U^n^ cÀ»~ /-véJA^
■'%
LE LIVRE
L'ENFANCE CHRÉTIENNE,
T
ARCHEVECHE DE PARIS.
J'ai lu un livre de piété de furmal in-i8, intilulé : Le livre de l'Enfance
Chrétienne. Iiisiructions religieuses d'une mère à ses en fans Ces inslruclions
m'onl paru conformes à la saine doctrine, solides et Lieu accommodées
à la portée des enfants. C'est ic langage d'une mère qui, pénétrée dfs
grandes vérités de la foi , et de l'impotiance des devoirs qu'elle prescrit,
s attache et réussit à en rendre la pratique facile et aimable, à cet âge, dont
les premières impressiuns ont une si grande iniluence sur son avenir.
Paris, ce îî avril i54o.
Moi; EL , Ficaire-Général capitulaire.
•ovîcIP^'
APPROBATION
DE MONSEIGNKUn L'ARCHEVÊQUE DE TOURS.
Arcisnx Loris de Montbusc, par la miséricorde divine et la grâce du
Saint Siège apostolique, archevêque de Tours, etc.
Sur le r.npport qui nous a été adressé par un des nos vicaires-généraux .
chargé de l'examen de l'onvrage iniitulé : Le livre de l'Enfance Chrélitnne.
Jiiftrunions religieuses d^une mire à ses enfants , nous avons ap|;rouvé
et approuvons bien volontiers cet excellent ouvrage , qui renferme un cours
complet do religion, sous ime forme sin:ple , gracieuse et parfailement
adaptée à l'inlclligence des enfanis. Nous en recommandons l'usage dans
mire Diocèse.
Dunné à Tours, en noire palais archiépiscopal, sous notre seing, le ^ceau
di- nos .irines. et le contre-seing du sccrél.iire de notre arche éclié , le dix
«epl avril mil huit cent qu;^raiitc.
A. L. AlCIIITÊ.llE DE To: r.s.
Par mandement rfc Vi'nseigneur l'Arrlici-êquc de Tourte
}. A. r.ori.l.jT, chanoiiifserrélaire.
Digitized by the Internet Archive
in 2010 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/lelivredelenfancOOpari
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LE LIVRE
DE
L'ENFANCE CHRÉTIENNE
D'UNE MÈRE
li loi apprit, dès son enfiince,
à craindre Dieu , et à s'abstenir
de tout pcchc.
TOBtE, I, lO.
ODFRAGE ADOPTE PAR LnjilfERSlTE.
LIBRAIRIE CATHOLIQUE DE PÉRISSE FRÈRES
PARIS , I LYON ,
RIE TOT OK-Fkll-S. SI I.PICB , 8. | CRAMie Rit UECCIKHS, .>S
Se trouve missi chez :
DENAIX, FAUB. SAIiNT-HONORÉ , U.
YATON , RUE DO BAC , 46.
Imprimé chea Paul Renouard, rue Garancière, n. 5.
TABLE DES MATIERES,
PRIERES DU MATIN ET DU SOIR.
Pages.
Prière du matin t
Prière à la Sainle-Vierge 3
Prière du soir 4
Prière après unebonne journée 5
Prière après une mauvaise journée f>
TABLE DES MATIERES.
DU SAINT sacrifice: de la messe.
Pagei.
Instruction sur le saint sacrifice de la Messe. . . 1 1
Explication de quelques usages de l'Église par rap-
portàla messe i6
Prières durant la sainte Messe a 3
DES SACREMENTS.
Des sacrements en général 5r
Du sacrement de baptême 53
Du sacrement de pénitence 5-j
Des dispositions que l'on doit apporter au sacre-
ment de pénitence 6i
Quelques avis sur la confession 69
Exercice pour la confession 7 5
De la première communion 89
TABLE DES MATIERES. Vlj
INSTRUCTIONS SUR LA RELIGION ET SUR
LES DEVOIRS DES ENFANTS.
Pages.
Devoirs envers Dieu 97
De la prière io5
Quelles sont les bonnes prières 109
Explication du Pater r 1 3
Le dimanche 119
Du respect dans l'Église 124
De l'amour du prochain ï3i
Devoirs envers les parents i36
Devoirs envers les maîtres i43
Devoirs envers les vieillards i46
De l'obéissance i5o
Du bon exemple i56
Devoirs envers les inférieurs ifio
De l'aumône 169
De la conscience 175
Du péché 177
Viij TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
De l'orgueil i86
De l'envie jiga
Du mensonge 198
De la médisance 2o3
De la curio-ilé 209
De la i^oiirnian(li<;e aif»
De la colère 219
De la paresse . 224
Delà patience et du ooura^'e 23^
De l'Église catholique ,2 38
Dévotion à la Sainte- Vierge 24/»
Des auges 2 55
De la mort 2 56
Du jugement dernier 265
EXPLICATION DES PRINCIPALES FETES
DE L'ÉGLISE.
Fête de Noël 273
Fête de l'Epiphanie ^83
TABLE DES MATIERES. Vlj
INSTRUCTIONS SUR LA RELIGION ET SUR
LES DEVOIRS DES ENFANTS.
Pagei.
Devoirs envers Dieu 97
De la prière io5
Quelles sont les bonnes prières 109
Explication du Pater ii3
Le dimanche 119
Du respect daos l'Église 124
De l'amour du prochain i3r
Devoirs envers les parents i36
Devoirs envers les maîtres i43
Devoirs envers les vieillards i46
De l'obéissance i5o
Du bon exemple i56
Devoirs envers les inférieurs 160
De l'aumône 169
De la conscience 175
Du péché 177
Viij TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
De l'orgueil i86
De l'envie X92
Du mensonge 198
De la médisance 2o3
De la curiosilé 209
De la gourmandise arS
De la colère 219
De la paresse . 224
Delà patience et du courage 23H
De l'Église catholique ,288
Dévotion à la Sainte- Vierge 244
Des anges 2 55
De la mort. 2 56
Du jugement dernier 2H5
EXPLICATION DES PRINCIPALES FETES
DE L'ÉGLISE.
Fête de Nuél 27^
Fête de l'Epiphanie 2 83
S»-«H«
Xl ne faut pas chercher dans cet
ouvrage un mérite littéraire ; il n'y faut
pas chercher davantage un cours entier
d'instruction religieuse. Écrit par une
Xlj
mère pour ses enfants , ce livre est des-
tiné bien plus encore à leur donner
l'amour de la religion qu'à leur en
donner la science ^ et à les préparer,
par l'instinct et les sentiments d'une
piété tendre , à l'étude sérieuse et ap-
profondie , que plus tard ils devront
faire des vérités de la foi. Indépen-
damment de l'explication des pratiques,
qui doivent trouver place , même dans
la vie d'un jeune enfant, et de celles
qui frappent journellement ses regards
dans la maison paternelle , ces pages
contiennent de simples et familières
leçons pour l'enfance, sur les devoirs
de chaque jour; sur la prière, l'obéis-
sance , le travail , la conscience , la
charité envers les pauvres, toutes ces
vertus chrétiennes enfin que Ton ne
saurait trop tôt faire germer dans le
cœur des enfants ; car elles seront pour
l'avenir la plus solide garantie de leur
innocence , le gage le plus assuré de
leur bonheur, ou du moins la seule
vraie consolation de leurs peines.
Pour se mettre à la portée de jeunes
intelligences , pour leur faire bien com-
prendre la loi et le culte de Dieu , pour
faire aimer surtout par l'enfance ce
XIV
Dieu de bonté à qui elle est si chère ,
une mère a pensé que le dévoùment
et l'amour maternel pouvaient, jusqu'à
un certain point, tenir lieu de savoir.
Elle présente aujourd'hui son essai à
toutes les mères chrétiennes dans l'es-
pérance qu'il pourra leur être de quel-
que secours.
C'est donc aux mères de famille et à
elles seules qu'est dédié cet ouvrage ;
il est soumis à leur jugement avec une
sorte de confiance ; car, en ce qui touche
le bien comme le bonheur de leurs
enfants , les mères se comprennent tou-
jours, et, près d'elles, les sentiments
XV
qui ont dicté ces pages , leur tiendront
lieu, sans doute, du talent qui man-
quait pour les écrire. Si Dieu veut bien
les rendre utiles , s'il daigne permettre
qu'elles portent d'heureux fruits , alors
quelquefois peut-être lui adressera-t-on
im vœu , une prière , en faveur des
enfants pour lesquels fut composé ce
petit livre. Leur mère ne renonce pas
à cet espoir qui l'a soutenue dans son
travail, et qui en est déjà la plus douce
récompense.
INSTRICTIONS RELIGIEUSES
D'UNE MERE
A SES ENFANTS
w w w\Avy ••J^J •'S'j \r\j
PRIÈRES DU MATIN ET DU SOIR.
PRICBES DU MATIN-
Mon Dieu, qui êtes ici présent, qui me voyez,
m'entendez, et pouvez lire dans le fond de mon
cœur, écoutez , s'il vous plaît, ma prière. Je
suis bien jeune, il est vrai, pour louer votre
grandeur et votre puissance; mais je vous bé-
nirai dans mon langage, comme vous bénissent
L' PRIERES DL M.VTIX.
toutes VOS créatures, et si mou esprit ne peut
encore vous bien comprendre , mon cœur , du
moins, sait déjà vous aimer. Oui, mon Dieu ,
je vous aime pour vos nombreux bienfaits; je
vous remercie de m'avoir donné la vie , d'avoir
répandu votre divin sang pour me sauver, de
m'avoir fait enfant chrétien par le baptême. Je
vous remercie de m'avoir donné de bons parenls
qui prennent tant de soin de moi , et m'ensei-
i^nent à vous connaître; je vous remercie enfin,
Seigneur, de tout ce qui me fait plaisir et me
rend heureux. Pour tant de grAces , vous me
demandez seulement de vous donner mon cœur,
cL de remplir fidèlement les devoirs de mon
ûge. Vous voulez que je sois sincère, appliqué,
charitable , respectueux et obéissant pour mes
parenls, complaisant avec mes frères et sœurs,
doux et bon pour tout le monde. Je tâcherai
de vous obéir aujourd'hui en tout cela, ô mon
Dieu! Je vous offre d'avance toutes mes actions,
aiin qu'elles vous soient agréables, et je me
soumets aux petites peines que vous m'enver-
rez peut-être, pour mon bien. Daignez bénir
mes résolutions, Seigneur; et comme je ne puis
'^■^ft^^'^ ^^^)^<^-^ ^ ''î^ ^=^~^i=^ *■ =
PRIERES DU MATIN. o
rien sans votre grâce, soutenez par elle ma
bonne volonté. — Ainsi soit-il.
Paler noster , etc.
Ave Maria, etc.
Credo in Deum, etc.
Confiteor Deo, etc.
Notre père , etc.
Je vous salue, Marie, etc.
Je crois en Dieu, etc.
Je me confesse à Dieu, etc.
PRIERE A LA SAINTE VIERGE.
Je viens aussi vous faire ma prière, ô sainte
Vierge Marie, quiètes la Mère de Dieu, qui
êtes en même temps ma bonne mère. Je vous
aime de tout mon cœur , et veux vous servir
toujours comme un enfant fidèle. Prenez-moi
sous votre protection , et aidez-moi à obtenir
de Dieu toutes les grâces qui me sont nécessai-
res. Je les lui demande avec plus de confiance,
quand je pense que vous priez pour moi et
avec moi. Mon divin Sauveur ne peut rien re-
fuser à sa Mère, 0 Marie ! bénissez-moi dans
U PRIERES DU MATIN.
mon enfance , dans toute ma vie, et au moment
de ma mort. — Ainsi soit-il.
Ange du Ciel , à qui Dieu m'a confié dès ma
naissance , et qui veillez sur moi avec tant de
bonté, priez Dieu qu'il me rende docile à votre
voix ; et vous aussi , mon saint Patron , ob-
tenez par vos prières que j'imite les vertus dont
vous nous avez laissé l'exemple , afin que je
puisse un jour partager votre bonheur dans le
Ciel. — Ainsi soit-il.
PRIERES DU SOIR.
Voici ma journée finie, Seigneur. Avant de
prendre mon repos, je veux examiner devant
vous si j'ai fait un bon usage de cette journée
que vous ne m'avez donnée que pour l'employer
à vous servir. Éclairez ma conscience sur les
PRIERES DU SOIR
fautes que j'ai eu le malheur de commettre
et inspirez-m'en tant de regret, 6 mon Dieu
qu'il ne m'arrive plus d'y retomber à l'avenir
Ici l'enfanl se demandera s'il a bien fail sa prière
du matin, s'il a manqué de lespect à ses parents ou à
ses maîtres, de complaisauce pour ses égaux, de boi.'-
té pour ses inférieurs. S'il a été désobéissant, pares-
seux, gourmand, capricieux, menteur, orgueilleux,
colère, etc. Selou le témoignage que lui rendra sa
conscience, il dira une des deux prières qui suivent.
PRIERE APRES UIVE BONNE JOURNEE.
Il me semble, ô mon Dieu, qu'aujourd'hui
je n'ai pas à me reprocher de nombreuses
fautes. Pourrais-je donc en avoir de l'orgueil ?
non, sans doute, car si j'ai été meilleur qu'à
l'ordinaire , je sais que c'est à vous que je le
dois; mais je vous remercie du secours que
vous m'avez accordé , et aussi de la satisfaction
que je trouve dans le bon témoignage de ma
() PRIÈRES DU SOIR.
conscience. Je suis déjà récompensé lorsque je
puis me dire : Dieu est content de moi.
PRIERE APRES UNE MAUVAISE JOURNEE.
Hélas ! mon Dieu, il ne me faut pas de longues
réflexions pour sentir que j'ai mal passé ce jour.
Ma conscience m'a déjà reproché mes fautes, et
je n'avais pas le cœur content, ce soir, en em-
brassant ma mère. Je suis aussi bien honteux
devant vous, ô mon Dieu, à qui j'avaJs fait
ce matin de si bonnes promesses. Que pensez-
vous de moi, de ce pauvre enfant, qui ne sait
pas résister à la moindre tentation , et qui ou-
blie si facilement vos bienfaits! Ne vous lassez
pas cependant de m'aimer, ô Seigneur. Plus
je suis faible, plus j'ai besoin de votre miséri-
corde ; je suis tout repentant de mes torls , et si
malheureux de vous avoir offensé, qu'il me
semble que vous devez me trouver assez puni.
Pardonnez-moi donc cette fois encore, et je
'RIERES DU SOIR.
VOUS promets de réparer tlemaiii la mauvaise
conduite de ce jour.
Pater nosler, e\c.
Ave Maiia, etc.
Credo in Dciinij etc.
CoiiGlcor Deo,elc.
Notre Père, cîc.
Je vous salue Marie, etr.
Je crois en Dieu, etc.
Je me confesse à Dieu, elc.
Mou Dieu, daignez accorder toutes sortes de
bénédictions à mon père, à ma mère, âmes
grands-parents, à mes frères et sœurs, à toute
ma famille, à mes amis , et aux personnes qui
ont soin de moi. Je vous demande aussi de sou-
lager ceux qui souffrent, de pardonner aux pé-
cheurs, et de donner aux morts le repos éternel.
— Ainsi soit-il.
r^'\rvr\r\j^r\.'\
DU SAINT SACRIFICE
DE LA MESSE.
Instruction sur le saint sacrifice de la messe.
— Explicalioii de quelques usages de l'Église
relatifs à la messe. — Prières durant la
sainte raesse.
INSTRUCTION
SLR LE SAI>T SACRIFICE LE LA MESSE.
Depuis le commencement du monde, c'est-à-
dire depuis le péché d'Adam, les hommes ont
offert à Dieu des sacrifices. Tantôt c'était pour
reconnaître sa grandeur, et son autorité sur les
créatures; tantôt, pour le remercier d'un bien-
fait reçu, ou pour lui en demander un autre ; le
plus souvent, pour apaiser sa colère, et de-
mander grâce pour les pécheurs. Vous avez lu,
mes enfants, dans l'hisloire du peuple hébreu, le
récit des anciens sacrifices. Ils consistaient,
vous le savez, dans l'immolation d'une victime.
Celle victime était offcrlc à Dieu, avec un grand
12 DU SACRIFICE DE LA MESSE.
nombre de cérémonies, et diverses prières, faites
au nom du peuple, par des prêtres que Dieu
s'était lui-même choisis.
Bien que les sacrifices de l'ancienne loi fus-
sent saints et agréables à Dieu, ils étaient in-
suffisants pour désarmer la justice divine, pour
réparer le mal que le péché nous avait causé.
Dieu était tellement offensé par la désobéissance
de notre premier père , par tous les crimes qui
l'avaient suivie, que ni le sang des animaux, ni
les prières des prêtres, moins coupables sans
doute que les autres hommes, mais cepen-
dant pécheurs, ne pouvaient nous obtenir mi-
séricorde. Le ciel restait fermé, et il le serait
encore, si le fils de Dieu n'était venu sur la terre,
se mettre à la place des victimes de l'ancienne
loi, pour offrir , par sa mort sur le Calvaire, un
sacrifice qui fût digne de la grandeur de Dieu ,
et proportionné à nos offenses. Jésus-Christ
s'est chargé de tous nos péchés, il en a porté la
punition et les peines, pour nous les épargner ;
et, dans le sacrifice de sa vie qu'il offrit à Dieu ,
son père, il voulut être à-la-fois le prêtre et la
victime, afin que tous deux fussent également
DU SACRIFICE DE L\ AIESSE. 13
saints et purs. C'est ainsi que Notre -iieigneur
est devenu le sauveur du monde.
Qui ne serait touché de tant de bonté! Vos
jeunes cœurs, mes enfants, ne sont-ils pas pé-
nétrés de la plus vive reconnaissance ? Et pour-
tant, vous ne savez pas encore tout ce que nous
devons à Jésus-Christ; il vous reste à connaître
l'excès de son amour pour les hommes ! Il ne lui
a pas suffi de donner une fois généreusement sa
vie, de souffrir une cruelle mort pour nous ra-
cheter. Ce divin sauveur, prévoyant que les
hommes perdraient bientôt, par de nouveaux
péchés, les fruits de son sacrifice, a voulu que
ce sacrifice fût chaque jour, et jusqu'à la fin du
monde, renouvelé dans l'église, afin que, chaque
jour aussi, nous pussions obtenir par ses mérites
le pardon de nos fautes etlesecouis de Dieu.
C'est pourquoi, la veille de sa mort, en faisant
un dernier repas avec ses apôtres, Notre-Sei-
gneurprit du pain, le bénit, et le changea en
son corps ; il prit ensuite du vin qu'il bénit éga-
lement, et qu'il changea en son sang, et il en
nourrit les apôtres, leur commandant de con-
tinuer ce miracle, eux et leurs successeurs. Ainsi
llX DU SACRIFICE DE LA. MESSE.
l'ut inslituée la sainte Eucharistie. Elle nour-
rit nos âmes par la communion ; c'est elle
encore que le prêtre offre à Dieu en sacrifice à
• la messe.
La messe est donc une réunion de prières qui
précèdent, accompagnent et suivent le sacrifice
de l'Eucharistie. Les cérémonies et les prières
de la messe ont chacune leur signification par-
ticulière. L'Eglise les a établies dans le but d'ex-
ciler notre piété ^ en nous rappelant de tou-
chants souvenirs, et de fixer notre attention par
d'intéressantes figures. Je vous les expliquerai
en détail, mes enfants ; mais ce qu'avant tout je
désire vous faire bien comprendre, c'est que le
sacrifice de la messe est le même que celui de la
croix. Le prêtre ne fait que représenter Jésus-
Christ; il parle en son nom, et change le pain
en son corps et le vin en son sang, comme le
Sauveur le fit à la Cène. C'est donc Jésus-Christ
lui-même qui sur l'autel s'offre à son père,
comme victime pour nous. A la vérité , nous ne
voyons pas couler le sang de Notre-Seigneur,
nous ne voyons pas attacher son corps à la
croix; il ne paraît à nos yeux qvic du pain et du.
DU SACRIFICE DE L\ MESSE. 15
vin; mais nous savons que ce qui nous semble
être du pain, n'en a plus que l'apparence ; nous
croyons que ce pain a été changé au vrai corps
de Jésus-Christ, le même corps qu'il avait sur la
terre, et qui a été crucifié. Nous savons aussi que
ce qui nous parait être du vin n'en est plus, mais
qu'il est véritablement changé au sang de Jésus-
Christ, le même sang qu'il a versé, jusqu'à la
dernière goutte, pour le salut du monde. Quel-
que merveilleux que soit ce miracle, mes en-
fants, nous devons le croire fermement, sachant
bien que rien n'est impossible à la puissance
de Dieu.
-^im^'
EXPLICATION
DE QUELQUES USAGES DE l'ÉGLISE
RELATIFS A LA MESSE.
L'église. — La messe doit être célébrée dans
un lieu saint, c'est-à-dire dans une église, ou
une chapelle bénie et consacrée par un évêque.
L autel. — Le sacrifice doit se faire sur un
autel , et il en a toujours été ainsi depuis le
commencement du monde , depuis qu'Abel of-
frait ses agneaux au Seigneur sur un autel de
gazon. Les autels sont maintenant plus ou moins
ornés selon la richesse de l'église. La pierre bénie
dont ils sont formés, doit contenir quelques
reliques, pour nous rappeler les souffrances
DU SACRIFICE DE LA MESSE. 17
des saints, elles vertus dont ils nous ont laissé
l'exemple.
Le crucifix. — Au-dessus de Tau tel, on place
un crucifix, pour nous rappeler que le sacrifice
de la messe est comme celui du Calvaire, le sa-
crifice de Jésus crucifié.
Les ciergeis. — Des deux côtés de la croix , on
met des flambeaux appelés cierges. Leur lumière
nous rappelle que Jésus-Christ, en venant éclai-
rer nos esprits par sa divine loi , est devenu vé-
ritablement la lumière du monde.
Messe haute et basse. — La messe est haute
ou basse, et la seule différence entre ces deux
messes , est que la première , ordinairement
appelée grandmesse , est accompagnée de plus
de cérémonies que la seconde , et qu'une partie
des prières y sont chantées , au lieu d'être réci-
tées tout bas.
L' aspersion de l'eau bénite. — Avant la grand-
messe, il est d'usage de faire l'aspersion de
18 DU SACRIFICE DE L;V MESSE.
l'eau bénite. L'eau bénite est de l'eau mêlée d'un
peu de sel, et bénite par le prêtre ; il s'en trouve
à chacune des portes de l'église ; les fidèles en
prennent en entrant quelques gouttes, pour faire
le signe de la croix. L'eau bénite nous rappelle
que nous devons laver notre cœur, c'est-à-
dire le purifier de tout mauvais sentiment , de
toute pensée contraire à nos devoirs. S'il est
d'usage de jeter de l'eau bénite sur les fidèles
avant de célébrer le saint sacrifice , c'est pour
les faire souvenir qu'en ce moment, plus que
jamais, ils doivent éloigner de leur esprit ce qui
pourrait détourner leur attention, et nuire à
leur piété.
La procession. — Après l'aspersion, le prêtre
étant précédé de la croix et des cierges , fait le
tour de l'église en chantant des prières. C'est
une préparation au saint sacrifice.
L'encens. A la grand'messe, il est encore
d'usage de se servir à'encens. L'encens est un
parfum que l'on brûle, et dont la fumée ré-
pand une odeur agréable. L'encens est un signe
DU SACRIFICE DE LA MESSE. Il)
d'honneur. Dans l'Ecriture, il représente les
prières des saints qui plaisent tant à Dieu. Ap-
pliquons-nous, mes enfants, à rendre les nôtres
assez ferventes pour qu'elles puissent monter
vers le ciel^ comme la fumée de l'encens.
Le pain bénit. — Le pain que le prêtre bé-
nit pendant la messe, et qui est ensuite distribué
aux assistans , est un signe d'union entre tous
les fidèles.
Le prône. — Vers le milieu de la messe , le
prêtre, ayant lu l'Evangile en latin , langue
dans laquelle se font toutes les prières de
l'Eglise, monte en chaire et fait quelques
prières pour les vivants et pour les morts; ces
prières sont suivies d'une seconde lecture de
l'Evangile en français. Il explique enfin cet évan-
gile aux fidèles, dans une courte instruction.
Cela s'appelle le prône.
Les habits sacerdotaux. — Les ornemens
dont le prêtre est revêtu pour dire la messe ,
ont une forme particulière : ce sont les babils
20 DU SACRIFICE DE LA MESSE.
sacerdotaux. La couleur de ces habits varie selon
les fêtes que l'Eglise célèbre : ils sont noirs pour
les messes des morts, en signe de deuil ; violets
dans les temps de pénitence; rouges aux fêtes
des martyrs , en mémoire du sang qu'ils ont
répandu pour la foi ; blancs aux fêtes de vier-
ges, pour rappeler leur innocence. Le vêtement
principal du prêtre se nomme chasuble.
Les tmses sacrés. — En s'avançant vers l'au-
tel, pour célébrer la messe, le prêtre porte dans
ses mains, recouverts par un voile, les vases
sacrés destinés au saint sacrifice : le calice ,
qui doit contenir le vin , changé plus tard au
sang de Notre-Seigneur, et un petit plat d'or
ou d'argent, appelé 2?a/^/2c, sur lequel est dé-
posé le pain qui sera consacré. Ce pain n'est
pas semblable à celui qui sert à notre nourri-
ture : il est fait d'une manière particulière; sa
forme est ronde, il est très mince : on l'appelle
Hostie.
L'enfant de chœur. — Le prêtre est accom-
pagné à l'autel par un servant : c'est ordinal-
DU SACRIFICE DE L\ MESSE. ^1
rement un jeune enfant , appelé enfant de
chœur. Il aide le prêtre dans les cérémonies
de la messe et répond à ses prières. Il repré-
sente les assistants et parle en leur nom. Sur
les marches de l'autel, où l'enfant de chœur se
met à genoux, est posée une petite sonnette
qu'il fait entendre dans les moments les plus
importants de la messe , pour réveiller l'atten-
tion des fidèles.
La messe se divise en trois parties. Du com
mencement jusqu'à l'Offertoire, c'est la pré-
paration au saint sacrifice. De l'Offertoire au
Pater, c'est l'offrande du sacrifice. Du Pater
jusqu'à la fin , c'est la consommation du
sacrifice.
PBIERC AVANT LA SAINTE MESSE, POUR SE DISPOSER
A LA BIEN ENTENDRE.
Me voici au pied de vos autels, Seigneur,
prèl à entendre la sainte messe. Je suis, il faut
22 DU SACRIFICE DE LA MESSE.
bien le reconnailre, un enfant léger, et facile-
ment distrait j mais dans le divin sacrifice qui
va s'offrir , n'y a-t-il pas de quoi fixer mon es-
prit et attendrir mon cœur! On m'a dit, et je
crois fermement, ô mon Sauveur, que ce sa-
crifice est le mêDie que celui du Calvaire, que
la messe renouvelle chaque jour votre mort sur
la croix. Donnez-moi , oh ! donnez-moi, je vous
en conjure , l'attention et la piété que de-
mande le beau, le touchant spectacle qui se
prépare . et lorsque vous reposerez sur le saint
autel, bon Seigneur Jésus, faites que ma fer-
veur égale celle des petits anges qui viendront
vous y adorer. — Ainsi soit-il.
3!^
PRIERES DURANT LA SALME MESSE.
PREMIERE PARTIE DE LA MESSE.
PRÉPARATION AU SACRIFICE.
Au nom du Père , du Fils , du Saint-Esprit ,
Ainsi-soil-il.
Introït.
Le prêtre arrivé au bas de Taulel , fait le signe de
la Croix, et récite quelques prières, qui marquent
son empressement et sa joie, de se présenter devant
l'autel de Dieu; puis, se rappelant combien est sainte
Taclion qu'il va commencer, il reconnaît qu'il est très
indigue de la faire, et récite le Confiteor. Les liJeîes
le disent après lui , pour demander pardon de leurs
24 PRIÈRES DE LA MESSE,
péchés, et purifier leur conscience avaul d'assister au
saint sacrifice.
Confiteor.
C'est bien moi, ô mon Dieu, qui dois vous
confesser mes fautes, et avouer que je ne suis
pas digne de paraître devant vous. Aussi je m'u-
nis du fond de mon cœur , à votre ministre et à
tous les fidèles, pour reconnaître que j'ai sou-
vent péché: par pensées, en laissant mon es-
pritse révolter contre vos lois,etlesordresdemes
parents; par paroles, en faisant des mensonges
et des médisances ; par actions, en commettant
le mal, que vous m'aviez défendu; par omis-
sions, en ne pratiquant pas le bien que vous
m'aviez ordonné de faire. C'est par ma faute, et
ma très grande faute , que j'ai péché ; car ma
conscience n'a pas cessé de m'avertir, et votre
grâce, ô mon Dieu, ne m'aurait jamais man-
qué, si j'avais cherché à m'en rendre digne. Je
vous confesse donc tous mes péchés, à vous,
Seigneur , qui êtes mon Père, et en la présence
PRIÈRES DE LA MESSE. 25
de la Sainte-Vierge , et de vos Saints. Je les
prie de vous demander grâce pour moi , pour
votre ministre , pour tous les fidèles. Exaucez
leurs prières , ô Dieu tout puissant et misé-
ricordieux, et pardonnez-nous nos péchés.
Après le Confiteor^ le prêtre monte les marches de
l'autel; il baise avec respect la pierre sacrée qui re-
couvre les reliques des saints, et sur laquelle le saint
sacrifice doit être offert. Puis, le prêtre va lire, au côté
droit de l'autel, une prière que Ton appelle Introït ,
et qui change selon les fêtes. Revenant ensuite au
milieu de l'autel, le prêtre, pour implorer la misé-
ricorde de Dieu, répèle neuf fois le Kyrie eleison. Ce
sont deux mots grecs qui signifient : Seigneur, ayez
pitié de nous! Le prêtre aJresse cette prière trois
fois à chacune des personnes de la Sainte! rinité.
Kyrie eleison.
Souvenez-vous, ô Jésus, du pauvre aveugle de
Jéricho, qui vous demandait, par de si vives in-
stances, d'avoir pitié de lui. Vous l'avez exaucé,
•26 PRIÈRES DE L\ MESSE.
exaucez-moi de même , lorsque je vous cric
avec une confiance égale à la sienne: Seigneur,
ayez pitié de moi ! Ce malheureux était aveugle,
cela n'est que triste , mais moi je suis pécheur,
c'est assurément un malheur plus digne encore
devotie miséricorde.
Le prêtre récite un Cantique de louanges , appelé
le Gloria in exceïsis. Les premières paroles de ce
Cantique sont celles que les anges chantèrent au Ciel,
à la naissance de Noti e-Seigneur : Gloire à Dieu, ou
plus haut des deux, et paix aux tiommes de bonne {'O-
lonté qui sont sur la terre. La suite a été ajoutée par
l'Eglise.
Gloria in exceïsis.
Olî! souffrez, Seigneur, que je vous loue avec
vos saints anges, que j'emprunte leurs voix pour
chanter vos grandeurs, vos divines miséricordes,
pour m'écrier aussi : Gloire avons, au plus
haut des c/^î/.t?/ Laissez-moi vous rendre grâces
de ce que vous promettez la paix aux cœurs de
l'RIÈRES DE L\ MESSE. 27
bonne volonté qui sont sur la terre. Cette pro-
messe, ô mon Dieu , est particulièrement
douce pour les enfants comme moi, qui ne
sont pas capables de grandes et belles actions,
mais de qui il dépendra toujours d'avoir la
volonté de bien faire. Vous ne demandez que
cela de moi, et pourtant je vous l'ai souvent re-
fusé. Changez, mon Dieu, les dispositions de
mon âme, et daignez la remplir de cette bonne
volonté sincère , à laquelle vous promettez la
paix^ c'est-à-dire le bonheur.
Dominus vobiscum.
Le prêtre se retourne du côté des fidèles, et les
salue par ces paroles : Le Seigneur soit avec vous. Le
servant lui répond : Et avec votre esprit. Quelques
peuples anciens avaient la coutume de s'adresser ces
pieuses paroles, lorsqu'ils se rencontraient : l'Eglise les
a conservées dans plusieurs endroits de l'Office divin,
afin que le prêtre et les fidèles , unis de cœur et de
prières, dans cette sainte action, se souhaitent mutuel-
lement la piété nécessaire pour la bien faire.
28 PRIÈRES DE LA BIESSE.
Oraison ou Collecte.
Le prêtre, passant ensuite au côté droit de l'autel,
récite une prière par laquelle il demande à Dieu, au
nom de Jésus-Christ, et par l'intercession du Saint
dont on célèbre la fêle, les grâces dont les fidèles ont
besoin. Il commence cette prière par le mot Oremus ,
Prions, pour nous avertir de prier avec lui.
Après l'Oraison, le prêtre fait une lecture, tirée
de l'Ancien et du Nouveau Testament, pour préparer
les fidèles au saint sacrifice, par une pieuse et utile
instruction.
Epître.
Mon Dieu qui , depuis le commencement du
monde, n'avez cessé d'éclairer les hommes char-
gés de nous instruire, et qui avez laissé leurs
saints livres parvenir jusqu'à nous, rendez, je
vous prie, mon cœur docile à l'instruction reli-
gieuse, que l'on commence à me donner Faites
I»KIÈRES DE L\ MESSE. 29
que Tétude de vos divins commandements ne
me trouve jamais indifférent et sans zèle. Faites
que mon empressement à apprendre quels sont
les devoirs du chrétien vous témoigne ma re-
connaissance de ce que vous me laites élever
par de pieux parents , de préférence à tant de
pauvres enfants, qui peut-être ne vous offensent,
que parce que personne ne leur a jamais ap-
prise vous connaître.
Après une prière appelée Graduel , et qui est com-
posée de passades des Psaumes, le prêtre se prépare
à la lecture du saint Hvangile, en priant Dieu de puri-
fier ses lèvres , afin de les rendre dignes de pronon-
cer les paroles de Jésus-(.hrist. Le prêtre passe alois
au côté gauche de l'autel, pour lire TEvangile. A et*
moment, tout le monde se lève avec respect, et fait le
signe de la croix.
RIERES DE LA MESSE.
Evangile.
C'est votre divine parole qu'on nous lit en ce
moment, ô Jésus, qui, en vous faisant notre
Sauveur, avez bien voulu devenir aussi notre
maître ! Quel autre aurait pu nous enseigner à
être bons et sages , aussi bien que vous, la bonté,
la sagesse même , et quelles leçons pourraient
nous être plus chères et plus sacrées que les
vôtres , ô le meilleur des pères ! Si plusieurs
pages de votre saint Evangile sont encore au-
dessus de mon intelligence, il en est d'autres que
mon cœur a comprises, et dont il se souviendra
toujours. Dans la touchante histoire de Be-
thléem , j'ai trouvé le modèle des vertus de mon
âge ; dans la parabole de l'enfant prodigue, j'ai
appris votre indulgence pour les pauvres pé-
cheurs ; dans le récit de vos souffrances sur le
Calvaire, j'ai connu la grandeur de votre amour
pour moi; et cette heureuse journée, tant de
fois racontée par ma mère , où vous vous êtes
fait l'ami des petits enfanls, en leur prodiguant
PRIÈRES DE LA MESSE. 31
VOS bénédictions et vos caresses, ne voiis a-t-
elle pas gagné pour jamais mon cœur?
Je trouve aussi dans votre Evangile, ô mon
Dieu, tous les devoirs que j'ai à remplir. J'y
vois qu'il faut prier avec attention et confiance,
imiter vos exemples, avoir horreur du péché;
que je dois aimer tous les hommes comme des
frères, et soulager les pauvres qui sont vos
amis; que, pour obtenir le ciel , il faut avoir le
cœur doux , humble et pur; que vous détestez
le mensonge , que les vertus sont préférables
aux richesses, et qu'enfin, tous les biens de ce
monde me seraient inutiles, si je ne sauvais
mon âme. Je sais tout cela. Seigneur, et je se-
rais bien coupable de me conduire comme si je
l'ignorais. Faites donc, ô mon Dieu , que je pra-
tique votre parole , et que je ne me borne pas à
l'apprendre, car ce sont mes actions et non ma
science que vous jugerez un jour.
Prêt à offrir le sainl sacrifice, le prèUe récite au
nom des fidèles, le Symbole qui renferme tout ce
qu'il est nécessaire de croire, pour élre Chrélien et
Catholique,
32 l'RlÈRES DE LA MESSE.
Credo.
Je crois fermement, Seigneur, ce que votre
Evangile et votre Eglise m'ordonnent de croire;
tout ce que renferme le Symbole que je dis dans
mes prières de chaque jour. Je crois également
les choses que je ne comprends pas, et celles que
je comprends, sachant bien que vos paroles
sont la vérité même. Aidé de votre grâce, je
donnerais ma vie, je l'espère, plutôt que de
renoncer à la foi du chrétien ; mais si vous n'exi-
gez pas de moi que je sois un martyr, vous me
demandez au moins de faire , à ma croyance ,
à vos saints commandements , le sacrifice des
défauts de mon caractère ; vous attendez que je
vous témoigne ainsi combien j'aime notre sainte
religion , combien je voudrais lui rester tou-
jours fidèle.
SECONDE PARTIE DE LA MESSE.
OFFRANDE DU 6Af>T SACRIFICE.
Le prêtre présente à Dieu , en lui demandant de
les bénir, le pain et le vin, qui doivent être changés
au corps et au sang de TSolre-Seigneur Jésus-Christ.
Le prêtre se prépare lui-même à la sainte action qu'il
va commencer, en lavant ses mains au côté droit de
Tautel. Il demande à Dieu , en ce moment , de puri-
fier aussi son cœur. Il se retourne ensuite vers les
fidèles , et les exhorte à s'unir à lui , pour que
leur commun sacrifice soit agréable à Dieu. Pendant
l'Offertoire, on doit se conformer à l'intention de
l'Eglise, qui offre à Dieu la sainte messe : première-
ment, pour rendre à Dieu l'adoration qui lui est due;
secondement, pour le remercier de ses bienfaits; troi-
sièmement , pour implorer le pardon de ses péchés;
quatrièmement, pour lui demander les çiàces qui
nous sont nécessaires.
34 PRIÈRES DE LA MESSE,
Offertoire.
Si les anges, les plus pures de vos créa-
tures, n'osent tous adorer qu'en tremblant,
ô grand Dieu, si, devant vous , ils se couvrent
de leurs ailes , comment oserai-je vous offrir
mes louanges , moi qui tant de fois vous ai dés-
obéi? Mais mon divin Sauveur vient au secours
de ma timide voix, et c'est en m'unissant à lui,
que je vous adore avec le respect que je vous
dois, vous, mon Dieu , mon créateur, le sou-
verain Seigneur de toutes choses.
Vous n'êtes notre maître que pour nous faire
du bien, ô mon Dieu! et qui peut sentir plus
que moi combien vous êtes un bon maitre !
Vous m'avez appelé votre enfant, vous avez
donné votre divin Fils pour me sauver; vous
me promettez le Ciel pour héritage- C'est vous,
encore, qui rendez mon existence si douce,
vous qui permettez que tout le monde soit si
plein de bonté pour moi. Daignez, au nom de
PRIERES DE LA .LIESSE. oO
Jésus-Chrisl, accepter l'hommage de ma re-
connaissance.
Mais pouvez-vous bien croire à cette recon-
naissance, vous, Seigneur, dont j'ai si mal
payé les bienfaits! 0 mon Dieu! je vous avoue
mes fautes avec un repentir sincère. Mais n'ou-
bliez pas que Jésus - Christ a versé tout son
sang pour me mériter le pardon que j'implore,
et que tout-à l'heure encore il vous deman-
dera grâce ici pour moi.
Que, par l'intercession de cette sainte vic-
time, j'obtienne donc devons, ô mon Dieu, les
grâces qui me sont nécessaires! Guérissez, je
vous en prie, les mauvaises dispositions qui sont
dans mon cœur, et fortifiez les bons sentiments
que vous y avez fait naître. Bénissez-moi dans les
différentes actions de ma vie ; dans mon travail,
dans mes récréations, dans mon bonheur et
dans mes peines, afin que tous les jours, et à
toute heure j'accomplisse votre volonté.
Le prêlre, après avoir récité tout bas une prière
appelée Secrète , élève la voix pour inviter les fidèles
36 PRIÈRES DE LA MESSE
à se recueillir profondément, puis il dit la Préface qui
est une prière d'actions de grâces.
Préface.
S'il est bien juste , ô Dieu tout puissant et
éternel, d'élever en tout temps vers vous nos
voix et nos cœurs, pour vous bénir, nous le
devons particulièrement en ce moment , où
vous vous préparez à sacrifier encore votre
divin Fils pour le salut des hommes. Souffrez,
Seigneur, que nous unissions nos voix à
celles de vos anges, et laissez-nous vous dire
comme eux dans un transport de vive recon-
naissance :
Sanctus.
Saint, saint, saint est le Seigneur notre Dieu,
qui remplit tout l'univers de sa gloire. Que
celui qui va descendre sur l'autel en son nom
soit aussi mille fois béni!
PRIÈRES DE LA MESSE. ol
Canon.
On npfeîle Canon, d'après un mol gi ec qui signifie
règle ^ les prières qui suivent la Préface 5 ces prières
sont aiusi nommées, parce que, telles qu'elles sont
réglées, elles ne changent jamais.
Le prêtre bénit plusieurs fois les offrandes qui sont
iwv l'autel, et demande à Dieu, par le saint sacri-
fice, le salut de tons les hommes; il prie en particu-
lier pour l'Eglise, et les personnes qui se sont recom-
mandées à ses prières.
Itlemento des vivants.
Daignez vous rappeler , ô mon Dieu , cette
promesse que vous nous avez faite dans l'E-
vangile, de vous trouver toujours au milieu de
ceux qui se réuniraient pour vous prier en-
semble; exaucez les demandes que nous vous
faisons les uns pour les autres, en ce moment.
Je viens vous prier pons tous le-î hommes qui
5S PRIÈKES DE LA 3IE»5E.
sont mes frères et particulièrement pour ceux
qui ont le plus besoin de votre secours. Ac-
cordez des grâces nombreuses au pape et aux
ministres de votre Eglise; daignez éclairer et
protéger le souverain qui nous gouverne; ré-
pandez surtout d'abondantes bénédictions sur
mes parents, auxquels je dois tant; sur mes
frères et sœurs, qui me sont si cliprs; sur mon
confesseur et mes maîtres , sur mes petits amis,
enfin sur la personne qui a soin de moi. Soyez
plein de miséricorde pour eux tous, et qu'avec
voire grâce je leur fasse moi-même autant de
bien et de plaisir qu'il me sera possible.
Et afin que nos prières vous soient plus
agréables , ô mon Dieu , nous les unissons à
celles que la sainte Vierge , les anges et les
saints veulent bien vous adresser poumons.
CcEsécraticn.
Le prêtre, qui lient la place de Jésus-Christ, et qui
parle en son nom , prend, comme il le fit à la Cène,
du pain et du vin qu'il bénit, et sur lesquels il pro-»-
PRIÈRES DE LV MESSE. S9
aonce les paroles de la consécration : Ceci est mon.
corps, ceci est mon sang. Ces paroles , aussi bien que
celles de Notre-Seigneur, ont le pouvoir de changer
le pain et le viu en son corps et en son sang. Aussi-
tôt que les paroles de la consécration sont pronon-
cées, Jésus-Christ est donc réellement présent sur
l'autel.
Consécration.
0 divin Jésus , qui , par un miracle de
voire amour , allez renouveler ici le sacrifice
du Calvaire, faites encore, s'il vous plaît, un
autre miracle : changez mon esprit, si dis-
trait et si frivole, pour le rendre appliqué à
comprendre toute l'étendue de vos miséricor-
des. Changez mon cœur, qui ne vous aime pas
assez, et remplissez-le pour vous delà plus vive
tendresse.
Après s'être prosterné devant Noire - Seigueur ,
le Prêtre élève !a sainte hostie et le calice , pour
J^e$ faire adorer aux fidèles. Il faut alors se recueillir
3.
UÙ TRIÈRES DE LA MESSE.
un iiislant en silence, pour adorer Dieu du ïonû de
son cœur; on pourra dire ensuite celte prière.
Ulévation.
Je crois fermement, ô mon Sauveur, que
vous êtes rtellemenl présent sous la sainte hos-
tie, que j'adore de toute mon âme. J'adore ce
corps divin, né dans une humble étable, qui s'est
assujetti à un travail grossier, qui a souffert la
faim, le froid et la fatigue; qui, par sa seule
présence , guérissait les pauvres malades ; qui
a été attaché à la croix après avoir souffert
mille douleurs , et tout cela pour nous sauver.
J'adore ce sang précieux que vous avez répandu
jusqu'à la dernière goutte pour laveries péchés
du monde, et je vous supplie de le répandreen-
core aujourd'hui sur moi. Qu'il me purifie de
mes fautes passées, ô bon Jésus, et qu'à l'ave-
nir , je ne sois plus jamais tenté de commettre
le péché, qui vous a coûté si cher.
Le prêtre adresse une prière à Dieu, pour les fi-
dèles défunts.
PRIÈRES DE L\ MESSE. ^l
Mémento des morts.
Mon Dieu, vous nous permettez d'espérerque
nos prières peuvent être utiles à ceux que nous
avons perdus; je vous remercie d'avoir laissé
une si douce consolation aux cœurs affligés
par la mort des personnes qui leur étaient chè-
res. Je vous demande , au nom de voire divin
Fils , présent en ce moment sur l'autel , la déli-
vrance des pauvres âmes du Purgatoire. Accor-
dez-nous à nous-mêmes, ô mon Dieu, la grâce
de retrouver un jour dans le Ciel, tous ceux
que nous aurons aimés.
TROISIEME PARTIE DE LA. MESSE.
CONSOMMATION DU SACRIFICE.
Le prêtre se prépare à la sainte commiinioii eu ré-
citant plusieurs prières. La première est l'Oraison
Dominicale, dictée par Jésus- Christ lui-même.
Fater.
0 Dieu ! noire Père à tous , qui avez daigné
prendre ce nom, pour vous faire aimer davan-
tage, et qui, en nous choisissant pour vos en-
fants , nous destinez en héritage , une place au
Ciel où vous habitez; accordez-moi la grâce de
sanclifier votre nom , en le faisant aimer par
ma bonne conduite. Mon Dieu , ne permettez
pas que, ni moi, ni aucune de vos créatures,
PRIÈRES DE LA MESSE. ZjS
nous écoutions jamais d'autre mailre que vous.
Régnez dans tous les cœurs,en les rendant soumis
à vos volontés saintes , comme les anges y sont
soumis dans le Ciel. Que votre divine provi-
dence accorde à mon âme et à mon corps , le
pain quotidien , qui leur est nécessaire, et ne
refusez pas la nourriture à vos pauvres, vous,
Seigneur, qui donnez la pâture, au plus petit
oiseau. Pardonnez-moi mes offenses, comme il
me semble que je pardonnerais à ceux qui vou-
draient me causer quelque peine; enfin, si vous
voulez mettre mon obéissance à l'épreuve , que
je trouve en vous , ô mon Dieu , la force de ré-
sister à la tentation , car le mal causé par le
péché est celui que j'ai le plus à craindre ,
celui dont, avant tous les autres , je vous sup-
plie de me délivrer.
Le prêtre frappe trois fois sa poitrine, en conjurant
Jésus-Christ, l'agneau de Dieu, d'eiïacer ses pécljcs.
ti'i PRIÈRES DE LA MESSE.
Agnus Det.
Que VOUS méritez bien ce nom d'agneau de
Dieu , ô mon Sauveur , vous , qui vous êtes
soumis sans murmure aux cruels traitements
des Juifs, à la colère de votre Père , à la mort
la plus affreuse, enfin, à tous les châtiments que
nous avions mérités, et que vous avez consenti
à souffrir pour nous ! Pas une seule plainte ne
s'est échappée de votre bouche. Hélas! que je
suis loin de vous ressembler! ô Jésus, agneau
de Dieu, qui effacez les péchés du monde, effa-
cez les miens, et que votre patience, voire inal-
térable douceur, viennent remplacer en moi, la
mauvaise humeur et l'impatience que je té-
moigne souvent pour des devoirs bien simphs ,
ou des contrariétés bien légères.
Au momenl de communier, le prêtre frappe encore
Irois fois sa poitrine en répétant chaque fois l'humble
prière du centenier de l'Evangile. Puis il reçoit le
PRIÈRES DE LA 31ESSE. 45
corps el le sang de Jésus- Cliiisl; il doune tnisuile la
communion aux lidèles, et termine la messe, par des
prières d'actions de grâces.
Communion.
Pendant bien long-lemps encore, ô mon
divin Sauveur, je regarderai avec envie les heu-
reux chrétiens qui s'approchent de la table
sainte, pour vous recevoir dans la communion.
Avant d'y êt.'C admis moi-même, il me faut une
longue instruction et surtout un cœur bien
préparé. Je veux au moins mettre à profit les
années qui me séparent d'un si beau jour, aiin
d'en être moins indigne, lorsqu'il sera venu.
Dès à présent même, je sais, ô mon Dieu, que je
pourrais, en quelque sorte, vous recevoir dans
mon âme , car vous vous plaisez à habiter dans
les cœurs purs. Purifiez donc en ce moment
le mien, par votre sainte grûce , et en venant
tout-à-lheure vous donner aux âmespieuses qui
vous attendent , n'oubliez pas les petils enfants
près desquels vous allez passer.
3..
/|6 PRIÈRES DE LA MESSE.
Le pi êlre se retourne vers les fidèles , pour leur
annoncer que la messe est terminée, et il les bénit en
fa isant sur l'assemblée le signe de la croix.
ISénédiction du prêtre.
Mon Dieu , je reçois avec reconnaissance et
piété la bénédiction de votre ministre; et puis-
que c'est en votre nom qu'il me la donne, con-
firmez-la, s'il vous plaît, du haut du Ciel.
Au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
Avant de quitter le saint aulel , le prêtre fait
lecture d'un évangile de l'apôtre saint Jean. Cet
évangile rappelle comment Jésus-Christ , le Fils de
Dieu, s'est fait homme pour nous sauver.
Dernier évangile.
