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Full text of "Le livre commode des adresses de Paris pour 1692 par Abraham du Pradel (Nicolas de Blegny) suivi d'appendices, précédé d'une introd. et annoté par Édouard Fournier"

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LIVRE     COMMODE 


DES    ADRESSES    DE    PARIS 


TOME   l" 


OUVRAGES  DU  MEME  AUTEUR. 

Histoire  de  la  Butte  des  Moulins,  suivie  d'une  étude  his- 
torique sur  les  demeures  de  Pierre  Corneille  à  Paris, 
avec  deux  vues  de  la  Butte  en  ijji  et  1652.  Beau 
volume  in-i8,  papier  vélin.  j  fr.  jo 

Le  Vieux  Neuf.  Seconde  édition,  refondue  et  considérable- 
ment augmentée.  3  vol.  gr.  in-i8.  15  fr. 

L'Esprit  des  autres.  5'  édition  refondue  et  considérable- 
ment augmentée,  i  vol.  in-i8.  (Sous  presse.) 


Imprimerie  Gouverneur,  G.  Daupeley  à  Nogent-le-Rotrou 
Caractères  elîeviriens  de  la  Librairie  Daffis. 


LE 


LIVRE  COMMODE 


DES   ADRESSES   DE  PARIS 
POUR  1692 

par 

ABRAHAM    DU    PRADEL 

(NICOLAS    DE    BLEGNy) 

Suivi  d'appendices, 
précédé  d'une  introduction,  et  annoté 

par 

EDOUARD    FOURNIER 

Tome  P' 


PARIS 
Paul  DAFFIS,  éditeur-propriétaire 

DE    LA   BIBLIOTHÈQUE    ELZEVIRIBNNB 

7,  rue  Guénégaud 
M  DCCC  LXXVIII 


/. 


,^%M^^-^^*\y      , 


INTRODUCTION. 


es  guides,  les  ciceroni  dans  les  gran- 
des villes  sont  aussi  anciens  qu'elles. 
Nous  n'en  connaissons  pas  une,  du 
moins,  parmi  les  plus  célèbres,  qui 
n'ait  eu  les  siens. 
Athènes  et  Corinthe  offroient  aux  étrangers 
qui  les  visitoient  tout  un  collège  d'exégètes 
(conducteurs^,  «  dont  la  charge,  lisons-nous 
dans  les  Mélanges  publiés  sous  le  nom  de  Vi- 
gneul  Marville',  étoit  de  leur  faire  voir  ce  qu'il 
y  avoit  de  curieux,  de  leur  expliquer  les  inscrip- 
tions anciennes  et  tout  ce  qui  concemoit  ce 
genre  d'érudition.  » 


I.  T.  II,  p.  217. 


vj  Introduction. 

Pausanias  n'a  eu  garde  de  les  oublier.  Ils 
avoient  dû,  en  effet,  lui  être  fort  utiles  pour  le 
renseigner  sur  les  détails  d'art  et  d'antiquité  que 
recherchoit  surtout  sa  curiosité  de  voyageur. 
L'Itinéraire,  qu'il  rédigea  au  retour,  est  rempli 
de  ce  qu'il  recueillit  à  leur  suite.  On  y  trouve, 
à  chaque  page  de  ses  dix  livres,  une  trace  de 
leurs  renseignements.  Aussi  cette  première  rela- 
tion d'un  Voyage  en  Grèce  n'est-elle,  elle-même, 
comme  on  l'a  justement  remarqué',  qu'une  sorte 
de  guide  du  touriste. 

De  Rome,  où,  comme  à  Pompeï,  les  affiches 
étoient  d'ailleurs  en  usa^e  2,  il  nous  est  resté, 
pour  la  ville  même,  distribuée  par  régions,  deux 
de  ces  «  guides,  »  l'un  de  Publius  Victor,  l'autre 
plus  incomplet  attribué  à  Sextus  Rufus.  Les 
indications  n'y  sont  que  sommaires,  mais  d'une 
multiplicité  de  détails  surprenante.  Il  n'y  est 
fait  grâce  ni  du  plus  petit  temple  [sdicula),  ni 
d'un  bain,  ni  d'un  arbre,  si  peu  qu'il  fût  con- 
sacré, etc.,  etc. 

Pour  compléter  ces  «  guides  w  écrits  et  em- 
pêcher qu'on  ne  s'égarât  dans  le  labyrinthe  de 
curiosités  qu'ils  vous  ouvroient,  il  y  avoit  ce 
qu'on  appeloit  des  nomenclatures  i,  sortes  de 
guides  parleurs  et  bavards,  qui  —  leur  nom  le 
disoit  —  vous  faisoient  la  liste,  vous  dressoient, 
de  mémoire,  «  la  nomenclature,  «nom  par  nom, 
de  toutes  les  personnes  de  distinction  qui  pas- 
soient,  et  vous  animoient  ainsi  la  rue  ou  la 

1.  Biog.  ginèr.,  t.  XXXIX,  p.  41  j. 

2.  V.  Le  Vieux-neuf,  2"  édit.,  t.  Il,  p.  64,  note;  et  94- 

3.  Ciccro,  ad  Atticum,  hb.  iv. 


Introduction.  vij 

place,  dont  ils  vous  montroient  les  monuments. 
De  cette  façon ,  ils  n'expliquoient  pas  seulement 
le  tableau,  ils  y  mettoient  les  personnages. 

Les  riches  patriciens  avoient  de  ces  «  nomen- 
clateurs  »  parmi  leurs  esclaves.  Ils  leur  faisoient 
tenir  pour  eux  une  sorte  d'almanach  des  adresses, 
où  figuroient,  avec  les  gens  composant  leur 
«  clientèle,  «  les  nombreux  amis  que  leur  avoit 
tout  naturellement  attirés  la  richesse. 

L'usage  de  ces  esclaves  dresseurs  de  listes 
existoit  depuis  longtemps  chez  les  rois  d'Asie, 
et  c'est  de  là  qu'il  étoit  venu  à  Rome.  Sénèque 
ne  le  condamna  que  plus  sévèrement  dans  un  de 
ses  traités,  où  cet  étalage  de  clients  et  d'amis  ne 
lui  semble  qu'une  ostentation  de  cour  : 

«  C'est,  dit-il  ',  une  vieille  coutume  des  rois 
ou  de  ceux  qui  imitent  les  rois,  de  faire  enregis- 
trer un  peuple  d'amis.  » 

A  côté  du  renseignement  curieux,  l'étranger 
pouvoit,  dans  les  villes  grecques,  trouver  le  ren- 
seignement utile.  Etoit-ce  un  Corinthien  de  pas- 
sage à  Athènes,  ou  un  Athénien  à  Corinthe?  Il 
trouvoit  chez  le  chargé  d'affaires  de  sa  ville  tout 
ce  qui  pouvoit  l'empêcher  de  s'égarer  ou  d'être 
pris  pour  dupe.  Le  gite  même,  s'il  arrivoit  avec 
une  mission  de  ses  concitoyens ,  lui  étoit  fourni 
par  ce  fonctionnaire  —  nous  allions  presque 
dire  ce  consul  —  complaisant  et  hospitalier  2. 

On  l'appeloit  Proxène,  mot  que  reprirent  les 
Romains  pour  en  faire  celui  de  Proxeneta,  qui 
n'eut  que  plus  tard  le  sens  déshonnête  qu'il  de- 


1.  De  Bentficiis,  lib.  VI,  cap.  33. 

2.  Boeckh,  Economie  politique  des  Athéniens,  t.  I,  p.  388. 


viij  Introduction. 

voit  prendre  et  que  nous  avons  laissé  à  son 
dérivé  proxénète. 

D'abord,  le  proxeneta  n'étoit  à  Rome  qu'une 
sorte  de  courtier  en  marchandises,  un  intermé- 
diaire, intercessor,  comme  dit  Apulée,  entre 
l'acheteur  et  le  vendeur.  Il  s'entremettoit  pour 
les  affaires  de  change,  qui  ont  toujours  tant  im- 
porté aux  étrangers.  Il  né^ocioit  même  pour 
eux  ou  pour  les  clients  urbains,  des  emprunts  à 
intérêts'.  En  ce  cas,  il  prenoit  le  nom  spécial  de 
pararius^.  De  tout  cela,  il  formoit  un  ensemble 
d'affaires,  auxquelles  on  avoit  donné  le  nom 
particulier  de  proxenetica,  et  que  la  loi  recon- 
noissoit  comme  légales  :  Proxenetica,  lit-on  dans 
le  Digeste?,  jure  licito  petuntur. 

Malheureusement  d'autres  trafics  s'y  mêlèrent 
peu  à  peu  pour  primer  honteusement  les  pre- 
miers. Le  proxénétisme  devint  ce  que  nous  l'in- 
diquions tout-à-l'heure.  Les  proxénètes  finirent 
par  n'être  plus  que  des  entremetteurs,  des  cour- 
tiers de  débauches. 

D'autres  agents,  les  prosagogues  qui  s'étoient 
faits,  comme  les  exégètes,  mais  avec  moins  de 
savoir,  les  interprètes  et  les  conducteurs  des 
étrangers,  tombèrent  aussi,  par  l'abus  de  leur 
métier,  dans  une  infamie  qui  n'étoit  pas  moins 
dégradante.  Ils  se  firent  espions  et  délateurs. 
S'ils  renseignoient  d'un  côté  ceux  qui  en  toute 
confiance  les  prenoient  pour  guides,  de  l'autre 
ils  donnoient  sur  eux  et  contre  eux  des  rensei- 


1.  Sénèque,  Epitrt  119. 

2.  Id.  Des  bienfaits,  liv.  III. 

3.  Liv.  50,  tit.  14,  loi  I". 


Introduction.  ix 

gnements  à  la  police.  Plutarque  s'en  est  plaint 
dans  la  Vie  de  Dion. 

A  l'époque  même,  où  ils  n'en  étoient  pas  en- 
core là,  et  s'en  tenoient  aux  choses  permises  de 
leur  profession  d'interprètes  et  de  «  donneurs 
d'indications,  »  ils  n^avoient  pas  semblé  au 
grand  philosophe  de  la  vie  pratique,  Aristote, 
d'une  utilité  suffisamment  étendue  et  sérieuse. 

Pour  qu'il  fût  possible  à  chacun  de  s'éclairer 
sur  ce  qui  importoit  à  son  travail  ou  à  ses  affaires, 
il  eût  voulu  plus  et  mieux  que  ces  proxénètes  et 
ces  prosagogues  :  «  Il  est  nécessaire,  dit-il,  dans 
sa  Politique',  qu'il  existe  quelque  chose,  où  le 
peuple  se  puisse  renseigner,  et  perde  ainsi  tout 
prétexte  d'être  oisif.  » 

Un  peu  plus  haut,  dans  le  même  traité  >,  il 
avoit  ait  :  «  On  convient  que,  dans  une  répu- 
blique bien  constituée,  ce  qui  est  nécessaire  à 
chacun  doive  être  en  évidence.  Mais  comment  y 
parvenir  ?  Ce  n'est  pas  facile.  » 

Il  fallut,  en  effet,  bien  des  siècles  encore, 
pour  trouver  la  solution  du  problème. 

Au  moyen-âge,  l'utilité  s'éclairant  par  la  cha- 
rité qui  fut  sa  vraie  lumière,  il  y  eut  quelques 
bonnes  tentatives  et  quelques  progrès.  Dès  le 
xi*  siècle,  par  exemple,  les  pauvres  filles  en 
quête  de  conditions  surent  où  se  renseigner  pour 
en  trouver  une,  et  en  même  temps,  qui  mieux  est, 
n'eurent  plus  à  chercher  le  refuge  où  elles  pour- 
roienl  l'attendre  :  les  bonnes  sœurs  de  l'Ostel- 
lerie  Sainte  Opportune,  ou  Catherinettes ,    leur 


1.  Liv.  IV,  ch.  15. 

2.  Id.  Liv.  III,  ch.  7. 


X  Introduction. 

offroient  à  la  fois  les  renseignements  et  le  gîte'. 

En  i3?o,  autre  fondation  d'une  charité  tout 
aussi  hospitalière  et  plus  maternelle  encore.  Les 
nourrices  de  la  campagne  ne  savoient  pas,  en 
venant  à  Paris,  comment  trouver  des  nourris- 
sons, et  les  mères  n'ignoroient  pas  moins  de 
quelle  façon  se  procurer  des  nourrices.  L'éta- 
blissement dont  nous  voulons  parler  y  pourvut, 
en  satisfaisant  les  unes  et  les  autres. 

La  nourrice  du  fils  du  roi,  alors  régnant,  Phi- 
lippe VI,  avoit  quatre  grandes  filles.  On  leur 
créa  quatre  offices,  qui  constituoient  à  chacune 
le  privilège  de  tenir  un  bureau,  où  mères  et 
nourrices  pussent  se  présenter  pour  s'entendre^. 

On  les  appela  Commanderesses ,  ou  mieux 
Recommanderesses,  mot  qui  étoit  moins  nouveau 
que  leur  office.  Il  servoit  déjà  depuis  quelque 
temps  à  désigner  certaines  femmes  qui  fai- 
soient  une  concurrence  active,  mais  non  gra- 
tuite, aux  Catherinettes,  pour  le  placement  des 
servantes. 

Nous  en  trouvons  deux  dans  le  registre  de 
la  Taille,  de  1292,  et,  un  peu  plus  tard,  elles 
furent  assez  nombreuses  pour  donner  leur  nom 
à  la  partie  de  la  rue  de  la  Vannerie  qu'elles 
occupoient  du  côté  du  carrefour  Guillori  ? . 

Toute  pauvre  fille  une  fois  placée  par  ces 
Recommanderesses,  leur  payoit  un  droit  sur  ses 

1 .  Piganiol  de  la  Force,  Descript.  de  Paris,  t.  II,  p.  149  ; 
H.  Bordier,  les  Eglises  et  les  Monastères  de  Paris,  18} 6, 
in-i2,  p.  23. 

2.  Hurtaut  et  Magny,  Dict.  hist.  de  la  ville  de  Paris, 
t.  IV,  p.  216-217. 

3.  Voir  ce  qui  en  est  dit  plus  loin. 


Introduction.  xj 

premiers  gages,  tandis  qu'en  sortant  de  rOstel- 
lerie  Sainte  Opportune,  elle  n'auroit  eu  qu'à  dire 
merci  à  Dieu  et  aux  bonnes  sœurs. 

Où  celles-ci  mettoient  la  charité,  les  recora- 
manderesses  mettoient  le  courtage. 

Il  commençoit,  du  reste,  alors  à  fonctionner 
sous  toutes  les  formes,  dans  presque  tous  les 
métiers,  même  ceux  où  il  étoit  inutile.  Estienne 
Boileau  eut  donc  soin  d'exclure  ceux  qui  en 
étoient  les  agents,  c'est-à-dire  «  les  couratiers,  » 
partout  où  il  ne  les  trouva  pas  indispensables  : 
«  El  mestier  devant  dit,  écrit-il  en  pareil  cas, 
ne  puet  ne  ne  doit  avoir  nul  courratier'.  » 

Ils  n'en  furent  ni  moins  nombreux,  ni  surtout 
moins  tenaces,  pour  tâcher  de  se  faire  une  double 
proie,  aux  trousses  du  vendeur  et  de  l'acheteur. 

Il  n'est  pas  de  trafics  où  on  ne  les  trouve. 

Dans  chaque  négoce,  se  faufilent  c<  proxe- 
nettes-couratiers,  comme  il  est  dit  dans  le 
Coustumier  général,  et  autres  commis  à  vendre 
marchandises  à  eux  confiées 2.  »  Veut-on,  par 
exemple,  pour  entrer  en  campagne,  ou  seule- 
ment pour  quelque  passe  d'armes,  un  bon  cheval 
qui  se  puisse  monter  sans  retard  .f*  Désire-t-on 
une  belle  haquenée  dont  on  puisse  faire  présent  ? 
Le  courtier  est  là  qui  vous  les  procure,  et  qui 
«  moyenne,  »  comme  on  disoit,  le  marché. 
«  Alors,  lisons-nous  dans  VHystoire  du  petit 
Jehan  i  y  à  propos  des  palefreniers  et  maréchaux 
du  roi  auxquels,  en  arrivant,  il  s'étoit  adressé, 


1.  Est.  Boileau,  Lrne  des  Mestiers,  p.  149. 

2.  T.  I,  p.  899. 

3.  Edit.  Guichard,  p.  69. 


xij  Introduction. 

alors  envoyèrent  auérir  les  plus  souffisants  et 
féables  couratiers  de  chevaux,  et  se  informèrent 
des  plus  belles  hacquenées  qui  fussent  à  Paris.  » 
Les  mariages  mêmes  déjà  n'échappoient  point 
à  ces  courtages,  et  les  moines,  disoient  les  mau- 
vaises langues,  s'en  mêloient  quelquefois.  Ils  se 
faisoient  «  moyenneurs  de  mariages,  »  pour 
nous  servir  d'une  expression  de  Philippe  de 
Commines'.  Une  satire  contre  les  Dominicains, 
que  cite  Du  Gange*,  le  leur  reproche,  ainsi  que 
d'autres  petits  trafics  de  même  sorte  : 

De  maint  marchié  sont  couratiers 
Encor  plus  ils  sont  curatiers 
De  mariages. 

Dans  tout  cela,  si  ce  n'est  pour  ce  qui  inté- 
ressoit  les  servantes,  à  l'isolement  desquelles 
pourvoyoit  si  naturellement  l'œuvre  des  Cathe- 
rinettes,  il  n'y  avoit  pas  eu  d'avantages  nouveaux 
et  surtout  désintéressés  en  faveur  du  public. 

Il  lui  manquoit  toujours,  lorsqu'il  cherchoit  à 
se  renseigner  sur  ce  qui  lui  importoit  pour  ses 
besoins  ou  ses  affaires,  ce  qui  lui  avoit  manqué 
du  temps  d'Aristote. 

L'idée  et  les  vœux  de  celui-ci  restoient  ainsi 
pleinement  à  satisfaire,  lorsqu'au  xvi*  siècle,  un 
homme  du  meilleur  sens,  le  père  de  Montaigne, 
s'en  occupa,  croyant,  d^ailleurs,  qu'on  ne  l'y 
avoit  pas  devancé.  Il  ne  les  réalisa  pas,  même 
par  un  commencement  de  mise  en  pratique; 
mais  grâce  à  l'autorité  de  son  fils  qui  eut  l'excel- 
lent esprit  d'en  parler  dans  ses  Essais,  et  d'in- 

1.  Liv.  m,  ch.  8. 

2.  Nouv.  édition,  au  mot  corraterius. 


Introduction.  xîîj 

sister  sur  ce  qu'il  y  avoit  là  de  nécessaire, 
la  voie  cette  fois  leur  fiit  ouverte,  et  quelqu'un, 
comme  nous  le  verrons,  éclairé,  guidé  par  ce 
qu'il  en  avoit  dit,  se  trouva  enfin  pour  les  faire 
passer  du  projet  à  l'application. 

C'est  au  chapitre  54  de  son  i^f  livre  publié  en 
1 5  80,  que  sous  ce  titre  :  D'un  défaut  de  notre 
police,  Montaigne  nous  a  entretenus  des  idées 
de  son  père  sur  ce  point,  sans  savoir  plus  que  lui 
du  reste  qu'il  y  avoit  eu  Aristote  pour  précurseur. 

«  Feu  mon  père,  dit-il,  homme  pour  n'estre 
aidé  que  de  l'expérience  et  du  naturel,  d'un 
jugement  bien  net,  m'a  dit  autrefois  qu'il  avoit 
désiré  mettre  en  train,  qu'il  y  eust  es  villes  cer- 
tain lieu  désigné,  auquel  ceux  qui  auroient  be- 
soin de  quelque  chose  se  peussent  rendre,  et 
faire  enregistrer  leur  affaire  à  un  officier  estably 
pour  cet  effect  :  comme  je  cherche  à  vendre  des 
perles,  je  cherche  des  perles  à  vendre,  tel  de- 
mande un  ouvrier,  qui  ceci,  qui  cela  chacun 
selon  son  besoin,  et  semble  que  ce  moyen  de 
nous  entr'advertir  apporteroit  non  légère  com- 
modité au  commerce  public;  car  à  tous  coups  il 
y  a  des  conditions  qui  s'entrecherchent,  et,  pour 
ne  s'entendre,  laissent  les  hommes  en  extrême 
nécessité.  J'entends  avec  une  grande  honte  de 
notre  siècle.  » 

A  ce  propos,  prenant  alors  l'idée  par  ce  qu'elle 
a  de  plus  élevé  et  de  plus  charitable,  il  laisse 
tout  ce  qui  peut  y  intéresser  le  commerce,  et  ne 
voit  que  ce  qui  s'y  trouveroit  d'avantages  pour 
ceux  que,  malgré  leur  mérite,  la  misère  tue, 
les  moyens  leur  manquant  pour  faire  connaître 
que  ce  mérite  est  sans  emploi. 


xiv  Introduction. 

Il  cite,  comme  exemples,  deux  savants,  l'un 
d'Allemagne,  l'autre  d'Italie,  morts  ainsi,  dit-il, 
«  en  Testât  de  n'avoir  pas  leur  saoul  à  manger, 
et,  ajoute-t-il,  croy  qu'il  y  a  mil  hommes  qui 
les  eussent  appelez  avec  très-avantageuses  con- 
ditions, ou  secourus  où  ils  estoient  s'ils  l'eussent 
sçu.  » 

Il  ne  croit  pas,  en  parlant  ainsi,  trop  présumer 
du  monde,  «  qui  n'est  pas,  dit-il,  si  généralement 
corrompu.  »  Il  se  porte  d'ailleurs  garant  que  son 
père  n'eût  pas  autrement  agi.  Quant  à  lui-même, 
en  toute  franchise,  il  avoue  qu'il  n'y  eût  peut- 
être  pas  été  si  empressé  :  a  En  la  police  œcono- 
mique,  dit-il,  mon  père  avoit  cet  ordre,  que  je 
sçay  louer,  mais  nullement  ensuivre.  » 

Il  n'y  avoit  guère  en  ce  temps,  sans  journaux, 
que  les  livres  pour  répandre  les  idées,  et  comme 
beaucoup  ne  paroissoient  que  pour  être  oubliés, 
et  déjà  lettres  mortes,  ce  qu'ils  dévoient  faire 
connoître  restoit  comme  eux  inconnu.  Les  Essais, 
par  bonheur,  ne  dévoient  pas  être  de  ces  mort- 
nés  de  la  philosophie.  Le  succès  fut  très-vif,  tant 
pour  le  livre  et  ses  merveilleuses  fantaisies  de 
forme  et  d'allures,  que  pour  ce  qui  s'y  animoit  de 
ces  allures,  et  s'y  revêt  oit  de  cette  forme. 

Tout  germa,  tout  fructifia  de  ce  qu'il  portoit 
comme  semence.  Deux  ans  après  qu'il  eut  paru, 
nous  voyons,  par  exemple,  publier  à  Genève  un 
petit  livret  de  renseignements,  qui  pourroit  bien 
déjà  n'être  qu'une  variante  de  ce  que  Montaigne 
avoit  demandé.  Il  vouloit,  lui,  qu'en  arrivant 
dans  une  ville,  chacun  pût  savoir  où  trouver  ce 
qu'il  lui  faut.  Le  petit  livret  dont  nous  parlons, 
prenoit  l'idée  à  revers.  Il  vous  renseignoit  sur 


Introduction.  xv 

tout  ce  dont  il  faudroit  se  garder  en  s'aventurant 
dans  les  boutiques.  C'étoit  arriver  au  même  but, 
mais  par  le  côté  contraire,  comme  on  arrive  à 
l'orthographe  par  la  cacographie. 

Voici  le  titre,  qui,  tant  il  est  net,  nous  dis- 
pensera de  plus  longues  explications  : 

Le  Livre  des  Marchands,  fort  utile  à  toutes  gens 
pour  cognoisîre  de  quelles  marchandises  on  se  doit 
donner  garde  d'estre  deceu.  Genève,  1 582,  in-24. 

Sous  Henri  IV,  ce  fut  mieux.  L'homme  à  pro- 
jets du  règne,  Barthélémy  de  Laffemas,  «  tailleur 
varlet  de  chambre  du  roy,  »  comme  il  aimoit  à 
se  qualifier  ' ,  auquel  l'industrie  et  le  commerce 
de  son  temps  durent  tant  de  progrès^,  et  en 
auroient  dû  bien  davantage,  si  le  roi  n'eût  pas 
été  tué,  s'inspira  de  l'idée  même  de  Montaigne, 
et  en  fit  le  point  de  départ  d'un  établissement, 
qui  auroit  pu  complètement  et  très-largement  la 
réaliser. 

Ce  fut,  malheureusement,  parmi  ses  projets, 
un  de  ceux  qui  ne  survécurent  pas  au  roi  qui 
protégeoit  et  qui  encourageoit  Laffemas.  Cet 
appui  manquant,  il  n'y  donna  pas  suite.  Comme 
la  plupart  des  autres,  il  le  laissa  oublier,  et  l'on 
n'en  sauroit  même  rien,  si,  après  sa  mort,  son 
fils  Isaac,  le  même  c^ui  fut  le  grand  justicier  de 
Richelieu?,  n'en  avoit  pas  parlé  dans  le  traité 
où,  sous  ce  titre  :  Histoire  du  Commerce   de 


1.  Variitis  hist.   et  litt.  de  la  Biblioth.   Elzéririenne , 
t.  vil,  p.  303. 

2.  Id.  Ibid. 

3.  Id,,  t.  X,  p.  i8. 


I 


xvj  Introduction. 

France,  il  ne  fait  guère  que  l'apologie  historiée 
des  projets  de  son  père  ' . 

Il  ne  dissimule  pas  pour  celui-ci  que  l'inspi- 
ration lui  en  avoit  pu  venir  de  Montaigne  «  que 
l'on  tient,  dit-il  2,  avoir  eu  d'aussi  heureuses  et 
fortes  conceptions  qu'homme  du  monde.  »  Laf- 
fémas  n'avoit  fait  que  développer  et  étendre  ; 
mais,  cela,  suivant  son  fils,  en  de  telles  pro- 
portions, que  le  projet  en  étoit  devenu  ce  qu'il 
pouvoit  y  avoir  de  plus  profitable  pour  l'intérêt 
du  commerce. 

Plus  de  difficultés  dès  lors,  plus  d'entraves. 
Les  affaires,  que  d'utiles  renseignements  éclairent 
de  partout,  se  font  d'elles-mêmes,  aussi  bien  sur 
place  que  par  correspondance,  car  Laffémas  n'a 
pas  limité  à  une  seule  ville,  à  Paris,  les  bienfaits 
de  sa  fondation.  Il  veut  que  l'Europe,  que  le 
monde  entier,  s'il  se  peut,  en  profite. 

Son  fils,  qui  reprend  l'idée,  ne  la  voit  pas 
autrement.  Il  s'enthousiasme  de  cet  accord  uni- 
versel entre  tous  les  trafiquants  de  l'Univers;  il 
ne  voit  rien  qui  puisse  y  faire  obstacle,  si  les 
Bureaux  dont  son  père  a  conçu  l'idée  d'après 
celle  du  père  de  Montaigne,  peuvent  enfin 
s'établir  : 

«  J'attends  cela,  dit-il  3,  de  l'invention  des 
Bureaux  publics,  qui  défaillent  seuls  à  la  facilité 
de  nostre  commerce  pour  le  rendre  à  sa  perfec- 
tion, bureaux,  autant  nécessaires  à  l'utilité  pu- 


1.  Cimber  et  Danjou,  Archives  curieuses,  1"  série,  t.  XIV, 
p,  409-4ÎO. 

2.  Id.,  p.  424. 

}.  Id.,  p.  423-424. 


Introduction.  xvij 

blique  et  commodité  des  particuliers,  que  tout 
ce  qu'on  a  inventé  pour  cet  effet. 

«  Je  veux,  ajoute-t-ii,  signaler  cette  proposi- 
tion entre  les  plus  belles  que  mon  père  ait  jamais 
faites,  pour  la  première,  plus  utile,  et  de  plus 
grande  importance  ;  aussi  est-ce  un  remède  ta- 
cite à  une  infinité  d'abuz,  et  un  préservatif 
contre  la  ruine  de  notre  commerce,  outre  tant 
de  diverses  particularitez  que  cela  demanderoit 
autant  d'histoires,  auxquelles  toutesfois  fau- 
droient  et  le  papier  et  le  temps. 

«  Il  me  suffira  de  dire  que  seront  certaines 
correspondances  que  les  agents  publics  auront 
par  toutes  les  villes,  pour  faire  gérer  et  négocier 
toutes  sortes  d'affaires,  qui  leur  seront  volon- 
tairement et  sans  contrainte  apportées  en  leurs 
bureaux.  » 

Cela  étoit  écrit  en  1606.  Trois  ans  après, 
l'idée  reparoissoit,  mais  sous  une  autre  forme, 
celle  d'une  feuille  de  publicité,  comme  nous 
dirions,  qui  devoit  répandre  dans  le  public,  ce 
que  d'après  le  système  de  Laffémas,  on  eût  été 
obligé  d'aller  chercher  dans  ses  Bureaux. 

C'est  sous  le  nom  de  Gazette,  employé  là  pour 
la  première  fois,  que  cette  feuille  d'annonces 
devoit  paroître.  Viollet-le-Duc  possédoit  le  seul 
livret  qui  en  fut  publié,  et  dont  la  rareté  est 
telle,  que  jamais  on  n'en  a  vu  que  son  exem- 
plaire ' . 

Cette  Gazette  est  en  rimes,  comme  il  y  en  eut 
tant  d'autres  plus  tard,  et  comme  il  en  couroit 
déjà  de  manuscrites.  Où  la  prose  n'eût  pas  été 

I.  Brunet,  Manuel  du  Libraire,  t.  II,  col.  1515. 
Livre  commode.  b 


xviij  Introduction. 

permise  aîors,  on  toléroit  ainsi  les  vers,  surtout 
lorsque,  comme  ici,  ils  ne  prenoient  pas  l'allure 
trop  sérieuse  de  l'alexandrin. 

Dès  son  titre,  la  Gazette,  dont  nous  allons 
faire  rapidement  l'analyse,  d'après  celle  qu'en  a 
donnée  ViolIet-le-DuC,  se  déclare  on  ne  peut 
mieux  renseignée  de  partout,  sur  les  hommes  et 
sur  les  choses  : 

La  Gazette  en  ses  vers 
Contente  les  cervelles; 
Car  de  tout  l'Univers 
Elle  reçoit  nouvelles. 

On  y  semble  savoir  ce  que  désiroient  le  père 
de  Montaigne  et  Barthélémy  de  Laffémas.  Tout 
ce  qu'ils  n'ont  vu  qu'en  utopie,  on  y  satisfait, 
on  le  réalise  : 

La  Gazette  a  mille  courriers 

Qui  logent  partout  sans  fourriers. 

Il  faut  que  chacun  luy  réponde 

Selon  sa  course  vagabonde 

De  ça,  delà  diversement, 

De  l'Orient  en  Occident 

Et  de  toutes  parts  de  la  sphère, 

Sans  laisser  une  seule  affaire 

Soit  d'Edit,  de  Commissions 

De  diiels,  d'exécutions 

De  pardons  pleniers  et  de  bulles, 

D'ambassadeurs  venus  en  mulles 

De  morts  subites  de  seigneurs 
Pour  estre  trop  grands  besogneurs 
Des  livres  de  maître  Guillaume.... 
Quoi  qu'il  en  soit  rien  ne  s'oublie 
Car  la  Gazette  multiplie 
Sans  relasche  ses  postillons 
Vistes  comme  des  Aquilons.... 


I.  Bibliothèque  poétique,  1845,  in-8,  p.  J49"Î50' 


Introduction.  xuc 

Les  modes  auront  leur  chapitre,  tant  pour  les 
hommes  que  pour  les  femmes. 

Les  uns  apprendront  de  quels  «  points  »  ou 
dentelles  il  sied  de  se  parer,  et  quel  air  il  faut 
donner ,  en  la  portant,  à  «  la  roupille  »  ou  cape 
à  l'espagnole  : 

La  Gazette  en  cette  rencontre 
Comprend  les  poincts  plus  accomplis, 
Les  courtes  chausses  à  gros  plis, 
Les  gauches  détours  des  roupilles,  etc.; 

Les  autres,  pour  lesquelles  le  détail  est  plus 
étendu  et  plus  galant,  trouveront  où  s'aller  four- 
nir de  ce  qui  intéresse  la  coquetterie  : 

....  Les  méthodes, 
Les  inventions  et  les  modes. 
Des  cheveux  neufs  à  qui  les  veut. 
Fausses  gorges  à  qui  ne  peut,.... 
Nœuds  argentez,  lassets,  escharpes, 
Bouillons  en  nageoires  de  carpes, 
Porte-fraises  en  entonnoir, 
Oreillettes  de  velours  noir, 
Doubleures  aux  masques  huilées, 
Des  mentonnières  dentellées, 
Des  sangles  à  roidir  le  buse, 
Des  endroits  où  l'on  met  le  musc. 

Tout  cela  —  le  ton  le  dit  assez  —  n'étoit  que 
pour  rire.  Cette  Gazette  semble  n'avoir  paru  que 
pour  se  moquer  de  ce  que  pourroit  être  un  jour- 
nal de  faits,  d'avis  et  d'affaires,  qui  paroîtroit 
régulièrement.  C'est  ce  qui,  —  de  même  que  la 
mise  à  exécution  si  longtemps  attendue  de  l'idée 
de  Montaigne  et  de  Laffémas,  — ne  tarda  guère. 

Dès  1612,  Théophraste  Renaudot,  médecin 
du  Roi,  se  disant  grand  ami  des  pauvres, 
étoit  en  instance  près  de  la  Reine-mère,  tant 
pour  obtenir  le  privilège  d'une  Gazette  que  pour 


XX  Introduction. 

avoir,  par  privilège  aussi,  permission  d'ouvrir 
des  Bureaux  d'adresses;  il  complétoit  ainsi  une 
fondation  par  l'autre. 

Les  Bureaux  furent  la  première. 

Elle  devança  l'autre  d'une  année.  A  peine 
Renaudot  en  avoit-il  émis  le  projet^  qu'il  recevoit 
l'approbation  royale.  Ce  n'étoit  malheureusement 
qu'un  premier  pas.  Cinq  ans  se  passèrent  avant 
qu'il  pût  en  faire  un  second.  L'approbation  royale 
étoit  du  14  octobre  16 12,  il  n'eut  que  le  50  oc- 
tobre 1617  l'approbation  du  Conseil.  II  fallut 
ensuite  aller  devant  le  Parlement  pour  obtenir 
arrêt  de  jouissance.  Les  démarches  traînèrent, 
avec  une  formalité  par  étape,  du  30  octobre  1 6 1 7 
au  3  février  161 8,  et  du  16  février  1618  aux  28 
février  et  22  mars  1624. 

Ce  n'est  pas  tout,  quand  le  Parlement  eut 
approuvé,  une  nouvelle  halte  fut  nécessaire  pour 
attendre  la  déclaration  royale.  Elle  n'arriva  que 
quatre  ans  après,  le  31  mars  1628.  Enfin,  Re- 
naudot touchoit  à  son  privilège,  mais  il  fallut, 
pour  qu'il  l'eût  en  main,  plus  de  quatorze  mois 
encore.  Il  n'est  daté  que  du  8  juin  1629. 

C'est  à  la  fin  de  cette  année  qu'il  ouvrit,  je 
ne  dirai  pas  son,  mais  ses  Bureaux.  Lui-même, 
en  effet,  nous  donne  à  entendre  qu'il  en  avoit 
plusieurs,  par- la  façon  dont  il  fait  connoître  son 
adresse,  à  la  fin  du  titre  de  la  brochure  gr.  in-4° 
de  34  pages,  qu'il  publia  aussitôt  pour  mettre 
son  idée  au  grand  jour  : 

«  Inventaire  des  addresses  du  Bureau  de  rencontre , 
où  chacun  peut  donner  et  recevoir  advis  de  toutes 
les  nécessitez  et  commoditez  de  la  vie  et  société 
humaine,  par  permission  du  Roy  contenue  en  ses 


Introduction.  xxj 

brevets,  etc.  Dédié  à  Ms'  le  Commandeur  de  la 
Porte,  par  T.  Renaudot,  médecin  du  Roy,  à 
Paris,  à  l'enseigne  du  Coq,  rue  de  la  Calandre, 
sortant  au  Marché  neuf  où  l'un  desdits  bureaux 
d'addresse  est  estably.  » 

Dans  la  longue  préface,  dont  il  fit  précéder 
cet  «  inventaire,  »  et  que  reproduisit  le  Mercure 
français  de  l'imprimeur  Richer',  seul  journal 
qu'il  y  eût  alors,  il  avoue,  tout  en  exposant  son 
idée,  à  quelles  sources  il  l'a  prise.  Il  la  déclare 
«  fondée  sur  l'autorité  d'Aristote;  »  il  invoque 
aussi  celle  du  sieur  de  Montagne  [sic]  «  pour 
servir  de  preuve,  dit-il,  au  bien  qui  en  revien- 
dra. » 

C'est  en  faveur  des  pauvres  gens  surtout  qu'il 
veut  que  ce  bien  se  produise.  En  cela,  «  Mes- 
sieurs de  la  Ville  »  l'ont  compris,  puisqu'ils  lui 
ont  donné  leur  approbation,  et  Messieurs  de 
l'Hôtel-Dieu  de  même,  qui_,  le  28  janvier  1628, 
lui  ont  accordé  leur  patronage. 

Renaudot  est  médecin,  et  ne  l'oublie  jamais. 
C'est  ce  qui  lui  a  fait  rechercher,  et  sans  doute 
aussi  obtenir  cette  protection  de  l'Hôtel-Dieu. 
L'indication  des  remèdes  qu'il  aura,  d'ailleurs, 
soin  de  choisir  parmi  les  plus  efficaces,  sera 
pour  une  bonne  part  dans  les  annonces  qu'il 
fera,  et  dont  il  complétera  le  détail  à  ceux  qui 
voudront  bien  venir  se  renseigner  au  «  Bureau 
d'adresse.  » 

Par  une  singulière  rencontre,  Blegny,  le  faux 
Abraham  du  Pradel,  dont  nous  publions  le  vo- 
lume, s'occupoit  aussi  —  nous  ne  le  verrons  que 

I.  T.  XXII. 


xxij  Introduction. 

trop  bientôt  —  de  remèdes  de  toutes  sortes. 

S'il  publia  son  Livre  commode,  ce  fut  avant  tout 
pour  les  faire  connoître,  de  même  que  Renaudot 
n'établit  en  grande  partie  ses  bureaux,  nous  en 
jurerions,  que  pour  donner  de  la  publicité  aux 
siens  ' .  Ainsi  les  deux  premières  sources  de  ren- 
seignements qui  se  soient  ouvertes  pour  le  pu- 
blic, seront  parties  du  même  point  vers  un  but 
identique. 

Renaudot,  le  médecin,  pour  trouver  l'emploi 
de  sa  science  et  de  ce  qu'elle  possédoit,  fonde 
le  Bureau  d'adresse;  Blegny,  l'apothicaire,  pour 
faire  connoître  et  placer  ses  marchandises  d'em- 
pirique, crée  l'Almanach  des  adresses. 

Renaudot  n'avoua  qu'à  mots  couverts,  on  le 
comprend,  cette  particularité  tout  égoïste  de  sa 
fondation.  La  charité  en  fut  le  but  le  plus  en 
vue.  Venir  en  aide  aux  pauvres  sans  ouvrage, 
voilà,  nous  l'avons  dit,  voilà  surtout  ce  qu'il 
veut.  Il  reprend  aussi,  mais  plus  largement  et  à 
poste  fixe,  la  mission  des  proxènes  antiques  et 
des  cour  aller  s  du  moyen-âge,  mais  cela  sans 
vouloir  faire  concurrence  à  ceux  qui,  de  son 
temps,  pouvoient  encore  avoir  des  métiers  pa- 
reils. Loin  de  chercher  à  les  gêner,  il  les  aidera  : 
son  bureau,  dit-il,  «  sera  commode  même  aux 
entremetteurs  et  proxenettes.  » 

Il  va  de  soi  que  ces  mots  sont  pris  par  lui 
dans  le  sens  le  plus  honnête. 

Ensemble,  eux  et  lui  serviront  de  guides  aux 


1 .  V.  notamment  à  ce  sujet  dans  le  Sommaire  du  cha- 
pitre de  l'Inventaire  des  addresses  du  Bureau  ou  table  de 
Rencontre,  les  chap.  XYI-XVIII. 


Introduction.  xxiij 

nouveaux  venus  de  l'étranger  et  de  la  campa- 
gne, dont  Paris,  s'ils  ne  savent  comment  s'y 
retrouver,  épuise  si  vite  les  ressources. 

Il  se  dévouera  plus  qu'aux  autres  encore  à  ces 
imprudents  des  villages  et  des  champs  qui  s'y 
risquent  à  l'aventure,  sans  prévoir  que  les  pires 
dangers  les  attendent  à  l'arrivée  : 

«  Ils  accourent  à  trouppes  en  cette  ville,  qui 
semble  être  le  centre  et  le  pays  commun  de 
tout  le  monde,  sous  l'espérance  de  quelque 
avancement,  qui  se  trouve  ordinairement  vaine 
et  trompeuse  :  car  ayant  despencé  ce  peu  qu'ils 
avoient  au  payement  des  bienvenues  et  autres 
frais  inutiles  ausquels  les  induisent  ceux  qui 
promettent  de  leur  faire  trouver  employ,  et  aux 
desbauches  qui  s'y  présentent  d'elles-mêmes 
auxquelles  leur  oisyveté  donne  un  facile  accez, 
ils  se  trouvent  accueillis  de  la  nécessité  avant 
qu'avoir  trouvé  maistre  :  d'où  ils  sont  portés  à 
la   mendicité,   aux  vols,   meurtres   et    autres 

crimes  énormes Au   lieu    qu'ils   pourront 

désormais  une  heure  après  leur  arrivée  en  cette 
ville,  venir  apprendre  au  Bureau  s'il  y  a  quelque 
employ  ou  conditions  présentes,  et  y  entrer 
beaucoup  plus  aisément  qu'ils  ne  feroient  après 
avoir  vendu  leurs  hardes  ;  ou,  n'y  en  ayant 
point,  se  pourvoir  ailleurs.  Ce  qui  fera  discerner 
plus  facilement  les  fainéants  et  gens  sans  adveu, 
pour  en  faire  la  punition  qu'il  appartiendra.  » 

Combien  en  coûtoit-il  pour  aller  se  renseigner 
chez  Renaudot,  et  pour  faire  inscrire  sur  son 
registre  l'emploi  qu'on  désiroit,  la  marchandise 
qu'on  vouloit  acheter  ou  vendre,  la  maison  qu'on 
cherchoit  à  louer,  et  jusqu'à  la  femme  ou  au 


xxiv  Introduction. 

mari,  dont  il  pouvoit  vous  pourvoir,  car  la  va- 
riété de  ses  indications  s'étendoit  à  toutes  ces 
choses?  Il  a  oublié  de  nous  l'apprendre,  mais 
nous  l'avons  su  autrement. 

Pendant  le  second  carnaval,  c'est-à-dire  celui 
de  163 1,  qui  suivit  l'installation  du  Bureau  de 
rencontre,  lequel,  on  le  pense  bien,  avoit,  comme 
invention  nouvelle,  fait  événement,  un  faiseur 
de  a  ballets,  »  sortes  de  pièces,  moitié  dansées, 
moitié  chantées,  où  tous  les  à-propos  étoient 
volontiers  saisis,  s'avisa  de  prendre  pour  types 
Renaudot  et  ses  clients.  Il  le  fit  assez  habilement 
pour  que  le  Roi  demanda  que  la  représentation 
fût  donnée  devant  lui  ;  et  aussi,  —  ce  qui  étoit 
un  succès  peu  commun,  —  pour  que  la  pièce 
après  avoir  été  chantée  et  dansée  fût  imprimée. 

En  voici  le  titre  :  Ballet  du  Bureau  de  rencontre 
dancé  au  Louvre  devant  Sa  Majesté,  Paris,  Julian 
Jacquin,  1631,  in-8°'. 

Le  Maistre  du  Bureau  avoit,  cela  va  de  soi, 
l'un  des  principaux  rôles.  Il  commençoit  par  un 
récit  en  trois  couplets,  dont  nous  vous  devons 
au  moins  le  premier,  car  c'est  là  que  se  trouve 
le  détail  sur  le  prix  des  consultations  oublié 
dans  la  préface  ae  Renaudot.  Il  étoit,  comme 
on  va  le  voir,  des  plus  modiques  : 

Filles,  qui  cherchez  maris, 
Beaux  garçons  qui  cherchez  femmes, 
Voici  l'unique  à  Paris 
Pour  satisfaire  vos  âmes  ; 

I .  Les  vers  furent  publiés  à  part,  la  même  année,  sous 
ce  titre  :  Vers  du  ballet  du  Bureau  des  addresses,  1631, 
in-4°  ;  ils  ont  été  reproduits  dans  la  publication  de  J.  Gay, 
Ballets  et  mascarades  de  Cour,  1869,  in-i2,t.  IV,  p.  175. 


Introduction.  xxv 

Donnez  trois  sols  tant  seulement 
Vous  aurez  contentement. 

Quelques  couplets  d'avant-propos  adressés 
aux  Curieux,  avoient  avec  une  assez  gaillarde 
bonhomie  expliqué  le  secret  de  l'affaire,  où,  en 
payant  si  peu,  Ton  pouvoit  tout  apprendre.  C'est 
la  préface  même  de  Renaudot  résumée  en  rimes  : 

En  ces  lieux  il  vient  d'arriver 
Un  homme  qui  sçait  tout  trouver. 
Et  chez  qui  de  tout  se  fait  montre  ; 
Sans  dire  ni  quoy  ni  comment, 
Son  registre  ne  faut,  ne  ment; 
Il  tient  le  bureau  de  rencontre. 
Par  luy  vous  aurez  des  laquais 
Et  pour  faire  de  bons  acquêts, 
Vous  sçaurez  les  terres  en  vente, 
Les  offices  à  résigner. 
Les  deniers  qui  sont  à  donner 
Et  prendre  à  interests  ou  rente. 
Aussi  vous  serez  advertis 
Qu'il  enseigne  les  bons  partis 
Pour  assortir  un  mariage, 
Et  fait,  comme  bien  entendu, 
Retrouver  ce  qu'on  a  perdu, 
Fors  des  filles  le  pucelage. 
Pour  les  femmes  il  est  adroit 
A  leur  trouver  en  bon  endroit 
Nourrice  ou  ser\'ante  à  les  suivre. 
En  son  fait,  il  est  diligent. 
Et  ne  couste  guère  d'argent 
A  se  faire  escrire  en  son  livre  ' . 

Tout  cela  n'est  que  de  la  vérité  en  riant.  Re- 
naudot, en  son  bureau,  vous  pourvoyoit  réelle- 

I .  Il  parut  une  nouvelle  édition  de  ce  livret  l'année  sui- 
vante, avec  des  preuves  de  la  reconnoissance  de  Renaudot  : 
Ballet  du  Bureau  de  rencontre,  ensemble  le  remerdment  du 
maître  du  Bureau  d'Adresse,  à  ceux  qui  dansent  son  ballet, 
1632,  in-i2. 


xxvj  Introduction. 

ment,  si  pour  trois  sous  on  vouloit  bien  s'adresser 
à  lui,  de  tout  ce  qui  vient  d'être  ici  annoncé  aux 
curieux. 

On  a  connu  la  diversité  des  renseignements 
dont  il  disposoit,  et  Tordre  avec  lequel  il  en 
tenoit  registre,  par  la  découverte  et  la  repro- 
duction '  que  nous  fîmes,  il  y  a  quelques  années, 
de  l'une  des  feuilles  qui,  ajoutant  une  publicité 
de  plus  à  son  établissement,  en  étoient,  pour 
ainsi  dire,  les  petites  affiches. 

Il  en  sera  parlé  un  peu  plus  loin  dans  une 
note  2. 

Ces  feuilles,  qui  paroissoient  tous  les  trois 
mois  —  celle  que  nous  avons  publiée  est  la 
quinzième  —  complétoient  pour  Renaudot  non- 
seulement  son  Bureau  d'adresse  ou  de  publicité, 
comme  nous  dirions,  mais  aussi  son  autre  fon- 
dation, la  Gazette,  qui,  à  partir  de  i6^i,  c'est-à- 
dire  un  an  après  que  ce  Bureau  eut  été  fondé, 
marcha  de  pair  avec  lui. 

Lorsqu'un  événement  n'avoit  pas  assez  d'im- 
portance pour  figurer  dans  la  Gazette,  ou  exigeoit 
un  récit  trop  développé  pour  qu'il  y  pût  trouver 
place,  Renaudot  l'ajournoit  jusqu'à  sa  prochaine 
feuille  d'annonces.  Il  l'y  publioit  en  tête,  et  les 
petites  affiches  venoient  à  la  suite  avec  tout  leur 
détail. 

Pour  cette  Quinziesme  feuille  du  Bureau 
d'addresse,  datée  du  i^'  septembre  1633,  c'est 
le  récit  du  Duel  signalé  d'un  Espagnol  et  d'un 
Portugais  qui  marche  en  avant.  Puis  viennent 

1.  variétés  histor.  et  litt.,  t.  IX,  p.  51  et  suiv. 

2.  P.  9-10. 


Introduction.  xxvij 

les  annonces  les  plus  diverses  :  Terres  seigneu- 
riales à  vendre;  Maisons  et  héritages  aux  champs 
en  roture  à  vendre;  Maisons  à  Paris  à  vendre; 
Maisons  à  Paris  à  donner  à  loyer;  Maisons  à 
Paris  qu'on  demande  à  prendre  à  loyer  ;  Rentes 
à  vendre,  Bénéfices  à  permuter,  Offices  à  ven- 
dre; Meubles  à  vendre,  et  enfin  Affaires  meslées, 
où  se  trouve  en  effet  le  pêle-mêle  de  demandes 
ou  de  propositions  le  plus  singulier  et  le  moins 
attendu. 

On  demande  par  exemple  :  «  un  homme  qui 
sçache  mettre  du  corail  en  œuvre.  »  Plus  loin, 
c'est  quelqu'un  qui  «  voudroit  compagnie  pour 
aller  en  Italie  dans  quinze  jours.  «  Mais  l'article 
le  plus  curieux  est  le  dernier  :  «  On  vendra  un 
jeune  dromadaire  à  prix  raisonnable.  » 

Nous  ignorons  quel  fut  au  juste  le  sortdu  Bureau 
d'adresse,  et  surtout  celui  de  ses  feuilles  d'an- 
nonces. Renaudot,  qui  ne  mourut  qu'au  mois 
d'octobre  1653,  laissa-t-il  cet  établissement  dans 
un  état  aussi  prospère  que  La  Gazette,  qui,  elle, 
ne  périclita  jamais,  l'appui  du  Roi,  dont  le  gaze- 
tier  n'étoit  guère  que  le  mandataire,  étant  tou- 
jours là  pour  la  garer  de  tout  péril.?  Nous  ne 
le  pensons  pas. 

Un  livret  antérieur  de  six  ans  à  la  mort  du 
gazetier,  et  que  nous  ne  connaissons  malheu- 
reusement que  par  son  titre  :  Renouvellement  des 
bureaux  d'adresse,  prouveroit  que  l'affaire  n'avoit 
pas  marché  sans  encombre  ' .  Si  on  la  renouveloit, 
c'est  qu'elle  avoit  été  interrompue,  et  la  ténacité 

I.  Il  existoit  sans  doute  encore  toutefois  en  1640,  car 
à  cette  époque  un  nouveau  Ballet  du  Bureau  des  Addresses 
fut  dansé  à  Dijon  devant  Mgr  le  Prince.  V.  le  recueil  cité 
plus  haut,  t.  VI,  p.  17-îi. 


xxviij  Introduction. 

de  Renaudot  étant  connue,  la  malechance  pou- 
voit  seule  avoir  été  cause  de  cette  interruption. 

La  brochure,  qui  semble  annoncer  la  reprise, 
est  de  1647,  mauvaise  date,  car  elle  touche  de 
bien  près  celle  des  premiers  troubles  de  la  Fronde, 
où  —  ce  qui  arriva  du  reste  —  le  journalisme 
des  libelles  pouvoit  bien  naître,  mais  où,  par 
contre,  celui  des  annonces  n'étoit  f)as  de  nature 
à  revivre.  Nous  sommes  donc  autorisés  à  penser 
que  la  Feuille  du  bureau  d'adresse,  malgré  ce  oue 
Renaudot  avoit  fait  pour  la  ressusciter,  étoit  bel 
et  bien  morte,  lorsqu'il  mourut  lui-même  en  1 6  5  3 . 

Il  n'en  resta  que  le  privilège,  qui  fut  plusieurs 
fois  cédé  plus  tard,  comme  nous  verrons. 

La  Gazette,  qui  avoit  aussi  le  sien,  survécut 
à  Renaudot.  Transmise  à  son  fils  Eusèbe,  comme 
un  héritage,  elle  fit  survivre  le  Bureau  d'adresse, 
d'où  elle  étoit  sortie  avec  l'autre  feuille. 

Le  logis  de  Renaudot,  où  Eusèbe  resta  jus- 
qu'à ce  que  le  roi  lui  eut  donné  un  logement  au 
Louvre,  n'eut  plus  que  ce  nom  :  le  Bureau. 

Il  n'y  falloit  plus  aller,  comme  auparavant, 
chercher  «  les  adresses  »  et  les  renseignements, 
qu'il  sembloit  toujours  annoncer,  mais  à  la  place 
on  y  trouvoit  des  nouvelles.  Loret,  lorsqu'il  en 
manque  pour  avoir  de  quoi  mettre  en  rimes 
dans  sa  Muse  historique,  ne  va  pas  autre  part, 
et  il  recommande  de  faire  comme  lui,  pour 
peu  qu'on  veuille,  sur  un  fait  quelconque,  en 
savoir  plus  qu'il  n'en  a  pu  dire. 

«  Mais,  »  dit-il,  par  exemple  ' ,  à  propos  des 
merveilles  d'une  fête  donnée  à  Naples, 

1.  La  Muse  historique.  Édit.  Elzévir.,  t.  III,  p.  268 
(16  octobre  1660). 


Introduction,  xxix 

Mais  si  quelques  gens  curieux 

Désirent  de  s'instruire  mieux 

Il  faut  aller  chez  Renaudot, 
C'est-à-dire  au  Bureau  d'adresse. 

Cette  source,  la  seule  où  voulut  puiser  son 
journalisme  naïf,  étoit  pour  lui  celle  de  toutes 

vérités. 

«  Messieurs  du  Bureau  d'adresse  »,  comme  il 
appelle  Eusèbe  R enaudot  et  ses  aides ' ,  se tenoient- 
ils  muets  sur  une  affaire,  elle  étoit  pour  lui  non 
avenue.  Si  le  bruit,  par  exemple,  s'est  répandu 
que  le  maréchal  Fabert  est  mort  à  Sedan,  le 
17  mai  1662,  il  n'y  veut  pas  croire,  la  Gazette 
n'en  ayant  pas  parlé.  Le  fait,  vrai  pour  tout  le 
monde,  ne  le  sera  pour  lui  que  lorsqu'elle  l'aura 
certifié  : 

Mais  je  doute  un  peu  sur  ce  point 
Car  le  Bureau  n'en  parle  point, 
C'est-à-dire  la  gazette  en  prose, 
Qui  doit  parler  de  toute  chose 2. 

La  Gazette,  qui  ne  paroissoit  alors  que  tous 
les  samedis?,  est  «  son  oracle  hebdomadaire». 
Ses  «  ordinaires  »,  c'est-à-dire  ses  numéros  de 
chaque  semaine  suffisent  plus  ou  moins  à  Loret, 
mais  lorsqu'elle  se  donne  le  luxe  assez  fréquent 
d'un  «  extraordinaire  »  —  nous  dirions  d'un 
supplément  —  il  est  ravi. 

Les  événements  d'importance,  dont  le  récit  de- 
mande à  être  développé,  foumissoient  la  matière 
de  ces  extraordinaires,  qui  étoient,  à  la  suite  de 
la  Gazette,  ce  qu'avoient  été,  comme  nous  l'avons 

1.  Ibid,,  p.  578  (2  décembre  1662). 

2.  Ibid.,  540  {19  août  1662). 

j.  /d.,  t.  II,  p.  278  (21  juillet  i6j7). 


XXX  Introduction. 

vu  plus  haut,  les  récits  ou  descriptions  à  dévelop- 
pements de  même  sorte,  mis  en  tête  des  feuilles 
du  Bureau  d'adresse,  dont,  par  là,  survivoit  ainsi 
quelque  chose. 

La  Gazette  n'en  avoit  rien  gardé  de  plus. 
Jamais,  dans  aucune  partie  de  ses  numéros,  ne 
figurèrent  ce  qu'alors  on  appeloit  «  adresses  », 
et  ce  que  nous  appelons  «  annonces  et  ré- 
clames ». 

En  cela,  Loret  la  suppléa.  Sa  Muse  historique 
ne  s'en  fit  pas  faute.  Chaque  fois  qu'il  y  peut 
recommander  quelqu'un,  faire  valoir  quelque 
chose,  indiquer  où  se  peut  voir  tel  spectacle  ou 
telle  curiosité  et  à  quel  prix,  il  y  est  exact  et 
empressé. 

Les  feuilles  du  Bureau  se  retrouvent  ainsi  en 
détail  dans  les  siennes  avec  la  rime  de  plus. 

Il  nous  fait  par  exemple  connoître  le  premier 
les  expériences  de  la  machine  à  calculer  du 
jeune  Pascal  ',  sans  trop  se  douter  qu'il  donne 
l'éveil  sur  le  génie  d'un  grand  homme.  A  quel- 
ques rimes  plus  loin,  en  effet,  il  est  bien  autre- 
ment enthousiaste  pour  l'empirique  de  philoso- 
phie Lesclache. 

Richesource,  autre  charlatan,  mais  de  beau 
langage,  obtient  de  même  la  faveur  d'une 
chaude  recommandation  de  sa  part,  avec  regret 
de  ne  pouvoir  dire  encore  où  se  donneront  ses 
conférences.  Il  y  aura  heureusement  un  moyen 
de  la  savoir,  et  il  l'indique  : 

Les  affiches  qu'en  grosse  lettre 
Aux  lieux  publics  il  fera  mettre 

I.  Id.,  t.  I,  p.  232  (14  avril  1652). 


Introduction.  jjx] 

Pourront  apprendre  où  ce  sera 
Au  curieux  qui  les  lira^. 

Quand  il  peut  lui-même  dire  l'adresse,  il  n'y 
manque  pas.  Ainsi,  à  propos  de  la  Philosophie 
de  René  Bary,  après  avoir  écrit  : 

Ce  livre  de  rare  mérite 

Chez  son  propre  auteur  se  débite, 

il  met  en  marge  :  «  Rue  des  Petits-Champs, 
chez  madame  Bataille 2.  »  C'est,  comme  on 
voit,  l'annonce  complète. 

Ailleurs,  s'il  parle  d'un  concert,  tel  que 
ceux  qu'on  faisoit  entendre  en  1656,  dans  la 
salle  du  Palais-Royal,  construite  par  Richelieu 
pour  sa  Mirame,  et  qui  devoit  quelques  années 
après  devenir  le  théâtre  de  Molière,  il  nous  en 
dit  le  prix  : 

obligeamment  on  les  donne 

Pour  trente  sols  chaque  personne'. 

Il  annonce  aussi,  avec  le  même  détail,  chaque 
livret  des  Ballets  du  Roi,  que  publie  Balard, 
«  et,  »  dit-il, 

Et  qui  doit  être  lu  de  tous 

Car  on  ne  le  vend  que  dix  sous*. 

Pour  les  théâtres  en  général,  il  ne  méhage 
pas  les  recommandations,  ou,  suivant  le  mot 
d'aujourd'hui,  «  les  réclames  ».  Celui  du  Marais 
est  en  cela  toutefois  son  préféré.  C'est  là  que 
Corneille  donne  le  plus  volontiers  ses  pièces,  et 
en  qualité  de  Normand,  Loret  croit  se  devoir 

1.  id.,  t.  II,  p.  55}  (16  nov.  1658). 

2.  Id.,  t.  m,  p.  186  (3  avril  1660). 
}.  Id.,  t.  11,  p.  263  {II  nov.  i6j6). 
4.  ibid.,  p.  292  (20  juillet  1657). 


xxxij  Introduction. 

tout  entier  à  cette  gloire  de  la  Normandie.  La 
tragédie  à  machines,  la  Toison  d'or,  que  Corneille 
appela  d'abord  Jason,  est-elle  à  l'étude  dans 
cet  ancien  Jeu  de  paume  de  la  rue  Vieille-du- 
Temple,  vite,  il  en  avertit  le  public.  Dès 
que  les  premières  affiches  sont  placées,  sans 
perdre  de  temps  il  lui  dit  :  lisez-les  : 

Les  affiches  marquent  l'endroit. 
L'heure,  le  prix  et  la  journée 
Et  c'est  toujours  l'après-dînée*. 

Voilà,  certes,  un  beau  zèle  de  littérature.  Il 
ne  faut  pas  lui  en  savoir  trop  de  gré.  Pour  des 
spectacles  bien  inférieurs  :  pour  un  jeune  géant 
qui  se  fit  voir  au  bout  du  Pont-Neuf,  une  pre- 
mière fois^  et  qui,  deux  ans  plus  tard,  y  revint, 
après  avoir  encore  grandi  ?  ;  pour  une  baleine 
bien  conservée,  que  l'on  pouvoit  aller  admirer 
à  ChaiIlot4,  il  n'a  pas  des  réclames  moins  em- 
pressées. 

Que  gagnoit-il  à  tout  cela .?  Rien,  ou  fort  peu 
de  chose  :  son  entrée  gratuite,  par  exemple,  de 
même  qu'il  avoit,  sans  doute  à  meilleur  compte, 
après  les  avoir  maintes  fois  annoncées,  quelques 
billets  des  loteries,  dont  il  couroit  avidement  les 
hasards  s. 

Il  trouvoit  aussi  en  voisin  quelques  profits 
à  grappiller  lorsqu'il  avoit  agréablement  parlé 


1.  Ibid.,  p.  437  (}  déc,  1661). 

2.  Ibid.,  p.  J43  (15  oct.  1659),  et  p.  552  (16  nov.). 

3.  Id.,  t.  III,  p.  288  (4  déc.  1660),  et  p.  306  (8  janv. 
1661). 

4.  Id.,  t.  II,  p.  J43  (19  oct.  i6j9),  et  p.  549  (2  no- 
vembre). 

5.  Ibid.,  433  (19  janv.  i6j8)  et  p.  439  (2  fév.). 


Introduction.  xxxiij 

des  fournisseurs  renommés  qui  se  groupoient, 
non  loin  du  Louvre,  aux  environs  de  Thôtel 
Schomberg,  son  premier  logis,  ou  tout  près  de 
la  rue  de  TArbre-Sec,  qu'il  habita  ensuite. 

Il  est  certain  que  lorsqu'il  s'étend  coraplai- 
sarament  sur  les  merveilles  de  l'industrie  de  sa 
voisine  Madame  Touzé,  qui  fait  les  perruques 
du  bel  air  '  ;  sur  les  friandises  de  la  célèbre 
boutique  de  Francœur,  l'épicier-confiturier',  et 
sur  l'excellence  de  l'hypocras  de  Maillard, 
«  apothicaire  près  Saint-Honoré  3  »,  c'est-à-dire 
à  deux  pas  de  Francœur,  ses  rimes  ne  doivent 
pas  être  désintéressées.  Il  y  aura  gagné,  nous 
n'en  doutons  pas  :  ici,  une  perruque  de  la  bonne 
façon  ;  là,  quelques  sucreries,  et,  chez  Maillard, 
quelques-unes  de  ces  bonnes  rasades,  qui  ne  lui 
déplaisoient  point. 

Du  Laurens,  qui  lui  succéda,  sous  le  pseu- 
donyme de  Robinet,  fit  de  même  et  eut  sans 
nul  doute  les  mêmes  profits.  Il  étendit,  qui 
plus  est,  la  réclame  et  la  détailla  mieux.  Comme 
en  ce  temps-là  tout  étoit  curiosité  :  soit  une 
belle  maison,  telle  que  l'hôtel  d'O,  dans  le 
quartier  du  Temple,  qu'on  alloit  voir  pour  un 
sou 4,  soit  simplement  quelques  beaux  meubles, 
dont  la  mise  en  montre  se  payoit  aussi,  mais 
souvent  plus  cher,  il  ne  perdit  pas  l'occasion 
de  faire  quelques  bénéfices  par  l'annonce  de  ces 
choses  à  recommander.  Il  nous  semble  notam- 


1.  Ibid.,  p.  i86  (29  avril  1656). 

2.  Id.,  t.  III,  p.  29Î  (18  déc.  1660). 
j.  Ibid.,  p.  J07  (Sjanv.  1661). 

4.  Sauvai,  t.  Il,  p.  241. 

Livre  commode. 


xxxiv  Introduction. 

ment  plus  que  probable  que  ce  ne  fut  pas  pour 
rien  qu'il  se  complut  à  décrire  trois  meubles, 
dont  au  mois  d'avril  1669  on  faisoit  l'exposition 
rue  de  Richelieu.  Il  eut  certainement  sa  part 
plus  ou  moins  forte  dans  les  quinze  sous  par 
personne  qu'on  payoit  pour  les  aller  voir.  Ce 
sont,  dit-il, 

Ce  sont  trois  rares  cabinets 
Dont  plus  de  mille  Robinets, 
Comme  moi,  seroient  fort  à  l'aise, 
Et  même,  ne  vous  en  déplaise, 
Des  comtes,  barons  et  marquis  1. 

En  marge,  il  ajoute  pour  bien  fixer  l'annonce 
par  l'adresse  exacte  :  «  Rue  de  Richelieu,  vis- 
à-vis  le  bain  royal  '  ;  la  porte  est  marquée  par 
des  affiches.  » 

Il  y  avoit  dans  tout  cela  un  vieux  reste  de  la 
Feuille  d'adresse,  mais  cette  feuille  même  ne 
reparaissoit  pas. 

Personne  ne  s'en  faisoit  céder  le  privilège 
resté  aux  Renaudot.  Au  commencement  de  1670, 
il  y  eut  un  essai,  sans  doute  par  suite  d'une 
cession.  Il  semble  n'avoir  pas  abouti.  Nous 
n'avons  vu  qu'un  numéro,  le  premier,  de  la 
feuille  nouvelle  qui  portoit  ce  titre  :  Liste  des 
avis  du  Bureau  d'adresse. 

Six  ans  se  passèrent  sans  qu'il  y  eût  d'autre 
tentative  pour  reprendre  et  exploiter  le  privi- 
lège. 

François  Colletet,  le  poète  crotté  de  Boileau, 
s'en  avisa  enfin  avec  l'audace  des  gens  qui 
n'ont  rien  à  perdre. 

I.  Gazette  de  Robinet  (ij  avril  1669). 


Introduction.  xxxv 

En  1676,  à  la  fin  de  juin,  on  vit  tout  à  coup 
paraître  une  feuille,  s'annonçant  comme  hebdo- 
madaire et  portant  ce  titre  :  Journal  de  la  ville 
de  Paris  contenant  ce  qui  se  passe  de  plus  mémo- 
rable pour  la  curiosité  et  avantage  du  public. 

C'étoit  la  Gazette  d'affaires  et  d'adresses  de 
François  Colletet.  Il  y  procédoit  un  peu  comme 
Rena'udot,  avec  cette  différence  qu'au  lieu  d'y 
mettre  en  tête,  avant  les  annonces  et  avis, 
quelque  long  récit,  tenant  toute  la  place,  il  y 
débitoit  les  nouvelles  intéressantes  de  la  se- 
maine, jour  par  jour. 

C'est  ce  qui  le  perdit.  Sur  une  plainte  qui 
vint,  soit  de  la  Gazette,  qui  ne  vouloit  pas  qu'on 
touchât  à  ces  nouvelles  mondaines  auxquelles 
elle-même  pourtant  dédaignoit  de  toucher;  soit 
du  Mercure,  encore  nouveau  et  d'autant  plus 
ardent  à  repousser  tout  ce  qui  pouvoit  lui  faire 
concurrence,  Colletet  reçut  ordre  de  ne  pas  con- 
tinuer, du  moins  sous  cette  forme.  Son  journal 
n'eut  qu'un  seul  numéro. 

Ce  n'étoit  pas  une  fin,  toutefois,  ce  n'étoit 
qu'une  évolution.  Se  conformant  à  l'ordre  reçu, 
sans  abandonner  l'idée  qu'il  reprenoit,  Colletet 
ne  perdit  pas  un  jour,  pas  une  heure,  pour 
publier  une  feuille  nouvelle,  où  il  se  tiendroit, 
en  un  cahier  de  quelques  pages,  aux  seules 
choses,  dont  on  lui  laissoit  la  disposition  :  les 
annonces. 

Le  contenu  de  la  feuille  changeant  ainsi,  son 
titre  devoit  changer  de  même.  Il  prit  celui-ci  : 
Journal  des  avis  et  affaires  de  Paris. 

La  première  fondation  de  Renaudot  renais- 
soit.   Colletet  donna  même  à  entendre  que  son 


xxxvj  Introduction. 

entreprise  n'en  étoit  que  la  suite.  Dans  le  préam- 
bule d'un  de  ses  numéros,  il  parle  du  privilège 
obtenu  sous  Louis  XIII  pour  une  feuille  de 
même  sorte  que  la  sienne,  et  qui  seroit  devenu 
le  sien  '.  Ce  ne  peut  être  certainement  que  celui 
de  Renaudot  le  père,  dont  il  seroit  ainsi,  nous 
ne  savons  comment  et  avec  quel  argent,  parvenu 
à  se  faire  accorder  la  cession. 

A  son  Journal  d'affaires,  il  joignit,  lui  aussi, 
comme  c'étoit  naturel,  un  Bureau  d'adresse.  Il 
y  recevoit  trois  fois  par  semaine  :  les  lundi, 
mercredi  et  vendredi,  de  une  heure  à  six  heures 
dans  les  grands  jours,  et  jusqu'à  quatre  et  demie 
seulement  en  hiver.  C'est  là  qu'il  complétoit, 
pour  quiconque  venoit  le  consulter,  les  avis 
donnés  par  sa  feuille,  et  que  prudemment  il 
n'avoit  fait  qu'y  ébaucher. 

Ce  bureau,  d'abord,  fut  bien  loin  du  centre 
des  affaires  pour  lesquelles  il  étoit  fondé.  Colle- 
tet  n'avoit  pas  voulu  quitter  la  maison  du  quar- 
tier Saint-Victor,  où  avoit  vécu  son  père,  et 
dont  comme  lui  il  étoit  fier,  car  c'étoit  celle  que 
Ronsard  avoit  habitée.  C'est  donc  rue  du  Mûrier, 
derrière  le  séminaire  de  Saint-Nicolas-du-Char- 
donet,  qu'étoit  installé  son  bureau.  Personne  ne 
vint,  et  force  lui  fut,  la  clientèle  n'arrivant 
point,  de  faire  quelques  pas  pour  aller  à  elle. 
Nous  voyons  que  lorsque  parut  son  onzième 
numéro  —  c'étoit  peut-être  un  peu  tard  —  il  s'y 
étoit  enfin  décidé. 

Son   nouveau   logis  fut  du  reste  d'un  bon 


i.  V.  un  excellent  article  de  M.  Hatin,  Bulletin  du 
Biblioph.,  1861,  p.  620. 


Introduction.  xxxvij 

choix,  il  se  trouvoit  sur  le  quai  de  l'Horloge, 
entre  le  Palais  et  le  Pont-Neuf,  les  deux  centres 
du  mouvement  et  de  la  vie  de  Paris  en  ce 
temps-là.  Dans  cette  même  onzième  feuille,  il 
donne  cette  nouvelle  adresse  de  son  bureau, 
aussi  bien  qu'on  pouvoit  la  donner  alors,  le 
numérotage  des  maisons  n'existant  pas  :  «  Les 
affiches,  ajoute-t-il,  marqueront  la  porte.  »  Trois 
semaines  après,  le  public  ne  l'avoit  pas  trouvée. 
CoUetet  nous  l'apprend  avec  une  certaine  mélan- 
colie dans  son  numéro  quatorze,  celui  du  27 
octobre.  Il  y  avoue  qu'on  ne  le  connoît  encore 
que  bien  peu,  mais  il  ne  perd  pas  courage.  Il 
espère  que  les  affaires  viendront,  «  Dieu  aidant, 
écrit-il,  quand  les  affiches  auront  fait  connoître 
plus  amplement  notre  demeure,  et  que  nos 
cahiers  auront  appris  à  tout  le  monde  ce  qui 
résulte  de  notre  innocent  commerce.  » 

Le  mot  «  innocent  »  n'est  pas  mis  là  pour 
rien  par  Colletet.  Sa  feuille  étoit  menacée, 
comme  l'avoit  été  la  première,  on  intriguoit 
contre  elle  auprès  de  La  Reynie,  qui,  par  un 
mémoire,  en  référoit  à  Colbert,  dont  le  fils, 
Seignelay,  se  chargeoit  d'en  résumer  la  teneur 
au  roi.  Le  pauvre  Colletet  avoit  plus  ou  moins 
vent  de  tout  cela,  et  il  croyoit  aller  au-devant 
du  coup  et  le  parer,  en  faisant  valoir,  comme 
on  l'a  vu,  ce  que  son  humble  feuille  avoit 
d'inoffensif.  Il  en  fut  pour  sa  peine. 

Le  27  novembre,  c'est-à-dire  jour  pour  jour 
un  mois  après  sa  timide  protestation  d'inno- 
cence, M.  de  La  Rej^nie  reçut  ordre  de  suppri- 
mer ses  cahiers.  Voici  la  lettre  qu'à  ce  propos 
lui  écrivit  Seignelay  : 


xxxviij  Introduction. 

«  J'ai  rendu  compte  au  Roy  du  mémoire  que 
vous  avez  donné  à  mon  père  au  sujet  du  Jour- 
nal des  affaires  de  Paris,  que  le  nommé  Colletet 
s'est  ingéré  de  faire  imprimer.  Sa  Majesté  m'a 
ordonné  de  vous  dire  qu'elle  veut  que  vous  en 
défendiez  le  débit  et  l'impression  ' .  » 

C'étoit  formel.  Colletet,  à  qui  La  Reynie  ne 
fit  pas  attendre  la  décision  royale,  dut  se  sou- 
mettre. Par  suite,  nouvelle  interruption  de  la 
publicité  des  adresses  et  des  avis.  Deux  ans 
après,  l'instant  paraissant  favorable,  car  on  par- 
loit  de  la  paix,  qui  en  effet  ne  tarda  pas,  elle 
reprend  son  cours.  Il  paroît  en  1678  un  petit 
livret  in- 12  sous  ce  titre  :  Le  Bureau  d'adresse 
établi  pour  les  maîtres  qui  cherchent  des  serviteurs 
et  pour  les  serviteurs  qui  cherchent  des  maîtres. 
On  ne  pouvoit  être  plus  modeste.  L'échec  de 
Colletet,  puni  d'avoir  voulu  trop  faire,  servoit  de 
leçon.  L'idée  revenoit  timidement  à  son  ber- 
ceau. Quand  on  lisoit  le  livret  on  ne  la  trouvoit 
plus,  il  est  vrai,  aussi  élémentaire;  elle  repre- 
noit  toutes  les  proportions  que  lui  avoient 
rêvées  Montaigne  et  Laffémas  et  qu'elle  avoit 
prises  avec  Renaudot  et  Colletet. 

Au  lieu  d'être  seulement,  comme  l'indiquoit  le 
titre,  une  sorte  d'extrait  des  registres  d'une  recom- 
manderesse,  la  feuille  du  Bureau  redevenoit  un 
véritable  Journal  d'avis.  Eusèbe  Renaudot,  à  qui 
Colletet  dépossédé  n'avoit  pu  que  rendre  son  privi- 
lège, y  étoit-il  pour  quelque  chose?  Rien  de  plus 
probable.  La  feuille,  en  effet,  est  privilégiée  du 


1.  Correspondance  administrative  de  Louis  XIV,  t.  II, 
p.  369. 


Introduction.  xxxix 

roi,  et  s'en  fait  gloire  sur  son  enseigne,  comme 
on  le  verra  par  cette  mention,  qui  se  trouve  à 
la  fin  :  «  Le  bureau  est  establi  au  Marché  neuf, 
vers  le  milieu  du  costé  de  la  rivière,  vis  à  vis 
un  tabletier  :  on  verra  le  tableau  sur  la  porte 
avec  les  armes  du  roy.  » 

Ce  ne  lui  fut  pas  une  recommandation  de 
succès.  Nous  ne  connoissons  qu'un  numéro  de 
cette  feuille. 

Une  autre  ne  tarda  pas.  Le  courant  étoit  pris: 
coûte  que  coûte,  malgré  obstacles  et  insuccès, 
il  falloit  que,  jusqu'à  ce  qu'enfin  elle  se  fût  fait 
complètement  jour,  cette  idée  de  publicité  ne 
cessât  pas  de  renaître,  sous  l'impulsion  des 
exigences  nécessaires,  qui,  de  tous  côtés,  la 
poussoient  en  avant. 

Ce  nouveau  Journal  du  bureau  de  rencontre  — 
c'est  ainsi  qu'il  s'appeloit  —  parut  en  1 68i .  Les 
Renaudot  n'y  furent  pour  rien  que  par  la  cession 
du  privilège,  comme  avec  CoUetet.  Eusèbe  étoit 
mort  en  1679,  et  son  fils,  l'abbé,  s'occupoit 
beaucoup  moins  de  ces  sortes  d'affaires  que  de 
philologie  orientale. 

C'est  à  Devizé,  qui  depuis  neuf  ans  faisoit 
vivre  tant  bien  que  mal  le  Mercure  galant,  dont 
il  étoit  le  fondateur,  que  le  privilège  avoit,  cette 
fois,  été  cédé  ou  plutôt,  comme  on  disoit, 
a  loué  ».  Devizé  voulut  en  étendre  plus  que  de 
raison  les  dispositions,  et  l'affaire  périclita  en- 
core. Une  de  ses  prétentions  étoit  de  ne  pas 
faire  seulement  du  Bureau  d'adresse  ou  de  ren- 
contre un  bureau  d'avis  et  de  petites  affiches, 
mais  une  boutique,  un  «  magazin  » .  Après  avoir 
annoncé  des  marchandises,  il  vouloit  les  vendre. 


xl  Introduction. 

Les  six  corps  marchands  s'en  émurent. 

Il  y  eut  plainte  de  leur  part  au  lieutenant  de 
police  La  Reynie,  qui  leur  donna  raison  par  une 
lettre  du  2  5  novembre  1 68 1  au  commissaire  Dela- 
marre,  où  se  trouvoit,  entre  autres  choses,  une 
désapprobation  formelle  de  ces  sortes  d'entre- 
prises, qu'il  s'étonnoit  de  voir  toujours  repa- 
roître  :  a  Tant  de  personnes  de  première  qua- 
lité, disoit-il  dans  sa  lettre,  ont  fait  effort  pour 
parvenir  à  cet  établissement  sans  y  pouvoir 
réussir,  qu'il  seroit  inutile  de  le  tenter  de  nou- 
veau. » 

De  simples  avis  donnés  au  Bureau  d'adresses 
ou  publiés  par  lui  dans  une  feuille  sans  consé- 
quence, voilà  tout  ce  qu'il  permet  ' . 

Devizé,  à  qui  son  Mercure  donnoit  une  sorte 
d'autorité  et  de  franc  parler,  ne  persista  pas 
moins  dans  son  idée  de  Bureau-Magasin,  et,  à 
cet  effet,  coup  sur  coup,  il  écrivit  deux  lettres 
au  lieutenant  de  police,  dont  la  réponse,  de  plus 
en  plus  catégorique  et  nette,  ne  se  fit  pas 
attendre.  Elle  est  du  29  novembre  et  est  adres- 
sée, comme  l'autre,  à  Delamarre  :  Jamais  il 
ne  permettra  l'établissement  d'un  pareil  bureau, 
«  capable,  dit-il,  de  renverser  tout  le  commerce 
de  Paris...  Il  y  a  là,  continue-t-il,  un  nombre 
infini  d'inconvénients  très-dangereux.  » 

Pour  finir,  il  donne  à  entendre  que  si  Devizé 
ne  se  soumettoit  pas,  il  lui  interdiroit  même  la 
feuille  d'avis 2. 

Devizé  ne  répliqua  plus  et  abandonna  l'af- 

1.  Collection  Delamarre,  aux  mss.  de  la  Biblioth.  nat., 
21,  741,  p.  i6j. 

2.  Id.,  p.  166. 


Introduction.  xlj 

faire,  y  compris  cette  feuille  d'avis,  qui  ne  lui 
sembloit  rien  sans  l'autre  combinaison.  Jus- 
qu'en 1 688,  nous  ne  la  voyons  pas  reparoître. 

Alors  seulement,  au  mois  d'août,  un  numéro  se 
risque,  daté  du  Bureau  d'adresse,  d'où  la  Gazette 
de  France  datoit  toujours  les  siens,  et  qui  avoit 
encore  pour  principal  intéressé  l'abbé  Renaudot, 
à  cause  du  privilège  que  le  désistement  de  De- 
vizé  lui  avoit  remis  en  main.  Vouloit-il,  par 
cette  réapparition  de  sa  feuille,  qui  avoit  pris 
pour  nouveau  titre  :  Liste  générale  du  Bureau 
d'adresse  et  d'avis  par  privilège  du  Roi,  rappeler 
l'attention  sur  ce  privilège  et  tâcher  de  trouver 
ainsi  quelqu'un  à  qui  le  céder  encore?  Je  le 
crois,  et  ce  qui  me  donne  raison  c'est  que,  vers 
la  fin  de  la  même  année  1688,  ce  (quelqu'un 
s'étant  trouvé,  l'abbé  lui  loua  le  privilège. 

Il  s'appeloit  Chômât.  Marché  fut  conclu 
au  mois  de  décembre,  sous  la  réserve  que  le 
lieutenant  de  police  approuveroit.  Il  n'approuva 
pas.  Le  commissaire  Delamarre,  à  qui  s'étoient 
adressés  l'abbé  Renaudot  et  Chômât,  soumit  par 
lettre  leur  demande  à  La  Reynie,  qui  la  re- 
poussa par  une  simple  note  très-nette,  mise  en 
marge  ' . 

La  feuille  d'avis  dut  ainsi,  malgré  le  vif  désir 
de  l'abbé,  revenir  au  Bureau  d'adresse,  où  là, 
du  moins  à  cause  de  lui,  La  Reynie,  qui  n'étoit 
hostile  qu'aux  nouveaux  venus,  vouloit  bien  la 
tolérer.  Au  mois  de  février  1689  elle  y  reparut, 
et,  pendant  quatre  mois  consécutifs,  dont  nous 
avons  vu  les  numéros,  elle  ne  cessa  plus.  En 

I.  Id.,  p.  169. 


xlij  Introduction. 

1693,  nous  la  trouvons  encore,  mais  avec  un 
changement  dans  le  mode  de  publicité  et  une 
modification  dans  le  titre. 

L'unique  numéro  de  cette  année-là,  que  nous 
ayons  vu,  porte  celui-ci  :  Liste  des  avis  du  Journal 
général  de  France,  ou  Bureau  de  rencontre,  pour 
servir  au  public,  depuis  le  mercredy  1 8  novembre 
jusqu'au  mercredy  2  décembre  1 69  3 .  La  feuille,  au 
lieu  de  ne  paroître  que  tous  les  mois,  paroissoit 
donc  alors  tous  les  quinze  jours,  ce  qui  étoit  un 
progrès  et  sembloit  une  preuve  de  prospérité. 
Comme  elle  n'a  cependant  laissé  qu'une  trace 
—  celle  dont  nous  parlons  —  nous  sommes 
tenté  de  croire  qu'elle  n'a  pas  duré  longtemps 
avec  son  nouveau  titre. 

L'année  d'auparavant,  une  autre  du  même 
genre  avoit  eu  des  velléités  de  paroître,  mais  ne 
semble  pas  y  être  parvenue.  Sous  la  forme  «  d'un 
cahier  volant,  »  et  avec  le  titre  assez  singulier. 
Les  Adresses  casuelles  de  la  ville  de  Paris,  elle 
auroit,  chaque  mois,  indiqué  les  ventes  pu- 
bliques, l'adjudication  des  héritages  licites  et 
décrétés,  etc.,  etc.;  puis,  comme  un  véritable 
journal  de  courtage,  «  l'état  des  marchandises, 
dont  les  courtiers  commissaires  se  trouvoient 
chargez',  »  etc. 

D'où  seroit  partie  cette  nouvelle  feuille  d'af- 
fiches ?  De  chez  un  homme  qui  n'en  étoit  pas  à 
sa  première  entreprise,  mais  auquel  on  ne  doit 
pas  de  publication  plus  intéressante  que  celle-là 
même,  commencée  un  an  plus  tôt,  en  1691, 
dont  nous  reproduisons  ici  la  seconde  et  dernière 

1.  V,  plus  loin,  p.  9-10. 


Introduction.  xliij 

année  :  Le  livre  commode,  contenant  les  adresses 
de  la  ville  de  Paris. 

Pour  ce  petit  volume,  si  réellement  nouveau 
alors,  et  que  son  journal.  Les  Adresses  casuelles, 
n'auroit  fait  que  compléter,  un  livre  anglois  du 
même  genre,  dont  les  éditions  se  succédoient  à 
Londres  depuis  1677,  lui  avoit  certainement 
servi  de  guide  '  ;  mais  il  s'étoit  bien  gardé  d'en 
parler.  Le  silence  en  pareil  cas  faisoit  partie  de 
ses  procédés  d'accapareur,  comme  nous  le  ver- 
rons, et  disons  le  mot,  —  qui,  d'ailleurs,  est 
du  temps*  —  de  ses  habitudes  de  «faiseur  ». 

La  première  édition  ou  première  année  de 
son  livre  d'indications  avoit  pour  titre  :  «  Les 
Adresses  de  la  ville  de  Paris,  avec  le  trésor  des 
almanachs,  livre  commode,  en  tous  lieux,  en  tous 
temps  et  en  toutes  conditions,  par  Abraham  du 
Pradel,  astrologue  lionnois.  »  Ce  nom  étoit,  on 
le  devine,  aussi  imaginaire  que  le  titre,  dont  il 
le  faisoit  suivre,  et  qu'il  modifia  l'année  sui- 
vante. Au  lieu  d'Abraham  du  Pradel,  «  astro- 
logue lionnois  »,  il  se  contenta  de  mettre  «  phi- 
losophe mathématicien  »,  ce  qu'au  reste  il  n'étoit 
pas  plus  qu'astrologue. 

Il  étoit  de  son  métier  chirurgien  apothicaire, 
et  de  son  vrai  nom,  Nicolas  Blegny  ou  de 
Blegny,  ainsi  qu'il  s'appeloit  lui-même  plus 
volontiers,  se  donnant  la  particule  avec  une 
complaisance  qui  nous  paroît  suspecte. 

Il  n'étoit  pas  de  Paris  et  nous  ignorons  le  lieu 
aussi  bien  que  la  date  de  sa  naissance.  Peut- 

1.  Le  Bibliophile  français,  août  1872,  p.  255. 

2.  Le  Livre  à  la  mode,  par  l'abbé  Bordelon,  p.  28. 


xliv  Introduction. 

être  venoit-il  de  Lyon,  ce  qui  expliqueroit  pour- 
quoi, en  prenant  le  pseudonyme  de  du  Pradel, 
astrologue,  il  se  donna  pour  «  Lionnois.  » 

Le  rédacteur  de  la  Biographie  universelle, 
qui  s'est  occupé  de  lui,  mais  seulement  comme 
empirique  et  sans  connoître  le  curieux  petit  livre 
qu'on  lui  doit,  a  dit  qu'il  mourut  en  1722, 
ayant  soixante-dix  ans.  Il  seroit  né  ainsi,  par 
conséquent,  en  1652.  C'est,  croyons-nous,  une 
erreur.  D'après  un  document  émané  de  Blegny 
lui-même  et  que  nous  aurons  à  citer  longue- 
ment tout-à-l'heure ,  nous  savons,  en  effet, 
qu'en  1683  il  avoit  déjà  «  dix-sept-ans  d'éta- 
blissement »,  ce  qui  feroit  remonter  sa  naissance 
non  à  1652,  mais  au  moins  dix  ans  plus  tôt, 
et  lui  donneroit  à  sa  mort  quatre-vingts  ans  au 
lieu  de  soixante-dix.  Pour  tout  ce  qu'il  entre- 
prit, écrivit,  projeta,  car  il  fut  surtout,  comme 
dit  Moreri,  «  fertile  en  projets  ;  «  pour  tout  ce 
qu'il  s'attira  d'ennuis,  de  persécutions  et  même 
d'emprisonnements,  il  ne  falloit  pas  moins. 

Quand  —  vers  1666  probablement  —  il  vint 
à  Paris,  son  apprentissage  étoit  fait,  et,  tout 
aussitôt,  il  se  mit  à  pratiquer,  comme  s'il  étoit 
maître.  Il  ne  tarda  pas  non  plus  à  se  faire 
auteur.  Par  le  titre  de  ses  ouvrages,  on  jugera 
du  peu  de  sérieux  de  sa  science  et  du  charla- 
tanisme de  ses  pratiques. 

C'est  aux  maladies,  malheureusement  les 
plus  répandues  alors  et  qui  étoient  d'un  produit 
excellent  pour  les  empiriques,  tant  à  cause  des 
remèdes  à  vendre  que  du  scandale  à  exploiter 
contre  tout  malade  qui  ne  payoit  pas  leur 
silence,  que  Blegny  s'attaqua  d'abord. 


Introduction.  xlv 

Un  des  premiers  livres  que  nous  connoissions 
de  lui  et  qu'il  publia  en  1673,  est  :  L'art  de  guérir 
les  maladies  vénériennes,  expliqué  par  les  principes  de 
la  nature  et  de  la  mécanique,  in-12.  Pareil  traité 
ne  pouvoit  être  que  d'un  charlatan.  Le  succès 
n'en  fut  que  plus  vif,  et  cela  partout  :  à  Paris, 
où  il  eut  deux  éditions  ;  à  Lyon,  où  on  le  réim- 
prima; à  La  Haye,  à  Amsterdam,  et  aussi  à 
Londres,  où  il  fut  traduit  en  anglais. 

Son  ouvrage,  L'art  de  guérir  les  hernies  de 
toute  espèce  dans  les  deux  sexes,  avec  le  remède  du 
Roi,  qui  parut  en  1676,  sembla  plus  sérieux; 
mais  Blegny  revint  au  charlatanisme  des  attrape- 
niais,  lorsque,  trois  ans  après,  il  publia  un  petit 
in-12  avec  ce  titre  :  Histoire  anatomique  d'un 
enfant  qui  a  demeuré  vingt-six  ans  dans  le  ventre 
de  sa  mère. 

Vers  le  même  temps,  ne  trouvant  pas  qu'être 
apothicaire,  faire  de  la  chirurgie,  tenir  une 
Académie  de  découvertes  —  nous  en  parlerons 
bientôt  —  écrire  des  livres,  où  il  inventoit  des 
remèdes  ou  des  monstres,  etc.,  suffisoit  à  son 
activité  d'empirique  à  projets,  il  se  fit  journa- 
liste médical.  Sous  le  titre  de  Nouvelles  décou- 
vertes dans  toutes  les  parties  de  la  médecine,  il  se 
mit  à  publier,  en  1679,  une  sorte  de  gazette 
mensuelle,  qui  ne  mentit  pas  à  ce  qu'elle  pro- 
mettoit.  Toutes  les  découvertes  y  furent  réelle- 
ment passées  en  revue,  mais  par  la  façon  dont 
elle  en  parla,  chaque  fois  que  les  remèdes  nou- 
veaux n'étoient  pas  de  Blegny  lui-même,  on  la 
considéra  bientôt  moins  comme  un  journal  utile 
que  comme  un  pamphlet  intéressé. 

Le   docteur  Théophraste   Bonnet  aggravoit 


'  xlvj  Introduction. 

ces  médisances  par  le  contre-coup  qu'il  en  don- 
noit  à  Genève,  dans  sa  gazette  latine,  Zodiacus 
medico  Gallicus,  qui  n'étoit  guère  que  la  traduc- 
tion de  celle  de  Blegny. 

Il  y  eut  de  très-vives  plaintes,  et,  en  1682, 
ordre  lui  vint,  de  par  arrêt  du  Conseil,  de  mettre 
fin  à  son  Journal.  Il  fit  la  sourde  oreille.  Sou- 
tenu par  le  frère  du  Roi,  dont  quelques  petits 
services  secrets  lui  avoient  sans  doute  gagné 
les  bonnes  grâces,  qu'il  avoit  suivi  en  Flandre 
pendant  la  campagne  de  1676,  et  qui  lui  avoit 
permis  de  mettre  sur  l'enseigne  de  sa  boutique, 
voisine  alors  du  Palais-Royal,  devant  l'Opéra  : 
«  Chirurgien  ordinaire  du  corps  de  Monsieur  ;  » 
assez  avant  aussi  dans  les  faveurs  du  lieutenant 
de  police  La  Reynie;  enfin,  ce  qui  est  plus  sin- 
gulier, hautement  protégé  par  Daquin,  premier 
médecin  du  Roi,  il  continua,  malgré  l'arrêt,  de 
publier  ses  Nouvelles  découvertes,  et  Bonnet  con- 
tinua aussi  à  les  traduire  en  latin.  Blegny  se 
contenta  de  n'y  plus  mettre  son  nom. 

Il  en  fut  ainsi  pendant  toute  l'année  1683. 
L'ordre  alors  étant  sans  doute  devenu  plus 
formel,  il  cessa,  mais  pour  reprendre  ailleurs 
ce  qu'on  l'obligeoit  d'interrompre  à  Paris.  Le 
Journal  des  Nouvelles  découvertes  étoit  à  peine 
mort  en  France,  qu'il  ressuscitoit  en  Hollande, 
sous  le  titre  :  le  Mercure  savant. 

Un  médecin  de  Niort,  nommé  Gautier,  établi 
alors  à  Amsterdam,  y  aida  Blegny.  Celui-ci 
envoyoit  de  Paris  la  matière  du  Journal  et  Gau- 
tier veilloit  à  l'impression.  On  y  trouvoit  mille 
choses  :  des  pièces  de  vers,  mêlées  à  de  petits 
traités  de  médecine,  des  chansons  avec  leur 


Introduction.  xlvij 

musique,  des  nouvelles  relatives  aux  affaires 
d'État,  et,  sur  le  tout,  beaucoup  de  méchan- 
cetés. Elles  n'en  firent  pas  le  succès. 

Le  Mercure  savant  ne  dura  que  deux  mois  ;  il 
s'arrêta  après  son  second  volume,  celui  de 
février  1684. 

Il  n'eut  qu'un  seul  bon  résultat,  mais  très- 
indirect,  et  sans  que  Blegny  son  rédacteur  s'y 
trouvât  pour  rien.  Il  fut  cause  que  quelqu'un 
donna  à  Bayle  l'idée  de  la  célèbre  î)ublication 
périodique,  où,  comme  on  l'a  dit,  il  fonda  la 
critique  littéraire.  Lui-même  avoua  ce  qu^en 
cela  il  devoit  au  Journal  de  Blegny,  que,  d'ail- 
leurs, il  trouvoit  détestable  : 

«  Je  vous  dirai,  écrit-il  le  8  août  1684  à 
M.  Lenfant,  à  Rotterdam,  que  le  dessein  du 
Journal  que  l'on  m'inspira  et  que  je  goûtai 
quand  j'eus  vu  les  deux  tomes  du  Mercure  savant, 
qui  avoient  paru  en  janvier  et  en  février,  et 
qui  avoient  fort  déplu,  quant  à  l'exécution, 
quoique  le  projet  en  eût  été  agréable,  s'exécute 
depuis  le  mois  de  mars.  Il  s'intitule,  non  pas 
Journal,  mais  Nouvelles  de  la  République  des 
lettres.  » 

D'autres  affaires  que  celles  de  sa  Gazette 
avoient  vivement  occupé,  et  même,  à  un  cer- 
tain moment,  gravement  inquiété  Blegny,  pen- 
dant le  temps  qu'il  la  faisoit  paroître. 

Il  tenoit  chez  lui,  on  l'a  vu  plus  haut,  une  Aca- 
démie de  nouvelles  découvertes  y  dont  cette  Gazette 
n'étoit  pour  ainsi  dire  que  le  compte-rendu  men- 
suel ;  de  plus,  il  avoit  ouvert  un  cours  de  Chirurgie, 
où  il  donnoit  des  leçons  particulières  aux  gar- 
çons chirurgiens,  et  îin  cours  de  Pharmacie,  qui 
étoit  une  école  du  même  genre  pour  les  garçons 


xlviij  Introduction. 

apothicaires.  Son  ardeur  de  professer  et  de  doc- 
toriser  étoit  telle  que,  suivant  Moréri,  «  il 
s'avisa  même  de  faire  un  cours  de  perruques  pour 
les  garçons  perruquiers.  » 

On  s'en  amusoit  dans  le  public,  mais  on  n'en 
rioit  pas  dans  le  monde  des  médecins  et  des 
chirurgiens,  dont  cette  rage  d'accaparements 
narguoit  et  froissoit  les  privilèges.  Pouvoit-on 
souffrir  qu'un  intrus,  sorti  l'on  ne  sait  d'où,  qui 
n'étoit  ni  de  l'Académie  de  médecine,  ni  de 
celle  de  chirurgie,  autrement  dite  Académie  de 
Saint-Côme,  se  permît  de  pratiquer,  comme  s'il 
appartenoit  à  l'une  et  à  Pautre,  de  professer  sur 
toutes  les  matières  de  leur  compétence,  et,  qui 
plus  est,  d'en  écrire  ? 

Chacun  de  ses  ouvrages  y  avoit  soulevé  de 
véritables  tempêtes,  ceux  notamment  où,  avec 
aussi  peu  de  mesure  que  de  modestie,  il  s'ad- 
jugeoit  une  sorte  de  science  universelle,  et  se 
posoit  presque  en  dieu  de  la  médecine.  N'avoit- 
il  pas  osé  publier,  dès  1673,  trois  volumes  sous 
ce  titre  :  Nouvelles  découvertes  sur  toutes  les  par- 
ties de  la  médecine,  et,  en  1679,  deux  volumes 
encore,  qu'il  avoit  intitulés  le  Temple  d'Esculape, 
comme  si  lui  seul  en  avoit  la  clé  ? 

Toutefois,  le  sachant  très-puissamment  sou- 
tenu, on  le  laissoit  faire.  C'est  à  peine  s'il  y  eut 
contre  ses  livres  quelque  protestation  écrite, 
telle  que  la  brochure  du  chirurgien  Devaux, 
Découverte  sans  découverte,  faite  à  propos  de 
l'impudente  publication  de  Blegny,  Découverte 
du  véritable  remède  anglois  contre  les  fièvres  ' . 


I.  V.  les  Mémoires  littéraires  du  P.  Des  Molets,  t.  Vlll, 
'  partie,  Éloge  de  Devaux, 


O 


Introduction.  xlix 

On  attendoit  pour  l'attaquer  et  tâcher  de  déta- 
cher de  lui  les  protections  dont  il  faisoit  sa  force, 
qu'il  donnât  prise  à  quelque  action  sérieuse. 
C'est  ce  qui  arriva  vers  la  fin  de  1681,  dans 
une  circonstance  que  ses  ennemis  de  la  Faculté 
surent  envenimer,  et  qui  leur  permit  non-seule- 
ment de  faire  passer  M.  de  La  Reynie  de  leur 
côté,  mais  encore  d'ébranler  la  confiance  que 
Monsieur  avoit  en  Blegny. 

Un  factum  que  celui-ci  dut  rédiger  pour  se 
défendre,  et  dans  lequel  les  besoins  de  sa  justifi- 
cation l'entraînèrent  à  donner  de  nombreux 
détails  sur  lui-même,  va  nous  mettre  au  fait  de 
cette  affaire  et  incidemment  nous  compléter 
plusieurs  points  de  sa  biographie. 

A  cette  époque  les  dissections  n'étoient  per- 
mises qu'à  ceux  qui  relevoient  des  Académies 
de  chirurgie  ou  de  médecine,  ou  qui  en  avoient 
obtenu,  delà  Faculté,  l'autorisation.  Faire  enle- 
ver un  cadavre  sans  qu'elle  eût  été  prévenue 
et  le  disséquer  en  dehors  de  l'amphithéâtre  des 
Écoles,  étoient  choses  des  plus  graves,  et  qui 
pouvoient  vous  attirer  une  peine  fort  rigoureuse. 

Or,  il  arriva  qu'en  décembre  1681  les  doyens 
et  docteurs  furent  avisés  qu'un  jeune  chirurgien 
nommé  Desnoues,  qui,  en  qualité  de  membre 
de  V Académie  des  nouvelles  découvertes^  fondée 
par  Blegny,  «  donnoit  des  leçons  secrettes  à 
plusieurs  étudiants,  »  dans  une  chambre  dépen- 
dant de  cette  Académie,  s'étoit  fait  apporter  par 
le  garçon  de  salle,  Baptiste,  de  chez  le  fos- 
soyeur Pajot,  le  corps  d'une  petite  fille  de  cinq 
ans,  et  en  avoit  commencé  la  dissection. 

Les  doyens  firent  saisir  le  corps  par  l'huissier 
Lint  commode.  i 


1  Introduction. 

Masson,  chez  Desnoues,  et,  sur  leurs  instances, 
le  lieutenant  de  police  ouvrit  une  action  dans 
laquelle  ils  insinuèrent  tout  d'abord  que  Ble- 
gny,  qu'ils  visoient  surtout,  devoit  être  compris, 
comme  maître  de  l'Académie  où  la  dissection 
s'étoit  faite. 

On  commença  toutefois  par  n'arrêter  que 
Desnoues.  Quand  il  fut  à  la  Conciergerie,  il 
parla.  C'est  ce  qu'on  désiroit.  Il  chargea  Ble- 
gny;  or,  comme,  en  attendant,  une  démarche 
avoit  été  faite  avec  plein  succès,  le  2 1  janvier 
1682,  par  M''  Nicolas  Liénard,  doyen  de  la 
Faculté  de  médecine,  à  la  tête  de  sa  compagnie, 
auprès  de  Monsieur,  «  en  son  Palais  »,  pour 
lui  remontrer  respectueusement,  ainsi  que  d'ail- 
leurs l'en  avoit  déjà  prévenu  M.  de  La  Reynie, 
qu'une  protection  telle  que  la  sienne  n'étoit  pas 
due  à  un  pareil  homme  «  qui,  disoit  le  doyen, 
profane  en  tout  lieu  vostre  grand  nom  '  ;  »  Ble- 
gny  se  trouvoit  alors  sans  défenseur. 

Lors  donc  que,  quelques  jours  après,  sur  la 
dénonciation  de  Desnoues,  arrêt  de  prise  de 
corps  eut  été  lancé  contre  lui,  personne  n'inter- 
vint pour  empêcher  la  justice  d'avoir  son  cours. 

Doyens  et  docteurs  triomphoient.  Ce  qu'ils  dé- 
siroient  depuis  si  longtemps  étoit  obtenu  :  a  Si,  » 
avoient-ils  dit,  d'après  le  témoignage  même  de 
celui  qu'ils  accusoient  et  qui  les  connaissoit  bien^, 
i<  si  nous  pouvons  tenir  Blegny,  il  ne  nous  échap- 
pera pas  \  nous  avons  en  main  de  quoi  le  faire 


M 


1.  Discours  à  S.  A.  R.   en  son  palais  à  Paris,  par 
'  Nicolas  Liénard,  etc.,  in-4°. 

2.  Factum  pour  M'  Nicolas  de  Blegny,  etc.,  in-4'',  p.  4. 


Introduction.  Ij 

pendre.  Il  sera  bien  heureux  s'il  en  est  quitte 
pour  les  galères.  Il  y  a  trois  cents  témoins  qui 
déposeront  contre  lui.  M.  de  La  Reynie  en  a 
informé  S.  A.  R.  à  notre  considération,  et  ce 
magistrat  a  promis  à  notre  doyen  de  nous  déli- 
vrer bientôt  du  chagrin  que  nous  avons  de  voir 
un  chirurgien  écrire  sur  toutes  les  matières  de 
la  médecine  et  présider  dans  une  Académie  à 
des  docteurs  de  diverses  facultés'.  » 

Cela  dit,  pour  prouver  la  partialité  de  ceux 
qui  le  dénoncent,  il  prend  corps  à  corps  l'accu- 
sation et  la  rejette  sur  Desnoues  qui  l'en  a 
chargé.  C'est  lui  seul  qui  s'est  permis  les  dissec- 
tions défendues,  et  cela  non-seulement  cinq  ou 
six  fois,  comme  on  le  pense,  mais  quarante  au 
moins.  Il  alloit  disséquant  n'importe  où,  dans 
tous  les  quartiers.  Quelqu'un  qui  le  savoit  lui 
joua  le  tour  de  le  surprendre  un  soir,  rue  de 
l'Université,  à  l'hôtel  Tambonneau,  et  de  lui  faire 
la  plus  forte  peur,  en  se  disant  commissaire. 
Desnoues,  qui  le  crut,  décampa  par  la  fenêtre  de 
la  mansarde  où  il  disséquoit,  emportant  le  corps 
à  moitié  dépecé.  Il  le  laissa  dans  la  gouttière,  où 
un  couvreur  le  retrouva  le  lendemain. 

S'est-il,  lui  Blegny,  livré  à  ces  opérations 
clandestines,  a-t-il  jamais  couru  les  risques  de 
pareilles  surprises?  Ses  dénonciateurs  n'osent 
même  le  supposer,  et  cependant  ils  font  tout 
pour  Técraser  par  leurs  allégations  : 

«  Il  n'est  pas,  »  s'écrie-t-il  avec  une  certaine 
éloquence 2,  «  il  n'est  pas  d'injures  dont  ils 
n'aient  tâché  de  le  noircir  en  toute  occasion, 


1.  Id.,  p.  9. 

2.  Id,,  p.  10. 


Hj  Introduction. 

point  d'artifices  dont  ils  ne  se  soient  servis  pour 
lui  faire  perdre  la  protection  qu'il  avoit  naguère 
du  sieur  lieutenant  de  police  et  qu'il  a  encore 
du  sieur  premier  médecin  du  Roy;  point  de  pré- 
textes qu'ils  n'aient  inventés  pour  luy  dénier  la 
justice  qu'ils  luy  doivent  ;  point  de  moyens 
secrets  qu'ils  n'aient  mis  en  usage  pour  le  dif- 
famer, pour  diminuer  son  employ,  pour  luy 
attirer  l'indignation  de  S.  A.  Monsieur;  point 
d'entreprises  qu'ils  n'aient  faites  pour  troubler 
ses  exercices  et  pour  empêcher  la  publication  de 
ses  ouvrages;  point  d'occasions  qu'ils  n'aient 
recherchées  avec  empressement  pour  luy  susciter 
des  procez;  enfin,  point  d'intrigues  qu'ils  n'aient 
pratiquées  pour  porter  ses  confrères  et  ses  meil- 
leurs amis  à  se  déclarer  contre  luy,  » 

Ce  qui  lui  tient  le  plus  au  cœur,  c'est  qu'ils 
ont  vilipendé  ses  ouvrages.  Il  n'en  est  pas  un 
auquel  ils  aient  fait  grâce.  N'ont-ils  pas  prétendu 
aussi  que  les  chirurgiens,  de  même  que  les  méde- 
cins, avoient  eu  tous  à  se  plaindre  de  lui,  chose 
absolument  fausse,  ainsi  que  le  prouve  l'appro- 
bation accordée  par  beaucoup  d'entre  eux  aux 
instruments  par  lui  inventés. 

On  l'accuse,  continue-t-il,  «  d'être  sans  doc- 
trine, et  d'avoir  des  auteurs  à  gages  »  ;  or,  il  a 
passé  dix-sept  ans  d'établissement  sans  tomber 
dans  la  moindre  impéritie,  et  il  s'est  rendu  la 
voix  publique  favorable  par  l'exactitude  de  sa 
conduite  et  par  l'heureux  succès  des  cures  qu'il 
a  entreprises. 

S'il  n'a  pas  été  examiné  à  Saint-Côme,  c'est 
qu'il  n'a  pas  fait  son  apprentissage  à  Paris  ' .  Il 

I.  id.,  p.  12. 


Introduction.  lii} 

est  donc  faux  que  la  maîtrise  lui  ait  été  déniée 
«  à  cause  de  ses  mauvaises  mœurs  et  de  son 
incapacité  ». 

Ils  ont  été  encore  plus  loin  que  cette  accusa- 
tion de  mœurs  scandaleuses.  Ils  ont  fait  courir 
le  bruit  qu'une  de  ces  terribles  affaires  crimi- 
nelles, comme  il  y  en  eut  tant  à  l'époque  de 
la  Brinvilliers  et  de  la  Voisin,  l'avoit  eu  pour 
complice,  et  qu'il  avoit  même  fallu  à  cette  occa- 
sion s'assurer  de  lui.  «  Pendant,  dit-il,  qu'il 
estoit  en  Flandres  près  de  S.  A.  R.  Monsieur, 
ils  publièrent  partout  qu'il  estoit  à  la  Bastille, 
pour  le  poison.  » 

Son  seul  crime  —  et  c'en  est  un  des  plus 
impardonnables  à  leurs  yeux  —  est  d'avoir 
écrit  quelque  part  «  qu'il  y  a  des  docteurs  sans 
doctrine  et  des  doctes  sans  doctorat  ».  Ils  se 
sont  reconnus,  et  leur  première  vengeance  a  été 
de  crier  que  lui  aussi  étoit  un  faux  docteur.  Il 
est  vrai  qu'il  n'a  point  passé  par  les  collèges  et 
qu'il  n'a  pris  de  degrés  dans  aucune  faculté.  Il 
n'en  est  pas  moins  prêt  à  soutenir  dans  une 
dispute  réglée  les  questions  les  plus  difficiles, 
«  soit  de  médecine,  soit  de  physique  »,  contre 
les  plus  savants. 

Son  livre  sur  la  guérison  des  fièvres  a  été  le 
plus  attaqué;  il  le  défend  à  outrance.  Il  se 
montre  aussi  très-ardent  à  prouver  l'excellence 
d'un  cordial  —  on  le  trouvera  décrit  plus  loin 
—  «  auquel  il  a  donné  la  forme  d'opiatte  [sic]  », 
et  qui  ne  seroit,  à  les  entendre,  autre  chose  que 
«  l'orviétan  »,  dont  il  auroit  acheté  le  secret  à 
Hiéronimo  Cei.  Il  ne  récuse  pas  celui-ci,  son  ami 
et  son  compère,  mais  il  nie  le  reste. 

Livre  commode.  d* 


liv  Introduction. 

Pour  conclure,  il  espère  que  ses  juges  le  feront 
sortir  de  cette  affaire,  non-seulement  libre  et 
justifié,  mais  indemnisé  : 

«  Il  oze  préjuger  que  la  Cour,  en  prononçant 
son  absolution  et  déclarant  l'escrou  fait  de  sa 
personne  injurieux,  tortionnaire  et  desraison- 
nable, condamnera  ceux  qui  l'accusent  à  luy  faire 
réparation  d'honneur,  en  10,000  livres  de  dom- 
mages et  intérêts,  à  quoi  il  se  restreint,  et  en 
tous  les  despens  du  procez,  « 

Une  note  manuscrite,  mise  au  bas  de  l'exem- 
plaire du  factum  qui  nous  a  servi  pour  tous  ces 
détails,  dit  que  l'arrêt  fut  rendu  sur  le  rapport 
de  M.  Amproux,  le  12  juillet  1683,  mais 
n'ajoute  pas  s'il  fut  ou  non  favorable.  Nous 
croyons  qu'il  dut  l'être,  car  nous  trouvons  quel- 
ques mois  après  Blegny  reprenant  ses  publica- 
tions avec  plus  d'impudence  et  d'emphase  que 
jamais.  En  1684,  par  exemple,  peu  de  mois 
après  sa  mise  en  liberté,  il  fait  paraître  un  vo- 
lume in- 1 2  avec  ce  titre  singulier  :  La  doctrine 
des  rapports,  fondée  sur  les  maximes  d'usage  et 
sur  la  disposition  des  nouvelles  ordonnances. 

Ses  emplois  semblent  lui  être  restés,  du  moins 
en  partie.  Peut-être  n'a-t-il  plus  sa  charge  chez 
Monsieur,  ni  celle  de  «  premier  chirurgien  », 
qu'il  s'étoit  fait  donner  chez  la  Reine  en  1 678, 
mais  il  est  toujours  médecin  du  Roi,  «  préposé, 
comme  il  ne  manque  pas  de  le  répéter  partout, 
à  la  recherche  et  vérification  des  nouvelles  dé- 
couvertes de  médecine.  » 

Son  peu  de  fidélité  dans  l'exercice  de  cette 
fonction  délicate  lui  attira  une  nouvelle  disgrâce. 
Il  avoit  fondé,  aux  environs  du  faubourg  Saint- 


Introduction.  Iv 

Antoine,  à  Pincourt  —  nous  dirions  aujour- 
d'hui Popincourt  —  une  sorte  de  maison  de 
santé  avec  jardin  de  plantes  médicinales,  dont 
il  sera  parlé  plus  bas,  et  près  de  laquelle  logeoit 
«  un  certain  prieur  «,  comme  il  l'appelle  ',  qui 
se  mêloit  aussi  de  remèdes. 

Il  en  avoit,  à  ce  qu'il  semble,  trouvé  d'assez 
efficaces,  dont  il  avoit  livré  le  secret  au  roi,  à  con- 
dition que  le  public  en  profiteroit  pour  rien. 

Blegny  abusa  de  ce  qu'il  étoit  chargé  de  la 
vérification  de  ces  sortes  de  découvertes  pour 
accaparer  au  passage  les  remèdes  du  Prieur  et  les 
ajouter  aux  siens.  Il  s'en  occupa  dans  les  Con- 
férences de  son  bureau  ou  Académie,  qu'il  avoit 
transféré  de  la  place  du  Palais-Royal  à  la  rue 
Guénegaud  ;  et,  qui  pis  est,  il  les  vendit  avec  ses 
propres  drogues. 

De  nouvelles  plaintes  arrivèrent  alors,  aux- 
quelles il  opposa  son  impudence  ordinaire,  ce 
qui  fut  cause  qu'elles  ne  tardèrent  pas  à  être 
suivies  d'un  nouvel  arrêt  de  prise  de  corps. 
Voici  ce  que  nous  lisons  à  ce  sujet  dans  un 
curieux  recueil  manuscrit  :  Lettres  historiques  et 
anecdotiqnes'^ ,  sous  la  date  du  1 5  janvier  1686  : 

«  Blegny,  chirurgien,  a  esté  mis  à  la  Bastille, 
pour  s'estre  voulu  mesler  d'enseigner  la  manière 
d'user  des  remèdes  que  le  prieur  de  Cabrie  avoit 
donné  au  Roy  et  que  S.  M.  fait  distribuer  gra- 
tuitement. Il  avoit  dit  des  impertinences.  » 

Ce  dernier  détail  suffiroit,  connoissant  Blegny 
comme  nous    le  connoissons,  pour  ne  nous 


1.  V.  plus  loin,  p.  157,  note. 

2.  Bibl.  nat.,  Mss.  Suppl.  franc,  n»  10,265. 


Ivj  Introduction. 

laisser  aucun  doute  sur  l'authenticité  de  la  nou- 
velle. 

Cette  captivité,  qui  explique  pourquoi  Der- 
nier, parlant  de  lui,  l'appelle  «  le  bastille  et  le" 
bastillable' »,  ne  dut  pas  être  de  bien  longue 
durée,  mais  ne  le  laissa  pas  moins  un  peu  plus 
mesuré  et  plus  modeste.  L'année  d'après  il  ne 
publia  qu'un  livre  des  plus  anodins  :  Le  bon 
usage  du  thé,  du  café  et  du  chocolat  pour  la  pré- 
servation et  la  guérison  des  maladies,  in-12;  et, 
en  1688,  deux  autres  petits  volumes  sans  beau- 
coup plus  de  conséquence  :  Secrets  concernant  la 
beauté  et  la  santé,  qui  ont  fait  dire  avec  raison 
par  un  de  ses  biographes  :  «  Le  titre  seul  de  cet 
ouvrage  annonce  le  charlatanisme  :  les  vrais 
médecins  ne  connaissent  pas  de  secrets^.  » 

De  1688  à  la  fin  de  1690,  il  ne  publia  rien. 
Il  étoit  occupé  de  son  livre  :  Les  Adresses  de  la 
ville  de  Paris,  dont,  ainsi  que  nous  l'avons  dit, 
il  avoit  sans  doute  emprunté  l'idée  à  celui  des 
adresses  de  Londres  publié  en  1677.  Il  lui  falloit 
un  privilège,  mais,  comme  dans  cet  ouvrage, 
il  vouloit  plus  ou  moins  exploiter  ceux  qu'il  y 
recommanderoit,  et,  sous  prétexte  de  parler  de 
tout  le  monde,  parler  sans  cesse  de  lui-même,  en 
se  ramenant  à  chaque  coin  de  page,  à  tort  et  à 
travers  et  pour  n'importe  quelle  raison,  il  se 
garda  bien  de  demander  ce  privilège  en  son 
propre  nom.  Sa  voisine,  la  veuve  Nyon,  libraire 
sur  le  quai  Conti,  se  le  fit  accorder  à  sa  place 
dès  le  14  juillet  1690  et  se  chargea  de  faire 


1.  Anti'Menagiana,  préface,  p.  16. 

2.  Biog.  universelle,  art.  Blegny. 


Introduction.  Ivij 

imprimer  le  manuscrit  chez  l'imprimeur  Ron- 
dot.  Un  pseudonyme  sur  le  titre,  celui  d'Abraham 
Du  Pradel,  fut,  pour  lui-même,  afin  de  ne  pas 
se  trahir,  tout  ce  que  se  permit  Blegny. 

Le  petit  volume,  qui  se  compliquoit  d'un 
almanach,  devoit  de  toute  nécessité  être  prêt 
le  premier  janvier  1691  ;  il  le  fut.  Réussit-il? 
Nous  le  pensons.  Il  avoit  d'avance  une  clientèle 
de  lecteurs  toute  faite  :  chez  les  étrangers  de 
passage  à  Paris,  chez  les  gens  de  province  et 
même  chez  les  Parisiens  qui,  à  cette  époque 
comme  à  la  nôtre  encore,  n'ignoroient  rien  tant 
que  ce  qui  se  trouve  à  Paris  de  bon  à  acheter 
et  de  curieux  à  voir. 

Ce  succès,  quoiqu'il  eût  rencontré  de  l'oppo- 
sition, car  beaucoup,  même  dans  le  monde  des 
marchands,  s'étoient  trouvés  froissés  de  ce  qu'on 
les  eût  nommés  sans  leur  permission,  encouragea 
Blegny.  Pour  l'année  suivante,  tout  en  tenant 
compte  de  ces  plaintes,  qui  paroîtront  bien  sin- 
gulières à  présent  que  la  réclame  est  partout 
courue  et  nulle  part  évitée,  il  voulut  faire  mieux, 
être  plus  varié,  plus  complet.  Ce  fut  sa  perte. 

Il  s'en  étoit  tenu,  la  première  année,  presque 
exclusivement  aux  adresses  marchandes  ou 
industrielles.  Pour  la  seconde,  que  nous  repro- 
duisons ici,  avec  le  titre  nouveau  qu'il  lui 
donna,  il  prétendit  y  joindre  les  adresses  de 
Messieurs  des  Fermes,  du  Conseil  d'État,  etc., 
etc. ,  celles  aussi  des  Curieux  célèbres  et  des 
Dames  curieuses,  et  bien  d'autres  encore. 

Les  plaintes  grossirent  en  conséquence.  De 
quoi  se  méloit-il.^  De  quel  droit  ces  indiscrétions 
qui  ne  pouvoient  qu'attirer  des  nuées  d'impor- 


Iviij  Introduction. 

tuns  chez  les  personnes  dont  il  indiquoit  ainsi 
la  qualité  et  l'adresse?  N'empiétoit-il  pas  d'ail- 
leurs, en  bien  des  points,  sur  ce  que,  par  privi- 
lège, VEtat  de  France  pouvoit  seul  publier. 

Il  y  avoit  dans  tout  cela  beaucoup  plus 
qu'il  n'en  falloit  pour  faire  supprimer  Le  Livre 
commode.  Camusat  dit  que  Blegny  reçut  ordre 
de  ne  pas  le  continuer  parce  qu'il  fut  trouvé 
détestable'.  Nous  croyons  bien  plutôt  que  ce 
fut  pour  les  raisons  dont  nous  venons  de  parler, 
qu'il  dut  ne  plus  paroître,  et  que  même  — 
ce  qu'ignoroit  Camusat  —  il  fut  saisi.  Nous 
avons  trouvé  les  procès-verbaux  qui  le  prouvent  * . 

Le  29  février  1692,  c'est-à-dire  deux  mois 
après  la  publication  de  la  seconde  année,  la 
veuve  Nyon  fut  requise  par  Denis  Aumont,  ser- 
gent à  verge,  d'avoir  à  lui  présenter  le  privi- 
lège en  vertu  duquel  elle  avoit  fait  imprimer  le 
Livre  commode  contenant  les  adresses  de  la  ville  de 
Paris  et  à  lui  déclarer  le  nombre  d'exemplaires 
qui  lui  en  restoit.  Elle  répondit  que  le  privilège 
étoit  demeuré  entre  les  mains  du  sieur  Rondot, 
par  qui  elle  en  avoit  fait  faire  l'impression,  et 
elle  offrit  de  le  retirer  et  de  le  rapporter.  Quant 
aux  exemplaires,  dont  la  plus  grande  partie 
n'avoit  pas  encore  été  vendue,  elle  offrit  aussi 
de  les  rapporter  «  en  blanc»,  c'est-à-dire  non 
reliés,  au  nombre  de  deux  mille  cinq  cents. 

Aumont  se  les  fit  présenter  et  les  saisit. 
Même  visite  fut  faite  chez  Rondot  l'imprimeur. 


1.  Histoire  critique  des  journaux,  t.  I,  p.  230231. 

2.  Collection  Delamarre,  aux  mss.  de  la  Biblioth.  nat., 
n°  2'.7Î9,  P-  "0. 


Introduction.  lix 

A  la  première  réquisition  du  sergent  à  verge 
il  présenta  le  privilège,  qui  fut  saisi  comme 
l'avoient  été  les  exemplaires.  Ce  n'étoit,  disent 
les  procès-verbaux,  que  par  simple  provision, 
et  jusqu'à  nouvel  ordre  ;  mais  l'ordre  contraire 
ne  vint  jamais.  Exemplaires  et  privilège  étoient 
saisis,  ils  le  restèrent  jusqu'à  ce  qu'on  les  eût 
détruits.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  cette 
seconde  année  du  Livre  commode  est  beaucoup 
plus  rare  encore  que  la  première. 

Ce  fut  le  coup  de  grâce  pour  Blegny.  Dès 
lors  il  cesse  de  publier.  Un  livre,  bien  inattendu 
de  sa  part  et  qui  prouveroit  qu'il  a  même 
renoncé  à  la  médecine,  est  le  seul  qui  paroisse 
sous  son  nom.  Il  est  de  1694  et  il  a  pour  titre  : 
Projet  de  l'histoire  générale  des  religions  militaires 
et  des  ordres  politiques  et  séculiers  de  chevaliers  K 
Pourquoi  l'avoit-il  fait?  Quel  but  y  visoit-il.^ 
Peut-être  étoit-ce  un  moyen  d'exploiter  les  gens 
si  nombreux  alors  qui  cherchoient  à  se  faufiler 
par  la  chevalerie  dans  la  noblesse  et  qui  n'arri- 
voient  ainsi  qu'à  devenir,  suivant  le  mot  du 
temps,  des  «chevaliers  de  l'industrie».  Blegny 
étoit  homme  à  en  créer  beaucoup  de  cet  ordre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  de  mauvais  bruits  coururent 
alors  sur  son  compte.  On  parla  même  d'escro- 
querie 2  ;  il  perdit  les  dernières  charges  qui  lui 
restoient,  et,  le  terrain  lui  manquant  tout  à  fait 
sous  les  pieds,  il  quitta  Paris  pour  Angers.  On  l'y 
arrêta.  Nous  ignorons  pourquoi,  mais  ce  devoit 

1.  Il  n'est  pas  indiqué  dans  la  Biblioth.  Script.  Medic. 
de  Manget,  qui  n'avoit  du  reste  à  donner  que  la  liste  des 
livres  de  médecine  de  Blegny. 

2.  Biog.  un'n.,  art.  Blegny. 


Ix 


Introduction. 


être  pour  affaire  grave,  car  il  resta  huit  ans  pri- 
sonnier dans  le  château.  Lorsqu'il  eut  fait  son 
temps,  il  chercha  un  pays  plus  hospitalier.  Il  se 
retira  sur  terre  papale,  à  Avignon,  où  il  mourut 
en  1722  à  quatre-vingts  ans. 

Voilà  l'homme,  vous  allez  juger  à  présent  de 
son  essai  d'Almanacli  des  adresses.  L'auteur  est 
un  assez  vilain  personnage,  mais  le  livre  est 
Curieux. 


