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1
I
1
I
LE MAROC
SON PASSÉ -SON PRÉSENT -SON AVENIR
LE GÉNÉRAL LYAUTEY
RESIDENT; GéNÉRAL
AU MAROC
Rabat, le 23 décembre 19î9.
Mon cher Desroches,
Je reçois votre lettre du ÏO décembre et suis
très heureux d'apprendre que vous préparez une
nouvelle édition de votre excellent ouvrage sur le
Maroc.
Cest bien volontiers que je vous autorise à
reproduire la photographie que je vous envoie ci'
jointe.
Bien cordialement à vous.
■ - -----
Le Général lyautey
RËSTDBNT OÉNÉRAL DE fHANCB AU V
PAR DBCBET 38 AVHIL Igli
GEORGES DESROCHES
Officier de l'Ordre Chériff/i du Ouissam 'AHaouite
LE MAROC
SON PASSÉ
SON PRÉSENT
SON AVENIR
NOUVELLE ÉDITION
, DERNIERS RENSEIGNEMENTS
Ouvrage honoré de l'Approbation de M. le Général Lyautey
et contenant le Portrait du Réaident Général de France au Maroc
• ■•••. Y
PARIS
ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR
26y RUB EACIMI, 26
redis droits de tradnelifon, d'adaptalûm et de leproduettoo
IWBr teûs les pays
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T«afi droits de trad action* et de reproduction
réservés pour tous les pays.
Copyright igai,
by EttifSflT Flammarion.
LE MAROC
SON PASSÉ - SON PRÉSENT - SON AVENIR
AVANT-PROPOS
n y a vingt.ans, qui songeait au Maroc î Qui s'occu-
pait du Maroc, dans le grand public 8*entendî A pro-
prement parler, personne.
L'Empire çhérilien, le Maroc mystérieux, a^ait eu
certes ses explorateurs, ses curieux, ses historiographes.
Bien des descriptions avaient été publiées, récits de
voyages plutôt que véritables études. Mais, en dehors
d'un public assez restreint, ces ouvrages, dont beaucoup
dignes d un meilleur sort, n'étaient pas très lus. De
temps en temps l'écho de coups de fusil échangés entre
les Riifains et les Espagnols des Présides venait bien
troubler la sérénité — très profonde — de TEurope à ce
sujet. Mais cela ne paraissait qu'épisodes négligeables
et, en fait, sans importance — sans importance immé-
c" te du moins. — Les coups de fusil s'arrêtaient et, à
I i près aussi vite que s'était dissipée la fumée de la
l idre qui venait de parler, s'effaçait 1 impression
1 Te qu'ils avaient un instant pu.produire.
«> ■'
8 tE MAROC .
Le Rogui Bou Hamama, le t^rétendant au trône d'Abd
el Aziz, avait fait sans donte quelque bniit dans le
monde en menant une campagne assez vive contre le
Sultan de Fez. Mais cela se passait entre Marocains.
Cela, si l'on nous permet cette expression familière —
ne sortait pas de la famille. — C'était une quereUe dé
cousins, de mauvais cousins. Pour l'Europe, en somme,
ces fantasias, si sanglantes qu'elles aient été parfois,
n^avaient pas tournure d'événements graves .
n est presque permis d'ajouter que, pour les Maro-
cains eux-mêmes, ces dissentindents n'avaient pas une
importance vitale. Payer Timpôt à Abd el Aziz — le
payer à Bou Hamama le Rogui — le payer même à
Erraisouli qui, sous le prétexte de gouverner la région
de Tanger, s'était taillé un petit Sultanat ; au fond, pour
le contribuable marocain, la différence n'était pas très
grande. Il est vrai que, parfois, en raison des fluctua-
tions de succès des méhaUas chérifiennes et des troupes
du Rogui, maintes tribus, tour à tour soumises on
révoltées, conquises ou reperdues, arrivaient à payer
deux fois. Mais ce sont là les hasards de la guerre.
«
Nous venons de dire que d'assez nombreux auteurs
s'étsûent déjà donné comme tâche de dissiper les incer-
titudes dont s'enveloppait l'histoire, et plus encore la
constitution politique et économique du Maroc.
n existe des exposés historiques très bien documen-
tés et très dignes de l'intérêt des hommes d'étude.
D'autres ouvrages sont des traités de géographie, d
géologie, rédigés de main de maître, mais qui consi
SOX PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 9
tuent plutôt des « Sommes », sources fécondes de ren-
seignements, que des livres de lecture courante.
Quelques-uns sont des récits de voyages au cours,
desquels Tintérèt général cède souvent le pas à Tintérôt
épisodique.
Ceux-là sont des tableaux à la plume, parfois d*une
très jolie tpuche, mais dont le peintre — Técrivain —
est souvent le premier à subir Tinfluence de mirage et
la capiteuse séduction d'orientalisme.
Or, il n'y a pas — ni moralement, ni matériellement
— que du soleil et de la couleur en Orient.
Enfin d'autres publications récentes, très bien inten-
tionnées et non moins bien documentées, exposent et
étudient la question marocaine exclusivement au point
de vue économique actuel. Elles ne s'occupent que du
Maroc modernisé et du Maroc à venir. Elles négligent
complètement le Maroc du Passé et souvent même ne
tiennent qu'un compte insuffisant du Maroc. . . des Maro-
cains.
.♦.
Dans ce livre, qui n'a d'autre prétention que d'être
utile — on pensera sans doute que c'est déjà beaucoup —
Tauteur n'ambitionne pas de faire mieux que ses devan-
ciers.
Ce qu'il veut, c'est faire autrement.
Résumer à grands traits l'histoire dii Maroc jusqu'à ,
nos jours ;
Rappeler quelle était la situation matérielle et morale
) FEmpire Chérifien au moment de l'intervention fran-
ise;
LS UAROC
frer ce qne cette sitnatiou est actueDement deve-
asr no aperçu de la Société marocaine an point de
DTernefflental, administratif, et aussi (amilial ;
e connaître le Maroc, non pas seulement par des
•.s commerciales et statistiques;
iser qne le Maroc n'est pas sue Colonie française,
[en un Pays de Protectorat ; que par conséquent
s, les Usages commerciaux du Maroc subsistent ;
i Européens doivent en tenir compte et, dans
is cas, s'y soumettre .
est le plan que nous nous sommes tracés. Nous
s, de plus, que ce livre ne vieillisse pas et que
ni le liront trouvent toujours en lui une source
mations entièrement modernes.
; pourquoi nous l'avons divisé en quatre parties.
rois premières qui,dans leur en8emble,conatituent
élément ta presque totalité du volume, n'auront
mais à être modiliées.
I ne relatent que des faits définitivement acquis
lesquels 11 n'y aura jamais lieu de revenir. La
sme partie, sous forme d'Appendice, est consacrée
Qseignements modifiables et aux Faits nouveaux.
ipendîce sera retouché et complété, s'il y a lieu,
Bs éditions sncceasivea .
aodifications à y apporter seront toujours tenues,
sposition de nos lecteurs dans une forme que
urone soin de préciser.
tablissant ainsi l'ensemble ds notre travail nons
SON FASSE — SON PRESENT — SON AVENIR II
avons en le désir, toat en donnant aux intérêts maté-
riels l'importance qu'ils comportent, de faire connaître i
apprécier et aimer le Maroc et les Marocains par les
diverses catégories déflecteurs français.
Peut-être nous objectera-t-on que, dans un livre à
tendances pratiques, il eut -suffit de donner des rensei-
gnements, des statistiques.
Ce n'est pas notre avis. Il n'y a pas, dans les affaires
que des chiffres : un peu de psychologie ne saurait
y nuire. Connaître dans leurs antécédents, dans leur
esprit, dans leur caractère ceux à qui Ton veut vendre
ou à qui Ton veut acheter n*est pas un savoir inutile.
En bonne Economie Politique le facteur « Marchan-
dise » n'est pas tout.
Il y a de plus le facteur « Homme )» qui compte bien
pour quelque chose.
•I.EitBMltR^ PARTIE. ...
'•_ •
CHAPITRE PREMIER
Le Maroc politique. — Protectorat Français
Protectorat Espa§^nol. , — Tanger international
Dans an chapitre consacré à la situation diplomatique
du Maroc, nous examinerons, au moins dans leurs dis*
positions principales, les diverses Conventions passées
entre le Gouvernement n^arocain et un ou plusieurs 6ou«
vemements étrangers.
Dès maintenant rappelons les grandes Étapes parcou-
raes» notons les points de repère qui permettent de
suivre la marche de la pénétration européenne, paci-
^fique, puis militaire.
L'Acte diplomatique le plus important avant la Con-
férence d'Algésiras, avait été la Convention de Madrid,
signée le 3 juillet 1880, par la France, TAllemagne,
l'Antriche, la Belgique, le Danemark, TEspagne, les
Etats-Unis, l'Angleterre, le Portugal, lltalie, la Hol-
^^lide, la Suède, la Norvège et le Maroc. Cette Gonven-
u de Madrid avait groupé les Puissances européennes
une action collective, en une attitude unifiée, en prêt-
ée du Maroc.
"^'■^■.f- ••?.. V.--- . ^
l4 XB MAROC
' La Convention de Madrid régla tant bien que mal les
. relations européennes et marocaines jusqu*à TAccord
franco anglais du 8 avril 1904.
Ens^çijie lntçiwin< HAccoçd^ Iranço^espagaol: du 7 oc- .
'- •*•**: /;^t«^^.•è>b4.ï;n.'19p^^ la Goîiférënce d'Algé-
• •* • " Iftfrâs. * ' * *
En marchant ainsi à pas de géants, nous arrivons à
Torganisation de la police marocaine par la France et
par TEspagne ;
A Texpédition française et espagnole — si peu espa-
gnole — à Casablanca ;
Aux expéditions espagnoles dans les environs de
Melilla;
AToccupation française d'Oudjda ;
A la chute du Sultan Abd el Aziz, remplacé par M ou-
layHafid. Enfin à la marche sur Fez, au secours dû
môme Moulay Hafid, notre protégé d'hier, démission-
naire bientôt.
' Il convient de mentionner la visite théâtrale de Guil-
laume II à Tanger puis ce que l'histoire nommera, non
sans quelque dédain, le « coup d'Agadir », suivi de
TAccord franco-allemand et deFAccord franco-espagnol.
Le 30 mars 1912 et le 27 novembre de la même
année resteront, dans les fastes de la Diplomatie, parmi
les grandes dates historiques.
Le 30 mars a été signé entre le Sultan Moulay Hafid
et M. Regnault, représentant la France, le Traité de
Protectorat.
Le 27 novembre, M. Garcia Prieto, ministre espagnol
SON PASSÉ SON PRÉSENT — SON AVENIR l5
des Affaires étrangères, et M. Geoffray, ambassadeur
de France à Madrid, signaient le Traité franco-espa-
gnol.
Ces deux Actes diplomatiques forment la base sur
laquelle repose la réédifîcation du Maroc.
Nous publions le texte officiel du Traité de Protec-
torat tel qu'il a paru dans le premier numéro du Bulle-
tin Officiel de l'Empire du Maroc, dont nous reprodui-
sons le titre en fac-similé.
PftiMiàKB ÀJiHiB. N* i. 1" novembre 1912.
EMPIRE CHÉRIFIEN
PROTECTORAT DB LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU MAROC
bulletin' officiel
TRAITÉ conclu entre la France et le Maroc, le 30 mars i9i2,
pour Forganisaiion du Protectorat français dans l* Empire chéri'
fien.
Le Gouvernement de la République Française et le Gouver-
nement de Sa Majesté Ghérifienne, soucieux d'établir au Maroc
un régime régulier, fondé sur l'ordre intérieur et la sécurité
générale, qui permette Tintroduction des réformes et assure le
développement économique du pays, sont convenus des dispo-
sitions suivaiUtes :
Art. 1". — Le Gouvernement de la République française et
S. M. le Sultan sont d'accord pour instituer au Maroc un nou-
veau régime comportant les réformes administratives, judi-
ciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le
Gouvernement français jugera utUe d'introduire sur le terri-
toire marocain.
Ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et
le prestige traditionnels du Sultan, l'exercice de la reUgion
musulmane et des institutions religieuses, notamment de ceUes
l6 LB MAROC
des Haboiia,. Il comportera l'organisation d*nn Maghzen chérilien
réformé.
Le Gonvernement de la Répnbliqne se concertera avec le
Gouvernement espagnol au sujet des intérêts que ce Gouver-
nement tient de sa position géographique et de ses possessions
territoriales sur la côte marocaine.
De même, la viUede Tanger gardera le caractère spécial qui lui
a été reconnn et qui déterminera son organisatio^ municipale.
Art. 2. — S. M. le Sultan admet dès maintenant que le
Gouvernement français procède, après avoir prévenu le
Maghzen, aux occupations militaires du territoire marocain
qu'il jugerait nécessaires au maintien de l'ordre et de la sécurité
des transactions commerciales et qu'il exerce toute Eu^tion de
poliee sur terre et dans les eaux marocaines.
Art. 3. — Le (xouvemement de la République prend l'enga-
gement de prêter un constant appui & Sa Majesté Ghérifienne
contre tout danger qui menacerait sa personne ou son trône ou
qui compromettrait la tranquillité de ses États. Le même appui
sera prêté à Fhéritier du trône et à ses successeurs.
Art 4. — Les mesures que nécessitera le nouveau régime
de protectorat seront édictées, sur la proposition du Gouver-
nement français, par Sa Majesté Ghérifienne ou par les auto-
rités auxquelles elle en aura délégué le pouvoir. Il en sera de
même des règlements nouveaux et des modifications aux règle-
ments existants.
Art. 5. — Le Gouvernement français sera représenté auprès
de Sa Majesté Ghérifienne par un Commissaire Résident géné-
ral, dépositaire de tous les pouvoirs de la République au Maroc,
qui veillera à l'exécution du présent Accord.
Le Commissaire Résident général sera le seul intermédiaire
du Sultan auprès' des représentants étrangers et dans les rap-
ports que ces représentants entretiennent avec le Gouverne-
ment marocain. Il sera, notamment, chargé de toutes les ques-
tions intéressant les étrangers dans l'Empire chérifien.
Il aura le pouvoir d'approuver et de promulguer, au nom
du Gouvernement français, tous les décrets rendus ï)ar Sa
Majesté Ghérifienne.
' Art. 6. ~ Les agents diplomatiques et consulaires de la
France seront chargés de la représentation et de la protection
des sujets et des intérêts marocains à l'étranger.
S. M. le Sultan s'engage & ne conclure aucun Acte ayant un
caractère international sans l'assentiment préalable du Gouver-
nement de la République française.
SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR IJ
Art. 7. — Le Gonvemement de la République française et
le Gouvernement de Sa Majesté Ghérifienne se réservent de
fixer d*un commun accord les bases d'une réorganisation finan-
cière qui, en respectant les droits conférés aux porteurs des
titres des emprunts publics marocains, permette de garantii^ les
engagements du Trésor chérifien et de percevoir régulièrement
les revenus de TEmpire . '
Art. 8. — Sa Majesté Gbérifienne s'interdit de contracter h
Tavextir, directement ou indirectement, aucun emprunt publie
ou privé et d'accorder, sous une forme quelconque^ aucune
concession sans l'autorisation du Gouvernement français.
Art. 9. — La présente Convention sera soumise à la ratifi-
cation du Gouvernement de la République française et Tinstru-
ment de ladite ratification sera remis à S. M. le Sultan dans le
plus bref dâai possible .
En foi de quoi, les soussignés ont dressé le présent acte et Font
rev6tu de leurs cachets.
Fait à Fez, le 30 mars 1912.
{L. S.) Signé : Rbgjtault.
(i<« S.) — MODLAT ABO IL HaFID.
TRAITÉ FRANCO-ESPAGNOL
Du traité franco-espagnol, nous donnons les disposi-
tions principales que nous faisons suivre seulement
d'un rapide commentaire.
Le traité franco-espagnpl se divise en trois parties
principales :
La délimitation des zones^;
Le régime financier;
Le régime des chemins de fer,
r
PREMIÈRE PARTIE
Délimitation des zones
Art. 2. — Au nord du Maroc, la frontière séparalive des zones
ioflnence française et espagnole partira de Tembouchure de la
l8 LK MAROC
Mouloiiïa et remontera le thalweg de ce fleuve jusqu'à un kilo-
mètre en aval de Mechra-Nilla. De ce point, la ligne de démar-
cation suivra, jusqu'au Djebel-Beni-Hassen, le tracé fixé par
l'article 2 de la Convention du 3 octobre 1904.
Dans le cas où la Commission mixte de délimitation visée au
paragraphe 1" de l'article 4 ci-dessous constaterait que le mara-
bout de Sidi-Maarouf se trouve dépendre de la fraction sud des
Beni-Bouyali, ce point serait attribué à la zone française. Toute-
fois la ligne de démarcation des deux zones, après avoir englobé
ledit marabout, n'en passerait pas à plus d'un kilomètre au nord,
et à plus de deux kilomètres à l'ouest pour rejoindre la ligne de
démarcation telle qu'elle est déterminée au paragraphe précé-
dent.
Du Djebel-Beni-Hassen, la frontière rejoindra Toued Ouergha
au nord de la Djema des Cheurfa-Tafraout, en amont du coude
formé par la rivière. De là, se dirigeant vers l'ouest, elle suivra
leC ligne des hauteurs dominant la rive droite de Foued Ouergha
jusqu'à son intersection avec la ligne nord- sud définie par
l'article 2 de la Convention de 1904. Dans ce parcours, la fron-
tière contournera le plus étroitement possible la limite nord des
tribus riveraines de l'oued Ouergha et la limite sud de celles qui
ne sont pas riveraines, en assurant une communication militaire
non interrompue entre les différentes régions de la zone espa-
gnole. Elle remontera ensuite vers le nord en se tenant à une
distance d'au moins 25 kilomètres à l'est de la route de Fez &
El-Ksar-el-Kebir par Ouazzan, jusqu'à la rencontre de l'oued
Loukkos, dont elle descendra le thalweg jusqu'à la limite entre
les tribus Sarsar et Tlix. De ce point, elle contournera le Djebel-
Ghani, laissant cette montagne dans la zone espagnole, sou&
réserve qu'il n'y sera pas construit de fortifications permanentes.
Enfin, la frontière rejoindra le parallèle 85' de latitude nord,
entre le douar Mgarya et la Marya de Sidi-Slama, et suivra ce
parallèle jusqu'à la mer. ,
Au sud du Maroc, la frontière des zones française et espagnole
sera définie par le thalweg de l'oued Draa, qu'elle remontera
depuis la mer jusqu'à sa rencontre avec le méridien 11* ouest de
Paris ; elle suivra ce méridien vers le sud jusqu'à sa rencontre
avec le parallèle ^TW de latitude nord. Au sud de ce parallèle,
les articles 5 et 6 de la Convention du 3 octobre 1904 resteront
applicables. Les régions marocaines situées au nord et à Test c'
la délimitation visée dans le présent paragraphe appartiendroi
à la zone française.
Art. 3. — Le^Gouvernement marocain ayant, par l'article 8 d
SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR I9
Traité du 26 avril 1860, concédé à l'Espagne un établissetnent à
Santa-Cruz-de-Mar-Pequena (Ifni), il est entendu que le territoire
de cet établissement aura lés limites suivantes : au nord, Toued
Bou-Sedra depuis son embouchure ; au sud, l'oued Noun depuis
son embouchure ; à Test, une ligne distante approximativement
de 25 kilomètres de la côte.
Art. 6, — Afin d'assurer le libre passage du détroit de Gibral-
tar, les deux Gouvernements conviennent de ne pas laisser élever
de fortifications ou d'ouvrages stratégiques quelconques sur la
partie de la côte marocaine visée par l'article 7 de la Déclaration
franco-anglaise du 8. avril 1904 et par Farticle 14 de la Conven-
tion franco -espagnole du 3 octobre de la même année et comprise
dans les sphères d'influence respectives.
Art. 7. — La ville de Tanger et sa banlieue seront dotées d'un
régime spécial qui sera déterminé ultérieurement; elles forme-
ront une zone comprise dans les limites décrites ci-après :
Partant de Punta-Altarès, sur la côte sud du détroit de Gibral-
tar, la frontière se dirigera en ligne droite sur la crête du Djebel-
Beni-Meyimel, laissant à l'ouest le village appelé Dxar-ex-Zeitun
et suivra ensuite la ligne des limites entre le Fahs d'un côté et
les tribQS de l'Anjera et de Oued-Ras de l'autre côté, jusqu'à la
rencontre de l'oued £s-Seghir. De là, la frontière suivra le
thalweg de l'oued £s-Seghir, puis ceux des oueds M'harhar et
Tzahadartz jusqu'à la mer.
DEUXIEME PARTIE
Le régime financier.
V
Art. rè. — Le Gouvernement de S. M. le Roi d'Espagne ne por-
tera pas atteinte aux droits, prérogatives et privilèges des por-
teurs de titres des emprunts 1904 et 1910 dans sa zone d'influence.
En vue dq^mettre l'exercice de ces droits en harmonie avec la
nouvelle situation, le Gouvernement de la République usera de'
son influence sur le représentant des porteurs pour que le fonc-
tionnement des garanties dans la dite zone s'accorde avec les
dispositions suivantes :
La zone d'influence espagnole contribuera aux charges des
I cirants 1904 et 1910, suivant la proportion que^ les ports de
1 Me zone, déduction faite des 500.000 p. h. dont il sera parlé
] 3 loin, fournissent à l'ensemble des recettes douanières des
] ta ouverts au commerce.
30 LX MAROC
Cette contribution eet fixée provisoirement & 7,9(S 0/0, ebifCre
basé sur les réaiiltats de Tannée 191i. Elle sera réyisable t&os
les ans, A 4a demande de Tune on de Tautre des parties. La rô'vl-
sion prévue devra intervenir avant le 15 mai, suivant Texercioe
qui lui servira de base. Il sera tenu. compte de ses résulit&ts
dans le versement & effectuer par le Gouvernement espa^çnol le
1" juin.
Les deux Gouvernements conviennent :
1* Que, balance faite des recettes douanières i^ne chacune des
deux administrations Eonières encaissera sur les produits Intro-
duits par ses douanes k destination de l'autre zone, il reviendra,
ft la Bone française une somme totale de cinq cent mille pesetas
hassani, se décomposant ainsi :
a) Une somme forfaitaire de trois cent mille pesetas hassani
applicable aux recettes des ports de TOuest;
b) Une somme de deux cent miUe pesetas hassani applicable
aux recettes de la côte méditerranéenne, sujette & révision lorsque
le fonctionnement des chemins de fer fournira des éléments
exacts de calcul. Cette révision éventuelle pourrait s*appUquer
aux versements antérieurement effectués, si le montant de ceux-
ci était supérieur & celui des versements à réaliser dans l'avenir ;
toutefois, les reversements dont U s'agit ne porteraient que sur
le capital et ne donneraient pas lieu à un calcul d'intérêts.
Si la révision ainsi opérée, donne lieu & une réduction des
recettes françaises relatives aux produits douaniers des ports
de la Méditerranée, elle entraînera ipso facto le relèvement de
la contribution espagnole aux charges des emprunts susmen-
tionnés.
2* Que les recettes douanières encaissées par le bureau de
Tanger devront être réparties entre la zone internationalisée
et les deux autres zones, au prorata de la destination finale des
marchandises. En attendant que le fonctionnement des chemins
de fer permette une exacte répartition des sommes dues à la
zone française et h la zone espagnole, le service des Douanes
versera eh dépôt h la Banque d'Etat Texcédent de ces recettes,
paiement fait de la part de Tanger.
Art. 16. — L'autonomie administrative des zones d'influence
française et espagnole dans l'Empire chérifien ne pouvant porter
atteinte aux droits, prérogatives et privilèges concédés, confor-
mément h l'Acte d'AIgésiras, à la Banque d'Etat du Maroc, pc
tout le territoire de l'Empire, par le Gouvernement marocain.
Banque d'Etat du Maroc continuera de jouir, de,ns chacune d
deux zones, de tous les droits qu'elle tient des actes qui
SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR 31
régissent, sans diminution ni réserve. L'autonomie des deux
zones ne pourra pas faire obstacle à son action et les deux
Goavernements faciliteront à la Banque d'Etat le libre et complet
exercice de ses droits.
La Banque d'Etat du Maroc pourra, d'accord avec les deux
Puissances intéressées, modifier les conditions dé son fontion-
nement en vue de les mettre en harmonie avec l'organisation
territoriale de chaque zone.
Les deux Gouvernements recommanderont à la Banque d'Etat
l'étude d'une modification de ses statuts permettant :
1' De créer un second haut-commissaire marocain qui serait
nommé par l'administration de la zone d'influence espagnole,
après entente avec le Conseil d'administration de la Banque ;
2" De conférer à ce second haut-commissaire pour sauvegarder
les intérêts légitimes de l'administration de la zone espagnole,
sans porter atteinte au fonctionnement normal de la Banque,
des attributions autant que possible identiques à celles qu'exerce
le haut-commissaire actuel.
Art. 17. — L'autonomie administrative des zones d'influence
française et espagnole dans l'Empire chérifien ne pouvant porter
atteinte aux droits, prérogatives et privilèges concédés confor-
mément à l'Acte général d'Algésiras, pour tout le territoire de
l'Empire, par le Gouvernement marocain, à la Société interna-
tionale de régie co-intéressée des tabacs au Maroc, ladile Société
continuera de jouir, dans chacune des deux zones, de tous les
droits qu'elle tient des Actes qui la régissent, sans diminution
ni réserve. L'autonomie des deux zones ne pourra pas faire
obstacle & sqn action et les deux Gouvernements lui faciliteront
le libre et complet exercice de ses droits.
Les conditions actuelles de l'exploitation du monopole et en
particulier le tarif des prix de vente ne pourront être modifiés
que d'accord entre les deux Gouvernements.
TROISIÈME PARTIE
Le régime des chemins de fer. — La ligne de Tanger à Fei
1* Dans un délai de trois mois, les deux Gouvernements
détermineront, dans leurs zones respectives, le tracé général de
la ligne et ses stations principales. Ces études seront entreprises
simultanément par le côté Tanger et par le côté Fez ;
2* La ligne tout entière sera concédée & une Compagnie
LE UABOC
ihargto & U foia de un étudet détiuitiTM, de mb eons-
B M de BOB exploitation;
capital tant actioiis qu'obUgatiimB de la Gompacsie
onnaire sera pour 60 0/0 françùs et poor 40 0/0 Mpa-
>vtefois la France et l'Espagne ee lÀsarveat le dràit de
ni commun oooord, l'il y avait lies, une part aux ci __ '
n&tioaalité étnjigAce, étant d'ores et dé)ft spécifié qoe
rt ne pourra en aacan cas ezcMer 8 0/0 et qo'eUe aeca |
I par moitié Btir chacune de eellet de 00 0/0 et de 40 0/9'
neell d'administratioa de la Compagnie coacesBimuaire
■posé de quinze membrea, dont atnt franqaif et six eapa-
oraméa reipeetivement par les porteurs d'actions fraa-
: espagnoles. A ces qninie membres pourra, si la PraooB
igne la jugent utile d'nn eommnn aœord, en Ure adf oûit
éme d'nne tierce Dati<malité ;
icnn des deux Goureroements tranqais et espagncd se '
le droit de procéder, k nne date quelconque, apris la
exploitation de la ligne entière, BD raobat de la section |
a ligue située snr son territoire, le prix de rachat étant ■
lar les bases qoi seront lixies par l'Acte de conccesioa.
r apprécier ce traité d'one manière équitable il
) reporter aux Accorda provisoires, antérieorB
itre la France et l'Espagne en 1904 et dont lee
ont servi de base aux négociations. L'Accord de
omme celni de 1912, séparait le Maroc en deux
d'inlloence, l'une dévolue à l'Espagne, l'autre à
ice, mais l'étendue de la zone espagnole était de
up plus considérable, d'après la première de
IX Gonventionâ. Dana la région da nord, la zone
oie comprenait, au delà de la ligne Irontière
ne l'indique notre carte, une bande de terrain
scendait presque jusqu'à Taza et s'étendait jos-
. moitié de l'espace compris entre la fronti e
e et Fez. Après avoir suivi le cours du Loukk> .,
«frontière descendait [en oblique" vers la^a e
SON PASSÉ — SON PRÉSXNT — SON AVENIR a3
Atlantique qu'elle rejoignait à un point situé au tiers
de la distance qui sépare Larache de Rabait.
Le tracé de 1912 nous lait bénéficier de 600 kilo-
mètres carrés sur la moyenne Moulouïa; au nord de
Fez et de Taza nous gagnons la vallée de TOuergha,
c'est-à-dire environ 12.000 kilomètres carrés. Au sud
du Loukkos, nous bénéficions d'un millier de kilo-
mètres. Enfin, dans le Sud-Ouest, alors que la zone
espagnole ayant Ifni comme port, était délimitée au.
Nord par une ligne droite tirée dans la direction de
Taroudant et au Sud par l'oued Draa, cette zone, tout
en conservant Ifni, est diminuée dans une proportion
considérable.
L'ensemble de ces diverses modifications aboutit
donc^ on le voit, à une très importante augmentation
de la superficie de la zone française.
Il résulte de ce qui vient d*ètre exposé que le Maroc,
ou Empire chériJËen placé dans son ensemble sous
l'autorité plus où moins directe du Sultan comprend les
divisions suivantes :
Zone française ou Protectorat français ; zone espa-
gnole ou Protectorat espagnol, zone internationale :
Tanger et ses environs. Le Sultan réside dans la zone
française qui est de beaucoup la plus importante et à
laquelle se rattachent le Maroc oriental ou Amalat
d'Oudjda et la région du Figuig; l'un et l'autre de ces
'deux territoires sont frontière de l'Algérie.
Dans la zone espagnole, l'autorité du Sultan est
^présentée par un Khalifa
I iction espagnole est exercée par un Résident gêné-
I 1 villes principales sont Larache et Tetouan.
Heprésentant da Sultan réside k Tanj^er.
1 d'éviter des redites iQutileâ nous avons groupé
i paragraphe réservé à Tanger an chapitre con-
aux villes et ports du Maroc tout ce qui a traita,
ation exceptionnelle internationale de cette ville.
CHAPITRE II
Précis géographique. — Les populations
(( Yons entendez le latin, sans doute ? » disait à
M. Jourdain le professeur de philosophie.
« Oui, — répondait celui dont le père vendait du
drap tout en n'étant pas marchand, — oui, — mais
faites comme si je ne Tentendais pas et me parlez fran-
çais, je vous prie. »
Assurément, la géographie générale du Maroc n'est
an mystère pour aucun de nos lecteurs. Mais on nous
excusera cependant de faire comme s'il n'en était pas
amsi et de rappeler à grands traits, et comme simple
Mémento, quelques données générales.
Le Maroc, que ses habitants appellent El R'arb
(l'Occident), alors qu'eux-mêmes se désignent sous le
nom de Mr arba on Occidentaux, forme l'extrémité
ouest de cette bande de territoire qui, depuis TEgypte,
sous les noms de Tripolitaine, de Tunisie et d'Algérie,
constitue l'Afrique du Nord ou Afrique Méditerranéenne.
On pourrait encore l'appeler l'Afrique Romaine pour
r^i^dre hommage au génie colonisateur de Rome dont
r don se manifeste, dans ces divers pays, à l'exception
t tefois de l'Egypte, par l'auguste et impressionnant
t oignage de tant de monuments encore debout.
oc est compris entre les 28' et 36» degrés de
[ord et les 4* et 14* degrés de longitude Ouest.
méditerranéeime se développe sur une iQn-
397 kilomètres, dislance qui sépare la fron- '
rienae du Cap Spartel dont la pointe s'avance '
eaux de la Méditerranée et celles de l'Océan
:e.
, depuis l'Amalat d'Oudjda jusqu'au Figuig et
le Maroc est limité par nos territoires aigë-
is. à l'extrôme Est et au Sud, suivant une
^re mal définie, par la Mauritanie, maintenant
içaise.
pas encore évalué avec une exactitude abso-
lerficie du Maroc. En tenant compte des terri-
ativement indécis qui s'étendent dans le Sud
lent la Mauritanie, on estime que cette snper-
'environ 800.000 kilomètres carrés,
erficie de la France, y compris bien entendu
^rraine recouvrée, ne dépasse pas 331 280 ki-
irrés.
iste contrée se divise en régions montagneuses
! de plaine, qui se succèdent à peu près sans
1. Les deux tiers du Maroc sont couverts de
sntagnes. Les altitudes, dansTAtlas, atteignent
dépassent quelquefois 4.500 mètres. H s'y
3nc, comme dans les Alpes, des neiges éter-
i partie montagneuse comprend deux régions,
tracé est parallèle à la ligne des côtes de la
inée. Au Nord, c'est le Massif du RiEf. La
igné est formée par le Massif de l'Atlas, dont
cations s'étendent sur le Maroc, comme sur
.e de l'Algérie. Le Massif du RiEf ressemble
I
I
j SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 2J
\ aux montagnes de TEspagnc, sans que cette similitude
paraisse créer aucune sympathie entre les Espagnols et
les Riffains dont les vicissitudes de la politique ont,
dès longtemps, fait des frères ennemis.
L'Atlas marocain, d'après les intéressantes études du
capitaine Larras et celles de M. de Foucault, se divise en
trois chaînes parallèles allant de TOuest à TEst : le
moyen Atlas, au Nord ; le petit Atlas, au Sud. Entre
les deux, le grand Atlas dont le plus haut sommet, le
Djebel Aïachi, atteint 4.5417 mètres.
Les sommets moins élevés sont ensuite par rang d'al-
titude : le Dj' Tezah, 4.000 mètres ; le Dj' Odjirùt,
3.800 mètres; le Dj' Tideli, 3.500 ; le Djebel Tissa,
3.300. Le moyen Atlas est séparé de son grand frère
par la vallée de la Moulouîa. Les altitudes sont beau-
coup moins fortes que dans le grand Atlas; leur maxi-
mum n'est guère que de 2.000 mètres.
Enfin, le petit Atlas ne dépasse pas l'altitude de
1.900 mètres, atteinte par le Tizi Sberkaden et le Tizi
Azrar.
La région des plaines, qui occupe environ le tiers
du pays, comprend : Les plaines du Riff^ qui sont très
restreintes, resserrées contre les montagnes et la mer.
Les plaines océaniques. — Cette deiixième région
s'étend, depuis la mer jusqu'à une distance moyenne de
90 kilomètres vers l'intérieur du pays. Elle porte tour
à tour les noms de Gharb entre Larache et Rabat ;
Càaouïa, région de Casablanca ; Doukkala, territoire
dft Mazagan ; Rehamna, territoire de Safi ; Sous, pays
d Mogador. Et enfin Noun, région d'Agadir.
îous dirons un mot de l'hydrographie du Maroc. Un
a eur intéressant, H. -P. de La Martinière, a écrit que
LE MAROC
ac méritait d'être BDmommë la Normandie afri-
n y a là peut-être un peu d'exagération . Pent-
at-OD accuser de La Martiaière, ud tin Normand,
voir VQ au Maroc <i que la couleur qui sut Ini
1). Mais il o'eu est pas moins vrai que cette dési-
i pittoresque et vraiment descriptive permet de
icier exactement l'aspect d'une importante partie
Hx de l'aspect de sa voisine, l'Algérie,
cer et Hoother, voyageurs anglais, semblent 6tre
vrai en estimant à 215 mètres cubes par seconde
des eanz marocaines qui vont se jeter dans
Atlantique.
I n'avons que faire de ctassifier par bassin les
'eao du Maroc. Nons nous bornercDB à signaler
luxquels leur importance mérite le nom de
d'abord le Sebou, qui s'étend sur une lon-
de 450 kilomètres. C'est le Oeuve de Fez dont
it le territoire à environ 120 kilomètres de ea
n embouchure, le Sebou a une largeur de
très.
: ensuite la Moulouîa, dont le parcours a 4S0kiIo-
de longueur, alors que la Seine en compte 800.
lonîa prend sa source an Djebel Aïachi.que nons
de signaler comme étant la plus haute montagne
oc. A 250 kilomètres de son embouchure, la
ïaadéjà une profondeur de 1 m. 25. A l'em-
re, la largeur du Oeuve est d'environ lOO mètres.
s la Moolouîa prend rang le Loukkos, qui ae
ms l'Océan & Larache. Son cours est long '.e
omètres et sa largeur atteint 40 mètree.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR ag^
Dans la Ghaouîa et la Doukkalacoale VOum erffbia.
Le nom de TOum er R'bia vaut d'être traduit. Il signifie
« Mère du Printemps ».
Parmi les fleuves irréguUers, c'est-à-dire tantôt rou-
lant des masses d eau assez considérables, tantôt réduits
à un très faible débit ou môme dessécbés, il faut comp-
ter tout d'abord Foued Draa qui, sans cette intermit-
tence, devrait occuper le premiei' rang parmi les cours
d'eau du Maroc. Son étendue, en effet, est de 1.200 kilo-
mètres, presque un tiers de plus que la distance qui,
suivant la voie ferrée, sépare Paris de Marseille.
L'oued Draa parcourt le pays Dr^a auquel il assure
une grande fertilité.' Après l'oued Draa, se classe Foued
SouSj long de 280 kilomètres.
Le climat du Maroc est généralement salubre ; môme
dans les régions^ chaudes, l'Européen ne se trouve pas
déprimé. Toutefois, il existe, entre les conditions cU-
matériques des diverses parties du pays, des différences
très notables.
Dans la zone maritime, la température est modérée.
Tanger jouit d'un excellent climat, variant entre un peu
I^us de 13 degrés en hiver et 23 degrés en été. Si nous
comparons, à ce point de vue, Tanger et Alger, nous
constatons que la Capitale de l'Algérie voit fréquem-
ment le thermomètre osciller entre 44 degrés, tempéra -
tore d'été, aussi élevée qu'à Biskra, et 4 degrés, tem-
pérature d'hiver.
Sur la côte de l'Océan, Mazagan, Casablanca et
Rabat ont! d'assez grandes variations climatériques,
mais sans arriver aux extrêmes. Mogador, enfin, jouit
à lu près, bien que plus au Sud, du même climat que
T€ -çer.
Dans l'intérieur, notamment dans la régioD qnis'étend
— ■" Marrakech et Fez, la température est moins (avo-
Les chaleurs sont plus fortes, leB variations
phérîques infiniment pins accentuées. Nous avons
'vé de Fez des souvenirs assez humides en raison
;raude quantité de canaux d'irrigation que déver-
es eaux du Sebbou. Mais ce sont ik des souve-
ersonnels qui remontent à bien des années. Des
tations pins récentes permettent d'affirmer que la
ité de la ville impériale s'est sensiblement accrue
bientôt les irrigations qui assurent la fertilité de
dius ne mériteront plus aucun reproche. Il n'y a
ians leclimat du Maroc, aucune coutre-înâîcation
ionisation européenne.
un rapide « Voyage dans un fauteuil ■», noaa
i de nous rendre compte des généralités géogra-
is du Maroc.
ons maintenant quels sont les hommes qui peu-
Tune manière très clairsemée cet immense ter-
. On a estimé l'ensemble de la population h plus
00.000 d'habitants. Toutefois, bien que nous ne
ioUs pas d'éléments d'appréciation beaucoup plus
ae ceux qui ont guidé les évaluations de nos coq-
nons inclinons à penser que ce chiffre est exa-
t qu'en mettant en avant celui de 7 millions on
mucoup plus près de la vérité. Notre chiffre s'ap-
aux populations stables ou dont les déplacements
icomplissent pas en dehors d'un certain rayon. Il
le côté les nomades qui, sur les confins du Saha*".
lin et de la Mauritanie, échappent à toute appr -
raisonnée.
deux tiers des habitants sont de race berbèr
SON PASSÉ — SON PRESENT — SON ATENIR 3l
les Maures et les Arabes yiennent ensuite. Puis les
Juifs, les nègres et enfin les Européens, Il n*est pas sans
utilité de donner quelques instants d^attention au carac-
tère ethnographique de la population. L'habitant est,
en effet, un facteur économique d'une trop réelle impor-
tance pour qu'on puisse le négliger. Que Tindigène soit
à considérer comme un ennemi, comme un sujet ou
comme un associé, ses qualités, ses aptitudes, ses
défauts, doivent être pris en note afin que Ton arrive à
tirer de lui tout le rendement que Ton en peut espérer.
n convient aussi de noter que la race berbère, qui
représente, comme nous venons de le dire, plus des
deux tiers de la population marocaine, a les mêmes
caractères ethnographiques que les Berbères algériens.
Sous les noms de Berbères, de Riffains, de Kabyles
ou de Cheuls, les individus qui la composent se mon*
trent généralement travailleurs. Us niment l'agriculture ,
bien qu'ils n'emploient que des procédés culturaux
assez rudimentaires. Inchallah ! S* il plaît à Dieu, est une
expression assez fréquente dans la bouche du cultivateur
marpcain. Le Berbère est d'ailleurs bien servi par ses
moyens physiques, car il est alerte et vigoureux, d'une
santé généralement bonne. Par contre, il. est animé
d'un vif esprit d'indépendance. G est là une considéra-
tion que l'œuvre de la Colonisation ou du Protectorat
ne devi*a jamais perdre de vue sous peine de s'exposer
à de graves mécomptes. Nous ne faisons aucune diffi-
culté de reconnaitrerque cette aversion pour l'asservis-
8( lent, alors même qu'elle ferait obstacle à l'action des
p [pies européens, est tout à l'éloge des indigènes.
E utre part, les Berbères sont d'une intelligence assez
Y e et tout porte à croire que s'ils paraissent devoir
3:1 LE MAROC
supporter avec diUicnlté l'esprit domioatenr des Espa-
ceront à s'assimiler beaucoup mieux le
;ais. Ils savent fort biea que la France est
I musulmane, qu'elle compte dans son
nbreuses troupes soumises à la loi da
i administre de maittples population s
: Marocains par leur religion et leurs ori-
^tcains de l'Est, — et ils sont nombrenx,
:cn dans l'Oranie puis sont rentrés an
êé, sinon un couraat de sympathie, da
rant d'estime en faveur de la France. Il
is d'espérer que cette masse d'indigânes,
lurs maintenue compacte et hostile ea
peuples envahisseurs : Carthaginois, Ro-
bes, entrera plus facilement en contact
. français. On a dit que « le Maroc n'est
I prolongée )) pour indiquer que les popa-
lines et surtout les populations d'origine
assimilables aux populations voisines de
ipprochement est exact,
lins de race arabe, c'est-à-dire l'un des
lîsseurs d'autrefois, se trouvent principa-
1 vallée de la Moulonîa, par conséquent
3S frontières d'Algérie et dans la partie
bassinde l'Atlantique. Hb sont en général
.steurs. G'estainsi que beaucoup résident
:ala et la région de Rabat riches en tron-
Arabes nomades et des Berbères agri-
les Maures qui habitent le pins souven
. Ce sont les anciens conquérants de l'Es
t conservé avec leur caractère d'origiii«
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 33
des aptitudes et des habitudes contractées pendant la
longue période historicpie de leur séjour en Europe, non
seulement en Espagne, mais encore dans le Midi de la
France puisque leurs flots envahisseurs n'ont été arrêtés
que par Charles-Martel dans les plaines de Poitiers.
Les Juifs marocains proviennent de deux courants
immigrateurs. Les uns sont venus d'Italie, de France,
d'Angleterre, d'Espagne, entre le xiii« et le xv« siècle.
Les autres, parmi lesquels on rencontre des agricul-
teurs, types de Juifs inconnus en Europe, proviennent
directement de Palestine par suite de très lointaines et
de très lentes immigrations.
Les Marocains nègres, cwtonnés pour la plupart
entre Meknès et Salé, sont originaires du Soudan et de
la Mauritanie.
Quelques mots de l'histoire du Maroc :
1° Jusqu'à la bataille de l'isly.
2" Jusqu'à nos jours.
Etudier l'histoire du Maroc dans les t«iiips anciens est
nu travail qui ne sanmit nous incomber. Tout d'abord,
l'onvrier serait indigne de l'œavre. Ensuite l'œuvreelle-
mëme, fât-elle bien exécutée, n'aurait qu'un intérëttrop
spéculatif pour la plupart de ceux qui tourneront ces
pages.
Et cependant l'Histoire doit avoir sa juste place dans
un précis rapide de tout ce qui constitue le Maroc. Lors-
qu'on entre en relations avec de nouveaux venus et
qu'on a la pensée que ces rapports pourront atteindre
un certain degré d'intimité, ou a soin de rechercher nu
peu leurs antériorités : « Dis-moi d'où tu viens et je te
dirai où tu vas; dis-moi ce que tu as fait et je te dirai
ce que tu feras » ne sont pas les dictons les jnoins
jasles de la « Sagesse des nations ».
Ecartons donc un peu les voiles de l'Histoire.
Ne savez-vous pas que c'est au Maroc, dans l'île Père
gil, que Calypso entreprit de retenir Ulysse ^ Ne savez
vous plus que c'est au cap Spartel qu'Hercule vaiaqui
SON PASSÉ — SON PRÉSBNT — SON AVENIR 35
le géant Antée ? Nous ferions tort à la réputation de har-
diesse des navigateurs carthaginois si nous ne rappe-
' lions pas qu'ils atteignirent le Maroc. On leur attribue
la fondation de « Salé », celle d' « Azemmour )).«
Où vint Garthage devait venir Rome. Il est certain
que le conquérant des Gaules, César, lut également,
33 ans avant Jésus-Christ, le conquérant d'une partie
du Maroc» L'influence romaine subsista jusqu'à Tinva-
sion des Vandales qui, justifiant ce que leur réputa-
tion devait avoir de justement déplorable, effacèrent
presque complètement le souvenir des Romains.
Après les Vandales vinrent les Visigoths d^Ëspagne
qui s'emparèrent de Tanger. Les Musulmans appro-
chaient. Fait singulier, c'était comme envoyé du Kha-
lifat de Kairouan, alors, comme maintenant, une des
Capitales religieuses de l'Islam, qu'Okba Ibus Nafé, tra-
versait la Moulouïa au vi« siècle. Il fut suivi par Moussa
ïbnNoseir, un autre convertisseur par le sabre, qui,
non content d'atteindre Tanger par ces passes de Taza
que franchit le chemin de fer, traversa le détroit et,
renforcé par les Berbères eux-mêmes, envahit TËs-
pagne. Pendant les cinq cents ans qui suivirent, les
Fatitnitos (descendants de Fatima ou Fathma, la fille
du Prophète) et les Ormeggades, se disputèrent la supré-
matie. Puis survinrent, un peu comme le juge dans
(( THuitre etles Plaideurs «les Almoravides, vrais types
de conquérants, courageux, actifs et sobres qui, sous la
conduite .d'Abou Bekr Ibn Omar, fondèrent Marrakech
et établirent leur domination sur un immense Empire
G s'étendait du Niger aux Baléares. Aux Almoravides
8 cédèrent les Almohades, qui laissèrent comme témoi-
^ ges de leur puissance trois monuments encore debout :
LS MAROC
Kontonbia àMairakech.
d'Hassan, dans les jardins de Rabat.
Ida, àSévUle.
vous qne noos avons atteint, en faisant des
) dignes de cet illustre Marocain qui a nom le
^tée » nne grande jonmée historique, le
ISlâ, où le roi d'Espagne Alplionse IX brisa,
tlaloes de Tolosa, la paissance des Maures .
! avançant d'une allure égale, voici que nous
: Houlay Ali qui fonfla, en 1664, la Dynastie
e encore aujourd'hui régnante. C'est la Dynas*
il, dont nous retrouvons le nom attribué & la
narocaine.
grand prince de cette Dynastie, lut Moulay
li porta glorieusement son titre de Houlay.
te « Maître I), celui auquel on doit obéir, et
renir te gendre de Louis XIV auquel il demanda
i Mite de Blois, fille de la Valliëre. Cette tur-
. étonner nupenrorgueildu Roi-Soleil. Mlle de
nùt, certes, pas régné seule sur le cœur de
maël, qui laissa, dit l'histoire, plus de huit
ît filles !
tment de l'héritage ne se fit pas, comme l'on
is quelques difficultés et ta guerre civile dura
757, époque où Sidi Mohammed reconstitua
lement impérial, qu'il exerça jusqu'en 1789
s'ablmaît la monarchie de Louis XIV.
>hammed entretint des relations régulières
ance, par l'intermédiaire de M. Chénier, consul
Salé. Ce consul Chénier était le père du poète
Soliman, Moulay Ibrahim, Moulay Zéia s.
it pendant que, de ce cAtë de la Méditerra
SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR 87
née, grandissait et tombait on antre cMonlay », c Mou-
lay Napoléon » .
Nous touchons maintenant à la période où, sons la
r^ne de Monlay Abderrahman, le Maroc et la France
prirent réellement un contact direct.
Ge premier contact fui un peu rude.
La France était personnifiée par le maréchal Bugeaud.
Le point de jonction fut le champ de bataille de llsly.
La date, le i4 août 1844.
Gela devient presque de l'histoire contemporaine.
L'émir Abd el Kader ayant décidé Moulay Abder*
rahmanà prendre en main la cause que, malgré son
énergie persévérante, il ne pouvait plus défendre en
Algérie, 40.000 cavaliers marocains, commandés par
Sîdi Mohammed, fils du Ghérif , vinrent tournoyer bra-
vement, mais inutilement, autour des carrés formés
par les 10.000 hommes qui composaient l'armée du
Maréchal.
On a reproché au maréchal Bugeaud, lorsqu'il signa,
comme suite à la bataille d'isly, le traité nommé traité
de « la Tafna », du nom d'une des rivières affluentes de
la Moulouia, de n'avoir pas suffisamment précisé, au
lieu de la fixer au cours de ce dernier fleuve, la fron-
tière algéro-marocaine.
La glorieuse « Casquette » recouvrait-elle le front
d'un soldat plutôt que celui d'un négociateur f
Le bombardement de Tanger et de Modagor, par l'es-
cadre que commandait le prince de Joinville, avait effi-
cacement accentué l'effet produit par la victoire de
1 iy.
Un 1859, le général malheureux dlsly, Sidi Moham-
I d, succédait à son père. < Entre les influences euro-
; ponssaieDt à antoriaer les Kuropéens à
IDB tout le Maroc et les résistances des
■ègne de Sidi Mohammed ne fut pas pros-
Ificultés avec l'Espagne aboutirent à la
tan tandis qu'en 1867 éclatait une insar-
lable d'une tendance xénophobe très pro-
imed était Sultan pendant que la France
ise de 1S70. Qui sait l'impression que dnt
'ancien allié d'Ahd el Kader l'insurrection
[Suivit laguerref
'icissitades traversées par Sidi Moham-
Uoulay Hassan lui succéda en 1873. Ce
^and voyageur, obligé qu'il était, pour
autorité, de parcourir souvent, depuis les
oue jusqu'à celles d'Oudjda, le vaste
les régions lui étaient tour à tonr sou-
.ëles, selon qu'il s'approchait d'elles ou
;nait.
[assan succéda Abd el Aziz qui doit pen-
ne l'avons pas assez efficacement pro-
qn'il ne se soit fait une philosophie et
ave plus lienreux maintenant, délivré des
voir, qu'au temps où les rekkas, parcon-
e 240 kilomètres qui conduit de Tanger
ortaient les comptes rendns de la Confé-
CHAPITRE IV
Vers le Maroc. — Gomment Ton çagne le Maroc.
— Les Compag'tiies de Chemins de fer et de navi-
g^ation. — Le voyage au Maroc.
Pour gagner le Maroc, au départ de Paris on peut
suivre Tun des trois itinéraires ci-après :
1° Paris-Marseille-Tanger-Casablanca ;
2*" Paris-Bordeaux-Casablanca.
3® Paris - Bordeaux - L'Espagne - Madrid - Algésiras -
Gibraltar - Tanger - Casablanca.
Le troisième itinéraire ne comporte qu'une traversée
de deux heures et demie entre Algésiras ou Gibraltar
et Tanger.
Les deux premiers sont les voies véritablement com-
merciales.
La troisième route est en théorie la plus courte puis-
que, grâce aux excellentes dispositions adoptées par les
Compagnies d'Orléans et du Midi, en concordance avec
les services des chemins de fer espagnols, on peut aller
de Paris à Tanger en cinquante^trois heures . Mais
cmment traverser si rapidement l'Espagne, alors sur-
1 it qu*on se dirige vers Je pays des Maures, autrefois
( iquérants? Comment ne pas s'arrêter à Cordoue,
] ir saluer ce monument étrange que les habitants
neei et même plas couramment la Mesquita
i) qne la cathédrale, et qui présente, en
igards étonnés du visitenr, ane cathédrale
ans une mosquée?
ne pas s'arrêter à Séville pour s'étonner
lerveilles de l' Alcazar et cette Giralda, doat
arocaines, lilles du ipème architecte, s'éian-
lu-dessns des jardins de Rabat et l'autre
is murailles de Marrakech?
enfin ne pas faire quelques pas à gauche
, à Grenade, l'Alhambra. le Généralité, ces
re de l'architecture mauresque, décorés par
de l'Andalousie, encerclés comme d'une
re d'argent par les neiges éblouissantes de
îvada î
agnies de chemin de 1er et de navigation qui
s trajets que nous venons d'énumérer sout :
larseiUe-Tanger-Casablanca :
;aie du chemin de fer Paris-Lyon-Méditer*
gnie de navigation Paquet
tordeaux-Casablanca :
^nie du chemin de fer d'Orléans ;
pie générale transatlantique ;
gnie du chemin de fer de Paris à Orléans ;
^ie des chemins de 1er du Midi ;
iB de feV du Nord de l'Espagne ;
is deferandalous.
uatrième partie de ce livre, nous indique
aires et les prix des services assurés pa
ces Compagnies.
SON PASSÉ — SON PRBSBNT — SON ATENIR ^l
VOYAGE A L'INTÉRIEUR
Autrefois :
Au moment où, en 1913, paraissaient les précédentes
éditions de cet ouvrage, la circulation à Tintérieur du
Maroc, aussi bien pour les voyageurs que pour les mar-
chandises, ne pouvait s'effectuer qu'au moyen des pistes
et des bétes de somme.
Pour les voyageurs, Iç cheval et mieux encore la
mule ;
Pour les marchandises, principalement le chameau.
Nous écrivions alors :
« Le réseau des pistes du Maroc se compose de quatre
tracés, du Nord au Sud, approximativement parallèles,
qui, depuis les ports, s'enfoncent vers Tintérieur.
De l'Est à rOuest, c'est-à-dire presque parallèlement
au rivage de la Méditerranée, il n'existe qu'une seule
piste. A l'état de route convenable, elle part de la fron-
tière algérienne, coupe le territoire des Béni Snassen.
Devenue piste, elle traverse les défilés de Taza, passe à
Fez, pui^ à Meknès,^ et rejoint l'Océan à Rabat-Salé.
C'est toujours tout droit ou presque. Impossible de se
tromper. Seulement,cette piste est bien près d'atteindre
la longueur du chemin qui, de Paris, s'en va jusqu'à
Marseille.
En remontant, depuis l'embouchure, le cours de la
Moulouîa, qui se jette dans la Méditerranée, à peu de
d' tance de Port-Say, frontière algérienne, on coupe
c te piste Oudjda-Rabat et l'on descend, en passant
l ' Debdou, jusqu'à Colomb-Bechar en laissant sur la
g iche le Figuig. Une première parallèle part de Tan-
end snr Fez et va s'arrâter, daDB la direction
k Kasbah el Magfazen.
enxième parallèle est la piste de Salé sur Mar-
t Mogador.
dernière piste n'est presque jamais suivie
ent, puisqu'elle ne fait en somme que longer
le tracé des services de navigation. Les mar-
3 parcourant de longues distances ont tout inté-
e transportées par eau, d'âutant-plus que c'est
it des ports qu'elles peuvent être acheminées '
téricur par les voies de pénétration.
yage à l'intérieur du Maroc nécessite naturelle-
e organisation spéciale dont les détails ne sont
intérêt pratique et sans intérêt pittoresque,
git plus de monter en vragon, de retenir sa
: dans des hôtels ou de prendre ses repas, soit
wagon s -restaurants, soit dans les buffets.
dans l'intérieur, nulle trace. L'équipage d'un
ageur doit comprendre au minimum : '
terprète, un cuisinier, cinq mules avefe leurs
s.
'ais varient beaucoup, naturellement selon le
confortable que l'on veut s'assurer en cours
, selon la nourriture et selon Içs boissons. Il est
ndispensable d'emporter de l'eau minérale. La
du voyage varie également suivant le nombre
kgeurs marchant ensemble .
;ertain que, dans peu de temps d'ici, la circula- I
iB l'intérieur du Maroc prendra une activité
■able .
son passé — son présent — son avbnïr 4^
Aujourd'hui :
Ces dernières lignes avaient un caractère véritable-
ment prophétique. '
Les pistes du Maroc sont en partie transformées en
routes carrossables ou du moins très améliorées.
Elles sont accessibles aux automobiles pour les voya-
geurs et pour certaines marchandises.
Pour, les transports moins urgents les arribas, «bar-
rettes à deux roues et autres véhicules les parcourent
presque sans difficultés.
Le chameau joue encore son rôle de grand transpor-
teur, assisté par la mule etrâne dans des caravannes
dont le caractère est presque exclusivement commer-
cial.
Le voyage à Tlntérieur a perdu en pittoresque, mais
combien nVt-il pas gagné en sécurité, en confortable
même.
Actuellement, en effet, des services automobiles ont
été créés qui relient d'une manière suffisamment régu-
lière Tanger à Rabat-Salé et à Casablanca, Casablanca
à Meknès et à Fez, Casablanca à Marrakech, Safi, Mo-
gador, Mazagan.
De plus, des chemins de fer militaires à voie étroite
ont été construits et ils sont mis, depuis un certain temps,
à la disposition du pi^blic. Dans la 4* partie (Appen-
dice) nous donnerons les tracés, les horaires et les prix
de ces transports par automobiles et par rails.
Nous avons le plaisir de terminer ce chapitre en si-
g dant le 6 novembre 1919 comme une date impor-
ta te dans laccomplissement de Tœuvre de la France
a Maroc.
LB MABOC
rantey, qui se trouvait alors en France,
jour à Rabat que le Goavernement
te donner son adhésion à la construction \
rat, sur ses disponibilités propres, des i
lin de 1er à voie normale Rabat-Casa- ,
ra-Petit-Jean. j
vont commencer Bans délai. D'aillenrs,
officiel de l'Empire chérifien, la ligne '
est déjà en construction par tes soins de
KBsionnaire des Ports de Kenitra et de
Ins l'esprit d'initiative du général Lyau-
lifesté au grand profit de^ intérêts qui
CHAPITRE V
Le Maroc politique. — Le Maghzen. — Le Bled el
Maghzen. — Le Bled el Siba. — Le Sultan. — Les
fonctionnaires. — La Cour. — La diplomatie. —
L'armée.
Avant ^ rétablissement du Protectorat le Maroc était
une Monarchie absolue, gouvernée par le Sultan. En
réalité, la plus grande partie du territoire échappait à
son autorité effective. Il est curieux d'observer que cette
scission, entre les deux parties d'un pays, n'était pas
seulement le fait d'incidents momentanés, de rivalités
partielles.
Non.
Elle était permanente, officielle, pourrait-on dire. Il
y avait le Maroc gouvernemental, le Maroc qui obéissait
tant bien que mal ; il y avait le Maroc qui n'obéissait
pas du tout. Le premier a pour nom Bled-Maghzen,
Bled signifiant territoire, et Maghzen gouvernement,
autorité. Sont Maghzen, non seulement les terres, mais
encore les tribus, les familles, les personnalités qui
reconnaissent ^Autorité chérifienne.
Le Maroc insoumis se nomme le Bled-Siba. La scis-
m entre les deux Bled n'était pas absolue . On pour-
U dire du Bled-Maghzen qu'il avait l'habitude d'obéir
46 ' LE MAROC
tout en désobéissant quelquefois . On pourrait dire du
Bled'Siba qu il avait l'habitude de ne pas obéir tout en
obéissant de temps à autre, — lorsque les circonstances
Ty obligeaient — et en gardant pour le Sultan la
vagua déférence due à son titre de Chef religieux.
Hâtons-nous de dire que cette déférence s'arrêtait à
une limite plus infranchissable que la Moulouïa : cette
limite, c'était la perception de l'impôt. Le Sultan ne
pouvait la franchir, que par la force.
Parmi les tribus maghzen, on en comptait quatre
principales dont les noms sont : « Etil-Sous », « Oudzda »,
« Gheraga », « Cherarda ». Ces quatre tribus avaient
d'importants privilèges» entre autres celui de ne pas
payer Timpôt, à la condition d'aider le Sultan à le per-
cevoir sur les tribus Nouiab, tribus juste milieu, moins
favorisées que les tribus maghzen, sans être indépen-
dantes comme les tribus Siba. C'est (( la Plaine », ainsi
que Ton disait dans nos anciennes assemblées poli-
tiques. Au Maroc, comme ailleurs, le rôle de la Plaine
est d'ôtre dominée par a la Montagne ».
Tous les fonctionnaires étaient choisis parmi les tri-
bus maghzen.
Le Grand Vizir, chef du Gouvernement, était en
quelque sorte, un Président du Conseil.
Les collaborateurs principaux du Grand Vizir étaient
VOuzir et Bahar, dont le titre signifie exactement :
« Ministre de la mer », et dont les fonctiops étaient on
peu celles d'un Ministre des Affaires étrangères. La
mer, pour l'ancien Maroc, actuell^ement encore Maroc
indigène, symbolise Fidée de Vétranger ;
VAllaf était un Ministre de la Guerre, qui serait
beaucoup plus Intendant ou Pourvoyeur.
ttr
-if-
SON PASSÉ — SON PRÉSSNT — SON AVENIR 4?
VAmin el Oumana était le Ministre dos Finances ;
avec lui travaillaient deux fonctionDaires importants :
L'Amin Eddakbel, qui s*oocupait des recettes ;
L'Amin Elkaridj, chargé des dépenses.
UOuzir el Chikati eckchekttou^it pouvait être consi-
déré «omme un Ministre de la Justice.
Ces fonctionnaires formaient ce que Ton appelle la
Chhara, mot qui signifie : Portefeuille. Le Conseil àes
Ministres se nommait le Medzelem. A Fez, les Ministres
travaillaient dans des bureaux que Ton nomme Beniqqa
et qui sont situés dans la conr formant le Dutr el Magh*
sen ou quartier gouvernemental.
Ces bureaux, composés de pièces très petites au rez-
déchaussée et meuhlées d'une façon sommaire, n'avaient
que peu d analogie avec nos Administrations. Pas de
cartons verts ; ils étaient remplacés par des caisses en
métal. Le sommeil des dossiers en était-il m<mis oon-
fortabte et moins long? L'ensemble des fonctionnaires
ministériels, non compris les Ministres, formait la
Makkendjia, \
La Chkara commandait donc à la Makkekdjta^ phis
modeste, mais aussi plus stable. Les Ministres passaient.
— souvent moins rapidement que chez nous, puisqu'ils
n'avaient qu'un seul Maître, — et les bureaux restaient.
Nous avons pensé que Ton trouverait ici avec plaisir
un spécimen du style administratif marocain el des
formes protocolaires en usage dans les bureaux de la
Chkara.
Voici comment s*établit une If^vQ officielle, notam-
ment les lettres chérifiennes par lesquelles le Sultan
communique avec le peuple, lettres dont lectuirc est
donnée dans les Mosqiiées.