O mon divin Sauveur, si, par amour, vous
ous êtes lait noire semblable, je ne dois pas
PRIÈRES DE LV 3IESSE. U7
oublier que vous n'en êtes pas moins l'égal de
votre PèrC; et, comme lui ,Dieu éternel, et tout
puissant. Je vous rends grâces d'avoir consenti à
endurer tant d'humiliations pour sauver les
hommes. Les Juifs ne vous ont pas connu , lors-
que vous étiez sur la terre, et malgré toutes les
preuves que vous leur aviez données de votre
bonté, de votre puissance, ils ont refusé de
croire que vous étiez leur Dieu ! Oh! plutôt que
de partager leur ingratitude, divin Jésus, je
veux m'attachera vous par tous les sentiments
de mon cœur.
PRIERE APRES LA MESSE.
Que je vous remercie, ô mon Dieu, de m'a-
voir permis d'assister au saint sacrifice ! Beau-
coup d'enfants auraient sûrement mieux profité
que moi de ce bonheur; car il me semble que
j'ai été bien souvent distrait dans mes prières.
Je les lisais des yeux, mais mon esprit était ail-
AS PRIÈRES DE LA. MESSE.
leurs, et bien souvent occupé de loule autre
chose que de vous.
Pardonnez-moi, mon Dieu, ces fautes qui
viennent, je respère,:de ma légèreté, plutôt
que d'un sentiment d'ingratitude. Faites que
votre sacrifice ne soit cependant pas inutile
pour moi. Daignez avoir pour agréables le peu
de bonnes prières que je vous ai faites. Accor-
dez-moi la grâce d'accomplir fidèlem.ent aujour-
d'hui les résolutions que je viens de prendre, et
que je renouvelle encore de tout mon cœur , au
moment de quitter votre saint temple.
Ainsi soit-i!.
DES SACREMENTS.
Des sacremeuts eu général. — Du sacrement de bapi^me.
— Du sacrement de péuilence. — Des dispositions à
apporter au sacrement de péuilence. — Quelques avis
sur la confession. — Exercice pour la confession. — De
la première communion.
DES SACREMEiNTS EN GÉNÉRAL.
A l'aide de la raison et de la conscience ,
nous pouvons , mes enfants , connaître nos de-
voirs, discerner le bien d'avec le mal. Mais
la faiblesse de l'homme est si grande , que
par lui-même il n'est capable, ni de faire le
bien, ni d'éviter le mal, ni d'avoir seulement
une bonne pensée ; sans Dieu donc , et sans
sa grâce , personne ne serait sauvé , car on ne
peut l'être qu'en accomplissant les comman-
dements de Dieu. La grâce est un don que Dieu
nous fait par sa miséricorde , et à cause des
souffrances de son divin Fils. C'est Jésus-Christ
qui, par sa mort cruelle, nous a mérité le secours
de son Père; il est devenu notre Sauveur , non-
seulement en nous rendant l'espérance du Ciel ,
que le péché d'Adam nous avait fait perdre , mais
52 DES SA.CREMENTS.
en nous donnant encore le moyen d'obtenir cet
éternel bonheur. Dieu, mes chers enfants, ne doit
sa grâce à personne, il nelarefuse jamais cepen-
dant , et c'est notre faute si nous n'en profitons
pas. Elle est promise à une prière fervente ;
on l'obtient aussi par l'usage des sacrements.
Les sacrements sont des signes sensibles ,
auxquels Dieu a attaché de certaines grâces qui
nous sanctifient. Ce sont des signes, parce qu'ils
nous font connaître la grâce de Dieu , et ils
spnt sensibles parce qu'ils tombent sor.s nos
sens. Il y a par conséquent dans les sacrements,
deux choses : l'une que l'on voit, c'est l'action
extérieure, par laquelle s'administre le sacre-
ment; l'autre, quel'on ne voit pas, c'est la grâce
de Dieu attachée à cette action , et qui se répand
intérieurement dans l'âme , lorsqu'on reçoit les
sacrements avec de bonnes dispositions. Jésus-
Christ a institué les sacrements : lui seul en
avait la puissance, et il en a établi pour tous
les besoins de l'âme, pour tous les âges de la vie.
Les sacrements sont au nombre de sept :
Le Baplénic, la Confirmai ion, l'Eucharislie, la.
DES SACREMENTS. 53
Pénitence, l'Extréme-Onction , TOrdre et le Ma-
riage.
Le sacrement de Baptême efface dans nos
unies le péché originel, et nous rend chrétiens,
c'est-à-dire enfants de Dieu et de TEglise.
Le sacrement de Confirmation nous rend
parfaits chrétiens, en nous donnant, avec ses
grâces abondantes, le Saint-Esprit, la troisième
personne de la Sainte-Trinité.
Le sacrement de VEiicharistie nourrit nos
ùmes du corps et du sang de Notre-Seigneur
Jésus- Christ , cachés sous les espèces du pain et
du vin.
Le sacrement de Pénitence nous purifie des
péchés que nous avons le malheur de commettre
après le baptême.
Le sdiCYemexiiàeVExtrême Oncîionesiàonné
aux malades, ou pour soulager leurs souffrances,
si Dieu le permet, ou pour les aider à bien
mourir si Dieu veut les appeler à lui.
Le sacrement de V Ordre forme les prêtres qui
gouvernent TEglise.
Le sacrement de Mariagehémi les époux, et
les unit devant Dieu.
5^ DES SACREMENTS.
0 n VOUS donnera plus tard, mes chers enfants,
une instruction détaillée sur chacun de ces sacre-
ments. Dans ce petit livre, je me bornerai à vous
expliquer ceux que, dès à présent, il est important
pour vous de connaître. C'est d'abord le Bap-
tême ^ que vous avez reçu à votre naissance; puis
VEucharistie, que vous recevrez dans quelques
années; et enfin la Pénitence, parce que vous
arrivez à l'âge où la confession de vos fautes
commence à devenir utile.
DU SACREMEIST DE BAPTEME.
Le baptême est un sacrement qui efface dans
les enfants le péché originel ; dans les per-
sonnes qui le reçoivent en âge de raison, il ef-
face, non-seulement le péché originel, mais
encore les péchés actuels qu'elles ont pu com-
mettre. Ce sacrement nous rend chrétiens,
c'est-à-dire enfants de Dieu et de l'Eglise.
On vous a dit, mes enfants, que nous naissons
coupables delà désobéissance d'Adam, indignes
du Ciel comme il le fut lui-même, et ennemis
de Dieu, qui aie péché en horreur. Mais le bap-
tême purilie l'âme de la tache originelle, il
nous rend l'innocence que Dieu veut trouver
dans ses enfants , et nous donne le droit d'es-
pérer un éternel bonheur. Le baptême est le
plus nécessaire des sacrements, puisqu'on ne
56 DES S\CREME5TS.
peut être sauvé sans l'avoir reçu. Aussi csl-il
d'usage de le donner peu de temps après la
naissance, et sans exiger de celui qui le reçoit
aucune disposition.
Nous naissons donc deux fois, mes enfants:
une fois pour notre famille et pour le monde,
une seconde fois pour la religion dont nous de-
venons les enfanls par le baptême.
Ce sacrement consiste à verser de l'eau natu-
relle sur la personne que l'on baptise en disant:
Je te baptise au nom du Père, du Fils et du saint
Esprit. Ainsi soit- il. Il y a un grand nombre de
cérémonies qui précèdentetaccompagnent celle-
ci, mais elle peut suffire. Ordinairement aussi, les
évêques et les prêtres ont seuls le pouvoir d'ad-
ministrer les sacrements j toutefois, il y a une
exception pour le baptême , en cas de danger
pressant. Si, par exemple, on se trouvait auprès
d'un petit enfant qui fût sur le point de mourir,
et qu'on n'eût pas le temps d'aller chercher un
prêtre, toute personne, une femme, un enfant,
pourrait baptiser, et devrait même le faire.
Vous comprenez facilement, je suppose, quel
est le signe sensible du sacrement de baptême.
DES SACREMENTS. 57
C'est l'action de verser de Peau sur la tète , en
prononçant les paroles prescrites. Vous compre-
nez aussi, que la grûce de Dieu attachée à cette
action , c'est le pouvoir qu'elle reçoit de Dieu de
purifier une âme de la souillure originelle.
Le baptême ne se donne qu'une fois dansla vie,
et on ne pourrait le recevoir de nouveau, si même
on avait eu le malheur d^en perdre la grâce par
le péché.
Lorsqu'un baptême se fait avec toutes les cé-
rémonies prescrites , le petit enfant est porté à
l'église , et tenu sur les fonts socrés par un par-
rain et une marraine; ils demandent le Baptême
pour l'enfant qu'ils présentent, et ils indiquent
le nom qu'il devra porter. Ce nom, mes enfants,
est celui par lequel on vous désigne. Il fut au-
trefois celui d'un saint, devenu maintenant votre
palron, c'est-à-dire votre protecteur et votre
modèle. Peut-être bien aussi ce même nom est-il
vénéré dans votre famille par la mémoire d'un
aïeul, le souvenir de ses touchantes vertus; ce
serait un motif de plus pour vous d'honorer
votre nom, par une conduite sans reproche.
J"ai dit que Dieu n'exige aucune disposition
58 DES SACREMEKTS.
(l'anenfantpourlui accorder la grâce du baptê-
me : il y met cependant de certaines conditions
que les parrains et les marraines remplissent
pour leur filleul : ils répondent à plusieurs ques-
tions adressées à l'enfant par le prêtre, et ils ju-
rent en son nom, qu'il vivra en bon chrétien,
qu'il renoncera au démon et à tout ce qui vient
de lui. Il est nécessaire , mes amis , de vous
apprendre ces choses, parce que les promesses
faites en votre nom, lorsque votre bouche élait
muette encore , vous devez les accomplir main-
tenant. Demandez souvent à Dieu de vous en
accorder la force, remerciez-le sans cesse de
vous avoir admis au nombre de ses enfants.
DU SACREMENT DE PÉMTEXCE.
La pénitence est un sacrement qui remet les
péchés commis après le baptême.
Dans cette courte explication donnée par le
catéchisme, sur le sacrement de pénitence, plu-
sieurs réflexions, mes enfants, se présentent à
nous.
Dieu nous avait accordé sa sainte grâce , avant
que nous la lui eussions demandée; il avait guéri
notre misère avant que nous eussions pu la sen-
tir; à peine étions-nous entrés dans ce monde,
il avait purifié notre âme pour lui rendre sa
première innocence, pour nous donner le nom
si beau d'enfant de Dieu. Et cependant , nous
oublions tant de bienfaits ! le petit enfant baptisé
grandit dans l'innocence, jusqu^à ce qu'il ait
atteint l'âge de la raison , et cette raison qui lui
avait été donnée pour connaître ses devoirs, il
60 DEvS SACREMEISTS.
s'en sert pour désobéir à Dieu et pour l'ofTen-
ser; quelle ingratitude ! Mais alors, n'avons-nons
pas bien mérité que Dieu nous abandonne, qu'il
nous refuse une nouvelle grâce, pour nous punir
d'avoir si mal profité de la première! Dieu, mes
enfants , pourrait sans injustice nous traiter
avec cette rigueur, mais elle répugne à sa misé-
ricorde; il a pitié de nous, parce qu'il connaît
notre fragilité, les tentations qui nous environ-
nentj et il est plein d'indulgence, parce qu'il est
plein de tendresse. Aussi , sans jamais se lasser,
il pardonne aux plus grands pécheurs, aux pé-
cheurs les plus rebelles, dès qu'ils reviennent à
lui avec sincérité. L'ancien et le nouveau Testa-
ment nous en donnent mille preuves. David,
coupable de si grands crimes, Manassès, le
plus méchant des rois de Juda , la femme pé-
cheresse de l'Evangile , Madeleine pénitente , le
bon larron sur la croix , nous montrent com-
ment un cœur vraiment contrit peut obtenir du
Seigneur le pardon de ses fautes.
La confiance en Dieu, mes enfants, est encore
appuyée sur ces propres paroles de Dieu. Notre
Seigneur a dit aux apôtres : «Lespéchés seront
DES SACRE3IE>TS. Gl
remis à ceux auxquels vous les remellrcz; tout
cequc\ous délierez sur la terre sera délié dans le
Ciel.:» «Enfin, par la touchante parabole de cet en-
fant prodigue reçu avec tant d'amour et de joie
à la maison paternelle, lorsqu'il y revient après
de longs égarements, Dieu ne nous fait-il pas
connaître son indulgence envers ses enfants cou-
pables ! Vous le voyez : on peut toujours comp-
ter sur la miséricorde divine . lorsqu'on a su la
mériter.
Dieu, mes amis, avait prévu notre désobéis-
sance; par une bonté infinie, il a daigné y porter
remède, en instituant le sacrement de pénitence.
Ce sacrement, lEglise rappelle un second bap-
tême, une planche après le naufrage, la fontaine
salutaire qui guérit les maux de l'âme, com-
me la piscine dont parle l'Evangile guérissait
les infn-mités du corps. Par les paroles que
je vous rappelais tout-à-l'heure, Jésus-Christ
a transmis aux apôtres 'et à leurs successeurs
le pouvoir de remettre les péchés. Ce pouvoir
s'est conservé dans l'Eglise, et il s'y conservera
jusqu'à laTni du'monde. Seulement, comme il
est beaucoup plus mal d'offenser Dieu de sa
4
62 DES SACREMEKTS.
propre volonté que de le faire par ignorance,
ainsi que les enfants qui apportent en naissant le
péché originel, Dieu met au pardon qu'il nous
promet, dans le sacrement de pénitence, des
conditions qu'il n'impose pas à ceux qui reçoi-
vent le baptême. Ces conditions , mes enfants,
ne sont pas trop pénibles à remplir; elles ne le
paraissent pas surtout, si l'on considère quels
précieux biens sont l'amitié de Dieu, la paix
de la conscience, que l'on va retrouver, et quel
malheur c'est pour nous de les avoir perdus !
DES DISPOSITIONS
DAiHS LESQUELLES 01? DOIT RECEVOIR LE
SACREMENT DE PÉIMTENCE.
Mes chers enfants , le pauvre malade qui de-
mande au médecin le guérison des maux dont
il souffre, que fait-il? D'abord il les lui raconte,
il explique en détail chacune de ses douleurs, il
en indique l'origine et la cause; il écoute en-
suite avec attention les conseils qui lui sont
donnés, et se soumet docilement à tout ce que
l'on croit devoir lui prescrire pour hâter sa gué-
rison.
Que fait encore l'enfant qui désire obtenir de
son père le pardon d'une faute? Bien repentant
de l'avoir commise, bien résolu de ne plus la
64 DES SACREME.NTS.
cominellre, il s'empresse de l'avouer; lui-même
il vient s'accuser avec franchise. Cet aveu, sans
doute, lui fait éprouver une sorte de honte;
peut-être aussi son père mettra-t-il des condi-
tions au pardon qu'il consent à lui accorder.
N'importe : pourvu que ce pardon soit obtenu ,
rien ne coûte à l'enfant coupable.
Hé bien , mes amis, lorsque nous avons of-
fensé Dieu, et que nous allons chercher notre
grAce dans le sacrement de pénitence, nous res-
semblons à ces pauvres malades qui ont besoin
d'être guéris, à ces enfants coupables qui dé-
sirent être pardonnes de leur père. Comme
eux, nous devons donc délester nos fautes, les
confesser avec courage et sincérité, les réparer
enfui, autant du moins que cela nous est pos-
sible. Telles sont, mes enfants, les conditions
sans lesquelles nous ne saurions compter sur la
miséricorde de Dieu. Ces conditions forment les
trois parties essentielles du sacrement de péni-
tence, et sont appelées par l'Eglise la Contri-
tion, la Confession et la Satisfaction.
DES SACKEMEINTS. (jô
DE LA CONTRITION.
La couliilion, mes enfaiiLs, c'est rhoriciir du
péché, le regret de l'avoir commis, la ferme
résolution de n'y plus retomber jamais.
La contrition doit s'étendre à tous nos pé-
chés, à ceux qui nous paraissent de peu d'im-
portance, comme aux plus graves ; aux fautes
qui nous causent de la honte, comme à celles
qu'une mauvaise habitude ou une fàclieuse in-
clination nous font connaître facilement , peut-
être même avec une sorte de plaisir.
Il faut encore que la contrilion soit produite
en nous par des motifs vraiment chrétiens. La
bonté de Dieu, les souffrances de Nôtre-Seigneur,
noire ingratitude envers lui, le mal que le pé-
ché fait à notre âme, voilà les motifs qui, avant
tous les autres, doivent nous faire pleurer nos
péchés.
La résolution de ne plus retomber dans de
nouvelles fautes, ne doit jamais ét-c si'parée.
06 DES SACRE3IEXTS.
mes enfants, du regret de nos fautes passées. Ce
bon propos est la meilleure preuve que nous
puissions offrir à Dieu de la sincérité de notre
contrition.
Et, vous le comprenez bien, mes enfants, la
contrition doit être sincère -.elle doit partir du
cœur. En effet, il ne suffirait pas de dire: Mon
Dieu, je me repens de mes péchés, si le repentir
était sur les lèvres, et non dans le fond de l'âme.
La contrition est assurément la partie la plus
nécessaire du sacrement de pénitence. Certaines
circonstances, une maladie, par exemple, ou
l'absence d'un prêtre, peuvent dispenser de la
confession, mais rien ne saurait remplacer le
regret de nos fautes. Sans ce regret, point de par-
don à espérer.
On excite en soi la contrition en se pénétrant
des réflexions salutaires dont je vous parlais
tout-à-l'lieurej malgré nos efforts, cependant,
nous ne pouvons avoir de nous-mêmes un re-
pentir véritable; il faut que Dieu nous l'inspire
par sa grâc,e, et cette grùce, mes enfants, nous
devons la demander avec ardeur, quand nous
nous disposons à la confesiion.
DES SACREMENTS. 67
DE LA CONFESSION.
La confession consiste à accuser ses péchés à
un prêtre, pour en obtenir l'absolution, c'est-
à-dire le pardon.
On doit, mes enfants, déclarer tous ses péchés,
tous ceux du moins dont on se souvient, leur
nombre, autant que cela est possible, et les cir-
constances qui les ont rendus plus ou moins
graves. Ce ne serait pas assez de dire en géné-
ral : j'ai péché tant de fois; il faut ajouter de
quelle manière on a péché, quel genre de fautes
on a commises. On doit en outre se confesser
clairement, simplement, avec franchise, avouer
ses fautes, telles qu'on les connaît et qu'on se
les rappelle. Dieu a établi ses ministres juges de
nos consciences. Comment pourraient-ils les
bien juger, mes enfants, s'ils ne les connais-
saient pas !
Manquer de sincérité dans la confession,
GS DES SACRE3IE?iTS.
caclier une de ses fautes parce qu'on n'oserait
l'avouer, c'est un des péchés les plus graves
dont on puisse se rendre coupable, et que ga-
gnerait-on, mes enfants, en agissant ainsi? On
peut bien tromper un homme, le confesseur
ignore si vous êtes sincères, mais Dieu lit an
fond des cœurs, et c'est à lui surtout qu'il faut
craindre de déplaire. Ce défaut de sincérité se-
rait à ses yeux mille fois plus coupable que la
faute qu'on aurait voulu cacher.
Pourquoi d'ailleurs seriez-vous tentés de dis-
simuler cette faute? Est-ce dans la crainte de
donner une mauvaise opinion de vous h votre
confesseur? Croyez bien, mes amis, qu'aucun
de vos aveux ne pourra l'étonner ; il devine bien
d'avance que vous êtes des enfants faibles et im-
parfaits. Auriez- vous peur d'être repris? Mais le
prêtre se souviendra que, près de vous, il lient
la place de Dieu, l'indulgence même, et il ne
vous parlera, soyez-en sûrs, qu'avec la bonté
d'un père. Serait-ce enfin la honte qui vous
ferme la bouche? Mais ce qui est honteux sur-
tout, c'est d'avoir fait le mal ; l'embarras que
vous éprouvez à l'avouer, est la punition de
DES SACi\E>IE]NïS. 09
volie faute j acceptez la avec courage. Ce mo-
ment de trouble une fois passé, vous vous sen-
tirez tranquilles et très heureux.
DE LA SATISFACTION.
La satisfaction est la ti oisième partie du sa-
crement de pénitence. C'est la réparation que
nous devons à Dieu ou au prochain, pour Tin-
jurequc nous leur avons faite!
Hélas! mes enfants! nous ne savons que trop
comment ofTenser le bon Dieu ; mais il nous se-
rait impossible de réparer nos ofTenses envers
lui, si le Seigneur ne daignait accepter le peu
de bien que nous tâchons de faire à cette inten-
tion. Ce bien consiste dans de bonnes actions ,
dans celles que l'Eglise nomme les œuvres do
pénitence. Le prêtre en choisit quelques unes
qu'il nousordonnede faire après la confession.
]1 faut s'acquitter de ce devoir avec exactitu le
et piété.
70 LES SACREMENTS.
On satisfait au prochain, mes amis, en répa-
rant le mal qu'on a pu lui causer. Si malheureu-
sement, il vous était arrivé de vous emparer d'un
objet qui ne vous appartînt pas, il faudrait le
restituer à l'instant. Si vous aviez faussement
accusé un de vos camarades, il faudrait vous
empresser de lui rendre justice, en avouant
qu'il était innocent.
QUELQUES AVIS SUR LA CONFESSION.
La première condition pour se bien confesser
est de se bien connaître , et pour cela nous avons
besoin du secours de Dieu. On se croit si facile-
ment meilleur qu'on ne l'est en effet! La légèreté
de notre esprit, celle du vôtre en particulier, mes
enfants, vous rendrait bien difficile le souvenir
detoutes vos fautes, si Dieu ne vous faisait la
grâce de venir en aide à votre mémoire. Deman-
dez-lui donc celte grâce par une fervente prière,
lorsque, vous disposante la confession, vous vou-
lez examiner votre conscience. Retirez vous loin
du bruit dans une chambre, et là, en présence
de Dieu , éclairé par sa divine lumière , recher-
chez soigneusement , avec courage et sévérité
envers vous-même, les fautes dont vous vous
j-1 ' DES SACREMENTS.
C'ies rendus coupables. Il vous serait permis ,
mes enfants , d'écrire votre confession , si vous
aviez la crainte de ne pas vous en bien souvenir
autrement.
Arrivé à l'église , vous prendrez la place qui
vous sera indiquée, et vous attendrez patiem-
ment votre tour, en lisant les prières avant la
confession. Vous éviterez de vous distraire, et
surtout de causer avec les enfants qui pourraient
se trouver comme vous au confessionnal. Si vous
étiez placé auprès de la personne qui se confesse
avant vous, de manière à entendre ce qu'elle dit,
il faudrait vous reculer un peu ; car il est défen-
du expressément d'écouter la confession des au-
tres, et, dans le cas où vous entendriez involontai-
rement quelque chose, vous devez n'en faire part
à personne, mais garder sur la faute d'autrui,
le secret absolu que vous seriez bien aise qu'on
gardât sur votre propre faute, si elle était connue.
Le moment devons confesser étant venu, vous
forez le signe de la croix , et vous ajouterez :
Bénisse2-moi, mon père, parce qiief ai péché.
— Le prêtre vous donnera sa bénédiction , et
pendant ce temps vous réciterez le confitevr,
DES SACREMENTS. 73
jusqu'à ces mots : c'est ma faute. Puis vous fe-
rez TOlre confession.
Jl ne faut parler ni trop vite ni trop bas, afin
que le confesseur puisse bien vous entendre.
S'il TOUS adresse des questions, vous répon-
drez simplement la vérité. Après l'aveu de vos
fautes , vous achèverez le Confiteor, et vous écou-
terez attentivementles conseils que le Prêtre vous
donnera de la part de Dieu. Tous devez les rete-
nir avec soin, ainsi que la pénitencequi vous sera
indiquée. En recevant enfin la bénédiction qui
termine la confession , vous réciterez de bon
cœur cet acte de contrition :
Mon Dieu, j'ai un grand regret de vous avoir
offensé, parce que vous êtes plein de bonté et de
miséricorde, et que le péché vous déplaît. Par-
donnez-moi, par les mérites de mon sauveur
Jésus-Christ. Je suis bien résolu, avec le secours
de votre sainte grâce , de vous obéir plus fidè-
lement désormais.
Avant de quitter l'église, on doit lire les priè-
res après la confession, et faire sa pénitence si
cela est possible ; sinon, il faut l'accomplir aus-
sitôt qu'on est rentré chez soi
74 DES SACREMENTS.
Vous n'êtes pas obligés, mes chers enfants, de
montrer votre confession à personne. Si cepen-
dant, vous vous trouvez embarrassés pour h
faire, ou préoccupés de la crainte d'oublier quel-
ques-uns de vos péchés, je vous engage à con-
sulter voire mère, qui peut vous éclairer sur vos
défauts, et qui vous saura gré de votre confiance.
Vous pouvez lui parler aussi des avis qui vous
seront donnés; elle vous aidera à les suivre; mais,
à l'exception de votre mère, ou de la personne
qui la remplace, vous ne devez en entretenir qui
que ce soit. Certains enfants ont la mauvaise ha-
bitude défaire, de leur confession et de leur con-
fesseur, le sujet de discours et de plaisanteries
avec leurs camarades; cette conduite est fort peu
convenable, et je vous engage à ne pas l'imiter.
-<éh>-
^^r-
EXERCICES POUR LA CONFESSION.
.PRIÈRE AVANT L'EXAMEN DE CONSCIEIMCE.
O mon Dieu , qui avez été témoin de mes
fautes^ parce que vos yeux sont toujours ouverts
sur moi j mon Dieu , qui connaissez mes actions
et mes pensées, mieux que je ne les connais
moi-même , car vous lisez dans le fond des
cœurs: mon Dieu , qui savez aussi, mieux que
moi , ce qui est bien eî ce qui est mal , el à quel
point le péché vous oPTense, daignez m'aider à
me bien connaître; donnez-moi le souvenir
de mes fautes, le regret de ies avoir com-
mises, le courage de Us avouer. Et de peur que
mon am(;ur-propie el ma légèrclé uc me fas-
76 DES SACREMENTS.
sent paraître à mes propres yeux, meilleur que
je ne le suis devant les vôtres, envoyez en moi ,
Seigneur, votre Esprit saint, dont la lumière
vienne éclairer ma conscience , et dont la vérité
me fasse avouer mes péchés avec franchise.
Ainsi soit-il.
EXAMEN DE CONSCIENCE.
Devoirs envers Dieu.
Mon Père, je m'accuse d'avoir manqué à mes
prières du matin et du soir. — De les avoir faites
sans attention, en pensant à autre chose. — De
les avoir faites dans mon lit , sans élre malade ,
ou bien sans me mettre à genoux. — De les avoir
récitées très vite pour avoir plus tôt fini. —
D'avoir parlé inutilement à l'église. — D'y avoir
ri, ou faitrine les autres. — D'avoir regardé ce
qui se passait autour de moi , au lieu de lire
dans mon livre. — De n'avoir pas bien prié Dieu
pendant la messe. — De n'avoir pas été al-
DES SACREMENTS. 77
lenlif ; pendant les instructions du catéchisme.
— D'avoirempéché les autres d'écouler.— De n'a-
voir pas examiné ma conscience avec soin, avant
d'aller me confesser. — De n'avoir pas eu , un
grand regret de mes fautes. — D'avoir, exprès,
caché quelques-uns de mes péchés, à mon con-
fesseur.— De m'étre confessé trop bas, espérant
que mon confesseur ne m'entendrait pas bien.
— De n'avoiipas fait ma pénitence, soit par négli-
gence, soit par oubli. — Quand je me suis trouvé
avec des enfants assez coupables, pour se mo-
quer de la religion , ou de ses ministres, d'avoir
écouté ces enfants, ou d'avoir parlé comme eux. —
D'avoir eu le malheur de jurer par le saint nom
de Dieu.
Devoirs envers le prochain.
Mon Père , je m'accuse de n'avoir pas eu pour
mes parents, le respect que je leur dois. —
De leur avoir répondu avec humeur, ou imper-
/b DES SACRE3IE?iTS.
linence. — De les avoir tournés en ridicule. —
D'avoir mal reçu leurs observalions. — De leur
avoir désobéi. —De leur avoir tenu tète, et d'a-
voir long-temps refusé de faire ce qu'ils me com-
mandaient.— De leur avoir obéi en murmurant.
— D'avoir impatienté mes parents.— De n'avoir
pas cherché à leur faire plaisir De les avoir
trouvés injustes, ou trop sévères. — De m'ètre
plaint d'eux. — De ne leur avoir pas demandé
pardon quand je les avais offensés.— D'avoir été
impertinent envers mes maîtres, et peu soumis
à leurs ordres. _ De m'étre querellé avec mes
frères ; mes sœurs et mes camarades. — De les
avoir battus, ou de leur avoir fait quelque autre
mal. — De n'avoir pas été complaisant pour les
autres, surtout pour les plus petits. — D'avoir
été contrariant, taquin et moqueur. — D'avoir
fait des rapports , vrais ou faux, ou exagérés,
sur la conduite des autres. — D'avoir fait gron-
der les domestiques. — De leur avoir parlé avec
hauteur, ou impatience. — De n'avoir pas obéi
à ma bonne, ou à mon gouverneur. De les tour-
menter sans cesse. — De m'étre moqué des per-
sonnes laides ou infirmes. — D'avoir méprisé
DtS SACREMENTS. 79
les pauvres. — De ne leur avoir pas fait Tau-
mône quand je le pouvais. —D'avoir donné de
mauvais exemples à d'autres enfants. — De les
avoir engagés, à faire le mal, à désobéir à leurs
parents.
Devoirs ein'crs soi-même.
D'avoir eu de l'orgueil de uîoi-même. ou de
ce que je faisais de bien. — De m'étre cru meil-
leur que les autres. — De m'étre trouvé plus de
talent , plus d'esprit. — De m'élre vanté. —
D'avoir tiré vanité de la fortune de mes parents.
— De m'êire trop occupé de ma figure et de ma
toilette. — D'avoir eu beaucoup de plaisir à
m'entendre faire des compliments.— De vouloir
toujours avoir raison , même avec les personnes
plus ûgées que moi. — D'avoir cherché à me
faire remarquer aux dépens des autres. — D'a-
voir trop d'amour-propre pour avouer que j'ai
tort , et que je me suis trompé, mt'mo quand je
80 DES SACREMENTS.
m'en aperçois. — D'ayoir mangé les choses que
je savais pouvoir me rendre malade. — D'avoir
été capricieux dans mes repas. — D'avoir pris
des friandises en cachette. — D'avoir été envieux
des avantages des autres. — D'avoir été fâché
d'entendre dire du bien de mes camarades. —
D'être jaloux de mes frères et sœurs , supposant
que mes parents les aiment mieux que moi.— De
m'étre mis en colère il faut dire contre qui).— D'a-
voir un caractère boudeur. — De me mettre facile-
ment de mauvaise humeur. — D'avoir des fan-
taisies.— D'être capricieux et entêté.— De m'im-
patienter à mes leçons. — D'être paresseux et
négligent dans mes études. — De ne pas m'ap-
pliquer à mon travail. — De perdre mon temps
à des bagatelles, au lieu d étudier. — D'avoir
menti pour m'excuser, ou par plaisanterie. —
D'avoir soutenu avec opiniâtreté mon men-
songe. — D'avoir conseillé aux autres de mentir.
— De n'avoir pas été modeste en m'habillant.
— D'avoir regardé volontairement des choses peu
décentes. — D'avoir de mauvaises manières.
DES SACRE3IENTS. SI
Si l'enfant se souvient d'avoir commis quelque
faute, qui ne se trouve pas dans cet examen , il doit
s'en confesser comme des autres. Il se rappellera
aussi, que tout ce qu'il a fait, et qu'il aurait eu
honte de faire , devant ses parents, son gouverneur
ou sa boune, est certainement un péché.
PRIERE APRES L'EXAMEN.
Voilà donc, ô mon Dieu, les fautes que ma
conscience me reproche , les péchés par les-
quels j'ai eu le malheur de vous offenser! Je
suis tout honteux de les voir en si grand
nombre , et de me trouver si coupable. Que fe-
rai-je, Seigneur, pour obtenir votre pardon P
A l'exemple de l'enfant prodigue , j'irai avec
confiance trouver mon Père , mon confesseur,
qui tient votre place, ô mon Dieu ! j'irai à lui ,
et je lui dirai : J'ai péché , j'ai désobéi à Dieu, je
ne suis plus digne d'être appelé son enfant,
82 DES SACREMENTS.
mais j'ai un bien sincère repenlir de mes fautes,
et je lui en demande humblement pardon. J'ose
espérer qu'alors vous aurez pitié de moi , vous,
mon Dieu , dont les bras sont toujours ouverts
pour recevoir le pécheur.
RÉFLEXIONS ET PRIÈRES AVANT LA CONFESSION.
Qu'ai-je fait , lorsque j'ai eu le malheur de
commetlre le péché! j'ai désobéi à Dieu. Ce
Dieu est mon créateur et mon maître, je devais
lui être soumis. Il est le meilleur des pères, je
devais le servir avec amour et fidélité. Il est
celui que tout le monde appelle avec raison Je
Bon Dieu, et que je puis appeler de ce nom avec
plus de raison encore, car, plus que tout autre,
j'ai été comblé de ses bienfaits. En faisant le mal,
j'ai oublié tout cela. J'ai attristé le cœur de
Jésus-Christ, de ce Sauveur si miséricordieux
DES SACREMENTS. S«>
qui m'a racheté par sa morl. J'ai fait couler ses
larmes, j'ai augmenté ses souffrances,- oh! quel
mal est le péché !
PRIERE.
Combien vous devez me trouver coupable , 6
mon Dieu! ai-je bien pu vous désobéir tant de
fois, et pour si peu de chose! préférer un plai-
sir , une fantaisie à votre divine volonté! Mais
je ne pensais donc pas que vos yeux sont conti-
nuellement ouverts sur moi. J'oubliais donc,
mon Dieu, que le péché vous déplaît et vous of-
fense , qu'il a été la cause des douleurs de Jé-
sus-Christ! O bon Sauveur, qui sur la croix,
avez demandé grâce pour vos ennemis, en fai-
sant à Dieu cette prière : « Mon Père, pardon-
nez-leur, ils ne savent ce qu'ils font , » daignez
demander grâce pour moi de la même manière.
Non , il ne sait pas ce qu'il fait, le pauvre enfant
qui vous désobéit. S'il le savait, s'il y pensait du
moins, il vous serait plus fidèle. Oh! pardonnez-
lui donc!
8^ DES SACREMENTS.
II.
Les devoirs que j'ai si mal remplis, étaient
peut-être bien difficiles? Hélas! je n'ai même
pas cette excuse. Dieu ne me demande rien,
que ce que toujours, avec un peu de bonne
volonté, il m'est possible de faire. La tendresse
de mes parents n'adoucit-elle pas toujours aussi
leurs ordres, et l'accomplissement d'un devoir
ne porte-t-il pas en lui-môme sa récompense?
En commettant le péché, je ne me suis pas seu-
lement rendu coupable, je me suis rendu mal-
heureux .
PRICRS.
C'est vous, ô mon Dieu, qui permettez que je
trouve dans mon propre cœur la punition de
mes fautes. Par là, vous voulez m'apprendre
DES SACREMESTS. 85
que la sagesse seule peut donner le bonheur;
que rien sur la terre ne vaut la joie d'une bonne
conscience. Puisse l'expérience que j'en fais au-
jourd'hui, rester gravée dans mon ûme , puisse-
t-elle, Seigneur, m'éloigner à jamais du péché,
et m'aider à conserver précieusement mon in-
nocence, lorsque dans votre bonté vous me
l'aurez rendue.
III.
Si Dieu n'avait écouté que sa justice, déjà il
m'aurait puni avec sévérité; mais sa miséri-
corde infmie a pitié des pécheurs. Dieu est
toujours disposé à leur ouvrir ses bras , à leur
rendre sa tendresse; il ne leur demande qu'un
repentir sincère, un bon mouvement du cœur ,
l'humble aveu de leurs fautes. Alors, tous les
torts sont pardonnes ; le Seigneur nous a pro-
mis d'en perdre même le souvenir. Oh ! que
notre Dieu est bon, et combien je l'aime 1
86, DES SACREMEINTS.
PRIERE.
ÎMe voici au moment d'entrer clans le saint
tribunal de la pénitence. Mon Dieu, je vais con-
fesser mes péchés à votre ministre, c'est-à dire
à vous même, car il tient votre place; c'est vous
qui m'écouterez en sa personne, vous encore
qui lui aurez inspiré les bons conseils qu'il me
donnera. Daignez, je vous prie, mettre dans
mon cœur les dispositions nécessaires pour faire
une bonne confession. Accordez-moi la grâce
d'être parfaitement sincère dans mes paroles ,
et de ne pas hésiter à avouer ceux de mes pé-
chés qui me causent le plus de honte. Rendez
aussi ma contrition plus vive , mes résolutions
plus fermes.
Faites enfin, s'il vous plait, ô mon Dieu, que
les fautes dont, en ce moment, je vous demande
le pardon, par les mérites de votre divin Fils,
soient les dernières fautes que vous ayez à me
reprocher, pendant toute ma vie.
Ainsi soil-il.
PRIERE APRES LA CONFESSION.
Que je me sens heureux maintenant, Sei-
gneur, ma conscience est tranquille, j'ai l'es-
pérance que vous m'avez pardonné. O mon
Dieu, je le sens, votre miséricorde touche vive-
ment mon cœur, elle me pénètre de reconnais-
sance, elle me donne le désir de m'en rendre
désormais moins indigne. Non , je ne veux plus
retomber dans mes fautes passées; je veux au
contraire, travailler sérieusement, dès aujour-
d'hui, à réformer mon caractère, et m'appliquer
à devenir un peu meilleur chaque jour. Pour
cela, il me faudra d'abord combattre celles de
mes mauvaises habitudes dans lesquelles je re-
tombe le plus souvent, et dont mes parents ont
le plus à se plaindre. 0 mon Dieu , si vous dai-
gnez me donner du courage et me prêter votre
saint appui, j'espère qu'à ma confession pro-
chaine, votre ministre me trouvera moins cou-
pable, que j'aurai bien profité de ses leçons,
88 DES SACREMENTS.
et bien répondu à la grâce que vous venez de me
faire.
Sainte Vierge Marie , bénissez s'il vous plait ,
mes résolutions, et quand viendra le moment
de les accomplir, soutenez-moi, je vous en prie,
de vos puissantes prières.
Ainsi soit-il.
DE LA PREMIÈRE COMMUNION
Sans peul-étre comprendre parfaitement en-
core, ce que c'est que la première communion
dont souvent vous entendez parler , ^ ous savez
néanmoins qu'il s'agit d'une action bien sainte,
d'une grande époque de la vie. Tout d'ailleurs
vous le prouve : le soin avec lequel on y prépare
les enfants , et la solennité dont la première
communion est toujours entourée. En effet, la
première communion est l'action la plus sacrée
la plus importante de la vie d'un enfant, celle
dont l'influence doit s'étendre sur la suite de
ses années ; pour lui, cette époque est le terme
de la première enfance, et à dater de ce grand
jour, le père de famille témoigne plus de con-
fiance à son fils , la fille devient la compagne
et l'amie de sa mère.
00 DES SACREME>TS.
Maisqu'esl-ce donc que faire sa première com-
munion? C'est, mes enfants, recevoir pour la
première fois le sacrement de l'Eucharistie, qui
contient le corps et le sang de Notre-Seigneur ,
sous les espèces du pain et du vin ; l'Eucharistie,
que l'on appelle à juste titre, le plus saint des
sacrements , le sacrement par excellence, car
les autres nous donnent à la vérité la grùçe de
Dieu, mais celui-ci nous donne Dieu lui-même
de qui vient toute grâce. Et, qu'ils sont heureux
et salutaires, mes enfanls, les effets delà com-
munion dans une âme bien préparée! Jésus-
Christnous en instruit lui-mêmepar ces paroles:
« Celui qui mange ma chairetqui boit mon sang,
aura la vie en lui ; celui qui mangera de ce pain,
vivra éternellement. » L'Eucharistie est donc la
vie de notre âme, pour ce monde d'abord, en
la détournant du péché qui la ferait mourir j et
selon la promesse de Notre-Seigneur, l'Eucha-
ristie devient encore pour nous le gage de la vie
éternelle. Dieu pourrait-il ne pas ouvrir le Ciel
à l'âme qu'il trouvera toute remplie de la pré-
sence de son fils bien-aimc ?
En réfléchissant à ces grâces précieuses de la
DES SACREME>TS. 91
saillie communion, et surtout à la majesté, à la
sainteté du Dieu qui daigne s'abaisser jusqu'à
se donner aux hommes, on se demande, mes
chers enfants , comment jamais , il sera possible
de mériter un tel bienfait , une faveur si grande.
Les anges du Ciel, ces créatures pleines de pureté
et d'innocence, seraient encore mille fois indi-
gnes de s'unir à Jésus-Christ ; oserons-nous bien
nous approcher de lui, nous qui sommes si loin
de ressembler aux anges 1 mais Dieu veut bien
se contenter de notre faible cœur, dont il con-
naît les misères, et pour y descendre, sa bonté
n'exige que les dispositions qu'il dépend de nous
de lui offrir.
Afin de rendre du moins ces dispositions
aussi bonnes et aussi ferventes que possible , il
est d'usage, d'employer plusieurs années à pré-
parer les enfants à leur première communion,
et de ne leur permettre de la faire, que lors-
qu'ils sont arrivés à un âge, où, corrigés des
premiers défauts de l'enfance, et ijistruits des
vérités de la religion, ils puissent bien sentir le
prix du divin bienfait qui leur est accordé.
C'est en suivant les instructions du catéchisme,
92 DES SACREMENTS.
mes chers enfants , que vous vous préparez à
bien faire votre première communion. Le caté-
chisme est l'école de Jésus-Christ; là, on ap-
prend à connaitre, à bien aimer surtout, celui
qui est devenu notre ami, notre frère; là, des
prêtres , d'une bonté paternelle, expliquent la
sainte loi , cherchent à graver dans la mémoire
des enfants les belles leçons de l'Evangile ; là,
on chante de pieux cantiques à la louange de
Dieu; là enfin, on s'efforce d'acquérir les vertus
qui lui plaisent. 11 n'est pas, je crois, néces-
saire, mes enfants, de vous exhorter à suivre
avec zèle les instructions du catéchisme, à en
bien remplir les devoirs ; ils sont si doux , et
si faciles qu'on s'en acquitte avec bonheur. Les
moments passés aux pieds de Notre-Seigneur ,
dans l'asile qu'il ouvre à l'enfance, sont assuré-
ment les plus heureux moments de la vie, et
nulle part on ne saurait trouver de plus^ vérita-
bles plaisirs.
Comme le saint roi David s'occupait du projet
de construire le temple d'Israël : « L'entreprise
est grande (s'écriait-il un jour), car c'est , non pas
à un homme , mais à Dieu que je dois bâtir une
DES SACREMENTS. 93
demeure.» Ne pourriez vous pas vous le dire ,
encore à vous-mêmes, mes chers enfants, en
pensant à voire première communion: oui, l'en-
treprise est grande, et si grande que je ne puis
m'en occuper trop tôt , mettre trop de soin et de
zèle à y préparer mon cœur, ce cœur qui doit
devenir le temple de Jésus-Christ. Demandez-lui
donc chaque jour dans vos prières, mes enfants,
la grâce de bien faire votre première commu-
nion; demandez surtout, cette grâce toutes les
fois que vous vous trouverez à l'église, devant
le Saint-Sacrement.
INSTRUCTION
SUR LA RELIGION, ET SUR LES DEVOIRS DES
E>FA>TS.
Devoirs envers Dieu. — De la prière. —
Quelles sont les bonnes prières. — Expli-
cation du Poter. — Du dimanche. — Du
respect dans rÉglise. — De l'amour du
prochain. — Devoirs envers les parents.
— Devoirs envers les maîtres. — Devoirs
envers les vieillards. — De Tobéissance. —
Du bon exemple. — Devoirs envers les
inférieurs. — De l'aumône — De la con-
science. — Du péché. — De l'orgueil. —
De l'envie. — Du mensonge. — De la mé-
disance. — De la curiosité. — De la gour-
mandise. — De la colère. — De la paresse.
— De la patience et du courage. — De
l'Église catholique. — Dévotion à la sainte
Vierge. — Des anges. — De la mort. —
Du jugement et de l'éternité.
DEVOIRS ENVERS DIEU.
Vous adorerez le Seigneur rotre
Dieu, et vous ne servirrz que lui
Delt. VI. — t3.
La Foi, l'Espérance, la Charité, l'Adoration;
tels sont, mes enfants , nos principaux devoirs
envers Dieu. La foi consiste à croire en lui ; l'es-
pérance à espérer en lui ; la charité à l'aimer de
tout son cœur ; l'adoration à lui rendre le culte
qui lui est dû, à le servir selon qu'il le demande.
LA FOI.
Croire en Dieu , c'est d'abord croire que Dieu
existe. Et qui pourrait en douter, mes enfants ,
98 SUR LA RELIGIOX,
en contemplant le beau spectacle de Tunivers ,
toutes les merveilles que renferme le monde?
qui pourrait supposer que le ciel et la terre se
sont faits tout seuls et par hasard?
La foi consiste encore à croire à la parole de
Dieu , écrite dans les livres saints, et à toutes les
vérités que nous enseigne l'Eglise. Ces vérités
s'appellent des articles de foi. Parmi elles, il en
est un grand nombre que vous ne pouvez com-
prendre, que vous ne comprendrez même jamais,
car elles sont au-dessus de l'intelligence hu-
maine : ce sont des mystères. Nous sommes
néanmoins obligés de les croire aussi fermement
que si nous les comprenions, car Dieu, qui nous
enseigne ces vérités, ne veut jamais nous trom-
per; jamais non plus il ne pourrait se tromper
lui-même. S'il vous semblait difficile de croire
ce que vous n'avez pas vu, ce que vous ne sau-
riez comprendre , je vous ferais remarquer , mes
enfants, que vous ne doutez pas des faits rappor-
tés dans l'histoire .cependant ils ne se sont point
passés sous vos yeux. Vous croyez aussi au chan-
gement des saisons, aux fleurs qui viennent sur
les arbres , aux fruits qui succèdent aux fleurs , à
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFA>TS. 99
l'épi de blé produit par une pelite graine semée
dans la terre : vous voyez tout cela , il est vrai ,
mais le comprenez-vous? non, sans doute. Ces
choses sont pour vous autant de mystères; pour-
quoi donc alors hésileriez-vous à croire les mys-
tères de la religion ?
Ce doute , mes enfants, serait un manque de
foi. On pèche encore contre la foi en négligeant
de s'instruire dans la religion, dont l'étude est
nécessaire pour nous apprendre les choses que
nous sommes obligés de croire.
L'ESPERANCE.
Espérer en Dieu , c'est attendre de sa bonté in-
finie le bonheur du Ciel après notre mort, et les
grâces dont nous avons besoin pour y arriver.
Notre espérance se fonde, mes enfants, sur la mi-
séricorde de Dieu pour les hommes , sur les mé-
rites de Jésus-Christ, qui s'est fait notre Sauveur
et notre intercesseur près de son père; sur la
100 SUR LA RELIGION,
promesse^ enfin, que Dieu nous a donnée de ne
jamais nous refuser son appui. Ne trouvez-vous
pas , chers enfants, que c'est une bien grande
bonté à Dieu de nous avoir fait un devoir de
l'espérance, sentiment si doux, si consolant, si
naturel! Vous ne pensez pas, j'en suis bien sûre,
qu'il soit possible de manquera un pareil devoir.
Sans vous en douter, cependant, peut-être, mes
amis, y avez-vous manqué vous-mêmes ! Lors-
qu'il vous arrive de dire que vous ne sauriez
corriger tel ou tel de vos défauts, ni jamais
vaincre votre caractère, ce sentiment de décou-
ragement est un manque d'espérance, d'espé-
rance dans le Dieu des faibles et des enfants.
Les pauvres et les affligés qui se laissent aller au
désespoir, pèchent aussi contre l'espérance qu'il
faut avoir dans la Providence , dans le Dieu qui
console.
Vous comprenez bien, je pense, mes enfants,
que jamais la confiance en Dieu et l'attente de
son divin secours pour faire notre salut , ne doi-
vent nous dispenser d'y travailler d'abord avec
ardeur. Il faut du zèle et de la bonne volonté
pour obtenir la grâce de Dieu, et s'il consent à
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFANTS. 101
nous venir eu aide, c'est à coiulilion que nous
aurons commencé par nous aider nous-mêmes.
DE LA CHARITE.
La cliarilé consiste à aimer Dieu de tout son
cœur, et par-dessus toutes choses. La foi, l'espé-
rance; voilà, mes enfants, les fondements de la
charité. Comment, en effet, ne pas aimer le Dieu
que la foi nous montre si puissant et si bon , le
Dieu de qui nous attendons des grâces si abon-
dantes. Ne nous a-t-il pas, d'ailleurs, le premier,
témoigné son amour ? E t vous, en particulier, mes
enfants, vous, si jeunes encore, n'étes-vous pas
déjà comblés de ses bienfaits? Vous, élevés dans
la vraie religion , au sein de la véritable Eglise ,
vous, entourés de tant de soins et de tant d'amour!
En vérité, pour savoir combien le Seigneur est
bon, il suffirait de raconter l'histoire de votre
existence si douce et si heureuse. Aimez donc
Dieu du fond de l'âme; aimez-le par-dessus
6.
102 SUR LA REDIGIO^,
toutes choses- aimez -le plus que les personnes
qui vous sont le plus chères, car c'est lui qui
vous les a données, lui qui les a rendues bonnes
et tendres pour vous.
On ne peut pas toujours, je le sais, sentir pour
Dieu , dans le cœur, un amour aussi vif que celui
que l'on éprouve pour un père; mais, en pensant
souvent à Dieu, en se rappelant ses divins bien-
faits , on s'attache à lui par la reconnaissance ;
et puis, mes enfants, l'aimer, il nous l'a dit lui-
même , c'est surtout garder sa parole, c'est faire
sa volonté.
SE L'ADORATION.
Adorer Dieu , c'est lui rendre le culte que nous
lui devons , comme à notre créateur et à notre
maître. A Dieu seul appartient l'adoration. On
ofîVe des hommages à la sainte Vierge et aux
Saints ; on leur adresse des prières, mais sans,
pour cela, les adorer.
