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Full text of "Le Maroc, son passé, son présent, son avenir"

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LE MAROC 



SON PASSÉ -SON PRÉSENT -SON AVENIR 



LE GÉNÉRAL LYAUTEY 

RESIDENT; GéNÉRAL 
AU MAROC 



Rabat, le 23 décembre 19î9. 



Mon cher Desroches, 

Je reçois votre lettre du ÏO décembre et suis 
très heureux d'apprendre que vous préparez une 
nouvelle édition de votre excellent ouvrage sur le 
Maroc. 

Cest bien volontiers que je vous autorise à 
reproduire la photographie que je vous envoie ci' 
jointe. 

Bien cordialement à vous. 




■ - ----- 



Le Général lyautey 

RËSTDBNT OÉNÉRAL DE fHANCB AU V 
PAR DBCBET 38 AVHIL Igli 



GEORGES DESROCHES 

Officier de l'Ordre Chériff/i du Ouissam 'AHaouite 



LE MAROC 

SON PASSÉ 

SON PRÉSENT 

SON AVENIR 



NOUVELLE ÉDITION 
, DERNIERS RENSEIGNEMENTS 

Ouvrage honoré de l'Approbation de M. le Général Lyautey 
et contenant le Portrait du Réaident Général de France au Maroc 



• ■•••. Y 







PARIS 

ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR 

26y RUB EACIMI, 26 



redis droits de tradnelifon, d'adaptalûm et de leproduettoo 

IWBr teûs les pays 






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T«afi droits de trad action* et de reproduction 

réservés pour tous les pays. 

Copyright igai, 

by EttifSflT Flammarion. 



LE MAROC 

SON PASSÉ - SON PRÉSENT - SON AVENIR 



AVANT-PROPOS 



n y a vingt.ans, qui songeait au Maroc î Qui s'occu- 
pait du Maroc, dans le grand public 8*entendî A pro- 
prement parler, personne. 

L'Empire çhérilien, le Maroc mystérieux, a^ait eu 
certes ses explorateurs, ses curieux, ses historiographes. 
Bien des descriptions avaient été publiées, récits de 
voyages plutôt que véritables études. Mais, en dehors 
d'un public assez restreint, ces ouvrages, dont beaucoup 
dignes d un meilleur sort, n'étaient pas très lus. De 
temps en temps l'écho de coups de fusil échangés entre 
les Riifains et les Espagnols des Présides venait bien 
troubler la sérénité — très profonde — de TEurope à ce 
sujet. Mais cela ne paraissait qu'épisodes négligeables 
et, en fait, sans importance — sans importance immé- 
c" te du moins. — Les coups de fusil s'arrêtaient et, à 
I i près aussi vite que s'était dissipée la fumée de la 
l idre qui venait de parler, s'effaçait 1 impression 
1 Te qu'ils avaient un instant pu.produire. 



«> ■' 



8 tE MAROC . 

Le Rogui Bou Hamama, le t^rétendant au trône d'Abd 
el Aziz, avait fait sans donte quelque bniit dans le 
monde en menant une campagne assez vive contre le 
Sultan de Fez. Mais cela se passait entre Marocains. 
Cela, si l'on nous permet cette expression familière — 
ne sortait pas de la famille. — C'était une quereUe dé 
cousins, de mauvais cousins. Pour l'Europe, en somme, 
ces fantasias, si sanglantes qu'elles aient été parfois, 
n^avaient pas tournure d'événements graves . 

n est presque permis d'ajouter que, pour les Maro- 
cains eux-mêmes, ces dissentindents n'avaient pas une 
importance vitale. Payer Timpôt à Abd el Aziz — le 
payer à Bou Hamama le Rogui — le payer même à 
Erraisouli qui, sous le prétexte de gouverner la région 
de Tanger, s'était taillé un petit Sultanat ; au fond, pour 
le contribuable marocain, la différence n'était pas très 
grande. Il est vrai que, parfois, en raison des fluctua- 
tions de succès des méhaUas chérifiennes et des troupes 
du Rogui, maintes tribus, tour à tour soumises on 
révoltées, conquises ou reperdues, arrivaient à payer 
deux fois. Mais ce sont là les hasards de la guerre. 

« 

Nous venons de dire que d'assez nombreux auteurs 
s'étsûent déjà donné comme tâche de dissiper les incer- 
titudes dont s'enveloppait l'histoire, et plus encore la 
constitution politique et économique du Maroc. 

n existe des exposés historiques très bien documen- 
tés et très dignes de l'intérêt des hommes d'étude. 

D'autres ouvrages sont des traités de géographie, d 
géologie, rédigés de main de maître, mais qui consi 



SOX PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 9 

tuent plutôt des « Sommes », sources fécondes de ren- 
seignements, que des livres de lecture courante. 

Quelques-uns sont des récits de voyages au cours, 
desquels Tintérèt général cède souvent le pas à Tintérôt 
épisodique. 

Ceux-là sont des tableaux à la plume, parfois d*une 
très jolie tpuche, mais dont le peintre — Técrivain — 
est souvent le premier à subir Tinfluence de mirage et 
la capiteuse séduction d'orientalisme. 

Or, il n'y a pas — ni moralement, ni matériellement 
— que du soleil et de la couleur en Orient. 

Enfin d'autres publications récentes, très bien inten- 
tionnées et non moins bien documentées, exposent et 
étudient la question marocaine exclusivement au point 
de vue économique actuel. Elles ne s'occupent que du 
Maroc modernisé et du Maroc à venir. Elles négligent 
complètement le Maroc du Passé et souvent même ne 
tiennent qu'un compte insuffisant du Maroc. . . des Maro- 
cains. 



.♦. 



Dans ce livre, qui n'a d'autre prétention que d'être 
utile — on pensera sans doute que c'est déjà beaucoup — 
Tauteur n'ambitionne pas de faire mieux que ses devan- 
ciers. 

Ce qu'il veut, c'est faire autrement. 

Résumer à grands traits l'histoire dii Maroc jusqu'à , 
nos jours ; 

Rappeler quelle était la situation matérielle et morale 

) FEmpire Chérifien au moment de l'intervention fran- 

ise; 



LS UAROC 

frer ce qne cette sitnatiou est actueDement deve- 

asr no aperçu de la Société marocaine an point de 

DTernefflental, administratif, et aussi (amilial ; 

e connaître le Maroc, non pas seulement par des 

•.s commerciales et statistiques; 

iser qne le Maroc n'est pas sue Colonie française, 

[en un Pays de Protectorat ; que par conséquent 

s, les Usages commerciaux du Maroc subsistent ; 

i Européens doivent en tenir compte et, dans 

is cas, s'y soumettre . 

est le plan que nous nous sommes tracés. Nous 

s, de plus, que ce livre ne vieillisse pas et que 

ni le liront trouvent toujours en lui une source 

mations entièrement modernes. 

; pourquoi nous l'avons divisé en quatre parties. 

rois premières qui,dans leur en8emble,conatituent 

élément ta presque totalité du volume, n'auront 

mais à être modiliées. 

I ne relatent que des faits définitivement acquis 

lesquels 11 n'y aura jamais lieu de revenir. La 

sme partie, sous forme d'Appendice, est consacrée 

Qseignements modifiables et aux Faits nouveaux. 

ipendîce sera retouché et complété, s'il y a lieu, 

Bs éditions sncceasivea . 

aodifications à y apporter seront toujours tenues, 

sposition de nos lecteurs dans une forme que 

urone soin de préciser. 



tablissant ainsi l'ensemble ds notre travail nons 



SON FASSE — SON PRESENT — SON AVENIR II 

avons en le désir, toat en donnant aux intérêts maté- 
riels l'importance qu'ils comportent, de faire connaître i 
apprécier et aimer le Maroc et les Marocains par les 
diverses catégories déflecteurs français. 

Peut-être nous objectera-t-on que, dans un livre à 
tendances pratiques, il eut -suffit de donner des rensei- 
gnements, des statistiques. 

Ce n'est pas notre avis. Il n'y a pas, dans les affaires 
que des chiffres : un peu de psychologie ne saurait 
y nuire. Connaître dans leurs antécédents, dans leur 
esprit, dans leur caractère ceux à qui Ton veut vendre 
ou à qui Ton veut acheter n*est pas un savoir inutile. 

En bonne Economie Politique le facteur « Marchan- 
dise » n'est pas tout. 

Il y a de plus le facteur « Homme )» qui compte bien 
pour quelque chose. 



•I.EitBMltR^ PARTIE. ... 



'•_ • 






CHAPITRE PREMIER 

Le Maroc politique. — Protectorat Français 
Protectorat Espa§^nol. , — Tanger international 



Dans an chapitre consacré à la situation diplomatique 
du Maroc, nous examinerons, au moins dans leurs dis* 
positions principales, les diverses Conventions passées 
entre le Gouvernement n^arocain et un ou plusieurs 6ou« 
vemements étrangers. 

Dès maintenant rappelons les grandes Étapes parcou- 
raes» notons les points de repère qui permettent de 
suivre la marche de la pénétration européenne, paci- 
^fique, puis militaire. 

L'Acte diplomatique le plus important avant la Con- 
férence d'Algésiras, avait été la Convention de Madrid, 
signée le 3 juillet 1880, par la France, TAllemagne, 
l'Antriche, la Belgique, le Danemark, TEspagne, les 
Etats-Unis, l'Angleterre, le Portugal, lltalie, la Hol- 
^^lide, la Suède, la Norvège et le Maroc. Cette Gonven- 
u de Madrid avait groupé les Puissances européennes 
une action collective, en une attitude unifiée, en prêt- 
ée du Maroc. 



"^'■^■.f- ••?.. V.--- . ^ 



l4 XB MAROC 

' La Convention de Madrid régla tant bien que mal les 

. relations européennes et marocaines jusqu*à TAccord 

franco anglais du 8 avril 1904. 
Ens^çijie lntçiwin< HAccoçd^ Iranço^espagaol: du 7 oc- . 
'- •*•**: /;^t«^^.•è>b4.ï;n.'19p^^ la Goîiférënce d'Algé- 

• •* • " Iftfrâs. * ' * * 

En marchant ainsi à pas de géants, nous arrivons à 
Torganisation de la police marocaine par la France et 
par TEspagne ; 

A Texpédition française et espagnole — si peu espa- 
gnole — à Casablanca ; 

Aux expéditions espagnoles dans les environs de 
Melilla; 
AToccupation française d'Oudjda ; 
A la chute du Sultan Abd el Aziz, remplacé par M ou- 
layHafid. Enfin à la marche sur Fez, au secours dû 
môme Moulay Hafid, notre protégé d'hier, démission- 
naire bientôt. 
' Il convient de mentionner la visite théâtrale de Guil- 

laume II à Tanger puis ce que l'histoire nommera, non 
sans quelque dédain, le « coup d'Agadir », suivi de 
TAccord franco-allemand et deFAccord franco-espagnol. 






Le 30 mars 1912 et le 27 novembre de la même 
année resteront, dans les fastes de la Diplomatie, parmi 
les grandes dates historiques. 

Le 30 mars a été signé entre le Sultan Moulay Hafid 
et M. Regnault, représentant la France, le Traité de 
Protectorat. 

Le 27 novembre, M. Garcia Prieto, ministre espagnol 



SON PASSÉ SON PRÉSENT — SON AVENIR l5 

des Affaires étrangères, et M. Geoffray, ambassadeur 
de France à Madrid, signaient le Traité franco-espa- 
gnol. 

Ces deux Actes diplomatiques forment la base sur 
laquelle repose la réédifîcation du Maroc. 

Nous publions le texte officiel du Traité de Protec- 
torat tel qu'il a paru dans le premier numéro du Bulle- 
tin Officiel de l'Empire du Maroc, dont nous reprodui- 
sons le titre en fac-similé. 

PftiMiàKB ÀJiHiB. N* i. 1" novembre 1912. 

EMPIRE CHÉRIFIEN 

PROTECTORAT DB LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU MAROC 

bulletin' officiel 



TRAITÉ conclu entre la France et le Maroc, le 30 mars i9i2, 
pour Forganisaiion du Protectorat français dans l* Empire chéri' 
fien. 

Le Gouvernement de la République Française et le Gouver- 
nement de Sa Majesté Ghérifienne, soucieux d'établir au Maroc 
un régime régulier, fondé sur l'ordre intérieur et la sécurité 
générale, qui permette Tintroduction des réformes et assure le 
développement économique du pays, sont convenus des dispo- 
sitions suivaiUtes : 

Art. 1". — Le Gouvernement de la République française et 
S. M. le Sultan sont d'accord pour instituer au Maroc un nou- 
veau régime comportant les réformes administratives, judi- 
ciaires, scolaires, économiques, financières et militaires que le 
Gouvernement français jugera utUe d'introduire sur le terri- 
toire marocain. 

Ce régime sauvegardera la situation religieuse, le respect et 
le prestige traditionnels du Sultan, l'exercice de la reUgion 
musulmane et des institutions religieuses, notamment de ceUes 



l6 LB MAROC 

des Haboiia,. Il comportera l'organisation d*nn Maghzen chérilien 
réformé. 

Le Gonvernement de la Répnbliqne se concertera avec le 
Gouvernement espagnol au sujet des intérêts que ce Gouver- 
nement tient de sa position géographique et de ses possessions 
territoriales sur la côte marocaine. 

De même, la viUede Tanger gardera le caractère spécial qui lui 
a été reconnn et qui déterminera son organisatio^ municipale. 

Art. 2. — S. M. le Sultan admet dès maintenant que le 
Gouvernement français procède, après avoir prévenu le 
Maghzen, aux occupations militaires du territoire marocain 
qu'il jugerait nécessaires au maintien de l'ordre et de la sécurité 
des transactions commerciales et qu'il exerce toute Eu^tion de 
poliee sur terre et dans les eaux marocaines. 

Art. 3. — Le (xouvemement de la République prend l'enga- 
gement de prêter un constant appui & Sa Majesté Ghérifienne 
contre tout danger qui menacerait sa personne ou son trône ou 
qui compromettrait la tranquillité de ses États. Le même appui 
sera prêté à Fhéritier du trône et à ses successeurs. 

Art 4. — Les mesures que nécessitera le nouveau régime 
de protectorat seront édictées, sur la proposition du Gouver- 
nement français, par Sa Majesté Ghérifienne ou par les auto- 
rités auxquelles elle en aura délégué le pouvoir. Il en sera de 
même des règlements nouveaux et des modifications aux règle- 
ments existants. 

Art. 5. — Le Gouvernement français sera représenté auprès 
de Sa Majesté Ghérifienne par un Commissaire Résident géné- 
ral, dépositaire de tous les pouvoirs de la République au Maroc, 
qui veillera à l'exécution du présent Accord. 

Le Commissaire Résident général sera le seul intermédiaire 
du Sultan auprès' des représentants étrangers et dans les rap- 
ports que ces représentants entretiennent avec le Gouverne- 
ment marocain. Il sera, notamment, chargé de toutes les ques- 
tions intéressant les étrangers dans l'Empire chérifien. 

Il aura le pouvoir d'approuver et de promulguer, au nom 
du Gouvernement français, tous les décrets rendus ï)ar Sa 
Majesté Ghérifienne. 

' Art. 6. ~ Les agents diplomatiques et consulaires de la 
France seront chargés de la représentation et de la protection 
des sujets et des intérêts marocains à l'étranger. 

S. M. le Sultan s'engage & ne conclure aucun Acte ayant un 
caractère international sans l'assentiment préalable du Gouver- 
nement de la République française. 



SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR IJ 

Art. 7. — Le Gonvemement de la République française et 
le Gouvernement de Sa Majesté Ghérifienne se réservent de 
fixer d*un commun accord les bases d'une réorganisation finan- 
cière qui, en respectant les droits conférés aux porteurs des 
titres des emprunts publics marocains, permette de garantii^ les 
engagements du Trésor chérifien et de percevoir régulièrement 
les revenus de TEmpire . ' 

Art. 8. — Sa Majesté Gbérifienne s'interdit de contracter h 
Tavextir, directement ou indirectement, aucun emprunt publie 
ou privé et d'accorder, sous une forme quelconque^ aucune 
concession sans l'autorisation du Gouvernement français. 

Art. 9. — La présente Convention sera soumise à la ratifi- 
cation du Gouvernement de la République française et Tinstru- 
ment de ladite ratification sera remis à S. M. le Sultan dans le 
plus bref dâai possible . 

En foi de quoi, les soussignés ont dressé le présent acte et Font 

rev6tu de leurs cachets. 

Fait à Fez, le 30 mars 1912. 

{L. S.) Signé : Rbgjtault. 

(i<« S.) — MODLAT ABO IL HaFID. 



TRAITÉ FRANCO-ESPAGNOL 

Du traité franco-espagnol, nous donnons les disposi- 
tions principales que nous faisons suivre seulement 
d'un rapide commentaire. 

Le traité franco-espagnpl se divise en trois parties 
principales : 

La délimitation des zones^; 

Le régime financier; 

Le régime des chemins de fer, 

r 

PREMIÈRE PARTIE 

Délimitation des zones 

Art. 2. — Au nord du Maroc, la frontière séparalive des zones 
ioflnence française et espagnole partira de Tembouchure de la 



l8 LK MAROC 

Mouloiiïa et remontera le thalweg de ce fleuve jusqu'à un kilo- 
mètre en aval de Mechra-Nilla. De ce point, la ligne de démar- 
cation suivra, jusqu'au Djebel-Beni-Hassen, le tracé fixé par 
l'article 2 de la Convention du 3 octobre 1904. 

Dans le cas où la Commission mixte de délimitation visée au 
paragraphe 1" de l'article 4 ci-dessous constaterait que le mara- 
bout de Sidi-Maarouf se trouve dépendre de la fraction sud des 
Beni-Bouyali, ce point serait attribué à la zone française. Toute- 
fois la ligne de démarcation des deux zones, après avoir englobé 
ledit marabout, n'en passerait pas à plus d'un kilomètre au nord, 
et à plus de deux kilomètres à l'ouest pour rejoindre la ligne de 
démarcation telle qu'elle est déterminée au paragraphe précé- 
dent. 

Du Djebel-Beni-Hassen, la frontière rejoindra Toued Ouergha 
au nord de la Djema des Cheurfa-Tafraout, en amont du coude 
formé par la rivière. De là, se dirigeant vers l'ouest, elle suivra 
leC ligne des hauteurs dominant la rive droite de Foued Ouergha 
jusqu'à son intersection avec la ligne nord- sud définie par 
l'article 2 de la Convention de 1904. Dans ce parcours, la fron- 
tière contournera le plus étroitement possible la limite nord des 
tribus riveraines de l'oued Ouergha et la limite sud de celles qui 
ne sont pas riveraines, en assurant une communication militaire 
non interrompue entre les différentes régions de la zone espa- 
gnole. Elle remontera ensuite vers le nord en se tenant à une 
distance d'au moins 25 kilomètres à l'est de la route de Fez & 
El-Ksar-el-Kebir par Ouazzan, jusqu'à la rencontre de l'oued 
Loukkos, dont elle descendra le thalweg jusqu'à la limite entre 
les tribus Sarsar et Tlix. De ce point, elle contournera le Djebel- 
Ghani, laissant cette montagne dans la zone espagnole, sou& 
réserve qu'il n'y sera pas construit de fortifications permanentes. 
Enfin, la frontière rejoindra le parallèle 85' de latitude nord, 
entre le douar Mgarya et la Marya de Sidi-Slama, et suivra ce 
parallèle jusqu'à la mer. , 

Au sud du Maroc, la frontière des zones française et espagnole 
sera définie par le thalweg de l'oued Draa, qu'elle remontera 
depuis la mer jusqu'à sa rencontre avec le méridien 11* ouest de 
Paris ; elle suivra ce méridien vers le sud jusqu'à sa rencontre 
avec le parallèle ^TW de latitude nord. Au sud de ce parallèle, 
les articles 5 et 6 de la Convention du 3 octobre 1904 resteront 
applicables. Les régions marocaines situées au nord et à Test c' 
la délimitation visée dans le présent paragraphe appartiendroi 
à la zone française. 

Art. 3. — Le^Gouvernement marocain ayant, par l'article 8 d 



SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR I9 

Traité du 26 avril 1860, concédé à l'Espagne un établissetnent à 
Santa-Cruz-de-Mar-Pequena (Ifni), il est entendu que le territoire 
de cet établissement aura lés limites suivantes : au nord, Toued 
Bou-Sedra depuis son embouchure ; au sud, l'oued Noun depuis 
son embouchure ; à Test, une ligne distante approximativement 
de 25 kilomètres de la côte. 

Art. 6, — Afin d'assurer le libre passage du détroit de Gibral- 
tar, les deux Gouvernements conviennent de ne pas laisser élever 
de fortifications ou d'ouvrages stratégiques quelconques sur la 
partie de la côte marocaine visée par l'article 7 de la Déclaration 
franco-anglaise du 8. avril 1904 et par Farticle 14 de la Conven- 
tion franco -espagnole du 3 octobre de la même année et comprise 
dans les sphères d'influence respectives. 

Art. 7. — La ville de Tanger et sa banlieue seront dotées d'un 
régime spécial qui sera déterminé ultérieurement; elles forme- 
ront une zone comprise dans les limites décrites ci-après : 

Partant de Punta-Altarès, sur la côte sud du détroit de Gibral- 
tar, la frontière se dirigera en ligne droite sur la crête du Djebel- 
Beni-Meyimel, laissant à l'ouest le village appelé Dxar-ex-Zeitun 
et suivra ensuite la ligne des limites entre le Fahs d'un côté et 
les tribQS de l'Anjera et de Oued-Ras de l'autre côté, jusqu'à la 
rencontre de l'oued £s-Seghir. De là, la frontière suivra le 
thalweg de l'oued £s-Seghir, puis ceux des oueds M'harhar et 
Tzahadartz jusqu'à la mer. 



DEUXIEME PARTIE 
Le régime financier. 

V 

Art. rè. — Le Gouvernement de S. M. le Roi d'Espagne ne por- 
tera pas atteinte aux droits, prérogatives et privilèges des por- 
teurs de titres des emprunts 1904 et 1910 dans sa zone d'influence. 

En vue dq^mettre l'exercice de ces droits en harmonie avec la 
nouvelle situation, le Gouvernement de la République usera de' 
son influence sur le représentant des porteurs pour que le fonc- 
tionnement des garanties dans la dite zone s'accorde avec les 
dispositions suivantes : 

La zone d'influence espagnole contribuera aux charges des 
I cirants 1904 et 1910, suivant la proportion que^ les ports de 
1 Me zone, déduction faite des 500.000 p. h. dont il sera parlé 
] 3 loin, fournissent à l'ensemble des recettes douanières des 
] ta ouverts au commerce. 