LE 

LIVRE    COMMODE 

CONTENANT 

LES     ADRESSES 

DE    LA 

VILLE   DE   PARIS 

ET 

LE  TRÉSOR  DES  ALMANACHS 
POUR  l'année  bissextile  1692 

avec 

Us  scéances  et  les  vacations  des  Tribunaux,  l'ordre 
et  la  discipline  des  exercices  publics,  le  prix  des 
Matéraux  et  les  ouvrages  d'Architecture,  le 
Tarif  des  nouvelles  Monnoyes,  le  Départ  des 
Courriers  et  des  Voitures  de  Routes,  et  géné- 
ralement toutes  les  commoditez  sujettes  aux 
mutations. 

Par  Abraham  Du  Pradel,  Philosophe 
et  Mathématicien. 


A    PARIS, 

chez  la  Veuve  de  Denis-Nion,  Marchand-libraire 

sur  le  quay  de  Nesle,  devant  l'Abrevoir  de 

Guénégaud,  à  l'image  Sainte  Monique. 

M.  DC.  XCII. 
Avec  privilège  du  Roy. 


AVERTISSEMENT. 


s'auteur  ne  s'étoit  pas  trompé  en  pré- 
)sumant  que  son  ouvrage  seroit  jugé 
'généralement  utile;  l'approbation  du 
i  public  et  le  débit  qui  s'en  est  fait  en 
»sont  de  fortes  preuves;  il  s'en  trouve 
très  honoré,  et  il  se  propose  d'en  être  autant 
reconnaissant  qu'on  le  peut  désirer.  Il  vient  de 
redoubler  ses  soins  et  ses  recherches  pour  le 
rendre  plus  exact  et  plus  complet  :  il  en  fera  de 
même  dans  les  années  suivantes;  il  examinera 
par  luy-même  les  mémoires  qui  luy  seront  don- 
nés, et  il  préviendra  par  cette  précaution,  le 
reproche  qu'il  s'est  attiré  l'année  précédente, 
pour  s'en  être  tenu  aux  protestations  de  quel- 
ques personnes  qui  lui  avoient  donné  de  fausses 
adresses,  et  qui  avoient  attribué  à  certains  arti- 
sans une  réputation  qu'ils  n'avoient  pas  encore 
acquise. 


4  Le  Livre  commode. 

*  Il  ne  faut  pas  croire  néanmoins  qu'il  prétende 
demeurer  garand  du  mérite  des  personnes  qu'il 
doit  indiquer.  C'est  le  public  qui  donne  la  répu- 
tation. Il  est  luy-même  responsable  de  ses  propres 
injustices.  Un  particulier  n'est  pas  en  droit  de 
s'opposer  au  torrent  de  la  voix  publique  quand 
même  il  seroit  assez  téméraire  pour  le  faire,  il 
ne  seroit  pas  écouté.  Il  s'agit  ici  uniquement  des 
adresses  de  personnes  renommées.  Il  suffit  qu'un 
nom  ait  été  célébré  pour  avoir  place  dans  cet 
Opuscule  :  et  il  n'est  pas  permis  à  l'Auteur  d'y 
ajouter  celui  dont  on  n'a  pas  encore  parlé,  quand 
même  il  appartiendroit  au  plus  digne  homme 
d'une  profession. 

La  seule  omission  qu'on  pourroit  reprocher  à 
TAuteur,  est  celle  de  n'avoir  rien  dit  d'un  grand 
nombre  de  personnes  qui  ont  acquis  dans  le 
Commerce  et  dans  les  Arts  une  distinction  par- 
ticulière; mais  il  ne  tiendra  qu'à  ces  personnes 
mêmes  ou  à  leurs  amis,  qu'il  ne  leur  rende  là- 
dessus  bonne  justice  l'année  prochaine,  et  elles 
peuvent  même  s'assurer  qu'elles  auroient  été 
prévenues  dès  la  première  édition  de  cet  Ou- 
vrage, si  l'Auteur  eut  été  assez  intrigué  '  dans 
le  monde,  pour  savoir  tout  ce  qui  mérite  d'être 
connu. 

Un  Médecin  et  quelques  autres  personnes  in- 
diquées dans  l'édition  précédente,  avoient  trouvé 
mauvais  qu'on  se  fut  étendu  sur  leurs  talens 


I.  Nous  dirions  aujourd'hui  «  lancé  ».  Boiieau,  dans  l'Art 
poétique,  chant  III,  a  donné  à  ce  mot  le  même  sens  : 

L'âge  viril,  plus  mûr,  inspire  uii  air  plus  sage, 

Se  pousse  auprès  des  grands,  s'intrigue,  se  ménage. 


Le  Livre  commode.  5 

autant  qu^on  avoit  cru  le  devoir  faire.  Elles 
connaîtront  par  celle-ci,  qu'on  a  eu  soin  de 
flatter  leur  modestie,  autant  qu'elles  le  pouvoient 
raisonnablement  désirer. 

Il  auroit  été  à  souhaiter  qu'on  eut  pu  suivre 
l'ordre  de  dignité  en  parlant  des  Compagnies, 
des  personnes  et  des  professions;  mais  outre 
qu'il  pourroit  y  avoir  des  contestations  à  l'infini 
sur  les  rangs  et  sur  les  préséances,  il  auroit  été 
presque  impossible  à  l'Auteur  de  s'en  assurer, 
quand  même  il  y  auroit  quelque  certitude;  c'est 
pourquoi  il  a  dû  avertir  qu'il  a  traité  sans  aucune 
distinction  de  droits  ni  de  mérite,  toutes  les  dif- 
férentes choses  qui  sont  le  sujet  de  cet  Ouvrage, 
ce  qui  doit  contenter  ceux  qui  ne  se  trouveront 
pas  dans  l'ordre  qui  leur  conviendroit  en  autre 
chose. 

Comme  on  s'est  proposé  en  ceci  de  donner 
annuellement  au  public  toutes  les  instructions 
qui  luy  sont  nécessaires  sur  les  choses  sujettes  à 
mutations,  on  ne  sera  pas  surpris  d'y  trouver  les 
vacations  des  Tribunaux  et  le  prix  des  matereaux 
et  des  ouvrages  concernant  les  batimens  :  car  si 
d'un  côté  ces  choses  ne  sont  pas  du  genre  de 
celles  qu'on  doit  indiquer  par  des  adresses,  elles 
sont  du  moins  de  celles  qui  peuvent  être  chan- 
gées en  quelques  circonstances. 

Ceux  qui  prétendent  que  l'Auteur  auroit  dû 
comprendre  dans  cet  ouvrage,  tout  ce  qui  est 
contenu  dans  les  listes  des  Tribunaux  et  dans 
les  catalogues  des  Compagnies  et  des  Commu- 
nautés, devroient  se  ressouvenir  de  la  protesta- 
tion qu'il  a  faite  de  servir  tout  le  monde  sans 
nuire  à  personne,  et  réfléchir  sur  le  tort  qu'il 


6  Le  Livre  commode. 

feroit  à  ceux  qui  ont  accoutumé  de  vendre  ces 
listes  et  ces  catalogues;  outre  que  le  seul  recueil 
qu'on  en  feroit  composeroit  un  trop  gros  volume 
pour  un  simple  manuel  journalier,  et  qu'ainsi  il 
étoit  plus  expédient  et  plus  raisonnable  d'indi- 
quer seulement,  comme  il  a  fait,  les  sièges  oik 
l'on  peut  recouvrer  les  listes  et  les  Bureaux  où 
l'on  peut  trouver  les  catalogues. 

Sur  ces  deux  considérations  que  l'Auteur  ne 
veut  nuire  à  personne,  et  qu'il  ne  s'est  proposé 
de  traiter  que  les  choses  sujettes  à  mutations,  on 
peut  inférer  qu'on  ne  trouvera  dans  cet  Ouvrage, 
ni  la  situation  des  Eglises,  ni  la  description  des 
Palais,  des  Hotels,  des  Fontaines,  ni  des  autres 
Edifices  de  Paris,  puis  que  ce  seroit  dérober  le 
sujet  de  M.  le  Maire  à  qui  nous  devons  un  Livre 
en  trois  volumes,  qui  a  pour  titre  Paris  ancien 
et  nouveau',  et  celui  de  M.  l'abbé  Brice,  qui 
nous  a  donné  une  description  de  la  Ville  de 
Paris  2,  et  que  d'ailleurs  ces  choses  ne  regardent 


1.  Il  avoit  paru,  in- 12,  en  i68j.  Voici  le  titre  complet  : 
Paris  ancien  et  nouveau,  avec  une  description  dt  tout  ce 
qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  toutes  les  églises,  com- 
munautés, palais,  maisons,  rues,  places,  etc.  D'après  le 
P.  Lelong  et  les  éditeurs  de  la  neuvième  édition  du  livre 
de  G.  Brice,  dont  nous  parlerons  dans  la  note  suivante, 
cet  ouvrage  de  Le  Maire  n'est  guère  qu'une  copie,  en  style 
moins  ancien,  des  Antiquités  de  Paris  du  P.  Du  Breul. 

2.  Elle  avoit  été  publiée  en  1684,  c'est-à-dire  un  an 
avant  le  livre  de  Le  Maire,  en  2  vol.  in- 12,  sous  le  titre 
de  :  Description  nouvelle  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable dans  la  ville  de  Paris,  par  M.  B...  L'auteur,  Ger- 
main Brice,  qui  se  déroboit  sous  cette  initiale,  portoit,  sans 
être  prêtre,  l'habit  ecclésiastique,  c'est  pourquoi  il  est  ici 
appelé  abbé.  Il  se  mettoit  au  service  des  étrangers  de  qua- 
lité pour  leur  apprendre  le  françois  et  leur  faire  voir  Paris, 


Le  Livre  commode.  7 

qu'indirectement  les  commoditez  qui  doivent 
satisfaire  les  besoins  ausquels  on  s'est  proposé 
de  pourvoir. 

Au  surplus,  comme  ce  Livre  sera  chaque  an- 
née publié  dès  les  premiers  jours  du  mois  de 
Novembre,  et  qu'on  en  commencera  par  consé- 
quent l'impression  dès  le  commencement  d'Aoust, 
il  seroit  inutile  d'envoyer  des  mémoires  ni  pour 
les  nouvelles  adresses,  ni  pour  les  mutations 
passé  la  S.  Jean,  l'Auteur  ayant  besoin  d'un 
temps  considérable  pour  diriger  sa  matière. 


ce  qui,  disent  avec  bonhomie  ses  éditeurs  posthumes,  lui  valoit 
«  de  la  part  de  ces  seigneurs  des  reconnoissances  utiles  ».  Son 
livre  avoit  eu  huit  éditions,  et,  toujours  s'augmentant,  étoit 
monté  de  deux  volumes  à  quatre,  lorsqu'il  mourut  en  1727, 
à  soixante-quatorze  ans.  La  neuvième  édition  qu'il  prépa- 
roit  ne  fut  achevée  par  Mariette,  dit-on,  et  l'abbé  Perrault 
qu'en  1751  et  fut  publiée  l'année  suivante.  C'est  un  ouvrage 
très-utile  et  qu'il  est  bon  surtout  de  suivre  dans  toutes  ses 
transformations  de  1684  à  1752.  —  Nous  ajouterons  que 
Brice  n'étoit  pas  seul  à  faire  le  métier  de  cicérone  parisien, 
almanach  des  adresses  allant  et  venant  au  service  de  chacun. 
Le  Novitius,  dictionnaire  latin-françois  de  1721,  nomme, 
au  mot  Nomendator,  un  certain  Herpin,  qui  gagnoit  sa  vie 
de  la  même  manière  :  «  C'est  un  homme  qui  enseigne  à 
Paris  les  noms  et  les  demeures  des  gens  de  qualité  ». 


AVIS. 

SUR   LES   ADRESSES    CASUELLES. 


^ans  le  courant  de  l'année  précédente, 
îbien  des  gens  ont  donné  des  mémoires 
|que  l'Auteur  a  reservez,  et  qu'il  ne  pu- 
iblira  que  dans  un  cahier  volant,  par 
cette  raison  qu'ils  ne  contiennent  que  des  com- 
moditez  qui  n'ont  rien  de  permanent,  c'est  à 
dire  qui  sont  aujourd'hui  existantes,  et  qui  ne  le 
seront  peut-être  pas  le  mois  qui  vient,  ce  qui  ne 
conviendroit  pas  dans  un  Recueil,  qui  doit  servir 
une  année  entière,  et  dans  lequel  même  il  ne  se 
doit  presque  faire  aucun  changement  que  par 
rapport  aux  simples  mutations. 

Ce  cahier  volant  sera  renouvelle  tous  les  mois, 
et  aura  pour  titre  les  Adresses  casuelles  de  la  Ville 
de  Paris  '  ;  on  y  trouvera,  par  exemple,  le  dessein 

I.  C'étoit  un  essai  de  petites  afficha  mensuelles  dont 
nous  n'avons  rien  retrouvé.  Peut-être  Blégny  n'y  donna- 


10  Le  Livre  commode. 

des  Auteurs  qui  auroient  besoin  de  mémoires, 
l'arrivée  et  le  départ  des  Marchands  forains, 
l'ouverture  des  ventes  de  meubles  publiques  et 
judiciaires  qui  mériteront  d'être  sçues,  l'adjudi- 
cation d'héritages  licitez  et  décrétez,  les  Bureaux 
pour  la  levée  des  charges  de  nouvelles  créations, 
les  Fermes  à  bailler  et  les  biens  à  vendre,  Tétat 
des  Marchandises  dont  les  Courtiers-Commis- 
sionnaires se  trouveroient  chargez;  la  qualité 
des  Equipages,  Meubles  et  Bijoux  dont  les  par- 
ticuliers voudront  se  défaire  par  vente  ou  par 
échange,  les  bois  qui  seront  à  couper,  les  Emplois 
qui  seront  vacans,  les  ouvrages  et  fournitures 
qui  seront  à  faire  au  rabais,  les  fonds  qui  seront 
à  placer,  les  emplois  qu'on  proposera  d'en  faire, 
et  généralement  les  adresses  de  toutes  commodi- 
tez  dont  la  fin  paroitra  prochaine. 


t-il  pas  suite.  Renaudot  en  avoit  tenté  du  même  genre,  mais 
trimestrielles,  sous  Louis  XIII.  On  en  trouve  le  plan  dans 
sa  rarissime  brochure  :  Inventaire  des  adresses  du  bureau 
de  rencontre,  i6}o,  gr.  in-4°.  Le  roi  lui  avoit,  à  cet  effet, 
accordé  un  privilège  le  8  juin  1629.  On  ignoroit  si  l'exé- 
cution avoit  suivi  le  projet,  lorsque  nous  fûmes  assez 
heureux  pour  découvrir  à  la  Bibliothèque  Nationale  un 
numéro  de  ces  premières  petites  affiches,  portant  la  date 
du  I"'  septembre  i6j}  et  l'indication  que  c'étoit  la  i  ^"feuille 
de  cette  publication.  Or,  comme  elle  avoit  dû  commencer 
à  la  fin  de  1629,  il  y  avoit  juste  quinze  trimestres  qu'elle 
existoit  en  septembre  1633.  Nous  avons  publié,  avec  des 
notes,  dans  le  tome  IX  de  nos  Variétés,  p.  51  et  suiv., 
cette  15°  feuille,  la  seule  que  l'on  connoisse  encore. 


Il 


SUCCEZ     DES     REMEDES 

INDIQUEZ  l'année  PRÉCÉDENTE. 


l'Auteur  étant  persuadé  qu'entre  tous 
îles  besoins  ausquels  il  s'est  proposé  de 
> pourvoir,  il  n'y  en  a  point  de  plus 
^pressans  que  ceux  qui  concernent  le 
rétablissement  de  la  santé,  il  a  jugé  qu'on  trou- 
veroit  ici,  avec  plaisir,  une  relation  qu'il  tient 
de  son  libraire  par  qui  elle  est  certifiée  véritable, 
puis  qu'elle  contient  un  grand  nombre  de  cures 
merveilleuses  opérées  dans  le  courant  de  Tannée 
précédente,  par  l'usage  des  remèdes  spécifiques 
qui  avoient  été  par  lui  annoncez. 

Plus  de  trente  personnes  de  l'un  et  de  l'autre 
sexe  accablées  par  des  Rhumatismes  habituels 
et  inveterez,  par  la  Sciatique,  par  les  Gouttes 
des  pieds  et  des  mains,   et  par  des  douleurs 


12  Le  Livre  commode. 

causées  par  les  panacés  et  autres  poudres  mer- 
curielles,  ont  été  parfaitement  guéries  en  peu  de 
jours,  par  l'usage  des  Etuves  vaporeuses  et  de  la 
liqueur  anodine  marquée  à  la  page  5 1 . 

Autant  en  est-il  arrivé  à  un  paralitique  qui 
avoit  d'ailleurs  au  bras  droit  des  nodus  d'une 
prodigieuse  grosseur,  les  membres  paralitiques 
ayant  été  parfaitement  rétablis,  et  les  nodositez 
entièrement  dissipées  dans  l'espace  de  cinq  se- 
maines. 

Ces  remèdes  ont  encore  opéré  dans  un  jeune 
homme  à  peu  près  dans  le  même  espace  de 
temps,  la  guérison  de  la  Goutte  des  pieds  et  la 
dissipation  de  plusieurs  Loupes  et  Tumeurs 
froides  qu'il  avoit  aux  deux  genoux. 

Un  homme  d'une  particulière  considération, 
en  qui  il  s'étoit  fait  un  effroyable  dépôt  d'hu- 
meurs sur  les  jambes,  après  avoir  fini  par  le 
quinquina  des  vapeurs  dont  il  étoit  tourmenté, 
a  été  parfaitement  guéri  en  six  semaines  par  la 
liqueur  vulnéraire,  quoi  qu'extraordinairement 
replet,  non  seulement  de  cette  fluxion,  mais  en- 
core de  plusieurs  grands  ulcères  qu'elle  causa 
subitement  avec  mortification  de  la  peau  et  des 
chairs,  accompagnez  d'une  fièvre  terrible  et 
d'un  vomissement  continuel  que  le  quinquina 
avoit  causé. 

L'un  des  domestiques  de  ce  malade  fût  guéri 
dans  le  même  temps  d'une  Hidropisie  formée  en 
deux  prises  d'un  Sirop  spécifique. 

Plus  de  cinquante  personnes  ont  été  guéries 
de  Décentes  de  Boyaux,  les  unes  en  un  mois  ou 
cinq  semaines  en  faisant  retraite  à  la  pension  de 
Pincourt,  les  autrefois  mois  ou  environ,  en  vac- 


Le  Livre  commode.  ij 

quant  à  leurs  affaires  ;  par  les  Bandages  '  et  par 
,  les  emplâtres  de  la  Manufacture  royale. 

Vingt  deux  malades  accablez  d'une  longue 
suite  de  cours  de  ventre,  de  flux  de  sang  et  de 
dissenteries,  ont  été  guéris  sans  retour  et  sans 
ressentir  la  moindre  incommodité,  avec  une  ou 
au  plus  deux  prises  d'un  vin  composé  qui  nour- 
rit comme  le  vin  ordinaire. 

On  a  pareillement  guéri  un  grand  nombre  de 
fébricitans  par  l'usage  de  la  Liqueur  fébrifuge. 

On  a  d'ailleurs  guéri  par  la  Liqueur  balsa- 
mique, en  deux  femmes  différentes,  un  ulcère 
formé  dans  la  matrice;  et  par  cette  même  liqueur 
aidée  par  les  grains  balsamiques,  un  grand 
nombre  de  personnes  de  Gonorrhées  habituelles 
et  de  Pertes  blanches. 

Onze  personnes  ont  été  parfaitement  guéries 
de  la  grosse  maladie,  sans  régime  et  sans  retraite 
par  le  seul  usage  du  mercure  d'or*. 

Rien  n'est  plus  commun  que  de  voir  des  gens 
guéris  sur  le  champ  et  pour  jamais  de  la  douleur 

1.  C'étoit  une  invention  très-ancienne,  ainsi  que  nous 
l'avons  prouvé  dans  le  Vieux-neuf,  2=  édition,  t.  I,  p.  i}j- 
134,  note.  En  1647,  un  charlatan  avoit  inventé  un  ban- 
dage dont  il  promettoit  merveille.  Les  Annales  du  Bibliophile, 
t.  I,  p.  j8,  ont  publié  l'affiche  qui  en  énuméroit  les  mi- 
racles. 

2.  Nous  n'avons  pas  besoin  d'expliquer  ce  que  Blégny 
entend  par  «  la  grosse  maladie  ».  En  la  guérissant  par  le 
mercure,  il  étoit  araéré.  Locke,  lorsqu'il  vint  à  Paris,  vit, 
affichée  sur  les  murs,  l'annonce  d'un  «  remède  sans  mer- 
cure »,  pour  lequel  le  roi  avoit  accordé  un  brevet,  dont 
le  duc  de  Bouillon  avoit  le  bénéfice,  et  qui  datoit  du 
7  septembre  1667.  Voy.  dans  la  Vie  de  Locke  par  lord 
King,  un  extrait  de  ses  Voyages  à  la  date  du  ij  février 
1679. 


14  Le  Livre  commode. 

de  la  carie  des  Dents,  par  l'application  de  TEs- 
sence  végétale. 

Une  religieuse  qui  ne  vivoit  depuis  quatorze 
mois  que  de  trois  cuillerées  de  bouillon  par  jour, 
chacune  desquelles  luy  coutoit  un  martire  par 
les  sanglots  et  mouvements  convulsifs  qu'elle 
luy  causoit  pendant  près  d'une  heure,  et  les 
douleurs  d'estomach  qu'elle  ressentoit  ensuite, 
fut  soulagée  très  considérablement  dès  la  pre- 
mière prise  de  l'opiate  digestive,  et  se  trouva 
après  la  deuxième  en  état  de  faire  deux  grands 
repas  par  jour  sans  aucune  incommodité. 

Deux  poulmoniques  ont  été  parfaitement  gué- 
ris par  l'usage  de  la  Conserve  pulmonaire. 

Une  fistule  lacrimale  accompagnée  d'un  flux 
de  larmes  involontaires,  a  été  guérie  en  peu  de 
jours  sans  opération  par  une  simple  pomade. 

Quand  l'Auteur  connoitroit  les  personnes  sur 
qui  ces  Cures  ont  été  faites,  il  ne  pourroit  les 
nommer  sans  imprudence,  mais  les  incrédules 
pourront  s'assurer  de  la  vérité,  par  le  témoi- 
gnage de  diverses  autres  personnes  qui  ont  eu 
occasion  de  voir  opérer  le  Médecin  par  qui  elles 
ont  été  entreprises,  et  dont  le  Libraire  qui  débite 
cet  Ouvrage,  offre  de  donner  les  noms  et  les 
adresses  selon  l'exigence  des  cas. 


«5 


LE 


LIVRE    COMMODE 


CONTENANT 


les  Adresses  de  la  Ville  de  Paris  et  le  Trésor 
des  Almanachs 

POUR  l'année  1692.    - 


AFFAIRES    ECCLÉSIASTIQUES. 

|onseigneur  l'Archevêque  de  Paris  donne 
;  Audience  aux  particuliers  dans  les  ap- 
'^^^  fpartemens  de  l'Archevêché,  près  Notre- 
sDame,  le  matin  à  onze  heures  quand  il 
est  à  Paris.  C'est  au  même  lieu  qu'on  s'adresse 
à  Monsieur  de  Morange  pour  impetrer  les  dis- 
penses et  autres  grâces  Ecclésiastiques  qui 
émanent  de  mondit  Seigneur. 

Monsieur  Ameline  Grand  Archidiacre,  et 
M.  de  la  Baude  Archidiacre  de  Brie,  demeurent 
au  Cloître. 


i6  Le  Livre  commode. 

Messieurs  les  Abbez  Daquin'  et  de  Bourle- 
mont  Agens  du  Clergé,  demeurent;  sçavoir,  le 
premier  au  Jardin  du  Roi  2,  et  le  deuxième  rue 
d'Enfer  près  les  Chartreux. 

Monsieur  de  Bouquenet  Doien  de  Notre  Dame, 
à  qui  l'on  s'adresse  pour  les  affaires  du  Chapitre, 
demeure  dans  le  Cloître,  et  tient  Chapitre  les 
Lundis,  Mercredis  et  les  Vendredis. 

M.  Chéron  Officiai  de  Paris,  à  qui  l'on 
s'adresse  pour  obtenir  permission  de  publier 
Monitoire?,  demeure  rue  du  petit  Musc  près 
l'Arsenal.  On  le  trouve  aussi  bien  souvent  à  la 
maison  de  Pincourt  rue  des  Amandiers  Faux- 
bourg  saint  Antoine  4. 

Il  tient  son  Audience  en  la  première  cour  de 
l'Archevêché,  le  Mercredi,  et  le  Samedi  à  midi, 
où  l'on  porte  toutes  les  Causes  concernant  les 
fonctions  Curiales  et  les  Accessoires;  et  par 
conséquent  les  questions  matrimoniales,  la  Mo- 
rale des  Prêtres  5,  etc. 


1.  C'étoit  le  frère  du  médecin  du  roi,  qui  lui  avoit 
donné,  en  avril  1688,  l'abbaye  de  Saint-Laurent  [Journal 
de  Dangeau,  t.  II,  p.  130). 

2.  C'est  comme  frère  du  premier  médecin  que  l'abbé 
Daquin  y  logeoit,  la  surintendance  du  Jardin  royal  étant 
encore,  pour  la  plus  grande  part,  dans  les  attributions  du 
premier  médecin  du  Roi. 

3 .  Ordonnances  de  l'autorité  ecclésiastique,  avec  menace 
d'excommunication,  ayant  pour  objet  d'obliger  ceux  qui 
avoient  connoissance  d'un  crime  de  déclarer  ce  qu'ils  en 
pouvoient  savoir. 

4.  «.  Monsieur  l'Official  de  Paris  qui  connoît  des  fonc- 
tions et  actions  bénéficiales,  demeure  rue  du  Petit-Musc  et 
est  souvent  à  Pincourt,  où  il  a  une  maison  de  bon  air.  » 
Edit.  1691,  p.  5. 

$.  L'Official,  en  effet,   connoissoit  de  toutes  ces  choses. 


Le  Livre  commode.  17 

M.  Coignet  Promoteur  de  cette  jurisdiction, 
qui  conclud  pour  la  manutention  des  Canons  et 
Discipline  Ecclésiastique,  est  Curé  de  la  Paroisse 
de  S.  Roch. 

M.  Robert  Grand  Pénitencier  qui  absout  les 
cas  reservez  ' ,  confesse  presque  tous  les  matins 
et  quelquefois  l'apresdiné. 

M.  Le  Chantre  de  la  même  Eglise 2,  à  la  no- 

C'est  lui,  par  exemple,  qui  légitimoit  par  mariage  les 
unions  qui  n'avoient  pas  jusque  là  été  régulières.  Celle  du 
perruquier  Lamour  et  d'Anne,  sa  perruquière,  avoient 
longtemps  été  du  nombre,  ainsi  que  Boileau  nous  l'apprend 
au  chant  I"  du  Lutrin  : 

ce  couple  charmant 

S'unit,  dit-on,  longtemps  avant  le  sacrement, 
Mais  depuis  trois  moissons  à  leur  saint  assemblage 
L'Official  a  joint  le  nom  de  mariage, 

L'offirialité  de  Paris,  abolie  par  la  Révolution,  fut  rétablie 
par  Napoléon,  pour  qu'on  y  statuât  sur  son  divorce. 

1 .  Il  auroit  pu,  si  l'on  en  croit  la  chronique,  garder 
pour  lui-même  beaucoup  des  pénitences  qu'il  distribuoit.  Sa 
vie  n'étoit  pas  des  plus  édifiantes.  L'abbé  Legendre, 
Mémoires,  p.  59,  se  contente  de  dire  qu'il  avoit  «  des 
talents,  autant  pour  le  monde  que  pour  sa  profession.  » 
Les  chansons  en  disoient  plus.  V.  le  Recueil  de  Maurepas, 
t.  XXV,  p.  363.  Il  avoit  une  pension  de  mille  francs  «pour 
écriie  l'histoire  de  ce  que  Louis  XIV  avoit  fait  en  faveur  de 
la  religion.  »  Il  n'en  écrivit  pas  un  mot.  (Legendre,  Mém., 
p.  99.)  Ajoutons  toutefois  que  Nicole,  qui  étoit  de  Chartres 
comme  lui,  le  tenoit  en  grande  estime.  (Coujet,  Vie  de 
Nicole,  f'part.,  p.  16,  et  2*  part.,  p.  ijo,  144.) 

2.  Ce  chantre  n'étoit  pas  moins  que  le  célèbre  Claude 
Joly,  dont  nous  trouvons  un  si  bel  éloge  dans  le  Valesiana, 
p.  39.  Il  avoit  été,  à  Munster,  le  conseiller  intime  du  duc 
de  Longueville  pour  les  négociations  du  traité.  Après  la 
Fronde,  où  il  fut  des  plus  hostiles  à  Mazarin,  il  devint 
officiai  de  l'Église  de  Paris,  puis,  ce  que  nous  le  voyons 
ici,  grand  chantre.  Il  ne  mourut  que  le  19  janvier  1700, 
à  quatre-vingt-treize  ans,  des  suites  d'une  chute.  V.  le 
Mercure  de  France  à  cette  date,  p.  276. 

Liyre  commode.  2 


i8  Le  Livre  commode. 

mination  duquel  sont  tous  les  Maîtres  et  toutes 
les  Maîtresses  des  petites  Ecoles  de  Paris,  et 
qui  connolt  des  causes  concernant  cette  profes- 
sion ',  demeure  aussi  dans  le  Cloître,  où  il  tient 
son  Audience  le  Jeudi  à  trois  heures  de  relevée. 

Messieurs  Jousse  et  Moussinot  au  Parvis. 
M.  Marais  rue  Cocatrice,  et  M.  Chevalier  rue 
saint  Pierre  aux  bœufs,  sont  les  quatre  Marguil- 
1ers  Laies  de  l'Eglise  de  Paris. 

Les  Procureurs  de  l'Officialité  et  les  Notaires 
Apostoliques  chez  qui  on  peut  passer  tous  actes 
recevables  en  Cour  de  Rome,  sont  tous  établis 
rue  Neuve,  Cloître  et  Parvis  Notre  Dame. 

Les  douze  Banquiers  Expéditionnaires  en  Cour 
de  Rome,  par  l'entremise  desquels  on  obtient 
toutes  les  Bulles  et  Expéditions  du  saint  Siège, 
à  peine  de  nullité  et  d'amende^,  sont  : 

Messieurs 
Du  Bourgt,  rue  Bailleul. 
De  la  Noue,  rue  de  la  Harpe. 


1 .  Il  leur  avoit  consacré  tout  un  livre  en  trois  parties  ; 
Traité  historique  des  Ecoles  épiscopales  par  Claude  Joly. 
Paris,  Muguet,  1678,  in-12.  Il  eut,  à  leur  sujet,  bien  des 
contestations  avec  l'Université,  et  aussi  avec  les  curés  de 
Paris  qui  n'acceptoient  pas  que  le  droit  des  Ecoles  de 
Grammaire  appartînt  seulement  à  MM.  du  Chapitre  et  au 
grand  chantre,  comme  ceux-ci  le  prétendoient.  On  peut  lire 
dans  l'excellente  édition,  donnée  par  M.  Cocheris,  de  V His- 
toire du  Diocèse  de  Paris,  de  l'abbé  Lebeuf,  t.  I,  p.  43- 
44,  le  détail  des  factums  qui  furent  échangés  entre  les  deux 
partis. 

2.  Us  étoient  conseillers  du  roi,  et  faisoient  leurs  expé- 
ditions par  courriers,  non-seulement  pour  la  Cour  de  Rome, 
mais  pour  les  légations.  Ils  eurent  leur  chapitre  spécial 
dans  VAlmanach  royal,  dès  la  première  année,  1699.  Leur 
création  datoit  du  mois  de  mars  167}. 


Le  Livre  commode.  19 

Le  Pelletier,  rue  saint  Severin  ' . 

Daquinet,  Parvis  Notre  Dame. 

Noyer,  rue  de  la  Licorne. 

Ruelle,  rue  des  Prouvaires. 

Le  Roy,  rue  Bardubec. 

Chubuté,  rue  des  Prêtres  saint  Germ"  l'Auxer- 

rois*. 
Le  Zineau,  rue  des  Massons  ?. 
Antoine,  rue  saint  Christophle. 
Beaudet  de  Beaumont,  rue  saint  André. 
Le  Maine,  rue  Hautefeuille4. 

On  trouve  des  instructions  très  importantes 
sur  l'obtention  et  sur  le  dénombrement  des  Bé- 
néfices de  France,  dans  les  livres  que  M.  Le 
Pelletier  a  composés,  et  qu'il  vend  chezluys, 
et  encore  dans  quelques  autres  que  Michallet  a 
imprimés,  rue  saint  Jacques  à  l'Image  saint  Paul. 

Le  Sieur  François  Muguet^  seul  Imprimeur 

1.  Jacques  Le  Pelletier.  En  1702,  il  étoit  doyen  des 
banquiers  expéditionnaires,  et  s'étoit  rapproché  de  Notre- 
Dame;  il  logeoit  rue  Saint-Christophe.  (Alman.  royal, 
1702,  p.  75.) 

2.  Son  nom,  défiguré  ici,  était  Chubéré  (Jean-Pierre). 
Alman.  royal,  1702,  p.  7J. 

j.  Laurent  Lezineau.  {Id.) 

4.  Au  lieu  de  douze  banquiers-expéditionnaires,  il  devroit 
y  en  avoir  vingt  ici.  Un  édit  du  mois  de  septembre  de  l'an- 
née précédente,  1691,  a  voit,  en  effet,  rétabli  définitivement 
les  huit  offices  héréditaires  créés  au  mois  de  décembre  1689, 
et  supprimés  le  mois  suivant. 

5 .  «  M.  Pelletier,  banquier  expéditionnaire  en  cour  de 
Rome,  qui  demeure  rue  et  devant  Saint  Séverin,  est  auteur 
de  deux  livres  très  instructifs  sur  l'obtention  et  le  dénom- 
brement des  bénéfices.  »  Edit.  1691,  p.  5. 

6.  Nous  avons  vu  plus  haut  que  c'est  lui  qui  avoit 
public  en  167}  le  Traité  de  Claude  Joly  sur  les  écoles  épis- 
copales. 


20  Le  Livre  commode. 

de  l'Archevêché  pour  les  Mandemens,  Moni- 
toires,  Jubilez,  Catéchismes,  etc.,  demeure  rue 
de  la  Harpe. 

Les  Brefs  à  l'usage  de  Rome,  se  vendent  chez 
la  Veuve  Coignard,  rue  Saint  Jacques'. 

Les  usages  Romains,  à  scavoir  Bréviaires, 
Diurnaux,  Missels,  Rituels,  Processionnels,  An- 
tiphonètes,  Graduels  etc.  se  trouvent  chez  pres- 
que tous  les  Libraires  de  la  rue  S.  Jacques,  et 
particulièrement  chez  la  Veuve  Coignard,  et 
chez  les  Sieurs  de  La  Caille 2,  Josse  et  Hérissant. 

Les  Livres  de  l'Office  Divin  à  l'usage  du 
Diocèse  de  Paris,  se  vendent  chez  les  sieurs 
Josse  et  Léonard,  rue  Saint  Jacques?. 

M.  Mariochaud  Avocat  en  Parlement  et  Bailly 
de  la  Justice  Nostre-Dame,  demeure  dans  le 
Cloître. 

M.  Chevalier  qui  est  Procureur  Fiscal  de  cette 
Justice,  demeure  rue  saint  Pierre  aux  bœufs. 

M.  Savin  qui  en  est  Greffier,  demeure  derrière 
Saint  Denis  de  la  Chartre. 


1.  «  chez  Jean-Baptiste  doignard,  rue  Saint-Jacques,  à 
la  Bible  d'or.  »  Edit.  1691,  p.  4.  «  Le  bref  de  Paris  se  vend 
chez  la  veuve  Cramolsy,  même  rue,  aux  Cigognes.  »  Ibid. 
—  La  Bible  d'or  devint,  au  siècle  suivant,  l'enseigne  des 
Didot,  et  les  Cigognes  celle  des  Barbou,  puis  des  Delalain. 

2.  Jean  de  la  Caille.  Sa  boutique  étoit  rue  Saint-Jacques, 
à  l'enseigne  de  la  Prudence.  C'est  à  lui  qu'on  doit  l'excel- 
lent ouvrage,  devenu  rare  aujourd'hui,  Histoire  de  l'Impri- 
merie et  de  la  Librairie,  1689,  in-4°.  V.  ce  qu'en  dit 
Chevillier,  l'Origine  de  l'Imprimerie  de  Paris,  1694,  in-4°, 
p.  58. 

3.  «  Les  heures  et  autres  livres  de  piété  généralement 
compris  sous  le  titre  d'usages,  se  vendent  chez  différents 
libraires  rue  Neuve  Notre-Dame,  Quay  de  Gesvre  et  Pont 
au  Change.»  Edit.  1691,  p.  4. 


Le  Livre  commode.  21 

M.  Des  Combes  Greffier  de  l'Officialité,  de- 
meure rue  de  la  Draperie. 

M.  Taupinard  Bailly  de  la  Temporalité'  et 
qui  tient  son  Audiance  le  Lundy  et  le  Jeudy  à 
midy,  demeure  rue  Galande. 

M.  Le  Comte  son  Greffier,  demeure  rue  des 
Noyers. 

EXERCICES  DE  PIÉTÉ. 

Le  Roi  à  qui  Dieu  a  concédé  le  pouvoir  de 
guérir  par  un  simple  attouchement  les  malades 
atteints  des  Ecrouelles,  a  la  bonté  de  toucher 
tous  ceux  qui  ont  été  visitez  par  M.  le  premier 
Chirurgien  de  Sa  Majesté,  la  veille  de  Pâques, 
de  la  Pentecoste,  de  la  Toussaints,  et  de  Noël, 
après  avoir  fait  ses  dévotions^,  et  de  leur  faire 
ensuite  distribuer  à  chacun  quinze  sols  par  forme 
d'aumône,  à  cause  dequoi  Monseigneur  le  Grand 
Aumônier  de  France  est  toujours  présent  à  la 
Cérémonie. 


1 .  C'est  ce  qu'on  appeloit  aussi  Bailliage  de  la  duché- 
pairie  de  l'Archevêché  de  Paris.  On  y  connoissoit  des 
appellations  de  sentences  rendues  en  matière  civile  par  les 
officiers  de  justice  sur  les  domaines  de  l'archevêché.  Un 
bailli,  un  procureur  fiscal  et  un  greffier  étoient  attachés  à 
cette  juridiction. 

2.  Pour  plus  de  détails,  on  peut  lire  l'Etat  de  France  de 
1692,  t.  I,  p.  238.  Le  nombre  des  scrofuleux  que  le  roi 
touchoit  était  quelquefois  très-considérable.  Nous  lisons,  par 
exemple  dans  le  Journal  de  Dangeau,  sous  la  date  du 
21  avril  1685,  c'est-à-dire  à  l'époque  de  Pâques,  une  de 
celles  où,  comme  on  le  voit  ici,  cette  cérémonie  revenoit 
tous  les  ans  :  «  Le  roi  fit  son  bonjour  (ses  pâques)  à  la 
paroisse  entre  les  mains  du  cardinal  de  Bouillon,  et  toucha 
ensuite  treize  cents  malades.  » 


22  Le  Livre  commode. 

Le  Roi  pratique  aussi  chaque  année  le  Jeudi 
Saint,  une  action  digne  de  sa  singulière  Piété; 
car  après  le  Service,  l'Absoute  et  la  Prédication, 
Sa  Majesté  accompagnée  de  tous  les  Seigneurs 
de  sa  Cour,  lave  les  pieds  à  treize  pauvres  en- 
fans,  revêtus  d'une  longue  Robe  de  ratine  rouge 
ayant  une  serviette  au  col  qui  s'estend  jusqu'à 
leurs  pieds',  à  chacun  desquels  elle  distribue 
ensuite  par  les  mains  de  Monseigneur  le  Grand 
Aumônier  de  F'rance,  treize  plats  de  bois  garnis 
de  poissons  chacun  avec  la  figure  de  l'un  des 
Apostres,  un  pot  de  vin,  deux  Aulnes  de  toile, 
et  treize  écus  blancs  dans  une  bource  à  treize 
pendans,  ce  oui  est  mis  dans  une  manne  et 
donné  ensemble  à  chacune  des  Mères  de  ces 
enfans^. 

Le  même  jour  Monseigneur  l'Archevêque  de 
Paris,  fait  aussi  la  Sêne  dans  la  grande  salle  de 
l'Archevêché,  où  il  lave  pareillement  les  pieds  à 
douze  pauvres,  à  chacun  desquels  il  distribue 
trois  plats  de  bois  garnis  de  poissons,  un  pain, 
un  pinte  de  vin  et  un  écu  blanc. 

M.  De  PelissonFontanierMaitredesRequestes 
logé  dans  la  maison  Abbatialle  de  Saint  Germain 

1.  L'Etat  de  France  de  1692  contient  aussi,  à  ce  sujet, 
d'intéressants  détails,  t.  I,  p.  20,  70,  120,  387. 

2.  Ce  que  Blégny  devroit  ajouter,  c'est  que  les  princes 
prenoient  part  à  cette  cérémonie  de  la  Cène,  comme  on 
l'appeloit,  et  y  servoient  :  «  Le  roi,  écrit  Dangeau,  à  la 
date  du  Jeudi  Saint,  7  avril  1689,  entendit  le  sermon  de 
l'abbé  Roquette,  qui  prêcha  à  merveille  ;  ensuite  le  Roi  fit 
la  cérémonie  de  laver  les  pieds  des  pauvres.  Monseigneur  le 
duc  de  Bourgogne  servit  à  la  cène  pour  la  première  fois. 
Monseigneur  —  c'est  le  Dauphin  —  communia  à  la  paroisse, 
et  puis  revint  servir  à  la  cène.  » 


Le  Livre  commode,  23 

des  Prez',  distribue  par  ordre  du  Roy,  une  infi- 
nité d'Aumônes  et  de  pensions  considérables 
aux  Nouveaux  Convertis*. 

Mesdames  de  Guise?,  de  Créqui  et  de  la  Tré- 
moùille4  qui  sont  Directrices  de  la  Charité  de  la 
Paroisse  S.  Sulpice,  font  d'ailleurs  de  grandes 
aumosnes  aux  pauvres  honteux. 

Autant  en  font  Mesdemoiselles  de  la  Moignon  5 
rue  de  Taranne,  et  l'Eschassier^  derrière  la  même 
Eglise. 


1.  Il  y  logeoit  comme  administrateur  de  l'économat  de 
Tabbaye,  charge  qu'il  occupa  durant  quinze  ans.  (Marcou, 
PelUsson,   Etudes  sur  sa  vie  et  ses  œuvres,  1859,  in-8, 

P-  îîi-) 

2.  Il  ne  s'y  epargnoit  pas,  en  effet,  en  bon  converti  qu'il 
étoit  lui-même.  Ces  aumônes  faisoient,  au  reste,  partie  de 
ses  fonctions  :  en  même  temps  que  l'économat  de  Saint- 
Germain  des  Prés,  il  administroit  la  caisse  des  conversions 
créée  en  novembre  1676.  (/rf.,  p.  342.) 

3.  C'est  en  souvenir  de  son  père  Gaston  d'Orléans,  et  du 
palais  du  Luxembourg,  où  elle  étoit  née  de  son  second  ma- 
riage, que  la  duchesse  de  Guise  étoit  restée  une  des  grandes 
aumônières  de  la  paroisse  Saint-Sulpice.  Sa  résidence  étoit 
alors,  en  effet,  bien  loin  de  là,  au  Marais,  dans  l'Hôtel  occupé 
aujourd'hui  par  les  Archives. 

4.  Mesdames  de  Créquy  et  de  la  Trémoille  étoient  la 
mère  et  la  fille.  M""'  de  la  Trémoille  mourut  la  première, 
au  mois  d'août  171 1. 

j.  Elle  avoit,  pour  les  œuvres  de  charité,  succédé  à  sa 
mère  la  présidente,  qu'on  y  avoit  vue  si  aaive  pendant  la 
Fronde.  (Feillet,  Misère  au  temps  delà  Fronde,  1862,  in-8, 
p.  231.)  Elle  avoit  contribué  surtout  à  l'œuvre  des  prisons, 
dont  elle  fut  une  des  premières  trésorières.  {Etal  ou  tableau 
de  la  Ville  de  Paris,  1760,  in-8,  p.  72.)  C'étoit  une  des 
œuvres  oii  les  dévots,  comme  Tartuffe,  s'entremettoient  le 
plus  volontiers,  surtout  par  leurs  fréquentes  visites.  [Athe- 
nœum,  t.  II,  p.  565.) 

6.  Elle  étoit  sœur  de  Favocat  du  roi,  que  nous  trouverons 
plus  loin. 


24  Le  Livre  COMMODE. 

Il  y  a  paraillement  dans  toutes  les  Parroisses 
de  Paris  des  Communautez  de  Dames  Pieuses  ' , 
qui  font  assister  les  pauvres  malades  honteux 
d'Alimens,  de  Remèdes,  et  d'Opérations  Chi- 
rurgicales, et  qui  font  même  instruire  des  orphe- 
lins de  l'un  et  de  l'autre  sexe. 

Quelques  unes  de  ces  Dames  pratiquent  encore 
la  charité  avec  un  zèle  exemplaire,  pour  la  déli- 
vrance des  pauvres  prisonniers  retenus  pour 
dettes  2.  Celles  là  sont  connues  de  tous  les 
Concierges  et  Geolliers  des  Prisons,  à  qui  on 
peut  s'adresser  pour  en  avoir  les  addresses?. 

Les  Pauvres  Prisonniers  du  Châtelet,  et  du 
Fort  l'Evêque,  peuvent  impetrer  avec  succez  le 
secours  de  Madame  Lieve  Tresoriere  de  la  Cha- 
rité de  Saint  Germain  de  Lauxerrois  qui  demeure 
dans  le  Cloître. 

Madame  de  Miramion4  Institutrice  et  Supé- 

1 .  «  Sous  la  direction  des  quelles  il  y  a  des  médecins, 
des  chirurgiens  et  des  sœurs  grises.  »  Edit.  1691,  p.  3. 

2.  V.  l'avant-dernière  note. 

j.  «  On  apprendra  les  noms  et  demeures  de  ces  Dames 
rédemptrices,  dans  les  geoUes  mêmes  des  prisons,  et  entre 
autres  en  celle  de  la  Conciergerie  du  Palais,  où  l'on  trouve 
la  dame  Bourcier,  femme  du  concierge,  de  qui  elles  sont 
très-bien  connues.  »  Edit.  1691,  p.  4. 

4.  Marie  Bonneau,  veuve  de  Jean-Jacques  de  Beauharnois, 
seigneur  de  la  terre  de  Miramion,  à  une  lieue  d'Orléans. 
S'étant  vouée  aux  œuvres  pieuses,  dès  qu'elle  fut  veuve, 
l'année  même  qui  suivit  son  mariage,  et  après  que  Bussy 
eût  tenté  de  l'enlever,  elle  fonda  la  Maison  du  Refuge  pour 
les  filles  qu'on  arrachoit  de  force  à  la  débauche,  et  celle  de 
Sainte  Pélagie,  pour  les  repentantes,  qui  s'en  retiroient  vo- 
lontairement. Sa  dernière  fondation  fut  la  Congrégation  dont 
il  est  parlé  ici.  Ce  ne  fut  d'abord,  en  1661,  qu'une  Commu- 
nauté de  douze  filles  pieuses,  destinées  à  tenir  les  petites 
écoles,  panser  les  blessés,  assister  les  malades.  Son  premier 


Le  Livre  COMMODE.  25 

rieure  de  la  Congrégation  des  Filles  de  Sainte 
Geneviève  établie  sur  le  Quay  de  la  Tournelle  ', 
a  toujours  la  même  application  aux  œuvres 
pieuses  et  charitables;  et  particulièrement  en 
faveur  des  pauvres  Malades  qu'elle  fait  assister 
dans  tous  leurs  besoins. 

Madame  de  Poncarré^  occupée  du  même  zèle, 
demeure  rue  Neuve  Saint  Mederic. 

Les  Révérends  Pères  Celestins  font  distribuer 
tous  les  jours  du  pain,  à  tous  les  pauvres  qui 
se  présentent  à  leur  porte  à  huit  heures  du  ma- 
tin, à  deux,  et  à  six  heures  de  relevée. 

Les  Révérends  Pères  de  Saint  Lazare,  donnent 
tous  les  jours  à  disné  à  vingt  quatre  pauvres. 

Les  Révérends  Pères  Chartreux,  donnent  à 
disné  tous  les  Vendredis  à  un  grand  nombre  de 
pauvres  honteux. 

Les  Révérends  Pères  de  l'Oratoire  de  l'En- 
fant Jésus  rue  d'Enfer,  donnent  aux  pauvres  la 
déserte  3  de  leur  table. 

On  donne  à  disné  tous  les  Dimanche  à  douze 


nom  fut  la  Sainte  Famille,  puis  elle  prit  celui  de  Sainte 
Geneviève  qu'elle  a  ici,  quand  on  l'eut  réunie  à  une  autre 
communauté  ainsi  nommée,  et  dont  le  but  étoit  le  même. 
M""'  de  Miramion  en  fut  la  supérieure  jusqu'à  sa  mort,  le 
24  mars  1696. 

1 .  On  l'appela  aussi,  jusqu'à  la  Révolution,  Quai  des 
Miramionnes,  à  cause  des  saintes  filles  que  dirigeoit  M""  de 
Miramion.  L'hôtel,  dont  elle  avoit  fait  pour  elles  un  cou- 
vent, est  aujourd'hui  la  Pharmacie  centrale  des  hôpitaux 
civils.  Celui  de  sa  fille,  mariée  au  maître  des  requêtes, 
Guillaume  de  Nesmond,  est  auprès,  avec  son  marbre  à  lettres 
d'or  au-dessus  de  la  porte  :  «  Hôtel  ci-devant  de  Nesmond.  » 

2.  Femme  du  maître  des  requêtes,  nommé  en  170J  pre- 
mier président  à  Rouen. 

}.  Lisez  «  desserte.  » 


26  Le  Livre  commode. 

pauvres  honteux  au  Jardin  Médicinal  de  Pin- 
court,  Fauxbourg  Saint  Antoine'. 

L'Almanach  Spirituel  qui  marque  toutes  solem- 
nitez  des  Eglises  de  Paris,  les  jours  et  la  condi- 
tion des  Indulgences,  se  vend  rue  Saint  Jacques 
chez  George  Josse^  à  la  Couronne  d'Epine. 

Tous  les  Dimanches  après  Vespres  M.  l'Abbé 
Galliot  sous  Pénitencier  de  Paris,  tient  une 
conférence  publique  de  Controverse  en  la  Cha- 
pelle du  Collège  des  Lombards  rue  des  Carmes. 

FINANCES    ROYALES. 

Chef  du  Conseil  Royal  des  Finances. 

M.  De  Beauvilliers,  rue  Sainte  Avoye?. 

Contrôleur  Général  des  Finances. 

M.  de  Ponchartrain4,  au  bout  de  la  rue  Vivienne 
devant  les  Filles  Saint  Thomas  5. 

1.  «  où  ils  sont  servis  par  Monsieur  le  Directeur.  » 
Edit.  1691,  p.  4.  C'étoient,  y  est-il  dit  aussi,  «  les  méde- 
cins de  la  Société  Royale  »  qui  donnoient  le  dîner. 

2.  Un  des  plus  vieux  libraires  du  quartier  Saint- Jacques. 
De  1659  à  1661,  il  a  voit  été  syndic. 

3.  Paul,  comte  de  Saint  Aignan,  puis  duc  de  Beauvilliers, 
gouverneur  du  duc  de  Bourgogne.  Il  étoit  chef  du  Conseil 
des  finances,  depuis  1685,  et  le  roi  l'avoit  fait  mini.stre 
d'état  en  1691.  Il  habitoit  rue  Sainte-Avoie,  englobée  au- 
jourd'hui, comme  on  sait,  dans  la  rue  Vieille-du-Temple, 
l'Hôtel  d'Avaux,  qui  prit  à  cause  de  lui  le  nom  d'Hôtel 
Saint  Aignan,  inscrit  encore  au-dessus  de  la  haute  porte, 
seule  partie  qui  en  soit  restée  à  peu  près  intacte. 

4.  Louis  Phelippeaux  de  Pontchartrain  fut  dix  ans,  de 
1689  à  1699,  contrôleur  général  des  finances.  Il  fut  ensuite 
chancelier  de  1699  à  1704.  M.  de  Maurepas,  ministre  sous 
Louis  XVI,  étoit  son  petit-fils. 

5.  L'année  précédente,   il   logeoit  dans  un  tout  autre 


I 


Le  Livre  commode.  27 

Intendans  des  Finances. 

M.  De  Breteuil,  rue  du  grand  Chantier». 

M.  Le  Pelletier,  rue  Couture  Sainte  Catherine*. 

M.  De  Caumartin,  rue  Sainte  AvoyeJ. 

M.  Du  Buisson,  rue  Simon  le  France. 

M.  De  Chamillart,  à  la  Place  RoialeJ. 

M.  Darmenonville,  vieille  rue  du  Temple^. 

qaarùer  :  «  M.  de  Pontchartrain  a  son  hôtel  à  Paris,  près 
les  Cannes  déchaussez  du  faubourg  Saint-Germain.  »  Edit. 
de  1691,  p.  5. 

1.  François  le  Tonnelier  de  Breteuil.  d'abord  conseiller 
au  Parlement,  puis  intendant  en  Picardie  et  en  Flandre,  et 
enfin,  en  janvier  1 684,  intendant  des  finances  et  conseiller 
d'ÉUt. 

2.  Michel  Le  Pelletier  de  Sovizy,  qui,  après  avoir  été 
conseiller  au  Parlement,  et  successivement  intendant  de 
Franche-Comté  et  de  Flandre,  s'étoit  trouvé  en  passe  de 
devenir  contrôleur  général  à  la  place  de  son  frère.  C'est 
celui-ci  qui  lui  fit  préférer  Pontchartrain,  «  par  un  motif 
rare  de  conscience,  »  dit  Saint-Simon  dan?  une  note  sur 
Dangeau,  mais  par  pure  jalousie,  suivant  nous.  —  Son 
hôtel  de  la  rue  Culture  est  occupé  aujourd'hui  par  la  pen- 
sion Jauffret. 

).  L.  Lefèvre  de  Caumartin,  marquis  de  Saint-Ange,  fut 
intendant  des  finances  de  1690  à  171 5,  après  avoir  été 
conseiller  au  Parlement  et  maître  des  requêtes.  M.  de  Cau- 
martin, prévôt  des  marchands  de  1778  à  1784,  qui  donna 
son  nom  à  l'une  des  rues  de  la  Chaussée- d'Antin,  étoit  son 
petit-fils. 

4.  Beau-frère  de  Sonning,  qui,  beaucoup  plus  connu  que 
lai,  —  nous  en  parlerons  plus  loin,  —  avoit  aidé  à  sa  fortune. 

j.  «  Rue  des  Bernardins.  »  Edit.  1691,  p.  6.  —  C'est 
Michel  de  Chamillard,  qui,  après  avoir  été  maître  des  requêtes, 
intendant  à  Rouen,  puis,  en  1690,  intendant  des  finances, 
eut  une  fortune  si  haute,  lorsque  de  cette  dernière  charge, 
étant  passé,  en  1699,  à  celle  de  contrôleur  général,  qu'il 
garda  )usqu'en  1707,  il  finit  par  devenir  alors  ministre  de  la 
guerre. 

6.  Il  devint  plus  tard  directeur  des  finances.  Il  avoit  de 
très-grands  biens,  entre  autres  Rambouillet,  qu'il  échangea 


28  Le  Livre  commode. 

Gardes  du  Trésor  Royal. 

M.  De  Frémont,  rue  Neuve  Saint  Augustin'. 
M.  Brunet,  rue  des  Francs  Bourgeois 2. 

Fermiers  Généraux  des  Domaines,  cinq  Grosses 
Fermes,  et  Domaine  d'Occident  comme  cau- 
tions de  M.  Pierre  Domergue  preneun. 


avec  le  roi,  pour  qu'il  y  mît  un  haras,  et  la  Muette  qu'il 
vendit  à  M""  de  Berry,  fille  du  Régent.  La  direction  des 
finances,  dont  il  étoit  titulaire,  ayant  été  supprimée,  il  eut 
une  pension  de  douze  mille  livres,  et  en  attendant  qu'on  le 
fît  secrétaire  d'Etat  des  affaires  étrangères,  la  charge,  créée 
exprès  pour  lui,  de  capitaine  du  bois  de  Boulogne.  Il  y  fit 
bâtir  le  pavillon,  qui  s'appelle  encore  à  cause  de  lui  «  pa- 
villon d'Armenonville.  » 

1.  Avant  d'être,  à  partir  de  1689,  garde  du  Trésor  royal, 
il  avoit  été  dans  les  finances,  et  s'y  étoit  souvent  empêtré, 
notamment  en  1682,  011  l'on  avoit  dû  nommer  deux  com- 
missaires pour  l'examen  de  ses  affaires,  et  mettre  garnison 
chez  lui.  Il  ne  s'en  étoit  tiré  que  moyennant  quatre  mil- 
lions. (V.  aux  Mss.  de  la  Biblioth.  Nat.,  Lettres  hist.  et 
anecdot.,  10  et  17  avril  et  8  may  1682.)  Le  maréchal  de 
Lorges,  que  sa  fille  .Geneviève  avoit  épousé  en  1676, 
l'avoit  beaucoup  aidé  dans  ce  mauvais  pas.  Saint-Simon 
épousa  l'une  des  filles  nées  de  ce  mariage,  quoique  le 
grand-père  fût,  comme  ancien  traitant,  de  la  classe  des  gens 
que  son  orgueil  de  duc  avoit  le  plus  en  mépris.  —  L'hôtel 
de  la  rue  Neuve-Saint-Augustin,  ou  nous  voyons  ici  Frémont, 
devint,  après  lui,  la  propriété  de  son  gendre,  M.  de 
Lorges.    Il  fut  acheté   ensuite  par  la  princesse  de  Conti, 

•C'est  sur  son  emplacement  que  fut  percée  en  1777  la  rue 
à  laquelle  le  prévôt  des  marchands,  M.  de  La  Michodière, 
a  laissé  son  nom. 

2.  Brunet  de  Chailly,  frère  de  Brunet  de  Rancy,  et  de 
Brunet  de  Montferrand,  auquel  il  succéda  comme  président 
des  Comptes,  après  avoir  vendu  à  la  fin  de  mai  1696,  sa 
charge  de  garde  du  Trésor,  moyennant  un  million  à  M.  de 
Turmenies.  Il  y  a  dans  les  poésies  de  P.  Du  Cerceau,  t.  I, 
p.  38-41,  de  jolis  vers  à  sa  femme. 

3.  Ce  Pierre  Domergue  était  le  prête-nom,  l'homme  de 


Le  Livre  commode.  29 

M.  Brunet,  rue  des  Francs-Bourgeois'. 

M.  Pelissier,  rue  du  Boulloy^. 

M.  de  Reaupalu,  rue  Vivienne. 

Mf*  Arnaud,  et  de  Blaine?,  rue  Neuve  saint  Au- 
gustin. 

M.  Remond,  rue  de  la  Verrerie4. 

M^s  de  Furgiss  Hocquart,  et  Doùilli,  rue  des 
fossez  Montmartre. 

W^  Granval^,  de  Lagni"  et  Corneri^,  rue  de 
Richelieu. 

paille  de  Berthelot,  qui,  en  mars  1687,  avoit  pris  pour 
trente-six  millions  le  bail  des  Gabelles  et  des  Cinq  grosses 
fermes.  Ce  bail  succédoit  à  celui  de  Jean  Fauconnet,  dont 
on  sait  le  nom  par  La  Bruyère,  qui  appelle  «  les  Faucon- 
net  »  ceux  qui,  comme  Berthelot  et  consorts  pour  Do- 
mergue,  lui  servoient  de  caution.  Ces  prête-noms,  seuls 
contraaants  officiels,  avec  la  responsabilité  de  la  prise  de 
corps,  étoient  de  pauvres  diables,  qu'on  payoit  de  leurs 
risques  par  une  pension  de  deux  ou  trois  mille  livres. 
Monteil  avoit  vu  une  de  leurs  quittances  d'appointements. 

1.  Un  des  frères  de  Brunet  de  Chailly,  dont  il  a  été  parlé 
dans  l'avant-dernière  note. 

2.  Avant  celui-ci,  dans  l'Edit.  précédente,  p.  6,  se  trouve  : 
«  Colin,  rue  Saint-Martin.  » 

3.  Melchior  de  Blair,  et  non  de  Blaine,  étoit  un  simple 
intéressé  aux  fermes  qui  avoit,  comme  tel,  eu  des  missions 
en  1689  et  1691,  dans  la  Picardie  et  la  Bretagne.  En  171 6 
il  fut  mis  à  la  taxe  par  la  Chambre  de  justice  pour  240,000 
livres. 

4.  Remond  de  la  Renouillère.  Il  fut  taxé,  en  1716,  à 
4J7,ooo  livres. 

5.  «  Turgis.  »  Edit.  1691,  p.  6.  C'est  le  vrai  nom.  Sa 
femme,  Marie  de  Maupeou,  étoit  cousine  de  M'"^  de  Pont- 
chartrain. 

6.  Charles  de  Poirel  de  Grandval.  En  outre  de  son  inté- 
rêt dans  les  fermes,  il  avoit  une  charge  de  munitionnaire 
de  la  marine. 

7.  J.-B.  de  Lagny.  Il  fut  directeur  général  du  commerce 
en  1694. 

8.  «  De  Cormery.  »  Edit.  1691,  p.  6.  C'est  le  nom  vé- 


?o  Le  Livre  commode. 

Mrs  Hotman  ',  et  l'Huillier,  rue  Sainte  Anne. 

M.  Ricoult,  vieille  rue  du  Temple. 

M.  de  Saint  Amant,  rue  Vieilles  Audriettes. 

M.  Berthelot  l'ainé  à  l'Arsenal*. 

M.  Berthelot  de  Belleyj,  rue  Plastrière, 

M.  le  Jariel,  rue  Verderet. 

M.  Brunet  de  Vauge,  vieille  rue  du  Temple 4. 

M.  Baugier  5,  rue  Sainte-Croix  de  la  Bretonnerie. 

M.  Valier<',  rue  Beaubourg. 


ritable.  Louis  Bauyn  de  Cormery  devint  fermier  général  à 
Lyon  en  1694. 

1.  Il  avoit  été  en  1689  directeur  des  fermes  à  Rouen,  et 
c'est  lui  qui,  en  1682,  avoit  dû  avec  un  autre  commissaire 
faire  cet  examen  des  affaires  de  Frémont,  dont  il  a  été 
parlé  plus  haut. 

2.  C'est  lui,  comme  il  a  été  dit  dans  une  note  précé- 
dente, qui  étoit  le  véritable  preneur  de  ce  bail  des  fermes, 
sous  le  nom  de  Domergue.  Il  y  avoit  eu  l'agrément  com- 
plet du  roi,  et  plus  même  :  «  depuis  ce  traité  fait,  écrit 
Dangeau,  le  7  mars  1687,  le  roi  a  donné  à  Berthelot,  la 
valeur  de  plus  de  joo,ooo  livres,  et  a  dit  qu'il  le  choisissoit 
comme  l'homme  d'affaires  le  plus  capable  de  faire  les  recou- 
vrements sans  tourmenter  les  peuples.  »  Il  avoit  été  fermier 
général  en  Flandre  sous  Colbert,  puis  munitionnaire  des 
guerres,  ce  qui  lui  avoit  valu  le  logement  que  nous  lui  voyons 
ici  à  l'Arsenal  et,  par  suite,  le  surnom  de  «  Berthelot  des  pou- 
dres. »  Sa  fille  épousa  le  baron  de  Beauvais,  fils  de  cette 
Beauvais  la  borgnesse  qui  passoit  pour  avoir  déniaisé 
Louis  XI V,  et  dont  l'hôtel  fait,  comme  disoit  Brienne, 
avec  des  pierres  du  Louvre,  existe  encore  rue  Saint-An- 
toine, n°  64. 

3.  Frère  du  précédent,  mêlé  à  ses  affaires,  mais  moins 
riche. 

4.  De  cette  famille  des  Brunet  que  nous  connaissons  déjà, 
et  qui  formoit  dans  le  quartier  du  Temple  une  vraie  tribu 
de  financiers. 

5.  Edme  Baugier,  qui  avoit  été  longtemps  intéressé  dans 
les  fermes  en  Bourgogne. 

6.  Guillaume  Vallier,  qui,  avant  d'être  fermier  général, 


Le  Livre  commode.  31 

M.  le  Juge,  rue  du  grand  Chantier'. 

M.  Germain,  rue  des  Victoires*. 

M.  de  Courchant,  cloître  Saint  Mederic?. 

M.  le  Teliier,  rue  Neuve  Saint  Eustache4. 

M.  le  Normand,  rue  de  Torignis. 

M.  Boulanger,  rue  Neuve  des  Bons  Enfans^. 

M.  Hénault,  rue  du  Boulloy7. 

avoit  été  greffier  du  Conseil  privé  et  contrôleur  du  parle- 
ment de  Metz. 

1.  Sa  maison,  bâtie  par  de  Cotte,  étoit  des  plus  belles, 
avec  ses  bas-reliefs  de  Coysevox,  son  magnifique  jardin,  etc. 
V.  G.  Brice,  édit.  1701,  t.  I,  p.  266. 

2.  Jean  Germain  fut  secrétaire  du  roi  en  même  temps 
que  fermier  général,  après  avoir  été  dans  les  fermes  à  La 
Rochelle. 

3.  C'est  lui,  suivant  les  Clés,  que  La  Bruyère  dénonce 
dans  le  chapitre  des  Biens  de  fortune,  g  16,  comme  s'étant 
démesurément  engraissé  «  dans  le  huitième  denier  :  quelle 
monstrueuse  fortune,  dit-il,  en  moins  de  six  années!  » 

4.  P.  Le  Teliier,  qui,  en  1687,  n'étoit  que  sous-fermier 
en  Champagne. 

5.  Il  étoit  secrétaire  du  Roi,  et  avoit  été  d'abord  fermier 
général  en  Flandre.  Son  fils,  le  Normand  de  Tournehem, 
fiit  aussi  fermier  général,  puis,  en  1745,  directeur-ordonna- 
teur des  bâtiments.  Il  eut  pour  neveu  et  héritier  le  Nor- 
mand d'Etiolés,  mari  de  M""'  de  Pompadour. 

6.  Charles  Boulanger,  qui  avoit  été,  en  1689,  receveur 
général  en  Flandre. 

7.  Jean-Remi  HenauIt,  père  du  président  si  célèbre,  selon 
Voltaire,  par  ses  soupers  et  sa  Chronologie.  Il  avoit,  sui- 
vant son  fils  {Mémoires,  p.  4),  toute  la  confiance  de  Pont- 
chartrain.  Il  n'eut  pas  moins  celle  de  Chamillard,  qui  lui 
abandonna  le  détail  des  Fermes,  et  l'auroit  fait,  pour  peu 
qu'il  y  eût  consenti,  secrétaire  d'Etat  de  la  Guerre.  Ce  que 
le  président  n'ajoute  pas,  c'est  que  sous  la  Régence,  son 
père  avoit  des  comptes  à  rendre.  La  taxe  alloit  le  frapper 
quand  il  la  devança,  en  faisant  la  part  du  feu.  Il  avoua 
2,500,000  francs  de  biens,  plus  $00,000  donnés  à  son  fils 
et  pareille  somme  à  sa  fille,  M"'  de  Jonsac.  En  abandon- 
nant un  million,  au  lieu  de  1,2(0,000  livres  qu'on  vouloit 


32  Le  Livre  commode. 

Fermiers  Généraux,  des  Aydes  et  Domaines  de 
France  et  Droits  y  joints,  comme  cautions  de 
M.  Christophle  Charrier  '  preneur. 

M.  Logeois,  rue  de  l'Université ^  à  Saint-Ger- 
main des  Prez. 
M.  Dapougni,  rue  Bar-dubec?. 
M.  Robert,  rue  Neuve  Saint  Eustache4. 
M.  Delpeche,  rue  Saint  Martin  s. 
M.  Romans,  rue  Sainte  Croix  de  la  Bretonnerie. 

d'abord,  il  fut  tenu  quitte,  avec  le  profit  de  passer  pour 
fort  habile,  grâce  à  ses  propositions  faites  d'avance.  {Journ. 
de  Dangeau,  6  octobre  et  5  décembre  1716.) 

1.  «  Charriere.  »  Edit.  de  1691,  p.  7.  C'est  le  vrai 
nom.  Le  bail  des  aides  et  domaines,  fait  en  même  temps 
que  celui  de  Domergue,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut, 
avoit  été  adjugé  moyennant  vingt-sept  millions  :  pour  les 
aides,  vingt-et-un;  pour  les  domaines,  six. 

2.  «  Rue  Jacob.  »  Ibid.  —  Il  étoit  fils  du  receveur  des 
consignations  du  Châtelet,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  se 
faire  appeler  M.  d'Imbercourt,  quand  il  eut  acheté  la  sei- 
gneurie de  ce  nom.  Sa  fille,  mariée  d'abord  au  riche  trai- 
tant La  Popelinière,  épousa  en  secondes  noces  le  maréchal 
de  Tourville,  à  qui  elle  apporta,  en  outre  de  ce  que  lui  avoit 
laissé  son  premier  mari,  200,000  livres  que  lui  donna  son 
père.  [Journ.  de  Dangeau,  15  janvier  1690.)  Lâugeois, 
suivant  les  Clés,  seroit  le  Chrysippe  de  La  Bruyère. 

3 .  Un  des  traitants  les  plus  riches  et  les  plus  intraitables. 
C'est  lui,  suivant  Richelet  [Recueil  de  Lettres,  t.  I,  p.  410, 
note),  qui  harcela  le  plus  vivement  Patru  pour  quelques 
dettes,  et  qui  l'eût  fait  mettre  au  Châtelet,  si  Boileau  ne 
l'eût  tiré  de  peine. 

4.  Il  avoit  commencé  par  être  payeur  des  gages  du  Châ- 
telet. Il  parvint  par  l'intendant  d'Armenonville,  dont  Gilbert, 
son  neveu,  fils  du  riche  drapier,  à  l'enseigne  des  Rats,  étoit 
le  beau-frère. 

5.  Encore  un  traitant  parti  de  fort  bas,  s'il  falloit, 
d'après  les  Clés  de  La  Bruyère,  voir  en  lui  le  type  de  ce 
caractère  :  «  Sosie,  de  la  livrée  a  passé  par  une  petite 
recette  à  une  sous  ferme....  » 


Le  Livre  commode.  33 

M.  Thomé,  rue  des  fessez  Mommartre'. 
M'^  Mainon^  et  le  Maistre,  rue  Beaubourg. 
M.  de  Mouchi,  rue  Jacob  5. 
M.  Blein,  rue  de  Cléry. 
M.  Dumas,  rue  Beaubourg. 
M.  de  la  Porte,  rue  de  Braque. 

Receveurs  Généraux  des  Finances. 

Paris.  M.  Carel,  place  Royale. 
—     M.  Sonning,  rue  des  petits  Champs 4. 


1.  Thomé  de  Lesse,  comme  l'appellent  les  auteurs  des 
Clés  de  La  Bruyère  qui  veulent  voir  en  lui  le  type  du  Ca- 
ractère :  «  un  homme  d'un  petit  génie  peut  vouloir  s'avan- 
cer, il  néglige  tout,  il  ne  pense  du  matin  au  soir,  il  ne 
rêve  la  nuit  qu'à  une  seule  chose  qui  est  de  s'avancer...  » 

2.  Il  étoit  alors  nouveau  dans  les  affaires.  Il  s'y  poussa 
davantage  lorsqu'il  eut  épousé  la  veuve  de  Despech  que 
nous  trouverons  plus  loin. 

3.  Vincent  Maynon.  Il  resta,  jusqu'en  17 17,  fermier 
général  des  aides,  d'où  alors  il  demanda  «  à  être  osté,  »  à  la 
seule  condition  qu'on  lui  rembourseroit  sa  charge.  Ce  qui  fut 
fait.  Il  vouloit  plus,  la  ferme  des  Tabacs,  dont  l'an  d'après 
il  offrit  2,200,000  livres.  Law  eut  la  préférence.  {Joum. 
de  Dangeau,  24  avril  17 17;  31  août  17 18.) 

4.  Beau-frère  de  l'intendant  des  finances  Dubuisson,  dont 
il  a  été  parlé  plus  haut.  Il  n'étoit  pas  encore,  rue  des 
Petits-Champs,  parvenu  à  l'énorme  fortune  dont  il  étala  le 
luxe  dans  l'hôtel  que  Dulin  lui  bâtit  un  peu  plus  tard  rue 
de  Richelieu,  près  de  l'endroit  où  avoit  été  la  porte,  c'est- 
à-dire  à  la  hauteur  de  la  rue  Feydeau  aauelle.  Sa  vie,  de 
même  qu'à  Neuilly,  où  il  avoit  une  autre  belle  maison,  y 
fut  des»  plus  galantes,  comme  on  peut  le  voir  par  ce  qui 
est  dit  de  la  diversité  de  ses  bonnes  fortunes  dans  les 
Partisans  démasqués,  1707,  in- 12,  p.  189.  Il  y  recevoit 
aussi  beaucoup  de  gens  d'esprit  :  Chaulieu,  J.-B.  Rousseau, 
l'abbé  Courtin.  etc.  A  tous  ces  titres,  il  avoit  droit  au  cu- 
rieux chapitre  que  M.  G.  Desnoiresterres  lui  a  consacré  dans 
ses  Cours  galantes,  t.  III,  p.  269.  Si  l'on  connoît  un  peu 
sa  vie,  on  ignore  complètement  quel  étoit  son  vrai  nom, 

Livre  commode.  3 


34  Le  Livre  commode. 

Lion.  M.  du  Pile,  rue  de  Cléry'. 
—    M.  Prendre,  au  petit  Hôtel  delaVrillière*. 
Rouen.  M.  Aubry,  rue  des  deux  portes,  quartier 
S.  Sauveur?. 
—     M.  PouUetier,  rue  Sainte  Anne 4, 


tant  l'orthographe  en  varie  suivant  les  livres.  Dans  les  uns, 
il  est  écrit  Sonning,  comme  ici  ;  dans  les  autres,  tels  que 
les  Partisans  démasqués,  il  est  orthographié  Sonnen  ;  ail- 
leurs, c'est  Sonnin  ou  Sonningen.  Ce  dernier  nom,  qui 
feroit  supposer  une  origine  allemande,  nous  pâroît  devoir 
être  le  vrai.  Il  étoit,  en  1716,  devenu  caissier  général  des 
fermes.  Il  fut  mis  à  la  taxe  pour  600,000  livres. 

1.  Jacques- André  Du  Pille  avoit  été  receveur  des  finances 
à  Lyon,  avant  de  l'être  à  Paris,  puis  munitionnaire  de  l'ar- 
mée et  de  la  marine. 

2.  Paulin  Prendre,  d'abord  receveur  des  finances  et 
«  traitant  »  à  Lyon,  suivant  Dangeau,  qui  le  nomme 
Prond.  Ayant  fait  une  belle  fortune,  il  voulut,  au  commen- 
cement de  la  Régence,  marier  sa  fille,  à  laquelle  il  donnoit 
200,000  écus  de  dot,  avec  le  chevalier  de  Roye,  mais  ce 
mariage  manqua  pour  un  autre  qui  sembloit  plus  beau,  et 
qui  manqua  de  même.  M""  Marg.-Pauline  Prondre  alloit 
épouser  le  marquis  de  Rochefort,  lorsqu'en  septembre  171 6, 
la  charge  de  son  père,  ses  maisons,  ses  terres  furent  sai- 
sies par  la  Chambre  de  justice.  Il  fut  taxé  finalement  à 
1,900,000  livres.  {Journal  de  Dangeau,  6  et  29  déc.  171 5; 
9  sept,  et  27  nov.  1716.)  Sa  fille,  dès  l'année  suivante, 
n'en  épousoit  pas  moins  le  comte  de  Clermont  Tonnerre. 
V.  dans  le  Journal  de  Verdun,  sept.  1756,  p.  240,  un  article 
sur  elle,  à  l'époque  de  sa  mort.  —  Prondre  avoit  commencé 
par  être  garçon  de  boutique  à  Lyon.  [Correspond,  des 
contrôleurs  généraux,  t.  I,  p.  279.) 

3.  Il  étoit  mort  au  commencement  des  terribles  exécu- 
tions de  la  Chambre  de  justice,  mais  sa  succession  restoit. 
Elle  figure  au  8"  rôle  pour  887,000  livres  de  taxe. 

4.  Il  acheta  plus  tard,  pour  800,000  livres,  une  charge 
d'intendant  des  finances,  qu'il  voulut  se  faire  rembourser, 
quand  ces  charges  furent  supprimées  en  17 16;  on  lui  fit 
dire  qu'il  ne  seroit  pas  mis  à  la  taxe,  et  qu'il  se  tînt  pour 
satisfait.  C'est  ce  qu'il  fit.  {Journ.  de  Dangeau,  n  nov.  1716.) 


Le  Livre  commode.  55 

Soissons.  M.  Lallemant,  porte  Montmartre'. 

—  M.  Hubert,  rue  Sainte  Avoye. 
Orléans.  M.  Bachelier,  rue  de  la  Corderie,  près 

le  Temple. 

—  M.  Desespoisses,  près  les  Enfans  Rou- 
ges ^ 

Tours.  M.  de  la  Tour  RoUot,  rue  de  Richelieu. 

—  M.  de  Valiere,  rue  Saint  Antoine. 
Bourges.  M.  Héliot,  rue  du  Mail. 

—  M.  Jannay,  rue  des  Bernardins 3. 
Bordeaux.  M.  du  Jardin  Beaussart,  rue  de  Ri- 
chelieu. 

—        M.  Crozat,  place  des  Victoires 4. 
Poitiers.  M.  de  la  Ravoye,  rue  d'Anjou  au  Ma- 
rais 5. 


1.  Lallemant  de  Betz,  qui  fut,  lui,  mis  à  la  taxe.  On  lui 
fit  rendre  480,000  livres. 

2.  Charles  Vireux  des  Espoisses.  Tout  ce  que  nous  sa- 
vons de  lui,  c'est  qu'il  fut  mis  à  la  taxe  en  1716,  pour 
}8o,ooo  livres. 

3.  Jean-Etienne  Janet.  Il  étoit  mort,  en  1716,  quand  les 
financiers  durent  rendre  gorge.  On  s'en  prit  à  sa  veuve, 
qui  paya  une  taxe  de  45,000  livres. 

4.  Antoine  Crozat  qui  devint,  suivant  le  Journal  de  l'avo- 
cat Barbier  (février  1723),  «  le  plus  riche  particulier  de 
France.  »  Il  avoir  commencé  par  être  caissier  de  Penautier, 
que  nous  trouverons  plus  loin,  puis  traitant  à  Montpellier,  et 
receveur  général  des  finances  à  Bordeaux,  comme  nous  le 
voyons  ici.  Il  étoit  déjà  fort  riche,  et  s'étoit  fait,  à  prix 
d'argent,  marquis  Du  Châtel,  lorsqu'en  1707  il  maria  sa 
fille,  qui  n'avoit  guère  que  douze  ans,  au  comte  d'Evreux. 
{Journ.  de  Dangeau,  2}  fév.  1707.)  La  taxe  à  laquelle  il 
fut  mis,  en  171 6,  ne  fut  pas  moins  de  6,600,000  livres.  Ses 
trois  fils,  qui  firent  grande  figure,  furent  Crozat,  marquis 
Du  Châtel,  le  président  de  Tugny  et  le  baron  de  Thiers,  im 
des  grands  amateurs  de  son  temps. 

5 .  Il  étoit  encore,  à  la  fin  de  l'année  précédente,  receveur 


36  Le  Livre  commode. 

—  M.  Chambelin,  rue  Sainte  Anne'. 
Moulins.  M.  Raymond,  rue  des  Blancs-Man- 
teaux 2. 

—  M.  de  la  Croix,  rue  Saint  Antoine. 
Riom.  M.  de  Romanet,  rue  Sainte  Croix  de  la 

Bretonnerie?. 
—     M.  Despech,  rue  Saint  Martin 4. 
Caèn.  M.  Groùin,  rue  d'Orléans,  au  Marais  $. 


général  de  la  Rochelle.  Sa  fille,  dont  la  dot  fut  de  410,000 
livres,  argent  comptant,  épousa,  au  mois  de  janvier  1712, 
le  marquis  Du  Plessis  Châtillon. 

1.  Sa  veuve,  mise  à  la  taxe  en  1716,  dut  rendre  180,000 
livres. 

2.  Il  avait  échangé  pour  celle  de  Poitiers  la  recette  géné- 
rale de  Moulins,  qu'il  avait  déjà  en  1684. 

j.  Claude  de  Romanet,  beau-frère  de  Racine,  et  mari  de 
l'une  des  filles  de  Vitart,  ancien  ami  du  poète.  Il  ne  se 
contenta  pas,  comme  son  père,  André  de  Romanet,  d'être 
trésorier  de  France  en  quelque  généralité,  il  se  lança  dans 
les  plus  grosses  affaires,  où  il  gagna  une  fortune  qui  le 
dénonça  à  la  Chambre  de  justice  de  nov.  171 6.  On  peut 
évaluer  ce  qu'il  possédoit  par  le  chiffre  de  la  taxe  à  laquelle 
on  l'imposa  :  elle  fut  de  4,453,000  livres.  Il  la  subit  sans 
sourciller  et  sans  faire  attendre.  Dangeau  annonce  le  24  no- 
vembre qu'il  est  condamné  à  la  payer,  et,  deux  jours  après, 
il  ajoute  qu'elle  est  payée  déjà.  Il  mourut  l'année  suivante. 
Son  fils  épousa  M"°  d'Estrade.  {Journ.  de  Dangeau,  24  et 
26  nov.  1716;  II  déc.  1717.) 

4.  Paul  Despech.  Il  était  mort  en  171 6,  mais  la  taxe  eut 
des  reprises  sur  sa  veuve,  qui,  nous  l'avons  dit,  a  voit 
épousé  Mouchi.  Elle  dut  restituer  au  trésor  150,000  livres. 

;.  Pierre  Gruyn  ou  Crouïn.  Il  étoit  depuis  longtemps 
dans  les  affaires,  où  il  avoit  commencé  comme  receveur  des 
fortifications.  Il  devint  garde  du  Trésor  royai,  et  ne  fut  pas 
dans  cette  charge  d'une  aménité  rare.  Son  aventure  avec 
Jean  Bart,  qui  avoit  dû  venir  le  trouver  dans  ses  bureaux  de 
la  rue  du  Grand-Chantier,  où  il  logeoit  alors,  et  qu'il  reçi't 
avec  une  brutalité  qui,  d'ailleurs,  lui  fut  bien  rendue,  court 
tous  les  ana.  Une  autre  du  même  genre  est  moins  connue, 


Le  Livre  commode.  j7 

—  M.  Chaillon,  rue  des  blancs  Manteaux. 
Allençon.  M.  Haette,  rue  de  la  Tixeranderie. 

—  M.  de  la  Marliere,  Cloître  Saint  Me- 
deric. 

Metz.  M.  Chevalier,  rué  Neuve  Saint  Eustache. 

—  M .  Goujon,  rue  Neuve  des  petits  champs  ' . 
Picardie.  M.  Boutin,  Cloître  Saint  Honoré^. 

—  M.. 

Montauban.  M.  Berthelot  de  Scheiles?,  rué  Pla- 
trière. 
—         M.  du  Jardin,  rue  de  Richelieu. 
Limoges.  M.  Sandrieu,  à  l'Hôtel  de  Lavrillière-t. 

—  M.  Deschauffour,  rue  des  Bons  En- 
fans  5 . 


c'est  la  scène  que  lui  fit  un  officier  de  gendarmerie,  qui 
alla  juqu'à  le  maltraiter  chez  lui.  Grouîn  se  contenta  de  le 
faire  mettre  à  la  Conciergerie.  [Journ.  de  Dangtau,  lo  et 
17  avril  1698.)  Son  vrai  nom  étoit  Desbordes-Grouïn,  et  il 
venoit  de  fort  bas  :  «  jadis  garçon  de  cabaret,  dit  Guy 
Patin,  fils  du  maître  de  la  Pomme  de  pin,  il  est  aujourd'hui 
grand  partisan,  et  même  un  des  gabelles.  »  Plus  il  fut  haut, 
plus  on  se  souvint  d'où  il  venoit.  Sa  nomination  de  garde 
du  Trésor  fut  accueillie  par  cette  chanson  : 

Garde  du  trésor  de  la  France, 
Gruyn  quelle  est  ton  insolence! 
Connais-tu  la  Pomme  de  pin  f 
C'est  là  que  l'épouse  peu  fière 
D'un  maudit  frelateur  de  vin 
Te  donna  jadis  la  lumière. 

1 .  C'est,  croyons-nous,  le  même  qui  fut  intendant  de 
Rouen  à  la  place  de  Ronjault  en  171 5. 

2 .  René  Boutin  qui  n'étoit,  quatre  ans  auparavant,  qu'un 
simple  intéressé  dans  la  ferme  du  Tabac. 

}.  Lisez  Berthelot  de  Séchelles.  Après  avoir  été  receveur 
à  Montauban,  il  venoit  d'être  munitionnaire  en  Italie. 

4.  J.-B.  Sandrier,  et  non  Sandrieu,  qui  de  la  recette  de 
Montauban  passa  à  celle  de  Limoges,  fut  secrétaire  du  Roi. 

5 .  Il  avoit  été  direaeur  des  franchises  au  Mans,  et  mena 


^8  Le  Livre  commode. 

Bourg -en -Bresse.    M.   Jauranché,    rue    Haute 
Fueille. 

Receveurs  du  don  gratuit  des  Etats. 

Flandres.  M,  Brunet  de  Revey,  rue  des  Francs 
bourgeois. 
—        M.  Berthelot  de  Belloy,  rue  Plâtrière. 
Franche-Conté.  M.  du  Rey,  rue  du  Roi  de  Sicile. 
Bourgogne.  M.  Chartraire,  rue  Saint  Antoine. 
Languedoc.  M.  Penautier,  rue'. 

Trésoriers  des  Parties  Casuelles. 

M.  Damon,  rue  de  Cléry. 

M.  Bertin,  rue  Neuve  Saint  Augustin 2. 

si  grand  train  dans  toutes  ses  charges  qu'il  mourut  misé- 
rable. L'un  de  ses  fils,  qui  avoit  été  lieutenant  dans  le  régi- 
ment de  Tessé,  eut  une  fin  plus  triste  encore.  Convaincu  de 
se  livrer  au  vice  infâme,  et  pour  ainsi  dire  d'en  tenir 
maison,  il  fut  brûlé  vif  en  Grève  le  24  mai  1726.  Comme 
on  crioit  son  arrêt  par  les  rues,  sans  oublier  le  nom  du 
crime,  les  filles  de  Madame  la  Princesse  demandèrent  à  leur 
mère  ce  qu'étoit  ce  crime-là.  Elle  leur  répondit  :  c'est  une 
espèce  de  fausse  monnoie. 

1.  Si  son  adresse  n'est  pas  donnée,  c'est  qu'il  n'en  avoit 
pas  à  Paris.  Il  étoit  toujours  en  Languedoc,  où  il  mourut 
à  la  fin  de  juillet  171 1.  Saint-Simon  écrivit  alors  en  marge 
de  la  copie  qu'il  avoit  du  Journal  de  Dangeau,  cette  note 
qui  résume  bien  sa  vie  :  «  Penautier  étoit  devenu  de  cais- 
sier un  très-riche  financier,  trésorier  du  clergé  et  des  Etats 
de  Languedoc;  homme  de  beaucoup  d'esprit,  bien  fait, 
galant,  magnifique  et  obligeant.  Il  fut  mêlé  dans  les  affaires 
de  la  Brinvilliers  et  des  poisons,  et  mis  en  prison  avec  grand 
danger.  »  Nous  avons  vu  que  Crozat  commença  par  être 
son  caissier. 

2.  Il  avoit  encore  cette  charge  en  1702,  mais  plus  tard, 
sa  fortune  monta.  Le  Régent,  dès  son  arrivée  au  pouvoir, 
le  fit  un  de  ses  plus  intimes  conseillers  en  matière  de 
finance.  En  1697,  il  quitta  la  rue  Neuve-Saint-Augustin 
pour  la  rue  Saint- Honoré,  où  il  avoit  acheté,  pour  l'embellir 


1 


Le  Livre  commode.  39 

Trésorier  du  Marc  d'or. 
M.  Chupin",  rue  Saint  Honoré. 

Trésorier  du  Sceau. 
M.  Bechet,  place  des  Victoires*. 

Receveur  des  Amandes  du  Parlement. 
M.  Dongois,  Cour  du  Palais?. 

Receveur  des  Amandes  du  Châtelet. 
M.  de  l'Autel,  rue  Jean  Robert  4. 


encore,  le  bel  hôtel  du  doyen  des  conseillers  d'Etat,  Henri 
Pussort,  dont  il  sera  parlé  plus  loin.  V.  G.  Brice,  Descrip- 
tion de  Paris,  5'  édit.,  1701,  in-12,  p.  I2j-ii6. 

1.  Il  étoit  mort  en  1716;  sa  veuve  fut  mise  à  la  taxe, 
mais  pour  une  faible  somme  :  22,500  livres.  Son  fils,  qtfi 
se  fit  appeler  Chuppin  de  Gouzampré,  fut  reçu  premier 
président  de  la  Cour  des  monnoies,  le  15  août  1727. 

2.  Il  devint  plus  tard  greffier  en  chef  du  Parlement,  et 
mourut  à  83  ans,  le  24  juillet  1717  :  «  il  avoit  toujours  été 
fort  estimé,  »  dit  Dangeau  à  cette  date.  Il  étoit  fils  d'une 
sœur  aînée  de  Boileau,  qui,  par  ironie  pour  les  grands  airs 
qu'il  se  donnoit,  l'appelle  souvent  dans  ses  lettres  «  mon 
illustre  neveu.  »  Il  logea  de  longues  années  chez  lui,  cour 
du  Palais.  Voltaire,  dont  le  père,  M.  Arouet,  après  avoir 
été  notaire,  devint,  comme  «  receveur  des  épices,  »  le  col- 
lègue de  Dongois,  s'est  aussi  moqué  dans  son  Epître  à 
Boileau  des  ridicules  de  ce  neveu,  chez  qui  on  l'avoit  sou- 
vent mené  étant  enfant  : 

Chez  ton  neveu  Dongois  je  passai  mon  enfance, 
Bon  bourgeois,  qui  se  crut  un  homme  d'importance. 

}.  Dans  VAlmanach  royal  de  1702,  p.  42,  oii  nous  le 
trouvons  à  la  même  adresse,  on  ajoute  :  «  chez  lequel  on 
retire  les  lettres,  quand  elles  sont  scellées.  » 

4 .  Simon  de  l'Autel,  qui  vivoit  encore  en  1 7 1 6,  et  ne  fut 
rais  à  la  taxe  que  pour  6,400  livres. 


40  Le  Livre  commode, 

TRÉSORIERS   PAYEURS. 

Généraux  de  l'Extraordinaire  des  Guerres. 
M.  de  Turmenies,  rue  d'Orléans,  au  Marais'. 
M.  de  la  Touanne,  rue  Neuve  Saint  Augustin 2. 

Payeurs  des  Gages  du  Parlement. 
M.  Guygou,  rue  de  Vantadour. 

Des  Gages  du  Grand  Conseil. 
M.  Baudouin,  rue  des  fossez  Montmartre. 
M.  Biguet,  rue  Mauconseil. 

Des  Gages  de  la  Cour  des  Aydes. 
M.  Cailly,  rue  Sainte  Croix  de  la  Bretonnerie. 
M.  Faure,  devant  les  Blancs  Manteaux. 

1 .  Louvois  avoit  eu  en  lui  la  plus  grande  confiance,  ainsi 
qu'on  le  vit  à  sa  mort  :  Turmenies  déclara  alors  quinze 
millions  que  le  ministre  lui  avoit  donnés  en  réserve  pour 
l'extraordinaire  des  guerres  {Journ.  de  Dangeau,  23  août 
1691).  Nous  avons  vu  plus  haut  qu'en  1696,  il  acheta  de 
Frémont  une  des  charges  de  gardes  du  Trésor.  Il  la  remit  en 
1702  à  son  fils  Turmenies  de  Nointel,  intendant  du  Bour- 
bonnais, maître  des  requêtes. 

2.  Un  des  hommes  de  finances,  dont  la  fortune,  puis  la 
chute  firent  le  plus  grand  bruit.  Il  se  soutint  par  le  crédit 
de  Bontemps,  dont,  en  1690,  son  fils  avoit  épousé  la  nièce 
M"'  Dubois.  Il  avoit  les  plus  belles  terres,  menoit  le  plus 
grand  train  ;  bref  il  faisoit  parler  de  lui  partout,  même  à 
l'Opéra,  où  il  disputa  la  célèbre  Fanchon  Moreau  au  Grand 
Prieur.  {Chansonnier  Maurepas,  ms.  t.  VII,  p.  269.)  Sous 
le  ministère  de  Chamillart,  ses  affaires  et  celles  de  Saurion, 
qui  étoit  alors  avec  lui  à  l'Extraordinaire  des  guerres,  se 
gâtèrent,  et  en  vinrent  à  un  tel  point  que  Saurion  dut  avouer 
au  ministre  quatre  millions  de  déficit  dans  leur  caisse.  H 
fut  mis  à  la  Bastille.  On  en  eût  fait  autant  pour  La  Touanne, 
si  la  maladie,  dont  il  mourut  bientôt,  ne  l'eût  mis  hors 
d'état  d'y  être  transporté.  Le  roi  confisqua  tout  ce  qu'il 
avoit,  et  paya  ses  dettes. 


Le  Livre  commode.  41 

Des  Gages  de  la  Chambre  des  Comptes. 

M-  Henin,  rue  Jacob. 
M.  des  Isles,  rué 

Des  Gages  de  la  Cour  des  Monnoyes. 

M.  Poulet,  rue  des  Postes. 

M.  Mongeot,  rue  du  Piastre. 

M.  Guilbert,  rue  de  la  Tixeranderie. 

Des  Gages  du  Chastelet. 

M.  Amelon,  rue  Barbette. 

Des  Secrétaires  du  Roy. 

M.  Raymond,  rue  des  Blancs  Manteaux. 
M.  Baudouyn,  rue  des  fossez  Montmartre. 

Des  Gardes  Françaises. 

M.  Bourret,  rue  de  Brac. 

M.  Duvaux,  rue  Saint  Sauveur. 

Des  Gardes  Suisses. 

M.  de  Chaufoumeau,  rue  d'Orléans,  aux  Marais. 
M.  du  Mée,  rue  du  Mail  '. 

Des  cent  Suisses. 

M.  Alvarez,  rue  Thibaut-Thodé^. 


1.  Son  vrai  nom  était  Du  May.  Dans  la  correspondance 
de  Pontchartrain  et  de  D'Argenson  se  trouve  une  curieuse 
lettre  sur  la  vie  scandaleuse  qu'il  menoit,  quoique  marié, 
avec  une  fille  Grossot,  dont  le  dévergondage  était  à  ce  point 
éhonté  qu'il  l'avoit  fait  chasser  de  l'Opéra.  V.  Clément,  La 
Police  sous  Louis  XIV,  p.  451. 

2.  Louis  Alvarès,  qui  se  fit  plus  tard  baron  de  Coursan, 
étoit  un  intrigant  bon  à  tout  pour  s'enrichir.  Nous  le  trou- 
vons ici  trésorier  des  Cent-Suisses  ;  plus  loin,  nous  le  ver- 
rons joaillier  de  la  Cour.  Il  étoit  en  outre  banquier,  traitant. 


42  Le  Livre  commode. 

Des  Chevaux  Légers  de  la  Garde. 
M.  Poupart,  rue 
M.  Bourgevin,  rue 
M.  Rullault,  rue 

Des  Gens  d'Armes  de  la  Garde. 
M.  Pardé  des  Mottes,  rue  du  Temple. 

RENTES  DE  L'HOTEL  DE  VILLE. 

La  première  partie  des  Rentes  assignées  sur  le 

Clergé  est  payée  par 
Mfs  Boileau,  vieille  rue  du  Temple,  et  Roberge, 
rue  des  Rosiers. 

La  deuxième  le  Vendredy,  par 
Mrs  de  la  Bruyère,  rue  des  Augustins  ',  et  Guy- 
bert,  rue  du  Cimetière  S.  André. 
La  troisième  le  Jeudy,  par 
M,  le  Bœuf,  Cloître  Notre  Dame. 

et  fournisseur  de  la  marine.  L'espionnage  et  la  délation 
étoient  aussi  son  fait.  C'est  lui  qui  fit  prendre,  selon  Fou- 
cault {Mémoires y  p.  327),  Chauvigny,  dit  La  Bretonnière, 
qui  faisoit  le  lardon  ^  c'est-à-dire  la  Gazette  de  Hollande, 
et  qu'on  accusoit  d'être  l'auteur  du  Cochon  Mitri  (V.  nos 
Variétés,  t.  X,  p.  327);  Foucault  fit  tirer  Chauvigny  de  la 
cage  de  bois  où  Louis  XIV  l'avoit  fait  enfermer  au  Mont 
Saint-Michel,  mais  dut  le  laisser  dans  la  prison  même,  où  il 
mourut  après  vingt  ans  de  captivité.  —  D'après  les  dernières 
découvertes  de  M.  Jung  [la  Vérité  sur  le  Masque  de  fer, 
1872,  in-8,  p.  376),  Alvarès  pourroit  bien  avoir  été  pour 
quelque  chose  dans  la  capture  du  prisonnier  masqué. 

I .  Louis  de  La  Bruyère,  frère  cadet  de  l'auteur  des  Carac- 
tères. D'abord  premier  huissier  du  Parlement,  il  avoit 
quitté  cette  charge  vers  1686,  pour  celle  que  nous  lui  voyons 
ici.  Il  mourut,  un  an  avant  son  frère,  le  12  mai  169J,  n'ayant 
que  quarante-sept  ans.  (Jal,  Dictionn.  critique,  p.  715.) 


Le  Livre  commode.  43 

La  première  partie  des  Rentes  assignées  sur  les 
Aydes  et  Gabelles  est  payée  le  Mardy,  par 

M.  Lerelle,  rue  du  grand  Chantier. 

La  deuxième  le  Mardy j  par 
M.  Bachelier,  rue  de  la  Corderie. 

La  troisième  le  Mercredy,  par 
M.  Desponty,  rue  Tizon. 

La  quatrième  le  Mercredy,  par 
M.  Boiteux,  rue  de  la  Cerisaye. 

La  Cinquième  le  Jeudy,  par 
M.  Deschamps,  près  les  Minimes. 

La  Sixième  le  Mercredy,  par 
M.  le  Droit,  rue  de  Grenelle. 

La  Septième  le  Vendredy,  par 
M.  Amiot,  rue  Michel  le  Comte. 

La  Huitième  le  Vendredy,  par 
M.  Fredy,  Cloitre  Saint  Benoist. 

La  Neuvième  le  Vendredy,  par 
M.  Routier,  rue  Geoffroy  Lasnier. 

La  Dixième  le  Vendredy,  par 
M.  du  Noyer,  Cul  de  sac  des  Blancs  Manteaux. 

La  Onzième  le  Samedy,  par 
M.  Tissart  l'Aine,  rue  Saint  Sauveur. 

La  Douzième  le  Samedy,  par 
M^s  Le  Mesie,  rue  des  Ecrivains,  et  Issaly,  rue 
des  Rats. 

La  Treizième  le  Samedy,  par 
M.  Houdiart,  rue  Perpignan. 


44  Le  Livre  commode. 

La  Quatorzième  le  Samedy  par 
M.  Hocart,  rue  des  Fessez  Montmartre. 

La  Quinzième  le  Jeudy,  par 
M.  Roùalle,  rue  des  Audriettes. 

La  Seizième  le  Jeudy,  par 
M.  Tissart  le  Jeune,  rue  Saint  Sauveur. 

La  Dix  septième  le  Mercredy,  par 
W^  Boureau,  rue  de  la  Tisseranderie,  et  Berger, 
rue  d'Orléans,  au  Marais. 

La  Dix  huitième  le  Mardy,  par 
Mfs  Priaux,  rue  de  la  Colombe,  et  Soûet,  rue 
Verderet. 

Les  douze  cens  mil  livres^  de  l'Ediî  du  mois  de 

Novembre  1689  sont  payez  par 
Mrs  de  Bellecour,  rue  des  Victoires,  Berger  le 


I.  Dangeau  {Journal,  i"'  àéc.  1689)  dit  i ,400,000  livres, 
ce  qui  est  le  vrai  chiffre.  Il  ajoute  que  cette  somme  étoit 
constituée  en  tentes  viagères  sur  l'Hôtel  de  Ville,  «  acquises 
suivant  les  différents  âges,  avec  accroissement  de  l'intérêt 
des  mourants  sur  les  survivants.  »  C'étoit  la  réalisation  de 
la  Tontine,  proposée  plus  de  trente  ans  auparavant  par 
l'italien  Tonti,  de  qui  venoit  son  nom.  (Isambert,  An- 
ciennes lois  françaises,  t.  XX,  p.  87.)  La  somme  affectée 
aux  intérêts,  en  principal,  devoit  être  prise  sur  les  droits 
d'aides  et  gabelles,  et  sur  les  cinq  grosses  fermes,  «  spéciale- 
ment hypothéquées,  disoit  l'édit,  au  payement  desdites 
rentes,  même  par  préférence  à  la  partie  de  notre  Trésor 
royal.  »  Cette  tontine  eut  un  très-grand  succès  :  <■<  J'aurois, 
écrivoit  l'intendant  du  Berry,  Seraucourt,  au  Contrôleur  géné- 
ral, à  l'époque  où  le  projet  en  fut  émis,  j'aurois  peine  à 
vous  expliquer  l'applaudissement  qu'on  lui  donne  dans  toute 
cette  province,  tant  pour  l'invention  (chacun  présumant 
-qu'il  vivra  plus  que  Içs  autres,  et  espérant  par-là  parvenir 
à  une  grande  fortune)  que  par  la  sagesse,  avec  laquelle  tous 


Le  Livre  commode.  45 

Jeune,  rue  de  Poictou  au  Marais,  et  Boucher, 
rue  Plastrière. 

La  Tontine  ou  Rentes  Viagères  sont  payées  par 
M.  Durand,  à  l'Hôtel  d'Albret,  rue  des  Francs 
Bourgeois. 

Les  Syndics  Onéraires^,  sont 
pour  les  I®,  2^,  3^,  4^,  5*  et  6^  Classes 
M.  de  Lonpré,  à  l'Hôtel  de  Ville. 

Pour  les  7e,  8",  9^  et  lo^  Classes. 
M.  Tiercelet,  rue  Saint  Antoine  au  dessus  de 
S.  Paul. 

Et  pour  les  11^,   12^,   13*  e/  14e  Classes^ 
M.  de  Courcelles,  près  Sainte  Marine. 

Le  Million  de  livres  de  lEdit  du  mois 
de  May  1 69 1 3  est  payé  par 

Mrs  Perelle,  rue  du  grand  Chantier,  Bachelier, 

les  cas  qui  peuvent  tomber  dans  l'imagination  ont  été  pré- 
vus.   »    (Boislisle,   Correspond,   des   contrôleurs  généraux, 

in-4°,  P-  211) 

1.  C'est-à-dire  responsables,  ayant  réellement  charge 
{anus).  Presque  sous  la  même  forme,  c'est  ainsi  un  mot 
tout  opposé  à  «  honoraire.  » 

2.  Une  dame  Charlotte  Bonnemay,  veuve  Louis  Barbier, 
avoit  pris  une  action  de  la  15''  classe,  et,  quand  une 
seconde  tontine  fut  créée  en  1696,  une  action  encore,  mais 
de  la  14'=  classe.  En  1726,  elle  vivoit  toujours,  et,  se  trou- 
vant la  survivante  des  rentiers  de  ces  deux  classes,  elle 
n'avoit  pas  moins  de  76,000  livres  de  rente.  Elle  mourut 
cette  année-là,  le  9  mars,  à  quatre-vingt-seize  ans. 
{Gazette  de  France,  9  mars  1726.) 

3.  t  Le  roi,  dit  Dangeau,  à  la  date  du  28  mai  1691,  a 
créé  un  million  de  rentes  à  la  Maison  de  Ville,  au  denier 
dix-huit.  »  Nous  dirions  à  cinq  et  demi  pour  cent.  C'étoit 
dix  sous  de  plus  que  le  taux  légal  qui,  dès  le  temps  de 


46  Le  Livre  commode. 

rue  de  la  Corderie  et  Despontis,  rue  des  Tour- 

nelles. 

Le  Bureau  des  Officiers  Conservateurs  des 
Hipotheques  sur  les  Rentes  de  la  Ville  est  rue 
de  la  Verrerie  près  la  rue  Bardubec,  où  M.  de 
la  Porte  principal  Commis  reçoit  les  Opposi- 
tions, Main  levées,  et  Ratifications  et  en  délivre 
les  Expéditions,  ainsi  que  des  échanges,  Dona- 
tions etc. 

CONSEILS  DU  ROY,  ET  CHANCELLERIE. 

Monseigneur  Boucherat  '  Chevalier  des  ordres 
du  Roi,  Chancelier  et  Chef  de  la  Justice  de 
France  a  son  Hôtel  rue  Saint  Louis,  au  Marais^, 
où  il  tient  souvent  le  Conseil  des  Parties  et  l'Au- 
diance  du  Sceau. 

Conseillers  d'Etat  ordinaires. 
M.  l'Archevêque  Duc  de  RheimsJ,  rue  Saint 
Thomas  du  Louvre. 

Colbert,  étoit  au  denier  vingt,  c'est-à-dire  cinq  pour  cent. 
(Chéruel,  Fouquet,  t.  II,  p.  269.) 

1 .  Louis  Boucherat,  chancelier  de  France  et  garde  des 
sceaux,  depuis  le  i"  nov.  1665.  Après  avoir  été  successive- 
ment conseiller  au  Parlement,  maître  des  requêtes,  inten- 
dant de  Guyenne,  de  Languedoc,  de  Champagne  et  de 
Picardie,  il  étoit  à  quarante-neuf  ans,  par  la  protection  de 
Turenne,  monté  à  ces  hautes  fonctions,  qu'il  garda  jusqu'à 
sa  mort,  le  2  septembre  1699. 

2.  Il  existe  encore  au  n°  40,  mais  est  plus  connu  dans  le 
quartier  sous  le  nom  d'hôtel  d'Ecquevilly,  qu'il  eut  ensuite, 
que  sous  le  nom  de  Boucherat.  Quand  celui-ci  mourut,  on 
commençoit  le  percement  d'une  rue  qui  devoit  relier  la  rue 
Vieille-du-Temple  à  la  rue  Chariot.  On  lui  donna  son  nom 
qu'elle  garda  jusqu'en  185 1  ;  elle  fut  confondue  alors  avec 
la  rue  Saint-Louis,  aujourd'hui  de  Turenne,  dont  elle  est, 
en  effet,  le  prolongement. 

}.  Charles-Maurice  Le  Tellier,  archevêque  de  Reims,  le 


Le  Livre  commode.  47 

M.  l'Archevêq.  de  Rouen',  rue  de  Verneuil. 
M.  Pussort^,  rue  Saint  Honoré. 
M.  Voisin?,  rue  Sainte  Croix  de  la  Bretonnerie, 
M.  Courtin4,  rue  Saint  Louis,  au  Marais. 
M.  Benard  de  Rezé5,  rue  d'Orléans. 
M.  d'Aligre^,  rue  Saint   Dominique,   Quartier 
Saint  Germain. 


même  qui  fut  si  cruellement  satirisé  dans  le  Cochon  Mttré^ 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut. 

1.  Jacques-Nicolas  Colbert,  un  des  fils  du  ministre. 
Avant  d'être  archevêque  à  Rouen,  il  y  avoit  été  coadjuteur, 
avec  le  titre  d'archevêque  de  Carthage. 

2.  Henri  Pussort,  doyen  du  Conseil,  le  dernier  survivant 
des  juges  de  Fouquet,  contre  lequel  il  avoit  déployé  une 
véhémence  dont  s'indigna  M""'  de  Sévigné,  et  qu'expliquoit 
sa  parenté  avec  Colbert,  dont  il  étoit  l'oncle  maternel.  Il 
mourut  le  18  février  1697,  «  dans  une  grande  vieillesse, 
dit  Saint-Simon,  et  toujours  dans  une  grande  considération.  » 
Pour  sa  maison,  achetée  en  1697  par  Bertin  des  parties 
casuelles,  voy.  plus  haut  ce  que  nous  avons  dit  de  celui-ci. 

3 .  Le  même,  qui  devint  ministre  de  la  guerre,  puis  chan- 
celier, puis  garde  des  sceaux,  le  2  juillet  1 714,  et  qu'il  eût 
fallu,  suivant  Saint-Simon,  laisser  dans  quelque  intendance, 
comme  celle  du  Hainaut,  où  il  avoit  montré  des  qualités, 
mais  de  second  ordre  :  <  Noyé,  dit-il,  dans  la  science  d'in- 
tendant qu'il  possédoit  parfaitement,  et  dans  l'exercice  de 
laquelle  il  avoit  passé  presque  toute  sa  vie.  » 

4.  Honoré  Courtin,  doyen  du  conseil  après  la  mort  de 
Pussort.  Il  avoit  été  plusieurs  fois  ambassadeur,  notamment 
en  Angleterre,  à  l'époque  de  la  fuite  de  la  reine,  femme  de 
Jacques  H  :  «  Il  avoit,  dit  Saint-Simon,  signé  le  traité  de 
Heilbronn,  celui  de  Bréda  et  plusieurs  autres,  il  avoit  tou- 
jours été  fort  estimé  et  fort  honoré  dans  tous  les  emplois 
où  il  avoit  passé.  »  Il  mourut  le  27  décembre  1703. 

5.  Fut  longtemps  du  Conseil,  dont  il  mourut  le  sous- 
doyen,  le  9  décembre  1702.  Un  de  ses  fils  fut  évêque 
d'Angoulême. 

6.  Fils  du  chancelier  Etienne  d'Aligre.  Il  avoit  dû  à  la 
haute  position  de  son  père  d'être  fait  conseiller  ordinaire, 
sans  passer  par  le  titre  de  conseiller  de  semestre.  Cette  faveur 


48  Le  Livre  commode. 

M.  de  Pommereu',  vieille  rue  du  Temple. 
M.  d'Argouges*,  rue  de  l'Echarpe. 
M.  Bignon?,  rue  des  Bernardins4. 
M.  Rouilles,  Isle  Notre. Dame. 
M.  de  la  Reynie^,  rue  du  Boulloy. 


étoit  grande,  et  personne  de  son  rang  ne  l'obtint  après  lui, 
ce  que  Dangeau  n'oublia  pas  de  constater,  en  parlant  de  sa 
mort  le  19  mai  1695. 

1.  Aug.  Rob.  de  Pommereu,  seigneur  de  la  Bretêche- 
Saint-Non,  fut  intendant  du  Bourbonnais  et  de  Bretagne,  où 
M"'  de  Sévigné  le  trouva  le  plus  honnête  homme  et  le  plus 
bel  esprit  de  la  n-obe.  Il  fut  ensuite  à  Paris  prévôt  des  mar- 
chands de  1676  à  1683,  et  devint  deux  ans  après  conseiller 
d'Etat.  Quand  il  mourut  en  septembre  1699,  Saint-Simon 
écrivit  en  marge  de  son  manuscrit  du  Journal  de  Dangeau 
cette  note  qui  vaut  une  oraison  funèbre  :  «  homme  droit, 
ferme,  et  transcendant,  qui  avoit  et  méritoit  des  amis.  » 

2.  Frère  du  lieutenant  civil.  H  fut  fait  conseiller  d'Etat 
avec  Caumartin,  le  20  janvier  1685  :  «  Us  étoient,  dit 
Dangeau,  les  plus  anciens  du  semestre.  » 

3.  Jérôme  Bignon,  fils  de  l'avocat  général  au  Parlement, 
et  conseiller  d'Etat  depuis  le  28  mars  1686.  Saint-Simon, 
qui  «  étoit  de  père  en  fils  ami  particulier  des  Bignon,  » 
l'avoit  en  grande  estime. 

4.  L'hôtel  patrimonial  des  Bignon  s'y  trouvoit.  Il  avoit 
été  construit  en  1566  pour  Jacques  Lefèvre,  abbé  de  la 
Chaise-Dieu,  conseiller  intime  de  Charles  IX,  L'étage  infé- 
rieur, dont  les  sculptures  allégoriques,  datées  de  1567,  sont 
attribuées  à  Jean  Goujon,  fut  transporté,  après  la  démoli- 
tion de  l'hôtel,  en  1830,  dans  la  seconde  cour  de  l'École 
des  Beaux  Arts,  où  il  est  toujours.  L'abbé  Bignon,  fils  du 
consei'ler  d'Etat  et  bibliothécaire  du  roi,  avoit,  au  commen- 
cement du  xviii"  siècle,  vendu  l'hôtel  au  chancelier  de  la 
principauté  de  Dombes,  M.  Chol  de  Torpane,  dont  il  avoit 
pris  le  nom. 

5 .  Rouillé,  comte  de  Mêlai,  dont  M"""  de  Sévigné  dési- 
roit  tant  que  son  fils  épousât  la  fille.  Il  avoit  été  fait  con- 
seiller d'Etat  à  la  mort  de  Caumartin,  et  il  fut  président  du 
Conseil  des  finances  au  commencement  de  la  Régence. 

6.  Gabriel-Nicolas  de  la  Reynie,  si  célèbre  comme  lieu- 


Le  Livre  commode.  49 

M.  le  Marquis  de  Villars',  rue  sainte  Anne. 

M.  de  Saint  Romain*,  rue  saint  Louis. 

M.  le  Comte  de  la  Vauguion?,  rue  de  Grenelle, 

Quartier  S.  Germain, 
M.  FArchevesqued'Ambrun4,  près  le  Collège  des 

4  Nations. 

Conseillers  d'Etat  du  Semestre  de  Janvier. 
M.  d'AguesseauJ,  Quai  de  Nesle. 

tenant  de  police.  C'est  à  ce  titre  que  nous  parlerons  de 
lui  plus  loin.  Sa  nomination  au  Conseil  d'Etat  datoit  du 
28  mars  1686. 

1 .  Un  des  trois  conseillers  d'état  d'épée.  Le  célèbre  ma- 
réchal duc  de  Villars  étoit  son  fils.  C'est  VOrondate  de 
M"'  de  Sévigné.  Il  avoit  été  ambassadeur  en  Danemarck, 
puis  à  Madrid,  d'où  il  rapporta  ce  curieux  Mémoire  sur  la 
Cour  d'Espagne,  depuis  1679  jusqu'en  1681,  publié  en  1733, 
pet.  in-8,  et  réimprimé  à  Londres,  à  petit  nombre,  en  1861, 
d'après  un  manuscrit,  par  M.  W.  Stirling  qui  le  croyoit 
inédit.  Le  marquis  mourut  le  28  mars  1698,  à  plus  de 
quatre-vingts  ans.  Sa  femme  a  laissé  des  Lettres,  dont  le 
chevalier  Perrin  possédoit  le  recueil,  et  dont  la  publication 
qu'il  se  réservoit  n'a  été  faite  qu'en  1 760,  six  ans  après  sa 
mort.  Léop.  CoUin  les  réimprima  sous  l'empire ,  et  plus 
récemment  M.  Courtois  en  donna  une  édition  fort  soignée. 

2.  Melchior  de  Harod  de  Senevas,  marquis  de  Saint- 
Romain,  mort  en  juillet  1694,  à  plus  de  quatre-vingts  ans. 
Il  étoit  le  plus  intime  ami  de  Courtin  que  nous  avons  vu 
plus  haut  :  «  tous  deux  conseillers  d'état,  dit  Saint-Simon, 
l'un  d'épée,  l'autre  de  robe.  » 

3.  Cette  note  de  Saint-Simon,  dans  le  Journal  de  Dan- 
geau,  à  la  date  de  sa  mort,  le  29  décembre  1693,  peut  lui 
servir  de  biographie  :  «  Après  diverses  folies,  il  se  tua  de 
deux  coups  de  pistolet,  chez  lui  à  Paris,  dans  son  lit.  Il 
étoit  chevalier  de  l'Ordre  depuis  1688,  conseiller  d'Etat 
d'épée,  et  avoit  eu  plusieurs  ambassades,  fort  gueux,  plein 
d'esprit  et  de  galanterie  ;  veuf  et  sans  enfant,  très  petit  et 
simple  gentilhomme.  » 

4.  Charles  Brulart  de  Genlis,  mort  en  1714. 

5.  Henri  d'Aguesseau,  d'abord  maître  des  requêtes,  pré- 

Livre  commode.  a. 


50  Le  Livre  commode. 

M.  de  Ribeyre',  rue  de  Taranne. 

M.  le  Comte  d'Avaux»,  rue  sainte  Avoye. 

M.  l'Abbé  le  Pelletiers,  rue  de  la  Couture  sainte 

Catherine. 
M.  de  BreteuiU,  rue  du  Grand  Chantier. 
M.  du  Gué  de  Bagnols  5,  Intendant  en  Flandres. 

Conseillers  d'Etat  du  Semestre  de  Juillet. 
M.  de  Marillac,  rue  Sainte  Avoye ^. 

sidcnt  au  grand  Conseil,  puis  intendant  à  Limoges,  à  Bor- 
deaux, dans  le  Languedoc,  et  enfin  conseiller  d'Etat.  L'idée 
de  créer  l'ordre  de  Saint-Louis  est  de  lui.  A  sa  mort,  le 
5  sept.  1699,  Saint-Simon,  dans  une  note  du  Journal  de 
Dangeau,  fit  amplement  son  éloge.  L'illustre  chancelier 
d'Aguesseau  étoit  son  fils. 

1 .  Antoine  de  Ribeyre,  qui  étoit  aussi  conseiller  d'hon- 
neur au  parlement  de  Paris,  après  avoir  été  intendant  à 
Poitiers,  puis  à  Tours,  et  commissaire  du  Conseil  en  Bre- 
tagne. A  5^  mort,  en  octobre  171 2,  son  gendre  La  Bour- 
donnois,  intendant  d'Orléans,  lui  succéda  comme  conseiller 
d'Etat. 

2.  Jean-Antoine  de  Mesme,  qui  s'étoit  donné  le  titre  de 
comte  d'Avaux  qui  n'appartenoit  qu'à  son  frère  aîné  :  «  Ses 
fréquentes  ambassades,  dit  Saint-Simon,  l'avoient  accoutumé 
à  l'épée  et  à  se  faire  appeler  le  comte  d'Avaux  en  pays 
étranger.  Dans  ses  divers  retours  en  France,  il  ne  put  se 
résoudre  à  se  défaire  de  cette  qualité  de  comte,  ni  à 
reprendre  l'habit  de  son  état.  »  C'est  lui  que  M"'"  de  Sévi- 
gné  appelle  Figuriborum.  Il  mourut  en  février  1709.  Nous 
avons,  p.  26,  note  3,  parlé  de  son  hôtel. 

3.  Ancien  commissaire  aux  Grands  Jours  d'Auvergne, 
frère  du  contrôleur  général  Le  Pelletier  et  de  Le  Pelletier 
de  Souzy.  Il  étoit  conseiller  d'Etat  depuis  1685,  et  il  mourut 
le  17  octobre  1696. 

4.  Ancien  intendant  des  finances,  et  conseiller  d'Etat  de- 
puis i68j. 

5.  Dreux-Louis  Du  Gué  de  Bagnols,  conseiller  d'Etat 
depuis  1687.  C'est  le  même  dont  la  femme  amusoit  tant 
M""  de  Sévigné  avec  ses  ridicules. 

6.  Ancien  avocat  général  au  grand  Conseil  et  intendant 


Le  Livre  commode.  51 

M.  le  Pelletier  de  Souzy',  rue  de  la  Couture 
S.  Catherine. 

M.  delà  Moignon  de  Basville,  Intendant  en  Lan- 
guedoc 2. 

M.  Bazin  de  Bezons,  Intendant  en  Guyenne?. 

M.  de  Harlay  de  Bonneuil4,ruë  Saint  Louis,  au 
Marais. 

M.  de  Fourcy  5,  rue  de  Jouy^. 

Maîtres  des  Re^juestes  de  PHotel  du  Roy. 

Pour  M.  le  Doien,  voiez  le  Chapitre  des  prin- 
cipaux Magistrats,  et  pour  les  autres  prenez  la 
liste  dans  la  Grand'  Salle  du  Palais,  près  la  Cha- 


à  Poitiers.  Il  eut  la  charge  de  conseiller  d'Etat  de  semestre 
en  160},  parce  que  son  père  s'en  démit  pour  lui,  «  ce  qui, 
dit  Dangeau,  ne  s'étoit  jamais  pratiqué.  »  —  L'escalier  de 
son  hôtel,  rue  Sainte-Avoye,étoit  remarquable.  V.  G.  Brice, 
}«  édit.,  t.  I,  p.  256. 

1 .  Nous  avons  dit  comment  il  fut  en  passe  de  succéder 
à  son  frère  comme  contrôleur  général  au  lieu  de  Pontchar- 
train.  Il  étoit  d'une  grande  capacité.  C'est  avec  lui  que  le 
roi  faisoit  tous  les  lundis  le  travail  des  fortifications. 

2.  Cinquième  fils  du  président  de  Lamoignon.  Il  fut 
d'abord  intendant  à  Poitiers.  En  Languedoc,  après  la  révo- 
cation de  l'Edit,  il  fut  terrible  contre  les  protestants. 

3.  Avoit  été  d'abord  intendant  à  Limoges  et  à  Orléans. 
Il  étoit  conseiller  d'Etat  de  semestre  depuis  le  28  mars  16S6. 

4.  Nicolas-Auguste  de  Harlay  de  Bonneuil,  d'abord  con- 
seiller au  Parlement,  maître  des  requêtes  et  intendant  en 
Bourgogne.  Il  fut  conseiller  d'Etat  de  semestre  en  1686,  et 
conseiller  d'Etat  ordinaire  en  1700.  Le  chancelier  Boucherai 
étoit  son  beau-père. 

j.  Autre  gendre  de  Boucherat,  dont  il  avoit  épousé  la 
fille  aînée.  11  fut  prévôt  des  marchands  à  Paris,  de  1684 
à  1691. 

6.  A  l'époque  de  sa  prévôté  on  ouvrit,  près  de  son  hôtel, 
une  rue  qui  faisoit  communiquer  la  rue  de  Jouy  avec  la 
rue  Saint-Antoine.  On  lui  donna  son  nom  qu'elle  a  gardé. 


52  Le  Livre  commode. 

pelle,  au  bas  du  degré  des  Requestes  de  l'Hôtel, 
ou  chez  les  Sieurs  Michallet  et  Rondet  impri- 
meurs rue  Saint  Jacques. 

Les  Grands  Audianciers  de  France,  Examinateurs 
et  Rapporteurs  des  Lettres  qui  doivent  passer 
au  Grand  Sceau ^  sont 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Boucher,  rue 
des  Quatre  Fils.  Pour  celuy  d'Avril,  M.  le  Mire, 
rue  de  Paradis.  Pour  celuy  de  Juillet,  M.  le 
Fevre,  Place  du  Collège  Mazarini  ' .  Et  pour  celuy 
d'Octobre,  M.  le  Ménestrel,  rue  du  Hazard*. 

Les  Contrôleurs  Généraux  de  PAudiance  de  la 
Chancellerie  d"  France  qui  veillent  à  ce  que 
les  Lettres  accordées  ne  soient  soustraites,  et 
que  nulles  autres  ne  passent  au  sceau,  sont  : 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Contard?,  rue 
saint  Honoré.  Pour  celui  d'Avril,  M.  Pitot4, 
rue  de  Ventadour.  Pour  celui  de  Juillet,  M.  Be- 
noist,  rue  de  Grenelle,  quartier  saint  Germain. 
Et  pour  celui  d'Octobre,  M.  de  Jonquiere,  rue 
Vivienne. 


1.  Il  logeoit,  en  effet,  au  collège  des  Quatre  Nations,  ou 
collège  Mazarin,  qui  est,  comme  on  sait,  devenu  le  palais 
de  l'Institut. 

2.  Fils  du  trésorier  du  Conseil  des  bâtiments.  Il  habitoit, 
rue  du  Hazard,  une  des  nombreuses  maisons  dont  son  père 
avoit  eu,  grâce  à  sa  charge, le  terrain  presque  pour  rien,  à 
l'époque  oîi  l'on  construisoit  ce  quartier.  V.  notre  Histoire 
de  la  Butte  des  Moulins,  p.  84. 

j.  Il  faut  lire  Coustard,  d'après  VAlman.  royal  de  1702, 
p.  41. 
4.  Le  même  Almanach  le  nomme  Pirot. 


1 


Le  Livre  commode.  5j 

Us  Gardes  des  Rolles  des  Offices  de  France,  sont  : 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Préval,  rue 
de  la  Sourdiere.  Pour  celui  d'Avril,  M.  Hevin', 
rue  des  Fossez  Montmartre.  Pour  celui  de  Juillet, 
M.  Boucot2,  rue  Hautefueille.  Et  pour  celui  d'Oc- 
tobre, M.  Ausbourg,  rue  des  Fossez  Montmartre. 

