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Full text of "Le livre de l'enfance chrétienne : instructions religieuses d'un mère à ses enfants"

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LE  LIVRE 


L'ENFANCE    CHRÉTIENNE, 


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ARCHEVECHE  DE  PARIS. 


J'ai  lu  un  livre  de  piété  de  furmal  in-i8,  intilulé  :  Le  livre  de  l'Enfance 
Chrétienne.  Iiisiructions  religieuses  d'une  mère  à  ses  en  fans  Ces  inslruclions 
m'onl  paru  conformes  à  la  saine  doctrine,  solides  et  Lieu  accommodées 
à  la  portée  des  enfants.  C'est  ic  langage  d'une  mère  qui,  pénétrée  dfs 
grandes  vérités  de  la  foi ,  et  de  l'impotiance  des  devoirs  qu'elle  prescrit, 
s  attache  et  réussit  à  en  rendre  la  pratique  facile  et  aimable,  à  cet  âge,  dont 
les  premières  impressiuns  ont  une  si  grande  iniluence  sur  son  avenir. 


Paris,  ce  îî  avril  i54o. 


Moi; EL  ,    Ficaire-Général  capitulaire. 


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APPROBATION 

DE  MONSEIGNKUn  L'ARCHEVÊQUE  DE  TOURS. 

Arcisnx  Loris  de  Montbusc,  par  la  miséricorde  divine  et  la  grâce  du 
Saint  Siège  apostolique,  archevêque  de  Tours,  etc. 

Sur  le  r.npport  qui  nous  a  été  adressé  par  un  des  nos  vicaires-généraux  . 
chargé  de  l'examen  de  l'onvrage  iniitulé  :  Le  livre  de  l'Enfance  Chrélitnne. 
Jiiftrunions  religieuses  d^une  mire  à  ses  enfants  ,  nous  avons  ap|;rouvé 
et  approuvons  bien  volontiers  cet  excellent  ouvrage  ,  qui  renferme  un  cours 
complet  do  religion,  sous  ime  forme  sin:ple  ,  gracieuse  et  parfailement 
adaptée  à  l'inlclligence  des  enfanis.  Nous  en  recommandons  l'usage  dans 
mire  Diocèse. 

Dunné  à  Tours,  en  noire  palais  archiépiscopal,  sous  notre  seing,  le  ^ceau 
di-  nos  .irines.  et  le  contre-seing  du  sccrél.iire  de  notre  arche  éclié  ,  le  dix 
«epl  avril  mil  huit  cent  qu;^raiitc. 

A.    L.    AlCIIITÊ.llE  DE  To:  r.s. 

Par  mandement  rfc  Vi'nseigneur  l'Arrlici-êquc  de  Tourte 
}.    A.    r.ori.l.jT,    chanoiiifserrélaire. 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  witii  funding  from 

University  of  Ottawa 


littp://www.arcliive.org/details/lelivredelenfancOOpari 


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LE   LIVRE 

DE 

L'ENFANCE  CHRÉTIENNE 

D'UNE    MÈRE 


li  loi  apprit,  dès  son  enfiince, 
à  craindre  Dieu  ,  et  à  s'abstenir 
de  tout  pcchc. 

TOBtE,    I,    lO. 


ODFRAGE  ADOPTE  PAR  LnjilfERSlTE. 

LIBRAIRIE  CATHOLIQUE  DE  PÉRISSE  FRÈRES 
PARIS ,  I  LYON , 

RIE    TOT  OK-Fkll-S.   SI  I.PICB  ,     8.  |  CRAMie     Rit    UECCIKHS,     .>S 


Se  trouve  missi  chez  : 

DENAIX,    FAUB.  SAIiNT-HONORÉ  ,  U. 
YATON  ,    RUE  DO  BAC  ,     46. 


Imprimé  chea  Paul  Renouard,  rue  Garancière,  n.  5. 


TABLE  DES  MATIERES, 


PRIERES  DU  MATIN  ET  DU  SOIR. 

Pages. 

Prière  du   matin t 

Prière  à    la  Sainle-Vierge 3 

Prière  du  soir 4 

Prière  après  unebonne  journée 5 

Prière  après  une  mauvaise  journée f> 


TABLE    DES    MATIERES. 


DU  SAINT  sacrifice:  de  la  messe. 

Pagei. 

Instruction  sur  le  saint  sacrifice  de  la  Messe.      .      .  1 1 
Explication  de  quelques  usages  de  l'Église  par  rap- 

portàla  messe i6 

Prières  durant  la  sainte  Messe a 3 


DES    SACREMENTS. 

Des  sacrements  en  général 5r 

Du  sacrement  de  baptême 53 

Du  sacrement  de  pénitence 5-j 

Des  dispositions   que  l'on  doit  apporter  au   sacre- 
ment  de    pénitence 6i 

Quelques  avis  sur   la  confession 69 

Exercice   pour  la    confession 7 5 

De  la    première  communion 89 


TABLE    DES    MATIERES.  Vlj 


INSTRUCTIONS    SUR    LA    RELIGION    ET    SUR 
LES  DEVOIRS  DES  ENFANTS. 

Pages. 

Devoirs   envers   Dieu 97 

De  la  prière io5 

Quelles  sont   les  bonnes  prières 109 

Explication  du  Pater r  1 3 

Le  dimanche 119 

Du   respect  dans  l'Église 124 

De    l'amour  du  prochain ï3i 

Devoirs  envers  les  parents i36 

Devoirs  envers  les  maîtres i43 

Devoirs  envers  les  vieillards i46 

De  l'obéissance i5o 

Du    bon    exemple i56 

Devoirs  envers  les  inférieurs ifio 

De  l'aumône 169 

De  la  conscience 175 

Du  péché 177 


Viij  TABLE    DES    MATIÈRES. 

Pages. 

De  l'orgueil i86 

De  l'envie jiga 

Du  mensonge 198 

De  la  médisance 2o3 

De  la  curio-ilé 209 

De  la  i^oiirnian(li<;e aif» 

De  la  colère 219 

De  la  paresse .  224 

Delà  patience  et  du  ooura^'e 23^ 

De  l'Église  catholique ,2  38 

Dévotion  à   la   Sainte- Vierge 24/» 

Des  auges 2  55 

De  la  mort 2  56 

Du  jugement  dernier 265 


EXPLICATION    DES    PRINCIPALES   FETES 
DE  L'ÉGLISE. 

Fête  de  Noël 273 

Fête  de  l'Epiphanie ^83 


TABLE    DES    MATIERES.  Vlj 


INSTRUCTIONS     SUR    LA    RELIGION    ET    SUR 
LES  DEVOIRS   DES  ENFANTS. 

Pagei. 

Devoirs   envers   Dieu 97 

De  la  prière io5 

Quelles  sont    les  bonnes  prières 109 

Explication  du  Pater ii3 

Le  dimanche 119 

Du   respect  daos  l'Église 124 

De    l'amour   du  prochain i3r 

Devoirs  envers  les  parents i36 

Devoirs  envers  les  maîtres i43 

Devoirs  envers  les  vieillards i46 

De  l'obéissance i5o 

Du    bon    exemple i56 

Devoirs  envers  les  inférieurs 160 

De  l'aumône 169 

De  la  conscience 175 

Du  péché 177 


Viij  TABLE    DES    MATIÈRES. 

Pages. 

De  l'orgueil i86 

De  l'envie X92 

Du  mensonge 198 

De  la  médisance 2o3 

De  la  curiosilé 209 

De  la  gourmandise arS 

De  la  colère 219 

De  la  paresse .  224 

Delà  patience  et  du  courage 23H 

De  l'Église  catholique ,288 

Dévotion  à  la  Sainte- Vierge 244 

Des  anges 2  55 

De  la  mort. 2  56 

Du  jugement  dernier 2H5 


EXPLICATION    DES    PRINCIPALES    FETES 
DE  L'ÉGLISE. 

Fête  de   Nuél 27^ 

Fête  de  l'Epiphanie 2  83 


S»-«H« 


Xl  ne  faut  pas  chercher  dans  cet 
ouvrage  un  mérite  littéraire  ;  il  n'y  faut 
pas  chercher  davantage  un  cours  entier 
d'instruction    religieuse.    Écrit  par  une 


Xlj 

mère  pour  ses  enfants ,  ce  livre  est  des- 
tiné bien  plus  encore  à  leur  donner 
l'amour  de  la  religion  qu'à  leur  en 
donner  la  science  ^  et  à  les  préparer, 
par  l'instinct  et  les  sentiments  d'une 
piété  tendre ,  à  l'étude  sérieuse  et  ap- 
profondie ,  que  plus  tard  ils  devront 
faire  des  vérités  de  la  foi.  Indépen- 
damment de  l'explication  des  pratiques, 
qui  doivent  trouver  place  ,  même  dans 
la  vie  d'un  jeune  enfant,  et  de  celles 
qui  frappent  journellement  ses  regards 
dans  la  maison  paternelle ,  ces  pages 
contiennent  de  simples  et  familières 
leçons  pour  l'enfance,    sur  les  devoirs 


de  chaque  jour;  sur  la  prière,  l'obéis- 
sance ,  le  travail ,  la  conscience  ,  la 
charité  envers  les  pauvres,  toutes  ces 
vertus  chrétiennes  enfin  que  Ton  ne 
saurait  trop  tôt  faire  germer  dans  le 
cœur  des  enfants  ;  car  elles  seront  pour 
l'avenir  la  plus  solide  garantie  de  leur 
innocence ,  le  gage  le  plus  assuré  de 
leur  bonheur,  ou  du  moins  la  seule 
vraie  consolation  de  leurs  peines. 

Pour  se  mettre  à  la  portée  de  jeunes 
intelligences ,  pour  leur  faire  bien  com- 
prendre la  loi  et  le  culte  de  Dieu ,  pour 
faire    aimer   surtout    par    l'enfance    ce 


XIV 

Dieu  de  bonté  à  qui  elle  est  si  chère , 
une  mère  a  pensé  que  le  dévoùment 
et  l'amour  maternel  pouvaient,  jusqu'à 
un  certain  point,  tenir  lieu  de  savoir. 
Elle  présente  aujourd'hui  son  essai  à 
toutes  les  mères  chrétiennes  dans  l'es- 
pérance qu'il  pourra  leur  être  de  quel- 
que secours. 

C'est  donc  aux  mères  de  famille  et  à 
elles  seules  qu'est  dédié  cet  ouvrage  ; 
il  est  soumis  à  leur  jugement  avec  une 
sorte  de  confiance  ;  car,  en  ce  qui  touche 
le  bien  comme  le  bonheur  de  leurs 
enfants ,  les  mères  se  comprennent  tou- 
jours, et,  près  d'elles,    les  sentiments 


XV 

qui  ont  dicté  ces  pages ,  leur  tiendront 
lieu,  sans  doute,  du  talent  qui  man- 
quait pour  les  écrire.  Si  Dieu  veut  bien 
les  rendre  utiles  ,  s'il  daigne  permettre 
qu'elles  portent  d'heureux  fruits  ,  alors 
quelquefois  peut-être  lui  adressera-t-on 
im  vœu  ,  une  prière ,  en  faveur  des 
enfants  pour  lesquels  fut  composé  ce 
petit  livre.  Leur  mère  ne  renonce  pas 
à  cet  espoir  qui  l'a  soutenue  dans  son 
travail,  et  qui  en  est  déjà  la  plus  douce 
récompense. 


INSTRICTIONS  RELIGIEUSES 


D'UNE  MERE 


A   SES  ENFANTS 


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PRIÈRES  DU  MATIN  ET  DU  SOIR. 


PRICBES    DU  MATIN- 

Mon  Dieu,  qui  êtes  ici  présent,  qui  me  voyez, 
m'entendez,  et  pouvez  lire  dans  le  fond  de  mon 
cœur,  écoutez  ,  s'il  vous  plaît,  ma  prière.  Je 
suis  bien  jeune,  il  est  vrai,  pour  louer  votre 
grandeur  et  votre  puissance;  mais  je  vous  bé- 
nirai dans  mon  langage,  comme  vous  bénissent 


L'  PRIERES    DL    M.VTIX. 

toutes  VOS  créatures,  et  si  mou  esprit  ne  peut 
encore  vous  bien  comprendre ,  mon  cœur  ,  du 
moins,  sait  déjà  vous  aimer.  Oui,  mon  Dieu  , 
je  vous  aime  pour  vos  nombreux  bienfaits;  je 
vous  remercie  de  m'avoir  donné  la  vie ,  d'avoir 
répandu  votre  divin  sang  pour  me  sauver,  de 
m'avoir  fait  enfant  chrétien  par  le  baptême.  Je 
vous  remercie  de  m'avoir  donné  de  bons  parenls 
qui  prennent  tant  de  soin  de  moi ,  et  m'ensei- 
i^nent  à  vous  connaître;  je  vous  remercie  enfin, 
Seigneur,  de  tout  ce  qui  me  fait  plaisir  et  me 
rend  heureux.  Pour  tant  de  grAces ,  vous  me 
demandez  seulement  de  vous  donner  mon  cœur, 
cL  de  remplir  fidèlement  les  devoirs  de  mon 
ûge.  Vous  voulez  que  je  sois  sincère,  appliqué, 
charitable ,  respectueux  et  obéissant  pour  mes 
parenls,  complaisant  avec  mes  frères  et  sœurs, 
doux  et  bon  pour  tout  le  monde.  Je  tâcherai 
de  vous  obéir  aujourd'hui  en  tout  cela,  ô  mon 
Dieu!  Je  vous  offre  d'avance  toutes  mes  actions, 
aiin  qu'elles  vous  soient  agréables,  et  je  me 
soumets  aux  petites  peines  que  vous  m'enver- 
rez peut-être,  pour  mon  bien.  Daignez  bénir 
mes  résolutions,  Seigneur;  et  comme  je  ne  puis 


'^■^ft^^'^  ^^^)^<^-^  ^  ''î^  ^=^~^i=^  *■  = 


PRIERES    DU    MATIN.  o 

rien  sans  votre  grâce,    soutenez  par  elle  ma 
bonne  volonté.  —  Ainsi  soit-il. 


Paler  noster ,  etc. 
Ave  Maria,  etc. 
Credo  in  Deum,    etc. 
Confiteor  Deo,  etc. 


Notre  père ,  etc. 
Je  vous  salue,  Marie,  etc. 
Je  crois  en  Dieu,  etc. 
Je  me  confesse  à  Dieu,  etc. 


PRIERE    A   LA    SAINTE    VIERGE. 


Je  viens  aussi  vous  faire  ma  prière,  ô  sainte 
Vierge  Marie,  quiètes  la  Mère  de  Dieu,  qui 
êtes  en  même  temps  ma  bonne  mère.  Je  vous 
aime  de  tout  mon  cœur  ,  et  veux  vous  servir 
toujours  comme  un  enfant  fidèle.  Prenez-moi 
sous  votre  protection  ,  et  aidez-moi  à  obtenir 
de  Dieu  toutes  les  grâces  qui  me  sont  nécessai- 
res. Je  les  lui  demande  avec  plus  de  confiance, 
quand  je  pense  que  vous  priez  pour  moi  et 
avec  moi.  Mon  divin  Sauveur  ne  peut  rien  re- 
fuser à  sa  Mère,  0  Marie  !  bénissez-moi  dans 


U  PRIERES    DU    MATIN. 

mon  enfance ,  dans  toute  ma  vie,  et  au  moment 
de  ma  mort.  —  Ainsi  soit-il. 

Ange  du  Ciel ,  à  qui  Dieu  m'a  confié  dès  ma 
naissance ,  et  qui  veillez  sur  moi  avec  tant  de 
bonté,  priez  Dieu  qu'il  me  rende  docile  à  votre 
voix  ;  et  vous  aussi ,  mon  saint  Patron ,  ob- 
tenez par  vos  prières  que  j'imite  les  vertus  dont 
vous  nous  avez  laissé  l'exemple ,  afin  que  je 
puisse  un  jour  partager  votre  bonheur  dans  le 
Ciel.  —  Ainsi  soit-il. 


PRIERES   DU    SOIR. 


Voici  ma  journée  finie,  Seigneur.  Avant  de 
prendre  mon  repos,  je  veux  examiner  devant 
vous  si  j'ai  fait  un  bon  usage  de  cette  journée 
que  vous  ne  m'avez  donnée  que  pour  l'employer 
à  vous  servir.  Éclairez  ma  conscience  sur  les 


PRIERES  DU  SOIR 


fautes  que  j'ai  eu  le  malheur  de  commettre 
et  inspirez-m'en  tant  de  regret,  6  mon  Dieu 
qu'il  ne  m'arrive  plus  d'y  retomber  à  l'avenir 


Ici  l'enfanl  se  demandera  s'il  a  bien  fail  sa  prière 
du  matin,  s'il  a  manqué  de  lespect  à  ses  parents  ou  à 
ses  maîtres,  de  complaisauce  pour  ses  égaux,  de  boi.'- 
té  pour  ses  inférieurs.  S'il  a  été  désobéissant,  pares- 
seux, gourmand,  capricieux,  menteur,  orgueilleux, 
colère,  etc.  Selou  le  témoignage  que  lui  rendra  sa 
conscience,  il  dira  une  des  deux  prières  qui  suivent. 


PRIERE    APRES   UIVE   BONNE    JOURNEE. 

Il  me  semble,  ô  mon  Dieu,  qu'aujourd'hui 
je  n'ai  pas  à  me  reprocher  de  nombreuses 
fautes.  Pourrais-je  donc  en  avoir  de  l'orgueil  ? 
non,  sans  doute,  car  si  j'ai  été  meilleur  qu'à 
l'ordinaire ,  je  sais  que  c'est  à  vous  que  je  le 
dois;  mais  je  vous  remercie  du  secours  que 
vous  m'avez  accordé ,  et  aussi  de  la  satisfaction 
que  je  trouve  dans  le  bon  témoignage  de  ma 


()  PRIÈRES    DU    SOIR. 

conscience.  Je  suis  déjà  récompensé  lorsque  je 
puis  me  dire  :  Dieu  est  content  de  moi. 


PRIERE   APRES  UNE   MAUVAISE   JOURNEE. 


Hélas  !  mon  Dieu,  il  ne  me  faut  pas  de  longues 
réflexions  pour  sentir  que  j'ai  mal  passé  ce  jour. 
Ma  conscience  m'a  déjà  reproché  mes  fautes,  et 
je  n'avais  pas  le  cœur  content,  ce  soir,  en  em- 
brassant ma  mère.  Je  suis  aussi  bien  honteux 
devant  vous,  ô  mon  Dieu,  à  qui  j'avaJs  fait 
ce  matin  de  si  bonnes  promesses.  Que  pensez- 
vous  de  moi,  de  ce  pauvre  enfant,  qui  ne  sait 
pas  résister  à  la  moindre  tentation ,  et  qui  ou- 
blie si  facilement  vos  bienfaits!  Ne  vous  lassez 
pas  cependant  de  m'aimer,  ô  Seigneur.  Plus 
je  suis  faible,  plus  j'ai  besoin  de  votre  miséri- 
corde ;  je  suis  tout  repentant  de  mes  torls ,  et  si 
malheureux  de  vous  avoir  offensé,  qu'il  me 
semble  que  vous  devez  me  trouver  assez  puni. 
Pardonnez-moi  donc  cette  fois  encore,  et  je 


'RIERES    DU    SOIR. 


VOUS  promets  de  réparer  tlemaiii  la  mauvaise 
conduite  de  ce  jour. 


Pater  nosler,  e\c. 
Ave  Maiia,  etc. 
Credo  in  Dciinij  etc. 
CoiiGlcor  Deo,elc. 


Notre  Père,  cîc. 
Je  vous  salue  Marie,  etr. 
Je  crois  en  Dieu,  etc. 
Je  me  confesse  à  Dieu,  elc. 


Mou  Dieu,  daignez  accorder  toutes  sortes  de 
bénédictions  à  mon  père,  à  ma  mère,  âmes 
grands-parents,  à  mes  frères  et  sœurs,  à  toute 
ma  famille,  à  mes  amis  ,  et  aux  personnes  qui 
ont  soin  de  moi.  Je  vous  demande  aussi  de  sou- 
lager ceux  qui  souffrent,  de  pardonner  aux  pé- 
cheurs, et  de  donner  aux  morts  le  repos  éternel. 
—  Ainsi  soit-il. 


r^'\rvr\r\j^r\.'\ 


DU  SAINT  SACRIFICE 

DE    LA   MESSE. 


Instruction  sur  le  saint  sacrifice  de  la  messe. 
— Explicalioii  de  quelques  usages  de  l'Église 
relatifs  à  la  messe.  —  Prières  durant  la 
sainte  raesse. 


INSTRUCTION 

SLR    LE    SAI>T    SACRIFICE    LE     LA     MESSE. 

Depuis  le  commencement  du  monde,  c'est-à- 
dire  depuis  le  péché  d'Adam,  les  hommes  ont 
offert  à  Dieu  des  sacrifices.  Tantôt  c'était  pour 
reconnaître  sa  grandeur,  et  son  autorité  sur  les 
créatures;  tantôt,  pour  le  remercier  d'un  bien- 
fait reçu,  ou  pour  lui  en  demander  un  autre  ;  le 
plus  souvent,  pour  apaiser  sa  colère,  et  de- 
mander grâce  pour  les  pécheurs.  Vous  avez  lu, 
mes  enfants,  dans  l'hisloire  du  peuple  hébreu,  le 
récit  des  anciens  sacrifices.  Ils  consistaient, 
vous  le  savez,  dans  l'immolation  d'une  victime. 
Celle  victime  était  offcrlc  à  Dieu,  avec  un  grand 


12  DU    SACRIFICE    DE    LA    MESSE. 

nombre  de  cérémonies,  et  diverses  prières,  faites 
au  nom  du  peuple,  par  des  prêtres  que  Dieu 
s'était  lui-même  choisis. 

Bien  que  les  sacrifices  de  l'ancienne  loi  fus- 
sent saints  et  agréables  à  Dieu,  ils  étaient  in- 
suffisants pour  désarmer  la  justice  divine, pour 
réparer  le  mal  que  le  péché  nous  avait  causé. 
Dieu  était  tellement  offensé  par  la  désobéissance 
de  notre  premier  père ,  par  tous  les  crimes  qui 
l'avaient  suivie,  que  ni  le  sang  des  animaux,  ni 
les  prières  des  prêtres,  moins  coupables  sans 
doute  que  les  autres  hommes,  mais  cepen- 
dant pécheurs,  ne  pouvaient  nous  obtenir  mi- 
séricorde. Le  ciel  restait  fermé,  et  il  le  serait 
encore,  si  le  fils  de  Dieu  n'était  venu  sur  la  terre, 
se  mettre  à  la  place  des  victimes  de  l'ancienne 
loi,  pour  offrir  ,  par  sa  mort  sur  le  Calvaire,  un 
sacrifice  qui  fût  digne  de  la  grandeur  de  Dieu , 
et  proportionné  à  nos  offenses.  Jésus-Christ 
s'est  chargé  de  tous  nos  péchés,  il  en  a  porté  la 
punition  et  les  peines,  pour  nous  les  épargner  ; 
et,  dans  le  sacrifice  de  sa  vie  qu'il  offrit  à  Dieu  , 
son  père,  il  voulut  être  à-la-fois  le  prêtre  et  la 
victime,  afin  que  tous  deux  fussent  également 


DU    SACRIFICE    DE    L\    AIESSE.  13 

saints  et  purs.  C'est  ainsi  que  Notre -iieigneur 
est  devenu  le  sauveur  du  monde. 

Qui  ne  serait  touché  de  tant  de  bonté!  Vos 
jeunes  cœurs,  mes  enfants,  ne  sont-ils  pas  pé- 
nétrés de  la  plus  vive  reconnaissance  ?  Et  pour- 
tant, vous  ne  savez  pas  encore  tout  ce  que  nous 
devons  à  Jésus-Christ;  il  vous  reste  à  connaître 
l'excès  de  son  amour  pour  les  hommes  !  Il  ne  lui 
a  pas  suffi  de  donner  une  fois  généreusement  sa 
vie,  de  souffrir  une  cruelle  mort  pour  nous  ra- 
cheter. Ce  divin  sauveur,  prévoyant  que  les 
hommes  perdraient  bientôt,  par  de  nouveaux 
péchés,  les  fruits  de  son  sacrifice,  a  voulu  que 
ce  sacrifice  fût  chaque  jour,  et  jusqu'à  la  fin  du 
monde,  renouvelé  dans  l'église,  afin  que,  chaque 
jour  aussi,  nous  pussions  obtenir  par  ses  mérites 
le  pardon  de  nos  fautes  etlesecouis  de  Dieu. 

C'est  pourquoi,  la  veille  de  sa  mort,  en  faisant 
un  dernier  repas  avec  ses  apôtres,  Notre-Sei- 
gneurprit  du  pain,  le  bénit,  et  le  changea  en 
son  corps  ;  il  prit  ensuite  du  vin  qu'il  bénit  éga- 
lement, et  qu'il  changea  en  son  sang,  et  il  en 
nourrit  les  apôtres,  leur  commandant  de  con- 
tinuer ce  miracle,  eux  et  leurs  successeurs.  Ainsi 


llX  DU    SACRIFICE    DE    LA.    MESSE. 

l'ut  inslituée  la  sainte  Eucharistie.  Elle  nour- 
rit nos  âmes  par  la  communion  ;   c'est  elle 
encore  que  le  prêtre  offre  à  Dieu  en  sacrifice  à 
•  la  messe. 

La  messe  est  donc  une  réunion  de  prières  qui 
précèdent,  accompagnent  et  suivent  le  sacrifice 
de  l'Eucharistie.  Les  cérémonies  et  les  prières 
de  la  messe  ont  chacune  leur  signification  par- 
ticulière. L'Eglise  les  a  établies  dans  le  but  d'ex- 
ciler  notre  piété  ^  en  nous  rappelant  de  tou- 
chants souvenirs,  et  de  fixer  notre  attention  par 
d'intéressantes  figures.  Je  vous  les  expliquerai 
en  détail,  mes  enfants  ;  mais  ce  qu'avant  tout  je 
désire  vous  faire  bien  comprendre,  c'est  que  le 
sacrifice  de  la  messe  est  le  même  que  celui  de  la 
croix.  Le  prêtre  ne  fait  que  représenter  Jésus- 
Christ;  il  parle  en  son  nom,  et  change  le  pain 
en  son  corps  et  le  vin  en  son  sang,  comme  le 
Sauveur  le  fit  à  la  Cène.  C'est  donc  Jésus-Christ 
lui-même  qui  sur  l'autel  s'offre  à  son  père, 
comme  victime  pour  nous.  A  la  vérité ,  nous  ne 
voyons  pas  couler  le  sang  de  Notre-Seigneur, 
nous  ne  voyons  pas  attacher  son  corps  à  la 
croix;  il  ne  paraît  à  nos  yeux  qvic  du  pain  et  du. 


DU    SACRIFICE    DE    L\     MESSE.  15 

vin;  mais  nous  savons  que  ce  qui  nous  semble 
être  du  pain,  n'en  a  plus  que  l'apparence  ;  nous 
croyons  que  ce  pain  a  été  changé  au  vrai  corps 
de  Jésus-Christ,  le  même  corps  qu'il  avait  sur  la 
terre,  et  qui  a  été  crucifié.  Nous  savons  aussi  que 
ce  qui  nous  parait  être  du  vin  n'en  est  plus,  mais 
qu'il  est  véritablement  changé  au  sang  de  Jésus- 
Christ,  le  même  sang  qu'il  a  versé,  jusqu'à  la 
dernière  goutte,  pour  le  salut  du  monde.  Quel- 
que merveilleux  que  soit  ce  miracle,  mes  en- 
fants, nous  devons  le  croire  fermement,  sachant 
bien  que  rien  n'est  impossible  à  la  puissance 
de  Dieu. 


-^im^' 


EXPLICATION 

DE  QUELQUES    USAGES    DE    l'ÉGLISE 
RELATIFS    A    LA    MESSE. 


L'église.  —  La  messe  doit  être  célébrée  dans 
un  lieu  saint,  c'est-à-dire  dans  une  église,  ou 
une  chapelle  bénie  et  consacrée  par  un  évêque. 

L  autel.  —  Le  sacrifice  doit  se  faire  sur  un 
autel ,  et  il  en  a  toujours  été  ainsi  depuis  le 
commencement  du  monde ,  depuis  qu'Abel  of- 
frait ses  agneaux  au  Seigneur  sur  un  autel  de 
gazon.  Les  autels  sont  maintenant  plus  ou  moins 
ornés  selon  la  richesse  de  l'église.  La  pierre  bénie 
dont  ils  sont  formés,  doit  contenir  quelques 
reliques,   pour  nous  rappeler  les  souffrances 


DU    SACRIFICE    DE    LA    MESSE.  17 

des  saints,  elles  vertus  dont  ils  nous  ont  laissé 
l'exemple. 

Le  crucifix. —  Au-dessus  de  Tau  tel,  on  place 
un  crucifix,  pour  nous  rappeler  que  le  sacrifice 
de  la  messe  est  comme  celui  du  Calvaire,  le  sa- 
crifice de  Jésus  crucifié. 

Les  ciergeis. —  Des  deux  côtés  de  la  croix ,  on 
met  des  flambeaux  appelés  cierges.  Leur  lumière 
nous  rappelle  que  Jésus-Christ,  en  venant  éclai- 
rer nos  esprits  par  sa  divine  loi ,  est  devenu  vé- 
ritablement la  lumière  du  monde. 

Messe  haute  et  basse.  —  La  messe  est  haute 
ou  basse,  et  la  seule  différence  entre  ces  deux 
messes  ,  est  que  la  première ,  ordinairement 
appelée  grandmesse ,  est  accompagnée  de  plus 
de  cérémonies  que  la  seconde ,  et  qu'une  partie 
des  prières  y  sont  chantées ,  au  lieu  d'être  réci- 
tées tout  bas. 

L' aspersion  de  l'eau  bénite.  —  Avant  la  grand- 
messe,  il   est  d'usage  de    faire  l'aspersion  de 


18  DU    SACRIFICE     DE    L;V    MESSE. 

l'eau  bénite.  L'eau  bénite  est  de  l'eau  mêlée  d'un 
peu  de  sel,  et  bénite  par  le  prêtre  ;  il  s'en  trouve 
à  chacune  des  portes  de  l'église  ;  les  fidèles  en 
prennent  en  entrant  quelques  gouttes,  pour  faire 
le  signe  de  la  croix.  L'eau  bénite  nous  rappelle 
que  nous  devons  laver  notre  cœur,  c'est-à- 
dire  le  purifier  de  tout  mauvais  sentiment ,  de 
toute  pensée  contraire  à  nos  devoirs.  S'il  est 
d'usage  de  jeter  de  l'eau  bénite  sur  les  fidèles 
avant  de  célébrer  le  saint  sacrifice ,  c'est  pour 
les  faire  souvenir  qu'en  ce  moment,  plus  que 
jamais,  ils  doivent  éloigner  de  leur  esprit  ce  qui 
pourrait  détourner  leur  attention,  et  nuire  à 
leur  piété. 

La  procession.  —  Après  l'aspersion,  le  prêtre 
étant  précédé  de  la  croix  et  des  cierges ,  fait  le 
tour  de  l'église  en  chantant  des  prières.  C'est 
une  préparation  au  saint  sacrifice. 

L'encens.  A  la  grand'messe,  il  est  encore 
d'usage  de  se  servir  à'encens.  L'encens  est  un 
parfum  que  l'on  brûle,  et  dont  la  fumée  ré- 
pand une  odeur  agréable.  L'encens  est  un  signe 


DU    SACRIFICE    DE    LA    MESSE.  Il) 

d'honneur.  Dans  l'Ecriture,  il  représente  les 
prières  des  saints  qui  plaisent  tant  à  Dieu.  Ap- 
pliquons-nous, mes  enfants,  à  rendre  les  nôtres 
assez  ferventes  pour  qu'elles  puissent  monter 
vers  le  ciel^  comme  la  fumée  de  l'encens. 

Le  pain  bénit.  —  Le  pain  que  le  prêtre  bé- 
nit pendant  la  messe,  et  qui  est  ensuite  distribué 
aux  assistans  ,  est  un  signe  d'union  entre  tous 
les  fidèles. 

Le  prône.  —  Vers  le  milieu  de  la  messe  ,  le 
prêtre,  ayant  lu  l'Evangile  en  latin ,  langue 
dans  laquelle  se  font  toutes  les  prières  de 
l'Eglise,  monte  en  chaire  et  fait  quelques 
prières  pour  les  vivants  et  pour  les  morts;  ces 
prières  sont  suivies  d'une  seconde  lecture  de 
l'Evangile  en  français.  Il  explique  enfin  cet  évan- 
gile aux  fidèles,  dans  une  courte  instruction. 
Cela  s'appelle  le  prône. 

Les  habits  sacerdotaux.  —  Les  ornemens 
dont  le  prêtre  est  revêtu  pour  dire  la  messe , 
ont  une  forme  particulière  :  ce  sont  les  babils 


20  DU    SACRIFICE    DE    LA    MESSE. 

sacerdotaux.  La  couleur  de  ces  habits  varie  selon 
les  fêtes  que  l'Eglise  célèbre  :  ils  sont  noirs  pour 
les  messes  des  morts,  en  signe  de  deuil  ;  violets 
dans  les  temps  de  pénitence;  rouges  aux  fêtes 
des  martyrs  ,  en  mémoire  du  sang  qu'ils  ont 
répandu  pour  la  foi  ;  blancs  aux  fêtes  de  vier- 
ges, pour  rappeler  leur  innocence.  Le  vêtement 
principal  du  prêtre  se  nomme  chasuble. 

Les  tmses  sacrés.  —  En  s'avançant  vers  l'au- 
tel, pour  célébrer  la  messe,  le  prêtre  porte  dans 
ses  mains,  recouverts  par  un  voile,  les  vases 
sacrés  destinés  au  saint  sacrifice  :  le  calice , 
qui  doit  contenir  le  vin  ,  changé  plus  tard  au 
sang  de  Notre-Seigneur,  et  un  petit  plat  d'or 
ou  d'argent,  appelé 2?a/^/2c,  sur  lequel  est  dé- 
posé le  pain  qui  sera  consacré.  Ce  pain  n'est 
pas  semblable  à  celui  qui  sert  à  notre  nourri- 
ture :  il  est  fait  d'une  manière  particulière;  sa 
forme  est  ronde,  il  est  très  mince  :  on  l'appelle 
Hostie. 

L'enfant  de  chœur.  —  Le  prêtre  est  accom- 
pagné à  l'autel  par  un  servant  :  c'est  ordinal- 


DU    SACRIFICE    DE    L\    MESSE.  ^1 

rement  un  jeune  enfant ,  appelé  enfant  de 
chœur.  Il  aide  le  prêtre  dans  les  cérémonies 
de  la  messe  et  répond  à  ses  prières.  Il  repré- 
sente les  assistants  et  parle  en  leur  nom.  Sur 
les  marches  de  l'autel,  où  l'enfant  de  chœur  se 
met  à  genoux,  est  posée  une  petite  sonnette 
qu'il  fait  entendre  dans  les  moments  les  plus 
importants  de  la  messe ,  pour  réveiller  l'atten- 
tion des  fidèles. 

La  messe  se  divise  en  trois  parties.  Du  com 
mencement  jusqu'à  l'Offertoire,  c'est  la  pré- 
paration au  saint  sacrifice.  De  l'Offertoire  au 
Pater,  c'est  l'offrande  du  sacrifice.  Du  Pater 
jusqu'à  la  fin  ,  c'est  la  consommation  du 
sacrifice. 


PBIERC  AVANT  LA  SAINTE  MESSE,  POUR  SE  DISPOSER 
A   LA    BIEN   ENTENDRE. 

Me  voici  au  pied  de  vos  autels,  Seigneur, 
prèl  à  entendre  la  sainte  messe.  Je  suis,  il  faut 


22  DU    SACRIFICE    DE    LA    MESSE. 

bien  le  reconnailre,  un  enfant  léger,  et  facile- 
ment distrait  j  mais  dans  le  divin  sacrifice  qui 
va  s'offrir  ,  n'y  a-t-il  pas  de  quoi  fixer  mon  es- 
prit et  attendrir  mon  cœur!  On  m'a  dit,  et  je 
crois  fermement,  ô  mon  Sauveur,  que  ce  sa- 
crifice est  le  mêDie  que  celui  du  Calvaire,  que 
la  messe  renouvelle  chaque  jour  votre  mort  sur 
la  croix.  Donnez-moi ,  oh  !  donnez-moi,  je  vous 
en  conjure ,  l'attention  et  la  piété  que  de- 
mande le  beau,  le  touchant  spectacle  qui  se 
prépare  .  et  lorsque  vous  reposerez  sur  le  saint 
autel,  bon  Seigneur  Jésus,  faites  que  ma  fer- 
veur égale  celle  des  petits  anges  qui  viendront 
vous  y  adorer.  —  Ainsi  soit-il. 


3!^ 


PRIERES    DURANT  LA  SALME  MESSE. 


PREMIERE    PARTIE    DE    LA    MESSE. 

PRÉPARATION    AU    SACRIFICE. 

Au  nom  du  Père ,  du  Fils ,  du  Saint-Esprit , 
Ainsi-soil-il. 

Introït. 

Le  prêtre  arrivé  au  bas  de  Taulel ,  fait  le  signe  de 
la  Croix,  et  récite  quelques  prières,  qui  marquent 
son  empressement  et  sa  joie,  de  se  présenter  devant 
l'autel  de  Dieu;  puis,  se  rappelant  combien  est  sainte 
Taclion  qu'il  va  commencer,  il  reconnaît  qu'il  est  très 
indigue  de  la  faire,  et  récite  le  Confiteor.  Les  liJeîes 
le  disent  après  lui ,  pour  demander  pardon  de  leurs 


24  PRIÈRES    DE    LA    MESSE, 

péchés,  et  purifier  leur  conscience  avaul  d'assister  au 
saint  sacrifice. 


Confiteor. 

C'est  bien  moi,  ô  mon  Dieu,  qui  dois  vous 
confesser  mes  fautes,  et  avouer  que  je  ne  suis 
pas  digne  de  paraître  devant  vous.  Aussi  je  m'u- 
nis du  fond  de  mon  cœur  ,  à  votre  ministre  et  à 
tous  les  fidèles,  pour  reconnaître  que  j'ai  sou- 
vent péché:  par  pensées,  en  laissant  mon  es- 
pritse  révolter  contre  vos  lois,etlesordresdemes 
parents; par  paroles,  en  faisant  des  mensonges 
et  des  médisances  ;  par  actions,  en  commettant 
le  mal,  que  vous  m'aviez  défendu;  par  omis- 
sions, en  ne  pratiquant  pas  le  bien  que  vous 
m'aviez  ordonné  de  faire.  C'est  par  ma  faute,  et 
ma  très  grande  faute ,  que  j'ai  péché  ;  car  ma 
conscience  n'a  pas  cessé  de  m'avertir,  et  votre 
grâce,  ô  mon  Dieu,  ne  m'aurait  jamais  man- 
qué, si  j'avais  cherché  à  m'en  rendre  digne.  Je 
vous  confesse  donc  tous  mes  péchés,  à  vous, 
Seigneur ,  qui  êtes  mon  Père,  et  en  la  présence 


PRIÈRES    DE    LA    MESSE.  25 

de  la  Sainte-Vierge ,  et  de  vos  Saints.  Je  les 
prie  de  vous  demander  grâce  pour  moi ,  pour 
votre  ministre ,  pour  tous  les  fidèles.  Exaucez 
leurs  prières  ,  ô  Dieu  tout  puissant  et  misé- 
ricordieux, et  pardonnez-nous  nos  péchés. 

Après  le  Confiteor^  le  prêtre  monte  les  marches  de 
l'autel;  il  baise  avec  respect  la  pierre  sacrée  qui  re- 
couvre les  reliques  des  saints,  et  sur  laquelle  le  saint 
sacrifice  doit  être  offert.  Puis,  le  prêtre  va  lire,  au  côté 
droit  de  l'autel,  une  prière  que  Ton  appelle  Introït , 
et  qui  change  selon  les  fêtes.  Revenant  ensuite  au 
milieu  de  l'autel,  le  prêtre,  pour  implorer  la  misé- 
ricorde de  Dieu,  répèle  neuf  fois  le  Kyrie  eleison.  Ce 
sont  deux  mots  grecs  qui  signifient  :  Seigneur,  ayez 
pitié  de  nous!  Le  prêtre  aJresse  cette  prière  trois 
fois  à  chacune  des  personnes  de  la  Sainte!  rinité. 


Kyrie  eleison. 

Souvenez-vous,  ô  Jésus,  du  pauvre  aveugle  de 
Jéricho,  qui  vous  demandait,  par  de  si  vives  in- 
stances, d'avoir  pitié  de  lui.  Vous  l'avez  exaucé, 


•26  PRIÈRES    DE    L\    MESSE. 

exaucez-moi  de  même ,  lorsque  je  vous  cric 
avec  une  confiance  égale  à  la  sienne:  Seigneur, 
ayez  pitié  de  moi  !  Ce  malheureux  était  aveugle, 
cela  n'est  que  triste ,  mais  moi  je  suis  pécheur, 
c'est  assurément  un  malheur  plus  digne  encore 
devotie  miséricorde. 

Le  prêtre  récite  un  Cantique  de  louanges ,  appelé 
le  Gloria  in  exceïsis.  Les  premières  paroles  de  ce 
Cantique  sont  celles  que  les  anges  chantèrent  au  Ciel, 
à  la  naissance  de  Noti  e-Seigneur  :  Gloire  à  Dieu,  ou 
plus  haut  des  deux,  et  paix  aux  tiommes  de  bonne  {'O- 
lonté  qui  sont  sur  la  terre.  La  suite  a  été  ajoutée  par 
l'Eglise. 


Gloria  in  exceïsis. 

Olî!  souffrez,  Seigneur,  que  je  vous  loue  avec 
vos  saints  anges,  que  j'emprunte  leurs  voix  pour 
chanter  vos  grandeurs,  vos  divines  miséricordes, 
pour  m'écrier  aussi  :  Gloire  avons,  au  plus 
haut  des  c/^î/.t?/ Laissez-moi  vous  rendre  grâces 
de  ce  que  vous  promettez  la  paix  aux  cœurs  de 


l'RIÈRES    DE    L\    MESSE.  27 

bonne  volonté  qui  sont  sur  la  terre.  Cette  pro- 
messe, ô  mon  Dieu  ,  est  particulièrement 
douce  pour  les  enfants  comme  moi,  qui  ne 
sont  pas  capables  de  grandes  et  belles  actions, 
mais  de  qui  il  dépendra  toujours  d'avoir  la 
volonté  de  bien  faire.  Vous  ne  demandez  que 
cela  de  moi,  et  pourtant  je  vous  l'ai  souvent  re- 
fusé. Changez,  mon  Dieu,  les  dispositions  de 
mon  âme,  et  daignez  la  remplir  de  cette  bonne 
volonté  sincère ,  à  laquelle  vous  promettez  la 
paix^  c'est-à-dire  le  bonheur. 


Dominus  vobiscum. 

Le  prêtre  se  retourne  du  côté  des  fidèles,  et  les 
salue  par  ces  paroles  :  Le  Seigneur  soit  avec  vous.  Le 
servant  lui  répond  :  Et  avec  votre  esprit.  Quelques 
peuples  anciens  avaient  la  coutume  de  s'adresser  ces 
pieuses  paroles,  lorsqu'ils  se  rencontraient  :  l'Eglise  les 
a  conservées  dans  plusieurs  endroits  de  l'Office  divin, 
afin  que  le  prêtre  et  les  fidèles ,  unis  de  cœur  et  de 
prières,  dans  cette  sainte  action, se  souhaitent  mutuel- 
lement la  piété  nécessaire  pour  la  bien  faire. 


28  PRIÈRES    DE    LA    BIESSE. 


Oraison  ou  Collecte. 


Le  prêtre,  passant  ensuite  au  côté  droit  de  l'autel, 
récite  une  prière  par  laquelle  il  demande  à  Dieu,  au 
nom  de  Jésus-Christ,  et  par  l'intercession  du  Saint 
dont  on  célèbre  la  fêle,  les  grâces  dont  les  fidèles  ont 
besoin.  Il  commence  cette  prière  par  le  mot  Oremus , 
Prions,  pour  nous  avertir  de  prier  avec  lui. 

Après  l'Oraison,  le  prêtre  fait  une  lecture,  tirée 
de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament,  pour  préparer 
les  fidèles  au  saint  sacrifice,  par  une  pieuse  et  utile 
instruction. 


Epître. 

Mon  Dieu  qui ,  depuis  le  commencement  du 
monde,  n'avez  cessé  d'éclairer  les  hommes  char- 
gés de  nous  instruire,  et  qui  avez  laissé  leurs 
saints  livres  parvenir  jusqu'à  nous,  rendez,  je 
vous  prie,  mon  cœur  docile  à  l'instruction  reli- 
gieuse, que  l'on  commence  à  me  donner  Faites 


I»KIÈRES    DE    L\   MESSE.  29 

que  Tétude  de  vos  divins  commandements  ne 
me  trouve  jamais  indifférent  et  sans  zèle.  Faites 
que  mon  empressement  à  apprendre  quels  sont 
les  devoirs  du  chrétien  vous  témoigne  ma  re- 
connaissance de  ce  que  vous  me  laites  élever 
par  de  pieux  parents ,  de  préférence  à  tant  de 
pauvres  enfants,  qui  peut-être  ne  vous  offensent, 
que  parce  que  personne  ne  leur  a  jamais  ap- 
prise vous  connaître. 


Après  une  prière  appelée  Graduel ,  et  qui  est  com- 
posée de  passades  des  Psaumes,  le  prêtre  se  prépare 
à  la  lecture  du  saint  Hvangile,  en  priant  Dieu  de  puri- 
fier ses  lèvres ,  afin  de  les  rendre  dignes  de  pronon- 
cer les  paroles  de  Jésus-(.hrist.  Le  prêtre  passe  alois 
au  côté  gauche  de  l'autel,  pour  lire  TEvangile.  A  et* 
moment,  tout  le  monde  se  lève  avec  respect,  et  fait  le 
signe  de  la  croix. 


RIERES    DE    LA    MESSE. 


Evangile. 


C'est  votre  divine  parole  qu'on  nous  lit  en  ce 
moment,  ô  Jésus,  qui,  en  vous  faisant  notre 
Sauveur,  avez  bien  voulu  devenir  aussi  notre 
maître  !  Quel  autre  aurait  pu  nous  enseigner  à 
être  bons  et  sages ,  aussi  bien  que  vous,  la  bonté, 
la  sagesse  même ,  et  quelles  leçons  pourraient 
nous  être  plus  chères  et  plus  sacrées  que  les 
vôtres ,  ô  le  meilleur  des  pères  !  Si  plusieurs 
pages  de  votre  saint  Evangile  sont  encore  au- 
dessus  de  mon  intelligence,  il  en  est  d'autres  que 
mon  cœur  a  comprises,  et  dont  il  se  souviendra 
toujours.  Dans  la  touchante  histoire  de  Be- 
thléem ,  j'ai  trouvé  le  modèle  des  vertus  de  mon 
âge  ;  dans  la  parabole  de  l'enfant  prodigue,  j'ai 
appris  votre  indulgence  pour  les  pauvres  pé- 
cheurs ;  dans  le  récit  de  vos  souffrances  sur  le 
Calvaire,  j'ai  connu  la  grandeur  de  votre  amour 
pour  moi;  et  cette  heureuse  journée,  tant  de 
fois  racontée  par  ma  mère ,  où  vous  vous  êtes 
fait  l'ami  des  petits  enfanls,  en  leur  prodiguant 


PRIÈRES    DE    LA    MESSE.  31 

VOS  bénédictions  et  vos  caresses,  ne  voiis  a-t- 
elle  pas  gagné  pour  jamais  mon  cœur? 

Je  trouve  aussi  dans  votre  Evangile,  ô  mon 
Dieu,  tous  les  devoirs  que  j'ai  à  remplir.  J'y 
vois  qu'il  faut  prier  avec  attention  et  confiance, 
imiter  vos  exemples,  avoir  horreur  du  péché; 
que  je  dois  aimer  tous  les  hommes  comme  des 
frères,  et  soulager  les  pauvres  qui  sont  vos 
amis;  que,  pour  obtenir  le  ciel ,  il  faut  avoir  le 
cœur  doux  ,  humble  et  pur;  que  vous  détestez 
le  mensonge ,  que  les  vertus  sont  préférables 
aux  richesses,  et  qu'enfin,  tous  les  biens  de  ce 
monde  me  seraient  inutiles,  si  je  ne  sauvais 
mon  âme.  Je  sais  tout  cela.  Seigneur,  et  je  se- 
rais bien  coupable  de  me  conduire  comme  si  je 
l'ignorais.  Faites  donc,  ô  mon  Dieu ,  que  je  pra- 
tique votre  parole ,  et  que  je  ne  me  borne  pas  à 
l'apprendre,  car  ce  sont  mes  actions  et  non  ma 
science  que  vous  jugerez  un  jour. 

Prêt  à  offrir  le  sainl  sacrifice,  le  prèUe  récite  au 
nom  des  fidèles,  le  Symbole  qui  renferme  tout  ce 
qu'il  est  nécessaire  de  croire,  pour  élre  Chrélien  et 
Catholique, 


32  l'RlÈRES  DE  LA  MESSE. 


Credo. 


Je  crois  fermement,  Seigneur,  ce  que  votre 
Evangile  et  votre  Eglise  m'ordonnent  de  croire; 
tout  ce  que  renferme  le  Symbole  que  je  dis  dans 
mes  prières  de  chaque  jour.  Je  crois  également 
les  choses  que  je  ne  comprends  pas,  et  celles  que 
je  comprends,  sachant  bien  que  vos  paroles 
sont  la  vérité  même.  Aidé  de  votre  grâce,  je 
donnerais  ma  vie,  je  l'espère,  plutôt  que  de 
renoncer  à  la  foi  du  chrétien  ;  mais  si  vous  n'exi- 
gez pas  de  moi  que  je  sois  un  martyr,  vous  me 
demandez  au  moins  de  faire ,  à  ma  croyance , 
à  vos  saints  commandements ,  le  sacrifice  des 
défauts  de  mon  caractère  ;  vous  attendez  que  je 
vous  témoigne  ainsi  combien  j'aime  notre  sainte 
religion ,  combien  je  voudrais  lui  rester  tou- 
jours fidèle. 


SECONDE  PARTIE    DE    LA    MESSE. 


OFFRANDE   DU    6Af>T    SACRIFICE. 

Le  prêtre  présente  à  Dieu ,  en  lui  demandant  de 
les  bénir,  le  pain  et  le  vin,  qui  doivent  être  changés 
au  corps  et  au  sang  de  TSolre-Seigneur  Jésus-Christ. 
Le  prêtre  se  prépare  lui-même  à  la  sainte  action  qu'il 
va  commencer,  en  lavant  ses  mains  au  côté  droit  de 
Tautel.  Il  demande  à  Dieu  ,  en  ce  moment  ,  de  puri- 
fier aussi  son  cœur.  Il  se  retourne  ensuite  vers  les 
fidèles ,  et  les  exhorte  à  s'unir  à  lui ,  pour  que 
leur  commun  sacrifice  soit  agréable  à  Dieu.  Pendant 
l'Offertoire,  on  doit  se  conformer  à  l'intention  de 
l'Eglise,  qui  offre  à  Dieu  la  sainte  messe  :  première- 
ment, pour  rendre  à  Dieu  l'adoration  qui  lui  est  due; 
secondement,  pour  le  remercier  de  ses  bienfaits;  troi- 
sièmement ,  pour  implorer  le  pardon  de  ses  péchés; 
quatrièmement,  pour  lui  demander  les  çiàces  qui 
nous  sont  nécessaires. 


34  PRIÈRES    DE    LA    MESSE, 


Offertoire. 


Si  les  anges,  les  plus  pures  de  vos  créa- 
tures, n'osent  tous  adorer  qu'en  tremblant, 
ô  grand  Dieu,  si,  devant  vous  ,  ils  se  couvrent 
de  leurs  ailes ,  comment  oserai-je  vous  offrir 
mes  louanges ,  moi  qui  tant  de  fois  vous  ai  dés- 
obéi? Mais  mon  divin  Sauveur  vient  au  secours 
de  ma  timide  voix,  et  c'est  en  m'unissant  à  lui, 
que  je  vous  adore  avec  le  respect  que  je  vous 
dois,  vous,  mon  Dieu  ,  mon  créateur,  le  sou- 
verain Seigneur  de  toutes  choses. 

Vous  n'êtes  notre  maître  que  pour  nous  faire 
du  bien,  ô  mon  Dieu!  et  qui  peut  sentir  plus 
que  moi  combien  vous  êtes  un  bon  maitre  ! 
Vous  m'avez  appelé  votre  enfant,  vous  avez 
donné  votre  divin  Fils  pour  me  sauver;  vous 
me  promettez  le  Ciel  pour  héritage-  C'est  vous, 
encore,  qui  rendez  mon  existence  si  douce, 
vous  qui  permettez  que  tout  le  monde  soit  si 
plein  de  bonté  pour  moi.  Daignez,  au  nom  de 


PRIERES    DE    LA    .LIESSE.  oO 

Jésus-Chrisl,  accepter  l'hommage  de  ma  re- 
connaissance. 

Mais  pouvez-vous  bien  croire  à  cette  recon- 
naissance, vous,  Seigneur,  dont  j'ai  si  mal 
payé  les  bienfaits!  0  mon  Dieu!  je  vous  avoue 
mes  fautes  avec  un  repentir  sincère.  Mais  n'ou- 
bliez pas  que  Jésus  -  Christ  a  versé  tout  son 
sang  pour  me  mériter  le  pardon  que  j'implore, 
et  que  tout-à  l'heure  encore  il  vous  deman- 
dera grâce  ici  pour  moi. 

Que,  par  l'intercession  de  cette  sainte  vic- 
time, j'obtienne  donc  devons,  ô  mon  Dieu,  les 
grâces  qui  me  sont  nécessaires!  Guérissez,  je 
vous  en  prie,  les  mauvaises  dispositions  qui  sont 
dans  mon  cœur,  et  fortifiez  les  bons  sentiments 
que  vous  y  avez  fait  naître.  Bénissez-moi  dans  les 
différentes  actions  de  ma  vie  ;  dans  mon  travail, 
dans  mes  récréations,  dans  mon  bonheur  et 
dans  mes  peines,  afin  que  tous  les  jours,  et  à 
toute  heure  j'accomplisse  votre  volonté. 


Le   prêlre,  après  avoir  récité  tout  bas  une  prière 
appelée  Secrète ,  élève  la  voix  pour  inviter  les  fidèles 


36  PRIÈRES    DE    LA    MESSE 

à  se  recueillir  profondément,  puis  il  dit  la  Préface  qui 
est  une  prière  d'actions  de  grâces. 


Préface. 

S'il  est  bien  juste ,  ô  Dieu  tout  puissant  et 
éternel,  d'élever  en  tout  temps  vers  vous  nos 
voix  et  nos  cœurs,  pour  vous  bénir,  nous  le 
devons  particulièrement  en  ce  moment ,  où 
vous  vous  préparez  à  sacrifier  encore  votre 
divin  Fils  pour  le  salut  des  hommes.  Souffrez, 
Seigneur,  que  nous  unissions  nos  voix  à 
celles  de  vos  anges,  et  laissez-nous  vous  dire 
comme  eux  dans  un  transport  de  vive  recon- 
naissance : 


Sanctus. 

Saint,  saint,  saint  est  le  Seigneur  notre  Dieu, 
qui  remplit  tout  l'univers  de  sa  gloire.  Que 
celui  qui  va  descendre  sur  l'autel  en  son  nom 
soit  aussi  mille  fois  béni! 


PRIÈRES  DE  LA  MESSE.  ol 


Canon. 

On  npfeîle  Canon,  d'après  un  mol  gi  ec  qui  signifie 
règle ^  les  prières  qui  suivent  la  Préface  5  ces  prières 
sont  aiusi  nommées,  parce  que,  telles  qu'elles  sont 
réglées,  elles  ne  changent  jamais. 

Le  prêtre  bénit  plusieurs  fois  les  offrandes  qui  sont 
iwv  l'autel,  et  demande  à  Dieu,  par  le  saint  sacri- 
fice, le  salut  de  tons  les  hommes;  il  prie  en  particu- 
lier pour  l'Eglise,  et  les  personnes  qui  se  sont  recom- 
mandées à  ses  prières. 


Itlemento  des  vivants. 

Daignez  vous  rappeler  ,  ô  mon  Dieu ,  cette 
promesse  que  vous  nous  avez  faite  dans  l'E- 
vangile, de  vous  trouver  toujours  au  milieu  de 
ceux  qui  se  réuniraient  pour  vous  prier  en- 
semble; exaucez  les  demandes  que  nous  vous 
faisons  les  uns  pour  les  autres,  en  ce  moment. 
Je  viens  vous  prier  pons  tous  le-î  hommes  qui 


5S  PRIÈKES    DE    LA    3IE»5E. 

sont  mes  frères  et  particulièrement  pour  ceux 
qui  ont  le  plus  besoin  de  votre  secours.  Ac- 
cordez des  grâces  nombreuses  au  pape  et  aux 
ministres  de  votre  Eglise;  daignez  éclairer  et 
protéger  le  souverain  qui  nous  gouverne;  ré- 
pandez surtout  d'abondantes  bénédictions  sur 
mes  parents,  auxquels  je  dois  tant;  sur  mes 
frères  et  sœurs,  qui  me  sont  si  cliprs;  sur  mon 
confesseur  et  mes  maîtres ,  sur  mes  petits  amis, 
enfin  sur  la  personne  qui  a  soin  de  moi.  Soyez 
plein  de  miséricorde  pour  eux  tous,  et  qu'avec 
voire  grâce  je  leur  fasse  moi-même  autant  de 
bien  et  de  plaisir  qu'il  me  sera  possible. 

Et  afin  que  nos  prières  vous  soient  plus 
agréables ,  ô  mon  Dieu ,  nous  les  unissons  à 
celles  que  la  sainte  Vierge  ,  les  anges  et  les 
saints  veulent  bien  vous  adresser  poumons. 


CcEsécraticn. 

Le  prêtre,  qui  lient  la  place  de  Jésus-Christ,  et  qui 
parle  en  son  nom  ,  prend,  comme  il  le  fit  à  la  Cène, 
du  pain  et  du  vin  qu'il  bénit,  et  sur  lesquels  il  pro-»- 


PRIÈRES    DE    LV    MESSE.  S9 

aonce  les  paroles  de  la  consécration  :  Ceci  est  mon. 
corps,  ceci  est  mon  sang.  Ces  paroles ,  aussi  bien  que 
celles  de  Notre-Seigneur,  ont  le  pouvoir  de  changer 
le  pain  et  le  viu  en  son  corps  et  en  son  sang.  Aussi- 
tôt que  les  paroles  de  la  consécration  sont  pronon- 
cées, Jésus-Christ  est  donc  réellement  présent  sur 
l'autel. 


Consécration. 

0  divin  Jésus  ,  qui ,  par  un  miracle  de 
voire  amour ,  allez  renouveler  ici  le  sacrifice 
du  Calvaire,  faites  encore,  s'il  vous  plaît,  un 
autre  miracle  :  changez  mon  esprit,  si  dis- 
trait et  si  frivole,  pour  le  rendre  appliqué  à 
comprendre  toute  l'étendue  de  vos  miséricor- 
des. Changez  mon  cœur,  qui  ne  vous  aime  pas 
assez,  et  remplissez-le  pour  vous  delà  plus  vive 
tendresse. 

Après  s'être  prosterné  devant  Noire  -  Seigueur , 
le  Prêtre  élève  !a  sainte  hostie  et  le  calice  ,  pour 
J^e$  faire  adorer  aux  fidèles.  Il  faut  alors  se  recueillir 

3. 


UÙ  TRIÈRES    DE    LA    MESSE. 

un  iiislant  en  silence,    pour  adorer  Dieu  du  ïonû  de 
son  cœur;  on  pourra  dire  ensuite  celte  prière. 


Ulévation. 

Je  crois  fermement,  ô  mon  Sauveur,  que 
vous  êtes  rtellemenl  présent  sous  la  sainte  hos- 
tie, que  j'adore  de  toute  mon  âme.  J'adore  ce 
corps  divin,  né  dans  une  humble  étable,  qui  s'est 
assujetti  à  un  travail  grossier,  qui  a  souffert  la 
faim,  le  froid  et  la  fatigue;  qui,  par  sa  seule 
présence  ,  guérissait  les  pauvres  malades  ;  qui 
a  été  attaché  à  la  croix  après  avoir  souffert 
mille  douleurs  ,  et  tout  cela  pour  nous  sauver. 
J'adore  ce  sang  précieux  que  vous  avez  répandu 
jusqu'à  la  dernière  goutte  pour  laveries  péchés 
du  monde,  et  je  vous  supplie  de  le  répandreen- 
core  aujourd'hui  sur  moi.  Qu'il  me  purifie  de 
mes  fautes  passées,  ô  bon  Jésus,  et  qu'à  l'ave- 
nir ,  je  ne  sois  plus  jamais  tenté  de  commettre 
le  péché,  qui  vous  a  coûté  si  cher. 

Le  prêtre  adresse  une  prière  à  Dieu,  pour  les  fi- 
dèles défunts. 


PRIÈRES    DE    L\    MESSE.  ^l 


Mémento  des  morts. 

Mon  Dieu,  vous  nous  permettez  d'espérerque 
nos  prières  peuvent  être  utiles  à  ceux  que  nous 
avons  perdus;  je  vous  remercie  d'avoir  laissé 
une  si  douce  consolation  aux  cœurs  affligés 
par  la  mort  des  personnes  qui  leur  étaient  chè- 
res. Je  vous  demande  ,  au  nom  de  voire  divin 
Fils  ,  présent  en  ce  moment  sur  l'autel ,  la  déli- 
vrance des  pauvres  âmes  du  Purgatoire.  Accor- 
dez-nous à  nous-mêmes,  ô  mon  Dieu,  la  grâce 
de  retrouver  un  jour  dans  le  Ciel,  tous  ceux 
que  nous  aurons  aimés. 


TROISIEME  PARTIE  DE    LA.   MESSE. 


CONSOMMATION    DU    SACRIFICE. 


Le  prêtre  se  prépare  à  la  sainte  commiinioii  eu  ré- 
citant plusieurs  prières.  La  première  est  l'Oraison 
Dominicale,  dictée  par  Jésus- Christ  lui-même. 


Fater. 

0  Dieu  !  noire  Père  à  tous  ,  qui  avez  daigné 
prendre  ce  nom,  pour  vous  faire  aimer  davan- 
tage, et  qui,  en  nous  choisissant  pour  vos  en- 
fants ,  nous  destinez  en  héritage  ,  une  place  au 
Ciel  où  vous  habitez;  accordez-moi  la  grâce  de 
sanclifier  votre  nom  ,  en  le  faisant  aimer  par 
ma  bonne  conduite.  Mon  Dieu  ,  ne  permettez 
pas  que,  ni  moi,  ni  aucune  de  vos  créatures, 


PRIÈRES    DE    LA    MESSE.  ZjS 

nous  écoutions  jamais  d'autre  mailre  que  vous. 
Régnez  dans  tous  les  cœurs,en  les  rendant  soumis 
à  vos  volontés  saintes  ,  comme  les  anges  y  sont 
soumis  dans  le  Ciel.  Que  votre  divine  provi- 
dence accorde  à  mon  âme  et  à  mon  corps ,  le 
pain  quotidien  ,  qui  leur  est  nécessaire,  et  ne 
refusez  pas  la  nourriture  à  vos  pauvres,  vous, 
Seigneur,  qui  donnez  la  pâture,  au  plus  petit 
oiseau.  Pardonnez-moi  mes  offenses,  comme  il 
me  semble  que  je  pardonnerais  à  ceux  qui  vou- 
draient me  causer  quelque  peine;  enfin,  si  vous 
voulez  mettre  mon  obéissance  à  l'épreuve ,  que 
je  trouve  en  vous ,  ô  mon  Dieu  ,  la  force  de  ré- 
sister à  la  tentation  ,  car  le  mal  causé  par  le 
péché  est  celui  que  j'ai  le  plus  à  craindre , 
celui  dont,  avant  tous  les  autres ,  je  vous  sup- 
plie de  me  délivrer. 

Le  prêtre  frappe  trois  fois  sa  poitrine,  en  conjurant 
Jésus-Christ,  l'agneau  de  Dieu,  d'eiïacer  ses  pécljcs. 


ti'i  PRIÈRES    DE    LA    MESSE. 


Agnus  Det. 

Que  VOUS  méritez  bien  ce  nom  d'agneau  de 
Dieu  ,  ô  mon  Sauveur  ,  vous  ,  qui  vous  êtes 
soumis  sans  murmure  aux  cruels  traitements 
des  Juifs,  à  la  colère  de  votre  Père  ,  à  la  mort 
la  plus  affreuse,  enfin,  à  tous  les  châtiments  que 
nous  avions  mérités,  et  que  vous  avez  consenti 
à  souffrir  pour  nous  !  Pas  une  seule  plainte  ne 
s'est  échappée  de  votre  bouche.  Hélas!  que  je 
suis  loin  de  vous  ressembler!  ô  Jésus,  agneau 
de  Dieu,  qui  effacez  les  péchés  du  monde,  effa- 
cez les  miens,  et  que  votre  patience,  voire  inal- 
térable douceur,  viennent  remplacer  en  moi,  la 
mauvaise  humeur  et  l'impatience  que  je  té- 
moigne souvent  pour  des  devoirs  bien  simphs , 
ou  des  contrariétés  bien  légères. 

Au  momenl  de  communier,  le  prêtre  frappe  encore 
Irois  fois  sa  poitrine  en  répétant  chaque  fois  l'humble 
prière  du  centenier  de  l'Evangile.  Puis  il  reçoit  le 


PRIÈRES    DE    LA    31ESSE.  45 

corps  el  le  sang  de  Jésus- Cliiisl;  il  doune  tnisuile  la 
communion  aux  lidèles,  et  termine  la  messe,  par  des 
prières  d'actions  de  grâces. 

Communion. 

Pendant  bien  long-lemps  encore,  ô  mon 
divin  Sauveur,  je  regarderai  avec  envie  les  heu- 
reux chrétiens  qui  s'approchent  de  la  table 
sainte,  pour  vous  recevoir  dans  la  communion. 
Avant  d'y  êt.'C  admis  moi-même,  il  me  faut  une 
longue  instruction  et  surtout  un  cœur  bien 
préparé.  Je  veux  au  moins  mettre  à  profit  les 
années  qui  me  séparent  d'un  si  beau  jour,  aiin 
d'en  être  moins  indigne,  lorsqu'il  sera  venu. 
Dès  à  présent  même,  je  sais,  ô  mon  Dieu,  que  je 
pourrais,  en  quelque  sorte,  vous  recevoir  dans 
mon  âme  ,  car  vous  vous  plaisez  à  habiter  dans 
les  cœurs  purs.  Purifiez  donc  en  ce  moment 
le  mien,  par  votre  sainte  grûce ,  et  en  venant 
tout-à-lheure  vous  donner  aux  âmespieuses  qui 
vous  attendent ,  n'oubliez  pas  les  petils  enfants 
près  desquels  vous  allez  passer. 


3.. 


/|6  PRIÈRES    DE    LA   MESSE. 

Le  pi  êlre  se  retourne  vers  les  fidèles ,  pour  leur 
annoncer  que  la  messe  est  terminée,  et  il  les  bénit  en 
fa  isant  sur  l'assemblée  le  signe  de  la  croix. 


ISénédiction  du   prêtre. 

Mon  Dieu ,  je  reçois  avec  reconnaissance  et 
piété  la  bénédiction  de  votre  ministre;  et  puis- 
que c'est  en  votre  nom  qu'il  me  la  donne,  con- 
firmez-la, s'il  vous  plaît,  du  haut  du  Ciel. 
Au  nom  du  Père,  du  Fils,  du  Saint-Esprit. 
Ainsi  soit-il. 


Avant  de  quitter  le  saint  aulel ,   le  prêtre  fait 
lecture  d'un  évangile  de  l'apôtre   saint  Jean.  Cet 
évangile  rappelle  comment  Jésus-Christ ,  le  Fils  de 
Dieu,  s'est  fait  homme  pour  nous  sauver. 

Dernier  évangile. 

