vient de donner au public un
nouveau livre de sa composition J, qui comprend
tout ce qui concerne la première éducation des
enfans : les Règles et les Exemples de la plus
parfaite écriture, et de la plus exacte ortografe,
et de la plus claire Arithmétique ; les Eléments
de la morale et les formules des lettres, des
billets et des actes qui se font sous signatures
privées dans le commerce plus ordinaire de la
vie civile^.
1. « Au faubourg Saint-Germain. » Id.
2. L'édit. de 1691 donne presque tous ces noms, et y
ajoute : « Binet, rue des Gravilliers. »
j. Etienne de Blegny, parent sans nul doute de l'apo-
thicaire-faiseur, dont nous publions le livre.
4. Nous ne connaissons pas ce traité de l'orthographe
par Blegny, mais en revanche nous pouvons citer ses Nou-
veaux exemplaires d'écriture d'une beauté singulière escrits
par Estienne Blegny, et gravés par Berey, recueil de 40
planches in-8°. Claude-Auguste Berey étoit le plus fameux
graveur d'écriture de son temps. Il fut le créateur de la
coulée, comme Barbedor son devancier avoit été le créateur
de la ronde. On a de Berey : Nouveau livre d'écriture finan-
cière, Paris, 1694, in-4" oblong; L'écriture italienne bâtarde,
1700; Nouveaux exemplaires d'écriture de finance, in-4" obi.
5 . En voici le titre : les Eléments ou première Instruction
de la jeunesse.
6. Il se trouve, en effet, dans le livre d'Etienne Blegny,
Le Livre commode. 255
Pour le surplus de l'éducation de la jeunesse,
voyez l'article des Collèges, celuy des nobles
exercices, et celuy des Mathématiques.
NOBLES EXERCICES
POUR LA BELLE EDUCATION'.
Toutes les Académies de Manège ont esté ré-
duites à deux, et réglées de telle sorte que les
pensionnaires y sont distribuez en nombre égal ;
l'une est au Carrefour saint Benoist^ où il y a
pour Ecuyers, Messieurs de LonpréJ, Ber-
nardy4, et et l'autre qui est
un chapitre qui a pour titre : Formulaire de petits actes.
1. Dans l'édit. précéd., ce qui suit se trouvoit, avec des
détails différents, au « chapitre IV, des Académies :
Les Académies de la deuxième espèce, oii l'on instruit la
noblesse dans les Sciences et dans les Arts qui regardent la
discipline militaire, et dans tous les exercices de !a danse,
sont au nombre de cinq; sçavoir: celle de M. Coulon, rue
Férou, près Saint-Sulpice ; celle de M. de Long-pré au car-
refour Saint-Benoist ; celle de M. Bernardi rue de Condé,
et celle de Monsieur de Roquefort, dans la rue de l'Uni-
versité, » p. 8.
2. La cour du Dragon fut construite à la place de cette
académie et de son manège.
j. Nous l'avons trouvé tout-à-l'heure parmi les curieux
de médailles. Il avoit été fait écuyer du Roi, le 14 février
1670. V. Registre du Secrétariat, pour 1670, Biblioth. Nat.,
f. franc., n° 66 j 2, fol. 96 v.
4. Il étoit de Lucques, comme Amolphini, autre grand
€ académiste » de ce temps-là. Avant de venir au carrefour
Saint-Benoît et de s'y associer avec Longpré, Bernardi avoit eu
une académie de manège rue de Vaugirard,près du Luxem-
bourg, où on lui avoit permis d'élever tous les ans un fort
pour exercer ses élèves aux manœuvres des sièges. Soleysel,
auteur du Parfait maréchal, dont nous avons parlé plus
haut, avoit professé dans son manège.
254 L.E Livre commode.
dans la rue des Canettes, a aussi i)our Ecuyers,
Mfs Vandeùil, Roquefort, et d^Auricour.
C'est dans ces deux Académies, que les jeunes
gens sont exercez dans les Sciences et dans les
Arts qui conviennent à la Noblesse; c'est-à-dire,
aux Mathématiques et aux exercices des Armes,
du Cheval et de la Danse ' .
Messieurs le Perche père, rue de la Harpe 2;
Liancourt, rue des Boucheries saint Germain, de
Brie, rue de Bussy, et du Fay, rue du Chantre,
sont les Maîtres en fait d'Armes préposez dans
les deux Académies, pour enseigner l'usage de
l'Epée.
M. de Beaufort, près la porte saint Honoré,
montre dans l'une et dans l'autre, l'exercice de
la Pique, du Mousquet et des Evolutions mili-
taires.
Et M'^ Favier? et Du Four, rue Dauphine, y
montrent à danser.
Il y a d'ailleurs en diflferens quartiers des
Maîtres en Fait d'Armes, qui tiennent salle chez
1. Un contemporain, Le Bret, nous dit dans ses lettres
diverses, p, 127, que tout bon gentilhomme devoit rester
deux ans chez Bernardi, et y gagner au moins « un prix à
la course de bagues. »
2. C'étoit un honneur de prendre de ses leçons. Brillon,
dans ses Portraits sérieux, galants et critiques, 1696, in-12,
p. 270, dit de l'homme du bel air qu'il appelle Aristarque :
« grand homme d'exercice, vous lui entendrez répéter qu'il
est un des forts écoliers de Le Perche, et que dans l'Aca-
démie de Longpré on ne parle que de lui. »
3. C'est celui dont La Bruyère a dit à l'art. 29 du cha-
pitre de la Mode, en souvenir des leçons qu'il donnoit à
M. Le Duc, son élève : « On sait que Favier est beau
danseur. » M""^ de Sévigné a aussi parlé de lui, t. IX, p.
133. Il étoit attaché à l'Opéra.
Le Livre commode. 255
eux, et qui sont dans l'approbation publique ;
par exemple, Messieurs de saint André, quay
des Augustins, Chardon, rue de Bussy : Minoux,
rue des mauvais Garçons : le Perche fils, rue
Mazarine : Piilart père, rue Dauphine : Pillart
fils, rue des Cordiers : du Bois, près le Jeu de
de Metz', etc.
M. Liencourt a donné au public un excellent
traité de la Pratique des Armes.
Il y a pareillement encore pour les hautes
armes, M. Rousseau, qui est ordinairement en
Cour 2 : M. Colombon, devant la grande porte
du Palais : et M. Chevry, rue des Boucheries
saint Germain.
1 . Un des jeux de paume de la rue Mazarine. — On voit
que, sauf deux, tous ces maîtres d'armes demeuroient
dans le quartier de l'Université. En 1721, il en étoit encore
de même. J. de Braye, qui fit paroître alors VArt de tirer
les armes, dit qu'il y avoit dans Paris plus de dix mille
bretteurs, et presque tous dans le quartier latin. Ils n'af-
fluoient pas moins, en 169J, dans le faubourg Saint-Germain.
Le procureur du Roi, Robert, dans une lettre du 1 1 juillet
à l'agent Desgranges, lui dit, à propos d'une arrestation
qu'il devoit mais ne put faire près de l'abbaye : a En un
moment, il s'est attroupé en cet endroit beaucoup de gens
d'épée et de bretteurs dont ce quartier est rempli, et il étoit
impossible d'emmener le prisonnier sans rendre un petit
combat et faire tuer beaucoup de monde. » (P. Clément, la
Police sous Louis XIV, p. 442.)
2. Il étoit maître d'armes des pages de la grande et de
la petite écurie, et il le devint ensuite du duc de Bourgogne.
Son fils et son petit-fils, qui avoit épousé une sœur de
M"" Campan, furent maîtres d'armes des enfants de France.
Le dernier ne put échapper à la Terreur : « Il fut pris et
guillotiné, dit M""^ Lebrun. On m'a dit que le jugement
rendu, un juge avoit eu l'atrocité de lui crier : pare celle-ci,
Rousseau. » (Souvenirs, i""' édit., t. I, p. 182.) Amédée
de Beauplan étoit son fils.
256 Le Livre commode.
Plusieurs maîtres de Dance dispersés en diffe-
rens endroits, sont d'ailleurs d'une habilité dis-
tinguée; par exemple, M. de Beauchamp, Maître
des Ballets du Roy, et le premier homme de
l'Europe pour la composition ', rue Bailleul :
M. Reynal l'aîné, maître à danser des Enfans de
France 2, ordinairement en Cour : et Messieurs
d'Olivet et Favier cadet, rue du petit Lion :
Favre l'aîné, rue de Richelieu : Favre le cadet,
rue Platriere : Lestang et Pecourt aine 5 et ca-
1. G. Brice se contente de dire qu'il est « des plus re-
nommés de sa profession, par les beaux ballets qu'il a
composés, et par les élèves habiles qu'il a formés, qui sont
à présent admirés de tout le monde, principalement sur le
théâtre de l'Opéra, où on les voit exécuter des danses
merveilleuses.» Il a été parlé plus haut, p. 250, de son
cabinet de curieux.
2. Son nom est écrit Rénal dans l'Etat de France de 1702,
t. II, p. 30, où. il figure comme maître à danser du duc de
Bourgogne et de son frère le duc de Berry.
}. Louis Recourt, maître à danser des pages de la
Chambre. Lui et Lestang étoient les maîtres à grands suc-
cès, et qui gagnoient le plus. Richelet, à ce propos, a dans
son recueil Les plus belles lettres françaises, 4" édit., t. I,
p. 379, une note bien curieuse, et encore plus amère :
« M. le duc d'Enghien, dit-il, dansoit proprement, et de
son temps la danse commençoit à être quelque chose.
Cependant ce n'étoit rien en comparaison de ce qu'elle est.
Elle enchante et aussi pour plaire, ou pour faire fortune, il
faut comme Pécourt ou L'Etang danser ou être maître à
danser. » Regnard, dans sa farce du Théâtre Italien, le
Divorce, jouée en 1688, parle aussi du succès des leçons de
ces danseurs et du prix qu'ils y mettoient : « Colombine.
Un demi louis d'or pour une leçon ! on ne donnoit autre-
fois aux meilleurs maîtres qu'un écu par mois. Arlequin.
11 est vrai, mais dans ce temps là les maîtres à danser
n'étoient pas obligés d'être dorés dessus et dessous comme
à présent, et une paire de galoches étoit la voiture qui les
menoit par toute la ville. »
Le Livre commode. 257
det, rue Traversine : du Mirail, rue de Seine :
Bouteville, rue des mauvais Garçons : des Hayes,
devant la Comédie Françoise : Germain l'ainé,
rue saint André : Germain le cadet, rue de
Bussy : Pestor au Marché Neuf, etc.
Outre ce qu'on a veu dans l'article des Ma-
thématiques touchant les maîtres qui professent
et qui enseignent toutes les dépendances, il y a
d'ailleurs entre les fameux, Messieurs Goret,
Terranneau, Walter, etc., dont on n'a pu recou-
vrer les adresses.
M. Chartrain qui est également sçavant et
illustre, et gui demeure rue du Four saint Ger-
main, enseigne l'Histoire, la Géographie, le
Blazon, etc.
Autant en fait M. l'Abbé Brice, Auteur de la
Description de la Ville de Paris', qui demeure
rue du Sépulcre.
M. Veneroni*, Secrétaire Interprète du Roy,
ordinairement nommé dans les Tribunaux pour
la Traduction et Interprétation des Langues
Espagnole et Italienne, enseigne ces deux Lan-
gues chez luy, rue du Cœur Volant? et en Ville;
c'est celuy même qui a publié un Dictionnaire4,
1. Nous avons parlé de lui dans une de nos premières
notes, p. 6, et quant à sa Description de Paris, nous l'avons
assez souvent citée pour ne pas avoir à y revenir ici. Elle en
étoit encore à ce moment à sa première édition, publiée en
1684, 2 vol. in-i2.
2. Ce nom, qui a longtemps été populaire dans les classes,
n'étoit pas le sien. Il se l'étoit donné, en italianisant son
nom véritable, Vigneron.
3. Ajoutons, d'après Jal, Dict. critique, p. 1242, « à l'en-
seigne du Chapeau couronné. »
4. Ce dictionnaire italien ne lui appartenoit pas beaucoup
Livre commode. 17
2j8 Le Livre commode.
une Grammaire, et une Nouvelle Metode pour la
Langue Italienne', et qui a traduit les Lettres
du Cardinal Bentivoglio, le Pastor Fido, etc.
Messieurs Martin, rue saint Sauveur : Gracy,
rue saint Honoré : et Philippi, rue de Vaugirard,
enseignent pareillement les Langues Espagnole
et Italienne.
Les maîtres pour la Langue Allemande sont,
Messieurs Pascal, rue des mauvais Garçons :
Leopol, rue saint Martin : Meremberg, Perger
et Benicourt, au quartier saint Germain des
Prez.
Les maîtres pour la Langue Angloise sont,
Messieurs Paul et Dalais*, Auteur de l'Histoire
plus que son nom à l'italienne. La Monnoie nous l'apprend
sans ménagement dans une note du glossaire de ses Noëls
bourguignons : « le plagiaire, dit-il, qui s'est emparé du
dictionnaire italien d'Oudin et l'a fait imprimer sous le nom
de Vénéroni, étoit un pédant nommé Vigneron. » Il est juste
d'ajouter qu'il n'avoit pas — ce qu'oublie La Monnoye —
nié ce qu'il devoit à Oudin, quand, en 1681, il avoit donné
une nouvelle édition de son dictionnaire. Il avoit mis sur
le titre : « continué par Laurent Fevrette et par Véné-
roni. » C'est bien plus tard, lorsqu'il fut mort, que son
nom italianisé le lui fit attribuer tout entier.
1. Il n'a pas plus fait cet ouvrage qu'il n'a fait l'autre.
« Sa méthode, lisons-nous , au mot « Vénéroni, » dans le
Dictionn. histor. de l'abbé Ladvocat, n'est pas de lui, mais
du fameux Roselli, dont on a imprimé les aventures en
forme de roman. A son passage en France, il alla prendre
un dîner chez Vénéroni, qui, ayant vu qu'il raisonnoit juste
sur la langue italienne, l'engagea à faire une grammaire
pour laquelle il lui donna cent francs. Vénéroni n'a fait
qu'y ajouter quelque chose à son gré, et la donna sous son
nom. »
2. Ses vrais noms sont Denis-Valrasse Allais. Il avoit servi
en Angleterre, et revenu à Paris, il y donnoit, comme on le
voit ici, des leçons d'anglois et de firançois. Il publia, en
Le Livre commode. 259
de Sevarambes ' , rue des Boucheries saint Ger-
main.
M. de la Croix, près la place des Victoires,
enseigne à parler le Turc*.
Les maîtres pour la langue Arabique sont,
Messieurs de Lipyî et son neveu, au Collège de
Cambray.
Messieurs Veneroni, l'Abbé Brice, et Riche-
let4, rue des Boucheries, enseignent la Langue
Françoise aux Etrangers.
1681, une Grammaire française méthodique, et, deux ans
après, un abrégé en anglois de cette grammaire.
1. Cette Histoire des Sevaramba , qui a été souvent
réimprimée, est en 2 vol. in-12. On y trouve, à l'imitation
de VUtopie de Thomas Morus, tout un nouveau système de
gouvernement politique et religieux.
2. Pétis de La Croix, à qui l'on doit l'Histoire de Ta-
merlan, celle de Gengiskhan, et, ce qui l'a rendu plus
célèbre, la traduaion des Mille et un Jours, que Le Sage
revit pour le style. En 1692, l'année même où nous le
voyons figurer ici, il fut nommé professeur en langue arabe
au Collège Royal. Il le resta jusqu'à sa mort, en 171?-
3. Lisez Dippy. C'étoit un syrien d'Alep. Il cumuloit la
place de professeur en arabe et syriaque avec celle de secré-
taire interprète du Roi. Il professa au collège de France —
appelé ici Collège de Cambray — de 1670 à 1709. J.-B. de
Tiennes lui succéda comme secrétaire interprète, et c'est
Antoine Galland, auteur des Mille et une Nuits, qui eut sa
chaire d'arabe. Il ne la garda que six ans.
4. Ce n'est pas moins que Pierre Richelet, auteur du
fameux Dictionnaire. Ne pouvant vivre de ses livres ni de
ses causes, car il étoit avocat au Parlement, il s'é;oit mis
à donner des leçons de langue françoise, sans y gagner au-
tant que Pécourt et Létang avec leurs leçons de danse, ce
qui le rendoit amer comme nous l'avons vu dans une note
précédente. Bien des gens de son mérite en étoient réduits
a ce métier. De Lisle, le géographe, couroit comme lui le
cachet : c II alloit enseigner en ville, lit-on dans le Lon-
gttovana, et ces misérables qui envoient leur carrosse à un
200 Le Livre commode.
M. Frosne, Architecte, près la fontaine
S. Ovide, enseigne aux personnes distinguées,
les Fortifications, l'Architecture civile et plu-
sieurs autres parties des Mathématiques; on
peut le consulter utilement sur les Batimens et
sur le Calcul des Toisez.
Messieurs le Pautre', rue du Foin, et d'Hon-
neur à l'entrée de la rue de la Coutellerie, en-
seignent la plus excellente pratique du dessein.
Les maîtres fameux pour le Jeu de la Paume
sont, Messieurs Bidault, rue saint Germain
l'Auxerrois : Sainctot, rue des mauvais Gar-
çons : Mion, rue de Bussy : Jourdain^, Cerceau,
le Page et Clergé, dont l'Auteur ignore les
adresses 3 .
comédien, faisoient venir à pied un septuagénaire, qui en
son genre étoit le premier homme de France. »
1 . Pierre Le Pautre, fils aîné de Jean, qui avoit brillé,
comme dessinateur et graveur, dans les premiers temps du
règne. Il fut lui-même, dans le même genre, d'un talent
fort distingué. K., à son nom, VAbecedario de Mariette.
2. Ils étoient deux de ce nom, comme on le verra dans
la note suivante.
} . Si Blegny ne sait pas leur adresse, c'est qu'ils n'en avoient
pas de fixe, ils jouoient « à la représentation, » comme on
diroit aujourd'hui, dans n'importe quel jeu de paume, à leur
choix, et cela deux fois la semaine. Le roi leur avoit accordé
ce privilège, après les avoir vus jouer à Fontainebleau, le
26 octobre 1687. Dangeau, à qui nous devons ce rensei-
gnement, nous donne leurs noms, qui diffèrent, pour un ou
deux, de ceux qui sont ici : « Ils feront, dit-il, afficher
comme les comédiens. Ils sont cinq : les deux Jourdain, Le
Pape, Clergé et Servo. » Pour celui-ci, croyons-nous, c'est
Sercot qu'il faut lire : d'abord parce que ce nom se rap-
proche davantage de celui de Cerceau donné ici; ensuite
parce qu'on le trouve comme étant celui d'un fameux pau-
mier du temps de la Fronde dans la Mazarinade, Le Ministre
d'Etat flambé.