Trésorier  General  du  Sceau. 

M.  Bechet,  Place  des  Victoires. 


1.  Hénin,  d'après  le  même  Almanach,  p.  41. 

2.  C'étoit  un  des  plus  grands  curieux  de  Paris,  comme 
on  le  verra  plus  bas,  à  propos  de  sa  bibliothèque.  Il  eut 
la  visite  de  Lister,  quand  celui-ci  fit  son  second  voyage  à 
Paris.  Grand  amateur  de  coquilles,  il  admira  surtout  celles 
qui  étoient  une  des  nombreuses  curiosités  du  cabinet  de 
Boucot  [Voyage  de  Lister  à  Paris  en  169S,  tradua.  de  la 
Société  des  bibliophiles,  187},  in-8,  p.  64-66).  G.  Brice,  qui 
lui  aussi,  dans  sa  Description  de  Paris,  parle  longuement,  t.  II, 
P-  97-99j  <^cs  collections  de  Boucot,  y  mentionne  en  particu- 
lier la  bibliothèque  :  «  On  y  voit,  dit-il,  ...  une  grande  quan- 
tité de  livres  très-bien  conditionnés,  entre  lesquels  il  y  en  a 
plusieurs  de  cartes  et  d'estampes  rares  et  singuliers.  »  A  la 
mort  de  Boucot,  en  1699,  la  vente  de  ses  livres  prouva  que 
Brice  avoit  dit  vrai  :  il  nous  suffira  de  donner  le  titre  du 
Catalogue,  qui  annonçoit  cette  vente  pour  le  16  nov.  :  Cata- 
logue de  la  Bibliothèque  de  défunt  M.  Boucot,  garde  rolle 
des  officiers  de  France,  composée  de  plus  de  dix  huit  mille 
volumes  de  livres  imprimez,  très-bien  conditionnez,  plusieurs 
des  in-folio  étant  de  grand  papier,  et  reliez  en  maroquin,  de 
plus  de  soixante  et  dix  mille  estampes,  entre  lesquels  il  y  a 
dix  sept  mille  portraits.  M.  G.  Duplessis  a  publié,  en  1870, 
sur  cette  vente,  une  curieuse  lettre  de  Nicos  Clément  à 
Gaignières,  dans  le  Bibliophile  français,  t.  V,  p.  97. 


54  Le  Livre  commode, 

SECRETAIRES   DU   ROY. 

MAISON    ET    COURONNE    DE    FRANCE. 

Syndics  en  Charge. 

M.  de  la  Baune,  rue  Thibaut  Thodé. 

M.  Rouillet  de  Beauchamps,  rue  des  Rosiers, 

quartier  S.  Germain. 
M.  Gourdon,  à  l'Hôtel  de  Guise. 
M.  Gamard,  rue  Neuve  des  petits  champs. 
M.  Hubert,  rue  Sainte  Avoye. 
M.  Hérardin,  à  l'Hôtel  de  la  Monnoye. 

Trésorier  de  la  bourse  commune. 

M.  de  Lamet,  près  Saint  Eustache. 

Ces  Officiers  tiennent  les  Assemblées  du  Col- 
lège en  la  Chancellerie  du  Palais,  où  l'on  peut 
recouvrer  la  liste  générale  de  ceux  qui  en  sont 
Membres,  et  encore  chez  le  sieur  Rondet  Impri- 
meur, rue  S.  Jacques. 

Advocats  ez  Conseils  du  Roy. 

M.  Aubery  leur  Doyen,  demeure  rue  Saint  Denis 

devant  la  rue  du  petit  Lion. 

On  peut  recouvrer  leur  Liste  chez  le  sieur  du 
Brec  Clerc  de  leur  Collège  rue  de  la  Calandre, 
ou  encore  chez  le  même  Rondet. 


Le  Livre  commode.  55 

PRINCIPAUX   MAGISTRATS. 

Juges  ordinaires  et  gens  du  Roy,  des  Cours  souve- 
raines et  Juridictions  subalternes  de  Paris. 

PARLEMENT. 

Premier  Président. 

M.  de  Harlay,  Cour  du  Palais. 

Présidens  à  Mortier. 

M.  de  Nesmond^,  Quay  de  la  Tournelle?. 
M.  de  Maisons4,  rue  de  l'Université. 


1 .  Achille  de  Harlay,  qui  avoit  succédé  dans  cette  charge 
à  M.  de  Novion,  en  sept.  1689.  Sa  complaisance,  lorsqu'il 
étoit  procureur  général,  pour  la  légitimation  des  bâtards  du 
Roi,  «  doubles  adultérins,  »  fut,  selon  Saint-Simon,  la 
source  de  sa  fortune.  Il  avoit  été  «  l'adroit  auteur  de  cette 
légitimation...  sans  nommer  la  mère.  >  Saint-Simon,  Af «m. 
1877,  in-i8,  t.  XX,  table  rédigée  par  lui-même,  p.  257. 

2.  Il  avoit  acquis,  en  1689,  de  Lamoignon,  qui  en  garda 
la  survivance,  cette  charge  de  président  à  mortier.  Lors- 
que Nesmond  mourut  en  1693,  Lamoignon  eut  ainsi  le 
droit,  moyennant  350,000  livres  données  à  sa  famille,  de 
reprendre  la  charge.  (Dangeau,  Journal,  4  déc.  1689  et 
19  mars  1693.) 

3.  Son  hôtel  y  existe  encore  presque  intact,  auprès  de  la 
Pharmacie  centrale,  qui  étoit  alors,  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  l'hôtel  dont  M"'  de  Miramion,  belle-mère  de  Nes- 
mond ,  avoit  fait  un  couvent.  Selon  Saint-Simon ,  c'est 
Nesmond  qui  fit  le  premier  poser  au-dessus  de  sa  porte  un 
marbre  avec  son  nom  en  lettres  d'or.  V.  nos  Enigmes  des 
rues  de  Paris,  p.  181. 

4.  Il  est  beaucoup  parlé  de  lui  dans  Saint-Simon,  qui  dit 
beaucoup  de  bien  de  son  esprit,  et  assez  peu  de  son  caraaère. 
Il  mourut  en  août  171 5,  dans  toute  la  force  de  son  influence 
sur  le  Parlement,  et  avec  l'espérance  qu'à  la  mort  du  roi, 
qui  ne  devoit  tarder  que  de  quelques  jours,  il  seroit  fût 


0       .        Le  Livre  commode. 

M.  de  Champlatreux',  rue  du  Brac. 
M.  le  Pelletier^,  vieille  rue  du  Temple. 
M.  de  MesmesJ,  rue  Sainte  Avoye. 
M   de  Novion4,  rue  du  Baac. 
M.  Talon  J,  rue  Saint  Guillaume. 


garde  des  sceaux.  Le  nom  de  sa  famille  étoit  Longueil. 
Elle  l'avoit  échangé  pour  celui  de  Maisons,  lorsque  l'aïeul 
du  président  avoit  obtenu  l'érection  en  marquisat  de  la 
terre  de  Maisons,  où  il  avoit  fait  bâtir  un  si  beau  château, 
pendant  qu'il  étoit  surintendant  des  finances.  Ses  malversa- 
tions le  firent  révoquer.  Il  se  contenta  de  dire  :  «  Us  ont 
tort;  j'avois  fait  mes  affaires,  j'allois  faire  les  leurs.  » 
Saint-Simon,  notes  sur  Dangeau,  12  avril  1705. 

1.  De  l'illustre  famille  des  Mole,  et  fils  de  l'un  des  der- 
niers gardes  des  sceaux.  Il  céda  sa  charge  à  son  fils,  lors- 
qu'il eut  trente  et  un  ans.  (Dangeau,  11  avril  1707.) 

2.  Il  devint  premier  président  après  la  démission  de  M,  de 
Harlay,  et  se  démit  lui-même  de  cette  charge,  en  1712,  à 
la  mort  de  son  père,  Claude  Le  Pelletier,  ancien  ministre 
d'Etat  et  contrôleur  général,  qui  l'y  avoit  fait  rester  malgré 
lui.  Un  accident  arrivé  au  Palais,  dans  l'Hôtel  de  la  Prési- 
dence, oîi  le  plancher  de  la  salle  à  manger  croula  sous  lui, 
avoit  dérangé  son  cerveau,  jusqu'à  le  rendre  presque  inca- 
pable de  tout  travail.  (Saint-Simoii,  t.  IV,  78;  VI,  p.  212.) 
C'est  son  père,  étant  prévôt  des  marchands  avant  d'arriver 
au  Ministère,  qui  avoit  fait  construire  près  de  la  Grève,  en 
167J,  le  quai  nommé,  à  cause  de  lui,  quai  Pelletier.  {Id., 
t.  I,  p.  301.) 

j.  Jean-Antoine  de  Mesme,  neveu  du  comte  d'Avaux  dont 
il  a  été  question  plus  haut.  Il  avoit  succédé,  comme  prési- 
dent à  mortier,  à  son  père  mort  en  janvier  1688.  Il  devint 
premier  président  en  17 12,  par  suite  de  la  démission  de  Le 
Pelletier. 

4.  Potier  de  Novion,  de  l'Académie  française,  qui  avoit 
été  jusqu'en  septembre  1689  premier  président.  Sa  vénalité 
força  le  roi  de  lui  faire  abandonner  cette  charge  pour  la 
céder  à  M.  de  Harlay.  n  Sur  ses  injustices  réitérées,  dit 
Saint-Simon,  le  roi  prit  enfin  le  parti  de  l'obliger  à  se  dé- 
faire. »  {Note  sur  Dangeau,  20  septembre  1689.) 

5.  Denis  Talon,  d'abord  avocat  général.  Il  avoit  eu,  en 


Le  Livre  commode.  57 

M.  de  Menars  ',  porte  de  Richelieu  *. 

Présidens  des  Enquesîes. 
Première  Chambre,  M'^^  de  Meaupou,  rue  Pierre 

novembre  1690,  une  des  deux  places  de  présidents  à  mor- 
tier que  le  roi  venoit  alors  de  créer,  et  pour  chacune  des- 
quelles il  avoit  fait  verser  à  l'un  et  à  l'autre  des  titulaires 
une  somme  de  350,000  livres,  afin  de  dédommager  les 
présidents  à  mortier  de  ce  qu'on  augmentoit  leur  nombre. 
(Dangeau,  12  nov.  1690.)  —  Sa  maison  existe  encore  au 
n^  16  de  la  rue  Saint-Guillaume,  avec  cette  «  struc- 
ture tout  à  fait  belle,  »  dont  parle  G.  Brice,  édit.  de  1684, 
t,  II,  p.  187.  «  Les  appartements,  ajoute-t-il,  sont  très 
agréables,  ayant  les  vues  tournées  sur  les  jardins  des 
maisons  voisines.  La  cour  est  grande,  et  enfin  il  paroît  que 
cette  maison  a  été  élevée  avec  beaucoup  de  dépense;  mais 
ce  qui  lui  donne  un  merveilleux  ornement,  est  l'excellente 
bibliothèque  qui  y  est,  composée  de  tout  ce  qu'il  y  a  de 
plus  rare  et  de  plus  recherché,  soit  pour  les  manuscrits, 
soit  pour  les  livres  imprimés.  » 

1 .  Jean-Jacques  Charron  de  Ménars,  frère  de  Madame 
Colbert,  qui  avoit  d'abord  été  conseiller  au  Parlement  et 
surintendant  de  la  maison  de  la  Reine.  Il  avoit  eu  la 
seconde  des  deux  charges  de  président  à  mortier  créées  en 
1690,  et  dont  Talon,  nous  l'avons  dit,  avoit  eu  la  première. 
Il  m.ourut  au  mois  de  mars  171 3,  à  sa  belle  terre  de  Mé- 
nars, près  de  Blois  :  f  plein  d'honneur,  dit  Saint-Simon 
'(t.  X,  p.  28),  de  probité,  d'équité,  et  modeste,  prodige 
dans  un  président  à  mortier,  j 

2.  Son  hôtel  étoit  en  effet  €  à  côté  de  la  porte  de  Riche- 
lieu, »  dans  l'impasse  qui  a  gardé,  en  devenant  une  rue,  le 
nom  de  Ménars  qu'elle  lui  devoit.  Il  avoit  d'abord  logé  rue 
Vivienne,  près  de  l'hôtel  de  son  beau-frère  Colbert  (G.  Brice, 
édit.  1684,  t.  I,  p.  89).  La  bibliothèque  de  De  Thou,  qu'il 
avoit  achetée  tout  entière  un  fort  grand  prix,  le  suivit  dans 
ces  deux  hôtels,  où  Quesnel.  puis  l'abbé  Du  Guay  en  furent 
les  gardiens  intelligents.  Quant  à  lui,  il  ne  s'en  occupoit 
guère,  et  celui  qui  l'acquit  à  sa  mort  n'en  prit  pas  beaucoup 
plus  de  souci  :  <  Le  cardinal  de  Rohan,  dit  Saint-Simon 
(t.  X,  p.  28),  acheta  sa  précieuse  bibliothèque,  qui  étoit 
celle  du  célèbre  M.  de  Thou,  qui  fut  pour  tous  les  deux  un 
meuble  de  fort  grande  montre,  mais  de  très-peu  d'usage.  » 


58  Le  Livre  commode. 

Sarrazin',  et  delà  Barde^,  Cloître  Notre  Dame. 

Deuxième  Chambre,  M's  Sevin  de  Quinsi,  rue 
des  Blancs  Manteaux,  et  de  Thumery  de  Bois- 
sise,  rue  Barbette. 

Troisième  Chambre,  M^s  Briçonnet,  rue  porte 
Foin,  et  Amelot?,  rue  Dauphine. 

Quatrième  Chambre,  M^s  Crosset4,  rue  Neuve 
Saint  Augustin,  et  Feydeau,  Cloistre  Nostre 
Dame. 

Cinquième  Chambre,  M^s  de  la  BaroireJ,  rue  de 


1.  Il  devint  président  à  mortier  à  la  mort  de  Ménars, 
par  suite  d'un  marché  que  Saint-Simon  qualifie  d'extraordi- 
naire, et  qui  l'est,  en  effet.  Il  lui  acheta  en  171 7  la  survi- 
vance de  sa  charge  pour  la  somme  énorme  de  750,000 
livres,  dont  2  j  0,000  comptant,  et  500,000  à  verser  aux 
héritiers.  Il  y  eut  de  plus  20,000  livres  de  pot  de  vin  ! 

2,  Denis  de  la  Barde,  qui  en  mime  temps  que  président 
des  enquêtes  étoit  archidiacre  de  Josas  et  chanoine  de 
l'église  de  Paris,  ce  qui  explique  sa  demeure  au  cloître 
Notre-Dame.  Il  mourut  le  2  mars  1709,  à  soixante  et 
onze  ans. 

}.  Amelot  de  Chaillou,  qui  étoit  arrivé  à  cette  présidence 
des  enquêtes,  après  avoir  été  longtemps  doyen  des  maîtres 
des  requêtes.  Il  avoit,  en  1688,  marié  son  fils,  qui  n'avoit 
pas  moins  de  100,000  livies  de  rente,  avec  la  fille  de  Ba- 
rillon,  notre  ambassadeur  à  Londres. 

4.  Louis-Alexandre  Croiset,  et  non  Crosset,  qui  mourut 
le  19  novembre  1728,  à  quatre-vingt  trois  ans,  président 
d'honneur  au  Parlement. 

5.  Il  ne  devroit  plus  figurer  ici,  puisqu'il  étoit  mort  au 
mois  d'octobre  de  l'année  précédente.  Son  entrée  au  Parle- 
ment, comme  conseiller,  datoit  du  19  décembre  1659.  Il 
avoit  épousé  une  vieille  mais  très-riche  veuve,  avec  laquelle 
il  se  conduisoit  fort  mal,  suivant  M"""  de  Sévigné,  qui  l'ap- 
pelle de  la  Baroie.  V.  sa  lettre  du  4  juin  1676.  C'est  lui, 
d'après  les  Clés,  qui,  pour  cela,  auroit  servi  de  type  au 
26"  caractère  de  La  Bruyère,  dans  le  chap.  de  Quelques 
usages. 


Le  Livre  commode.  59 

Taranne,  et  le  Clerc  de  Lesseville',  Cloître 
Saint  Méderic. 

Présidens  des  Requesîes  du  Palais. 

Première  Chambre,  M^^  Ferrand,  rue  Serpente», 

et  Besnard  de  Rezé,  près  les  Capucins  du 

Marais. 
Deuxième  Chambre,  M^^  de  Boiquemare?,  rue 

de  Bourbon,  et  Brunet  de  Thorigny,  rue  des 

Francs-Bourgeois. 

Avocats  Généraux. 
M.  de  Harlay4,  Cour  du  Palais. 

1.  C'est,  d'après  les  Clés,  un  des  Sannions  de  La 
Bruyère.  Ils  étoient  plusieurs  frères,  tous  dans  la  haute 
robe,  qui  descendoient,  disoit-on,  d'un  tanneur  de  Mantes 
dont  la  fortune  étoit  venue  d'un  prêt  qu'il  avoit  fait  sur 
parole  à  Henri  IV,  dans  le  temps  de  la  bataille  d'Ivry. 

2.  C'est  ce  pauvre  président  Ferrand,  dont  la  femme, 
une  Belizani ,  fit  tant  parler  d'elle ,  moins  pour  l'Histoire 
des  amours  de  Cliante  et  de  Belise,  assez  piètre  roman  de 
sa  façon,  que  pour  l'histoire  de  ses  propres  amours.  Le 
scandale  en  fut  si  grand,  que  le  président  refusa  de  recon- 
noître  une  fille,  dont  elle  étoit  accouchée,  et  qu'elle  dut 
faire  élever  sous  un  nom  supposé,  dans  un  couvent.  Cette 
fille,  dont  le  prénom  étoit  Michelle,  plaida  par  la  suite  pour 
se  faire  reconnoître,  mais  n'obtint  du  Parlement  que  d'être 
reconnue  par  sa  mère.  Le  célèbre  libraire  De  Bure,  qui 
avoit  habité,  rue  Serpente,  l'hôtel  du  président,  recueillit 
avec  soin,  comme  souvenir,  toutes  les  pièces  de  ce  curieux 
procès.  (V.  le  Catalogue  de  sa  bibliothèque,  pp.  55  et  40,) 

3.  Lisez  de  Bocquemart.  La  présidente  d'Osembray, 
grande  coquette  du  temps,  la  Lise  de  La  Bruyère,  l'avoit 
épousé  en  secondes  noces,  mais  sans  vouloir  perdre  son 
premier  nom.  C'est  ce  qui  a  fait  dire  à  La  Bruyère  {Des 
femmes,  g  76),  à  propos  de  certains  maris  et  de  leurs 
femmes  :  «  ils  n'ont  souvent  rien  de  commun...  pas  même 
le  nom...  chacun  a  le  sien.  » 

4.  Fils  du  premier  président,  nonuné  plus  haut.  Il  étoit 


6o  Le  Livre  commode. 

M,  de  la  Moignon',  à  l'Hostel  d'Angoulesme^. 
M.  d'Aguesseau?,  rue  Pavée,  prés  Saint  André 4. 

Procureur  General. 
M.  de  la  Brisse,  rue  Barbette. 


avocat  général  depuis  le  mois  de  janvier  1691,  et  devint 
conseiller  d'Etat  en  février  1697,  tout  cela  fort  jeune  pour 
de  si  importantes  fonctions,  car  lorsqu'il  mourut,  le  23  juillet 
1717,  il  n'avoit  que  quarante-neuf  ans. 

1.  Chrétien  de  Lamoignon,  fils  aîné  du  célèbre  premier 
président  Guillaume  de  Lamoignon,  à  qui  est  adressée  une 
des  épîtres  de  Boileau.  Ce  fils  devint  président  à  mortier  en 
avril  1698,  et  mourut  le  7  août  1709. 

2 .  Au  coin  de  la  rue  Pavée  et  de  la  rue  des  Francs-Bour- 
geois. Il  existe  encore,  avec  ses  curieuses  façades  sur  la 
cour,  telles  qu'elles  avoient  été  construites  par  Diane  de 
France,  fille  naturelle  de  Henri  H,  dont  l'initiale  et  les  em- 
blèmes se  voient  encore  dans  les  frontons,  et  après  laquelle 
l'hôtel,  pour  rester  dans  la  bâtardise,  passa  au  duc  d'An- 
goulême,  fils  naturel  de  Charles  IX  et  de  Marie  Touchet,  de 
qui  lui  vint  le  nom  qu'on  lui  donne  ici.  Il  prit  celui  de 
Lamoignon,  qu'il  a  gardé,  lorsque  les  Lamoignon  s'y  furent 
succédé.  Le  premier  fut  Chrétien,  l'avocat  général,  qui  fit 
de  grandes  réparations  dans  les  jardins,  qui  étoient  alors 
d'une  grande  étendue;  et  dont  la  bibliothèque,  qui  avoit 
Adrien  Baillet  pour  bibliothécaire,  y  devint  célèbre.  (Ger- 
main Brice,  édit.  de  1701,  t.  1,  p.  323.) 

3.  L'illustre  chancelier.  Avant  d'arriver  à  l'être,  le  2  fé- 
vrier 1717,  il  fut,  dès  le  12  janvier  1691,  avocat  général, 
comme  nous  le  voyons  ici,  puis  en  octobre  1700,  procureur 
général. 

4.  Son  hôtel  existe  encore.  C'est  le  premier  qu'on  trouve 
à  gauche  en  entrant,  de  la  rue  S^int-André-des-Arts,  dans 
la  rue  Pavée,  qui  s'appelle  aujourd'hui  rue  Séguier,  du  nom 
d'une  autre  illustre  famille  de  magistrats,  qui  occupoit 
l'hôtel  voisin  de  celui-ci.  Le  27  juin  17 14,  éclata  à  l'hôtel 
d'Aguesseau  un  terrible  incendie  qui  donna  lieu  à  de  grands 
procès,  par  suite  de  la  destruction  de  nombreux  dossiers 
appartenant  à  diverses  parties.  (Bruneau,  Observations  sur 
Us  lois  criminelles^  in-4°,  p.  9}.) 


Le  Livre  commode,  6i 

GRAND   CONSEIL. 

Premier  Président. 

M.  Bignon',  rue  Saint  Jacques. 

Présidens  du  premier  Semestre. 

M.  le  Boulanger,  rue  des  petits  Augustins. 
M.  Feydeau  de  Brou 2,  rue  neuve  Saint  Paul. 
M.  Joly  de  Blaizy;,  rue  des  Rosiers. 
M.  Rouillé  de  Marbœuf,  rue  Philippeaux. 

Présidens  du  second  Semestre. 

M.  Poucet  de  la  Rivière^,  rué  des  Francs  Bour- 
geois. 

1.  Deuxième  fils  de  l'avocat  général  Jérôme  Bignon.  Son 
prénom  étoit  Thierry.  Il  fut  d'abord  simple  président  au 
grand  Conseil,  puis,  en  mars  1690,  premier  président.  Il 
mourut  à  soixante-cinq  ans,  le  19  janvier  1697. 

2.  Il  étoit  de  cette  îamille  des  Feydeau  qui  donna  son 
nom  à  l'une  des  rues  du  quartier  Richelieu,  construite  vers 
la  fin  du  xvu"  siècle,  lorsque  Catherine  Vivien,  veuve  de 
Pierre  Feydeau,  étoit  dame  du  fief  de  la  Grange-Batelière, 
sur  lequel  on  en  avoit  pris  le  terrain.  (Lebéuf,  Hist.  du 
diocèse  de  Paris,  t.  IX,  p.  38.)  Feydeau  de  Brou  avoit  eu 
du  roi  la  présidence  au  grand  Conseil,  en  1689,  «  comme 
plus  ancien  maître  des  requêtes.  »   (Mim.  de  Foucault, 

P-  254) 

3.  Lisez  Joly  de  Bézy. 

4.  Mathias  Poncet  de  la  Rivière,  comte  d'Ablis,  d'abord 
conseiller  au  Parlement,  puis  maître  des  requêtes,  inten- 
dant en  Alsace,  à  Metz,  à  Bourges,  à  Limoges,  et  en  même 
temps,  depuis  1676,  président  au  grand  Conseil.  Il  mourut 
en  1693.  Son  père,  Pierre  Poncet,  conseiller  d'Etat,  avoit 
été  en  passe  de  succéder  en  1677  au  chancelier  d'Aligre. 
Un  livre  qu'il  venoit  de  publier.  Considérations  sur  les 
avantages  de  la  vieillesse,  etc.,  l'en  empêcha  par  le  ridicule 
qu'il  jeta  sur  lui,  bien  qu'il  s'y  fût  couvert  par  le  pseudo- 
nyme de  baron  de  Prelle.  C'est  sa  mésaventure  qui  a  fait 


62  Le  Livre  commode. 

M.  Du  Tillet  de  la  Bussiere,   vieille  rue  du 

Temple  ' . 
M.  de  i'Isle,  rue  de  Torigny. 
M.  Pinon»,  rue  des  Lions,  près  Saint  Paul. 

Avocats  Généraux. 

M.  de  Benoist,  rue  Beautreillis. 

M.  Anjoran,  rue  du  Four,  près  Saint  Eustache. 

Procureur  General. 

M.  Hennequin,  Cloître  Notre  Dame?. 


dire  par  La  Bruyère  :  «  un  magistrat  alloit  par  son  mérite 
à  la  première  dignité,  il  éloit  délié  et  pratique  dans  les 
affaires  :  il  a  fait  imprimer  un  ouvrage  moral,  qui  est  rare 
par  le  ridicule.  »  Des  ouvrages  de  l'Esprit,  g  3. 

1.  Son  fils  Jean  François,  qui  fut  greffier  en  chef  du  Par- 
lement, embellit  beaucoup  son  hôtel  de  la  rue  Vieille-du- 
Temple,  dont  on  remarquoit  surtout  la  porte  «  avec  un 
balcon  au-dessus  et  une  grande  fenêtre  couronnée  d'un 
fronton.  »  (G.  Brice,  édit.  1701,  t.  I,  p.  274-27J.) 

2.  Il  étoit  de  cette  famille  des  Pinon,  alliés  aux  d'Ormes- 
son,  qui  furent,  après  les  Vivien,  seigneurs  de  la  Grange 
Batelière,  près  de  laquelle  une  rue  bâtie  en  1780  porta  leur 
nom  jusqu'en  1850,  où  elle  devint  la  rue  Rossini. 

}.  Hennequin  de  Charmont,  qui  logeoit  au  cloître  chez 
son  frère,  chanoine  de  Notre-Dame  et  conseiHer  au  Parle- 
ment. C'est  à  lui  qu'étoit  arrivée  cette  peu  honorable 
aventure  du  testament  de  M""=  Valentin,  dont  il  fut  fait  un 
conte,  attribué  à  La  Fontaine,  publié  avec  plus  de  vraisem- 
blance dans  les  Œuvres  de  Régnier  Desmarets,  et  qui  se 
trouve  aussi  avec  de  très-curieuses  notes  dans  le  chansonnier 
Maurepas,  t.  VII,  p.  137-142  :  M™"  Valentin,  près  de 
mourir  sans  enfant,  et  voulant  laisser  à  son  mari  tout  ce 
qu'elle  possédoit,  fit  en  faveur  d'Hennequin,  leur  ami,  un 
testament  qui  n'étoit  qu'un  fidéi-commis  impliquant,  sans 
doute  possible,  restitution  au  mari.  Hennequin  ne  l'entendit 
pas  ainsi  ;  il  se  mit  en  grand  deuil  comme  héritier  sérieux, 
et  se  hâta  de  mettre  la  main  sur  le  bien.  Le  coup  par  bon- 
heur  étoit  prévu.    Un  second  testament,  qui  annuloit  le 


Le  Livre  commode.  6} 

COUR   DES   AYDES. 

Première  Chambre. 
Mfs  le  Camus,  Premier  Président,  rue  de  Berry  • 
au  Marais,  et  de  Briou  *,  rue  Michel-Ie-Comte. 

premier,  fut  produit  à  temps  en  faveur  du  conseiller  des 
aides,  Jérôme  Bragelogne,  un  autre  ami,  mais  plus  honnête 
et  plus  fidèle,  qui  rendit  l'héritage,  comme  l'avoit  voulu  la 
testatrice.  «  Hennequin,  dit  une  des  notes  du  chansonnier 
Maurepas,  fut  déshonoré  et  vilipendé  partout.  »  La  Bruyère 
a  fait  une  allusion  directe  à  cette  affaire  dans  les  Caractères 
59  et  60  de  son  chapitre  de  Quelques  usages. 

1.  Frère  du  lieutenant  civil,  que  nous  trouverons  plus 
loin,  et  du  cardinal  Le  Camus.  Ils  descendoient  de  Nicolas 
Le  Camus,  marchand  de  la  rue  Saint-Denis,  qui  avoit  été 
un  des  entrepreneurs  de  la  place  Royale,  où,  comme  on 
sait,  les  bâtiments  dévoient  d'abord  servir  à  l'établissement 
de  grandes  manufactures  de  soie.  Un  pélican  étoit  l'enseigne 
de  Le  Camus.  Ses  petits-fils  en  mirent  un  d'argent  sur 
champ  de  gueules,  dans  leurs  armes. 

2.  C'est  lui  dont  le  fils  fit  tant  de  bruit  par  son  mariage 
avec  M"'^  de  la  Force.  Quoiqu'il  fût  gardé  à  vue  chez  son 
père,  que  son  amour  pour  cette  vieille  fille,  plus  âgée  que 
lui  de  prés  de  vingt  ans,  désespéroit,  elle  trouva  moyen 
de  le  voir  et  de  le  faire  échapper.  Un  prêtre,  qu'ils  avoient 
gagné,  mais  qui  n'avoit  pas  l'autorisation  de  son  curé,  les 
maria  le  7  juin  1687,  le  jeune  de  Briou  étant  majeur  depuis 
à  peine  deux  mois.  Son  père  ne  perdit  pas  de  temps.  Dès 
le  17  juin  il  faisoit  ouvrir  une  enquête,  puis  il  obtenoit  une 
audience  du  roi,  auquel  il  remontroit  que  M"^  de  la  Force 
qui  étoit  pauvre  n'en  avoit  voulu  qu'au  bien  de  son  fils 
qui  étoit  considérable;  et  le  roi  lui  promettoit  que,  malgré 
la  puissance  de  la  famille  de  M"''  de  la  Force,  il  laisseroit 
toute  liberté  à  la  justice.  L'incarcération  du  fils  à  Saint- 
Lazare  fut  un  des  premiers  effets  de  cette  promesse.  Ensuite 
viiit  le  procès,  qui  aboutit,  le  15  juillet  1689,  à  un  arrêt 
qui  cassoit  le  mariage  pour  abus  de  célébration.  (Nie. 
Nupied,  Journal  des  principales  audiences  du  parlement, 
I7J},  in^l.,  t.  IV,  p.  189.)  La  Fontaine  a  parlé  de  cette 


64  Le  Livre  commode. 

Deuxième  Chambre. 
Mfs  Payen,  dans  le  Temple,  et  Chassepot  de 
Beaumont,  rue  Beautreillis. 

Troisième  Chambre. 
Mrs  de  l'Estoile  de  Gravelle,  rue  de  Sorbonne,  et 
le  Vasseur,  rue  de  Berry. 

Avocats  Généraux. 
M.  des  Aguests  ',  rue  Vivienne. 
M.  Bignon,  rue  des  Bernardins. 
M.  des  Aguets  de  Gueitot,  rue  Mauconseil. 

Procureur  General. 
M.  du  Boscq,  Isle  Notre  Dame. 

CHAMBRE   DES   COMPTES. 

Premier  Président. 
M.  NicolaP,  vieille  rue  du  Temple. 

affaire  dans  sa  deuxième  lettre  au  prince  de  Conti  (18  août 
1689). 

1.  Il  avoit  cette  charge  depuis  six  ans  :  «  M.  des  Aguets, 
homme  de  beaucoup  d'esprit,  écrit  Dangeau,  le  20  mai  1686, 
a  été  fait  avocat  général  de  la  Cour  des  Aydes.  » 

2.  Le  sixième  de  cette  grande  famille  des  Nicolaï  qui,  de 
IJ06  à  1791,  fournit,  sans  interruption,  son  président  à  la 
Chambre  des  comptes.  Il  étoit  si  bien  admis,  dans  l'ancienne 
Cour,  qu'un  Nicolaï  devoit  seul  occuper  cette  charge  que 
pendant  la  Restauration,  le  prince  de  Condé  ne  pouvoit 
s'empêcher  d'appeler  le  marquis  de  Barbé  Marbois,  alors 
président  des  Comptes  :  «  Mon  cher  Monsieur  de  Nicolaï.  » 
—  Celui  qui  figure  ici,  Jean-Aymard  de  Nicolaï,  fut  en 
charge  pendant  quarante-huit  ans,  de  1686  à  17J4.  Nous 
ajouterons  que  ce  sont  les  archives  de  cette  famille,  mises 
à  la  disposition  de  M.  A.  de  Boislisle  par  M.  le  marquis 
de  Nicolaï,  qui  lui  ont  fourni  les  éléments  de  son  bel  ou- 
vrage, la  Chambre  des  Comptes  de  Paris. 


Le  Livre  commode.  65 

Autres  Présidens. 

M.  de  Bretonvilliers ',  Isle  Notre  Dame^. 
M.  Lambert  de  Torigny?,  la  même 4. 

1.  Le  Ragois  de  Bretonvilliers,  qui  mourut  en  janvier 
1700,  sans  qu'on  eût  beaucoup  parlé  de  lui,  si  ce  n'est  à 
cause  de  sa  femme,  Claude-Elisabeth  Perrot,  dont  l'intimité 
avec  l'archevêque  de  Harlay  fit  quelque  peu  scandale,  et  à 
cause  aussi  des  magnificences  de  son  hôtel. 

2.  L'hôtel  Bretonvilliers,  bâti  de  1641  à  164^,  pour  le 
père  du  président  nommé  ici,  et  qui  étoit,  lui,  secrétaire  du 
roi,  et  intéressé  dans  les  fermes,  se  trouvoit  à  la  pointe  de 
l'Ile  Notre-Dame  ou  Saint-Louis.  Le  quai  sur  pilotis  qu'il 
avoit  fait  construire  à  l'entour  de  cette  pointe  et  les  fon- 
dations seules  de  son  hôtel  lui  avoient  coûté  huit  cent  mille 
livres.  On  peut  juger  par-là  de  la  dépense  du  reste,  dont 
on  peut  lire  d'ailleurs  le  curieux  et  magnifique  détail  dans 
l'ouvrage  de  Brice  (1701,  in-8,  t.  1,  p.  392-J94).  —  A  la 
mort  du  président  des  Comptes,  en  1700,  son  hôtel  fut 
aussitôt  mis  en  vente,  mais  ne  trouva  acquéreur  qu'en 
17 16.  C'est  le  maréchal  de  Tallard  qui  l'acheta,  pour  la 
somme  relativement  minime  de  220,000  livres.  On  y  plaça 
sous  Louis  XV  la  Cour  des  Aides.  Les  principales  façades 
furent  détruites  pendant  la  Révolution.  Ce  qui  restoit  de 
l'hôtel  du  côté  du  quai  fut  emporté  dernièrement  pour  le 
percement  du  boulevard  Henri  IV. 

3.  Claude-Jean-Baptiste  Lambert  de  Thorigny,  mort  en 
août  !70o.  Il  avoit  eu,  au  mois  de  juin  1685,  la  survi- 
vance de  son  père.  Il  étoit  gendre  du  fameux  Bontems. 

4.  Il  s'agit  de  l'hôtel  Lambert,  situé  en  effet  dans 
a  la  même  »  Ile,  tout  près  de  l'hôtel  Bretonvilliers.  Le 
Vau  le  construisit  pour  Nicolas  Lambert,  dit  t  le  riche,  » 
suivant  Tallemant,  grand-père  de  celui  qui  figure  ici,  et 
comme  lui  président  des  comptes.  Il  y  eut  de  sa  part  en 
le  faisant  bâtir  un  peu  de  dépit  contre  Bretonvilliers,  par 
qui,  selon  Tallemant  encore,  il  s'étoit  laissé  enlever  la 
riche  héritière  Elisabeth  Perrot.  Vaincu  par  lui  sur  le  ter- 
rain du  mariage,  il  voulut  l'emporter  contre  lui  sur  un 
autre,  celui  des  constructions,  en  se  bâtissant  un  hôtel  plus 
beau  que  celui  que  Bretonvilliers  tenoit  de  son  père.  Il  n'y 
réussit  pas.  L'hôtel  Lambert,  tout  superbe  qu'il  fût,  avec 
ses  peintures  de  Romanelli,  de  Lebrun  et  de  Lesueur,  resta, 

Livre  commode.  5 


I 


66  Le  Livre  commojje. 

M.  Paris',  rue  neuve  Saint  Paul. 
M.  Rezé*,  rue  des  Bourdonnois. 
M.  Rossignol  3,  près  les  Filles  Saint  Thomas. 
M.  le  Vassan4,  rue  neuve  Sainte  Geneviève. 
M.  Brunet  de  MonferrantJ,  rue  des  Francs-Bour- 
geois. 


comme  magnificence  des  bâtiments,  étendue  et  point  de 
vue,  inférieur  à  son  voisin.  G.  Brice,  édit.  de  1701,  t.  I, 
p.  388-391,  en  a  donné  une  intéressante  description,  et  il 
existe,  sous  le  nom  de  galerie  Lambert,  une  collection  de 
gravures  de  Picard,  datées  de  1740,  qui  reproduisent  les 
peintures  qu'y  avoient  faites  Lebrun  et  Lesueur.  L'hôtel, 
qui  fut  plus  tard  la  propriété  du  fermier  général  Dupin,  où 
Voltaire  logea  avec  M"" du  Châtelet,  etc.,  appartient  aujour- 
d'hui, depuis  1842,  à  la  famille  Czartoriski. 

1.  Il  avoit  succédé  à  son  père,  l'un  des  députés  de  la 
Chambre  des  comptes  aux  conférences  de  Rueil,  pendant  la 
Fronde  {Gazette  de  France,  6  mars  1649). 

2.  De  la  même  famille  que  le  président  des  requêtes 
Bernard  de  Rezé,  que  nous  avons  vu  plus  haut. 

3.  Il  avoit  eu  sa  charge,  en  octobre  1688,  par  l'influence 
de  Louvois,  à  la  mort  de  M.  Dupré.  Il  étoit  fils  de  Rossi- 
gnol, qui  avoit  été  si  utile  à  Richelieu,  puis  à  Mazarin,  par 
sa  facilité  à  déchiffrer  les  écritures  secrètes.  {Historiettes  de 
Tallemant,  édit.  P.  Paris,  t.  II,  p.  33-34.)  Son  fils  avoit 
hérité  de  son  savoir.  «  C'étoit,  dit  Dangeau  (14  octobre 
1705),  à  l'époque  de  sa  mort,  le  plus  grand  déchiffreur  de 
l'Europe.  »  Peut-être  M.  Paulin  Paris  a-t-il  raison,  lorsque 
parlant  du  père,  qui  avoit  eu  si  bien  le  premier  la  clé  de 
toutes  les  écritures  cachées,  il  dit  :  «  Je  croirois  assez  que 
de  cet  habile  homme  vient  le  nom  de  rossignols,  donnés 
aux  clés  passe-partout.  »  Notes  sur  Tallemant,  t.  II,  p.  94. 

4.  Lisez  de  Vassan. 

j.  Il  avoit  acheté  une  des  nouvelles  charges  100,000  écus, 
«  comme  le  roi,  dit  Dangeau,  les  a  fixées.  »  Un  beau  por- 
trait de  lui  gravé  par  P.  Drevet,  d'après  F.  de  Troye,  se 
trouve  en  tête  des  Nouvelles  remarques,  ou  réflexions  criti- 
ques, morales  et  historiques,  par  l'abbé  Bordelon,  vol.  in- 
12  publié  en  1695,  qui  lui  est  dédié. 


Le  Livre  commode.  67 

M.  Gilbert',  rue  de  Torigny. 

M.  Tambonneau^,  rue  de  l'Université?. 


1.  Louis-Charles  Gilbert,  qui  occupoi*  cette  charge  de 
président  à  la  Chambre  des  Comptes,  depuis  1691.  Il  étoit 
fils  du  marchand  Gilbert,  qui  vendoit  du  drap,  près  des 
Saints  Innocents,  à  l'enseigne  des  Rats,  et  à  qui  sa  grosse 
fortune  avoit  valu  de  pouvoir  marier  sa  fille  Jeanne  au 
Conseiller  d'Etat,  Fleuriau  d'ArmenonvilIe,  dont  il  a  été 
parlé  plus  haut.  Ce  mariage  avoit  été  beaucoup  remarqué 
et  chansonné.  (V.  le  Chansonnier  ms.  de  Maurepas.  t.  VII, 
p.  43  et  275.)  Le  président  Gilbert  étoit  des  plus  entendus. 
Il  fit  notamment  un  rapport  célèbre,  qui  donna  gain  de 
cause  au  Roi  contre  le  duc  de  Bouillon  dans  un  important 
procès.  (Dangeau,  9  avril  171 5.)  H  étoit  aussi  fort  riche. 
En  1 70  j ,  son  fils  avoit  pu  acheter  5  5 ,000  livres  le  régiment 
de  Chamiliart. 

2.  Son  père,  auquel  il  succéda,  comme  président  des 
Comptes,  en  1684,  a,  dans  Tallemarit,  son  historiette,  où 
ni  lui  ni  sa  femme  ne  sont  fort  bien  traités.  (Edit.  P.  Paris, 
t.  VII,  p.  80,  etc.)  Le  fils,  avant  d'avoir  sa  charge,  avoit 
dès  1657  été  conseiller  au  Parlement,  puis  envoyé  extra- 
ordinaire à  Cologne,  et  ambassadeur  en  Suisse.  Il  mournt, 
ayant  environ  quatre-vingt-huit  ans,  au  mois  de  novembre 
1719. 

3.  Il  habitoit  o  cette  belle  maison  auprès  du  Pré  aux 
Ciers,  »  comme  dit  Tallemant,  que  Le  Vau  avoit  bâtie  pour 
son  père,  et  qu'on  voit  déjà  figurée,  en  1652,  sur  le  plan 
Gomboust.  Elle  est  décrite  par  G.  Brice  (édit.  de  1701, 
t.  11,  p.  267),  avec  son  ordre  dorique  en  pilastres,  sa  cour 
«  d'une  étendue  considérable,  p  ses  appartements  doubles, 
et  son  jardin  où,  ajoute  G.  Brice,  f  La  Quintinie  fameux 
jardinier  du  Roy  a  fait  son  apprentissage.  »  Tambonneau 
la  vendit  longtemps  avant  de  mourir.  En  février  1698,  il 
entra  en  marché  avec  M.  le  comte  de  Marsan,  et  après 
quelques  difficultés  à  propos  de  la  propriété  d'une  moitié 
de  jardin,  qui  sont  curieusement  racontées  dans  les  Annales 
de  la  Cour  et  de  Paris,  t.  1,  221,  l'affaire  s'arrangea 
Tambonneau  avoit,  paroît-il,  besoin  de  vendre.  Le  prix  fiit 
de  235,000  livres,  mais  l'on  calcula  qu'avec  les  réparations 
à  faire,  et  l'achèvement  de  quelques  parties,  l'hôtel  ne 
monteroit  pas  à  moins  de  100,000  écus  f^ Dangeau,  5  fév. 


68  Le  Livre  COMMODE. 

M.  Robert',  rue  Neuve  Saint  Augustin. 
M.  Larcher^,  Couture  Sainte  Catherine. 

La  Charge  d'Avocat  Général  vacante. 

Procureur  Général. 

M.  Rouillé?,  près  l'Hôtel  d'Angoulesme. 


1698).  En  1710,  le  comte  de  Marsan  le  vendit  à  M.  de 
Matignon.  Quatorze  ans  après  son  petit-fils,  le  prince  de 
Pons,  le  racheta,  et  le  garda  toute  sa  vie.  On  ne  la  démoli 
qu'en  1845,  pour  percer  la  rue  Neuve  de  l'Université,  dont 
le  nom  actuel  est  rue  du  Pré  aux  Clercs,  et  qui  par  sa 
longueur,  de  la  rue  de  l'Université  à  la  rue  Saint-Guillaume, 
permet  d'apprécier  ce  qu'étoit  l'étendue  de  ce  magnifique 
hôtel. 

1.  Louis  Robert  de  Fortille.  Nous  nous  étonnons  qu'il 
figure  ici,  car  il  avoit,  deux  ans  auparavant,  le  20  dé- 
cembre 1 690,  donné  démission  de  sa  charge  pour  payer  ses 
dettes,  à  la  suite  d'énormes  pertes  au  jeu.  (Dangeau,  20 
déc.  1690.)  C'étoit  un  des  plus  gros  joueurs  de  Paris.  On 
veut  que  La  Bruyère  l'ait  eu  en  vue  dans  le  7  5  "  Caractère 
de  son  chapitre  des  Biens  de  fortune  :  «  Mille  gens  se 
ruinent  au  jeu....  »  Un  jour,  chez  Lauzun,  il  avoit  perdu 
contre  le  prince  Philippe  dix  mille  pistoles  «  qu'il  paya, 
sans  vouloir  de  composition,  »  dit  Dangeau  (13  août  1686). 
Il  étoit  parent  de  Louvois,  dont  il  avoit  très-énerg'quement 
secondé  les  projets  en  Hollande,  comme  intendant  des  places 
conquises.  (C.  Rousset,  Hist.  de  Louvois,  t.  I,  p.  435.) 
L'Espine,  des  bâtiments  du  roi,  que  nous  trouverons  plus 
loin,  étoit  son  beau-père. 

2.  Pierre  Larcher,  marquis  d'Esternay,  qui  fut  président 
à  la  Chambre  des  Comptes,  de  16$ i  à  1700,  époque  où  il 
se  démit  en  faveur  de  son  fils.  Il  passoit  pour  avoir  été  le 
conseiller  de  la  princesse  de  Carignan,  pour  la  rédaction  de 
ce  fameux  testament  par  lequel  trois  de  ses  enfants  étoient 
déshérités. 

3.  Il  ne  quitta  cette  charge  qu'en  juin  1701,  pour  celle 
de  Directeur  des  finances,  moyennant  800,000  livres  payées 
au  Trésor.  Elle  venoit  d'être  créée  en  double.  Armenonville 
eut  l'une,  comme  on  l'a  vu  plus  haut.  Rouillé  eut  l'autre. 
Il  passoit  pour  ami  des  lettres.  Sénecé  lui  a  adressé  une  de 


Le  Livre  commode.  69 

Requesîes  de  l'Hôtel  du  Roy. 

M.  De  Fortia  ',  premier  Président,  rue  de  Baune, 
près  le  Pont  royal. 

Procureur  Général. 

M.  Maboulle*,  rue  de  Sorbonne. 

COURS   DES  MONNOYES. 

Premier  Président. 

M.  Colignon  de  ChampignyJ,  rue  S.  Thomas  du 
Louvre. 

Autres  Présidens. 

M.  Cousin 4,  rue  de  Guenegaud. 

M.  Feydeau,  Isle  Notre  Dame. 

M.  de  Lochefontaine,  rue  de  Guénégaud. 

ses  épigrammes  qui  finit  ainsi  : 

A  vous  qui  reconciliez 

Les  Muses  avec  les  finances. 

1 .  Bernard  de  Fortia,  doyen  des  maîtres  des  requêtes  de 
l'Hôtel.  Il  mourut  le  20  oaobre  1694. 

2.  Il  occupoit  cette  charge,  depuis  vingt  ans,  par  la  ces- 
sion que  lui  en  avoit  faite  Nicolas  Foucault,  qui  en  parle 
ainsi  dans  ses  Mémoires  (in-4'',  p.  16)  :  t  1672.  Le  i"  jan- 
vier, j'ai  passé  ma  procuration  ad  resignandum  de  la  charge 
de  procureur  général  des  requêtes  .de  l'hôtel  à  M.  Maboul, 
en  exécution  du  traité  fait  avec  lui  de  ladite  charge,  moyen- 
nant 78,000  livres,  dont  il  s'est  obligé  à  payer  j8,ooo  livres 
comptant.  Le  même  jour,  je  lui  ai  rendu  les  provisions  en 
main.  1 

j.  Il  venoit  de  succéder  à  son  père  Nicolas  Cottignon  — 
et  non  Colignon  —  de  Chauvry,  mort  le  22  mars  1692,  à 
8}  ans,  et  qui  cumuloit  cette  charge  à  la  Cour  des  Mon- 
noies,  avec  celle  de  généalogiste  du  roi. 

4.  Louis  Cousin,  que  ses  traductions  des  principaux  au- 
teurs byzantins  publiées  sous  différents  titres,  de  1672  à 


70  Le  Livre  commode. 

M.  Hourlier',  Porte  Saint  Michel. 
M,  le  Vacher,  à  l'Arsenac. 
M.  Desbiais,  rue  Sainte  Avoye. 
M.  Faudet^,  rue  Barbette. 

Avocats  Généraux. 

M.  Guillaine,  rue  d'Enfer. 
M.  Hurez,  rue  Quinquempoix. 

Procureur  General. 

M.  de  Selles,  rue  des  fossez  Montmartre. 

AMIRAUTÉ. 

M.  le  Comte  de  Thoulouse,  Grand  Amiral  en 

Cour. 

Les  Charges  de  Lieutenants  Généraux  et  Par- 
ticuliers, de  Conseillers  et  d'Avocats  du  Roy, 
vacantes. 
M.  Jacob,  Procureur  du  Roy,  rue  Perdue. 

CHASTELET. 

Prévost  de  Paris  i. 


1685,  firent  nommer  de  l'Académie  françoise,  le  19  mai 
1697.  Il  mourut  en  mars  1707. 

1 .  Claude  Hourlier,  que  nous  trouverons  plus  loin,  bailli 
du  Palais. 

2.  Lisez  Faudel.  Il  avoit  épousé  la  fille  de  Zacharie 
More!,  maître  de  la  Chambre  aux  deniers.  Suivant  les  Clés 
de  La  Bruyère,  c'est  à  ?a  femme  qu'il  seroit  fait  allusion 
dans  le  28°  Caractère  du  chapitre  de  Quelques  usages  :  «  la 
fille  d'Aristippe  est  malade...  »  Le  président  Faudel  mou- 
rut en  septembre  1707. 

3.  Le  prévôt  de  Paris  y  étoit  le  représentant  de  l'auto- 
rité et  de  la  justice  royale,  mais  depuis  la  création  de  la 


I 


Le  Livre  commode.  71 

M.  de  Bullion',  rue  Platrière^. 
Lieutenant  Civil. 
M.  le  Camus  î,  rue  de  Paradis. 

Lieutenance  de  police  en  1666,  sa  charge  s'y  étoit  singu- 
lièrement amoindrie. 

1 .  Le  marquis  de  Bullion,  fils  du  surintendant  Claude  de 
Bullion,  qui  s'étoit  fait  sous  Richelieu  une  si  grosse  fortune. 
Le  marquis  avoit  prêté  serment  au  Parlement,  comme 
prévôt  de  Paris,  le  22  mai  1685.  Cette  charge  rapportoit 
8,000  livTes,  il  l'avoit  payée  50,000  écus.  Toute  diminuée 
qu'elle  fût,  elle  avoit  son  importance,  surtout  comme  pres- 
tige d'autorité  :  t  les  arrêts  du  Châtelet,  écrit  Dangeau 
(20  octobre  1684),  se  rendent  au  nom  du  prévôt  de  Paris, 
et  le  lieutenant  civil  est  à  son  égard  ce  que  sont  les  lieu- 
tenants généraux  dans  les  présidiaux,  à  l'égard  du  grand 
bailli  ou  du  sénéchal  de  la  Province.  »  Le  marquis  de 
Bullion  mourut  fou,  en  172 1,  dans  une  de  ses  maisons  de  la 
Beauce,  oii  on  l'avoit  enfermé.  <  Un  de  ses  cadets,  écrit 
Saint-Simon,  étoit  dès  lors  prévôt  de  Paris,  sur  sa  démis- 
sion, »  {Mémoires,  in-i8,  t.  XI,  p.  397.) 

2.  Il  habitoit  l'hôtel  que  Le  Vau  avoit  bâti  pour  Claude 
de  Bullion,  de  1650  à  1634,  et  qui  existe  encore  en  partie 
au  n*  3  de  la  rue  Jean-Jacques  Rousseau,  ancienne  rue 
Platrière.  On  y  lit  toujours  au-dessus  de  la  porte  :  Hôtel 
Bullion.  Il  fut  longtemps  un  des  plus  beaux  du  quartier  et 
des  environs.  {V.  notre  Histoire  de  la  Butte  des  Moulins, 
p.  95.)  Il  perçoit  jusqu'à  la  rue  Coq- Héron.  C'est  même  de 
ce  côté-là  que  s'en  trouvoient  la  galerie  basse,  avec  sa 
série  des  douze  mois  peinte  par  Blanchard,  et  la  galerie 
haute,  où  Simon  Vouet  avoit  peint,  en  1634,  les  aventures 
d'Ulysse.  Cette  partie  fut  détachée  de  l'hôtel  dans  la 
seconde  moitié  clu  xviii'  siècle.  La  loge  maçonnique  de 
Saint  Jean  d'Ecosse  s'y  établit  en  1779,  dans  la  galerie 
même  de  Vouet,  qui  étoit  encore  très-bien  conservée. 
L'autre  partie,  sur  la  rue  Platrière,  étoit  devenue  ce 
qu'elle  resta  longtemps,  presque  jusqu'à  nos  jours  :  l'hôtel 
des  ventes.  De  nombreux  locataires  l'occupoient.  On  voyoit 
entre  autres  écriteaux  sur  la  porte,  en  1789,  suivant  le 
Provincial  à  Paris  (Quartier  du  Louvre,  p.  1 34)  :  f  M.  Taima 
dentiste.  »  C'étoit  le  père  du  grand  tragédien. 

3.  Frère  du  président  à  la  Cour  des  aides,  dont  nous 


72  Le  Livre  commode. 

Lieutenant  General  de  Police. 
M,  de  la  Reynie',  rue  du  BouUoy. 
Lieutenant  Criminel. 
M.  d'Effila^,  rue  de  la  Verrerie. 


avons  parlé  plus  haut.  Il  avoit  commencé  par  être  maître 
des  requêtes,  puis  intendant  d'Auvergne.  C'est  depuis  le 
4  septembre  1671  qu'il  étoit  lieutenant  civil.  Lorsqu'en 
1684  les  juridictions  du  grand  et  du  petit  Châtelet,  qui 
avoit  aussi  son  lieutenant  civil,  furent  réunies,  sa  charge, 
devenue  plus  importante,  puisqu'elle  restoit  seule,  lui  fut 
conservée.  C'étoit,  suivant  Saint-Simon,  un  fort  honnête 
homme,  mais,  ajoute-t-il  (t.  V,  p.  342),  «  glorieux  à  un 
point  qu'on  en  rioit,  et  qu'on  en  avoit  pitié.  »  Il  étoit  frère 
du  premier  président  de  la  Cour  des  Aides,  et  du  cardinal 
Le  Camus,  et  quand  il  disoit  :  «  Mon  frère  le  Cardinal,  » 
il  se  rengorgeoit  que  c'étoit  un  plaisir. 

"i.  La  charge  de  Lieutenant  de  police  avoit  été  créée  pour 
lui  en  1666.  Il  l'occupa  jusqu'à  ce  qu'en  1697  le  roi  l'en 
eût  déchargé  sur  sa  demande.  Il  ne  garda  que  la  place  de 
Conseiller  d'Etat,  qu'il  avoit  depuis  1680.  Il  étoit  né  à 
Limoges  le  25  mai  1625,  de  Nicolas  de  la  Reynie,  qui 
depuis  j6o8  y  étoit  conseiller  du  roi  en  la  sénéchaussée 
et  siège  présidial.  Lui-même  commença  dans  un  présidial, 
celui  de  Bordeaux,  où  il  fut  président  en  1646.  Il  devint 
ensuite  Maître  des  requêtes,  en  1661,  puis  enfin,  cinq  ans 
après,  lieutenant  de  police.  Il  mourut  le  24  juin  1709,  à 
quatre-vingt-quatre  ans.  Il  fut  enterré  sans  aucune  pompe, 
au  petit  cimetière  Saint-Joseph,  «  ainsi  qu'il  l'avoit  de- 
mandé. »  {Mercure,  juin  1709,  p.  297.) 

2.  Lisez  Deffita.  Il  avoit,  en  1666,  succédé  dans  cette 
charge  à  Tardieu,  si  fameux  par  son  avarice,  et  dont  Boileau 
a  rappelé  l'assassinat  dans  sa  X'  satire.  Deffita,  qui  avoit 
d'abord  été  procureur  du  roi  des  requêtes  de  l'hôtel,  charge 
qu'il  céda  à  Nicolas  Foucault,  pour  devenir  lieutenant  cri- 
minel, conserva  ce  dernier  emploi  jusqu'à  sa  mort  à  la  fin 
de  novembre  1700.  Nicolas  Le  Comte  lui  succéda  le  i" 
février  suivant. 


Le  Livre  commode.  yj 

LUutenans  Particuliers. 

Mfs  du  Martray  • ,  rue  du  Mail,  et  Pasquier,  rue 
Bourlabbé. 

Lieutenant  Criminel  de  Robe  Courte. 

M.  Bachelier  du  Moncel,  rue  de  Clery, 

Prévost  de  l'Isle  de  France^. 

M.  Francine  de  Grand  Maison?,  rue  des  Prou- 
vaires. 

Chevalier  du  Guet. 
M.  Chopin,  rue  de  la  Verrerie. 
Juge  Auditeur. 
M.  Testebone,  rue  Saint  Antoine. 
Avocats  du  Roy. 

M.  Brochard,  rue  Haute-fueille. 
M.  Leschassier4,  rue  du  Jardinet. 
M.  Mallet,  rue  Neuve  Saint  Mederic. 

1.  Il  étoit  gendre  de  Félix,  premier  chirurgien  du  roi, 
qui  lui  fit  avoir  en  1699  une  pension  de  500  écus.  (Dan- 
geau,  17  octobre  1684,  et  14  juillet  1699.) 

2.  C'étoit  le  titre  que  prenoit  le  prévôt  des  maréchaux, 
dont  la  juridiction  s'étendoit  sur  toute  l'Ile  de  France.  Un 
autre  prévôt  siégeoit  à  Melun,  pour  le  reste  de  la  généralité 
de  Paris. 

3.  Il  étoit  frère  de  Francine,  qui  avoit  épousé  une  sœur 
de  LuUi,  et  qui  devint,  après  celui-ci,  direaeur  de  l'Opéra. 
Francine  de  Grandmaison  se  démit  de  sa  charge  en  faveur 
de  son  fils,  qui  la  céda  lui-même,  mais  fort  tard,  en  171 8. 
«  Suivant  l'usage,  écrit  Dangeau  (12  novembre  171 8),  son 
successeur  fut  installé  à  la  table  de  marbre  par  MM.  les 
maréchaux  de  France.  » 

4.  Il  étoit  frère  du  supérieur  du  séminaire  de  Saint-Sul- 
pice,  et  de  M"'  Lechassier  dont  nous  avons  vu  plus  haut 
les  grandes  aumônes,  il  mourut  à  84  ans,  le  12  août  172;. 


74  Le  Livre  commode. 

Procureur  du  Roy. 
M.  Robert',  rue  Sainte  Avoye. 

PREVOSTÉ   de   l'HOSTEL   DU    ROY». 

Grand  Prévost. 
M.  de  Sourchesî,  rue  de  l'Université. 
Lieutenans  Généraux. 

M.  Barbier,  cul  de  Sac  Saint  Sauveur. 
M.  Cornu  de  Noyon,  rue  Poupée. 
Procureur  du  Roy. 
M.  Colinet,  prés  Saint  Gervais. 

1 .  Claude  Robert.  Il  étoit  depuis  longtemps  attaché  à  la 
juridiction  du  Châtelet,  où  il  avoit  commencé  par  être  lieu- 
tenant particulier.  Il  y  a  deux  lettres  de  lui  dans  la  Cor- 
respondance des  contrôleurs  généraux,  publiée  par  M.  de 
Boislisle. 

2.  Tribunal  que  présidoit  le  grand  prévôt.  Il  jugeoit  les 
délits  et  procès  survenus  entre  les  gens  de  cour,  et  de  plus 
tous  les  crimes  commis  à  Paris,  lorsque  le  roi  y  résidoit. 

3.  Louis -François  du  Bouchet,  marquis  de  Sourches,  avoit 
eu  de  son  père  la  survivance  de  la  grande  prévôté,  le 
15  septembre  1649.  Il  fut,  avant  d'en  être  titulaire,  con- 
seiller d'Etat,  colonel  du  régiment  d'infanterie  qui  portoit 
son  nom,  major  général  de  M.  de  Luxembourg  en  Hollande, 
gouverneur  du  Maine  et  du  Perche,  il  se  démit  de  la 
grande  prévôté,  le  2j  août  1714,  en  faveur  de  son  fils,  et 
mourut  le  4  mars  17 16.  U  a  laissé  des  Mémoires  qui  sont 
du  Dangeau  développé  et  du  Saint-Simon  éteint.  Le  troi- 
sième volume,  qui  comprend  les  années  1685  et  1686,  a 
seul  été  publié  en  1836  par  M.  Adelhm  Bernier,  d'après  le 
manuscrit  trouvé  par  lui  un  peu  auparavant,  et  qui  prove- 
noit  de  la  bibliothèque  du  président  Roland,  vendue  en  1834. 
Le  reste  existe  au  château  de  Sourches,  propriété  du  duc 
Descars. 


Le  Livre  commode.  75 

CHAMBRE  DU   TRÉSOR. 

Lieutenant  General. 
M.  Vigneron,  rue  Jean  Lointier. 

Procureur  du  Roy. 
M.  le  Sec  de  Saint  Martin,  rue  de  la  Harpe. 

CONNESTABLIE   ET    MARESCHAUSSÉE. 

Lieutenant  General. 

M.  de  Ladarel,  rue  du  Puis,  près  les  Blancs 
Manteaux. 

Lieutenant  Particulier. 

M.  Favart,  rue  Saint  Honoré. 

Procureur  du  Roy. 

M.  de  la  Fond,  rue  Saint  Martin. 

HOSTEL  DE  VILLE. 

Prévost  des  Marchands. 
M.  de  Fourcy  ',  rue  du  Jour». 
Eschevinsi. 
M.  de  la  Leu4,  rue  Saint  Denis. 

1.  Le  même  que  nous  avons  vu  plus  haut  parmi  les  con 
seillers  d'Etat  de  semestre. 

2.  Lisez  rue  de  Jouy,  comme  plus  haut,  p.  $1. 

3.  Il  y  en  avoit  seize  et  non  pas  quatre  seulement.  Ceux 
qui  suivent  ne  figurent  ici  que  parce  qu'ils  avoient  été  les 
derniers  élus  en  1690  ou  1691. 

4.  Il  étoit  conseiller  du  Roi  et  notaire  au  Châtelet.  L'une 


M 


76  Le  Livre  commode. 

M.  Tardif',  rue  Saint  Honoré. 
M.  Chauvin*,  rue  Saint  Denis. 
M.  SavaletteJ,  rue  Saint  Antoine. 
Procureurs  du  Roy. 
Titon,  rue  Sainte  Avoye. 
M.  Girard  Substitud,  Quay  Pelletier. 

juge  et  consuls  des  marchands. 

Grand  Juge. 
M.  Clerambault,  rue  Jean  Loinctier. 

Consuls. 
M.  Rosseau,  Chevalier  du  Guet. 
M.  Arnot,  rue  Saint  G.  Lauxerrois. 
M.  Convert,  Quay  des  Orfèvres. 
M.  la  Roze,  rue  de  la  Cossonnerie;  lesquels  Juge 
et  Conseils  seront  chargez  le  27  Janvier  de  la 
présente  Année  1 692 . 

EAUX  ET  FORESTS. 

Lieutenant  General. 
M.  Brachet,  rue  Saint  Martin. 

de  ses  filles  épousa  le  fermier  général  Dupleix  de  Bacquan- 
court,  et  l'autre  Verani  de  Varennes,  receveur  des  tailles 
de  l'élection  de  Montdidier.  (Mercure,  sept.  1734,  p.  2089.) 

1.  Il  étoit,  de  plus,  conseiller  de  ville.  Son  élection  da- 
toit  de  1691. 

2.  Son  titre  de  quartenier,  c'est-à-dire  d'officier  de  po- 
lice, chargé  de  faire  respecter  dans  son  quartier  l'autorité 
municipale,  ne  l'avoit  pas  empêché,  ce  qui  étoit  rare,  à 
cause  du  double  emploi,  d'arriver  à  l'échevinage,  en  1690. 

3.  Notaire  au  Châtelet.  Il  étoit  fils  du  fameux  vinaigrier 
de  la  rue  Beaubourg,  Savalette,  dont  l'histoire  un  peu 
arrangée  par  Le  Noble,  dans  son  Gage  touché,  1711,  in-12, 
p.  83,  servit  de  sujet  à  Mercier  pour  sa  pièce,  la  Brouette 
du  Vinaigrier. 


Le  Livre  commode.  77 

Lieutenant  Particulier. 
M.  Goupy,  rue  Sainte  Avoye. 

Avocat  General. 
M.  de  l'Hommeau,  vieille  rue  du  Temple. 

Procureur  General. 
M.  Menard,  rue  Perdue. 

ELECTION'. 
Président. 
M.  de  Chevriere,  rue  Saint  André. 
Procureur  du  Roy. 
M.  de  Chenedé^,  rue  des  Billettes. 

BAILLIAGE    DU    PALAIS. 

Bailly. 
M.  HourlierJ,  porte  Saint  Michel. 

1 .  Juridiction  des  Elus,  c'est-à-dire  des  magistrats,  char- 
gés par  voie  d'éleaion  d'assister  les  commissaires  royaux 
dans  !a  levée  des  Aides,  et  la  répartition  des  Tailles.  Ils 
avoient  en  outre  la  garde  des  deniers  qui  en  provenoient. 
Les  pays  d'Etat  n'avoient  pas  d'Élus ,  aussi  appeloit-on, 
pour  les  distinguer,  pays  d'Élection  ceux  qui  en  avoient. 
Paris  figuroit  dans  le  nombre,  avec  un  personnel  considé- 
rable :  un  président,  un  lieutenant,  un  assesseur,  vingt 
conseillers,  un  avocat  du  Roi  et  un  procureur  du  Roi,  un 
substitut  et  un  greffier  en  chef.  Les  deux  principaux  de 
cette  magistrature  figurent  seuls  ici. 

2.  Joachim  de  Chénedé,  qui,  après  avoir  été  conseiller 
au  présidial  d'Angers,  et  maire  de  la  ville,  fut  successive- 
ment conseiller,  avocat  et  procureur  du  Roi,  en  l'Élection 
de  Paris.  Il  avoir  épousé  la  fille  de  Bachelier,  premier  valet 
de  la  garde-robe  du  Roi.  il  mourut  le  8  avril  1694. 

3.  Claude  Hourlier,  que  nous  avons  vu  plus  haut  prési- 


yS  Le  Livre  commode. 

Procureur  du  Roy. 
M.  Robert,  rue  Sainte  Avoye. 

MASSONNERIE. 

Lieutenant  General. 
M.  de  l'Espine  ',  prés  Saint  Roch. 

SCEANCES  DES  TRIBUNAUX, 

ET   JURISDICTIONS    DE   PARIS. 

Les  Tribunaux  sont  au  dedans,  ou  hors  de 
l'enclos  du  Palais. 

Ceux  qui  sont  dans  l'enclos  du  Palais,  sont  le 
Parlement,  la  Chambre  des  Comptes,  la  Cour 
des  Aydes,  la  Cour  des  Monnoyes,  l'Amirauté, 
les  Requestes  de  l'Hôtel,  les  Requestes  du  Pa- 
lais, la  Chancellerie  du  Palais.  Le  Bureau  des 
Trésoriers  de  France,  la  Chambre  Souveraine, 
des  Décimes,  l'Amirauté,  la  Table  de  Marbre, 
Eaux  et  Forests,  la  Chambre  du  Trésor,  l'Elec- 

dent  de  la  Cour  des  Monnoies.  Il  avoit,  comme  bailli  du 
Palais,  droit  d'inspections  sur  toutes  les  boutiques  qui  s'y 
trouvoient,  entre  autres  celles  des  libraires  du  perron  de  la 
Sainte-Chapelle,  et  des  galeries  Mercière  et  des  Prisonniers. 
C'est  ce  qui  fait  comprendre  pourquoi  Thomas  Quinet,  à 
qui  Molière  avoit  cédé  son  privilège  pour  la  publication  du 
Dépit  amoureux,  le  dédia  à  M.  Hourlier.  Celui-ci  mourut 
en  juillet  1700. 

I.  Beau-père  du  président  Robert,  dont  il  a  été  parlé 
plus  haut.  Il  avoit,  en  1667,  donné  «  l'avis  et  plan  pour 
l'aplanissement  de  la  Butte  des  Moulins  ou  Saint  Roch,  » 
ce  qui  lui  avoit  permis  de  s'y  faire  une  belle  part  dans  les 
terrains  à  construire.  {V.  notre  Histoire  de  la  Butte  des 
Moulins,  1877,  in-18,  p.  81,  84.) 


Le  Livre  commode.  79 

tien,  le  Bailliage  du  Palais  '  et  la  Maçonnerie. 

Ceux  qui  sont  hors  l'enclos  du  Palais  sont,  le 
grand  Conseil  du  Roy,  et  la  Prevosté  de  l'Hôtel 
de  Sa  Majesté,  qui  tiennent  leurs  Séances  à 
l'Hôtel  d'Aligre,  rue  Saint  Honoré,  et  rue 
Bailleul^ 

Les  Prévost  des  Marchands  et  Eschevins,  qui 
ont  leur  siège  à  l'Hôtel  de  Ville. 

Les  Juge  et  Consuls  des  Marchands,  qui 
tiennent  leurs  Audiances  au  Cloitre  Saint  Me- 
dericî. 

La  Jurisdiction  des  Poudres  et  Artillerie,  et 
celle  de  la  Chambre  Royale,  qui  se  tiennent  à 
l'Arsenal. 

La  Justice  des  Garennes  et  Chasses,  qui  se 
tient  aux  Galleries  du  Louvre. 

Celle  des  Officiers  du  Grenier  à  Sel,  qui  ont 
leur  siège  au  Carrefour  des  trois  Maries. 

L'Officialité,  la  Justice  Notre-Dame,  la  Tem- 
poralité et  la  Chambre  de  Jurisdiction  de  M.  le 


1.  L'Almanach  royal,  pour  1702,  p.  65,  ajoute  id  :  c  la 
Bazoche,  qui  est  la  juridiction  des  clercs.  » 

2.  Le  grand  Conseil  dut  quitter,  sous  Louis  XV,  l'hôtel 
d'Aligre  qui  menaçoit  ruine.  Il  fut  alors  installé  au  Louvre, 
dans  la  partie  qui  longe  le  jardin  de  l'Infante.  Il  ne  reste 
de  l'hôtel  d'Aligre,  rue  Saint- Honoré,  qu'une  cour,  qui  la 
met  en  communication  avec  la  rue  Bailleul,  et  qu'on  appelle 
passage  d'Aligre. 

}.  C'est-à-dire  Saint-Merry.  La  maison  des  Juges  Con- 
suls, qui  servit,  après  eux,  au  Tribunal  de  Commerce,  jus- 
qu'à ce  qu'on  l'eût  transféré  à  la  Bourse,  existe  encore  en 
partie  dans  la  rue  du  Cloître,  telle  qu'elle  avoit  été 
reconstruite  sous  Louis  XV.  M.  de  Crissé  dans  ses  Souvenirs 
du  vieux  Paris,  1836,  in-fol.,  pi.  26,  a  donné  une  lithogra- 
phie exacte  de  l'escalier  qui  en  est  le  reste  le  plus  curieux. 


8o  Le  Livre  commode. 

Chantre,  qui  se  tiennent  à  l'Archevêché  et  au 
Cloitre  Notre  Dame. 

Enfin  la  Justice  du  Temple,  et  celle  de  saint 
Jean  de  Latran,  qui  se  tiennent  dans  les  enclos 
de  ces  deux  Prieurez  ■. 

L'Ouverture  du  Parlement  se  fait  le  lendemain 
de  la  Saint  Martin,  auquel  jour  la  Cour  après 
avoir  assisté  en  Robes  rouges  à  la  Messe  solen- 
nelle qui  se  dit  dans  la  grand'  Salle  du  Palais  *, 
reçoit  le  Serment  des  Avocats  et  Procureurs. 

Messieurs  les  Avocats  Généraux,  font  leurs 
harangues  à  la  Cour  le  Lundi  de  la  huitaine 
franche  d'après  la  Saint  Martin. 

Les  Mercuriales?  se  font  par  M.  le  Procureur 
Général,  le  même  jour  et  le  lendemain  de  la 
Quasimodo. 

Depuis  Pâques  jusqu'aux  Vacations  qui  arri- 
vent le  sixième  Septembre,  lors  qu'une  Fête 
arrive  le  Jeudi  on  plaide  le  Vendredi  à  la  grand 
Chambre. 

1 .  L'enclos  de  Saint-Jean  de  Latran,  siège  de  la  comman- 
derie  des  Hospitaliers  de  Saint-Jean,  quirelevoit  de  l'ordre 
de  Malte,  se  trouvoit  place  Cambray,  en  face  du  Collège 
de  France,  et  s'étendoit  jusqu'à  la  rue  Saint-Jean  de 
Beauvais,  où  étoit  la  Chapelle.  La  Tour  d'entrée  qui  étoit 
sur  la  place  et  qu'on  appela  dans  les  derniers  temps  Tour 
Bichaî,  du  nom  du  célèbre  médecin  qui  s'y  étoit  fait  un 
cabinet  pour  ses  expériences  anatomiques,  n'a  été  détruite 
qu'en  i8j5. 

2.  L'autel  de  Saint-Nicolas,  qui  étoit,  en  effet,  dans  la 
Grand'salle,  et  où  l'on  disoit  chaque  jour  la  messe. 

3.  C'est  ce  que  nous  appelons  discours  de  rentrée.  Il  ne 
faut  pas  les  confondre  avec  les  anciennes  mercuriales,  que 
le  Procureur  général  avoit  le  droit  d'adresser,  dans  les 
assemblées  du  mercredi  —  leur  nom  en  étoit  venu  —  comme 
observations  et  remontrances  aux  Magistrats  sur  leur  con- 
duite, et  la  façon  dont  ils  administroient  la  justice. 


Le  Livre  commode.  8i 

Tous  les  jours  ouvrables  depuis  la  Saint  Mar- 
tin jusqu'au  Carême,  la  Cour  se  levé  le  matin  à 
10  et  de  relevée  à  quatre  heures. 

Pendant  le  Carême  et  jusqu'à  la  fin  du  Parle- 
ment, elle  se  levé  le  matin  à  onze  heures,  et  de 
relevée  à  cinq. 

Le  Mardi-gras,  le  Vendredi  de  l'Octave  de 
Pâques,  et  le  jour  de  la  saint  Nicolas  '  en  Mai, 
la  Cour  se  levé  le  matin  à  neuf  heures  et  n'entre 
point  de  relevée  2. 

Nosseigneurs  de  la  grand  Chambre  du  Parle- 
ment, tiennent  les  grandes  Audiances  de  Robes 
rouges  sur  les  hauts  Sièges,  les  Lundis,  les  Mar- 
dis, et  les  Jeudis,  depuis  huit  heures  du  matin 
jusqu'à  dix;  et  celles  de  Robes  noires  de  relevée 
les  Mardis  pour  les  causes  du  Rôle,  et  les  Ven- 
dredis pour  celles  des  PlacetsJ. 

Les  Audiances  ordinaires  de  la  grand  Chambre 
qui  se  tiennent  sur  les  bas  Sièges  en  Robes  noires, 
sont  données  les  Mercredis,  Vendredis,  et  Same- 
dis, outre  les  petites  Audiances  qui  se  donnent 
tous  les  jours  à  l'exception  des  Lundis  depuis 
sept  jusqu'à  huit  heures  du  matin. 

Nosdits  Seigneurs  donnent  encore  Audiance 
à  la  Toumelle  civile  tous  les  jours  depuis  dix 
heures  jusqu'à  midi  ;  à  la  grande  Toumelle  cri- 
minelle le  samedi,  et  à  la  petite  Toumelle  crimi- 


1 .  C'étoit  un  patron  très-fêté  au  Palais,  où  nous  venons 
de  voir  qu'il  avoit  son  autel  dans  la  Grand'salle. 

2.  VAlmanach  royal  de  1702,  p.  66-67,  après  avoir 
donné  ce  détail,  ajoute  :  *  Delà  vient  le  proverbe  :  Quand 
la  Cour  se  lève  matin,  elle  dort  l'aprés  dînée.  » 

5.  Le  placet  étoit  une  démarche  succincte,  par  écrit, 
pour  obtenir  justice.  Le  mot  vient  du  latin  placere,  plaire. 

Livre  commode.  6 


82  Le  Livre  commode. 

nelle  le  Mercredi,  et  le  Vendredi  depuis  8  jusqu'à 
dix  heures  '. 

Les  Audiances  de  la  première  et  de  la  deuxième 
Chambre  des  Enquestes,  se  tiennent  le  Mercredi 
et  le  Samedi,  celles  de  la  cinquième  les  Lundis 
et  Jeudis,  et  celles  de  la  quatrième  le  Mardi  et 
le  Vendredi. 

Nosseigneurs  les  gens  du  Roy,  tiennent  tous 
les  matins  leurs  Audiances  au  Parquet  où  ils 
jugent  les  affaires  qui  leurs  sont  renvoyées,  les 
conflits  d'entre  les  Chambres  du  Parlement,  etc. , 
et  où  Nosseigneurs  les  Avocats  Généraux  pren- 
nent communication  par  les  Avocats  et  Monsei- 
gneur le  Procureur  Général  parles  Substituts  de 
toutes  les  affaires  dans  lesquelles  ils  doivent 
conclure. 

La  Toumelle  où  M^s  les  Avocats  Généraux 
vont  alternativement  de  trois  en  trois  mois  est 
composée  de  six  Conseillers  de  la  Grand  Chambre, 
et  de  huit  des  Enquestes  ;  c'est  de  quoi  M^^  les 
Doyens  de  la  Grand  Chambre  et  de  la  première 
Chambre  des  Enquêtes  se  peuvent  dispenser. 

Tous  les  jours  ouvrables  ausquels  il  n'y  a 
point  d'Audiances  de  relevée  excepté  la  veille 
de  la  Fête  Dieu  et  la  veille  de  la  Notre  Dame 
d'Aoust,  la  Cour  juge  de  Commissaires  les  Pro- 
cez  de  Rapport. 

I .  On  appeloit  ces  juridictions  tournelles,  parce  qu'elles 
avoient  d'abord  été  établies  au  Palais  dans  les  deux  tours 
jumelles  qui  flanquent  l'entrée  de  la  Conciergerie  sur  le 
Quai.  Sauvai  (t.  m,  p.  407)  donne  l'extrait  d'un  compte 
de  1472  où  on  lit  :  «  A...  charpentier,  pour  la  réparation 
par  lui  faite  en  deux  tournelles  estant  au  Palais  du  côté  de 
la  rive  de  la  Seine,  l'une  appelée  la  Toumelle  civile,  et 
l'autre  la  Toumelle  criminelle.  » 


Le  Livre  commode.  85 

La  Séance  de  Grâce  pour  les  Prisonniers,  se 
tient  la  surveille  de  Noël,  le  Mardi  de  la  Semaine 
Sainte,  la  surveille  de  la  Pentecôte,  la  veille  de 
la  Saint  Simon  Saint  Jude. 

Le  premier  Rolle  qui  se  plaide  est  pour  la 
Province  de  Vermandois,  il  commence  après  la 
Saint  Martin  et  finit  au  dernier  Décembre. 

Celui  du  Bailliage  d'Amiens  va  jusques  au 
quinze  Janvier,  et  celui  du  Bailliage  de  Senlis 
jusqu'à  la  fin  du  même  mois. 

Le  Roplle  de  Paris  commence  après  la  Chan- 
deleur, et  continue  tout  le  Carême,  quelque  fois 
même  après  Pâques,  au  gré  de  Monseigneur  le 
premier  Président. 

Le  Roolle  de  Champagne  et  de  Brie,  com- 
mence après  la  Quasimodo  et  finit  en  Mai,  quel- 
ques fois  au  commencement,  d'autres  fois  au 
quinze  et  souvent  à  la  fin. 

Le  Roolle  de  Poitou  se  plaide  pendant  le  reste 
de  Mai,  et  tout  le  mois  de  Juin. 

Le  Roolle  de  Lion,  pendant  la  première  quin- 
zaine de  Juillet. 

Le  Roole  de  Chartres  dure  le  reste  des  Plai- 
doiries, excepté  les  deux  derniers  jours  dont  l'un 
est  pour  le  Roolle  d'Angoumois,  et  l'autre  pour 
les  présentations. 

Les  Lundis  et  Mardis  on  plaide  du  Roolle 
ordinaire  des  Provinces  et  Bailliages,  les  Jeudis 
matins  et  les  Mardis  et  Vendredis  de  relevée  du 
Roolle  extraordinaire. 

Nosseigneurs  des  Requestes  de  l'Hôtel  du 
Roy,  et  Nosseigneurs  des  Requestes  du  Palais, 
donnent  leurs  Audiances,  les  Lundis  et  Jeudis, 
depuis  dix  heures  du  matin  jusqu'à  midi,  et  les 


84  Le  Livre  commode. 

Mardis  et  Vendredis,  depuis  deux  heures  de  re- 
levée jusqu'à  cinq  '. 

Les  Audiances  de  la  Chancelerie  du  Palais 
tiennent  les  Mercredis  et  Samedis  du  matin. 

Nosseigneurs  du  grand  Conseil  du  Roy,  don- 
nent Audiance  les  Lundis,  Mardis,  Jeudis  et 
Vendredis,  depuis  neuf  heures  jusqu'à  midi,  et 
jugent  les  Procez  de  Rapport  les  Mercredis  et 
Samedis,  pendant  que  Nosseigneurs  les  gens  du 
Roy,  jugent  au  Parquet  les  affaires  qui  leurs  sont 
envoyées,  et  prennent  communication  les  autres 
jours  des  affaires  dans  lesquelles  ils  doivent  con- 
clure. 

Nosseigneurs  de  la  Chambre  des  Comptes 
tiennent  tous  les  jours  leurs  Audiances  depuis 
neuf  heures  du  matin  juqu'à  onze,  et  de  relevée 
depuis  deux  heures  jusqu'à  cinq. 

Nosseigneurs  de  la  Cour  des  Aydes,  donnent 
leurs  Audiances  en  la  première  Chambre,  les 
Lundis,  Mardis,  Jeudis,  et  Vendredis^  et  dans 
la  deuxième  et  troisième  Chambre  les  Mercredis, 
Vendredis  et  Samedis. 

Les  Plaidoiries  du  Roolle  ordinaire  de  la  Cour 
des  Aydes,  sont  les  Mercredis  et  Vendredis  ma- 
tin, et  pour  l'extraordinaire  le  Lundi  de  relevée 
depuis  le  mois  de  Décembre  jusqu'à  la  fin 
de  Mai. 


I.  «  A  compter,  lit-on  dans  VAlmanach  royal,  à  compter 
du  jour  de  la  rentrée  jusqu'au  mois  de  mars  ;  et,  depuis  le 
premier  mars,  les  audianciers  commencent  à  pareille  heure 
jusqu'à  six.  Quelques  fois,  ajoute  encore  l'Almanach,  nos 
Seigneurs  des  Requêtes  de  l'hôtel  donnent  des  audiances 
extraordinaires  de  relevée,  pendant  un  tems,  dont  ils  font 
avertir  à  la  communauté  des  Procureurs.  » 


IVRE   COMMODE.  85 

Les  Audiances  de  la  Cour  des  Monnoyes,  se 
tiennent  le  Mercredi  et  le  Samedi. 

A  l'égard  du  Siège  Prési'dial  du  Châtelet,  on 
plaide  à  la  Prévoté,  au  Parc  Civil,  au  Présidial, 
et  aux  Auditeurs,  tous  les  jours  de  la  semaine  à 
l'exception  du  Lundi;  à  la  Chambre  Civile  le 
Mercredi  et  le  Samedi,  à  la  Police,  au  Criminel, 
et  en  la  Chambre  de  M.  le  Procureur  du  Roy, 
le  Mardi  et  le  Vendredi. 

Il  y  a  plusieurs  Sièges  dans  l'enclos  du  Palais, 
qui  ont  leurs  Audiances  réglées  le  Mercredi  et  le 
Samedi,  à  sçavoir  :  l'Amirauté,  la  Chambre  du 
Trésor,  le  Bailliage  du  Palais,  la  Chambre  Sou- 
veraine des  Décimes,  la  Connétablie,  la  Maçon- 
nerie et  la  Table  de  Marbre,  qui  tient  encore  des 
Audiances  le  Lundi  et  le  Jeudi,  pour  juger  au 
Souverain. 

Messieurs  les  Prévostsdes  Marchands  et  Esche- 
vins  de  la  Ville  de  Paris,  donnent  Audiance  les 
Mardis,  Mercredis,  Vendredis  et  Samedi  du 
matin. 

M's  les  Juges  et  Consuls  des  Marchands,  tien- 
nent trois  jours  de  la  semaine  leurs  Audiances 
les  Lundis,  Mercredis,  et  Vendredis  du  m.atin 
et  de  relevée. 

Les  Officiers  de  l'Election  donnent  Audiance 
tous  les  jours,  depuis  neuf  heures  jusqu'à  midi, 
et  ceux  du  Grenier  à  Sel  seulement  le  Mercredi 
et  le  Samedi. 

On  tient  Audiance  le  Mercredi,  et  le  Samedi 
à  l'Officialité  et  à  la  Justice  Nostre-Dame;  le 
Lundi  à  midi  à  la  Temporalité,  et  le  Jeudi  de 
relevée  à  la  Justice  de  Monsieur  le  Chantre. 

L'Audiance  de  la  Chambre  Royale  de  l'Arse- 


86  Le  Livre  commode. 

nal,  se  tient  tous  les  Lundis  matins,  et  celle  des 
Poudres  et  Salpestres  tous  les  Samedis  de 
relevée. 

Celle  du  Bailliage  du  Temple,  se  tient  le 
Samedi  à  trois  heures  de  relevée. 

La  Jurisdiction  du  Bailliage  de  S.  Jean  de 
Latran  se  tient  le  Lundi  à  trois  heures  de  re- 
levée. 

VACATIONS   DES  TRIBUNAUX. 

PARLEMENT. 

La  Cour  vaque  depuis  le  6.  Septembre  jusqu'au 
lendemain  de  la  Saint  Martin,  c'est  à  dire  jus- 
qu'au 12.  Novembre,  du  moins  si  on  en  excepte 
la  Chambre  des  Vacations  qui  est  préposée  pour 
les  matières  provisoires  et  autres  qui  requièrent 
célérité.  Elle  ne  dure  que  depuis  le  7.  Septembre 
jusqu'au  27.  Octobre,  en  sorte  que  depuis  ce 
jour  jusqu'au  12.  Novembre,  il  ne  se  fait  aucun 
Acte  de  Judicature  au  Palais. 

La  Cour  vaque  aussi  dans  le  reste  de  l'année 
tous  les  Dimanches  et  Fêtes  solennelles,  et  en- 
core en  Décembre  le  6.  jour  de  la  Saint  Nicolas, 
en  Janvier  le  23.  Fête  de  Saint  Hilaire,  et  le  28. 
Fête  de  Saint  Charlemagne,  en  Mars  le  19.  Fête 
de  Saint  Joseph  seulement  le  matin,  le  22.  pour 
la  Procession  Générale  de  la  réduction  de  Paris  ', 
et  le  25.  Fête  de  l'Annonciation  Notre  Dame, 
en  Mai  le  2.  Fête  de  Saint  Catien,  en  Juin  un 
jour  de  choix  pour  le  Lundi  ou  Foire  de  Saint 

I.  Cet  anniversaire  de  l'entrée  d'Henri  IV  dans  Paris, 
le  22  mars  1594,  fut  célébré  jusqu'à  la  Révolution. 


Le  Livre  commode.  87 

Denis,  en  Juillet  le  22.  Fête  de  la  Magdelaine, 
et  le  28.  Fête  de  Sainte  Anne,  en  Aoust  le  16. 
Fête  de  Saint  Roch  ' . 

La  Cour  vaque  pareillement  le  jour  des  Cen- 
dres, et  depuis  le  Mercredi  de  la  Semaine  Sainte 
jusqu'au  lendemain  de  la  Quasimodo,  si  ce  n'est 
le  Vendredi  de  l'Octave  de  Pâques  elle  va  à 
Notre-Dame. 

La  Chambre  des  Vacations  vaque  les  23  et 
24.  Septembre  quoique  non  Fêtez,  et  encore  en 
Octobre  un  jour  de  choix  pour  la  Foire  de  Saint 
Denis,  et  le  18.  Fête  de  Saint  Luc. 

Quand  le  Dimanche  ou  l'une  des  Fêtes  Mo- 
biles, arrive  un  des  jours  ci-dessus  marquez,  la 
Vacation  de  la  Cour  est  remise  au  lendemain. 

Le  1 5 .  Aoust  passé  on  ne  plaide  plus  à  la 
grand'  Chambre  à  huy  ouvert. 

Les  Requêtes  du  Palais  qui  sont  du  Corps  de 
Parlement  et  qui  vaquent  les  mêmes  jours,  ne 
commencent  néanmoins  leurs  Vacations  que  le 
1 5 .  Septembre. 

DOCTEURS  ET  LICENTIEZ  EN  DROIT. 

Professeurs  des  Ecoles. 
M.  de  Loy,  aux  Eçolles,  rue  des  Carmes*. 


1.  La  veille  même  des  grandes  fêtes,  le  Palais  étoit 
fermé.  Louis  XIV  supprima  ce  supplément  de  vacances 
fériées  :  «  L'on  entre,  dit  l'Almanach  royal  de  1702,  la 
veille  de  toutes  les  festes,  depuis  l'ordonnance  de  1667.  » 

2.  Michel  De  Loy,  de  qui  l'on  a  un  éloge  en  latin  de 
Pierre  Halle,  lecteur  en  grec  au  Collège  royal,  puis  profes- 
seur en  droit  canon,  mort  en  1689.  De  Loy  étoit  fils  du 
professeur  de  l'Université  pour  lequel  Corneille  avoit  fait 


88  Le  Livre  commode. 

M.  Baudin',  mêmelieu^. 

M.  Cuiniez,  même  lieu?. 

M.  Mongin,  rue  de  Bièvre. 

M.  Colson,  rue  Saint  Jean  de  Beauvais. 

M.  le  Gendre,  rue  des  Noyers 4. 

En  Droit  Françoise. 
M.  de  Launay,  rue  des  Massons 6. 

Docteurs  agrégez. 
M.  Piolin,  rue  des  Assis. 
M.  du  Ru,  rue  Saint  Jean  de  Beauvais. 
.M.  Amiot,  même  rue 7. 

des  vers,  le  félicitant  de  son  panégyrique  de  M.  de  Bellièvre 
prononcé,  en  1658,  au  Collège  de  La  Marche.  (V.  Œuvres 
de  Corneille,  édit.  Marty-Laveaux,  t.  X,  p.  iji.) 

1.  Jacques  Baudin,  qui  mourut  cette  année  même  1692. 
Il  avoit  eu  beaucoup  de  réputation  comme  professeur.  V.  à 
ce  sujet  les  additions  de  Perrière  au  livre  de  Taisand  :  Vies 
des  plus  célèbres  Jurisconsultes,  ^Til-,  in-4'',  p.  590,  et  les 
Mémoires  sur  le  Collège  royal,  par  l'abbé  Goujat,  t.  III, 
p.  420. 

2.  C'est-à-dire  aux  Ecoles  de  Droit.  Elles  avoient  leur 
principale  entrée  rebâtie  monumentalement,  en  1675,  rue 
Saint-Jean  de  Beauvais,  en  face  de  la  maison  à  l'enseigne 
de  l'Olivier,  rendue  si  célèbre  par  l'imprimerie  des  Etienne; 
mais  elles  perçoient  par  derrière  jusqu'à  la  rue  des  Carmes, 
oii  se  trouvoient  les  logements  des  plus  anciens  professeurs. 

3.  Son  vrai  nom  etoit  Cugnet.  Il  avoit  épousé  une  des 
filles  de  son  collègue  Baudin.  Son  éloge  se  trouve  aussi  dans 
les  Additions  de  Ferrière,  p.  695. 

4.  Ces  six  professeurs  enseignoient  le  droit  romain,  c'est- 
à-dire  le  droit  civil,  et  le  droit  canonique. 

5 .  Cette  chaire  de  droit  françois  n'existoit  que  depuis  1680. 

6.  François  De  Launay,  qui  mourut  l'année  suivante, 
1693.  Son  éloge  parut  alors  dans  \e  Journal  des  Savants, 
t.  XXXVP. 

7.  Il  étoit,  comme  Cugnet,  gendre  de  Baudin.  On  trouve 
aussi  son  éloge  dans  les  Additions  de  Ferrière  au  livre  de 
Taisand,  p.  J95 . 


Le  Livre  commode.  89 

M.  des  Barrières,  même  rue. 
M.  Hulin,  même  rue. 
M.  Sachet,  même  rue. 
M.  Bonnamour,  rue  Galande. 
M.  l'Escuyer,  rue  Pierre  Sarrasin. 
M.  Pavoine,  rue  Saint  Jaques. 
M.  Basthide,  rue  du  Plâtre. 
M.  Porsely,  rue  du  Foùare. 

Licentiez  Immatriculez  au  Parlement. 

On  peut  recouvrer  la  Liste  des  Avocats  Plai- 
dans  et  Consultans  au  Palais,  chez  Charles  de 
Sercy,  Libraire  dans  la  grand  Salle  à  la  bonne 
Foy  couronnée. 

Ceux  qui  sont  dénommez  en  cette  Liste  sont 
gens  généralement  reqammandables  par  leur  con- 
dition et  par  leur  éloquence  par  exemple  pour  les 
Consultations,   M^^  Billard,    rue  de  Savoye'. 

I.  C'est  ce  terrible  avocat  Billard,  qui  fit  tant  de  bruit 
pour  empêcher  les  Comédiens,  que  le  voisinage  du  collège 
Mazarin  faisoit  chasser  du  théâtre  Guénegaud  —  aujour- 
d'hui passage  du  Pont-Neuf  —  de  venir  s'installer  dans  la 
rue  de  Savoie.  Louvois  leur  étoit  favorable,  car,  ainsi 
qu'on  l'apprend  par  une  lettre  de  Racine  à  Boileau,  il 
s'étoit  même  fait  donner  le  plan  du  lieu  «  où  ils  vouloient 
bâtir  dans  la  rue  de  Savoie;  »  mais  Billard,  avec  ses  cris, 
l'emporta,  à  la  grande  joie  de  son  quartier,  du  reste  : 
«  Tous  les  Bourgeois,  dit  encore  Racine,  trouvent  fort 
étrange  qu'on  vienne  leur  embarrasser  leur  rue.  M.  Bil- 
lard surtout  qui  se  trouveroit  vis-à-\-is  de  la  porte  du 
parterre,  crie  fort  haut  ;  et,  quand  on  lui  a  voulu  dire  qu'il 
en  auroit  plus  de  commodité  pour  s'aller  divertir^  il  a 
répondu  fort  tragiquement  :  «  Je  ne  veux  point  me  diver- 
tir. »  —  Il  avoit  de  la  réputation.  Une  de  ses  causes  les 
plus  brillantes  avoit  été,  en  lôyj,  celle  d'une  servante, 
épousée  par  le  fils  du  riche  marchand  de  la  Herse  d'Or, 
au  faubourg  Saint-Germain,  dont  on  vouloit  faire  casser 
le  mariage.  (Journal  des  Audiences,  t.  III,  p.  70,) 


90  Le  Livre  commode. 

Sonnet,  rue  du  Battoir.  Issaly,  rue  des  Rats. 
Husson',  rue  Bourtibourg.  Le  Verrier,  rue  du 
Jardinet.  Raviere,  rue  des  Deux  Portes.  Chappé, 
rue  de  l'Observance.  Du  Pré,  rue  des  Cordeliers. 
Sever^,  même  rue.  De  Riparfonds,  rue  de  la 
Harpe.  Braquet,  Cloître  Notre  Dame,  etc.  Pour 
les  Plaidoïers  M^s  Chardon 4,  rue  des  deux  Portes. 
De  Nivelle,  rue  de  la  Bucherie5.  Robert  de  S. 
Martin,  rue  Haute-feuille.  Baille,  rue  du  Cime- 
tière Saint  André  des  Arts.  Hérard,  rue  de  Sa- 
voye.  De  Retz,  près  Saint  Jean  en  Grève.  Du 
Mont '5,  rue  du  Jardinet,  etc.  Pour'les  Matières 

1.  Martin  Husson.  Il  figuroit  déjà  au  tableau  des  avo- 
cats, en  1643.  Le  traité  de  Advocato  est  de  lui. 

2.  Nous  le  trouvons,  vers  ce  temps-là,  plaidant  avec 
succès  dans  une  affaire  de  succession.  {Journal  des  Au- 
diences, t.  II,  p.  79-80.) 

3.  Etienne  Gabriau  de  Riparfond,  inscrit,  dès  le  13  juin 
1661,  au  tableau  des  avocats.  Une  de  ses  plus  belles 
affaires  fut,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  Journal  des 
Audiences  (t.  III,  p.  loi),  celle  des  religieuses  de  Sainte 
Catherine,  qu'il  gagna.  Il  mourut  en  1724,  léguant  aux 
avocats  du  Parlement  sa  bibliothèque,  qui  fut  pour  la 
leur  un  premier  fond.  On  peut  consulter  sur  lui  l'Histoire 
des  Avocats  au  Parlement  de  Fournel,  t.  II,  p.  408;  et  la 
Bibliothèque  du  Poitou  par  Dreux  du  Radier,  t.  IV,  p.  3 35. 
La  Conférence  des  avocats  possède  son  portrait  en  robe 
rouge.  C'est  un  don  de  Dupin  aîné  en  183 1. 

4.  L'abbé  Goujet  (Biblioth.  franc.,  t.  II,  p.  367)  nous 
le  donne  comme  ayant  eu  une  grande  réputation,  mais 
qui  s'effaça  vite. 

5.  Louis  de  Nivelle,  inscrit  au  tableau  depuis  le  2  dé- 
cembre 1657  :  «  Il  peut,  dit  l'abbé  Goujet  (id.,  p.  369J, 
passer  pour  très-bon  avocat.  Il  est  savant^  il  a  du  génie 
et  du  bon  sens.  »  D'Aguesseau  ne  l'appeloit  que  le  grand 
Nivelle.  C'est  lui  qui  avoit  défendu  la  Brinvilliers.  Ses 
plaidoyers  n'ont  pas  été  conservés,  ce  qui  étoit  un  des 
regrets  de  l'abbé  Goujet.  {id,,  p.  330.) 

6.  Jacques- François  Dumont,  avocat  inscrit,  depuis  le 


Le  Livre  commode.  91 

Benéficiales  M^s  Nouët',  montagne  Saint  Gene- 
viève. Sachet 2,  rue  de  l'Eperon.  Ferrand,  rue 
Saint  Louis  du  Marais.  Du  Chesne,  rue  de 
Bièvre.  Et  pour  les  matières  qui  sont  traitées 

4  juillet  1667.  L'abbé  de  Villiers,  dans  une  note  de  sa 
}•  Epître,  livre  I",  le  cite  comme  un  des  célèbres.  Il  vient 
de  blâmer  LuUi  de  ce  qu'il  fait  chanter  la  tragédie  au 
théâtre,  et  il  ajoute  : 

Si  cet  usage  plaît,  s'il  est  autorisé 

Qievalier  ou  Dumont  pourroit  s'être  avisé 

En  plaidant  les  moyens  que  sa  partie  expose 

D'en  mettre  en  airs  les  droits,  et  de  chanter  sa  cause. 

Dans  l'affaire  Beausergent,  qui  fut  célèbre  en  1689,  il 
avoir  plaidé  contre  Beausergent.  (Guyot  de  FHtaval,  Causa 
célèbres,  t.  III,  p.  194-196.)  —  Quand  il  mourut  en  1718, 
le  Mercure  du  mois  de  mai  lui  consacra  un  article,  p.  187, 
où  on  lisoit  qu'il  fut  «  pendant  cinquante  ans  l'aigle  du 
Palais.  > 

1.  Il  ne  plaidoit  pas,  il  s'en  faut,  que  les  affaires  ecclé- 
siastiques. Nous  le  trouvons,  en  effet,  le  18  fé\'rier  1677, 
dans  une  cause  dont  l'espèce  étoit  au  moins  scabreuse. 
C'est  celle  du  cas  d'impuissance  du  marquis  de  Langey, 
de  laquelle  il  résulta  que  défense  fut  faite  aux  Juges  d'or- 
donner pour  ces  sortes  d'affaires  «  la  preuve  par  le  Con- 
grès. »  Pageau  plaida  pour  le  marquis,  Blondeau  et  Nouet 
pour  la  partie  adverse.  {Journal  des  Audiences,  t.  111, 
p.  195.)  D'après  une  note  de  Brillon,  dans  son  Théo- 
phraste  moderne  (1701,  in-12),  c'est  l'avocat  Nouet  qu'il 
y  auroit  peint  sous  le  nom  de  Téocrine  dans  ce  passage 
flatteur  :  c  Téocrine  n'a  que  sa  chevelure  naturelle,  une 
robe  très-simple,  point  de  laquais,  point  de  carrosse,  mais 
beaucoup  de  talent  pour  sa  profession.  >  D'Aguesseau  cita 
Nouet  comme  un  modèle  dans  sa  mercuriale  de  rentrée, 
en  1699. 

2.  La  protection  de  son  frère  l'abbé  Sachot,  grand 
directeur  de  dévotes,  dont  il  est  parlé  dans  les  Mémoires 
de  l'abbé  Legendre  (p.  59-60),  l'avoit  poussé  vers  ces 
affaires  ecclésiastiques.  Comme  Nouet,  il  ne  s'y  tenoit  pas 
exclusivement,  tl  plaida  par  exemple,  mais  sans  succès, 
pour  la  duchesse  de  Mazarin  contre  son  mari,  dans  un 
procès  dont  nous  reparlerons  à  la  note  suivante. 


92  Le  Livre  commode. 

au  Trésor,   Fiefs,   Aubaines  et  Confiscations, 
M.  Mouffle,  rue  des  mauvaises  paroles,  etc. 

Quelques  uns  de  ces  célèbres  sont  particulière- 
ment habituez  au  grand  Conseil,  comme  M'''  de 
Monchant,  Cloître  Saint  Mederic.  Vaillant,  rue 
de  Savoye.  Eurard,  Cloître  Saint  Germain  l'Au- 
xerrois".  Laurent,  rue  de  la  Monnoye.  Chaudet, 
rue  Quinquempoix.  Doremieux,  rue  Bailleul,  etc. 
Ou  à  la  Cour  des  Aydes,  comme  W^  Merlin,  rue 
de  la  Verrerie.  De  Tessé,  rue  de  la  Colombe. 
Martinet 2,  rue  Hautefeuille,  etc.  Ou  au  Châtelet, 
comme  M^^  Maurice,  rue  des  Prouvaires.  Guérin, 
rue  S.  Martin.  Gondault?,  rue  de  Glatigny. 
PoUiac,  rue  de  la  Bucherie.  Barbier,  rue  du 
Platre4,  etc. 


1.  Lisez  Errard  (Claude).  Inscrit  au  tableau,  depuis  le 
24  août  1664.  Il  gagna,  en  1691,  la  cause  des  trois  frères 
aînés  Le  Boultz,  que  le  père  avoit  réduits  à  leur  légitirne, 
pour  avantager  leur  puîné  ;  mais  son  triomphe  fut  l'affaire 
du  duc  et  de  la  duchesse  de  Mazarin,  dont  nous  venons 
de  dire  un  mot.  Il  plaida  pour  le  duc  contre  sa  femme, 
l'intrigante  Hortense  Mancini,  qu'il  voulut  qu'on  déclarât 
à  cause  de  sa  conduite  déchue  et  privée  de  sa  dot.  Il  de- 
manda aussi  que  provisoirement  elle  fût  mise  au  moins 
dans  un  couvent,  ce  que  lui  accorda  la  Cour.  On  sait  que 
Saint-Evremond  lui  répliqua  par  un  Mémoire  qui  est  dans 
ses  Œuvres  (t.  V,  p.  35J,  et  VI,  p.  500).  Les  plaidoyers 
d'Errard  furent  recueillis  en  1694.  {Journal  des  Savants, 
16  avril  169J.) 

2.  Nous  ne  savons  rien  de  lui,  sinon  qu'il  étoit  bel 
esprit,  et  qu'il  fit  cette  épigramme  sur  le  petit  Jacques 
Corbin  qui  avoit  plaidé  sa  première  cause  à  quatorze  ans  : 

Vidimus  attonito  puerum  garrire  senatu. 
Bis  pueri,  puerum  qui  stupuere  senes. 

3.  Edme  Condault  et  non  Gondault,  avocat  depuis  le 
31  janvier  1659. 

4.  C'est  le  père  de  l'avocat  Edmond-Jean-François  Bar- 


Le  Livre  commode.  9J 

SECRETAIRES  ET  GREFFIERS 

DU   CONSEIL,    DES   COURS   SOUVERAINES,    ET   DES 
JURISDICTIONS    SUBALTERNES. 

Les  Secrétaires  des  Finances  sont 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Roûillet,  rue 
de  Grenelle  à  Saint  Germain  des  Prez. 

Pour  celui  d'Avril,  M.  Coquille,  rué  Sainte 
Croix  de  la  Bretonnerie. 

Pour  celui  de  Juillet,  M.  Ranchin,  rue  des 
petits  Champs. 

Et  pour  celui  d'Octobre,  M.  de  Laistre,  rue 
Saint  Honoré  près  la  rue  des  Prouvaires. 

Les  Secrétaires  et  Greffiers  du  Conseil  privé  sont 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Planton,  rue 
Saint  Honoré  prés  les  Feùillans. 

Pour  celui  d'Avril,  M.  Dumas,  rue  Beaubourg. 

Pour  celui  de  Juillet,  M.  des  Vieux,  Cloitre 
Saint  Germain  l'Auxerrois. 

Et  pour  celui  d'Octobre,  M.  Pecquot,  rue  des 
Blancs  Manteaux. 

Les  Commis  au  Greffe  du  Conseil  privé  sont 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Langlié,  rue 
du  grand  Chantier. 

Pour  celui  d'Avril,  M.  Danirelle,  rue  Pastou- 
relle. 

Pour  celui  de  Juillet,  M.  Akaquia',  rue  des 
deux  écus. 

bier,  dont  oa  a  un  si  curieux  Journal  sur  la  Régence  et  le 

règne  de  Louis  XV.  li  ne  logeoit  pas  encore  rue  du  Plâtre, 

mais  rue  Galande,  quand  son  fils  étoit  né  le  i6  janvier  1689. 

I .  Ce  nom  bizarre  a'étoit  que  la  traduction  grecque  de 


94  Le  Livre  commode. 

Et  pour  celui  d'Octobre,  M.  Chesnelon,  rue 
Pastourelle. 

Les  Greffiers  gardes  Sacs  '  du  Conseil  privé  sont 

Pour  le  quartier  de  Janvier,  M.  Sifflet. 

Pour  celui  d'Avril,  M.  Denis. 

Pour  celui  de  Juillet,  M.  de  la  Noue. 

Et  pour  celui  d'Octobre,  M.  Duc,  tous  quatre 
rue  Saint  André. 

Les  Greffiers  Conservateurs  des  Hipothèques 
ont  leur  Bureau  rue  de  la  Verrerie. 

GREFFIERS  DU  PARLEMENT. 

A  la  grand'  Chambre,  sont 

Mi's  du  Tillet,  Place  Roiale;  Decaiman,  Cloître 
Notre  Dame;  et  Dongois%  Cour  du  Palais. 

A  la  Tournelle  Criminelle. 

Mfs  Dravet,  Cloître  Notre  Dame;  de  la  Baune, 
rue  Thibaut  Thodé  ;  Amiot,  et  Lancluse,  rue 
de  la  Calandre. 

A  la  première  Chambre  des  Enquêtes. 

M.  Mirebaut,  à  l'Hôtel  des  Ursins5. 


celui  de  «  Sans-Malice.  »  C'est  un  médecin  de  François  I", 
qui  l'avoit  le  premier  traduit  ainsi,  et  ses  descendants,  dont 
étoit  sans  doute  le  commis  au  greffe,  qui  figure  ici,  l'avoient 
gardé  sous  cette  forme. 

1.  C'est-à-dire  «  porte-dossiers.  »  On  mettoit  alors  les 
pièces  de  procédure  en  des  sacs  pendus  à  la  ceinture. 

2.  C'est  le  neveu  de  Boileau,  dont  nous  avons  déjà  parlé 
plus  haut. 

3.  Démoli  à  la  fin  du  xviii"  siècle,  et  remplacé  par  trois 
rues  :  la  rue  Haute,  la  rue  du  Milieu,  la  rue  Basse  des 
Ursins.  Il  devoit  son  nom  au  prévôt  des  Marchands,  Juvé- 


Le  Livre  commode.  95 

à  la  Deuxième. 
M.  Joûannet,  Cloître  Notre  Dame. 

à  la  troisième. 
M.  Menet,  rue  Cristine. 

à  la  quatrième. 
M.  le  Roi,  rue  Pavée,  près  l'Hôtel  de  Bour- 
gogne'. 

à  la  cinquième. 
M.  Masson,  rue  de  la  Calandre. 

à  la  première  Chambre  des  Requestes  du  Palais. 

Mfs  Dupuis,  rue  Hautefueille,  et  Anet,  rue  Sainte 
Croix  de  la  Bretonnerie. 

à  la  deuxième. 
M.  Aubry,  rue  des  Noyers. 

A  la  Cour  des  Aydes. 
M.  Olivier,  Isle  Notre  Dame. 

Au  grand  Conseil. 
M.  le  Normand,  Greffier  en  Chef,  rue  des  Vieux 

Augustins. 

nal  des  Ursins,  à  qui  la  ville  l'avoit  donné.  Depuis  long- 
temps, à  l'époque  dont  il  est  question  ici,  on  l'avoit  di\'isé 
en  appartements,  occupés  presque  tous  par  des  gens  du 
Palais  :  Magistrats,  greffiers,  avocats.  Sur  le  tableau  de 
ceux-ci,  pour  1693,  on  en  compte  trois  dans  cet  hôtel. 
On  a  su  par  Valincourt  que  Racine  y  logeoit,  lorsqu'il  fit 
les  Plaideurs;  il  y  avoit  pu  observer  ses  principaux  types 
sur  place. 

I .  L'hôtel  de  Bourgogne,  occupé  alors  par  le  théâtre  de 
la  Comédie  Italienne,  s'étendoit  de  la  rue  Mauconseil,  où 
se  trouvoit  sa  principale  entrée,  jusqu'au  derrière  des  mai- 
sons de  la  rue  Pavée-Saint-Sauveur.  Ce  qui  en  reste,  le 
curieux  donjon  de  Jean-sans-peur,  se  voit  encore  dans  la 
coor  de  l'une  des  maisons  de  cette  rue. 


96  Le  Livre  commode. 

M.  Guichard,  Greffier  Plumitif,  dans  l'enclos  du 

grand  Conseil  ' . 
M,  Presteville,  Greffier  garde  Sacs,  rue  des  Prou- 
vaires. 

Aux  Requestes  de  l'Hôtel. 
M.  le  Mazier,  rue  de  Bièvre^. 

A  la  Chambre  des  Comptes. 
M.  Richer,  à  la  pointe  Saint  Eustache. 

A  la  Cour  des  Monnoyes. 
M.  Hérardin,  à  l'Hôtel  de  la  Monnoye. 

A  la  Prévôté  de  l'Hôtel. 
M.  Baubiere  Dechars,  rue  Platriere. 

Au  Châtelet. 
M.  Josse,  Greffier  en  Chef,  vieille  rue  du  Temple. 

Secrétaires  du  Châtelet. 
Mfs  Doyard,  rue  de  la  Tixeranderie,  de  la  René, 
rue  Beaubourg,  Audinot,  et  Coligny,  vieille 
rue  du  Temple, 

Au  Parc  Civih,  et  Prévoté. 
Mrs  Moreau,  place  du  Chevalier  du  Guet,  et  de 
Castes,  rue  Neuve  Saint  Mederic. 

1 .  c'est-à-dire  dans  la  cour  de  l'hôtel  d'Aligre,  rue  Saint- 
Honoré,  où  nous  avons  vu,  plus  haut,  que  siégeoit  le 
grand  Conseil. 

2.  I!  étoit  parent  de  la  famille  Vitart,  dont  il  est  tant 
parlé  dans  la  correspondance  de  Racine,  et,  par  elle,  il  se 
trouvoit  allié  à  celui-ci.  L'avocat  Le  Mazier,  qui  n'étoit 
pas  sans  causes,  car  mauvaises  ou  bonnes  il  les  plaidoit 
toutes,  pour  n'en  pas  gagner  une,  étoit  de  ses  parents. 
On  ne  le  connoît  plus  que  par  les  vers  où  Boileau  s'est 
moqué  de  lui.  {V.  la  Sat.  V  et  l'Epître  II.) 

3.  C'est  ce  qu'au  Parlement  on  appeloit  «  le  parquet.  » 


Le  Livre  commode.  97 

Pour  les  Déposts  et  Sentences  sur  Production 
de  Parties. 
Mrs  Claude  Tartel,  rue  des  Assis,  Charles  Tartel, 
près  l'Hôtel  de  Ville,  et  Tixeran,  rue  de  Mont- 
morancy. 

Pour  l'Expédition  des  Sentences  sans  production. 

M"  Menessiers,  Cloître  des  Bernardins,  du  Four, 
rue  Saint  Honoré,  Tartel,  rue  des  Assis,  et 
Forbet,  vieille  rue  du  Temple. 

Pour  les  Défauts  aux  Ordonnances. 
M"  Philipe  Luce,  rue  Saint  Martin,  et  Estienne 
Luce,  rue  Quinquerapoix. 

Pour  les  Décrets. 
M.  François  pour  M.  Favier  sur  le  Quay  de  la 

Mégisserie. 

Pour  les  certifications  des  criées. 
M"^  Magny,  rue  Hautefeùille,  et  Luce,  rue  Quin- 
quempoix. 

A  la  Chambre  Civile. 
M'î  Gaudion,  vieille  rue  du  Temple,  Dupuis,  rue 
des  Prouvaires,  Nicolas  et  Pierre  Tauxier,  rue 
de  la  Tixeranderie. 

Au  Criminel. 
Mfs  Galliot,  rue  Saint  Thomas  du  Louvre,  du 
Jardin,  rue  de  Bièvre,  Pariset,  rue  Saint  Ger- 
main l'Auxerrois,  et  Lodet,  rue  Pavée,  prés 
l'Hôtel  de  Bourgogne. 

—  a  On  dit,  lisons-nous  dans  le  Dictionn.  de  Trévoux, 
qu'une  ctiose  a  été  faite  et  adjugée  au  parc  civil  du  Châ- 
telet  :  pour  dire  à  l'ordinaire,  à  l'issue  de  l'audience.  » 

Livre  commode.  7 


98  Le  Livre  commode. 

Pour  les  Inthimations. 
M.  Gamier,  rue  du  Figuier. 

Pour  les  Affirmations  de  Voyages  ' . 
M.  Gauciier,  rue  Trainée,  près  Saint  Eustache. 

Pour  le  Greffe  Criminel  de  Robe-courte. 
M.  Cassen,  rue  des  Ménétriers- 

Pour  M.  le  Prévost  de  Vlsle. 
M.  le  Marié,  rue  des  Anglois. 

Pour  M.  le  Juge  Auditeur. 
M.  Thiery,  rue  Saint  Martin. 

Pour  la  Geolle. 
M.  Vallon,  rue  de  la  vieille  Monnaye. 
Garde  Scel. 

Qui  signe  pour  les  Notaires  interdits,  et  qui 
reçoit  et  scelle  les  Oppositions  aux  Décrets,  et 
les  Immatricules  2  des  Notaires  et  Huissiers. 
M.  Quinot,  rue  Thibaut-Thodé. 

Pour  le  Sceel  des  Sentences  du  Chatelet  et  des 
Consuls. 

M .  le  Cour,  rue  de  la  Tixeranderie. 

Pour  le  Sceel  des  Expéditions  des  Notaires. 

M rue  Geoffroy-Lasnier. 

1.  Cet  office  avoit  été  créé  par  l'ordonnance  de  1667,  à 
l'effet  de  donner  aux  plaideurs  venus  de  province  acte  de 
leurs  voyages  ainsi  que  du  temps  de  leur  séjour,  et  de 
leur  permettre,  s'ils  gagnoient  leur  cause,  de  pouvoir  faire 
taxer  séjour  et  voyage, 

2.  On  appeloit  ainsi  les  actes  enregistrés. 


Le  Livre  commode.  99 

Au  Trésor. 
M.  Gassot,  rue  des  Marmouzets. 
A  FHotel  de  Ville. 
M.  Mitantier,  à  la  Grève, 

A  l'Amirauté. 
M.  Charrier,  rue  Saint  Jacques. 

A  la  Connétablie  et  Maréchaussée. 
M.  Lebert,  rue  Galande. 

A  l'Election. 
M.  Métayer,  rue  des  Blancs  Manteaux. 

Eaux  et  Forêts. 
Mfs  Broquet,  rue  de  la  Calandre,  et  le  Noble, 
rué  Saint  Bon. 

Au  Bailliage  du  Palais. 
M.  Godin,  rué  de  la  Calandre. 
Aux  Consuls. 
Mfs  Verrier  père  et  fils.  Cloître  Saint  Mederic. 

A  la  Massonnerie. 
M.  Le  Roy,  rue  des  Marmouzets. 

Au  Bailliage  du  Temple. 
M.  Gilbert,  au  petit  marché  du  Marais'. 

I.  U  existe  encore  rue  de  Bretagne,  mais  sous  le  nom 
de  c  Marché  des  Enfants  rouges,  »  qui  lui  \ient  du  voi- 
sinage d'un  ancien  hospice  d'enfants,  fondé  par  Fran- 
çois 1"  et  supprimé  en  1772.  Il  communique  avec  la  rue 
de  Beauce  par  la  ruelle  des  Oiseaux,  près  de  laquelle 
M"*  de  Scudéry  vécut  les  dernières  années  de  sa  vie. 
Cette  ruelle  s'étoit  d'abord  appelée  c  petite  rue  Chariot.  » 
(Sauvai,  t.  H,  p.  658.) 


100  Le  Livre  COMMODE. 

CONTRAINTES  JUDICIAIRES. 

On  trouve  les  Huissiers  Audianciers  et  autres 
de  toutes  les  Cours  et  Jurisdictions,  au  lieu  et  à 
l'heure  de  chaque  Audiance,  pour  l'exécution 
des  Arrests,  Sentences,  Décrets  et  Ordonnances 
des  Magistrats  et  Juges  ordinaires,  pour  raison 
de  quoy  on  aura  recours  à  l'article  de  la  scéance 
des  Tribunaux. 

Les  Huissiers  du  Grand  Conseil  ont  un  Bureau 
au  pied  du  grand  degré. 

Les  Barrières  des  Huissiers  et  Sergens  du 
Chatelet,  sont  au  marché  neuf,  au  petit  marché 
Saint  Germain',  à  l'aile  du  pont  Marie,  à  la 
pointe  Saint  Eustache,  au  coin  Saint  Jacques  de 
l'Hôpital,  au  cimetière  Saint  Jean,  à  la  pointe 
Saint  Honoré 2,  devant  l'Abbaye  Saint  Martin, 
à  la  place  Maubert,  rue  du  petit  Pont,  rue  des 
Ecrivains. 

Le  Bureau  des  Huissiers  à  cheval  ?  est  sur  le 


1.  Il  étoit  tout  près  de  l'enclos  de  la  foire  Saint-Ger- 
main. 

2.  C'est-à-dire  au  carrefour  de  la  rue  Croix-des-Petits- 
Champs,  de  la  rue  de  Grenelle  et  de  la  rue  du  Coq,  au- 
jourd'hui rue  de  Marengo.  Le  poste  ou  barrière  des 
huissiers  et  sergents  du  Chatelet  lui  avoit  fait  donner  le 
nom  de  «  Barrière  des  Sergents,  »  qu'il  garda  longtemps 
après  que  le  poste  eût  été  supprimé.  L'enseigne  des  «  Deux 
Sergents,  »  qui  ne  vient  que  de  disparoître,  le  rappeloit 
encore,  mais  avec  une  singulière  variante  :  Au  lieu  de  deux 
recors,  on  y  voyoit  deux  sergents  de  l'ancienne  garde  im- 
périale !  —  On  trouve  au  t.  j8,  p.  179  de  la  Collection 
Delamarre,  à  la  Bibliotti.  Nat.,  de  curieux  renseignements 
sur  les  Barrières  des  Sergents,  depuis  ijji  jusqu'à  1698. 

3 .  Comme  les  huissiers  au  Parlement,  dits  «  huissiers  à 
la   chaîne,    »   ils   pouvoient   instrumenter   dans    tout   le 


Le  Livre  commode.  ici 

quay  de  la  Mégisserie  où  l'on  peut  recouvrer 
leur  liste,  et  où  l'on  peut  apprendre  le  temps  de 
leur  départ  pour  chaque  Province  et  Départe- 
ment. 

Les  Six  vingt  Huissiers  seuls  reservez  d'entre 
les  Huissiers  à  Vierge  par  Edit  du  mois  de  Février 
1691,  pour  la  fonction  de  Priseurs  et  Vendeurs 
de  biens  meubles  en  la  Ville,  Fauxbourgs  et 
Banlieu  de  Paris,  ont  leur  bureau  dans  la  Cour 
du  Grand  Chatelet,  et  sont  compris  dans  la  liste 
suivante  : 
Pierre  Blanchans,  rue  Saint  Denis  proche  Saint 

Leu. 
Jacques  Taconnet,  rue  de  l'Arbre-secq. 
Antoine  Bruneau,  rue  Saint  Denis  devant  le 

Sepulchre. 
Alexandre  Vaubelin,  rue  de  la  Boucherie. 
Gilles  la  Hogue,  rue  Saint  Martin. 
Jean  Divry,  rue  de  Bièvre. 

royaume,  et  pour  cela  ils  le  prenoient  de  très-haut  avec 
les  autres,  les  simples  huissiers  à  verge,  car,  dit  le  Marquis 
du  Joueur  de  Regnard  : 

Car  huissier  à  cheval,  c'est  presque  chevalier. 

Un  seul  jour  dans  l'année,  le  lendemain  de  la  Trinité,  tous, 
huissiers  à  verge,  huissiers  priseurs,  huissiers  à  cheval,  se 
confondoient  dans  une  même  cavalcade,  pour  aller  faire 
visite  au  prévôt  de  Paris,  au  premier  président,  au  lieute- 
nant civil,  etc.  Mercier  s'en  est  moqué  dans  son  Tableau 
de  Paris,  et  Lemierre  encore  mieux  au  chant  VI'  de  son 
poème  des  Fastes  : 

Voyez-vous  s'avancer,  couverts  de  noirs  manteaux, 
Ces  roides  écuyers  juchés  sur  leurs  chevaux. 
Cavalcade  peu  faite  aux  marches  régulières. 
Qui  vient  parodier  nos  brigades  guerrières, 
Et  tenant  mal  les  rangs,  plus  mal  les  étriers. 
Saisit  au  moindre  choc  le  crin  de  ses  coursiers. 


102  Le  Livre  commode. 

Claude  de  Cay,  place  Maubert. 

Thomas  Beccasse,  rue  des  Noyers. 

Pierre  le  Gagneur,  rue  du  Temple. 

Louis  Malbeste',  rue  du  Plâtre  proche  la  rue 

des  Noyers. 
Nicolas  Fontaine,  rue  Neuve  Saint  Mederic. 
Jean  Brunet,  rue  de  la  Tonnelerie. 
Simon  Monet,  rue  Galande. 
Pierre  Vaillan-t,  rue  Saint  Denis  proche  les  Saints 

Innocens. 
Guillaume  Fournier,  porte  Saint  Jacques. 
Pierre  Bertelot,  rue  des  Boucheries,  fauxbourg 

S.  Germain. 
Simon  Mozac,  Fieffé^,  rue  vieille  Monnoye. 
Laurent  de  la  Place,  rue  Saint  Antoine. 
François  le  Tourneur,  rue  de  Bretagne. 
Michel  Faguet,  rue  Saint  Pierre  aux  Bœufs. 
Alexandre  Arnoult,  rue  Parcheminerie. 
Antoine  le  Moine,  rue  Saint  Martin. 