ET SUK LES DEVOIRS DES E^FA^TS. 103
Le culte que nous devons à Dieu est intérieur
et extérieur. 11 doit être intérieur, c'est-à-dire
partir de l'âme. En vain , pour réciter des priè-
res, se mettrait-on à genoux, les mains jointes,
on n'adore pas Dieu, si alors on pense à autre
chose qu'à lui. Dans ce cas, mes chers enfants,
on mérite le reproche qu'autrefois Notre-Sei-
gneur adressait aux Juifs : « Ce peuple m'honore
des lèvres, disait-il, mais son cœur est loin de
moi. »
Le culte extérieur également ordonné de
Dieu , consiste dans les prières et les cérémonies
en usage dans l'Eglise. Les prières sont l'expres-
sion des sentiments que nous offrons à Dieu. Les
cérémonies ont pour objet de fixer notre esprit
sur de pieuses pensées. Dans tous les exercices
de la piété, mes chers enfants, nous devons
conserver un maintien humble, respectueux,
recueilli ; car tout en nous, le corps aussi bien
que l'àme , doit adorer Dieu et lui rendre
hommage.
DE LA PRIERE.
Peisévérez , etveillei dans la prière.
St. Paul. Coloss. iv. — 2.
La prière, mes chers enfants, est un entretien
avec Dieu , un entretien dans lequel nous lui
parlons du cœur plus encore que deslèvres. Prier
Dieu, c'est oublier ses affaires, ses études, ses
jeux, ses plaisirs, pour ne penser qu'à Dieu qui
est au ciel, et en même temps près de nous sur
la terre; et quand nous nous sommes bien per-
suadés que Dieu est là, présent, et qu'il nous
écoute, alors nous lui disons nos pensées, nous
lui demandons ce qui nous est nécessaire , nous
admirons sa toute puissance, nous nous sentons
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SUR LES DEVOIRS DES ESFAÎNTS. 105
Taimer pour sa grande bonté : voilà ce que c'esl
que la prière.
La prière est un de nos premiers devoirs ;
Dieu nous l'ordonne dans plusieurs passages de
son Evangile; et Notre-Seigneur, qui n'avait
sûrement pas besoin de prier , le faisait néan-
moins sans cesse, pour nous donner l'exemple
de cette sainte occupation. Ce serait donc, d'a-
bord, désobéir à Dieu que de négliger la prière,
ce serait ensuite être bien ennemi de soi-même,
cl vous le comprendrez aisément.
Nous avons, mes enfants, un besoin continuel
du secours et des bienfaits de Dieu. Lui seul peut
nous conserver la vie qu'il nous a donnée , et
nous la perdrions, à l'instant où il cesserait de
veiller sur nous. 11 fait croître les fruits et les
plantes qui servent à notre nourriture; il donne
aux fontaines, Veau qui nous désaltère, aux
agneaux la laine, dont on nous fait de chauds
vètemenls ; chaque jour , il éloigne de nous des
dangers sans nombre ; et dans nos maladies ,
mes enfants, qui bénit les soins de ceux qui nous
aiment? Qui donne à de simples fleurs des champs
iiuc vertu poumons guérir? C'est Dieu.
lOG SUR L\ RELIGION,
Si, comme vous le voyez , les besoins de notre
corps, nous obligent à recourir souvent à la
prière, les besoins de notre ûme, ne sont pas
moins nombreux, et ils ont, mes enfants, une bien
plus grande importance. L'àme vaut mieux que
le corps, puisqu'elle a été créée à l'image de
Dieu, et qu'elle est immortelle. C'est donc pour
elle surtout, que nous devons prier. La santé de
Vàme et sa beauté, c'est l'innocence et la sagesse:
le péché la défigure aux yeux de Dieu , qui dé-
teste le mal; et rien d'impur, nous dit Notre-
Seigneur , n'entrera dans le royaume des cieux.
Comment l'homme pourrait-il, mes enfants, ré-
sister aux mauvais penchants qui l'entraînent,
lui qui, dès le moment de sa naissance, est en-
clin au péclié ! Vous-mêmes, si jeunes encore,
ne la sentez-vous pas , celte triste disposition au
mal, et ne vous arrive-t-il pas de dire que les
devoirs sont ennuyeux , l'obéissance très diffi-
cile, que vous ne pouvez vous corriger, changer
votre caractère. Hélas! les grandes personnes ne
le peuvent pas plus que vous, à elles seules, mais
on peut tout avec le secours de Dieu, ce secours
qu'on appelle la grûce, et que Dieu ne manque
ET SUR LES DEVOIRS DES EM'A>iTS. 107
jamais d'accorder à une fervente prière. «Deman-
dez et vous recevrez » , a dit Notre-Seigneur : et
ses paroles sont la vérité même.
Quand faut-il prier? Jésus-Christ nous ap-
prend, mes enfants, qu'il faut prier sans cesse, et
je viens de vous montrer combien cela nous est
nécessaire. Ne vous contentez donc pas de faire
exactement vos prières du matin et du soir, mais
habituez -vous à prier encore de temps à autre
dans la journée. Vous le pouvez sans vous met-
tre à genoux, et, sans adresser à Dieu beaucoup
de paroles. Une bonne pensée est une prière ;
une bonne action , un devoir bien rempli , une
tentation vaincue, ce sont autant de prières dont
Dieu comprend le langage. Et puis , dans une
journée, que d'occasions d'élever votre cœur
vers Dieu ! Tantôt, c'est pour le remercier des
plaisirs qu'il nous donne : a Seigneur, que vous
êtes bon pour moi ! dites-lui alors.» Tantôt, c'est
pour lui demander de venir à votre secours,
quand vous êtes tenté de mal faire. « Mon Dieu,
direz-vous, j'ai bien envie de céder à ma vanité;
ù ma paresse, mais j'ai encore plus envie d'être
sage; aidez-moi.»
108
SUR L\ RELIGIOIV, ETC.
C'est ainsi, mes enfaiils, que la prière tous
deviendra familière et douce, et que vous mé-
riterez les bénédictions que Dieu est toujours
disposé à lui accorder.
QUELLES SONT LES BONNES PRIÈRES.
Je prierai de cœur et je priera!
avec intelligmce.
St. Patl. I. Cor. XIV. — i5.
Il faut crabord , mes chers enfants , prier Dieu
avec un grand respect, car nous sommes de
pauvres créatures bien faibles, souvent bien
coupables, et nous parlons, dans la prière, au
maître tout puissant de l'univers, au Dieu qui
est la sainteté même.
Il faut prier encore avec attention, penser
à ce qu'on dit, et non pas à autre chose ; ne
pas tourner la tête de côté et d'autre , pour
voir ce qui se passe autour de soi ; ne pas réci-
ter sa prière à la liûte, pour avoir plu*; tôt fini ,
110
ou bitn encore, ne prier que par liabiludc, el
pour ainsi dire sans y penser ; mais chaque fois
que nous prions , il faut nous recueillir, afin de
mettre toute notre attention aux paroles que nos
lèvres prononcent. C'est bien le moins que nous
semblions désirer les grâces que nous deman-
dons à Dieu. Comment voulons- nous qu'il
nous écoute, dit un saint, si nous ne nous
écoutons pas nous-mêmes ? A la vérité , mes en-
fanls, il est difficile, et surtout à votre âge , de
penser un peu de temps , quelques minutes seu -
lement, à la même chose. Dieu le sait, et son
indulgente bonté vous pardonnera les distrac-
tions que vous aurez dans vos prières, si ces dis-
tractions sont involontaires, et si vous cherchez
à les éloigner de votre esprit.
Nous devons encore prier avec confiance, et au
nom de Jésus-Christ; car, nous dit-il : « Tout ce
que vous demanderez à mon père en mon nom,
il vous le donnera. » 0 mes enfants, quelle en-
courageante promesse, pour nous, qui avons
tant à demander! Invoquez donc avec confiance
le nom sacré de Jésus-Christ; c'est par lui que
vous obtiendrez toutes sortes do grâces.
KT SUK LES DEVOIRS DES E>FA>TS. 111
Eiîiiiî, nous devons prier avec persévéranor,
elne point nous lasser, lors même que nousn'o))-
lenons pas promptement ce que nous avons de-
mandé à Dieu. Ne craignez point , mes amis , de
le fatiguer par vos prières ; il est bien plus
patient que les hommes ; d'ailleurs, ne chérit-il
pas les enfants de votre iige, et sur la terre ne se
plaisait^il pas à s'en voir entouré^ Lorsque vous
vous âdi'essez à lui, rappelez -vous seulementque
les seules prières qui lui soient agréables, sont
les prières du cœur. Pensez à Dieu, aimez-le bien,
c'est le secret des bonnes prières, comme celui
de toutes les vertus.
Que demanderez-vous à Dieu , mes chers en-
fants? Avant tout, la sagesse, le premier, le plus
grand des biens, celui avec lequel vous sauriez
vous passer de tous les autres. Vous pourrez
ensuite demander, pour ceux que vous aimez ,
et pour vous-mêmes, la santé, le bonheur,
des plaisirs purs ; Dieu le permet sans doute ;
mais en lui demandant ces choses, il faut se
résigner à ne pas les obtenir, si telle éîait sa
volonté; car il sait mieux que nous-mêmes ce
qui L'st bon pour nous.
EXPLICATION DU PATER
Voici donc comme vous prierez.
St. Matth. vt. — 9.
Notre-Seigneur se trouvant un jour, mes en-
fants, environné d'une foule de peuple , que le
bruit de ses miracles avait attirée à sa suite, il
se rendit sur une montagne, du haut de laquelle
il instruisit cette multitude avide d'entendre sa
parole. L'Evangile nous rapporte en entier l'ad-
mirable sermon que Jésus-Christ fit alors, et qui
est l'abrégé de la divine loi qu'il venait donner
à la terre. Le devoir sacré de la prière ne pouvait
être oublié par Notre Seigneur; aussi, voulant
nous apprendre à le bien remplir , et corriger en
même temps l'erreur, assez commune alors , de
croire que les plus longues prières sont aussi les
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFA>TS. 113
meilleures: «Quand vous priez, dit Jésus-Christ,
ne faites pas de grands discours; votre père
sait de quoi vous avez besoin, avant que vous
le lui demandiez. Vous prierez donc de cette
manière :
« Notre père qui êtes aux cieux, que voire nom
« soit sanctifié; que votre règne arrive; que vo-
« tre volonté soit faite , sur la terre comme au
« ciel; donnez-nous aujourdhui notre pain quo-
« tidien,etpardonnez-nous nos offenses, comme
« nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé.
(c Ne nous induisez pas en tentation, mais déli-
ce vrez-nous du mal. Ainsi soit-il. »
Celte prière, appelée V Oraison dominicale ^ ce
qui signifie la prière du Seigneur, est la meil-
leure que nous puissions faire, puisqu'elle nous a
été dictée par Jésus Christ lui-même. C'est pour-
quoi l'Eglise la répète très souvent dans ses offi-
ces, les parents l'apprennent à leurs petits enfants
aussitôt qu'ils commencent à parler, et, chaque
jour, nous la disons à nos prières du matin et du
soir. Tâchez, mes chers enfants, de ne pas la
114 SUR L.\ RELIGIOiX,
réciter par routine. Je vais vous expliquer cha-
cune de ses paroles, qui toutes renferment des
sentiments que vous pouvez comprendre, et
dont il est bon de se pénétrer, en adressant à
Dieu cette admirable prière.
NotrePère, disons-nous d'abord; etnesommes-
'nous pas les enfants de Dieu ; ne nous a t il pas
créés dans sa puissance, et adoptés par sa mi-
séricorde, pour frères de Jésus-Christ, son fils?
West ce pas lui aussi qui nous consei-ve, lui qui
nous a tout donné , tout, jusqu'aux parents qui
ont soin de notre enfance ? Il est donc notre
premier père; il est encore le meilleur de tous
les pères. Mon Dieu, suis-je bien pour vous un
tendre et docile enfant?
Nous appelons Dieu notre père, parce qu'il est
le père de tous les hommes, et parce que nous
devons toujours prier les uns pour les autres.
Qui êtes dans les deux. Dieu est présent par-
tout; mais le ciel est particulièrement le séjour
de sa gloire, et c'est là que les sainis et les anges
lui chantent un éternel cantique de louanges et
ET SUR LES DEVOIKS DES E'>F\>TS. 115
d'adoration. Le ciel est la maison de notre père,
où chacun de nous a sa place réservée. O mes
enfantb! faisons le bien sur la terre , pour méri-
ter d'aller un jour rejoindre notre père qui al
an ciel.
Que votre nom soit sanctifié! Le nom de Dieu
est le plus saint des noms; il ne peut le devenir
davantage par nos prières; mais ce que nous
demandons, c'est que ce nom divin soit conim
et adoré par toute la terre; qu'il cesse d'être
blasphémé par les impies, et que nous-mêmes
enfin, nous ne le prononcions jamais qu'avec
respect et avec amour.
Que votre règne arrive. Dieu est le roi des
rois, le maître de toutes choses; mais il désire
et nous souhaitons de voir son règne s'établir
dans tous les cœurs. Ne lui refusez pas les vôtres,
mes chers enfants; il ne vous les demande que
pourles rendre heureux.
Que votre volonté soit faite sur la terre comme
au ciel, 11 n'y a qu'une seule volonté dans le
ciel : la volonté de Dieu, à laquelle ks anges et
J16 SUR LA RELIGIOiX,
les saints se soumettent avec bonheur. Ici-bas ,
au contraire, chacun voudrait se conduire selon
sa fantaisie: nous suivons ordinairement nos
goûts et nos eaprices, aux dépens de la loi de
Dieu. Le plus souvent, nous nous révoïlons
contre ceux qui tiennent de lui le pouvoir de
nous commander, et il nous arrive de murmu-
rer des événements de la vie qu'il permet ou
qu'il ordonne. C'est donc en vain, mes enfants,
que nous demandons à Dieu, dans la prière, que
sa volonté se fasse, si nous refusons de la faire ,
et il faut donc d'abord y soumettre nos cœurs ,
afin de pouvoir dire ensuite avec franchise:
Mon Dieu! je n'ai plus d'autre volonté que la
vôtre; je veux vous obéir sur la terre, comme
les anges vous obéissent dans le ciel.
Domiez-ïious aujourd'hui notre pain quoti-
c?/e/i.Par ces paroles, mes enfants, nous prions
Dieu de nous accorder ce qui est nécessaire à la
vie de nos corps, comme à celle de nos âmes. Les
pauvres, qui n'ont d'autres moyens d'exis-
tence que ceux que la Providence leur envoie ,
attendent véritablement d'elle un morceau de
ET SUR LES DEVOIRS DES Ei\FA>TS. 117
pain pour chaque jour. Les riches^ qui peuvent
acheter leur nourriture , la demandent cepen-
dant aussi à Dieu , pour reconnaître que c'est
de lui qu'ils ont reçu leur fortune, et tous, nous
ne demandons que du pain, pour nous souvenir
que nous devons vivre simplement, et nous con-
tenter de peu de chose. Si, dans votre bonté, ô
mon Dieu, vous nous donnez plus que le néces-
saire, nous vous promettons de partager avec
les malheureux.
Le pain qui fait la nourriture de l'âme, est la
grâce de Dieu, sa divine parole, et surtout la
sainte Eucharistie, que vous aurez le bonheur
de recevoir un jour.
Et pardonnez-nous 7ws offenses, comme
nous pardonnons à ceux qui nous ont offeîisés .
Le pardon accordé à ceux de nos frères qui nous
ont fait du tort ou de la peine, est la condition du
pardon que Dieu nous accorde à nous-mêmes,
quand nous l'avons offensé. Dieu sera sans pi-
tié pour ceux qui n'auront pas eu de pitié pour
les autres. Et quel malheur ce serait, mes enfants,
que de ne plus oser compter sur uue miséricorde
118 SUR LA RELIGION, ETC.
dont nous avons si grand besoin ! N'ayons donc
pas de rancune ; oublions le mal, et pardonnons-
le de bon cœur, afin que le Seigneur oublie aussi
nos fautes, et nous pardonne à son tour.
ISe nous induisez point €71 tentation. Dieu ne
tente jamais personne, mes enfants; il permet
seulement que nous soyons tentés par le démon.
Voilà pourquoi nous demandons à Dieu tous les
jours d'éloigner de nous, s'il se peut, les occa-
sions qui nous exposent au malheur de l'olTen-
ser, pourquoi nous le prions de ne pas permettre
que nous soyons jamais tentés au-delà de nos
(brces.
Mais délivrez-iious du mal. Par cette dernière
demande, mes enfants, nous prions Dieu de nous
préserver de tout mal, des souffrances du corps,
des chagrins du cœur, et surtout du véritable
mal, celui qui est le plus à craindre , le péché ,
qui nous rendrait les ennemis de Dieu.
LE DIMANCHE.
S>"VPin î! vous <|p saïKlifier U-jour
ou Niibbdl.
llxifO. XX, — Jî.
Si, dans la semaine , il est un jouipailiculic-
rement consacré au Seigneur, ce n'est pas, mes
chers enfants, que tous les jours de noire exis-
tence , n'appartiennent à Dieu , ne doivent être
employés à son service. Mais ce Dieu de bonté,
qui pourrait exiger pour lui seul chacun des
instants de la vie qu'il nous a donnée, nous per-
met d'employer six jours sur sept, à nos études,
a nos affaires, et pourvu que jamais nous ne
nous écartions de la volonté du Seigneur ,
pourvu que clîacuuc de uos actions soil iailc on
120 SUR LA RELIGIOirf,
vue de lui plaire , nos journées peuvent être
sanctifiées et notre vie vraiment chrétienne,
sans qu'il nous soit ordonné de passer de lon-
gues heures à l'église, de nous livrer à de nom-
breux exercices de dévotion L'accomplissement
du plus simple devoir, offert à Dieu dans une
intention pieuse , est encore une manière de le
servir, et, comme l'a dit avec vérité un père de
l'Eglise, un saint devenu bien célèbre: le tra-
vail est une prière.
Mais il est un jour que Dieu s'est réservé tout
entier. Ce jour est à lui , il porte son nom, c'est
le dimanche, le jour du Seigneur. Et, remar-
quez le bien, mes enfants^ ce n'est pas unique-
ment pour sa gloire, que Dieu a commandé le
repos du septième jour; c'est dans une pensée
toute paternelle. Lui, qui a créé les hommes, il
sait que leurs forces s'épuisent , qu'un travail
trop assidu, trop prolongé, pourrait leur être
nuisible, et qu'il est bon, que de temps à autre,
une journée de repos, en réparant la fatigue des
jours passés, vienne donner de nouvelles forces
pour le travail du leniemain.
Chez les Hébreux , le jour du Seigneur était
ET SLR LES DEVOIPiS DES E]NFA>TS. 121
le dernier de la semaine; on l'appelait le Sabbat.
Dieu lui-même a^ailordonnéde choisir ce jour,
en mémoire de celui où il se reposa , après
avoir créé le monde. Voici les propres paroles du
Seigneur à son peuple: « Souvenez-vous de
sanctifier le jour du sabbat. Vous travaillerez
pendant six jours , mais le septième vous ne fe-
rez aucun ouvrage, car votre Dieu s'est reposé
le septième jour, et c'est pourquoi il a béni ce
jour, et l'a consacré à son service. »
Dans l'ancienne loi, mes enfants, le repos du
sabbat était si rigoureusement gardé qu'on ne
pouvait l'enfreindre, delà manière la plus légè-
re, sous peine d'être puni de mort. Toute espè-
ce de travail était si sévèrement interdit, que la
nourriture même devait être préparée la veille.
La manne du désert, qui tombait chaque matin
pour les Israélites , cessait de tomber le jour du
sabbal. Le peuple en recueillait le jour précé-
dent une plus grande quantité, et Dieu permet-
tait qu'elle pût se conserver fraîche pen lant
deux jours.
Dans noire religion, le jour du repos est le di-
manche, parce que ce jour , le premier de la se-
122 SUR LA RELIGIOÎN ,
maine, fCil le jour de la résurreclion de Noire-
Seigneur. Moins sévère que la loi de Moïse,
pour la sanclificalion du dimanche, l'Eglise
ordonne touletois aux fidèles d'entendre la
Messe, et de s'abstenir des œuvres serviles, c'esl-
à-dire du travail des mains. Elle veut aussi
qu'ils s'occupent, autant qu'ils le peuvent, de
}30nnes œuvres , comme assister aux offices du
soir, entendre la parole de Dieu , faire quelque
bonne lecture, donner l'aumône aux pauvres,
en un mot: garder le dimanche ^ en servant Dieu
dévotement.
Mais il se pourrait, mes cliers enfants, qu'on
eût passé la plus grande partie du dimanche à
l'i^glise , sans avoir réellement sanctifié le jour
du Seigneur. C'est encore par la pieuse dispo-
sition de l'ùme, etl'absence du péché, qu'on rem-
plit le commandement de Dieu Voilà ce dont il
faut se souvenir.
11 est juste, mes enfants, que le dimanche soit,
pour vous, non-seulement un jour de repos ,
mais un jour de récréation; il faudrait toutefois
réserver un peu de temps pour des occupations
miles. Passer on revue la semaine précédente;
ET SUR LES DtVOIllS DES E?.F\ÎNTS. 123
former de bonnes résolutions pour celle qui va
commencer; mellre en ordre vos affaires et vos
livres; régler vos petites dépenses; ce serait as-
surément là, faire un bon emploi du dimanche.
Je voudrais encore qu'à vos plaisirs même,
vînt se mêler une pensée religieuse, qui jamais
ne saurait les attrister; elle éloignerait de vos
jeux , les disputes ordinaires , vous rendrait
plus aimables envers vos camarades, mieux dis-
posés à la complaisance pour un plus jeune
frère , ou pour une petite sœur.
Souvenez-vous en un mot, mes enfanls, que
tout, dans votre conduite, devrait faire distin-
guer le dimanche du reste de la semaine, et
montrer que le dimanche est un jour saint, que
c'est le jour du Seigneur !
-iO-:
r%2Rsi
m^<^^
DU RESPECT DANS L'EGLISE.
Ma maison est une maison de prière.
St. M*tth. XXI. — i3.
En ce temps-là , c'était six jours avant sa pas-
sion, Notre-Seigneur, étant entré dans le tem-
ple de Dieu, en chassa tous ceux qui étaient
venus pour y vendre et y acheter; il renversa
leurs tables et leurs sit'ges à terre, et il dit : « Ma
maison est une maison de prière, et vous en
avez fait une caverne de voleurs. «
Que d'instructions pour nous dans ce peu de
lignes du saint Evangile ! Méditons les, mes en-
fants, elles nous feront connaître les sentiments
et les dispositioufi que nous devons avoir en
venant à Fédise.
ET SUR LES DEVOIRS DES E!yF\?iTS. 125
Jésus-Christ, en parlant du temple, dit ma
maison. C'était, en effet, dans le temple de Jé-
rusalem qu'liabitait la majesté divine ; c'était
là, l'endroit que Dieu s'était choisi pour rece-
voir les adorations de ses créatures, pour leur
faire entendre sa voix. Une église catholique,
mes enfants, peut, à bien plus juste titre
encore, être appelée la maison du Seigneur.
Jésus - Christ y réside véritablement dans
le sacrement de l'Eucharistie. Nos yeux ne
peuvent le voir; mais la foi nous le montre,
réellement présent au milieu de nous. O mon
Dieu ! si nos cœurs étaient mieux pénétrés de
votre auguste présence, c'est bien alors que
votre maison serait la maison de la prière , de
cette prière, qui consiste à vous louei", à vous
bénir, à implorer votre secours, à vous confier
nos misères! Pauvres enfants, vous surtout,
qui avez tant besoin que Dieu vous bénisse et
vous protège ! lorsque vous venez à l'église,
comment oubliez-vous si souvent, que vous
êtes en la présence de celui qui peut tout ce
qu'il veut, et qui voudra toujours exaucer une
humble et bonne prière.*
120 SLR L\ UELiGiOn ,
Si Noire - Seigneur paraissait loul-à-coup
dans le temple, mes amis, il n'y trouverait plus,
à la vérité, des vendeurs semblables à ceux qu'il
chassait autrefois avec tant de colèrej mais aussi,
combien de chrétiens sans ferveur , que d'en-
fants dissipés et distraits, auxquels Jésus pour-
rait dire encore, avec le ton du reproche : « Ma
maison est une maison de prière ! Laisser son
esprit errer sur des pensées étrangères à la
piété; n'être occupé qu'à remarquer les gens
qui entrent dans l'église, et ceux qui en sor-
tent; examiner curieusement le maintien, peut-
être même la toilette des personnes qui vous
entourent, plutôt que de regarder en dedans
de vous-mêmes ce qui peut y déplaire à Dieu,
n'est-ce pas là, mes enfants, manquer de res-
pect pour le saint temple, n'est-ce pas là pro-
faner la maison du Seigneur? Et cette faute doit
être bien grave aux yeux de Jésus-Christ, puis-
qu'elle est la seule qu'il ait voulu punir avec
une sévérité qui ne lui était pas ordinaire, à lui,
toujours si bon, toujours si plein d'indulgence
et de douceur !
Je sais, mes enfanis, et Cieu n'ignore pas
tT SVR LES DEVOIRS DES E>FA:^TS. 1'27
que souvent Toffice doit être long pour votre
jeune ûge. Il peut arriver aussi, que parfois
le sermon soit au-dessus de votre intelligence.
Si, néanmoins, vous y prêtiez une oreille atten-
tive , vous pourriez retenir , çà et là , quel-
ques simples avis, que Dieu saurait bien vous
faire comprendre, en récompense de votre res-
pect pour la sainte parole. Ce respect, mes
amis, serait assurément plus chrétien, et en
même temps plus profitable pour vous, que les
observations souvent malignes, et peu conve-
nables, que vous vous permettez de faire, sur
les gestes et la voix du prédicateur.
Lorsque l'office se prolonge, on ne vous de-
mande pas, mes enfants, cette attention soute-
nue qui pourrait devenir une fatigue. Quand
vous avez long-temps prié, fermez un moment
votre livre, mais conservez du moins le pieux
recueillement de l'àme , et demeurez dans
une tranquillité respectueuse, afin de ne trou-
bler personne autour de vous. Vous pourriez
alors examiner l'intérieur de l'église , tout y
deviendrait pour vous le sujet d'utiles ré-
flexions
128 SUR LA RELIGION,
Voici d'abord, à l'entrée de l'église, l'urne de
pierre qui contient l'eau bénite. Celte eau sainte
a coulé sur nos fronts au jour du baptême ; elle
se mêle aux principales actions religieuses de
la \ie; nos amis viendront en jeter sur nous
quelques gouttes, quand nous ne serons plus.
C'est d'ordinaire, quelque bon vieillard, un
pauvre bien connu du curé, qui, à la porte du
saint temple, présente l'eau bénite aux fidèles.
Ce petit emploi lui est accordé, comme une sorte
de retraite. Assis contre un vieux pilier, il souf-
fre moins du froid qu'en dehors de l'Eglise, et
l'on ne manque guère de laisser tomber une
légère aumône, dans la tasse de bois du bon
vieillard.
Au fond du sanctuaire , mes enfants, se trouve
le maitre autel : il est orné de cierges, parmi
lesquels s'élève la croix, signe précieux de notre
salut. Plus bas, gardé par des chérubins aux
ailes d'or, est le tabernacle, où Jésus-Chrisl
repose, dans le sacrement de son amour. Sur
l'autel, on célèbre chaque jour le saint sacrifice
delà messe; une balustrade en pierre ferme le
chœur : c'est la sainte table, oii les fidèles vien-
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFANTS. 129
lient recevoir la communion; là encore, vont
s'agenouiller ceux qui ne peuvent payer une
chaise; les pauvres gens se trouvent ainsi les
plus rapprochés de Dieu !
Voyez-vous, là-bas, cette chapelle qui se dis-
tingue de toutes les autres? C'est la chapelle de
la sainte Yierge ; elle est toujours remplie des
fleurs delà saison, toujours aussi l'on y ren-
contre des jeunes filles dont Marie est la douce
patronne, des mères qui viennent prier Marie
de protéger les jours de leurs enfants.
Ici, la chaire de vérité, du haut de laquelle le
pasteur explique l'Evangile aux fidèles; là,
le confessionnal, d'où l'on sort le cœur content
d'avoir obtenu le pardon de ses fautes; plus
loin , l'autel des morts, avec sa tenture noire,
ses tristes images, ses ornements funèbres;
vis-à-vis, les fonts baptismaux, d'où les petits
enfants reviennent de petils anges. En haut ,
près de la voûte, l'orgue aux sons graves et re-
ligieux. Enfin, sous cette arcade, commence
le long escalier qui mène aux tours élevées de
l'église. C'est là que retentissent les cloches,
qui appellent à la prière, et envoient une
loO
SUR LA RELIGIO> , ETC.
pieuse pensée aux fidèles, que le devoir ou la
maladie lient alors éloignés de la maison du
Seigneur.
Que ces réflexions, mes enfanls, occupent
doucement votre esprit, quand vous venez à
Téglise; puissiez-vous n'y jamais éprouver un
sentiment de fatigue ou d'ennui ; puissiez-vous
plutôt vous écrier avec David: «Je me suis réjoui
dans ces paroles qui m'ont été dites : Nous irons
dans la maison du Seigneur. Un seul jour, passé
dans votre temple, ômon Dieu, vaut mieux que
mille autres jours »!
DE L'AMOUR DU PROCHAIN.
Voici le scconil romiiiand>-iTi>'rit ,
qui est seinbliib'.c au preuiier : voiss
j.iiiHTCZ le |>r<jcliaiii lomtne vous-
iiièiiie.
St. Matth, XXII. — 3g.
Ce commandement si imporlani, ce comman-
dement égal à celui par lequel Dieu nous or-
donne de l'aimer et de le servir, quel esl-il
donc, mes enfants? C'est l'amour pour nos sem-
blables.
En destinant les hommes à vivre tous ensem-
ble, mes enfants, Dieu leur a imposé des devoirs
les uns vis-à-vis des autres , devoirs de bien-
veillance et d'affection réciproques, qui puissent
contribuer au bonheur de chacun de nous. Ces
devoirs envers nos semblables sonlde différentes
sortes; tous néanmoins se trouvent renfermés
dans le commandement du Soiî,Mieiir: Vous ai-
merez le prochain conirnc 7'flus-?7/r/ves. (-c pré-
132 SUK LA RELIGIOiV,
cepte, en effet, peut tenir lieu de tous les autres,
ou plutôt on remplit aisément tous les autres ,
en observant fidèlement celui-là. N'est-il pas
naturel , mes amis , de chercher à éviter le
moindre chagrin à la personne que l'on aime ,
de lui rendre , quand on le peut , de bons ser-
vices, de la plaindre dans ses malheurs , de la
consoler dans ses peines? Oui, sans doute. Aussi
tous ces bons sentimens se retrouveront dans
nos rapports avec le prochain, si, selon le pré-
cepte de Dieu, notre cœur est d'abord tout rem-
pli d'une charité sincère.
Mais quel est ce prochain que nous devons ai-
mer ? Vous croyez peut-être que ce sont seule-
ment les personnes de votre connaissance, ou de
votre pays ? Non , mes enfants , le prochain , ce
sont tous les hommes, sans en excepter un seul,
niles méchants, ni même nos ennemis, si nous
étions assez malheureux pour en avoir. Etpour-
quoi Dieu nous a-t-il fait un commandement de
nous aimer ainsi les uns les autres? C'est que
nous sommes tous les membres d'une même fa-
mille, les enfants de Dieu, lesfds d'Adam, noire
premier pf-îe. Voilà pourquoi il ne devrail pas
y avoir d'élrangers pour un chrétien, pourquoi,
dans chacun de ses semblables, il devrait trouver
un frère.
Une chaiité universelle pour le prochain, une
charité qui s'étende à-la-fois aux méchants,
aux ennemis, aux inconnus, n'est pas impossible,
comme vous pourriez le supposer, mes enfants.
Autrement, Dieu ne nous aurait pas fait un de-
voir de cette vertu; il ne nous commande rien
que nous ne puissions faire, rien dont, le pre-
mier, il ne nous aitdonné l'exemple. Dieu prend
soin de toutes ses créatures avec une égale ten-
dresse, et selon qu'il le dit lui-même, il fait luire
son soleil sur les bons comme sur les méchants.
Jésus Christ a fait plus encore que de se sacri-
fier pour le salut des hommes : il a cherché de
préférence les pécheurs, pour les combler de ses
miséricordes, et c'est pour eux, plus que pour les
justes, qu'il est descendu sur la terre. Durant son
passage ici-bas, ^"otre-Seigneur a toujours rendu
la bonté pour l'injure, le bien pour le mal. Ses
pbis cruels ennemis eux mêmes n'ont pu lasser
sa charité, et il est mort sur la croix , en priant
pour ses persécuteurs.
iok SUK L\ RELIGION,
Voilà iiolre modèle, mes enfants; dites moi
maintenant si , après un tel exemple, vous pour-
riez vous laisser aller encore à ce sentiment
d'égoïsme, qui porte à n'aimer que soi, et à
compter pour rien les autres, à ce sentiment de
rancune, qui empêche de pardonner de légères
offenses, les petites peines qu'on a pu nous faire,
sans intention peut être, et qui, par cela même,
devraient être faciles àoublier ? Et vous surtout,
heureux enfants, qui autour de vous ne rencon-
trez jamais qu'indulgence et bonté, n'éprouve-
riez-vous donc pas pour vos semblables les
mêmes sentimens? A votre âge, il est vrai, vous
avez plus besoin des autres, que les autres n'ont
besoin de vous; toutefois, un jeune enfant ne
manque pas d'occasions de se rendre souvent
utile, de se montrer prévenant, attentif, obli-
geant, serviable ; il peut surtout cherchera ne
jamais devenir importun. Et si, en faisant, par
amour pour le prochain, le peu qui dépend de
lui, il se promet de faire dansl'avenir ce qui, au-
jourd'hui, lui est impossible encore , il remplit
son devoir envers ses frères. Agir ainsi, c'est
obéir au précepte de Dieu.
ET SUR LES DEVOIRS DES EM'A>TS. 135
Kemarquez l)ien, mes enlanls. que, par ce pré-
cepte, Dieu ne nous oblige pas d'aimer tout le
monde égalemenl, et de la même manière. Il est
naturel de préférer ses parents à ses amis, ses
amis à de simples connaissances, ses compa-
triotes à des étrangers. Ceux que nous aimons
du fond du cœur , avec une tendresse particu-
lière, n'est-il pas vrai que nous les aimons beau-
coup plus que nous-mêmes ■ Et c'est seulement
comme nous nous aimons nous-mêmes^ que
Dieu nous ordonne d'aimer notre prochain.
« Ne pas faire à autrui ce que vous ne vou-
driez pas qu'on vous fit à vous mêmes. «
« Faire pour les autres ce que vous voudriez
qu'ils fissent pour vous. »
Telle est la règle qui doit nous diriger dans
nos sentiments et nos actions à l'égard des
autres. Ah ! si cette loi de charité était mieux ob-
servée, quelle paix dans le monde, quelle union
dans les familles, combien nous serions meil-
leurs, combien en même temps, mes amis, nous
serions plus heureux !
DEVOIRS ENVERS LES PARENTS.
Honorez votre père et volie luèit" , ,
afin que vous viviez long-lemps sur
i.i leiro. '^
EVOD. XX. 12. ,1
I
Mes cliers enfants, j'ai à vous parler, aujour-
d'hui du plus doux de vos devoirs , de celui que
vous remplissez avec tant de bonheur. Honorer
ses parents, les vénérer , avoir pour eux un res-
pect mêlé d'amour et de reconnaissance, y a-t- i
il un sentiment plus naturel que celui-là, et
cette obligation sacrée n'est-elle pas d'abord
écrite dans le fond de nos cœurs? Il semblerait
assurément qu'il n'aurait pas été nécessaire
de nous l'imposer comme un devoir; mais Dieu
a voulu nous montrer combien il est impor-
SLR LES DEVOIRS DES E>FA?iTS. loi
lanl pour nous de remplir cette obligation ; il a
voulu nous faire comprendre en même temps,
que d'y manquer, c'est lui désobéir à iii-
méme Si vous comprenez bien, mes enfants,
tous vos devoirs envrrs vos parents, et les mo-
tifs sur lesquels ils se fondent, vous aimerez, à
vous les entendre redire : si vous en avez oublié
quelques uns, cet entretien servira , je Tespèr^,
à vous les rappeler.
L'honneur que l'on doit à ses pères et mères,
mes amis , renferme plusieurs devoirs égale-
ment importants et sacrés : le respect , la-
mour ^ l'obéissance , la reconnaissance et les
soins.
Le respect, vous le devez à vos parents, par-
ce qu'ils occupent auprès de vous la place de
Dieu ; parce que c'est de lui qu'ils tiennent leur
autorité sur vous , et que vous dépendez entiè-
rement d'eux. Vous leur devez encore le res-
pect, à cause de leurs vertus et de leur âge, et
parce qu'enftn, après Dieu, ils sont vos premiers
supérieurs. La tendresse que vos parents vous
témoignent, leur indulgence parfois excessive ,
lesrapportsintimes,elde tous les jours, que vous
138
avez avec eux, ne doivent jamais vous faire ou-
blier, mes enfants, le respect qui leur est dû; ce
respect doit se retrouver dans toutes vos actions,
et dans votre langage. Telle parole , telle ma-
nière d'être, bien permise avec des égaux, serait
inconvenante avec des supérieurs, et tout à-fait
répréhensible vis-à-vis d'un père.
Que faut-il donc penser d'un enfant qui se
croit permis de discuter à tout propos avec ses
parents , de soutenir des opinions opposées au x
leurs, de répondre à leurs observations avec im-
pertinence? Que penser d'un enfant, qui. non-
seulement se laisse aller à blâmer intérieure-
ment ses père et mère ; mais qui , de plus , va
se plaindre d'eux à des étrangers, à ses cama-
rades? Je ne dirai pas que cet enfant n'aime
point ses parents, mais assurément je pourrai
croire qu'il les respecte fort peu.
Insister sur l'amour que vous devez à vos pa-
rents, ce serait presque vous faire injure; mais
arrôlons-nous ensemble sur cette observation,
qu'il est bon de ne pas oublier. Une affection sin-
cère , une tendresse véritable ne doivent pas rester
cachées dans le fond du cœur, ou même ne se
ET SUR LES DEVOIRS DES E>FA:<ïS. 139
lémoigner que par des paroles el des caresses :
quand on aime bien, on fait plus que de le dire,
on cherche à le prouver. Vos parents, mes amis,
vous répèlent sûrement bien des fois dans une
journée, à quel point vous leur êtes cliers , mais
en même temps, ils vous donnent encore la preu-
ve de leur tendresse, à chaque instant de votre
existence. Prouvez-leur de même votre amour,
par une crainte continuelle de leur déplaire,
par le désir de les contenter, par une obéis-
sance absolue à leurs ordres.
L'obéissance, nous en parlerons avec plus de
détail, un autre jour; mais comprenez dès à
présent, mes chers enfants, combien elle est
nécessaire. Vos parents sont chargés de vous
élever, de corriger vos défauts, de les remplacer
par de bonnes habitudes ; comment pourraient-
ils y parvenir, si vous leur résistiez^ si votre vo-
lonté ne leur était entièrement soumise.
Des attentions, de tendres soins, une vive
reconnaissance, entrent encore, mes amis, dans
le nombre de vos devoirs , envers vos pères et
mères; quelle que soit votre fidélité à vous ac-
quitter de ces devoirs, soyez bien pcrsnnd«'s,
140 SUR LA RELIGIO>',
que jamais vous nepouri ez rendre à vos pareuls
qu'une 1res faible partie de ce qu'ils ont 'ait
pour vous. Si vous saviez combien d'inquié
tudes et de peines vous avez déjà coûté à vo-
tre pauvre mère , que de nuits elle a passées
près de votre berceau, quelles étaient ses an-
goisses à vos moindres souffrances ! Si vous
aviez pu voir ses larmes, entendre ses prières,
lorsque vous étiez vraiment malades ! On peut
bien dire assurément , que vous lui devez plu-
sieurs fois la vie , et cette vie comme elle sait
vous la rendre douce !
Votre mère, mes amis, s'occupe de votre in-
struction, pour vous aplanir les difficultés du
travail : elle-même , elle veille sur votre carac-
tère, de peur que nul autre ne sache, aussi bien
qu'elle, unir la douceur à la fermeté. Quand elle
a cherché à vous rendre bons et instruits , elle
n'oublie pas vos plaisirs, tant votre gaité la rend
heureuse. Oh! qu'à votre tour, vous devriez
être empressés de rendre quelques soins à une
si bonne mère. Comment donc, par exemple,
lorsqu'elle est occupée , inquiète ou souffrante ,
ost-il si difficile d'obtenir de vous, chers en-
ET SUR LV:S DEVOIRS DES EÎNFANTS. il^\
faiils , des jeux moins bruyants, un peu de
tranquillité !
Et votre père , mes enfants , s'il nesl pas con-
linuellement auprès de vous, parce que ses af-
faires l'en empêchent, il n'en partage pas moins,
avec votre mère, tous les sentiments qu'elle
a pour vous. Ce sont souvent les travaux d'un
père de famille, et l'emploi qu'il exerce, qui
lui procurent l'aisance nécessaire pour donner
à ses enfants une bonne éducation. C'est à cause
de l'estime qu'on a pour lui , que plus tard ses
fds seront accueillis dans le monde avec intérêt
cl bonté. Cela ne mérite t- il pas une tendre
reconnaissance ?
Témoignez la vôtre à vos parents, mes en-
fants, en vous montrant toujours pour eux, res-
pectueux, dociles, prévenants, aimables. Ainsi
vous pratiquerez la piété fdiale , cette vertu l\
laquelle, dès ce monde même, le Seigneur a
promis ses bénédictions.
DEVOIRS EAVERS LES MAITRES.
obéisse/ à tos siipéiicrr":. r^r f »•
sont eux qui veillent pour le bien de
vos finie--.
St. PAOf. Heèr.xwi — i-.
Les parents sont les premiers supérieurs d'un
enfant, mais ils ne sont pas les seuls. Il en est
d'autres encore, envers lesquels l'enfant a des
obligations sacrées : ce sont ses maîtres^ les
prêtres et les vieillards.
Vos maîtres, mes chers enfants, votre gou-
verneur, ceux enfin qui sont chargés de votre
éducalion, tiennent, à votre égard, la place de
vos parents, comme vos parents tiennent la
place de Dieu ; c'est à vos maîtres, qu'a étécontié
I
SIK LES DEVOIRS DES E>F.\.>TS. \ho
le soin de vous élever, de vous instruire , de
suppléer vos parents dans les soins que, parfois ,
ils ne peuvent vous donner eux-mêmes. Un en-
fant doit doncle respect à ses maîtres, à cause
de l'aulorité qu'ils ont le droit d'exercer sur lui,
et de la confiance que ses parents leur accordent.
J'ai le regret de dire, mes chers amis, qu'il
n'en est pas beaucoup, parmi vous, qui rem-
plissent envers leurs maîtres, cet important
devoir. Tel enfant, qui respecte ses parents
comme il le doit, se conduira envers ses maî-
tres avec hauteur et dédain ; il n'aura pas de
plus grand plaisir que de les trouver en f tute,
de tourner leurs manières en ridicule; c'est !à
un sujet de plaisanteiie trop ordinaire, entre
de jeunes écoliers. Une telle conduite et irè:i
blâmable; elle déplaît sûrement â Dieu, qui
nous commande de respecter nos supérieurs.
iMes chers enfants, soyez donc pleins d'égards
et de déférence pour ceux qui vous instruisent ;
écoutez aussi leurs leçons avec docilité ; ce
devoir n'est pas moins important que le pre-
mier, et votre fidélité à le remplir tournera au
profil de votre é.lucalion, à Vavanlagc de votre
1^4 SUR LA RELIGION»,
caractère. En n'écoutant pas les avis de vos
supérieurs, c'est à vous-mêmes que vous faites
du tort^ et non à ceux qui vous élèvent- car
ils ne souffrent de votre indocilité que par
suite de l'intérêt qu'ils ont pour vous. Obéis-
sez donc à vos mailres , comme à vos pa-
rents , et si vous ne pouvez les aimer avec
la même tendresse, répondez au moins par
la reconnaissance, aux soins qu'ils vous don-
nent avec tant de zèle. Vous croire entière-
ment quilles envers eux, parce qu'ils sont
payés pour vous instruire, ce ne serait pas seu-
lement manquer de cœur, ce serait manquer
de justice: une bonne éducation est un bienfait
si précieux, que l'argent ne saurait jamais le
payer, et qu'il mérite en retour un sincère
attachement.
Les prêtres, et particulièrement votre confes-
seur, sont vos maitres, mes enfants, dans celle
de toutes les sciences qui e.st la plus impor-
tante, la science de la religion par laquelle on
apprend devenir vertueux. Les prêtres sont
€S ministres du Seigneur, les pasteurs de son
Eglise; ils transmettent aux fidèles la parole
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFANTS. 1^5
de vérité; chaque jour ils offrent pour eux à
Dieu le saint sacrifice de la Messe ; par leur mi-
nistère, nous recevons les sacrements aux diffé-
rentes époques de la vie; depuis le moment de
notre naissance, jusqu'à celui de notre mort,
le préire fait descendre sur nous les douces bé-
nédictions du Ciel : voilà plus d'un motif propre
à nous inspirer pour les prêtres un profond sen-
timent de respect , plus d'un motif pour nous
les faire considérer comme de bons et d'utiles
amis.
A l'exemple de leur divin maître, les prêtres
sont particulièrement les amis de l'enfance :
l'enfance est la portion chérie du troupeau que
Dieu a confié à leurs soins- Ceux d'entre vous,
mes amis, qui ont commencé à recevoir, des
ministres de Dieu, l'instruction religieuse, peu-
vent dire que, parmi leurs supérieurs et leurs
maîtres, aucun ne leur témoigna jamais plus
de tendresse et de bonté.
DEVOIRS ENVERS LES VIEILLARDS.
rpvpz-vons clevnnt ceux qui oui Jfs
clieveiix l)l;)iu-!>, honoivz la |M'rsoiuit-
ilu vii-illanl.
LEVITIC. XIX.
Si j'ai placé les vieillards au nombre de vos
supérieurs, c'est, mes enfants, que l'expérience
et la sagesse, fruits ordinaires d'une longue vie,
les rendent presque nos maîtres; c'est qu'un
grand âge donne des droits à notre respect , et
qu'il le mérite à plus d'un titre.
Rarement arrive-t on à la vieillesse, mes amis,
sans avoir passé par de difficiles épreuves, sans
avoir beaucoup souffert! Le vieillard a vu mou-
rir successivement tous ses amis d'enfance ;
quelquefois môme, il a perdu les objets de ses
SUR LES DEVOIRS DES E>FA?iTS. l/j7
j)liis chères afleclions, les enfants destinés à lui
survivre. Ses cheveux ont blanchi , son corps
s'est courbé vers la terre, autant peut-être
par le chagrin que par les années; tous les
vieillards ont été plus ou moins malheureux ,
et ne doit-on pas, mes enfants , du respect au
malheur ?
Le respect accordé à l'âge est un sentiment si
naturel , qu'il se retrouve dans tous les temps ,
et chez tous les peuples. A Sparte, il était en
quelque sorte une religion. Dans les premiers
temps de Rome , on honorait la vieillesse plus
que le rang et la fortune : les jeunes gens se le-
vaient de leurs sièges à l'arrivée d'un vieillard ;
au temple, au sénat, dans les assemblées publi-
ques, la première place lui était réservée.
Nous sommes bien loin, hélas! d'imiter de
tels exemples, et, sur ce point, les enfants ont
en général plus d'un reproche à se faire ; tix)p
souvent, toute personne âgée leur parait ridi-
cule, et ils sont disposés à en rire : ignorants ,
et inexpérimentés, comme ils le sont encore,
ils s'imaginent savoir plus et mieux que ceux
qui, ayant longtemps vécu, ont du par cela
9.
168 SUR LA RELIGION,
même beaucoup apprendre. Je veux bien, mes
enfants, que parfois le grand âge affaiblisse l'in-
telligence et la raison; mais savez-vous, ce qu'on
dit alors de ces bons et simples vieillards, qui
n'ont plus guère ni souvenir, ni prévoyance ,
qu'un rien amuse ou chagrine , qui ont besoin
que d'autres pensent pour eux à ce qui leur est
nécessaire? On dit qu'ils sont tombés en enfance,
c'est-à-dire qu'ils sont en quelque sorte redeve-
nus semblables à vous. Chers enfants, ces mê-
mes vieillards, maintenant si cassés, si abattus
par l'âge, peut-être, dans leur jeunesse, ont-ils
été remarquables par leur esprit et leur figure !
Voilà ce qu'ils sont devenus] voilà ce que vous
deviendrez vous-mêmes, si, comme eux, vous
parvenez à un grand âge. Il est bon d'y penser
quelquefois.
Honorez le vieillard comme un père , c'est le
conseil de l'Ecriture sainte ; ce conseil devient
un devoir pour vous, mes enfants, si vous avez
des vieillards parmi les membres de votre fa-
mille ; si Dieu vous a conservé quelques-uns de
vos grands-parents, ce n'est pas tout de les aimer,
ainsi que vos cœurs, je n'en doute pas, sont dis-
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFAHTS. IU9
posés à le faire, il faut les entourer d'égards et de
pré venanceSjConsoler leurs dernières années par
les plus tendres soins.
Et chaque fois que vous rencontrez un vieil-
lard, vous fùtil même entièrement étranger,
conduisez-vous envers lui , avec le respect qu'il
a le droit d'attendre de votre jeune âge. Ce res-
pect, mes amis, vous n'y manquerez jamais,
si tout vieillard vous rappelle , ou bien le sou-
venir de l'aïeul qui mourut en donnant à ses
petits-enfants une dernière bénédiction , ou
bien celui de la bonne grand'mère dont vous
faites encore la consolation et la joie.
DE L'OBEISSANCE.
Enfants , oVéissex en tout à vos pa-
rrnts , car cela est juste devant le Sei-
j,Mieui-.
St. Pai l. Coloss. m. — 20.
Revenons aujourd'hui, mes amis, sur un
sujet, dont nous n'avons dit que peu de mots,
sur la soumission, cette première vertu de l'en-
fance, cette verlu si chère à Notre-Seigneur
qu'il voulut la pratiquer jusqu'à la mort.
Oh ! que de choses à dire aux enfants sur l'o-
béissance ! combien peu, ils la comprennent en-
core, ceux qui croient la pratiquer, qui s'ima-
ginent être dociles , parce qu'ils ne se révoltent
pas ouvertement contre la volonté de leurs pa-
rents, contre les ordres de leurs maîtres! Ces
SUR LES DEVOIRS DES E^FASTS. 151
infanls obéissent, il est vrai, mais avec knlour,
et mauvaise grâce; ils se soumettent, mais par-
ce qu'ils ne peuvent guère faire autrement.