Le Livre commode. 261
M. Revaire, Fourbisseur du Roy, demeure
aux Galeries du Louvre ' .
M. Cadeau, aussi fameux Fourbisseur, de-
meure sur le Pont au Change.
ARMES ET BAGAGES
DE GUERRE ET DE CHASSE.
Le magasin Royal des Armes est à l'Arsenal,
sous la direction de M. Titon, Entrepreneur
Général des fournitures d'Armes^.
Il y a aussi un grand magasin d'Armes et
Equipages de Guerre, chez M. Benicourt3, de-
vant l'orloge du Palais.
1. « Revoir, fourbisseur, dit Germain Brice, t. 1, p. 72,
travaille aux gardes d'épées et en d'autres choses de cette
sorte d'une manière qui le distingue fort des autres maîtres
de sa profession. »
2. Son fils Titon du Tillet, à qui l'on doit ce singulier
monument, le Parnasse françois, qui fut longtemps exposé
dans une des salles de la Biblioùièque Nationale, et le livre
qui l'explique, avec la biographie de ceux qui y figuroient
en statuettes de bronze, fut, comme son père, attaché aux
fournitures d'armes. Il avoit une charge de commissaire des
guerres. Le Magasin royal, créé par le père, ne resta pas
a l'Arsenal, où il l'avoit d'abord établi. En 1701, il étoit
transféré à la Bastille : t le Magasin de Titon, lisons-nous
dans l'édition de G. Brice publiée cette année-là, t. I,
p. 341, est sur la première porte de la Bastille qui donne
dans la place. H est rempli de quantité d'armes de toutes
les sortes, et l'on y trouve tout ce qu'on peut désirer sur
cet article. »
j. Il est appelé « De Benicourt, » dans l'édit. de 1691,
p. 22. — Sa maison étoit déjà célèbre, en 1640. Voici
l'adresse qu'il prenoit alors, et qu'on trouve dans un compte,
pour achat d'armes, publié par M. P. Paris dans son édi-
tion de Tallemant, t. IX, p. 474 : a Pierre Bignicourt,
marchand quincaillier du Roy, à Paris, rue de la Barillerie,
202 Le Livre commode.
M. marchand quincallier, à
l'entrée du quay de la Mégisserie, fait aussi
beaucoup de fournitures.
Le plomb pour les Armes à feu, se vend en
f;ros et en détail chez plusieurs marchands, sous
'orloge du Palais, et au Fauxbourg saint An-
toine ' .
Messieurs Regnault et Lopinot, Tapissiers,
près le Collège Mazarini *, ont un grand assor-
timent de Lits, de Tentes et de Pavillons de
Guerre.
On en trouve aussi chez les Tapissiers Fripiers
des pilliers des Halles 3.
Les Cordonniers qui vendent des bottes vieilles
et neuves, et qui entreprennent la fourniture des
Régimens, sont placez rue de la Barillerie, près
le Palais 4.
à l'enseigne de la Chasse Royale, devant les loges du
Palais. »
1. Liger, dans le Voyageur fidèle, 171 5, in-12, p. 381,
reproduit ceci textuellement. Il ajoute : « on vend la poudre
à tirer à l'Arsenal, où elle se fabrique : elle s'y débite en
gros et en détail. Il y a aussi d'autres épiciers qui en
vendent dans plusieurs quartiers de la ville. »
2. Le second est nommé seul dans l'édit. précéd. , p. 64,
avec cette adresse plus détaillée : « au deuxième pavillon
du collège Mazarini, devant l'hôtel de Créquy. »
3. « Qui pour l'ordinaire, ajoute le Voyageur fidèle,
p. 382, en ont un assez grand assortiment en temps de
guerre. »
4. « Ce sont eux qui font les souliers de fatigue, qu'on
nomme souliers de bottes. » Edit. de 169 1, p. 25. On s'en
servoit encore pour aller par les rues, tant elles étoient
boueuses : « Quoi qu'il ne pleuve pas, lisons-nous dans la
traduction d'une Lettre italienne sur Paris, écrite le 20 août
1692 par un Sicilien, et publiée pour la première fois dans
le Saint Evremoniana, 1700, in-8, p. 385, on ne laisse pas
de marcher souvent dans la boue. Comme l'on jette toutes
Le Livre commode. 263
Les Sieurs Paul et Daumal, rue saint Honoré,
sont de fameux Epronniers ' .
Près la porte saint Antoine, on fabrique des
Tambours pour les troupes.
Les charettes et quaissons de guerre, sont
fabriquez pour la plus grande part à l'entrée du
FauxDOurg saint Antoine.
Les Bahutiers qui font les coffres, malles,
fourreaux de pistolets, etc., sont en grand nom-
bre au quartier du Palais, au bout du pont Notre
Dame, à l'entrée du Fauxbourg saint Germain,
et aux environs de saint Honoré.
On fait sur le quay de la Mégisserie, à la porte
du Fort l'Evêque*, diverses sortes de raizeaux
et tirasses 3 pour la chasse.
Les Oizeleurs du même quay 4, vendent les
raizeaux à prendre des Rossignols.
Pour les chevaux, mulets, hamois, etc. Voyez
l'article suivant.
La manufacture des Buffles pour la Cavalerie
est chez M. Jabac, rue neuve saint MedéricJ.
les immondices dans les mes, la vigilance des magistrats
ne suffit pas pour les faire nettoyer.... Autre fois les hommes
ne pouvoient marcher à Paris qu'en bottines, ce qui fit
demander à un Espagnol, les voyant en cet équipage le jour
de son arrivée, si toute la ville partoit en poste. »
1. Le Voyageur fidèle, p. J82, après avoir parlé du grand
« commerce d'éperons » qui se faisoit rue Saint- Honoré,
ajoute : « les quincailliers en vendent aussi, mais qui ne
valent pas les premiers à beaucoup près. »
2. Liger, qui reproduit cet article, p. 384 de son Voya-
geur fidèle, ajoute : c du côté de la rivière, » ce qui n'étoit
pas inutile à dire, l'entrée principale du For-1'Evèque étant
rue Saint-Germain-l'Auxerrois.
j. Ce sont des filets à prendre les cailles et les perdrix.
4. Il sera reparlé d'eux plus loin.
5. C'est ce commerce qui, nous l'avons dit, p. 109, aroit
264 Le Livre commode.
CHEVAUX ET EQUIPAGES.
Le marché pour les chevaux et pour les mu-
lets, se tient les Mercredis et les Samedis non
fêtez, au bout du Fauxbourg saint Victor, de-
puis deux heures de relevée jusqu'à six '.
Les autres jours on trouve des chevaux de
toutes espèces, chez les Sieurs Guerte, rue de la
Bucherie : François Paris, place Maubert :
Charles Paris, rue des Rats ^ : Grenier, cour de
la Jussienne? : du Pont, cul de sac des Proven-
çaux : Guilloty, rue Perdue : Prévost, le Moine,
Harasse, Arnoult et Anceaume, rue et devant
commencé la fortune de Jabach à Paris : « la France,
lisons-nous dans un passage du Dictionnaire des arts et
métiers, par l'abbé Jaubert, t. I, p. 427, qui complétera
notre première note, est redevable à Colbert de la prépa-
ration des peaux de buffle : il y attira pour cet effet M. de
la Haye, de Hollande, et ensuite M. Jabach, de Cologne,
qui obtinrent un privilège exclusif pour établir leur manu-
facture à Corbeil. » Cette manufacture fut ensuite transférée
à Paris, chez Jabach lui-même, où nous la voyons ici.
1 . Cet article est plus curieux dans l'édit. de 169 1, p. 5} :
« le marché aux chevaux, aux mulets, aux porcs et aux
bêtes azines, se tient les mécredis (sic) et samedis, le matin
pour les porcs, et l'après dinée pour le reste, au bout du
faubourg Saint-Victor. »
2. Ce quartier de la place Maubert — la rue des Rats,
qui est aujourd'hui rue de l'Hôtel-Colbert, s'y trouve — et
celui des environs de l'abbaye Saint-Martin étoient surtout
ceux des maquignons, aussi l'édit. précédente se borne-
t-elle à dire, p. 33 : « Il y a un grand nombre de chevaux
au quartier de la place Maubert et de l'abbaye Saint-Mar-
tin-des-Champs. »
}. On l'appeloit aussi la cour Tricot. Elle alloit de la rue
de la Jussienne à la rue Montmartre. Ce n'avoit été long-
temps qu'une Cour des Miracles.
Le Livre commode. 265
les murs saint Martin, où sont encore logez les
Sieurs Rotelet et Briquet, marchands HoUan-
dois', qui ont un grand assortiment des plus
beaux Chevaux de Carosse,
Il y a plusieurs Selliers Carossiers, qui tien-
nent dans leurs Chantiers des Carosses tous
faits et des Chaises montées ; par exemple, les
Sieurs Gervais et Vignard, rue saint Martin;
Bailleul et des Moulins, rue des vieux Augus-
tins; Stoquet, dans l'enclos de la foire saint
Germain 2; Moreau, rue Mazarini ; le Roux, rue
des petits Champs; Treverger, rue de Berry;
l'Amiral, au petit Marché; Marceau, rue des
quatre Vents; la Ville, rue de Toumon; Poi-
vret, rue de Taranne; la Place, rue de l'Es-
goust, etc.
Plusieurs Boureliers sont renommez pour les
Hamois de la plus grande propreté ; par exemple,
les Sieurs Barbier, rue Coquilliere; Miquelet et
Langlois, rue de Seine?, etc.
Les beaux et magnifiques Carosses de louage
pour les Princes, Ambassadeurs et grands Sei-
gneurs étrangers, se trouvent chez les Sieurs
Dalençon4, rue Mazarini; Dauphiné et du Puis,
1 . Je crois qu'il faut lire Béquet, ce qui seroit une légère
altération du nom hoUandois Becker. Le marqub de la
Femme d'Intrigue, comédie de Dancourt, jouée en 1692,
parlant de ses dettes (aae III, se. 10), dit ce qu'il doit a à
Jame et à Biquet, tant en chevaux de selle que de carrosse. »
2. t 11 y a un grand nombre de carrossiers qui ont leurs
magasins dans l'endos de la foire Saint-Germain. > Edit.
1691, p. ji.
}. Liger, p. 385, en indique aussi rue Saint-Antoine.
4. f Et chez la veuve Chavanon.... > Edit. 1691, p. ji.
On y voit aussi indiqués : « Champot, rue de Seine, et
Ferrât, rue des Boucheries, » qui ne se trouvent pas ici.
266 Le Livre commode,
rue du Four saint Germain; Clovet, rue des
vieux Augustins; David et l'Escuyer, rue de
Seine; et Guérin, rue des Boucheries saint Ger-
main » .
La veuve le Roux, derrière THotel de Salé^,
a aussi de très beaux Carosses de louage 3.
Les Remises où l'on tient d'ailleurs des Ca-
rosses de louage au mois, à la journée, sont
encore rue Mazarine, rue des vieux Augustins,
rue des Boucheries saint Germain, rue des Petits
Champs, rue de Hurepoix, rue Gît-le-Cœur, rue
des grands Augustins, rue de Bussy, etc. 4,
1. Lister qui, étant à la suite d'un ambassadeur, le
comte Portland, crut pouvoir prendre une de ces voitures,
en fut fort content : « Elles sont, dit-il, ch. II, bien do-
rées, ont de bons chevaux et des harnois propres. Les
étrangers les prennent au jour ou au mois, sur le pied de
trois écus d'Angleterre par jour, c'est-à-dire dix-huit ou
dix-neuf francs à peu près. »
2. Il existe encore, avec sa principale entrée, rue de
Thorigny. C'est aujourd'hui l'Ecole centrale. Il fut bâti
sous Louis Xlil par Aubert, fermier de la Gabelle du sel,
ce qui lui fit donner par le peuple le nom d'hôtel Salé.
3. Cet article, dans l'édit. précédente, p. 51, est plus
détaillé : « Il y a encore des magasins de carrosses rue
Michel-le-Comte, vieille rue du Temple, derrière l'hôtel
Salé ; rue de Bussy, et rue du Four du faubourg Saint-
Germain, »
4. Dans l'édition précédente, au chapitre XXXIII, con-
sacré aux mêmes objets, sous ce titre : Des Voitures
parisiennes, se trouvent d'assez curieuses différences,
p. J0-51 : « Il y a des calèches attelées à vingt sols par
heure, dans tous les temps du jour, sur le quay des Au-
gustins, place du Palais-Royal, Croix du Tiroir, rue de la
Ferronnerie, rue Mazarine et rue Saint-Antoine, devant
les Jésuites. — Aux mêmes endroits, et en divers autres
carrefours et places, on trouve des chaises à deux por-
teurs pour un écu par demi-journée, et des chaises à res-
Le Livre commode. 267
On trouve des Mulets et des Littières à louer
chez M. Mariette, Capitaine des charrois de
Monsieur, près la porte saint Jacques, et chez
un Bourelier fort stilé aux équipages de mulets,
à l'entrée de la rue de Richelieu.
Les Sieurs Rousseau, près la porte du Pont
aux Choux' : Dole, vieille rue du Temple :
Didier, rue des Fossez de Condé : et Jourdain,
rue de Bourbon, font des Corps de Carosse qui
résistent fort longtemps.
On trouve de bons ouvriers pour les Ressorts
et Arcs de Carosses et de Chaises au petit Arse-
nal, rue de Limoge au Marais, rue des Gravil-
liers, porte saint Antoine, rue du Sépulcre ^ et
enclos de la Foire S^ Germain 3 .
sorts traînées par un seul homme, à un écu par jour, ou
dix sols par heure. » — L'existence des carrosses à l'heure
n'étoit encore que tolérée. Elle ne devint légale et privilé-
giée que par ordonnance du mois d'août 1698. Le tarif en
fut alors plus élevé. On paya 25 sols la première heure,
et 20 sols les autres. Les fiacres n'eurent plus alors le
droit de stationner sur les places, réservées désormais à
ces carrosses à l'heure. Ils redevinrent des voitures de re-
mises qu'on ne pouvoit louer qu'à la demi-journée, au
jour ou au mois. {Traité de la Police, t. IV, p. 441-442.)
1. Elle se trouvoit à l'endroit où la rue du Pont-aux-
Choux débouchoit sur le rempart, et devoir son nom au
pont-levis jeté sur le fossé, à quelques pas d'un marais
planté de choux, comme un autre situé un peu plus en
avant dans la ville, où croissoit l'oseille, avoit donné son
nom à la rue de l'Oseille. La porte du Pont-aux-Choux
s'étoit d'abord appelée porte Saint-Louis.
2. C'est aujourd'hui la rue du Dragon.
}. Cet article est différent dans l'édit. précédente, p. 59 :
€ Il y a un taillandier à l'Arsenal, un autre près Saint-
Roch, et un uoisième devant leô Premontrez du faubourg
Saint-Germain, qui font très-bien des arcs de carosses. »
On y lit aussi, p. 51 : « les ressorts de la bonne trempe
268 Le Livre commode.
Pour les Glaces de Carosse, voyez l'article des
marchandises des Miroitiers.
On fait et on vend dans plusieurs boutiques
et angards du Fauxbourg saint Antoine, des
Chaises et Soufflets ' à juste prix.
Les Courtiers qui font vendre et acheter toutes
sortes d'équipages, sont les Sieurs de Mouy, rue
Geoffroy Langevin : des Lauriers, rue du Four,
près l'Hôtel Impérial : la Montagne, place Mau-
bert : la Croix, cul de sac des quatre vents :
Jurande et le Breton, rue Bourlabé : le Febvre,
rue du petit Heuleu^, etc.
Le nommé Louis, logé devant les murs saint
Martin, fait principalement le courtage des mules
et mulets.
Les Sieurs Brie devant les Incurables; et
Bouton, rue Git le Cœur, au Gallion, sont des
se font au même faubourg (Saint-Antoine), près la porte
et rue de Charenton, devant les Filles angloises; » et, un
peu plus bas : « on trouve de vieux arcs et ressorts de
carrosses à l'épreuve, chez un grand nombre de dépesseurs
(sic) du quai de la Mégisserie. »
I. Les soufflets étoient une sorte de chaise roulante à
deux roues et fort légère, pour une ou deux personnes,
dont le dessus de cuir ou de -toile cirée se plioit ou se
replioit comme un soufflet, suivant le temps. Louis XIV se
servoit souvent d'une de ces petites voitures. {Journal de
la santé du Roi, publié par M. Le Roy, 1862, in-8,
p. 299.)
2. Pour la fin de cet article, il y a quelques détails de
plus dans l'édit. de l'année précédente, p. 5} : « Jacques
Jurande, rue Bourlabé, chez un maréchal, fait courtage de
chevaux et d'équipages. Autant en font le Breton, même
rue, à la Croix de Fer, le Febvre, rue du Petit-Huleu,
Gavé, rue Geoffroy-Lasnier, et la Croix, rue du Cœur-Vo-
lant, près la foire Saint-Germain. »
Le Livre commode. 269
particuliers qui ont de bons Remèdes pour les
maladies des Chevaux ' .
Entre les Marchands en réputation pour le
même fait, sont les Sieurs Rabeau, rue de la
Corne : du Cas, vieille rue du Temple : Mars,
carrefour des trois Maries ; et Lafond, près l'Hôtel
d'Angoulesme.
La veuve Robillon , Carrossiere au fauxbourg
saint Michel, nettoyé parfaitement bien les Ca-
rosses et Chaises 2.
PASSETEMPS
ET MENUS-PLAISIRS.
Le Théâtre du Palais Royal 5, où sont repré-
sentées les Tragédies, les Pastoralles et autres
Pièces en Musique, est ouvert pour toutes les
représentations les Mardis, les Vendredis et les
Dimanches, et encore les Jeudis, lors qu'il s'agit
de Pièces nouvelles 4.
1. Du temps de Liger, c'est un nommé Prieur, rue aux
Ours, qui étoit le plus expert de ces a médecins de che-
vaux, » comme il les appelle, p. 387.
2. a On trouve tous les dimanches et fêtes, dit l'édit. de
1691, p. 51, et encore tous les mécredis et samedis, des
charrettes couvertes à la porte de Saint-Denis, qui mènent
aux villages circonvoisins. — On trouve en tous temps
aux environs du Pont-Royal, des batelets couverts qui
conduisent où l'on veut à la descente de la rivière.» A la
porte Saint-Denis le « passage du bois de Boulogne » doit
son nom aux voitures qu'on y prenoit pour cette promenade.
^ j. L'Opéra, qui occupoit dans l'aile droite du palais, du
côté où s'ouvre aujourd'hui la rue de Valois, la salle que
Richelieu avoit fait bâtir pour les représentations de sa
Mirame, et qui avoit ensuite servi de théâtre à Molière.