3
La fenille de papier a reçu le pli d'uae marge. Elle se
divise, dans le sens de la largear, en quatre p&rties
transversales dout la partie du liaut comporte elle-
même deux divisions.
iVniiB nvnQs teuu 611 maius, sinon des exemplaires de
fiennes, du moins des lettres importantes
ie de la correspondance du (jouvernetnent .
ies sont rédigées parlois avec des fioritures
3z curieuses. C'est ainsi que la snscription
do Grand Vizir, soua l'avant-dernier Sul-
Abd el Aziz, était ainsi lormulée :
intelligent et de bon conseil qui travaille an
IX Gouvernements glorifiés et amis. »
) la lettre est presque toujours inscrite la
:ramentelleldont le sens est : « Louange à
11 // n'y a de durable que son Empire . >
r force et de puitsance qu'en Dieu. > a Que
le ta bénédiction sur notre Seigneur et lui
laiut, » Aussitôt après ces invocations on
' les lettres officielles le cachet impérial qui
inrs dimensions, selon l'importance de l'aJ-
et aussi de l'Autorité d'où la lettre émane.
e division transversale de la lettre contient'
estinataire avec la firme : « Que te salut toi
Que Dieu te dirige. »
long préambule commence le corps de li
généralementdans un style aussi précÏB qui
I du début sont pompeuses et solennelles
e la lettre se place le mot Ouassalant qn
t et qui est suivi de la date à laquelle L
é écrite.
) de la nomination d'un Gouverneur es
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 49
accompagnée de phrases aimables : <x Qne Dieu vous
Fende heureux par lui et le rendent heureux par vous. »
Le Protocole était aussi sévère — car sur plusieurs
de ces points il convient maintenant de parler plutôt au
passé — qii'il Test encore pour la correspondance du
Maghzen. Sont réglées minutieusement les visites que
l'on doit rendre, les cadeaux qu'il convient de faire,
ceux qu'il convient de recevoir, l'attitude que Ton doit
prendre à T occasion des fêtes - de famille. Il existe des
règles pour les cérémonies du baise-main et du baise-
épaule et rénumération des titres qui doivent être
décernés à chacun.
Le personnel de la Cour, comme le personnel admi-
nistratif, possède une désignation générale : Koum-
myta. Nous avons le regret de dire que ce mot signifie:
Poignard.
Quel que soit le caractère pratique que nous ayons à
cœtir de donner à ce volume, nous ne pouvons, certains
d'intéresser les lecteurs, ne plas consacrer quelques
lignes à la Cour du Sultan, à la vie intérieure de ce
Potentat qui, tout au moins comme chef religieux, exerce
une réelle action sur plusieurs millions d hommes.
Moulay Hafid (prédécesseur de Moulay Youssef) aura
été sans doute le dernier Sultan dont la Cour sera res-
tée organisée selon les règles strictes du Protocole ma-
fbcain. G est une raison de plus pour que nous tenions
à en fixer, une fois encore, une image pittoresque.
CHEZ LB SULTAN
*Tous jetterons un coup d'oeil sur Thabitation fami-
li 6 d'un sultan du Maroc telle qu'elle était organisée
5o I.E MAROC
sons Abed el Aziz et qu'elle l'est encore actuellement
sons Honlay Yonssef. An premier étage du Palais, une
vaste salle avec véranda donnant sor les jardins, sert
au Sultan de salle à manger et de cabioet de travail.
Snr cette pièce s'on% rent les chambres des femmes légi-
times qui appartiennent à quelque branche de la Fa-
mille cAérifienne et sont, par conséquent, Cbérifa.
Tout le service du Palais est assuré par des négresses
dont le nombre varie. Aqcdd homme n'y prend part,
sanl pour la cuisine, dans laquelle des nègres font office
de cuisiniers.
Parmi les femmes illégitimes, plusieurs sont char-
gées d'emplois spéciaux. Les unes sont échansons, on les
nomme Femmes de la gargoulette. 11 y a les Femmes de
la serviette, du savon et des bains, la Femme du thé. Ce
nombreux personnel féminin est dirigé par des ma-
trones qui se nomment Arifa. Elles remplissent, vis-à-
vis des femmes légitimes, à peu près les fonctions d'in-
tendantes, tandis qu'elles gouyernent les femmes illégi-
times et les négresses.
La vie familiale du Sultan est assez monotone.
Les membres de sa famille n'ont pas toujours lit>re- i
ment accès auprès de lui . Bien que certains honneur^
et même certains avantages matériels soient accordét
aux principaux d'entre eux, ils n'occupent, en somme,
qu'un rang assez effacé et ne sont pas toujours pourvutj
de fonctions importantes. Les Cherifa non mariées
jouissent d'une certaine indépendance, mais elles ne peu-
vent contracter mariage sans l'autorisation du Sultan.
Les audiences quotidiennes qu'il donne à ses mi-
nistres, la chasse de temps à autre, les fêtes privéei
dont les repas, la musique, les danses, forment le priq
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 5l
cipal attrait, tels sont les éléments d'occupation et de
distraction, dans la vie du Sultan.
Le personnel de la Cour se compose de différents
groupes de fonctionnaires, groupes que l'on nomme
des Hanta. Ces Hanta se divisent en deux catégories
principales :
Les Hanta extérieures ;
Les Hanta du service intérieur.
Ces deux sections réunies sont dirigées par deux
fonctionnaires que Ton nomme.: F un le CaidËlMe-
chouar ; Tautre le Hajib.
C'est ce dernier qui assure les services de l'intérieur
du Palais. 11 a mission d'apposer le sceau officiel sur
toutes les pièces portant des ordres du Sultan.
Le Hajib a sous ses ordres :
Les Mouâlim ErrouafChsLTgés du service des écuries.
Ils sont au nombre de soixante-quinze cavaliers et d'une
centaine d'hommes à pied.
Les Mouâlim Elma, ont pour office de filtrer l'eau
destinée au Sultan et de confectionner les boissons
sucrées pour son usage personnel.
Les Mouâlim Ataï sont chargés de préparer le thé,
le café, le chocolat pour le Chérif . — En expédition, ils
devaient s'acquitter personnellement de ce soin. En sé-
jour, ils se contentent, à tour de rôle, de surveiller les
cuisiniers.
Les Mouâlim Eloudou, font chauffer les bains et
Teau des ablutions.
Les Mouâlim Elfrack ont les fonctions d'agents du
garde-meuble. Plusieurs d'entre eux se tiennent cons-
tamment à portée des ordres du Chérif.
5a LB MAROC
Les El-Djeszara, on bouchers, sont tons nègres. Us
approvisionnent de viande la table chérifîenne.
Les Fraïguya sont chairs d'installer, en campagne
et en voyage, le campement du Snltan et de tonte sa
maison. En résidence fixe, les Fraïguya sont portiers
dn Palais et remplissent, en dehors du harem, diffé-
rents offices de domesticité.
On nomme El Mechouar im vaste espace situé près
dn Palais et où le Snltan tient ses audiences publiques.
Le mot Mechouar signifie Lieu du Conseil. Le Gaîd Bl
Mechouar remplit le rôle de Maître des cérémonies. U
est chef du Protocole. C'est par son entremise (|u'on
obtient les audiences.
Les Hanta des services extérieurs, comprennent :
LesFrada, composées de Caïds et même de Ghérifs,
qui constituent auprès du Sultan une garde d*bonnear .
Les Mechaouriya sont assimilables, par quelques-
unes de leurs fonctions, aux Courriers de cabinet. Us
sont, en effet, chargés des messages de confiance.
Dans les cortèges officiels, les Mechaouriya escortent
le Sultan en qualité de Porte-étendard. C'est Tu^ d'eux
qui tient, au-dessus de la tête du Sultan, dans les
cérémonies, le haut parasol, insigne du pouvoir su-
prême. On nomme ces porteurs les Mouâlim El Med-
zalL
Le nom de Mouâlim El Moukhala est donné aux
hommes qui portent les fusils du Sultan.
La troisième des Hanta soumises au Gaîd El Mechouar
est celle des Mesakrin.
Ce sont des cavaliers estafettes chargés de porter
dans les tribus les messages du Gouvernement.
La lettre du Sultan Moulay Hafid, lue dans les Mos-
I
SON PASSÉ -— SON PRÉSENT — SON AVENIR 53
quées de Fez, pour annoncer l'arrivée du souverain à
Rabat, a été apportée par des Mesakrin.
L'ARMÉE MAROCAINE
Autrefois :
L'Armée marocaine a vu sa physionomie se modifier
du tout au tout. Déjà les Méhallas commandées par les
officiers des Missions militaires françaises, tels que le
commandant Brémond, avaient réalisé de grands pro-
grès.
L'Armée marocaine officielle, était recrutée de la
façon. suivante, pour un service soi-disant obligatoire,
mais qui a toujours été adouci par la pratique assez
courante de la désertion. Les tribus maghzen devaient
fournir en moyenne un combattant par foyer. Ces tri-
bus, fidèles en principe, étaient naturellement les plus
chargées par la loi militaire. On ne se gêne pas avec
les amis. Dans les autres tribus, les Caïds décidaient
du nombre d hommes qui devaient être envoyés. Ils
s'arrangeaient à cet égard avec leurs administrés.
Sous le régime de la Loi marocaine, les soldats ainsi
recrutés restaient sous les armes jusqu'à la vieillesse.
Ils i)ouvaient toutefois se faire remplacer par quelque
membre de leur famille consentant à prendre à sa
charge les obligations imposées. Ce système avait pour
conséquence de réunir dans les rangs des hommes très
âgés déjà à de tous jeunes gens. Ainsi que nous venons
de le dire, tous les hommes du Bled el Maghzen pou-
vaient ètte astreints au service militaire selon que le
Sultan voulait porter plus ou moins haut le nombre de
ses soldats. Cependant, le recrutement s'opérait de
parmi les membres des tribus militaires dont
it précédé du mot <( Guicb » .
rues appartenaot aux tribus non maghzen
I somme des réservistes. On les nommait
nt tour à tour convoqués et renvoyés, selon
i. Enfin, l'Armée recevait des engagés volon-
pouvaieat se faire incorporer à partir de
linze ans.
) chefs aucune instruction militaire. Leurs
e transmettaient dans les mêmes famillea ;
étaient parfois. Le commandement suprême
it au Sultan et, sous ses ordres, à l'Allaf que
le aussi Ouzir el h'arb, Seigneur de la guerre,
lus souvent, ce dignitaire ne prenait pas une
; aux .opérations.
nandant vraiment militaire de la colonne oo
lait un Caïd el Méhalla. En somme, c'était un
In détail typique : l'Armée marocaine n'avait
otiniëres, mais des femmes, cependant, sui-
troupes en payant, pour ce faire, un impôt
comment se répartissait l'Armée ainsi cons-
u'elies étaient les quelques réglementations
érenciaient un peu d'une cohue,
ipes d'infanteries étaient divisées en Tabors.
'S étaient, selon le nombre d'hommes les com-
>mbre toujours très variable, assimilables h
Ions. En général, un fort Tabor comprenait
) hommes, mais certains ne comptaient pas
•0 unités.
Ste d'un Tabor se trouvait un Caïd er reba.
SON PASSÉ — SON PRBSBNT — SON AVEWIR 55
G*était un chef de bataillon auquel un Khalifa servait en
quelque sorte de capitaine adjudant-major. Si Ton assi-
mile le Caïd er reha à un colonel lorsqu'il commande à
UQ Tabor très nombreux, le Khalifa serait lieutenant-
colonel. Khalifa n'est d ailleurs pas un titre militaire.
Ce mot veut dire remplaçant, délégué, celui qui remplit
des fonctions aux lieu et place de leur titulaire.
Le « Caïd el mia » était un capitaine.
Au-dessous du Caïd el mia venait le Mokhadem.
Les fantassins étaient revêtus, en principe, d'une
veste bleu^-en drap ou en grosse toile, d'un pantalon et
d'un gilet semblables à la veste. Ils portaient une
sacoche en cuir rouge qui sert de cartouchière et que
Ion nomme la chkara. Comme coiffure une chéchia
rouge nommée ferbouch.
Ceci dit pour l'uniforme régulier.
Une partie des tabors ne portaient pas d'uniformes et
étaient habillés tout simplement à la mode du pays, ce
qui fait qu'il arrivait aux soldats du Sultan, dans les
mêlées, de tirer les uns sur les autres.
L'armement de l'infanterie n'était pas unifié ; il se
composait de bonnes armes, telles que des Chassepot,
des Martini-Henry, des Winchester, des Mauser.
La cavalerie nommée K/iala. Elle se divisait en reha
ou escadrons, commandés par des Caïds el mia. La
cavalerie 'marocaine ne possédait aucune instruction
militaire, assimilable môme de très loin à celle de la
plus mauvaise cavalerie européenne.
Elles ne. savait pas manœuvrer. Seulement, les
hommes, individuellement bons cavaliers, sont habiles
à la fantasia. Mais, ainsi qu'on Ta vu dans les com-
bats livrés en Chaouîa, leurs charges, courageusement
56 LB MAROC
menées, maïKpient de cohésion. Jnsqo'aa règne da Sul-
tan Abd el Aziz, la cavalerie soi-disant régolière n'était
pas formée en corps. Les hommes à cheval de T Armée
remplissaient, en temps de paix, les fonctions de
gardes, d'estafettes, de gendarmes. C'est seulement p^i-
dant Tavant-dernier règne que quelques centaines de
cavaliers furent groupés et placés, sous le commande-
ment d'officiers anglais, dont le fameux caïd lUac Lean.
L'artillerie était dans l'ancien Maroc comme ailleurs,
une arjpie d'élite. Le canon est le symbole de la puis-
sance. C'est VUltima ratio regum.
L'artillerie de campagne avait toujours constitué la
grande supériorité des troupes du Sultan, en possédant
un peu, sur les troupes des tribus dissidentes n'en pos-
sédant pas .
L'artillerie de campagne était forte d'une soixantaine
de canons relativement modernes^ dont beaucoup
n'étaient que des pièces de montagne. Les ti*oupes d'ar-
tillerie ou T'objia, formant deux tabors, restaient en
permanence auprès du Sultan. Instruites à Fez par la
Mission militaire française, on ne peut dire qu'elles
manœuvraient dans le sens que nous donnons à ce
mot, mais elles exécutaient assez régulièrement le ser-
vice des pièces.
L'artiUerie de forteresse se composait d'un certain
nombre de vieux canons, à Tanger, à Larache, à Rabat,
à Casablanca, à Mazagan, à Mogador. La presque toliei-
lité de ces canons étaient absolument inutilisables.
C'est à peine si les meilleurs d'entre eux pouvaient tirer
à poudre pour saluer les navires de guerre ou pour les
salves officielles prescrites soit pour la fête du Eama-
dan, soit lors de la lecture d'une Lettre du Sultan !
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 5j
Examinons nn peu l'existence de l'Armée marocaine
«n garnison et en campagne.
Du service intérienr nous ne dirons que quelques
mots. Les troupes de police organisées, en vertu de
i*Acte d'Algésiras,par la France et par l'Espagne, diffé-
raient déjà beaucoup du fantassin délabré, à peine vêtu,
que Ton voyait à Tanger, monter la garde assis par
terre, son fusil entre les jambes ou tout simplement
posé à côté de lui.
A Fez et à Meknès, il y avait des casernes (k'echchala)
pour les cavaliers. Les fantassins logeaient sous la
tente. A la fin du règne d'Abd el Aziz, il n'y avait dans
les Méhallas aucune discipline. Lorsque la solde était
régulièrement payée, les soldats accomplissaient leur
service d'une manière à peu près suivie. Mais ce paie-
ment régulier n'était guère la règle. A Tanger, la solde
était plus élevée que sur toute autre place. Chaque
homme devait toucher une peseta chaque jour et une
demi-peseta de plus le vendredi. Le Mokhadem, sous-
officier, recevait 1 P. 50. Le Caïd el mia 2 P. 50. et le
Caïd er reha 4 P. 50.
Mais ces sommes, si modestes, n'arrivaient pas
entières aux mains de leurs destinataires. Sur les don*
ros envoyés dans des caisses de bois blanc, par le Tré-
sor, aux payeurs, un bon nombre s'égaraient en route.
Le Pacha qui avait touché la solde de 1.000 hommes,
ne payait au Caïd, prétendant avoir 800 hommes à sol-
der, que l'argent nécessaire au paiement de 600, et, de
prélèvement en prélèvement, les sommes arrivant enfin
aux simples soldats étaient bien inférieures à ce qu'elles
auraient dû être. ^ •
Les services de l'Intendance, simplifiés à . l'excès,
LB HAitOC
aient p&s. Cest Midemeitt en campagne qee les
! recevaient des vivree, généralement privés
1 babiUata.
codant; lonqae le Trésor le permettait, il y avait
slribatioflis régalières compranant, ponr chaque
e, nn paio, ds benne looda ou de l'huile, au peu
ade dans les circonstancea Bolennelles.
art cela, la solde devait assorer oonpIëtemeDt
mce du soldat, et comment l'assurait-elle % Les
rs combata qui ont été livrée par des troupes anî-
Dt marocaines eostoeux & la sute desquels s'est
éerinsurrectiondeBouBamama, lefameuxRogoi
liendant . Eu effet, les combats livrés dans le Cbaonâa
s troopes françaises aux indigènes, soldats Irré-
1, et ceux qne les Héballas du oomotandant Bré-
oat sontenos en demieir lieu contre les dissl-
menaçaat Fe», avaient déjà perda le caractère
itables batailles eiUre Marocains. Dans celles-ci,
ment de l'attaque, les Caïds s'efforçaient, an
des cris, de mettre uo peu d'ordre parmi les
es qui se groupaient autour d'eux. Les Caïds el
usaient ouvrir les caisses de cartouches et distri-
es mwiitions. La distribution faite, l'infaotene
t le camp en le laissant uniquement à la garde
tiUeurs. Aucun ordre, aucune tactique. Si la pre-
attaque des cavaliers était restée sans effet déci-
) fantassins se précipitaient en débandade ver»
ai, et, làen q«e, de part et d'autre, le courage
Inel soit indtscntable, le sort des armes était sou-
;s plus inattendns. En cas d'insncoèa, les freintes
Itan se retiraient vers le camp défen du par les
. dont le feu obligeait les vainqueurs à battre en
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 69
retraite à lenr tour. Et c'est ainsi que les insurrections
pouvaient s'éterniser.
Tel était le Maroc militaire .
Axtiourd'hui :
L'Armée marocaine, ne comprend aujourd'hui, à
strictement parler, que la Garde noire du Sultan .
Mais à ce noyau en service permanent, il convient
d'ajouter les Goums, troupes locales, qui collaborent
avec les troupes françaises d'occupation pour étendre
de plus en plus la superficie des régions soumises à
Tantorité du Ghérif et, par conséquent, à l'influence
civilisatrice de la France .
On sait, d'ailleurs, que ce n'est pas seulement au
Maroc que les guerriers indigènes sont frères d'armes
de nos soldats, mais qu'uH très grand nombre d'entre
eux, sont venus sur les Champs dep)ataille de France,
dans les rangs de la célèbre Division marocaine, nous
apporter le concours de leur incontestable héroïsme.
CHAPITRE VI
i Maroc. — La femme dans la famille. -
son. — Les repas. — Dans les Douars. -
I Souks.
I saurions terminer la première partie de ce
donner quelque attention à la vie domestique
le des Marocains.
ation de la femme est le critérium d'après
peut juger de l'état des Sociétés. Il importe
ire quelques mots de l'existence de la femme
Elle est analogue à celle de la femme dans
s pays de Loi musulmane, notamment en
en Tunisie.
elle est pauvre, la Marocaine des villes ou des
chargée de tous les gros ouvrages. La situa-
femmes dans nos campagnes et dans nos
m vriers est-elle vraiment si différente î Nous
ions pas.
ocaine riche ou seulement aisée mène une
entièrement désœuvrée. Elle ne prend, pour
, aucune part à la direction intérieure de la
nt le souci incombe aux serviteurs,
re entièrement emprisonnées dans le harem,
lie est assez riche et les femmes assez nom-
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 6l
breajses pour qu'il {y ait un harem véritable, oa dans
la maison, les Marocaines sortent peu et parlent beau-
coup. Mon Dieu l^e œ côté de la Méditerranée nous ne
constaterons guère qu'une différence, c'est que les
dames sortent beaucoup. La maison marocaine n^est
pas, d'ailleurs, sans avoir un c^tain charme. Gomme
toutes les maisons arabes, elle ne prétend à aucun
attrait extérieur; elle se réserve pour ses habitants. La
XK>rte d'entrée est le plus souvent une porte bâtarde qui
donne accès à un couloir étroit. Si vous vous trouvez à
passer dans la rue au moment où la porte s'ouvre,
n'espérez pas, en jetant un regard furtif , voir Tinté-
rieur. L'architecte a prévu la curiosité du passant
et il y a mis obstacle. Le couloir sur lequel s'ouvre la
porte se brise au moins une fois à angle droit de telle ma-
nière que rien de ce qui se passe dans la maison ne peut
ètrê vu du dehors.Ge couloir si discret aboutit à une cour
qui est vaste, proportionnellement aux dimensions de
l'immenble. Presque toujours, un bassin et un jet d'eau
en occupent le centre.G'est ceque le8Ëspagnols,qui ont
emprunté cette disposition à l'architecture mauresque,
ùomment le Patio, Des arcades encadrent la cour qui ,
le plus souvent est égayée par des fleurs, des grena-
diers, des orangers. Chacun des quatre côtés de la cour
présente une chambre., Ge sont les chambres à coucher
principales. Autour d'une deuxième cour sont groupées
les chambres occupées par les femmes.
Fréquemment, les murs sont garnis de ces plaques de
fidence qui jouent un si grand rôle dans rornementation
des monuments mauresques, tels qu'ils existent entiè-
rement conservés à Grenade, à Séville. Les plafonds»
dais les maisons les plus riches, sont ornés de caissons
6a LB MAROC
de plâtre vermiculé. Aucune reproduction d'animaux
ni, à plus forte raison, de figures humaines. Le Coran
Tinterdit. C'est ce qui explique que Tartiste qui enfrei-
gnit cette règle et fit, dans TAlhambra de Grenade, le
Patio de los leones, la (Cour des lions), ne parvint à
représenter que si piteusement le roi des animaux.
L'ameublement est peu compliqué. Pas de bois de lits
dans les chambres, mais des matelas recouverts de cou-
vertures aux couleurs éclatantes. Des divans, des tables
très basses.
Le fait d*ètre admis dans les maisons marocaines
n'implique nullement que vous pourrez voir les dames
du logis. Vous devez même vous comporter comme s'il
n'en existait pas et le comble de l'inconvenance serait
de parler au maître de ses femmes, de sa mère et de
toute personne du sexe féminin habitant sous son toit.
Etes-vous convié à un repas ? Vous reconnaîtrez
que la cuisine marocaine n*est pas à dédaigner. Lès
poissons sont généralement excellents. Les poulets,
dont on fait une grande consommation, sont, pour les
tables riches, suffisamment engraissés et les sauces
dans lesquelles on les plonge, après les avoir rôtis, ne
sont pas sans saveur. Les agneaux se présentent tout
entiers. Le plat spécial à toute TAfrique, le couscous,
pyramide de semoule, est fortement moui]Jé de lait ou
de sauce pimentée. La manière dont on mange le cous-
cous, n'est pas précisément, au premier abord, de
nature à charmer les Européens et les premiers repas
marocains que nous avons absorbés nous ont laissé, à
cet égard, des souvenirs peu agréables.
Parfois, encore maintenant, lorsqu'il nous arrive —
et c'est souvent avec plaisir — de nous asseoir à l,a
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 63
table des quelques amis que nous avons pu nous faire
au Maroc, nous avouons que le moment du couscous
est toujours un peu diflicultueux. Chaque convive
attaque la pyramide en y faisant un trou avec la main
gauche, prend une certaine quantité de couscous, la
forme en boule avec la main droite et, lorsque la bou-
lette est parfaite, la place vivement dans sa bouche.
Toutes ces opérations s'accomplissent sans Taide d'au-
cun instrument autre que celui connu sous le nom de la
fourchette du père Adam, puisqu'il n'existe, sur une
table vraiment marocaine, ni couteau, ni fourchette, ni
cuillère, à l'exception des cuillères qui servent à verser
les sauces. C'est en trempant dans ces sauces un pain
généralement excellent qu'on arrive à les absorber.
Le dessert se compose de fruits qui seront meilleurs
lorsque les horticulteurs marocains se seront perfec-
tionnés dans l'art de la greffe.
Il s'y rencontre aussi, des pâtisseries à l'huile, ou des
crèmes au lait aigre, auxquelles il est assez difficile,
pour un estomac non entraîné, de s'habituer sans pro-
testation. Comme boissons, de l'eau, du lait mousseux,
parfois de Teau de Seltz, de l'eau minérale. Le thé très
sacré, aromatisé à la menthe, est le complément indis-
pensable de tout repas marocain. Il se confectionne sur
la table devant les convives qui doivent, ainsi le veut
Tétiquette, boire au moins trois tasses du liquide
parfumé .
Il conviendra de ne pas quitter notre hôte sans avoir
demandé à passer quelques instants dans son jardin. Le
jardin est le lieu préféré du Marocain. Les lecteurs qui
auraient visité les jardins de l'Alhambra se rendent
acilemént compte 4e ce qu'est un jardin marocain qui
64 LE MABOG
ressemble beaucoup plus à un jardin japonais qu'à un
jaxdin anglais .
Petits jets d'eau, petits ruisseaux canalisés, courant
au milieu desrocailles ; petites cascatelles bruissantes,
aucune pelouse.
Dqs fleurs aux couleurs vives, telles que des géra-
niums rouges qui atteignent souvent les dimensions de
grands arbustes; des rosiers grimpants, des verveines^
à la senteur puissante se mêlent aux arbres fruitiers. Le
jardin marocain, lorsqu'il est d'une certaine étendue,
est aussi un verger dont les * orangers, les citronniers
voisinent avec les essences européennes, car tous les
arbres d'Europe, et la constatation est intéressante à
formuler, réussissent très bien au Maroc.
Dans les jardins urbains, le régime des eaux est par-
faitement aménagé. Presque toutes les maisons ont des
puits et toutes possèdent de vastes citernes en bon état
que les pluies abondantes se chargent d* alimenter. Les
Marocains, comme tous les mahométans, ont une véri-
table vénération pour Teau. Il y a quelques années,
nous avions, à Tanger, des puits dans lesquels les por-
teurs d'eau venaient remplir leurs outres ou peaux de
bouc, sous la surveillance d'une sentinelle préposée à
la garde de Feau, chargée d'en empêcher le gaspillage ï
L'existence de la bourgeoisie marocaine s'est déjà
transformée et se transformera plus rapidement encore.
Le nombre des fils de familles riches envoyés en
France augmentera. Déjà l'usage des ustensiles de
table s'est répandu pour les repas dans lesquels des
personnalités européennes sont mêlées aux inc^igènes.
Mais cependant il n'y a pas à espérer — ou à craindre
— que la Société marocaine, parce que Société musul-
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 65
mâne, perde tout son cachet dîstinctif qui n'es^t pas
sans attrait.
Dans notre Édition de 1913, nous avons détaché des
remarquables Lettres du Maroc, publiées par M. Eugène
Tardieu dans Y Echo de Paris, quelques passages qui
corroboraient les notes et les impressions que nous
avions prises et éprouvées nous-mêmes.
Notre confrère parlait en ces termes du Palais du
Pacha de Marrakech, El Glaoui :
« Son Palais ne présente, du côté de la rue, qu'un
îinmense mur udî, haut de dix à douze mètres et long
de trente environ. Pas d'autre ouverture qu'une porte
basse en plein cintre, aux vantaux blindés. Elle était
ouverte quand nous sommes arrivés, et une vingtaine de
serviteurs étaient rangés autour d'un maître de céré-
monies, qui nous fit parcourir un dédale de corridors,
voûtés comme ceux d'un cloître ogival, pour ^rriver,
après avoir franchi plusieurs portes massives, au seuil
d'une galerie ouvrant sur une cour d'Alhambra,
(( Après les présentations, accompagnées des céré-
monieux salamalecs obligatoires, le Pacha nous conduit
dans une vaste salle dont le plafond a bien huit
ou dix mètres de hauteur, un plafond pointu comme
Fenvers d'un toit, dont les poutres apparentes et la
charpente compliquée sont couvertes des plus délicates
peintures. Des rideaux arabes, sur un fond d'or, qui
représentent le plus étonnant travail de patience et de
gotlt raffiné. Dans le plus beau décor qu'on puisse rêver,
une frise pareille court en haut des mui^s, au-dessus
d'une autre frise en plâtre, ouvragée comme une deù-
telle. Les murs sont blancs et nus, lambrissés, à hauteur
L'homme, d'une mosaïque de faïence. Le sol, pavé de
n
66 LE MAROC
marbre blanc et noir, est couvert d une quantité de
matelas et de coussins multicolores. Des serviteurs,
vêtus de robes brunes sur lesquelles pend un poignard
au fourreau d'argent ciselé, disposent pçur nous ces
coussins en rond autour d'une table basse qu'on vient
d'apporter.
m C'est un dîner à la mode arabe, éclairé par des
lampes à pétrole et de hauts candélabres d'argent posés
à terre. Un esclave nous présente un immense bassin de
cuivre, au-dessus duquel nous recevons sur les doigts
Teau parfumée que verse, d'une aiguière, un deuxième
esclave, tandis qu'un troisième nous tend une serviette.
Pas de nappe, ni de couverts. Les plats sont apportés
au seuil de la salle. Ce sont des jarres immenses en terre
cuite, couvertes d'un plateau pointu en jonc tressé. Un
esclave les pose sur la table ronde, au milieu de nous.
Il faut manger avec la main droite, car la gauche est
impure. Savoir décortiquer un pigeon ou un poulet
entre le pouce et l'index, sans détruire l'harmonie du
plat, est un acte difficile. On peut tremper son pain
dans la sauce, mais il faut éviter d'y tremper les doigts.
Par politesse, le maître de la maison arrache souvent
avec habileté des lambeaux de chair de pigeon ou de
blanc de poulet qu'il dépose devant ses hôtes, toujours
avec les doigts. Il serait fort inconvenant de ne pas les
manger avec une satisfaction visible. »
Nous, venons de visiter une maison de ville, de Tanger
ou de Fez, un palais de Marrakech.
Maintenant regardons un instant vivre les campa-
gnards, les Gens dé Tribus qui composent la très grande
majorité du peuple marocain.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 67
. Dans le; gourbi, moitié tente, moitié hutte, qui abrite
la famille campagnarde, le mobilier est absolument
rudimentaire. Une natte tient lieu de lit; des jarres pour
reau,une lampe de terre ressemblant aux lampes ro-
maines. Hors du gourbi un moulin à bras avec lequel
les femmes broient la farine dont sera confectionnée
la (( kess'i:a », galette grossière qui cuit sur du charbon
de bois, et qui ne ressemble que de bien loin au pain
qnç nous mangeons dans les villes, notamment dans
les ports.
Malgré le réseau relativement assez riche de cours
d'eau, qui, nous Tavons noté, arrosent le Maroc, les
Douars, ou communes rurales, ne pourraient, sur
d'immenses espaces, s'établir faute d'eau, si la nappe
souterraine ne se trouvait presque partout à une profon-
deur modérée et telle qu'on peut l'atteindre par un
forage sans grandes difficultés.
Avec le puits, un autre élément constitutif du Douar
est la Koubah, en français la coupole, qui s'élève au-
dessus du Marabout, ou tombeau de quelque personnage
pieux.
Tel est le milieu dans lequel se passe la vie des popu-
lations indigènes à demi sédentaires.
Le Marché, ou Souk, est une des manifestations les
plus caractéristiques de la vie marocaine.
Au Maroc tel qu'il est encore aujourd'hui, le Souk
possède une importance exceptionnelle. Il existe bien,
dans les campagnes d'Algérie et de Tunisie, d'autres
Souks qui présentent, avec les Souks marocains, une
apparente analogie. Mais, en Algérie et en Tunisie, il se
publie des journaux qui exercent une certaine influence,
même sur ceux qui ne les lisent paç. Ils propageât les
»^
68 LE MAROC
nonrelleg qni arrivent ainsi, bien qu'évidemment déna-
tnrées, aux oreilles de ceax-là mêmes qni sont incapables
de les apprendre par leurs yeux.
An Maroc, en dehors de Tanger et de Casablanca,
aucun journal. Les nouvelles s'apprennent sur le Souk
ou Socco, comme Ton dit à Tanger, où tous les touristes,
à peine débarqués, s'empressent d'aller voir le petit et
le grand Socco.
Au Souk, on voit affluer des gens de toutes les races,
car Ton nomme, avec quelque raison, les MarocaisB
une poussière de peuples. On entend parler toutes les
langues les plus déformées, les sabirs les plus invrai-
semblables, tous les dialectes. A côté des Arabes et des
Berbères, parmi lesquels les cheveux blonds et les teints
clairs sont aussi fréquents que les cheveux bruns et les
visages basanés, le nègre, le juif olivâtre, le bohémien.
Le Souk se tient sur une place quelquefois entourée
de murs, quelquefois sans aucune limite.
Parmi la foule bruissante où tout le monde crie,
s*agiteet se coudoie, passent tous les types de la Société
marocaine.
Ce majestueux personnage dont la figure hautaine est
surmontée d'un turban vert, c'est un « Chérif », un
descendant i^econnu du Prophète. Et tous de slnclinér
devant lui, de lui demander sa bénédiction, de chercher
à toucher un pan de son manteau. Pendant combien
d'années les a Chérif s s> qui se promèneront sur les
Souks jouiront-ils à un même degré de la vénération
publiquef
Plus loin, une femme entièrement voilée offre aux
passants des poulets. Ces personnages qui viennent de
décharger leurs mcdes ou leurs chameaux, muletiers et
SON PASSÉ — SON PRÉSBNT — SON AYBNIR 69
chameliers, sont très entourés. Ce sont presque les seuls
propagateurs de toutes les informations, 1^ journaux
parlants du pays. Muletiers ou chameliers savent ou
prétendent savoir ce qui s'est passé à Fez, à Marrakech,
au Sous, dans le Tafilelt, dans cette Chaouîa que les
Vieux-Marocains estimaient souillée par la présence des
Roumis, mais dont les habitants ont apprécié le charme
du travail paisible et de la sécurité.
Nous venons de voir un « Chérif » opulent, dont les
austérités n'ont assurément rien d'extrême et qui sait
allier ce qu'il doit au souvenir de son ancêtre illustre
avec ce qu'il estime se devoir à soi-même de confor-
table et de petits soins. Ce chérif-là songe sans doute,
de temps à autre, au rang élevé qu'il ne saurait man-
quer d'occuper dans l'autre monde. Mais il sait jouir du
rang agréable qui est le sien dans ce monde- ci.
Tout autre est le « Chérif » qui aspire au titre pos-
thume de Marabout. Autant le premier est soigné dans
sa mise, autant l'autre affecte de dédain pour le vain
ornement de la toilette . Dédain exagéré, carpourunpeu il
irait presque jusqu'à l'absence de toute espèce de toilette.
Pas de beau turban vert ; mais, enroulé autour de la
tête, comme une corde, un lambeau d'étoffe verdâtre,
d'une couleur bien indécise, mais d'une saleté abso-
lument certaine. Autour du corps, des haillons soutenus
par quelques ficelle^. Une barbe et des cheveux qui ne
sont l'objet d'aucune cidture.
Lui aussi est un ce Chérif ». Il jouit d'un grand renom
de sainteté dans les nombreuses tribus dont il parcourt
le territoire et qui vont jusqu'à se le disputer, car celle
qui possédera son corps s'empressera d'élever au-dessus
de sa tombe la Koubah d'un nouveau Marabout.
70 LS MAROC
A côté du a Ghérîf ^, ^ passe un Juif à la calotte de
velours, an manteau noir, au nez crochu, aux doigts
également crochus, soit au physique, soit au mored.
Gomme dans les Souks des Tilles, les Souks forains
voient les marchands se grouper par profession. Ils ne
«'inquiètent pas de la concurrence . Le chaland sait où
trouver la marchandise dont il a besoin. Voici les bou-
chers, dont Tétai se compose de deux perches verti-
cales reliées par une perche horizontale à laquelle sont
pendus les corps dépouillés de quelques moutons.
Les marchands de thé installent leur cuisine au-des-
sus d'un trou dans lequel brûlent des charbons. A
côté d'eux, sur un plateau, des pâtisseries à Thuile, et
sur un autre des morceaux de sucre que les Français
peuvent saluer avecf une joie patriotique, car ils vien-
nent généralement de Marseille. Nous verrons que ces
((immigrants cristallisés)), seront concurrencés quelque
jour par des sucres indigènes.
Les marchands c à la toilette » montrent des haîks,
des ceintures brodées d*or, des djellabas de cotonnades
anglaises dont les couleurs verte, jaune, saumon ont
toutes les sympathies des acheteurs.
Les cordonniers vendent des babouches et aussi ces
chaussures nommées àelras, dont les semelles sont très
épaisses et les extrémités en forme de cercles.
ïiCS forgerons ont des plats, des pots, des aiguières
en cuivre et en étain. Les potiers offrent de la vaisscHe
rustique, les jarres, les cruches, les soucoupes pro-
fondes.
Sur le marché des grains se traitent des affaires sou-
vent considérables, lorsque Tannée a été bonne.
Bœufs, vaches, chèvres, moutons, chameaux et che-
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR Jl
vaux sont mis en vente ainsi que sur les foirails de nos
campagnes.
Comme dans nos pays, surtout, comme dans nos
grandes foires qui tendent à disparaître, le Marocain
campagnard ne vient pas au marché dans le but unique
d'y traiter des affaires. Il y vient aussi pour se divertir^
oa, pour mieux dire, il compte s*y divertir lorsque ses
affaires seront traitées.
Pas de Souk un peu important qui n^ait ses bateleurs,
ses entrepreneurs de spectacles en plein vent. Les acro-
bates viennent du Sud, d'au delà de Marrakech, de la
lointaine et sauvage « Tarondant ».
Le charmeur de serpents est fort apprécié. D'un sac
de cuir placé près de lui, sortent des serpents tachetés,
des noirs cobras . Il ne convient pas de rechercher si
Tart du charmeur a consisté à priver ces animaux des
glandes venimeuses. Ce qui importe, c'est que le public
est absolument convaincu que le « charme » seul
triomphe du poison. Assurément, aucun de ceux qui se
montrent les plus sceptiques, les Européens entre autres,
ne consentirait à se laisser mordre la langue par le ser*
peot, ainsi que le font les charmeurs.
Ces charmeurs disposent d'un orchestre : un tambour
qui fait rage pendant la durée des exercices et qui, pen-
dant les entr actes, sollicite avec assez de succès la
générosité des spectateurs.
Le marchand d'histoires tient aussi boutique sur le
Souk.
n s'installe à distance des gens bruyants, des acro-
bates, des charmeurs, et par conséquent des tambours.
Entouré d'un cercle d'auditeurs souvent fort impo-
sant, il débite sa marchandise parlée. Le kalife Haroun
4
7^1 LE MAROC
l&teste, kl beUe Sehéhérazade et quelques personnases'
de semblable importance jouent, dans ses réeits, ^e»
rôles passioMMtnts, an milieu d'épisodes qui impres-
sioBBent Tivemeut les auditeurs, excitent tour à four
lemt pitié, leur terreur, leur admiration.
n y a toujours des cavernes dans lesquelles sont enfer-
mées quelques houris que gardent des esclayes neirs»
tandis que, dans d^autres cavernes, des pierreries, amas-
sées dans des coffres, tentent des voleurs qui parvien-
uMit rarement à s*en emparer... car ce dénouen^nt
aurait l'inconvénient de faire se terminer Fbistoire.
Bien souvent nous avons écouté, avant de les com-
prendre, les longs récits, certainement merveilleux, si
nous en jugeons par Tattention que leur prêtaient les
spectateurs.
Nous avons été déçus comme eux alors que le conteur
s'arrêtait, se dédarant fatigué et hors d'état de noirs
apprendre si le bon Génie réussissait enfin à délivrer
ia Princesse. Gomme eux, nous nous sommes sentis
soulagés d'une angoisse lorsque nous constations que
le « barde»,aprèsunin8tantd arrêt, puisait assurément
de nouvelles forces dans les quelques pièces de menœ
monnaie que les auditeurs bénévolement lui jetaient
pour lui permettre de chasser les influences néfastes que
[es Grénies, ennemis des beaux contes merveilleux,,
venaient, sans aucun doute, de faire peser sur sa langue.
Généralement, lorsque le nombre des auditeurs est
élevé, lorsque leur attention s'exprime avec intensité
par leurs regards fixés sur les yeux du conteur, celni-c:
est pris de plus nombreuses défaillances, et il n*^estpa6
rare qu'il faille venir plusieurs fois, en peu de temps, au
secours de la Princesse .
rft-"
SON PA$SB — SON PRÉSENT — SON AVENIR ^3
C'est la « suite au prochain numéro » qui lait acheter
le journal du lendemain.
Sous la djellabah, sous la blouse ou sous le veston,
que nous soyons de Tanger, de Paris ou d'autres lieux,
combien nous nous ressemblons, ô Frères !
Maintenant, la Princesse est enfin délivrée ; quelques
chameaux, des bœufs, des moutons écorchés ou sur pied
sont vendus ; le beau Chérif est allé vers la Mosquée,
puis vers sa confortable demeure. Le juif est rentré dans
le Mellah. Le Chérif pauvre est tapi sous quelque porche.
Muletiers et chameliers ont rechargé leurs bêtes avec
les marchandises emportées en échange de celles qu'ils
ont déballées le matin.
Faisons de même, qui);tons le Souk.
T
«
CHAPITRE VII
La vie au Maroc (suite), -* L'Enaeig^ement. — La
Religrion.— Lm Fêtes.— L'Aïd el Kébir.— L.'AId
el Seghir. — Le Mouloud. — L'Achoura^ fête
des Tolbaa. — Le mariage. — La naiasanoe. — La
médecine. — La maladie. —La mort. *- Les funé-
railles.
L'ERSEIGIŒMEErr
Autrefois :
Dans notre Edition d'avant-guerre, nous pouyions
écrire ce qui suit relativement à Tétat de l'Enseigne-
ment public au Maroc :
« L'école coranique, ou école musulmane, a pour prin -
cipal objectif FEnseignement religieux, la lecture et le
coipmentaire du Livre sacré. En Algérie comme au
Maroc, à Fez comme à Sidi Okba, nous avons vu, non
sans intérêt, les élèves lisant sur des tçiblettes de bois
les versets du Coran. Leur attention est si profonde
que, si vous vous approchez d'eux en manifestant une
curiosité en quelque sorte indiscrète, ils ne témoigne-
ront d'une manière ostensible aucune espèce d'attention.
Imaginez une entrée de quelques personnages à bur-
nous dans une classe européenne, et quel que soit l'in-
térêt de la leçon professée, dites un peu combien de
têtes demeureraient penchées sur les livres ou combien
SON PASSÉ — SON PBÉSDIT — SON ATBNIR 7$
d*oralle8 resteraimt attoitiyw à la parole da profes-
seur.
Dans la classe conmqfae, il en est tout autrement.
L'étranger, le Yîsitenr, est inexistant. Tonte l'atten-
tion de relève reste fixée snr sa lectore qu'interrompent
de temps à antre les interrogations on les explications
dn nudtre, auquel un tnrban vert, indiquant la descen-
dance du Proph^, attire parfois une vénération parti-
culière.
n est incontestable que l'Enseignement donné à l'école
coranique ne répondrait pas an programme de notre
Certificat d'études.
Mais, contrairement aux allégations tendancieuses* il
est parfaitement certain que le travaU de l'école ne se
borne pas à ànonner, sans même ks comprendre, les
versets du Livre saint. L'école coranique apprend en
somme à ses élèves à penser en musulmans, à vivre en
musulmans ; elle leur donne les notions indispensables
àFexistence qui sera la leur. Elle ne fait certes pas des
hommes instruits ; mais elle ne fait pas de déclassés •
Cest déjà beaucoup.
Peut- on dire qu'il existait au Maroc un Enseignement
supérieur ?
Assurément non, dans le sens que nous attachons à
ce mot. Et cependant Fez possède un embryon d'Uni-
versité.
Dans les villes <( Hadria ï>,ce qui pourrait se traduire
à peu près par les villes « littéraires », il existe, chez la
bourgeoisie surtout, une certaine instruction, sans doute
très rudimeptaire, mais qui ne constitue pas moins une
sorte d'Aristocratie intellectuelle. Il y a là comme un
souvenir effacé de la culture qu'avaient acquise les
• \
■ .1
76 LE MAROC
conquérants de TEspagne, dont lintellectualité était
très supérieure à celle de leurs descendants.
L'enseignement Israélite est organisé d*une manière
beaucoup plus perfectionnée. La population Israélite
est d'ailleurs très nombreuse au Maroc, notamment à
Tanger, à Mogador, à Casablanca, à El Ksar, à Rabat .
Dans les écoles Israélites on enseigne un peu l'espa-
gnol qui est la langue usuelle des Juifs marocains ;
mais on enseigne aussi la langue originelle, Thébreu, et
enfin le français et l'anglais. Plusieurs de ces écoles
sont çubventionnées par des associations anglaises,
entre autres l'Ânglo-Jewish Association. VAlliance
Israélite universelle est à la tète de cette organisation
de l'Enseignement juif au Maroc.
Son centre principal est à Tanger.
Il existe également des écoles de l'Alliance à Rabat, à
Casablanca.
A Mogador, deux écoles Israélites fonctionnent simul-
tanément.
A Fez, récole Israélite pour les garçons compte un
peu plus d'une centaine d'élèves. Il y a également une
école pour les filles. On enseigne avec l'hébreu, l'espa-
gnol et le français . Les frais de cet enseignement sont
presque entièrement supportés par ï Alliance israélite
et par rAngloJewish. .
Avant Torganisation de cet Enseignement que Ton
peut appeler l'Enseignement primaire, la Communauté
juive n'avait que leTalmud-Thora, c*est-à-dire les écoles
rabbiniques, très mal tenues et d'une insuffisance com-
plète.
Lès garçons commencent à fréquenter l'école cora-
nique vers rage de dix ans.
SON PASSE — SOR PRÉSENT — SON AVENIR JJ
Lorsqu'ils sont en mesure de lire la moitié du Coran,
on célèbre en famille cet heureux événements Les
parents et les amis sont conviés à des fêtes dont les
repas et la musique forment les éléments principaux.
Le professeur est naturellement au nombre des con-
vives.
Dans la cour on étend un drap blanc, et Ton y place
une des planchettes sur lesquelles sont inscrits les carac-
tères coraniques, planchettes qui remplissent le rôle de
livres de classe. Des chanteurs récitent des cantiques
où i*on célèbre la gloire du Prophète, et les assistants
ont coutume de jeter sur la planchette ou sur le drap
des pièces de monnaie qui deviennent la propriété du
professeur. Si le nombre de pièces qui tombe sur la
planchette est plus considérable que celui de celles qui
se posent sur le drap, le fait' est considéré comme un
heureux présage.
n existe à Fez une organisation très rudimentaire de
l'enseignement pour les filles et même quelques ^ours
de broderie et de tapisserie, auxquels on ne peut, mal-
gré la meilleure volonté du monde, reconnaître le
caractère d'un véritable enseignement professionnel.
Nous avons à parler ici des Tolba, ainsi que l'on
nomme les étudiants . Les Tolba sont des jeunes gens
qui fréquentent les cours de l'Université.
Cette Université, là seule, bien entendu, qui existe
au Maroc, a pour siège la mosquée de Karaouiyin,
c'est-à-dire la mosquée des Kerouanais, témoignage
toujours debout des immigrations qui, à travers la
Tunisie et toute TAlgérie ont créé, entre la ville sainte
de Kairouan et le Maroc, des liens religieux et intellec-
tuels. La Mosquée-Université de Karaouiyin est d'une
^8 UE MAROC
dimension telle que plus de 20.000 hoQunes, dit-on,
peuvent s'y réunir ponr la prière.
On enseigne à Karaomyin ie droit, la grammaire,
Tarabe littéraire et l'éloquence. Ce sont là les cours
principaux. Cette instruction est complétée par un peu
d'astronomie et de calcul, car le mot mathématiques
paraîtrait ici trop prétentieux.
La Mosquée-Université possédait autrefois une biblîo-
thèque formée par des livres apportés d'Espagne, p^i-
dant la longue période qu'ont existé les royaumes de
Grenade et de Séville, le Khalilat de Gordoue. Cette
bibliothèque a été répartie entre les villes impériales^et
la fraction demeurée à Karaouiyin ne comprend guère
plus mainteuant que douze à quinze cents volumes.
L'Université compte une quinzaine de professeurs, y
compris les professeurs ordinaires nommés Talebetles
professeurs supérieurs ou Feqihi. Ces professeurs sont
nommés par le Cadi de Fez et ce sont les biens de la
Mosquée, les biens Habous, qui assurent leur rétribu-
. tion à laquelle le Gouvernement ajoute, à Toccasion
des grandes fêtes religieuses, quelques gratifications ^i
argent, vêtements et grain. Il existe cinq classes de
professeurs. Le traitement n'est pas seul à augmenter,
au passage d'une classe à l'autre. La hauteur de l'es-
trade sur laquelle monté le profess^ir pour dosnear sa
leçon s'élève aussi progressivement.
Les étudiants dont les familles n'habitent pas Fez
sont ordinairemeait logés dans les Medersa, ou collèges,
qui sont au nombre de cinq. Chacun d'eux paye, au
moment de son arrivée, une redevance lui assurant la
possession d'une chambre pendant la durée de ses
études, qui peuvent se prolcmger pendant six aimées.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 79
L'autorité chargée de maintenir Tordre dans iGiMedersa
est celle d'un Moqnaddem, sorte de censeur dans les
fonctions duquel entrent les soins du nettoyage et la
distribution du pain, qui est la seule nourriture fournie
aux étudiants par l'administration des Habous. En
dehors de cette distribution, les Tolba sont soutenus
soit par les dons de leur famille, soits par ceux de la
oharité publique^
Les livres classiques sont imprimés à Fez par une
imprimerie lithographique. On peut donc presque dire
que ce sont des manuscrits imprimés. Un certain nom-
bre d'éditions sont faites au Caire. Le confmerce de la
librairie est centralisé par quelques marchands dont
les boutiques sont situées dans les environs de Ka-
raouiyin. — Il s'y tient également, chaque jour de
grande prière, c'est-à-dire chaque vendredi, un marché
aux livres d'occasion auquel se rendent ceux des Tolba
qui ne peuvent acheter de livres neufs.
Le prédécesseur d'Âbd el Aziz, Moulay Hassan, dont
les vues n'étaient pas sans avoir, sur plusieurs points,
une véritable justesse, était bien intervenu dans l'œu-
yre de renseignement puisqu^il avait fait préparer à
Tanger d'abord et, ensuite envoyer en Europe, soit en
France, soit en Angleterre, un certain nombre de jeunes
gens appartenant aux hautes classes delà Société maro-
caine. Ces' personnalités, maintenant bien connues du
public français,^nt ainsi fait une étude approfondie
d'une et inême de deux langues européennes. »
Depuis que nous écrivions ces pages qui, non seule-
ment conservent tout leur intérêt rétrospectif et docu-
mentaire mais, de plus, indiquent un état de choses
8o LE MAROC
existant encore dans une vaste partie de l'Empire
chérifien, Torganisation de FËnseignemènt au Maroc a
été très profondément modifiée. »
Aujourd'hui :
Enseignement Européen
Sous rheureuse impulsion de M. Loth» nommé direc-
teur de TEnseignement public au Maroc, des écoles
primaires se sont ouvertes dans les centres ci-après :
Gasablanca-Rabat-Salé-Mazagan, Safi, Mogador pour
les ports.
Casablanca possède :
Un lycée ;
'Une école secondaire de jeunes filles ;
Une école d'application pour les garçons ;
Une école d'application pour les filles ;
Un groupe scolaire dit de la Ferme blanche, compre-
nant une école de garçons et une école de filles ;
Un groupe scolaire dit de Mers-Sultan ;
Un groupe scolaire dit des Ecoles noires.
Tanger possède un collège français de garçons ; nn
collège français de filles.
Dans Tintérieur, des écoles primaires existent à Fez,
à Marrakech, à Meknès.
Enseignement Indigèhe
. L'enseignement indigène à également été l'objet des
préoccupations de la Résidence générale.
A Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi, Mogador exis-
tent des écoles indigènes.
, SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 8l
Fez possède quatre écoks, Marjrakjech et Mecknès
ont une école.
Tauger a des écoles f r anco-airaèeft.
Euiîa^ dans les envircMois de nombreux postes mili-
taires, il a été instaUé des écoles indigènes.
Des écoles iadastneUes et a^pricoles musulmane^;
•oomplètent un ensemble d'organisation déjà très déve-
loppé et dont les résultcUs acquis sont en voie doTapde
augmentation.
Indépendemment de eet ensembte officiel, il existe de
nombreuses écoles dùVAdlianoe israéUte universeUeqm
remplacent les anciennes écoles rabbiniques.
Enfin les Franciscains espagnols dirigent un certain
nombre d'écoles fréquentées par les enfants de leur
natioimlité. (Consulter rAppendice.)
LA USUGIOIf
Gomme dans tous les pays dlslam, la Religion est,
au Maroc, trop mêlée à tous ks actes de la vie privée et
de la vie publique pour que nous ne lui consacrions pas
un de nos tableaux.
La constitotion du Clergé marocain, où pour mieux
dire de la Classe sacerdotale, est sans analogie avec
celle du Clergé catholique .
Les Familles sacerdotales sont les familles chéri-
iifinnes descendant du Prophète, à la tête desquellesest
la Famille souveraine^ puisque le &iltan est« avant tout,
Pcfflitife.
Ces (( FamiMes » sacerdotales iorment des confréries,
des castes dont tous les neiembies participent au carao-
iàre sacré de la iamiUe, possède&t la Baraka. —Baraka
Sa LE MA.ROG
a été mal traduit par le mot Bénédiction ; c'est exacte-
ment un droit de bénir, un pouvoir de bénir. La Baraka
du Sultan est le caractère distinctif de son pouvoir.
C'est parce qu'il le possède qu'il règne. Sa Majesté Ghé-
rifienne est le plus grand bénisseur du Maroc, ainsi soit
dit sans aucune arrière-pensée ironique ou même fami-
lière . Après la Baraka du Sultan, viennent celles que
possèdent les Chorfa illustres ; ce mot, qui est beau-
coup plus connu par les Européens sous sa forme « sin-
gulière », est le pluriel deChérif ; il est le masculin de
Chérifa. Il faut toutefois remarquer que. sauf de très
rares exceptions, les Gherifa, femmes des familles chéri-
fiennes, ne participent pas à la Baraka, propriété morale
de la famille.
La Caste chérifienne est, avant tout, la \ Caste
noble.
l^es personnages sacerdotaux — ce que nous appelle-
rons le Clergé •— n'ont pas rimt)ortance qui leur est
reconnue dans la religion catholique.
Le prêtre musulman, qu'il soit Iman, Taleb, prêtre et
professeur; Hazzaba, spécialement chargé de lire le
Coran ; Muezzin, dont la principale fonction est d'appeler
à la prière ; Khatib, ou prédicateur, est à proprement
parler une sorte de fonctionnaire attaché au service de
la Mosquée, pour en assurer la garde, Tentretien, et
pour réciter, à toutes les heures rituelles, les nom-
breuses prières que prescrit le Coran. C est la récitation
de la prière qui constitue presque uniquement les mani-
festations du culte islamique qui, en dehors de la prière
et de la prédication, ne comporte pas d'offices dans le
sens propre que nous attachons à ce mot.
A Fez surtout la vie religieuse atteint toute son inten-
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 83
site ; dans les ports elle s'est modifiée, bien qne ses
prescriptions principales soient toujours observées.
Dans rintérieur, alors que des étendues de territoires
considérables n*ont d'autres édifices religieux que les
petites Koubah et les tombeaux des marabouts, les pra-
tiques religieuses sont beaucoup moins actives. On peut
dire qu'elles se bornent à une certaine observance des
fêtes coraniques, à des prières, et parfois à un ensemble
de superstitions qui n ont que des rapports très éloignés
avec le .véritable culte islamique.
L'équivalent des couvents sont les Zaouias, qui sont
placées sous l'invocation de tel ou tel des innombrables
saints ou marabouts admis parla théologie musulmane.
Chaque Zaouia appartient à quelqu'une des confréries
religieuses qui, depuis les Musulmans de l'Inde, de
TÂrabie, jusqu'aux Musulmans du Maroc et du Centre
africain, se partagent, en quelque sorte, par une affilia-
tion apparente ou occulte, tout le monde de llslam.
Certaines Zaouias ont pris un si grand développement
qu'elles ont le caractère de villes véritables .
Telles Ouazzan et Moulay Idris, dont nous disons
quelques mots dans notre chapitre consacré aux villes
marocaines.
LES FÊTES
Pour connaître la mentalité d'un peuple, ses qualités,
ses défauts, pour en déduire une règle de conduite à
observer dans les relations que l'on peut entretenir
avec lui, il n'est pas inutile de le considérer dans ses
manifestations joyeuses.
Le Marocain est assez exubérant; beaucoup plus
même que l'Algérien. C'est un actif plutôt qu'un rési-
84 !■« VA.1UK:
gué, daas les Umit«e totrteloU àa iaXaliame mu
Les grsndei lUw msTockineB ont, avant tout, vn
csractëre retigieax. te sont TAW ef SMir, tAU a
Sefhir, te M^mhud.Vae ({afttrième ttite,CAcÂottra,Cfa-
retpoad asae« exactement à sotre Camav»!.
L'AId d Kébir eât la plos imp^^tante des lètes i
les que noas vesons de menUamer. Son origii
asanrément fort ancieDue. Elle fat, en effet, ce
poor la première f«îs par Abraham loroqa'il aaor
moutoD. L'Ald el Kébir est la fête du ■monton. C'est
l'épocfae do pèlerinage de La Mecque. ComaM !a fête
pascale avec laqoMIe elle n'est pas sau qoriqiK ana-
logie, l'Aid el Kébir est noe tète dont la date de oHé-
tnslioa varie. Elle a fréquemment lies en mars.
Hest presque ironiqne, à l'égard dn mouton, de décla-
rer que l'Ald el Kébir est sa (été. Car oette journée oa
l^tét cette semaine de fë tes — l'Ald el Kébir dlire aeçt
jours — n'offre rien de particrHlièrrement agréable ponr
la race ovine.
Il n'est pas une famille marocaine qui, pendant les
trois premiers jours de la fête, n'immole au moins un
nontOQ ; c'est ainsi qne dans la eeale ville de Fez on a
estimé à 40.000 le nombre des moutons sacrifiés .
Le Sultan lui-même doit remplir l'office de sacrifica-
enr et l'Aïd el Kébir est la plus solennelle des circons-
tances dans lesqueUra Sa Majesté Qiérifienne se montre
an peuple,
Void le tableui assez pittoresque des Fêtes de VAîà
el K^ir d'avant la gnerre.
n peut, sauf quelques détails s'appliquer à la lAte
cAébrée actuellement chaque année par le Snltan Hoo-
! SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR 85
! C'était à Fez, au temps de la levée d^étendard du pré-
I tendant BouHamama, que nous connaissions surtout en
Europe sous le vocable d'El Rogui, mot qui n'est pas yn
nom, mais signifie Prétendant . El Mehdi el Menebbi, qui
commandait la Méhalla chérifienne, peu heureuse dans
ses efforts pour s'emparer du Rogui, établi à Taza, était
revenu camper sous les murs de Fez. Vus d'un peu
loin et grâce à la coUaboratibn du soleil, les uniformes
rouges des tabors d'infanterie formés en carrés ont un
aspect assez martial.
Au centre, les musiques font rage avec une ardeur et
une bonne volonté qui s'efforcent de faire oublier la
virtuosité absente.
L'artillerie est en batterie.
Un redoublement de fureur musicale, auquel les
canons mêlent leurs voix, annonce que le Sultan a quitté
son Palais et qu*il se dirige vers la Msalla, qui est le
lieu du sacrifice et qui se compose exactement d'une
longue muraille blanche au centre de laquelle se dres-
sent la Kibla et le Mimber, correspondant à la chaire
et à l'autel.
Derrière la Msalla se déploient la cavalerie régulière
et les cavaliers envoyés par les tribus pour rendre
hommage au Chérif. Ces deux rassemblements de
cavalerie au-dessus desquels flottent un grand nombre
d'étendards forment assurément la partie la plus pitto-
resque du tableau dont un des côtés est limité par
les murs crénelés de Fez.
Au milieu de deux haies d'infanterie, le Sultan s'a-
vance, entouré d'un brillant cortège composé de tous
les hauts fonctionnaires également à cheval et dont les
blancs burnous tranchent sur le rouge et le vert des
86 LE MAROC
harnachements qne décorent des hroderies d*or plutôt
lourdes et massives, mais d*ane grande richesse.
. Arrivé à proximité de la Msalla, le Sultan met pied
à terre. Son porte^parole — car le Sultan ne parle au
peuple que par la voix de ce dignitaire — son porte-
parole annonce et glorifie la fête par quelques phrases
protocolaires que Ton nomme la Khatba ; c'est un dis-
cours d'ouverture.
Lorsque l'orateur s' est tu, le Sultan procède lui-même
au sacrifice du mouton. L'instant du sacrifice est mar-
qué par une salve avant laquelle le sacrifice du mou-
ton ne peut avoir lieu dans aucun quartier de la ville.
La partie religieuse de la cérémonie étant achevée,
commence la partie politique désignée sous le nom de
Hadiya, ce qui signifie l'hommage.
C'est Thommage rendu par les tribus au Ghérif cou-
ronné, VÈmir el Mouminin, ce qui signifie : Le Prince
des Croyants.
Après le sacrifice du mouton, le Sultan remonte à
cheval et s'avance vers les divers groupes formés par
les délégations des tribus.
Moulay Abd el Aziz est monté sur un cheval
blanc avec des harnachements vert d'eau. Il est enve-
loppé dans un ample burnous de drap crème. A sa
droite se trouve le Moul el Meddall, qui a pour mission
de tenir au-dessus de la tète' du Souverain le parasol
de satin cerise surmonté d'une boule dorée, qui est
l'emblème du pouvoir. Devant le Sultan, des esclaves
nègres agitent des chasse-mouches en mousseline.
A droite et à gauche marchent des porteurs de
lances, des Mzarguiya, Viennent ensuite les Officiers
de la Couronne portant les armes du Souverain, pois
SON PASSÉ — SOW PJUàSENT — SON AVENIR 8^
le ministre de la Ouerre (c'était alors Si el Mebdi el
Mmebbi) avec lequel se trouvent les membres de la mis-
sion militaire française.
Tout ce cort^e est blanc, d'une éblouissante blan-
^era*.
Chaque délégation est annoncée par le Caïd El
Méchouar.
Ahl Pas naam ya Sidi (en v^té, Seigneur, voici les
^^isdeFez).
Le Sultan s'arrête imperceptiblement, arrêt pendant
lequel se manifestait son pouvoir religieux de bénédic-
ti<m, — la BaraJca^ — Suivons encore un instant la
marche du cortège :
Aliahl ïbarek fasser Sidi (que Dieu bénisse la vie
de votre Seigneur), répond chaque délégation en retour
de la bénédiction impériale. — Que Dieu vous bénisse
et vous dirige dans la bonne voie, dit, au nom du
Sultan toujours silencieux; le Caïd El Méchouar.
Lorsque le cortège est passé devant tous les groupes,
il reprend la direction du Palais dans lequel il rentre
bientôt comme une vision qui s'évanouit.
Toutefois, la solennité à laquelle nous venons d'assis-
ter n'est pas une lête sans lendemain.