30 LX MAROC 

Cette contribution eet fixée provisoirement & 7,9(S 0/0, ebifCre 
basé sur les réaiiltats de Tannée 191i. Elle sera réyisable t&os 
les ans, A 4a demande de Tune on de Tautre des parties. La rô'vl- 
sion prévue devra intervenir avant le 15 mai, suivant Texercioe 
qui lui servira de base. Il sera tenu. compte de ses résulit&ts 
dans le versement & effectuer par le Gouvernement espa^çnol le 
1" juin. 

Les deux Gouvernements conviennent : 

1* Que, balance faite des recettes douanières i^ne chacune des 
deux administrations Eonières encaissera sur les produits Intro- 
duits par ses douanes k destination de l'autre zone, il reviendra, 
ft la Bone française une somme totale de cinq cent mille pesetas 
hassani, se décomposant ainsi : 

a) Une somme forfaitaire de trois cent mille pesetas hassani 
applicable aux recettes des ports de TOuest; 

b) Une somme de deux cent miUe pesetas hassani applicable 
aux recettes de la côte méditerranéenne, sujette & révision lorsque 
le fonctionnement des chemins de fer fournira des éléments 
exacts de calcul. Cette révision éventuelle pourrait s*appUquer 
aux versements antérieurement effectués, si le montant de ceux- 
ci était supérieur & celui des versements à réaliser dans l'avenir ; 
toutefois, les reversements dont U s'agit ne porteraient que sur 
le capital et ne donneraient pas lieu à un calcul d'intérêts. 

Si la révision ainsi opérée, donne lieu & une réduction des 
recettes françaises relatives aux produits douaniers des ports 
de la Méditerranée, elle entraînera ipso facto le relèvement de 
la contribution espagnole aux charges des emprunts susmen- 
tionnés. 

2* Que les recettes douanières encaissées par le bureau de 
Tanger devront être réparties entre la zone internationalisée 
et les deux autres zones, au prorata de la destination finale des 
marchandises. En attendant que le fonctionnement des chemins 
de fer permette une exacte répartition des sommes dues à la 
zone française et h la zone espagnole, le service des Douanes 
versera eh dépôt h la Banque d'Etat Texcédent de ces recettes, 
paiement fait de la part de Tanger. 

Art. 16. — L'autonomie administrative des zones d'influence 
française et espagnole dans l'Empire chérifien ne pouvant porter 
atteinte aux droits, prérogatives et privilèges concédés, confor- 
mément h l'Acte d'AIgésiras, à la Banque d'Etat du Maroc, pc 
tout le territoire de l'Empire, par le Gouvernement marocain. 
Banque d'Etat du Maroc continuera de jouir, de,ns chacune d 
deux zones, de tous les droits qu'elle tient des actes qui 



SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR 31 

régissent, sans diminution ni réserve. L'autonomie des deux 
zones ne pourra pas faire obstacle à son action et les deux 
Goavernements faciliteront à la Banque d'Etat le libre et complet 
exercice de ses droits. 

La Banque d'Etat du Maroc pourra, d'accord avec les deux 
Puissances intéressées, modifier les conditions dé son fontion- 
nement en vue de les mettre en harmonie avec l'organisation 
territoriale de chaque zone. 

Les deux Gouvernements recommanderont à la Banque d'Etat 
l'étude d'une modification de ses statuts permettant : 

1' De créer un second haut-commissaire marocain qui serait 
nommé par l'administration de la zone d'influence espagnole, 
après entente avec le Conseil d'administration de la Banque ; 

2" De conférer à ce second haut-commissaire pour sauvegarder 
les intérêts légitimes de l'administration de la zone espagnole, 
sans porter atteinte au fonctionnement normal de la Banque, 
des attributions autant que possible identiques à celles qu'exerce 
le haut-commissaire actuel. 

Art. 17. — L'autonomie administrative des zones d'influence 
française et espagnole dans l'Empire chérifien ne pouvant porter 
atteinte aux droits, prérogatives et privilèges concédés confor- 
mément à l'Acte général d'Algésiras, pour tout le territoire de 
l'Empire, par le Gouvernement marocain, à la Société interna- 
tionale de régie co-intéressée des tabacs au Maroc, ladile Société 
continuera de jouir, dans chacune des deux zones, de tous les 
droits qu'elle tient des Actes qui la régissent, sans diminution 
ni réserve. L'autonomie des deux zones ne pourra pas faire 
obstacle & sqn action et les deux Gouvernements lui faciliteront 
le libre et complet exercice de ses droits. 

Les conditions actuelles de l'exploitation du monopole et en 
particulier le tarif des prix de vente ne pourront être modifiés 
que d'accord entre les deux Gouvernements. 



TROISIÈME PARTIE 
Le régime des chemins de fer. — La ligne de Tanger à Fei 

1* Dans un délai de trois mois, les deux Gouvernements 
détermineront, dans leurs zones respectives, le tracé général de 
la ligne et ses stations principales. Ces études seront entreprises 
simultanément par le côté Tanger et par le côté Fez ; 

2* La ligne tout entière sera concédée & une Compagnie 



LE UABOC 

ihargto & U foia de un étudet détiuitiTM, de mb eons- 
B M de BOB exploitation; 

capital tant actioiis qu'obUgatiimB de la Gompacsie 
onnaire sera pour 60 0/0 françùs et poor 40 0/0 Mpa- 
>vtefois la France et l'Espagne ee lÀsarveat le dràit de 
ni commun oooord, l'il y avait lies, une part aux ci __ ' 
n&tioaalité étnjigAce, étant d'ores et dé)ft spécifié qoe 
rt ne pourra en aacan cas ezcMer 8 0/0 et qo'eUe aeca | 
I par moitié Btir chacune de eellet de 00 0/0 et de 40 0/9' 

neell d'administratioa de la Compagnie coacesBimuaire 
■posé de quinze membrea, dont atnt franqaif et six eapa- 
oraméa reipeetivement par les porteurs d'actions fraa- 
: espagnoles. A ces qninie membres pourra, si la PraooB 
igne la jugent utile d'nn eommnn aœord, en Ure adf oûit 
éme d'nne tierce Dati<malité ; 

icnn des deux Goureroements tranqais et espagncd se ' 
le droit de procéder, k nne date quelconque, apris la 
exploitation de la ligne entière, BD raobat de la section | 
a ligue située snr son territoire, le prix de rachat étant ■ 
lar les bases qoi seront lixies par l'Acte de conccesioa. 



r apprécier ce traité d'one manière équitable il 
) reporter aux Accorda provisoires, antérieorB 
itre la France et l'Espagne en 1904 et dont lee 
ont servi de base aux négociations. L'Accord de 
omme celni de 1912, séparait le Maroc en deux 
d'inlloence, l'une dévolue à l'Espagne, l'autre à 
ice, mais l'étendue de la zone espagnole était de 
up plus considérable, d'après la première de 
IX Gonventionâ. Dana la région da nord, la zone 
oie comprenait, au delà de la ligne Irontière 
ne l'indique notre carte, une bande de terrain 
scendait presque jusqu'à Taza et s'étendait jos- 
. moitié de l'espace compris entre la fronti e 
e et Fez. Après avoir suivi le cours du Loukk> ., 
«frontière descendait [en oblique" vers la^a e 



SON PASSÉ — SON PRÉSXNT — SON AVENIR a3 

Atlantique qu'elle rejoignait à un point situé au tiers 
de la distance qui sépare Larache de Rabait. 

Le tracé de 1912 nous lait bénéficier de 600 kilo- 
mètres carrés sur la moyenne Moulouïa; au nord de 
Fez et de Taza nous gagnons la vallée de TOuergha, 
c'est-à-dire environ 12.000 kilomètres carrés. Au sud 
du Loukkos, nous bénéficions d'un millier de kilo- 
mètres. Enfin, dans le Sud-Ouest, alors que la zone 
espagnole ayant Ifni comme port, était délimitée au. 
Nord par une ligne droite tirée dans la direction de 
Taroudant et au Sud par l'oued Draa, cette zone, tout 
en conservant Ifni, est diminuée dans une proportion 
considérable. 

L'ensemble de ces diverses modifications aboutit 
donc^ on le voit, à une très importante augmentation 
de la superficie de la zone française. 

Il résulte de ce qui vient d*ètre exposé que le Maroc, 
ou Empire chériJËen placé dans son ensemble sous 
l'autorité plus où moins directe du Sultan comprend les 
divisions suivantes : 

Zone française ou Protectorat français ; zone espa- 
gnole ou Protectorat espagnol, zone internationale : 
Tanger et ses environs. Le Sultan réside dans la zone 
française qui est de beaucoup la plus importante et à 
laquelle se rattachent le Maroc oriental ou Amalat 
d'Oudjda et la région du Figuig; l'un et l'autre de ces 
'deux territoires sont frontière de l'Algérie. 

Dans la zone espagnole, l'autorité du Sultan est 

^présentée par un Khalifa 

I iction espagnole est exercée par un Résident gêné- 

I 1 villes principales sont Larache et Tetouan. 



Heprésentant da Sultan réside k Tanj^er. 
1 d'éviter des redites iQutileâ nous avons groupé 
i paragraphe réservé à Tanger an chapitre con- 
aux villes et ports du Maroc tout ce qui a traita, 
ation exceptionnelle internationale de cette ville. 



CHAPITRE II 



Précis géographique. — Les populations 



(( Yons entendez le latin, sans doute ? » disait à 
M. Jourdain le professeur de philosophie. 

« Oui, — répondait celui dont le père vendait du 
drap tout en n'étant pas marchand, — oui, — mais 
faites comme si je ne Tentendais pas et me parlez fran- 
çais, je vous prie. » 

Assurément, la géographie générale du Maroc n'est 
an mystère pour aucun de nos lecteurs. Mais on nous 
excusera cependant de faire comme s'il n'en était pas 
amsi et de rappeler à grands traits, et comme simple 
Mémento, quelques données générales. 

Le Maroc, que ses habitants appellent El R'arb 
(l'Occident), alors qu'eux-mêmes se désignent sous le 
nom de Mr arba on Occidentaux, forme l'extrémité 
ouest de cette bande de territoire qui, depuis TEgypte, 
sous les noms de Tripolitaine, de Tunisie et d'Algérie, 
constitue l'Afrique du Nord ou Afrique Méditerranéenne. 
On pourrait encore l'appeler l'Afrique Romaine pour 
r^i^dre hommage au génie colonisateur de Rome dont 
r don se manifeste, dans ces divers pays, à l'exception 
t tefois de l'Egypte, par l'auguste et impressionnant 
t oignage de tant de monuments encore debout. 



oc est compris entre les 28' et 36» degrés de 
[ord et les 4* et 14* degrés de longitude Ouest. 

méditerranéeime se développe sur une iQn- 

397 kilomètres, dislance qui sépare la fron- ' 
rienae du Cap Spartel dont la pointe s'avance ' 
eaux de la Méditerranée et celles de l'Océan 
:e. 

, depuis l'Amalat d'Oudjda jusqu'au Figuig et 
le Maroc est limité par nos territoires aigë- 
is. à l'extrôme Est et au Sud, suivant une 
^re mal définie, par la Mauritanie, maintenant 
içaise. 

pas encore évalué avec une exactitude abso- 
lerficie du Maroc. En tenant compte des terri- 
ativement indécis qui s'étendent dans le Sud 
lent la Mauritanie, on estime que cette snper- 
'environ 800.000 kilomètres carrés, 
erficie de la France, y compris bien entendu 
^rraine recouvrée, ne dépasse pas 331 280 ki- 
irrés. 

iste contrée se divise en régions montagneuses 
! de plaine, qui se succèdent à peu près sans 
1. Les deux tiers du Maroc sont couverts de 
sntagnes. Les altitudes, dansTAtlas, atteignent 

dépassent quelquefois 4.500 mètres. H s'y 
3nc, comme dans les Alpes, des neiges éter- 
i partie montagneuse comprend deux régions, 
tracé est parallèle à la ligne des côtes de la 
inée. Au Nord, c'est le Massif du RiEf. La 
igné est formée par le Massif de l'Atlas, dont 
cations s'étendent sur le Maroc, comme sur 
.e de l'Algérie. Le Massif du RiEf ressemble 



I 

I 

j SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 2J 

\ aux montagnes de TEspagnc, sans que cette similitude 
paraisse créer aucune sympathie entre les Espagnols et 
les Riffains dont les vicissitudes de la politique ont, 
dès longtemps, fait des frères ennemis. 

L'Atlas marocain, d'après les intéressantes études du 
capitaine Larras et celles de M. de Foucault, se divise en 
trois chaînes parallèles allant de TOuest à TEst : le 
moyen Atlas, au Nord ; le petit Atlas, au Sud. Entre 
les deux, le grand Atlas dont le plus haut sommet, le 
Djebel Aïachi, atteint 4.5417 mètres. 

Les sommets moins élevés sont ensuite par rang d'al- 
titude : le Dj' Tezah, 4.000 mètres ; le Dj' Odjirùt, 
3.800 mètres; le Dj' Tideli, 3.500 ; le Djebel Tissa, 
3.300. Le moyen Atlas est séparé de son grand frère 
par la vallée de la Moulouîa. Les altitudes sont beau- 
coup moins fortes que dans le grand Atlas; leur maxi- 
mum n'est guère que de 2.000 mètres. 

Enfin, le petit Atlas ne dépasse pas l'altitude de 
1.900 mètres, atteinte par le Tizi Sberkaden et le Tizi 
Azrar. 

La région des plaines, qui occupe environ le tiers 
du pays, comprend : Les plaines du Riff^ qui sont très 
restreintes, resserrées contre les montagnes et la mer. 

Les plaines océaniques. — Cette deiixième région 
s'étend, depuis la mer jusqu'à une distance moyenne de 
90 kilomètres vers l'intérieur du pays. Elle porte tour 
à tour les noms de Gharb entre Larache et Rabat ; 
Càaouïa, région de Casablanca ; Doukkala, territoire 
dft Mazagan ; Rehamna, territoire de Safi ; Sous, pays 
d Mogador. Et enfin Noun, région d'Agadir. 

îous dirons un mot de l'hydrographie du Maroc. Un 
a eur intéressant, H. -P. de La Martinière, a écrit que 



LE MAROC 

ac méritait d'être BDmommë la Normandie afri- 
n y a là peut-être un peu d'exagération . Pent- 
at-OD accuser de La Martiaière, ud tin Normand, 
voir VQ au Maroc <i que la couleur qui sut Ini 
1). Mais il o'eu est pas moins vrai que cette dési- 
i pittoresque et vraiment descriptive permet de 
icier exactement l'aspect d'une importante partie 
Hx de l'aspect de sa voisine, l'Algérie, 
cer et Hoother, voyageurs anglais, semblent 6tre 
vrai en estimant à 215 mètres cubes par seconde 
des eanz marocaines qui vont se jeter dans 
Atlantique. 

I n'avons que faire de ctassifier par bassin les 
'eao du Maroc. Nons nous bornercDB à signaler 
luxquels leur importance mérite le nom de 

d'abord le Sebou, qui s'étend sur une lon- 
de 450 kilomètres. C'est le Oeuve de Fez dont 
it le territoire à environ 120 kilomètres de ea 

n embouchure, le Sebou a une largeur de 
très. 

: ensuite la Moulouîa, dont le parcours a 4S0kiIo- 
de longueur, alors que la Seine en compte 800. 
lonîa prend sa source an Djebel Aïachi.que nons 
de signaler comme étant la plus haute montagne 
oc. A 250 kilomètres de son embouchure, la 
ïaadéjà une profondeur de 1 m. 25. A l'em- 
re, la largeur du Oeuve est d'environ lOO mètres. 
s la Moolouîa prend rang le Loukkos, qui ae 
ms l'Océan & Larache. Son cours est long '.e 
omètres et sa largeur atteint 40 mètree. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR ag^ 

Dans la Ghaouîa et la Doukkalacoale VOum erffbia. 
Le nom de TOum er R'bia vaut d'être traduit. Il signifie 
« Mère du Printemps ». 

Parmi les fleuves irréguUers, c'est-à-dire tantôt rou- 
lant des masses d eau assez considérables, tantôt réduits 
à un très faible débit ou môme dessécbés, il faut comp- 
ter tout d'abord Foued Draa qui, sans cette intermit- 
tence, devrait occuper le premiei' rang parmi les cours 
d'eau du Maroc. Son étendue, en effet, est de 1.200 kilo- 
mètres, presque un tiers de plus que la distance qui, 
suivant la voie ferrée, sépare Paris de Marseille. 

L'oued Draa parcourt le pays Dr^a auquel il assure 
une grande fertilité.' Après l'oued Draa, se classe Foued 
SouSj long de 280 kilomètres. 

Le climat du Maroc est généralement salubre ; môme 
dans les régions^ chaudes, l'Européen ne se trouve pas 
déprimé. Toutefois, il existe, entre les conditions cU- 
matériques des diverses parties du pays, des différences 
très notables. 

Dans la zone maritime, la température est modérée. 
Tanger jouit d'un excellent climat, variant entre un peu 
I^us de 13 degrés en hiver et 23 degrés en été. Si nous 
comparons, à ce point de vue, Tanger et Alger, nous 
constatons que la Capitale de l'Algérie voit fréquem- 
ment le thermomètre osciller entre 44 degrés, tempéra - 
tore d'été, aussi élevée qu'à Biskra, et 4 degrés, tem- 
pérature d'hiver. 

Sur la côte de l'Océan, Mazagan, Casablanca et 
Rabat ont! d'assez grandes variations climatériques, 
mais sans arriver aux extrêmes. Mogador, enfin, jouit 
à lu près, bien que plus au Sud, du même climat que 
T€ -çer. 



Dans l'intérieur, notamment dans la régioD qnis'étend 
— ■" Marrakech et Fez, la température est moins (avo- 

Les chaleurs sont plus fortes, leB variations 
phérîques infiniment pins accentuées. Nous avons 
'vé de Fez des souvenirs assez humides en raison 
;raude quantité de canaux d'irrigation que déver- 
es eaux du Sebbou. Mais ce sont ik des souve- 
ersonnels qui remontent à bien des années. Des 
tations pins récentes permettent d'affirmer que la 
ité de la ville impériale s'est sensiblement accrue 

bientôt les irrigations qui assurent la fertilité de 
dius ne mériteront plus aucun reproche. Il n'y a 
ians leclimat du Maroc, aucune coutre-înâîcation 
ionisation européenne. 

un rapide « Voyage dans un fauteuil ■», noaa 
i de nous rendre compte des généralités géogra- 
is du Maroc. 

ons maintenant quels sont les hommes qui peu- 
Tune manière très clairsemée cet immense ter- 
. On a estimé l'ensemble de la population h plus 
00.000 d'habitants. Toutefois, bien que nous ne 
ioUs pas d'éléments d'appréciation beaucoup plus 
ae ceux qui ont guidé les évaluations de nos coq- 

nons inclinons à penser que ce chiffre est exa- 
t qu'en mettant en avant celui de 7 millions on 
mucoup plus près de la vérité. Notre chiffre s'ap- 
aux populations stables ou dont les déplacements 
icomplissent pas en dehors d'un certain rayon. Il 
le côté les nomades qui, sur les confins du Saha*". 
lin et de la Mauritanie, échappent à toute appr - 

raisonnée. 

deux tiers des habitants sont de race berbèr 



SON PASSÉ — SON PRESENT — SON ATENIR 3l 

les Maures et les Arabes yiennent ensuite. Puis les 
Juifs, les nègres et enfin les Européens, Il n*est pas sans 
utilité de donner quelques instants d^attention au carac- 
tère ethnographique de la population. L'habitant est, 
en effet, un facteur économique d'une trop réelle impor- 
tance pour qu'on puisse le négliger. Que Tindigène soit 
à considérer comme un ennemi, comme un sujet ou 
comme un associé, ses qualités, ses aptitudes, ses 
défauts, doivent être pris en note afin que Ton arrive à 
tirer de lui tout le rendement que Ton en peut espérer. 

n convient aussi de noter que la race berbère, qui 
représente, comme nous venons de le dire, plus des 
deux tiers de la population marocaine, a les mêmes 
caractères ethnographiques que les Berbères algériens. 

Sous les noms de Berbères, de Riffains, de Kabyles 
ou de Cheuls, les individus qui la composent se mon* 
trent généralement travailleurs. Us niment l'agriculture , 
bien qu'ils n'emploient que des procédés culturaux 
assez rudimentaires. Inchallah ! S* il plaît à Dieu, est une 
expression assez fréquente dans la bouche du cultivateur 
marpcain. Le Berbère est d'ailleurs bien servi par ses 
moyens physiques, car il est alerte et vigoureux, d'une 
santé généralement bonne. Par contre, il. est animé 
d'un vif esprit d'indépendance. G est là une considéra- 
tion que l'œuvre de la Colonisation ou du Protectorat 
ne devi*a jamais perdre de vue sous peine de s'exposer 
à de graves mécomptes. Nous ne faisons aucune diffi- 
culté de reconnaitrerque cette aversion pour l'asservis- 
8( lent, alors même qu'elle ferait obstacle à l'action des 
p [pies européens, est tout à l'éloge des indigènes. 
E utre part, les Berbères sont d'une intelligence assez 
Y e et tout porte à croire que s'ils paraissent devoir 



3:1 LE MAROC 

supporter avec diUicnlté l'esprit domioatenr des Espa- 
ceront à s'assimiler beaucoup mieux le 
;ais. Ils savent fort biea que la France est 
I musulmane, qu'elle compte dans son 
nbreuses troupes soumises à la loi da 
i administre de maittples population s 
: Marocains par leur religion et leurs ori- 
^tcains de l'Est, — et ils sont nombrenx, 
:cn dans l'Oranie puis sont rentrés an 
êé, sinon un couraat de sympathie, da 
rant d'estime en faveur de la France. Il 
is d'espérer que cette masse d'indigânes, 
lurs maintenue compacte et hostile ea 
peuples envahisseurs : Carthaginois, Ro- 
bes, entrera plus facilement en contact 
. français. On a dit que « le Maroc n'est 
I prolongée )) pour indiquer que les popa- 
lines et surtout les populations d'origine 
assimilables aux populations voisines de 
ipprochement est exact, 
lins de race arabe, c'est-à-dire l'un des 
lîsseurs d'autrefois, se trouvent principa- 
1 vallée de la Moulonîa, par conséquent 
3S frontières d'Algérie et dans la partie 
bassinde l'Atlantique. Hb sont en général 
.steurs. G'estainsi que beaucoup résident 
:ala et la région de Rabat riches en tron- 

Arabes nomades et des Berbères agri- 
les Maures qui habitent le pins souven 
. Ce sont les anciens conquérants de l'Es 
t conservé avec leur caractère d'origiii« 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 33 

des aptitudes et des habitudes contractées pendant la 
longue période historicpie de leur séjour en Europe, non 
seulement en Espagne, mais encore dans le Midi de la 
France puisque leurs flots envahisseurs n'ont été arrêtés 
que par Charles-Martel dans les plaines de Poitiers. 