C'est à sa mort que LuUi se l'étoit fait donner par le roi.
4. « Lors qu'une pièce commence à vieillir, le théâtre
270 Le Livre commode.
Les Livres du sujet se vendent à la porte du
Théâtre trente sols en paroles seulement, et en
partition onze livres en blanc ', et douze livres
dix sols reliez^.
M. Berrin, Dessinateur ordinaire du Cabinet
du Roy 3, qui donne les Desseins de toutes les
décorations, habits et machines des Opéra, etc.,
demeure aux galleries du Louvre 4.
Les Comédiens François qui ont leur Hôtel
rue des fossez saint Germain des prez 5 , repré-
sentent tous les jours alternativement des Tra-
gédies et des Comédies.
est fermé les jeudis. On paye à la porte un louis d'or pour
les places des premières loges, un demi-louis pour celles des
secondes, et trente sous pour celles du parterre et du se-
cond amphithéâtre. » Edit. 1691, p. 8.
1. C'est-à-dire brochées.
2. « Un louis d'or reliez en basane, ou douze livres dix
sols reliez en veau, » p. 9.
j. Jean Bérain, qui eut de son temps une si grande
réputation, que l'on ressuscite un peu dans le nôtre. C'est
pour ses décorations de théâtre que Mariette {Abecedario,
t. I, p. 119) fait surtout son éloge : a Jamais il n'y eut,
dit-il, de décorations de théâtre mieux entendues, ni d'ha-
bits plus riches et d'un meilleur goût que ceux dont il a
donné les dessins pendant qu'il étoit employé pour l'Opéra,
c'est-à-dire pendant presque toute sa vie. » La maquette
de sa décoration du 5'' acte à'Armide, en 1686, figure en
ce moment à l'exposition théâtrale de l'Exposition univer-
selle. On a de lui un recueil in-fol. de 99 planches d'ameu-
blement : Ornements inventez par J. Bérain.
4. Il y mourut le 26 janvier 171 1 : « Il a un cabinet
fort curieux, dit Brice, où l'on trouve avec des tableaux
rares une quantité très-grande de dessins, entre lesquels
les siens ne sont pas la moins belle partie. »
$. Aujourd'hui rue de l'Ancienne-Comédie, nom qui lui
est venu de ce théâtre même, qui, du reste, existe encore
en partie au fond de la cour de la maison qui fait face au
café Procope. On y emmagasine des papiers peints. Ce fut
l'atelier de Gros.
Le Livre commode. 271
Les Comédiens Italiens, représentent les Di-
manches et les jours que le Théâtre de l'Académie
Royale de musique est fermé, sur leur Théâtre
de l'Hôtel de Bourgogne, rue Mauconseil'.
Messieurs Baraillon père, fameux Tailleur pour
les habits de Théâtre 2, et M. son fils pour les
masques et autres choses nécessaires pour les
Ballets et Comédies, demeurent rue saint Ni-
caise5.
Les Sieurs du Creux, au bout du pont Notre
Dame, et Boille, rue du Colombier saint Ger-
main, vendent aussi des Masques de Théâtre et
de Carnaval 4.
Mademoiselle Poitiers, vis à vis les Quinze-
Vingts, rue saint Honoré, fait des Coëffures en
cheveux pour les Balets et Opéra.
Les Sieurs Frangeon et la Croix, Brodeurs
des Habits pour les Balets du Roy, demeurent
le premier rue saint Estienne, à la Ville neuve,
1. A l'endroit où, comme on sait, fut plus tard la Halle
aux cuirs.
2. Jean Baraillon, qui avoit commencé par être tailleur
de la troupe de Molière. Une sœur utérine de la comé-
dienne M"' de Brie étoit sa femme depuis 1675. Le
fils, dont il est parlé ici après lui, étoit né de ce mariage.
C'est lui qui, avec le chevalier d'Arvieux, avoit organisé
la mascarade turque du Bourgeois gentilhomme, en 1670.
D'après un compte retrouvé par M. Campardon, il n'y
avoit pas fourni moins de cent trente-huit habits.
}. L'administration et ce qu'on appeloit a le magasin
de l'Opéra, > s'y trouvoit déjà. Ils y restèrent jusqu'à la
fin du règne de Louis XV.
4. Ducreux fit aussi les fournitures pour le Bourgeois
gentilhomme. On voit par le compte cité tout à l'heure, et
qui s'élève pour lui à 454 livres, que non-seulement il y
fournit les masques, mais « les jarretières, perruques,
barbes et autres ustenciles. »
272 Le Livre commode.
et l'autre, rue neuve saint Denis, proche la
porte.
Le Sieur Roussard, Plumassier du Roy, tient
un grand magasin de Plumes pour les Balets et
Tragédies, rue saint Honoré.
Messieurs Cossard et Guerinois vendent toutes
sortes d'Etoffes or et argent pour les Balets,
Opéra et Mascarades, ils demeurent rue saint
Denis, près le grand Châtelet.
Autant en fait, M. Harlier, rue de la Coutel-
lerie, qui fait et vend des Etoffes brodées or et
argent.
Le Sieur du Vandiet, Sculpteur, pour la fa-
brique des Marionnettes et Mannequins, demeure
rue de Hurepoix, près le pont saint Michel'.
Le Sieur Carême, qui fait les Feux d'artifices
de l'Hôtel de Ville et de l'Opéra ^, demeure rue
Frementeau?.
1. Il est appelé « Du Vaudiet » dans l'édit. de 1691,
p. 49, et son adresse y est différente : « rue de la Hu-
chette au Tambour. »
2. Denis Caresme, dont le père, Thomas Caresme, mort
en 1688, avoit été « ingénieur des feux d'artifice de S. M. »
Denis étoit concierge des basses cours du Louvre, ce qui
explique son logement rue Fromenteau. Ses feux d'artifice
figurés et colorés n'étoient pas que pour l'Opéra. Il en fit
aussi pour la Comédie italienne. V. le Théâtre de Ghérardi,
t. I, avertissement. Il mourut en 1700. Son père, qui
logeoit au Marché -Neuf, faisoit non seulement des feux
d'artifice pour le roi, mais pour la Ville. {Bibliogr. des
Mazarin., t. I, p. 388.) En cela, comme on le voit ici, il
lui avoit succédé. Charles-Nicolas Guérin lui succéda à
lui-même. {Archives de l'Hôtel-Dieu, t. 1, p. 130.)
3. Caresme est mentionné au chapitre XXXIX de l'édi-
tion de 1691, p. 59, mais sans qu'il y soit dit qu'il tra-
vailloit pour l'Opéra. « Le sieur Morel, » qui vient après,
s'y trouve aussi. On lit de plus, à la suite : « le sieur
Le Livre commode. 273
Le Sieur Morel, même talent, demeure rue de
Toumon.
Le Sieur du Mont, place Maubert, montre les
tours de Gibecière ' .
On tient tous les Dimanches matin sur le
quay de la Mégisserie, du costé du Châtelet,
une espèce de marché d'Animaux vivans pour
le plaisir; sçavoir, Lapins, Pigeons, Oiseaux
de cages*, Cochons d'Inde, etc.
La Demoiselle Guerin, rue du petit Bac 5 , fait
commerce de petits Chiens pour les Dames 4.
Moisy, qui a une boutique sur le Pont-Neuf, et une veuve
qui en a une devant la Bastille, font des fusées pour les
merciers et pour les particuliers qui en ont besoin. >
1. On s'en amusoit même chez le Roi. V. dans les
Mélanges histor. de Michault, t, I, p. 16-19, l'anecdote
d'un de ces prestidigitateurs qui, pendant une soirée de
Versailles, escamota un verre énorme et le fourra dans les
chausses un peu trop lâchées de ce pauvre abbé Genest,
l'académicien.
2. Les oiseaux de cage étoient surtout le commerce de
ce quai, le dimanche. Quelques-uns se pay oient très-cher.
Les serins, par exemple, qui étoient encore des oiseaux
assez rares, montoient jusqu'au prix de deux cents livres.
(Hervjeux, Traité des Serins de Canaries, 1709, in-12,
chap. XXIU.) Sous la Régence, les grandes dames en fai-
soient trafic. Après qu'on les avoir bien stylés chez elles,
elles les envoyoient revendre sur le quai. (Lémontey, Hist.
de la Régence, t. II, p. 319.)
}. « Près les Petites maisons. » Edit. de 1691, p. JJ.
— On l'appelle aujourd'hui, par interversion, petite rue
du Bac.
4. C'est-à-dire les chiens de chambre ou de manchon.
Les plus à la mode étoient encore à ce moment, quoique
déjà un peu en baisse, comme on le verra plus loin, les
chiens de Bologne, sorte de carlins, qu'on frottoit aussitôt
nés d'esprit de %'in à toutes les jointures pour les empê-
cher de croître. Ils se vendoient quelquefois fort cher.
Tallemant (édit. P. Paris, t. III, p. 304) raconte qu'un
Livre commode. 18
274 ^^ Livre commode.
Les Boules de Buis et de Gayac à jouer, se
font en perfection par le Sieur Baudry, Tour-
neur, rue du petit Lion, et par un autre Tourneur
de la rue Troussevache.
Les Epiciers Orangers de la rue de la Cosson-
nerie, font venir des Boules de Marseille qu'ils
donnent à fort grand marché.
Les Jeux d'Echets et Triquetracs se font et se
vendent chez les Tablettiers du Marché Neuf et
de la rue des Assis.
Les Académies de Jeux de Cartes ont été dé-
fendues, et on ne joue publiquement dans les
Jeux de Paume qu'au Billard '.
extravagant d'italien, nommé Promontorio, en offrit un à
la princesse Marie de Mantoue , pour cinquante pistoles à
payer quand elle seroit reine. Elle accepta, et dix-huit
mois après devint, contre toute apparence jusque-là, reine
de Pologne. On comprend qu'elle paya alors gaîment les
cinquante pistoles. L'espèce des chiens de Bologne s'est
perdue, même à Bologne. (Valéry, l'Italie confortable,
p. 78-80.) Sur la fin du règne de Louis XIV, les chiens
Burgos commençoient à les remplacer. Us préludoient à la
mode des chiens d'Espagne, ou épagneuls, qui date de la
Régence. Entre eux et les bolonois s'étoient un instant
glissés les chiens loups : « On ne carresse plus, lisons-nous
dans la Lettre italienne déjà citée, que ceux qui ont le
museau de loup et les oreilles coupées, et plus ils sont
difformes, plus ils sont honorés de baisers et d'embrasse-
ments. »
I. La défense contre les jeux de cartes n'étoit sans
doute pas aussi sévère quand avoit paru l'édition de l'an-
née précédente, car voici ce qu'on y trouve, p. 49 : « On
joue aux cartes et au billard dans presque tous les jeux
de paume, qui sont en plus grand nombre au faubourg
Saint-Germain qu'ailleurs. » — Les jeux défendus dans
les maisons publiques ne pullulèrent que plus frauduleuse-
ment dans les particulières. C'est alors que l'on vit par-
tout de « ces femmes brelandières » dont parle la X' Sat.
Le Livre commode. 275
Pour les fameux Maîtres de Dance et de
Paume, voyez l'article des Nobles Exercices.
Pour les Joueurs d'Instrumens, voiez l'article
de la Musique.
Le Sieur Alexandre Vauboam ', rue des Assis,
fait des Castagnettes en perfection.
JARDINAGES.
Monsieur le Marquis de Villacerf*, Sur-Inten-
dant et Ordonnateur des Batimens et Jardins du
Roy', demeure rue de l'Egout, près la place
Royale.
M. le Nostre, Directeur et ControUeur des
de Boileau, et que visoit l'abbé de Villicrs dans une de
ses Epîtres, 2* édit., p. 375, lorsqu'il nous rappelle
L'industrieux génie
Qui trouve par le jeu l'art d'avoir compagnie.
« — Eh ! dit Colombine dans l'Avocût pour et contre,
acte III, se. 7, ne pouvons-nous pas donner à jouer à la
bassette, et vivre honorablement dans Paris, comme une
infinité de gens aussi gueux que nous. » Il y eut jusqu'à
des femmes de conseillers au Parlement qui tinrent ainsi
des maisons de jeux. V. P. Clément, /a PoZ/« sous Louis XIV,
p. 340-341.
1. Lisez Roboam. C'est le même qui a été nommé plus
haut, p. 211, comme t fabricant de guitares en perfection. »
2. Edouard Colbert, marquis de Villacerf, déjà men-
tionné plus haut, p. 124.
3. Il avoit eu cette place à la mort de Louvois, auquel
il tenoit par sa mère, comme par son père il tenoit à
Colbert. Il dut s'en démettre, en 1699, à la suite des trop
longues malversations de Mesmin, « son commis princi-
pal, en qui, dit Saint-Simon, il se fioit de tout. »
276 Le Livre commode.
Batimens et Jardins de Sa Majesté', demeure
aux Tuilleries^.
M. le Bouteux, neveu''|de M. le Nostre? et
Directeur de l'Orangerie des Tuileries 4, demeure
à l'Arsenal.
M. Molet, Jardinier ordinaire de Sa Majesté 5,
demeure au vieux Louvre^.
1. André Le Nostre, trop célèbre pour ses travaux à
Versailles, à Trianon, à Saint-Germain, aux Tuileries,
pour que nous ayons à parler de lui longuement.
2. Il y mourut, le 15 septembre 1700, à quatre-vingt-
sept ans. Il s'y étoit fait, dans une de ses dépendances,
une collection de tableaux de maîtres, de médailles, de
porcelaines, etc., dont on peut lire la description au
chap. IV du Voyage de Lister, et au commencement de la
Jeunesse de Bachaumont, qui fut publiée en 1859 par les
soins de Frédéric Lock, d'après un manuscrit de l'Arsenal,
dans les premières livraisons du Magasin de Librairie.
3. Michel Le Bouteux, fils de celui qui avoit eu un si
beau jardin, rue de la Madeleine, à la Ville-l'Evêque, oîi
tout le monde pouvoit s'aller promener, comme on le voit
dans le roman de M°"° de Villedieu : Mémoires de la vie
de Henriette-Sylvie de Molière, édit. de 1701, p. iio. On
a du père : Plans des bastiments et jardin de la Norville;
Plan du jardin et château de Louvois; Plan du château
de Presles, près Beaumont, etc. ; et du fils : Plan et élé-
vation du château de Villacerf, toutes planches très-rares.
4. Il avoit de plus, en survivance, la conciergerie de
cette Orangerie. {Etat de France, 1692, p. 498.)
5. Charles Mollet, fils de Claude Mollet, qui avoit été
sous Henri IV, sous Louis XIII et dans les premiers temps
du règne de Louis XIV, « jardinier ordinaire et dessina-
teur des plans, parcs et jardins des maisons royales, » et
de qui l'on a un livre si curieux : Théâtre des plants et
jardinages, etc., 1652, pet. in-4''. Un autre de ses fils,
André, frère de Charles, qui est ici, avoit été maître des
jardins de la reine de Suède, et avoit publié à Stockolm,
en 165 1, in-fol. : le Jardin de Plaisir, contenant plusieurs
dessins de jardinages, tant parterre en broderie, compar-
timents de gazon, bosquets et autres.
6. Sa charge, qu'il transmit en survivance à son fils
Le Livre commode. 277
M. Carbonnet, aussi Jardinier de Sa Majesté,
demeure près saint Roch, tous trois après M. le
Nostre, ont un grand talent pour les desseins de
Parterres, de Bosquets, etc.
M. Balon, Directeur de la Pépinière du
Roule', demeure là même.
Il y a encore divers autres Jardiniers de
grands Seigneurs, qui sont renommez pour les
compartimens, par exemple,
Messieurs de la Saulsaye à l'Hôtel de Condé :
de Marne, rue de l'Egout près la place Royale :
Godeau, près saint Roch à l'Hôtel de saint
Poùange*, etc.
Les Jardiniers qui sont exercez à la construc-
tion des cabinets et omemens de treillages», sont
Armand, le i" février 1692, étoit celle de < jardinier du
Petit-Jardin parterre, qui est au-devant des fenêtres du
Louvre, t II étoit donc tout naturel qu'il logeât dans ce
palais. Son père avoit demeuré tout près à l'hôtel de Ma-
tignon, et il avoit fait planter, vers 1606, sur la belle place,
qui étoit alors au-devant, t quantité de mûriers blancs. »
[Archives curieuses, i" partie, t. IX, p. ijo.)
1. On sait que c'est de cette pépinière du Roule que le
nom de la rue de la Pépinière est venu. Voici ce qu'on
lit sur Balon qui la dirigeoit alors, dans VEtat de France
de 1692 : f M. Balon, qui est au jardin de la pépinière au
Roule, établie en 1670, est directeur des plants d'arbres des
maisons royales. » Noël de Moriaix, que Lister y alla voir
{V. son Voyage, ch. X), fut le successeur de Balon à la pépi-
nière du Roule.
2. Il s'ouvroit rue Neuve-des-Petits-Champs et devoit
son nom au cousin de M. de Villacerf, le marquis Gilbert
Colbert de Saint-Pouange, dont le fils eut, par mariage,
en 1702, la principauté de Chabannais. La rue, qui fut
percée de 1775 à 1777 sur l'emplacement de l'hôtel et de
son jardin, prit ce dernier nom qu'elle porte encore.
}. On peut voir sur les estampes du temps, qui repré-
278 Le Livre commode.
entr'autres M" de la Saulsaye ' et Godeau ci-
devant désignez : Carpentier à l'Hôtel de Les-
digùires^, et au Fauxbourg saint Antoine : le
Roux, rue de Pincourt : Hennetin, rue de la
Muette? : et le Normand, rue de Montreuil.
Les Jardiniers qui font commerce de Fleurs,
Arbres et Arbustes pour l'ornement des Jardins,
sentent des jardins, et dues pour la plupart aux jardiniers-
artistes, qui en avoient dessiné l'ordonnance, quelles
proportions monumentales on donnoit à ces treillages :
« le grand avantage, dit Lister, qu'ils ont dans les villes,
c'est, outre la beauté du travail, de cacher le vilain
aspect des maisons voisines. » Voyage à Paris, chap. IX.
1 . On a vu tout à l'heure qu'il étoit jardinier de l'hôtel
de Condé. Il s'y étoit fort distingué, comme le prouvent
les deux planches très-rares où sont figurés les treillages
du jardin, à cette époque.
2. Lisez de Lesdiguières. C'étoit l'ancien hôtel que Zamet
avoit fait bâtir sous Henri IV, rue de la Cerisaie, près du
petit Arsenal, dont il n'étoit séparé que par une impasse.
Il appartenoit alors à Françoise de Gondi, veuve du duc
de Lesdiguières. M""= de Sévigné, dans ses Lettres, en
vante la beauté, mais en regrette la trop grande solitude
et le difficile accès. (Edit. Hachette, t. X, p. 374 et 467.)