Après la fôte publique, a lieu la fête privée, au cours
de laquelle sont présentés au Sultan les cadeaux que
les Délégations ont pour mission de' lui remettre.
Cette deuxième cérémonie, complément de ïUwUyay
est moins pompeuse que celle qui vient d'être décrite.
Elle sacoomplit, non plus en dehors de la ville, mais
dans les vastes espaces compris dans l'intérieur du
Pakds.
Les troupes, en nombre restreint, forment la haie et
le carré ; les canons sont en batterie. Les dé
tiennent groupés par lien d'origine, attendan
du Maître.
Voici le cortège impérial ; mais il est loin d
ter l'aspect magnifique de celui que nous v
décrire. Seul, le Sultan e^t à cheval, précédi
vaux tenus en main.
Il s'avance, suivi des personnages de la (
les diverses délégations qui lui présentent le:
apportés. Certains de ces cadeaux, — cène
doute pas les moins agréables, — consistent ei
toujours de la monnaie d'or, quelquefois desli
Ung. plus souvent des louia.
D'autres tribus doivent donner des chevaux, d'antres
enfin des- négresses. La cérémonie^ très rapidemeut
menée, dure une demi-heure à peine. Puis le Sul!:ia
regagne son Palais, tandis que les canons et les musi-
ques se font entendre.
L'Aïd es Séghir est la fête de clôture du Ramadan,
le mois du jeûne.
Pendant les trois journées que dure la fête, il convient
de se réconcilier avec ses ennemis, de pardonner les
injures et même de s'offrir des cadeaux. *
V Aides Sé^Air ne donne pas lieu, comme VAîdet
Khébir, à de grandes solennités ; c'est une fête plus
intime .
Une cérémonie publique se célèbre cependant^ Dans
les principales villes, le Gouverneur se rend en cortège
à la Msalla on Muraille des prières, ainsi que fait le
Sultan. Un prêtre, nommé Rkatib on prédicateur, pro-
nonce la Khatba ou prière publique, au nom du Sultan
régnant.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 89
Aussitôt terminé le sermon qui proclame la fin du
Ramadan^ une salve de vingt et un coups de canon
annonce que le Ramadan est définitivement achevé,
que V Aid es Séghir Ta clôturé. La fête dure trois jours,
que Ton nomme : Jours du pardon.
Le Mouloudj Tune des grandes fêtes religieuses au
Maroc, a pour but de célébrer la naissance du Prophète.
Les préparatifs à la fête du Mouloud commencent, à
Fez plusieurs semaines avant le moment de sa célébra-
tion. Dans les Mosquées on commente la Hamziya,
poème écrit en r^onneur du Prophète, au xiii* siècle.
Pendant la nuit qui précède la fête^ les Mosquées
restent ouvertes. On y chante des poésies en Thonneur
de Mahomet.
Dès la pointe de Faube, on tire des coups de fusil,
les femmes font entendre sur les terrasses des you-you
trépidants.
Le matin, le Sultan sort de son Palais ainsi que nous
l'avons vu faire pour FAïd el Kebir. Il n'existe pas de
prière ni de cérémonie religieuse, mais seulement une
présentation sommaire des délégués des tribus.
La semaine entière qui suit le jour du Mouloud est
fériée.
Pendant les trois premiers jours, le Sultan reçoit les
hommages et les cadeaux des tribus et les cavaliers se
livrent à une fantasia échevelée. A la fin de la semaii^e,
toutes les Confréries religieuses se réunissent et plu-
sieurs d^entre elles exécutent des processions parois-
siales, '
Une fête sans caractère religieuxj est] la « Fête de
rÉté » dont la principale manifestation consiste à jeter
de Feau sur son prochain, non seulement dans Finté-
go LK MAmOG
rieur des maisons, mais enecHre da haat des terrasses
et dans la rue.
LA FÈTB DflS TOLBA
La Pète des T&tta est la fête des étudiants* La prin-
cipale manifestaticm de cette réjouissance esk Félection
d'un Sultan des Tolba, qui se célèbre à Fez.
C'est en Tannée 1665, alors que régnait Monlay
Mohammed et que, selon Tusage» fi(on frère, Moulay er
Rechid, s'était soulevé contre Ini, que des Talba ocm-
sentirent à se laisser placer dans des caisses qui, de
même qu^au temps des Grecs, le cheval de Troie,
furent envoyées, ainsi qu'un présent, à Ben Mechaal ou
Mechad, commandant, pour le Sultan, la ville de Taza.
Ce Gouverneur accueillit les colis qu'il conduisit dans
sa Kashah, sans prendre la précaution d'en inspecter le
contenu. Puis, la nuit venue» les caisses s'ouvrirent
comme par enchantement; les cadeaux qui avaient
figure humaine en sortirent et massacrèrent le trop
confiant Mechad »
Cette agression entraîna la prise de Taza par les par-
tisans de Moulay er Rechid. Celui-ci ne rejeta pas le
fardeau de la reconnaissance et il décida que, chaque
année, un Sultan des Tolba serait élu. Ce Sultan des
Tolbae%i quelque peu cousin de nos Reines de Cama-*
val, dans le cortège desqu^es figurent toujours en
bonne place des délégations d'étudiants.
Tous les ans, les Tolba doivent demander au Sultan
la permission de célébrer leur fête. Aussitôt que cette
permission est obtenue» la oouronne éphémère est mise
aux enchères dans la mosquée de Karaouiyin. N'est-ce
SON PASSÉ — SON PRESENT — SON AVENIR 9I
\
p&s encore là une curieuse analogie avec certaines fêtes
de notre Moyen Age qui, malgré leur caractère carnava-
lesque, se passaient dans les basiliques? Lorsque la
couronne est adjugée, moyennant finances, le nouveau
Sultan s'adonne aussitôt à ses attributions gouverne-
mentales, autrement dit, il se met en mesure de perce-
voir les impôts ! Une supplique-circulaire est adressée
aux personnages principaux^ hauts fonctionnaires ou
riches marchands. Cette feuille de contributions est
assurément rédigée en termes plus originaux que ceux
employésparBklM. les percepteurs. f
€ Notre Seigneur ! que Dieu lui donne la gloire ! nous
a antorisés à célébrer la fête habituelle. Toutes les dis-
positions ont été prises pour fêter dignement cette
solennité. Les marmites sont prêtes I Aussi, nous vous
ordonnons de verser la cotisation qu'ont toujours don-
née vos pères, mille ans déjà avant la création d'Adam I
Si vous vous conformez à cet ordre, tout ira bien î
Exécutez-vous vite. Si vous manquez de bêtes de charge
pour nous faire parvenir l'argent, nous vous enverrons
les ânes du Djeddah pour le chercher. »(L'ànedu Djed-
dah est un insecte. )
Le véritable Sultan pu son KaUfa envoie au « Sultan
des Tolbas » un cheval harnaché, une escorte, un
parasol, des porteurs de lances et des chasseurs de
mouches.
Le vendredi qui suit celui où a eu lieu Télectlon, le
Sultan des Tolbas sort en grand cortège de sa Medersa»
c'est-à-dire de son Collège, de son Université. Il se rend
à la mosquée des Andalous puis au Tombeau (la Eoubah)
de Sidi Ali Ben Harazem qui est le patron des étudiants.
, Le lendemain, le Sultan des Tolbas sort de. Fez par
9^ LE MAROC
Bab el Marrouk, il gagne son campement dressé sur les
bords de Toued Fez.
Pendant sept jours dute le règne du Tolba couronné ;
c'est un règne court mais agréable, un règne de Mo-
narque absolu, sans les soucis du pouvoir, les ingé-
rences du parlementarisme ni les indiscrétions de la
presse ! Cette semaine de fête se nomme la Nzaha . Le
Sultan, le vrai, ne reste pas indifférent au règne de son
confrère. Gomme M. le Président de la République
reçoit, de ilos jours, la Reine des blanchisseuses, le
Sultan, lorsqu'il se trouve à Fez, va rendre visite au
campement des Tolba. Il s'est fait précéder par de larges
offrandes consistant en argent, en moutons, en sucre,
en thé ou bougies, en semoule pour la confection du
couscous .
Le Ghérif couronné ne se rend pas officiellement au
campement des Tolbâ; il s'en approche au cours d'une
promenade, d'ailleurs protocolaire. Aussitôt que le sou-
verain est en vue» le Sultan de Carnaval se met ea
marche suivi de son cortège et lui demande en termes
assez vifs qui l'autorise à se présenter à ses yeux. Il va
sans dire que les deux Sultans ne prennent pas eux*
mêmes la parole, mais qu'ils causent par l'intermédiaire
de leurs maîtres des cérémonies. Le ton de la conver-
sation se modifie bientôt d'ailleurs. Le Sultan de con-
trefaçon descend vivement de cheval, baise l'étrier du
Ghérif et lui remet une supplique dont' les demandes,
communiquées d'avance, sont régulièrement exaucées.
Le lendemain de la visite du Sultan E finùa la corne-
dia. Gendrillon quitte le bal. Le Sultan des Tolba aban-
donne, dès Taurore, son campement qui bientôt dispa-
raît. Sic transit qloria mundi.
SON PASSÉ — SON FSisSirC — SON ATBNIR gS»
LE MARIAGE^
Le maiiage au Maroe entzaine, dans les classe» '
aisées, un ensemble de formalités et s'accompagne d^
toute une série de fêtes. Il ne peut avoir, à proprement
parler, un caractère cîvfl ; il n'a pas de caractère reli-
gieux dans le sens qjae nous attachons à. ce mot, puisque
sa eonsécration ne domine pas lieu <à une cérémonie reli-
gieuse. Cependant, l'idée religîiBuae et les formes reli-
gienses sont loin d'en être bannies puisqu'elles sont
intimement mêlées à tous Us actes de ta vie privée et
de la vie publique.
lJ^ xiolygamie est admise. Le nombre de femmes légi-
times, qui ne peut dépasser quatre, est souvent plus
limité. Le nombre des négresses qui, tout en assurant
le service de la maison, complaisent aux fantaisies du
Maître, ne Test pas.
Lee parents disposent Tunion de leurs entants; de
telle s(M*te que les mariages marocains ne sont^ le plusr
souvent^ que des mariages de convenance. Voici quelles
sottt les cérémonies qn entraîne le premier mariage de
deux j^nes gens. C'est le mariage classique lorsqu'il
n'eist modiiié par aucune circonstance telle que la mort
du père de l'un des deux fiancés. Le deuxième mariage
ou les mariages subséquents d'un hamme possédant
dô|à une ou fdusieurs temmes légitimes ne nécessitent «
pkisrini^ventîon oliicielle du père du marié. Le Coran
n'interdit pas le mariage des veuves, mais il se pro-
duit assez rarement.
XiMrsque les deux pères se sont mis d'accord — car,
officiellement du moins, ce sont les hommes seuls qui
94 UE MAHOG
décident — l'envoi d*an présent à la fiancée est la pre-
mière manifestation du projet d'onion.
La deuxième est 1§ rédaction du contrat dressé par
deux notaires (Adoul) et signé dans une Mosquée.
UN CONTRAT DB MARIAGE
■
Ahmed, fils de Mondafa, 8*est marié d'après la bénédiction
de Dieu et la règle de son envoyé (que Dieu lui accorde sa
bénédiction et le salut) avec Aîssa, fille de Salam, laquelle
est vierge et n'a pas cessé de conserver le sceau de son
Maître, moyennant une dot connue. L'époux a payé la moi-
tié de cette dot entre les mains du père de la mariée, qui a
reçu la somme en présence des Adoul. Quant à l'autre moitié,
elle est restée entre les mains du mari, qui la versera à la
femme par fractions. Ces paiements se font conformément
aux règles établies par les Livres sacrés.
La jeune fille, toujours très jeune, en général quinze
ou seize ans, n'apporte pas de dot, ainsi qu*il est établi
au contrat ci-dessus . G*est au contraire le fiancé qui en
fournit une. Cette dot consiste surtout en cadeaux ; c^est
en quelque sorte une corbeille. Le domicile du nouveau
ménage se fixera d'abord dans la famille du marié qui
devra pourvoir à Texistence des époux dans les pre-
miers temps de leur union, tout au moins. La signature
du contrat est véritablement l'acte matrimonial, renga-
gement. La fiancée reçoit en cadeau symbolique des
dattes, des cierges et du lait; du henné étendu sur ses
pieds et sur ses mains indique publiquement qu'elle est
fiancée. Quelques semaines plus tard, les deux familles
— moins les deux fiancés qui n'assistent pas à cette
cérémonie — se réunissent un vendredi à la porte de la
SON PASSi — SON PRiSENT — SON ATBNIR qS
Konbah de Moulay Idris» s'il s*agit d'an mariage celé*
bré à Fez, et demandent, pour les jeunes gens, la béné-
diction du Saint:
Lorsque le projet de mariage est ainsi publiquement
proclamé, une fête est donnée cbez les parents de la
fiancée. La mère du fiancé remet à la jeune fille une
pièce de monnaie et un bijou d'or, symboles de prospé-
rité. Le jour suivant, la fiancée envoie à son tour au
fiancé un repas, que eelui-ci consomme avec ses amis
et en retour duquel il doit restituer les plats vides
accompagnés d'un cadeau.
C'est alors que, la dot étant versée, rien ne s'oppose
plus à la célébration définitive du mariage qui s'ac-
complit le i^us souvent un jeudi, jour propice.
Des négresses qui forment une corporation spéciale,
ont charge de préparer la chambre nuptiale tandis que
la jeune fille prend chaque jour un bain pendant une
semaine. La veille du mariage, d'autres négresses,
nommées les hennayas, tracent, sur les bras et sur les
jambes de la jeune^ille, des dessins au henné.
Enfin, vers la tombée de la nuit, un certain nombre
de parents du futur mari viennent chercher la femme
dans une chaise à porteurs ; ils Farrètent un instant à
l'entrée de la Mosquée puis la conduisent dans sa
nouvelle demeure à l'entrée ^ de laquelle une parente
lui remet trois objets symboliques, une datte, un mor-
ceau de levain et une clef. Pendant six jours le nouvel
époux passe les journées entières en dehors de chez
lui et ne revient que le soir dans la chambre con«
jngale où l'attend sa femme qui chaque jour a dû chan-
ger de costume. C'est le septième jour seulement que la
jeune épousée prend la ceinture et que les cérémonies
g6 UE MAROC
daBiariage sont considérées comme entièrement ter-
minées.
LÀ NAISSANCE
Un enlant est né.
Si c'est une fille, ce lait est considéré comme an pré-
sage favorable. Serait- ee à la pensée de la dot future f
Pille on garçon, le nouveau venu fait immédiatement
connaissance avec le henné et avec le beurre dont une
mixture est appliquée sur son corps. La grand'mère a
envoyé la layette, accompagnée de henné, qui servira
pour cette onction, et aussi des œufs et des pigeons,
symboles de prospérité et de grâce.
Sept jours après la naissance, 8*accomplit la céré-
monie qui correspond au baptême ', eUe donne lieu à
une f ôte de famille consistant en un grand repa s et qne
l'on nomme TAqulka. Le baptême taïusulman est un
acte entièrement religieux qui nécessite la présence
d'une personnalité sacerdotale. Le taleb sacrifie un
mouton en prononçant ces mots : <( Au nom de Dieu,
c'est le baptême ! »
Lorsque la formule sacramentelle est prononcée, le
nouveau-né, lavé pour la première fois, reçoit du henné
sur les pieds et sur les mains. On lui met dukohl sur les
yeux, puis on le dépose sur le lit de sa mère, à la tète
duquel se trouvent des flambeaux allumés .
Pendant les quarante jours qui suivent sa naissance,
l'enfant ne doit pas quitter la maison ; lorsque cette
période est écoulée, il est conduit, à Fez, à la Mosquée de
Hlfoulay Idris, auquel on apporte, en même temps, une
ofirande et des cierges .
Lors de son premier anniversaire, l'enfant est livré
SON PASSÉ — SON PRÉSBKT SON AVENIR 97
au barbier qui lui rase la tête presque entièrement.
S* agit-il d'une fiUe, on ménage seulement, au sommet.
une touife qui, laissée de plus en plus grande par les
coupes successives, finit par s'étendre sur toute la tète.
Aux garçons on laisse plusieurs mècbes dont l-ensemble
forme un dessin régulier,
A partir de sept ans, la petite fille conserve tous ses
cheveux et bientôt elle prend le voile. L*àge de sept ans
limite également la première enfance des garçons, la cir-
concision devant être faite au plus tard à la fin de cette
période, pour les Musulmans comme pour les Juifs.
C'est le barbier qui procède à Topération.
LA MALADIE ^ LA MÉDECINE
L'art de guérif se manifeste au Maroc sous trois
formes différentes :
La médecine indigène ;
La médecine européenne civile.
La médecine européenne militaire.
En ce qui concerne la médecine indigène, un point
important doit tout d'abord être noté :
Les études médicales sont nulles au Maroc,
La Médecine, car les «guérisseurs » ne manquent pas
et même les guérisons, est cependant pratiquée par de
nombreux adeptes. Les membres brisés ou démis sont
remis en place par des initiés de certaines familles de
la tribu des Beraber, qui possèdent une incontestable
habileté pratique. N'avons-nous pas aussi, et en assez
grand nombre, des rebouteurs dans nos campagnes et
des guérisseurs partout)
98
La corporation des Bages-lemmes est représentée par
des matrones expérimentées, parmi lesqneltes des ué-
gnsses Qgarent en bon rang. Dans les villes et anasi
Qar les grands marchés , des commerçants qni ont antant
de droit, Binon pins, à la qaatitlcation d'épiciers qa'à
celle de droguistes, vendent des remèdes tont préparés
qui s'adaptent à on grand nombre de cas et qne l'on
poorrait nommer c spécialités a, si ce n'était manqaer
de respect à la pharmacopée européenne. Certainea
ctHifréries possèdent la (acslté de gnérir telle on telle
affection.
Les maladies nervenses sont dn ressort de nègres i^ni
ont le privilège, par de broyants exorciemes, de chas-
ser les mauvais Esprits causes certaines do mal.
Les Ouazzanis — ainsi se nomment les membres de
la confrérie d'Ouazzan — sont les guérisseurs de la
r^^, des maladies de peau. Les Onled Sidi Amarappli-
qnent les pointes de feu.
A Fez, il existe quelques praticiens, nommés méde-
cins de la Mecque et dont les remèdes, importés d'Ara-
bie, ou prétendus tels, exercent sur l'esprit des malades,
et par correspondance sar leur santé parfois, les eflels
de talismans.
La médecine européenne civile est desservie maio-
tenant par un assez grand nombre de praticiens parmi
lesquels figurent quelques médecins d'origine espagnole
on italienne.
Voici une petite staUstique : On comptait an 1" jan-
vier 1920 sur le' territoire du Protectorat :
ti2 Médecins.
34 Pharmaciens.
14 Sages-femmes.
SON PASSA — SON PBteElIT — SON ATBNIR 99
Quant à la médecine militaire elle rend anx popnla-
tions indigènes des serrices considérables en donnant,
dams des infirmeries rattachées à de nombreux centres
militaires, des consultations, des soins et des médica-
ments.
LA MORT ,
Auprès du lit de Tagonisant, tous ceux de [ses pro-
ches que {ron a pu réunir se rassemblent afin de lui
fcdre leurs adieux et d*exprimer, entre chacun d'eux et
celui qui va s'éteindre, le pardon des offenses.
// n'y a de Dieu que Dieu et Mohammed est son pro"
phète. Telle est la profession de foi que formulent de
temps à autre les assistants.
Vingt-quatre heures après la mort, vers le soir, ont
lieu les obsèques aux soins desquelles procèdent des
confréries spécialement accréditées. Ce sont les Aîs-
saonas, les Sadguyin, les Taîbryn, dont les membres
viennent au domicile du défunt et récitent de longues
prières, entremêlées de versets du Coran. La seule ingé-
rence de rAdministration dans les pratiques qui entou-
rent la mort est Tintervention d'un fonctionnaire nommé
(( Bou Mouaros » qui constate que les biens du défunt ne
sont pas sans héritier et qui délivre un permis d'in-
humer.
Les personnages appartenant à la classe sacerdotale
ou les membres des familles riches, sont fréquemment
enterrés dans les Zaouias, c'est4-dire dans les couvents.
Mais ce ne sont là, cependant, que des sépultures excep-
tionnelles.
Les cortèges mortuaires varient d'importance et de
somptuosité selon le rang et ansai la fortune du mort.
Placé sur une civière, accompagné de porteurs de lan-
ternes et souvent aussi de porteurs d'étendards, le corps
est conduit à la Mosquée. Bien qu'il n'y ait pas d'office
comparable à nos grands services religieux, il est fait
cependant quelques prières à la suito desquelles le cor-
tëge reprend sa marche et se dirige vers le cimetière.
Le cimetière marocain est semblable à ceux que l'on
pentvoir en Algérie et daus les antres pays mnsnlmans.
Les tombes des femmes se différencient de celles des
hommes, à l'extérieur, eu ce qu'elles sont surmontées
d'uDB petite pyramide formée par des pierres. Presque,
toutes les familles, même les plus modestes, ont la
propriété d'une tombe ou pLutdt d'un terrain d'inhuma-
tion, car les caveaux n'existent pas. Les femmes et les
enfants sont mis. dans des cercueils, les hommes dé-
posés à même la terre.
Il nous a été donné d'assister, il y a quelques vingt
ans, en suivant la piste de Pezà Tanger, à nu spectacle
plus difticile à reucontrer, celui d'un enterrement à la
campagne.
Le défunt devait être placé sous la protectiou d'un
Marabout dont la Koubah, des plus modestes, était
entouréedequelques tombes. Une Nzala, daus l'enceinte
de laquelle nous allions nous arrêter pour la nuit, était
voisine. Déjà nous avions pris le repas du soir. Assis
devant nos tentes nous contemplions en silence la plaioe
immense, lorsque le cortège du mort parut à pende
distance. Le défunt n'appartenait pas au Douar voisin,
car il n'était pas porté sur une litièiye, mais attacljé sur
un chameau. Quelques assistants, montés les uiis sur
des mules, les autres sur fines, suivaient le chameau
SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR ICI
porteur aux côtés duquel marchaient deux chameliers,
seuls à pied.
A petite distance, nous nous avançâmes. Sans que
notre présence fût indiscrète^ nou8,pouviions^ pependaîi't,r'
ne rien perdi"© des détaiis^drf-tablfiraii; Arrivé ^^u^l>qùt: ',
de sa course; à ïendroit oiï*Ia''t6mBe avait été creusée,
le cortège s'arrêta.
Le mort, dont le corps était enveloppé dans une
pièce d'étoffe qui, de loin, nous parut être un burnous,
le visage seul restant à découvert, fut descendu sur le
sol, le chameau s'étant agenouillé, comme il avait cou-
tume de le^faire, pour être débarrassé de son fardeau.
Les assistants mirent pied à terre et se groupèrent
autour de la tombe, ceux qui étaient venus sur des mules
prenant le pas sur ceux qui étaient venus sur des ânes -
et, tandis que les deux chameliers transformés en fos-
soyeurs, déposaient le corps à même la terre et com-
mençaient à le recouvrir, les assistants murmuraient la'
suprême invocation : « Dieu seul est Dieu ! » ^
C'était fini. Un voyageur de plus était arrivé à la der-
nière étape.
La caravane se remit en marche, à pied, se dirigeant
vers la Nzala, où elle allait, comme nous, passer la
nuit. Bêtes et gens, s'avançant à la file indienne, entrè-
rent dans Tenceinte que formait un vieux mur plus qu'à
demi-ruiné. Les bêtes, entravées, recevaient Forge ;
les hommes consommaient des provisions qui, sur le
chameau, avaient voyagé en faisant contrepoids au
mort ; ils buvaient le thé à la menthe et puis tout s'en-
dormait dans le silence troublé seulement, de temps à
autre, par les abois des chiens t
« « a w
^ ; » • >
DEUXIÈME PARTIE
CHAPITRE Vffl
La Loi au Maroo. — Relations avec les Européens.
— Actes diplomatiques et traités. — La Jus-
tice. X
Jmiqu'aux incidents qui ont amené, vers le Nord-Est,
notre intervention dans l'Âmalat d'Oudjda et, dans le
Sud-Ouest, notre débarquement à Casablanca, les Eu-
ropéens, en dehors des villes de la côte, n'avaient, avec
les populations marocaines, qae des rapports très res-
treints. Tanger était le point de contact de. beaucoup le
plus important entre la vie marocaine et la vie euro-
péenne.
Déjà la présence des Légations donnait à cette ville un
caractère d'internationalité. Tanger, ce n'était guère le
Maroc et ceux qui ne faisaient que toucher le sol entre
deux bateaux, s'aventurant tout au plus dans une ra.-
pide excursion au cap Spartel» ne pouvaient se vanter
déposséder qu'une idée bien superficielle de la Société
' marocaine.
Aujourd'hui naît d'hier. Les événements qui nous
semblent imprévus ne sont le plus souvent que des con-
séquences. C'est ce qui fait que l'étude, la connais-
I04 lA MAROC
sance, an moins superficielle, de ce que tat H
indispensable à qui se pique de connaître et i
Aujourd'hui et de prévoir Demain.
La Loi, au Maroc, est à double face, comme 1<
de Janus. Motions qu'une de ses faces regarde
Passé et l'autre vers l'Avenir.
En termes moins mythologiques, disons qu
oD, du moins, la forme de son application, vari
que les individus auxquels elle s'applique son
péens on Marocaine.
Situation légale det étrangers
Rappelons d'abord la situation légale des él
telle qu'elle était au moment de l'établiBseï
Protectorat et telle qu'elle s'est maintenue pendt
périodes dont l'une expira au moment de la déc
de guerre en 1914 tandis que la deuxième vien
ment de prendre fin.
Cette situation résultait d'un ensemble d'acte
matiques et de règlements divers désignés sone
général de Capitulation».
Elle a été la conséquence de l'ingérence de
plus grande des Consuls, ingérence qui s'est sa
accrue jusqu'à ce que le Corps Consulaire ait vi
ment constitué, au Maroc, un Etat dans l'Etat.
Afin de bien saisir la situation diplomatique
roc et les ditticultésqu'a trouvées sur sa route 1
sèment de notre Protectorat c'est ici le lieu de
rapidement le régime ^it de la ti Protection v q
pris une extension considérable et qui, partiel
subsiste encore.
SON PASSÉ ^-^ SON PBâSXNT — SON AYBNIR loS
La Protection était un Etat en raison daqnel nn 8a}et
marocain était soustrait presqne complètement à Tac*
tion des Autorités indigènes pour être' placé sous l'admi-
nistration de la Légation d*un Etat étranger qui radmet^-
tait comme Protégé. En somme, la Protection est un
droit, absolument attentatoire à la souveraineté de
l'Etat dans lequel elle fonctionne, sur ceux de ses na-
tionaux, sujets nominaux en quelque sorte, qui bénâi-
cient de cette situation anormale. Le traité avec la
France, qui suivit le bombardement de Salé en 1767, tA
fut négocié par le comte de Breugnon, posa le principe
de c la Protection » en admettant que les interprètes,
courtiers ou autres personnes au service des Consuls et
des marchands étrangers géraient libres de toute impo-
sition personnelle.
Toutes les autres Puissances européennes et les Etats*
Unis obtinrent tour à tour des droits analogues.
Nous reproduisons par extraits les termes de cet
Acte, parce qu'il a été lun des principaux agents de la
pénétration européenne et française au Maroc. C'est un
document historique d'une grande importance :
La Protection est individuelle. Elle ne s'applique pas aux
parents du sujet' protégé.
Elle ne peut, en tout cas, s'appliquer par son fait, qu'à sa fa-
mille directe, à sa femme et à ses enfants vivant sous son toit.
€ La Protection n'est pas héréditaire. Une seule exception
est faite en faveur d'une famille Benchimol/ qui fournit
depuis très longtemps, de père en fils, des interprètes au
port de Tanger.
Les « Protégés » appartiennent à deux catégories :
i^ Les Protégés employés par la Légation et par les dilfé-
nates autorités consulaireB ;
Io6 LE MAROC
2° Facteurs, courtiers ou agents indigènes employés par
les négociants français pour les affaires de leur commerce.
Les courtiers indigènes, jouissant de la Protection française,
ne peuvent être qu'au nombre de deux auprès de chaque
maison de commerce. Les comptoirs établis par ces maisons
dans les différents ports du Maroc jouissent également,
comme la maison principale, du droit d'avoir deux courtiers
ou agents protégés.
La Protection ne s'applique pas aux indigènes employés à
titre direct pour les exploitations rurales. Toutefois, bien
qu'ils ne soient pas protégés, ces ouvriers ruraux ne pour-
ront être l'objet d'aucune poursuite de la part de l'adminis-
tration marocaine sans que le Consul de la nationalité à
à laquelle appartient leur employeur, n'en ait été avisé et
n'ait pu prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder
les intérêts de ses nationaux.
Une liste de toutes les personnes protégées est remise par
chaque Consulat aux autorités marocaines locales et il leur
est donné avis de toutes modifications qui viennent à se
produire.
La qualité de Protégé est constatée par une carte dont le
texte écrit dans la langue de la nation protectrice et en
arabe, mentionne la nature des services rendus par l'indi-
gène protégé au Consulat ou aux nationaux européens qui
l'emploient. »
X
Le premier groupement de Consuls, pour exercer une
action d'ensemble, date de la dernière partie du
XVI ii« siècle, de Tannée 1792. L'Assemblée des Consuls
ne comprenait d'abord que les agents de l'Angleterre,
du Danemark, de la Hollande, du Portugal, de la
Suède. En France^ on avait alors autre chose à faire qu'à
s'occuper du Maroc. Ce n'est qu'en 1797 que le Consul
**^tai«MM^^^Mtfkrfi^^*
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR IO7
français S UDÎt à ses collègues. Son exemple fut suivi par
le Consul des Etats-Unis.
Telle estrorigine du Conseil sanitaire . Cette Assem-
blée, dont les attributions n'étaient fixées par aucun
mandat, soumettait ses observations au Sultan qui,
dans le plus grand nombre des cas, ne les examinait
qu'avec la plus grande désinvolture.
En 1793, en 1797, en 1799, l'Assemblée des Consuls
manifestait son efficacité en obtenant la création de
cordons sanitaires contre les marchandises ou voya-
geurs provenant de la province d'Alger, des villes de
Melillaet de Tetouan où la peste s'était déclarée.
En 1805, le Gouvernement chérifien accordait à l'As-
semblée des Consuls le droit de veiller à la santé pu-
blique. Toutefois, cette autorité consulaire était encore
bien incertaine, et ce, au grand détriment du Maroc.
En effet, en 1818, un ordre du Sultan ayant autorisé le
débarquement, sans quarantaine, d'un groupe de pèle-
rins venant de La Mecque, la peste envahit le pays. En
1859, cependant, cette autorité s'était assez fortifiée
pour que Moulay Abderhaman ait véritablement con-
sacré le fonctionnement du Conseil sanitaire, disposi-.
tions que le Sultan, Moulay Hassan, confirma au com-
mencement de l'année 1879, en chargeant le Conseil
sanitaire de veiller à la santé publique sur tout le lit-
toral marocain.
En 1865 le corps diplomatique s'ingéra collectivement
dans une question concernant l'administration' inté-
rieure du Maroc. Il s'agissait de la construction d'un
phare près de Tanger au cap Spartel.
Cette lumière était-elle un présage %
' »t " " '•
Io8 LE MABOG
LA CONVENTION DE MiDRID
Le 9 jniltet i880 était signée la Convention de Ma-
drid. Les signataires étaient : La France, rAlleniagne,
TAntriche, la Belgique, TEspagne, les Etats-Unis, le
Portugal, la Suède, la Norvège, le Maroc.
En raison de l'importance de cet acte qui a réglé lé
régime international du Maroc, jusqu*à la conférenee
d'Algésiras, nous en résumons le texte officiel.
Àrticli p^biiiir. — Les conditions datië lesquelles la Pro-
tection peut être accordée, sont celles qui sont stipulées dan«
le Traité britannique et espagnol avec le Gouvernement
marocain et dans la GonventioiL survenue entre ce Gouv«r»
nement, la France et d'autres puissances, en 1863, sauf les
modifications qui y sont apportées par la présente Convention.
Aet. 2. — Les Représentants étrangers, chefs de mission,
pourront choisir leurs interprètes et employés parmi les
sujets marocains et autres. ,
Ces protégés ne seront soumis à aucun droit, impôt ou
taxe quelconque, en dehors de ce qui est stipulé aux artidea
12 et 13.
Art. 3. — Les Consuls, Yioe-GonBula ou Agents eouBulaifOs
chefs de poste qui ré8ide':ÀC dans les Etats du Sultan du
Maroc, ne pourront choisir qu'un interprète, un soldat et
deux domestiques parmi les sujets du Sultan, à moins qu'ils
n'aient besoin d'un secrétaire indigène.
Ces protégés ne seront soummis non plus à aucun droit»
impôt ou taxe quelconque, en dehors de ce qui est stipulé
aux articles 12 et 13.
Art. 4. — Si un Représentant nomme un sujet du Sultan
à un poste d'Agent consulaire dans une ville de la côte, oet
Agent sera respecté et honoré, ainsi que sa famille habitant
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR I09
sons le même toit, laquelle, commei lui-même, ne sera sou-
mise à aucun droite ou taxe quelconque, en dehors de ce qui
est stipulé aux articles 12 et 13, mais il n'aura pas le droit de
protéger d'autres sujets du Sultan, en dehors de sa famille.
U pourra, toutefois, pour Texercice de ses fonctions, avoir
un soldat protégé.
Les Gérants des vice-consulats, sujets du Sultan, joui-
ront, pendant l'exercice de leurs fonctions, des mêmes droits
que les Agents consulaires sujets du Sultan.
Art. 5. — Le Gouvernement marocain reconnaît aux
Ministres, Chargés d'affaires et autres Représentants le
droit qui leur est accordé par les traités, de choisir les per-
sonnes qu'ils emploient, soit à leur service personnel, soit
à celui de leurs gouvernements, à moins toutefois que ce
ne soient des Gheiks ou autres employés du Gouvernement
marocain, tels que les soldats de ligne ou de cavalerie, en
dehors des mekhzanis préposés à leur garde. De même ils
ne pourront employer aucun sujet marocain sous le coup
de poursuites.
Il reste entendu que les procès civils engagés avant la pro-
tection se termineront devant les tribunaux qui en auront
entamé la procédure.
L'exécution de la sentence ne rencontrera pas d'empêche-
ment. Toutefois,yrautorité locale marocaine aura soin de
communiquer immédiatement la sentence rendue à la Léga-
tion, Consulat ou Agence consulaire dont relève le protégé.
Quant aux ex-protégés qui auraient un procès commencé
avant que la protection eût cessé pour eux, leur affaire sera
jugée par le tribunal qui en était saisi.
Le droit de protection ne pourra être exercé à l'égard de
personnes poursuivies pour un délit ou un crime avant
qn*elles n'aient été jugées parles autorités du pays, et qu'elles
n'aient, s'il y a lieu, accompli leur peine.
Art. 6. — La protection s'étend sur la famille du protégé,
sa demeure est respectée.
IIO LX MAROC
B est entendii q«e la famille ne se compose que de la
femme, des enfants et des parents mineurs qni habitent soos
le même toit,
La protection n'est pas héréditaire. Une seule exceptioiiy
d^ établie par la Convention de 1863, et qui ne saurait
créer un précédent, est maintenue en faveur de la famille de
Benehimol.
Cependant, si le Sultan du Maroc accordait une antre
exception, chacune des Puissances contractantes aurait le
droit de réclamer une concession semblable.
ART. 7. — 'Les Représentants étrangers informeront par
écrit le Ministre des Affaires étrangères du choix qu'ils
auront fait des employés.
Ils communiqueront chaque année audit Ministre une
liste nominative des personnes qu'ils protègent ou qui sMit
protégées par leurs agents dans les Etats du Sultan dulteoc
Cette liste sera transmise aux autorités locales qui ne ecm-
sidéreront comme protégés que ceux qui y sont inscsrits.
Art. 8. — Lés Agents consulaires remettront chaque année
à TAutoritédu pays qu'ils habitent une liste,revètue de leur
sceau, des personnes qu'ils protègent. Cette Autorité la tnoin-
mettra au Ministre des Affaires étrangères, afin que, si elle
n'est pas conforme aux règlements, les Représentants à Tan-
ger en soient informés.
L'Officier consulaire sera tenu d^annoneer immédiaLtemeiit
les changements survenus dans le personnel protégé de son
Consulat.
Art. 9. — Les domestiques» fermiers et autres employés
indigènes des secrétaires ou interprètes indigènes ne
jouissent pas de la protection. Il en est 4e même pour
les employés ou domestiques marocains des sujets ébtwor
Toutefois les autorités locales ne pourront arrêter un
•mployé ou un domestique d'un fonctionnaire indigène an
service d'une Légation ou d'un Consulat, ou d'un sujet
SON PASSÉ SON PBÉSENT — SON AVENIR IH
on d'un protégé étranger, sans en avoir prévenu l'Autorité
dont il dépend.
Si un sujet marocain au service d'un sujet étranger venait
à tuer quelqu'un» à le blesser ou à violer son domicile, il
serait immédiatement arrêté, mais rAotorité diplomatique
ou consulaire sous laquelle il est placé serait avertie sans
retard. ^
Abt. 10. — Il n'est rien changé à la situation des CSensaux^
telle quelle a été établie par les traités et par la Convention
de 1863.
Abt. 11. — Le droit de propriété au Maroc est reconnu
pour tous les étrangers.
V achat de propriété devra être effectué amc le consentement
préalable du Gouvernement, et les titres de ces proprié^tés
seront soumis aux formes présentes par les lois du pays.
Toute question qui pourrait surgir sur ce droit sera déci-
dée, d'après ces mêmes loi^, avec Fappel au Ministère des
Affaires étrangères stipulé dans le traité.
Art. 12. — Les étrangers et les protégés propriétaires ou
locataires de terrains cultivés, ainsi que les Gensaux admis à
l'agriculture, paieront Timp^tagricole. Ils remettront chaque
année à leur Consul la note exacte de ce qu'ils possèdent, ej^
acquittant entre ses mains le montant de llmpôt
Celui qui fera une fausse déclaration paiera, à titre d'a>
monde, le double de Timpôt qu'il aurait dû régulièrement
verser pour les bieyaa non déclarés. En cas de récidive, cette
amende sera doublé^.
La nature, le mode et la quotité de cet impôt seront l'ob-
jet d'un rè^ement spécial entre les Représentants des Puis-
saBoes et le Ministre des Affaires étrangères de Sa Majesté
Chérifiemie.
Aar. 13. — Les étrangers* les protégés et les Gensaux
pioiffi^aires de bêtes de sooiffle pueront I4 taxe dite c des
portes». La quotité et le mode de peroepti<Hi de cette taxe,
eonmone aux étrangers et aux indigènes, seront également
lia LE MAROC
l'objet d'un règlement spécial entre les Représentants des
Puissances et le Ministre des Affaires étrangères de Sa
Majesté Ghérifienne.
Ladite taxe ne peut être augmentée sans un nouvel accord
avec les Représentants des Puissances.
Art. 14. — La médiation des interprètes, secrétaires,
indigènes ou soldats des différentes Légations ou Consulats,
lorsqu'il s'agira de personnes non placées sous la protection
de la Légation ou du Consulat, ne sera admise qu'autant
qu'ils seront porteurs d'un document signé par le Chef de
mission ou par l'Autorité consulaire.
Art. 15. — Tout sujet marocain naturalisé à l'étranger,
qui reviendra au Maroc, devra, après un temps de séjour
égal à celui qui aura été régulièrement nécessaire pour obte-
nir la naturalisation, opter entre sa soumission entière anx
lois de l'Empire ou l'obligation de quitter le Maroc, à moins
qu'il ne soit constaté que la naturalisation étrangère a été
obtenue avec Tassentiment du Gouvernement marocain.
La naturalisation étrangère, acquise jusqu'à ce jour par
des sujets marocains, suivant les règles établies par les lois
de chaque pays, leur est maintenue pour tous ses effets,
sans restriction aucune.
Art. 16. — Aucune protection irrégulière ou officieuse ne
pourra être accordée à l'avenir.
Les Autorités marocaines ne reconnaîtront jamais d'antres
protections, quelle que soit leur nature, que celles qui
sont expressément arrêtées dans cette Convention.
Cependant l'exercice du droit consnétudinaire de protection
sera réservé aux seuls cas où il s'agirait de récompenser des
services signalés rendus par un Marocain à une Puisaaace
étrangère, ou pour d'autres motifs tout à fait exceptionnels.
La nature des services et l'intention de les récompenser par
la protection seront préalablement notifiés au Ministre des
Affaires étrangères à Tanger, afin qu'il puisse au besoin pré-
senter ses observations ; la résolution définitive restera néaii<-
SON PASSÉ — SON PRÉSSNT — SON AYBNIR Il3
moins réservée an Gonvemement anquel le service anra
été rendn. Le nombre de ces protégés ne pourra dépasser
celui de douze par Puissance, qui reste fixé comme maxi-
mum, à moins d'obtenir l'assentiment du Sultan.
La situation des protégés qui ont obtenu la protection en
vertu de la coutume désormais réglée par la présente dispo-
sition sera, sans limitation du nombre, pour les protégés
actuels de cette catégorie, identique pour eux et pour leur
•famille, à celle qui est établie pour les autres protégés.
Art. 17. — Le droit au traitement de la nation la plus
favorisée est reconnu par le Maroc à toutes les Puissances
représentées à la Conférence de Madrid.
Art. 18. — La présente Convention sera ratifiée. Les
ratifications seront échangées à Tanger, dans le plus bref
délai possible.
Par le consentement exceptionnel des hautes parties con-
tractantes, les dispositions de la présente Convention
entreront en vigueur à partir du jour de la signature à
Madrid.
EEn foi de quoi, les Plénipotentiaires respectifs ont signé
la présente Convention et y ont apposé le sceau de leurs
armes.
Fait à Madrid, en treize exemplaires, le 3 juillet 1880.
RàOLUiBRT du 3î\mars i88i^ relatif à V exécution des
articles 12 et 13 de la Convention de Madrid
1. — Les étrangers et les protégés propriétaires et loca-
taires de terrains cultivés, ainsi que les Censaux adonnés à
ragricuUure paieront Timpôt agricole, l'impôt sur les ani-
maux destinés à ragriculture et le droit des portes, perçu
sur les bêtes de somme employées au transport des mar-
chandises et des produits.
Il4 XS MAROC
â. — des impôts aoroat les mêmes que ceux payés par les
s&jets du Sultan.
I. — Agricultare ^
3. — Le blé, l'orge et les autres céréales paient la dîme
en nature ou en argent. Si c'est en nature la perception
se fera sur le lieu môme.
Si c'est en argent, on percevra 10 0/0 sur la valeur des
dites céréales, au prix du jour du marché le plus voisin, ou
d'après un commun accord. En cas de contestation entre
TAmin et le contribuable, le paiement aura lieu en nature.
Cet impôt se paiera au mois d'août avec le concours des
Consuls.
4. — Les fruits secs, les dattes» les figues, raisins ,
noix, amandes, le henné et les olives paieront également
10 0/0, et cela au moment où on les pèsera pour les vendre
sur le marché.
Si l'acheteur de ces produits veut les transporter dans
une autre ville, il recevra un récépissé constatant que la
marchandise a payé les droits, et ce récépissé sera remis
au lieu de la vente, au moment où l'on pèsera le produit.
Au cas où les produits seront vendus* au détail sur les
marchés des villes, on ne donnera pas de récépissé.
5. — L'huile paiera également un droit de 10 0/0, et sera
estimée,soit sur l'arbre, soit au moment où les olives seront
dans le pressoir.
U. — Animaux domestiques
6. — Les chameaux, le gros bétail, les moutons et les
chèvres paieront 2,5 ,0/0 par an, «t cda au mois de juin à
l'Ansera.
SON PASSâ — SON PRESENT -^ SON AVENIR It5
Pour les chameaux, Timpât est fixé sur une évaluation ,
de 40 piastres d'Espagne par tète, à 2,5 0/0, ce qui fait une
piastre par an et par tète.
La valeur du gros bétail, l'un dans Tautre, est évaluée à
15 piastres, c'est-à-dire par an et par tête, un imp^t de
7 Téaaxiys en calculant i raison de 2,5 0/0. Les moutons et
les chèvres sont estimés les uns dans les autres à 2 piastres
par tète. Les animaux au pied (qui tettent) sont exempts
d^in^ts.
7. — S. M. le Sultan n'a fait évaluer les animaux à un
taux aussi bas qu'en raison de la gène actuelle; mais si
leur valeur augmentait, ainsi qu'il est facile dès à présent de
le prévoir, S. M. provoquerait une nouvelle réunion des
Rq^^résentants étrangers pour faire aux règlements les
changements nécessaires, d'après les prix du temps.
8. — Les chameaux, le gros bétail, les moutons et les
chèvres paieront, en plus, un autre droit quand on les ven-
dra» soit pour l'abattoir, soit pour l'élevage*
On paiera à la vente par tête, pour les chameaux 5 0/0 ;
2,5 seront payés par le vendeur, et autant pair l'acheteur ;
pour le gros bétail 4 réaux ; pour le petit bétail i/4 de réal.
Ceux qui abattront paieront pour la peau, lors de la
vente, le même droit que l'on paie aujourd'hui dans chaque
localité.
9. — Pour les chevaux, ânes et mulets, on paiera, lors
de la vente, 5 0/0 sur leur valeur; 2, 5 le vendeur, et 2,5
raoh^teur.
III. — Droits dbs portes
Les §§ 10 à 17, relatifs aux droits des portes ont été
modifiés par le Règlement du 2 juin 1896. \
Il6 LE MAROC
IV. ^ Coopération des Consuls
18. — Les étrangers et les protégés^ propriétaires oa
locataires de terrains cultivés, ainsi qae les Gensaux adon-
nés à Tagricultare, recevront chaque année de l'Amin,
chargé par le Sultan de Tévaluation des dîmes sur les cé-
réales» et au moment même de cette évaluation, une note
spécifiant le montant de ce qu'ils auront à payer en nature
ou en argent, conformément à larticle III.
Le contribuable remettra cette note sans délai à son Con-
sul. Si la dlme est à remettre en nature, la perception aura
lieu sur Taire même ; si c'est en argent, le contribuable
paiera la somme par Tintermédiaire de son Consul.
Dans Tun ou Tautrecas, si le contribuable croit qu'il y a
surcharge, il fera sa réclamation en remettant la note de
l'Amin au Consul, lequel de son côté en préviendra sans
retard TAmel de l'endroit, chargé de la perception, pour
qu*il puisse faire surveiller l'aire où les céréales se trouvent.
Le salaire du surveillant sera de 4 réaux par jour, jusqu'à
la fin du dégjrainage. Le dégrainage terminé, on mesurera,
en présence de témoins, la quantité du produit.
Si le résultat est conforme à l'évaluation de l'Amin» le
contribuable paiera la dlme et le salaire du surveillant ;
mais si le résultat est inférieur à l'évaluation, le contri-
buable paiera la dlme d'après le résultat de l'opération, et le
salaire du surveillant sera à la charge du Gouvernement.
Il est pourtant admis que dans l'évaluation il puisse y
avoir une erreur de 5 0/0 en plus ou en moins, de sorte que
si la quantité trouvée lors du mesurage reste de 5 0/0 en
dessous de l'évaluation, ou bien la dépasse de 5 0/0, le
contribuable n'en paiera pas moins la somme sur la quantité
fixée par l'Amin, mais si la différence est plus grande que
les 5 '0, il paiera la dîme selon le résultat du mesurage.
SON PASSÉ — SON PrAsINT — SON AVENIR 1X7
19. — Les étrangers, propriétaires de bêtes de somme,
employées au transport de mwdiandises et de prodaits,
lemettroiit chaque anné^ an mm de juin, avant la fêle de
FÂnsra, à lenr Consul, la note exacte des aàimauz domes-
tiques qu'ils possèdent, en acquittant, par son entremise,
le montant de l'impôt. Celui qui fera une fausse déclara-
tif» paiera, à titre d'amende, le |l<>ol>l^ ^^ l'impôt qu'il
aurait dû régulièrement verser pour les animaux non
déolnrés. Bn csas de récidive, oette amende sera doublée.
(Art. Xll de la Convention de Madrid . )
20. — Lors du versement des impôts dus par les étran-
ge», protégés, été., par Tentremise de lenr Consul, entre
les mains de l'Âmel de l'endroit, aux époques désignées ci-
dessus (§§18 et 19), les Consuls et les Amels emploieront
des registres à souche, conformes aux modèles ci-annexés .
^. •* Si les étrangers, protégés, etc., ne remettaient
point à leurs Consuls la dime sur les produits du sol et sur
les animaux domestiques sujets à l'impôt, aux époques
fixées par les §§ 3 et 6, et que des mesures de contrainte
devinssent nécessaires, ces dernières auraient lieu avec le
concours d'un délégué du Consulat.
I«eB Consulats sont tenus de nommer ces délégués sans
retard et de les mettre à la disposition de l'Amel.
âS. — Si deux ou plusieurs sujets ou protégés étrangers
de différaites nationalités, associés pour une entreprise
agricole ou pour Télève du bétail, nfuseat de payer l'impôt
on les amendes fixées par la Convention de Madrid, chacun
des Consulats respectifs aura le droit de nommer un délégué
qui sera présent à la contrainte.
23. — Si, pour payer Hmpôt, les aosâoides et les frais^ de
procédure, on était obligé de faire vendre d'office, soit les
propriétés, soit tout ou partie du bétail dudit sujet ou pro-
tégé étranger, cette opération aurait lieu aux enchères
publiques, par l'Intermédiaire de l'Autorité locale, avec le
concours des délégués consulaires respectifs. Le bétail sera
n
Il8 LE MAROC
vendu par le crieur public au marché le plus proche. On pré-
lèvera sur la vente la somme nécessaire pour frais de dépla-
cement et de nourriture des délégués du Gouvernement et
des Consulats. Ces frais seront payés par le Consul, d'ac-
cord avec l'Amel. mais ils ne dépasseront pas la somme de
25 réaux par jour.
24. — Dans le cas où les cultivateurs, sujets ou protégés
étrangers, par suite de disette ou d'épidémie, ou de malheur
extraordinaire, se verraient dans Timpossibilité de payer
leurs impôts, S. M. Chérifienne leur accorderait les mêmes
facilités qu'à ses propres sujets.
25. — La coopération des Consuls est sans frais; ils ne
recevront pas non plus le droit de dépôt établi par les tarifs
consulaires.
26. — Tout Officier consulaire engagé dans l'agriculture
sera tenu de faire parvenir au Chef de Mission, à Tanger,
une note des animaux qu'il possède et des taxes qu'il aura
payées, aussitôt après avoir acquitté ces taxes. En cas de
contestation, il en sera référé à TAutorité compétente, à
Tanger. '
27. •-* En cas de contestation entre le Gouvernement
marocain et un Représentant étranger, au sujet du paiement
des taxes ou de rapplication du Règlement qui précède, la
question sera résolue entre le Ministre des Affaires étran-
gères du Sultan et des Représentants des Puissances signa-
taires de la Convention de Madrid.
Ont signé : Mohamed Bargache, pour le Maroc; Weber,
pour l'Allemagne ; Diosdao y Castillo, pour l'Espagne et la
Russie ; Mathews, pour les Etats-Unis d'Amérique ; de Yer-
nouillét, pour la France ; Drumond Hay, pour l'Angleterre,
l'Autriche-Hongrie, le Danemark et les Pays-Bas ; Scovasso,
pour l'Italie ; J. Daniel Colaço, pour le Portugal et le Brésil.
SON PASSE — . SON PRESENT — SON AVENIR II9
Article additionnel
En ce qai concerne le maïs, l'aldourah et autres graines
qui ne se récoltent qu'après la fin d'avril, le Gouvernement
marocain accordera un délai pouvant s'étendre jusqu'au
15 octobre pour en payer la dîme.
Ont signé les Représentants précédemment nommés.
Tanger, le 30 mars 1881.-^ 30 Rbi EUani 1298.
Après la Convention de Madrid, le premier Acte
international, encore en vigueur, est TAccord franco-
anglais du 8 avril 1904.
En voici les dispositions les plus intéressantes :
Art. 2. — Le Gouvernement de la République française
déclare qu'il n'a pas l'intention de changer TEtat politique du
Maroc. De- son côté, le Gouvernement de Sa Majesté Britan-
nique reconnaît qu'il appartient à la France, comme Puis-
sance limitrophe du Maroc, sur une vaste étendue, de veiller
à la tranquillité dans ce pays et de lui prêter son assistance
ponr toutes les réformes administratives, économiques,
financières et militaires dont il a besoin .
Le Gouvernement britannique déclare qu'il n'entravera
pas l'action de la France à cet effet, sous réserve que cette
action laissera intacts les droits dont, en vertu des Traités,
Conventions et Usages, la Grande-Bretagne jouit au Maroc, y
compris le droit de cabotage entre les ports marocains dont
les navires anglais bénéficient depuis 1901. ^
Art. 4 — Les deux Gouvernements déclarent qu'attachés
an principe de la liberté commerciale, ils ne se prêteront à
anenne inégalité pas plus dans l'établissement des droits de
6
ISO LX MASOG
doaane on autres taxes que dans rétablissement des tarifi
de transports par chemins de fer...
... Le Gouvernement de la République française s'engage à
veiller, au Maroc» à ce que les concessions de routes, de clie-
mins de fer, ports, soient données dans des conditions telles
que Tautorité de TEtat sur ces grandes entreprises d'utilité
générale reste entière.
Art. 7. — Afin d'assurer le libre passage du détroit de
Gibraltar, les deux gouvernements conviennent de ne pas
laisser âever des fortifications eu ouvrages stratégiques
I quelconques sur la partie de la côte marocaine comprise
entre Melilla et les hauteurs qui dominent la rive droite da
Sebou. Toutefois, cette disposition ne s'applique pas aox
joints actuellement occupés p^r TËspagne sur la rive maro-
caine de la Méditerranée.
Art. 8. — Les deux Gouvernements s'inspirant de leurs
sentiments sincèrement amicaux pour l'Espagne, prennent
en particulière considération les intérêts qu'elle tient de sa
position géographique et de ses possessions territoriales sar
la côte marocaine de la Méditerranée, intérêts au sujet des-
quels le Gouvernement français se concertera avec le Gouve^
nement espagnol. Communication sera faite au Gouvernement
de Sa Majesté Britannique de l'accord qui pourra intervenir
à ce sujet entre la France et l'Espagne.
U est intéressant de rappeler ici les termes de la Cir-
culaire adressée, le 12 avril 1904, par M. Delcassé aux
Ambassadeurs de France, au Ministre de France à
Tanger.
Cette circnlaire s'exprime ainsi :
De toutes les questions où sont engagés les intérêts de la
France, aucune n'a une importance compiurable à celle de la
question marocaine. Il est évident que de sa solution
SON PASSE — S03f PBSSSXT SON AYSXtR lai
d^endent la solidité el le dé%"eloppemeat de notre Empira
aCricaiii et revenir même de notre situation dans la Mihiiler-
Le Maroc a une population de beaucoup supérieure à celle
de l'Algérie et de la Tunisie, réunies ; par conséquent une
main-d'œuvre beaucoup plus abondante. 11 possède en quan>
tité ce que n'ont ni la Tunisie ni TAlgérie : Teau. Le Maroc
placé sous notre influence, c'est notre Empire du nord de
l'Afrique fortifié. Le Maroc soumis à une influence étrangère
c'est, pour le même Empire, la menace permanente et la
paralysie. L'heure était venue de savoir qui aurait au Maroc
riafluence prépondérante. 11 incombait à notre Diplomatie
de faciliter à la France cette tâche que la nature et le voisi-
nage lui attribuent; c'est à quoi elle s'est appliquée avec per-
sévérance, mettant à profit toutes les circonstances favorables
qui s'offraient. En obtenant de l'Angleterre dont on connaît
la forte situation aux portes du Maroc, la déclaration qu'il
appartient à la France de veiller à la tranquillité de ce pays
et de lui prêter son assistance pour toutes les réformes admi-
nistratives, économiques, financières et militaires dont il a
besoin, ainsi que rengagement de no pas contrarier son
action à cet effet, nous avons obtenu un résultat dont il est
superflu de faire ressortir la valeur.
C'est à nous maintenant, en nous gardant de tout entralno-
ment, en tenant compte des expériences faites ailleurs, on
nous montrant les meilleurs amis du Maroc parce que les plus
intéressés à sa prospérité, de poursuivre avec méthode, avec
esprit de suite, sans efforts et sans sacrifices inutiles, l'achô-
vement de notre œuvre civilisatrice qui fortifiera singuliè-
ment la puissance française, sans léser les droits acquis de
personne et qui, finalement, sera un bénéfice pour tou-t le
monde.
Dans une pensée d'amitié vis-à-vis de TEspagne, avec
laquelle nous entretenons des relations traditionnelles de
cordialité, nous avons voulu prendre en considération les
I!» T.1E MAHCC
inlérêls qu'elle tiest, elle 'mtssL, de son voinnage «t de «et
pœsessions territonBles snr la oMe maiocflEiBeâela Médîtor-
ranée. Aussi nous concerterons-nous avec le GouverneneDt
•du Roi, dans le désir de donner «aUsf action aux aspirations
légitimes d'un pays voisin et ami.
D'autre part, lé €>oavernement anglais «'exprimait en
ces termes, dans la lettre adressée par le marquis de
Landsdowne à sirE. Monson, eimbassadenr d* An^eterre
à Paris :
Le Maroc ^ trouve depuis longtemps dans une situation
qui est pleine de dangers. L'autorité du Sultan sur une large
partie du territoire est celle d*un chef nominal plutôt que oelle
d'un Souverain. Les propriétés sont dans un état d*inBécurité
complète et le développement des opérations commerciàHes
est gènépar la situation politique. Il parait naturel que, dans
ces circonstances, la France considère qu'il lui apparlient
d'assumer la tâche de tenter le relèvement du Maroc.
Sans aucun désir d'annexer les domaines du Sultan et de
renverser son autorité, la France cherche à étendre son
influence au Maroc. Le Oonvernement de Sa Majesté a volon-
tiers admis que si une Puissance européenne quelconque doit
avoir une influence prépondérante au Maroc, cette Puissance
est la France Le (xouvernement de Sa Majesté n'anrdt
pu accéder à une Convention qui ne garantirait pas les diroits
acquis par les sujets anglais de commercer librement an
Maroc, d'y résider et voyager, de louer des habitations on
des magasins, d'y acquérir ou d'y Tendre.
L'ACCORD FRANCO-ESPAGNOL
I
Les négociations iranco-espagnoles, après plusieurs
tergiveTBatioDB, avaient fini par aboutir, le 7 octohre
SON PASSÉ — SON P&B6BNT — SON AVENIR 1^3
1904. Voiciles termes de l'Accord signé par M. Delcassé ,
ministre des Affaires étrangères, et par le marquis diel
Mam, ambassadeur d'Espagne à Paris : '
Le Gouvernement de la République française et le Gou-
vernement de Sa Majesté le roi d'Espagne, s'étant mis
d'accord pour fixer retendue des droits et la garantie des
intérêts qui résultent pour la France de ses possessions algé-
nennes et pour TEspagne de ses possessions sur la côte du
Maroc, le Gonvemeraent de Sa Majesté le roi d'Espagne a
donné son adhésion à la déclaration Franco-Anglaise du
8 avril 1904, dont commnnioation lui avait été faite par le
Gouvernement de la République.
Il résulte des précédentes explications que la Justioe
lorsqu'il s'agîfisalt de litiigés dans lesquels les plaideurs
n'étaient pas tous Marocains était rendue, jusqu'à la
date du 12 août 1^13,par les Consuls des nations euro-
péennes auxquelles appartenaient les parties, de telle
sorte qu'un plaideor marocain pouvaitétre jugé d'après
une Loi européenne.
Cet état de choses très anormal résultait, du régime
4it des Capitulations.
• •••■«••••••••••••
Telles sont les phases de i'existenoe internationale
dm Maroc écoulées jusqu'au Protectorat français. Le
Protectorat étant un aboutissement, c'est seulement à ia
fin de cet ouvrage que nous pourrons préciser, dans wn
intégralité, la situation administrative et politique de
l'En^pixe chérifien .
Nous devons dire dès maintenant quelques mots de
TAdministration et de la Justice indigène .
Au point de vue administratif, l'Empire chéiifian,
1^4 LE MAROC
c'est-à-dire la partie du Maroc dès maintenant sou-
mise au Sultan, la partie Maghzen, est divisée en Cal-
dats plus ou moins étendus sur lesquels le Caïd et son
ou ses Khalifas, c'est-à-dire son ou ses remplaçants,
exercent l'autorité administrative et l'autorité judi-
ciaire.
Dans les villes importantes, les pouvoirs administra-'
tifs, les pouvoirs de police indigène, sont dévolus an
Pacha. Le Pacha est un Gouverneur. C'est nn très
grand personnage. Il nous souvient que lors de notre
premier séjour à Tanger, alors que le Maroc nous inté-
ressait surtout comme touriste, nous allâmes un jour,
en compagnie de quelques amis venus d'Europe, visi-
ter la Kasbah. Au moment où nous allions atteindre
la porte monumentale, un grave personnage, encore
jeune, le visage orné d'une barbe noire luxuriante,
couvert d'un burnous d'une éblouissante blanchetir
et portant de hautes bottes en cuir rouge, comme
les harnachements de la mule blanche qu'il montait,
sortit de la citadelle. Nous nous écartâmes un peu par
déférence et aussi par curiosité. La sentinelle, qui s'était
levée, fit, avec indolence et sans conviction, le geste de
la présentation d'arme, El Slam/le salut. Sans répondre
et sans prêter à notre petit groupe aucune attention
apparente, le personnage passa, tandis quun gamin,
sept à huit ans peut-être, nous dit en le désignant d'un
signe de tête :
Pacha 1
L'accent de l'enfant et sa physionomie exprimaient
toutes les variations d'une gamme psychologique.
Pacha ! Celui qui peut punir, emprisonner, frapper
d amende.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR ia5 ^
Pacha I L'un des Représentants de ce Sultan si loin-
tain, là-bas, dans Fez, si mystérieuse encore à cette
époque.
Pacha ! Le chef qui devait nous sembler si beau,
tout blanc sur sa mule blanche, à nous qui n'étions en '
somme pour le Pacha, et sans doute aussi pour le gar-
çonnet, que des chiens.
Et tout cela, crainte, admiration, envie, orgueil de
race s'exprimait et se concrétait dans ce mot murmuré
plutôt que prononcé par ce bonhomme qui courait les
pieds nus dans la poussière.
Pacha!...
A côté du Pacha prend place, dans la ville, le Cadi .
Le Cadi est non seulement un juge, c'est un tribunal.
Le Cadi est le personnage le plus considérable de la
Société civile musulmane. Il ne dépend pas du Pacha,
en tant que magistrat : il représente directement la jus-
tice du Chérif, de telle sorte que Ton peut dire que le
Sultan, lorsqu'il rend la justice lui-même, ce qui arrive
en certaines circonstances, remplit les fonctions^ de
Cadi.
Le Cadi est à peu près inamovible. Ses jugements
sont généralement sans appel dans la pratique. En théo-
rie, il peut en être appelé devant un autre Cadi ; mais
le cas ne se présente presque jamais. Le Cadi est donc,
à lui tout seul, tribunal de première instance, tribunal
d*appel, et même Cour de Cassation.
A côté du Cadi les autres personnages judiciaires
sont : FAdel, l'Oukil, TAoun.