O  mon  divin  Sauveur,  si,  par  amour,  vous 
ous  êtes  lait  noire  semblable,  je  ne  dois  pas 


PRIÈRES    DE    LV    3IESSE.  U7 

oublier  que  vous  n'en  êtes  pas  moins  l'égal  de 
votre  PèrC;  et,  comme  lui  ,Dieu  éternel,  et  tout 
puissant.  Je  vous  rends  grâces  d'avoir  consenti  à 
endurer  tant  d'humiliations  pour  sauver  les 
hommes.  Les  Juifs  ne  vous  ont  pas  connu ,  lors- 
que vous  étiez  sur  la  terre,  et  malgré  toutes  les 
preuves  que  vous  leur  aviez  données  de  votre 
bonté,  de  votre  puissance,  ils  ont  refusé  de 
croire  que  vous  étiez  leur  Dieu  !  Oh!  plutôt  que 
de  partager  leur  ingratitude,  divin  Jésus,  je 
veux  m'attachera  vous  par  tous  les  sentiments 
de  mon  cœur. 


PRIERE    APRES  LA  MESSE. 


Que  je  vous  remercie,  ô  mon  Dieu,  de  m'a- 
voir  permis  d'assister  au  saint  sacrifice  !  Beau- 
coup d'enfants  auraient  sûrement  mieux  profité 
que  moi  de  ce  bonheur;  car  il  me  semble  que 
j'ai  été  bien  souvent  distrait  dans  mes  prières. 
Je  les  lisais  des  yeux,  mais  mon  esprit  était  ail- 


AS  PRIÈRES    DE    LA.    MESSE. 

leurs,  et  bien  souvent  occupé  de  loule  autre 
chose  que  de  vous. 

Pardonnez-moi,  mon  Dieu,  ces  fautes  qui 
viennent,  je  respère,:de  ma  légèreté,  plutôt 
que  d'un  sentiment  d'ingratitude.  Faites  que 
votre  sacrifice  ne  soit  cependant  pas  inutile 
pour  moi.  Daignez  avoir  pour  agréables  le  peu 
de  bonnes  prières  que  je  vous  ai  faites.  Accor- 
dez-moi la  grâce  d'accomplir  fidèlem.ent  aujour- 
d'hui les  résolutions  que  je  viens  de  prendre,  et 
que  je  renouvelle  encore  de  tout  mon  cœur ,  au 
moment  de  quitter  votre  saint  temple. 

Ainsi  soit-i!. 


DES     SACREMENTS. 


Des  sacremeuts  eu  général.  —  Du  sacrement  de  bapi^me. 
—  Du  sacrement  de  péuilence.  —  Des  dispositions  à 
apporter  au  sacrement  de  péuilence.  —  Quelques  avis 
sur  la  confession.  —  Exercice  pour  la  confession.  —  De 
la  première  communion. 


DES  SACREMEiNTS  EN  GÉNÉRAL. 


A  l'aide  de  la  raison  et  de  la  conscience , 
nous  pouvons  ,  mes  enfants ,  connaître  nos  de- 
voirs, discerner  le  bien  d'avec  le  mal.  Mais 
la  faiblesse  de  l'homme  est  si  grande  ,  que 
par  lui-même  il  n'est  capable,  ni  de  faire  le 
bien,  ni  d'éviter  le  mal,  ni  d'avoir  seulement 
une  bonne  pensée  ;  sans  Dieu  donc  ,  et  sans 
sa  grâce ,  personne  ne  serait  sauvé ,  car  on  ne 
peut  l'être  qu'en  accomplissant  les  comman- 
dements de  Dieu.  La  grâce  est  un  don  que  Dieu 
nous  fait  par  sa  miséricorde ,  et  à  cause  des 
souffrances  de  son  divin  Fils.  C'est  Jésus-Christ 
qui,  par  sa  mort  cruelle,  nous  a  mérité  le  secours 
de  son  Père;  il  est  devenu  notre  Sauveur ,  non- 
seulement  en  nous  rendant  l'espérance  du  Ciel , 
que  le  péché  d'Adam  nous  avait  fait  perdre  ,  mais 


52  DES    SA.CREMENTS. 

en  nous  donnant  encore  le  moyen  d'obtenir  cet 
éternel  bonheur.  Dieu,  mes  chers  enfants,  ne  doit 
sa  grâce  à  personne,  il  nelarefuse  jamais  cepen- 
dant ,  et  c'est  notre  faute  si  nous  n'en  profitons 
pas.  Elle  est  promise  à  une  prière  fervente  ; 
on  l'obtient  aussi  par  l'usage  des  sacrements. 
Les  sacrements  sont  des  signes  sensibles , 
auxquels  Dieu  a  attaché  de  certaines  grâces  qui 
nous  sanctifient.  Ce  sont  des  signes,  parce  qu'ils 
nous  font  connaître  la  grâce  de  Dieu ,  et  ils 
spnt  sensibles  parce  qu'ils  tombent  sor.s  nos 
sens.  Il  y  a  par  conséquent  dans  les  sacrements, 
deux  choses  :  l'une  que  l'on  voit,  c'est  l'action 
extérieure,  par  laquelle  s'administre  le  sacre- 
ment; l'autre,  quel'on  ne  voit  pas,  c'est  la  grâce 
de  Dieu  attachée  à  cette  action ,  et  qui  se  répand 
intérieurement  dans  l'âme  ,  lorsqu'on  reçoit  les 
sacrements  avec  de  bonnes  dispositions.  Jésus- 
Christ  a  institué  les  sacrements  :  lui  seul  en 
avait  la  puissance,  et  il  en  a  établi  pour  tous 
les  besoins  de  l'âme,  pour  tous  les  âges  de  la  vie. 

Les  sacrements  sont  au  nombre  de  sept  : 
Le  Baplénic,  la  Confirmai  ion,  l'Eucharislie,  la. 


DES    SACREMENTS.  53 

Pénitence,  l'Extréme-Onction ,  TOrdre  et  le  Ma- 
riage. 

Le  sacrement  de  Baptême  efface  dans  nos 
unies  le  péché  originel,  et  nous  rend  chrétiens, 
c'est-à-dire  enfants  de  Dieu  et  de  TEglise. 

Le  sacrement  de  Confirmation  nous  rend 
parfaits  chrétiens,  en  nous  donnant,  avec  ses 
grâces  abondantes,  le  Saint-Esprit,  la  troisième 
personne  de  la  Sainte-Trinité. 

Le  sacrement  de  VEiicharistie  nourrit  nos 
ùmes  du  corps  et  du  sang  de  Notre-Seigneur 
Jésus- Christ ,  cachés  sous  les  espèces  du  pain  et 
du  vin. 

Le  sacrement  de  Pénitence  nous  purifie  des 
péchés  que  nous  avons  le  malheur  de  commettre 
après  le  baptême. 

Le  sdiCYemexiiàeVExtrême  Oncîionesiàonné 
aux  malades,  ou  pour  soulager  leurs  souffrances, 
si  Dieu  le  permet,  ou  pour  les  aider  à  bien 
mourir  si  Dieu  veut  les  appeler  à  lui. 

Le  sacrement  de  V Ordre  forme  les  prêtres  qui 
gouvernent  TEglise. 

Le  sacrement  de  Mariagehémi  les  époux,  et 
les  unit  devant  Dieu. 


5^  DES    SACREMENTS. 

0  n  VOUS  donnera  plus  tard,  mes  chers  enfants, 
une  instruction  détaillée  sur  chacun  de  ces  sacre- 
ments. Dans  ce  petit  livre,  je  me  bornerai  à  vous 
expliquer  ceux  que,  dès  à  présent,  il  est  important 
pour  vous  de  connaître.  C'est  d'abord  le  Bap- 
tême ^  que  vous  avez  reçu  à  votre  naissance;  puis 
VEucharistie,  que  vous  recevrez  dans  quelques 
années;  et  enfin  la  Pénitence,  parce  que  vous 
arrivez  à  l'âge  où  la  confession  de  vos  fautes 
commence  à  devenir  utile. 


DU  SACREMEIST  DE  BAPTEME. 


Le  baptême  est  un  sacrement  qui  efface  dans 
les  enfants  le  péché  originel  ;  dans  les  per- 
sonnes qui  le  reçoivent  en  âge  de  raison,  il  ef- 
face, non-seulement  le  péché  originel,  mais 
encore  les  péchés  actuels  qu'elles  ont  pu  com- 
mettre. Ce  sacrement  nous  rend  chrétiens, 
c'est-à-dire  enfants  de  Dieu  et  de  l'Eglise. 

On  vous  a  dit,  mes  enfants,  que  nous  naissons 
coupables  delà  désobéissance  d'Adam,  indignes 
du  Ciel  comme  il  le  fut  lui-même,  et  ennemis 
de  Dieu,  qui  aie  péché  en  horreur.  Mais  le  bap- 
tême purilie  l'âme  de  la  tache  originelle,  il 
nous  rend  l'innocence  que  Dieu  veut  trouver 
dans  ses  enfants ,  et  nous  donne  le  droit  d'es- 
pérer un  éternel  bonheur.  Le  baptême  est  le 
plus  nécessaire  des  sacrements,  puisqu'on  ne 


56  DES    S\CREME5TS. 

peut  être  sauvé  sans  l'avoir  reçu.  Aussi  csl-il 
d'usage  de  le  donner  peu  de  temps  après  la 
naissance,  et  sans  exiger  de  celui  qui  le  reçoit 
aucune  disposition. 

Nous  naissons  donc  deux  fois,  mes  enfants: 
une  fois  pour  notre  famille  et  pour  le  monde, 
une  seconde  fois  pour  la  religion  dont  nous  de- 
venons les  enfanls  par  le  baptême. 

Ce  sacrement  consiste  à  verser  de  l'eau  natu- 
relle sur  la  personne  que  l'on  baptise  en  disant: 
Je  te  baptise  au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  saint 
Esprit.  Ainsi  soit- il.  Il  y  a  un  grand  nombre  de 
cérémonies  qui  précèdentetaccompagnent  celle- 
ci,  mais  elle  peut  suffire.  Ordinairement  aussi,  les 
évêques  et  les  prêtres  ont  seuls  le  pouvoir  d'ad- 
ministrer les  sacrements  j  toutefois,  il  y  a  une 
exception  pour  le  baptême ,  en  cas  de  danger 
pressant.  Si,  par  exemple,  on  se  trouvait  auprès 
d'un  petit  enfant  qui  fût  sur  le  point  de  mourir, 
et  qu'on  n'eût  pas  le  temps  d'aller  chercher  un 
prêtre,  toute  personne,  une  femme,  un  enfant, 
pourrait  baptiser,  et  devrait  même  le  faire. 

Vous  comprenez  facilement,  je  suppose,  quel 
est  le  signe  sensible  du  sacrement  de  baptême. 


DES    SACREMENTS.  57 

C'est  l'action  de  verser  de  Peau  sur  la  tète ,  en 
prononçant  les  paroles  prescrites.  Vous  compre- 
nez aussi,  que  la  grûce  de  Dieu  attachée  à  cette 
action ,  c'est  le  pouvoir  qu'elle  reçoit  de  Dieu  de 
purifier  une  âme  de  la  souillure  originelle. 

Le  baptême  ne  se  donne  qu'une  fois  dansla  vie, 
et  on  ne  pourrait  le  recevoir  de  nouveau,  si  même 
on  avait  eu  le  malheur  d^en  perdre  la  grâce  par 
le  péché. 

Lorsqu'un  baptême  se  fait  avec  toutes  les  cé- 
rémonies prescrites ,  le  petit  enfant  est  porté  à 
l'église ,  et  tenu  sur  les  fonts  socrés  par  un  par- 
rain et  une  marraine;  ils  demandent  le  Baptême 
pour  l'enfant  qu'ils  présentent,  et  ils  indiquent 
le  nom  qu'il  devra  porter.  Ce  nom,  mes  enfants, 
est  celui  par  lequel  on  vous  désigne.  Il  fut  au- 
trefois celui  d'un  saint,  devenu  maintenant  votre 
palron,  c'est-à-dire  votre  protecteur  et  votre 
modèle.  Peut-être  bien  aussi  ce  même  nom  est-il 
vénéré  dans  votre  famille  par  la  mémoire  d'un 
aïeul,  le  souvenir  de  ses  touchantes  vertus;  ce 
serait  un  motif  de  plus  pour  vous  d'honorer 
votre  nom,  par  une  conduite  sans  reproche. 

J"ai  dit  que  Dieu  n'exige  aucune  disposition 


58  DES    SACREMEKTS. 

(l'anenfantpourlui  accorder  la  grâce  du  baptê- 
me :  il  y  met  cependant  de  certaines  conditions 
que  les  parrains  et  les  marraines  remplissent 
pour  leur  filleul  :  ils  répondent  à  plusieurs  ques- 
tions adressées  à  l'enfant  par  le  prêtre,  et  ils  ju- 
rent en  son  nom,  qu'il  vivra  en  bon  chrétien, 
qu'il  renoncera  au  démon  et  à  tout  ce  qui  vient 
de  lui.  Il  est  nécessaire  ,  mes  amis  ,  de  vous 
apprendre  ces  choses,  parce  que  les  promesses 
faites  en  votre  nom,  lorsque  votre  bouche  élait 
muette  encore ,  vous  devez  les  accomplir  main- 
tenant. Demandez  souvent  à  Dieu  de  vous  en 
accorder  la  force,  remerciez-le  sans  cesse  de 
vous  avoir  admis  au  nombre  de  ses  enfants. 


DU  SACREMENT  DE  PÉMTEXCE. 


La  pénitence  est  un  sacrement  qui  remet  les 
péchés  commis  après  le  baptême. 

Dans  cette  courte  explication  donnée  par  le 
catéchisme,  sur  le  sacrement  de  pénitence,  plu- 
sieurs réflexions,  mes  enfants,  se  présentent  à 
nous. 

Dieu  nous  avait  accordé  sa  sainte  grâce ,  avant 
que  nous  la  lui  eussions  demandée;  il  avait  guéri 
notre  misère  avant  que  nous  eussions  pu  la  sen- 
tir; à  peine  étions-nous  entrés  dans  ce  monde, 
il  avait  purifié  notre  âme  pour  lui  rendre  sa 
première  innocence,  pour  nous  donner  le  nom 
si  beau  d'enfant  de  Dieu.  Et  cependant ,  nous 
oublions  tant  de  bienfaits  !  le  petit  enfant  baptisé 
grandit  dans  l'innocence,  jusqu^à  ce  qu'il  ait 
atteint  l'âge  de  la  raison ,  et  cette  raison  qui  lui 
avait  été  donnée  pour  connaître  ses  devoirs,  il 


60  DEvS    SACREMEISTS. 

s'en  sert  pour  désobéir  à  Dieu  et  pour  l'ofTen- 
ser;  quelle  ingratitude  !  Mais  alors,  n'avons-nons 
pas  bien  mérité  que  Dieu  nous  abandonne,  qu'il 
nous  refuse  une  nouvelle  grâce,  pour  nous  punir 
d'avoir  si  mal  profité  de  la  première!  Dieu,  mes 
enfants  ,  pourrait  sans  injustice  nous  traiter 
avec  cette  rigueur,  mais  elle  répugne  à  sa  misé- 
ricorde; il  a  pitié  de  nous,  parce  qu'il  connaît 
notre  fragilité,  les  tentations  qui  nous  environ- 
nentj  et  il  est  plein  d'indulgence,  parce  qu'il  est 
plein  de  tendresse.  Aussi ,  sans  jamais  se  lasser, 
il  pardonne  aux  plus  grands  pécheurs,  aux  pé- 
cheurs les  plus  rebelles,  dès  qu'ils  reviennent  à 
lui  avec  sincérité. L'ancien  et  le  nouveau  Testa- 
ment nous  en  donnent  mille  preuves.  David, 
coupable  de  si  grands  crimes,  Manassès,  le 
plus  méchant  des  rois  de  Juda  ,  la  femme  pé- 
cheresse de  l'Evangile ,  Madeleine  pénitente  ,  le 
bon  larron  sur  la  croix  ,  nous  montrent  com- 
ment un  cœur  vraiment  contrit  peut  obtenir  du 
Seigneur  le  pardon  de  ses  fautes. 

La  confiance  en  Dieu,  mes  enfants,  est  encore 
appuyée  sur  ces  propres  paroles  de  Dieu.  Notre 
Seigneur  a  dit  aux  apôtres  :  «Lespéchés  seront 


DES    SACRE3IE>TS.  Gl 

remis  à  ceux  auxquels  vous  les  remellrcz;  tout 
cequc\ous  délierez  sur  la  terre  sera  délié  dans  le 
Ciel.:»  «Enfin,  par  la  touchante  parabole  de  cet  en- 
fant prodigue  reçu  avec  tant  d'amour  et  de  joie 
à  la  maison  paternelle,  lorsqu'il  y  revient  après 
de  longs  égarements,  Dieu  ne  nous  fait-il  pas 
connaître  son  indulgence  envers  ses  enfants  cou- 
pables !  Vous  le  voyez  :  on  peut  toujours  comp- 
ter sur  la  miséricorde  divine .  lorsqu'on  a  su  la 
mériter. 

Dieu,  mes  amis,  avait  prévu  notre  désobéis- 
sance; par  une  bonté  infinie,  il  a  daigné  y  porter 
remède,  en  instituant  le  sacrement  de  pénitence. 
Ce  sacrement,  lEglise  rappelle  un  second  bap- 
tême, une  planche  après  le  naufrage,  la  fontaine 
salutaire  qui  guérit  les  maux  de  l'âme,  com- 
me la  piscine  dont  parle  l'Evangile  guérissait 
les  infn-mités  du  corps.  Par  les  paroles  que 
je  vous  rappelais  tout-à-l'heure,  Jésus-Christ 
a  transmis  aux  apôtres  'et  à  leurs  successeurs 
le  pouvoir  de  remettre  les  péchés.  Ce  pouvoir 
s'est  conservé  dans  l'Eglise,  et  il  s'y  conservera 
jusqu'à  laTni  du'monde.  Seulement,  comme  il 
est  beaucoup  plus  mal  d'offenser  Dieu  de  sa 

4 


62  DES    SACREMEKTS. 

propre  volonté  que  de  le  faire  par  ignorance, 
ainsi  que  les  enfants  qui  apportent  en  naissant  le 
péché  originel,  Dieu  met  au  pardon  qu'il  nous 
promet,  dans  le  sacrement  de  pénitence,  des 
conditions  qu'il  n'impose  pas  à  ceux  qui  reçoi- 
vent le  baptême.  Ces  conditions ,  mes  enfants, 
ne  sont  pas  trop  pénibles  à  remplir;  elles  ne  le 
paraissent  pas  surtout,  si  l'on  considère  quels 
précieux  biens  sont  l'amitié  de  Dieu,  la  paix 
de  la  conscience,  que  l'on  va  retrouver,  et  quel 
malheur  c'est  pour  nous  de  les  avoir  perdus  ! 


DES  DISPOSITIONS 

DAiHS     LESQUELLES    01?    DOIT    RECEVOIR   LE 
SACREMENT    DE    PÉIMTENCE. 

Mes  chers  enfants ,  le  pauvre  malade  qui  de- 
mande au  médecin  le  guérison  des  maux  dont 
il  souffre,  que  fait-il?  D'abord  il  les  lui  raconte, 
il  explique  en  détail  chacune  de  ses  douleurs,  il 
en  indique  l'origine  et  la  cause;  il  écoute  en- 
suite avec  attention  les  conseils  qui  lui  sont 
donnés,  et  se  soumet  docilement  à  tout  ce  que 
l'on  croit  devoir  lui  prescrire  pour  hâter  sa  gué- 
rison. 

Que  fait  encore  l'enfant  qui  désire  obtenir  de 
son  père  le  pardon  d'une  faute?  Bien  repentant 
de  l'avoir  commise,  bien  résolu  de  ne  plus  la 


64  DES    SACREME.NTS. 

cominellre,  il  s'empresse  de  l'avouer;  lui-même 
il  vient  s'accuser  avec  franchise.  Cet  aveu,  sans 
doute,  lui  fait  éprouver  une  sorte  de  honte; 
peut-être  aussi  son  père  mettra-t-il  des  condi- 
tions au  pardon  qu'il  consent  à  lui  accorder. 
N'importe  :  pourvu  que  ce  pardon  soit  obtenu  , 
rien  ne  coûte  à  l'enfant  coupable. 

Hé  bien  ,  mes  amis,  lorsque  nous  avons  of- 
fensé Dieu,  et  que  nous  allons  chercher  notre 
grAce  dans  le  sacrement  de  pénitence,  nous  res- 
semblons à  ces  pauvres  malades  qui  ont  besoin 
d'être  guéris,  à  ces  enfants  coupables  qui  dé- 
sirent être  pardonnes  de  leur  père.  Comme 
eux,  nous  devons  donc  délester  nos  fautes,  les 
confesser  avec  courage  et  sincérité,  les  réparer 
enfui,  autant  du  moins  que  cela  nous  est  pos- 
sible. Telles  sont,  mes  enfants,  les  conditions 
sans  lesquelles  nous  ne  saurions  compter  sur  la 
miséricorde  de  Dieu.  Ces  conditions  forment  les 
trois  parties  essentielles  du  sacrement  de  péni- 
tence, et  sont  appelées  par  l'Eglise  la  Contri- 
tion, la  Confession  et  la  Satisfaction. 


DES    SACKEMEINTS.  (jô 


DE  LA    CONTRITION. 


La  couliilion,  mes  enfaiiLs,  c'est  rhoriciir  du 
péché,  le  regret  de  l'avoir  commis,  la  ferme 
résolution  de  n'y  plus  retomber  jamais. 

La  contrition  doit  s'étendre  à  tous  nos  pé- 
chés, à  ceux  qui  nous  paraissent  de  peu  d'im- 
portance, comme  aux  plus  graves  ;  aux  fautes 
qui  nous  causent  de  la  honte,  comme  à  celles 
qu'une  mauvaise  habitude  ou  une  fàclieuse  in- 
clination nous  font  connaître  facilement ,  peut- 
être  même  avec  une  sorte  de  plaisir. 

Il  faut  encore  que  la  contrilion  soit  produite 
en  nous  par  des  motifs  vraiment  chrétiens.  La 
bonté  de  Dieu,  les  souffrances  de  Nôtre-Seigneur, 
noire  ingratitude  envers  lui,  le  mal  que  le  pé- 
ché fait  à  notre  âme,  voilà  les  motifs  qui,  avant 
tous  les  autres,  doivent  nous  faire  pleurer  nos 
péchés. 

La  résolution  de  ne  plus  retomber  dans  de 
nouvelles  fautes,   ne  doit  jamais  ét-c  si'parée. 


06  DES    SACRE3IEXTS. 

mes  enfants,  du  regret  de  nos  fautes  passées.  Ce 
bon  propos  est  la  meilleure  preuve  que  nous 
puissions  offrir  à  Dieu  de  la  sincérité  de  notre 
contrition. 

Et,  vous  le  comprenez  bien,  mes  enfants,  la 
contrition  doit  être  sincère -.elle  doit  partir  du 
cœur.  En  effet,  il  ne  suffirait  pas  de  dire:  Mon 
Dieu,  je  me  repens  de  mes  péchés,  si  le  repentir 
était  sur  les  lèvres,  et  non  dans  le  fond  de  l'âme. 

La  contrition  est  assurément  la  partie  la  plus 
nécessaire  du  sacrement  de  pénitence.  Certaines 
circonstances,  une  maladie,  par  exemple,  ou 
l'absence  d'un  prêtre,  peuvent  dispenser  de  la 
confession,  mais  rien  ne  saurait  remplacer  le 
regret  de  nos  fautes.  Sans  ce  regret,  point  de  par- 
don à  espérer. 

On  excite  en  soi  la  contrition  en  se  pénétrant 
des  réflexions  salutaires  dont  je  vous  parlais 
tout-à-l'lieurej  malgré  nos  efforts,  cependant, 
nous  ne  pouvons  avoir  de  nous-mêmes  un  re- 
pentir véritable;  il  faut  que  Dieu  nous  l'inspire 
par  sa  grâc,e,  et  cette  grùce,  mes  enfants,  nous 
devons  la  demander  avec  ardeur,  quand  nous 
nous  disposons  à  la  confesiion. 


DES    SACREMENTS.  67 


DE    LA    CONFESSION. 


La  confession  consiste  à  accuser  ses  péchés  à 
un  prêtre,  pour  en  obtenir  l'absolution,  c'est- 
à-dire  le  pardon. 

On  doit,  mes  enfants,  déclarer  tous  ses  péchés, 
tous  ceux  du  moins  dont  on  se  souvient,  leur 
nombre,  autant  que  cela  est  possible,  et  les  cir- 
constances qui  les  ont  rendus  plus  ou  moins 
graves.  Ce  ne  serait  pas  assez  de  dire  en  géné- 
ral :  j'ai  péché  tant  de  fois;  il  faut  ajouter  de 
quelle  manière  on  a  péché,  quel  genre  de  fautes 
on  a  commises.  On  doit  en  outre  se  confesser 
clairement,  simplement,  avec  franchise,  avouer 
ses  fautes,  telles  qu'on  les  connaît  et  qu'on  se 
les  rappelle.  Dieu  a  établi  ses  ministres  juges  de 
nos  consciences.  Comment  pourraient-ils  les 
bien  juger,  mes  enfants,  s'ils  ne  les  connais- 
saient pas  ! 

Manquer    de  sincérité  dans  la    confession, 


GS  DES  SACRE3IE?iTS. 

caclier  une  de  ses  fautes  parce  qu'on  n'oserait 
l'avouer,  c'est  un  des  péchés  les  plus  graves 
dont  on  puisse  se  rendre  coupable,  et  que  ga- 
gnerait-on,  mes  enfants,  en  agissant  ainsi?  On 
peut  bien  tromper  un  homme,  le  confesseur 
ignore  si  vous  êtes  sincères,  mais  Dieu  lit  an 
fond  des  cœurs,  et  c'est  à  lui  surtout  qu'il  faut 
craindre  de  déplaire.  Ce  défaut  de  sincérité  se- 
rait à  ses  yeux  mille  fois  plus  coupable  que  la 
faute  qu'on  aurait  voulu  cacher. 

Pourquoi  d'ailleurs  seriez-vous  tentés  de  dis- 
simuler cette  faute?  Est-ce  dans  la  crainte  de 
donner  une  mauvaise  opinion  de  vous  h  votre 
confesseur?  Croyez  bien,  mes  amis,  qu'aucun 
de  vos  aveux  ne  pourra  l'étonner  ;  il  devine  bien 
d'avance  que  vous  êtes  des  enfants  faibles  et  im- 
parfaits. Auriez- vous  peur  d'être  repris?  Mais  le 
prêtre  se  souviendra  que,  près  de  vous,  il  lient 
la  place  de  Dieu,  l'indulgence  même,  et  il  ne 
vous  parlera,  soyez-en  sûrs,  qu'avec  la  bonté 
d'un  père.  Serait-ce  enfin  la  honte  qui  vous 
ferme  la  bouche?  Mais  ce  qui  est  honteux  sur- 
tout, c'est  d'avoir  fait  le  mal  ;  l'embarras  que 
vous  éprouvez  à   l'avouer,   est  la  punition  de 


DES    SACi\E>IE]NïS.  09 

volie  faute j acceptez  la  avec  courage.  Ce  mo- 
ment de  trouble  une  fois  passé,  vous  vous  sen- 
tirez tranquilles  et  très  heureux. 


DE  LA   SATISFACTION. 


La  satisfaction  est  la  ti  oisième  partie  du  sa- 
crement de  pénitence.  C'est  la  réparation  que 
nous  devons  à  Dieu  ou  au  prochain,  pour  Tin- 
jurequc  nous  leur  avons  faite! 

Hélas!  mes  enfants!  nous  ne  savons  que  trop 
comment  ofTenser  le  bon  Dieu  ;  mais  il  nous  se- 
rait impossible  de  réparer  nos  ofTenses  envers 
lui,  si  le  Seigneur  ne  daignait  accepter  le  peu 
de  bien  que  nous  tâchons  de  faire  à  cette  inten- 
tion. Ce  bien  consiste  dans  de  bonnes  actions , 
dans  celles  que  l'Eglise  nomme  les  œuvres  do 
pénitence.  Le  prêtre  en  choisit  quelques  unes 
qu'il  nousordonnede  faire  après  la  confession. 
]1  faut  s'acquitter  de  ce  devoir  avec  exactitu  le 
et  piété. 


70  LES    SACREMENTS. 

On  satisfait  au  prochain,  mes  amis,  en  répa- 
rant le  mal  qu'on  a  pu  lui  causer.  Si  malheureu- 
sement, il  vous  était  arrivé  de  vous  emparer  d'un 
objet  qui  ne  vous  appartînt  pas,  il  faudrait  le 
restituer  à  l'instant.  Si  vous  aviez  faussement 
accusé  un  de  vos  camarades,  il  faudrait  vous 
empresser  de  lui  rendre  justice,  en  avouant 
qu'il  était  innocent. 


QUELQUES  AVIS   SUR  LA  CONFESSION. 


La  première  condition  pour  se  bien  confesser 
est  de  se  bien  connaître ,  et  pour  cela  nous  avons 
besoin  du  secours  de  Dieu.  On  se  croit  si  facile- 
ment meilleur  qu'on  ne  l'est  en  effet!  La  légèreté 
de  notre  esprit,  celle  du  vôtre  en  particulier,  mes 
enfants,  vous  rendrait  bien  difficile  le  souvenir 
detoutes  vos  fautes,  si  Dieu  ne  vous  faisait  la 
grâce  de  venir  en  aide  à  votre  mémoire.  Deman- 
dez-lui donc  celte  grâce  par  une  fervente  prière, 
lorsque,  vous  disposante  la  confession,  vous  vou- 
lez examiner  votre  conscience.  Retirez  vous  loin 
du  bruit  dans  une  chambre,  et  là,  en  présence 
de  Dieu ,  éclairé  par  sa  divine  lumière ,  recher- 
chez soigneusement ,  avec  courage  et  sévérité 
envers  vous-même,  les  fautes  dont  vous  vous 


j-1  '  DES    SACREMENTS. 

C'ies  rendus  coupables.  Il  vous  serait  permis  , 
mes  enfants  ,  d'écrire  votre  confession ,  si  vous 
aviez  la  crainte  de  ne  pas  vous  en  bien  souvenir 
autrement. 

Arrivé  à  l'église ,  vous  prendrez  la  place  qui 
vous  sera  indiquée,  et  vous  attendrez  patiem- 
ment votre  tour,  en  lisant  les  prières  avant  la 
confession.  Vous  éviterez  de  vous  distraire,  et 
surtout  de  causer  avec  les  enfants  qui  pourraient 
se  trouver  comme  vous  au  confessionnal.  Si  vous 
étiez  placé  auprès  de  la  personne  qui  se  confesse 
avant  vous,  de  manière  à  entendre  ce  qu'elle  dit, 
il  faudrait  vous  reculer  un  peu  ;  car  il  est  défen- 
du expressément  d'écouter  la  confession  des  au- 
tres, et,  dans  le  cas  où  vous  entendriez  involontai- 
rement quelque  chose,  vous  devez  n'en  faire  part 
à  personne,  mais  garder  sur  la  faute  d'autrui, 
le  secret  absolu  que  vous  seriez  bien  aise  qu'on 
gardât  sur  votre  propre  faute,  si  elle  était  connue. 

Le  moment  devons  confesser  étant  venu,  vous 
forez  le  signe  de  la  croix ,  et  vous  ajouterez  : 
Bénisse2-moi,  mon  père,  parce  qiief  ai  péché. 
—  Le  prêtre  vous  donnera  sa  bénédiction ,  et 
pendant  ce  temps  vous  réciterez  le  confitevr, 


DES    SACREMENTS.  73 

jusqu'à  ces  mots  :  c'est  ma  faute.  Puis  vous  fe- 
rez TOlre  confession. 

Jl  ne  faut  parler  ni  trop  vite  ni  trop  bas,  afin 
que  le  confesseur  puisse  bien  vous  entendre. 
S'il  TOUS  adresse  des  questions,  vous  répon- 
drez simplement  la  vérité.  Après  l'aveu  de  vos 
fautes ,  vous  achèverez  le  Confiteor,  et  vous  écou- 
terez attentivementles  conseils  que  le  Prêtre  vous 
donnera  de  la  part  de  Dieu.  Tous  devez  les  rete- 
nir avec  soin,  ainsi  que  la  pénitencequi  vous  sera 
indiquée.  En  recevant  enfin  la  bénédiction  qui 
termine  la  confession ,  vous  réciterez  de  bon 
cœur  cet  acte  de  contrition  : 

Mon  Dieu,  j'ai  un  grand  regret  de  vous  avoir 
offensé,  parce  que  vous  êtes  plein  de  bonté  et  de 
miséricorde,  et  que  le  péché  vous  déplaît.  Par- 
donnez-moi, par  les  mérites  de  mon  sauveur 
Jésus-Christ.  Je  suis  bien  résolu,  avec  le  secours 
de  votre  sainte  grâce  ,  de  vous  obéir  plus  fidè- 
lement désormais. 

Avant  de  quitter  l'église,  on  doit  lire  les  priè- 
res après  la  confession,  et  faire  sa  pénitence  si 
cela  est  possible  ;  sinon,  il  faut  l'accomplir  aus- 
sitôt qu'on  est  rentré  chez  soi 


74  DES    SACREMENTS. 

Vous  n'êtes  pas  obligés,  mes  chers  enfants,  de 
montrer  votre  confession  à  personne.  Si  cepen- 
dant, vous  vous  trouvez  embarrassés  pour  h 
faire,  ou  préoccupés  de  la  crainte  d'oublier  quel- 
ques-uns de  vos  péchés,  je  vous  engage  à  con- 
sulter voire  mère,  qui  peut  vous  éclairer  sur  vos 
défauts,  et  qui  vous  saura  gré  de  votre  confiance. 
Vous  pouvez  lui  parler  aussi  des  avis  qui  vous 
seront  donnés;  elle  vous  aidera  à  les  suivre;  mais, 
à  l'exception  de  votre  mère,  ou  de  la  personne 
qui  la  remplace,  vous  ne  devez  en  entretenir  qui 
que  ce  soit.  Certains  enfants  ont  la  mauvaise  ha- 
bitude défaire,  de  leur  confession  et  de  leur  con- 
fesseur, le  sujet  de  discours  et  de  plaisanteries 
avec  leurs  camarades;  cette  conduite  est  fort  peu 
convenable,  et  je  vous  engage  à  ne  pas  l'imiter. 


-<éh>- 


^^r- 


EXERCICES  POUR  LA  CONFESSION. 

.PRIÈRE      AVANT       L'EXAMEN       DE     CONSCIEIMCE. 

O  mon  Dieu ,  qui  avez  été  témoin  de  mes 
fautes^  parce  que  vos  yeux  sont  toujours  ouverts 
sur  moi  j  mon  Dieu ,  qui  connaissez  mes  actions 
et  mes  pensées,  mieux  que  je  ne  les  connais 
moi-même  ,  car  vous  lisez  dans  le  fond  des 
cœurs:  mon  Dieu  ,  qui  savez  aussi,  mieux  que 
moi ,  ce  qui  est  bien  eî  ce  qui  est  mal ,  el  à  quel 
point  le  péché  vous  oPTense,  daignez  m'aider  à 
me  bien  connaître;  donnez-moi  le  souvenir 
de  mes  fautes,  le  regret  de  ies  avoir  com- 
mises, le  courage  de  Us  avouer.  Et  de  peur  que 
mon  am(;ur-propie  el  ma  légèrclé  uc  me  fas- 


76  DES    SACREMENTS. 

sent  paraître  à  mes  propres  yeux,  meilleur  que 
je  ne  le  suis  devant  les  vôtres,  envoyez  en  moi , 
Seigneur,  votre  Esprit  saint,  dont  la  lumière 
vienne  éclairer  ma  conscience  ,  et  dont  la  vérité 
me  fasse  avouer  mes  péchés  avec  franchise. 

Ainsi  soit-il. 


EXAMEN   DE     CONSCIENCE. 


Devoirs  envers  Dieu. 

Mon  Père,  je  m'accuse  d'avoir  manqué  à  mes 
prières  du  matin  et  du  soir. —  De  les  avoir  faites 
sans  attention,  en  pensant  à  autre  chose.  —  De 
les  avoir  faites  dans  mon  lit ,  sans  élre  malade , 
ou  bien  sans  me  mettre  à  genoux. — De  les  avoir 
récitées  très  vite  pour  avoir  plus  tôt  fini.  — 
D'avoir  parlé  inutilement  à  l'église.  —  D'y  avoir 
ri,  ou  faitrine  les  autres.  — D'avoir  regardé  ce 
qui  se  passait  autour  de  moi  ,  au  lieu  de  lire 
dans  mon  livre. — De  n'avoir  pas  bien  prié  Dieu 
pendant  la    messe.  —  De  n'avoir  pas  été  al- 


DES    SACREMENTS.  77 

lenlif  ;  pendant  les  instructions  du  catéchisme. 
— D'avoirempéché  les  autres  d'écouler.— De  n'a- 
voir pas  examiné  ma  conscience  avec  soin,  avant 
d'aller  me  confesser.  —  De  n'avoir  pas  eu ,  un 
grand  regret  de  mes  fautes. —  D'avoir,  exprès, 
caché  quelques-uns  de  mes  péchés,  à  mon  con- 
fesseur.—  De  m'étre  confessé  trop  bas,  espérant 
que  mon  confesseur  ne  m'entendrait  pas  bien. 
— De  n'avoiipas  fait  ma  pénitence,  soit  par  négli- 
gence, soit  par  oubli. — Quand  je  me  suis  trouvé 
avec  des  enfants  assez  coupables,  pour  se  mo- 
quer de  la  religion ,  ou  de  ses  ministres,  d'avoir 
écouté  ces  enfants,  ou  d'avoir  parlé  comme  eux. — 
D'avoir  eu  le  malheur  de  jurer  par  le  saint  nom 
de  Dieu. 


Devoirs  envers  le  prochain. 


Mon  Père ,  je  m'accuse  de  n'avoir  pas  eu  pour 
mes  parents,  le  respect  que  je  leur  dois.  — 
De  leur  avoir  répondu  avec  humeur,  ou  imper- 


/b  DES    SACRE3IE?iTS. 

linence.  —  De  les  avoir  tournés  en  ridicule.  — 
D'avoir  mal  reçu  leurs  observalions.  — De  leur 
avoir  désobéi.  —De  leur  avoir  tenu  tète,  et  d'a- 
voir long-temps  refusé  de  faire  ce  qu'ils  me  com- 
mandaient.— De  leur  avoir  obéi  en  murmurant. 
—  D'avoir  impatienté  mes  parents.—  De  n'avoir 

pas  cherché  à  leur  faire  plaisir De  les  avoir 

trouvés  injustes,  ou  trop  sévères.  —  De  m'ètre 
plaint  d'eux.  —  De  ne  leur  avoir  pas  demandé 
pardon  quand  je  les  avais  offensés.—  D'avoir  été 
impertinent  envers  mes  maîtres,  et  peu  soumis 
à  leurs  ordres.  _  De  m'étre  querellé  avec  mes 
frères  ;  mes  sœurs  et  mes  camarades.  — De  les 
avoir  battus,  ou  de  leur  avoir  fait  quelque  autre 
mal.  —  De  n'avoir  pas  été  complaisant  pour  les 
autres,  surtout  pour  les  plus  petits.  —  D'avoir 
été  contrariant,  taquin  et  moqueur.  — D'avoir 
fait  des  rapports  ,  vrais  ou  faux,  ou  exagérés, 
sur  la  conduite  des  autres.  — D'avoir  fait  gron- 
der les  domestiques.  —  De  leur  avoir  parlé  avec 
hauteur,  ou  impatience.  —  De  n'avoir  pas  obéi 
à  ma  bonne,  ou  à  mon  gouverneur.  De  les  tour- 
menter sans  cesse.  —  De  m'étre  moqué  des  per- 
sonnes laides  ou   infirmes.  —  D'avoir  méprisé 


DtS    SACREMENTS.  79 

les  pauvres.  —  De  ne  leur  avoir  pas  fait  Tau- 
mône  quand  je  le  pouvais.  —D'avoir  donné  de 
mauvais  exemples  à  d'autres  enfants.  —  De  les 
avoir  engagés,  à  faire  le  mal,  à  désobéir  à  leurs 
parents. 


Devoirs  ein'crs  soi-même. 


D'avoir  eu  de  l'orgueil  de  uîoi-même.  ou  de 
ce  que  je  faisais  de  bien.  —  De  m'étre  cru  meil- 
leur que  les  autres.  —  De  m'étre  trouvé  plus  de 
talent ,  plus  d'esprit.  —  De  m'élre  vanté.  — 
D'avoir  tiré  vanité  de  la  fortune  de  mes  parents. 
—  De  m'êire  trop  occupé  de  ma  figure  et  de  ma 
toilette.  —  D'avoir  eu  beaucoup  de  plaisir  à 
m'entendre  faire  des  compliments.—  De  vouloir 
toujours  avoir  raison  ,  même  avec  les  personnes 
plus  ûgées  que  moi.  —  D'avoir  cherché  à  me 
faire  remarquer  aux  dépens  des  autres.  —  D'a- 
voir trop  d'amour-propre  pour  avouer  que  j'ai 
tort ,  et  que  je  me  suis  trompé,  mt'mo  quand  je 


80  DES    SACREMENTS. 

m'en  aperçois.  —  D'ayoir  mangé  les  choses  que 
je  savais  pouvoir  me  rendre  malade.  —  D'avoir 
été  capricieux  dans  mes  repas.  —  D'avoir  pris 
des  friandises  en  cachette.  —  D'avoir  été  envieux 
des  avantages  des  autres.  —  D'avoir  été  fâché 
d'entendre  dire  du  bien  de  mes  camarades.  — 
D'être  jaloux  de  mes  frères  et  sœurs ,  supposant 
que  mes  parents  les  aiment  mieux  que  moi.—  De 
m'étre  mis  en  colère  il  faut  dire  contre  qui).— D'a- 
voir un  caractère  boudeur. — De  me  mettre  facile- 
ment de  mauvaise  humeur.  —  D'avoir  des  fan- 
taisies.—  D'être  capricieux  et  entêté.— De  m'im- 
patienter  à  mes  leçons.  —  D'être  paresseux  et 
négligent  dans  mes  études.  —  De  ne  pas  m'ap- 
pliquer  à  mon  travail.  —  De  perdre  mon  temps 
à  des  bagatelles,  au  lieu  d étudier.  —  D'avoir 
menti  pour  m'excuser,  ou  par  plaisanterie.  — 
D'avoir  soutenu  avec  opiniâtreté  mon  men- 
songe. —  D'avoir  conseillé  aux  autres  de  mentir. 
—  De  n'avoir  pas  été  modeste  en  m'habillant. 
— D'avoir  regardé  volontairement  des  choses  peu 
décentes.  —  D'avoir  de  mauvaises  manières. 


DES    SACRE3IENTS.  SI 

Si  l'enfant  se  souvient  d'avoir  commis  quelque 
faute,  qui  ne  se  trouve  pas  dans  cet  examen  ,  il  doit 
s'en  confesser  comme  des  autres.  Il  se  rappellera 
aussi,  que  tout  ce  qu'il  a  fait,  et  qu'il  aurait  eu 
honte  de  faire  ,  devant  ses  parents,  son  gouverneur 
ou  sa  boune,  est  certainement  un  péché. 


PRIERE  APRES   L'EXAMEN. 


Voilà  donc,  ô  mon  Dieu,  les  fautes  que  ma 
conscience  me  reproche ,  les  péchés  par  les- 
quels j'ai  eu  le  malheur  de  vous  offenser!  Je 
suis  tout  honteux  de  les  voir  en  si  grand 
nombre ,  et  de  me  trouver  si  coupable.  Que  fe- 
rai-je,  Seigneur,  pour  obtenir  votre  pardon P 
A  l'exemple  de  l'enfant  prodigue ,  j'irai  avec 
confiance  trouver  mon  Père  ,  mon  confesseur, 
qui  tient  votre  place,  ô  mon  Dieu  !  j'irai  à  lui , 
et  je  lui  dirai  :  J'ai  péché ,  j'ai  désobéi  à  Dieu,  je 
ne  suis  plus  digne    d'être  appelé  son   enfant, 


82  DES    SACREMENTS. 

mais  j'ai  un  bien  sincère  repenlir  de  mes  fautes, 
et  je  lui  en  demande  humblement  pardon.  J'ose 
espérer  qu'alors  vous  aurez  pitié  de  moi ,  vous, 
mon  Dieu  ,  dont  les  bras  sont  toujours  ouverts 
pour  recevoir  le  pécheur. 


RÉFLEXIONS  ET  PRIÈRES   AVANT    LA    CONFESSION. 


Qu'ai-je  fait ,  lorsque  j'ai  eu  le  malheur  de 
commetlre  le  péché!  j'ai  désobéi  à  Dieu.  Ce 
Dieu  est  mon  créateur  et  mon  maître,  je  devais 
lui  être  soumis.  Il  est  le  meilleur  des  pères,  je 
devais  le  servir  avec  amour  et  fidélité.  Il  est 
celui  que  tout  le  monde  appelle  avec  raison  Je 
Bon  Dieu,  et  que  je  puis  appeler  de  ce  nom  avec 
plus  de  raison  encore,  car,  plus  que  tout  autre, 
j'ai  été  comblé  de  ses  bienfaits.  En  faisant  le  mal, 
j'ai  oublié  tout  cela.  J'ai  attristé  le  cœur  de 
Jésus-Christ,  de  ce  Sauveur  si  miséricordieux 


DES    SACREMENTS.  S«> 

qui  m'a  racheté  par  sa  morl.  J'ai  fait  couler  ses 
larmes,  j'ai  augmenté  ses  souffrances,-  oh!  quel 
mal  est  le  péché  ! 


PRIERE. 

Combien  vous  devez  me  trouver  coupable  ,  6 
mon  Dieu!  ai-je  bien  pu  vous  désobéir  tant  de 
fois,  et  pour  si  peu  de  chose!  préférer  un  plai- 
sir ,  une  fantaisie  à  votre  divine  volonté!  Mais 
je  ne  pensais  donc  pas  que  vos  yeux  sont  conti- 
nuellement ouverts  sur  moi.  J'oubliais  donc, 
mon  Dieu,  que  le  péché  vous  déplaît  et  vous  of- 
fense ,  qu'il  a  été  la  cause  des  douleurs  de  Jé- 
sus-Christ! O  bon  Sauveur,  qui  sur  la  croix, 
avez  demandé  grâce  pour  vos  ennemis,  en  fai- 
sant à  Dieu  cette  prière  :  «  Mon  Père,  pardon- 
nez-leur,  ils  ne  savent  ce  qu'ils  font ,  »  daignez 
demander  grâce  pour  moi  de  la  même  manière. 
Non  ,  il  ne  sait  pas  ce  qu'il  fait,  le  pauvre  enfant 
qui  vous  désobéit.  S'il  le  savait,  s'il  y  pensait  du 
moins,  il  vous  serait  plus  fidèle.  Oh!  pardonnez- 
lui  donc! 


8^  DES    SACREMENTS. 


II. 


Les  devoirs  que  j'ai  si  mal  remplis,  étaient 
peut-être  bien  difficiles?  Hélas!  je  n'ai  même 
pas  cette  excuse.  Dieu  ne  me  demande  rien, 
que  ce  que  toujours,  avec  un  peu  de  bonne 
volonté,  il  m'est  possible  de  faire.  La  tendresse 
de  mes  parents  n'adoucit-elle  pas  toujours  aussi 
leurs  ordres,  et  l'accomplissement  d'un  devoir 
ne  porte-t-il  pas  en  lui-môme  sa  récompense? 
En  commettant  le  péché,  je  ne  me  suis  pas  seu- 
lement rendu  coupable,  je  me  suis  rendu  mal- 
heureux . 


PRICRS. 

C'est  vous,  ô  mon  Dieu,  qui  permettez  que  je 
trouve  dans  mon  propre  cœur  la  punition  de 
mes  fautes.    Par  là,  vous  voulez  m'apprendre 


DES    SACREMESTS.  85 

que  la  sagesse  seule  peut  donner  le  bonheur; 
que  rien  sur  la  terre  ne  vaut  la  joie  d'une  bonne 
conscience.  Puisse  l'expérience  que  j'en  fais  au- 
jourd'hui, rester  gravée  dans  mon  ûme  ,  puisse- 
t-elle,  Seigneur,  m'éloigner  à  jamais  du  péché, 
et  m'aider  à  conserver  précieusement  mon  in- 
nocence, lorsque  dans  votre  bonté  vous  me 
l'aurez  rendue. 


III. 


Si  Dieu  n'avait  écouté  que  sa  justice,  déjà  il 
m'aurait  puni  avec  sévérité;  mais  sa  miséri- 
corde infmie  a  pitié  des  pécheurs.  Dieu  est 
toujours  disposé  à  leur  ouvrir  ses  bras ,  à  leur 
rendre  sa  tendresse;  il  ne  leur  demande  qu'un 
repentir  sincère,  un  bon  mouvement  du  cœur , 
l'humble  aveu  de  leurs  fautes.  Alors,  tous  les 
torts  sont  pardonnes  ;  le  Seigneur  nous  a  pro- 
mis d'en  perdre  même  le  souvenir.  Oh  !  que 
notre  Dieu  est  bon,  et  combien  je  l'aime  1 


86,  DES    SACREMEINTS. 


PRIERE. 

ÎMe  voici  au  moment  d'entrer  clans  le  saint 
tribunal  de  la  pénitence.  Mon  Dieu,  je  vais  con- 
fesser mes  péchés  à  votre  ministre,  c'est-à  dire 
à  vous  même,  car  il  tient  votre  place;  c'est  vous 
qui  m'écouterez  en  sa  personne,  vous  encore 
qui  lui  aurez  inspiré  les  bons  conseils  qu'il  me 
donnera.  Daignez,  je  vous  prie,  mettre  dans 
mon  cœur  les  dispositions  nécessaires  pour  faire 
une  bonne  confession.  Accordez-moi  la  grâce 
d'être  parfaitement  sincère  dans  mes  paroles , 
et  de  ne  pas  hésiter  à  avouer  ceux  de  mes  pé- 
chés qui  me  causent  le  plus  de  honte.  Rendez 
aussi  ma  contrition  plus  vive ,  mes  résolutions 
plus  fermes. 

Faites  enfin,  s'il  vous  plait,  ô  mon  Dieu,  que 
les  fautes  dont,  en  ce  moment,  je  vous  demande 
le  pardon,  par  les  mérites  de  votre  divin  Fils, 
soient  les  dernières  fautes  que  vous  ayez  à  me 
reprocher,  pendant  toute  ma  vie. 

Ainsi  soil-il. 


PRIERE   APRES  LA    CONFESSION. 

Que  je  me  sens  heureux  maintenant,  Sei- 
gneur, ma  conscience  est  tranquille,  j'ai  l'es- 
pérance que  vous  m'avez  pardonné.  O  mon 
Dieu,  je  le  sens,  votre  miséricorde  touche  vive- 
ment mon  cœur,  elle  me  pénètre  de  reconnais- 
sance, elle  me  donne  le  désir  de  m'en  rendre 
désormais  moins  indigne.  Non ,  je  ne  veux  plus 
retomber  dans  mes  fautes  passées;  je  veux  au 
contraire,  travailler  sérieusement,  dès  aujour- 
d'hui, à  réformer  mon  caractère,  et  m'appliquer 
à  devenir  un  peu  meilleur  chaque  jour.  Pour 
cela,  il  me  faudra  d'abord  combattre  celles  de 
mes  mauvaises  habitudes  dans  lesquelles  je  re- 
tombe le  plus  souvent,  et  dont  mes  parents  ont 
le  plus  à  se  plaindre.  0  mon  Dieu  ,  si  vous  dai- 
gnez me  donner  du  courage  et  me  prêter  votre 
saint  appui,  j'espère  qu'à  ma  confession  pro- 
chaine, votre  ministre  me  trouvera  moins  cou- 
pable, que  j'aurai  bien    profité  de  ses  leçons, 


88  DES  SACREMENTS. 

et  bien  répondu  à  la  grâce  que  vous  venez  de  me 
faire. 

Sainte  Vierge  Marie ,  bénissez  s'il  vous  plait , 
mes  résolutions,  et  quand  viendra  le  moment 
de  les  accomplir,  soutenez-moi,  je  vous  en  prie, 
de  vos  puissantes  prières. 

Ainsi  soit-il. 


DE  LA  PREMIÈRE  COMMUNION 


Sans  peul-étre  comprendre  parfaitement  en- 
core, ce  que  c'est  que  la  première  communion 
dont  souvent  vous  entendez  parler  ,  ^  ous  savez 
néanmoins  qu'il  s'agit  d'une  action  bien  sainte, 
d'une  grande  époque  de  la  vie.  Tout  d'ailleurs 
vous  le  prouve  :  le  soin  avec  lequel  on  y  prépare 
les  enfants ,  et  la  solennité  dont  la  première 
communion  est  toujours  entourée.  En  effet,  la 
première  communion  est  l'action  la  plus  sacrée 
la  plus  importante  de  la  vie  d'un  enfant,  celle 
dont  l'influence  doit  s'étendre  sur  la  suite  de 
ses  années  ;  pour  lui,  cette  époque  est  le  terme 
de  la  première  enfance,  et  à  dater  de  ce  grand 
jour,  le  père  de  famille  témoigne  plus  de  con- 
fiance à  son  fils ,  la  fille  devient  la  compagne 
et  l'amie  de  sa  mère. 


00  DES    SACREME>TS. 

Maisqu'esl-ce  donc  que  faire  sa  première  com- 
munion? C'est,  mes  enfants,  recevoir  pour  la 
première  fois  le  sacrement  de  l'Eucharistie,  qui 
contient  le  corps  et  le  sang  de  Notre-Seigneur  , 
sous  les  espèces  du  pain  et  du  vin  ;  l'Eucharistie, 
que  l'on  appelle  à  juste  titre,  le  plus  saint  des 
sacrements  ,  le  sacrement  par  excellence,  car 
les  autres  nous  donnent  à  la  vérité  la  grùçe  de 
Dieu,  mais  celui-ci  nous  donne  Dieu  lui-même 
de  qui  vient  toute  grâce.  Et,  qu'ils  sont  heureux 
et  salutaires,  mes  enfanls,  les  effets  delà  com- 
munion dans  une  âme  bien  préparée!  Jésus- 
Christnous  en  instruit  lui-mêmepar  ces  paroles: 
«  Celui  qui  mange  ma  chairetqui  boit  mon  sang, 
aura  la  vie  en  lui  ;  celui  qui  mangera  de  ce  pain, 
vivra  éternellement.  »  L'Eucharistie  est  donc  la 
vie  de  notre  âme,  pour  ce  monde  d'abord,  en 
la  détournant  du  péché  qui  la  ferait  mourir  j  et 
selon  la  promesse  de  Notre-Seigneur,  l'Eucha- 
ristie devient  encore  pour  nous  le  gage  de  la  vie 
éternelle.  Dieu  pourrait-il  ne  pas  ouvrir  le  Ciel 
à  l'âme  qu'il  trouvera  toute  remplie  de  la  pré- 
sence de  son  fils  bien-aimc  ? 

En  réfléchissant  à  ces  grâces  précieuses  de  la 


DES    SACREME>TS.  91 

saillie  communion,  et  surtout  à  la  majesté,  à  la 
sainteté  du  Dieu  qui  daigne  s'abaisser  jusqu'à 
se  donner  aux  hommes,  on  se  demande,  mes 
chers  enfants ,  comment  jamais ,  il  sera  possible 
de  mériter  un  tel  bienfait ,  une  faveur  si  grande. 
Les  anges  du  Ciel,  ces  créatures  pleines  de  pureté 
et  d'innocence,  seraient  encore  mille  fois  indi- 
gnes de  s'unir  à  Jésus-Christ  ;  oserons-nous  bien 
nous  approcher  de  lui,  nous  qui  sommes  si  loin 
de  ressembler  aux  anges  1  mais  Dieu  veut  bien 
se  contenter  de  notre  faible  cœur,  dont  il  con- 
naît les  misères,  et  pour  y  descendre,  sa  bonté 
n'exige  que  les  dispositions  qu'il  dépend  de  nous 
de  lui  offrir. 

Afin  de  rendre  du  moins  ces  dispositions 
aussi  bonnes  et  aussi  ferventes  que  possible ,  il 
est  d'usage,  d'employer  plusieurs  années  à  pré- 
parer les  enfants  à  leur  première  communion, 
et  de  ne  leur  permettre  de  la  faire,  que  lors- 
qu'ils sont  arrivés  à  un  âge,  où,  corrigés  des 
premiers  défauts  de  l'enfance,  et  ijistruits  des 
vérités  de  la  religion,  ils  puissent  bien  sentir  le 
prix  du  divin  bienfait  qui  leur  est  accordé. 
C'est  en  suivant  les  instructions  du  catéchisme, 


92  DES   SACREMENTS. 

mes  chers  enfants  ,  que  vous  vous  préparez  à 
bien  faire  votre  première  communion.  Le  caté- 
chisme est  l'école  de  Jésus-Christ;  là,  on  ap- 
prend à  connaitre,  à  bien  aimer  surtout,  celui 
qui  est  devenu  notre  ami,  notre  frère;  là,  des 
prêtres ,  d'une  bonté  paternelle,  expliquent  la 
sainte  loi ,  cherchent  à  graver  dans  la  mémoire 
des  enfants  les  belles  leçons  de  l'Evangile  ;  là, 
on  chante  de  pieux  cantiques  à  la  louange  de 
Dieu;  là  enfin,  on  s'efforce  d'acquérir  les  vertus 
qui  lui  plaisent.  11  n'est  pas,  je  crois,  néces- 
saire, mes  enfants,  de  vous  exhorter  à  suivre 
avec  zèle  les  instructions  du  catéchisme,  à  en 
bien  remplir  les  devoirs  ;  ils  sont  si  doux  ,  et 
si  faciles  qu'on  s'en  acquitte  avec  bonheur.  Les 
moments  passés  aux  pieds  de  Notre-Seigneur , 
dans  l'asile  qu'il  ouvre  à  l'enfance,  sont  assuré- 
ment les  plus  heureux  moments  de  la  vie,  et 
nulle  part  on  ne  saurait  trouver  de  plus^ vérita- 
bles plaisirs. 

Comme  le  saint  roi  David  s'occupait  du  projet 
de  construire  le  temple  d'Israël  :  «  L'entreprise 
est  grande  (s'écriait-il  un  jour),  car  c'est ,  non  pas 
à  un  homme  ,  mais  à  Dieu  que  je  dois  bâtir  une 


DES    SACREMENTS.  93 

demeure.»  Ne  pourriez  vous  pas  vous  le  dire  , 
encore  à  vous-mêmes,  mes  chers  enfants,  en 
pensant  à  voire  première  communion:  oui,  l'en- 
treprise est  grande,  et  si  grande  que  je  ne  puis 
m'en  occuper  trop  tôt ,  mettre  trop  de  soin  et  de 
zèle  à  y  préparer  mon  cœur,  ce  cœur  qui  doit 
devenir  le  temple  de  Jésus-Christ.  Demandez-lui 
donc  chaque  jour  dans  vos  prières,  mes  enfants, 
la  grâce  de  bien  faire  votre  première  commu- 
nion; demandez  surtout,  cette  grâce  toutes  les 
fois  que  vous  vous  trouverez  à  l'église,  devant 
le  Saint-Sacrement. 


INSTRUCTION 


SUR    LA     RELIGION,     ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES 
E>FA>TS. 


Devoirs  envers  Dieu.  —  De  la  prière.  — 
Quelles  sont  les  bonnes  prières.  —  Expli- 
cation du  Poter.  —  Du  dimanche.  —  Du 
respect  dans  rÉglise.  —  De  l'amour  du 
prochain.  —  Devoirs  envers  les  parents. 
—  Devoirs  envers  les  maîtres.  —  Devoirs 
envers  les  vieillards.  —  De  Tobéissance.  — 
Du  bon  exemple.  —  Devoirs  envers  les 
inférieurs.  —  De  l'aumône  —  De  la  con- 
science. —  Du  péché.  —  De  l'orgueil.  — 
De  l'envie.  —  Du  mensonge.  —  De  la  mé- 
disance. —  De  la  curiosité.  —  De  la  gour- 
mandise. —  De  la  colère.  —  De  la  paresse. 
—  De  la  patience  et  du  courage.  —  De 
l'Église  catholique. — Dévotion  à  la  sainte 
Vierge.  —  Des  anges.  —  De  la  mort.  — 
Du  jugement  et  de  l'éternité. 


DEVOIRS  ENVERS  DIEU. 


Vous  adorerez    le  Seigneur  rotre 
Dieu,    et    vous    ne   servirrz    que  lui 


Delt.  VI.   —   t3. 


La  Foi,  l'Espérance,  la  Charité,  l'Adoration; 
tels  sont,  mes  enfants  ,  nos  principaux  devoirs 
envers  Dieu.  La  foi  consiste  à  croire  en  lui  ;  l'es- 
pérance à  espérer  en  lui  ;  la  charité  à  l'aimer  de 
tout  son  cœur  ;  l'adoration  à  lui  rendre  le  culte 
qui  lui  est  dû,  à  le  servir  selon  qu'il  le  demande. 


LA  FOI. 


Croire  en  Dieu ,  c'est  d'abord  croire  que  Dieu 
existe.  Et  qui  pourrait  en  douter,  mes  enfants  , 


98  SUR   LA    RELIGIOX, 

en  contemplant  le  beau  spectacle  de  Tunivers , 
toutes  les  merveilles  que  renferme  le  monde? 
qui  pourrait  supposer  que  le  ciel  et  la  terre  se 
sont  faits  tout  seuls  et  par  hasard? 

La  foi  consiste  encore  à  croire  à  la  parole  de 
Dieu  ,  écrite  dans  les  livres  saints,  et  à  toutes  les 
vérités  que  nous  enseigne  l'Eglise.  Ces  vérités 
s'appellent  des  articles  de  foi.  Parmi  elles,  il  en 
est  un  grand  nombre  que  vous  ne  pouvez  com- 
prendre, que  vous  ne  comprendrez  même  jamais, 
car  elles  sont  au-dessus  de  l'intelligence  hu- 
maine :  ce  sont  des  mystères.  Nous  sommes 
néanmoins  obligés  de  les  croire  aussi  fermement 
que  si  nous  les  comprenions,  car  Dieu,  qui  nous 
enseigne  ces  vérités,  ne  veut  jamais  nous  trom- 
per; jamais  non  plus  il  ne  pourrait  se  tromper 
lui-même.  S'il  vous  semblait  difficile  de  croire 
ce  que  vous  n'avez  pas  vu,  ce  que  vous  ne  sau- 
riez comprendre ,  je  vous  ferais  remarquer ,  mes 
enfants,  que  vous  ne  doutez  pas  des  faits  rappor- 
tés dans  l'histoire  .cependant  ils  ne  se  sont  point 
passés  sous  vos  yeux.  Vous  croyez  aussi  au  chan- 
gement des  saisons,  aux  fleurs  qui  viennent  sur 
les  arbres ,  aux  fruits  qui  succèdent  aux  fleurs ,  à 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  ENFA>TS.    99 

l'épi  de  blé  produit  par  une  pelite  graine  semée 
dans  la  terre  :  vous  voyez  tout  cela ,  il  est  vrai , 
mais  le  comprenez-vous?  non,  sans  doute.  Ces 
choses  sont  pour  vous  autant  de  mystères;  pour- 
quoi donc  alors  hésileriez-vous  à  croire  les  mys- 
tères de  la  religion  ? 

Ce  doute  ,  mes  enfants,  serait  un  manque  de 
foi.  On  pèche  encore  contre  la  foi  en  négligeant 
de  s'instruire  dans  la  religion,  dont  l'étude  est 
nécessaire  pour  nous  apprendre  les  choses  que 
nous  sommes  obligés  de  croire. 


L'ESPERANCE. 


Espérer  en  Dieu ,  c'est  attendre  de  sa  bonté  in- 
finie le  bonheur  du  Ciel  après  notre  mort,  et  les 
grâces  dont  nous  avons  besoin  pour  y  arriver. 
Notre  espérance  se  fonde,  mes  enfants,  sur  la  mi- 
séricorde de  Dieu  pour  les  hommes ,  sur  les  mé- 
rites de  Jésus-Christ,  qui  s'est  fait  notre  Sauveur 
et  notre  intercesseur  près  de  son  père;  sur  la 


100  SUR   LA    RELIGION, 

promesse^  enfin,  que  Dieu  nous  a  donnée  de  ne 
jamais  nous  refuser  son  appui.  Ne  trouvez-vous 
pas ,  chers  enfants,  que  c'est  une  bien  grande 
bonté  à  Dieu  de  nous  avoir  fait  un  devoir  de 
l'espérance,  sentiment  si  doux,  si  consolant,  si 
naturel!  Vous  ne  pensez  pas,  j'en  suis  bien  sûre, 
qu'il  soit  possible  de  manquera  un  pareil  devoir. 
Sans  vous  en  douter,  cependant,  peut-être,  mes 
amis,  y  avez-vous  manqué  vous-mêmes  !  Lors- 
qu'il vous  arrive  de  dire  que  vous  ne  sauriez 
corriger  tel  ou  tel  de  vos  défauts,  ni  jamais 
vaincre  votre  caractère,  ce  sentiment  de  décou- 
ragement est  un  manque  d'espérance,  d'espé- 
rance dans  le  Dieu  des  faibles  et  des  enfants. 
Les  pauvres  et  les  affligés  qui  se  laissent  aller  au 
désespoir,  pèchent  aussi  contre  l'espérance  qu'il 
faut  avoir  dans  la  Providence ,  dans  le  Dieu  qui 
console. 

Vous  comprenez  bien,  je  pense,  mes  enfants, 
que  jamais  la  confiance  en  Dieu  et  l'attente  de 
son  divin  secours  pour  faire  notre  salut ,  ne  doi- 
vent nous  dispenser  d'y  travailler  d'abord  avec 
ardeur.  Il  faut  du  zèle  et  de  la  bonne  volonté 
pour  obtenir  la  grâce  de  Dieu,  et  s'il  consent  à 


ET   SUR    LES    DEVOIRS    DES    ENFANTS.       101 

nous  venir  eu  aide,  c'est  à  coiulilion  que  nous 
aurons  commencé  par  nous  aider  nous-mêmes. 


DE    LA    CHARITE. 


La  cliarilé  consiste  à  aimer  Dieu  de  tout  son 
cœur,  et  par-dessus  toutes  choses.  La  foi,  l'espé- 
rance; voilà,  mes  enfants,  les  fondements  de  la 
charité.  Comment,  en  effet,  ne  pas  aimer  le  Dieu 
que  la  foi  nous  montre  si  puissant  et  si  bon ,  le 
Dieu  de  qui  nous  attendons  des  grâces  si  abon- 
dantes. Ne  nous  a-t-il  pas,  d'ailleurs,  le  premier, 
témoigné  son  amour  ?  E  t  vous,  en  particulier,  mes 
enfants,  vous,  si  jeunes  encore,  n'étes-vous  pas 
déjà  comblés  de  ses  bienfaits?  Vous, élevés  dans 
la  vraie  religion ,  au  sein  de  la  véritable  Eglise , 
vous,  entourés  de  tant  de  soins  et  de  tant  d'amour! 
En  vérité,  pour  savoir  combien  le  Seigneur  est 
bon,  il  suffirait  de  raconter  l'histoire  de  votre 
existence  si  douce  et  si  heureuse.  Aimez  donc 

Dieu  du  fond  de  l'âme;  aimez-le    par-dessus 

6. 


102  SUR    LA    REDIGIO^, 

toutes  choses-  aimez -le  plus  que  les  personnes 
qui  vous  sont  le  plus  chères,  car  c'est  lui  qui 
vous  les  a  données,  lui  qui  les  a  rendues  bonnes 
et  tendres  pour  vous. 

On  ne  peut  pas  toujours,  je  le  sais,  sentir  pour 
Dieu ,  dans  le  cœur,  un  amour  aussi  vif  que  celui 
que  l'on  éprouve  pour  un  père;  mais,  en  pensant 
souvent  à  Dieu,  en  se  rappelant  ses  divins  bien- 
faits ,  on  s'attache  à  lui  par  la  reconnaissance  ; 
et  puis,  mes  enfants,  l'aimer,  il  nous  l'a  dit  lui- 
même  ,  c'est  surtout  garder  sa  parole,  c'est  faire 
sa  volonté. 


SE    L'ADORATION. 


Adorer  Dieu ,  c'est  lui  rendre  le  culte  que  nous 
lui  devons ,  comme  à  notre  créateur  et  à  notre 
maître.  A  Dieu  seul  appartient  l'adoration.  On 
ofîVe  des  hommages  à  la  sainte  Vierge  et  aux 
Saints  ;  on  leur  adresse  des  prières,  mais  sans, 
pour  cela,  les  adorer. 