Les jardins surtout en étoient magnifiques. Carpentier qui
en avoit la direction, et qui excelloit, comme on le voit
ici, pour les treillages, ne les y avoit pas épargnés :
« Celui du fond, dit Lister, étoit fort noble, et avoit coûté
dix mille livres; un autre en avoit coûté six mille. J'en
remarquai un plus petit, et, le seul que j'ai vu ainsi, tout
en feuillage de fer peint en vert. »
3. Ou de la Meute, comme on l'appeloit en 1540, à
cause de quelque maison de chasse. C'est dans cette rue,
qui va de la rue de Charonne à celle de la Roquette, que
Tamponner, peut-être sur le même terrain, eut sous le
premier Empire et la Restauration, ses admirables serres
qui ne contenoient pas moins de cinq mille orangers de
toutes tailles, et où l'on vit la première collection de
camélia. (Durey, Mémorial parisien, 1821, in-12, p. 67.)
Le Livre commode. 279
sont au Fauxbourg saint Antoine ' : les Sieurs
Julien et Guyot dit petit Claude, rue de Pin-
court : Chevalier, rue des Amandiers : Tremei
et Grebey, rue de la Raquette : le Breton, rue
de Charonne : du Puis, Huby et Hely, rué de
Baffroy* : Gauraont Jacques et du Buisson,
grande rue du Fauxbourg : Maréchal, rue saint
Bernard, etc.
Et en divers autres quartiers de la Ville et des
Fauxbourgs sont les Sieurs Thibaut fils, rue des
BouUais : Baptiste, près les Invalides : Jacques,
rue de Taranne 5 : des Crochets, près la porte
saint Martin : Besnard, Fauxbourg saint Lau-
rent, etc.
Le Sieur Billette, Jardinier du Roy, dont la
femme est Bouquetière de Sa Majesté, a de très
belles fleurs et de très beaux arbustes : mais il
est ordinairement en Cour.
Le Sieur Baudouin, Jardinier Marager4, près
1. V. sur ces Aoristes du faubourg, le Mercure d'avril
17J1, p. 176, et celui de juin- juillet de la même année,
j* partie, p. 112.
2. Elle est adjacente à la rue de Charonne.
3. Le jardin de Morin, dont ce Jacques étoit peut-être
le jardinier, se trouvoit rue Taranne, derrière la Charité.
C'étoit un des plus célèbres de Paris pour les plantes
rares. Le premier filaria, dit Sauvai, t. III, p. 4, y fut
planté.
4. C'étoit l'ancien mot, que celui de « maraîcher »
remplaça, Jaubert l'emploie encore dans son Dictionnaire
des arts et métiers, t. III, p. 49. La Quintinie avoit ce-
pendant consacré l'autre depuis longtemps, avec une simple
différence d'orthographe, dans son livre sur Les jardins,
préface, p. xvii. Distinguant ceux qui s'occupent d'ar-
bustes et de fleurs de ceux qui s'occupent de légumes, il
dit : c les uns qu'on nomme simplement jardiniers, les
autres qu'on nomme maréchais. »
28o Le Livre commode.
la Barrière des Incurables ' , cultive toutes sortes
de Fruits et de Légumes precosses avec un suc-
cez merveilleux,
M. Tournesol 2, démonstrateur au Jardin du
Roy, entend particulièrement la culture des
plantes medecinales?.
Aussi fait un des Pères Minimes de la Place
Royale.
On trouve chez les Provençaux, au cul de
sac de saint Germain rAuxerrois4, rue de l'Arbre
sec, des Orangers, des Citronniers, des Jasmins,
I . Il est singulier que Blegny n'ait cité ici que ce « mara-
ger » de la barrière des Incurables ou de Sèvres. Dans les
faubourgs Saint-Antoine et Saint-Martin, où affluoient les
fleuristes, ils étoient, eux aussi, en nombre, et cela depuis
longtemps. Dans les Registres criminels du Chdîelet {i ^S^-
1392), il est parlé, t. II, p. 252 et 522, des marais qu'ils
cultivoient et des gardes qui les préservoient contre les
maraudeurs. Charles V avoit protégé cette culture de la
banlieue parisienne, et il en existe des preuves chez quel-
ques descendants de ceux qu'il avoit privilégiés : « On
conserve, dit M. A. Ysabeau dans un article reproduit par
le Salon littéraire du 21 août 1843, p. 12, on conserve
avec soin dans plusieurs familles de maraîchers — les
Dulac, Deberg et autres — des chartes de Charles V,
concédant aux ancêtres de ces familles des marais, à la
condition de les dessécher pour les convertir en jardins.
Depuis cinq siècles, les familles désignées sur ces chartes
n'ont pas cessé d'exercer de père en fils, sans interruption,
la profession de jardinier. »
2. Lisez Tournefort. C'est le célèbre botaniste-voyageur,
qui étoit professeur au Jardin Royal depuis 1683, et de
l'Académie des Sciences depuis un an seulement. Lister le
vit souvent, et parle beaucoup de lui dans son Voyage.
3. Il combinoit, en effet, la botanique et la médecine,
comme on le voit par son Traité des matières médicales.
4. Il est derrière le chevet même de l'église, et il prit
alors pour le garder jusqu'à présent le nom de ces Pro-
vençaux qui y faisoient leur commerce.
Le Livre commode. 281
des Mirthes et des oignons de Tubéreuses, de
Narcisses de Constantinople , de Hiacinthes
Orientales, de Lis Alphodelles, de Martagons
Pomplions, etc.
Les Mercredis et Samedis on tient sur le quay
de la Mégisserie, une espèce de marché franc
pour les fleurs, arbres et arbrisseaux ' ; où l'on
trouve d'ailleurs des graines de choux-fleurs, et
des cardons d'Espagne.
Les Jardiniers d'Orléans qui apportent tous
les ans à Paris vers la fin de Septembre, une
fort grande quantité d'arbres fruitiers à hautes
et basses tiges, logent pour la plûpan grande
rue du Fauxbourg saint Antoine, au Nom de
Jésus et aux deux Clefs 2.
On peut d'ailleurs en tous temps trouver un
grand assortiment d'arbres fruitiers chez les
Sieurs Le Faucheur à Bagnolet, et Robineau
au Menil-Montant.
1. Ce marché aux fleurs s'étoit d'abord tenu à l'IIe-
Saint-Louis, « le long du quai Bourbon, > dit Sauvai, qui
en vit la fin. On l'appeloit « la foire aux oignons, » à cause
des fleurs à oignons dont on y faisoit surtout le commerce,
c Tous les ans, dit Sauvai, t. II, p. 662, on voit ce
quartier, tout couvert qu'il soit de maisons, se métamor-
phoser en un instant, et devenir un jardin fleuri, bien
varié, et qui sent si bon que l'air en est tout embaumé. >
2. Il y avoit déjà plus d'un siècle qu'on avoit fait à
Orléans de grands progrès dans la culture des jeunes
arbres fruitiers, forestiers et d'agrément. A la fin du der-
nier siècle, on n'y évaluoit pas à moins de 200,000 le
nombre des pieds d'arbre? qui s'y vendoient sur place, ou
qui s'y exportoient à Paris ou ailleurs, chaque année. Les
forestiers étoient surtout fournis par les faubourgs Saint-
Marc et Saint- Vincent, et les arbres à fruit ou d'agrément
par le faubourg Saint-Marceau, oîi cette culture s'est
maintenue et même étendue.
282 Le Livre commode.
Le Sieur de la Forest, concierge de la Sama-
ritaine', fait des Pompes et autres machines
pour l'élévation des eaux.
Rue saint Pierre, du coté de la rue Mont-
martre, on fabrique une sorte de pompe indus-
trieuse qui n'est pas d'une grande dépense, et
au moyen de laquelle un seul homme peut élever
sans peine et sans effort huit ou dix muids d'eau
par heure, l'Inventeur offre d'en faire la démons-
tration aux curieux, aussi bien que des Orloges
et Cadrans pour les vens, au soleil et à la lune,
qu'il fabrique d'ailleurs pour la commodité du
public.
Pour les livres de Jardinages, voyez l'article
du commerce de Librairie.
Le Sieur le Febvre, sur le quay de la Mégis-
serie, a un grand assortiment de graines et oi-
gnons de Jardins^.
On vend des pots de terre à ances bronzez et
dorez pour l'ornement des Jardins, chez le Sieur
du Vivier, grande rue du F'auxbourg saint An-
toine, à l'entrée de laquelle on vend d'ailleurs
des caisses peintes en fayances.
Chacun peut faire fabriquer à son gré des
1. La Samaritaine, sur le Pont-Neuf, étant considérée
comme Château Royal, avoit un concierge, comme nous
le voyons ici, et un gouverneur.
2. Lister, ch. X, ad finem, nous parle de ce M. Lefebvre
« le marchand de graines, » qui'avoit, en outre de sa bou-
tique du quai, où le même commerce se fait encore, un
tort beau « jardin fleuriste. » Ses tulipes étoient particu-
lièrement superbes : « Il en avoit, dit-il, une grande et
belle collection, beaucoup de panachées et d'une grande
variété. »
Le Livre commode. 283
pots de fayance pour les Jardins à la Fayancerie
de saint Cloud.
Ceux qui sont emaillez en violet et tachetez
de blanc, viennent de la Fayancerie de Rouen ' .
TAPISSERIES^
ET MEUBLES ORDINAIRES.
Il y a un magasin de Tapisseries de Flandres?,
rue du petit Lion 4, et un autre pour les Tapis-
series de BeauvaisJ, rue de Richelieu.
Les Marchands Forains qui negotient les Ta-
pisseries d'Aubusson^, sont rue de la Huchette
et aux environs.
M. Dansvùiche7, carrefour sainte Opportune,
1 . Il sera parlé plus loin de cette fayencerie, ainsi que
de celle de Saint-Cloud.
2. Le Sicilien, dont la lettre sur Paris fut traduite dans
le Saint Eyremoniana, s'étonna de voir des tapisseries
partout, sur les murailles des chambres. < C'est un usage
général, dit-il, comme en Italie de les embellir par des
sculptures. »
j . Tapisseries de haute lisse — c'est-à-dire faites sur un
métier perpendiculaire — et à personnages ou à verdures.
Les ouvriers flamands que Henri IV avoit fait venir en 1603,
avoient perfectionné ce genre de fabrication aux Gobehns,
où ils avoient été établis,
4. a Denière l'hôtel de Bourgogne. » Edit. 1691, p. 35.
5 . a Au milieu de la rue de Richelieu, r» Id. — La ma-
nufacture de Beauvais étoit une création de Colbert, en
i66o. Les ouvriers flamands, qu'il y avoit établis, y tra-
vailloient en haute lisse comme aux Gobelins.
6. Elles étoient de basse lisse, c'est-à-dire faites sur un
métier horizontal. Fabriquées par des femmes, et avec des
laines moins fines, le bon marché en rendoit le débit bien
plus général que celui des tapisseries de Beauvais. Le tarif
des douanes de 1664 et années suivantes le prouve.
7. Son nom est écrit f D'Answihc » dans l'édit. précéd.
— C'étoit certainement un flamand.
284 Le Livre commode.
fait commerce en gros de Bergames ' et Tapis-
series de Rouen, façon de Hongrie*.
Les Tapisseries Bergames, Damas-Caffart J,
petites Etoffes, Satin de Bruge4, Taffetas des
Indes et diverses étoffes à faire du meuble, se
vendent en détail et en diverses boutiques et
magasins près l'aport de Paris.
Les Marchands Tapissiers renommez pour les
meubles magnifiques, sont entre plusieurs autres
Messieurs Bon l'ainé, Tapissier du Roy, rue
Tictonne; Bon le cadet, Tapissier de Monsieur,
rue aux Ours 5 ; Barelle, à Luxembourg ; Mon-
1. Les bergames étoient un mélange de laine et de
bourre de soie que l'on teignoit ordinairement en gris ou
en rouge.
2. On en faisoit aussi à Paris. Elles étoient fabriquées
avec de la tonture ou tontisse de laine. C'est de là que les
premiers papiers peints, qui remplacèrent les tapisseries,
en les imitant de leur mieux, furent appelés des papiers-
tontisses.
3. Sorte de damas, dont la trame étoit de fil, et les
chaînes de soie. C'étoit une étoffe « légère, commode et
de grand débit, » qu'en 1604, un marchand de Troyes
demanda au Roy de fabriquer dans son pays avec privi-
lège. {Archives curieuses, i" série, t. XIV, p. 232.)
4. Sorte de damas-caffart, mais avec une rayure diffé-
rente, et qui se rapprochoit aussi beaucoup du satin de
Chine. Le marchand de Troyes, cité dans la note précé-
dente, demanda aussi à fabriquer de ces satins de Bruges,
en 1604.
5 . « Les sieurs Le Bon frères, fameux tapissiers, demeu-
rant rue aux Ours et rue Platrière. » Edit. 1691, p. 36.
— Leur vrai nom étoit, en effet. Le Bon. C'est ainsi que
l'aîné, Louis, est nommé dans l'Etat de France de 1692,
p. 179 et 682, en qualité de tapissier du Roi pour le
trimestre d'avril, et de tapissier ordinaire du duc de Bour-
gogne. Coulange le nomme dans sa chanson sur Un vieux
lit de famille, p. 72 de son Recueil, mais c'est Bon qu'il
l'appelle pour la mesure du vers :
Le Livre commode. 285
tonnet, Cellier et Mendron, rue Michel le Comte';
Bemier et Malet, rue des Bourdonnois, etc.
Messieurs Cussy aux Gobelins, Boulle aux
galeries du Louvre^, le Febvre, rue saint Denis
Autant de modes que d'années,
Aiqourd'hui le tapissier Bon,
A si bien fait par ses journées
Qu'tin lit tient toute une maison.
Ces énormes lits des frères Le Bon étoient célèbres. V. le
Mercure galant, t. III, p. joo.
1. C'est le fils de ce Mandron, tapissier comme lui,
mais Vieille rue du Temple, qui créa chez lui le théâtre
de société, d'où sortit Lekain. Mandron lui-même y jouoit
« les rois ». V. une lettre de lui dans le Journal de
Paru, \" mars 1778, p. 238.
2. Il a beaucoup mieux l'article qu'il mérite dans l'édit. de
1691. Le voici avec celui qui le précède, et qui devroit aussi
se retrouver ici : « les meubles d'orfèvrerie sont fabriquez
avec grande perfection par M. De Launay, orfèvre du Roy,
devant les galeries du Louvre. M. Boul, son voisin, fait
des ouvrages de marquetterie d'une beauté singulière. »
— Nous n'avons pas à nous étendre sur Charles-André
Boulle, le merveilleux ébéniste du grand règne, que l'on
connoît aujourd'hui par de si intéressantes notices, à com-
mencer par celle de Mariette dans YAbecedario, où il dit :
c Ses meubles enrichis de bronzes magnifiques et d'ingé-
nieux ornements de marquetterie sont d'un goût eiqub, et
la mode ne leur fait rien perdre de leur prix. » Il avoit
le goût passionné des tableaux, des estampes plus encore,
et des dessins. Il s'y ruina. En 1686, il étoit déjà la proie
de ses créanciers, et se trouvoit bien que le Louvre, où
il logeoit, fut lieu d'asile. Louvois, furieux un jour de ce
qu'il ne s'exécutoit pas assez vite pour quelques meubles
de l'appartement du Dauphin, où il avoit déjà décoré un
si admirable cabinet tout de glaces et de marquetteries,
menaça de lui enlever ce refuge. Voici la lettre impitoyable
qu'il écrivit à ce sujet, le 4 février 1686, à son agent La
Chapelle : f Boulle promet à Mgr le Dauphin, depuis long-
temps, quelques sièges, lesquels il n'achève point. Je vous
prie de voir en quel état ils sont, et de hai dire que, s'il
ne les achève, je le ferai sortir du Louvre, et le ferai
286 Le Livre commode.
au Chesne vert', etc., travaillent par excellence
aux meubles et autres ouvrages de marquetterie.
M. Marseille, rue S. Denis, près la Sellette,
vend des Tapisseries de cuir doré de Flandres.
Celles de France se fabriquent près la porte
saint Antoine.
Les Cabinets 2, Bureaux, Biblioteques et au-
tres meubles de placages?, de noyers, d'ébène,
de cèdre, etc., sont fabriquez et vendus au Faux-
bourg saint Antoine, à la porte saint Victor, rue
neuve saint Mederic, rue Grenier S. Lazare, rue
du Mail, etc.
Il y a sur la Ville Neuve un très grand nombre
mettre au For-l'Evêque à la discrétion de ses créanciers,
et que je ferai faire son ouvrage par d'autres. » Citée
par M. Rousset, Hist. de Louvois, t. III, p. }8i. En 1704,
la gêne de Boulle étoit encore plus grande et ses embar-
ras plus pressants. Le Roi l'en sauva. {Correspond, admin.
de Louis XIV, t. Il, p. 843.) Le plus grand deuil de sa
vie fut l'mcendie de son chantier au Louvre, et la des-
truction par les flammes de la plus grande partie de sa
collection, dans la nuit du 20 août 1720. Quoique déjà
bien vieux, il eut assez d'énergie pour survivre. Il ne mou-
rut que douze ans plus tard, le i" mars 1732. Il avoit
quatre-vingt-neuf ans et quelques mois. V. sur lui, dans
les Archives de l'Art français, par MM. de Chenevières et
de Montaiglon, t. IV, p. 321-350, un travail qui résume
a peu près tout ce qu'on sait sur lui.
1 . Fils de Claude Lefebvre, dit Saint Claude, qui avoit
travaillé comme tapissier chez Fouquet, à Vaux.
2. Richelet décrit ainsi, en 1688, dans son Dictionnaire,
ces meubles, dont la mode revient : « Espèce d'armoire avec
des tiroirs, faite d'ébène, de noyer ou d'autre beau bois,
propre à serrer des hardes. » On en vendoit aux foires.
Le Sganarelle de L'Amour médecin, act. I, se. 2, veut
donner à sa fille « un cabinet de la foire St- Laurent. »
Dans le Tarif des droits d'entrée, etc., du 18 sept. 1664,
se trouvent de curieux détails sur ces cabinets.
3. « Et de marqueterie, » Edit. 1691, p. 3$.
Le Livre commode. 287
de Menuisiers qui travaillent à toutes sortes de
meubles tournez et non tournez ' .
Les Tapissiers-Fripiers qui vendent et louent
toutes sortes de meubles* faits, sont pour la
plupart sous les pilliers des Halles, rue de la
Truanderie, Montagne sainte Geneviève, Des-
cente du Pont Marie, et 3 rue Grenier sur l'eau.
Le Sieur (^uenel, rue des Bourdonnois, fait
venir des Chaises de Jonc d'Angleterre 4.