L'Adel est en même temps, un notaire, un greffier,
un huissier.
136 LK MAROC
Gesontka AdouL(pliirieI d'Ade))qiii tknneBt pro-
cès-verbal de tontes les phases des proeès ; ils conflit
gnent par écrit toutes les déclarations, les demande»,
les répanses, les jugeaents.L'Adelne fonctionne jamais
seaL Les Adonl vont deux par denx, ce qui est Èndis-
pensahle à la validité des actes qu'ils dressenl, des
comptes rendus qu'ils transcrivent. Parlais mèiœ
quatre Adoul instrumentent à la fois, lorsqu'il s'agit
d^établîf , sans eomparation de témoins, un acte de noto-
riété.
Les Oukiis sont des avoués. Leur rMo est obligatoire
dès qu'il s'agit de procédure écrite. Les Oukiis sont
agréés par le Cadî.
Les Aouns, sorte d'huissiers audiencînrs, appellent
lespaxties. Discms, pcMir compléter ce rapide tableau
de la magistrature marocaine, que le tribunal du Gadi
se nomme le Chraa, Seulement le Ckraa n'est pas à
proprement parler le monument dans lequel se rend la
justice, un Palais de Justice, c^est le lieu dans lequd
siège le Gadi pour juger. Ce lieu peut être, parfois» sa
propre habitation. En dehors des vilks, dans les tribus,
en raison de la grande étendue de territoire qui peni
être soumise à la juridiction d'nn seul Gadi, celui-ci
désigne^ sous sa respcmsabilité, assez théonqoe û est
vrai» des substituts qui îisgedot en ses lieu et placée. Sou-
vent aussi, comme nous l'avons dit le pouvoir judiciaire
se eooibnd avec le pouvoir administraftil, et Le Gald
devient le Gadi.
Il eoQvient de signaler ici un: faik vraimeiÉ curieux :
c'est que la Loi judaïque coexiste, an Sfaroe,, avec la
Loi mufiolmane.
Gette situation toute spéciale remonte à hifîD di
SON PASSB — SON PBXSBNT — SON AVENIR laj
XY^ siècle^ alors q«e les Juiis, chassés d'Espagne pas
lesperséctttîonft, se réfagièDent au Maroc qui s'ollrît à
eux comme un lieu. d^asUe, Un tsaité cou règle établit
qu'eob fait de justiceelvile^le Sultan déléguait au Grand
Rabbiu, pour ses coreligionnaires, les pouvoirs judi-
ciaires.
Moulay Abderrahman ayant vo«iu contraindre les.
Juifs à s'acquitter le joiiE du Sabbat de la l>j6stAa» ou
corvée personnelle, la Communauté juive de Tangei!
envoya à Fez une vétitable^ ambassade qui obtint ^ pro-
bablemesit» & Taide d'arguments irrésistibles, la confir-
mation du privilège de reconnaissance de I^ Loi )u-
dsugue. Pour les contestations qu'ont entre eux. les
Jiiils marocaine, en matière civUe» c'est donc la Loi
judaCque qui regoit son application.
La Loi indigène, en somme la Loi du pays, a ses dis-
positions principales insentes dans le Coran et, par
conséquent, iortes de la sanction que leur donne leur
«caractère religieux. L'autorité du Sultan est basée sur
sa qualité de Ghérif^ c'est-à-dire chef de la. noblesse
rdigieuse. Mais, comme dans tous les pays musulmaos»
le Livre saint est au-dessus de l'homme. Le Sultan ne
peut modifier aucune Loi coranique. L&Goirana tout
prévu, tout réglementé; il résu]ne> la volonté et la pa-
role divine transmises aux hommes par le Prophète.
C^e théorie a le mérite de la stabilité. Elle pçrait peu
favorable au progrès.
Toutefois, ce serait une erreur de croire que la
Législation earaniqttQ rende toutes évolutions aussi
difiîeiles qu*on peut le peaser, au premier abotd.
Le Sultan ne fait pas la Loi, mais il l'interprète.. Ce
Iî)8 LE MAROC
que le Coran ordonne en termes exprès, ce qu'il îinter-
dit en termes exprès ne peut, dans Tétat actuel des
choses, être modifié sans que violence soit faite à la
conscience publique. Mais, par contre, ce que le Coran
n'interdit pas est permis ; ce qu'il n'ordonne pas reste
facultatif. De telle sorte que le Sultan, interprète de la
Loi, peut prescrire ou empêcher un très grand nombre
d'actes, surtout s'il agit d'accord avec l'Autorité reli-
gieuse dont il est le chef.
C'est précisément en raison de cette situation que
l'Autorité chérifienne, mise au service de la Pacifica-
tion et di^Progrès, peut être un puissant facteur de. la
modernisation du Maroc.
L'un des principaux éléments de cette œuvre de mo-
dernisation est rintroduction de la Justice française
organisée sur des bases excellentes à la date du 12 août
et du 7 septembre 1915.
Les Tribunaux français remplacent non pas la Justice
indigène qui subsiste et subsistera, mais bien la Justice
ou pour mieux dire toutes les Justices consulaires résul-
tant des Capitulations. A la déclaration de guerre les
Justices consulaires des pays entrant en lutte avec la
France ont été ipso facto supprimées . Depuis lors les
pays amis ou neutres ont tous adhéré à la Justice fran-
çaise ou sont sur le point de le faire.
La Justice, dite Justice française, est remarquable-
ment organisée. En retraçant le cadre des services du
Protectorat, nous préciserons cette organisation.
Dès maintenant nous ferons remarquer que cette
Justice ne comporte, au Maroc, aucun officier ministé-
riel. Pas de notaires, pas d'avoués, pas d'huissiers, pas
de syndics de faillites, pas de commissaires priseurs.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 139
Des fonctionnaires, appointés par l'Etat, en remplis-
sent les fonctions essentielles.
Les jugements sont exécutoires non seulement au
Maroc, mais sur toute l'étendue du territoire français.
/
CHAPITRE IX
La Propriété au Maroc— L'Ittaq. — L'hérita^.
— La donation. — L'Agd. — Les Droits de olef.
— Les Biens Habous. — Lee Ten&dah. — Les
locations urbaines et rurales- — L'immatricu-
lation des propriétéfl.
Nous donnerons ici des détails assez 6t«nduE sur la
constitution et l'usage de la Propriété au Maroc parce
que les Européens sont soumis, comme les Indigènes, à
cette réglementation.
L'établissement des immigrants au Maroc n'est pas
sans nécessiter l'applicalion de quelques mesures de
prudence . Par immigrants, nous n'entendons pas seule-
ment ici les Français, qui se rendent au Maroc comme
salariés de toutes catégories. Ceux-là n'ont à s'occuper
que de la solidité de leurs emplois, des chances d'ave-
nir qu'ils leur offrent et des conditions matérielles de
leur vie quotidienne. Mais pour ceux qui voudraient se
fixer dans le pays, y acquérir, s'y attacher, y fonder
une industrie, la situation est toute autre. Rien ne les
intéresse plus que les Lois régissant la propriété. D'au-
tant mieux que ces lois qui touchent à la constitution
politique et religieuse du Peuple marocain ne seront
certainement pas modifiées, ou ne le seront que d'une
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l3l
manière très partielle et dans un temps assurément très
long.
Voyons donc rapidement comment est constitué le
régime de la propriété au Maroc.
Sidi Khehl, un savant légiste, a défini clairement les
conditions de la Propriété. « La terre qui est la pre-
mière des propriétés, dit-il, appartient à Dieu qui en a
permis l'^appropriation par les hommes, soit par attri-
bution des Sultans conquérants, soit par la mise en
culture de terres en friche ». L'investiture par le Sultan
se nomme « Ittaq », donation ; ce mot se retrouve dans
les actes relatifs à la constitution, à Tusage, à la trans-
mission de la propriété.
L' (( Ittaq )) peut être définitif ou non, transmissible
ou intransmissible, héréditaire ou non héréditaire. De
ce qui précède, il résulte que l'origine d'une propriété
doit être recherchée avec grand soin, bien que le con-
sentement public et la longue possession aient souvent
çlonné le caractère d'hérédité et de transmissibilité à
des concessions de biens qui ne l'avaient pas. Ainsi
constituée la propriété se transmet, au Maroc, par héri-
tage, par vente, par donation. La législation des héri-
tages et celle des Donations, ces dernières très fréquem-
ment employées pour améliorer la situafton des filles,
n'ont donc pour nous qu'une importance secondaire.
Cependant, à titre de curiosité, nous pensons que
nos lecteurs parcourront avec int^êt l'acte suivant :
LIQUIDATION D'UNE SUCCESSION
Cet acte suivant nous éclaire sur les droits de succes-
sion fixés par la Législation coranique, sur les droits
l3a LE MAROC
de tntelle exercés par les femmes, et sur leurs droits de
propriété.
Louange à Dieu unique.
Mohammed Ben Abdesslam Bou el Kald el Hadj Moham-
med Bou Leffa, propriétaire des trois quarts d'un jardin sis
au lieu dit Souani, et dont le complément appartient à sa
sœur Khadidja, étant décédé, avait seulement comme héri-
tiers cette sœur et un frôre de père, Ahmed.
Mais une femme nommée Hennia, ancienne servante ém
•chérif Mohammed el Khamal el Amraour, vint déclarer
qu'elle avait été mariée à Mohaaaimed, et qu'elle demandail,
à cause de cela» une part dans les bieûs laissés par ce
dernier.
Elle a produit un acte constatant qu'elle avait été mariée
à Mohammed.
L'intervention de la dame Hennia ne parait pa9 avoir
été du goût des héritiers, car ceux-ci contestèrent la
validité de son mariage.
Le Gadi ne pouvant mettre les héritiers d'aceord — après
des discussions que lui-même, dans l'acte, déclaré avoir élé
fort longues — déféra le serment à la dame Heania, laquelle
ne fit aucune difficulté de maintenir ses prétentions, eu les
appuyant d'un serment sur le Coran.
11 fut donc décidé que la dame Hennia aurait, elle aussi,
une part de l'héritage.
D'autres personnes sont venues aussi déclarer qu'elles
sont créancières du défunt pour diverses sommes.
!<" Le Juif Brahim Ben Messaoud Souissa, de 25 réaux,
pour un effet souscrit en présence 4e trois témoins ;
2*" El Hadj Ahmed Akherkane pour 6 réaux ;
3^ Le médecin pour 3 réaux ;
Chaque héritier était assisté d'un, oukil (huissier). On
SON PASSé — SON PRÉSENT — SON AVENIR l33
I
Blécîda d'un commun accord que Ton vendrait le jardin, afin
le désintéresser les créanciers, et de partager le reste du
Induit.
Gomme le défunt n'avait droit qu'aux trois quarts dudit
jardin, le dernier quart étant la propriété de sa sœur et héri-
tière Ehadidja, on demanda à celle-ci si elle serait consen-
tante à la vente de tout le jardin, dont elle toucherait
snsaite le quart, avant sa part dans l'héritage. Elle accepta,
st Ton mit le jardin en vente aux enchères publiques.
Pendant sept semaines, il ne se produisit aucune enchère
mpérieure à 140 réaux (700 francs), auquel prix le jardin fut
Idjugé.
La nommée Ehadidja a touché 35 réaux (175 fr.) pour son
Quart de propriété. Il restait donc 105 réaux à partager.
L'acte énumère ensuite les frais de justice et reconnaît
^'11 reste à partager 50 réaux ainsi répartis entre les ayants
âroit :
A Ehadidja, sœur de père et de mère du défunt, 25 réaux
(125 francs) ;
A Hennia, femme du défunt, 12 réaux 1/2 (62 fr. 50):
A la dame Yacoub, belle-mère du défunt, comme tutrice
de son fils Ahmed, 12 réaux 1/2 (62 fr. 50).
Fait et passé en présence du Gadi de Tanger et de plusieurs
témoins, et par ordre du Pacha Abderrahman Ben.
Il est peu probable que des Marocains nous fassent
bommage de leurs propriétés ou nous instituent leurs
liéritiers.
Tout autre est l'intérêt que présente le régime des
rentes.. Nous avons vu dans les articles de la Conven-
tion de Madrid, dont le texte est ci-avant, que Tachât de
propriétés foncières est possible aux étrangers, mais
avec la permission du Gouvernement. Il faut donc,
pour acheter un immeuble ou une terre, avoir Tauto-
i34 LS marim:
tiaeiion da Rcpcésenlant du Snttant^ Pacha on Ctid.
Le- titre' qui constitue la propriété et gai végnKè-
rement doit toujours se trouver entre les mainsp du
détenteur, se ^nomme Agd. Ce titre doit mentioniier
comme point de départ Tacte Xlttaq, acte de donation
p ar le Souverain, ou de Moulkya^ c'est-à-dire de reven-
dication de propriété par suite de culture et de long
usage. Ensuite sont indiquées les diverses miBtatioas.
qui ont été effectuées et dont Finscription, en marge de
Taete isitiaU doit être consignée par les AdouL
ACTE DE VENTE D'UN TERRAIN
Louan^ à Dieu.
Pat-devant deux Adonl, X. et X., à Tanger, le ^eu X^
Français, a acquis de X., Marocain, la totalité d'un jardin
situé à...... limité par , dans toute son étendue.
Cette acquisition est parfaite, licite, exécutoire^ défktlltive;
dûmenl établie,, exempte de toute clause de réméré.
Elle a été consentie moye&uant le ptrîx tofeal de Aouroa,
que le vendeur a toucli^ des mains de. racheteur en présenca
des Aâoul, après les avoir comptas et examinés et dont Ledit
acquéreur est déclaré déchargée
En conséquence, l'acquéreur prend possession effective de
r objet de son acquisition et s'y instaUe aux Ucui el place do
vendeur comme le possesseur d'un bien s'installe dana sob
bien, conformément à la Souna. L'acquéreur a déclaré bien
connaître Timmeuble pour l'avoir parcouru dans tous les
gens, agissant de son plein gré et en toute connaissance de
cause.
Témoignage a été porté de tout ce qui précède.
Après autorisation écrite du Pacfaa adressée au CadS .et
excluant de la vente toate terre Maghzen o« tons- biens
Haboôs inaliénables^ le Gadi a ordonné la rédaction d» pré-
SON PASSE — SON PRÉSENT — SON ATENIR l35
sent acte, les titres étant dûment établis et la délimitation
du terrain effectuée.
Lb Gâpi,
Dans certaines contrées, notanunent dans la YaUée
do Sebboo, c'est-à-dire dans une région très intéres-
sante pour les acheteurs français, il n'existe presque
aucun titre de propriété initiale, aucun « Agd ». La
vente des terres s'effectue cependant par une Moulkya,
acte de notoriété dressé par devant douze témoins, et
qui deviendra la base de la propriété.
Mais ce n*est pas seulement au point de vue des
acquisitions que les lois de la propriété intéressent Jes
imnigrants au Maroc. C'est tout autant on peut*être
plus encore, pour le plus grand nombre, au point de
vue des baux et locations.
La location, comme la vente, doit être établie par les
Adoul.Pas de location sans cette formalité. Les notaires
français auxquels échappent maintenant tant de baux
^t tant d'actes ne vont-ils pas demander que la Loi
marocaine soit applicable en France *?
On peut louer au jour, au mois, à Tannée. Dans les
villes, les baux portent généralement comme indication
de durée cette formule : Jusqu'à ce que le loyer ne soit
plus payé. Celte clause est tout à l'avantage du loca-
taire, puisqu'elle lui permet d'exercer son droit aussi
longtemps qu'il le veut ou, du moins, qu'il le peut.
A Tanger, un très grand nombre d'immeubles font
partie des Biens Habous.
Il convient d'expliquer ici ce que l'on entend par
Mens Habous, terme qui est en usage en Algérie, en
Tunisie, comme au Maroc. Un Bien Habou, un Bien
l3o LE MAROC
constitué en Habou, est un bien rendu inaliénable et
dont les revenus, après avoir appartenu à la descen-
dance du propriétaire, créateur de THabou, deviennent
la propriété de telle ou telle Mosquée .
Voici un acte de constitution d'un Habou, dont le texte
mettra complètement en lumière cette curieuse partie
de la Loi coranique :
CONSTITUTION D'UN HABOU
Louange à Dieu seul.
Sidi Ahmed ben Al Hadj Abd el Kerim Foulan a témoigné
qu'il a constitué en biens Habous le quart lui appartenant de
la moitié d'une maison située au-dessus de la « Zaouîa
de Sidi Ahmed el Baqqâl», maison comprenant une pièce
au rez-de-chaussée, une au premier étage, et deux maga-
sins au-dessus de la porte de la terrasse. Cet « Habou »
est constitué en faveur des fils de ses fils et de leurs
enfants, et, si la descendance s'éteint, en Habou éternel
pour la Zaoulade Sidi Ahmed el Baqqâl, le Saint. (Que Dieu
nous favorise par son intercession.) -^ Ceci est fait dans
l'intention de contempler le visage de Dieu Tlmmense et
d'en être récompensé. — Les soussignés savent que le cons-
tituant jouit de ses facultés; ils déclarent le connaître et ils
témoignent de ce qui est exposé. »
Il nous paraît que le constituant, loin d'être en état
d'infériorité d'esprit, faisait au contraire preuve d'une
grande clairvoyance, puisqull s'assurait ainsi des avan-
tages spirituels sans dépouiller aucun des membres de
sa descendance, la constitution du Habou les empêchant
seulement de vendre le bien qui en faisait Tobjet, mais
non de le louer ou d'en tirer revenu.
■- — -
SON PASSÉ — SON PRESENT — SON AVENIR iSj
Font également partie des Biens Habous les biens
attribués aux Mosquées dès une époque reculée, par
donation chérifienne, et qui sont Habous par le fait que
la Mosquée qui les possède ne peut pas les vendre.
Le prix des locations originelles n'ayant pas été aug-
menté, alors que la valeur locative s'est élevée, au con-
traire, dans des proportions très importantes, le loca-
taire primitif ou son représentant direct bénéficient
d'un avantage considérable puisqu'ils payent un loyer
très petit, selon le taux de Habou et qu'ils peuvent en
percevoir un très grand, au cours locatif actuel. Cette
anomalie va certainement s'accentuer. On nomme Droit
de clef ou Meflak cette situation du locataire initial et
ce Meftak peut être vendu. A Tanger, presque toute la
ville est louée sous cette formule .
Il faut noter qu'en principe le Sultan peut donner un
immeuble comme il peut donner une terre. Cet acte de
donation se nomme Tenfidah et comme, à la rigueur,
dans le droit actuel, le Sultan peut le révoquer, on agira
prudemment en s*assurant que l'immeuble acheté ou
loué n'est pas l'objet d'une Tenlidah .
Le Droit de clef, nous y insistons, est digne de toute
l'attention des nouveaux venus.
Le Droit de clef Qsi un Or/, c'est-à-dire une coutume
ayant par ancienneté force de loi, à la condition de ne
pas contredire les préceptes religieux.
Ce Droit de clef, qui existe aussi à Fez, mais pas à
Rabat, a comme origine, à Tanger, l'abandon de cette
place par les Anglais, en 1681. Une grande partie des
terrains de la ville furent donnés par le Sultan aux
Marocains ayant enlevé la ville aux Anglais, ou, plus^
exactement, s'étant trouvés présents au moment où les
t38 LS MAROC
Anglais avaient abandonné Tanger. Ces terrains tarent
ensuite convertis en biens Hahùut et oonme telsckynnés
à la Mosqoée. La Mosqnée, pour en tirer paiti, y fit
construire, puisqu'elle ne pouvait les vendre, des petites
boutiques, des petites maisons qu'elle loua à bas prix.
Cette location fut nommée Droit de clef.
Puis Tanger se transforma. Les locataires on posses.
seurs du Droit de clef ont sous-loué les immieaUes qa'iis
n'habitaient pas et dont la valeur locatiye s'était consi-
dérablement élevée. Le nouveau locataire paye dcmc à
la Mosquée le droit primitif et à son cédant le loyer coii-
venu.
*
Cette situation anormale a entraîné d^ù de fréquentes
contestations entre indigènes possesseurs et Ëuropéeos
acquéreurs de Droit de clef.
Alors que ceux-ci se sont imaginé qu'en vertu du long
usage, le Droit de clef qu'ils avaient acquis avait Ja
valeur d'une prop];;iété, ayant pris le caractère d'un
Orf, la Mosquée, entendant augmenter ses revenus,
niait aux anciens locataires le droit de sous-looer aux
nouveaux, voulant bénéficier elle-même de l'augmenta-
tion du taux des loyers. Jusqu'à présent, la Mosquée
n*a usé que très modérément de ce droit qui cepeadant
a été déjà confirmé par jugements. Mais la valeur crois-
sante des locations entraînera certainement un change-
ment à cette habituelle modération. On ne saurait donc
trop recommander aux nouveaux venus de s'abstenir,
lorsqu'ils le peuvent, de louer des biens ffabous 4yoim-
portant des Droits de clef, car ils x>ourrai«at s'exposer
à des surprises désagréaÛes .
Locations rurales. — La terre se loue généndement
à l'année ; mais le propriétaire et le locataire coBser^ent
SON PASSÉ — SON PBÉSENT — SON AVENIR iSq
le droit de se rétracter^tant que la terre n'est pas ense-
mencée. L'usage est, qu'en cas de mauvaise récolte,
provenant d'une cause naturelle, le loyer soit réduit,
ou môme annulé. Les Européens locataires feront donc
bien d'ensemencer les terres de suite, de ne les louer
qu'au moment d'ensemmcer, car une location plus
avantageuse pourrait intervenir en sous-main et faire
annuler celle sur laquelle ils se croiraient en droit de
compter.
IMMATRICULATIONS DES PROPRIÉTÉS
La nécessité de protéger les acquéreurs tles propriétés
urbaines ou rurales contre les incertitudes et les
possibilités de surprise que nous venons de signaler a
conduit rAdministration du Protectorat à rendre pos-
sible, mais non obligatoire, l'immatriculation de toute
propriété par les soins du Service de conservation de la
propriété foncière,
A la requête du propriétaire, qull soit Marocain ou
Européen, ce Service établit la situation en droit de
toute propriété . Cette immatriculation est une garantie
des plus sérieuses que tout acquéreur doit exiger.
dLa mise en application de œ régime remonte au
15 juin 1915.
CHAPITRE X
Le Maroc économique. — La circulation moné
taire. — Les services postaux. — Le télégraphe^
— Les impôts. — Le budget. — Les emprunts
— Les Douanes. — Le Comité de contrôle. -*
La Banque d'Etat.
LA CIRCULATION MONÉTAIRE
La monnaie nationale au Maroc se divise en monnaie
ancienne et monnaie moderne ; Tune qui comprend des
pièces d'or, est devenue très rare ; Tautre ne consiste
qu'en pièces d'argent et pièces de cuivre. On la nomme
la monnaie Hassani, Cette monnaie est représentée par
les pièces suivantes :
Monnaie d'argent :
Le rial qui vaut 5 pesetas espagnoles.
Le robâ rial qui vaut 1 peseta 25.
L abenacher ougia, valant 0,60 pesetas.
Le nouc-hassani qui vaut 0,30 pesetas.
Monnaie de cuivre :
Khamgate oujouk 0,25 peseta hassani .
Achra oujouk • 0,10 —
Oujk 0,01 —
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l^^l
Les monnaies étrangères qui circulent au Maroc sont :
La monnaie espagnole représentée par :
1
Monnaie d'or (très rare) :
Le Dhabloun, par corruption de doublon .
Le nouc-dhabloun, demi-doablon.
La libra de cinq douros, ou roba dhabloun.
Monnaie d'argent :
Duro — Douro.
Zoudj besasit — Double peseta.
Basita — Peseta.
Nouc-basita — Diez sueldos.
Monnaie de cuivre :
Achra oajouk <— Diez centavos.
Kbamsa oujouk — Ginco centavos.
La monnaie française porte les noms indigènes de :
Monnaie tfor :
Louiz 20 francs.
Nouc-louiz 10 —
Rial ou dehab 5 —
Monnaie d'argent :
Rial franeis '. 5 francs.
Enfin, dans les ports, on accepte la monnaie anglaise :
Les billets de Banque français ont cours comme en
FrsuQce. De plus, il existe un billet de la Banque Natîo-
}
l^a LB MAROC
nale du Maroc remboursable en monnaie d'argent
marocaine. Ce billet est d une valeur de 20 riais, ou
100 Pesetas hassani. Ces billets sont imprimés au recto
en Arabe. Le verso porte Tinscription suivante qui s'y
trouve également reproduite en texte espagnol :
Banque d'Etat du Maroc.Vingt riais Magbzani argent.
Payables à vue au porteur à Tanger.
Le système décimal est appliqué théoriquement au
Maroc. Mais, alors que les anciennes mesures sont
encore, en France, d'un usage fréquent, sinon légal, il
est évident que le système métrique marocain restera
en usage et qu'il convient, pat conséquent, que les
immigrants en aient connaissance.
Les indications que nous allons donner ne s'appliquent
pas à tout le territoire marocain. Elles sont valables
généralement pour le Bled maghzen, autrement dit dans
la partie officielle de l'Empire. Notamment dans la
Chaouïa, dans la Doukkala, dans les plaines de Mar-
rakech et dans la vallée du Sebou, les poids et mesures
sont ceux mentionnés ci-après.
LES POIDS
Les mêmes poids ne s'appliquent pas uniformément à
toutes les marchandises. Au contraire, la dénomination
du poids et sa quotité varient selon l'objet à peser.
Achetez -vous de l'épicerie ou des marchandises d'im-
portation, nous avons, pour les petits poids :
Le ret'el, oulivre 500 gr.
Le nouc-ret'el 250 —
L'arbâ aouaq 125 —
L'ouquitin 62—1/2
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l43
L'oaqia (once) 31 gr.
Le nouG-oaqla 15 — 1/2
Le themen environ. 4 —
Le nouc-themen. 2 —
Le themnin. 8 —
Les poids lourds, applicables aux mêmes articles,
sont :
Le qent'ar aTt'a'ar 100 kilos
Le nouc-qent'ar ' 50 —
Leroba 25 —
Le nouc-roba 12,50
S*agit-U de peser des légunies ou des fruits ? La dési-
gnation des poids va parfois se modifier et leur valeur
ne sera plus la même.
Petits poids :
Le ret'el ne pèse plus 500 grammes mais bien 800
Le nouc-ret*el 400
L'arbâ aouaq ^. 200
L'ouquitin 100
L'onqia 50
Le nouc-ouqia 25
Les gros poids ont; comme unité, le qent'ar qui ne
pèse plus que 80 idlos; de sorte que, pour les gros poids
de cette catégorie de marc^iandises, l'unité est moins
forte que Tunité correspondante pour Tépicerie et les
marchandises d'importation, alors que pour les poids
légers le fait contraire se produit.
7
l44 LB MAROC
Après le qent'ar viennent :
Le nonc-qent'ar 40 kilo»
Le roba qent'ar. . ^ ' 20 —
YIARDBS DB BOUCHERIE
Petits poids :
Ici nous relevon s :
Le noue ret'el, Tarbà aouètq, Touquitin, et les poids
que nous venons de mentionner pour Fépicerie.
Pour les gros poids, môme similitude depuis le qent'ar
de 100 kilos ) avec ce^tte différence que le ret*el bouche-
rie vaut SOO grammes.
Nous ignorons quelle est au Maroc la valeur du
(f coup de pouce )). Mais n'est-ce pas là une unité de
poids internationale ?
LES MESURES
Pour les mesures de longueur, pour les mesures de
capacité, nous constatons de véritables anomalie».
Les étoffes indigènes, haîks, nattes, tapis, se
mesurent à la drâa (c'est la^ coudée) 0°^50
Noue drâa (demi-coudée) ^. 0"25
Roba, quart de drâa 0*12
Themen 0~06
S'agit-ii d'étoffes importées, nous sommes en pré*
sence de deux sortes de mesures :
Dans les ports, les mesures européennes :
Le mètre ; le yard anglais : 91 centiniètres.
Dans Tintérieur du pays, mesures marocaines :
«
/
SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR l45
Qald (règle de bois), environ 0™54
Nouc-qald — — 0°»27
Robaqald — — 0-14
Themen — — 0»07
POUR LÀ MAÇOiXlIBaiB
La drâa condée 0'"50
Le qadam q'edem 0'"27
MBIfUlSBHlB. — GHARPBNTB
Ghber (mesare de la main, du ponce au petit
doigt) Q»25
Iter (mesure de la main, du pouce à l'index). 0"'20
POUR l'arpbmtagb, lbs puits
La quama (trois coudées) i^^SK)
MESURES DE CAPACITÉ
POUR L*HUILB
Petites mesures :
Kasin 3 litres 1/2
Kas llitre 3/4
NouG-kas. 1 litre
Grandes mesures :
Qolla 26 litres 1/2
Nouo-qoUa, rebdia-qoUa (demi et quart de qolla.)
POUR LBS GRAINS
Rebia 2 11 très
Nouc-thomni. , 4 —
Mouda 64 — ^
Noue monda 32 —
R'bal monda 10 —
/
l46 LK MAROC
POSTES ET TÉLÉGRAPHES
C'est en 1860 qu^un service postal français fat, ponr
la première fois, établi au Maroc. Il n*y eut, tout d'a-
bord, qn'une Agence à Tanger. Elle était gérée par le
Chancelier du Consulat de France. En mai 1887, par
suite du (^éyeloppement des affaires, cette Agence prit
rang d*abord de I^ecette simple, pour s'élever enfin, en
1893, au rang de Recette principale.
Au même temps que le service français des Postes, il
existait alors au Maroc, une Poste marocaine, une
Poste espagnole, une Poste allemande. Actuellement le
régime postal nouveau, fonctionne dans tout le Maroc
soumis au Protectorat français et à Tanger.
SERVICES TÉLÉGRAPHIQUES
Le service télégraphique comprend :
— Le réseau intérieur maintenant très développé et
qui assure les communications entre toutes les villes et
agglomérations notables.
Les stations radiotélégraphiques établies, les unes
sur la côte à Tanger, Casablanca, Rabat et Mogadjor ;
les autres à Tintérieur à Fez et à Sefrou.
— Les lignes de cable :
i^ de Tanger à Cadix ;
2"* de Tanger à Oran ;
3« de Tanger à Gibraltar ;
4" de Tanger à Ceuta.
Les deux premières lignes sont françaises ; la troi-
sième anglaise ; la quatrième espagnole.
SON PASSÉ — SON FBJBSENT — SON AVENIR l^J
LES IMPOTS
•
L'argent n'est pas seulement le nerf de la guerre.
C'e&t aussi le nerf de la paix . U est donc impossible de
se faire une idée des progrès qui peuvent être réalisés
dans un pays si Ton ne se rend pas suffisamment
compte de sa situation financière.
Les ressources du Gouvernement marocain compor-
tent :
Les impôts religieux ;
Les impôts administratifs ;
Les droits de souveraineté ;
Le Tertib.
Les impôts religieux se nommQniV Achour, le Zekkat,
la Hedia,
L'Achour est un impôt sur le revenu ; c'est une dîme
analogue à celle qui se percevait autrefois dans nos con-
trées.
La Zekkat est un impôt sur le capital, établi sur la
base d'environ 2,50 p. 100. Le capital et les revenus
agricoles sont seuls en cause. Les revenus industriels
sont indemnes.
Quant à la Hedia^ c'est une taxe qui était volontaire
et que les négociants devaient une fois Tan, au moment
de VAchour^ verser au percepteur. Eux-mêmes en
fixaient le montant. En théorie, cette contribution facul-
tative était considérée comme remise aux pauvres. Mais,
dans la pratique, elle restait dans les coffres duMagbzen,
qui se considéredt» sans doute^ comme le pauvre le plus
intéressant. S'est-il trouvé que cette perception, basée
sur la. bonne volonté du contribuable, n'était pas assez
abondante Y Quoi qu'il en soit, une taxation fixe a rem-
l48 (.B MAROC
placé maintenant la taxe arbitraire. La Hedia monte
à 3S0 douros par tribu.
Les Jaifspai3nt, aux lieu et place de cet impôt, le droit
de Djeziat, La Djeziat est à proprement parler un droit
de rachat de corvées.
Certaines Congrégations religieuses sont exemptées
du paiement deâ impôts religieux. Différant en cela de
la dîme du Moyen Age qui appartenait au Clergé, la
dlme marocaine est payée seulement au Chef suprême
religieux, c'est-à-dire au Sultan.
Les impôts administratifs^ sont des impôts indirects,
des impôts de consommation ou de jouissance.
Ces impôts sont :
1" Les droits de douane ;
2* Des droits sur la vente des animaux et de diverses
catégories de marchandises,
Ces droits commerciaux sont fixés par un Règlement
chérifien daté de 1896.
Nous aurons à donner quelques détails sur le fonc-
tionnement des Douanes qui sont la véritable base de
réquilibre financier marocain, puisque leur revenu
assure le paiement des coupons de la Dette dont le
service est placé sous le contrôle européen.
DROITS DE SOUVERAINETÉ
On réunit sous le nom général de Droits de souve«
raineté :
VEnNaiba payé parles tribus non astreintes au ser-
vice militaire ;
La Harka^ contribution aux frais des expéditions
militaires ;
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l49
El Gherama, indemnité exigée en cas de vol ou de
meurtre;
El Dhaïra^ amende fixée poar certains délits.
LB TBRTIB
Le Tertib est un impôt sur les revenus agricoles . Le
taux de cet impôt est variable et fixé chaque année
aussi bien pour le produit des cultures que pour les
animaux. Cet impôt est perçu par les Caïds et par les
Cheikhs ou chefs de villages qui prélèvent 6 0/0 et
4 0/0 pour leur rémunération.
RBSSOURCBS ACCESSOIRES
Droits d'héritage. — La Loi marocaine partage les
héritiers en deux catégories. Héritiers fard dont les droits
portent sur la totalité de la succession ;
Héritiers acab^ c'est-à-dire héritiers indirects, héri-
tiers de second rang. Le Bit el Mal, ainsi se nomme le
Trésor public, prend rang parmi les héritiers de cette
deuxième catégorie.
he Bit el Mal proliie également d'une partie du revenu
des Mosquées dont il assure tant bien que mal Tentre-
tien.
L'EMPRUNT DE 190i
En 1904, le Maroc s^est sensiblement rapproché de
la civilisation européenne. Il a contracté un gros
emprunt. A titre de document curieux, voici dans quels
lOO LE MAROC
termes les Sultans autorisent leurs mandataires à recou-
rir au Crédit :
« Par notre -présente lettre (Dieu élève sa puissance
et fasse briller dans le firmament de la félicité son
soleil éclatant et sa lune) nous avons autorisé notre ser-
viteur intègre à contracter au nom et pour le compte du
Trésor (Dieu le remplisse) — voilà du moins un souhait
sincère — un emprunt de...
Cet emprunt a été émis avec le concours de la Banque
de Paris et des Pays-Bas et de quelques autres Établis-
sements financiers.
En voici les conditions principales :
L'Emprunt est gagé par le produit des Douanes des
ports de l'Empire.
L'intérêt est de 5 p. iOO.
L'amortissement devra se faire en trente-cinq années
par tirages semestriels.
— Le Gouvernement Impérial du Maroc s'interdit de
rembourser cet Emprunt ou d'en augmenter l'amortis-
sement avant Tannée 1919.
— Les coupons et titres remboursables doivent être
payés en franc$ de France.
*— Dans le cas où le produit des Douanes serait
insuffisant, les ressources générales du Trésor chérifien
doivent être affectées au service de l'Emprunt.
— Un représentant des porteurs de titres sera désigné
par les Banques contractantes et aura lui-même, près de
chacune des Douanes marocaines, un délégué qui
encaissera chaque jour, 60 p. 100 du montamt des per-
ceptions. »
Ce service de contrôle fonctionne à Tanger, TétouaB,
Larache, Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi, Mogador.
SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR iftl
Cet Emprunt a été contracté pour payer principalement
|e solde d'indemnité de guerre due à TEspagne et des
dépenses diverses . C'était donc un Emprunt de liquidation
et non pas, comme pourront Tètre des emprunts futurs,
une opération financière de production, destinée à amé<
liorerFoutillage économique du pays et, par conséquent,
à augmenter ses facultés productives. Cet Emprunt a été
émis à Paris en obligations au taux nominal de 500 francs
et au taux d'émission de 462 fr. 50 Ces obligaticms
sont Inscrites à la cote au comptant et à terme .
En 1910 fut contracté un deuxième Emprunt
de 110. 1S4. 000 francs.
Cet Emprunt est garanti :
Par l'excédent des recettes des douanes non absorbé
pour le service de l'Emprunt de 1904;
Par les recettes produites par la vente des tabacs et
duKiff;
Par les droits de marchés dans les ports, droits dési-
gnés sous le nom de Mostafadats ;
Par les revenus de biens domaniaux,ou biens Maghzen
dans les ports ;
Par la partie des taxes urbaines qui revient à l'Etat.
En 1914, troisième Emprunt de 170.250 000 francs,
porté en 1916 à 242 millions. Cet Emprunt est à
émettre par fractions.
n 1^ véritablement un caractère d'Emprunt d'orga-
nisation ainsi que l'on peut s'en assurer par l'énumé-
ratioa de quelques-unes des dépenses qu'il doit per-
mettre d'effectuer :
tiréation du Port de Casablanca 50.000. OQO
Construction de routes 71 . 750. 000
l5a LE MAROC
Assistance médicale (hôpitaux et ambulances) . 10 . 000 . 000
Télégraphes et téléphones 12.000.000
Edifices municipaux et viabilité urbaine 27 . 050 . 000
Le service de cet Emprunt est garanti par le Gouver-
nement français.
Nous devons à la vérité d*ajouter qu'autant Tadmi-
nistration de la fortune marocaine était autrefois fan-
taisiste et instable alors que le Maghzen encaissait les
recetttes et tant bien que mal satisfaisait aux dépenses,
alors qu'entre les sommes payées parles contribuables
et celles qui entraient au trésor, des différences si
notables se produisaient, autant le fonctionnement des
services financiers est maintenant assuré d'une régu-
larité parfaite.
Nos lecteurs peuvent constater qu'elle est l'impor-
tance du service des Douanes dans réquilibre financier
de TËmpire chérifien puisque ces revenus servent de
base principale au Crédit public. Or ces revenus sont
en voie de constante augmentation.
La consommation des produits européens s'élève de
plus en plus par suite de Taccroissement du nombre des
résidents. Par conséquent, les recettes des Douanes ne
peuvent que progresser.
Donnons donc un coup d'œil au régime des Douanes
marocaines et à leur mode de fonctionnement.
Le 15 décembre 1531, la France fit, avec le Maroc,
une Convention dans laquelle il était dit que « les mar-
chands français, qui viennent au Maroc, pourront
mettre à terre leurs marchandises sans payer d'autres
droits que la dîme » ; c'était donc l'équivalent de YAckour
qui frappe de 10 p. 100 de leur revenu les terres cul*
tivées.
SON PASSÉ — SON 1PKBSBNT — SON AVENIR t53
Les dffîérents Traités conclus à des époques moins
éloignées, avec le Royaume de Sardaigne en 4825,
rAntriche en 1830, les États-Unis en 18S6, rAngleteire
on 1850, sandionnèrent cette disposition. L^acte d'Aï-
géBîras a porté le W p. 1<00 à 12,50 p. 100. /
ActiieUement, oertaines dérogaticms ont été faites à
ia règle dn 12,50 p. 100. Les vins, entre qfielqoes autres
produits, ne paient plfrs que 5 p. 100.
Les agents de la Douane, qui se nomment les Oumana^
évaluent les marchandises sur les prix de gros, géné-
ralement pratiqués dans le port par lequel a lieu leur
importation.
Par une disposition, qui est spéciale à la douane
marocaine, les Oumana peuvent, dans certains cas, pré-
lever en nature l'impôt de 10 p. 100, lorsque la mar-
chandise est facilement divisible.
La Douane marocaine est la première Autorité du
Maroc avec laquelle les étrangers prennent contact. Les
Oumana, d'ailleurs, ne sont pas des douaniers plus
désagréables que nombre de leurs confrères européens.
La Douane n'exerce pas seulement ses droits sur les
marchandises importées, mais encore sur les exporta-
tions.
Sous le régime chérifien;les exportations n'étaient pas
libres. Autrefois même, il existait des monopoles d'ex-
portation établis, pour telle ou telle marchandise, en
faveur de telle ou telle maison de commerce ou de telle
ou telle Société commerciale. Mais ce régime exception-
nel a cessé depuis longtemps d'entraver Tessor du com-
merce marocain.
Nous donnerons en Appendice un aperçu général des
tarifs.
X54 LE MAROC
Les procédés administratifs de la Douane marocaine
sont assez simples. Les agents des Douanes sont assistés
— et en même temps contrôlés — par un Adel, qui ins-
crit, au fur et à mesure, les opérations quotidiennes.
Voulez-vous savoir comment se nomme Ce brouillard?
n a nom : Ouaraqat el ouasâkh. A la fin de la journée,
ces inscriptions sont transcrites sur un registre qui se
nomme Kounnâch al achat ^ puis recopiées à nouveau
sur des feuilles séparées, qui sont des feuilles de jour-
née. Ces feuilles s'appellent al youmyya. >
Tel est, en substance, le fonctionnement de la Douane
ê
au Maroc.
CHAPITRE XI
Lies richesses du Maroc. — Production agricoles-
Mines. — Pêcheries. — Salines.
Le Maroc est avant toat un pays agricole. Il possède
un sol d'une grande fertilité.
Nous empruntons à une intéressante Conférence faite
à Paris par M. André Ferry, l'un des anciens élèves les
plus distingués de l'Ecole d'Agriculture de Tunis, quel-
ques indications toutes modernes d'un grand intérêts
Elles confirment les données fournies par les explora-
teurs : M: de Foucauld, M. Mouliéras, M. de Segonzac,
entre autres. Ces observations qui remontent à quelques^
années ont été confirmées elles-mêmes d'une manière
éclatante par les faits et les résultats les plus récents.
C'est en soldat, que M. Ferry a parcouru la Chaouïa.
Mais s'^1 a fait la route avec ses jambes de soldat, il a
regardé avec ses yeux de colon.
M. Ferry donne une description des plus favorables
des jardins de Casablanca puis de ceux de Rabat que les
indigènes nomment « la perle du Maroc ». Ces derniers
surtout ont excité son admiration. « Après Lallarto
dans les vallées de Toued Both et de Toued Redoum,
les céréales atteignaient plus de deux mètres de hauteur
et les cavaliers y disparaissaient jusqu'aux épaules.
|^,r».- "i ^ ■• y. .y .
l56 LK MAROC
Dans les montagnes des Béni Aman, les vignes et les
oliviers sont entretenus avec grand soin.
Toutes ces régions ont l'apparence de pays de grand
avenir ». Mais, dè^ longtemps, les explorateurs qui ont
eu la bonne pensée de na pas se borner à écrire des
articles a burnous », mais bien de recueillir des infor-
mations pratiques et sérieuses, entre autres Mouliéras
«tde Foucawld, avaient constaté la grande valeur du
sol marocain.
Jusqu'à présent, il était d'usage de diviser le Maroc
en trois zones appartenant au bassin de l'Atlantique.
Mais maintenant cette division est tout à fait insuffi-
sante : Au Nord, le Maroc méditerranéen, composé du
Riff , déjà moins mystérieux, et de rAmalal d'Oad^da,
Irancisé ; au Sud, le Figuig, doivent, au même titre qae
le Maroc atlantique, attirer rattention des observateurs
pratiques.
La carte en main, faisons donc, dans l'Empire chéri-
iien, une excursion agricole.
Nous irons du Sud au Nord, partant de cet Agadir
qui, après avoir été le lieu d'ancrage de la canomiière
allemande Panther, deviendra un port ouvert qui metr
tra le Sud marocain en communication directe avec la
mer. Voyez ces plaines magnifiques. C'est là. que se
trouvent ces céréales supeii)es dont nous venons de
parler. Elles s'étendent depnis la région de Mogador
jusqu'à la région d'Arzila, petit port sur l'Atlantique.
Elles forment une bande dont la profondeur, calculée
depuis le rivage, varie entre 15 et 75 kilomètres. Soos
les noms divers de Sous, d'Abda, de Doukkala, de
ChaodSa et de Gharb, elles Gonstitoent une région pii-
vilégiée. Voici les terres nmres qui, depuis Casablanca,
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR iSj
Attendent sur près de 40.0QO kilomètres carrés de super-
ficie avec une épaisseur de trois mètres e^ moyenne.
C'est une Beauce marocaine, car nous n*y avons ren-
contré, sauf dans la région Marrakech-Safi, que fort
peu d'arbres, si ce n*est ceux qui forment quelques rares
forêts.
Nous y avons vu, en mai, récolter des orges superbes,
suivies de près par les blés que Ton moissonne en juin.
Gomme la Beauce» ces régions ne possèdent que de
rares cours d'eau, mais les pluies et les/ rosées assurent
au sol une humidité suffisante pour permettre la cul-
ture du maïs sans aucune irrigation. Mazagan a tout un
vignoble. Les produits ne servent pas à fabriquer du
vin, mais, comme autrefois les vignes indigènes algé-
riennes, ils s'utilisent surtout sous la forme de raisins
secs dont il se fait, au Maroc, une très grande consom*
matîon. Dans la Doukkala, les pâturages permettent
l'élevage de très nombreux troupeaux.
Cette magnifique bordure de Tocéan Atlantique
s'élève jusqu'à l'altitude d'environ 300 mètres. A partir
de cette altitude jusqu'à celle de 600 mètres, s'étend la
deuxième zone dont la principale partie est formée par
la plaine de Marrakech et que traverse jusqu'à Fez,
joignant Fez à la mer.^le grand fleuve Sebou, Avant la
guerre, les journaux ont publié qu'un canot à pétrole
battant pavillon français avait, pour la première fois,
remonté le fleuve jusqu à 80 kilomètres de Fez, arrêté
à cette hauteur par des barrages de rochers. Cette ran-
donnée nautique très intéressante ne pouvait d'ailleurs,
au point de vue navigabilité, donner des résultats pra-
tiques, en raison du peu d'élévation des eaux pendant
l'été, mais elle n'en a pas moins constitué une tentative
lS8 LE MAROC
d*nn grand intérêt et qui honore infiniment ses aatenrs.
, La deuxième zone est, au point de vue agricole, beau-
coup moins riche que la première. Certaines de ses
parties, cependant, sont formées de terrains d'une com-'
.position très favorable. La troisième région, enfin, eist
la région forestière. Elle s'étend sur les pentes de l'Atlas.
Cette région même contient des parties cultivables assez
favorables à la croissance de l'olivier.
Les possessions espagnoles actuelles sur la Méditerra-
née n*ont aucune importance au point de vue agricole,
n n'en est pas de même du Riff marocain qui les enserre
et qui restera vis-à-vis de l'Espagne, pendant un laps
de temps impossible à préciser, sur un pied d'hostilité.
Nous savons dès maintenant que les Riffains sont des
agriculteurs courageux.
Ces agriculteurs commerceront de plus en plus avec |
FAlgérie, comme le font déjà les Béni Snassen, grands |
producteurs de fruits, surtout d'oranges. ;
Les appréciations émises par Mouliéras sur la Cul-
ture de la vigne dans le Riff sont des plus favorables.
Des informations toutes récentes les confirment. La
vigne est taillée, labourée . Dans certaines parties on la
cultive en cep. C'est la vigne « Zeh'af ». D'autres vignes i
dites « El Arich » ou treilles, sont suspendues aux
arbres. Les Riffains ne sont pas encore viticulteurs, fls
font cependant du vinaigre. Comme les vignes de Maza-
gan, les vignes du Riff fournissent à la consommation
des raisins secs en quantité considérable.
Dans TAmalat, la culture des céri§ales est très suivie
et les cultures maraîchères sont destinées à un avenir
très rémunérateur.
Nous avons reproduit, dans ses grandes lignes, la
r
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR iSg
physionomie agricole du Maroc. Disons quelques mots
maintenant du Marocain comme ouvrier agricole.
Les méthodes culturales uditées au Maroc, dans Ten-
semble du pays, par las cultivateurs indigènes sont
encore rudimentaires. Les assolements sont générale-
ment ignorés ou appliqués avec la plus grande irrégu-
larité. L'usage des engrais est inconnu pour la grande
culture et pratiqué rarement pour la culture marai*
(^ère. Sauf quelques exceptions, les labourages sont
très peu profonds. On dit que le Marocain se contente
ée gratter le sol et d'y lancer le grain à la volée.
Une fois le grain en terre, personne ne s'en occupe
soit pour le sarcler, soit pour le biner.
Le matériel agricole est réduit à sa plus simple
expression. €'est avec la làocille que Ton coupe les
^pis ; on les réunit ensuite en petites gerbes que Ton
transporte sur des aires.
Les animaux sont chargés du battage. L'usage du
fléau est inconnu.
Ces renseignements, encore exacts à Fheure où nous
écrivons, pour la majorité du territoire marocain, ne le
seront assurément plus dans .un délai que Ton peut,
avec certitude, considérer comme devant être très
court. Le Marocain, en effet, est souvent laborieux et
intelligent. Ceux qui ont travaillé en Oranie, comme
ouvriers agricoles, sont généralement appréciés par les
colons algériens.
Voici des modèles d'actes passés entre des Euro-
péens et des Indigènes, en vue d'Association agri-
coles :
/
\
l6o LE MAROC
AGTB d'aSSOGMTIOII AGBIGOLB
Louange à Diea unique.
X. (nom et signalement de l'Intéressé), reconnaît avoir
reçu de X. tant de paires de bœufs de labour (signalement
des bœufs) avec la quantité de semences pour semer telle
superficie de terrain. X. (l'associé indigène) s'engage à
fournir ce terrain, à soigner et entretenir les bœufs et à
exécuter le travail nécessaire,
X. (l'associé agricole) recevra comme part le cinquième
de la récolte.
Lorsque Tassociation agricole a pour objet des trou-
peaux, l'acte se rédige comme il suit :
Louange à Bleu unique. ^
X. (nom et signalement complet de l'indigène) reconnaît
avoir reçu de X., de telle localité, tant de tètes de taureaux,
bœufs, veaux, génisses ou vaches dont la valeur totale est
de... Il s'engage à les faire paître et à les garder et pour
prix de son travail, il gardera le tiers du bénéfice net réa-
lisé par la vente.
L'ÉLEVAGE
L'élevage est une des richesses du Maroc. C'est une
de celles sur lesquelles Tintroduction de procédés nou-
veaux exercera la plus heureuse influence.
Examinons rapidement la situation actuelle des
diverses races d'animaux.
LA RAGB BOVIRB
Deux familles existent au Maroc. L'une est répandue
dans la région du Nord, jusqu'à la hauteur de Rabat.
L'autre est la race du Sud. La race du Nord est tout à
fait semblable à la race algérienne.
J
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l&ï
L*autre, la race du Sud, est, à proprement parler, la
véritable race indigène. Son principal centre de pro-
duction est la Ghaouïa-Doukkala. Elle est plus déve-
loppée que les autres races africaines et promet des
résultats vraiment remarquables, lorsque les bonnes
règles d'une zootechnie raisonnée seront appliquées à
sa production.
Précoce en raison, sans doute, de la présence des
phosphates dans le sol, elle produira certainement des
types intéressants que Ton parviendra à fixer.
Les bovins du Sud sont hauts sur jambes. La muscu-
lature antérieure est assez forte, la^musculature posté-
rieure moins développée. Les animaux / s'engraissent
assez facilement, même sans préparation. Ils ne sont
jamais réduits à Tétat de maigreur d'une partie des
bestiaux algériens, parce que les sécheresses ne sont
jamais aussi brusques et aussi complètes au Maroc
qà*en Algérie et que, par conséquent,' là disette des
fourrages s'y fait beaucoup moins sentir.
LÀ RAGB OVINB
Le mouton doit être tout particulièrement recom-
mandé à l'attention des immigrants français.
Déjà, les procédés d'élevage très simples, pratiquées
par les indigènes, donnent des résultats fort importants
au point de vue de la production de la viande, comme
à' celui de la production de la laine.
Les mputons marocains sont du type mérinos, mais
ils présentent d'assez nombreuses variétés. On dis-
tingue les moutons de Tanger, ceux de Rabat, ceux de
Casablanca, ceux de Safi. Cette dernière variété se
l6a LR MAMOG
voit encQve en Espagne. Les lainea maroeainafi se répar-
tissent en trcôa caté^ries.
La première sorte, nommée laine aboudia, est réelle-
ment une laine mérinos de qnalité moyenne. La
deuxième caté^rie comprend la laine ourdigria. Cesi
encore un.e laine mérinos^ mais provenant d'aninauiox
très secondaires.
Enfin la troisième classe on laine beldia provîait
d'ammanz 4® races diverses. Elle n'a plius le caraetère
de laine mérinos.
w
Le mouton marocain, sans être iort développé comme
viande, joue nn très grand rôle dans ralimentation* il
n'est pas de boas repas sans un mouton rôti, présenté
tout entier & Tappétit généralement lormidaMe des
convives. \
RAGE CAPRINS
La chèvre est très estimée au Maroc. Elle fait partie^
par sa chair, comme par son lait, des animaux aliment
taires.
La peau de chèvre est Tobjet d*un commerce presque
aussi important que celui auquel donne lieu la peau de
mouton. La chair est assez recherchée dans la cuisine
marocaine.
AniMAUX Dl BASSB-COUR
Pas de bon repas au Maroe sans poulet. La. volaille
partage avec le mouton les dangereux honneurs de la
salle à manger. Les poulets et let œufô, indépendamment
de la pao-t considérable qulla prennent à Falimentation
des habitants, donneni lieu à nn^très actif mouvemeOb
dexporlation*
SON PASSÉ — SON PRESENT — SON AVENIR l63
Le climat, dans les régions du Nord sortoat, est
favorable aux animaux de basse*€our^ ou, pour mieux
dire, à la race gallinacée. Les canards, les oies, les
dindons n'existent guère, en effet, ou ne sont représen-
tés que par ^de rares spécimens, sans que Ton puisse
expliquer la cause de leur quasi-i^sence, car tout
indique que leur production ne donnerait pas de mé-
comptes.
ANIMAUX DE SELLE, DE TRAIT (ET |DE BAT
RAGE CHEVALINS
Le cheval marocain a de Tanalogie avec le cheval
d'Algérie.
C'est le barbe. A côté de cette race indigène, il existe
quelques types différents « sans parler des animaux im-
portés. On rencontre des barbes percherons, des barbes
normands, des anglo-barbes et arabes^barbes. L'éle-
vage du cheval est assurément destiné à rester entre
les mains des indigènes pendant longtemps du moins,
n n'offre pas aux Européens de perspectives de gain
assez séduisantes. Un service de Haras et Jumenteries
est cependant organisé. Son fonctionnement promet
de bons résultats .
MULBTS
L'industrie mulassière est très prospère au Maroc. La
mule est, comme nous Tavons dit, la bète de selle par
excellence pour le voyage. Alors qu'un cheval vaut très
rarement plus de 800 pesetas, une belle mule atteint
parfois le prix de 2.000 pesetas. Cet élevage est consi-
déré comme étant de grand avenir.
l64 LE MAROC
Pour conclure ce très rapide aperçu de zootechnie,
disons que, d'après des évaluations assurément lorl^
approximatives, les différentes races d*animaux domes-
tiques comptent, au Maroc, les nombres suivants d'in-
dividus.
Bœufs, 5.000.000; moutons, 40.000.000; chèvres-,
10.000.000; chevaux, 600.000; mulets et ânes/
4.000.000 ; dromadaires, 500.000. Ajoutons, pour |
encourager les éleveurs futurs, que le bétail marocain
n est nullement sujet à la tuberculose et que les épizoo- !
ties sont extrêmement rares.
LES RICHESSES FORESTIÈRES
Toutes les espèces forestières se rencontrent au Maroc. ^
A toutes il semble que le sol et le climat marocain réns- <
sissent parfaitement.
Parmi les bois industriellement utilisables, il faut
citer :
Le chône-liège, exploité avec incurie. Les indigènes
abattent les arbres pour en enlever Técorce.
L'arar, arbre particulier au pays, fournit un excel-
lent boisde construction, c'estle ce citras )) des Romains.
Sa résine est la sandaraque employée à la fabrication
des vernis. Il s*élève surtout dans les forêts du Riff,
dans le Moyen- Atlas, chez les Béni Mquild et les Ait
Youssi.
Avec la forêt de Larache,la seule forêt située en plaine
entre Mehedia et Rabat, la forêt de Mamora, contient *
une très grande variété d'essences.
Dans le Sous, pousse un arbre au bois dur et d une
taille énorme nommé a l'arganier».
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l6&
Dans le Sud, les Oasis sont^ comme en Algérie, peu-
plées de palmiers et de dattiers soigneasemieiit imgoé»
et dont ks fruits tonnent la principale partie de lanour-
rltore des habitants. Plus tard, quand ralimentation
possédera plus de ressources, quand les courants corn-
mercîaiix seront établis, ils deviendroiit^ comme les>
dattes de Biskra, un élément d'exportation.
LA FAUNE
JLes animaux non domestiques sont nombreux et
variés. Dans TAtlas, le lion.D se trouve également dans
les xDontagnes du Rilf .
Dans les forêts de Larache et de la Mamora, des pan-
thères.
Le chacal, Fhyène, le sanglier se rencontrent dan«r
toutes les régions du pays.
A côté de ces hôtes peu utilisables commercialement
parlant, d'autpes individus d un voisinage plus agréable
existent en grand nombre. Perdrix, cailles, lièvres sont
parfois trop nombreux pour la sécurité des récoltes.
Gonabien de.Nemrods européens vont, s'ils lisent ces-
lignes, rêver d'aller au Maroc.
Dans la région des Oasis, Tautruche, la gazelle, l'an-
tilope .
LES MINES
Longtemps avant les exploits de prospection des
fameux frères Mannesmann, on savait que le sol du
Maroc est un sol minier.
Dès 1579^ Henri III faisait acheter au Sultan Moulay
Hamed 40.000 quintaux de cuivre. En 1741, les Anglais-
266 LK MAROC
^capturaient, dans les eanx d^ Agadir, une tartane fran-
çaise chargée de cuivre. En 1846, le Sultan Abderrha-
man concédait une mine de cuivre située dans les envi-
rons de Tétouan ; puis il rachetait la concession et
l'exportation du minerai était interdite. Le cuivre
marocain n*aurait rien à envier, comme richesse de
minerais, aux filons du Rio Tinto.
Le plomb est signalé dans le Nord.
Le massif des Beni-Snassen et d'autres régions encore
contiennent de la calamine.
Le fer, le roi des métaux industriels, est très répandu
dans r Atlas. Il donne son nom, (( hadid », à une Jmon-
tagne, le Djebel Hadid, dans le groupe montagneux
d'Abda.
Dans le Grand- Atlaa, il existe de la houille, d'après
les prévisions les mieux basées.
Des sources de pétrole se sont révélées dans le mas-
sif des Riatas.
Plusieurs rivières du Sous contiennent des paillettes
d'or. — - Le métal fauve existe également dans le Riff.
Dans le Sous et à Tétouan, c'est-à-dire aux deux
extrémités de l'Empire chérifien, on a cpnstaté la pré-
sence de mines d'argent. — Egalement au Tafilelt.
Le soufre s'exploite à Azemmour et à Marrakech. Le
massif des Riatas en possède aussi.
Au Sud, à Taroudant ; au Nord, dans la région de
Taza, le nitre se trouve en quantité.
Le plâtre est abondant. ,
L'ocre rouge est si répandue qu'elle donne son nom
Aune contrée: le Bled-el-Almar, pays rouge. Nous don-
nons dans l'Appendice Tétat de la législation minière.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 167
LES SAUNES
Le sel gemme se rencontre fréquemment. On Textrait
par tranches qui atteignent la dimension de près de
1 mètre carré sur 18 et même 20 centimètres d'épais-
seur. Vers les confins du Maroc et de la Mauritanie
s'étendent, sur des espaces considérables» des sebkhas,
gisements de sel. Bien qu'ils soient Tobjet d'une exploi-
tation remontant à une époque déjà éloignée, la richesse
des sebkhas se maintient au même niveau, t^ar les
couches de sel sont alimentées par des eaux chargées
de nitrates et de chlorures.
De l'Atlas s'échappent de nombreuses sources miné-
rales. Gomme les hiammam de l'Algérie et de la Tunisie,
elles sont très fréquentées par l^s indigènes.
L'une d'elles, celle de Moulay-Yacoub, était connue
des Romains qui la nommaient Aqua Dacica, Elle eoule
entre Fez et Marrakech. Sur la route de Tanger à Fez,
à peu près à la moitié de la distance entre ces deux
viUes, il existe une source sulfureuse qui serait analogue,
comme composition, à Hammam-Meskoutine, en Algérie.
Située sur une des voies de communication qui vont être
le plus promptement modernisées, cette source parait
appelée à un avenir intéressant. Enfin, dans le pays de
Taroudant, l'oasis de Taranalk renferme une source
fortement chargée de gaz carbonique.
Dans le ùord de l'Atlas, région des Ouled-Bou-Slah,
des sources contiennent du soufre en assez grande quan-
tité.
LA PÊCHE
Nous terminerons par les pêcheries les pages consa-
crées aux richesses exploitables du Maroc. Le dicton
8
IEGB I«K MAROC
latin adesinitinpiscem)) se troave ainsi appliqué, e&
apparence seulement, car les pêcheries dans les eaux •
marocaines peuvent donner des résultats très intéres-
sants.
IHmB la Méditerranée, la pèche du thon se fait déjà
d^ime manière suffisamment importante pour que des
usines de conserves se soient établies et pour qu*il
puisse s*en établir sur les rivages du Ri!f.
Les côtes du Rif! sont surnommées Bled-el-Hout —
le Pays du poisson.
Des bancs de sardines considérables viennent «^
faire prendre par les Bocoyas, qui sont des x>écheur8
habiles, et bien qu'ils ne disposent jusqu'à présent que
de moyens d'action bien rudimentaires .
Aux confins des eaux de la Méditerranée et de celles
de lX)céan, dans la région du cap Spartel ; puis sur la
côte de l'Atlantique, vers Tembouchure de Toued Ohls,
le maquereau se trouve en très grande quantité .
Dans les mêmes parages prospèrent les aloses <le
rOum er Rebia. — Leur pèche avait fait lobjet d'un
fermage assez important sous 4e règne du SultanMoulay
Ismaïl. — Ces aloses remontent le cours des rivières,entre
autres de l'Oum er Rebia, et aussi du Lonkkos et du
Sebou, et viennent se faire prendre le long des barrages
dont l'unique fontïtion est de les arrêter.
Entre le cap Blanc et le cap Bogador, on peut pécher
très fréquemment les langoustes .
Pendant plusieurs années une entreprise a propéré,
qui opérait en péchant les langoustes dans ces parages
et en les emmenant vivantes en Bretagne . Les sujets
les plus beaux étaient vendus presque dès leur arrivée,
après un court séjour dans les parcs; les langoustes qui
son PASSB SON PMÉSKIIT SOU A^SNIR 169
n'avaient pas encore atlrânt une dimension suffisante
étaient ccmservées et Tendnes oltéri^iiemenL
Cette entreprise, interrompue ponr des motife parti-
culiers, pourrait assurément être reprise dans les mal-
lenres omditions.
Près dn cap Kanc, on renoontrennerariété de morue
nommée la oortnne.
En prindpe, la pèche est libre, mais les bateaux
pêcheurs doivent acquitter, au bénéfice du Maghzen,
un droit de 150 donros.
n
CHAPITRE XII
Le commerce au Maroc. — Organisation
commeroiaie. — Les Cenaaux.