Les Juifs marocains proviennent de deux courants 
immigrateurs. Les uns sont venus d'Italie, de France, 
d'Angleterre, d'Espagne, entre le xiii« et le xv« siècle. 
Les autres, parmi lesquels on rencontre des agricul- 
teurs, types de Juifs inconnus en Europe, proviennent 
directement de Palestine par suite de très lointaines et 
de très lentes immigrations. 

Les Marocains nègres, cwtonnés pour la plupart 
entre Meknès et Salé, sont originaires du Soudan et de 
la Mauritanie. 



Quelques mots de l'histoire du Maroc : 

1° Jusqu'à la bataille de l'isly. 

2" Jusqu'à nos jours. 



Etudier l'histoire du Maroc dans les t«iiips anciens est 
nu travail qui ne sanmit nous incomber. Tout d'abord, 
l'onvrier serait indigne de l'œavre. Ensuite l'œuvreelle- 
mëme, fât-elle bien exécutée, n'aurait qu'un intérëttrop 
spéculatif pour la plupart de ceux qui tourneront ces 
pages. 

Et cependant l'Histoire doit avoir sa juste place dans 
un précis rapide de tout ce qui constitue le Maroc. Lors- 
qu'on entre en relations avec de nouveaux venus et 
qu'on a la pensée que ces rapports pourront atteindre 
un certain degré d'intimité, ou a soin de rechercher nu 
peu leurs antériorités : « Dis-moi d'où tu viens et je te 
dirai où tu vas; dis-moi ce que tu as fait et je te dirai 
ce que tu feras » ne sont pas les dictons les jnoins 
jasles de la « Sagesse des nations ». 

Ecartons donc un peu les voiles de l'Histoire. 

Ne savez-vous pas que c'est au Maroc, dans l'île Père 
gil, que Calypso entreprit de retenir Ulysse ^ Ne savez 
vous plus que c'est au cap Spartel qu'Hercule vaiaqui 



SON PASSÉ — SON PRÉSBNT — SON AVENIR 35 

le géant Antée ? Nous ferions tort à la réputation de har- 
diesse des navigateurs carthaginois si nous ne rappe- 
' lions pas qu'ils atteignirent le Maroc. On leur attribue 
la fondation de « Salé », celle d' « Azemmour )).« 

Où vint Garthage devait venir Rome. Il est certain 
que le conquérant des Gaules, César, lut également, 
33 ans avant Jésus-Christ, le conquérant d'une partie 
du Maroc» L'influence romaine subsista jusqu'à Tinva- 
sion des Vandales qui, justifiant ce que leur réputa- 
tion devait avoir de justement déplorable, effacèrent 
presque complètement le souvenir des Romains. 

Après les Vandales vinrent les Visigoths d^Ëspagne 
qui s'emparèrent de Tanger. Les Musulmans appro- 
chaient. Fait singulier, c'était comme envoyé du Kha- 
lifat de Kairouan, alors, comme maintenant, une des 
Capitales religieuses de l'Islam, qu'Okba Ibus Nafé, tra- 
versait la Moulouïa au vi« siècle. Il fut suivi par Moussa 
ïbnNoseir, un autre convertisseur par le sabre, qui, 
non content d'atteindre Tanger par ces passes de Taza 
que franchit le chemin de fer, traversa le détroit et, 
renforcé par les Berbères eux-mêmes, envahit TËs- 
pagne. Pendant les cinq cents ans qui suivirent, les 
Fatitnitos (descendants de Fatima ou Fathma, la fille 
du Prophète) et les Ormeggades, se disputèrent la supré- 
matie. Puis survinrent, un peu comme le juge dans 
(( THuitre etles Plaideurs «les Almoravides, vrais types 
de conquérants, courageux, actifs et sobres qui, sous la 
conduite .d'Abou Bekr Ibn Omar, fondèrent Marrakech 
et établirent leur domination sur un immense Empire 
G s'étendait du Niger aux Baléares. Aux Almoravides 
8 cédèrent les Almohades, qui laissèrent comme témoi- 
^ ges de leur puissance trois monuments encore debout : 



LS MAROC 

Kontonbia àMairakech. 

d'Hassan, dans les jardins de Rabat. 
Ida, àSévUle. 

vous qne noos avons atteint, en faisant des 
) dignes de cet illustre Marocain qui a nom le 
^tée » nne grande jonmée historique, le 
ISlâ, où le roi d'Espagne Alplionse IX brisa, 
tlaloes de Tolosa, la paissance des Maures . 
! avançant d'une allure égale, voici que nous 
: Houlay Ali qui fonfla, en 1664, la Dynastie 
e encore aujourd'hui régnante. C'est la Dynas* 
il, dont nous retrouvons le nom attribué & la 
narocaine. 

grand prince de cette Dynastie, lut Moulay 
li porta glorieusement son titre de Houlay. 
te « Maître I), celui auquel on doit obéir, et 
renir te gendre de Louis XIV auquel il demanda 
i Mite de Blois, fille de la Valliëre. Cette tur- 
. étonner nupenrorgueildu Roi-Soleil. Mlle de 
nùt, certes, pas régné seule sur le cœur de 
maël, qui laissa, dit l'histoire, plus de huit 
ît filles ! 

tment de l'héritage ne se fit pas, comme l'on 
is quelques difficultés et ta guerre civile dura 
757, époque où Sidi Mohammed reconstitua 
lement impérial, qu'il exerça jusqu'en 1789 
s'ablmaît la monarchie de Louis XIV. 
>hammed entretint des relations régulières 
ance, par l'intermédiaire de M. Chénier, consul 
Salé. Ce consul Chénier était le père du poète 

Soliman, Moulay Ibrahim, Moulay Zéia s. 
it pendant que, de ce cAtë de la Méditerra 



SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR 87 

née, grandissait et tombait on antre cMonlay », c Mou- 
lay Napoléon » . 

Nous touchons maintenant à la période où, sons la 
r^ne de Monlay Abderrahman, le Maroc et la France 
prirent réellement un contact direct. 

Ge premier contact fui un peu rude. 

La France était personnifiée par le maréchal Bugeaud. 

Le point de jonction fut le champ de bataille de llsly. 

La date, le i4 août 1844. 

Gela devient presque de l'histoire contemporaine. 

L'émir Abd el Kader ayant décidé Moulay Abder* 
rahmanà prendre en main la cause que, malgré son 
énergie persévérante, il ne pouvait plus défendre en 
Algérie, 40.000 cavaliers marocains, commandés par 
Sîdi Mohammed, fils du Ghérif , vinrent tournoyer bra- 
vement, mais inutilement, autour des carrés formés 
par les 10.000 hommes qui composaient l'armée du 
Maréchal. 

On a reproché au maréchal Bugeaud, lorsqu'il signa, 
comme suite à la bataille d'isly, le traité nommé traité 
de « la Tafna », du nom d'une des rivières affluentes de 
la Moulouia, de n'avoir pas suffisamment précisé, au 
lieu de la fixer au cours de ce dernier fleuve, la fron- 
tière algéro-marocaine. 

La glorieuse « Casquette » recouvrait-elle le front 
d'un soldat plutôt que celui d'un négociateur f 

Le bombardement de Tanger et de Modagor, par l'es- 
cadre que commandait le prince de Joinville, avait effi- 
cacement accentué l'effet produit par la victoire de 

1 iy. 

Un 1859, le général malheureux dlsly, Sidi Moham- 
I d, succédait à son père. < Entre les influences euro- 



; ponssaieDt à antoriaer les Kuropéens à 
IDB tout le Maroc et les résistances des 
■ègne de Sidi Mohammed ne fut pas pros- 
Ificultés avec l'Espagne aboutirent à la 
tan tandis qu'en 1867 éclatait une insar- 
lable d'une tendance xénophobe très pro- 

imed était Sultan pendant que la France 
ise de 1S70. Qui sait l'impression que dnt 
'ancien allié d'Ahd el Kader l'insurrection 
[Suivit laguerref 

'icissitades traversées par Sidi Moham- 
Uoulay Hassan lui succéda en 1873. Ce 
^and voyageur, obligé qu'il était, pour 
autorité, de parcourir souvent, depuis les 
oue jusqu'à celles d'Oudjda, le vaste 
les régions lui étaient tour à tonr sou- 
.ëles, selon qu'il s'approchait d'elles ou 
;nait. 

[assan succéda Abd el Aziz qui doit pen- 
ne l'avons pas assez efficacement pro- 
qn'il ne se soit fait une philosophie et 
ave plus lienreux maintenant, délivré des 
voir, qu'au temps où les rekkas, parcon- 
e 240 kilomètres qui conduit de Tanger 
ortaient les comptes rendns de la Confé- 



CHAPITRE IV 

Vers le Maroc. — Gomment Ton çagne le Maroc. 
— Les Compag'tiies de Chemins de fer et de navi- 
g^ation. — Le voyage au Maroc. 



Pour gagner le Maroc, au départ de Paris on peut 
suivre Tun des trois itinéraires ci-après : 

1° Paris-Marseille-Tanger-Casablanca ; 

2*" Paris-Bordeaux-Casablanca. 

3® Paris - Bordeaux - L'Espagne - Madrid - Algésiras - 
Gibraltar - Tanger - Casablanca. 

Le troisième itinéraire ne comporte qu'une traversée 
de deux heures et demie entre Algésiras ou Gibraltar 
et Tanger. 

Les deux premiers sont les voies véritablement com- 
merciales. 

La troisième route est en théorie la plus courte puis- 
que, grâce aux excellentes dispositions adoptées par les 
Compagnies d'Orléans et du Midi, en concordance avec 
les services des chemins de fer espagnols, on peut aller 
de Paris à Tanger en cinquante^trois heures . Mais 
cmment traverser si rapidement l'Espagne, alors sur- 
1 it qu*on se dirige vers Je pays des Maures, autrefois 
( iquérants? Comment ne pas s'arrêter à Cordoue, 
] ir saluer ce monument étrange que les habitants 



neei et même plas couramment la Mesquita 
i) qne la cathédrale, et qui présente, en 
igards étonnés du visitenr, ane cathédrale 
ans une mosquée? 

ne pas s'arrêter à Séville pour s'étonner 
lerveilles de l' Alcazar et cette Giralda, doat 
arocaines, lilles du ipème architecte, s'éian- 
lu-dessns des jardins de Rabat et l'autre 
is murailles de Marrakech? 
enfin ne pas faire quelques pas à gauche 
, à Grenade, l'Alhambra. le Généralité, ces 
re de l'architecture mauresque, décorés par 

de l'Andalousie, encerclés comme d'une 
re d'argent par les neiges éblouissantes de 
îvada î 

agnies de chemin de 1er et de navigation qui 
s trajets que nous venons d'énumérer sout : 
larseiUe-Tanger-Casablanca : 
;aie du chemin de fer Paris-Lyon-Méditer* 

gnie de navigation Paquet 
tordeaux-Casablanca : 
^nie du chemin de fer d'Orléans ; 
pie générale transatlantique ; 



gnie du chemin de fer de Paris à Orléans ; 

^ie des chemins de 1er du Midi ; 

iB de feV du Nord de l'Espagne ; 

is deferandalous. 

uatrième partie de ce livre, nous indique 

aires et les prix des services assurés pa 

ces Compagnies. 



SON PASSÉ — SON PRBSBNT — SON ATENIR ^l 
VOYAGE A L'INTÉRIEUR 

Autrefois : 

Au moment où, en 1913, paraissaient les précédentes 
éditions de cet ouvrage, la circulation à Tintérieur du 
Maroc, aussi bien pour les voyageurs que pour les mar- 
chandises, ne pouvait s'effectuer qu'au moyen des pistes 
et des bétes de somme. 

Pour les voyageurs, Iç cheval et mieux encore la 
mule ; 

Pour les marchandises, principalement le chameau. 

Nous écrivions alors : 

« Le réseau des pistes du Maroc se compose de quatre 
tracés, du Nord au Sud, approximativement parallèles, 
qui, depuis les ports, s'enfoncent vers Tintérieur. 

De l'Est à rOuest, c'est-à-dire presque parallèlement 
au rivage de la Méditerranée, il n'existe qu'une seule 
piste. A l'état de route convenable, elle part de la fron- 
tière algérienne, coupe le territoire des Béni Snassen. 
Devenue piste, elle traverse les défilés de Taza, passe à 
Fez, pui^ à Meknès,^ et rejoint l'Océan à Rabat-Salé. 
C'est toujours tout droit ou presque. Impossible de se 
tromper. Seulement,cette piste est bien près d'atteindre 
la longueur du chemin qui, de Paris, s'en va jusqu'à 
Marseille. 

En remontant, depuis l'embouchure, le cours de la 
Moulouîa, qui se jette dans la Méditerranée, à peu de 
d' tance de Port-Say, frontière algérienne, on coupe 
c te piste Oudjda-Rabat et l'on descend, en passant 
l ' Debdou, jusqu'à Colomb-Bechar en laissant sur la 
g iche le Figuig. Une première parallèle part de Tan- 



end snr Fez et va s'arrâter, daDB la direction 

k Kasbah el Magfazen. 

enxième parallèle est la piste de Salé sur Mar- 

t Mogador. 

dernière piste n'est presque jamais suivie 

ent, puisqu'elle ne fait en somme que longer 

le tracé des services de navigation. Les mar- 
3 parcourant de longues distances ont tout inté- 
e transportées par eau, d'âutant-plus que c'est 
it des ports qu'elles peuvent être acheminées ' 
téricur par les voies de pénétration. 
yage à l'intérieur du Maroc nécessite naturelle- 
e organisation spéciale dont les détails ne sont 
intérêt pratique et sans intérêt pittoresque, 
git plus de monter en vragon, de retenir sa 
: dans des hôtels ou de prendre ses repas, soit 
wagon s -restaurants, soit dans les buffets. 

dans l'intérieur, nulle trace. L'équipage d'un 

ageur doit comprendre au minimum : ' 

terprète, un cuisinier, cinq mules avefe leurs 

s. 

'ais varient beaucoup, naturellement selon le 

confortable que l'on veut s'assurer en cours 
, selon la nourriture et selon Içs boissons. Il est 
ndispensable d'emporter de l'eau minérale. La 
du voyage varie également suivant le nombre 
kgeurs marchant ensemble . 
;ertain que, dans peu de temps d'ici, la circula- I 
iB l'intérieur du Maroc prendra une activité 
■able . 



son passé — son présent — son avbnïr 4^ 

Aujourd'hui : 

Ces dernières lignes avaient un caractère véritable- 
ment prophétique. ' 

Les pistes du Maroc sont en partie transformées en 
routes carrossables ou du moins très améliorées. 

Elles sont accessibles aux automobiles pour les voya- 
geurs et pour certaines marchandises. 

Pour, les transports moins urgents les arribas, «bar- 
rettes à deux roues et autres véhicules les parcourent 
presque sans difficultés. 

Le chameau joue encore son rôle de grand transpor- 
teur, assisté par la mule etrâne dans des caravannes 
dont le caractère est presque exclusivement commer- 
cial. 

Le voyage à Tlntérieur a perdu en pittoresque, mais 
combien nVt-il pas gagné en sécurité, en confortable 
même. 

Actuellement, en effet, des services automobiles ont 
été créés qui relient d'une manière suffisamment régu- 
lière Tanger à Rabat-Salé et à Casablanca, Casablanca 
à Meknès et à Fez, Casablanca à Marrakech, Safi, Mo- 
gador, Mazagan. 

De plus, des chemins de fer militaires à voie étroite 
ont été construits et ils sont mis, depuis un certain temps, 
à la disposition du pi^blic. Dans la 4* partie (Appen- 
dice) nous donnerons les tracés, les horaires et les prix 
de ces transports par automobiles et par rails. 

Nous avons le plaisir de terminer ce chapitre en si- 
g dant le 6 novembre 1919 comme une date impor- 
ta te dans laccomplissement de Tœuvre de la France 
a Maroc. 



LB MABOC 

rantey, qui se trouvait alors en France, 
jour à Rabat que le Goavernement 
te donner son adhésion à la construction \ 
rat, sur ses disponibilités propres, des i 
lin de 1er à voie normale Rabat-Casa- , 
ra-Petit-Jean. j 

vont commencer Bans délai. D'aillenrs, 
officiel de l'Empire chérifien, la ligne ' 
est déjà en construction par tes soins de 
KBsionnaire des Ports de Kenitra et de 

Ins l'esprit d'initiative du général Lyau- 
lifesté au grand profit de^ intérêts qui 



CHAPITRE V 

Le Maroc politique. — Le Maghzen. — Le Bled el 
Maghzen. — Le Bled el Siba. — Le Sultan. — Les 
fonctionnaires. — La Cour. — La diplomatie. — 
L'armée. 



Avant ^ rétablissement du Protectorat le Maroc était 
une Monarchie absolue, gouvernée par le Sultan. En 
réalité, la plus grande partie du territoire échappait à 
son autorité effective. Il est curieux d'observer que cette 
scission, entre les deux parties d'un pays, n'était pas 
seulement le fait d'incidents momentanés, de rivalités 
partielles. 
Non. 

Elle était permanente, officielle, pourrait-on dire. Il 

y avait le Maroc gouvernemental, le Maroc qui obéissait 

tant bien que mal ; il y avait le Maroc qui n'obéissait 

pas du tout. Le premier a pour nom Bled-Maghzen, 

Bled signifiant territoire, et Maghzen gouvernement, 

autorité. Sont Maghzen, non seulement les terres, mais 

encore les tribus, les familles, les personnalités qui 

reconnaissent ^Autorité chérifienne. 

Le Maroc insoumis se nomme le Bled-Siba. La scis- 

m entre les deux Bled n'était pas absolue . On pour- 

U dire du Bled-Maghzen qu'il avait l'habitude d'obéir 



46 ' LE MAROC 

tout en désobéissant quelquefois . On pourrait dire du 
Bled'Siba qu il avait l'habitude de ne pas obéir tout en 
obéissant de temps à autre, — lorsque les circonstances 
Ty obligeaient — et en gardant pour le Sultan la 
vagua déférence due à son titre de Chef religieux. 
Hâtons-nous de dire que cette déférence s'arrêtait à 
une limite plus infranchissable que la Moulouïa : cette 
limite, c'était la perception de l'impôt. Le Sultan ne 
pouvait la franchir, que par la force. 

Parmi les tribus maghzen, on en comptait quatre 
principales dont les noms sont : « Etil-Sous », « Oudzda », 
« Gheraga », « Cherarda ». Ces quatre tribus avaient 
d'importants privilèges» entre autres celui de ne pas 
payer Timpôt, à la condition d'aider le Sultan à le per- 
cevoir sur les tribus Nouiab, tribus juste milieu, moins 
favorisées que les tribus maghzen, sans être indépen- 
dantes comme les tribus Siba. C'est (( la Plaine », ainsi 
que Ton disait dans nos anciennes assemblées poli- 
tiques. Au Maroc, comme ailleurs, le rôle de la Plaine 
est d'ôtre dominée par a la Montagne ». 

Tous les fonctionnaires étaient choisis parmi les tri- 
bus maghzen. 

Le Grand Vizir, chef du Gouvernement, était en 
quelque sorte, un Président du Conseil. 

Les collaborateurs principaux du Grand Vizir étaient 
VOuzir et Bahar, dont le titre signifie exactement : 
« Ministre de la mer », et dont les fonctiops étaient on 
peu celles d'un Ministre des Affaires étrangères. La 
mer, pour l'ancien Maroc, actuell^ement encore Maroc 
indigène, symbolise Fidée de Vétranger ; 

VAllaf était un Ministre de la Guerre, qui serait 
beaucoup plus Intendant ou Pourvoyeur. 



ttr 



-if- 



SON PASSÉ — SON PRÉSSNT — SON AVENIR 4? 

VAmin el Oumana était le Ministre dos Finances ; 
avec lui travaillaient deux fonctionDaires importants : 

L'Amin Eddakbel, qui s*oocupait des recettes ; 

L'Amin Elkaridj, chargé des dépenses. 

UOuzir el Chikati eckchekttou^it pouvait être consi- 
déré «omme un Ministre de la Justice. 

Ces fonctionnaires formaient ce que Ton appelle la 
Chhara, mot qui signifie : Portefeuille. Le Conseil àes 
Ministres se nommait le Medzelem. A Fez, les Ministres 
travaillaient dans des bureaux que Ton nomme Beniqqa 
et qui sont situés dans la conr formant le Dutr el Magh* 
sen ou quartier gouvernemental. 

Ces bureaux, composés de pièces très petites au rez- 
déchaussée et meuhlées d'une façon sommaire, n'avaient 
que peu d analogie avec nos Administrations. Pas de 
cartons verts ; ils étaient remplacés par des caisses en 
métal. Le sommeil des dossiers en était-il m<mis oon- 
fortabte et moins long? L'ensemble des fonctionnaires 
ministériels, non compris les Ministres, formait la 
Makkendjia, \ 

La Chkara commandait donc à la Makkekdjta^ phis 
modeste, mais aussi plus stable. Les Ministres passaient. 
— souvent moins rapidement que chez nous, puisqu'ils 
n'avaient qu'un seul Maître, — et les bureaux restaient. 

Nous avons pensé que Ton trouverait ici avec plaisir 
un spécimen du style administratif marocain el des 
formes protocolaires en usage dans les bureaux de la 
Chkara. 

Voici comment s*établit une If^vQ officielle, notam- 
ment les lettres chérifiennes par lesquelles le Sultan 
communique avec le peuple, lettres dont lectuirc est 
donnée dans les Mosqiiées. 

3 



La fenille de papier a reçu le pli d'uae marge. Elle se 
divise, dans le sens de la largear, en quatre p&rties 
transversales dout la partie du liaut comporte elle- 
même deux divisions. 
iVniiB nvnQs teuu 611 maius, sinon des exemplaires de 
fiennes, du moins des lettres importantes 
ie de la correspondance du (jouvernetnent . 
ies sont rédigées parlois avec des fioritures 
3z curieuses. C'est ainsi que la snscription 
do Grand Vizir, soua l'avant-dernier Sul- 
Abd el Aziz, était ainsi lormulée : 
intelligent et de bon conseil qui travaille an 
IX Gouvernements glorifiés et amis. » 
) la lettre est presque toujours inscrite la 
:ramentelleldont le sens est : « Louange à 
11 // n'y a de durable que son Empire . > 
r force et de puitsance qu'en Dieu. > a Que 
le ta bénédiction sur notre Seigneur et lui 
laiut, » Aussitôt après ces invocations on 
' les lettres officielles le cachet impérial qui 
inrs dimensions, selon l'importance de l'aJ- 
et aussi de l'Autorité d'où la lettre émane. 
e division transversale de la lettre contient' 
estinataire avec la firme : « Que te salut toi 
Que Dieu te dirige. » 
long préambule commence le corps de li 
généralementdans un style aussi précÏB qui 
I du début sont pompeuses et solennelles 
e la lettre se place le mot Ouassalant qn 
t et qui est suivi de la date à laquelle L 
é écrite. 
) de la nomination d'un Gouverneur es 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 49 

accompagnée de phrases aimables : <x Qne Dieu vous 
Fende heureux par lui et le rendent heureux par vous. » 

Le Protocole était aussi sévère — car sur plusieurs 
de ces points il convient maintenant de parler plutôt au 
passé — qii'il Test encore pour la correspondance du 
Maghzen. Sont réglées minutieusement les visites que 
l'on doit rendre, les cadeaux qu'il convient de faire, 
ceux qu'il convient de recevoir, l'attitude que Ton doit 
prendre à T occasion des fêtes - de famille. Il existe des 
règles pour les cérémonies du baise-main et du baise- 
épaule et rénumération des titres qui doivent être 
décernés à chacun. 