1.  Nous  retrouvons  ce  nom  grotesque  porté  du  temps 
de  Beaumarchais,  par  un  avocat,  qui  sans  doute  descen- 
doit  de  l'iiuissier  nommé  ici.  On  sait  quel  parti  l'auteur 
de  Figaro  en  tira  pour  un  des  effets  les  plus  comiques  de 
ses  Mémoires  contre  Goezmann  :  «  Il  n'est  rien,  avons-nous 
dit  dans  la  Notice,  mise  en  tête  de  l'édition  de  ses  Œuvres 
(1876,  gr.  in-8,  p.  xxi),  il  n'est  rien  qui  ne  lui  soit  bon 
pour  mettre  les  rieurs  de  son  côté.  Marin  s'est-il  moqué 
du  nom  du  pauvre  avocat  M'  Malbête,  le  seul  que  Beau- 
marchais ait  trouvé  pour  signer  son  Mémoire,  comme 
l'exige  la  loi;  il  lui  retourne  de  la  plus  plaisante  façon 
le  nom  dont  il  se  moque  :  «  le  Gazetier  de  France,  dit-il, 
«  se  plaint  de  la  fausseté  des  calomnies  répandues  dans 
«  un  libelle  signé  Beaumarchais-Malbête,  et  il  entreprend 
«  de  se  justifier  par  un  petit  manifeste  signé  Marin,  qui 
«  n'est  pas  Malbête,  » 

2.  On  appeloit  huissier  Jîe/'^  celui  qui  avoit  son  office 
à  charge  de  redevance,  ce  qui  le  rendoit  héréditaire. 


Le  Livre  commode.  ioj 

Charles  Pinard,  rue  de  la  Huchette. 

Pierre  Hargenvilliers,  rue  Galande. 

Pierre  de  Noleson,  rue  Saint  Antoine,  devant  la 

rue  des  Barres. 
François  Clozier,  rue  Tixeranderie. 
Brice'  Fleury,   Fieffé,   rue   du   Crucifix   Saint 

Jacques. 
Antoine  Marais,  rue  S.  Antoine. 
Nicolas  Gaspard  Boucault,  cloître  Saint  Martin. 
Jacques  le  Roy,  rue  Tixeranderie. 
Philippes  Menard,  rue  des  Lombars. 
Nicolas  Gasté,  rue  Saint  Antoine  prés  les  Jésuites. 
Bonaventure  Guilliot,  rue  Saint  Martin  devant 

la  rue  aux  Ours. 
Jean  Manet,  rue  des  vieilles  Audriettes. 
Benjamin  le  Maistre,  rue  Aubri-boucher. 
Jacques  Giroux,  rue  Darnetal. 
Laurent  Mazier,  rue  Montmartre. 
Henry  Charpentier,  rue  Aubri-boucher. 
Jacques  Duval,  à  la  Ville-neuve. 
Guillaume  Dupré,  rue  de  Bery,  au  Marais. 
Nicolas  Bauldry,  rue  des  Barres. 
Maurice  Poteron,  rue  Crucifix  Saint  Jacques. 
Michel  Lyon,  rue  vieille  Monnoye. 
Jean  Caron,  rue  des  Barres. 
Pierre  Langlois,  rue  Saint  Louis  dans  Lisle. 
Philippes  Veron,  rue  du  Four  Saint  Honoré. 
Pierre  Desvaux,  rue  aux  Ours. 
Pierre  Pinchon,  rue  Saint  Jacques  à  l'entrée. 
Louis  Jacquemarc,  rue  Quinquempoix. 
Pierre  de  Bréquigny,  rue  Thibaut  Thodé. 
Jean  Loyseau,  rue  des  Boucheries  Saint  Germain. 
Gilles  Foumier,  rue  Saint  Germain,  attenant  la 

Gabelle. 


104  Le  Livre  commode. 

Nicolas  Taconnet,  rue  de  l'Arbre  Secq. 

Pierre  Menne,  rue  de  la  Vannerie. 

Jean  Guesdon,  place  Maubert. 

Antoine  Dainnal,  rue  de  la  Savonnerie. 

Charles  Jacob,  rue  des  Petits  Champs. 

Nicolas  Deon,  Fieffé,  rue  Tixeranderie. 

Mathieu  Pelouard,  derrière  le  Palais  Royal. 

Jean  Prévost,  rue  Galande. 

Jean  Arnoult,  rue  Saint  Louis,  prés  Saint  Roch. 

Jean  Mouillefert,  rue  S.  Denis. 

Louis  Raoult,  rue  des  Barres. 

Louis  Colas,  vieille  rue  du  Temple. 

Gabriel  Nicolas  Beauval,  devant  S.  André  des 
Arts.. 

Charles  Baignard,  rue  S.  Antoine,  prés  la  Bar- 
rière. 

François  Traffons,  rue  Bourtibourg. 

Pierre  Chambon,  Fieffé,  rue  Pierre  au  Lard. 

Jean  Dudoigt,  rue  des  Tournelles,  prés  la  porte 
S.  Antoine. 

Michel  Roger,  cloître  S.  Opportune. 

Thomas  Mandoùyt,  porte  S.  Michel. 

Jean  du  Brecq,  rue  de  la  Calande,  prés  le  Palais. 

Claude  de  la  Haye,  rue  S^*^  Marguerite,  devant 
l'Abbaye  S.  Germain. 

Jacques  Gohier,  rue  de  la  Tixeranderie. 

Pierre  Tauxier,  rue  de  la  petite  Truanderie. 

Yves  de  Boucquainville,  rue  S.  Antoine,  près 
l'Hôtel  de  Sully. 

Hubert  le  Moyne,  rue  S.  Honoré. 

Dominique  Theventin,  rue  S.  Antoine,  devant  la 
rue  Geoffroy  Lasnier. 

Noël  Thibault,  rue  de  la  Verrerie. 

Jacques  Martin,  rue  Quinquempoix. 


Le  Livre  commode.  105 

François  du  Rot,  rue  des  Lombards. 

Pierre  Morin,  rue  Bourtibourg. 

Joseph  Alexis  le  Doyen,  rue  Tixeranderie. 

Estienne  Trilliau,  rue  Beaubourg. 

Nicolas  Cabaille,  rue  Madame. 

Nicolas  Remy,  rue  S.  Denis. 

Jean  Henneguy,  rue  de  la  Calandre. 

Estienne  Arondeau,  Fieffé,  rue  S.  Jacques. 

Jean  Huvellier,  rue  Dauphine. 

Sébastien  Huré,  rue  des  Arcis, 

Gilles  de  Bauve,  rue  S.  Honoré. 

Pierre  René  Patin,  rue  S.  Martin. 

Jean  Sebert,  devant  le  Fort  l'Evesque. 

Pierre  Paillet,  rue  S.  Honoré. 

Jean  Maisondieu,  rue  des  Noyers. 

Pierre  Massé,  Fieffé,  rue  des  Boucheries  Saint 

Germain. 
Gilbert  Mouillard,  rué  de  la  vieille  Orangerie. 
Jean  Edme  Ravillonnet,  rue  S.  Antoine. 
Jacques  Robert  de  Cercellier,  rue  du  Roi  de 

Sicile. 
Jacques  Barbarin,  rue  Coustellerie. 
Claude  Dépoigny,  rue  Saint  Martin. 
Jean  Coucet,  rue  des  Mauvaises  Parolles. 
Léonard  de  Champagne,  rue  de  la  Bouderie. 
Joseph  François  le  Normand,  Pont  Notre  Dame. 
Noël  Avenet,  rue  aux  Maires. 
Jacques  Rioult,  Marché  aux  Poirés. 
Nicolas  Henrion,  rué  Michel  le  Comte. 
Jean  Simon  Mozac,  rue  des  Lombards. 
Charles  Coignet,  rue  de  la  Licorne. 
Charles  Flattier,  rue  S.   Antoine,  prés  la  rue 

Percée. 
Charles  Cappé,  rue  S.  Louis  Isle  Notre  Dame. 


io6  Le  Livre  commode. 

Pierre  le  Gros,  place  de  Grève. 
Jean  Baptiste  Destrehan,  rue  S.  Antoine. 
Nicolas  Duval,  devant  S.  Pierre  aux  Bœufs. 
Pierre  Brisset,  rue  du  Mouton. 
Claude  Ronjault,  nommé  par  Sa  Majesté,  au 
lieu  d'Estienne  Marlet. 

Les  particuliers  pourroient  se  pourvoir  en  tout 
temps  à  l'ordinaire  contre  ceux  d'entre  les  Huis- 
siers à  cheval  et  à  verge  du  Châtelet  qui  auroient 
malversé;  mais  on  peut  plus  sommairement  et 
sans  frais  en  porter  plainte  à  M.  le  Lieutenant 
Civil,  qui  tient  scéance  à  cet  effet  le  surlende- 
main de  la  Trinité  depuis  huit  heures  du  matin 
jusqu'à  midy,  et  qui  les  fait  appeller  l'un  après 
l'autre  selon  l'ordre  de  leur  réception,  pour  re- 
pondre aux  plaintes  qui  sont  faites  contre  eux, 
et  sur  lesquelles  mondit  Sieur  le  Lieutenant  Civil 
fait  droit  sur  le  champ,  sans  que  TOfficier  puisse 
se  dispenser  de  satisfaire  à  sa  condamnation; 
premièrement  parce  qu'il  est  obligé  sous  paine 
d'amande,  de  repondre  à  l'appel  de  l'Huissier. 
Secondement,  parce  qu'il  est  mis  en  arrêt  jus- 
qu'à ce  qu'il  ait  satisfait.  On  peut  encore  dans 
le  courant  de  l'année  rendre  plaintes  des  malver- 
sations des  Huissiers  à  cheval  et  à  verge  aux 
Officiers  de  leur  Communauté,  qui  s'assemblent 
tous  les  Dimanches  matin,  dans  le  Cloître  S^" 
Croix  de  la  Bretonnerie. 

BUREAUX    PUBLICS. 

Le  Bureau  General  de  la  Douane  est  à  l'Hôtel 
Seguier,  rue  de  Grenelle,  dont  la  basse-cour  où 
entrent  les  Roulliers  est  dans  la  rue  du  BouUoy. 


Le  Livre  commode.  107 

Le  Bureau  General  des  Aydes  est  dans  la 
rue  des  Barres,  derrière  S.  Gervais,  à  l'Hôtel  de 
Chamy  ' . 

Le  Bureau  Général  des  Fermes  du  Tabac  est 
rue  Betisy,  à  l'Hôtel  d'Anjou. 

Le  Bureau  Général  pour  la  Marque  des  Cha- 
peaux est  rue  neuve  Saint  Mederic  *. 

Les  Bureaux  des  Papiers  et  Parchemins  tim- 
brez sont  dans  la  Cour  de  la  Moignon»,  rue 
Galande,  rue  de  Bussy,  rue  S.  Germain  TAuxer- 
rois4,  rue  des  petits  Champs,  rue  de  la  Vannerie, 
et  rue  des  Barres,  à  l'Hotel  de  Chamy. 

1 .  Il  s'appeloit  d'abord  Hôtel  des  Barres,  comme  la  rue, 
à  cause  des  Moulins  des  barres  du  Temple,  qui  étoient  au- 
près sur  la  Seine.  Le  percement  de  la  rue  Louis-Philippe 
en  emporta  une  partie,  et  le  reste  fut  démoli  vers  le  même 
temps.  Le  bureau  des  Aides  ne  quitta  l'hôtel  de  Chamy 
qu'un  peu  avant  la  Révolution.  Il  fut  alors  transféré  rue 
de  Choiseul  dans  an  vaste  bâtiment  où  nous  avons  vu 
l'administration  de  l'Enregistrement  et  des  Domaines. 

2.  c  Dans  la  rue  Sainte-Croix  de  la  Bretonnerie.  » 
(Edit.  1691,  p.  7.)  —  Sans  cette  marque,  les  chapeaux 
de  castor  étoient  considérés  comme  contrebande.  Elle 
n'avoit  été  qu'un  prétexte  à  l'établissement  d'offices  de 
marqueurs,  achetés  surtout  par  des  chapeliers  enrichis. 
{Correspond,  des  Contrôl.  génér.,  n"  767.)  En  1694,  elle 
fut  supprimée  à  Lyon,  et  remplacée  par  une  augmentation 
des  droits  de  douane  sur  les  chapeaux.  {Id.,  n"  1372.) 

3.  f  Cour  neuve  du  Palais.  »  (Edit.  1691,  p.  7.) 

4.  c  Rue  des  Fossés-Saint-Germain-l'Auxerrois.  »  Id.  — 
Les  parchemins  et  papiers  timbrés  constituoient  une  sorte 
de  ferme,  dont  à  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV  le  fameux 
Deschiens  fut  le  principal  traitant,  ce  qui  lui  valut  cette 
épigramme  citée  par  Jamet  dans  ses  Stromates,  t.  II, 
p.  1797  : 

On  l'a  toujours  bien  dit  le  papier  souffre  tout, 
Et,  quoi  que  sa  candeur  marque  son  innocence. 
Le  Roi  lui  fait  porter  les  armes  de  la  France, 
Et  le  donne  à  Deschiens  qui  le  barbouille  tout. 


io8  Le  Livre  commode. 

Le  Bureau  des  petits  Domaines  pour  les  droits 
des  places  et  eschoppes  des  lieux  publics,  est 
rue  Saint  Germain  l'Auxerrois  au  coin  de  la  rue 
Thibaut  Thodé. 

Les  Bureaux  du  Contrôle  des  Exploits,  sont 
rue  Galande',  cour  de  la  Moignon,  rue  de  la 
Poterie,  rue  de  Bussy,  rue  d'Orléans,  rue  du 
petit  Lion,  rue  Saint  Antoine,  rue  du  Monceau 
Saint  Gervais  et  dans  l'enclos  du  grand  Châtelet. 

Le  Bureau  de  M.  Bertin,  Receveur  Général 
des  Parties  Casuelles^,  est  rue  neuve  Saint  Au- 
gustin. 

Le  Bureau  général  des  Chevaux  de  renvoy  et 
de  louage  est  à  l'Hôtel  de  Sens?,  prés  l'Ave 
Maria. 

Le  Bureau  de  la  Compagnie  des  Indes  Orien- 
tales est  dans  la  rue  Pavée,  prés4  l'Hôtel  de 
Bourgogne  5 . 


1.  A  la  suite  dans  l'édit.  précédente,  p.  7  :  t  Cul  de 
Sac  de  la  foire  Saint-Germain.  » 

2.  On  appeloit  a  parties  casuelles  »  les  droits  de  finance 
que  devoir  payer  annuellement  tout  détenteur  d'un  office 
vénal  non  héréditaire,  s'il  vouloir  le  conserver  à  sa  veuve 
et  à  ses  enfants.  —  Nous  retrouverons  Bertin  qui  en  étoit 
alors  le  trésorier,  parmi  «  les  fameux  curieux.  » 

3.  Nous  en  parlerons  plus  loin,  à  propos  du  coche  de 
Lyon  qui  en  partoit. 

4.  «  Derrière,  »  édit.  1691,  p.  6i. 

5.  La  Compagnie  des  Indes  Orientales  avoit  été  créée 
par  Colbert  pour  faire  le  commerce  avec  les  côtes  de  l'In- 
doustan.  Elle  avoit  le  privilège  exclusif  des  toiles  fines  des 
Indes,  peintes  ou  blanches,  mais  toutes  soumises  à  la  marque, 
sous  peine  d'être  saisies  et  brûlées  comme  marchandises 
de  contrebande  (ordonnance  du  8  février  1687).  Ce  com- 
merce se  faisoit  souvent  par  échanges  :  pour  les  toiles  des 
Indes  importées,  on  exportoit  nos  draps  du  Languedoc. 


Le  Livre  commode.  109 

Celui  des  Indes  Occidentales  '  est  dans  la  rue 
Saint  Martin,  devant  Saint  Julien  des  Méné- 
triers. 

Le  Bureau  du  Voier  du  Roi  est  dans  la  rue 
de  Grenelle,  quartier  Saint  Honoré. 

Celui  de  la  Manufacture  des  Buffles  est  rué 
Neuve  Saint  Mederic,  chez  M.  Jabac^. 

Celui  de  la  Manufacture  des  Marroquins  et 
Vaches  Touges  façon  de  Levant  est  sur  le  Quay 
deTEcoUes. 

Celui  des  Jurez  Crieurs  est  rue  Neuve  Saint 
Médéric. 

[Correspond,  administr.  de  Louis  XIV,  t.  III,  p.  654 
et  660.) 

I.  La  Compagnie  des  Indes  Occidentales  commerçait  avec 
l'Amérique,  où  nous  possédions  alors  le  Canada,  l'Acadie, 
Terre-Neuve,  la  Louisiane.  Son  commerce  se  faisoit  sur- 
tout par  les  navires  de  Saint-Malo,  et  exploitoit  de  préfé- 
rence les  peaux  de  castor  et  les  matières  d'or  et  d'argent. 
{Correspond,  des  Contrôleurs  généraux,  n"  665.)  —  C'étoit, 
comme  l'autre  compagnie,  une  création  de  Colbert,  mais 
toutes  deux,  depuis  sa  mort,  étoient  bien  déchues.  (Isam- 
bert,  Anciennes  lois ,  françoises ,  t.  XVIII ,  p.  55,  }8, 
et  211.) 

a.  Il  s'agit  des  peaux  de  buffles  préparées,  dont  on  faisoit 
pour  l'armée  des  juste- au-corps,  des  coUetins,  etc.  Jabach, 
que  nous  retrouverons  plus  loin,  avoit  établi  à  Corbeil, 
pour  leur  préparation,  la  meilleure  manufacture  qu'il  y  en 
eût  en  France,  aussi  n'est-il  pas  étonnant  qu'elle  eût  son 
bureau  chez  lui,  à  Paris  :  f  Celle  de  Corbeil,  lisons- nous 
dans  le  Dict.  univ.  du  Commerce  de  Savary,  t.  I,  col.  1 1 J2, 
est  la  plus  considérable,  et  les  peaux  qui  s'y  apprêtent 
sont  réputées  les  meilleures.  On  en  doit  l'établissement  au 
sieur  Jabac,  natif  de  Cologne,  qui  les  avoit  poussées  à  la 
dernière  perfection.  » 

} .  C'est  sans  doute  «  la  manufacture  de  maroquin  et  de 
peau  de  chagrin,  »  dont  la  comtesse  de  Beuvron  avoit 
obtenu  le  brevet,  vers  le  même  temps.  (Corresp.  administ. 
de  Louis  XIV,  t.  III,  introd.  p.  lv.) 


no  Le  Livre  commode. 

Celui  des  Vendeurs  de  foin  '  est  sur  le  Quai 
des  Ormes. 

Les  Commissionnaires  Facteurs  de  toutes  mar- 
chandises ont  des  Bureaux  rue  de  la  Mortelle- 
rie,  sur  le  port  de  la  Grève,  sur  le  quay  de 
l'Ecole,  etc. 

Les  Jurez  Mouleurs  et  Aides  Mouleurs  de 
Bois  2,  ont  aussi  leurs  Bureaux  par  tout  où  l'on 
fait  commerce  de  bois  à  brûler,  quay  de  la 
Grève,  quay  de  la  Tournelle,  quay  de  l'Ecole, 
quay  de  la  Grenouillière ,  porte  Saint  An- 
toine, etc. 

1.  Leur  vrai  titre  étoit  «  Juré  peseur  et  compteur  de  la 
marchandise  de  foin,  »  comme  on  le  voit  par  une  épitaphe 
que  rapporte  M.  Cocheris  dans  son  édit.  de  l'Histoire  du 
Diocèse  de  Paris  de  l'abbé  Le  Beuf,  in-8,  t.  I,  p.  238. 

2.  Ces  sortes  d'offices  datoient  du  xiv"  siècle.  Il  existe, 
en  effet,  une  ordonnance  de  Charles  VI,  qui  établit  «  qua- 
rante jurés  compteurs  et  moteurs  de  bois.  »  Leur  fonction 
consistoit  à  faire  mesurer  dans  un  cercle  de  fer,  appelé 
mole  ou  moule,  le  bois  à  brûler,  qui  se  vendoit  sur  les 
ports.  Ce  sont  les  charges  dont  on  se  moqua  le  plus, 
surtout  lorsque,  par  expédient  de  finances,  elles  se  multi- 
plièrent sous  Louis  XIV  :  «  —  Vous  aimez  les  titres,  dit 
Colombine  dans  la  farce  des  Chinois  jouée  au  théâtre 
Italien  en  1692,  et  si  l'on  n'y  tient  la  main,  vous  vous 
mettrez  de  pair  avec  les  mouleurs  de  bois.  »  (Acte  IV, 
scène  2.)  —  Us  ne  tardèrent  pas  à  être  supprimés  en 
province,  mais  il  fallut  que  les  villes  payassent  leur  sup- 
pression. (Correspond.  desContrôl.  ^énér.,  n"  1564  et 
1573.)  Ils  durèrent  plus  longtemps  a  Paris.  Au  mois  de 
juillet  1725,  on  parla  même  d'en  créer  de  nouveaux. 
(Journal  de  Math.  Marais,  t.  III,  p.  208.)  —  C'est  par 
délégation  que  la  charge  s'en  exerçoit.  On  s'explique  ainsi 
comment  Philippe  Caffiéri,  père  du  grand  artiste,  à  qui 
l'on  doit  les  admirables  bustes  du  théâtre  Français,  put 
être  à  la  fois  «  sculpteur  du  Roy,  et  mouleur  de  bois,  » 
ainsi  qu'on  le  voit  sur  son  acte  de  mort,  en  date  du 
7  sept.  1716.  (Jal,  Dict.  crit.,  p.  303.) 


Le  Livre  commode.  i  1 1 

Les  Jurez  Mesureurs  et  Controlleurs  de  grains 
et  farines,  en  ont  à  la  Halle  et  sur  les  quais  de 
l'Ecole  et  de  la  Grève. 

Le  Bureau  des  Commissaires  Controlleurs  de 
la  Bûche,  est  devant  le  pont-neuf  du  côté  de  la 
Samaritaine  ■ . 

Les  Jurez  Controlleurs  de  Vins,  Cidres  et 
autres  Boissons,  ont  leurs  Bureaux,  rue  Fremen- 
teau^  et  sur  le  Quay  des  Céleslins. 

Il  y  a  au  même  lieu  un  Bureau  pour  les  décla- 
rations des  marchandises  qui  doivent  les  droits  à 
la  Doùanne. 

Les  Jurez  Courtiers  de  Vins  ont  leurs  Bureaux 
sur  le  quay  de  la  Grève  3. 

Celui  des  nouveaux  Officiers  Gardes  batteaux 
et  Metteurs  à  bord,  est  sur  le  même  quay  et 
pareillement  celuy  du  Domaine  et  Barrage. 

Celuy  des  droits  du  Poisson  de  mer  frais,  sec 
et  salé,  est  sur  le  quay  des  Celestins. 

Au  même  lieu  est  le  Bureau  des  droits  qui  se 
lèvent  sur  les  Cendres,  Soudes  et  Gravelées. 


1.  Pour  tous  ces  <  officiers  sur  les  ports  et  quais  »  se 
trouve  un  curieux  dossier  dans  la  collection  des  papiers 
Delamarre,  aux  mss.  de  la  Biblioth.  Nat.,  t.  15},  fol.  ij, 
etc.  —  Ceux  qui  avoient  qualité  de  mouleurs  et  aides- 
mouleurs  de  bois,  dont  il  est  parlé  dans  la  note  précé- 
dente, exerçoient,  ou  plutôt  faisoient  exercer,  principale- 
ment au  quai  de  l'Ecole.  C'est  là,  plus  encore  qu'à  la 
Grenouillère  —  aujourd'hui  le  quai  d'Orsay  —  qu'avoient 
lieu  les  grands  arrivages  de  bois  à  brûler.  Corbinelli 
du  Pédant  joué  de  Cyrano  ne  va  pas  autre  part  pour 
acheter  les  meilleurs  cotrets. 

2.  C'est-à-dire  Froidmanteau  ou  Fromenteau. 

3.  Ils  faisoient  l'essai  des  vins  dans  les  caves  mêmes  de 
l'Hôtel  de  ville. 


112  Le  Livre  commode. 

Le  Bureau  des  Marchands  Bouchers  est  sur 
le  port  de  la  Grève  devant  la  place  aux  veaux  ' . 

ADMINISTRATION  DES  HOSPITAUX 

Gouverneurs  et  Administrateurs  de  VHotel  Dieu 
et  des  Incurables. 

Monseigneur  l'Archevêque  de  Paris;  à  l'Arche- 
vêché. 

Monseigneur  le  Premier  Président,  Cour  du 
Palais. 

Monseigneur  le  Premier  Président  de  la  Cham- 
bre des  Comptes,  vieille  rue  du  Temple. 

Monseigneur  le  Premier  Président  de  la  Cour 
des  Aydes  devant  les  Capucins  du  Marais. 

Monseigneur  le  Procureur  Général,  rue  Bar- 
bette. 

M.  de  la  Reynie,  rue  du  Boulloy. 

M.  de  Fourcy,  rue  de  Jouy. 

M.  le  Pelletier,  vieille  rue  du  Temple. 

M.  Chuppé,  rue  de  l'Observance. 

M.  Acard,  vieille  rue  du  Temple *. 

M.  Guiloire,  cul  de  sac  Saint  Dominique. 

M.  Champy,  rue  de  la  Harpe. 

M.  Petitpied,  rue  du  Jour. 

M.  de  Bragelonne,  dans  le  Temple. 

1 .  C'est-à-dire  sur  la  gauche  de  la  Grève,  vers  la  rue  de  la 
Tannerie,  où  s'étoit  tenu  en  effet  le  Marché  aux  Veaux, 
jusqu'en  1646,  époque  où  il  fut  transféré  quai  des  Ormes. 
Son  ancien  emplacement  fut  appelé  «  Vieille  place  aux 
Veaux.  » 

2.  Aux  Archives  de  l'Assistance  publique  se  trouvoit  le 
procès-verbal  de  la  prestation  de  serment,  en  la  grand' 
Chambre  du  Parlement,  des  sieurs  Accart,  Choart,  et 
Baussan,  nommés,  en  1673,  gouverneurs  de  l'Hôtel-Dieu. 


Le  Livre  commode.  1 1  j 

M.  Goupy,  rue  Sainte  Avoye. 

M.  Soufflot',  ruades  deux  Ecus. 

M.  le  Verrier,  rue  Percée. 

M.  Levêque  de  Vaugrineuse,  rue  Saint  Martin. 

M.  Herblot,  rue  Saint  Germain  l'Auxerrois. 

M.  Marchand,  rue  Tictonne. 

M.  Destrichy*,  rue  Bertin  Poirée. 

M.  Cierambault,  rue  Jean  Lointier. 

M.  Piquet,  rue  de  la  Tixeranderie. 

Receveur  de  CHotel-Dieu. 
M.  Perlan,  rue  Saint  Martin. 

Greffier  de  l'Hotel-Dieu. 
M.  Beaufort,  Parvis  Notre-Dame. 


1.  Il  fut  un  des  administrateurs  de  l'Hôtel-Dieu  jusqu'en 
171 7.  Il  fit  en  1707  un  rapport,  qui  étoit  aux  Archives 
de  l'Assistance  publique,  sur  une  rébellion  au  faubourg 
Saint-Germain  f  contre  l'exempt  et  les  archers  préposez  pour 
veiller  aux  fraudes  de  la  boucherie  de  l'Hôtel-Dieu,  pendant 
le  caresme.  »  On  sait  que  c'est  la  seule  boucherie  qui  avoit 
à  cette  époque  de  l'année  le  droit  d'ouvrir  et  de  vendre.  En 
1 7 17,  comme  l'un  des  doyens,  il  fut  chargé  de  veiller  à  l'auto- 
da-fé  des  peintures  licencieuses  qui  s'etoient  trouvées  dans 
le  legs  que  M.  de  Callières  avoit  fait  à  l'Hôtel-Uieu  de 
tous  ses  biens  :  «  Sur  ce  qui  a  esté  dit  par  M.  d'Estrechy, 
lisoit-on  dans  une  pièce  des  Archives,  que  parmy  les 
tableaux  de  la  succession  de  feu  M.  de  Callières,  il  s'en  est 
trouvé  quatre  représentant  des  nudités  et  des  postures 
indécentes  capables  de  blesser  la  pudeur  et  la  modestie 
chrestienne  s'ils  estoient  exposez  en  vente,  la  Compagnie 
a  aresté  qu'ils  seront  jettes  au  feu,  en  présence  de  Mes- 
sieurs Soufflot  et  d'Estrechy.  » 

2.  Lisez  d'Estrechy.  C'est  le  même  qui  est  nommé  dans 
la  note  précédente.  En  1708,  à  l'époque  d'une  épidémie 
scorbutique  à  Paris ,  il  fit  Jine  déclaration  curieuse  : 
«  M.  d'Etrechy  a  dit  que  si  l'augmentation  des  malades 
venus  à  l'Hôtel-Dieu  depuis  quelques  jours  continu»,  il  y 
en  aura  trois  mil  ou  environ  dans  dimanche  procham.  » 
{Archives  hospitalières  par  Léon  Brièle,  1877,  in-8,  p.  69.) 

Livre  commode.  8 


114  Le  Livre  COMMODE. 

Receveurs  et  Greffiers  des  Incurables. 
M.  Garilde,  rue  du  Four  S.  Germain. 

Le  Bureau  de  l'Hôtel  Dieu  se  tient  tous  les 
Mercredis  et  les  Vendredis,  depuis  dix  heures 
jusqu'à  midi. 

Il  y  a  encore  une  autre  scéance  du  même 
Bureau  à  l'Archevêché,  tous  les  Samedis  aux 
mêmes  heures. 

Messieurs  du  Bureau  prennent  une  sorte  de 
vacance  pendant  les  vacations  du  Parlement, 
mais  quelques  uns  ne  laissent  pas  de  s'assembler 
pour  les  affaires  urgentes  une  fois  la  semaine 
seulement,  alternativement  au  Bureau  ordinaire 
et  à  l'Archevêché,  le  Vendredi  au  premier  en- 
droit et  le  Samedi  à  l'autre,  aux  heures  ci-devant 
marquées. 

Gouverneurs  et  Administrateurs  de  l'Hôpital 
General. 

CHEFS    DE    l'administration. 

Monseigneur  l'Archevêque  de  Paris,  Nossei- 
gneurs les  premiers  Presidens  du  Parlement,  de 
la  Chambre  des  Comptes  et  de  la  Cour  des  Aydes, 
Monseigneur  le  Procureur  Général,  Monsieur  de 
Fourcy  et  Monsieur  de  la  Reynie,  aux  adresses 
ci-devant  marquées. 

ADMINISTRATEURS   ORDINAIRES. 

M.  Pajot,  rue  du  Bac,  aux  Missions  Etrangères. 
M.  le  Vieux  ',  cul  de  sac  des  Bourdonnois. 


I.  Quand  les  Hôpitaux  et  les  Incurables  firent  banque- 
route en  1689,  il  passa  pour  y  avoir  contribué  par  ses 


Le  Livre  commode.  iij 

M.  Meliand,  rue  Saint  Louis  du  Marais. 

M.  Pinette,  à  l'Oratoire  du  Fauxbourg  Saint 

Michel. 
M.  le  Caron,  rue  Bardubec. 
M.  Hourlier',  rue  des  fossez  saint  Michel. 
M.  Blin,  quay  des  Augustins. 
M.  Berthelot,  près  la  place  des  Victoires^. 

malversations.  C'est  sur  cette  banqueroute,  d'où  vint  la 
ruine  de  tant  de  gens,  qui  avoient  prêté  aux  hôpitaux 
leurs  deniers  à  rentes  viagères  ou  à  fond  perdu,  que  La 
Bruyère  écrivit  :  c  Le  fonds  perdu,  autrefois  si  sûr,  si  re- 
ligieux et  si  inviolable,  est  devenu  avec  le  temps  et  par 
les  soins  de  ceux  qui  en  étoient  chargés,  un  bien  perdu.  » 
De  quelques  usages,  g  39.  —  Les  Clés  disent  qu'on  chassa 
les  administrateurs  accusés  de  friponnerie.  Le  Vieux, 
quoiqu'elles  le  nomment,  n'en  étoit  pas,  puisque  trois  ans 
après  nous  le  trouvons  encore  ici  parmi  les  administrateurs 
de  l'Hôpital  général. 

I .  Nous  le  connaissons  déjà  comme  bailli  du  Palais.  — 
Le  14  août  1671,  il  prit  part  aux  mesures  adoptées  pour 
donner  des  nourrices  aux  Enfants  trouvés.  Il  émit  alors 
une  opinion  intéressante  sur  la  recherche  des  pères  pour 
cette  catégorie  d'enfants  :  «  Monsieur  Hourlier,  bailly  du 
Palais,  lisoit-on  à  cette  date  dans  une  pièce  des  Archives 
hospitalières,  a  dit  qu'il  avoit  esté  cy-devant  rendu  plu- 
sieurs sentences  au  Châtelet,  portant  condamnation  contre 
plusieurs  paiticuUers  trouvés  estre  pères  d'aulcuns  enfans 
trouvez,  lesquelles  sentences  n'ont  point  esté  suivies  d'exé- 
cution. A  esté  arresté  qu'on  fera  ses  efforts  pour  retrouver 
lesdictes  sentences,  et  Monsieur  le  Procureur  du  Roy  sup- 
plié d'en  prendre  soin.  » 

.2.  C'est  Berthelot  l'aîné,  que  nous  avons  vu  plus  haut 
au  chapitre  des  fermiers  généraux  des  Monnoies.  Devenu 
fort  riche,  il  usoit  bien  de  sa  fortune,  et  s'étoit  ainsi  donné 
des  droits  à  prendre  place  dans  l'administration  des  Hos- 
pices. On  lui  dut  en  partie  celui  des  Convalescents  :  «  Il 
a  esté  dit,  lisons-nous  dans  le  Ricolement  des  archives  hos- 
pitalières dressé  par  M.  Brièle,  que  le  prieuré  de  Saint- 
Julien  estoit  plus  propre  à  cet  hospice,  et  mesme  y  avoit 
esté  destiné  dès  le  commencement.  On  a  dit  aussi  que 


ii6  Le  Livre  commode. 

M.  Petitpas,  Parvis  Notre  Dame. 

M.  Husson,  rue  du  Roy  de  Cicile. 

M.  Guilloire,  cul  de  sac  saint  Dominique. 

M.  Rillart,  près  Saint  Paul. 

M.  Petitpied,  rue  du  Jour. 

M.  Briçonnet,  près  les  Enfans  Rouges. 

M.  de  Bie,  rue  Bardubec. 

M.  le  Bœuf,  Isle  Notre  Dame. 

M.  le  Febvre,  près  saint  Sulpice. 

M.  Thieriac,  près  VAve  Maria. 

M.  de  Fremont',  porte  Gaillon. 

M,  Boucot^,  rue  Hautefueille. 

M.  David,  cul  de  sac  saint  Sauveur. 

M.  Braquet,  Cloitre  Notre  Dame. 

M.  Soubeiran,  près  l'Oratoire  saint  Honoré. 

M.  Gourdon5,  à  l'Hôtel  de  Guyse. 

M.  Colin4,  Isle  Notre  Dame. 

M.  Badoulleau,  rue  des  Prouvaires. 

M.  le  Febvre,  Cousture  sainte  Catherine. 

M.  Pirot,  rue  de  Ventadour. 


M.  Berthelot,  qui  a  donné  60,000  livres  et  promis  quarante 
autres  mille  livres,  a  témoigné  n'avoir  point  d'attache  pour 
le  lieu.  »  (Janv.  1675.) 

1 .  Nous  avons  parlé  de  lui  plus  haut  au  chapitre  des  Gardes 
du  Trésor  royal. 

2.  Il  figure  déjà  plus  haut  parmi  «  les  gardes  des  rôles 
des  offices  de  France.  » 

j.  Il  avoit  prêté  serment,  en  1681,  comme  «  receveur 
charitable  de  l'Hôpital  général.  » 

4.  Il  semble  avoir  été  chargé  des  aumônes  de  M""  de 
Miram.ion  pour  les  hospices  :  «  Monsieur  Colin,  lisons- 
nous  dans  le  Récolement  des  archives  hospitalières,  p.  138, 
a  apporté  64  louis  d'or,  valant  90}  livres,  que  lui  a  don- 
nés Madame  de  Miramion,  procédés  de  la  queste  faicte  à 
la  Cour.  »  (1694,  28  avril.) 


Le  Livre  commode.  117 

BANQUIERS 

POUR   LES    REMISES   DE    PLACES   EN   PLACES. 

Messieurs  le  Coûteux',  rue  de  la  Tixanderie, 
pour  Normandie,  Bretagne  et  pais  étrangers. 

M.  André  Hébert,  cul  de  sac  de  la  rue  Quin- 
quempoix^,  pour  les  mêmes  lieux,  et  encore; 

1 .  Nom  qui  fut  longtemps  célèbre  dans  la  banque.  En 
177},  nous  rstxonvons  dans  i'Almanach  d'indication  de  Roze 
de  Chantoiseau  :  «  Le  Coulteux  et  Compagnie,  rue  Mon- 
torgueil,  négociants  en  banque;  une  des  plus  anciennes 
maisons.  »  Roze  disoit  vrai,  puisqu'alors  cette  maison  existoit, 
nous  en  avons  la  preuve  ici,  depuis  plus  de  quatre-vingts 
ans.  Nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'elle  remontoit  encore 
bien  plus  haut.  A  l'époque  de  la  Révolution,  le  chef  de 
la  famille,  M.  Le  Coulteux  de  la  Noraye,  fut  de  la  pre- 
mière municipalité  de  Paris,  et  son  fils  Le  Coulteux  de 
Canteleu,  député  à  l'Assemblée  constituante  et  au  Conseil 
des  Anciens,  puis  sénateur  et  pair  de  France.  C'est  lui  qui 
fit  bâtir,  vers  1790,  de  la  rue  Montorgueil  à  la  rue  Mont- 
martre, sur  les  terrains  dépendant  de  sa  maison  de  banque, 
toute  une  rue  à  maisons  uniformes,  à  laquelle  l'architecte 
Mandar,  qui  l'avoit  construite,  donna  son  nom.  M.  Le 
Coulteux  en  fut  longtemps  l'unique  propriétaire.  Voici  ce 
que  Berryer  père,  dans  ses  Souvenirs  (1837,  in-8,  t.  II, 
p.  320),  dit  sur  l'ancienneté  des  Le  Coulteux  :  «  C'étoit 
dans  la  banque  de  Paris  une  maison  antique,  une  des 
plus  anciennes  de  la  bourgeoisie  de  Paris,  dont  l'existence 
remontoit  sans  interruption  ni  déviation  en  plus  ni  en 
moins,  aux  époques  d'oîi  datoient  les  Thibert,  les  Trubert, 
les  Bouillerot,  réputés  les  plus  anciennes  familles  de  la 
capitale.  » 

2.  On  l'appeloit  aussi  cul  de  sac  de  Venise,  à  cause  du 
voisinage  de  la  rue  de  ce  nom,  dans  laquelle  le  comte  de 
Horn,  au  plus  fort  de  la  crise  du  Système,  assassina  un 
agioteur  dans  le  cabaret  de  VEpée  de  bois.  Ce  sont  les 
banquiers,  logés  alors  en  grand  nombre  rue  de  Venise  et 
surtout  rue  QuincampoLx  —  nous  en  trouverons  un  plus 
loin  —  qui  avoient  attiré  de  ce  côté  Law  et  tout  son  agio. 


ii8  Le  Livre  commode. 

Messieurs  Hébert  Frères,  près  saint  Julien  des 
Ménétriers. 

Et  M.  Petit,  rue  du  Four,  quartier  saint 
Honoré. 

M,  Michel  Heuh,  rue  Mauconseil,  aussi  pour 
les  Provinces  de  Normandie  et  Bretagne,  et 
encore  pour  tous  les  Etats  d'Allemagne. 

M.  Pierre  Heuh,  rue  saint  Martin,  pour  les 
mêmes  lieux. 

M.  Tourton,  rue  de  la  Truanderie,  aussi  pour 
l'Allemagne  et  pour  le  Lionnois. 

M .  Sorbiere,  rue  Quinquempoix,  pour  la  même 
Province. 

Et  M.  Michon,  rue  Aubry  Boucher. 

M.  de  Meuves,  cul  de  sac  de  la  rue  des  Bour- 
donnois,  pour  Allemagne,  Angleterre,  Italie, 
Hollande,  Lyonnois,  Languedoc  et  Flandres 
conquise. 

M.  Rigioly,  rue  (Quinquempoix,  aussi  pour 
l'Italie  et  pour  le  Lyonnois. 


Dancourt,  en  1710,  dans  sa  Comédie  des  Comédiens  (acte  II, 
scène  9),  fait  lancer  par  Mezzetin  un  lardon  contre  ces 
banques  :  «  Je  connois,  dit-il,  un  bonnetier  de  la  rue 
Saint-Denis,  et  un  banquier  de  la  rue  Quincampoix,  qui, 
avec  10,000  francs,  qui  n'étoient  pas  à  eux,  ont  trouvé 
moyen  de  se  faire  chacun  cent  mille  écus  qui  ne  leur 
appartiennent  guère.  » 

I.  C'étoit  un  de  ses  banquiers  italiens,  comme  il  y  en 
avoit  eu  beaucoup  aux  époques  précédentes  dans  ce  quar- 
tier, où  ils  avoient  même  laissé  leur  nom  aux  rues  des 
Lombards  et  de  Venise.  Sous  Louis  XVI,  il  en  existoit  en- 
core. Nous  trouvons  dans  VAlmanach  général  des  Marchands 
de  1778  :  Caccia,  banquier,  rue  Saint-Martin,  vis-à-vis  la 
rue  aux  Ours  ;  Giambone,  rue  Mauconseil  ;  Boggiano,  place 
des  Victoires. 


Le  Livre  commode.  119 

Messieurs  Narcisses  et  Maçon,  rue  Thibaut 
Thodé,  pour  les  mêmes  lieux. 

Et  Messieurs  Vallentin,  rue 

M.  Helissant,  rue  saint  Denis,  pour  Alle- 
magne, Pologne,  Angleterre,  Hollande,  etc. 

M.  Moreau,  rue  Michel  le  Comte,  pour  Es- 
pagne, Bretagne,  etc. 

M.  le  Nostre,  rue  Troussevache,  pour  Anjou, 
Touraine,  Poitou,  etc. 

M.  Patu,  rue  de  la  Chanverrerie,  pour  Es- 
pagne. 

M.  Artus,  rue  Mauconseil,  pour  Angleterre, 
Ecosse,  Irlande,  Hollande,  Flandres  con- 
quise,  etc. 

M.  Milochin,  rue  saint  Denis,  pour  la  Flandre 
Espagnole. 

M.  Herins,  derrière  saint  Leu  et  saint  Gilles, 
pour  tous  les  Pais  bas. 

M.  Foissin,  rue  saint  Denis,  pour  Allemagne, 
Suède,  Dannemarc,  Hollande,  Italie,  etc. 

Messieurs  les  Agens  de  change  s'assemblent 
tous  les  jours  ouvrables  vers  le  midy  à  la  place 
de  change,  joignant  la  conciergerie  du  Palais, 
pour  la  négociation  des  Lettres  et  Billets  de 
Change ' . 

I.  h'Almanach  royal  de  1702^  qui  donne  à  peu  près, 
p.  64,  le  même  renseignement,  ajoute  :  <  Le  public  peut 
s'adresser  à  leur  clerc,  qui  y  demeure,  pour  faire  avertir 
lesdits  Messieurs  des  billets  perdus,  lettres  de  change,  ou 
autres  billets  négociables,  j  Telle  étoit  alors  la  Bourse  de 
Paris  :  une  voûte  près  d'une  prison,  pour  s'assembler  une 
fois  tous  les  huit  jours;  et  un  clerc,  pour  répondre  à  tout, 
le  reste  de  la  semaine.  L'anglais  Evelyn,  qui  visita  le  Palais 
en  1644,  la  trouva  de  bien  mesquine  apparence  auprès  de 
celle  de  Londres  :  «  Les  galeries,  où  l'on  vend  les  menues 


120  Le  Livre  commode. 

Pour  les  Banquiers  Expéditionnaires  en  Cour 
de  Rome,  voyez  l'article  des  affaires  Ecclésias- 
tiques. 

ACADEMIES 

ET   CONFÉRENCES    PUBLIQUES'. 

Il  y  a  maintenant  à  Paris  deux  Académies 
Royales,  établies  pour  perfectionner  les  sciences. 
La  plus  ancienne  est  l'Académie  Françoise  dont 
le  Cardinal  de  Richelieu  a  jette  les  premiers 
fondemens  et  dont  le  Roy  est  protecteur. 

Elle  est  composée  de  quarante  Académiciens, 
tous  gens  illustres  par  leur  qualité,  par  leur 
mérite,  et  par  leur  condition.  Ils  sont  unique- 
ment appliquez  à  réduire  la  langue  Françoise 
dans  toute  la  pureté  qu'on  peut  désirer.  Ils 
tiennent  leurs  assemblées  trois  fois  la  semaine ^ 


marchandises,  dit-il,  n'approchent  pas  des  nôtres,  non 
plus  que  le  lieu  où  se  tiennent  les  négociants,  qui  n'est 
qu'une  simple  voûte  basse.  »  (K.  Extraits  de  son  Voyage 
à  la  suite  de  celui  de  Lister,  publié  par  la  Société  des 
bibliophiles,  p.  230.) 

1 .  «  Il  y  a  diverses  Académies  qui  ont  toutes  leurs  utili- 
tez  publiques.  Si  celles  des  Jeux  n'avoient  pas  été  défendues, 
on  en  feroit  de  quatre  espèces.  Mais  comme  on  ne  joue 
plus  que  dans  des  maisons  particulières,  et  entre  personnes 
connues,  on  réduira  seulement  à  trois  espèces  celles  qui 
subsistent  à  présent;  sçavoir  celles  qui  ont  été  établies 
pour  perfectionner  les  Sciences,  celles  qui  regardent  l'Edu- 
cation de  la  Noblesse,  et  celles  qui  concernent  les  beaux 
arts.  »  Edit.  1691,  p.  7-8. 

2.  On  ne  s'étoit  d'abord  réuni  qu'une  fois  par  semaine, 
puis  deux  fois.  Enfin,  l'on  alla  jusqu'à  trois  fois  en  1675, 
pour  presser  le  travail  du  Dictionnaire,  et,  dès  lors,  ce  fut 
la  règle  :  «  Depuis  ce  temps  là,  dit  l'abbé  d'Olivet,  dans 
une  note  sur  l'Histoire  de  l'Académie,  par  Pelisson,  c'est 


Le  Livre  commode.  121 

au  vieux  Louvre',  où  ils  distribuent  tous  les 
ans  à  la  saint  Louis  des  prix  considérables,  à 
ceux  qui  ont  le  mieux  travaillé  sur  une  pièce 
proposée,  et  sur  un  sujet  à  la  gloire  du  Roy'. 

La  deuxième,  est  l'Académie  des  Sciences  qui 
s'applique  à  faire  des  découvertes  dans  l'Anato- 
mie,  dans  la  Botanique,  dans  la  Chimie,  dans 
l'Astronomie,  dans  la  méchanique,  et  générale- 
ment dans  toutes  les  parties  de  la  Philosophie  et 
des  Mathématiques. 


l'usage  que  les  trois  jours  ordinaires  d'assemblée  soient  le 
lundi,  le  jeudi,  et  le  samedi.  » 

1 .  €  A  la  prière  de  Colbert,  qui  en  étoit  membre  depuis 
cinq  ans,  le  Roi  accorda  à  l'Académie  françoise  au  rez  de 
chaussée  du  Louvre,  près  du  pavillon  des  Cariatides...  les 
Salles,  qui,  après  la  Fronde,  avoient  été  celles  du  Conseil, 
et  qui  sont  aujourd'hui  dans  le  Musée  de  Sculpture  les 
salles  de  Puget  et  de  Coustou.  »  {Hist.  au  Louvre,  p.  66, 
dans  Paris  à  travers  les  âges.) 

2.  Ces  deux  prix  étoieni  :  celui  d'éloquence,  fondé  par 
Balzac,  qui  ne  fut  distribué  qu'à  partir  de  1671  ;  et  celui 
de  poésie,  dont  Pelisson  et  trois  autres  académiciens  firent 
les  frais,  et  qu'ensuite  l'Académie  en  corps  prit  à  son 
compte,  jusqu'à  ce  qu'un  de  ses  membres,  l'évêque  de 
Noyon,  M.  de  Clermont-Tonnerre,  l'eût  constitué  à  perpé- 
tuité. 

}.  «  La  salle,  lisons-nous  dans  l'ouvrage  que  cite  notre 
avant-dernière  note,  la  salle  qui  étoit  à  la  suite  de  celle 
des  séances  servoit  pour  le  travail  du  Dictionnaire,  dont  le 
roi  payoit  toutes  les  écritures  ;  et  pour  l'examen  des  pièces 
envoyées  au  concours  des  prix  d'éloquence  et  de  poésie  que 
l'Académie  distribuoit  tous  les  ans  à  la  Saint-Louis  sous  la 
forme  de  deux  médailles  d'or,  de  trois  cents  francs  chacune. 
Ce  jour  là,  comme  la  chapelle,  d'ailleurs  fort  délaissée,  que 
Le  Mercier  n'avoit  pu  achever  au  premier  étage  du  pavillon 
des  Cariatides  de  Sarrazin,  étoit  à  la  disposition  de  l'Aca- 
démie françoise,  dont  les  Salles  se  trouvoient  presque  au- 
dessous,  les  Quarante  y  faisoient  dire  une  messe  en  musique 
et  prononcer  le  panégyrique  du  saint  Roi.  » 


122  Le  Livre  commode. 

Les  Académiciens  qui  la  composent  s'assem- 
blent tous  les  Mercredis  et  Samedis  à  la  Biblio- 
teque  du  Roi  qui  est  présentement  rue  Vivienne', 
et  qui  sera  bien-tot  à  la  place  de  Vendôme  2. 

Ceux  d'entr'eux  qui  professent  les  Mathéma- 
tiques, ont  leurs  appartements  à  l'Observatoire 
Royal  à  l'extrémité  du  Fauxbourg  Saint  Jacques. 

Quoy-que  la  musique  fasse  partie  des  Mathé- 
matiques ;  elle  a  néanmoins  son  Académie  par- 
ticulière, parcequ'elle  seroit  entièrement  inutile, 
si  comme  les  autres  Arts  libéraux,  elle  n'étoit 
soutenue  de  la  pratique?.  Cette  Académie 
s'exerce  au  quartier  de  saint  Roch4  chez  M.  de 


1 .  «  où  se  doivent  adresser  ceux  qui  ont  des  découvertes 
ou  des  inventions  nouvelles  à  proposer,  dans  le  dessein 
d'être  récompensez,  ou  seulement  recommandables.  Lors- 
qu'il s'agit  de  faits  mathématiques,  sur  l'explication  des- 
quels on  veut  prévenir  les  Académiciens  de  cette  Académie, 
on  peut  s'adresser  à  l'Observatoire  royal,  où  ils  ont  chacun 
leur  appartement.  »  Edit.  1691,  p.  8. 

2.  Ordre  avoit  été  donné  pour  la  construction  de  la 
Bibliothèque  à  la  Place  Vendôme,  le  19  mai  1691.  On  en 
trouve  le  texte  dans  les  mss.  de  la  Collection  Delamarre,  à 
la  Biblioth.  Nat.,  t.  131,  fol,  81.  Elle  eût  été  construite  au 
levant,  dans  la  partie  où  fut  bâti  l'hôtel  Bourvalais,  au- 
jourd'hui Ministère  de  la  Justice,  et  elle  eût  absorbé,  par 
derrière,  une  portion  de  l'espace  occupé,  depuis,  par  les 
hôtels  de  la  rue  Neuve  des  Capucines,  ainsi  qu'on  en  peut 
juger  d'après  les  plans  qui  se  trouvent  au  Cabinet  des  Estam- 
pes, Topographie  de  Paris,  Place  Vendôme. 

}.  «  L'Académie  royale  de  musique,  qu'on  nomme  Opéra, 
est  principalement  occupée  à  représenter  des  tragédies  en 

musique  de  la  composition  de  M.  Quinault »  Edit.  1691, 

p.  8.  {V.  plus  loin  au  chap.  Passe-temps  et  Menus  plaisirs.) 

4.  Rue  Saint-Nicaise.  C'est  ce  qu'on  appeloit  «  l'hôtel  de 
l'Académie.  »  {V.  notre  Hist.  de  la  Butte  Saint-Roch, 
p.  182,) 


Le  Livre  commode.  125 

Francine  qui  en  est  Directeur'  à  la  répétition 
des  pièces  de  Théâtre  qu'on  nomme  Opéra,  et 
qu'elle  représente  ensuite  sur  le  Théâtre  du 
Palais  Roial,  ce  qui  peut  être  pratiqué  par  la 
Noblesse  sans  déroger. 

La  Société  Royale  de  Médecine  est  encore 
une  espèce  d'Académie  ^  en  laquelle  on  passe 
des  règles  à  la  pratique,  ce  qui  fait  qu'elle  est 
composée  de  Philosophes,  de  Médecins,  de 
Chirurgiens  et  d'Apoticaires  artistes.  Elle  tient 
des  Conférences  publiques  tous  les  Dimanches 
après  Vêpres,  rue  de  Pincourt,  Faubourg  saint 
Antoine,  chez  Monsieur  de  Blegny  qui  en  est 
Directeur,  qui  a  commencé  cet  établissement  par 
ordre  du  Roy,  sous  la  protection  de  M.  Daquin, 
premier  Médecin  de  S.  M.  Il  a  déjà  publié  plu- 
sieurs volumes  d'Observations  et  d'Expériences, 
et  il  travaille  sans  relâche  à  faire  de  nouvelles 
découvertes?.  Cette  Société  a  des  membres  en 

1 .  U  avoit  succédé  à  LuUi,  dont  il  étoit  le  gendre. 

2.  «...  Est  établie  par  ordre  de  la  Cour,  et....  discipli- 
née sur  le  pied  des  Académies  d'établissement  royal.  Elle  a 
pour  sujet  toutes  les  sciences  naturelles  et  les  arts  qui  en 
dépendent.  »  Edit.  1691,  p.  12. 

}.  «  M.  de  Blegny...  a  l'avantage  d'avoir  pratiqué  et 
enseigné  successivement  toutes  les  parties  de  la  philosophie 
et  de  la  médecine.  Il  a  composé  dix-huit  volumes  très-cu- 
rieux sur  les  sujets  particuliers  qui  en  dépendent,  et  inventé 
diverses  machines  fort  industrieuses,  qui  lui  ont  toujours 
attiré  beaucoup  d'auditeurs.  U  s'est  retiré  depuis  quelque 
temps  à  son  jardin  médicinal  à  l'entrée  du  faubourg  Saint- 
Antoine,  grande  rue  de  Pincourt,  où  il  tient  une  pension 
pour  les  malades,  dont  il  sera  parlé  ci-après  {V.  plus  bas, 
Pension  pour  les  malades).  Mais  on  ne  laisse  pas  de  le 
trouver  presque  tous  les  jours  chez  M.  son  fils,  apothicaire 
du  Roi,  à  l'entrée  de  la  rue  de  Guénegaud,  où  il  tient  ses 
conférences  en  hiver,  ne  les  ayant  établies  l'été  à  Pincourt, 


124  Le  Livre  commode. 

plusieurs  Villes  de  Provinces,  qui  travaillent 
utilement  à  la  fin  commune,  qui  est  la  perfec- 
tion du  plus  important  de  tous  les  Arts. 

Il  en  est  tout  de  même  de  l'Académie  d'Archi- 
tecture, c'est  un  Art  qui  a  beaucoup  de  préceptes 
scientifiques,  mais  qui  sont  applicables  à  la 
mechanique  active.  Elle  est  d'établissement 
Royal  et  a  eu  feu  M.  Colbert  pour  protecteur. 
Maintenant  elle  est  sous  la  protection  de  M.  de 
Villacerf  '  et  tient  ses  assemblées  tous  les  Lundis 
de  relevée,  au  Palais  Brion^. 

Pour  ce  qui  est  des  deux  Académies  établies 
pour  la  Peinture,  pour  la  Sculpture  et  pour  la 
Dance,  elles  n'ont  presque  pour  objet  que  l'exer- 
cice. La  première  qui  est  pour  les  Peintres  et 
pour  les  Sculpteurs,  se  tient  aussi  au  Palais 

qu'à  cause  des  plantes  médicinales  qu'il  y  fait  élever  pour 
la  satisfaction  et  l'utilité  des  médecins,  chirurgiens  et  artistes, 
qui  sont  sous  sa  direction,  et  qui  s'y  rendent  les  dimanches 
après  le  service  divin,  pour  conférer  à  l'ordinaire  et  con- 
sulter sur  les  indispositions  des  malades,  qui  se  présentent, 
et  à  qui  l'on  donne  gratuitement  les  ordonnances  et  délibé- 
rations. Mais  en  hiver,  la  conférence  de  la  rue  Guénegaud 
se  tient  les  jeudis  non  fêtez,  et  commence  à  trois  heures 
de  relevée.  »  Edit.  1691,  p.  12. 

1.  Edouard  Colbert,  marquis  de  Villacerf,  cousin  du 
ministre. 

2.  «Qui  fait  partie  du  Palais  Royal,  et  qui  a  sa  porte  dans 
la  rue  de  Richelieu.»  Edit.  1691,  p.  9.  C'étoit  un  pavillon, 
dont  une  salle  donnoit  de  plain-pied  sur  le  jardin  du  Palais- 
Royal.  Il  devoit  son  nom  au  duc  de  Damville,  qui  n'étoit  que 
comte  de  Brion  quand  le  roi  l'avoit  fait  bâtir,  pour  lui,  en 
165 1 .  Il  y  logea  plus  tard  M""'  de  La  Vallière.  C'est  là  que 
se  fit,  en  plein  air,  la  première  exposition  de  peinture,  en 
1673.  Le  Théâtre  françois  en  occupe  à  peu  près  l'emplace- 
ment. On  verra  en  effet  plus  loin  que  le  Palais  Brion  étoit 
«  à  l'entrée  de  la  rue  de  Richelieu.  » 


Le  Livre  commode.  125 

Brion,  à  l'entrée  de  la  rue  de  Richelieu.  Elle  est 
composée  d'un  grand  nombre  de  fort  habiles 
Maîtres  qui  apportent  un  soin  particulier  à  l'édu- 
cation de  leurs  élèves,  et  qui  leur  fournissent 
continuellement  pour  le  dessein,  des  modèles 
humains  et  vivans  placez  en  différens  jours  et 
en  diverses  postures.  Us  trouvent  même  cet 
avantage  dans  leurs  études,  que  l'Académie  fait 
distribuer  des  prix  considérables  à  ceux  qui  font 
plus  de  progrès  dans  un  certain  espace  de  temps  • . 


I.  f  Pour  être  compris  dans  la  liste  des  disciples,  qui 
doivent  y  avoir  entrée,  l'aspirant  doit  avoir  pour  professeur 
l'un  des  Académiciens,  qui,  pour  justifier  la  proteaion  qu'il 
lui  accorde,  lui  donne  un  billet  imprimé  signé  de  lui,  et 
adressant  aux  Officiers  de  l'Académie  auxquels  il  le  présente. 
Après  quoy  ce  billet  ayant  été  pareillement  signé  du  Rec- 
teur qui  est  de  quartier,  et  du  Professeur  qui  est  en  mois, 
le  disciple  a  la  liberté  de  se  rendre  tous  les  jours  à  l'Aca- 
démie, où  il  s'exerce  avec  tous  les  autres  à  dessigner  des 
modèles  humains  et  vivants,  placez  en  différents  jours  et  en 
diverses  postures  ;  ce  qu'ils  continuent  pendant  trois  mois, 
laissant  toujours  leurs  desseins  à  l'Académie,  où  ils  sont 
ensuite  examinez  par  les  Officiers,  qui  distribuent  une  forte 
médaille  d'or  à  celuy  qui  a  le  mieux  réussi,  une  médaille 
moins  pesante  du  même  métail  à  celui  qui  approche  le  plus 
près  de  la  force  de  ce  premier,  et  une  médaille  d'argent  à 
celui  dont  les  desseins  prévalent  sur  tous  ceux  des  disciples 
auxquels  l'Académie  n'accorde  aucun  prix.  Après  cela,  on 
divise  la  troupe  en  trois  classes,  relativement  à  la  capacité 
des  disciples.  Ceux  de  la  première  entrent  et  se  placent 
avant  les  deux  autres  classes,  qui  gardent  entre  elles  le 
même  ordre  ;  mais  avant  que  les  entrées  se  renouvellent,  on 
recommence  aussi  la  cérémonie  des  billets  et  des  présenta- 
tions cy-devant  expliquées.  Outre  les  prix  qui  se  distribuent, 
comme  il  vient  d'être  dit,  il  s'en  distribue  encore  quatre 
autres  à  la  Saint  Louis,  qui  donnent  encore  plus  d'émula- 
tion aux  disciples;  par  cette  raison  que  ceux  qui  les  ont 
gagnez  sont  envoyez  et  entretenuz  à  Rome  durant  trois  ans, 
aux  dépens  du  Roi,  même  de  couleurs  et  de  pinceaux,  en 


126  Le  Livre  commode. 

La  deuxième  qui  est  pour  l'exercice  de  la 
Danse  '  tient  Salie  tous  les  Jeudis  pour  éprouver 
ses  élevés,  rue  Bailleuil,  chez  M.  de  Beauchamp 
qui  en  est  Chancelier  et  Maître  des  Balets  du 
Roy.  Selon  les  statuts  de  cette  Académie,  elle 
ne  devroit  estre  composée  que  de  treize  Acadé- 
miciens ;  mais  ce  nombre  a  esté  augmenté  2  par 
les  grâces  que  le  Roy  a  bien  voulu  faire,  à 

travaillant  seulement  quatre  jours  la  semaine  à  faire  des 
copies  pour  Sa  Majesté  :  outre  qu'étant  revenus,  ils  sont 
préférés  pour  les  beaux  ouvrages,  et  reçus  sans  peine 
membres  de  l'Académie,  ce  qui  leur  donne  de  plein  droit 
la  liberté  de  travailler  à  Paris,  et  ce  qui  les  met  dans  un 
degré  de  distinction  très  honorable.  Les  élèves  des  peintres 
et  ceux  des  sculpteurs  sont  indifféremment  admis  à  disputer 
les  prix,  lorsqu'ils  ont  été  jugés  de  force  suffisante;  à  cet 
effet,  ceux  qui  aspirent  à  ce  bénéfice,  présentent  chacun  un 
esquisse  de  leur  façon  ;  et,  afin  que  l'Académie  soit  assurée 
qu'aucune  de  ces  esquisses  n'a  été  supposée,  les  Professeurs 
font  faire  en  leur  présence  un  impromptu  à  chacun  de  ceux 
qui  ont  présenté  de  bonnes  esquisses  ;  et  tous  ceux  de  qui 
les  impromptus  sont  d'une  force  relative  à  leurs  esquisses, 
sont  admis  à  travailler  pour  les  prix  qui  sont  au  nombre  de 
quatre,  savoir  :  deux  médailles  d'or,  et  deux  d'argent,  qui 
sont  distribuées  aux  quatre  disciples  qui  ont  travaillé  avec 
plus  de  succès,  entre  lesquels  le  plus  fort  reçoit  encore  un 
laurier  de  la  main  du  surintendant  de  ces  Académies.  » 
Edit.  1691,  p.  9. 

1 .  «  L'Académie  royale  de  danse,  qui  est  établie  par  lettres 
patentes  à  l'instar  de  celles  dont  il  vient  d'être  parlé,  tenoit 
il  n'y  a  guère  ses  assemblées  au  Palais  des  Tuileries,  dans 
l'antichambre  de  Monseigneur,  et  les  tient  maintenant  dans 
la  salle  de  Monsieur  Beauchamp,  maître  des  ballets  du  Roi, 
et  chancelier  de  l'Académie,  en  sa  maison  rue  Bailleul,  der- 
rière l'hôtel  d'Aligre.  »  Id.,  p.  10.  —  Les  lettres  patentes 
«  pour  l'établissement  de  l'Académie  royale  de  danse,  en 
la  ville  de  Paris,  »  avoient  été  vérifiées  au  Pariement  le 
30  mars  1662. 

2.  «  Et  le  sera  probablement  encore.  »  Edit.  1691, 
p.  10. 


Le  Livre  commode.  127 

Quelques  uns  de  ceux  qui  ont  eu  l'honneur  de 
anser  devant  Sa  Majesté  avant  d'y  estre  admis  ' . 

CONFÉRENCES. 

Il  y  a  un  concours  de  scavans  toutes  les 
aprésdinées  chez  M.  l'Abbé  Ménage,  Cloitre 
Notre  Dame^,  où  l'on  confère  sur  toutes  sortes 
de  sujets  ?. 


1 .  «  Trois  de  ces  maîtres  se  rendent  tous  les  jeudis  à 
l'Académie,  pour  exercer  gratuitement  les  personnes  de 
considération  qui  s'y  trouvent,  et  les  élèves  des  Académi- 
ciens, qui  aspirent  d'être  admis  à  l'Académie,  et  qui  ont,  à 
cet  effet,  leurs  protecteurs,  par  qui  l'Académie  est  certifiée 
de  leur  capacité  lors  de  leur  réception,  qui  se  fait  toujours 
après  la  convocation  de  plusieurs  personnes  qualifiées,  et 
des  maîtres  de  l'Académie,  en  présence  desquels  ils  font  une 
expérience  de  chef-d'œuvre  :  après  quoy,  ils  sont  en  plein 
droit  d'enseigner  la  danse  à  Paris,  et  de  jouir  de  divers 
privilèges  que  le  Roi  a  eu  la  bonté  d'accorder  à  cette  Aca- 
démie, où  l'on  est  reçu  seulement  en  payant  une  somme 
très  modique,  et  en  donnant  une  bourse  de  jetons  d'argent 
qui  sont  distribués  au  nombre  de  deux  à  chacun  des  maîtres 
qui  se  trouvent  à  l'Académie  les  jours  d'exercice  et  encore 
les  premiers  jeudis  de  chaque  mois,  afin  de  porter  les  Aca- 
démiciens à  se  trouver  à  l'Assemblée  générale  qui  se  tient 
ce  jour  là  à  l'Académie  pour  délibérer  sur  les  affaires  com- 
munes, ainsi  que  le  premier  jour  de  mai.  »  Id.,  p.  10. 

2.  Ménage,  après  la  mort  du  cardinal  de  Retz,  dont  il 
étoit  en  quelque  sorte  devenu  le  secrétaire,  avoit  pris  un 
logis  au  Cloître  :  «  Il  y  tint  régulièrement,  dit  La  Monnoye 
dans  la  Notice  en  tête  du  Menagiana,  t.  I,  tous  les  mercre- 
dis de  chaque  semaine,  une  assemblée,  qu'il  appeloit,  à  cause 
du  jour,  sa  Mercuriale,  où  il  eut  la  satisfaction  de  voir  tou- 
jours un  grand  concours  de  gens  de  lettres,  tant  françois 
qu'étrangers.  »  La  maison  où  il  logeoit,  existe  encore  rue 
Massillon,  n*  4.  C'est  celle  où  La  Harpe  mourut.  {Rev. 
archiolog.,  t.  IV,  i"  part.,  p.  144.) 

3.  «  La  conférence  de  M.  de  la  Courtière,  qui  se  tient 


128  Le  Livre  commode. 

M.  de  Villevant,  Maître  des  Requestes,  rue 
Hautefeùille,  donne  aussi  entrée  chez  lui  toutes 
les  aprésdinées  aux  Sçavans  de  considération, 
qui  tiennent  une  conférence  curieuse  sur  tous 
les  sujets  qui  se  présentent. 

M.  d'Herbelot',  rue  de  Condé,  tient  une  autre 
conférence  chez  lui  tous  les  soirs  après  sept 
heures. 

Les  Mardis  de  relevée,  on  tient  une  confé- 
rence curieuse  chez  M.  le  Marquis  d'Angeau, 
Chevalier  des  Ordres  du  Roi,  Place  Royale 2. 

Les  Jeudis  de  relevée,  chez  M.  l'Abbé  de  la 
Roque,  rue  de  Guénégaud,  sur  diverses  matières 
scientifiques  3, 

rue  Saint-Jean  de  Beauvais,  a  pour  principal  sujet  la  Phi- 
losophie, et  pour  accessoires  les  nouveautez  de  tous 
genres.  »  Edit.  1691,  p.  12. 

1.  C'est  l'orientaliste,  professeur  en  langue  syriaque,  au 
collège  Royal,  secrétaire-interprète  des  langues  orientales, 
auteur  de  la  Bibliothèque  orientale,  qui  fut  publiée  in-fol. 
en  1697,  deux  ans  après  sa  mort. 

2.  L'abbé  de  Dangeau,  bien  plus  que  son  frère  le  Marquis, 
trop  occupé  à  la  Cour,  tenoit  cette  conférence  presque  en- 
tièrement grammaticale,  et  qu'on  appeloit  la  Martiale, 
parce  qu'elle  avoit  lieu  le  mardi.  Le  poète  Lainez,  qui  la 
fréquenta  quelque  temps,  se  vengea  de  l'ennui  qui  l'y  avoit 
gagné  et  des  habitudes  de  purisme  qu'il  y  avoit  failli 
prendre,  par  cette  épigramme  : 

Je  sens  que  je  deviens  puriste, 
J'aligne  au  cordeau  chaque  mot. 
Je  suis  les  Dangeaux  à  la  piste  : 
Je  pourrois  bien  n'être  qu'un  sot. 

3.  L'abbé  Jean-Paul  de  la  Roque,  qui,  depuis  1675,  diri- 
geoit  le  Journal  des  Savants  à  la  place  de  Gallois,  et  depuis 
1683,  le  Journal  de  Médecine,  dont  il  étoit  le  fondateur.  Ses 
conférences  du  jeudi,  rue  Guénégaud,  ont  été  curieusement 
décrites  par  Le  Maire  dans  son  Paris  ancien  et  nouveau, 
1685,  in-12. 


Le  Livre  commode.  129 

Les  Samedis  aussi  de  relevée,  chez  M.  le 
Chevalier  Chassebras  du  Breau,  Carrefour  saint 
Benoist,  quartier  S.  Germain,  sur  l'Histoire  et 
sur  les  sciences  ' . 

BIBLIOTEQUES 

PARTICULIERES   ET   PUBLIQUES. 

Les  curieux  peuvent  avoir  par  faveur,  quel- 
ques entrées  dans  les  Biblioteques  suivantes  : 
sçavoir; 

A  la  Biblioteque  du  Roy  qui  est  encore  rue 
Vivienne;  et  qui  sera  bien-tôt  à  la  place  de 
Vendosme^,  où  l'on  trouve  encore  une  infinité  de 
Livres  et  de  Manuscrits  rares,  tout  ce  qu'il  y  a 
eu  de  plus  considérable  dans  toutes  les  Langues 
orientales. 

Au  Cabinet  des  Livres  du  Château  du  Louvre'. 

A  la  Biblioteque  de  Monseigneur  l'Archevêque 
de  Rheims4,  rue  Saint  Thomas  du  Louvre. 


1.  «  Enfin,  celle  de  M.  de  Fontenay,  qui  se  tient  les  sa- 
medis, rue  Christine,  a  pour  objet  les  Mathématiques.  » 
Edit.  1691,  p.  12. 

2.  K.  un  peu  plus  haut,  au  chap.  des  Académies. 

j.  On  n'y  conservoit  guère  alors  que  les  livres  à  l'usage 
des  rois,  et  ceux  qui  leur  avoient  été  offerts  ou  dédiés.  Le 
P.  Jacob  en  a  parlé  dans  son  Traité  des  Bibliothèques,  1644, 
in-8,  sans  oublier  le  conseiller  d'Etat  Chaumont  qui  en  étoit 
alors  le  bibliothécaire. 

4.  Maurice  Le  Tellier,  qui,  étant  directeur  de  la  Biblio- 
thèque du  Roi,  s'étoit  laissé  gagner  par  l'amour  des  livres. 
Il  en  eut  un  grand  nombre  qui  passèrent  tous  à  la  Biblio- 
thèque des  chanoines  de  Sainte-Geneviève,  où,  dit  Baudelot 
de  Dairval,  «  ils  font  un  très  bel  ornement  par  leur  condi- 
tion. »  De  l'utilité  des  Voyages,  t.  11,  p.  418.  Le  catalogue 
en  fut  imprimé  in-fol.,  à  l'imprimerie  Royale,  en  1693, 

Liyre  commode.  9 


130  Le  Livre  commode. 

A  celle  de  Monseigneur  le  Chancelier',  rue 
S.  Louis  du  Marais. 

A  celle  de  Monsieur  le  Premier  Président, 
Cour  du  Palais,  qui  est  remplie  d'excellens 
Tableaux,  de  Médailles  et  de  Monnoyes  antiques 
et  modernes. 

A  celle  de  Monseigneur  de  Menars,  Président 
à  mortier,  près  la  Porte  de  Richelieu,  où  sont 
la  plus  grand  part  des  plus  curieux  livres  de 
M.  deThou^. 

A  celle  de  Monseigneur  Talon?,  aussi  Prési- 
dent à  mortier,  rue  Saint  Guillaume. 

A  celle  de  Monseigneur  l'Avocat  Général  de 
la  Moignon,  à  l'Hôtel  d'Angoulesme4,  où  il  y  a 
un  grand  nombre  de  belles  Médailles  antiques  s. 

sous  ce  titre  :  Bibliotheca  Telleriana.  Le  sorboniste  Ph. 
Dubois,  bibliothécaire  du  prélat,  l'avoit  dressé.  En  1700, 
Le  Tellier  avoit  donné  la  plupart  de  ses  manuscrits,  500 
environ,  françois,  orientaux,  latins  surtout,  à  la  Bibliothè- 
que du  Roi. 

1 .  Boucherat,  dont  la  bibliothèque  avoit  en  effet  son 
prix,  depuis  surtout  que  M.  M.  de  Brienne  lui  avoit  donné, 
en  1685,  une  riche  collection  de  copies  faites  sur  le  recueil 
de  M.  de  Loménie,  dont  l'original  étoit  à  la  bibliothèque 
du  Roi.  Tous  les  livres  de  Boucherat  portent  sa  devise  : 
un  coq  avec  un  soleil,  avec  ces  mots  :  Sol  reperiî  vigilem. 

2.  Nous  avons  parlé  de  cette  bibliothèque,  à  propos  de 
son  possesseur  M.  de  Ménars,  au  chapitre  des  Présidents  à 
mortier. 

3.  Nous  avons  aussi  parlé  de  lui,  au  chapitre  des  Prési- 
dents à  mortier.  Sa  bibliothèque,  qu'il  accrut  beaucoup,  lui 
venoit  de  son  père,  l'illustre  Orner  Talon.  La  jurisprudence, 
l'histoire,  la  philosophie,  en  étoient,  comme  on  le  pense 
bien,  le  fond  principal. 

4.  „Sa  bibliothèque  avoit  été  formée  par  son  père,  le 
président  de  Lamoignon,  qui  avoit  eu  le  célèbre  Adrien 
Baillet  pour  bibliothécaire. 

5.  Il  les  devoit  en  partie  à  Tavernier,  qui  les  lui  avoit 


i 


Le  Livre  commode.  131 

A  celle  de  Monseigneur  de  la  Moignon  de 
Basville,  Conseiller  d'Etat ',  rue  où 

sont  les  plus  belles  Médailles  modernes. 

A  celle  de  M.  de  la  Proutiere,  rue  Saint  Do- 
minique, où  il  y  a  des  Tableaux,  des  Bronzes, 
et  des  Médailles  d'un  choix  particulier. 

A  celle  de  M.  le  Clerc  de  Lesseville,  rue  Ga- 
lande^. 

A  celle  de  M.  Boucot,  rue  Hautefeuille3. 

A  celle  de  M.  Rousseau,  rue  de  la  Calandre, 
où  il  y  a  un  grand  nombre  des  plus  rares  es- 
tampes 4. 

A  celle  de  M.  BultaultJ,  près  la  place  des 
Victoires. 


rapportées  de  ses  voyages. 

1 .  Nous  avons  parlé  de  lui  au  chapitre  des  Intendants.  Il 
rétoit  du  Languedoc. 

2.  Frère  de  celui  que  nous  avons  vu  plus  haut  parmi  les 
présidents  des  Enquêtes. 

3 .  Nous  l'avons  vu  figurer  plus  haut  parmi  «  les  gardes 
des  offices  de  France,  »  et  nous  avons  à  ce  sujet  parlé  de 
sa  bibliothèque  et  de  ses  collections. 

4.  «  Le  cabinet  de  M.  Rousseau,  on  l'on  voit  plus  de 
quatre-vingts  volumes,  gros  comme  l'Atlas,  lesquels  con- 
tiennent tout  ce  qu'il  y  a  de  beau  dans  tous  les  Etats  du 
monde.  Tous  les  hommes  illustres  et  tous  les  saints  y  sont 
représentés,  —  au  moins  ceux  dont  on  a  fait  des  estampes. — 
Néanmoins  cette  bibliothèque  ne  doit  passer  que  pour  un 
recueil.  »  (Le  Gallois,  Traité  des  plus  belles  Biblioth.  de 
l'Europe,  1680,  in-8,  p.  I3c^-i5i.) 

5.  Louis  Bulteau,  qui  mourut  l'année  suivante,  1693, 
chez  les  Bénédictins.  Son  frère  Charles,  en  faveur  duquel 
il  s'étoit  démis  de  sa  charge  de  secrétaire  du  Roi,  conserva 
la  riche  bibliothèque  qu'il  lui  légua.  Elle  ne  fut  vendue 
qu'en  171 1,  un  an  après  sa  mort.  Gabriel  Martin  en  publia 
le  catalogue  :  Bibliotheca  Bulteriana,  2  voi.  in- 12.  A  cette 
vente,  la  Bibliothèque  du  Roi  n'acquit  pas  m.oins  de  8jo 
volumes. 


132  Le  Livre  commode. 

A  celle  de  M.  l'Abbé  de  la  Chambre',  sur  le 
quay  de  Nesle. 

A  celle  de  M.  Chassebras  de  Cramailles,  rue 
du  cimetière  saint  André,  où  il  y  a  beaucoup  de 
curiositez  d'Italie  et  du  Levant,  d'Estampes,  de 
Monnoies,  etc. 

A  celle  de  la  Sorbonne,  où  il  y  a  de  rares 
manuscrits  de  Théologie  2. 

A  celle  du  Collège  de  Louis  le  Grand,  rue 
saint  Jacques,  composée  en  partie  de  celle  de 
M.  FouquetJ. 

A  celle  des  Chanoines  Réguliers  de  sainte 
Geneviève  du  Mont  4. 


1.  «  Sa  grande  inclination,  dit  Vigneul-Marville,  dans 
l'éloge  qu'il  a  fait  de  cet  académicien  inconnu,  étoit  pour 
les  livres  Italiens  et  Espagnols.  »  [Mélanges  d'histoire  et  de 
littérature,  t.  I,  p.  97.) 

2.  Le  Gallois,  dans  son  Traité  cité  tout-à-l'heure,  nous  la 
donne,  p.  13},  comme  étant  «  sans  contredit  une  des  plus 
florissantes  de  l'Europe.  »  C'étoit  en  1680,  elle  augmenta 
beaucoup,  depuis.  Au  xviii°  siècle,  on  n'y  comptoit  pas 
moins  de  5,000  mss.,  et  60,000  volumes.  Ses  principaux 
bienfaiteurs  avoient  été  Richelieu  et  l'un  de  ses  secrétaires, 
l'abbé  Des  Roches,  que  l'on  connoît  par  l'Epître  que  lui 
dédia  Boileau.  En  1796,  les  manuscrits  furent  portés  à  la 
Bibliothèque  Nationale,  où  on  les  réunit  au  fonds  qui  pro- 
venoit  du  cardinal  de  Richelieu. 

3.  Suivant  une  note  fort  juste  de  l'abbé  Goujet,  écrite 
en  marge  de  l'exemplaire  du  De  Bibliothecis  parisiensibus, 
de  Dan.  Maichel,  1729,  in-8,  p.  94,  que  nous  possédons, 
le  Fouquet  auquel  les  Jésuites  dévoient  un  fonds  dont  s'en- 
richit leur  bibliothèque  n'étoit  pas  Fouquet,  le  surintendant, 
mais  Fouquet,  marquis  de  la  Varenne.  Les  livres  acquis  avec 
l'argent  de  son  legs  se  distinguoient  par  un  double  <ï>,  sur 
le  dos  de  la  reliure. 

4.  V.  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut,  à  propos  de  la 
bibliothèque  de  Le  Tellier.  Celle  des  Génovéfains  se  trou- 
voit,  où  nous  l'avons  vue  encore,  au  dernier  étage  de  cette 


Le  Livre  commode.  133 

A  celle  de  l'Abbaïe  saint  Germain  des  Prez'. 

A  celle  du  Chapitre  de  Notre  Dame». 

A  celle  du  Collège  de  Navarre,  montagne 
sainte  Geneviève  5. 

A  celle  du  Collège  de  Boissy  4,  rue  du  Cime- 
tière saint  André. 


partie  de  l'abbaye  Sainte-Geneviève,  qui  étoit  devenue  une 
dépendance  du  collège  Henri  IV.  En  1768,  on  la  rendit 
publique  trois  fois  par  semaine,  le  lundi,  le  mercredi  et  le 
samedi,  de  deux  heures  à  cinq.  Elle  est  maintenant  en  de 
nouveaux  bâtiments  construits  sur  l'emplacement  du  collège 
Montaigne.  V.  plus  bas. 

1.  Elle  étoit  la  plus  riche  après  la  Bibliothèque  du  Roi, 
principalement  en  manuscrits,  dont  un  grand  nombre  lui 
vinrent  au  xviii'  siècle  de  M.  de  Coislin,  de  l'abbé  d'Estrées, 
de  l'abbé  Renaudot,  etc.  V.  ce  qu'en  dit  D.  Bouillart  dans 
son  Hist.  de  Saint-Germain  des  Prej,  1724,  in-fol.  —  Malgré 
l'incendie  de  1792,  et  un  vol  en  1791,  qui  fit  passer  120  de 
ses  mss.  en  Russie,  la  Biblioth.  Nat.  n'en  eut  pas  moins  de 
9,000  de  cette  seule  provenance. 

2.  Elle  étoit  assez  modeste,  n'occupant  que  deux  pe- 
tites chambres  dans  la  cathédrale  même,  et  ne  comptant  au 
xviii*  siècle  que  5,000  volumes  au  plus.  Le  principal  fonds 
en  étoit  venu  de  Claude  Joly,  dont  nous  avons  parlé  au 
chapitre  des  Affaires  ecclésiastiques.  Il  tenait  de  son  grand- 
père,  l'avocat  Loisel,  un  certain  nombre  de  mss.  qui  pas- 
sèrent avec  les  siens  et  les  autres  du  chapitre  à  la  Biblio- 
thèque du  Roi,  par  une  donation  que  firent  les  chanoines, 
le  24  avril  1756. 

j.  Il  est  occupé  aujourd'hui  par  l'Ecole  Polytechnique. 
Sa  bibliothèque,  dont  le  premier  fonds  venoit  de  Jeanne  de 
Navarre,  fondatrice  du  collège,  avoit  pour  principale  richesse 
la  plus  grande  partie  des  livres  de  l'illustre  curieux  du  temps 
de  Louis  XIII,  le  provençal  Peiresc,  et  de  nombreux  volumes 
sur  peau  vélin,  avec  initiales  en  miniature.  De  ses  nombreux 
mss.  il  n'en  arriva  que  124  à  la  Bibliothèque  Nationale 
pendant  la  Révolution, 

4.  Nous  ne  savons  rien  sur  la  bibliothèque  de  ce  collège 
fondé  en  1354  par  Guill.  de  Boissy,  qui  lui  donna  son  nom. 
Il  étoit  en  1692  en  complète  décadence,  dont  il  ne  se  releva 


134  Le  Livre  commode. 

A  celle  des  Augustins  Réformez  de  saint  Ger- 
main des  Prez'. 

A  celle  des  Augustins  Déchaussez,  rue  des 
Victoires  2. 

A  celle  des  Célestins,  près  l'Arsenal?. 

A  celle  des  Cordeliers,  près  l'Eglise  saint 
Cosme4. 


que  l'an  d'après.  Sa  bibliothèque  toutefois  étoit,  à  ce  qu'il 
paroît,  restée  assez  riche. 

1.  L'école  des  Beaux-Arts,  rue  Bonaparte,  a  pris  la  place 
de  leur  couvent.  La  bibliothèque  n'en  devint  importante 
que  lorsque  le  président  de  la  Cour  des  Monnoies,  Gilbert 
Mauguin,  lui  eut  légué  ses  12,000  volumes  de  théologie  et 
de  jurisprudence,  en  1674.  Elle  s'augmenta  encore,  en  1728, 
de  ceux  du  copiste  Jean  Pontal.  On  y  remarquoit  14  volumes 
in-fol.  à'Antiphonaires,  tous  écrits,  notés  et  enluminés,  au 
xvit"  siècle,  par  le  P.  Trochereau,  un  des  moines  du 
couvent. 

2.  Ce  sont  les  petits  Pères,  de  la  rue  Notre-Dame  des 
Victoires,  dont  il  ne  reste  que  l'église,  une  caserne  des 
gardes  de  Paris,  ayant,  depuis  1850,  pris  la  place  du  cou- 
vent. On  y  comptoit,  vers  le  milieu  du  xviii"  siècle,  environ 
30,000  volumes.  Auprès  de  la  bibliothèque  étoient  un  ca- 
binet de  peinture,  et  un  autre  d'histoire  naturelle  et  d'an- 
tiquités. 

3 .  On  y  comptoit  environ  20,000  volumes,  non  compris 
les  manuscrits,  dont  les  plus  précieux  venoient  de  la 
bibliothèque  que  le  frère  de  Charles  VI,  Louis  d'Orléans, 
conservoit  dans  son  hôtel  de  Pute  y  musse,  voisin  du  cou- 
vent. Un  des  deux  seuls  exemplaires  de  l'édition  xylogra- 
phique du  Spéculum  humante  salvationis,  que  l'on  connut 
au  xviii*^  siècle,  s'y  trouvoit  aussi, 

4.  Brûlée  en  1580,  cette  bibliothèque  redevint  peu  à  peu 
plus  importante  qu'elle  ne  l'avoit  été.  L'incendie  y  avoit 
détruit  9,000  volumes;  en  1680,  elle  en  avoit  12,000, 
mais  l'on  n'y  trouvoit  plus  la  plupart  des  beaux  manuscrits 
donnés  par  Catherine  de  Médicis,  ni  ceux  des  auteurs  latins, 
dont  les  Aide  et  les  Estienne  s'étoient  servis  pour  leurs 
éditions.  Les  163  qui  en  sont  venus  à  la  Bibliothèque  Natio- 
nale sont  la  plupart  sans  grande  valeur. 


J 


Le  Livre  commode.  155 

A  celle  des  Jacobins  du  Grand  Couvent,  rue 
saint  Jacques'. 

A  celle  des  Jacobins  Reformez,  rue  saint  Ho- 
noré*. 

A  celle  des  Chanoines  Réguliers  de  sainte 
Croix  de  la  Bretonnerie3. 

A  celle  du  Prieuré  de  saint  Martin  des 
Champs  4. 


1 .  Elle  n'étoit  pas  alors  bien  riche,  les  dons  du  chanoine 
lyonnois  Tricaud,  et  du  duc  d'Orléans,  fils  du  Régent,  ne 
l'ayant  augmentée  qu'au  siècle  suivant.  Les  livres  du  prince, 
qui,  au  nombre  de  6,800  volumes,  formoient  plus  d'un  tiers 
de  la  bibliothèque,  s'y  voyoient  dans  une  salle  à  part, 
nommée  Bibliothaa  AurtUana.  Il  n'est  venu  des  Jacobins 
à  la  Bibliothèque  Nationale  que  60  mss.  environ  des  xm* 
et  xiv^  siècles. 

2.  «  Somptueuse  en  édifices,  écrivoit  sous  Louis  XIII  le 
P.  Jacob,  mais  de  beaucoup  moindre  qualité  en  livres.  » 
Elle  s'enrichit  plus  tard.  Un  des  religieux  du  couvent  lui 
légua,  en  1649,  toute  la  bibliothèque  de  son  père,  médecin 
en  Allemagne.  Le  sorboniste  Picque  lui  laissa,  en  1699,  les 
manuscrits  arabes  de  son  cabinet,  qui  devaient  passer  en 
1795  à  la  Bibliothèque  Nationale,  et  auxquels  se  joignirent 
ceux  que  le  P.  J.  Goar  avoit  rapportés  de  Grèce.  Sous 
Louis  XV,  sans  compter  les  manuscrits,  il  y  avoit  chez  les 
Jacobins  de  la  rue  Saint-Honoré  26,000  volumes.  En  1748, 
le  P.  Bérenger  avoit  dressé  le  catalogue  des  livres  et  ma- 
nuscrits en  7  vol.  in-fol.  On  l'appeloit  quelquefois  la 
Bibliothèque  de  M.  le  Dauphin,  parce  qu'à  la  naissance  de 
Louis  XIV,  les  Jacobins  la  lui  avoient  dédiée.  Une  partie 
de  la  correspondance  du  cardinal  de  Noailles,  aujourd'hui 
à  la  Bibliothèque  Nationale,  s'y  trouvoit. 

3.  Nous  ne  savons  rien  sur  cette  bibliothèque  d'un  cha- 
pitre d'ailleurs  peu  important. 

4.  On  n'y  trouvoit  guère  que  5  ou  6,000  volumes,  mais 
beaucoup  de  manuscrits,  dont  112  sont  aujourd'hui  à  la 
Bibliothèque  Nationale  ;  et,  comme  dans  tous  les  prieurés 
de  Bénédictins,  un  grand  nombre  de  chartes  et  diplômes. 
Dom  Chameaux,  qui  en  étoit  le  conservateur,  sous  Louis  XV, 


1^6  Le  Livre  commode. 

A  celle  des  Minimes  de  la  place  Roïale'. 

Outre  les  Biblioteques  particulières,  il  y  en  a 
quelques  unes  à  l'usage  du  public,  dans  les- 
quelles on  donne  entrée  à  tous  venans  aux  jours 
et  heures  ci-après  marquées  ;  sçavoir, 

Celle  du  Collège  Mazarini  qui  est  ouverte  les 
Lundis  et  Samedis  du  matin  et  de  relevée  2. 

Celle  de  l'Abbaie  saint  Victor  où  sont  les 

en  évaluoit  le  chiffre  à  80,000.  Us  avoient  été  rassemblés 
par  Dom  Pernot  dans  la  première  moitié  du  xviii"'  siècle. 

1.  Un  des  religieux  du  couvent,  le  P.  Joseph  Renaud, 
avoit  créé  le  principal  fonds  de  cette  bibliothèque,  en  lui 
léguant  la  sienne.  Le  savant  Jean  de  Launoy  en  fit  autant. 
C'est  avec  ces  ressources  que  les  PP.  Niceron  et  Mersenne 
composèrent  leurs  ouvrages  si  pleins  de  recherches.  Au 
xviii''  siècle,  la  bibliothèque  des  Minimes,  au  lieu  de 
8,000  volumes  qu'elle  possédoit  sous  Louis  XIV,  en  comp- 
toit  20,000,  presque  tous  reliés  en  veau  fauve,  avec  un 
soleil  d'or  sur  les  plats,  portant  au  centre  le  mot  caritas, 
et  en  exergue  l'inscription  :  Conventus  parisiensis  Minimo- 
rum.  — L'Herbarium  vivum,  m.s.  en  15  vol.  in-fol.,  du 
P.  Prumier,  contenant  la  description  de  toutes  les  plantes 
qu'il  avoit  étudiées  de  1675  à  1704,  tant  en  Italie  qu'en 
Amérique,  étoit  une  des  curiosités  de  la  bibliothèque  des 
Minimes.  Ce  beau  recueil  lui  fut  enlevé,  par  ordre,  pour  celle 
du  roi,  en  1768. 

2.  «  On  commence  aussi  à  donner  entrée  les  lundis  et 
jeudis  en  celle  du  collège  Mazarini.  «  Edit.  1691,  p.  11. 
~  Elle  avoit  été  ouverte  pour  la  première  fois,  en  octobre 
1688,  dans  le  pavillon  du  collège  Mazarin,  aujourd'hui 
palais  de  l'Institut,  oii  elle  est  encore,  sous  le  nom  de 
Bibliothèque  Mazarine.  Le  premier  bibliothécaire  fut  Ludovic 
Picques,  à  la  suite  d'une  élection  faite  par  la  Société  de 
Sorbonne,  qui  seule  avoit  droit  de  nommer  à  cette  place. 
Elle  avoit  été,  comme  on  sait,  formée  pour  Mazarin,  par 
G.  Naudé,  qui  en  parle  beaucoup  dans  son  Mascurat.  Un 
siècle  après  eux,  elle  avoit  presque  doublé.  On  n'y  comptoit 
que  27,000  vol.  à  la  mort  du  cardinal;  en  175 1,  lorsque 
Desmarais  en  fit  le  catalogue,  il  n'y  en  avoit  pas  moins 
de  4J,ooo. 


Le  Livre  commode.  157 

Livres  de  feu  M.  Bouchet  de  Bournonville,  qui 
est  ouverte  les  Lundis,  Mercredis  et  Samedis,  le 
matin  depuis  sept  jusqu'à  onze  heures,  et  l'aprés- 
dinée  depuis  deux  jusqu'à  cinq  '. 

Et  celle  du  Jardin  Médicinal  de  Pincourt,  qui 
est  ouverte  seulement  les  Dimanches  après 
Vêpres,  en  faveur  des  Médecins,  des  Chirur- 
giens et  des  Apoticaires  artistes;  qui  confèrent 
en  même  temps  sur  les  Nouvelles  Découvertes 
qui  se  font  dans  les  Sciences  Naturelles  et  dans 
les  Arts  qui  en  dépendent. 

I.  «  où  l'on  peut  consulter  les  auteurs  d'autant  plus 
utilement  qu'elle  est  des  plus  complètes,  et  qu'on  y  met 
entre  les  mains  des  curieux  tous  les  livres  qu'ils  demandent.  » 
Edit.  1691,  p.  II.  —  C'est  la  bibliothèque  dont  Rabelais 
a  dressé  un  si  burlesque  catalogue.  Au  xvu'  siècle,  elle 
s'étoit  assez  sérieusement  enrichie  pour  que  l'on  ne  s'en 
moquât  plus.  M.  de  Bournonville,  conseiller  de  grand' 
Chambre,  dont  il  est  parlé  ici,  lui  avoit,  en  1690,  non- 
seulement  légué  tous  ses  livres,  mais  aussi  une  rente  pour 
en  acheter  d'autres,  à  condition  qu'elle  seroit  publique  trois 
jours  par  semaine,  le  matin  et  l'après-dîner.  On  voit  ici 
qu'il  y  fut  fait  droit.  Plus  tard  vint  le  don  de  M.  de  Tra- 
lage,  neveu  de  La  Reynie,  qui  possédoit  une  collection 
inappréciable  de  cartes  et  plans,  dont  le  plus  précieux  étoit 
celui  de  Paris  par  Du  Cerceau,  qui  prit,  en  passant  par  la 
bibliothèque  de  l'abbaye,  le  nom  de  plan  de  Saint- Victor. 
Ce  legs  de  M.  de  Tralage,  fait  en  1698,  fut  suivi  en  170J 
de  celui  du  président  Cousin,  qui  donna  tous  ses  livres  aux 
Victorins.  Leur  bibliothèque  dut  être  alors  agrandie  de 
plus  du  double.  Les  î,ooo  manuscrits  suffisoient  pour  rem- 
plir l'ancienne.  La  Bibliothèque  Nationale,  depuis  1796,  en 
possède  1265,  dont  un  tiers  de  mss.  latins.  Dans  le  nombre 
est  le  très-curieux  catalogue  de  la  Bibliothèque  Saint-Victor 
par  Claude  de  Grandrue. 


138  Le  Livre  commode. 

COLLÈGES 

ET    LEÇONS   PUBLIQUES'. 

Les  Collèges  où  il  y  a  exercices  ordinaires 
des  Humanitez,  de  la  Rhétorique  et  de  la  Phi- 
losophie, sont, 

Celuy  de  Louis  le  Grand  et  celuy  du  Plessis 
Sorbonne^,  rue  saint  Jacques.  Celuy  des  Quatre 
Nations  sur  le  quay  de  Nesle3,  celuy  de  Na- 
varre 4,  celuy  de  la  Marches,  et  celuy  de  Mon- 

1.  «  U  y  a  d'ailleurs  dans  l'étendue  de  l'Université 
divers  collèges  où  la  jeunesse  est  instruite  à  très-peu  de 
frais,  et  oti  il  y  a  même  des  bourses  fondées  pour  l'entre- 
tien d'un  certain  nombre  de  pauvres  étudiants.  »  Edit.  1691 , 
p.  II. 

2.  Geoffroi  Du  Plessis,  secrétaire  de  Philippe-le-Long, 
l'avoit  fondé  en  13 16.  Réuni  à  la  Sorbonne  en  1647,  il 
prit  le  double  nom  qu'il  a  ici.  Les  facultés  de  Théologie, 
des  Sciences  et  Lettres  l'occupèrent  sous  l'Empire  et  la 
Restauration  jusqu'à  ce  qu'on  y  eût  mis  l'Ecole  normale. 

3.  C'est  le  collège  Mazarini,  dont  il  a  été  parlé  plus 
haut  :  «  Messieurs  de  Sorbonne,  ajoute  l'édit.  de  1691, 
p.  II,  qui  ne  tiennent  point  chez  eux  de  petites  classes, 
ont  la  direction  de  ce  collège,  où  ils  font  enseigner  gratis 
toutes  les  humanités,  au  désir  de  la  fondation  du  feu  car- 
dinal Mazarin.  Les  RR.  PP.  Jésuites  en  font  de  même  au 
collège  de  Louis-le-Grand,  rue  Saint-Jacques.  » 

4.  Fondé  en  1364,  avec  un  legs  de  la  reine  Jeanne  de 
Navarre,  femme  de  Philippe-le  Bel,  il  fut  rebâti  et  agrandi 
plus  tard  avec  le  prix  de  la  vente  de  la  tour  de  Nesle,  qui 
appartenoit  aux  rois  de  Navarre.  Depuis  l'Empire,  il  est 
occupé  par  l'Ecole  polytechnique.  La  chapelle  en  est  cu- 
rieuse. [Rev.  archéolog.,  t.  I,  p.  192-200.) 

5.  Il  datoit  de  1420.  Guillaume  de  La  Marche  l'avoit 
fondé  pour  des  écoliers  de  sa  pauvre  province.  Supprimé  à 
la  Révolution,  il  devint  une  pension  célèbre  du  quartier 
Latin,  la  pension  Vattier.  Les  bâtiments  en  ont  disparu, 
avec  une  partie  de  la  rue  de  la  Montagne-Sainte-Geneviève, 
où  ils  se  trouvoient  sous  le  n°  37. 


Le  Livre  commode.  139 

taigu'  à  la  montagne  sainte  Geneviève;  celuy 
d'Harcourt*  et  celuy  de  Lizieux,  rue  de  la 
Harpe?  ;  ceux  de  Beauvais4  et  de  Presles  5,  rue 
saint  Jean  de  Beauvais,  celuy  du  Cardinal  le 
Moine^,  rue  saint  Victor^  et  celuy  des  Grassins/, 
rue  des  Amandiers  s. 


1.  Un  des  plus  pauvres  et  des  plus  austères  collèges  de 
Paris.  Aycelin  de  Montaigu  l'avoit  fondé  en  13 14,  Erasme 
y  étudia.  La  maigre  pitance,  à  laquelle  on  y  étoit  soumis, 
l'avoit  fait  appeler  Collège  des  Haricots,  nom  qui  resta  à  la 
prison  militaire,  qu'on  y  installa,  en  1792.  (V'.  notre  Paris 
Démoli.)  Ses  bâtiments,  qui  faisoient  l'angle  de  la  rue  des 
Sept-Voies  et  de  la  place  du  Panthéon,  furent  démolis  en 
184J,  pour  faire  place  à  ceux  de  la  nouvelle  bibliothèque 
Sainte-Geneviève. 

2.  Un  chanoine  de  Paris,  Raoul  d'Harcourt,  l'avoit  fondé 
en  1220.  Ses  bâtiments,  reconstruits  en  167J,  ont  été  em- 
portés en  partie  par  le  boulevard  Saint-Michel.  Ce  qui  reste 
est  occupé  par  le  lycée  Saint- Louis. 

3.  Il  y  a  ici  une  erreur.  Si  le  collège  d'Harcourt  fut  rue 
de  la  Harpe,  le  collège  de  Lisieux  en  revanche  n'y  fut 
jamais.  L'évêque  de  Lisieux,  Gui  d'Harcourt,  le  fonda  en 
1336,  rue  des  Prêtres-Saint-Séverin  ;  il  passa  ensuite  rue 
Saint-Etienne  des  Grès,  et  n'en  fut  déplacé  qu'en  1764,  pour 
occuper,  rue  Saint-Jean  de  Beauvais,  les  bâtiments  du  col- 
lège de  Dormans. 

4.  C'est  celui  dont  nous  venons  de  parler,  le  collège  de 
Dormans-Beauvais,  qui  devoit  son  nom  à  son  fondateur, 
l'évêque  de  Beauvais,  Jean  de  Dormans.  Il  datoit  de  1370. 
Supprimé  à  la  Révolution,  Caruot  y  établit  la  première 
école  mutuelle  d'essai. 

j .  Raoul  de  Presles  l'avoit  fondé  en  1 3 1 3  pour  les  pauvres 
écoliers  du  diocèse  de  Soissons,  d'où  lui  vint  son  premier 
nom  de  collège  de  Soissons.  Ramus  y  professoit;  c'est  là 
qu'il  fut  tué  à  la  Saint- Barthélémy. 

6.  Il  devoit  son  nom  au  cardinal  Jean  Lemoine,  qui 
l'avoit  fondé  en  1302.  Calvin  y  étudia,  et  Lhomond  y  fut 
professeur.  Il  n'en  existe  plus  rien  que  le  nom  d'une  petite 
rue  bâtie  sur  les  chantiers  qui  en  avoient  pris  la  place. 

7.  Il  ne  datoit  que  de   1569.  Le  sénonois  P.  Grassin, 


140  Le  Livre  commode. 

Il  y  a  encore  des  Communautez  Religieuses 
qui  ont  des  Maisons  Collégiales  dans  l'étendue 
de  l'Université,  où  les  nouveaux  Profez  sont 
instruits  aux  Humanitez,  Rhétorique,  Philoso- 
phie, etc.,  à  sçavoir  :  les  Grands  Augustins 
devant  le  Pont  neuf",  les  Grands  Cordeliers, 
près  saint  Cosme*,  les  Grands  Jacobins,  rue 
saint  Jacques?,  les  Bernardins,  au  quartier  saint 
Victor  4;  les  Carmes,  à  la  place  MaubertJ,  les 


de  qui  lui  venoit  son  nom,  l'avoit  fondé  pour  des  écoliers 
nés  à  Sens.  Chamfort,  qui  s'appeloit  alors  Nicolas,  en  fut 
le  dernier  élève  distingué. 

8.  «  Celui  de  Cambrai  et  celui  de  fondation  royale,  près 
Saint-Jean  de  Latran,....  celui  des  Trésoriers,  près  de  la 
Sorbonne.  »  Edit.  1691,  p.  11. 

1.  Ils  ont  donné  leur  nom  au  quai.  De  leur  église,  cons- 
truite en  1368,  on  fit,  sous  le  premier  empire,  le  marché  à 
la  Volaille,  qui  garda  le  nom  de  la  Vallée,  parce  qu'on  l'y 
transféroit  de  la  Vallée  de  Misère,  située  près  du  Châtelet. 
Ce  qui  restoit,  sur  le  quai,  de  l'église  devenue  marché,  vient 
de  disparoître.  Il  subsiste  encore  quelque  chose  des  bâti- 
ments, au  n°  5  de  la  rue  du  Pont  de  Lodi,  dont  le  perce- 
ment, en  1797,  coupa  en  deux  le  terrain  occupé  par  le 
couvent. 

2.  Ils  avoient  donné  leur  nom  à  la  rue,  qui  prit,  en  1790, 
celui  de  rue  de  l'Ecole  de  Médecine.  Leur  église  y  subsiste 
encore.  C'est  le  Musée  Dupuytren.  Pendant  la  Révolution, 
ce  fut  le  Club  des  Cordeliers,  d'oia  Camille  Desmoulins,  qui 
en  faisoit  partie,  datoit  son  journal,  le  Vieux  Cordelier, 

3.  Nous  en  avons  parlé  un  peu  plus  haut,  à  propos  de 
leur  Bibliothèque. 

4.  Dans  la  rue  à  laquelle  ils  avoient  fait  donner  leur  nom, 
et  qui  prit,  en  1 806,  celui  de  rue  de  Pontoise,  parce  qu'elle 
est  voisine  du  Marché  aux  Veaux,  que  Pontoise  approvi- 
sionne. 

5.  Ils  n'étoient  pas  sur  la  place  même,  mais  auprès,  dans 
la  rue,  qui  leur  devoit  son  nom.  Leur  église,  qui  datoit  du 
xiv"  siècle,  fut  démolie  en  1814,  pour  faire  place  au  marché 
Maubert.  Ces  carmes  ne  sont  pas  à  confondre  avec  ceux  de 


Le  Livre  commode.  141 

Prémontrez,  rue  Hautefueille  '  ;  les  Religieux  de 
l'Ordre  de  Grammont,  rue  du  Batoir^j  et  ceux 
de  l'Ordre  de  Cluny,  place  de  Sorbonne?. 

Outre  les  exercices  ordinaires  de  l'Université, 
on  professe  la  Théologie  au  Collège  de  Sor- 
bonne4,  et  à  celuy  de  Navarre. 

La  Jurisprudence  aux  Ecolles  de  Droit,  rue 
saint  Jean  de  BeauvaisJ. 

La  Médecine,  au  Collège  des  Médecins,  rue 
de  la  Bucherie^. 


la  rue  de  Vaugirard,  Us  Carmes  déchaussés,  à  qui  l'on  doit 
l'eau  de  Mélisse,  et  dont  l'église  exbte  encore. 

1.  Ils  s'y  étoient  établis,  dès  1252,  dans  une  des  mai- 
sons que  Pierre  Sarrazin,  qui  donna  son  nom  à  une  des 
rues  voismes,  y  possédoit.  Leur  chapelle,  située  au  coin  de 
la  rue  Hautefeuille,  à  gauche  de  la  rue  de  l'Ecole  de  Mé- 
decine, fut  démolie  et  rebâtie  en  1618.  C'est  aujourd'hui 
un  café. 

2.  Us  n'étoient  pas  rue  du  Battoir,  mais  dans  le  voisi- 
nage, rue  Mignon,  où,  depuis  1603,  ils  occupoient,  par 
suite  d'un  échange  avec  leur  prieuré  du  bois  de  Vincennes, 
le  collège  fondé  en  134?,  par  le  maître  des  Comptes,  Jean 
Mignon. 

}.  Le  collège  de  Cluny  se  trouvoit  en  effet  au  coin  de 
cette  place  et  de  la  rue  des  Grès.  Sa  fondation  par  Yves  de 
Vergy,  abbé  de  Cluny,  datoit  de  1269.  Quelques  restes  du 
cloître  subsistent  encore.  David  y  avoit  son  atelier  en  1 806. 

4.  Les  écoles  de  théologie  fondées  par  Richelieu  n'étoient 
pas  à  la  Sorbonne  même,  mais  sur  la  place,  au  n'  2.  Elles 
furent  supprimées  à  la  Révolution. 

5.  V.  plus  haut. 

6.  Les  écoles  de  médecine  et  de  chirurgie  étoient  déjà  rue 
de  la  Bûcherie  en  1472.  Les  bâtiments  en  furent  reconstruits 
en  1676,  à  l'exception  d'un  ponail  du  xiv'  siècle  qui  cxis- 
toit  encore,  il  y  a  quelques  années.  En  1744,  on  avoit 
refait  l'amphithéâtre,  dont  le  dôme  se  voit  toujours  dans  la 
maison  qui  porte  le  n"  1 J ,  au  coin  de  la  rue  de  l'hôtel 
Colbert.  Ce  n'est  qu'en  1774  que  ces  écoles  furent  transfé- 
rées, où  nous  les  voyons,  dans  l'ancien  collège  de  Bourgogne 


142  Le  Livre  COMMODE. 

Les  Mathématiques,  et  les  Langues  Arabe, 
Grecque,  et  Hebraique,  au  Collège  Royal,  Place 
de  Cambray. 

Les  autres  Collèges  dont  les  revenus  ne  servent 
maintenant  qu'à  l'entretien  des  Bourciers,  sont 
pour  les  Provinces  du  Maine  et  d'Anjou,  celui 
de  Bayeux  '  ;  pour  ceux  du  Diocèse  de  Nar- 
bonne',  celui  de  ce  nom;  pour  la  Bourgogne, 
celui  du  même  nom?;  pour  le  Diocèse  d'Arras, 
encore  celui  du  même  nom  4;  pour  la  Touraine, 
celui  de  Tours  5  ;  pour  le  Diocèse  de  Vienne  et 

reconstruit  exprès,  et  qu'on  avoit  acheté  aux  Bénédictins, 
qui  justement  y  avoient  établi  une  école  de  chirurgie. 

1 .  Il  avoit  été  fondé  par  Guillaume  Bonnet,  évêque  de 
Bayeux.  L'inscription,  que  l'on  put  lire  jusqu'à  sa  démoli- 
tion, il  V  a  vingt-cinq  ans,  au-dessus  de  la  porte  gothique, 
rue  de  la  Harpe,  n"  107  :  Collegium  Bajocence,  fund.  anno 
1308,  dispensoit  de  chercher  la  date  de  la  fondation.  On 
l'avoit  réuni  à  l'Université  en  176}. 

2.  Autre  fondation  épiscopale.  On  la  devoit  à  Bernard  de 
Pages,  archevêque  de  Narbonne,  en  13 17.  Ce  collège  se 
trouvoit  rue  de  la  Harpe,  presqu'en  face  de  la  rue  de  l'Ecole 
de  Médecine;  rebâti  en  1760,  et  réuni  trois  ans  après  à 
l'Université,  il  étoit,  depuis  la  Révolution,  un  hôtel  garni, 
lorsqu'on  le  démolit  vers  le  même  temps  que  celui  de 
Bayeux. 

3.  «  Rue  des  Cordeliers.  »  Edit.  1691,  p.  11.  —  La 
comtesse  Jeanne  de  Bourgogne  l'avoit  fondé,  en  13?!,  pour 
vingt  pauvres  écoliers  de  sa  province.  Nous  avons  dit,  dans 
une  des  notes  précédentes,  comment  il  devint  l'Ecole  de 
Médecine. 

4.  Il  devoit  son  nom  à  l'abbé  de  Saint-Waast,  à'Arras, 
Nicolas  Le  Candrelier,  son  fondateur  en  1527.  Il  fut  réuni, 
en  1763,  à  celui  de  Louis-le-Grand.  Il  avoit  été  transféré 
de  la  rue  Chartière  dans  la  rue  des  Murs,  qui  en  prit  le 
nom  de  rue  d'Arras,  qu'elle  porte  encore. 

5.  Il  étoit  au  n"  7  de  la  rue  Serpente  où,  de  1330  à  1333, 
l'archevêque  de  Tours,  Etienne  de  Bourgueil,  l'avoit  fondé. 
Les  bâtiments  reconstruits  en  1730  existent  encore. 


Le  Livre  commode.  143 

de  Bourbonnois,  celui  du  cardinal  Bertrand'; 
pour  le  Liraosin,  celui  de  saint  Michel*;  pour 
Theroûenne,  celuy  de  Boncourt  ^  ;  pour  le  Dio- 
cèse de  Bayeux,  celui  de  M.  Gervais4;  pour  le 
Diocèse  de  Rheiras,  celuy  du  même  nom  5;  pour 

1 .  On  l'appcloit  aussi  collège  d'Autun.  Il  se  trouvoit  au 
n*  22  de  la  rue  Saint-André  des  Arts,  où  l'évêque  d'Autun, 
cardinal  Pierre  Bertrand,  l'avoit  fondé  en  1341.  Lorsqu'en 
1764,  on  l'eut  réuni  au  collège  Louis-le-Grand,  l'école  gra- 
tuite de  dessin  y  fut  établie  pendant  quelques  années.  Il 
fut  démoli  sous  le  premier  empire. 

2.  L'évêque  de  Paris,  Guillaume  de  Chanac,  l'avoit  fon- 
dé rue  de  Bièvre,  au  xiV  siècle,  sous  l'invocation  de  saint 
Michel.  On  l'appeloit  quelquefois  collège  de  Chanac.  Comme 
limousin,  l'abbé  Dubois  y  avoit  étudié. 

3.  Fondé  rue  Bordet,  en  1357,  par  le  sieur  de  Bécoud, 
dont  on  fit  de  Bécourt,  de  Beaucourt,  puis  de  Boncourt.  Huit 
pauvres  écoliers,  en  logique  ou  philosophie,  venus  de  Thé- 
rouanne,  pays  de  P.  Bécoud,  en  furent,  d'abord,  les  seuls 
élèves.  Il  fut  réuni,  en  1638,  ainsi  que  celui  de  Toumay, 
au  collège  de  Navarre,  qu'il  joignoit  par  une  espèce  de  pont 
qui  traversoit  la  petite  rue  Clopin.  Son  nom  et  ses  privi- 
lèges lui  furent  laissés.  Voilà  pourquoi  ici  nous  le  voyons 
encore  réservé  aux  écoliers  de  la  ville  de  Thèrouanne,  qui 
malheureusement  ne  pouvoit  guère  lui  en  envoyer,  depuis 
qu'en  1 5  j  2  Charles-Quint  l'avoit  complètement  détruite. 
Lorsque  l'Ecole  polytechnique  fut  fondée  au  collège  de  Na- 
varre, on  en  mit  les  bureaux  au  collège  de  Boncourt,  qui, 
depuis  lors,  a  été  entièrement  démoli. 

4.  Gervais  Chrétien,  chanoine  de  Bayeux  et  médecin  de 
Charles  V,  l'avoit  fondé  en  1370.  On  l'appeloit  aussi  collège 
de  Notre-Dame  de  Bayeux,  à  cause  du  canonicat  de  son 
fondateur,  et  des  élèves  que  Bayeux  y  envoyoit.  Il  étoit 
situé  rue  du  Foin-Saint-Jacques,  réunie  aujourd'hui  à  la 
rue  des  Noyers.  On  en  fit,  à  la  Révolution,  une  caserne 
d'infanterie. 

j.  «  Derrière  Saint-Hilaire.  »  Edit.  1691,  p.  11.  —  Ce 
collège  étolt  rue  des  Sept-Voies.  Il  avoit  été  fondé,  en  1409, 
en  exécution  d'une  clause  du  testament  de  Guy  de  Roye, 
archevêque  de  Reims.  Il  n'en  reste  plus  rien,  depuis  long- 
temps. 


144  L-^  Livre  commode. 

le  Diocèse  de  Séez,  celui  de  ce  nom  '  ;  pour  ceux 
de  Paris  et  de  Beauvais,  celui  de  sainte  Barbe  »; 
pour  ceux  de  la  famille  de  feu  M,  Fortet,  et  à 
leur  deffaut,  pour  Paris  et  saint  Flour,  celui 
de  Fortet?  ;  pour  ceux  de  la  Famille  de  Godefroy 


1 .  La  fondation  en  étoit  due  aussi  à  une  disposition  tes- 
tamentaire. Grégoire  Langlois,  évêque  de  Séez,  mort  en 
1404,  avoit  légué  l'argent  nécessaire,  qui  n'eut  son  emploi 
qu'en  1427.  Ce  collège  n'avoit  que  huit  boursiers,  dont 
quatre  du  diocèse  de  Séez.  Un  don  de  Jean  Aubert,  en 
1634,  permit  d'en  augmenter  le  nombre.  P.  Lallemand, 
évêque  de  Séez,  fit  rebâtir  ce  collège  presque  entièrement, 
en  1730.  Quand  on  le  supprima,  il  devint  l'hôtel  garni,  dit 
de  Nassau.  Il  fut  emporté,  en  1854,  par  la  rue  des  Ecoles, 
avec  le  collège  de  Narbonne,  comme  lui,  rue  de  la  Harpe. 

2.  Il  avoit  été  fondé,  en  1460,  par  Geoffroi  Lenormant, 
professeur  de  grammaire  au  collège  de  Navarre,  dans  l'hôtel 
de  la  rue  des  Cholets  et  de  la  rue  des  Chiens  ou  Saint- 
Symphorien,  qui  avoit  appartenu  à  P.  de  Châlon.  Sainte 
Barbe,  à  laquelle  il  fut  dédié,  étoit,  dit  M.  J.  Quicherat, 
«  la  vierge  savante  qui  passa  de  la  plus  tendre  jeunesse 
dans  l'éternité...  après  avoir  vaincu  dans  la  discussion  les 
plus  habiles  défenseurs  du  paganisme  grec.  »  (Hist.  du  col- 
lège Sainte-Barbe,  t.  1,  p.  9-10.)  —  Ce  collège  ne  s'admi- 
nistra lui-même,  et  ne  fut  réellement  fondé,  que  lorsque 
Robert  Dugast,  qui  l'avoit  dirigé,  lui  eut,  en  1557,  fait 
don  de  l'hôtel  de  Châlon  où  il  étoit  établi  depuis  un  siècle. 
Il  y  créa  aussi  sept  bourses  :  trois  grandes,  pour  les 
diocèses  d'Autun,  de  Rouen,  d'Evreux  et  de  Paris;  et 
quatre  petites  pour  les  paroisses  qu'il  avoit  administrées  : 
celle  de  Saint- Hilaire  à  Paris,  celle  de  Saint-Nicolas-des 
Alleux-le-Roi,  et  celle  de  la  Neuville  d'Aumont.  C'est  pour 
ces  dernières,  situées  dans  le  Beauvaisis,  que  nous  voyons 
ici  que  des  boursiers  du  diocèse  de  Beauvais  étoient  admis 
à  Sainte-Barbe.  A  la  fm  de  1798,  le  collège  Sainte- Barbe 
devint  l'institution  de  Lanneau,  mais  reprit  plus  tard  son 
nom,  qu'il  a  gardé. 

j .  Ce  collège  de  Fortet,  situé  rue  des  Sept- Voies,  devoit 
son  nom  au  chanoine  de  Paris,  Pierre  Fortet,  dont  une  dis- 
position testamentaire,    exécutée    en    1397,   avoit   laissé 


Le  Livre  commode.  145 

de  Boissy,  celui  du  même  nom';  tous  lesquels 
sont  dans  l'enclos  de  l'Université. 

On  enseigne  d'ailleurs  publiquement  et  gra- 
tuitement par  ordre  et  aux  dépens  du  Roi,  au 
Jardin  Royal  des  plantes,  Fauxbourg  saint  Vic- 
tor, la  Chirurgie,  l'Anatomie,  la  Chimie  et  la 
Botanique.  Le  public  est  averti  de  l'ouverture 
des  Leçons  par  des  Affiches,  au  commencement 
de  l'hiver  pour  les  Dissections  Anatomiques,  et 
pour  les  Opérations  Chirurgicales,  et  au  com- 
mencement de  l'Eté  pour  la  Démonstration  des 
Plantes  et  pour  les  Préparations  Chimiques*. 

Aux  Ecoles  de  Chirurgie,  rue  des  Cordeliers, 
on  fait  aussi  annuellement  et  gratuitement  tous 
les  Hivers  des  Démonstrations  Chirurgicales 
Anatomiques ,  suivant  la  fondation  de  feu 
M.  Biennaisseî. 


l'argent  disponible  pour  cette  fondation.  Comme  il  étoit 
d'Aurillac,  quatre  bourses  étoient  destinées  à  des  enfants  de 
cette  ville  ou  du  diocèse  de  Saint-Flour,  mais  pris  de  préfé- 
rence dans  sa  famille.  Quatre  autres  bourses  étoient  réservées 
pour  Paris. 

1 .  V.  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  de  ce  collège  de 
Boissy,  situé  rue  du  Cimetière-Saint-André,  à  propos  de  sa 
bibliothèque. 

2.  «  Aux  Ecoles  de  Médecine  rue  de  la  Bûcherie,  on  fait 
aussi  chaque  année  des  dissections  anatomiques  et  des 
opérations  chirurgicales,  mais  à  prix  d'argent.  »  Edit.  1691, 
p.  lî. 

3.  €  Le  public  est  averti  des  unes  et  des  autres  par  des 
affiches.  »  Ibid.  —  Ces  écoles  de  la  rue  des  Cordeliers,  au- 
près de  l'église  dédiée  à  saint  Côme,  patron  des  chirurgiens, 
étoient  plus  exdnsivement  chirurgicales  que  celles  de  la  rue 
de  la  Bûcherie,  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  Elles  avoient 
eu  pour  origine  la  confrérie  de  Saint-Côme  et  Saint-Da- 
mien  fondée,  dit-on,  par  saint  Louis.  C'est  par  son  testament 
que  M.  Jean  Bienaise,  mort  le  21   décembre   1681,  après 

Livre  commode.  10 


146  Le  Livre  commode. 

MATHÉMATIQUES. 

Les  Professeurs  es  Mathématiques  qui  sont  de 
l'Académie  Royale  des  Sciences  et  qui  ont  des 
appartemens  à  l'Observatoire  Royal,  pour  les 
Observations  Astronomiques,  sont  M^scassùni', 
de  la  HireS  Couplet  5,  Sédillot4  et  Cusset5, 

M.  de  la  Hire  est  encore  de  l'Académie  d'Ar- 
chitecture qui  se  tient  au  Palais  Brion^,  où  il 
fait  des  leçons  publiques  d'Architecture,  par 
conséquent  sur  la  Coupe  des  pierres. 

avoir  été  un  des  bons  praticiens  de  son  temps,  avoit  laissé 
six  cents  livres  de  rente  pour  deux  professeurs  chargés  de 
faire  les  démonstrations  d'anatomie  et  de  chirurgie,  dont  il 
est  ici  question. 

1 .  Jean  Dominique,  le  premier  et  le  plus  célèbre  de  la 
dynastie  des  Cassini,  né  en  1625  à  Nice,  mort  en  1712  à 
Paris.  (V.  son  Eloge  dans  les  Œuvres  de  Fontenelle,  t.  V, 
p.  }22.)  Ses  principales  découvertes  en  astronomie  s'y 
trouvent  analysées. 

2.  Philippe  de  La  Hire,  de  l'Académie  des  sciences, 
comme  Cassini,  et  professeur  de  mathématiques  et  d'astro- 
nomie au  collège  de  France.  Il  mourut  en  1 7 1 9  à  soixante- 
dix-neuf  ans.  Fontenelle  a  fait  aussi  son  éloge,  t.  VI,  p.  i . 

3.  Claude-Antoine  Couplet,  qui  fut  plutôt  ingénieur-mé- 
canicien qu'astronome.  Aussi  n'étoit-il  logé  à  l'Observatoire 
que  comme  garde  du  cabinet  des  machines.  Il  mourut  le 
22  juillet  1722,  à  quatre-vingt-un  an.  {V.  son  éloge  dans 
Fontenelle,  t.  VI,  p.  159.) 

4.  Il  n'est  guère  connu  que  par  la  part  qu'il  prit,  en  1718, 
au  voyage  du  second  des  Cassini,  pour  la  prolongation  de 
la  mesure  du  méridien  jusqu'à  Dunkerque. 

5.  Lisez  Casset.  Il  devint  secrétaire  de  Bouchu,  intendant 
du  Dauphiné,  mais  ne  cessa  pas  de  s'occuper  de  science. 
On  a  de  lui,  dans  les  Mémoires  de  V Académie  àt  170J,  une 
lettre  curieuse  à  La  Hire  sur  la  montagne  soi-disant  inac- 
cessible du  Dauphiné. 

6.  V.  plus  haut  ce  que  nous  avons  dit  de  cette  dépen- 


Le  Livre  commode.  147 

M.  Rolle'  qui  est  aussi  de  l'Académie  Royale 
des  Sciences,  et  qui  est  profond  sur  l'Algèbre, 
demeure  rue 

M.  Sauveur*,  rue  et  rue 

sont  Professeurs  Royaux  au  Collège  de  Cam- 
bray  3. 

Mi's  Hébert,  Professeur  au  Collège  de  Maitre 
Gervais,  rue  du  Foin  4,  et  Varignon  5  au  Collège 
Mazarini"^,  sont  encore  d'une  très  particulière 
distinction. 

dance  du  Palais-Royal,  où  siégea,  en  effet,  l'Académie 
d'architecture  avant  d'être  installée  au  Louvre, 

1 .  Il  étoit  d'Ambert  en  Auvergne.  L'algèbre,  comme  on 
le  dit  ici,  fut  sa  science  préférée;  il  n'eut  pas  à  le  regretter. 
Elle  le  mena  droit  à  l'Académie  des  sciences,  et  la  solution 
d'un  problème  posé  par  Ozanam  lui  valut  une  gratification 
de  Colbert,  que  l'abbé  Gallois,  secrétaire  des  ministres, 
dont  Rolle  avoit  accepté  la  collaboration,  fit  bientôt  chan- 
ger en  pension  durable,  il  mourut  en  1719,  à  soixante-sept 
ans.  Fontenelle  a  écrit  son  éloge.  (V.  ses  Œuvres,  t.  VI, 

P-  74-) 

2.  Un  des  plus  illustres  savants  de  son  temps,  pour  les 
mathématiques  et  la  physique.  Né  en  1652  à  La  Flèche,  il 
mourut,  en  171 6,  à  Paris.  (V.  son  Eloge  paftni  ceux  que 
Fontenelle  a  faits  des  membres  de  l'Académie  des  sciences, 
t.  V,  p.  466.) 