Sous rAutorité chérifienne, lé commerce intérieur
jouit de toute la liberté nécessaire. Que ce soit fatalisme,
indifférence, ou esprit de tolérance et de justice, l'Ad-
ministratio'n, en pays musulman.^st souvent infiniment
moins tracassière qu'elle ne se montre en pays euro-
péen. C'est un fait qu'ont souvent constaté tous ceux
qui ont entretenu des relations d'affaires avec les pays
dlslam et aussi les non-commerçants qui ont pratiqué
les populations musulmanes. Nous avons vu, en nous
occupant de la Douane, que les ce Oumana i» ont une
comptabilité rudimentaire, dont les statistiques peu-
vent bien receler quelques imperfections. Il en est
bien dans des statistiques infiniment plus prétentieu3es
et dont les. in-folio administratifs sont, vraiment formi-
dables, si on les compare aux modestes « Feuilles de ,
Journée » qui, dans leurs étuis de fer-blanc, renseigne-
ront le Magbzen sur les opérations douanières.
Mais rincertitude surrintensité exacte du mouvement
commercial au Maroc n'a pas pour cause unique des
erreurs imputables à la Douane. On sait que le com-
merce international régulier s'exerce :
SON PASSÉ SON PRBSBNT — SON AVENIR I^I
lo Par les ports ouverts ; Ë"" Par la irontière algéro-
fliarocaine.
i Dans ces ports lonctionneie service des ]>oaanes tels
que nous l'avons exposé.
Toatefois il ne laat pas oublier qae des parties con-
sidérables du Maroc ne sont pas encore soumises à
fAdministration chérifienne et que, par conséquent,
; leur commerce d'entrée et de sortie échappe absc^ument
! À tonte ingérence.
Ces régions sont, au Nord de l'Empire, le Bill et le
DjeUaia ; au Sud le Sous et le Talilelt. — H s'agit là
d'une superficie de plus de 300.000 kilomètres carrés,
autrement dit d'une supercilie dépassant très sensible-
ment celle de la moitié de la France. Or, ces contrées
n'en ont pas moins leur importance économiqae. Elles
produisent et elles consomment, sans que Ton puisse
savoirs exactement combien elles consomment et com-
bien elles produisent.
Au Nord, dans les Présides espagnoles, c'est-à-dire à
Melilla,à Geuta, on penserait que la présence des Euro-
péens pourrait être de nature à laciliter des évaluations
régulières. Il n'en est rien.
MeliUa, le Cap d*eau, Albucemas^ le Peûon de Yelez,
Ceuta, sont des ports Irancs par lesquels les marchan-
dises entrent sur le territoire marocain sans payer de
droits et en sortent de même. Une Administration habile
. à se rendre compte de la situation économique d'un
pays, de ses besoins; de ses ressources, de sa lorce de
consommation et de production, aurait soin, malgré
cette situation de port Iranc, de tenir compte des impor-
tations et des exportations, en s'aidant au besoin de la
perception d'un droit inlime de statistique. Mais TAd-
1
17^2 ' LB MABOG
I
mînistratîon espagnole n*a pas ce sonci. En réalité, lesj
marchandises qui entraient au Maroc par la longue;
ligne de côte qui s'étend de Geuta presque à la frontière!
algéro-marocaine n'étaient soumises à aucun contrôle,
c'était en réalité de la contrebande légale. C'est une
situation qui ne pouvait se prolonger longtemps, parce
qu'elle portait un sérieux préjudice au comnierce régu-
lier s'effectuant, soit par les « huit ports », soit par la
frontière de TAmalat d'Oudjda et de TAlgérie. Le traité
Franco-Espagnol y a porté remède.
' Au Sud, c'est par le Figuig, contrée assez calme,
mais très indépendante, que s'exerce le commerce avec
le Sud algérien, la Mauritanie. Là encore, aucune don-
née précise.
Nous ne pouvons donc chiffrer que partiellement
le mouvement commercial au Maroc en nous -rapportant
aux statistiques des Ports.
Ces renseignements sont consignés dans l'Appen-
dice.
Il nous est donc possible de nous rendre compte assez
exactement de la production et de la consommation
marocaines pour les produits fournis à l'étranger oa
demandés à l'étranger. Nous ne laisserons de côté que
la contrebande de fait, plus ou moins favorisée par le
régime qui règne dans les places espagnoles. Les
chiffres nous fixent, à peu près exactement sur le
mouvement des affaires de l'Empire chérifien avec
Textérieur. Mais ce qu'il importe de savoir aux Français
qui se disposent à s'établir au Maroc, ou même à s'y
faire réprésenter, ce sont les usages commerciaux du
pays, la manière dont s'y traitent les affaires.
Pour le commerce de détail, les transaétions s'effec-
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — BON ATBNIR " 1^3
très sensiblement comme en France. L'habileté
deur consiste & se .rendre exactement compte des
de la clientèle qu'il a poar but de s'attacher.
[ue vous rechercherez comme client l'indigène on
)éen, il est évident que voua ne pourrez otlrir,
irtains articles, ni les mômes marchandises ni
bmes qualités. Dans les articles de vêtements,
iblement, la différence s'impose. Dans les articles
u ivuicintation, certains produits seront debiandés par
tons les consommatears ; certains autres, les vins et
alcools notamment, ne trouveront prenenr qu'auprès
des Européens. Ces distinctions sont faciles à observer.
n convient d'ailleurs de noter que le commerce de
, à destination de la consommation indigène, est
le entièrement entre les mains des indigènes eux-
s, tout d'abord dans les ports et, k plus forte
, dans l'intérienr du pays. Il serait sans intérêt
lin Européen d'acheter des produits marocains
y«-. les revendre aux Marocains. La plupart des
articles de consommation non alimentaire sont fabri-
febés et vendus par les mêmes artisans. Celui qui fait
les babouches, pour citer un exemple, les vend lui-
^iAine. Celui qui fait les haïks, les fez, les vend directe*
ment. Il y a, pour les articles du consommation maro-
Èe, un nombre suffisant de fabricantS'Commerçants.
produits imités de ceux du pays et venant de
anger n'auront^ aucune chance de concurrencer la
fabrication locale, pendant longtemps tout au moins.
C'est donc, en matière commerciale, au commerce
ion et d'exportation que l'immigrant français
Or, ce commerce ne peut s'exercer avec fruit qu'en
174 I'* MAROC
se conformant à ton» les usages locaux et, par censé*
qnent, en les connaissant parfaHement. Sans cette
connaissance, exportateur, vous n'obtiendrez pas les
marchandises que tous roulez expédiier, ou vous ne tes
obtiendrez pas dans des conditions qui vous en per-
mettent la revente avantageuse ; importateur, vimh
n'^aurez pas Técoulement régulier et normal die vos
acquisitions.
Ici doit estrer en jeu une organisation spéciale su '
Maroc .
Cette organisation est personnifiée par les Gensasz.
E Ile d*est déjà modifiée et se modifiera encore, mais, en
pratique, elle subsistera pendant longtemps.
Lorsque durait le régime de la Protection que oo»
avons résumé, les Censaùx étaient du nombre des pro-
tégés.
Actuellement ils demeurent des intermédiaires très
utiles surtout pour les négociants européens qui n*oat
pas encore eu la possibilité de s^assimiler entièrement
les mœurs et coutumes commerciales du Maroc.
C'est le « Censal » habile qui traitera pour la maisott
à laquelle il est attaché, les achats les plus avantageux,
notamment en matière de produits agricoles.
n connaîtra la situation des différentes régions de
productions dans lesquelles il lui est facile de s'assoref
desinlelligences, des correspondants. Alors même qu'il
sera encore peu pratique pour un acheteur eiuropéen de
laines, d'aller tenter les marchés dans les passes de
Taza, par exemple, le Censal de Fez ou d'Oùdjda pourra
monopoliser la production des grands troupeaux appar-
tenant aux riches Cs^ds et même ramasser, par ses
correspondants, les tontes des petits propriétaires.
SON PASSÉ •— SON FnisXNT — SON AVENIR IjS.
Poor les bœufs, pour les graifiis, ce que nous disons est
soii moins exact.
i^e Gensal est eneore un instnimeat indispensalrley
daoïs la plnpart des cas, pour eonciure une location
.nrbainecm agricole^pour adueter un terrain ^Sonvent^ le
Gensal achètera on louera en apparence pour Im-mème,
en réalité pour som commettanft. A ceux qui s^étonne-
nôeart de ces achats fictifs, de ces locations supposées»
I Douft pourricMQS ohjeeter que les mêmes faits se pco-
I diiise»! en Europe et que FOrient n'est pe£ le seul Pays
f )es mirages.
Pour l'écoulement île marchandises importées, snr-
lout.de marchandises destinées principalement aux
indigènes, à travers des intermédiaires également indi-
gènes, l'utilité du a Gensal » est également indiscutable.
I y a-t-il des crédits à accorder, le Gensal adroit a tout
jitérèt à guider exactement son patron ». C'est lui qui
[eut dire quelles sont les marchandises qui conviennent
h mieux à telle ou telle région du pays, indiquer les
tBStatives utiles et éviter les expériences malencon-
treises.
Le Gensal offre encore un grand avantage : c'est
qu'aitant il est capable d'aider son patron à faire des
affains prospères, autant il est hors d'état de se subs-
tituera lui, par suite de l'absence de toutes relations
à rétroiger.
Aucm expéditeur, aucun fabricant européen, ne trai-
tera en effet avec un « Gensal». Pendant longtemps,
les Français voulant aller au Maroc et y entreprendre
le comnerce d'importation et d'exportation^ devront
s'assure, le concours d'un Gensal expérimenté. Ge
concoure c'est de Texpérience qu'ils acquerront à bon
i;;6 LE MAROC
compte. Or, si rexpérience est nn élément indispen-
sable de la prospérité commerciale en tout pays, c'est
surtout en pays d'Islam que ses effets sont souverains.
Le commerce d'importation, au Maroc, ne peut d'ail-
leurs que se développer, ainsi qu*il le fait depuis plu-
sieurs années. Il est évident que le nombre des Euro-
péens résidant dans l'Empire cbérifien s'augmente dans
des proportions très rapides et que, par conséquent,
soit pour la satisfaction de leurs propres besoins, soit
par l'effet de l'exemple, de Tentraînement, la consom-
mation des produits d'Europe est destinée à s'accroître
considérablement.
CHAPITRE Xni
Villes et régions. — Les villes impériales. — Les
ports. — Les villes de l'iatér leur. — Les villes
saintes. — Le Tafilelt. — Le Fîguig.
LES VILLES DU MAROC
Les villes du Maroc se divisent en quatre catégories:
Villes impériales ;
Ports ;
Villes de l'intérieur ;
Villes religieuses. ' '
Nous étudierons rapidement ces divers centres, qoî
présentent des différences si intéressantes à mettre en
lumière.
LES VILLES IMPÉRIALES
On nomme villes impériales les cités habitées tour à
tour par les Sultans, la Cour et le Maghzen.
Le Maroc d*hier était un pays extraordinaire ! Alors
que les Gouvernements européens ont des centres dont
ils ne s'éloignent pas, le Maroc ne possédait pas une.
capitale unique. Autrefois, et cet autrefois n'est pas
très ancien, les Sultans marocains qui se déplaçaient
le plus facilement étaient ceux qui jouissaient du pou-
1^8 LK MAROC
voir le mieux établi, de la domination la moins con-
testée.
Tant que les tribus qui, prises isolément, étaient 1res
inférieures en force au gouvernement du Chérif , ont en
la certitude que celui-ci se déplaçait volontiers, que les
quelques milliers d'hommes asçez bien armés compo-
sant sa Mehalla, que ses quelques canons pouvaient, à
tout moment, se transporter sur leur territoire et le
« manger », suivant l'expression dont il convient de
signaler Toriginalité, la crainte de ces visites souve-
raines était assurément — coQime la crainte du gen-
darme — le commencement de la sagesse.
Le sultan, Abd^el Aziz, épris de nouveauté, d'eu,
ropéanisme dans le mauvais sens de ce mauvais mot,
aimait à s*enfermer dans son palais de Fez, où son
temps se passait à édictcr des réformes prématurées et
à essayer, comme on essaye des jouets, des bicyclettes,
des automobiles, des phonographes, des petits che-
mins de fer. Ce n*était pas Thomme de la tente et da
camp. Aussi les insurrections furent-elles fréquentes .
Celle de Moulay Hafid se termina par la déroute
complète du Sultan imprudemment novateur. >
En dehors môme de ces déplacements politiques et
financiers, puisqu'ils avaient toujours comme but le
recouvrement de Timpôt refusé ou arriéré, la Cour ohé-
rifienne. Cour nomade, n'avail pas coutume de rester à
poste fixe. Elle se rendait tour à tour de Fez à Meknès,
— que Ton a nommé le Versailles du Maroc, — à Mar-
rakech, la Capitale du Sud, et enfin à Rabat. Ces quatre
villes sont les villes impériales.
SON PASSlft — SON PRÉSENT -— SON AVENIR Ijg
FBZ PITTORBSQUB
l
n y a une viDgtaine d'anDées c'est par la piste, en
caravane, que nous nous sommes dirigés, depuis Tan-
ger vers ce Fez encore si mystérieux. Fez qui fat le
plus grand centre religieux de TAfrique du Nord et
auquel Tavenir réserve un rôle commercial si impor-
tant.
Bien que la vie sous la tente soit intéressante par
l'imprévu et l'originalité, nous n'aurions pas été lâchés
de trouver à Fez, comme on le trouve à Tanger et,
tant bien que mal, dans les ports, les éléments d'une
installation plus régulière.
Malheureusement, il n'existait pas d'hôtel et môme
pas d'auberge à Fez.
Le Sebou ne passe pas directement à Fez ; nous
avions quitté ses eaux à quatre kilomètres environ de
la ville vers laquelle nous marchions côte à côte avec
l'oued Fas, affluent du Sebou, et qui apporte, par des
irrigations, la fécondité aux jardins dont Fez est
entourée.
Le voyageur européen dont le gîte n'était pas préparé
parles soins de son Consulat n'avait que la ressource de
continuer à camper. C'est ce que nous avons fait dans
notre deuxième voyage à Fez. Du premier nous avions
conservé la mémoire de deux chambres* situées dans
une ïnaison juive, au centre du Mellah, chambres aux-
quelles on accédait par des escaliers qui nous ont laissé
le souvenir de la plus complète culbute que nous ayons
faite depuis les temps, un peu lointains déjà, du saute^
mouton collégial. Nous avons gardé également souve"
l8o LB BfAROC
nance d'un patio qu'il, fallait traverser en passant an
milieu d*nne bande d'eniani» aussi remarquables par
leur nombre que par leur éducation absolument étran-
gère à tons préceptes d'hygiène. Pour ne pas contris-
ter notre hôte, protégé français, nous dûmes dissimvter
" notre regret du plein air et de nos tentes que, ntiem
ayisés^nous aurions plantées dans les jardins de Fez rt
Bali.
L*oued Fez sépare la ville en deux grandes divisions.
A l'origine, une de ces divisions portait le nom d'Adnuat
el Karaouiyin, L'autre se nommait Adauat el Andulous
parce que la destruction, par les rois d'Espagne, da
Khalifat de Gordoue eut pour conséquence de conduire à
Fez naissante près de dix mille Manores, que Leurs conr
génères nommèrent « les Andaloits 9.
Actuellement, Tune des deux divisions entre lesquelles
se répartit Fez se nomme Fez el [^*edid, Fez-le-Neuf ,
dont la création par l'Emir Yacoub ben Adddliay
remonte à 1274, ce qui ne donne à ia ville nouvefle
qu'une jeunesse relative. Fez-le^Yieux a pour nom Fes
el BaU.
La ville est entourée de murs crénelés. Au centre^
s'élève le Dar el Maghzen. Une grande artère centrale
va de Bab el Segma jusiqu'à Bab el Semmarizt.
Fez el Bali et Fez el Djedid sont réunies par un quar-
tier que Ton nomme Bon Jeloud.
Fel el Bali est située dans la vallée de Voved Fez, deni
les soixante branches forment an réseau d'irrigaiiQtt
naturelle des plus perfectionnés. Les maisons de Fes el
Bali sont élevées ; elles remontent les deux parois de la
vallée et ne s'arrêtent à gauche ei à droite qat'anx.
murailles d'enceinte.
/
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l8l
C'est dans Fez el Bali que sont naturellement les
anciennes et célèbres mosquées d'El-Karaouiyin et de
Moiilay-Idris. Sur la rive gauche de Toued est la mos-
quée des Andalous.
Les habitants de Fez, qui se nomment les Fazi, n'ont
presque aucune similitude avec les Berbères, habitants
des montagnes, non plus qu avec les Arabes qui peuplent
la plaine. Ils mènent une existence hadhariya, c'est-à-
dire une eiistence bourgeoise, une existence urbaine.
LA MOOB A FEZ
Dans les classes aisées, chez les fonctionnaires et
antres personnages faisant partie du Maghzen, la toi-
lette des hommes est l'objet de grands soins. Les per-
sonnalités de la haute bourgeoisie, les Maures, soit par
conséquent une grande partie des Fazi, but une tenue
très soignée.
Leur djellaba, qui est la base du costume marocain
— sorte de chemise ou de sac ayant des ouvertures pour
passer la tète, les bras et les jambes, est en étoffe fine
et douce . L'élégance la veut en drap léger, le plus sou-
vent de nuance crème.
Le haïk, qui se met par dessus la djellaba est une
sorte de soutane. La partie la plus apparente du costume,
le burnous, est très vaste, de manière à s'enrouler
autour du corps, une des extrémités se rejetant sur
l'épaule. Le burnous, en laine fine, doit toujours être
d'une éblouissante blancheur.
Un autre costume, plas spécialement adopté par les
fonctionnaires, se compose d'ui^e chemise de linge fin
l8a us IffABOG
qne l'on Domme iaradjiya qui se bontoime josqn'an cou
et se passe sur an caftan aux manches larges.
Comme chaussures, des babouches en cuir verni etr
le plus souvent, en cuir de. couleur clair, tranchaat sur
le blanc des bas. Seuls les gens du peuple gardent les
jambes et les pieds nu». On porte également des soolicffs
découverts à talons, et aussi, pour le voyage, des bottes,
ornées parfois de broderie d'une véritable richesse.
Comme coiffure, les hommes font usage du fiz de drap
rouge auquel la ville a donné son nom et qui est employé
dans tout le monde musulman. Ils portent aussi le tur-
ban plus spécialement réservé aux Chorifa, aux Imans,
aux membres des familles cbérifiennes, au monde reli^
gieux. Les femmes de Fez portent comme coiffure le
hantouz, sorte de hennin d'une hauteur modérée qai
soutient le voile dont elles sont enveloppées. D'autres
se coiffent du foulard, particulièrement les femmes de
fonctionnaires.
PBZ COMMBBCTALB
La Fez des affaires, La Médina^ comprend plusieurs
quartiers marchands. Voici le Souk el Attami. C'est ici
que l'on vend les articles de bazar et les épiceries.
Que de babouches ! C'est le Souk el Sobat I Dans le
Sùuk el Haïk se trouvent mis en vente les tissus de
fabrication indigène.
Dans la « Kaïçara », se vendent, au contraire, les
tissus de fabrication européenne et aussi les diverses
marchandises d'importation.
Le mouvement commercial de Fez est considérable.
n accuse de grand» progrès. Les Souks de Fézreçoîvenl
SON PASSÉ — SON PKKflSNT — SON AVENIR l83
du* Talilelt des peaux et des dattes, bien que ces cégions
sud éirigent maintenaat depréiérence leurs eavois sur
GolofflbBéchar, tête du chemm de fer de TOranie et dont
le centre caravanier d'Er Rieani n'est éloigné que de.
sept journées de chameau.
Dans ces régions, la journée de chameau est une
unité de parcours.
Commerce (wec la France
En parcourant la « Kaïçara », les marchandises fran-
çaises que nous voyons le plus souvent sont les savons
de toilette, les teintures, les montres et pièces d'horlo-
gerie, les tissus et les galons, la bijouterie et au$si l'ar-
gent pur pour la fabrication indigène des bijoux, les
papiers, les laines, les soies en fil.
Dans le Souk el Attarni, ce sont les sucres en pains
qui viennent de Marseille, les épices, les alcools, les
farines, les semoules. Comme produits manufacturés
français : les draps, les soieries, les satins, le velours,
la mousseline, les cretonnes, les lainages.
De Fez, au contraire, on expédie vers la France les
peaux de chèvres, les cuirs de bœufs, les poils, la laine
brute.
Commerce avec C Angleterre. ,
L'Angleterre envoie à Fez, parmi les produits d^Ii-
mentation, le thé dont les Marocains font une consom-
mation considérable et auquel ils donnent de beaucoup
la pr^érence sur le café. Le thé parfumé à la menttie
se boit dans tous les repas, dans toutes les collations.
On* le boit sut tes marchés : boire le thé ensemble est
r accompagnement obligé de toutes les transactions.
l84 LB MAROC
Comme produits manufacturés : les bougies, le coton
en fils, l'horlogerie, les fils de soie et les iils à coudre,
la mousseline à turban. Les articles de ménage, parmi
lesquels occupent le premier rang tous ceux qui servent
à la consommation du thé : les théières, les bouilloires,
les tasses, les plateaux, les samovars.
Pour Fexportation, l'Angleterre ne prend guère, à
Fez, que les dates du Tafilelt .
Commerce avec F Allemagne.
Les marchandises allemandes importées à Fez avant
la guerre étaient généralement de très médiocre qualité.
C'est ce qui maintiendra la suprématie de la production
française, si nos importateurs savent se défendre par
des prix raisonnables, par un crédit suffisant; surtout
en se conformant aux usages locaux pour les emballages,
les métrages, la présentation. L'Allemagne envoyait à
Féz des cotonnades, des 'couvertures de laine.
Comme articles d'alimentation, de la mauvaise con-
fiserie, des sucreries communes mais qui sollicitaient
cependant la gourmandise des consommateurs.
Les articles de ménage venaient également, en assez
grande quantité, des fabriques allemandes. Sur ces
objets, il y avait concurrence entre l'Allemagne et l'An-
gleterre.
La verrerie, la porcelaine courante, les couteaux, les
cuillères, les fourchettes, ces dernières pour les Israé-
lites, divers ustensiles de ménage, de Thorlogerie d'une
perfection plus que contejstable, les boites à sucre, les
boites à thé étaient généralement de provenance alle-
mande.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l86
Egalement les boites... à musique, les phonographes»
les machines à coudre. Enfin, les pièces^ d'artifice !
(Voir à TAppendice, l'article consacré aux marchan-
dises allemandes).
It" Italie envoie à Fez des velours et des soieries.
Des marbres pour daller les cours. On les transporte
sur des mekkas. On nomme mekkas une sorte de plate-
forme en bois montée sur des brancards entre lesquels
on place un chameau par devant et par derrière.
là Espagne importe des soieries de Barcelone, des
meubles, certaines chaussures pour les Juifs, des choco-
lats. Elle reçoit de Fez des dattes, des peaux de chèvres.
U Autriche importait des sucres en pains, quelques
épices, quelques tissus.
La Suisse envoie des draps, de Thorlogerie, des ma-
chines à coudre.
La Belgique, des sucres.
FBZ INDUSTRIBLLB
La Capitale chérifienne est un centre de fabrication
indigène important. Les produits de ses ateliers ré-
pondent aux besoins urgents. Fez fabrique des tissus,
de la mégisserie, de la cordonnerie. Les ateliers de Fez
fournissent, pour ces articles, la presque totalité du
Maroc et font même de Texportatlon. Les mégissîers de
Fez jouissent d'une excellente renommée, due à la sin-
cérité des procédés de tannage qu'ils emploient, et ils
expédient leurs produits dans tout le monde musulman,
depuis le Maroc jusqu'au Soudan égyptien à l'Est, jus-
qu'au Sénégal au Sud.
La fabrication des tissus, au contraire, est déjà
lB6 LE M^ROG
menacée par la ooDcarrenœ cLes tissas étraiig'^a. Les
soieries» les ootonnades arrivent sur le maivhé de Fez
«n quantités de pins en .plus grandes et la prododion
indigène en sera très atteinte, jusqu'aa moment où eUe
modifiera ses procédés de iabricatloa.
Par contre, le tissage des lainiNi, favorisé parla ptroxi-
mité des centres de production des matières premiènes,
«e maintiendra oertainemenit et premdra aiéme de l'eK-
tension. ^
Ceci dit poar Tindastrie actuelle^ empressons-noas
d'ajouter que les étal^lissements industriels modernes
sont assurés de pouvoir se crésr à Fez dans les meil-
leures conditions de succès.
L'oued Pas, avant de se réunir à Tooed Sebou, fait
passer à travers la ville un volume d*eaxi considérable
et dont le débit excède de beaucoup les quantités vlifi-
sées pour Tirrigation. Ses eaux, divisées en de nom-
breuses ramifications, ne tarissent jamais. Leur cou-
rant est très vif et elles représentent, par conséquent,
une force motrice considérable.
Des minoteries modet'nes prendront la place des
nombreux moulins qui fournissent actuelleme&t à la
consommation de Fez. Des scieries mécaniques, des
centres électriques s'organiseront et l'œuvre de trans-
formation d'une des grandes villes de l'Orient s'accom-
plira.
Nous écrivions en 1913 :
« Souhaitons que la ville nouvelle ne détruise pas le
pittoresque de la ville d'aujourd*hui, qu'aucun Palshi
modem-style ne remplace les b&timents mauresques
auxquels donne accès le Dar el Maghzen. Alors q[u' Alger
s'est maladroitement modernisé, souhaitons qu'à Fez,
r
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 187
coaune eeia a lieu à Tunis, la Cité musulmariie reste
inlaete dans ses murs* environnée par la Cité nouvelle. »
flàtons-nous de coosttuler que ces vœux ont été
exhaussés et que, sauf pour Casablanca dont les vieux
quartiers n'offrent qu un iidiérét secondaire, les prinlcl-
pales villes du Maroc garderont toute leur originalité.
Depuis le 19 juin 1916, des terrains appartenant au
Maghzen ont été attribués à la création d'une Fex
Bodeme dont le territoire est partagé entre des coas-
tructionB poor habitations particulières avec jardins et
des constructions industrielles.
Les rues ouvertes att^gnent déjà une longueur dé
fAus de 10.000 mètres. Les lots de terrains doivent être
demandés au Receveur des domaines. Les prix, pour la
zone d'habitation varient entre 1,50 et S, 50 le mètre.
MBKNÈS
La deuxième ville impériale, non pas en raison de
son importance, mais des fréquents séjours qu'y firent
les Sultans, est Meknès. On la surnommée le Versailles
marocain, à cause de sa proximité de Fez, qui a tou-
jours occupé le rang de Capitale, sinon unique, du
moins principale.
Elle est traversée par Toued Bou-Fekran, qui assure
à ses jardins une irrigation très large.
Meknès compte 40.000 habitants dans la ville et envi-
rcm 60.000 dans la banlieue ; ce dernier nombre pres-
que uniquement composé d'indigènes. C'est le sultan
Moulay Ismaïl, lequel régnait en même temps que
Louis XrV, qui fit prendre à Meknès l'importance qu'elle
a pu atteindre. Les remparts, avec des partes monu-
l88 LE MAROC
mentales, sont son œuvre. Les jardins impériaox, dans
lesquels furent élevés les palais de Moulay Ismaïl,
occupent une superficie beaucoup plus importante que
celle de la ville. Actuellement, ces palais sont en ruines,
même la magnifique porte Bab Mansour el Endy, déco-
rée avec des colonnes de marbre prises aux ruines de la
ville romaine de Volubilis. Les mosaïques bleues et
vertes, noires et blanches dont beaucoup sont malheu-
reusement recouvertes de badigeon, font de Bab el
Mansour un des plus beaux souvenirs de Tart architec-
tural arabe.
Le Protectorat a,d*ailleurs,étendu son action sur Bab
el Mansour et sur quelques-uns des restes superbes du
Maroc d'autrefois.
A Meknès se trouvent les tombeaux de Moulay Ismail
et de Sidi Aïssa, fondateur de la confrérie des Aîs-
saouas. '
Une nouvelle Meknès s'élève maintenant à côté delà
ville indigène dont elle est séparée par la vallée de
Toued Bou Fekrane. Le sol de la nouvelle Meknès appar-
tient en très grande partie au domaine du Maghzen. La
situation est très salubre en raispn de l'altitude qui
atteint environ 550 mètres et qui assure une vue magni-
fique sur la ville indigène et sur les immenses jardins
du Palais impérial.
La ville neuve est divisée en trois secteurs. Les deux
pcemiers, sont réservés aux habitations particulières et
aux magasins pour le commerce de détail. Le troisième
secteur, nommé El Hamria, est destiné aux établis-
sements industriels. Pour obtenir ces terrains il faut
s'adresser par écrit au chef des Services municipaux.
Dans les deux premiers secteurs les lots de terrain
?ASSE — son PBBSBNI — SON AVENIE 189
lus à des prix variant entre i fr. 7S et 3 fr. 90
Dans le tToigîèine secteur on n'gifectue que des loca-
tions ponr dsq ans an prix de Olr. 151e mètre, avec
fMximeBse de vente on prix de l,SOà ta condition qne ie
locataire ait élevé pendant la dorée de sa location des
oonotmctùms valaLt an moins IS francs le mètre .
h» Bomlire de lots achetés on loués est d^à impor-
tant <it les travonx de voierie atteignent une étendne
de tdas deS.bOO mètres.
L'avenir de Meknès est considérable.
MAHBAKBCH
Marrakech, nommée la Capitale du Sud, est située
sur le flenve le Tonsitt, dont deux afllueuts l'entourent.
Sa popnlalion paraît avoir compté SOO.OOO habitants,
oe que confirme la dimension de son enceinte, qui
atteint un développement de près de 14 kilomètres .
Actuellement le nombre des habitants est d'environ
100.000. Gomme Fez, Marrakech avait de oëlèbres Uni-
versités. An point de vue architectural, elle a gardé
des ruines imposantes, parmi lesquelles on remarque
la porte de la Kasbah et la tour la Koutoubia.
La Koutoubia a 75 mètres de haut. Une rampe inté- ,
rieore en hélice remplit le r61e d'escalier. Marrakedi
contient un Palais impérial, avec les jardins de l'Ague-
dtd, d'uneétendue considérale. Elle eetdivisée en vingt-
qiKTbv quartiers ; la population joive est concentrée
dans un Mellah. C'est dans les environs de Marrakech
que se trouve un pont de pierre construit sous la direc-
tion d'im Européen captif.
Notre confrère Eugène Tardieu a très heurenaernont
igo LB MAROC
décrit le genre de beauté de Marrakech quand il dit,
dans ses Lettres du Maroc :
« Marrakech, la ville rose, est bâtie en briques coites
au soleil et en terre battue ; les rues y sont en général
plus larges qu*à Fez. H y a beaucoup de grands espaces
libres et des places publiques, ce qu*on ne voit pas à
Fez. Ainsi que dans toutes les villes arabes, on ne
répare guère ce qui 8*écroule et le nombre de maisons
en ruines est très élevé. Elles ont rarement plusieurs
étages, comme à Fez, où l'on circule dans des couloirs
qui ressemblent à des puits.
(( A Marrakech, il y a plus de lumière entourant la
vaste cour, pavée de mosaïques, au centre de laqueUe
une énorme vasque de marbre recevait un jet d'eau et
où des balustrades entouraient quatre parterres plantés
d'orangers, de cyprès, de grenadiers et de citronniers.
C'était bien là toute la volupté de l'Orient comme on la
rêve, et sans une faute de goût. Que les immenses
places entourées de murs crénelés et de bastions d'un
curieux style, que les portails aux fines sculptures sont
magnifiques sous la lune éclatante I »
A côté de la ville ancienne se crée une ville nouvelle
Le Gueliz. Au point de vue commercial Marrakech se
signale comme point de transit pour les marchandises
qui viennent de l'extrême Sud et sont dirigées ensuite
sur Mazagan, Mogador et Safi.
Marrakech,n'étant que récemment reliée à Casablanca
par le rail, le mouvement commercial s'effectue encore
principalement par la route.
L'industrie de Marrakech comprend notamment la
tannerie, dès longtemps célèbre par la fabrication du
maroquin et aussi la chaudronnerie.
w
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON ATBNIR I9I
La ville nouvelle comprend déjà des lots vendus cou-
vrant une superficie de plus de 400.000 mètres carrés.
La longueur des rues ouvertes dépasse 13.500 mètres.
Sont déjà construits THôtel de Ville, THôpital Mauchainp,
les Abattoirs, la Poste, le Marché, les Ecoles.
KÂMÀT
Rabat est la quatrième ville impériale. Elle possède
en effet une demeure chérifienne dans laquelle Moulay
Hafid a signé son abdication.
La population est d'environ 40.000 habitants.
Rabat a été construite 6n Tan 593 de THégire par le
sultan Yacoub el Mansour, à Tembouchure^ du Bou
Regreg.
Elle est le siège administratif du Protectorat français.
Le Sultan y réside maintenant presque constamment.
Le îport de Rabat, port de rivière qui était absolu-
ment infime avant le Protectorat français a été Tobjet
d'une transformation déjà considérable .
La rive gauche du fleuve possède déjà un quai d'envi-
ron 250 mètres de long qui permet l'accostage de bâti-
ments calant un peu plus de 3 mètres.
Sur la rive droite existe un quai de 100 mètres.
De plus on s'occupe de modifier le chenal du Bou
Regreg et d'améliorer la Barre.
L'industrie indigène à Rabat consiste en tapis, en
poteries et en broderies.
L'importance de la ville est avant tout administrative
6t gouvernementale. De nombreuses constructions euro-
péennes, des villas s'étagent maintenant sur les hau-
)iirs. Au point de vue touristique Rabat est une des
9
19^ tM aiAiioc
niles <ivi altiiWBt l'attention des voya^ars. Da faaat
é» U Tovr HaMâm qui s'éiève au miiieii de jaidii»
MMmAnflAB on déeowie nn des pbis beaux panoramas
aaittiaes da Maroc.
PORTS
GASABLÀIIGA
OasaManca est devenue la principale place commer-
eiale du Maroc. Conservera-t-elte oe rang d'une manèm
incontestable quand le chemin de fer à voie normale
reliera Tanger à Fez t Qu^le que soit la réponse que
les événements puissent f aiVe à cette (fuesUon, il est évi-
dent qu'au développement du Maroc resteront tou|anr6
liés d'une manière très intime le développement el la.
prospérité de Casablanca.
La ville compte aujourd'hui environDO.OOO haintants.
Four donner une juste idée des progrès de son actÎTité
commerciale, il suffit de signaler qu'en 1906 au momeirt
ou débarquèrent les marins du h Galilée » Casablanca
exportait pour environ 6.000.000 et importait poinr
7.875.000.
Aux dernières statistiques nous trouvons pour les
importaUons 90.000.000 et pour les exportations:
25.000.000.
L'état dans lequel se trouvait la ville de Casablanca
au moment de Toccupation ne pouvait pas faire oonoe-.
ToiruBe hante idée des capadtés admintstratiTes des
ionctionnaireB marocains, et l'Administration IrsuiçaîBe
donna, *cea*tes, une preuve évidente de son désir 4e an
lien changer en laissant en place les Autorités chéri»
1
'
j
SON PASSB — SON PRÉSENT — SON AVBNIB IQS
Sennes. Il y eat toutefois quelque chose de nouveau
sous le soleil.
On nettoya Casablanca. Les rues étroites et contour-
nées, comme dans toutes les villes marocaines, furent 1
lébarrassées des ordures qui les encombraient. On
numérota les maisons. On pava en grès. On nettoya les
canalisations des égoûts.
Pendant que l'intérieur de la ville était ainsi Tobjet
d'un indispensable déblaiement, le port, commençait à
B'esquisser. La Compagnie Marocaine construisait un
terre-plein de 40.000 mètres destiné à la manutention
des marchandises. Un emplacement de 6.000 mètres, en
partie couvert, était affecté aux opérations de la douane.
Une jetée formée par des blocs artificiels s'établissait,
destinée à conserver des fonds de douze mètres à marée
basse.
Nous donnons à l'Appendice un état exact de la situa-
tion actuelle des travaux.
C'est vers cette ville, en effet, que se dirige, d'une
façon trop exclusive peut-être, le mouven^nt d'immi-
gration, n est donc d'un intérêt pratique indiscutable
que nous disions, en quelques mots,quelle8 sont,à Casa-
blanca, les conditions de la vie matérielle.
, Faisons un tour au marché. Les cultures maraîchères
réussissent très bien ep Chaouîa ; les environs immé-
liats d^ la ville, qui assure à leurs produits un écoule-
nent certain, sont riches en jardins potagers et en ver-
jers dont la valeur varie selon que les facilités d'irrigation
lont plus ou moins grandes.
Le marché de Casablanca est beaucoup plus européa-
dsé que ne lest celui de Tanger, ce qui s'explique par
fait de l'augmentation constante de la clientèle euro-
194 I'* MâiROG
peenne. PresqM tons les légames de Fiasce s'y bwK
vent réunis .
L'instalialion, qui n» laissait pas d'être dilfîdle il y
a pen de teaaps enocype, yfk de^nenir pins aisée^ car l^
consiractioB a pris vae très graaiie aotirité. Mais, pon
peu qoe les loçaiaiveB aient quelques exigeiioes, les tau
de loyers s'en ressentent.
Toutes ies locations se tout non ,meuUéeSt sanlpom
les chambres etlespetitsIogementBdontiineerlaîft
bre ont an ameublement sommaire^ M alheui^ase
les meubles sont d'un prix assez éleFé, Nous a
recueilli et eomplété des documenls statistiques
mettant de se vendre compte des eonditîons da tiravmil
Casablanca. Les Ouvriers de tulimentaUeH tels qa>|
boulangers, bouchers, cuisimeis. travaiUant pour hii
clientèle européenne surtout, sont au nombre d'enviro^
350, dont les deux tiers sont indigènes. Le Marocain
d'ailleurs, est souvent bon cuisinier.
ê
Les industries du bâtiment comptent an moins d
cents ouvriers, tels que maçons, charpentiers, eo
vreurs, menuisiers, peintres, ouvriers en fer. Tons
ouvriers sont assurés de trouver ladlement du tra
Mais, ainsi que nous le verrons ci après, les salaires, i
cause de la main-d*(Bavre indigène qui n'est pas vsji.\
géante, ne sont pas très élevés. De pku, ils ne paralaaeM
pas devoir s'accroitre très seAsiblement^car il est piVH
bable que le nombre des travailleurs indigènes aagmeoH
tera. Ceci, sauf pour les contremalÉares et ouvriers um^
truits, semble indiquer que Timmigration ouvrière à
Gasabiancan'oMrepasaaxtravailiears purementmannelai
de grandes chances de succès.
r ^
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON ATBNIR jgjS
lilndDstrie da vMement occupe 1.800 ouvriers, cor-
loâiûeDB, teiuturîera, tailleurs.
I^'agricuitore, ou, plus exactemeot, rhoriiciiltare
tai^kHe eoviran 1.500 travailleurs parmi lesquels le
feombre des Européens ne dépasse guère deux cents
lersonnes.
Noue venons de dira que le taux des salaires n'était
las très élevé. En effet, pourles travailleurs européens, U
l'atteint que très rarement quinze francs par jour. Pour
as travailleurs indigèneSyles plus favorisés, des ouvriers
rart, pourrait-on dira, tels que les selliers et brodeurs,
Iss bijoutiers, ne dépassent presque jamais le salaire de
I hancs par jour, tandis qu'une somme de 6 francs est
léjà considérée comme un salaire élevé et qu'un grand
hombre d'ouvriers ne gagnent pas plus deiS francs par
TANGER
Tanger, éloignée seulement de 14 milles de la côte
iï^^gne, a pendant longtemps personnifié le Maroc.
Ble tient en même temps de la ville arabe et de la ville
nropéenne.
' La partie arabe, enfermée dans les murailles, com-
Ifead un amas d'habitations indigènes et européennes,
les synagogues, des mosquées, une kasbafa à demi mi-
sée» mais encore imposante.
Hors lea murs f 'étendent des quartiers nouveaux que
Pon nomme Marghan, H^cmara^ San Francisco^ A/ontOr
Ipse, Boudana, MaAdi, Berak, Cherach^ Plage et Senani.
' La population oomprand environ dO.OOO habitants,
parmi lesquels les indigènes, Arabes et Juifs, sont au
aonfara de 351.000.
196 LB MAROC
Avant d'avoir pris, dans l'organisation politiqni
actnehe da Maroc» le rôle d'une ville internationalej
Tanger avait déjà une situation toute spéciale dani
TEmpire Chérifien. C'était en quelque sorte, la Porte di||
Maroc. 1
Il existait, à Tanger un Représentant du Sultan qcà
n'était pas, comme on Ta souvent dit par erreur, W
Ministre des Affaires étrangères.
Les Sultans ne venaient jamais àTanger. Ils s'étaientdi
tout temps jugés plusàl'abri du contact des Européens,
contact dont évidemment ils n'appréciaient pas tout 1
fait le charme, en se tenant à l'autre extrémité de kl
longue piste de 250 kilomètres, qui sépare Tanger dl
Fez.
Cette distance justifiait les délais qui étaient lun dei
grands moyens d'action de la diplomatie marocaibBt
Elle expliquait parfois la lenteur des réponses au^
questions embarrassantes.
Le Représentant du Sultan à Tanger avait pour mis*
sion, de solutionner, sans qu'il soit besoin d'en référet
au Maghzen, toutes les affaires d'ordre consulaire oi|
judiciaire que les Européens pouvaient avoir à traites
avec les Administrations chérifiennes telles que lei
Caïds des tribus, les Pachas ou Gouverneurs des portsj
les Oumanas, agents des douanes. Les Enropéeiul
avaient-ils à se plaindre des fonctionnaires marocain^
établis hors de Tanger, le Représentant du Sultan, dosf
le titre officiel était Naîd Sidna, littéralement : Repri-i
sentant du Maître, envoyait à ces autorités des avis o«
des ordres dont le plus souvent elles ne tenaient aucmil
compte, ce dont le moins étonné était presque certaine^
ment le (( Naïd Sidna » lui-même, lequel était d'aillenid
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR igj
% peu près dépourvu de tout moyeu d'actiou, hors de
ITauger. Lorsque Taffaire était de peu d'importaucei
^e finissait quelquefois par s'arranger entre les inté-
Iressés et TAutoTi té marocaine — ou elle était abandon-
iiée. Offrait-elle un intérêt assez grand, elle était prise
ton main par la Légation de l'Européen en cause qui
négociait directement avec le Maghzen. Ces négocia-
tions, bien que directes, n'ont jamais été rapides et
Rarement décisives.
Cette organisation, qui n'existe plus, remonte aux
premières années du xvni<> siècle. Tanger relevait alors
jldministrativement des Pachas de Tétouan ou de La-
imche, ce qui compliquait et ralentissait encore la solu-
tion de la moindre affaire et ce, à la grande satisfac-
l&on des Marocains. Sidi Mohammed el Khetib fut le
premier fonctionnaire du Maghzen chargé de repré-
senter le Sultan à Tanger. Après lui vint Sidi Moham-
med Bargach. C,e personnage, influent à la Cdur, jouis-
sait de prérogatives assez étendues. Les Légations
ioatefois, pour les affaires notables, continuaient à cor-
lespondre directement avec le Gouvernement de Fez.
Aussi, l'importance du « Naiid Sidnà » diminua-t-elle
Éapidement, les ordres qu'il donnait n'étant plus suivis
d'aucune sanction.
I Cette communication directe entre le Maghzen et la
|)iplomatie étrangère ne pouvait rester longtemps indif-
iérente au Gouvernement chérifien. L'écran derrière
lequel il entendait s'abriter allait cesser de remplir son
loffice, si toutes les Légations passaient par derrière, ou
^-dessus.
C'est pourquoi, en 1900, le Maghzen fit savoir aux
binistres plénipotentiaires accrédités à Tanger que
198 UB MAROC
tontes leiffs eoiresponâances défraient être renises à
Si Mohammed Torrèe, Représentant du Sultiui à Tanger
et chef d'une sorte de CknuBrission cofmposée de trois
autres hauts fonctionnaires ehérilîen^.
Tel était l'état des choses lors de la Conférence d*AI-
gésiras, aux débats de laquelle les noms d*El Torrès el
d'El Mokri furent si activement m^és.
Il était intéressant de bien préciser cette orgenisatk»
si particulière qui n*a jamais existé en dehors du Maroc
et qui forme Tun des souvenirs les plus typiques delà
Diplomatie contemporaine.
ADMINISTRATION DE TANOBR
Les Autorités marocaines sont :
Un Représentant du Sultan.
Le Pacha, ou Gouverneur ;
Le Khalifa, on Vicp-Gouvemeur ;
Le Caïd el Mechpuar ;
Le Gadi, ou Juge dans les questions de propriété.
LA COMMISSION D*Hr6làNB
Cet organisme est absolument municipal, et ne fone*
tienne que pour la ville de Tanger.
Jusqu'en 1870, sauf quelques mesures transitoires
prises pour ren^édier, de temps à antre» à la négli-
genee absolue des autorités marocaines, il n'existait
aucune organisation pour l'entretien de la ville. Ce
n'est qu'en 1892 que Moulay Hassan chargea le Conseil
sanitaire de veiller à Thygiène de Tanger. Le Conseil
délégua ses pouvoirs à un groupe de représentants qui
SON PASSÉ — SON PRÉMINT — SON AVENIR I99
|Mnt le tito de Comité d'hygièse, composé d'un membie
de cbacane des Légations siégeant à Tangeûr.
Ce Comité contient également des membres élus par
les souscripteurs qRF se sont engagés, arant le M dé-
cembre, à payer, pendant l'année à sniTre, une cotisa-
tion de 10 pesetas.
La propreté de la ndlle, rédatrage^ le régime des
esfsx, Fadministration des abattoirs sont dv ressort de
ce CSomité, qui présente une fois de plus le spectacle à
pefi prèsimique, si ce n'est an Maroc, d'un Etat admi-
nistratif étranger fooetionnant,, pour ainsi di^e^ sans
entretenir aucune relation avec TËtat politique indi-
gène.
Les ressources du Comité comprennent :
!• Une sabventioBtdii Magbzen ;
2* La taxe sur les abattoirs ;
3* Une part sur les produits du wari ;
4* Un impôt.
Le Comité d'hygiène a égalaient organisé des cli-
niques pour les enfants.
Malgré les dispositions résottant de l'établissement
do Protectorat, Tanger reste le siège des Légations
suivantes : •
France, Angleterre, Belgique, Espagne, Etats-Unis, Ita-
lie,. Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède.
I Tanger possède également des Consulats de France,
Angleterre, Espagne, Etats-Unis, Portugal.
Ont leur siège à Tanger les Administrations ci-après :
Comité Spécial des Travaux publies ;
Contrôle de la Dette Marocaine ;
Régie des Tabacs.
Au poini de vue commercial, le port de Tanger n'oc*
aOO LE MAROC
cupe que le quatrième rang, le total d'importations et
d'exportations réunies ne s'élevant qu*à environ
18.500.000 francs.
Nons avons dit que les Sultans en exercice ne venaient
jamais à Tanger. Par contre, les Sultans en cessation
d'emploi, tels que Abd el Aziz, déposé par Moulay Ha-
fid, et Moulay Halid lui-même, paraissent apprécier le
séjour de Tanger. Tanger est assurément appelé à un
très grand avenir lorsque le chemin de fer Tanger-Fez,
actuellement en construction, sera mis en exploitation.
Nous donnons à TAppendice l'état des travaux.
MOGADOR
Mogador a été fondée en 1759 par le Sultan Maho-
mey. Elle eut pour architecte un Français, l'ingénieur
Cornut, et fut bâtie, en partie, par des esclaves chré-
tiens.
Mogador compte à peu près 18.000 habitants. Le
commerce de Mogadar se chiffre, importations et expor-
tations réunies, pour la somme d'environ 28 millions.
C'est à Mogador qu'aboutissent les caravanes de la
Mauritanie, ce qui assure à cette ville son rang relati-
vement élevé parmi les ports du Maroc.
MAZAGAN
Mazagan fut fondée par les Portugais en 1506, sous
le nom de Castillo Real. Abandonnée peu après par ses
fondateurs, elle fut occupée par les Maures qui la nom-
mèrent Djedida, la Nouvelle. Ses murailles, ses portes,
son château-fort trahissent son origine portugaise et lui
SON PASSE — SON PRÉSElTr — SON AVENIR -KM
donnent un aspect pittoresque. La population, qui s'est
con8idéra})lement accrue, tant pour la ville que pour
les .environs, est de 25.000 habitants. Le mouvement
des importations et des exportations réunies dépasse
nvaintenant 1^ millions. Les affaires y sont assez faciles
et les rapports entre les indigènes et la colonie euro-
péenne ne donnent généralement lieu à aucun incide&L
Mazagan est un des points du Maroc que Ton peut signa-
ler à Tattenition des immigrants. La ville est appelée à
nn grand développement lorsque ses anciens remparts
portugais seront abattus. Les terrains ont d^ réalisé
mie plus-value importante qui, pour les terrains à bâtir,
flte parait pas avoir atteint son maximum.
SAPI
Safi, port le plus rapproché de Marrakech, a été,
comme Mazagan, fondée par les Portugais. La popula-
tion s'élève à li.OOOhabitants d'un caractère pacifique.
Les importations et exportations montent à environ
20 millions. Ce mouvement serait sans doute sensible-
ment plus élevé si le port de Sali était moins mauvai&„
résultat que vont atteindre quelques travaux relative^
ment faciles .
La ville de Sali en dehors de son rang commercial
se recommande à l'attention des touristes. Du marabout
de Sidi Bouzid on jouit d'une vue magnifique. Sur la
route de Mazagan on s'arrêtera volontiers pour viâiler
un des sites les plus typiques du Maroc, la Kasbah de
Sidi Glissa Ben Omar.
20a LE MAROC
LâRACHB
Larache fut fondée par les Espagnols, qui Toccupent
aujourd'hui. Sa population comprend 15.000 habi-
tants, non compris la garnison. Le mouvement comr
mercial est d'environ 13.800.000 francs. Le port de La-
rache est assez bon au point de vue du mouillage.
TÉTOtJAN
Tétouan n*est pas directement située sur la mèr, mai&
la distance qui Ten sépare est très courte : un peu plus
de 15 kilomètres que Ton franchit sur une route assez
convenable et qui, jusqu'à l'occupation française, fut
la seule voie de communication du Maroc quelque peu
assimilable à une route européenne. Tétouan est, avec
Tanger, le seul port marocain situé sur ia côte septen-
trionale.
Mais comme rien ne s'oppose à la contrebande sur de
nombreux points du littoral, notamment par Badès, il
est certain que le chiffre des importations constaté par
la douane de Tétouan n'exprime pas, à beaucoup près,
le mouvement commercial réel de cette région.
Comme Tétouan, ville riche et toujours paisible,
compte environ 30.000 habitants et que les importa-
tions et exportations réunies n'atteignent pas 18 mil-
lions de francs, il est certain que seules sont débarquées
à Tétouan les marchandises destinées à la ville et à ses
environs immédiats.
Tétouan a, comme industrie indigène, les cuirs bro-
dés, les armes damasquinées, les broderies, les nattes,
les meubles.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVBNIR ao3
KBNITIU
Kenitra, port de rivière sur le Sebou une des villes
les pins intéressantes du Maroc au point de vue écono^
miqne. Jusqu'en 1911 Kenitra n'était qu'une kasbah ser-
vant d'abri de temps à autre, à des caravanes. Elle avait
été mal construite en 1892 et déjà tombait en ruines.
'La situation exceptionnellement favorable de Kenitra
ne pouvait échapper ni à l'attention des immigrants ni
à la sollicitude de la Résidence générale. En effet de»
abris construits avec des planches, de la tôle ondulée,
de8« caisses, des bidons à pétrole faisant Toffice de
grosses briques surgirent de tous côtés. Bientôt des de-
meures plus normales remplacèrent ces installations
toutes provisoires dont le principal et très grand mérite
était de provenir de Tesprit d'initiative d'entreprise et
d* énergie.
Le gouvernement du Protectorat adoptant les mesure»
nécessaires pour accentuer ce mouvement, et le com-
merce prenant une activité de plus en plus accentuée,
des villas, des habitations européennes sortirent de
terre en même temps que s'élevaient les bâtiments com-
munaux et administratifs.
Les travaux du port confiés à la Société anonyme des
Ports marocains de Medehya Kenitra et Rabat Salé feront
de cette ville qui n'existait pas il y a quelques années
une des portes de mer du Maroc, porte d'autant plus
fréquentée qu'un embranchement de chemins de fer
reliera Kenitra à la grande ligne Tanger-Fez.
Kenitra compte dès maintenant plus de 4.000 habi'
tants.
Parmi les localités situées sur le bord de la mer,
mais qui ne sont pas, jnsqn'à^présent, classées i)armi
les ports ouverts au commerce» il faut citer :
Agadir^ fondée par les Portugais et prise, en 1S36,
par les Maures. Population approximative : 6.000 ha-
bitants.
Cest à Agadir que c'était rendue la canonnière
allemande dont le nom est connu du monde entier ; on
a remarqué que des deux bâtiments de guerre qui ont
joué un rôle notable dans Thistoire moderne du Marocr
run, l'Allemand, portait un nom de bête sauvage la
41 Panthère », tandis que l'autre, te navire français,
était le filleul d*un des hommes qui ont le plus effecti-
vement contribué à la culture de Tesprît humain ; c'est le
bâtiment le <c Galilée d dont la Compagnie ded^arque-
ment sous les ordres de renseigne Ballande, sauva les
européens de Casablanca.
Arzila, d*origine également portugaise, environ
1.200 habitants.
Azemmour. — Origine mal connue. Population d'en-
viron 12.000 habitants, d'un caractère très ombrageux.
Sa barre, qui existe à rembouchure de TOum er Rebia,
est très difficilement franchissable;
Azemmour ou Azemour est une ville presque exclusi-
vement marocaine ; depuis la création d'un poste mi-
litaire quelques européens commencent à s'y rendre et
le commerce, par conséquent, commence â prendre un
peu d'essort.
Mekedia, à l'embouchure du Sebbou, est appelée,
comme place maritime, à un très grand avenir.
Oualidya, au sud de Mazagan, située sur une rade
formée par une lagune réservant des fonds d'une asseï
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 2o5
grande profondeur. Des travaux, ne présentant pas de
grandes difficultés, permettront de faire d'Oualidya un
port excellent.
Saléy bien qu'au bord de la mer, ne peut compter
parmi les ports. Salé ne possède pas de douane ; tout
le mouvement commercial avec l'extérieur a lieu par
Rabat.
Population : 20 . 000 habitants .
VILLES DE L'INTÉRIEUR
TAZA
Taza est appelée à devenir Tune des villes les plus
importantes du Maroc moderne. Elle est, en effet, le
point principal de la grande voie de pénétration qui
relie l'Algérie au Maroc, voie qui est formée par Ten-
chaînement des vallées de llsly et de la Tafna, de la
Moulouïa et de Toued Innaouen, affluent de Toued Seb-
bon . Getle ligne est jalonnée par les villes d^Oudjda, de
Taza et de Fez. /
Taza est reliée à Oudjda par un chemin de fer mili-
taire en prolongement jusqu'à Fez. La population est
d'environ 4.000 habitants dont quelques centaines
d'Européens indépendamment de la garnison.
Des terrains domaniaux d'une importante superficie
sont mis en vente pour l'établissement de la ville nou-
velle, envoie de construction à côté de la ville ancienne
indigène.
ao6 LK MAROC
Grande ville, décline. Tarondant était antreioia la
Métropole du Sous. An xvi* eièclet le sultan Moulay
Solimau en avait {ait sa capitale. Les grandes cara-
vanes venant du Soudan s'arrêtaient à Taroudant.
L'immense enceinte de la ville témoigne de son im-
portance passée. Elle eut, dit-on, S0.009 habitants,
tandis qu'elle est à présent une solitude relative, peu-
plée d'une manière très clairsemée par quelque 6.000 ha-
bitants.
A Taroudant se trouvent des vergers dont la végé-
tation est entretenue par |dea seguia qui déversent les
eaux deToued Sous.
SBFROU
A une qmaranlaine de lulomètres as s«d de Fez, sV
lève Sefrou, qui possède de vastes vergers.
La population atteint le nombre de 5.000 babitanis,
qui s'adonnent à l'agriculture et aussi k l'élevage da
mouton. Les laines de Seirou sont très appréciées. La
vigne est Tobjet de grands soins ^ Sefrou fouinit à
Fez d mportantea quantités de raiaiiis secs.
Sur un affluent de la Moulouïa« Toued Debdou, cette
ville de 3.000 habitants est située au commencement de
la plaine de Tafzata. Elle entretient des relations com-
merciales très suivies non seulement avec Oudjda, mais
encore avec Tlemcen.
Debdou a un intéressant avenir commercial, car e^ ^
SON PASSÉ — SON PBÉSSNT — SON AVENIR 907
est appelée à bénéficier de la prospérité croissante de
TAmalat.
DBMNAT
Compte près de 4.000 habitants. Elle est à Marra-
kech ce que "Sefrou est à Fez. Comme les habitants de
Sefrou, les gens de Demnat sont des agriculteurs. C'est
le marché que fréquentent les indigènes d'une partie
des massifs de FÂtlas et du nord du Draa.
PBTITJEAlf
Centre de colonisation créé à l'ouest de la raste forêt
de la Mamora, à moitié chemin entre Kenitra et Fez.
Petîfjean, qui est déjà desservi par plusieurs routes
très praticables vers Meknès, Fez,Mechra bel Ksiri, est
situé sur le tracé du ehemm de fer Tanger-Fez. Les lots
de terrains domaniaux ne sont délivrés que moyennant
l'obligation d'élever des constructions d'une valeur pro-
portionnelle à l'importance du terrain.
Petitjean est destiné à un grand développement.
HBCHRA BSL KSIRI
Dans la même région que Petitjean, c'est-à-dire dans
le Gharb, un autre centre de colonisation important a
été créé à Mechra Bel Ksiri relié par de bonnes routes
à Kenitra, à Meknès,à Fez, à Souk el Arba, à El Ksar
et à Tanger.
Mechra Bel Ksiri se trouve également sur le tracé du
Tanger-'Fez.
ao8 LE MAROC
LES VILLES RELIGIEUSES
Nous comprenons sons la dénomination de villes
religieuses :
BouelDjad.
Moulay Idris. '
Ouazzan.
Cette dernière, de beaucoup la plus {importante, a le
caractère d*un véritable Etat tbéocratique.
B0T7 EL DJAD
Située au pied des montagnes du Zemmour, sur Ton
des affluents de TOum er Rebia, versant de TAtlanti-
que, Bou el Djad est un important centre de pèlerinage,
en Thonneur de Si Mohammed ËlChergui. La fondation
de Bou el Djad remonte au Khalife Omar Ben el Eattab.
Gomme population fixe, Bou el Djad ne compte guère
que 2.500 habitants. Mais les pèlerinages y amènent
une population flottante beaucoup plus considérable.
MOULAY IDRIS
I
Située au nord-est de Fez, la Zaouïa de Moulay Idris,
fondateur de Fez, abrite une population de près de
4.000 habitants, qui vivent presque exclusivement des
offrandes apportées par les pèlerins.
OUAZZAlf
Ouazzan est située presque exactement à moitié che-
min de Tanger à Fez, à 120 kilomètres de cette ville.
Sa population, dont le chiffre dépasse 12.000 habitants^
SON PASSÉ — J50N PRÉ8KNT — SON AVENIR 209
est uniquement composée par la confrérie des Moulay
Taieb, dont les adhérents sont répandus dans tout le
inonde musulman jusqu'en Egypte.
L'influence des Ghorfa d'Ouazzan avait un caractère
politique très prononcé à Tépoque où ils contrebalan-
çaient presque, dans le Maroc du Nord, Faction du Sul-
tan, cest-à-dire en une période toute récente, puis-
qu'elle ne s'est clôturée que vers 1880.
C'est alors que Sidi el Hadj el Arbi ayant noué des
relations avec la France, dont il devint le protégé en
1883, le sultan Moulay Hasan lui enleva le gouverne-
ment de la ville d'Ouazzan, qui fut confié à un Caïd, El
Hadj Abd el Djebbar, chef d une branche cadette des
Ouazzanis. La France p^it alors en mains les intérêts
de son protégé et le Caïd d'Ouazzan dut s'effacer
devant le Chérif. A la mort de celui-ci, le Maghzen
s'attaqua de nouveau à Tautorité de la maison d'Ouaz-
zan en nommant un administrateur des biens de la
Communauté chargé de recueillir les redevances et
offrandes, et d'en opérer le partage. Malgré ces atta-
ques, la Zaouïa d'Ouazzan a conservé et même recon-
quis toute son influence religieuse. Voici dans quels
termes les Archives marocaines définissent la situation
actuelle d'Ouazzan, qui équivaut à celle d'une des puis-
santes congrégations du Moyen Age, exerçant des droits
d'autorité temporelle.
« L'influence des Chorfa d'Ouazzan — influence reli-
gieuse plutôt que politique — est prépondérante dans
tout le Nord marocain, y compris les territoires du Riff.
Le chef actuel, Moulay l'Arbi, réside à Ouazzan. Ses
deux frères, Moulay Ali et Moulay Amad habitent Tan-
ger et ils exercent Une action considérable sur la puis-
9IO LK XkROG
saute cecte rdigÎMse des Tayylbyiii. Lsb popalotioBs
agricoles q«i cnUitwt lenn domaines (Azib) sont pla-
cées sous leur autorité, dans la situation de Tassaiox.
Le temtoiie d'OuazBUit qne Ton peut noouDaer à pro-
prement parlw l'Etat d'Onazan, conservera «eiiaiae-
nent pendant longtemps one certaine antononûe,
ancan poavoir n'ayant intérêt à se broniller avecles
Oaazzanis qui ^rent dieseux, exdusivement enti»
eux, se gardant autant qne possible de toute pénébra-
tion étrangère, mais sans prendre one attitude vrai-
ment hostile au mouvement de transformation poli-
tique, qu'ils semblent presque ignorer. »
C'est à cette réserve que les Ghorfa d'Onazzan devront
ia continuation de ce que Ton peut justement nommer
« leur Principauté », constituant dans i'Btat marocain,
en transformation complète, une organisation partica-
lièt« appelée à une réelle stabilité, alors que tant de
choses changent et changeront encore autour d'elle.
Au moment où parait ce livre Tautorité du Sultan et
par conséquent Tinfluence française, viennent d'être
rétablies à Ouazzan*
RÉGIONS ET CERCLES
Il est d'un intérêt pratique de faire suivre rénuméra-
tion et Tétude des principaux centres urbains du Maroc
par uncourt précis delà sitoationéconomique de diverses
Régions et Cercles qui possèdent un caractère spécial
et forment, en quelque sorte, des enclaves dans rensem-
ble de r£mpire chérifien.
Ces Bégions : sont Le Tafiielt Le Bon Denib, Abda,
le Figuig-
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR ail
LB TAFILSLT
lie TnfiieitQ, va les origines de la dynastie hassanidii
aetnellement régnante. Nons ne savons si les Sultans
ont conservé qnelqoe affection spéciale pour le berceau
de leur race, mais leurs concitoyens n'ont garde d'où-
Mier cette commune origine. En effet, fusqu'à la fin du
règne de Moulay Hassan, lors de la mort de chaqtte
Sultan, un grand nombre de ksouriens, se prétendant
alliés au défunt, quittaient en hâte les oasis du Tafilelt
afin de gagner Fez dans le but d'y faire Yaloîr leurs
droits à la succession impériale. C'était une promenade
de près de 300 kilomètres ; 600 aller et retour.