Cetle obéissance, pour ainsi dire forcée, est, je
le crainSjSans mérite devant Dieu; elle ne saurait
avoir de bien bons effets sur le caractère.
La véritable obéissance , mes enfants , celle
dont Jésus-Christ nous a laissé le divin modèle,
est une obéissance prompte et entière, qui
n'est jamais accompagnée d'observations ni de
murmures.
Obéir promplement, c'est exécuter l'ordre de
ses supérieurs , à l'instant même; c'est obéir
tout de suite, au lieu de remettre au lendemain,
au dernier moment , et de ne se décider , enfin ,
que par la crainte d'être puni. Elle fut promple,
mes enfants, l'obéissance de Joseph et de Marie,
lorsque , sur l'avertissement de l'Ange que Dieu
leur avait envoyé, ils partirent de Nazareth avec
l'enfant Jésus ^ par une froide nuit d'hiver, et
s'enfuirent en Egj^ple.
Obéir entièrement, c'est obéir sans réseiTe,
non pas seulement, jusqu'à un certain point ,
et dans de certaines choses; où sérail, mes chers
152 SUR LA RELIGION,
enfants, le mérite de l'obéissance , si l'on ne
remplissait un devoir, que lorsqu'il n'a rien qui
déplaise ? mais se soumettre à tous les ordres
qui sont donnés , qu'ils soient aisés ou difficiles
à remplir , agréables ou bien ennuyeux et péni-
bles, voilà une obéissance complète et géné-
reuse. Ce fut celle d'Abraham , lorsque, d'après
l'ordre de Dieu, il consentit à immoler son fils
unique. Quelle différence, mes amis, entre les
petites privations qui vous sont imposées, et
le cruel sacrifice , commandé à ce pauvre père ,
et qu'il y a loin, cependant, de votre obéissance
à la soumission d'Abraham !
Se soumettre sans mot dire, sans raisonner,
ah ! c'est là surtout ce qui parait bien dur. On
ne veut pas résister formellement à sa mère ,
non; mais, avant de lui obéir, ce sont mille diffi-
cultés, mille représentations ; c'est un débat et
presque une dispute , pour se dispenser de l'o-
béissance , ou pour savoir au moins , la raison,
le pourquoi , de tout ce qu'on vous ordonne :
comme si vos parents , mes enfants , devaient
vous rendre compte de l'emploi qu'ils jugent à
propos de faire de leur autorité !
ET SUR LES DEVOIRS DES EI^FA^CTS. Iô3
Ce n"est pas ainsi qu'autrefois se conduisit le
jeune Samuel.
Comme il dormait une nuit dans le temple, il
s'enlendit appeler par trois fois différentes , et
chaque fois la voix disait : Samiiel, Samliel ! C'é-
tait Dieu qui parlait ainsi. Mais l'enfant , ne
connaissant pas encore le Seigneur , croyait
s'entendre appeler par Héli, le grand-prêtre, et
il s'empressait d'accourir vers lui; renvoyé tou-
jours par celui-ci, Samiiel pourtant ne se lassait
pas y et, sans faire aucune observation sur un
ordre qui devait lui paraître si étrange ^ tou-
jours il revenait en répétant: « me voici, mon
père , je viens, parce que vous m'avez appelé ! »
Enfin, obéir sans murmure, c'est renoncer à
ces plaintes, qui paraissent, aux enfants indo-
ciles, un dédommagement à l'obéissance, une
sorte de consolation à la contrariété qu'elle
leur fait éprouver. Cette fâcheuse disposition ,
mes amis , conduit ordinairement à la mau-
vaise humeur ; parfois même , elle inspire des
réponses peu convenables, et, si elle ne pousse
pas à la désobéissance, elle enlève du moins tout
le mérite de la soumission.
9..
ioU SUR LA RELIGIO.X,
Noire-Seigneur laissa-t-il échapper un seul
murmure, la moindre plainte, lorsque, par la
volonté de son Père, il éprouvait de si ciuelles
douleurs ?
Pourquoi votre obéissance, mes chers amis,
manque-telle donc si généralement des qualités
dont nous venons de parler ? c'est que votre
cœur lui-même n'est pas soumis ; c'est que
toute autorité vous pèse. Déjà vous voudriez être
au temps où vous ne serez plus des enfants ,
vous figurant qu'alors il ne vous faudra plus
obéir à personne. Tous les hommes, cependant,
jeunes ou vieux , riches ou pauvres , ont des su-
périeurs auquels ils doivent se soumettre. Les
enfants obéissent à leurs parents et à leurs maî-
tres; les femmes à leurs maris; les hommes ,^
aux chefs placés au dessus d'eux ; les serviteurs
à leurs maîtres ; les sujets au roi; les Chrétiens à
Dieu.
Les grandes personnes dont vous enviez l'in-
dépendance, celles du moins qui sont raison-
nables, et ce sont les seules, je suppose, au-
quelles vous voudriez ressembler ^ les grandes
personnes , quand par hasard elles n'ont pas do
ET SUR LFS DEVOIRS DES E>FA>TS. 155
supérieurs, obcisseiil cependant encore : elles se
soumettent à la raison, au devoir; et cela , mes
enfants, n'est souvent ni agréable, ni facile.
Ainsi donc , puisque , dans toutes les cir-
constances et à tous les âges, on doit faire
le sacrifice de sa volonté, commencez à vous
y habituer de bonne heure j exercez-vous
à la soumission, quand elle vous est encore si
douce. Plaise à Dieu, mes chers enfants, que,
dans le cours entierde votre vie, vous ne rencon-
triez jamais une autorité plus sévère que celle
des supérieurs que vous avez aujourd'hui !
DU BON EXEMPLE.
Que tout se fasse pour l'édification.
St. l'iUL. I, Ep. Cor. xiv. — 26.
Ceux d'entre vous , mes enfants , qui sont les
aînés dans leur famille , ont des devoirs à rem-
plir envers leurs plus jeunes frères et sœurs : le
premier de ces devoirs est celui du bon exemple.
Les enfants, les plus petits surtout, imitent vo-
lontiers ce qu'ils voient faire ; et comme ils n'ont
pas assez de raison pour discerner le bien d'avec
le mal, il est très important de ne jamais faire le
mal devant eux, de peur qu'en l'imitant ils ne
contractent de mauvaises habitudes, qui plus
tard pourraient se changer en véritables défauts.
SUR LES DEVOIRS DES E>FAJCTS. 157
Ce n'est pas seulement aux très petits enfants
que vous devez le bon exemple, c'est encore à
ceux dont l'âge se rapproche du vôtre, à vos ca-
marades, à vos amis. Sans doute, ils ne sont pas
obligés d'imiter les fautes qu^ils voient faire,
et leur devoir, comme le vôtre, est de ne prendre
pour modèle que ce qui est bien ; mais l'enfant ,
qui parfois est prêta manquer de courage, pour
remplir un devoir, surtout quand il s'agit d'y
sacrifier un plaisir, se laisse entraîner plus faci-
lement encore par le mauvais exemple , et les
torts des autres lui semblent servir d'excuse à sa
propre faute. Querésulte-t-il delà, mes amis?
Que ceux qui ont donné ce mauvais exemple ont
été deux fois coupables: coupables pour eux-
mêmes, à qui le mal est défendu; coupables pour
celui à qui ils ont appiis à le commettre.
11 y a quelque chose que les enfants donnent
bien plus volontieis que le bon exemple : ce sont
les conseils. L'enfant le plus rempli de défauts ,
parle souvent très bien des qualités qu'il n'a pas,
et, dans l'occasion, il sait reprendre son frère
d'une faute que lui-même il commet tous les jours.
K'y a-t-il pas beaucoup de choses à dire à ces
158 SUR LA RELIGIOIV,
petits donneurs d'avis? D'abord, lorsqu'on sait
aussi parfaitement ce qui est mal, on est inexcu-
sable de n'être pas meilleur; puis, ne faut il pas
se corriger soi-même avant de vouloir corriger
les autres; Us exemples, enfin, ne sont-ils pas
toujours plus efficaces que les conseils? Voulez-
vous en savoir la raison, mes enfants? C'est
qu'aisément noire vanité se blesse des observa-
lions faites sur notre conduite, c'est que nous
n'aimons guère à nous entendre dire nos vérités,
c'est surtout qu'un enfant n'aime pas à être re-
pris par un autre enfant. Il serait, en vérité, bien
plus raisonnable de profiter d'un bon conseil ,
de quelque part qu'il nous fàt donné ; mais les
enfants sont-ils toujours sages ? Vous, en parti-
culier, vous qui reprenez les autres, seriez-vous
plus sages qu'eux ?
N'adressez donc de reproches à vos petits amis,
qu'autant que ce sera véritablement utile , et
cherchez plutôt à leur donner de bons exem-
ples, qui, sans les alîliger, pourront les engager
à bien faire.
Et pour être sûrs, mes chers enfants, de ne ja-
mais donner à vos frères que des exemples bons
ET SUR LES DEVOIRS DES E>F\>TS. 109
à suivre, commencez par suivre vous-mêmes les
exemples de vertu que vous avez sous les yeux.
Imitez ceux qui vous sont donnés par vos pa-
renls et par les enfants bons et sages que vous
connaissez; rappelez-vous aussi les beaux et
louchants modèles offerts par l'Ecriture sainte :
la piété d'Abel , l'amour et la bonté de Joseph
pour ses frères, la tendresse filiale de Tobie, la
soumission d'Isaac . celle du jeune Samuel , et
surtout la sainte et divine enfance de Jésus-
Christ.
DEVOIRS ENVERS LES INFERIEURS.
Maîtres , rendez à vos serriteurs
ce que la jastice demande de vous,
sachant que vous avez aussi bien
qu'eux un maître dans Je Ciel.
St. Papl. Coloss. iv. — I.
Nos inférieurs sont ceux que Dieu a fait naître
dans une condition moins heureuse que la nôtre,
et qui, n'ayant pas reçu de la Providence la for-
tune nécessaire pour vivre, soutiennent leur exis-
tence, ou par le travail d'un métier, comme le font
les artisans, ou par le service intérieur d'une fa-
mille aisée, comme le font les domestiques. Les en-
fants de votre âge,mes amis, ne sont, à vrai dire, les
SUR LES DEVOIRS DES EKFANTS. 161
supérieurs de qui que ce soit. Ils doivent l'obéis-
sance à presque tous ceux qui les entourent, et
du moins ils n'ont rien à commander à personne.
Il n'est pas rare cependant de trouver des en-
fants qui, profitant de l'excessive indulgence de
leurs parents, s'érigent, dans la maison, en maî-
tres pleins de hauteur et d'impertinence , et de-
viennent parfois, pour ceux qui les servent, de
véritables petits despotes, dont les moindres ca-
prices doivent être à l'instant obéis. Pour ces
enfants, aveuglés par un coupable et bien sot or-
gueil, et même, pour ceux que leur bon cœur
rend plus humains et plus justes, il sera utile
d'apprendre comment on doit se conduire
envers les serviteurs.
Avez-vous jamais réfléchi, mes chers enfants,
à ce qu'il y a de triste et de pénible dans la con-
dition des domestiques? Qui, cependant, devrait
en être frappé plus que vous , vous qui trouvez
si dur d'obéir à des ordres qui , pourtant , ne
vous sont donnés qu'avec douceur et tendresse ;
vous de qui l'on n'exige rien qui ne soit dans votre
intérêt, rien qui ne doive contribuer à votre
bonheur? Quelle différence entre votre sort, mes
162 SUK L\ 1\ELIG!0> ,
enfants, et celui des serviteurs! Vous obéissez à
des parents qui tous chérissent; eux, font Ja
volonté de maîtres qui leur sont étrangers, de
maîtres quelquefois injustes ou du moins sévè-
res, d'un caractère difficile, exigeant, fantas-
que; il faut se plier à tout, sans murmure, sans
impatience, sous peine de perdre sa place, et
peut-être de tomber dans la misère !
Il y a , je le sais, des familles bienfaisantes et
chrétiennes , où les domestiques sont traités avec
justice, avec bonté; mais les plus heureux de ces
pauvres gens, combien ils sont encore à plaindre!
Le matin, mes chers enfants, tandis que vous
dormez, les domestiques se lèvent pour com-
mencer le sen ice de la maison; avant de prendre
leur repas, ils ont préparé le vôtre ; lorsque vous
vous êtes renfermés dans la voiture qui vous
abrite, eux sont en dehors, exposés au mauvais
temps ; et ces soirées d'hiver, qui semblent si
courtes à ceux qui s'amusent, pensez-vous com-
bien ils doivent les trouver longues, les pauvres
serviteurs qui, tout mouillés et transis de froid,
attendent leurs maîtres dans la rue!
On se croit quitte envers les domestiques, parce
ET SUR LES DEVOIKS DES EjNFASTS. IGo
qu'on leur donne un salaire, parce qu'on paie
pour se faire servir; mais cet argent nous le
leur devons, mes enfants, et au fond il ne rend
pas leur position beaucoup plus douce. Qui sait
d'ailleurs s'ils ne partagent pas avec leur vieux
père le fruit de leurs travaux? Qui sait encore
si, dans un louable esprit de prévoyance, ils
n'épargnent pas quelque argent pour le temps
de leur propre vieillesse; ce temps où eux-
mêmes auront besoin d'être servis ?
S'il ne dépend pas de nous, mes amis, de
changer entièrement la triste condition des
serviteurs , du moins est-il toujours en notre
pouvoir de la leur adoucir. Aux yeux de l'hu-
manité, ils sont nos semblables; aux yeux de
Dieu , ils sont nos frères : nous leur devons
donc justice, soins et affection.
Yoici de quelle manière un enfant peut déjà
remplir, dans la maison paternelle , quelques-
uns de ces importans devoirs :
Ne parler aux domestiques qu'avec politesse
et bonté; éviter de les faire gronder, les excu-
ser même lorsqji'il se peut. Leur épargner,
en un mot, toute peine inutile.
16^ SUR LA RELIGIOÎT,
Je dois vous dire en passant, mes amis, que
la bonté n'est pas la familiarité : à votre âge, on
confond souvent ces deux choses. Il est permis,
c'est même un devoir, pour chacun de nous, de
rester à sa place, à cette place que la Providence
nous a marquée, et que nous n'avons pas eu la
liberté de choisir. Les manières familières,
que vous vous permettez quelquefois avec les
domestiques, ne sont donc pas convenables; les
longs entretiens les détournent de leur ouvrage,
et n'ont pas moins d'inconvénient pour eux ,
que pour vous-mêmes. Tâchez de bien com-
prendre ceci, et de n'y pas chercher le prétexte
d'une fierté, qui, je vous l'ai dit plus haut, se-
rait fort déplacée , qui serait surtout indigne
d'un bon cœur.
Il fut un temps malheureux, mes enfants, le
temps de la première révolution française, où
bien des personnes, d'un rang élevé dans le
monde, eurent à se féliciter d'avoir acquis, par
de bons traitements, l'affection de leurs servi-
teurs. A cette époque funeste de l'émigration de
tant de familles, plus d'une fortune fut recueillie
par de fidèles domestiques, et rendue entière à
ET SUR LES DEVOIRS DES EXFA.KTS. 165
ceux à qui elle appartenait, lorsqu'ils obtinrent
la permission de rentrer en France. Plus d'un
grand-seigneur poursuivi, trouva sous l'humble
toit de son serviteur, un asile qui lui sauva
la vie. Beaucoup de ces braves gens enfin, par-
tagèrent le sort de leurs maîtres, et voulurent
les accompagner dans l'exil. Ma grand'mère ne
me racontait jamais, que les larmes aux yeux,
comment, pendant la révolution, elle et ses
enfants, furent, plusieurs mois , nourris par
deux femmes dévouées, qu'elle avait alors au-
près d'elle , et qui , la voyant sans ressources ,
étaient venues lui offrir leurs petites épargnes.
De nos jours, mes chers enfants , se retrou-
vent heureusement encore des traits d'une pa-
reille générosité, de ces traits qui honorent la
classe pauvre, en nous faisant voir, que chez
elle se rencontrent également de belles âmes,
de nobles cœurs. Les prix fondés en France par
M.deMontyon, cet homme charitable, dont
toute la vie se passa à faire le bien , font décou-
vrir chaque année quelques-unes de ces vertus
modestes. C'est au dévoùment sublime d'un
ancien serviteur, que fut accordé le prix de Tan-
i66 SUR LA RELKilOX,
née dernière. Je veux, mes enfants, vous ra-
conter celle histoire, elle se rapporte d'ailleurs,
au sujet qui nous occupe en ce moment.
Dans le petit village de Champrond, du dé-
partement de l'Eure, demeurait, avec sa famille,
un menuisier nommé Martin. Comme il était un
jour à travailler, sa porte s'ouvre : un jeune
homme entre, suivi de trois enfants en bas
Age; le plus jeune avait à peine deux ans.
Martin reconnaît, dans l'étranger, le fils de son
ancien bienfaiteur, le marquis de l'Aubépine,
aux bontés duquel il avait dû son éducation ,
que, plus tard, il avait suivi à la guerre, puis
enfin, servi pendant de longues années. C'était
dans le temps où la famille de l'Aubépine, riche,
opulente, propriétaire de biens immenses, ha-
bitait l'antique château de Villebon qui lui ve-
nait d'un de ses ancêtres, le grand Sully.
Bientôt cette belle fortune se trouva dissi-
pée; le vieux château, plein de glorieux souve-
nirs, tomba dans des mains étrangères- à Té-
poque dont je vous parle, c'était en 1830, le
dernier fils de la famille , le comte de l'Aubé-
pine, obligé de quitter la France, par suite de
ET Sri\ LES DEVOIRS DES E>T\>TS. 1G7
nouveaux revers de fortune, venait confier ses
enfants à la fidélité d'un ancien serviteur. Mar-
tin, pauvre arlisan , chargé lui-même de plu-
sieurs enfants, reçoit avec bonheur ceux que
lui envoiela Providence. M. de l'Aubépine s'éloi-
gna; il partait pour ne plus revenir. Quelques
mois après, on apprit qu'il était mort dans
l'exil.
Que vont devenir les pauvres orphelins ?
Martin ne les abandonnera pas dans leur mi-
sère; il redouble d'ardeur pour le travail , il
vend ses meubles , quand il n'a plus d'autre
ressource, il nourrit de pain noir ses propres
enfants, pour donner à ses fils adoplifs, le pain
blanc auquel ils furent accoutumés; et, qui le
croirait, mes enfants? devenu pour ainsi dire le
père de ces pauvres petits , Martin ne se consi-
dère même pas comme leur égal : jamais on ne
l'a vu s'asseoir avec eux à la même table; dans
sa modeste chaumière, il voulut rester leur ser-
viteur, comme jadis , il avait été le serviteur de
leur aïeul , dans le beau château de Sully.
Ce pieux dévoùment , mes amis, ne pouvait
rester plus longtemps inconnu; on eu parla
168 SUR LA RELIGIOîf, ETC.
bientôt dans tout le pays; les enfants^ recueillis
par des personnes charitables , furent placés
dans des maisons d'éducation, et Martin, cou-
ronné publiquement pour sa noble conduite ,
reçut la plus honorable des récompenses ; ré-
compense bien au-dessous, néanmoins, de celle
que Dieu lui réserve, de celle que déjà, ilavait
trouvée dans son propre cœur.
DE L'AUMONE.
Celui qui tlonne aa pauvre, piète
nu S'igneiir
Pbov. XIX. — 17.
Lorsque, dans une nombreuse famille, il se
trouve un enfant faible ou infirme, il devient
l'objet d'une tendresse particulière , de soins
plus attentifs : c'est celui de tous que ses pa-
rents préfèrent ; ses frères et sœurs sont conti-
nuellement occupés à lui plaire et à Tamuser ,
car on voudrait^ s'il était possible, le dédomma-
ger des privations qu'il endure, et lui faire ou-
blier, à force d'amour, sa triste position. Eh
bien ! les pauvres sont les enfants malheureux
d.' la grande famille de Dieu; il les chérit parti-
10
170 SUR LA RELIGION,
culièrement, à cause de leurs souffrances, et
nous a chargés, nous qui avons élé comblés des
dons de la Providence, de devenir, à notre tour,
la providence des infortunés. A celte condition
seulement, Dieu nous a donné la fortune, et,
pour remplir ce devoir , il suffit d'avoir un
bon cœur.
Mais pouvez-vous bien comprendre ce que
c'est que la pauvreté? Vous, mes enfants, qui
vivez dans la richesse, ou au moins dans l'ai-
Siince; vous, à qui rien ne manque, qui êtes
bien vêtus, bien nourris, entourés de soins de
tout genre, et qui n'avez qu'à exprimer un désir
pour qu'aussitôt la bonté de vos parents s'em-
presse de le satisfaire. Environnés de personnes
placées dans la situation pareille à la vôtre,
vous croyez sans doute que cette situation est
ici-bas le partage du plus grand nombre; il
n'en est pas ainsi, cependant: une grande partie
des hommes est plongée dans une aflreuse dé-
tresse, et le monde est peuplé de pauvres. Les
plus à plaindre, parmi eux, ne sont pas encore
les ouvriers , qui pourtant ne soutiennent leur
famille que par un travail assidu et pénible : il y
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFA>TS, 171
a des pauvres qui meurent de faim, de froid, de
misère, parce que l'âge, ou les infirmités, leur
enlèvent tout moyen de subvenir à leur exis-
tence, ou parce que, tombés malades, ils ne peu-
vent acheter les remèdes , qui peut-être leur
sauveraient la vie. En pensant à cela , mes en-
fants, ne trouvez -vous pas qu'on devient tout
triste, et bien honteux surtout, d'employer tant
d'argent à des dépenses inutiles, à de vaines
fantaisies, dont souvent on est dégoûté le lende-
main, et dont le prix aurait fait vivre quelque
temps une famille entière! Et quand, de plus,
on vient à songer que ces malheureux sont des
hommes comme nous , nos frères, les enfants
de Dieu , que nous aurions pu naître à leur
place, si Dieu l'avait ordonné, bien loin de mé-
priser les pauvres, comme le font les gens sans
cœur, ou de s'éloigner d'eux, parce que la vue
de leur misère répugne , on éprouve le besoin
de soulager ces infortunés par la charité la plus
tendre , et de plaindre du moins celles de leurs
douleurs que l'on ne saurait guérir.
Ce n'est pas uniquement pour satisfaire notre
sensibilité, mes chers enfants, que nous devons
172 SLR LA RELIGIO>',
êlre charitables : Dieu nous a fait de l'aumône
lin commandement rigoureux, il menace de sa
colère les riches avares et sans pitié, tandis
qu'il promet ses bénédictions les plus abondan-
tes, et le bonheur du Ciel, à ceux qui auront se-
couru les malheureux ; on pourrait presque
dire que Jésus-Christ a fait de la charité la con-
dition de notre salut.
Enfin, comme s'il pensait que nous eussions
besoin d'un encouragement de plus, pour soula-
ger les pauvres, il s'est fait pauvre lui-même, et
nous a assurés que le bien que nous ferions au
plus misérable d'entre eux, c'est à lui-même que
nous le ferions. Oh! mes enfants! ayez toujours
cette pensée, lorsque vous voyez un pauvre, rap-
pelez-vous qu'en sa personne, c'est Jésus-Christ,
lui-même qui vous implore, lui-même qui vous
tend la main; pourriez-vous refuser le Dieu qui
vous a tout donné, tout jusqu'à sa propre vie !
Mais comment faire l'aumône à notre âge? nou s
pouvons disposer de si peu d'argent, medirez-
vous. A cela, je répondrai, que c'est, non pas la
valeur de ce qu'on donne, mais la bonne inten-
tion qui est agréable à Dieu. Un enfant qui par-
tT SUR LES DEVOIRS DES EPJFAàNTS. \lù
lagerail avec les pauvres Targenl de ses menus
plaisirs, celui, surtout, qui se priverait d'une
fantaisie pour en donner la valeur à un indigent,
aurait été réellement charitable; celui même qui
n'ayant rien, que le pain de son goûter, l'aurait
donné à un petit pauvre , aurait fait une très
bonne action, et Dieu se souviendrait qu'il a
loué de sa modeste offrande la veuve de l'Evan-
gile , et qu'il a promis de ne jamais laisser sans
récompense un >erre d'eau donné en son nom.
Il peut arriver d'ailleurs , que très peu de chose
fasse beaucoup de plaisir et un véritable bien.
Avec quelques sous, un vieillard réchauffe ses
membres gelés, une pauvre mère achète du pain
pour son enfant, un petit savoyard travaille le
cœur content toute la journée. Et puis , quand
on aime bien les pauvres, on trouve mille
moyens de les secourir, car la charité est ingé-
nieuse, et, sans argent, on peut encore consoler
un malheureux , ne fût-ce que par la pitié d'un
bon regard, et par une douce parole.
Tâchez de mériter les bénédictions du pau-
vre, mes enfants; croyez qu'elles vous attire-
ront celles de Dieu , et qu'elles vous porteront
10.
\ll\
SUR L\ RELIGION, ETC.
bonheur. Croyez-le bien aussi, la charité rend
celui qui la fait plus heureux encore que celui
à qui on la donne, et les bonnes œuvres procu-
rent une jouissance dont je ne puis "vous don-
ner l'idée, qu'en vous disant qu'elle doit res-
sembler au bonheur du Ciel.
LA CONSCIENCE.
Vous n'aurez pas de plus ûdèli:
conseiller.
EccLtsiAST. XXXVII. — 17.
Ce qu'on appelle la conscience, mes chers
enfants, c'est le sentiment qui nous fait discer-
ner le bien d'avec le mal; c'est la loi naturelle,
que Dieu a gravée dans notre cœur^ c'est une
lumière qui nous éclaire , une voix qui parle au
fond de l'âme; il faut l'écouter, il faut la sui-
vre : ainsi l'on garde les commandements du
Seigneur, de cette manière seulement on est
heureux et tranquille.
Afm de vous bien faire comprendre, mes en-
ianls, 00 que c'est que la conscience, j'en ap-
i"^ bUR LA RELIGIOJf,
pellei ai à vous-mêmes , à votre propre expé-
rience. Lorsqu'il vous arrive de désobéir à vos
parents, de faire, par exemple, en leur absence,
une action que vous n'auriez pas osé faire de-
vant eux, vous hésitez, vous êtes tremblants,
la rougeur vous monte au visage. Pourquoi ce
trouble? Vous êtes seuls , cependant , personne
ne vous voit, vous ne craignez pas d'être punis?
Non. Mais une voix intérieure vous reproche
votre faute, celte voix vous dit : a Tu as mal
fait». C'est la conscience, mes chers enfants,
qui, dans ce moment, se fait entendre. C'est
elle qui, avant même qu'on ait eu le temps de
réfléchir, montre à chacun son devoir.
Ainsi donc. Dieu a mis à notre disposition un
moyen tout à-la-fois sur et facile, de nous bien
conduire, puisque la divine loi est, pour ainsi
dire, écrite dans notre cœur. Ce moyen est à la
portée de tous, des ignorants, comme des gens
instruits, des très jeunes enfants, comme des
grandes personnes.
Mais, pour que la conscience puisse nous con-
duire, il est nécessaire de l'écouler., mes enfants:
elle ne parle pas haut; on ne l'entend qu'avec
ET SUR LtS DEVOIRS DES EINFA^sTS. 177
de la bonne foi, et de la sincérité vis-à-vis de
soi-même. Si l'on cherche à s'étourdir, à se
persuader que ce qui est mal est bien, que ce
qui est défendu est permis; si l'on veut trouver
mille prétextes pour satisfaire une fantaisie aux
dépens de la conscience , on ne pourra pas don-
ner pour excuse, qu'elle n'avait pas averti, ni
prétendre qu'on n'avait pas cru mal faire. C'est
toujours un péché, mes amis, de ne pas suivre
les inspirations de sa conscience, tandis qu'en y
demeurant fidèle, on est sur de ne jamais
manquer à un devoir important, de ne jamais
commettre une faute grave.
Le trouble d'une mauvaise conscience , les re-
mords qu'elle fait éprouver, sont, dès ce monde,
une cruelle punition de nos fautes : pour une
cime coupable, mes enfants, plus de paix , plus
de bonheur. Que d'exemples frappants ne nous
tn offre pas l'Ecriture sainte ! Gain, le meurtrier
de son frère, mène une vie errante et misérable;
fugitif et proscrit , il cherche partout le repos ,
et ne peut le trouver nulle part. Judas n'a pas
plus tôt trahi son divin Maître, qu'il est poursuivi
par des remords affreux : l'argent qu'il avait si
178 SUR LA. RELIGION , ETC.
honteusement gagné lui pèse , il ne peut le gar:
der, il le jette, puis, dans son désespoir, il va se
donner la mort. Vous-mêmes, chers enfants, les
jours où votre conscience vous reproche quelque
faute, n'est-il pas vrai, qu'ils ne sont pas de si
heureux jours que les autres, et que, dans vos
plaisirs même , vous éprouvez une sorte de
tristesse qui les trouble, et vous empêche d'en
jouir?
La bonne conscience, au contraire, rend heu-
reux et content Elle double les plaisirs, elle
nous console d'en être privés. Elle adoucit nos
souffrances, elle donne enfin la paix , la paix
avec Dieu, avec ses frères, avec soi-même : voilà,
mes enfants, le premier bonheur du chrétien sur
la terre.
Pour mériter ce bonheur, pénétrez-vous bien,
mes chers enfants, de ces paroles de l'Ecriture
sainte : — « Dans toutes vos actions , écoutez
votre conscience, vous ne trouverez jamais de
plus fidèle conseiller. •»
DU PÉCHÉ.
Mon fils, gardez-vous tic cnnsnilir
jamais au péché, et de violer les pré-
crj)t(s du Stigneur notre Dieu.
TOBIE. TV. — G.
Pécher, c'est désobéir à Dieu, c'est faire le mal
qu'il défend, ou ne pas faire le bien qu'il com-
mande, c'est en un mot ne pas observer sa loi.
Pour observer la loi de Dieu, mes en-
fants, il faut la bien connaître; et de là ré-
sulte la nécessité de s'instruire de la religion ,
d'étudier le saint Evangile , d'écouler avec at-
tention et docilité ceux qui veulent bien cher-
cher à vous le faire comprendre. Votre igno-
rance, en la supposant volontaire, ne pourrait
180 SUR LA RELIGION,
VOUS servir d'excuse , pour manquer à vos de-
voirs, pour commettre le péché.
Il y a , vous le savez , deux sortes de péchés .
le péché originel et le péché actuel.
Le péché originel, est celui que nous appor-
tons en venant au monde, par suite de la déso-
béissance de nos premiers pères. Cette faute
passa à leurs enfants , à leurs petits-enfants, el
ainsi à tous les hommes j nous naissons donc
coupables, et ennemis de Dieu ; sujets, comme
Adam, aux misères et aux souffrances du corps,
aux mauvais penchants de l'âme. C'est le péché
originel qui est la funeste source de tous nos
maux , comme de toutes nos fautes.
Que nous soyons coupables et punis d'un pé-
ché que nous n'avons pas commis, cela doit
vous étonner , mes enfants , peut-être même
vous paraître injuste. C'est, néanmoins, une vé-
rité à laquelle il faut ajouter foi; un malheur
auquel il faut se soumettre. Ce qui est tout -à -
fait impossible , c'est que Dieu soit injuste en-
vers ses créatures, et cela serait encore plus dif-
ficile à croire que le péché originel. D'ailleurs ,
Dieu n'a pas abandonné les hommes dans leur
ET SUR LES DEVOIRS DES E?iFA!N"TS. !81
misère, le sacrement de baptême purifie leurs
ûmes de la tache originelle, et, pour en combat -
tre les tristes suites , la grâce divine ne nous
manque jamais.
Le péché actuel est celui que nous commet-
tons par notre propre volonté, après avoir at-
teint l'âge de raison, depuis que nous savons
discerner le bien d'avec le mal. On peut com-
mettre le péché actuel en quatre manières :
par pensées, par paroles, par actions, par
omissions.
Pécher par pensées, c'est se révolter dans son
esprit contre la loi de Dieu, ou les ordres de ses
supérieurs; c'est désirer de faire une faute, avoir
des sentiments d'orgueil, d'envie, etc. Toutes
ces mauvaises pensées, et d'autres encore, mes
enfants, peuvent cependant ne pas être coupa-
bles ; elles le deviennent seulement , lorsque
nous nous y laissons aller volontairement; si au
contraire, noiisles chassons bien vite sans nous y
arrêter, si elles ne font que traverser notre e—
prit, malgré nous, loin d'être des fautes, elles
sont pour nous, alors, l'occasion d'être ngréables
au Seigneur; c'est à ses yeux un grand mérite,
185 SUll LA RFLIv-ilO??,
tle savoir résisler au mal. Il ne faudrait pas,
TOUS le voyez , confondre le péché avec la len-
lalion : celle-ci nous vient du démon ; Dieu la
permet pour nous éprouver, nous ne pouvons
nous y soustraire; mais le péché est un acte
volontaire, il dépend de nous de ne le pas
commettre.
Pécher par paroles, c'est mentir , jurer , mal
parler du prochain, lui dire des injures, ré
pondre à ses parents avec humeur ou imperti-
nence, etc.
Pécher par action, c'est faire une action dé-
fendue; prendre ce qui ne vous appartient pas,
se livrer à la gourmandise, frapper ses cama-
rades, etc.
Pécher par omission, c'est négliger un de ses
devoirs, manquer à ses prières, mettre peu de
zèle à son travail , ne pas faire l'aumône autant
qu'on le pourrait, etc.
Nos devoirs, vous le sentez, mes enfants, ne
sont pas tous d'une égale importance; aussi,
nos péchés sont-ils plus ou moins graves, selon,
d'abord , que le devoir auquel nous avons man-
ipié était plus ou moins rigoureux, puis ensiiile,
Et SUR LES DEVOIRS DES E>FA>TS. IST)
selon que la volonté coupable, qui nous porte à
désobéir au Seigneur, était plus ou moins arrê-
tée dans notre esprit. Mon Dieu ! c'est souvent
presque malgré lui, qu'un pauvre enfant est en-
traîné au mal ! il n'y consent qu'à moitié; peut-
élre un petit ami l'aura-t-il entraîné; qui sait
encore? peut-être aura-t-il résisté bien long-
temps avant de succomber! Ce serait plus excu-
sable, n'cst-il pas vrai, que de commettre une
faute à dessein , avec la ferme volonté de mal
taire.
On appelle péchés mortels , les fautes très
gravesenelles mêmes, et qu'on a commises tout-
à-fait volontairement. Ces fautes doivent nous
inspirer une grande horreur. Elles feraient
mourir notre âme en la privant de la grâce de
Dieu , qui est sa véritable vie ; et le péché mor-
tel, lorsqu'en ce monde, il n'est pas expié par
la pénitence, sera puni dans l'autre, par des
châtiments éternels.
Les fautes plus légères se nomment péchés vé-
niels: ces péchés ne nous enlèvent pas la grâce,
mais ilsraffaiblissentennous.il serait trèsmal,
mes enfants, de ne pas chercher à éviter lespetiles
18^ SUR LA. RKLIGIOiN ,
fautes; elles pourraient vous conduire à des fau-
tes plus graves , car ce n'est guère tout-à-coup
que l'on devient très coupable ; c'est insensible-
ment, par degrés, et comme le dit l'Ecriture
sainte : « Celui qui méprise les petites choses
tombera peu-à-peu dans les grandes.wNe serait-
ce pas encore se montrer peu reconnaissant
envers Dieu , que de compter your rien ce qui
l'offense, même faiblement? Que diriez-\ous,
par exemple, d'un enfant qui, sans vouloir faire
une véritable peine à son père , ne laisse-
rait pas de lui causer chaque jour mille petits
chagrins ?
Et l'on ne saurait douter que le péché ne dé-
plaise beaucoup à Dieu , qu'il ne soil la plus
grande injure que nous puissions lui faire. Nous
ne pourrons même jamais comprendre, à quel
point Dieu a le mal en horreur ; mais ce qui de-
vrait en quelque sorte nous le faire entrevoir ,
c'est,mesenfants,qu'iln'a fallu rien moins que la
mort de Notre-Seigneur, pour expier le péché ,
et que, pour le punir, Dieu malgré sa bonté pré-
pare des peines éternelles!
Fuyez donc le péché, mes amis, et les oc-
i;t sur les devoirs des e>fa>ts. 185
casions de le commettre. Corrigez-vous des dé-
fauts qui TOUS exposent le plus souvent a offen-
ser Dieu. Offenser Dieu! il n'y a pas de plus
grand malheur en ce monde !
La reine Blanche , la pieuse mère de saint
Louis, était si pénétrée de cette vérité que, mal-
gré sa tendresse maternelle, parfois elle faisait
entendre à son fils, qu'elle aimerait mieux qu'il
fût mort , que coupable d'un grand péché. Le
bon roi , garda fidèlement les pieux enseigne-
ments de sa mère , et les transmit lui-même à
son propre fils. Comme il sentait approcher sa
lin, disent les mémoires du temps, dans leur naïf
langage, il manda son fils auprès de lui. « Très
doux fils , lui dit-il , la première chose que je
t'enseigne, c'est que tu mettes ton cœur à aimer
Dieu, car sans cela nul ne peut être sauvé, garde-
toi de faire chose qui à Dieu déplaise , et tu
devrais souffrir toutes sortes de vilains tour-
ments, plutôt que faire mortel péché»
DE L'ORGUEIL.
(;c'lui qui s'i'lève si'iM ;ib
lui qui s'ahaisse .'■era éli vé.
St. i.vr. XIV — 11.
L'orgueil estim amour excessif de soi-même
et de son propre mérite , dont l'effet est de se
préférer aux autres , de rapporter tout à soi et
rien à Dieu.
Le péché des anges rebelles, mes enfants, fut
un péché d'orgueil ; et l'orgueil perdit égale-
ment notre premier père. Il n'y a pas de défaut
plus commun que celui-là: il s'insinue dans le
cœur, pour peu que l'on cesse de veillei- sur
soi ; il se mêle à nos actions , à nos paroles ,
et altère souvent nos vertus mêmes, en nous en-
SUR LES DEVOIRS DES EI>F\>TS. 187
levant le mérile du peu de bien que nous avons
lait.
L'orgueil est détestable aux yeux de Dieu; l'é-
criture sainte nous en fournit mille preuves;
et, si nous voulons nous former une idée des
châtiments réservés à ce vice, rappelons-nous,
mes enfants, la punition des anges du Ciel, et
les tristes suites du péché d'Adam et d'Eve.
L'orgueil est la source d'un grand nombre
de vices. Les principaux d'entre eux, du moins
pour les enfants de voire Age sont : la vanité,
l'ostentation, la présomption, et le mépris du
prochain.
La vanité, c'est, mes amis, la vaine gloire,
que nous donnent nos avantages; c'est le désir
d'être loué, admiré. Eh! mon Dieu, cepen-
dant, de quoi pouvons-nous tant nous glorifier ?
nous sommes si peu de chose! et que possé-
dons-nous d'ailleurs, que nous n'ayons reçu di'
Dieu? Qu'avons-nous fait par exemple poumons
procurer tO'Jt ce dont nous sommes si disposés
à tirer vanité ? la figure , l'esprit , la naissance
la fortune?
Une petite fille est jolie, ou plutôt elle cioiL
188 SUR LA RELIGION,
l'être; sans cesse, on la surprend à s'admirer
elle-même devant nne glace; elle perd un temps
considérable à sa toilette, et tourmente conti-
nuellement sa mère , pour se faire acheter des
pai'ures qui lui sont inutiles et ne conviennent
qu'aux grandes personnes : c'est là de la vanité.
Il y a autant de vanité, mes enfants , à se dé-
piter de ne point posséder de certains avan-
ta^ies, qu'à se glorifier des avantages que l'on
possède. Cette autre petite fille, toute chagrine
d'être moins belle et moins admirée que ses
compagnes, est aussi vaniteuse que celle qui est
fière de sa beauté.
Et cet enfant raisonneur, qui veut discuter
sur toutes choses, qui prétend avoir des opi-
nions, qui tient tête, obstinément, aux per-
sonnes plus âgées? c'est encore la vanité qui lui
donne ce ridicule.
Le second défaut, produit par l'orgueil, est
rostentation : elle consiste à faire parade de ses
avantages, à les étaler aux yeux des autres,
pour les faire briller, et par là s'attirer des
éloges. C'est par ostentation que souvent on fait
le bien , l'aumône par exemple; mais prenons y
ET SUR LES DEVOIIiS DES E>FA>ÏS 1 Si>
garde. Si le monde connait nos bonnes actions,
et qu'il nous en loue, nous aurons ainsi reçu
notre récompense sur la terre, et nous ne pour-
rons plus l'attendre dans le Ciel. Nos aumônes
doivent rester un secret entre le pauvre etDieu.
Nous-mêmes, il faut chercher à les oublier, pour
que Dieu s'en souvienne, et, selon le conseil
de l'Evangile, ce que fait notre main droite , la
main gauche doitlignorer.
Voudriez-vous croire , mes amis , quil y a
des gens qui se vantent du mal qu'ils font ,
même de celui qu'ils ne font pas , et dont sûre-
ment ils seraient incapables? Eh bien ! la sottise
va pourtant jusque-là, et je connais des enfants
qui, vis-à-vis de leurs camarades, se font gloire
d'être indépendants, peu soumis, très habiles
à tromper la surveillance de leurs parents et de
leurs maîtres.
Enfin, quand l'orgueil domine dans le cœur,
souvent on se croit en droit de mépriser les au-
tres. Un enfctnt dit à Dieu , dans sa prière ,
ainsi que le Pharisien deTEvangile: « Seigneur,
je vous remercie de ce que je n'ai pas , commr
lyO SUR LA RELIGION,
mes camarades, tels ettels défauts «Orgueilleux!
rappelez -vous cette parole de Jésus-Chiisl :
Celui qui s'élève sera ahaissé, et craignez qu'il
ne vous l'adresse; craignez que, par son humilité,
cet enfant qui vous semble si imparfait, ne soit
plus agréable à Dieu , que vous ne l'êtes vous-
même.
Et que penserons-nous, mes amis, de cet au-
tre enfant, qui, parce que ses parents sont riches,
regarde avec dédain les enfants moins bien par-
tagés que lui, qui passe fièrement devant ceux
dontla mise est moins recherchée que la sienne,
leur fait sentir, enfm, la différence qui existe
entre eux aX lui? On pourrait supposer à cet
enfant un mauvais cœur; espérons qu'il n'a
qu'un sot orgueil, dont un peu de réflexion
le corrigera bientôt.
Que ceux d'entre vous, mes chers enfants,
qui se seront reconnus dans les exemples que je
viens de citer, s'empressent d'en convenir avec
franchise ; ce sera faire un premier pas , pour
acquérir cette vertu d'humilité dontNotre-Sei-
gneur et sa sainte mère nous ont laissé tant
d'exemples, et qui leur fui à tous deux si chère.
ET SLR LES DEVOIRS DES ExXF.V^TS. IDi
Avouons-le, mes eulaiils , le peu de bien qui est
en nous, Dieu l'y a mis ; le mal, seulement vient
de nous-mêmes. Où pourrait donc se placer no-
tre vanité? Demandons à Dieu de nous en gué-
rir; prions-le de nous apprendre à n'estimer
les choses que ce qu'elles valent à ses yeiix , à ai-
mer seulement ce qu'il aime; le reste ne mérite
guère que nous y attachions notre cœur. Avec
ces pensées-là, on est sans orgueil pour les pe-
tits avantages que l'on possède , et tout résigné
à se passer de ceux dont l'on est privé. Heureux,
si l'on peut obtenir l'approbation du Seigneur ,
celle de sa famille, celle de sa conscience: ou
ne recherche plus alors les vains éloges du mon-
de, et Dieu, mes enfants, bénira, certainemenl,
ceux qui se seront elforcés de devenir à son
exemple , doux et humbles de cœur.
DE L'ENVIE.
Je n'imilerai pas celui qui <st des-
séche d'envie, parce que IVnvieiix
u'aiira point de part à la sagesse.
L'envie est un sentiment de tristesse, causé
par les avantages ou le bonheur du prochain.
O mes enfants! le vilain défaut que celui-là!
comme il est honteux et méprisable ! ne trouvez-
vous pas surtout qu'il annonce un bien mauvais
cœur? Le sentiment naturel, en effet, est de se
1 éjouir du bonheur des autres , il n'y a même
pas à cela le moindre mérite; c'est la preuve
d'un bon cœur, voilà tout.
SLR LES DEVOIRS DES E>FA>TS. JD,
L'envie, mes enfants, prouve également une
grande vanité. C'est le désir des louanges, le
besoin de se faire admirer, qui le plus souvent
est cause de l'envie qu'on porte aux autres. En-
core, si on ne leur enviait que leurs bonnes qua-
lités, leurs vertus ! Si cette petite fille, jalouse
de sa compagne, désirait seulement l'égaler dans
son aimable caractère, dans son application au
travail, ce serait plus excusable; il pourrait
même résulter de là une utile émulation. Mais,
ce qu'envie la petite jalouse , ce sont ordinaire-
ment des choses puériles et bien frivoles : c'est
une agréable figure , moins encore , une jolie
robe, un ruban , que sais-je enfin?
L'envie prend donc, en général, sa source
dans l'orgueil; et, à son tour, elle entraine des
suites très fâcheuses. L'envie rend égoïste, in-
juste, souvent méchant, et toujours malheu-
reux.
Elle rend égoïste; car Tenvieux voudrait tout
avoir pour lui, et ne rien laisser aux autres.
Elle rend injuste ; car on est disposé à juger
sévèrement celui dont on est jaloux. Je crains
fort, que la petite fille dont nous pai lions tout-
\dl\ SUR L\ RELIGION,
à-riicurc, ne renJt^ pasjuslice à sa coiupague ,
lorsque celle-ci fait quelque chose de bien, (^e
n'est cependant pas sa faute, mon enfant, si elle
est plus jolie que vous, et si son caractère est
meilleur, et plus aimable que le vôtre, il n'y a
pas de quoi lui en vouloir.
L'envie peut rendre toul-à-fait méchant. Quand
on est fûché que les autres soient heureux , on
est bien près de se réjouir du malheur qui leur
arrive; rien de plus méchant que cela, rien de
plus contraire à la charité chrétienne que Dieu
nous ordonne , et dont l'cfTet est de nous rendre
sensibles au maiheur , comme au bonheur de
nos frères.
On ne saurait penser sans frémir, mes en-
fants , aux crimes épouvantables , qui parfois ,
sont les suites de la jalousie. Elle a causé la mort
du pauvre Abel; ce fut la jalousie qui poussa
les fières de Joseph à le vendre comme esclave;
et les Pharisiens à condannier Notre-Seigneur.
En se rappelant ces terribles exemples, on com-
prend, mes enfants , que l'apùtre saint Paul ait
dit dans une de ses épîlres : « Les envieux seron t
exclus du royaume des Cicux.»
ET SUR LES DEVOIRS D LS 1:>FaM\S. 11)5
Ne laissez donc jamais cette mauvaise pas-
sion s'enraciner dans votre cœur. Déjà com-
mence-t-elle à y pénétrer , en apercevez-vous
quelques traces en vous mêmes ? hàtez-vous de
les détruire. L'envie vous rendrait non-seulement
coupables, mais cruellement malheureux; mal-
heureux d'abord, parce que vous seriez mécon-
tents de vous-mêmes, puis, parce que Tenvie du
bien que l'on n'a pas, dégoûte même de celui
que l'on possède; malheureux, eniin, car nul ne
partagerait votre peine: il est si honteux d'être
jaloux, que Ton n'ose l'avouer à personne,
et c'est souffrir doublement, mes enfants, que
de ne pouvoir demander à des amis de vous
plaindre, au bon Dieu de vous consoler.
Une sorte de jalousie^ plus excusable sans
doute que la première, mais dont malheureuse-
ment les suites ne sont pas moins fâcheuses , est
celle qui se rencontre quelquefois entre frères et
sœurs, par rapporta l'affection de leurs parents.
Celle jalousie trouble toute une famille : elle dé-
truit l'union des enfants, et désole les pères et
mères, qui, malgré leur désir, et le soin qu'ils
y apport! ni, ne peuvent jamais réussira parla-
196 SLR LA RELIGION ,
ger toutes choses d'une manière si parfaitement
égale, que l'enfant jaloux ne puisse soupçonner
quelque injustice. C'est souvent une sensibilité
outrée qui lait craindre à un enfant, d'être le
moins aimé par sa famille. Si je connaissais ce
pauvre enfant, je l'appellerais vers moi , et je lui
dirais :
Mon ami , il est presque certain que l'injus-
tice dont vous vous plaignez , n'existe que dans
votre imagination. Le sentiment le plus naturel
à des parents , est d'aimer chacun de leurs en-
fants avec une égale tendresse. Cette tendresse
peut ne pas se témoigner toujours de la même
manière, sans être pour cela différente dans le
fond du cœur : ainsi, une mère donnera sou-
vent la plus grande partie de sa journée à son
fils aine, parce que l'importance de l'éducation
de celui-ci l'exige; mais en même temps, peut-
être caressera-t-elle davantage le plus jeune, par-
ce que les caresses sont le seul langage à la por-
tée d'un tout petit enfant, le seul moyen de lui
faire comprendre la tendresse de sa mère. Si
maintenant, dans une famille, il se trouve un
enfant souffrant et faible, n'est-il pas juste qu'on
tT SUP LES DEVOJRS DES E>FA>TS. 11)7
s'en occupe plus que des autres, et qu'il de-
vienne, si l'on peut ainsi parler, l'enfant gâté de
ses parents? ses frères et sœurs, loin de se plain-
dre , devraient partager les soins qu'on lui
donne; il est naturel aussi, ce me semble, de ca-
resser davantage les petites filles; ce n'est pas
qu'on aime moins les garçons ; mais les filles
sont plus faibles, et de bonne heure, on com-
mence à traiter les garçons comme des hom-
mes.
Supposons cependant, mon cher enfant, que
la petite préférence qui vous afflige existe bien
réellement , n'en seriez-vous pas la cause ? Si
vous éles un peu moins aimé, c'est peut-être
que vous êtes beaucoup moins aimable, moins
empressé d'obéir à vos parents , moins occupé
de leur plaire; dans ce cas, vous n'auriez guère
le droit devons plaindre, et, plutôt que de vous
laisser aller à la tristesse , il faudrait songer à
vous corriger bien promptement ; alors, vous
sauriez regagner la tendresse de votre famille.