3.  C'est  le  collège  de  France,  souvent  appelé  comme  il 
l'est  ici,  parce  qu'il  avoit  été  établi  dans  l'ancien  collège  de 
Cambray,  qui  lui-même  avoit  donné  son  nom  à  la  place 
oîi  il  s'ouvroit.  Sauveur  professoit  au  collège  de  France 
depuis  1686. 

4.  Nous  n'avons  rien  trouvé  sur  ce  professeur.  Peut-être 
au  lieu  d'Hébert  faut-il  voir  là  Hubert,  qui  professa  ensuite 
à  Caen,  où  il  resta  en  relation  avec  Varignon.  (  V.  Histoire 
de  l'Académie  des  sciences,  année  1719,  p.  J9.)  , 

5.  Pierre  Varignon,  né  à  Caen  en  1654,  mort  à  Paris 
en  1722,  grand  ami  de  l'abbé  de  Saint-Pierre  et  de  Fonte- 
nelle, auquel  il  légua  tous  ses  papiers,  et  qui  a  fait  son 
éloge,  t.  VI,  p.  182. 

6.  En  même  temps  qu'on  le  nommoit,  en  1688,  de  l'Aca- 


148  Le  Livre  commode. 

Les  Professeurs  qui  enseignent  chez  eux  et  en 
Ville  toutes  les  parties  des  Mathématiques,  sont 
Mrs  Ozanam,  rue  de  Seine',  Lieutault,  rue  des 
fossez  Saint  Germain,  de  Boissiere,  rue  des  Bou- 
cheries Saint  Germain,  et  de  Blegny  le  jeune, 
près  la  Madelaine. 

Entre  les  fameux  Ouvriers  pour  les  Instrumens 
Mathématiques,  sont  Mrs  ig  Bas,  aux  Galleries 
du  Louvre^,  Chapotot?  et  Buterfield4,  sur  le 
Quay  de  l'Horloge  5. 


demie  des  sciences,  il  étoit  fait  professeur  de  mathématiques 
au  collège  Mazarin,  et  il  le  resta  toute  sa  vie.  C'est  après 
avoir  fait  sa  classe,  le  22  décembre  1722,  qu'il  mourut.  Il 
avoit  aussi  une  chaire  au  collège  de  France. 

1 .  Jacques  Ozanam,  né  en  1640,  dans  le  pays  de  Dombes, 
mort  à  Paris  le  3  avril  1717.  Il  fut  reçu  à  l'Académie  des 
sciences  en  1701.  Ses  Récréations  mathématiques  et  phy- 
siques, dont  la  i""  édition  est  de  1699,  in-8%  sont  un  des 
premiers  ouvrages  de  physique  amusante  que  l'on  ait  pu- 
bliés. Fontenelle,  t.  V,  p.  557,  a  écrit  l'éloge  d'Ozanam. 

2.  Jean  Lebas,  qui  avoit  succédé  à  son  père  Philippe 
Lebas,  mort  en  1677.  Le  logement  que  celui-ci  avoit 
occupé  depuis  le  26  janvier  1670,  «  avec  les  autres  artisans 
de  réputation  dans  la  galerie  du  Louvre,  destinée  à  cet 
effet,  »  ainsi  qu'il  étoit  dit  dans  son  brevet,  avoit  été  con- 
servé à  son  fils.  Un  ouvrier  du  même  métier,  nommé 
Ferrier,  y  avoit  devancé  Philippe  Lebas.  (Registres  du 
Secrétariat,  pour  1670,  ms.  de  la  Bibl.  Nat.  Suppl.  fr., 
n»  2771.) 

j.  Ozanam  a  parlé  de  lui  dans  ses  Récréations  mathéma- 
tiques... 1696,  in-8,  t.  Il,  p.  277  :  «  Le  sieur  Chapotot, 
dit-il,  ingénieur  du  Roi,  et  fabricateur  des  instruments  de 
mathématiques  à  Paris,  dont  l'habitude  est  de  renchérir  sur 
les  plus  belles  inventions.  » 

4.  C'étoit  un  mécanicien  allemand,  —  Lister  dit  anglais, 
—  qui  s'étoit  établi  à  Paris  depuis  quinze  ou  vingt  ans,  et 
que  plusieurs  mémoires  :  Niveau  d'une  nouvelle  construc- 
tion, 1677,  in- 12;  Adomètre  nouveau,  1681,  in-12,  etc., 
avoient  déjà  fait  avantageusement  connoître.  Il  y  mourut  en 


Le  Livre  commode.  149 

On  trouve  des  Cartes  de  Géographie  très  cu- 
rieuses chez  M.  Sarnson",  aux  Galleries  du 
Louvre,  et  chez  Mademoiselle  du  Val*,  sur  le 
C^uay  de  l'Horloge. 

1724.  On  lui  doit  de  grands  quarts  de  cercle  qui  ont  beau- 
coup contribué  à  sa  célébrité.  Ses  boussoles-cadrans,  qu'il 
faisoit  d'ordinaire  en  argent,  s'appeloient,  de  son  nom,  des 
Butterfield. 

5 .  Ce  quai  n'a  pas  changé  d'industries,  comme  on  voit  ; 
et  déjà  sous  Louis  XIV  —  Chapotot,  d'après  notre  avant- 
dernière  note,  en  est  la  preuve  —  les  fabricants  d'instru- 
ments de  mathématiques  y  prenoient  le  titre  <  d'ingé- 
nieur. »  —  Quelques  années  après  la  publication  de  ce 
Liyre  commode,  un  fabricant,  nommé  Lefèvre,  s'y  distin- 
guoit  à  côté  de  Chapotot  et  de  Butterfield.  L'abbé  Bor- 
delon,  dans  ses  Diversités  curieuses,  1699,  in-12,  t.  II, 
p.  57,  a  parlé  de  lui,  à  propos  d'un  t  cadran  équinoxial, 
universel,  qui  s'oriente,  dit-il,  sans  aiguille  aimantée,  pour 
voir  l'heure  au  soleil,  et  tracer  les  lignes  horaires  sur 
toutes  sortes  de  plans...  Ce  cadran,  ajoute-t-il,  nouvellement 
inventé,  est  fait  par  le  sieur  Le  Fèvre,  très-habile  pour  les 
instruments  de  mathématiques.  Il  demeure  à  Paris,  aux 
deux  globes,  sur  le  quay  de  l'Horloge,  dit  des  Morfondus.  » 

1.  Adrien  Sanson,  fils  de  Nicolas,  mo:t  en  1667,  géo- 
graphe du  Roi,  comme  lui.  Il  avoit  eu  un  frère  aîné,  tué 
le  27  août  1648,  dans  l'une  des  premières  émeutes  de  la 
Fronde.  Adrien  Sanson  mourut  le  16  mai  170J. 

2.  Son  père  P.  Du  Val  étoit  «  géographe  ordinaire  du 
Roi.  »  Elle  vendoit  ses  livres,  entre  autres  un  Traité  de 
géographie,  revu  et  augmenté,  quand  Du  Val  fut  mort,  par 
le  P.  Placide,  augustin  déchaussé,  qui  étoit  aussi  «  géo- 
graphe du  Roi.  »  Ce  Traité  devint  la  base  du  volume 
classique,  connu  sous  le  titre  de  Géographie  de  Crozat,  qu'il 
devoit  à  la  fille  du  riche  financier  Crozat,  pour  laquelle 
on  en  avoit  accepté  la  dédicace,  avec  permission  de  mettre 
son  portrait  au  frontispice.  Nous  possédons  un  des  rares 
exemplaires  où  il  se  trouve.  L'édition  est  de  1704,  in-12.  La 
boutique  de  M"'  Du  Val  n'étoit  plus  alors  au  quai  de  l'Hor- 
loge. On  lit,  en  effet,  sur  le  titre  :  «  Chez  Mademoiselle  Du 
Val,  fille  de  l'auteur,  rue  Saint-Jacques,  au  Dauphin  d'or, 
vis-à-vis  la  rue  de  la  Parcheminerie.  » 


ijo  Le  Livre  commode. 

MEDECINE  ORDINAIRE. 

Ce  qu'on  doit  entendre  par  Médecine  ordi- 
naire, est  celle  qui  est  légitimement  pratiquée 
par  gens  graduez,  qui  se  rapportent  assez  dans 
les  principes  et  dans  les  maximes  essentielles, 
pour  se  rendre  réciproquement  compte  de  leur 
conduite  lors  des  Consultations. 

M.  le  Premier  Médecin  du  Roy  ',  a  son  appar- 
tement au  Jardin  Roial  des  Plantes,  où  il  loge 
quand  il  est  à  Paris '. 

Il  y  a  quelques  Médecins  de  Sa  Majesté  ser- 
vant par  quartier?,  qui  pratiquent  à  Paris  avec 
beaucoup  de  réputation,  par  exemple  : 

Messieurs  Lallier4,  rue  des  Prouvaires,  Du 
Gués,  près  saint  Paul,  Fresquière^,  rue  sainte 
Avoye,  etc. 


1.  Depuis  le  ii  avril  1672,  ce  premier  médecin  du  Roi 
étoit  Daquin,  dont  les  appointements  cumulés  ne  s'élevoient 
pas  à  moins  de  37,000  livres,  suivant  l'Etat  de  France  de 
1692,  p.  2}5. 

2.  Il  y  étoit  surintendant  des  démonstrations  des  plantes, 
de  la  chimie  et  de  la  chirurgie,  et  touchoit  à  cet  effet 
5,000  livres,  qui  se  confondoient  avec  les  37,000  de  ses 
appointements  généraux. 

3.  C'est-à-dire  par  trimestre.  Ils  étoient  huit  :  deux  par 
quartier,  ayant  chacun  1,200  livres  de  gages  sans  compter, 
dit  l'Etat  de  France,  «  273  livres  1 5  sous  de  livrées,  chacun 
pour  sa  bouche  à  cour.  » 

4.  Il  étoit  de  service  chez  le  Roi  pendant  le  quartier 
d'avril.  Il  étoit  aussi,  selon  l'Etat  de  France,  médecin  de 
la  Bastille. 

5.  Il  servoit  en  cour,  pendant  le  quartier  d'octobre. 

6.  Jean-Baptiste  de  Fresquières,  qui  étoit  de  service  pen- 
dant le  trimestre  de  janvier. 


Le  Livre  commode.  151 

Messieurs  du  Chesne  ' ,  rue  de  la  Sourdière,  et 
Armand  2,  près  saint  Gervais,  sont  encore  des 
Médecins  des  Maisons  Roiales  qui  ont  beaucoup 
d'empioy  à  Paris. 

M.  Mayeux,  Doyen  en  charge  de  la  Faculté  de 
Médecine  de  Paris,  demeure  rué  de  Bièvre. 

M.  Legier,  censeur  de  la  même  Faculté,  de- 
meure rue  de  Grenelle,  quartier  saint  Honoré. 

Messieurs  le  Moine,  rue  des  Poulies,  et  le 
Rat,  rue  du  Four  S.  Germain,  sont  Professeurs 
en  Chirurgie,  et  Messieurs  Daval,  rue  du  Mon- 
ceau Saint  Gervais,  et  de  la  Carlière,  rue  du 
Batoir,  en  Botanique  et  Pharmacie. 

On  peut  recouvrer  la  Liste  des  Docteurs  de 
cette  Faculté  chez  le  Concierge  de  leur  Collège 
rue  de  Bucherie,  qui  ne  comprend  que  des  gens 
d'une  profonde  érudition,  entre  lesquels  il  y  en 
a  un  grand  nombre  qui  sont  fort  renommez  dans 
le  public  :  par  exemple.  Messieurs  Morin5,  rue 
Crisîine,  Theiiard,  rue  Roiale,  Thuillier4,  rue 


1 .  U  étoit  médecin  du  duc  de  Bourgogne. 

2.  Son  nom  étoit  Souard,  mais  on  ne  le  connoissoit  guère 
que  sous  son  prénom  d'Armand.  Il  étoit  non  pas  médecin, 
mais  chirurgien,  et  comme  tel  attaché  à  la  maison  de  Ma- 
dame, duchesse  d'Orléans. 

}.  Us  étoient  deux  que  Lister,  dans  la  relation  de  son 
voyage  à  Paris,  dit  être  «  des  gens  fort  instruits.  »  L'un,  né 
à  Toulon,  étoit  naturaliste.  L'autre,  celui  qui  figure  ici,  né 
au  Mans,  étoit  médecin.  Us  arrivèrent  presque  en  même 
temps  à  l'Académie  des  sciences.  Louis  Morin,  le  médecin, 
qui  étoit  aussi  grand  botaniste,  mourut  le  i"  mars  1715 
ayant  près  de  quatre-vingts  ans.  Fontenelle  a  écrit  son 
Eloge.  {V.  le  t.  V  de  ses  Œuvres,  p.  jSo.) 

4.  Il  étoit  dorteur-régent  de  la  Faculté  de  médecine  de 
Paris.  Son  fils  Adrien  eut  le  même  titre,  et  fut  de  plus  de 
l'Académie  des  sciences,  (v.  Fontenelle,  t.  V,  p.  54.) 


152  Le  Livre  commode. 

de  Grenelle,  Finot  ',  rue  de  la  Monnoye,  Mathon, 
à  la  Pierre  au  Lait,  etc. 

Messieurs  Dodard,  à  l'Hôtel  de  Conty^,  et 
Bourdelot?,  rue  sainte  Croix  de  la  Bretonnerie, 
ont  chacun  un  parfait  assortiment  de  tous  les 
Livres  de  Philosophie  et  de  Médecine. 

M.  de  Blegny,  Médecin  du  Roy,  préposé  à  la 
recherche  et  vérification  des  Nouvelles  Décou- 
vertes de  Médecine,  demeure  au  Jardin  Médicinal 
de  Pincourt,  fauxbourg  saint  Antoine,  et  tient 
Bureau  rue  de  Guenegaud  tous  les  jours  de  rele- 
vée. Celui  là  est  fort  renommé  pour  les  Décentes, 
pour  les  maux  vénériens,  pour  les  maladies  des 
femmes  et  des  enfants,  pour  les  hidropisies,  pour 
les  Rheumatysmes  inveterez,  et  généralement 
pour  les  maladies  extraordinaires. 

M.  Agnan  ci-devant  l'un  des  deux  Capucins 
qui  travailloient  au  vieux  Louvre^,  et  qui  a  pris 

1 .  C'est  le  même  que  Lister  appelle  Minot,  et  dont  il  dit 
qu'il  étoit  «  au  prince  de  Conti,  et  qu'il  l'avoit  autrefois 
connu  à  Montpellier.  » 

2.  Denis  Dodart,  de  l'Académie  des  sciences,  né  en  1634 
à  Paris,  où  il  mourut  en  1707.  On  lui  doit,  entre  autres 
ouvrages,  la  Statica  medicina  gallica.  C'est  comme  conseiller- 
médecin  du  prince  qu'il  logeoit  à  l'hôtel  de  Conti.  Fonte- 
nelle  a  écrit  son  Eloge,  t.  V,  p.  190. 

3.  Pierre- Bonnet  Bourdelot,  premier  médecin  de  la 
duchesse  de  Bourgogne,  qui  le  gardoit  près  d'elle  à  Ver- 
sailles. Lister  vante  son  savoir,  surtout  pour  l'histoire  de  la 
science  qu'il  pratiquoit,  ce  qui  confirme  ce  qu'on  lit  ici  à 
propos  de  sa  riche  bibliothèque  :  «  Je  citerai  encore,  dit-il, 
M.  Bourdelot,  médecin  de  la  duchesse  de  Bourgogne,  qui 
est  bien  pensionné  et  logé  à  Versailles.  C'est  un  savant 
homme  qui  connoît  parfaitement  l'histoire  de  la  médecine.  « 

4.  Ces  capucins  du  Louvre,  comme  on  les  appeloit,  et 
dont  M""  de  Sévigné,  entre  autres  remèdes,  estimoit  tant 
l'eau  d'émeraude  (édit.    Hachette,  t.  VII,  p.  411,  414), 


Le  Livre  commode.  153 

ses  Degrez  en  la  Faculté  de  Padoue,  a  quelques 
expériences  pour  les  maladies  croniques,  il  de- 
meure rue  et  près  les  Incurables. 

M.  Elvetius,  Médecin  Hollandois,  qui  donne 
une  poudre  émétique  contre  les  cours  de  ventre 
et  dissenteries,  demeure  rue  Serpente'. 


avoient  été  deux  :  le  P.  Agnan  nommé  ici,  et  le  P.  Rousseau 
qui  étoit  mort  à  cette  époque.  Le  nom  par  lequel  on  les 
désignoit  leur  étoit  venu  de  ce  que  le  roi,  sur  la  recom- 
mandation de  Condé  émerveillé  de  leurs  remèdes,  leur  avoit 
donné  un  appartement  et  un  laboratoire  au  Louvre,  où, 
pendant  près  de  deux  ans,  ils  eurent  tout  le  loisir  de  tra- 
vailler. Le  frère  du  P.  Rousseau  publia  en  1697,  in-i2,un 
volume  devenu  rare  :  «  Secrets  et  remèdes  éprouvez,  dont 
Us  préparations  ont  été  faites  au  Louvre,  de  l'ordre  du  Roy, 
par  deffunt  M.  l'abbé  Rousseau,  cy-devant  capucin  et  mé- 
decin de  Sa  Majesté.  »  Le  P.  Agnan  est  nommé  dans 
l'avertissement,  comme  «  confrère  et  co-inventeur  de  notre 
illustre  deffunt.  »  Il  est  resté  de  Rousseau,  dans  le  Codex, 
une  sorte  d'hydromel  fermenté  et  opiacé  connu  sous  le  nom 
de  vin  ou  <  gouttes  de  Rousseau.  »  {V.  Le  Vieux- Neuf,  2* 
édit.,  t.  II,  p.  388.)  —  Le  curieux  et  rare  volume  publié  en 
1693,  l'Ancienne  médecine  à  la  mode,  est  du  capucin 
Aignan,  qui  du  reste  l'a  signé. 

I.  €  Le  médecin  Hollandais,  renommé  pour  quelques 
remèdes  spécifiques,  demeure  rue  Gille  Cœur.  »  Edit.  1691, 
p.  15.  —  Le  remède,  auquel  Helvétius  dut  sa  réputation 
et  sa  fortune,  étoit  Vlpécacuhana  récemment  importé  du 
Brésil,  et  que  lui  avoit  fait  connoître  un  droguiste  de  Paris. 
Reçu  docteur  en  médecine,  et  naturalisé  françois,  il  obtint, 
le  19  juillet  1688,  permission  de  débiter  son  remède,  pen- 
dant quatre  années,  après  épreuves  faites  à  l'Hôtel-Dieu  par 
Daquin,  premier  médecin.  (Biblioth.  Nat.,  mss.  Clairam- 
bault,  t.  556,  p.  798.)  Le  roi  le  lui  acheta  ensuite  une 
très-forte  somme.  Il  trouva  plus  tard  un  fébrifuge  excellent, 
et  ne  commença  qu'alors  à  ne  plus  passer  pour  un  empi- 
rique :  «  Helvétius,  écrit  Racine  à  son  fils,  le  24  sept.  1691, 
est  en  réputation  même  pour  les  fièvres,  et  il  va  partout 
comme  les  autres  médecins.  »  On  peut  lire  sur  lui  quelques 
pages  curieuses  dans  l'Elite  des  Bons- Mots,  175 1,  in- 12, 


154  Le  Livre  commode. 

La  veuve  Nion,  Libraire,  dont  l'adresse  est  à 
la  première  page  ' ,  vend  la  Biblioteque  univer- 
selle des  secrets  de  Médecine  recherchez  et  pu- 
bliez, par  ordre  de  M.  le  premier  Médecin  de  Sa 
Majesté 2,  le  Recueil  des  Journaux  de  Médecine, 
le  Traité  Médicinal  du  Thé,  du  Caffé  et  du  Cho- 
colat 5,  les  Observations  astronomiques  etMedi- 

t.  1,  p.  469.  —  Son  fils  fut  le  riche  financier  philosophe, 
auteur  du  livre  De  l'Esprit. 

1 .  La  veuve  Nyon,  dont  la  librairie,  devenue  exclusive- 
ment classique,  existe  encore  à  la  même  place  sur  le  quai 
Conti,  alors  appelé  quai  de  Nesle,  avoit  eu  pour  mari  Denis 
Nyon,  fils  de  Guillaume  Nyon,  reçu  libraire  en  1580.  Après 
elle,  son  fils  Jean-Luc  dirigea  sa  librairie,  et  quand  il  fut 
mort,  sa  femme,  autre  veuve  Nyon,  en  garda  la  direction 
jusqu'à  ce  qu'elle  mourut  en  1747.  Elle  s'appeloit  Marie- 
Anne  Didot,  étoit  fille  de  Denis  Didot,  marchand  de  Paris, 
et  avoit  pour  frère  François  Didot,  qui,  reçu  en  1713,  fut 
dans  sa  boutique  du  quai  des  Augustins,  à  la  Bible  d'or, 
le  premier  libraire  de  la  longue  et  illustre  dynastie  des  Didot. 

2.  L'édit.  de  l'année  précédente  donnoit  plus  de  détails 
sur  ce  point  :  «  On  a,  depuis  peu,  y  est-il  dit,  par  ordre 
de  M.  le  premier  médecin  du  Roi,  fait  un  recueil  général 
de  tous  les  remèdes  secrets,  tant  de  ceux  qui  avoient  déjà 
été  publiés  que  de  ceux  qui  estoient  réservez  en  manuscrits 
dans  les  bibliothèques  curieuses,  ou  qui  avoient  esté  com- 
muniquez par  divers  particuliers  aux  médecins  de  la  Société 
royale.  Ce  recueil,  qui  est  compris  en  deux  gros  volumes 
in-8°,  se  vend  six  livres,  chez  la  veuve  Nion,  devant 
l'abreuvoir  Guénegaud,  où  l'on  trouve  encore  tous  les  autres 
de  M.  de  Blegny  qui  en  est  auteur.  »  Il  nous  a  dit,  en 
effet,  tout-à-l'heure,  qu'il  éioit  «  préposé  à  la  recherche  et 
vérification  des  nouvelles  découvertes  de  médecine.  » 

}.  Blegny,  qui  tout-à-l'heure  fera  de  si  belles  réclames  à 
ses  remèdes,  annonce  ici  discrètement  un  de  ses  livres,  publié 
cinq  ans  auparavant,  et  dont  voici  le  titre  exact  :  Le  bon 
usage  du  thé,  du  café  et  du  chocolat,  pour  la  préservation 
et  la  guérison  des  maladies.  Lyon,  1687,  in-12.  L'ouvrage 
qui  suit  doit  aussi  être  de  lui,  mais  nous  ne  pouvons  l'as- 
surer. 


Le  Livre  commode.  155 

cinales  qu'on  doit  à  l'invention  des  lunettes 
d'aproche,  et  plusieurs  autres  Livres  curieux  à 
l'usage  des  Medicins. 

Pour  la  Société  Roiale  de  Médecine,  voiez 
l'article  des  Rapports  et  Vérifications  d'Experts, 

L'Histoire  de  la  Médecine  et  des  Médecins 
nouvellement  publiée  par  M.  Bernier',  auteur 
de  l'Histoire  de  Blois,  se  vend  chez  Simon  Lan- 
grôgne,  rue  saint  Victor.  Les  premières  parties 
de  ce  Livre  estant  comme  un  extrait  du  Diction- 
naire Historique  de  Morery^,  on  le  lit  avec 
plaisir,  jusqu'à  l'endroit  où  l'Auteur  a  donné  de 
fortes  atteintes  à  l'honneur  de  gens  vertueux  et 
recommandables',  dont  apparemment  il  a  voulu 
se  distinguer. 

1 .  Ce  sont  les  Essais  de  médecine  de  Jean  Bernier,  aux- 
quels il  ne  donna  le  titre  d'Histoire  chronologique  de  la 
Médecine,  qu'à  la  seconde  édition,  en  1695.  La  première 
étoit  de  1689.  Il  avoit  fait,  comme  on  le  dit  ici,  une  His- 
toire de  Blois,  sa  ville  natale. 

2.  Dans  le  chapitre  IV  de  la  i"  partie' de  son  livre, 
Bernier  fait,  en  effet,  l'histoire  chronologique  de  la  méde- 
cine et  des  médecins,  et  n'y  reproduit  guère  que  ce  qu'on 
en  lisoit  dans  Moréri. 

3.  Les  gens  «  vertueux  et  recommandables,  »  dont  parle 
ici  Blegny,  sont  lui-même  et  ses  pareils,  les  charlatans,  que 
Bernier  malmène  d'importance  dans  son  XlIP  chapitre  : 
Des  charlatans  prétendus  médecins,  et  des  médecins  charla- 
tans. «  Quant  à  nos  empiriques,  y  dit-il  par  exemple,  ce 
ne  sont  ordinairement....  que  des  banqueroutiers,  des  gens 
ruinez  ou  saisis,  des  fugitifs,  des  téméraires  :  au  moins  des 
gens  sans  étude,  sans  principes,  sans  caractère.  »  Parmi 
tous  ces  gens,  pour  se  reconnoître,  Blegny  n'avoit  que 
l'embarras  du  choix,  et  son  imprudence  fut  de  vouloir  se 
venger  de  l'attaque  par  l'ironique  riposte  qu'on  lit  ici,  et 
qui  lui  valut  de  plus  directes  représailles.  Dans  l'Anti-Mena- 
giana,  publié  en  1693,  Bernier,  qui  ne  l'avoit  pas  nommé 
dans  ses  Essais,  le  nomme  sans  pitié,  et  cela  dès  sa  pré- 


ijô  Le  Livre  commode. 

La  Médecine  pratique  d'Ettemuler  imprimée  à 
Lyon  en  latin  et  en  françois",  se  trouve  chez 
presque  tous  les  Libraires  de  la  rue  Saint 
Jacques. 

MEDECINE  EMPIRIQUE. 

Cette  espèce  de  Médecine  est  celle  qui  est  pra- 
tiquée par  des  particuliers,  dont  l'étude  n'a  pas 
esté  assez  réglée  pour  parvenir  aux  degrez,  et 
qui  se  fondent  principalement  sur  les  épreuves 
de  quelques  Receptes  médicinales. 

Il  n'y  a  presque  à  présent  que  des  Ecclésias- 
tiques et  des  Religieux  qui  pratiquent  à  Paris 
cette  sorte  de  Médecine  2;  par  exemple,  M.  l'Abbé 
Guiton  qui  étoit  n'agueres  Religieux  Cordelier, 
et  qui  demeure  à  présent  à  l'Arsenal, 

M.  l'Abbé  Fayolles,  qui  demeure  rue  Mazarini. 

M.  le  Curé  d'Evry,  Village  de  Brie?,  qui  donne 

face,  p.  16,  où,  parlant  de  son  almanach  et  des  ennuis  qu'il 
lui  avoit  attirés,  il  dit  :  «  l'auteur  en  est  Blegny,  le  bastille 
et  le  bastillable.  »  Ailleurs,  p.  118,  il  y  revient  dans  une 
attaque  contre  Ménage  et  ses  assemblées  du  cloître  Notre- 
Dame,  «  qui,  dit-il,  ne  sont  plus  guères  célèbres  que  dans 
VAlmanach  des  adresses  d'Abraham  Du  Pradel.  »  F>lus  loin, 
p.  230-231,  autre  attaque  encore  contre  l'homme  et  son 
livre.  Blegny,  comme  on  voit,  n'avoit  gagné  à  se  défendre 
que  des  horions  nouveaux. 

1 .  Ce  sont  les  InsUtutions  de  médecine  de  Michel  EttmùUer, 
mort  en  1683. 

2.  C'est,  mais  très-brutalement,  ce  que  dit  aussi  Dernier 
dans  son  chapitre  cité  tout-à-l'heure.  Les  empiriques  sont 
pour  lui  la  plupart  «  des  moines  ignorants,  et  las  de  la 
robe,  ...  des  pieds  déchaux,  qui  ne  savent  où  donner  de  la 
tête.  » 

3.  Evry-les-Châteaux ,  canton  de  Brie-Comte-Robert, 
département  de  Seine-et-Marne. 


Le  Livre  commode.  157 

avec  permission  ane  boisson  sudorifique,  par  la 
chaleur  de  la  quelle  il  tache  de  consommer  les 
causes  des  maladies. 

Un  autre  Ecclésiastique,  qu'on  nomme  M.  le 
Prieur,  et  qui  demeure  rue  de  la  Raquette, 
Fauxbourg  saint  Antoine,  est  fort  recherché  pour 
un  apéritif  qu'il  dit  propre  à  déboucher  les  plus 
fâcheuses  opilations  dans  les  deux  sexes  '. 

Le  Frère  Ange,  Capucin»,  qui  distribue  un 
Opiatte  et  un  Sirop  mesentirique  et  epatique, 
est  résident  au  Fauxbourg  saint  Jacques. 

Le  Frère  Pierre,  des  Jacobins  du  Fauxbourg 
saint  Germain,  fait  des  recherches  dans  la 
Chimie. 

OPERATIONS  CHIRURGICALES. 

Monsieur  le  premier  Chirurgien  du  Roy,  a  son 
appartement  au  vieux  Louvre,  où  il  loge  quand 
il  est  à  Paris, 

M.  de  Tertre,  son  Lieutenant  pour  la  Ville, 
Prévôté  et  Vicomte  de  Paris?,  renommé  pour  la 

1.  Il  est  traité  plus  cavalièrement  dans  l'édit.  précéd.^ 
p.  18  :  «  Assez  prés  du  jardin  médicinal  de  Pincourt  dans 
la  rue  de  la  Raquette,  il  y  a  un  prieur  qui  s'entremet  de 
médecine,  et  qui  se  dit  tres-habile.  »  Rue  de  la  Raquette, 
c'est,  comme  on  sait,  rue  de  la  Roquette.  —  Bemier,  p.  296 
de  ses  Essais,  semble  faire  allusion  à  ce  remède  du  prieur  : 
t  Je  n'ai  garde,  dit-il,  de  donner  ici  à  connoître  ceux  qui 
ont  débité  et  fait  valoir  aux  simples  :  qui  des  remèdes  pour 
les  dents  ; ...  qui  ...  des  stipiques  à  divers  usages,  des  apé- 
ritifs... » 

2.  <  Renommé  pour  la  cure  des  maladies  chroniques.... 
au  couvent  du  faubourg  Saint-Jacques,  ....  a  un  laboratoire 
assez  curieux.  1  Édit.  1691,  p.  18. 

}.  François  Du  Tertre,  que  l'Etat  de  France  pour  1692, 


158  Le  Livre  commode. 

saignée  et  pour  la  grande  Chirurgie',  demeure 
rue  du  Jardinet,  à  l'ancien  Hôtel  de  Rouen. 

Les  Prévôts,  Jurez  et  Gardes  de  la  Commu- 
nauté des  Chirurgiens  Jurez  de  Paris,  sont  Mes- 
sieurs David,  rue  de  l'Arbre  sec  :  Cuqùel,  rue 
Galande,  Caubouë,  rue  Montorgueil  :  et  Gigot, 
rue  saint  André. 

La  Liste  générale  des  maîtres  de  cette  Com- 
munauté se  peut  recouvrer  aux  Ecoles  de  Chi- 
rurgie près  l'Eglise  de  saint  Côme.  L'exactitude 
du  chef  d'oeuvre  2  et  des  exercices  qui  s'y  font 
en  tout  temps,  doit  faire  présumer  que  cette 
liste  n'est  composée  que  d'habiles  gens;  et  en 
effet  il  y  en  a  peu  qui  ne  se  soient  rendus  recom- 
mandables  par  quelques  endroits  :  par  exemple, 
pour  les  grandes  Opérations,  Messieurs  Petit  à 
l'Hôtel  Dieu?.  Bessière,  près  la  Trinité 4.  Tri- 


t.  I,  p.  240,  qualifie  «  lieutenant  des  chirurgiens  de  Paris,  » 
retenu  par  le  Roi  pour  «  l'employer  où  il  pourra  en  avoir 
affaire.  Il  a  cinq  mille  et  tant  de  livres  d'appointements.  » 
Les  chirurgiens  du  Roi  qui  étoient  au  nombre  de  neuf,  un 
premier  ordinaire,  et  huit  ordinaires  servant  par  quartier, 
pouvoient,  d'après  une  déclaration  de  Louis  XIII,  «  tenir 
ou  faire  tenir  boutique,  enseigne  de  chirurgien,  oîi  seront 
les  armes  du  Roy,  exclusivement  à  tous  autres  barbiers 
chirurgiens.  » 

1.  Il  prenoit  le  titre  de  premier  chirurgien  du  Roi  et  du 
Parlement. 

2.  On  sait  que  c'est  ainsi  que  s'appeloit  dans  toutes  les 
corporations  l'épreuve  décisive  pour  être  reçu  maître.  Pour 
la  communauté  des  chirurgiens,  ce  devoit  être  une  opéra- 
tion faite  avec  succès. 

3 .  On  a  de  lui  un  Traité  des  maladies  des  os,  et  un 
certain  nombre  de  mémoires  parmi  ceux  de  l'Académie  des 
sciences. 

4.  a  M.  Bessière,  chirurgien  fameux  pour  les  playes  et 
pour  les  grandes  opérations,  demeure  rue  d'Arnetal  (Gre- 


Le  Livre  commode.  159 

boulleau,  rue  des  Juifs.  Roberdeau,  rue  saint 
André.  Haustome,  rue  de  la  Truanderie,  etc. 

Pour  les  Consultations  M.  Morel,  rue  du  Bac, 
près  les  Convalescens  ' . 

Pour  la  Saignée  Messieurs  Gillet,  rue  d'Or- 
léans. Passerai,  rue  Neuve  des  Petits  Champs. 
Canto,  rue  des  Boucheries  saint  Germain.  Gervais, 
rue  saint  Antoine.  Meurisse,  rue  saint  Jacques,  etc. 

Pour  la  réduction  des  os  rompus  et  demis, 
M.  Michault,  rue  Hautefeuille,  etc. 

Pour  les  accouchemens,  M^^  Mauriceau,  rue 
neuve  de  Richelieu.  Clément,  rue  et  devant  le 
petit  S.  Antoine 2.  Portail  et  Bonnamy,  rue  saint 


néiat),  près  la  Trinité.  »  Edit  1691,  p.  18.  —  Jacques 
Bessier  —  c'est  son  vrai  nom  —  fut,  en  effet,  célèbre. 
C'est  un  des  quatre  chirurgiens  auxquels  le  roi  accorda  des 
lettres  de  noblesse.  Il  les  obtint  en  1712.  Julien  Clément, 
qu'on  trouvera  tout-à-l'heure,  en  avoit  eu  de  semblables 
l'année  précédente. 

1.  «  M.  Morel,  premier  chirurgien  de  la  Charité,  recher- 
ché pour  les  consultations  chirurgicales....  »  Edit.  1691, 
p.  j8.  —  L'hôpital  des  convalescents,  près  duquel  il  de- 
meuroit,  se  trouvoit  rue  du  Bac,  à  la  hauteur  du  n*  98, 
qui  le  remplace.  Il  avoit  été  fondé,  en  1642,  par  M"»  de 
BuUion,  femme  du  surintendant  des  finances,  pour  les 
convalescents  de  la  Charité.  Tous  y  étoient  admis,  à  l'ex- 
ception des  soldats,  des  laquais  et  des  prêtres. 

2.  t  M.  Mauriceau,  chirurgien-accoucheur,  auteur  d'un 
traité  des  maladies  des  femmes,  qui  se  vend  chez  d'Houry, 
rue  Saint-Jacques,  demeure  dans  la  rue  des  Petits-Champs. 
—  Monsieur  Clément,  qui  a  eu  l'honneur  d'accoucher  Ma- 
dame la  dauphine,  demeure  devant  le  petit  Saint-Antoine.  » 
Edit.  1 691,  p.  18.  —  Mauriceau,  qui  fiit  si  célèbre  pour 
les  accouchements,  et  dont  le  Traité  des  femmes  grosses, 
qu'il  publia  en  1 63 1 ,  et  qu'il  traduisit  lui-même  en  latin, 
resta  classique  en  chirurgie  jusqu'à  nos  jours,  avoit  en  effet 
demeuré  rue  Neuve-des-Petits-Champs  avant  d'aller  rue  de 
Richelieu.   Il   y  logeoit,  quand  son  Traité,  qu'il  vendoit 


i6o  Le  Livre  commode. 

Martin.  Desforges,  près  saint  Eustache.  De 
Frades,  rue  Comtesse  d'Artois,  etc. 

Pour  l'Anatomie  Messieurs  Chevalier,  rue  de 
la  Pelleterie,  et  Dalibourg,  rue  Neuve  de  Ri- 
chelieu. 

M.  Tolet  Opérateur  du  Roy  pour  l'opération 
de  la  Pierre  qu'on  nomme  Lithotomie,  demeure 
rue  Jacob  près  la  Charité'. 

Messieurs  Collot  père  et  fils,  fameux  pour  la 
même  opération,  demeurent  rue  de  Seine  quar- 
tier saint  Germain. 

M.  Gervais,  rue  Mazarini  au  coin  de  la  rue  de 
Guénegaud,  a  un  particulier  talent  pour  penser 
les  loupes,  les  signes  et  les  porreaux. 

M.  Girard  Chirurgien  Opérateur  qui  s'attache 
particulièrement  à  la  Catharacte,  et  qui  fait  son 
séjour  ordinaire  à  Chalons  en  Champagne  vient 
à  Paris  tous  les  ans  au  Printemps,  et  loge  rue 


lui-même,  parut.  On  lit  sur  le  titre  :  «  Chez  l'auteur,  au 
milieu  de  la  rue  des  Petits-Champs,  au  bon  Médecin.  »  Cet 
accoucheur  avec  enseigne  ne  doit  pas  surprendre.  C'étoit 
l'usage,  que  les  sages-femmes  continuent  encore.  La  plu- 
part des  chirurgiens  tenoient  d'ailleurs  boutique,  et  une 
enseigne  ]eur  étoit  nécessaire.  On  lit  dans  les  Œuvres  de 
Santeul,  1698,  in-12,  2"  part.,  p.  178,  un  distique  qu'il 
avoit  fait  pour  une  de  ces  enseignes  :  Sur  un  tableau  de  la 
charité  de  Saint  Louis,  y  est-il  dit,  à  la  boutique  d'un  chi- 
rurgien, proche  Saint  Martial  : 

Ne  medicas  adhibere  manus  dubitaveris  œgro, 
Admonet  haec  pietas  regia,  te  que  docet. 

I.  «  M.  Tolet,  qui  a  été  longtemps  chirurgien  de  la 
Charité,  où  il  a  pratiqué  cette  opération  (de  la  pierre),  et 
qui  est  auteur  d'un  livre  qui  en  traite  particulièrement, 
demeure  rue  Jacob,  près  le  portail  de  cet  hôpital.  »  Edit. 
1691,  p.  18. 


Le  Livre  commode.  161 

de  la  Huchette  à  l'enseigne  des  Capillaires  de 
Montpellier  ' . 

M.  Quarante  qui  a  succédé  au  feu  Sieur  Car- 
meline*  son  oncle  pour  les  maladies  et  pour  les 
opérations  de  Dens,  demeure  sur  le  quay  de  la 
Mégisserie  devant  le  Pont  neuf. 

Les  Sieurs  du-  Moulin,  à  la  Croix  du  Tiroir, 
Surin  et  Coupart  au  Pont  Marie ,  s'exercent  aux 
mêmes  opérations. 

Les  Sieurs  Langlois?,   rue  Montmartre;  de 

1.  Enseigne  toute  pharmaceutique,  il  sera  parlé  plus 
bas,  p.  169,  n.  2,  du  sirop  que  faisoit  Blégny  avec  «  les 
capillaires  de  Montpellier.  » 

2.  Ce  Carmeline,  l'arracheur  de  dents,  avoit  été  célèbre 
dès  le  temps  de  la  Fronde.  Il  est  souvent  parlé  de  lui  dans 
les  Mazarinades.  Sa  boutique  étoit  sur  le  Pont-Neuf,  au 
rez-de-chaussée  de  l'un  des  deux  pavillons  de  la  place  Dau- 
phine,  où,  suivant  U  Chevr<eana,  il  s'étoit  donné  pour 
ingénieuse  devise  ce  vers  un  peu  arrangé  du  VI'  livre  de 
VŒnéide  : 

Uno  avulso  non  déficit  aller. 

Son  neveu,  que  Blégny  nous  présente  ici,  ne  le  fit  pas  ou- 
blier. L'arracheur  de  dents  par  excellence  fut  toujours 
Carmeline.  Ecoutez  Racine  dans  une  lettre  à  son  fils,  du 
4  oaobre  de  cette  même  année  1692  :  «  Si  vous  aviez  bien 
lu  la  vie  de  Cicéron  par  Plutarque,  vous  auriez  vu  qu'il 
mourut  en  fort  brave  homme,  et  qu'apparemment  il  n'auroit 
pas  fait  autant  de  lamentations  que  vous  si  M.  Carmeline 
lui  eût  nettoyé  les  dents.  *  En  1696,  on  ne  nomme  encore 
que  Carmeline  ;  de  son  neveu  et  successeur  Quarante  pas 
un  mot  :  «  C'est,  dit  Arlequin,  à  la  scène  première  du  pre- 
mier acte  à'Arlequin  Misanthrope  joué  cette  année-là,  c'est 
une  beauté  surannée,  qui  oublie  qu'elle  n'a  pas  une  dent 
dans  la  bouche  sur  laquelle  Carmeline  n'ait  une  hypothèque 
spéciale.  » 

}.  Pierre  Langlob,  docteur  de  la  faculté  de  Montpellier, 
qui  soutint,  de  concert  avec  François  Prieur,  de  la  faculté 
de  Reims,  une  lutte  fort  vive,  en  1695,  contre  c  les  doyens 
et  docteurs  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris,  >  qui  ne 

Livre  commode.  1 1 


i62  Le  Livre  commode. 

Rere  et  Cuvillier,  à  la  Croix  du  Tiroir,  sont 
occupez  à  la  réduction  des  os  fracturez  et  dislo- 
quez. 

Mademoiselle  de  Blegny  directrice  honoraire 
et  perpétuelle  de  la  Communauté  des  Jurées 
Sages  Femmes  de  Paris,  qui  pratique  seulement 
pour  les  personnes  de  la  première  qualité  et 
pour  celles  qui  luy  sont  confiées,  demeure  chez 
M.  son  Fils  Apoticaire  du  Roy,  rue  de  Guene- 
gaud,  première  porte  à  droite  ' . 

Les  Directrices  agentes  de  la  Communauté, 
sont  Mesdames  Langlois,  rue  Dauphine,  Soret, 
rue  Transnonnain.  Cuvilliers,  place  Baudoyer, 
et  Regnault,  rue  du  Crucifix  saint  Jacques  de  la 
Boucherie. 

Pour  les  Jurez  Chirurgiens  et  les  Jurées  Sages- 
Femmes  du  Châtelet,  voyez  l'article  des  Rapports 
et  Vérifications  d'Experts. 

On  est  renvoyé  au  même  endroit  pour  le  Traité 
des  Rapports  de  Chirurgie. 

Le  Livre  des  Accouchemens  de  M.  Mauriceau* 

vouloient  pas  les  reconnoître,  et  refusoient  de  consulter 
avec  eux.  Après  un  an  de  guerre  de  mémoires  etfactum, 
le  roi  donna  raison  aux  deux  docteurs  provinciaux.  Ce 
dédain  des  médecins  de  Paris  étoit  depuis  longtemps  de 
tradition  chez  eux.  Furetière  n'avoit-il  pas  dit,  en  1664, 
dans  sa  IV'  satire  :  le  Médecin  pédant  : 

Il  traite  d'écolier 

L'homme  le  plus  savant,  s'il  vient  de  Montpellier. 

1 .  Cet  article  est  différent,  moins  long,  mais  plus  curieux 
dans  l'édition  précédente,  p.  19.  Blégny  n'ose  pas  y  nom- 
mer sa  femme  :  «  la  Directrice  en  chef  honoraire  et  perpé- 
tuelle des  jurées  sages-femmes  de  Paris,  dit-il,  demeure  au 
Jardin  médicinal  de  Pincourt,  où  les  dames  de  province 
peuvent  faire  leur  couche  à  un  écu  par  jour.  » 

2.  V.  plus  haut,  p.  159-160,  sur  Mauriceau  et  son  livre. 


Le  Livre  commode.  165 

et  celuy  des  Décentes  de  M.  de  Blegny,  se  ven- 
dent chez  Laurent  d'Houry,  rue  saint  Jacques  '. 

Le  Traité  des  Maux  Vénériens  ^  du  même 
Auteur,  se  trouve  chez  Estienne  Michallet,  rue 
saint  Jacques,  et  chez  la  veuve  Nion,  quay  de 
NesleJ. 

On  trouve  un  grand  nombre  d'autres  Livres 
de  Chirurgie  chez  les  mêmes  Libraires. 


1 .  Il  avoit  été  reçu  libraire  à  la  place  de  Jean  d'Houry, 
son  père,  en  1678. 

2.  Les  remèdes  contre  ces  maladies  étoient  les  plus 
exploités,  et  cela  pour  de  honteuses  raisons  que  Lister  nous 
explique  au  chapitre  XI  et  dernier  de  son  Voyage  à  Paris 
en  1698  ;  €  Ces  traitements  secrets,  dit-il,  ont  mis  en 
pratique  de  misérables  petites  espèces  de  toute  sorte,  et 
leur  ont  donné  lieu  d'insulter  les  familles,  sitôt  qu'elles 
ont  été  au  fait  de  leurs  malheurs....  Tout  le  monde  ici  s'en 
mêle,  et  veut  avoir  son  spécifique  contre  cette  maladie  : 
Apothicaires,  barbiers,  femmes,  moines...  » 

5.  Dans  l'édit.  de  1691,  p.  19-20,  Blégny  donne  bien 
mieux  qu'ici  la  liste  de  ses  livres  :  «  Chez  la  veuve  Nion. . . 
l'on  trouve  tous  les  autres  livres  de  M.  de  Blegny,  à  sça- 
voir  :  le  Recueil  des  nouvelles  découvertes  de  médecine,  en 
quatre  volumes  in-douze,  qui  se  vendent  huit  livres  —  il 
n'a  été  parlé  plus  haut  que  de  l'édit.  en  deux  volumes  in-8, 
sans  indication  de  prix  ;  —  le  Remède  anglais,  publié  par 
ordre  du  Roy,  qui  se  vend  vingt  sols;  VArt  de  guérir  les 
maladies  vénériennes,  en  trois  volumes  in-12,  qui  se  vendent 
quatre  livres  dix  sols;  l'Art  de  guérir  les  descentes,  qui  se 
vend  une  livre  dix  sols  ;  la  Doctrine  des  rapports  de  chirur- 
gie fondée  sur  les  maximes  d'usage  et  sur  la  disposition  des 
nouvelles  ordonnances,  qui  se  vend  une  livre  cinq  sols  ;  le 
Bon  usage  du  thé,  du  caffé  et  du  chocolat,  pour  la.  préser- 
vation et  pour  la  guérison  des  maladies,  qui  se  vend  une 
livre  dix  sols  ;  les  Observations  qui  ont  esté  faites  dans  Us 
astres  depuis  l'invention  des  lunettes  d'approche  avec  Us 
utilitez  qu'on  en  peut  tirer  pour  la  pratique  de  la  médecine, 
qui  se  vend  une  livre  cinq  sols,  et  quelques  autres.  » 


164  Le  Livre  commode. 

MATIERES  MEDÉCINALES 

SIMPLES   ET   COMPOSÉES. 

Les  Marchands  Epiciers  qui  s'attachent  parti- 
culièrement à  la  Droguerie  medecinale',  sont 
pour  la  plu-part  dans  la  rue  des  Lombards  : 
par  exemple,  Messieurs  Tranchepain,  Vilain  et 
Michon. 

Il  y  a  néanmoins  de  ces  Droguistes  en  quel^ 
ques  autres  endroits  de  la  Ville  :  par  exem.ple, 
Messieurs  Andry,  rue  de  la  vieille  Bouderie  2, 
Brousset,  rue  neuve  saint  Mederic  ;  Moulin,  rue 


1.  Les  épiciers,  sous  prétexte  de  drogueries,  s'étoient 
faits  de  véritables  apothicaires,  mais  cela  n'alla  pas  sans 
procès.  Il  y  en  eut  un  notamment  fort  grave  entre  ces 
rivaux  de  la  pilule  et  des  drogues,  en  1653.  Gui  Patin  en 
a  parlé.  (V.  ses  Lettres,  anc.  édit.,  t.  I,  p.  38,  et  II,  p.  1 34.) 
A  Paris,  l'affaire  s'arrangea  ;  mais  un  siècle  après,  elle  se 
ralluma  en  province,  à  Chartres,  où  le  démêlé  entre  les 
épiciers  et  les  apothicaires  fit  très-grand  bruit  en  1758.  On 
en  trouvera  quelques  détails  dans  l'Année  littéraire  àt  Fréron, 
1758,  t.  VIII,  p.  256.  Pendant  que  les  apothicaires  de 
province  contestoient  aux  droguistes  la  vente  des  remèdes, 
les  droguistes  de  Paris  faisoient  la  même  querelle  aux  reli- 
gieux carmes  ou  jésuites  qui  s'étoient  mis  avec  eux  en  con- 
currence :  «  les  jésuites,  écrit  Voltaire  à  Thiriot  le  1 5 
septembre  1768,  eurent,  il  y  a  quelques  années,  un  procès 
avec  les  droguistes  de  Paris,  pour  je  ne  sais  quel  élixir  qu'ils 
vendoient  fort  cher,  après  avoir  vendu  de  la  grâce  suffisante 
qui  ne  suffisoit  point,  tandis  que  les  jansénistes  vendoient 
de  la  grâce  efficace  sans  efficacité.  Ce  monde  est  une  grande 
foire,  où  chaque  Polichinelle  cherche  à  s'attirer  la  foule; 
chacun  enchérit  sur  son  voisin.  » 

2.  Son  fils,  qui  se  faisoit  appeler  Andry  de  Boisregard, 
publia,  en  1738,  un  volume  sous  ce  titre  :  Cléon  à  Eudoxe, 
touchant  la  prééminence  de  la  médecine  sur  la  chirurgie. 

3.  «  Au  coin  de  la  rue  Maçon.  »  Edit.  1691,  p.  32. 


Le  Livre  commode.  165 

des  trois  Maures  ;  Boileau ,  rue  des  Lavan- 
dières', etc. 

Les  uns  et  les  autres  vendent  en  gros  et  en 
détail,  généralement  tout  ce  qui  peut  faire  le 
sujet  des  opérations  de  la  Pharmacie  et  de  la 
Chimie,  à  l'exception  de  quelques  métaux  dont 
il  sera  parlé  dans  un  chapitre  à  part;  de  la  plu- 
part des  herbes  qui  sont  vendues  dans  les  Halles 
et  Marchez  par  les  Herboristes,  et  des  fleurs 
qn'on  trouve  dans  leurs  temps  le  matin,  rue  aux 
Fers  près  saint  Innocent,  ou  chez  les  Fleuristes 
ou  Bouquetières. 

Les  Maitres  et  Gardes  en  Charge  de  l'Apoti- 
cairerie,  sont  Messieurs  Clément  à  l'Hôtel  de 
Soissons  ;  Gaillard,  rue  saint  Honoré  près  saint 
Roch,  et  Martel,  rue  saint  Avoye. 

Et  ceux  de  l'Epicerie  et  Droguerie  sont  Mes- 
sieurs Harland,  rue  saint  Jacques  de  la  Bouche- 
rie; Boudet,  rue  saint  Martin;  et  Chabouillé, 
rue  de  la  Cordonnerie. 

Les  Apoticaires  et  les  Epiciers  qui  ne  com- 
posent ensemble  qu'un  même  corps,  ont  leur 
Bureau  au  petit  cloître  sainte  Opportune. 

Il  y  a  plusieurs  Apoticaires  de  cette  Commu- 
nauté qui  se  piquent  d'avoir  chez  eux  un  grand 
assortiment  de  préparations  Chimiques  et  Phar- 
maceutiques :  par  exemple, 

Messieurs    Geoffroy,    rue   Bourtibourg^,   et 

1 .  «  Quartier  Sainte-Opportune.  »  Ibid. 

2.  Mathieu-François  Geoffroy,  qui  avoit  été  échevin  en 
1785.  Il  se  tenoit  chez  lui  des  assemblées  de  savants,  dont 
Fontenelle,  dans  l'éloge  qu'il  écrivit  de  son  fils,  a  fait  res- 
sortir toute  l'importance  (t.  VI,  p.  487)  :  «  M.  Cassini,  dit-il, 
y  apportoit  ses  planisphères,  le  P.  Sébastien  ses  machines. 


i66  Le  Livre  commode. 

Bolduc  '^  rue  des  Boucheries  saint  Germain,  qui 
opère  au  Jardin  Royal  des  Plantes. 

M.  Bourdelin  Apoticaire  de  l'Académie  Royale 
des  Sciences,  a  pareillement  une  Apoticairerie 
fort  complette  dans  sa  maison  rue  de  Seine  à 
saint  Germain  des  Prez^. 


M.  Joblot  ses  pierres  d'aimant,  M.  Du  Verney  y  faisoit  ses 
dissections,  et  M.  Komberg  des  opérations  de  chymie. ... 
Ces  conférences  parurent  si  bien  entendues  et  si  utiles, 
ajoute-t-il,  qu'elles  furent  le  modèle  et  l'époque  de  l'établis- 
sement des  expériences  de  physique  dans  les  collèges.  » 
Lister,  au  chapitre  XI  de  son  Vo-jagt  à  Paris,  a  décrit 
ainsi  l'apothicairerie  de  Geoffroy  :  «  Elle  est,  dit-il,  dans 
la  rue  Bourgthibourg  :  l'entrée  de  la  basse-cour  est  par 
une  porte  cochère  avec  des  niches,  où  sont  de  grands 
vases  de  cuivre.  Quand  vous  êtes  entré,  vous  trouvez  des 
salles  ornées  d'énormes  vases  et  de  mortiers  de  bronze,  qui 
sont  là  autant  pour  la  parade  que  pour  l'usage.  Les  drogues 
et  les  préparations  sont  en  des  armoires  rangées  autour  de 
ces  pièces.  Sur  les  derrières  sont  des  laboratoires  très -pro- 
pres et  parfaitement  montés.  »  Lister  parle  ensuite  du  fils 
de  Geoffroy,  qu'il  avoit  vu  en  Angleterre,  où  il  étoit  allé 
avec  le  comte  de  Tallard.  Il  le  considère  comme  un  jeune 
homme  de  la  plus  belle  espérance,  ce  qu'il  ne  démentit  pas. 
Il  arriva,  comme  médecin,  à  l'Académie  des  sciences,  et, 
nous  l'avons  dit,  Fontenelle  fit  son  éloge. 

1.  Saint-Simon,  dont  il  étoit  l'apothicaire,  en  faisoit  le 
plus  grand  cas  :  «  C'étoit,  dit-il  {Mémoires,  édit.  Hachette, 
in-i8,  t.  VI,  p.  238),  un  excellent  apothicaire  du  Roy,  qui, 
après  son  père,  avoit  toujours  été  et  étoit  encore  le  nôtre 
avec  un  grand  attachement,  et  qui  en  savoit  pour  le  moins 
autant  que  les  meilleurs  médecins,  comme  nous  l'avons 
expérimenté,  et  avec  cela  beaucoup  d'esprit  et  d'honneur, 
de  discrétion  et  de  sagesse.  » 

2.  Claude  Bourdelin,  né  à  Villefranche,  près  de  Lyon, 
en  1621,  mort  à  Paris  en  1699.  Il  fut,  comme  chimiste,  de 
l'Académie  des  sciences,  dès  sa  fondation  en  i666.  Fonte- 
nelle, qui  a  écrit  son  éloge  (t.  VI,  p.  48-50),  dit  «  qu'il 
fit  voir  à  l'Académie  près  de  deux  mille  analyses  de  toutes 
sortes  de  corps.  »  Il  le  vante  aussi,  comme  apothicaire. 


à 


Le  Livre  commode.  167 

Il  en  est  de  même  de  M.  Habert  Syndic  en 
Charge  des  Apoticaires  des  Maisons  Royales, 
qui  fait  souvent  des  Cours  publics  de  Chimie  en 
son  Laboratoire,  rue  du  Four  à  saint  Germain 
des  Prez. 

M.  Rouviere  Apoticaire  ordinaire  du  Roy  et 
des  Camps  et  Armées  de  Sa  Majesté',  qui 
n'est  pas  moins  curieux  dans  sa  profession  et 
qui  a  fait  deux  préparations  publiques  de  la 
Theriaque  d'Andromachus^  avec  un  applaudis- 
sement général,  vend  d'ailleurs  une  Eau  vulné- 
raire qui  est  d'un  très  grand  effet  dans  les  playes 
d'arquebusade,    rue   saint   Honoré  près  saint 


f  pour  l'exacte  et  fidelle  préparation  des  remèdes,  qu'il 
distribuoit,  dit-il,  à  tout  le  monde,  à  un  prix  égal  et  très- 
modique.  » 

1.  Il  fit  un  cours  public  de  chimie,  en  1706,  au  Jardin 
des  Apothicaires,  rue  de  l'Arbalète,  près  de  la  rue  Mouffe- 
tard.  On  lui  dut  plusieurs  découvertes.  Il  étoit,  d'après 
l'Etat  dt  France  de  1692,  p.  J54,  non-seulement  apothi- 
caire tt  des  camps ,  hôpitaux  et  armées,  »  mais  aussi  du 
Dauphin.  Il  se  faisoit  appeler  Henry  de  Rouviere. 

2.  On  attribuoit,  d'après  Galien  {De  antidotis,  lib.  I),  la 
composition  très-compliquée  de  la  Thiriaque,  dont  le  nom 
venoit  de  la  morsure  des  bêtes  venimeuses,  thira,  qu'elle 
guérissoit,  au  médecin  de  Néron,  Andromachus.  C'étoit  une 
espèce  d'opiai  ou  d'élertuaire  liquide  composé  de  drogues 
choisies,  dont  on  finit  par  faire  une  sorte  de  panacée.  A 
Venise,  les  magistrats  présidoient  à  sa  composition.  Aussi 
est-ce  de  là  que  venoit,  on  le  verra  plus  loin,  celle  qui  ins- 
piroit  le  plus  de  confiance.  A  Paris,  comme  il  est  dit  ici, 
la  préparation  s'en  faisoit  chaque  année  publiquement,  et 
il  en  fut  ainsi  jusqu'à  la  Révolution.  (Y.  les  Mémoires  secrets, 
t.  XXVI,  p.  246.)  Le  célèbre  Moïse  Charas  commença  sa 
réputation  par  un  ouvrage  sur  le  fameux  remède  :  Thiriaque 
d'Andromaque,  avec  des  raisonnements  et  observations  néces- 
saires sur  l'élection,  la  préparation  et  U  mélange  du  ingré- 
dients, Paris,  1668,  in-8. 


i68  Le  Livre  commode. 

Roch  ',  où  il  a  une  boutique  d'une  propreté  ex- 
traordinaire. 

M.  Lemory*  célèbre  par  son  livre?  et  par  ses 
Cours  de  Chimie4,  qui  a  esté  gratifié  d'un  Privi- 
lège du  Roy,  en  faveur  de  sa  conversions, 
continue  ses  exercices,  et  la  distribution  de  ses 


1.  Il  avoit,  comme  confrère  et  voisin,  sur  la  même  pa- 
roisse, «  un  apothicaire-épicier,  »  Claude-François  Péaget, 
dont  il  tint  sur  les  fonts,  le  27  décembre  1685,  la  fille 
Marie-Charlotte,  qui  devint  la  femme  de  Crébillon  le  tra- 
gique, et  la  mère  de  l'auteur  du  Sopha,  (Jal,  Dict.  critique, 

P-4J5-) 

2.  Lisez  Lémery.  Il  s'agit,  en  effet,  du  rouennais  Nicolas 
Lémery,  qui  fut  de  l'Académie  des  sciences,  de  1699  à 
171  j,  époque  de  sa  mort,  et,  quoique  simple  apothicaire,  y 
jeta  le  plus  vif  éclat.  Parmi  ses  remèdes,  qui  furent  très  à 
la  mode,  et  qui  l'enrichirent,  se  trouvoit  le  magistère  de 
Bismuth,  qui,  tout  seul,  eût  suffi  à  sa  fortune.  Ce  n'est 
pourtant,  comme  dit  Fonterielle  (t.  V,  p.  393),  «  que  ce 
qu'on  appelle  du  blanc  d'Espagne  ;  »  mais  il  n'y  avoit  que 
lui  qui  en  eût  alors  le  secret  à  Paris, 

3.  C'est  son  Cours  de  chimie  publié  en  1675,  et  dont  le 
succès  fut  tel  que,  suivant  Fontenelle,  «  il  se  vendit  comme 
un  ouvrage  de  galanterie  ou  de  satire.  » 

4.  La  chimie,  science  alors  nouvelle  et  par  conséquent  à 
la  mode,  lui  attira  l'affluence  la  plus  choisie  :  «  Il  en  ou- 
vrit, dit  Fontenelle,  des  cours  publics  dans  la  rue  Galande, 
où  il  se  logea.  Son  laboratoire  étoit  moins  une  chambre 
qu'une  cave  et  presque  un  antre  magique  éclairé  de  la  seule 
lueur  des  fourneaux;  cependant  l'affluence  du  monde  y  étoit 
si  grande,  qu'à  peine  avoit-il  de  la  place  pour  ses  opéra- 
tions. » 

5.  Il  étoit  de  la  religion,  et  la  Révocation  de  l'édit  de 
Nantes  l'avoit  d'autant  plus  atteint,  que  tout  protestant  y 
avoit  perdu  le  droit  de  s'occuper  de  la  médecine  et  de  ce 
qui  en  dépendoit.  Lémery  qui,  deux  ans  auparavant,  avoit 
séjourné  en  Angleterre,  songea  d'abord  à  y  retourner  avec 
tous  les  siens,  mais  il  se  décida  enfin  pour  la  conversion, 
dont  on  parle  ici.  Dans  les  premiers  mois  de  1686,  c'étoit 
chose  faite. 


Le  Livre  commode.  169 

préparations  Chimiques,  et  du  sel  policrete  de 
M.  Seignette,  chez  luy  au  bas  de  la  rue  saint 
Jacques  '  où  il  vend  son  Livre,  qu'on  trouve 
d'ailleurs  chez  Estienne  Michalet  près  la  fon- 
taine saint  Severin. 

M.  de  Blegny  fils  Apoticaire  ordinaire  du 
Roy  sur  le  quay  de  Nesle  au  coin  de  la  rue  de 
Guenegaud,  tient  aussi  un  assortiment  complet 
de  toutes  les  compositions,  extraits,  eaux  distil- 
lées, sels,  et  Magistères  de  la  Pharmacie  Gale- 
nique,  et  de  la  Chimie,  tant  de  la  préparation 
de  Paris,  que  de  celle  de  Montpellier,  de  Provence, 
d'Italie,  etc.,  aussi  bien  que  les  Baumes  verts, 
noirs,  et  blancs  du  Pérou,  de  Judée,  etc.* 

C'est  le  seul  artiste  à  qui  les  descendans  du 
Signor  Hieronimo  de  Ferranti  Inventeur  de 
l'Orvietan  3,  ayent  communiqué  le  secret  ori- 
ginaM. 

1.  An  coin  de  la  rue  Galande.  v.  l'avant-dernière  note. 

2.  <  L'eau  générale  contre  les  vapeurs  de  l'un  et  l'autre 
sexe,  la  crème  de  perles  qui  oste  les  boutons  et  rougeurs 
du  visage,  l'opiaite  de  corail  qui  entretient  la  beauté  et  la 
bonté  des  dents  :  la  véritable  eau  de  la  reyne  d'Hongrie  et 
le  vrai  sirop  de  capillaires  de  Montpellier,  le  chocolat  dé- 
graissé, la  thériaque  de  Venise,  le  baume  apoplectique 
d'Angleterre,  le  baume  blanc,  le  baume  ven  et  le  baume 
du  Pérou;  la  pommade  qui  amortit  les  héméroîdes,  la 
poudre  de  vipère  et  les  vipères  mêmes,  la  pommade  contre 
les  dartres,  les  parfiims  de  toutes  espèces,  les  essences  de 
romarin,  de  sauge,  de  rhue,  d'anis,  de  fenouille,  et  autres 
essences  fortes  venant  de  Montpellier,  la  fleur  de  thé,  l'eau 
impériale  et  toutes  autres  eaux  distillées,  l'emplastre  contre 
les  loupes  et  ganglions,  le  sirop  de  caffé,  la  panacée  mer- 
curielle,  la  poudre  stemutatoire,  l'huile  de  palme.  »  Edit. 
1691,  p.  19 

3.  C'est  un  électuaire  qui  avoit  été  apporté,  en  1647, 
par  le  charlatan  d'Orvietto,  dont  le  nom  se  trouve  ici,  et 


lyo  Le  Livre  commode. 

Il  dispense  aussi  tous  les  Remèdes  achetez  et 
publiez  par  ordre  du  Roy, 

Une  conserve  et  une  liqueur  pour  la  guérison 
des  phtisiques  et  des  poulmoniques  ' . 

Une  tizanne  filtrée  pour  purger  doucement  et 
agréablement  la  bile,  la  pituite  et  généralement 
toutes  les  superfluitez. 

Une  Eau  vulnéraire  qui  guérit  le  Scorbut  et 
les  Ulcères  de  la  gorge,  les  Cancers,  les  Ecroûelles 
ulcérées,  la  Teigne  et  les  Ulcères  malins  et  vari- 
queux des  jambes  et  d'ailleurs 2. 

Une  Eau  anodine  qui  appaise  avec  une 
promptitude  surprenante  la  douleur  des  dents, 
toutes  les  espèces  de  Coliques,  les  Véroliques?, 

qui  fut  surtout  connu  par  son  surnom  Orvietano,  qui  devint 
bientôt  celui  de  son  remède.  On  le  croyoit  bon  surtout 
contre  les  poisons  et  contre  les  maléfices.  C'est  pour  cela 
que  le  Sganarelle  de  l'Amour  médecin  veut  en  faire  prendre 
à  sa  fille. 

4.  «  L'orviétan  original  d'Italie,  dont  la  dispensation  luy 
a  été  communiquée  par  le  seignor  Hieronimo  Cei,  dernier 
héritier  du  secret.  »  Edit.  1691,  p,  19. 

1 .  «  La  conserve  balsamique  qui  guérit  presque  tous  les 
poulmoniques  en  six  semaines.  »  /rf.,  p.  17. 

2.  Dans  redit,  précédente,  p.  17,  c'est  à  «  l'emplâtre 
philosophique  »  que  sont  attribuées  toutes  ces  vertus. 

} .  C'étoit  la  grande  clientèle  de  l'époque.  Ceux  qui  pré- 
tendoient  la  guérir,  faisoient  courir  par  de  petits  Savoyards, 
selon  Palaprat  dans  la  préface  de  sa  comédie  des  Empiriques 
jouée  en  1697,  des  billets  imprimés  du  genre  de  celui-ci  : 
«  M.  Mercurini,  napolitain,  guérit  sûrement,  promptement, 
agréablement,  et  sans  obliger  à  garder  la  maison,  toutes 

sortes    de    maladies    secrètes M.    Mercurini  voit   les 

hommes.  Madame  Mercurini  voit  les  femmes.  »  Il  nous 
semble  bien  que  ce  sont  M.  et  M™"  Blégny,  d'autant  mieux 
que  l'on  trouvera  plus  loin  un  spécifique  de  leur  façon, 
«qui  guérit  promptement,  sûrement»  lesdites  maladies.  On 
a  vu,  d'ailleurs,  plus  haut,  p.  ij,  que  le  remède  de  Blégny 


Le  Livre  commode.  171 

les  Rhumatismes,  les  Douleurs  causées  par  le 
mercure,  la  Sciatique,  et  les  Gouttes  des  mains 
et  des  pieds. 

Une  Liqueur  de  jouvence'  qui  rectifie  les 
constitutions  vicieuses,  qui  désopile  les  viscères 
obstruez,  qui  corrige  les  deffauts  de  la  digestion, 
qui  guérit  radicalement  le  vertige,  la  migraine 
et  les  vapeurs,  qui  règle  les  excrétions,  en  un 
mot  qui  rajeunit  comme  une  espèce  de  fontaine 
de  jouvence. 

Une  Eau  dissenterique  d'une  vertu  infiniment 
audessus  de  la  Racine  emétique,  puis  que  sans 
faire  vomir  ni  causer  la  moindre  incommodité, 
elle  arrête  infailliblement  en  une  ou  deux  prises 
toutes  sortes  de  cours  de  ventre,  de  flux  de  sang 
et  de  dyssenteries. 

Un  Spécifique  infaillible  pour  prévenir  et  pour 
guérir  promptement,  seurement  et  infailliblement 
les  Maladies  Vénériennes. 

Des  grains  et  des  liqueurs  balsamiques  pour 
la  guérison  des  gonorrhées,  des  pertes  blanches, 
de  l'impuissance  vénérienne,  de  l'incontinence 
d'urine^,  etc. 


étoit  le  mercure,  ce  qui  jusrifieroit  le  nom  de  Mercurini  que 
lui  donne  Palaprat. 

1.  Il  y  a  dans  le  chap.  XIII  de  la  i"  partie  des  Essais 
de  médecine  de  Bemier,  quelques  lignes  contre  «  une  eau 
de  Jouvence,  n  qui  pourroit  bien  être  cette  liqueur  de 
Blégny. 

2.  c  Des  grains  balsamiques  qui  préviennent  et  qui  rec- 
tifient toutes  espèces  de  pourriture  intérieure,  qui  conso- 
lident les  ulcères  des  reins,  des  urètres,  de  la  vessie  et  du 
canal  urinaire,  qui  arrêtent  les  gonorrhées  habituelles,  qui 
fortifient  tous  les  nerfc,  qui  réparent  l'impuissance  de 
Venus,  qui  épuisent  les  pertes  blanches,  et  qm  contribuent 


172  Le  Livre  commode. 

Une  Epreuve  végétale'  qui  guérit  à  jamais  la 
douleur  et  la  carie  des  Dents. 

Une  Eau  hystérique  qui  abaisse  les  vapeurs 
des  femmes  et  qui  les  délivre  sur  le  champ  des 
plus  violentes  suffocations  et  de  la  plupart  des 
mauvais  travaux. 

Les  Eaux  d'Ange^,  de  Cordoùe,  d'Amarante, 
de  fleurs  d'Oranges,  de  Thim,  et  généralement 
les  Eaux  odoriférantes  et  medecinales  qui  servent 
aux  cassolettes  philosophiques,  pour  parfumer  et 
des-infecter  les  chambres,  et  pour  guérir  les  ma- 
ladies de  sympathie?. 

très-efficacement  à  la  guérison  des  descentes  et  des  parali- 
sies.  »  Edit.  1691,  p.  16-17.  —  Cet  article  y  est  précédé 
de  celui-ci  :  «  les  grains  dépuratifs,  qui  dépurent  la  masse 
du  sang,  qui  desobtruent  les  viscères  et  les  vaisseaux  san- 
guinaires, qui  règlent  toutes  les  fonctions  naturelles,  qui 
amortissent  les  levains  et  qui  abaissent  les  vapeurs,  enfin 
qui  corrigent  tous  les  vices  habituels  d'une  mauvaise  cons- 
titution. » 

1.  «  Une  essence  végétale...  »  Id.,  p.  17.  On  y  lit  à  !a 
suite  de  cet  article  :  «  l'eau  rouge  de  la  reine  d'Hongrie, 
qui  appaise  les  douleurs  de  la  goutte  et  des  rhumatismes  en 

fortifiant  toutes  les  parties le  sirop  de  vanille,  qui  a  une 

propriété  singulière  contre  la  toux  et  contre  les  fluxions  de 
poitrine.  L'antidote  universel  qui  survient  (subvient)  à 
toutes  les  maladies  des  pauvres  gens  et  de  leurs  bestiaux. 
Le  sirop  de  thé  fébrifuge  qui  arrête  sans  retour,  en  très-peu 
de  prises,  toutes  les  espèces  de  fièvres  intermittentes.  Le 
Trésor  d'Esculape,  qui  contient  dans  un  très-petit  volume 
une  excellente  panacée  et  divers  autres  remèdes  expérimen- 
tez, pour  survenir  (subvenir)  à  toutes  les  occasions  pres- 
santes et  subites.  » 

2.  On  l'appeloit  ainsi,  parce  que  c'étoit  l'eau  de  senteur 
par  excellence,  l'eau  des  Anges.  On  la  faisoit  avec  de 
l'iris  de  Florence,  du  benjoin,  du  storax,  du  sental  citrin, 
etc.,  sur  lesquels  on  versoit  des  eaux  de  rose  et  de  fleurs 
d'orange  distillées. 

j.  Cet  article  est  beaucoup  plus  curieux  dans  l'édit.  de 


Le  Livre  commode.  173 

Plusieurs  Remèdes  infaillibles  pour  guérir 
très  promptement  les  Décentes,  sans  opération, 
sans  rien  prendre  par  la  bouche,  et  quelquefois 
sans  bandage  '  ou  sans  retraite*. 

1691,  p.  17,  surtout  pour  les  <  cassolettes  philosophiques.  > 
Blégny,  comme  on  va  voir,  ne  les  appelle  alors  que  «  cas- 
solettes royales.  »  Il  parle  d'abord  d'une  sorte  d'appareil 
pour  le  café  et  le  chocolat,  dont  l'invention  rappelle  sin- 
gulièrement celle  de  nos  c  caléfacteurs,  »  et  devoit  être 
d'une  grande  commodité  pour  les  gens  qui  aimoient  comme 
certain  gourmet  de  Regnard  à  porter  «  cuisine  en  poche.  » 
Voici  ces  deux  articles  :  «  les  caffetières  et  chocolatières 
portatives,  qui  n'occupent  à  peine  qu'une  seule  poche,  et 
ne  laissent  pas  de  contenir  tout  ce  qu'il  faut  de  thé,  de 
cafFé,  de  chocolat  et  de  sucre  pour  faire  trois  prises  de 
chaque  boisson,  la  lampe,  le  fourneau,  l'esprit  de  vin,  le 
fusil,  les  gobelets,  les  soucoupes,  les  cuillères,  etc.  —  Les 
cassolettes  royales,  par  lesquelles  on  réduit  très-agréable- 
ment et  très-utilement  en  vapeur  les  eaux  d'Ange,  de 
Roses,  de  Cordoue,  de  fleurs  d'Orange  et  d'Amaranthe, 
pour  parfumer  et  désinfecter  les  chambres  sans  fumée  et 
à  très-peu  de  frais,  au  moyen  d'une  lampe  à  esprit  de  vin, 
au-dessus  de  laquelle  on  place  sur  deux  petites  consoles 
de  cuivre,  un  globule  de  cristal  ayant  un  bec  alongé,  par 
lequel  ces  liqueurs  sont  attirées  au-dedans  du  globule  dès 
qu'on  lui  a  fait  ressentir  quelque  chaleur  que  ce  soit,  et 
par  lequel  aussi  elles  sont  ensuite  exhalées  en  vapeur 
presque  imperceptibles,  par  la  flamme  de  la  lampe,  qui 
les  fait  bouillir  jusqu'à  leur  entière  consommation  sans 
casser  le  globule,  ce  qui  est  d'un  effet  fort  plaisant,  mais 
principalement  pour  les  malades,  à  qui  l'on  peut  faire 
respirer  par  ce  moyen  un  air  chargé  de  liqueurs  médica- 
menteuses qui  conviennent  à  leurs  indispositions.  » 

1 .  V.  sur  les  bandages  ou  brayers,  depuis  le  moyen-âge 
jusqu'au  xvii*  siècle,  le  Vieux-Neuf,  2'  édit.,  t.  I,  p.  134, 
et  plus  haut  p.  ij. 

2.  «  A  cause  de  quoy  il  a  pareillement  établi  la  manu- 
facture royale  des  bandages  à  vis  et  à  ressort  qui  arrêtent 
les  descentes  que  les  bandages  ordinaires  ne  peuvent 
arrêter,  et  qui  contribuent  beaucoup  par  cet  assujétisse- 
ment  à  la  guérison  de  ces  maladies.  »  Edit.  1691,  p.  16. 


174  ^^  Livre  commode. 

Une  Eau  diurétique  pour  la  dissolution  et 
l'expulsion  des  glaires,  du  gravier  et  de  la  pierre 
des  reins  et  de  la  vessie,  et  un  grand  nombre 
d'autres  spécifiques  expérimentez' pour  les  mala- 
dies des  yeux,  la  sourdité,  les  bourdonnemens 
d'oreilles,  les  ulcères  du  nez,  les  loupes,  les 
signes,  les  porreaux,  etc. 

Une  Eau  et  un  Sel  fébrifuges,  qui  guérissent 
les  fièvres  sans  retour  en  très  peu  de  prises. 

Tous  ces  Remèdes  sont  distribuez  dans  des 
bouteilles  et  boettes  cachetées',  sur  lesquelles 
on  fait  coller  l'imprimé  qui  enseigne  leurs  vertus 
et  leurs  usages  2. 

Une  personne  solvable  qui  connoit  la  vertu 
de  ces  Remèdes,  s'oblige  quand  on  le  veut  d'en 
payer  la  valeur  en  l'acquit  des  malades  en  cas 
qu  ils  ne  guérissent  pas,  pourvu  qu'ils  con- 
viennent de  les  payer  au  double  pour  une  par- 
faite guérison. 

Le  Sieur  Fillesac,  rue  de  la  Bucherie  joignant 


1 .  Ces  boîtes  étoient  toujours  très-soignées,  aussi  disoit-on 
proverbialement  :  propre  comme  une  boîte  d'apothicaire. 
C'est  ce  qu'au  temps  de  Rabelais  on  appeloit  des  Silènes  : 
«  Silènes  estoyent,  dit-il  (Liv.  1,  prologue),  petites  boytes, 
telles  que  voyons  de  présent  es  bouticques  des  apothe- 
caires,  paintes  au  dessus  de  figures  joyeuses  et  frivoles, 
comme  des  harpyes,  satires,  oysons  bridez,  lièvres  cornuz, 
canes  bastées....  et  aultres  telles  painctures  contrefaictes 
à  plaisir  pour  exciter  le  monde  à  rire....  mais  au  dedans, 
l'on  réservoir  ces  fines  drogues,  comme  baulme,  ambre 
gris,  amomon,  muscq,  zivette...  »  Silènes  passoient  aussi 
pour  boîtes  à  secret.  Erasme  se  servit  du  mot  dans  ce 
sens,  lorsqu'il  fit,  en  1527,  son  petit  livre  les  Silènes 
d'Alcibiade.  (V.  le  Bulletin  du  bibliophile,  1857,  p.  ij^2.) 

2.  On  ne  fait  pas  autrement  aujourd'hui  pour  les  boîtes 
de  pâte  de  Regnault,  et  autres. 


Le  Livre  commode.  175 

les  Ecoles  de  Médecine,  vend  toutes  sortes  d'Eaux 
minérales  artificielles  ' . 

Les  Eaux  distilées,  le  Cristal  minéral,  la 
Crème  de  tartre,  le  Sel  policreste  ordinaire,  et 
généralement  les  Drogueries  Chimiques  se  ven- 
dent en  gros  chez  le  Sieur  Courtier  au  cul  de  sac 
des  petits  Carreaux. 

Les  huiles  d'amandes  douces,  de  noix,  de 
semences  froides,  de  pavots,  et  autres  tirées 
sans  feu,  sont  extraites  et  vendues  aux  Apoti- 
caires  et  Droguistes  par  un  Epicier  qui  demeure 
rue  Montmartre  près  l'égout,  et  par  un  autre  qui 
demeure  au  carrefour  saint  Benoist,  quartier 
saint  Germain. 

Les  essences  fortes  et  les  huiles  grasses  de 
Provence  et  de  Montpellier  sont  commercées 
par  le  Sieur  Verchant  devant  saint  Honoré,  et 
par  les  Provenceaux  du  cul  de  sac  saint  Germain 
TAuxerrois^. 


1 .  «  On  trouve  d'ailleurs  des  eaux  de  Forge,  rue  de  la 
Truanderie,  au  bureau  du  Messager  de  Forge.  »  Edit.  de 
1691,  p.  19.  —  Les  eaux  minérales  artificielles  sont  vive- 
ment moquées  par  Bernier  dans  ses  Essais  de  médecine, 
i"  part.,  chap.  Xlll.  On  les  fait,  dit-il,  avec  beaucoup 
d'eau  pure  et  un  peu  de  vitriol  —  nous  dirions  aujour- 
d'hui d'acide  sulphurique;  —  or,  les  limonades  gazeuses 
ne  se  font  pas  aujourd'hui  autrement.  Les  eaux  minérales 
de  Fillesac  u'étoient  donc  qu'une  sorte  de  limonade  ga- 
zeuse. On  trouve  un  curieux  prospectus  imprimé  de  sa 
drogue  en  bouteille  dans  les  Mss.  de  la  colleaion  Delamarre, 
n*  2i,7}8,  adfinem.  Un  certain  Barbereau,  que  La  Bruyère 
a  désigné  par  B.  B.  dans  son  chapitre  des  Jugements,  §21, 
lui  fit  concurrence.  Dès  1670,  il  étoit  connu.  Nous  trou- 
vons aux  Mss.  de  la  Bibl.  nat.,  dans  un  des  registres  du 
Secrétariat,  une  permission,  en  date  du  12  avril  1670, 
donnée  «  au  sieur  Barbereau,  médecin  ordinaire  du  Roy, 
de  vendre  et  débiter  les  remèdes  de  son  invention.  » 

2.  Ce  cul-de-sac  existe  encore  presque  en  face  du  che- 


176  Le  Livre  commode. 

L'Esprit  de  vin  est  commercé  en  gros  à  la 
devise  Royale,  sur  le  quay  de  Nesle;  chez  le 
Sieur  Butet,  devant  saint  Roch;  et  chez  la  veuve 
des  Barres,  rue  S.  André, 

Les  Eaux  de  vie  sont  aussi  commercées  en 
gros  par  ledit  sieur  Butet,  et  encore  par  les 
Sieurs  Hazon,  rue  saint  Martin  ' ,  et  Frotin,  rue 
des  Canettes. 

Le  Sieur  Guyon  Apoticaire  Epicier  à  la  place 
Maubert,  et  un  autre  au  cimetière  saint  Jean, 
font  venir  des  vipères  en  vie  de  Poitiers  2. 

vet  de  Saint-Germain-l'Auxerrois,  rue  de  l'Arbre-Sec.  Après 
avoir  quatre  ou  cinq  fois  changé  de  nom  depuis  le 
xiu'=  siècle,  il  prit,  pour  ne  plus  le  quitter,  celui  de  Cul- 
de-sac  des  Provençaux,  qu'il  doit  aux  marchands  d'huiles 
et  d'essences  de  Provence,  que  nous  trouvons  ici,  et  dont 
il  sera  reparlé. 

1 .  La  famille  Hazon  étoit  d'Orléans,  dont  les  eaux-de- 
vie  furent  si  longtemps  célèbres.  C'est  le  père  de  celui  que 
nous  trouvons  ici,  qui  avoir  osé  répondre  à  Colbert  l'in- 
terrogeant, lui  et  les  négociants  de  Paris  et  des  villes 
voisines  «  sur  le  moyen  de  rétablir  le  commerce  :  —  Je 
vous  dirai  franchement,  Monseigneur,  que,  lorsque  vous 
êtes  venu  au  Ministère,  vous  avez  trouvé  le  chariot  ren- 
versé^ et  que,  depuis  que  vous  y  êtes,  vous  ne  l'avez 
relevé  que  pour  le  renverser  de  l'autre  côté.  »  Le  ministre 
fit  grise  mine,  ce  qui  empêcha  non-seulement  Hazon 
d'achever,  mais  les  autres  de  rien  dire.  (Amelot  de  la 
Houssaye,  Mémoires  histor.,  t.  II,  p.  365.) 

2.  La  vipère  entroit  pour  une  grande  part  dans  les 
préparations  de  la  polypharmacie  du  xvu'  siècle,  surtout 
dans  celles  qui  dévoient  combattre  la  blessure  même  faite 
par  la  morsure  des  vipères.  C'étoit  de  l'homœopathie  par 
anticipation.  Il  entroit  aussi  des  trochiques  de  vipères 
dans  la  composition  de  la  thériaque.  L'apothicaire  Charas, 
dont  nous  avons  parlé,  p.  167,6!  qui  fut  si  célèbre, avoit, 
pour  cela,  donné  à  sa  boutique  de  la  rue  des  Boucheries, 
au  coin  de  celle  du  Cœur-Volant,  des  vipères  d'or  pour  en- 
seigne. Cette  apothicairerie  fameuse,  dont  le  titulaire  étoit 
encore  un  Charas  en  1777,  "'a  cessé  d'exister  qu'au  com- 
mencement de  ce  siècle. 


Le  Livre  commode.  177 

M.  Alary  Apoticaire'  privilégié  du  Roy,  qui 
(par  rinfidelité  de  ses  Commis'  s'est  trouvé  mal 
des  Bureaux  qu'il  avoit  établi  dans  les  Provinces, 
pour  la  distribution  de  ses  tablettes  fébrifuges  2, 
et  de  son  Sirop  purgatif  de  la  bile,  ne  laisse  pas 
d'en  continuer  la  distribution  chez  luy  au  bout 
du  pont  saint  Michel  devant  le  quay  des  Augus- 
tins  à  l'enseigne  du  Page  du  Roy. 

Ledit  Sieur  Alary  se  propose  de  publier  bien 
tôt  un  spécifique  pour  les  fièvres  continues,  pour 
la  pleurésie,  etc.,  qui  agira  avec  une  prompti- 
tude extraordinaire?. 

On  vend  rue  saint  Denis  à  l'enseigne  de  la 
Providence  près  la  rue  des  Prêcheurs,  une  po- 
made  qui  répare  tous  les  deffauts  de  la  peau  du 
visage,  et  qui  donne  une  fort  grande  fraicheur 
au  teint. 


1.  «  De  Grou  en  Provence.  »  Edit.  de  1691,  p.  18. — 
Son  fils,  l'abbé  Alary,  fut  de  l'Académie  française,  et  pré- 
sident du  club  philosophique,  qui  se  tenoit  chez  lui,  à 
l'entre-sol  de  l'hôtel  du  président  Hénault,  place  Vendôme, 
d'où  lui  étoit  venu  le  nom  de  Club  de  l'entresol.  L'abbé 
de  Longuerue  l'avoit  stylé  à  l'érudition  :  «  Il  se  mit,  dit 
le  marquis  d'Argenson,  dans  ses  Mémoires  (édit.  Jannet, 
t.  1,  p.  65),  il  se  mit  à  dicter  à  l'abbé  Alary,  qui  n'étoit 
alors  qu'un  petit  garçon,  fils  de  son  apothicaire,  trop  heu- 
reux d'écrire  sous  lui.  » 

2.  €  A  cinq  sols  la  prise.  »  Edit.  1691,  p.  18. 

3.  L'édit.  de  1691,  p.  32,  donne  un  article  que  celle-ci 
ne  reproduit  pas  :  t  le  sieur  Soubircn,  apoticaire,  rue  de 
la  Vieille-Monnoie,  et  le  sieur  Andry,  apoticaire-épicier, 
au  carrefour  de  l'Ecole,  vendent  des  drogues  et  composi- 
tions pour  les  maladies  des  chevaux.  » 


Ltvri  commode. 


178  Le  Livre  commode. 

PENSION 

POUR   LES    MALADES. 

Cette  pension  est  une  nouvelle  commodité 
qu'on  a  procurée  au  public  depuis  deux  ans. 
Ceux  qui  scavent  ce  que  les  Officiers,  les  Pro- 
vinciaux et  les  Etrangers  souffrent,  dépensent  et 
risquent  dans  les  Auberges  de  Paris,  lorsqu'ils 
y  tombent  malades,  en  comprendront  facilement 
l'utilité,  sur  tout  lors  qu'ils  apprendront  que 
cette  Pension  est  placée  à  Pincourt  ' ,  c'est  à 
dire  dans  une  grande  et  belle  rue  qui  étoit 
n'aguère  un  hameau,  qui  fait  maintenant  partie 
des  Fauxbourgs  de  Paris  ^,  et  qui  se  trouve  entre 
la  porte  saint  Louis?  et  la  porte  saint  Antoine4. 

La  maison  qu'on  a  fait  bâtir  à  cet  effet,  est 
au  milieu  de  cette  rue,  à  l'opposite  du  cours 

1.  c'est-à-dire  Popincourt,  qui  devoit  son  nom,  qu'il  a 
repris  tout  entier,  à  la  maison  qu'y  possédoit  M.  Jean  de 
Popincourt,  premier  président  du  Parlement,  de  1403  à 
1413. 

2.  C'est  vers  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII  qu'il  avoit 
été  réuni  au  faubourg  Saint-Antoine. 

3.  Elle  se  trouvoit  au  bout  de  la  rue  du  Pont-aux- 
Choux.  [Registres  de  l'Hôtel  de  Ville  pendant  la  Fronde, 
t.  I,  p.  48.) 

4.  Il  y  eut  toujours  de  ce  coté  des  maisons  de  santé. 
C'est  au  n°  70,  rue  de  Charonne,  par  exemple,  que  se 
trouvoit,  à  la  fin  du  dernier  siècle,  celle  du  docteur  Bel- 
homme,  où  tant  de  prévenus  du  tribunal  révolutionnaire 
firent  leur  temps  de  prison,  et  dans  laquelle  mourut 
Ramponneau,  le  fameux  pitre,  le  4  avril  1802.  C'est  aussi 
d'une  de  ces  maisons,  celle  du  docteur  Dubuisson,  près  de 
la  barrière  du  Trône,  que  partit  le  général  Malet,  avec  ses 
complices,  pour  faire  son  incroyable  coup  d'Etat  contre 
l'Empire. 


Le  Livre  commode.  179 

planté  sur  le  rempart'  dont  elle  n'est  séparée 
que  par  de  vastes  marais  bien  cultivez,  ce  qui 
forme  le  plus  bel  aspect  du  monde.  Outre  la 
face  et  les  deux  ailes  du  principal  corps  de  logis, 
il  y  a  encore  au  bout  d'un  grand  jardin  au  des- 
sus d'une  haute  terrasse  en  parterre,  un  pavillon 
de  Belveder,  d'où  l'on  découvre  de  tous  costez 
des  vignobles,  des  plaines,  des  collines,  des  jar- 
dins et  des  maisons  de  plaisance^. 


1.  c'est  le  Cours  de  la  porte  Saint-Antoine,  qui  faiîoit 
alors  grande  concurrence  au  Cours  la  Reine,  et  qui  com- 
mença la  réputation  des  promenades  du  Rempart  ou  du 
Boulevard. 

2.  Cette  maison,  qui  avoit  pris  de  l'endroit  où  elle  se 
trouvoit,  le  nom  de  Pincourt,  existoit  encore  en  171 5,  et 
sembloit  même  en  pleine  prospérité.  Liger  en  parloit  alors 
ainsi  dans  le  Voyageur  fidèle,  p.  241-242  :  «  c'est  une 
maison  établie  pour  les  étrangers  qui  tombent  malades,  et 
oîi  on  les  traite  moyennant  une  pension,  et  à  bien  meil- 
leur prix  que  dans  les  auberges.  Cette  maison  est  située 
entre  la  porte  de  Saint-Louis  et  la  porte  Saint-Antoine, 
dans  une  grande  rue  où  il  y  avoit  autrefois  un  hameau, 
ei  composée  de  deux  ailes,  qui  accompagnent  le  principal 
corps  de  logis.  Au  bout  d'un  grand  jardin,  et  au-dessus 
d'une  grande  terrasse,  s'élève  un  paviilon  en  belvédère, 
d'où  l'on  découvre  différents  objets  lointains,  qui  forment 
une  perspective  fort  agréable.  —  C'est  aussi  dans  cette 
maison  que  plusieurs  personnes  bons  bourgeois  domiciliez 
même  à  Paris,  vont  pour  se  faire  traiter  lorsqu'ils  sont 
malades  ;  ceux  qui  sont  convalescents  seulement  choisissent 
ce  séjour  agréable  pour  y  prendre  l'air  et  de  nouvelles 
forces.  11  y  a  même  des  dames  qui  vont  y  faire  leurs  couches 
pour  jouir  d'un  plus  grand  repos  et  y  trouver  plutôt 
qu'ailleurs  les  secours  qui,  pour  lors,  sont  nécessaires.  — 
Il  n'y  a  point  de  maladies  qu'on  n'y  traite,  exceptés  les 
maux  vénériens.  A  cela  près,  on  y  reçoit  tous  ceux  qui 
veulent  y  aller,  de  quelque  condition  qu'ils  soient.  Il  y  a 
aussi,  pour  cela,  des  pensions  plus  ou  moins  fortes,  et 
proportionnées  aux  moyens  des  malades  qui  s'y  font  porter. 


i8o  Le  Livre  commode. 

Cette  belle  situation  et  le  bon  air  de  Pincourt, 
n'en  sont  pas  les  seuls  agrémens  ;  les  Lumières 
de  celuy  par  qui  elle  est  dirigée,  la  Bibliotèque, 
le  Laboratoire,  les  Plantes  medecinales  et  les 
autres  commoditez  qui  s'y  trouvent,  la  diverse 
situation  et  la  propreté  des  appartemens,  la 
Libérale  économie  qu'on  y  observe  et  l'exacti- 
tude du  service,  y  font  trouver  goût  aux  per- 
sonnes mêmes  qui  sont  domiciliées  à  Paris,  et 
qui  ne  sont  au  plus  qu'à  demi  malades,  puis  que 
beaucoup  de  convalescens  et  de  valétudinaires  y 
vont  prendre  le  Lait,  les  Eaux  minéralles,  les 
Bains,  les  Etuves,  etc. 

Il  arrive  même  bien  souvent  que  des  Dames 
de  Paris  aussi  bien  que  celles  de  Provinces  y 
vont  faire  leurs  couches,  pour  y  être  plus  éloi- 
gnées du  monde  et  du  bruit,  et  pour  être  plus 
seures  du  secours  qu'elles  désirent,  y  ayant  un 
Accoucheur  et  une  Sage  femme  d'une  expérience 
consommée. 

C'est  au  même  lieu  que  les  Goûteux,  les  Para- 
lytiques ;  et  ceux  qui  souffrent  des  Rhumatismes 
opiniâtres  ou  des  douleurs  causées  par  le  mercure, 
trouvent  le  secours  dont  il  sera  parlé  à  l'article 
suivant. 

On  dit  qu'on  y  pratique  des  moyens  infaillibles 
pour  rectifier  les  constitutions  vicieuses  et  guérir 
radicalement  toutes  les  indispositions  habituelles 
qui  en  dépendent.  Asthme,  Phtisie,  Poulmonie, 
Migraine,  Vapeur,  Epilepsie,  Hidropisies,  He- 
morrhoides.  Vieux  Ulcères,  Cancers,  Varices^  etc. 

On  y  est  même  traité  à  forfait  si  on  le  souhaite,  et  le  mé- 
decin soir  et  matin  n'y  manque  point.  » 


Le  Livre  commode.  i8i 

On  sçait  même  qu'il  y  a  des  lieux  destinez 
pour  les  maniaques  et  généralement  pour  les 
personnes  qui  doivent  être  privées  de  la  liberté. 

Les  personnes  atteintes  de  Maux  vénériens  n'y 
sont  pas  reçues,  mais  elles  sont  traitées  sous  la 
même  direction  dans  une  autre  maison  du  voi- 
sinage. 

A  cela  près  telle  que  puisse  être  la  condition 
des  gens  et  la  nature  des  maladies  chacun  y 
peut  être  reçu.  Il  y  a  des  lieux  où  les  personnes 
indigentes  sont  traitées  à  vingt  et  trente  sols 
par  jour  selon  le  régime  qu'elles  doivent  obser- 
ver. Il  y  en  a  d'autres  où  les  gens  de  service 
sont  placés  à  quarante  sols  '  ;  enfin  il  y  a  des 
chambres  particulières  et  des  ordinaires  distin- 
guez pour  les  personnes  de  considération  à  trois, 
à  quatre,  à  cinq  et  à  six  livres  par  jour  selon  la 
dépense  qu'ils  doivent  faire,  et  les  peines  qu'ils 
doivent  exiger. 

Soit  que  la  pension  soit  grosse  ou  modique, 
toute  la  dépense  s'y  trouve  comprise  sans  en 
rien  excepter,  Traitement,  Remèdes,  Logement, 
Nourriture,  Service,  Feu,  Lumière,  etc. 

On  y  trouve  même  cette  commodité  quand  on 
le  souhaite,  qu'on  y  est  traité  à  forfait  pour  une 
somme  dont  on  convient,  au  de  là  de  la  quelle 
on  ne  paye  rien  de  plus,  si  opiniâtre  et  si  longue 
que  puisse  être  la  maladie. 

1 .  f  Les  malades  qui  s'y  font  traiter,  y  trouvent  cet 
avantage,  qu'ils  y  sont  agréablement  logez,  exactement 
traitez  et  libéralement  nourris  pour  un  écu  par  jour,  et 
■  même  pour  quarante  sols  lorsqu'il  s'agit  de  fièvres,  de 
pleurésies,  et  généralement  des  maladies  qui  demandent 
un  régime  exact,  ce  qui  est  d'une  commodité  particulière 
pour  les  gens  d'auberge  et  de  service.  »  Edit.  1691,  p.  16. 


i82  Le  Livre  commode. 

En  tel  temps  et  à  telle  heure  qu'on  y  puisse 
arriver,  on  y  est  reçu,  et  on  y  trouve  une  cham- 
bre prête  en  payant  par  avance  la  pension  de 
huit  jours;  et  on  est  même  assuré  d'y  trouver 
le  Médecin  tous  les  matins  au  moins  jusqu'à  dix 
heures,  et  tous  les  soirs  depuis  six  heures  jus- 
qu'au temps  du  coucher. 

Au  surplus^  quoy  que  les  Edifices  et  les  jardins 
de  cette  maison  ayent  une  considérable  étendue, 
le  progrez  de  cet  établissement  fait  prendre  des 
mesures  pour  les  accroître  de  beaucoup. 

BAINS  ET  ETUVES. 

Les  Barbiers  Baigneurs'  qui  tiennent  des 
Bains,  des  Etuves  et  des  dépilatoires  pour  la 
propreté  du  corps  humain,  sont  Messieurs  du 
Pont  et  Mercier,  rue  de  Richelieu =,  Jordanis, 


1.  Les  baigneurs,  —  et  cela  depuis  longtemps  déjà 
{Ane.  poésies,  t.  II,  p.  284,  et  XIII,  p.  204)  —  non-seule- 
ment tenoient  des  bains,  mais  des  chambres  garnies,  ce 
qui  les  astreignoit  à  faire  les  mêmes  déclarations  que  les 
maîtres  des  auberges.  {Correspond,  administr.  de  Louis XIV, 
t.  II,  p.  737.)  Bussy  se  permettoit  d'y  loger  quelquefois, 
au  grand  scandale  de  M"""  de  Sévigné  (Edit.  Hachette, 
t.  I,  p.  Î92).  Elle  connoissoit  la  mauvaise  réputation  de 
ces  gîtes.  Le  plus  fameux  étoit  celui  qu'avoit  tenu  Prud'- 
homme, et  que  La  Vienne,  à  qui  Louis  XIV,  qu'il  avoit 
soigné,  fit  une  grosse  fortune,  reprit  après  lui,  pour  ne 
pas  le  rendre  plus  honnête.  (V.  Hist.  amoureuse  des 
Gaules,  édit.  elzévirienne,  t.  III,  p.  235.)  Prud'homme 
avoit  été  baigneur  dès  1643.  Un  acte  du  19  septembre  de 
cette  année-là  le  désigne  ainsi  avec  son  adresse  : 
<  M'  Prud'homme,  maître  des  estuves  et  faiseur  de  poil 
(barbier),  rue  Neuve-Montmartre.  » 

2.  Il  y  avoit  encore,  en  1755,  deux  baigneurs  en  re- 


Le  Livre  commode.  iSj 

rue  d'Orléans;  du  Bois,  rue  saint  André;  du 
Perron,  vieille  rue  du  Temple  ;  de  la  Cour,  rué 
des  Marmouzets,  etc. 

Les  Dames  sont  baignées  chez  M.  du  Bois 
par  Mademoiselle  son  Epouse  '. 

Il  y  a  encore  des  Etuves  de  l'ancien  usage, 
rué  de  Marivaux*  et  rue  du  cimetière  saint  Nico- 
las des  Champs,  où  les  gens  de  médiocre  condition 
vont  chercher  quelque  secours  pour  les  Rhuma- 
tismes. 

Ces  douleurs,  celles  de  la  Sciatique,  celles 
qui  sont  causées  par  le  Mercure  qui  a  été  donné 
en  panacée,  en  Sublimez  et  en  précipitez  :  celles 
de  la  Goutte  des  pieds  et  des  mains,  les  Parali- 
sies  universelles  et  particulières,  les  Tumeurs 
froides  et  beaucoup  d'autres  maladies,  sont  in- 
failliblement guéries  par  l'usage  des  Bagnoires 
et  Etuves  vaporeuses  de  nouvelle  invention  qui 
se  tiennent  au  jardin  medecinal  de  Pincourt, 
entre  la  porte  saint  Louis  et  la  porte  saint  An- 
toine. 

C'est  une  sorte  de  machine  en  laquelle  on  est 
baigné  sans  être  dans  l'eau,  et  en  laquelle  on 
sue  aussi  abondament  que  l'on  veut  sans  être  à 

nom,  rue  de  Richelieu  :  Gagne  et  L'Etourneau.  {Journal 
du  Citoyen,  p.  i86.) 

1.  Il  ne  faut  pas  oublier  ici  que  dans  les  métiers  et  la 
bourgeoisie,  les  femmes  mariées  ne  se  faisoient  encore  ap- 
peler que  Mademoiselle.  Le  chevalier  Denisart  ne  devoit 
faire  que  plus  tard  sa  satire  sur  les  Bourgeoises  qui  se 
font  appeler  Madame. 

2.  Près  de  Saint-Jacques-la-Boucherie.  Une  impasse  qui 
s'y  trouvent,  entre  les  n"  21  et  23,  s'appeloit  encore,  avant 
les  démolitions  qui  l'ont  fait  disparoître  avec  la  rue,  Cul- 
de-sac  des  Etures. 


184  Le  Livre  commode. 

sec,  ce  (]ui  fait  que  son  usage  ne  cause,  ni  la 
constipation  du  ventre  et  la  faiblesse  de  poitrine 
comme  les  bains  ordinaires,  ni  les  évanouisse- 
mens,  la  chaleur  intérieure,  et  la  difficulté  de 
respirer,  qui  sont  les  suites  ordinaires  des 
Etuves  échauffées  par  le  feu  de  bois  ou  d'esprit 
de  vin. 

Les  Malades  y  sont  couchez  sur  un  lit  sus- 
pendu où  ils  reçoivent  une  vapeur  nouvelle, 
anodine  et  fortifiante,,  d'un  effet  infiniment  plus 
prompt  et  plus  assuré  que  la  boue  de  Barbotan, 
et  que  les  Bains  de  Bourbon  et  de  Barrège, 
pendant  qu'ils  ont  la  tête  hors  la  machine  com- 
modément placée  sur  un  oreiller,  et  qu'ils  res- 
pirent un  air  rafraîchissant,  parlent,  chantent  et 
boivent  à  leur  gré. 

Ceux  à  qui  le  Médecin  qui  les  a  inventées,  ne 
les  ordonne  qu'une  fois  par  jour,  ne  payent  qu'un 
écu  neuf  toute  dépense  comprise,  Logement, 
Nourriture,  Service,  Feu,  Lumière,  Drogues, 
etc.,  mais  ceux  à  qui  elles  conviennent  soir  et 
matin,  payent  un  ecu  et  demi. 

Ce  qu'il  y  a  de  commode  en  cela  pour  les 
personnes  délicates,  est  que  la  chaleur  de  ces 
Etuves  peut  être  donnée  à  tel  degré  que  l'on 
veut,  en  sorte  qu'on  ne  luy  donne  quelquefois 
que  la  force  des  fomentations. 

Comme  le  Médecin  peut  régler  le  choix  des 
herbes  dont  on  fait  les  décoctions  vaporeuses, 
selon  la  juste  indication  de  chaque  maladie,  il 
peut  en  la  composant  diversement,  produire  au- 
tant de  différens  effets,  qu'il  y  a  de  distinctions  à 
faire  dans  les  maladies  qui  viennent  d'être  dé- 
duites, et  dans  les  tempérammens  des  personnes 


Le  Livre  commode.  185 

qui  en  sont  atteintes;  outre  qu'en  plusieurs 
occasions,  il  donne  certains  véhicules  intérieurs 
qui  ont  les  plus  justes  proprietez,  dans  les  cas 
mêmes  les  plus  extraordinaires. 

Au  surplus,  qui  voudra  sçavoir  la  disposition, 
les  agrémens  et  les  Commoditez  du  Jardin  Me- 
décinal,  aura  recours  à  l'article. 

IMPRESSIONS  ET  COMMERCE 

DE   LIBRAIRIE. 

La  Chambre  syndicale  des  Imprimeurs  et 
Marchands  Libraires  de  Paris  est  rue  et  joignant 
TEglise  des  Mathurins,  où  sont  examinez  les 
Livres  qui  viennent  de  dehors  les  Mardis  et 
Vendredis  de  relevée,  après  que  de  la  Douanne 
où  ils  doivent  être  déposez  en  arrivant,  ils  ont 
été  retirez  sur  le  billet  du  Syndic  ou  d'un  Adjoint 
pour  être  apportez  à  la  Chambre. 

Le  Sieur  Auboùin  à  présent  Syndic  '  en  Charge 
demeure  sur  le  quay  des  Augustins  au  coin  de 
la  rue  Gist  le  cœur,  où  il  vend  les  Œuvres  de 

1.  Pierre  Auboùin,  libraire  depuis  1666,  fut  adjoint  de 
communauté,  puis  syndic,  c  II  se  fait  remarquer,  dit  La 
Caille,  tant  par  sa  capacité  dans  les  langues...  que  par 
la  connoissance  et  le  bon  choix  qu'il  sait  faire  des  livres.  » 
Hist.  de  l'Imprimerie,  1689,  in-4*,  p.  289.  —  Il  avoit  été 
chargé,  comme  syndic,  en  1680,  de  la  saisie  faite  à  Ville- 
juif  de  1,500  exemplaires  du  dictionnaire  de  Richelet,  que 
le  libraire  Widerold  avoit  envoyés  clandestinement  de  Ge- 
nève. Bernard,  confrère  d'Auboûin,  qui  l'avoit  aidé  pour 
cette  saisie,  suivie  immédiatement  de  la  destruction  des 
exemplaires,  «  fut  poignardé  le  lendemain  dans  la  foule, 
en  sortant  de  la  bénédiction  de  Saint- Benoist,  qui  étoit 
sa  paroisse.  »  (Lettre  de  Papillon  à  Lederc,  dans  la  cor- 
respondance inédite  du  président  Bouhier,  t.  X,  p.  104.) 


i86  Le. Livre  commode. 

M.  l'abbé  de  Fenélon,  et  celles  de  M.  l'abbé 
Fleury. 

Les  Nouvelles  Ordonnances  du  Roy,  la  Con- 
férence de  ces  mêmes  Ordonnances  avec  les 
anciennes',  les  Reglemens  de  Police,  le  Dic- 
tionnaire historique  de  Morery,  les  Œuvres  de 
M.  Boileau,  et  diverses  autres  pièces  importantes 
s'impriment  et  se  vendent  chez  le  Sieur  Denis 
Thierry  Libraire  rue  saint  Jacques^. 

Les  Livres  de  Messieurs  de  Port  Royal  se 
vendent  même  rue  chez  les  sieurs  DesprezJ, 
Josset4,  RouUand  et  Pralard. 

Les  Opéra,  et  généralement  les  Livres  de 
Musique,  s'impriment  et  se  vendent  seulement 
chez  le  Sieur  Ballard  rue  S.  Jean  de  BeauvaisJ. 

1.  L'édit.  de  1691,  p.  34,  ajoute,  à  propos  de  la  vente 
des  édits  et  déclarations  :  «  On  les  trouve  encore  au  Pa- 
lais chez  les  sieurs  de  Luyne,  Barbin,  Loison  et  Guignard  : 
de  même  que  chez  le  s'  Auboûyn,  quai  des  Augustins,  et 
chez  la  veuve  Pépingué,  rue  de  la  Harpe.  » 

2.  11  étoit  libraire  depuis  1652,  et  étoit  devenu  l'un  des 
plus  considérés.  Il  avoit  donné,  avec  Barbin,  l'édition  du 
Molière  de  1675,  détruite  presque  entièrement  par  un  in- 
cendie du  collège  Montaigu,  où  il  avoit  ses  magasins. 
Boileau,  dont  il  étoit  le  libraire,  l'a  nommé  dans  son 
Ep'itre  X. 

3.  «  Guillaume  Desprez,  rue  Saint-Jacques,  à  l'Image 
Saint-Prosper,  vend  une  grande  partie  des  livres  de  Port- 
Royal  concernant  la  Religion.»  Edit.  i69i,p.  4.  —  C'est 
le  fils  de  Guillaume  Desprez,  qui  avoit  imprimé  les  œuvres 
de  Pascal  et  des  religieux  de  Port-Royal,  et  dont  il  conti- 
nuoit  le  commerce  dans  le  même  esprit.  Son  père  étoit 
mort  en  1669,  d'une  chute  de  voiture,  en  se  rendant  à 
Port-Royal,  où  il  fut  enterré. 

4.  Il  étoit  fort  instruit  et  avoit  une  collection  de  mé- 
dailles rares.  V.  l'abbé  de  Vallemont,  Réponse  à  M.  Bau- 
delot,  1706,  in-i2,  p.  79. 

5.  Dès  1551,  un  Robert  Ballard  étoit  imprimeur  du  Roy 


Le  Livre  commode.  187 

A  l'exception  du  Livre  de  M.  de  la  Ouintinie  ' 

3ui  se  vend  chez  le  Sieur  Barbin  sur  le  Perron 
e  la  sainte  Chapelle  2.  Tous  les  autres  Livres  de 
Jardinages  se  vendent  chez  le  Sieur  Charles  de 
Sercy  dans  la  grand'  Salle  du  Palais,  où  l'on 
trouve  d'ailleurs  un  nouveau  Cuisinier  Royal  et 
bourgeois,  et  une  Instruction  pour  les  Confitures, 
les  Liqueurs  et  les  Fruits;  outre  plusieurs  livres 
de  Droit,  Civil  et  Canon  sur  les  Matières  Bene- 
ficiales  et  autres  3. 

Le  même  Sieur  Barbin  vend  les  Œuvres  de 
Varillas,  celles  de  saint  Euremont,  etc.4. 

pour  la  musique.  Son  fils  Pierre  lui  succéda  avec  un  pri- 
vilège exclusif  qui  le  mettoit  à  l'abri  de  toute  concurrence 
pour  ce  genre  d'impression.  Puis  vint  un  second  Robert 
Ballard,  son  fils,  avec  le  même  monopole,  et  ensuite 
Christophe  Ballard,  qui  figure  ici,  et  qui  avoit  été  reçu 
imprimeur-libraire  le  17  juin  i66é.  Jusqu'à  la  Révolution, 
le  même  privilège  fut  maintenu  dans  cette  famille,  avec  ce 
qu'il  avoit  d'absolu.  Notre  ami  J.-B.  Weckerlin,  auteur 
d'une  excellente  notice  sur  les  Ballard,  retrouva,  il  y  a 
quelques  années,  un  reste  de  leurs  caractères,  rue  Jean- 
Jacques  Rousseau,  à  l'imprimerie  de  Mourgues,  qui  a 
succédé  à  la  leur. 

1 .  Il  en  sera  parlé  dans  une  des  notes  suivantes. 

2.  Claude  Barbin,  si  célèbre  par  ce  qu'ont  dit  de  lui 
Molière  et  surtout  Boileau.  Les  livres  qu'il  publioit  donnent 
ainsi  son  adresse  :  «  Claude  Barbin,  sur  le  second  perron 
de  la  Sainte-Chapelle.  »  Il  avoit  logé  auparavant,  vers 
1664  :  «  vis-à-vis  de  la  Sainte-Chapelle,  au  signe  de  la 
Croix.  » 

3 .  Ce  mélange  singulier  de  livres  de  droit  et  d'ouvrages 
sur  la  cuisine  et  les  confitures,  formoit,  en  effet,  le  fond 
de  la  boutique  de  Sercy.  La  Caille,  Hist.  de  l'Imprimerie, 
p.  296,  n'insiste  que  sur  sa  vente  des  livres  de  droit.  Il 
avoit  aussi  publié  des  romans  et  des  poésies  licencieuses, 
ce  qui  empêcha  Nicole  de  consentir  à  travailler  pour  lui. 
/.  sa  Vie,  par  l'abbé  Goujet,  p.  6. 

4.  f  Et  beaucoup  de  livres  galants.  »  Edit.  de  1691, 


i88  Le  Livre  commode. 

Les  Sieurs  de  Luyne,  Loizon  et  Traboûillet 
ont  au  Palais  un  grand  assortiment  de  Comé- 
dies', d'Historiens  et  de  Poètes 2. 

On  trouve  un  grand  assortiment  de  Livres 
étrangers  chez  les  Sieurs  Boudot,  de  la  Caille? 
et  Hortemels4,  rue  saint  Jacques. 


p.  34.  —  c'est  ce  qu'on  appeloit  des  barbinades.  Le  Saint- 
Evremond  étoit  surtout  en  grande  faveur  chez  Barbin.  Il 
auroit  voulu  que  chaque  auteur  lui  en  fît  :  «  le  libraire 
Barbin,  dit  Voisenon,  si  célèbre  dans  le  Lutrin  de  Des- 
préaux, alla  un  jour  chez  un  auteur  qui  écrivoit  assez 
bien  :  Eh  Monsieur,  lui  dit-il,  faites-moi  du  saint  Evre- 
mond,  je  vous  donnerai  trente  pistoles.  Vous  m'en  avez 
déjà  donné  dont  j'ai  été  content.  »  Œuvres,  t.  IV,  p.  75. 
—  Dans  l'édition  de  169 1,  p.  34,  Blégny  ajoutoit,  à  propos 
de  Barbin  :  «  On  trouve  encore  chez  lui  les  jardinages 
de  feu  M.  de  La  Quintinye,  »  c'est-à-dire  les  Instructions 
pour  les  jardins  fruitiers  et  potagers,  1690,  2  vol.  in-4'; 
puis,  à  la  suite  :  «  le  sieur  Charles  de  Sercy,  au  Palais, 
a  un  grand  assortiment  de  livres  de  jardinages.  » 

1.  Pierre  Traboûillet  avoit  publié  «  en  compagnie  »  de 
Thierry,  Deluynes  et  Barbin,  le  théâtre  de  Corneille  et 
ceux  de  Molière  et  de  Racine.  Son  adresse  est  ainsi  don- 
née sur  les  livres  qu'il  publioit  :  «  Pierre  Traboûillet,  dans 
la  galerie  des  Prisonniers,  à  la  Fortune.  » 

2.  Voici  l'adresse  de  Deluynes  et  celle  de  Loyson  nom- 
més ici  avec  Traboûillet  :  «  Guillaume  de  Luynes,  libraire- 
juré  au  Palais,  dans  la  salle  des  Merciers,  sous  la  montée 
de  la  Cour  des  Aydes.  »  —  «  Estienne  Loyson,  au  Palais, 
à  l'entrée  de  la  galerie  des  Prisonniers,  au  nom  de  Jésus.  » 

3.  Dans  l'édit.  précédente,  p.  34  :  «  Martin  »  est  nommé 
à  la  place  de  La  Caille,  mais  celui-ci  a  quelques  lignes  plus 
bas  sa  mention  spéciale  :  «  le  sieur  de  La  Caille,  rue  Saint- 
Jacques  à  la  Prudence,  a  composé  et  imprimé  l'histoire  de 
l'Imprimerie  et  Librairie.  »  C'est  l'ouvrage  que  nous  avons 
déjà  cité  plusieurs  fois.  Il  est  devenu  rare. 

4.  Il  étoit  venu  de  Hollande,  et  après  avoir  épousé  la 
fille  du  libraire  huguenot  Antoine  Cellier,  il  avoit  lui-même 
été  reçu  de  la  communauté  !e  18  septembre  1686. 


Le  Livre  commode.  189 

Même  rue,  chez  le  Sieur  Léonard  ',  on  trouve 
tous  les  Reglemens  de  la  Cour  des  Monnoyes. 

Et  chez  le  Sieur  Coignard,  toutes  les  pièces 
concernant  l'Académie  Françoise 2,  l'Histoire  de 
France  de  Cordem.oy,  l'Architecture  de  Vitruve, 
celle  de  Scamosy,  etc. 

Celle  de  VignoUe  nouvellement  commentée, 
se  trouve  chez  le  Sieur  Langlois  5,  et  celle  de 


1 .  Voici  son  adresse  complète  :  €  Frédéric  Léonard,  rue 
Saint-Jacques,  à  l'Escu  de  Venise.  »  Il  avoit  succédé  à  l'un 
des  derniers  Estienne,  en  1662,  comme  imprimeur  ordinaire 
du  Roi,  et  s'étoit  fait,  à  ce  titre,  éditeur  de  la  coileaion  latine 
ad  usam  Delphlni.  On  trouve  des  vers  en  son  honneur  dans 
les  Œuvres  de  Santeul  (1698,  2'  partie,  p.  122).  Il  publioit 
volontiers  les  livres  diplomatiques  :  e  Vous  avez,  écrit  le 
12  mars  1691  le  bénédiain  Michel  Germain  à  Maglia- 
becchi,  donné  la  puce  à  l'oreille  de  M.  Léonard,  libraire 
de  Paris,  qui  imprime  en  plusieurs  volumes  la  même  chose 
que  vous  marquez  qu'on  fait  en  Allemagne  touchant  les 
traités  de  paix  et  autres  semblables  négociations.  »  Un  livre 
politique,  l'Histoire  de  Venise,  par  Amelot  de  la  Houssaye, 
qu'il  s'avisa  de  publier  ainsi,  lui  coûta  cher  :  le  livre  fut 
saisi,  et  l'auteur  mis  à  la  Bastille.  (Mss.  Delamarre,  à  la 
Biblioth.  nat.,  n^  21,743,  ^o'-  '^o-) 

2.  J.-B.  Coignard,  qui  avoit  succédé  à  Damien  Foucault 
comme  imprimeur  ordinaire  du  roi,  et  avoit  été  choisi,  en 
1687,  pour  remplacer  feu  Pierre  Le  Petit  dans  la  charge 
d'imprimeur  de  l'Académie  françoise,  dont  il  acheva  d'impri- 
mer le  Dictionnaire. 

}.  Nicolas  Langlois,  dit  Chartres,  comme  son  père  Fran- 
çois auquel  il  avoit  succédé,  et  dont  on  a  un  si  curieux 
portrait,  en  joueur  de  musette,  peint  par  Van-Dyck.  En 
souvenir  de  ses  nombreux  voyages  à  l'étranger,  notamment 
en  Angleterre,  François  Langlois  avoit  pris  l'enseigne  des 
Colonnes  d'Hercule,  avec  la  devise  :  nec  plus  ultra,  que 
garda  son  fils,  et  que  conserva  aussi  Mariette,  qui  leur 
succéda  dans  cette  boutique.  Comme  lui-,  les  Langlois 
avoient  vendu  surtout  des  estampes  et  des  livres  d'architec- 
ture. On  a,  de  Mariette  même,  la  gravure  d'un  portrait  de 


190  Le  Livre  commode. 

Bullet  chez  le  Sieur  Michallet,  rue  saint  Jacques. 

Le  même  Michallet  aussi  bien  que  les  Sieurs 
Muguet,  rue  de  la  Harpe,  Léonard,  Desprez, 
Langlois  et  Coignard,  rue  saint  Jacques,  vendent 
les  Edits  et  Déclarations  du  Roy'. 

Ledit  Sieur  Michallet^  a  d'ailleurs  imprimé 
presque  tous  les  Livres  de  Mathématiques,  de 
Messieurs  de  l'Académie  des  Sciences. 

On  trouve  aussi  plusieurs  Livres  de  Mathé- 
matiques chez  le  Sieur  Jombert',  sur  le  quay 
des  Augustins. 

On  trouve  un  grand  assortiment  de  Livres  de 
Médecine  chez  le  Sieur  d'Houry,  rue  saint 
Jacques4,  et  chez  la  veuve  Nion.,  quay  de  Nesle, 

François  Langlois,  peint  par  Vignon.  Le  privilège  de  son 
fils,  pour  la  vente  des  estampes,  datoit  de  167J .  (V.  colUct. 
Delamarre,  n°  21,751,  p.  53.) 

1.  Dans  l'édit,  précédente  (p.  34),  Thierry  est  nommé  à 
la  place  de  Desprez,  et  les  autres  sont  désignés  avec  leur 
prénom  :  François  Muguet,  Frédéric  Léonard,  Estienne 
Michallet  et  Jean-Baptiste  Coignard.  A  la  suite  :  «  le  dit 
sieur  Muguet  imprime  aussi,  d'ailleurs,  tout  ce  qui  concerne 
l'archevêché.  » 

2.  «  Estienne  Michallet,  premier  imprimeur  du  Roy,  rue 
Saint-Jacques,  à  l'Image  Saint-Paul.  »  Ainsi  est  donnée  son 
adresse  en  tête  du  livre  le  plus  célèbre  qu'il  ait  publié,  les 
Caractères  de  La  Bruyère,  dont  en  onze  ans,  de  1688  à 
1699,  il  donna  dix  éditions.  Le  produit,  d'après  l'intention 
formelle  de  l'auteur,  qui  n'y  prétendit  rien,  fut,  comme  on 
sait,  pour  la  dot  de  la  fille  de  Michallet,  qu'un  fermier  gé- 
néral épousa.  {V.  notre  Comédie  de  Jean  de  La  Bruyère, 
t.  II,  passim.) 

3.  Pierre  Jombert,  dont  on  trouve  le  Catalogue  dans  la 
collection  Delamarre  (n-  21,739,  fol.  40),  et  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  Jean  Jombert,  mort  en  1681,  premier 
éditeur  du  Glossaire  de  Du  Cange,  et  du  De  re  diplomaticâ 
de  Mabillon. 

4.  «  Laurent  d'Houry,  rue  Saint-Jacques,  devant  la  fon- 


Le  Livre  commode.  191 

qui  vend  d'ailleurs  toutes  les  Œuvres  de  M.  de 
Blegny.  La  Miîhologie  Phisique  de  M.  Duncan'. 
Les  Discours  Philosophiques  de  Cordemoy^. 
L'Arithmétique  des  Ingénieurs  de  La  Londe  ?.  Les 
Spécifiques  de  M.  Boy  le  4,  etc. 

Les  Livres  et  les  Feuilles  de  Classes  se  ven- 
dent chez  la  veuve  Thiboult  et  le  Sieur  Esclas- 
sants,  place  de  Carabray,  à  l'exception  de  ceux 
des  RR.  PP.  Jésuites,  qui  se  vendent  chez  la 
veuve  Besnard,  rue  saint  Jacques. 

Même  rue  chez  le  Sieur  Cusson,  on  trouve  le 
Journal  des  Sçavans^. 

taine  Saint-Séverin.  >  Telle  est  son  adresse  d'après  le  titre 
des  livres  qu'il  a  publiés.  Nous  avons  déjà  parlé  de  lui  plus 
haut. 

1.  Ce  doit  être  quelque  résumé  de  l'histoire  de  l'Animal 
ou  la  connaissance  du  corps  animé  par  la  mécanique  et  la 
chimie,  ouvrage  du  momalbanais  Duncan  (1682,  in-8),  dans 
lequel  il  démontre  que  la  vie,  exposée  comme  elle  l'est, 
avec  la  fragilité  de  ses  ressorts,  à  l'imminence  d'incessants 
dangers,  est  un  miracle  continuel  aussi  étonnant  que  tous 
les  prodiges  de  la  «  mythologie.  » 

2.  «  La  philosophie  »  de  Cordemoy  (édit.  précéd.,  p.  34). 
—  Ce  sont  les  six  discours  de  cet  académicien,  mort  alors 
depuis  huit  ans,  sur  la  distinrtion  de  l'âme  et  du  corps. 

3.  Ouvrage  très-rare  aujourd'hui  du  caenais  La  Londe, 
dont  le  fils,  ingénieur  aussi,  avant  de  devenir  archéologue, 
fit  de  curieuses  études  sur  le  cours  de  l'Orne,  qu'il  vouloit 
rendre  navigable  jusqu'à  la  mer. 

4.  Ces  «  spécifiques  »  sont  une  tradaaion  du  livre  que 
Boyle  avoit  publié  en  1688,  à  Londres  :  Receipt  sent  to  a 
friend  in  America  (recettes  envoyées  à  un  ami  en  Amérique). 

j.  f  Le  sieur  Desdassan  et  la  veuve  Thibault  (sic)  en 
compagnie.  »  Edit.  1691,  p.  34.  —  Thiboult  est  le  vrai 
nom.  —  Expresse  défense  étoit  faite  aux  libraires,  qui 
vendoient  les  livres  pour  les  classes,  d'en  racheter  aux  éco- 
liers. (Collection  Delamarre,  n'  21,730,  fol.  117.) 