Il y a plusieurs Argenteurs et Doreurs pour
les meubles de fer rue Dauphine, rue de la Ver-
rerie et Fauxbourg saint Antoine 5 .
1. C'étoient des ouvriers du faubourg Saint-Antoine,
que, sous Henri IV et sous Louis XIII, grâce à une
exemption de taille et au droit de pouvoir travailler sans
maîtrise, on avoit attirés dans ce quartier encore désert de la
Ville-Neuve-sur-Gravois, c'est-à-dire de la butte Bonne-
Nouvelle, rue Bourbon-Villeneuve — aujourd'hui d'Abou-
kir, — et rue de Cléry, etc., où, comme on sait, le même
métier et le même commerce des meubles s'exercent encore.
2. Ces < louages de meubles » aux Halles sont gaîment
tournés en ridicule dans une pièce du Théâtre Italien, Le
grand Sophy, jouée en 1689 : «Grognard. Je ne sais à
quoi il tient que je ne jette toiis les meubles par la fenêtre.
— Mezzetin. N'allez pas faire cette sottise-là, s'il vous
plaît, il faut que je les rende au fripier. Je ne les ai loués
que pour deux heures. Allons, meubles, sous les piliers des
Halles! [Tous les meubles se plient et disparaissent. ) »
Théâtre de Ghérardi, t. II, p. 158.
3. « Derrière Saint-Gervais. » Edit. précéd., p. }6.
4. < Les tourneurs qui vendent des chaises garnies de
jonc et de paille, sont pour la plupart au Marché-Neuf,
rue Grenier-Saint-Lazare et rue Neuve-Saint-Médéric. »
Id. — L'usage ne s'en répandit pas chez nous, car lors-
que Grosley alla en Angleterre au siècle suivant, il trouva
ce genre de chaise excellent, et nous le recommanda,
comme si l'essai n'en avoit pas encore été fait. Il a été plus
heureux de nos jours. K- le curieux livre de Grosley,
Londres, édit. de 1755, t. I, p. 2}8.
j. L'art, est plus détaillé dans l'édit. précéd., p. 36 :
288 Le Livre commode.
Le Sieur Baudiy, Tourneur, rue du petit
Lion, fait et vend des Mortiers et Pilons de
Boùis pour les officiers", d'une propreté parti-
culière.
Pour les Tableaux et Meubles de la Chine,
voyez l'article des Curiositez de cabinet.
Il faut néanmoins ajouter que les Sieurs Char-
pentiers et Bourgeois, quay de l'Ecole, peignent
et vendent les portraits de la Cour en bordures ^
pour l'ornement des chambres et des salles.
Pour les Lits de Camps, Tentes et Pavillons,
voyez l'article des Armes et Bagages de Guerre.
Pour le Linge, voyez l'article des Toilles et
Dentelles de fil.
Les Sieurs Roùgeot, vieille rue du Temple,
et Landois, rue Neuve saint Honoré, ont une
grande habitude à bien raccommoder et remettre
en couleur les Tapisseries de haute lisse.
Les Tapisseries peintes sur du Bazin façon de
haute lisse?, se vendent dans un magasin prés
les Quinze vingts.
« les argenteurs et doreurs, qui vendent des chenets,
foyers, girandoles, vaisselles et autres ouvrages de fer et
de leton dorez et argentez, ont leurs boutiques rue Dau-
phine et rue de la Verrerie. »
1. Lisez : les officines.
2. Nous dirions «en cadres.» Richelet dit en effet dans
son Dictionnaire : « bordure, bois de menuiserie pour
mettre un portrait ou une glace de miroir. »
3. On les peignoit aussi sur du coutil. L'abbé Jaubert
en parle dans son Dictionnaire des arts et métiers, t. IV,
p. 205 : « Ces autres tapisseries, dit-il, que l'on fait de
coutil, sur lequel, avec diverses couleurs, on imite assez
bien les personnages et les verdures de la haute lisse. »
Il écrivoit cela en 1773, et ajoutoit que c'étoit une inven-
tion assez nouvelle. On voit ici qu'elle datoit de quatre-
vingts ans au moins.
Le Livre commode 289
On vend des Coutils en gros au Bureau des
Marchands Tapissiers rue saint Martin, et encore
chez Messieurs Milon, même rue, et Prévost,
près l'Hôtel de la Monnoye.
CHAIR ET POISSON.
Pour le Bureau des Marchands- Bouchers,
voyez l'article des Bureaux publics.
Les Boucheries de Paris qui sont ordinaire-
ment ouvertes sont près l'aport de Paris, place
aux Rats', quartier des Quinze-vingts 2, marché
du Temple 5, coin de S. Paul 4, porte S. An-
toine 5, marché Neuf 6, montagne sainte Gene-
viève?, place Mauberts, Fontaine S. Severin,
1 . Rue Saint-Jacques-la-Boucherie, près de l'impasse du
Chat-Blanc. Sous Louis XV, cette boucherie de l'Apport-
Paris appartenoit aux anciennes familles bouchères La
Dehors et Saint-Yon. Mercure, mars 1739, p. 439.
2. C'est-à-dire en face des Quinze- Vingts, de l'autre
côté de la rue Saint-Honoré, à l'endroit où se trouvoit la
rue Jeannisson, qui, jusqu'en i8jo, s'étoit appelée pour
cela rue des Boucheries.
3. Il étoit où fut construite, en 181 1, la rotonde du
Temple, pour la Halle aux vieux linges.
4. Dans la rue Saint-Antoine même.
$. Du côté de la Bastille.
6. Dans la partie qui avoisinoit le pont Saint-Michel.
C'étoit une des plus anciennes boucheries de Paris. Il s'y
trouvoit, au-dessus de la porte, des sculptures qu'on disoit
de Jean Goujon. On l'abattit au xviii' siècle, et le Marché-
Neuf en fut de beaucoup agrandi. Suivant la légende, les
m.ouches n'entroient pas dans cette boucherie, et « les
viandes, dit M. de Paulmy, s'y conservoient par consé-
quent beaucoup plus fraîches que partout ailleurs. »
Mélanges d'une grande Bibliothèque, t. XLIIl, p. 26}.
7. Un peu au-dessus du collège de la Marche.
8. Auprès de la fontaine, qu'on y avoit depuis peu
transférée de la place de Grève.
Livre commode. 1 9
290 Le Livre commode.
quartier S. Nicolas des Champs', rue Mont-
martre^, rue Comtesse d'Artois, pointe saint
Eustache; rue de Bussy, petit Marché, Croix
rouge', et rue des Boucheries saint Germain.
Dans toutes ces Boucheries, un Boucher seule-
ment vend les jours maigres pour les malades.
En Carême, le détail de la viande de Bouche-
rie, de la Volaille et du Gibier appartient à
l'Hôtel Dieu où se tient alors la principale Bou-
cherie4, mais on ne laisse pas de vendre de la
viande pour les malades au profit de cet Hôpital
à la Boucherie du petit Marché saint Germain,
à celle du marché du Temple, à celle de la place
aux Rats, et à celle de la rue saint Honoré près
les Quinze-vingts.
M. Thibert, Boucher de cet Hôpital, demeure
près l'aport de Paris s .
1 . Dans la rue Saint-Martin même.
2. Près de l'égout, c'est-à-dire à la hauteur à peu près
du passage du Saumon.
3. vis-à-vis la rue du Cherche-Midi.
4. La rigueur étoit telle sous Louis XV, pour cette
observance du maigre en carême, que Servandoni ayant
voulu, dans la pièce de Léandre et Héro, jouée pendant le
carême de 17 jo, au théâtre des Tuileries, mêler un sacrifice
à son spectacle, dut obtenir de l'Hôtel-Dieu la permission
d'acheter la génisse et le veau, qui dévoient y jouer les
rôles de victimes. V. à cette date, ['Inventaire des archives
de l'Hôtel-Dieu, t. I. V. aussi Rev. des Provinces, i j fév.
1866, p. 351.
5. Il étoit — nous l'avons déjà vu plus haut, note sur
Le Coulteux — d'une des plus anciennes familles de Paris.
Son nom, comme celui des Saint-Yon, des Legoix, etc.,
remontoit à l'époque du règne des boUchers et de Caboche.
Il le savoit, et, de concert avec les représentants des autres
vieilles familles bouchères, il en usoit pour se créer un pri-
vilège et un monopole sur tous les étaux de la grande
boucherie — celle de l'Apport-Paris — et sur ceux du
Le Livre commode. 291
Entre les Bouchers qui font de grosses four-
nitures à la livre pour les grands Seigneurs, sont
à Taport de Paris, Messieurs Boucher, Maùcou-
sin, Crochet et Tibert ; au cimetière saint Jean,
Messieurs Charles de Liziere et Aubry; près
saint Nicolas des Champs, M^^ Laval, Triplet,
Laurent et la veuve Hotaùt; à la grande Bou-
cherie saint Germain, M"^* Madelin, Cottard,
Valet, Bricet et Gallier; à la rue Montmartre,
M. Parisot; et montagne sainte Geneviève,
Mfs Gaudron et le Lièvre.
Les Detailleurs de Tripes et de Pieds de Mou-
tons qui sont dispersez dans tous les quartiers,
les achètent en gros tous les matins près Taport
de Paris.
Le Marché aux Bœufs et Moutons se tient à
Sceau près le Bourg la Reine, les Lundis et
Mardis; et celui des Veaux à Paris sur le Port
de la Grève presque tous les jours et principale-
ment le Vendredi ' .
cimetière Saint-Jean. (Depping, introduct. au Livre des
Métiers d'Est. Boileau, p. lvi.) Le roi, pour en finir avec
ce monopole de Thibert et des autres, en fit don à M"« de
Montespan et à sa sœur M"" de Thiange. Us résistèrent,
et, en 1691, l'époque même où nous sommes, il en résulta
un curieux procès, dont on peut lire, aux mss. de la Bi-
bliothèque Nationale, les pièces et les factums dans la Col-
lection Delamarre, n° 21,656, fol. 1-185.
I. Lister, tout anglois qu'il fût, ne trouva pas, sauf
sur un point, la viande de Paris mauvaise : « le mouton
et le bœuf, dit-il, sont bons, et valent à peu près les
nôtres, sans les surpasser toutefois. Quant au veau, il
n'en faut pas parler : il est rouge et grossier. Je ne pense
pas, d'ailleurs, qu'il y ait pays en Europe, où l'on réus-
sisse pour cet élevage aussi bien qu'en Angleterre. »
{Voyage à Paris, ch. VI.) Quoique inférieure, cette viande
292 Le Livre commode.
Le Marché de la Volaille, du Gibier', des
Agneaux et des Cochons de lait se tient sur le
quay des grands Augustins presque tous les
jours 2, mais principalement les Mercredis et
Samedis?.
Les Rôtisseurs fameux pour les grandes four-
nitures, sont les Sieurs Guerbois près la Bou-
cherie saint Honoré 4, et Meûsnier rue du Temple,
entroit pour beaucoup dans la consommation, que ia lettre
du Sicilien, déjà citée, évalue ainsi, probablement avec plus
de fantaisie que de vérité : a On dit que l'on mange à Paris,
chaque jour, quinze cents gros bœufs, et plus de seize mille
moutons, veaux ou porcs. » V. plus bas, note 3, sur les
offices de Vendeurs de veaux.
1. La m.ême lettre dit que la consommation du gibier
et de la volaille étoit « prodigieuse. »
2 . La consommation de la viande étoit telle, même à
l'Hôtel-Dieu, qu'on y avoit dressé un tournebroche qui
pouvoit en faire rôtir 1,200 livres à la fois. [Inventaire
des Archives hospitalières, Hôtel-Dieu, p. 330.)
3. Il y avoit, pour ce marché, des « jurés vendeurs et
conducteurs de volailles, » dont les jetons — le Cabinet des
médailles en possède un de 1709 — sont des plus curieux.
Ils représentent, au revers, Adam et Eve entourés des ani-
maux de la création, et on y lit cette devise : Proderit
his pecus et volucer, le troupeau et l'oiseau viendront à
eux. — En 1694, on créa de nouveaux offices de vendeurs
de veaux et volailles, qui produisirent, avec ce que rapporta
en même temps « le traité des eaux et fontaines, » 4, j 36.400
liv. (Forbonnais, Essai sur les Finances, année 1694.)
4. C'étoit, en effet, un des plus renommés de Paris pour
les bons repas. I! étoit du meilleur ton d'aller, comme on
disoit, dîner chez La Guerbois, car c'est la femme qui
étoit en réputation plus encore que le mari. V^. ce que
nous avons dit de ce cabaret dans notre Histoire de la
Butte Saint-Roch, p. 126-128. Le nom de Guerbois, qui se
trouve comme enseigne sur la boutique de quelques pâ-
tissiers-traiteurs : rue Croix-des- Petits-Champs, rue des
Saints-Pères, etc., est un dernier débris de cette renommée
culinaire.
Le Livre commode. 29?
qui entreprend d'ailleurs les plus grandes Nopces
et Festins avec beaucoup de réputation.
Entre les Charcutiers renommez, sont les
Sieurs du Cerceau rue de l'Arbre sec, pour les
Jambons façon de Mayence; Robinot montagne
sainte Geneviève' pour les Andoùilles; et de
Flandres rue des Barres pour les bons cervelats.
La foire du Lard et des Jambons se tient le
Mercredi Saint rue et parvis Notre Dame^.
M. Fagnaùlt Ecuyer de cuisine? de Monsei-
1 . ( Devant le portail des Carmes de la place Maubert. »
Edit. 1691, p. 27. Il y est, comme ici, nommé pour la
façon des i bonnes andoùilles. » Après lui vient, pour la
même renommée, « la veuve Maheult, rue Montmartre. »
2. Il est parlé ainsi de cette foire du Parvis dans une
mazarinade, Suite de la révélation, ou le second oracle
rendu par le Jeûneur du Parvis NostrcDame, 1649, in-4°,
p. } :
Dans ce Parvis, où l'on contemple
La face d'un superbe temple,
Jambons croissent de tous côtés,
Ainsi que s'ils étoient plantés.
Le Jeûneur de la mazarinade étoit une statue que l'on
croyoit antique, et qui se trouvoit entre la fontaine du
Parvis et la porte de l'Hôtel-Dieu. On l'appeloit ainsi parce
qu'elle étoit seule à ne pas prendre sa part des monceaux
de victuailles de la foire « au Lard et aux Jambons » du
Parvis, c Oyez, » dit une autre mazarinade :
Oyez la voix d'un sermonneur.
Vulgairement nommé Jeûneur,
Pour s'estre vu, selon l'histoire
Mille ans sans manger et sans boire.
j. C'étoit le nom que prenoient la plupart des gens de
cuisine dans les maisons princières. Chez le Roi, où le
principal s'appeloit « Ecuyer-bouche, » il y avoir, rien
que pour le cuisinier-commun ou du grand commun :
douze écuyers, plus huit maîtres queux, et douze enfants
de cuisine ou galopins.
294 Le Livre commode.
gneur le Prince, fait de très excellentes andoûilles
qu'il vend à des personnes de connoissance.
Le Sieur Olivet près la porte de Richelieu,
fait un commerce particulier de Boudin blanc
et de pieds à la sainte Menehoult.
Le Sieur Boursin Traiteur près la place des
Victoires, est renommé pour le Boudin blanc ' .
On peut par le Messager de Blois recouvrer
en hiver de très bonnes Andoûilles et Langues
de porc fourrées, et par celuy de Troyes des
Langues de porc et de mouton fumées.
On trouve des Mortadelles d'Italie et des
Saucissons de Boulogne 2, chez le Sieur Pilet
Epicier grossier? rue de l'Arbre sec devant saint
Germain l'Auxerrois.
On en trouve aussi quelque fois tout proche
chez les Provençaux 4.
Le marché du Poisson d'eau douce pour la
vente en gros, se tient au quartier des Halles à
l'entrée de la rue de la Cossonnerie.
La vente en gros du poisson de mer se fait à
1. Au chapitre XXXIX, p. 59, de l'édition de 1691, il
est aussi mentionné. On y trouve, de plus, l'indication de
son enseigne : « Au Mont Sainte-Catherine, » ce qui prou-
veroit qu'il étoit de Rouen. — Les boudins blancs commen-
çoient d'être une friandise à la mode, quoique ce ne fût
guère que l'ancien « blanc manger » du moyen-âge, qui,
suivant Didier Christol, dans sa traduction du De obsoniis
de Platine, au chapitre Jusculum album, se composoit
d'amandes et de blancs de chapons piles avec de la mie
de pain mollet, du sucre et du gingembre, etc.
2. C'est ainsi qu'on prononçoit Bologne.
3. Epicier en gros.
4. V. plus haut ce que nous avons dit sur eux et sur le
cul-de-sac auquel ils ont laissé leur nom.
Le Livre commode. 295
la Halle au Poisson ' par les Officiers vendeurs
de marée 2.
Passé huit heures du matin on ne trouve plus
de Poisson de mer ni d'eau douce aux Halles, si
ce n'est de la seconde main comme dans les autres
marchez.
Les Marchands qui font commerce en gros de
Morues et Harangs, sont M. Corriie et la veuve
de Coste rue des Prescheurs, et Mesdames Thi-
bault, Levier, Estancelin et Ferrand sous les
Pilliers des Halles?.
Il y a des bateaux et boutiques de poisson
sur la rivière entre le Pont neuf et le Pont au
change, où l'on vend des carpes et brochets
en gros.
Le Ton mariné se vend chez les Epiciers de
la rue des Lombars et de la rue de la Cosson-
nerie.
La Gelée pour les malades se vend en tous les
1 . Il arrivoit par la voie du Nord, en traversant le Val"
Larroneux, qui en prit le nom de faubourg et de rue Pois-
sonnière. Il étoit apporté, comme on le voit dans les
lettres-patentes enregistrées le 1 2 mars i j 1 9, « tout de
fresche pondeure, par les voituriers et chasseurs de ma-
rée, à chevaux, sommes et paniers. »
2. Comme aujourd'hui, ils vendoient à la criée. L'expo-
sition du poisson se faisoiî de trois heures du matin à sept
heures. Le revers du jeton des marchands et jurés faisoit
allusion à ces heures matinales. On y voyoit un coq, avec
cette devise : t Vigilantibus omnia fausta. »
j. Voici les noms tout autres qu'on trouve dans l'édit.
précédente, p. 61 : < Messieurs Gelée, rue Chanverrerie;
De La Marche, rue des Prêcheurs ; lacinthe, rue Saint-
Denis ; et Regnauld, sous les piliers des Halles. » Levier,
nommé tout-à-l'heure, et Gelée étoient de la famille de
Regnard, enfant des Halles, comme on sait, et de parents
qui étoient dans ce commerce. V. notre Notice sur lui.