!)U MENSONGE
Renoncez au inensungf , et que cli.i-
ciiiidi" vous parle à son |iruchaiii seîmi
|j viiile.
Sr. I'aul. Ljilic». IV — ij.
Dieu déleste le mensonge, mes cliers enfants,
parce qu'il estl'œuvre de son ennemi;du démon
qui, le premier, introduisit ici-bas le men-
songe, afm de tromper nos premiers parents.
L'Ecriture sainte, pour cette raison, donne au
malin esprit le nom de père du mensonge, et
Dieu qui chérit particulièrement la vertu oppo-
sée à ce vice, s'est appelé lui-même le Dieu de
vérilé. En faut-il davantage, mes amis, pour
SL'R LES DEVOIRS DES ENFANTS. IDD
nous inspirer l'horreur de la faussclé et du men-
songe, et comment se peut-il, que nous, les
enfants du Dieu de vérité, nous pratiquions si
peu celte belle vertu f
Cherchons donc à bien comprendre ce qu'il
y a de coupable à mentir. Mentir, c'est dire vo-
lontairement le contraire de la vérité; c'est trom-
per les autres, et abuser du don de la parole que
Dieu a bien voulu nous accorder; la parole, en
effet , nous a été donnée pour exprimer nos
pensées, et non pas, mes chers enfants, pour
les dissimuler.
Il y a plusieurs sortes de mensonges ; toutes,
il est vrai, ne sont pas également blâmables,
mais il n'en est pas une seule de permise ; il n'est
pas un mensonge, tout léger qu'il puisse être,
que nous ne devions nous reprocher. Ainsi, bien
des personnes mentent par plaisanterie; pour
elles, c'est une espèce de jeu , et elles s'excusent
de leurs mensonges , en disant qu'ils ont peu
d'importance, et qu'ils ne nuisent à personne.
Cela peut être, mais l'habitude de rapporter les
choses autrement qu'elles ne sont, est une ha-
bitude fort répréhensible ; elle conduit ordinai-
200 SUR LA RELIGION,
rement à des mensonges plus graves; on com-
mence par raconter, en rembellissant, une his-
toire insignifiante , mais on n'en reste pas là ,
et plus lard peut-être, parlera-t-on des torts
du prochain avec aussi peu de vérité.
Le mensonge le plus commun, surtout dans
l'enfance, mes amis, est celui qu'on se permet
pour excuser une faute, et dans la crainte d'être
puni. Par là, on ajoute une seconde faute à la
première, on se rend deux fois coupable aux yeux
de Dieu, comme à ceux de ses parents, i'ils \ ien-
nent à découvrir la faute cachée ; l'enfant men-
teur mérite alors une double punition, tandis
que l'enfant sincère aurait désarmé la sévérité
maternelle. Comment se résoudre à gronder le
coupable qui lui-môme vient s'accuser? Croyez-
le bien, mes amis, la franchise est votre meil-
leure excuse; elle est autant dans votre intérêt
que dans votre devoir.
Le plus répréhensible des mensonges, est la
calomnie; elle consiste à accuser faussement le
prochain. Une telle méchanceté vous révolte,
mes enfants, je ne puis vous en supposer capa-
bles. Vous rougiriez, je n'en doute pas, de
ET SUR LES DEVOIRS DES ENFANTS. 201
calomnier quelqu'un par pure méchanceté, et
ilans l'intention positive de lui nuire; mais si
vous ne surmontez pas la répugnance que vous
éprouvez à faire l'aveu de vos torts, si vous vous
permettez un premier mensonge pour les excu-
ser, peut-être serez-vous entraînés à la calom-
nie ; peut-être finirez-vous par accuser votre
frère, ou un domestique, de la faute, que vous-
mêmes vous avez commise. Ce serait déjà très
mal de laisser soupçonner les auties, par vos
parents, et ces soupçons deviendraient inévita-
bles, si, à l'aide du mensonge, vous parveniez à
prouver que vous n'êtes pas le coupable.
On peut mentir par ses actions comme par ses
paroles, en cherchant à paraître meilleur qu'on
ne l'est en effet. Cette espèce de mensonge, dont
l'orgueil est la source, s'appelle hypocrisie. Un
enfant, à l'église, se tient dévotement, les mains
jointes. 11 paraît profondément recueilli; aie
voir, on le dirait un petit ange : ce n'est qu'un
hypocrite. Il n'a que l'extérieur de la piété, car
il pense à tonte autre chose qu'à la prière. Cet
écolier s'amuse au lieu de travailler; mais pour
tromper son maître, il semble, en sa préî-ence,
'202 SITU I.V RKI-IGIO?*, ETC.
étudier avec altenlion : c'est là encore de
riiypocrisie.
Hé, mon Dieu ! mes amis , que gagne-t-on à
une semblable conduite? des louanges, des élo
ges ? mais des éloges non mérités, quel plaisir
peuvent-ils faire? Ne sont-ils pas plutôt une
sorte de reproclie ?
Youb z-vous, chers enfants, n'être jamais ten-
tés de mentir? conduisez-vous de manière à
n'avoir rien à cacher ; ne faites rien de mal. Les
yeux du Seigneur sont toujours ouverts sur
vous; alors que personne sur la terre ne vous
voit, Dieu vous voit et vous juge; nul ne peut
le tromper, que vous servirait-il de tromper les
hommes?
D'ailleurs, mes chers enfants, Dieu permet
que tôt ou tard la vérité soit connue, et que les
menteurs se trahissent souvent eux-mêmes. Ils
sont alors couverts de confusion, et reçoivent,
dès ce monde, la punition qu'ils méritent. L'hom-
me faux et menteur s'attire partout le mépris ;
on doute de chacune de ses paroles; on ne le
croit plus, même lorsqu'il dit la vérité; per-
sonne enfin, ne voudrait l'avoir pour ami.
LA MEDISANCE.
Mva frrres, ne pnrlcz pns in.il !es
ntis des aulr«"s.
.St jArgi'E?. IV — II.
L'apôlre saint Jacques conseillait aux fidèles
de son temps, de mettre un freina leur bouche,
pour éviter tous les péchés dont la langue est la
cause; déjà, mes chers enfants, j'ai cherché à
vous inspirer Thorreur des plus graves de ces
péchés , le mensonge et la calomnie ; il en est
bien d'autres encore également réprouvés de
Dieu. Ce sont les médisances, les paroles mo-
queuses, les paroles indiscrètes et inutiles.
Les médisances, vous savez en quoi elles con-
sislcnl? Qui de nous, mes enfants, n'en a pas à
20/| SUR LA RELIGION,
se reprocher? Qui sait garder, en toute occa-
sion, un secret absolu sur les fautes d'autrui ?
Sans doute, la médisance est moins odieuse que
la calomnie, mais le mal qui en résulte est le
même, et de plus il est irréparable. Quand on a
eu le malheur d'accuser un innocent, on peut
lui rendre justice, en avouant le mensonge que
l'on a fait, en déclarant qu'on s'est trompé; mais
quand les accusations sont fondées, plus de ré-
paration possible; le mal est fait.
Vous ne sauriez encore bien comprendre, mes
enfants, quelles terribles conséquences peuvent
résulter de la médisance, vous trouvez qu'il n'y
a pas grand inconvénient à dire de vos camara-
des qu'ils sont menteurs ou désobéissants. A
votre âge, il est vrai, les médisances n'ont pas
grande portée; mais, diles-moi, mes amis, se-
riez-vousbien aises que vos camarades au risque
de vous faire gronder, allassent rapporter tout
ce que vous faites ? Non, sans doute. Avez-vous
alors oublié le précepte delà charité chrétienne :
« Ne fais pas à autrui, ce que tu n'aimerais pas
qu'on le fît à loi-même. »
Gardez donc le secret sur 1rs loris de vos
ET SUR LES DEVOIRS DES E^FA^TS. 205
petits amis, à moinsqu'il n'y ait utilité réellcà les
faire connaître. Si, par exemple, la désobéis-
sancij d'un enfant pouvait l'exposer à quelque
danger, ce serait un devoir pour vous d'averlir
ses parents. Si l'un de vos camarades n'était pas
l'enfant sage et bien élevé qu'on avait cru vous
donner pour ami ; si vous receviez de lui de fâ-
cheux exemples, ou de mauvais conseils, ce se-
rait bien alors d'en prévenir votre mère, afin
qu'elle put éloigner de vous celte dangereuse
société. Dans ces deux circonstances, mes amis,
votre conscience saura distinguer le motif qui
vous fera parler. Ce n'est qu'à regret que l'en-
fant charitable et bon vient accuser un cama-
rade; l'enfant médisant, au contraire, y trouve
un méchant plaisir.
La médisance serait moins commune, mes
amis, si nous jugions les autres moins promp-
temenl, et avec plus d'indulgence. Tous vous
hâtez bien de supposer que cette petite fille a
tel ou tel défaut; en êtes-vous bien sûrs? en
avez-vous la preuve ? Vous ne faites souvent que
répéter la médisance des autres, vous condam-
niz sur un simple soupçon ; quand il s'agit
200 SUR L\ RELIGION,
d'accuser, pourtant faudrait-il avoir la certi-
tude de ne pas se tromper.
Et alors même que vous avez cette certitude,
mes enfants, alors que vous ne conservez aucun
doute sur les torts dd voire compagne, n'y a-t-
il donc p.is moym de l'excuser, et au moins ne
voulez-vous pas la plaindre? Cette pauvre en-
fant fut mal {'.\e\ée, peut-élre? peut-être per-
sonne n'a-t-il songé à la reprendre, à la corri-
ger? il est possible qu'elle soit née avec des in-
clinations moins heureuses que les vôtres; cela
n'est pas sa faute, et tout imparfaite qu'elle est
encore, qui sait si déjà elle ne s'est pas bien
corrigée, si elle n'a pas fait plus d'efforts sur son
caractère, que vous qui l'accusez n'en avez fait
sur le vôtre ? Rentrez en vous-mêmes, mes en-
fants, et le souvenir de vos propres défauts
vous rendra plus indulgents pour les défauts
d'autrui. Je vous conseille aussi devons défen-
dre de cet esprit moqueur, de ce penchant à
tourner tout le monde en ridicule, à relever
malignement dans les autres les plus petits
travers. Un tel caractère se fait généralement
détester, il annonce un esprit bien frivole, et, ce
ET SLR LES DEVOIRS DES EM V?iTS. 207
qui est pis, un mauvais cœur. En effet, de quoi
se nioque«t-on le ])lus souvent, à votre âge sur-
tout? D'une figure dont l'aspect est étrange,
d'un langage auquel on n'est pas accoutumé;
le dirai-je ? d'une triste infirmité qui fait le dé-
sespoir du malheureux qui en est atteint, et qui
pourtant n'esta vos yeux qu'un ridicule. Votre
intention n'est pas mauvaise, je le sais; vous vou-
lez seulement plaisanter et rire; mais songez
combien une plaisanterie peut être blessante et
causer de peine; songez, combien il serait mé-
chant de rire de ce qui, pour un autre, est un
sujet de chagrin.
Un peu de réflexion, de retenue, l'habitude
du silence, du silence qui sied tant au jeune
âge, vous préserverait de bien des fautes. C'est
particulièrement le besoin de parler à tout
propos et sans raison, qui vous rend méiisants,
railleurs, indiscrets, coupables devant Dieu, im-
portuns et fatigants pour ceux qui vous entou-
rent. La Sainte-Ecriture nous apprend que la
multitude des paroles n'est pas sans péché, car
il est difficile de parler beaucoup sans offenser
Dieu ou le prochain; c'est là sans doute pour-
1>0S
SUR L\ RELIGION, ETC.
quoi nous devons un jour rendre compte de nos
paroles inutiles. Veillez donc avec soin pour
les éviter, et demandez à Dieu, mes enfants,
qu'il vous aide à ne jamais faire un sol ni un
méchant usage, des dons que vous avez reçus
de sa bonté.
LA CURIOSITÉ.
Ne l'a|)|)liqiie jioint à icchticlier
curienseineiit une multitude de cbos's
inutiles.
EccL. m, — 24.
Le curiosité esl le désir de savoir, d'appren-
dre ce qu'on ignore; c'est une disposition
heureuse et louable, quand elle porte à s'in-
struire de choses utiles, à orner sa mémoire
de faits intéressants. On ne saurait trop encou-
rager, mes enfants, une telle curiosité. Elle
donne de l'ardeur pour l'étude, elle en fait sur-
monter les difficultés avec courage : elle vous
serait donc avantageuse, à vous surtout, qui
avez tant h apprendre, et qui trouvez souvent le
210 SUR L\ RELIGION,
travail si ennuyeux. Il y a, je le sais, une curio-
sité naturelle à votre âge, mais malheureuse-
ment ce n'est pas celle dont nous parlions tout-
à -l'heure. C'est une curiosité qui ne peut rien
produire de bon, car elle est futile ou indiscrè-
te, car elle vous porte à désobéir à vos parents,
et peut ainsi vous devenir nuisible.
Ce que j'appelle, mes amis, une curiosité fu-
tile, c'est ce besoin de savoir des choses qui ne
sont d'aucun intérêt, ni pour les autres ni pour
vous-mêmes. Toutes ces nouvelles insignifian-
tes, ces bagatelles, ces riens que vous mettez un
si grand prix à connaître, n'ont pas fait sur
vous la plus légère impression, vous les ou-
bliez aussitôt, et vous n'en avez retiré d'autre
plaisir que celui de satisfaire dans le moment
votre curiosité. Cette disposition vaine et pué-
rile a l'inconvénient d'accoutumer votre esprit
à une légèreté qui, plus tard, pourrait l'empê-
cher de s'intéresser à ce qui est véritablement
utile.
Il résulte quelquefois de la curiosité des in-
convénients plus graves encore, et pour le pro-
chain, et pour soi-même. Presque toujours Yen-
ET Sun LES DEVOIRS DES E>FA.>TS. 211
faut curieux manque de discrétion; il veut sa-
voir les secrets des autres, et cela n'est guère
moins blâmable que de les révéler. Il se rend
insupportable à tout le monde, par ses questions
continuellement répétées; il s'informe de vos ac-
tions, de vos moindres paroles, He vos intentions
même : il faudrait lui rendre compte de tout.
Les grandes personnes s'entretiennent-elles à
voix basse ? l'enfant que l'on avait cru occupé
de ses jeux, a tout écouté, tout entendu. Le fait-
on sortir de la chambre pour causer pi us à l'aise?
poussé par la curiosité, il se tiendra près de la
porte. Laisse-t-on par hasard sur la table une
lettre, quelque papier? vite, le curieux s'en em-
pare pour les lire. En vérité, j'en rougis pour
lui, pour ce pauvre enfant, qui, dominé par son
défaut, ne rougit pas lui-même de commettre
une action si honteuse !
Je vous disais, mes amis, que souvent, la cu-
riosité mène à la désobéissance, et, dans ce cas,
elle peut devenir funeste. On a vu des enfants
s'empoisonner, et mourir dans des douleurs
cruelles, pour avoir voulu connaître ce que ren-
fermait une holc qui cependant avait été soi-
212 SUR L\ RtLlGlOiN,
^neusemeiil mise à l'écart. D'aulres iiiallieu-
reux enfants se sont tués avec des armes à feu,
que, malgré de sévères défenses, ils avaient eu
la curiosité de tenir entre leurs mains.
Je ne dois pas vous laisser ignorer non plus la
déplorable influence qu'un pareil défaut peut
exercer sur l'esprit et le cœur. Tel enfant adresse
à sa mère une question à laquelle celle-ci ne
juge pas à propos de répondre : il ne se lassera
pas d'aller répéter à chacun la même question ,
jusqu'à ce qu'il ait rencontré une personne assez
faible pour consentir à satisfaire une indiscrète
curiosité. Cette personne, probablement moins
en état que la mère, de répondre à l'enfant, d'une
manière juste et convenable, lui donnera, par
son explication, des idées fausses ou mauvaises,
qui, si elles sont pour le moment sans grands
inconvénients , en entraîneront à coup sur ,
de très graves pour l'avenir. Il en est de même
pour les livres qu'on vous défend de lire, et que,
dans un moment de solitude , vous avez peut-
être été tentés d'ouvrir. Ce serait encore là une
désobéissance fort blâmable , et dont les suites
ne seraient pas moins à craindre.
ET SUR LES DEVOIRS DES E>FA>TS. 2lo
Pour afTaiblir votre penchant à la curiosité, je
voudrais essayer, mes enfants, de vous préserver
d'une erreur trop commune à votre âge : c'est de
croire que les choses qu'on ne juge pas devoir
vous dire, sont plus curieuses que tout le reste;
c'est de supposer que les ouvrages, dont on ne
vous permet pas la lecture, sont les plus inté-
ressants de tous; il est à présumer au con-
traire, que vous les comprendriez très mal,
et qu'ils ne sauraient ni vous amuser ni vous
instruire.
Je veux vous rappeler ici quelques mots du
Faint-livre, que j'aime tant à \ous citer. Un
jour, c'était la veille de sa mort, Notre-Sei-
gneur instruisant ses ap<!)tres, leur parla de celte
manière : « J'ai encore beaucoup de choses à
vous dire ; mais vous ne pouvez les porter
présentement.» N'en est-il pas de même pour
vous, mes enfants? Vous êtes trop jeunes pour
tout connaître , trop peu instruits pour tout
comprendre. Attendez : il est des connaissances
pour tous les âges, comme aussi des plaisirs;
assez de belles choses, assez de choses agréables
et pleines dintérét, sont à votre portée, pour
'2iU SUR LA RELIGIOrr , ETC.
qu'il ne voiis reste rien à envier aux personnes
plus âgées que vous. Ce serait bien plutôt aux
grandes personnes , qui savent combien de
choses tristes s'apprennent en avançant dans la
vie, ce serait à elles d'envier l'heureuse igno-
DE LA GOURMANDISE.
Ln t«mpérance est la saule Je l'àiiie
ei du corps.
Ecc. Nxx. — 3-.
La gourmandise est un défaut si commun à
votre âge, mes enfants, que je n'aurais malheu-
reusement pas besoin de vous dire en quoi il
consisie, s'il n'iHait bon toutefois d'en causer
ensemble un moment. Etre gourmand^c'est man-
ger et boire sans raison, avec excès et avidité. Ce
vice a quelquefois des conséquences très funes-
tes; ceux qui s'y abandonnent ont en général une
mauvaise santé ; ils se rendent souvent fort ma-
lades, et si l'on plaint de tout son cœur, les
pauvres enfants qui souffrent d'un accident ou
216 SUR L\ RELIGIO>,
d'une maladie que le bon Dieu leur envoie , on
ne peut guère en vérité se sentir de pitié pour
ceux qui ne souffrent que par leur faute. Les
animaux, qui n'ont pas comme nous, mes en-
fants, une âme et de la raison , nous donnent
parfois, sur la sobriété, des leçons bonnes à
suivre.
La gourmandise poussée h l'excès , peut me-
ner à l'intempérance , vice grossier et dégra-
dant, qui, en privant l'homme de l'usage de sa
raison, le rend un objet de mépris, et le fait
descendre au dessous de la béte: il suffit d'avoir
été bien élevé, pour se préserver d'un si honteux
penchant.
Mais il y a, mes pelitsamis, une autre sorte
de gourmandise, qui, chez les enfants, est plus
commune qtie la première, et qui, pour être
bien plus excusable, n'est cependant pas sans
inconvénient. Vous devinez déjà que je veux
parler de la friandise : elle consiste à n'aimer que
certains aliments délicats, recherchés, et à en
manger immodérément. Sans doute, il n'est pas
défendu de préférer un mets à un autre, ni de
trouver une sorte de plaisir à manger ce qui
ET bUR LES DKVOIUS DES E^FA^TS. 217
paraît bon, il n'est pas ordonné non plus de man-
ger les choses, pour lesquelles on éprouve une
véritable répugnance; mais Dieu exige de nous,
que nous soyons sobres , c'est-à-dire simples et
modérés dans notre nourriture ; nous devons la
prendre, plutôt pour entretenir nos forces, que
pour satisfaire notre goût, et au moins ne ja-
mais faire, des aliments, un usage qui serait
plus nuisible qu'utile à notre santé.
En vous habituant, dès l'enfance, à la so-
briété, vous remplirez plus tard avec moins
de peine les préceptes de l'Eglise, qui, pour
nous faire expier nos péchés, nous prive d'une
partie de notre nourriture à de certaines épo-
ques de l'année.
Mes chers enfants, avant de finir cet entretien,
faisons ensemble une réflexion. Il y a, dans le
monde, une foule de pauvres enfants, qui, pla-
cés dans une situation bien moins heureuse
que la vôtre, manquent souvent du nécessaire ;
pour ces pauvres petits, qui n'ont pas même du
pain en abondance, ce que vous dédaignez à vos
repas serait certainement un grand régal et
ils appelleraient un festin, en qui parait être un
i i
218
SUR L\ RELIG10>', ETC.
mauvais dîner à voire tlt31icalesse : pensez quel-
quefois à cela , mes amis, et vous ne serez plus.
il l'avenir, si difficiles à satisfaire.
DE LA COLERE.
]\e soyez pas pro-.npl à vous iir^lti''
fil l'olèri' , car la colère repose dans le
rœiir de l'insensé.
EcCLtSlAÎT. VI r. — lO.
I
De tous les défauts auxquels nous sommes mal-
lieureusement sujets, mes amis, il n'en est pas
qui se montre à un âge plus tendre que celui
dont je vais vous parler aujourd'hui. Les tout
petits enfants ressentent déjà quelquefois de la
colère; ils la témoignent par des cris, par des
mouvements d'impatience, et chez eux, comme
chez les grandes personnes, la colère est
produite par la contrariété. Ces petits êtres,
dont rinlclligenceest encore si peu développée,
220 SUR
qui sont entièrement dépourvus de raison , et
qui ne peuvent parler enfin, pour se plaindre,
ou pour indiquer ce qu'ils désirent, n'ont d'au-
tre moyen de se faire entendre, que les pleurs :
et si l'on ne comprend pas leurs pleurs, assu-
rément il est naturel qu'ils s'impatientent et
qu'ils se fâchent Mais nous, mes amis, nous
avons, pour nous conduire, la raison, la ré-
flexion, le sentiment de nos devoirs, la con-
naissance de la loi de Dieu : comment nous
laissons-nous donc entraîner à la colère? Com-
ment se peut-il que le moindre obstacle à notre
volonté ou à nos plaisirs, nous révolte parfois,
au point de nous faire parier et agir, comme si
nous étions atteints de folie ?
Et je n'exagère pas, mes enfants; une per-
sonne en colère ne se possède plus; son visage
est altéré, tout son corps tremble : elle n'a plus
de raison, c'est une véritable folie : que de blas-
phèmes alors contre Dieu ! que de paroles inju-
rieuses contre le prochain ! Combien d'actions
mauvaises, combien même de crimes odieux
résultent tous les jours de cette funeste passion !
Sentez-vous, mes chers enfants, la nécessité
ET SUR LES DEVOIRS DLs ïï:NFA>TS. 221
(leconi-er^ dès vos jeunes années, loutpenchant
à la colère? Plus tard, cela vous deviendrait bien
difficile, el cet effort vous coûterait beaucoup
de peine; cardans l'enfance, mes amis, nous
sommes encore maitres de nos défauts, mais si
malheureusement nous les laissons une fois
s'enraciner dans notre cœur, bientôt nos dé-
fauts deviennent nos maitres. Combattez donc
avec courage vos mauvaises inclinations, ré-
primez, aussitôt que vous commencerez à les
ressentir, les moindres mouvements d'impa-
tience. ISe dites pas, comme cela arrive trop
souvent aux personnes sujettes à se mettre en
colère : je ne saurais m'en empêcher; c'est mon
caractère. Quand unt fois ou s'est excusé de
cette manière, il semblerait vraiment qu'on fût
dispensé de chercher à se vaincre. Vous compre-
nez cependant, mes amis, combien ce prétexte
est vain; chacun pourrait en effet y recourir
pour excuser ses propres défauts, et c'est préci-
sément parce qu'on se reconnaît de mauvais
penchants qu'il faut travailler sur soi-même.
C'est ainsi que saint François de Sales, natu-
rellement enclin a la colère, parvint cependant,
222 SUR L.V RELIGION,
à force de combats, à se rendre le plus doux
des hommes.
Quels moyens faut il employer pour vaincre
le penchant à la colère? Le premier de tous est
la prière, mes enfants; sans la prière, ne l'ou-
blions jamais , nous ne pouvons rien : il faut
donc demander à Jésus-Christ, qui nous a laissé
l'exemple d'une inaltérable douceur, la grâce de
pouvoir nous rendre maîtres de cette vivacité
qu'il réprouve. Employons aussi, pour la cor-
riger, le silence et la réflexion. Quand on est
disposé à se fâcher, rien de mieux que de se
taire; autrement, on s'expose à laisser échapper
des paroles que l'on regretterait ensuite; on
s'expose à mal répondre à ses parents, par
exemple , et combien , lorsque la colère serait
passée, ne se reprocherait-on pas une telle
faute !
Enfin, mes amis, réfléchir sur ses défauts,
est aussi un moyen de s'en corriger. Quelles
sont, dites-moi, les causes les plus ordinaires
de votre humeur, de votre impatience, de
simples contrariétés ? mais un peu de réflexion
apprend à s'y soumettre; des observations, des
ET SUR LES DEVOIUS DES EMAM'S. 22o
lép limandes? mais la réflexion poiiria vous
enseigner encore que ces réprimandes ont pour
objet voire bien, que c'est un tort de ne pas les
recevoir avec douceur, et même avec recon-
naissance.
La douceur, mes chers amis, est une des ver-
tus les plus agréables à Dieu. Elle convient par-
ticulièrement à l'enfance, dont elle fait un des
plus grandscharmes. La douceur est une vertu
qui déjà trouve ici-bas sa récompense ; par elle
on se fait aimer; ceux qui en sont doués ne
rencontrent guères autour d'eux que bienveil-
lance, et Noire-Seigneur a dit : « Bienheureux
ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la
lerre. »
DE LA PARESSE.
Allea à la fourmi , <S pav.;sseux ! cou-
sidért'i! sa conduite et devenez sage.
P»OV. VI. — fi.
La paresse est une négligence habituelle, et un
dégoût volontaire de ses devoirs.
Une négligence habituelle , vous le compre-
nez , mes enfants , est autre chose qu'une sim-
ple omission: il peut nous arriver de manquer
parfois à quelques-unes de nos obligations, sans
que, pour cela , nous soyons coupables de pa-
resse. Le dégoût de ses devoirs , à cause de la
gène qu'ils imposent, de la difficulté de les rem-
plir, n'est pas de la paresse non plus, si ce dti-
SUR LES DEVOIRS DES EINFAKTS. ^So
goût est involontaire, et si d'ailleurs, on cher-
che à le surmonter. Mais , négliger ses devoirs
par une sorte de langueur et d'indolence , y
manquer parce qu'on ne veut pas se donner la
moindre peine, supporter le plus léger ennui ,
c'est bien là être véritablement paresseux, et
mériter ce reproche de l'Ecriture sainte, si hon-
teux pour des hommes : « Allez à la fourmi, ô
paresseux, considérez sa conduite et devenez satjc,
La paresse entraîne après elle de nombreux
défauts: elle produit l'oisiveté, et l'oisiveté,
dit encore lEcriture, est la mère de tous les
vices.
La paresse produit aussi la perle de temps,
qu'il ne faut pas confondre avec Toisiveté. Per-
dre le temps , ce n'est pas demeurei- à ne rien
faire, mais c'est ne pas faire du temps un bon
usage, ne pas l'employer utilement, et selon la
volonté de Dieu: à votre âge. mes enfants, on
connaît mal le prix du temps, la vie semble si
longue! le terme en parait si loin encore! on
s'imagine ne jamais devoir l'atteindre ! on se re-
pose avec confiance sur l'avenir, pour réparer
\<^ temps perdu. On n;» peut cependant, hélas!
226 SUR L\ l\ELIGÎOx\,
compler surraveiiir, il n'apparlieiil à personne,
et le moment présent est le seul dont nous
puissions disposer, iiachez donc le mettre à
profit, mes enfants, et soyez bien convaincus
que TOUS ne recueillerez plus tard, que ce que
vous aurez semé dans votre enfance.
Un des plus fâcheux résultats de la paresse
est la tiédeur. La tiédeur est une sorte d'insou-
ciance dans le service de Dieu et dans le soin de
son salut. On fait des prières, mais sans goût,
sans ferveur; on assiste à la messe, mais sans
piété. Dieu, mes enfants, pourrait-il agréer de
tels hommages? La tiédeur n'est pas moins à
craindre dans l'accomplissement de nos autres
devoirs. En effet, si l'on se borne à fuir ce qui est
vraiment défendu, sans avoir de zèle pour le
bien , pour la pratique des bonnes œuvres, que
devient-on ? des serviteurs inutiles , de ces ar-
bres condamnés au feu par Noire-Seigneur,
parce qu'ils ne produisaient rien de bon!
Il faut combattre le penchant à la paresse,
mes enfants, par une sainte activité, par l'amour
du travail et le zèle pour l'élude. L'étude, les
leçons régulières de chaque jour, voilà surtout
liT Si:i\ LKS DEVOIRS DES E^FA^TS. 2 2/
ce qui répugne à voire paresse! L'époque de votre
éducation est cependant arrivée; bien ou mal,
celte éducation doit se faire : pourquoi donc ne
pas apporter au travail l'ardeur qui vous y fe-
rait trouver de l'intérêt et du plaisir ? Pourquoi
loujoui^ penser qu'il est ennuyeux d'apprendre,
et jamais qu'il peut être agréable de savoir?
Dans quelques années, seriez-vousbien aises de
passer pour des ignorants? Non sans doute. Eh
bien ! la paresse pourrait avoir pour vous un ré-
sultat plus triste encore, celui de vous enlever
souvent le moyen d'élre utiles aux autres.
D'ailleurs, mes chers enfants, le travail est un
devoir, un devoir imposé aux hommes. Dieu
nous dit à tous, comme à notre premier père :
« Tu mangeras ton pain à la sueur de ion front yy
Ce n'est pas que tous, nous soyons obligés à
travailler de nos mains, à labourer la terre : par
une triste nécessité, dont les bons cœurs gémis-
sent, mais qui entre dans les desseins de la pro-
vidence, il y a des riches et des pauvres ici bas;
les uns ont tout en abondance et sans peine ; les
autres souffrent des privations nombreuses , et
iie^ peuvent gagner le nécessaire que par de rw-
228 SUR LA RELIGIOIV
rudes travaux; mais, et iie vous y trompez pas^
mes enfants, ceux même qui ont reçu la fortune
en partage, ne sont pas pour cela dispensés de
l'obligation du travail. Jetez les yeux autour
de vous : vous verrez que, parmi les gens rai-
sonnables, et comprenant bien leurs devoirs ,
il n'en est pas un qui ne soit occupé d'un tra-
vail quelconque, et ne fasse de son temps un
utile emploi.
youdri(zvous donc , mes enfants, être les
seuls à ne rien faire ? Vous qui voyez tout le
monde travailler , vous , pour qui tant de per-
sonnes travaillent, serez -vous donc toujours à
murmurer pour les simples devoirs qu'on vous
impose? Ah! ce serait de votre part une grande
ingratitude envers le Seigneur, qui, de préfé-
rence à tant d'autres, vous a fait naître dans
une position si heureuse ! Peut-être ne vous est-
il jamais arrivé de songera cela; peut-être n'avez-
vcus jamais, par exemple, réfléchi à la dure
condition des enfants de votre âge? Eh bien !
quand je devrais affliger vos jeunes cœuis, je
veux, pour corriger votre paresse, vous dire ici
quelques mois du travail dos enfants des pauvres.
ET SUK LES DKVOIBS DES E>FA^TS. 229
Les enfants les plus à plaindre ne sont assuré-
ment pas ceux de !a campagne, et cependant,
n'en avez-vous pas rencontré souvent, qui, partis
avant le jour, à travers la neige, et par un froid
vent de bise, rapportaient à la maison des char-
ges de bois mort, bien lourdes pour leurs pe-
tites épaules ? C'est là, mes amis, une de leurs
occupations de Thiver. L'été, ces pauvres en-
fants, courbés tout le jour à l'ardeur du soleil ,
sont à glaner quelques épis de blé au temps de
!a moisson. Ainsi, commencenî-ils, dans un ûge
très tendre, une vie de travail et de peine!
Et ces petits Savoyards, venus à pied de bien
loin, pour gagner leur pain dans nos villes, eux
dont, l'hiver, vous entendez la voix au point du
Jour, lorsqu'ils parcourent les rues en offrant
leurs services, savez-vous, mes enfants, pour-
quoi, lorsque que vous traversez la place où ils
viennent de vous frayer un passage, ils tendent
vers vous leur main noircie, en vous demandant
d'une voix plaintive : « un petit sou , s'il vous
plaît » ? C'est que, placés pour la plupart chez
des maîtres durs et avides, ces pauvres enfants
sont obligés de leur rapporter unt* certaine
SoO SLi\ LA RELIGION,
somme chaque jour, sous peine d'ôlre mal-
trailéSj battus, privés peut-élre de leur misé-
rable souper du soir!
Ces enfants sont bien malheureux sans doute ;
pourtant , il en est de plus malheureux encore.
Dans les manufactures où se fabriquent la laine,
le coton, la soie, dont on vous faitde chauds vête -
ments ou d'élégantes parures, dans des ateliers
humides, malsains, infects, végètent, comme
emprisonnés, des centaines d'enfants, de qui, à
Tàge de huit à dix ans, l'on exige douze heures
d'un travail assidu et monotone. Continuelle-
ment employés au même ouvrage , ils devien-
nent en quelque sorte une pièce des machines
près desquelles ils travaillent; leur intelligence
reste engourdie, leur santé s'altère, souvent leur
cœur se corrompt par l'influence des mauvais
exemples. Eloignés de leurs parents, beaucoup
de ces pauvres petits ne connaissent aucune
des douces émotions de la famille; personne
n'est là pour s'occuper d'eux, personne ne les
aime. Le soir , après leur journée , jamais une
bonne parole, jamais une caresse. Un repas bien
dtélif, un peu de paille pour dormir, voilà ne
ET SUR LES DEVOIRS DES t^F\>TS. 2ol
qui les attend, liecomineiicer le lendemain el
puis toujours, voilà leur vie !
Et vous , mes chers enfants, vous apprenez la
musique, le dessin , Ihistoire! Ces études si
attrayantes peuvent déjà vous intéresser, et
plus tard, elles deviendront pour vous la sourci
de vraies jouissances. Les leçons vous sont don-
nées, ou par une mère pleine de bonté, de dou-
ceur, de patience, ou par des maîtres remplis
d'indulgence et de politesse. Le travail est réglé
d'après vos forces; on le facilite par les meil-
leures méthodes ; on cherche à le varier pour
vous le rendre plus agréable; il est entremêlé
de repos, de récréations. Chacun de vos efforts
leçoit un encouragement, le moindre de vos
progrès une récompense, et vous êtes pares-
seux ? et vous osez vous plaindre? Oh non ! vous
ne vous plaindrez plus. Le souvenir des mal-
heureux petits êtres condamnés à mener une vie
si dure, se présentera désormais à votre esprit,
et vous rendra honteux de votre mollesse ; vous
penserez aussi à ce divin enfant Jésus, qui, tout
Dieu qu'il était, voulut bien consacrer presque
entièrement sa vie à partager k s obscurs travaux
232 kUR LA RELIGION , ETC.
de son père adoptif. Un tel exemple, mes amis,
enlèvera toute excuse à \otre lâcheté.
Alors, si vous venez à rencontrer un de ces
enfants gagnant à grand'peine la nourriture de
chaque jour, vous plaindrez sa misère, mais
du moins vous n'aurez plus à rougir pour vous-
mêmes. Vous pourrez vous dire intérieurement :
« Moi aussi je travaille, sinon comme toi, pau-
vre petit, du moins autant que mes parents le
désirent, autant que Dieu l'exige de moi. »
DE LA PATIENCE Eï DU COURAGE.
Vous possédtiTï vos àmis par
palieiici'.
S. -Luc. XXI — 10.
En est-il parmi VOUS , mes enfants, dont le
cœur ne se soit ému au récit de quelque belle
action, d'un trait de dcvoùment ou de courage ?
En est-il un seul qui pourrait n'être pas frappé
d'admiration pour l'héroïque constance des mar-
tyrs, la valeur guerrière de Jeanne d'Arc, les
exploits de Bavard, le chevalier sans peur et
sans reproche? Assurément il est naturel que ces
grands souvenirs produisent une vive impres-
sion sur des enfants bien nés, qu'ils leur inspi-
rent le désir de pouvoir imiter un jour de si
beaux modèles.
234 bUU LA RELIGION ,
Mais ce serait une erreur de croire que le cou-
rage n'est utile qu'à la guerre, ou dans de grands
périls. 11 en faut encore dans les circonstances
les plus communes, les plus ordinaires de la vie.
Le courage, mes chers enfants, ce n'est pas seu-
lement le sang-froid, la valeur, l'audace : c'est
également la résignation et la douceur dans les
contrariétés et les souffrances; c'est l'effort fait
sur soi-même pour accomplir un devoir. Ces
différentes sortes de courage, vous le compre-
nez, sont nécessaires à tout le monde , à tous les
âges. L'enfant, lui-même, trouve souvent l'occa-
sion de les exercer. Essayons de nous en con-
vaincre par des exemples familiers, choisis dans
votre propre histoire.
Vous êtes dans l'attente d'une parliedeplaisi» ;
le jour arrive : un événement imprévu déran^c
tous vos projets. Le temps est contraire ; vos
amis n'ont pu venir. Il en coûte, je le sais, de
renoncera un plaisir que l'on s'était promis de-
puis long-temps peut-être ; mais ce n'est la taule
de personne , et personne n'y peut rien. Est-il
donc courageux, est-il seulement raisonnable de
se désespérer d'une contrariété comme d'un vrai
ET SLR LES DEVOIRS DES E>FA>TS. 'Iô^^
malheur , de témoigner tout le jour de la mau-
vaise humeur et du dépit , de faire souffrir les
autres d'un mécompte dont ils ne sont pas la
cause? Le courage, mes amis, consisterait alors
à prendre son parti de bonne grâce , à se dire :
(i Eh bien ! nous serons plus heureux une autre
fois!» L'enfant véritablement chrétien ajoute-
rait : ce Mon Dieu , je vous ai quelquefois offensé
dans mes récréations : ne serait-ce pas pour cela
que vous m'enlevez aujourd'hui ce plaisir? Que
votre volonté soit faite ! »
Les souffrances auxquelles nous sommes ex-
posés, mes enfants, sont encore des occasions
de nous exercer à la patience- La bonne comme
la mauvaise santé, nous viennent également de
Dieu : nous devons mettre à profit l'une el
l'autre.
La première chose à faire dans vos maladies,
c'est de vous soumettre à la volonté divine, à
cette volonté toujours adorable. C'est d'accep-
ter, avec calme et résignation, de la main de
Dieu, les maux qu'il vous envoie: vous n'oserez
pas trop vous plaindre de vos douleurs, chers
enfants, si vous songez à celles que Nolre-Sei-
236 SUR LA RELIGIOIN
gneur a bien voulu souffrir, par amour pour
nous. D'ailleurs, la tranquillité que ces pieux
sentiments inspirent, adoucira vos maux, tandis
que l'agitation, l'impatience les augmenteraient
sans doute, et les rendraient par là plus diffi -
ciles à guérir.
Un second devoir pour les malades, c'est de
ne point refuser ce qui est prescrit par le mé-
decin, et de se soumettre aux précautions
qu'il exige. Quelque désagréable quecela puisse
être, il est encore bien plus pénible de souffrir.
Et quand du reste, vous n'auriez pas cette raison
pour vous-mêmes, chers enfants, ayez-la pour
vos parenls ; pour vos parents si affligés de vous
voir malades, et que le rétablissement de voire
santé peut seul récompenser des tendres soins
qu'ils vous prodiguent.
Il ne faudrait pas, mes amis, que le temps de
la convalescence, devînt pour vous, comme cela
n'arrive que trop souvent aux enfants, un temps
de caprice et d'oisiveté complète. A cela, doit
encore vous servir le courage. S'il ne vous est
pas possible de reprendre vos études, du moins,
pouvez-vous occuper votre e prit de salutaires
ET SLK LES DEYOIhS DES EÎSFAMS. 237
réflexions. Combien de pauvres enfants, par
exemple, n'ont pas, comme vous, lorsqu'ils
sont malades, de bons parents, de tendres amis
pour les soigner, d'habiles médecins pour les
guérir, un lit bien chaud pour se coucher, et
mille moyens de se distraire ! Si jamais vous
n'aviez été malades vous-mêmes, jamais peut-
être n'auriez vous eu pitié de ceux qui le sont.
Peut-être aussi n'auriez-vous pas su, comme au-
jourd'hui, à quel point vous êtes chers à votre
famille. Yoilà pourtant les bons effets que pro-
duit un malheur supporté avec courage.
Vous le voyez, mes enfants, nous avons conti-
nuellement besoin de cette vertu. Appliquez-
vous donc à l'acquérir, exercez la chaque jour
sur vous-mêmes. Vos défauts, vos mauvaises
inclinations, voilà des ennemis à combattre,
animez-vous d'un saint zèle pour les vaincre.
A défaut d'une louable ardeur, qui ne manque,
hélas! que trop souvent, ayez du moins la bonne
volonté qui est encore une sorte de courage; ce
courage, il ne sera ni vu, ni admiré des hom-
mes, mais Dieu, qui en est témoin, saura le
récompenser.
DE L'ÉGLISE CATIÏOLIOUE.
(Jiii vous iTOUlo, m'i-coiitr".
S.-L..<:. X.— iG.
Lorsque vous entendez parler de l'Eglise, mes
enfants, il ne s'agit pas toujours de la maison du
Seigneur, du temple saint où vous allez offrira
Dieu vos prières. Le mot Eglise signifie encore
Assemllèe. On donne ce nom à l'assemblée des
fidèles ; on s'en sert aussi pour désigner l'auto-
rité des supérieurs ecclésiastiques. Quand , par
exemple, on dit: « la volonté de l'Eglise, les
commandemens de l'Eglise )> , cela exprime les
lois établies par les pasteurs pour gouverner les
fidèles.
SUR LES DEVOIRS DES E?iFA^TS. To9
L'Eglise , comme renseigne le catéchisme ,
est donc la société des fidèles, qui, sous la
conduite des pasteurs légitimes, ne font quun
même corps, dont Jésus-Christ est le chef. Je
veux chercher, mes amis, à vous bien faire
comprendre cette explication.
D'abord, on entend par Fidèles, les personnes
(jui ont reçu le baptême, et qui croient en Jésus-
Christ. La réunion de ces fidèles forme une so-
ciété sainte. Sans se connaître^ et sans habiter le
même pays , ils sont unis entre eux comme les
membres d'une seule famille. Tous ils reçoi-
vent la même instruction, les mêmes sacrements;
tous ils récitent les mêmes prières, aiment le
même Dieu, attendent de lui le même bonheur.
Pour apprécier cette parfaite union entre tous
les fidèles, on dit, mes enfants, qu'ils ne for-
ment qu'un seul corps.
Les fidèles sont gouvernés par des chefs ap-
pelés Pasteurs , parce qu'ils conduisent le trou-
peau de Dieu. Le pape, ou le souverain pontife,
est le premier pasteur de l'Église. C'est le suc-
cesseur de saint Pierre. Il est le chef, non-seule-
ment des fidèles, mais des autres pasteurs. Dans
2A0
SUR L\ IIELIGIO?'
tout ce qui concerne la religion, nous lui devons
une entière obéissance. Au-dessous de lui sont
placés les archevêques et les évêques, puis aussi
les simples prêtres, chargés de les aider dans
leur saint ministère.
Tous ces pasteurs sont appelés légitimes,
parce qu'ils sont établis de Dieu lui-même, et
choisis à l'aide du Saint-Esprit.
Enfm, mes amis, Jésus-Christ est le chef su-
prême de l'Église. 11 la gouverne du haut du
Ciel, et, bien que ce soit d'une manière invisible,
cependant nous n'en pouvons douter. Par la
seule puissance de Dieu, en effet, douze pé-
cheurs ignorants et pauvres ont pu fonder l'É-
glise; par la seule grâce de Dieu, l'Église a pu
se conserver, malgré mille obstacles, malgré
les persécutions de ses ennemis; et c'est encore
par les inspirations que l'Église reçoit de l'Es-
prit de Dieu, qu'elle enseigne toujours la vérité
aux fidèles.
C'est un bien grand malheur, mes enfants,
que tous les hommes ne soient pas des chré-
tiens, et que tous les chrétiens ne soient pas
des enfants de l'Église. 11 existe encore des pays
ET SUR LES DEVOIRS DES EAFASTS. 241
OÙ Dieu n'est pas connu : ce sont h s pays idolà:
très. Il y a des peuples qui adorent Dieu, mais
qui refusent de croire que son divin Fils soit des-
cendu sur la terre : ce sont les Juifs et les Ma-
hométans. Il y a des hommes enfin qui ont re-
tranché de leur foi, une partie des vérités que
l'Église enseigne, et qui ne sont plus soumis à
son autorité : ce sont les hérétiques et les schis-
matiques, connus généralement sous le nom de
Protestants. Chacune de ces différentes sociétés,
croit enseigner la vérité, et se vante d"élre la
véritable église : toutes sont dans l'erreur, mes
enfants, li n'y a qu'une seule Église qui soit
celle de Jésus-Christ : l'Église catholique, apos
lolique et romaine.
On l'appelle Ca^Ao/Zg?/^^ ce mot veut dire uni-
verselle, parce qu'elle subsistera dans tous les
temps, et qu'elle est la plus généralement ré-
pandue dans l'univers; npostoliqr(c, parce que
ses enseignements nous viennent des apôtres,
( t que ses ministres sont leurs successeurs ; ro-
maine, parce que le pape, chef de 1 Église, réside
à Rome.
l/Église. mes amiS; ne peut jamais se trom-
2^2 SUR LA RELIGIO:v ,
per dans ce qu'elle nous enseigne. La promesse
de Jésus- Christ nous en donne l'assurance.
Aussi Noire-Seigneur veut- il que nous soyons
soumis à l'Église, comme à lui-même. « Qui
vous écoute, m'écoute, et qui vous méprise, me
méprise », disait-il aux apôlres. Les comman-
dements de l'Église, bien connus de vous, mes
enfants, ne sont donc pas moins obligatoires
que ceux de Dieu. Il en est plusieurs cepen-
dant , dont on est dispensé à votre âge ; mais
il faut remplir exactement les autres, et vous
promettre, pour le temps où vous serez plus
grands, une fidélité entière à chacun d'eux. Cette
fidélité, outre qu'elle est un devoir rigoureux,
nous donne le moyen de nous montrer recon-
naissant envers Dieu, de ce qu'il a bien voulu
nous accorder la grâce de naître dans la véri-
table Église.
Il ne saurait y avoir, mes enfants, de plus
grand bonheur que celui-là, et nous ne pou-
vons en remercier trop souvent le Seigneur. Mais
souvenons-nous de profiter de cette grâce pour
faire notre salut : autrement. Dieu serait en droit
de nous juger plus sévèrement que d'autres.
ET SUK LES DEVOIRS DES ENFANTS. Iko
N'allez pas oublier non plus, mes cliers en-
fants, que, d'être catholique, c'est un bonheur,
et non pas un mérite; nous n'avons ni le droit
de nous enorgueillir d'être dans la vraie reli-
gion, ni celui de mépriser les autres, parce
qu'ils n'en sont pas. Il faut plaindre ces pauvn s
égares, et prier Dieu de les ramener dans la
bonne route, dans le chemin qui seul conduit au
Ciel. Et si, par hasard, vous vous trouviez élevé
avec des enfants d'une religion différente de
la vôtre , gardez-vous , mes amis, de les tour-
menter sur leurs croyances. Que votre zèle
n'aille pas jusqu'à vouloir les convertir ; vous
n'êtes nullement chargés de ce soin. Mais appli-
quez-vous à leur donner toujours de bons exem-
ples, montrez-leur qu'un enfant catholique est
le plus docile, le meilleur, le plus aimable des
enfants ; par là, vous leur ferez aimer votre re-
ligion : les bons exemples, d'ailleurs, sont en-
core une'manière de prêcher: c'est la seule, mes
enfants, qui soit permise à votre Age.
DEVOTION A LA SAINTE VIERGE.
Mon fils, voilà votre nièi
St. Jeax. \ix. -
Me voici, maintenant; sainte Vierge Marie,
au moment de parler à mes enfants, de vos gran-
deurs et de votre amour; au moment de leur
apprendre à vous chérir, à vous prier. Je n'ai
rien tant à cœur, vous le savez, que de leur
donner envers vous, cette piété solide et ten-
dre, qui est à-la-fois pour nous, sur la terre, une
sauve-garde et un appui. Mais, pour y réussir,
il me faut , ô Marie , le secours de votre pro-
SUR LES DEVOlRi DES E.NFAriTs. '2k5
teclioli puissante, et je viens aujourd'hui l'im-
plorer. Daignez bénir cette instruction, pour la
rendre salutaire et persuasive ; daignez bénir
aussi ces chers enfants, qui bientôt, je veux
l'espérer, vous aimeront comme une mère ; per-
mettez que, sous votre tutelle, ils s'élèvent dans
l'innocence et la sagesse, à côté de l'enfant
Jésus !
Toute la dévotion envers la sainte Vierge, mes
amis, repose, pour ainsi dire, sur ces deux noms
que l'Eglise se plaît à lui donner sans cesse :
Marie, mère de Dieu, Marie notre mère. En effet,
nous devons honorer Marie comme la mère de
Dieu, et invoquer sa puissance; nous devons
aimer Marie comme une tendre mère, et nous
confier en sa bonté.
Quelle grandeur que celle de la mère d'un
Dieu, mes enfants! y avez-vous jamais pensé?
saurez-vous jamais la bien comprendre? La
sainte Vierge a donné naissance au Dieu fait
homme pour nous sauver. Elle a nourri de son
2Zj6 sur la RELIGIO^f,
lait, el porté dans ses bras, celui qui créa le
monde ; et le Dieu qui commande au Ciel et à la
terre voulut bien lui être soumis. Si, en raison
de leur élévation, nous rendons des honneurs
aux princes, aux grands de la terre, combien
plus d'hommages et de louanges ne devons-
nous pas à Marie, dont la gloire surpasse infini-
ment celle de toutes les créatures ; à Marie , la
reine des anges, assise dans le Ciel, près du
trône même de Dieu !