ET    SUK    LES    DEVOIRS    DES    E^FA^TS.         103 

Le  culte  que  nous  devons  à  Dieu  est  intérieur 
et  extérieur.  11  doit  être  intérieur,  c'est-à-dire 
partir  de  l'âme.  En  vain  ,  pour  réciter  des  priè- 
res, se  mettrait-on  à  genoux,  les  mains  jointes, 
on  n'adore  pas  Dieu,  si  alors  on  pense  à  autre 
chose  qu'à  lui.  Dans  ce  cas,  mes  chers  enfants, 
on  mérite  le  reproche  qu'autrefois  Notre-Sei- 
gneur  adressait  aux  Juifs  :  «  Ce  peuple  m'honore 
des  lèvres,  disait-il,  mais  son  cœur  est  loin  de 
moi.  » 

Le  culte  extérieur  également  ordonné  de 
Dieu ,  consiste  dans  les  prières  et  les  cérémonies 
en  usage  dans  l'Eglise.  Les  prières  sont  l'expres- 
sion des  sentiments  que  nous  offrons  à  Dieu.  Les 
cérémonies  ont  pour  objet  de  fixer  notre  esprit 
sur  de  pieuses  pensées.  Dans  tous  les  exercices 
de  la  piété,  mes  chers  enfants,  nous  devons 
conserver  un  maintien  humble,  respectueux, 
recueilli  ;  car  tout  en  nous,  le  corps  aussi  bien 
que  l'àme ,  doit  adorer  Dieu  et  lui  rendre 
hommage. 


DE  LA  PRIERE. 


Peisévérez  ,  etveillei  dans  la  prière. 
St.  Paul.  Coloss.  iv.  —  2. 


La  prière,  mes  chers  enfants,  est  un  entretien 
avec  Dieu ,  un  entretien  dans  lequel  nous  lui 
parlons  du  cœur  plus  encore  que  deslèvres.  Prier 
Dieu,  c'est  oublier  ses  affaires,  ses  études,  ses 
jeux,  ses  plaisirs,  pour  ne  penser  qu'à  Dieu  qui 
est  au  ciel,  et  en  même  temps  près  de  nous  sur 
la  terre;  et  quand  nous  nous  sommes  bien  per- 
suadés que  Dieu  est  là,  présent,  et  qu'il  nous 
écoute,  alors  nous  lui  disons  nos  pensées,  nous 
lui  demandons  ce  qui  nous  est  nécessaire ,  nous 
admirons  sa  toute  puissance,  nous  nous  sentons 


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SUR    LES    DEVOIRS    DES   ESFAÎNTS.  105 

Taimer  pour  sa  grande  bonté  :  voilà  ce  que  c'esl 
que  la  prière. 

La  prière  est  un  de  nos  premiers  devoirs  ; 
Dieu  nous  l'ordonne  dans  plusieurs  passages  de 
son  Evangile;  et  Notre-Seigneur,  qui  n'avait 
sûrement  pas  besoin  de  prier ,  le  faisait  néan- 
moins sans  cesse,  pour  nous  donner  l'exemple 
de  cette  sainte  occupation.  Ce  serait  donc,  d'a- 
bord, désobéir  à  Dieu  que  de  négliger  la  prière, 
ce  serait  ensuite  être  bien  ennemi  de  soi-même, 
cl  vous  le  comprendrez  aisément. 

Nous  avons,  mes  enfants,  un  besoin  continuel 
du  secours  et  des  bienfaits  de  Dieu.  Lui  seul  peut 
nous  conserver  la  vie  qu'il  nous  a  donnée  ,  et 
nous  la  perdrions,  à  l'instant  où  il  cesserait  de 
veiller  sur  nous.  11  fait  croître  les  fruits  et  les 
plantes  qui  servent  à  notre  nourriture;  il  donne 
aux  fontaines,  Veau  qui  nous  désaltère,  aux 
agneaux  la  laine,  dont  on  nous  fait  de  chauds 
vètemenls  ;  chaque  jour ,  il  éloigne  de  nous  des 
dangers  sans  nombre  ;  et  dans  nos  maladies , 
mes  enfants,  qui  bénit  les  soins  de  ceux  qui  nous 
aiment?  Qui  donne  à  de  simples  fleurs  des  champs 
iiuc  vertu  poumons  guérir?  C'est  Dieu. 


lOG  SUR    L\    RELIGION, 

Si,  comme  vous  le  voyez ,  les  besoins  de  notre 
corps,  nous  obligent  à  recourir  souvent  à  la 
prière,  les  besoins  de  notre  ûme,  ne  sont  pas 
moins  nombreux,  et  ils  ont,  mes  enfants,  une  bien 
plus  grande  importance.  L'àme  vaut  mieux  que 
le  corps,  puisqu'elle  a  été  créée  à  l'image  de 
Dieu,  et  qu'elle  est  immortelle.  C'est  donc  pour 
elle  surtout,  que  nous  devons  prier.  La  santé  de 
Vàme  et  sa  beauté,  c'est  l'innocence  et  la  sagesse: 
le  péché  la  défigure  aux  yeux  de  Dieu  ,  qui  dé- 
teste le  mal;  et  rien  d'impur,  nous  dit  Notre- 
Seigneur ,  n'entrera  dans  le  royaume  des  cieux. 
Comment  l'homme  pourrait-il,  mes  enfants,  ré- 
sister aux  mauvais  penchants  qui  l'entraînent, 
lui  qui,  dès  le  moment  de  sa  naissance,  est  en- 
clin au  péclié  !  Vous-mêmes,  si  jeunes  encore, 
ne  la  sentez-vous  pas ,  celte  triste  disposition  au 
mal,  et  ne  vous  arrive-t-il  pas  de  dire  que  les 
devoirs  sont  ennuyeux ,  l'obéissance  très  diffi- 
cile, que  vous  ne  pouvez  vous  corriger,  changer 
votre  caractère.  Hélas!  les  grandes  personnes  ne 
le  peuvent  pas  plus  que  vous,  à  elles  seules,  mais 
on  peut  tout  avec  le  secours  de  Dieu,  ce  secours 
qu'on  appelle  la  grûce,  et  que  Dieu  ne  manque 


ET    SUR     LES    DEVOIRS    DES    EM'A>iTS.         107 

jamais  d'accorder  à  une  fervente  prière.  «Deman- 
dez et  vous  recevrez  »  ,  a  dit  Notre-Seigneur  :  et 
ses  paroles  sont  la  vérité  même. 

Quand  faut-il  prier?  Jésus-Christ  nous  ap- 
prend, mes  enfants,  qu'il  faut  prier  sans  cesse,  et 
je  viens  de  vous  montrer  combien  cela  nous  est 
nécessaire.  Ne  vous  contentez  donc  pas  de  faire 
exactement  vos  prières  du  matin  et  du  soir,  mais 
habituez -vous  à  prier  encore  de  temps  à  autre 
dans  la  journée.  Vous  le  pouvez  sans  vous  met- 
tre à  genoux,  et,  sans  adresser  à  Dieu  beaucoup 
de  paroles.  Une  bonne  pensée  est  une  prière  ; 
une  bonne  action  ,  un  devoir  bien  rempli ,  une 
tentation  vaincue,  ce  sont  autant  de  prières  dont 
Dieu  comprend  le  langage.  Et  puis  ,  dans  une 
journée,  que  d'occasions  d'élever  votre  cœur 
vers  Dieu  !  Tantôt,  c'est  pour  le  remercier  des 
plaisirs  qu'il  nous  donne  :  a  Seigneur,  que  vous 
êtes  bon  pour  moi  !  dites-lui  alors.»  Tantôt,  c'est 
pour  lui  demander  de  venir  à  votre  secours, 
quand  vous  êtes  tenté  de  mal  faire.  «  Mon  Dieu, 
direz-vous,  j'ai  bien  envie  de  céder  à  ma  vanité; 
ù  ma  paresse,  mais  j'ai  encore  plus  envie  d'être 
sage;  aidez-moi.» 


108 


SUR    L\    RELIGIOIV,  ETC. 


C'est  ainsi,  mes  enfaiils,  que  la  prière  tous 
deviendra  familière  et  douce,  et  que  vous  mé- 
riterez les  bénédictions  que  Dieu  est  toujours 
disposé  à  lui  accorder. 


QUELLES  SONT  LES  BONNES  PRIÈRES. 


Je  prierai    de    cœur    et  je  priera! 
avec  intelligmce. 

St.  Patl.  I.  Cor.  XIV.  —  i5. 


Il  faut  crabord ,  mes  chers  enfants ,  prier  Dieu 
avec  un  grand  respect,  car  nous  sommes  de 
pauvres  créatures  bien  faibles,  souvent  bien 
coupables,  et  nous  parlons,  dans  la  prière,  au 
maître  tout  puissant  de  l'univers,  au  Dieu  qui 
est  la  sainteté  même. 

Il  faut  prier  encore  avec  attention,  penser 
à  ce  qu'on  dit,  et  non  pas  à  autre  chose  ;  ne 
pas  tourner  la  tête  de  côté  et  d'autre  ,  pour 
voir  ce  qui  se  passe  autour  de  soi  ;  ne  pas  réci- 
ter sa  prière  à  la  liûte,  pour  avoir  plu*;  tôt  fini , 


110 

ou  bitn  encore,  ne  prier  que  par  liabiludc,  el 
pour  ainsi  dire  sans  y  penser  ;  mais  chaque  fois 
que  nous  prions  ,  il  faut  nous  recueillir,  afin  de 
mettre  toute  notre  attention  aux  paroles  que  nos 
lèvres  prononcent.  C'est  bien  le  moins  que  nous 
semblions  désirer  les  grâces  que  nous  deman- 
dons à  Dieu.  Comment  voulons-  nous  qu'il 
nous  écoute,  dit  un  saint,  si  nous  ne  nous 
écoutons  pas  nous-mêmes  ?  A  la  vérité ,  mes  en- 
fanls,  il  est  difficile,  et  surtout  à  votre  âge ,  de 
penser  un  peu  de  temps ,  quelques  minutes  seu  - 
lement,  à  la  même  chose.  Dieu  le  sait,  et  son 
indulgente  bonté  vous  pardonnera  les  distrac- 
tions que  vous  aurez  dans  vos  prières,  si  ces  dis- 
tractions sont  involontaires,  et  si  vous  cherchez 
à  les  éloigner  de  votre  esprit. 

Nous  devons  encore  prier  avec  confiance,  et  au 
nom  de  Jésus-Christ;  car,  nous  dit-il  :  «  Tout  ce 
que  vous  demanderez  à  mon  père  en  mon  nom, 
il  vous  le  donnera.  »  0  mes  enfants,  quelle  en- 
courageante promesse,  pour  nous,  qui  avons 
tant  à  demander!  Invoquez  donc  avec  confiance 
le  nom  sacré  de  Jésus-Christ;  c'est  par  lui  que 
vous  obtiendrez  toutes  sortes  do  grâces. 


KT    SUK    LES    DEVOIRS    DES    E>FA>TS.        111 

Eiîiiiî,  nous  devons  prier  avec  persévéranor, 
elne  point  nous  lasser,  lors  même  que  nousn'o))- 
lenons  pas  promptement  ce  que  nous  avons  de- 
mandé à  Dieu.  Ne  craignez  point ,  mes  amis ,  de 
le  fatiguer  par  vos  prières  ;  il  est  bien  plus 
patient  que  les  hommes  ;  d'ailleurs,  ne  chérit-il 
pas  les  enfants  de  votre  iige,  et  sur  la  terre  ne  se 
plaisait^il  pas  à  s'en  voir  entouré^  Lorsque  vous 
vous  âdi'essez  à  lui,  rappelez -vous  seulementque 
les  seules  prières  qui  lui  soient  agréables,  sont 
les  prières  du  cœur.  Pensez  à  Dieu,  aimez-le  bien, 
c'est  le  secret  des  bonnes  prières,  comme  celui 
de  toutes  les  vertus. 

Que  demanderez-vous  à  Dieu ,  mes  chers  en- 
fants? Avant  tout,  la  sagesse,  le  premier,  le  plus 
grand  des  biens,  celui  avec  lequel  vous  sauriez 
vous  passer  de  tous  les  autres.  Vous  pourrez 
ensuite  demander,  pour  ceux  que  vous  aimez  , 
et  pour  vous-mêmes,  la  santé,  le  bonheur, 
des  plaisirs  purs  ;  Dieu  le  permet  sans  doute  ; 
mais  en  lui  demandant  ces  choses,  il  faut  se 
résigner  à  ne  pas  les  obtenir,  si  telle  éîait  sa 
volonté;  car  il  sait  mieux  que  nous-mêmes  ce 
qui  L'st  bon  pour  nous. 


EXPLICATION  DU  PATER 


Voici  donc  comme  vous  prierez. 
St.  Matth.  vt.  —  9. 


Notre-Seigneur  se  trouvant  un  jour,  mes  en- 
fants, environné  d'une  foule  de  peuple ,  que  le 
bruit  de  ses  miracles  avait  attirée  à  sa  suite,  il 
se  rendit  sur  une  montagne,  du  haut  de  laquelle 
il  instruisit  cette  multitude  avide  d'entendre  sa 
parole.  L'Evangile  nous  rapporte  en  entier  l'ad- 
mirable sermon  que  Jésus-Christ  fit  alors,  et  qui 
est  l'abrégé  de  la  divine  loi  qu'il  venait  donner 
à  la  terre.  Le  devoir  sacré  de  la  prière  ne  pouvait 
être  oublié  par  Notre  Seigneur;  aussi,  voulant 
nous  apprendre  à  le  bien  remplir ,  et  corriger  en 
même  temps  l'erreur,  assez  commune  alors ,  de 
croire  que  les  plus  longues  prières  sont  aussi  les 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  ENFA>TS.   113 

meilleures:  «Quand  vous  priez,  dit  Jésus-Christ, 
ne  faites  pas  de  grands  discours;  votre  père 
sait  de  quoi  vous  avez  besoin,  avant  que  vous 
le  lui  demandiez.  Vous  prierez  donc  de  cette 
manière  : 

«  Notre  père  qui  êtes  aux  cieux,  que  voire  nom 
«  soit  sanctifié;  que  votre  règne  arrive;  que  vo- 
«  tre  volonté  soit  faite ,  sur  la  terre  comme  au 
«  ciel;  donnez-nous aujourdhui  notre  pain  quo- 
«  tidien,etpardonnez-nous  nos  offenses,  comme 
«  nous  pardonnons  à  ceux  qui  nous  ont  offensé. 
(c  Ne  nous  induisez  pas  en  tentation,  mais  déli- 
ce vrez-nous  du  mal.  Ainsi  soit-il.  » 

Celte  prière,  appelée  V Oraison  dominicale  ^  ce 
qui  signifie  la  prière  du  Seigneur,  est  la  meil- 
leure que  nous  puissions  faire,  puisqu'elle  nous  a 
été  dictée  par  Jésus  Christ  lui-même.  C'est  pour- 
quoi l'Eglise  la  répète  très  souvent  dans  ses  offi- 
ces, les  parents  l'apprennent  à  leurs  petits  enfants 
aussitôt  qu'ils  commencent  à  parler,  et,  chaque 
jour,  nous  la  disons  à  nos  prières  du  matin  et  du 
soir.  Tâchez,  mes  chers  enfants,   de  ne  pas  la 


114  SUR    L.\    RELIGIOiX, 

réciter  par  routine.  Je  vais  vous  expliquer  cha- 
cune de  ses  paroles,  qui  toutes  renferment  des 
sentiments  que  vous  pouvez  comprendre,  et 
dont  il  est  bon  de  se  pénétrer,  en  adressant  à 
Dieu  cette  admirable  prière. 

NotrePère,  disons-nous  d'abord;  etnesommes- 
'nous  pas  les  enfants  de  Dieu  ;  ne  nous  a  t  il  pas 
créés  dans  sa  puissance,  et  adoptés  par  sa  mi- 
séricorde, pour  frères  de  Jésus-Christ,  son  fils? 
West  ce  pas  lui  aussi  qui  nous  consei-ve,  lui  qui 
nous  a  tout  donné ,  tout,  jusqu'aux  parents  qui 
ont  soin  de  notre  enfance  ?  Il  est  donc  notre 
premier  père;  il  est  encore  le  meilleur  de  tous 
les  pères.  Mon  Dieu,  suis-je  bien  pour  vous  un 
tendre  et  docile  enfant? 

Nous  appelons  Dieu  notre  père,  parce  qu'il  est 
le  père  de  tous  les  hommes,  et  parce  que  nous 
devons  toujours  prier  les  uns  pour  les  autres. 

Qui  êtes  dans  les  deux.  Dieu  est  présent  par- 
tout; mais  le  ciel  est  particulièrement  le  séjour 
de  sa  gloire,  et  c'est  là  que  les  sainis  et  les  anges 
lui  chantent  un  éternel  cantique  de  louanges  et 


ET    SUR    LES    DEVOIKS    DES    E'>F\>TS.      115 

d'adoration.  Le  ciel  est  la  maison  de  notre  père, 
où  chacun  de  nous  a  sa  place  réservée.  O  mes 
enfantb!  faisons  le  bien  sur  la  terre ,  pour  méri- 
ter d'aller  un  jour  rejoindre  notre  père  qui  al 
an  ciel. 

Que  votre  nom  soit  sanctifié!  Le  nom  de  Dieu 
est  le  plus  saint  des  noms;  il  ne  peut  le  devenir 
davantage  par  nos  prières;  mais  ce  que  nous 
demandons,  c'est  que  ce  nom  divin  soit  conim 
et  adoré  par  toute  la  terre;  qu'il  cesse  d'être 
blasphémé  par  les  impies,  et  que  nous-mêmes 
enfin,  nous  ne  le  prononcions  jamais  qu'avec 
respect  et  avec  amour. 

Que  votre  règne  arrive.  Dieu  est  le  roi  des 
rois,  le  maître  de  toutes  choses;  mais  il  désire 
et  nous  souhaitons  de  voir  son  règne  s'établir 
dans  tous  les  cœurs.  Ne  lui  refusez  pas  les  vôtres, 
mes  chers  enfants;  il  ne  vous  les  demande  que 
pourles  rendre  heureux. 

Que  votre  volonté  soit  faite  sur  la  terre  comme 
au  ciel,  11  n'y  a  qu'une  seule  volonté  dans  le 
ciel  :  la  volonté  de  Dieu,  à  laquelle  ks  anges  et 


J16  SUR    LA    RELIGIOiX, 

les  saints  se  soumettent  avec  bonheur.  Ici-bas , 
au  contraire,  chacun  voudrait  se  conduire  selon 
sa  fantaisie:  nous  suivons  ordinairement  nos 
goûts  et  nos  eaprices,  aux  dépens  de  la  loi  de 
Dieu.  Le  plus  souvent,  nous  nous  révoïlons 
contre  ceux  qui  tiennent  de  lui  le  pouvoir  de 
nous  commander,  et  il  nous  arrive  de  murmu- 
rer des  événements  de  la  vie  qu'il  permet  ou 
qu'il  ordonne.  C'est  donc  en  vain,  mes  enfants, 
que  nous  demandons  à  Dieu,  dans  la  prière,  que 
sa  volonté  se  fasse,  si  nous  refusons  de  la  faire , 
et  il  faut  donc  d'abord  y  soumettre  nos  cœurs , 
afin  de  pouvoir  dire  ensuite  avec  franchise: 
Mon  Dieu!  je  n'ai  plus  d'autre  volonté  que  la 
vôtre;  je  veux  vous  obéir  sur  la  terre,  comme 
les  anges  vous  obéissent  dans  le  ciel. 

Domiez-ïious  aujourd'hui  notre  pain  quoti- 
c?/e/i.Par  ces  paroles,  mes  enfants,  nous  prions 
Dieu  de  nous  accorder  ce  qui  est  nécessaire  à  la 
vie  de  nos  corps,  comme  à  celle  de  nos  âmes.  Les 
pauvres,  qui  n'ont  d'autres  moyens  d'exis- 
tence que  ceux  que  la  Providence  leur  envoie , 
attendent  véritablement  d'elle  un  morceau  de 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    Ei\FA>TS.       117 

pain  pour  chaque  jour.  Les  riches^  qui  peuvent 
acheter  leur  nourriture ,  la  demandent  cepen- 
dant aussi  à  Dieu ,  pour  reconnaître  que  c'est 
de  lui  qu'ils  ont  reçu  leur  fortune,  et  tous,  nous 
ne  demandons  que  du  pain,  pour  nous  souvenir 
que  nous  devons  vivre  simplement,  et  nous  con- 
tenter de  peu  de  chose.  Si,  dans  votre  bonté,  ô 
mon  Dieu,  vous  nous  donnez  plus  que  le  néces- 
saire, nous  vous  promettons  de  partager  avec 
les  malheureux. 

Le  pain  qui  fait  la  nourriture  de  l'âme,  est  la 
grâce  de  Dieu,  sa  divine  parole,  et  surtout  la 
sainte  Eucharistie,  que  vous  aurez  le  bonheur 
de  recevoir  un  jour. 

Et  pardonnez-nous  7ws  offenses,  comme 
nous  pardonnons  à  ceux  qui  nous  ont  offeîisés . 
Le  pardon  accordé  à  ceux  de  nos  frères  qui  nous 
ont  fait  du  tort  ou  de  la  peine,  est  la  condition  du 
pardon  que  Dieu  nous  accorde  à  nous-mêmes, 
quand  nous  l'avons  offensé.  Dieu  sera  sans  pi- 
tié pour  ceux  qui  n'auront  pas  eu  de  pitié  pour 
les  autres.  Et  quel  malheur  ce  serait,  mes  enfants, 
que  de  ne  plus  oser  compter  sur  uue  miséricorde 


118  SUR    LA    RELIGION,    ETC. 

dont  nous  avons  si  grand  besoin  !  N'ayons  donc 
pas  de  rancune  ;  oublions  le  mal,  et  pardonnons- 
le  de  bon  cœur,  afin  que  le  Seigneur  oublie  aussi 
nos  fautes,  et  nous  pardonne  à  son  tour. 

ISe  nous  induisez  point  €71  tentation.  Dieu  ne 
tente  jamais  personne,  mes  enfants;  il  permet 
seulement  que  nous  soyons  tentés  par  le  démon. 
Voilà  pourquoi  nous  demandons  à  Dieu  tous  les 
jours  d'éloigner  de  nous,  s'il  se  peut,  les  occa- 
sions qui  nous  exposent  au  malheur  de  l'olTen- 
ser,  pourquoi  nous  le  prions  de  ne  pas  permettre 
que  nous  soyons  jamais  tentés  au-delà  de  nos 
(brces. 

Mais  délivrez-iious  du  mal.  Par  cette  dernière 
demande,  mes  enfants,  nous  prions  Dieu  de  nous 
préserver  de  tout  mal,  des  souffrances  du  corps, 
des  chagrins  du  cœur,  et  surtout  du  véritable 
mal,  celui  qui  est  le  plus  à  craindre ,  le  péché , 
qui  nous  rendrait  les  ennemis  de  Dieu. 


LE  DIMANCHE. 


S>"VPin  î!  vous  <|p  saïKlifier  U-jour 
ou  Niibbdl. 

llxifO.  XX, —  Jî. 


Si,  dans  la  semaine  ,  il  est  un  jouipailiculic- 
rement  consacré  au  Seigneur,  ce  n'est  pas,  mes 
chers  enfants,  que  tous  les  jours  de  noire  exis- 
tence ,  n'appartiennent  à  Dieu ,  ne  doivent  être 
employés  à  son  service.  Mais  ce  Dieu  de  bonté, 
qui  pourrait  exiger  pour  lui  seul  chacun  des 
instants  de  la  vie  qu'il  nous  a  donnée,  nous  per- 
met d'employer  six  jours  sur  sept,  à  nos  études, 
a  nos  affaires,  et  pourvu  que  jamais  nous  ne 
nous  écartions  de  la  volonté  du  Seigneur  , 
pourvu  que  clîacuuc  de  uos  actions  soil  iailc  on 


120  SUR    LA    RELIGIOirf, 

vue  de  lui  plaire ,  nos  journées  peuvent  être 
sanctifiées  et  notre  vie  vraiment  chrétienne, 
sans  qu'il  nous  soit  ordonné  de  passer  de  lon- 
gues heures  à  l'église,  de  nous  livrer  à  de  nom- 
breux exercices  de  dévotion  L'accomplissement 
du  plus  simple  devoir,  offert  à  Dieu  dans  une 
intention  pieuse ,  est  encore  une  manière  de  le 
servir,  et,  comme  l'a  dit  avec  vérité  un  père  de 
l'Eglise,  un  saint  devenu  bien  célèbre:  le  tra- 
vail est  une  prière. 

Mais  il  est  un  jour  que  Dieu  s'est  réservé  tout 
entier.  Ce  jour  est  à  lui ,  il  porte  son  nom,  c'est 
le  dimanche,  le  jour  du  Seigneur.  Et,  remar- 
quez le  bien,  mes  enfants^  ce  n'est  pas  unique- 
ment pour  sa  gloire,  que  Dieu  a  commandé  le 
repos  du  septième  jour;  c'est  dans  une  pensée 
toute  paternelle.  Lui,  qui  a  créé  les  hommes,  il 
sait  que  leurs  forces  s'épuisent ,  qu'un  travail 
trop  assidu,  trop  prolongé,  pourrait  leur  être 
nuisible,  et  qu'il  est  bon,  que  de  temps  à  autre, 
une  journée  de  repos,  en  réparant  la  fatigue  des 
jours  passés,  vienne  donner  de  nouvelles  forces 
pour  le  travail  du  leniemain. 

Chez  les  Hébreux  ,  le  jour  du  Seigneur  était 


ET    SLR    LES    DEVOIPiS    DES    E]NFA>TS.      121 

le  dernier  de  la  semaine;  on  l'appelait  le  Sabbat. 
Dieu  lui-même  a^ailordonnéde  choisir  ce  jour, 
en  mémoire  de  celui  où  il  se  reposa ,  après 
avoir  créé  le  monde.  Voici  les  propres  paroles  du 
Seigneur  à  son  peuple:  «  Souvenez-vous  de 
sanctifier  le  jour  du  sabbat.  Vous  travaillerez 
pendant  six  jours ,  mais  le  septième  vous  ne  fe- 
rez aucun  ouvrage,  car  votre  Dieu  s'est  reposé 
le  septième  jour,  et  c'est  pourquoi  il  a  béni  ce 
jour,  et  l'a  consacré  à  son  service.  » 

Dans  l'ancienne  loi,  mes  enfants,  le  repos  du 
sabbat  était  si  rigoureusement  gardé  qu'on  ne 
pouvait  l'enfreindre,  delà  manière  la  plus  légè- 
re, sous  peine  d'être  puni  de  mort.  Toute  espè- 
ce de  travail  était  si  sévèrement  interdit,  que  la 
nourriture  même  devait  être  préparée  la  veille. 
La  manne  du  désert,  qui  tombait  chaque  matin 
pour  les  Israélites  ,  cessait  de  tomber  le  jour  du 
sabbal.  Le  peuple  en  recueillait  le  jour  précé- 
dent une  plus  grande  quantité,  et  Dieu  permet- 
tait qu'elle  pût  se  conserver  fraîche  pen  lant 
deux  jours. 

Dans  noire  religion,  le  jour  du  repos  est  le  di- 
manche,  parce  que  ce  jour  ,  le  premier  de  la  se- 


122  SUR    LA    RELIGIOÎN  , 

maine,  fCil  le  jour  de  la  résurreclion  de  Noire- 
Seigneur.  Moins  sévère  que  la  loi  de  Moïse, 
pour  la  sanclificalion  du  dimanche,  l'Eglise 
ordonne  touletois  aux  fidèles  d'entendre  la 
Messe,  et  de  s'abstenir  des  œuvres  serviles,  c'esl- 
à-dire  du  travail  des  mains.  Elle  veut  aussi 
qu'ils  s'occupent,  autant  qu'ils  le  peuvent,  de 
}30nnes  œuvres ,  comme  assister  aux  offices  du 
soir,  entendre  la  parole  de  Dieu ,  faire  quelque 
bonne  lecture,  donner  l'aumône  aux  pauvres, 
en  un  mot:  garder  le  dimanche ^  en  servant  Dieu 
dévotement. 

Mais  il  se  pourrait,  mes  cliers  enfants,  qu'on 
eût  passé  la  plus  grande  partie  du  dimanche  à 
l'i^glise  ,  sans  avoir  réellement  sanctifié  le  jour 
du  Seigneur.  C'est  encore  par  la  pieuse  dispo- 
sition de  l'ùme,  etl'absence  du  péché,  qu'on  rem- 
plit le  commandement  de  Dieu  Voilà  ce  dont  il 
faut  se  souvenir. 

11  est  juste,  mes  enfants,  que  le  dimanche  soit, 
pour  vous,  non-seulement  un  jour  de  repos  , 
mais  un  jour  de  récréation;  il  faudrait  toutefois 
réserver  un  peu  de  temps  pour  des  occupations 
miles.  Passer  on  revue  la  semaine  précédente; 


ET    SUR    LES    DtVOIllS    DES    E?.F\ÎNTS.      123 

former  de  bonnes  résolutions  pour  celle  qui  va 
commencer;  mellre  en  ordre  vos  affaires  et  vos 
livres;  régler  vos  petites  dépenses;  ce  serait  as- 
surément là,  faire  un  bon  emploi  du  dimanche. 

Je  voudrais  encore  qu'à  vos  plaisirs  même, 
vînt  se  mêler  une  pensée  religieuse,  qui  jamais 
ne  saurait  les  attrister;  elle  éloignerait  de  vos 
jeux  ,  les  disputes  ordinaires  ,  vous  rendrait 
plus  aimables  envers  vos  camarades,  mieux  dis- 
posés à  la  complaisance  pour  un  plus  jeune 
frère ,  ou  pour  une  petite  sœur. 

Souvenez-vous  en  un  mot,  mes  enfanls,  que 
tout,  dans  votre  conduite,  devrait  faire  distin- 
guer le  dimanche  du  reste  de  la  semaine,  et 
montrer  que  le  dimanche  est  un  jour  saint,  que 
c'est  le  jour  du  Seigneur  ! 


-iO-: 


r%2Rsi 


m^<^^ 


DU  RESPECT  DANS  L'EGLISE. 


Ma  maison  est  une  maison  de  prière. 
St.  M*tth.  XXI.  —  i3. 


En  ce  temps-là ,  c'était  six  jours  avant  sa  pas- 
sion, Notre-Seigneur,  étant  entré  dans  le  tem- 
ple de  Dieu,  en  chassa  tous  ceux  qui  étaient 
venus  pour  y  vendre  et  y  acheter;  il  renversa 
leurs  tables  et  leurs  sit'ges  à  terre,  et  il  dit  :  «  Ma 
maison  est  une  maison  de  prière,  et  vous  en 
avez  fait  une  caverne  de  voleurs.  « 

Que  d'instructions  pour  nous  dans  ce  peu  de 
lignes  du  saint  Evangile  !  Méditons  les,  mes  en- 
fants, elles  nous  feront  connaître  les  sentiments 
et  les  dispositioufi  que  nous  devons  avoir  en 
venant  à  Fédise. 


ET    SUR   LES    DEVOIRS    DES    E!yF\?iTS.       125 

Jésus-Christ,  en  parlant  du  temple,  dit  ma 
maison.  C'était,  en  effet,  dans  le  temple  de  Jé- 
rusalem qu'liabitait  la  majesté  divine  ;  c'était 
là,  l'endroit  que  Dieu  s'était  choisi  pour  rece- 
voir les  adorations  de  ses  créatures,  pour  leur 
faire  entendre  sa  voix.  Une  église  catholique, 
mes  enfants,  peut,  à  bien  plus  juste  titre 
encore,  être  appelée  la  maison  du  Seigneur. 
Jésus  -  Christ  y  réside  véritablement  dans 
le  sacrement  de  l'Eucharistie.  Nos  yeux  ne 
peuvent  le  voir;  mais  la  foi  nous  le  montre, 
réellement  présent  au  milieu  de  nous.  O  mon 
Dieu  !  si  nos  cœurs  étaient  mieux  pénétrés  de 
votre  auguste  présence,  c'est  bien  alors  que 
votre  maison  serait  la  maison  de  la  prière  ,  de 
cette  prière,  qui  consiste  à  vous  louei",  à  vous 
bénir,  à  implorer  votre  secours,  à  vous  confier 
nos  misères!  Pauvres  enfants,  vous  surtout, 
qui  avez  tant  besoin  que  Dieu  vous  bénisse  et 
vous  protège  !  lorsque  vous  venez  à  l'église, 
comment  oubliez-vous  si  souvent,  que  vous 
êtes  en  la  présence  de  celui  qui  peut  tout  ce 
qu'il  veut,  et  qui  voudra  toujours  exaucer  une 
humble  et  bonne  prière.* 


120  SLR    L\    UELiGiOn  , 

Si  Noire  -  Seigneur  paraissait  loul-à-coup 
dans  le  temple,  mes  amis,  il  n'y  trouverait  plus, 
à  la  vérité,  des  vendeurs  semblables  à  ceux  qu'il 
chassait  autrefois  avec  tant  de  colèrej  mais  aussi, 
combien  de  chrétiens  sans  ferveur ,  que  d'en- 
fants dissipés  et  distraits,  auxquels  Jésus  pour- 
rait dire  encore,  avec  le  ton  du  reproche  :  «  Ma 
maison  est  une  maison  de  prière  !  Laisser  son 
esprit  errer  sur  des  pensées  étrangères  à  la 
piété;  n'être  occupé  qu'à  remarquer  les  gens 
qui  entrent  dans  l'église,  et  ceux  qui  en  sor- 
tent; examiner  curieusement  le  maintien,  peut- 
être  même  la  toilette  des  personnes  qui  vous 
entourent,  plutôt  que  de  regarder  en  dedans 
de  vous-mêmes  ce  qui  peut  y  déplaire  à  Dieu, 
n'est-ce  pas  là,  mes  enfants,  manquer  de  res- 
pect pour  le  saint  temple,  n'est-ce  pas  là  pro- 
faner la  maison  du  Seigneur?  Et  cette  faute  doit 
être  bien  grave  aux  yeux  de  Jésus-Christ,  puis- 
qu'elle est  la  seule  qu'il  ait  voulu  punir  avec 
une  sévérité  qui  ne  lui  était  pas  ordinaire,  à  lui, 
toujours  si  bon,  toujours  si  plein  d'indulgence 
et  de  douceur  ! 
Je  sais,  mes  enfanis,  et  Cieu  n'ignore  pas 


tT    SVR    LES    DEVOIRS    DES    E>FA:^TS.      1'27 

que  souvent  Toffice  doit  être  long  pour  votre 
jeune  ûge.  Il  peut  arriver  aussi,  que  parfois 
le  sermon  soit  au-dessus  de  votre  intelligence. 
Si,  néanmoins,  vous  y  prêtiez  une  oreille  atten- 
tive ,  vous  pourriez  retenir ,  çà  et  là  ,  quel- 
ques simples  avis,  que  Dieu  saurait  bien  vous 
faire  comprendre,  en  récompense  de  votre  res- 
pect pour  la  sainte  parole.  Ce  respect,  mes 
amis,  serait  assurément  plus  chrétien,  et  en 
même  temps  plus  profitable  pour  vous,  que  les 
observations  souvent  malignes,  et  peu  conve- 
nables, que  vous  vous  permettez  de  faire,  sur 
les  gestes  et  la  voix  du  prédicateur. 

Lorsque  l'office  se  prolonge,  on  ne  vous  de- 
mande pas,  mes  enfants,  cette  attention  soute- 
nue qui  pourrait  devenir  une  fatigue.  Quand 
vous  avez  long-temps  prié,  fermez  un  moment 
votre  livre,  mais  conservez  du  moins  le  pieux 
recueillement  de  l'àme ,  et  demeurez  dans 
une  tranquillité  respectueuse,  afin  de  ne  trou- 
bler personne  autour  de  vous.  Vous  pourriez 
alors  examiner  l'intérieur  de  l'église ,  tout  y 
deviendrait  pour  vous  le  sujet  d'utiles  ré- 
flexions 


128  SUR    LA    RELIGION, 

Voici  d'abord,  à  l'entrée  de  l'église,  l'urne  de 
pierre  qui  contient  l'eau  bénite.  Celte  eau  sainte 
a  coulé  sur  nos  fronts  au  jour  du  baptême  ;  elle 
se  mêle  aux  principales  actions  religieuses  de 
la  \ie;  nos  amis  viendront  en  jeter  sur  nous 
quelques  gouttes,  quand  nous  ne  serons  plus. 
C'est  d'ordinaire,  quelque  bon  vieillard,  un 
pauvre  bien  connu  du  curé,  qui,  à  la  porte  du 
saint  temple,  présente  l'eau  bénite  aux  fidèles. 
Ce  petit  emploi  lui  est  accordé,  comme  une  sorte 
de  retraite.  Assis  contre  un  vieux  pilier,  il  souf- 
fre moins  du  froid  qu'en  dehors  de  l'Eglise,  et 
l'on  ne  manque  guère  de  laisser  tomber  une 
légère  aumône,  dans  la  tasse  de  bois  du  bon 
vieillard. 

Au  fond  du  sanctuaire ,  mes  enfants,  se  trouve 
le  maitre  autel  :  il  est  orné  de  cierges,  parmi 
lesquels  s'élève  la  croix,  signe  précieux  de  notre 
salut.  Plus  bas,  gardé  par  des  chérubins  aux 
ailes  d'or,  est  le  tabernacle,  où  Jésus-Chrisl 
repose,  dans  le  sacrement  de  son  amour.  Sur 
l'autel,  on  célèbre  chaque  jour  le  saint  sacrifice 
delà  messe;  une  balustrade  en  pierre  ferme  le 
chœur  :  c'est  la  sainte  table,  oii  les  fidèles  vien- 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    ENFANTS.      129 

lient  recevoir  la  communion;  là  encore,  vont 
s'agenouiller  ceux  qui  ne  peuvent  payer  une 
chaise;  les  pauvres  gens  se  trouvent  ainsi  les 
plus  rapprochés  de  Dieu  ! 

Voyez-vous,  là-bas,  cette  chapelle  qui  se  dis- 
tingue de  toutes  les  autres?  C'est  la  chapelle  de 
la  sainte  Yierge  ;  elle  est  toujours  remplie  des 
fleurs  delà  saison,  toujours  aussi  l'on  y  ren- 
contre des  jeunes  filles  dont  Marie  est  la  douce 
patronne,  des  mères  qui  viennent  prier  Marie 
de  protéger  les  jours  de  leurs  enfants. 

Ici,  la  chaire  de  vérité,  du  haut  de  laquelle  le 
pasteur  explique  l'Evangile  aux  fidèles;  là, 
le  confessionnal,  d'où  l'on  sort  le  cœur  content 
d'avoir  obtenu  le  pardon  de  ses  fautes;  plus 
loin ,  l'autel  des  morts,  avec  sa  tenture  noire, 
ses  tristes  images,  ses  ornements  funèbres; 
vis-à-vis,  les  fonts  baptismaux,  d'où  les  petits 
enfants  reviennent  de  petils  anges.  En  haut  , 
près  de  la  voûte,  l'orgue  aux  sons  graves  et  re- 
ligieux. Enfin,  sous  cette  arcade,  commence 
le  long  escalier  qui  mène  aux  tours  élevées  de 
l'église.  C'est  là  que  retentissent  les  cloches, 
qui  appellent    à  la    prière,    et  envoient   une 


loO 


SUR    LA    RELIGIO>  ,    ETC. 


pieuse  pensée  aux  fidèles,  que  le  devoir  ou  la 
maladie  lient  alors  éloignés  de  la  maison  du 
Seigneur. 

Que  ces  réflexions,  mes  enfanls,  occupent 
doucement  votre  esprit,  quand  vous  venez  à 
Téglise;  puissiez-vous  n'y  jamais  éprouver  un 
sentiment  de  fatigue  ou  d'ennui  ;  puissiez-vous 
plutôt  vous  écrier  avec  David:  «Je  me  suis  réjoui 
dans  ces  paroles  qui  m'ont  été  dites  :  Nous  irons 
dans  la  maison  du  Seigneur.  Un  seul  jour,  passé 
dans  votre  temple, ômon  Dieu,  vaut  mieux  que 
mille  autres  jours  »! 


DE  L'AMOUR  DU  PROCHAIN. 


Voici  le  scconil  romiiiand>-iTi>'rit , 
qui  est  seinbliib'.c  au  preuiier  :  voiss 
j.iiiHTCZ  le  |>r<jcliaiii  lomtne  vous- 
iiièiiie. 

St.   Matth,  XXII.  —  3g. 


Ce  commandement  si  imporlani,  ce  comman- 
dement égal  à  celui  par  lequel  Dieu  nous  or- 
donne de  l'aimer  et  de  le  servir,  quel  esl-il 
donc,  mes  enfants?  C'est  l'amour  pour  nos  sem- 
blables. 

En  destinant  les  hommes  à  vivre  tous  ensem- 
ble, mes  enfants,  Dieu  leur  a  imposé  des  devoirs 
les  uns  vis-à-vis  des  autres ,  devoirs  de  bien- 
veillance et  d'affection  réciproques,  qui  puissent 
contribuer  au  bonheur  de  chacun  de  nous.  Ces 
devoirs  envers  nos  semblables  sonlde  différentes 
sortes;  tous  néanmoins  se  trouvent  renfermés 
dans  le  commandement  du  Soiî,Mieiir:  Vous  ai- 
merez   le  prochain  conirnc    7'flus-?7/r/ves.   (-c  pré- 


132  SUK    LA   RELIGIOiV, 

cepte,  en  effet,  peut  tenir  lieu  de  tous  les  autres, 
ou  plutôt  on  remplit  aisément  tous  les  autres , 
en  observant  fidèlement  celui-là.  N'est-il  pas 
naturel ,  mes  amis ,  de  chercher  à  éviter  le 
moindre  chagrin  à  la  personne  que  l'on  aime  , 
de  lui  rendre  ,  quand  on  le  peut ,  de  bons  ser- 
vices, de  la  plaindre  dans  ses  malheurs ,  de  la 
consoler  dans  ses  peines?  Oui,  sans  doute.  Aussi 
tous  ces  bons  sentimens  se  retrouveront  dans 
nos  rapports  avec  le  prochain,  si,  selon  le  pré- 
cepte de  Dieu,  notre  cœur  est  d'abord  tout  rem- 
pli d'une  charité  sincère. 

Mais  quel  est  ce  prochain  que  nous  devons  ai- 
mer ?  Vous  croyez  peut-être  que  ce  sont  seule- 
ment les  personnes  de  votre  connaissance,  ou  de 
votre  pays  ?  Non ,  mes  enfants ,  le  prochain ,  ce 
sont  tous  les  hommes,  sans  en  excepter  un  seul, 
niles  méchants,  ni  même  nos  ennemis,  si  nous 
étions  assez  malheureux  pour  en  avoir.  Etpour- 
quoi  Dieu  nous  a-t-il  fait  un  commandement  de 
nous  aimer  ainsi  les  uns  les  autres?  C'est  que 
nous  sommes  tous  les  membres  d'une  même  fa- 
mille, les  enfants  de  Dieu,  lesfds  d'Adam,  noire 
premier  pf-îe.  Voilà  pourquoi  il  ne  devrail  pas 


y  avoir  d'élrangers  pour  un  chrétien,  pourquoi, 
dans  chacun  de  ses  semblables,  il  devrait  trouver 
un  frère. 

Une  chaiité  universelle  pour  le  prochain,  une 
charité  qui  s'étende  à-la-fois  aux  méchants, 
aux  ennemis,  aux  inconnus,  n'est  pas  impossible, 
comme  vous  pourriez  le  supposer,  mes  enfants. 
Autrement,  Dieu  ne  nous  aurait  pas  fait  un  de- 
voir de  cette  vertu;  il  ne  nous  commande  rien 
que  nous  ne  puissions  faire,  rien  dont,  le  pre- 
mier, il  ne  nous  aitdonné  l'exemple. Dieu  prend 
soin  de  toutes  ses  créatures  avec  une  égale  ten- 
dresse, et  selon  qu'il  le  dit  lui-même,  il  fait  luire 
son  soleil  sur  les  bons  comme  sur  les  méchants. 
Jésus  Christ  a  fait  plus  encore  que  de  se  sacri- 
fier pour  le  salut  des  hommes  :  il  a  cherché  de 
préférence  les  pécheurs,  pour  les  combler  de  ses 
miséricordes,  et  c'est  pour  eux,  plus  que  pour  les 
justes,  qu'il  est  descendu  sur  la  terre.  Durant  son 
passage  ici-bas,  ^"otre-Seigneur  a  toujours  rendu 
la  bonté  pour  l'injure,  le  bien  pour  le  mal.  Ses 
pbis  cruels  ennemis  eux  mêmes  n'ont  pu  lasser 
sa  charité,  et  il  est  mort  sur  la  croix ,  en  priant 
pour  ses  persécuteurs. 


iok  SUK    L\    RELIGION, 

Voilà  iiolre  modèle,  mes  enfants;  dites  moi 
maintenant  si ,  après  un  tel  exemple,  vous  pour- 
riez vous  laisser  aller  encore  à  ce  sentiment 
d'égoïsme,  qui  porte  à  n'aimer  que  soi,  et  à 
compter  pour  rien  les  autres,  à  ce  sentiment  de 
rancune,  qui  empêche  de  pardonner  de  légères 
offenses,  les  petites  peines  qu'on  a  pu  nous  faire, 
sans  intention  peut  être,  et  qui,  par  cela  même, 
devraient  être  faciles  àoublier  ?  Et  vous  surtout, 
heureux  enfants,  qui  autour  de  vous  ne  rencon- 
trez jamais  qu'indulgence  et  bonté,  n'éprouve- 
riez-vous  donc  pas  pour  vos  semblables  les 
mêmes  sentimens?  A  votre  âge,  il  est  vrai,  vous 
avez  plus  besoin  des  autres,  que  les  autres  n'ont 
besoin  de  vous;  toutefois,  un  jeune  enfant  ne 
manque  pas  d'occasions  de  se  rendre  souvent 
utile,  de  se  montrer  prévenant,  attentif,  obli- 
geant, serviable  ;  il  peut  surtout  cherchera  ne 
jamais  devenir  importun.  Et  si,  en  faisant,  par 
amour  pour  le  prochain,  le  peu  qui  dépend  de 
lui,  il  se  promet  de  faire  dansl'avenir  ce  qui,  au- 
jourd'hui, lui  est  impossible  encore ,  il  remplit 
son  devoir  envers  ses  frères.  Agir  ainsi,  c'est 
obéir  au  précepte  de  Dieu. 


ET    SUR    LES    DEVOIRS   DES    EM'A>TS.         135 

Kemarquez  l)ien,  mes  enlanls.  que,  par  ce  pré- 
cepte, Dieu  ne  nous  oblige  pas  d'aimer  tout  le 
monde  égalemenl,  et  de  la  même  manière.  Il  est 
naturel  de  préférer  ses  parents  à  ses  amis,  ses 
amis  à  de  simples  connaissances,  ses  compa- 
triotes à  des  étrangers.  Ceux  que  nous  aimons 
du  fond  du  cœur ,  avec  une  tendresse  particu- 
lière, n'est-il  pas  vrai  que  nous  les  aimons  beau- 
coup plus  que  nous-mêmes  ■  Et  c'est  seulement 
comme  nous  nous  aimons  nous-mêmes^  que 
Dieu  nous  ordonne  d'aimer  notre  prochain. 

«  Ne  pas  faire  à  autrui  ce  que  vous  ne  vou- 
driez pas  qu'on  vous  fit  à  vous  mêmes.  « 

«  Faire  pour  les  autres  ce  que  vous  voudriez 
qu'ils  fissent  pour  vous.  » 

Telle  est  la  règle  qui  doit  nous  diriger  dans 
nos  sentiments  et  nos  actions  à  l'égard  des 
autres.  Ah  !  si  cette  loi  de  charité  était  mieux  ob- 
servée, quelle  paix  dans  le  monde,  quelle  union 
dans  les  familles,  combien  nous  serions  meil- 
leurs, combien  en  même  temps,  mes  amis,  nous 
serions  plus  heureux  ! 


DEVOIRS  ENVERS  LES  PARENTS. 


Honorez  votre  père  et  volie  luèit"  ,  , 

afin  que  vous  viviez  long-lemps  sur 
i.i  leiro.  '^ 

EVOD.  XX.    12.  ,1 

I 

Mes  cliers  enfants,  j'ai  à  vous  parler,  aujour- 
d'hui du  plus  doux  de  vos  devoirs  ,  de  celui  que 
vous  remplissez  avec  tant  de  bonheur.  Honorer 
ses  parents,  les  vénérer ,  avoir  pour  eux  un  res- 
pect mêlé  d'amour  et  de  reconnaissance,  y  a-t-  i 
il  un  sentiment  plus  naturel  que  celui-là,  et 
cette  obligation  sacrée  n'est-elle  pas  d'abord 
écrite  dans  le  fond  de  nos  cœurs?  Il  semblerait 
assurément  qu'il  n'aurait  pas  été  nécessaire 
de  nous  l'imposer  comme  un  devoir;  mais  Dieu 
a  voulu  nous  montrer  combien  il  est  impor- 


SLR    LES    DEVOIRS    DES    E>FA?iTS.  loi 

lanl  pour  nous  de  remplir  cette  obligation  ;  il  a 
voulu  nous  faire  comprendre  en  même  temps, 
que  d'y  manquer,  c'est  lui  désobéir  à  iii- 
méme  Si  vous  comprenez  bien,  mes  enfants, 
tous  vos  devoirs  envrrs  vos  parents,  et  les  mo- 
tifs sur  lesquels  ils  se  fondent,  vous  aimerez,  à 
vous  les  entendre  redire  :  si  vous  en  avez  oublié 
quelques  uns,  cet  entretien  servira ,  je  Tespèr^, 
à  vous  les  rappeler. 

L'honneur  que  l'on  doit  à  ses  pères  et  mères, 
mes  amis  ,  renferme  plusieurs  devoirs  égale- 
ment importants  et  sacrés  :  le  respect ,  la- 
mour  ^  l'obéissance ,  la  reconnaissance  et  les 
soins. 

Le  respect,  vous  le  devez  à  vos  parents,  par- 
ce qu'ils  occupent  auprès  de  vous  la  place  de 
Dieu  ;  parce  que  c'est  de  lui  qu'ils  tiennent  leur 
autorité  sur  vous  ,  et  que  vous  dépendez  entiè- 
rement d'eux.  Vous  leur  devez  encore  le  res- 
pect, à  cause  de  leurs  vertus  et  de  leur  âge,  et 
parce qu'enftn,  après  Dieu,  ils  sont  vos  premiers 
supérieurs.  La  tendresse  que  vos  parents  vous 
témoignent,  leur  indulgence  parfois  excessive  , 
lesrapportsintimes,elde  tous  les  jours,  que  vous 


138 

avez  avec  eux,  ne  doivent  jamais  vous  faire  ou- 
blier, mes  enfants,  le  respect  qui  leur  est  dû;  ce 
respect  doit  se  retrouver  dans  toutes  vos  actions, 
et  dans  votre  langage.  Telle  parole ,  telle  ma- 
nière d'être,  bien  permise  avec  des  égaux,  serait 
inconvenante  avec  des  supérieurs,  et  tout  à-fait 
répréhensible  vis-à-vis  d'un  père. 

Que  faut-il  donc  penser  d'un  enfant  qui  se 
croit  permis  de  discuter  à  tout  propos  avec  ses 
parents ,  de  soutenir  des  opinions  opposées  au  x 
leurs,  de  répondre  à  leurs  observations  avec  im- 
pertinence? Que  penser  d'un  enfant,  qui.  non- 
seulement  se  laisse  aller  à  blâmer  intérieure- 
ment ses  père  et  mère  ;  mais  qui ,  de  plus ,  va 
se  plaindre  d'eux  à  des  étrangers,  à  ses  cama- 
rades? Je  ne  dirai  pas  que  cet  enfant  n'aime 
point  ses  parents,  mais  assurément  je  pourrai 
croire  qu'il  les  respecte  fort  peu. 

Insister  sur  l'amour  que  vous  devez  à  vos  pa- 
rents, ce  serait  presque  vous  faire  injure;  mais 
arrôlons-nous  ensemble  sur  cette  observation, 
qu'il  est  bon  de  ne  pas  oublier.  Une  affection  sin- 
cère ,  une  tendresse  véritable  ne  doivent  pas  rester 
cachées  dans  le  fond  du  cœur,  ou  même  ne  se 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    E>FA:<ïS.       139 

lémoigner  que  par  des  paroles  el  des  caresses  : 
quand  on  aime  bien,  on  fait  plus  que  de  le  dire, 
on  cherche  à  le  prouver.  Vos  parents,  mes  amis, 
vous  répèlent  sûrement  bien  des  fois  dans  une 
journée,  à  quel  point  vous  leur  êtes  cliers  ,  mais 
en  même  temps,  ils  vous  donnent  encore  la  preu- 
ve de  leur  tendresse,  à  chaque  instant  de  votre 
existence.  Prouvez-leur  de  même  votre  amour, 
par  une  crainte  continuelle  de  leur  déplaire, 
par  le  désir  de  les  contenter,  par  une  obéis- 
sance absolue  à  leurs  ordres. 

L'obéissance,  nous  en  parlerons  avec  plus  de 
détail,  un  autre  jour;  mais  comprenez  dès  à 
présent,  mes  chers  enfants,  combien  elle  est 
nécessaire.  Vos  parents  sont  chargés  de  vous 
élever,  de  corriger  vos  défauts,  de  les  remplacer 
par  de  bonnes  habitudes  ;  comment  pourraient- 
ils  y  parvenir,  si  vous  leur  résistiez^  si  votre  vo- 
lonté ne  leur  était  entièrement  soumise. 

Des  attentions,  de  tendres  soins,  une  vive 
reconnaissance,  entrent  encore,  mes  amis,  dans 
le  nombre  de  vos  devoirs ,  envers  vos  pères  et 
mères;  quelle  que  soit  votre  fidélité  à  vous  ac- 
quitter de  ces  devoirs,  soyez  bien  pcrsnnd«'s, 


140  SUR    LA    RELIGIO>', 

que  jamais  vous  nepouri  ez  rendre  à  vos  pareuls 
qu'une  1res  faible  partie  de  ce  qu'ils  ont  'ait 
pour  vous.  Si  vous  saviez  combien  d'inquié 
tudes  et  de  peines  vous  avez  déjà  coûté  à  vo- 
tre pauvre  mère ,  que  de  nuits  elle  a  passées 
près  de  votre  berceau,  quelles  étaient  ses  an- 
goisses à  vos  moindres  souffrances  !  Si  vous 
aviez  pu  voir  ses  larmes,  entendre  ses  prières, 
lorsque  vous  étiez  vraiment  malades  !  On  peut 
bien  dire  assurément ,  que  vous  lui  devez  plu- 
sieurs fois  la  vie ,  et  cette  vie  comme  elle  sait 
vous  la  rendre  douce  ! 

Votre  mère,  mes  amis,  s'occupe  de  votre  in- 
struction, pour  vous  aplanir  les  difficultés  du 
travail  :  elle-même ,  elle  veille  sur  votre  carac- 
tère, de  peur  que  nul  autre  ne  sache,  aussi  bien 
qu'elle,  unir  la  douceur  à  la  fermeté.  Quand  elle 
a  cherché  à  vous  rendre  bons  et  instruits  ,  elle 
n'oublie  pas  vos  plaisirs,  tant  votre  gaité  la  rend 
heureuse.  Oh!  qu'à  votre  tour,  vous  devriez 
être  empressés  de  rendre  quelques  soins  à  une 
si  bonne  mère.  Comment  donc,  par  exemple, 
lorsqu'elle  est  occupée ,  inquiète  ou  souffrante , 
ost-il  si  difficile   d'obtenir  de  vous,  chers  en- 


ET    SUR    LV:S    DEVOIRS    DES    EÎNFANTS.      il^\ 

faiils  ,  des  jeux   moins  bruyants,    un  peu  de 
tranquillité  ! 

Et  votre  père ,  mes  enfants ,  s'il  nesl  pas  con- 
linuellement  auprès  de  vous,  parce  que  ses  af- 
faires l'en  empêchent,  il  n'en  partage  pas  moins, 
avec  votre  mère,  tous  les  sentiments  qu'elle 
a  pour  vous.  Ce  sont  souvent  les  travaux  d'un 
père  de  famille,  et  l'emploi  qu'il  exerce,  qui 
lui  procurent  l'aisance  nécessaire  pour  donner 
à  ses  enfants  une  bonne  éducation.  C'est  à  cause 
de  l'estime  qu'on  a  pour  lui ,  que  plus  tard  ses 
fds  seront  accueillis  dans  le  monde  avec  intérêt 
cl  bonté.  Cela  ne  mérite  t- il  pas  une  tendre 
reconnaissance  ? 

Témoignez  la  vôtre  à  vos  parents,  mes  en- 
fants, en  vous  montrant  toujours  pour  eux,  res- 
pectueux, dociles,  prévenants,  aimables.  Ainsi 
vous  pratiquerez  la  piété  fdiale ,  cette  vertu  l\ 
laquelle,  dès  ce  monde  même,  le  Seigneur  a 
promis  ses  bénédictions. 


DEVOIRS  EAVERS  LES  MAITRES. 


obéisse/  à  tos  siipéiicrr":.  r^r  f  »• 
sont  eux  qui  veillent  pour  le  bien  de 
vos  finie--. 

St.   PAOf.   Heèr.xwi    —    i-. 


Les  parents  sont  les  premiers  supérieurs  d'un 
enfant,  mais  ils  ne  sont  pas  les  seuls.  Il  en  est 
d'autres  encore,  envers  lesquels  l'enfant  a  des 
obligations  sacrées  :  ce  sont  ses  maîtres^  les 
prêtres  et  les  vieillards. 

Vos  maîtres,  mes  chers  enfants,  votre  gou- 
verneur, ceux  enfin  qui  sont  chargés  de  votre 
éducalion,  tiennent,  à  votre  égard,  la  place  de 
vos  parents,  comme  vos  parents  tiennent  la 
place  de  Dieu  ;  c'est  à  vos  maîtres,  qu'a  étécontié 


I 


SIK    LES    DEVOIRS    DES    E>F.\.>TS.  \ho 

le  soin  de  vous  élever,  de  vous  instruire  ,  de 
suppléer  vos  parents  dans  les  soins  que,  parfois  , 
ils  ne  peuvent  vous  donner  eux-mêmes.  Un  en- 
fant doit  doncle  respect  à  ses  maîtres,  à  cause 
de  l'aulorité  qu'ils  ont  le  droit  d'exercer  sur  lui, 
et  de  la  confiance  que  ses  parents  leur  accordent. 
J'ai  le  regret  de  dire,  mes  chers  amis,  qu'il 
n'en  est  pas  beaucoup,  parmi  vous,  qui  rem- 
plissent envers  leurs  maîtres,  cet  important 
devoir.  Tel  enfant,  qui  respecte  ses  parents 
comme  il  le  doit,  se  conduira  envers  ses  maî- 
tres avec  hauteur  et  dédain  ;  il  n'aura  pas  de 
plus  grand  plaisir  que  de  les  trouver  en  f  tute, 
de  tourner  leurs  manières  en  ridicule;  c'est  !à 
un  sujet  de  plaisanteiie  trop  ordinaire,  entre 
de  jeunes  écoliers.  Une  telle  conduite  et  irè:i 
blâmable;  elle  déplaît  sûrement  â  Dieu,  qui 
nous  commande  de  respecter  nos  supérieurs. 

iMes  chers  enfants,  soyez  donc  pleins  d'égards 
et  de  déférence  pour  ceux  qui  vous  instruisent  ; 
écoutez  aussi  leurs  leçons  avec  docilité  ;  ce 
devoir  n'est  pas  moins  important  que  le  pre- 
mier, et  votre  fidélité  à  le  remplir  tournera  au 
profil  de  votre  é.lucalion,  à  Vavanlagc  de  votre 


1^4  SUR    LA    RELIGION», 

caractère.  En  n'écoutant  pas  les  avis  de  vos 
supérieurs,  c'est  à  vous-mêmes  que  vous  faites 
du  tort^  et  non  à  ceux  qui  vous  élèvent-  car 
ils  ne  souffrent  de  votre  indocilité  que  par 
suite  de  l'intérêt  qu'ils  ont  pour  vous.  Obéis- 
sez donc  à  vos  mailres  ,  comme  à  vos  pa- 
rents ,  et  si  vous  ne  pouvez  les  aimer  avec 
la  même  tendresse,  répondez  au  moins  par 
la  reconnaissance,  aux  soins  qu'ils  vous  don- 
nent avec  tant  de  zèle.  Vous  croire  entière- 
ment quilles  envers  eux,  parce  qu'ils  sont 
payés  pour  vous  instruire,  ce  ne  serait  pas  seu- 
lement manquer  de  cœur,  ce  serait  manquer 
de  justice:  une  bonne  éducation  est  un  bienfait 
si  précieux,  que  l'argent  ne  saurait  jamais  le 
payer,  et  qu'il  mérite  en  retour  un  sincère 
attachement. 

Les  prêtres,  et  particulièrement  votre  confes- 
seur, sont  vos  maitres,  mes  enfants,  dans  celle 
de  toutes  les  sciences  qui  e.st  la  plus  impor- 
tante, la  science  de  la  religion  par  laquelle  on 
apprend  devenir  vertueux.  Les  prêtres  sont 
€S  ministres  du  Seigneur,  les  pasteurs  de  son 
Eglise;  ils  transmettent  aux  fidèles  la  parole 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  ENFANTS.   1^5 

de  vérité;  chaque  jour  ils  offrent  pour  eux  à 
Dieu  le  saint  sacrifice  de  la  Messe  ;  par  leur  mi- 
nistère, nous  recevons  les  sacrements  aux  diffé- 
rentes époques  de  la  vie;  depuis  le  moment  de 
notre  naissance,  jusqu'à  celui  de  notre  mort, 
le  préire  fait  descendre  sur  nous  les  douces  bé- 
nédictions du  Ciel  :  voilà  plus  d'un  motif  propre 
à  nous  inspirer  pour  les  prêtres  un  profond  sen- 
timent de  respect ,  plus  d'un  motif  pour  nous 
les  faire  considérer  comme  de  bons  et  d'utiles 
amis. 

A  l'exemple  de  leur  divin  maître,  les  prêtres 
sont  particulièrement  les  amis  de  l'enfance  : 
l'enfance  est  la  portion  chérie  du  troupeau  que 
Dieu  a  confié  à  leurs  soins-  Ceux  d'entre  vous, 
mes  amis,  qui  ont  commencé  à  recevoir,  des 
ministres  de  Dieu,  l'instruction  religieuse,  peu- 
vent dire  que,  parmi  leurs  supérieurs  et  leurs 
maîtres,  aucun  ne  leur  témoigna  jamais  plus 
de  tendresse  et  de  bonté. 


DEVOIRS  ENVERS  LES  VIEILLARDS. 


rpvpz-vons  clevnnt  ceux  qui  oui  Jfs 
clieveiix  l)l;)iu-!>,  honoivz  la  |M'rsoiuit- 
ilu  vii-illanl. 


LEVITIC.   XIX. 


Si  j'ai  placé  les  vieillards  au  nombre  de  vos 
supérieurs,  c'est,  mes  enfants,  que  l'expérience 
et  la  sagesse,  fruits  ordinaires  d'une  longue  vie, 
les  rendent  presque  nos  maîtres;  c'est  qu'un 
grand  âge  donne  des  droits  à  notre  respect ,  et 
qu'il  le  mérite  à  plus  d'un  titre. 

Rarement  arrive-t  on  à  la  vieillesse,  mes  amis, 
sans  avoir  passé  par  de  difficiles  épreuves,  sans 
avoir  beaucoup  souffert!  Le  vieillard  a  vu  mou- 
rir successivement  tous  ses  amis  d'enfance  ; 
quelquefois  môme,  il  a  perdu  les  objets  de  ses 


SUR    LES    DEVOIRS    DES    E>FA?iTS.  l/j7 

j)liis  chères  afleclions,  les  enfants  destinés  à  lui 
survivre.  Ses  cheveux  ont  blanchi ,  son  corps 
s'est  courbé  vers  la  terre,  autant  peut-être 
par  le  chagrin  que  par  les  années;  tous  les 
vieillards  ont  été  plus  ou  moins  malheureux  , 
et  ne  doit-on  pas,  mes  enfants ,  du  respect  au 
malheur  ? 

Le  respect  accordé  à  l'âge  est  un  sentiment  si 
naturel ,  qu'il  se  retrouve  dans  tous  les  temps , 
et  chez  tous  les  peuples.  A  Sparte,  il  était  en 
quelque  sorte  une  religion.  Dans  les  premiers 
temps  de  Rome ,  on  honorait  la  vieillesse  plus 
que  le  rang  et  la  fortune  :  les  jeunes  gens  se  le- 
vaient de  leurs  sièges  à  l'arrivée  d'un  vieillard  ; 
au  temple,  au  sénat,  dans  les  assemblées  publi- 
ques, la  première  place  lui  était  réservée. 

Nous  sommes  bien  loin,  hélas!  d'imiter  de 
tels  exemples,  et,  sur  ce  point,  les  enfants  ont 
en  général  plus  d'un  reproche  à  se  faire  ;  tix)p 
souvent,  toute  personne  âgée  leur  parait  ridi- 
cule, et  ils  sont  disposés  à  en  rire  :  ignorants , 
et  inexpérimentés,  comme  ils  le  sont  encore, 
ils  s'imaginent  savoir  plus  et  mieux  que  ceux 
qui,  ayant  longtemps  vécu,  ont  du  par  cela 

9. 


168  SUR    LA    RELIGION, 

même  beaucoup  apprendre.  Je  veux  bien,  mes 
enfants,  que  parfois  le  grand  âge  affaiblisse  l'in- 
telligence et  la  raison;  mais  savez-vous,  ce  qu'on 
dit  alors  de  ces  bons  et  simples  vieillards,  qui 
n'ont  plus  guère  ni  souvenir,  ni  prévoyance , 
qu'un  rien  amuse  ou  chagrine ,  qui  ont  besoin 
que  d'autres  pensent  pour  eux  à  ce  qui  leur  est 
nécessaire?  On  dit  qu'ils  sont  tombés  en  enfance, 
c'est-à-dire  qu'ils  sont  en  quelque  sorte  redeve- 
nus semblables  à  vous.  Chers  enfants,  ces  mê- 
mes vieillards,  maintenant  si  cassés,  si  abattus 
par  l'âge,  peut-être,  dans  leur  jeunesse,  ont-ils 
été  remarquables  par  leur  esprit  et  leur  figure  ! 
Voilà  ce  qu'ils  sont  devenus]  voilà  ce  que  vous 
deviendrez  vous-mêmes,  si,  comme  eux,  vous 
parvenez  à  un  grand  âge.  Il  est  bon  d'y  penser 
quelquefois. 

Honorez  le  vieillard  comme  un  père  ,  c'est  le 
conseil  de  l'Ecriture  sainte  ;  ce  conseil  devient 
un  devoir  pour  vous,  mes  enfants,  si  vous  avez 
des  vieillards  parmi  les  membres  de  votre  fa- 
mille ;  si  Dieu  vous  a  conservé  quelques-uns  de 
vos  grands-parents,  ce  n'est  pas  tout  de  les  aimer, 
ainsi  que  vos  cœurs,  je  n'en  doute  pas,  sont  dis- 


ET   SUR   LES   DEVOIRS   DES    ENFAHTS.      IU9 

posés  à  le  faire,  il  faut  les  entourer  d'égards  et  de 
pré  venanceSjConsoler  leurs  dernières  années  par 
les  plus  tendres  soins. 

Et  chaque  fois  que  vous  rencontrez  un  vieil- 
lard, vous  fùtil  même  entièrement  étranger, 
conduisez-vous  envers  lui ,  avec  le  respect  qu'il 
a  le  droit  d'attendre  de  votre  jeune  âge.  Ce  res- 
pect, mes  amis,  vous  n'y  manquerez  jamais, 
si  tout  vieillard  vous  rappelle  ,  ou  bien  le  sou- 
venir de  l'aïeul  qui  mourut  en  donnant  à  ses 
petits-enfants  une  dernière  bénédiction ,  ou 
bien  celui  de  la  bonne  grand'mère  dont  vous 
faites  encore  la  consolation  et  la  joie. 


DE  L'OBEISSANCE. 


Enfants  ,  oVéissex  en  tout  à  vos  pa- 
rrnts  ,  car  cela  est  juste  devant  le  Sei- 
j,Mieui-. 

St.  Pai  l.  Coloss.  m.  —    20. 


Revenons  aujourd'hui,  mes  amis,  sur  un 
sujet,  dont  nous  n'avons  dit  que  peu  de  mots, 
sur  la  soumission,  cette  première  vertu  de  l'en- 
fance, cette  verlu  si  chère  à  Notre-Seigneur 
qu'il  voulut  la  pratiquer  jusqu'à  la  mort. 