Le personnel de la Cour, comme le personnel admi- 
nistratif, possède une désignation générale : Koum- 
myta. Nous avons le regret de dire que ce mot signifie: 
Poignard. 

Quel que soit le caractère pratique que nous ayons à 
cœtir de donner à ce volume, nous ne pouvons, certains 
d'intéresser les lecteurs, ne plas consacrer quelques 
lignes à la Cour du Sultan, à la vie intérieure de ce 
Potentat qui, tout au moins comme chef religieux, exerce 
une réelle action sur plusieurs millions d hommes. 

Moulay Hafid (prédécesseur de Moulay Youssef) aura 
été sans doute le dernier Sultan dont la Cour sera res- 
tée organisée selon les règles strictes du Protocole ma- 
fbcain. G est une raison de plus pour que nous tenions 
à en fixer, une fois encore, une image pittoresque. 

CHEZ LB SULTAN 

*Tous jetterons un coup d'oeil sur Thabitation fami- 
li 6 d'un sultan du Maroc telle qu'elle était organisée 



5o I.E MAROC 

sons Abed el Aziz et qu'elle l'est encore actuellement 
sons Honlay Yonssef. An premier étage du Palais, une 
vaste salle avec véranda donnant sor les jardins, sert 
au Sultan de salle à manger et de cabioet de travail. 
Snr cette pièce s'on% rent les chambres des femmes légi- 
times qui appartiennent à quelque branche de la Fa- 
mille cAérifienne et sont, par conséquent, Cbérifa. 

Tout le service du Palais est assuré par des négresses 
dont le nombre varie. Aqcdd homme n'y prend part, 
sanl pour la cuisine, dans laquelle des nègres font office 
de cuisiniers. 

Parmi les femmes illégitimes, plusieurs sont char- 
gées d'emplois spéciaux. Les unes sont échansons, on les 
nomme Femmes de la gargoulette. 11 y a les Femmes de 
la serviette, du savon et des bains, la Femme du thé. Ce 
nombreux personnel féminin est dirigé par des ma- 
trones qui se nomment Arifa. Elles remplissent, vis-à- 
vis des femmes légitimes, à peu près les fonctions d'in- 
tendantes, tandis qu'elles gouyernent les femmes illégi- 
times et les négresses. 

La vie familiale du Sultan est assez monotone. 

Les membres de sa famille n'ont pas toujours lit>re- i 
ment accès auprès de lui . Bien que certains honneur^ 
et même certains avantages matériels soient accordét 
aux principaux d'entre eux, ils n'occupent, en somme, 
qu'un rang assez effacé et ne sont pas toujours pourvutj 
de fonctions importantes. Les Cherifa non mariées 
jouissent d'une certaine indépendance, mais elles ne peu- 
vent contracter mariage sans l'autorisation du Sultan. 

Les audiences quotidiennes qu'il donne à ses mi- 
nistres, la chasse de temps à autre, les fêtes privéei 
dont les repas, la musique, les danses, forment le priq 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 5l 

cipal attrait, tels sont les éléments d'occupation et de 
distraction, dans la vie du Sultan. 

Le personnel de la Cour se compose de différents 
groupes de fonctionnaires, groupes que l'on nomme 
des Hanta. Ces Hanta se divisent en deux catégories 
principales : 

Les Hanta extérieures ; 

Les Hanta du service intérieur. 

Ces deux sections réunies sont dirigées par deux 
fonctionnaires que Ton nomme.: F un le CaidËlMe- 
chouar ; Tautre le Hajib. 

C'est ce dernier qui assure les services de l'intérieur 
du Palais. 11 a mission d'apposer le sceau officiel sur 
toutes les pièces portant des ordres du Sultan. 

Le Hajib a sous ses ordres : 

Les Mouâlim ErrouafChsLTgés du service des écuries. 
Ils sont au nombre de soixante-quinze cavaliers et d'une 
centaine d'hommes à pied. 

Les Mouâlim Elma, ont pour office de filtrer l'eau 
destinée au Sultan et de confectionner les boissons 
sucrées pour son usage personnel. 

Les Mouâlim Ataï sont chargés de préparer le thé, 
le café, le chocolat pour le Chérif . — En expédition, ils 
devaient s'acquitter personnellement de ce soin. En sé- 
jour, ils se contentent, à tour de rôle, de surveiller les 
cuisiniers. 

Les Mouâlim Eloudou, font chauffer les bains et 
Teau des ablutions. 

Les Mouâlim Elfrack ont les fonctions d'agents du 
garde-meuble. Plusieurs d'entre eux se tiennent cons- 
tamment à portée des ordres du Chérif. 



5a LB MAROC 

Les El-Djeszara, on bouchers, sont tons nègres. Us 
approvisionnent de viande la table chérifîenne. 

Les Fraïguya sont chairs d'installer, en campagne 
et en voyage, le campement du Snltan et de tonte sa 
maison. En résidence fixe, les Fraïguya sont portiers 
dn Palais et remplissent, en dehors du harem, diffé- 
rents offices de domesticité. 

On nomme El Mechouar im vaste espace situé près 
dn Palais et où le Snltan tient ses audiences publiques. 
Le mot Mechouar signifie Lieu du Conseil. Le Gaîd Bl 
Mechouar remplit le rôle de Maître des cérémonies. U 
est chef du Protocole. C'est par son entremise (|u'on 
obtient les audiences. 

Les Hanta des services extérieurs, comprennent : 

LesFrada, composées de Caïds et même de Ghérifs, 
qui constituent auprès du Sultan une garde d*bonnear . 

Les Mechaouriya sont assimilables, par quelques- 
unes de leurs fonctions, aux Courriers de cabinet. Us 
sont, en effet, chargés des messages de confiance. 

Dans les cortèges officiels, les Mechaouriya escortent 
le Sultan en qualité de Porte-étendard. C'est Tu^ d'eux 
qui tient, au-dessus de la tête du Sultan, dans les 
cérémonies, le haut parasol, insigne du pouvoir su- 
prême. On nomme ces porteurs les Mouâlim El Med- 
zalL 

Le nom de Mouâlim El Moukhala est donné aux 
hommes qui portent les fusils du Sultan. 

La troisième des Hanta soumises au Gaîd El Mechouar 
est celle des Mesakrin. 

Ce sont des cavaliers estafettes chargés de porter 
dans les tribus les messages du Gouvernement. 

La lettre du Sultan Moulay Hafid, lue dans les Mos- 



I 

SON PASSÉ -— SON PRÉSENT — SON AVENIR 53 

quées de Fez, pour annoncer l'arrivée du souverain à 
Rabat, a été apportée par des Mesakrin. 

L'ARMÉE MAROCAINE 

Autrefois : 

L'Armée marocaine a vu sa physionomie se modifier 
du tout au tout. Déjà les Méhallas commandées par les 
officiers des Missions militaires françaises, tels que le 
commandant Brémond, avaient réalisé de grands pro- 
grès. 

L'Armée marocaine officielle, était recrutée de la 
façon. suivante, pour un service soi-disant obligatoire, 
mais qui a toujours été adouci par la pratique assez 
courante de la désertion. Les tribus maghzen devaient 
fournir en moyenne un combattant par foyer. Ces tri- 
bus, fidèles en principe, étaient naturellement les plus 
chargées par la loi militaire. On ne se gêne pas avec 
les amis. Dans les autres tribus, les Caïds décidaient 
du nombre d hommes qui devaient être envoyés. Ils 
s'arrangeaient à cet égard avec leurs administrés. 

Sous le régime de la Loi marocaine, les soldats ainsi 
recrutés restaient sous les armes jusqu'à la vieillesse. 
Ils i)ouvaient toutefois se faire remplacer par quelque 
membre de leur famille consentant à prendre à sa 
charge les obligations imposées. Ce système avait pour 
conséquence de réunir dans les rangs des hommes très 
âgés déjà à de tous jeunes gens. Ainsi que nous venons 
de le dire, tous les hommes du Bled el Maghzen pou- 
vaient ètte astreints au service militaire selon que le 
Sultan voulait porter plus ou moins haut le nombre de 
ses soldats. Cependant, le recrutement s'opérait de 



parmi les membres des tribus militaires dont 
it précédé du mot <( Guicb » . 
rues appartenaot aux tribus non maghzen 
I somme des réservistes. On les nommait 

nt tour à tour convoqués et renvoyés, selon 
i. Enfin, l'Armée recevait des engagés volon- 

pouvaieat se faire incorporer à partir de 
linze ans. 

) chefs aucune instruction militaire. Leurs 
e transmettaient dans les mêmes famillea ; 
étaient parfois. Le commandement suprême 
it au Sultan et, sous ses ordres, à l'Allaf que 
le aussi Ouzir el h'arb, Seigneur de la guerre, 
lus souvent, ce dignitaire ne prenait pas une 
; aux .opérations. 

nandant vraiment militaire de la colonne oo 
lait un Caïd el Méhalla. En somme, c'était un 
In détail typique : l'Armée marocaine n'avait 
otiniëres, mais des femmes, cependant, sui- 

troupes en payant, pour ce faire, un impôt 

comment se répartissait l'Armée ainsi cons- 

u'elies étaient les quelques réglementations 

érenciaient un peu d'une cohue, 

ipes d'infanteries étaient divisées en Tabors. 

'S étaient, selon le nombre d'hommes les com- 

>mbre toujours très variable, assimilables h 

Ions. En général, un fort Tabor comprenait 

) hommes, mais certains ne comptaient pas 

•0 unités. 

Ste d'un Tabor se trouvait un Caïd er reba. 



SON PASSÉ — SON PRBSBNT — SON AVEWIR 55 

G*était un chef de bataillon auquel un Khalifa servait en 
quelque sorte de capitaine adjudant-major. Si Ton assi- 
mile le Caïd er reha à un colonel lorsqu'il commande à 
UQ Tabor très nombreux, le Khalifa serait lieutenant- 
colonel. Khalifa n'est d ailleurs pas un titre militaire. 
Ce mot veut dire remplaçant, délégué, celui qui remplit 
des fonctions aux lieu et place de leur titulaire. 

Le « Caïd el mia » était un capitaine. 

Au-dessous du Caïd el mia venait le Mokhadem. 

Les fantassins étaient revêtus, en principe, d'une 
veste bleu^-en drap ou en grosse toile, d'un pantalon et 
d'un gilet semblables à la veste. Ils portaient une 
sacoche en cuir rouge qui sert de cartouchière et que 
Ion nomme la chkara. Comme coiffure une chéchia 
rouge nommée ferbouch. 

Ceci dit pour l'uniforme régulier. 

Une partie des tabors ne portaient pas d'uniformes et 
étaient habillés tout simplement à la mode du pays, ce 
qui fait qu'il arrivait aux soldats du Sultan, dans les 
mêlées, de tirer les uns sur les autres. 

L'armement de l'infanterie n'était pas unifié ; il se 
composait de bonnes armes, telles que des Chassepot, 
des Martini-Henry, des Winchester, des Mauser. 

La cavalerie nommée K/iala. Elle se divisait en reha 
ou escadrons, commandés par des Caïds el mia. La 
cavalerie 'marocaine ne possédait aucune instruction 
militaire, assimilable môme de très loin à celle de la 
plus mauvaise cavalerie européenne. 

Elles ne. savait pas manœuvrer. Seulement, les 
hommes, individuellement bons cavaliers, sont habiles 
à la fantasia. Mais, ainsi qu'on Ta vu dans les com- 
bats livrés en Chaouîa, leurs charges, courageusement 



56 LB MAROC 

menées, maïKpient de cohésion. Jnsqo'aa règne da Sul- 
tan Abd el Aziz, la cavalerie soi-disant régolière n'était 
pas formée en corps. Les hommes à cheval de T Armée 
remplissaient, en temps de paix, les fonctions de 
gardes, d'estafettes, de gendarmes. C'est seulement p^i- 
dant Tavant-dernier règne que quelques centaines de 
cavaliers furent groupés et placés, sous le commande- 
ment d'officiers anglais, dont le fameux caïd lUac Lean. 

L'artillerie était dans l'ancien Maroc comme ailleurs, 
une arjpie d'élite. Le canon est le symbole de la puis- 
sance. C'est VUltima ratio regum. 

L'artillerie de campagne avait toujours constitué la 
grande supériorité des troupes du Sultan, en possédant 
un peu, sur les troupes des tribus dissidentes n'en pos- 
sédant pas . 

L'artillerie de campagne était forte d'une soixantaine 
de canons relativement modernes^ dont beaucoup 
n'étaient que des pièces de montagne. Les ti*oupes d'ar- 
tillerie ou T'objia, formant deux tabors, restaient en 
permanence auprès du Sultan. Instruites à Fez par la 
Mission militaire française, on ne peut dire qu'elles 
manœuvraient dans le sens que nous donnons à ce 
mot, mais elles exécutaient assez régulièrement le ser- 
vice des pièces. 

L'artiUerie de forteresse se composait d'un certain 
nombre de vieux canons, à Tanger, à Larache, à Rabat, 
à Casablanca, à Mazagan, à Mogador. La presque toliei- 
lité de ces canons étaient absolument inutilisables. 
C'est à peine si les meilleurs d'entre eux pouvaient tirer 
à poudre pour saluer les navires de guerre ou pour les 
salves officielles prescrites soit pour la fête du Eama- 
dan, soit lors de la lecture d'une Lettre du Sultan ! 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 5j 

Examinons nn peu l'existence de l'Armée marocaine 
«n garnison et en campagne. 

Du service intérienr nous ne dirons que quelques 
mots. Les troupes de police organisées, en vertu de 
i*Acte d'Algésiras,par la France et par l'Espagne, diffé- 
raient déjà beaucoup du fantassin délabré, à peine vêtu, 
que Ton voyait à Tanger, monter la garde assis par 
terre, son fusil entre les jambes ou tout simplement 
posé à côté de lui. 

A Fez et à Meknès, il y avait des casernes (k'echchala) 
pour les cavaliers. Les fantassins logeaient sous la 
tente. A la fin du règne d'Abd el Aziz, il n'y avait dans 
les Méhallas aucune discipline. Lorsque la solde était 
régulièrement payée, les soldats accomplissaient leur 
service d'une manière à peu près suivie. Mais ce paie- 
ment régulier n'était guère la règle. A Tanger, la solde 
était plus élevée que sur toute autre place. Chaque 
homme devait toucher une peseta chaque jour et une 
demi-peseta de plus le vendredi. Le Mokhadem, sous- 
officier, recevait 1 P. 50. Le Caïd el mia 2 P. 50. et le 
Caïd er reha 4 P. 50. 

Mais ces sommes, si modestes, n'arrivaient pas 
entières aux mains de leurs destinataires. Sur les don* 
ros envoyés dans des caisses de bois blanc, par le Tré- 
sor, aux payeurs, un bon nombre s'égaraient en route. 
Le Pacha qui avait touché la solde de 1.000 hommes, 
ne payait au Caïd, prétendant avoir 800 hommes à sol- 
der, que l'argent nécessaire au paiement de 600, et, de 
prélèvement en prélèvement, les sommes arrivant enfin 
aux simples soldats étaient bien inférieures à ce qu'elles 
auraient dû être. ^ • 

Les services de l'Intendance, simplifiés à . l'excès, 



LB HAitOC 

aient p&s. Cest Midemeitt en campagne qee les 
! recevaient des vivree, généralement privés 
1 babiUata. 

codant; lonqae le Trésor le permettait, il y avait 
slribatioflis régalières compranant, ponr chaque 
e, nn paio, ds benne looda ou de l'huile, au peu 
ade dans les circonstancea Bolennelles. 
art cela, la solde devait assorer oonpIëtemeDt 
mce du soldat, et comment l'assurait-elle % Les 
rs combata qui ont été livrée par des troupes anî- 
Dt marocaines eostoeux & la sute desquels s'est 
éerinsurrectiondeBouBamama, lefameuxRogoi 
liendant . Eu effet, les combats livrés dans le Cbaonâa 
s troopes françaises aux indigènes, soldats Irré- 
1, et ceux qne les Héballas du oomotandant Bré- 

oat sontenos en demieir lieu contre les dissl- 
menaçaat Fe», avaient déjà perda le caractère 
itables batailles eiUre Marocains. Dans celles-ci, 
ment de l'attaque, les Caïds s'efforçaient, an 

des cris, de mettre uo peu d'ordre parmi les 
es qui se groupaient autour d'eux. Les Caïds el 
usaient ouvrir les caisses de cartouches et distri- 
es mwiitions. La distribution faite, l'infaotene 
t le camp en le laissant uniquement à la garde 
tiUeurs. Aucun ordre, aucune tactique. Si la pre- 
attaque des cavaliers était restée sans effet déci- 
) fantassins se précipitaient en débandade ver» 
ai, et, làen q«e, de part et d'autre, le courage 
Inel soit indtscntable, le sort des armes était sou- 
;s plus inattendns. En cas d'insncoèa, les freintes 
Itan se retiraient vers le camp défen du par les 
. dont le feu obligeait les vainqueurs à battre en 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 69 

retraite à lenr tour. Et c'est ainsi que les insurrections 
pouvaient s'éterniser. 

Tel était le Maroc militaire . 

Axtiourd'hui : 

L'Armée marocaine, ne comprend aujourd'hui, à 
strictement parler, que la Garde noire du Sultan . 

Mais à ce noyau en service permanent, il convient 
d'ajouter les Goums, troupes locales, qui collaborent 
avec les troupes françaises d'occupation pour étendre 
de plus en plus la superficie des régions soumises à 
Tantorité du Ghérif et, par conséquent, à l'influence 
civilisatrice de la France . 

On sait, d'ailleurs, que ce n'est pas seulement au 
Maroc que les guerriers indigènes sont frères d'armes 
de nos soldats, mais qu'uH très grand nombre d'entre 
eux, sont venus sur les Champs dep)ataille de France, 
dans les rangs de la célèbre Division marocaine, nous 
apporter le concours de leur incontestable héroïsme. 



CHAPITRE VI 

i Maroc. — La femme dans la famille. - 
son. — Les repas. — Dans les Douars. - 
I Souks. 



I saurions terminer la première partie de ce 
donner quelque attention à la vie domestique 
le des Marocains. 

ation de la femme est le critérium d'après 
peut juger de l'état des Sociétés. Il importe 
ire quelques mots de l'existence de la femme 
Elle est analogue à celle de la femme dans 
s pays de Loi musulmane, notamment en 
en Tunisie. 

elle est pauvre, la Marocaine des villes ou des 
chargée de tous les gros ouvrages. La situa- 
femmes dans nos campagnes et dans nos 
m vriers est-elle vraiment si différente î Nous 
ions pas. 

ocaine riche ou seulement aisée mène une 
entièrement désœuvrée. Elle ne prend, pour 
, aucune part à la direction intérieure de la 
nt le souci incombe aux serviteurs, 
re entièrement emprisonnées dans le harem, 
lie est assez riche et les femmes assez nom- 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 6l 

breajses pour qu'il {y ait un harem véritable, oa dans 
la maison, les Marocaines sortent peu et parlent beau- 
coup. Mon Dieu l^e œ côté de la Méditerranée nous ne 
constaterons guère qu'une différence, c'est que les 
dames sortent beaucoup. La maison marocaine n^est 
pas, d'ailleurs, sans avoir un c^tain charme. Gomme 
toutes les maisons arabes, elle ne prétend à aucun 
attrait extérieur; elle se réserve pour ses habitants. La 
XK>rte d'entrée est le plus souvent une porte bâtarde qui 
donne accès à un couloir étroit. Si vous vous trouvez à 
passer dans la rue au moment où la porte s'ouvre, 
n'espérez pas, en jetant un regard furtif , voir Tinté- 
rieur. L'architecte a prévu la curiosité du passant 
et il y a mis obstacle. Le couloir sur lequel s'ouvre la 
porte se brise au moins une fois à angle droit de telle ma- 
nière que rien de ce qui se passe dans la maison ne peut 
ètrê vu du dehors.Ge couloir si discret aboutit à une cour 
qui est vaste, proportionnellement aux dimensions de 
l'immenble. Presque toujours, un bassin et un jet d'eau 
en occupent le centre.G'est ceque le8Ëspagnols,qui ont 
emprunté cette disposition à l'architecture mauresque, 
ùomment le Patio, Des arcades encadrent la cour qui , 
le plus souvent est égayée par des fleurs, des grena- 
diers, des orangers. Chacun des quatre côtés de la cour 
présente une chambre., Ge sont les chambres à coucher 
principales. Autour d'une deuxième cour sont groupées 
les chambres occupées par les femmes. 

Fréquemment, les murs sont garnis de ces plaques de 
fidence qui jouent un si grand rôle dans rornementation 
des monuments mauresques, tels qu'ils existent entiè- 
rement conservés à Grenade, à Séville. Les plafonds» 
dais les maisons les plus riches, sont ornés de caissons 



6a LB MAROC 

de plâtre vermiculé. Aucune reproduction d'animaux 
ni, à plus forte raison, de figures humaines. Le Coran 
Tinterdit. C'est ce qui explique que Tartiste qui enfrei- 
gnit cette règle et fit, dans TAlhambra de Grenade, le 
Patio de los leones, la (Cour des lions), ne parvint à 
représenter que si piteusement le roi des animaux. 

L'ameublement est peu compliqué. Pas de bois de lits 
dans les chambres, mais des matelas recouverts de cou- 
vertures aux couleurs éclatantes. Des divans, des tables 
très basses. 

Le fait d*ètre admis dans les maisons marocaines 
n'implique nullement que vous pourrez voir les dames 
du logis. Vous devez même vous comporter comme s'il 
n'en existait pas et le comble de l'inconvenance serait 
de parler au maître de ses femmes, de sa mère et de 
toute personne du sexe féminin habitant sous son toit. 

Etes-vous convié à un repas ? Vous reconnaîtrez 
que la cuisine marocaine n*est pas à dédaigner. Lès 
poissons sont généralement excellents. Les poulets, 
dont on fait une grande consommation, sont, pour les 
tables riches, suffisamment engraissés et les sauces 
dans lesquelles on les plonge, après les avoir rôtis, ne 
sont pas sans saveur. Les agneaux se présentent tout 
entiers. Le plat spécial à toute TAfrique, le couscous, 
pyramide de semoule, est fortement moui]Jé de lait ou 
de sauce pimentée. La manière dont on mange le cous- 
cous, n'est pas précisément, au premier abord, de 
nature à charmer les Européens et les premiers repas 
marocains que nous avons absorbés nous ont laissé, à 
cet égard, des souvenirs peu agréables. 