6.  Jean  Cusson,  qui,  après  avoir  été  avocat  au  Parlement, 
avoit  succédé  à  son  père  comme  libraire,  en  16)9.  C'est  six 


192  Le  Livre  commode. 

Pour  les  Brefs,  les  Bréviaires,  les  Diurnaux, 
les  Missels,  les  Rituels,  les  Graduels,  les  Anti- 
phoniers,  les  Offices,  etc.,  voyez  l'article  des 
affaires  Ecclésiastiques,  et  pour  l'Almanach  Spi- 
rituel, voyez  l'article  des  Exercices  de  Pieté. 

Les  plus  belles  Heures  se  trouvent  rue  saint 
Jacques  chez  les  Sieurs  Angot  ',  Josset,  Foucault 
et  Hérissant  2;  au  Palais  dans  la  grand'  Salle 
chez  les  Sieurs  le  Gras?  et  Poirier;  et  sur  le 
Pont  au  Change  chez  les  Sieurs  Poirion  et 
Vaugon. 

On  en  trouve  d'ailleurs  sur  le  quay  de  Gesvres 
et  rue  Neuve  Nôtre  Dame. 

La  Liste  des  Prédicateurs  de  l'Avant  et  du 


ans  après,  le  5  janvier  1665,  qu'il  publia,  sous  la  direction 
de  Denis  de  Salo,  le  premier  numéro  du  Journal  des 
Savants.  La  périodicité,  qui  en  étoit  alors  hebdomadaire, 
fut  brusquement  interrompue  à  la  fin  du  troisième  mois,  à 
cause  des  opinions  trop  peu  ultramontaines  du  rédacteur, 
et  elle  ne  reprit,  le  4  janvier  de  l'année  suivante,  qu'à  la 
condition  qu'il  seroit  remplacé  par  une  créature  de  Colbert, 
l'abbé  Gallois.  La  publication,  dès  lors,  n'en  fut  plus  trou- 
blée jusqu'à  la  Révolution. 

1.  Charles  Angot,  qui,  étant  syndic  en  1686,  eut  une 
grande  part  au  règlement  qui  rendit  la  communauté  des 
relieurs  distincte  de  celle  des  libraires,  dont  l'Université 
n'avoit  jamais  permis  jusque-là  qu'elle  fût  séparée. 

2.  Les  livres  d'heures  les  plus  magnifiques,  les  plus  riche- 
ment dorés  se  vendoient  en  effet  chez  lui.  On  les  considéra 
comme  objet  de  luxe,  quand  la  misère  de  la  fin  du  règne 
fit  prendre  par  Louis  XIV  des  mesures  somptuaires.  Héris- 
sant fut  inquiété.  (V.  sa  déclaration  dans  la  collection 
Delamarre,  n°  21,627,  fol.  288.) 

3.  Jacques  Legras,  petit-fils  de  Henry  Legras,  qui  avoit 
publié,  en  1640,  les  Antiquités  et  Annales  de  Paris,  in-fol., 
par  Malingre,  Sa  réception  comme  libraire  datoit  du  10 
septembre  1683.  On  trouve  dans  la  collection  Delamarre, 
n"  2i,j63,  f.  289-305,  un  curieux  traité  fait  avec  lui. 


Le  Livre  commode.  193 

Carême,  s'imprime  chez  le  Sieur  Chevillon  rue 
saint  Jacques. 

Le  Mercure  '  et  les  autres  Livres  de  l'Histoire 
du  Temps,  se  vendent  chez  le  Sieur  Guèroult  au 
Palais  dans  la  galerie  neuve*. 

Les  Almanacns  ordinaires  imprimez  à  Troyes, 
se  vendent  à  Paris  en  gros  et  en  détail  chez  le 
Sieur  Raflé,  rué  du  Petit-Pont,  et  chez  la  veuve 
Oudot?,  rue  de  la  vieille  Bouclerie. 


1 .  Le  Mercure  galant,  qui,  puisqu'il  avoit  commencé  à 
paroître  le  i"  janvier  1672,  en  étoit  alors  à  sa  vingtième 
année.  Visé,  qui  l'avoit  créé,  le  dirigeoit  toujours;  il  en 
garda  même  la  direaion  pendant  plus  de  dix-huit  ans 
encore.  Il  ne  l'abandonna,  presque  mourant,  qu'au  mois  de 
mai  1710.  Durant  ces  trente-huit  années,  il  n'avoit  pas  publié 
moins  de  quatre  cent  quatre-vingt-trois  volumes. 

2.  t  Les  gazettes  se  trouvent  au  Palais  et  sur  le  quay 
des  Augustins.  »  Edit.  1 691,  p.  3  j.  On  les  y  vendoit  au 
numéro,  comme  aujourd'hui  les  journaux  dans  les  kiosques  : 
(  M.  de  Torcy  m'a  appris,  écrit  Racine  à  son  fils  aîné,  le 
6  février  1698,  que  vous  étiez  dans  la  Gazette  de  Hollande  : 
si  je  l'avois  su,  je  l'aurois  fait  acheter  pour  la  lire  à  vos 
petites  sœurs,  qui  vous  croiroient  devenu  un  homme  d'im- 
portance. »  Une  lettre  inédite  de  Dom  Calmet,  du  4  sep- 
tembre 1714,  nous  donne  de  curieux  détails  sur  la  vente, 
et  aussi  sur  le  louage  des  différents  journaux  françois  et 
étrangers  à  Paris  :  t  Je  me  suis  informé,  dit-il,  de  la 
commission  des  journaux  des  Savants  et  des  Gazettes  pour 
M.  Olivier.  Le  journal  des  Savants  se  vend  6  sols,  et  les 
deux  gazettes  de  Hollande,  avec  les  suppléments,  30  sols. 
Le  tout  coûtera  40  sols  rendu  à  la  poste  tous  les  samedis. 
Si  vous  souhaitez  avoir  une  des  deux  gazettes  à  la  poste  !e 
mercredi,  il  vous  en  coûtera  un  sol  davantage,  parce  que 
ces  gens  se  privent  par  là  du  petit  gain  qu'ils  tirent  de  la 
lecture  qu'ils  laissent  faire  dans  leur  boutique  de  cette  ga- 
zette pendant  deux  jours.  »  En  1655,  selon  Loret,  t.  II, 
p.  127,  la  Gazette  de  France  se  vendoit  4  sols  et  demi. 

3 .  C'est  elle  qui  imprima  et  vendit  tant  de  petits  livrets 
populaires  :  légendes,  romans,  contes,  chansons.  Elle  avoit 

Livre  commode.  1 3 


194  Le  Livre  commode. 

Les  Livres  de  Bibliotèque  et  généralement  les 
vieux  Livres  et  Manuscrits  rares,  se  peuvent 
recouvrer  chez  les  Sieurs  Villery'  et  Moette^, 
rue  de  la  vieille  Bouderie,  Seneuze,  rue  de  la 
Harpe,  Clouzier  et  Emery,  David  et  plusieurs 
autres,  sur  le  quay  des  Augustins  et  place  de 
Sorbonne'. 

Les  Sieurs  le  Vasseur^,  BarnacheJ  et  Nion^, 
fameux  Relieurs  et  Doreurs,  qui  sont  emplojrez 
à  la  Bibliotèque  du  Roy,  demeurent  prés  saint 
Hilairev, 

Au  même  endroit,  les  beaux  caractères  d'Im- 
primerie se  font  chez  les  Sieurs  Cottin^  et  San- 
lecque9. 

une  autre  librairie  à  Troyes,  rue  du  Temple,  d'où  s'écou- 
loit  surtout  cette  littérature  d'almanachs  et  de  bibliothèque 
bleue.  Son  fils  Jean  Oudot  lui  succéda  sous  la  Régence. 

1.  Il  donnoit  ainsi  son  adresse  :  «  Jacques  Villery,  rue 
de  la  Vieille-Bouclerie,  à  l'Estoille.  » 

2.  Thomas  Moette,  libraire  depuis  1659  :  «  Il  se  fait 
distinguer,  dit  La  Caille  qui  avoue  l'avoir  souvent  consulté, 
par  la  grande  connaissance  qu'il  a  dans  les  livres.  » 

3.  a  Et  quai  de  la  Tournelle.  »  Edit.  1691,  p.  54. 

4.  Eloy  Le  Vasseur,  qui  fut,  suivant  La.  Caille,  le  plus 
célèbre  relieur  de  ce  temps-lA. 

j.  Ou  Bernache,  qui,  malgré  l'édit  de  i686,  continuoit 
à  cumuler  le  métier  de  relieur  et  celui  de  libraire. 

6.  Denis  Nyon,  qui  fut,  après  l'édit  de  1686,  un  des 
premiers  gardes  de  la  nouvelle  corporation  des  relieurs- 
doreurs. 

7.  Ce  fut  jusqu'à  nos  jours  le  quartier  des  relieurs. 

8.  Philippe  Cottin,  qui  étoit  libraire  en  même  temps  que 
fondeur,  et  donnoit  ainsi  son  adresse  :  «  P.  Cottin,  fondeur 
de  caractères  d'imprimerie  et  libraire,  rue  Saint-Jacques,  à 
l'entrée  de  la  rue  du  Foin,  à  la  Minerve.  » 

9.  Jean  Sanlecque.  C'est  chez  son  père  Jacques,  que 
Philippe  Cottin,  qui  précède,  avoit  appris  l'art  de  graver, 
de  frapper  les  matrices  et  de  fondre  les  caractères.  —  Le 


Le  Livre  commode.  195 

Le  Sieur  de  la  Caille  le  jeune  a  le  secret  de 
faire  une  matière  fort  propre  aux  Fondeurs  de 
caractères  d'Imprimerie,  qui  ne  finit  point  et  ne 
déchet  que  de  très  peu. 

Livres  qui  ont  été  imprimez  pendant  le  courant 
de  Vannée  1691. 

Pour  le  Sieur  Michallet  outre  ceux  dont  il  a 
été  parlé, 

Une  nouvelle  édition  des  Ordonnances  pour 
la  Marine,  in-40. 

La  septième  édition  de  la  Chimie  de  Lemery  ' , 
in-8°. 

'  La  sixième  édition  des  Caractères  ou  Mœurs 
de  ce  siècle 2,  in-12. 

Du  Hanrel  Theologia  speculatrix  et  practica, 
in-8",  7  vol.  3. 

Manuduxio  ad  praxim  executionis  Litterarum 
S.  Pœnitent.  12. 

Dictionnaire  Mathématique  avec  explications 
et  figures,  in-4''4. 

La  Connoissance  des  temps,  Calendrier  et 
Ephemerides  du  Soleil  et  de  la  Lune,  in-12. 

L'Art  d'évaluer  toutes  sortes  de  Toisez,  in-i  2. 

p.  Sanlecque,  chanoine  régulier  de  Sainte-Geneviève,  à 
qui  l'on  doit  de  bonnes  satires,  étoit  son  grand-onde. 

1.  La  première  édition  étoit  de  1675. 

2 .  Cette  édition  du  livre  de  La  Bruyère,  quoique  publiée, 
comme  il  est  dit  ici,  en  1691,  pone  sur  son  titre  la  date 
de  l'année  suivante. 

}.  C'est  la  première  édition  de  ce  livre  célèbre  de  l'avo- 
cat Duhamel,  de  l'Académie  des  Sciences. 

4.  Dictionnaire  de  Mathématiques  par  Ozanam,  qui  parut, 
en  effet,  cette  année-là. 


196  Le  Livre  commode. 

Traité  du  légitime  Usage  des  Medicamens 
selon  les  Modernes,  in-12  '. 

Constitutions  de  l'Abbaye  de  la  Trape,  in-i  2  *. 

L'Ortografe  dans  sa  pureté  3. 
•     La  Conquête  de  la  Nouvelle  Espagne  avec 
figures,  in-4°4. 

Le  Desordre  du  Jeu. 

Pour  les  Sieurs  Auboùyn,  Emery  et  Clouzier. 

Histoire  des  Monnoyes  de  France  par  M.  le 
Blanc,  avec  figures,  in-4°J. 

Histoire  Ecclésiastique  de  M.  l'Abbé  Fleury, 
2  vol.  in-4''6. 

Institution  du   Droit  Ecclésiastique,  2  vol. 
in- 12 7. 

Relation  de  divers  voyages  de  Hongrie,  avec 
figures,  in-4°8. 


1.  Ouvrage  de  Daniel  Tauvri,  qui,  en  1691,  quand  il  le 
publia,  n'avoit  que  vingt-et-un  ans. 

2.  Par  l'abbé  de  la  Trappe  lui-même,  M.  de  Rancé.  En 
1701,  un  an  après  sa  mort,  on  y  ajouta  les  Règlements  qui 
firent  un  second  volume. 

3.  Le  vrai  titre  de  ce  livre  très-rare  est  :  Traité  de 
l'Ortographe  française,  ou  VOrtographe  en  sa  pureté.  L'au- 
teur s'appeloit  De  Soûle.  Quoique  ce  soit,  selon  l'abbé 
Goujet,  un  volume  très-inutile,  il  eut,  en  1692,  une  seconde 
édition  un  peu  moins  rare  que  la  première. 

4.  Le  vrai  titre  est  :  Histoire  de  la  Conqueste  du  Mexique 
ou  de  la  Nouvelle  Espagne,  par  Fernand  Cortez,  traduit  de 
l'espagnol  d'Antonio  de  Solis,  par  l'auteur  du  Triumvirat, 
c'est-à-dire  par  Citri  de  la  Guette. 

5.  C'est  une  seconde  édition.  La  première  est  de  1690. 

6.  Ce  sont  les  deux  premiers  volumes  de  cet  ouvrage 
célèbre,  qui  en  eut  vingt,  quoique  l'auteur  ne  l'ait  poussé 
que  jusqu'à  l'année  1414. 

7.  Autre  ouvrage  de  l'abbé  Fleury.  Le  vrai  titre  est  : 
Institution  au  droit  ecclésiastique. 

8.  La  révolte  du  hongrois  Tékeli  donnoit  alors  à  tous  les 


Le  Livre  commode.  197 

Pratique  de  la  Guerre,  par  Mattus',  avecfig., 
in-8°.  Nouvelle  édition  du  Maréchal  de  Soleisel, 
in-4*''. 

Le  Manège  ou  l'Art  de  monter  à  cheval,  du 
même  Autheur,  avec  figures,  in-4°3. 

Nouvelle  édition  de  l'Ecole  des  Arpenteurs, 
in- 12  4. 

Hueîii  Concordanîia  Rationis  et  Fidei,  in-4°5. 

Pour  le  Sieur  Muguet. 

Abrégé  de  l'Histoire  universelle,  2  vol.  in-i  2  ^. 

Acîa  primorum  martyrumi. 

Commentaire  sur  la  Règle  de  saint  Benoist 
en  François  et  en  Latin,  in-4°. 

livres  sur  son  pays  un  à-propos  que  les  libraires  s'empres- 
soient  d'exploiter.  Celui-ci  fut  du  nombre.  Il  est  peu  connu. 

1 .  Lisez  Malthus.  Voici  le  titre  détaillé  de  son  livre,  qui 
parut  pour  la  première  fois,  en  1650,  chez  Clouzier,  un  des 
trois  libraires  mdiqués  ici.  et  dont  une  seconde  édition  in-8 
avoit  paru  en  1 68 1  :  Pratique  de  la  guerre,  contenant  l'usage 
de  l'artillerie,  bombes  et  mortiers,  feux  artificiels  et  pétards, 
sappes  et  mines,  ponts  et  pontons,  tranchées  et  travaux,  avec 
tordre  des  assauts  aux  brèches,  ensemble  un  traité  des  feux 
de  joye,  par  François  Malthus. 

2.  La  première  édition  étoit  de  1664. 

.  }.  C'est,  avec  additions,  une  traduction  du  livre  du  ma- 
nège, ou  Méthode  nouvelle  pour  dresser  les  chevaux,  dont 
une  première  traduct.  avoit  paru  in-fol.  en  1691,  par  le  duc 
de  New-Castle. 

4.  Par  Philippe  de  la  Hire,  de  l'Académie  des  Sciences, 
dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 

5.  Un  des  principaux  ouvrages  de  Daniel  Huet  :  Quas- 
tiones  Alnetana  de  concordia  rationis  et  fidei.  C'est  à  Caen, 
sa  ville  natale,  qu'il  l'avoit  fait  imprimer. 

6.  Première  édition  de  l'ouvrage  de  Claude  Delisle,  qui, 
plus  tard,  hx  porté  à  sept  volumes  :  Introduction  à  l'his- 
toire générale  et  politique  de  l'Univers,  ou  Abrégé  de  l'histoire 
universelle. 

7.  C'est  le  recueil  in-fol.  de  Ruinart,  qui  fut  plus  tard  traduit 
en  françois  par  Drouet  de  Maupertuy,  en  deux  vol.  in-8. 


198  Le  Livre  commode. 

La  Mort  de  Dom  Muce. 

Traité  de  la  vérité  et  du  mensonge  du  R.  P. 
Thomassin,  in-S". 

La  Méthode  d'étudier  les  langues,  du  même 
Auteur,  2.  vol.'. 

Pour  le  Sieur  Seneuze. 

Arlequin  Comédien  aux  champs  Elisée*. 

Remarques  ou  Reflexions  Critiques,  Morales 
et  Historiques  de  M.  l'Abbé  Bordelon,  in-i2  5. 

Caractères  naturels  des  hommes  en  forme  de 
dialogues,  par  le  même  Auteur,  in- 12  4. 

Le  véritable  Pénitent,  2  vol.  in-i2  5. 

Dissertation  sur  la  prison  de  saint  Jean,  in-12. 

Idée  de  l'Amitié,  par  M.  de  Bellegarde,  in-12. 

Reflexions  sur  ce  qui  peut  plaire  ou  déplaire 
dans  le  commerce  de  la  vie,  2  vol.  in-12  ^. 

1.  Méthode  d'enseigner  chrétiennement  la  grammaire  ou 
les  langues,  par  rapport  à  l'Ecriture  Sainte.  2  vol.  in-8. 

2.  Comédie  en  trois  actes,  en  prose,  par  l'abbé  Borde- 
Ion,  qui  ne  fut  jamais  jouée,  et  ne  pouvoit  l'être,  pas  plus 
que  sa  Lotterie  de  Scapin,  qu'il  publia  deux  ans  après,  à  la 
suite  de  Molière  aux  Champs-Elysées,  un  des  livrets  les  plus 
rares  sur  Molière. 

3.  L'abbé  publia  deux  ans  après,  à  Lyon,  chez  Briasson, 
un  volume  faisant  suite  à  celui-ci  :  Nouvelles  remarques  ou 
Réflexions  critiques,  etc.  En  tête  se  trouve  un  beau  portrait 
gravé,  d'après  De  Troye,  par  Drevet.  C'est  celui  de  M.  Fran- 
çois Brunet,  dont  nous  avons  vu  plus  haut  les  parents,  et 
qui,  après  M""»  de  Sévigné,  habita  l'hôtel  Carnavalet. 

4.  L'édition  hoUandoise,  qui  parut  l'année  suivante  chez 
Louis  et  Henry  Van- Dole,  à  La  Haye,  a  pour  titre  :  Les 
Caractères  naturels  des  hommes  en  cent  dialogues,  par 
M.  Bordelon.  Ce  livre,  qui  s'étoit  donné  le  titre  mis  à  la 
mode  par  La  Bruyère,  est  dédié  au  comte  de  Carné. 

5.  Par  le  bon  prêtre  parisien  Jean  Girard  de  Ville- 
thierry. 

6.  Comme  le  précédent,  cet  ouvrage  est  de  l'abbé  Morvan 


Le  Livre  commode.  199 

La  Morale  des  Ecclésiastiques,  in-12. 

Pour  le  Sieur  de  la  Caille,  rué  saint  Jacques 
aux  trois  Cailles. 

Mémoires  pour  l'Université  de  Paris,  par 
M.  Cuvilliers,  in-4°. 

Lé  4.  tome  des  Devises  du  P.  Ménétrier, 
in-8°'. 

Les  Fables  d'Esope  moralisées,  avec  figures, 
in-12  2. 

Pour  le  Sieur  Remy,  rue  saint  Jacques. 

Avis  salutaires  sur  l'éducation  des  enfants, 
in-12. 

Pour  le  Sieur  Villette,  rue  saint  Jacques  à  la 
Croix  d'or. 

La  Vie  des  Princes  d'Orange  pour  servir  à 
l'Histoire  d'Hollande,  in-S». 

Les  Poésies  de  Madame  des  Houllieres,  in-803. 

L'Histoire  d'Angleterre,  4  vol.  in-12. 

Pour  le  Sieur  Hortemels. 

Remarques  sur  la  Bibliotèque  des  Auteurs 
Ecclésiastiques,  par  M.  du  Pin,  in-8»4. 

de  Bellegarde.  Il  fait  partie  de  l'édition  de  ses  œuvres  qui 
fut  publiée  en  Hollande,  et  forme  1 4  petits  volumes. 

1.  Il  s'agit  de  La  Science  et  l'art  des  devises...  par  le 
P.  Menestrier,  qui  se  publioient  sans  doute  en  fascicules. 
Nous  ne  connaissons,  en  effet,  de  lui  aucun  ouvrage  qui  ait 
quatre  volumes. 

2.  Première  édition  du  petit  livre  de  Le  Noble  :  Esprit 
d'Esope,  ou  nouvelle  traduction  de  ses  fables,  en  vers,  avec 
une  lettre  morale  sur  chacune.  La  seconde  édition  est 
de  1695. 

^.  A  la  suite  venoient  les  poésies  de  sa  fille  Thérèse,  ce 
qui  formoit  un  volume  en  deux  parties.  En  1 694,  après  la 
mort  de  M"'  Des  Houillères,  le  même  libraire  Villette  en 
publia  une  seconde  édition. 

4.  Ce  sont  des  remarques  d'Ellies  Dupin  sur  son  propre 


200  Le  Livre  commode. 

Nouveaux  Essais  de  Morale,  in- 12  '. 

La  Vie  de  M.  Descartes 2. 

Les  Pseaumes  en  forme  de  Prières,  in-12  5. 

Prières  formées  sur  la  Morale  de  l'ancien  et 
nouveau  Testament,  in- 12  4. 

Dissertation  sur  la  Goutte,  in-12  5, 

Traité  des  Opérations  Chirurgicales,  par  M.  de 
la  Chariere,  in-12. 

Homélies  sur  les  Commandemens  de  Dieu,  le 
Symbole  et  l'Oraison  Dominicale,  4  vol.  in-12  6. 

Pour  les  Sieurs  Couterot  et  Guerin  en  com- 
pagnie. 

Sermons  de  M.  Fromentieres,  Evêque  d'Aire, 
6  vol.  in-S"?. 


recueil  :  Bibliothèque  des  auteurs  ecclésiastiques,  qui  avoit 
commencé  de  paroître  en  1686.  Elles  forment  trois  vo- 
lumes. 

1 .  Nouveaux  Essais  de  morale  sur  le  luxe  et  les  modes, 
par  Jean  Frain  du  Tremblay,  qui  ne  se  nomma  pas  sur  le 
titre. 

2.  Ce  sont  les  deux  volumes  in-4°  d'Adrien  Baillet  sur 
Descartes,  qui  parurent,  en  effet,  en  1691. 

3.  Cette  «  paraphrase,  »  comme  dit  le  titre,  est  du  curé 
de  Saint-Lambert,  François  Paris,  et  du  curé  de  Che- 
vreuse,  Vincent  Loger.  La  première  édition  avoit  paru 
en  1690. 

4.  Autre  ouvrage  du  même  François  Paris,  curé  de 
Saint-Lambert. 

5.  Ouvrage  de  l'oratorien  Michel  Mauduit,  dont  la  pre- 
mière édition  avoit  paru  en  1688.  Une  Réfutation  en  avoit 
été  publiée  par  le  même  libraire  Hortemels,  en  1690. 

6.  Première  partie  des  Homélies  de  l'abbé  de  Monmorel, 
qui,  peu  d'années  après,  arrivèrent  à  former  dix  volumes. 
Il  devint  alors  aumônier  de  la  duchesse  de  Bourgogne. 

7.  M,  de  Kromentière,  évêque  d'Aire,  étoit  mort  en 
1684,  en  ordonnant  que  rien  de  ses  sermons  ne  fût  imprimé. 
On  n'en  publia  pas  moins  les  six  volumes  indiqués  ici,  et 
qui  se  composent  :   les  trois  premiers  de  Sermons  pour  les 


Le  Livre  commode.  201 

Discours  moraux  pour  la  Chaire,  10  vol. 
in-i2'. 

Manière  de  prêcher  selon  l'esprit  de  l'Evan- 
gile, in-i2  *. 

La  Main  qui  conduit  au  Ciel,  du  Cardinal 
Bona,  in-i2  5. 

Conférences  morales  sur  la  Religion,  2  vol. 
in-8°. 

L'Eglise  Protestante  détruite  par  elle-même, 
in-i2. 

Pour  le  Sieur  Pépie,  rue  saint  Jacques  à  saint 
Basile. 

Suite  des  Instructions  Monastiques,  in-12. 

Satires  de  Juvénal,  par  M.  de  Silvecane,  2  vol. 
in- 1 2  4. 

Traité  des  Fièvres,  par  M.  d'Hesse,  in-12  5. 

Pensées  Chrétiennes,  par  M.  l'Abbé  de  Choisy, 
in- 12  6. 

fîtes,  deux  autres  de  Sermons  pour  le  Carlme,  et  le  dernier 
à' Œuvres  diverses. 

i .  Ouvrage  de  l'avocat  Jean  Richard,  qui,  bien  que  laïque 
et  marié,  passa  toute  sa  vie  à  écrire  des  sermons,  que  de 
vrais  prêtres  se  chargeoient  de  prononcer.  Quand  il  mourut, 
ses  Discours  moraux  pour  la  chaire  n'avoient  pas  seulement 
dix,  mais  douze  volumes.  C'est  lui  qui  avoit  été  l'éditeur 
de  l'ouvrage  précédent,  les  Sermons  de  l'évêque  d'Aire. 

2.  Par  le  capucin  de  Paris,  Albert.  Couterot,  son  éditeur, 
republia  ce  livre  en  1701. 

j.  Ce  traité,  un  des  plus  célèbres  du  mystique  Bona,  est 
le  même  dont  l'abbé  Le  Duc  fit  une  nouvelle  traduction 
avec  cet  autre  titre  :  le  Chemin  du  Ciel,  lyjS,  in-12. 

4.  C'est  une  des  plus  anciennes  et  non  des  meilleures 
traductions  rimées  du  satirique  latin .  En  voici  le  vrai  titre  : 
Traduction  des  satyra  de  Juvénal  en  vers  françois,  avec  des 
remarques  et  le  latin  à  côté,  par  Pierre  de  Silvecane. 

5.  Traduction  du  hoUandois  en  françois  du  Traité  des 
fièvres  de  Corneille  Boutekoe. 

6.  Un  des  nombreux  écrits  religieux  que  l'abbé  de  Choisy 


202  Le  Livre  commode. 

Grammaire  Italienne,  in-12. 

Pour  le  Sieur  RouUand  fils,  rue  saint  Jacques. 

Analise  des  Epîtres  de  saint  Paul,  etc.,  2  vol. 
in-12. 

Explication  des  Prières  de  la  Messe,  par  M.  de 
Meaux,  in-12!. 

Pratique  judiciaire  sur  les  Censives,  in-12. 

Pour  le  Sieur  Robuste!,  rue  saint  Jacques. 

Histoire  des  Empereurs,  par  M.  Tillemont, 
2  vol.  in-402. 

Traité  des  Etudes  Monastiques,  par  le  P.  Ma- 
billon,  in-40?. 

Pour  la  veuve  Coignard  et  son  Fils  en  com- 
pagnie. 

Les  Offices  de  Cicéron  et  autres  Œuvres, 
traduits  du  Latin  de  Grotius  avec  des  nottes, 
in-804. 

Les  Loix  Civiles  dans  leur  ordre  naturel, 
2  vol.  in-4°5. 


publia  après  sa  conversion,  sans  grande  conviction  encore 
et  surtout  sans  grand  savoir.  N'a-t-il  pas  dit,  après  la  pu- 
blication de  son  principal  ouvrage  en  ce  genre  :  «  J'ai 
écrit  l'histoire  ecclésiastique,  il  ne  me  reste  plus  qu'à 
l'apprendre.  » 

1.  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  M.  de  Meaux,  c'est 
Bossuet. 

2.  Ce  célèbre  ouvrage,  quand  l'auteur  mourut  en  1698, 
avoit  six  volumes. 

3.  L'ouvrage  a  deux  volumes.  Il  fut  écrit  pour  réfuter 
l'opinion  de  l'abbé  de  la  Trappe,  qui  prétendoit  que  les 
moines  ne  peuvent  ni  ne  doivent  étudier. 

4.  Cette  traduction  est  de  Goibaud  Du  Bois,  de  l'Acadé- 
mie françoise. 

j .  Ce  sont  les  deux  premiers  volumes  du  grand  ouvrage 
de  Domat.  Un  troisième  compléta  bientôt  cette  partie  des 
lois  civiles. 


Le  Livre  commode.  205 

Manière  de  fortifier  selon  la  métode  de  M.  de 
Vauban,  in-12. 

Traitez  de  Metaphisique,  d'histoire  et  de  poli- 
tique de  feu  M.  de  Cordemoy,  in-12'. 

La  Géographie  ancienne,  moderne  et  histo- 
rique, 2  vol.  in-40. 

Nota.  Que  dans  le  courant  de  la  présente 
année  1692,  on  imprimera  chez  ledit  Sieur 
Cognard  nls,  Imprimeur  du  Roy  et  de  l'Acadé- 
mie Françoise,  le  Dictionnaire  de  ladite  Aca- 
démie^. 

Pour  le  Sieur  Auroy,  rue  saint  Jacques. 

Etablissement  de  la  Foy  dans  la  nouvelle 
France,  2  vol.  in-12  5. 

Nouvelle  Relation  de  la  Gaspesie. 

Barhei  Compendium  TheologU. 

Pour  le  Sieur  Boudot. 

Homélies  Theologiques  et  morales  de  M.  Pa- 
lafox,  traduites  par  M.  Amelot  de  la  Houssaye, 
in-12'*. 

Lettres  de  M.  l'Abbé  le  Grand  à  M.  Bumet, 
in-12. 

1.  Recueil  des  petits  traités  de  Cordemoy,  déjà  publiés 
à  part,  tels  que  :  \t.  Discours  physique  de  la  parole,  d'où 
Molière  tira  tout  le  comique  de  la  scène  du  professeur  de 
philosophie  au  premier  acte  du  «  Bourgeois  gentilhomme  ;  » 
la  Lettre  sur  le  système  de  Descartes,  etc.,  etc. 

2.  Le  privilège  d'impression  du  Dictionnaire  de  l'Acadé- 
mie avoit  alors  déjà  huit  ans  de  date.  Il  est,  en  effet,  de 
1674.  [Collect.  Delamarre,  n°  21,739,  fol.  79.)  La  pre- 
mière édition  parut,  non  en  1692,  mais  en  1694,  chez 
Coignard,  en  2  vol.  in-fol. 

j.  Le  titre  complet  porte  par  le  P.  Le  C...  C'est  le 
Père  Ch.  Le  Clercq,  récollet. 

4.  Ces  homélies,  traduites  de  l'espagnol,  ont  pour  texte 
principal  la  Passion. 


204  L.E  Livre  commode. 

Deffense  de  l'Antiquité  des  Temps,  par  le 
R.  P.  Dom  Paul  Perron'. 

MUSIQUE. 

Grand  Maître  de  la  Musique  de  la  Chapelle 
du  Roy. 

Monseigneur  l'Archevêque  de  Rheims*,  rue 
saint  Thomas  du  Louvre. 

Sur-Intendans  de  la  Musique  de  la  Chambre  de 
Sa  Majesté. 

M.  de  la  Lande  qui  est  d'ailleurs  Maître  de  la 
Musique  de  la  Chapelle?,  et  M.  Boisset  qui  est 
Maître  de  la  Musique  de  la  Chambre,  en  Cour4, 


1 .  C'est  une  défense  de  son  propre  ouvrage,  VAnîiquiti 
des  Temps  rétablie,  publiée  en  1687,  et  que  les  PP.  Mar- 
tiany  et  Le  Quien  avoient  fort  attaquée. 

2.  Charles-Maurice  Le  Tellier,  dont  il  a  déjà  été  parlé. 
Il  avoit,  comme  «  maître  de  la  Chapelle -Musique,  » 
1,200  liv.  de  gages,  plus  3,000  «  pour  sa  bouche  à 
cour.  »  Etat  de  France,  1692,  p.  39. 

3.  Michel-Richard  de  Lalande,  d'abord  violon,  claveci- 
niste et  organiste,  compositeur  de  motets,  de  pastorales  et 
de  ballets,  puis  surintendant  de  la  musique  du  Roi,  charge 
dans  laquelle  il  mourut,  en  1726,  à  quatre-vingt-trois  ans. 
Il  avoit  été  fait,  le  9  janvier  1689,  surintendant  de  la 
musique  de  la  Chambre,  ce  qui  étoit  un  acheminement  à  la 
surintendance  générale. 

4.  Jean  Boësset,  sieur  de  Haut,  fils  de  Boësset,  qui  avoit 
été  de  la  musique  de  Louis  XIII,  et  de  qui  l'on  a  quelques 
jolis  airs  de  chansons,  entre  autres  celui  des  couplets  de 
Lingendes,  qui  furent  si  célèbres  : 

Si  c'est  un  crime  de  l'aimer.... 

Boësset  étoit  maître  de  musique  des  pages  de  la  Chambre, 
aux  gages  de  1,140  liv. 


Le  Livre  commode.  205 

Autres  Maîtres  de  la  Musiijue  de  la  Chapelle,  de  la 
Chambre  et  des  Plaisirs  de  Sa  Majesté. 

Messieurs  Lambert,  rue  sainte  Anne',  Gou- 
pille',  rue  Minoret5,  rue  Celasse, 
rue  Traversine4,  et  Moreau,  rue  sainte  Croix  de 
la  Bretonnerie  5 . 

Maîtres  pour  lOrgue  et  pour  le  Clavecin. 

Messieurs  le  Begue^,  rue  Simon  le  Franc, 


1.  Michel  Lambert,  si  recherché,  en  i66é,  à  l'époque  de 
la  satire  du  Repas  de  Boileau,  et  qui  n'a  voit  pas  alors  moins 
de  quatre-vingt-deux  ans.  Lulli  avoit  épousé  sa  fille,  et  lui 
avoit  donné  dans  sa  maison,  qui  existe  encore  aux  coins 
des  rues  Sainte-Anne  et  des  Petits- Champs,  l'appartement 
oii  nous  le  voyons  logé,  et  où  il  mourut  au  mois  de  juin  1696. 
\v.  notre  Histoire  de  la  Butte  du  Moulins.) 

2.  Lisez  Coupillet.  Il  faisoit,  comme  prêtre,  pendant  le 
semestre  de  janvier,  les  fonctions  ecclésiastiques  de  maître 
de  musique,  et  avoit  soin,  durant  le  même  temps,  t  de  la 
nourriture,  éducation,  conduite  et  entretien  des  pages  de 
musique.  » 

}.  Guillaume  Minoret.  Il  avoit,  pendant  le  semestre  de 
juillet,  les  mêmes  fonctions  que  Coupillet  pendant  celui  de 
janvier.  Ses  motets  sur  un  certain  nombre  de  psaumes 
sont  très-estimés.  Le  Cerf  de  la  Vieuville,  dans  son  livre, 
Comparaison  de  la  musique  italienne  et  de  la  musique 
françoise,  1706.  in-8,  }•  partie,  le  met,  ainsi  que  Coupillet, 
sur  le  même  rang,  pour  la  composition,  que  Collasse  et 
Lalande. 

4.  Pascal  Collasse,  un  des  meilleurs  élèves  et  héritiers 
de  Lulli.  .^près  avoir  collaboré  avec  son  maître,  il  fit  seul 
plusieurs  opéras,  dont  celui  de  Thitis  et  PeUe  est  le  plus 
célèbre. 

5.  Jean-Baptiste  Moreau,  à  qui  Madame  de  Maintenon 
fit  éaire,  pour  Saint-Cyr,  la  musique  des  chœurs  d'Esîher 
et  d'Athalie.  Il  fit  aussi  les  airs  de  quelques  chansons  de 
Lainez,  son  ami  de  cabaret. 

6.  Nicolas  Le  Bègue,  un  des  quatre  organistes  de  la 
Chapelle  reçus  en  1678.  Son  quartier  étoit  celui  d'octobre. 


2o6  Le  Livre  commode. 

Taumelin,  rue  de  la  Verrerie',  Couprin,  prés 
saint  Gervais^,  Dandrieux,  rue  saint  Louis  du 
Palais  3,  Nivert,  prés  saint  Sulpice4,  Danglebert, 
rue  sainte  Anne  5,  Martin,  rue  de  l'Echelle,  le 
Roux^  rue  ,  Buterne,  prés  saint  Paul 7, 

Montalan,  rue  du  Cimetière  saint  André»,  Ossu 


Il  touchoit  l'orgue  à  Saint-Merry,  et  l'on  a  de  lui  trois 
livres  de  pièces  pour  cet  instrument.  Il  mourut  très-vieux 
en  1700.  Ses  ouvrages  se  vendoient  tout  près  de  chez  lui, 
dans  la  même  rue.  L'édit.  de  1691,  p.  62,  dit,  en  effet  : 
«  le  livre  d'orgues  de  M.  Le  Bègue  se  vend  chez  M.  Noël, 
rue  Simon-le-Franc.  » 

1.  Jacques  Tomelin,  organiste  de  la  Chapelle,  comme  Le 
Bègue.  Il  exerçoit  pendant  le  quartier  de  janvier. 

2.  François  Couperin,  le  second  des  trois  frères  qui  fon- 
dèrent la  renommée  de  cette  dynastie  de  clavecinistes  célè- 
bres. Nous  le  voyons  ici  logé  près  de  Saint-Gervais,  parce 
que  de  1669  à  1698,  il  y  toucha  l'orgue.  Il  mourut  à 
soixante-dix  ans,  en  1701,  écrasé  par  une  voiture.  L'année 
précédente,  Montéclair  lui  avoit  dédié  sa  Méthode  facile 
ae  musique. 

5.  On  ne  le  connoît  que  par  son  fils,  Jean-François 
Dandrieu,  qui,  de  1720  à  1740,  se  distingua  sur  l'orgue  et 
le  clavecin. 

4.  Guill. -Gabriel  Nivers,  un  des  quatre  organistes  de  la 
Chapelle.  Il  avoit  été  maître  de  musique  de  la  Reine. 

5.  Jean-Baptiste  d'Anglebert.  Il  étoit  de  la  musique  de  la 
Chambre  pour  le  clavecin,  ce  qui  lui  rapportoit  600  liv.  de 
gages,  900  de  nourriture,  213  de  monture,  «  et  270  pour 
la  nourriture  de  son  Porte-épinette.  »  Etat  de  France, 

1692,    p.    22}. 

6.  Il  étoit  aussi  compositeur.  V.  Le  faux  Satyrique, 
1706,  in-8,  p.  II,  ofi  il  est  traité  de  «  fameux  maître  de 
musique.  » 

7.  Jean  Buterne,  un  des  quatre  organistes  de  la  Cha- 
pelle-Musique. 

8.  «  Messieurs  Le  Règne  —  c'est  celui  qui  est  désigné 
plus  haut  sous  son  vrai  nom  le  Bègue  —  rue  Simon-le- 
Franc,  et  de  Montalan,  rue  du  Cimetière-Saint-André,  sont 
renommez  pour  toucher  et  enseigner  le  clavecin.  »  Edit 


Le  Livre  commode.  207 

l'ainé,  rue  saint  Denis',  Ossu  le  cadet,  Cloître 
saint  Jacques  de  l'Hôpital,  Gamier,  rue  Traver- 
sine,  La  Lande,  Cour  du  Palais. 

Autres  Maîtres  pour  le  Clavecin. 

Messieurs  le  Moine,  rué  saint  Honoré 2,  Pitay, 
rue  sainte  Croix  de  la  Bretonnerie,  Eudet  et  de 
la  Cerisaye,  rue  sainte  Croix  de  la  Cité,  Bouton, 
rue  Pavée,  Mérault  et  Alexandre,  rue  saint  De- 


1691,  p.  60.  —  Claude  Rachel  de  Montalant,  après  avoir 
enlevé  de  son  couvent,  où  sans  doute  il  donnoit  des  leçons, 
la  fille  de  Molière,  étoit,  vers  1686,  devenu  son  mari.  Une 
note  de  Titcn  du  Tillet  {Parnasse  françois,  1732,  in-fol., 
p.  318)  que  nous  avons  citée  le  premier  dans  le  Roman 
de  Molière,  1862,  in-i8,  p.  129,  ne  laisse  sur  ce  point 
très-curieux  aucun  doute  :  «  Elle  épousa,  dit-il,  M.  de 
Montaland,  gentilhomme,  qui  a  été  quelque  temps  orga- 
niste de  Saint-André  des  Arts.  »  Il  l'étoit  sans  doute 
encore  en  1691,  ce  qui  expliqueroit  pourquoi  il  logeoit 
tout  près  de  cette  église.  Titon  le  traite  de  gentilhomme 
parce  qu'il  se  faisoit  appeler  :  Claude  Rachel,  écuyer,  sieur 
de  Montalant. 

1.  Lisez  Houssu.  Nous  avons  su  son  nom  par  le  curieux 
procès  que  a.  les  maîtres  à  danser  et  joueurs  d'intruments 
tant  hauts  que  bas  »  firent  aux  clavecinistes,  en  1693,  pour 
les  empêcher  d'enseigner  à  toucher  le  clavecin  avant  de 
s'être  fait  recevoir  de  leur  communauté.  Les  clavecinistes, 
représentés  par  plusieurs  de  ceux  qui  figurent  ici,  dont  on 
a  vu  les  noms  plus  haut,  ou  qu'on  trouvera  nommés  plus 
loin  :  Médéric  Comeil,  Nicolas  Gigault,  Jean-Baptiste  de 
La  Brune,  Marin  de  la  Guerre,  Jean  Mérault,  Antoine 
Houssu,  Nicolas  Le  Bègue,  Guillaume-Gabriel  Nivers,  Jean 
Buterne,  François  Couprin,  appelèrent  d'une  première 
sentence  rendue  contre  eux  par  le  prévôt  de  Paris,  et 
obtinrent,  le  7  mars  1695,  un  arrêt  de  la  Grand'  Chambre 
qui  leur  donna  raison,  et  leur  rendit  l'entière  liberté  d'en- 
seigner. 

2.  Il  étoit  de  la  musique  de  la  Chambre  pour  le 
théorbe. 


2o8  Le  Livre  commode. 

nis,  Bernier,  rue  Tictonne',  Hardy  et  Landrin, 
Cloitre  sainte  Opportune,  Cointereau,  place 
Maubert,  Saffin,  rue  des  Noyers,  Boucher,  rue 
des  Assis*,  Corneille,  Cloître  Notre  Dame,  de 
Bordeaux,  rue  saint  Jacques,  Raison,  rue  saint 
Estienne,  Gigot  et  Delian,  rue  saint  Martin,  la 
Brune,  rue  des  Moineaux,  Fouquet,  rue  Coquil- 
lière,  de  la  Guerre?  et  Jacquet,  Isle  Notre 
Dame,  etc. 

Maîtresses  pour  le  même  Instrument. 

Mesdames  Oves,  rue  saint  Denis,  et  Louis, 
rue  de  la  Monnoye. 

Et  encore  Mesdemoiselles  Rebours  etleTellier, 
fauxbourg  saint  Germain  4. 

M.  du  Clos,  rue  Bétizy,  accorde  en  perfection 
le  Clavecin. 

Messieurs  Denis,  sur  le  Q^uay  neuf,  Richard, 
.rue  du  Paons,  Rosée,  rue  de  Cléry,  Créteil,  rue 
Poupée,  Dathene,  rue  saint  Antoine  6,  Voudry, 

1.  Nicolas  Bernier,  dont  le  succès  fut  si  grand,  surtout 
sous  la  Régence,  pour  ses  motets,  la  musique  de  ses  can- 
tates et  ses  airs  à  boire.  Il  est  fait  de  lui  le  plus  grand 
éloge  dans  le  poëme  de  J.de  Serré,  la  Musique,  dont  la  pre- 
mière édition  date  de  1 7 1 4 . 

2.  Lisez  des  Arcis. 

3.  Son  vrai  nom  étoit  Jacquet,  le  seul  que  prit  son  frère 
nommé  ici  avec  lui.  Jacquet  de  la  Guerre  étoit  organiste  à 
Saint-Séverin.  Sa  fille,  M""  Elisabeth  La  Guerre,  se  distin- 
gua sur  le  clavecin  et  fit  la  musique  de  l'opéra  de  Céphale 
et  Procris,  en  1694.  Elle  mourut  en  1727. 

4.  «  Mademoiselle  Le  Tellier,  qui  demeure  au  cul-de-sac 
de  la  rue  Beaubourg.  »  Edit.  1691,  p.  60. 

5.  «  Près  Saint-Nicolas  du  Chardonnet.  »  Edit.  1691, 
p.  60. 

6.  «  Le  sieur  Dathene,  qui  fait  des  clavecins,  demeure 


Le  Livre  commode.  209 

rue  saint  Jacques,  Boudet,  rue  saint  Martin, 
Thierry,  rue  sainte  Marguerite,  du  Catel  et 
l'Esclop,  rue  Orner',  Clico,  rue  Philippot,  et  le 
Febvre,  rue  Aubry  Boucher,  fabriquent,  rajustent 
et  accordent  les  Orgues  et  les  Clavecins. 

Maîtres  pour  la  Vlolle. 

Messieurs  de  sainte  Colombe  ^,  rue....;  Marais, 
rue  Bertin  PoiréeJ,  Theobal,  rue  de  Richelieu  4, 
des  Fontaines  î,  rue  de  Grenelle  saint  Honoré, 
de  Machy,  rue  des  fossez  saint  Germain,  Gamier, 
prés  le  Palais  Royal,  Bellier,  rue  de  Mommo- 
rency,  Fourcroy  le  fils,  rue  vieille  du  Temple,  etc. 

Mademoiselle  Mengey,  rue  saint  Hono.''é,  prés 
la  rue  des  Poullies,  fait  aussi  profession  de  tou- 
cher et  de  montrer  à  toucher  la  Violle. 


rue  et  devant  le  petit  Saint-Antoine.  >  Id.,  p.  64.  «  Le 
sieur  Créteil,  faiseur  d'orgues,  demeure  dans  la  rue  Pou- 
pée. »  Ibid. 

1 .  Lisez  rue  au  Maire. 

2.  Il  n'est  plus  connu  que  parce  qu'il  fat  le  maître  de 
celui  qui  vient  ici  après  lui. 

î .  «  Monsieur  Marais  touche  la  viole  par  excellence,  et  donne 
des  leçons  chez  luy,  rue  Quincampoix.  »  Edit.  1691,  p.  48. 
—  Marin  Marais,  élève  de  Sainte-Colombe,  et  le  plus  habile 
joueur  de  viole  de  son  temps.  Il  a  beaucoup  écrit  pour  cet 
instrument,  et,  de  plus,  l'on  a  de  lui  plusieurs  partitions 
pour  l'Opéra,  où  il  avoit  commencé  à  être  simple  batteur  de 
mesures.  La  plus  célèbre  est  celle  d'Alcione,  dont  la  Tem- 
pête fut  un  des  morceaux  les  plus  à  effet  de  ce  temps-là. 
Elle  est  décrite  dans  le  poème  de  la  Musique  cité  plus  haut. 

4.  Théobaldo  Gaddi,  qui,  attiré  de  Florence  à  Paris  par 
son  admiration  pour  LuUi,  fut  mis  par  celui-ci  dans  l'or- 
chestre de  l'Opéra,  où  il  joua  pendant  près  de  cinquante  ans 
de  la  basse  de  viole.  Il  avoit  fait,  en  1691,  la  musique  de 
la  pastorale  héroïque  de  Coronis. 

5 .  «  Le  même  Des  Fontaines  montre  d'ailleurs  à  toucher 
le  clavecin  et  la  basse  de  viole.  »  Edit.  1691,  p.  48. 

Livre  commode.  14 


210  Le  Livre  commode. 

Maîtres  pour  le  TheorbeK 

Messieurs  du  Pré,  rue  des  Escoufles,  et  de  la 
Barre  en  Cour,  qui  sont  de  la  Chambre  du  Roy  2, 
et  encore  Messieurs  PinetJ,  rue  le 

Moyne,  Cloître  saint  Jacques  de  l'Hôpital,  Aubin, 
rue  de  l'Escharpe,  Poussilac,  prés  les  Jacobins 
saint  Jacques,  Lavaux,  rue  Hurel-, 

Quay  de  la  Mégisserie. 

Maîtres  pour  la  basse  de  Violon. 

Messieurs  Marchands  père  et  fils,  et  Converset, 
rue  des  Poulies  4,  Boudet,  rue  saint  Antoine, 
Reffiet,  rue  des  vieux  AugustinsJ,  la  Rue,  prés 
saint  Mederic. 

Maîtres  pour  le  dessus  de  Violon. 
Messieurs  Favre,  rue  saint  Honoré,  le  Peintre, 
à  Versailles^,  Thoùin,  rue  de  la  Verrerie?,  Ver- 

! .  C'étoit  une  espèce  de  grand  luth,  qui  lui-même  étoit 

une  sorte  de  guitare. 

2.  Du  Pré  n'étoit  qu'en  survivance,  en  1692,  à  la  chambre 
du  Roi  pour  le  théorbe.  Pierre  Chabançeau  de  La  Barre, 
beaucoup  plus  célèbre,  jouoit  de  la  grosse-basse  ou  du 
théorbe  à  la  Chapelle-Musique.  Il  étoit  valet  de  chambre  de 
la  Dauphine. 

j.  Lisez  Pinel.  Il  jouoit  du  théorbe  à  la  chambre  du  Roi, 
mais  y  avoit,  auparavant,  chanté  les  hautes  tailles. 

4.  «  Rue  Bétizy,  Gillet,  place  du  Palais-Royal.  »  Edit. 
1 691,  p.  48.  —  A  la  chambre  du  Roi,  les  deux  Marchand  : 
Jean  Noël,  le  père,  et  Jean-Baptiste,  le  fils,  jouoient  non  la 
basse,  mais  le  dessus  de  violon. 

5.  Urbain  Reffiet.  Il  étoit  un  des  vingt-cinq  violons  ordi- 
naires, dont  Dumanoir  étoit  le  roi. 

6.  Augustin-Jean  Le  Peintre.  Il  étoit  aussi  des  vingt-cinq 
violons,  et,  de  plus,  un  des  violons  du  Cabinet,  où  il  jouoit 
les  dessus,  avec  600  liv.  de  gages.  Il  étoit  en  outre  attaché, 
comme  violon,  à  la  maison  du  Dauphin,  ce  qui  lui  valoit 


Le  Livre  commode.  211 

dier,  rue  du  Chantre,  Baptiste,  Cloitre  saint 
Honoré,  du  Bois,  rue  des  fessez  saint  Germain, 
de  l'Isle,  rue  saint  Honoré,  Charpentier,  rue  de 
la  Harpe,  du  Chesne,  rue  Aubry  Boucher,  Jobert, 
rue  saint  Antoine,  Marchand,  rue  de  Berry,  etc. 

Maîtres  pour  la  Guitarre. 

Messieurs  de  Vizé,  à  Luxembourg',  Cheron, 
rue  Dauphine^,  Medard,  prés  saint  Nicolas  des 
Champs,  le  Tellier,  rue  du  Foin,  Galet,  cul-de- 
sac  saint  Sulpice,  du  Gesne,  rue  des  Prouvaires, 
PoussilotJ,  prés  les  Jacobins  saint  Jacques,  etc. 

Le  Sieur  Alexandre  Roboara  fait  des  Guitarres 
par  excellence  4. 

Maîtres  pour  le  Luth. 

Messieurs  Mouton,  rue  saint  Antoine,  et  du 
Bue,  rue  5. 

600  liv.  sur  la  cassette  du  prince,  400  sur  le  trésor  royal, 
«  et  quelques  autres  gratifications,  »  dit  l'Etat  de  France. 
On  comprend  qu'avec  le  cumul  de  ces  gages  et  ce  que  pou- 
voient  lui  rapponer  ses  leçons,  il  ait  pu  faire  dire  à  Richelet, 
au  mot  violon  de  son  dirtionnaire  :  «  Le  Peintre,  l'un  des 
meilleurs  joueurs  de  violon  de  Paris,  gagne  plus  que  Cor- 
neille, l'un  des  plus  excellents  de  nos  plus  fameux  poètes 
françois.  » 

7.  L'édition  précédente  l'appelle  à  tort  Thonin. 

1.  C'est-à-dire  au  palais  du  Luxembourg.  Vizé  fut  très- 
célèbre  en  son  temps.  Palaparat,  dans  la  préface  du  Gron- 
deur, parlant  d'un  joueur  de  flûte  fameux,  dit  qu'il  tire  de 
la  flûte  allemande  «  des  sons  plus  doux....  » 

Que  ceux  que  De  Vizé  tire  de  sa  guitarre. 

2.  Nous  le  trouverons  plus  loin  parmi  les  faiseurs  d'ins- 
truments. 

3.  Lisez  Poussillac,  comme  plus  haut. 

4.  Il  demeuroit  rue  des  Arcis. 

5.  L'édition  de  1691,  p.  61,  nomme,  avec  lui,  «  Gallot 


212  Le  Livre  commode. 

Maîtres  pour  le  Jeu  et  pour  la  Fabrique  des 
Instruments  à  Vent,  Flûtes,  Flageolets,  Haut- 
bois, Bassons,  Musettes^  etc. 

Messieurs  Colin  Hotteterre',  rue  d'Orléans; 
Jean  Hotteterre,  rue  des  fossez  S.  Germain;  Fil- 
lebert,  rue  S.  Antoine  2;  des  Costeaux,  Faux- 

et  Jacqueson.  »  Mouton  étoit,  de  beaucoup,  le  plus  célèbre. 
On  a  de  lui,  d'après  de  Troyes,  un  très-beau  portrait  gravé 
par  Edelinck.  Mariette  en  parle  ainsi  dans  une  note  de  VAbe- 
cedario,  t.  II,  p.  219,  que  nous  reproduisons  avec  toute 
sa  singularité  :  «  Jean  Mouton,  célèbre  joueur,  jouant  de 
la  guitare  —  est-ce  un  luth  ?  est-ce  une  guitare  ?  C'est  un 
luth  —  à  demy  corps,  d'après  Fr.  De  Troyes  ;  d'après  un 
des  plus  beaux  tableaux  qu'ait  peints  M.  de  Troyes.  Il  a 
été  peint  en  1690,  Mouton  étant,  pour  lors,  âgé  de  64  ans. 
J'ai  vu,  ajoute  Mariette,  ce  tableau  en  1755,  et  j'ose  dire 
que  le  plus  beau  tableau  de  Van  Dyck  ne  me  paroît  pas 
supérieur.  »  Edelinck  grava  ce  beau  portrait  pour  remercier 
Mouton  d'avoir  enseigné  le  luth  à  sa  fille  sans  vouloir  être 
payé.  {Mém.  inéd.  sur  la  vie  et  les  ouvrages  des  membres 
de  l'Acad.  de  peinture,  t.  II,  p.  55.) 

1.  Colin  étoit  un  diminutif  de  Nicolas,  son  vrai  prénom. 
Il  étoit  basson  à  la  Chapelle-Musique.  Lui,  et  son  fils  Jean, 
qui  le  suit  ici,  et  un  autre,  dont  nous  ne  savons  pas  le  pré- 
nom, excelioient  surtout  comme  facteurs  :  «  le  père, 
lisons-nous  dans  un  Traité  de  la  Musette,  etc.  (Lyon, 
1682,  pet.  in-fol.,  p.  38),  est  un  homme  unique  pour  la 
construction  de  toutes  sortes  d'instruments  de  bois,  d'ivoire, 
d'ébeine,  comme  sont  les  musettes,  flageolets,  hautbois;  et 
mesme  pour  faire  des  accords  parfaits  de  tous  ces  instru- 
ments. Ses  fils  ne  luy  cèdent  en  rien  pour  la  pratique  de 
cet  art.  » 

2.  Philibert  Rebillé.  Très-renommé  comme  flûtiste  et 
acteur  de  société.  Palaprat  dit  de  lui  dans  une  note  de  son 
théâtre  (t.  I,  p.  183)  ;  «  fameux  joueur  de  flûte  allemande, 
qui  a  mérité  d'être  chanté  sur  la  lyre  de  M.  De  La  Mothe, 
Ode  de  la  Flûte.  »  La  flûte  allemande  étoit  ce  qu'on  appelle 
aujourd'hui  «  flûte  traversière.  »  L'autre  étoit  la  clarinette. 
Philibert  eut  de  très-grands  succès  à  la  Cour,  comme  on  le 
voit  par  les  Poésies  de  Lainez,  son  ami,  et  de  très-vifs  aussi, 


Le  Livre  commode.  213 

bourg  saint  Antoine';  Filidot  en  Cour*;  du 
Mont,  rue  de  Toumon;  Rousselet,  rue  des  Assis  ; 
Dupuis,  carrefour  de  l'Ecole  ?  ;  le  Breton  et  Fre- 
mont,  rue  de  l'Arbre  sec  ;  Héron,  prés  le  cadran 
saint  Honoré;  du  Bue,  rue  de  Richelieu;  Roset, 
rue  neuve  saint  Eustache4,  etc. 

Plusieurs  d'entre  les  Maîtres  de  tous  les  Ins- 
trumcns  ci-dessus,  travaillent  par  excellence  à 
la  composition  de  la  Musique,  outre  lesquels 
entre  les  habiles  Compositeurs  de  Paris,  on 
compte  d'ailleurs  Messieurs  Oudot  à  la  place 
Royale;  Mignons,  cloître  Notre  Dame^;  l'Al- 

trop  vifs  même  dans  la  bourgeoisie.  Une  certaine  M"*  Bru- 
net,  qui  s'étoit  affolée  de  lui,  empoisonna  son  mari,  et 
l'épousa  en  secondes'  noces.  Les  révélations  de  La  Voisin, 
qui  lui  avoit  fourni  le  poison,  la  firent  prendre,  condamner 
et  exécuter.  Philibert,  dont  le  roi  ne  mit  pas  en  doute 
l'innocence,  fut  sauvé.  Il  y  a,  dans  les  Caractères,  une 
allusion  à  cette  affaire.  Philibert  y  est  nommé  Dracon. 
{Comédie  de  Jean  de  La  Bruyère,  t.  I,  p.  212-214.) 

1.  Il  étoit  joueur  de  flûte,  comme  Philibert,  dont  il  fut 
l'ami  dévoué.  Il  avoit  beaucoup  connu  Molière,  et  en  par- 
loit  très-curieusement.  Sa  passion  pour  les  fleurs  fut  célèbre. 
C'est  pour  la  mieux  satisfaire  qu'il  s'étoit  logé  au  faubourg 
Saint-Antoine,  où,  comme  nous  le  verrons,  se  trouvoient  les 
grands  c  floristes.  »  C'est  lui,  suivant  Math.  Marais,  qui 
auroit  posé  pour  le  curieux  de  fleurs  des  Caractères. 

2.  André-Danican  Philidor,  et  non  Filidot.  Il  jouoit  delà 
basse  à  la  Chapelle-Musique  et  dans  la  chambre  du  Roi. 
Veuf  de  Marguerite  Monginot,  il  eut,  de  son  second  mariage 
avec  Elisabeth  Le  Roy,  un  fils  qui  devint  célèbre  comme 
compositeur,  mais  surtout  comme  joueur  d'échecs. 

l.  Nous  le  retrouverons,  avec  les  quatre  autres  qui 
suivent,  parmi  les  fabricants  d'instruments. 

4.  «  Le  sieur  Rozet  est  renommé  pour  les  instruments 
de  musique  de  la  garde-robe  du  Roy.  Il  demeure  rue 
Neuve-Saint-Eustache.  »  Edit.  1691,  p.  49. 

5.  Il  étoit  maître  de  la  musique  de  Notre-Dame,  et, 
comme  on  le  voit  ici,  logeoit  auprès.  Il  étoit  aussi,  à  son 


214  LiE  Livre  commode. 

loùette,  prés  saint  Germain  de  l'Auxerrois  '  ; 
Charpentier,  rue  Dauphine*;  Bertet,  Isle  Notre 
Dame;  Chaperon,  cour  du  Palais;  Martin,  rue 
des  saints  Pères;  Terrier,  prés  les  Innocens,  etc.  3. 

Maîtres  pour  l'Art  de  Chanter  4. 

Messieurs  Dambruy,  rue  Betizy,  du  Buisson, 

temps  perdu,  grand  amateur  de  bouts  rimes.  C'est  lui  qui, 
en  1682,  avoit  proposé  un  prix  à  quiconque  rempliroit  le 
mieux  à  la  louange  du  roi  les  rimes  de  pan,  guenuche,  etc., 
qui  pendant  une  saison  entière  occupèrent  toutes  les  sociétés. 
{Menagiana,  t.  I,  p.  35.) 

6.  «  Colasse,  rue  Sainte-Anne,  Lorenzani...  »  Edit.  1691, 
p.  62.  —  Ce  dernier  est  nommé  dans  les  Caractères, 
au  g  29  du  chapitre  de  la  Mode  :  «  on  sait  que  Lorenzani 
fait  de  beaux  motets.  »  Il  en  publia  quelques-uns,  en 
1693,  chez  Ballard.  LuUi  s'étoit  opposé  de  tous  ses  efforts 
à  sa  célébrité.  Sénecé,  qui  l'appelle  Lorenzain,  parle  ainsi 
de  cette  jalousie  du  Florentin  dans  le  libelle  qu'il  fit  contre 
lui,  Lettre  de  Clément  Marot,  etc.  :  «  Je  t'atteste  encore, 
célèbre  Lorenzain,  à  qui  un  mérite  connu  de  toute  l'Europe 
n'a  servi  qu'à  blesser  les  yeux  du  jaloux  Lulli....  » 

1.  Jean-François  Lalouétte,  qui  passe  pour  avoir  travaillé 
aux  opéras  de  Lulli,  son  maître,  mais  qui  fut  surtout 
célèbre  pour  ses  motets.  Il  étoii  maître  de  musique  de 
l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois,  près  de  laquelle  nous  le 
voyons  logé  ici. 

2.  Marc-Antoine  Charpentier,  que  son  logement  place 
Dauphine  mettoit  à  proximité  de  la  Sainte-Chapelle,  où  il 
étoit  maître  de  musique.  Il  enseigna  la  composition  au 
Régent,  et  fit  avec  lui  l'opéra  de  Philomèle,  qui  ne  fut  ni 
joué,  ni  imprimé. 

3.  A  la  suite  de  ces  «  habiles  compositeurs  de  musique,  > 
on  lit  dans  l'édit.  précédente,  p.  62  :  «  le  sieur  Jolly,  rue 
des  Rosiers,  près  la  vieille  rue  du  Temple,  l'enseigne  avec 
une  grande  facilité.  » 

4.  Ils  étoient,  depuis  quelques  années,  en  grande  faveur. 
«  —  Fais-toi  plutôt  maître  à  chanter,  dit  Colombine.  On 
te  donnera  deux  louis  d'or  par  mois,  et  tu  trouveras  peut- 
être  quelque  écolière  à  qui  tu  ne  déplairas  pas  :  car  voilà 


Le  Livre  commode.  215 

rue  Dauphine,  du  Bousset,  rue  des  Fontaines, 
Halle,  rue  des  Marais  saint  Germain,  du  Parc, 
rue  de  la  Savaterie  :  Saint  Germain,  près  la 
Madelaine,  Chevalier,  rue  ;  la  Pomme- 

raye,  prés  saint  Leu  de  saint  Gilles  :  de  Lair, 
rue  saint  Honoré  :  Gillier,  rue  de  Berry  '  :  Bon- 
namy,  rue  Tictonne,  etc. 

Messieurs  Hallin  frères  sont  renommez  pour 
le  Jeu  de  la  Trompette  et  des  Timbales  qu'on 
trouve  de  la  meilleure  Fabrique  chez  le  Sieur 
Crestien,  rue  de  la  Ferronnerie,  à  la  Ville  de 
Vemon. 

Les  Cordes  de  Rome  pour  les  Instrumens,  se 
vendent  en  gros  rue  saint  Denis  aux  trois  Mail- 
lets, et  en  détail  chez  tous  les  faiseurs  d'Instru- 
mens,  entre  lesquels  le  Sieur  Offlard*,  rue  de 
Bussy,  et  les  Sieurs  Cheron?,  rue  Dauphine  et 
rue  de  la  vieille  Bouderie  en  ont  un  grand 
assortiment. 

la  grippe  des  femmes  d'aujourd'hui...  On  est  de  tous  les 
bons  repas  ;  jamais  de  promenade  sans  le  maître  à  chan- 
ter. »  (Regnard,  La  descente  de  Mezzetin  aux  Enfers,  aae  I, 
scène  i".) 

1 .  C'est  le  père  de  Gillier  qui  fit  tous  les  divenissements 
de  musique  à  la  Comédie  et  aux  Italiens  pour  les  pièces  de 
Dancourt,  Regnard,  etc. 

2.  Il  faut,  je  crois,  lire  «  Offland.  »  Nous  trouvons,  en 
effet,  un  Jean  Offland  parmi  «  les  maistres  faiseurs  d'ins- 
truments de  musique,  »  dans  un  compte  du  commencement 
du  siècle.  (Bulletin  archéolog.,  t.  Il,  p.  542.) 

3.  «  Luttier.  »  Edit.  précèd.,  p.  112.  Ces  deux  Chéron 
étoient  sans  doute  frères.  L'édit.  précédente  n'indique  que 
celui  de  la  rue  Dauphine,  qui  figure  déjà  plus  haut  parmi 
les  maîtres  de  guitare.  Un  Nicolas  Chéron,  comme  nous  le 
voyons  par  un  acte  de  baptême,  étoit  déjà  c  faiseur  d'ins- 
truments de  musique,  »  en  1658.  Peut-être  étoit-ce  le  père 
de  celui-ci. 


2i6  Le  Livre  commode. 

Il  y  a  une  fabrique  pour  l'Orgue  et  pour  le 
Manicordium',  rue  saint  Julien  des  Ménétriers*. 

FAMEUX   CURIEUX 

DES   OUVRAGES   MAGNIFIQUES?. 

Monsieur  le  Duc  d'Aumont,  rue  de  Jouy4. 

1.  Sorte  de  petite  épinette  à  sons  amortis  par  du  drap 
étendu  sur  les  cordes.  On  i'appeloit  aussi  épinette  sourde. 

2.  «  Les  musettes  et  les  autres  instruments  à  vent,  se 
vendent  chez  les  sieurs  Dupuis,  carrefour  de  l'Ecole,  Le 
Breton  et  Froment,  rue  de  l'Arbre-Sec,  Héron,  près  le 
cadran  Saint-Honoré,  et  Du  Bue,  rue  de  Richelieu.  »  Edit. 
1691,  p.  49.  —  La  musette  étoit  alors  à  la  mode.  Nous 
avons  vu,  dans  une  note  précédente,  comment  Van-Dyck 
peignit  le  libraire  Langlois  jouant  de  cet  instrument.  La 
vielle  le  remplaça.  Sous  Louis  XV,  tout  le  monde  en  jouoit. 
V.  aux  Mss.  de  la  Biblioth.  Nat.  les  Stromates  de  Jamet, 
t.  Il,  p.  2050. 

3.  Le  Roux  de  Lincy  a  publié  cette  liste,  avec  quelques 
notes  insuffisantes,  dans  la  Gazette  des  Beaux-Arts  du  1 5 
février  i8j9,  p.  224.  —  Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire 
ce  qu'on  entendoit  alors  par  «  curieux,  »  les  Caractères  de 
La  Bruyère  nous  l'ont  assez  appris.  Nous  ajouterons  toute- 
fois que,  sous  Louis  Xlll,  le  mot  avec  ce  sens  n'étoit  pas 
encore  employé.  On  disoit  des  «  grippés.  »  Dans  une 
curieuse  pièce  Ms.  du  Supplément  français,  à  la  Biblioth. 
Nat.,  n"  12,491,  p.  268,  intitulée  les  Francs  grippez,  nous 
trouvons  :  le  grippé  des  fleurs,  le  grippé  des  médailles,  etc. 
Il  y  eut  aussi  alors  un  ballet,  les  Grippez  à  la  mode.  (v.  le 
catal.  Soleinne,  t.  III,  p.  8j.) 

4.  C'est  le  père  de  celui  qui,  à  la  fin  du  règne,  fut  am- 
bassadeur en  Angleterre.  Il  avoit  eu  d'abord  son  cabinet  de 
tableaux  —  c'est  ce  qu'il  collectionnoit  —  rue  Vivien,  ou 
Vivienne.  La  liste  des  curieux,  publiée  par  Spon  dans  Les 
Recherches  des  antiquités  et  curiosités  de  la  ville  de  Lyon, 
1673,  in-8,  p.  212-218,  que  nous  aurons  souvent  à  citer, 
d'après  la  reproduction  qu'en  a  faite  la  Revue  universelle  des 
Arts,  t.  XV,  p.  259,  lui  donne  cette  adresse.  Il  s'installa 
ensuite  dans  l'hôtel  de  sa  famille  rue  de  Jouy,  dont  nous 


Le  Livre  commode.  217 

M.  le  Duc  de  Saint  Simon,  rue  de  Taranne  '. 

M.  le  Duc  de  Richelieu,  place  Royale*. 

M.  le  Chevalier  de  Lorraine,  au  Palais  Royal  J. 

M.  le  Marquis  d'Hauterive4,  au  Cherche  Midy. 

M.  le  Marquis  de  Rieux,  rue  de  Seine. 

M.  le  Comte  de  FlamarinJ,  prés  saint  Roch. 

M.  le  Comte  de  Bartolet,  rue  de  Toumon. 


avons  déjà  parlé.  Il  y  joignit  à  son  goût  pour  les  tableaux, 
celui  de  l'Antiquité.  «  Monsieur  le  duc  d'Aumont,  écrivoit, 
en  1686,  Bourdelot  d'Airval  au  t.  II  de  son  livre  de  l'Uti- 
lité des  Voyages,  a  bien  fait  voir  qu'il  se  connoissoit  en 
tout  dans  les  conférences  qu'il  a  tenues  chez  lui,  touchant 
l'histoire  ancienne  :  il  a  découvert  depuis  peu  deux  por- 
traits en  agathe  de  quelques-uns  des  tyrans  du  temps  de 
Gallien.  » 

1 .  Claude  de  Saint-Simon,  père  de  l'auteur  des  Mémoires. 
Il  ne  mourut  que  l'année  suivante.  Il  avoit  des  tableaux. 
Son  fils  [Uém.,  édit.  in- 18,  t.  I,  p.  34)  parle  entre  autres 
de  celui  de  Pomone  et  Vertumne,  un  des  plus  beaux  de 
Carrache,  que  lui  avoit  donné  le  duc  de  Montmorency 
avant  de  monter  à  l'échafaud. 

2.  Père  du  maréchal  duc  de  Richelieu.  Il  avoit  une  fort 
belle  galerie  de  tableaux,  avec  de  nombreux  et  remarquables 
Rubens  :  «  On  en  trouve  dans  cet  hôtel,  dit  G.  Brice,  }•  édit., 
t.  I,  p.  350,  un  plus  grand  nombre  qu'en  nul  endroit  de 
Paris.  >»  De  Piles  les  a  décrits  dans  ses  Dissertations  sur 
les  ouvrages  des  plus  fameux  peintres.  La  description  du  plus 
beau  de  tous,  la  Chute  des  mauvais  Anga,  est  de  M.  de 
Richelieu  lui-même. 

3 .  Le  chevalier  de  Lorraine,  dont  on  sait  la  faveur  équi- 
voque près  de  Monsieur,  avoit  dans  son  appartement,  l'un 
des  plus  beaux  du  Palais- Royal,  un  cabinet  sur  le  jardin, 
tout  rempli  de  tableaux  rares,  des  italiens  surtout,  tels  que 
l'Albane.  On  y  trouvoit  aussi  quelques  Poussin. 

4.  Suivant  la  liste  de  Spon,  ce  marquis,  souvent  nommé 
par  Dangeau,  avoit  aussi  le  goût  des  tableaux. 

5.  GrossoUe  de  Flamarens.  Il  paroît  avoir  eu  surtout  le 
goût  des  livres.  On  en  rencontre  à  ses  armes  :  d'or,  au  lion 
de  gueules,  naissant  d'une  rivière  d'argent,  chef  d^azur 
chargé  de  trois  étoiles  d'or. 


2i8  Le  Livre  commode. 

M.  le  Marquis  de  Rhodes',  prés  la  porte  saint 

Honoré. 
M.  le  Baron  de  Breteuil^,  rue  de  Paradis. 
M.  le  Comte  de  Morstein,   sur  le  Quay  des 

Théatins?. 
M.  le  Comte  de  Renés,  rue  saint  Dominique, 

quartier  S.  Germain. 
M.  le  Commandeur  d'Hautefeuille,  rue  du  Bac4. 
M .  le  Commandeur  de  Gaults,  derrièresaint  RochJ . 
M.  le  Chevalier  de  Simonville^,  rue  sainte  Croix 

de  la  Bretonnerie. 


1.  Grand  maître  des  cérémonies,  charge  qu'il  vendit,  au 
grand  blâme  de  tous,  car  on  l'étoit  de  père  en  fils,  depuis 
longtemps,  dans  sa  famille. 

2.  Ce  baron  qui  ne  l'étoit  pas,  selon  Saint-Simon,  est  le 
même  qui  mena  avec  la  présidente  Ferrand  le  scandaleux 
roman  dont  nous  avons  parlé.  Nous  ignorons  quels  étoient 
ses  goûts  de  curieux. 

}.  M.  de  Morstein,  ancien  grand  trésorier  de  Pologne, 
avoit  son  hôtel,  qui  devint  ensuite  celui  du  maréchal  d'Es- 
trées,  au  coin  de  la  rue  des  Saints-Pères  et  du  quai  des 
Théatins,  aujourd'hui  quai  Voltaire.  C'étoit  un  grand  curieux 
en  toutes  choses.  Ses  jardins  à  Montrouge  étoient  magni- 
fiques. Rigaud  l'avoit  peint  avec  sa  fille,  puis  séparément. 

4.  Étienne-Texier  d'Hautefeuille,  grand  prieur  d'Aquitaine 
et  ambassadeur  extraordinaire  de  la  religion  de  Malthe  en 
France.  Il  mourut  le  3  mai  170},  laissant,  suivant  Saint- 
Simon  (t.  IV,  p.  4J3),  tous  ses  tableaux  à  son  Ordre.  Us 
étoient  d'un  grand  prix,  car  au  dire  de  Mariette  [Abeceda- 
rio,  t.  II,  p.  345)j  «  il  étoit  très-grand  curieux,  et  avoit  de 
très-belles  choses.  »  Il  habitoit  dans  le  haut  de  la  rue  du 
Bac  une  des  maisons  neuves  bâties  par  l'administration  des 
Incurables. 

j.  Sur  la  liste  de  Spon,  son  nom  est  écrit  Gotz,  et  son 
adresse  est  donnée  au  bout  de  la  rue  des  Petits-Champs. 
Son  cabinet,  y  est-il  dit,  comprenoit  tableaux,  médailles 
modernes^  curiosités  de  toutes  sortes. 

6.  Lisez  de  Sémonville.  Nous  ne  savons  rien  sur  ses  col- 
lections. 


Le  Livre  commode.  219 

M.  le  Chevalier  de  Nogent',  rue  d'Anjou  au 
Marais. 

Messieurs  les  Présidens  Lambert  et  Bretonvil- 
liers,  Isle  Notre  Dame'. 

M.  le  Président  Dorieux,  prés  les  Enfans 
Rouges  3. 

M.  le  Président  de  la  Proutiere,  rue  saint  Domi- 
nique 4. 

M.  Jolly,  Conseiller  en  la  Cour,  rue  saint  An- 
toine 5. 

M.  de  Caumartin,  rue  sainte  AYoye^. 

M.  Mendat,  rue  saint  Louis  du  Marais?. 

1.  Un  des  favoris  préférés  de  Louvois,  qui  lui  donna  une 
maison  charmante  à  Meudon,  où  il  réunit  les  plus  pré- 
cieuses de  ses  curiosités.  Il  mourut  très-âgé,  en  1708. 

2.  Nous  n'avons  pas  à  insister  sur  la  magnificence  des 
hôtels  Lambert  et  Breton villiers,  elle  est  connue  :  tableaux 
rares,  meubles  du  plus  grand  prix  se  trouvoient  partout  daris 
l'un  et  dans  l'autre.  On  peut  s'en  faire  une  idée  par  ce  qu'en 
a  dit  G.  Brice,  3*  édit.,  t.  II,  p.  388-394. 

3.  Il  étoit  fils  de  Nicolas  Dorieu,  mort  intendant  de 
Limoges  en  1686,  qui  lui  avoit  légué  une  bibliothèque  qu'il 
compléta,  et  dont  le  prix  venoit  surtout  des  documents 
imprimés  et  manuscrits  qu'elle  contenoit  sur  l'histoire  de  la 
noblesse  de  France.  Ses  livres  portoient  sur  les  plats  : 
un  icusson  d'azur  à  la  bande  d'or  chargée  de  3  molettes 
de  gueules  dans  le  sens  de  la  bande. 

4.  François  Gourreau  de  la  Proustière.  Il  aimoit  les  livres. 
Nous  en  avons  vu  passer  dans  les  ventes  quelques-uns  à  ses 
armes  :  d'or  à  l'aigle  à  deux  têtes,  iployêe  de  sable,  bec- 
quée et  membrée  de  gueula. 

5.  Il  figure  déjà,  avec  la  même  adresse,  dans  la  Ibte  de 
Spon,  en  1673.  Il  y  est  donné  comme  amateur  de  tableaux 
modernes. 

6.  Le  Fèvre  de  Caumanin,  que  nous  avons  déjà  vu  parmi 
les  intendants  des  finances.  Il  aimoit,  lui  aussi,  les  tableaux 
modernes,  surtout  ceux  de  Rigaud,  qui  lui  fit  deux  fois  son 
portrait,  et  peignit  aussi  celui  de  sa  femme. 

7.  Conseiller  à  la  Grand'  Chambre,  père  du  maître  des 


320  Le  Livre  commode. 

M.  Jabac,  rue  Neuve  saint  Mederic'. 
M.  de  la  Saldiere,  rue  du  gros  Chenet^. 
M.  le  Doyen  de  saint  Germain  l'AuxerroisJ. 

requêtes,  Galiot  de  Mandat,  baron  de  NuUy,  dont  les  goûts 
nous  sont  plus  connus  que  les  siens  :  il  étoit  bibliophile. 
L'écusson  des  livres  de  sa  bibliothèque,  dont  la  vente  se  fit 
en  1755,  avec  Catalogue  dressé  par  David  l'aîné,  porte  : 
d'azur  au  lion  couronné  d'or,  au  chef  d'argent  chargé  d'une 
hure  de  sanglier  de  sable,  accostée  de  deux  roses  de 
gueules. 

1 .  Evérard  Jabach,  banquier  de  Cologne,  établi  en  France, 
où  il  devint  directeur  de  la  compagnie  des  Indes  orientales, 
et  l'un  des  maîtres  de  la  curiosité.  Il  a  déjà  été  parlé 
de  lui,  p.  109,  note  2.  Ses  acquisitions  à  Londres, 
après  la  mort  de  Charles  I",  furent  considérables  selon 
Mariette.  Il  eut  dès  lors,  tant  comme  peintures  et  des- 
sins, que  comme  marbres  et  bronzes,  le  plus  riche  cabinet 
de  Paris.  La  gêne  vint  par  la  prodigalité.  Jabach  dut  vendre 
à  Mazarin  l'admirable  série  de  ses  Corrège,  qui,  plus  tard, 
passèrent  au  Roi,  et  sont  maintenant  au  Louvre.  Puis,  la 
ruine  à  peu  près  complète  ayant  suivi,  il  fallut  céder  la 
collection  entière  :  101  tableaux  et  5,542  dessins.  Le  roi 
offrit  200,000  livres,  et,  au  mois  de  mars  1671,  marché 
fut  conclu.  Jabach  garda  quelques  dessins,  dont  il  ne  put 
s'empêcher  de  faire  le  fonds  d'une  collection  nouvelle  que 
vendit  son  petit-fils.  Il  a  voit  aussi  conservé  quelques 
tableaux,  entre  autres  celui  où  Lebrun,  qui  s'y  étoit  peint 
lui-même,  l'avoit  représenté  avec  sa  femme  et  ses  enfants. 
Il  fut  vendu  à  Cologne,  en  février  1787.  —  L'hôtel  de 
Jabach,  rue  Neuve-Saint-Merry,  existe  encore  en  partie 
ainsi  que  le  passage  qui  le  fait  communiquer  avec  b  rue 
Saint-Martin.  BuUet  en  avoit  été  le  principal  architecte. 
Au  xviii°  siècle,  les  membres  de  l'Académie  de  Saint-Luc  y 
firent  leurs  expositions  jusqu'en  1777.  C'est  ce  qui  faisoit 
appeler  par  Diderot  «  Jabach  »  ces  tableaux  d'ordre  infé- 
rieur. Un  fameux  magasin  de  tabatières  s'établit  aussitôt 
après  à  l'hôtel  Jabach. 

2.  Ne  seroit-ce  pas,  comme  nous  l'avons  dit  dans  la 
Comédie  de  la  Bruyère,  le  bibliophile  Guyon  de  Sardière  qui 
pouvoit  alors  commencer  sa  riche  collection  ?  Si  ce  n'est 
lui,  nous  ne  savons  qui  c'est. 

3.  Il  avoit  entre  autres  belles  peintures  son  portrait  peint 


Le  Livre  commode.  221 

Mfs  Belluchot  et  le  Riche,  rue  des  Massons  '. 
M.  de  Furetière,  rue  du  Roy  de  Cicile^. 
M.  de  Creil,  rue  de  Montmorency?. 

par  Rigaud,  et  aimoit  aussi  beaucoup  les  antiques.  C'étoit 
un  D'Argenson. 

1.  François  Belluchot,  secrétaire  du  Roi,  et  Antoine  Le 
Riche,  secrétaire  du  Roi  aussi,  avoient  leurs  cabinets  dans 
la  même  maison  :  Belluchot  y  coUertionnoit  avec  un  grand 
goût  des  tableaux  de  maîtres  —  il  en  avoit  un  surtout  du 
Guide  qui  étoit  admirable.  —  Le  Riche  faisoit,  lui,  collec- 
tion de  livres  choisis  et  d'estampes,  dont  il  avoit  beaucoup 
de  €  très-belles  et  très-curieuses,  »  dit  G.  Brice  (j*  édit., 
t.  II,  p.  I7J). 

2.  Ce  n'est  pas  l'auteur  du  Dictionnaire,  mort  alors  depuis 
quatre  ans,  mais  son  frère  Nicolas  Furetière,  avocat  au 
Parlement,  qui  avoit  comme  lui  le  goût  des  curiosités, 
et  peut-être  avoit  hérité  des  siennes.  Dans  sa  liste  de 
1672,  Spon  n'avoit  pas  oublié  Furetière,  le  lexicographe, 
l'auteur  du  Roman  Bourgeois,  il  nous  l'avoit  donné  comme 
étant  curieux  de  livres  rares,  d'estampes,  de  bronzes,  etc. 
Son  frère,  que  nous  voyons  logé  rue  du  Roi-Sicile,  pouvoit 
y  demeurer  alors.  Le  9  janvier  1691,  il  avoit  fait  baptiser 
une  de  ses  filles  à  Saint-Gervais,  qui  est  la  paroisse  de 
cette  rue.  il  mourut  le  9  décembre  1697,  à  111e  Saint-Louis. 
M.  Ferd.  de  Lasteyrie  a  retrouvé  son  inventaire  après 
décès.  Cent  cinquante  tableaux  y  figurent  avec  «  une  infi- 
nité de  petits  bronzes,  de  médailles,  d'objets  en  pierre 
dure,  etc.  »  Il  avait  donc  qualité  pour  compter  parmi  les 
Curieux.  V.  Bull,  de  la  Soc.  de  l'hist.  de  PariSy  t.  IV, 
p.  146-150. 

j.  Il  figure  dans  la  liste  de  Spon.  On  y  apprend 
qu'il  coUertionnoit  :  tableaux  anciens  et  modernes,  porce- 
laines, statues  de  bronze,  médailles  antiques  et  modernes. 
Il  en  brocantoit  aussi  :  «  Il  y  a  longtemps,  écrit  Baudelot 
d'Airval,  en  1686,  dans  l'Utilité  des  Voyages,  que  M.  de 
Creil  règne  dans  le  commerce  des  choses  précieuses....  il 
s'en  défait  aussi  avec  toute  la  complaisance  possible,  lors- 
que les  curieux  connoissent  le  prix  de  l'antiquité,  et  n'es- 
timent pas  les  choses  médiocrement.  »  —  Parmi  ses  tableaux 
modernes,  se  trouvoit  un  baptême  du  Christ  que  Le  Sueur 
avoit  peint  pour  lui. 


222  Le  Livre  commode. 

Mfs  Berlin'  et  de  la  Touanne,  porte  Gaillon. 
M.  Despond,  aux  Incurables. 
Mfs  QueneP  et  de  Montigny,  à  sainte  Magloire. 
M.  l'Abbé  Vetery,  rue  des  bons  Enfans,  où  il 

donne  entrée  aux  Curieux  tous  les  matins. 
M.  de  Blois,  rue  du  Jardinet?. 
Mfs  Gedouin  et  Bergeron,  rue  de  la  Couture 

sainte  Catherine. 
M.  de  Chantelou,  prés  le  Trône  du  Fauxbourg 

S.  Antoine 4, 
M.  Rappes,  rue  de  la  Harpe  J. 
M.  Paillot,  prés  les  Capucins  du  Marais^. 

1 .  Trésorier  des  parties  casuelles,  «  qui,  lisons-nous  dans 
les  Annales  de  la  Cour  et  de  Paris,  pour  1697-1698,  t.  I, 
p.  148,  est  un  des  hommes  de  Paris  les  plus  curieux  pour 
les  meubles.  »  il  avoit  surtout  de  merveilleux  tapis,  acquis 
par  lui  de  la  succession  du  conseiller  Pussort.  Le  Roi  les 
vit,  les  désira,  et  ils  lui  furent  cédés.  Ibid. 

2.  Frère  du  fameux  P.  Quesnel  et  comme  lui  de  l'Ora- 
toire, dont  la  maison  de  Saint-Magloire,  où  il  logeoit,  étoit 
une  dépendance.  «  Il  étoit,  dit  Mariette  [Abecedario,  t.  II, 
p.  230),  un  peu  peintre  et  un  peu  brocanteur.  »  Il  avoit 
acquis  de  Dacquin,  évêque  de  Séez,  grand  nombre  de  des- 
sins, dont  plusieurs  excellents  de  Jules  Romain.  Il  possédoit 
aussi  les  débris  de  la  collection  des  dessins  de  Vasari.  Il 
céda  le  tout  à  Crozat.  Id.,  p.  46. 

3.  Ancien  secrétaire  de  notre  ambassade  près  du  Sultan. 
Sa  collection  se  composoit,  suivant  Spon,  de  tableaux,  mé- 
dailles, couteaux  de  Turquie,  etc. 

4.  Paul  Fréart  de  Chanteloup,  conseiller  et  maître  d'hôtel 
du  Roi,  si  célèbre  par  sa  correspondance  avec  Poussin,  de 
qui,  entre  autres  œuvres,  il  possédoit  la  série  des  Sept-Sa- 
crements,  qui  passèrent  de  son  cabinet  dans  la  galerie  du 
Palais-Royal,  et  qui  sont  aujourd'hui  en  Angleterre.  L'hôtel 
de  M.  de  Chanteloup,  près  du  Trône,  étoit  l'ancienne  maison 
de  Reuilly  qui  a  donné  son  nom  à  une  rue  de  ce  quartier. 

5.  Officier  de  chancellerie,  grand  amateur  de  tableaux.  Il 
possédoit  celui  d'Hercule  et  Oraphale  par  François  Perrier. 

6.  Il  aimoit  aussi  et  coUectionnoit  les  tableaux.  Son  por- 


Le  Livre  commode.  22J 

M.  de  Nasse,  rue  de  Cléry. 

M.  l'Abbé  Dannecourt,  rue  de  Grenelle. 

M.  Franctot,  Quay  d'Alençon  dans  l'Isle. 

M.  Berthelot  de  Mareuil,  rue  Platriere. 

Mrs  Bordalou  '  et  Rigault,  rue  de  la  Sourdière. 

M.  Robert,  prés  les  petits  Pères 2. 

M.  l'Abbé  de  Rouilliere,  rue  des  Rosiers  saint 

Germain. 
M.  de  Renne-Moulin,  près  l'Estrapade. 
M.  le  Chevalier  du  Guet,  vieille  rue  du  Temple. 
M.  l'Abbé  Noué,  rue  Neuve  des  Petits  Champs. 
M.  Gamarre,  rue  du  Sépulcres. 
M.  de  Briancourt,  rue  saint  André. 
M.  de  Chaufoumeau,  prés  les  Petits  Capucins. 
M.  de  Treville4,  prés  la  Sorbonne. 
Mfs  Moreau  5  et  de  la  Gardette,  rue  saint  Nicaise. 
M.  l'Abbé  d'Apremont,  rue  de  l'Université. 


trait  est  un  des  premiers  que  peignit  Hiaqrathe  Rigaud. 

1.  Mariette,  qui  parle  plusieurs  fois  de  lui  dans  son  Abe- 
ctdario,  l'appelle  M.  Bourdaloue,  et  place  son  nom  parmi 
€  les  célèbres  de  la  curiosité.  »  Il  possédoit  de  belles 
estampes  du  Parmesan,  et  il  avoit  été  très-curieux  des  des- 
sins de  La  Page,  que,  suivant  Mariette,  il  payoit  un  louis 
par  jour  pour  lui  en  faire.  On  a  son  portrait  gravé  par 
Pitau  d'après  Largillière.  Crozat  acheta  beaucoup  à  sa 
vente. 

2.  C'est  sans  doute  le  doaeur  en  Sorbonne  Robert,  qui 
étoit  grand  ami  de  Le  Brun. 

3.  Spon,  en  167},  le  loge  rue  Taranne.  Il  étoit  lieute- 
nant des  chasses,  et  avoit  une  galerie  de  tableaux  anciens 
et  modernes. 

4.  Henry-Joseph  de  Peyre,  comte  de  Tréville,  l'Arsène 
de  La  Bruyère.  Il  avoit  une  riche  bibliothèque,  très-fournie 
surtout  en  livres  grecs. 

5.  Auditeur  des  Comptes.  Baudelot  d'Airval  dit  de  lai  : 
«  M.  Moreau  aime  les  livres,  les  manuscrits,  les  médailles, 
et  sait  en  faire  un  choix  fort  judicieux.  » 


224  Le  Livre  commode. 

Mfs  Aincelin  ',  d'Apoigny  ^  et  de  saint  Maurice?, 

rue  Bardubec. 
M.  Lhuillier4,  rue  des  Jeusneurs. 
M.  de  Cormery,  prés  saint  RochJ. 
M.  Caiilet,  à  l'Hotel  de  Condé. 
M.  Marion,  à  l'Hotel  de  Bellingant. 
M.  Hedeline,  Doyen  de  saint  Honoré^. 
M.  l'Abbé  de  la  Roucherie,   rue  S.  Thomas, 

quartier  S.  Michel. 
M.  Imbert,  prés  les  Chartreux?. 
Mfs  le  Febvre^  et  le  Ferron9,  rue  Mauconseil. 
M.  Leviez,  rue  saint  Sauveur. 

1 .  Lisez  Hesselin,  fils  du  fameux  Hesselin  de  l'Ile-Saint- 
Louis,  qui,  entre  autres  livres  rares,  avoit  possédé  un  si 
curieux  volume  sur  les  ballets. 

2.  Nous  avons  déjà  parlé  de  lui  au  chap.  des  fermiers 
généraux  des  Aydes.  Nous  ignorons  quels  étoient  ses  goûts 
de  curieux. 

}.  Il  avoit,  entre  autres  charges,  celle  d'intendant  des 
Inscriptions.  {Archives  de  l'Art  français,  t.  III,  p.  237.) 

4.  Fermier  général,  qui  fut  de  la  grande  entreprise  de  la 
place  Vendôme,  oii  il  fit  construire  avec  son  collègue  Ville- 
marec  l'hôtel  qui  appartint  ensuite  à  Bourvalais,  et  qui  est 
aujourd'hui  le  Ministère  de  la  Justice. 

5.  Amateur  de  peinture,  plus  curieux  que  sincère.  Van 
Fallens,  par  exemple,  lui  peignoit  des  copies  qu'il  faisoit 
volontiers  passer  pour  des  originaux  de  maîtres.  (Mariette, 
Âbecedario,  t.  Il,  p.  246.)  Rigaud  fit  son  portrait  et  celui 
de  sa  femme. 

6.  Il  figure  sur  la  liste  de  Spon  parmi  les  amateurs  de 
tableaux. 

7.  Elève  de  Le  Brun  et  de  Vandermeulen,  et  maître  de 
Parrocel.  Il  fréquentoit  les  Chartreux,  près  desquels  il  loge 
ici,  et  il  finit,  en  170},  par  entrer  dans  leur  Ordre. 

8.  Grand  audiencier.  Rigaud  avoit  peint  son  portrait  et 
celui  de  sa  femme. 

9.  Président  au  Parlement.  Il  avoit  habité  d'abord  un 
hôtel  de  la  rue  Barre-du-Bec,  où  Laurent  de  La  Hire  lui 
avoit  peint  une  galerie, 


Le  Livre  commode.  225 

M.  l'Abbé  Bizot',  rue  saint  Jean  de  Beauvais. 
M.  de  Gagniere,  à  l'Hôtel  de  Guise 2. 


1.  Baudelot  d'Airval,  dans  son  Utilité  des  Voyages,  au 
chapitre  des  €  Cabinets  de  France,  »  parle  ainsi  de  lui  : 
f  Monsieur  l'abbé  Bisot  {sic)  a  des  talents  pour  la  curiosité 
qui  sont  incompréhensibles  :  on  peut  dire  qu'il  en  est  une 
.source  inépuisable,  et  que  personne  ne  connoît  mieux  les 

médailles  modernes  que  lui.  » 

2.  François- Roger  de  Gaignières,  le  plus  célèbre  des 
curieux  de  son  temps.  Il  avoit  eu  le  gouvernement  des 
ville,  château  et  principauté  de  Joinville,  par  M"=  de  Guise 
qui  se  l'étoit  attaché,  et  qui  le  logeoit  dans  son  hôtel  de  la 
rue  du  Chaume  avec  ses  collections.  Elles  comprenoient  : 
documents  de  tous  genres,  lettres  originales,  copies,  des- 
sins, estampes,  le  tout  choisi  avec  une  remarquable  intelli- 
gence. Il  en  fit  cession  au  roi  le  19  février  1711,  moyennant 
4,000  liv.  comptant,  une  pension  viagère  de  même  somme, 
et  20,000  liv.  à  payer  après  sa  mort  aux  personnes  qu'il 
désigneroit.  C'étoit  donné,  aussi  ne  vit-on  là  qu'un  don  de 
la  part  de  Gaignières.  Le  17  mars  suivant,  Coulanges  lui 
écrivoit  :  «  Votre  cabinet  mérite  bien  l'immortalité,  et, 
pour  y  parvenir,  vous  ne  pouviez  mieux  faire  que  de  le 
joindre  à  celui  de  Sa  Majesté.  Je  souhaite  fort  que  tant  que 
vous  vivrez  elle  vous  donne  largement  des  marques  bien  effec- 
tives de  la  reconnoissance  qu'elle  en  doit  avoir.  Le  présent 
le  mérite  bien.  »  Cette  acquisition  fut  la  dernière  qui  fut 
faite  sous  Louis  XIV  pour  la  bibliothèque  du  Roi.  Elle  en 
est  restée  un  des  fonds  les  plus  importants.  —  Gaignières  se 
mêloit  quelquefois  de  dessiner.  On  peut  voir  au  Cabinet  des 
Estampes,  Topographie  du  Loiret  (arrondissement  d'Orléans) 
une  mauvaise  gravure  de  M.  de  Caumartin,  faite  d'après  un 
dessin  de  lui,  signé.  C'est  une  vue  du  château  de  Cléreau, 
près  de  Sully-la-Chapelle,  dans  une  contrée  qu'il  devoit 
connoître.  Il  étoit,  en  effet,  croyons-nous,  et  nous  pour- 
rions le  prouver,  originaire  de  Jargeau.  N'oublions  pas  de 
dire  que,  suivant  G.  Brice  (t.  I,  p.  366),  il  joignoitau  goût 
des  dessins  et  des  estampes  celui  des  médailles,  et  aussi 
celui  des  portraits  contemporains  et  autres.  C'étoit  un  des 
plus  à  la  mode,  comme  on  le  voit  par  cette  fin  d'un  cou- 
plet de  Coulanges  dans  son  Recueil  de  chansons  choisies, 
1696,  in-^,  p.  35  : 

Livre  commode.  15 


226  Le  Livre  commode. 

M.  de  la  Ravoire,  rue  d'Anjou'. 

M,  de  Silly,  rue  saint  Louis  au  Marais^. 

M.  Malot,  rue  Neuve  saint  Eustache?. 

M.  Gaiot,  prés  le  Chevalier  du  Guet. 

M.  Dupuis,  rue  des  Tournelles4. 

M.  de  la  Planche,  rue  de  la  Plancher 

M.  Lavocat,  prés  l'Hôtel  d'Angoulesme. 

M.  le  Doyen  de  la  sainte  Chapelle. 


Venez  tous  dans  mon  cabinet. 
Chacun,  pour  sa  parure. 
Aura  sa  bordure, 
Avec  son  cloud  à  crochet, 

—  V.  sur  le  cabinet  de  Gaignières,  de  très-curieux  détails 
dans  le  Voyage  de  Lister,  chap.  IV. 

1.  Lisez  Neret  de  La  Ravoye.  Il  étoit  receveur  général 
de  La  Rochelle.  Nous  ne  savons  rien  sur  ses  collections. 
V.  sur  lui  et  sa  fille  une  note  du  chap.  sur  les  Receveurs 
généraux,  p.  3  j-36. 

2.  Vipart  de  Silly,  parvenu  bas-normand,  dont  Saint- 
Simon  a  raconté  la  singulière  et  ambitieuse  fortune  (t.  III, 
p.  9J-96).  Il  s'étoit  donné  tous  les  goûts  des  gens  à  la 
mode  :  Rigaud,  par  exemple,  avoit  fait  son  portrait. 

3.  Nous  croyons  qu'il  faut  lire  Malet  et  non  Malot.  Ce 
seroit  alors  le  conseiller  au  Parlement  Louis  Malet,  mort  en 
1698,  laissant  une  belle  bibliothèque,  dont  les  livres  por- 
toient  sur  les  plats  un  écusson  d'azur,  au  phénix  d'or,  sur 
son  immortalité  de  même,  regardant  un  soleil  aussi  d'or 
posé  au  premier  canton.  (Guigard,  Armoriai  du  Bibliophile, 
t.  I,  p.  87-88.) 

4.  Il  collectionnoit  surtout  les  marbres.  Une  des  premières 
copies  du  buste  de  Louis  XV  enfant,  faite  par  l'auteur  même, 
Coysevox,  fut  pour  lui. 

5.  Raphaël  de  la  Planche,  fils  de  René  de  la  Planche, 
contrôleur  et  trésorier  général  des  Bâtiments  du  Roi.  Il  fut, 
avec  Alexandre  Comans,  directeur  d'une  manufacture  de 
tapisseries,  au  coin  de  la  rue  de  la  Chaise  et  de  la  rue  de 
Varenne,  qui  lui  dut  ainsi  jusqu'à  la  rue  du  Bac  son  pre- 
mier nom  de  rue  de  La  Planche.  Il  fut  ensuite  un  des 
administrateurs  des  Gobelins. 


Le  Livre  commode.  227 

M.  Chassebras  de  Cramailles,  rue  du  Cimetière 

S.  André'. 
M^s  Moulle,  Bonnet  et  Bourdelot^,  rue  sainte 

Croix  de  la  Bretonnerie. 
M.  Aubert,  rue  de  la  Tixeranderie. 
M.  Hubert,  rue  du  Temple. 
M^s  Guilloire,  rue  BourlabéJ. 
M.  du  Vivier,  à  l'ArsenaU. 
M.  du  Plessy,  rue  de  JouyJ. 
M.  Croissade,  rue  Coquilliere^. 
M.  du  Vaux 7,  rue  Tictonne. 

1 .  Frère  de  Chassebras  de  Bréau,  qui,  on  l'a  vu  plus  haut, 
p.  129,  lenoit  des  conférences  au  quartier  Saint-Benoit.  Il 
etoit,  lui,  grand  amateur  de  livres.  V.  Catalogue  des  livres 
composant  la  bibliothèque  de  feu  J.-B.  Chassebras,  ancien 
docteur  de  Sorbonne.  Paris,  1693,  in-8. 

2.  Il  a  été  parlé  plus  haut  de  lui  et  de  ses  livres  au  chap. 
Médecine  ordinaire,  p.  ij2. 

j.  Ancien  médecin  de  la  grande  Mademoiselle.  Nous 
l'avons  déjà  trouvé  parmi  les  administrateurs  des  hôpitaux. 

4.  Lister  qui,  dans  son  Voyage  à  Paris,  l'appelle  à  tort 
De  Vivier,  fait  de  sa  collection  une  description  dont  Ger- 
main Brice  (?'  édit.,  t.  I,  p.  376)  confirme  les  détails  : 
o  J'ai  visité,  dit  Lister,  l'appartement  de  M.  de  Vivier  à 
l'Arsenal  :  il  consiste  en  sept  ou  huit  pièces  au  rez-de- 
chaussée  donnant  sur  le  grand  jardin.  Elles  sont  petites, 
mais  meublées  avec  la  plus  grande  recherche;  elles  sont 
ornées  de  porcelaine  de  Chine  la  plus  variée  et  la  mieux 
choisie  que  j'aie  jamais  vu,  sans  excepter  les  pagodes  et 
les  peintures  du  même  pap.  J'y  ai  aussi  remarqué  des 
bureaux  et  des  corps  de  bibliothèques  aussi  riches  qu'élé- 
gants, et  quelques  tableaux  des  meilleurs  maîtres.  » 

5.  Sur  la  liste  de  Spon,  en  1675,  >'  figure  comme  ama- 
teur de  médailles  antiques.  Il  logeoit  alors  rue  Saint- 
Martin. 

6.  Lisez  Crosade.  Il  étoit  premier  commis  de  Penautier, 
receveur  général  du  clergé.  Il  possédoit  entre  autres  ubleaux 
celui  de  François  Perrier,  Alexandre  et  le  médecin  Philippe. 

7.  Lisez  De  Vaux  ou  Des  Vaux,  car  Mariette  l'appelle 


228  Le  Livre  commode. 

M.  de  la  Forest',  rue  du  Colombier. 

M.  Bran^eon,  quay  des  Balcons*. 

Mrs  Desvieux?  et  de  la  Haye,  quay  de  rEcole4. 

M,  le  Vasseur5,  rue  Grenier  saint  Lazare. 

Mfs  de  la  Touche  et  du  Frayer,  Cloître  saint 

Honoré. 
M.  le  Febvre,  rue  Beautreillis^. 
M.  Poirée,  prés  saint  Sauveur?. 


indifféremment  de  l'une  ou  l'autre  manière.  Il  a  voit  de 
beaux  tableaux,  notamment  une  vierge  du  Pesarèse  qu'il 
céda  à  Pasquier,  autre  amateur.  Sa  collection  d'émaux  par 
Petitot  étoit  célèbre;  il  possédoit  aussi  de  très-précieuses 
médailles. 

1.  C'est,  croyons-nous,  le  peintre  J.-B.  Forest,  un  des 
meilleurs  élèves  de  Mole  pour  le  paysage,  et  dont  Largillière 
devint  le  gendre.  Si  ce  n'est  lui,  c'est  peut-être  Forest, 
«  fameux  marchand  de  tableaux,  »  dont  parle  le  marquis 
de  Châtre,  et  chez  lequel  le  bourreau  de  Paris,  qui  étoit 
grand  amateur,  alloit  monter  sa  collection  composée  surtout 
de  peintures  analogues  à  son  métier  :  tortures,  supplices,  etc. 
{Nouveaux  entretiens  des  Jeux  d'esprit,  1709,  in-12,  p.  218- 

"4-)  ,        .       .    . 

2.  C'est  le  nom  qu'on  donnoit  vulgairement  au  quai  de 
Béthune,  Ile-Saint-Louis. 

j.  C'est  lui  qui,  étant  devenu  l'un  des  directeurs  de  la 
compagnie  des  Indes  sous  la  Régence,  décida  Nattier,  qui 
faisoit  alors  son  portrait,  à  vendre,  pour  des  actions,  à 
Law  ses  dessins  de  la  galerie  du  Luxembourg;  ce  qui  le 
ruina. 

4.  Lisez  Le  Hay.  Il  étoit  ingénieur  du  Roi,  et  avoit 
épousé  la  célèbre  M"°  Sophie  Chéron,  poète,  musicienne  et 
artiste  en  tous  genres  :  peinture,  gravure,  etc. 

5.  L'abbé  P'rançois  Le  Vasseur,  ami  de  l'historiographe 
de  l'Académie  de  peinture,  Guillet  de  Saint-Georges. 

6.  Grand  amateur  de  fleurs,  qui  en  faisoit  des  échanges 
avec  le  voyageur  antiquaire  Vaillant,  aussi  engoué  que  lui 
de  cette  passion. 

7.  Dans  la  liste  de  Spon,  il  est  désigné  ainsi  :  «  M.  Poirct, 
à  Saint-Sauveur,  tableaux,  estampes  et  livres.  » 


Le  Livre  commode.  129 

M.  Biet,  prés  saint  Jean  en  Grève. 
M.  Rivet,  rue  saint  Honoré. 
M.  Mandin,  rue  des  Victoires. 
M.  de  Pile',  prés  les  Minimes. 
M.  de  Sainfroy^,  rue  de  l'Egout. 
M.  VarletJ,  rue  saint  Antoine,  prés  les  Jésuites. 
M.  de  Lonpré,  carrefour  saint  Benoist4, 
M'^s  de  la  Guerre  et  Chaperon  î.  Cour  du  Palais. 
M.  Tirard^,  rue  du  Bout  du  Monde. 
Mfs  Orangé  et  de  Chambrault,  Cloitre  saint  Ger- 
main l'Auxerrois. 


1 .  Roger  de  Piles,  qui,  d'assez  mauvais  peintre,  devint 
meilleur  historien  de  la  peinture.  Nous  avons  cité  plus  haut 
un  de  ses  ouvrages.  Il  voyagea  beaucoup,  soit  à  la  suite  de 
M.  Amelot  tour  à  tour  ambassadeur  à  Venise  et  en  Portu- 
gal, soit  avec  son  fils.  Il  rapporta  de  Portugal  et  d'Espagne 
une  curieuse  collection  de  dessins;  et  de  Hollande,  oîi  il 
fut  retenu  en  prison  pour  avoir  trop  mêlé  la  politique  aux 
arts,  des  manuscrits  de  Rubens  et  des  dessins  de  Rem- 
brandt. 

2.  Lisez  Sainte-Foi.  Il  étoit  maître  des  requêtes. 

}.  Peut-être  faut-il  lire  Vallet  et  non  Varlet.  Ce  seroit  le 
graveur  au  burin  Vallet,  qui  fut  de  l'Académie  de  peinture. 

4.  C'est  le  même  que  nous  retrouverons  plus  loin  parmi 
les  académistes.  Il  étoit  grand  amateur  des  médailles  de 
l'empire,  dont  il  possédoit  toute  la  série  moins  une.  Il  pa- 
roît  hors  de  doute  que  c'est  lui  qui  figure  dans  les  Carac- 
tères sous  le  nom  de  Diognête,  i  l'homme  aux  médailles.  » 
V.  La  Comédie  de  La  Bruyère,  2°  édit.,  t.  I,  p.  xxxiv-xxxvi. 

5.  Nous  les  avons  déjà  rencontrés  tous  deux,  p.  208, 
214,  parmi  les  musiciens,  l'un,  comme  maître  de  clavecin, 
l'autre,  comme  compositeur.  Peut-être  coUectionnoient-ils 
des  instruments  de  musique,  comme  faisoit  Dovin,  dont  a 
parié  M.  Bonnaffé  dans  son  charmant  petit  livre  Les  Collec- 
tionneurs de  l'ancienne  France,  p.  60,  et  qui  devroit  figurer 
ici. 

6.  Il  faut,  croyons-nous,  lire  Tissard.  Ce  seroit  alors 
l'amateur  dont  Rigaud  fit  le  portrait  en  1688. 


230  Le  Livre  commode. 

M.  de  Beauchamp,  rue  Bailleul'. 

M.  l'Abbé  du  Plessy,  prés  le  Puits  d'Amours*. 

M.  Dron,  prés  saint  Thomas  du  Louvre?. 

M.  Bonart,  rue  Hautefeuille. 

M.  de  Chatigny,  rue  Neuve  des  Petits  Champs. 

M.  Fracansani,  rue  du  Petit  Lion4, 


1 .  c'est  le  fameux  maître  à  danser,  que  nous  retrouve- 
rons plus  loin  au  chapitre  des  nobles  exercices,  et  dont 
il  a  déjà  été  question,  p.  126,  note  i.  G.  Brice  parle 
ainsi  {y  édit.,  t.  I,  p.  268-269)  de  son  cabinet  qu'il 
avoit,  en  1701,  transféré  de  la  rue  Bailleul  dans  une  mai- 
son neuve  faisant  le  coin  à  gauche  des  rues  Saint-Ho'noré 
et  des  Petits-Champs  :  «  on  trouvera  dans  ce  cabinet  des 
choses  d'une  excellente  beauté  ;  mais  les  tableaux  en  sont 
la  principale  partie,  qui  sont  la  plupart  des  plus  fameux 
maîtres  d'Italie.  On  y  remarquera  aussi  quantité  de  porce- 
laines anciennes,  très-rares,  à  présent,  des  cabinets  de 
vernix  (sic)  du  Japon,  des  bronzes  et  d'autres  choses 
curieuses  disposées  avec  beaucoup  de  jugement  et  de  con- 
noissance.  » 

2.  C'étoit  plutôt  un  brocanteur  qu'un  amateur,  car  nous 
le  trouverons  tout-à-l'heure  parmi  ceux  «  qui  se  plaisent  à 
troquer  les  tableaux.  » 

3.  L'abbé  François  Dron.  Il  logeoit  près  de  l'église,  dont 
il  étoit  chanoine  :  «  Il  a,  dit  G.  Brice  (3'=  édit.,  t.  II, 
p.  86),  un  cabinet  de  médailles  de  moyen  bronze,  dont  la 
suite  est  des  plus  étendues  que  l'on  puisse  voir,  et  dont  le 
choix  est  admirable.  Les  sçavants  sont  charmés  de  la  quan- 
tité et  de  la  diversité  des  revers  singuliers  que  l'on  y 
remarque,  et  il  seroit  bien  difficile  de  rien  voir  ailleurs  de 
mieux  conservé  et  de  plus  entier.  Il  a  aussi  quelques 
tableaux  de  prix  dans  son  cabinet.  »  Il  mourut  le  22  avril 
1702.  L'abbé  Goujet  possédoit  de  lui  2  vol.  in-4''  de  lettres 
originales  et  manuscrites,  de  1687  à  1690,  traitant  de  nu- 
mismatique, «  avec  les  empreintes  dessinées  de  quantité  de 
médailles.  »  Elles  étoient  adressées  à  Thoynard,  Vaillant, 
Morelle,  Nicaise,  etc.  V.  le  Catal.  ms,  de  l'abbé  Goujet  à 
la  Bibliothèque. 

4.  Michel-Ange  Fracanzani.  Il  jouoit  le  personnage  de 
Polichinelle  à   la  Comédie   Italienne,   près  de  laquelle  — 


Le  Livre  commode.  2}i 

M.  de  Blegny,  rue  de  Guenegaud. 

Le  R.  P.  Dom  Placide,  Bibliotequaire  de  saint 

Germain  des  Prez  ' . 
Le  R.  P.  Dom  Estienne,  aux  Blancs  Manteaux. 
Le  R.  P.  Auchereau,  aux  Celestins^. 

Au  surplus,  voyez  à  la  Préface  un  avis  impor- 
tant touchant  la  Curiosité. 

DAMES    CURIEUSES. 

Madame  la  Duchesse  de  Lude,  prés  saint  Eus- 
tache  5 . 

étant  logé,  comme  nous  le  voyons  ici,  rue  du  Petit- 
Lion-Saint-Sauveur  —  il  demeuroit.  Son  père,  assez 
proche  parent  de  Salvator  Rosa ,  et  peintre  lui-même 
de  l'école  de  Ribera,  l'avoit  suivi  de  Naples  à  Paris,  où  ils 
coUectionnoient  ensemble  livres  d'art,  estampes,  dessins. 
Les  études  de  Le  Sueur  pour  sa  galerie  des  Chartreux,  qui 
sont  maintenant  au  Louvre,  viennent  de  la  collection  de 
Fracanzani  :  «  Il  étoit  bon  curieux,  dit  Mariette  à  son  nom 
dans  VAbecedario  ;  il  se  mêloit  de  dessiner,  et  même  de 
génie,  mais  d'un  goût  lourd  et  fort  mauvais.  > 

1 .  Dom  David-Placide  Porcheron,  qui  mourut  à  42  ans, 
le  14  février  1694.  Il  étoit  très-entendu  en  numismatique, 
histoire  et  surtout  géographie,  comme  le  prouve  son  célèbre 
ouvrage  sur  l'Anonyme  de  Ravennes. 

2.  €  J'ai  vu,  dit  Lister  (chap.  V),  le  cabinet  ou  la  cel- 
lule du  R.  P.  Hochereau,  qui  a  une  collection  très-choisie 
de  tableaux  originaux  de  plusieurs  des  meilleurs  maîtres.  > 
Il  avoit  entre  autres  le  Repentir  de  saint  Pierre,  peint  par 
Rembrandt,  en  1654,  et  gravé  aussitôt  par  Van  Vliet. 

3.  Marguerite- Louise-Suzanne  de  Béthune  Sully,  qui, 
veuve  du  comte  de  Guiche,  avoit  épousé  Henri  de  Daillon, 
duc  de  Lude,  veuf  lui-même  de  Rénée-Eléonore  de  Bouille. 
Elle  étoit  magnifique  en  meubles  et  en  argenterie,  mais  elle 
sacrifia  tout,  quand  vinrent  les  désastres.  Toute  son  argen- 
terie, ses  meubles  d'orfé\Terie  passèrent  à  la  Monnoie,  et  elle  se 
contenta  pour  ses  galeries,  ce  qu'admira  fortM'"^  de  Sévigné, 
de  meubles  de  bois  et  de  glaces.  L'hôtel  qu'elle  habitoit, 


252  Le  Livre  commode. 

Madame  la  Duchesse  d'Orvalle,  rue  saint  Domi- 
nique ',  quartier  saint  Germain. 

Madame  la  Maréchalle  de  Hurniere,  à  l'Ar- 
senal 2. 

Madame  la  Duchesse  de  Sully,  devant  saint 
Paul  5. 

Madame  d'Estrées,  rue  des  trois  Pavillons 4. 

Madame  la  Princesse  de  Meklebourg  J,  près  saint 
Roch. 

Madame  la  Duchesse  de  Porsmeuch,  rue^ 


près  Saint-Eustache,  au  coin  des  rues  Montmartre  et  Tique- 
tonne,  devint  plus  tard  l'hôtel  Béthune-Charost.  Il  existe 
encore  en  partie. 

1.  Anne  d'Harville,  femme  de  François  de  Béthune,  duc 
d'Orval  ou  d'Erval,  troisième  fils  du  duc  de  Sully. 

2.  Louise-Antoinette-Thérèse  de  la  Châtre,  femme,  du 
maréchal,  duc  d'Humière.  «  Il  étoit,  dit  Saint-Simon, 
magnifique  en  tout.  »  Il  collectionnoit  des  estampes,  dont 
quelques-unes  lui  sont  dédiées.  Sa  femme  partageoit  ses 
goûts. 

3.  M  a  rie- Antoinette  Servien,  duchesse  de  Sully,  très- 
magnifique,  très-dépensière.  Elle  mourut  pauvre,  quoique 
sa  dot  eût  été  de  800,000  livres.  Elle  habitoit  presque  de- 
vant Saint-Paul,  rue  Saint-Antoine,  l'hôtel  bâti  par  Sully, 
et  qui  existe  encore  à  peu  près  intact. 

4.  Marie-Marguerite  Morin,  duchesse  d'Estrées,  tenoitde 
son  père,  qu'on  appeloit  Morin  le  Juif  :  «  brocanteuse,  dit 
Saint-Simon,  se  connoissoit  aux  choses  et  aux  prix,  avoit  le 
goût  excellent,  et  ne  se  refusoit  rien.  » 

5.  Angélique- Isabelle  de  Montmorency-Boutteville,  du- 
chesse de  Mecklembourg-Schwerin.  Saint-Simon  nous  la 
représente  comme  «  très-avare  et  très-entasseuse.  » 

6.  Louise-Renée  de  Penacoët  de  Kéroual.  Le  roi  d'An- 
gleterre, Charles  II,  dont  elle  avoit  longtemps  été  la  maî- 
tresse, l'avoit  faite  baronne  de  Petersfield,  comtesse  de 
Farsam,  duchesse  d'Aubigny  et  de  Portsmouth.  Revenue  en 
France,  lorsqu'il  fut  mort,  elle  s'étoit  logée  sur  le  quai  des 
Théâtins,  auprès  de  la  rue  des  Saints-Pères,  dans  un  hôtel 
où  elle  avoit  entassé  tout  ce  qu'elle  avoit  pu  prendre  des 


Le  Livre  commode.  255 

Madame  la  Duchesse  de  Bouillon,  sur  le  quay 

Malaquet  ' . 
Madame  la  Présidente  du  Tillet,   rue  de  la 

Planche*. 
Madame  de  Coulange?,  dans  le  Temple^. 


magnifiques  collections  de  Charles  II.  Liger,  dans  le  Voya- 
geur fidèk,  p.  i}6,  vante  sa  galerie  de  tableaux. 

1.  Marie-Anne  Mancini,  duchesse  de  Bouillon,  une  des 
nièces  de  Mazarin,  la  protearice  de  La  Fontaine.  Son  hôtel 
existe  encore  en  partie  au  n'  19  du  quai  Malaquais.  Il  avoit 
été  bâti  par  le  financier  La  Bazinière,  mais  elle  l'avoit 
beaucoup  transformé  et  embelli.  En  juillet  1696,  elle  y 
faisoit  encore  travailler.  «  Les  dedans,  écrit  Liger  (p,  1 3  5), 
sont  plus  curieux  que  les  dehors  par  les  tableaux  et  autres 
meubles  et  bijoux  qui  en  sont  la  richesse  et  l'ornement.  » 
Suivant  Saint-Simon,  la  duchesse  étoit  surtout  magnifique 
en  pierreries. 

2.  Fille  aînée  du  président  Bailleul,  mariée  au  président 
Girard  du  Tillet.  Elle  avoit,  dans  sa  jeunesse,  fait  beaucoup 
parler  d'elle.  V.  la  Carte  du  pays  de  Braquerie.  dans  l'His- 
toire amoureuse  des  Gaules,  édit.  elzévir.,  t.  I,  p.  11. 

3.  Marie-Angéhque  Du  Gué  Bagnols,  femme  du  marquis 
de  Coulanges,  le  chansonnier,  parent  et  ami  de  M"'  de 
Sévigné.  Le  mari  et  la  femme  étoient  l'un  et  l'autre  de  fins 
collectionneurs.  Coulanges  aima  d'abord  les  tableaux  :  «  le 
cabinet  de  M.  de  Coulanges,  écrit  M"*  de  Sévigné  à  sa 
fille,  le  10  nov.  1673,  est  trois  fois  plus  beau  qu'il  n'étoit; 
vos  petits  tableaux  sont  dans  leur  lustre,  et  placés  digne- 
ment. »  Il  aimoit  surtout  les  portraits.  On  l'a  vu  par  une  fin 
de  couplet  citée  plus  haut.  Il  donnoit  aussi  dans  les  faïences, 
mais  les  richesses  qu'il  vit  entassées  à  l'hôtel  de  Guise  lui 
firent  prendre  des  goûts  plus  coûteux  :  il  passa  aux  corna- 
lines, aux  cristaux,  aux  agathes.  C'est  encore  une  des 
chansons  de  son  Recueil  (p.  151)  qui  nous  l'apprend.  Sa 
femme  recherchoit  les  raretés  curieuses.  M""  de  Sévigné 
(t.  X,  p.  182)  nous  a  raconté  son  ravissement  lorsqu'elle 
retrouva  le  miroir  de  toilette  de  la  reine  Marguerite. 

4.  Les  Coulanges  avoient,  à  la  fin  de  1690,  quitté  la  rue 
du  Parc- Royal  pour  venir  habiter  un  des  petits  hôtels  de 
l'endos  du  Temple. 


2}4  Le  Livre  commode. 

Madame  la  Marquise  de  Richelieu,  Isle  Notre 

Dame  '. 
Madame  de  Boufflers,  rue  de  Bourbon^. 
Madame  la  Marquise  de  Quintin,  même  ruëî. 
Madame  de  Chaviçny,  à  l'Hôtel  saint  Paul 4. 
Madame  la  Marquise  de  Mallet,  rue  saint  Louis 

du  Marais  5. 


1.  Fille  d'Hortense  Mancini  et  du  duc  de  Mazarin,  et  par 
conséquent  nièce  de  la  duchesse  de  Bouillon,  dont  nous 
avons  parlé  tout-à-l'heure.  Le  marquis  de  Richelieu,  petit- 
neveu  du  cardinal,  l'avoit  enlevée,  en  1682,  du  couvent  de 
Sainte-Marie  de  Chaillot,  et  l'avoit  emmenée  à  Londres,  où 
il  l'avoit  épousée.  Ils  habitoient  dans  l'île  Saint-Louis,  sur 
le  quai  d'Anjou,  l'hôtel  oii  avoit  logé  Lauzun,  et  qui  devint 
plus  tard  celui  des  Pimodan.  V.  nos  Chroniques  et  légendes 
des  rues  de  Paris,  p.  1 18-1 19. 

2.  Catherine-Charlotte  de  Grammont,  maréchale  de  Bouf- 
flers. Le  mari  avoit  une  belle  bibliothèque,  avec  tous  les 
livres  à  ses  armes.  Nous  ne  savons  quelles  étoient,  comme 
curieuse,  les  préférences  de  sa  femme. 

j.  Suzanne  de  Montgommery,  comtesse  —  et  non  mar- 
quise —  de  Quintin.  Saint-Simon,  qui  lui  tenoit  d'assez 
près  par  sa  femme,  a  fait  d'elle  et  de  ses  entours,  «  la 
meilleure  compagnie  de  la  Cour,  »  un  bien  curieux  tableau 
(t.  1,  p.  326-?27). 

4.  C'étoit  une  Phélypeaux  de  Vilesavm,  qui  avoit  épousé 
le  marquis  de  Chavigny.  On  la  citoit  depuis  longtemps  comme 
célèbre  curieuse.  L'abbé  de  Marolles, parlant  dans  ses  Mémoires 
de  son  cabinet  et  de  celui  de  M"''  d'Aiguillon,  dit  :  «Us  souf- 
frent peu  de  comparaison  pour  la  magnificence  des  cristaux, des 
lapis,  des  agates,  des  onyces  (onyx),  des  calcédoines,  des 
coraux,  des  turquoises,  des  aiguës  marines,  des  amétystes, 
des  escarboudes,  des  topazes,  des  grenats,  des  saphyrs,  des 
perles  et  des  autres  pierres  de  grand  prix  qui  y  sont  mises 
en  oeuvre  dans  l'argent  et  dans  l'or,  pour  y  former  des 
vases,  des  statues,  des  obélisques,  des  escrins,  des  miroirs, 
des  globes,  des  coffres,  des  chandeliers  suspendus  et  autres 
choses  semblables.  » 

5.  Rigaud  fit  son  portrait,  ainsi  que  celui  de  son  mari, 
en  i686.  C'est  tout  ce  que  nous  savons  sur  elle. 


Le  Livre  commode.  255 

Madame  d'Allouy,  rue  du  Bac'. 

Madame  de  Monchal,  près  Bellechasse*. 

Mademoiselle  de  Cutigny,  rue  des  Rosiers  saint 
Germain. 

Madame  de  Maillier,  rue  saint  Anastaze. 

Madame  la  Présidente  le  Lièvre,  rue  de  Brac. 

Madame  la  Marquise  de  Polignac,  près  la  Cha- 
rités 

Madame  de  Sauvebœuf,  rue  de  Grenelle,  quar- 
tier S.  Germain. 

Madame  de  Verderonne,  rue  S.  Antoine,  à 
l'Hôtel  de  Beauvais4. 

Madame  de  Chevry  5  et  Mademoiselle  de  Clapis- 
son^,  prés  les  Enfans  Rouges. 


I.  Bénigne  de  Meaux  de  Fouilloux,  marquise  d'Alluye, 
et  non  d'Allouy.  Grande  joueuse,  suivant  Saint-Simon,  et 
grande  confidente  de  galanteries,  quand  l'âge  l'empêcha  de 
s'en  occuper  autrement. 