Oh  !  que  de  choses  à  dire  aux  enfants  sur  l'o- 
béissance !  combien  peu,  ils  la  comprennent  en- 
core, ceux  qui  croient  la  pratiquer,  qui  s'ima- 
ginent être  dociles ,  parce  qu'ils  ne  se  révoltent 
pas  ouvertement  contre  la  volonté  de  leurs  pa- 
rents, contre  les  ordres  de  leurs  maîtres!  Ces 


SUR    LES    DEVOIRS    DES    E^FASTS.  151 

infanls  obéissent,  il  est  vrai,  mais  avec  knlour, 
et  mauvaise  grâce;  ils  se  soumettent,  mais  par- 
ce qu'ils  ne  peuvent  guère  faire  autrement. 
Cetle  obéissance,  pour  ainsi  dire  forcée,  est,  je 
le  crainSjSans  mérite  devant  Dieu;  elle  ne  saurait 
avoir  de  bien  bons  effets  sur  le  caractère. 

La  véritable  obéissance  ,  mes  enfants  ,  celle 
dont  Jésus-Christ  nous  a  laissé  le  divin  modèle, 
est  une  obéissance  prompte  et  entière,  qui 
n'est  jamais  accompagnée  d'observations  ni  de 
murmures. 

Obéir  promplement,  c'est  exécuter  l'ordre  de 
ses  supérieurs  ,  à  l'instant  même;  c'est  obéir 
tout  de  suite,  au  lieu  de  remettre  au  lendemain, 
au  dernier  moment ,  et  de  ne  se  décider ,  enfin  , 
que  par  la  crainte  d'être  puni.  Elle  fut  promple, 
mes  enfants,  l'obéissance  de  Joseph  et  de  Marie, 
lorsque  ,  sur  l'avertissement  de  l'Ange  que  Dieu 
leur  avait  envoyé,  ils  partirent  de  Nazareth  avec 
l'enfant  Jésus  ^  par  une  froide  nuit  d'hiver,  et 
s'enfuirent  en  Egj^ple. 

Obéir  entièrement,  c'est  obéir  sans  réseiTe, 
non  pas  seulement,  jusqu'à  un  certain  point , 
et  dans  de  certaines  choses;  où  sérail, mes  chers 


152  SUR    LA    RELIGION, 

enfants,  le  mérite  de  l'obéissance ,  si  l'on  ne 
remplissait  un  devoir,  que  lorsqu'il  n'a  rien  qui 
déplaise  ?  mais  se  soumettre  à  tous  les  ordres 
qui  sont  donnés ,  qu'ils  soient  aisés  ou  difficiles 
à  remplir ,  agréables  ou  bien  ennuyeux  et  péni- 
bles, voilà  une  obéissance  complète  et  géné- 
reuse. Ce  fut  celle  d'Abraham ,  lorsque,  d'après 
l'ordre  de  Dieu,  il  consentit  à  immoler  son  fils 
unique.  Quelle  différence,  mes  amis,  entre  les 
petites  privations  qui  vous  sont  imposées,  et 
le  cruel  sacrifice ,  commandé  à  ce  pauvre  père , 
et  qu'il  y  a  loin,  cependant,  de  votre  obéissance 
à  la  soumission  d'Abraham  ! 

Se  soumettre  sans  mot  dire,  sans  raisonner, 
ah  !  c'est  là  surtout  ce  qui  parait  bien  dur.  On 
ne  veut  pas  résister  formellement  à  sa  mère , 
non;  mais,  avant  de  lui  obéir,  ce  sont  mille  diffi- 
cultés, mille  représentations  ;  c'est  un  débat  et 
presque  une  dispute ,  pour  se  dispenser  de  l'o- 
béissance ,  ou  pour  savoir  au  moins ,  la  raison, 
le  pourquoi ,  de  tout  ce  qu'on  vous  ordonne  : 
comme  si  vos  parents ,  mes  enfants ,  devaient 
vous  rendre  compte  de  l'emploi  qu'ils  jugent  à 
propos  de  faire  de  leur  autorité  ! 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    EI^FA^CTS.       Iô3 

Ce  n"est  pas  ainsi  qu'autrefois  se  conduisit  le 
jeune  Samuel. 

Comme  il  dormait  une  nuit  dans  le  temple,  il 
s'enlendit  appeler  par  trois  fois  différentes ,  et 
chaque  fois  la  voix  disait  :  Samiiel,  Samliel  !  C'é- 
tait Dieu  qui  parlait  ainsi.  Mais  l'enfant ,  ne 
connaissant  pas  encore  le  Seigneur  ,  croyait 
s'entendre  appeler  par  Héli,  le  grand-prêtre,  et 
il  s'empressait  d'accourir  vers  lui;  renvoyé  tou- 
jours par  celui-ci,  Samiiel  pourtant  ne  se  lassait 
pas  y  et,  sans  faire  aucune  observation  sur  un 
ordre  qui  devait  lui  paraître  si  étrange ^  tou- 
jours il  revenait  en  répétant:  «  me  voici,  mon 
père ,  je  viens,  parce  que  vous  m'avez  appelé  !  » 

Enfin,  obéir  sans  murmure,  c'est  renoncer  à 
ces  plaintes,  qui  paraissent,  aux  enfants  indo- 
ciles,  un  dédommagement  à  l'obéissance,  une 
sorte  de  consolation  à  la  contrariété  qu'elle 
leur  fait  éprouver.  Cette  fâcheuse  disposition  , 
mes  amis  ,  conduit  ordinairement  à  la  mau- 
vaise humeur  ;  parfois  même ,  elle  inspire  des 
réponses  peu  convenables,  et,  si  elle  ne  pousse 
pas  à  la  désobéissance,  elle  enlève  du  moins  tout 
le  mérite  de  la  soumission. 

9.. 


ioU  SUR    LA    RELIGIO.X, 

Noire-Seigneur  laissa-t-il  échapper  un  seul 
murmure,  la  moindre  plainte,  lorsque,  par  la 
volonté  de  son  Père,  il  éprouvait  de  si  ciuelles 
douleurs  ? 

Pourquoi  votre  obéissance,  mes  chers  amis, 
manque-telle  donc  si  généralement  des  qualités 
dont  nous  venons  de  parler  ?  c'est  que  votre 
cœur  lui-même  n'est  pas  soumis  ;  c'est  que 
toute  autorité  vous  pèse.  Déjà  vous  voudriez  être 
au  temps  où  vous  ne  serez  plus  des  enfants , 
vous  figurant  qu'alors  il  ne  vous  faudra  plus 
obéir  à  personne.  Tous  les  hommes,  cependant, 
jeunes  ou  vieux  ,  riches  ou  pauvres  ,  ont  des  su- 
périeurs auquels  ils  doivent  se  soumettre.  Les 
enfants  obéissent  à  leurs  parents  et  à  leurs  maî- 
tres; les  femmes  à  leurs  maris;  les  hommes ,^ 
aux  chefs  placés  au  dessus  d'eux  ;  les  serviteurs 
à  leurs  maîtres  ;  les  sujets  au  roi;  les  Chrétiens  à 
Dieu. 

Les  grandes  personnes  dont  vous  enviez  l'in- 
dépendance, celles  du  moins  qui  sont  raison- 
nables, et  ce  sont  les  seules,  je  suppose,  au- 
quelles  vous  voudriez  ressembler ^  les  grandes 
personnes ,  quand  par  hasard  elles  n'ont  pas  do 


ET    SUR    LFS    DEVOIRS    DES    E>FA>TS.      155 

supérieurs,  obcisseiil  cependant  encore  :  elles  se 
soumettent  à  la  raison,  au  devoir;  et  cela  ,  mes 
enfants,  n'est  souvent  ni  agréable,  ni  facile. 

Ainsi  donc ,  puisque ,  dans  toutes  les  cir- 
constances et  à  tous  les  âges,  on  doit  faire 
le  sacrifice  de  sa  volonté,  commencez  à  vous 
y  habituer  de  bonne  heure  j  exercez-vous 
à  la  soumission,  quand  elle  vous  est  encore  si 
douce.  Plaise  à  Dieu,  mes  chers  enfants,  que, 
dans  le  cours  entierde  votre  vie,  vous  ne  rencon- 
triez jamais  une  autorité  plus  sévère  que  celle 
des  supérieurs  que  vous  avez  aujourd'hui  ! 


DU  BON  EXEMPLE. 


Que  tout  se  fasse  pour  l'édification. 
St.  l'iUL.  I,  Ep.  Cor.  xiv. —  26. 


Ceux  d'entre  vous ,  mes  enfants ,  qui  sont  les 
aînés  dans  leur  famille ,  ont  des  devoirs  à  rem- 
plir envers  leurs  plus  jeunes  frères  et  sœurs  :  le 
premier  de  ces  devoirs  est  celui  du  bon  exemple. 
Les  enfants,  les  plus  petits  surtout,  imitent  vo- 
lontiers ce  qu'ils  voient  faire  ;  et  comme  ils  n'ont 
pas  assez  de  raison  pour  discerner  le  bien  d'avec 
le  mal,  il  est  très  important  de  ne  jamais  faire  le 
mal  devant  eux,  de  peur  qu'en  l'imitant  ils  ne 
contractent  de  mauvaises  habitudes,  qui  plus 
tard  pourraient  se  changer  en  véritables  défauts. 


SUR    LES    DEVOIRS    DES    E>FAJCTS.  157 

Ce  n'est  pas  seulement  aux  très  petits  enfants 
que  vous  devez  le  bon  exemple,  c'est  encore  à 
ceux  dont  l'âge  se  rapproche  du  vôtre,  à  vos  ca- 
marades, à  vos  amis.  Sans  doute,  ils  ne  sont  pas 
obligés  d'imiter  les  fautes  qu^ils  voient  faire, 
et  leur  devoir,  comme  le  vôtre,  est  de  ne  prendre 
pour  modèle  que  ce  qui  est  bien  ;  mais  l'enfant , 
qui  parfois  est  prêta  manquer  de  courage,  pour 
remplir  un  devoir,  surtout  quand  il  s'agit  d'y 
sacrifier  un  plaisir,  se  laisse  entraîner  plus  faci- 
lement encore  par  le  mauvais  exemple ,  et  les 
torts  des  autres  lui  semblent  servir  d'excuse  à  sa 
propre  faute.  Querésulte-t-il  delà,  mes  amis? 
Que  ceux  qui  ont  donné  ce  mauvais  exemple  ont 
été  deux  fois  coupables:  coupables  pour  eux- 
mêmes,  à  qui  le  mal  est  défendu;  coupables  pour 
celui  à  qui  ils  ont  appiis  à  le  commettre. 

11  y  a  quelque  chose  que  les  enfants  donnent 
bien  plus  volontieis  que  le  bon  exemple  :  ce  sont 
les  conseils.  L'enfant  le  plus  rempli  de  défauts , 
parle  souvent  très  bien  des  qualités  qu'il  n'a  pas, 
et,  dans  l'occasion,  il  sait  reprendre  son  frère 
d'une  faute  que  lui-même  il  commet  tous  les  jours. 
K'y  a-t-il  pas  beaucoup  de  choses  à  dire  à  ces 


158  SUR    LA    RELIGIOIV, 

petits  donneurs  d'avis?  D'abord,  lorsqu'on  sait 
aussi  parfaitement  ce  qui  est  mal,  on  est  inexcu- 
sable de  n'être  pas  meilleur;  puis,  ne  faut  il  pas 
se  corriger  soi-même  avant  de  vouloir  corriger 
les  autres;  Us  exemples,  enfin,  ne  sont-ils  pas 
toujours  plus  efficaces  que  les  conseils?  Voulez- 
vous  en  savoir  la  raison,  mes  enfants?  C'est 
qu'aisément  noire  vanité  se  blesse  des  observa- 
lions  faites  sur  notre  conduite,  c'est  que  nous 
n'aimons  guère  à  nous  entendre  dire  nos  vérités, 
c'est  surtout  qu'un  enfant  n'aime  pas  à  être  re- 
pris par  un  autre  enfant.  Il  serait,  en  vérité,  bien 
plus  raisonnable  de  profiter  d'un  bon  conseil , 
de  quelque  part  qu'il  nous  fàt  donné  ;  mais  les 
enfants  sont-ils  toujours  sages  ?  Vous,  en  parti- 
culier, vous  qui  reprenez  les  autres,  seriez-vous 
plus  sages  qu'eux  ? 

N'adressez  donc  de  reproches  à  vos  petits  amis, 
qu'autant  que  ce  sera  véritablement  utile ,  et 
cherchez  plutôt  à  leur  donner  de  bons  exem- 
ples, qui,  sans  les  alîliger,  pourront  les  engager 
à  bien  faire. 

Et  pour  être  sûrs,  mes  chers  enfants,  de  ne  ja- 
mais donner  à  vos  frères  que  des  exemples  bons 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    E>F\>TS.      109 

à  suivre,  commencez  par  suivre  vous-mêmes  les 
exemples  de  vertu  que  vous  avez  sous  les  yeux. 
Imitez  ceux  qui  vous  sont  donnés  par  vos  pa- 
renls  et  par  les  enfants  bons  et  sages  que  vous 
connaissez;  rappelez-vous  aussi  les  beaux  et 
louchants  modèles  offerts  par  l'Ecriture  sainte  : 
la  piété  d'Abel ,  l'amour  et  la  bonté  de  Joseph 
pour  ses  frères,  la  tendresse  filiale  de  Tobie,  la 
soumission  d'Isaac .  celle  du  jeune  Samuel ,  et 
surtout  la  sainte  et  divine  enfance  de  Jésus- 
Christ. 


DEVOIRS  ENVERS  LES  INFERIEURS. 


Maîtres  ,  rendez  à  vos  serriteurs 
ce  que  la  jastice  demande  de  vous, 
sachant  que  vous  avez  aussi  bien 
qu'eux  un  maître  dans  Je  Ciel. 

St.  Papl.  Coloss.  iv.  —  I. 


Nos  inférieurs  sont  ceux  que  Dieu  a  fait  naître 
dans  une  condition  moins  heureuse  que  la  nôtre, 
et  qui,  n'ayant  pas  reçu  de  la  Providence  la  for- 
tune nécessaire  pour  vivre,  soutiennent  leur  exis- 
tence, ou  par  le  travail  d'un  métier,  comme  le  font 
les  artisans,  ou  par  le  service  intérieur  d'une  fa- 
mille aisée,  comme  le  font  les  domestiques.  Les  en- 
fants de  votre  âge,mes  amis,  ne  sont,  à  vrai  dire,  les 


SUR  LES  DEVOIRS  DES  EKFANTS.    161 

supérieurs  de  qui  que  ce  soit.  Ils  doivent  l'obéis- 
sance à  presque  tous  ceux  qui  les  entourent,  et 
du  moins  ils  n'ont  rien  à  commander  à  personne. 
Il  n'est  pas  rare  cependant  de  trouver  des  en- 
fants qui,  profitant  de  l'excessive  indulgence  de 
leurs  parents,  s'érigent,  dans  la  maison,  en  maî- 
tres pleins  de  hauteur  et  d'impertinence ,  et  de- 
viennent parfois,  pour  ceux  qui  les  servent,  de 
véritables  petits  despotes,  dont  les  moindres  ca- 
prices doivent  être  à  l'instant  obéis.  Pour  ces 
enfants,  aveuglés  par  un  coupable  et  bien  sot  or- 
gueil, et  même,  pour  ceux  que  leur  bon  cœur 
rend  plus  humains  et  plus  justes,  il  sera  utile 
d'apprendre  comment  on  doit  se  conduire 
envers  les  serviteurs. 

Avez-vous  jamais  réfléchi,  mes  chers  enfants, 
à  ce  qu'il  y  a  de  triste  et  de  pénible  dans  la  con- 
dition des  domestiques?  Qui,  cependant,  devrait 
en  être  frappé  plus  que  vous ,  vous  qui  trouvez 
si  dur  d'obéir  à  des  ordres  qui ,  pourtant ,  ne 
vous  sont  donnés  qu'avec  douceur  et  tendresse  ; 
vous  de  qui  l'on  n'exige  rien  qui  ne  soit  dans  votre 
intérêt,  rien  qui  ne  doive  contribuer  à  votre 
bonheur? Quelle  différence  entre  votre  sort,  mes 


162  SUK    L\    1\ELIG!0>  , 

enfants,  et  celui  des  serviteurs!  Vous  obéissez  à 
des  parents  qui  tous  chérissent;  eux,  font  Ja 
volonté  de  maîtres  qui  leur  sont  étrangers,  de 
maîtres  quelquefois  injustes  ou  du  moins  sévè- 
res, d'un  caractère  difficile,  exigeant,  fantas- 
que; il  faut  se  plier  à  tout,  sans  murmure,  sans 
impatience,  sous  peine  de  perdre  sa  place,  et 
peut-être  de  tomber  dans  la  misère  ! 

Il  y  a ,  je  le  sais,  des  familles  bienfaisantes  et 
chrétiennes ,  où  les  domestiques  sont  traités  avec 
justice,  avec  bonté;  mais  les  plus  heureux  de  ces 
pauvres  gens,  combien  ils  sont  encore  à  plaindre! 
Le  matin,  mes  chers  enfants,  tandis  que  vous 
dormez,  les  domestiques  se  lèvent  pour  com- 
mencer le  sen  ice  de  la  maison;  avant  de  prendre 
leur  repas,  ils  ont  préparé  le  vôtre  ;  lorsque  vous 
vous  êtes  renfermés  dans  la  voiture  qui  vous 
abrite,  eux  sont  en  dehors,  exposés  au  mauvais 
temps  ;  et  ces  soirées  d'hiver,  qui  semblent  si 
courtes  à  ceux  qui  s'amusent,  pensez-vous  com- 
bien ils  doivent  les  trouver  longues,  les  pauvres 
serviteurs  qui,  tout  mouillés  et  transis  de  froid, 
attendent  leurs  maîtres  dans  la  rue! 

On  se  croit  quitte  envers  les  domestiques,  parce 


ET    SUR    LES    DEVOIKS    DES    EjNFASTS.     IGo 

qu'on  leur  donne  un  salaire,  parce  qu'on  paie 
pour  se  faire  servir;  mais  cet  argent  nous  le 
leur  devons,  mes  enfants,  et  au  fond  il  ne  rend 
pas  leur  position  beaucoup  plus  douce.  Qui  sait 
d'ailleurs  s'ils  ne  partagent  pas  avec  leur  vieux 
père  le  fruit  de  leurs  travaux?  Qui  sait  encore 
si,  dans  un  louable  esprit  de  prévoyance,  ils 
n'épargnent  pas  quelque  argent  pour  le  temps 
de  leur  propre  vieillesse;  ce  temps  où  eux- 
mêmes  auront  besoin  d'être  servis  ? 

S'il  ne  dépend  pas  de  nous,  mes  amis,  de 
changer  entièrement  la  triste  condition  des 
serviteurs  ,  du  moins  est-il  toujours  en  notre 
pouvoir  de  la  leur  adoucir.  Aux  yeux  de  l'hu- 
manité, ils  sont  nos  semblables;  aux  yeux  de 
Dieu ,  ils  sont  nos  frères  :  nous  leur  devons 
donc  justice,  soins  et  affection. 

Yoici  de  quelle  manière  un  enfant  peut  déjà 
remplir,  dans  la  maison  paternelle  ,  quelques- 
uns  de  ces  importans  devoirs  : 

Ne  parler  aux  domestiques  qu'avec  politesse 
et  bonté;  éviter  de  les  faire  gronder,  les  excu- 
ser même  lorsqji'il  se  peut.  Leur  épargner, 
en  un  mot,  toute  peine  inutile. 


16^  SUR    LA    RELIGIOÎT, 

Je  dois  vous  dire  en  passant,  mes  amis,  que 
la  bonté  n'est  pas  la  familiarité  :  à  votre  âge,  on 
confond  souvent  ces  deux  choses.  Il  est  permis, 
c'est  même  un  devoir,  pour  chacun  de  nous,  de 
rester  à  sa  place,  à  cette  place  que  la  Providence 
nous  a  marquée,  et  que  nous  n'avons  pas  eu  la 
liberté  de  choisir.  Les  manières  familières, 
que  vous  vous  permettez  quelquefois  avec  les 
domestiques,  ne  sont  donc  pas  convenables;  les 
longs  entretiens  les  détournent  de  leur  ouvrage, 
et  n'ont  pas  moins  d'inconvénient  pour  eux , 
que  pour  vous-mêmes.  Tâchez  de  bien  com- 
prendre ceci,  et  de  n'y  pas  chercher  le  prétexte 
d'une  fierté,  qui,  je  vous  l'ai  dit  plus  haut,  se- 
rait fort  déplacée ,  qui  serait  surtout  indigne 
d'un  bon  cœur. 

Il  fut  un  temps  malheureux,  mes  enfants,  le 
temps  de  la  première  révolution  française,  où 
bien  des  personnes,  d'un  rang  élevé  dans  le 
monde,  eurent  à  se  féliciter  d'avoir  acquis,  par 
de  bons  traitements,  l'affection  de  leurs  servi- 
teurs. A  cette  époque  funeste  de  l'émigration  de 
tant  de  familles,  plus  d'une  fortune  fut  recueillie 
par  de  fidèles  domestiques,  et  rendue  entière  à 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES   EXFA.KTS.     165 

ceux  à  qui  elle  appartenait,  lorsqu'ils  obtinrent 
la  permission  de  rentrer  en  France.  Plus  d'un 
grand-seigneur  poursuivi,  trouva  sous  l'humble 
toit  de  son  serviteur,  un  asile  qui  lui  sauva 
la  vie.  Beaucoup  de  ces  braves  gens  enfin,  par- 
tagèrent le  sort  de  leurs  maîtres,  et  voulurent 
les  accompagner  dans  l'exil.  Ma  grand'mère  ne 
me  racontait  jamais,  que  les  larmes  aux  yeux, 
comment,  pendant  la  révolution,  elle  et  ses 
enfants,  furent,  plusieurs  mois ,  nourris  par 
deux  femmes  dévouées,  qu'elle  avait  alors  au- 
près d'elle  ,  et  qui ,  la  voyant  sans  ressources  , 
étaient  venues  lui  offrir  leurs  petites  épargnes. 

De  nos  jours,  mes  chers  enfants  ,  se  retrou- 
vent heureusement  encore  des  traits  d'une  pa- 
reille générosité,  de  ces  traits  qui  honorent  la 
classe  pauvre,  en  nous  faisant  voir,  que  chez 
elle  se  rencontrent  également  de  belles  âmes, 
de  nobles  cœurs.  Les  prix  fondés  en  France  par 
M.deMontyon,  cet  homme  charitable,  dont 
toute  la  vie  se  passa  à  faire  le  bien ,  font  décou- 
vrir chaque  année  quelques-unes  de  ces  vertus 
modestes.  C'est  au  dévoùment  sublime  d'un 
ancien  serviteur,  que  fut  accordé  le  prix  de  Tan- 


i66  SUR    LA    RELKilOX, 

née  dernière.  Je  veux,  mes  enfants,  vous  ra- 
conter celle  histoire,  elle  se  rapporte  d'ailleurs, 
au  sujet  qui  nous  occupe  en  ce  moment. 

Dans  le  petit  village  de  Champrond,  du  dé- 
partement de  l'Eure,  demeurait,  avec  sa  famille, 
un  menuisier  nommé  Martin.  Comme  il  était  un 
jour  à  travailler,  sa  porte  s'ouvre  :  un  jeune 
homme  entre,  suivi  de  trois  enfants  en  bas 
Age;  le  plus  jeune  avait  à  peine  deux  ans. 

Martin  reconnaît,  dans  l'étranger,  le  fils  de  son 
ancien  bienfaiteur,  le  marquis  de  l'Aubépine, 
aux  bontés  duquel  il  avait  dû  son  éducation  , 
que,  plus  tard,  il  avait  suivi  à  la  guerre,  puis 
enfin,  servi  pendant  de  longues  années.  C'était 
dans  le  temps  où  la  famille  de  l'Aubépine,  riche, 
opulente,  propriétaire  de  biens  immenses,  ha- 
bitait l'antique  château  de  Villebon  qui  lui  ve- 
nait d'un  de  ses  ancêtres,  le  grand  Sully. 

Bientôt  cette  belle  fortune  se  trouva  dissi- 
pée; le  vieux  château,  plein  de  glorieux  souve- 
nirs, tomba  dans  des  mains  étrangères-  à  Té- 
poque  dont  je  vous  parle,  c'était  en  1830,  le 
dernier  fils  de  la  famille ,  le  comte  de  l'Aubé- 
pine, obligé  de  quitter  la  France,  par  suite  de 


ET    Sri\    LES    DEVOIRS    DES    E>T\>TS.       1G7 

nouveaux  revers  de  fortune,  venait  confier  ses 
enfants  à  la  fidélité  d'un  ancien  serviteur.  Mar- 
tin, pauvre  arlisan  ,  chargé  lui-même  de  plu- 
sieurs enfants,  reçoit  avec  bonheur  ceux  que 
lui  envoiela  Providence.  M.  de  l'Aubépine  s'éloi- 
gna; il  partait  pour  ne  plus  revenir.  Quelques 
mois  après,  on  apprit  qu'il  était  mort  dans 
l'exil. 

Que  vont  devenir  les  pauvres  orphelins  ? 
Martin  ne  les  abandonnera  pas  dans  leur  mi- 
sère; il  redouble  d'ardeur  pour  le  travail  ,  il 
vend  ses  meubles  ,  quand  il  n'a  plus  d'autre 
ressource,  il  nourrit  de  pain  noir  ses  propres 
enfants,  pour  donner  à  ses  fils  adoplifs,  le  pain 
blanc  auquel  ils  furent  accoutumés;  et,  qui  le 
croirait,  mes  enfants?  devenu  pour  ainsi  dire  le 
père  de  ces  pauvres  petits  ,  Martin  ne  se  consi- 
dère même  pas  comme  leur  égal  :  jamais  on  ne 
l'a  vu  s'asseoir  avec  eux  à  la  même  table;  dans 
sa  modeste  chaumière,  il  voulut  rester  leur  ser- 
viteur,  comme  jadis ,  il  avait  été  le  serviteur  de 
leur  aïeul ,  dans  le  beau  château  de  Sully. 

Ce  pieux  dévoùment ,  mes  amis,  ne  pouvait 
rester  plus  longtemps  inconnu;  on   eu  parla 


168  SUR    LA   RELIGIOîf,    ETC. 

bientôt  dans  tout  le  pays;  les  enfants^  recueillis 
par  des  personnes  charitables ,  furent  placés 
dans  des  maisons  d'éducation,  et  Martin,  cou- 
ronné publiquement  pour  sa  noble  conduite , 
reçut  la  plus  honorable  des  récompenses  ;  ré- 
compense bien  au-dessous,  néanmoins,  de  celle 
que  Dieu  lui  réserve,  de  celle  que  déjà,  ilavait 
trouvée  dans  son  propre  cœur. 


DE  L'AUMONE. 


Celui  qui  tlonne  aa  pauvre,  piète 
nu  S'igneiir 

Pbov.  XIX.  —    17. 


Lorsque,  dans  une  nombreuse  famille,  il  se 
trouve  un  enfant  faible  ou  infirme,  il  devient 
l'objet  d'une  tendresse  particulière  ,  de  soins 
plus  attentifs  :  c'est  celui  de  tous  que  ses  pa- 
rents préfèrent  ;  ses  frères  et  sœurs  sont  conti- 
nuellement occupés  à  lui  plaire  et  à  Tamuser , 
car  on  voudrait^  s'il  était  possible,  le  dédomma- 
ger des  privations  qu'il  endure,  et  lui  faire  ou- 
blier, à  force  d'amour,  sa  triste  position.  Eh 
bien  !  les  pauvres  sont  les  enfants  malheureux 
d.'  la  grande  famille  de  Dieu;  il  les  chérit  parti- 

10 


170  SUR   LA    RELIGION, 

culièrement,  à  cause  de  leurs  souffrances,  et 
nous  a  chargés,  nous  qui  avons  élé  comblés  des 
dons  de  la  Providence,  de  devenir,  à  notre  tour, 
la  providence  des  infortunés.  A  celte  condition 
seulement,  Dieu  nous  a  donné  la  fortune,  et, 
pour  remplir  ce  devoir  ,  il  suffit  d'avoir  un 
bon  cœur. 

Mais  pouvez-vous  bien  comprendre  ce  que 
c'est  que  la  pauvreté?  Vous,  mes  enfants,  qui 
vivez  dans  la  richesse,  ou  au  moins  dans  l'ai- 
Siince;  vous,  à  qui  rien  ne  manque,  qui  êtes 
bien  vêtus,  bien  nourris,  entourés  de  soins  de 
tout  genre,  et  qui  n'avez  qu'à  exprimer  un  désir 
pour  qu'aussitôt  la  bonté  de  vos  parents  s'em- 
presse de  le  satisfaire.  Environnés  de  personnes 
placées  dans  la  situation  pareille  à  la  vôtre, 
vous  croyez  sans  doute  que  cette  situation  est 
ici-bas  le  partage  du  plus  grand  nombre;  il 
n'en  est  pas  ainsi, cependant:  une  grande  partie 
des  hommes  est  plongée  dans  une  aflreuse  dé- 
tresse, et  le  monde  est  peuplé  de  pauvres.  Les 
plus  à  plaindre,  parmi  eux,  ne  sont  pas  encore 
les  ouvriers ,  qui  pourtant  ne  soutiennent  leur 
famille  que  par  un  travail  assidu  et  pénible  :  il  y 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    ENFA>TS,      171 

a  des  pauvres  qui  meurent  de  faim,  de  froid,  de 
misère,  parce  que  l'âge,  ou  les  infirmités,  leur 
enlèvent  tout  moyen  de  subvenir  à  leur  exis- 
tence, ou  parce  que,  tombés  malades,  ils  ne  peu- 
vent acheter  les  remèdes  ,  qui  peut-être  leur 
sauveraient  la  vie.  En  pensant  à  cela ,  mes  en- 
fants, ne  trouvez -vous  pas  qu'on  devient  tout 
triste,  et  bien  honteux  surtout,  d'employer  tant 
d'argent  à  des  dépenses  inutiles,  à  de  vaines 
fantaisies,  dont  souvent  on  est  dégoûté  le  lende- 
main, et  dont  le  prix  aurait  fait  vivre  quelque 
temps  une  famille  entière!  Et  quand,  de  plus, 
on  vient  à  songer  que  ces  malheureux  sont  des 
hommes  comme  nous  ,  nos  frères,  les  enfants 
de  Dieu  ,  que  nous  aurions  pu  naître  à  leur 
place,  si  Dieu  l'avait  ordonné,  bien  loin  de  mé- 
priser les  pauvres,  comme  le  font  les  gens  sans 
cœur,  ou  de  s'éloigner  d'eux,  parce  que  la  vue 
de  leur  misère  répugne  ,  on  éprouve  le  besoin 
de  soulager  ces  infortunés  par  la  charité  la  plus 
tendre ,  et  de  plaindre  du  moins  celles  de  leurs 
douleurs  que  l'on  ne  saurait  guérir. 

Ce  n'est  pas  uniquement  pour  satisfaire  notre 
sensibilité,  mes  chers  enfants,  que  nous  devons 


172  SLR    LA    RELIGIO>', 

êlre  charitables  :  Dieu  nous  a  fait  de  l'aumône 
lin  commandement  rigoureux,  il  menace  de  sa 
colère  les  riches  avares  et  sans  pitié,  tandis 
qu'il  promet  ses  bénédictions  les  plus  abondan- 
tes, et  le  bonheur  du  Ciel,  à  ceux  qui  auront  se- 
couru les  malheureux  ;  on  pourrait  presque 
dire  que  Jésus-Christ  a  fait  de  la  charité  la  con- 
dition de  notre  salut. 

Enfin,  comme  s'il  pensait  que  nous  eussions 
besoin  d'un  encouragement  de  plus,  pour  soula- 
ger les  pauvres,  il  s'est  fait  pauvre  lui-même,  et 
nous  a  assurés  que  le  bien  que  nous  ferions  au 
plus  misérable  d'entre  eux,  c'est  à  lui-même  que 
nous  le  ferions.  Oh!  mes  enfants!  ayez  toujours 
cette  pensée,  lorsque  vous  voyez  un  pauvre,  rap- 
pelez-vous qu'en  sa  personne,  c'est  Jésus-Christ, 
lui-même  qui  vous  implore,  lui-même  qui  vous 
tend  la  main;  pourriez-vous  refuser  le  Dieu  qui 
vous  a  tout  donné,  tout  jusqu'à  sa  propre  vie  ! 

Mais  comment  faire  l'aumône  à  notre  âge?  nou  s 
pouvons  disposer  de  si  peu  d'argent,  medirez- 
vous.  A  cela,  je  répondrai,  que  c'est,  non  pas  la 
valeur  de  ce  qu'on  donne,  mais  la  bonne  inten- 
tion qui  est  agréable  à  Dieu.  Un  enfant  qui  par- 


tT    SUR    LES    DEVOIRS    DES    EPJFAàNTS.      \lù 

lagerail  avec  les  pauvres  Targenl  de  ses  menus 
plaisirs,  celui,  surtout,  qui  se  priverait  d'une 
fantaisie  pour  en  donner  la  valeur  à  un  indigent, 
aurait  été  réellement  charitable;  celui  même  qui 
n'ayant  rien,  que  le  pain  de  son  goûter,  l'aurait 
donné  à  un  petit  pauvre  ,  aurait  fait  une  très 
bonne  action,  et  Dieu  se  souviendrait  qu'il  a 
loué  de  sa  modeste  offrande  la  veuve  de  l'Evan- 
gile ,  et  qu'il  a  promis  de  ne  jamais  laisser  sans 
récompense  un  >erre  d'eau  donné  en  son  nom. 
Il  peut  arriver  d'ailleurs ,  que  très  peu  de  chose 
fasse  beaucoup  de  plaisir  et  un  véritable  bien. 
Avec  quelques  sous,  un  vieillard  réchauffe  ses 
membres  gelés,  une  pauvre  mère  achète  du  pain 
pour  son  enfant,  un  petit  savoyard  travaille  le 
cœur  content  toute  la  journée.  Et  puis ,  quand 
on  aime  bien  les  pauvres,  on  trouve  mille 
moyens  de  les  secourir,  car  la  charité  est  ingé- 
nieuse, et,  sans  argent,  on  peut  encore  consoler 
un  malheureux ,  ne  fût-ce  que  par  la  pitié  d'un 
bon  regard,  et  par  une  douce  parole. 

Tâchez  de  mériter  les  bénédictions  du  pau- 
vre, mes  enfants;  croyez  qu'elles  vous  attire- 
ront celles  de  Dieu  ,  et  qu'elles  vous  porteront 

10. 


\ll\ 


SUR    L\    RELIGION,     ETC. 


bonheur.  Croyez-le  bien  aussi,  la  charité  rend 
celui  qui  la  fait  plus  heureux  encore  que  celui 
à  qui  on  la  donne,  et  les  bonnes  œuvres  procu- 
rent une  jouissance  dont  je  ne  puis  "vous  don- 
ner l'idée,  qu'en  vous  disant  qu'elle  doit  res- 
sembler au  bonheur  du  Ciel. 


LA  CONSCIENCE. 


Vous  n'aurez    pas    de   plus    ûdèli: 
conseiller. 

EccLtsiAST.  XXXVII.  —  17. 


Ce  qu'on  appelle  la  conscience,  mes  chers 
enfants,  c'est  le  sentiment  qui  nous  fait  discer- 
ner le  bien  d'avec  le  mal;  c'est  la  loi  naturelle, 
que  Dieu  a  gravée  dans  notre  cœur^  c'est  une 
lumière  qui  nous  éclaire ,  une  voix  qui  parle  au 
fond  de  l'âme;  il  faut  l'écouter,  il  faut  la  sui- 
vre :  ainsi  l'on  garde  les  commandements  du 
Seigneur,  de  cette  manière  seulement  on  est 
heureux  et  tranquille. 

Afm  de  vous  bien  faire  comprendre,  mes  en- 
ianls,  00  que  c'est  que  la  conscience,  j'en  ap- 


i"^  bUR    LA    RELIGIOJf, 

pellei  ai  à  vous-mêmes ,  à  votre  propre  expé- 
rience. Lorsqu'il  vous  arrive  de  désobéir  à  vos 
parents,  de  faire,  par  exemple,  en  leur  absence, 
une  action  que  vous  n'auriez  pas  osé  faire  de- 
vant eux,  vous  hésitez,  vous  êtes  tremblants, 
la  rougeur  vous  monte  au  visage.  Pourquoi  ce 
trouble?  Vous  êtes  seuls ,  cependant ,  personne 
ne  vous  voit,  vous  ne  craignez  pas  d'être  punis? 
Non.  Mais  une  voix  intérieure  vous  reproche 
votre  faute,  celte  voix  vous  dit  :  a  Tu  as  mal 
fait».  C'est  la  conscience,  mes  chers  enfants, 
qui,  dans  ce  moment,  se  fait  entendre.  C'est 
elle  qui,  avant  même  qu'on  ait  eu  le  temps  de 
réfléchir,  montre  à  chacun  son  devoir. 

Ainsi  donc.  Dieu  a  mis  à  notre  disposition  un 
moyen  tout  à-la-fois  sur  et  facile,  de  nous  bien 
conduire,  puisque  la  divine  loi  est,  pour  ainsi 
dire,  écrite  dans  notre  cœur.  Ce  moyen  est  à  la 
portée  de  tous,  des  ignorants,  comme  des  gens 
instruits,  des  très  jeunes  enfants,  comme  des 
grandes  personnes. 

Mais,  pour  que  la  conscience  puisse  nous  con- 
duire, il  est  nécessaire  de  l'écouler.,  mes  enfants: 
elle  ne  parle  pas  haut;  on  ne  l'entend  qu'avec 


ET     SUR    LtS    DEVOIRS    DES    EINFA^sTS.      177 

de  la  bonne  foi,  et  de  la  sincérité  vis-à-vis  de 
soi-même.  Si  l'on  cherche  à  s'étourdir,  à  se 
persuader  que  ce  qui  est  mal  est  bien,  que  ce 
qui  est  défendu  est  permis;  si  l'on  veut  trouver 
mille  prétextes  pour  satisfaire  une  fantaisie  aux 
dépens  de  la  conscience ,  on  ne  pourra  pas  don- 
ner pour  excuse,  qu'elle  n'avait  pas  averti,  ni 
prétendre  qu'on  n'avait  pas  cru  mal  faire.  C'est 
toujours  un  péché,  mes  amis,  de  ne  pas  suivre 
les  inspirations  de  sa  conscience,  tandis  qu'en  y 
demeurant  fidèle,  on  est  sur  de  ne  jamais 
manquer  à  un  devoir  important,  de  ne  jamais 
commettre  une  faute  grave. 

Le  trouble  d'une  mauvaise  conscience ,  les  re- 
mords qu'elle  fait  éprouver,  sont,  dès  ce  monde, 
une  cruelle  punition  de  nos  fautes  :  pour  une 
cime  coupable,  mes  enfants,  plus  de  paix ,  plus 
de  bonheur.  Que  d'exemples  frappants  ne  nous 
tn  offre  pas  l'Ecriture  sainte  !  Gain,  le  meurtrier 
de  son  frère,  mène  une  vie  errante  et  misérable; 
fugitif  et  proscrit ,  il  cherche  partout  le  repos , 
et  ne  peut  le  trouver  nulle  part.  Judas  n'a  pas 
plus  tôt  trahi  son  divin  Maître,  qu'il  est  poursuivi 
par  des  remords  affreux  :  l'argent  qu'il  avait  si 


178  SUR    LA.    RELIGION  ,    ETC. 

honteusement  gagné  lui  pèse ,  il  ne  peut  le  gar: 
der,  il  le  jette,  puis,  dans  son  désespoir,  il  va  se 
donner  la  mort.  Vous-mêmes,  chers  enfants,  les 
jours  où  votre  conscience  vous  reproche  quelque 
faute,  n'est-il  pas  vrai,  qu'ils  ne  sont  pas  de  si 
heureux  jours  que  les  autres,  et  que,  dans  vos 
plaisirs  même ,  vous  éprouvez  une  sorte  de 
tristesse  qui  les  trouble,  et  vous  empêche  d'en 
jouir? 

La  bonne  conscience,  au  contraire,  rend  heu- 
reux et  content  Elle  double  les  plaisirs,  elle 
nous  console  d'en  être  privés.  Elle  adoucit  nos 
souffrances,  elle  donne  enfin  la  paix  ,  la  paix 
avec  Dieu,  avec  ses  frères,  avec  soi-même  :  voilà, 
mes  enfants,  le  premier  bonheur  du  chrétien  sur 
la  terre. 

Pour  mériter  ce  bonheur,  pénétrez-vous  bien, 
mes  chers  enfants,  de  ces  paroles  de  l'Ecriture 
sainte  :  —  «  Dans  toutes  vos  actions ,  écoutez 
votre  conscience,  vous  ne  trouverez  jamais  de 
plus  fidèle  conseiller.  •» 


DU  PÉCHÉ. 


Mon  fils,  gardez-vous  tic  cnnsnilir 
jamais  au  péché,  et  de  violer  les  pré- 
crj)t(s  du  Stigneur  notre  Dieu. 

TOBIE.   TV.  —  G. 


Pécher,  c'est  désobéir  à  Dieu,  c'est  faire  le  mal 
qu'il  défend,  ou  ne  pas  faire  le  bien  qu'il  com- 
mande, c'est  en  un  mot  ne  pas  observer  sa  loi. 

Pour  observer  la  loi  de  Dieu,  mes  en- 
fants, il  faut  la  bien  connaître;  et  de  là  ré- 
sulte la  nécessité  de  s'instruire  de  la  religion  , 
d'étudier  le  saint  Evangile ,  d'écouler  avec  at- 
tention et  docilité  ceux  qui  veulent  bien  cher- 
cher à  vous  le  faire  comprendre.  Votre  igno- 
rance, en  la  supposant  volontaire,  ne  pourrait 


180  SUR    LA    RELIGION, 

VOUS  servir  d'excuse ,  pour  manquer  à  vos  de- 
voirs, pour  commettre  le  péché. 

Il  y  a ,  vous  le  savez ,  deux  sortes  de  péchés  . 
le  péché  originel  et  le  péché  actuel. 

Le  péché  originel,  est  celui  que  nous  appor- 
tons en  venant  au  monde,  par  suite  de  la  déso- 
béissance de  nos  premiers  pères.  Cette  faute 
passa  à  leurs  enfants ,  à  leurs  petits-enfants,  el 
ainsi  à  tous  les  hommes  j  nous  naissons  donc 
coupables,  et  ennemis  de  Dieu  ;  sujets,  comme 
Adam,  aux  misères  et  aux  souffrances  du  corps, 
aux  mauvais  penchants  de  l'âme.  C'est  le  péché 
originel  qui  est  la  funeste  source  de  tous  nos 
maux ,  comme  de  toutes  nos  fautes. 

Que  nous  soyons  coupables  et  punis  d'un  pé- 
ché que  nous  n'avons  pas  commis,  cela  doit 
vous  étonner  ,  mes  enfants ,  peut-être  même 
vous  paraître  injuste.  C'est,  néanmoins,  une  vé- 
rité à  laquelle  il  faut  ajouter  foi;  un  malheur 
auquel  il  faut  se  soumettre.  Ce  qui  est  tout -à - 
fait  impossible ,  c'est  que  Dieu  soit  injuste  en- 
vers ses  créatures,  et  cela  serait  encore  plus  dif- 
ficile à  croire  que  le  péché  originel.  D'ailleurs  , 
Dieu  n'a  pas  abandonné  les  hommes  dans  leur 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    E?iFA!N"TS.        !81 

misère,  le  sacrement  de  baptême  purifie  leurs 
ûmes  de  la  tache  originelle,  et,  pour  en  combat  - 
tre  les  tristes  suites  ,  la  grâce  divine  ne  nous 
manque  jamais. 

Le  péché  actuel  est  celui  que  nous  commet- 
tons par  notre  propre  volonté,  après  avoir  at- 
teint l'âge  de  raison,  depuis  que  nous  savons 
discerner  le  bien  d'avec  le  mal.  On  peut  com- 
mettre le  péché  actuel  en  quatre  manières  : 
par  pensées,  par  paroles,  par  actions,  par 
omissions. 

Pécher  par  pensées,  c'est  se  révolter  dans  son 
esprit  contre  la  loi  de  Dieu,  ou  les  ordres  de  ses 
supérieurs;  c'est  désirer  de  faire  une  faute,  avoir 
des  sentiments  d'orgueil,  d'envie,  etc.  Toutes 
ces  mauvaises  pensées,  et  d'autres  encore,  mes 
enfants,  peuvent  cependant  ne  pas  être  coupa- 
bles ;  elles  le  deviennent  seulement ,  lorsque 
nous  nous  y  laissons  aller  volontairement;  si  au 
contraire,  noiisles  chassons  bien  vite  sans  nous  y 
arrêter,  si  elles  ne  font  que  traverser  notre  e— 
prit,  malgré  nous,  loin  d'être  des  fautes,  elles 
sont  pour  nous, alors, l'occasion  d'être  ngréables 
au  Seigneur;  c'est  à  ses  yeux  un  grand  mérite, 


185  SUll    LA    RFLIv-ilO??, 

tle  savoir  résisler  au  mal.  Il  ne  faudrait  pas, 
TOUS  le  voyez ,  confondre  le  péché  avec  la  len- 
lalion  :  celle-ci  nous  vient  du  démon  ;  Dieu  la 
permet  pour  nous  éprouver,  nous  ne  pouvons 
nous  y  soustraire;  mais  le  péché  est  un  acte 
volontaire,  il  dépend  de  nous  de  ne  le  pas 
commettre. 

Pécher  par  paroles,  c'est  mentir  ,  jurer  ,  mal 
parler  du  prochain,  lui  dire  des  injures,  ré 
pondre  à  ses  parents  avec  humeur  ou  imperti- 
nence, etc. 

Pécher  par  action,  c'est  faire  une  action  dé- 
fendue; prendre  ce  qui  ne  vous  appartient  pas, 
se  livrer  à  la  gourmandise,  frapper  ses  cama- 
rades, etc. 

Pécher  par  omission,  c'est  négliger  un  de  ses 
devoirs,  manquer  à  ses  prières,  mettre  peu  de 
zèle  à  son  travail ,  ne  pas  faire  l'aumône  autant 
qu'on  le  pourrait,  etc. 

Nos  devoirs,  vous  le  sentez,  mes  enfants,  ne 
sont  pas  tous  d'une  égale  importance;  aussi, 
nos  péchés  sont-ils  plus  ou  moins  graves, selon, 
d'abord  ,  que  le  devoir  auquel  nous  avons  man- 
ipié  était  plus  ou  moins  rigoureux,  puis  ensiiile, 


Et    SUR    LES    DEVOIRS    DES    E>FA>TS.        IST) 

selon  que  la  volonté  coupable,  qui  nous  porte  à 
désobéir  au  Seigneur,  était  plus  ou  moins  arrê- 
tée dans  notre  esprit.  Mon  Dieu  !  c'est  souvent 
presque  malgré  lui,  qu'un  pauvre  enfant  est  en- 
traîné au  mal  !  il  n'y  consent  qu'à  moitié;  peut- 
élre  un  petit  ami  l'aura-t-il  entraîné;  qui  sait 
encore?  peut-être  aura-t-il  résisté  bien  long- 
temps avant  de  succomber!  Ce  serait  plus  excu- 
sable,  n'cst-il  pas  vrai,  que  de  commettre  une 
faute  à  dessein ,  avec  la  ferme  volonté  de  mal 
taire. 

On  appelle  péchés  mortels ,  les  fautes  très 
gravesenelles  mêmes,  et  qu'on  a  commises  tout- 
à-fait  volontairement.  Ces  fautes  doivent  nous 
inspirer  une  grande  horreur.  Elles  feraient 
mourir  notre  âme  en  la  privant  de  la  grâce  de 
Dieu ,  qui  est  sa  véritable  vie  ;  et  le  péché  mor- 
tel, lorsqu'en  ce  monde,  il  n'est  pas  expié  par 
la  pénitence,  sera  puni  dans  l'autre,  par  des 
châtiments  éternels. 

Les  fautes  plus  légères  se  nomment  péchés  vé- 
niels: ces  péchés  ne  nous  enlèvent  pas  la  grâce, 
mais  ilsraffaiblissentennous.il  serait  trèsmal, 
mes  enfants,  de  ne  pas  chercher  à  éviter  lespetiles 


18^  SUR    LA.    RKLIGIOiN  , 

fautes;  elles  pourraient  vous  conduire  à  des  fau- 
tes plus  graves ,  car  ce  n'est  guère  tout-à-coup 
que  l'on  devient  très  coupable  ;  c'est  insensible- 
ment, par  degrés,  et  comme  le  dit  l'Ecriture 
sainte  :  «  Celui  qui  méprise  les  petites  choses 
tombera  peu-à-peu  dans  les  grandes.wNe  serait- 
ce  pas  encore  se  montrer  peu  reconnaissant 
envers  Dieu ,  que  de  compter  your  rien  ce  qui 
l'offense,  même  faiblement?  Que  diriez-\ous, 
par  exemple,  d'un  enfant  qui,  sans  vouloir  faire 
une  véritable  peine  à  son  père  ,  ne  laisse- 
rait pas  de  lui  causer  chaque  jour  mille  petits 
chagrins  ? 

Et  l'on  ne  saurait  douter  que  le  péché  ne  dé- 
plaise beaucoup  à  Dieu  ,  qu'il  ne  soil  la  plus 
grande  injure  que  nous  puissions  lui  faire.  Nous 
ne  pourrons  même  jamais  comprendre,  à  quel 
point  Dieu  a  le  mal  en  horreur  ;  mais  ce  qui  de- 
vrait en  quelque  sorte  nous  le  faire  entrevoir  , 
c'est,mesenfants,qu'iln'a  fallu  rien  moins  que  la 
mort  de  Notre-Seigneur,  pour  expier  le  péché , 
et  que,  pour  le  punir,  Dieu  malgré  sa  bonté  pré- 
pare des  peines  éternelles! 

Fuyez  donc  le  péché,  mes  amis,  et  les  oc- 


i;t  sur   les  devoirs  des   e>fa>ts.   185 

casions  de  le  commettre.  Corrigez-vous  des  dé- 
fauts qui  TOUS  exposent  le  plus  souvent  a  offen- 
ser Dieu.  Offenser  Dieu!  il  n'y  a  pas  de  plus 
grand  malheur  en  ce  monde  ! 

La  reine  Blanche  ,  la  pieuse  mère  de  saint 
Louis,  était  si  pénétrée  de  cette  vérité  que,  mal- 
gré sa  tendresse  maternelle,  parfois  elle  faisait 
entendre  à  son  fils,  qu'elle  aimerait  mieux  qu'il 
fût  mort ,  que  coupable  d'un  grand  péché.  Le 
bon  roi ,  garda  fidèlement  les  pieux  enseigne- 
ments de  sa  mère  ,  et  les  transmit  lui-même  à 
son  propre  fils.  Comme  il  sentait  approcher  sa 
lin,  disent  les  mémoires  du  temps,  dans  leur  naïf 
langage,  il  manda  son  fils  auprès  de  lui.  «  Très 
doux  fils  ,  lui  dit-il ,  la  première  chose  que  je 
t'enseigne,  c'est  que  tu  mettes  ton  cœur  à  aimer 
Dieu,  car  sans  cela  nul  ne  peut  être  sauvé,  garde- 
toi  de  faire  chose  qui  à  Dieu  déplaise  ,  et  tu 
devrais  souffrir  toutes  sortes  de  vilains  tour- 
ments, plutôt  que  faire  mortel  péché» 


DE  L'ORGUEIL. 


(;c'lui    qui   s'i'lève  si'iM  ;ib 
lui  qui  s'ahaisse  .'■era  éli  vé. 

St.   i.vr.    XIV  —  11. 


L'orgueil  estim  amour  excessif  de  soi-même 
et  de  son  propre  mérite  ,  dont  l'effet  est  de  se 
préférer  aux  autres ,  de  rapporter  tout  à  soi  et 
rien  à  Dieu. 

Le  péché  des  anges  rebelles,  mes  enfants,  fut 
un  péché  d'orgueil  ;  et  l'orgueil  perdit  égale- 
ment notre  premier  père.  Il  n'y  a  pas  de  défaut 
plus  commun  que  celui-là:  il  s'insinue  dans  le 
cœur,  pour  peu  que  l'on  cesse  de  veillei-  sur 
soi  ;  il  se  mêle  à  nos  actions  ,  à  nos  paroles , 
et  altère  souvent  nos  vertus  mêmes,  en  nous  en- 


SUR    LES    DEVOIRS    DES   EI>F\>TS.  187 

levant  le  mérile  du  peu  de  bien  que  nous  avons 
lait. 

L'orgueil  est  détestable  aux  yeux  de  Dieu;  l'é- 
criture sainte  nous  en  fournit  mille  preuves; 
et,  si  nous  voulons  nous  former  une  idée  des 
châtiments  réservés  à  ce  vice,  rappelons-nous, 
mes  enfants,  la  punition  des  anges  du  Ciel,  et 
les  tristes  suites  du  péché  d'Adam  et  d'Eve. 

L'orgueil  est  la  source  d'un  grand  nombre 
de  vices.  Les  principaux  d'entre  eux,  du  moins 
pour  les  enfants  de  voire  Age  sont  :  la  vanité, 
l'ostentation,  la  présomption,  et  le  mépris  du 
prochain. 

La  vanité,  c'est,  mes  amis,  la  vaine  gloire, 
que  nous  donnent  nos  avantages;  c'est  le  désir 
d'être  loué,  admiré.  Eh!  mon  Dieu,  cepen- 
dant, de  quoi  pouvons-nous  tant  nous  glorifier  ? 
nous  sommes  si  peu  de  chose!  et  que  possé- 
dons-nous d'ailleurs,  que  nous  n'ayons  reçu  di' 
Dieu? Qu'avons-nous  fait  par  exemple  poumons 
procurer  tO'Jt  ce  dont  nous  sommes  si  disposés 
à  tirer  vanité  ?  la  figure ,  l'esprit ,  la  naissance 
la  fortune? 

Une  petite  fille  est  jolie,  ou  plutôt  elle  cioiL 


188  SUR    LA    RELIGION, 

l'être;  sans  cesse,  on  la  surprend  à  s'admirer 
elle-même  devant  nne  glace;  elle  perd  un  temps 
considérable  à  sa  toilette,  et  tourmente  conti- 
nuellement sa  mère  ,  pour  se  faire  acheter  des 
pai'ures  qui  lui  sont  inutiles  et  ne  conviennent 
qu'aux  grandes  personnes  :  c'est  là  de  la  vanité. 

Il  y  a  autant  de  vanité,  mes  enfants  ,  à  se  dé- 
piter de  ne  point  posséder  de  certains  avan- 
ta^ies,  qu'à  se  glorifier  des  avantages  que  l'on 
possède.  Cette  autre  petite  fille,  toute  chagrine 
d'être  moins  belle  et  moins  admirée  que  ses 
compagnes,  est  aussi  vaniteuse  que  celle  qui  est 
fière  de  sa  beauté. 

Et  cet  enfant  raisonneur,  qui  veut  discuter 
sur  toutes  choses,  qui  prétend  avoir  des  opi- 
nions, qui  tient  tête,  obstinément,  aux  per- 
sonnes plus  âgées?  c'est  encore  la  vanité  qui  lui 
donne  ce  ridicule. 

Le  second  défaut,  produit  par  l'orgueil,  est 
rostentation  :  elle  consiste  à  faire  parade  de  ses 
avantages,  à  les  étaler  aux  yeux  des  autres, 
pour  les  faire  briller,  et  par  là  s'attirer  des 
éloges.  C'est  par  ostentation  que  souvent  on  fait 
le  bien ,  l'aumône  par  exemple;  mais  prenons  y 


ET    SUR    LES    DEVOIIiS     DES    E>FA>ÏS        1  Si> 

garde.  Si  le  monde  connait  nos  bonnes  actions, 
et  qu'il  nous  en  loue,  nous  aurons  ainsi  reçu 
notre  récompense  sur  la  terre,  et  nous  ne  pour- 
rons plus  l'attendre  dans  le  Ciel.  Nos  aumônes 
doivent  rester  un  secret  entre  le  pauvre  etDieu. 
Nous-mêmes,  il  faut  chercher  à  les  oublier,  pour 
que  Dieu  s'en  souvienne,  et,  selon  le  conseil 
de  l'Evangile,  ce  que  fait  notre  main  droite  ,  la 
main  gauche  doitlignorer. 

Voudriez-vous  croire  ,  mes  amis  ,  quil  y  a 
des  gens  qui  se  vantent  du  mal  qu'ils  font , 
même  de  celui  qu'ils  ne  font  pas  ,  et  dont  sûre- 
ment ils  seraient  incapables?  Eh  bien  !  la  sottise 
va  pourtant  jusque-là,  et  je  connais  des  enfants 
qui,  vis-à-vis  de  leurs  camarades,  se  font  gloire 
d'être  indépendants,  peu  soumis,  très  habiles 
à  tromper  la  surveillance  de  leurs  parents  et  de 
leurs  maîtres. 

Enfin,  quand  l'orgueil  domine  dans  le  cœur, 
souvent  on  se  croit  en  droit  de  mépriser  les  au- 
tres. Un  enfctnt  dit  à  Dieu  ,  dans  sa  prière  , 
ainsi  que  le  Pharisien deTEvangile:  «  Seigneur, 
je  vous  remercie  de  ce  que  je  n'ai  pas ,  commr 


lyO  SUR    LA    RELIGION, 

mes  camarades, tels  ettels  défauts  «Orgueilleux! 
rappelez -vous  cette  parole  de  Jésus-Chiisl  : 
Celui  qui  s'élève  sera  ahaissé,  et  craignez  qu'il 
ne  vous  l'adresse;  craignez  que,  par  son  humilité, 
cet  enfant  qui  vous  semble  si  imparfait,  ne  soit 
plus  agréable  à  Dieu ,  que  vous  ne  l'êtes  vous- 
même. 

Et  que  penserons-nous,  mes  amis,  de  cet  au- 
tre enfant,  qui,  parce  que  ses  parents  sont  riches, 
regarde  avec  dédain  les  enfants  moins  bien  par- 
tagés que  lui,  qui  passe  fièrement  devant  ceux 
dontla  mise  est  moins  recherchée  que  la  sienne, 
leur  fait  sentir,  enfm,  la  différence  qui  existe 
entre  eux  aX  lui?  On  pourrait  supposer  à  cet 
enfant  un  mauvais  cœur;  espérons  qu'il  n'a 
qu'un  sot  orgueil,  dont  un  peu  de  réflexion 
le  corrigera  bientôt. 

Que  ceux  d'entre  vous,  mes  chers  enfants, 
qui  se  seront  reconnus  dans  les  exemples  que  je 
viens  de  citer,  s'empressent  d'en  convenir  avec 
franchise  ;  ce  sera  faire  un  premier  pas ,  pour 
acquérir  cette  vertu  d'humilité  dontNotre-Sei- 
gneur  et  sa  sainte  mère  nous  ont  laissé  tant 
d'exemples,  et  qui  leur  fui  à  tous  deux  si  chère. 


ET    SLR    LES    DEVOIRS    DES    ExXF.V^TS.       IDi 

Avouons-le,  mes  eulaiils ,  le  peu  de  bien  qui  est 
en  nous,  Dieu  l'y  a  mis  ;  le  mal,  seulement  vient 
de  nous-mêmes.  Où  pourrait  donc  se  placer  no- 
tre vanité?  Demandons  à  Dieu  de  nous  en  gué- 
rir; prions-le  de  nous  apprendre  à  n'estimer 
les  choses  que  ce  qu'elles  valent  à  ses  yeiix ,  à  ai- 
mer seulement  ce  qu'il  aime;  le  reste  ne  mérite 
guère  que  nous  y  attachions  notre  cœur.  Avec 
ces  pensées-là,  on  est  sans  orgueil  pour  les  pe- 
tits avantages  que  l'on  possède  ,  et  tout  résigné 
à  se  passer  de  ceux  dont  l'on  est  privé.  Heureux, 
si  l'on  peut  obtenir  l'approbation  du  Seigneur  , 
celle  de  sa  famille,  celle  de  sa  conscience:  ou 
ne  recherche  plus  alors  les  vains  éloges  du  mon- 
de, et  Dieu,  mes  enfants,  bénira,  certainemenl, 
ceux  qui  se  seront  elforcés  de  devenir  à  son 
exemple  ,  doux  et  humbles  de  cœur. 


DE  L'ENVIE. 


Je  n'imilerai  pas  celui  qui  <st  des- 
séche d'envie,  parce  que  IVnvieiix 
u'aiira  point  de  part  à  la  sagesse. 


L'envie  est  un  sentiment  de  tristesse,  causé 
par  les  avantages  ou  le  bonheur  du  prochain. 

O  mes  enfants!  le  vilain  défaut  que  celui-là! 
comme  il  est  honteux  et  méprisable  !  ne  trouvez- 
vous  pas  surtout  qu'il  annonce  un  bien  mauvais 
cœur?  Le  sentiment  naturel,  en  effet,  est  de  se 
1  éjouir  du  bonheur  des  autres  ,  il  n'y  a  même 
pas  à  cela  le  moindre  mérite;  c'est  la  preuve 
d'un  bon  cœur,  voilà  tout. 


SLR    LES    DEVOIRS    DES    E>FA>TS.         JD, 

L'envie,  mes  enfants,  prouve  également  une 
grande  vanité.  C'est  le  désir  des  louanges,  le 
besoin  de  se  faire  admirer,  qui  le  plus  souvent 
est  cause  de  l'envie  qu'on  porte  aux  autres.  En- 
core, si  on  ne  leur  enviait  que  leurs  bonnes  qua- 
lités, leurs  vertus  !  Si  cette  petite  fille,  jalouse 
de  sa  compagne,  désirait  seulement  l'égaler  dans 
son  aimable  caractère,  dans  son  application  au 
travail,  ce  serait  plus  excusable;  il  pourrait 
même  résulter  de  là  une  utile  émulation.  Mais, 
ce  qu'envie  la  petite  jalouse ,  ce  sont  ordinaire- 
ment des  choses  puériles  et  bien  frivoles  :  c'est 
une  agréable  figure  ,  moins  encore  ,  une  jolie 
robe,  un  ruban  ,  que  sais-je  enfin? 

L'envie  prend  donc,  en  général,  sa  source 
dans  l'orgueil;  et,  à  son  tour,  elle  entraine  des 
suites  très  fâcheuses.  L'envie  rend  égoïste,  in- 
juste, souvent  méchant,  et  toujours  malheu- 
reux. 

Elle  rend  égoïste;  car  Tenvieux  voudrait  tout 
avoir  pour  lui,  et  ne  rien  laisser  aux  autres. 
Elle  rend  injuste  ;  car  on  est  disposé  à  juger 
sévèrement  celui  dont  on  est  jaloux.  Je  crains 
fort,  que  la  petite  fille  dont  nous  pai lions  tout- 


\dl\  SUR    L\    RELIGION, 

à-riicurc,  ne  renJt^  pasjuslice  à  sa  coiupague  , 
lorsque  celle-ci  fait  quelque  chose  de  bien,  (^e 
n'est  cependant  pas  sa  faute,  mon  enfant,  si  elle 
est  plus  jolie  que  vous,  et  si  son  caractère  est 
meilleur,  et  plus  aimable  que  le  vôtre,  il  n'y  a 
pas  de  quoi  lui  en  vouloir. 

L'envie  peut  rendre  toul-à-fait  méchant. Quand 
on  est  fûché  que  les  autres  soient  heureux  ,  on 
est  bien  près  de  se  réjouir  du  malheur  qui  leur 
arrive;  rien  de  plus  méchant  que  cela,  rien  de 
plus  contraire  à  la  charité  chrétienne  que  Dieu 
nous  ordonne ,  et  dont  l'cfTet  est  de  nous  rendre 
sensibles  au  maiheur  ,  comme  au  bonheur  de 
nos  frères. 

On  ne  saurait  penser  sans  frémir,  mes  en- 
fants ,  aux  crimes  épouvantables ,  qui  parfois  , 
sont  les  suites  de  la  jalousie.  Elle  a  causé  la  mort 
du  pauvre  Abel;  ce  fut  la  jalousie  qui  poussa 
les  fières  de  Joseph  à  le  vendre  comme  esclave; 
et  les  Pharisiens  à  condannier  Notre-Seigneur. 
En  se  rappelant  ces  terribles  exemples,  on  com- 
prend, mes  enfants  ,  que  l'apùtre  saint  Paul  ait 
dit  dans  une  de  ses  épîlres  :  «  Les  envieux  seron  t 
exclus  du  royaume  des  Cicux.» 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    D  LS    1:>FaM\S.       11)5 

Ne  laissez  donc  jamais  cette  mauvaise  pas- 
sion s'enraciner  dans  votre  cœur.  Déjà  com- 
mence-t-elle  à  y  pénétrer  ,  en  apercevez-vous 
quelques  traces  en  vous  mêmes  ?  hàtez-vous  de 
les  détruire. L'envie  vous  rendrait  non-seulement 
coupables,  mais  cruellement  malheureux;  mal- 
heureux d'abord,  parce  que  vous  seriez  mécon- 
tents de  vous-mêmes,  puis,  parce  que  Tenvie  du 
bien  que  l'on  n'a  pas,  dégoûte  même  de  celui 
que  l'on  possède;  malheureux,  eniin,  car  nul  ne 
partagerait  votre  peine:  il  est  si  honteux  d'être 
jaloux,  que  Ton  n'ose  l'avouer  à  personne, 
et  c'est  souffrir  doublement,  mes  enfants,  que 
de  ne  pouvoir  demander  à  des  amis  de  vous 
plaindre,  au  bon  Dieu  de  vous  consoler. 

Une  sorte  de  jalousie^  plus  excusable  sans 
doute  que  la  première,  mais  dont  malheureuse- 
ment les  suites  ne  sont  pas  moins  fâcheuses ,  est 
celle  qui  se  rencontre  quelquefois  entre  frères  et 
sœurs,  par  rapporta  l'affection  de  leurs  parents. 
Celle  jalousie  trouble  toute  une  famille  :  elle  dé- 
truit l'union  des  enfants,  et  désole  les  pères  et 
mères,  qui,  malgré  leur  désir,  et  le  soin  qu'ils 
y  apport!  ni,  ne  peuvent  jamais  réussira  parla- 


196  SLR    LA    RELIGION  , 

ger  toutes  choses  d'une  manière  si  parfaitement 
égale,  que  l'enfant  jaloux  ne  puisse  soupçonner 
quelque  injustice.  C'est  souvent  une  sensibilité 
outrée  qui  lait  craindre  à  un  enfant,  d'être  le 
moins  aimé  par  sa  famille.  Si  je  connaissais  ce 
pauvre  enfant,  je  l'appellerais  vers  moi ,  et  je  lui 
dirais  : 

Mon  ami ,  il  est  presque  certain  que  l'injus- 
tice dont  vous  vous  plaignez ,  n'existe  que  dans 
votre  imagination.  Le  sentiment  le  plus  naturel 
à  des  parents  ,  est  d'aimer  chacun  de  leurs  en- 
fants avec  une  égale  tendresse.  Cette  tendresse 
peut  ne  pas  se  témoigner  toujours  de  la  même 
manière,  sans  être  pour  cela  différente  dans  le 
fond  du  cœur  :  ainsi,  une  mère  donnera  sou- 
vent la  plus  grande  partie  de  sa  journée  à  son 
fils  aine,  parce  que  l'importance  de  l'éducation 
de  celui-ci  l'exige;  mais  en  même  temps,  peut- 
être  caressera-t-elle  davantage  le  plus  jeune,  par- 
ce que  les  caresses  sont  le  seul  langage  à  la  por- 
tée d'un  tout  petit  enfant,  le  seul  moyen  de  lui 
faire  comprendre  la  tendresse  de  sa  mère.  Si 
maintenant,  dans  une  famille,  il  se  trouve  un 
enfant  souffrant  et  faible,  n'est-il  pas  juste  qu'on 


tT  SUP  LES  DEVOJRS  DES  E>FA>TS.   11)7 

s'en  occupe  plus  que  des  autres,  et  qu'il  de- 
vienne, si  l'on  peut  ainsi  parler,  l'enfant  gâté  de 
ses  parents? ses  frères  et  sœurs,  loin  de  se  plain- 
dre ,  devraient  partager  les  soins  qu'on  lui 
donne;  il  est  naturel  aussi,  ce  me  semble,  de  ca- 
resser davantage  les  petites  filles;  ce  n'est  pas 
qu'on  aime  moins  les  garçons  ;  mais  les  filles 
sont  plus  faibles,  et  de  bonne  heure,  on  com- 
mence à  traiter  les  garçons  comme  des  hom- 
mes. 