Parfois, encore maintenant, lorsqu'il nous arrive — 
et c'est souvent avec plaisir — de nous asseoir à l,a 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 63 

table des quelques amis que nous avons pu nous faire 
au Maroc, nous avouons que le moment du couscous 
est toujours un peu diflicultueux. Chaque convive 
attaque la pyramide en y faisant un trou avec la main 
gauche, prend une certaine quantité de couscous, la 
forme en boule avec la main droite et, lorsque la bou- 
lette est parfaite, la place vivement dans sa bouche. 
Toutes ces opérations s'accomplissent sans Taide d'au- 
cun instrument autre que celui connu sous le nom de la 
fourchette du père Adam, puisqu'il n'existe, sur une 
table vraiment marocaine, ni couteau, ni fourchette, ni 
cuillère, à l'exception des cuillères qui servent à verser 
les sauces. C'est en trempant dans ces sauces un pain 
généralement excellent qu'on arrive à les absorber. 

Le dessert se compose de fruits qui seront meilleurs 
lorsque les horticulteurs marocains se seront perfec- 
tionnés dans l'art de la greffe. 

Il s'y rencontre aussi, des pâtisseries à l'huile, ou des 
crèmes au lait aigre, auxquelles il est assez difficile, 
pour un estomac non entraîné, de s'habituer sans pro- 
testation. Comme boissons, de l'eau, du lait mousseux, 
parfois de Teau de Seltz, de l'eau minérale. Le thé très 
sacré, aromatisé à la menthe, est le complément indis- 
pensable de tout repas marocain. Il se confectionne sur 
la table devant les convives qui doivent, ainsi le veut 
Tétiquette, boire au moins trois tasses du liquide 
parfumé . 

Il conviendra de ne pas quitter notre hôte sans avoir 

demandé à passer quelques instants dans son jardin. Le 

jardin est le lieu préféré du Marocain. Les lecteurs qui 

auraient visité les jardins de l'Alhambra se rendent 

acilemént compte 4e ce qu'est un jardin marocain qui 



64 LE MABOG 

ressemble beaucoup plus à un jardin japonais qu'à un 
jaxdin anglais . 

Petits jets d'eau, petits ruisseaux canalisés, courant 
au milieu desrocailles ; petites cascatelles bruissantes, 
aucune pelouse. 

Dqs fleurs aux couleurs vives, telles que des géra- 
niums rouges qui atteignent souvent les dimensions de 
grands arbustes; des rosiers grimpants, des verveines^ 
à la senteur puissante se mêlent aux arbres fruitiers. Le 
jardin marocain, lorsqu'il est d'une certaine étendue, 
est aussi un verger dont les * orangers, les citronniers 
voisinent avec les essences européennes, car tous les 
arbres d'Europe, et la constatation est intéressante à 
formuler, réussissent très bien au Maroc. 

Dans les jardins urbains, le régime des eaux est par- 
faitement aménagé. Presque toutes les maisons ont des 
puits et toutes possèdent de vastes citernes en bon état 
que les pluies abondantes se chargent d* alimenter. Les 
Marocains, comme tous les mahométans, ont une véri- 
table vénération pour Teau. Il y a quelques années, 
nous avions, à Tanger, des puits dans lesquels les por- 
teurs d'eau venaient remplir leurs outres ou peaux de 
bouc, sous la surveillance d'une sentinelle préposée à 
la garde de Feau, chargée d'en empêcher le gaspillage ï 

L'existence de la bourgeoisie marocaine s'est déjà 
transformée et se transformera plus rapidement encore. 
Le nombre des fils de familles riches envoyés en 
France augmentera. Déjà l'usage des ustensiles de 
table s'est répandu pour les repas dans lesquels des 
personnalités européennes sont mêlées aux inc^igènes. 
Mais cependant il n'y a pas à espérer — ou à craindre 
— que la Société marocaine, parce que Société musul- 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 65 

mâne, perde tout son cachet dîstinctif qui n'es^t pas 
sans attrait. 

Dans notre Édition de 1913, nous avons détaché des 
remarquables Lettres du Maroc, publiées par M. Eugène 
Tardieu dans Y Echo de Paris, quelques passages qui 
corroboraient les notes et les impressions que nous 
avions prises et éprouvées nous-mêmes. 

Notre confrère parlait en ces termes du Palais du 
Pacha de Marrakech, El Glaoui : 

« Son Palais ne présente, du côté de la rue, qu'un 
îinmense mur udî, haut de dix à douze mètres et long 
de trente environ. Pas d'autre ouverture qu'une porte 
basse en plein cintre, aux vantaux blindés. Elle était 
ouverte quand nous sommes arrivés, et une vingtaine de 
serviteurs étaient rangés autour d'un maître de céré- 
monies, qui nous fit parcourir un dédale de corridors, 
voûtés comme ceux d'un cloître ogival, pour ^rriver, 
après avoir franchi plusieurs portes massives, au seuil 
d'une galerie ouvrant sur une cour d'Alhambra, 

(( Après les présentations, accompagnées des céré- 
monieux salamalecs obligatoires, le Pacha nous conduit 
dans une vaste salle dont le plafond a bien huit 
ou dix mètres de hauteur, un plafond pointu comme 
Fenvers d'un toit, dont les poutres apparentes et la 
charpente compliquée sont couvertes des plus délicates 
peintures. Des rideaux arabes, sur un fond d'or, qui 
représentent le plus étonnant travail de patience et de 
gotlt raffiné. Dans le plus beau décor qu'on puisse rêver, 
une frise pareille court en haut des mui^s, au-dessus 
d'une autre frise en plâtre, ouvragée comme une deù- 
telle. Les murs sont blancs et nus, lambrissés, à hauteur 
L'homme, d'une mosaïque de faïence. Le sol, pavé de 



n 



66 LE MAROC 

marbre blanc et noir, est couvert d une quantité de 
matelas et de coussins multicolores. Des serviteurs, 
vêtus de robes brunes sur lesquelles pend un poignard 
au fourreau d'argent ciselé, disposent pçur nous ces 
coussins en rond autour d'une table basse qu'on vient 
d'apporter. 

m C'est un dîner à la mode arabe, éclairé par des 
lampes à pétrole et de hauts candélabres d'argent posés 
à terre. Un esclave nous présente un immense bassin de 
cuivre, au-dessus duquel nous recevons sur les doigts 
Teau parfumée que verse, d'une aiguière, un deuxième 
esclave, tandis qu'un troisième nous tend une serviette. 
Pas de nappe, ni de couverts. Les plats sont apportés 
au seuil de la salle. Ce sont des jarres immenses en terre 
cuite, couvertes d'un plateau pointu en jonc tressé. Un 
esclave les pose sur la table ronde, au milieu de nous. 
Il faut manger avec la main droite, car la gauche est 
impure. Savoir décortiquer un pigeon ou un poulet 
entre le pouce et l'index, sans détruire l'harmonie du 
plat, est un acte difficile. On peut tremper son pain 
dans la sauce, mais il faut éviter d'y tremper les doigts. 
Par politesse, le maître de la maison arrache souvent 
avec habileté des lambeaux de chair de pigeon ou de 
blanc de poulet qu'il dépose devant ses hôtes, toujours 
avec les doigts. Il serait fort inconvenant de ne pas les 
manger avec une satisfaction visible. » 

Nous, venons de visiter une maison de ville, de Tanger 
ou de Fez, un palais de Marrakech. 

Maintenant regardons un instant vivre les campa- 
gnards, les Gens dé Tribus qui composent la très grande 
majorité du peuple marocain. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 67 

. Dans le; gourbi, moitié tente, moitié hutte, qui abrite 
la famille campagnarde, le mobilier est absolument 
rudimentaire. Une natte tient lieu de lit; des jarres pour 
reau,une lampe de terre ressemblant aux lampes ro- 
maines. Hors du gourbi un moulin à bras avec lequel 
les femmes broient la farine dont sera confectionnée 
la (( kess'i:a », galette grossière qui cuit sur du charbon 
de bois, et qui ne ressemble que de bien loin au pain 
qnç nous mangeons dans les villes, notamment dans 
les ports. 

Malgré le réseau relativement assez riche de cours 
d'eau, qui, nous Tavons noté, arrosent le Maroc, les 
Douars, ou communes rurales, ne pourraient, sur 
d'immenses espaces, s'établir faute d'eau, si la nappe 
souterraine ne se trouvait presque partout à une profon- 
deur modérée et telle qu'on peut l'atteindre par un 
forage sans grandes difficultés. 

Avec le puits, un autre élément constitutif du Douar 
est la Koubah, en français la coupole, qui s'élève au- 
dessus du Marabout, ou tombeau de quelque personnage 
pieux. 

Tel est le milieu dans lequel se passe la vie des popu- 
lations indigènes à demi sédentaires. 

Le Marché, ou Souk, est une des manifestations les 
plus caractéristiques de la vie marocaine. 

Au Maroc tel qu'il est encore aujourd'hui, le Souk 
possède une importance exceptionnelle. Il existe bien, 
dans les campagnes d'Algérie et de Tunisie, d'autres 
Souks qui présentent, avec les Souks marocains, une 
apparente analogie. Mais, en Algérie et en Tunisie, il se 
publie des journaux qui exercent une certaine influence, 
même sur ceux qui ne les lisent paç. Ils propageât les 



»^ 



68 LE MAROC 

nonrelleg qni arrivent ainsi, bien qu'évidemment déna- 
tnrées, aux oreilles de ceax-là mêmes qni sont incapables 
de les apprendre par leurs yeux. 

An Maroc, en dehors de Tanger et de Casablanca, 
aucun journal. Les nouvelles s'apprennent sur le Souk 
ou Socco, comme Ton dit à Tanger, où tous les touristes, 
à peine débarqués, s'empressent d'aller voir le petit et 
le grand Socco. 

Au Souk, on voit affluer des gens de toutes les races, 
car Ton nomme, avec quelque raison, les MarocaisB 
une poussière de peuples. On entend parler toutes les 
langues les plus déformées, les sabirs les plus invrai- 
semblables, tous les dialectes. A côté des Arabes et des 
Berbères, parmi lesquels les cheveux blonds et les teints 
clairs sont aussi fréquents que les cheveux bruns et les 
visages basanés, le nègre, le juif olivâtre, le bohémien. 

Le Souk se tient sur une place quelquefois entourée 
de murs, quelquefois sans aucune limite. 

Parmi la foule bruissante où tout le monde crie, 
s*agiteet se coudoie, passent tous les types de la Société 
marocaine. 

Ce majestueux personnage dont la figure hautaine est 
surmontée d'un turban vert, c'est un « Chérif », un 
descendant i^econnu du Prophète. Et tous de slnclinér 
devant lui, de lui demander sa bénédiction, de chercher 
à toucher un pan de son manteau. Pendant combien 
d'années les a Chérif s s> qui se promèneront sur les 
Souks jouiront-ils à un même degré de la vénération 
publiquef 

Plus loin, une femme entièrement voilée offre aux 
passants des poulets. Ces personnages qui viennent de 
décharger leurs mcdes ou leurs chameaux, muletiers et 



SON PASSÉ — SON PRÉSBNT — SON AYBNIR 69 

chameliers, sont très entourés. Ce sont presque les seuls 
propagateurs de toutes les informations, 1^ journaux 
parlants du pays. Muletiers ou chameliers savent ou 
prétendent savoir ce qui s'est passé à Fez, à Marrakech, 
au Sous, dans le Tafilelt, dans cette Chaouîa que les 
Vieux-Marocains estimaient souillée par la présence des 
Roumis, mais dont les habitants ont apprécié le charme 
du travail paisible et de la sécurité. 

Nous venons de voir un « Chérif » opulent, dont les 
austérités n'ont assurément rien d'extrême et qui sait 
allier ce qu'il doit au souvenir de son ancêtre illustre 
avec ce qu'il estime se devoir à soi-même de confor- 
table et de petits soins. Ce chérif-là songe sans doute, 
de temps à autre, au rang élevé qu'il ne saurait man- 
quer d'occuper dans l'autre monde. Mais il sait jouir du 
rang agréable qui est le sien dans ce monde- ci. 

Tout autre est le « Chérif » qui aspire au titre pos- 
thume de Marabout. Autant le premier est soigné dans 
sa mise, autant l'autre affecte de dédain pour le vain 
ornement de la toilette . Dédain exagéré, carpourunpeu il 
irait presque jusqu'à l'absence de toute espèce de toilette. 

Pas de beau turban vert ; mais, enroulé autour de la 
tête, comme une corde, un lambeau d'étoffe verdâtre, 
d'une couleur bien indécise, mais d'une saleté abso- 
lument certaine. Autour du corps, des haillons soutenus 
par quelques ficelle^. Une barbe et des cheveux qui ne 
sont l'objet d'aucune cidture. 

Lui aussi est un ce Chérif ». Il jouit d'un grand renom 
de sainteté dans les nombreuses tribus dont il parcourt 
le territoire et qui vont jusqu'à se le disputer, car celle 
qui possédera son corps s'empressera d'élever au-dessus 
de sa tombe la Koubah d'un nouveau Marabout. 






70 LS MAROC 

A côté du a Ghérîf ^, ^ passe un Juif à la calotte de 
velours, an manteau noir, au nez crochu, aux doigts 
également crochus, soit au physique, soit au mored. 

Gomme dans les Souks des Tilles, les Souks forains 
voient les marchands se grouper par profession. Ils ne 
«'inquiètent pas de la concurrence . Le chaland sait où 
trouver la marchandise dont il a besoin. Voici les bou- 
chers, dont Tétai se compose de deux perches verti- 
cales reliées par une perche horizontale à laquelle sont 
pendus les corps dépouillés de quelques moutons. 

Les marchands de thé installent leur cuisine au-des- 
sus d'un trou dans lequel brûlent des charbons. A 
côté d'eux, sur un plateau, des pâtisseries à Thuile, et 
sur un autre des morceaux de sucre que les Français 
peuvent saluer avecf une joie patriotique, car ils vien- 
nent généralement de Marseille. Nous verrons que ces 
((immigrants cristallisés)), seront concurrencés quelque 
jour par des sucres indigènes. 

Les marchands c à la toilette » montrent des haîks, 
des ceintures brodées d*or, des djellabas de cotonnades 
anglaises dont les couleurs verte, jaune, saumon ont 
toutes les sympathies des acheteurs. 

Les cordonniers vendent des babouches et aussi ces 
chaussures nommées àelras, dont les semelles sont très 
épaisses et les extrémités en forme de cercles. 

ïiCS forgerons ont des plats, des pots, des aiguières 
en cuivre et en étain. Les potiers offrent de la vaisscHe 
rustique, les jarres, les cruches, les soucoupes pro- 
fondes. 

Sur le marché des grains se traitent des affaires sou- 
vent considérables, lorsque Tannée a été bonne. 

Bœufs, vaches, chèvres, moutons, chameaux et che- 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR Jl 

vaux sont mis en vente ainsi que sur les foirails de nos 
campagnes. 

Comme dans nos pays, surtout, comme dans nos 
grandes foires qui tendent à disparaître, le Marocain 
campagnard ne vient pas au marché dans le but unique 
d'y traiter des affaires. Il y vient aussi pour se divertir^ 
oa, pour mieux dire, il compte s*y divertir lorsque ses 
affaires seront traitées. 

Pas de Souk un peu important qui n^ait ses bateleurs, 
ses entrepreneurs de spectacles en plein vent. Les acro- 
bates viennent du Sud, d'au delà de Marrakech, de la 
lointaine et sauvage « Tarondant ». 

Le charmeur de serpents est fort apprécié. D'un sac 
de cuir placé près de lui, sortent des serpents tachetés, 
des noirs cobras . Il ne convient pas de rechercher si 
Tart du charmeur a consisté à priver ces animaux des 
glandes venimeuses. Ce qui importe, c'est que le public 
est absolument convaincu que le « charme » seul 
triomphe du poison. Assurément, aucun de ceux qui se 
montrent les plus sceptiques, les Européens entre autres, 
ne consentirait à se laisser mordre la langue par le ser* 
peot, ainsi que le font les charmeurs. 

Ces charmeurs disposent d'un orchestre : un tambour 
qui fait rage pendant la durée des exercices et qui, pen- 
dant les entr actes, sollicite avec assez de succès la 
générosité des spectateurs. 

Le marchand d'histoires tient aussi boutique sur le 
Souk. 

n s'installe à distance des gens bruyants, des acro- 
bates, des charmeurs, et par conséquent des tambours. 

Entouré d'un cercle d'auditeurs souvent fort impo- 
sant, il débite sa marchandise parlée. Le kalife Haroun 

4 







7^1 LE MAROC 

l&teste, kl beUe Sehéhérazade et quelques personnases' 
de semblable importance jouent, dans ses réeits, ^e» 
rôles passioMMtnts, an milieu d'épisodes qui impres- 
sioBBent Tivemeut les auditeurs, excitent tour à four 
lemt pitié, leur terreur, leur admiration. 

n y a toujours des cavernes dans lesquelles sont enfer- 
mées quelques houris que gardent des esclayes neirs» 
tandis que, dans d^autres cavernes, des pierreries, amas- 
sées dans des coffres, tentent des voleurs qui parvien- 
uMit rarement à s*en emparer... car ce dénouen^nt 
aurait l'inconvénient de faire se terminer Fbistoire. 

Bien souvent nous avons écouté, avant de les com- 
prendre, les longs récits, certainement merveilleux, si 
nous en jugeons par Tattention que leur prêtaient les 
spectateurs. 

Nous avons été déçus comme eux alors que le conteur 
s'arrêtait, se dédarant fatigué et hors d'état de noirs 
apprendre si le bon Génie réussissait enfin à délivrer 
ia Princesse. Gomme eux, nous nous sommes sentis 
soulagés d'une angoisse lorsque nous constations que 
le « barde»,aprèsunin8tantd arrêt, puisait assurément 
de nouvelles forces dans les quelques pièces de menœ 
monnaie que les auditeurs bénévolement lui jetaient 
pour lui permettre de chasser les influences néfastes que 
[es Grénies, ennemis des beaux contes merveilleux,, 
venaient, sans aucun doute, de faire peser sur sa langue. 

Généralement, lorsque le nombre des auditeurs est 
élevé, lorsque leur attention s'exprime avec intensité 
par leurs regards fixés sur les yeux du conteur, celni-c: 
est pris de plus nombreuses défaillances, et il n*^estpa6 
rare qu'il faille venir plusieurs fois, en peu de temps, au 
secours de la Princesse . 



rft-" 



SON PA$SB — SON PRÉSENT — SON AVENIR ^3 

C'est la « suite au prochain numéro » qui lait acheter 
le journal du lendemain. 

Sous la djellabah, sous la blouse ou sous le veston, 
que nous soyons de Tanger, de Paris ou d'autres lieux, 
combien nous nous ressemblons, ô Frères ! 

Maintenant, la Princesse est enfin délivrée ; quelques 
chameaux, des bœufs, des moutons écorchés ou sur pied 
sont vendus ; le beau Chérif est allé vers la Mosquée, 
puis vers sa confortable demeure. Le juif est rentré dans 
le Mellah. Le Chérif pauvre est tapi sous quelque porche. 
Muletiers et chameliers ont rechargé leurs bêtes avec 
les marchandises emportées en échange de celles qu'ils 
ont déballées le matin. 

Faisons de même, qui);tons le Souk. 



T 

« 



CHAPITRE VII 



La vie au Maroc (suite), -* L'Enaeig^ement. — La 
Religrion.— Lm Fêtes.— L'Aïd el Kébir.— L.'AId 
el Seghir. — Le Mouloud. — L'Achoura^ fête 
des Tolbaa. — Le mariage. — La naiasanoe. — La 
médecine. — La maladie. —La mort. *- Les funé- 
railles. 



L'ERSEIGIŒMEErr 

Autrefois : 

Dans notre Edition d'avant-guerre, nous pouyions 
écrire ce qui suit relativement à Tétat de l'Enseigne- 
ment public au Maroc : 

« L'école coranique, ou école musulmane, a pour prin - 
cipal objectif FEnseignement religieux, la lecture et le 
coipmentaire du Livre sacré. En Algérie comme au 
Maroc, à Fez comme à Sidi Okba, nous avons vu, non 
sans intérêt, les élèves lisant sur des tçiblettes de bois 
les versets du Coran. Leur attention est si profonde 
que, si vous vous approchez d'eux en manifestant une 
curiosité en quelque sorte indiscrète, ils ne témoigne- 
ront d'une manière ostensible aucune espèce d'attention. 
Imaginez une entrée de quelques personnages à bur- 
nous dans une classe européenne, et quel que soit l'in- 
térêt de la leçon professée, dites un peu combien de 
têtes demeureraient penchées sur les livres ou combien 



SON PASSÉ — SON PBÉSDIT — SON ATBNIR 7$ 

d*oralle8 resteraimt attoitiyw à la parole da profes- 
seur. 

Dans la classe conmqfae, il en est tout autrement. 

L'étranger, le Yîsitenr, est inexistant. Tonte l'atten- 
tion de relève reste fixée snr sa lectore qu'interrompent 
de temps à antre les interrogations on les explications 
dn nudtre, auquel un tnrban vert, indiquant la descen- 
dance du Proph^, attire parfois une vénération parti- 
culière. 

n est incontestable que l'Enseignement donné à l'école 
coranique ne répondrait pas an programme de notre 
Certificat d'études. 

Mais, contrairement aux allégations tendancieuses* il 
est parfaitement certain que le travaU de l'école ne se 
borne pas à ànonner, sans même ks comprendre, les 
versets du Livre saint. L'école coranique apprend en 
somme à ses élèves à penser en musulmans, à vivre en 
musulmans ; elle leur donne les notions indispensables 
àFexistence qui sera la leur. Elle ne fait certes pas des 
hommes instruits ; mais elle ne fait pas de déclassés • 
Cest déjà beaucoup. 

Peut- on dire qu'il existait au Maroc un Enseignement 
supérieur ? 

Assurément non, dans le sens que nous attachons à 
ce mot. Et cependant Fez possède un embryon d'Uni- 
versité. 

Dans les villes <( Hadria ï>,ce qui pourrait se traduire 
à peu près par les villes « littéraires », il existe, chez la 
bourgeoisie surtout, une certaine instruction, sans doute 
très rudimeptaire, mais qui ne constitue pas moins une 
sorte d'Aristocratie intellectuelle. Il y a là comme un 
souvenir effacé de la culture qu'avaient acquise les 






• \ 
■ .1 



76 LE MAROC 

conquérants de TEspagne, dont lintellectualité était 
très supérieure à celle de leurs descendants. 

L'enseignement Israélite est organisé d*une manière 
beaucoup plus perfectionnée. La population Israélite 
est d'ailleurs très nombreuse au Maroc, notamment à 
Tanger, à Mogador, à Casablanca, à El Ksar, à Rabat . 