^2.  ]\y  avoit,  dans  la  famille  des  Montchal,  une  fort  belle 
bibliothèque  formée  par  les  soins  de  Pierre  de  Montchal, 
conseiller  au  grand  Conseil,  mort  en  1652.  Peut-être  est-ce 
à  ce  titre  que  sa  bru  figure  ici  parmi  les  curieuses. 

}.  Marie-Armande  de  Rambures,  marquise  de  Polignac, 
tante  de  l'abbé  de  Polignac  qui  devint  cardinal,  et  fit  l'Anti- 
Lucrice. 

4.  Nous  ne  savons^  rien  ni  sur  elle  ni  sur  son  mari 
Etienne-Claude  de  L'Aubespine,  marquis  de  Verdronne. 
Nous  ignorons  aussi  pourquoi  elle  logeoit  à  l'hôtel  de 
Beauvais,  occupé  encore  à  ce  moment-là  par  le  fils  de  la 
favorite  d'Anne  d'Autriche,  qui  l'avoit  fait  construire,  le 
baron  de  Beauvais. 

5.  Petite  nièce  de  Fénelon,  qui  avoit  épousé  tard  le 
vieux  Chevry,  l'aveugle.  Elle  tenoit  bureau  d'esprit,  dévot 
et  quiétiste,  <  qui  ne  laissoit  pas,  dit  Saint-Simon,  d'être 
compté  dans  Paris.  » 

6.  Précieuse  de  la  société  de  M"'  de  Scudéry,  qui  logeoit 
tout  près  d'elle.  Les  Clapisson  étoient  une  famille  de  la 


2^6  Le  Livre  commode. 

Madame  de  Lamec  ',  rue  saint  Antoine. 

COMMERCE  DE  CURIOSITEZ 

ET   DE    BIJOUTERIES. 

Les  Marchands  tenans  boutique,  Acheteurs, 
Vendeurs  et  Troqueurs  de  Tableaux,  Meubles  de 
la  Chine2,  Porcelaines?,  Cristaux,  Coquillages, 
et  autres  Curiositez  et  Bijouteries,  sont  Messieurs 
d'HosteU,  à  l'entrée  du  quay  de  la  Mégisserie, 


bonne  bourgeoisie  parisienne.    (K.   Archives  hospitalières, 
Hôtel-Dieu,  r"  part.,  p.  107.) 

1 .  Lisez  de  Lamet.  C'étoit  la  sœur  du  curé  de  Saint-Eus- 
tache.  Rigaud  fit  son  portrait  en  1696. 

2.  Il  n'y  en  avoit  pas  de  plus  à  la  mode.  Sénecé,  dans 
ses  Epigrammes  et  autres  pièces  (171 7,  in- 12,  p.  272-274), 
nous  parle  de  ce  goût  pour  les  meubles  et  les  porcelaines 
de  Chine,  le  «  lachinage,  »  comme  on  disoit  en  langage  de 
marchands  (vo>'.  plus  bas  p.  239).  Limojon  de  Saint-Disdier, 
dans  son  curieux  livre,  le  Voyage  du  Parnasse,  ij  16,  in-12, 
p.  174)  nous  fait  voir  le  cabinet  d'un  curieux  tout  lambrissé 
de  laque  :  «  c'est,  dit-il,  une  pièce  ovalle,  revêtue  du  haut 
jusqu'en  bas  de  morceaux  de  lacq  [sic)  de  la  Chine,  d'une 
grandeur  et  d'une  beauté  surprenantes.  » 

3.  On  ne  les  vouloit  que  de  la  Chine  :  —  «  Rappelez- 
vous,  dit  Lisette,  dans  la  Maison  de  campagne  de  Dancourt 
(acte  !,  se.  5),  celle  qui  en  riant  vous  cassa  toutes  ces  por- 
celaines de  Hollande,  parce  qu'elle  jiisoit  qu'il  n'en  falloit 
avoir  que  de  Chine.  »  Une  déclaration  royale  du  2  juillet 
1709  défendit  l'importation  des  porcelaines,  faïences  et  " 
poteries  étrangères. 

4.  Lisez  Dautel  ou  Dotel.  Il  est  continuellement  cité  dans 
les  pièces  du  temps.  Le  Sage,  par  exemple,  le  nomme  dans 
Turcaret,  et  Regnard  dans  l'Homme  à  bonnes  fortunes, 
scène  des  Curiosités.  —  «  Est-il  curieux  ?  dit  Brocantin. 
—  Bon,  répond  Arlequin,  c'est  le  Dotel  du  pays.  Il  troque 
de  nippes  à  tout  moment,  et  je  vous  réponds  qu'avant  qu'il 
soit  deux  jours  il  aura  troqué  sa  femme.  »  Le  financier  du 
Voyage  du  Parnasse  se  vante,  p.  20  j,  d'avoir  acheté  chez 


Le  Livre  commode,  257 

Malaferre'  et  Varenne',  quay  de  l'Orloge;  la 
Fresnaye?  et  Laisgu4,  rue  saint  Honoré;  Ques- 


lui  €  une  belle  jatte  de  la  vieille  porcelaine  verte  du  Japon.  » 
V.  aussi  le  Théophraste  moderne,  p.  422  ;  l'Ambigu  d'Au- 
teuil,  p.  16-17;  Gacon,  le  Poète  sans  fard,  p.  41. 

1 .  Il  n'étoit  pas  moins  célèbre  que  Dautel.  L'abbé  de 
Villiers  le  nomme  avec  lui  dans  ses  Poésies,  p.  149,  et  seul 
dans  son  poëme  de  l'Amitié,  p.  48  : 

Voulez-vous  voir  chez  vous  vos  salons  inutiles, 
Montrer  aux  curieux  mille  ornements  fragiles, 
En  antiques  tourner  et  le  bronze  et  le  fer. 
Et  dans  un  cabinet  mettre  tout  Malafer... 

Il  collectionnoit  pour  son  propre  compte,  et  possédoit  no- 
tamment, sans  vouloir  le  vendre  ni  le  troquer,  le  Saturne 
coupant  les  ailes  de  l'Amour,  par  Nicolas  Perrier.  Il  voyoit 
beaucoup  artistes  et  poètes.  La  veuve  Laurent  l'avoit  comme 
habitué  dans  son  café  du  coin  des  rues  Dauphine  et  Chris- 
tine; il  fut  ainsi  mêlé  à  l'affaire  des  couplets  de  Rousseau. 
Il  avoit  écrit  une  histoire  des  peintres,  dont  nous  ne  con- 
noissons  qu'une  notice,  celle  de  Santerre,  publiée  par  le 
Mercure,  sept.  171 8,  p.  69. 

2.  Spon,  en  1673,  l'avoit  mis  non  parmi  les  marchands 
de  curiosités,  mais  parmi  les  curieux  :  «  M.  Varenne, 
dit-il,  près  la  Monnoie,  tableaux  et  diverses  curiosités.  » 

3.  Il  est,  aussi  bien  que  Dautel,  nommé  dans  plusieurs 
pièces  du  temps,  comme  brocanteur  célèbre,  et  peut-être 
aussi  un  peu  comme  prêteur  sur  gages.  {V.  Dancourt,  la 
Foire  Saint-Germain,  se.  XII,  et  la  Femme  d'intrigue,  aae  V, 
se.  IX.)  Ses  deux  fils  Eléonor  et  Pierre  lui  succédèrent  au 
Palais,  l'un  à  l'enseigne  de  la  Croix  d'or;  l'autre  à  celle  du 
Dauphin.  —  On  trouve,  dans  les  Mss.  Delamarre,  n°  21,627, 
p.  170,  le  procès- verbal  d'une  visite  faite  chez  La  Fresnaye, 
après  l'édit  contre  les  dorures,  décrété  en  1669  et  renouvelé 
en  1687  et  1689. 

4.  «  Près  les  pères  de  l'Oratoire.  »  Edit.  de  1691,  p,  24. 
—  Il  est  nommé  par  l'abbé  Bordelon  dans  son  Livre  à  la 
Mode,  1696,  in- 12,  p.  33.  Marianne  demande  en  quoi 
consistent  les  façons  du  bel  air  : 

Est-ce  à  rouler  les  yeux  pour  se  faire  plus  belle, 
A  façonner  sa  bouche,  et  passer  tout  le  jour 


2j8  Le  Livre  commode. 

nel,  rue  des  Bourdonnois  •  ;  Protais,  rue  des 
Assis;  Fagnany,  quay  de  l'Ecole^;  Antheaume, 
derrière  l'Hôtel  de  Bourgogne  ;  NaneauJ,  au  Pa- 
lais, etc. 

Mademoiselle  de  Tournon,  qui  tient  aussi 
boutique  sur  le  Pont  au  Change,  fait  le  même 
trafic. 


Dans  ces  soins  fatisants  de  prendre  un  air  de  Cour?.... 

A  hausser  sa  fontange  en  coquette  éventée 

Et  renchérir  d'abord  sur  la  mode  inventée? 

A  vouloir  affecter  par  un  soin  assidu 

Pour  ses  marchands  :  Le  Gras,  La  Fresnaye  et  l'Egu  ? 

1.  Dans  redit,  de  1691,  il  est  à  la  suite  des  autres, 
sans  indication  d'adresse,  mais  avec  un  détail  qui  manque 
ici  :  «  Ils  vendent  pareillement  des  coquillages,  mais  le 
sieur  Quenel  est  celui  d'entre  eux  qui  s'y  attache  le  plus.  » 

2.  «  A  la  descente  de  la  Samaritaine.  »  Edit.  de  1691. 
—  Nous  avons  beaucoup  parlé  de  cet  intrigant  du  brocan- 
tage  dans  notre  Histoire  du  Pont-Neuf,  t.  II,  p.  277-281. 
On  nous  permettra  d'y  renvoyer.  Nous  rappellerons  seule- 
ment ici  les  altérations  qu'il  fit  subir  aux  planches  de  Callot, 
dont  il  possédoil  un  grand  nombre,  que  son  fils  mit  en 
recueil  {Mercure,  mars  1725,  p.  561),  et  sa  fameuse  loterie 
qui  ne  fut  qu'un  immense  vol  organisé.  Dancourt  en  fit  une 
pièce,  où  il  l'appela  Sbrigani,  et  les  Italiens,  dans  leur 
comédie  les  Bains  de  la  porte  Saint-Bernard,  allèrent 
encore  plus  loin  :  ils  le  nommèrent  «  el  signor  Furba- 
gnani.  »  On  lit  dans  le  Théophraste  moderne,  à  propos  de 
cette  loterie  :  «  lui-même  y  a  plus  gagné  sans  avoir  de 
billets  que  tous  ceux  qui  ont  eu  des  lots.  »  Il  gagna  beau- 
coup aussi  avec  ses  tabatières  à  scandales,  ofù  toutes  les 
aventures  scabreuses  du  moment  étoient  satiriquement 
représentées.  Il  en  est  parlé  dans  le  Retow  de  la  foire  de 
Bezons,  et  mieux  encore  dans  les  Souhaits  joués  en  169^  : 
«  MoMus.  Qui  est-ce  qui  porte  cet  épicier  à  éventer  la 
honte  de  son  lit,  et  à  solliciter  une  place  sur  les  tabatières 
de  Fagnany?  La  Folie.  » 

3.  Nous  trouvons  pour  Nanot  {sic)  dans  la  Collect.  Dela- 
marre,  n"  21,627,  p.  170,  un  procès-verbal  de  visite, 
comme  celui  qui  fut  dressé  chez  La  Fresnaye. 


Le  Livre  commode.  239 

Il  y  a  d'ailleurs  en  chambres  hautes  plusieurs 
Vendeurs  et  Troqueurs  de  Curiositez;  comme 
Messieurs  Raclot,  rue  de  Harlay;  Poignan,  rue 
de  Mommorancy  ;  Roussel,  cul  de  sac  de  la  rue 
Beaubourg;  Paris,  près  la  Jussienne  '  ;  des  Dieux, 
rue  des  Assis  au  petit  Broc,  etc. 

Mesdames  Noël,  rue  de  Grenelle  saint  Honoré, 
et  Tonnetti,  quay  de  la  Mégisserie,  ont  aussi 
chez  elles  beaucoup  de  Curiositez  dont  elles  font 
trafic. 

M.  Dorigny,  rue  Quinquempoix,  M.  Laittier 
et  Mademoiselle  le  Brun,  à  l'aport  de  Paris,  ont 
aussi  ordinairement  de  belles  pièces  de  Porce- 
laines et  de  Lachinage^. 

M.  l'Argilliere,  rue  sainte  Avoye,  fait  com- 
merce de  bons  Tableaux  ? . 

Autant  en  font  Messieurs  Guillemart,  prés 
saint  Yves,  et  Muguet,  au  milieu  de  la  rue 
Bourlabé. 

M.  de  Cauroy,  rue  Briboucher,  tient  magasin 
de  Bijouteries  et  Coffres  d'Angleterre^,  de  Por- 

1.  L'édit.  de  1691,  p.  24,  le  place  dans  un  art.  non 
reproduit  ici  :  «  M.  l'abbé  Du  Plessis,  près  le  puits 
d'Amour,  le  sieur  Dalançon,  rue  Chapon,  et  le  sieur  Paris, 
près  la  Jussienne,  se  plaisent  à  troquer  des  tableaux.  » 

2.  V.  sur  ce  mot  une  des  notes  précédentes,  p.  236. 

j.  Nicolas  de  Largillière,  le  fameux  peintre  de  portraits. 
Il  ne  quitta  la  rue  Sainte-Avoye  que  peu  de  temps  avant 
sa  mort,  en  1746,  à  quatre-\'ingt-dix  ans.  C'étoit,  comme 
on  sait,  la  partie  de  la  rue  du  Temple  actuelle  qui  s'éten- 
doit  de  la  rue  Croix-de-la-Bretonnerie  à  celle  des  Vieilles- 
Haudriettes.  Il  logeoit  en  face  de  la  fontaine  placée  entre 
les  n°*  40  et  42.  V.  G.  Bricc,  }'  édit.,  t.  I,  p.  255, 

4.  Ces  €  articles  »  anglais  furent  longtemps  à  la  mode. 
Le  30  juillet  1743,  un  privilège  de  dix  ans  fut  accordé  à 
Claude- Imbert  Gérin,  qui  s'établit  rue  de  Charenton,  pour 


240  Le  Livre  commode. 

celaines,  de  Pagottes',  de  terre  cizelées  et  de 
Meubles  de  la  Chine  2. 

M.  de  la  Cousture,  Cloitre  S.  Nicolas  du 
Louvre,  a  un  particulier  talent  pour  damas- 
quiner sur  l'acier?  en  Figures  et  Ornemens  de 
la  Chine. 

Le  Sieur  Salé  Peintre,  rue  de  la  Ferronnerie, 
dit  avoir  trouvé  un  secret  d'Optique  qui  fait 
voir  dans  un  Tableau  toutes  autres  Figures  que 
celles  qui  y  sont  peintes,  et  même  au  gré  des 
Spectateurs. 

fabriquer  «  toutes  sortes  de  fayences,  à  l'imitation  de  celles 
d'Angleterre.  » 

1.  Pour  «  pagodes.  »  C'étoit  une  des  chinoiseries  les 
plus  recherchées.  Au  siècle  suivant,  Gersaint,  le  fameux 
marchand  de  curiosités,  en  avoit  fait  son  enseigne.  Voici  le 
texte  de  l'adresse  que  M.  de  Caylus  avoit  gravée  pour  lui, 
en  1740  :  «  à  La  Pagode,  Gersaint,  marchand  jouaillier 
sur  le  Pont- Notre- Dame,  vend  toute  sorte  de  clainquaillerie 
nouvelle  et  de  goût,  bijoux,  glaces,  tableaux  de  cabinet, 
pagodes,  vernis  et  porcelaines  du  Japon,  coquillages  et  autres 
morceaux  d'histoire  naturelle,  cailloux,  agathes,  et  générale- 
ment toutes  marchandises  curieuses  et  étrangères. 

2.  Cet  art.  est  un  peu  différent  dans  l'édit.  de  1691, 
p.  24.  Après  une  liste  à  peu  près  pareille  à  celle  qui  com- 
mence ce  chapitre,  mais  moins  longue,  on  y  lit  :  «  Ces 
marchands  vendent  des  porcelaines,  des  meubles  de  la 
Chine  et  des  terres  cizelées  en  détail,  mais  on  en  trouve 
en  gros  chez  M.  Du  Cauroy,  à  la  ville  d'Anvers,  rue  Bri- 
boucher,  »  c'est-à-dire,  comme  on  sait,  rue  Aubry-le- 
Boucher. 

3.  Cet  art  de  damasquiner  n'étoit  pas  nouveau  chez  nous, 
mais  il  avoit  été  singulièrement  perfectionné  par  un  des 
maîtres  de  La  Cousture,  nommé  ici,  le  fourbisseur  parisien 
Cursinet,  mort  vers  1670.  «  Il  a  fait,  dit  Félibien,  Des  prin- 
cipes d'architecture,  1676,  in-4°,  p.  45  5,  des  ouvrages  incom- 
parables en  cette  sorte  de  travail,  tant  pour  le  dessin,  que 
pour  la  belle  manière  d'appliquer  son  or,  et  cizeler  de  relief 
par  dessus.  » 


Le  Livre  commode.  241 

Le  Sieur  l'Arche  Fondeur  et  Cizeleur  en 
Bronze,  qui  est  fort  renommé  pour  les  Figures 
de  Cabinet,  demeure  rue  des  Ciseaux,  prés 
l'Abbaye  saint  Germain;  il  donne  une  couleur 
de  bronze  antique  aux  figures  modernes'. 

Les  Sieurs  Vilaine,  rue  Neuve  saint  Mederic, 
et  la  Pierre,  quay  des  Orfèvres,  ont  un  particu- 
lier talent  pour  bien  nettoyer  les  Tableaux, 

Le  Sieur  Pouilly^,  rue  Dauphine,  a  trouvé 
un  secret  pour  augmenter  de  beaucoup  la  vertu 
de  l'Aymant  et  un  Microscope  qui  grossit  ex- 
traordinairement  les  objets?. 

Les  Tableaux  Cilindriques^  se  vendent  chez 
le  Sieur  Amielle,  près  saint  Hilaire. 

Il  y  a  un  Père  Theatin  qui  en  fait  pour  luy  et 
pour  ses  amis  d'une  beauté  extraordinaire  5,  aussi 
bien  que  des  Figures  de  toutes  espèces  pour  la 
Lanterne  magique^. 

1.  Il  se  servoit  de  purpurine,  ou  bronze  moulu,  qui  s'ap- 
pliquoit  soit  à  l'huile  soit  au  vernis. 

2.  «  Faiseur  d'instruments  mathématiques vend  un 

calandrier  de  cabinet  propre  et  curieux.  »  Edit.  de  1691. 

3.  Ces  derniers  détails  manquent  dans  l'édit.  de  1691, 
p.  24,  mais  après  l'article  se  lit  celui-ci,  qui  n'a  pas  reparu 
ici  :  «  On  trouve  des  estampes  de  toutes  sortes  chez  le 
portier  de  l'Académie  des  peintres,  rue  de  Richelieu.  » 

4.  Il  eût  mieux  valu  dire  «  miroirs  cylindriques.  »  V.  à 
leur  sujet,  le  Diction,  des  Arts  et  Métiers  de  l'abbé  Jaubert, 
1773,  in-i2,  t.  II,  p.  612. 

5.  Les  religieux  s'occupoient  volontiers  d'optique;  le 
P.  Jean-François  Niceron,  auteur  du  Thaumaturgus  opticus, 
1646,  in-fol.,  âvoit  fait  chez  les  Minimes  de  la  place 
Royale,  qui  étoient  un  couvent  de  son  ordre,  des  tableaux 
changeants  d'une  habileté  et  d'un  effet  surprenants. 

6.  Ce  n'étoit  pas  encore  devenu  un  amusement  enfantin 
et  vulgaire.  On  s'en  divertissoit  dans  le  monde,  comme  à 
cette  soirée  de  l'hôtel  de  Liancourt,  où  le  spectacle  fut  une 

Liyre  commode.  16 


242  Le  Livre  commode. 

Le  Sieur  Hubin  Emailleur,  rue  saint  Denis, 
devant  la  rue  aux  Ours,  fait  et  vend  des  Baro- 
mettres,  des  Thermomettres  et  des  Hidromettres 
d'une  propreté  particulière  ' . 

Le  Sieur  Do  aussi  Emailleur,  rue  du  Harlay, 
aux  armes  de  France,  en  vend  de  plus  simples 
et  à  meilleur  marché^. 

Le  Sieur  Langlois  père,  et  le  Sieur  Langlois 

lanterne  magique,  avec  deux  vielles  pour  orchestre.  V.  Loret, 
Muse  historique,  13  mai  1656. 

1.  Il  étoit  célèbre  depuis  déjà  longtemps.  En  1673,  Spon 
le  plaçoit  sur  la  liste  de  ses  curieux  :  «  M.  Ubin,  dit-il, 
emailleur,  rue  Saint-Denys,  vis-à-vis  la  rue  aux  Ours  : 
thermomètres,  baromètres,  larmes  d'Hollande,  et  autres 
curiosités.  »  Suivant  Huet,  qui  lui  fit  faire  un  anémomètre, 
qu'il  avoit  lui-même  inventé,  et  qui  le  traite  «  d'excellent 
ouvrier,  »  il  étoit  anglois.  {Huetiana,  p.  56.)  C'est  lui  qui, 
avant  Réaumur,  construisit  les  thermomètres  les  plus  par- 
faits :  «  les  curieux  en  conservent  encore  dans  leurs  cabi- 
nets, »  écrivoit,  en  1773,  l'abbé  Jaubert  (t.  III,  p.  143). 
Il  excelloit  aussi  pour  les  yeux  de  verre  :  «  chez  Hubins, 
le  fabricant  d'yeux  de  verre,  dit  Lister  à  la  fin  du  chap.  V 
de  son  Voyage  à  Paris  en  1698,  j'en  vis  de  pleins  tiroirs, 
de  toutes  couleurs,  de  façon  à  appareiller  n'importe  quels 
yeux  :  et  il  faut  qu'il  en  soit  ainsi,  car  la  moindre  diffé- 
rence seroit  intolérable.  »  L'édit.  de  1691,  p.  31,  n'oublie 
pas  ce  talent  de  Hubin  pour  les  yeux  artificiels,  et  elle  lui 
donne  pour  concurrent  Le  Quin,  rue  Dauphinc,  que  nous 
retrouverons  plus  loin.  —  Hubin  était  grand  ami  de  Papin, 
dont,  en  1674,  il  avait  présenté  à  l'Académie  des  sciences 
l'ouvrage  important.  Nouvelles  expériences  du  vuide. 

2.  On  lit,  à  la  suite,  dans  l'édit.  de  169 1,  p.  31  :  «  le 
sieur  Roault,  autre  emailleur,  rue  Saint-Denis,  fait  en 
émail  toutes  sortes  de  figures  humaines,  et  autres  repré- 
sentations. Il  vend  aussi  des  aigrettes  d'émail,  qui,  avec 
une  grande  beauté ,  ont  cette  propriété  de  ne  pas 
prendre  la  poussière.  »  Son  fils  lui  succéda,  et  ses  émaux 
furent  encore  plus  célèbres  que  les  siens.  V.  V Année  littéraire, 
1755,  t.  VIII,  p.  49,  )o;  et  1758,  t.  VII,  p.  i}8.  Piron 
en  possédoit,  dont  il  étoit  très-fier. 


Le  Livre  commode.  24} 

fils  aine',  qui  imitent  et  qui  raccommodent  en 
perfection  les  Meubles  de  la  Chine,  demeurent 
grande  rue  du  fauxbourg  saint  Antoine,  prés 
l'Hôtel  de  Bel  air». 

Le  Sieur  Langlois  le  cadet  qui  excelle  pour 
les  Figures  et  Omemens  de  la  Chine,  demeure 
rue  de  la  Tixeranderie,  chez  M,  Perducat  Chi- 
rurgien 5 . 

Le  Sieur  Taboureux  qui  demeure  sur  le  Quay 
de  la  Megisserie4,  prés  le  Fort  l'Evêque,  imite 
fort  bien  les  Coffres  et  Ferrures  d'Angleterre  5. 

Les  Sieurs  Thierry,  rue  du  petit  Heuleu  à 
l'Etoile  ;  de  Monceau  à  la  Bastille,  et  Darmé, 
chez  un  Cordonnier,  rue  de  la  vieille  Draperie, 
font  des  Tablettes  de  poche  d'une  grande  pro- 
preté. 

Les  Cassolettes  philosophiques^  à  feu  d'Esprit 
de  vin  et  Globule  de  Cristal  qui  attire  les  Liqueurs 
à  la  façon  de  l'Eolipile?,  se  vendent  sur  le  quay 

1 .  En  outre  d'un  article  à  peu  près  pareil  à  celui-ci  dans 
redit,  précédente,  p.  24,  Langlois,  père  et  fils,  en  ont  un, 
p.  35,  qui  manque  ici,  et  qui  complète  l'autre  :  «  les  sieurs 
Langlois,  père  et  fils,  font  des  cabinets  et  paravents,  façon 
de  la  Chine,  d'une  beauté  singulière;  ils  demeurent  l'un  et 
l'autre,  grande  rue  du  Faubourg  Saint-Antoine,  près  la  rue 
de  Charonne.  » 

2.  <  Le  sieur  Paty,  même  faubourg,  près  l'enseigne  du 
Tambourg,  fait  de  moindres  ouvrages,  façon  de  la  Chine.  » 
Edit.  1691,  p.  24. 

}.  Son  adresse,  dans  Pédit.  précéd.,  p.  35,  est  :  «  au 
Cloître  Sainte-Catherine  de  la  Couture.  » 

4.  «  Au  milieu  du  quai  de  la  Mégisserie.  »  Edit.  de  1691. 

5.  Avant  cet  article  se  trouve  celui-ci  dans  l'édit.  de  1691, 
p.  24  :  «  le  sieur  Des  Essarts,  au  haut  des  fossez  de  Condé, 
imite  le  La  Chinage  en  creux  et  en  relief.  » 

6.  Il  en  a  été  parlé  plus  haut,  p.  172-173. 

7.  L'esprit  de  vin  chauffoit  le  globe  comme  un  éolipyle, 


244  L.E  Livre  commode. 

de  Nesle,  à  l'Apoticairerie  royale',  et  servent 
non  seulement  à  des-infecter  et  parfumer  les 
chambres  agréablement  sans  fumée  et  presque 
sans  frais  2,  mais  encore  à  guérir  plusieurs  ma- 
ladies par  des  vapeurs  medecinales. 

COMMERCE   DES   OUVRAGES   D'OR, 
d'argent,  de  pierreries,  de  perles,  etc. 

La  Chapelle  aux  Orphevres,  où  les  Maîtres  et 
Gardes  de  l'Orphevrerie  ont  leur  bureau,  et  où 
ils  font  les  Mardis  et  Vendredis  l'essai  de  tous 
les  Ouvrages  d'or  et  d'argent,  est  dans  la  rue 
des  Lavandières  ? . 

C'est  au  même  lieu  qu'est  le  Bureau  des  Con- 
troUeurs  de  la  marque  pour  l'or  et  pour  l'argent  4. 

Les  Maîtres  et  Gardes  en  charge  de  l'Orfè- 
vrerie sont,  Messieurs  Bretault,  place  Dauphine, 
Bulot,  rue  saint  Louis  du  Palais,  Juillet,  quay 

et  la  chaleur  en  chassoit  les  parfums,  dont  on  vouloit  par- 
fumer les  chambres.  Ces  cassolettes  s'appeloient  philoso- 
phiques, comme  tout  ce  qui  tenoit  alors  un  peu  à  la 
chimie. 

1.  C'est-à-dire  chez  Blegny. 

2.  On  les  allumoit  derrière  les  pilastres  et  les  meubles 
des  chambres  ou  des  salles,  pour  qu'elles  en  fussent  em- 
baumées, y.  VArt  de  bien  traiter.  Paris,  1674,  in-12,  chap. 
de  la  Salle  à  manger. 

3.  Le  bureau  étoit  rue  des  Lavandières -Sainte- Opportune, 
mais  la  chapelle  se  trouvoit  dans  la  rue  des  Orfèvres,  qui 
alloit  de  la  rue  Saint-Germain-l'Auxerrois  à  la  rue  Jean- 
Lantier.  Elle  avoit  été  dédiée  par  la  corporation,  en  1399, 
à  saint  Eloi. 

4.  Tous  les  ouvrages  sans  marque  —  nous  dirions  sans 
contrôle  —  étoient  saisis.  Il  y  eut,  par  arrêt  du  4  août 
1693,  une  exécution  de  ce  genre  contre  les  orfèvres  Bastier, 
Prévost,  Turmelle,  Ladoireau  et  Gauche. 


Le  Livre  commode.  245 

de  rorloge,  de  Ronel,  Grenier  et  l'Evesque, 
quay  des  Orphévres'. 

M.  de  Launay,  Orphevre  du  Roy,  demeure 
devant  les  Galleries  du  Louvre'. 

M.  de  Villers  qui  travaille  aussi  pour  Sa  Ma- 
jesté aux  ouvrages  d'Orphevrerie,  demeure  aux 
Gobelinsî. 

M.  de  Montarsis  qui  a  soin  des  Ouvrages  de 

1.  On  voit  que  la  plupart  des  orfèvres  étoient  groupés 
dans  la  place  Dauphine  ou  sur  les  quais  et  les  rues  qui 
l'entourent.  Cette  réunion  de  riches  boutiques,  sur  un  même 
point,  avoit  obligé,  au  siècle  dernier,  de  placer  tout  près, 
au  terre-plain  du  Pont-Neuf,  un  corps  de  garde  du  Guet, 
dont  une  sentinelle  se  tcr.oit  toute  la  nuit  au  coin  du  quai 
des  Orfèvres. 

2.  H  étoit,  en  effet,  «  un  des  illustres  qui  sont  logez  sous 
la  grande  gallerie,  »  comme  dit  G.  Brice.  «  De  Launay, 
orfèvre,  ajoute-t-il  (t.  I,  p.  75),  conduit  ordinairement  les 
ouvrages  magnifiques  que  le  roi  fait  faire.  »  Tout  l'ameu- 
blement de  Versailles,  «  en  meubles  d'orfèvrerie,  »  tels  que 
les  bancs  d'argent  massif,  qui  se  trouvoient  devant  chaque 
fenêtre  de  la  galerie  des  glaces,  avoit  été  fait  sous  sa 
direction.  Quand  arrivèrent  les  lois  somptuaires  dont  nous 
avons  parlé,  il  n'en  fut  pas  pour  cela  plus  épargné.  Le  com- 
missaire Delamarre  fit  chez  lui  une  visite  le  4  mars  1687, 
et  il  lui  fallut  déclarer  tout  ce  qu'il  avoit  d'ouvrages 
d'or  et  d'argent,  achevés  ou  à  finir.  V.  les  papiers  Dela- 
marre  à  la  Biblioth.  Nat.,  n"  21,627,  fol.  I02etsuiv.  On 
apprend  par  le  procès-verbal  qu'il  étoit  défendu  aux  orfèvres 
de  vendre  des  soufflets  et  des  grils  d'argent,  mais  qu'en 
revanche  ils  avoient  le  droit  de  mise  en  vente  pour  les 
boîtes  à  poudre,  boîtes  à  savonnettes,  sonnettes,  écritoires, 
bassinoires  et  pots  de  chambre  en  argent! 

3.  Les  Gobelins  n'étoient  pas  alors  qu'une  manufaoure  de 
tapisseries,  mais  une  sorte  d'école  d'arts  et  métiers  sous  la 
direction  de  Le  Brun,  puis  de  Mignard,  avec  ateliers  de 
bijouterie,  d'ebénisterie,  de  marqueterie,  de  peinture,  de 
gravure,  etc.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  nous  y  trou- 
vions l'orfèvre  De  Villiers,  en  1692.  Trois  ans  après,  le 
malheur  des  temps  fit  fermer  la  plupart  de  ces  ateliers. 


246  Le  Livre  commode. 

pierreries  de  Sa  Majesté,  demeure  devant  la  place 
du  Carrousel  ' . 

Messieurs  Bins^  et  Guyon  distinguez  pour 
mettre  toutes  sortes  de  Pierreries  en  œuvre,  de- 
meurent aux  Galleries  du  Louvre. 

Messieurs  le  Lorrain,  à  l'aport  de  Paris,  du 
Grenier,  quay  de  Nesle,    Pierre,  quay  de  la 

1 .  C'étoit  encore  un  des  illustres  des  galeries.  Voici  son 
nom  complet  :  Pierre  Le  Tessier  de  Montarsy.  Il  se  quali- 
fioit  «  joaillier  ordinaire  du  Roi,  »  puis,  quand  son  père, 
qui  étoit  «  garde  des  pierreries  de  la  Couronne,  »  fut  mort, 
il  prit  le  même  titre,  mais  en  le  partageant  avec  le  prési- 
dent Du  Metz.  C'est  lui  qui,  en  1697,  fut  chargé  de  cons- 
tater à  la  Sainte-Chapelle,  sur  le  reliquaire  de  la  couronne 
d'épines,  la  soustraction  que  Henri  III  y  avoit  fait  faire  de 
plusieurs  rubis  des  plus  précieux.  (Morand,  Hist.  de  la 
Sûinte-Chapelle,  p.  199-200.)  Montarsy,  avant  de  figurer 
ici  au  premier  rang  des  joailliers,  auroit  pu  être  classé 
parnii  les  curieux  :  «  Il  a,  dit  G.  Brice,  une  très-belle  ga- 
lerie remplie  de  tableaux  des  plus  grands  maîtres,  de 
bronzes,  de  bijoux  précieux,  de  porcelaines  rares,  de  vases 
de  cristal  de  roche,  et  de  mille  curiositez  d'un  goût  exquis 
et  d'un  prix  très-considérable.  Ces  belles  choses  sont  dans 
sa  maison,  située  à  l'extrémité  du  cul-de-sac  de  Saint- 
Thomas  du  Louvre.  »  C'est  chez  lui  qu'on  se  fournissoit  des 
boîtes  à  portrait  du  Roi  :  «  Je  m'adresse  à  vous,  lui  écrit 
Phélypeaux,  le  10  oct.  1694,  ne  sachant  si  M.  Du  Metz  est 
à  Paris,  pour  vous  dire  de  m'envoyer  le  plutôt  qu'il  se 
pourra  une  boette  à  portrait  de  huit  cents  ou  mille  escus. 
Il  faut  que  le  portrait  du  Roy  soit  d'émail,  en  relief,  de  la 
façon  du  Suédois,  en  cas  que  vous  en  ayez  un  prêt.  »  Jal, 
à  qui  nous  devons  de  connoître  cette  lettre,  se  demande 
quel  peut-être  ce  peintre  suédois.  C'est,  sans  aucun  doute, 
Kleintgel  ou  Klingstet,  qui  étoit  déjà  célèbre  alors  à  Paris 
pour  ses  miniatures. 

2.  «  Bain,  émailleur,  dit  G.  Brice  (t.  I,  p.  76),  presque 
le  seul  en  France  qui  entende  à  présent  le  travail  des  émaux 
clairs.  »  Il  avoit  un  logement  aux  galeries  du  Louvre,  de- 
puis le  14  sept.  1671.  {Arch.  de  l'Art  français,  t.  I, 
p.  220.) 


Le  Livre  commode.  247 

Mégisserie,  et  Legare',  rue  de  Hariay,  sont 
encore  renommez  pour  le  même  fait. 

Messieurs  Alvarez,  rue  Thibault  aux  dez^, 
Catilon,  quay  de  l'Orloge,  et  Poirier,  prés  la 
Croix  du  Tiroir,  font  grand  commerce  de  Pier- 
reries. 

Messieurs  Loir?,  quay  des  Orphèvres,  et 
Jacob,  rue  de  Gesvres,  sont  des  Orphèvres  re- 
nommez pour  la  fabrique  des  Omemens  d'Eglise. 

Messieurs  Vaudine,  rue  du  Hariay,  Bel,  place 
du  Collège  Mazarini,  Blanque,  rue  Dauphine, 
et  les  frères  Sehut,  même  rue,  ont  un  particulier 

1.  Lisez  Légaré.  Il  étoit  fils  de  Gilles  Légaré,  qui  avoit 
publié,  en  1663,  un  très -curieux  volume  sur  son  art  :  Livre 
des  ouvrages  d'orfèvrerie,  fait  par  Gilles  Légaré,  orfèvre  du 
Roy,  rue  de  la  Vieille-Draperie,  devant  le  Palais  au  Barillet, 
proche  Saint-Pierre  des  Arcis. 

2.  Nous  avons  déjà  parlé  de  lui,  quand  nous  l'avons  vu 
passer  comme  trésorier  payeur  des  Cent  Suisses.  Nous  ajou- 
terons à  ce  que  nous  avons  dit,  que  —  ce  qui  n'étonnera 
pas  —  il  prêtoit  sur  gages  :  «  Elle  sortit  dès  huit  heures 
du  matin,  lisons-nous  dans  La  France  devenue  Italienne, 
pamphlet  galant  de  1686,  et  fut  mettre  des  pierreries  et  de 
la  va'sselle  d'argent  en  gage  chez  Alvarès,  fameux  joaillier, 
pour  quatre  mille  pistoles.  »  Il  brocantoit  de  joyaux  et 
d'antiques  même  à  l'étranger,  en  se  disant  agent  du  Roi. 
V.  dans  la  Correspondance  inédite  de  Mabillon  et  de  Mont- 
faucon  avec  l'Italie,  t.  I,  p.  220-227,  deux  lettres  écrites  en 
février  1686  par  Michel  Germain  à  Claude  Bretagne. 

3.  Alexis  Loyr,  fils  d'un  orfèvre,  qui  avoit  eu  sa  célé- 
brité, a  surtout,  suivant  Mariette,  pour  les  grands  ou- 
vrages. »  Il  fut  lui-même  très-habile  dans  l'art  de  son 
père.  De  plus,  il  gravoit,  et  l'Académie  le  reçut  comme 
graveur  et  orfèvre,  en  1678.  Il  mourut  à  soixante-treize 
ans,  en  1713.  Son  frère,  Nicolas  Loyr,  fut  un  peintre  de 
talent,  qui  l'aida  pour  ses  dessins.  On  a  d'eux  à  la 
Biblioth.  Nat.,  un  recueil  contenant  f  dessins  de  brasiers, 
dont  les  ornements  peuvent  servir  aux  cuvettes;  nouveaux 
dessins  de  guéridons,  éventails,  écrans,  etc.  » 


248  Le  Livre  commode. 

talent  pour  les  petits  Ouvrages  et  Bijouterie  d'or. 

Messieurs  Berthe,  rue  des  deux  Ecus',  et 
Ronde,  rue  Bertin  Poirée,  trafiquent  de  Barres, 
Lingots  et  Grenailles  d'or  et  d'argent. 

Les  Garnitures  et  Joyaux  de  fausses  Perles  et 
Pierreries,  se  vendent  chez  plusieurs  Marchands 
et  Ouvriers  établis  aux  environs  du  Temple  2. 

Les  fausses  Perles  de  nouvelle  invention  ar- 
gentées par  dedans,  qui  ressemblent  fort  aux 
naturelles 5,  se  vendent  chez  les  Sieurs  Grégoire, 
rue  du  petit  Lion,  Huvé  et  Desirçux,  rue  saint 
Denis. 

PREMIERES  INSTRUCTIONS 

DE   LA  JEUNESSE4. 

Il  y  a  dans  chacun  des  quartiers  de  la  Ville  et 
FauxDourg  de  Paris  un  Maître  et  une  Maîtresse 

1.  Dans  l'édit.  précédente,  p.  23,  il.  est  qualifié  «  or- 
fèvre, »  et  son  adresse  est  donnée  ainsi  :  «  joignant  l'hôtel 
de  la  Monnoye.  » 

2.  On  les  appeloit  «  diamants  du  Temple.  »  Dict.  des 
Arts,  1752,  in-fol.,  I,  534. 

j.  Il  s'agit,  sans  nul  doute,  des  perles  faites  avec  cette 
«  essence  d'ablettes,  »  dont  le  hasard  fit  découvrir  le  secret 
au  bijoutier  Jaquin,  en  1684.  Il  s'associa,  pour  l'exploiter, 
avec  un  nommé  Breton,  et  tous  deux  le  perfectionnèrent  si 
bien  que,  suivant  le  Mercure  galant  (août  1686,  p.  230), 
ces  perles,  «  façon  de  fines,  »  trompoient  tous  les  jours  les 
joailliers  eux-mêmes.  Les  Jaquin  faisoient  encore  ce  com- 
merce à  la  fin  du  règne  de  Louis  XV.  Hubin  avoit  appris  à 
Lister  comment  elles  se  fabriquoient  :  «  la  pâte,  dit-il, 
dont  on  les  étame  à  l'intérieur,  se  fait  uniquement  d'écaillés 
d'ablettes,  sans  autre  mélange....  un  collier  de  ces  perles 
revient  à  deux  ou  trois  pistoles.  » 

4.  Cette  partie  forme,  dans  l'édit.  de  1691,  le  cha- 
pitre XXXVIII  :  Des  maîtres  es  arts,  et  autres  tenant  pen- 


Le  Livre  commode.  249 

de  petites  Ecoles  instituez  par  M.  le  Chantre  de 
Paris,  pour  apprendre  aux  enfans  de  l'un  et  de 
l'autre  sexe,  le  Calhecisme,  et  les  Prières  chré- 
tiennes, la  lecture  des  Livres  latins  et  françois, 
et  les  principes  de  la  Grammaire',  de  l'Ecriture 
et  de  l'Aritmetique*. 

Outre  ces  Maîtres,  il  y  a  encore  une  Commu- 
nauté de  Maîtres  Expers  et  Jurez  Ecrivains,  qui 
enseignent  aux  jeunes  gens  qui  ont  déjà  passé 
par  les  petites  Ecoles,  la  perfection  de  l'Ecri- 
ture, de  l'Ortographe  et  de  l'Aritmetique?.  Il 
n'y  a  aucun  de  ces  Maîtres  qui  n'écrivent  par 
excellence  tous  les  differens  caractères  d'Ecri- 
tures. On  les  distingue  des  Maîtres  des  petites 
Ecoles  par  leurs  enseignes  où  il  y  a  le  titre  d'Ex- 
pert ou  de  Jurez  Ecrivain 4. 

M.  des  Planches,  à  présent  Sindic  en  charge 

sionnaireSj  pour  les  Leçons  et  pour  les  Répétitions  du  Latin, 
du  Grec,  de  la  Philosophie  et  des  Mathématiques.  Il 
commence  par  ces  quelques  lignes  qui  ne  se  retrouvent  pas 
ici  :  «  Entre  ces  maîtres,  les  uns  sont  principalement 
appliquez  à  répéter  les  enfants  qui  vont  au  collège,  qui  ne 
sont  chez  eux  pour  la  plupart  qu'à  demi  pension.  » 

1.  Fleury,  Traité  des  Etudes,  1687,  in-tz,  ch.  22,  vou- 
loit  que  l'on  commençât  par  la  grammaire. 

2.  V.  ce  que  nous  avons  dit  de  ces  écoles  dans  une  note 
du  chap.  1=""  :  Affaires  ecclésiastiques. 

3.  Fleury,  au  chap.  20-25  du  Traité  que  nous  venons  de 
citer,  vouloit  qu'on  apprît  aux  enfants,  non-seulement 
l'arithmétique,  mais  le  commerce,  la  banque,  le  change,  la 
manière  de  tenir  leurs  comptes,  de  fournir  et  recevoir 
quittances,  faire  des  contrats  et  des  transactions. 

4.  Nicolas  Lesgret,  né  à  Reims,  et  oit  le  maître  à  écrire 
des  pages  de  la  grande  Ecurie.  Il  prenoit  le  titre  de  «  maître 
écrivain  juré.  »  Etat  de  France,  1692,  t.  1,  p.  529.  Il 
devint  «  secrétaire  de  la  chambre  du  roi.  »  On  a  de  lui  : 
Le  livre  d'exemplaires,  composé  de  toutes  sortes  de  lettres, 
Paris,  1694,  in-fol.;  Le  nouveau  livre  d'écriture  italienne  et 
bâtarde,  Paris,  Mariette,  in-4'  oblong. 


2J0  Le  Livre  commode. 

de  leur  Communauté,  demeure  rue  et  devant  le 

()etit  saint  Antoine,  où  l'on  peut  recouvrer  leur 
iste  lorsqu'il  s'agit  de  consultation  sur  les  écri- 
tures et  signatures  suspectes,  qu'ils  sont  seuls 
en  droit  de  vérifier,  comme  on  le  verra  dans 
l'article  des  Rapports  et  Vérifications  d'Experts. 

Il  y  a  d'ailleurs  dans  l'Université  et  aux  extre- 
mitez  des  Fauxbourgs,  des  Maîtres  es  Arts  et 
autres  tenans  pensionnaires  pour  les  leçons  et 
pour  les  répétitions  du  Latin,  du  Grec,  de  la 
Philosophie  et  des  Mathématiques. 

Il  y  a  par  exemple  à  cet  effet,  aux  environs  du 
Collège  Mazarini,  Messieurs  Souplet,  quay  de 
Nesle';  le  Page,  rue  de  Nevers;  Roger,  rue  des 
Petits  Augustins;  Galande,  rue  Mazarini;  Bou- 
cher et  Henrion,  près  le  passage  de  la  rue  de 
Seine. 

Au  quartier  de  l'ancienne  Université,  Mes- 
sieurs Fleury,  rue  saint  Estienne  des  Grecs; 
Cosson  et  Blin,  rue  Chartiere;  Macet,  cloître 
saint  Benoist;  Laisné,  Cluet,  Busselin,  Hacland, 
Guyart,  Chastel  le  jeune  et  Morice^,  rue  saint 
Jacques. 

Sur  les  fossez  saint  Michel  3  jusqu'à  l'Estra- 
pade, Messieurs  Landemaine,  l'Elubois,  Martin, 
des  Fevres,  du  Tal,  le  Prieur,  des  Rohes4,  Valot, 
Parisot  et  Martin. 

1.  Dans  l'édit.  de  1691,  p.  58,  son  adresse  est  «  rue 
Mazarini,  »  ainsi  que  celle  de  Garande,  appelé  ici  Galande. 
On  y  trouve  aussi  indiqué  «  le  sieur  Picard,  rue  Guéne- 
gaud,  devant  l'abrevoir  (sic),  »  qui  manque  ici. 

2.  A  la  place  de  celui-ci,  on  trouve  Guillard,  dans  l'édit. 
de  1691,  p.  j8. 

3.  «  Saint  Jacques  et  saint  Marcel.  »  Edit.  1691. 

4.  Sans  doute  «  Des  Roches.  »  Il  manque  dans  l'autre 
édition. 


Le  Livre  commode.  251 

Au  Fauxbourg  saint  Antoine',  Messieurs  du 
Catel  l'ainé,  près  la  Raquette;  du  Catel  le 
jeune  2,  rue  de  Reuilly;  Desdurcet3,  rue  de 
Charonne;  Castelet,  rue  de  Charenton;  Roger  4 
et  Thomas,  grande  rué  du  Fauxbourg;  Mogey 
le  jeune  à  Pincourt;  Mogey  l'ainé,  Faucon, 
Desquinemare,  Dupuis,  Deschamps,  Bussys  et 
Guibert  à  Picquepuce^. 

Et  en  divers  autres  quaniers  de  Paris,  sont 
Messieurs  Davesne,  rue  Pavée7;  Harivel^,  rue 


1.  Dans  redit,  de  1691,  on  lit,  pour  commencer  cet 
article,  quelques  lignes  non  reproduites  ici  :  «  les  Maîtres, 
dont  les  pensionnaires  ne  vont  pas  au  collège,  et  qui  leur 
donnent  la  plupart  toutes  les  instruaions  nécessaires  jus- 
qu'en philosophie,  sont  au  faubourg  Saint- Antoine....  » 

2.  €  Et  Mauger,  •  dit  l'édit.  de  1691. 

3.  c  Des  Urset,  »  dans  l'édit.  de  1691. 

4.  L'édit.  précédente  dit  c  Roger,  »  et  ne  nomme  pas 
celui  qui  suit. 

5.  Edit.  1691  :  a  De  Bassy.  1 

6.  On  voit  que  ce  quartier  de  Picpus  étoit  rempli  de  mai- 
sons d'éducation.  Le  hollandois  Vanden  Ende,  qui  fut  pendu 
comme  complice  de  la  conspiration  du  chevalier  de  Rohan, 
en  tenoit  une  de  ce  côté.  Elles  y  étoient  encore  nombreuses 
au  siècle  dernier.  Le  Journal  du  Citoyen  [i-j)  s,  in-8,  p.  16}- 
165)  n'en  indique  pas  moins  de  neuf  dans  les  rues  de 
Montreuil,  de  Reuilly,  Picpus  et  Charonne. 

7.  Il  y  a  sur  lui  une  note  bien  curieuse  dans  le  t.  I"  du 
Catalogue  ms.  de  l'abbé  Goujet  :  «  Je  l'ai  connu  dans  mon 
enfance,  dit  l'abbé,  il  tenoit  école  et  pension  rue  Gilles- 
Cœur,  paroisse  de  Saint-André-des-Arts.  C'est  chez  lui  que 
j'ai  appris  à  lire,  à  écrire,  les  premiers  principes  de  la  re- 
ligion et  les  éléments  du  latin.  C'étoit  un  très-bon  maître, 
et  à  qui  j'ai  eu  beaucoup  d'obligation.  Ma  famille  ne  vou- 
loit  pas  me  mettre  à  l'étude,  et  il  commença  à  m'instruire 
secrètement,  me  donnant  chaque  jour  plusieurs  heures  de 
son  temps,  et  ce  fut  lui  enfin  qui  détermina  mon  père  à  me 
laisser  livrer  à  l'étude.  » 

8.  «  Anivel.  »  Edit.  1691. 


252  Le  Livre  commode. 

de  la  Cossonnerie;  le  Roy,  rue  Quinquempoîx; 
Mauger,  près  la  Croix  du  Tiroir;  Fleury,  près  le 
Palais  Royal;  Regnard',  rue  de  Bourbon;  Clé- 
ment, rue  Jean  de  l'Espine;  Milot,  porte  saint 
Denis;  Bilheult,  près  le  Temple,  et  du  Chesne, 
à  Chaillot^. 

M.  de  Blegny?,  maitre  Expert  et  Juré-Ecri- 
vain, auteur  de  l'Ortografe  Françoise 4,  demeu- 
rant à  l'entrée  de  la  rue  saint  André,  devant  le 
pont  saint  Michel,  vient  de  donner  au  public  un 
nouveau  livre  de  sa  composition  J,  qui  comprend 
tout  ce  qui  concerne  la  première  éducation  des 
enfans  :  les  Règles  et  les  Exemples  de  la  plus 
parfaite  écriture,  et  de  la  plus  exacte  ortografe, 
et  de  la  plus  claire  Arithmétique  ;  les  Eléments 
de  la  morale  et  les  formules  des  lettres,  des 
billets  et  des  actes  qui  se  font  sous  signatures 
privées  dans  le  commerce  plus  ordinaire  de  la 
vie  civile^. 

1.  «  Au  faubourg  Saint-Germain.  »  Id. 

2.  L'édit.  de  1691  donne  presque  tous  ces  noms,  et  y 
ajoute  :  «  Binet,  rue  des  Gravilliers.  » 

j.  Etienne  de  Blegny,  parent  sans  nul  doute  de  l'apo- 
thicaire-faiseur, dont  nous  publions  le  livre. 

4.  Nous  ne  connaissons  pas  ce  traité  de  l'orthographe 
par  Blegny,  mais  en  revanche  nous  pouvons  citer  ses  Nou- 
veaux exemplaires  d'écriture  d'une  beauté  singulière  escrits 
par  Estienne  Blegny,  et  gravés  par  Berey,  recueil  de  40 
planches  in-8°.  Claude-Auguste  Berey  étoit  le  plus  fameux 
graveur  d'écriture  de  son  temps.  Il  fut  le  créateur  de  la 
coulée,  comme  Barbedor  son  devancier  avoit  été  le  créateur 
de  la  ronde.  On  a  de  Berey  :  Nouveau  livre  d'écriture  finan- 
cière, Paris,  1694,  in-4"  oblong;  L'écriture  italienne  bâtarde, 
1700;  Nouveaux  exemplaires  d'écriture  de  finance,  in-4"  obi. 

5 .  En  voici  le  titre  :  les  Eléments  ou  première  Instruction 
de  la  jeunesse. 

6.  Il  se  trouve,  en  effet,  dans  le  livre  d'Etienne  Blegny, 


Le  Livre  commode.  255 

Pour  le  surplus  de  l'éducation  de  la  jeunesse, 
voyez  l'article  des  Collèges,  celuy  des  nobles 
exercices,  et  celuy  des  Mathématiques. 

NOBLES   EXERCICES 

POUR    LA    BELLE    EDUCATION'. 

Toutes  les  Académies  de  Manège  ont  esté  ré- 
duites à  deux,  et  réglées  de  telle  sorte  que  les 
pensionnaires  y  sont  distribuez  en  nombre  égal  ; 
l'une  est  au  Carrefour  saint  Benoist^  où  il  y  a 
pour  Ecuyers,  Messieurs  de  LonpréJ,  Ber- 
nardy4,  et  et  l'autre  qui  est 

un  chapitre  qui  a  pour  titre  :  Formulaire  de  petits  actes. 

1.  Dans  l'édit.  précéd.,  ce  qui  suit  se  trouvoit,  avec  des 

détails  différents,  au  «  chapitre  IV,  des  Académies  :  

Les  Académies  de  la  deuxième  espèce,  oii  l'on  instruit  la 
noblesse  dans  les  Sciences  et  dans  les  Arts  qui  regardent  la 
discipline  militaire,  et  dans  tous  les  exercices  de  !a  danse, 
sont  au  nombre  de  cinq;  sçavoir:  celle  de  M.  Coulon,  rue 
Férou,  près  Saint-Sulpice ;  celle  de  M.  de  Long-pré  au  car- 
refour Saint-Benoist  ;  celle  de  M.  Bernardi  rue  de  Condé, 
et  celle  de  Monsieur  de  Roquefort,  dans  la  rue  de  l'Uni- 
versité, »  p.  8. 

2.  La  cour  du  Dragon  fut  construite  à  la  place  de  cette 
académie  et  de  son  manège. 

j.  Nous  l'avons  trouvé  tout-à-l'heure  parmi  les  curieux 
de  médailles.  Il  avoit  été  fait  écuyer  du  Roi,  le  14  février 
1670.  V.  Registre  du  Secrétariat,  pour  1670,  Biblioth.  Nat., 
f.  franc.,  n°  66 j 2,  fol.  96  v. 

4.  Il  étoit  de  Lucques,  comme  Amolphini,  autre  grand 
€  académiste  »  de  ce  temps-là.  Avant  de  venir  au  carrefour 
Saint-Benoît  et  de  s'y  associer  avec  Longpré,  Bernardi  avoit  eu 
une  académie  de  manège  rue  de  Vaugirard,près  du  Luxem- 
bourg, où  on  lui  avoit  permis  d'élever  tous  les  ans  un  fort 
pour  exercer  ses  élèves  aux  manœuvres  des  sièges.  Soleysel, 
auteur  du  Parfait  maréchal,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  avoit  professé  dans  son  manège. 


254  L.E  Livre  commode. 

dans  la  rue  des  Canettes,  a  aussi  i)our  Ecuyers, 
Mfs  Vandeùil,  Roquefort,  et  d^Auricour. 

C'est  dans  ces  deux  Académies,  que  les  jeunes 
gens  sont  exercez  dans  les  Sciences  et  dans  les 
Arts  qui  conviennent  à  la  Noblesse;  c'est-à-dire, 
aux  Mathématiques  et  aux  exercices  des  Armes, 
du  Cheval  et  de  la  Danse  ' . 

Messieurs  le  Perche  père,  rue  de  la  Harpe  2; 
Liancourt,  rue  des  Boucheries  saint  Germain,  de 
Brie,  rue  de  Bussy,  et  du  Fay,  rue  du  Chantre, 
sont  les  Maîtres  en  fait  d'Armes  préposez  dans 
les  deux  Académies,  pour  enseigner  l'usage  de 
l'Epée. 

M.  de  Beaufort,  près  la  porte  saint  Honoré, 
montre  dans  l'une  et  dans  l'autre,  l'exercice  de 
la  Pique,  du  Mousquet  et  des  Evolutions  mili- 
taires. 

Et  M'^  Favier?  et  Du  Four,  rue  Dauphine,  y 
montrent  à  danser. 

Il  y  a  d'ailleurs  en  diflferens  quartiers  des 
Maîtres  en  Fait  d'Armes,  qui  tiennent  salle  chez 


1.  Un  contemporain,  Le  Bret,  nous  dit  dans  ses  lettres 
diverses,  p,  127,  que  tout  bon  gentilhomme  devoit  rester 
deux  ans  chez  Bernardi,  et  y  gagner  au  moins  «  un  prix  à 
la  course  de  bagues.  » 

2.  C'étoit  un  honneur  de  prendre  de  ses  leçons.  Brillon, 
dans  ses  Portraits  sérieux,  galants  et  critiques,  1696,  in-12, 
p.  270,  dit  de  l'homme  du  bel  air  qu'il  appelle  Aristarque  : 
«  grand  homme  d'exercice,  vous  lui  entendrez  répéter  qu'il 
est  un  des  forts  écoliers  de  Le  Perche,  et  que  dans  l'Aca- 
démie de  Longpré  on  ne  parle  que  de  lui.  » 

3.  C'est  celui  dont  La  Bruyère  a  dit  à  l'art.  29  du  cha- 
pitre de  la  Mode,  en  souvenir  des  leçons  qu'il  donnoit  à 
M.  Le  Duc,  son  élève  :  «  On  sait  que  Favier  est  beau 
danseur.  »  M""^  de  Sévigné  a  aussi  parlé  de  lui,  t.  IX,  p. 
133.  Il  étoit  attaché  à  l'Opéra. 


Le  Livre  commode.  255 

eux,  et  qui  sont  dans  l'approbation  publique  ; 
par  exemple,  Messieurs  de  saint  André,  quay 
des  Augustins,  Chardon,  rue  de  Bussy  :  Minoux, 
rue  des  mauvais  Garçons  :  le  Perche  fils,  rue 
Mazarine  :  Piilart  père,  rue  Dauphine  :  Pillart 
fils,  rue  des  Cordiers  :  du  Bois,  près  le  Jeu  de 
de  Metz',  etc. 

M.  Liencourt  a  donné  au  public  un  excellent 
traité  de  la  Pratique  des  Armes. 

Il  y  a  pareillement  encore  pour  les  hautes 
armes,  M.  Rousseau,  qui  est  ordinairement  en 
Cour  2  :  M.  Colombon,  devant  la  grande  porte 
du  Palais  :  et  M.  Chevry,  rue  des  Boucheries 
saint  Germain. 


1 .  Un  des  jeux  de  paume  de  la  rue  Mazarine.  —  On  voit 
que,  sauf  deux,  tous  ces  maîtres  d'armes  demeuroient 
dans  le  quartier  de  l'Université.  En  1721,  il  en  étoit  encore 
de  même.  J.  de  Braye,  qui  fit  paroître  alors  VArt  de  tirer 
les  armes,  dit  qu'il  y  avoit  dans  Paris  plus  de  dix  mille 
bretteurs,  et  presque  tous  dans  le  quartier  latin.  Ils  n'af- 
fluoient  pas  moins,  en  169J,  dans  le  faubourg  Saint-Germain. 
Le  procureur  du  Roi,  Robert,  dans  une  lettre  du  1 1  juillet 
à  l'agent  Desgranges,  lui  dit,  à  propos  d'une  arrestation 
qu'il  devoit  mais  ne  put  faire  près  de  l'abbaye  :  a  En  un 
moment,  il  s'est  attroupé  en  cet  endroit  beaucoup  de  gens 
d'épée  et  de  bretteurs  dont  ce  quartier  est  rempli,  et  il  étoit 
impossible  d'emmener  le  prisonnier  sans  rendre  un  petit 
combat  et  faire  tuer  beaucoup  de  monde.  »  (P.  Clément,  la 
Police  sous  Louis  XIV,  p.  442.) 

2.  Il  étoit  maître  d'armes  des  pages  de  la  grande  et  de 
la  petite  écurie,  et  il  le  devint  ensuite  du  duc  de  Bourgogne. 
Son  fils  et  son  petit-fils,  qui  avoit  épousé  une  sœur  de 
M""  Campan,  furent  maîtres  d'armes  des  enfants  de  France. 
Le  dernier  ne  put  échapper  à  la  Terreur  :  «  Il  fut  pris  et 
guillotiné,  dit  M""^  Lebrun.  On  m'a  dit  que  le  jugement 
rendu,  un  juge  avoit  eu  l'atrocité  de  lui  crier  :  pare  celle-ci, 
Rousseau.  »  (Souvenirs,  i""'  édit.,  t.  I,  p.  182.)  Amédée 
de  Beauplan  étoit  son  fils. 


256  Le  Livre  commode. 

Plusieurs  maîtres  de  Dance  dispersés  en  diffe- 
rens  endroits,  sont  d'ailleurs  d'une  habilité  dis- 
tinguée; par  exemple,  M.  de  Beauchamp,  Maître 
des  Ballets  du  Roy,  et  le  premier  homme  de 
l'Europe  pour  la  composition  ',  rue  Bailleul  : 
M.  Reynal  l'aîné,  maître  à  danser  des  Enfans  de 
France  2,  ordinairement  en  Cour  :  et  Messieurs 
d'Olivet  et  Favier  cadet,  rue  du  petit  Lion  : 
Favre  l'aîné,  rue  de  Richelieu  :  Favre  le  cadet, 
rue  Platriere  :  Lestang  et  Pecourt  aine  5  et  ca- 


1.  G.  Brice  se  contente  de  dire  qu'il  est  «  des  plus  re- 
nommés de  sa  profession,  par  les  beaux  ballets  qu'il  a 
composés,  et  par  les  élèves  habiles  qu'il  a  formés,  qui  sont 
à  présent  admirés  de  tout  le  monde,  principalement  sur  le 
théâtre  de  l'Opéra,  où  on  les  voit  exécuter  des  danses 
merveilleuses.»  Il  a  été  parlé  plus  haut,  p.  250,  de  son 
cabinet  de  curieux. 

2.  Son  nom  est  écrit  Rénal  dans  l'Etat  de  France  de  1702, 
t.  II,  p.  30,  où.  il  figure  comme  maître  à  danser  du  duc  de 
Bourgogne  et  de  son  frère  le  duc  de  Berry. 

}.  Louis  Recourt,  maître  à  danser  des  pages  de  la 
Chambre.  Lui  et  Lestang  étoient  les  maîtres  à  grands  suc- 
cès, et  qui  gagnoient  le  plus.  Richelet,  à  ce  propos,  a  dans 
son  recueil  Les  plus  belles  lettres  françaises,  4"  édit.,  t.  I, 
p.  379,  une  note  bien  curieuse,  et  encore  plus  amère  : 
«  M.  le  duc  d'Enghien,  dit-il,  dansoit  proprement,  et  de 
son  temps  la  danse  commençoit  à  être  quelque  chose. 
Cependant  ce  n'étoit  rien  en  comparaison  de  ce  qu'elle  est. 
Elle  enchante  et  aussi  pour  plaire,  ou  pour  faire  fortune,  il 
faut  comme  Pécourt  ou  L'Etang  danser  ou  être  maître  à 
danser.  »  Regnard,  dans  sa  farce  du  Théâtre  Italien,  le 
Divorce,  jouée  en  1688,  parle  aussi  du  succès  des  leçons  de 
ces  danseurs  et  du  prix  qu'ils  y  mettoient  :  «  Colombine. 
Un  demi  louis  d'or  pour  une  leçon  !  on  ne  donnoit  autre- 
fois aux  meilleurs  maîtres  qu'un  écu  par  mois.  Arlequin. 
11  est  vrai,  mais  dans  ce  temps  là  les  maîtres  à  danser 
n'étoient  pas  obligés  d'être  dorés  dessus  et  dessous  comme 
à  présent,  et  une  paire  de  galoches  étoit  la  voiture  qui  les 
menoit  par  toute  la  ville.  » 


Le  Livre  commode.  257 

det,  rue  Traversine  :  du  Mirail,  rue  de  Seine  : 
Bouteville,  rue  des  mauvais  Garçons  :  des  Hayes, 
devant  la  Comédie  Françoise  :  Germain  l'ainé, 
rue  saint  André  :  Germain  le  cadet,  rue  de 
Bussy  :  Pestor  au  Marché  Neuf,  etc. 

Outre  ce  qu'on  a  veu  dans  l'article  des  Ma- 
thématiques touchant  les  maîtres  qui  professent 
et  qui  enseignent  toutes  les  dépendances,  il  y  a 
d'ailleurs  entre  les  fameux,  Messieurs  Goret, 
Terranneau,  Walter,  etc.,  dont  on  n'a  pu  recou- 
vrer les  adresses. 

M.  Chartrain  qui  est  également  sçavant  et 
illustre,  et  gui  demeure  rue  du  Four  saint  Ger- 
main, enseigne  l'Histoire,  la  Géographie,  le 
Blazon,  etc. 

Autant  en  fait  M.  l'Abbé  Brice,  Auteur  de  la 
Description  de  la  Ville  de  Paris',  qui  demeure 
rue  du  Sépulcre. 

M.  Veneroni*,  Secrétaire  Interprète  du  Roy, 
ordinairement  nommé  dans  les  Tribunaux  pour 
la  Traduction  et  Interprétation  des  Langues 
Espagnole  et  Italienne,  enseigne  ces  deux  Lan- 
gues chez  luy,  rue  du  Cœur  Volant?  et  en  Ville; 
c'est  celuy  même  qui  a  publié  un  Dictionnaire4, 


1.  Nous  avons  parlé  de  lui  dans  une  de  nos  premières 
notes,  p.  6,  et  quant  à  sa  Description  de  Paris,  nous  l'avons 
assez  souvent  citée  pour  ne  pas  avoir  à  y  revenir  ici.  Elle  en 
étoit  encore  à  ce  moment  à  sa  première  édition,  publiée  en 
1684,  2  vol.  in-i2. 

2.  Ce  nom,  qui  a  longtemps  été  populaire  dans  les  classes, 
n'étoit  pas  le  sien.  Il  se  l'étoit  donné,  en  italianisant  son 
nom  véritable,  Vigneron. 

3.  Ajoutons,  d'après  Jal,  Dict.  critique,  p.  1242,  «  à  l'en- 
seigne du  Chapeau  couronné.  » 

4.  Ce  dictionnaire  italien  ne  lui  appartenoit  pas  beaucoup 

Livre  commode.  17 


2j8  Le  Livre  commode. 

une  Grammaire,  et  une  Nouvelle  Metode  pour  la 
Langue  Italienne',  et  qui  a  traduit  les  Lettres 
du  Cardinal  Bentivoglio,  le  Pastor  Fido,  etc. 

Messieurs  Martin,  rue  saint  Sauveur  :  Gracy, 
rue  saint  Honoré  :  et  Philippi,  rue  de  Vaugirard, 
enseignent  pareillement  les  Langues  Espagnole 
et  Italienne. 

Les  maîtres  pour  la  Langue  Allemande  sont, 
Messieurs  Pascal,  rue  des  mauvais  Garçons  : 
Leopol,  rue  saint  Martin  :  Meremberg,  Perger 
et  Benicourt,  au  quartier  saint  Germain  des 
Prez. 

Les  maîtres  pour  la  Langue  Angloise  sont, 
Messieurs  Paul  et  Dalais*,  Auteur  de  l'Histoire 

plus  que  son  nom  à  l'italienne.  La  Monnoie  nous  l'apprend 
sans  ménagement  dans  une  note  du  glossaire  de  ses  Noëls 
bourguignons  :  «  le  plagiaire,  dit-il,  qui  s'est  emparé  du 
dictionnaire  italien  d'Oudin  et  l'a  fait  imprimer  sous  le  nom 
de  Vénéroni,  étoit  un  pédant  nommé  Vigneron.  »  Il  est  juste 
d'ajouter  qu'il  n'avoit  pas  —  ce  qu'oublie  La  Monnoye  — 
nié  ce  qu'il  devoit  à  Oudin,  quand,  en  1681,  il  avoit  donné 
une  nouvelle  édition  de  son  dictionnaire.  Il  avoit  mis  sur 
le  titre  :  «  continué  par  Laurent  Fevrette  et  par  Véné- 
roni. »  C'est  bien  plus  tard,  lorsqu'il  fut  mort,  que  son 
nom  italianisé  le  lui  fit  attribuer  tout  entier. 

1.  Il  n'a  pas  plus  fait  cet  ouvrage  qu'il  n'a  fait  l'autre. 
«  Sa  méthode,  lisons-nous ,  au  mot  «  Vénéroni,  »  dans  le 
Dictionn.  histor.  de  l'abbé  Ladvocat,  n'est  pas  de  lui,  mais 
du  fameux  Roselli,  dont  on  a  imprimé  les  aventures  en 
forme  de  roman.  A  son  passage  en  France,  il  alla  prendre 
un  dîner  chez  Vénéroni,  qui,  ayant  vu  qu'il  raisonnoit  juste 
sur  la  langue  italienne,  l'engagea  à  faire  une  grammaire 
pour  laquelle  il  lui  donna  cent  francs.  Vénéroni  n'a  fait 
qu'y  ajouter  quelque  chose  à  son  gré,  et  la  donna  sous  son 
nom.  » 

2.  Ses  vrais  noms  sont  Denis-Valrasse  Allais.  Il  avoit  servi 
en  Angleterre,  et  revenu  à  Paris,  il  y  donnoit,  comme  on  le 
voit  ici,  des  leçons  d'anglois  et  de  firançois.  Il  publia,  en 


Le  Livre  commode.  259 

de  Sevarambes  ' ,  rue  des  Boucheries  saint  Ger- 
main. 

M.  de  la  Croix,  près  la  place  des  Victoires, 
enseigne  à  parler  le  Turc*. 

Les  maîtres  pour  la  langue  Arabique  sont, 
Messieurs  de  Lipyî  et  son  neveu,  au  Collège  de 
Cambray. 

Messieurs  Veneroni,  l'Abbé  Brice,  et  Riche- 
let4,  rue  des  Boucheries,  enseignent  la  Langue 
Françoise  aux  Etrangers. 


1681,  une  Grammaire  française  méthodique,  et,  deux  ans 
après,  un  abrégé  en  anglois  de  cette  grammaire. 

1.  Cette  Histoire  des  Sevaramba ,  qui  a  été  souvent 
réimprimée,  est  en  2  vol.  in-12.  On  y  trouve,  à  l'imitation 
de  VUtopie  de  Thomas  Morus,  tout  un  nouveau  système  de 
gouvernement  politique  et  religieux. 

2.  Pétis  de  La  Croix,  à  qui  l'on  doit  l'Histoire  de  Ta- 
merlan,  celle  de  Gengiskhan,  et,  ce  qui  l'a  rendu  plus 
célèbre,  la  traduaion  des  Mille  et  un  Jours,  que  Le  Sage 
revit  pour  le  style.  En  1692,  l'année  même  où  nous  le 
voyons  figurer  ici,  il  fut  nommé  professeur  en  langue  arabe 
au  Collège  Royal.  Il  le  resta  jusqu'à  sa  mort,  en  171?- 

3.  Lisez  Dippy.  C'étoit  un  syrien  d'Alep.  Il  cumuloit  la 
place  de  professeur  en  arabe  et  syriaque  avec  celle  de  secré- 
taire interprète  du  Roi.  Il  professa  au  collège  de  France  — 
appelé  ici  Collège  de  Cambray  —  de  1670  à  1709.  J.-B.  de 
Tiennes  lui  succéda  comme  secrétaire  interprète,  et  c'est 
Antoine  Galland,  auteur  des  Mille  et  une  Nuits,  qui  eut  sa 
chaire  d'arabe.  Il  ne  la  garda  que  six  ans. 

4.  Ce  n'est  pas  moins  que  Pierre  Richelet,  auteur  du 
fameux  Dictionnaire.  Ne  pouvant  vivre  de  ses  livres  ni  de 
ses  causes,  car  il  étoit  avocat  au  Parlement,  il  s'é;oit  mis 
à  donner  des  leçons  de  langue  françoise,  sans  y  gagner  au- 
tant que  Pécourt  et  Létang  avec  leurs  leçons  de  danse,  ce 
qui  le  rendoit  amer  comme  nous  l'avons  vu  dans  une  note 
précédente.  Bien  des  gens  de  son  mérite  en  étoient  réduits 
a  ce  métier.  De  Lisle,  le  géographe,  couroit  comme  lui  le 
cachet  :  c  II  alloit  enseigner  en  ville,  lit-on  dans  le  Lon- 
gttovana,  et  ces  misérables  qui  envoient  leur  carrosse  à  un 


200  Le  Livre  commode. 

M.  Frosne,  Architecte,  près  la  fontaine 
S.  Ovide,  enseigne  aux  personnes  distinguées, 
les  Fortifications,  l'Architecture  civile  et  plu- 
sieurs autres  parties  des  Mathématiques;  on 
peut  le  consulter  utilement  sur  les  Batimens  et 
sur  le  Calcul  des  Toisez. 

Messieurs  le  Pautre',  rue  du  Foin,  et  d'Hon- 
neur à  l'entrée  de  la  rue  de  la  Coutellerie,  en- 
seignent la  plus  excellente  pratique  du  dessein. 

Les  maîtres  fameux  pour  le  Jeu  de  la  Paume 
sont,  Messieurs  Bidault,  rue  saint  Germain 
l'Auxerrois  :  Sainctot,  rue  des  mauvais  Gar- 
çons :  Mion,  rue  de  Bussy  :  Jourdain^,  Cerceau, 
le  Page  et  Clergé,  dont  l'Auteur  ignore  les 
adresses  3 . 

comédien,  faisoient  venir  à  pied  un  septuagénaire,  qui  en 
son  genre  étoit  le  premier  homme  de  France.  » 

1 .  Pierre  Le  Pautre,  fils  aîné  de  Jean,  qui  avoit  brillé, 
comme  dessinateur  et  graveur,  dans  les  premiers  temps  du 
règne.  Il  fut  lui-même,  dans  le  même  genre,  d'un  talent 
fort  distingué.  K.,  à  son  nom,  VAbecedario  de  Mariette. 

2.  Ils  étoient  deux  de  ce  nom,  comme  on  le  verra  dans 
la  note  suivante. 

} .  Si  Blegny  ne  sait  pas  leur  adresse,  c'est  qu'ils  n'en  avoient 
pas  de  fixe,  ils  jouoient  «  à  la  représentation,  »  comme  on 
diroit  aujourd'hui,  dans  n'importe  quel  jeu  de  paume,  à  leur 
choix,  et  cela  deux  fois  la  semaine.  Le  roi  leur  avoit  accordé 
ce  privilège,  après  les  avoir  vus  jouer  à  Fontainebleau,  le 
26  octobre  1687.  Dangeau,  à  qui  nous  devons  ce  rensei- 
gnement, nous  donne  leurs  noms,  qui  diffèrent,  pour  un  ou 
deux,  de  ceux  qui  sont  ici  :  «  Ils  feront,  dit-il,  afficher 
comme  les  comédiens.  Ils  sont  cinq  :  les  deux  Jourdain,  Le 
Pape,  Clergé  et  Servo.  »  Pour  celui-ci,  croyons-nous,  c'est 
Sercot  qu'il  faut  lire  :  d'abord  parce  que  ce  nom  se  rap- 
proche davantage  de  celui  de  Cerceau  donné  ici;  ensuite 
parce  qu'on  le  trouve  comme  étant  celui  d'un  fameux  pau- 
mier  du  temps  de  la  Fronde  dans  la  Mazarinade,  Le  Ministre 
d'Etat  flambé. 


Le  Livre  commode.  261 

M.  Revaire,  Fourbisseur  du  Roy,  demeure 
aux  Galeries  du  Louvre  ' . 

M.  Cadeau,  aussi  fameux  Fourbisseur,  de- 
meure sur  le  Pont  au  Change. 

ARMES  ET  BAGAGES 

DE     GUERRE     ET     DE     CHASSE. 

Le  magasin  Royal  des  Armes  est  à  l'Arsenal, 
sous  la  direction  de  M.  Titon,  Entrepreneur 
Général  des  fournitures  d'Armes^. 

Il  y  a  aussi  un  grand  magasin  d'Armes  et 
Equipages  de  Guerre,  chez  M.  Benicourt3,  de- 
vant l'orloge  du  Palais. 

1.  «  Revoir,  fourbisseur,  dit  Germain  Brice,  t.  1,  p.  72, 
travaille  aux  gardes  d'épées  et  en  d'autres  choses  de  cette 
sorte  d'une  manière  qui  le  distingue  fort  des  autres  maîtres 
de  sa  profession.  » 

2.  Son  fils  Titon  du  Tillet,  à  qui  l'on  doit  ce  singulier 
monument,  le  Parnasse  françois,  qui  fut  longtemps  exposé 
dans  une  des  salles  de  la  Biblioùièque  Nationale,  et  le  livre 
qui  l'explique,  avec  la  biographie  de  ceux  qui  y  figuroient 
en  statuettes  de  bronze,  fut,  comme  son  père,  attaché  aux 
fournitures  d'armes.  Il  avoit  une  charge  de  commissaire  des 
guerres.  Le  Magasin  royal,  créé  par  le  père,  ne  resta  pas 
a  l'Arsenal,  où  il  l'avoit  d'abord  établi.  En  1701,  il  étoit 
transféré  à  la  Bastille  :  t  le  Magasin  de  Titon,  lisons-nous 
dans  l'édition  de  G.  Brice  publiée  cette  année-là,  t.  I, 
p.  341,  est  sur  la  première  porte  de  la  Bastille  qui  donne 
dans  la  place.  H  est  rempli  de  quantité  d'armes  de  toutes 
les  sortes,  et  l'on  y  trouve  tout  ce  qu'on  peut  désirer  sur 
cet  article.  » 

j.  Il  est  appelé  «  De  Benicourt,  »  dans  l'édit.  de  1691, 
p.  22.  —  Sa  maison  étoit  déjà  célèbre,  en  1640.  Voici 
l'adresse  qu'il  prenoit  alors,  et  qu'on  trouve  dans  un  compte, 
pour  achat  d'armes,  publié  par  M.  P.  Paris  dans  son  édi- 
tion de  Tallemant,  t.  IX,  p.  474  :  a  Pierre  Bignicourt, 
marchand  quincaillier  du  Roy,  à  Paris,  rue  de  la  Barillerie, 


202  Le  Livre  commode. 

M.  marchand  quincallier,  à 

l'entrée  du  quay  de  la  Mégisserie,  fait  aussi 
beaucoup  de  fournitures. 

Le  plomb  pour  les  Armes  à  feu,  se  vend  en 

f;ros  et  en  détail  chez  plusieurs  marchands,  sous 
'orloge  du  Palais,  et  au  Fauxbourg  saint  An- 
toine ' . 

Messieurs  Regnault  et  Lopinot,  Tapissiers, 
près  le  Collège  Mazarini  *,  ont  un  grand  assor- 
timent de  Lits,  de  Tentes  et  de  Pavillons  de 
Guerre. 

On  en  trouve  aussi  chez  les  Tapissiers  Fripiers 
des  pilliers  des  Halles  3. 

Les  Cordonniers  qui  vendent  des  bottes  vieilles 
et  neuves,  et  qui  entreprennent  la  fourniture  des 
Régimens,  sont  placez  rue  de  la  Barillerie,  près 
le  Palais  4. 

à  l'enseigne  de  la  Chasse  Royale,  devant  les  loges  du 
Palais.  » 

1.  Liger,  dans  le  Voyageur  fidèle,  171 5,  in-12,  p.  381, 
reproduit  ceci  textuellement.  Il  ajoute  :  «  on  vend  la  poudre 
à  tirer  à  l'Arsenal,  où  elle  se  fabrique  :  elle  s'y  débite  en 
gros  et  en  détail.  Il  y  a  aussi  d'autres  épiciers  qui  en 
vendent  dans  plusieurs  quartiers  de  la  ville.  » 

2.  Le  second  est  nommé  seul  dans  l'édit.  précéd. ,  p.  64, 
avec  cette  adresse  plus  détaillée  :  «  au  deuxième  pavillon 
du  collège  Mazarini,  devant  l'hôtel  de  Créquy.  » 

3.  «  Qui  pour  l'ordinaire,  ajoute  le  Voyageur  fidèle, 
p.  382,  en  ont  un  assez  grand  assortiment  en  temps  de 
guerre.  » 

4.  «  Ce  sont  eux  qui  font  les  souliers  de  fatigue,  qu'on 
nomme  souliers  de  bottes.  »  Edit.  de  169 1,  p.  25.  On  s'en 
servoit  encore  pour  aller  par  les  rues,  tant  elles  étoient 
boueuses  :  «  Quoi  qu'il  ne  pleuve  pas,  lisons-nous  dans  la 
traduction  d'une  Lettre  italienne  sur  Paris,  écrite  le  20  août 
1692  par  un  Sicilien,  et  publiée  pour  la  première  fois  dans 
le  Saint  Evremoniana,  1700,  in-8,  p.  385,  on  ne  laisse  pas 
de  marcher  souvent  dans  la  boue.  Comme  l'on  jette  toutes 


Le  Livre  commode.  263 

Les  Sieurs  Paul  et  Daumal,  rue  saint  Honoré, 
sont  de  fameux  Epronniers  ' . 

Près  la  porte  saint  Antoine,  on  fabrique  des 
Tambours  pour  les  troupes. 

Les  charettes  et  quaissons  de  guerre,  sont 
fabriquez  pour  la  plus  grande  part  à  l'entrée  du 
FauxDOurg  saint  Antoine. 

Les  Bahutiers  qui  font  les  coffres,  malles, 
fourreaux  de  pistolets,  etc.,  sont  en  grand  nom- 
bre au  quartier  du  Palais,  au  bout  du  pont  Notre 
Dame,  à  l'entrée  du  Fauxbourg  saint  Germain, 
et  aux  environs  de  saint  Honoré. 

On  fait  sur  le  quay  de  la  Mégisserie,  à  la  porte 
du  Fort  l'Evêque*,  diverses  sortes  de  raizeaux 
et  tirasses  3  pour  la  chasse. 

Les  Oizeleurs  du  même  quay  4,  vendent  les 
raizeaux  à  prendre  des  Rossignols. 

Pour  les  chevaux,  mulets,  hamois,  etc.  Voyez 
l'article  suivant. 

La  manufacture  des  Buffles  pour  la  Cavalerie 
est  chez  M.  Jabac,  rue  neuve  saint  MedéricJ. 

les  immondices  dans  les  mes,  la  vigilance  des  magistrats 
ne  suffit  pas  pour  les  faire  nettoyer....  Autre  fois  les  hommes 
ne  pouvoient  marcher  à  Paris  qu'en  bottines,  ce  qui  fit 
demander  à  un  Espagnol,  les  voyant  en  cet  équipage  le  jour 
de  son  arrivée,  si  toute  la  ville  partoit  en  poste.  » 

1.  Le  Voyageur  fidèle,  p.  J82,  après  avoir  parlé  du  grand 
«  commerce  d'éperons  »  qui  se  faisoit  rue  Saint- Honoré, 
ajoute  :  «  les  quincailliers  en  vendent  aussi,  mais  qui  ne 
valent  pas  les  premiers  à  beaucoup  près.  » 

2.  Liger,  qui  reproduit  cet  article,  p.  384  de  son  Voya- 
geur fidèle,  ajoute  :  c  du  côté  de  la  rivière,  »  ce  qui  n'étoit 
pas  inutile  à  dire,  l'entrée  principale  du  For-1'Evèque  étant 
rue  Saint-Germain-l'Auxerrois. 

j.  Ce  sont  des  filets  à  prendre  les  cailles  et  les  perdrix. 

4.  Il  sera  reparlé  d'eux  plus  loin. 

5.  C'est  ce  commerce  qui,  nous  l'avons  dit,  p.  109,  aroit 


264  Le  Livre  commode. 


CHEVAUX  ET  EQUIPAGES. 

Le  marché  pour  les  chevaux  et  pour  les  mu- 
lets, se  tient  les  Mercredis  et  les  Samedis  non 
fêtez,  au  bout  du  Fauxbourg  saint  Victor,  de- 
puis deux  heures  de  relevée  jusqu'à  six  '. 

Les  autres  jours  on  trouve  des  chevaux  de 
toutes  espèces,  chez  les  Sieurs  Guerte,  rue  de  la 
Bucherie  :  François  Paris,  place  Maubert  : 
Charles  Paris,  rue  des  Rats  ^  :  Grenier,  cour  de 
la  Jussienne?  :  du  Pont,  cul  de  sac  des  Proven- 
çaux :  Guilloty,  rue  Perdue  :  Prévost,  le  Moine, 
Harasse,  Arnoult  et  Anceaume,  rue  et  devant 

commencé  la  fortune  de  Jabach  à  Paris  :  «  la  France, 
lisons-nous  dans  un  passage  du  Dictionnaire  des  arts  et 
métiers,  par  l'abbé  Jaubert,  t.  I,  p.  427,  qui  complétera 
notre  première  note,  est  redevable  à  Colbert  de  la  prépa- 
ration des  peaux  de  buffle  :  il  y  attira  pour  cet  effet  M.  de 
la  Haye,  de  Hollande,  et  ensuite  M.  Jabach,  de  Cologne, 
qui  obtinrent  un  privilège  exclusif  pour  établir  leur  manu- 
facture à  Corbeil.  »  Cette  manufacture  fut  ensuite  transférée 
à  Paris,  chez  Jabach  lui-même,  où  nous  la  voyons  ici. 

1 .  Cet  article  est  plus  curieux  dans  l'édit.  de  169 1,  p.  5}  : 
«  le  marché  aux  chevaux,  aux  mulets,  aux  porcs  et  aux 
bêtes  azines,  se  tient  les  mécredis  (sic)  et  samedis,  le  matin 
pour  les  porcs,  et  l'après  dinée  pour  le  reste,  au  bout  du 
faubourg  Saint-Victor.  » 

2.  Ce  quartier  de  la  place  Maubert  —  la  rue  des  Rats, 
qui  est  aujourd'hui  rue  de  l'Hôtel-Colbert,  s'y  trouve  —  et 
celui  des  environs  de  l'abbaye  Saint-Martin  étoient  surtout 
ceux  des  maquignons,  aussi  l'édit.  précédente  se  borne- 
t-elle  à  dire,  p.  33  :  «  Il  y  a  un  grand  nombre  de  chevaux 
au  quartier  de  la  place  Maubert  et  de  l'abbaye  Saint-Mar- 
tin-des-Champs.  » 

}.  On  l'appeloit  aussi  la  cour  Tricot.  Elle  alloit  de  la  rue 
de  la  Jussienne  à  la  rue  Montmartre.  Ce  n'avoit  été  long- 
temps qu'une  Cour  des  Miracles. 


Le  Livre  commode.  265 

les  murs  saint  Martin,  où  sont  encore  logez  les 
Sieurs  Rotelet  et  Briquet,  marchands  HoUan- 
dois',  qui  ont  un  grand  assortiment  des  plus 
beaux  Chevaux  de  Carosse, 

Il  y  a  plusieurs  Selliers  Carossiers,  qui  tien- 
nent dans  leurs  Chantiers  des  Carosses  tous 
faits  et  des  Chaises  montées  ;  par  exemple,  les 
Sieurs  Gervais  et  Vignard,  rue  saint  Martin; 
Bailleul  et  des  Moulins,  rue  des  vieux  Augus- 
tins;  Stoquet,  dans  l'enclos  de  la  foire  saint 
Germain  2;  Moreau,  rue  Mazarini  ;  le  Roux,  rue 
des  petits  Champs;  Treverger,  rue  de  Berry; 
l'Amiral,  au  petit  Marché;  Marceau,  rue  des 
quatre  Vents;  la  Ville,  rue  de  Toumon;  Poi- 
vret,  rue  de  Taranne;  la  Place,  rue  de  l'Es- 
goust,  etc. 

Plusieurs  Boureliers  sont  renommez  pour  les 
Hamois  de  la  plus  grande  propreté  ;  par  exemple, 
les  Sieurs  Barbier,  rue  Coquilliere;  Miquelet  et 
Langlois,  rue  de  Seine?,  etc. 

Les  beaux  et  magnifiques  Carosses  de  louage 
pour  les  Princes,  Ambassadeurs  et  grands  Sei- 
gneurs étrangers,  se  trouvent  chez  les  Sieurs 
Dalençon4,  rue  Mazarini;  Dauphiné  et  du  Puis, 

1 .  Je  crois  qu'il  faut  lire  Béquet,  ce  qui  seroit  une  légère 
altération  du  nom  hoUandois  Becker.  Le  marqub  de  la 
Femme  d'Intrigue,  comédie  de  Dancourt,  jouée  en  1692, 
parlant  de  ses  dettes  (aae  III,  se.  10),  dit  ce  qu'il  doit  a  à 
Jame  et  à  Biquet,  tant  en  chevaux  de  selle  que  de  carrosse.  » 

2.  t  11  y  a  un  grand  nombre  de  carrossiers  qui  ont  leurs 
magasins  dans  l'endos  de  la  foire  Saint-Germain.  >  Edit. 
1691,  p.  ji. 

}.  Liger,  p.  385,  en  indique  aussi  rue  Saint-Antoine. 

4.  f  Et  chez  la  veuve  Chavanon....  >  Edit.  1691,  p.  ji. 
On  y  voit  aussi  indiqués  :  «  Champot,  rue  de  Seine,  et 
Ferrât,  rue  des  Boucheries,  »  qui  ne  se  trouvent  pas  ici. 


266  Le  Livre  commode, 

rue  du  Four  saint  Germain;  Clovet,  rue  des 
vieux  Augustins;  David  et  l'Escuyer,  rue  de 
Seine;  et  Guérin,  rue  des  Boucheries  saint  Ger- 
main » . 

La  veuve  le  Roux,  derrière  THotel  de  Salé^, 
a  aussi  de  très  beaux  Carosses  de  louage  3. 

Les  Remises  où  l'on  tient  d'ailleurs  des  Ca- 
rosses de  louage  au  mois,  à  la  journée,  sont 
encore  rue  Mazarine,  rue  des  vieux  Augustins, 
rue  des  Boucheries  saint  Germain,  rue  des  Petits 
Champs,  rue  de  Hurepoix,  rue  Gît-le-Cœur,  rue 
des  grands  Augustins,  rue  de  Bussy,  etc. 4, 

1.  Lister  qui,  étant  à  la  suite  d'un  ambassadeur,  le 
comte  Portland,  crut  pouvoir  prendre  une  de  ces  voitures, 
en  fut  fort  content  :  «  Elles  sont,  dit-il,  ch.  II,  bien  do- 
rées, ont  de  bons  chevaux  et  des  harnois  propres.  Les 
étrangers  les  prennent  au  jour  ou  au  mois,  sur  le  pied  de 
trois  écus  d'Angleterre  par  jour,  c'est-à-dire  dix-huit  ou 
dix-neuf  francs  à  peu  près.  » 

2.  Il  existe  encore,  avec  sa  principale  entrée,  rue  de 
Thorigny.  C'est  aujourd'hui  l'Ecole  centrale.  Il  fut  bâti 
sous  Louis  Xlil  par  Aubert,  fermier  de  la  Gabelle  du  sel, 
ce  qui  lui  fit  donner  par  le  peuple  le  nom  d'hôtel  Salé. 

3.  Cet  article,  dans  l'édit.  précédente,  p.  51,  est  plus 
détaillé  :  «  Il  y  a  encore  des  magasins  de  carrosses  rue 
Michel-le-Comte,  vieille  rue  du  Temple,  derrière  l'hôtel 
Salé  ;  rue  de  Bussy,  et  rue  du  Four  du  faubourg  Saint- 
Germain,  » 

4.  Dans  l'édition  précédente,  au  chapitre  XXXIII,  con- 
sacré aux  mêmes  objets,  sous  ce  titre  :  Des  Voitures 
parisiennes,  se  trouvent  d'assez  curieuses  différences, 
p.  J0-51  :  «  Il  y  a  des  calèches  attelées  à  vingt  sols  par 
heure,  dans  tous  les  temps  du  jour,  sur  le  quay  des  Au- 
gustins, place  du  Palais-Royal,  Croix  du  Tiroir,  rue  de  la 
Ferronnerie,  rue  Mazarine  et  rue  Saint-Antoine,  devant 
les  Jésuites.  —  Aux  mêmes  endroits,  et  en  divers  autres 
carrefours  et  places,  on  trouve  des  chaises  à  deux  por- 
teurs pour  un  écu  par  demi-journée,  et  des  chaises  à  res- 


Le  Livre  commode.  267 

On  trouve  des  Mulets  et  des  Littières  à  louer 
chez  M.  Mariette,  Capitaine  des  charrois  de 
Monsieur,  près  la  porte  saint  Jacques,  et  chez 
un  Bourelier  fort  stilé  aux  équipages  de  mulets, 
à  l'entrée  de  la  rue  de  Richelieu. 

Les  Sieurs  Rousseau,  près  la  porte  du  Pont 
aux  Choux'  :  Dole,  vieille  rue  du  Temple  : 
Didier,  rue  des  Fossez  de  Condé  :  et  Jourdain, 
rue  de  Bourbon,  font  des  Corps  de  Carosse  qui 
résistent  fort  longtemps. 

On  trouve  de  bons  ouvriers  pour  les  Ressorts 
et  Arcs  de  Carosses  et  de  Chaises  au  petit  Arse- 
nal, rue  de  Limoge  au  Marais,  rue  des  Gravil- 
liers,  porte  saint  Antoine,  rue  du  Sépulcre  ^  et 
enclos  de  la  Foire  S^  Germain  3 . 

sorts  traînées  par  un  seul  homme,  à  un  écu  par  jour,  ou 
dix  sols  par  heure.  »  —  L'existence  des  carrosses  à  l'heure 
n'étoit  encore  que  tolérée.  Elle  ne  devint  légale  et  privilé- 
giée que  par  ordonnance  du  mois  d'août  1698.  Le  tarif  en 
fut  alors  plus  élevé.  On  paya  25  sols  la  première  heure, 
et  20  sols  les  autres.  Les  fiacres  n'eurent  plus  alors  le 
droit  de  stationner  sur  les  places,  réservées  désormais  à 
ces  carrosses  à  l'heure.  Ils  redevinrent  des  voitures  de  re- 
mises qu'on  ne  pouvoit  louer  qu'à  la  demi-journée,  au 
jour  ou  au  mois.  {Traité  de  la  Police,  t.  IV,  p.  441-442.) 

1.  Elle  se  trouvoit  à  l'endroit  où  la  rue  du  Pont-aux- 
Choux  débouchoit  sur  le  rempart,  et  devoir  son  nom  au 
pont-levis  jeté  sur  le  fossé,  à  quelques  pas  d'un  marais 
planté  de  choux,  comme  un  autre  situé  un  peu  plus  en 
avant  dans  la  ville,  où  croissoit  l'oseille,  avoit  donné  son 
nom  à  la  rue  de  l'Oseille.  La  porte  du  Pont-aux-Choux 
s'étoit  d'abord  appelée  porte  Saint-Louis. 

2.  C'est  aujourd'hui  la  rue  du  Dragon. 

}.  Cet  article  est  différent  dans  l'édit.  précédente,  p.  59  : 
€  Il  y  a  un  taillandier  à  l'Arsenal,  un  autre  près  Saint- 
Roch,  et  un  uoisième  devant  leô  Premontrez  du  faubourg 
Saint-Germain,  qui  font  très-bien  des  arcs  de  carosses.  » 
On  y  lit  aussi,  p.  51  :  «  les  ressorts  de  la  bonne  trempe 


268  Le  Livre  commode. 

Pour  les  Glaces  de  Carosse,  voyez  l'article  des 
marchandises  des  Miroitiers. 

On  fait  et  on  vend  dans  plusieurs  boutiques 
et  angards  du  Fauxbourg  saint  Antoine,  des 
Chaises  et  Soufflets  '  à  juste  prix. 

Les  Courtiers  qui  font  vendre  et  acheter  toutes 
sortes  d'équipages,  sont  les  Sieurs  de  Mouy,  rue 
Geoffroy  Langevin  :  des  Lauriers,  rue  du  Four, 
près  l'Hôtel  Impérial  :  la  Montagne,  place  Mau- 
bert  :  la  Croix,  cul  de  sac  des  quatre  vents  : 
Jurande  et  le  Breton,  rue  Bourlabé  :  le  Febvre, 
rue  du  petit  Heuleu^,  etc. 

Le  nommé  Louis,  logé  devant  les  murs  saint 
Martin,  fait  principalement  le  courtage  des  mules 
et  mulets. 

Les  Sieurs  Brie  devant  les  Incurables;  et 
Bouton,  rue  Git  le  Cœur,  au  Gallion,  sont  des 


se  font  au  même  faubourg  (Saint-Antoine),  près  la  porte 
et  rue  de  Charenton,  devant  les  Filles  angloises;  »  et,  un 
peu  plus  bas  :  «  on  trouve  de  vieux  arcs  et  ressorts  de 
carrosses  à  l'épreuve,  chez  un  grand  nombre  de  dépesseurs 
(sic)  du  quai  de  la  Mégisserie.  » 

I.  Les  soufflets  étoient  une  sorte  de  chaise  roulante  à 
deux  roues  et  fort  légère,  pour  une  ou  deux  personnes, 
dont  le  dessus  de  cuir  ou  de  -toile  cirée  se  plioit  ou  se 
replioit  comme  un  soufflet,  suivant  le  temps.  Louis  XIV  se 
servoit  souvent  d'une  de  ces  petites  voitures.  {Journal  de 
la  santé  du  Roi,  publié  par  M.  Le  Roy,  1862,  in-8, 
p.  299.) 

2.  Pour  la  fin  de  cet  article,  il  y  a  quelques  détails  de 
plus  dans  l'édit.  de  l'année  précédente,  p.  5}  :  «  Jacques 
Jurande,  rue  Bourlabé,  chez  un  maréchal,  fait  courtage  de 
chevaux  et  d'équipages.  Autant  en  font  le  Breton,  même 
rue,  à  la  Croix  de  Fer,  le  Febvre,  rue  du  Petit-Huleu, 
Gavé,  rue  Geoffroy-Lasnier,  et  la  Croix,  rue  du  Cœur-Vo- 
lant, près  la  foire  Saint-Germain.  » 


Le  Livre  commode.  269 

particuliers  qui  ont  de  bons  Remèdes  pour  les 
maladies  des  Chevaux  ' . 

Entre  les  Marchands  en  réputation  pour  le 
même  fait,  sont  les  Sieurs  Rabeau,  rue  de  la 
Corne  :  du  Cas,  vieille  rue  du  Temple  :  Mars, 
carrefour  des  trois  Maries  ;  et  Lafond,  près  l'Hôtel 
d'Angoulesme. 

La  veuve  Robillon ,  Carrossiere  au  fauxbourg 
saint  Michel,  nettoyé  parfaitement  bien  les  Ca- 
rosses  et  Chaises  2. 

PASSETEMPS 

ET    MENUS-PLAISIRS. 

Le  Théâtre  du  Palais  Royal  5,  où  sont  repré- 
sentées les  Tragédies,  les  Pastoralles  et  autres 
Pièces  en  Musique,  est  ouvert  pour  toutes  les 
représentations  les  Mardis,  les  Vendredis  et  les 
Dimanches,  et  encore  les  Jeudis,  lors  qu'il  s'agit 
de  Pièces  nouvelles  4. 


1.  Du  temps  de  Liger,  c'est  un  nommé  Prieur,  rue  aux 
Ours,  qui  étoit  le  plus  expert  de  ces  a  médecins  de  che- 
vaux, »  comme  il  les  appelle,  p.  387. 

2.  a  On  trouve  tous  les  dimanches  et  fêtes,  dit  l'édit.  de 
1691,  p.  51,  et  encore  tous  les  mécredis  et  samedis,  des 
charrettes  couvertes  à  la  porte  de  Saint-Denis,  qui  mènent 
aux  villages  circonvoisins.  —  On  trouve  en  tous  temps 
aux  environs  du  Pont-Royal,  des  batelets  couverts  qui 
conduisent  où  l'on  veut  à  la  descente  de  la  rivière.»  A  la 
porte  Saint-Denis  le  «  passage  du  bois  de  Boulogne  »  doit 
son  nom  aux  voitures  qu'on  y  prenoit  pour  cette  promenade. 

^  j.  L'Opéra,  qui  occupoit  dans  l'aile  droite  du  palais,  du 
côté  où  s'ouvre  aujourd'hui  la  rue  de  Valois,  la  salle  que 
Richelieu  avoit  fait  bâtir  pour  les  représentations  de  sa 
Mirame,  et  qui  avoit  ensuite  servi  de  théâtre  à  Molière. 
C'est  à  sa  mort  que  LuUi  se  l'étoit  fait  donner  par  le  roi. 
4.  «  Lors  qu'une  pièce  commence  à  vieillir,  le  théâtre 


270  Le  Livre  commode. 

Les  Livres  du  sujet  se  vendent  à  la  porte  du 
Théâtre  trente  sols  en  paroles  seulement,  et  en 
partition  onze  livres  en  blanc  ',  et  douze  livres 
dix  sols  reliez^. 

M.  Berrin,  Dessinateur  ordinaire  du  Cabinet 
du  Roy  3,  qui  donne  les  Desseins  de  toutes  les 
décorations,  habits  et  machines  des  Opéra,  etc., 
demeure  aux  galleries  du  Louvre  4. 

Les  Comédiens  François  qui  ont  leur  Hôtel 
rue  des  fossez  saint  Germain  des  prez  5 ,  repré- 
sentent tous  les  jours  alternativement  des  Tra- 
gédies et  des  Comédies. 

est  fermé  les  jeudis.  On  paye  à  la  porte  un  louis  d'or  pour 
les  places  des  premières  loges,  un  demi-louis  pour  celles  des 
secondes,  et  trente  sous  pour  celles  du  parterre  et  du  se- 
cond amphithéâtre.  »  Edit.  1691,  p.  8. 

1.  C'est-à-dire  brochées. 

2.  «  Un  louis  d'or  reliez  en  basane,  ou  douze  livres  dix 
sols  reliez  en  veau,  »  p.  9. 

j.  Jean  Bérain,  qui  eut  de  son  temps  une  si  grande 
réputation,  que  l'on  ressuscite  un  peu  dans  le  nôtre.  C'est 
pour  ses  décorations  de  théâtre  que  Mariette  {Abecedario, 
t.  I,  p.  119)  fait  surtout  son  éloge  :  a  Jamais  il  n'y  eut, 
dit-il,  de  décorations  de  théâtre  mieux  entendues,  ni  d'ha- 
bits plus  riches  et  d'un  meilleur  goût  que  ceux  dont  il  a 
donné  les  dessins  pendant  qu'il  étoit  employé  pour  l'Opéra, 
c'est-à-dire  pendant  presque  toute  sa  vie.  »  La  maquette 
de  sa  décoration  du  5''  acte  à'Armide,  en  1686,  figure  en 
ce  moment  à  l'exposition  théâtrale  de  l'Exposition  univer- 
selle. On  a  de  lui  un  recueil  in-fol.  de  99  planches  d'ameu- 
blement :  Ornements  inventez  par  J.  Bérain. 

4.  Il  y  mourut  le  26  janvier  171 1  :  «  Il  a  un  cabinet 
fort  curieux,  dit  Brice,  où  l'on  trouve  avec  des  tableaux 
rares  une  quantité  très-grande  de  dessins,  entre  lesquels 
les  siens  ne  sont  pas  la  moins  belle  partie.  » 

$.  Aujourd'hui  rue  de  l'Ancienne-Comédie,  nom  qui  lui 
est  venu  de  ce  théâtre  même,  qui,  du  reste,  existe  encore 
en  partie  au  fond  de  la  cour  de  la  maison  qui  fait  face  au 
café  Procope.  On  y  emmagasine  des  papiers  peints.  Ce  fut 
l'atelier  de  Gros. 


Le  Livre  commode.  271 

Les  Comédiens  Italiens,  représentent  les  Di- 
manches et  les  jours  que  le  Théâtre  de  l'Académie 
Royale  de  musique  est  fermé,  sur  leur  Théâtre 
de  l'Hôtel  de  Bourgogne,  rue  Mauconseil'. 

Messieurs  Baraillon  père,  fameux  Tailleur  pour 
les  habits  de  Théâtre 2,  et  M.  son  fils  pour  les 
masques  et  autres  choses  nécessaires  pour  les 
Ballets  et  Comédies,  demeurent  rue  saint  Ni- 
caise5. 

Les  Sieurs  du  Creux,  au  bout  du  pont  Notre 
Dame,  et  Boille,  rue  du  Colombier  saint  Ger- 
main, vendent  aussi  des  Masques  de  Théâtre  et 
de  Carnaval  4. 

Mademoiselle  Poitiers,  vis  à  vis  les  Quinze- 
Vingts,  rue  saint  Honoré,  fait  des  Coëffures  en 
cheveux  pour  les  Balets  et  Opéra. 

Les  Sieurs  Frangeon  et  la  Croix,  Brodeurs 
des  Habits  pour  les  Balets  du  Roy,  demeurent 
le  premier  rue  saint  Estienne,  à  la  Ville  neuve, 

1.  A  l'endroit  où,  comme  on  sait,  fut  plus  tard  la  Halle 
aux  cuirs. 

2.  Jean  Baraillon,  qui  avoit  commencé  par  être  tailleur 
de  la  troupe  de  Molière.  Une  sœur  utérine  de  la  comé- 
dienne M"'  de  Brie  étoit  sa  femme  depuis  1675.  Le 
fils,  dont  il  est  parlé  ici  après  lui,  étoit  né  de  ce  mariage. 
C'est  lui  qui,  avec  le  chevalier  d'Arvieux,  avoit  organisé 
la  mascarade  turque  du  Bourgeois  gentilhomme,  en  1670. 
D'après  un  compte  retrouvé  par  M.  Campardon,  il  n'y 
avoit  pas  fourni  moins  de  cent  trente-huit  habits. 

}.  L'administration  et  ce  qu'on  appeloit  a  le  magasin 
de  l'Opéra,  >  s'y  trouvoit  déjà.  Ils  y  restèrent  jusqu'à  la 
fin  du  règne  de  Louis  XV. 

4.  Ducreux  fit  aussi  les  fournitures  pour  le  Bourgeois 
gentilhomme.  On  voit  par  le  compte  cité  tout  à  l'heure,  et 
qui  s'élève  pour  lui  à  454  livres,  que  non-seulement  il  y 
fournit  les  masques,  mais  «  les  jarretières,  perruques, 
barbes  et  autres  ustenciles.  » 


272  Le  Livre  commode. 

et  l'autre,  rue  neuve  saint  Denis,  proche  la 
porte. 

Le  Sieur  Roussard,  Plumassier  du  Roy,  tient 
un  grand  magasin  de  Plumes  pour  les  Balets  et 
Tragédies,  rue  saint  Honoré. 

Messieurs  Cossard  et  Guerinois  vendent  toutes 
sortes  d'Etoffes  or  et  argent  pour  les  Balets, 
Opéra  et  Mascarades,  ils  demeurent  rue  saint 
Denis,  près  le  grand  Châtelet. 

Autant  en  fait,  M.  Harlier,  rue  de  la  Coutel- 
lerie, qui  fait  et  vend  des  Etoffes  brodées  or  et 
argent. 

Le  Sieur  du  Vandiet,  Sculpteur,  pour  la  fa- 
brique des  Marionnettes  et  Mannequins,  demeure 
rue  de  Hurepoix,  près  le  pont  saint  Michel'. 

Le  Sieur  Carême,  qui  fait  les  Feux  d'artifices 
de  l'Hôtel  de  Ville  et  de  l'Opéra  ^,  demeure  rue 
Frementeau?. 


1.  Il  est  appelé  «  Du  Vaudiet  »  dans  l'édit.  de  1691, 
p.  49,  et  son  adresse  y  est  différente  :  «  rue  de  la  Hu- 
chette  au  Tambour.  » 

2.  Denis  Caresme,  dont  le  père,  Thomas  Caresme,  mort 
en  1688,  avoit  été  «  ingénieur  des  feux  d'artifice  de  S.  M.  » 
Denis  étoit  concierge  des  basses  cours  du  Louvre,  ce  qui 
explique  son  logement  rue  Fromenteau.  Ses  feux  d'artifice 
figurés  et  colorés  n'étoient  pas  que  pour  l'Opéra.  Il  en  fit 
aussi  pour  la  Comédie  italienne.  V.  le  Théâtre  de  Ghérardi, 
t.  I,  avertissement.  Il  mourut  en  1700.  Son  père,  qui 
logeoit  au  Marché -Neuf,  faisoit  non  seulement  des  feux 
d'artifice  pour  le  roi,  mais  pour  la  Ville.  {Bibliogr.  des 
Mazarin.,  t.  I,  p.  388.)  En  cela,  comme  on  le  voit  ici,  il 
lui  avoit  succédé.  Charles-Nicolas  Guérin  lui  succéda  à 
lui-même.  {Archives  de  l'Hôtel-Dieu,  t.  1,  p.  130.) 

3.  Caresme  est  mentionné  au  chapitre  XXXIX  de  l'édi- 
tion de  1691,  p.  59,  mais  sans  qu'il  y  soit  dit  qu'il  tra- 
vailloit  pour  l'Opéra.  «  Le  sieur  Morel,  »  qui  vient  après, 
s'y  trouve  aussi.  On  lit  de  plus,  à  la  suite  :  «  le  sieur 


Le  Livre  commode.  273 

Le  Sieur  Morel,  même  talent,  demeure  rue  de 
Toumon. 

Le  Sieur  du  Mont,  place  Maubert,  montre  les 
tours  de  Gibecière  ' . 

On  tient  tous  les  Dimanches  matin  sur  le 
quay  de  la  Mégisserie,  du  costé  du  Châtelet, 
une  espèce  de  marché  d'Animaux  vivans  pour 
le  plaisir;  sçavoir,  Lapins,  Pigeons,  Oiseaux 
de  cages*,  Cochons  d'Inde,  etc. 

La  Demoiselle  Guerin,  rue  du  petit  Bac  5 ,  fait 
commerce  de  petits  Chiens  pour  les  Dames  4. 

Moisy,  qui  a  une  boutique  sur  le  Pont-Neuf,  et  une  veuve 
qui  en  a  une  devant  la  Bastille,  font  des  fusées  pour  les 
merciers  et  pour  les  particuliers  qui  en  ont  besoin.  > 

1.  On  s'en  amusoit  même  chez  le  Roi.  V.  dans  les 
Mélanges  histor.  de  Michault,  t,  I,  p.  16-19,  l'anecdote 
d'un  de  ces  prestidigitateurs  qui,  pendant  une  soirée  de 
Versailles,  escamota  un  verre  énorme  et  le  fourra  dans  les 
chausses  un  peu  trop  lâchées  de  ce  pauvre  abbé  Genest, 
l'académicien. 

2.  Les  oiseaux  de  cage  étoient  surtout  le  commerce  de 
ce  quai,  le  dimanche.  Quelques-uns  se  pay oient  très-cher. 
Les  serins,  par  exemple,  qui  étoient  encore  des  oiseaux 
assez  rares,  montoient  jusqu'au  prix  de  deux  cents  livres. 
(Hervjeux,  Traité  des  Serins  de  Canaries,  1709,  in-12, 
chap.  XXIU.)  Sous  la  Régence,  les  grandes  dames  en  fai- 
soient  trafic.  Après  qu'on  les  avoir  bien  stylés  chez  elles, 
elles  les  envoyoient  revendre  sur  le  quai.  (Lémontey,  Hist. 
de  la  Régence,  t.  II,  p.  319.) 

}.  «  Près  les  Petites  maisons.  »  Edit.  de  1691,  p.  JJ. 
—  On  l'appelle  aujourd'hui,  par  interversion,  petite  rue 
du  Bac. 

4.  C'est-à-dire  les  chiens  de  chambre  ou  de  manchon. 
Les  plus  à  la  mode  étoient  encore  à  ce  moment,  quoique 
déjà  un  peu  en  baisse,  comme  on  le  verra  plus  loin,  les 
chiens  de  Bologne,  sorte  de  carlins,  qu'on  frottoit  aussitôt 
nés  d'esprit  de  %'in  à  toutes  les  jointures  pour  les  empê- 
cher de  croître.  Ils  se  vendoient  quelquefois  fort  cher. 
Tallemant  (édit.  P.  Paris,  t.   III,  p.  304)  raconte  qu'un 

Livre  commode.  18 


274  ^^  Livre  commode. 

Les  Boules  de  Buis  et  de  Gayac  à  jouer,  se 
font  en  perfection  par  le  Sieur  Baudry,  Tour- 
neur, rue  du  petit  Lion,  et  par  un  autre  Tourneur 
de  la  rue  Troussevache. 

Les  Epiciers  Orangers  de  la  rue  de  la  Cosson- 
nerie,  font  venir  des  Boules  de  Marseille  qu'ils 
donnent  à  fort  grand  marché. 

Les  Jeux  d'Echets  et  Triquetracs  se  font  et  se 
vendent  chez  les  Tablettiers  du  Marché  Neuf  et 
de  la  rue  des  Assis. 

Les  Académies  de  Jeux  de  Cartes  ont  été  dé- 
fendues, et  on  ne  joue  publiquement  dans  les 
Jeux  de  Paume  qu'au  Billard  '. 


extravagant  d'italien,  nommé  Promontorio,  en  offrit  un  à 
la  princesse  Marie  de  Mantoue ,  pour  cinquante  pistoles  à 
payer  quand  elle  seroit  reine.  Elle  accepta,  et  dix-huit 
mois  après  devint,  contre  toute  apparence  jusque-là,  reine 
de  Pologne.  On  comprend  qu'elle  paya  alors  gaîment  les 
cinquante  pistoles.  L'espèce  des  chiens  de  Bologne  s'est 
perdue,  même  à  Bologne.  (Valéry,  l'Italie  confortable, 
p.  78-80.)  Sur  la  fin  du  règne  de  Louis  XIV,  les  chiens 
Burgos  commençoient  à  les  remplacer.  Us  préludoient  à  la 
mode  des  chiens  d'Espagne,  ou  épagneuls,  qui  date  de  la 
Régence.  Entre  eux  et  les  bolonois  s'étoient  un  instant 
glissés  les  chiens  loups  :  «  On  ne  carresse  plus,  lisons-nous 
dans  la  Lettre  italienne  déjà  citée,  que  ceux  qui  ont  le 
museau  de  loup  et  les  oreilles  coupées,  et  plus  ils  sont 
difformes,  plus  ils  sont  honorés  de  baisers  et  d'embrasse- 
ments.  » 

I.  La  défense  contre  les  jeux  de  cartes  n'étoit  sans 
doute  pas  aussi  sévère  quand  avoit  paru  l'édition  de  l'an- 
née précédente,  car  voici  ce  qu'on  y  trouve,  p.  49  :  «  On 
joue  aux  cartes  et  au  billard  dans  presque  tous  les  jeux 
de  paume,  qui  sont  en  plus  grand  nombre  au  faubourg 
Saint-Germain  qu'ailleurs.  »  —  Les  jeux  défendus  dans 
les  maisons  publiques  ne  pullulèrent  que  plus  frauduleuse- 
ment dans  les  particulières.  C'est  alors  que  l'on  vit  par- 
tout de  «  ces  femmes  brelandières  »  dont  parle  la  X'  Sat. 


Le  Livre  commode.  275 

Pour  les  fameux  Maîtres  de  Dance  et  de 
Paume,  voyez  l'article  des  Nobles  Exercices. 

Pour  les  Joueurs  d'Instrumens,  voiez  l'article 
de  la  Musique. 

Le  Sieur  Alexandre  Vauboam  ',  rue  des  Assis, 
fait  des  Castagnettes  en  perfection. 

JARDINAGES. 


Monsieur  le  Marquis  de  Villacerf*,  Sur-Inten- 
dant et  Ordonnateur  des  Batimens  et  Jardins  du 
Roy',  demeure  rue  de  l'Egout,  près  la  place 
Royale. 

M.  le  Nostre,  Directeur  et  ControUeur  des 


de  Boileau,  et  que  visoit  l'abbé  de  Villicrs  dans  une  de 
ses  Epîtres,  2*  édit.,  p.  375,  lorsqu'il  nous  rappelle 

L'industrieux  génie 

Qui  trouve  par  le  jeu  l'art  d'avoir  compagnie. 

«  —  Eh  !  dit  Colombine  dans  l'Avocût  pour  et  contre, 
acte  III,  se.  7,  ne  pouvons-nous  pas  donner  à  jouer  à  la 
bassette,  et  vivre  honorablement  dans  Paris,  comme  une 
infinité  de  gens  aussi  gueux  que  nous.  »  Il  y  eut  jusqu'à 
des  femmes  de  conseillers  au  Parlement  qui  tinrent  ainsi 
des  maisons  de  jeux.  V.  P.  Clément, /a  PoZ/«  sous  Louis  XIV, 
p.  340-341. 

1.  Lisez  Roboam.  C'est  le  même  qui  a  été  nommé  plus 
haut,  p.  211,  comme  t  fabricant  de  guitares  en  perfection.  » 

2.  Edouard  Colbert,  marquis  de  Villacerf,  déjà  men- 
tionné plus  haut,  p.  124. 

3.  Il  avoit  eu  cette  place  à  la  mort  de  Louvois,  auquel 
il  tenoit  par  sa  mère,  comme  par  son  père  il  tenoit  à 
Colbert.  Il  dut  s'en  démettre,  en  1699,  à  la  suite  des  trop 
longues  malversations  de  Mesmin,  «  son  commis  princi- 
pal, en  qui,  dit  Saint-Simon,  il  se  fioit  de  tout.  » 


276  Le  Livre  commode. 

Batimens  et  Jardins  de  Sa  Majesté',  demeure 
aux  Tuilleries^. 

M.  le  Bouteux,  neveu''|de  M.  le  Nostre?  et 
Directeur  de  l'Orangerie  des  Tuileries  4,  demeure 
à  l'Arsenal. 

M.  Molet,  Jardinier  ordinaire  de  Sa  Majesté  5, 
demeure  au  vieux  Louvre^. 

1.  André  Le  Nostre,  trop  célèbre  pour  ses  travaux  à 
Versailles,  à  Trianon,  à  Saint-Germain,  aux  Tuileries, 
pour  que  nous  ayons  à  parler  de  lui  longuement. 

2.  Il  y  mourut,  le  15  septembre  1700,  à  quatre-vingt- 
sept  ans.  Il  s'y  étoit  fait,  dans  une  de  ses  dépendances, 
une  collection  de  tableaux  de  maîtres,  de  médailles,  de 
porcelaines,  etc.,  dont  on  peut  lire  la  description  au 
chap.  IV  du  Voyage  de  Lister,  et  au  commencement  de  la 
Jeunesse  de  Bachaumont,  qui  fut  publiée  en  1859  par  les 
soins  de  Frédéric  Lock,  d'après  un  manuscrit  de  l'Arsenal, 
dans  les  premières  livraisons  du  Magasin  de  Librairie. 

3.  Michel  Le  Bouteux,  fils  de  celui  qui  avoit  eu  un  si 
beau  jardin,  rue  de  la  Madeleine,  à  la  Ville-l'Evêque,  oîi 
tout  le  monde  pouvoit  s'aller  promener,  comme  on  le  voit 
dans  le  roman  de  M°"°  de  Villedieu  :  Mémoires  de  la  vie 
de  Henriette-Sylvie  de  Molière,  édit.  de  1701,  p.  iio.  On 
a  du  père  :  Plans  des  bastiments  et  jardin  de  la  Norville; 
Plan  du  jardin  et  château  de  Louvois;  Plan  du  château 
de  Presles,  près  Beaumont,  etc.  ;  et  du  fils  :  Plan  et  élé- 
vation du  château  de  Villacerf,  toutes  planches  très-rares. 

4.  Il  avoit  de  plus,  en  survivance,  la  conciergerie  de 
cette  Orangerie.  {Etat  de  France,  1692,  p.  498.) 

5.  Charles  Mollet,  fils  de  Claude  Mollet,  qui  avoit  été 
sous  Henri  IV,  sous  Louis  XIII  et  dans  les  premiers  temps 
du  règne  de  Louis  XIV,  «  jardinier  ordinaire  et  dessina- 
teur des  plans,  parcs  et  jardins  des  maisons  royales,  »  et 
de  qui  l'on  a  un  livre  si  curieux  :  Théâtre  des  plants  et 
jardinages,  etc.,  1652,  pet.  in-4''.  Un  autre  de  ses  fils, 
André,  frère  de  Charles,  qui  est  ici,  avoit  été  maître  des 
jardins  de  la  reine  de  Suède,  et  avoit  publié  à  Stockolm, 
en  165 1,  in-fol.  :  le  Jardin  de  Plaisir,  contenant  plusieurs 
dessins  de  jardinages,  tant  parterre  en  broderie,  compar- 
timents de  gazon,  bosquets  et  autres. 

6.  Sa  charge,  qu'il  transmit  en  survivance  à  son  fils 


Le  Livre  commode.  277 

M.  Carbonnet,  aussi  Jardinier  de  Sa  Majesté, 
demeure  près  saint  Roch,  tous  trois  après  M.  le 
Nostre,  ont  un  grand  talent  pour  les  desseins  de 
Parterres,  de  Bosquets,  etc. 

M.  Balon,  Directeur  de  la  Pépinière  du 
Roule',  demeure  là  même. 

Il  y  a  encore  divers  autres  Jardiniers  de 
grands  Seigneurs,  qui  sont  renommez  pour  les 
compartimens,  par  exemple, 

Messieurs  de  la  Saulsaye  à  l'Hôtel  de  Condé  : 
de  Marne,  rue  de  l'Egout  près  la  place  Royale  : 
Godeau,  près  saint  Roch  à  l'Hôtel  de  saint 
Poùange*,  etc. 

Les  Jardiniers  qui  sont  exercez  à  la  construc- 
tion des  cabinets  et  omemens  de  treillages»,  sont 


Armand,  le  i"  février  1692,  étoit  celle  de  <  jardinier  du 
Petit-Jardin  parterre,  qui  est  au-devant  des  fenêtres  du 
Louvre,  t  II  étoit  donc  tout  naturel  qu'il  logeât  dans  ce 
palais.  Son  père  avoit  demeuré  tout  près  à  l'hôtel  de  Ma- 
tignon, et  il  avoit  fait  planter,  vers  1606,  sur  la  belle  place, 
qui  étoit  alors  au-devant,  t  quantité  de  mûriers  blancs.  » 
[Archives  curieuses,  i"  partie,  t.  IX,  p.  ijo.) 

1.  On  sait  que  c'est  de  cette  pépinière  du  Roule  que  le 
nom  de  la  rue  de  la  Pépinière  est  venu.  Voici  ce  qu'on 
lit  sur  Balon  qui  la  dirigeoit  alors,  dans  VEtat  de  France 
de  1692  :  f  M.  Balon,  qui  est  au  jardin  de  la  pépinière  au 
Roule,  établie  en  1670,  est  directeur  des  plants  d'arbres  des 
maisons  royales.  »  Noël  de  Moriaix,  que  Lister  y  alla  voir 
{V.  son  Voyage,  ch.  X), fut  le  successeur  de  Balon  à  la  pépi- 
nière du  Roule. 

2.  Il  s'ouvroit  rue  Neuve-des-Petits-Champs  et  devoit 
son  nom  au  cousin  de  M.  de  Villacerf,  le  marquis  Gilbert 
Colbert  de  Saint-Pouange,  dont  le  fils  eut,  par  mariage, 
en  1702,  la  principauté  de  Chabannais.  La  rue,  qui  fut 
percée  de  1775  à  1777  sur  l'emplacement  de  l'hôtel  et  de 
son  jardin,  prit  ce  dernier  nom  qu'elle  porte  encore. 

}.  On  peut  voir  sur  les  estampes  du  temps,  qui  repré- 


278  Le  Livre  commode. 

entr'autres  M"  de  la  Saulsaye  '  et  Godeau  ci- 
devant  désignez  :  Carpentier  à  l'Hôtel  de  Les- 
digùires^,  et  au  Fauxbourg  saint  Antoine  :  le 
Roux,  rue  de  Pincourt  :  Hennetin,  rue  de  la 
Muette?  :  et  le  Normand,  rue  de  Montreuil. 

Les  Jardiniers  qui  font  commerce  de  Fleurs, 
Arbres  et  Arbustes  pour  l'ornement  des  Jardins, 


sentent  des  jardins,  et  dues  pour  la  plupart  aux  jardiniers- 
artistes,  qui  en  avoient  dessiné  l'ordonnance,  quelles 
proportions  monumentales  on  donnoit  à  ces  treillages  : 
«  le  grand  avantage,  dit  Lister,  qu'ils  ont  dans  les  villes, 
c'est,  outre  la  beauté  du  travail,  de  cacher  le  vilain 
aspect  des  maisons  voisines.  »  Voyage  à  Paris,  chap.  IX. 

1 .  On  a  vu  tout  à  l'heure  qu'il  étoit  jardinier  de  l'hôtel 
de  Condé.  Il  s'y  étoit  fort  distingué,  comme  le  prouvent 
les  deux  planches  très-rares  où  sont  figurés  les  treillages 
du  jardin,  à  cette  époque. 