Supposons  cependant,  mon  cher  enfant,  que 
la  petite  préférence  qui  vous  afflige  existe  bien 
réellement ,  n'en  seriez-vous  pas  la  cause  ?  Si 
vous  éles  un  peu  moins  aimé,  c'est  peut-être 
que  vous  êtes  beaucoup  moins  aimable,  moins 
empressé  d'obéir  à  vos  parents ,  moins  occupé 
de  leur  plaire;  dans  ce  cas,  vous  n'auriez  guère 
le  droit  devons  plaindre,  et,  plutôt  que  de  vous 
laisser  aller  à  la  tristesse  ,  il  faudrait  songer  à 
vous  corriger  bien  promptement  ;  alors,  vous 
sauriez  regagner  la  tendresse  de  votre  famille. 


!)U  MENSONGE 


Renoncez  au  inensungf  ,  et  que  cli.i- 
ciiiidi"  vous  parle  à  son  |iruchaiii  seîmi 
|j  viiile. 

Sr.    I'aul.  Ljilic».  IV  — ij. 


Dieu  déleste  le  mensonge,  mes  cliers  enfants, 
parce  qu'il  estl'œuvre  de  son  ennemi;du  démon 
qui,  le  premier,  introduisit  ici-bas  le  men- 
songe, afm  de  tromper  nos  premiers  parents. 
L'Ecriture  sainte,  pour  cette  raison,  donne  au 
malin  esprit  le  nom  de  père  du  mensonge,  et 
Dieu  qui  chérit  particulièrement  la  vertu  oppo- 
sée à  ce  vice,  s'est  appelé  lui-même  le  Dieu  de 
vérilé.  En  faut-il  davantage,  mes   amis,   pour 


SL'R  LES  DEVOIRS  DES  ENFANTS.       IDD 

nous  inspirer  l'horreur  de  la  faussclé  et  du  men- 
songe, et  comment  se  peut-il,  que  nous,  les 
enfants  du  Dieu  de  vérité,  nous  pratiquions  si 
peu  celte  belle  vertu  f 

Cherchons  donc  à  bien  comprendre  ce  qu'il 
y  a  de  coupable  à  mentir.  Mentir,  c'est  dire  vo- 
lontairement le  contraire  de  la  vérité;  c'est  trom- 
per les  autres,  et  abuser  du  don  de  la  parole  que 
Dieu  a  bien  voulu  nous  accorder;  la  parole,  en 
effet ,  nous  a  été  donnée  pour  exprimer  nos 
pensées,  et  non  pas,  mes  chers  enfants,  pour 
les  dissimuler. 

Il  y  a  plusieurs  sortes  de  mensonges  ;  toutes, 
il  est  vrai,  ne  sont  pas  également  blâmables, 
mais  il  n'en  est  pas  une  seule  de  permise  ;  il  n'est 
pas  un  mensonge,  tout  léger  qu'il  puisse  être, 
que  nous  ne  devions  nous  reprocher.  Ainsi,  bien 
des  personnes  mentent  par  plaisanterie;  pour 
elles,  c'est  une  espèce  de  jeu  ,  et  elles  s'excusent 
de  leurs  mensonges ,  en  disant  qu'ils  ont  peu 
d'importance,  et  qu'ils  ne  nuisent  à  personne. 
Cela  peut  être,  mais  l'habitude  de  rapporter  les 
choses  autrement  qu'elles  ne  sont,  est  une  ha- 
bitude fort  répréhensible  ;  elle  conduit  ordinai- 


200  SUR    LA    RELIGION, 

rement  à  des  mensonges  plus  graves;  on  com- 
mence par  raconter,  en  rembellissant,  une  his- 
toire insignifiante ,  mais  on  n'en  reste  pas  là , 
et  plus  lard  peut-être,  parlera-t-on  des  torts 
du  prochain  avec  aussi  peu  de  vérité. 

Le  mensonge  le  plus  commun,  surtout  dans 
l'enfance,  mes  amis,  est  celui  qu'on  se  permet 
pour  excuser  une  faute,  et  dans  la  crainte  d'être 
puni.  Par  là,  on  ajoute  une  seconde  faute  à  la 
première,  on  se  rend  deux  fois  coupable  aux  yeux 
de  Dieu,  comme  à  ceux  de  ses  parents,  i'ils  \  ien- 
nent  à  découvrir  la  faute  cachée  ;  l'enfant  men- 
teur mérite  alors  une  double  punition,  tandis 
que  l'enfant  sincère  aurait  désarmé  la  sévérité 
maternelle.  Comment  se  résoudre  à  gronder  le 
coupable  qui  lui-môme  vient  s'accuser?  Croyez- 
le  bien,  mes  amis,  la  franchise  est  votre  meil- 
leure excuse;  elle  est  autant  dans  votre  intérêt 
que  dans  votre  devoir. 

Le  plus  répréhensible  des  mensonges,  est  la 
calomnie;  elle  consiste  à  accuser  faussement  le 
prochain.  Une  telle  méchanceté  vous  révolte, 
mes  enfants,  je  ne  puis  vous  en  supposer  capa- 
bles. Vous  rougiriez,  je  n'en   doute  pas,   de 


ET   SUR    LES    DEVOIRS    DES    ENFANTS.       201 

calomnier  quelqu'un  par  pure  méchanceté,  et 
ilans  l'intention  positive  de  lui  nuire;  mais  si 
vous  ne  surmontez  pas  la  répugnance  que  vous 
éprouvez  à  faire  l'aveu  de  vos  torts,  si  vous  vous 
permettez  un  premier  mensonge  pour  les  excu- 
ser, peut-être  serez-vous  entraînés  à  la  calom- 
nie ;  peut-être  finirez-vous  par  accuser  votre 
frère,  ou  un  domestique,  de  la  faute,  que  vous- 
mêmes  vous  avez  commise.  Ce  serait  déjà  très 
mal  de  laisser  soupçonner  les  auties,  par  vos 
parents,  et  ces  soupçons  deviendraient  inévita- 
bles, si,  à  l'aide  du  mensonge,  vous  parveniez  à 
prouver  que  vous  n'êtes  pas  le  coupable. 

On  peut  mentir  par  ses  actions  comme  par  ses 
paroles,  en  cherchant  à  paraître  meilleur  qu'on 
ne  l'est  en  effet.  Cette  espèce  de  mensonge,  dont 
l'orgueil  est  la  source,  s'appelle  hypocrisie.  Un 
enfant,  à  l'église,  se  tient  dévotement,  les  mains 
jointes.  11  paraît  profondément  recueilli;  aie 
voir,  on  le  dirait  un  petit  ange  :  ce  n'est  qu'un 
hypocrite.  Il  n'a  que  l'extérieur  de  la  piété,  car 
il  pense  à  tonte  autre  chose  qu'à  la  prière.  Cet 
écolier  s'amuse  au  lieu  de  travailler;  mais  pour 
tromper  son  maître,  il  semble,  en  sa  préî-ence, 


'202  SITU    I.V    RKI-IGIO?*,    ETC. 

étudier    avec    altenlion  :  c'est   là    encore  de 
riiypocrisie. 

Hé,  mon  Dieu  !  mes  amis ,  que  gagne-t-on  à 
une  semblable  conduite?  des  louanges,  des  élo 
ges  ?  mais  des  éloges  non  mérités,  quel  plaisir 
peuvent-ils  faire?  Ne  sont-ils  pas  plutôt  une 
sorte  de  reproclie  ? 

Youb  z-vous,  chers  enfants,  n'être  jamais  ten- 
tés de  mentir?  conduisez-vous  de  manière  à 
n'avoir  rien  à  cacher  ;  ne  faites  rien  de  mal.  Les 
yeux  du  Seigneur  sont  toujours  ouverts  sur 
vous;  alors  que  personne  sur  la  terre  ne  vous 
voit,  Dieu  vous  voit  et  vous  juge;  nul  ne  peut 
le  tromper,  que  vous  servirait-il  de  tromper  les 
hommes? 

D'ailleurs,  mes  chers  enfants,  Dieu  permet 
que  tôt  ou  tard  la  vérité  soit  connue,  et  que  les 
menteurs  se  trahissent  souvent  eux-mêmes.  Ils 
sont  alors  couverts  de  confusion,  et  reçoivent, 
dès  ce  monde,  la  punition  qu'ils  méritent. L'hom- 
me faux  et  menteur  s'attire  partout  le  mépris  ; 
on  doute  de  chacune  de  ses  paroles;  on  ne  le 
croit  plus,  même  lorsqu'il  dit  la  vérité;  per- 
sonne enfin,  ne  voudrait  l'avoir  pour  ami. 


LA  MEDISANCE. 


Mva  frrres,  ne  pnrlcz   pns  in.il    !es 
ntis  des  aulr«"s. 

.St    jArgi'E?.    IV   —    II. 


L'apôlre  saint  Jacques  conseillait  aux  fidèles 
de  son  temps,  de  mettre  un  freina  leur  bouche, 
pour  éviter  tous  les  péchés  dont  la  langue  est  la 
cause;  déjà,  mes  chers  enfants,  j'ai  cherché  à 
vous  inspirer  Thorreur  des  plus  graves  de  ces 
péchés ,  le  mensonge  et  la  calomnie  ;  il  en  est 
bien  d'autres  encore  également  réprouvés  de 
Dieu.  Ce  sont  les  médisances,  les  paroles  mo- 
queuses, les  paroles  indiscrètes  et  inutiles. 

Les  médisances,  vous  savez  en  quoi  elles  con- 
sislcnl?  Qui  de  nous,  mes  enfants,  n'en  a  pas  à 


20/|  SUR    LA    RELIGION, 

se  reprocher?  Qui  sait  garder,  en  toute  occa- 
sion, un  secret  absolu  sur  les  fautes  d'autrui  ? 
Sans  doute,  la  médisance  est  moins  odieuse  que 
la  calomnie,  mais  le  mal  qui  en  résulte  est  le 
même,  et  de  plus  il  est  irréparable.  Quand  on  a 
eu  le  malheur  d'accuser  un  innocent,  on  peut 
lui  rendre  justice,  en  avouant  le  mensonge  que 
l'on  a  fait,  en  déclarant  qu'on  s'est  trompé;  mais 
quand  les  accusations  sont  fondées,  plus  de  ré- 
paration possible;  le  mal  est  fait. 

Vous  ne  sauriez  encore  bien  comprendre,  mes 
enfants,  quelles  terribles  conséquences  peuvent 
résulter  de  la  médisance,  vous  trouvez  qu'il  n'y 
a  pas  grand  inconvénient  à  dire  de  vos  camara- 
des qu'ils  sont  menteurs  ou  désobéissants.  A 
votre  âge,  il  est  vrai,  les  médisances  n'ont  pas 
grande  portée;  mais,  diles-moi,  mes  amis,  se- 
riez-vousbien  aises  que  vos  camarades  au  risque 
de  vous  faire  gronder,  allassent  rapporter  tout 
ce  que  vous  faites  ?  Non,  sans  doute.  Avez-vous 
alors  oublié  le  précepte  delà  charité  chrétienne  : 
«  Ne  fais  pas  à  autrui,  ce  que  tu  n'aimerais  pas 
qu'on  le  fît  à  loi-même.  » 

Gardez  donc  le   secret   sur  1rs  loris  de  vos 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    E^FA^TS.       205 

petits  amis,  à  moinsqu'il  n'y  ait  utilité  réellcà  les 
faire  connaître.  Si,  par  exemple,  la  désobéis- 
sancij  d'un  enfant  pouvait  l'exposer  à  quelque 
danger,  ce  serait  un  devoir  pour  vous  d'averlir 
ses  parents.  Si  l'un  de  vos  camarades  n'était  pas 
l'enfant  sage  et  bien  élevé  qu'on  avait  cru  vous 
donner  pour  ami  ;  si  vous  receviez  de  lui  de  fâ- 
cheux exemples,  ou  de  mauvais  conseils,  ce  se- 
rait bien  alors  d'en  prévenir  votre  mère,  afin 
qu'elle  put  éloigner  de  vous  celte  dangereuse 
société.  Dans  ces  deux  circonstances,  mes  amis, 
votre  conscience  saura  distinguer  le  motif  qui 
vous  fera  parler.  Ce  n'est  qu'à  regret  que  l'en- 
fant charitable  et  bon  vient  accuser  un  cama- 
rade; l'enfant  médisant,  au  contraire,  y  trouve 
un  méchant  plaisir. 

La  médisance  serait  moins  commune,  mes 
amis,  si  nous  jugions  les  autres  moins  promp- 
temenl,  et  avec  plus  d'indulgence.  Tous  vous 
hâtez  bien  de  supposer  que  cette  petite  fille  a 
tel  ou  tel  défaut;  en  êtes-vous  bien  sûrs?  en 
avez-vous  la  preuve  ?  Vous  ne  faites  souvent  que 
répéter  la  médisance  des  autres,  vous  condam- 
niz  sur   un  simple  soupçon  ;  quand    il    s'agit 


200  SUR    L\    RELIGION, 

d'accuser,  pourtant  faudrait-il  avoir  la  certi- 
tude de  ne  pas  se  tromper. 

Et  alors  même  que  vous  avez  cette  certitude, 
mes  enfants,  alors  que  vous  ne  conservez  aucun 
doute  sur  les  torts  dd  voire  compagne,  n'y  a-t- 
il  donc  p.is  moym  de  l'excuser,  et  au  moins  ne 
voulez-vous  pas  la  plaindre?  Cette  pauvre  en- 
fant fut  mal  {'.\e\ée,  peut-élre?  peut-être  per- 
sonne n'a-t-il  songé  à  la  reprendre,  à  la  corri- 
ger? il  est  possible  qu'elle  soit  née  avec  des  in- 
clinations moins  heureuses  que  les  vôtres;  cela 
n'est  pas  sa  faute,  et  tout  imparfaite  qu'elle  est 
encore,  qui  sait  si  déjà  elle  ne  s'est  pas  bien 
corrigée,  si  elle  n'a  pas  fait  plus  d'efforts  sur  son 
caractère,  que  vous  qui  l'accusez  n'en  avez  fait 
sur  le  vôtre  ?  Rentrez  en  vous-mêmes,  mes  en- 
fants, et  le  souvenir  de  vos  propres  défauts 
vous  rendra  plus  indulgents  pour  les  défauts 
d'autrui.  Je  vous  conseille  aussi  devons  défen- 
dre de  cet  esprit  moqueur,  de  ce  penchant  à 
tourner  tout  le  monde  en  ridicule,  à  relever 
malignement  dans  les  autres  les  plus  petits 
travers.  Un  tel  caractère  se  fait  généralement 
détester,  il  annonce  un  esprit  bien  frivole,  et,  ce 


ET    SLR    LES    DEVOIRS    DES    EM  V?iTS.    207 

qui  est  pis,  un  mauvais  cœur.  En  effet,  de  quoi 
se  nioque«t-on  le  ])lus  souvent,  à  votre  âge  sur- 
tout? D'une  figure  dont  l'aspect  est  étrange, 
d'un  langage  auquel  on  n'est  pas  accoutumé; 
le  dirai-je  ?  d'une  triste  infirmité  qui  fait  le  dé- 
sespoir du  malheureux  qui  en  est  atteint,  et  qui 
pourtant  n'esta  vos  yeux  qu'un  ridicule.  Votre 
intention  n'est  pas  mauvaise,  je  le  sais;  vous  vou- 
lez seulement  plaisanter  et  rire;  mais  songez 
combien  une  plaisanterie  peut  être  blessante  et 
causer  de  peine;  songez,  combien  il  serait  mé- 
chant de  rire  de  ce  qui,  pour  un  autre,  est  un 
sujet  de  chagrin. 

Un  peu  de  réflexion,  de  retenue,  l'habitude 
du  silence,  du  silence  qui  sied  tant  au  jeune 
âge,  vous  préserverait  de  bien  des  fautes.  C'est 
particulièrement  le  besoin  de  parler  à  tout 
propos  et  sans  raison,  qui  vous  rend  méiisants, 
railleurs,  indiscrets,  coupables  devant  Dieu,  im- 
portuns et  fatigants  pour  ceux  qui  vous  entou- 
rent. La  Sainte-Ecriture  nous  apprend  que  la 
multitude  des  paroles  n'est  pas  sans  péché,  car 
il  est  difficile  de  parler  beaucoup  sans  offenser 
Dieu  ou  le  prochain;  c'est  là  sans  doute  pour- 


1>0S 


SUR    L\    RELIGION,    ETC. 


quoi  nous  devons  un  jour  rendre  compte  de  nos 
paroles  inutiles.  Veillez  donc  avec  soin  pour 
les  éviter,  et  demandez  à  Dieu,  mes  enfants, 
qu'il  vous  aide  à  ne  jamais  faire  un  sol  ni  un 
méchant  usage,  des  dons  que  vous  avez  reçus 
de  sa  bonté. 


LA  CURIOSITÉ. 


Ne  l'a|)|)liqiie  jioint  à  icchticlier 
curienseineiit  une  multitude  de  cbos's 
inutiles. 

EccL.  m,  —   24. 


Le  curiosité  esl  le  désir  de  savoir,  d'appren- 
dre ce  qu'on  ignore;  c'est  une  disposition 
heureuse  et  louable,  quand  elle  porte  à  s'in- 
struire de  choses  utiles,  à  orner  sa  mémoire 
de  faits  intéressants.  On  ne  saurait  trop  encou- 
rager, mes  enfants,  une  telle  curiosité.  Elle 
donne  de  l'ardeur  pour  l'étude,  elle  en  fait  sur- 
monter les  difficultés  avec  courage  :  elle  vous 
serait  donc  avantageuse,  à  vous  surtout,  qui 
avez  tant  h  apprendre,  et  qui  trouvez  souvent  le 


210  SUR    L\    RELIGION, 

travail  si  ennuyeux.  Il  y  a,  je  le  sais,  une  curio- 
sité naturelle  à  votre  âge,  mais  malheureuse- 
ment ce  n'est  pas  celle  dont  nous  parlions  tout- 
à -l'heure.  C'est  une  curiosité  qui  ne  peut  rien 
produire  de  bon,  car  elle  est  futile  ou  indiscrè- 
te, car  elle  vous  porte  à  désobéir  à  vos  parents, 
et  peut  ainsi  vous  devenir  nuisible. 

Ce  que  j'appelle,  mes  amis,  une  curiosité  fu- 
tile, c'est  ce  besoin  de  savoir  des  choses  qui  ne 
sont  d'aucun  intérêt,  ni  pour  les  autres  ni  pour 
vous-mêmes.  Toutes  ces  nouvelles  insignifian- 
tes, ces  bagatelles,  ces  riens  que  vous  mettez  un 
si  grand  prix  à  connaître,  n'ont  pas  fait  sur 
vous  la  plus  légère  impression,  vous  les  ou- 
bliez aussitôt,  et  vous  n'en  avez  retiré  d'autre 
plaisir  que  celui  de  satisfaire  dans  le  moment 
votre  curiosité.  Cette  disposition  vaine  et  pué- 
rile a  l'inconvénient  d'accoutumer  votre  esprit 
à  une  légèreté  qui,  plus  tard,  pourrait  l'empê- 
cher de  s'intéresser  à  ce  qui  est  véritablement 
utile. 

Il  résulte  quelquefois  de  la  curiosité  des  in- 
convénients plus  graves  encore,  et  pour  le  pro- 
chain, et  pour  soi-même.  Presque  toujours  Yen- 


ET    Sun    LES    DEVOIRS    DES    E>FA.>TS.      211 

faut  curieux  manque  de  discrétion;  il  veut  sa- 
voir les  secrets  des  autres,  et  cela  n'est  guère 
moins  blâmable  que  de  les  révéler.  Il  se  rend 
insupportable  à  tout  le  monde,  par  ses  questions 
continuellement  répétées;  il  s'informe  de  vos  ac- 
tions, de  vos  moindres  paroles,  He  vos  intentions 
même  :  il  faudrait  lui  rendre  compte  de  tout. 
Les  grandes  personnes  s'entretiennent-elles  à 
voix  basse  ?  l'enfant  que  l'on  avait  cru  occupé 
de  ses  jeux,  a  tout  écouté,  tout  entendu.  Le  fait- 
on  sortir  de  la  chambre  pour  causer  pi  us  à  l'aise? 
poussé  par  la  curiosité,  il  se  tiendra  près  de  la 
porte.  Laisse-t-on  par  hasard  sur  la  table  une 
lettre,  quelque  papier?  vite,  le  curieux  s'en  em- 
pare pour  les  lire.  En  vérité,  j'en  rougis  pour 
lui,  pour  ce  pauvre  enfant,  qui,  dominé  par  son 
défaut,  ne  rougit  pas  lui-même  de  commettre 
une  action  si  honteuse  ! 

Je  vous  disais,  mes  amis,  que  souvent,  la  cu- 
riosité mène  à  la  désobéissance,  et,  dans  ce  cas, 
elle  peut  devenir  funeste.  On  a  vu  des  enfants 
s'empoisonner,  et  mourir  dans  des  douleurs 
cruelles,  pour  avoir  voulu  connaître  ce  que  ren- 
fermait une  holc  qui  cependant  avait  été  soi- 


212  SUR    L\    RtLlGlOiN, 

^neusemeiil  mise  à  l'écart.  D'aulres  iiiallieu- 
reux  enfants  se  sont  tués  avec  des  armes  à  feu, 
que,  malgré  de  sévères  défenses,  ils  avaient  eu 
la  curiosité  de  tenir  entre  leurs  mains. 

Je  ne  dois  pas  vous  laisser  ignorer  non  plus  la 
déplorable  influence  qu'un  pareil  défaut  peut 
exercer  sur  l'esprit  et  le  cœur.  Tel  enfant  adresse 
à  sa  mère  une  question  à  laquelle  celle-ci  ne 
juge  pas  à  propos  de  répondre  :  il  ne  se  lassera 
pas  d'aller  répéter  à  chacun  la  même  question , 
jusqu'à  ce  qu'il  ait  rencontré  une  personne  assez 
faible  pour  consentir  à  satisfaire  une  indiscrète 
curiosité.  Cette  personne,  probablement  moins 
en  état  que  la  mère,  de  répondre  à  l'enfant,  d'une 
manière  juste  et  convenable,  lui  donnera,  par 
son  explication,  des  idées  fausses  ou  mauvaises, 
qui,  si  elles  sont  pour  le  moment  sans  grands 
inconvénients  ,  en  entraîneront  à  coup  sur , 
de  très  graves  pour  l'avenir.  Il  en  est  de  même 
pour  les  livres  qu'on  vous  défend  de  lire,  et  que, 
dans  un  moment  de  solitude ,  vous  avez  peut- 
être  été  tentés  d'ouvrir.  Ce  serait  encore  là  une 
désobéissance  fort  blâmable ,  et  dont  les  suites 
ne  seraient  pas  moins  à  craindre. 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  E>FA>TS.    2lo 

Pour  afTaiblir  votre  penchant  à  la  curiosité,  je 
voudrais  essayer,  mes  enfants,  de  vous  préserver 
d'une  erreur  trop  commune  à  votre  âge  :  c'est  de 
croire  que  les  choses  qu'on  ne  juge  pas  devoir 
vous  dire,  sont  plus  curieuses  que  tout  le  reste; 
c'est  de  supposer  que  les  ouvrages,  dont  on  ne 
vous  permet  pas  la  lecture,  sont  les  plus  inté- 
ressants de  tous;  il  est  à  présumer  au  con- 
traire, que  vous  les  comprendriez  très  mal, 
et  qu'ils  ne  sauraient  ni  vous  amuser  ni  vous 
instruire. 

Je  veux  vous  rappeler  ici  quelques  mots  du 
Faint-livre,  que  j'aime  tant  à  \ous  citer.  Un 
jour,  c'était  la  veille  de  sa  mort,  Notre-Sei- 
gneur  instruisant  ses  ap<!)tres,  leur  parla  de  celte 
manière  :  «  J'ai  encore  beaucoup  de  choses  à 
vous  dire  ;  mais  vous  ne  pouvez  les  porter 
présentement.»  N'en  est-il  pas  de  même  pour 
vous,  mes  enfants?  Vous  êtes  trop  jeunes  pour 
tout  connaître ,  trop  peu  instruits  pour  tout 
comprendre.  Attendez  :  il  est  des  connaissances 
pour  tous  les  âges,  comme  aussi  des  plaisirs; 
assez  de  belles  choses,  assez  de  choses  agréables 
et  pleines  dintérét,  sont  à  votre  portée,  pour 


'2iU  SUR    LA    RELIGIOrr  ,    ETC. 

qu'il  ne  voiis  reste  rien  à  envier  aux  personnes 
plus  âgées  que  vous.  Ce  serait  bien  plutôt  aux 
grandes  personnes  ,  qui  savent  combien  de 
choses  tristes  s'apprennent  en  avançant  dans  la 
vie,  ce  serait  à  elles  d'envier  l'heureuse  igno- 


DE  LA  GOURMANDISE. 


Ln  t«mpérance  est  la  saule  Je  l'àiiie 
ei  du  corps. 

Ecc.  Nxx.  —  3-. 


La  gourmandise  est  un  défaut  si  commun  à 
votre  âge,  mes  enfants,  que  je  n'aurais  malheu- 
reusement pas  besoin  de  vous  dire  en  quoi  il 
consisie,  s'il  n'iHait  bon  toutefois  d'en  causer 
ensemble  un  moment. Etre  gourmand^c'est  man- 
ger et  boire  sans  raison,  avec  excès  et  avidité.  Ce 
vice  a  quelquefois  des  conséquences  très  funes- 
tes; ceux  qui  s'y  abandonnent  ont  en  général  une 
mauvaise  santé  ;  ils  se  rendent  souvent  fort  ma- 
lades, et  si  l'on  plaint  de  tout  son  cœur,  les 
pauvres  enfants  qui  souffrent  d'un  accident  ou 


216  SUR    L\    RELIGIO>, 

d'une  maladie  que  le  bon  Dieu  leur  envoie ,  on 
ne  peut  guère  en  vérité  se  sentir  de  pitié  pour 
ceux  qui  ne  souffrent  que  par  leur  faute.  Les 
animaux,  qui  n'ont  pas  comme  nous,  mes  en- 
fants, une  âme  et  de  la  raison  ,  nous  donnent 
parfois,  sur  la  sobriété,  des  leçons  bonnes  à 
suivre. 

La  gourmandise  poussée  h  l'excès  ,  peut  me- 
ner à  l'intempérance  ,  vice  grossier  et  dégra- 
dant, qui,  en  privant  l'homme  de  l'usage  de  sa 
raison,  le  rend  un  objet  de  mépris,  et  le  fait 
descendre  au  dessous  de  la  béte:  il  suffit  d'avoir 
été  bien  élevé,  pour  se  préserver  d'un  si  honteux 
penchant. 

Mais  il  y  a,  mes  pelitsamis,  une  autre  sorte 
de  gourmandise,  qui,  chez  les  enfants,  est  plus 
commune  qtie  la  première,  et  qui,  pour  être 
bien  plus  excusable,  n'est  cependant  pas  sans 
inconvénient.  Vous  devinez  déjà  que  je  veux 
parler  de  la  friandise  :  elle  consiste  à  n'aimer  que 
certains  aliments  délicats,  recherchés,  et  à  en 
manger  immodérément.  Sans  doute,  il  n'est  pas 
défendu  de  préférer  un  mets  à  un  autre,  ni  de 
trouver  une  sorte  de  plaisir  à  manger  ce  qui 


ET    bUR    LES    DKVOIUS    DES    E^FA^TS.      217 

paraît  bon,  il  n'est  pas  ordonné  non  plus  de  man- 
ger les  choses,  pour  lesquelles  on  éprouve  une 
véritable  répugnance;  mais  Dieu  exige  de  nous, 
que  nous  soyons  sobres ,  c'est-à-dire  simples  et 
modérés  dans  notre  nourriture  ;  nous  devons  la 
prendre,  plutôt  pour  entretenir  nos  forces,  que 
pour  satisfaire  notre  goût,  et  au  moins  ne  ja- 
mais faire,  des  aliments,  un  usage  qui  serait 
plus  nuisible  qu'utile  à  notre  santé. 

En  vous  habituant,  dès  l'enfance,  à  la  so- 
briété, vous  remplirez  plus  tard  avec  moins 
de  peine  les  préceptes  de  l'Eglise,  qui,  pour 
nous  faire  expier  nos  péchés,  nous  prive  d'une 
partie  de  notre  nourriture  à  de  certaines  épo- 
ques de  l'année. 

Mes  chers  enfants,  avant  de  finir  cet  entretien, 
faisons  ensemble  une  réflexion.  Il  y  a,  dans  le 
monde,  une  foule  de  pauvres  enfants,  qui,  pla- 
cés dans  une  situation  bien  moins  heureuse 
que  la  vôtre,  manquent  souvent  du  nécessaire  ; 
pour  ces  pauvres  petits,  qui  n'ont  pas  même  du 
pain  en  abondance,  ce  que  vous  dédaignez  à  vos 
repas  serait  certainement  un  grand  régal  et 
ils  appelleraient  un  festin,  en  qui  parait  être  un 

i  i 


218 


SUR    L\    RELIG10>',    ETC. 


mauvais  dîner  à  voire  tlt31icalesse  :  pensez  quel- 
quefois à  cela  ,  mes  amis,  et  vous  ne  serez  plus. 
il  l'avenir,  si  difficiles  à  satisfaire. 


DE  LA  COLERE. 


]\e  soyez  pas  pro-.npl  à  vous  iir^lti'' 
fil  l'olèri' ,  car  la  colère  repose  dans  le 
rœiir  de  l'insensé. 

EcCLtSlAÎT.  VI  r.  —    lO. 


I 


De  tous  les  défauts  auxquels  nous  sommes  mal- 
lieureusement  sujets,  mes  amis,  il  n'en  est  pas 
qui  se  montre  à  un  âge  plus  tendre  que  celui 
dont  je  vais  vous  parler  aujourd'hui.  Les  tout 
petits  enfants  ressentent  déjà  quelquefois  de  la 
colère;  ils  la  témoignent  par  des  cris,  par  des 
mouvements  d'impatience,  et  chez  eux,  comme 
chez  les  grandes  personnes,  la  colère  est 
produite  par  la  contrariété.  Ces  petits  êtres, 
dont  rinlclligenceest  encore  si  peu  développée, 


220  SUR 

qui  sont  entièrement  dépourvus  de  raison ,  et 
qui  ne  peuvent  parler  enfin,  pour  se  plaindre, 
ou  pour  indiquer  ce  qu'ils  désirent,  n'ont  d'au- 
tre moyen  de  se  faire  entendre,  que  les  pleurs  : 
et  si  l'on  ne  comprend  pas  leurs  pleurs,  assu- 
rément il  est  naturel  qu'ils  s'impatientent  et 
qu'ils  se  fâchent  Mais  nous,  mes  amis,  nous 
avons,  pour  nous  conduire,  la  raison,  la  ré- 
flexion, le  sentiment  de  nos  devoirs,  la  con- 
naissance de  la  loi  de  Dieu  :  comment  nous 
laissons-nous  donc  entraîner  à  la  colère?  Com- 
ment se  peut-il  que  le  moindre  obstacle  à  notre 
volonté  ou  à  nos  plaisirs,  nous  révolte  parfois, 
au  point  de  nous  faire  parier  et  agir,  comme  si 
nous  étions  atteints  de  folie  ? 

Et  je  n'exagère  pas,  mes  enfants;  une  per- 
sonne en  colère  ne  se  possède  plus;  son  visage 
est  altéré,  tout  son  corps  tremble  :  elle  n'a  plus 
de  raison,  c'est  une  véritable  folie  :  que  de  blas- 
phèmes alors  contre  Dieu  !  que  de  paroles  inju- 
rieuses contre  le  prochain  !  Combien  d'actions 
mauvaises,  combien  même  de  crimes  odieux 
résultent  tous  les  jours  de  cette  funeste  passion  ! 
Sentez-vous,  mes  chers  enfants,  la  nécessité 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DLs    ïï:NFA>TS.         221 

(leconi-er^  dès  vos  jeunes  années,  loutpenchant 
à  la  colère?  Plus  tard,  cela  vous  deviendrait  bien 
difficile,  el  cet  effort  vous  coûterait  beaucoup 
de  peine;  cardans  l'enfance,  mes  amis,  nous 
sommes  encore  maitres  de  nos  défauts,  mais  si 
malheureusement  nous  les  laissons  une  fois 
s'enraciner  dans  notre  cœur,  bientôt  nos  dé- 
fauts deviennent  nos  maitres.  Combattez  donc 
avec  courage  vos  mauvaises  inclinations,  ré- 
primez, aussitôt  que  vous  commencerez  à  les 
ressentir,  les  moindres  mouvements  d'impa- 
tience. ISe  dites  pas,  comme  cela  arrive  trop 
souvent  aux  personnes  sujettes  à  se  mettre  en 
colère  :  je  ne  saurais  m'en  empêcher;  c'est  mon 
caractère.  Quand  unt  fois  ou  s'est  excusé  de 
cette  manière,  il  semblerait  vraiment  qu'on  fût 
dispensé  de  chercher  à  se  vaincre.  Vous  compre- 
nez cependant,  mes  amis,  combien  ce  prétexte 
est  vain;  chacun  pourrait  en  effet  y  recourir 
pour  excuser  ses  propres  défauts,  et  c'est  préci- 
sément parce  qu'on  se  reconnaît  de  mauvais 
penchants  qu'il  faut  travailler  sur  soi-même. 
C'est  ainsi  que  saint  François  de  Sales,  natu- 
rellement enclin  a  la  colère,  parvint  cependant, 


222  SUR    L.V    RELIGION, 

à  force  de  combats,  à  se  rendre  le  plus  doux 
des  hommes. 

Quels  moyens  faut  il  employer  pour  vaincre 
le  penchant  à  la  colère?  Le  premier  de  tous  est 
la  prière,  mes  enfants;  sans  la  prière,  ne  l'ou- 
blions jamais ,  nous  ne  pouvons  rien  :  il  faut 
donc  demander  à  Jésus-Christ,  qui  nous  a  laissé 
l'exemple  d'une  inaltérable  douceur,  la  grâce  de 
pouvoir  nous  rendre  maîtres  de  cette  vivacité 
qu'il  réprouve.  Employons  aussi,  pour  la  cor- 
riger, le  silence  et  la  réflexion.  Quand  on  est 
disposé  à  se  fâcher,  rien  de  mieux  que  de  se 
taire;  autrement,  on  s'expose  à  laisser  échapper 
des  paroles  que  l'on  regretterait  ensuite;  on 
s'expose  à  mal  répondre  à  ses  parents,  par 
exemple ,  et  combien ,  lorsque  la  colère  serait 
passée,  ne  se  reprocherait-on  pas  une  telle 
faute  ! 

Enfin,  mes  amis,  réfléchir  sur  ses  défauts, 
est  aussi  un  moyen  de  s'en  corriger.  Quelles 
sont,  dites-moi,  les  causes  les  plus  ordinaires 
de  votre  humeur,  de  votre  impatience,  de 
simples  contrariétés  ?  mais  un  peu  de  réflexion 
apprend  à  s'y  soumettre;  des  observations,  des 


ET    SUR     LES    DEVOIUS    DES     EMAM'S.        22o 

lép limandes?  mais  la  réflexion  poiiria  vous 
enseigner  encore  que  ces  réprimandes  ont  pour 
objet  voire  bien,  que  c'est  un  tort  de  ne  pas  les 
recevoir  avec  douceur,  et  même  avec  recon- 
naissance. 

La  douceur,  mes  chers  amis,  est  une  des  ver- 
tus les  plus  agréables  à  Dieu.  Elle  convient  par- 
ticulièrement à  l'enfance,  dont  elle  fait  un  des 
plus  grandscharmes.  La  douceur  est  une  vertu 
qui  déjà  trouve  ici-bas  sa  récompense  ;  par  elle 
on  se  fait  aimer;  ceux  qui  en  sont  doués  ne 
rencontrent  guères  autour  d'eux  que  bienveil- 
lance, et  Noire-Seigneur  a  dit  :  «  Bienheureux 
ceux  qui  sont  doux,  parce  qu'ils  posséderont  la 
lerre. » 


DE  LA  PARESSE. 


Allea  à  la  fourmi ,  <S  pav.;sseux  !  cou- 
sidért'i!  sa   conduite  et  devenez  sage. 

P»OV.    VI.  —  fi. 


La  paresse  est  une  négligence  habituelle,  et  un 
dégoût  volontaire  de  ses  devoirs. 

Une  négligence  habituelle ,  vous  le  compre- 
nez ,  mes  enfants ,  est  autre  chose  qu'une  sim- 
ple omission:  il  peut  nous  arriver  de  manquer 
parfois  à  quelques-unes  de  nos  obligations,  sans 
que,  pour  cela  ,  nous  soyons  coupables  de  pa- 
resse. Le  dégoût  de  ses  devoirs ,  à  cause  de  la 
gène  qu'ils  imposent,  de  la  difficulté  de  les  rem- 
plir, n'est  pas  de  la  paresse  non  plus,  si  ce  dti- 


SUR    LES    DEVOIRS     DES    EINFAKTS.  ^So 

goût  est  involontaire,  et  si  d'ailleurs,  on  cher- 
che à  le  surmonter.  Mais ,  négliger  ses  devoirs 
par  une  sorte  de  langueur  et  d'indolence ,  y 
manquer  parce  qu'on  ne  veut  pas  se  donner  la 
moindre  peine,  supporter  le  plus  léger  ennui  , 
c'est  bien  là  être  véritablement  paresseux,  et 
mériter  ce  reproche  de  l'Ecriture  sainte,  si  hon- 
teux pour  des  hommes  :  «  Allez  à  la  fourmi,  ô 
paresseux,  considérez  sa  conduite  et  devenez  satjc, 
La  paresse  entraîne  après  elle  de  nombreux 
défauts:  elle  produit  l'oisiveté,  et  l'oisiveté, 
dit  encore  lEcriture,  est  la  mère  de  tous  les 
vices. 

La  paresse  produit  aussi  la  perle  de  temps, 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Toisiveté.  Per- 
dre le  temps ,  ce  n'est  pas  demeurei-  à  ne  rien 
faire,  mais  c'est  ne  pas  faire  du  temps  un  bon 
usage,  ne  pas  l'employer  utilement,  et  selon  la 
volonté  de  Dieu:  à  votre  âge.  mes  enfants,  on 
connaît  mal  le  prix  du  temps,  la  vie  semble  si 
longue!  le  terme  en  parait  si  loin  encore!  on 
s'imagine  ne  jamais  devoir  l'atteindre  !  on  se  re- 
pose avec  confiance  sur  l'avenir,  pour  réparer 
\<^  temps  perdu.  On  n;»  peut  cependant,  hélas! 


226  SUR    L\    l\ELIGÎOx\, 

compler  surraveiiir,  il  n'apparlieiil  à  personne, 
et  le  moment  présent  est  le  seul  dont  nous 
puissions  disposer,  iiachez  donc  le  mettre  à 
profit,  mes  enfants,  et  soyez  bien  convaincus 
que  TOUS  ne  recueillerez  plus  tard,  que  ce  que 
vous  aurez  semé  dans  votre  enfance. 

Un  des  plus  fâcheux  résultats  de  la  paresse 
est  la  tiédeur.  La  tiédeur  est  une  sorte  d'insou- 
ciance dans  le  service  de  Dieu  et  dans  le  soin  de 
son  salut.  On  fait  des  prières,  mais  sans  goût, 
sans  ferveur;  on  assiste  à  la  messe,  mais  sans 
piété.  Dieu,  mes  enfants,  pourrait-il  agréer  de 
tels  hommages?  La  tiédeur  n'est  pas  moins  à 
craindre  dans  l'accomplissement  de  nos  autres 
devoirs.  En  effet,  si  l'on  se  borne  à  fuir  ce  qui  est 
vraiment  défendu,  sans  avoir  de  zèle  pour  le 
bien ,  pour  la  pratique  des  bonnes  œuvres,  que 
devient-on  ?  des  serviteurs  inutiles ,  de  ces  ar- 
bres condamnés  au  feu  par  Noire-Seigneur, 
parce  qu'ils  ne  produisaient  rien  de  bon! 

Il  faut  combattre  le  penchant  à  la  paresse, 
mes  enfants,  par  une  sainte  activité,  par  l'amour 
du  travail  et  le  zèle  pour  l'élude.  L'étude,  les 
leçons  régulières  de  chaque  jour,  voilà  surtout 


liT    Si:i\    LKS    DEVOIRS    DES    E^FA^TS.       2 2/ 

ce  qui  répugne  à  voire  paresse!  L'époque  de  votre 
éducation  est  cependant  arrivée;  bien  ou  mal, 
celte  éducation  doit  se  faire  :  pourquoi  donc  ne 
pas  apporter  au  travail  l'ardeur  qui  vous  y  fe- 
rait trouver  de  l'intérêt  et  du  plaisir  ?  Pourquoi 
loujoui^  penser  qu'il  est  ennuyeux  d'apprendre, 
et  jamais  qu'il  peut  être  agréable  de  savoir? 
Dans  quelques  années,  seriez-vousbien  aises  de 
passer  pour  des  ignorants?  Non  sans  doute.  Eh 
bien  !  la  paresse  pourrait  avoir  pour  vous  un  ré- 
sultat plus  triste  encore,  celui  de  vous  enlever 
souvent  le  moyen  d'élre  utiles  aux  autres. 

D'ailleurs,  mes  chers  enfants,  le  travail  est  un 
devoir,  un  devoir  imposé  aux  hommes.  Dieu 
nous  dit  à  tous,  comme  à  notre  premier  père  : 
«  Tu  mangeras  ton  pain  à  la  sueur  de  ion  front  yy 
Ce  n'est  pas  que  tous,  nous  soyons  obligés  à 
travailler  de  nos  mains,  à  labourer  la  terre  :  par 
une  triste  nécessité,  dont  les  bons  cœurs  gémis- 
sent, mais  qui  entre  dans  les  desseins  de  la  pro- 
vidence, il  y  a  des  riches  et  des  pauvres  ici  bas; 
les  uns  ont  tout  en  abondance  et  sans  peine  ;  les 
autres  souffrent  des  privations  nombreuses  ,  et 
iie^ peuvent  gagner  le  nécessaire  que  par  de  rw- 


228  SUR    LA    RELIGIOIV 

rudes  travaux;  mais,  et  iie  vous  y  trompez  pas^ 
mes  enfants,  ceux  même  qui  ont  reçu  la  fortune 
en  partage,  ne  sont  pas  pour  cela  dispensés  de 
l'obligation  du  travail.  Jetez  les  yeux  autour 
de  vous  :  vous  verrez  que,  parmi  les  gens  rai- 
sonnables, et  comprenant  bien  leurs  devoirs  , 
il  n'en  est  pas  un  qui  ne  soit  occupé  d'un  tra- 
vail quelconque,  et  ne  fasse  de  son  temps  un 
utile  emploi. 

youdri(zvous  donc  ,  mes  enfants,  être  les 
seuls  à  ne  rien  faire  ?  Vous  qui  voyez  tout  le 
monde  travailler  ,  vous  ,  pour  qui  tant  de  per- 
sonnes travaillent,  serez -vous  donc  toujours  à 
murmurer  pour  les  simples  devoirs  qu'on  vous 
impose?  Ah!  ce  serait  de  votre  part  une  grande 
ingratitude  envers  le  Seigneur,  qui,  de  préfé- 
rence à  tant  d'autres,  vous  a  fait  naître  dans 
une  position  si  heureuse  !  Peut-être  ne  vous  est- 
il  jamais  arrivé  de  songera  cela;  peut-être  n'avez- 
vcus  jamais,  par  exemple,  réfléchi  à  la  dure 
condition  des  enfants  de  votre  âge?  Eh  bien  ! 
quand  je  devrais  affliger  vos  jeunes  cœuis,  je 
veux,  pour  corriger  votre  paresse,  vous  dire  ici 
quelques  mois  du  travail  dos  enfants  des  pauvres. 


ET    SUK    LES   DKVOIBS    DES    E>FA^TS.       229 

Les  enfants  les  plus  à  plaindre  ne  sont  assuré- 
ment pas  ceux  de  !a  campagne,  et  cependant, 
n'en  avez-vous  pas  rencontré  souvent,  qui,  partis 
avant  le  jour,  à  travers  la  neige,  et  par  un  froid 
vent  de  bise,  rapportaient  à  la  maison  des  char- 
ges de  bois  mort,  bien  lourdes  pour  leurs  pe- 
tites épaules  ?  C'est  là,  mes  amis,  une  de  leurs 
occupations  de  Thiver.  L'été,  ces  pauvres  en- 
fants, courbés  tout  le  jour  à  l'ardeur  du  soleil , 
sont  à  glaner  quelques  épis  de  blé  au  temps  de 
!a  moisson.  Ainsi,  commencenî-ils,  dans  un  ûge 
très  tendre,  une  vie  de  travail  et  de  peine! 

Et  ces  petits  Savoyards,  venus  à  pied  de  bien 
loin,  pour  gagner  leur  pain  dans  nos  villes,  eux 
dont,  l'hiver,  vous  entendez  la  voix  au  point  du 
Jour,  lorsqu'ils  parcourent  les  rues  en  offrant 
leurs  services,  savez-vous,  mes  enfants,  pour- 
quoi, lorsque  que  vous  traversez  la  place  où  ils 
viennent  de  vous  frayer  un  passage,  ils  tendent 
vers  vous  leur  main  noircie,  en  vous  demandant 
d'une  voix  plaintive  :  «  un  petit  sou ,  s'il  vous 
plaît  »  ?  C'est  que,  placés  pour  la  plupart  chez 
des  maîtres  durs  et  avides,  ces  pauvres  enfants 
sont  obligés  de   leur  rapporter    unt*    certaine 


SoO  SLi\   LA   RELIGION, 

somme  chaque  jour,  sous  peine  d'ôlre  mal- 
trailéSj  battus,  privés  peut-élre  de  leur  misé- 
rable souper  du  soir! 

Ces  enfants  sont  bien  malheureux  sans  doute  ; 
pourtant ,  il  en  est  de  plus  malheureux  encore. 
Dans  les  manufactures  où  se  fabriquent  la  laine, 
le  coton,  la  soie,  dont  on  vous  faitde  chauds  vête  - 
ments  ou  d'élégantes  parures,  dans  des  ateliers 
humides,  malsains,  infects,  végètent,  comme 
emprisonnés,  des  centaines  d'enfants,  de  qui,  à 
Tàge  de  huit  à  dix  ans,  l'on  exige  douze  heures 
d'un  travail  assidu  et  monotone.  Continuelle- 
ment employés  au  même  ouvrage ,  ils  devien- 
nent en  quelque  sorte  une  pièce  des  machines 
près  desquelles  ils  travaillent;  leur  intelligence 
reste  engourdie,  leur  santé  s'altère,  souvent  leur 
cœur  se  corrompt  par  l'influence  des  mauvais 
exemples.  Eloignés  de  leurs  parents,  beaucoup 
de  ces  pauvres  petits  ne  connaissent  aucune 
des  douces  émotions  de  la  famille;  personne 
n'est  là  pour  s'occuper  d'eux,  personne  ne  les 
aime.  Le  soir ,  après  leur  journée  ,  jamais  une 
bonne  parole,  jamais  une  caresse.  Un  repas  bien 
dtélif,  un  peu  de  paille  pour  dormir,  voilà  ne 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  t^F\>TS.         2ol 

qui  les  attend,  liecomineiicer  le  lendemain  el 
puis  toujours,  voilà  leur  vie  ! 

Et  vous  ,  mes  chers  enfants,  vous  apprenez  la 
musique,  le   dessin ,  Ihistoire!   Ces  études  si 
attrayantes    peuvent  déjà  vous   intéresser,   et 
plus  tard,  elles  deviendront  pour  vous  la  sourci 
de  vraies  jouissances.  Les  leçons  vous  sont  don- 
nées, ou  par  une  mère  pleine  de  bonté,  de  dou- 
ceur, de  patience,  ou  par  des  maîtres  remplis 
d'indulgence  et  de  politesse.  Le  travail  est  réglé 
d'après  vos  forces;  on  le  facilite  par  les  meil- 
leures méthodes  ;  on  cherche  à  le  varier  pour 
vous  le  rendre  plus  agréable;  il  est  entremêlé 
de  repos,  de  récréations.  Chacun  de  vos  efforts 
leçoit  un  encouragement,  le  moindre  de  vos 
progrès  une  récompense,  et  vous  êtes  pares- 
seux ?  et  vous  osez  vous  plaindre?  Oh  non  !  vous 
ne  vous  plaindrez  plus.  Le  souvenir  des  mal- 
heureux petits  êtres  condamnés  à  mener  une  vie 
si  dure,  se  présentera  désormais  à  votre  esprit, 
et  vous  rendra  honteux  de  votre  mollesse  ;  vous 
penserez  aussi  à  ce  divin  enfant  Jésus,  qui,  tout 
Dieu  qu'il  était,  voulut  bien  consacrer  presque 
entièrement  sa  vie  à  partager  k  s  obscurs  travaux 


232  kUR    LA  RELIGION  ,     ETC. 

de  son  père  adoptif.  Un  tel  exemple,  mes  amis, 
enlèvera  toute  excuse  à  \otre  lâcheté. 

Alors,  si  vous  venez  à  rencontrer  un  de  ces 
enfants  gagnant  à  grand'peine  la  nourriture  de 
chaque  jour,  vous  plaindrez  sa  misère,  mais 
du  moins  vous  n'aurez  plus  à  rougir  pour  vous- 
mêmes.  Vous  pourrez  vous  dire  intérieurement  : 
«  Moi  aussi  je  travaille,  sinon  comme  toi,  pau- 
vre petit,  du  moins  autant  que  mes  parents  le 
désirent,  autant  que  Dieu  l'exige  de  moi.  » 


DE   LA   PATIENCE   Eï   DU   COURAGE. 


Vous  possédtiTï  vos  àmis  par 
palieiici'. 

S. -Luc.  XXI  —  10. 


En  est-il  parmi  VOUS  ,  mes  enfants,  dont  le 
cœur  ne  se  soit  ému  au  récit  de  quelque  belle 
action,  d'un  trait  de  dcvoùment  ou  de  courage  ? 
En  est-il  un  seul  qui  pourrait  n'être  pas  frappé 
d'admiration  pour  l'héroïque  constance  des  mar- 
tyrs, la  valeur  guerrière  de  Jeanne  d'Arc,  les 
exploits  de  Bavard,  le  chevalier  sans  peur  et 
sans  reproche?  Assurément  il  est  naturel  que  ces 
grands  souvenirs  produisent  une  vive  impres- 
sion sur  des  enfants  bien  nés,  qu'ils  leur  inspi- 
rent le  désir  de  pouvoir  imiter  un  jour  de  si 
beaux  modèles. 


234  bUU    LA    RELIGION  , 

Mais  ce  serait  une  erreur  de  croire  que  le  cou- 
rage n'est  utile  qu'à  la  guerre,  ou  dans  de  grands 
périls.  11  en  faut  encore  dans  les  circonstances 
les  plus  communes,  les  plus  ordinaires  de  la  vie. 
Le  courage,  mes  chers  enfants,  ce  n'est  pas  seu- 
lement le  sang-froid,  la  valeur,  l'audace  :  c'est 
également  la  résignation  et  la  douceur  dans  les 
contrariétés  et  les  souffrances;  c'est  l'effort  fait 
sur  soi-même  pour  accomplir  un  devoir.  Ces 
différentes  sortes  de  courage,  vous  le  compre- 
nez, sont  nécessaires  à  tout  le  monde ,  à  tous  les 
âges.  L'enfant,  lui-même,  trouve  souvent  l'occa- 
sion de  les  exercer.  Essayons  de  nous  en  con- 
vaincre par  des  exemples  familiers,  choisis  dans 
votre  propre  histoire. 

Vous  êtes  dans  l'attente  d'une  parliedeplaisi»  ; 
le  jour  arrive  :  un  événement  imprévu  déran^c 
tous  vos  projets.  Le  temps  est  contraire  ;  vos 
amis  n'ont  pu  venir.  Il  en  coûte,  je  le  sais,  de 
renoncera  un  plaisir  que  l'on  s'était  promis  de- 
puis long-temps  peut-être  ;  mais  ce  n'est  la  taule 
de  personne  ,  et  personne  n'y  peut  rien.  Est-il 
donc  courageux,  est-il  seulement  raisonnable  de 
se  désespérer  d'une  contrariété  comme  d'un  vrai 


ET  SLR  LES  DEVOIRS  DES  E>FA>TS.    'Iô^^ 

malheur ,  de  témoigner  tout  le  jour  de  la  mau- 
vaise humeur  et  du  dépit ,  de  faire  souffrir  les 
autres  d'un  mécompte  dont  ils  ne  sont  pas  la 
cause?  Le  courage,  mes  amis,  consisterait  alors 
à  prendre  son  parti  de  bonne  grâce ,  à  se  dire  : 
(i  Eh  bien  !  nous  serons  plus  heureux  une  autre 
fois!»  L'enfant  véritablement  chrétien  ajoute- 
rait :  ce  Mon  Dieu  ,  je  vous  ai  quelquefois  offensé 
dans  mes  récréations  :  ne  serait-ce  pas  pour  cela 
que  vous  m'enlevez  aujourd'hui  ce  plaisir?  Que 
votre  volonté  soit  faite  !  » 

Les  souffrances  auxquelles  nous  sommes  ex- 
posés, mes  enfants,  sont  encore  des  occasions 
de  nous  exercer  à  la  patience-  La  bonne  comme 
la  mauvaise  santé,  nous  viennent  également  de 
Dieu  :  nous  devons  mettre  à  profit  l'une  el 
l'autre. 

La  première  chose  à  faire  dans  vos  maladies, 
c'est  de  vous  soumettre  à  la  volonté  divine,  à 
cette  volonté  toujours  adorable.  C'est  d'accep- 
ter, avec  calme  et  résignation,  de  la  main  de 
Dieu,  les  maux  qu'il  vous  envoie:  vous  n'oserez 
pas  trop  vous  plaindre  de  vos  douleurs,  chers 
enfants,  si  vous  songez  à  celles  que  Nolre-Sei- 


236  SUR  LA     RELIGIOIN 

gneur  a  bien  voulu  souffrir,  par  amour  pour 
nous.  D'ailleurs,  la  tranquillité  que  ces  pieux 
sentiments  inspirent,  adoucira  vos  maux,  tandis 
que  l'agitation,  l'impatience  les  augmenteraient 
sans  doute,  et  les  rendraient  par  là  plus  diffi  - 
ciles  à  guérir. 

Un  second  devoir  pour  les  malades,  c'est  de 
ne  point  refuser  ce  qui  est  prescrit  par  le  mé- 
decin, et  de  se  soumettre  aux  précautions 
qu'il  exige.  Quelque  désagréable  quecela  puisse 
être,  il  est  encore  bien  plus  pénible  de  souffrir. 
Et  quand  du  reste,  vous  n'auriez  pas  cette  raison 
pour  vous-mêmes,  chers  enfants,  ayez-la  pour 
vos  parenls  ;  pour  vos  parents  si  affligés  de  vous 
voir  malades,  et  que  le  rétablissement  de  voire 
santé  peut  seul  récompenser  des  tendres  soins 
qu'ils  vous  prodiguent. 

Il  ne  faudrait  pas,  mes  amis,  que  le  temps  de 
la  convalescence,  devînt  pour  vous,  comme  cela 
n'arrive  que  trop  souvent  aux  enfants,  un  temps 
de  caprice  et  d'oisiveté  complète.  A  cela,  doit 
encore  vous  servir  le  courage.  S'il  ne  vous  est 
pas  possible  de  reprendre  vos  études,  du  moins, 
pouvez-vous  occuper  votre  e  prit  de  salutaires 


ET    SLK    LES     DEYOIhS    DES    EÎSFAMS.       237 

réflexions.  Combien  de  pauvres  enfants,  par 
exemple,  n'ont  pas,  comme  vous,  lorsqu'ils 
sont  malades,  de  bons  parents,  de  tendres  amis 
pour  les  soigner,  d'habiles  médecins  pour  les 
guérir,  un  lit  bien  chaud  pour  se  coucher,  et 
mille  moyens  de  se  distraire  !  Si  jamais  vous 
n'aviez  été  malades  vous-mêmes,  jamais  peut- 
être  n'auriez  vous  eu  pitié  de  ceux  qui  le  sont. 
Peut-être  aussi  n'auriez-vous  pas  su,  comme  au- 
jourd'hui, à  quel  point  vous  êtes  chers  à  votre 
famille.  Yoilà  pourtant  les  bons  effets  que  pro- 
duit un  malheur  supporté  avec  courage. 

Vous  le  voyez,  mes  enfants,  nous  avons  conti- 
nuellement besoin  de  cette  vertu.  Appliquez- 
vous  donc  à  l'acquérir,  exercez  la  chaque  jour 
sur  vous-mêmes.  Vos  défauts,  vos  mauvaises 
inclinations,  voilà  des  ennemis  à  combattre, 
animez-vous  d'un  saint  zèle  pour  les  vaincre. 
A  défaut  d'une  louable  ardeur,  qui  ne  manque, 
hélas!  que  trop  souvent,  ayez  du  moins  la  bonne 
volonté  qui  est  encore  une  sorte  de  courage;  ce 
courage,  il  ne  sera  ni  vu,  ni  admiré  des  hom- 
mes, mais  Dieu,  qui  en  est  témoin,  saura  le 
récompenser. 


DE  L'ÉGLISE  CATIÏOLIOUE. 


(Jiii   vous  iTOUlo,  m'i-coiitr". 
S.-L..<:.  X.— iG. 


Lorsque  vous  entendez  parler  de  l'Eglise,  mes 
enfants,  il  ne  s'agit  pas  toujours  de  la  maison  du 
Seigneur,  du  temple  saint  où  vous  allez  offrira 
Dieu  vos  prières.  Le  mot  Eglise  signifie  encore 
Assemllèe.  On  donne  ce  nom  à  l'assemblée  des 
fidèles  ;  on  s'en  sert  aussi  pour  désigner  l'auto- 
rité des  supérieurs  ecclésiastiques.  Quand ,  par 
exemple,  on  dit:  «  la  volonté  de  l'Eglise,  les 
commandemens  de  l'Eglise  )> ,  cela  exprime  les 
lois  établies  par  les  pasteurs  pour  gouverner  les 
fidèles. 


SUR    LES    DEVOIRS    DES   E?iFA^TS.  To9 

L'Eglise  ,  comme  renseigne  le  catéchisme  , 
est  donc  la  société  des  fidèles,  qui,  sous  la 
conduite  des  pasteurs  légitimes,  ne  font  quun 
même  corps,  dont  Jésus-Christ  est  le  chef.  Je 
veux  chercher,  mes  amis,  à  vous  bien  faire 
comprendre  cette  explication. 

D'abord,  on  entend  par  Fidèles,  les  personnes 
(jui  ont  reçu  le  baptême,  et  qui  croient  en  Jésus- 
Christ.  La  réunion  de  ces  fidèles  forme  une  so- 
ciété sainte.  Sans  se  connaître^  et  sans  habiter  le 
même  pays ,  ils  sont  unis  entre  eux  comme  les 
membres  d'une  seule  famille.  Tous  ils  reçoi- 
vent la  même  instruction,  les  mêmes  sacrements; 
tous  ils  récitent  les  mêmes  prières,  aiment  le 
même  Dieu,  attendent  de  lui  le  même  bonheur. 
Pour  apprécier  cette  parfaite  union  entre  tous 
les  fidèles,  on  dit,  mes  enfants,  qu'ils  ne  for- 
ment qu'un  seul  corps. 

Les  fidèles  sont  gouvernés  par  des  chefs  ap- 
pelés Pasteurs ,  parce  qu'ils  conduisent  le  trou- 
peau de  Dieu.  Le  pape,  ou  le  souverain  pontife, 
est  le  premier  pasteur  de  l'Église.  C'est  le  suc- 
cesseur de  saint  Pierre.  Il  est  le  chef,  non-seule- 
ment des  fidèles,  mais  des  autres  pasteurs.  Dans 


2A0 


SUR     L\    IIELIGIO?' 


tout  ce  qui  concerne  la  religion,  nous  lui  devons 
une  entière  obéissance.  Au-dessous  de  lui  sont 
placés  les  archevêques  et  les  évêques,  puis  aussi 
les  simples  prêtres,  chargés  de  les  aider  dans 
leur  saint  ministère. 

Tous  ces  pasteurs  sont  appelés  légitimes, 
parce  qu'ils  sont  établis  de  Dieu  lui-même,  et 
choisis  à  l'aide  du  Saint-Esprit. 

Enfm,  mes  amis,  Jésus-Christ  est  le  chef  su- 
prême de  l'Église.  11  la  gouverne  du  haut  du 
Ciel,  et,  bien  que  ce  soit  d'une  manière  invisible, 
cependant  nous  n'en  pouvons  douter.  Par  la 
seule  puissance  de  Dieu,  en  effet,  douze  pé- 
cheurs ignorants  et  pauvres  ont  pu  fonder  l'É- 
glise; par  la  seule  grâce  de  Dieu,  l'Église  a  pu 
se  conserver,  malgré  mille  obstacles,  malgré 
les  persécutions  de  ses  ennemis;  et  c'est  encore 
par  les  inspirations  que  l'Église  reçoit  de  l'Es- 
prit de  Dieu,  qu'elle  enseigne  toujours  la  vérité 
aux  fidèles. 

C'est  un  bien  grand  malheur,  mes  enfants, 
que  tous  les  hommes  ne  soient  pas  des  chré- 
tiens, et  que  tous  les  chrétiens  ne  soient  pas 
des  enfants  de  l'Église.  11  existe  encore  des  pays 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  EAFASTS.   241 

OÙ  Dieu  n'est  pas  connu  :  ce  sont  h  s  pays  idolà: 
très.  Il  y  a  des  peuples  qui  adorent  Dieu,  mais 
qui  refusent  de  croire  que  son  divin  Fils  soit  des- 
cendu sur  la  terre  :  ce  sont  les  Juifs  et  les  Ma- 
hométans.  Il  y  a  des  hommes  enfin  qui  ont  re- 
tranché de  leur  foi,  une  partie  des  vérités  que 
l'Église  enseigne,  et  qui  ne  sont  plus  soumis  à 
son  autorité  :  ce  sont  les  hérétiques  et  les  schis- 
matiques,  connus  généralement  sous  le  nom  de 
Protestants.  Chacune  de  ces  différentes  sociétés, 
croit  enseigner  la  vérité,  et  se  vante  d"élre  la 
véritable  église  :  toutes  sont  dans  l'erreur,  mes 
enfants,  li  n'y  a  qu'une  seule  Église  qui  soit 
celle  de  Jésus-Christ  :  l'Église  catholique,  apos 
lolique  et  romaine. 

On  l'appelle  Ca^Ao/Zg?/^^  ce  mot  veut  dire  uni- 
verselle, parce  qu'elle  subsistera  dans  tous  les 
temps,  et  qu'elle  est  la  plus  généralement  ré- 
pandue dans  l'univers;  npostoliqr(c,  parce  que 
ses  enseignements  nous  viennent  des  apôtres, 
(  t  que  ses  ministres  sont  leurs  successeurs  ;  ro- 
maine, parce  que  le  pape,  chef  de  1  Église,  réside 
à  Rome. 

l/Église.  mes  amiS;  ne  peut  jamais  se  trom- 


2^2  SUR   LA    RELIGIO:v  , 

per  dans  ce  qu'elle  nous  enseigne.  La  promesse 
de  Jésus- Christ  nous  en  donne  l'assurance. 
Aussi  Noire-Seigneur  veut- il  que  nous  soyons 
soumis  à  l'Église,  comme  à  lui-même.  «  Qui 
vous  écoute,  m'écoute,  et  qui  vous  méprise,  me 
méprise  »,  disait-il  aux  apôlres.  Les  comman- 
dements de  l'Église,  bien  connus  de  vous,  mes 
enfants,  ne  sont  donc  pas  moins  obligatoires 
que  ceux  de  Dieu.  Il  en  est  plusieurs  cepen- 
dant ,  dont  on  est  dispensé  à  votre  âge  ;  mais 
il  faut  remplir  exactement  les  autres,  et  vous 
promettre,  pour  le  temps  où  vous  serez  plus 
grands,  une  fidélité  entière  à  chacun  d'eux.  Cette 
fidélité,  outre  qu'elle  est  un  devoir  rigoureux, 
nous  donne  le  moyen  de  nous  montrer  recon- 
naissant envers  Dieu,  de  ce  qu'il  a  bien  voulu 
nous  accorder  la  grâce  de  naître  dans  la  véri- 
table Église. 

Il  ne  saurait  y  avoir,  mes  enfants,  de  plus 
grand  bonheur  que  celui-là,  et  nous  ne  pou- 
vons en  remercier  trop  souvent  le  Seigneur.  Mais 
souvenons-nous  de  profiter  de  cette  grâce  pour 
faire  notre  salut  :  autrement.  Dieu  serait  en  droit 
de  nous  juger  plus  sévèrement  que  d'autres. 


ET  SUK  LES  DEVOIRS  DES  ENFANTS.    Iko 

N'allez  pas  oublier  non  plus,  mes  cliers  en- 
fants, que,  d'être  catholique,  c'est  un  bonheur, 
et  non  pas  un  mérite;  nous  n'avons  ni  le  droit 
de  nous  enorgueillir  d'être  dans  la  vraie  reli- 
gion, ni  celui  de  mépriser  les  autres,  parce 
qu'ils  n'en  sont  pas.  Il  faut  plaindre  ces  pauvn  s 
égares,  et  prier  Dieu  de  les  ramener  dans  la 
bonne  route,  dans  le  chemin  qui  seul  conduit  au 
Ciel.  Et  si,  par  hasard,  vous  vous  trouviez  élevé 
avec  des  enfants  d'une  religion  différente  de 
la  vôtre ,  gardez-vous ,  mes  amis,  de  les  tour- 
menter sur  leurs  croyances.  Que  votre  zèle 
n'aille  pas  jusqu'à  vouloir  les  convertir  ;  vous 
n'êtes  nullement  chargés  de  ce  soin.  Mais  appli- 
quez-vous à  leur  donner  toujours  de  bons  exem- 
ples, montrez-leur  qu'un  enfant  catholique  est 
le  plus  docile,  le  meilleur,  le  plus  aimable  des 
enfants  ;  par  là,  vous  leur  ferez  aimer  votre  re- 
ligion :  les  bons  exemples,  d'ailleurs,  sont  en- 
core une'manière  de  prêcher:  c'est  la  seule,  mes 
enfants,  qui  soit  permise  à  votre  Age. 


DEVOTION  A  LA  SAINTE  VIERGE. 


Mon  fils,  voilà   votre  nièi 
St.  Jeax.  \ix.  - 


Me  voici,  maintenant;  sainte  Vierge  Marie, 
au  moment  de  parler  à  mes  enfants,  de  vos  gran- 
deurs et  de  votre  amour;  au  moment  de  leur 
apprendre  à  vous  chérir,  à  vous  prier.  Je  n'ai 
rien  tant  à  cœur,  vous  le  savez,  que  de  leur 
donner  envers  vous,  cette  piété  solide  et  ten- 
dre, qui  est  à-la-fois  pour  nous,  sur  la  terre,  une 
sauve-garde  et  un  appui.  Mais,  pour  y  réussir, 
il  me  faut ,  ô  Marie  ,   le  secours  de  votre  pro- 


SUR    LES    DEVOlRi    DES    E.NFAriTs.  '2k5 

teclioli  puissante,  et  je  viens  aujourd'hui  l'im- 
plorer. Daignez  bénir  cette  instruction,  pour  la 
rendre  salutaire  et  persuasive  ;  daignez  bénir 
aussi  ces  chers  enfants,  qui  bientôt,  je  veux 
l'espérer,  vous  aimeront  comme  une  mère  ;  per- 
mettez que,  sous  votre  tutelle,  ils  s'élèvent  dans 
l'innocence  et  la  sagesse,  à  côté  de  l'enfant 
Jésus  ! 


Toute  la  dévotion  envers  la  sainte  Vierge,  mes 
amis,  repose,  pour  ainsi  dire,  sur  ces  deux  noms 
que  l'Eglise  se  plaît  à  lui  donner  sans  cesse  : 
Marie,  mère  de  Dieu,  Marie  notre  mère.  En  effet, 
nous  devons  honorer  Marie  comme  la  mère  de 
Dieu,  et  invoquer  sa  puissance;  nous  devons 
aimer  Marie  comme  une  tendre  mère,  et  nous 
confier  en  sa  bonté. 