Lie 'tafilelt est une région d*oasis constituées par l'oued
Zi2 qui descend du Grand- Atlas et se perd ensuite dans
les sables sahariens. L'ensemble des terrains arrosés par
TotiedZizforme, aprèslasaison despluies, une plaine très
humide, parfois même momentanément marécageuse,
que Ton nomme Daïa ed Daoura et qui produit avec
rapidité des récoltes très abondantes. On estime que le
Tafilelt contient environ 150^ ksours ou villages dont la
population totale, appartenant à la race Beraber, dépas-
serait 100.000 habitants.
Le lien politique encore distendu qui rattache le
Tafilelt à l'empire chéniien est représenté par un Amel
qui résidedans l'un des deux ksours principaux : Blssam.
A l'extrémité sud de la contrée se trouve Boa Adam,
le ^incipal marché du sud marocain vers lequel oon-
yergentles pistes de Tombouctou, du Soudan, du Haut-
Sénégal, du Touat, du Gouraïa.
Si les Sultans n'exercent qu'une autorité à peu ]^u
913 - LB MAROC
nominale sur les habitants du '^afilelt, par contre, ils
ont une autorité très réelle sur les marchandises qnt
arrivent des oasis à Fez ou qui, de Fez, partent vers
les oasis, car ces marchandises doivent acquitter, avant
d'entrer dans la ville impériale ou avant d'en sortir,
des droits de porte d'environ 10 0/0.
On estime à près de cinq millions le chiffre d'aflaires
annuel du Tafilelt. Il est constitué, à l'importation, par
tous les produits d'Europe tels que les sucres, les thés,
les draps, quelques soieries ; à l'exportation, par les
cuirs tannés (Djeld el Filali), les peaux de chèvres, les
dattes. Cette évaluation ne comprend pas les produits
soudaniens, tels que la poudre d'or, les plumes d'au-
truche, les gommes qui ne font que traverser le Tafilelt.
Le mouvement des transports entre le Tafilelt et l'Al-
gérie, même le Maroc du Nord et l'Europe, tend à se
modifier par l'emploi de la voie ferrée algérienne Oran-
Golomb-Béchard qui, bientôt, atteindra les ksours des
Kenadsa, distants seulement du Tafilelt de 180 kilo-
mètres.
Là encore, c'est le rail triomphant de la distance, qui
constituera le plus puissant élément de transformation.
LB CBBCLB DBS ABDA
i Cercle des Abda dont Safi est la ville capitale,
titué en 19JS, a pris en 1918 le nom de Contrôle
des Abda. Le territoire désigné sous cette déno-
ition est limité à l'Est par la plaine de Marrakech
I Ouest par la mer. Au Nord par la plaine de la
kkala. La superllcie mise en culture est de 4.000 ki-
ïtres carrés.
SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR ai5
La population est d'environ 150.000 , habitants dont
Tactivité et Tesprit commercial sont assez développés.
La R^îon est très propice pour Télé vage des bovidés
et des ovins et aussi pour i'âevage des porcs.
Les productions agricoles les plus avantageuses sont :
le Ué, le maïs, l'orge. Des essais très réussis ont été
faits sur le blé teqdre et Tavoine. On a également expé-
riaienté, non sans succès, la culture des pommes de
terre et derarachide.
L'Industrie indigène des tapis est en voie de renais-
sance. Il en est de même pour les travaux de memii-
' série, d'ébénisterie, de poterie. Le territoire du Cercle
des Abda est une deB régions qui méritent d'être le plus
sérieusement étudiées. S'il est assez difficile d y acqué-
rir des propriétés par le fait que les indigènes tiennent
beaucoup à leurs terres dont ils savent la valeur, on peut
y appliquer la combinaison de TÂssociation agricole.
LB BOn DBHIB
Le territoire de Bou Denib est situé au sud de TAma-
lat d'Oudjda. Le Centre principal Bou Denib, est appelé
à faire un commerce de plus en plus actif avec Colomb-
Béchard.La distance entre Bou Denib et Golomb-Béchard
n'est que de cent cinquante kilomèti^s, par une piste
carrossable. La population ne dépasse pas douze cents
habitants dont une centaine d'Européens. Cette terre est
un territoire militaire.
Les dattes constituent la principale production végé-
We ; pour le règne animal : les peaux de chèvres et les
LUX.
âl4 LE MAROC
LB FIGUIG
Un peu avant Golomb-Béchard» sur la droite de la
voie ferrée qui vient d*Oran, et qui est parfaitement
desservie par les chemins de fer de l'Etat, s'étendent
les ksours du Figuig. Gomme ceux du Tafilelt, ils cons-
tituent véritablement un Etat dans TEtat.
La Palmeraie de Figuig est occupée par une popula-
tion de plus de 17.000 habitants, gouvernée à peu près
nominalement par un Amel représentant le Sultan, et
effectivement par les Djemmas qui sont des assemblées
municipale^.
Llrrigation est assurée par plusieurs rivières.
L'oued el Ardja, qui change plusieurs fois de nom,
prenant celui des diverses palmeraies traversées.
h' oued Cheggaret el Abia et son affluent Voued Ta-
kroumet, VAïnZadders,
Le Figuig comprend sept ksours qui sont, par rang
d'importance, et selon des informations relevées pen-
dant une visite toute récente :
Zeuaga 701 Feux.
Oudaghir 309 —
El Maïz 227 —
El Hammam Foukani 147 —
Oalad Sliman. 109 —
El Hammam Tahtani 88 —
El Abid 72 -^
Total 1.653 Feux.
Chaque feu comporte environ douze habitants.
On compte 5.000 Israélites presque tous groupés
dans le ksour d*Oudaghir. Les principales produc-
lO
■
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR !ll5
lions naturelles du Figuig sont les dattes, dont les belles
qualités s'exportent tandis que les sortes inférieures se
consomment sur place. Viennent ensuite les légumes,
tels que tomates, aubergines, melons, piments. Gomme
productions industrielles, les haîkset burnous» la bijou*
terie provenant de la transformation des pièces de mon-
naie.
L'avenir réservé au Figuig paridt des plus avantageux.
TROIS [ÈME PARTIE
CHAPITRE XIV
L'Œuvre française. — La Ghaouïa
L'Amalat d'OudJda.
U est de mode, dans de certains milieux, de contester
les facaltés colonisatrices de la race française et de nier
les heureux effets obtenus par les procédés de notre
Administration coloniale militaire. ^
Cette attitude qui classe, ou, pour mieux dire, déclasse
intellectuellement ceux qui Tadoptent, constitue plus
qu'une erreur de jugement, un véritable déni de justice.
Nos lecteurs n'auront plus aucun doute à cet égard s*ils
veulent bien suivre, dans la Chaouîa tout d'abord, puis
ensuite dans FAmalat d^Oudjda, Tintroduction du
régime qui porte le nom très glorieux de la Paix fran-
çaise.
Au moment où le général d'Amade prenait le com-
mandement des troupes débarquées avec des instruc-
tions un peu plus élastiques, des forces un peu plus
grandes, une liberté d*action un peu moins limitée
que celles dont disposait le général Drude, voyons
ai8 LE MAROC
quelle était la situation en Chaouîa, c'est-à-dire
dans une des parties du Maroc dont la fertilité peut
assurer au travail une plus large rémunération. L'auto-
rité chérifienne n'existait plus guère qu'à l'état de sou-
venir. Une période de Siàa, c'est-fSi-dire une période
d'insurrection qu'il conviendrait d'appeler plutôt une
période de détachement, car, insurrection suppose lutte,
durait depuis plusieurs années. Ni de Fez, ni de Marra-
kech, où commandait, comme représentant de son frère
Ahd el Aziz, celui qui devait être Moulay Hafid, les Sul-
tans n'étaient en mesure d'envoyer des. Mehallas dont
l'envoi n'aurait eu très probablement comme résultat
que d'apporter aux insurgés, gràoe à la désertion, des
armes, des munitions et des hommes !
D'autre part, aucun prétendant ne levait, à propre-
ment parler, dans ces région», l'étendard de la révolte.
La Ghaouïa se séparait donc de l'Empire et ce déta-
chement de fait eût pu s'accomplir sans que la situation
en devînt plus mauvaise que dans d'autres parties
du Maroc, s'il n'avait été accompagné d'une hosti-
lité de plus en plus violente contre les étrangers et
si cette hostilité n'avait, par répercussion, compromis
particulièrement nos intérêts dans toute l'Afrique du
Nord. D'ailleurs, on peut dire que les i>opulationfl
chaouïas, par leur aptitude au travail, méritaient d'être
soustraites à la mise en coupe réglée dont elles étaient
l'objet de la part de tribus pillardes, cantonnées dans
les contreforts de l'Atlas d'où elles descendaient d*une
manière presque périodique pour « manger )) la plaine .
Etant donnée la situation que nous venons de préciser
en quelques lignes, il fallait prendre un parti définitif.
Retirer les troupes de débarquement, ce qui était
SON PASSÉ — SON PRB8ENT — SON AVENIR aig
livrer le pays à l'anarchie la plus complète et signer en
cpi^qne sorte notre acte d'abdication, on bien recneiUir
— et non pas conquérir — la Ghaouîa et faire» de la
2>artie dans laquelle nous pouvions tout d'abord nous
établir, un centre d'attraction en y assurant Tordre, fac-
teur de prospérité : tel fut le plan d'action tracé et suivi
avec décision par le général d' Amade et par ses méri-
tante collaborateurs .
Ce plan, dont le succès a démontré toute la valeur,
oonsistait dans la création de Postes avancés . Leur orga-
nisation a nécessité les quelques opérations militaires
d'nne certaine envergure auxquelles le général d'Amade
a dà procéder tout d'abord. Bapidement menées, ces
opérations ont définitivement démontré aux tribus la
supériorité de nos armes et, par conséquent, l'inutilité
absolue de toute tentative de résistance. Casablanca
est entourée de ses postes satellites. Nous remarque-
rons d'abord Ber Béchid, que nos officiers et trou-
piers, dans leur langage spirituellement imagé, ont
nommé la Plaque tournante de la Chaouïa. Cette plaque
tournante servit en effet de point de départ à plusieurs
colonnes dont sa garnison et ses approvisionnements
I)ermettaient la formation. En même temps que Ton
créait Ber Bechid, on créait aussi Mediouna ; Sidi Bou
Beker s'établissait aux portes d'Azemmour . Mechra, Bou
Âhbou, Gurcer venaient envelopper, dans la partie sou-
mise, la localité importante de Settat. Dans la direction
de Rabat, s'établissaient les postes de Fedhala, Bou
Znika, Skhirat, Sidi Ben Sliman et le Camp Boulhaut,
Le Fort Georges, le Camp du Boucheron et la Kasbah
Ben ilm^e^ formèrent les principaux points du réseau
méthodiquement étendu sur la Ghaouîa.
aaO LE MAROC
Ces établissements, si utiles qa ils paissent être, ne
rempliraient pas, en même temps qu'une action coerci-
tive, une action civilisatrice, s'ils n ajoutaient à leur
rôle de Postés militaires celui de Centres administratifs.
11 importe ici de préciser.
L'administration militaire, restant légalement dans
les limites de police assignées à notre action par la loin-
taine Conférence d'Algésiras, n'avait pas tenté de se subs-
tituer d'une manière officielle à ce qui pouvait rester de
l'autorité du Sultan. Elle avait, au contraire, cherché à
restaurer cette autorité, à la faire fonctionner, à la mon-
trer vivante aux yeux des populations, manière de faire
qui concordait delà façon la plus logique avec réventua-
lité de rétablissement d'un Protectorat. Pouc nous
rendre compte du fonctionnement matériel et de Teffî-
cacité morale de ces Postes, entrons dans Tun d'entre
eux.
Le Poste se compose de deux parties : Tune adminis-
trative, l'autre militaire.
La partie administrative, établie en dehors de l'en-
ceinte, comprend le Bureau du Service de Renseigne-
ments.
A côté du Bureau de Renseignements fonctionne l'in-
firmerie indigène que les populations mettent mainte-
nant le plus grand empressement à fréquenter.
Les Bureaux du Service dés Renseignements, au
Maroc, ont bien une certaine analogie avec les Bureaux
arabes placés, en Algérie, dans les Territoires de com.
mandement militaire. Mais une différence essentielle
consiste cependant en ce que le commandant du poste
surveillé les indigènes, les assiste mais ne les administre
pas, laissant ce soin au Caïd et au Cadi dont les agisse-
SON PASSE — SON PRBSBNT — SON AVENIR 321
ments^ toutefois» sont dirigés par des Conseils et au
besoin réprimés.
Si nous pénétrons dkns Tenceinte du Poste, nous
voyons les casernements, les logements d'officiers, les
magasins, Tliôpital.
L'organisation de ces hôpitaux est très isimple, mais
très suffisante. La terre battue qui forme le sol est
recouverte de nattes. Les murs sont blanchis à la chaux.
Salle d'opération i3ien installée ; cabinet de consulta-
tion, chambres pour les sous-officiers, pharmacie, salle
de bains. Tel est Tensemble deThôpital, qui, grâce aux
perfectionnements de détails dus souvent à Tingéniosité
et au dévouement des médecins militaires, est en
mesure de remplir son rôle d'une manière satisfai-
sante.
Nous avons voulu, tout d'abord, appeler l'attention
sur ces Postes, parce qu'ils sont les instruments les plus
actifs de Textension de Tinfluence française.
Nous avons plaisir à consacrer quelques alinéas au
système financier qui a été institué en Chaouïa et qui a
si puissamment contribué à la reconstitution normale
du pays et à sa prospérité très accentuée déjà.
Aussitôt que l'action militaire eut accompli son œuvre
et que furent créés les Postes dont nos lecteurs auront
assurément apprécié l'excellent fonctionnement, on pro-
céda à une réorganisation financière basée sur la per-
ception et l'emploi des impôts habituels, ou plutôt dont
l^iabitude semblait perdue, et sur le recouvrement de
la Contribution de guerre qui fut imposée aux tribus.
Grâce à la solidité du système des Postes éloignant la
possibilité de tout soulèvement, la perception des
impôts : le Zekkat^ impôt sur les animaux, et VAchoury
aaa LS MAROC
impôt sur les récoltes an dime, fut effectuée sans aneuie
difficulté.
Jusque-là, rien d'extraordinaire, rien qui pût semUer
anormal au j ugement des indigènes. Les Français avaient
la force, les Français exigeaient IWgent. Ainsi faisait
le Maghzen, aussi longtemps qu'il avait été en mesure
de le faire.
Mais où la mentalité du contribuable marocain reçat
une impression à laquelle elle n^était certes pas pré-
parée, c'est lorsqu'il constata qu'une bonne partie de
l'argent qu*il avedt versé était effectivement emf^oyée
pour des œuvres dont il commença bientôt à concevoir
l'utilité. On forait des puits ; on construisait ces infir-
meries que nous avons sommairement décrites; on
assurait une police garantissant aux indigènes travail-
letirs la jouissance de leurs récoltes; on payait, pour les
travaux exécutés, des salaires suffisants; on nourris-
sait les prisonniers dans les prisons de Casablanca, soin
que le Maghzen laissait aux familles des condamnés. En
un mot, on n emportait pas l'argent hors du pays. Le
personnel gouvernemental fut payé, alors qu'il ne
parvenait même plus à se payer lui-mdnie. En un mot,
il se produisit un ordre de choses entièrement nouveau,
un phénomène dont la conclusion put se formuler ainsi :
les Français nous ont dominés, mais ils ne nous « man-
gent pas j> .
La confiance s'établissait; la Paix française étendait
sur la Chaouîa son action bienfaisante. Un Protectorat
de fait s'établissait avant lapi«clamationdu Protectorat
officiel.
Nous allons maintenant, en passant du sud-ouest au
nord-est du Maroc, constater que dans l'Amalat
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR !àq3
d'Oudjda, comme dans la Ghaoaia, les mêmes causes
ont produit les mêmes eUetS/les mêmes efforts ont
donné les mêmes fruits.
L'AMALAT D'OUDJDA
La fondation d'Oudjda remonte à Tépoque où les
Maures d'Espagne refluèrent vers le Maroc et pronon-
cèrent leur mouvement jusqu'à Tlemcen. Ceci se passait
en 994 et surtout dans la période comprise entre
l'année 997 et le fameux An mille, que les croyances
populaires considéraient comme devant être marqué par
un événement sensationnel : la fin du monde...
Moulay Ismaïl, dont nous avons plusieurs fois signalé
le règne glorieux, fortifia Ôudjda, qui put constituer
avec Taza, Aïoun Sidi Mellouk, Za et Moun un ensemble
de système défensif, et peut-être même offensif contre
les Beylikats d^Oran et de Tlemcen, que certaines chro-
niques, encore conservées dans la bibliothèque de
Karaouiyn, prêtent au Louis XIV marocain l'intention
de conquérir.
C'est en 1902 que furent signées entre la France et le
Maroc les stipulations relatives à l'Amcdat d'Oudjda.
L'Amalat, ou territoire soumis à l'autorité d'un Amel,
Gouverneur, est une vaste région bornée au Sud parles
prolongements du haut Atlas, à l'Est par TOranie, au
Nord par la Méditerranée, à l'Ouest par le Riff avec le
fleuve la Moulouïa comme ligne de démarcation. Il
résulte des Conventions de 1902 que la police devait être
assurée, sur les confins deTOranie^par le Grouvernement
français et par le Gouvernement marocain. Cette dispo-
sition nous reconnaissait le droit de pénétration sur le
334 I** MAROC
territoire marocain pour rechercher et punir les trihns
qui violaient notre territoire en s'y permettant des
incursions et même des pillages.
Oudjda était occupée alors par une garnison d'environ
quinze cents hommes formant la Mehalla destinée à con-
tenir les efforts du prétendant Bon Hamama. Gomme
toutes les Conventions dans lesquelles intervenait le
Gouvernement chérifien, les Conventions de 1902 fonc-
tionnèrent fort mal, et la situation incertaine à laquelle
elles avaient pour but de mettre fin ne fut que fort peu
modifiée.
Les choses restèrent à peu près en Fétat jusqu'à
Tannée 1907, époque à laquelle la viUe fut prise à peu
près san^ coup férir. Les Béni Snassen, nos adversaires
déterminés, furent soumis, à la suite de plusieurs chocs
assez sanglants et, sous les ordres du général Lyautey,
en qualité de commandant de la Division d'Oran, la paci-
fication d*un territoire d'une étendue considérable fat
rapidement établie.
Après avoir séjourné à Oudjda peu après roccupa-
tion, nous avons fait une nouvelle et toute récente visite
à FAmalat et nous ayons constaté, aussi bien dans la
ville que dans son territoire, des améliorations intéres-
santes. Vingt-sept kilomètres d'une route excellente,
comme toutes les routes construites par TArmée, co à
duisent de Lalla Marnia à Oudjda. Cette route suit à peu
près le tracé de rancienne piste, à présent abandonné^,
et dont la superficie a fait, à peu près partout, retour
aux terrains de culture. Le chemin de fer, après avoir
eu comme terminus Lalla Marnia, parvient jusqu'à
Oudjda.
Le temps n'est plus maintenant où la crainte des
SON PA8S£ — SON PRÉSENT — SON AVENIR OOS
troupes du Rogui et même la présenôe des tfoopes
chéiifiemies avaient engagé tous ceRx des habstants
d'Oudjda qui pouvaient se déplacer, à quitter la ville.
Oudjda, qui comptait alors environ 8.000 habitants, se
dépeuplait de plus en plus; les uns se retiraient sur
Fez» les autres gagnaient Tanger.
A cette époque^ qui semble déjà lointaine bi^ que
twèa^ rapprochée, les ren^Mirts d'Oudjda renlennaient
environ deux mille maisons divisées en cinq quartiers
que séparaient des portes fermées la nuit par les soins
du. Mokaddem. Aucune rue à proprement parler, maïs
des ruelles enchevêtrées encombrées par des amonoeUe"
otents de fumier prouvant que les soins de vcnrie étaient
le moindre souci de ce fonctionnaire.
Maintenant la situation est profondément modifiée.
Une large rue traverse la ville^ prolongement de la rouie
de Mamia. Une branche se dirige vers le camp français
àtué à trois kilomètres.
Les remparts crénelés sont restés indemnes. Des
cultures maraîchères les entourent. Cinq portes don-
nent accès dans la ville ; ce sont la porte de la Zaoula,
la porte de Sidi Abd el Ouabed» Tune et Vautre situées
vers le Nord ; vers .le Sud» Bab Sidi Aïssa, Bab el Aouln
et Bab el Ehemis.
Le» cinq quartiers de la viUe sont :
Le quartier des Oulad el KadI ;
Le quartier des Oulad Lassem;
Le Mellah ou quartier juif. Les Juifs en effet restent
groupés bien qu'aucune contrainte ne leur soit imposée
à cet égard depuis Toecupatlim française;
Le quartier d'Ahl Oudjda et des Oulad Amram, qui a
été Forigine de la ville et qui contient la Kakeria, place
5ia6 LE MAROC
entourée d'une muraille contre laquelle s'appuient de
petites boutiques ;
Enfin, le quartier de Ghakiane, où se trouve la grande
Mosquée.
En dehors de ces cinq quartiers et formant on rec-
tangle fortifié qui s'étend au Sud-Est, s'élève la Kasbah
avec le Dar el Maghzen, c'est-à-dire le quartier du Goa-
vernement. Le Dar el Maghzen d'Oudjda n'a, cela va
sans dire, aucune prétention à rivaliser avec celui de
Fez. C'est un Dar el Maghzen de province. On y accède
par une porte basse assez large qui permet d'entrer dans
une première cour quadrangulaire autour de laquelle
sont groupés de petits réduits au rez-de-chaussée, sans
autre éclairage que leur ouverture et qui sont occupés
les uns par quelques gardes, les autres par des fonction-
naires de TAmalat. Après avoir traversé cette cour, en
biais vers la gauche, on passe sous une deuxième porte
et Ton pénètre dans un jardin qui est en môme temps an
verger.
Lors de sa dernière visite, l'auteur était loin d'être
seul, car il conduisait à OudjBa, et cela depuis Tunis,
un groupe qui, composé de près de trois cents personnes
au départ de Tunisie, comptait encore cinquante mem-
bres au moment de notre entrée dans le Dar el Maghzen
d'Oudjda. Le Maroc avait été choisi, en effet, comme
point terminus du raid à travers l'Afrique du Nord exé-
cuté par l'Etat-major de l'Union des Sociétés de gym-
nastique de France, à la suite de la magnifique Fête
fédérale qui, sous la haute direction de M. Gazalet, Prési-
dent de rUaion, avait réuni à Tunis près de 6.000 gym^
nastes français.
Prévenu de notre arrivée, l'Amel, quittant sa demeure.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIH aaj
s'était avancé dans le jardin pour noas souhaiter la
bienvenue, tandis que, sur son ordre, des serviteurs
cueillaient des roses et nous les distribuaient. En quit-
tant le Dar el Maghzen, notre groupe s'était dirigé vers
la Place des Caravanes, vaste champ s'étendant à Tinté-
rieur des remparts. Bien que les caravanes n'aient plus
l'importance qu'elles avaient autrefois, importance
presque entièrement perdue au cours des troubles,
mais qui tendait à s'affirmer de nouveau, elles offraient
encore pour le visiteur un très vif intérêt de pittoresque.
, Au moment de notre passage, les chameaux, chargés
de ces petits pains de sucre qui se fabriquent spéciale-
ment pour le Maroc, étaient invités à se lever et à se
remettre en marche, et leurs cris rauques témoignaient
de peu d'enthousiasme pour la promenade nouvelle que
les chameliers allaient leur imposer.
Bientôt, cependant, force fut à la Loi. La caravane se
mit en mouvement et nous assistâmes au travail des
agents de l'octroi, comptant les hôtes de somme pour la
perception du droit de portes.
Actuellement Oudjda connaît une activité et une pros-
périté sans précédent, alors même qu'avant la guerre
civile elle jouissait déjà des avantages de principal
entrepôt du commerce et de place de transit entre le
Maroc et rOranie.
Si nous suivons la très bonne route qui part d'Oudjda,
en nous dirigeant vers les rives de la Moulouïa, no;as
traversons, tout d'abord, la plaine des Angad dont
l'étendue est considérable, puis nous atteignons la plaine
non moins importante des Triffas, en franchissant, au
col de Guerbous, le massif des montagnes des Béni
Oia8 LX MAROC
&)a88eii. Cette tribu, on plutôt cette coniéd^atioD de trir
bus, a joué, pendant ces dernières années, nn rôle trop
actif pour qoe son nom ne smt pais des plus connus. Les ^
Béni Snassen, d'an tempérament guerrier, se sont trou-
vés les premiers, parmi les grandes tribus marocaines,
en contact avec l'élément français . Aussi, des conBits
sanglants se sont-Us produits et de véritables opératioiu
militaires ont-elles été entreprises, dont le souvenir est
encore présent à la mémoire de tous ceux qui <mt suivi
avec quelque peu d'attention la crise marocaine. Toute-
fois, les Béni Snassen sont trop voisins de TAlgérle pour
ne pas se faire une idée assez juste de la puissance
française et pour nous refuser un respect que TAme ;
musulmane n* éprouve que pour la force. D'autre part,
ce sont des cultivateurs dont certains produite ont tou- i
jours trouvé un écoulement favorable en territoire algé- \
rien, notemment les fruite et surtout les' oranges .
Il y a, dans ces diverses considérations, des éléments
d'entente entre les Béni Snassen et nous. Aussi la sécu-
rité s'est-elie assez rapidement établie sur leur territoire
depuis surtout que les faite sont venus donner un démenti
à la croyance que les troupes françaises du camp de i
Taourirt ne franchiraient jamais la Moulouîa.
Voyons quels sont, après Oudjda, les Centres d'ex-
ploitetion qui se sont constitués dans TAmalat, sous
Tinfluence de roccupation française. Ces Centres sont
Martimprey et Berkane, que des routes très bonnes, ou
tout au moins très praticables relient à Oudjda.
Martimprey^ construit dans les environs d'une re-
doute que son créateur, le général Marûmprey, établit
en 1859, fut le premier point vers lequel se porte Feâcrt
des colons venus de TOranie. On compte actueUement
SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR aag
dans Martimprey une centaine de feux. Toutefois — et
le fait s'observe souvent dans les pays de colonisation
nouvelle — Martimprey, dont T accroissement avait été
très rapide, subit une période d'arrêt. Comme les
troupes,les colons se sont portés plus avant,monvement
qui aboutit à la fondation de Berkane — situé à 25 kilo-
mètres à Touest et relié à Martimprey par une excel-^
lente route construite — il convient de rendre à leur
effort rhommage qui lui est dû — par les « Joyeux »
d'Afrique.
Berkane se compose actuellement de 250 maisons et
le nombre des constructions est en voie d'accroissement
continu. L'industrie est déjà représentée à Berkane par
la minoterie.
À Berkane ont leur point de départ deux routes dont
l'une gagne la Moulouïa suivant un parcours d'un peu
plus de. 29 kilomètres, tandis que l'autre, longue de
26 kilomètres, atteint Port-Say, localité située sur la
frontière algéro-marocaine.,
Dans notre Edition de 1913 nous disions : ce Nous
désirons appeler d'une façon toute spéciale Tatten-
tion sur Port-Say, ainsi nommée du nom de son fonda-
teur M. Louis Say, lieutenant de vaisseau de réserve.
Port-Say possède, bien que d'une façon encore un peu
rodlmentaire, tous les éléments constitutifs d'une
ville et d'un port, et ce sera, c'est déjà le port du Maroc
oriental, le débouché sur la Méditerranée d'une région
dont la xichesse culturale va se développer avec une
très grande rapidité .
tt Dès maintenant les bâtiments caboteurs s'arrêtent
à Port-Say dont la rade est bonne, sans barre, et leurs
stations donnent lieu à un mouvement commercial inté-
930 LB MABOG
ressant. Lorsque les travaux du port, fort bien coi
seront suffisamment avancés, Port*Say remplira cei
nement le rôle le plus actif dans la grande œuvre
merciale qui s'accomplit entre les confins oranais et k
bords de là Moulou!a. Le climat de Port-Say est exi
lent, sous Tinfluence des brises marines et, grâce à
protection que lui donnent les prolongements du
du Riff, contre l'effet des vents brûlants du Sud.L'autei
qui parle par expérience, engage vivement toutes le
personnes qui se rendent dans le Maroc oriental
visiter Port-Say. Elles y rencontreront, et le dél
n'est pas à dédaigner, un hôtel fort bien aménagé.
y verront, presque au bord de la mer, des tei
irrigables traversés par les eaux de Toued Eisa ; el
y trouveront des ombrages. Gomme colons, conmie
spéculateurs, ou simplement comme touristes, dks
auront tout lieu de se féciliter d'avoir porté leurs pat
vers Port-Say, ne serait-ce que pour rendre honoimage
à une œuvre française dont le caractère de hardiesse
est aussi séduisant qu'en est attrayant le caractère
d'utilité pratique. »
M. Louis Say est mort avant d* avoir achevé ou déve-
loppé son opnvre. Tous les regrets des amis du Maroc
lui restent acquis.
Demandons maintenant à la statistique de préciser uo
peu les appréciations que nous venons de formuler sur
l'Amalat d'Oudjda. La statistique est une bonne con-
seillère pour qui sait la consulter avec disoernemeni
C'est une docte personne, aux propos de laquelle il ne
faut pas toujours ajouter une foi aveugle mais avec qui»
cependant, on peut utilement converser.
A combien d'hectares estime-t-on la superficie presque
r"
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 23l
immédiatement cultivable, d'après les procédés de
culture européenne, dans la plaine des Triifa et dans
celle des Angdad?
A environ 200.000 hectares, dont plus de la moitié
sont irrigués ou facilement irrigables. A ces surfaces de
cultures si considérables déjà, il convient d ajouter la
région des Hauts-Plateaux qui, de même que les Hauts-
Plateaux de rOranie, produisent Talfa et permettent des
entreprises d'élevageiort étendues.
Le commerce d'importation et d'exportation d'Oudjda
86 fait entièrement avec Lalla Mamia et Ton peut dire
que, sauf pour les marchandises exportées ou importées
par Port-Say, ce mouvement commercial englobe à peu
près tout le mouvement d'importation et d'exportation
de TAmalat puisque ce courant a, de plus en plus, ten-
dance à suivre les routes nouvellement tracées et que
ces routes sont des ramifications.de la grande voie Lalla
Marnia-Oud)da.
Les articles d'importation étaient dès longtemps les
'Sacres, les semoules, les bougies, les savons, les farines,
le thé, les tissus de coton. Il faut y joindre maintenant
tons les articles dont la consommation est la consé-
quence de la colonisation entre autres les matériaux de
construction, la quincaillerie dans tontes ses branches
si multiples.
L*exportation consiste presque uniquement encore en
produits agricoles . Elle comprend les animaux princi-
palement de races bovine et ovine.
Oudjda est, en effet, le vrai centre de groupement et
de production en bétail et sous-produits, laines et peaux
d'une région immense existant entre la Moulouia au
Nord, le Ghott Tigri au Sud et Fez à TOuest.
CHAPITRE XV
NotQB pratiques
Nous nous sommes attachés, an cours de ces pages,
à enregistrer des faits et des docaments,ià noter des
situations et des transformatioDs, en nn mot à donner
une idée exacte de l'état social et économiquedu Maroc,
pendant qne s'écoulaient les derniers instants d'un
régime séculaire et que se déroulait, comme se déroa-
lent les films du cinématographe, une série de tableaux
vants représentant l'avènement d'ua Maroc noavean.
Nous avons cherché à mettre le lecteur en mesure de
ger par lui-même, beaucoup plus qu'à lui présenter '
is jugements personnels.
Ainsi ferons-nous en écrivant ce dernier chapitre !
>nt les commerçants, les agriculteurs, les industriels, i
larront peut-être tirer des déductions utiles. i
En effet, un vieux proverbe, fort sage, dit que n les
nseilleurs ne sont pas les payeurs ». Il est plaisant
observer combien souvent des hommes de bonne !
ilonté, mais qui ne sont pas dans les affaires, se mon- '
3nt ardents à enseigner, à morigéner même, les prty- i
isionnels de l'industrie et du commerce, l
Que ne font-Us ceci 1 . <
Que ne lont-ils cela f I
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR a33
. Qae ne changent-ils leur outillage, leurs habitudes
de crédit, leurs pratiques commerciales.
Et quelle routine ! Alors que nos concurrents s'ingé-
nient à capter la clientèle en se pliant à ses moindres
désirs, à ses fantaisies !
En lisant des conseils si sages, n*est-où pas tenté de
penser qu'il est bien fâcheux que ces écrivains diserts,
que ces économistes avisés ne soient pas commerçants ;
qu'ils n'aient pas à mettre en pratique les avis qu'ils
donnent, qu'ils prodiguent même — car alors tout serait
assurément pour le mieux, puisque les donneurs d'avis
qui savent absolument ce qu'il faut faire, seraient
ainsi en mesure d'appliquer eux-mêmes leurs excel-
lentes leçons.
Nous ne sommes pas tout à fait convaincus que les
choses en iraient mieux si pareille interversion des
rôles se produisait.
Il nous semble que celui qui, selon l'expression popu-
laire, « tient la queue de la poêle », est beaucoup plus
qualifié pour savoir de quelle façon il convient de la
présenter au feu, que ne l'est celui qui regarde faire la
cuisine.
Nous n'attribuons pas du tout aux économistes dont
nous saluons la science, aux écrivains dont nous envions
le talent, la faculté de rendre des arrêts industriels et
commerciaux. Nous n'admettons pas surtout que ne
pas être commerçant soit une présomption de compé-
tence en matière commerciale.
Nous ne pensons pas que les commerçants, indus-
triels, agriculteurs français aient beaucoup plus besoin
d'être enseignés que les chevaux du coche n'avaient
besoin d'être aidés par la mouche. Il leur suffit d'être
a34 LV MAROC
renseignés. Il leur suffit d'être mis an courant de fadts
précis doàt ils sauront parfaitement, et sans qu'on les y
aide, tirer les conséqnences et dégager la ligne de ccm-
duite qu'il conviendra de suivre.
Nous nous garderons de tomber dans le travers bien
intentionné que nous signalons et nous nous bornerons
à présenter sommairement, pour chacune des princi-
pales régions du Maroc, un résumé des appréciations
les plus récentes.
«
RÉGION DE CASABLANCA
Peu de pays nouvellement ouverts à la civilisation ont vu
affluer, aussi rapidement que le Maroc, les éléments ordi-
naires de la prospérité économique, le capital et le travail»
Le Maroc offre un champ très vaste à toutes les activités,
mais ces activités ne doivent pas s'y dépenser à l'aventure.
Il peut, en effet, devenir Toccasion de très pénibles déc^H
tiens et» plus que partout ailleurs, il est indispensable de
s'y montrer circonspect et prudent
Les lignes qui vont suivre ont pour objet principal la
Ghaoula . C'est actnellement,avec l' Amalàt d'Oudjda, la ré^on
de l'Empire chérifien où il est le plus facile de coloniser.
COMMBRCB
Commerce en gros, — En Ghaoula, deux localités, par leur
situation et leur importance, présentent spécialement des
chances de succès aiiz maisons de commerce en gros : Casa-
blanca et Settat.
Setta, qui compte enyiron 4.000 habitants, est situé à
80 kilomètres de Casablanca. A partir de Ber Rechid, la
piste qui y mène est bonne. En été les transports sur Casa-
blanca sont faciles. Settat est un centre d'achats. Le déve-
loppement de la prospérité du pays y amènera forcément
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR a35
Uft mouvement d'affaires important que le perfection-
nement des voies de communication facilitera. On peut
igalement citer Gasbah ben Ahmed, dans le Mzab, à 78 kilo-
nètres de Casablanca.
Bzammons successivement les différents commerces
Busceptibles d'être entrepris, soit à Casablanca, soit àSettat,
bI l'importance des capitaux qu'il faudrc^t engager.
Pour Casablanca.
Céréales, — Un capital de 25.000 francs permettrait déjè
de commencer les affaires et d'établir un crédit suffisant.
Mais pour pouvoir opérer sans avoir trop souvent recours
anx intermédiaires, il faudrait disposer d'au n^oins
10.000 francs. Un capital de 100.000 francs permettrait un
roolemeat régulie^ et indépendant du crédit.
Quincaillerie (importation). — Un capital de 7.000 à
10.000 francs serait nécessaire au début .
Siicres, — Affaires au comptant. 11 faudrait assurer la
vente de 200 sacs par mois. Capital nécessaire 5.000 à
ê.00O francs.
Thé. — La vente des thés se fait sur échantillons. Les
maisons de vente d'Europe accordent 4 mois de crédit (ou
I i/2 0/0 d'escompte au comptant). 11 n'est donc pas néces-
saire de disposer d'un gros capital pour commencer :
mais il est indispensable de connaître parfaitement les dif fé -
lentes qualités vendues en Ghaoula et qui varient suivant
les localités. Le goÀt des indigènes distingue plus de 300 mé-
langes différents.
Le thé est un des principaux articles d'importation du
Maroc (le second immédiatement après le sucre), quoique
le développement de sa consommation ne remonte guère à
flus de deux générations.
Les qualités les plus courantes introduites par des com-
missionnaires anglais, sentie Cunpowder, Uxim, Sow Mee,
Hysan, Toung-Hisan. Les prix varient entre 6 et 15 pence la
qHQ le MAROC
livre anglaise- Les prix les plus courants sont de 8 à 10 penœ
la livre anglaise. '
Le thé est expédié au Maroc dans des caisses donbléei
d'étain intérieurement, enveloppées de toiles d'emballagff
ou de tissu èe palmier ; leur poids varie de 25 à 30 kilo-
grammes.
Alimentation (importation). — Une maison bien dirigée
disposant d'un capital de 50.000 francs, pourrait entre*
prendre des affaires rémunératrices.
Draps (importation). — Les draps vendus au Maroc sont
de fabrication spéciale. Ils font l'objet d'un gros commerce
d'importation.
Il faudrait se rendre sur place en vue d'examiner leÉ
qualités et les couleurs demandées par les indigènes ef
faire établir en manufacture des marchandises conformes.
Ce commerce exige encore de gros capitaux.
Houille. — Il y a place à Casablanca pour des entrepAti
de houille d'environ 300 à 400 tonnes.
Fers et aciers. — On emploie sur place une très grandi
quantité de fers à T et à I. U faudrait 7.000 à 8.000 francff
pour entreprendre ce commerce.
Bois de construction. — Ces bois font l'objet d'un com-
merce très important. Nécessité de gros stocks. Nécessité
d'importer par bateaux complets.
Céramiques et poteries, — Matériaux de .constrtsction. —
Chaux, ciment, plâtre. — On peut prévoir un écoulement
considérable et relativement facile.
Teintures et couleurs préparées. — Huiles de lin. — Sic-
cafifs. — Mastics. — Vitrerie. — Droguerie. — Produits ehi'
miques. — Ces articles peuvent donner lieu à des afiairet
faciles.
Machines agricoles. — ^ Ce commerce nécessite un gros
stock de machines, un grand emplacement d'exposition et
de démonstration, des frais de premier établissement consi-
dérables. Affaire d'avenir.
j
SON PASSÉ — SON FESSENT — SON AYBNIR à3j
Sacs et toileé (Temballage font l'objet d'un très gro»
N»iiim6roe néoéssitant des capitaux importants ; cette
Ivanehe est déjà représmtée. Toutefois la place peut encore
Ifliir des possibilités d'affaires.
Soieries. — Par tontle MmùCj il y a beaucoup à faire dans
le eommaree des soieries. Plusieurs maisons de Lyon ont
las représentants qui visitent tous les ans Fez, Marrakech et
ies principales villes.
PourSettat.
n conviendrait d'envisager plus partieulièrétaient le com-
Bieree des bestiaux, des montons, poils de chèvres, céréales,
bmes, peoHXy à Texportation, et le commerce du suere^ théy
\mAgies, à l'importation.
Le commerce des bois n'y est pas suffisamment repré-^
lanté. Les indigènes y construisent beaucoup. Le dâ>it indi-
pane poorrait permettre actuellement de faire face aux
InuB généraux. Dans un avenir peut-être proche, le com-
l&erçant qui aurait pris position à Settat aurait la perspec-
tive de beaux bénéfices. Capital : 100.000 francs.
Même indication en ce qui concerne les fers et les aciers
[capital : 60.000 francs), les machines mécaniques et les appa-
miis divers {capital : 60.000 francs), les verreries et cristaux.
CkHnme complément des renseignements qui précèdent,
uie remarque générale s'impose : impossibilité de se livrer
ï un seul commerce. Toutes les maisons qui existent
ictuellement s'occupent simultanément de plusieurs articles.
Commerce de déiaiL^ — On peut préconiser T installation h
Casablanca des établissements suivants :
Magasm de nouveautés et de confections^ chaussures^ etc. —
l/opportunité à Casablanca des maisons réunissant tous le»
^ticies nécessaires à l'habillement doit être particulièrement
Signalée. 11 en existe ; mais des places restent à prendre.
Anx articles de confection s'ajout^aient avec profit ton»
les articles de bazar et les articles de. voyage, campement,.
^38 LB MAROC
•sellerie et harnachement. Le genre de bazar qui semble
pins spécialement approprié aux besoins locaux doit com-
prendre une maison centrale groupant tons les achats aax
meUleurs prix de gros et les répartissant ensuite entre
les diverses succursales d'après les besoins locaux.
Meubles, -—Des maisons de meubles à bon marché, sans
aucun luxe, mais solides, sont susceptibles de faire des
affaires intéressantes.
Il ne faut pas encore songer pour le moment aux meubles
de prix . Ce commerce exige rimmobilisation de gros capi-
.taux qui ne trouveraient pas leur rémunération.
Magasin de verrerie et faïences. — Quincaillerie. — Bovh
iangerie^pàtisserie. — Boucherie moderne, — Tous ces com-
merces sont encore actuellement incomplètement repré-
sentés.
Epiceries. — Vins. — Les épiciers sont nombreux. Néan-
moins, il y a place pour d*autres, à la condition d'avoir on
^^ersonnel de garçons actifs et bien au courant de leur métier.
IIVDUSTRIB
Industries du bâtiment. — L'industrie qu'il est désirable
/de voir se développer activement, dans un intérêt général,
:est celle du bâtiment avec tous les métiers qui s'y rattachent
Casablanca, grand port et le grand entrepôt de l'Ouest ma-
rocain, prendra de plus en plus d'extension.
C'est pourquoi on ne peut que souhaiter que des entre-
preneurs nouveaux s'installent et construisent à Casablanca.
Ils pourront réaliser de beaux profits. Menuisiers, ébénistes,
serruriers, peintres,tous les ouvriers ^rïeux^ possédant réel-
lement leur métier, sont susceptibles de trouver un emploi
dans les entreprises en cours ; beaucoup se sont déjà rendtf
.compte de cette situation, notamment des maçons et cimen-
iiers creusois. Il y a place pour d'autres.
I
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR qSq
Industries diverses. — Pinsiears fabriques d'eaux gazeuses
et de glace fonctionnent à Casablanca. Leurs prix de vente
(glace, fr. 30 le kilo au détaU et 20 francs les 100 kilos)
semblent laisser une marge à la concurrence.
Les fabriques de savon ne trouveraient pas sur place de
matières premières.
Une fabrique de céramiques pourrait prospérer. On trouve
de l'argile dans la région.
Charrons- forgerons, horlogers et généralement tous les
corps de métiers sont susceptibles de trouver à s'employer.
fin électricité il y a beaucoup à faire. Il convient de
lemarquer que la force motrice naturelle manque et que le
diarbon est vendu très cher.
AGRIGULTURB BT BLBVAGB
Les statistiques du recensement opéré dans les différents
territoires de la Ghaoula par le Service des renseignements
du Corps d'occupation^ donnent les indications suivantes :
La superficie totale de la province où notre pénétration
a fait régner un ordre et une prospérité jusqu'alors incon-
BUS, se chiffre par 1.031.000 hectares, dont 367.410 culti-
.vés, se répartissent comme suit :
Orge. 197.600 hectares
Blé 104.000 —
Pois chiches 13.470 —
Mais 23.940 —
Fèves 6 070 —
Fenugroc 6.470 —
Coriandre 1,775 —
Lin 7.685 —
Millet 200 —
Sorgho 2.000 —
Jardins fruitiers et potagers.. . . 4.000 —
XX
On peat donc compter oomme terrains exploités 37 0/0 de
la soperf icte de la Ghaonla . ,
Les rendements moyens des différentes contrées ont
donné, pour un hectolitre de semences :
Orge i 21 hectolitres
Blé 1330 —
Pois chiches 8» —
Mais ÔO —
Fèves 34 —
Fenngrec 12 40 —
(ioriandro 22 —
Lin * 9 —
Millet 25 —
Sorgho 100 —
Le mais a montré de grandes différences de rendement :
chez les BTzab et Achaches il donne 15 hectolitres pour nn,
et chez les Ghiadma et Ghtooka, de 100 à 150.
Sur Tensemble cultivé, 35.704 hectares appartiennent à
des Européens» dont 25.469 à des Français. Encore faut-il'
considérer ces chiffres comme très inférieurs à la réalité k
Theure actuelle.
Le recensement évalue à 1.570 le nombre total de colons
établis à rintérieur ; 895 sont français. Ces chiffres seront
bientôt dépassés.
La population indigène compte 197.838 habitants, dont
§2.681 hommes, 69.660 femmes, 65.497 enfants.
Enfin, le recensement du bétail donne les chiffres sui-
vants : 15.498 chameaux, 91.613 bœufs, 16.552 chevaux^
2.506 mulets, 35.257 ânes, 433.006 moutons, 87.933 chèvres.
Toute la Ghaoula est jFavorable à la culture des céréales.
La culture maraîchère se fait dans les environs de Casa-
blanca. Gette culture est notoirement insuffisante aux
besoins de la ville et la plupart des primeurs et des légumes
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SOX AVENIR a(^l
sont encore importés d'Espagne à des prix extrêmement éle-
vés. Le prix des terrains maraîchers dans le voisinage immé-
diat de Casablanca est très tenu.
A 14 kilomètres, aux environs de Tit Melil. on trouverait
des terrains propres à la culture maraîchère au prix de
150 francs l'hectare. Ces prix sont en voie d'augmentation.
La vigne, le coton, Tolivier, l'oranger, le citronnier ont
fait l'objet d'essais qui ont donné des résultats encoura-
geants.
Toute la Ghaoula convient à l'élevage des boeufs, des
moutons et des porcs. Un éleveur connaissant bien son
métier, disposant de capitaux, pourrait réaliser de gros
bénéfices.
Il n'est pas loisible au premier venu de constituer un
domaine, même modeste. Il faut être rompu aux mœurs et
coutumes du pays et avoir recours à des intermédiaires ;
cependant les difficultés ne sont pas insurmontables.
TRATAUX PUBLICS
Pour les travaux publics, le régime de la libre concur-
rence est en vigueur. Un règlement sur les « Adjudications
en général » et un règlement sur les < Adjudications de la
Caisse spéciale » sont applicables à tous ceux qui voudraient
soumissionner à des travaux publics . Les particuliers et les
sociétés qui désirent participer à ces adjudications feront
bien d'avoir à Tanger des correspondants qui les tiennent
au courant et les informent en temps utile des mesures
à prendre, des démarches et des études techniques à faire
pour se mettre sur les rangs.
a4a L« MAROC
RÉGIOIf DE SÂFI'
COMMItilGB
Importations, — Les maisons européennes établies dans
la région importent du sucre^ da thé, du bois, du fer, des
tissus pour indigènes, des cotonnades, et exportent des
céréales.
Les différents commerces désignés ci-après paraissent
susceptibles d'être rémunérateurs à Safi :
Tissus en gros; bois et matériaux de construction; dro-
guerie ; denrées alimentaires ; machines agricoles. Ces mai-
sons devront avoir des agents à Tlntérieur, dans les grands
Centres indigènes. Elles peuvent obtenir la clientèle des
tribus des Abda, une partie des Doukkala, Ahmar, et une
partie des Qhiadma.
Un capital de 75.000 à 100.000 francs est indispensable au
début.
Exportation. — U existe de nombreuses maisons qui
exportent du blé, de Torge, des féveroles, des pois chiches,
des peaux^ des laines et autres produits agrioc^es. La eon-
currenoe est vive et des capitaux importants sont néees-
saires pour ce genre de commerce.
Commerce de détail. ^ Actuellement^ rinstallation de
maisons de vente au détail serait prématurée. La popula^on
européenne est encore restreinte; d'autre part, la popolatioa
juive marocaine n'a pas encore adopté les mœurs euro-
péennes.
Deux ou trois établissements genre bazar, vendant des
vins, spiritueux, eaux minérales, verrerie et faïence, quin-
caillerie, ferblanterie, outils, lampes, articles d'ameublement
bon marché, vêtements confectionnés, chapellerie et chaus-
sures, pourront trouver place à Safi. tl sera nécessaire de
disposer d'un capital de 25.000 à 30.000 francs au minimum;
SON PASSÉ — SON PRE8BNT — SON AVENIR a43
les loyers des magasins sont très élevés ; il faut compter
payer an moins de 3 à 4.000 francs de loyer.
Hôtel. — Un grand hôtel, avec confort moderne, dominant
la ville de Safi, pourrait prospérer. La douceur du climat
de la côte marocaine attirera beaucoup d'Européens.
Boulangerie, pâtisserie. — Un boulanger-pâtissier ven-
dant de la confiserie, et connaissant bien son métier,
aurait des chances de succès.
Boucherie moderne, — Ce commerce fait défaut à Safi ; le
boucher aurait pour clientèle les Européens et les restau-
rants qui existent.
UIBUSTBIE
Industrie du bâtiment, — Des entrepreneurs de construc-
tions, installés à Safi. auraient de TouvragC;. La plupart
des Européens cherchent à construire des villas, des mai-
sens d'habitation, des fermes et sont forcés de faire appel à
des entrepreneur^ espagnols de Tanger.
Les Européens ont tendance à quitter la ville arabe, pour
habiter les collines gui surplombent Safi, et plusieurs ont
Tintention de créer des fermes avec bâtiments modernes.
Les salaires des maçons et des manœuvres indigènes ont
augmenté dans de fortes proportions.
Des menuisiers, ébénistes, serruriers, peintres, peuvent
sinstaller avec chances de succès, mais à condition de dis-
poser d'un petit capital leur permettant de subsister la pre-
mière année de leur installation.
Imprimerie, — Les Européens commerçants et fonction-
naires font imprimer leurs fournitures en France, à Gasa-
Manea, à Tanger, etc. Un imprimeur, installé à Safi, aurait
des chances de succès, surtout s'il imprime en arabe et en
hébreu et s'il adjoint à son imprimerie un commerce de
papeterie, libndrie, et journaux.
Une scierie mécanique aurait de Favenir.
a44 l'A MAROC
AORIGULTDRU IT iLBYÂOB
Les régions des Abda favorables aux grandes cultures de
blé, orge, fèves, avoine, graine de lin, pois chiches, mais
sont par ordre d'importance, les Blcati, Lidelha, Saheim et
Doukkala. Ces terrains font partie des terres humifères ou
terres « tirs i. Les terres légères ou Sahel (Onlad Zid,
Temera) sont favorables à la culture du mais et surtout de
la vigne.
La culture maraîchère, ayant pour débouchés la ville de
Safi et la région des Abda, est susceptible de prendre de
Textension dans l'avenir, car la culture potagère est géné-
ralement négligée par llndigène ; elle n'est pas praticable
dans les régions de grande culture où il n'existe que de rares
puits et où on s'alimente d'eau par les citernes. L'eau est
beaucoup plus abondante dans le Sahel ; les puits sont peu
profonds et le terrain argilo-calcaire, silico-argileux ou
sablonneux se prête à cette culture.
Arboriculture, — L'olivier, le grenadier, le caroubier, le
citronnier, etc.. peuvent se développer au Sahel, car ils y
trouvent un climat favorable. C'est dans la région du Sahel
que l'on pourra créer des olivettes ; on peut préconiser la
culture des plantes oléifères en s'inspirant des méthodes
des colons, tunisiens aux environs de Sousse et Sfax.
Élevage des bœufs. — Les bœufs sont engraissés au pâtu-
rage au printemps.Dans les années pluvieuses, quand les her-
bages sont abondants.leur engraissement est facile et rapide.
Les indigènes les achètent à l'automne, les font pâturer sur
les chaumes et les mettent ensuite sur les pâturages. Les
bœufs des Doukkala, des Ghiadma sont vendus sur le mar-
ché de Tanger.
Beaucoup d'indigènes engraissent les bœufs à l'étable,
avec de l'orge. L'engraissement avec des tourteaux d'argan
est fait sur une très grande échelle en pays Ghiadma et les
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR il^5
bœufs engraissés donnent nn rendement de viande nettes
de 55 0/0.
Élevage des moutons. — La région des tribus Abmar,
Rehamna convient essentiellement à l'élevage du mouton.
Les indigènes et les maisons européennes ont constitué de
grands troupeaux. La laine est assez bonne et la race se
rapproche du mérinos. •
Élevage du porc. — Déjà quelques Européens pratiquent
l'élevage du porc ou le confient aux indigènes. Ces troupeaux
viveat au pâturage dans les bois et les broussailles. Les dif-
ficultés d'exportation, la répugnance des indigènes pour
cet animal n'a pas permis de juger équitablement les résul-
tats de cet élevage. Lorsque les colons européens pourront
s'installer dans Fintérieur, près de l'Oued Tensift, l'élevage
du porc donnera dçs résultats satisfaisants.
Les futurs colons pourraient acquérir des fermes déjà
créées.
RÉGION DE MARRAKECH
COMMBRCB
Commerce en gros. — Importations : sucre, thé, coton-
nades^ draps, bougies, semoules, verroteries, quincaillerie.
Exportations : laines, huiles, amandes, noix, peaux, grains
(blés, orge, mais, lin, alpiste, cumin).
Commerce de détail. — Actuellement, ce commerce est
presque totalement entre les mains des Israélites qui vendent,
à des prix très élevés, des objets de qualité inférieure.
Il semble que Tinstallation de cafés-épiceries, vendant des
produits de bonne qualité, avec un bénéfice honnête, aurait
des chances de succès; de même un bazar genre américain
où l*on trouverait papeterie, bonneterie, niercerie, chaus-
sures, quincaillerie, des conserves de bonnes marques,
aurait de nombreux clients.
946 LM MABOG
AORICULTimB IT iLBYAGB
»
Tonte la région se prête à la cullnre des céréales, de l'oU-
Tier, de la vigne même, mais particnlièrement les terrains
sitnés entre Marrakech et la montagne, tSO kilomètres envi-
ron, où le sol peat être irrigué tonte Tannée.
La coUnre maraîchère (légumes, fruits, primeurs, oranges,
citrons, mandarines» dattes), aurait chance de réussir dans
les nombreux jardins de la ville et des environs d'autant que
les indigènes, vu leurs moyens de culture très primitifs,
n'obtiennent que des produits de qualité très inférieure. Le
climat se prête à la culture de tous les fruits d'Europe.
Pour les communications stoc la côte (Safi, 150 kilomètres,
Mazagan, 200 kilomètres, liogador, 200 kilomètres, Casa-
blanca, 240 kilomètres), on emploie encore principalement et
malgré le développement des services le mulet ou le chameau ;
aussi, les transports sont-ils coûteux. Le prix de location
d'un chameau jusqu'à la côte et vice versa varie de .6 à
iO douros, soit 25 à 40 francs, suivant les saisons, It^tat des
chemins, l'offre et la demande, le mode d'emballage (le prix
de revient du transport des caisses est plus élevé que celui
des sacs). Un chameau peut porter de 250 à 300 kilogrammes
en faisant de 40 à 50 kilomètres par jour.
La main-d'œuvre agricole devient de jour en jour plus
compliquée. Elle renchérit par suite de Texode des ouvriers
vers la côte où leur travail est mieux rémunéré.
TRAVAUX PUBLICS
L'adduction d'eau des oueds on de sources, sent un des
problèmes les plus intéressants à résoudre en premier lien.
Une meilleure utilisation de ces eaux permettrait presque de
doubler la surface des terrains irrigables.
Il en est de même de la canalisation des égoûts.
SON PASSÉ — ^ SON PRÉSENT — SON AVENIR 247
MINES
Bes entreprises ont envoyé de nombreux prospecteurs
dont quelques-uns en résidence fi^e, qui ont exploré un peu
partout l'Atlas et la vallée du Sous.
PROFESSIONS LIB^RAIiES
On compte, actuellement, à Marrakech, quelque médecins
et pliarmaciens.
Dans un avenir prochain, la population européenne aug-
mentant, des dentistes, des architectes, des vétérinaires,
pourraient faire des affaires.
RÉGION DE MAZA6AN
COMMERCE I
Commerce en gros. — 11 existe des maisons européennes
et indigènes établies depuis un certain temps déjà dans la
i^ion ; toutefois, de nouvelles maisons peuvent encore
tBOUver place à Mazagan. Il convient de remarquer que le
commerce d'importation et d'exportation nécessite des capi-
taux importants. €e commerce est surtout entre les mains
dindigènes ; on compte cependant quelques commerçants
fRQçais ou espagnols»
Commerce de détaxL — Il setnble que Tinstallation des
établissements désignés ci-après présenterait quelques
cku^g de succès :
M\gasin genre bazar ; épicerie, vins, spiritueux, eaux miné-
rales etc. ; petit hôtel, pension-restaurant ; boulangerie-
pfttisi^rie ; boucherie moderne ; magasin de verrerie et
falenc; quincaillerie, ferblanterie, outils, lampes ; articles
f^S LE MABOG
d'ameublement b^n marché ; vêtements confectionnés, cha-
pellerie, chaussures ; etc.
D'ailleurs, d'une manière générale, les établissements bien
agencés et possédant un assortiment de marchandises suffi»
saut font encore défaut à Mazagan.
D'autre part, Azémour. bien que peuplé exclusivement
jusqu'ici par l'élément indigène, peut offrir un champ
d'action à quelques-uns de nos commerçants .
INDUSTRIE
La région de Mazagan peut se prêter à différentes instal-
lations industrielles après enquête sur place.
On cite à titre d'exemples :
A Mazagan et Azémour : Fabrique de conserves de pois-
sons.
A Azémour : Tannerie, mégisserie.
Indwtrie du Bâtiment. — A Mazagan : Entreprise de cons-
truction (maisons et villas) ; menuisier-ébéniste; serrurier,
peintre.
Industries diverses. — Fabrique d'eaux gazeuses et d3
glace (de peu d'importance pour commencer) ; fabrique A
savon ; charron-forgeron ; horloger ; petite imprimerie.
AORIGULTURK BT ^LEYAOR
Le prix de la terre peut varier de SSO à 800 francs l'hectav
suivant sa fertilité et sa situation. Les Donkkala sont fa>^
râbles à Tagriculture et, dans une certaine mesure, à Fée*
vage.
Les environs de Mazagan semblent propices aux cnlt^es
maraîchères ; ^on peut commencer par constituer une pftito
propriété et l'agrandir peu à peu.
/
é
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR fk^^
TRAYAUX PUBLICS
Ati nombre des travaux projetés on peut citer la constroc-
tion d'nne jetée et d'nn phare, l'établissement de routes»
, «te.
[ Les offres relatives à ces travaux peuvent être adressées
k & rAdministration des Travaux publics, soit à Tanger^ soit
I il Mazagan. '
RÉGION DE M06AD0R A AGADIR
i
COlfMlBGB
s
Commerce en gros. — Le nombre des maisons d'importa-
tion et d'exportation installées à Mogador est déjà trop
grand pour les ressources du pays. D'autre part, ces res-
sources mêmes sont menacées d'une diminution très notable
. par Fouverture éventuelle du port d'Agadir. Mogador a
bénéficié jusqu'à ce jour d'une situation tout artificielle et
qai cessera assez rapidement si Tordre naturel des choses
est rétabli par la renaissance d'Agadir. C'est dire qu'en l'état
présent, il ne serait pas prudent pour une maiëon française
d'importation et d'exportation de s'installer à Mogador:
elle trouverait peu à glaner en face d'une nombreuse concur-
rence locale. .
L'argument ci-dessus semblerait militer, par contre, pour
une installation éventueUe de ce genre à Agadir. Mais ii
faut tenir compte du fait que les maisons étrangères et indi-
gènes établies actuellement ^ Mogador ont déjà envisagé
l'éventualité d'installer des comptoirs à Agadir, dès l'ouvar-
tare, afin de garder leur clientèle du sud-marocain. Il est
même à noter que, parmi elles, deux maisons françaises y
ont organisé des comptoirs qui se contentent de vendre aux
indigènes des articles de première nécessité (sucre, th4
aSo LE MAROC
cotonnades, bougies). If y a donc, dès mainiencuit, de ce
côté, des éléments de concurrence très sérieux.
Agadir comporte~une partie haute (500 habitants) enser-
rée dans l'enceinte de la Kasbah et non susceptible d'exten-
sion, et une partie basse, Founti, qui n'est pour l'instant
qu'un village de pêcheurs. C'est Founti qui est destiné à
devenir le noyau de la ville future, et, dans cette prévision»
tous les terrains aliénables qui s'y trouvent ont été déjà
accaparés par la spéculation. Là, tout est à créer : le nouvel
arrivant devra acheter un emplacement et y bâtir.
Commerce de détail, — !• Un magasin, genre bazar, pour-
rait attirer la clientèle à condition d'être installé dans un
local bien aménagé. Un capital de 25.000 francs serait néces-
saire pour débuter. La personne qui désirerait ouvrir un
établissement de ce genre devrait^ avant de se décider, effec-
tuer un voyage d'études pour se rendre compte des locaux
dont elle aurait le choix et qui sont rares.
INDUSTRIB
Utilisation des matières premières fournies par le sol ou
t élevage, — i° L'inslallation d'huileries semble, à première
vue, indiquée à Mogador en présence de forêts d'arga-
niers dans les environs . Mais il faut tenir compte du fait
que tous les pressoirs à huile sont entre les mains des Con-
fréries religieuses qui, en vertu d'un privilège basé sur la
coutume, sont assurées de la clientèle des propriétaires
musulmans. Il y aurait donc à prévoir de ce côté un élé-
ment de concurrence très sérieux et qui ne pourrait dispa-
raitre qu'avec le temps ;
2** Les eaux d'Agadir étant réputées comme très poisson-
neuses, il y a lieu d'en prendre note pour l'instedlation
d'une fabrique de conserves de poissons le jour où ce port 86ra
ouvert au commerce. Mais, là surtout, l'organisateur d'une
pareille entreprise devra accomplir un voyage d'études ;
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 25l
S"" En raison de rimportance du commerce des peanx à
Mogador, nne tannerie et mégisserie est à indiquer. Capital :
85.000 francs.
AGRICULTURE BT ÉLBYIOB
La région des Ghiadma, comprise entre Mogador et l'oued
Tensift, est prospice à la culture des céréales.
La propriété étant très morcelée, il semble plus pratique
de préconiser la constitution de petits domaines cultivés
directement par les colons.
La vallée du Sous est indiquée pour l'élevage des bœufs
et des moutons, et c'est là un point à noter dans l'éventua-
lité de l'ouverture d'Agadir.
RÉGION D'OUDJDA
COMMBRCB
Les commerçants en vins et spiritueux sont en nombre
plus que suffisant pour les besoins locaux sur toute reten-
due du Cercle de la Mouloûla.
Le magasin genre bazar est le mieux approprié aux
nécessités des trois centres : Taourirt, Merada et Gamp-Ber-
teaux. \
Il importe de remarquer que le prix des loyers est relati-
vement très élevé.