2.  Lisez  de  Lesdiguières.  C'étoit  l'ancien  hôtel  que  Zamet 
avoit  fait  bâtir  sous  Henri  IV,  rue  de  la  Cerisaie,  près  du 
petit  Arsenal,  dont  il  n'étoit  séparé  que  par  une  impasse. 
Il  appartenoit  alors  à  Françoise  de  Gondi,  veuve  du  duc 
de  Lesdiguières.  M""=  de  Sévigné,  dans  ses  Lettres,  en 
vante  la  beauté,  mais  en  regrette  la  trop  grande  solitude 
et  le  difficile  accès.  (Edit.  Hachette,  t.  X,  p.  374  et  467.) 
Les  jardins  surtout  en  étoient  magnifiques.  Carpentier  qui 
en  avoit  la  direction,  et  qui  excelloit,  comme  on  le  voit 
ici,  pour  les  treillages,  ne  les  y  avoit  pas  épargnés  : 
«  Celui  du  fond,  dit  Lister,  étoit  fort  noble,  et  avoit  coûté 
dix  mille  livres;  un  autre  en  avoit  coûté  six  mille.  J'en 
remarquai  un  plus  petit,  et,  le  seul  que  j'ai  vu  ainsi,  tout 
en  feuillage  de  fer  peint  en  vert.  » 

3.  Ou  de  la  Meute,  comme  on  l'appeloit  en  1540,  à 
cause  de  quelque  maison  de  chasse.  C'est  dans  cette  rue, 
qui  va  de  la  rue  de  Charonne  à  celle  de  la  Roquette,  que 
Tamponner,  peut-être  sur  le  même  terrain,  eut  sous  le 
premier  Empire  et  la  Restauration,  ses  admirables  serres 
qui  ne  contenoient  pas  moins  de  cinq  mille  orangers  de 
toutes  tailles,  et  où  l'on  vit  la  première  collection  de 
camélia.  (Durey,  Mémorial  parisien,  1821,  in-12,  p.  67.) 


Le  Livre  commode.  279 

sont  au  Fauxbourg  saint  Antoine  '  :  les  Sieurs 
Julien  et  Guyot  dit  petit  Claude,  rue  de  Pin- 
court  :  Chevalier,  rue  des  Amandiers  :  Tremei 
et  Grebey,  rue  de  la  Raquette  :  le  Breton,  rue 
de  Charonne  :  du  Puis,  Huby  et  Hely,  rué  de 
Baffroy*  :  Gauraont  Jacques  et  du  Buisson, 
grande  rue  du  Fauxbourg  :  Maréchal,  rue  saint 
Bernard,  etc. 

Et  en  divers  autres  quartiers  de  la  Ville  et  des 
Fauxbourgs  sont  les  Sieurs  Thibaut  fils,  rue  des 
BouUais  :  Baptiste,  près  les  Invalides  :  Jacques, 
rue  de  Taranne  5  :  des  Crochets,  près  la  porte 
saint  Martin  :  Besnard,  Fauxbourg  saint  Lau- 
rent, etc. 

Le  Sieur  Billette,  Jardinier  du  Roy,  dont  la 
femme  est  Bouquetière  de  Sa  Majesté,  a  de  très 
belles  fleurs  et  de  très  beaux  arbustes  :  mais  il 
est  ordinairement  en  Cour. 

Le  Sieur  Baudouin,  Jardinier  Marager4,  près 

1.  V.  sur  ces  Aoristes  du  faubourg,  le  Mercure  d'avril 
17J1,  p.  176,  et  celui  de  juin- juillet  de  la  même  année, 
j*  partie,  p.  112. 

2.  Elle  est  adjacente  à  la  rue  de  Charonne. 

3.  Le  jardin  de  Morin,  dont  ce  Jacques  étoit  peut-être 
le  jardinier,  se  trouvoit  rue  Taranne,  derrière  la  Charité. 
C'étoit  un  des  plus  célèbres  de  Paris  pour  les  plantes 
rares.  Le  premier  filaria,  dit  Sauvai,  t.  III,  p.  4,  y  fut 
planté. 

4.  C'étoit  l'ancien  mot,  que  celui  de  «  maraîcher  » 
remplaça,  Jaubert  l'emploie  encore  dans  son  Dictionnaire 
des  arts  et  métiers,  t.  III,  p.  49.  La  Quintinie  avoit  ce- 
pendant consacré  l'autre  depuis  longtemps,  avec  une  simple 
différence  d'orthographe,  dans  son  livre  sur  Les  jardins, 
préface,  p.  xvii.  Distinguant  ceux  qui  s'occupent  d'ar- 
bustes et  de  fleurs  de  ceux  qui  s'occupent  de  légumes,  il 
dit  :  c  les  uns  qu'on  nomme  simplement  jardiniers,  les 
autres  qu'on  nomme  maréchais.  » 


28o  Le  Livre  commode. 

la  Barrière  des  Incurables  ' ,  cultive  toutes  sortes 
de  Fruits  et  de  Légumes  precosses  avec  un  suc- 
cez  merveilleux, 

M.  Tournesol 2,  démonstrateur  au  Jardin  du 
Roy,  entend  particulièrement  la  culture  des 
plantes  medecinales?. 

Aussi  fait  un  des  Pères  Minimes  de  la  Place 
Royale. 

On  trouve  chez  les  Provençaux,  au  cul  de 
sac  de  saint  Germain  rAuxerrois4,  rue  de  l'Arbre 
sec,  des  Orangers,  des  Citronniers,  des  Jasmins, 

I .  Il  est  singulier  que  Blegny  n'ait  cité  ici  que  ce  «  mara- 
ger  »  de  la  barrière  des  Incurables  ou  de  Sèvres.  Dans  les 
faubourgs  Saint-Antoine  et  Saint-Martin,  où  affluoient  les 
fleuristes,  ils  étoient,  eux  aussi,  en  nombre,  et  cela  depuis 
longtemps.  Dans  les  Registres  criminels  du  Chdîelet  {i  ^S^- 
1392),  il  est  parlé,  t.  II,  p.  252  et  522,  des  marais  qu'ils 
cultivoient  et  des  gardes  qui  les  préservoient  contre  les 
maraudeurs.  Charles  V  avoit  protégé  cette  culture  de  la 
banlieue  parisienne,  et  il  en  existe  des  preuves  chez  quel- 
ques descendants  de  ceux  qu'il  avoit  privilégiés  :  «  On 
conserve,  dit  M.  A.  Ysabeau  dans  un  article  reproduit  par 
le  Salon  littéraire  du  21  août  1843,  p.  12,  on  conserve 
avec  soin  dans  plusieurs  familles  de  maraîchers  —  les 
Dulac,  Deberg  et  autres  —  des  chartes  de  Charles  V, 
concédant  aux  ancêtres  de  ces  familles  des  marais,  à  la 
condition  de  les  dessécher  pour  les  convertir  en  jardins. 
Depuis  cinq  siècles,  les  familles  désignées  sur  ces  chartes 
n'ont  pas  cessé  d'exercer  de  père  en  fils,  sans  interruption, 
la  profession  de  jardinier.  » 

2.  Lisez  Tournefort.  C'est  le  célèbre  botaniste-voyageur, 
qui  étoit  professeur  au  Jardin  Royal  depuis  1683,  et  de 
l'Académie  des  Sciences  depuis  un  an  seulement.  Lister  le 
vit  souvent,  et  parle  beaucoup  de  lui  dans  son  Voyage. 

3.  Il  combinoit,  en  effet,  la  botanique  et  la  médecine, 
comme  on  le  voit  par  son  Traité  des  matières  médicales. 

4.  Il  est  derrière  le  chevet  même  de  l'église,  et  il  prit 
alors  pour  le  garder  jusqu'à  présent  le  nom  de  ces  Pro- 
vençaux qui  y  faisoient  leur  commerce. 


Le  Livre  commode.  281 

des  Mirthes  et  des  oignons  de  Tubéreuses,  de 
Narcisses  de  Constantinople ,  de  Hiacinthes 
Orientales,  de  Lis  Alphodelles,  de  Martagons 
Pomplions,  etc. 

Les  Mercredis  et  Samedis  on  tient  sur  le  quay 
de  la  Mégisserie,  une  espèce  de  marché  franc 
pour  les  fleurs,  arbres  et  arbrisseaux  '  ;  où  l'on 
trouve  d'ailleurs  des  graines  de  choux-fleurs,  et 
des  cardons  d'Espagne. 

Les  Jardiniers  d'Orléans  qui  apportent  tous 
les  ans  à  Paris  vers  la  fin  de  Septembre,  une 
fort  grande  quantité  d'arbres  fruitiers  à  hautes 
et  basses  tiges,  logent  pour  la  plûpan  grande 
rue  du  Fauxbourg  saint  Antoine,  au  Nom  de 
Jésus  et  aux  deux  Clefs  2. 

On  peut  d'ailleurs  en  tous  temps  trouver  un 
grand  assortiment  d'arbres  fruitiers  chez  les 
Sieurs  Le  Faucheur  à  Bagnolet,  et  Robineau 
au  Menil-Montant. 

1.  Ce  marché  aux  fleurs  s'étoit  d'abord  tenu  à  l'IIe- 
Saint-Louis,  «  le  long  du  quai  Bourbon,  >  dit  Sauvai,  qui 
en  vit  la  fin.  On  l'appeloit  «  la  foire  aux  oignons,  »  à  cause 
des  fleurs  à  oignons  dont  on  y  faisoit  surtout  le  commerce, 
c  Tous  les  ans,  dit  Sauvai,  t.  II,  p.  662,  on  voit  ce 
quartier,  tout  couvert  qu'il  soit  de  maisons,  se  métamor- 
phoser en  un  instant,  et  devenir  un  jardin  fleuri,  bien 
varié,  et  qui  sent  si  bon  que  l'air  en  est  tout  embaumé.  > 

2.  Il  y  avoit  déjà  plus  d'un  siècle  qu'on  avoit  fait  à 
Orléans  de  grands  progrès  dans  la  culture  des  jeunes 
arbres  fruitiers,  forestiers  et  d'agrément.  A  la  fin  du  der- 
nier siècle,  on  n'y  évaluoit  pas  à  moins  de  200,000  le 
nombre  des  pieds  d'arbre?  qui  s'y  vendoient  sur  place,  ou 
qui  s'y  exportoient  à  Paris  ou  ailleurs,  chaque  année.  Les 
forestiers  étoient  surtout  fournis  par  les  faubourgs  Saint- 
Marc  et  Saint- Vincent,  et  les  arbres  à  fruit  ou  d'agrément 
par  le  faubourg  Saint-Marceau,  oîi  cette  culture  s'est 
maintenue  et  même  étendue. 


282  Le  Livre  commode. 

Le  Sieur  de  la  Forest,  concierge  de  la  Sama- 
ritaine', fait  des  Pompes  et  autres  machines 
pour  l'élévation  des  eaux. 

Rue  saint  Pierre,  du  coté  de  la  rue  Mont- 
martre, on  fabrique  une  sorte  de  pompe  indus- 
trieuse qui  n'est  pas  d'une  grande  dépense,  et 
au  moyen  de  laquelle  un  seul  homme  peut  élever 
sans  peine  et  sans  effort  huit  ou  dix  muids  d'eau 
par  heure,  l'Inventeur  offre  d'en  faire  la  démons- 
tration aux  curieux,  aussi  bien  que  des  Orloges 
et  Cadrans  pour  les  vens,  au  soleil  et  à  la  lune, 
qu'il  fabrique  d'ailleurs  pour  la  commodité  du 
public. 

Pour  les  livres  de  Jardinages,  voyez  l'article 
du  commerce  de  Librairie. 

Le  Sieur  le  Febvre,  sur  le  quay  de  la  Mégis- 
serie, a  un  grand  assortiment  de  graines  et  oi- 
gnons de  Jardins^. 

On  vend  des  pots  de  terre  à  ances  bronzez  et 
dorez  pour  l'ornement  des  Jardins,  chez  le  Sieur 
du  Vivier,  grande  rue  du  F'auxbourg  saint  An- 
toine, à  l'entrée  de  laquelle  on  vend  d'ailleurs 
des  caisses  peintes  en  fayances. 

Chacun  peut  faire  fabriquer  à  son  gré  des 


1.  La  Samaritaine,  sur  le  Pont-Neuf,  étant  considérée 
comme  Château  Royal,  avoit  un  concierge,  comme  nous 
le  voyons  ici,  et  un  gouverneur. 

2.  Lister,  ch.  X,  ad  finem,  nous  parle  de  ce  M.  Lefebvre 
«  le  marchand  de  graines,  »  qui'avoit,  en  outre  de  sa  bou- 
tique du  quai,  où  le  même  commerce  se  fait  encore,  un 
tort  beau  «  jardin  fleuriste.  »  Ses  tulipes  étoient  particu- 
lièrement superbes  :  «  Il  en  avoit,  dit-il,  une  grande  et 
belle  collection,  beaucoup  de  panachées  et  d'une  grande 
variété.  » 


Le  Livre  commode.  283 

pots  de  fayance  pour  les  Jardins  à  la  Fayancerie 
de  saint  Cloud. 

Ceux  qui  sont  emaillez  en  violet  et  tachetez 
de  blanc,  viennent  de  la  Fayancerie  de  Rouen  ' . 

TAPISSERIES^ 

ET   MEUBLES   ORDINAIRES. 

Il  y  a  un  magasin  de  Tapisseries  de  Flandres?, 
rue  du  petit  Lion  4,  et  un  autre  pour  les  Tapis- 
series de  BeauvaisJ,  rue  de  Richelieu. 

Les  Marchands  Forains  qui  negotient  les  Ta- 
pisseries d'Aubusson^,  sont  rue  de  la  Huchette 
et  aux  environs. 

M.  Dansvùiche7,  carrefour  sainte  Opportune, 

1 .  Il  sera  parlé  plus  loin  de  cette  fayencerie,  ainsi  que 
de  celle  de  Saint-Cloud. 

2.  Le  Sicilien,  dont  la  lettre  sur  Paris  fut  traduite  dans 
le  Saint  Eyremoniana,  s'étonna  de  voir  des  tapisseries 
partout,  sur  les  murailles  des  chambres.  <  C'est  un  usage 
général,  dit-il,  comme  en  Italie  de  les  embellir  par  des 
sculptures.  » 

j .  Tapisseries  de  haute  lisse  —  c'est-à-dire  faites  sur  un 
métier  perpendiculaire  —  et  à  personnages  ou  à  verdures. 
Les  ouvriers  flamands  que  Henri  IV  avoit  fait  venir  en  1603, 
avoient  perfectionné  ce  genre  de  fabrication  aux  Gobehns, 
où  ils  avoient  été  établis, 

4.  a  Denière  l'hôtel  de  Bourgogne.  »  Edit.  1691,  p.  35. 

5 .  a  Au  milieu  de  la  rue  de  Richelieu,  r»  Id.  —  La  ma- 
nufacture de  Beauvais  étoit  une  création  de  Colbert,  en 
i66o.  Les  ouvriers  flamands,  qu'il  y  avoit  établis,  y  tra- 
vailloient  en  haute  lisse  comme  aux  Gobelins. 

6.  Elles  étoient  de  basse  lisse,  c'est-à-dire  faites  sur  un 
métier  horizontal.  Fabriquées  par  des  femmes,  et  avec  des 
laines  moins  fines,  le  bon  marché  en  rendoit  le  débit  bien 
plus  général  que  celui  des  tapisseries  de  Beauvais.  Le  tarif 
des  douanes  de  1664  et  années  suivantes  le  prouve. 

7.  Son  nom  est  écrit  f  D'Answihc  »  dans  l'édit.  précéd. 
—  C'étoit  certainement  un  flamand. 


284  Le  Livre  commode. 

fait  commerce  en  gros  de  Bergames  '  et  Tapis- 
series de  Rouen,  façon  de  Hongrie*. 

Les  Tapisseries  Bergames,  Damas-Caffart  J, 
petites  Etoffes,  Satin  de  Bruge4,  Taffetas  des 
Indes  et  diverses  étoffes  à  faire  du  meuble,  se 
vendent  en  détail  et  en  diverses  boutiques  et 
magasins  près  l'aport  de  Paris. 

Les  Marchands  Tapissiers  renommez  pour  les 
meubles  magnifiques,  sont  entre  plusieurs  autres 
Messieurs  Bon  l'ainé,  Tapissier  du  Roy,  rue 
Tictonne;  Bon  le  cadet,  Tapissier  de  Monsieur, 
rue  aux  Ours  5  ;  Barelle,  à  Luxembourg  ;  Mon- 

1.  Les  bergames  étoient  un  mélange  de  laine  et  de 
bourre  de  soie  que  l'on  teignoit  ordinairement  en  gris  ou 
en  rouge. 

2.  On  en  faisoit  aussi  à  Paris.  Elles  étoient  fabriquées 
avec  de  la  tonture  ou  tontisse  de  laine.  C'est  de  là  que  les 
premiers  papiers  peints,  qui  remplacèrent  les  tapisseries, 
en  les  imitant  de  leur  mieux,  furent  appelés  des  papiers- 
tontisses. 

3.  Sorte  de  damas,  dont  la  trame  étoit  de  fil,  et  les 
chaînes  de  soie.  C'étoit  une  étoffe  «  légère,  commode  et 
de  grand  débit,  »  qu'en  1604,  un  marchand  de  Troyes 
demanda  au  Roy  de  fabriquer  dans  son  pays  avec  privi- 
lège. {Archives  curieuses,  i"  série,  t.  XIV,  p.  232.) 

4.  Sorte  de  damas-caffart,  mais  avec  une  rayure  diffé- 
rente, et  qui  se  rapprochoit  aussi  beaucoup  du  satin  de 
Chine.  Le  marchand  de  Troyes,  cité  dans  la  note  précé- 
dente, demanda  aussi  à  fabriquer  de  ces  satins  de  Bruges, 
en  1604. 

5 .  «  Les  sieurs  Le  Bon  frères,  fameux  tapissiers,  demeu- 
rant rue  aux  Ours  et  rue  Platrière.  »  Edit.  1691,  p.  36. 
—  Leur  vrai  nom  étoit,  en  effet.  Le  Bon.  C'est  ainsi  que 
l'aîné,  Louis,  est  nommé  dans  l'Etat  de  France  de  1692, 
p.  179  et  682,  en  qualité  de  tapissier  du  Roi  pour  le 
trimestre  d'avril,  et  de  tapissier  ordinaire  du  duc  de  Bour- 
gogne. Coulange  le  nomme  dans  sa  chanson  sur  Un  vieux 
lit  de  famille,  p.  72  de  son  Recueil,  mais  c'est  Bon  qu'il 
l'appelle  pour  la  mesure  du  vers  : 


Le  Livre  commode.  285 

tonnet,  Cellier  et  Mendron,  rue  Michel  le  Comte'; 
Bemier  et  Malet,  rue  des  Bourdonnois,  etc. 

Messieurs  Cussy  aux  Gobelins,  Boulle  aux 
galeries  du  Louvre^,  le  Febvre,  rue  saint  Denis 

Autant  de  modes  que  d'années, 
Aiqourd'hui  le  tapissier  Bon, 
A  si  bien  fait  par  ses  journées 
Qu'tin  lit  tient  toute  une  maison. 

Ces  énormes  lits  des  frères  Le  Bon  étoient  célèbres.  V.  le 
Mercure  galant,  t.  III,  p.  joo. 

1.  C'est  le  fils  de  ce  Mandron,  tapissier  comme  lui, 
mais  Vieille  rue  du  Temple,  qui  créa  chez  lui  le  théâtre 
de  société,  d'où  sortit  Lekain.  Mandron  lui-même  y  jouoit 
«  les  rois  ».  V.  une  lettre  de  lui  dans  le  Journal  de 
Paru,  \"  mars  1778,  p.  238. 

2.  Il  a  beaucoup  mieux  l'article  qu'il  mérite  dans  l'édit.  de 
1691.  Le  voici  avec  celui  qui  le  précède,  et  qui  devroit  aussi 
se  retrouver  ici  :  «  les  meubles  d'orfèvrerie  sont  fabriquez 
avec  grande  perfection  par  M.  De  Launay,  orfèvre  du  Roy, 
devant  les  galeries  du  Louvre.  M.  Boul,  son  voisin,  fait 
des  ouvrages  de  marquetterie  d'une  beauté  singulière.  » 
—  Nous  n'avons  pas  à  nous  étendre  sur  Charles-André 
Boulle,  le  merveilleux  ébéniste  du  grand  règne,  que  l'on 
connoît  aujourd'hui  par  de  si  intéressantes  notices,  à  com- 
mencer par  celle  de  Mariette  dans  YAbecedario,  où  il  dit  : 
c  Ses  meubles  enrichis  de  bronzes  magnifiques  et  d'ingé- 
nieux ornements  de  marquetterie  sont  d'un  goût  eiqub,  et 
la  mode  ne  leur  fait  rien  perdre  de  leur  prix.  »  Il  avoit 
le  goût  passionné  des  tableaux,  des  estampes  plus  encore, 
et  des  dessins.  Il  s'y  ruina.  En  1686,  il  étoit  déjà  la  proie 
de  ses  créanciers,  et  se  trouvoit  bien  que  le  Louvre,  où 
il  logeoit,  fut  lieu  d'asile.  Louvois,  furieux  un  jour  de  ce 
qu'il  ne  s'exécutoit  pas  assez  vite  pour  quelques  meubles 
de  l'appartement  du  Dauphin,  où  il  avoit  déjà  décoré  un 
si  admirable  cabinet  tout  de  glaces  et  de  marquetteries, 
menaça  de  lui  enlever  ce  refuge.  Voici  la  lettre  impitoyable 
qu'il  écrivit  à  ce  sujet,  le  4  février  1686,  à  son  agent  La 
Chapelle  :  f  Boulle  promet  à  Mgr  le  Dauphin,  depuis  long- 
temps, quelques  sièges,  lesquels  il  n'achève  point.  Je  vous 
prie  de  voir  en  quel  état  ils  sont,  et  de  hai  dire  que,  s'il 
ne  les  achève,  je  le  ferai  sortir  du  Louvre,  et  le  ferai 


286  Le  Livre  commode. 

au  Chesne  vert',  etc.,  travaillent  par  excellence 
aux  meubles  et  autres  ouvrages  de  marquetterie. 

M.  Marseille,  rue  S.  Denis,  près  la  Sellette, 
vend  des  Tapisseries  de  cuir  doré  de  Flandres. 

Celles  de  France  se  fabriquent  près  la  porte 
saint  Antoine. 

Les  Cabinets 2,  Bureaux,  Biblioteques  et  au- 
tres meubles  de  placages?,  de  noyers,  d'ébène, 
de  cèdre,  etc.,  sont  fabriquez  et  vendus  au  Faux- 
bourg  saint  Antoine,  à  la  porte  saint  Victor,  rue 
neuve  saint  Mederic,  rue  Grenier  S.  Lazare,  rue 
du  Mail,  etc. 

Il  y  a  sur  la  Ville  Neuve  un  très  grand  nombre 

mettre  au  For-l'Evêque  à  la  discrétion  de  ses  créanciers, 
et  que  je  ferai  faire  son  ouvrage  par  d'autres.  »  Citée 
par  M.  Rousset,  Hist.  de  Louvois,  t.  III,  p.  }8i.  En  1704, 
la  gêne  de  Boulle  étoit  encore  plus  grande  et  ses  embar- 
ras plus  pressants.  Le  Roi  l'en  sauva.  {Correspond,  admin. 
de  Louis  XIV,  t.  Il,  p.  843.)  Le  plus  grand  deuil  de  sa 
vie  fut  l'mcendie  de  son  chantier  au  Louvre,  et  la  des- 
truction par  les  flammes  de  la  plus  grande  partie  de  sa 
collection,  dans  la  nuit  du  20  août  1720.  Quoique  déjà 
bien  vieux,  il  eut  assez  d'énergie  pour  survivre.  Il  ne  mou- 
rut que  douze  ans  plus  tard,  le  i"  mars  1732.  Il  avoit 
quatre-vingt-neuf  ans  et  quelques  mois.  V.  sur  lui,  dans 
les  Archives  de  l'Art  français,  par  MM.  de  Chenevières  et 
de  Montaiglon,  t.  IV,  p.  321-350,  un  travail  qui  résume 
a  peu  près  tout  ce  qu'on  sait  sur  lui. 

1 .  Fils  de  Claude  Lefebvre,  dit  Saint  Claude,  qui  avoit 
travaillé  comme  tapissier  chez  Fouquet,  à  Vaux. 

2.  Richelet  décrit  ainsi,  en  1688,  dans  son  Dictionnaire, 
ces  meubles,  dont  la  mode  revient  :  «  Espèce  d'armoire  avec 
des  tiroirs,  faite  d'ébène,  de  noyer  ou  d'autre  beau  bois, 
propre  à  serrer  des  hardes.  »  On  en  vendoit  aux  foires. 
Le  Sganarelle  de  L'Amour  médecin,  act.  I,  se.  2,  veut 
donner  à  sa  fille  «  un  cabinet  de  la  foire  St- Laurent.  » 
Dans  le  Tarif  des  droits  d'entrée,  etc.,  du  18  sept.  1664, 
se  trouvent  de  curieux  détails  sur  ces  cabinets. 

3.  «  Et  de  marqueterie,  »  Edit.  1691,  p.  3$. 


Le  Livre  commode.  287 

de  Menuisiers  qui  travaillent  à  toutes  sortes  de 
meubles  tournez  et  non  tournez  ' . 

Les  Tapissiers-Fripiers  qui  vendent  et  louent 
toutes  sortes  de  meubles*  faits,  sont  pour  la 
plupart  sous  les  pilliers  des  Halles,  rue  de  la 
Truanderie,  Montagne  sainte  Geneviève,  Des- 
cente du  Pont  Marie,  et 3  rue  Grenier  sur  l'eau. 

Le  Sieur  (^uenel,  rue  des  Bourdonnois,  fait 
venir  des  Chaises  de  Jonc  d'Angleterre 4. 

Il  y  a  plusieurs  Argenteurs  et  Doreurs  pour 
les  meubles  de  fer  rue  Dauphine,  rue  de  la  Ver- 
rerie et  Fauxbourg  saint  Antoine  5 . 

1.  C'étoient  des  ouvriers  du  faubourg  Saint-Antoine, 
que,  sous  Henri  IV  et  sous  Louis  XIII,  grâce  à  une 
exemption  de  taille  et  au  droit  de  pouvoir  travailler  sans 
maîtrise,  on  avoit  attirés  dans  ce  quartier  encore  désert  de  la 
Ville-Neuve-sur-Gravois,  c'est-à-dire  de  la  butte  Bonne- 
Nouvelle,  rue  Bourbon-Villeneuve  —  aujourd'hui  d'Abou- 
kir,  —  et  rue  de  Cléry,  etc.,  où,  comme  on  sait,  le  même 
métier  et  le  même  commerce  des  meubles  s'exercent  encore. 

2.  Ces  <  louages  de  meubles  »  aux  Halles  sont  gaîment 
tournés  en  ridicule  dans  une  pièce  du  Théâtre  Italien,  Le 
grand  Sophy,  jouée  en  1689  :  «Grognard.  Je  ne  sais  à 
quoi  il  tient  que  je  ne  jette  toiis  les  meubles  par  la  fenêtre. 
—  Mezzetin.  N'allez  pas  faire  cette  sottise-là,  s'il  vous 
plaît,  il  faut  que  je  les  rende  au  fripier.  Je  ne  les  ai  loués 
que  pour  deux  heures.  Allons,  meubles,  sous  les  piliers  des 
Halles!  [Tous  les  meubles  se  plient  et  disparaissent. )  » 
Théâtre  de  Ghérardi,  t.  II,  p.  158. 

3.  «  Derrière  Saint-Gervais.  »  Edit.  précéd.,  p.  }6. 

4.  <  Les  tourneurs  qui  vendent  des  chaises  garnies  de 
jonc  et  de  paille,  sont  pour  la  plupart  au  Marché-Neuf, 
rue  Grenier-Saint-Lazare  et  rue  Neuve-Saint-Médéric.  » 
Id.  —  L'usage  ne  s'en  répandit  pas  chez  nous,  car  lors- 
que Grosley  alla  en  Angleterre  au  siècle  suivant,  il  trouva 
ce  genre  de  chaise  excellent,  et  nous  le  recommanda, 
comme  si  l'essai  n'en  avoit  pas  encore  été  fait.  Il  a  été  plus 
heureux  de  nos  jours.  K-  le  curieux  livre  de  Grosley, 
Londres,  édit.  de  1755,  t.  I,  p.  2}8. 

j.  L'art,  est  plus  détaillé  dans  l'édit.  précéd.,  p.  36  : 


288  Le  Livre  commode. 

Le  Sieur  Baudiy,  Tourneur,  rue  du  petit 
Lion,  fait  et  vend  des  Mortiers  et  Pilons  de 
Boùis  pour  les  officiers",  d'une  propreté  parti- 
culière. 

Pour  les  Tableaux  et  Meubles  de  la  Chine, 
voyez  l'article  des  Curiositez  de  cabinet. 

Il  faut  néanmoins  ajouter  que  les  Sieurs  Char- 
pentiers et  Bourgeois,  quay  de  l'Ecole,  peignent 
et  vendent  les  portraits  de  la  Cour  en  bordures  ^ 
pour  l'ornement  des  chambres  et  des  salles. 

Pour  les  Lits  de  Camps,  Tentes  et  Pavillons, 
voyez  l'article  des  Armes  et  Bagages  de  Guerre. 

Pour  le  Linge,  voyez  l'article  des  Toilles  et 
Dentelles  de  fil. 

Les  Sieurs  Roùgeot,  vieille  rue  du  Temple, 
et  Landois,  rue  Neuve  saint  Honoré,  ont  une 
grande  habitude  à  bien  raccommoder  et  remettre 
en  couleur  les  Tapisseries  de  haute  lisse. 

Les  Tapisseries  peintes  sur  du  Bazin  façon  de 
haute  lisse?,  se  vendent  dans  un  magasin  prés 
les  Quinze  vingts. 


«  les  argenteurs  et  doreurs,  qui  vendent  des  chenets, 
foyers,  girandoles,  vaisselles  et  autres  ouvrages  de  fer  et 
de  leton  dorez  et  argentez,  ont  leurs  boutiques  rue  Dau- 
phine  et  rue  de  la  Verrerie.  » 

1.  Lisez  :  les  officines. 

2.  Nous  dirions  «en  cadres.»  Richelet  dit  en  effet  dans 
son  Dictionnaire  :  «  bordure,  bois  de  menuiserie  pour 
mettre  un  portrait  ou  une  glace  de  miroir.  » 

3.  On  les  peignoit  aussi  sur  du  coutil.  L'abbé  Jaubert 
en  parle  dans  son  Dictionnaire  des  arts  et  métiers,  t.  IV, 
p.  205  :  «  Ces  autres  tapisseries,  dit-il,  que  l'on  fait  de 
coutil,  sur  lequel,  avec  diverses  couleurs,  on  imite  assez 
bien  les  personnages  et  les  verdures  de  la  haute  lisse.  » 
Il  écrivoit  cela  en  1773,  et  ajoutoit  que  c'étoit  une  inven- 
tion assez  nouvelle.  On  voit  ici  qu'elle  datoit  de  quatre- 
vingts  ans  au  moins. 


Le  Livre  commode  289 

On  vend  des  Coutils  en  gros  au  Bureau  des 
Marchands  Tapissiers  rue  saint  Martin,  et  encore 
chez  Messieurs  Milon,  même  rue,  et  Prévost, 
près  l'Hôtel  de  la  Monnoye. 

CHAIR  ET  POISSON. 

Pour  le  Bureau  des  Marchands- Bouchers, 
voyez  l'article  des  Bureaux  publics. 

Les  Boucheries  de  Paris  qui  sont  ordinaire- 
ment ouvertes  sont  près  l'aport  de  Paris,  place 
aux  Rats',  quartier  des  Quinze-vingts 2,  marché 
du  Temple 5,  coin  de  S.  Paul 4,  porte  S.  An- 
toine 5,  marché  Neuf 6,  montagne  sainte  Gene- 
viève?, place  Mauberts,  Fontaine  S.  Severin, 

1 .  Rue  Saint-Jacques-la-Boucherie,  près  de  l'impasse  du 
Chat-Blanc.  Sous  Louis  XV,  cette  boucherie  de  l'Apport- 
Paris  appartenoit  aux  anciennes  familles  bouchères  La 
Dehors  et  Saint-Yon.  Mercure,  mars  1739,  p.  439. 

2.  C'est-à-dire  en  face  des  Quinze- Vingts,  de  l'autre 
côté  de  la  rue  Saint-Honoré,  à  l'endroit  où  se  trouvoit  la 
rue  Jeannisson,  qui,  jusqu'en  i8jo,  s'étoit  appelée  pour 
cela  rue  des  Boucheries. 

3.  Il  étoit  où  fut  construite,  en  181 1,  la  rotonde  du 
Temple,  pour  la  Halle  aux  vieux  linges. 

4.  Dans  la  rue  Saint-Antoine  même. 
$.  Du  côté  de  la  Bastille. 

6.  Dans  la  partie  qui  avoisinoit  le  pont  Saint-Michel. 
C'étoit  une  des  plus  anciennes  boucheries  de  Paris.  Il  s'y 
trouvoit,  au-dessus  de  la  porte,  des  sculptures  qu'on  disoit 
de  Jean  Goujon.  On  l'abattit  au  xviii'  siècle,  et  le  Marché- 
Neuf  en  fut  de  beaucoup  agrandi.  Suivant  la  légende,  les 
m.ouches  n'entroient  pas  dans  cette  boucherie,  et  «  les 
viandes,  dit  M.  de  Paulmy,  s'y  conservoient  par  consé- 
quent beaucoup  plus  fraîches  que  partout  ailleurs.  » 
Mélanges  d'une  grande  Bibliothèque,  t.  XLIIl,  p.  26}. 

7.  Un  peu  au-dessus  du  collège  de  la  Marche. 

8.  Auprès  de  la  fontaine,  qu'on  y  avoit  depuis  peu 
transférée  de  la  place  de  Grève. 

Livre  commode.  1 9 


290  Le  Livre  commode. 

quartier  S.  Nicolas  des  Champs',  rue  Mont- 
martre^,  rue  Comtesse  d'Artois,  pointe  saint 
Eustache;  rue  de  Bussy,  petit  Marché,  Croix 
rouge',  et  rue  des  Boucheries  saint  Germain. 

Dans  toutes  ces  Boucheries,  un  Boucher  seule- 
ment vend  les  jours  maigres  pour  les  malades. 

En  Carême,  le  détail  de  la  viande  de  Bouche- 
rie, de  la  Volaille  et  du  Gibier  appartient  à 
l'Hôtel  Dieu  où  se  tient  alors  la  principale  Bou- 
cherie4,  mais  on  ne  laisse  pas  de  vendre  de  la 
viande  pour  les  malades  au  profit  de  cet  Hôpital 
à  la  Boucherie  du  petit  Marché  saint  Germain, 
à  celle  du  marché  du  Temple,  à  celle  de  la  place 
aux  Rats,  et  à  celle  de  la  rue  saint  Honoré  près 
les  Quinze-vingts. 

M.  Thibert,  Boucher  de  cet  Hôpital,  demeure 
près  l'aport  de  Paris  s . 

1 .  Dans  la  rue  Saint-Martin  même. 

2.  Près  de  l'égout,  c'est-à-dire  à  la  hauteur  à  peu  près 
du  passage  du  Saumon. 

3.  vis-à-vis  la  rue  du  Cherche-Midi. 

4.  La  rigueur  étoit  telle  sous  Louis  XV,  pour  cette 
observance  du  maigre  en  carême,  que  Servandoni  ayant 
voulu,  dans  la  pièce  de  Léandre  et  Héro,  jouée  pendant  le 
carême  de  17  jo,  au  théâtre  des  Tuileries,  mêler  un  sacrifice 
à  son  spectacle,  dut  obtenir  de  l'Hôtel-Dieu  la  permission 
d'acheter  la  génisse  et  le  veau,  qui  dévoient  y  jouer  les 
rôles  de  victimes.  V.  à  cette  date,  ['Inventaire  des  archives 
de  l'Hôtel-Dieu,  t.  I.  V.  aussi  Rev.  des  Provinces,  i  j  fév. 
1866,  p.  351. 

5.  Il  étoit  —  nous  l'avons  déjà  vu  plus  haut,  note  sur 
Le  Coulteux  —  d'une  des  plus  anciennes  familles  de  Paris. 
Son  nom,  comme  celui  des  Saint-Yon,  des  Legoix,  etc., 
remontoit  à  l'époque  du  règne  des  boUchers  et  de  Caboche. 
Il  le  savoit,  et,  de  concert  avec  les  représentants  des  autres 
vieilles  familles  bouchères,  il  en  usoit  pour  se  créer  un  pri- 
vilège et  un  monopole  sur  tous  les  étaux  de  la  grande 
boucherie  —  celle  de   l'Apport-Paris  —  et  sur  ceux  du 


Le  Livre  commode.  291 

Entre  les  Bouchers  qui  font  de  grosses  four- 
nitures à  la  livre  pour  les  grands  Seigneurs,  sont 
à  Taport  de  Paris,  Messieurs  Boucher,  Maùcou- 
sin,  Crochet  et  Tibert  ;  au  cimetière  saint  Jean, 
Messieurs  Charles  de  Liziere  et  Aubry;  près 
saint  Nicolas  des  Champs,  M^^  Laval,  Triplet, 
Laurent  et  la  veuve  Hotaùt;  à  la  grande  Bou- 
cherie saint  Germain,  M"^*  Madelin,  Cottard, 
Valet,  Bricet  et  Gallier;  à  la  rue  Montmartre, 
M.  Parisot;  et  montagne  sainte  Geneviève, 
Mfs  Gaudron  et  le  Lièvre. 

Les  Detailleurs  de  Tripes  et  de  Pieds  de  Mou- 
tons qui  sont  dispersez  dans  tous  les  quartiers, 
les  achètent  en  gros  tous  les  matins  près  Taport 
de  Paris. 

Le  Marché  aux  Bœufs  et  Moutons  se  tient  à 
Sceau  près  le  Bourg  la  Reine,  les  Lundis  et 
Mardis;  et  celui  des  Veaux  à  Paris  sur  le  Port 
de  la  Grève  presque  tous  les  jours  et  principale- 
ment le  Vendredi  ' . 


cimetière  Saint-Jean.  (Depping,  introduct.  au  Livre  des 
Métiers  d'Est.  Boileau,  p.  lvi.)  Le  roi,  pour  en  finir  avec 
ce  monopole  de  Thibert  et  des  autres,  en  fit  don  à  M"«  de 
Montespan  et  à  sa  sœur  M""  de  Thiange.  Us  résistèrent, 
et,  en  1691,  l'époque  même  où  nous  sommes,  il  en  résulta 
un  curieux  procès,  dont  on  peut  lire,  aux  mss.  de  la  Bi- 
bliothèque Nationale,  les  pièces  et  les  factums  dans  la  Col- 
lection Delamarre,  n°  21,656,  fol.  1-185. 

I.  Lister,  tout  anglois  qu'il  fût,  ne  trouva  pas,  sauf 
sur  un  point,  la  viande  de  Paris  mauvaise  :  «  le  mouton 
et  le  bœuf,  dit-il,  sont  bons,  et  valent  à  peu  près  les 
nôtres,  sans  les  surpasser  toutefois.  Quant  au  veau,  il 
n'en  faut  pas  parler  :  il  est  rouge  et  grossier.  Je  ne  pense 
pas,  d'ailleurs,  qu'il  y  ait  pays  en  Europe,  où  l'on  réus- 
sisse pour  cet  élevage  aussi  bien  qu'en  Angleterre.  » 
{Voyage  à  Paris,  ch.  VI.)  Quoique  inférieure,  cette  viande 


292  Le  Livre  commode. 

Le  Marché  de  la  Volaille,  du  Gibier',  des 
Agneaux  et  des  Cochons  de  lait  se  tient  sur  le 
quay  des  grands  Augustins  presque  tous  les 
jours  2,  mais  principalement  les  Mercredis  et 
Samedis?. 

Les  Rôtisseurs  fameux  pour  les  grandes  four- 
nitures, sont  les  Sieurs  Guerbois  près  la  Bou- 
cherie saint  Honoré  4,  et  Meûsnier  rue  du  Temple, 

entroit  pour  beaucoup  dans  la  consommation,  que  ia  lettre 
du  Sicilien,  déjà  citée,  évalue  ainsi,  probablement  avec  plus 
de  fantaisie  que  de  vérité  :  a  On  dit  que  l'on  mange  à  Paris, 
chaque  jour,  quinze  cents  gros  bœufs,  et  plus  de  seize  mille 
moutons,  veaux  ou  porcs.  »  V.  plus  bas,  note  3,  sur  les 
offices  de  Vendeurs  de  veaux. 

1.  La  m.ême  lettre  dit  que  la  consommation  du  gibier 
et  de  la  volaille  étoit  «  prodigieuse.  » 

2 .  La  consommation  de  la  viande  étoit  telle,  même  à 
l'Hôtel-Dieu,  qu'on  y  avoit  dressé  un  tournebroche  qui 
pouvoit  en  faire  rôtir  1,200  livres  à  la  fois.  [Inventaire 
des  Archives  hospitalières,  Hôtel-Dieu,  p.  330.) 

3.  Il  y  avoit,  pour  ce  marché,  des  «  jurés  vendeurs  et 
conducteurs  de  volailles,  »  dont  les  jetons  —  le  Cabinet  des 
médailles  en  possède  un  de  1709  —  sont  des  plus  curieux. 
Ils  représentent,  au  revers,  Adam  et  Eve  entourés  des  ani- 
maux de  la  création,  et  on  y  lit  cette  devise  :  Proderit 
his  pecus  et  volucer,  le  troupeau  et  l'oiseau  viendront  à 
eux.  —  En  1694,  on  créa  de  nouveaux  offices  de  vendeurs 
de  veaux  et  volailles,  qui  produisirent,  avec  ce  que  rapporta 
en  même  temps  «  le  traité  des  eaux  et  fontaines,  »  4,  j  36.400 
liv.  (Forbonnais,  Essai  sur  les  Finances,  année  1694.) 

4.  C'étoit,  en  effet,  un  des  plus  renommés  de  Paris  pour 
les  bons  repas.  I!  étoit  du  meilleur  ton  d'aller,  comme  on 
disoit,  dîner  chez  La  Guerbois,  car  c'est  la  femme  qui 
étoit  en  réputation  plus  encore  que  le  mari.  V^.  ce  que 
nous  avons  dit  de  ce  cabaret  dans  notre  Histoire  de  la 
Butte  Saint-Roch,  p.  126-128.  Le  nom  de  Guerbois,  qui  se 
trouve  comme  enseigne  sur  la  boutique  de  quelques  pâ- 
tissiers-traiteurs :  rue  Croix-des- Petits-Champs,  rue  des 
Saints-Pères,  etc.,  est  un  dernier  débris  de  cette  renommée 
culinaire. 


Le  Livre  commode.  29? 

qui  entreprend  d'ailleurs  les  plus  grandes  Nopces 
et  Festins  avec  beaucoup  de  réputation. 

Entre  les  Charcutiers  renommez,  sont  les 
Sieurs  du  Cerceau  rue  de  l'Arbre  sec,  pour  les 
Jambons  façon  de  Mayence;  Robinot  montagne 
sainte  Geneviève'  pour  les  Andoùilles;  et  de 
Flandres  rue  des  Barres  pour  les  bons  cervelats. 

La  foire  du  Lard  et  des  Jambons  se  tient  le 
Mercredi  Saint  rue  et  parvis  Notre  Dame^. 

M.  Fagnaùlt  Ecuyer  de  cuisine?  de  Monsei- 


1 .  (  Devant  le  portail  des  Carmes  de  la  place  Maubert.  » 
Edit.  1691,  p.  27.  Il  y  est,  comme  ici,  nommé  pour  la 
façon  des  i  bonnes  andoùilles.  »  Après  lui  vient,  pour  la 
même  renommée,  «  la  veuve  Maheult,  rue  Montmartre.  » 

2.  Il  est  parlé  ainsi  de  cette  foire  du  Parvis  dans  une 
mazarinade,  Suite  de  la  révélation,  ou  le  second  oracle 
rendu  par  le  Jeûneur  du  Parvis  NostrcDame,  1649,  in-4°, 
p.  }  : 

Dans  ce  Parvis,  où  l'on  contemple 
La  face  d'un  superbe  temple, 
Jambons  croissent  de  tous  côtés, 
Ainsi  que  s'ils  étoient  plantés. 

Le  Jeûneur  de  la  mazarinade  étoit  une  statue  que  l'on 
croyoit  antique,  et  qui  se  trouvoit  entre  la  fontaine  du 
Parvis  et  la  porte  de  l'Hôtel-Dieu.  On  l'appeloit  ainsi  parce 
qu'elle  étoit  seule  à  ne  pas  prendre  sa  part  des  monceaux 
de  victuailles  de  la  foire  «  au  Lard  et  aux  Jambons  »  du 
Parvis,  c  Oyez,  »  dit  une  autre  mazarinade  : 

Oyez  la  voix  d'un  sermonneur. 
Vulgairement  nommé  Jeûneur, 
Pour  s'estre  vu,  selon  l'histoire 
Mille  ans  sans  manger  et  sans  boire. 

j.  C'étoit  le  nom  que  prenoient  la  plupart  des  gens  de 
cuisine  dans  les  maisons  princières.  Chez  le  Roi,  où  le 
principal  s'appeloit  «  Ecuyer-bouche,  »  il  y  avoir,  rien 
que  pour  le  cuisinier-commun  ou  du  grand  commun  : 
douze  écuyers,  plus  huit  maîtres  queux,  et  douze  enfants 
de  cuisine  ou  galopins. 


294  Le  Livre  commode. 

gneur  le  Prince,  fait  de  très  excellentes  andoûilles 
qu'il  vend  à  des  personnes  de  connoissance. 

Le  Sieur  Olivet  près  la  porte  de  Richelieu, 
fait  un  commerce  particulier  de  Boudin  blanc 
et  de  pieds  à  la  sainte  Menehoult. 

Le  Sieur  Boursin  Traiteur  près  la  place  des 
Victoires,  est  renommé  pour  le  Boudin  blanc  ' . 

On  peut  par  le  Messager  de  Blois  recouvrer 
en  hiver  de  très  bonnes  Andoûilles  et  Langues 
de  porc  fourrées,  et  par  celuy  de  Troyes  des 
Langues  de  porc  et  de  mouton  fumées. 

On  trouve  des  Mortadelles  d'Italie  et  des 
Saucissons  de  Boulogne 2,  chez  le  Sieur  Pilet 
Epicier  grossier?  rue  de  l'Arbre  sec  devant  saint 
Germain  l'Auxerrois. 

On  en  trouve  aussi  quelque  fois  tout  proche 
chez  les  Provençaux 4. 

Le  marché  du  Poisson  d'eau  douce  pour  la 
vente  en  gros,  se  tient  au  quartier  des  Halles  à 
l'entrée  de  la  rue  de  la  Cossonnerie. 

La  vente  en  gros  du  poisson  de  mer  se  fait  à 


1.  Au  chapitre  XXXIX,  p.  59,  de  l'édition  de  1691,  il 
est  aussi  mentionné.  On  y  trouve,  de  plus,  l'indication  de 
son  enseigne  :  «  Au  Mont  Sainte-Catherine,  »  ce  qui  prou- 
veroit  qu'il  étoit  de  Rouen.  —  Les  boudins  blancs  commen- 
çoient  d'être  une  friandise  à  la  mode,  quoique  ce  ne  fût 
guère  que  l'ancien  «  blanc  manger  »  du  moyen-âge,  qui, 
suivant  Didier  Christol,  dans  sa  traduction  du  De  obsoniis 
de  Platine,  au  chapitre  Jusculum  album,  se  composoit 
d'amandes  et  de  blancs  de  chapons  piles  avec  de  la  mie 
de  pain  mollet,  du  sucre  et  du  gingembre,  etc. 

2.  C'est  ainsi  qu'on  prononçoit  Bologne. 

3.  Epicier  en  gros. 

4.  V.  plus  haut  ce  que  nous  avons  dit  sur  eux  et  sur  le 
cul-de-sac  auquel  ils  ont  laissé  leur  nom. 


Le  Livre  commode.  295 

la  Halle  au  Poisson  '  par  les  Officiers  vendeurs 
de  marée  2. 

Passé  huit  heures  du  matin  on  ne  trouve  plus 
de  Poisson  de  mer  ni  d'eau  douce  aux  Halles,  si 
ce  n'est  de  la  seconde  main  comme  dans  les  autres 
marchez. 

Les  Marchands  qui  font  commerce  en  gros  de 
Morues  et  Harangs,  sont  M.  Corriie  et  la  veuve 
de  Coste  rue  des  Prescheurs,  et  Mesdames  Thi- 
bault, Levier,  Estancelin  et  Ferrand  sous  les 
Pilliers  des  Halles?. 

Il  y  a  des  bateaux  et  boutiques  de  poisson 
sur  la  rivière  entre  le  Pont  neuf  et  le  Pont  au 
change,  où  l'on  vend  des  carpes  et  brochets 
en  gros. 

Le  Ton  mariné  se  vend  chez  les  Epiciers  de 
la  rue  des  Lombars  et  de  la  rue  de  la  Cosson- 
nerie. 

La  Gelée  pour  les  malades  se  vend  en  tous  les 

1 .  Il  arrivoit  par  la  voie  du  Nord,  en  traversant  le  Val" 
Larroneux,  qui  en  prit  le  nom  de  faubourg  et  de  rue  Pois- 
sonnière. Il  étoit  apporté,  comme  on  le  voit  dans  les 
lettres-patentes  enregistrées  le  1 2  mars  i  j  1 9,  «  tout  de 
fresche  pondeure,  par  les  voituriers  et  chasseurs  de  ma- 
rée, à  chevaux,  sommes  et  paniers.  » 

2.  Comme  aujourd'hui,  ils  vendoient  à  la  criée.  L'expo- 
sition du  poisson  se  faisoiî  de  trois  heures  du  matin  à  sept 
heures.  Le  revers  du  jeton  des  marchands  et  jurés  faisoit 
allusion  à  ces  heures  matinales.  On  y  voyoit  un  coq,  avec 
cette  devise  :  t  Vigilantibus  omnia  fausta.  » 

j.  Voici  les  noms  tout  autres  qu'on  trouve  dans  l'édit. 
précédente,  p.  61  :  <  Messieurs  Gelée,  rue  Chanverrerie; 
De  La  Marche,  rue  des  Prêcheurs  ;  lacinthe,  rue  Saint- 
Denis  ;  et  Regnauld,  sous  les  piliers  des  Halles.  »  Levier, 
nommé  tout-à-l'heure,  et  Gelée  étoient  de  la  famille  de 
Regnard,  enfant  des  Halles,  comme  on  sait,  et  de  parents 
qui  étoient  dans  ce  commerce.  V.  notre  Notice  sur  lui. 


296  Le  Livre  commode. 

quartiers  de  Paris  chez  presque  tous  les  Trai- 
teurs, et  chez  quelques  Apoticaires,  et  encore 
aux  Enfans  trouvez  parvis  Notre  Dame. 

Les  Hameçons  qui  servent  pour  la  pêche  à  la 
ligne,  se  vendent  chez  les  Chaisnetiers  '  du  quay 
de  Gesvre^  et  chez  ceux  de  la  rue  saint  Denis. 

MARCHANDISES   DE   BEURRE 

ŒUFS,    FROMAGES    ET   LEGUMES. 

Le  Bureau  des  Marchands  Fruitiers,  Oran- 
gers, Fromagers,  Beurriers,  etc.,  est  à  présent 
au  Cloître  saint  Jacques  de  l'Hôpital  3. 

Les  Jurez  en  Charge  de  cette  Communautés, 
sont  les  Sieurs  Ravenel  l'ainéJ,  rue  des  Prê- 
cheurs; Marié,  place  Maubert;  Cheron  et  Ra- 
venel le  jeune,  sous  les  piliers  des  Potiers 
d'étain. 


1.  Richelet  dit  à  ce  mot  dans  son  Dictionnaire  :  «  Ou- 
vrier, qui  fait  des  agrafes,  et  de  toutes  sortes  de  petites 
chaînes,  pour  pendre  des  clefs  et  des  trousseaux,  et  pour 
attacher  des  chiens,  etc.  » 

2.  «  Sous  la  galerie  de  Gesvres.  »  Edit.  1691,  p.  112. 
On  appeloit  ainsi  les  boutiques  en  galerie  couverte  que  le 
marquis  de  Gesvres,  gouverneur  de  Paris,  avoit  fait  cons- 
truire sur  le  quai,  qui  porte  son  nom,  vers  1642. 

J.  Rue  Saint-Denis,  au  coin  de  la  rue  Mauconseil. 

4.  Ils  n'étoient  institués  que  depuis  quelques  mois.  La 
déclaration  royale  qui  les  constituoit,  en  les  réunissant  à 
la  communauté  des  fruitiers,  orangers,  beurriers,  fromagers- 
coquettiers,  est  du  19  juin  1691. 

5.  Il  est  appelé  Pierre  Ravenel  dans  un  afrét  du  9  juin 
1694,  confirmant  la  sentence  du  lieutenant  de  police,  en 
faveur  des  marchands  fruitiers,  etc.  «  A  rencontre  des 
nommez  Val,  sa  femme,  et  autres  soy-disant  facteurs  des 
marchands  forains  de  beurre,  œufs  et  fromages.  » 


Le  Livre  commode.  297 

Ceux  d'entre  les  Maîtres  de  cette  Commu- 
nauté qui  fçnt  commerce  en  gros,  de  Beurre 
frais  et  salé,  Œufs  et  Fromage,  sont  lesdits 
Sieurs  Chéron  et  Ravenel  '  ;  et  encore  les  Sieurs 
Baron,  rue  de  la  Poissonnerie;  le  Clerc  l'ainé*, 
rue  de  la  Cossonnerie;  Maloùvrier,  Roger?,  le 
Clere  le  jeunet.  Hue,  Guilbert,  Samson  aine  et 
Samson  cadet  sous  les  mêmes  piliers,  Bacquet 
aine,  Bacquet  cadet,  et  GuilloùJ,  rue  des  Prê- 
cheurs. 

Autant  en  font  Mesdames  Prignet,  Bonvallet 
Alexandre  et  Prévost,  rue  des  Prêcheurs. 

Les  Sieurs  Bazin  frères,  rue  Mondetour,  qui 
font  aussi  commerce  d'oeufs^,  tiennent  d'ailleurs 
grand  magasin  de  Fromage  de  Brie,  de  Beau- 
vais,  de  MaroUe,  de  Pont  l'Evêque  et  autres. 

Autant  en  font  les  Sieurs  du  Tarrc  sous  les 
mêmes  Piliers,  et  Godeau?  rue  des  Prêcheurs. 

Sous  les  mêmes  piliers  jusqu'à  neuf  heures  du 
matin,  on  trouve  des  paisans  qui  vendent  en 
petits  pains  le  beurre  de  Vanvre^. 


1 .  Sébastien  Ravenel,  d'après  le  même  arrêt. 

2.  Jean  Lederc. 
j.  Nicolas  Roger. 
4.  Julien  Lederc. 

j.  Jean-Baptiste  Guillou. 

6.  Ils  se  vendoient  surtout  au  détail,  ainsi  que  les  fro- 
mages et  le  beurre,  «  aux  environs  du  Pilori.  »  Edit.  1 69 1 , 
p.  27. 

7.  Jacques  Godeau. 

8.  Il  étoit  déjà  très-célèbre,  et  le  Roi  en  avoit  son  four- 
nisseur paniculier,  Biaise  Giu,  «  le  seul,  disoient  les  lettres 
du  16  mars  1668,  par  lesquelles  lui  étoit  constituée  sa 
charge  de  beurrier  royal  de  Vanvres,  le  seul  qui  ait 
uouvé  la  perfection  de  faire  du  beurre  de  Vanvres,  dans  la 


298  Le  Livre  commode. 

Le  Beurre  en  pots  et  en  tinettes  d'Isigny  et 
autres  lieux,  est  encore  commercé  par  les  Epi- 
ciers de  la  rue  de  la  Cossonnerie. 

On  peut  recouvrer  du  Beurre  de  Bretagne  de 
la  Prevalaye  '  par  l'entremise  du  Messager  ordi- 
naire. 

Il  en  vient  d'Isigny  aussi  de  très  excellent  en 
petits  pots,  en  hiver  seulement,  qui  est  com- 
mercé principalement  par  lesdits  Sieurs  Ravenel, 
Baron,  Gùilloù  et  la  veuve  Prunier. 

Les  Facteurs  des  marchandises  cy-dessus  qui 
vendent  pour  les  Marchands  forains  2,  sont  les 
Sieurs  Val,  Barthélémy,  Ravenel  et  la  Ramée, 
quay  des  Augustins,  et  encore  lesdits  Sieurs 
Baron,  Ravenel  le  jeune,  et  Samson  l'ainé  cy 
devant  nommez. 

Les  Facteurs  pour  la  vente  du  Beurre  de  Nor- 
mandie 3,  sont  les  Sieurs  Aùfroy,  Hue  et  Clicot, 

bonté  et  excellence  qu'il  peut  être.  >  Jal,  Dictionn.  cri- 
tique, p.  214. 

1.  Les  beurres  d'Isigny  et  de  la  Prevalaye  sont,  on  le 
sait,  toujours  célèbres. 

2.  Ce  sont  ces.  facteurs  qui  eurent,  en  1694,  un  procès 
qu'ils  perdirent,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  avec  la  com- 
munauté des  fruitiers.  Val  et  Baron,  dont  les  noms  suivent, 
y  avoient  surtout  été  engagés. 

3.  Dans  l'arrêt  rendu  pour  le  procès,  dont  nous  venons 
de  parler,  sont  nommés  plusieurs  «  marchands  de  volaille, 
beurre  et  autres  marchandises  de  la  province  de  Norman- 
die, »  qui  avoient  pris  partie  pour  les  facteurs.  Ce  sont  : 
Nicolas^  Duchemin,  de  Thorigny;  François  Laurent,  de 
Saiut-Lô;  Michel  Danton,  marchand  à  Caen;  Jacques 
Manninot,  Jacques  Savart,  Michel  Laurent,  de  Falaise  ; 
Nicolas  Lemoine,  Elle  Poret,  Antoine  Guérin,  Thomas 
Mane,  Pierre  Ponnier,  Jean  Benoist,  Jean  Martin,  Henry 
Chertier,  Geoffroy  Germain,  Pierre  Du  Moutier,  Christophle 
Roussel,  Marie  Le  Doux,  etc. 


Le  Livre  commode.  299 

rue  Betizy  ;  Levé,  rue  Tirechappe,  et  Prévost, 
rue  de  la  Monnoye. 

Les  Légumes  se  vendent  en  gros  les  matins 
jusqu'à  huit  heures  dans  la  rue  de  la  Lingerie, 
et  en  détail  dans  tous  les  marchez  ' . 

A  la  décente  du  Pont  Marie  qui  va  au  port 
saint  Paul,  il  arrive  bien  souvent  des  Fromages 
de  Brie  qu'on  vend  en  gros*. 

Pour  les  Fromages  de  Rocfort,  voyez  l'article 
suivant. 

Les  Fromages  de  Lorraine  arrivent  au  Chariot 
d'or  devant  l'Abbaye  saint  Antoine,  et  en  quel- 
ques autres  hôtelleries  du  même  quartier. 


1 .  «  Les  marchandises  de  bouche  se  trouvent  en  gros  et 
de  première  main,  de  grand  matin,  aux  Halles,  où  chaque 
genre  de  denrées  a  son  département.  —  Pasié  huit  heures 
dans  les  marchez  et  aux  Halles  mesmes,  on  n'a  presque 
plus  rien  que  de  la  seconde  main.  —  Les  herbages  se 
vendent  rue  de  la  Lingerie  et  au  coin  Saint-Paul,  où  quel- 
ques jardiniers  du  faubourg  Saint-Antoine  s'arrêtent  le 
matin,  ainsi  qu'au  cimetière  Saint-Jean,  pour  ne  pas  aller 
jusqu'aux  Halles.  »  Edit.  1691,  p.  27. 

2.  Il  n'y  a  pas,  surtout  dans  cette  seconde  édition,  assez 
de  détails  sur  les  petits  marchés  de  Paris.  Liger,  dans  le 
Voyageur  fidèle,  p.  345-345,  est  plus  complet.  Il  mentionne 
la  place  ou  petit  marché  du  marais  du  Temple  —  aujour- 
d'hui marché  des  Enfants-Rouges,  —  €  où  l'on  vend,  dit-il, 
du  beurre,  des  œufs,  etc.;  »  le  petit  marché  Saint-Jacques, 
près  de  la  porte  du  même  nom,  où  se  fait  le  même  débit, 
mais  le  mercredi  et  le  samedi  seulement;  le  petit  marché 
de  la  Croix-Rouge,  pour  le  lait,  le  fromage,  le  beurre,  les 
légumes,  et  enfin  —  ce  qui  nous  fournit  une  étymologie 
parisienne  longtemps  cherchée,  —  «  la  place  appelée  la 
Pierre  au  Lait,  proche,  dit-il,  de  l'église  de  Saint- 
Jacques-la-Boucherie.  C'est  un  petit  marché  fort  étroit, 
ajoute-t-il,  où  il  va  beaucoup  de  laitières.  On  y  trouve 
aussi  des  œufs  frais,  du  beurre  et  autres  denrées  de  cette 
sorte.  ) 


joo  Le  Livre  commode. 

OFFICES  DE  FRUITERIES. 

Il  y  a  un  grand  nombre  de  Confiseurs  rue  des 
Lombards  ' ,  et  quelques  uns  rue  saint  André,  et 
rue  saint  Honoré  près  le  Palais  Royal,  qui  ven- 
dent en  gros  et  en  détail  toutes  sortes  de  confi- 
tures sèches  et  liquides  de  Dragées,  de  Masse- 
pains, de  Biscuits  amers  2,  etc. 

On  peut  par  le  Messager  de  Dijon  recouvrer 
deux  sortes  de  Confitures  exquises  et  inimitables  ; 
à  sçavoir,  des  Prunes  de  Moyeux?  et  de  l'Epine 
vinette  4, 

Il  y  a  un  Pâtissier,  rue  Bailleul  près  la  Croix 
du  Tiroir,  et  un  autre  rue  saint  Nicolas  au  Faux- 
bourg  saint  Antoine,  qui  vendent  en  gros  et  à 
juste  prix  aux  Officiers,  Aubergistes  et  Limona- 

1.  Il  en  reste  encore  quelques-uns.  La  maison  la  plus 
célèbre  par  exemple,  celle  du  fidèle  Berger,  y  exista  jusque 
dans  ces  derniers  temps.  Elle  est  déjà  mentionnée  par 
Roze  de  Chantoiseau  dans  son  Almanach  général  d'indi- 
cation pour  177J  :  «  Ravoisé,  y  est-il  dit,  rue  des  Lom- 
bards, au  Fidèle  Berger,  confiseur  très-renommé,  etc.  » 

2.  C'est-à-dire  aux  amandes  amères,  comme  on  le  verra 
plus  bas. 

j.  C'étoit  une  sorte  de  prune  confite.  Il  en  venoit  en- 
core_  beaucoup  de  Dijon,  lorsqu'en  1741,  Savary  fit  son 
Dictionnaire  du  Commerce.  Le  petit  marquis,  Louis-Pro- 
vence de  Grignan,  se  faisoit  un  grand  régal  de  cette 
confiture  ;  aussi  M""  de  Sévigné  écrit-elle  à  M""'  de 
Grignan  :  «  Songez  à  vos  moyeux  pour  Provence.  »  Lettre 
du  22  sept.  1675. 

4.  Il  venoit  de  Dijon  de  l'épine-vinette  en  grappes 
confites  et  en  pastilles  :  «  J'ai  cru  me  ressouvenir,  écrit 
Voltaire  à  D'Argental,  le  4  août  1 777,  qu'on  faisoit  autre- 
fois des  pastilles  d'épine-vinette  à  Dijon,  et  j'en  ai  fait 
tenir  une  petite  boîte  à  votre  voisin  (Thîbouville).  » 


Le  Livre  commode.  joi 

diers,  des  biscuits,  des  macarons,  des  craque- 
lins', etc. 

On  trouve  des  Biscuits,  des  Macarons,  des 
Massepains,  des  Cornets,  etc.,  chez  tous  les 
Pâtissiers  de  Paris,  entre  lesquels  le  Sieur  de 
l'Etoile  rue  saint  Antoine  près  les  Filles  sainte 
Marie,  fait  de  très  bons  Biscuits  d'amendes 
ameres. 

Le  Sieur  Billard,  rue  Montorgueil,  est  re- 
nommé pour  les  Biscuits  façon  de  Blois^. 

Les  fruits  en  gros  se  vendent  le  matin  à  la 
Halle  aux  bleds  depuis  trois  ou  quatre  heures 
jusqu'à  huit. 

Sur  la  Grève  de  l'Arsenal,  vis  à  vis  l'Isle 
Louvier,  il  arrive  tout  l'Eté  et  tous  les  jours  aux 
mêmes  heures,  des  batteaux  de  Fruits  nouveaux 
venant  de  saint  Seine  et  Route?,  qui  sont  ven- 
dus en  gros  par  paniers  aux  Fruitières  qui  font 
le  détail. 

Il  arrive  aussi  fréquemment  des  batteaux  de 
pommes  et  poires  venant  de  Normandie  sur  le 
quay  de  l'Ecole. 

Les  Vins  Muscats  et  de  Canaries  se  vendent 
en  détail  aux  environs  de  la  Croix  du  Tiroir  4. 

1.  Le  craquelin  étoit  un  gâteau  rond  à  rebord,  fait 
seulement  à  la  farine  et  au  sel,  et  croquant  sous  la  dent. 
Il  se  faisoit  surtout,  comme  on  le  voit  ici,  chez  les  pâtis- 
siers des  faubourgs,  ou  de  pauvres  femmes  s'en  fournis- 
soient  pour  les  venir  revendre  en  ville. 

2.  Savary,  dans  son  Dictionn.  du  Commerce,  1741,  in-fol., 
t.  I,  col.  96$,  dit  encore  :  «  le  commerce  des  biscuits  de 
Blois  est  très-considérable;  il  s'en  fait  une  assez  grande 
consommation  à  Paris.  » 

}.  C'est-à-dire  de  tous  les  pays  riverains  du  fleuve,  de- 
puis Saint-Seine  où  en  est  la  source. 
4-  Il  y  avoit  là,  depuis  le  règne   de   Louis  XIII,  des 


302  Le  Livre  commode. 

Les  Provençaux  qui  logent  au  cul  de  sac  saint 
Germain  l'Auxerrois,  vendent  en  gros  des  Fro- 
mages de  Rocfort,  des  Olives,  des  Anchois,  du 
Vin  de  saint  Laurent,  des  Figues,  des  Raisins, 
des  Brugnons,  des  Amandes  et  autres  fruits  secs 
de  Provence. 

Autant  en  font  les  Epiciers  de  la  rue  de  la 
Cossonnerie,  qui  vendent  d'ailleurs  des  Câpres 
fines,  des  Oranges  et  des  Citrons  de  Provence, 
de  la  Chine'  et  de  Portugal. 

Messieurs  Lion,  rue  de  Truanderiez,  et  Jour- 
dan,  rue  S.  Denis,  au  cheval  blanc?,  tiennent 
aussi  magasin  de  fruits  de  Provence +. 

sortes  de  cabarets  en  sous-sol,  où  l'on  ne  buvoit  pas 
d'autres  vins.  «  Un  jour,  dit  Tallemant,  que  notre  Orphée 
—  c'est  le  musicien  Lambert  —  s'estoit  laissé  erttraîner 
dans  une  de  ces  caves  de  vin  muscat  à  la  Croix  du  Trahoir, 
il  en  sortit  la  tête  en  compotes,  etc.  »  {Historiettes,  édit. 
P.  Paris,  t.  VI,  p.  199.)  —  Elles  se  trouvoient,  rue'saint- 
Honoré,  un  peu  plus  haut  que  la  rue  de  l'Arbre-Sec,  au  coin 
de  laquelle  se  voyoit,  comme  on  sait,  la  Croix  du  Trahoir. 

1 .  Ces  petites  oranges,  que  nous  appelons  aujourd'hui  des 
mandarines,  étoient  alors  fort  recherchées.  Il  n'y  avoit  qu'un 
demi-siècle  que  la  culture  en  avoit  commencé  en  Portugal, 
d'où  elles  nous  venoient.  C'est  à  cause  de  leur  prix  que, 
dans  l'Avare,  voulant  mettre  hors  de  lui  son  père  Harpa- 
gon, Cléante  lui  propose  pour  sa  collation  des  plateaux 
entiers  d'oranges  de  la  Chine.  Tout  ce  genre  de  fruits 
étoit,  du  reste,  à  la  mode,  parce  qu'il  n'étoit  pas  à  la 
portée  de  tout  le  monde  :  «  les  oranges  et  les  citrons,  dit 
la  Lettre  italienne  déjà  citée,  tiennent  le  premier  rang 
entre  les  choses  qui  se  vendent  cher,  parce  qu'elles  vien- 
nent d'Italie  et  de  Portugal,  et  ils  sont  plus  estimez  que 
les  autres  fruits  :  telle  est  l'inclination  de  l'homme,  qui 
ne  trouve  bon  que  ce  qui  coûte  beaucoup.  » 

2.  Son  adresse,  dans  l'édit.  précéd.,  est  «  rue  Jean  de 
l'Epine,  à  l'enseigne  de  la  ville  de  Tours.  »  Cette  rue  étoit 
près  de  celle  de  la  Truanderie. 

3.  V.  son  art.  plus  bas,  au  chap.  Epiceries. 


Le  Livre  commode.  joj 

Le  Sieur  Chaillou,  rue  de  l'Arbre  sec;  de 
Rere,  rue  Dauphine,  et  Regnault  au  Jeu  de 
Metz,  sont  renommez  pour  le  bon  Chocolat  et 
pour  le  Caffé  en  graine  et  en  poudre. 

On  vend  un  Traité  curieux  du  Thé,  du  Caffé 
et  du  Chocolat,  chez  la  veuve  Nion,  quay  de 
Nesle'. 

Les  Sieurs  Huré,  place  Dauphine^,  et  Let- 
gùyue,  rue  Dauphine,  sont  renommez  pour  les 
bons  melons. 

Le  Sieur  Luquet,  rue  saint  Denis,  devant  la 
rue  du  petit  Lion,  fait  et  vend  des  carafons  de 
liège  fort  légers  et  fort  propres  pour  rafraîchir 
les  liqueurs  à  la  glace  î. 

Le  Sieur  Joubert,  qui  demeure  au  quartier 
de  la  Croix  du  Tiroir,  rue  des  vieilles  Etuves,  à 
l'enseigne  du  Soulier  d'or,  vend  des  Olives  et 
des  Anchois4à  juste  prix  pour  les  Cabaretiers  et 
Aubergistes. 

4.  «  On  vend  des  Truffles,  rue  Serpente,  au  Messager 
de  Toulouse.  »  Edit.  1691,  p.  m. 

1 .  C'est  le  traité  cité  plus  haut  à  l'art.  Librairie.  Il  est 
de  Blégny,  lui-même,  qui  ne  manque  jamais  l'occasion  de 
rappeler  ce  qu'il  a  fait. 

2.  Son  article  est  plus  curieux  dans  l'édit.  précéd.,  p.  29  : 
«  le  sieur  Huré,  marchand  de  melons,  à  qui  l'on  peut  avoir 
toute  confiance  en  payant  un  bon  melon  ce  qu'il  vaut,  a 
tous  les  ans  sa  boutique  à  l'entrée  de  la  place  Dauphine.  » 

j .  On  appeloit  alors  carafons  les  seaux  qu'on  remplissoit 
de  glace  pour  y  faire  rafraîchir  le  vin  en  bouteilles.  Il  a  voit 
été  fort  ingénieux  d'y  appliquer  le  liége  à  cause  de  sa  po- 
rosité. C'étoit,  avec  une  tout  autre  matière,  le  système  des 
alcarazas  espagnols,  où  cette  porosité  entretient  la  fraîcheur 
par  l'évaporation.  La  glace,  dans  ces  seaux  de  liége,  qui, 
d'ailleurs,  sont  encore  d'usage,  se  conserve  plus  longtemps 
que  dans  les  autres. 

4.  On  s'en  foumissoit  depuis  longtemps  à  Nice,  Cannes, 


304  Le  Livre  commode. 

Il  y  a  un  magasin  de  Pistaches  ' ,  rue  Bourlabé, 
chez  Madame  Nave. 

Pour  le  sucre  et  autres  denrées  domestique, 
voyez  ci-après  l'article  d'Epiceries  et  denrées 
domestiques. 

PANNETERIE  ET  PATISSERIE. 

Entre  les  Pâtissiers  renommez  pour  la  pâtis- 
serie, sont  les  Sieurs  le  Coq,  rue  de  l'Université, 
quartier  saint  Germain  2  ;  le  Hongre,  rue  saint 

Antibes,  etc.  Olivier  de  Serres,  Théât.  d'agricult.,  i6oj, 
in-4°,  p.  660,  parle  de  «  barrils  d'anchoies  (sic)  j  qui  en 
venoient. 

1.  Les  pistaches  du  Levant  étaient  en  vogue  depuis  le 
XVI»  siècle.  V.  A.  Paré,  Liv.  XVIII,  ch.  4j.  On  en  faisait 
d'excellentes  dragées. 

2.  Dans  la  i'*  édit.,  il  est  donné,  p.  27,  comme  ayant 
«  une  grande  réputation  pour  toutes  sortes  de  pâtisseries.  » 
Puis  on  lit  à  la  suite  :  «  Ainsi  en  est-il  du  sieur  Flechmer, 
rue  Saint-Antoine,  au  coin  Saint-Paul,  celuy-ci  fait  un  grand 
débit  de  fines  brioches  que  les  dames  prennent  chez  luy  en 
allant  au  Cours  de  Vincennes.  »  —  Les  marguilliers  de 
Saint-Paul,  avec  lesquels,  en  bon  voisin,  il  s'entendoit,  lui 
faisoient  commander  tous  les  pains  béniis  de  la  paroisse. 
Ils  en  avoient  une  part  du  profit,  ou  tout  au  moins  une 
paragudnte,  comme  on  appeloit  alors  le  pourboire.  Marigny, 
après  leur  avoir  dit,  dans  son  poëme  du  Pain  Bénit,  qui 
parut  en  1673,  tout  ce  qu'il  y  avoit  de  scandaleux  dans 
leurs  exigences  pour  que  le  gâteau  fût  bien  large,  bien 
épais,  «  bien  étoffé  »,  ajoute  : 

Encor  ne  pouvez-vous  souffrir 
Que  le  pain  que  l'on  doit  offrir 
S'achète  ailleurs  qu'en  la  boutique 
De  Fléchemer,  qui  pour  l'argent. 
Afin  d'avoir  votre  pratique, 
Se  qualifie  effrontément 
De  pâtissier  de  la  fabrique. 
Que  son  pain  soit  grand  ou  petit, 
11  est  selon  votre  appétit. 


Le  Livre  commode.  505 

Antoine,  près  les  Jésuites  ;  Mignot,  rue  de  la 
Harpe';  Berthelot,  rue  saint  Louis  du  Palais; 
Luce,  près  les  Basions  Royaux  2;  Sonnet,  près 
saint  Roch;  Bouliet,  rue  des  Déchargeurs; 
Gravier,  à  l'entrée  de  la  rue  saint  Antoine;  la 
veuve  Langlois,  à  la  Bazoche,  rue  saint  André?, 


S'il  vous  donne  une  paraguante. 
Et  s'il  fait  bien  boire  Regnault, 
Votre  fabrique  est  fort  contente  : 
L'offrande  est  faite  comme  il  faut. 

1 .  «  Le  sieur  Mignot,  rue  de  la  Harpe,  n'a  pas  seule- 
ment beaucoup  de  réputation  pour  la  pâtisserie,  mais  encore 
pour  toutes  espèces  de  ragoûts,  étant  pâtissier  traiteur.  » 
Edit.  de  1691,  p.  28.  —  Voilà  qui  le  venge  de  Boileau. 
C'est,  en  effet,  le  Mignot  de  la  Satire  ùu  Repas,  où  il  est 
donné,  il  vous  en  souvient,  pour  «  l'empoisonneur  »  qui 
sait  le  mieux  son  métier.  De  notre  temps,  il  eût  fait  au 
satirique  un  procès  en  diffamation.  Il  s'y  prit,  pour  sa 
revanche,  comme  on  s'y  prenoit  du  sien.  Il  rendit  satire 
pour  satire.  Cotin  venoit  d'en  faire  une  contre  Boileau,  dont 
il  vouloit  aussi  se  venger.  Us  s'entendirent  ense.iible,  et, 
pendant  plusieurs  semaines,  il  ne  sortit  pas  un  gâteau  de 
chez  Mignot  qui  ne  fût  enveloppé  du  papier  satirique  de 
Cotin.  Sa  boutique,  du  reste,  ne  prospéra  que  mieux  du 
mal  qu'on  en  avoit  dit  :  «  Ce  matin,  dit  Brossette,  à  la 
date  du  22  oct.  1702,  dans  ses  Mémoires  sur  Boileau,  en 
passant  dans  la  rue  de  la  Harpe,  l'on  m'a  montré  la  maison 
où  Mignot,  pâtissier  et  traiteur,  tenoit  autrefois  sa  boutique. 
C'est  vis  à  vis  la  rue  Percée.  Un  nommé  Couterot  tient  la 
même  boutique  de  pâtissier.  Mignot  a  quitté  sa  profession 
en  1700,  et  il  vit  de  son  bien.  »  Il  avoit  eu  surtout  une 
grande  réputation  pour  les  biscuits  (Vigneul-Marville,  Mé- 
langes, t.  III,  p.  291). 

2.  Cabaret  de  la  rue  Saint-Honoré,  dont  il  sera  dit  un 
mot  plus  loin. 

3 .  On  y  mettoit  fort  bien  les  levrauts  en  pâtés,  si  l'on  en 
croit  le  procureur  de  la  3"  Satire  de  Furetière.  On  m'a 
fait,  dit-il, 

On  m'a  fait  un  présent  d'un  levreau  d'importance, 
Que  j'aurois  plus  ganlé,  n'étoit  cette  occurence  ; 

Livre  commode.  ao 


jo6  Le  Livre  commode. 

et  pour  ce  qui  regarde  les  Biscuits,  Macarons, 
Craquelins,  Massepains,  Cornets,  voyez  l'article 
précèdent. 

M.  Prévost,  Boulanger  de  Monsieur  et  de 
Madame",  demeure  près  le  Palais  Royal. 

Le  Sieur  Vérité,  Boulanger,  près  la  Magde- 
laine^,  fournit  Nosseigneurs  du  Parlement,  et 
est  fort  renommé  pour  le  Pain  de  Seigle  et  pour 
le  Pain  au  lait?. 

Il  y  a  plusieurs  autres  Boulangers  renommez 
pour  diverses  sortes  de  Pains,  par  exemple,  les 
Sieurs  Dantan,  près  les  Jacobins,  pour  le  petit 
pain;  de  Lorme,  rue  aux  Ours;  et  le  Comte,  au 
cimetière  saint  Jean,  pour  le  pain  molet4  ;  des 

Si  je  le  mangeois  seul  j'aurois  quelque  remords  ; 
J'ai  dit  qu'on  luy  fit  faire  un  brillant  juste  au  corps 
Et  l'ai  fait  envoyer  exprès  à  la  Ba:oclie. 
11  fait  plus  de  profit  en  pâte  qu'à  la  broche. 

1 .  Dans  l'Etat  de  France  pour  1692,  p.  774,  c'est  Jacques 
Converset  qui  est  indiqué  comme  boulanger  de  la  maison 
de  Madame.  Pour  celle  de  Monsieur,  p.  736,  l'indication 
manque. 

2.  En  la  Cité. 

3 .  Ces  «  pains  au  lait  »  étoient  spéciaux  aux  boulange- 
ries dites  «  de  petits  pains,  »  et  ils  y  avoient  des  noms 
particuliers  suivant  leurs  formes.  On  les  appeloit  pains  à  la 
mode,  pains  de  Ségovie,  et  encore  pains  à  la  Montauron, 
mais  ce  nom  avoit  à  peu  près  passé  pour  faire  place  à  un 
autre,  comme  on  le  verra  plus  loin.  P'agon  avoit  défendu 
au  Roi  l'usage  de  ces  pains  au  lait.  {Journal  de  la  Santé, 

p.    21  I,   22}.) 

4.  On  l'avoit  aussi  appelé  pain  à  la  Reine.  Comme  il  y 
falloit  plus  de  levure  qu'aux  autres  et  qu'il  n'étoit  pas 
ainsi  réglé  selon  les  lois  de  la  médecine,  la  Police  ne 
l'avoit  d'abord  que  toléré  (G.  de  Serres,  p.  822).  En  1688, 
il  faillit  être  tout  à  fait  défendu  à  la  suite  d'un  procès 
entre  les  Boulangers  et  les  Cabaretiers,  dont  nous  avons 
ailleurs  donné  longuement  le  détail.  V.  Le  Roman  de  Molière, 
p.  191-227. 


Le  Livre  commode.  307 

Monceaux,  rue  de  Toumon,  et  le  Comte,  rue 
Galande,  près  la  place  Maubert,  pour  différentes 
sortes  de  Pains  ' . 

La  veuve  Ronay,  rue  saint  Victor,  fait  un 
pain  de  table  excellent  de  toutes  farines,  qu'on 
nomme  Pains  à  la  Joyeuse*. 

Il  y  a  dans  la  Cour  des  Quinze-Vingts  plu- 
sieurs Boulangers  qui  font  un  Pain  de  ménage  > 
de  toutes  farines  qui  est  trouvé  d'un  bon  goût. 

Le  Boulanger  qui  fabrique  le  petit  pain  de 


1 .  Presque  tous  étoient  fort  grands,  comme  notre  pain 
Jocko,  dont  le  nom  est  une  altération  de  celui  du  pain  Coco 
du  Languedoc.  Le  Sicilien,  dont  nous  avons  déjà  cité  la  lettre, 
s'étonne  de  ces  pains  énormes,  et  il  en  parle  avec  une 
exagération  amusante  :  «  le  pain  est  bon,  il  est  blanc,  bien 
fait,  dit-il,  et  un  seul  pain  est  quelque  fois  si  grand  qu'il 
suffit  pour  rassasier  une  semaine  entière  pendant  plusieurs 
jours;  ce  qui  a  fait  dire  à  un  plaisant  que  si  cette  manière 
de  faire  de  grands  pains  eût  été  dans  la  Judée  au  temps  du 
Messie,  les  cinq  mille  Juifs  qui  furent  rassasiés  se  seroient 
plutôt  étonnés  du  four  que  du  miracle.  1  —  Le  plus  grand 
étoit  le  grand  pain  bourgeois,  dont  Jean  Alassin  avoit 
obtenu  le  privilège  en  juin  1649,  et  qui  avoit  fini  par  être 
accepté,  malgré  l'opposition  des  boulangers  et  surtout  des 
meuniers.  C'étoit  un  pain  bis-blanc,  qui  se  distribuoit  au 
poids  en  échange  du  blé  {Bibliog.  des  Mazarinadu,  t.  I, 
p.  411-412).  Une  brochure  in-4°  de  7  pages  et  rarissime 
contient  sur  cette  spéculation  de  boulangerie  populaire  des 
données  curieuses  :  Tarif  des  droits  que  V entrepreneur  du 
Magasin  de  grand  pain  Bourgeois,  estably  dans  la  rue  des 
Rosiers  au  petit  hôtel  d'O,  a  costi  de  la  vieille  rue  du 
Temple,  prend  tant  pour  le  déchet  ordinaire  de  la  farine  au 
moulin  ou  ailleurs  que  pour  les  frais  dudit  moulin  et  de  la 
fabrique  ou  du  cuisson  (sic)  du  pain. 

2.  C'est  un  souvenir  du  règne  de  Henri  III,  où,  après  les 
noces  du  duc  de  Joyeuse  avec  la  sœur  de  la  Reine,  tout 
fut  t  à  la  Joyeuse  »  dans  Paris,  même  le  pain. 

3.  Cette  expression  t  pain  de  ménage  »  est  déjà  dans 
le  Théâtre  d'agricuH.  d'O.  de  Serres,  1605,  in-4*,  p.  824. 


3o8  Le  Livre  commode, 

mouton  pour  les  enfans',  demeure  rue  de  Seine, 
quartier  saint  Germain*. 

Le  Sieur  Ozanne,  rue  de  Guenegaud,  est  re- 
nommé pour  le  pain  PagetJ  et  pour  une  sorte 
de  pain  façon  de  Gonesse4. 


1 .  Le  pain-mouton  étoit  une  sorte  de  petit  pain  saupou- 
dré de  grains  de  blés  que  les  valets  étoient  chargés  de 
donner  aux  enfants  pauvres,  quand  venoient  les  étrennes. 
Il  différoit  beaucoup  —  sauf  par  le  nom  —  du  pain  de 
mouton,  qui  se  faisoit  avec  du  beurre,  du  fromage,  et  de 
la  pâte,  et  n'étoit  guère  plus  grand,  dit  Richelet,  qu'un 
écu  d'argent.  On  le  donnoit  aussi  aux  enfants  «  un  peu  de- 
vant et  un  peu  après  le  jour  de  l'an.  »  L'abbé  de  MaroUes 
a  parlé  dans  les  notes  de  sa  traduction  d'Athénée,  1680, 
in-4'',  p.  xxxix,  où  certes  l'on  ne  l'attendoit  guère,  d'une 
femme  qui  fut  célèbre  en  son  temps,  par  le  débit  qu'elle 
faisoit  de  ces  petits  pains,  en  criant  par  les  rues  :  «  à  mes 
petits  pains  de  mouton,  Mesdames!  » 

2.  Dans  l'édit.  précéd.,  p.  62,  son  adresse  est  «  rue  des 
Mauvais  Garçons,  »  celle  du  faubourg  Saint- Germain,  sans 
doute,  près  de  la  rue  de  Seine. 

}.  C'étoit,  croyons-nous,  le  pain  à  la  Moutauron,  avec 
un  nom  plus  nouveau,  mais  déjà  ancien  lui-même.  Jacques 
Paget  Du  Plessis,  d'abord  maître  des  requêtes,  puis  inten- 
dant des  finances,  avoit  fait  fortune  en  s'arrangeant  avec  les 
partisans,  lorsque  Moutauron,  un  de  ceux-ci,  avoit  sombré 
après  quelques  années  de  la  plus  grande  magnificence,  qui 
lui  valut,  comme  on  sait,  la  dédicace  de  Cinna.  Tout  étant 
de  mode,  le  pain  à  la  Moutauron  fut  remplacé  par  le  pain 
Paget,  comme  la  fortune  de  Paget  avoit  succédé  à  celle  de 
Moutauron. 

4.  On  sait  que  le  pain  de  Gonesse,  qui  devoit,  dit-on, 
ses  qualités  à  l'eau  du  pays,  étoit  celui  qu'on  préféroit  à 
Paris,  dont  il  formoit  en  grande  partie  l'approvisionnement. 
L'arrivage  s'en  faisoit  deux  fois  par  semaine,  et  il  avoit  sa 
halle  particulière  :  «  On  ne  prendra  pas  Paris,  disoit  Condé, 
suivant  le  cardinal  de  Retz,  par  des  mines,  comme  Dun- 
kerque,  et  par  des  attaques,  mais  si  le  pain  de  Gonesse 
lui  manquoit  huit  jours.  »  Lister  le  trouva  excellent  et  bien 
supérieur  à  celui  de  Paris.  «  Il  est  extrêmement  blanc, 


Le  Livre  commode.  309 

Le  Sieur  Jacques,  rue  saint  Honoré,  est  re- 
nommé pour  le  pain  biscuit  qu'on  mange  avec 
les  liqueurs. 

Les  Sieurs  l'Esteuve,  près  saint  Medard,  et 
Adam,  rue  saint  Denis,  au  Roy  François', 
fabriquent  des  Fours  pour  le  public. 

Il  y  a  plusieurs  Paindepiciers  rue  Marivaux*  et 
porte  S.  Denis. 

MARCHANDISE  DE  VINS 

ET   d'aPRESTS. 

La  Halle  aux  Vins  ?  est  à  la  porte  saint  Ber- 
nard, où  il  y  a  des  Bureaux  pour  les  droits  du 
Roy4.  On  y  trouve  de  bon  et  franc  vin  de 
Bourgogne  chez  le  Sieur  Compagnot, 

Le  Bureau  des  Maîtres  et  Gardes  de  la  mar- 


dit-il  (chap.  VI),  ferme,  léger  et  fait  avec  du  levain.  Il  est 
ordinairement  en  pain  de  trois  livres.  »  Le  prix  de  trois 
deniers  anglois  la  livre,  qu'il  donne  ensuite,  équivaut  à 
trente-et-un  centimes  d'à  présent. 

1 .  C'est-à-dire  Cour  du  Roy  François,  ancienne  Cour  des 
Miracles,  qui  n'a  disparu  que  dans  ces  derniers  temps,  et 
qui  devoit  son  nom  à  cette  enseigne. 

2.  On  les  appeloit  aussi  «  pâtissiers  de  pain  d'épice.  » 
Us  étoient  peu  nombreux  à  Paris,  à  cause  de  la  concur- 
rence de  ceux  de  Reims. 

3.  Elle  avoit  été  établie  en  1662. 

4.  La  porte  Saint-Bernard,  qui  avoit  la  forme  d'un  arc 
de  triomphe,  datoit  de  1674.  Elle  se  trouvoit  sur  le  quai 
de  la  Tournelle,  un  peu  au-dessus  du  pont.  On  la  démolit 
au  commencement  de  la  Révolution.  Sous  l'Empire,  la  Halle 
aux  Vins,  sa  voisine,  fut  reportée  plus  haut,  sur  la  plus 
grande  partie  de  l'endos  de  l'abbaye  Saint-Victor,  qu'elle 
occupe  toujours.  Les  travaux  d'installation  commencèrent 
en  1 8 : 1 . 


310  Le  Livre  commode. 

chandise  de  vin',  est  rue  Grenier,  sur  l'eau, 
derrière  saint  Gervais. 

Tout  proche  rue  des  Barres,  M.  Milon  fait 
commerce  en  gros  de  Vins  de  Champagne 2. 

Du  nombre  des  douze  Marchands  de  Vins  du 
Roy  3,  qui  font  les  grandes  fournitures  en  pièces 
et  en  bouteilles,  pour  la  Cour,  pour  l'armée  et 
pour  le  public,  sont  Messieurs  Cresnay  rue 
Notre  Dame4,  de  Bray  rue  de  la  Huaumerie, 


1.  Ils  jouissoient  des  mêmes  privilèges  que  ceux  des  six 
corps  marchands,  et  ils  pouvoient,  comme  eux,  devenir 
échevins  ou  consuls.  Ils  avoient  pour  armoiries,  depuis 
1629,  un  navire  d'argent  à  bannière  de  France,  flottant 
avec  six  nefs  autour,  et  une  grappe  de  raisin  en  chef  sur 
champ  d'azur. 

2.  La  mode  n'en  faisoit  que  commencer,  et  le  plus  sou- 
vent on  ne  l'appeloit  que  Vin  de  Sillery  ou  Vin  de  la 
Maréchale,  à  cause  de  la  maréchale  d'Estrées,  à  qui  appar- 
tenoit  le  vignoble  de  Sillery,  par  lequel  avoit  préludé  cette 
première  vogue.  Le  Roi  y  contribua.  Le  vin  de  Champagne 
fut  longtemps  sa  seule  boisson.  {Journal  de  la  Santé,  p.  211 
et  350.) 

3.  Ils  étoient,  suivant  l'Etat  de  France,  p.  628,  les  pre- 
miers privilégiés  suivant  la  Cour.  On  les  appeloit  «  la  Cave 
des  Douze.  » 

4.  Son  enseigne  ètoit  «  à  la  Pomme  de  pin,  »  et  c'est  par 
conséquent  son  cabaret  que  doit  désigner  ainsi  l'édit.  précé- 
dente, p.  28  :  «  la  Pomme  de  pin,  derrière  la  Magdelaine.  » 
Un  autre,  portant  la  même  enseigne,  indiqué  aussi  dans  cette 
première  édition,  se  trouvoit  rue  d'Orléans.  —  On  sait  que 
Crenet  est,  comme  Mignot,  assez  maltraité  dans  la  Satire  du 
Repas,  pour  les  mélanges  «  d'auvernat  et  de  lignage  »  qu'il 
vendoit,  dit  Boileau,  «  pour  vin  de  l'Ermitage.  »  Le  re- 
proche étoit,  paroît-il,  assez  juste,  d'après  une  anecdote 
que  raconte  Brossette;  aussi  Crenet  ne  réclama-t-il  pas. 
Dancourt  l'a  mieux  traité  dans  l'Eté  des  Coquettes,  joué  en 
1690.  On  y  chante  à  la  fin  : 

Sans  cadeaux  et  sans  promenades 
L'Amour  les  tient  peu  sous  ses  lois, 


Le  Livre  commode.  311 

Bourdois  au  bout  du  Pont  saint  Michel,  Petit 
rue  des  Petits  Champs,  Bourdois  près  l'aport  de 
Paris,  Morisson  '  rue  de  la  Huchette,  Darboullin 
rue  Coquilliere^,  Tardiveau  Fauxbourg  saint 
Marcel,  Hardon?  rue  Beaubourg,  Triboulleau 
rue  de  la  Mortellerie4,  Alexandre  rue  des 
Assis,  etc. 

Et  du  Nombre  des  vingt  cinq  5  sont  M«  Groù 
Doyen,  Avrillon  près  le  Puits  Certain,  Coquart 
rue  du  Temple,  Charles  rue  de  la  Huchette,  Ba- 
ron rue  du  Paon,  Rousseau  rue  d'Avignon'', 

Et  sans  Crenet  et  la  Gnerbois 
L'Amour  n'a  que  des  plaisirs  fades. 

1.  Edme  Maurisson,  d'après  l'Etat  de  France,  p.  628. 

2.  Dancourt,  à  la  scène  IV  des  Agioteurs,  joués  en  1710, 
parle  de  sa  veuve,  qui  lui  avoir  alors  succédé  :  «  Suzon... 
Vous  irez  de  là  chez  Madame  Darboulin,  rue  Coquillière, 
dire  qu'on  porte  au  même  endroit,  dès  ce  matin,  les  douze 
douzaines  de  bouteilles  de  \\n  de  Bourgogne,  et  la  dou- 
zaine de  Champagne  que  je  payai  hier.  » 

}.  Hugues  Hardoin,  et  non  Hardon. 

4.  Il  étoit  le  plus  en  vogue  à  la  fin  du  siècle.  Suivant  le 
Thhphraste  moderne,  p.  422,  on  ne  trouvoit  bons  que  les 
vins  qu'il  vendoit. 

5.  Les  vingt-cinq  «  cabaretiers  »,  suivant  la  Cour,  qu'il 
ne  falloit  pas  confondre  avec  les  douze  t  marchands  de 
vin,  »  quoiqu'ils  en  portassent  le  titre  et  eussent  les  mêmes 
privilèges.  On  pouvoit  chez  eux  non-seulement  vendre  «  le 
vin  à  pot,  mais  donner  des  repas  complets.  V.  Le  Traité 
de  la  Police,  t.  111,  p.  719,  et  la  Correspondance  de 
Colbert,  t.  II,  1"  partie,  p.  169.  Les  cabaretiers  ordi- 
naires, qui  n'étoient  pas  en  même  temps  marchands  de 
vin  comme  les  vingt- cinq,  ne  pouvoient  au  contraire 
fournir  pour  les  noces  et  repas  que  leur  salle,  le  pain,  le 
vin,  les  couverts,  linges  et  salades.  Il  falloit  apporter  le 
reste.  V.  à  ce  sujet  un  arrêt  du  i"  août  1705,  rendu 
contre  le  cabaretier  Joseph  Filastreau.  —  Il  sera  parlé 
plus  loin  des  marchands  de  vin  qui  vendoient  surtout  au  pot. 

6.  C'est  son  cabaret  qui  est  indiqué  ainsi  dans  l'édit. 


312  Le  Livre  commode. 

Sellier  montagne  sainte  Geneviève,  Paris  près  la 
Grève,  Moricault  l'ainé  place  Maubert,  Roussil- 
lard  près  le  Pont  Marie,  RiberoUe  Isle  Notre 
Dame,  Moricault  le  jeune  rue  des  Boucheries 
saint  Germain,  Forel  joignant  la  Comédie  Fran- 
çoise', Baron  et  Guibault  au  cimetière  saint 
Jean  2,  Gaudin  près  le  Pont  Notre  Dame,  True 
rue  Galande,  la  Nopce  près  le  Palais,  Courtois, 
rue  saint  Honoré,  le  Gendre  rue  des  Noyers, 
Migret  Fauxbourg  de  Richelieu,  etc. 

Il  y  a  plusieurs  autres  Marchands  renommez 
pour  les  fins  Vins  et  pour  la  belle  Viande,  par 
exemple,  Messieurs  Lamy  aux  trois  Cuillères  rue 


précéd.,  p.  28  :  «  à  la  Galère,  derrière  Saint-Jacques  la 
Boucherie.  »  Il  avoit,  en  effet,  cette  enseigne,  déjà  ancienne 
dans  la  rue  d'Avignon,  qui  en  prenoit  parfois  le  nom  de 
«  rue  de  la  Galère.  »  Sauvai,  t.  I,  p.  m.  —  V.  sur  la 
maison  qu'y  occupoit  Rousseau,  de  curieux  renseignements 
dans  l'édition  que  M.  Cocheris  a  donnée  de  l'Histoire  du 
Diocèse  de  Paris,  par  l'abbé  Le  Beuf,  t.  III,  p.  506.  —  Il 
est  continuellement  parlé  de  ce  fameux  cabaretier  dans  les 
pièces  du  temps  :  le  Chevalier  à  la  mode,  de  Dancourt,  les 
Chinois  et  la  Fille  de  bon  sens  de  la  Comédie  italienne,  etc. 
Coulange  ne  l'a  pas  oublié  dans  ses  couplets.  Il  y  chante  : 

Chez  Rousseau  portons  nos  écus. 

1.  Il  tenoit  le  cabaret  de  l'Alliance,  qui  étoit,  en  effet, 
près  de  la  Comédie  françoise  établie,  depuis  1688,  rue  des 
Fossés- Saint-Germain.  {Hist.  amour,  des  Gaules,  t.  III, 
4^5.)  C'est  à  sa  porte  que  mourut  subitement,  en  1701,  le 
gros  comédien-auteur  Champmeslé.  L'Alliance  est  citée,  pour 
les  débauches  qui  s'y  faisoient,  dans  plusieurs  pièces  du 
théâtre  italien  :  la  Cause  des  femmes,  Pasquin  et  Marforio, 
Us  Aventures  des  Champs-Elysées,  où  Forel  est  nommé. 

2.  Les  cabarets  y  étoient  déjà  nombreux  sous  Louis  XIII. 
Saint-Amand  l'appelle  «  un  cimetière  » 

Fait  pour  enterrer  les  ennuis. 


Le  Livre  commode.  313 

aux  Ours",  Loisel  aux  bons  Enfans^  près  le 
Palais  Royal,  Fitte  au  grand  Louis  rue  Bailleui  3, 
Berthelot  à  la  Conférence  rue  Gervais  Laurent, 
du  Monchel  au  Soleil  d'or  rue  saint  André,  du 
Test  à  la  Corne  rue  Galande,  de  Sercy  à  la  petite 
Galère  rue  de  Seine 4,  etc. 

Il  y  a  d'ailleurs  en  différens  quartiers  de  la 
Ville  et  du  Fauxbourg  des  Traiteurs  et  Marchands 
de  Vins  qui  font  nopces  ou  qui  tiennent  de  grands 

I.  Celui-ci  étoit  en  telle  vogue,  qu'il  avoit  fini  par  dé- 
daigner le  nom  de  cabaretier,  pour  prendre  celui  de  traiteur, 
que  tous  les  autres,  cela  va  de  soi,  prirent  aussitôt  comme 
lui,  même  ceux  des  guinguettes,  t  Colombine,  déguisée  en 
chevalier.  Quand  vous  donnerai-je  à  souper  chez  Lamy  ?  — 
Isabelle.  Vous  perdez  le  respea,  chevalier,  une  fille  de  ma 
qualité  au  cabaret!  —  Colombine.  Oh!  s'il  vous  plaît, 
Lamy  n'est  pas  un  cabaret,  c'est  un  traiteur  de  consé- 
quence... »  Le  Banqueroutier  (1687),  théâtre  de  Ghérardi, 
1. 1,  p.  }9o.  Il  est  nommé  dans  le  prologue  du  Grondeur{i69i). 

3.  Il  avoit  pris  pour  enseigne  le  nom  même  de  sa  rue, 
qui  alloit,  du  reste,  fort  bien  à  un  cabaret. 

j.  Fitte,  qui  est  aussi  nommé  deux  fois  dans  Tarcaret, 
comme  l'homme  des  meilleurs  repas,  a  eu  l'honneur  d'être 
cité  par  Chaulieu,  en  1704,  dans  son  épître  au  chevalier  de 
Bouillon  : 

Chevalier,  reçois  ces  vers 

D'une  muse  libertine. 
Qu'ils  aillent  sous  ton  nom  de  popine  en  popine 

Apprendre  à  tout  l'univers 

Que  Fitt  et  La  Morilliére, 

Pour  n'avoir  point  de  Césars, 

Ont  pourtant  sous  leur  bannière 

Leur  héros,  ainsi  que  Mars. 

4.  C'est  chez  lui  que  Saint-Amand  étoit  mort  le  29  dé- 
cembre 1661,  après  une  maladie  de  deux  jours  :  <  Son 
ami,  l'illustre  abbé  de  Villeloin,  si  connu  dans  la  Répu- 
blique des  Lettres,  dit  Fr.  CoUetet  dans  l'Abrégé  des  Annales 
de  Paris,  1664,  in-12,  p.  439,  l'assista  en  ce  dernier  moment 
et  luy  rendit  ce  dernier  devoir  de  son  amitié  qu'il  luy  avoit 
juré  depuis  tant  d'années.  1 


314  Le  Livre  commode. 

Cabarets,  et  où  il  se  fait  de  gros  Ecots,  par 
exemple,  M'^  Clossier  à  la  Gerbe  d'or  rue  Gervais 
Laurent,  Blanne  à  la  Galère  rue  de  la  Savaterie, 
Bedoré  au  petit  Panier  rue  Tirechape',  Robert 
près  les  Consuls*,  Aubrin  à  la  Croix  Blanche 
rue  de  Bercy?,  Martin  aux  Torches  cimetière 
saint  Jean  4,  Guérin  à  la  Folie  rue  de  la  Poterie, 
Payen  au  petit  Panier  rue  des  Noyers,  Cheret  à 
la  Cornemeuse  rue  des  Prouvaires  5 . 

On  peut  aussi  boire  et  manger  proprement  et 
agréablement  au  Louis  près  le  Jeu  de  Metz  6,  à 
la  porte  S.   Germain  rue  des  Cordeliers,  à  la 

1.  L'édit.  de  1691,  p.  28,  le  loge  «  rue  Trousyevache.  » 

2.  «  Au  cloître  Saint-Méderic,  chez  Robert.  »  Id. 

3.  Un  autre  cabaret  de  «  la  Croix  blanche,  »  étoit  rue 
aux  Ours.  Edit.  de  1691,  p.  28.  —  Chapelle  fréquentoit 
celui  de  la  rue  de  Bercy,  au  Marais.  Il  avoit  deux  entrées, 
l'une  sur  cette  rue,  l'autre  sur  une  rue  parallèle,  qui  en 
avoit  pris  le  nom  de  rue  de  la  Croix-Blanche.  Elles  étoient 
toutes  deux  fort  étroites,  et  il  a  suffi,  en  i8jo,  d'enlever 
l'îlot  de  maisons  qui  les  séparoient,  pour  n'avoir  qu'une 
seule  rue  de  largeur  réglementaire. 

4.  Ce  cabaret  est  déjà  nommé  comme  un  des  fameux  dans 
les  Visions  admirables  du  Pèlerin  du  Parnasse.  1635,  in-12. 

5.  Il  est  cité  dans  la  pièce  Les  Souffleurs,  acte  I,  se.  XI. 
Les  auteurs  y  alloient  beaucoup.  {V.  notre  Notice  sur 
Regnard.)  —  Dancourt  qui,  on  le  sait,  par  une  anecdote 
connue,  se  consoloit  chez  Chéret  de  la  chute  de  ses  pièces, 
l'a  nommé,  dans  sa  comédie.  Madame  Artus.  Acte  I,  se.  XI. 
—  Chéret  fit  fortune.  Son  fils  devint  procureur  au  Parle- 
ment, et  ce  sont  ses  petites-filles,  M""'  Chéret,  très-ardentes 
jansénistes,  qui,  en  i7$8,  pour  tenir  tète  au  curé  de  Saint- 
Séverin,  créèrent  une  sorte  de  petite  église  qu'elles  oppo- 
sèrent à  la  sienne.  {Journal  de  Barbier,  édit.  in- 18,  t.  Vil, 
p.  Si  et  377.) 

6.  Deux  autres  cabarets  a  voient  cette  enseigne  du 
«  Louis  ;  »  l'un,  qui  étoit  peut-être  celui  de  Le  Gendre, 
nommé  tout-à -l'heure,  se  trouvoit  rue  des  Noyers  ;  l'autre, 
rue  Bourg-l'Abbé. 


Le  Livre  commode.  315 

Reine  de  Suède  rue  de  Seine,  aux  Cameaux  rue 
des  Déchargeurs,  à  la  petite  Bastile  rue  Betizy  ' , 
au  petit  Père  noir  rue  de  la  Bucherie^,  aux  trois 
Chapelets  rue  saint  André,  à  la  Galère  rue  saint 
Thomas  du  Louvre  5,  au  Soleil  des  Perdreaux^ 
rue  des  Petits  Champs,  au  Panier  fleuri  rue  du 
Crucifix  saint  Jacques  de  la  Boucheries,  à  la 
Porte  saint  Denis  chez  Hory,  à  la  Boule  blanche, 
et  au  Jardinier^  Fauxbourg  saint  Antoine. 

Les  Marchands  de  Vins  qui  vendent  quelque- 
fois en  gros  et  qui  débitent  beaucoup  au  pot  7  et 

1.  Il  y  a  voit  au  port  Saint- Paul  un  autre  cabaret  de  «  la 
petite  Bastille.  »  Edit.  de  1691,  p.  28. 

2.  On  y  venoit  de  tout  Paris,  pour  la  beauté  de  la  ca- 
baretière  et  l'excellence  des  vins.  C'est  pour  l'hôtesse  que 
Coulange  fit  son  couplet  : 

Si  tu  veux  sans  suite  et  sans  bruit,  etc. 

Dans  la   farce  italienne  des   Deux   Arlequins,   le    vin   du 
cabaret  du  Pire  Noir  est  chanté,  acte  I,  se.  III  : 

Arlequin. 

Qu'un  bon  levraut  suivi  d'un  dindon  tendre 
Soit  tantôt  sur  le  soir  pour  nous  deux  apprêté 
Et  prends  au  Père  Noir  d'un  bon  vin  velouté 

Deux  flacons  dignes  de  m'attendre. 

}.  C'est  le  même  cabaret  de  la  Galère,  qui,  dans  l'édit. 
précédente,  est  indiqué  c  près  le  Palais-Royal.    » 

4.  f  Des  six  perdreaux.  »  Id. 

j .  Un  autre  *  Panier  fleury  »  est  indiqué  rue  Tirechappe, 
dans  l'édit.  précédente.  Il  donna  son  nom  à  un  passage, 
qui  alloit  de  cette  rue  à  celle  des  Bourdonnois.  Rousseau 
et  Diderot  dînoient  souvent  en  pick-nik,  au  cabaret  du 
Panier  fleury,  dans  les  premiers  temps  de  leur  séjour  à  Paris. 
(V.  les  Confessions,  2*  part.,  liv.  VII.) 

6.  «  Au  Jardinet.  »  Id. 

7.  Les  bourgeois  faisoient  vendre  la  plupart  «  à  pot  > 
ou  «  au  pot,  »  chez  ces  marchands  de  vin,  le  produit  de 
leurs  vendanges  :  «  M.  Bernard.  Ne  vaut-il  pas  autant 
vendre  mon  vin  à  la  campagne  que  de  le  faire  vendre  à 


3i6  Le  Livre  commode. 

en  bouteilles,  sont  entr'autres,  Messieurs  Ma- 
riette, au  carrefour  saint  Benoist,  de  la  Cour  rue 
du  Crucifix  saint  Jacques  de  la  Boucherie,  Ber- 
nard devant  le  Pont  Neuf,  Saulsay  rue  des 
Poulies,  Rougeault  près  l'aport  de  Paris,  Bricet 
Butte  saint  Roch,  Haumont  et  Berthelot  rue 
des  Boucheries  saint  Germain,  des  Hottes  rue 
de  la  Fromagerie,  Darlu,  Hardouin  et  Joly  près 
le  Palais  Royal. 

Le  même  M,  Joly  donne  fort  bien  à  manger  à 
trente  sols  par  tête'. 

HOSTELS  GARNIS 

ET   TABLES    d'aUBERGES. 

Il  y  a  des  Appartemens  magnifiquement  gar- 
nis pour  les  grands  Seigneurs  à  l'Hôtel  de  la 
Reine  Marguerite  rue  de  Seine^,  et  à  l'Hôtel  de 
Bouillon  quay  des  Théatins. 


pot  dans  Paris,  comme  la   plupart  de  mes  confrères.  » 
Dancourt,  la  Maison  de  campagne^  scène  XXXII. 

1.  L'édition  de  1691,  p.  28,  cite  encore  quelques  autres 
cabarets  :  «.  Au  petit  Paris,  rue  de  la  Verrerie-  à  la  petite 
Epousée^  rue  Saint-Jean  en  Grève;  chez  Tessier,  au  coin 
Saint-Paul;  au  Cormier,  rue  des  Fossez-Saint-Germain;  à 
la  Vallée  Tissart,  rue  Vaugirard  ;  au  Milieu  du  Monde,  à  la 
Grenouillère,  où  demeure  Lognon,  renommé  pour  les  ma- 
teloites;  à  la  Chasse  Royale,  près  la  porte  Saint-Louis;  aux 
Bâtons  royaux,  rue  Saint-Honoré.  »  Les  Bâtons  royaux  se 
trouvoient  près  de  Saint-Roch,  dont  les  marguilliers  y 
alloient  faire  bombance.  {V.  notre  Histoire  de  la  Butte,  p.  52.) 

2.  Liger,  dans  son  Voyageur  fidèle,  p.  525,  le  met  aussi 
au  nombre  des  hôtels  garnis  renommés.  Il  existe  encore  au 
n°  6  de  la  rue  de  Seine.  C'est  un  pavillon  détaché  du  ma- 
gnifique hôtel  que  la  première  femme  d'Henri  IV  s'étoit  fait 
construire,  et  dont  les  jardins,  qui  s'étendoient  jusqu'à  la 


Le  Livre  commode.  317 

Il  y  a  encore  plusieurs  autres  Hotels  meublez 
en  differens  quartiers,  par  exemple,  le  grand  Duc 
de  Bourgogne  rue  des  petits  Augustins,  l'Hôtel 
d'Escosse  rue  des  saints  Pères,  l'Hôtel  de  Ta- 
ranne,  l'Hôtel  de  Savoye,  et  l'Hôtel  d'Alby  rue 
de  Charonne,  THotel  de  l'isle,  l'Hôtel  de  Ba- 
vière, l'Hôtel  de  France,  et  la  Ville  de  Mont- 
pellier rue  de  Seine,  l'Hôtel  de  Venise,  et  l'Hôtel 
de  Marseille  rue  saint  Benoist,  l'Hôtel  de  Vitry, 
l'Hôtel  de  Bourbon,  l'Hôtel  de  France,  et  l'Hôtel 
de  Navarre  rue  des  grands  Augustins',  la  Ville 
de  Rome  rue  des  Marmouzets,  l'Hôtel  de  Per- 
pignan rue  du  Haut  Moulin,  l'Hôtel  de  Tours 
rue  du  Jardinier»,  l'Hôtel  de  Beauvais  rue  Dau- 


rue  des  Saints-Pères,  ne  survivent  plus  que  par  un  jardinet 
planté  de  quelques  arbres,  où  l'on  descend,  comme  sous 
Henri  IV,  par  un  double  perron.  La  façade  du  pavillon  est 
restée  ce  qu'elle  étoit.  On  s'est  contenté  de  l'exhausser 
d'un  étage,  mais  du  même  style,  au-dessus  duquel  on  a 
reconstruit  les  anciennes  man.sardes.  Le  conseiller  d'Etat 
Gilbert  des  Voisins  l'habitoit  au  xviii*  siècle,  et  les  Mira- 
beau, dont  les  boiseries  intérieures  conservent  encore  le 
chiffre,  y  étoient  venus  après  lui. 

1 .  On  peut  remarquer  que  beaucoup  de  ces  hôtels  étoient 
dans  le  faubourg  Saint-Germain.  Les  étrangers  le  préfé- 
roient,  et  les  hôtels  garnis  s'y  étoient  multipliés  en  consé- 
quence :  c  depuis  que  la  paix  étoit  faite,  lit- on  dans  les 
Annala  de  la  Cour  et  de  la  Ville,  pour  les  années  1697- 
J698,  t.  II,  p.  13J,  il  y  avoit  eu  dans  Paris  un  si  grand 
abord  d'étrangers,  que  l'on  en  comptoit  quinze  à  seize 
mille  dans  le  faubourg  Saint-Germain  seulement....  Le 
nombre  s'accrut  encore  bientôt  de  plus  de  la  moitié,  en 
sorte  que,  au  commencement  de  l'année  suivante,  on  trouva 
qu'il  y  en  avoit  trente-six  mille  dans  ce  seul  faubourg.  » 

2.  Lisez  rue  du  Jardinet.  Cet  hôtel,  que  Liger  place  avec 
plus  de  raison  rue  du  Paon,  où  il  en  subsista  des  restes 
jusqu'aux  dernières  démolitions,  devoit  son  nom  aux  arche- 
vêques de  Tours,  dont  il  avoit  été  longtemps  la  propriété. 


3i8  Le  Livre  commode. 

phine,  l'Hôtel  d'Orléans  rue  Mazarine,  l'Hôtel 
du  saint  Esprit  rue  de  Guenegaud,  l'Hôtel  de 
saint  Agnan  rue  saint  André,  l'Hôtel  d'Hol- 
lande', l'Hôtel  de  Beziers,  l'Hôtel  de  Brande- 
bourg, l'Hôtel  de  saint  Paul  et  le  grand  Hôtel 
de  Luyne  rue  du  Colombier. 

On  mange  à  table  d'Auberge^  dans  presque 
toutes  les  maisons  garnies  cy-devant  designées 
à  vingt,  à  trente  ou  à  quarante  sols  par  repas  5  : 


Vauvenargues  y  descendoit  pendant  ses  congés  de  semestre. 
Les  lettres  que  lui  écrivit  Voltaire  portent  cette  adresse. 

1 .  C'est  un  des  hôtels  que,  dans  la  Comtesse  d'Escarba- 
gnas,  scène  XI,  Julie,  voulant  se  moquer  de  la  ridicule 
provinciale,  lui  nomme  comme  autant  d'hôtels  de  grands 
seigneurs  :  «  On  sait  bien  mieux,  dit-elle,  vivre  à  Paris 
dans  ces  hôtels,  dont  la  mémoire  doit  être  si  chère  :  cet 
hôtel  de  Mouhy,  Madame,  cet  hôtel  de  Lyon,  cet  hôtel 
d'Hollande.  Les  agréables  demeures  que  voila!  » 

2.  C'étoit  encore  le  mot  le  plus  en  usage.  Gourville 
dans  ses  Mémoires,  i"  édit.,  t.  I,  p.  306,  dit  toutefois  déjà 
«  Table  d'hôte,  «  de  même  que  les  deux  HoUandois  qui 
vinrent  à  Paris  en  1657,  et  dont  M.  Faugère  a  publié  le 
curieux  Journal  de  Voyage.  V.  p.  191.  Nous  lisons  aussi 
dans  une  pièce  de  Dancourt:  «  M.  Bernard.  A  table  d'hôte, 
je  vous  entends,  tant  par  tête.  »  La  maison  de  campagne, 
1688,  scène  xxx.  En  somme,  c'est,  je  crois,  suivant  l'im- 
portance des  hôtels  et  des  prix  qu'on  disoit  table  d'hôte  ou 
table  d'auberge. 

j.  Même  les  plus  chères  de  ces  tables  d'hôieou  d'auberge 
n'étoient  pas  pour  les  délicats,  qui  ne  vouloient  que  des 
cabarets  «  à  gros  écots,  »  sans  prix  fixe.  Dans  les  Coteaux 
ou  les  Marquis  friands,  qui  furent  joués  à  l'hôtel  de  Bour- 
gogne, en  1665,  Clidamant  et  Oronte,  deux  de  ces  gour- 
mets, s'en  expliquent  nettement  scène  XI  : 

Oronte. 
Les  repas  de  grand  prix  sont  bien  plus  agréables 
Et  la  cherté  des  mets  les  rend  plus  délectables. 

Valère. 
A  ce  plaisant  discours,  que  réponds-lu.  Marquis? 


Le  Livre  commode.  319 

mais  l'Auteur  ignore  encore  sur  quel  pied  elles 
sont  réglées  chacune  en  particulier  ',  en  attendant 
sur  cela  un  plus  grand  éclaircissement,  les  Pro- 
vinciaux peuvent  s'assurer  qu'on  loge  et  qu'on 
mange  d'ailleurs  dans  les  Hotels  et  Auberges 
ci-après  aux  differens  prix  qui  seront  marquez, 
par  exemple  : 

A  quarante  sols  par  repas  à  l'Hôtel  de  Man- 
touë  rue  Mouton*,  à  l'Hôtel  de  l'Isle  de  France 
rue  de  Guénégaud,  etc. 

A  trente  3  au  petit  Hôtel  de  Luyne  rue  Gît  le 
Cœur,  à  la  Galère  rue  Zacharie,  aux  Bœufs  et 
aux  trois  Chandeliers  rue  de  la  Huchette,  etc. 

A  vingt  à  l'Hôtel  d'Anjou  rue  Dauphine,  au 
petit  S.  Jean 4  rue  Gît  le  Cœur,  au  Coq  hardi 
rue  saint  André  J,  à  la  Croix  de  fer  rue  saint 


CUDAMANT. 

Que  je  ne  veux  jamais  disner  à  juste  prix. 

Léandre. 
Voilà  d'un  vrai  Marquis  le  parfait  caractère. 

t.  Selon  Liger,  p.  326,  «  ces  prix  fixes  »  ne  l'étoient  pas 
toujours.  Ils  varioient  selon  que  la  cherté  des  vivres  étoit 
plus  ou  moins  grande. 

2.  Dans  l'édit.  précédente,  p.  28,  se  trouve  une  autre 
adresse,  qui  est  la  vraie,  et  un  plus  long  détail  :  «  le  sieur 
de  La  Motte,  à  l'hôtel  de  Mantouë,  rue  Montmartre,  tient 
une  fort  bonne  table  à  quarante  sols  par  repas,  et  fournit 
même  une  seconde  table  aux  intervenants,  j 

3.  «  Rue  Saint-André,  à  l'hôtel  de  Château- Vieux.  » 
Edit.  1691,  p.  29. 

4.  «  Et  au  grand  hôtel  de  Luynes.  »  Id. 

5.  «  Le  sieur  vilain,  rue  des  Lavandières,  près  la  place 
Maubert,  à  la  Galère.  »  Id.  —  Il  a,  p.  63,  un  petit  article 
supplémentaire  :  c  le  sieur  Vilain,  marchand  de  vin,  aussi 
renommé  pour  ses  bons  apprêts,  demeure  rue  des  Lavan- 
dières, i  l'entrée  de  la  place  Maubert,  à  la  Galère.  » 


520  Le  Livre  commode. 

Denis  ',  au  Pressoir  d'or  et  à  i'Hotel  de  Bruxelle 
rue  saint  Martin 2,  à  la  Croix  d'or  rue  du  Poirier, 
à  la  Toison  rue  Beaubourg,  etc. 

A  quinze  à  la  Ville  de  Bourdeaux  et  à  l'Hôtel 
de  Mouy  rue  Dauphine,  à  l'Hôtel  couronné  rue 
de  Savoye,  au  petit  Trianon  rue  Tictonne,  à  la 
ville  de  Stokolm  rue  de  Bussy,  à  la  belle  Image 
rue  du  petit  Bourbon?,  au  Dauphin  rue  Mau- 
buée,  etc. 

A  dix  soIs4  au  Heaume  rue  du  Foin,  au  Paon 
rue  Bourlabé  5,  au  Gaillard  bois  rue  de  l'Echelle^, 
au  gros  Chapelet  rue  des  Cordiers7. 


1.  Ajoutons  près  de  Saint-Leu.  Il  y  a,  sur  un  dîner  à  ce 
cabaret,  un  curieux  sonnet  de  François  Colletet,  qui  se  ter- 
mine par  ce  vers,  bien  digne  d'un  pauvre  poëte,  depuis 
longtemps  à  jeun  : 

Moi,  je  mange  aux  repas,  et  bois  sans  dire  mot. 

Un  autre  hôtel  de  la  Croix  de  fer  se  trouvoit  rue  de  la 
Harpe,  adossé  aux  ruines  des  Thermes.  Marmontel  y  logea 
en  arrivant  d'Auvergne  à  Paris. 

2.  Conrart,  chez  qui  se  réunit  d'abord  la  Société  litté- 
raire, ovi  se  recrutèrent  les  premiers  membres  de  l'Académie 
françoise,  logeoit  près  de  cette  auberge  de  la  rue  Saint- 
Martin.  (Marcou,  Peilisson,  p.  80.)  Plus  d'une  séance  de 
la  nouvelle  Académie  dut  s'y  terminer.  Suivant  Vigneul- 
Marville,  en  effet,  on  ne  se  séparoit  pas  sans  avoir  fait 
légèrement  ripaille. 

3.  «  Rue  de  la  Rose,  à  la  Samaritaine.  »  Edit.  1691, 

P-  29.  ,.    ^ 

4.  Boileau,  satire  X,  vers  673-676,  nous  dit  a  peu  près 
ce  qu'étoient  ces  auberges  : 

T'ai-je  encore  décrit  la  dame  brelandière 
Qui  de  joueurs  chez  soi  se  fait  cabaretière, 
Et  souffre  des  affronts  que  ne  souffriroit  pas 
L'Hôtesse  d'une  auberge  à  dix  sous  par  repas. 

5 .  M  Et  à  l'hôtel  Notre-Dame,  rue  du  Colombier.  »  Edit. 
de  1691,  p.  29. 


Le  Livre  commode.  j2i 

Il  y  a  d'ailleurs  quelques  Auberges  où  il  y  a 
trois  tables  différentes,  à  quinze,  à  vingt  et  à 
trente  sols  par  repas,  par  exemple,  à  la  Cou- 
ronne d'or  rue  saint  Antoine',  au  petit  Bourbon 
sur  le  quay  des  Ormes,  et  à  l'Hôtel  de  Picardie 
rue  saint  Honoré*. 

Les  gens  qui  ne  peuvent  faire  qu'une  très 
médiocre  dépense,  trouvent  d'ailleurs  dans  tous 
les  quartiers  de  Paris  de  petites  Auberges  où  on 
a  de  la  soupe,  de  la  viande,  du  pain  et  de  la 
bière  à  suffisance  pour  cinq  sols  ? . 

1.  Cette  auberge,  très-agrandie ,  subsista  jusqu'aux  dé- 
molitions pour  la  prolongation  de  la  rue  de  Rivoli.  C'est 
de  là  que  partoient  les  gondoles  de  Versailles. 

2.  Un  autre  hôtel  plus  célèbre  de  cette  rue  étoit 
«  l'hôtel  Saint-Quentin,  »  où  descendit  Leibnitz,  lorsqu'il 
vint  à  Paris,  et  où  logea  Jean-Jacques  Rousseau,  dont  il 
prit  et  a  gardé  le  nom.  (V.  nos  Enigmes  des  rues  de  Paris.) 
L'abbé  de  MaroUes,  dans  ses  Mémoires,  1755,  in-12,  t.  I, 
p.  75,  a  parlé  de  ces  intéressants  et  sérieux  hôtels  du 
quartier  des  Grès  —  la  rue  des  Cordiers  en  fait  partie  — 
où  se  rencontroient  théologiens  et  poètes. 

3.  Liger,  p.  327,  employant  un  mot  que  Saint-Simon 
emploie  aussi  d'ailleurs,  appelle  franchement  ces  «  petites 
auberges  »  gargotes,  «  où  l'on  vit,  dit-il,  à  la  portion,  à  si 
petit  prix  que  l'on  veut.  »  On  avoit  eu  aussi  déjà  l'idée 
d'une  sorte  de  grande  marmite  économique,  pour  des 
soupes,  au  meilleur  marché  possible.  /.  Helvétius,  Traité 
des  Maladies,  chap.  Bouillon  pour  les  pauvres.  —  Dans 
les  auberges  à  cinq  sous  le  dîner,  on  logeoit,  suivant 
d'Argenson,  à  un  sou  la  nuit.  Marivaux  ne  donne  pas 
d'autre  gîte  à  son  Paysan  parvenu  arrivant  à  Paris  :  «  Je 
me  mis,  lui  fait-il  dire  avec  sa  préciosité  ordinaire,  dans 
une  de  ces  petites  auberges  à  qui  le  mépris  de  la  pauvreté 
a  fait  donner  le  nom  de  gargote.  » 


FIN    DU   TOME    1* 


Livre  commode. 


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DC      Blegny,  Nicholas  de 

704.  Le  livre  commcxîe  des 

B5  adresses  de  Paris  po\ir  1692 

1878 

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