Quelle  grandeur  que  celle  de  la  mère  d'un 
Dieu,  mes  enfants!  y  avez-vous  jamais  pensé? 
saurez-vous  jamais  la  bien  comprendre?  La 
sainte  Vierge  a  donné  naissance  au  Dieu  fait 
homme  pour  nous  sauver.  Elle  a  nourri  de  son 


2Zj6  sur    la    RELIGIO^f, 

lait,  el  porté  dans  ses  bras,  celui  qui  créa  le 
monde  ;  et  le  Dieu  qui  commande  au  Ciel  et  à  la 
terre  voulut  bien  lui  être  soumis.  Si,  en  raison 
de  leur  élévation,  nous  rendons  des  honneurs 
aux  princes,  aux  grands  de  la  terre,  combien 
plus  d'hommages  et  de  louanges  ne  devons- 
nous  pas  à  Marie,  dont  la  gloire  surpasse  infini- 
ment celle  de  toutes  les  créatures  ;  à  Marie ,  la 
reine  des  anges,  assise  dans  le  Ciel,  près  du 
trône  même  de  Dieu  ! 

Après  avoir  rendu  gloire  à  la  sainte  Ylerge, 
comme  à  la  mère  de  Dieu,  ayons  recours,  mes 
enfants,  à  sa  divine  protection,  adressons-nous  à 
sa  puissance.  Jésus,  qui,  sur  la  terre,  fut  le  mo- 
dèle d'un  bon  fils,  et  qui  daigna  faire  son  pre- 
mier miracle  à  la  prière  de  sa  mère,  voulut, 
pour  notre  bonheur ,  la  rendre  dans  le  Ciel  la 
dispensatrice  de  ses  bienfaits.  Il  voulut  que  tou- 
jours elle  put  s'adresser  à  lui,  sans  crainte  d'être 
refusée;  aussi,  voyez,  mes  enfants,  quelle  est 
la  confiance  des  chrétiens  dans  la  puissance  de 
la  sainte  Vierge  î 

Les  biens  de  la  terre  sont-ils  en  souffrance,  par 
suite  de  l'humidité  ou  de  la  sécheresse  des  sai- 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  E>FAATS.   !^/|7 

sons?  Le  laboureur  voit-il  ses  moissons  mena- 
cées  par  des  temps  contraires?  Une  ville  vient- 
elle  à  être  frappée  d'un  fléau  destructeur?  Cha- 
cun élève  la  voix  vers  Marie,  on  promène  en 
tous  lieux  sa  bannière^  on  se  presse  autour  de 
son  autel.  C'est  à  Marie  que  l'on  s'adresse  ; 
à  Marie,  appelée  de  tous  temps,  par  l'Eglise,  le 
secours  des  chrétiens. 

Une  famille  est-elle  dans  l'inquiétude  et  dans 
les  larmes,  à  cause  de  la  maladie  d'un  de  ses  pro- 
ches? A  qui  s'adressera-t-elle  pour  obtenir  la 
guérison  de  celui  qu'elle  aime  si  tendrement  ?  A 
Marie  ,  la  sa?ifé  des  infirmes. 

Un  malheureux  gémit-il  sous  le  poids  d'un 
bien  cruel  chagrin  :  à  qui  va-t-il  oua  rir  son  pau- 
vre cœur?  A  IVIarie,  la  consolatrice  des  affligés. 

Enfin ,  le  coupable  qui  pleure  sur  sa  faute  et 
qui,  cependant,  redoute  encore  la  justice  de 
Dieu,  à  qui  viendra-t-il  demander  un  peu  de 
confiance?  A  Marie  ,   le  refuge  des  yéchcurs. 

Oui,  mes  enfants,  dans  tous  leurs  besoins,  leurs 
ennuis,  leurs  souffrances ,  hélas!  et  dans  leurs 
fautes,  à  chaque  heure  de  la  vie  et  au  moment  de 
la  mort,  le  chrélien  s'adresse  à  Marie.  Son  nom 


2^8  SUR    LA    RELIGIOiN, 

seul  le  rassure  ,  il  lui  est  doux  de  le  prononcer. 
Et  cela  pourrait-il  nous  surprendre?  Non,  saus 
doute  ,  mes  enfants.  Marie  est  pleine  de  puis- 
sance ,  car  elle  est  la  mère  de  Dieu  ;  elle  est  aussi 
pleine  de  bonté,  car  elle  est  notre  mère. 

Quelle  mère  se  montra  plus  tendre  pour  ses 
enfants  1  Jamais  on  ne  l'implore  en  vain  ;  jamais 
elle  ne  ferme  l'oreille  à  nos  prières.  Aussi ,  par- 
tout la  reconnaissance  des  liJèles  s'empresse 
d'élever  des  monuments  en  son  honneur.  Dans 
les  pays  catholiques,  pas  un  village  où  ne  se 
trouve  une  chapelle  ,  un  autel ,  ou  quelque  sim- 
ple image  consacrée  à  Marie;  pas  un  lieu  où  elle 
ne  soit  invoquée  sous  les  noms  vénérés  de  Notice- 
Dame  de  bon  secours  ,  Notre-Dame  de  la  déli- 
vrance, Noire-Dame  de  la  consolation  ,  du  mira- 
cle, de  la  pitié! 

Il  est  de  ces  chapelles  où ,  tous  les  ans ,  à  de 
certaines  époques,  se  rendent  en  pèlerinage  des 
milliers  de  fidèles,  venus  à  pied  de  bien  loin. 
Suivons-les ,  mes  enfants.  Quelle  joie  pour  ces 
bons  pèlerins,  d'arriver  au  terme  de  leur  long 
voyage  !  d'apercevoir,  au  milieu  des  arbres,  le 
toît  de  l'humble  chapelle  où  ils  espèrent  obte- 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    EîiFA^TS.         'iWi) 

nirune  grûce  tant  désirée.  Ils  entrent  en  chan- 
tant les  louanges  de  la  mère  de  Dieu,  et  vont 
en  foule  s'agenouiller  sur  les  dalles  de  piene. 
Les  fidèles  qui,  avant  eux,  ont  visité  cette 
chapelle,  y  ont  laissé  des  témoignages  touchants 
de  leur  reconnaissance  envers  Marie ,  pour  les 
bienfaits  obtenus  à  sa  prière.  Des  tableaux  ,  des 
inscriptions,  des  ex  vofo  sans  nombre,  couvrent 
les  murs  et  les  piliers.  La  statue  de  la  sainte 
Vierge,  placée  au  milieu  de  l'autel,  est  couverte 
de  somptueux  babils,  ei,  au  cou  de  l'enfaiît 
Jt^sus,  qu'elle  porte  danssesbras,  est  suspendue 
la  modi  ste  croix  d'argent,  seule  parure  de  la 
pauvre  femme  du  pécheur.  Quelques  matelots  , 
échappés  à  un  horrible  naufrage,  vinrent  offrir 
à  Marie  un  petit  vaisseau  d^  bois  artistement 
travaillé.  Amené  par  ses  parents,  un  pauvre 
jeune  homme  infirme,  se  traînant  à  grand - 
peine,  appuyé  sur  deux  bâtons,  retrouva  jadis 
dans  ce  saint  lieu  la  force  et  la  santé  ;  en  mé- 
moire de  sa  guérison  miraculeuse,  il  suspendit, 
près  de  l'autel  de  3Iarie ,  ses  béquilles  devenues 
inutiles.  Le  souvenir  de  ce  miracle,  la  vue  de 
ces   pieuses  offrandes    viennent    encore   au  g- 


250  SUR    LA    RELIGIOJV  , 

ineiiler  la  ferveur  et  la  confiance  des  pèlerins. 
Pour  vous,  mes  chers  enfants,  vous  n'avez  en 
ce  monient  ni  pèlerinage  à  faire,  ni  miracle  à 
demander,mais  vous  avez  besoin  de  grâces  nom- 
breuses, et  plus  précieuses  encore  que  celles  qui 
ont  pour  objet  la  santé.  Malheureusement,  bien 
des  défauts  vous  dominent  encore,  et  vous  em- 
pêchent de  devenir  l'enfant  pieux  et  docile  que 
Dieu  veut  trouver  en  vous.  Pour  vous  corriger, 
il  faut  implorer  la  sainte  Vierge,  la  prier  sans 
cesse,  vous  adresser  à  elle  avec  amour,  avec 
une  confiance  toute  filiale.  Vous  êtes  ses  enfants, 
et,  parla  volonté  de  Dieu,  et  par  le  vœu  de  votre 
propre  mère.  Dès  le  moment  de  votre  naissance, 
sa  piété  vous  consacra  à  la  sainte  Vierge,  ap- 
pela sur  votre  tête  ses   divines  bénédictions. 
Pauvre  mère  !  elle  n'ignorait  pas  que  ses  soins 
les  plus  dévoués,  le  sacrifice  même  de  sa  vie  ne 
pouvaient  vous  préserver  de  tous  les  dangers, 
vous  obtenir  toutes  les  grûces  ;   c'est  pour  cela 
que,  dès  vos  plus  tendres  années,   elle  voulut 
vous  placer  sous  la  protection  de  Marie,  la  plus 
puissante  comme  la  meilleure  des  mères. 
Nous  ne  saurions  mieux  honorer  la  sainte 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES    E^FA>TS.       251 

Vierge,  mes  chers  enfants,  qu'en  cherchant  à 
retracer,  dans  notre  conduite,  les  vertus  dont 
elle  nous  a  laissé  Tcxemple,  car  elle  tient  plus 
encore  à  notre  sanctification  qu'à  nos  homma- 
ges. Toutefois,  c'est  un  devoir  pour  nous  de 
rendre  hommage  à  Marie,  par  les  prières  que 
l'Eglise  lui  adresse,  et  par  les  saintes  pratiques 
établies  en  son  honneur.  Ne  pouvant  ici,  mes 
amis,  vous  les  indiquer  toutes,  je  me  bornerai  à 
vous  parler  de  deux  d'entre  elles,  la  Salutation 
angèligne  et  le  saint  Rosaire. 

La  Salutation  angéliqiie  fait  partie  de  nos 
prières  de  chaque  jour.  L'Eglise  la  met  dans  la 
bouche  de  ses  enfants,  aussitôt  après  VOraison 
dominicale,  pour  leur  montrer,  sans  doute , 
combien  elle  doit  avoir  de  prix  à  leurs  yeux.  Cette 
prière  est  appelée  Salutation  angèliqne  ,  parce 
qu'elle  commence  par  les  paroles  que  l'ange 
Gabriel  adressa  à  la  sainte  Vierge,  en  lui  annon- 
çant qu'elle  allait  devenii-  la  mère  de  Dieu.  Nous 
empruntons  le  langage  de  l'ange,  mes  amis,  par- 
ce que  nous  n'en  connaissons  pas  de  plus  glo- 
rieux pour  notre  mère.  Nous  saluons  du  fond 
de  noire  cœur  cette  vierge  pleine  de  grAce,  tant 


25Î  SUH    LA    UELIGIOrî, 

aimée  du  Seigneur,  mère  de  l'enfanl  béni,  qui 
vient  pour  nous  sauver;  et  puis,  venant  à  nous 
rappeler  le  besoin  continuel  que  nous  avons  de 
son  appui ,  nous  ajoutons  avec  l'Eglise  :  Sainte 
Marie,  mère  de  Dieu,  soyez  aussi  notre  mère; 
priez  pour  nous ,  pour  nous  pauvres  pécheurs, 
maintenant  où  votre  protection  nous  est  si  né- 
cessaire, et  à  l'heure  de  notre  mort,  afin  que 
nous  puissions  vous  retrouver  au  Ciel. 

Parmi  les  pratiques  de  dévotion  envers  la 
sainte  Vierge,  une  des  plus  répandues  chez  les 
chrétiens,  est  le  rosaire,  dont  le  chapelet 
est  l'abrégé.  Cette  dévotion  est  très  ancienne, 
mes  enfants  ;  Dieu  l'inspira  à  saint  Dominique, 
au  commencement  du  treizième  siècle ,  comme 
un  puissant  moyen  de  convertir  les  hérétiques , 
très  nombreux  alors,  et  qui ,  malheureuFement, 
attaquaient  la  religion  dans  notre  pays.  Des 
effets  si  miraculeux  furent  attribués  à  cette 
prière ,  qu'elle  se  répandit  bienlôt  dans  toute 
l'Eglise,  et  qu'elle  fut  adoptée  par  les  plus  grands 
saints,  parles  monarques  les  plus  puissants. 

Je  ne  saurais  trop  vous  recommander,  mes 
amis,  de  suivre   dès  votre  enfance,  celte  sainte 


ET    SUR    LES    DEVOIRS    DES     E^FV>TS.      253 

pratique.  Sans  doute,  le  rosaire  en  entier  fati- 
guerait votre  attention  ;  mais  une  simple  dizai- 
ne de  chapelet,  récitée  chaque  jour  avec  piété , 
n'aura  pas  cet  inconvénient,  et  vous  méritera 
les  bénédictions  de  Marie.  Peut-être  cependant, 
vous  arrivera-t-il  de  rencontrer  des  personnes 
qui  n'auront  pas,  comme  vous,  l'usage  de  cette 
antique  et  naïve  dévotion.  «  A  quoi  bon  ,  diront- 
elles,  répéter  ainsi  la  même  prière  ?  Le  chapelet 
convient  seulement  à  ceux  qui  ne  savent  pas 
lire  :  c'est  la  prière  des  pauvres  gens.  »  Tel  est 
bien  souvent  le  langage  du  monde. 

Pourquoi  répéter  la  même  prière?  Eh!  mes 
enfants ,  le  pauvre  aveugle  assis  sur  le  bord  du 
chemin  par  où  Jésus  passait ,  ne  variait  pas  plus 
que  nous  sa  prière ,  quand  il  implorait  Notre- 
Seigneur  :  «  Jésus,  fils  de  David  ,  ayez  pitié  de 
moi  »  !  s'écriait-il  seulement  ;  «Jésus,  fils  de  Da- 
vid ,  ayez  pitié  de  moi  !  »  et  il  fut  guéri. 

Le  chapelet  n'est  bon  que  pour  ceux  qui  ne 
savent  pas  lire  ;  c'est  la  prière  des  pauvres  gens  ! 
Quoi!  Seigneur,  y  aura-t-il  donc  des  prières 
pour  les  riches  et  des  prières  pour  les  pauvres? 
Au  pied  de  vos  autels,  ne  régnera  t-il  donc  pas 


25/t  SUR    LA    RELIGIO'  ,    ETC. 

enlrc  vos  enfants  une  sainte  égalité?  Mon  Dieu, 
n'a\ons-nous  pas  tous  à  vos  yeux  les  mêmes  be- 
soins ,  n'avons-noùs  pas  tous ,  hélas  !  les  mêmes 
misères!  Le  chapelet  est  la  prière  du  pauvre  ? 
mais  c'est  précisément  ce  qui  me  le  rend  chery 
etc'estpourcelaquej'aime  aie  dire. Tantmieux, 
ail  î  tant  mieux ,  mes  enfants,  si ,  à  la  simplicité 
de  notre  prière,  et  à  l'humble  chapelet  que  nous 
tenons  à  la  main,  le  Seigneur  peut  croire  trou- 
ver en  nous  des  pauvres!  Heureux,  mille  fois 
lieureux,  si  nous  avons  quelque  trait  de  ressem- 
blance avec  ces  bons  pauvres,  qui  sont  cux- 
niAmcs  l'image  de  Jésus-dhrisl  ! 


DES  Ai\GES. 


J'enverrai  dt  vanl  vous  mou  ;in;,'p, 
il  vous  gardera  pendant  le  cheniiti, 
et  vous  fera  entrer  dans  le  lieu  que 
je  vous  ai  préj)aré. 

Exon.  XXIII    —  20. 


Les  aiiges^  mes  enfants,  sont  des  créatures  dont 
Dieu  a  peuplé  le  Ciel,  et  qui  en  sont  les  habi- 
tants, comme  nous  sommes  ceux  delà  terre.  Les 
anges,  cependant,  ne  sont  pas  semblables  à  nous; 
ce  sont  de  purs  esprits  qui  n'ont  point  de  corps  ; 
ils  n'ont,  pas  plus  que  nos  âmes,  de  forme  ou  de 
couleur,  et ,  par  conséquent ,  nous  ne  pouvons 
ni  les  voir  ni  les  toucher. 

Dieu  créa  une  multitude  de  ces  anges,  dont 
l'occupation  éternelle  devait  être  de  le  louer  et 

i5. 


256  SLR    LA    KELIGIOIN  , 

de  le  bénir  dans  le  Ciel  ;  mais  le  premier  d'enlrc 
eux,  croyant  qu'il  pourrait  égaler  le  Seigneur 
en  puissance,  se  révolta  un  jour  contre  lui,  et 
entraîna  un  grand  nombre  d'autres  anges  dans 
sa  désobéissance.  Dieu,  qui  déteste  l'orgueil , 
chassa  des  Cieux  tous  ces  rebelles,  et  les  préci- 
pita dans  l'enfer.  Il  n'y  eut  pour  eux  ni  pardon 
ni  miséricorde  ;  la  mort  même  de  Jésus-Christ  ne 
leur  a  pas  fait  trouver  grâce  devant  Dieu.  Si  nos 
fautes  sont  traitées  avec  plus  d'indulgence,  mes 
enfants,  en  raison  peut-être  de  notre  faiblesse, 
cet  exemple  de  la  justice  divine  doit  néanmoins 
nous  faire  trembler. 

Les  anges  fidèles  demeurèrent  au  Ciel,  et  Dieu, 
pour  les  récompenser ,  leur  ôta  le  triste  pouvoir 
de  mal  faire.  Comprenez-vous  bien,  mes  en- 
fants ,  quel  bonheur  est  celui  là ,  non  seulement 
de  n'avoir  jamais  l'envie  de  désobéir  à  Dieu , 
mais  encore  de  n'en  avoir  pas  la  puissance  !  Ce 
bonheur  sera  aussi  le  nôtre ,  si  nous  méritons 
d'aller  un  jour  retrouver  les  anges  dans  le  Ciel. 

Il  y  a  donc  maintenant  de  bons  et  de  mauvais 
anges,  dont  les  occupations  et  la  destinée  sont 
bien  différentes.  Les  uns,   appelés  démons,  à 


ET    SLR    LES    DEVOIKS    DES    t^FA>TS.     257 

cause  de  leur  méchanceté,  sont  affreusement 
tourmentés  dans  l'enfer,  et  trouvent  une  conso- 
lation bien  cruelle  à  entraîner  les  hommes  au 
mal,  pour  les  rendre  aussi  misérables  qu'ils  le 
sont  eux-mêmes.  Un  de  ces  démons,  vous  le  sa- 
vez, fut  la  cause  du  péché  de  nos  premiers  pères, 
et  ce  sont  encore  ces  démons ,  mes  enfants,  qui, 
par  leurs  tentations,  cherchent  tous  les  jours  à 
nous  faire  manquer  à  nos  devoirs;  gardons-nous 
bien  de  jamais  les  écouter! 

Les  bons  anges  sont  heureux  dans  le  Ciel,  au- 
près de  Dieu  qu'ils  aiment  et  louent  sans  cesse, 
et  dont  ils  font  la  volonté.  Le  nom  d'ange  signi- 
fie envoyé,  et  en  effet,  les  anges  ont  été  souvent 
envoyés  sur  la  terre,  poury  exécuter  les  justices 
de  Dieu  et  ses  miséricordes.  Vous  vous  rappelez 
cet  ange  placé  à  la  porte  du  paradis  terrestre, 
pour  en  défendre  l'entrée  ;  cet  autre  qui,  épai'- 
gnant  les  enfants  des  Israélites,  mit  à  mort  en 
une  nuit  les  fils  aînés  des  Egyptiens;  celui  qui 
arrêta  le  bras  d'Abraham,  au  moment  oii  il  allait 
sacrifier  son  fils  unique  ;  celui  encore  qui  guida 
le  jeune  Tobie  dans  son  pieux  voyage;  ceux 
enfin  qui,    par  leurs  célesles  concerts,  firent 


258  SUR    LV    RELIGION,    ETC 

connaiti  eaux  pasteurs  de  Bethléem  la  naissance 
du  sauveur  du  monde.  Dans  ces  différentes  cir- 
constances. Dieu  rendait  les  anges  visibles  aux 
yeux  des  hommes;  depuis  long-temps,  mes 
amis,  il  n'en  a  point  paru  sur  la  terre;  mais 
nous  savons  qu'ils  veillent  sur  nous,  et  qu'il  y  en 
a  même  de  particulièrement  chargés  de  nous 
protéger.  L'Eglise  les  appelle  nos  .4 ?^^e5  (jardicns. 
Aussitôt  qu'un  petit  enfant  vient  au  monde , 
Dieu  lui  donne  un  de  ces  beaux  anges,  qui  vole 
autour  de  son  berceau.  Il  préserve  ses  premières 
années  (les  dangers  qui  les  menacent;  il  veille 
sur  lui  dans  ses  maladies,  le  console  plus  tard 
dans  ses  peines,  l'aide  à  faire  le  bien,  à  éviter  le 
mal,  et  tout  cela,  au  moyen  de  la  grâce  de  Dieu, 
que  ces  anges  sont  chargés  de  verser  dans  nos 
cœurs.  Notre  ange  gardien  offre  aussi  à  Dieu 
nos  prières,  lui  demande  la  récompense  de  nos 
vertus,  pleure  avec  nous  nos  fautes,  pour  en  im- 
plorer le  pardon.  Et  quand  l'heure  de  mourir 
approche,  mes  enfants,  lui  encore  soutient  notre 
courage,  adoucit  nos  dernièrts  épreuves^  el 
s'envole  avec  notre  àme,  pour  lui  montrer  le 
chemin  du  Ciel. 


DE  LA  MORT 


IJimlieurr-nx   cptix    (jui    niciiri  nt 
tl.ifl.s  le  Sfigncur. 


Tout  ce  qui  liait  doit  mourir,  mes  chers  cii- 
fauLs;  c'est  une  loi  de  la  nature.  Les  plus  grands 
arbres,  ceux  à  Tombre  desqutds  voire  aïeul 
peut-être  venait  s'asseoir,  et  qui  paraissent  en- 
core si  pleins  de  vie,  un  jour  pourtant  tomberont 
desséchés.  Les  belles  fleurs  que  nous  admirons 
le  matin,  se  penchent  vers  le  soir  sur  leur  tige, 
et  leur  éclat  ne  dure  guère  plus  d'un  jour.  Les 
petits  inseclesnc  vivent  qu'une  saison;  les  plus 


260  SUR    LA    RELIGION, 

forts  des  animaux,  seulement  quelques  années. 
L'homme  meurt  aussi,  mes  enfants;  mais  il  avait 
été  créé  pour  être  immortel ,  et  Dieu  lui  avait 
destiné  une  existence  éternellement  heureuse. 
Adam  perdit  ce  divin  privilège  par  sa  désobéis- 
sance •  en  punition  de  la  faute  de  notre  premier 
père,  les  hommes  furent  condamnés  à  mourir. 
Toutefois,  la  miséricorde  de  Dieu  adoucit  la 
rigueur  de  cette  sentence,  nous  ne  mourons 
pas  tout  entiers  ;  nous  ne  mourons  pas  pour 
toujours. 

La  mort,  mes  enfants,  est  la  séparation  de 
l'Ame  d'avec  le  corps.  L'âme,  ayant  abandonné 
le  corps  qu'elle  animait  durant  la  vie ,  le  laisse 
froid  et  insensible  ;  on  le  dépose  dans  la  terre, 
où  il  ne  larde  pas  à  se  corrompre;  bientôt  il 
n'est  plus  qu'un  peu  de  poussière.  Mais  l'âme 
créée  à  l'image  et  à  la  ressemblance  de  Dieu, 
l'âme  par  laquelle  on  pense,  on  se  souvient  et 
on  aime,  ne  cesse  jamais  de  vivre.  Dégagée  des 
liens  qui  la  retenaient  captive  dans  ce  corps 
terrestre,  elle  s'envole  aussitôt  vers  Dieu,  pour 
recevoir  de  lui  sa  punition  ou  sa  récompense. 
Nous  ne  mourons  donc  pas  tout  entiers ,    mes 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  E>FA>TS.   261 

enfants;  nous  ne  mourons  pas  non  plus  pour 
toujours  ;  car,  à  la  fin  du  monde,  nos  corps  res- 
suscites par  la  toute-puissance  divine,  se  réu- 
niront à  nosûmes  pour  ne  les  plus  quitter. 

L'homme  sait  que,  pour  lui,  la  mort  est  iné- 
vitable, mais  il  reste  dans  une  ignorance  pro- 
fonde du  moment  où  elle  doit  arriver.  Dieu  est 
le  maître  de  la  vie  et  de  la  mort,  notre  destinée 
est  entre  ses  mains.  On  ne  peut,  hélas!  compter 
ni  sur  la  santé  ni  sur  la  jeunesse;  et  si  quelques- 
uns  des  hommes  ne  quittent  cette  terre  qu'après 
y  avoir  vécu  de  longs  jours,  il  arrive  souvent 
aussi  que  Dieu  appelle  à  lui  les  tout  petits  en- 
fants, pour  augmenter  le  nombre  de  ses  anges. 
L'incertitude  où  nous  sommes  du  moment  de  la 
mort,  devrait  assurément  nous  tenir  dans  une  vi  - 
gilance  continuelle,  a  Heureux,  dit  Jésus-Christ, 
heureux  le  serviteur  fidèle  que  le  Seigneur  trou- 
vera veillant  lorsqu'il  viendra!  »  Oui,  sans  dou- 
te, mes  enfants  ,  celui-là  est  heureux  ,  qui  cha- 
que jour  se  conduit  comme  si ,  le  soir,  il  de- 
vait mourir.  En  récompense  de  sa  vie  pure  ,  il 
recevra  de  Dieu  la  grAce  précieuse  d'une  bonne 

mort. 

i5.. 


262  SUR    LA    RELIGIO>, 

Pour  un  vrai  chrétien,  pour  un  enfant  pieux  el 
sage,  la  mort  n'a  rien  de  terrible.  C'est  le  com- 
mencement d'une  vie  de  bonheur;  c'est  l'entrée 
dans  la  patrie  après  un  long  voyage.  Il  n'y  a  de 
véritablement  triste  dans  la  mort  que  la  sépara- 
tion d'avec  ceux  que  l'on  aime. 

Aux  derniers  jours  de  l'automne,  lorsque  les 
bois  perdent  leur  feuillage,  et  que  l'on  com- 
mence à  sentir  les  approches  de  l'hiver,  noiis 
voyons  se  rassembler  les  hirondelles  ,  qui,  tou- 
tes ensemble,  s'envolent  vers  un  climat  plus 
doux.  Si,  comme  elles,  mes  enfants,  nous  pou- 
vions aussi  réunir  notre  famille,  et  ne  pas  nous 
en  séparer  lorsqu'il  faut  quitter  ce  monde, 
pour  un  monde  meilleur,  qui  d'entre  nous  alors 
regretterait  de  mourir!  Malheureusement,  hé- 
las !  nous  ne  quittons  la  vie  que  les  uns  après  les 
autres,  et  ce  dernier,  ce  long  adieu,  nous  cause 
ime  bien  cruelle  douleur.  Mais,  dans  ces  jours  de 
tristesse  et  de  deuil,  la  religion  vient  au  secours 
de  celui  qui  s'éloigne,  comme  de  ceux  qui  res- 
tent. Elle  a  du  baume  pour  toutes  nos  blessures, 
elle  nous  laisse  la  consolante  pensée  que  nous 
nous  reverrons  lui  jour,  cl  que,  dans  le  Ciel., 


ET    SUR   LES    DEVOIRS    DES    ESFAISTS.       2Co 

nous  pourrons  nous  aimer  encore.  Les  chré- 
tiens ne  doivent  donc  pas  s'alïliger  comme  ceux 
qui  sont  sans  espérance.  C'est  là  un  des  con- 
seils de  l'apôtre  saint  Paul. 

Ce  conseil,  une  pauvre  mère  l'avait  bien 
suivi,  et  y  avait  trouvé  de  grandes  consolations 
après  la  perte  d'un  être  chéri.  Vous  serez  tou- 
chés, mes  enfants,  comme  je  le  fus  moi-même, 
de  ce  qu'elle  me  disait  à  cette  occasion.  Me 
trouvant  en  voyage,  je  rencontrai  cette  femme, 
près  d'un  village  où  je  m'étais  arrêtée.  Ses  vête- 
ments annonçaient  la  misère,  et  elle  s'approcha 
de  moi,  pour  me  demander  l'aumône.  Je  la 
questionnai  sur  ses  besoins  :  «  Avez-vous  donc, 
lui  dis-je,  une  nombreuse  famille  à  soutenir? 
—  J'ai  cinq  enfants  ,  madame ,  me  répondit- 
elle,  quatre  sont  avec  moi,  les  voici:  puis,  levant 
les  yeux  vers  le  Ciel,  avec  un  doux  sourire, 
et  une  pieuse  résignation,  elle  ajouta  :  Le  cin- 
quième est  le  plus  heureux,  il  est  avec  Dieu  et 
les  Anges  !  » 

Sans  doute,  en  voyant  mourir  son  fils,  elle 
avait  bien  pleuré,  la  pauvre  mère  ;  mais  elle  le 
croyait    absent,   et    non    perdu;  il  comptait 


26/i  SUR    LA    RELIGION,    ETC. 

encore  dans  sa  famille,  et  la  pensée  du  bonheur 
de  ce  cher  enfant,  l'espoir  de  le  revoir  un  jour, 
avait  consolé  sa  mère. 


ïmi 


DU  JUGEMENT  DERiMER. 


Le   temps   vicidia  que  tous  ceux 
qui    sont  dans   les  sépulcres  enten- 
dront la  voix  du  Gis  de  Dieu. 
S.    J£1N.  V.  —  28. 


Dans  notre  dernier  entrelien,  mes  enfants, 
j'ai  cherché  à  vous  consoler  de  la  mort,  en  vous 
la  représentant  seulement,  comme  le  passage  à 
une  vie  meilleure  ;  car  j'ai  l'espérance,  qu'un 
jour,  tous  vous  aurez  en  partage,  une  heureuse 
éternité.  Mais  vous  n'ignorez  pas,  je  suppose, 
qu'une  pareille  récompense  doit  être  méritée. 
Dieu,  qui  est  souverainement  juste,  ne  pourrait 
accorder  le  bonheur  du  Ciel  aux  âmes  qu'il  en 
trouverait  indignes.  Dieu  nous  jugera  donc 
après  la  mort,  vous,  moi,'  et  tous  les  hommes. 


266  SUR    LA    KELIGIOA, 

Sur  quoi  serons-nous  jugés,  mes  chers  ciifanLs? 
sur  l'emploi  que  nous  aurons  fait  de  la  vie. 

Aussitôt  que  vous  aurez  rendu  le  dernier  sou- 
pir, votre  âme  s'étant  envolée  vers  Dieu,  il  ou- 
vrira le  livre  de  la  sainte  loi,  et  celui  qui  présente 
le  tableau  des  actions  des  hommes.  Comparant 
alors  votre  conduite  avec  vos  devoirs,  il  verra 
comment  vous  avez  profité  de  la  bonne  éducation 
que  vous  aviez  reçue,  des  bons  exemples  dont 
vous  étiez  entourés,  des  heureuses  dispositions 
qu'il  avait  mises  dans  votre  cœur,  pour  vous 
rendre  la  vertu  plus  facile  II  verra,  si  les  fautes 
échappées  à  votre  faiblesse,  ont  été  rachetées 
par  un  vrai  repentir,  expiées  par  de  bonnes 
œuvres.  Sur  cet  examen  que  vous  subirez,  mes 
enfants,  que  tout  homme  subit  après  sa  morl, 
et  que  l'Eglise  appelle  le  jugement  particulier, 
sera  décidé  votre  sort  éternel. 

Ce  premier  jugement  doit  être  confirmé  à  la 
fin  du  monde  par  le  jugement  dernier,  que  lE- 
vangile  nous  apprend  devoir  être  annoncé  par 
des  signes  éclatants,  et  d'effrayants  prodiges. 
Voici  de  quelle  manière  Xotre-Seigneur  Jésus- 
Christ  parlait  de  ce  grand  jour  : 


F.T    SUR    LKS    DEVOIRS    DES    E>FA>TS.      20/ 

«  Lorsque  le  Fils  de  l'homme,  viendra  dans 
l'éclat  de  sa  majesté,  alors  il  ira  s'asseoir  sur  le 
trône  de  sa  gloire,  et  les  anges,  ayant  rassemblé 
devant  lui  toutes  les  nations,  au  son  de  la  trom- 
pette, Jésus-Christ  séparera  les  uns  d'avec  les 
autres,  comme  un  berger  sépare  les  boucs  d'a- 
vec les  brebis  ;  il  placera  les  brebis  à  sa  droite, 
et  les  boucs  à  sa  gauche;  puis  il  dira  à  ceux  qui 
sont  à  sa  droite  :  venez,  les  bénis  de  mon  Père, 
posséder  le  royaume  qui  vous  a  été  préparé  de- 
puis le  commencement  du  monde.  Il  dira  en- 
suite à  ceux  qui  sont  à  sa  gauche  :  Allez,  mau 
dits,  au  feu  éternel,  qui  a  été  préparé  pour  le 
démon  et  pour  ses  anges  !  » 

Dans  un  autre  endroit  de  l'Evangile,  Notre- 
Seigneur  compare  encore  la  séparation  des 
bons  et  des  méchants,  à  ce  qui  se  fait,  à  la  cam- 
pagne, au  temps  de  la  moisson.  A  cette  époque, 
le  maître  du  champ  dit  aux  moissonneurs  : 
«  Cueillez  premièrement  l'ivraie,  qui  est  une 
mauvaise'  herbe,  et  liez-la  en  bottes  pour  la 
brûler;  puis,  amassez  soigneusement  le  froment 
dans  mon  grenier.  » 

Que  faul-il  faire,  mes  enfants,  pour  éviler  la 


268  SUR    LA    RELIGION, 

terrible  punition  du  pécheur,  pour  être  un  jour 
placé  du  côté  des  brebis,  pour  entrer,  comme  le 
froment  pur,  dans  les  greniers  du  père  de  fa- 
mille? Rien  autre  chose  que  de  remplir  les  de- 
voirs de  sa  position  et  de  son  âge,  de  faire,  cha- 
que jour  et  à  chaque  heure,  la  volonté  de  Dieu , 
de  retourner  sincèrement  à  lui,  dès  qu'on  a  eu 
le  malheur  de  commettre  une  faute.  Alors,  si,  en 
pensant  au  jugement  deinier,  l'on  ne  peut  se 
défendre  d'une  sorte  de  crainte,  car  la  justice 
divine  est  redoutable  pour  les  âmes  les  plus  par- 
faites, cette  crainte,  du  moins,  n'enlève  pas  tou- 
te confiance;  elle  soutient ,  elle  encourage,  elle 
corrige  sans  désespérer  ;  et  le  chrétien  qui  a  fait 
de  son  mieux  sur  la  terre,  peut  remettre  son 
avenir  éternel  entre  les  mains  de  Dieu,  dont  la 
bonté  est  mille  fois  au-dessus  de  notre  misère. 
La  pensée  et  le  désir  du  Ciel,  bien  plus  encore 
que  le  sentiment  de  la  crainte,  doivent,  mes  chers 
enfants,  diriger  nos  actions ,  nous  aider  à  prati- 
quer la  vertu ,  à  remplir  fidèlement  nos  devoirs. 
Le  Ciel , c'est  la  demeure  de  notre  père,  du  Dieu 
que  tant  de  bienfaits  nous  ont  appris  à  aimer. 
Dans  le  Ciel,  où  nous  le  verrons,  où  notre  âme 


ET  SUR  LES  DEVOIRS  DES  E>FA>TS.  '2(}\) 

saura  mieux  leconiiaitre,  nous  pourrons  aussi 
l'aimer  davantage,  et  nous  l'aiuierons  pour 
toujours.  Près  de  lui,  plus  de  soutï'rances,  plus 
de  larmes  et  surtout  plus  de  fautes.  Enfui , 
c'est  du  bonheur  du  ciel  que  l'apôtre  saint  Paul 
disait  :  a  L'œil  de  l'homme  n'a  point  vu,  son 
oreille  n'a  jamais  entendu ,  son  cœur  n'a  jamais 
goûté  et  ne  saurait  comprendre,  les  biens  que 
Dieu  réserve  à  ceux  qui  l'aiment.  » 


e.?^cj€js 


EXPLICATION 


DES   l»RI>iCIPALtS  FETES    DE     L  EGLISE. 


Fête  de  Noël.  —  Fùte  de  rEpiphanie. —  Le 
Carême.  —  Le  Mercredi  des  Cendres,  — 
Le  Dimanche  des  Rameaux.  —  Le  Mer- 
credi-Saint. —  Le  Jeudi- Saint. —  Le  Veii- 
dredi-Saint.  —  Le  Samedi-Sainl.  —  Le 
Saint  Jour  de  Pâques.  —  Fêle  de  l'Ascen- 
siou.  — Fête  de  la  Pentecôte.  —  La  Fête- 
Dieu. — Fête  de  l'Assomption  delà  Saintt- 
"Vierge.  — Fête  de  la  Toussaint. — Le  jour 
des  Morts. 


FETE  DE  NOËL. 


Un  petit  enfant  nous  e.«l  ne. 

ISAÎE.   IX.  —  6. 


La  fêle  de  Noël,  mes  chers  enfants,  est,  pour 
nous  tous  chrétiens,  un  jour  de  bonheur  et 
d'allégresse.  De  même  que,  dans  une  famille, 
l'anniversaire  delà  naissance  d'un  enfant  se  fête, 
chaque  année,  avec  une  grande  joie,  demême,  et 
avec  plus  de  joie  encore  ,  l'Eglise  célèbre-l  elle , 
tous  les  ans,  la  naissance  du  divin  enfant  de- 
venu notre  Rédempteur. 

Aussi,  dans  ces  temps  heureux,  où,  comme 
l'a  dit  de  nos  jours,  un  écrivain  célèbre,  les  fêtes 
de  la  religion,  étaient  en  même  temps  des  fêtes 
de  famille,  Noël  devenait,  pour  des  parents, 
l'occasion  de  douces  réunions.  Au  retour  de  la 


11k  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

messe  de  minuit  où,  à  la  lueur  des  feux  de 
joie,  l'on  s'était  rendu  des  hameaux  lointains, 
pour  adorer  l'enfant  Jésus  naïvement  repré- 
senté dans  sa  crèche,  on  entourait  le  foyer 
paternel,  on  se  réchauffait  devant  le  vieux  tronc 
de  chêne  mis  en  réserve  depuis  long-temps 
pour  célébrer  cette  fête,  et,  bien  avant  dans 
la  nuit',  l'on  chantait  en  chœur  de  joyeux 
cantiques  du  temps  passé,  dont  le  refrain  était 
souvent  : 

?foël  !  Noël  ! 
Salut  à  Noël  ! 

Kt  fauî-il  s'étonner,  mes  enfants,  de  ces 
transports  d'allégresse!  C'est  en  ce  jour  qu'a 
commencé  l'œuvre  de  notre  rédemption.  C'est 
en  ce  jour  qu'est  né  pour  nous  un  Sauveur 
Quel  plus  grand  sujet  de  joie  pour  un  chré- 
tien ! 

Nous  aussi,  nous  nous  réjouirons,  nous  aussi, 
comme  ces  bonnes  gens,  nous  irons  à  l'église, 
célébrer  le  mystère  de  ce  grand  jour;  mais 
cherchons  d'abord  à  nous  y  préparer,  en  lisant. 


-      DES    FÊTES    DE    LÉGLISE.  275 

dans  l'Evangile,  la  louchante  histoire  de  la 
naissance  de  notre  Sauveur. 

L'époque  prédite  par  les  prophètes,  pour  la 
naissance  du  Sauveur  du  monde,  était  enfin  ar- 
rivée. César-Auguste,  empereur  romain,  lit  pu- 
})lier  un  édit  qui  ordonnait  de  faire  le  dénom- 
I)rement  de  tous  les  habitants  de  son  emph'e. 
Chacun  devait  se  faire  inscrire  dans  sa  ville  na- 
lale:  Joseph  et  Marie  quittèrent  Nazareth,  ville 
de  Galilée,  pour  se  rendre  à  Belhléem,  patrie 
de  David,  un  de  leurs  aïeux.  Ne  pouvant  obtenir 
de  place  dans  les  hôtelleries,  les  saints  voyageurs 
se  trouvèrent  forcés  de  chercher  refuge  dans 
r.ne  pauvre  élable.  Là,  Marie  mit  au  monde  son 
premier-né,  son  fils  unique,  Jésus,  notre  Dieu 
et  notre  Sauveur.  Elle  l'enveloppa  de  langes,  et 
le  coucha  dans  une  crèche. 

Or,  il  y  avait,  aux  environs  de  Bethléem,  des 
bergers,  qui,  selon  la  coutume  des  pays  chauds, 
passaient  les  nuits  dans  les  champs,  même  du- 
rant l'hiver,  pour  garder  leurs  troupeaux. Tout- 
à-conp,  un  ange  leur  apparaît,  et  ils  sont  envi- 
ronnés d'une  lumière  céleste,  ce  qui  leur  cause 
une  vive  frayeur.  L'ange  leur  dit  :  «  Ne  craignez. 


276  DES    FÊTES    DE    l'gÉLISE. 

point;  car  je  viens  vous  annoncer  une  nouvelle 
qui  sera,  pour  tout  le  peuple,  le  sujet  d'une 
grande  joie  :  c'est  qu'aujourd'hui,  dans  la  ville 
de  David,  il  vous  est  né  un  Sauveur  qui  est  le 
Christ,  le  Seigneur.  Vous  trouverez  un  petit  en- 
fant enveloppé  de  langes,  et  couché  dans  une 
crèche,  c'est  à  ce  signe  que  vous  le  reconnaî- 
trez ».  Au  même  instant,  une  troupe  nombreuse 
de  l'armée  céleste  se  joignit  à  l'ange,  et  ils  se 
mirent  à  louer  Dieu  en  chantant  :  Gloire  à  Dieu, 
(m  plus  haut  des  deux,  et  faix,  S7ir  la  terre  ,  aux 
hommes  de  bonne  volonté  ! 

Aussitôt  après  que  l'ange  fut  remonté  au  Ciel, 
les  bergers  se  dirent  les  uns  aux  autres  :  «  Pas- 
sons jusqu'à  Bethléem,  allons  voir  ce  que  le 
Seigneur  nous  a  fait  annoncer  ».  Ils  se  hâtèrent 
donc,  et  trouvèrent  dans  l'étable,  Marie  et  Jo- 
seph :  ils  trouvèrent  aussi  l'enfant  Jésus,  cou- 
ché dans  la  crèche.  En  le  voyant,  ils  recon- 
nurent la  vérité  de  ce  qui  leur  avait  été  dit  sur 
cet  enfant,  et  tous  ceux  qui  plus  tard  en  enten- 
dirent parler,  admirèrent  ce  que  les  bergers 
leur  en  racontaient.  Après  avoir  adoré  le  divin 
enfant ,  les  pasteurs  s'en  retournèrent  louant  et 


DES    FETES    DE    L  EGLIi^E.  27/ 

glorifiant  Dieu  Cependant  IVIarie  conservait  le 
souvenir  detoutes  ces  choses,  et  elle  les  méditait 
dans  le  fond  de  son  cœur. 

Tel  est,  mes  chers  enfants,  le  récit  que  les 
Evangélistes  nous  font  de  la  naissance  de  notre 
Seigneur.  11  va,  dans  cet  événement,  des  choses 
bien  surprenantes,  bien  mystérieuses  :  un  Dieu 
qui  se  fait  homme,  et  même  petit  enfant;  le  roi 
du  Ciel  qui  veut  naître  dans  une  étable  ;  les 
anges  qui  célèbrent  sa  naissance  par  leurs  cé- 
lestes concerts;  de  pauvres  gens,  de  simples 
bergers  qui  reçoivent  les  premiers  la  bonne 
nouvelle.  Tous  ces  mystères  renferment  d'u- 
tiles leçons  pour  nous.  C'est  par  la  volonté  de 
Dieu  que  toutes  ces  choses  se  sont  passées  ; 
et  les  moindres  circonstances  de  la  naissance 
de  notre  Seigneur  nous  rappellent,  mes  enfants, 
qu'il  vint  au  monde  pour  nous  racheter,  pour 
nous  instruire,  pour  se  faire  aimer  de  nous. 

Jésus-Christ  nous  rachète  par  sa  naissance. 
Oui,  mes  enfants,  il  reçoit  aujourd'hui  la  vie, 
que  plus  tard,  il  sacrifiera  sur  la  croix  pour  le 
salut  du  monde.  La  justice  de  son  Père  exigeait 
une  Nictime  plus  sainte,   plus   pure  que  toutes 


278  DES   FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

les  autres  victimes,  alors  il  s'est  offert;  et,  comme 
Dieu^  ne  pouvant  être  soumis  ni  à  la  souffrance 
ni  à  la  mort,  il  s'est  fait  homme,  afin  qu'il  lui 
fut  possible  crendurer  dans  sou  corps  les 
douleurs  qui  devaient  racheter  nos  offenses. 
Encore  quelques  années,  ce  corps  divin  sera 
couvert  de  blessures,  chargé  d'outrages,  atta- 
ché sur  une  croix.  Le  sang  précieux  du  Sau- 
veur arrosera  la  terre  ;  mais  pour  souffrir,  Jé- 
sus-Christ n'attendra  pas  que  le  temps  de  sa 
l'assion  soit  arrivé.  Dès  aujourd'hui,  dès  le  mo- 
ment de  sa  naissance,  il  daigne  se  soumettre 
aux  privations  de  la  pauvreté,  à  la  faiblesse  de 
l'enfance,  aux  rigueurs  de  la  froide  saison  ;  à 
peine  entré  dans  le  monde,  il  souffre,  il  pleure 
pour  nous  et  pour  nos  péchés.  11  expie  notre 
orgueil  par  ses  humiliations  et  son  abaissement; 
notre  désobéissance,  par  son  entière  soumission 
à  la  volonté  de  son  père,  aux  ordres  de  Warie  ; 
il  est  couché  sur  de  la  paille,  pour  expier  notre 
délicatesse;  et  les  innocentes  larmes  que,  sem- 
blable à  tout  petit  enfant  qui  vient  au  monde, 
il  verse  en  abondance,  rachètent  aux  yeux  de 
son  rère  les  larmes  coupables  que^  parfois,  mes 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  27'J 

enfants,  nos  mauvais  penchants  nous  font  ver- 
ser :  0  mon  Sauveur!  nous  sera-t-il  jamais 
possible  de  reconnaître  tant  de  grûces  ! 

L'enfant  Jésus  vient  aussi  nous  instruire.  Un 
jour,  mes  enfants,  les  sublimes  leçons  de  l'Evan- 
gile sortiront  de  sa  bouche  divine;  mais  déjà,  et 
sans  parler  encore,  Jésus  nous  instruit  et  nous 
prêche;  le  spectacle  de  son  humble  berceau  eu 
dit  plus  que  les  plus  éloquents  discours.  11 
condamne  à-la-fois  la  vanité,  l'amour  des  plai- 
sirs et  des  biens  de  la  terre;  il  enseigne  toutes 
les  vertus.  0  mes  enfants,  pourriez-vous  dé- 
sormais être  indociles,  en  vous  rappelant  l'o- 
béissance de  l'enfant  Jésus;  pourriez-vous 
éprouver  des  sentiments  d'orgueil,  en  pensant 
à  l'humilité  de  l'enfant  Jésus  !  pourriez-vous 
encore  être  durs  pour  les  pauvres,  assez  vains 
pour  les  mépriser,  lorsque  l'enfant  Jésus  fui 
pauvre  lui-même,  et  couvert  d'humbles  et  gros- 
siers vêtements  î 

Enfm,  c'est  pour  nous  attaclier  à  lui,  que  Jésus 
se  fait  notre  semblable.  Tout  dans  sa  naissance, 
mes  amis,  ne  le  rendit  pas  digne  de  noire 
amour?  les  grâces  qu'il  nous  apporte,  les  souf- 


280  DES   FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

fiances  que  pour  nous  il  endure,  elles  traits  si 
aimables  sons  lesquels  il  se  montre  à  nous?  S'il 
était  descendu  sur  la  terre  dans  tout  l'éclat  de 
sa  majesté,  environné  de  gloire,  entouré  par 
les  anges,  sa  grandeur  aurait  pu  nous  éblouir, 
nous  effrayer,  peut-être  n'eussions-nous  pas  osé 
nous  approcher  de  lui  :  mais  c'est  un  enfant 
qui  nous  sourit  et  qui  nous  appelle,  c'est  un 
frère  que  Dieu  nous  envoie,  et  qui  nous  tend 
les  bras  ! 

Que  je  vous  trouve  heureux,  ô  mes  enfants, 
d'être  encore  à  cet  âge  où  l'enfant  Jésus  est  plus 
particulièrement  voire  ami,  votre  modèle;  et 
vous  aussi,  pauvres  de  Jésus-Christ,  appelés  les 
premiers  au  berceau  de  Bethléem,  que  je  vous 
trouve  heureux!  Oui,  Noël  est  véritablement 
votre  fête.  Au  milieu  de  ses  agitations,  de  ses 
affaires,  de  ses  frivoles  plaisirs,  le  monde  ne 
s'inquiète  guère,  hélas!  des  enfLints  et  des 
pauvres  ;  il  les  compte  pour  peu  de  chose,  il 
les  dédaigne  même  quelquefois.  Mais  qu'im- 
porte après  tout?  L'enfant  Jésus  les  aime, 
et  ses  premières  bénédictions  sont  aujourd'hui 
pour  eux. 


DES    TÈTES    DE    LÉGLISE.  281 


PRI£R£. 


O  Jésus  !  moi  aussi,  j'ai  reçu  la  bonne  nou- 
velle de  votre  naissance,  et  j'accours  à  la  crèche 
avec  les  pieux  bergers,  pour  reconnaître  mon 
Sauveur  dans  ce  faible  et  petit  enfant  couché 
sur  un  peu  de  paille.  Quoi!  c'est  là  votre  ber- 
ceau, divin  Jésus!  voilà  les  langes  grossiers  qui 
vous  couvrent,  la  pauvre  étable  qui  vous  abrite  ? 
Vous  n'avez  donc  pas  trouvé  de  demeure  à  Beth- 
léem? Personne  n'a  donc  voulu  donner  asile  à 
votre  sainte  Mère?  Oh!  que  n'étions-nous  là, 
pour  vous  recueillir,  pour  vous  ouvrir  nosbras! 
Qu'elle  eût  été  heureuse  et  mille  fois  bénie, 
notre  famille,  si  vous  eussiez  daigné  prendre 
naissance  au  milieu  d'elle!  Au  moins,  laissez- 
moi  venir  me  prosterner  à  vos  pieds,  et  vous 
offrir  mon  cœur,  en  compensation  de  tout  ce 
qui  vous  manque  ;  laissez-moi  vous  jurer  l'a- 
mour le  plus  tendre  et  le  plus  sincère,  en  re- 
connaissance de  votre  amour  pour  moi. 

Oui,  mon  Sauveur,  je  vous  aime  du  fond  de 

î6. 


282  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

mon  Ame,  et  je  vous  aimerai  toute  ma  vie; 
Sainte  enfance  de  Jésus,  vous  serez  à  l'avenir 
mon  modèle  !  En  étudiant  vos  divines  leçons, 
ô  mon  Dieu  ,  puissé-je  acquérir  l'humilité  , 
l'obéissance,  l'amour  du  travail,  ces  vertus  dont 
je  suis  si  dépourvu,  et  qui  vous  furent  si  chères  ! 
Puissé-je  enfin,  à  votre  exemple,  grandir  chaque 
jour  en  âge  et  en  sagesse  devant  Dieu,  et  devant 
les  hommes!  Ainsi  soit-il. 


FETE  DE  L'EPIPIIAiME. 


Et  iU  lui  offi  iront  pour  prési  iit 
lie  l'or,  (le  l'encms  et  de  h 
iiijrvli*». 

S.    M\TH.   II      2  1. 


Parmi  les  prophéties  relatives  à  la  naissance 
de  ^'otre -Seigneur,  il  s'en  trouvait  une  qui 
prédisait  que  sa  venue  sur  la  terre  ,  serait  an- 
noncée aux  peuples  de  l'Orient,  par  une  étoile 
mystérieuse.  En  effet ,  peu  de  temps  après  la 
naissance  de  Jésus-Christ,  des  princes  riches  et 
puissants  de  cette  partie  du  monde,  fort  in- 
struits dans  la  science  des  astres ,  et  connus 
sous  le  nom  de  Mages,  virent  briller  au  Ciel,  une 
étoile  plus  lumineuse  que  les  autres,  et  jus- 
qu'alors inconnue.  Se  rappelant  alors  les  paro- 
les des  prophètes,  et  calculant  que  le  temps 
marqué  pour  la  venue  du  Fils  de  Dieu,  devait 


28^4  DES    FÊTES    DE    LÉGLISE. 

être  arrivé,  ils  se  mirent  en  voyage,  se  diri- 
geant vers  la  Judée,  et  vinrent  à  Jérusalem.  En 
arrivant  dans  celte  ville,  leur  première  question 
fut  celle-ci  :  «  Où  est  le  roi  des  Juifs,  qui  vient 
de  naître,  nous  avons  vu  son  étoile  en  Orient, 
et  nous  sommes  venus  pour  l'adorer.  Cette  nou- 
velle, répandue  dans  Jérusalem,  parvint  jus- 
qu'an  roi  Hérode,  et  le  jeta  dans  un  grand 
trouble,  car  il  s'imaginait  que  le  Fils  de  Dieu 
devait  être  un  prince  puissant  et  riche,  qui  lui 
disputerait  sa  couronne. 

Dans  cette  crainte,  il  assembla  les  savants  de 
Jérusalem,  et  leur  demanda  où  le  Christ  devait 
naitre  :  c'était  dans  le  dessein  de  le  faire  mourir, 
qu'il  leur  adressait  cette  question.  Les  savants 
répondirent  au  roi  que,  selon  les  prophéties, 
le  Christ  devait  naître  à  Bethléem,  ville  de 
Juda.  Alors  Hérode  fit  venir  les  Mages,  et,  leur 
indiquant  le  lieu  delà  naissance  de  Jésus-Christ, 
il  ajouta  :  ce  Allez,  informez-vous  exactement 
de  l'enfant,  et  quand  vous  l'aurez  trouvé,  fai- 
les-le-moi  savoir,  afin  que  j'aille  aussi  l'adorer.  » 

Les  Mages  continuèrent  leur  roule  vers 
Bethléem,  incertains  seulement  du  lieu,  où  ils 


DES    FÊTES    DE    LÉGLIî?E.  285 

devaient  trouver  l'enlant  Jésus;  mais  à  peine 
furent-ils  sortis  de  Jérusalem,  que  la  brillante 
étoile  reparut  à  leurs  yeux  étonnés.  Elle  sem- 
blait marcher  devant  eux,  jusqu'à  ce  qu'enfin 
elle  s'arrêta  au-dessus  d'une  des  maisons  de 
Bethléem.  Les  Mages  étant  entrés  dans  cette 
maison,  virent  le  beau  petit  enfant  Jésus,  avec 
Marie,  sa  Mère.  Ils  se  prosternèrent  devant  lui, 
pour  l'adorer,  et  ils  lui  offrirent  de  riches  pré- 
sents, en  or,  et  en  parfums.  Ils  se  retirèrent 
ensuite  bien  joyeux  d'avoir  vu  le  Sauveur,  et, 
comme  ils  se  disposaient  à  retourner  vers  Hé- 
rode,  pour  liii  rendre  compte  de  leur  voyage. 
Dieu,  par  un  songe,  les  avertit  de  n'en  rien 
faire,  et  ils  se  rendirent  en  leur  pays  par  un 
autre  chemin.  Voici  le  souvenir  que  célèbre  l'E- 
glise dans  la  fête  de  l'Epiphanie. 

Quelle  sera  pour  vous,  mes  chers  enfants,  l'u- 
tilité de  cette  fête  ?ce  sera  de  vous  rappeler  que, 
vous  aussi,  vous  avez  un  guide  dans  le  voyage 
que  vous  faites,  que  tous,  nous  faisons  sur  la 
terre.  Pour  vous,  une  étoile  ne  brille  pas  au 
Ciel,  il  est  vrai,  mais  une  lumière  éclaire  votre 
âme,  et  la  dirige.  La  conscience  vous  enseigne 


286  DES   FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

les  devoirs,  la  vertu,  la  sagesse,  et  c'est  là  le 
bon  chemin,  mes  enfants,  le  seul  qni  conduise 
sûrement  à  Jésus-Christ.  Suivez  donc ,  avec  la 
fidélité  des  rois,  dont  vous  parle  aujourd'hui 
l'Evangile,  la  route  qui  vous  est  tracée;  allez 
offrir  au  Sauveur  qui  vient  de  naître  l'hommage 
de  vos  jeunes  cœurs,  qui  lui  sera  plus  agréable 
encore  que  les  présents  des  Mages,  et,  si  vous 
rencontrez  ce  matin  quelque  petit  enfant  bien 
pauvre,  faites-lui  l'aumône  en  pensant  à  l'en- 
fant pauvre  de  Bethléem. 

PRIÈRE. 


Le  zèle  et  l'empressement  des  Mages  sont 
pour  moi  un  bien  bel  exemple,  ô  mon  Dieu  ! 
A  peine  avertis  de  votre  naissance,  ils  n'hési- 
tent pas  à  entreprendre  un  long  voyage,  à  quit- 
ter leur  pays,  leur  famille,  pour  aller  vous 
trouver;  tandis  que  moi,  Seigneur,  je  me  plains 
souvent,  et  je  murmure  d'avoir  à  remplir  des 
devoirs  bien  plus  faciles.  Je  n'ai  pas  besoin  d'al- 
ler vous  chercher  à  Bethléem,  je  vous  trouve 


DES    FÊTES    BE    l'ÉGLISE.  287 

le  dimanche  à  l'église^  et  chaque  jour,  même, 
dans  ma  chambre,  quand  je  fais  ma  prière,  vous 
èles  là  près  de  moi.  Cependant,  je  n'y  pense 
pas,  et  je  vous  prie  bien  mai.  Mais  je  désire  de 
tout  mon  cœur  de  me  corriger  de  celte  négli- 
gence, et,  dans  ces  jours  destinés  à  honorer  votre 
enfance,  ô  Jésus,  j'ai  tant  de  saintes  leçons  à 
apprendre  de  vous,  que  vous  me  verrez  souven 
à  vos  pieds,  étudiant  mon  divin  modèle,  pour 
chercher  à  lui  ressembler.  Ainsi  soit-il. 


LE  CAREME. 


Si    TOUS  ne  faites  iwiiitence , 
vous  périrez  tous. 

S.  Luc.  XIII.  —  5. 


Le  carême  est  un  temps  de  pénitence,  et  de 
prières,  institué  par  l'Eglise,  pour  nous  prépa- 
rer à  bien  célébrer  la  fête  de  Pâques.  Le  carême 
dure  quarante  jours  ;  c'est  pour  cela  qu'il  est 
aussi  appelé,  la  sainte  quarantaine.  L'Eglise 
oblige,  pendant  ce  temps,  à  l'abstinence,  et  au 
jeune,  afin  d'honorer  et  d'imiter  le  jeune  de 
Notre-Seigneur,  qui  passa  quarante  jours  et 
quarante  nuits  dans  le  désert,  sans  prendre  au- 
cune nourriture,  commençant  ainsi,  pour  ra- 
cheter nos  péchés,  celte  douloureuse  pénitence, 
qu'il  venait  faire  sur  la  terre.  Le  jeune,  mes 
enfants,  consiste  à  retrancher  une  partie  de  sa 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  2g9 

nourriture,  et  l'abstinence,  à  se  priver  de  tout 
aliment  gras.  Ces  pratiques  ont  été,  depuis  bien 
des  siècles,  des  œuvres  de  pénitence;  vous 
vous  rappelez  sans  doute,  que  les  habitants  de 
Ninive  cherchèrent  autrefois,  par  le  jeune,  à 
détourner  de  leur  ville  la  colère  de  Dieu. 

Dans  les  premiers  temps  de  l'Eglise,  les  chré- 
tiens jeûnaient  très  souvent  ,  quelques  -  uns 
même,  l'année  tout  entière,  et,  à  présent  en- 
core, il  existe  de  saints  religieux  qui  pratiquent 
avec  celte  rigueur  le  jeune  et  l'abstinence. 
De  nos  jours,  au  contraire,  mes  enfants, 
on  observe  généralement,  avec  peu  d'exac- 
titude,  ces  préceptes  de  l'Eglise;  nous  avons 
tous,  cependant,  grand  besoin  de  faire  péni- 
tence, et  l'Eglise,  dans  son  indulgence,  nous 
a  rendu  l'accomplissement  de  ce  devoir  bien 
moins  pénible  qu'il  ne  l'était  autrefois.  Alors, 
on  ne  devait  faire  qu'un  seul  repas  dans  les 
vingt-quatre  heures;  maintenant,  il  est  permis 
d'y  ajouter  un  repas  très  léger,  que  1  on  ap- 
pelle Colla  tio?}. 

La  loi  du  jeune  n'est  pas  imposée  aux  enfants, 
qui  ont  besoin  d'une  nourriture  abondante.  Ce 


290  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

n'est  qu'à  l'âge  de  vingt-el-uii  ans,  qu'on  y  est 
soumis,  et,  à  cet  âge  même,  si  la  santé  l'exige, 
on  peut  obtenir  une  dispense  de  son  confesseur, 
ou  du  curé  de  sa  paroisse.  A  ce  propos,  je  veux 
vous  dire,  mes  enfants,  que  vous  n'êtes  pas 
juges  des  motifs  qui  peuvent  port«'r  vos  pa- 
rents, et  les  personnes  dont  vous  êtes  entourés, 
à  manquer  aux  devoirs  du  jeune  et  de  l'absti- 
nence. Vous  ne  devez  faire  là-dessus  aucune 
réflexion  II  faut  vous  borner  à  prendre  la  ré- 
solution d'obéir  vous-mêmes,  autant  que  vous  le 
pourrez,  lorsque  vous  serez  plus  grands,  à  tous 
les  commandements  de  l'Eglise. 

Dès  à  présent,  c'est  un  d  voir  pour  vous, 
de  faire,  dans  le  temps  du  carême,  une  certaine 
pénitence  de  vos  péchés;  car  Dieu  ne  dispense 
personne  de  cette  obligation,  pas  même  les  en- 
fants de  votre  âge.  Que  cette  idée  ne  vous  ef- 
fraie point,  mes  amis.  Dieu  ne  vous  demande 
pas  des  choses  bien  difficiles,  et  la  pénitence 
n'aura  rien  pour  vous  de  trop  pénible.  Quand 
vous  avez  offensé  votre  mère,  il  ne  vous  en  coûte 
pas  beaucoup,  je  suppose,  ponr  lui  en  témoi- 
gner voire  regret,  et  })our  cherchera  reparer 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  291 

VOS  loris  ?  Eh  bien  !  vous  ferez  de  même  avec 
Noire-Seigneur,  pendant  ce  sainl  lemps.  Vous 
serez  plus  attentifs  à  vos  prières,  plus  fervents 
durant  la  sainte  messe,  plus  obéissants  à  la 
maison.  Les  pauvres  auront  une  plus  grande 
part,  dans  l'emploi  de  vos  petites  économies,  et 
vous  direz  à  Dieu  :  «  Seigneur,  daignez  accepter 
ces  efforts  et  ces  légers  sacrifices,  en  attendant 
que  je  puisse  observer  vos  autres  commande- 
ments ».  Voilà  quelle  sera,  mes  enfants ,  votre 
pénitence  du  carême. 


17. 


LE  iMEKCREDl  DES  CENDRES. 


Oii'<st-ce  que  nolrn  vie,  sinon  un  • 
Vapeur  c|ni  paraît  pour   un   peu   tir 
temps,  vl  qui  disparaît  ensuile  ? 
S.  Jacq.   iy     —  1  5. 


D^ns  !os  premiers  siècles  du  christianisme, 
mes  (  hers  enfants,  les  grands  pécheurs,  ceux  du 
moins  dont  les  fautes,  ayant  été  publiques, 
avaient  donne  de  fûcheux  exemples,  étaient  soii- 
mis,  par  l'Eglise ,  à  une  pénitence  publique, 
plus  ou  moins  longue  et  sévère,  selon  la  gravité 
de  leurs  péchés.  Le  premier  jour  du  carême,  ces 
pénitents  se  rendaient  pieds  nus  à  la  cathédrale. 
L,^,  l'évèque  les  exhortait  à  se  repentir  de  leurs 
fautes;  puis  il  prenait  delà  cendre,  et  en  mettait 
sur  la  lète  de  chacun  d'eux,  disant  en  mémo 
lemps  ces  paroles  :  «.  Homme,  souviens  toi,  que 
lu  es  poussière,  et  que  lu  rclou rueras  en  pous- 


DES    FÊTES    DE    l'eGLISE.  VJ'o 

sière.  Fais  pénitence,  pour  aiiiver  au  Ciel  ». 
Lufm,  l'évéque  chassait  de  l'église  les  péni- 
tents, et  il  ne  leur  était  plus  permis  d'y  rentrer, 
jusqu'à  ce  que  le  temps  de  leur  pénitence  fût 
accompli. 

Si  nous  sommes  traités  aujourd'hui  avtc 
moins  de  rigueur,  mes  enfants,  n'allez  pas  croire 
que  nos  fautes,  pour  cela,  soient  devenues  plus 
excusables,  ni  que  nous  soyons  moins  obligés 
à  les  expier.  En  nous  épargnant  maintenant  la 
honte  de  la  pénitence  publique,  l'Eglise  ne  nous 
dispense  pas  de  faire  une  pénitence  véritable  et 
sincère,  dans  le  fond  de  nos  cœurs.  Elle  ne  ces- 
sera de  nous  prêcher  la  pénitence,  pendant  cette 
sainte  quarantaine,  et,  en  mémoire  de  son  an- 
tique usage,  elle  conserve  à  l'égard  de  ses  en- 
fants, qui  tous,  hélas!  sont  des  pécheurs,  la 
cérémonie  des  cendres,  le  premier  jour  du  ca- 
rême. C'est  de  là  que  lui  vient  son  nom.  Les 
paroles  que  prononce  le  prêtre,  en  mettant  de 
la  cendre  sur  nos  fronts,  nous  rappellent  que 
nous  devons  mourir  un  jour,  qu'il  est  bon  d\v 
penser,  pour  expier  les  fautts  déjà  commises, 
et  pour  éviter  d'en  commellre  de  nouvelles. 


294  DKS    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

Ces  idées  sérieuses  viennent  fort  à  propos, 
après  une  époque  de  l'année,  qui,  pourbien  des 
gens,  est  l'occasion  de  faire  beaucoup  de  sotti- 
ses, et  d'offenser  gravement  le  bon  Dieu.  Quant 
à  vous,  mes  chers  enfants,  ces  jours-là,  vous 
vous  amusez,  je  le  sais,  d'une  manière  permise, 
et  sous  les  yeux  de  vos  parents;  toutefois,  il 
n'est  pas  inutile  de  rappeler  à  ceux  d'entre  vous, 
qui  regrettent  trop  vivement  la  fin  de  ces  jours 
de  joie,  à  celles  qui  peut-être,  dans  une  fête, 
auront  été  un  peu  vaines  de  leur  figure  ou  de 
leur  toilette,  il  n'est  pas,  dis-je,  inutile  de  leur 
rappeler  que  nous  ne  sommes  pas  seulement  an 
monde,  pour  nous  y  divertir,  et  que  nos  pau- 
vres corps,  formés  de  poussière,  et  destinés  à 
redevenir  poussière,  ne  valent  pas  la  peine  que 
nous  en  soyons  si  fiers  ! 

Le  mercredi  des  cendres,  nous  demanderons 
donc  à  Dieu,  mes  enfants,  qu'il  guéîisse  notre 
vanité. 


DES    FÊTES    DE    LÉGLISE.  295 

PHIXRE. 

Que  ferai-je  pour  vous,  Seigneur,  que  ferai-je 
en  expiation  de  mes  péchés,  que  ferai-je  pen- 
dant le  saint  temps  qui  commence  aujourd'hui  ? 
Je  relirai  souvent  cette  instruction  sur  le  ca- 
rême. Je  tâcherai  de  pénétrer  mon  cœur  des 
pieux  sentiments  qui  s'y  trouvent,  et  de  suivre, 
dans  ma  conduite,  les  bons  conseils  qui  m'y 
sont  donnés.  Je  veux,  par  bien  des  jours  de  sa- 
gesse, vous  faire  oublier  mes  mauvais  jours,  et 
suppléer  ainsi,  de  mon  mieux,  aux  mortifica- 
tions que  je  ne  puis  pratiquer  à  mon  âge.  C'est 
de  vous,  ô  mon  Dieu,  que  j'attends  la  force  de 
remplir  ma  promesse.  Daignez  me  l'accorder, 
au  nom  de  Notre-Seigneur.  Ainsi  soit-il. 


m^^m 


i 

i 

DIMANCHE   DES    RAMEAUX.  j 


Beui  soit  le  roi  d'Israël  qui   vient 
>u  nom  du  Seigneur  ! 