Dans les écoles Israélites on enseigne un peu l'espa- 
gnol qui est la langue usuelle des Juifs marocains ; 
mais on enseigne aussi la langue originelle, Thébreu, et 
enfin le français et l'anglais. Plusieurs de ces écoles 
sont çubventionnées par des associations anglaises, 
entre autres l'Ânglo-Jewish Association. VAlliance 
Israélite universelle est à la tète de cette organisation 
de l'Enseignement juif au Maroc. 

Son centre principal est à Tanger. 

Il existe également des écoles de l'Alliance à Rabat, à 
Casablanca. 

A Mogador, deux écoles Israélites fonctionnent simul- 
tanément. 

A Fez, récole Israélite pour les garçons compte un 
peu plus d'une centaine d'élèves. Il y a également une 
école pour les filles. On enseigne avec l'hébreu, l'espa- 
gnol et le français . Les frais de cet enseignement sont 
presque entièrement supportés par ï Alliance israélite 
et par rAngloJewish. . 

Avant Torganisation de cet Enseignement que Ton 
peut appeler l'Enseignement primaire, la Communauté 
juive n'avait que leTalmud-Thora, c*est-à-dire les écoles 
rabbiniques, très mal tenues et d'une insuffisance com- 
plète. 

Lès garçons commencent à fréquenter l'école cora- 
nique vers rage de dix ans. 



SON PASSE — SOR PRÉSENT — SON AVENIR JJ 

Lorsqu'ils sont en mesure de lire la moitié du Coran, 
on célèbre en famille cet heureux événements Les 
parents et les amis sont conviés à des fêtes dont les 
repas et la musique forment les éléments principaux. 
Le professeur est naturellement au nombre des con- 
vives. 

Dans la cour on étend un drap blanc, et Ton y place 
une des planchettes sur lesquelles sont inscrits les carac- 
tères coraniques, planchettes qui remplissent le rôle de 
livres de classe. Des chanteurs récitent des cantiques 
où i*on célèbre la gloire du Prophète, et les assistants 
ont coutume de jeter sur la planchette ou sur le drap 
des pièces de monnaie qui deviennent la propriété du 
professeur. Si le nombre de pièces qui tombe sur la 
planchette est plus considérable que celui de celles qui 
se posent sur le drap, le fait' est considéré comme un 
heureux présage. 

n existe à Fez une organisation très rudimentaire de 
l'enseignement pour les filles et même quelques ^ours 
de broderie et de tapisserie, auxquels on ne peut, mal- 
gré la meilleure volonté du monde, reconnaître le 
caractère d'un véritable enseignement professionnel. 

Nous avons à parler ici des Tolba, ainsi que l'on 
nomme les étudiants . Les Tolba sont des jeunes gens 
qui fréquentent les cours de l'Université. 

Cette Université, là seule, bien entendu, qui existe 
au Maroc, a pour siège la mosquée de Karaouiyin, 
c'est-à-dire la mosquée des Kerouanais, témoignage 
toujours debout des immigrations qui, à travers la 
Tunisie et toute TAlgérie ont créé, entre la ville sainte 
de Kairouan et le Maroc, des liens religieux et intellec- 
tuels. La Mosquée-Université de Karaouiyin est d'une 



^8 UE MAROC 

dimension telle que plus de 20.000 hoQunes, dit-on, 
peuvent s'y réunir ponr la prière. 

On enseigne à Karaomyin ie droit, la grammaire, 
Tarabe littéraire et l'éloquence. Ce sont là les cours 
principaux. Cette instruction est complétée par un peu 
d'astronomie et de calcul, car le mot mathématiques 
paraîtrait ici trop prétentieux. 

La Mosquée-Université possédait autrefois une biblîo- 
thèque formée par des livres apportés d'Espagne, p^i- 
dant la longue période qu'ont existé les royaumes de 
Grenade et de Séville, le Khalilat de Gordoue. Cette 
bibliothèque a été répartie entre les villes impériales^et 
la fraction demeurée à Karaouiyin ne comprend guère 
plus mainteuant que douze à quinze cents volumes. 
L'Université compte une quinzaine de professeurs, y 
compris les professeurs ordinaires nommés Talebetles 
professeurs supérieurs ou Feqihi. Ces professeurs sont 
nommés par le Cadi de Fez et ce sont les biens de la 
Mosquée, les biens Habous, qui assurent leur rétribu- 
. tion à laquelle le Gouvernement ajoute, à Toccasion 
des grandes fêtes religieuses, quelques gratifications ^i 
argent, vêtements et grain. Il existe cinq classes de 
professeurs. Le traitement n'est pas seul à augmenter, 
au passage d'une classe à l'autre. La hauteur de l'es- 
trade sur laquelle monté le profess^ir pour dosnear sa 
leçon s'élève aussi progressivement. 

Les étudiants dont les familles n'habitent pas Fez 
sont ordinairemeait logés dans les Medersa, ou collèges, 
qui sont au nombre de cinq. Chacun d'eux paye, au 
moment de son arrivée, une redevance lui assurant la 
possession d'une chambre pendant la durée de ses 
études, qui peuvent se prolcmger pendant six aimées. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 79 

L'autorité chargée de maintenir Tordre dans iGiMedersa 
est celle d'un Moqnaddem, sorte de censeur dans les 
fonctions duquel entrent les soins du nettoyage et la 
distribution du pain, qui est la seule nourriture fournie 
aux étudiants par l'administration des Habous. En 
dehors de cette distribution, les Tolba sont soutenus 
soit par les dons de leur famille, soits par ceux de la 
oharité publique^ 

Les livres classiques sont imprimés à Fez par une 
imprimerie lithographique. On peut donc presque dire 
que ce sont des manuscrits imprimés. Un certain nom- 
bre d'éditions sont faites au Caire. Le confmerce de la 
librairie est centralisé par quelques marchands dont 
les boutiques sont situées dans les environs de Ka- 
raouiyin. — Il s'y tient également, chaque jour de 
grande prière, c'est-à-dire chaque vendredi, un marché 
aux livres d'occasion auquel se rendent ceux des Tolba 
qui ne peuvent acheter de livres neufs. 

Le prédécesseur d'Âbd el Aziz, Moulay Hassan, dont 
les vues n'étaient pas sans avoir, sur plusieurs points, 
une véritable justesse, était bien intervenu dans l'œu- 
yre de renseignement puisqu^il avait fait préparer à 
Tanger d'abord et, ensuite envoyer en Europe, soit en 
France, soit en Angleterre, un certain nombre de jeunes 
gens appartenant aux hautes classes delà Société maro- 
caine. Ces' personnalités, maintenant bien connues du 
public français,^nt ainsi fait une étude approfondie 
d'une et inême de deux langues européennes. » 

Depuis que nous écrivions ces pages qui, non seule- 
ment conservent tout leur intérêt rétrospectif et docu- 
mentaire mais, de plus, indiquent un état de choses 



8o LE MAROC 

existant encore dans une vaste partie de l'Empire 
chérifien, Torganisation de FËnseignemènt au Maroc a 
été très profondément modifiée. » 

Aujourd'hui : 

Enseignement Européen 

Sous rheureuse impulsion de M. Loth» nommé direc- 
teur de TEnseignement public au Maroc, des écoles 
primaires se sont ouvertes dans les centres ci-après : 

Gasablanca-Rabat-Salé-Mazagan, Safi, Mogador pour 
les ports. 

Casablanca possède : 

Un lycée ; 
'Une école secondaire de jeunes filles ; 

Une école d'application pour les garçons ; 

Une école d'application pour les filles ; 

Un groupe scolaire dit de la Ferme blanche, compre- 
nant une école de garçons et une école de filles ; 

Un groupe scolaire dit de Mers-Sultan ; 

Un groupe scolaire dit des Ecoles noires. 

Tanger possède un collège français de garçons ; nn 
collège français de filles. 

Dans Tintérieur, des écoles primaires existent à Fez, 
à Marrakech, à Meknès. 

Enseignement Indigèhe 

. L'enseignement indigène à également été l'objet des 
préoccupations de la Résidence générale. 

A Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi, Mogador exis- 
tent des écoles indigènes. 



, SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 8l 

Fez possède quatre écoks, Marjrakjech et Mecknès 
ont une école. 

Tauger a des écoles f r anco-airaèeft. 

Euiîa^ dans les envircMois de nombreux postes mili- 
taires, il a été instaUé des écoles indigènes. 

Des écoles iadastneUes et a^pricoles musulmane^; 
•oomplètent un ensemble d'organisation déjà très déve- 
loppé et dont les résultcUs acquis sont en voie doTapde 
augmentation. 

Indépendemment de eet ensembte officiel, il existe de 
nombreuses écoles dùVAdlianoe israéUte universeUeqm 
remplacent les anciennes écoles rabbiniques. 

Enfin les Franciscains espagnols dirigent un certain 
nombre d'écoles fréquentées par les enfants de leur 
natioimlité. (Consulter rAppendice.) 

LA USUGIOIf 

Gomme dans tous les pays dlslam, la Religion est, 
au Maroc, trop mêlée à tous ks actes de la vie privée et 
de la vie publique pour que nous ne lui consacrions pas 
un de nos tableaux. 

La constitotion du Clergé marocain, où pour mieux 
dire de la Classe sacerdotale, est sans analogie avec 
celle du Clergé catholique . 

Les Familles sacerdotales sont les familles chéri- 
iifinnes descendant du Prophète, à la tête desquellesest 
la Famille souveraine^ puisque le &iltan est« avant tout, 
Pcfflitife. 

Ces (( FamiMes » sacerdotales iorment des confréries, 
des castes dont tous les neiembies participent au carao- 
iàre sacré de la iamiUe, possède&t la Baraka. —Baraka 



Sa LE MA.ROG 

a été mal traduit par le mot Bénédiction ; c'est exacte- 
ment un droit de bénir, un pouvoir de bénir. La Baraka 
du Sultan est le caractère distinctif de son pouvoir. 
C'est parce qu'il le possède qu'il règne. Sa Majesté Ghé- 
rifienne est le plus grand bénisseur du Maroc, ainsi soit 
dit sans aucune arrière-pensée ironique ou même fami- 
lière . Après la Baraka du Sultan, viennent celles que 
possèdent les Chorfa illustres ; ce mot, qui est beau- 
coup plus connu par les Européens sous sa forme « sin- 
gulière », est le pluriel deChérif ; il est le masculin de 
Chérifa. Il faut toutefois remarquer que. sauf de très 
rares exceptions, les Gherifa, femmes des familles chéri- 
fiennes, ne participent pas à la Baraka, propriété morale 
de la famille. 

La Caste chérifienne est, avant tout, la \ Caste 
noble. 

l^es personnages sacerdotaux — ce que nous appelle- 
rons le Clergé •— n'ont pas rimt)ortance qui leur est 
reconnue dans la religion catholique. 

Le prêtre musulman, qu'il soit Iman, Taleb, prêtre et 
professeur; Hazzaba, spécialement chargé de lire le 
Coran ; Muezzin, dont la principale fonction est d'appeler 
à la prière ; Khatib, ou prédicateur, est à proprement 
parler une sorte de fonctionnaire attaché au service de 
la Mosquée, pour en assurer la garde, Tentretien, et 
pour réciter, à toutes les heures rituelles, les nom- 
breuses prières que prescrit le Coran. C est la récitation 
de la prière qui constitue presque uniquement les mani- 
festations du culte islamique qui, en dehors de la prière 
et de la prédication, ne comporte pas d'offices dans le 
sens propre que nous attachons à ce mot. 

A Fez surtout la vie religieuse atteint toute son inten- 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 83 

site ; dans les ports elle s'est modifiée, bien qne ses 
prescriptions principales soient toujours observées. 

Dans rintérieur, alors que des étendues de territoires 
considérables n*ont d'autres édifices religieux que les 
petites Koubah et les tombeaux des marabouts, les pra- 
tiques religieuses sont beaucoup moins actives. On peut 
dire qu'elles se bornent à une certaine observance des 
fêtes coraniques, à des prières, et parfois à un ensemble 
de superstitions qui n ont que des rapports très éloignés 
avec le .véritable culte islamique. 

L'équivalent des couvents sont les Zaouias, qui sont 
placées sous l'invocation de tel ou tel des innombrables 
saints ou marabouts admis parla théologie musulmane. 
Chaque Zaouia appartient à quelqu'une des confréries 
religieuses qui, depuis les Musulmans de l'Inde, de 
TÂrabie, jusqu'aux Musulmans du Maroc et du Centre 
africain, se partagent, en quelque sorte, par une affilia- 
tion apparente ou occulte, tout le monde de llslam. 

Certaines Zaouias ont pris un si grand développement 
qu'elles ont le caractère de villes véritables . 

Telles Ouazzan et Moulay Idris, dont nous disons 
quelques mots dans notre chapitre consacré aux villes 
marocaines. 

LES FÊTES 

Pour connaître la mentalité d'un peuple, ses qualités, 
ses défauts, pour en déduire une règle de conduite à 
observer dans les relations que l'on peut entretenir 
avec lui, il n'est pas inutile de le considérer dans ses 
manifestations joyeuses. 

Le Marocain est assez exubérant; beaucoup plus 
même que l'Algérien. C'est un actif plutôt qu'un rési- 



84 !■« VA.1UK: 

gué, daas les Umit«e totrteloU àa iaXaliame mu 

Les grsndei lUw msTockineB ont, avant tout, vn 
csractëre retigieax. te sont TAW ef SMir, tAU a 
Sefhir, te M^mhud.Vae ({afttrième ttite,CAcÂottra,Cfa- 
retpoad asae« exactement à sotre Camav»!. 

L'AId d Kébir eât la plos imp^^tante des lètes i 
les que noas vesons de menUamer. Son origii 
asanrément fort ancieDue. Elle fat, en effet, ce 
poor la première f«îs par Abraham loroqa'il aaor 
moutoD. L'Ald el Kébir est la fête du ■monton. C'est 
l'épocfae do pèlerinage de La Mecque. ComaM !a fête 
pascale avec laqoMIe elle n'est pas sau qoriqiK ana- 
logie, l'Aid el Kébir est noe tète dont la date de oHé- 
tnslioa varie. Elle a fréquemment lies en mars. 

Hest presque ironiqne, à l'égard dn mouton, de décla- 
rer que l'Ald el Kébir est sa (été. Car oette journée oa 
l^tét cette semaine de fë tes — l'Ald el Kébir dlire aeçt 
jours — n'offre rien de particrHlièrrement agréable ponr 
la race ovine. 

Il n'est pas une famille marocaine qui, pendant les 
trois premiers jours de la fête, n'immole au moins un 
nontOQ ; c'est ainsi qne dans la eeale ville de Fez on a 
estimé à 40.000 le nombre des moutons sacrifiés . 

Le Sultan lui-même doit remplir l'office de sacrifica- 
enr et l'Aïd el Kébir est la plus solennelle des circons- 
tances dans lesqueUra Sa Majesté Qiérifienne se montre 
an peuple, 

Void le tableui assez pittoresque des Fêtes de VAîà 
el K^ir d'avant la gnerre. 

n peut, sauf quelques détails s'appliquer à la lAte 
cAébrée actuellement chaque année par le Snltan Hoo- 



! SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR 85 

! C'était à Fez, au temps de la levée d^étendard du pré- 
I tendant BouHamama, que nous connaissions surtout en 
Europe sous le vocable d'El Rogui, mot qui n'est pas yn 
nom, mais signifie Prétendant . El Mehdi el Menebbi, qui 
commandait la Méhalla chérifienne, peu heureuse dans 
ses efforts pour s'emparer du Rogui, établi à Taza, était 
revenu camper sous les murs de Fez. Vus d'un peu 
loin et grâce à la coUaboratibn du soleil, les uniformes 
rouges des tabors d'infanterie formés en carrés ont un 
aspect assez martial. 

Au centre, les musiques font rage avec une ardeur et 
une bonne volonté qui s'efforcent de faire oublier la 
virtuosité absente. 

L'artillerie est en batterie. 

Un redoublement de fureur musicale, auquel les 
canons mêlent leurs voix, annonce que le Sultan a quitté 
son Palais et qu*il se dirige vers la Msalla, qui est le 
lieu du sacrifice et qui se compose exactement d'une 
longue muraille blanche au centre de laquelle se dres- 
sent la Kibla et le Mimber, correspondant à la chaire 
et à l'autel. 

Derrière la Msalla se déploient la cavalerie régulière 
et les cavaliers envoyés par les tribus pour rendre 
hommage au Chérif. Ces deux rassemblements de 
cavalerie au-dessus desquels flottent un grand nombre 
d'étendards forment assurément la partie la plus pitto- 
resque du tableau dont un des côtés est limité par 
les murs crénelés de Fez. 

Au milieu de deux haies d'infanterie, le Sultan s'a- 
vance, entouré d'un brillant cortège composé de tous 
les hauts fonctionnaires également à cheval et dont les 
blancs burnous tranchent sur le rouge et le vert des 



86 LE MAROC 

harnachements qne décorent des hroderies d*or plutôt 
lourdes et massives, mais d*ane grande richesse. 

. Arrivé à proximité de la Msalla, le Sultan met pied 
à terre. Son porte^parole — car le Sultan ne parle au 
peuple que par la voix de ce dignitaire — son porte- 
parole annonce et glorifie la fête par quelques phrases 
protocolaires que Ton nomme la Khatba ; c'est un dis- 
cours d'ouverture. 

Lorsque l'orateur s' est tu, le Sultan procède lui-même 
au sacrifice du mouton. L'instant du sacrifice est mar- 
qué par une salve avant laquelle le sacrifice du mou- 
ton ne peut avoir lieu dans aucun quartier de la ville. 

La partie religieuse de la cérémonie étant achevée, 
commence la partie politique désignée sous le nom de 
Hadiya, ce qui signifie l'hommage. 

C'est Thommage rendu par les tribus au Ghérif cou- 
ronné, VÈmir el Mouminin, ce qui signifie : Le Prince 
des Croyants. 

Après le sacrifice du mouton, le Sultan remonte à 
cheval et s'avance vers les divers groupes formés par 
les délégations des tribus. 

Moulay Abd el Aziz est monté sur un cheval 
blanc avec des harnachements vert d'eau. Il est enve- 
loppé dans un ample burnous de drap crème. A sa 
droite se trouve le Moul el Meddall, qui a pour mission 
de tenir au-dessus de la tète' du Souverain le parasol 
de satin cerise surmonté d'une boule dorée, qui est 
l'emblème du pouvoir. Devant le Sultan, des esclaves 
nègres agitent des chasse-mouches en mousseline. 

A droite et à gauche marchent des porteurs de 
lances, des Mzarguiya, Viennent ensuite les Officiers 
de la Couronne portant les armes du Souverain, pois 



SON PASSÉ — SOW PJUàSENT — SON AVENIR 8^ 

le ministre de la Ouerre (c'était alors Si el Mebdi el 
Mmebbi) avec lequel se trouvent les membres de la mis- 
sion militaire française. 

Tout ce cort^e est blanc, d'une éblouissante blan- 
^era*. 

Chaque délégation est annoncée par le Caïd El 
Méchouar. 

Ahl Pas naam ya Sidi (en v^té, Seigneur, voici les 
^^isdeFez). 

Le Sultan s'arrête imperceptiblement, arrêt pendant 
lequel se manifestait son pouvoir religieux de bénédic- 
ti<m, — la BaraJca^ — Suivons encore un instant la 
marche du cortège : 

Aliahl ïbarek fasser Sidi (que Dieu bénisse la vie 
de votre Seigneur), répond chaque délégation en retour 
de la bénédiction impériale. — Que Dieu vous bénisse 
et vous dirige dans la bonne voie, dit, au nom du 
Sultan toujours silencieux; le Caïd El Méchouar. 

Lorsque le cortège est passé devant tous les groupes, 
il reprend la direction du Palais dans lequel il rentre 
bientôt comme une vision qui s'évanouit. 

Toutefois, la solennité à laquelle nous venons d'assis- 
ter n'est pas une lête sans lendemain. 

Après la fôte publique, a lieu la fête privée, au cours 
de laquelle sont présentés au Sultan les cadeaux que 
les Délégations ont pour mission de' lui remettre. 

Cette deuxième cérémonie, complément de ïUwUyay 
est moins pompeuse que celle qui vient d'être décrite. 
Elle sacoomplit, non plus en dehors de la ville, mais 
dans les vastes espaces compris dans l'intérieur du 
Pakds. 

Les troupes, en nombre restreint, forment la haie et 



le carré ; les canons sont en batterie. Les dé 
tiennent groupés par lien d'origine, attendan 
du Maître. 

Voici le cortège impérial ; mais il est loin d 
ter l'aspect magnifique de celui que nous v 
décrire. Seul, le Sultan e^t à cheval, précédi 
vaux tenus en main. 

Il s'avance, suivi des personnages de la ( 
les diverses délégations qui lui présentent le: 
apportés. Certains de ces cadeaux, — cène 
doute pas les moins agréables, — consistent ei 
toujours de la monnaie d'or, quelquefois desli 
Ung. plus souvent des louia. 

D'autres tribus doivent donner des chevaux, d'antres 
enfin des- négresses. La cérémonie^ très rapidemeut 
menée, dure une demi-heure à peine. Puis le Sul!:ia 
regagne son Palais, tandis que les canons et les musi- 
ques se font entendre. 

L'Aïd es Séghir est la fête de clôture du Ramadan, 
le mois du jeûne. 

Pendant les trois journées que dure la fête, il convient 
de se réconcilier avec ses ennemis, de pardonner les 
injures et même de s'offrir des cadeaux. * 

V Aides Sé^Air ne donne pas lieu, comme VAîdet 
Khébir, à de grandes solennités ; c'est une fête plus 
intime . 

Une cérémonie publique se célèbre cependant^ Dans 
les principales villes, le Gouverneur se rend en cortège 
à la Msalla on Muraille des prières, ainsi que fait le 
Sultan. Un prêtre, nommé Rkatib on prédicateur, pro- 
nonce la Khatba ou prière publique, au nom du Sultan 
régnant. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 89 

Aussitôt terminé le sermon qui proclame la fin du 
Ramadan^ une salve de vingt et un coups de canon 
annonce que le Ramadan est définitivement achevé, 
que V Aid es Séghir Ta clôturé. La fête dure trois jours, 
que Ton nomme : Jours du pardon. 

Le Mouloudj Tune des grandes fêtes religieuses au 
Maroc, a pour but de célébrer la naissance du Prophète. 

Les préparatifs à la fête du Mouloud commencent, à 
Fez plusieurs semaines avant le moment de sa célébra- 
tion. Dans les Mosquées on commente la Hamziya, 
poème écrit en r^onneur du Prophète, au xiii* siècle. 
Pendant la nuit qui précède la fête^ les Mosquées 
restent ouvertes. On y chante des poésies en Thonneur 
de Mahomet. 

Dès la pointe de Faube, on tire des coups de fusil, 
les femmes font entendre sur les terrasses des you-you 
trépidants. 