296 Le Livre commode.
quartiers de Paris chez presque tous les Trai-
teurs, et chez quelques Apoticaires, et encore
aux Enfans trouvez parvis Notre Dame.
Les Hameçons qui servent pour la pêche à la
ligne, se vendent chez les Chaisnetiers ' du quay
de Gesvre^ et chez ceux de la rue saint Denis.
MARCHANDISES DE BEURRE
ŒUFS, FROMAGES ET LEGUMES.
Le Bureau des Marchands Fruitiers, Oran-
gers, Fromagers, Beurriers, etc., est à présent
au Cloître saint Jacques de l'Hôpital 3.
Les Jurez en Charge de cette Communautés,
sont les Sieurs Ravenel l'ainéJ, rue des Prê-
cheurs; Marié, place Maubert; Cheron et Ra-
venel le jeune, sous les piliers des Potiers
d'étain.
1. Richelet dit à ce mot dans son Dictionnaire : « Ou-
vrier, qui fait des agrafes, et de toutes sortes de petites
chaînes, pour pendre des clefs et des trousseaux, et pour
attacher des chiens, etc. »
2. « Sous la galerie de Gesvres. » Edit. 1691, p. 112.
On appeloit ainsi les boutiques en galerie couverte que le
marquis de Gesvres, gouverneur de Paris, avoit fait cons-
truire sur le quai, qui porte son nom, vers 1642.
J. Rue Saint-Denis, au coin de la rue Mauconseil.
4. Ils n'étoient institués que depuis quelques mois. La
déclaration royale qui les constituoit, en les réunissant à
la communauté des fruitiers, orangers, beurriers, fromagers-
coquettiers, est du 19 juin 1691.
5. Il est appelé Pierre Ravenel dans un afrét du 9 juin
1694, confirmant la sentence du lieutenant de police, en
faveur des marchands fruitiers, etc. « A rencontre des
nommez Val, sa femme, et autres soy-disant facteurs des
marchands forains de beurre, œufs et fromages. »
Le Livre commode. 297
Ceux d'entre les Maîtres de cette Commu-
nauté qui fçnt commerce en gros, de Beurre
frais et salé, Œufs et Fromage, sont lesdits
Sieurs Chéron et Ravenel ' ; et encore les Sieurs
Baron, rue de la Poissonnerie; le Clerc l'ainé*,
rue de la Cossonnerie; Maloùvrier, Roger?, le
Clere le jeunet. Hue, Guilbert, Samson aine et
Samson cadet sous les mêmes piliers, Bacquet
aine, Bacquet cadet, et GuilloùJ, rue des Prê-
cheurs.
Autant en font Mesdames Prignet, Bonvallet
Alexandre et Prévost, rue des Prêcheurs.
Les Sieurs Bazin frères, rue Mondetour, qui
font aussi commerce d'oeufs^, tiennent d'ailleurs
grand magasin de Fromage de Brie, de Beau-
vais, de MaroUe, de Pont l'Evêque et autres.
Autant en font les Sieurs du Tarrc sous les
mêmes Piliers, et Godeau? rue des Prêcheurs.
Sous les mêmes piliers jusqu'à neuf heures du
matin, on trouve des paisans qui vendent en
petits pains le beurre de Vanvre^.
1 . Sébastien Ravenel, d'après le même arrêt.
2. Jean Lederc.
j. Nicolas Roger.
4. Julien Lederc.
j. Jean-Baptiste Guillou.
6. Ils se vendoient surtout au détail, ainsi que les fro-
mages et le beurre, « aux environs du Pilori. » Edit. 1 69 1 ,
p. 27.
7. Jacques Godeau.
8. Il étoit déjà très-célèbre, et le Roi en avoit son four-
nisseur paniculier, Biaise Giu, « le seul, disoient les lettres
du 16 mars 1668, par lesquelles lui étoit constituée sa
charge de beurrier royal de Vanvres, le seul qui ait
uouvé la perfection de faire du beurre de Vanvres, dans la
298 Le Livre commode.
Le Beurre en pots et en tinettes d'Isigny et
autres lieux, est encore commercé par les Epi-
ciers de la rue de la Cossonnerie.
On peut recouvrer du Beurre de Bretagne de
la Prevalaye ' par l'entremise du Messager ordi-
naire.
Il en vient d'Isigny aussi de très excellent en
petits pots, en hiver seulement, qui est com-
mercé principalement par lesdits Sieurs Ravenel,
Baron, Gùilloù et la veuve Prunier.
Les Facteurs des marchandises cy-dessus qui
vendent pour les Marchands forains 2, sont les
Sieurs Val, Barthélémy, Ravenel et la Ramée,
quay des Augustins, et encore lesdits Sieurs
Baron, Ravenel le jeune, et Samson l'ainé cy
devant nommez.
Les Facteurs pour la vente du Beurre de Nor-
mandie 3, sont les Sieurs Aùfroy, Hue et Clicot,
bonté et excellence qu'il peut être. > Jal, Dictionn. cri-
tique, p. 214.
1. Les beurres d'Isigny et de la Prevalaye sont, on le
sait, toujours célèbres.
2. Ce sont ces. facteurs qui eurent, en 1694, un procès
qu'ils perdirent, ainsi qu'on l'a vu plus haut, avec la com-
munauté des fruitiers. Val et Baron, dont les noms suivent,
y avoient surtout été engagés.
3. Dans l'arrêt rendu pour le procès, dont nous venons
de parler, sont nommés plusieurs « marchands de volaille,
beurre et autres marchandises de la province de Norman-
die, » qui avoient pris partie pour les facteurs. Ce sont :
Nicolas^ Duchemin, de Thorigny; François Laurent, de
Saiut-Lô; Michel Danton, marchand à Caen; Jacques
Manninot, Jacques Savart, Michel Laurent, de Falaise ;
Nicolas Lemoine, Elle Poret, Antoine Guérin, Thomas
Mane, Pierre Ponnier, Jean Benoist, Jean Martin, Henry
Chertier, Geoffroy Germain, Pierre Du Moutier, Christophle
Roussel, Marie Le Doux, etc.
Le Livre commode. 299
rue Betizy ; Levé, rue Tirechappe, et Prévost,
rue de la Monnoye.
Les Légumes se vendent en gros les matins
jusqu'à huit heures dans la rue de la Lingerie,
et en détail dans tous les marchez ' .
A la décente du Pont Marie qui va au port
saint Paul, il arrive bien souvent des Fromages
de Brie qu'on vend en gros*.
Pour les Fromages de Rocfort, voyez l'article
suivant.
Les Fromages de Lorraine arrivent au Chariot
d'or devant l'Abbaye saint Antoine, et en quel-
ques autres hôtelleries du même quartier.
1 . « Les marchandises de bouche se trouvent en gros et
de première main, de grand matin, aux Halles, où chaque
genre de denrées a son département. — Pasié huit heures
dans les marchez et aux Halles mesmes, on n'a presque
plus rien que de la seconde main. — Les herbages se
vendent rue de la Lingerie et au coin Saint-Paul, où quel-
ques jardiniers du faubourg Saint-Antoine s'arrêtent le
matin, ainsi qu'au cimetière Saint-Jean, pour ne pas aller
jusqu'aux Halles. » Edit. 1691, p. 27.
2. Il n'y a pas, surtout dans cette seconde édition, assez
de détails sur les petits marchés de Paris. Liger, dans le
Voyageur fidèle, p. 345-345, est plus complet. Il mentionne
la place ou petit marché du marais du Temple — aujour-
d'hui marché des Enfants-Rouges, — € où l'on vend, dit-il,
du beurre, des œufs, etc.; » le petit marché Saint-Jacques,
près de la porte du même nom, où se fait le même débit,
mais le mercredi et le samedi seulement; le petit marché
de la Croix-Rouge, pour le lait, le fromage, le beurre, les
légumes, et enfin — ce qui nous fournit une étymologie
parisienne longtemps cherchée, — « la place appelée la
Pierre au Lait, proche, dit-il, de l'église de Saint-
Jacques-la-Boucherie. C'est un petit marché fort étroit,
ajoute-t-il, où il va beaucoup de laitières. On y trouve
aussi des œufs frais, du beurre et autres denrées de cette
sorte. )
joo Le Livre commode.
OFFICES DE FRUITERIES.
Il y a un grand nombre de Confiseurs rue des
Lombards ' , et quelques uns rue saint André, et
rue saint Honoré près le Palais Royal, qui ven-
dent en gros et en détail toutes sortes de confi-
tures sèches et liquides de Dragées, de Masse-
pains, de Biscuits amers 2, etc.
On peut par le Messager de Dijon recouvrer
deux sortes de Confitures exquises et inimitables ;
à sçavoir, des Prunes de Moyeux? et de l'Epine
vinette 4,
Il y a un Pâtissier, rue Bailleul près la Croix
du Tiroir, et un autre rue saint Nicolas au Faux-
bourg saint Antoine, qui vendent en gros et à
juste prix aux Officiers, Aubergistes et Limona-
1. Il en reste encore quelques-uns. La maison la plus
célèbre par exemple, celle du fidèle Berger, y exista jusque
dans ces derniers temps. Elle est déjà mentionnée par
Roze de Chantoiseau dans son Almanach général d'indi-
cation pour 177J : « Ravoisé, y est-il dit, rue des Lom-
bards, au Fidèle Berger, confiseur très-renommé, etc. »
2. C'est-à-dire aux amandes amères, comme on le verra
plus bas.
j. C'étoit une sorte de prune confite. Il en venoit en-
core_ beaucoup de Dijon, lorsqu'en 1741, Savary fit son
Dictionnaire du Commerce. Le petit marquis, Louis-Pro-
vence de Grignan, se faisoit un grand régal de cette
confiture ; aussi M"" de Sévigné écrit-elle à M""' de
Grignan : « Songez à vos moyeux pour Provence. » Lettre
du 22 sept. 1675.
4. Il venoit de Dijon de l'épine-vinette en grappes
confites et en pastilles : « J'ai cru me ressouvenir, écrit
Voltaire à D'Argental, le 4 août 1 777, qu'on faisoit autre-
fois des pastilles d'épine-vinette à Dijon, et j'en ai fait
tenir une petite boîte à votre voisin (Thîbouville). »
Le Livre commode. joi
diers, des biscuits, des macarons, des craque-
lins', etc.
On trouve des Biscuits, des Macarons, des
Massepains, des Cornets, etc., chez tous les
Pâtissiers de Paris, entre lesquels le Sieur de
l'Etoile rue saint Antoine près les Filles sainte
Marie, fait de très bons Biscuits d'amendes
ameres.
Le Sieur Billard, rue Montorgueil, est re-
nommé pour les Biscuits façon de Blois^.
Les fruits en gros se vendent le matin à la
Halle aux bleds depuis trois ou quatre heures
jusqu'à huit.
Sur la Grève de l'Arsenal, vis à vis l'Isle
Louvier, il arrive tout l'Eté et tous les jours aux
mêmes heures, des batteaux de Fruits nouveaux
venant de saint Seine et Route?, qui sont ven-
dus en gros par paniers aux Fruitières qui font
le détail.
Il arrive aussi fréquemment des batteaux de
pommes et poires venant de Normandie sur le
quay de l'Ecole.
Les Vins Muscats et de Canaries se vendent
en détail aux environs de la Croix du Tiroir 4.
1. Le craquelin étoit un gâteau rond à rebord, fait
seulement à la farine et au sel, et croquant sous la dent.
Il se faisoit surtout, comme on le voit ici, chez les pâtis-
siers des faubourgs, ou de pauvres femmes s'en fournis-
soient pour les venir revendre en ville.
2. Savary, dans son Dictionn. du Commerce, 1741, in-fol.,
t. I, col. 96$, dit encore : « le commerce des biscuits de
Blois est très-considérable; il s'en fait une assez grande
consommation à Paris. »
}. C'est-à-dire de tous les pays riverains du fleuve, de-
puis Saint-Seine où en est la source.
4- Il y avoit là, depuis le règne de Louis XIII, des
302 Le Livre commode.
Les Provençaux qui logent au cul de sac saint
Germain l'Auxerrois, vendent en gros des Fro-
mages de Rocfort, des Olives, des Anchois, du
Vin de saint Laurent, des Figues, des Raisins,
des Brugnons, des Amandes et autres fruits secs
de Provence.
Autant en font les Epiciers de la rue de la
Cossonnerie, qui vendent d'ailleurs des Câpres
fines, des Oranges et des Citrons de Provence,
de la Chine' et de Portugal.
Messieurs Lion, rue de Truanderiez, et Jour-
dan, rue S. Denis, au cheval blanc?, tiennent
aussi magasin de fruits de Provence +.
sortes de cabarets en sous-sol, où l'on ne buvoit pas
d'autres vins. « Un jour, dit Tallemant, que notre Orphée
— c'est le musicien Lambert — s'estoit laissé erttraîner
dans une de ces caves de vin muscat à la Croix du Trahoir,
il en sortit la tête en compotes, etc. » {Historiettes, édit.
P. Paris, t. VI, p. 199.) — Elles se trouvoient, rue'saint-
Honoré, un peu plus haut que la rue de l'Arbre-Sec, au coin
de laquelle se voyoit, comme on sait, la Croix du Trahoir.
1 . Ces petites oranges, que nous appelons aujourd'hui des
mandarines, étoient alors fort recherchées. Il n'y avoit qu'un
demi-siècle que la culture en avoit commencé en Portugal,
d'où elles nous venoient. C'est à cause de leur prix que,
dans l'Avare, voulant mettre hors de lui son père Harpa-
gon, Cléante lui propose pour sa collation des plateaux
entiers d'oranges de la Chine. Tout ce genre de fruits
étoit, du reste, à la mode, parce qu'il n'étoit pas à la
portée de tout le monde : « les oranges et les citrons, dit
la Lettre italienne déjà citée, tiennent le premier rang
entre les choses qui se vendent cher, parce qu'elles vien-
nent d'Italie et de Portugal, et ils sont plus estimez que
les autres fruits : telle est l'inclination de l'homme, qui
ne trouve bon que ce qui coûte beaucoup. »
2. Son adresse, dans l'édit. précéd., est « rue Jean de
l'Epine, à l'enseigne de la ville de Tours. » Cette rue étoit
près de celle de la Truanderie.
3. V. son art. plus bas, au chap. Epiceries.
Le Livre commode. joj
Le Sieur Chaillou, rue de l'Arbre sec; de
Rere, rue Dauphine, et Regnault au Jeu de
Metz, sont renommez pour le bon Chocolat et
pour le Caffé en graine et en poudre.
On vend un Traité curieux du Thé, du Caffé
et du Chocolat, chez la veuve Nion, quay de
Nesle'.
Les Sieurs Huré, place Dauphine^, et Let-
gùyue, rue Dauphine, sont renommez pour les
bons melons.
Le Sieur Luquet, rue saint Denis, devant la
rue du petit Lion, fait et vend des carafons de
liège fort légers et fort propres pour rafraîchir
les liqueurs à la glace î.
Le Sieur Joubert, qui demeure au quartier
de la Croix du Tiroir, rue des vieilles Etuves, à
l'enseigne du Soulier d'or, vend des Olives et
des Anchois4à juste prix pour les Cabaretiers et
Aubergistes.
4. « On vend des Truffles, rue Serpente, au Messager
de Toulouse. » Edit. 1691, p. m.
1 . C'est le traité cité plus haut à l'art. Librairie. Il est
de Blégny, lui-même, qui ne manque jamais l'occasion de
rappeler ce qu'il a fait.
2. Son article est plus curieux dans l'édit. précéd., p. 29 :
« le sieur Huré, marchand de melons, à qui l'on peut avoir
toute confiance en payant un bon melon ce qu'il vaut, a
tous les ans sa boutique à l'entrée de la place Dauphine. »
j . On appeloit alors carafons les seaux qu'on remplissoit
de glace pour y faire rafraîchir le vin en bouteilles. Il a voit
été fort ingénieux d'y appliquer le liége à cause de sa po-
rosité. C'étoit, avec une tout autre matière, le système des
alcarazas espagnols, où cette porosité entretient la fraîcheur
par l'évaporation. La glace, dans ces seaux de liége, qui,
d'ailleurs, sont encore d'usage, se conserve plus longtemps
que dans les autres.
4. On s'en foumissoit depuis longtemps à Nice, Cannes,
304 Le Livre commode.
Il y a un magasin de Pistaches ' , rue Bourlabé,
chez Madame Nave.
Pour le sucre et autres denrées domestique,
voyez ci-après l'article d'Epiceries et denrées
domestiques.
PANNETERIE ET PATISSERIE.
Entre les Pâtissiers renommez pour la pâtis-
serie, sont les Sieurs le Coq, rue de l'Université,
quartier saint Germain 2 ; le Hongre, rue saint
Antibes, etc. Olivier de Serres, Théât. d'agricult., i6oj,
in-4°, p. 660, parle de « barrils d'anchoies (sic) j qui en
venoient.
1. Les pistaches du Levant étaient en vogue depuis le
XVI» siècle. V. A. Paré, Liv. XVIII, ch. 4j. On en faisait
d'excellentes dragées.
2. Dans la i'* édit., il est donné, p. 27, comme ayant
« une grande réputation pour toutes sortes de pâtisseries. »
Puis on lit à la suite : « Ainsi en est-il du sieur Flechmer,
rue Saint-Antoine, au coin Saint-Paul, celuy-ci fait un grand
débit de fines brioches que les dames prennent chez luy en
allant au Cours de Vincennes. » — Les marguilliers de
Saint-Paul, avec lesquels, en bon voisin, il s'entendoit, lui
faisoient commander tous les pains béniis de la paroisse.
Ils en avoient une part du profit, ou tout au moins une
paragudnte, comme on appeloit alors le pourboire. Marigny,
après leur avoir dit, dans son poëme du Pain Bénit, qui
parut en 1673, tout ce qu'il y avoit de scandaleux dans
leurs exigences pour que le gâteau fût bien large, bien
épais, « bien étoffé », ajoute :
Encor ne pouvez-vous souffrir
Que le pain que l'on doit offrir
S'achète ailleurs qu'en la boutique
De Fléchemer, qui pour l'argent.
Afin d'avoir votre pratique,
Se qualifie effrontément
De pâtissier de la fabrique.
Que son pain soit grand ou petit,
11 est selon votre appétit.
Le Livre commode. 505
Antoine, près les Jésuites ; Mignot, rue de la
Harpe'; Berthelot, rue saint Louis du Palais;
Luce, près les Basions Royaux 2; Sonnet, près
saint Roch; Bouliet, rue des Déchargeurs;
Gravier, à l'entrée de la rue saint Antoine; la
veuve Langlois, à la Bazoche, rue saint André?,
S'il vous donne une paraguante.
Et s'il fait bien boire Regnault,
Votre fabrique est fort contente :
L'offrande est faite comme il faut.