S.  Jb*k.  XII    —    i3. 


Mes  chers  enfants  ,  peu  de  temps  avant  sa 
passion,  Notre-Seigneur,  se  rendant  à  Jérusa- 
lem, s'arrêta  au  petit  village  de  Béthanie,  qui 
n'est  éloigné  de  celte  ville ,  que  d'un  peu  plus 
d'une  lieue.  Là  demeuraient  les  amis  du  Sau- 
veur, Marthe  et  Marie,  avec  leur  frère  Lazare, 
que,  peu  de  temps  auparavant,  Jésus-Christ  avait 
ressuscité  d'entre  les  morts.  La  maison  et  le  tom- 
beau de  Lazare  se  voient  encore  à  Béthanie,  et 
sont  souvent  visités  par  les  voyageurs  qui  se 
rendent  aux  lieux  saints  en  pieux  pèlerinage. 

Arrivé  à  Béthanie,  la  veille  du  sabbat ,  Noire- 
Seigneur  y  passa   tout  ce  saint  jour,    cl,  le 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  297 

lendemain,  il  se  remit  en  marche  avec  ceux  de 
sa  suite.  Comme  ils  approchaient  de  Jérusalem, 
et  que  déjà  ils  étaient  au  pied  de  la  montagne 
des  Oliviers,  Jésus  dit  à  deux  de  ses  disciples  : 
<c  Allez  au  village  qui  est  devant  vous;  vous  y 
trouverez,  en  arrivant,  une  ànesse  attachée,  et 
son  ânonprès  d'elle  ;  amenez-les-moi,  et  si  quel- 
qu'un vous  demande  pourquoi  vous  les  détachez, 
répondez  :  Le  Seigneur  en  a  besoin  :  on  les  lais- 
sera aller  aussitôt.  »  Les  disciples  suivirent  les 
ordres  de  leur  maître;  ils  amenèrent  Tànesse  , 
et  Notre-Seigneur  monta  dessus. 

Ce  Tut  ainsi,  mes  chers  enfants,  que  Jésus- 
Christ  fit  son  entrée  dans  la  ville  de  Jérusalem. 
Bien  différent  des  princes  de  la  terre ,  qui  ne 
traversent  leur  royaume,  que  sur  un  char  de 
triomphe,  ou  sur  un  cheval  magnifique,  Jésus, 
le  Dieu  du  ciel  et  de  la  terre,  préféra  la  simple 
monture  d'un  animal  dédaigné  par  les  hommes. 
IMusieurs  siècles  à  l'avance,  le  prophète  Zacha- 
I  ie  avait  prédit  l'humilité  du  Sauveur  par  ces 
paroles  :  «  Dites  à  la  fille  de  Sien  :  Voici  volrc 
loi,  qui  vient  à  vous,  plein  de  douceur;  il  est 
pauvre,  cl  monté  sur  une  àncsse.  »  Malgré  ce 


298  DES    FÈTKS    DE    L  ÉGLISE. 

simple  cortège,  mes  enfants,  Notre-Seigncur 
fut  accueilli  par  les  habitants  de  Jérusalem , 
avec  des  acclamations  et  une  ivresse,  que  plus 
d'un  souverain  aurait  pu  lui  envier.  Ses  dis- 
ciples étaient  nombreux  ,  les  témoins  de  ses 
miracles  l'étaient  davantage  encore  ;  ses  bien- 
faits lui  avaient  gagné  tous  les  cœurs.  Le  peu- 
ple accourut  donc  en  foule  à  sa  rencontre:  les 
uns  se  dépouillaient  de  leurs  vêlements,  pour 
les  étendre  sur  son  passage  ,  les  autres  cou- 
paient des  branches  de  verdure,  et  en  couvraient 
le  chemin  ;  tous  criaient  à  l'envi  :  «  Béni  soit  le 
roi  qui  vient  au  nom  du  Seigneur  !  Hosanna , 
c  est-à-dire,  salut  et  gloire  ,  au  fils  de  David-  « 
L'Evangile  nous  apprend  que  les  enfants,  tant 
aimés  de  Jésus-Christ,  se  faisaient  remarquer 
parleur  empressement  et  leur  joie. 

Encore  quelques  jours ,  mes  amis  ,  el,  qui  le 
croirait  jamais  !  ce  peuple  qui  accueille  le  Sau- 
veur a>ec  de  si  vifs  transports,  demandera  sa 
mort  à  grands  cris  :  ceux  qui  ont  étendu  leurs 
vèlementssur  son  passage,  viendrontle  dépouil- 
ler des  siens.  Les  mômes  Juifs  qui  honorent 
aujourd'hui  la  royauté  de  Jésus  Christ  par  tant 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  299 

d'hommages,  ils  vont  l'oul rager  avec  fureur,  et , 
mêlant  la  moquerie  à  leurs  injures,  bientôt  ils 
vont  enfoncer,  sur  la  tète  sacrée  de  Notre  Sei- 
gneur, une  couronne  d'épines  cruelles  ! 

O  mon  Sauveur  !  dont  en  ce  jour,  nous 
aussi,  nous  adorons  le  triomphe,  ne  permettez 
pas  que  nous  soyons  assez  coupables  pour 
imiter  jamais  l'inconstance  des  habitants  de 
Jérusalem. 

En  mémoire  de  l'entrée  solennelle  de  Jésus- 
Christ,  dans  la  ville  sainte,  celle  fête  est  appe- 
lée le  dimanche  des  Rameaux  ,  ou  bien  Pâques 
fleuries.  Les  prêtres  suivent  aujourd'hui  la 
procession,  une  branche  verte  à  la  main,  et,  sur 
le  seuil  de  l'Eglise,  des  rameaux  sont  distribués 
aux  fidèles  qui  viennent  assister  à  l'office  divin. 
C'est  une  sainte  coutume  de  rapporter  chez  soi,^ 
chaque  année,  pour  l'attacher  à  son  chevet,  un 
de  ces  rameaux  bénits.  Qui  sait,  mes  chers  en- 
fants, si,  à  votre  premier  berceau,  à  ce  peli'.  ber- 
ceau blanc  près  duquel  veillait  votre  mère,  n'a 
pas  été  attaché,  de  sa  main,  un  de  ces  précieux 
rameaux;  si  cette  bonne  mère  ne  l'a  pas  placé  l\, 
dans  la  pieuse  espérance  ,quc  peul-ètre  il  serait 


300  DES    FÊTES    DE    LÉGLISE. 

une  sorte  de  protection  pour  vos  premières  an- 
nées ,  qu'il  vous  obtiendrait  de  Dieu  un  paisi- 
ble sommeil  ? 

Aujourd'hui,  mes  enfants,  vous  êtes  assez 
^'rands  pour  avoir,  par  vous-mêmes,  de  bonnes 
et  saintes  pensées:  que  la  petite  branche  de  buis 
qui,  le  matin,  frappe  vos  regards,  au  moment 
du  réveil ,  vous  rappelle  un  touchant  souvenir, 
qu'elle  vous  inspire  une  sincère  et  fervente 
prière. 

Le  dimanche  des  rameaux ,  commence  la 
dernière  semaine  du  carême,  appelée  la  semaine 
sainte ,  la  grande  semaine ,  à  cause  des  saints 
mystères,  et  des  souvenirs  sacrés  qu'elle  nous 
retrace.  Pendant  ces  huit  jours,  l'Eglise  est  con- 
stamment occupée  de  la  passion  de  Notre-Sei- 
gneur ,  de  sa  mort  et  de  sa  sépulture;  les  prê- 
tres sont  revêtus  d'ornements  de  deuil;  on  ne 
voit  plus  de  fleurs  sur  les  autels  ,  on  n'entend 
plus  que  des  chants  de  tristesse.  Les  chrétiens 
lidèles  vivent  dans  la  retraite,  la  prière,  les 
exercices  de  la  pénitence.  Chaque  jour ,  ils 
viennent  adorer  Jésus-Christ  sur  la  croix.  Les 
enfants,  trop  jeunes  pour  assister  encore  à  tous 


DES    FETES    DE    L  EGLISE, 


SOI 


les  oltices  de  celle  sainte  semaine,  doivent  au 
moins  la  passer  dans  une  grande  piété,  et  se 
montrer,  pendant  ce  temps,  plus  attentifs  et 
plus  zélés  pour  remplir  leurs  devoirs. 


MERCREDI  SAINT. 


Les  preniins  ilti  peuple  ont  cuii- 
spire  coiitri-  le  Seigneur  et  contre 
son  Chrisl. 

ACT.    IV,  —  26. 


Le  lundi  et  le  mardi  saints^  mes  enfants,  il  ne 
se  passe  rien  de  remarquable  à  l'Eglise.  Le  mer- 
credi, commence  l'office  des  Ténèbres,  qui  se 
fait  encore  les  deux  jours  suivans.  Cet  office 
est  ainsi  nommé,  parce  qu'il  se  fait  le  soir;  on 
l'appelle  aussi  Noclume,  parce  que  autrefois  il 
commençait  à  minuit.  L'office  des  ténèbres  se 
compose  de  psaumes,  de  passages  tirés  des  Saints 
Pères,  et  des  lamentations  du  prophète  Jéré- 
mie.  Ces  lamentations  sont  des  chants  de  tris- 
tesse qui  furent  inspirés  à  Jérémie  par  la  con- 
naissance que  Dieu  lui  avait  donnée  de  la  ruine 
prochaine  de  Jérusalem. 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  oi)?> 

Toutes  les  prières  des  ténèbres  sont  chantées 
d'un  ton  lent  et  triste.  Pendant  cet  office  ,  il  est 
d'usage  d'allumer  un  chandelier  composé  de 
quinze  branches ,  qui  toutes  portent  un  cierge; 
à  la  fin  de  chaque  psaume,  on  vient  éteindre 
un  de  ces  cierges,  lesquels  représentent  la  lu- 
mière que  les  prophètes  ont  successivement  ré- 
pandue dans  le  monde,  jusqu'à  la  venue  du  fils 
de  Dieu  sur  la  terre  :  le  dernier  cierge  reste  al- 
lumé; celui-là  estlafigurede  Jésus-Christ  dont 
la  lumière  sera  éternelle. 

Notre-Seigneur ,  mes  enfanls,  était  retourné 
de  Jérusalem  à  Béthanie;  il  demeurait  dans  la 
maison  de  Simon  le  lépreux.  C'était  la  veille  du 
jour  où  il  devait  faire  une  dernière  fois  la  Pâ- 
queavec  ses  disciples.  Alors,  il  leur  prédit  sa 
mort  prochaine.  Ce  jour-là  aussi,  les  prêlres, 
et  les  anciens  du  peuple  se  rassemblèrent  chez 
Caiphe,  le  grand-prêtre  ;  tous  ,  ils  haïssaient 
Jésus-Christ,  à  cause  de  l'affection  que  lui  por- 
tail le  peuple,  et  aussi  parce  que  la  morale 
prêchée  par  Notre-Seigneur  ,  était  la  condam- 
nation de  leur  vicieuse  conduite;  ils  se  réuni- 
rent donc   pour  délibérer   ensemble,   sur   les 


30/|  DES    FÈÏES    DE    l'eGLISE. 

moyens  de  se  saisir  de  Jésus^  et  de  le  faire  mou- 
rir, et  ils  disaient  :  a  11  ne  faut  pas  que  ce  soiL 
pendant  la  fête,  car  tout  le  peuple  est  rassem- 
blé, et  cette  mort  pourrait  causer  du  tumulte  » 
En  même  temps,  Judas  Iscariote,  l'un  des 
douze  apôtres,  poussé  par  le  démon  et  l'avarice, 
forma  l'odieux  projet  de  vendre  son  divin  maî- 
tre. 11  alla  trouver  les  princes  des  prêtres,  el 
leur  dit:  «  Que  voulez-vous  me  donner,  et  je 
mettrai  Jésus  entre  vos  mains?»  On  lui  promit 
trente  pièces  d'argent,  et,  depuis  ce  temps,  il 
cliercliait  une  occasion  de  livrer  Notre-Sei- 
gneur  à  ses  ennemis. 

Jésus,  qui  lit  dans  les  âmes,  connut  le  cri- 
minel dessein  de  Judas.  Ne  sentez-vous  pas, 
mes  enfants,  combien  l'ingratitude  de  celui  qu'il 
avait  tant  aimé,  dut  lui  blesser  le  cœur?  il 
éprouva  sûrement  alors,  ce  qu'avait  éprouvé 
David,  Iralii  et  persécuté  par  son  lils  Absalon. 
«  Je  suis  déchiré  de  douleur  au  fond  de  mon 
Ame,  disait  le  saint  roi  ;  ce  n'est  point  mon  en- 
nemi qui  m'outrage  ,  c'est  vous,  mon  fils  ,  vous 
que  j'aimais,  vous,  un  autre  moi  même!  » 
Que  ces  touchantes  paroles  exprimaient  bien, 


.DES    rÈTES    DE    LÉGLISE.  305 

ô  mon  Sauveur,  la  tristesse  qu'a  dû  vous  causer 
la  trahison  de  voire  apôtre  !  Comment  vous 
exprimer  à  mon  tour,  les  sentiments  que  m'in- 
spire une  si  odieuse  conduite!  j'en  suis  tout 
indigné.  Et  cependant ,  mon  Dieu ,  préférer 
mon  plaisir  à  votre  volonté  sainte,  comnr>c 
souvent  j'ai  eu  le  malheur  de  le  faire,  déso- 
béir à  vos  lois,  après  vous  avoir  promis  d'y 
rester  fidèle,  n'est-ce  pas  aussi  vous  trahir, 
n'est-ce  pas  imiter  en  quelque  sorte  l'ingrati- 
tude de  Judas  ! 


^Co5^ 


LE  JEUDI  SAINT. 


Jésus  sachant  qae  sou  heure  était  veuue 
tle  passer  de  ce  monde  à  son  Père  ,  comme 
il  avait  aimé  les  siens  qui  étaient  dans  le 
monde,  il  les  aima  jusqu'à  la  fin. 

S.  JcAN,  xtir.  —  1. 


Aujourd'hui,  mes  chers  enfants,  l'Eglise  cé- 
lèbre l'anniversaire  de  l'institution  du  sacre- 
ment de  l'Eucharistie,  et,  en  mémoire  de  ce 
bienfait  si  précieux,  que  nous  devons  à  l'amour 
de  Noire-Seigneur,  pour  quelques  moments,  du 
moins,  l'Eglise  éloigne  un  peu  les  douloureux 
souvenirs  de  la  Passion. 

L'office  du  matin  commence  par  la  cérémo- 
nie de  l'absoute,  dont  voici  l'origine  et  l'expli- 
cation. Dans  la  primitive  Eglise,  les  pénitents 
publics,  qui,  le  mercredi  des  cendres,  avaient 
élé  chassés  du  saint  temple,  obfenaient  la  per- 


DES    FÈTF.S    DE    L  ÉGLISE.  307 

mission  d'y  rentrer  le  jeudi  saint,  pour  recevoir 
une  absolution  solennelle  de  leurs  fautes.  De 
même  que  l'Eglise  conserve  à  notre  égard  la 
cérémonie  des  cendres,  mes  enfants,  de  même 
conserve  t-elle  aussi  la  cérémonie  de  l'absoute; 
car  elle  espère  que  si  tous,  nous  avons  été  des 
pécheurs,  tous  aujourd'hui  nous  sommes  deve- 
nus des  pénitents.  Ainsi  donc,  ce  matin,  avant  la 
sainte  messe,  les  prêtres  récitent,  au  nom  des 
fidèles,  les  psaumes  de  la  pénitence  ,  et  le  pas- 
teur, la  main  étendue  sur  l'assemblée,  prononce 
les  paroles  de  l'absolution.  Cette  absolution  n'a 
pas,  ainsi  que  celle  qui  nous  est  donnée  dans  le 
sacrement  de  pénitence,  le  pouvoir  de  remettre 
tous  les  péchés.  Cependant,  reçue  dans  des  sen- 
timents d'un  repentir  sincère,  elle  peut  effacer 
les  péchés  véniels,  et  purifier  notre  âme. 

L'absoute  est  suivie  de  la  grand' messe,  qui 
se  chante  avec  beaucoup  de  pompe  et  de  solen- 
nité, en  souvenir  de  l'institution  de  la  sainte 
Eucharistie.  Les  prêtres  quittent  leurs  habits  de 
deuil,  et  reprennent  le  joyeux  cantique  du 
Gloria  in  exielsis^(\\i'\v\e  se  chantait  plusdepuis 
le  commencement  du  carêm<^   Cependant,    la 


308  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

passion  de  Noire-Seigneur  ne  peut  être  oubliée, 
et  les  prières  de  la  messe  parlent  encore  de  ses 
douleurs.  Après  l'offertoire,  le  prêtre  consacre 
deux  hosties  au  lieu  d'une,  parce  que,  le  ven- 
dredi saint,  il  n'est  pas  d'usage  de  dire  la  messe  ; 
cetle  seconde  hostie,  réservée  pour  la  commu- 
nion du  lendemain,  est  portée  processionnel- 
lement  par  le  clergé,  dans  un  lieu  préparé  pour 
la  recevoir. 

C'est,  mes  enfants,  une  chapelle  obscure,  au 
fond  de  laquelle  s'élève,  environné  d'un  grand 
nombre  de  cierges,  un  tombeau  qui  représente 
le  saint  sépulcre;  là,  chacun  de  nous  se  rendra, 
dans  la  soirée,  pour  adorer  notre  divin  Sauveur 
mort  et  enseveli. 

Le  jeudi  saint ,  après  l'office  du  malin , 
les  tabernacles  sont  ouverts  et  vides;  les  au- 
tels sont  dépouillés  de  leurs  ornements,  puis 
ensuite  lavés  par  un  prêlre.  Celte  dernière 
cérémonie  nous  représente  l'humilité  si  pro- 
fonde de  Jésus-Christ,  qui,  avant  la  cène,  ne 
dédaigna  pas  de  s'abaisser  jusqu'à  laver  lui- 
même  les  pieds  de  ses  apôtres,  afin  de  leur 
montrer,  ainsi  qu'à  nous,   combien,  lorsqu'on 


Î>ES    FÊTES    DE    L  ÉGLISE.  Zi)9 

hc  dispose  à  la  communion,  il  est  nécessaire  de 
purifier  avec  soin  son  cœur. 

Dans  la  plupart  des  églises,  et  surtout  dans 
les  cathédrales,  il  existe  un  usage,  qui  rappelle 
d'une  manière  bien  touchante  cette  cérémonie 
du  Invement  des  pieds.  A  l'exemple  de  Notre- 
8eigneur,  l'évéque,  ou  le  curé,  s'agenouille  de- 
vant un  certain  nombre  de  pauvres,  et  leur 
lave  les  pieds;  d'après  une  antique  et  sainte 
coutume,  qui  s'est  conservée  long-temps  parmi 
nous,  mes  enfants,  le  roi  de  France,  quittant 
la  pompe  dont  ordinairement  il  est  environné, 
venait,  lui  aussi,  le  jeudi  saint,  laver  les  pieds 
de  douze  enfants  pauvres,  et  les  servir  lui- 
même  à  table,  pendant  le  repas  que  sa  charité 
leur  avait  fait  préparer. 

Mais  reprenons,  mes  amis,  le  touchant  récit 
de  la  passion.  La  lire,  la  méditer,  en  pénétrer 
nos  cœurs,  penser  surtout  que  c'est  par  amour 
pour  nous,  et  pour  le  salut  de  nos  Ames,  que 
Jésus-Christ  a  voulu  se  soumettre  à  tant  d'ou- 
trages, éprouver  tant  de  douleurs,  voilà  ce  qui, 
durant  celle  triste  semaine,  devrait  uniquement 
nous  occuper. 


310  DES    FÈrF.S    DK    L  ÉGLISE. 

Judas  avait  donc  juré  de  trahir  son  divin 
maître,  et  ne  cherchait  plus  qu'une  occasion 
favorable  pourle  livrer  à  ses  ennemis.  Le  jour 
des  azymes  était  arrivé,  les  disciples,  selon 
l'ordre  qu'ils  en  avaient  reçu  du  Sauveur,  pré- 
parèrent tout  ce  qu'il  fallait  pour  célébrer  la 
Pâque,  et,  vers  le  soir,  Jésus  se  mit  à  table  avec 
ses  douze  apôtres.  «  J'ai  désiré  ardemment  de 
manger  celte  Pâque  avec  vous  avant  de  souf- 
frir »  ,  leur  dit-il;  puis  il  prit  du  pain,  le  bé- 
nit, le  rompit,  et  le  leur  donna  en  disant  : 
«  Prenez,  el  mniujez  :  ceci  est  mon  corps  ».  Pre- 
nant ensuite  le  calice,  il  rendit  grâces,  et  le  leur 
donna  en  disant  :  a  Buvez-en  tous,  car  ceci  est 
mon  sang  »  ,  le  sang  de  la  nouvelle  alliance,  qui 
sera  répandu  pour  plusieurs,  pour  la  rémission 
des  péchés 

Ainsi  fut  institué  le  saint  sacrement  de  l'Eu- 
charistie, dans  lequel  Jésus-Christ  porte  l'a- 
mour pour  les  hommes,  au  point  de  se  donner 
à  eux,  lui-même,  en  nourriture.  Aujourd'hui, 
mes  chers  enfants,  les  apôlres  reçurent,  pour  la 
première  fois,  la  sainte  communion.  Judas  ne 
craignit  pas  de  s>n  approcher  avec  une  âme 


DES    FÊTES    DE    LÉGLISE.  31 1 

décidée  à  trahir  Jésus-Christ.  Cette  indigne 
profanation  Tendurcit  dans  son  crime,  et  vous 
connaissez  tous  la  triste  fin  de  ce  malheureux. 
Un  tel  exemple,  mes  amis,  sert  à  nous  montrer 
combien  il  est  à  craindre  d'approcher  de  la 
sainte  table  dans  de  mauvaises  dispositions:  il 
n'y  a  pas  de  plus  grand  crime,  ni  ne  plus  af- 
freux malheur,  que  celui  de  faire  une  commu- 
nion sacrilège. 

Après  la  cène,  Notre-Seigneur  conduisit  ses 
disciples  à  la  montagne  des  Oliviers.  Là,  il  leur 
dit  ;  tt  Je  serai  pour  vous  tous,  cette  nuit,  un 
objet  de  scandale;  c'est-à-dire,  à  l'occasion  de 
ce  qui  doit  m'arriver,  vous  perdrez  l'espérance 
que  vous  avez  en  moi,  et  vous  m'abandonnerez 
lâchement  «  Seigneur,  lui  répondit  Pierre,  je 
suis  prél  à  vous  suivre  à  la  prison,  à  la  mort  ». 
Mais  Jésus  lui  dit  :  «  Pierre,  je  vous  le  déclare, 
lecoqne  chantera  pas  aujourd'hui  trois  fois,  que 
vous  n'ayez  nié  me  connaître  ».  Hélas  !  mes  en- 
fants ,  cène  fut  malheureusement  que  trop  vrai. 

Jésus  étant  arrivé  avec  les  apôtres  dans  un 
lieu  appelé  G clhscm an i,  situé  au  pied  de  la  mon- 
tagne, il  leur  dit  .  uMon  àme  est  triste  jusqu'à 


ol2  DES    FÊTES    DE    L  ÉGLISE. 

la  mort,  demeurez  ici,  tandis  que  je  m'en  irai 
prier.  Puis,  s'élant  un  peu  éloigné,  il  commença 
à  être  saisi  de  frayeur  et  accablé  de  chagrin. 
«Mon  père,  mon  père,  s'écria-t-il,  que  ce  calice 
s'éloigne  de  moi  !  Néanmoins,  que  votre  volonté 
s'accomplisse,  et  non  la  mienne!  «Alors  un  ange 
venu  du  Ciel  lui  apparut,  et  il  le  fortifiait,  et 
Notre-Seigneur  étant  tombé  en  agonie,  prolon- 
geait sa  prière,  et  il  lui  vint  une  sueur  qui  décou- 
lait comme  des  gouttes  de  sang  jusqu'à  terre  ! 
O  mes  enfants  ,  arrêtons-nous  ici  quelques 
moments,  à  contempler  Jésus-Christ  dans  cette 
terrible  angoisse.  Celui  que,  dans  nos  afflictions, 
nous  appelons  à  notre  secours,  lui  même  souff're 
aujourd'hui  plus  que  nous  n'avons  jamais  souf- 
fert. Celui  qui  nous  console  dans  nos  peines,  a 
lui-même,  à  son  tour,  besoin  d'être  consolé!  Sans 
doute,   la  connaissance  qu'il  a    des  supplices 
qu'on  lui  réserve,  contribue  à  sa  cruelle  agonie, 
mais  elle  est  surtout  causée  par  la  pensée  de  nos 
fautes,  de  notre  ingratitude.  Il  les  prévoyait,  mes 
enfants,  il  prévoyait  que,  pour  beaucoup  de  ses 
créatures,  sa  mort  serait  inutile,  et  voilà  ce  qui 
le  rendait  triste  jusqu'à  la  mort.  Oh!  soyons  donc 


DES    rÉTES    DE    l'ÉGI.ÎSE.  Tvl^ 

Irisles  aussi  uoiis-uu^mes;  pleurons  nos  péclivs, 
mêlons  nos  larmes  à  celles  de  ce  divin  Sativeur  î 

Loi  sque  Jésus  fut  plongé  dans  cet  aballement, 
mes  amis,  ce  fut,  vous  le  sentez  bien,  parce 
(uril  y  consentit,  et  qu'il  voulut  éprouver  lotî- 
tes les  angoisses  de  notre  pauvre  nature  Ce  fui 
.ifin  que  le  souvenir  de  ses  douleurs  pût  adou- 
cir la  douleur  des  aflligés,  afin  que  le  souvenir 
de  sa  résignation  pût  arrêter  leurs  murmures, 
cl,  s'il  reçut  le  secours  et  les  consolations  d'un 
ange,  n'était-ce  pas  pour  nous  apprendre  à  ne 
jamais  chercher  qu'au  Ciel  notre  consolation  ? 

Notre-Seigneur  revint  près  de  ses  disciples; 
accablés  par  la  tristesse,  ils  s'étaient  endormis. 
El  comme  Jésus-Christ,  s'adressantà  eux,  cher- 
chait à  les  encourager,  une  troupe  de  gens  ar- 
més parut  :  Judas  la  conduisait.  Or,  Judas  avait 
donné  ce  signal  à  ses  soldats  :  «  Celui  que  je 
l)aiserai ,  c'est  celui-là  même  que  vous  cher- 
chez, saisissez-vous  de  lui  ».  Aussitôt  donc,  s'ap- 
prochanl  de  Jésus,  il  lui  dit  :  «  Je  vous  salue, 
mon  maitre,  et  il  le  baisa  ».  Jésus  lui  répondit  : 
u  Mon  ami,  qu'êtes-vous  venu  faire  ici  »?  Oh!  ne 
la'lail-il   pas   qu.'  Judas  eùl   ini  cœur  plus  dur 


oiU  DES    FÊTES    DE    L  ÉGLISE. 

que  la  pierre,  pour  ne  pas  tomber  aux  pieds  de 
son  maître  à  cette  douce  et  tendre  parole,  mon 
ami.  Hélas!  etvous-mêmes,  chers  enfants,  quand 
vous  êtes  prêts  à  mal  faire,  à  céder  lâchement  à 
une  tentation,  à  trahir  la  fidélité  que  vous  de- 
vez à  Dieu,  n'entendez-vous  pas  aussi  la  voix 
de  Notre-Seigneur,  qui  vous  dit  intérieurement  : 
Mon  ami!  mon  enfant!  qu'allez -vous  faire? 
qu'étes-vous  venu  faire  ici? 

Les  soldats  s'emparèrent  de  Jésus,  et  le  me- 
nèrent chez  Caïphe,  le  grand-prélre,  où  les  scri- 
bes et  les  anciens  étaient  rassemblés.  Tous  les 
disciples  prirent  alors  la  fuite.  Pierre  seul,  sui- 
vait de  loin  son  maître;  il  entra  chez  Caïphe,  et 
vint  s'asseoir  dans  la  cour. Cependant,  les  princes 
des  prêtres  cherchaient  des  témoins  pour  ac- 
cuser Jésus  Et  où  en  trouver?  Notre-Seigneur 
avait  passé  parmi  eux  en  faisant  du  bien  ;  les 
plus  petits  enfants,  les  vieillards,  les  malades^ 
tous  avaient  eu  leur  part  de  ses  bienfaits  :  tous 
pouvaient  donc  le  bénir;  mais,  pour  l'accuser, 
il  ne  s'en  trouva  pas  un  seul,  et  l'on  fut  obligé 
de  recourir  à  de  faux  témoignages.  Jésus  ne 
daigna  pas  se  défendre;  interpellé  seulement 


DES    FÊTES    DK    l'ÉGLISE.  515 

par  le  grand-prêtre,  il  répondit  :  «  Je  suis  le  lils 
de  Dieu  ».  A  ce  mot ,  on  cria  au  blasphème,  et 
dès-lors,  commencèrent  les  nombreux,  les  cruels 
supplices  de  sa  passion.  On  lui  crachait  au  vi- 
sage, on  le  frappait  cruellement,  on  Taccablait 
d'humiliations  et  d'outrages. 

Pierre  cependant,  se  tenait  au-dehors,  et  une 
servante  s'étant  trouvée  là,  lui  demanda  s'il 
n'était  pas  un  disciple  de  Jésus  de  Nazareth?  et 
il  le  renia  par  trois  fois,  selon  que  Jésus  le  lui 
avait  prédit.  En  ce  moment,  le  coq  chanta.  Notre- 
Seigneur  s'étant  retourné,  jeta  un  regard  sur 
Pierre,  et  ce  regard  de  bonté,  mes  enfants,  le  lit 
rentrer  en  lui-même.  Il  pleura  amèrement  sa 
faute,  il  la  pleura,  il  sut  l'expier,  elle  lui  fut 
pardonnée,  et  vous  savez  que  Pierre  devint  le 
chef  de  l'Eglise  de  Jésus-Christ. 

Oh  !  puissions-nous  aussi,  lorsque  Dieu  nous 
reproche  nos  fautes,  soit  par  d'utiles  avertis- 
sements, soit  par  quelque  bon  mouvement  de 
notre  cœur,  puissions-nous  alors,  comme  saint 
Pierre,  nous  repentir,  pleurer,  nous  rendre 
dignes,  enfin,  d'obtenir  de  Dieu  pardon  et  misé- 
ricorde. 


LE  VENDREDI  SAINT. 


i:t  Josiis,  jcljiil  1111  i;r\iiul  (li,  <!>(: 
Mmi  pci'f  I  j'.'  reiiK Is  lunii  nme  riilie 
vos  inâiiis! 

S.  l.vr,  XX m.  —  4'*. 


Le  vendredi  saint!  ah  quel  Irisle  jour!  Que 
de  douloureux  souvenirs  il  nous  retrace!  Com- 
bien nesesent-onpasaujourd'huilecœur  serré, 
en  pensant  à  la  mort  de  notre  bon  Sauveur!  Et 
pourtant,  ne  l'oublions  pas  ,  mes  amis  ,  ce  jour 
de  deuil  est  en  même  temps,  pournous,  un  jour 
trois  fois  heureux.  Les  souffrances  de  Jésus - 
Christ  nous  affligent ,  il  est  vrai,  elles  font  cou- 
ler nos  larmes,  mais  aussi  elles  nous  rachèteul, 
elles  nous  sauvent.  Mon  Dieu!  il  vous  tardait  de 


DT?S    Ff-I'ES    DE    l'kG1.I>E.  ,"17 

la  voir  arriver  celle  lieiire  de  voire  sacrifice, 
il  vous  tardail  de  pouvoir  donuer  voire  vie  pour 
le  salul  de  vos  enfants.  Oh!  dans  la  médilalion 
que  nous  nous  disposons  à  faire  sur  vos  dou- 
leurs, laissez-nous  bien  comprendre  l'e.vcès  de 
votre  amour,  et  disposez  nos  cœurs,  ô  mon 
Dieu,  à  la  plus  vive  reconnaissance  ! 

La  nuit  s'était  écoulée  pour  Notre-Seii^neur  , 
mes  enfants,  au  milieu  des  plus  sanglants  outra- 
ges. Dès  la  pointe  du  joui-,  les  princes  des  pré- 
Ires  et  les  anciens  du  peuple  liment  con- 
seil contre  Jésus,  pour  le  faire  mourir ,  et, 
après  l'avoir  lié,  ils  l'emmenèrent  pour  le  mettre 
entre  les  mains  de  Ponce-Pilate,  le  gouverneur. 
Alors,  Judas  pénétré  d'horreur  pour  son  crime, 
s'en  alla  reporter  les  Irenle  pièces  d'argent  aux 
princes  des  prêtres;  mais  ces  derniers  n'ayant  pas 
voulu  les  reprendre,  Juda  lesjela  dans  le  temple, 
puis  ensuite,  ne  se  trouvant  pas  dans  le  cœur  , 
celte  confiance  en  Dieu,  que  peut  seule  inspirer 
un  véritable  repentir,  il  lomba  dans  le  désespoir, 
et  se  donna  la  mort. 

Jésus-Christ  parul  devant  le  gouverneur,  mes 
enfants;  celui-ci,   après  l'avoir  interrogé,  ne 


;V18  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

irouvauL  h  lui  reprocher  aucun  crime,  le  fit 
conduire  devant  Hérode.  Depuis  longtemps, 
d'après  ce  qu'il  en  avait  entendu  dire,  Hérode 
désirait  vivement  de  voir  Jésus,  et  il  espérait 
être  témoin  de  quelques-uns  de  ses  miracles; 
aussi  lui  adressa-t-il  un  grand  nombre  de  ques- 
tions, auxquelles  Notre-Seigneur  ne  daigna  pas 
répondre  :  alors,  i!  fut  traité  de  fou,  d'insensé, 
il  devint  la  risée  du  peuple  ;  on  l'accabla  de 
railleries  et  d'insultes,  et  il  fut  enfin  renvoyé  à 
Pilate 

Voilà  donc  ce  divin  Sauveur  trainé  de  rue 
en  rue  ,  de  tribunal  en  tribunal ,  au  milieu  de 
clameurs  insolentes.  De  tous  les  malades  qu'il 
avait  guéris,  des  affligés  qu'il  avait  consolés? 
des  malheureux  qu'il  avait  secourus  ,  pas  un 
n'élève  la  voix  pour  le  défendre.  Tous  le  mé- 
connaissent, ou  même  encore  s'unissent  à  ses 
ennemis  pour  l'outrager.  Au  moins,  ses  disci- 
ples chéris  vont  paraître ,  ils  vont  le  soutenir  , 
le  délivrer.'*  Où  sont-ils  donc?  Hélas!  mes  en- 
fants ,  Jésus  est  trahi  par  l'un  ,  renié  par  l'au- 
tre, abandonné  de  tous!  0  mon  Sauveur!  il  n'est 
aucune  sorte  de   souffrance   que  vous    n'ayez 


DES    FÈIES    DE    LÉGLISE.  ol9 

voulu  éprouver  pour  notre  salut ,  et  ce  ne  fut 
pas  sans  doute  la  moins  cruelle  de  vos  douleurs, 
celle  que  vous  causa  l'abandon  de  vos  amis,  l'in- 
gratitude de  ceux  dont  vous  aviez  été  le  bien- 
faiteur ! 

Convaincu  de  l'innocence  de  Jésus,  Pilate  ima- 
gina un  moyen  de  le  délivrer.  C'était  la  coutume 
chaque  année ,  au  jour  de  la  fête  de  Pûques , 
d'accorder  au  peuple  la  liberté  d'un  prisonnier 
qu'il  avait  le  droit  de  choisir.  Or,  il  y  avait,  dans 
les  prisons,  un  homme  nommé  Barabbas,  accusé 
d'avoir  commis  un  meurtre. 

Comme  tout  le  monde  était  rassemblé,  Pilate 
dit  :  «  Lequel  des  deux  voulez-vous  que  je  vous 
délivre  ,  Barabbas  ou  Jésus  ,  qui  est  appelé 
le  Christ?»  C'était  déjà,  pour  Notre-Seigneur  , 
mes  enfants ,  une  profonde  humiliation  d'être 
mis  en  parallèle  avec  un  malfaiteur  ;  mais  jugez 
de  ce  qu'il  dut  éprouver,  en  se  voyant  préférer 
ce  misérable ,  car  les  princes  des  prêtres  ayant 
soulevé  le  peuple  contre  Jésus,  il  s'écria  :  «Nous 
voulons  Barabbas  !  —  Queferai-jedoncduroides 
Juifs?  reprit  Pilate.  —  Qu'il  soit  crucifié!  — Mais 
quel  mal  a  t  il  l'ait?»  Tousse  mirent  à  crier  encore 


o2fl  DES    FÊTES    Dl-     LEGLISK. 

plus  Torl:  a  Qu'il  soit  crucilié!  »  Alors  Pilalc, 
voyant  qu'il  ne  pouvait  rien  gagner  sur  eux , 
demanda  de  l'eau,  et,  se  lavant  les  mains  à  la 
vue  du  peuple,  il  dit  :  «  Je  suis  innocent  du  sang 
de  ce  juste;  c'est  vous  qui  en  répondrez.  »  Et  Ion! 
le  peuple  s'écria  :  «  Que  son  sang  retombe  sur 
nous  et  sur  nos  enfants!  »  Hélas!  mes  amis,  ce 
coupable  vœu  ne  fut  que  trop  exaucé.  Proscrit , 
persécuté  pendant  une  longue  suite  de  siècles, 
le  malheureux  peuple  Juif,  encore  de  nos  jours, 
est  sans  patrie,  il  est  errant  par  loute  la  terre. 

rilate  délivra  donc  Barabbas,  et,  après  avoir 
fait  souffrir  à  Noire-Seigneur  une  cruelle  flagel- 
lation ,  il  l'abandonna  aux  Juifs  pour  être  con- 
duit à  la  mort.  Mais  la  fureur  des  ennemis  de 
Jésus  n'était  pas  apaisée,  et,  avant  de  le  faire 
mourir,  ils  voulurent  l'accabler  de  nouveaux 
outrages.  Des  soldats  l'ayant  amené  dans  la  cour 
du  prétoire,  il  le  couvrirent  d'un  manteau  d'é- 
carlate,  et,  entrelaçant  des  épines,  ils  en  firent 
une  couronne  qu'ils  enfoncèrent  sur  sa  tète  ado- 
rable; puis  ils  le  fiappaicnt  avec  un  roseau,  lui 
crachaient  au  visage ,  et,  fléchissant  le  genou 
devant  lui,  ils  faisaient  semblant  de  Vadojcr,  en 


DES    FÊTES    DE    l'kGLISE.  :]^l 

lui  disaiilavec  ironie  :  «Je  lesalue,  roi  des  Juifs!  » 
Après  s'èlre  ainsi  jo\ié  de  Nolie-Seigneur, 
sans  avoir  pu  parvenu*  à  lasser  sa  patience,  ses 
ennemis  chargèrent  une  lourde  croix  sur  ses 
épaules,  et  l'emmenèrent  sur  le  Calvaire,  pour 
l'y  crucifier.  Son  pauvre  corps,  brisé  de  douleur, 
couvert  de  sanglantes  blessures,  se  courbait  sous 
le  fardeau  de  la  croix.  Un  homme  de  Cyrèue, 
nommé  Simon ,  venant  ù  passer  par  ce  chemin , 
on  l'arrêta  pour  lui  faire  porter  la  croix  de 
Jésus. 

Or,  Notre-Seigneur  élaït  suivi  d'une  fouhî 
de  peuple  et  de  femmes  qui  pleuraient,  et  don- 
naient de  grandes  marques  de  douleur.  Alors, 
se  retournant  vers  elles,  il  leur  dit  :  ce  Filles 
de  Jérusalem,  ne  pleurez  pas  sur  moi,  mais 
pleurez  sur  vous-mêmes  !  »  Et  nous,  mes  chers 
enfants,  oui,  si  en  ce  jour  notre  cœur  se  sent 
attendri  au  souvenir  de  tant  de  souffrances, 
pleurons  comme  les  saintes  femmes;  mais  pleu- 
rons sur  nous-mêmes,  sur  nos  péchés  qui  fureiU 
la  cause  des  souffrances  de  Jésus-Christ. 

Notre-Seigneur  arrive  enfin  au  lieu  de  sou 
supplice,  mes  cnfiinls  ;  on  le  dépouille  de  ses  vê- 


322  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

temeiîls ,  on  Télend  sur  la  croix ,  on  l'y  attache , 
en  perçant  de  clous  ses  pieds  et  ses  mains,  et  on 
plante  la  croix  dans  la  terre,  au  milieu  de  deux 
autres  croix ,  sur  chacune  desquelles  un  voleur 
était  attaché.  Tous  ceux  qui  passaient  par  là, 
blasphémaient  encore  contre  le  Sauveur  :  sa 
douceur,  sa  résignation  ,  le  supplice  qu'il  en- 
durait ne  parvenaient  pas  à  désarmer  leur  colère. 
Cependant,  depuis  la  sixième  heure  du  jour 
jusqu'à  la  neuvième,  le  soleil  s'obscurcit,  la  terre 
fut  couverte  de  ténèbres.  Vers  la  neuvième 
heure,  l'excès  de  la  souffrance  arrache  à  Jésus 
cette  plainte  :  «  Mon  Dieu ,  mon  Dieu,  pourquoi 
m'avez  vous  abandonné  !  » 

Mais  Jésus,  mes  enfants,  oubliera  encore  ses 
douleurs  pour  penser  à  nous.  Sa  pauvre  mère 
se  tenait  au  pied  de  la  croix,  et  le  disciple  bien- 
aimé  était  auprès  d'elle.  Alors,  rassemblant  ses 
dernières  forces,  Noire-Seigneur  dit  à  Marie,  en 
lui  montrant  saint  Jean  :  «  Voilà  votre  fils  ;  »  puis 
il  dit  à  saint  Jean,  en  lui  montrant  Marie:  «Voilà 
votre  mère  ;  »  et ,  depuis  ce  temps ,  le  disciple  re 
cueillit  Marie  dans  sa  maison;  depuis  ce  moment 
aussi  ,  mes  amis  .  et.  par  ce  précieux  testament 


DtS    FETES    DE    LEGLISK.  o'25 

de  notre  Sanveurprès de  mourir,  Marie  nous  ai- 
me comme  ses  enfants,  et  nous  l'aimons  comme 
notre  mère. 

L'heure  de  mourir  approchait  ;  Jésus  vit  que 
tout  était  accompli  ;  il  inclina  sa  tète  en  disant  : 
«  Mon  Père,  je  remets  mon  âme  entre  vos 
mains!  »  et  il  expira. 

Au  même  instant,  le  voile  du  temple  se  déchira , 
depuis  le  haut  jusqu'en  bas;  la  terre  trenibla , 
les  tombeaux  s'ouvrirent,  la  nature  entière  fut 
bouleversée. 

Ah  !  mes  enfants ,  nulle  parole  ne  saurait  ex- 
primer les  sentiments  que  ce  récit  doit  faire 
naître  dans  nos  cœurs.  Le  pins  tendre  ,  le  meil- 
leur des  pères  expire  dans  les  tourments  pour 
notre  salut.  Nous  sommes  les  coupables ,  et  il 
porte  notre  peine.  Nos  péchés  et  son  amour 
sont  la  cause  de  tant  de  douleurs.  Pensons-y  au 
pied  de  la  croix ,  en  ce  jour,  pensons-y  tous  les 
jours  de  notre  vie,  afin  de  nous  attacher  pour 
jamais  à  Jésus- Christ,  afin  de  renoncer  au  péché 
qu'il  expie  d'une  manière  si  cruelle. 

Le  vendredi  saint  est  le  seul  jour  de  l'année 
où  l'on  ne  dise  point  de  messe. 


32/»  DïïS    FÊTES    DE    I-'ÉGLISE. 

L'oOice  du  malin  (ommeuce  par  la  lecture 
d'une  lecou  tirée  des  livres  saints,  et  tians  la- 
quelle Moïse  décrit  la  cérémonie  de  l'agneau 
pascal ,  signe  du  sacrifice  de  Notre-Seigneur. 
Une  autre  leçon  ,  tirée  d'Isaïe  ,  contient  la  pro- 
phétie la  plus  détaillée  de  la  passion  de  Jésus- 
Christ.  En  lisant  ce  récit,  on  s'imagine  lire 
une  histoire  plutôt  qu'une  prophétie,  tant  les 
moindres  circonstances  sont  exactement  annon- 
cées. Ces  leçons  sont  sui\ies  de  la  lecture  de  la 
Passion,  selon  Tapôtre  saint  Jean.  Ainsi,  mes 
(•niants,  l'Eglise  offre  successivement  à  nos  mé- 
ditations, la  figure  de  la  passion  dans  le  récit  de 
Moïse,  la  prédiction  de  la  passion  dans  le  récit 
d'Isaïe,  cl  Thisicirc  de  la  passion  dans  le  récil  de 
saint  Jean. 

La  leclure  de  la  passion  est  suivie  de  plusieurs 
oraisons  pour  les  différens  ordres  de  l'Eglise: 
pour  le  roi,  pour  tous  les  gens  qui  souffrent  ou 
qui  sont  dans  le  malheur,  pour  les  héréliques, 
les  païens  et  les  Juifs.  Le  jour  où  ÎNolre-Seigneur 
meurt  pour  tous  les  hommes,  l'Eglise  croit  pou- 
voir lui  deuiander  des  grâces  abondantes,  et  le 
prier  pour  i^cs  plus  grands  enncujis.  Par  là  ,  elle 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  325 

veut  aussi  nous  montrer  qu'il  n'est  pas  de  si 
grand  coupable,  qui  ne  puisse  espérer  d'obtenir 
sou  pardon,  par  les  mérites  de  la  mort  de  Jésus  - 
Christ. 

Les  oraisons  sont  suivies  de  l'adoration  de  la 
croix;  cérémonie  ancienne  et  bien  touchante. 
Vous  comprenez,  mes  enfants,  que  c'est,  non 
pas  la  croix  qu'on  adore,  maisNotre-Seigneur 
mort  sur  la  croix,  et  dont  les  fidèles  baisent  avec 
respect  les  plaies  sacrées.  Puis,  le  clergé  va, 
processionnellement  et  en  silence,  adorer  la 
sainte  hostie  déposée  au  tombeau,  et  qui  sert  à 
la  communion  du  prêtre  ;  on  récite  ensuite  les 
vêpres,  sans  les  chanter. 

Dans  la  soirée ,  après  les  ténèbres ,  il  est  d'u- 
sage déchanter  le  iSfaZ»tf<777rtfer,  dans  lachapelle 
du  tombeau.  Le  Stahat,  mes  enfants,  est  une 
des  plus  belles  et  des  plus  touchantes  proses  de 
l'Eglise;  elle  raconte  les  cruelles  douleurs  de 
la  sainte  Vier^^e  au  pied  de  la  croix  de  son  divin 
lils,  et  les  sentiments  que  cette  hymne  nous  in- 
spire terminent  saintement  les  tristes  émotions 
de  ce  jour. 


'9 


o2G  «ES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

PRIÈRE. 

O  mon  adorable  Sauveur,  je  me  jette,  en 
ce  moment,  au  pied  de  vbtre  croix^  poiir  être 
arrosé  du  sang  précieux  qui  coule  de  vos  veines. 
C'est  donc,  pour  moi,  ô  bon  Jésus,  que  vous  endu- 
rez tant  de  souffrances  !  c'est  pour  moi,  que  vos 
pieds  et  vos  mains  sont  percés  de  clous,  que  votre 
léte  est  couronnée  d'épines,  que  votre  cœur  est 
ouvert  et  blessé!  c'est  pour  moi,  et  parce  que  j'ai 
péché,  que  vous  êtes  prêt  à  mourir!  Oh!  pardon, 
pardon,  mon  Dieu  !  pour  toutes  ces  fautes  qu'au- 
jourd'hui vous  expiez  d'une  manière  si  cruelle. 
Oubliez-les,  Seigneur,  moi,  je  nven  souviendrai 
toujours  pour  les  détester,  et  poi-r  vous  rendre 
grâces  d'avoir  consenti  à  les  laver  dans  votre 
sang  divin.  Que  vousrendrai-je  pour  un  si  grand 
bienfait?  non,  jamais  hélas!  je  ne  saurai  di- 
gnement le  reconnaître;  mais,  au  moins,  je  jure 
en  ce  moment  de  ne  plus  vous  offenser,  de  re. 
noncer  pour  toujours  au  péché,  et  de  m'atta- 
cher  à  vous,  par  tous  les  senlimens  de  mon 
i\me. 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  327 

Croix  de  mon  Sauveur,  ô  croix  sainte  et  véné- 
rable, signe  sacré  de  mon  salut!  soyez  à  jamais 
bénie,  soyez  moi  toujours  chère.  Que  si,  malheu- 
reusement encore ,  j'étais  lente  d'offenser  Dieu, 
qu'un  regard  jeté  sur  vous  me  rappelle  à  mes 
devoirs  ,  à  mes  promesses,  me  retrace  les  dou- 
leurs et  l'amour  de  Jésus-Christ.  Croix  démon 
Sauveur,  je  me  consacre  à  vous;  je  désire  vous 
porter  dans  mon  cœur ,  par  une  soumission  en- 
tière aux  peines,  que  peut-être,  il  plaira  au 
Seigneur  de  m'envoyer;  et  après  vous  avoir 
aimée  pendant  la  vie,  j'espère  obtenir  la  grâce 
de  mourir,  en  vous  tenant  pieusement  entre 
mes  bras.  Ainsi  soit-il. 


'y- 


SAMEDI  SAINT.       , 


Vous  avez  ete  ensevelis  avec  Jésiis-<.!iri>V 
pur  Je  bjplèine. 

Sr.  PicL  ,  Coi-o>s.  II — 12. 


L'Eglise  célèbre  aujourd'hui  la  mémoire  de  la 
sépulture  de  Noire-Seigneur,  et  de  sa  descente 
aux  enfers. 

Le  jour  de  la  mort  de  Jésus-Christ,  vers  le  soir, 
rapporte  l'Evangile,  Joseph  d'Arimalhie,  homme 
vertueux  et  juste,  qui  n'avait  pris  aucune  part  an 
complot  des  Juifs  ,  car  il  était  en  secret  disciple 
du  Sauveur,  alla  trouver  Pilate ,  et  lui  demanda 
le  corps  de  Jésus.  Pilate  lui  ayant  permis  de  le 
détacher  de  la  croix  ,  Joseph  l'enveloppa  d'un 
linceul,  et  le  déposa  dans  un  sépulcre,  taillé 
dans  le  roc,  puis  il  roula  une  grosse  pierre  h 
rentrée  du  sépulcre  ,  et  se  retira 

Le  lendemain,  les  princes  des  prêtres  s'élant 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  329 

assemblés  chez  Pilate  ,  ils  lui  dirent ,  en  parlant 
de  Jésus  :  «  Seigneur,  nous  nous  souvenons  qne 
cet  imposteur  disait  pendant  sa  vie  :  Je  ressus- 
citerai trois  jours  après  ma  mort.  Ordonnez 
donc  que  le  sépulcre  soit  gardé  jusqu'au  troi- 
sième jour,  de  peur  que  les  disciples  ne  vien- 
nent la  nuit  dérober  le  corps  de  leur  maître,  et 
ne  disent  ensuite  au  peuple  :  Jésus  est  ressusci- 
t»'.  «  Pilate  répondit  :  «  Vous  avez  des  soldats  : 
allez,  faites  comme  vous  Ttiitendrez.  »  Ils  s'en 
allèrent  donc,  et,  pour  s'assurer  du  sépulcre,  ils 
en  scellèrent  la  pierre,   et  y  mirent  des  gardes. 

Ces  précautions  des  ennemis  de  ^otre-Seigneu  r 
étaient  bien  inutiles,  vous  le  comprenez,  mes 
enfants;  elles  ne  pouvaient  détruire  sa  puissance; 
aussi  ne  servirent-elles  qu'à  rendre  encore  plus 
éclatant  le  miracle  de  la  résurrection. 

Tandis  que  le  corps  sacré  de  Jésus  Christ  re- 
posait dans  le  tombeau,  son  âme  descendit  aux 
enfers,  non  pas,  mes  amis,  dans  cet  enfer  où  les 
méchants  reçoivent  la  punition  de  leurs  crimes, 
mais  dans  un  lieu  de  repos,  aussi  appelé  du  nom 
de  limhcs,  où  se  trouvaient  réunies  les  Ames 
des  patriarches  et  de  lous  les  justes,  morts  de- 


530  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

puis  le  commencement  du  monde.  Quelque  ver- 
tueuse et  sainte  qu'ait  été  la  vie  de  ces  hommi  s 
fidèles  à  Dieu,  néanmoins,  ils  demeuraient  en- 
core éloignés  du  Ciel; l'entrée  en  avait  été  fer- 
mée par  le  péché  d'Adam,  et  nul  ne  pouvait 
être  sauvé,  avant  que  le  fils  de  Dieu  n'eût  satis- 
fait, par  sa  mort,  à  la  justice  de  son  père.  Jésus- 
Christ  descendit  donc  aux  enfers,  pour  délivrer 
les  âmes  qui  attendaient  impatiemment  sa  ve- 
nue. Elles  suivirent  au  Ciel  leur  divin  libéra- 
teur, le  jour  où  il  y  fit  son  ascension  glorieuse. 
Dans  les  premiers  temps  de  l'Eglise ,  mes  en- 
fants, il  était  d'usage,  le  samedi  saint ,  de  bap- 
tiser les   Catéchumènes  ,  c'est  à-dire  ceux    des 
païens  qui  se  convertissaient  à  la  religion  chré- 
tienne. Pour  achever  leur  instruction  religieuse-, 
on  faisait,  durant  l'office,  un  grand  nombre  de 
cérémonies  et  de  pieuses  lectures.  L'office  du 
samedi  saint  n'a  pas  changé,  bien  que,  mainte- 
nant, ce  jour  ne  soit  plus  consacré  particulière- 
ment à  donner  le  baptême.  Les  prêtres  vont  en 
procession  aux  fonts  baptismaux,  pour  bénir 
l'eau  qui,  pendant  l'année ,  doit  servir  au  bap- 
tême des  petits  enfants,  et  à  toutes  les  cérémo- 


DES    TETES    DE    L  EGLISE.  ôol 

nies  de  l'Eglise.  La  procession  terminée,  on  al- 
lume, près  de  l'auLel,  un  grand  cierge  nommé  le 
ciergepascal  j  il  est  la  figure  de  Jésus-Christ  res- 
suscité. Ce  cierge  reste  allumé  dans  l'Eglise ,  du- 
rant les  offices,  jusqu'à  la  fête  de  l'Ascension,  en 
mémoire  du  temps  que  Noire-Seigneur  passa  sur 
la  terre,  après  sa  résurrection.  Le  feu  qui  sert  à 
allumer  le  cierge  pascal  est  un  feu  nouveau , 
c'est-à-dire  qui  n'a  servi  à  aucun  usage.  Le  prêtre 
le  bénit  avec  une  grande  pompe.  On  attache,  en 
forme  de  croix,  cinq  grains  d'encens,  au  cierge 
pascal ,  pour  rappeler  les  cinq  plaies  dfi  Jésus- 
Christ,  dont  il  voulut  bien  conserveries  traces, 
même  après  qu'il  fut  sorti  du  tombeau. 

A  la  messe  du  samedi  saint ,  mes  enfants  ,  l'E- 
glise commence  à  célébrer  le  triomphe  de  la 
résurrection  de  Jésus-Christ.  Elle  se  réjouit  par 
avance ,  de  cet  événement  si  heureux  pour  les 
chrétiens,  si  glorieux  pour  leur  divin  maître;  les 
cloches ,  restées  muettes  depuis  la  fm  de  la 
messe  du  jeudi  saint ,  se  font  entendre  de 
nouveau  en  signe  d'allégresse.  Le  Gloria  in 
ejTcelsis,  chanté  par  les  anges,  à  la  naissance  de 
Noire-Seigneur,  et  que  l'Église  ne  redit  jamais 


332  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

dans  les  jours  de  deuil  et  de  pénitence,  annonce 
maintenant  la  seconde  naissance  que  Jésus - 
Christ  va  reprendre  dans  le  tombeau.  Enfm,  les 
voûtes  de  l'Eglise  retentissent  du  joyenx  Allé- 
luia /  louez  Dieu  !  et  ce cii  de  reconnaissance  du 
peuple  hébreu,  lorsqu'il  fut  délivré  de  l'Egypte, 
devient  le  cri  de  reconnaissance  des  chrétiens 
pour  la  délivrance  de  leur  Sauveur,  pour  leur 
propre  délivrance  du  péché,  cette  triste  servi- 
tude. 

Mes  chers  enfants,  êtes-vous  véritablement 
dégagés  de  ces  mauvaises  habitudes  qui  sont 
autant  de  liens  qui  vous  retiennent  dans  le  mal? 
Avez-vous  aujourd'hui ,  comme  tout  fidèle  chré- 
tien doit  le  faire ,  déposé  vos  défauts  dans  la 
tombe  de  Jésus-Christ  ?  S'il  en  est  ainsi,  ce 
matin,  à  l'église,  vous  pouvez  chanter  de  bon 
cœur  le  joyeux  Aile! m'a. 


LE  SAINT  JOtIR  DE  PAQUES. 


V<iici  le:  jour  qii«>  le  Sci°n«-ur  a  fait 
njdiiissons-iiou.s,  ri  tre>sailloii$  d'alli'- 

l's.  cuvii.  —  24. 


Celle  fête,  mes  chers  enfants,  est  la  plus 
i^'iande  fête  de  Tannée.  C'est  le  jour  de  la  résur- 
rection de  Noire  Seigneur  Jésus-Christ.  Dans 
l'ancienne  loi,  il  y  avait  aussi  une  fêle  de  Pâ- 
ques, et  ce  nom,  qui  signifie  jjassage,  rappelait 
au  peuple  hébreu,  l'heureux  passage  de  la  mer 
Rouge,  et  celui  de  l'ange  exterminateur.  La 
fête  de  Pâques,  de  la  nouvelle  loi,  rappelle  aux 
chrétiens  que  Jésus-Christ,  en  ressuscitant,  a 
passé  de  la  mort  à  la  vie.  Voici  l'histoire  de  ce 
merveilleux  événement  : 

Depuis  deux  jours,  le  corps  du  Sauveur  était 
renfermé  dans  le  tombeau.  Le  matin  du  troisième 

IÇ)., 


33/l  DKS    FÊTES    DE    L  ÉGLISE. 

jour,  Marie -Madeleine    et    plusieurs    autres 
saintes  femmes  se  diiigèrent  vers  le  sépulcre, 
pour  embaumer  le  corps  de  Jésus-Christ.  C'é- 
tait un  usage  parmi  les  Juifs,  et  ces  pieuses  fem- 
mes voulaient  rendre  un    dernier  hommage, 
après  sa  mort,  à  celui  dont  elles  avaient  écouté 
les  leçons  et  admiré  les  vertus.   Comme  elles 
marchaient ,  elles  se  demandaient  entre  elles, 
s'il  leur  serait  possible  de  pénétrer  dan^  le  tom- 
beau, dont  l'entrée  avait  été  fermée  par  une 
énorme  pierre.  Quelle  est  leur  surprise  en  ap- 
prochant! La  pierre  est  renversée;  un  jeune 
homme  est  assis  près  du  sépulcre;  son  visage 
brille  d'un  éclat  céleste  ;    ses  vêtements  sont 
blancs  comme  la  neige    a  Ne  craignez  rien   dit- 
il,   aux  saintes  femmes.   Vous  cherchez  Jésus 
de  Nazareth,  il  n'est  plus  ici  ;  il  est  ressuscité 
comme  il  l'avait  prédit.  Allez  annoncer  cette 
nouvelle  aux  disciples.  « 

Les  saintes  femmes  se  hâtèrent  d'avertir  Pier- 
re, le  chef  des  apôlres,  et  Jean  ,  appelé  par  l'E- 
vangile, le  disciple  que  Jésus  aimait.  Tous  deux 
accoururent  au  monument;  mais  lange  avait 
disparu  .  le  tombeau  était  vide,  on  n'y  relrou- 


DES    FÊTES    DE    L  EGLISE.  333 

vait  plus  qji'un  linceul.  Frappés  de  terreur  à 
l'apparition  de  l'ange,  qu'avait  annoncée  un 
tremblement  de  terr.^,  les  soldats,  chargés  par 
Pilale  de  la  garde  du  sépulcre,  étaient  tombés 
comme  morts;  puis  ,  revenus  à  eux ,  ils  avaient 
pris  la  fuite 

Les  deux  apôtrt  s  firent  connaître  aux  fidèles 
la  glorieuse  lésurrection  de  Jésus-Christ.  Lui- 
même  vint  bientôt  en  confirmer  la  vérité,  en  se 
montrant  plusieurs  fois  à  ses  disciples  réunis. 

Le  miracle  de  cette  résurrection,  mes  chers 
enfants,  est  le  plus  surprenant  de  tous  les  mira- 
cles. Vous  allez  le  comprendre-,  il  était  quel- 
quefois arrivé  que  de  saints  personnages,  le  pro- 
phète Elisée  ,  par  exemple,  avaient  obtenu  de 
Dieu  le  pouvoir  de  ressusciter  les  morts.  Notre- 
Seigneur  avait  aussi  rendu  la  vie  à  plusieurs 
personnes,  soit  pour  manifester  sa  puissance , 
soit  pour  donner  aux  hommes  une  nouvelle 
preuve  de  sa  bonté;  mais  sa  propre  résurrection 
est  plus  miraculeuse  encore.  En  effet,  Jésus- 
Christ  s'est  ressuscité  lui-même,  par  sa  seule 
puissance,  et  il  avait  d'avance  annoncé  ce  mi- 
racle, en  disant  :  u  Le  fils  de  l'iiomme  sera  mis  à 


o36  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

mortel  il  ressuscitera  le  troisième  jour.  »Ses  en- 
nemis refusaient  de  croire  à  l'accomplissement 
de  cette  prédiction  ;  déjà  ils  triomphaient  en  le 
voyant  étendu  sur  la  croix.  «  Lui  qui  a  sauvé  les 
autres,  disaient-ih  avec  ironie,  ne  pourra-t-il  se 
sauver  lui-même?  Qu'il  descende  donc  de  la 
croix,  et  alors  nous  croirons  en  lui  !  »  La  foi  des 
disciples  fut  elle  même  ébranlée.  Ils  regrettèrent 
Jésus -Christ  comme  un  homme  juste,  ils  le  pleu- 
rèrent comme  un  ami,  mais  ils  pouvaient  à 
peine  reconnaître  un  Dieu,  dans  celui  qu'ils  ve- 
naient de  voir  mourir,  au  milieu  de  tant  de  dou- 
leurs et  de  tant  d'opprobres.  Aussi ,  la  nouvelle 
de  la  résurrection  ne  leur  causa-t-elle  pas 
moins  de  surprise  que  d'admiralion  et  de  joie. 

Par  sa  glorieuse  résurrection,  mes  enfants, 
Jésus-Christ  prouva  donc  sa  puissance  et  sa  di- 
vinité. 11  fit  plus  que  de  descendre  de  la  croix  :  il 
sortit  vivant  du  tombeau.  Sans  ce  miracle ,  Jésus- 
Christ  ne  se  serait  pas  montré  comme  Dieu,  nous 
ne  serions  pas  chrétiens,  car  notre  religion  a 
commencé  lejourdelarésurrection  du  Sauveur. 

Voilà  pourquoi  la  fêle  de  Pâques  est  la  princi- 
pale fête  de  l'année;  voilà  pourquoi  nous  trouvons 


DES    FÊTES    DE    LÉGLISE.  3d7 

l'Eglise  remplie  de  fidèles,  les  iiiiiiislrcs  du  Sei- 
gneur revêtus  de  leurs  plus  beaux  ornements; 
voilà  pourquoi  les  prières  de  ce  saint  jour,  ne 
sont  que  des  chants  d'allégresse.  Chez  tous  les 
peuples  chrétiens,  la  fête  de  Pâques  est  célébrée 
avec  une  grande  joie,  et,  en  Europe,  il  existe 
encore  des  pays  où  l'on  ne  s^aborde  aujour- 
d'hui qu'en  se  félicitant  mulueilement  par  ces 
paroles:  Jésus-Christ  est  ressuscité  ! 

]Mes  chers  enfants,  vous  bornerez-vous  àlouer 
Noire-Seigneur  pour  l'éclatante  victoire  qu'il  a 
remportée  sur  la  mort?  >'on,  sansdoute.il  faut 
retirer  de  ce  mystère,  une  leçon  qui  vous  soit 
utile.  Tous  les  mystères  de  la  vie  de  Jésus- 
Christ  ont  été  accomplis  pour  notre  sanctifica- 
tion. S'il  a  daigné  s'abaisser  jusqu'à  nous,  en  se 
faisant  homme,  c'est  pour  nous  attirer  à  lui  ;  s'il 
est  mort  sur  une  croix,  c'est  pournous  apprendre 
à  bien  mourir  nous-mêmes;  s'il  est  ressuscité 
enfin,  c'est  pour  nous  faire  ressusciter  avec  lui. 

Mais,  direz-vous,  comment  cela  nous  serait  il 
possible  ?  Pouvons-nous  donc  mourir  et  ressus- 
citer ainsi  ?  Non ,  mes  enfants  ;  mais  vous 
pouvez  vous  corriger  de  vos  défauts  ,  les  dé- 


,3;38  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

truire,  les  arracher  de  voire  cœur;  vous  pouvez 
y  faire  naître  les  vertus  opposées.  Un  enfant  pa" 
ressi^ux,  désobéissant,  colère,  peut  devenir 
doux,  appliqué,  soumis.  Il  peut  ainsi  commen- 
cer une  nouvelle  vie.  C'est  là  ce  que  saint  Paul 
appelle,  se  dépouiller  du  vieil  homme,  et  revêtir 
un  homme  nouveau.  C'est  là ,  mes  enfants  ,  l'es- 
pèce de  résurrection  que  Jésus-Christ  vous  de- 
mande en  ce  jour,  à  l'image  de  la  sienne. 


PRIERE. 

0  Jésus,  ressuscité  d'entre  les  morts!  c'est  du 
fond  de  mon  âme  que,  prosterné  à  vos  pieds  , 
je  vous  adore  dans  votre  triomphe.  Daignez 
agréer  les  louanges,  si  peu  dignes  de  votre  gloi- 
re, que  vient  vous  adresser  un  faible  enfant. 
Pendant  ces  derniers  jours  ,  j'étais  bien  alïligé 
en  pensant  à  vos  cruelles  souffrances;  aujour- 
d'hui, comme  Marie-Madeleine,  j<^  me  sens  con- 
solé d'avoir  retrouvé  mon  bon  maitre,  et,  tout 
rempli  de  joie,  j^'  m'écrie  avec  votre  apôtre: 
«  Mon  Seigneur  cl  mon  i)ieu!  » 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  339 

Divin  SauYeur  ,  vous  dont  tOiijours  nous  de- 
vons chercher  à  imiter  les  sainls  exemples, 
faites,  je  vous  en  conjure,  que  ce  jour  dePàques 
soit  aussi  pour  moi  un  jour  de  passage  :  pas- 
sage de  l'indocilité  à  l'obéissance ,  de  la  tiédeur 
à  la  piété,  du  mal  au  bien.  Et  puisque,  étant 
une  fois  re=su  cité,  vous  n'avez  plus  été  sujet  à 
la  mort,  permettez,  Seigneur,  qu'après  avoir  , 
par  votre  grâce,  renoncé  au  péché,  je  ne  sois 
plus  assez  malheureux  pour  y  retomber  jamais. 
Ainsi  soit- il. 


%M5 


FETE  DE  L'ASCENSION. 


Jésin  esl  entre  (laiis  le  Ciel  afin  ilu  Sf 
preseiiier  maintenant  ])our  nous  devant  I. 
face  tie  Dieu, 

St.   Paul,  Hébr.  ix — 24. 