Le matin, le Sultan sort de son Palais ainsi que nous 
l'avons vu faire pour FAïd el Kebir. Il n'existe pas de 
prière ni de cérémonie religieuse, mais seulement une 
présentation sommaire des délégués des tribus. 

La semaine entière qui suit le jour du Mouloud est 
fériée. 

Pendant les trois premiers jours, le Sultan reçoit les 
hommages et les cadeaux des tribus et les cavaliers se 
livrent à une fantasia échevelée. A la fin de la semaii^e, 
toutes les Confréries religieuses se réunissent et plu- 
sieurs d^entre elles exécutent des processions parois- 
siales, ' 

Une fête sans caractère religieuxj est] la « Fête de 
rÉté » dont la principale manifestation consiste à jeter 
de Feau sur son prochain, non seulement dans Finté- 



go LK MAmOG 

rieur des maisons, mais enecHre da haat des terrasses 
et dans la rue. 

LA FÈTB DflS TOLBA 

La Pète des T&tta est la fête des étudiants* La prin- 
cipale manifestaticm de cette réjouissance esk Félection 
d'un Sultan des Tolba, qui se célèbre à Fez. 

C'est en Tannée 1665, alors que régnait Monlay 
Mohammed et que, selon Tusage» fi(on frère, Moulay er 
Rechid, s'était soulevé contre Ini, que des Talba ocm- 
sentirent à se laisser placer dans des caisses qui, de 
même qu^au temps des Grecs, le cheval de Troie, 
furent envoyées, ainsi qu'un présent, à Ben Mechaal ou 
Mechad, commandant, pour le Sultan, la ville de Taza. 
Ce Gouverneur accueillit les colis qu'il conduisit dans 
sa Kashah, sans prendre la précaution d'en inspecter le 
contenu. Puis, la nuit venue» les caisses s'ouvrirent 
comme par enchantement; les cadeaux qui avaient 
figure humaine en sortirent et massacrèrent le trop 
confiant Mechad » 

Cette agression entraîna la prise de Taza par les par- 
tisans de Moulay er Rechid. Celui-ci ne rejeta pas le 
fardeau de la reconnaissance et il décida que, chaque 
année, un Sultan des Tolba serait élu. Ce Sultan des 
Tolbae%i quelque peu cousin de nos Reines de Cama-* 
val, dans le cortège desqu^es figurent toujours en 
bonne place des délégations d'étudiants. 

Tous les ans, les Tolba doivent demander au Sultan 
la permission de célébrer leur fête. Aussitôt que cette 
permission est obtenue» la oouronne éphémère est mise 
aux enchères dans la mosquée de Karaouiyin. N'est-ce 



SON PASSÉ — SON PRESENT — SON AVENIR 9I 

\ 

p&s encore là une curieuse analogie avec certaines fêtes 
de notre Moyen Age qui, malgré leur caractère carnava- 
lesque, se passaient dans les basiliques? Lorsque la 
couronne est adjugée, moyennant finances, le nouveau 
Sultan s'adonne aussitôt à ses attributions gouverne- 
mentales, autrement dit, il se met en mesure de perce- 
voir les impôts ! Une supplique-circulaire est adressée 
aux personnages principaux^ hauts fonctionnaires ou 
riches marchands. Cette feuille de contributions est 
assurément rédigée en termes plus originaux que ceux 
employésparBklM. les percepteurs. f 

€ Notre Seigneur ! que Dieu lui donne la gloire ! nous 
a antorisés à célébrer la fête habituelle. Toutes les dis- 
positions ont été prises pour fêter dignement cette 
solennité. Les marmites sont prêtes I Aussi, nous vous 
ordonnons de verser la cotisation qu'ont toujours don- 
née vos pères, mille ans déjà avant la création d'Adam I 
Si vous vous conformez à cet ordre, tout ira bien î 
Exécutez-vous vite. Si vous manquez de bêtes de charge 
pour nous faire parvenir l'argent, nous vous enverrons 
les ânes du Djeddah pour le chercher. »(L'ànedu Djed- 
dah est un insecte. ) 

Le véritable Sultan pu son KaUfa envoie au « Sultan 
des Tolbas » un cheval harnaché, une escorte, un 
parasol, des porteurs de lances et des chasseurs de 
mouches. 

Le vendredi qui suit celui où a eu lieu Télectlon, le 
Sultan des Tolbas sort en grand cortège de sa Medersa» 
c'est-à-dire de son Collège, de son Université. Il se rend 
à la mosquée des Andalous puis au Tombeau (la Eoubah) 
de Sidi Ali Ben Harazem qui est le patron des étudiants. 
, Le lendemain, le Sultan des Tolbas sort de. Fez par 



9^ LE MAROC 

Bab el Marrouk, il gagne son campement dressé sur les 
bords de Toued Fez. 

Pendant sept jours dute le règne du Tolba couronné ; 
c'est un règne court mais agréable, un règne de Mo- 
narque absolu, sans les soucis du pouvoir, les ingé- 
rences du parlementarisme ni les indiscrétions de la 
presse ! Cette semaine de fête se nomme la Nzaha . Le 
Sultan, le vrai, ne reste pas indifférent au règne de son 
confrère. Gomme M. le Président de la République 
reçoit, de ilos jours, la Reine des blanchisseuses, le 
Sultan, lorsqu'il se trouve à Fez, va rendre visite au 
campement des Tolba. Il s'est fait précéder par de larges 
offrandes consistant en argent, en moutons, en sucre, 
en thé ou bougies, en semoule pour la confection du 
couscous . 

Le Ghérif couronné ne se rend pas officiellement au 
campement des Tolbâ; il s'en approche au cours d'une 
promenade, d'ailleurs protocolaire. Aussitôt que le sou- 
verain est en vue» le Sultan de Carnaval se met ea 
marche suivi de son cortège et lui demande en termes 
assez vifs qui l'autorise à se présenter à ses yeux. Il va 
sans dire que les deux Sultans ne prennent pas eux* 
mêmes la parole, mais qu'ils causent par l'intermédiaire 
de leurs maîtres des cérémonies. Le ton de la conver- 
sation se modifie bientôt d'ailleurs. Le Sultan de con- 
trefaçon descend vivement de cheval, baise l'étrier du 
Ghérif et lui remet une supplique dont' les demandes, 
communiquées d'avance, sont régulièrement exaucées. 

Le lendemain de la visite du Sultan E finùa la corne- 
dia. Gendrillon quitte le bal. Le Sultan des Tolba aban- 
donne, dès Taurore, son campement qui bientôt dispa- 
raît. Sic transit qloria mundi. 



SON PASSÉ — SON FSisSirC — SON ATBNIR gS» 



LE MARIAGE^ 



Le maiiage au Maroe entzaine, dans les classe» ' 
aisées, un ensemble de formalités et s'accompagne d^ 
toute une série de fêtes. Il ne peut avoir, à proprement 
parler, un caractère cîvfl ; il n'a pas de caractère reli- 
gieux dans le sens qjae nous attachons à. ce mot, puisque 
sa eonsécration ne domine pas lieu <à une cérémonie reli- 
gieuse. Cependant, l'idée religîiBuae et les formes reli- 
gienses sont loin d'en être bannies puisqu'elles sont 
intimement mêlées à tous Us actes de ta vie privée et 
de la vie publique. 

lJ^ xiolygamie est admise. Le nombre de femmes légi- 
times, qui ne peut dépasser quatre, est souvent plus 
limité. Le nombre des négresses qui, tout en assurant 
le service de la maison, complaisent aux fantaisies du 
Maître, ne Test pas. 

Lee parents disposent Tunion de leurs entants; de 
telle s(M*te que les mariages marocains ne sont^ le plusr 
souvent^ que des mariages de convenance. Voici quelles 
sottt les cérémonies qn entraîne le premier mariage de 
deux j^nes gens. C'est le mariage classique lorsqu'il 
n'eist modiiié par aucune circonstance telle que la mort 
du père de l'un des deux fiancés. Le deuxième mariage 
ou les mariages subséquents d'un hamme possédant 
dô|à une ou fdusieurs temmes légitimes ne nécessitent « 
pkisrini^ventîon oliicielle du père du marié. Le Coran 
n'interdit pas le mariage des veuves, mais il se pro- 
duit assez rarement. 

XiMrsque les deux pères se sont mis d'accord — car, 
officiellement du moins, ce sont les hommes seuls qui 



94 UE MAHOG 

décident — l'envoi d*an présent à la fiancée est la pre- 
mière manifestation du projet d'onion. 

La deuxième est 1§ rédaction du contrat dressé par 
deux notaires (Adoul) et signé dans une Mosquée. 

UN CONTRAT DB MARIAGE 

■ 

Ahmed, fils de Mondafa, 8*est marié d'après la bénédiction 
de Dieu et la règle de son envoyé (que Dieu lui accorde sa 
bénédiction et le salut) avec Aîssa, fille de Salam, laquelle 
est vierge et n'a pas cessé de conserver le sceau de son 
Maître, moyennant une dot connue. L'époux a payé la moi- 
tié de cette dot entre les mains du père de la mariée, qui a 
reçu la somme en présence des Adoul. Quant à l'autre moitié, 
elle est restée entre les mains du mari, qui la versera à la 
femme par fractions. Ces paiements se font conformément 
aux règles établies par les Livres sacrés. 

La jeune fille, toujours très jeune, en général quinze 
ou seize ans, n'apporte pas de dot, ainsi qu*il est établi 
au contrat ci-dessus . G*est au contraire le fiancé qui en 
fournit une. Cette dot consiste surtout en cadeaux ; c^est 
en quelque sorte une corbeille. Le domicile du nouveau 
ménage se fixera d'abord dans la famille du marié qui 
devra pourvoir à Texistence des époux dans les pre- 
miers temps de leur union, tout au moins. La signature 
du contrat est véritablement l'acte matrimonial, renga- 
gement. La fiancée reçoit en cadeau symbolique des 
dattes, des cierges et du lait; du henné étendu sur ses 
pieds et sur ses mains indique publiquement qu'elle est 
fiancée. Quelques semaines plus tard, les deux familles 
— moins les deux fiancés qui n'assistent pas à cette 
cérémonie — se réunissent un vendredi à la porte de la 



SON PASSi — SON PRiSENT — SON ATBNIR qS 

Konbah de Moulay Idris» s'il s*agit d'an mariage celé* 
bré à Fez, et demandent, pour les jeunes gens, la béné- 
diction du Saint: 

Lorsque le projet de mariage est ainsi publiquement 
proclamé, une fête est donnée cbez les parents de la 
fiancée. La mère du fiancé remet à la jeune fille une 
pièce de monnaie et un bijou d'or, symboles de prospé- 
rité. Le jour suivant, la fiancée envoie à son tour au 
fiancé un repas, que eelui-ci consomme avec ses amis 
et en retour duquel il doit restituer les plats vides 
accompagnés d'un cadeau. 

C'est alors que, la dot étant versée, rien ne s'oppose 
plus à la célébration définitive du mariage qui s'ac- 
complit le i^us souvent un jeudi, jour propice. 

Des négresses qui forment une corporation spéciale, 
ont charge de préparer la chambre nuptiale tandis que 
la jeune fille prend chaque jour un bain pendant une 
semaine. La veille du mariage, d'autres négresses, 
nommées les hennayas, tracent, sur les bras et sur les 
jambes de la jeune^ille, des dessins au henné. 

Enfin, vers la tombée de la nuit, un certain nombre 
de parents du futur mari viennent chercher la femme 
dans une chaise à porteurs ; ils Farrètent un instant à 
l'entrée de la Mosquée puis la conduisent dans sa 
nouvelle demeure à l'entrée ^ de laquelle une parente 
lui remet trois objets symboliques, une datte, un mor- 
ceau de levain et une clef. Pendant six jours le nouvel 
époux passe les journées entières en dehors de chez 
lui et ne revient que le soir dans la chambre con« 
jngale où l'attend sa femme qui chaque jour a dû chan- 
ger de costume. C'est le septième jour seulement que la 
jeune épousée prend la ceinture et que les cérémonies 



g6 UE MAROC 

daBiariage sont considérées comme entièrement ter- 
minées. 

LÀ NAISSANCE 

Un enlant est né. 

Si c'est une fille, ce lait est considéré comme an pré- 
sage favorable. Serait- ee à la pensée de la dot future f 
Pille on garçon, le nouveau venu fait immédiatement 
connaissance avec le henné et avec le beurre dont une 
mixture est appliquée sur son corps. La grand'mère a 
envoyé la layette, accompagnée de henné, qui servira 
pour cette onction, et aussi des œufs et des pigeons, 
symboles de prospérité et de grâce. 

Sept jours après la naissance, 8*accomplit la céré- 
monie qui correspond au baptême ', eUe donne lieu à 
une f ôte de famille consistant en un grand repa s et qne 
l'on nomme TAqulka. Le baptême taïusulman est un 
acte entièrement religieux qui nécessite la présence 
d'une personnalité sacerdotale. Le taleb sacrifie un 
mouton en prononçant ces mots : <( Au nom de Dieu, 
c'est le baptême ! » 

Lorsque la formule sacramentelle est prononcée, le 
nouveau-né, lavé pour la première fois, reçoit du henné 
sur les pieds et sur les mains. On lui met dukohl sur les 
yeux, puis on le dépose sur le lit de sa mère, à la tète 
duquel se trouvent des flambeaux allumés . 

Pendant les quarante jours qui suivent sa naissance, 
l'enfant ne doit pas quitter la maison ; lorsque cette 
période est écoulée, il est conduit, à Fez, à la Mosquée de 
Hlfoulay Idris, auquel on apporte, en même temps, une 
ofirande et des cierges . 

Lors de son premier anniversaire, l'enfant est livré 



SON PASSÉ — SON PRÉSBKT SON AVENIR 97 

au barbier qui lui rase la tête presque entièrement. 
S* agit-il d'une fiUe, on ménage seulement, au sommet. 
une touife qui, laissée de plus en plus grande par les 
coupes successives, finit par s'étendre sur toute la tète. 
Aux garçons on laisse plusieurs mècbes dont l-ensemble 
forme un dessin régulier, 

A partir de sept ans, la petite fille conserve tous ses 
cheveux et bientôt elle prend le voile. L*àge de sept ans 
limite également la première enfance des garçons, la cir- 
concision devant être faite au plus tard à la fin de cette 
période, pour les Musulmans comme pour les Juifs. 
C'est le barbier qui procède à Topération. 



LA MALADIE ^ LA MÉDECINE 

L'art de guérif se manifeste au Maroc sous trois 
formes différentes : 

La médecine indigène ; 

La médecine européenne civile. 

La médecine européenne militaire. 

En ce qui concerne la médecine indigène, un point 
important doit tout d'abord être noté : 

Les études médicales sont nulles au Maroc, 

La Médecine, car les «guérisseurs » ne manquent pas 
et même les guérisons, est cependant pratiquée par de 
nombreux adeptes. Les membres brisés ou démis sont 
remis en place par des initiés de certaines familles de 
la tribu des Beraber, qui possèdent une incontestable 
habileté pratique. N'avons-nous pas aussi, et en assez 
grand nombre, des rebouteurs dans nos campagnes et 
des guérisseurs partout) 



98 

La corporation des Bages-lemmes est représentée par 
des matrones expérimentées, parmi lesqneltes des ué- 
gnsses Qgarent en bon rang. Dans les villes et anasi 
Qar les grands marchés , des commerçants qni ont antant 
de droit, Binon pins, à la qaatitlcation d'épiciers qa'à 
celle de droguistes, vendent des remèdes tont préparés 
qui s'adaptent à on grand nombre de cas et qne l'on 
poorrait nommer c spécialités a, si ce n'était manqaer 
de respect à la pharmacopée européenne. Certainea 
ctHifréries possèdent la (acslté de gnérir telle on telle 
affection. 

Les maladies nervenses sont dn ressort de nègres i^ni 
ont le privilège, par de broyants exorciemes, de chas- 
ser les mauvais Esprits causes certaines do mal. 

Les Ouazzanis — ainsi se nomment les membres de 
la confrérie d'Ouazzan — sont les guérisseurs de la 
r^^, des maladies de peau. Les Onled Sidi Amarappli- 
qnent les pointes de feu. 

A Fez, il existe quelques praticiens, nommés méde- 
cins de la Mecque et dont les remèdes, importés d'Ara- 
bie, ou prétendus tels, exercent sur l'esprit des malades, 
et par correspondance sar leur santé parfois, les eflels 
de talismans. 

La médecine européenne civile est desservie maio- 
tenant par un assez grand nombre de praticiens parmi 
lesquels figurent quelques médecins d'origine espagnole 
on italienne. 

Voici une petite staUstique : On comptait an 1" jan- 
vier 1920 sur le' territoire du Protectorat : 

ti2 Médecins. 

34 Pharmaciens. 

14 Sages-femmes. 



SON PASSA — SON PBteElIT — SON ATBNIR 99 

Quant à la médecine militaire elle rend anx popnla- 
tions indigènes des serrices considérables en donnant, 
dams des infirmeries rattachées à de nombreux centres 
militaires, des consultations, des soins et des médica- 
ments. 

LA MORT , 

Auprès du lit de Tagonisant, tous ceux de [ses pro- 
ches que {ron a pu réunir se rassemblent afin de lui 
fcdre leurs adieux et d*exprimer, entre chacun d'eux et 
celui qui va s'éteindre, le pardon des offenses. 

// n'y a de Dieu que Dieu et Mohammed est son pro" 
phète. Telle est la profession de foi que formulent de 
temps à autre les assistants. 

Vingt-quatre heures après la mort, vers le soir, ont 
lieu les obsèques aux soins desquelles procèdent des 
confréries spécialement accréditées. Ce sont les Aîs- 
saonas, les Sadguyin, les Taîbryn, dont les membres 
viennent au domicile du défunt et récitent de longues 
prières, entremêlées de versets du Coran. La seule ingé- 
rence de rAdministration dans les pratiques qui entou- 
rent la mort est Tintervention d'un fonctionnaire nommé 
(( Bou Mouaros » qui constate que les biens du défunt ne 
sont pas sans héritier et qui délivre un permis d'in- 
humer. 

Les personnages appartenant à la classe sacerdotale 
ou les membres des familles riches, sont fréquemment 
enterrés dans les Zaouias, c'est4-dire dans les couvents. 
Mais ce ne sont là, cependant, que des sépultures excep- 
tionnelles. 

Les cortèges mortuaires varient d'importance et de 



somptuosité selon le rang et ansai la fortune du mort. 
Placé sur une civière, accompagné de porteurs de lan- 
ternes et souvent aussi de porteurs d'étendards, le corps 
est conduit à la Mosquée. Bien qu'il n'y ait pas d'office 
comparable à nos grands services religieux, il est fait 
cependant quelques prières à la suito desquelles le cor- 
tëge reprend sa marche et se dirige vers le cimetière. 

Le cimetière marocain est semblable à ceux que l'on 
pentvoir en Algérie et daus les antres pays mnsnlmans. 
Les tombes des femmes se différencient de celles des 
hommes, à l'extérieur, eu ce qu'elles sont surmontées 
d'uDB petite pyramide formée par des pierres. Presque, 
toutes les familles, même les plus modestes, ont la 
propriété d'une tombe ou pLutdt d'un terrain d'inhuma- 
tion, car les caveaux n'existent pas. Les femmes et les 
enfants sont mis. dans des cercueils, les hommes dé- 
posés à même la terre. 

Il nous a été donné d'assister, il y a quelques vingt 
ans, en suivant la piste de Pezà Tanger, à nu spectacle 
plus difticile à reucontrer, celui d'un enterrement à la 
campagne. 

Le défunt devait être placé sous la protectiou d'un 
Marabout dont la Koubah, des plus modestes, était 
entouréedequelques tombes. Une Nzala, daus l'enceinte 
de laquelle nous allions nous arrêter pour la nuit, était 
voisine. Déjà nous avions pris le repas du soir. Assis 
devant nos tentes nous contemplions en silence la plaioe 
immense, lorsque le cortège du mort parut à pende 
distance. Le défunt n'appartenait pas au Douar voisin, 
car il n'était pas porté sur une litièiye, mais attacljé sur 
un chameau. Quelques assistants, montés les uiis sur 
des mules, les autres sur fines, suivaient le chameau 



SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR ICI 

porteur aux côtés duquel marchaient deux chameliers, 
seuls à pied. 

A petite distance, nous nous avançâmes. Sans que 
notre présence fût indiscrète^ nou8,pouviions^ pependaîi't,r' 
ne rien perdi"© des détaiis^drf-tablfiraii; Arrivé ^^u^l>qùt: ', 
de sa course; à ïendroit oiï*Ia''t6mBe avait été creusée, 
le cortège s'arrêta. 

Le mort, dont le corps était enveloppé dans une 
pièce d'étoffe qui, de loin, nous parut être un burnous, 
le visage seul restant à découvert, fut descendu sur le 
sol, le chameau s'étant agenouillé, comme il avait cou- 
tume de le^faire, pour être débarrassé de son fardeau. 
Les assistants mirent pied à terre et se groupèrent 
autour de la tombe, ceux qui étaient venus sur des mules 
prenant le pas sur ceux qui étaient venus sur des ânes - 
et, tandis que les deux chameliers transformés en fos- 
soyeurs, déposaient le corps à même la terre et com- 
mençaient à le recouvrir, les assistants murmuraient la' 
suprême invocation : « Dieu seul est Dieu ! » ^ 

C'était fini. Un voyageur de plus était arrivé à la der- 
nière étape. 

La caravane se remit en marche, à pied, se dirigeant 
vers la Nzala, où elle allait, comme nous, passer la 
nuit. Bêtes et gens, s'avançant à la file indienne, entrè- 
rent dans Tenceinte que formait un vieux mur plus qu'à 
demi-ruiné. Les bêtes, entravées, recevaient Forge ; 
les hommes consommaient des provisions qui, sur le 
chameau, avaient voyagé en faisant contrepoids au 
mort ; ils buvaient le thé à la menthe et puis tout s'en- 
dormait dans le silence troublé seulement, de temps à 
autre, par les abois des chiens t 



« « a w 
^ ; » • > 



DEUXIÈME PARTIE 



CHAPITRE Vffl 

La Loi au Maroo. — Relations avec les Européens. 
— Actes diplomatiques et traités. — La Jus- 
tice. X 

Jmiqu'aux incidents qui ont amené, vers le Nord-Est, 
notre intervention dans l'Âmalat d'Oudjda et, dans le 
Sud-Ouest, notre débarquement à Casablanca, les Eu- 
ropéens, en dehors des villes de la côte, n'avaient, avec 
les populations marocaines, qae des rapports très res- 
treints. Tanger était le point de contact de. beaucoup le 
plus important entre la vie marocaine et la vie euro- 
péenne. 

Déjà la présence des Légations donnait à cette ville un 
caractère d'internationalité. Tanger, ce n'était guère le 
Maroc et ceux qui ne faisaient que toucher le sol entre 
deux bateaux, s'aventurant tout au plus dans une ra.- 
pide excursion au cap Spartel» ne pouvaient se vanter 
déposséder qu'une idée bien superficielle de la Société 
' marocaine. 