Après avoir rendu gloire à la sainte Ylerge,
comme à la mère de Dieu, ayons recours, mes
enfants, à sa divine protection, adressons-nous à
sa puissance. Jésus, qui, sur la terre, fut le mo-
dèle d'un bon fils, et qui daigna faire son pre-
mier miracle à la prière de sa mère, voulut,
pour notre bonheur , la rendre dans le Ciel la
dispensatrice de ses bienfaits. Il voulut que tou-
jours elle put s'adresser à lui, sans crainte d'être
refusée; aussi, voyez, mes enfants, quelle est
la confiance des chrétiens dans la puissance de
la sainte Vierge î
Les biens de la terre sont-ils en souffrance, par
suite de l'humidité ou de la sécheresse des sai-
ET SUR LES DEVOIRS DES E>FAATS. !^/|7
sons? Le laboureur voit-il ses moissons mena-
cées par des temps contraires? Une ville vient-
elle à être frappée d'un fléau destructeur? Cha-
cun élève la voix vers Marie, on promène en
tous lieux sa bannière^ on se presse autour de
son autel. C'est à Marie que l'on s'adresse ;
à Marie, appelée de tous temps, par l'Eglise, le
secours des chrétiens.
Une famille est-elle dans l'inquiétude et dans
les larmes, à cause de la maladie d'un de ses pro-
ches? A qui s'adressera-t-elle pour obtenir la
guérison de celui qu'elle aime si tendrement ? A
Marie , la sa?ifé des infirmes.
Un malheureux gémit-il sous le poids d'un
bien cruel chagrin : à qui va-t-il oua rir son pau-
vre cœur? A IVIarie, la consolatrice des affligés.
Enfin , le coupable qui pleure sur sa faute et
qui, cependant, redoute encore la justice de
Dieu, à qui viendra-t-il demander un peu de
confiance? A Marie , le refuge des yéchcurs.
Oui, mes enfants, dans tous leurs besoins, leurs
ennuis, leurs souffrances , hélas! et dans leurs
fautes, à chaque heure de la vie et au moment de
la mort, le chrélien s'adresse à Marie. Son nom
2^8 SUR LA RELIGIOiN,
seul le rassure , il lui est doux de le prononcer.
Et cela pourrait-il nous surprendre? Non, saus
doute , mes enfants. Marie est pleine de puis-
sance , car elle est la mère de Dieu ; elle est aussi
pleine de bonté, car elle est notre mère.
Quelle mère se montra plus tendre pour ses
enfants 1 Jamais on ne l'implore en vain ; jamais
elle ne ferme l'oreille à nos prières. Aussi , par-
tout la reconnaissance des liJèles s'empresse
d'élever des monuments en son honneur. Dans
les pays catholiques, pas un village où ne se
trouve une chapelle , un autel , ou quelque sim-
ple image consacrée à Marie; pas un lieu où elle
ne soit invoquée sous les noms vénérés de Notice-
Dame de bon secours , Notre-Dame de la déli-
vrance, Noire-Dame de la consolation , du mira-
cle, de la pitié!
Il est de ces chapelles où , tous les ans , à de
certaines époques, se rendent en pèlerinage des
milliers de fidèles, venus à pied de bien loin.
Suivons-les , mes enfants. Quelle joie pour ces
bons pèlerins, d'arriver au terme de leur long
voyage ! d'apercevoir, au milieu des arbres, le
toît de l'humble chapelle où ils espèrent obte-
ET SUR LES DEVOIRS DES EîiFA^TS. 'iWi)
nirune grûce tant désirée. Ils entrent en chan-
tant les louanges de la mère de Dieu, et vont
en foule s'agenouiller sur les dalles de piene.
Les fidèles qui, avant eux, ont visité cette
chapelle, y ont laissé des témoignages touchants
de leur reconnaissance envers Marie , pour les
bienfaits obtenus à sa prière. Des tableaux , des
inscriptions, des ex vofo sans nombre, couvrent
les murs et les piliers. La statue de la sainte
Vierge, placée au milieu de l'autel, est couverte
de somptueux babils, ei, au cou de l'enfaiît
Jt^sus, qu'elle porte danssesbras, est suspendue
la modi ste croix d'argent, seule parure de la
pauvre femme du pécheur. Quelques matelots ,
échappés à un horrible naufrage, vinrent offrir
à Marie un petit vaisseau d^ bois artistement
travaillé. Amené par ses parents, un pauvre
jeune homme infirme, se traînant à grand -
peine, appuyé sur deux bâtons, retrouva jadis
dans ce saint lieu la force et la santé ; en mé-
moire de sa guérison miraculeuse, il suspendit,
près de l'autel de 3Iarie , ses béquilles devenues
inutiles. Le souvenir de ce miracle, la vue de
ces pieuses offrandes viennent encore au g-
250 SUR LA RELIGIOJV ,
ineiiler la ferveur et la confiance des pèlerins.
Pour vous, mes chers enfants, vous n'avez en
ce monient ni pèlerinage à faire, ni miracle à
demander,mais vous avez besoin de grâces nom-
breuses, et plus précieuses encore que celles qui
ont pour objet la santé. Malheureusement, bien
des défauts vous dominent encore, et vous em-
pêchent de devenir l'enfant pieux et docile que
Dieu veut trouver en vous. Pour vous corriger,
il faut implorer la sainte Vierge, la prier sans
cesse, vous adresser à elle avec amour, avec
une confiance toute filiale. Vous êtes ses enfants,
et, parla volonté de Dieu, et par le vœu de votre
propre mère. Dès le moment de votre naissance,
sa piété vous consacra à la sainte Vierge, ap-
pela sur votre tête ses divines bénédictions.
Pauvre mère ! elle n'ignorait pas que ses soins
les plus dévoués, le sacrifice même de sa vie ne
pouvaient vous préserver de tous les dangers,
vous obtenir toutes les grûces ; c'est pour cela
que, dès vos plus tendres années, elle voulut
vous placer sous la protection de Marie, la plus
puissante comme la meilleure des mères.
Nous ne saurions mieux honorer la sainte
ET SUR LES DEVOIRS DES E^FA>TS. 251
Vierge, mes chers enfants, qu'en cherchant à
retracer, dans notre conduite, les vertus dont
elle nous a laissé Tcxemple, car elle tient plus
encore à notre sanctification qu'à nos homma-
ges. Toutefois, c'est un devoir pour nous de
rendre hommage à Marie, par les prières que
l'Eglise lui adresse, et par les saintes pratiques
établies en son honneur. Ne pouvant ici, mes
amis, vous les indiquer toutes, je me bornerai à
vous parler de deux d'entre elles, la Salutation
angèligne et le saint Rosaire.
La Salutation angéliqiie fait partie de nos
prières de chaque jour. L'Eglise la met dans la
bouche de ses enfants, aussitôt après VOraison
dominicale, pour leur montrer, sans doute ,
combien elle doit avoir de prix à leurs yeux. Cette
prière est appelée Salutation angèliqne , parce
qu'elle commence par les paroles que l'ange
Gabriel adressa à la sainte Vierge, en lui annon-
çant qu'elle allait devenii- la mère de Dieu. Nous
empruntons le langage de l'ange, mes amis, par-
ce que nous n'en connaissons pas de plus glo-
rieux pour notre mère. Nous saluons du fond
de noire cœur cette vierge pleine de grAce, tant
25Î SUH LA UELIGIOrî,
aimée du Seigneur, mère de l'enfanl béni, qui
vient pour nous sauver; et puis, venant à nous
rappeler le besoin continuel que nous avons de
son appui , nous ajoutons avec l'Eglise : Sainte
Marie, mère de Dieu, soyez aussi notre mère;
priez pour nous , pour nous pauvres pécheurs,
maintenant où votre protection nous est si né-
cessaire, et à l'heure de notre mort, afin que
nous puissions vous retrouver au Ciel.
Parmi les pratiques de dévotion envers la
sainte Vierge, une des plus répandues chez les
chrétiens, est le rosaire, dont le chapelet
est l'abrégé. Cette dévotion est très ancienne,
mes enfants ; Dieu l'inspira à saint Dominique,
au commencement du treizième siècle , comme
un puissant moyen de convertir les hérétiques ,
très nombreux alors, et qui , malheureuFement,
attaquaient la religion dans notre pays. Des
effets si miraculeux furent attribués à cette
prière , qu'elle se répandit bienlôt dans toute
l'Eglise, et qu'elle fut adoptée par les plus grands
saints, parles monarques les plus puissants.
Je ne saurais trop vous recommander, mes
amis, de suivre dès votre enfance, celte sainte
ET SUR LES DEVOIRS DES E^FV>TS. 253
pratique. Sans doute, le rosaire en entier fati-
guerait votre attention ; mais une simple dizai-
ne de chapelet, récitée chaque jour avec piété ,
n'aura pas cet inconvénient, et vous méritera
les bénédictions de Marie. Peut-être cependant,
vous arrivera-t-il de rencontrer des personnes
qui n'auront pas, comme vous, l'usage de cette
antique et naïve dévotion. « A quoi bon , diront-
elles, répéter ainsi la même prière ? Le chapelet
convient seulement à ceux qui ne savent pas
lire : c'est la prière des pauvres gens. » Tel est
bien souvent le langage du monde.
Pourquoi répéter la même prière? Eh! mes
enfants , le pauvre aveugle assis sur le bord du
chemin par où Jésus passait , ne variait pas plus
que nous sa prière , quand il implorait Notre-
Seigneur : « Jésus, fils de David , ayez pitié de
moi » ! s'écriait-il seulement ; «Jésus, fils de Da-
vid , ayez pitié de moi ! » et il fut guéri.
Le chapelet n'est bon que pour ceux qui ne
savent pas lire ; c'est la prière des pauvres gens !
Quoi! Seigneur, y aura-t-il donc des prières
pour les riches et des prières pour les pauvres?
Au pied de vos autels, ne régnera t-il donc pas
25/t SUR LA RELIGIO' , ETC.
enlrc vos enfants une sainte égalité? Mon Dieu,
n'a\ons-nous pas tous à vos yeux les mêmes be-
soins , n'avons-noùs pas tous , hélas ! les mêmes
misères! Le chapelet est la prière du pauvre ?
mais c'est précisément ce qui me le rend chery
etc'estpourcelaquej'aime aie dire. Tantmieux,
ail î tant mieux , mes enfants, si , à la simplicité
de notre prière, et à l'humble chapelet que nous
tenons à la main, le Seigneur peut croire trou-
ver en nous des pauvres! Heureux, mille fois
lieureux, si nous avons quelque trait de ressem-
blance avec ces bons pauvres, qui sont cux-
niAmcs l'image de Jésus-dhrisl !
DES Ai\GES.
J'enverrai dt vanl vous mou ;in;,'p,
il vous gardera pendant le cheniiti,
et vous fera entrer dans le lieu que
je vous ai préj)aré.
Exon. XXIII — 20.
Les aiiges^ mes enfants, sont des créatures dont
Dieu a peuplé le Ciel, et qui en sont les habi-
tants, comme nous sommes ceux delà terre. Les
anges, cependant, ne sont pas semblables à nous;
ce sont de purs esprits qui n'ont point de corps ;
ils n'ont, pas plus que nos âmes, de forme ou de
couleur, et , par conséquent , nous ne pouvons
ni les voir ni les toucher.
Dieu créa une multitude de ces anges, dont
l'occupation éternelle devait être de le louer et
i5.
256 SLR LA KELIGIOIN ,
de le bénir dans le Ciel ; mais le premier d'enlrc
eux, croyant qu'il pourrait égaler le Seigneur
en puissance, se révolta un jour contre lui, et
entraîna un grand nombre d'autres anges dans
sa désobéissance. Dieu, qui déteste l'orgueil ,
chassa des Cieux tous ces rebelles, et les préci-
pita dans l'enfer. Il n'y eut pour eux ni pardon
ni miséricorde ; la mort même de Jésus-Christ ne
leur a pas fait trouver grâce devant Dieu. Si nos
fautes sont traitées avec plus d'indulgence, mes
enfants, en raison peut-être de notre faiblesse,
cet exemple de la justice divine doit néanmoins
nous faire trembler.
Les anges fidèles demeurèrent au Ciel, et Dieu,
pour les récompenser , leur ôta le triste pouvoir
de mal faire. Comprenez-vous bien, mes en-
fants , quel bonheur est celui là , non seulement
de n'avoir jamais l'envie de désobéir à Dieu ,
mais encore de n'en avoir pas la puissance ! Ce
bonheur sera aussi le nôtre , si nous méritons
d'aller un jour retrouver les anges dans le Ciel.
Il y a donc maintenant de bons et de mauvais
anges, dont les occupations et la destinée sont
bien différentes. Les uns, appelés démons, à
ET SLR LES DEVOIKS DES t^FA>TS. 257
cause de leur méchanceté, sont affreusement
tourmentés dans l'enfer, et trouvent une conso-
lation bien cruelle à entraîner les hommes au
mal, pour les rendre aussi misérables qu'ils le
sont eux-mêmes. Un de ces démons, vous le sa-
vez, fut la cause du péché de nos premiers pères,
et ce sont encore ces démons , mes enfants, qui,
par leurs tentations, cherchent tous les jours à
nous faire manquer à nos devoirs; gardons-nous
bien de jamais les écouter!
Les bons anges sont heureux dans le Ciel, au-
près de Dieu qu'ils aiment et louent sans cesse,
et dont ils font la volonté. Le nom d'ange signi-
fie envoyé, et en effet, les anges ont été souvent
envoyés sur la terre, poury exécuter les justices
de Dieu et ses miséricordes. Vous vous rappelez
cet ange placé à la porte du paradis terrestre,
pour en défendre l'entrée ; cet autre qui, épai'-
gnant les enfants des Israélites, mit à mort en
une nuit les fils aînés des Egyptiens; celui qui
arrêta le bras d'Abraham, au moment oii il allait
sacrifier son fils unique ; celui encore qui guida
le jeune Tobie dans son pieux voyage; ceux
enfin qui, par leurs célesles concerts, firent
258 SUR LV RELIGION, ETC
connaiti eaux pasteurs de Bethléem la naissance
du sauveur du monde. Dans ces différentes cir-
constances. Dieu rendait les anges visibles aux
yeux des hommes; depuis long-temps, mes
amis, il n'en a point paru sur la terre; mais
nous savons qu'ils veillent sur nous, et qu'il y en
a même de particulièrement chargés de nous
protéger. L'Eglise les appelle nos .4 ?^^e5 (jardicns.
Aussitôt qu'un petit enfant vient au monde ,
Dieu lui donne un de ces beaux anges, qui vole
autour de son berceau. Il préserve ses premières
années (les dangers qui les menacent; il veille
sur lui dans ses maladies, le console plus tard
dans ses peines, l'aide à faire le bien, à éviter le
mal, et tout cela, au moyen de la grâce de Dieu,
que ces anges sont chargés de verser dans nos
cœurs. Notre ange gardien offre aussi à Dieu
nos prières, lui demande la récompense de nos
vertus, pleure avec nous nos fautes, pour en im-
plorer le pardon. Et quand l'heure de mourir
approche, mes enfants, lui encore soutient notre
courage, adoucit nos dernièrts épreuves^ el
s'envole avec notre àme, pour lui montrer le
chemin du Ciel.
DE LA MORT
IJimlieurr-nx cptix (jui niciiri nt
tl.ifl.s le Sfigncur.
Tout ce qui liait doit mourir, mes chers cii-
fauLs; c'est une loi de la nature. Les plus grands
arbres, ceux à Tombre desqutds voire aïeul
peut-être venait s'asseoir, et qui paraissent en-
core si pleins de vie, un jour pourtant tomberont
desséchés. Les belles fleurs que nous admirons
le matin, se penchent vers le soir sur leur tige,
et leur éclat ne dure guère plus d'un jour. Les
petits inseclesnc vivent qu'une saison; les plus
260 SUR LA RELIGION,
forts des animaux, seulement quelques années.
L'homme meurt aussi, mes enfants; mais il avait
été créé pour être immortel , et Dieu lui avait
destiné une existence éternellement heureuse.
Adam perdit ce divin privilège par sa désobéis-
sance • en punition de la faute de notre premier
père, les hommes furent condamnés à mourir.
Toutefois, la miséricorde de Dieu adoucit la
rigueur de cette sentence, nous ne mourons
pas tout entiers ; nous ne mourons pas pour
toujours.
La mort, mes enfants, est la séparation de
l'Ame d'avec le corps. L'âme, ayant abandonné
le corps qu'elle animait durant la vie , le laisse
froid et insensible ; on le dépose dans la terre,
où il ne larde pas à se corrompre; bientôt il
n'est plus qu'un peu de poussière. Mais l'âme
créée à l'image et à la ressemblance de Dieu,
l'âme par laquelle on pense, on se souvient et
on aime, ne cesse jamais de vivre. Dégagée des
liens qui la retenaient captive dans ce corps
terrestre, elle s'envole aussitôt vers Dieu, pour
recevoir de lui sa punition ou sa récompense.
Nous ne mourons donc pas tout entiers , mes
ET SUR LES DEVOIRS DES E>FA>TS. 261
enfants; nous ne mourons pas non plus pour
toujours ; car, à la fin du monde, nos corps res-
suscites par la toute-puissance divine, se réu-
niront à nosûmes pour ne les plus quitter.
L'homme sait que, pour lui, la mort est iné-
vitable, mais il reste dans une ignorance pro-
fonde du moment où elle doit arriver. Dieu est
le maître de la vie et de la mort, notre destinée
est entre ses mains. On ne peut, hélas! compter
ni sur la santé ni sur la jeunesse; et si quelques-
uns des hommes ne quittent cette terre qu'après
y avoir vécu de longs jours, il arrive souvent
aussi que Dieu appelle à lui les tout petits en-
fants, pour augmenter le nombre de ses anges.
L'incertitude où nous sommes du moment de la
mort, devrait assurément nous tenir dans une vi -
gilance continuelle, a Heureux, dit Jésus-Christ,
heureux le serviteur fidèle que le Seigneur trou-
vera veillant lorsqu'il viendra! » Oui, sans dou-
te, mes enfants , celui-là est heureux , qui cha-
que jour se conduit comme si , le soir, il de-
vait mourir. En récompense de sa vie pure , il
recevra de Dieu la grAce précieuse d'une bonne
mort.
i5..
262 SUR LA RELIGIO>,
Pour un vrai chrétien, pour un enfant pieux el
sage, la mort n'a rien de terrible. C'est le com-
mencement d'une vie de bonheur; c'est l'entrée
dans la patrie après un long voyage. Il n'y a de
véritablement triste dans la mort que la sépara-
tion d'avec ceux que l'on aime.
Aux derniers jours de l'automne, lorsque les
bois perdent leur feuillage, et que l'on com-
mence à sentir les approches de l'hiver, noiis
voyons se rassembler les hirondelles , qui, tou-
tes ensemble, s'envolent vers un climat plus
doux. Si, comme elles, mes enfants, nous pou-
vions aussi réunir notre famille, et ne pas nous
en séparer lorsqu'il faut quitter ce monde,
pour un monde meilleur, qui d'entre nous alors
regretterait de mourir! Malheureusement, hé-
las ! nous ne quittons la vie que les uns après les
autres, et ce dernier, ce long adieu, nous cause
ime bien cruelle douleur. Mais, dans ces jours de
tristesse et de deuil, la religion vient au secours
de celui qui s'éloigne, comme de ceux qui res-
tent. Elle a du baume pour toutes nos blessures,
elle nous laisse la consolante pensée que nous
nous reverrons lui jour, cl que, dans le Ciel.,
ET SUR LES DEVOIRS DES ESFAISTS. 2Co
nous pourrons nous aimer encore. Les chré-
tiens ne doivent donc pas s'alïliger comme ceux
qui sont sans espérance. C'est là un des con-
seils de l'apôtre saint Paul.
Ce conseil, une pauvre mère l'avait bien
suivi, et y avait trouvé de grandes consolations
après la perte d'un être chéri. Vous serez tou-
chés, mes enfants, comme je le fus moi-même,
de ce qu'elle me disait à cette occasion. Me
trouvant en voyage, je rencontrai cette femme,
près d'un village où je m'étais arrêtée. Ses vête-
ments annonçaient la misère, et elle s'approcha
de moi, pour me demander l'aumône. Je la
questionnai sur ses besoins : « Avez-vous donc,
lui dis-je, une nombreuse famille à soutenir?
— J'ai cinq enfants , madame , me répondit-
elle, quatre sont avec moi, les voici: puis, levant
les yeux vers le Ciel, avec un doux sourire,
et une pieuse résignation, elle ajouta : Le cin-
quième est le plus heureux, il est avec Dieu et
les Anges ! »
Sans doute, en voyant mourir son fils, elle
avait bien pleuré, la pauvre mère ; mais elle le
croyait absent, et non perdu; il comptait
26/i SUR LA RELIGION, ETC.
encore dans sa famille, et la pensée du bonheur
de ce cher enfant, l'espoir de le revoir un jour,
avait consolé sa mère.
ïmi
DU JUGEMENT DERiMER.
Le temps vicidia que tous ceux
qui sont dans les sépulcres enten-
dront la voix du Gis de Dieu.
S. J£1N. V. — 28.
Dans notre dernier entrelien, mes enfants,
j'ai cherché à vous consoler de la mort, en vous
la représentant seulement, comme le passage à
une vie meilleure ; car j'ai l'espérance, qu'un
jour, tous vous aurez en partage, une heureuse
éternité. Mais vous n'ignorez pas, je suppose,
qu'une pareille récompense doit être méritée.
Dieu, qui est souverainement juste, ne pourrait
accorder le bonheur du Ciel aux âmes qu'il en
trouverait indignes. Dieu nous jugera donc
après la mort, vous, moi,' et tous les hommes.
266 SUR LA KELIGIOA,
Sur quoi serons-nous jugés, mes chers ciifanLs?
sur l'emploi que nous aurons fait de la vie.
Aussitôt que vous aurez rendu le dernier sou-
pir, votre âme s'étant envolée vers Dieu, il ou-
vrira le livre de la sainte loi, et celui qui présente
le tableau des actions des hommes. Comparant
alors votre conduite avec vos devoirs, il verra
comment vous avez profité de la bonne éducation
que vous aviez reçue, des bons exemples dont
vous étiez entourés, des heureuses dispositions
qu'il avait mises dans votre cœur, pour vous
rendre la vertu plus facile II verra, si les fautes
échappées à votre faiblesse, ont été rachetées
par un vrai repentir, expiées par de bonnes
œuvres. Sur cet examen que vous subirez, mes
enfants, que tout homme subit après sa morl,
et que l'Eglise appelle le jugement particulier,
sera décidé votre sort éternel.
Ce premier jugement doit être confirmé à la
fin du monde par le jugement dernier, que lE-
vangile nous apprend devoir être annoncé par
des signes éclatants, et d'effrayants prodiges.
Voici de quelle manière Xotre-Seigneur Jésus-
Christ parlait de ce grand jour :
F.T SUR LKS DEVOIRS DES E>FA>TS. 20/
« Lorsque le Fils de l'homme, viendra dans
l'éclat de sa majesté, alors il ira s'asseoir sur le
trône de sa gloire, et les anges, ayant rassemblé
devant lui toutes les nations, au son de la trom-
pette, Jésus-Christ séparera les uns d'avec les
autres, comme un berger sépare les boucs d'a-
vec les brebis ; il placera les brebis à sa droite,
et les boucs à sa gauche; puis il dira à ceux qui
sont à sa droite : venez, les bénis de mon Père,
posséder le royaume qui vous a été préparé de-
puis le commencement du monde. Il dira en-
suite à ceux qui sont à sa gauche : Allez, mau
dits, au feu éternel, qui a été préparé pour le
démon et pour ses anges ! »
Dans un autre endroit de l'Evangile, Notre-
Seigneur compare encore la séparation des
bons et des méchants, à ce qui se fait, à la cam-
pagne, au temps de la moisson. A cette époque,
le maître du champ dit aux moissonneurs :
« Cueillez premièrement l'ivraie, qui est une
mauvaise' herbe, et liez-la en bottes pour la
brûler; puis, amassez soigneusement le froment
dans mon grenier. »
Que faul-il faire, mes enfants, pour éviler la
268 SUR LA RELIGION,
terrible punition du pécheur, pour être un jour
placé du côté des brebis, pour entrer, comme le
froment pur, dans les greniers du père de fa-
mille? Rien autre chose que de remplir les de-
voirs de sa position et de son âge, de faire, cha-
que jour et à chaque heure, la volonté de Dieu ,
de retourner sincèrement à lui, dès qu'on a eu
le malheur de commettre une faute. Alors, si, en
pensant au jugement deinier, l'on ne peut se
défendre d'une sorte de crainte, car la justice
divine est redoutable pour les âmes les plus par-
faites, cette crainte, du moins, n'enlève pas tou-
te confiance; elle soutient , elle encourage, elle
corrige sans désespérer ; et le chrétien qui a fait
de son mieux sur la terre, peut remettre son
avenir éternel entre les mains de Dieu, dont la
bonté est mille fois au-dessus de notre misère.
La pensée et le désir du Ciel, bien plus encore
que le sentiment de la crainte, doivent, mes chers
enfants, diriger nos actions , nous aider à prati-
quer la vertu , à remplir fidèlement nos devoirs.
Le Ciel , c'est la demeure de notre père, du Dieu
que tant de bienfaits nous ont appris à aimer.
Dans le Ciel, où nous le verrons, où notre âme
ET SUR LES DEVOIRS DES E>FA>TS. '2(}\)
saura mieux leconiiaitre, nous pourrons aussi
l'aimer davantage, et nous l'aiuierons pour
toujours. Près de lui, plus de soutï'rances, plus
de larmes et surtout plus de fautes. Enfui ,
c'est du bonheur du ciel que l'apôtre saint Paul
disait : a L'œil de l'homme n'a point vu, son
oreille n'a jamais entendu , son cœur n'a jamais
goûté et ne saurait comprendre, les biens que
Dieu réserve à ceux qui l'aiment. »
e.?^cj€js
EXPLICATION
DES l»RI>iCIPALtS FETES DE L EGLISE.
Fête de Noël. — Fùte de rEpiphanie. — Le
Carême. — Le Mercredi des Cendres, —
Le Dimanche des Rameaux. — Le Mer-
credi-Saint. — Le Jeudi- Saint. — Le Veii-
dredi-Saint. — Le Samedi-Sainl. — Le
Saint Jour de Pâques. — Fêle de l'Ascen-
siou. — Fête de la Pentecôte. — La Fête-
Dieu. — Fête de l'Assomption delà Saintt-
"Vierge. — Fête de la Toussaint. — Le jour
des Morts.
FETE DE NOËL.
Un petit enfant nous e.«l ne.
ISAÎE. IX. — 6.
La fêle de Noël, mes chers enfants, est, pour
nous tous chrétiens, un jour de bonheur et
d'allégresse. De même que, dans une famille,
l'anniversaire delà naissance d'un enfant se fête,
chaque année, avec une grande joie, demême, et
avec plus de joie encore , l'Eglise célèbre-l elle ,
tous les ans, la naissance du divin enfant de-
venu notre Rédempteur.
Aussi, dans ces temps heureux, où, comme
l'a dit de nos jours, un écrivain célèbre, les fêtes
de la religion, étaient en même temps des fêtes
de famille, Noël devenait, pour des parents,
l'occasion de douces réunions. Au retour de la
11k DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
messe de minuit où, à la lueur des feux de
joie, l'on s'était rendu des hameaux lointains,
pour adorer l'enfant Jésus naïvement repré-
senté dans sa crèche, on entourait le foyer
paternel, on se réchauffait devant le vieux tronc
de chêne mis en réserve depuis long-temps
pour célébrer cette fête, et, bien avant dans
la nuit', l'on chantait en chœur de joyeux
cantiques du temps passé, dont le refrain était
souvent :
?foël ! Noël !
Salut à Noël !
Kt fauî-il s'étonner, mes enfants, de ces
transports d'allégresse! C'est en ce jour qu'a
commencé l'œuvre de notre rédemption. C'est
en ce jour qu'est né pour nous un Sauveur
Quel plus grand sujet de joie pour un chré-
tien !
Nous aussi, nous nous réjouirons, nous aussi,
comme ces bonnes gens, nous irons à l'église,
célébrer le mystère de ce grand jour; mais
cherchons d'abord à nous y préparer, en lisant.
- DES FÊTES DE LÉGLISE. 275
dans l'Evangile, la louchante histoire de la
naissance de notre Sauveur.
L'époque prédite par les prophètes, pour la
naissance du Sauveur du monde, était enfin ar-
rivée. César-Auguste, empereur romain, lit pu-
})lier un édit qui ordonnait de faire le dénom-
I)rement de tous les habitants de son emph'e.
Chacun devait se faire inscrire dans sa ville na-
lale: Joseph et Marie quittèrent Nazareth, ville
de Galilée, pour se rendre à Belhléem, patrie
de David, un de leurs aïeux. Ne pouvant obtenir
de place dans les hôtelleries, les saints voyageurs
se trouvèrent forcés de chercher refuge dans
r.ne pauvre élable. Là, Marie mit au monde son
premier-né, son fils unique, Jésus, notre Dieu
et notre Sauveur. Elle l'enveloppa de langes, et
le coucha dans une crèche.
Or, il y avait, aux environs de Bethléem, des
bergers, qui, selon la coutume des pays chauds,
passaient les nuits dans les champs, même du-
rant l'hiver, pour garder leurs troupeaux. Tout-
à-conp, un ange leur apparaît, et ils sont envi-
ronnés d'une lumière céleste, ce qui leur cause
une vive frayeur. L'ange leur dit : « Ne craignez.
276 DES FÊTES DE l'gÉLISE.
point; car je viens vous annoncer une nouvelle
qui sera, pour tout le peuple, le sujet d'une
grande joie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville
de David, il vous est né un Sauveur qui est le
Christ, le Seigneur. Vous trouverez un petit en-
fant enveloppé de langes, et couché dans une
crèche, c'est à ce signe que vous le reconnaî-
trez ». Au même instant, une troupe nombreuse
de l'armée céleste se joignit à l'ange, et ils se
mirent à louer Dieu en chantant : Gloire à Dieu,
(m plus haut des deux, et faix, S7ir la terre , aux
hommes de bonne volonté !
Aussitôt après que l'ange fut remonté au Ciel,
les bergers se dirent les uns aux autres : « Pas-
sons jusqu'à Bethléem, allons voir ce que le
Seigneur nous a fait annoncer ». Ils se hâtèrent
donc, et trouvèrent dans l'étable, Marie et Jo-
seph : ils trouvèrent aussi l'enfant Jésus, cou-
ché dans la crèche. En le voyant, ils recon-
nurent la vérité de ce qui leur avait été dit sur
cet enfant, et tous ceux qui plus tard en enten-
dirent parler, admirèrent ce que les bergers
leur en racontaient. Après avoir adoré le divin
enfant , les pasteurs s'en retournèrent louant et
DES FETES DE L EGLIi^E. 27/
glorifiant Dieu Cependant IVIarie conservait le
souvenir detoutes ces choses, et elle les méditait
dans le fond de son cœur.
Tel est, mes chers enfants, le récit que les
Evangélistes nous font de la naissance de notre
Seigneur. 11 va, dans cet événement, des choses
bien surprenantes, bien mystérieuses : un Dieu
qui se fait homme, et même petit enfant; le roi
du Ciel qui veut naître dans une étable ; les
anges qui célèbrent sa naissance par leurs cé-
lestes concerts; de pauvres gens, de simples
bergers qui reçoivent les premiers la bonne
nouvelle. Tous ces mystères renferment d'u-
tiles leçons pour nous. C'est par la volonté de
Dieu que toutes ces choses se sont passées ;
et les moindres circonstances de la naissance
de notre Seigneur nous rappellent, mes enfants,
qu'il vint au monde pour nous racheter, pour
nous instruire, pour se faire aimer de nous.
Jésus-Christ nous rachète par sa naissance.
Oui, mes enfants, il reçoit aujourd'hui la vie,
que plus tard, il sacrifiera sur la croix pour le
salut du monde. La justice de son Père exigeait
une Nictime plus sainte, plus pure que toutes
278 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
les autres victimes, alors il s'est offert; et, comme
Dieu^ ne pouvant être soumis ni à la souffrance
ni à la mort, il s'est fait homme, afin qu'il lui
fut possible crendurer dans sou corps les
douleurs qui devaient racheter nos offenses.
Encore quelques années, ce corps divin sera
couvert de blessures, chargé d'outrages, atta-
ché sur une croix. Le sang précieux du Sau-
veur arrosera la terre ; mais pour souffrir, Jé-
sus-Christ n'attendra pas que le temps de sa
l'assion soit arrivé. Dès aujourd'hui, dès le mo-
ment de sa naissance, il daigne se soumettre
aux privations de la pauvreté, à la faiblesse de
l'enfance, aux rigueurs de la froide saison ; à
peine entré dans le monde, il souffre, il pleure
pour nous et pour nos péchés. 11 expie notre
orgueil par ses humiliations et son abaissement;
notre désobéissance, par son entière soumission
à la volonté de son père, aux ordres de Warie ;
il est couché sur de la paille, pour expier notre
délicatesse; et les innocentes larmes que, sem-
blable à tout petit enfant qui vient au monde,
il verse en abondance, rachètent aux yeux de
son rère les larmes coupables que^ parfois, mes
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 27'J
enfants, nos mauvais penchants nous font ver-
ser : 0 mon Sauveur! nous sera-t-il jamais
possible de reconnaître tant de grûces !
L'enfant Jésus vient aussi nous instruire. Un
jour, mes enfants, les sublimes leçons de l'Evan-
gile sortiront de sa bouche divine; mais déjà, et
sans parler encore, Jésus nous instruit et nous
prêche; le spectacle de son humble berceau eu
dit plus que les plus éloquents discours. 11
condamne à-la-fois la vanité, l'amour des plai-
sirs et des biens de la terre; il enseigne toutes
les vertus. 0 mes enfants, pourriez-vous dé-
sormais être indociles, en vous rappelant l'o-
béissance de l'enfant Jésus; pourriez-vous
éprouver des sentiments d'orgueil, en pensant
à l'humilité de l'enfant Jésus ! pourriez-vous
encore être durs pour les pauvres, assez vains
pour les mépriser, lorsque l'enfant Jésus fui
pauvre lui-même, et couvert d'humbles et gros-
siers vêtements î
Enfm, c'est pour nous attaclier à lui, que Jésus
se fait notre semblable. Tout dans sa naissance,
mes amis, ne le rendit pas digne de noire
amour? les grâces qu'il nous apporte, les souf-
280 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
fiances que pour nous il endure, elles traits si
aimables sons lesquels il se montre à nous? S'il
était descendu sur la terre dans tout l'éclat de
sa majesté, environné de gloire, entouré par
les anges, sa grandeur aurait pu nous éblouir,
nous effrayer, peut-être n'eussions-nous pas osé
nous approcher de lui : mais c'est un enfant
qui nous sourit et qui nous appelle, c'est un
frère que Dieu nous envoie, et qui nous tend
les bras !
Que je vous trouve heureux, ô mes enfants,
d'être encore à cet âge où l'enfant Jésus est plus
particulièrement voire ami, votre modèle; et
vous aussi, pauvres de Jésus-Christ, appelés les
premiers au berceau de Bethléem, que je vous
trouve heureux! Oui, Noël est véritablement
votre fête. Au milieu de ses agitations, de ses
affaires, de ses frivoles plaisirs, le monde ne
s'inquiète guère, hélas! des enfLints et des
pauvres ; il les compte pour peu de chose, il
les dédaigne même quelquefois. Mais qu'im-
porte après tout? L'enfant Jésus les aime,
et ses premières bénédictions sont aujourd'hui
pour eux.
DES TÈTES DE LÉGLISE. 281
PRI£R£.
O Jésus ! moi aussi, j'ai reçu la bonne nou-
velle de votre naissance, et j'accours à la crèche
avec les pieux bergers, pour reconnaître mon
Sauveur dans ce faible et petit enfant couché
sur un peu de paille. Quoi! c'est là votre ber-
ceau, divin Jésus! voilà les langes grossiers qui
vous couvrent, la pauvre étable qui vous abrite ?
Vous n'avez donc pas trouvé de demeure à Beth-
léem? Personne n'a donc voulu donner asile à
votre sainte Mère? Oh! que n'étions-nous là,
pour vous recueillir, pour vous ouvrir nosbras!
Qu'elle eût été heureuse et mille fois bénie,
notre famille, si vous eussiez daigné prendre
naissance au milieu d'elle! Au moins, laissez-
moi venir me prosterner à vos pieds, et vous
offrir mon cœur, en compensation de tout ce
qui vous manque ; laissez-moi vous jurer l'a-
mour le plus tendre et le plus sincère, en re-
connaissance de votre amour pour moi.
Oui, mon Sauveur, je vous aime du fond de
î6.
282 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
mon Ame, et je vous aimerai toute ma vie;
Sainte enfance de Jésus, vous serez à l'avenir
mon modèle ! En étudiant vos divines leçons,
ô mon Dieu , puissé-je acquérir l'humilité ,
l'obéissance, l'amour du travail, ces vertus dont
je suis si dépourvu, et qui vous furent si chères !
Puissé-je enfin, à votre exemple, grandir chaque
jour en âge et en sagesse devant Dieu, et devant
les hommes! Ainsi soit-il.
FETE DE L'EPIPIIAiME.
Et iU lui offi iront pour prési iit
lie l'or, (le l'encms et de h
iiijrvli*».
S. M\TH. II 2 1.
Parmi les prophéties relatives à la naissance
de ^'otre -Seigneur, il s'en trouvait une qui
prédisait que sa venue sur la terre , serait an-
noncée aux peuples de l'Orient, par une étoile
mystérieuse. En effet , peu de temps après la
naissance de Jésus-Christ, des princes riches et
puissants de cette partie du monde, fort in-
struits dans la science des astres , et connus
sous le nom de Mages, virent briller au Ciel, une
étoile plus lumineuse que les autres, et jus-
qu'alors inconnue. Se rappelant alors les paro-
les des prophètes, et calculant que le temps
marqué pour la venue du Fils de Dieu, devait
28^4 DES FÊTES DE LÉGLISE.
être arrivé, ils se mirent en voyage, se diri-
geant vers la Judée, et vinrent à Jérusalem. En
arrivant dans celte ville, leur première question
fut celle-ci : « Où est le roi des Juifs, qui vient
de naître, nous avons vu son étoile en Orient,
et nous sommes venus pour l'adorer. Cette nou-
velle, répandue dans Jérusalem, parvint jus-
qu'an roi Hérode, et le jeta dans un grand
trouble, car il s'imaginait que le Fils de Dieu
devait être un prince puissant et riche, qui lui
disputerait sa couronne.
Dans cette crainte, il assembla les savants de
Jérusalem, et leur demanda où le Christ devait
naitre : c'était dans le dessein de le faire mourir,
qu'il leur adressait cette question. Les savants
répondirent au roi que, selon les prophéties,
le Christ devait naître à Bethléem, ville de
Juda. Alors Hérode fit venir les Mages, et, leur
indiquant le lieu delà naissance de Jésus-Christ,
il ajouta : ce Allez, informez-vous exactement
de l'enfant, et quand vous l'aurez trouvé, fai-
les-le-moi savoir, afin que j'aille aussi l'adorer. »
Les Mages continuèrent leur roule vers
Bethléem, incertains seulement du lieu, où ils
DES FÊTES DE LÉGLIî?E. 285
devaient trouver l'enlant Jésus; mais à peine
furent-ils sortis de Jérusalem, que la brillante
étoile reparut à leurs yeux étonnés. Elle sem-
blait marcher devant eux, jusqu'à ce qu'enfin
elle s'arrêta au-dessus d'une des maisons de
Bethléem. Les Mages étant entrés dans cette
maison, virent le beau petit enfant Jésus, avec
Marie, sa Mère. Ils se prosternèrent devant lui,
pour l'adorer, et ils lui offrirent de riches pré-
sents, en or, et en parfums. Ils se retirèrent
ensuite bien joyeux d'avoir vu le Sauveur, et,
comme ils se disposaient à retourner vers Hé-
rode, pour liii rendre compte de leur voyage.
Dieu, par un songe, les avertit de n'en rien
faire, et ils se rendirent en leur pays par un
autre chemin. Voici le souvenir que célèbre l'E-
glise dans la fête de l'Epiphanie.
Quelle sera pour vous, mes chers enfants, l'u-
tilité de cette fête ?ce sera de vous rappeler que,
vous aussi, vous avez un guide dans le voyage
que vous faites, que tous, nous faisons sur la
terre. Pour vous, une étoile ne brille pas au
Ciel, il est vrai, mais une lumière éclaire votre
âme, et la dirige. La conscience vous enseigne
286 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
les devoirs, la vertu, la sagesse, et c'est là le
bon chemin, mes enfants, le seul qni conduise
sûrement à Jésus-Christ. Suivez donc , avec la
fidélité des rois, dont vous parle aujourd'hui
l'Evangile, la route qui vous est tracée; allez
offrir au Sauveur qui vient de naître l'hommage
de vos jeunes cœurs, qui lui sera plus agréable
encore que les présents des Mages, et, si vous
rencontrez ce matin quelque petit enfant bien
pauvre, faites-lui l'aumône en pensant à l'en-
fant pauvre de Bethléem.
PRIÈRE.
Le zèle et l'empressement des Mages sont
pour moi un bien bel exemple, ô mon Dieu !
A peine avertis de votre naissance, ils n'hési-
tent pas à entreprendre un long voyage, à quit-
ter leur pays, leur famille, pour aller vous
trouver; tandis que moi, Seigneur, je me plains
souvent, et je murmure d'avoir à remplir des
devoirs bien plus faciles. Je n'ai pas besoin d'al-
ler vous chercher à Bethléem, je vous trouve
DES FÊTES BE l'ÉGLISE. 287
le dimanche à l'église^ et chaque jour, même,
dans ma chambre, quand je fais ma prière, vous
èles là près de moi. Cependant, je n'y pense
pas, et je vous prie bien mai. Mais je désire de
tout mon cœur de me corriger de celte négli-
gence, et, dans ces jours destinés à honorer votre
enfance, ô Jésus, j'ai tant de saintes leçons à
apprendre de vous, que vous me verrez souven
à vos pieds, étudiant mon divin modèle, pour
chercher à lui ressembler. Ainsi soit-il.
LE CAREME.
Si TOUS ne faites iwiiitence ,
vous périrez tous.
S. Luc. XIII. — 5.
Le carême est un temps de pénitence, et de
prières, institué par l'Eglise, pour nous prépa-
rer à bien célébrer la fête de Pâques. Le carême
dure quarante jours ; c'est pour cela qu'il est
aussi appelé, la sainte quarantaine. L'Eglise
oblige, pendant ce temps, à l'abstinence, et au
jeune, afin d'honorer et d'imiter le jeune de
Notre-Seigneur, qui passa quarante jours et
quarante nuits dans le désert, sans prendre au-
cune nourriture, commençant ainsi, pour ra-
cheter nos péchés, celte douloureuse pénitence,
qu'il venait faire sur la terre. Le jeune, mes
enfants, consiste à retrancher une partie de sa
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 2g9
nourriture, et l'abstinence, à se priver de tout
aliment gras. Ces pratiques ont été, depuis bien
des siècles, des œuvres de pénitence; vous
vous rappelez sans doute, que les habitants de
Ninive cherchèrent autrefois, par le jeune, à
détourner de leur ville la colère de Dieu.
Dans les premiers temps de l'Eglise, les chré-
tiens jeûnaient très souvent , quelques - uns
même, l'année tout entière, et, à présent en-
core, il existe de saints religieux qui pratiquent
avec celte rigueur le jeune et l'abstinence.
De nos jours, au contraire, mes enfants,
on observe généralement, avec peu d'exac-
titude, ces préceptes de l'Eglise; nous avons
tous, cependant, grand besoin de faire péni-
tence, et l'Eglise, dans son indulgence, nous
a rendu l'accomplissement de ce devoir bien
moins pénible qu'il ne l'était autrefois. Alors,
on ne devait faire qu'un seul repas dans les
vingt-quatre heures; maintenant, il est permis
d'y ajouter un repas très léger, que 1 on ap-
pelle Colla tio?}.
La loi du jeune n'est pas imposée aux enfants,
qui ont besoin d'une nourriture abondante. Ce
290 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
n'est qu'à l'âge de vingt-el-uii ans, qu'on y est
soumis, et, à cet âge même, si la santé l'exige,
on peut obtenir une dispense de son confesseur,
ou du curé de sa paroisse. A ce propos, je veux
vous dire, mes enfants, que vous n'êtes pas
juges des motifs qui peuvent port«'r vos pa-
rents, et les personnes dont vous êtes entourés,
à manquer aux devoirs du jeune et de l'absti-
nence. Vous ne devez faire là-dessus aucune
réflexion II faut vous borner à prendre la ré-
solution d'obéir vous-mêmes, autant que vous le
pourrez, lorsque vous serez plus grands, à tous
les commandements de l'Eglise.
Dès à présent, c'est un d voir pour vous,
de faire, dans le temps du carême, une certaine
pénitence de vos péchés; car Dieu ne dispense
personne de cette obligation, pas même les en-
fants de votre âge. Que cette idée ne vous ef-
fraie point, mes amis. Dieu ne vous demande
pas des choses bien difficiles, et la pénitence
n'aura rien pour vous de trop pénible. Quand
vous avez offensé votre mère, il ne vous en coûte
pas beaucoup, je suppose, ponr lui en témoi-
gner voire regret, et })our cherchera reparer
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 291
VOS loris ? Eh bien ! vous ferez de même avec
Noire-Seigneur, pendant ce sainl lemps. Vous
serez plus attentifs à vos prières, plus fervents
durant la sainte messe, plus obéissants à la
maison. Les pauvres auront une plus grande
part, dans l'emploi de vos petites économies, et
vous direz à Dieu : « Seigneur, daignez accepter
ces efforts et ces légers sacrifices, en attendant
que je puisse observer vos autres commande-
ments ». Voilà quelle sera, mes enfants , votre
pénitence du carême.
17.
LE iMEKCREDl DES CENDRES.
Oii'<st-ce que nolrn vie, sinon un •
Vapeur c|ni paraît pour un peu tir
temps, vl qui disparaît ensuile ?
S. Jacq. iy — 1 5.
D^ns !os premiers siècles du christianisme,
mes ( hers enfants, les grands pécheurs, ceux du
moins dont les fautes, ayant été publiques,
avaient donne de fûcheux exemples, étaient soii-
mis, par l'Eglise , à une pénitence publique,
plus ou moins longue et sévère, selon la gravité
de leurs péchés. Le premier jour du carême, ces
pénitents se rendaient pieds nus à la cathédrale.
L,^, l'évèque les exhortait à se repentir de leurs
fautes; puis il prenait delà cendre, et en mettait
sur la lète de chacun d'eux, disant en mémo
lemps ces paroles : «. Homme, souviens toi, que
lu es poussière, et que lu rclou rueras en pous-
DES FÊTES DE l'eGLISE. VJ'o
sière. Fais pénitence, pour aiiiver au Ciel ».
Lufm, l'évéque chassait de l'église les péni-
tents, et il ne leur était plus permis d'y rentrer,
jusqu'à ce que le temps de leur pénitence fût
accompli.
Si nous sommes traités aujourd'hui avtc
moins de rigueur, mes enfants, n'allez pas croire
que nos fautes, pour cela, soient devenues plus
excusables, ni que nous soyons moins obligés
à les expier. En nous épargnant maintenant la
honte de la pénitence publique, l'Eglise ne nous
dispense pas de faire une pénitence véritable et
sincère, dans le fond de nos cœurs. Elle ne ces-
sera de nous prêcher la pénitence, pendant cette
sainte quarantaine, et, en mémoire de son an-
tique usage, elle conserve à l'égard de ses en-
fants, qui tous, hélas! sont des pécheurs, la
cérémonie des cendres, le premier jour du ca-
rême. C'est de là que lui vient son nom. Les
paroles que prononce le prêtre, en mettant de
la cendre sur nos fronts, nous rappellent que
nous devons mourir un jour, qu'il est bon d\v
penser, pour expier les fautts déjà commises,
et pour éviter d'en commellre de nouvelles.
294 DKS FÊTES DE l'ÉGLISE.
Ces idées sérieuses viennent fort à propos,
après une époque de l'année, qui, pourbien des
gens, est l'occasion de faire beaucoup de sotti-
ses, et d'offenser gravement le bon Dieu. Quant
à vous, mes chers enfants, ces jours-là, vous
vous amusez, je le sais, d'une manière permise,
et sous les yeux de vos parents; toutefois, il
n'est pas inutile de rappeler à ceux d'entre vous,
qui regrettent trop vivement la fin de ces jours
de joie, à celles qui peut-être, dans une fête,
auront été un peu vaines de leur figure ou de
leur toilette, il n'est pas, dis-je, inutile de leur
rappeler que nous ne sommes pas seulement an
monde, pour nous y divertir, et que nos pau-
vres corps, formés de poussière, et destinés à
redevenir poussière, ne valent pas la peine que
nous en soyons si fiers !
Le mercredi des cendres, nous demanderons
donc à Dieu, mes enfants, qu'il guéîisse notre
vanité.
DES FÊTES DE LÉGLISE. 295
PHIXRE.
Que ferai-je pour vous, Seigneur, que ferai-je
en expiation de mes péchés, que ferai-je pen-
dant le saint temps qui commence aujourd'hui ?
Je relirai souvent cette instruction sur le ca-
rême. Je tâcherai de pénétrer mon cœur des
pieux sentiments qui s'y trouvent, et de suivre,
dans ma conduite, les bons conseils qui m'y
sont donnés. Je veux, par bien des jours de sa-
gesse, vous faire oublier mes mauvais jours, et
suppléer ainsi, de mon mieux, aux mortifica-
tions que je ne puis pratiquer à mon âge. C'est
de vous, ô mon Dieu, que j'attends la force de
remplir ma promesse. Daignez me l'accorder,
au nom de Notre-Seigneur. Ainsi soit-il.
m^^m
i
i
DIMANCHE DES RAMEAUX. j
Beui soit le roi d'Israël qui vient
>u nom du Seigneur !