Après  sa  glorieuse  résurrection,  Jésus-Christ 
resta  encore  quarante  jours  sur  la  terre;  mais 
il  n'y  vécut  pas  de  la  même  manière  qu'avant 
sa  passion.  Son  corps  était  alors  mortel,  pé- 
rissable, semblable  au  nôtre,  mes  enfants, 
soumis  aux  mêmes  besoins,  et  aux  mêmes 
douleurs  ;  tandis ,  qu'après  être  sorti  du 
tombeau,  le  corps  de  Notre-Seigneur  devint 
immortel,  impassible;  c'est-à-dire  qu'il  ne 
fut  plus  sujet  à  la  souffrance,  ni  à  la  mort. 
Au  lieu    de    vivre  parmi     les  hommes,    ainsi 


DES    FÊTES    DE    l'lGLISE.  361 

qu'il  l'avait  fait  jusque-ià ,  il  leur  apparut 
seulement  de  temps  en  temps,  et  toujours 
d'une  manière  inattendue  et  miraculeuse. 
C'était,  tantôt  sur  le  bord  de  la  mer,  où 
les  apôtres  se  di<îposaient  à  jeter  leurs  filets; 
tantôt  dans  le  chemin,  qui  conduit  de  Jéru- 
salem au  petit  village  d'Emmaiis;  ou  bien 
encore ,  au  milieu  de  ses  disciples  réunis. 
Et  Jésus- Christ  les  abordait,  par  ces  mois 
pleins  de  bonté,  qu'il  répétait  sans  cesse  :  «  La 
paix    soit  avec  vous!  » 

Lorsqu'à  cette  douce  parole,  au  son  de 
cette  voix,  qui,  pourtant,  leur  était  bien 
connue,  les  disciples  se  refusaient  encore  à 
croire  à  la  présence  du  Sauveur;  si  quel- 
ques-uns ,  tout  effrayés  de  son  apparition 
soudaine,  s'imaginaient  voir  im  fantôme, 
«C'est  moi-même,  disait  Jésus-Christ,  ne 
craignez  rien;  touchez-moi,  et  rappelez- 
vous,  qu'un  esprit  n'a  ni  chair  ni  os,  comme 
vous  voyez  que  j'en  al.  »  D'autres  fois,  il  leur 
montrait  ses  pieds  et  ses  mains,  qui  con- 
servaient encore  la  marque  des  clous,  dont 
ils  avaient  été  percés;  puis  il  allait  s'asseoir 


;^/i2  DES    FÊTES    DE    l'lGLISE. 

pour  manger  avec  les  apôtres,  et  ceux-ci 
le  reconnaissaient  à  sa  minière  di^  rompre 
et  de  bénir  le  pain.  Notre-Seigneur  parve- 
nait de  la  sorte,  mes  enfants,  à  convaincre, 
du  miracle  de  sa  résurrection,  les  plus  in- 
crédules de  ses  disciples. 

Ce  fut  pour  cela,  que  Jésus-Christ  passa 
quarante  jours  sur  la  terre;  ce  fut  aussi 
pour  fonder  son  Eglise,  l'Eglise  catholique, 
dont  nous  avons  le  bonheur  d'être  les  en- 
fants. Après  avoir  complété  les  divines  in- 
structions, que  déjà,  il  avait  données  aux 
apôtres,  Notre-Seigneur  leur  commanda  de 
les  transmettre  à  leurs  successeurs,  de  les 
prêcher  au  monde  entier,  de  faire  con- 
naitre  l'Evangile  par  toute  la  terre;  il  leur 
promit  en  même  temps,  de  ne  pas  aban- 
donner son  Eglise,  de  ne  jamais  permettre 
qu'elle   tombât  dans  l'erreur. 

Jésus-Christ,  mes  enfants,  avait  racheté  les 
hommes  par  sa  mort  et  ses  souffrances;  il 
les  avait  éclairés  par  sa  parole,  il  avait 
fondé  l'Eglise  pjur  nous  expliquer  sa  loi; 
il  avait  prévu  lousnos  bes  oins,  afin  de  laisse  r 


DES    FÊTES    DE    LÉGLISE  SZlo 

des  remèdes  à  nos  fautes,    des    soulagenu'iits 
à  noire  misère,  des  consolations  à  nos  dou- 
leuis;  la  divine  mission  de  notre  Sauveur  se 
trouvait  ainsi  terminée.   Pour  lui ,  le  temps 
était  venu    de  retourner  dans  son   royaume, 
de    reprendre    possession   du    Ciel,    afin   de 
glorifier     sa    sainte    humanité.    Déjà  ,    pour 
préparer  lesapôlres  à   une  prochaine  sépa- 
ration :  «  Mes  petits   enfans,    leur    avait -il 
dit,  je  n'ai   plus  que   peu  de  jours  à  rester 
avec  A ous:  encore  un  peu  de  temps,  et  vous 
ne  me  verrez  plus.  «  Et  comme,  à  ces  paroles 
de  leur  maitre,   les  apôtres  avaient  le  cœur 
tout  rempli  de  tristesse  :  «  Je  ne  vous  laisserai 
pas    orphelins   sur    la   terre,  ajoutait    Jésus- 
Christ;  je  prierai  mon  Père  pour  vous,  afin 
qu'il  vous  envoie  l'esprit  saint ,  l'esprit  de  vé- 
rité, cet  autre  consolateur  qui  jamais  ne  vous 
quittera.  Demeurez  dans   mon    amxour;  soyez 
fidèles  à  mes  commandements  et  je  vous  rever- 
rai ;  je  vais  au  Ciel,  vous  préparer  une  place  !  » 
Le  quarantième  jour  après  la  résurrection  , 
mes  enfants,  Jésus-Christ  fit  au  Ciel  sa  glorieuse 
ascension.  Par  son  ordre,  les  disciples  s'étaient 


ZllU  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

réunis  sur  la  montagne  de  Galilée,  proche  de 
Jérusalem.  Là,  raconte  l'Evangile,  le  Seigneur 
Jésus, leur  donna  ses  derniers  avis,  leur  adressa 
ses  derniers  adieux  ;  il  étendit  sur  eux  ses  di- 
vines mains,  pour  les  bénir  encore,  et,  en  les 
bénissant,  il  s'éleva  dans  le  Ciel.  Comme  les 
apôtres  cherchaient  à  le  suivre  des  yeux,  même 
après  qu'un  nuage  leur  eût  dérobé  sa  vue,  deux 
anges,  vêtus  de  blanc,  apparurent  soudain,  et 
leur  dirent  :  Hommes  de  Galilée,  pourquoi 
regardez-vous  ainsi  le  Ciel?  Ce  Jésus  qui  vient 
de  s'y  élever  avec  tant  de  gloire,  en^  redescen- 
dra un  jour,  comme  vous  venez  de  l'y  voir 
monter.  En  même  temps,  les  apôtres  se  pro- 
sternèrent pour  adorer  le  fils  de  Dieu,  entrant 
dans  sa  gloire,  suivi  par  les  âmes  des  justes 
qu'il  avait  délivrées,  entouré  par  les  chœurs 
innombrables  des  anges! 

Ces  paroles  adressées  aux  apôtres ,  se  rappor- 
tent, mes  enfants,  au  jugement  dernier,  qui 
aura  lieu  à  la  fin  du  monde.  Alors,  pour  la  se- 
conde fois,  Jésus-Christ  descendra  sur  la  terre; 
il  y  viendra,  non  plus  comme  sauveur,  mais 
comme  juge.  Ce  sera ,  non  plus  l'enfant  pauvre 


DES    FETES    DE    l'ÉGLISE.  0^5 

de  Bethléem,  l'ami  des  pécheurs,  le  Dieu  mou- 
rant sur  le  Calvaire,  mais  un  roi  sévère  et 
juste,  qui  rendra  à  chacun  selon  ses  œuvres. 
Préparons-nous,  par  une  vie  sainte ,  mes  chers 
enfants,  à  ce  dernier  avènement  de  Jésus- 
Christ  ;  que,  dans  notre  pensée,  il  ne  soit  jamais 
séparé  de  son  triomphe  ,  de  cette  ascension  glo- 
rieuse, dont,  aujourd'hui,  nous  célébrons  Tan - 
niversaire. 

PRIERE. 

Je  vous  adore  dans  votre  divine  ascension, 
ô  mon  Sauveur;  vous  êtes  resté  assez  long- 
temps sur  cette  terre,  où  vous  avez  été  si  ou- 
tragé, où  vous  avez  si  cruellement  souffert.  Re- 
tournez prendre  possession  de  votre  royaume 
et  de  votre  bonheur;  seulement,  ô  mon  Dieu, 
du  haut  du  Ciel,  où  aujourd'hui  vous  rentiez 
avec  tant  de  gloire,  abaissez,  je  vous  en  conjure, 
abaissez  sur  vos  enfants  un  regard  de  bonté. 
Aidez  les  par  votre  sainte  grâce,  à  mérilcr  cette 
place  que  vous  voulez  bien  leur  promellrc,  cette 
place  dans  le  Ciel,  où,  près  de  vous.  Ton  doit 
être  bi  heureux  1  Ainsi  scil-il. 


LA  PENTECOTE. 


Le  Saint-Esprit  que  mon  Père  vous  eii- 
veria,  vous  enseignera  toutts  choses. 
St.  JEAN.  XIV —  26, 


Après  l'ascension  de  Jésus-Christ,  oies  en- 
fants, les  apôtres  demeurèrent  plongés  dans  le 
deuil  et  la  tristesse.  L'absence  de  leur  bon  maî- 
tre les  leinplissait  de  douleur,  rien  ne  pouvait 
les  consoler.  Cependant,  ils  attendaient  avec 
confiance  raccora plissement  de  la  dernière  pro- 
messe de  Notre-Seigneur.  «  Je  ne  vous  laisserai 
pas  orphelins  sur  la  terre,  leui-  avait  dit  Jésus, 
avant  de  les  quitter;  je  vous  enverrai  l'esprit 
saint,  l'esprit  consolateur  »  ;  sans  doute,  m(  s 
chers  enfants,  cette  promesse  aurait  pu  s'ac- 
complir à  l'instant  même;   mais  Dieu  voulut 


DES    FÊTES    DE    LEGLISE.  3^7 

attendre  quelques  jours,  pour  exercer  la  foi 
des  apôtres;  il  voulut  encore  que  la  descente 
du  Saint-Esprit  dans  leur  âme  fût  accompa- 
gnée de  circonstances  merveilleuses,  pour  taire 
éclater  sa  puissance  aux  yeux  des  nations. 

Dix  jours  s'étaient  écoulés  depuis  l'ascension  : 
renfermés  dans  le  cénacle  avec  la  sainte  Vierge, 
qui  n'avait  pas  voulu  les  quitter,  les  apôtres 
avaient  passé  ce  temps  dans  le  recueillement  et 
la  prière.  Soudain,  un  bruit  s'entendit  du  Ciel, 
semblable  à  un  vent  impétueux  qui  s'approche  ; 
il  remplit  toute  la  maison  où  les  apôtres  étaient 
réunis.  En  même  temps,  on  vit  paraître  une 
lumière  éclatante,  qui,  se  divisant  en  langues  de 
feu,  vint  s'arrêter  au-dessus  de  la  tète  de  chacun 
des  apôtres,  et  tous  furent  remplis  du  Saint- 
Esprit.  En  ce  moment,  ils  reçurent  le  don  des 
langues,  c'est-à-dire  que.  par  un  miracle  de 
l'esprit  divin,  ils  surent,  à  l'instant  même, 
parler  le  langage  d(^s  différents  peuples,  parmi 
lesquels  ils  devaient  aller  prêcher  l'Evangile. 

Un  miracle  moins  visible,  mais  non  moins 
frappant,  s'opéra  dans  leur  cœur.  Ces  hommes 
si  timides,    si  faibles  ,  qui  avaient  lâchement 


nZiS  DES    FÊTES  DE  L  ÉGLISE. 

abandonné  Jésus  Christ  au  temps  de  sa  pas- 
sion, devinrent  fermes,  courageux  intrépi- 
des, et  l'Esprit  saint,  qui  est  aussi  l'Esprit  de 
force,  leur  donna  la  force  nécessaire  pour  ac- 
complir, au  péril  de  leur  vie,  la  divine  mission 
dont  ils  étaient  chargés. 

Nous  aussi,  comme  les  apôtres,  nous  sommes 
appelés  à  recevoir  le  Saint-Esprit,  avec  toutes 
ses  grâces,  dans  le  sacrement  de  confirmation. 
Le  jour  où  ce  sacrement  vous  sera  donné,  mes 
chers  enfanls,  vous  ne  verrez  pas,  à  la  vérité, 
des  langues  de  feu  paraître  au-dessus  de  vos 
télés,  mais  vous  recevrez  la  grâce  intérieure, 
dont  ce  miracle  était  le  signe.  Vous  ne  recevrez 
pas  le  don  des  langues,  il  vous  serait  inutile,  mais 
Dieu  daignera  vous  inspirer  le  langage  que  vous 
devez  tenir,  en  toutescirconstances,  pour  rendre 
hommage  à  la  religion,  à  la  vérité,  et  pour  ne 
jamais  manquer,  dans  vos  paroles,  à  la  charité 
envers  les  autres.  Dans  ce  temps-là,  mes  enfants, 
on  vous  donnera  des  instructions  détaillées  sur 
le  sacrement  de  confu-mation;  dès  à  présent, 
vous  pouvez  néanmoins  y  penser  avec  fruit,  et 
c'est  en  ce  jour  surtout,  qu'il  le  faut  faire. 


DES    FÊTES    DE    l/ÉGLlSE.  oh9 

Comprenez  bien  d'abord  ce  que  c'est  que  de 
recevoir  le  Saint-Esprit.  C'est  élre  rempli  de 
l'esprit  de  Dieu.  Cet  esprit  est  infiniment  supé- 
rieur au  nôtre  :  aussi,  lui  communique-t-il  une 
force  surnaturelle.  De  même  que,  dans  ce  qui 
se  rapporte  aux  choses  ordinaires  de  la  vie, 
l'enfant  docile  voit  par  les  }\  ux  de  ses  parents, 
profite  de  leur  expérience,  de  leur  raison,  et 
s'élève  ainsi,  peu-  à-peu,  au-dessus  de  la  fai  • 
blesse  de  son  âge  ;  de  même,  en  venant  dans 
noire  âme,  le  Saint-Esprit  l'cclaire,  l'anime,  la 
transforme,  et  l'enrichit  de  tous  ses  dons. 

Les  dons  du  Saint-Esprit,  qu'en  ce  jour  il 
répand  avec  tant  d'abondance  sur  les  apôtres, 
sont  :  la  sagesse,  l'intelligence,  la  science,  le 
conseil,  la  piété,  la  force,  et  la  crainte  du  Sei- 
gneur. Ces  différentes  grâces  vous  seraient 
bien  précieuses,  mes  enfants;  demandez  les 
à  Dieu.  Priez-le  de  vous  accorder  surtout 
la  sagesse,  qui  comprend  à  elle  seule  tous  vos 
autres  devoirs;  la  force,  si  nécessaire  à  votre 
jeune  âge,  pour  que  vous  puissiez  triompher  de 
vos  défar.is,  et  travailler  avec  ardeur  à  votre 
salr.t;  la  piété  enfin,  qui  vous  donnera  le  goût 


350  DES    FÊTES    DE    LÉGLISE. 

de  la  prière,  et  vous  fera  trouver  votre  bon- 
heur dans  le  seivice  de  Dieu. 

En  vous  pénétrant  de  ces  bons  sentiments, 
mes  chers  enfants,  vous  retirerez  d'heureux 
fruits,  de  la  fête  de  la  Pentecôte  ;  et  elle  com- 
mencera à  préparer  votre  cœur  au  sacrement 
de  Confirmation. 

PRIERE. 

Venez,  ô  Esprit  saint,  et  répandez  sur  nous, 
comme  sur  les  apôtres,  un  rayon  de  votre  divine 
lumière.  Nos  âmes  sont  malades,  venez  les  gué 
rir;  elles  se  sont  souillées  par  le  péché,  venez 
les  purifier;  semblables  à  des  plantes  stériles, 
elles  ne  produisent  aucun  bon  fruit,  venez  les 
arroser  par  votre  grâce  salutaire;  car,  sans  vous, 
ô  divin  Esprit ,  il  n'y  a  rien  en  nous  que  misère, 
il  n'y  a  rien  en  nous  que  le  mal;  faites,  nous 
vous  en  supplions,  que  notre  orgueil  ne  se  ré- 
volte plus  contre  vos  commandements,  corrigez 
nos  défauts,  attendrissez  nos  cœurs,  attachez- 
les  à  Dieu  qu'ils  aiment  si  peu  encore.  Accordez- 
nous  vos  sept  dons  précieux,  à  nous,  vos  enfants 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  351 

fidèles.  O  Esprit  saint,    faites-nous  vivre  dans 
rinnocence ,    faites-nous  mourir    dans    votre 
grâce,  faites-nous  régner  enfin  dans  l'éternité. 
Ainsi  soit  il. 


FÊTE-DIEU. 


Mos  délicrs  sont  irèlie  jvec  1 
ifaiils  des  hoinnn  s. 

I'bov.  VIII.  —  3. 


Vous  vous  rappelez  sans  doute,  mes  enfants, 
que,  la  veille  de  sa  mort,  et  dans  le  dernier 
repas  qu'il  fit  avec  ses  apôtres.  Notre -Sei- 
gneur institua  le  saint  sacrement  de  l'Eu- 
charistie ,  sacrement  adorable  ,  par  lequel 
Dieu  habite  réellement  parmi  les  hommes , 
et  veut  bien  s'abaisser,  jusqu'à  les  nourrir 
de  son  propre  corps  et  de  son  sang  divin.  Cha- 
que année,  le  jeudi  saint,  l'Église  célèbre  la 
mémoire  du  jour  heureux,  où  Jésus-Christ  nous 
a  donné  cette  preuve  de  son  amour  pour  nous; 
mais  alors,  l'Église  est  si  tristement  occupée  des 
souffrances  et  de  la  passion  de  Noire-Seigneur, 


DES    FETES    DE    L  EGLISE.  od«> 

qu'elle  ne  peut  se  livrer,  autant  qu'elle  le  désire, 
à  la  joie  que  lui  cause  un  si  grand  bienfait  ac- 
cordé aux  hommes  ;  aussi,  a-l-elle  voulu  établir 
une  fête  parliculière,  en  Ihonneur  du  saint  sa- 
crement. Cette  fête  est  une  des  plus  belles  et 
des  plus  touchantes  de  la  religion  :  c'est  la  fête 
de  l'amour  de  Dieu  pour  nous  ,  et  de  noire  re- 
connaissance envers  Dieu. 

En  ce  jour,  il  est  d'usage,  mes  chers  en- 
f.nits ,  de  faire  une  procession  solennelle  hors 
de  Téglise,  et  de  porter  en  triomphe  le  saint 
sacrement,  dans  les  villes  et  dans  les  campa- 
gnes. Dès  le  matin  ,  avertis  par  le  son  des  clo- 
ches, les  habitans  s'empressent  de  joncher  de 
fleurs  et  de  branches  d'arbres,  les  rues  par  les- 
quelles doit  passer  la  procession  ,  et  de  prépa- 
rer les  différents  reposoirs  où  elle  s'arrête.  Ces 
reposoirs  sont  plus  ou  moins  ornés  ,  selon  les 
ressources  des  habitants.  A  la  ville,  les  gens  ri- 
ches prêtent  des  tapisseries  et  de  belles  étoffes; 
à  la  campagne  ,  du  linge  blanc ,  parsemé  de 
bouquets  de  fleurs,  est  la  seule  tenture  dont 
peuvent  disposer  les  pauvres  paysans  du  village; 
mais  nul  doute  que  ^otl•e  Seigneur  n'accueille 


^bU  DES    FÊTES    DE    LtGLISE. 

avec  une  égale  bonté  les  offrandes  des  uns  et 
des  autres,  car  il  est  aussi  bien  le  Dieu  de  la 
pauvreté,  que  le  maitre  du  Ciel  et  delà  terre; 
et  ce  qu'il  demande  avant  toulechose,  c'est  l'in- 
tention du  cœur. 

Cependant,  la  procession  s'avance  au  milieu 
du  chant  des  cantiques  ;  les  prêtres  sont  revêtus, 
de  leurs  plus  beaux  habits;  les  enfants  de  chœur 
mêlent  à  la  fumée  de  l'encens,  des  roses  effv  uil- 
lées  qu'ils  portent  dans  des  corbeilles.  On  croit 
voir  un  souverain,  recevant  les  hommages  et  les 
témoignages  de  l'affection  du  peuple  dont  il  est 
adoré,  ou  plutôt  encore  un  père  de  famille  ,  en- 
touré de  ses  enfants,  au  jour  de  sa  fête.  Uieu 
n'est  jamais  plus  disposé  à  nous  combler  de  ses 
grâces  que  dans  ce  saint  jour,  où  il  sort  de  son 
tabernacle,  pour  se  mêler  à  nous;  aussi,  chacun  se 
presse  sur  son  passage;  chacun  se  trouve  heureux 
quand  le  saint  sacrement  a  paru  devant  sa  de- 
meure; les  cultivateurs  espèrent  une  abondante 
récolte  des  champs  qui  ont  été  bénis  par  la  pré- 
sence de  Jésus-Christ;  les  pauvres  malades  quit- 
tent, s'ils  le  peuvent,  leurlitde  douleur,  pour  ve- 
nir recevoir,  devant  leur  maison,  la  bénédiction 


DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE.  oÏ>Ô 

du  Dieu  qui  les  guérit  souvent ,  qui  toujours  les 
console.  Les  mères,  leurs  petits  enfants  dans  les 
bras,  vont  s'agenouiller  sur  les  marches  du  re- 
posoir,  où  Notre-Seigneur  daigne  s'arrêter  pour 
les  bénir,  et,  pendant  qu'il  vient  se  reposer  sur 
les  tètes  innocentes  de  ces  petits  anges ,  on  croit 
l'entendre  dire  à  ses  ministres,  comme  autrefois 
aux  disciples  :  «  Laissez  venir  à  moi  les  petits 
enfants;  le  royaume  des  Cieux  est  pour  ceux  qui 
leur  ressemblent.» 

Pour  la  plupart,  mes  chers  enfants,  vous  avez 
reçu ,  dans  vos  premières  années,  cette  béné- 
diction de  Jésus-Christ;  alors,  vous  ne  sentiez 
pas  votre  bonheur,  mais  à  présent  que  vous 
commencez  à  connaître  le  prix  de  la  sainte  Eu- 
charistie, soyez  bien  pieux  dans  cette  belle  fête, 
remerciez  Dieu  mille  fois  de  vous  montrer  tant 
d'amour;  aimez-le   vous-même  de  tout   votre 


cœur. 


o56  DES   FÊTES    DE    L  ÉGLISE. 


Seigneur  Jésus,  si  je  ne  puis  encore  vous  rece- 
voir aujourd'hui  dans  mon  cœur,  je  veux  au 
moins  vous  remercier  de  vouloir  bien  demeurer 
parmi  nous ,  dans  le  sacrement  de  votre  amour. 
Grâce  à  cetle  bonté  infinie,  je  puis,  tous  les  jours 
et  à  loute  heure,  vous  offrir  mes  prières,  et  je 
suis  aussi  heureux  que  les  enfants  que  vous  vous 
plaisiez  autrefois  à  réunir  autour  de  vous.  Il 
me  reste  encore  à  envier,  ô  mon  Sauveur,  l'in- 
nocence et  la  sagesse,  par  lesquelles  ces  enfants 
avaient  su  mériter  votre  tendresse.  Mon  Dieu  : 
lorsque  je  pourrai  leur  ressembler,  bénissez  - 
moi  de  la  même  manière;  laissez-moi  venir  sou 
vent  auprès  de  vous  :  ce  sera  mon  plus  grand 
bonheur.  Ainsi  soit  il. 


FETE  DE  L'ASSOMPTION 


Vous  seivz  une  couronne  de  gloire  dans 
l.i  main  du  Seigneur,  et  un  diadème  royal 
dans  la  main  de  voire  Ui»u. 
KiiK  ,  Lxii  —  3. 


En  ce  jour,  mes  chers  enfants,  l'Eglise  célèbre 
la  bienheureuse  mort  de  la  sainte  Vierge,  sa 
résurrection,  et  son  assomption  glorieuse.  Réu- 
nie à  son  divin  fils ,  ]Vl:\rie  reçoit  de  lui  une 
couronne  immortelle ,  une  vie  de  bonheur  et 
de  gloire,  que  lui  méritaient  ses  vertus, 
ses  souffrances,  la  vie  humble  et  cachée  qu'elle 
avait  menée  sur  la  terre.  Aujourd'hui,  Marie 
devient  la  reine  du  Ciel  et  notre  puissante 
protectrice;  mais  auparavant,  il  ne  faut  pas 
l'oublier,  mes  amis ,  Marie  avait  été  notre  mo- 
dèle. Appliquons-nous  donc  a  étudier  les  saints 
exemples  qu'elle  nous  a  laissés;  cherchons    à 


358  DES    FÊTES    DE    l'ÉGLISE. 

nous  rappeler  les  principaux  traits  de  son  his- 
toire, pour  nous  exercer  à  l'imitation  de  ses 
vertus:  ce  sera  lameilieure manière  d honorer 
notre  mère  au  jour  de  sa  fête 

Selon  l'opinion  générale  de  l'Église,  mes  chers 
enfants,  opinion  que  tous  les  vrais  serviteurs 
de  Marie  trouvent  un  grand  bonheur  à  parta- 
ger, la  sainte  Vierge  fut  exempte  de  la  ta- 
che du  péché  originel.  Sans  doute,  Dieu  ne 
voulut  pas  permettre  que  l'âme  de  celle  qui  de- 
vait élre  sa  mère,  fût  un  seid  instant  souillée 
par  le  péché. 

Marie  annoncée  par  Dieu  à  nos  premiers  pa- 
rents, et  montrée  de  loin  par  un  prophète, 
comme  devant  donner  naissance  au  fils  de 
Dieu  ,  Marie  naquit  à  Nazareth,  petite  ville  de 
Galilée,  peu  distante  du  Mont-Carmel.  Anne 
et  Joachim,  ses  père  et  mère,  descendaient  de 
la  tribu  de  Juda  et  de  la  race  de  David.  Malgré 
cette  antique  et  royale  origine,  ils  étaient  yiau- 
vres  et  menaient  une  vie  fort  retirée.  Leurs 
vertus  furent  cependant  assez  connues,  pour 
que  l'Église  les  ait  admis  au  nombre  des  saints 
doni,  chaque  année,  elle  célèbre  la  fêle 


DES    FÊTES    DE    L  ÉGLISE.  359 

Par  reconnaissance  pour  Dieu,  de  la  bonté 
duquel  ils  tenaient  leur  unique  enfant,  les 
pieux  parents  de  Marie ,  voulurent  la  vouer  au 
Seigneur,  et,  dès  l'âge  de  quatre  ans,  elle  fut 
portée  au  temple  de  Jérusalem,  pour  y  être 
élevée  parmi  d'autres  jeunes  filles.  Marie,  dont 
la  raison  avait  devancé  les  années,  et  dont  le 
cœur  déjà,  était  tout  rempli  de  l'amour  divin, 
se  consacra  volontai.»  ement  à  Dieu.  Elle  promit 
de  se  donner  à  lui  sans  partage ,  et  fit  vœu  de 
renoncer  à  tous  les  liens  d  ici-bas.  On  aime  à 
se  représenter,  cette  aimable  et  sainte  enfant, 
agenouillée  sur  les  marches  du  temple  , 
priant  avec  une  angélique  ferveur,  ou  bien  en- 
core ,  douce  et  soumise  envers  les  gardiens  de 
son  enfance,  pleine  d'affection  et  de  complai- 
sance pour  ses  jeunes  compagnes,  offrant  enfin, 
mes  amis,  dans  l'enfance  la  plus  pure  et  la  plus 
sainte  qui  fût  jamais ,  un  touchant  et  parfait 
modèle  à  l'enfance  chrétienne. 

Marie  demeura  dans  le  saint  temple,  jusqu'à 
l'âge  où  elle  fut  mariée  à  un  saint  homme 
nommé  Joseph  ;  comme  elle,  il  descendait  de  la 
race  royale  de  David,  mais,  comme  elle  aussi , 


360  DES    FÊTLS    DE    l'ÉGLISE. 

ilélailpauvre  ;  ilexerijailla  profession  dechar- 
penlier.  Lorsque  Marie  demeurait  à  Nazareth 
avec  son  époux,  étant  toujours  demeurée  vierge, 
Dieu  lui  fit  annoncer,  par  l'ange ,  Gabriel ,  qu'elle 
serait  la  mère  du  Sauveur  promis  au  monde. 
«  Yoici  la  servante  du  Seigneur,  qu'il  me  soit 
fait  selon  votre  parole,:»  dit  Marie  avec  humilité, 
plus  occupée  du  désir  d'accomplir  la  volonté 
de  Dieu ,  que  de  la  gloire  dont  elle  allait  être 
revêtue  en  devenant  la  mère  du  Sauveur. 

Selon  la  parole  de  l'ange,  mes  enfants,  et 
pendant  un  voyage  que,  par  ordre  de  l'empe- 
reur romain,  Joseph  et  Marie  avaient  entre- 
pris ,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  vint  au 
monde,  dans  la  pauvre  élable  de  Bethléem. 
Ici  commencèrent  les  angoisses  maternelles  de 
la  sainte  Vierge  :  Pour  tout  berceau,  son  divin 
fils,  n'a  qu'une  humble  crèche,  pour  tout  vêle- 
ment, il  a  des  langes  grossiers.  A  peine  le  cœur 
de  Marie,  a-t-il  pu  se  réjouir,  en  voyant  l'em- 
pressement des  bergers  et  des  Mages  à  venir 
adorer  le  divin  enfant,  que,  tremblant  pour  les 
jours  de  ce  fils  chéri,  elle  est  obligée  de  s'en- 
fuir en  Egypte  pour  le  soustraire  à  la  fureur 


DES    FÈTtS    DE    l/r.G!.I^E-  ^61 

d'Hérode.  Auparavant  déjà,  pour  obéir  à  un(^ 
loi ,  dont  cependant  elle  était  dispensée,  Marie 
était  allée  au  Temple  présenter  son  fils  au  Sei- 
{^neur  et  le  racheter,  comme  toutes  les  pau- 
\-res  femmes  d'/sraël,  par  la  simple  offrande  de 
deux  tourterelles.  Là,  unsaintvieillard, nommé 
Siméon ,  prenant  l'enfant  Jésus  entre  ses  bras , 
prédit  à  Marie  tout  ce  qu'un  jour  elle  aurait  à 
souffrir,  parce  cher  enfant,  et  lui  annonça  que 
son  âme  serait  percée  d'un  glaive  de  douleur. 
Pensez-vous,  mes  amis,  combien  dj  fois,  du- 
rant les  trente  années  que  Jésus  passa  près  de 
sa  mère,  elle  dut  se  rappeler,  cette  pauvre 
mère,  la  prédiction  du  saint  vieillard,  et  trem- 
bler de  la  voir  s'accomplir! 

Enfin,  le  moment  arriva,  où  Xolre-Seigneur 
voulut  s'éloigner  de  Nazareth,  pour  commen- 
cer ses  divines  prédications;  l'Évangile  ne  dit 
rien  de  la  sainte  Vierge ,  si  ce  n'est  qu'elle  se 
trouvait  aux  noces  de  Cana,  et,  qu'à  sa  prière, 
Jésus  fit  là  son  premier  miracle.  Si  Marie  dai- 
gna s'intéresser  ainsi,  aux  moindres  besoins  de 
ceux  dont  elle  était  entourée,  on  ne  saurait 
douter,    mes   enfants,    qu'en    accompagnant 

ai 


862  DES    FÊTES    DE    l/ÉGLISE. 

Notre-Seign€ur,  dans  ses  courses  charilables, 
elle  ne  l'ail  imploré  en  faveur  de  tous  ceux  près 
desquels  elle  se  trouvait,  et  ne  soit  ainsi,  en 
quelque  sorte,  devenue  leur  providence.  Cette 
douce  pensée  doit  nous  encourager  à  nous 
adresser  toujours  à  Marie  avec  une  entière 
confiance. 

Nous  ignorons  si  la  sainte  Vierge  eut  la  dou- 
leur d'assister  à  la  passion  de  Jésus-Christ, 
mais  nous  la  retrouvons  sur  le  Calvaire,  de- 
bout au  pied  de  la  croix.  C'est  bien  en  ce  mo- 
ment que  son  âme  fut  brisée  et  percée  par  la 
douleur,  comme  par  un  glaive;  c'est  en  ce 
moment  aussi,  que,  recueillant  les  dernières 
paroles  de  Notre-Seigneur,  près  de  mourir, 
Marie  consentit  à  devenir  notre  mère.  Pauvre 
mère,  combien  n'a-t-il  pas  fallu  qu'elle  nous 
aimât,  pour  nous  avoir  pardonné  la  mort  de 
son  fils  bien -aimé! 

Marie  vécut  encore  plusieurs  années,  mes  en- 
fants ;  elle  parvint  à  un  âge  très  avancé.  Ren- 
fermée dans  le  cénacle  avec  les  apôtres,  après 
l'ascension  de  Jésus-Christ,  elle  reçut  comme  eux 
l'Esprit  saint  au  jour  de  la  Pentecôte  :  elle  as- 


DES    FETES    DE    l/ÉGLISE.  36o 

sisla  à  rétablissement  de  l'Eglise  chrétienne  ; 
puis  enfin  Dieu  mit  un  terme  à  son  exil,  et  la 
rappela  à  lui;  son  cœur  et  sa  pensée  étaient 
déjà  dans  le  Ciel;  elle  mourut  entourée  des  re- 
grets des  apôtres,  et  alla  se  réunir  pour  tou- 
jours à  Jésus-Christ,  dont  l'absence  lui  avait 
coûté  tant  de  larmes. 

C'est  la  croyance  commune  de  l'Eglise,  que 
la  sainte  Vierge  est  ressuscitée  et  qu'elle  est 
dans  le  Ciel  en  corps  et  en  Ame.  Sur  cette 
croyance,  mes  enfants,  est  fondée  la  fête  de  ce 
jour. 

Après  avoir,  pendant  le  cours  de  l'année,  suc- 
cessivement célébré  tous  les  mystères  de  la  vie 
de  Marie  ;  sa  naissance,  sa  présentation  au 
Temple,  sa  purification,  sa  visite  à  sainte  Eli- 
sabeth, ses  douleurs  sur  le  Calvaire,  l'église 
célèbre  aujourd'hui  son  triomphe  et  sa  gloire. 
Que  cette  fête  vous  soit  chère,  mes  amis,  que 
surtout  elle  ne  se  passe  pas,  sans  laisser  d'heu- 
reux fruits  dans  vos  âmes.  Honorez  la  sainte 
Vierge  par  des  prières  ferventes ,  aimez-la , 
jetez-vous  entre  ses  bras  maternels,  confiez-lui 
voire  pnfance,  voire  jeunesse,  toute  votre  vie  , 


36/4  DES    FÊTES    DE    l/ÉGLISE. 

connez-lui  vos  bonnes  intenlions  pour  les  forli- 
fier,  vos  dél'aulspourles  détruire.  Demandez-lui 
de  vous  diriger,  de  vous  conduire,  de  vous  ap- 
prendre à  l'imiter.  Et  pensez  souvent,  chers  en- 
fants, que  Marie  fut  la  plus  soumise,  la  plus 
humble,  la  plus  modeste  des  créatures;  qu'elle 
ne  se  glorifiait  de  rien,  et  ne  cherchait  à  se  faire 
admirer  de  personne.  La  piière,  le  travail,  le 
silence,  l'amour  de  Dieu  surtout,  voilà  ce  qui 
remplit  sa  vie.  Que  d'exemples  pour  nous! 

Prière  de  saint  Bernard  à  la  sainte  Vierge. 

Souvenez-vous,  ô  très  pieuse  vierge  Marie, 
qu'on  n'a  jamais  entendu  dire  qu'aucun  de  ceux 
qui  ont  eu  recours  à  votre  protection,  im- 
ploré votre  assistance,  ou  demandé  vos  suffra- 
ges, ait  été  abandonné.  Animé  d'une  pareille 
confiance,  je  viens  à  vous,  ô  Vierge  des  Yier- 
ges,  et,  gémissant  sous  le  poids  de  mes  péchés, 
je  me  prosterne  à  vos  pieds  ;  daignez,  ô  mère 
du  Verbe,  ne  pas  rejeter  ma  prière,  mais  écou- 
lez-la favorablement,  et  exaucez-moi. 
Ainsi  soit-il. 


FETE  DE  LA  TOUSSA L\T. 


Nous  souiinrs  les   tiifaiil*  d< 
Saints 

Tdbif  ,  VIII.  —  S. 


I>e  seul  nom  de  celte  fêle,  mes  chers  eiifanls, 
vous  apprend  ce  qu'elle  est,  et  pour  qui  elle  a 
été  instituée.  Cest  la  fêle  de  tous  les  saints, 
c'est-à-dire  des  hommes,  dont  les  \erlus  ont  été 
couronnées  par  le  bonheur  du  Ciel.  Ces  bien- 
heureux sont  nos  frères,  ils  ont  été  comme 
nous,  les  enfants  de  l'Eglise,  et  l'union  qui 
existait  entre  eux  et  nous,  n'a  pas  été  détruite 
par  la  mort.  C'est  pourquoi,  la  religion  a  mis 
chacun  des  jours  de  l'année,  sous  la  protection 


360  DES    FÊTES    DE    L  EGLISE. 

particulière  d'un  saint.  C'est  pourquoi  aussi, 
elle  donne,  à  chaque  enfant  qui  vient  au  monde, 
un  des  élus  du  Ciel,  pour  protecteur  et  pour 
modèle  ;  mais  ne  pouvant  connaître  le  nom,  ni 
l'histoire  d'une  foule  de  saints  de  tout  ûge,  et 
de  toute  nation  ,  l'Eglise  réunit  ses  enfants 
dans  son  souvenir,  pour  les  honorer  ensemble 
par  une  fête  solennelle.  Elle  se  propose  donc, 
en  ce  jour,  d'honorer  les  saints  par  ses  hom- 
mages et  ses  louanges,  et,  afin  que  cette  fête  ait 
pour  nous  son  utilité,  elle  nous  encourage  à 
suivre  les  exemples  des  saints,  par  la  pensée 
du  bonheur  éternel,  qui  est  leur  récompense, 
et  elle  les  prie  de  nous  protéger  auprès  de  Dieu. 
Ainsi  donc,  mes  amis,  l'Eglise  félicite  d'abord 
les  saints,  de  la  gloire  et  du  bonheur  qui  sont 
leur  partage  ;  elle  leur  témoigne  sa  joie  de  ce 
que  leurs  soufTiances  sont  terminées,  et  de  ce 
qu'ils  ont  été  victorieux  dans  leurs  combats  ; 
car,  il  faut  que  vous  sachiez,  mes  enfants,  que 
ce  n'est  pas  sans  efforts,  ni  sans  peine,  que  les 
saints  ont  mérité  le  Ciel.  Les  uns,  comme  les 
martyrs,  ont  souffert  la  mort  dans  des  tour- 
ments horribles,  pour  le  saint  nom  de  Dieu;  les 


DES    FÊTES    DE    LÉGLIbE.  SG7 

autres,  comme  les  apôtres,  ont  employé  leur  vie 
à  faire  d'immenses  travaux,  de  longs  et  péril- 
leux voyages,  pour  annoncer  l'Evangile  aux 
peuples  idolâtres;  un  grand  nombre  de  pieux 
solitaires  ont  distribué  tout  ce  qu'ils  possé- 
daient aux  pauvres,  se  faisant  pauvres  eux- 
mêmes,  pour  ressembler  à  Jésus-Christ.  De 
bonnes  sœurs  de  la  Charité  enfin  ont  consacré 
leur  existence  à  soigner  les  malades,  à  instruire 
les  enfants  des  pauvres;  et  ceux  même  des  élus, 
qui  n'ont  pas  pratiqué  des  vertus  aussi  parfaites 
et  aussi  éclatantes,  ne  sont  néanmoins  devenus 
des  saints,  qu'en  remplissant  fidèlement  leurs 
devoirs,  ce  qui  demande  toujours  beaucoup  de 
zèle  et  de  courage.  Les  saints  ont  vaincu  le  dé- 
mon. Dieu  les  récompense  :  voilà  de  quoi  nous 
les  félicitons  aujourd'hui. 

Hélas!  mes  cheis  enfants,  que  notre  vie  est 
loin  de  ressembler  à  celles  dont  les  saints 
nous  ont  laissé  le  précieux  exemple  !  Tous,  il 
est  vrai,  nous  ne  sommes  pas  appelés  à  de- 
venir des  religieux,  des  solitaires  ou  des  mar- 
tyrs; mais  il  s'est  trouvé  des  saints,  dans  les  di- 
verses positions  où  chacun  de  nous  peut  être. 


36H  DES    lÉTLS    DE    L^tCiLlSE. 

placé.  11  y  a  eu  des  saints  de  tous  les  Ages,  et 
\ous  aussi,  mes  chers  enfants,  vous  trouverez 
parmi  les  élus,  vos  modèles.  Bien  des  anges  du 
Ciel  ont  été  des  enfants  comme  vous,  n'ayant 
pas  d'autres  devoirs  à  remplir  que  les  vôtres, 
seulement  les  remplissant  mieux.  Ils  n'ont  pas 
fait  d'actions  remarquables  aux  yeux  des  hom- 
mes, mais  ils  se  montraient  pieux  envers  Dieu, 
et  soumis  à  leurs  parents.  Assurément,  ils  ont 
eu  des  défauts  5  corriger,  de  mauvais  penchants 
à  combattre,  mais  leur  bonne  volonté,  soutenue 
par  le  secours  du  Seigneur,  est  parvenue  à  en 
triompher.  Ce  qu'ils  ont  pu  faire,  mes  chers 
enfanls,  ne  pourriez-\ous  donc  le  faire  aussi 
comme  eux  ? 

Pour  cela,  demandez  aujourd'hui  aux  saints, 
le  courage  qui  vous  est  nécessaire.  A  la  vérité, 
ils  n'ont  pas  le  pouvoir  de  nous  accorder  des 
giAces,  mais  ils  peuvent  les  demander  pour 
nous  et  avec  nous, etlon  ne  saurait  doutei-,  mes 
enfanls,  ni  de  l'intérêt  qu'ils  prennent  à  notre 
sanctification,  ni  de  leur  puissance  auprès  de 
Dieu,  dont  iis  sont  les  amis. 


DES    FLTKS    DE    LÉGF.I^E.  309 


PRISRE. 

Ames  bienheureuses,  et  vous  surtout,  uion 
saint  patron,  daignez  recevoir  les  hommages  que 
j'unis  à  ceux  que  1  Eglise  vous  offre,  en  ce  jour. 
Parmi  les  chrétiens  qui  implorent  votre  puis- 
sante protection,  et  le  secours  de  vos  prières,  dai- 
gnez distinguer  un  enfant,  qui  en  a  plus  besoin 
que  les  autres,  parce  qu'il  est  plus  faible.  De- 
mandez à  Dieu,  pour  moi,  je  vous  en  conjure, 
qu'au  lieu  de  disputer,  comme  je  le  faissouvent,- 
avec  mes  devoirs,  pour  en  remplir  le  moins 
possible,  je  sois  animé  d'un  zèle  généreux 
pour  mon  salut,  que  je  commence  dès  à  pré- 
sent à  y  travailler ,  que  je  continue  avec  cou- 
rage pendant  toute  ma  vie,  et  qu'un  jour,  mes 
efforts  soient  couronnés  comme  If  s  >ôlrcs, 
par  le  bonheur  du  Ciel.  Ainsi  soit-il. 


JOUR  DES  MORTS. 


C'fst    une  bonne  et  salutaire  pPii' 
sée  de  prier  j)oui  les  morts. 

Macch.  liv.  II.  —  XII  44> 


Pour  être  sauvé,  mes  chers  enfants,  pour 
partager  l'éternelle  félicité  des  saints,  dont, 
hier,  nous  étions  occupés,  il  faut  avoir  commis 
peu  de  fautes  en  sa  vie,  ou  les  avoir  expiées  par 
un  vrai  repentir,  et  une  sincère  pénitence;  il 
faut,  en  un  mot,  ou  avoir  conservé  son  inno- 
cence, ou  l'avoir  recouvrée,  car,  «  rien  d'im- 
pur, a  dit  Notre  Seigneur,  ne  peut  entrer  dans 
le  royaume  des  cieux  v.  Dieu  veut  bien,  dans  sa 
miséricorde,  pardonner  les  péchés  dont  on  se 


DES    FETES    DE    L  EGLISE.  ol 


1  t'pcnl  sincèrement,  et  qu'on  a  confessés,  mais 
il  ne  dispense  pas  de  les  réparer,  et  il  ne  nous 
remet  qu'une  partie  des  peines  que  méritent 
nos  fautes.  Il  reste  donc  une  pénitence  à  faire, 
et  si  nous  n'avons  pas  eu  le  courage  de  la  faire 
en  ce  monde,  il  faudra  la  subir,  dans  l'autre,  par 
les  peines  du  purgatoire.  Le  purgatoire,  mes 
enfants,  est  un  lieu  de  souffrance,  où  Dieu  en- 
voie les  pauvres  âmes  qui  n'ont  pas  mérité 
l'enfer,  mais  qui  ne  sont  pas  assez  pures  pour 
entrer  au  Ciel.  Elles  font  là,  dans  de  grandes 
douleurs,  la  pénitence  qu'elles  auraient  dû  faire 
sur  la  terre,  et  qui  eût  été  moins  longue  et 
moins  pénible.  C'est  alors  qu'elles  regrettent  le 
temps  perdu,  et  leur  peu  de  zèle  à  profiter  des 
conseils  de  la  religion  pendant  leur  vie. 

Dieu  laisse  plus  ou  moins  long-temps  les 
âmes  dans  le  purgatoire,  selon  le  nombre  de 
fautes  qu'elles  ont  à  expier;  mais  l'Eglise  en- 
seigne que  nous  pouvons  abréger  les  souf- 
frances de  ces  âmes,  en  priant  pour  elles,  et 
surlout  en  offrant  à  Dieu  en  leur  faveur^  lo 
saint  sacrifice  de  la  messe.  Aussi,  non  contente 
de  prier  à  la  fin  de  tous  ses  olïUes  pour  ceux 


')/2  DES    FETES    DE    1,  EGLISE. 

qui  ne  sont  plus,  l'Eglise  consacre  à  leur  sou- 
venir, un  jour  entier  chaque  année  :  ce  jour 
est  Cflui  qui  suit  la  fête  de  la  Toussaint,  pour 
nous  rappeler  que  nous,  chrétiens  de  la  terre, 
qui  demandons  protection  aux  chrétiens  du 
Ciel ,  nous  ne  devons  pas  oublier  ceux  du 
purgatoire,  paice  qu'étant  tous  enfants  de  la 
même  familie,  nous  devons  nous  prêter  un 
mutuel  secours. 

C'est  une  triste  fête,  que  celle-ci,  mes  en- 
fants ;  elle  rappelle  à  nos  cœurs  les  parents 
et  les  amis  que  nous  avons  perdus,  que  nous 
amiions  si  tendrtineijt,  que  nous  serons  si  long- 
temps sans  revoir;  aujourd'hui,  on  va  pleurer 
sur  les  tombes  de  ces  morts  bien- aimés,  et 
demander  grâce  pour  eux  à  Dieu,  si  malheu- 
reusement ils  étaient  encore  éloignés  de  lui. 

Et  vous,  mes  chers  enfants,  qui,  pour  la  plu- 
part du  moins  ,  ne  connaissez  pas  encore  cette 
cruelle  douleur ,  de  perdre  ceux  que  l'on  aime, 
vous  prierez  pour  les  parents  et  les  amis  des 
autres,  pour  ceux  que  regrette  votre  mère, 
pour  toi. s  les  morts  en  général.  C'est  un  devoir 
de  charité,   et  les  pauvies  âmes  dont  vous  au- 


DLS    FETES    DE    1.  EGLISE.  .)  / .) 

rez  contribué  à  abréger  les  soufFraiices ,  se  sou- 
venant au  Ciel  de  votre  pitié,  vous  protégeront 
à  leur  tour. 

Si  cette  instruction  venait  à  tomber  sous  les 
yeux  de  quelque  malheureux  orphelin,  il  sen- 
tira que  la  reconnaissance  l'oblige  à  prier  Dieu 
pour  les  parents  qu'il  a  perdus;  et  ce  devoir 
lui  sera  bien  doux  à  remplir.  Quelle  consola- 
tion, en  effet  pour  ce  pauvre  enfant,  de  pou- 
voir espérer  qu'il  obtiendra  le  bonheur  éternel 
de  ceux  qui  lui  avaient  donné  la  vie,  et  dont  la 
tendresse  avait  entouré  ses  premières  années 
de  tant  de  soins  et  de  tant  d'amour. 

Après  avoir  rempli  vos  devoirs  envers  les 
morts ,  mes  enfants  ,  cherchez,  pour  vous- 
mêmes,  quelques  leçons  utiles  dans  la  pensée 
du  puigatoire.  Remarquez  d'abord,  combien 
Dieu  déteste  le  péché ,  puisqu'il  veut  nous  en 
faire  expier  jusqu'aux  moindres  traces;  et  que 
cette  réflexion  v(»us  engage  à  le  commettre 
moins  facilement.  Prenez  ensuite  la  résolution 
de  faire  pétiilence  de  >os  (autos,  dès  celle  vie, 
afin  que  Dieu  vous  trouve  digues  du  Ciel,  après 
la  mort. 


374  DES    FÈIES    DE    LÉGLISE. 


PRIERE. 


Mon  Dieu,  quand  je  demande  à  ma  mère  le 
pardon  démon  frère  ou  de  ma  sœur,  qu'elle 
devait  punir,  jamais  elle  ne  me  refuse  :  serez 
vous  moins  indulgent  qu'elle,  vous,  la  bonté 
même,  et  ne  daignerez-vous  pas  écouter  ma 
prière  pour  mes  frères  malheureux?  En  vous 
demandant  de  pardonner  aux  autres,  je  n'oublie 
pas.  Seigneur,  que  moi,  tout  le  premier,  je  suis 
devant  vous,  bien  coupable;  aussi  ce  ne  sont 
pas  mes  mérites,  mais  ceux  de  mon  Sauveur 
Jésus-Christ,  que  je  vous  offre  pour  les  âmes  du 
Purgatoire.  C'est  encore  en  son  nom,  ô  mon 
Dieu  !  que  je  vous  demande  la  grûce  de  vivre 
de  telle  sorte ,  qu'après  ma  mort  je  ne  sois 
pas  envoyé  dans  ce  lieu  de  douleur. 

Ainsi  soit-il. 


PRIERES     DIVERSES. 


Liiaiiieï  de  la  sainle  Yiuiijc.  —  Prièie  à 
l'Auge  garditn. —  Prière  pour  ses  pa- 
rents. —  Prière  sur  l'aumône.  —  r  lière 
sur  la  première  Communion.  —  Act^s 
des  vertus  théologales.  —  Piière  géné- 
rale. 


LITANIES  DE  LA  SAINTE  VIERGE. 

0  mon  Dieu,  qui  êtes  noire  père,  ayez  piliô 
de  nous; 

Jésus  notre  Sauveur,  ayez  pitié  de  nous; 

Esprit  saint ,  ayez  pitié  de  nous  ; 

Trinité  sainte,  ayez  pitié  de  nous. 

Etvous,  ô  Marie,  mère  de  Dieu  et  notre  mère  , 
recevez  avec  bonté  les  demandes  que  nous 
allons  aussi  vons  adres-^er,  priez  pour  nous. 


Marie  préservée  de  la  taclie  du  péché  origi- 
nel, priez  pour  nous,  afin  que  nous  conservions 
fidèlement  la  grâce  qui  nous  a  été  rendue  par 
le  saint  bapléme. 


Marie  qui  avez  voulu  vous  consacrer  à  Dieu  , 
dès  l'âge  le  plus  tendre,  priez  pour  nous,  afin, 
que  dès  notre  enfance,  nous  aussi,  nous  soyons 
tout  dévoués  au  service  du  Seigneur. 


378  PRIÈRES    DIVEllSES. 

Marie  qui  avez  passé  voire  jeunesse  loin  du 
monde  et  de  ses  plaisirs,  priez  pour  nous,  afin 
que  nous  ne  recherchions  jamais  d'autres  joies, 
que  les  joies  de  la  vertu ,  dans  la  maison  du 
Seigneur  et  dans  la  maison  paternelle. 


Marie  qui,  dans  votre  visite  à  sainte  Elisa- 
beth ,  ne  parliez  que  de  Dieu  et  de  ses  miséri- 
cordes, priez  pour  nous,  afin  que  dans  nos  en- 
tretiens avec  nos  amis,  il  ne  nous  arrive  jamais 
de  dire  aucune  parole  qui  puisse  offenser  Dieu. 


Marie  ,  qui  avez  tant  souffert  de  n'avoir  pour 
coucher  votre  cher  fils,  qu'une  crèche  et  un  peu 
de  paille,  priez,  afin  que  toutes  les  pauvres  fem- 
mes aient  un  berceau  pour  leurs  petits  enfants. 


Marie  qui  conserviez  le  souvenir  de  la  piété 
des  bergers  et  de  l'adoralion  des  Mages,  priez 


PRIÈRES   DIVERSES.  379 

pour  nous,  afin  que  jamais  nous  ne  puissions 
oublier  les  louchantes  et  merveilleuses  histoires 
de  notre  sainte  religion. 


Marie  qui,  dans  votre  fuite  en  Egyple,  avez 
donné  un  si  grand  exemple  d'obéissance ,  priez 
pour  nous,  afin  qu'en  toutes  choses,  nous 
soyons  dociles  et  soumis  à  la  volonté  de  nos 
supérieurs. 


Marie  qui  avez  eu  tant  de  chagrin  de  perdre  le 
divin  enfant,  et  tant  de  joie  de  l'avoir  re- 
trouvé, priez  pour  nous,  afin  que  notre  plus 
grande  crainte  soit  de  perdre  Jésus,  par  le 
péché,  notre  plus  grand  bonheur  celui  de  vivre 
près  de  Jésus  dans  l'innocence. 


Marie,  si  pleine  de  bonté  que  vous  avez  inter- 
cédé Jésus  en  faveur  des  époux  de  Cana,  priez- 


:^80  PRIÈRES    DIVERSES. 

le  aussi  pour  nous,  diles-Iui  ce  qui  nous  man- 
que, afin  qu'il  daigne  nous  l'accorder. 


Marie  qui  avez  conseillé  à  ceux  dont  vous 
étiez  entourée  d'obéir  à  Jésus,  priez  afin  que 
nous  passions  notre  vie  à  écouter  ce  que  dit 
Jésus,  et  à  le  faire. 


Marie  qui,  debout  au  pied  de  la  croix,  étiez 
plongée  dans  la  douleur,  à  la  vue  des  souffrances 
et  de  la  mort  de  votre  fils  bien  aimé,  priez  pour 
les  mères  désolées  par  la  maladie  et  la  perle 
de  leurs  enfants. 


Marie  qui  avez  été  la  plus  humble  et  la  plus 
pure  des  créatures ,  priez  pour  nous,  afin  que 
nous  devenions  humbles  de  cœur,  et  que  nous 
ne  perdions  jamais  l'innocence. 


Ï-RIÈKES    DIVERSES.  3S1 

Marie  qui  avez  mené  une  vie  simple  et  la- 
borieuse, priez  pour  nous,  afin  que  nous  ap- 
prenions à  nous  contenter  de  peu  de  chose,  et 
à  travailler  selon  les  devoirs  de  notre  âge. 


Marie  qu'à  sa  dernière  heure,  Jésus  nous 
donna  pour  mère,  priez  pour  nous,  intéressez- 
vous  au  salut  de  vos  enfants. 


Marie  dont  la  mort  lut  si  douce  et  si  sainte, 
priez  pour  nous,  afin  que  notre  mort  nous  réu- 
nisse à  Jésus  et  à  vous. 


O  sainle  vierge  Marie,  bénissez- nous,  priez 
pour  nous. 


382  PRIÈRES   DIVERSES. 

PRIÈRE. 

Montrez,  ô  Marie,  que  vous  êtes  notre  Mère, 
et  faites  agréer  nos  prières  à  celui  qui,  pour 
nous  sauver,  a  bien  voulu  naître  de  vous. 

Ainsi  soit-il. 


PRIERE  A  L'ANGE  GARDIEN. 


Combien  je  vous  remercie,  ô  mon  Dieu,  d'a- 
voir placé  près  de  moi,  cet  élre  bienfaisant  qui 
me  protège,  que  je  dois  regarder  comme  mon 
guide,  et  mon  meilleur  ami.  Dans  le  temps  où 
j'étais  encore  un  tout  petit  enfant,  on  me  don- 
nait la  main,  de  peur  que  mon  pied  ne  heurtât 
contre  quelque  pierre;  et  vous  aussi,  mon  Dieu, 
vous  faites  conduire  mon  âme,  par  votre  saint 
Ange,  pour  qu'elle  se  détourne  du  chemin  qui 
la  ferait  tomber.  Daignez  avoir  toujours  pour 
moi,  Seigneur,  celte  tendresse  vigilante  d'un 
père,  dont  ks  yeux  ne  cessent  de  suivre  les  pas 
de  son  enfant. 

Et  vous,  mon  l)on  Ange,  vous  qui  connaissez 


'i'6ll  PRIÈRES    D1\'E11SI-S 

Dieu,  et  qui  savez  combien  il  mérite  qu'on  l'ai- 
me, apprenez-moi  le  moyen  de  lui  plaire,  et  en 
retour  des  grâces  que  vous  m'apporlez  de  sa 
part,  offrez-lui  mon  cœur  et  ma  bonne  volonté. 
Dites-lui  que  tout  mon  désir  est  de  chanter  un 
jour,  avec  vous,  ses  louanges,  et,  pour  me  faire 
arriver  au  Ciel,  ô  mon  bon  Ange,  ne  me  quittez 
jamais!  Ainsi  soit-il. 


PRIERE  POUR  SES  PARENTS. 


O  mon  Dieu,  si  jamais  j'ai  désiré  du  fond  de 
mon  cœur  vous  voir  exaucer  ma  prière,  c'est 
surtout  lorsque  je  vous  l'adresse  pour  ceux  de 
qui  je  tiens  la  vie,  pour  les  bons  parents  que 
vous  m'avez  donnés.  Comment  me  sera-t-il 
possible  de  m'acquitter  envers  eux,  si  vous  ne 
daignez  vous  charger  de  ma  reconnaissance,  si 
vous  ne  leur  rendez  vous-même  tout  le  bien, 
tout  le  bonheur  que  je  leur  dois.  Répandez 
donc  sur  mes  parents,  je  vous  en  conjure,  vos 
plus  saintes,  vos  plus  nombreuses  bénédictions. 
Récompensez  leuis  vertus,  sur  îa  terre,  selon 
les  desseins  de  votre  Providence,  et  dans  le  Ciel, 


386  PRIÈRES    DIVERSES. 

par  une  éternelle  félicité.  Conservez-moi  mes 
parents,  Seigneur,  non  pas  seulement  autant 
que  leurs  bons  soins  me  seront  nécessaires, 
mais  encore  dans  le  temps,  où  ce  seront  eux, 
à  leur  tour,  qui  auront  besoin  de  moi,  qui  au- 
ront besoin  des  secours  et  des  soins  que,  dans 
leurs  vieux  jours,  je  me  trouverai  si  beureux 
de  leur  prodiguer! 

Et  si,  en  ce  jour,  je  viens  vous  demander,  ô 
mon  Dieu,  de  me  rendre  doux,  studieux,  obéis- 
sant et  bien  sage,  c'est  beaucoup  moins,  vous 
le  savez,  pour  les  récompenses  que  je  puis  at- 
tendre de  ma  bonne  conduite,  que  pour  la  sa- 
tisfaction qu'en  ressentiront  mes  parents.  0 
Seigneur,  ne  permettez  pas  que  jamais,  ni  dans 
mon  enfance,  ni  dans  tout  le  cours  de  ma  vie, 
je  leur  cause  la  moindre  peine  ;  faites  au  con- 
traire, que  tout  le  bonheur  que  vous  leur  réser- 
vez, leur  puisse  venir  par  moi.  Ainsi  soit-il. 


PRIERE  SUR  L'AUMONE. 


Que  suis-je  devant  vous,  ô  mon  Dieu  ?  un  en- 
fant misérable  et  pauvre,  plus  pauvre,  peut- 
être,  hélas!  que  ceux  dont  je  plains  la  misère, 
car  je  manque  de  douceur,  d'obéissance,  et  ces 
vertus  sont  les  seules  vraies  richesses  à  vos  yeux . 
Vous  m'en  trouvez  si  dénué  ,  que  chaque  jour 
vous  m'accordez  votre  sainte  grâce,  comme  une 
sorte  d'aumène,  et  il  me  suffît  de  vous  exposer 
mes  besoins,  pour  que  vous  veniez  à  mon  aide 
avec  bonté.  N'est- il  pas  juste,  qu'à  mon  tour,  ô 
Seigneur!  je  donne  à  ceux  qui  me  demandent, 
m'effbrçant  ainsi  de  montrer  aux  malheureux 


388  PlUÈRES    DIVERSES. 

qui  pourraient  se  croire  oublié»  de  voire  Pro- 
vidence, qu'elle  veille  encore  sur  eux. 

Oui,  mon  Dieu!  je  veux  désormais  pratiquer 
les  bonnes  œuvres  qui  dépendront  de  moi  Je 
ne  puis  pas,  il  est  vrai,  faire  de  grandes  aumô- 
nes, mais  je  puis  travailler  pour  vêtir  les  pau- 
vres, devenir  soigneux,  économe,  afin  d'avoir 
davantage  à  leur  donner.  Oh!  puissé-je  rendre 
la  charité,  la  compagne  de  ma  vie!  puissé-je 
ressembler  un  jour  à  ces  hommes  bienfaisants 
qui  ont  mérité  le  titre  de  protecteurs  et  de  pères 
des  pauvres  !  Mon  Dieu  !  vous  qui  me  donnez  ce 
bon  désir,  faites,  s'il  vous  plait,  que  je  l'ac- 
complisse j  je  vous  en  demande  la  grâce  par  les 
mérites  de  mon  divin  Sauveur.  Ainsi  soit-il. 


PRIÈRE  SUR  LA  PREMIÈRE  COM.MUiMOxN 


Je  n'enlrevois  encore  que  de  loin,  ô  mou 
Dieu,  rheureux  jour  de  ma  première  commu- 
nion, mais  au  lieu  de  chercher  dans  l'intervaile 
qui  me  sépare  de  ce  beau  jour,  un  prétexte 
pour  n'y  point  penser,  je  désire,  au  contraire, 
profiter  de  ce  temps,  pour  m'y  préparer  d'a- 
vance, alin  de  mieux  répondre  alors  à  \olre 
infinie  bonté.  Désormais  ,  cette  grande  et 
sainle  action  va  devenir  le  but  des  efforts  que 
je  ferai  sur  moi-même;  en  pensant  à  ma  pre- 
mière communion  ,  je  tâcherai  de  devenir 
meilleur  et  plus  pieux  chaque  jour,  et  lorsque 
vous  daignerez  venir  à  moi,  seigneur  Jésus,  je 


o90 


PRIÈRtS    DIVERSES, 


me  trouverai  bien  heureux,  si  je  puis  vous  of- 
frir, non  pas,  hélas!  une  demeure  digne  de 
vous,  mais  du  moins,  une  âme  pure  et  ornée 
des  vertus  de  mon  âge.  Ainsi  soit-ii. 


ACTES  DES  VERTUS  THÉOLOGALES. 


Il  y  a  trois  vertus  théologales  :  la  foi,  l'espé- 
rance et  la  charité.  Ces  vertus  sont  appelées 
théologales,  parce  qu'elles  se  rapportent  direc- 
tement à  Dieu.  Ainsi,  c'est  en  Dieu  que  nous 
croyons  par  la  foi;  c'est  en  Dieu  que  nous  nous 
confions  par  l'espérance  ;  c'est  Dieu  que  nous 
aimons  par  la  charité.  Nous  sommes  obligés  de 
faire  souvent  des  actes  de  ces  vertus,  et  nous  le 
devons  surtout  dans  les  actions  principales  de 
notre  vie,  quand  nous  recevons  les  sacrements, 
et  au  moment  de  la  mort. 


55)-2  PRIÈRES    MVERbES. 


Acte  de  foi. 


Mon  Dieu,  je  crois  fermement  toutes  les  vé- 
rités que  vous  nous  avez  révélées,  et  que  l'Eglise 
nous  propose  de  croire,  parce  que  vous  êtes  la 
vérité  même,  et  que  vous  ne  pouvez  ni  vous 
tromper,  ni  nous  tromper. 

Aete  d'espérance. 

Mon  Dieu,  je  mets  toute  ma  confiance  dans 
votre  infinie  bonté,  et  j'espère  que,  par  les  mé- 
rites de  Jésus-Christ,  mon  Sauveur,  vous  m'ac- 
corderez votre  grâce  en  ce  monde,  et  la  vie  éter- 
nelle en  l'autre. 

Acte  de  charité. 

Mon  Dieu,  je  vous  aime  de  tout  mon  cœur  cl 
par-dessus  toutes  choses,  parce  que  vous  êtes 
infiniment  bon,  infiniment  digne  d'être  aimé; 
i'aime  aussi  mon  prochain  coumie  moi-même 
pour  l'amour  de  vous. 


PRIÈRE  GÉNÉRALE. 


Mon  Dieu  ,  daignez  proléger  mon  pays , 
comme  autrefois  vous  avez  protégé  le  peuple 
d'L»raëi. 

Eloignez  de  la  France  les  malheurs  et  les  ma- 
ladies ,  comme  vous  avez  préservé  les  maisons 
qui  étaient  marquées  du  sang  de  l'agneau 
pascaL 

Donnez  aux  peuples  la  docilité,  aux  souve- 
rains la  sagesse  et  la  justice,  comme  vous  les 
avez  données  au  roi  Salomon. 

Envoyez  à  l'Eglise  des  pasteurs  et  des  prêtres 
qui  soient  selon  votre  cœur,  et  remplissez-les 
de  votre  Esprit  saint,  comme  en  ont  été  rem- 
plis les  apôtres. 

Que  tous  les  hommes  vivent  en  paix  et  s'ai- 
ment comme  des  frères,  ne  faisant  qu'un  tous 
ensemble,  comme  vous  ne  faites  qu'un  avec 
votre  père. 


o9U  PRIÈRES    DIVERSES. 

Mon  Dieu,  que  ceux  qui  ont  du  chagrin, 
trouvent  toujours  un  ami  qui  le  partage,  comme 
vous  avez  partagé  la  douleur  des  sœurs  de 
Lazare. 

Daignez  guérir,  ou  du  moins  soulager  ceux 
qui  souffrent,  comme  sur  l^  terre,  vous  guéris- 
siez tous  ceux  qui  avaient  le  bonheur  de  s'ap- 
procher de  vous. 

Que,  par  votre  puissance,  les  petits  enfants 
près  de  mourir,  soient  rendus  à  l'amour  de  leurs 
mères,  comme  le  fils  unique  fut  rendu  à  la 
veuve  de  Naïm. 

Mon  Dieu,  faites  que  les  gens  riches  aient  un 
bon  cœur  pour  les  pauvres,  et  qu'ils  veillent 
sans  cesse  sur  leurs  besoins,  comme  votre  pro- 
vidence veille,  à  toute  heure,  sur  nous. 

Faites  que  les  pauvres  aient  de  la  résignation 
dans  leur  misère,  comme  vous  en  avez  eu  vous- 
même  dans  la  pauvreté,  dans  la  douleur. 

Que  votre  saint  ange  accompagne  les  voya- 
geurs sur  la  terre  étrangère,  comme  jadis  i\ 
guida  le  fils  de  Tobie,  jusqu'à  un  heureux  re- 
tour dans  son  pays. 

Mon  Dieu,  pour  convertir  et  ramener  à  vous 


PRIERES    DIVERSES. 


S95 


les  pécheurs,  daignez  jeter  sur  eux  ce  regard  de 
bonté  qui  a  louché  le  cœur  de  saint  Pierre. 

Faites  à  ceux  qui  n'ont  pas  le  bonheur  d'être 
chrétiens  et  catholiques,  la  grâce  de  le  devenir, 
et  ramenez  au  bercail  ces  brebis  égarées,  car 
vous  avez  dit  dans  l'Evangile  :  «  Je  suis  le  bon 
Pasteur,  m 

Mon  Dieu,  donnez  nous,  comme  à  saint  Jean, 
Marie,  pour  notre  mère  ;  qu'elle  soit  surtout  la 
mère  des  enfants  qui  ont  perdu  la  leur. 

Mon  Dieu,  accordez  à  tous  les  hommes,  et  à 
moi-même,  une  vie  sainte,  une  bonne  mort, 
une  place  dans  le  Ciel,  parce  que  vous  êtes  mort 
pour  nous  sauver.  Ainsi  soit-il.