A Taourirt.
On peut préconiser l'installation :
D* un magasin db quincaillerie, ferblanterie, outils, lampes,
articles d'ameublement bon marché ;
D'un magasin de vêtements confectionnés, chapellerie,
chanssures, etc. ;
jyjm hôtel-restaurant suffisamment confortable et d'une
histallation moderne, -z
aSa LB MABOG i
I
A larada.
• Bo dehors de quelques établissements de Tins et spiritneu
vendant égaleo^ent des conserves alimentaires, tout est I
créer.
A signaler notamment comme faisant défaut : un hôtel-
restaurant ; un magasin de quincaillerie, ferblanterie ; une
boulangerie ; un magasin d'articles A l'usage des indigteei^
(cotonnades, soieries bon marché» café, sucre, thé, boa-
gles, etc.).
A Gamp-Befteaux.
Mêmes remarques que pour Merada en tenant compte que,
par suite de sa situation, Camp -Berteaux est moins favorisé.
A Dsbdou.
Village européen; peut donner lieu à l'installation de ma-
gasins vendant de nombreux articles y compris les produits
alimentaires.
A Berkane.
U existe déjà un certain nombre d'établissements (bazar,
épicerie, bétel-restaurant, boucherie) ; néanmoins, il sem-
ble qu'il y aurait place pour un magasin de vôtements et
chaussures.
INDUSTRIB
La région offre toute l'année des ressources en eau. A
signaler notamment une chute d'eau sur l'oued Za, à 10 kilo-
mètres en aval de Taourirt ; on projette d'utiliser les eaux
de l'oued Za et de la Mouloula pour diverses industries:
moulins, transport de force motrice, éclairage, ete.
AGRICULTURB BT fttlVÂOB
Grandes cultures de céréales dans certaines parties des
plaines de Tafrata et des Trif fas.
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVBNIR a53
Les calturea mBratchëres peuvent rêiiBsîr dans les vallées
Se la HoaloDia et de l'oued Za.
A Debdoa, o& l'eau pour irrigation est abondante t
L'année, on pourrait créer de beaux jardins maraîchers.
11 n'existe pas de forêts dans la région.
L'élevage des bœufs et des montons auquel s'adon
Ibb indigènes estsasceptible d'être renduplus rémunérai
Pour fonder un domaine d'une certaine importance, i
nécessaire de. disposer d'un capital de 100000 francs envi
La culture directe est possible avec utilisation de la m
d'œuvre indigène.
En ce qui concerne la main-d'œuvre, la popnlatioi
Cercle offre peu de ressources ; toutefois, de nombreux
bères traversant la région pour rechercher du travai
Algérie, on pourrait recrnter, dans cet élément, des onvi
agricoles.
TKAVADX PUBLICS
Les aménagements de routes et les empierrement
pistes carrossables constituent les seuls travaux en C
d'exécution; jusqu'ici, ces entreprises sont dirigées
l'antorité militaire.
Il y aurait iutérSt à étudier, dès maintenant, destrai
d'adduction d'eau, construction de deux ponts-routef
l'oned Za et snr la Honloula, éclairage public, voirie, ro
carrossables.
MIDIS
n n'existe pas de gisements miniers en exploitation i
la région de Taonrirt ; le territoire a été parcouru pa
nombrenx prospecteurs.
On signale des existences de calamine dans les envi
deBerkane el de Hartimprey.
354 ^^ MABOG
CERCLE DU GHARB
mcBRA-Bn-Ksnii
Le commandant du Cercle du Gharb, à Bfechra-Bel'Knri
a bien voulu nous adresser mie Note très intéressante sur.
cette région qni mérite d'attirer tonte TattentioD des muni-
grants agricaltenrs.
Nous en reproduisons très Tolontîersnn extrait et, notam-
ment les conclusions, étant tout à la disposition de oeux de
nos lecteurs -que des précisions plus circonstanciées poll^
raient intéresser.
La région du Sebou est particulièrement fertile et }oeit
d'an climat salutaire.
Si elle ne renferme que relativement peu de terres doma-
niales destinées à être louées puis vendues pour la colonisât
tion, elle possède d'importantes superficies au sol très fe^
tile et qu'il est possible d'acquérir avec sécurité. Une très
forte partie de ces terres ne sont pas, il est vrai, des terres
Mellc, c'est-à-dire des propriétés privées dont la vente est
entièrement libre, mais des terres collectives ou«Djemma>
qu'il était impossible d'acquérir, mais dont la vente est
maintenant autorisée moyennant certaines formalités.
Les produits de la région sont essentiellement agricoles.
Un Centre éPnchat de céréales pour C Intendance assure Fécou-
lement facile de toutes les quantités qui peuvent être
offertes. Il en est de même pour les laines.
Comme produits • d'importation : le sucre, le thé» les
épices, les étoffes.
Le mouvement commercial est facilité par sept mardiés
divisés en deux groupes de trois marcbés chacun» et on
septième, le plus important, tenu au centre de Mechra-Bel-
Esirimême.
I>es transports sont favorisés p^ Tutilisation du cours du
SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON, AVBNIR !i55
Sebou dont nons parlons dans Tarticle c Transports » l'Ap-
pendice, alinéa consacré aux <t Routes d'eau » ou transports
fluviaux.
L'ouverture de Texploitation de la ligne du Tanger-Fez
sera pour Mekra-Bel-Esiri le signal d'un grand développe-
ment.
Industrie. — La minoterie et aussi la sucrerie réservent des
résultats très avantageux aux colons qui s'y adonneront
avec des capitaux suffisants.
La Vie des colons est dès maintenant très facilitée dans
cette région si intéressante.
Mekra-Bel-Ksiri possède en effet un Bureau de renseigne-
mentSyUne infirmerie, une inspection vétérinaire, une gendar-
La population européenne se compose en presque tota-
lité de véritables agriculteurs exploitant eux-mêmes ou pour
le compte de grandes entreprises aux bénéfices desquelles ils
sont intéressés-» Tous ont une vie de labeur, mais qui a ses
charmes.
Ici nous reproduisons exactement les termes de la Notice
qui nous a été communiquée :
« Au milieu du grand Bled, les fermes sont proclies.Qn se
c déplace facilement à cheval (m en voiture ; on se voit
c beaucoup. La chasse, dans la verte plaine, donne lien à des
c réunions hebdomadaires. »
Telle est la situation du centre de Mechra-Bel-Ksiri. Il
semble que cette partiedu Norddu Maroc qui,malgré les diffi-
cultés des débuts, s'est développée rapidement est un des plus
beaux pays d'avenir du Protectorat, une des plus belles
régions de peuplement français.
DERNIEH COCF D'CEIL
résenter, sous une forme purement et aéche-
ntaire.les retueigoemealsdedemiërelieaTe
ins pu grouper sur cfaacniie des branches
m économique de l'Empire diériCen, nous
is de jeter encore un coup d'oui en anièie
CEavn accomplie an coure d'an bira petit
lées.
DOS pages, nous avons placé les traits sym-
popntaires do Maitn ouvrier.
onler une synthèse.
it à la pléiade d'hommes, militaires ou
t eu l'heureux honneur de travailler sous
n doit attribuer une joste part dn succès
la reconnaissance méritée .
sant que reproduire les traits du Héaideat
utee est résumer les tenues d'une syothtee,
BS qu'il est, au-dessus de la valeur dn
a-dessns de la valeur de ses aides, une
leur qui les domine et les ratraîne.
c'est le G^tie de la Pranoe. Cest psroa
Qief saprtene et coUabarsteDiB, tamplafm
soif PASSS — SON PRÉSENT — SON AVENIR aS'J
à la résurrection dn Maroc les cpialités qui sont Tessence
et la gloire dn Ciésie français qu'ils ont pn mener leurs
efforts abonne fin. Effort de pénétration matérielle qui a
condaitleraâîusqn'àllfarrakeciiy effort de pénétration
morale qui viait de conduire notre drapean jusqu'à
Onexzan, où jamais Fantorité des Sultans n'avait pu
se Boaintenir.
IHsoBS donc bien haut, en dépit des Gassandre,
qu'aucun peuple n'aurait pu travailler au SAuroc mieux
que ne Fa Mt la France par ses Eminents serviteurs,
disons qn œuvrer ainsi c'est véritablement œuvrer « à
la franiçaise >.
15 décemlire 1920
APPENDICE
}« Janvier 1921.
GOUVERNEMENT CHÉ8IFIEM
Le PeKoonel gouvernemental Harocaia compreDd :'
S. M. LE SULTAN MOULAV YOUSSEP
Le Grand VIeit ou Premier Hinistre;
Le Vizir de la Justice ;
Le Viztr des Domaines ;
Le Vizir des Habous;
Le Délégué du Grand Vizir pour l'Enseignement ;
Le Délégué du Grand Vizir Président da Conseil des
Affaires criminelles ;
Le Chef da Serrice de llnlerprétariat général de la
icelierie et dn Protocole.
istre Conseillers français assurent Is liaison entre les
ices de l'Administration marocaine cL-dessas men-
lés et les Services du ffiiteclorst dont le délail est
lé ci-après.
RESIDENCE GENERALE DE FRANCE
)mmissure Résident Général de la République Fran
I. Commandant en chef :
GÉHÂRAL DE DIVISION LÏAOTEY fl. G. «
Secrétaire général dn Protectorat
ant Commissaire poar le Maroc Orientât è Oudjdm
Secrétaire général chef du Cabinet diplomatique
Cabinet diplomatique. — Cabinet civil
Service de la Justice française
APPBMDIOi . a6i
ADMINISTRATION JDU PROTECTORAT
Direction générale des Travaux publics
Service des Mines. •— Services d'Aroliitecture '
Direction générale des Finances
Douanes. — Comptabilité. — Enregistrement. — r Impôts
Trésorerie générale du Protectorat
Direction générale des Services de Santé et d'Hygiène
Direction des Affaires civiles
Municipalités. — Services pénitentiaires
Poliee
Direction des Renseignements et des Affaires indigènes
Direction de rAgriculture, du Commerce
et de la Colonisation
' Direction de l'Enseignement
Direction de l'Office des Postes et Télégraphes
Service des Domaines
Service de la Conservation de la Propriété foncière
Service des Eaux et forêts
Service du Personnel, des Etudes législatives
et du Bulletin Officiel
Service des Antiquités. Beaux-Arts et Monuments
historiques
Bureau des Transports civils et militaires
Direction des Chemins de fer militaires
Cpnunissariat général des foires
Bureau central des Offices et Bureaux économiques
Les personnes désirant connattre les noms des titolcdres
des Services d-dessus résamés, au moment de rimpreseioa
dn présent Appendice» pourront recevoir satisfaction en
s'adressent & rOffice commercial du Mai:oc, 5, me Gambon,
Parie.
a6a LB MAROC
SERVICES DES RENSEIGNEMENTS
-T?
Les meilleares sources de Renseig^aeinents sar
toutes Questions concernant le Maroc sont les sui-
vantes :
Au Maroc :
A Rabat. Bureau Central des Offices et Bureaux |
économiques. '
Offices économiques à Gfisablanca, Fez, Rabat,
Meknès, Marrakech, Safi.
Chambres d'Agriculture : Rabat, Casablanca.
Chambres de Commerce : Casablanca, Rabat, Mar- *
rakech, Mazagan.
Chainbres mixtes de Commerce, d'Industrie, d'A-
griculture : Mazagan. Marrakech, Mecknès.
A Paris:
A Paris, il existe trois importants Centres de Ren-
seignements sur tout ce qui a trait au Maroc, et no-
tamment sur tout ce qui est susceptible d'intéresser
le Monde des affaires:
1^ Oroanisations oFFiciBLLES : Office du Protecto-
rat de la République française, rue des Pyramides.
Office du Commerce Extérieur, rue Feydeau. L'Of-
fice du Commerce Extérieur ne s'occupe pas exclusi-
vement du Maroc, mais bien de l'ensemble des inté-
rêts commerciaux français.
A Lyon s
Un Office Economique du Protectorat de la Répu-
blique française existe à Lyon à la Bourse de
Commerce et rend de très grands services. >
a® Organisation privée: Office Conunercial du
Maroc, 6, rue Cambon.
I
Nous donnons ci-après quelques détails sur le i
fonctionnement de ceux de ces Offices uniquement
I
APPENDICE a63
«
consacrés au Maroc. Ka ce qui concerne VOffice du
Protectorat, nous avons été honorés d'une communi-
cation de sa Direction, que nous nous faisons un
plaisir de placer sous les yeux de nos lecteurs.
oFficB DU PEOTiGTORAT RÉSIDENCE GÉNÉRALE
de la République Française de la République française au Maroc
AU MAROC ' _
PARIS, le 16 juin 1920.
Cher Monsieur,
Pour répondre au désir que vous avez bien
voulu nC exprimer Je vous envoie ci-joint une courte
Notice sur POffice.
Veuillez agréer, cher Monsieur, P assurance
de mes sentiments bien distingués.
Le Directeur : NACIVET
OFFICE DU PROTECTORAT DE LA RÉPUBLIQUE
FRANÇAISE AU MAROC
i9, fue d^Argenteuil
et 2i, rue des Pyramides TéL Central 'IS-Gd
L'Office du Protectorat de la Répabliqne française an Maroc qui a
été institaé par le Général LYAUTEY en 1913, réorganisé en 1911
et en 1919, a pour mission :
1» De centraliser et de mettre à la disposition du public les rensei-
gnements de toute nature concernant TAgricolture, le Commerce,
l'Industrie, le Tourisme, les Travaux Publics et les condiUons du
tra'vail dans l'Empire Ghérifien ;
8" De renseigner les colons, industriels et commerçants français
établis auJifaroc, ainsi que les indigènes, sur les marchés français et
étrangers et de recaeiUir, tant en France qu'à l'Etranger, toutes infor-
mations de nature à intéresser le développement économique de l'Em-
pire Ghérifien ;
S* De faire connaître, par l'intermédiaire des Chambres de Gom-^
merce, des Groapements professionnels et par la Presse les ressources
économiques et toaristiques du Maroc ;
4* D'organiser la participation du Protectorat aux Expositions
Foires et Concours qui se tiennent en France et à l'Etranger.
OBOAVlBAnOir DBS BIBTIGBS
Les divers services de l'Office sont répartis en trois Sections .
à savoir:
T* Section de l'Agriculture, élevage, eolonisaticn ;
2* Section du Commerce et de l'Industrie ;
9* Section de placement (services administratifs chérifiens et niaiu'
d'tBuvre). ,
Directeur : NACIVET
Directeur-Adjoint : Charles MOUREY
«64 LC MA.ROC
OFnCE COMMERCIAL DU MAROC
L'ouTcrtare des Services de VOffiee commercial du
Mmroe a été accueiUie de Lt façon la plus aympathiqae :
I* Par le Résident général de France;
a* Par la Direction de TOflice du Protectorat de la Répu-
blique française. '
Le Directeur de l'Office eommereial du Maroc, a en effet,
«a rhooneur de Teoevoir les deux lettres ci-après qui
répondaient à deux commimicaiioas aoiM>acant la mise
en activité de VOffiee commercial.
Mon cher Desroehefl.
le reçois votre intéressante lettre du 5 février et je
vous en exprime tous mes compliments avec mes meil-.
leurs souhaits de réussite
Je crois qu'il sera très opportun que vous établissiez
on contact direct avec notre Ofiice de Paris (21, rue des
Pyramides) qui ne manquera pas de se tenir à TOtre dis-
position.
ie vous prie de croire à l'assurance de mes sentiments
dévoués.
Lyaittby
Monsieur,
J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre
par laquelle vous avez bien voulu me communiquer
*eopie d'un dossier que vous avez envoyé au Résident
général.
J^en ai pris connaissance avec IntérêL Tous pouvez
être assuré que vous trouvères toujours, tant auprès de
moi qu'auprès de mes coUaboratenrs, le meilleur accueil
et que je vous ferai communiquer bien volontiers les
renseignements dont vous pourrez avoir besoin.
Le Directeur de VOffiee du Protectorat
de la République française
Nagivbt
APPENDICE !265
Ce qu'est l'Office commercial du IMaroc
Ce qu'il fait
VOffice Commercial du Maroc constitue, à Paris, une En-
treprise privée, sans attache administrative.
— Fournir, soit & titre gracieux, soit moyennant rému-
nération, des renseignements économiques de toute nature ;
— Organiser et exploiter, soit pour son compte, soit pour
le compte de tiers, toute affeûre commerciale agricole ou in-
dns^elle dans TEmpire chérifien : tel est, dans ses grandes
lignes, le but poursuivi par l'Office commercial du Maroc.
Les Services de VOffice Commercial du Maroc — (Rensei-
gnements ou opérations) — se répartissent comme 11 suit :
1* Transports maritimes :
Transports par rail ;
Transports en automobile (Services réguliers et Services
particuliers) ;
'2* Achat et vente de propriétés agricoles ou urbaines;
3", Commission et représentation ;
4* Organisations industrielles et commerciales de toute
nature.
MOYENS D'ACTION
De même que les Offices Gouvernementaux : Office du Pro-
tectorat de la République française ; Office du Commerce
extérieur — dont le fonctionnement, dans les limites qui leur
sont tracées par leur caractère officiel, est, d'ailleurs, excel-
lent — VOffice Commercial du Maroc possède tous documents
administratifs au fur et à mesure qu'ils sont publiés.
Il a, de plus, le concours de nombreux correspondants qui
ont pour mission de le tenir aii courant, le plus souvent par
voie télégraphique ou aérienne, de tout ce qui est de nature
h intéresser sa clientèle ou à servir sa propre action.
En conséquence:
Toutes les personnes qui s'intéressent au Maroc à un point
de vue quelconque, ont avantage & entrer en relations avec
VOtfice Commercial du Maroc auprès duquel elles sont cer-
taines de trouver :
— Une documentation constamment à jour ;
— Une connaissance complète du Pays et des usages com-
merciaux ;
— Un concours spécial dans un grand nombre de cas.
Voffice Commercial du Maroc, entreprise privée, a natu-
rellement le Juste souci de ses intérêts directs .
Mais il rentre également dans son objectif de s'associer,
pour sa modeste part, & la grande Œuvre du Protbctobat dont
Û apprécie au plus haut point les initiatives bien ordonnées
et| par conséquent, fécondes.
VOIES D'ACCES AU MAROC
Le Maroc par Marseille
La Cotupmgni» dt S/avi^aUon Pagnet aBSOTC, dans
«haqne sens, tel relations Mmr»eiU»-Tangtr-Ca*VhtmxeH,
an moy«n de plusieurs départe par mois : les 5, i5
et aS, ea attendant qne les départs soient à noweaa
bebdomadaires oommeen ig(4. Ussotit cffeetués par de
grands i>aqae bots rapides, munis delà T. S. F. De mime,
un service eonfortaole Tonctionne entre Or-an et la
Côte Marocaine, aller et retour.
On peut s'adresser au ttwream des l'aasaga de la
Compagnie de Navigation Paquet, 4i ptof^^ Sndî Carnot,
à ManeiUe ou aux AgenU Ae celte Compagnie, k Caaa-
bianca, Tanger, Maiagan, Saji, MogKdor, pour se ren-
seigner sur Fes dates exaotee des départs et ifaire retenir
sa place à bord des paquebots.
A Paris, Agenoe Nnnn, {3, rue Lafayette (Passages et
Fret.
« Agence Branger d, 5, rue Cambon).
Tarifs ; 1') De ou pour Tanger
Les voyageurs partant ^e Paris et de Lyon-Perraobe
destination de Tangrj, ou vice versa, ont à leur dis-
isitioD des billets directs via Marseille, délivrés aul
'ix suivants et valables ponr les paquebots rapides
: la Compagnie Paquet :
felMiiB*
»-Bl«M'
*olMse*
6fil SO
579 55
451 8S
m B
28K35
Paris-Tanfei.. .
Ly on-Perrache-Ta nger. .
Les voyat^eurâ en provenance ou k destioatiou d'urne
Itre gare ont à se munir d'nn billet pour le parcours
ir cbemin de fer eatre cette gare et Marseille. La' Cam-
ignie Paquet délivre des billets de passage valable»
ir les paquebots rapù^s entre Uarseilie et Tanger o"
ce vevsa aux prix si-' *' *
510 fr. 352 50 225 &■ 142 50
'Cm prix campraiment la noarritara et la Tin k bord des pa^aabots.
APPENDICE
IBW^
Les voyagreurs sont tenus de pourvoir, par leurs pro-
frea zooyens, «Umfi ua cas comme dans l'aiiire, aa trans-
^^ort <ic leur personne, éfi la gare, -de Marseille au quai
d'embarquement, ou vice versa, ainsi qu'à leur embar-
quement et à leur débarquement à Tanger.
2**) De ou pour Casablanca
Les voyageurs ont à se munir, selon le cas, d'un billet
de chemin de fer de ou pour Marseille ou d'un billet
direei de cm pour Tanger. La Compagiiie Paquet délivre
des iMllets de passage valables entre Marseille et Tanger
d'âne jftart, Casablanca d'<autre part, pour ses paquebots
rapides, aux prix suivants :
larseille Casablanca,..
Tanger-Casablaitca
!»• classe*
fr. tc.
615 »
112 50
t" classe * ,S* dane
fr. «.
97 50
fr. c.
285 »
75 »
pont^
fr. e.
187 50
54 x>
La Compagnie Paquet délivre aux porteurs de billets
directs de Paris et de Lyon à Tanger, ou vice versa, des
coupons supplémentaires valables entre Tanger et Casa-
blanca, qui font ressortir pour l'ensemble du parcours
Paris-Casablanca les prix suivants :
Paris-Casablanca. .
Lyon-Casal)lanca. .
en i^ classe*
fr. c.
741 50
659 55
en 2* classe*
fr. c.
518 85
464 >
en 3* classe*
fr. c.
339 25
Les passagers et leui*s bagages sont transportés, en
rade de Caisablanca, depuis le paquebot jusqu'au cpiai
ou réciproquement, par un service de vedettes spécial à
la Compagnie Paquet. Le passager arrivant à Casa-
blanca qui veut utiliser ce service n'a qu'à faire part
de son désir au maître d'hôtel et, sans se préoccuper de
rien, à se rendre, une fois à terre, au Magasin de Douane
pour opérer le dédouanement de ses colis. ,
Tarif du transbordement entre le navire et la terre, y
compris, pour les bagages, s'il y a lieu, leurs frais de
eonaaite au Magasin : par Passager 3 fr. 50, par colis
3 fr. 50.
nota. — Ces taxes de transbordement à Casablanca ne
sont applicables qii^ par beau temps ; en cas de mMUs^ais
^tempjS (signalé par le drapeau bleu et hlanc)^ elles
seraient doublées.
* Ces prix comprennent la noarritnre et le vin à bord d«B paquebots.
a68 LE MAROC
ENREGISTREMENT DIRECT DES BAGAGES
De et pour Casablanca
Sens de la France sur le Maroc
Les bagages des voyageurs présentant en même temps un
titre de transport & destination soit de Marseille, soit de Tan-
ger, soit de Casablanca et un avis quelconque de la Compa-
gnie Paquet, lettre ou dép6cbe, constatant gue le voyageur a
bien sa place retenue Rur le paquebot, peuvent être enregis-
trés directement pour Casablanca par les gares de :
Aix-les-Balns Glermont-Ferrand Nîmes
Annecy Dijon-Ville Paris
Belfort Evian-les-Bains Pontarlier
BelJegarde Gonëve-Comavin Saint-Etienne
Besançon-Viotta Grenoble Thonon-les-Bains
Cette Le Greusot Toulon
Ghambéry Lyon-Urotteanx Yals-les-Bains-la-Bégnde
Ghamonix Lyon-Perrache Vichy
Gh&tel-Gnyon Modane VintimiUe
Les voyageurs qui font enregistrer leurs bagages directe-
ment de ces gares h Casablanca sont délivrés de tout so^ci
en cours de route et n'ont qu'à se présenter au Magasin de
Douane de Casablanca pour y retirer leurs colis, après dé-
douanement.
Sens du Maroc sur la France
L'Agence de Casablanca de la Compagnie de Navigation
Paquet enregistre. directement, à desjtination des gares P. L. M.
ci-après, les bagages des voyageurs porteurs des billets de
place utiles :
Annecy
Belfort
Cette
Pontarlier
Lyon-Perrache
Modane
Parie
Bellegarde
VintimUle
Les voyageurs n'ont qu'à se présenter aux magasins de
douane, dans ces çares, pour retirer les colis après dédoua-
nement, sans avoir k se préoccuper de quoi que ce soit en
cours de route.
La Compagnie P. L. M. possède à Casablanca une A^nce,
3, rue de l'Horloge, où sont délivrés les billets de cbemins do
fer qui peuvent être nécessaires pour l'enregistrement direct
des bagages.
APPENDICE
269
Le Maroc par Bordeaux
V Par BORDEAUX-GASABLâRGA
Billets directs simples des 3 classes de Paris-Quai d'Orsay,
Orléans, Tours, Limoges et Gannat pour Casablanca et vice
Tersa, avec enregistrement directj des bagages des villes
ci-dessus pour Casablanca.
Validité des billets, 15 jours.
Trois services rapides par mois entre Bordeaux et Casa-
blanca. Traversée en trois jours.
Débarquement et embarquement des passagers et bagages
assurés à Casablanca par les soins de la Compagnie Générale
Transatlantique.
2* Par rESPAGNE et TANGER
C'est la voie offrant la plus courte traversée maritime
( 3 heures seulement entre Algésiras et Tanger) avec ser-
vices quotidiens.
Entre Paris et Algésiras, via Bordeaux-Madrid et vice versa,
billets directs simples et d'aller et retour avec enregistrement
direct des bagages.
Entre Madrid et Algésiras^ service tri-hebdomadaire de
luxe. .
des billets simples
Paru- Algésiras
En monnaie du Pays ou est
fait le paiement en tenant
compte des cours du change.
Parcours français. 173,85 - 114,60
— espagnols
en pesetas. , . . 198,40- 1{(0,7K
Marche dn service de inze
Paris-Orsay.
Frontière . .
. 17 heures
S 7.35
• j 8.40
Madrid (Norte). . 21.30
(arrêt de %i heures)
Madrid Atocha. . 20.20
Algésiras. . . . 15.20
Pour Billets et places retenues s'adresser Aeence Branger,
5, rue Gambon Paris. Ces prix sont susceptibles de change-
ments.
LB MAROC
C«RrAei«IE GËVÉRllE TRANSiTUNTIQUE
Administration Centrale : 6, me Auber. — PARIS
Agmee Général à BORDEAUX, 15, Quai Louû XVIH
TARIF DES P-ASSAdES DES LMBVES DU IRAItOC
Service T^ide B(mDBAlDi-CASABU>l!(CA4UZA£;AN
DépEuis de Bordeaux, les lO, tO, st 90 jSe clt«qiie onù,
pBT les Pagnabote • BURIlHfQUB •
et « VOLUBILJS > (T. S. F",),
DE BORDEAUX A CASABLANSA (Oi
ablnra de priorité k deux place» j ^ ^"^^f, ^ f^". '^^'^
ntaiita : Jusqu'à 3 anspaesage gratuit ;de3 à ; ansdemi-plac
oi-dcssus, il F a lieu d'
Casablanca ; 3. (T. 50, e .,
, à l'embarq.ueiosnt ou au détrarquement, qui est de
iiaui. pour la I" clftEse et de f r. 73 pour te a a* et ï clasaea
le droit de timbre (1 fl".). La Compagnie n'amure le débai^
lemenl ou l 'embarquement des Pasaasen, moyennant la
ircepllondela taxe de 3 te. 50, qu'à l'arrivée à tlASABLAN-
A ou au départ.
[1 est délivré des billets directs au di^part de Paris, valables
■ - [ul permette-' " '-■ ' "" — ' ■■ — "
a Casablancit
• ••»-< .■ .':u-
APPBNDICB
a^i
Tarifs dea Paaaages ontsa Porta marocains
DESTINATIONS
Casablanca à Rfaaagan.
Gasahlanca à Safi. . •
Casahlauca à Mogador.
Mazagan à Safi ....
Mazaean à Mof^dor-, .
SafiMa Mogador. . . .
i»* el. a" cl. 3» cl.
; Nourfitnre comprise
7»
9i5
6b
lia. Se
Tia.So
7»
3J.50
113. SO
53. 5o
S,8o
Pont sans
nourriture
3b
îSa.So
"fi
37.50
59. 5o
99. 5o
Billets dixecta pour Magagan
Les passagers munis de billets directs à destination de
Masagan auront à payer à bord, au Commissaire, les /rais de
séjour dans le port de Casablanca.
Laissez-passer et Passeports
Les passagers de nationalité étrangère doivent être munis
d'un passeport. Ceux de nationalité française doivent avoir, à
défaut de passeport, un laissez-passer avec photographie
récente, délivré par le Commissaire de police de leurrésiTdence.
••-"" -■"•'=^r<' ii-ftatotf - '"i\ miVÊkV
Bagagres : Franchise de iOO kgr. en i'* "classe, 60* kgr. en
3« classe, 30 kgr. en y classe.
Excédents bagages : 45 fr. les 100 kgr«
Bicyclettes, 50 fr. Motocyclettes, 125 fr.
Chiens, iOO fr. (sans nourriture).
Tous ces passages peuvent être ^délivrés par l'Agence Bran-
ger 5, rue Cambon, Paris.
r N
3^a LE MAROC
LE TOURISME AU MAROC
L'impulsion la plas yive qui ait été donnée jusqu'à
présent au développement du Tourisme au Maroc est
due à rinitiative heureuse de la Compagnie Générale
Transatlantique qui a bien voulu nous communiquer
elle-même tous les détails relatifs à ses remarquables
organisations, détails que nous reproduisons ci-après.
La grande Compagnie française de navigation ayafit
créé au Maroc et en Algérie des « Hôtels transatlanti-
ques » confortables, organise des voyages accompagnés,
tous frais compris (traversées maritimes, parcours ter-
restres en automobiles de luxe, séjours dans les hôtels,
pourboires) permettant, dans les conditions les meil-
leures, la visite des villes et des sites renommés de
l'Afrique du Nord.
Visite du Maroc et de l'Oranie
par les Auto-Circuits Nord-AMcains
Le parcours terrestre de 1.600 kilomètres, assuré par
la même automobile de luxe, comporte la visite des sites
suivants : ,
Alger f Tipaza, Hammam IVIrah, Cherchel, Tenes.Oran^
Tlemcen, Oudjda, Taza,Fez,Meknè8, Volubilis et Moulay
IdrisSf Rabat t Salé y Casablanca,
Ce grand auto-circuit s'accomplit en un mois environ
de port à port, c'est-à-dire y compris les trajets mari-
times et peut s'effectuer en suivant les deux itinéraires
ci-aprè& désignés :
Itinéraire < A », sens Marseille, Alger, Casablanca, Bor-
deaux.
Itinéraire « B »^ sens Bordeaux, Casablanca, Alger,
Marseille.
NOTE IMPORTANTE
Il est possible de ne souscrire qu'à la partie du trajet
Oran-Casablanca en automobile (trois semaines de
durée au lieu d'un mois) et d'effectuer le parcours Algtjr-
APPENDICE 37Ï
Oran (ou vice-versa) en ehemin de fer. Il est également
posftible d'empruater la roie «maritime MarseUle<Or«B
(on vicc-versa).
Egalement l'aller ou le retour peut se faire par la voià
de Tanger et TEspagne ou par avion Toulouse-Ral>at.
En ces eas, un billet spécial peut être établi sur
«amande par la Compagnie Française du Tourisme.
Excursion à Marrakech
Bordeaux, Casablanca, Marrakech (et retour)
Parcours maritimes : Bordeaux à Casablanca et retour.
Parcours terrestres : Casablanca à Marrakech et
retour, 4^ kilomètres.
Cette excursion à Marrakech, au départ de Bordeaux
et retour dans ce port, demande dix-sept jours environ.
NOTE IMPORTANTE
Les touristes ayant souscrit au grand âuto-circvit
AJger-Casablanca (Itinéraire « A » 6n « B »> et désirant
visiter Marrakech, la grande Capitale du Sod, extrême*
ment curieuse, devront quitter Bordeaux ou Casablanea
(suivant le sens du voyage) une semaine avant ou une
semaine après, les touristes n'allant pas à Marrakech.
La visite complète du Maroc, y compris l'excursion à
Marrakech et le parcours algérien du grand auto-circuit
demande donc cinq semaines environ, de port à port,
c'est-à-dire y compris les trajets maritimes.
Conditions générales
Prolongation de séjour à Alger ou Casablanca
Les touristes voyageant sur les voitures des auto-cir-
cuits peuvent prolonger leur séjour à Alger ou à Casa-
blanca, sans autre supplément que les frais d'hôtels
restant à leur charge.
Bagages. — Les bagages sont admis dans l'auto-mixte
jusqu'à concurrence de 40 kilos par personne. Mais cour
permettre l'arrimage dans le coffre fermé, les dimensions
suivantes des malles de cabine ne devront pas être
dépassées:
Longueur :( i m* 20.^ Largeur : m. 6o. Hauteur : m. 36.
\
2^4 ^^ MAROC
Serçicê médical. — Un médecin sera attaché anx aaio-
circuits, dans chaque ville traversée, et pourra être
appelé auprrs des personnes qui désireraient une 000*
snltation, les honoraires restant à leur charge (Trousse
médicale dans chaque automobile).
Les prix des billets des anto-^ircnits comportent :
1* Les passages (nourriture comprise) en excellente
installation de i" Classe sur les paquebots, pour les par-
cours : Marseille- Alger ou Oran et Casablanca-Bordeaux
et vice-versa ;
a* Les parcours terrestres en automobiles de luxe et
le transport de 40 kilos de bagages ;
3* Le transport des touristes et de leurs bagages du
débarcadère à l'hôtel et vice-versa ;
4* Le séjour (logement, nourriture avec vin ordinaire
compris) dans les hôtels réservés aux touristes sur tout
le parcours.
Les Hôtels transatlantiques des villes indiquées ci-des-
sous sont placés sous le contrôle de la Ck)mpagnie Générale
Transatlantique et gérés par d'anciens Chefs-cuisiniers
des Grands Restaurants de Paris (Mobilier neuf, salles
de bains, douches, cuisine très soignée):
Marrakech, Rabat, Meknèa, Fez (et une annexe au
Palais Jamaï), Taza, Oudjda, Béni Ounif de Figuig^Tenès
(camping).
Dans les villes d'Alger, Or an, Casablanca, les touristes
des auto-circuits Nord-Africains sont toujours logés
dans les Hôtels de premier ordre.
5* Les visiles des curiosités de l'itinéraire ;
6* L'organisation détaillée du parcours automobile
assurée par un Commissaire-Guide servant d'interprète
et débarrassant les touristes de tous soucis matériels ;
7* Les pourboires.
Demander les prix, les dates des départs et les pros-
pectua détaillés à la Compagnie Française du Tourisme,
3o, boulevard des Capucines, à Paris.
Tous renseignements complémentaires peuvent être
obtenus dans les Bureaux de 1' « Agence Branger »,
5, rue Cambon, qui délivre ég;alement les billets mari-
times et terrestres nécessaires aux circuits organisés
par la Compagnie Générale Transatlantique.
APPENDICE ajS
RÉGIME DES DOUANES
IMPORTATIONS AU MAROC
Pour toutes marchandises importées au Maroc, il est
Îierçu im droit de lo o/o calcule d'après Testimation de
a valeur en gros.
Par exception cette taxation est réduite à 5 o/o pour
les marchandises ci-après.
Tissus de soie pure ou. mélangée.
Or et argent en lingots.
Fils d'or ou d'argent» dorés ou argentés.
Galons d'or ou d'argent, dorés ou argentés.
Pierres précieuses et imitation.
Vins et liquides distillés. Pâtes alimentaires. A titre
temporaire ces deux catégories de marchandises sont
passibles d'un supplément de droits de a i/a o/o .
Les engrais et matières propres à la fertilisation des
terres entrent en franchise.
IMPORTATIONS PROHIBÉES
Armes de guerre et de chasse, pièces d'armes, muni-
tionsy poudres, salpêtre, fulmieoton, nitroglycérine.
On peut, cependant, importer les armes de chasse à
l'asage personnel de l'importateur ou les quantités d'ar*
mes nécessaires à l'approvisionnement de magasins
d'armuriers spécialement autorisés.
Ijd tabac, le kif et l'opium sont prohibés. Le soufre
n'est importé que pour le Gouvernement.
L'admission temporaire existe pour tous les objets
servant à l'emballage et à l'expédition de marchandises
du pays, entre autres, sacs, futailles, paniers, cordes,
i^uteilles. Sa durée est d'une année.
EXPORTATIONS ^
Les droits d'exportation sont variables selon les mar*
chandises qu'ils irappent.
Nous citons ici les droits applicables aux principales
marchandises. Les tarifs des douanes peuvent être facile-
ment consultés et sont tenus à la disposition des inter-
ressés, notamment à l'Office commercial du Maroc, 5 rue
Gambouy à Paris.
276
hlÊ MAROC
TARIFS DES DOUANES
EXPORTATIONS
MARCHANDISES
Bcmiîh
Chevaux. . .'
Porcs
Laines
Peaux de bœuf
— de chèvre
— de mouton
Poils de chèvre
Cornes
Blé
Maïs
Orge
Farines
Pâtes alimentaires
Fmifta frais, âtroas
Oranges
Poires, pommes
Graines oléagineiLses. . . .
Redfort v^ . .
Moutarde. Sésame
Un •
Huiles d'olive
HuOes ou essences
Rose. Fleur d'oranger . . .
Bois d'Arar et de Cèdre..
Liège brut ,
Légumes frais.
Peaux tannées
Autres ouvrages en peaux
Meubles marocains. .....[
UNITES
Tète
Kantar
1.000 pièces
Fanè^e (44 kilos)
Fanègus (35 kUos)
Fanègue (32 kilos)
Kantar
ad valorem
i.OOO
f.OOO
Kantar
Kantar
Eautar
ad valorem
Une charge de chameau
Une charge de mule
Kantar
ad valorem
Kantar
ad valorem
ad valorem
DROITS
Pesetas
Hassan!
10
6,87b
4,S0
4JMI
4,50
3,75
1,50
2,50
10 0/0
1
. i
2,50
2,50
1,25
6,25
10 0/0
3
2,50
1,50
5 0/0
12,50
50/0
10 0/0
APPENDICE ajj
SERVICES POSTAUX ET TÉLÉGRAPHIQUES
TÉLÉPHONE
Le Service des Postes du Maroc est maintenant unifié par
suite de la fusion des Postes chérifientaes avec les Postes
françaises La Poste allemande, parfaitement inutile d'ail-
leurs, a été supprimée par la guerre. La Poste espagnole
n'existe plus dans le Maroc du Protectorat. Seule la Poste
anglaise est encore en fonction.
A rintérieur le transport des dépèches & lieu :
Par services automobiles.
^ Par automobiles sur rails.
Par chemins de fer militaires.
Par porteurs (Rekkas) & pied ou montés.
Pour l'extérieur :
Lignes maritimes Casablanca. Bordeaux, Casablanca,
Marseille.
Ligne mixte Casablanca, 1'anger, Espagne.
Gables sous-marins direct : Casablanca, Brest.
Voie : Casablanca, Tanger-Oran, Marseille.
^ Voie : Rabat j Taourirt, Oran, Marseille.
POSTES AÉRIENNES
Ligne de Toulouse & Rabat.
Départ des avions les 1", 4, 8, li, 15, 18, 22 de chaque
moi8.<
Poids maximum des lettres: 200 grammes.
Taxe ordinaire plus :
1 fr. 25 pour 20 grammes ;
2 fr. 50 de 21 & 100 grammes;
3 fr. 15 de 101 à 200 grammes.
La Poste aérienne admet des lettres recommandées.
En cas d'interruption du service aérien, les correspon-
dances sont acheminées par les voies ordinaires. Les expé-
diteurs peuvent, lorsque ce fait se produit, réclamer le rem-
boursement de la surtaxe spéciale.
La ligne postale aérienne entre Rabat et Toulouse vient
d'être prolongée jusqu'à Casablanca.
Les surtaxes d'affranchissement restent les mêmes que
celles préoédemment en vigueur. Les départs et 1m aqrivées
238
LE MAROC
ont lieu, deux fois par semaine, conformément à l'horaire
ci-i^Tès :
Départ de Casablanca, les mardi et vendredi, à 6 h. 90.
Passage & Rabat, les mardi el Tekidredi, à 7 h. 15.
Arrivée à Toulouse, le lendemain dans l'après-midi.
Arrivée & Rabat et Casablanca, les mercredi et dimancbo,
dans la soirée.
Rien n'est changé av serrlee ôm échange» postaux* entre
les Tilles de Rabat et de Casablanca.
Poor rensâgnemmts complémentaires, s^dvesser dans les
bnreanx de poste.
TÉLÉPHONE
Le téléphone inter-urbàin existe & Ondjda, Rabat, Casa-
blanca, Fedalah, jKenitra, Salé, Mazagan, Ber-Réchîd, Set-
tat, Fez, Meknès, Marrakech.
Un Rekka
J
r
APPBICI^CB !^9i
LE RÉGIME MINIER
Le rés:ime minier dv Maroc est réi^fé par DaMr»,
mmltP9ta9mt ait Décrits, dont acnft «e pomvmÊ»- fad^
qmcr ici que les dates et résumer trè9 hrièvearent
fcpbj^y nmîs dv texte intés^ral' desifiiefs fes' intéres-
sés peuvent prendre connaissance, en les deman-
diaiitsok à l'Administration dtr Service des Mine* à
R^haÉ,. seit, à Paris à rotfice du Protectorat de la.
Ré|MilMâqitte françaisa a» à l'Olfica camnercial en.
Manroc, 5, ma Camhan.
I* D^Ajsat IM7 r9 JAifviBR r9fi4. — €'è9t l*acte hùUiftl de
régieme.ilaticm du Régiine minier aa Mapoe.
Sont conâidépés comme mines* le& gites natvpels die
substances minérales et fosciles ci-après :
— Minerais de tous métaujL ou combinaisons métal-
liques, minerais de soufre ou d'arsenic ;
— Graphites et combustible» fossiles ; Terres au Zir-
conium, Thorium et' Cérium.
— Nitrates, Borate» et sels afisoeiés*.
— Phosphates.
— Seis çemjue et poitaase et antres sels associés.
Le droit d'exploiter ces substances ne peut être acifuiis.
qsfaç^è& déli¥ra(nee d'ua permis de recherches et d'^uDi
pemûs d*ex|Kiflit«tion^
Les Carrières et Tourbières ne sont pas eonsidérées
comme mines et l'exploitation, en est réservée aax. pro-
priétaires du soL
a* Deuxième Dahir. — De la mêm^e date que le précé-
dent, soit da 19. janvier iç>i4- — Ce deuxième Dahir
institue une Commission ayant pour bnt de déterminer
les droits d'antériorité pouvant justement appartenir à
des intéressés ayant été autorisés à faire des prospec-
tions avant la publication du DaMr ci -dessus.
Composition de la Commission :
On surarbitre désigné par S. M. le Roi de N'orvège
un membre nommé par le Gouvernement marocain ; un
membre nommé par le Gouvernement dont ressortit
chaque requérant.
.Siège de la Commission: Paris.
q8o le MAROC
3* Dahir du 3 NOVBMBRB 1914. — Ce troisième Dahir
suspend, à cause de l'état de guerre, Texéeution des Da-
hirs précédents. Il prescrit que, jusqu'à la cessation des
hostilités, aucune autorisation de recherche ou d'exploi-
tation de mines ne sera plus accordée.
4* Dahir du 9 Jcuz 1918. — En raison de la prolonga-
gation des hostilités et de la nécessité de ne pas entra-
ver plus longtemps les efforts de mise en valeur des
richesses minières dont l'existence est présumable au
Maroc, le Dahir du 19 janvier 1914 es V remis en vigueur.
Enfin, un avis de la Direction générale des Tra;raux
publics, en date du 22 août 1918, porte que «le Dépôt des
demandes de permis de recherches pourra être effectué
Boit au Bureau du Service des Mines à Rabat, soit aux
bureaux des ingénieurs ou des conducteurs des Ponts
et Chaussées, Chefs de Service des Travaux publics à
Casablanca, Mazagan, Safi, Mogador, Meknès, Fez, Mar-
rakech et Oudjda ».
GISEMENTS MINIERS
A l'heure actuelle les gisements d'une certaine im-
portance déjà reconnus sont les suivants.
PHOSPHATES. — Gisement d'El Boroudy. Plateau de
Settat dominant la plaine de l'Oum er Rhebia:
Les travaux* exécutés parle Protectorat ont permis de
constater la régularité du gisement.
L'exploitation des gisements de Phosphates vient d'être
exclusivement réservée au Gouvernement représenté par
nn Office des Phosphates.
MANGANÈSE. — Maroc Oriental : Amalat d'Oudjda, ré-
gion sud de la ligne Taourirt à Oudjda. L'exploitation
a déjà été effectuée en 19 17 et 1918.
Le minerai est très compact et sa teneur atteint envi'
ron le quantum de 4 0/0. La production trimestrielle est
passée de 860 tonnes à 3.5oo tonnes.
FER. -— Camp Boulhaut.
Les travaux de recherches indiquent du minerai à
teneur de 4^ à 60 0/0.
PETROLES.— Vallées du Sebou et de l'Ouergha-Nord 1 t
de la Plaine du GharbNord de Taza. Sur un périmêl 3
par conséquent considérable, on a constaté de nombre c
indices de la présence du pétrole. La campagne de -
cUerche est annoncée comme très prochaine.
APPENDICE a8l
LES CHEMINS DE FER
LIGNES EN SERVICE
(CHEMINS DE FER MILITAIRES, VOIE DE 0,60)
A la date du présent Appendice, 'les lignes de chemins
de fer en exploitation se répartissent comme il suit :
Réseau oriental
De Lalla-Marnia frontière d'Algérie à Taza.; Longueur
a35 kilomètres.
Réseau occidental
lAgne^u Nord : Salé à Fez par Kenitra, Oar-Bel-Hamri,
Meknès, longueur a47 kilomètres.
lÀgnes du Sud : Rabat, Gasablanca-Ber-Bechid, Ben-
Amed, Oued-Zem : Gaïd-Tounsi, Marrakech 49^ kilo-
mètres.
Le réseau occidental comprend donc 745 kilomètres.
EXPLOITATION
Le matériel d'exploitation permet en moyenne la mise
en marche de quatre trains par jour sur chaque partie
du réseau.
Un train de voyageur.
Un train de marchandise.
Deux trains de marchandises et voyageurs.
LIGNES EN CONSTRUCTION
CHEMIN DE FER FRANCO-ESPAQNOL TANQER-FEZ
Nous reproduisons ci-contre le texte de la Note que
la Compagnie Franco Espagnole du Tanger Fez a bien
voulu nous transmettre et qui établit Tétat de dévelop-
pement actuel de cette grande entreprise dont la direc-
tion et les services techniques justifient toute confiance.
9^2 LB MAAOG
COMPAONIB
VRAirCO - BSPAOïrOLB
DU OHBMIN 9U VBR
PB TANOBR A VBZ
• J" ». j EIngéDÎenr en chef de la Compagnie
t^îTAî' .7 * •' Franco-Espagnole dn Chemin de fer de
t de la ConêtructtOêt „, - „^ ami i i^- *
Taa9BrliEB à Monsieur le Directeur
1^1^ AL.BOUY de l'Office commercial du Maroc,
iKoâNiBUR BIT GHBv 8, rwCt«ke«, 4 Parls.
£ÇCI
Monsieur,
Ci-joint la Notice mite à jour, concernant nos ira-
vëux, demandée par votre lettre^
Veuilles agréer, Monsieur, Cassuramoe de mes
ments très distingués.
L'imfftnàJdXLT en chef,
▲ . ALDOUY
La ligne de Tanger 4 Fez aura tine longueur de 5i9 kilo-
mètres, dont iS en zone tan^étoise, 9a en zont espagiK>le et
ao3 en zone française. Partant de Tanger elle passera par
Anila, Eâl-Kfiar, Sovk-el-AxlMi, Mechra-bel-Ksiri, Melmès pour
aboutir à Fez.
Les projets des divers lots d'infï'astructure — dont la lon>
gueur, aux termes de la ConvenAion de concession, ne devait
pas être inférieure à ao kilomètres — sont terminés, à l'excep-
tion cepeiMlant de celni du deuxième lot d« La cône espa^iiiole
qui est actuellement ea préparation.
Les lots sur lesquels les travaux sont en cours d'exécution
sont les suivants :
A.— En zone tangéroise: lot unique de Tanger, entre cette
ville et la limite de la zone espagnole, a<!ijugê le aS juin 1919.
B, — En zone française :
Quatrième lot dit de Bab-Tiara, qui s'étend sur ao kilomè-
tres au sud du centre de Petitjean, dans la vallée de POued
R'dom;il a été adjugé le ai mars 191:7 ;
Cinquième lot dit d'Aîn-Kerma, de ai kilomètres' de lon-
gueur faisant suite au précédent et, comme lui, situé, sur la
plus grande partie de son parcours, dans la vallée dé POued
R'dom; «on. adjudication a eu lieu le la novembre 1918 ;
Sixième lot, dit de Meknès, long de ao kilomètres et ae ta
minant à 6 kilomètres environ à PEst de Meknès. Oe lot est 1
plus accidenté de la ligne et conséquemment celui qni con
porte le plus grand nombre d'onvrages d*art impotianls. li
été adjugé le a6 novembre 1918 ;
r
APPENDICE a83
Septième lot, dit c des Bem M'tir» mesarant a5 kilomètres
et faisant suite au précédent dans la direction Ouest-Est. Il a
été adjugé le 9 juillet 1919 ;
Enfin, le huitième lot, dit « du Sais », de 16 kik>iiiÀtjpe9 de
longrueur aboutissant, après avoir trayersé le plateau' du Sais,
au terminus de la ligne sous les murs de Fez-Djedid. Son
adjudication a eu lieu le 17 juin. 1919.
Les premier, deuxième et troisième lots échelonnés entre la
limite sud de la zone espagnole et Fetitjean seront soumis
prochainement à l'adjudication. £n zone espagnole les travaux
viennent d'être commencés sur le troisième lot dit d'Alcazar-
quivir long de 3o kilomètres ; ceux du premier lot, dit de la
Garbia, de a8 kilomètres de longueur, vont être adjugés sous
peu.
fin raison des difficultés économiques actuelles, il n'est pas
encore possible de prévoir la date de Pouverture à l'exploita-
tion de la, ligne. La Compagnie fait, en tous cas, les plus grands
elTortspour que la mise en service puisse avoir heu dans le
courant de 1913.
Sous l'habile direction d'un technicien de la valeur de
M. Albouy,ingéoieur en chef, i! 7 a tout lieu de préToir
qae ces efforts seront couronnés de succès.
CHEMINS DE FER MILITAIRES
Nous résumons quelques renseignements pratiques
sur le mouvement et les tarifs des Chemins de fer maro-
cains en exploitation, autrement dit des chemins de fer
militaires.
1* Ondjda ^ Taia
Durée du trajet 10 heures.
Prix : i** classe 76 francs.
a* classe 38,o5. ^
3* classe ao,35.
Stations principales : El-Aïoun, Taourirt, Goercif,
M'Soun. Un seul train quotidien effectue tout le parcours.
Deux autres trains vont 4^udj<ia à Taourirt, et repar-
tent le lendemain de Taourirt à Taasa.
De Taza à Oudjda é^alelhent un train par jour fai-
sant tout le parcours et deux trains allant 4e Taza à
Taouxirt avec oonlinuation le iendemaia.
2* Tna à ft%
fiacoordemeat par services automobiles.
a84 l'B MAROC
I
3* Gaiablanca à Fei
Un se al train par jour accomplissant tout le parcours
environ i4 heures.
Deux autres trains ne vont que de Casablanca à Ra-
bat, trajets heures i|4.
Un train de Casablanca à Rabat et Kenitpa. Durée da
trajet 5 heures.
Prix des places de Casablanca à Fez:
!'• classe iia,65.
a* classe 56>35.
3* classe 3o,i6.
En sens inverse, également un train par jour faisant
tout le parcours.
Un train allant de Fez à Meknès et Dar-El-Hamri, tra-
jet en i3 heures.
Un train allant de Dar-ËL-Hamri à Casablanca, trajet
i3 heures.
Deux trains allant de Rabat à Casablanca, trajet en
6 heures.
La dernière ligne mise en exploitation comprend deux
sections.
1' Casablanca & Ber-Rechid
Quatre trains par jour.
2* Casablanca à Marrakech
Les lundi, mercredi et vendredi ; trajet total en m heu-
res.
Prix : I'* classe 921,50.
a* classe 46,3o.
3* classe 34>75.
4° De Marrakech à Casablanca, les mardi, jeudi et sa-
medi, un train faisant tout le trajet en 12 heures.
3' De Ber-Rechid à Oned-Zem
Deux trains par jour.
Trajets en 5 heures ou en 11 heures.
Tous ces trains ne prennent de voyageurs que dans
la limite des places disponibles, Tadmission de voyageurs
civils étant toujours, en principe, subordonnée à Tagré^
ment des autorités militaires.
Il est bien entendu que les chemins de fer milite *6S
APPENDICE :985
du Proteclorat ne réalûent pas encojre la perfection
au point de vue de la vitesse ou à celui du confortable.
Jdais Ub témoignent d'un très grand effort et rendent
au public voyageur et au commerce des services consi-
dérables.
CHEMIN DE FER COIWMERCIAL
Le chenLÎn de fer commercial ou chemin de fer à voie
normale est à Télude ou en préparation d'exécution sur
r«nseinble de «on réseau, savoir :
— Petit Jean, à Kenitra. Petit jean est situé sur la ligne
du Tanger-Fez passant par Dar-Bei-Hamri et Sidi-Yahia,
longueur 85 kilomètres.
— Ligne de Kenitra à Casablanca par Salé, Rabat, Bon-
Znika, longueur 80 kilomètres .
— Casablanca Marrakech, par Ber-Rechid, Settat,
Mechra-ben-Abbou, Bou-Guerir et Sidi-Bou-Othman,
:i4o kilomètres.
— Ligne de Fez à Oudjda, par Taza-Guercif , Taourirt,
El Aloun, Sso kilomètres*
&Mt au total pour le chemin de fer à voie normale,
Tflo kilomètrea.
Convention conclue pour la construction d'un
réseau de chemins de fer à voie normale dit
Chemin de fer commercial. .
Uile Convention a été conclue le 39 juin 1920 avec la
Compagnie Générale du Maroc, la Compagnie des Che-
mins de Fer de Paris-Lyon>Méditerranée, la Compagnie
des Chemins de Fer de Paris-Orléans et la Compagnie
marocaine pour la concession d'un réseau de chemins de
fer au Maroc Convention adoptée par le Sénat et la
Chambre de^ députés .
Les lignes faisant l'objet de la concession suivront les
tracés ei-après, savoir:
I* La ligne Petitjean-Kenitra partira de la gare de
Petitjean, sur la ligne de Tanger à Fez, passera par ou
près Dur Bel Hamri et Sidi Yahia et aboutira à Kenitra ;
/
u
a86 14s MAROC f
a* La ligne Kenitra-Gasablanca passera par on près
Salé, Rabat, Bou-Znika;
3* La deuxième ligné reliant Kenitra à celle de Tanger
à Fez rejoindra cette dernière à Sonk El Arba on en nn
point situé entre Souk El Arba et Arbaoua ;
4* La ligne de Casablanca-Marrakech passera par on
prés Ber Rechid, Settat, Mechra Ben Abbou, Ben Guérir.
Sidi Bon Othman ;
5* La ligne partant de Settat ou d'un point voisin de
la ligne Casablanca-Marrakech, traversera la région
phosphatière pour aboutir à TOued Zem ou à un point
voisin ;
6* La ligne de Fez à la frontière algérienne partira de
Fez, paspcra par ou près Taza, Guercif, Taourirt, El
Aïoun pour arriver à Oudjda, d'où elle se prolongera, par
la voie existante jusqu'à la frontière algérienne.
HORAIRES ET TARIFS
Les personnes qui s'intéresseraient aux questions d'ho-
raires et de tarifs, voyageurs ou marchandises, peuvent
recevoir tous renseignements de cette nature en s'adres-
sant à rOfilce commercial du Maroc, 5, lue Gambon.
Paris (Bureaux de l'Agence Branger).
APPENDICE aS^
TRANSPORTS AÉRIENS
Départ de France, Toulouse, tous les mardis et samedis.
Départ de Casablanca, Rabat, tous les mardis et yendredis.
Trajet i4 heures.
Itinéraire et marche
L'avion part de Toulouse à 9 heures du matin et arrive à
Barcelone à 11 h. i/a. — Déjeuner.
L'avion repart à i heure de Paprès-midi et arrive à A^icante
à 4 heures. — Dîner. — Coucher.
Départ d'Alicante à 8 heures du matin, arrivée à Malaga à
XI h. i/a. — Déjeuner.
Départ de Malaga à i heure. Arrivée à Tanger à 9 heures et
à Rabat à 4 h. j/a de Taprés-midi.
Tarif pour paasagera
Toulouse-Rabat ou oice-çersa i.56o francs
— Tanger — i.Sao —
— Malaga — i.o5o —
— Alicante — 995 —
— Barcelone — 4^0 ""
Babat-Tanger ou çice-çersa ijo —
— Malaga — 660 —
— Alicante — i.o^ —
— Barcelone — i.390 —
Tanger-Malaga ou vice-versa S5o —
— Alicante — ga5 —
— Barcelone — i.aôo —
Malaga- Alicante ou vice-Qersa 335 pesetas
— Barcelone — 5^0 —
Alicante-Barcelone ou çice-oersa .... 396 —
Ces prix de passages ne comprennent pas l'assurance non
plus que les. frais de repas et d*hôtel.
Tarifa pour bagages et messageries
Toulouse-Rabat ou çic&versa
— Tanger —
— Malaga —
— Alicante —
— Barcelone —
18 f!r. le kilo.
i5— —
la — —
9— —
: - —
i3
a88 LE MAROC
Rabat-Tanger ou Qice-Qersa 3 fr. le kilo
-^ Malaga — ..... 7 — —
— Aiicante — ..... 10 — —
— Ravcelone — . : . . . la — —
Tanger-Malaga ou çice-Ct rsa ...".. 5 — —
— Aiicante — 9 — —
— Rarceione — 11 — —
Paris-Rabat ou çice-i t>rsa (a) 19 5o —
(a) (De Toulouse d Paris ou vice- versa en chemin de fer ^ par
commissionnaire).
Les colis doivent peser au minimum un kilog. ou payer pour
ce poidsi
Sauf accord spécial» les dimensions maxima des colis sont
de o"^o X o~3o X o^^ao et la densité minimum doit corres-
pondre à 1 kilog par décimètre cube. Les colis de deiisiië
moindre doivent* payer pour le poids correspondant à cette
densité minimum.
Résultato
Depuis septembre 1919 (date de l'ouverture de la ligne),
aa5.ooo kilomètres ^ soit plus de 5 fois le tour du globe, ont été
parcourus. '
Les tarifs ci-dessus pouvant être modifiés, se renseigner a u
près de l'Office commercial du ]lfai*oc, 5, rue Cambon-
(L* Agence Branger délivre les billets, 5, rue Cambon)
APPBNDICB 389
TRANSPORTS SUR ROUTES
D'après nos derniôres informations, le Réseau routier
du MaBoc a une étendue de a.iSo kilomètres comme
routes principales et de 6i5 kilomètres comme routes
secondaires.
Les grandes routes achevées les plus importantes sont;
I* La route côtière de Mazagan à Kenitra presque
entièrement actievée ;
a* La route de Meknès à Fez ;
3* La route;de Casablanca à Marrakech ;
Conditions du transport sur route. — Aux derniers
tarifs, les frais de transports sur route ; sont à évaluer
comme il suit :
transports par camions automobiles
Quintal kilométrique o fr. 25.
Transports par charrettes
Quintal kilométrique, prix variant selon les régions.
Régions de Casablanca o fr . 12
Régions de Tadla et Taza o fr. ai
Régions d*Oudjda, o fr . 07
Transports par chcuneau
Quintal kilométrique o fr. i3 à o fr. ao.
Les routes d*eau {transports fluviaux)
' Pleuve Oued Sebou.
Longueur du parcours 168 kilomètres.
Durée du trajet : montée trois jours ; descente deux
jours.
Tarif: La tonne kilométrique o fr. 5o.
Bntreprises: La Compagnie de transports du Seboa.
La Société Lyonnaise d'Etudes du Maroc.
Matériel : 7, remorqueurs ; 19, chalands.
Le service des Travaux publics vient d'établir le
390 LS MAROC
4
programme des travaux de développement du Réseau
Routier ce Programme comporte :
1* L'achèvement de la route de Taza à Oudjda ;
a* L'achèvement de la route reliant Meknès à Tanger
(Fetitjean-Souk El Arba) ;
3* Achèvement de la rouie de Casablanca auTadla ;
4* La construction d*une ,route reliant Meknès à Mar-
rakech.
Cette route» d'un intérêt militaire évident, aura aussi
pour but immédiat de faciliter la construction des
usines hydro-électriques dans la région qu'elle longera.
5* La construction de la route de Mogador à Taroudant
par Agadir, rendue nécessaire par la constradion du
port d'Agadir et l'ouverture à la colonisation de la ré-
gion du Sous ;
6' Achèvement simultané des routes de pénétration de
Casablanca à Meknès et de Rabat au Tadla ;
7* Enfin la construction d'une route traversant la
plaine du Sebou, de Sidi Yahia à Ksiri.
L'ensemble de la dotation pour ces routes est de
6o millions.
Quverture à la circulation
de la route dé Mazagan à Mogador
Au moment de mettre sous presse nous sommes in-
formés que la route de Mazagan à Magador, qui porte
le n' II dans la nomenclature du Réseau marocain,vient
d'être terminée et livrée à '«la circulation entre le Souk
El Tleta,sur la route Safi-Marrakech et la route Moga-
dor-Marrakech . Elle franchit le Tensifl sur un pont en
maçonnerie de 7 arches de i3 mètres de portée. La pre-
mière partie de la route, comprise entre les routes Ma-
zagan-Marrakech et Safi-Marrakech, est ouverte èi la
circulation depuis plusieurs mois.
Les quatres villes du Sud : Marrakech, Mazagan, Safi
et Mogador se trouvent donc maintenant réunies entre
elles par un réseau de bonnes routes empierrées, prati-
cables en tout temps et franchissant les rivières sur des
ponts en maçonnerie.
F"
APPENDICE 291
SERVICES AUTOMOBILES
£Uu certain nombre de Sociétés de transports automobiles
fonctionnent au Maroc. Nous en résumons les conditions
principales.
— •
GOYON ET Cie. — SERVICES POSTAUX
Casablanca, Rabat, Casablanca. — Autobits, serviae quotidien,
départ à 8 heures, trajet en 4 heures. Prix trajet simple :
18 francs ; aller et retour : 28 francs. — Voitures postales,
service quotidien, départ & 14 heures, trajet en 2 h. 1/2.
Prix du trajet simple : 25 francs ; aller et retour: 48 francs ,
Casabianca-Marrakech-CasabJanca. ^ Autobus, service quoti-
dien, départ & 6 heures ; trajet dans la journée. Prix du
trajet simple : 35 francs : aller et retour : 60 francs. — Voi.
tares postales, service quotidien, départ à 7 heures, trajet en
6 heures. Prix du trajet simple : 88 francs ; aller et retour :
100 francs. ,
Casaiilanca-lazagafl-Gasablanca. — Voitures postales, service
quotidien, départ à 13 heures dfe Casablanca et & 7 heures de
Masagan. Durée du trajet : 3 heures. Prix du trajet simple:
SK francs : aller et retour : 48 francs. — Camtoim^^/6, départ
tons les deux jours: Prix 18 francs.