S. Jb*k. XII — i3.
Mes chers enfants , peu de temps avant sa
passion, Notre-Seigneur, se rendant à Jérusa-
lem, s'arrêta au petit village de Béthanie, qui
n'est éloigné de celte ville , que d'un peu plus
d'une lieue. Là demeuraient les amis du Sau-
veur, Marthe et Marie, avec leur frère Lazare,
que, peu de temps auparavant, Jésus-Christ avait
ressuscité d'entre les morts. La maison et le tom-
beau de Lazare se voient encore à Béthanie, et
sont souvent visités par les voyageurs qui se
rendent aux lieux saints en pieux pèlerinage.
Arrivé à Béthanie, la veille du sabbat , Noire-
Seigneur y passa tout ce saint jour, cl, le
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 297
lendemain, il se remit en marche avec ceux de
sa suite. Comme ils approchaient de Jérusalem,
et que déjà ils étaient au pied de la montagne
des Oliviers, Jésus dit à deux de ses disciples :
<c Allez au village qui est devant vous; vous y
trouverez, en arrivant, une ànesse attachée, et
son ânonprès d'elle ; amenez-les-moi, et si quel-
qu'un vous demande pourquoi vous les détachez,
répondez : Le Seigneur en a besoin : on les lais-
sera aller aussitôt. » Les disciples suivirent les
ordres de leur maître; ils amenèrent Tànesse ,
et Notre-Seigneur monta dessus.
Ce Tut ainsi, mes chers enfants, que Jésus-
Christ fit son entrée dans la ville de Jérusalem.
Bien différent des princes de la terre , qui ne
traversent leur royaume, que sur un char de
triomphe, ou sur un cheval magnifique, Jésus,
le Dieu du ciel et de la terre, préféra la simple
monture d'un animal dédaigné par les hommes.
IMusieurs siècles à l'avance, le prophète Zacha-
I ie avait prédit l'humilité du Sauveur par ces
paroles : « Dites à la fille de Sien : Voici volrc
loi, qui vient à vous, plein de douceur; il est
pauvre, cl monté sur une àncsse. » Malgré ce
298 DES FÈTKS DE L ÉGLISE.
simple cortège, mes enfants, Notre-Seigncur
fut accueilli par les habitants de Jérusalem ,
avec des acclamations et une ivresse, que plus
d'un souverain aurait pu lui envier. Ses dis-
ciples étaient nombreux , les témoins de ses
miracles l'étaient davantage encore ; ses bien-
faits lui avaient gagné tous les cœurs. Le peu-
ple accourut donc en foule à sa rencontre: les
uns se dépouillaient de leurs vêlements, pour
les étendre sur son passage , les autres cou-
paient des branches de verdure, et en couvraient
le chemin ; tous criaient à l'envi : « Béni soit le
roi qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna ,
c est-à-dire, salut et gloire , au fils de David- «
L'Evangile nous apprend que les enfants, tant
aimés de Jésus-Christ, se faisaient remarquer
parleur empressement et leur joie.
Encore quelques jours , mes amis , el, qui le
croirait jamais ! ce peuple qui accueille le Sau-
veur a>ec de si vifs transports, demandera sa
mort à grands cris : ceux qui ont étendu leurs
vèlementssur son passage, viendrontle dépouil-
ler des siens. Les mômes Juifs qui honorent
aujourd'hui la royauté de Jésus Christ par tant
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 299
d'hommages, ils vont l'oul rager avec fureur, et ,
mêlant la moquerie à leurs injures, bientôt ils
vont enfoncer, sur la tète sacrée de Notre Sei-
gneur, une couronne d'épines cruelles !
O mon Sauveur ! dont en ce jour, nous
aussi, nous adorons le triomphe, ne permettez
pas que nous soyons assez coupables pour
imiter jamais l'inconstance des habitants de
Jérusalem.
En mémoire de l'entrée solennelle de Jésus-
Christ, dans la ville sainte, celle fête est appe-
lée le dimanche des Rameaux , ou bien Pâques
fleuries. Les prêtres suivent aujourd'hui la
procession, une branche verte à la main, et, sur
le seuil de l'Eglise, des rameaux sont distribués
aux fidèles qui viennent assister à l'office divin.
C'est une sainte coutume de rapporter chez soi,^
chaque année, pour l'attacher à son chevet, un
de ces rameaux bénits. Qui sait, mes chers en-
fants, si, à votre premier berceau, à ce peli'. ber-
ceau blanc près duquel veillait votre mère, n'a
pas été attaché, de sa main, un de ces précieux
rameaux; si cette bonne mère ne l'a pas placé l\,
dans la pieuse espérance ,quc peul-ètre il serait
300 DES FÊTES DE LÉGLISE.
une sorte de protection pour vos premières an-
nées , qu'il vous obtiendrait de Dieu un paisi-
ble sommeil ?
Aujourd'hui, mes enfants, vous êtes assez
^'rands pour avoir, par vous-mêmes, de bonnes
et saintes pensées: que la petite branche de buis
qui, le matin, frappe vos regards, au moment
du réveil , vous rappelle un touchant souvenir,
qu'elle vous inspire une sincère et fervente
prière.
Le dimanche des rameaux , commence la
dernière semaine du carême, appelée la semaine
sainte , la grande semaine , à cause des saints
mystères, et des souvenirs sacrés qu'elle nous
retrace. Pendant ces huit jours, l'Eglise est con-
stamment occupée de la passion de Notre-Sei-
gneur , de sa mort et de sa sépulture; les prê-
tres sont revêtus d'ornements de deuil; on ne
voit plus de fleurs sur les autels , on n'entend
plus que des chants de tristesse. Les chrétiens
lidèles vivent dans la retraite, la prière, les
exercices de la pénitence. Chaque jour , ils
viennent adorer Jésus-Christ sur la croix. Les
enfants, trop jeunes pour assister encore à tous
DES FETES DE L EGLISE,
SOI
les oltices de celle sainte semaine, doivent au
moins la passer dans une grande piété, et se
montrer, pendant ce temps, plus attentifs et
plus zélés pour remplir leurs devoirs.
MERCREDI SAINT.
Les preniins ilti peuple ont cuii-
spire coiitri- le Seigneur et contre
son Chrisl.
ACT. IV, — 26.
Le lundi et le mardi saints^ mes enfants, il ne
se passe rien de remarquable à l'Eglise. Le mer-
credi, commence l'office des Ténèbres, qui se
fait encore les deux jours suivans. Cet office
est ainsi nommé, parce qu'il se fait le soir; on
l'appelle aussi Noclume, parce que autrefois il
commençait à minuit. L'office des ténèbres se
compose de psaumes, de passages tirés des Saints
Pères, et des lamentations du prophète Jéré-
mie. Ces lamentations sont des chants de tris-
tesse qui furent inspirés à Jérémie par la con-
naissance que Dieu lui avait donnée de la ruine
prochaine de Jérusalem.
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. oi)?>
Toutes les prières des ténèbres sont chantées
d'un ton lent et triste. Pendant cet office , il est
d'usage d'allumer un chandelier composé de
quinze branches , qui toutes portent un cierge;
à la fin de chaque psaume, on vient éteindre
un de ces cierges, lesquels représentent la lu-
mière que les prophètes ont successivement ré-
pandue dans le monde, jusqu'à la venue du fils
de Dieu sur la terre : le dernier cierge reste al-
lumé; celui-là estlafigurede Jésus-Christ dont
la lumière sera éternelle.
Notre-Seigneur , mes enfanls, était retourné
de Jérusalem à Béthanie; il demeurait dans la
maison de Simon le lépreux. C'était la veille du
jour où il devait faire une dernière fois la Pâ-
queavec ses disciples. Alors, il leur prédit sa
mort prochaine. Ce jour-là aussi, les prêlres,
et les anciens du peuple se rassemblèrent chez
Caiphe, le grand-prêtre ; tous , ils haïssaient
Jésus-Christ, à cause de l'affection que lui por-
tail le peuple, et aussi parce que la morale
prêchée par Notre-Seigneur , était la condam-
nation de leur vicieuse conduite; ils se réuni-
rent donc pour délibérer ensemble, sur les
30/| DES FÈÏES DE l'eGLISE.
moyens de se saisir de Jésus^ et de le faire mou-
rir, et ils disaient : a 11 ne faut pas que ce soiL
pendant la fête, car tout le peuple est rassem-
blé, et cette mort pourrait causer du tumulte »
En même temps, Judas Iscariote, l'un des
douze apôtres, poussé par le démon et l'avarice,
forma l'odieux projet de vendre son divin maî-
tre. 11 alla trouver les princes des prêtres, el
leur dit: « Que voulez-vous me donner, et je
mettrai Jésus entre vos mains?» On lui promit
trente pièces d'argent, et, depuis ce temps, il
cliercliait une occasion de livrer Notre-Sei-
gneur à ses ennemis.
Jésus, qui lit dans les âmes, connut le cri-
minel dessein de Judas. Ne sentez-vous pas,
mes enfants, combien l'ingratitude de celui qu'il
avait tant aimé, dut lui blesser le cœur? il
éprouva sûrement alors, ce qu'avait éprouvé
David, Iralii et persécuté par son lils Absalon.
« Je suis déchiré de douleur au fond de mon
Ame, disait le saint roi ; ce n'est point mon en-
nemi qui m'outrage , c'est vous, mon fils , vous
que j'aimais, vous, un autre moi même! »
Que ces touchantes paroles exprimaient bien,
.DES rÈTES DE LÉGLISE. 305
ô mon Sauveur, la tristesse qu'a dû vous causer
la trahison de voire apôtre ! Comment vous
exprimer à mon tour, les sentiments que m'in-
spire une si odieuse conduite! j'en suis tout
indigné. Et cependant , mon Dieu , préférer
mon plaisir à votre volonté sainte, comnr>c
souvent j'ai eu le malheur de le faire, déso-
béir à vos lois, après vous avoir promis d'y
rester fidèle, n'est-ce pas aussi vous trahir,
n'est-ce pas imiter en quelque sorte l'ingrati-
tude de Judas !
^Co5^
LE JEUDI SAINT.
Jésus sachant qae sou heure était veuue
tle passer de ce monde à son Père , comme
il avait aimé les siens qui étaient dans le
monde, il les aima jusqu'à la fin.
S. JcAN, xtir. — 1.
Aujourd'hui, mes chers enfants, l'Eglise cé-
lèbre l'anniversaire de l'institution du sacre-
ment de l'Eucharistie, et, en mémoire de ce
bienfait si précieux, que nous devons à l'amour
de Noire-Seigneur, pour quelques moments, du
moins, l'Eglise éloigne un peu les douloureux
souvenirs de la Passion.
L'office du matin commence par la cérémo-
nie de l'absoute, dont voici l'origine et l'expli-
cation. Dans la primitive Eglise, les pénitents
publics, qui, le mercredi des cendres, avaient
élé chassés du saint temple, obfenaient la per-
DES FÈTF.S DE L ÉGLISE. 307
mission d'y rentrer le jeudi saint, pour recevoir
une absolution solennelle de leurs fautes. De
même que l'Eglise conserve à notre égard la
cérémonie des cendres, mes enfants, de même
conserve t-elle aussi la cérémonie de l'absoute;
car elle espère que si tous, nous avons été des
pécheurs, tous aujourd'hui nous sommes deve-
nus des pénitents. Ainsi donc, ce matin, avant la
sainte messe, les prêtres récitent, au nom des
fidèles, les psaumes de la pénitence , et le pas-
teur, la main étendue sur l'assemblée, prononce
les paroles de l'absolution. Cette absolution n'a
pas, ainsi que celle qui nous est donnée dans le
sacrement de pénitence, le pouvoir de remettre
tous les péchés. Cependant, reçue dans des sen-
timents d'un repentir sincère, elle peut effacer
les péchés véniels, et purifier notre âme.
L'absoute est suivie de la grand' messe, qui
se chante avec beaucoup de pompe et de solen-
nité, en souvenir de l'institution de la sainte
Eucharistie. Les prêtres quittent leurs habits de
deuil, et reprennent le joyeux cantique du
Gloria in exielsis^(\\i'\v\e se chantait plusdepuis
le commencement du carêm<^ Cependant, la
308 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
passion de Noire-Seigneur ne peut être oubliée,
et les prières de la messe parlent encore de ses
douleurs. Après l'offertoire, le prêtre consacre
deux hosties au lieu d'une, parce que, le ven-
dredi saint, il n'est pas d'usage de dire la messe ;
cetle seconde hostie, réservée pour la commu-
nion du lendemain, est portée processionnel-
lement par le clergé, dans un lieu préparé pour
la recevoir.
C'est, mes enfants, une chapelle obscure, au
fond de laquelle s'élève, environné d'un grand
nombre de cierges, un tombeau qui représente
le saint sépulcre; là, chacun de nous se rendra,
dans la soirée, pour adorer notre divin Sauveur
mort et enseveli.
Le jeudi saint , après l'office du malin ,
les tabernacles sont ouverts et vides; les au-
tels sont dépouillés de leurs ornements, puis
ensuite lavés par un prêlre. Celte dernière
cérémonie nous représente l'humilité si pro-
fonde de Jésus-Christ, qui, avant la cène, ne
dédaigna pas de s'abaisser jusqu'à laver lui-
même les pieds de ses apôtres, afin de leur
montrer, ainsi qu'à nous, combien, lorsqu'on
Î>ES FÊTES DE L ÉGLISE. Zi)9
hc dispose à la communion, il est nécessaire de
purifier avec soin son cœur.
Dans la plupart des églises, et surtout dans
les cathédrales, il existe un usage, qui rappelle
d'une manière bien touchante cette cérémonie
du Invement des pieds. A l'exemple de Notre-
8eigneur, l'évéque, ou le curé, s'agenouille de-
vant un certain nombre de pauvres, et leur
lave les pieds; d'après une antique et sainte
coutume, qui s'est conservée long-temps parmi
nous, mes enfants, le roi de France, quittant
la pompe dont ordinairement il est environné,
venait, lui aussi, le jeudi saint, laver les pieds
de douze enfants pauvres, et les servir lui-
même à table, pendant le repas que sa charité
leur avait fait préparer.
Mais reprenons, mes amis, le touchant récit
de la passion. La lire, la méditer, en pénétrer
nos cœurs, penser surtout que c'est par amour
pour nous, et pour le salut de nos Ames, que
Jésus-Christ a voulu se soumettre à tant d'ou-
trages, éprouver tant de douleurs, voilà ce qui,
durant celle triste semaine, devrait uniquement
nous occuper.
310 DES FÈrF.S DK L ÉGLISE.
Judas avait donc juré de trahir son divin
maître, et ne cherchait plus qu'une occasion
favorable pourle livrer à ses ennemis. Le jour
des azymes était arrivé, les disciples, selon
l'ordre qu'ils en avaient reçu du Sauveur, pré-
parèrent tout ce qu'il fallait pour célébrer la
Pâque, et, vers le soir, Jésus se mit à table avec
ses douze apôtres. « J'ai désiré ardemment de
manger celte Pâque avec vous avant de souf-
frir » , leur dit-il; puis il prit du pain, le bé-
nit, le rompit, et le leur donna en disant :
« Prenez, el mniujez : ceci est mon corps ». Pre-
nant ensuite le calice, il rendit grâces, et le leur
donna en disant : a Buvez-en tous, car ceci est
mon sang » , le sang de la nouvelle alliance, qui
sera répandu pour plusieurs, pour la rémission
des péchés
Ainsi fut institué le saint sacrement de l'Eu-
charistie, dans lequel Jésus-Christ porte l'a-
mour pour les hommes, au point de se donner
à eux, lui-même, en nourriture. Aujourd'hui,
mes chers enfants, les apôlres reçurent, pour la
première fois, la sainte communion. Judas ne
craignit pas de s>n approcher avec une âme
DES FÊTES DE LÉGLISE. 31 1
décidée à trahir Jésus-Christ. Cette indigne
profanation Tendurcit dans son crime, et vous
connaissez tous la triste fin de ce malheureux.
Un tel exemple, mes amis, sert à nous montrer
combien il est à craindre d'approcher de la
sainte table dans de mauvaises dispositions: il
n'y a pas de plus grand crime, ni ne plus af-
freux malheur, que celui de faire une commu-
nion sacrilège.
Après la cène, Notre-Seigneur conduisit ses
disciples à la montagne des Oliviers. Là, il leur
dit ; tt Je serai pour vous tous, cette nuit, un
objet de scandale; c'est-à-dire, à l'occasion de
ce qui doit m'arriver, vous perdrez l'espérance
que vous avez en moi, et vous m'abandonnerez
lâchement « Seigneur, lui répondit Pierre, je
suis prél à vous suivre à la prison, à la mort ».
Mais Jésus lui dit : « Pierre, je vous le déclare,
lecoqne chantera pas aujourd'hui trois fois, que
vous n'ayez nié me connaître ». Hélas ! mes en-
fants , cène fut malheureusement que trop vrai.
Jésus étant arrivé avec les apôtres dans un
lieu appelé G clhscm an i, situé au pied de la mon-
tagne, il leur dit . uMon àme est triste jusqu'à
ol2 DES FÊTES DE L ÉGLISE.
la mort, demeurez ici, tandis que je m'en irai
prier. Puis, s'élant un peu éloigné, il commença
à être saisi de frayeur et accablé de chagrin.
«Mon père, mon père, s'écria-t-il, que ce calice
s'éloigne de moi ! Néanmoins, que votre volonté
s'accomplisse, et non la mienne! «Alors un ange
venu du Ciel lui apparut, et il le fortifiait, et
Notre-Seigneur étant tombé en agonie, prolon-
geait sa prière, et il lui vint une sueur qui décou-
lait comme des gouttes de sang jusqu'à terre !
O mes enfants , arrêtons-nous ici quelques
moments, à contempler Jésus-Christ dans cette
terrible angoisse. Celui que, dans nos afflictions,
nous appelons à notre secours, lui même souff're
aujourd'hui plus que nous n'avons jamais souf-
fert. Celui qui nous console dans nos peines, a
lui-même, à son tour, besoin d'être consolé! Sans
doute, la connaissance qu'il a des supplices
qu'on lui réserve, contribue à sa cruelle agonie,
mais elle est surtout causée par la pensée de nos
fautes, de notre ingratitude. Il les prévoyait, mes
enfants, il prévoyait que, pour beaucoup de ses
créatures, sa mort serait inutile, et voilà ce qui
le rendait triste jusqu'à la mort. Oh! soyons donc
DES rÉTES DE l'ÉGI.ÎSE. Tvl^
Irisles aussi uoiis-uu^mes; pleurons nos péclivs,
mêlons nos larmes à celles de ce divin Sativeur î
Loi sque Jésus fut plongé dans cet aballement,
mes amis, ce fut, vous le sentez bien, parce
(uril y consentit, et qu'il voulut éprouver lotî-
tes les angoisses de notre pauvre nature Ce fui
.ifin que le souvenir de ses douleurs pût adou-
cir la douleur des aflligés, afin que le souvenir
de sa résignation pût arrêter leurs murmures,
cl, s'il reçut le secours et les consolations d'un
ange, n'était-ce pas pour nous apprendre à ne
jamais chercher qu'au Ciel notre consolation ?
Notre-Seigneur revint près de ses disciples;
accablés par la tristesse, ils s'étaient endormis.
El comme Jésus-Christ, s'adressantà eux, cher-
chait à les encourager, une troupe de gens ar-
més parut : Judas la conduisait. Or, Judas avait
donné ce signal à ses soldats : « Celui que je
l)aiserai , c'est celui-là même que vous cher-
chez, saisissez-vous de lui ». Aussitôt donc, s'ap-
prochanl de Jésus, il lui dit : « Je vous salue,
mon maitre, et il le baisa ». Jésus lui répondit :
u Mon ami, qu'êtes-vous venu faire ici »? Oh! ne
la'lail-il pas qu.' Judas eùl ini cœur plus dur
oiU DES FÊTES DE L ÉGLISE.
que la pierre, pour ne pas tomber aux pieds de
son maître à cette douce et tendre parole, mon
ami. Hélas! etvous-mêmes, chers enfants, quand
vous êtes prêts à mal faire, à céder lâchement à
une tentation, à trahir la fidélité que vous de-
vez à Dieu, n'entendez-vous pas aussi la voix
de Notre-Seigneur, qui vous dit intérieurement :
Mon ami! mon enfant! qu'allez -vous faire?
qu'étes-vous venu faire ici?
Les soldats s'emparèrent de Jésus, et le me-
nèrent chez Caïphe, le grand-prélre, où les scri-
bes et les anciens étaient rassemblés. Tous les
disciples prirent alors la fuite. Pierre seul, sui-
vait de loin son maître; il entra chez Caïphe, et
vint s'asseoir dans la cour. Cependant, les princes
des prêtres cherchaient des témoins pour ac-
cuser Jésus Et où en trouver? Notre-Seigneur
avait passé parmi eux en faisant du bien ; les
plus petits enfants, les vieillards, les malades^
tous avaient eu leur part de ses bienfaits : tous
pouvaient donc le bénir; mais, pour l'accuser,
il ne s'en trouva pas un seul, et l'on fut obligé
de recourir à de faux témoignages. Jésus ne
daigna pas se défendre; interpellé seulement
DES FÊTES DK l'ÉGLISE. 515
par le grand-prêtre, il répondit : « Je suis le lils
de Dieu ». A ce mot , on cria au blasphème, et
dès-lors, commencèrent les nombreux, les cruels
supplices de sa passion. On lui crachait au vi-
sage, on le frappait cruellement, on Taccablait
d'humiliations et d'outrages.
Pierre cependant, se tenait au-dehors, et une
servante s'étant trouvée là, lui demanda s'il
n'était pas un disciple de Jésus de Nazareth? et
il le renia par trois fois, selon que Jésus le lui
avait prédit. En ce moment, le coq chanta. Notre-
Seigneur s'étant retourné, jeta un regard sur
Pierre, et ce regard de bonté, mes enfants, le lit
rentrer en lui-même. Il pleura amèrement sa
faute, il la pleura, il sut l'expier, elle lui fut
pardonnée, et vous savez que Pierre devint le
chef de l'Eglise de Jésus-Christ.
Oh ! puissions-nous aussi, lorsque Dieu nous
reproche nos fautes, soit par d'utiles avertis-
sements, soit par quelque bon mouvement de
notre cœur, puissions-nous alors, comme saint
Pierre, nous repentir, pleurer, nous rendre
dignes, enfin, d'obtenir de Dieu pardon et misé-
ricorde.
LE VENDREDI SAINT.
i:t Josiis, jcljiil 1111 i;r\iiul (li, <!>(:
Mmi pci'f I j'.' reiiK Is lunii nme riilie
vos inâiiis!
S. l.vr, XX m. — 4'*.
Le vendredi saint! ah quel Irisle jour! Que
de douloureux souvenirs il nous retrace! Com-
bien nesesent-onpasaujourd'huilecœur serré,
en pensant à la mort de notre bon Sauveur! Et
pourtant, ne l'oublions pas , mes amis , ce jour
de deuil est en même temps, pournous, un jour
trois fois heureux. Les souffrances de Jésus -
Christ nous affligent , il est vrai, elles font cou-
ler nos larmes, mais aussi elles nous rachèteul,
elles nous sauvent. Mon Dieu! il vous tardait de
DT?S Ff-I'ES DE l'kG1.I>E. ,"17
la voir arriver celle lieiire de voire sacrifice,
il vous tardail de pouvoir donuer voire vie pour
le salul de vos enfants. Oh! dans la médilalion
que nous nous disposons à faire sur vos dou-
leurs, laissez-nous bien comprendre l'e.vcès de
votre amour, et disposez nos cœurs, ô mon
Dieu, à la plus vive reconnaissance !
La nuit s'était écoulée pour Notre-Seii^neur ,
mes enfants, au milieu des plus sanglants outra-
ges. Dès la pointe du joui-, les princes des pré-
Ires et les anciens du peuple liment con-
seil contre Jésus, pour le faire mourir , et,
après l'avoir lié, ils l'emmenèrent pour le mettre
entre les mains de Ponce-Pilate, le gouverneur.
Alors, Judas pénétré d'horreur pour son crime,
s'en alla reporter les Irenle pièces d'argent aux
princes des prêtres; mais ces derniers n'ayant pas
voulu les reprendre, Juda lesjela dans le temple,
puis ensuite, ne se trouvant pas dans le cœur ,
celte confiance en Dieu, que peut seule inspirer
un véritable repentir, il lomba dans le désespoir,
et se donna la mort.
Jésus-Christ parul devant le gouverneur, mes
enfants; celui-ci, après l'avoir interrogé, ne
;V18 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
irouvauL h lui reprocher aucun crime, le fit
conduire devant Hérode. Depuis longtemps,
d'après ce qu'il en avait entendu dire, Hérode
désirait vivement de voir Jésus, et il espérait
être témoin de quelques-uns de ses miracles;
aussi lui adressa-t-il un grand nombre de ques-
tions, auxquelles Notre-Seigneur ne daigna pas
répondre : alors, i! fut traité de fou, d'insensé,
il devint la risée du peuple ; on l'accabla de
railleries et d'insultes, et il fut enfin renvoyé à
Pilate
Voilà donc ce divin Sauveur trainé de rue
en rue , de tribunal en tribunal , au milieu de
clameurs insolentes. De tous les malades qu'il
avait guéris, des affligés qu'il avait consolés?
des malheureux qu'il avait secourus , pas un
n'élève la voix pour le défendre. Tous le mé-
connaissent, ou même encore s'unissent à ses
ennemis pour l'outrager. Au moins, ses disci-
ples chéris vont paraître , ils vont le soutenir ,
le délivrer.'* Où sont-ils donc? Hélas! mes en-
fants , Jésus est trahi par l'un , renié par l'au-
tre, abandonné de tous! 0 mon Sauveur! il n'est
aucune sorte de souffrance que vous n'ayez
DES FÈIES DE LÉGLISE. ol9
voulu éprouver pour notre salut , et ce ne fut
pas sans doute la moins cruelle de vos douleurs,
celle que vous causa l'abandon de vos amis, l'in-
gratitude de ceux dont vous aviez été le bien-
faiteur !
Convaincu de l'innocence de Jésus, Pilate ima-
gina un moyen de le délivrer. C'était la coutume
chaque année , au jour de la fête de Pûques ,
d'accorder au peuple la liberté d'un prisonnier
qu'il avait le droit de choisir. Or, il y avait, dans
les prisons, un homme nommé Barabbas, accusé
d'avoir commis un meurtre.
Comme tout le monde était rassemblé, Pilate
dit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous
délivre , Barabbas ou Jésus , qui est appelé
le Christ?» C'était déjà, pour Notre-Seigneur ,
mes enfants , une profonde humiliation d'être
mis en parallèle avec un malfaiteur ; mais jugez
de ce qu'il dut éprouver, en se voyant préférer
ce misérable , car les princes des prêtres ayant
soulevé le peuple contre Jésus, il s'écria : «Nous
voulons Barabbas ! — Queferai-jedoncduroides
Juifs? reprit Pilate. — Qu'il soit crucifié! — Mais
quel mal a t il l'ait?» Tousse mirent à crier encore
o2fl DES FÊTES Dl- LEGLISK.
plus Torl: a Qu'il soit crucilié! » Alors Pilalc,
voyant qu'il ne pouvait rien gagner sur eux ,
demanda de l'eau, et, se lavant les mains à la
vue du peuple, il dit : « Je suis innocent du sang
de ce juste; c'est vous qui en répondrez. » Et Ion!
le peuple s'écria : « Que son sang retombe sur
nous et sur nos enfants! » Hélas! mes amis, ce
coupable vœu ne fut que trop exaucé. Proscrit ,
persécuté pendant une longue suite de siècles,
le malheureux peuple Juif, encore de nos jours,
est sans patrie, il est errant par loute la terre.
rilate délivra donc Barabbas, et, après avoir
fait souffrir à Noire-Seigneur une cruelle flagel-
lation , il l'abandonna aux Juifs pour être con-
duit à la mort. Mais la fureur des ennemis de
Jésus n'était pas apaisée, et, avant de le faire
mourir, ils voulurent l'accabler de nouveaux
outrages. Des soldats l'ayant amené dans la cour
du prétoire, il le couvrirent d'un manteau d'é-
carlate, et, entrelaçant des épines, ils en firent
une couronne qu'ils enfoncèrent sur sa tète ado-
rable; puis ils le fiappaicnt avec un roseau, lui
crachaient au visage , et, fléchissant le genou
devant lui, ils faisaient semblant de Vadojcr, en
DES FÊTES DE l'kGLISE. :]^l
lui disaiilavec ironie : «Je lesalue, roi des Juifs! »
Après s'èlre ainsi jo\ié de Nolie-Seigneur,
sans avoir pu parvenu* à lasser sa patience, ses
ennemis chargèrent une lourde croix sur ses
épaules, et l'emmenèrent sur le Calvaire, pour
l'y crucifier. Son pauvre corps, brisé de douleur,
couvert de sanglantes blessures, se courbait sous
le fardeau de la croix. Un homme de Cyrèue,
nommé Simon , venant ù passer par ce chemin ,
on l'arrêta pour lui faire porter la croix de
Jésus.
Or, Notre-Seigneur élaït suivi d'une fouhî
de peuple et de femmes qui pleuraient, et don-
naient de grandes marques de douleur. Alors,
se retournant vers elles, il leur dit : ce Filles
de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais
pleurez sur vous-mêmes ! » Et nous, mes chers
enfants, oui, si en ce jour notre cœur se sent
attendri au souvenir de tant de souffrances,
pleurons comme les saintes femmes; mais pleu-
rons sur nous-mêmes, sur nos péchés qui fureiU
la cause des souffrances de Jésus-Christ.
Notre-Seigneur arrive enfin au lieu de sou
supplice, mes cnfiinls ; on le dépouille de ses vê-
322 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
temeiîls , on Télend sur la croix , on l'y attache ,
en perçant de clous ses pieds et ses mains, et on
plante la croix dans la terre, au milieu de deux
autres croix , sur chacune desquelles un voleur
était attaché. Tous ceux qui passaient par là,
blasphémaient encore contre le Sauveur : sa
douceur, sa résignation , le supplice qu'il en-
durait ne parvenaient pas à désarmer leur colère.
Cependant, depuis la sixième heure du jour
jusqu'à la neuvième, le soleil s'obscurcit, la terre
fut couverte de ténèbres. Vers la neuvième
heure, l'excès de la souffrance arrache à Jésus
cette plainte : « Mon Dieu , mon Dieu, pourquoi
m'avez vous abandonné ! »
Mais Jésus, mes enfants, oubliera encore ses
douleurs pour penser à nous. Sa pauvre mère
se tenait au pied de la croix, et le disciple bien-
aimé était auprès d'elle. Alors, rassemblant ses
dernières forces, Noire-Seigneur dit à Marie, en
lui montrant saint Jean : « Voilà votre fils ; » puis
il dit à saint Jean, en lui montrant Marie: «Voilà
votre mère ; » et , depuis ce temps , le disciple re
cueillit Marie dans sa maison; depuis ce moment
aussi , mes amis . et. par ce précieux testament
DtS FETES DE LEGLISK. o'25
de notre Sanveurprès de mourir, Marie nous ai-
me comme ses enfants, et nous l'aimons comme
notre mère.
L'heure de mourir approchait ; Jésus vit que
tout était accompli ; il inclina sa tète en disant :
« Mon Père, je remets mon âme entre vos
mains! » et il expira.
Au même instant, le voile du temple se déchira ,
depuis le haut jusqu'en bas; la terre trenibla ,
les tombeaux s'ouvrirent, la nature entière fut
bouleversée.
Ah ! mes enfants , nulle parole ne saurait ex-
primer les sentiments que ce récit doit faire
naître dans nos cœurs. Le pins tendre , le meil-
leur des pères expire dans les tourments pour
notre salut. Nous sommes les coupables , et il
porte notre peine. Nos péchés et son amour
sont la cause de tant de douleurs. Pensons-y au
pied de la croix , en ce jour, pensons-y tous les
jours de notre vie, afin de nous attacher pour
jamais à Jésus- Christ, afin de renoncer au péché
qu'il expie d'une manière si cruelle.
Le vendredi saint est le seul jour de l'année
où l'on ne dise point de messe.
32/» DïïS FÊTES DE I-'ÉGLISE.
L'oOice du malin (ommeuce par la lecture
d'une lecou tirée des livres saints, et tians la-
quelle Moïse décrit la cérémonie de l'agneau
pascal , signe du sacrifice de Notre-Seigneur.
Une autre leçon , tirée d'Isaïe , contient la pro-
phétie la plus détaillée de la passion de Jésus-
Christ. En lisant ce récit, on s'imagine lire
une histoire plutôt qu'une prophétie, tant les
moindres circonstances sont exactement annon-
cées. Ces leçons sont sui\ies de la lecture de la
Passion, selon Tapôtre saint Jean. Ainsi, mes
(•niants, l'Eglise offre successivement à nos mé-
ditations, la figure de la passion dans le récit de
Moïse, la prédiction de la passion dans le récit
d'Isaïe, cl Thisicirc de la passion dans le récil de
saint Jean.
La leclure de la passion est suivie de plusieurs
oraisons pour les différens ordres de l'Eglise:
pour le roi, pour tous les gens qui souffrent ou
qui sont dans le malheur, pour les héréliques,
les païens et les Juifs. Le jour où ÎNolre-Seigneur
meurt pour tous les hommes, l'Eglise croit pou-
voir lui deuiander des grâces abondantes, et le
prier pour i^cs plus grands enncujis. Par là , elle
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 325
veut aussi nous montrer qu'il n'est pas de si
grand coupable, qui ne puisse espérer d'obtenir
sou pardon, par les mérites de la mort de Jésus -
Christ.
Les oraisons sont suivies de l'adoration de la
croix; cérémonie ancienne et bien touchante.
Vous comprenez, mes enfants, que c'est, non
pas la croix qu'on adore, maisNotre-Seigneur
mort sur la croix, et dont les fidèles baisent avec
respect les plaies sacrées. Puis, le clergé va,
processionnellement et en silence, adorer la
sainte hostie déposée au tombeau, et qui sert à
la communion du prêtre ; on récite ensuite les
vêpres, sans les chanter.
Dans la soirée , après les ténèbres , il est d'u-
sage déchanter le iSfaZ»tf<777rtfer, dans lachapelle
du tombeau. Le Stahat, mes enfants, est une
des plus belles et des plus touchantes proses de
l'Eglise; elle raconte les cruelles douleurs de
la sainte Vier^^e au pied de la croix de son divin
lils, et les sentiments que cette hymne nous in-
spire terminent saintement les tristes émotions
de ce jour.
'9
o2G «ES FÊTES DE l'ÉGLISE.
PRIÈRE.
O mon adorable Sauveur, je me jette, en
ce moment, au pied de vbtre croix^ poiir être
arrosé du sang précieux qui coule de vos veines.
C'est donc, pour moi, ô bon Jésus, que vous endu-
rez tant de souffrances ! c'est pour moi, que vos
pieds et vos mains sont percés de clous, que votre
léte est couronnée d'épines, que votre cœur est
ouvert et blessé! c'est pour moi, et parce que j'ai
péché, que vous êtes prêt à mourir! Oh! pardon,
pardon, mon Dieu ! pour toutes ces fautes qu'au-
jourd'hui vous expiez d'une manière si cruelle.
Oubliez-les, Seigneur, moi, je nven souviendrai
toujours pour les détester, et poi-r vous rendre
grâces d'avoir consenti à les laver dans votre
sang divin. Que vousrendrai-je pour un si grand
bienfait? non, jamais hélas! je ne saurai di-
gnement le reconnaître; mais, au moins, je jure
en ce moment de ne plus vous offenser, de re.
noncer pour toujours au péché, et de m'atta-
cher à vous, par tous les senlimens de mon
i\me.
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 327
Croix de mon Sauveur, ô croix sainte et véné-
rable, signe sacré de mon salut! soyez à jamais
bénie, soyez moi toujours chère. Que si, malheu-
reusement encore , j'étais lente d'offenser Dieu,
qu'un regard jeté sur vous me rappelle à mes
devoirs , à mes promesses, me retrace les dou-
leurs et l'amour de Jésus-Christ. Croix démon
Sauveur, je me consacre à vous; je désire vous
porter dans mon cœur , par une soumission en-
tière aux peines, que peut-être, il plaira au
Seigneur de m'envoyer; et après vous avoir
aimée pendant la vie, j'espère obtenir la grâce
de mourir, en vous tenant pieusement entre
mes bras. Ainsi soit-il.
'y-
SAMEDI SAINT. ,
Vous avez ete ensevelis avec Jésiis-<.!iri>V
pur Je bjplèine.
Sr. PicL , Coi-o>s. II — 12.
L'Eglise célèbre aujourd'hui la mémoire de la
sépulture de Noire-Seigneur, et de sa descente
aux enfers.
Le jour de la mort de Jésus-Christ, vers le soir,
rapporte l'Evangile, Joseph d'Arimalhie, homme
vertueux et juste, qui n'avait pris aucune part an
complot des Juifs , car il était en secret disciple
du Sauveur, alla trouver Pilate , et lui demanda
le corps de Jésus. Pilate lui ayant permis de le
détacher de la croix , Joseph l'enveloppa d'un
linceul, et le déposa dans un sépulcre, taillé
dans le roc, puis il roula une grosse pierre h
rentrée du sépulcre , et se retira
Le lendemain, les princes des prêtres s'élant
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 329
assemblés chez Pilate , ils lui dirent , en parlant
de Jésus : « Seigneur, nous nous souvenons qne
cet imposteur disait pendant sa vie : Je ressus-
citerai trois jours après ma mort. Ordonnez
donc que le sépulcre soit gardé jusqu'au troi-
sième jour, de peur que les disciples ne vien-
nent la nuit dérober le corps de leur maître, et
ne disent ensuite au peuple : Jésus est ressusci-
t»'. « Pilate répondit : « Vous avez des soldats :
allez, faites comme vous Ttiitendrez. » Ils s'en
allèrent donc, et, pour s'assurer du sépulcre, ils
en scellèrent la pierre, et y mirent des gardes.
Ces précautions des ennemis de ^otre-Seigneu r
étaient bien inutiles, vous le comprenez, mes
enfants; elles ne pouvaient détruire sa puissance;
aussi ne servirent-elles qu'à rendre encore plus
éclatant le miracle de la résurrection.
Tandis que le corps sacré de Jésus Christ re-
posait dans le tombeau, son âme descendit aux
enfers, non pas, mes amis, dans cet enfer où les
méchants reçoivent la punition de leurs crimes,
mais dans un lieu de repos, aussi appelé du nom
de limhcs, où se trouvaient réunies les Ames
des patriarches et de lous les justes, morts de-
530 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
puis le commencement du monde. Quelque ver-
tueuse et sainte qu'ait été la vie de ces hommi s
fidèles à Dieu, néanmoins, ils demeuraient en-
core éloignés du Ciel; l'entrée en avait été fer-
mée par le péché d'Adam, et nul ne pouvait
être sauvé, avant que le fils de Dieu n'eût satis-
fait, par sa mort, à la justice de son père. Jésus-
Christ descendit donc aux enfers, pour délivrer
les âmes qui attendaient impatiemment sa ve-
nue. Elles suivirent au Ciel leur divin libéra-
teur, le jour où il y fit son ascension glorieuse.
Dans les premiers temps de l'Eglise , mes en-
fants, il était d'usage, le samedi saint , de bap-
tiser les Catéchumènes , c'est à-dire ceux des
païens qui se convertissaient à la religion chré-
tienne. Pour achever leur instruction religieuse-,
on faisait, durant l'office, un grand nombre de
cérémonies et de pieuses lectures. L'office du
samedi saint n'a pas changé, bien que, mainte-
nant, ce jour ne soit plus consacré particulière-
ment à donner le baptême. Les prêtres vont en
procession aux fonts baptismaux, pour bénir
l'eau qui, pendant l'année , doit servir au bap-
tême des petits enfants, et à toutes les cérémo-
DES TETES DE L EGLISE. ôol
nies de l'Eglise. La procession terminée, on al-
lume, près de l'auLel, un grand cierge nommé le
ciergepascal j il est la figure de Jésus-Christ res-
suscité. Ce cierge reste allumé dans l'Eglise , du-
rant les offices, jusqu'à la fête de l'Ascension, en
mémoire du temps que Noire-Seigneur passa sur
la terre, après sa résurrection. Le feu qui sert à
allumer le cierge pascal est un feu nouveau ,
c'est-à-dire qui n'a servi à aucun usage. Le prêtre
le bénit avec une grande pompe. On attache, en
forme de croix, cinq grains d'encens, au cierge
pascal , pour rappeler les cinq plaies dfi Jésus-
Christ, dont il voulut bien conserveries traces,
même après qu'il fut sorti du tombeau.
A la messe du samedi saint , mes enfants , l'E-
glise commence à célébrer le triomphe de la
résurrection de Jésus-Christ. Elle se réjouit par
avance , de cet événement si heureux pour les
chrétiens, si glorieux pour leur divin maître; les
cloches , restées muettes depuis la fm de la
messe du jeudi saint , se font entendre de
nouveau en signe d'allégresse. Le Gloria in
ejTcelsis, chanté par les anges, à la naissance de
Noire-Seigneur, et que l'Église ne redit jamais
332 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
dans les jours de deuil et de pénitence, annonce
maintenant la seconde naissance que Jésus -
Christ va reprendre dans le tombeau. Enfm, les
voûtes de l'Eglise retentissent du joyenx Allé-
luia / louez Dieu ! et ce cii de reconnaissance du
peuple hébreu, lorsqu'il fut délivré de l'Egypte,
devient le cri de reconnaissance des chrétiens
pour la délivrance de leur Sauveur, pour leur
propre délivrance du péché, cette triste servi-
tude.
Mes chers enfants, êtes-vous véritablement
dégagés de ces mauvaises habitudes qui sont
autant de liens qui vous retiennent dans le mal?
Avez-vous aujourd'hui , comme tout fidèle chré-
tien doit le faire , déposé vos défauts dans la
tombe de Jésus-Christ ? S'il en est ainsi, ce
matin, à l'église, vous pouvez chanter de bon
cœur le joyeux Aile! m'a.
LE SAINT JOtIR DE PAQUES.
V<iici le: jour qii«> le Sci°n«-ur a fait
njdiiissons-iiou.s, ri tre>sailloii$ d'alli'-
l's. cuvii. — 24.
Celle fête, mes chers enfants, est la plus
i^'iande fête de Tannée. C'est le jour de la résur-
rection de Noire Seigneur Jésus-Christ. Dans
l'ancienne loi, il y avait aussi une fêle de Pâ-
ques, et ce nom, qui signifie jjassage, rappelait
au peuple hébreu, l'heureux passage de la mer
Rouge, et celui de l'ange exterminateur. La
fête de Pâques, de la nouvelle loi, rappelle aux
chrétiens que Jésus-Christ, en ressuscitant, a
passé de la mort à la vie. Voici l'histoire de ce
merveilleux événement :
Depuis deux jours, le corps du Sauveur était
renfermé dans le tombeau. Le matin du troisième
IÇ).,
33/l DKS FÊTES DE L ÉGLISE.
jour, Marie -Madeleine et plusieurs autres
saintes femmes se diiigèrent vers le sépulcre,
pour embaumer le corps de Jésus-Christ. C'é-
tait un usage parmi les Juifs, et ces pieuses fem-
mes voulaient rendre un dernier hommage,
après sa mort, à celui dont elles avaient écouté
les leçons et admiré les vertus. Comme elles
marchaient , elles se demandaient entre elles,
s'il leur serait possible de pénétrer dan^ le tom-
beau, dont l'entrée avait été fermée par une
énorme pierre. Quelle est leur surprise en ap-
prochant! La pierre est renversée; un jeune
homme est assis près du sépulcre; son visage
brille d'un éclat céleste ; ses vêtements sont
blancs comme la neige a Ne craignez rien dit-
il, aux saintes femmes. Vous cherchez Jésus
de Nazareth, il n'est plus ici ; il est ressuscité
comme il l'avait prédit. Allez annoncer cette
nouvelle aux disciples. «
Les saintes femmes se hâtèrent d'avertir Pier-
re, le chef des apôlres, et Jean , appelé par l'E-
vangile, le disciple que Jésus aimait. Tous deux
accoururent au monument; mais lange avait
disparu . le tombeau était vide, on n'y relrou-
DES FÊTES DE L EGLISE. 333
vait plus qji'un linceul. Frappés de terreur à
l'apparition de l'ange, qu'avait annoncée un
tremblement de terr.^, les soldats, chargés par
Pilale de la garde du sépulcre, étaient tombés
comme morts; puis , revenus à eux , ils avaient
pris la fuite
Les deux apôtrt s firent connaître aux fidèles
la glorieuse lésurrection de Jésus-Christ. Lui-
même vint bientôt en confirmer la vérité, en se
montrant plusieurs fois à ses disciples réunis.
Le miracle de cette résurrection, mes chers
enfants, est le plus surprenant de tous les mira-
cles. Vous allez le comprendre-, il était quel-
quefois arrivé que de saints personnages, le pro-
phète Elisée , par exemple, avaient obtenu de
Dieu le pouvoir de ressusciter les morts. Notre-
Seigneur avait aussi rendu la vie à plusieurs
personnes, soit pour manifester sa puissance ,
soit pour donner aux hommes une nouvelle
preuve de sa bonté; mais sa propre résurrection
est plus miraculeuse encore. En effet, Jésus-
Christ s'est ressuscité lui-même, par sa seule
puissance, et il avait d'avance annoncé ce mi-
racle, en disant : u Le fils de l'iiomme sera mis à
o36 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
mortel il ressuscitera le troisième jour. »Ses en-
nemis refusaient de croire à l'accomplissement
de cette prédiction ; déjà ils triomphaient en le
voyant étendu sur la croix. « Lui qui a sauvé les
autres, disaient-ih avec ironie, ne pourra-t-il se
sauver lui-même? Qu'il descende donc de la
croix, et alors nous croirons en lui ! » La foi des
disciples fut elle même ébranlée. Ils regrettèrent
Jésus -Christ comme un homme juste, ils le pleu-
rèrent comme un ami, mais ils pouvaient à
peine reconnaître un Dieu, dans celui qu'ils ve-
naient de voir mourir, au milieu de tant de dou-
leurs et de tant d'opprobres. Aussi , la nouvelle
de la résurrection ne leur causa-t-elle pas
moins de surprise que d'admiralion et de joie.
Par sa glorieuse résurrection, mes enfants,
Jésus-Christ prouva donc sa puissance et sa di-
vinité. 11 fit plus que de descendre de la croix : il
sortit vivant du tombeau. Sans ce miracle , Jésus-
Christ ne se serait pas montré comme Dieu, nous
ne serions pas chrétiens, car notre religion a
commencé lejourdelarésurrection du Sauveur.
Voilà pourquoi la fêle de Pâques est la princi-
pale fête de l'année; voilà pourquoi nous trouvons
DES FÊTES DE LÉGLISE. 3d7
l'Eglise remplie de fidèles, les iiiiiiislrcs du Sei-
gneur revêtus de leurs plus beaux ornements;
voilà pourquoi les prières de ce saint jour, ne
sont que des chants d'allégresse. Chez tous les
peuples chrétiens, la fête de Pâques est célébrée
avec une grande joie, et, en Europe, il existe
encore des pays où l'on ne s^aborde aujour-
d'hui qu'en se félicitant mulueilement par ces
paroles: Jésus-Christ est ressuscité !
]Mes chers enfants, vous bornerez-vous àlouer
Noire-Seigneur pour l'éclatante victoire qu'il a
remportée sur la mort? >'on, sansdoute.il faut
retirer de ce mystère, une leçon qui vous soit
utile. Tous les mystères de la vie de Jésus-
Christ ont été accomplis pour notre sanctifica-
tion. S'il a daigné s'abaisser jusqu'à nous, en se
faisant homme, c'est pour nous attirer à lui ; s'il
est mort sur une croix, c'est pournous apprendre
à bien mourir nous-mêmes; s'il est ressuscité
enfin, c'est pour nous faire ressusciter avec lui.
Mais, direz-vous, comment cela nous serait il
possible ? Pouvons-nous donc mourir et ressus-
citer ainsi ? Non , mes enfants ; mais vous
pouvez vous corriger de vos défauts , les dé-
,3;38 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
truire, les arracher de voire cœur; vous pouvez
y faire naître les vertus opposées. Un enfant pa"
ressi^ux, désobéissant, colère, peut devenir
doux, appliqué, soumis. Il peut ainsi commen-
cer une nouvelle vie. C'est là ce que saint Paul
appelle, se dépouiller du vieil homme, et revêtir
un homme nouveau. C'est là , mes enfants , l'es-
pèce de résurrection que Jésus-Christ vous de-
mande en ce jour, à l'image de la sienne.
PRIERE.
0 Jésus, ressuscité d'entre les morts! c'est du
fond de mon âme que, prosterné à vos pieds ,
je vous adore dans votre triomphe. Daignez
agréer les louanges, si peu dignes de votre gloi-
re, que vient vous adresser un faible enfant.
Pendant ces derniers jours , j'étais bien alïligé
en pensant à vos cruelles souffrances; aujour-
d'hui, comme Marie-Madeleine, j<^ me sens con-
solé d'avoir retrouvé mon bon maitre, et, tout
rempli de joie, j^' m'écrie avec votre apôtre:
« Mon Seigneur cl mon i)ieu! »
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 339
Divin SauYeur , vous dont tOiijours nous de-
vons chercher à imiter les sainls exemples,
faites, je vous en conjure, que ce jour dePàques
soit aussi pour moi un jour de passage : pas-
sage de l'indocilité à l'obéissance , de la tiédeur
à la piété, du mal au bien. Et puisque, étant
une fois re=su cité, vous n'avez plus été sujet à
la mort, permettez, Seigneur, qu'après avoir ,
par votre grâce, renoncé au péché, je ne sois
plus assez malheureux pour y retomber jamais.
Ainsi soit- il.
%M5
FETE DE L'ASCENSION.
Jésin esl entre (laiis le Ciel afin ilu Sf
preseiiier maintenant ])our nous devant I.
face tie Dieu,
St. Paul, Hébr. ix — 24.
Après sa glorieuse résurrection, Jésus-Christ
resta encore quarante jours sur la terre; mais
il n'y vécut pas de la même manière qu'avant
sa passion. Son corps était alors mortel, pé-
rissable, semblable au nôtre, mes enfants,
soumis aux mêmes besoins, et aux mêmes
douleurs ; tandis , qu'après être sorti du
tombeau, le corps de Notre-Seigneur devint
immortel, impassible; c'est-à-dire qu'il ne
fut plus sujet à la souffrance, ni à la mort.