1 . « Le sieur Mignot, rue de la Harpe, n'a pas seule-
ment beaucoup de réputation pour la pâtisserie, mais encore
pour toutes espèces de ragoûts, étant pâtissier traiteur. »
Edit. de 1691, p. 28. — Voilà qui le venge de Boileau.
C'est, en effet, le Mignot de la Satire ùu Repas, où il est
donné, il vous en souvient, pour « l'empoisonneur » qui
sait le mieux son métier. De notre temps, il eût fait au
satirique un procès en diffamation. Il s'y prit, pour sa
revanche, comme on s'y prenoit du sien. Il rendit satire
pour satire. Cotin venoit d'en faire une contre Boileau, dont
il vouloit aussi se venger. Us s'entendirent ense.iible, et,
pendant plusieurs semaines, il ne sortit pas un gâteau de
chez Mignot qui ne fût enveloppé du papier satirique de
Cotin. Sa boutique, du reste, ne prospéra que mieux du
mal qu'on en avoit dit : « Ce matin, dit Brossette, à la
date du 22 oct. 1702, dans ses Mémoires sur Boileau, en
passant dans la rue de la Harpe, l'on m'a montré la maison
où Mignot, pâtissier et traiteur, tenoit autrefois sa boutique.
C'est vis à vis la rue Percée. Un nommé Couterot tient la
même boutique de pâtissier. Mignot a quitté sa profession
en 1700, et il vit de son bien. » Il avoit eu surtout une
grande réputation pour les biscuits (Vigneul-Marville, Mé-
langes, t. III, p. 291).
2. Cabaret de la rue Saint-Honoré, dont il sera dit un
mot plus loin.
3 . On y mettoit fort bien les levrauts en pâtés, si l'on en
croit le procureur de la 3" Satire de Furetière. On m'a
fait, dit-il,
On m'a fait un présent d'un levreau d'importance,
Que j'aurois plus ganlé, n'étoit cette occurence ;
Livre commode. ao
jo6 Le Livre commode.
et pour ce qui regarde les Biscuits, Macarons,
Craquelins, Massepains, Cornets, voyez l'article
précèdent.
M. Prévost, Boulanger de Monsieur et de
Madame", demeure près le Palais Royal.
Le Sieur Vérité, Boulanger, près la Magde-
laine^, fournit Nosseigneurs du Parlement, et
est fort renommé pour le Pain de Seigle et pour
le Pain au lait?.
Il y a plusieurs autres Boulangers renommez
pour diverses sortes de Pains, par exemple, les
Sieurs Dantan, près les Jacobins, pour le petit
pain; de Lorme, rue aux Ours; et le Comte, au
cimetière saint Jean, pour le pain molet4 ; des
Si je le mangeois seul j'aurois quelque remords ;
J'ai dit qu'on luy fit faire un brillant juste au corps
Et l'ai fait envoyer exprès à la Ba:oclie.
11 fait plus de profit en pâte qu'à la broche.
1 . Dans l'Etat de France pour 1692, p. 774, c'est Jacques
Converset qui est indiqué comme boulanger de la maison
de Madame. Pour celle de Monsieur, p. 736, l'indication
manque.
2. En la Cité.
3 . Ces « pains au lait » étoient spéciaux aux boulange-
ries dites « de petits pains, » et ils y avoient des noms
particuliers suivant leurs formes. On les appeloit pains à la
mode, pains de Ségovie, et encore pains à la Montauron,
mais ce nom avoit à peu près passé pour faire place à un
autre, comme on le verra plus loin. P'agon avoit défendu
au Roi l'usage de ces pains au lait. {Journal de la Santé,
p. 21 I, 22}.)
4. On l'avoit aussi appelé pain à la Reine. Comme il y
falloit plus de levure qu'aux autres et qu'il n'étoit pas
ainsi réglé selon les lois de la médecine, la Police ne
l'avoit d'abord que toléré (G. de Serres, p. 822). En 1688,
il faillit être tout à fait défendu à la suite d'un procès
entre les Boulangers et les Cabaretiers, dont nous avons
ailleurs donné longuement le détail. V. Le Roman de Molière,
p. 191-227.
Le Livre commode. 307
Monceaux, rue de Toumon, et le Comte, rue
Galande, près la place Maubert, pour différentes
sortes de Pains ' .
La veuve Ronay, rue saint Victor, fait un
pain de table excellent de toutes farines, qu'on
nomme Pains à la Joyeuse*.
Il y a dans la Cour des Quinze-Vingts plu-
sieurs Boulangers qui font un Pain de ménage >
de toutes farines qui est trouvé d'un bon goût.
Le Boulanger qui fabrique le petit pain de
1 . Presque tous étoient fort grands, comme notre pain
Jocko, dont le nom est une altération de celui du pain Coco
du Languedoc. Le Sicilien, dont nous avons déjà cité la lettre,
s'étonne de ces pains énormes, et il en parle avec une
exagération amusante : « le pain est bon, il est blanc, bien
fait, dit-il, et un seul pain est quelque fois si grand qu'il
suffit pour rassasier une semaine entière pendant plusieurs
jours; ce qui a fait dire à un plaisant que si cette manière
de faire de grands pains eût été dans la Judée au temps du
Messie, les cinq mille Juifs qui furent rassasiés se seroient
plutôt étonnés du four que du miracle. 1 — Le plus grand
étoit le grand pain bourgeois, dont Jean Alassin avoit
obtenu le privilège en juin 1649, et qui avoit fini par être
accepté, malgré l'opposition des boulangers et surtout des
meuniers. C'étoit un pain bis-blanc, qui se distribuoit au
poids en échange du blé {Bibliog. des Mazarinadu, t. I,
p. 411-412). Une brochure in-4° de 7 pages et rarissime
contient sur cette spéculation de boulangerie populaire des
données curieuses : Tarif des droits que V entrepreneur du
Magasin de grand pain Bourgeois, estably dans la rue des
Rosiers au petit hôtel d'O, a costi de la vieille rue du
Temple, prend tant pour le déchet ordinaire de la farine au
moulin ou ailleurs que pour les frais dudit moulin et de la
fabrique ou du cuisson (sic) du pain.
2. C'est un souvenir du règne de Henri III, où, après les
noces du duc de Joyeuse avec la sœur de la Reine, tout
fut t à la Joyeuse » dans Paris, même le pain.
3. Cette expression t pain de ménage » est déjà dans
le Théâtre d'agricuH. d'O. de Serres, 1605, in-4*, p. 824.
3o8 Le Livre commode,
mouton pour les enfans', demeure rue de Seine,
quartier saint Germain*.
Le Sieur Ozanne, rue de Guenegaud, est re-
nommé pour le pain PagetJ et pour une sorte
de pain façon de Gonesse4.
1 . Le pain-mouton étoit une sorte de petit pain saupou-
dré de grains de blés que les valets étoient chargés de
donner aux enfants pauvres, quand venoient les étrennes.
Il différoit beaucoup — sauf par le nom — du pain de
mouton, qui se faisoit avec du beurre, du fromage, et de
la pâte, et n'étoit guère plus grand, dit Richelet, qu'un
écu d'argent. On le donnoit aussi aux enfants « un peu de-
vant et un peu après le jour de l'an. » L'abbé de MaroUes
a parlé dans les notes de sa traduction d'Athénée, 1680,
in-4'', p. xxxix, où certes l'on ne l'attendoit guère, d'une
femme qui fut célèbre en son temps, par le débit qu'elle
faisoit de ces petits pains, en criant par les rues : « à mes
petits pains de mouton, Mesdames! »
2. Dans l'édit. précéd., p. 62, son adresse est « rue des
Mauvais Garçons, » celle du faubourg Saint- Germain, sans
doute, près de la rue de Seine.
}. C'étoit, croyons-nous, le pain à la Moutauron, avec
un nom plus nouveau, mais déjà ancien lui-même. Jacques
Paget Du Plessis, d'abord maître des requêtes, puis inten-
dant des finances, avoit fait fortune en s'arrangeant avec les
partisans, lorsque Moutauron, un de ceux-ci, avoit sombré
après quelques années de la plus grande magnificence, qui
lui valut, comme on sait, la dédicace de Cinna. Tout étant
de mode, le pain à la Moutauron fut remplacé par le pain
Paget, comme la fortune de Paget avoit succédé à celle de
Moutauron.
4. On sait que le pain de Gonesse, qui devoit, dit-on,
ses qualités à l'eau du pays, étoit celui qu'on préféroit à
Paris, dont il formoit en grande partie l'approvisionnement.
L'arrivage s'en faisoit deux fois par semaine, et il avoit sa
halle particulière : « On ne prendra pas Paris, disoit Condé,
suivant le cardinal de Retz, par des mines, comme Dun-
kerque, et par des attaques, mais si le pain de Gonesse
lui manquoit huit jours. » Lister le trouva excellent et bien
supérieur à celui de Paris. « Il est extrêmement blanc,
Le Livre commode. 309
Le Sieur Jacques, rue saint Honoré, est re-
nommé pour le pain biscuit qu'on mange avec
les liqueurs.
Les Sieurs l'Esteuve, près saint Medard, et
Adam, rue saint Denis, au Roy François',
fabriquent des Fours pour le public.
Il y a plusieurs Paindepiciers rue Marivaux* et
porte S. Denis.
MARCHANDISE DE VINS
ET d'aPRESTS.
La Halle aux Vins ? est à la porte saint Ber-
nard, où il y a des Bureaux pour les droits du
Roy4. On y trouve de bon et franc vin de
Bourgogne chez le Sieur Compagnot,
Le Bureau des Maîtres et Gardes de la mar-
dit-il (chap. VI), ferme, léger et fait avec du levain. Il est
ordinairement en pain de trois livres. » Le prix de trois
deniers anglois la livre, qu'il donne ensuite, équivaut à
trente-et-un centimes d'à présent.
1 . C'est-à-dire Cour du Roy François, ancienne Cour des
Miracles, qui n'a disparu que dans ces derniers temps, et
qui devoit son nom à cette enseigne.
2. On les appeloit aussi « pâtissiers de pain d'épice. »
Us étoient peu nombreux à Paris, à cause de la concur-
rence de ceux de Reims.
3. Elle avoit été établie en 1662.
4. La porte Saint-Bernard, qui avoit la forme d'un arc
de triomphe, datoit de 1674. Elle se trouvoit sur le quai
de la Tournelle, un peu au-dessus du pont. On la démolit
au commencement de la Révolution. Sous l'Empire, la Halle
aux Vins, sa voisine, fut reportée plus haut, sur la plus
grande partie de l'endos de l'abbaye Saint-Victor, qu'elle
occupe toujours. Les travaux d'installation commencèrent
en 1 8 : 1 .
310 Le Livre commode.
chandise de vin', est rue Grenier, sur l'eau,
derrière saint Gervais.
Tout proche rue des Barres, M. Milon fait
commerce en gros de Vins de Champagne 2.
Du nombre des douze Marchands de Vins du
Roy 3, qui font les grandes fournitures en pièces
et en bouteilles, pour la Cour, pour l'armée et
pour le public, sont Messieurs Cresnay rue
Notre Dame4, de Bray rue de la Huaumerie,
1. Ils jouissoient des mêmes privilèges que ceux des six
corps marchands, et ils pouvoient, comme eux, devenir
échevins ou consuls. Ils avoient pour armoiries, depuis
1629, un navire d'argent à bannière de France, flottant
avec six nefs autour, et une grappe de raisin en chef sur
champ d'azur.
2. La mode n'en faisoit que commencer, et le plus sou-
vent on ne l'appeloit que Vin de Sillery ou Vin de la
Maréchale, à cause de la maréchale d'Estrées, à qui appar-
tenoit le vignoble de Sillery, par lequel avoit préludé cette
première vogue. Le Roi y contribua. Le vin de Champagne
fut longtemps sa seule boisson. {Journal de la Santé, p. 211
et 350.)
3. Ils étoient, suivant l'Etat de France, p. 628, les pre-
miers privilégiés suivant la Cour. On les appeloit « la Cave
des Douze. »
4. Son enseigne ètoit « à la Pomme de pin, » et c'est par
conséquent son cabaret que doit désigner ainsi l'édit. précé-
dente, p. 28 : « la Pomme de pin, derrière la Magdelaine. »
Un autre, portant la même enseigne, indiqué aussi dans cette
première édition, se trouvoit rue d'Orléans. — On sait que
Crenet est, comme Mignot, assez maltraité dans la Satire du
Repas, pour les mélanges « d'auvernat et de lignage » qu'il
vendoit, dit Boileau, « pour vin de l'Ermitage. » Le re-
proche étoit, paroît-il, assez juste, d'après une anecdote
que raconte Brossette; aussi Crenet ne réclama-t-il pas.
Dancourt l'a mieux traité dans l'Eté des Coquettes, joué en
1690. On y chante à la fin :
Sans cadeaux et sans promenades
L'Amour les tient peu sous ses lois,
Le Livre commode. 311
Bourdois au bout du Pont saint Michel, Petit
rue des Petits Champs, Bourdois près l'aport de
Paris, Morisson ' rue de la Huchette, Darboullin
rue Coquilliere^, Tardiveau Fauxbourg saint
Marcel, Hardon? rue Beaubourg, Triboulleau
rue de la Mortellerie4, Alexandre rue des
Assis, etc.
Et du Nombre des vingt cinq 5 sont M« Groù
Doyen, Avrillon près le Puits Certain, Coquart
rue du Temple, Charles rue de la Huchette, Ba-
ron rue du Paon, Rousseau rue d'Avignon'',
Et sans Crenet et la Gnerbois
L'Amour n'a que des plaisirs fades.
1. Edme Maurisson, d'après l'Etat de France, p. 628.
2. Dancourt, à la scène IV des Agioteurs, joués en 1710,
parle de sa veuve, qui lui avoir alors succédé : « Suzon...
Vous irez de là chez Madame Darboulin, rue Coquillière,
dire qu'on porte au même endroit, dès ce matin, les douze
douzaines de bouteilles de \\n de Bourgogne, et la dou-
zaine de Champagne que je payai hier. »
}. Hugues Hardoin, et non Hardon.
4. Il étoit le plus en vogue à la fin du siècle. Suivant le
Thhphraste moderne, p. 422, on ne trouvoit bons que les
vins qu'il vendoit.
5. Les vingt-cinq « cabaretiers », suivant la Cour, qu'il
ne falloit pas confondre avec les douze t marchands de
vin, » quoiqu'ils en portassent le titre et eussent les mêmes
privilèges. On pouvoit chez eux non-seulement vendre « le
vin à pot, mais donner des repas complets. V. Le Traité
de la Police, t. 111, p. 719, et la Correspondance de
Colbert, t. II, 1" partie, p. 169. Les cabaretiers ordi-
naires, qui n'étoient pas en même temps marchands de
vin comme les vingt- cinq, ne pouvoient au contraire
fournir pour les noces et repas que leur salle, le pain, le
vin, les couverts, linges et salades. Il falloit apporter le
reste. V. à ce sujet un arrêt du i" août 1705, rendu
contre le cabaretier Joseph Filastreau. — Il sera parlé
plus loin des marchands de vin qui vendoient surtout au pot.
6. C'est son cabaret qui est indiqué ainsi dans l'édit.
312 Le Livre commode.
Sellier montagne sainte Geneviève, Paris près la
Grève, Moricault l'ainé place Maubert, Roussil-
lard près le Pont Marie, RiberoUe Isle Notre
Dame, Moricault le jeune rue des Boucheries
saint Germain, Forel joignant la Comédie Fran-
çoise', Baron et Guibault au cimetière saint
Jean 2, Gaudin près le Pont Notre Dame, True
rue Galande, la Nopce près le Palais, Courtois,
rue saint Honoré, le Gendre rue des Noyers,
Migret Fauxbourg de Richelieu, etc.
Il y a plusieurs autres Marchands renommez
pour les fins Vins et pour la belle Viande, par
exemple, Messieurs Lamy aux trois Cuillères rue
précéd., p. 28 : « à la Galère, derrière Saint-Jacques la
Boucherie. » Il avoit, en effet, cette enseigne, déjà ancienne
dans la rue d'Avignon, qui en prenoit parfois le nom de
« rue de la Galère. » Sauvai, t. I, p. m. — V. sur la
maison qu'y occupoit Rousseau, de curieux renseignements
dans l'édition que M. Cocheris a donnée de l'Histoire du
Diocèse de Paris, par l'abbé Le Beuf, t. III, p. 506. — Il
est continuellement parlé de ce fameux cabaretier dans les
pièces du temps : le Chevalier à la mode, de Dancourt, les
Chinois et la Fille de bon sens de la Comédie italienne, etc.
Coulange ne l'a pas oublié dans ses couplets. Il y chante :
Chez Rousseau portons nos écus.
1. Il tenoit le cabaret de l'Alliance, qui étoit, en effet,
près de la Comédie françoise établie, depuis 1688, rue des
Fossés- Saint-Germain. {Hist. amour, des Gaules, t. III,
4^5.) C'est à sa porte que mourut subitement, en 1701, le
gros comédien-auteur Champmeslé. L'Alliance est citée, pour
les débauches qui s'y faisoient, dans plusieurs pièces du
théâtre italien : la Cause des femmes, Pasquin et Marforio,
Us Aventures des Champs-Elysées, où Forel est nommé.
2. Les cabarets y étoient déjà nombreux sous Louis XIII.
Saint-Amand l'appelle « un cimetière »
Fait pour enterrer les ennuis.
Le Livre commode. 313
aux Ours", Loisel aux bons Enfans^ près le
Palais Royal, Fitte au grand Louis rue Bailleui 3,
Berthelot à la Conférence rue Gervais Laurent,
du Monchel au Soleil d'or rue saint André, du
Test à la Corne rue Galande, de Sercy à la petite
Galère rue de Seine 4, etc.
Il y a d'ailleurs en différens quartiers de la
Ville et du Fauxbourg des Traiteurs et Marchands
de Vins qui font nopces ou qui tiennent de grands
I. Celui-ci étoit en telle vogue, qu'il avoit fini par dé-
daigner le nom de cabaretier, pour prendre celui de traiteur,
que tous les autres, cela va de soi, prirent aussitôt comme
lui, même ceux des guinguettes, t Colombine, déguisée en
chevalier. Quand vous donnerai-je à souper chez Lamy ? —
Isabelle. Vous perdez le respea, chevalier, une fille de ma
qualité au cabaret! — Colombine. Oh! s'il vous plaît,
Lamy n'est pas un cabaret, c'est un traiteur de consé-
quence... » Le Banqueroutier (1687), théâtre de Ghérardi,
1. 1, p. }9o. Il est nommé dans le prologue du Grondeur{i69i).