Habat-Kenitra-Rabat. — Voitures postales. — Deux voyages
par jour, aller et retour. Darée du trajet : 30minntes. Prix
du trajet simple : 11 francs ; aller et retour : 20 francs.
Casablanca-Fez. — Trajet en une journée. — Matin, à
4 heures tous les jours, départ de Casablanca ; &6 h. 30 arri-
vée à Salé. Continuation sur Fez sur rail par automotrice .
Casablanca-Tanger. — Services spéciaux.
FORGES ET Cîe
Casabianca-Marrakech-Mogador. — Départ tous les deux jours
aux dates paires, de Casablanca et aux dates impaires de Mar-
rakech ; services par camions pour marchandises et bagages.
Service Postal. — Marrakech-Mogador, départs des deux
terminus à 7 heures tous les jours.
«igtl LE MAROC 1
BLANC ET Cle (AFRICAINE AUTOMOBILE)
Service PoUal. — Gasablanca-Mazagan, dépari de Casa-
blanca & 13 heures ; arrivée à Mazagan, & 17 heures ; dé-
part de Mazagan à 7 heures ; arrivée & Casablanca & 11 h.
SERVICES TORRÉS
Cisablanei-larrakMJi-logador. — Départ de Casablanca le
lundi et le Jeudi.
■agadorCaaablanca. — Départ le Jeudi et le dimanche.
SERVICES PARTICULIERS
Tous services automobiles particuliers peuvent 'être assu-
rés par voitures de tourisme au départ de Casablanca pour
le Sud marocain. S'adresser k Paris : Agence Branger, 5,
rue Cambon.
AVIS IMPORTAÎÏT
Les indications, itinéraires et tarifs ci-dessus sont donnés
principalement pour permettre d'apprécier l'activité des ser-
vices publics automobiles au Maroc. S'assurer h Casablanca
aux bureaux respectifs des Compagnies, dans les hôtels, des
modifications de détails pouvant être intervenues. Ces pré*
cisions sont également données h Paris, Office commercial
du Maroc, 5, rue Cambon.
APPENDICE î agS
LES PORTS
ÉTAT ACTUEL DES TRAVAUX
Rabai-Salé-Méhédya-Kenitra
La Direction de la Société des ports marocains de Méhé-
dya-Kenitra et de Rabat-Salé a bien voulu nous adres-
ser la Note que nous reproduisons ci-dessous :
La So/ciété des ports marocains de Méiiédya-Kenitra et
de Rabat-Salé a obtenu la concession des ports de Méhé-
dya-Kenitra, d'une part, et de Rabat- Salé d'autre part.
Actuellement ces ports sont dans la situation suivante :
Le port de Kenitra est &itué sur le fleuve $ebou, à
17 kilomètres de l'embouchure du Sebou (Méhédya)/ La
barre n'est accessible qu'aux navires de faible tonnage
(environ i.ooo tonnes). Ces navires peuvent facilement
remonter le Sebou et venir accoster à Kenitra le long des
quais que la Société est en train d'édifier.
' Le port de Rabat est situé à l'embouchure du fleuve
Bou-Regreg. La barre n'est praticable qu'aux' barcasses
et aux chalands de mer ce qui fait que les bateaux qui
fréquentent le port de Rabat sont obligés de rester en
rade. L'aconage est fait au moyen de barcasses et de
chalands à moteur.
Le trafic de l'année 1919 a été :
A Méhédya-Kenitra de 77.000 tonnes ;
A Rabat-Salé de So.ooo tonnes.
^ La Société des Ports marocains a entrepris des tra-
vaux extrêmement importants dans le but de rendre
praticables les barres de Méhédya-Kenitra et de Rabat-
Salé aux grands navires. Dans ce but, elle a prévu la
. construction de deux grandes jetées- disposées de chaque
côté de l'embouchure des fleuves.
Pour mener à bien la construction de ces jetées, elle a
décidé PédiÛcation d'un chemin de fer à voie normale
reliant les jetées de Rabat aux jetées de Méhédya et
passant par Rabat-Salé, Kenitra.' Elle a prévu égale-
ment l'édification d'un chemin de fer à voie normale
994 ^B MAROC
reliant le chemin précédent aux importantes carrières
situées sur les bords du fleuve Bou-Regreg, à 17 kilo-
mètres environ en amont de Tembouchure de ce fleuve.
Le matériel est en grande partie commandé et les tra-
vaux battent leur plein. Ces travaux ont été confiés k
la Maison Fougerolle frères qui s*est acquis, dans U
construction des ports, une réputation incontestée.
Mazagan
Les travaux au port de Mazagansont confiés à la Société
d'Entreprises du Maroc occidental qui s'est substituée i
la première Société concessionnaire la Société iniemoÉh'
nale d'Etudes et de Travaux au Maroc,
Le programme des travaux comprend la création d^nsk
port de 7 hectares protégé par une Jetée de 400 mètres
et une autre de 600. *
Le port de Mazagan ne pourra recevoir que les tiar-
casses et les remorqueurs.
Actuellement la jetée Nord est complètement temmée*
La jetée Stid-Est est encore en eons traction .
Des voies d'accès au port ont été créées.
Le dévoloppement des quais est d'environ aoo mètres.
Mazagan peut faire face à un trafic régulier de 700
tonnes environ. Il est à espérer que les travaux seront
vivement poussés car la ville et la région de Mazagan
ont de l'avenir.
Mogador
Comme pour Mazagan, c'est la Société dentreprises an
Maroc occidental^ qui est chargée de l'aménagement dn
port de Mogador, port pour barcasses et pour remor-
queurs.
Actuellement la maçonnerie des jetées et des quais est
terminée.
La jetée Oaest est achevée.
Le petit port de Mogador peut efiectner un mouTe-
ment journalier de aoo tonnes.
La Société concessionnaire prévoit le prochain aekève-
ment des travaux.
Casablanca
Les travaux du port de Casablanca sont eoneèdés ê m
APPENDICE 396
Gonaortium eompoBé de la Compagnie Marocaine de la
Boiaison Schneider et C'* et de la maison Hersent.
Le Programme des travaux du port de Casablanca
oomprendb
I* Une grande jetée, dite Jetée Ouest, d'une longueur de
1900 mètres, destinée à» protéger la rade contre les
grandes lames du large;
a* Une jetée transversale, dite jetée Est, d'une longueur
de i5oo mètres, qui s'avancera vers l'extrémité de la
grande jetée en laissant une passe d'entrée dea5o mètres
de large.
Ces deux jetées assureront un mouillage d'une super-
ficie de 140 hectares.
3* A l'intérieur de ce grand port deux petites jetées
dites de l'Ouest et de l'Est avec une passe d'entrée de
80 mètres formeront une superficie de 10 hectares pour
les barcasses, allèges et bâtiments calant moins de 4 m.
Dans l'intérieur de ce petit port deux Oarces et
700 mètres de quai avec 16 hectares de terre-pleins per-
mettant d'effectuer les opérations d'embarquement et de
débarquement des voyageurs et des marchandises.
4* Des quais et terre-pleins qui permettront l'accostage
à des navires calant jusqu'à 9 mètres.
Lorsque ces travaux seront terminés, le port de Casa-
blanca pourra effectuer un trafic de i.5oo.ooo tonnes.
Btat des travaux. — La grande jetée Ouest qui, en
1917, atteignait une longueur de 8s4 mètres, atteignait,
au i5 juillet 1930, laaS mètres. L'avancement est en
moyenne de 18 mètres par mois.
La petite jetée-Est est terminée.
Déjà» en 19x7, le petit port intérieur était achevé.
Aux derniers renseignements qui nous sont fournis
au moment où parait ce livre, un quai d'escale accolé à
In. grande jetée et comprenant six assises de blocs arti-
ficiels, est visible à marée basse sur une largeur de vingt
mètres.
Les travaux de construction de ce quai sont active-
ment poursuivis et l'accostage des grands vapeurs est
prévu pour 1939.
Les chantiers sont pourvus d'un puissant outillage,
depuis peu de temps considérablement augmenté, et où
l'on remarque deux grues Titan de cent dix tonnes pour
la pose des blocs itrtificiels et un tracteur de blocs de
5o tonnes.
âg6 LE MAROC
D'après ane communication qui vient d'être faite au
Conseil de Gouvememenl, la somme affectée aux travaiix
du port pendant la période 1920-1934 ®st de aao millions.
Entre les mains de constructeurs comme les maisonB
Schneider et Hersent, associées pour le port de Casa-
blanca, on peut avoir toute confiance dans Taché vement
aussi prompt qu'il est normalement possible de cet
ensemble considérable de travaux.
Fedhala
Les travaux du port du de Fedhala sont concédés à la
Compagnie du port de Fedhala (Hersent frères).
Le programme des travaux comprend:
La construction de digues en maçonnerie reliant entre
eux et à la terre ferme deux Ilots rocheux,
Une jetée de 140 mètres;
Un port à barcasses de quatre hectares, creusé à a m. 5o ;
Etablissement d'un Warf métallique d'une longueur
de 360 mètres sur largeur de no mètres accostable par
d'assez grands bâtiments ;
Installation de douze grues;
Actuellement TEpi de protection et le Mole sont ache-
vés;
Les terre-pleins de 40.000 mètres carrés sont achevés.
Le Port de Fedhala est une entreprise privée qui ne
demande aucun concours à l'Etat. La Compagnie Franco-
Marocaine de Fedhala, Société Hersent frères, avait après
avoir acheté i.5oo hectares de terrain obtenu par Oahir
du 4 mai 1914 la concession de construction et d'exploi-
tation d'un port, sans subvention ni garantie et sans
autre produit que la perception des taxes d'usage, Dahir
du 30 octobre 1930. Dès 191 3, avant même l'accord défi-
nitif de cette concession les travaux étaient commencés.
Déjà des bâtiments de 3.ooo tonnes peuvent déchargera
£[uai, comme .port auxiliaire de Casablanca Fedhala
dont la rade est excellente à un très grand avenir. Des
achats de terrains dans son rayonnement ne peuvent
que donner de bons résultats (Renseignements ùf^ie
Commercial du Maroc, 5, rue Cambon).
APPENDICE
097
MOUVEMENT DES PORTS
ZONE FRANÇAISE
Total du tonnage
PAVILLON
FRANÇAIS
AnnéM
Tonnage
Nombre de
navires
CasûbUmca
1913
780.254
487.404
343
1914
556.141
358.518
250
Derniers
chiff . offie.
616.902
479.1862
390
nabai
1913
150.623
39.794
107
1914
109.443
20.974
96
Derniers
ohiff. offic.
62.169
23.663
90
Keniira
1913
16.512
8.098
25
1914
65.218
50.116
81
Derniers
çhiff. offic.
29.805
Fedh
29.440
ala
154
1913
»
»
#
1914
19.776
' 5.852
6
Derniers
chiff. offiC.
82.129
.50.395
99
,
Mazagan
1913
287.945
90.585
84
1914
237.259
78.386
69
Derniers
,
ckiff* effic.
272.869
193.634
112
Port de Safi
1913
205.209
64.264
. 64
1914
160.776
48.370
49
Derniers
cbiff. offic.
106.705
47.734
42
ag»
LE MAROC
Mouvement des Ports (snite)
1913
1914
Derniers
chtff. offic.
Port de
258.315
190.i57
97.659
Mogador
82.503
48.255
38.754
69
45
41
Valeurs des marohandisee ;(en flranca)
Casablanca
Rabat. . . .
Kenitra . .
Fedbala. .
Mazagan .
Safi
Mogador .
IMPORTATION
1918
69.404.496
24.196.189
1.573.856
18.670 353
19.455.798
16.495.251
1914
47.007.746
18.940.851
3.965.030
311.616
10.976.826
11.744.888
11.268.246
Dmiion
chiffres
125.000.000
40.775.199
24.900.000
700.000
22.750.000
18.500.000
22.380.000
Casablanca
Rabat . . .
Kenitra .
Fedbala.
Mazagan
oafi. ....
Mogador
EXPORTATION
1913
9.967.296
888.537
8.840
6.536.942
5.005.027
8.453.649
1914
8 668.021
1.613.262
49.013
5.245.008
1.706.669
4.598.061
DendsTS-
chiffns
43 OOO.OOO
8.310.115
8.005.415
,750.000
30.719.200
20.500.001
8.000.00
APPENDICE
299
LES DEMANDES ET LES OFFRES
Nous groupons ci-après rénumération des marchan-
dises que le Maroc est appelé à importer et à exporter de
plus en plus.
Nous n'adoptons Tordre alphabétique que dans chaque
catégorie de produits afin de ne pas présenter un mé"
lange hétéroclite de toutes espèces de marchandises.
Le Maroc demande :
PRODUITS NATURELS
r
Animaux
Anes.
Bœufs.
Béliers.
Bt>UC3.
Brebis.
Chevaux entiers.
Gièvres.
Jiments.
Balles et Mulets.
Alimentation
Bère.
Beurre frais.
Burre salé.
Bscuiterie.
Gcao.
Gfé.
QaTcutcrie.
Gicorée.
G'iocolat.
C«nflserie.
Goiserves de fruits.
Goserves de légumes.
Caiserves de viande.
Dittes.
Bfces.
Pagines.
Pirineux.
Piments.
Prits.
Graisses alimentaires.
Huiles d'olive.
Lard.
Lait concentré.
Légumes secs.
Margarine.
Orges.
Pâtes d'Italie.
Poissons secs.
Poissons fumés.
Sel.
Semoule.
Sirops.
Sucre.
\
Construction
Acier en barres.
— en tôle.
— filé.
Bitume.
Bois.
Briques.
Carreaux "de marbre.
Carreaux de terre.
Carreaux vernissés.
Chaux.
Ciment.
Clouterie. ^
Cuivre en iils.
Fer sous toutes formes r
Ferraille.
3oo
hB MAROC
Ferronnerie.
Grillages métalliques.
Marbres .
Monlures en bois.
OqUIs.
Pierres à construire.
Plâtres.
Serrurerie.
Rails.
Toiles métalliques.
Traverses pour chemins
de fer.
Tuiles.
Tuyaux en terre.
Verres à vitre.
Vêtement et aooessoires
Agrafes.
Aiguilles.
Bijouterie.
Bonneterie.
Broderies .
Casquettes.
Chanvre.
Chapeaux paille et feu-
tre.
Chaussures.
Chéchias.
Confections.
Coton.
Cuirs.
Dentelles.
Fil de chanvre.
• Fil de coton.
Fil de laine.
Fil de lin.
Fil de soie.
Joaillerie en faux.
Joaillerie en vrai.
Laine.
Lin.
Lineerie cousue.
Ombrelles.
Passementerie.
Pelleteries préparées.
Soies grèges .
Tissus de lin.
Tissus de chanvre.
Tissus de coton écrn.
Tissus de coton blanchis.
Tissus de coton teints.
Tissus de laine.
Tissus imprimés.
Tissus mousseline.
Tissus de soie.
Tulles. ,
Vê'ements indigènes tool
faits. *
Mobilier. — Ménage
Allumettes .
Amidon.
Balais.
Bougies.
Bouteilles.
Cirage.
Couteaux.
Cristallerie.
Epingles.
Faïences.
Ficelle.
Glaces.
(iobletterie.
Horlogerie.
Lits en fer. '
Meubles.
Orfèvrerie.
Porcelaines.
Poteries.
Quincaillerie, articles de
ménage.
Tabletterie.
Tapis.
Toile cirée.
Vannerie.
Métaux. — Minerais
divers
Antimoine
Argent sous toutes foroMB.
Cuivre sous toutes formo.
Essence de pétrole.
Etain.
Houille.
Huiles minérales
Mercure.
Or sous toutes formes.
APPENDICE
3oi
Parfumerie
Benjoin.
Coaltar.
Hssence de rose.
Bssence de géranium.
Eponges.
Ilenne.
Huile aromatique.
Savon ordinaire.
Savon parfumé.
Machines. — Mécaniques
Voitures
Automobiles.
Bicyclettes.
Carrosserie.
Machines à coudre.
Machines agricoles.
Mac h ines a u t o m at iques
(distribateurs -Pesage,
etc , etc.).
Machines motrices.
Matériel pour tissage.
Presses à fourrage.
Pressoirs.
Pompes, Matériel de forage.
Tri-porteurs.
PRODUITS DIVERS NATURELS
Alun. Ocre.
Arbustes. Opium.
fourrages.
<iommes.
Goudron.
Peaux brutes, fraîches.
Plantes sèches.
PRODUITS DIVERS MANUFACTURÉS
A^^ès de navires.
fiouchons.
Bourrellerie.
Qioutchouc.
QiTtesà jouer.
Cordages.
Ft tailles .
Livres.
Médicaments.
Paille de bois.
Papeterie et tous papiers
Potasse.
Sacs.
Soude.
Z*e Maroc offre :
PRODUITS NATURELS
Auandes. Crins.
Béfoil : bovin, ovin, por- Crin végétal.
ch. Dattes.
Blé. Fruits secs.
Boia: cèdre, arar. Fèves.
Boymx. Gommes.
Cirebrnte. Graines diverses : Cresson,
Citrois. Carvi, Coriandre, Cumin,
Cocons de vers à soie. Lin.
Cornts. Graisses.
Son
ut ICAROG
Iris (racines).
Laines en saint.
Laines lavées.
Légumes.
Lièges bmts.
Ma&.
Minerais.
Noix.
Noyaux.
Os.
Oranges.
Peanx.
Poils.
Pois cfaiches.
PRODUITS MANUFACTURÉS
Babouches.
Ck>rdeB.
Eau de fleur d' oranger.
Fusils indigènes.
Huile d'olive.
Meubles indigènes.
Nattes.
Pâtes alimentaires.
APPENDICE
3o3
STATISTIQUES COMMERCIALES
ZONE FRANÇAISE
•
Importa tiens
Pays Importateurs
1913
1914
Derniers chiff.
contrôlés
France et Algérie.
79.013.889
54.588.503
116.258.902
Algén6(voie déterre).
31.632.000
28.743.000
54.380.000
Tonisie
»
598.627
428.758
Allem^gne.... ..
13.177.674
6 2521181
8.464
Angleterre et Gi-
braltar
31.675.650
25.172.671
69.192.484
Autriche-Hongrie...
3.164.950
1.761.701
»
Belgique
6.632.901
3.698.685
2.819
Espagne
3.999.963
3.919.537
17.483.460
1
Egypte..
6.383
130.883
75.668
Etats<^Unis
1.126.332.
1.487.867
7.610.082
Italie
943.466
208.501
906.846
63.840
2.356.520
Norvège
20.260
Pays-Bas
3.147 051
2.007.136
323.201
Portugal
92.695
124.908
729.044
Russie
363.394
3.119.724
3.422 461
302.623
1.454.588
1.744.604
j>
Suède
711.162
Antres pays
738.365
Totaux
181.426.943
132.958.200
270.090.537
Part proportion-
nelle de la
France et de
l'Algérie
60,98 0/0
62.67 0/0
63,18 0/0
3o4
U5 MAROC
STATISTIQUES COMMERCIALES
ZONE FRANÇAISE
Exportations
Pays destinataires
France et Algérie
voie de mer
Algérie foîe déterre...
Tunisie
Allemagne
Angleterre et Gibraltar .
Autriche-Hongrie .
Belgique
Espagne
Egypte
Etats-Unis
Italie
Norvège
Pays-Bas
Portugal
Russie
Suède
Autres pays
Totaux
Partproportionnelle
de la France et
de TAlgérie
1913
11.957.453
9.320.000
»
8.299.961
5.072.744
46.206
165.414
4.386.697
30.975
491.044
330.433
>
126.459
1.542
>
3
5.621
40.180.291
1914
8.335.457
9.164.000
43.279
2.827.227
6.704.039
73 559
293.181
1.611.847
11.392
419.475
1.315.813
c
144.455
65.582
3.385
28.746
31.041.437
Deniers ehiil.
contrôlés
89.
12
840.067
279.000
47.950
10.947.137
796.610
4.426
419.705
497.891
306.164
»
9.134
116.148.081
52^95 0/0
56.370/0
98.48
APPENDICE 3o5
LE MAROC AGRICOLE
Les Services de la Direction de rAgrieniture sont à
citer parmi ceux dont le fonctionnement est le plus
satisfaisant.
Des derniers renseignements dus à Taimable empres-
sement de ce Service nous détachons les Notices sui-
vantes:
Jardins dressai. — Des jardins d'essai existent à
Rabat, à Meknès, à Marrakecii, à Mazagan. Ces jardins
servent à des rechercties sur les cultures fruitières et
potagères et sur les principales essences de boisements.
Des conférences sont faites aux indigènes dans ces
jardins pour leur montrer les résultats produits par les
méthodes de culture ou de tailles européennes. Les colons
reçoivent également, par le fonctionnement de ces jar-
dins, d'utiles indications sur les semences à préférer.
Fermes expérimentales, ^^ Il existe actuellement trois
fermes expérimentales.
Ferme de Fez, — Cette ferme est réservée à la culture
des céréales. Elle reçoit des stagiaires.
Ferm£ de Mazagan, destinée aux plantes fourragères
«taux cultures arbustives.
Ferme de Marrakech, dite ferme de la Manor^, champ
d'expéi^ience des modes et des intensités d'irrigation
•convenant aux principales cultures .
Pour les immigrants agriculteurs notons le fonctionne-
ment d'un Comité de colonisation.
Petite colonisation. A Casablanca, à Kenltra, à Fez il
a été créé des lotissements maraîchers.
Moyenne colonisation, — La création de lots de i5o
à 4oo hectares est étudiée.
Ces lots sont attribuables de préférence — mais sans
gratuité —aux personnes s'engageant à s'y installer elles-
mêmes ou à installer, sur ces terres, une famille fran-
çaise.
Le paiement du prix d'achat est réparti en dix annuités.
Un lotissement a été fait à Petit j eau, région duGharb^à
raison d^ i5o francs l'hectare.
Grande Colonisation. — Récemment viennent d'avoir
3o6 LE MABOC I
lieales adjudications de terrain de Grande colonisation
ci-après :
I' à Ras-Ei-Mar, râ|^on de Fez, entre cette ville et
Meknès. Surface 3.ooo hectares ; 3kx> francs l'hectare ;
a* A Guerfcitt, dans la région du Gharb, à Tonest de
Souk-Bl-A.rba, 1.44& hectares ; adjudication à ai8 francs
l'hectare ;
3* A Bir Retna, dans les Doukkala, entre Casablanca et
Azemmour, i.ioo hectares ; aoo francs Thèctare.
GuLTORBS A l'bssai : Le coton. Environ 20.000 hectares
pourront lui être réservés. Variétés essayées :« Le courte
spieji», Le « SakelLardis et le Mitafflffî » longue soie. lia
culture du coton est encore en période expérimentale.
La Bbttbr>wvb. — Des essais sont faits :
A Rabat : Betterave sucrier e.
A Meknès : Betterave demi^sucrière.
A Fez, essais de grande culture. Ces essais sont encou-
rageants.
La Cannb a sdcrb. -^ Essai effectués à Mazagan, â
Marrakech.
La canne de la Guadeloupe et la ëanne blanche
donnent les résultats les plus intéressants.
Plantbs a parfum. — L'attention est appelée sur :
La rose à parfum;
L'oranger ;
Le laurier rose ;
Le myrthe ;
Le géranium rosat.
SéRiGiGULTURB . — Essals cffcctués sur vers à cocon
jaune des Alpes, des Pyrénées, du Yar, des Cévennes,
Essais encourageants.
V Office Commercial du Maroc est en mesure de donner
toutes précisions sur ces différents essais aux personnes
pouvant s'y intéresser.
Colonisation officielle
Les opérations d'attribution de terres domaniales, à
des immigrants français agriculteurs s'effectuent comme
il suit: \
Les candidats doivent être majeurs et jouir de ie\ ',
droits civils et politiques ; ils ne doivent avoir au Mai »
que des propriétés de moyenne importance ; ils doivf ;
prendre l'engagement de mettre eux-mêmes en Yalevu
I
APPENDICE 307
»pt qu'ils sollicitent, de s'y in^ailer en personne dans le
délai d'un an à dater de la vente et d'y babitw d'une
façon effective et permanente Jusqu'au jour où ils en
auront acquitté intégralement la valeur, ou à défaut, d'y
installer, dans le même délai et les mêmes conditions,
une famiUe d'agriculteurs français.
Les candidats qui s'engagent à s'installer personnelle-
ment sur les terres sont privilégiés dans l'attribution
des lots, attribution qui a lieu par tirage au sort ; ils
tirent les premiers.
Les demandes doivent parvenir à la Direction de l'A-
griculture, du Commerce et de la Colonisation, à Rabat.
Elles sont examinées par le Comité de Colonisation, et
les opérations publiques de tirage an sort entre les
demandeurs agréés ont lieia à dates indiquées,
a5 p. loo des lots réservés aux mutilés de guerre.
5o p. loo aux personnes domiciliées au Maroc depuis
deux ans au moins; a5 p. loo aux immigrants.
Le capital nécessaire pour prendre part au tirage de
lots moyens soit d'une contenance de soo à 400 hectares
est d'environ /;o.ooo francs.
3o8 LB MAROC
LES VILLES NOUVELLES
Nous oomplétons par des données 'de dernière actua-
lité, les renseignements que contiennent déjà sur les
Villes nowfelleê les notes publiées dans le corps du pré-,
sent volume.
Les plans des Villes nouvelles sont à la disposition des
personnes désirant les consulter dans les bureaux de
VOffice commercial da Maroc.
Fez
Pour acquérir des lots de terrains à construire dans
Fez, ville nouvelle, il faut adresser au Chef des Services
municipaux, ou au Contrôleur des Domaines, une de-
mande indiquant :
La nature, LlmporLance et la destination de la eons-
truction à élever.
L'attribution des lots est faite par une Commission.
Les prix du mètre varient entre x fr. 5o à a fr. 5o
selon la situation des lots qui peuvent être attribués.
L'acquéreur est obligé d'édifier, dans un délai n'excé-
dant pas dix-huit mois, des constructions durables repré-
sentant une dépense de a5 francs par mètre carré de
surface acquise.
Les constructions doivent se conformer à un cahier
des charges.
Pour les lots faisant partie du Quartier des villas, la
mise à prix est fixée, en ce moment, à 5 francs le mètre.
La contenance des lots varie entre 85o et 1.600 mètres.
Meknès
L'emplacement de la nouvelle Meknès est à une alti-
tude d'environ 5oo mètres. Le terrain appartient au
Maghzen, c'est-à-dire au Domaine.
La mise en vente a été autorisée depuis le 3o janvier
1917-
Les formalités à remplir pour acquérir des lots s it
les mêmes qu'à Fez.
Dans les secteurs réservés au commerce de détail t\
APPENDIC» . 30v)
aux maisons d'habitation, le prix du terrain est de 1,^5
à 3,50 le mètre.
Dans les secteurs destinés aux Établissements indus-
triels les terrains ne sont pas vendus, mais loués avec
promesse de vente. Le prix de la location est de o,i5
par an. Le prix àe vente est fixé à i,5o et la vente n'est
réalisable que si le locataire a élevé des constructions
d'une valeur d'au moins i5 francs le mètre carré.
En cas de vente les sommes versées à titre de loyer
sont défalquées du prix d'achat lequel se paye comptant.
En cas de non exécution du cahier des charges, l'ad-
ministration peut résilier la location ou la vente.
Le titre de propriété n'est remis à l'acquéreur qu'après
accomplissement complet de tous ses engagements et de
toutes ses obligations.
Le prix de la construction européenne est d'environ
5o francs le mètre cube ; celui de la construction indi-
gène, environ 40 francs.
Marrakech '
La nouvelle Marrakech a déjà une superficie de
495.000 mètres pour la partie destinée aux habitations
et de 100.000 mètres pour la partie réservée aux instal-
lations industrielles.
La vente des lots a lieu aux enchères devant une Com-
mission présidée par le Pacha et composée de l'Amin-
El-Amelak fonctionnaire du Maghzen oharg« de la
gestion des biens Domaniaux, du Chef des Services muni-
^paux et d'un Représentant français du Service des Do-
maines. Le Service des domaines fait connaître aux
intéressés l'époque des mises en adjudication.
La construction européenne coûte environ 5o fr. le
mètre cube.
Mazagan
A Mazagan la ville nouvelle formera un demi-cercle
autour de la ville, indigène.
La longueur des rues déjà ouvertes est d'environ
4kil.Ôoo.
Le quartier réservé au Commerce et aux Services
administratifs est voisin du port. Le quartier des Villas
s'élève sur une colline d'où l'on domine la mer.
3lO LB 1C\R0G
Ppar Mazagan il s'agit plutôt de ragrandisBement de
la ville que de la construction d'une Tille complètement
nouvelle.
Il existe peu de terrains domaniaux. Les terrains a
acquérir sont donc des propriétés privées, soumises
toutefois aux règlements administratifs.
Les édifices modernes déjà construits sont: L'édifice
du Commandement régional, le marché| l'hôpital, des
écoles, des banques, quelques magasins.
Taza
A Taza le lotissement représente environ aS.ooo mè-
tres carrés pour le futur quartier d'habitation ; prix
3 fr. le mètre.
Pour le quartier des Etablissements industriels les lots
en vente varient de 5oo mètres à S.ooo.mètres carrés. Les
terrains à acquérir sont domaniaux.
Les demandes d'achat doivent, par conséquent, être
adressées au Chef des Services municipaux.
Les lots sont adjugés par une Commission que préside
le Commandant de la région et que composent le Pacha,
le Chef des Services municipaux et un représentant du
Service des Travaux publics.
Les terrains destinés aux installations industrielles
ne sont pas vendus, mais seulement loués pour une
période de cinq ans au bout de laquelle la location peut
être transformée en vente si le locataire a élevé des cons-
tructions d une valeur minima de a& francs au mètre
carré et dont une partie, destinée à rhabitation,ait façade
sur rue.
La construction européenne atteint le prix d'environ
3^ francs au mètre cube ; la construction indigène
âo francs.
La longueur des rues ouvertes dépasse a.ooo mètres.
Taza, point principal de la voie ferrée Ondjda-Taza et
bientôt Fez, a un grand avenir.
\
APPENDICE 3ll
AFFAIRES FRANÇAISES AU MAROC
Sur toutes les Institutions financières et Affaires indus-
trielles et commerciales ci-après mentionnées, tous ren-
seignements peuvent être obtenus à l'Office commercinl
du Maroc^ 5, rue Gambon.
Finances
La Çanque d'Etat du Maroc au capital de i5. 400.000 fr.
La constitution date du i*' janvier 1907. La durée est
de quarante années.
Président: M. Séphane Derville, vice-président actuel
de la Banque de Paris et des Pays-Bas, président du Con-
seil d'Administration de la Compagnie P.-L.-M. Admi-
nistrateurs français : M,-J. Pey tel, président du Crédit al-
gérien et G. Quiot. Siège du Conseil d'Administration à
Paris, 3, rue Yolney, Siège social à Tanger.
Agences: Casablanca, Marrakech, Mazagan, Mogador,
Ondjda, Rabat, Safi, £1-Ksar, Larache, Tétouan, Fez,
Meknès, Kenitra.
La Banque d'Etat a le privilège de l'émission des billets
de banque et de la frappe et refonte des monnaies.
Elle est chargée de l'émission des emprunts et peut,
d'une manière générale, effectuer toute les opérations de
baoque.
La lettre ci-après indique le degré exact du développe-
ment de la Banque d'Etat du Maroc :
BANQUE D'ÉTAT Eaiis, le 89 août 19».
DU MAROC
— Office commoneial dn Maroc,
SlàOB SOCIAL - TANGER 5^ nie Cambon.
En réponse à votre lettre du 24 courant^ nous avons
t'honneur de vous informer que les services de notre
Agence/ de Fez fonctionnent depuis le É" janvier 1920,
tandis que nos Succursales de Afeknès et de Kenitra sont
en voie de construction.
Veuillez agréer, Monsieur, Fexpression de nos senti'
ments distingués,
BAiroiri D*<TAT DU MAMO
Deaz Admlnistrateara
i4
la LE MAROC
Autres Banques
Compagnie Algérienne^ Paris, 5p, rue d'Anjoa» Agen-
ces à Tanger, Oudjda, Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi,
Larache, Fez, Kenitra, Marrakech, Mogador.
Crédit Joncier d* Algérie et de Tunisie y siège administra-
tif, Paris, 43> rae Gambon. Agences à Tanger, Oudjda,
Fez, Kenitra, Rabat, Casablanca, Marrakech, Mazagan,
Safi, Mogador, Meknès.
Société générale^ Agences à Tanger et a Casablanca.
Banque commerciale da Maroc, Paris, lo, rue de Mo -
gador. Agences à Tanger et à Casablanca.
Banque AlgéroTunisienne pour le hommerce d^ Exporta-
tion, Agences à Tanger, Oudjda. Fez, Meknès, Rabat,
Casablanca, Marrakech, Sati.
Crédit marocain^ siège social à Cette (Hérault). Agen-
ces à Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech.
Banque de l'Airique du Nord, 45, rue Lafiitte, Paris.
Société financière Franco-Marocaine, Annonay.
Crédit marocain, 64» rue de Rivoli.
Crédit foncier du Maroc, sj, rue de Mogador.
Banque industrielle de l'Afrique du Nord, siège social
9a6, boulevard Saint-Germain, Paris.
Commeroe-Iudustrie
Compagnie marocaine, 60, rue Taitbout.
Compagnie du Nord-Africain, 6 bis, rue Auber, Paris.
Compagnie de constructions modernes au Maroc, 18, rue
de la Pépinière, P aris.
Compagnie générale marocaine, 41» avenue de POpéra.
Compagnie internationale du Maroc, 53, rue du Gh&-
teau-d'Eau.
Compa^ie du Maroc, 47» Boulevard Haussmann.
Société Franco-Marocaine, 5, rue Tronchet.
Société générale pour le développement de Casablanca,
18, rue de la Pépinière. i
Compagnie des chargeurs marocains, 37, rue de Mo-
gador.
Société générale d'Entreprises au Maroc, go, rue c la
Victoire.
Société marocaine des Travaux Publics, 43f rue C n-
bon.
APPENDICE 3l3
Compagnie immobilière et industrielle du Maroc, 5, rue
d'Athènes, Paris. '
Société commerciale française du Maroc, 19, rue Le Pel-
letier, Paris.
Compagnie Nord-Africaine, 10, rue des Beaux-Arts»
Paris.
Société Algéro-Marocaine de culture et de commerce,
i4t rue delà Gare, Roubaix.
Société marocaine d'Entreprises générales immobiliè-
res et mobilières, ^5, boulevard Haussmann.
Société immobilière du Maroc, 3, rue d'Antin, Paris.
Société française foncière du Maroc, 11, boulevard de la
Madeleine.
Société française de TOuest-Africain, Cogalin (Var).
Société Bordeaux-Maroc, i3 et i5, rue Taitbout, Paris.
Société Bordeaux-Maroc et Bessert, Casablanca, 7, rue
du Marabout.
Société anonyme des Magasins généraux et Warrants
du Maroc, Siège Social, Paris, 11, rue Lafayette.
Paris-Maroc, 6, rue de Marignan.
L'Ifriquia, Compagnie CbériÛenne commerciale et indus-
j trielle, Casablanca.
Banque Marocaine pour PAgriculture, le Commerce et
l'Industrie, Casablanca, rue de l'Oued Bouskoura.
Compagnie forestière du Maroc, Casablanca, avenue de
la Marine, Immeuble Mas.
Société de constructions économiques, Rabat.
Afrique industrielle, commerciale et agricole, 76, Boule-
vard El Alon, Rabat.
Briqueterie, carrières et usines d'El Hauk, Marseille,
i5, cours du Chapitre.
Compagnie Nord-Marocaine d'Elevage et d'Exploitation
agricole. Rabat, Siège Social, avenue du Chellah, la;
Siège adn^inistratif, Paris, 11 his^ avenue de Sufren.
Caisse de Prêts immobiliers, Casablanca, avenue Géné-
ral-Drude,5, Bureaux du Crédit foncier d'Algérie et de
Tunisie.
Société d'Etudes minières et industrielles, 40, rue des Ma-
thurins, Paris.
Cartier-Bresson, rue des Carmes, Nancy.
Compagnie Fasi d'Electricité, 55, rue de Chàteaudun,
Paris.
Les Nouvelles Galeries (bazars, hfttels, cafés, restau-
r Lis), boulevard Galliéni, à Rabat.
3l4 LB MAROC
Société Immobilière de Rabat, Sièg^ Social Casablanca,
avenae de la Marine.
Compagnie Chériûenne de Recherches et Forages, ô^^rae
de l'Horloge, Casablanca.
L'Union des Mines marocaines, 66, rae de Ghâteandun,
Paris.
Compagnie des Tramways et Autobus de Casablanca,
Casablanca, route de Medlouna, maison Braunschwig.
Compagnie générale El Moghreb, Siège Social boulevard
du a' Tirailleurs, Casablanca : Industrie, Agriculture,
Transport.
Société immobilière du Maarif, Siège social, ao, rue de
Dixmude, Casablanca.
Société marocaine d'Etudes minières, 8, rue d'Aguesseaa
Paris.
Compagnie anglo-française marocaine, 4> 'uc d'Anjou,
Paris .
Société des Magasins généraux et Warrants du Maroc,
rue Drouot, i5, Paris. ^
Caisse de Prêts immobiliers, avenue du Général*Drade,
Casablanca.
La Maison familiale, Rabat, rue de Naples.
Le Bon logis, la, 'avenue du Chellab, Rabat.
Société Ed Diard (habitations) Rabat, i8, rue de la
Marne.
Société marocaine des scieries de TAtlas, Meknèsr
L'avenir de Rabat Salé (habitations), Siège social à
Rabat, rue Jane-Dieulafoy. Immeuble Cortey.
Société d'Etudes et de Travaux de construction au Maroc,
Siège social, Paris, rue Lafflte, 40.
Société générale Ghérifienne, Casablanca, rue des Villas.
Les Grands Moulins du Maroc, Siège social Casablanca,
avenue de Saint-Aulaire.
Compagnie maritime du Maroc, Siège social, rue de
Rome, Paris, 37.
Lyon-Maroc, opérations industrielles, agricoles, com-
merciales. Siège social Casablanca, rue de Genève.
Compagnie générale de Transports et de Tourisme^Casa-
blanca.
Société anonyme de constructions «t d'habitation à
bon marché, Casablanca, rue d'Anta, 33.
Société des Lièges de la Mamora, Siège social C i-
blanca, boulevard de la Gare, immeubles Chalel.
f APPENDICE 3l5
Société agricole Gtiériûenne, rue des Villas, Casablanca.
Société civile de prospection, rue Aviateur-Roget, Casa-
blanca.
Société de recherches et forages, 67^ rue de THorloge,
Casablanca.
Société Lille-Bonnières et Colombes, 10, rue de Calais»
Paris.
Société Marocaine agricole de Jaeoia, Siège social, Ra-
bat, 6, rue du Lieutenant-Giiillemette et Paris, 3;,
boulevard Haussmann.
Société française des Mines du Maroc, i54> boulevard
Haussmann, Paris.
Société civile de recherches et d'exploitations des Mines,
58, rue de Provence, Paris.
Société de transports et de tourisme, chez M' Lacoste,
notaire à Cussat (Allier).
Société financière franco-marocaine, Siège social, rue de
la Rotonde, Annonay.
Comptoir franco-marocain. Siège social, 27, allées des
Capucines, Marseille.
Société marocaine de Commerce, 6, rue dii Lieutenant-
Guillemette, Rabat.
Compagnie Chérifienne des Recherches et Forages. Paris,
7, rue de Suresne ; Casablanca, rue de THorloge, immeu-
ble Ferrare.
Société générale des Transports départementaux, 49»
quai National, Puteaux. Administrateur délégué,
J. Bpinat,
Blinoterie franco-marocaine de Salé. Siège social: Salé,
route de Meknès, Porte de Fez.
Société générale pour le développement de Casablanca,
18, rue de la Pépinière, Pwris.
Etabliseaments Induetriela européens
Il existe aelnelleinent au Maroc les établÎBaemenlB ci-
après éBumérés. '
Presque tous ces EtabllBBements ont été créés et sont
liirigés par des immigraDis françaiB.
Miuolerle: Casablanca S
— Meltnès a
— Rabat 3
Cercle des Doukkala 4 i
— Marrakech 8 '
Pâtes allmenlaires : Casablanca .' 3 !
— Rabat il
— Fez il
— Marrakech i
Glace & rarralchir: limonacles Casablanca...) 5 i
— Rabat et Marrakech it ,
— Meknèa , 3
— Fe« î
Biscuiteries oonfiseries ; Casablanca 3
Matériaux: Casablanca 5
— Rabat 1
— Meknès I
— Fez 3'
Menuiserie: Casabianea 4
— Rabat 7 '
— Fe» I ;
— Uoukkala 3
Métallnrg'ie. Forges. Fonderies : Casablanca 9 J
lenterie. Carreaux. Tuyaux: Rabat 3 !
struetiona métalliques : Rabat S '
oisièrcK : Meknès i ;
inerie. Blanchisaerie : Rabat g
leries : Meknès i
Fez 1
— Marrakech 3
APPENDICE 3l7
LA VIE PRATIQUA
Conseils aux Immigrants
Les Immigrants au Maroc et même les personnes qui
ne font, dans le pays, que des voyages d'affaires et d«
tourisme feront bien de se conformer atix indications
suivantes qui émanent du Service de la santé et de l'hy-
giène publique du Protectorat.
Logement. — Dans les villes s'installer hors des agglo-
mérations indigènes; éviter les habitations basses et
humides.
A la campagne : choisir les endroits élevés ou à mi-
côte, les crêtes. Eviter le voisinage des mares et cours
d'eau. Dans les environs de F habitation nettoyer et
désherber le terrain, niveler les trous.
Ces mesures sont d'un excellent effet pour lutter
contre les insectes.
Vôtements. — Laisser de côté les vêtements trop légers,
notamment la toile. Ces vêtements n'ont leur raison
d'être que pour les personnes fixées dans le pays et ne
voyageant pas^
Ils sont à déconseiller formellement aux voyageurs
de commerce et voire même aux touristes qui passant
rapidement d'une région à l'autre peuvent être exposés
aux effets de brusques changements de température. 11
y a, en effet, entre la côte et l'intérieur de grandes diffé-
rences climlatériques.
Les vêtements en laine légère doivent être absolument
employés même pendant la saison chaude : en dehors
de cette saison les vêtements en laine d'épaisseur
moyenne, analogue à celle que l'on porte en Europe
sont les seuls à conseiller.
Si Ton voyage s'assurer toujours la disponibilité
immédiate d'un ample manteau genre raglan ou pèle-
rine.
Tiffures. — Pas de pasquettes. Chapeaux légers, feutre
01 oaille protégeant la nuque en été.
3l8 LE ICAROG
Chaussorat. — En ville, même genre de chaussures qn'en
Europe.
En hiver semelle forte pour éviter toute humidité.
A la campagne, fortes bottes et sabots.
Domestiquas. — Si Ton emploie des domestiques indi-
gènes, il est préférable de les loger et de les nourrir,
afin de les sortir le plus possible de leur milieu.
Ne pas confier d'enfants à des domestiques nouveaux
et aussi longtemps qu'ils ne sont pas tout à fait éprou-
vés.
Leur faire passer une visite médicale avant de les
attacher à son service.
A la campagne l'ouvrier indigène ne doit pas être
admis dans l'intérieur de l'habitation des Européens.
Au moindre signe d'indisposition du personnel em-
ployé, soit comme serviteurs, soit comme ouvriers, exiger
la visite médicale.
Nourritura.— La nourriture est, en résumé, là même que
dans les pays d'Europe. Eviter les excès.
En observant cet ensemble de précautions l'Européen
peut habiter le Maroc sans aucun risque spécial et,
bientôt, il s'acclimate complètement.
APPBNDICB 3l9
LES MARCHANDISES ALLEMANDES
Il est d'un intérêt pratique de savoir quelles sont les
principales marchandises que les Allemands vendaient
au Maroc avant fa guerre par suite d'une propagande
commerciale à Torganisation de laquelle on ne peut que
rendre hommage. Les Allemands étaient absolument
convaincus que le Maroc leur appartiendrait après la
guerre ainsi que tous les principaux éléments de la
prospérité française; la conquête commerciale ne devait
être que le prélude de la conquête définitive.
Les principales marchandises allemandes introduites
au Maroc avnnt la guerre étaient les suivantes :
I* Produits non alimentaires
Acier en barres de 9 à i6 millimètres d'épaisseur, par
caisses de 5o kilos.
Alcool de très' mauvaise qualité. Importé en pipes de
tôle d'acier contenant 600 litres et, pour les envois des-
tinés à rintérieur, en fûts de tôle pesant, pleins, au plus
x5o kilos.
Allumettes.
'Bimbeloterie, — Boites à thé et à sucre en fer blanc
émaillé^de couleurs voyantes.
Lance-parfam.
Bois com,m.nns sciés» '
Bonneterie. Passementerie.
Soie et simili'Soie : Articles communs
Ciments.
Couleurs et çernis.
Peinture pour bâtiments et carrosserie.
Ferraille et Ferronnerie.
Fil de coton blanc ou de couleur.
Glaces polies et étamées.
Gobeletterie de çerre et de cristal.
pnrlogerie, ,
J lile de machines •
1 ichines à coudre.
l .chines à vapeur.
1 ubles de Salon de goût criard.
3aO LE MAROC
Papiers, cartons ^ pour babouches.
Papiers tVemballage.
Produits chimiques et pharmaceutiques.
Quincaillerie, \
Tapis, Imitations de tapis turcs. I
Tissus de laine, draperie. *!
Ces tissus^ de teinte unie, de couleurs voyantes, sont \
généralement désignés sous le nom di Taba-cl-Fels . j
Couleurs préférées : i
Chamois (Kamouni); Bleu foncé (Pekhsi-mer'louq) ; |
Rose Saumon (Fejel); Gris cendré (Remadi); Vert clair \
(Chère-qraq); Rouge grenat (Agrimerlouq); Violet foncé
(Anq Kénam merlouq) ; Beige (Cebni inerlouq) ; Jaune ,
canari (Khabairi), Crème (Cebni); Noir (Akh'al) ; Blanc
neige (Abiodh).
Verroterie,
a' Produits alimentaires
Bières,
Lait concentré,
Pom.mes de terre.
Rhum, très bon linarché, de très mauvaise qualité.
Riz venant de Hambourg.
Thé vert.
Ceux de nos lecteurs qui désireraient des renseigne-
ments plus détaillés pourront les obtenir ^e TOffice
Commercial du Maroc (5, rue Cambon, Paris).
APPENDICE 3ai
LA SITUATION MONÉTAIRE
La situation monétaire a une telle importance aussi
bien an Maroc qu'en France, que nous en avons fait,
en dernière heure, Fobjet d'une enquête toute spéciale
dont nous résumons les résultats.
Le i5 octobre 1919,1e communiqué suivant était passé
à la presse : /
m En octobre 1917, le cours libre du hassani monta à
tel point que le Gouverneriient donna Tordre à la Banque
d'Etat de pratiquer à ses guichets la parité du franc et
du hassani et de s*y maintenir énerg^quement.
« Cette politique était si favorable à l'aiéance et à la
sûreté des transactions au Maroc qu'elle a pu être pour-
suivie malgré même une hausse nouvelle et tenace des
prix du métal .
« Depuis juillet 1920, celui-ci a atteint un taux si exor-
bitant qu'un trafic à prévoir, dont l'exemple est parti de
Tanger et de la zone espagnole, se manifeste aujourd'hui
dans le public et tend soit à l'exportation du hassani
par tous les moyens, soit à sa thésaurisation.
« Par ailleurs, toute frappe nouvelle est devenue
matériellement impossible an cours de la parité et s'op-
pose au renouvellement des encaisses,
< Le Gouvernement se trouve donc contraint de rendre
provisoirement au marché du hassani sa liberté. Mais
il est entendu que les comptes publics demeurent exclu-
sivement agencés en francs et que cette dernière moife-
naie garde seule une valeur officielle légale au regard da
Trésor. »
Exposé de la question
La question du hassani est dominée par an^aif: cette
monnaie d'argent est celle des échanges indigènes de
l'intérieur et des transactions de l'avant. En 19 18, de
mars à novembre, il en a été sorti à cet effet pour
7c nillions environ.
r le cours du hassani vis-à-vis du franc est gouverné
n< malement par deux facteurs : l'offre et la demande,
la aleur du métal.
3aa LE MAROC
Avant 1916, la Banque d'Etat cotait journellement le
change suivant le marché des différentes places.
En igi6, on « essayé de neutraliser le premier des
deux facteurs (l'offre et la demande) par une tentative
de fixité des cours à ia5. Le Gouvernement a invité à cet
effet la Banque d'Etat du Maroc, chargée de tenir le
marché monétaire pour son compte, à maintenir rigou-
reusement ce cours.
En octobre 1917, le second facteur (valeur du métal),
se manifestant sous la forme d'une hausse très considé-
rable et très brusque du prix de l'argent fin, a contraint
à abandonner le cours de ia5 et l'essai de stabilisation,
sur la demande même du commerce, a été repris au
cours de 100 on parité.
Ce régime a pu durer pendant tout 1918 et une partie
de 1919. Il était très favorable à La simplicité des tran-
sactions et permettait notamment à la monnaie fran-
çaise, totalement dépourvue de divisionnaire, d'utiliser
à son profit le divisionnaire hassani.
En Juin-Juillet 1919, une nouvelle et extraordinaire
hausse du prix de l'argent a tout remis en question. Il
était fatal que, si ce prix se maintenait, le hassani serait
chassé de sa position de parité : i* parce que les frappes
nouvelles deviendraient pratiquement impossibles (sacri-
fice matériel énorme, rationnement du métal nécessaire
par la France, lenteur forcée et surmenage de la Mon-
naie de Paris); â* parce que la spéculation ferait évader
le hassani, au fur et à mesure, et viderait les encaisses
sans espoir de retour.
Il a été possible cependant de tenir encore pendant la
campagne des achats agricoles de Jaillet-aoùt, aucun
indice de spéculation sérieuse sur le métal ne se mani-
festant encore.
Le 22 août, le trafic se dessina à Tanger, et un rapport
du Ministre de France, du a6, en informait le Ministre
des Affaires étrangères .
Pour ne pas troubler la campagne d'achats, qui bat-
tait son plein en zone française, et étant donné que ce
trafic ne dépasse pas encore de faibles proportions, la
Banque reçut du Protectorat l'ordre de continuer à < * •
menter Tanger qui, vers le 8 septembre, se calmait.
Le 3 octobre, une vive recrudescence de spéculât i
se manifestait en zone espagnole, et le hassani ca •
APPENDICE 3a3
mença à se traiter, hors banque, à 5 et 6 o/o à Tanger,
à lo et i5 o/o à Tétouan. Le 8, une demande anormale
et pressante de un million de pesetas fut faitç par Tan-
ger et, par télégramme du ii,Ie Département fut averti
qu'elle ne pouvait décidément être servie sans compro-
mettre le minimum d*encaisse hassani indispensable au
service de Tavant.
Dès lors, les événements devaient fatalement se pré-
cfipiter sans résistance possible ; le i3, la spéculation se
déclencha à Kenitra, à Marrakech, à Safi. Le i4, elle
gagnait Casablanca et, sous peine dé voir les millions de
métallique restant s*évader en quelques jours et risquer
d'arrêter les transactions de Tavant, c'est-à-dire la sécu-
rité même du pays, il fut décidé que la Banque d'Etat
reprendrait la liberté des cours, seule susceptible désor*
mais d'arrêter l'évasion du métal.
La Grise
Pendant deux ans (octobre 191 7 à octobre 1919), le
Maroc a joui d'une paix complète au point de vue moné-
taire et il a été, à une époque spécialement troublée à
ce point de vue, un des très rares payis jouissant d'une
monnaie métallique abondante et pouvant en user libre-
ment dans ses échanges. En outre, les fluctuations du
change ayant disparu et les deux monnaies apparais-
sant en quelque sorte comme couplées, la dualité moné-
taire dont souffre incontestablement le pays avait fini
par s'effacer et s'oublier.
Cette tranquillité commerciale tenait à ce que, au prix
d'ailleurs des plus grandes difiicultés matérielles (len-
teur et insécurité des transports de métal, fabrication
difficile, exécution tardive, demandes considérables,
etc.), l'Administration faisait tenir énergiquement par
la Banque d'Etat du Maroc un cours fixe de change ;
celui de 100 ou parité.
La parité était la seule préparation rationnelle à l'avè-
nement du franc, pour le jour où la situation monétaire
de la France se serait trouvée rétablie. Il n'existait
qu'une éventualité unique susceptible de la détruire ;
la hausse de l'argent-métal au-deaans de sa valeur de
monnaie. Cette éventualité était pratiquement impos-
sible: elle a pourtant éclaté, en juillet 1919, de par la
3^4 ^B MAROC
double montée inouïe, mais durable, du prix de l'argent
fin et de la livre anglaise. .
Le i3 octobre 1919, l'abandon obligatoire, inéluctable,
de la parité, brusquement notifié au public, est donc
venu surprendre, en plein travail, en pleines affaires»
la population française du Maroc et a fait naître chez
elle une grave agitation,
La rapidité avec laquelle avait évolué la crise et la
nécc.siité impérieuse de ne point la laisser prévoir
avaient, par ailleurs, empêché de fabriquer à l'avance
des coupures divisionnaires françaises en sorte que
les transactions nouvelles s'en sont trouvées très gênées
pendant quelques Jours.
Le cours du change pratiqué par la Banque d'Etat, à
Casablanca, après être monté, les tout premiers jours,
jus({u'à 66 et même. 6a 5o P. H. pour 100 francs, s'est
rélabli à 69 le ao octobre, à 75 et 80 le ai, et est demeuré
ferme à 83 depuis lors.
De nombreuses mesures ont été prises par le Gouver-
nement et l'Administration pour défendre moralement
le crédit du franc, maintenir le plus possible son usage
et enrayer renchérissement général. En voici l'énumé-
ration :
Suppression absolue des envois de hassani â Tanger
et en zone espagnole :
Recrudescence de la surveillance effective par la douane
des sorties de numéraire par terre et par mer;
Ordre donné à tous les comptables du Trésor Chérifien
de vider leurs espèces hassani au compte-courant gêné'
rai du Trésor, à Vexception du divisionnaire indispeiy"
sable aux appoints des premiers jours (en attendant les
émissions de coupures-Jrancs) ;
Interdiction à tous comptables et régisseurs de deniers
publics et à tous payeurs en général de payer autrement
qu'en Jrancs, cette monnaie étant depuis le i*' janvier
igi8^ la seule monnaie comptable officieUe . Mêm^s ordres
pour les recettes;
Lettre Chérifienne à lire dans les lieux publics et les
mosquées pour interdire aux indigènes de refuser
monnaie française ;
Invitation à la Municipalité de Casablanca d'émett
sur-le-champ des coupures municipales garanties p*
APPENDICE ' 3a5
iiii versement au Trésor. Autorisation analogue donnée
à plusieurs Municipalités (Mazagan, Meknés),
Invitation aux comptables, aux Municipalités et au
public de procéder provisoirement aux appoints sous la
forme de timbres-poste ^ partout où il serait impossible
de faire autrement;
Mise en circulation à Casablanca et à Fez des sous
azizi démonétisés {aoo,ooo francs environ) ;
Emission par VÈtat de coupures dEtat de a Jrancs,
I Jranc, ojr. 5o, o/r, a5. Emission de ces coupures à
raison d* environ 40.000 Jrancs par jour ;
Ordre aux diverses Municipalités de maintenir très
énergiquement les Mercuriales des marchés en Jrancs,
sans augmentation ;
Création de boucheries municipales et de vente de sucre
en régie (réalisé d. Casablanca et à Rabat), Emploi du
sucre pour soutenir indirectement le Jranc ;
Surveillance exercée par les autorités locales sur les
ventes de hassani par la Banque d^Etat, de manière à
réserver ce métal aux commerçants sérieux, à Vexclusion
des spéculateurs ;
Surveillance, et interdiction au besoin, du change en
plein vent ;
Ordre à la Banque d^Etai d^ informer journellement la
Direction Générale des Finances des cours pratiqués et
de les télégraphier aux places ne possédant pas de suc-
cursales ;
Transformation en francs du budget spécial des Ha-
bous, resté en hassani, sans augmentation du prix des
toyers touchés par cette administration ;
Application dudahirde 191 y sur la spéculation: i*aux
accapareurs de monnaie ; st' aux commerçants arguant
abusivement de la hausse du hassani pour augmenter le
prix des denrées dHmportation.
Actuellement, la crise évolue vers une solution d'en-
semble, tendant avant lout à la suppression de la dua-
lité monétaire qui doit être considérée comme le facteur
déterminant de la crise.
Cette solution est étudiée d'accord entre le Protectorat
et le Gouvernement Français, par l'entremise et sous
l'autorité de l'Inspecteur Général' des Finances qui, à la
demande des services financiers du Maroc, a été spécia-
lement chargé de cette mission.
^ib
ïîh
TA.
Lti
Iti
C;^ CQuiT D'OUDJDA
ypC ORIENTAL
^^^^^^_^
TABLE DES MATIÈRES
PagM
AVANT-PROPOS 7
PREMIÈRE PARTIE
Ghafitu I. — Le Maroc Politique. — Protectorat français.
— Protectorat espagnol. — Tanger international 13
CaAPiTKB n. — Précis géographique. — Les populations. ... 35
•
CHApms nL — Quelques mots de l'histoire du Maroc :
1* Jusqu'à la bataille de llsly ; S* Jusqu'à nos Jours tt
Chatitu IY. — Vers le Maroc. — Comment l'on gagne le
Maroc. — Les compagnies françaises de navigation. —
Jjd Toyage au Maroc. . . /. • 99
Cbapru y. — Le Maroc gonTemeoiental. — Le Ma^^isen*
— Le BledèlMaghien«— LeBkd ti. SilNU — Le Snltaiu
— Les fondîoDnaifes. — La Coor. — L* IMplomatie. *>
L'Armée .^ 45
CMAima TI. — La TÎe ao Maroc. — La femme dans la
famUie. — La maison. — Les repas. ^ Dans les Donars,
— Sur les sooks ^
TIL — La Tîe as Maroc. — L'Ensei gnea i en t. —
La Bdigîoa. ^ Les fêtes. — L'AId el Kélnr. ^ VJÛà ei
Se^dr. ^ Le Moakmd. — L'Acbomna. -* L« life des
ToOms. — Le mariage. ^ La ■aajMM». — La médecme.
— La maladie. — La wêoiX. ^Les faaérailles 74
33o TABLE DES MATIÈRES
DEUXIEME PARTIE
Chapitkb YlII. — La Loi au Maroc. -^ L'Administration
marocaine. — Relations avec les Européens. — Actes
diplomatiques et Traités. — Légations et Consulats. —
Leur fonctionnement actuel 103
Ghapitbk IX. — La Propriété au Maroc. — La Summa et le
Hadith. — L'Ittaq. — L'héritage. — La donation. —
L'Agd. — Les droits de clef. — Les biens Habous. — Les
Tenfidah. — Les locations urbaines et rurales. 130
Ghapitrk X. — Le Maroc économique. — La circulation
monétaire. — Les poids et mesures. —■» Les services pos-
taux. — Le télégraphe. — Les impôts. — Le budget. —
Les emprunts. — Les Douanes. — Le Comité de contrôle.
La B{^nque d'Etat 140
Chapitre XI. — Les richesses du Maroc. — Production agri-
cole. — Mines. — Pêcheries. — Salines 155
Chapitrb XII. — Le commerce au Maroc. — Organisation
commerciale . — Les Censaux 170
Cbapitbb XIII. — Villes et régions. — Les villes impériales.
— Les ports. — Les villes de l'intérieur. — Les villes
saintes. — Le Tafilelt. — Le Figuig 177
TROISIÈME PARTIE
Chapitrb XIV. — L'Œuvre française. — La Chaonla. —
L'Amalat d'Oudjda M7
Chapitre XV. — Notes pratiques pour le Commerce, l'Indus-
trie, l'Agriculture Î3î
DBRtriBB COUP d'obil "M
TABLE DBS M ATIÂBES 33i
APPENDICE
Administration 261
Gouvernement Ghérilien 261
Résidence générale de France 261
Administration dn Protectorat 262
Services des Renseignements 263
Offices et Bureaux Economiques 263
, Chambres de Commerce, d'Agriculture et Mixtes 263
I Comités d'Etudes économiques 263
Office du Protectorat de la République française au
Maroc , ... 264
, Office du Commerce extérieur 264
' Office commercial du Maroc , 265
: Voies d'accès au Maroc :
Le Maroc par Marseille 267
Le Maroc par Bordeaux ^ 269
Le Tourisme au Maroc 272
Régime des Douanes 275
. ^ Services postaux télégraphiques et téléphoniques 277
Régime minier 279
Transports :
Chemins de fer 281
Compagnie du Chemins de fer Tanger -Fez 282
Chemins de fer militaires 283
Chemin de fer commercial 285
Transports aériens 287
Transports sur routes 289
Services automobiles 291
Les Ports :
Etat actuel des travaux 293
Mouvements des ports 297
Commerce :
Les Demandes et les Offres 299
Dernières statistiqites :
Importations 303
Exportations 304
«
Le Maroc agricole 305
33a TABLK DBS MATIÂRBS
Let Villes nouvelleg 308
/.ef Affaires françaises au Maroc :
Finances 311
Commerce et Industrie 31S
Établissements industriels européens 316
La Vie Pratique 317
tes Marchandises Allemandes 319
La situation monétaire 331
Enseignement professionnel 3S6
Bons pour Renseignements 333
Carte générale du Maroc.
Carte de l'Amalat d*Oud)da.
Plan Schématique de Fez.
Imp. JOUVE et C'% 15, rue Racine, Parte — 4461>81
GEORGES DESROCHES
Le Maroc
Son , passé — Son présent — Son avenir
Nouvelle édition
PARIS
ERNEST FLAMMARION. ÉDITEUR
26, Rue Racine, 26
îinquième mille
TABLE DES MATIÈRES
Pages
AVANT-PROPOS 7
PREMIÈRE PARTIE
Ghapitai I. — Le Maroc Politique. — Protectorat français.
— Protectorat espagnol. — Tcuager international 13
Gbapitm II. — Précis géographique. — Les populations. ... 35
*
Gbipitbi m. — Quelques mots de Thistoire du Maroc :
i* Jusqu'à la bataille de llsly ; 2* jusqu'à nos jours 34
Chapiteb IY. — Vers le Maroc. — Gomment Ton gagne le
Maroc. — Les compagnies françaises de navigation. —
Le voyage au Maroc. . . / 39
GHAPiiai Y* — Le Maroc gouvernemental. — Le Maghzen.
— Le Bled el Maghzen. — Le Bled el Siba. — Le Sultan.
— Les fonctionnaires. — La Cour. — La Diplomatie. <—
L'Armée .^ 45
Ghapitbi YI. — La vie au Maroc. — La femme dans la
famille. — La maison. — Les repas. — Dans les Douars.
— Sur les souks 65
Ghapitbb YII. — La vie au Maroc. — L'Enseignement. —
La Religion. — Les fêtes. — L'Aïd el Eébir. — L'Aîd el
Seghir. — Le Mouloud. — L'Achoura. — La fête des
Tolbas. — Le mariage. — La naissance. — La médecine.
— La maladie. — La mort. — Les funérailles 74