Au lieu de vivre parmi les hommes, ainsi
DES FÊTES DE l'lGLISE. 361
qu'il l'avait fait jusque-ià , il leur apparut
seulement de temps en temps, et toujours
d'une manière inattendue et miraculeuse.
C'était, tantôt sur le bord de la mer, où
les apôtres se di<îposaient à jeter leurs filets;
tantôt dans le chemin, qui conduit de Jéru-
salem au petit village d'Emmaiis; ou bien
encore , au milieu de ses disciples réunis.
Et Jésus- Christ les abordait, par ces mois
pleins de bonté, qu'il répétait sans cesse : « La
paix soit avec vous! »
Lorsqu'à cette douce parole, au son de
cette voix, qui, pourtant, leur était bien
connue, les disciples se refusaient encore à
croire à la présence du Sauveur; si quel-
ques-uns , tout effrayés de son apparition
soudaine, s'imaginaient voir im fantôme,
«C'est moi-même, disait Jésus-Christ, ne
craignez rien; touchez-moi, et rappelez-
vous, qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme
vous voyez que j'en al. » D'autres fois, il leur
montrait ses pieds et ses mains, qui con-
servaient encore la marque des clous, dont
ils avaient été percés; puis il allait s'asseoir
;^/i2 DES FÊTES DE l'lGLISE.
pour manger avec les apôtres, et ceux-ci
le reconnaissaient à sa minière di^ rompre
et de bénir le pain. Notre-Seigneur parve-
nait de la sorte, mes enfants, à convaincre,
du miracle de sa résurrection, les plus in-
crédules de ses disciples.
Ce fut pour cela, que Jésus-Christ passa
quarante jours sur la terre; ce fut aussi
pour fonder son Eglise, l'Eglise catholique,
dont nous avons le bonheur d'être les en-
fants. Après avoir complété les divines in-
structions, que déjà, il avait données aux
apôtres, Notre-Seigneur leur commanda de
les transmettre à leurs successeurs, de les
prêcher au monde entier, de faire con-
naitre l'Evangile par toute la terre; il leur
promit en même temps, de ne pas aban-
donner son Eglise, de ne jamais permettre
qu'elle tombât dans l'erreur.
Jésus-Christ, mes enfants, avait racheté les
hommes par sa mort et ses souffrances; il
les avait éclairés par sa parole, il avait
fondé l'Eglise pjur nous expliquer sa loi;
il avait prévu lousnos bes oins, afin de laisse r
DES FÊTES DE LÉGLISE SZlo
des remèdes à nos fautes, des soulagenu'iits
à noire misère, des consolations à nos dou-
leuis; la divine mission de notre Sauveur se
trouvait ainsi terminée. Pour lui , le temps
était venu de retourner dans son royaume,
de reprendre possession du Ciel, afin de
glorifier sa sainte humanité. Déjà , pour
préparer lesapôlres à une prochaine sépa-
ration : « Mes petits enfans, leur avait -il
dit, je n'ai plus que peu de jours à rester
avec A ous: encore un peu de temps, et vous
ne me verrez plus. « Et comme, à ces paroles
de leur maitre, les apôtres avaient le cœur
tout rempli de tristesse : « Je ne vous laisserai
pas orphelins sur la terre, ajoutait Jésus-
Christ; je prierai mon Père pour vous, afin
qu'il vous envoie l'esprit saint , l'esprit de vé-
rité, cet autre consolateur qui jamais ne vous
quittera. Demeurez dans mon amxour; soyez
fidèles à mes commandements et je vous rever-
rai ; je vais au Ciel, vous préparer une place ! »
Le quarantième jour après la résurrection ,
mes enfants, Jésus-Christ fit au Ciel sa glorieuse
ascension. Par son ordre, les disciples s'étaient
ZllU DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
réunis sur la montagne de Galilée, proche de
Jérusalem. Là, raconte l'Evangile, le Seigneur
Jésus, leur donna ses derniers avis, leur adressa
ses derniers adieux ; il étendit sur eux ses di-
vines mains, pour les bénir encore, et, en les
bénissant, il s'éleva dans le Ciel. Comme les
apôtres cherchaient à le suivre des yeux, même
après qu'un nuage leur eût dérobé sa vue, deux
anges, vêtus de blanc, apparurent soudain, et
leur dirent : Hommes de Galilée, pourquoi
regardez-vous ainsi le Ciel? Ce Jésus qui vient
de s'y élever avec tant de gloire, en^ redescen-
dra un jour, comme vous venez de l'y voir
monter. En même temps, les apôtres se pro-
sternèrent pour adorer le fils de Dieu, entrant
dans sa gloire, suivi par les âmes des justes
qu'il avait délivrées, entouré par les chœurs
innombrables des anges!
Ces paroles adressées aux apôtres , se rappor-
tent, mes enfants, au jugement dernier, qui
aura lieu à la fin du monde. Alors, pour la se-
conde fois, Jésus-Christ descendra sur la terre;
il y viendra, non plus comme sauveur, mais
comme juge. Ce sera , non plus l'enfant pauvre
DES FETES DE l'ÉGLISE. 0^5
de Bethléem, l'ami des pécheurs, le Dieu mou-
rant sur le Calvaire, mais un roi sévère et
juste, qui rendra à chacun selon ses œuvres.
Préparons-nous, par une vie sainte , mes chers
enfants, à ce dernier avènement de Jésus-
Christ ; que, dans notre pensée, il ne soit jamais
séparé de son triomphe , de cette ascension glo-
rieuse, dont, aujourd'hui, nous célébrons Tan -
niversaire.
PRIERE.
Je vous adore dans votre divine ascension,
ô mon Sauveur; vous êtes resté assez long-
temps sur cette terre, où vous avez été si ou-
tragé, où vous avez si cruellement souffert. Re-
tournez prendre possession de votre royaume
et de votre bonheur; seulement, ô mon Dieu,
du haut du Ciel, où aujourd'hui vous rentiez
avec tant de gloire, abaissez, je vous en conjure,
abaissez sur vos enfants un regard de bonté.
Aidez les par votre sainte grâce, à mérilcr cette
place que vous voulez bien leur promellrc, cette
place dans le Ciel, où, près de vous. Ton doit
être bi heureux 1 Ainsi scil-il.
LA PENTECOTE.
Le Saint-Esprit que mon Père vous eii-
veria, vous enseignera toutts choses.
St. JEAN. XIV — 26,
Après l'ascension de Jésus-Christ, oies en-
fants, les apôtres demeurèrent plongés dans le
deuil et la tristesse. L'absence de leur bon maî-
tre les leinplissait de douleur, rien ne pouvait
les consoler. Cependant, ils attendaient avec
confiance raccora plissement de la dernière pro-
messe de Notre-Seigneur. « Je ne vous laisserai
pas orphelins sur la terre, leui- avait dit Jésus,
avant de les quitter; je vous enverrai l'esprit
saint, l'esprit consolateur » ; sans doute, m( s
chers enfants, cette promesse aurait pu s'ac-
complir à l'instant même; mais Dieu voulut
DES FÊTES DE LEGLISE. 3^7
attendre quelques jours, pour exercer la foi
des apôtres; il voulut encore que la descente
du Saint-Esprit dans leur âme fût accompa-
gnée de circonstances merveilleuses, pour taire
éclater sa puissance aux yeux des nations.
Dix jours s'étaient écoulés depuis l'ascension :
renfermés dans le cénacle avec la sainte Vierge,
qui n'avait pas voulu les quitter, les apôtres
avaient passé ce temps dans le recueillement et
la prière. Soudain, un bruit s'entendit du Ciel,
semblable à un vent impétueux qui s'approche ;
il remplit toute la maison où les apôtres étaient
réunis. En même temps, on vit paraître une
lumière éclatante, qui, se divisant en langues de
feu, vint s'arrêter au-dessus de la tète de chacun
des apôtres, et tous furent remplis du Saint-
Esprit. En ce moment, ils reçurent le don des
langues, c'est-à-dire que. par un miracle de
l'esprit divin, ils surent, à l'instant même,
parler le langage d(^s différents peuples, parmi
lesquels ils devaient aller prêcher l'Evangile.
Un miracle moins visible, mais non moins
frappant, s'opéra dans leur cœur. Ces hommes
si timides, si faibles , qui avaient lâchement
nZiS DES FÊTES DE L ÉGLISE.
abandonné Jésus Christ au temps de sa pas-
sion, devinrent fermes, courageux intrépi-
des, et l'Esprit saint, qui est aussi l'Esprit de
force, leur donna la force nécessaire pour ac-
complir, au péril de leur vie, la divine mission
dont ils étaient chargés.
Nous aussi, comme les apôtres, nous sommes
appelés à recevoir le Saint-Esprit, avec toutes
ses grâces, dans le sacrement de confirmation.
Le jour où ce sacrement vous sera donné, mes
chers enfanls, vous ne verrez pas, à la vérité,
des langues de feu paraître au-dessus de vos
télés, mais vous recevrez la grâce intérieure,
dont ce miracle était le signe. Vous ne recevrez
pas le don des langues, il vous serait inutile, mais
Dieu daignera vous inspirer le langage que vous
devez tenir, en toutescirconstances, pour rendre
hommage à la religion, à la vérité, et pour ne
jamais manquer, dans vos paroles, à la charité
envers les autres. Dans ce temps-là, mes enfants,
on vous donnera des instructions détaillées sur
le sacrement de confu-mation; dès à présent,
vous pouvez néanmoins y penser avec fruit, et
c'est en ce jour surtout, qu'il le faut faire.
DES FÊTES DE l/ÉGLlSE. oh9
Comprenez bien d'abord ce que c'est que de
recevoir le Saint-Esprit. C'est élre rempli de
l'esprit de Dieu. Cet esprit est infiniment supé-
rieur au nôtre : aussi, lui communique-t-il une
force surnaturelle. De même que, dans ce qui
se rapporte aux choses ordinaires de la vie,
l'enfant docile voit par les }\ ux de ses parents,
profite de leur expérience, de leur raison, et
s'élève ainsi, peu- à-peu, au-dessus de la fai •
blesse de son âge ; de même, en venant dans
noire âme, le Saint-Esprit l'cclaire, l'anime, la
transforme, et l'enrichit de tous ses dons.
Les dons du Saint-Esprit, qu'en ce jour il
répand avec tant d'abondance sur les apôtres,
sont : la sagesse, l'intelligence, la science, le
conseil, la piété, la force, et la crainte du Sei-
gneur. Ces différentes grâces vous seraient
bien précieuses, mes enfants; demandez les
à Dieu. Priez-le de vous accorder surtout
la sagesse, qui comprend à elle seule tous vos
autres devoirs; la force, si nécessaire à votre
jeune âge, pour que vous puissiez triompher de
vos défar.is, et travailler avec ardeur à votre
salr.t; la piété enfin, qui vous donnera le goût
350 DES FÊTES DE LÉGLISE.
de la prière, et vous fera trouver votre bon-
heur dans le seivice de Dieu.
En vous pénétrant de ces bons sentiments,
mes chers enfants, vous retirerez d'heureux
fruits, de la fête de la Pentecôte ; et elle com-
mencera à préparer votre cœur au sacrement
de Confirmation.
PRIERE.
Venez, ô Esprit saint, et répandez sur nous,
comme sur les apôtres, un rayon de votre divine
lumière. Nos âmes sont malades, venez les gué
rir; elles se sont souillées par le péché, venez
les purifier; semblables à des plantes stériles,
elles ne produisent aucun bon fruit, venez les
arroser par votre grâce salutaire; car, sans vous,
ô divin Esprit , il n'y a rien en nous que misère,
il n'y a rien en nous que le mal; faites, nous
vous en supplions, que notre orgueil ne se ré-
volte plus contre vos commandements, corrigez
nos défauts, attendrissez nos cœurs, attachez-
les à Dieu qu'ils aiment si peu encore. Accordez-
nous vos sept dons précieux, à nous, vos enfants
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. 351
fidèles. O Esprit saint, faites-nous vivre dans
rinnocence , faites-nous mourir dans votre
grâce, faites-nous régner enfin dans l'éternité.
Ainsi soit il.
FÊTE-DIEU.
Mos délicrs sont irèlie jvec 1
ifaiils des hoinnn s.
I'bov. VIII. — 3.
Vous vous rappelez sans doute, mes enfants,
que, la veille de sa mort, et dans le dernier
repas qu'il fit avec ses apôtres. Notre -Sei-
gneur institua le saint sacrement de l'Eu-
charistie , sacrement adorable , par lequel
Dieu habite réellement parmi les hommes ,
et veut bien s'abaisser, jusqu'à les nourrir
de son propre corps et de son sang divin. Cha-
que année, le jeudi saint, l'Église célèbre la
mémoire du jour heureux, où Jésus-Christ nous
a donné cette preuve de son amour pour nous;
mais alors, l'Église est si tristement occupée des
souffrances et de la passion de Noire-Seigneur,
DES FETES DE L EGLISE. od«>
qu'elle ne peut se livrer, autant qu'elle le désire,
à la joie que lui cause un si grand bienfait ac-
cordé aux hommes ; aussi, a-l-elle voulu établir
une fête parliculière, en Ihonneur du saint sa-
crement. Cette fête est une des plus belles et
des plus touchantes de la religion : c'est la fête
de l'amour de Dieu pour nous , et de noire re-
connaissance envers Dieu.
En ce jour, il est d'usage, mes chers en-
f.nits , de faire une procession solennelle hors
de Téglise, et de porter en triomphe le saint
sacrement, dans les villes et dans les campa-
gnes. Dès le matin , avertis par le son des clo-
ches, les habitans s'empressent de joncher de
fleurs et de branches d'arbres, les rues par les-
quelles doit passer la procession , et de prépa-
rer les différents reposoirs où elle s'arrête. Ces
reposoirs sont plus ou moins ornés , selon les
ressources des habitants. A la ville, les gens ri-
ches prêtent des tapisseries et de belles étoffes;
à la campagne , du linge blanc , parsemé de
bouquets de fleurs, est la seule tenture dont
peuvent disposer les pauvres paysans du village;
mais nul doute que ^otl•e Seigneur n'accueille
^bU DES FÊTES DE LtGLISE.
avec une égale bonté les offrandes des uns et
des autres, car il est aussi bien le Dieu de la
pauvreté, que le maitre du Ciel et delà terre;
et ce qu'il demande avant toulechose, c'est l'in-
tention du cœur.
Cependant, la procession s'avance au milieu
du chant des cantiques ; les prêtres sont revêtus,
de leurs plus beaux habits; les enfants de chœur
mêlent à la fumée de l'encens, des roses effv uil-
lées qu'ils portent dans des corbeilles. On croit
voir un souverain, recevant les hommages et les
témoignages de l'affection du peuple dont il est
adoré, ou plutôt encore un père de famille , en-
touré de ses enfants, au jour de sa fête. Uieu
n'est jamais plus disposé à nous combler de ses
grâces que dans ce saint jour, où il sort de son
tabernacle, pour se mêler à nous; aussi, chacun se
presse sur son passage; chacun se trouve heureux
quand le saint sacrement a paru devant sa de-
meure; les cultivateurs espèrent une abondante
récolte des champs qui ont été bénis par la pré-
sence de Jésus-Christ; les pauvres malades quit-
tent, s'ils le peuvent, leurlitde douleur, pour ve-
nir recevoir, devant leur maison, la bénédiction
DES FÊTES DE l'ÉGLISE. oÏ>Ô
du Dieu qui les guérit souvent , qui toujours les
console. Les mères, leurs petits enfants dans les
bras, vont s'agenouiller sur les marches du re-
posoir, où Notre-Seigneur daigne s'arrêter pour
les bénir, et, pendant qu'il vient se reposer sur
les tètes innocentes de ces petits anges , on croit
l'entendre dire à ses ministres, comme autrefois
aux disciples : « Laissez venir à moi les petits
enfants; le royaume des Cieux est pour ceux qui
leur ressemblent.»
Pour la plupart, mes chers enfants, vous avez
reçu , dans vos premières années, cette béné-
diction de Jésus-Christ; alors, vous ne sentiez
pas votre bonheur, mais à présent que vous
commencez à connaître le prix de la sainte Eu-
charistie, soyez bien pieux dans cette belle fête,
remerciez Dieu mille fois de vous montrer tant
d'amour; aimez-le vous-même de tout votre
cœur.
o56 DES FÊTES DE L ÉGLISE.
Seigneur Jésus, si je ne puis encore vous rece-
voir aujourd'hui dans mon cœur, je veux au
moins vous remercier de vouloir bien demeurer
parmi nous , dans le sacrement de votre amour.
Grâce à cetle bonté infinie, je puis, tous les jours
et à loute heure, vous offrir mes prières, et je
suis aussi heureux que les enfants que vous vous
plaisiez autrefois à réunir autour de vous. Il
me reste encore à envier, ô mon Sauveur, l'in-
nocence et la sagesse, par lesquelles ces enfants
avaient su mériter votre tendresse. Mon Dieu :
lorsque je pourrai leur ressembler, bénissez -
moi de la même manière; laissez-moi venir sou
vent auprès de vous : ce sera mon plus grand
bonheur. Ainsi soit il.
FETE DE L'ASSOMPTION
Vous seivz une couronne de gloire dans
l.i main du Seigneur, et un diadème royal
dans la main de voire Ui»u.
KiiK , Lxii — 3.
En ce jour, mes chers enfants, l'Eglise célèbre
la bienheureuse mort de la sainte Vierge, sa
résurrection, et son assomption glorieuse. Réu-
nie à son divin fils , ]Vl:\rie reçoit de lui une
couronne immortelle , une vie de bonheur et
de gloire, que lui méritaient ses vertus,
ses souffrances, la vie humble et cachée qu'elle
avait menée sur la terre. Aujourd'hui, Marie
devient la reine du Ciel et notre puissante
protectrice; mais auparavant, il ne faut pas
l'oublier, mes amis , Marie avait été notre mo-
dèle. Appliquons-nous donc a étudier les saints
exemples qu'elle nous a laissés; cherchons à
358 DES FÊTES DE l'ÉGLISE.
nous rappeler les principaux traits de son his-
toire, pour nous exercer à l'imitation de ses
vertus: ce sera lameilieure manière d honorer
notre mère au jour de sa fête
Selon l'opinion générale de l'Église, mes chers
enfants, opinion que tous les vrais serviteurs
de Marie trouvent un grand bonheur à parta-
ger, la sainte Vierge fut exempte de la ta-
che du péché originel. Sans doute, Dieu ne
voulut pas permettre que l'âme de celle qui de-
vait élre sa mère, fût un seid instant souillée
par le péché.
Marie annoncée par Dieu à nos premiers pa-
rents, et montrée de loin par un prophète,
comme devant donner naissance au fils de
Dieu , Marie naquit à Nazareth, petite ville de
Galilée, peu distante du Mont-Carmel. Anne
et Joachim, ses père et mère, descendaient de
la tribu de Juda et de la race de David. Malgré
cette antique et royale origine, ils étaient yiau-
vres et menaient une vie fort retirée. Leurs
vertus furent cependant assez connues, pour
que l'Église les ait admis au nombre des saints
doni, chaque année, elle célèbre la fêle
DES FÊTES DE L ÉGLISE. 359
Par reconnaissance pour Dieu, de la bonté
duquel ils tenaient leur unique enfant, les
pieux parents de Marie , voulurent la vouer au
Seigneur, et, dès l'âge de quatre ans, elle fut
portée au temple de Jérusalem, pour y être
élevée parmi d'autres jeunes filles. Marie, dont
la raison avait devancé les années, et dont le
cœur déjà, était tout rempli de l'amour divin,
se consacra volontai.» ement à Dieu. Elle promit
de se donner à lui sans partage , et fit vœu de
renoncer à tous les liens d ici-bas. On aime à
se représenter, cette aimable et sainte enfant,
agenouillée sur les marches du temple ,
priant avec une angélique ferveur, ou bien en-
core , douce et soumise envers les gardiens de
son enfance, pleine d'affection et de complai-
sance pour ses jeunes compagnes, offrant enfin,
mes amis, dans l'enfance la plus pure et la plus
sainte qui fût jamais , un touchant et parfait
modèle à l'enfance chrétienne.
Marie demeura dans le saint temple, jusqu'à
l'âge où elle fut mariée à un saint homme
nommé Joseph ; comme elle, il descendait de la
race royale de David, mais, comme elle aussi ,
360 DES FÊTLS DE l'ÉGLISE.
ilélailpauvre ; ilexerijailla profession dechar-
penlier. Lorsque Marie demeurait à Nazareth
avec son époux, étant toujours demeurée vierge,
Dieu lui fit annoncer, par l'ange , Gabriel , qu'elle
serait la mère du Sauveur promis au monde.
« Yoici la servante du Seigneur, qu'il me soit
fait selon votre parole,:» dit Marie avec humilité,
plus occupée du désir d'accomplir la volonté
de Dieu , que de la gloire dont elle allait être
revêtue en devenant la mère du Sauveur.
Selon la parole de l'ange, mes enfants, et
pendant un voyage que, par ordre de l'empe-
reur romain, Joseph et Marie avaient entre-
pris , Notre-Seigneur Jésus-Christ vint au
monde, dans la pauvre élable de Bethléem.
Ici commencèrent les angoisses maternelles de
la sainte Vierge : Pour tout berceau, son divin
fils, n'a qu'une humble crèche, pour tout vêle-
ment, il a des langes grossiers. A peine le cœur
de Marie, a-t-il pu se réjouir, en voyant l'em-
pressement des bergers et des Mages à venir
adorer le divin enfant, que, tremblant pour les
jours de ce fils chéri, elle est obligée de s'en-
fuir en Egypte pour le soustraire à la fureur
DES FÈTtS DE l/r.G!.I^E- ^61
d'Hérode. Auparavant déjà, pour obéir à un(^
loi , dont cependant elle était dispensée, Marie
était allée au Temple présenter son fils au Sei-
{^neur et le racheter, comme toutes les pau-
\-res femmes d'/sraël, par la simple offrande de
deux tourterelles. Là, unsaintvieillard, nommé
Siméon , prenant l'enfant Jésus entre ses bras ,
prédit à Marie tout ce qu'un jour elle aurait à
souffrir, parce cher enfant, et lui annonça que
son âme serait percée d'un glaive de douleur.
Pensez-vous, mes amis, combien dj fois, du-
rant les trente années que Jésus passa près de
sa mère, elle dut se rappeler, cette pauvre
mère, la prédiction du saint vieillard, et trem-
bler de la voir s'accomplir!
Enfin, le moment arriva, où Xolre-Seigneur
voulut s'éloigner de Nazareth, pour commen-
cer ses divines prédications; l'Évangile ne dit
rien de la sainte Vierge , si ce n'est qu'elle se
trouvait aux noces de Cana, et, qu'à sa prière,
Jésus fit là son premier miracle. Si Marie dai-
gna s'intéresser ainsi, aux moindres besoins de
ceux dont elle était entourée, on ne saurait
douter, mes enfants, qu'en accompagnant
ai
862 DES FÊTES DE l/ÉGLISE.
Notre-Seign€ur, dans ses courses charilables,
elle ne l'ail imploré en faveur de tous ceux près
desquels elle se trouvait, et ne soit ainsi, en
quelque sorte, devenue leur providence. Cette
douce pensée doit nous encourager à nous
adresser toujours à Marie avec une entière
confiance.
Nous ignorons si la sainte Vierge eut la dou-
leur d'assister à la passion de Jésus-Christ,
mais nous la retrouvons sur le Calvaire, de-
bout au pied de la croix. C'est bien en ce mo-
ment que son âme fut brisée et percée par la
douleur, comme par un glaive; c'est en ce
moment aussi, que, recueillant les dernières
paroles de Notre-Seigneur, près de mourir,
Marie consentit à devenir notre mère. Pauvre
mère, combien n'a-t-il pas fallu qu'elle nous
aimât, pour nous avoir pardonné la mort de
son fils bien -aimé!
Marie vécut encore plusieurs années, mes en-
fants ; elle parvint à un âge très avancé. Ren-
fermée dans le cénacle avec les apôtres, après
l'ascension de Jésus-Christ, elle reçut comme eux
l'Esprit saint au jour de la Pentecôte : elle as-
DES FETES DE l/ÉGLISE. 36o
sisla à rétablissement de l'Eglise chrétienne ;
puis enfin Dieu mit un terme à son exil, et la
rappela à lui; son cœur et sa pensée étaient
déjà dans le Ciel; elle mourut entourée des re-
grets des apôtres, et alla se réunir pour tou-
jours à Jésus-Christ, dont l'absence lui avait
coûté tant de larmes.
C'est la croyance commune de l'Eglise, que
la sainte Vierge est ressuscitée et qu'elle est
dans le Ciel en corps et en Ame. Sur cette
croyance, mes enfants, est fondée la fête de ce
jour.
Après avoir, pendant le cours de l'année, suc-
cessivement célébré tous les mystères de la vie
de Marie ; sa naissance, sa présentation au
Temple, sa purification, sa visite à sainte Eli-
sabeth, ses douleurs sur le Calvaire, l'église
célèbre aujourd'hui son triomphe et sa gloire.
Que cette fête vous soit chère, mes amis, que
surtout elle ne se passe pas, sans laisser d'heu-
reux fruits dans vos âmes. Honorez la sainte
Vierge par des prières ferventes , aimez-la ,
jetez-vous entre ses bras maternels, confiez-lui
voire pnfance, voire jeunesse, toute votre vie ,
36/4 DES FÊTES DE l/ÉGLISE.
connez-lui vos bonnes intenlions pour les forli-
fier, vos dél'aulspourles détruire. Demandez-lui
de vous diriger, de vous conduire, de vous ap-
prendre à l'imiter. Et pensez souvent, chers en-
fants, que Marie fut la plus soumise, la plus
humble, la plus modeste des créatures; qu'elle
ne se glorifiait de rien, et ne cherchait à se faire
admirer de personne. La piière, le travail, le
silence, l'amour de Dieu surtout, voilà ce qui
remplit sa vie. Que d'exemples pour nous!
Prière de saint Bernard à la sainte Vierge.
Souvenez-vous, ô très pieuse vierge Marie,
qu'on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux
qui ont eu recours à votre protection, im-
ploré votre assistance, ou demandé vos suffra-
ges, ait été abandonné. Animé d'une pareille
confiance, je viens à vous, ô Vierge des Yier-
ges, et, gémissant sous le poids de mes péchés,
je me prosterne à vos pieds ; daignez, ô mère
du Verbe, ne pas rejeter ma prière, mais écou-
lez-la favorablement, et exaucez-moi.
Ainsi soit-il.
FETE DE LA TOUSSA L\T.
Nous souiinrs les tiifaiil* d<
Saints
Tdbif , VIII. — S.
I>e seul nom de celte fêle, mes chers eiifanls,
vous apprend ce qu'elle est, et pour qui elle a
été instituée. Cest la fêle de tous les saints,
c'est-à-dire des hommes, dont les \erlus ont été
couronnées par le bonheur du Ciel. Ces bien-
heureux sont nos frères, ils ont été comme
nous, les enfants de l'Eglise, et l'union qui
existait entre eux et nous, n'a pas été détruite
par la mort. C'est pourquoi, la religion a mis
chacun des jours de l'année, sous la protection
360 DES FÊTES DE L EGLISE.
particulière d'un saint. C'est pourquoi aussi,
elle donne, à chaque enfant qui vient au monde,
un des élus du Ciel, pour protecteur et pour
modèle ; mais ne pouvant connaître le nom, ni
l'histoire d'une foule de saints de tout ûge, et
de toute nation , l'Eglise réunit ses enfants
dans son souvenir, pour les honorer ensemble
par une fête solennelle. Elle se propose donc,
en ce jour, d'honorer les saints par ses hom-
mages et ses louanges, et, afin que cette fête ait
pour nous son utilité, elle nous encourage à
suivre les exemples des saints, par la pensée
du bonheur éternel, qui est leur récompense,
et elle les prie de nous protéger auprès de Dieu.
Ainsi donc, mes amis, l'Eglise félicite d'abord
les saints, de la gloire et du bonheur qui sont
leur partage ; elle leur témoigne sa joie de ce
que leurs soufTiances sont terminées, et de ce
qu'ils ont été victorieux dans leurs combats ;
car, il faut que vous sachiez, mes enfants, que
ce n'est pas sans efforts, ni sans peine, que les
saints ont mérité le Ciel. Les uns, comme les
martyrs, ont souffert la mort dans des tour-
ments horribles, pour le saint nom de Dieu; les
DES FÊTES DE LÉGLIbE. SG7
autres, comme les apôtres, ont employé leur vie
à faire d'immenses travaux, de longs et péril-
leux voyages, pour annoncer l'Evangile aux
peuples idolâtres; un grand nombre de pieux
solitaires ont distribué tout ce qu'ils possé-
daient aux pauvres, se faisant pauvres eux-
mêmes, pour ressembler à Jésus-Christ. De
bonnes sœurs de la Charité enfin ont consacré
leur existence à soigner les malades, à instruire
les enfants des pauvres; et ceux même des élus,
qui n'ont pas pratiqué des vertus aussi parfaites
et aussi éclatantes, ne sont néanmoins devenus
des saints, qu'en remplissant fidèlement leurs
devoirs, ce qui demande toujours beaucoup de
zèle et de courage. Les saints ont vaincu le dé-
mon. Dieu les récompense : voilà de quoi nous
les félicitons aujourd'hui.
Hélas! mes cheis enfants, que notre vie est
loin de ressembler à celles dont les saints
nous ont laissé le précieux exemple ! Tous, il
est vrai, nous ne sommes pas appelés à de-
venir des religieux, des solitaires ou des mar-
tyrs; mais il s'est trouvé des saints, dans les di-
verses positions où chacun de nous peut être.
36H DES lÉTLS DE L^tCiLlSE.
placé. 11 y a eu des saints de tous les Ages, et
\ous aussi, mes chers enfants, vous trouverez
parmi les élus, vos modèles. Bien des anges du
Ciel ont été des enfants comme vous, n'ayant
pas d'autres devoirs à remplir que les vôtres,
seulement les remplissant mieux. Ils n'ont pas
fait d'actions remarquables aux yeux des hom-
mes, mais ils se montraient pieux envers Dieu,
et soumis à leurs parents. Assurément, ils ont
eu des défauts 5 corriger, de mauvais penchants
à combattre, mais leur bonne volonté, soutenue
par le secours du Seigneur, est parvenue à en
triompher. Ce qu'ils ont pu faire, mes chers
enfanls, ne pourriez-\ous donc le faire aussi
comme eux ?
Pour cela, demandez aujourd'hui aux saints,
le courage qui vous est nécessaire. A la vérité,
ils n'ont pas le pouvoir de nous accorder des
giAces, mais ils peuvent les demander pour
nous et avec nous, etlon ne saurait doutei-, mes
enfanls, ni de l'intérêt qu'ils prennent à notre
sanctification, ni de leur puissance auprès de
Dieu, dont iis sont les amis.
DES FLTKS DE LÉGF.I^E. 309
PRISRE.
Ames bienheureuses, et vous surtout, uion
saint patron, daignez recevoir les hommages que
j'unis à ceux que 1 Eglise vous offre, en ce jour.
Parmi les chrétiens qui implorent votre puis-
sante protection, et le secours de vos prières, dai-
gnez distinguer un enfant, qui en a plus besoin
que les autres, parce qu'il est plus faible. De-
mandez à Dieu, pour moi, je vous en conjure,
qu'au lieu de disputer, comme je le faissouvent,-
avec mes devoirs, pour en remplir le moins
possible, je sois animé d'un zèle généreux
pour mon salut, que je commence dès à pré-
sent à y travailler , que je continue avec cou-
rage pendant toute ma vie, et qu'un jour, mes
efforts soient couronnés comme If s >ôlrcs,
par le bonheur du Ciel. Ainsi soit-il.
JOUR DES MORTS.
C'fst une bonne et salutaire pPii'
sée de prier j)oui les morts.
Macch. liv. II. — XII 44>
Pour être sauvé, mes chers enfants, pour
partager l'éternelle félicité des saints, dont,
hier, nous étions occupés, il faut avoir commis
peu de fautes en sa vie, ou les avoir expiées par
un vrai repentir, et une sincère pénitence; il
faut, en un mot, ou avoir conservé son inno-
cence, ou l'avoir recouvrée, car, « rien d'im-
pur, a dit Notre Seigneur, ne peut entrer dans
le royaume des cieux v. Dieu veut bien, dans sa
miséricorde, pardonner les péchés dont on se
DES FETES DE L EGLISE. ol
1 t'pcnl sincèrement, et qu'on a confessés, mais
il ne dispense pas de les réparer, et il ne nous
remet qu'une partie des peines que méritent
nos fautes. Il reste donc une pénitence à faire,
et si nous n'avons pas eu le courage de la faire
en ce monde, il faudra la subir, dans l'autre, par
les peines du purgatoire. Le purgatoire, mes
enfants, est un lieu de souffrance, où Dieu en-
voie les pauvres âmes qui n'ont pas mérité
l'enfer, mais qui ne sont pas assez pures pour
entrer au Ciel. Elles font là, dans de grandes
douleurs, la pénitence qu'elles auraient dû faire
sur la terre, et qui eût été moins longue et
moins pénible. C'est alors qu'elles regrettent le
temps perdu, et leur peu de zèle à profiter des
conseils de la religion pendant leur vie.
Dieu laisse plus ou moins long-temps les
âmes dans le purgatoire, selon le nombre de
fautes qu'elles ont à expier; mais l'Eglise en-
seigne que nous pouvons abréger les souf-
frances de ces âmes, en priant pour elles, et
surlout en offrant à Dieu en leur faveur^ lo
saint sacrifice de la messe. Aussi, non contente
de prier à la fin de tous ses olïUes pour ceux
')/2 DES FETES DE 1, EGLISE.
qui ne sont plus, l'Eglise consacre à leur sou-
venir, un jour entier chaque année : ce jour
est Cflui qui suit la fête de la Toussaint, pour
nous rappeler que nous, chrétiens de la terre,
qui demandons protection aux chrétiens du
Ciel , nous ne devons pas oublier ceux du
purgatoire, paice qu'étant tous enfants de la
même familie, nous devons nous prêter un
mutuel secours.
C'est une triste fête, que celle-ci, mes en-
fants ; elle rappelle à nos cœurs les parents
et les amis que nous avons perdus, que nous
amiions si tendrtineijt, que nous serons si long-
temps sans revoir; aujourd'hui, on va pleurer
sur les tombes de ces morts bien- aimés, et
demander grâce pour eux à Dieu, si malheu-
reusement ils étaient encore éloignés de lui.
Et vous, mes chers enfants, qui, pour la plu-
part du moins , ne connaissez pas encore cette
cruelle douleur , de perdre ceux que l'on aime,
vous prierez pour les parents et les amis des
autres, pour ceux que regrette votre mère,
pour toi. s les morts en général. C'est un devoir
de charité, et les pauvies âmes dont vous au-
DLS FETES DE 1. EGLISE. .) / .)
rez contribué à abréger les soufFraiices , se sou-
venant au Ciel de votre pitié, vous protégeront
à leur tour.
Si cette instruction venait à tomber sous les
yeux de quelque malheureux orphelin, il sen-
tira que la reconnaissance l'oblige à prier Dieu
pour les parents qu'il a perdus; et ce devoir
lui sera bien doux à remplir. Quelle consola-
tion, en effet pour ce pauvre enfant, de pou-
voir espérer qu'il obtiendra le bonheur éternel
de ceux qui lui avaient donné la vie, et dont la
tendresse avait entouré ses premières années
de tant de soins et de tant d'amour.
Après avoir rempli vos devoirs envers les
morts , mes enfants , cherchez, pour vous-
mêmes, quelques leçons utiles dans la pensée
du puigatoire. Remarquez d'abord, combien
Dieu déteste le péché , puisqu'il veut nous en
faire expier jusqu'aux moindres traces; et que
cette réflexion v(»us engage à le commettre
moins facilement. Prenez ensuite la résolution
de faire pétiilence de >os (autos, dès celle vie,
afin que Dieu vous trouve digues du Ciel, après
la mort.
374 DES FÈIES DE LÉGLISE.
PRIERE.
Mon Dieu, quand je demande à ma mère le
pardon démon frère ou de ma sœur, qu'elle
devait punir, jamais elle ne me refuse : serez
vous moins indulgent qu'elle, vous, la bonté
même, et ne daignerez-vous pas écouter ma
prière pour mes frères malheureux? En vous
demandant de pardonner aux autres, je n'oublie
pas. Seigneur, que moi, tout le premier, je suis
devant vous, bien coupable; aussi ce ne sont
pas mes mérites, mais ceux de mon Sauveur
Jésus-Christ, que je vous offre pour les âmes du
Purgatoire. C'est encore en son nom, ô mon
Dieu ! que je vous demande la grûce de vivre
de telle sorte , qu'après ma mort je ne sois
pas envoyé dans ce lieu de douleur.
Ainsi soit-il.
PRIERES DIVERSES.
Liiaiiieï de la sainle Yiuiijc. — Prièie à
l'Auge garditn. — Prière pour ses pa-
rents. — Prière sur l'aumône. — r lière
sur la première Communion. — Act^s
des vertus théologales. — Piière géné-
rale.
LITANIES DE LA SAINTE VIERGE.
0 mon Dieu, qui êtes noire père, ayez piliô
de nous;
Jésus notre Sauveur, ayez pitié de nous;
Esprit saint , ayez pitié de nous ;
Trinité sainte, ayez pitié de nous.
Etvous, ô Marie, mère de Dieu et notre mère ,
recevez avec bonté les demandes que nous
allons aussi vons adres-^er, priez pour nous.
Marie préservée de la taclie du péché origi-
nel, priez pour nous, afin que nous conservions
fidèlement la grâce qui nous a été rendue par
le saint bapléme.
Marie qui avez voulu vous consacrer à Dieu ,
dès l'âge le plus tendre, priez pour nous, afin,
que dès notre enfance, nous aussi, nous soyons
tout dévoués au service du Seigneur.
378 PRIÈRES DIVEllSES.
Marie qui avez passé voire jeunesse loin du
monde et de ses plaisirs, priez pour nous, afin
que nous ne recherchions jamais d'autres joies,
que les joies de la vertu , dans la maison du
Seigneur et dans la maison paternelle.
Marie qui, dans votre visite à sainte Elisa-
beth , ne parliez que de Dieu et de ses miséri-
cordes, priez pour nous, afin que dans nos en-
tretiens avec nos amis, il ne nous arrive jamais
de dire aucune parole qui puisse offenser Dieu.
Marie , qui avez tant souffert de n'avoir pour
coucher votre cher fils, qu'une crèche et un peu
de paille, priez, afin que toutes les pauvres fem-
mes aient un berceau pour leurs petits enfants.
Marie qui conserviez le souvenir de la piété
des bergers et de l'adoralion des Mages, priez
PRIÈRES DIVERSES. 379
pour nous, afin que jamais nous ne puissions
oublier les louchantes et merveilleuses histoires
de notre sainte religion.
Marie qui, dans votre fuite en Egyple, avez
donné un si grand exemple d'obéissance , priez
pour nous, afin qu'en toutes choses, nous
soyons dociles et soumis à la volonté de nos
supérieurs.
Marie qui avez eu tant de chagrin de perdre le
divin enfant, et tant de joie de l'avoir re-
trouvé, priez pour nous, afin que notre plus
grande crainte soit de perdre Jésus, par le
péché, notre plus grand bonheur celui de vivre
près de Jésus dans l'innocence.
Marie, si pleine de bonté que vous avez inter-
cédé Jésus en faveur des époux de Cana, priez-
:^80 PRIÈRES DIVERSES.
le aussi pour nous, diles-Iui ce qui nous man-
que, afin qu'il daigne nous l'accorder.
Marie qui avez conseillé à ceux dont vous
étiez entourée d'obéir à Jésus, priez afin que
nous passions notre vie à écouter ce que dit
Jésus, et à le faire.
Marie qui, debout au pied de la croix, étiez
plongée dans la douleur, à la vue des souffrances
et de la mort de votre fils bien aimé, priez pour
les mères désolées par la maladie et la perle
de leurs enfants.
Marie qui avez été la plus humble et la plus
pure des créatures , priez pour nous, afin que
nous devenions humbles de cœur, et que nous
ne perdions jamais l'innocence.
Ï-RIÈKES DIVERSES. 3S1
Marie qui avez mené une vie simple et la-
borieuse, priez pour nous, afin que nous ap-
prenions à nous contenter de peu de chose, et
à travailler selon les devoirs de notre âge.
Marie qu'à sa dernière heure, Jésus nous
donna pour mère, priez pour nous, intéressez-
vous au salut de vos enfants.
Marie dont la mort lut si douce et si sainte,
priez pour nous, afin que notre mort nous réu-
nisse à Jésus et à vous.
O sainle vierge Marie, bénissez- nous, priez
pour nous.
382 PRIÈRES DIVERSES.
PRIÈRE.
Montrez, ô Marie, que vous êtes notre Mère,
et faites agréer nos prières à celui qui, pour
nous sauver, a bien voulu naître de vous.
Ainsi soit-il.
PRIERE A L'ANGE GARDIEN.
Combien je vous remercie, ô mon Dieu, d'a-
voir placé près de moi, cet élre bienfaisant qui
me protège, que je dois regarder comme mon
guide, et mon meilleur ami. Dans le temps où
j'étais encore un tout petit enfant, on me don-
nait la main, de peur que mon pied ne heurtât
contre quelque pierre; et vous aussi, mon Dieu,
vous faites conduire mon âme, par votre saint
Ange, pour qu'elle se détourne du chemin qui
la ferait tomber. Daignez avoir toujours pour
moi, Seigneur, celte tendresse vigilante d'un
père, dont ks yeux ne cessent de suivre les pas
de son enfant.
Et vous, mon l)on Ange, vous qui connaissez
'i'6ll PRIÈRES D1\'E11SI-S
Dieu, et qui savez combien il mérite qu'on l'ai-
me, apprenez-moi le moyen de lui plaire, et en
retour des grâces que vous m'apporlez de sa
part, offrez-lui mon cœur et ma bonne volonté.
Dites-lui que tout mon désir est de chanter un
jour, avec vous, ses louanges, et, pour me faire
arriver au Ciel, ô mon bon Ange, ne me quittez
jamais! Ainsi soit-il.
PRIERE POUR SES PARENTS.
O mon Dieu, si jamais j'ai désiré du fond de
mon cœur vous voir exaucer ma prière, c'est
surtout lorsque je vous l'adresse pour ceux de
qui je tiens la vie, pour les bons parents que
vous m'avez donnés. Comment me sera-t-il
possible de m'acquitter envers eux, si vous ne
daignez vous charger de ma reconnaissance, si
vous ne leur rendez vous-même tout le bien,
tout le bonheur que je leur dois. Répandez
donc sur mes parents, je vous en conjure, vos
plus saintes, vos plus nombreuses bénédictions.
Récompensez leuis vertus, sur îa terre, selon
les desseins de votre Providence, et dans le Ciel,
386 PRIÈRES DIVERSES.
par une éternelle félicité. Conservez-moi mes
parents, Seigneur, non pas seulement autant
que leurs bons soins me seront nécessaires,
mais encore dans le temps, où ce seront eux,
à leur tour, qui auront besoin de moi, qui au-
ront besoin des secours et des soins que, dans
leurs vieux jours, je me trouverai si beureux
de leur prodiguer!
Et si, en ce jour, je viens vous demander, ô
mon Dieu, de me rendre doux, studieux, obéis-
sant et bien sage, c'est beaucoup moins, vous
le savez, pour les récompenses que je puis at-
tendre de ma bonne conduite, que pour la sa-
tisfaction qu'en ressentiront mes parents. 0
Seigneur, ne permettez pas que jamais, ni dans
mon enfance, ni dans tout le cours de ma vie,
je leur cause la moindre peine ; faites au con-
traire, que tout le bonheur que vous leur réser-
vez, leur puisse venir par moi. Ainsi soit-il.
PRIERE SUR L'AUMONE.
Que suis-je devant vous, ô mon Dieu ? un en-
fant misérable et pauvre, plus pauvre, peut-
être, hélas! que ceux dont je plains la misère,
car je manque de douceur, d'obéissance, et ces
vertus sont les seules vraies richesses à vos yeux .
Vous m'en trouvez si dénué , que chaque jour
vous m'accordez votre sainte grâce, comme une
sorte d'aumène, et il me suffît de vous exposer
mes besoins, pour que vous veniez à mon aide
avec bonté. N'est- il pas juste, qu'à mon tour, ô
Seigneur! je donne à ceux qui me demandent,
m'effbrçant ainsi de montrer aux malheureux
388 PlUÈRES DIVERSES.
qui pourraient se croire oublié» de voire Pro-
vidence, qu'elle veille encore sur eux.
Oui, mon Dieu! je veux désormais pratiquer
les bonnes œuvres qui dépendront de moi Je
ne puis pas, il est vrai, faire de grandes aumô-
nes, mais je puis travailler pour vêtir les pau-
vres, devenir soigneux, économe, afin d'avoir
davantage à leur donner. Oh! puissé-je rendre
la charité, la compagne de ma vie! puissé-je
ressembler un jour à ces hommes bienfaisants
qui ont mérité le titre de protecteurs et de pères
des pauvres ! Mon Dieu ! vous qui me donnez ce
bon désir, faites, s'il vous plait, que je l'ac-
complisse j je vous en demande la grâce par les
mérites de mon divin Sauveur. Ainsi soit-il.
PRIÈRE SUR LA PREMIÈRE COM.MUiMOxN
Je n'enlrevois encore que de loin, ô mou
Dieu, rheureux jour de ma première commu-
nion, mais au lieu de chercher dans l'intervaile
qui me sépare de ce beau jour, un prétexte
pour n'y point penser, je désire, au contraire,
profiter de ce temps, pour m'y préparer d'a-
vance, alin de mieux répondre alors à \olre
infinie bonté. Désormais , cette grande et
sainle action va devenir le but des efforts que
je ferai sur moi-même; en pensant à ma pre-
mière communion , je tâcherai de devenir
meilleur et plus pieux chaque jour, et lorsque
vous daignerez venir à moi, seigneur Jésus, je
o90
PRIÈRtS DIVERSES,
me trouverai bien heureux, si je puis vous of-
frir, non pas, hélas! une demeure digne de
vous, mais du moins, une âme pure et ornée
des vertus de mon âge. Ainsi soit-ii.
ACTES DES VERTUS THÉOLOGALES.
Il y a trois vertus théologales : la foi, l'espé-
rance et la charité. Ces vertus sont appelées
théologales, parce qu'elles se rapportent direc-
tement à Dieu. Ainsi, c'est en Dieu que nous
croyons par la foi; c'est en Dieu que nous nous
confions par l'espérance ; c'est Dieu que nous
aimons par la charité. Nous sommes obligés de
faire souvent des actes de ces vertus, et nous le
devons surtout dans les actions principales de
notre vie, quand nous recevons les sacrements,
et au moment de la mort.
55)-2 PRIÈRES MVERbES.
Acte de foi.
Mon Dieu, je crois fermement toutes les vé-
rités que vous nous avez révélées, et que l'Eglise
nous propose de croire, parce que vous êtes la
vérité même, et que vous ne pouvez ni vous
tromper, ni nous tromper.
Aete d'espérance.
Mon Dieu, je mets toute ma confiance dans
votre infinie bonté, et j'espère que, par les mé-
rites de Jésus-Christ, mon Sauveur, vous m'ac-
corderez votre grâce en ce monde, et la vie éter-
nelle en l'autre.
Acte de charité.
Mon Dieu, je vous aime de tout mon cœur cl
par-dessus toutes choses, parce que vous êtes
infiniment bon, infiniment digne d'être aimé;
i'aime aussi mon prochain coumie moi-même
pour l'amour de vous.
PRIÈRE GÉNÉRALE.
Mon Dieu , daignez proléger mon pays ,
comme autrefois vous avez protégé le peuple
d'L»raëi.
Eloignez de la France les malheurs et les ma-
ladies , comme vous avez préservé les maisons
qui étaient marquées du sang de l'agneau
pascaL
Donnez aux peuples la docilité, aux souve-
rains la sagesse et la justice, comme vous les
avez données au roi Salomon.
Envoyez à l'Eglise des pasteurs et des prêtres
qui soient selon votre cœur, et remplissez-les
de votre Esprit saint, comme en ont été rem-
plis les apôtres.
Que tous les hommes vivent en paix et s'ai-
ment comme des frères, ne faisant qu'un tous
ensemble, comme vous ne faites qu'un avec
votre père.
o9U PRIÈRES DIVERSES.
Mon Dieu, que ceux qui ont du chagrin,
trouvent toujours un ami qui le partage, comme
vous avez partagé la douleur des sœurs de
Lazare.
Daignez guérir, ou du moins soulager ceux
qui souffrent, comme sur l^ terre, vous guéris-
siez tous ceux qui avaient le bonheur de s'ap-
procher de vous.
Que, par votre puissance, les petits enfants
près de mourir, soient rendus à l'amour de leurs
mères, comme le fils unique fut rendu à la
veuve de Naïm.
Mon Dieu, faites que les gens riches aient un
bon cœur pour les pauvres, et qu'ils veillent
sans cesse sur leurs besoins, comme votre pro-
vidence veille, à toute heure, sur nous.
Faites que les pauvres aient de la résignation
dans leur misère, comme vous en avez eu vous-
même dans la pauvreté, dans la douleur.
Que votre saint ange accompagne les voya-
geurs sur la terre étrangère, comme jadis i\
guida le fils de Tobie, jusqu'à un heureux re-
tour dans son pays.
Mon Dieu, pour convertir et ramener à vous
PRIERES DIVERSES.
S95
les pécheurs, daignez jeter sur eux ce regard de
bonté qui a louché le cœur de saint Pierre.
Faites à ceux qui n'ont pas le bonheur d'être
chrétiens et catholiques, la grâce de le devenir,
et ramenez au bercail ces brebis égarées, car
vous avez dit dans l'Evangile : « Je suis le bon
Pasteur, m
Mon Dieu, donnez nous, comme à saint Jean,
Marie, pour notre mère ; qu'elle soit surtout la
mère des enfants qui ont perdu la leur.
Mon Dieu, accordez à tous les hommes, et à
moi-même, une vie sainte, une bonne mort,
une place dans le Ciel, parce que vous êtes mort
pour nous sauver. Ainsi soit-il.