3. Il avoit pris pour enseigne le nom même de sa rue,
qui alloit, du reste, fort bien à un cabaret.
j. Fitte, qui est aussi nommé deux fois dans Tarcaret,
comme l'homme des meilleurs repas, a eu l'honneur d'être
cité par Chaulieu, en 1704, dans son épître au chevalier de
Bouillon :
Chevalier, reçois ces vers
D'une muse libertine.
Qu'ils aillent sous ton nom de popine en popine
Apprendre à tout l'univers
Que Fitt et La Morilliére,
Pour n'avoir point de Césars,
Ont pourtant sous leur bannière
Leur héros, ainsi que Mars.
4. C'est chez lui que Saint-Amand étoit mort le 29 dé-
cembre 1661, après une maladie de deux jours : < Son
ami, l'illustre abbé de Villeloin, si connu dans la Répu-
blique des Lettres, dit Fr. CoUetet dans l'Abrégé des Annales
de Paris, 1664, in-12, p. 439, l'assista en ce dernier moment
et luy rendit ce dernier devoir de son amitié qu'il luy avoit
juré depuis tant d'années. 1
314 Le Livre commode.
Cabarets, et où il se fait de gros Ecots, par
exemple, M'^ Clossier à la Gerbe d'or rue Gervais
Laurent, Blanne à la Galère rue de la Savaterie,
Bedoré au petit Panier rue Tirechape', Robert
près les Consuls*, Aubrin à la Croix Blanche
rue de Bercy?, Martin aux Torches cimetière
saint Jean 4, Guérin à la Folie rue de la Poterie,
Payen au petit Panier rue des Noyers, Cheret à
la Cornemeuse rue des Prouvaires 5 .
On peut aussi boire et manger proprement et
agréablement au Louis près le Jeu de Metz 6, à
la porte S. Germain rue des Cordeliers, à la
1. L'édit. de 1691, p. 28, le loge « rue Trousyevache. »
2. « Au cloître Saint-Méderic, chez Robert. » Id.
3. Un autre cabaret de « la Croix blanche, » étoit rue
aux Ours. Edit. de 1691, p. 28. — Chapelle fréquentoit
celui de la rue de Bercy, au Marais. Il avoit deux entrées,
l'une sur cette rue, l'autre sur une rue parallèle, qui en
avoit pris le nom de rue de la Croix-Blanche. Elles étoient
toutes deux fort étroites, et il a suffi, en i8jo, d'enlever
l'îlot de maisons qui les séparoient, pour n'avoir qu'une
seule rue de largeur réglementaire.
4. Ce cabaret est déjà nommé comme un des fameux dans
les Visions admirables du Pèlerin du Parnasse. 1635, in-12.
5. Il est cité dans la pièce Les Souffleurs, acte I, se. XI.
Les auteurs y alloient beaucoup. {V. notre Notice sur
Regnard.) — Dancourt qui, on le sait, par une anecdote
connue, se consoloit chez Chéret de la chute de ses pièces,
l'a nommé, dans sa comédie. Madame Artus. Acte I, se. XI.
— Chéret fit fortune. Son fils devint procureur au Parle-
ment, et ce sont ses petites-filles, M""' Chéret, très-ardentes
jansénistes, qui, en i7$8, pour tenir tète au curé de Saint-
Séverin, créèrent une sorte de petite église qu'elles oppo-
sèrent à la sienne. {Journal de Barbier, édit. in- 18, t. Vil,
p. Si et 377.)
6. Deux autres cabarets a voient cette enseigne du
« Louis ; » l'un, qui étoit peut-être celui de Le Gendre,
nommé tout-à -l'heure, se trouvoit rue des Noyers ; l'autre,
rue Bourg-l'Abbé.
Le Livre commode. 315
Reine de Suède rue de Seine, aux Cameaux rue
des Déchargeurs, à la petite Bastile rue Betizy ' ,
au petit Père noir rue de la Bucherie^, aux trois
Chapelets rue saint André, à la Galère rue saint
Thomas du Louvre 5, au Soleil des Perdreaux^
rue des Petits Champs, au Panier fleuri rue du
Crucifix saint Jacques de la Boucheries, à la
Porte saint Denis chez Hory, à la Boule blanche,
et au Jardinier^ Fauxbourg saint Antoine.
Les Marchands de Vins qui vendent quelque-
fois en gros et qui débitent beaucoup au pot 7 et
1. Il y a voit au port Saint- Paul un autre cabaret de « la
petite Bastille. » Edit. de 1691, p. 28.
2. On y venoit de tout Paris, pour la beauté de la ca-
baretière et l'excellence des vins. C'est pour l'hôtesse que
Coulange fit son couplet :
Si tu veux sans suite et sans bruit, etc.
Dans la farce italienne des Deux Arlequins, le vin du
cabaret du Pire Noir est chanté, acte I, se. III :
Arlequin.
Qu'un bon levraut suivi d'un dindon tendre
Soit tantôt sur le soir pour nous deux apprêté
Et prends au Père Noir d'un bon vin velouté
Deux flacons dignes de m'attendre.
}. C'est le même cabaret de la Galère, qui, dans l'édit.
précédente, est indiqué c près le Palais-Royal. »
4. f Des six perdreaux. » Id.
j . Un autre * Panier fleury » est indiqué rue Tirechappe,
dans l'édit. précédente. Il donna son nom à un passage,
qui alloit de cette rue à celle des Bourdonnois. Rousseau
et Diderot dînoient souvent en pick-nik, au cabaret du
Panier fleury, dans les premiers temps de leur séjour à Paris.
(V. les Confessions, 2* part., liv. VII.)
6. « Au Jardinet. » Id.
7. Les bourgeois faisoient vendre la plupart « à pot >
ou « au pot, » chez ces marchands de vin, le produit de
leurs vendanges : « M. Bernard. Ne vaut-il pas autant
vendre mon vin à la campagne que de le faire vendre à
3i6 Le Livre commode.
en bouteilles, sont entr'autres, Messieurs Ma-
riette, au carrefour saint Benoist, de la Cour rue
du Crucifix saint Jacques de la Boucherie, Ber-
nard devant le Pont Neuf, Saulsay rue des
Poulies, Rougeault près l'aport de Paris, Bricet
Butte saint Roch, Haumont et Berthelot rue
des Boucheries saint Germain, des Hottes rue
de la Fromagerie, Darlu, Hardouin et Joly près
le Palais Royal.
Le même M, Joly donne fort bien à manger à
trente sols par tête'.
HOSTELS GARNIS
ET TABLES d'aUBERGES.
Il y a des Appartemens magnifiquement gar-
nis pour les grands Seigneurs à l'Hôtel de la
Reine Marguerite rue de Seine^, et à l'Hôtel de
Bouillon quay des Théatins.
pot dans Paris, comme la plupart de mes confrères. »
Dancourt, la Maison de campagne^ scène XXXII.
1. L'édition de 1691, p. 28, cite encore quelques autres
cabarets : «. Au petit Paris, rue de la Verrerie- à la petite
Epousée^ rue Saint-Jean en Grève; chez Tessier, au coin
Saint-Paul; au Cormier, rue des Fossez-Saint-Germain; à
la Vallée Tissart, rue Vaugirard ; au Milieu du Monde, à la
Grenouillère, où demeure Lognon, renommé pour les ma-
teloites; à la Chasse Royale, près la porte Saint-Louis; aux
Bâtons royaux, rue Saint-Honoré. » Les Bâtons royaux se
trouvoient près de Saint-Roch, dont les marguilliers y
alloient faire bombance. {V. notre Histoire de la Butte, p. 52.)
2. Liger, dans son Voyageur fidèle, p. 525, le met aussi
au nombre des hôtels garnis renommés. Il existe encore au
n° 6 de la rue de Seine. C'est un pavillon détaché du ma-
gnifique hôtel que la première femme d'Henri IV s'étoit fait
construire, et dont les jardins, qui s'étendoient jusqu'à la
Le Livre commode. 317
Il y a encore plusieurs autres Hotels meublez
en differens quartiers, par exemple, le grand Duc
de Bourgogne rue des petits Augustins, l'Hôtel
d'Escosse rue des saints Pères, l'Hôtel de Ta-
ranne, l'Hôtel de Savoye, et l'Hôtel d'Alby rue
de Charonne, THotel de l'isle, l'Hôtel de Ba-
vière, l'Hôtel de France, et la Ville de Mont-
pellier rue de Seine, l'Hôtel de Venise, et l'Hôtel
de Marseille rue saint Benoist, l'Hôtel de Vitry,
l'Hôtel de Bourbon, l'Hôtel de France, et l'Hôtel
de Navarre rue des grands Augustins', la Ville
de Rome rue des Marmouzets, l'Hôtel de Per-
pignan rue du Haut Moulin, l'Hôtel de Tours
rue du Jardinier», l'Hôtel de Beauvais rue Dau-
rue des Saints-Pères, ne survivent plus que par un jardinet
planté de quelques arbres, où l'on descend, comme sous
Henri IV, par un double perron. La façade du pavillon est
restée ce qu'elle étoit. On s'est contenté de l'exhausser
d'un étage, mais du même style, au-dessus duquel on a
reconstruit les anciennes man.sardes. Le conseiller d'Etat
Gilbert des Voisins l'habitoit au xviii* siècle, et les Mira-
beau, dont les boiseries intérieures conservent encore le
chiffre, y étoient venus après lui.
1 . On peut remarquer que beaucoup de ces hôtels étoient
dans le faubourg Saint-Germain. Les étrangers le préfé-
roient, et les hôtels garnis s'y étoient multipliés en consé-
quence : c depuis que la paix étoit faite, lit- on dans les
Annala de la Cour et de la Ville, pour les années 1697-
J698, t. II, p. 13J, il y avoit eu dans Paris un si grand
abord d'étrangers, que l'on en comptoit quinze à seize
mille dans le faubourg Saint-Germain seulement.... Le
nombre s'accrut encore bientôt de plus de la moitié, en
sorte que, au commencement de l'année suivante, on trouva
qu'il y en avoit trente-six mille dans ce seul faubourg. »
2. Lisez rue du Jardinet. Cet hôtel, que Liger place avec
plus de raison rue du Paon, où il en subsista des restes
jusqu'aux dernières démolitions, devoit son nom aux arche-
vêques de Tours, dont il avoit été longtemps la propriété.
3i8 Le Livre commode.
phine, l'Hôtel d'Orléans rue Mazarine, l'Hôtel
du saint Esprit rue de Guenegaud, l'Hôtel de
saint Agnan rue saint André, l'Hôtel d'Hol-
lande', l'Hôtel de Beziers, l'Hôtel de Brande-
bourg, l'Hôtel de saint Paul et le grand Hôtel
de Luyne rue du Colombier.
On mange à table d'Auberge^ dans presque
toutes les maisons garnies cy-devant designées
à vingt, à trente ou à quarante sols par repas 5 :
Vauvenargues y descendoit pendant ses congés de semestre.
Les lettres que lui écrivit Voltaire portent cette adresse.
1 . C'est un des hôtels que, dans la Comtesse d'Escarba-
gnas, scène XI, Julie, voulant se moquer de la ridicule
provinciale, lui nomme comme autant d'hôtels de grands
seigneurs : « On sait bien mieux, dit-elle, vivre à Paris
dans ces hôtels, dont la mémoire doit être si chère : cet
hôtel de Mouhy, Madame, cet hôtel de Lyon, cet hôtel
d'Hollande. Les agréables demeures que voila! »
2. C'étoit encore le mot le plus en usage. Gourville
dans ses Mémoires, i" édit., t. I, p. 306, dit toutefois déjà
« Table d'hôte, « de même que les deux HoUandois qui
vinrent à Paris en 1657, et dont M. Faugère a publié le
curieux Journal de Voyage. V. p. 191. Nous lisons aussi
dans une pièce de Dancourt: « M. Bernard. A table d'hôte,
je vous entends, tant par tête. » La maison de campagne,
1688, scène xxx. En somme, c'est, je crois, suivant l'im-
portance des hôtels et des prix qu'on disoit table d'hôte ou
table d'auberge.
j. Même les plus chères de ces tables d'hôieou d'auberge
n'étoient pas pour les délicats, qui ne vouloient que des
cabarets « à gros écots, » sans prix fixe. Dans les Coteaux
ou les Marquis friands, qui furent joués à l'hôtel de Bour-
gogne, en 1665, Clidamant et Oronte, deux de ces gour-
mets, s'en expliquent nettement scène XI :
Oronte.
Les repas de grand prix sont bien plus agréables
Et la cherté des mets les rend plus délectables.
Valère.
A ce plaisant discours, que réponds-lu. Marquis?
Le Livre commode. 319
mais l'Auteur ignore encore sur quel pied elles
sont réglées chacune en particulier ', en attendant
sur cela un plus grand éclaircissement, les Pro-
vinciaux peuvent s'assurer qu'on loge et qu'on
mange d'ailleurs dans les Hotels et Auberges
ci-après aux differens prix qui seront marquez,
par exemple :
A quarante sols par repas à l'Hôtel de Man-
touë rue Mouton*, à l'Hôtel de l'Isle de France
rue de Guénégaud, etc.
A trente 3 au petit Hôtel de Luyne rue Gît le
Cœur, à la Galère rue Zacharie, aux Bœufs et
aux trois Chandeliers rue de la Huchette, etc.
A vingt à l'Hôtel d'Anjou rue Dauphine, au
petit S. Jean 4 rue Gît le Cœur, au Coq hardi
rue saint André J, à la Croix de fer rue saint
CUDAMANT.
Que je ne veux jamais disner à juste prix.
Léandre.
Voilà d'un vrai Marquis le parfait caractère.
t. Selon Liger, p. 326, « ces prix fixes » ne l'étoient pas
toujours. Ils varioient selon que la cherté des vivres étoit
plus ou moins grande.
2. Dans l'édit. précédente, p. 28, se trouve une autre
adresse, qui est la vraie, et un plus long détail : « le sieur
de La Motte, à l'hôtel de Mantouë, rue Montmartre, tient
une fort bonne table à quarante sols par repas, et fournit
même une seconde table aux intervenants, j
3. « Rue Saint-André, à l'hôtel de Château- Vieux. »
Edit. 1691, p. 29.
4. « Et au grand hôtel de Luynes. » Id.
5. « Le sieur vilain, rue des Lavandières, près la place
Maubert, à la Galère. » Id. — Il a, p. 63, un petit article
supplémentaire : c le sieur Vilain, marchand de vin, aussi
renommé pour ses bons apprêts, demeure rue des Lavan-
dières, i l'entrée de la place Maubert, à la Galère. »
520 Le Livre commode.
Denis ', au Pressoir d'or et à i'Hotel de Bruxelle
rue saint Martin 2, à la Croix d'or rue du Poirier,
à la Toison rue Beaubourg, etc.
A quinze à la Ville de Bourdeaux et à l'Hôtel
de Mouy rue Dauphine, à l'Hôtel couronné rue
de Savoye, au petit Trianon rue Tictonne, à la
ville de Stokolm rue de Bussy, à la belle Image
rue du petit Bourbon?, au Dauphin rue Mau-
buée, etc.
A dix soIs4 au Heaume rue du Foin, au Paon
rue Bourlabé 5, au Gaillard bois rue de l'Echelle^,
au gros Chapelet rue des Cordiers7.
1. Ajoutons près de Saint-Leu. Il y a, sur un dîner à ce
cabaret, un curieux sonnet de François Colletet, qui se ter-
mine par ce vers, bien digne d'un pauvre poëte, depuis
longtemps à jeun :
Moi, je mange aux repas, et bois sans dire mot.
Un autre hôtel de la Croix de fer se trouvoit rue de la
Harpe, adossé aux ruines des Thermes. Marmontel y logea
en arrivant d'Auvergne à Paris.
2. Conrart, chez qui se réunit d'abord la Société litté-
raire, ovi se recrutèrent les premiers membres de l'Académie
françoise, logeoit près de cette auberge de la rue Saint-
Martin. (Marcou, Peilisson, p. 80.) Plus d'une séance de
la nouvelle Académie dut s'y terminer. Suivant Vigneul-
Marville, en effet, on ne se séparoit pas sans avoir fait
légèrement ripaille.
3. « Rue de la Rose, à la Samaritaine. » Edit. 1691,
P- 29. ,. ^
4. Boileau, satire X, vers 673-676, nous dit a peu près
ce qu'étoient ces auberges :
T'ai-je encore décrit la dame brelandière
Qui de joueurs chez soi se fait cabaretière,
Et souffre des affronts que ne souffriroit pas
L'Hôtesse d'une auberge à dix sous par repas.
5 . M Et à l'hôtel Notre-Dame, rue du Colombier. » Edit.
de 1691, p. 29.
Le Livre commode. j2i
Il y a d'ailleurs quelques Auberges où il y a
trois tables différentes, à quinze, à vingt et à
trente sols par repas, par exemple, à la Cou-
ronne d'or rue saint Antoine', au petit Bourbon
sur le quay des Ormes, et à l'Hôtel de Picardie
rue saint Honoré*.
Les gens qui ne peuvent faire qu'une très
médiocre dépense, trouvent d'ailleurs dans tous
les quartiers de Paris de petites Auberges où on
a de la soupe, de la viande, du pain et de la
bière à suffisance pour cinq sols ? .
1. Cette auberge, très-agrandie , subsista jusqu'aux dé-
molitions pour la prolongation de la rue de Rivoli. C'est
de là que partoient les gondoles de Versailles.
2. Un autre hôtel plus célèbre de cette rue étoit
« l'hôtel Saint-Quentin, » où descendit Leibnitz, lorsqu'il
vint à Paris, et où logea Jean-Jacques Rousseau, dont il
prit et a gardé le nom. (V. nos Enigmes des rues de Paris.)
L'abbé de MaroUes, dans ses Mémoires, 1755, in-12, t. I,
p. 75, a parlé de ces intéressants et sérieux hôtels du
quartier des Grès — la rue des Cordiers en fait partie —
où se rencontroient théologiens et poètes.
3. Liger, p. 327, employant un mot que Saint-Simon
emploie aussi d'ailleurs, appelle franchement ces « petites
auberges » gargotes, « où l'on vit, dit-il, à la portion, à si
petit prix que l'on veut. » On avoit eu aussi déjà l'idée
d'une sorte de grande marmite économique, pour des
soupes, au meilleur marché possible. /. Helvétius, Traité
des Maladies, chap. Bouillon pour les pauvres. — Dans
les auberges à cinq sous le dîner, on logeoit, suivant
d'Argenson, à un sou la nuit. Marivaux ne donne pas
d'autre gîte à son Paysan parvenu arrivant à Paris : « Je
me mis, lui fait-il dire avec sa préciosité ordinaire, dans
une de ces petites auberges à qui le mépris de la pauvreté
a fait donner le nom de gargote. »
FIN DU TOME 1*
Livre commode.
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I
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DC Blegny, Nicholas de
704. Le livre commcxîe des
B5 adresses de Paris po\ir 1692
1878
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PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM TMIS POCKET
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