Aujourd'hui naît d'hier. Les événements qui nous 
semblent imprévus ne sont le plus souvent que des con- 
séquences. C'est ce qui fait que l'étude, la connais- 



I04 lA MAROC 

sance, an moins superficielle, de ce que tat H 
indispensable à qui se pique de connaître et i 
Aujourd'hui et de prévoir Demain. 

La Loi, au Maroc, est à double face, comme 1< 
de Janus. Motions qu'une de ses faces regarde 
Passé et l'autre vers l'Avenir. 

En termes moins mythologiques, disons qu 
oD, du moins, la forme de son application, vari 
que les individus auxquels elle s'applique son 
péens on Marocaine. 

Situation légale det étrangers 

Rappelons d'abord la situation légale des él 
telle qu'elle était au moment de l'établiBseï 
Protectorat et telle qu'elle s'est maintenue pendt 
périodes dont l'une expira au moment de la déc 
de guerre en 1914 tandis que la deuxième vien 
ment de prendre fin. 

Cette situation résultait d'un ensemble d'acte 
matiques et de règlements divers désignés sone 
général de Capitulation». 

Elle a été la conséquence de l'ingérence de 
plus grande des Consuls, ingérence qui s'est sa 
accrue jusqu'à ce que le Corps Consulaire ait vi 
ment constitué, au Maroc, un Etat dans l'Etat. 

Afin de bien saisir la situation diplomatique 
roc et les ditticultésqu'a trouvées sur sa route 1 
sèment de notre Protectorat c'est ici le lieu de 
rapidement le régime ^it de la ti Protection v q 
pris une extension considérable et qui, partiel 
subsiste encore. 



SON PASSÉ ^-^ SON PBâSXNT — SON AYBNIR loS 

La Protection était un Etat en raison daqnel nn 8a}et 
marocain était soustrait presqne complètement à Tac* 
tion des Autorités indigènes pour être' placé sous l'admi- 
nistration de la Légation d*un Etat étranger qui radmet^- 
tait comme Protégé. En somme, la Protection est un 
droit, absolument attentatoire à la souveraineté de 
l'Etat dans lequel elle fonctionne, sur ceux de ses na- 
tionaux, sujets nominaux en quelque sorte, qui bénâi- 
cient de cette situation anormale. Le traité avec la 
France, qui suivit le bombardement de Salé en 1767, tA 
fut négocié par le comte de Breugnon, posa le principe 
de c la Protection » en admettant que les interprètes, 
courtiers ou autres personnes au service des Consuls et 
des marchands étrangers géraient libres de toute impo- 
sition personnelle. 

Toutes les autres Puissances européennes et les Etats* 
Unis obtinrent tour à tour des droits analogues. 

Nous reproduisons par extraits les termes de cet 
Acte, parce qu'il a été lun des principaux agents de la 
pénétration européenne et française au Maroc. C'est un 
document historique d'une grande importance : 

La Protection est individuelle. Elle ne s'applique pas aux 
parents du sujet' protégé. 

Elle ne peut, en tout cas, s'appliquer par son fait, qu'à sa fa- 
mille directe, à sa femme et à ses enfants vivant sous son toit. 

€ La Protection n'est pas héréditaire. Une seule exception 
est faite en faveur d'une famille Benchimol/ qui fournit 
depuis très longtemps, de père en fils, des interprètes au 
port de Tanger. 

Les « Protégés » appartiennent à deux catégories : 

i^ Les Protégés employés par la Légation et par les dilfé- 
nates autorités consulaireB ; 



Io6 LE MAROC 

2° Facteurs, courtiers ou agents indigènes employés par 
les négociants français pour les affaires de leur commerce. 
Les courtiers indigènes, jouissant de la Protection française, 
ne peuvent être qu'au nombre de deux auprès de chaque 
maison de commerce. Les comptoirs établis par ces maisons 
dans les différents ports du Maroc jouissent également, 
comme la maison principale, du droit d'avoir deux courtiers 
ou agents protégés. 

La Protection ne s'applique pas aux indigènes employés à 
titre direct pour les exploitations rurales. Toutefois, bien 
qu'ils ne soient pas protégés, ces ouvriers ruraux ne pour- 
ront être l'objet d'aucune poursuite de la part de l'adminis- 
tration marocaine sans que le Consul de la nationalité à 
à laquelle appartient leur employeur, n'en ait été avisé et 
n'ait pu prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder 
les intérêts de ses nationaux. 

Une liste de toutes les personnes protégées est remise par 
chaque Consulat aux autorités marocaines locales et il leur 
est donné avis de toutes modifications qui viennent à se 
produire. 

La qualité de Protégé est constatée par une carte dont le 
texte écrit dans la langue de la nation protectrice et en 
arabe, mentionne la nature des services rendus par l'indi- 
gène protégé au Consulat ou aux nationaux européens qui 
l'emploient. » 



X 



Le premier groupement de Consuls, pour exercer une 
action d'ensemble, date de la dernière partie du 
XVI ii« siècle, de Tannée 1792. L'Assemblée des Consuls 
ne comprenait d'abord que les agents de l'Angleterre, 
du Danemark, de la Hollande, du Portugal, de la 
Suède. En France^ on avait alors autre chose à faire qu'à 
s'occuper du Maroc. Ce n'est qu'en 1797 que le Consul 



**^tai«MM^^^Mtfkrfi^^* 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR IO7 

français S UDÎt à ses collègues. Son exemple fut suivi par 
le Consul des Etats-Unis. 

Telle estrorigine du Conseil sanitaire . Cette Assem- 
blée, dont les attributions n'étaient fixées par aucun 
mandat, soumettait ses observations au Sultan qui, 
dans le plus grand nombre des cas, ne les examinait 
qu'avec la plus grande désinvolture. 

En 1793, en 1797, en 1799, l'Assemblée des Consuls 
manifestait son efficacité en obtenant la création de 
cordons sanitaires contre les marchandises ou voya- 
geurs provenant de la province d'Alger, des villes de 
Melillaet de Tetouan où la peste s'était déclarée. 

En 1805, le Gouvernement chérifien accordait à l'As- 
semblée des Consuls le droit de veiller à la santé pu- 
blique. Toutefois, cette autorité consulaire était encore 
bien incertaine, et ce, au grand détriment du Maroc. 
En effet, en 1818, un ordre du Sultan ayant autorisé le 
débarquement, sans quarantaine, d'un groupe de pèle- 
rins venant de La Mecque, la peste envahit le pays. En 
1859, cependant, cette autorité s'était assez fortifiée 
pour que Moulay Abderhaman ait véritablement con- 
sacré le fonctionnement du Conseil sanitaire, disposi-. 
tions que le Sultan, Moulay Hassan, confirma au com- 
mencement de l'année 1879, en chargeant le Conseil 
sanitaire de veiller à la santé publique sur tout le lit- 
toral marocain. 

En 1865 le corps diplomatique s'ingéra collectivement 
dans une question concernant l'administration' inté- 
rieure du Maroc. Il s'agissait de la construction d'un 
phare près de Tanger au cap Spartel. 

Cette lumière était-elle un présage % 



' »t " " '• 



Io8 LE MABOG 



LA CONVENTION DE MiDRID 

Le 9 jniltet i880 était signée la Convention de Ma- 
drid. Les signataires étaient : La France, rAlleniagne, 
TAntriche, la Belgique, TEspagne, les Etats-Unis, le 
Portugal, la Suède, la Norvège, le Maroc. 

En raison de l'importance de cet acte qui a réglé lé 
régime international du Maroc, jusqu*à la conférenee 
d'Algésiras, nous en résumons le texte officiel. 

Àrticli p^biiiir. — Les conditions datië lesquelles la Pro- 
tection peut être accordée, sont celles qui sont stipulées dan« 
le Traité britannique et espagnol avec le Gouvernement 
marocain et dans la GonventioiL survenue entre ce Gouv«r» 
nement, la France et d'autres puissances, en 1863, sauf les 
modifications qui y sont apportées par la présente Convention. 

Aet. 2. — Les Représentants étrangers, chefs de mission, 
pourront choisir leurs interprètes et employés parmi les 
sujets marocains et autres. , 

Ces protégés ne seront soumis à aucun droit, impôt ou 
taxe quelconque, en dehors de ce qui est stipulé aux artidea 
12 et 13. 

Art. 3. — Les Consuls, Yioe-GonBula ou Agents eouBulaifOs 
chefs de poste qui ré8ide':ÀC dans les Etats du Sultan du 
Maroc, ne pourront choisir qu'un interprète, un soldat et 
deux domestiques parmi les sujets du Sultan, à moins qu'ils 
n'aient besoin d'un secrétaire indigène. 

Ces protégés ne seront soummis non plus à aucun droit» 
impôt ou taxe quelconque, en dehors de ce qui est stipulé 
aux articles 12 et 13. 

Art. 4. — Si un Représentant nomme un sujet du Sultan 
à un poste d'Agent consulaire dans une ville de la côte, oet 
Agent sera respecté et honoré, ainsi que sa famille habitant 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR I09 

sons le même toit, laquelle, commei lui-même, ne sera sou- 
mise à aucun droite ou taxe quelconque, en dehors de ce qui 
est stipulé aux articles 12 et 13, mais il n'aura pas le droit de 
protéger d'autres sujets du Sultan, en dehors de sa famille. 

U pourra, toutefois, pour Texercice de ses fonctions, avoir 
un soldat protégé. 

Les Gérants des vice-consulats, sujets du Sultan, joui- 
ront, pendant l'exercice de leurs fonctions, des mêmes droits 
que les Agents consulaires sujets du Sultan. 

Art. 5. — Le Gouvernement marocain reconnaît aux 
Ministres, Chargés d'affaires et autres Représentants le 
droit qui leur est accordé par les traités, de choisir les per- 
sonnes qu'ils emploient, soit à leur service personnel, soit 
à celui de leurs gouvernements, à moins toutefois que ce 
ne soient des Gheiks ou autres employés du Gouvernement 
marocain, tels que les soldats de ligne ou de cavalerie, en 
dehors des mekhzanis préposés à leur garde. De même ils 
ne pourront employer aucun sujet marocain sous le coup 
de poursuites. 

Il reste entendu que les procès civils engagés avant la pro- 
tection se termineront devant les tribunaux qui en auront 
entamé la procédure. 

L'exécution de la sentence ne rencontrera pas d'empêche- 
ment. Toutefois,yrautorité locale marocaine aura soin de 
communiquer immédiatement la sentence rendue à la Léga- 
tion, Consulat ou Agence consulaire dont relève le protégé. 

Quant aux ex-protégés qui auraient un procès commencé 
avant que la protection eût cessé pour eux, leur affaire sera 
jugée par le tribunal qui en était saisi. 

Le droit de protection ne pourra être exercé à l'égard de 
personnes poursuivies pour un délit ou un crime avant 
qn*elles n'aient été jugées parles autorités du pays, et qu'elles 
n'aient, s'il y a lieu, accompli leur peine. 

Art. 6. — La protection s'étend sur la famille du protégé, 
sa demeure est respectée. 



IIO LX MAROC 

B est entendii q«e la famille ne se compose que de la 
femme, des enfants et des parents mineurs qni habitent soos 
le même toit, 

La protection n'est pas héréditaire. Une seule exceptioiiy 
d^ établie par la Convention de 1863, et qui ne saurait 
créer un précédent, est maintenue en faveur de la famille de 
Benehimol. 

Cependant, si le Sultan du Maroc accordait une antre 
exception, chacune des Puissances contractantes aurait le 
droit de réclamer une concession semblable. 

ART. 7. — 'Les Représentants étrangers informeront par 
écrit le Ministre des Affaires étrangères du choix qu'ils 
auront fait des employés. 

Ils communiqueront chaque année audit Ministre une 
liste nominative des personnes qu'ils protègent ou qui sMit 
protégées par leurs agents dans les Etats du Sultan dulteoc 

Cette liste sera transmise aux autorités locales qui ne ecm- 
sidéreront comme protégés que ceux qui y sont inscsrits. 

Art. 8. — Lés Agents consulaires remettront chaque année 
à TAutoritédu pays qu'ils habitent une liste,revètue de leur 
sceau, des personnes qu'ils protègent. Cette Autorité la tnoin- 
mettra au Ministre des Affaires étrangères, afin que, si elle 
n'est pas conforme aux règlements, les Représentants à Tan- 
ger en soient informés. 

L'Officier consulaire sera tenu d^annoneer immédiaLtemeiit 
les changements survenus dans le personnel protégé de son 
Consulat. 

Art. 9. — Les domestiques» fermiers et autres employés 
indigènes des secrétaires ou interprètes indigènes ne 
jouissent pas de la protection. Il en est 4e même pour 
les employés ou domestiques marocains des sujets ébtwor 



Toutefois les autorités locales ne pourront arrêter un 
•mployé ou un domestique d'un fonctionnaire indigène an 
service d'une Légation ou d'un Consulat, ou d'un sujet 



SON PASSÉ SON PBÉSENT — SON AVENIR IH 

on d'un protégé étranger, sans en avoir prévenu l'Autorité 
dont il dépend. 

Si un sujet marocain au service d'un sujet étranger venait 
à tuer quelqu'un» à le blesser ou à violer son domicile, il 
serait immédiatement arrêté, mais rAotorité diplomatique 
ou consulaire sous laquelle il est placé serait avertie sans 
retard. ^ 

Abt. 10. — Il n'est rien changé à la situation des CSensaux^ 
telle quelle a été établie par les traités et par la Convention 
de 1863. 

Abt. 11. — Le droit de propriété au Maroc est reconnu 
pour tous les étrangers. 

V achat de propriété devra être effectué amc le consentement 
préalable du Gouvernement, et les titres de ces proprié^tés 
seront soumis aux formes présentes par les lois du pays. 

Toute question qui pourrait surgir sur ce droit sera déci- 
dée, d'après ces mêmes loi^, avec Fappel au Ministère des 
Affaires étrangères stipulé dans le traité. 

Art. 12. — Les étrangers et les protégés propriétaires ou 
locataires de terrains cultivés, ainsi que les Gensaux admis à 
l'agriculture, paieront Timp^tagricole. Ils remettront chaque 
année à leur Consul la note exacte de ce qu'ils possèdent, ej^ 
acquittant entre ses mains le montant de llmpôt 

Celui qui fera une fausse déclaration paiera, à titre d'a> 
monde, le double de Timpôt qu'il aurait dû régulièrement 
verser pour les bieyaa non déclarés. En cas de récidive, cette 
amende sera doublé^. 

La nature, le mode et la quotité de cet impôt seront l'ob- 
jet d'un rè^ement spécial entre les Représentants des Puis- 
saBoes et le Ministre des Affaires étrangères de Sa Majesté 
Chérifiemie. 

Aar. 13. — Les étrangers* les protégés et les Gensaux 
pioiffi^aires de bêtes de sooiffle pueront I4 taxe dite c des 
portes». La quotité et le mode de peroepti<Hi de cette taxe, 
eonmone aux étrangers et aux indigènes, seront également 



lia LE MAROC 

l'objet d'un règlement spécial entre les Représentants des 
Puissances et le Ministre des Affaires étrangères de Sa 
Majesté Ghérifienne. 

Ladite taxe ne peut être augmentée sans un nouvel accord 
avec les Représentants des Puissances. 

Art. 14. — La médiation des interprètes, secrétaires, 
indigènes ou soldats des différentes Légations ou Consulats, 
lorsqu'il s'agira de personnes non placées sous la protection 
de la Légation ou du Consulat, ne sera admise qu'autant 
qu'ils seront porteurs d'un document signé par le Chef de 
mission ou par l'Autorité consulaire. 

Art. 15. — Tout sujet marocain naturalisé à l'étranger, 
qui reviendra au Maroc, devra, après un temps de séjour 
égal à celui qui aura été régulièrement nécessaire pour obte- 
nir la naturalisation, opter entre sa soumission entière anx 
lois de l'Empire ou l'obligation de quitter le Maroc, à moins 
qu'il ne soit constaté que la naturalisation étrangère a été 
obtenue avec Tassentiment du Gouvernement marocain. 

La naturalisation étrangère, acquise jusqu'à ce jour par 
des sujets marocains, suivant les règles établies par les lois 
de chaque pays, leur est maintenue pour tous ses effets, 
sans restriction aucune. 

Art. 16. — Aucune protection irrégulière ou officieuse ne 
pourra être accordée à l'avenir. 

Les Autorités marocaines ne reconnaîtront jamais d'antres 
protections, quelle que soit leur nature, que celles qui 
sont expressément arrêtées dans cette Convention. 

Cependant l'exercice du droit consnétudinaire de protection 
sera réservé aux seuls cas où il s'agirait de récompenser des 
services signalés rendus par un Marocain à une Puisaaace 
étrangère, ou pour d'autres motifs tout à fait exceptionnels. 
La nature des services et l'intention de les récompenser par 
la protection seront préalablement notifiés au Ministre des 
Affaires étrangères à Tanger, afin qu'il puisse au besoin pré- 
senter ses observations ; la résolution définitive restera néaii<- 



SON PASSÉ — SON PRÉSSNT — SON AYBNIR Il3 

moins réservée an Gonvemement anquel le service anra 
été rendn. Le nombre de ces protégés ne pourra dépasser 
celui de douze par Puissance, qui reste fixé comme maxi- 
mum, à moins d'obtenir l'assentiment du Sultan. 

La situation des protégés qui ont obtenu la protection en 
vertu de la coutume désormais réglée par la présente dispo- 
sition sera, sans limitation du nombre, pour les protégés 
actuels de cette catégorie, identique pour eux et pour leur 
•famille, à celle qui est établie pour les autres protégés. 

Art. 17. — Le droit au traitement de la nation la plus 
favorisée est reconnu par le Maroc à toutes les Puissances 
représentées à la Conférence de Madrid. 

Art. 18. — La présente Convention sera ratifiée. Les 
ratifications seront échangées à Tanger, dans le plus bref 
délai possible. 

Par le consentement exceptionnel des hautes parties con- 
tractantes, les dispositions de la présente Convention 
entreront en vigueur à partir du jour de la signature à 
Madrid. 

EEn foi de quoi, les Plénipotentiaires respectifs ont signé 
la présente Convention et y ont apposé le sceau de leurs 
armes. 

Fait à Madrid, en treize exemplaires, le 3 juillet 1880. 



RàOLUiBRT du 3î\mars i88i^ relatif à V exécution des 
articles 12 et 13 de la Convention de Madrid 

1. — Les étrangers et les protégés propriétaires et loca- 
taires de terrains cultivés, ainsi que les Censaux adonnés à 
ragricuUure paieront Timpôt agricole, l'impôt sur les ani- 
maux destinés à ragriculture et le droit des portes, perçu 
sur les bêtes de somme employées au transport des mar- 
chandises et des produits. 



Il4 XS MAROC 

â. — des impôts aoroat les mêmes que ceux payés par les 
s&jets du Sultan. 



I. — Agricultare ^ 

3. — Le blé, l'orge et les autres céréales paient la dîme 
en nature ou en argent. Si c'est en nature la perception 
se fera sur le lieu môme. 

Si c'est en argent, on percevra 10 0/0 sur la valeur des 
dites céréales, au prix du jour du marché le plus voisin, ou 
d'après un commun accord. En cas de contestation entre 
TAmin et le contribuable, le paiement aura lieu en nature. 
Cet impôt se paiera au mois d'août avec le concours des 
Consuls. 

4. — Les fruits secs, les dattes» les figues, raisins , 
noix, amandes, le henné et les olives paieront également 
10 0/0, et cela au moment où on les pèsera pour les vendre 
sur le marché. 

Si l'acheteur de ces produits veut les transporter dans 
une autre ville, il recevra un récépissé constatant que la 
marchandise a payé les droits, et ce récépissé sera remis 
au lieu de la vente, au moment où l'on pèsera le produit. 

Au cas où les produits seront vendus* au détail sur les 
marchés des villes, on ne donnera pas de récépissé. 

5. — L'huile paiera également un droit de 10 0/0, et sera 
estimée,soit sur l'arbre, soit au moment où les olives seront 
dans le pressoir. 



U. — Animaux domestiques 

6. — Les chameaux, le gros bétail, les moutons et les 
chèvres paieront 2,5 ,0/0 par an, «t cda au mois de juin à 
l'Ansera. 



SON PASSâ — SON PRESENT -^ SON AVENIR It5 

Pour les chameaux, Timpât est fixé sur une évaluation , 
de 40 piastres d'Espagne par tète, à 2,5 0/0, ce qui fait une 
piastre par an et par tète. 

La valeur du gros bétail, l'un dans Tautre, est évaluée à 
15 piastres, c'est-à-dire par an et par tête, un imp^t de 
7 Téaaxiys en calculant i raison de 2,5 0/0. Les moutons et 
les chèvres sont estimés les uns dans les autres à 2 piastres 
par tète. Les animaux au pied (qui tettent) sont exempts 
d^in^ts. 

7. — S. M. le Sultan n'a fait évaluer les animaux à un 
taux aussi bas qu'en raison de la gène actuelle; mais si 
leur valeur augmentait, ainsi qu'il est facile dès à présent de 
le prévoir, S. M. provoquerait une nouvelle réunion des 
Rq^^résentants étrangers pour faire aux règlements les 
changements nécessaires, d'après les prix du temps. 

8. — Les chameaux, le gros bétail, les moutons et les 
chèvres paieront, en plus, un autre droit quand on les ven- 
dra» soit pour l'abattoir, soit pour l'élevage* 

On paiera à la vente par tête, pour les chameaux 5 0/0 ; 
2,5 seront payés par le vendeur, et autant pair l'acheteur ; 
pour le gros bétail 4 réaux ; pour le petit bétail i/4 de réal. 

Ceux qui abattront paieront pour la peau, lors de la 
vente, le même droit que l'on paie aujourd'hui dans chaque 
localité. 

9. — Pour les chevaux, ânes et mulets, on paiera, lors 
de la vente, 5 0/0 sur leur valeur; 2, 5 le vendeur, et 2,5 
raoh^teur. 



III. — Droits dbs portes 

Les §§ 10 à 17, relatifs aux droits des portes ont été 
modifiés par le Règlement du 2 juin 1896. \ 



Il6 LE MAROC 



IV. ^ Coopération des Consuls 

18. — Les étrangers et les protégés^ propriétaires oa 
locataires de terrains cultivés, ainsi qae les Gensaux adon- 
nés à Tagricultare, recevront chaque année de l'Amin, 
chargé par le Sultan de Tévaluation des dîmes sur les cé- 
réales» et au moment même de cette évaluation, une note 
spécifiant le montant de ce qu'ils auront à payer en nature 
ou en argent, conformément à larticle III. 

Le contribuable remettra cette note sans délai à son Con- 
sul. Si la dlme est à remettre en nature, la perception aura 
lieu sur Taire même ; si c'est en argent, le contribuable 
paiera la somme par Tintermédiaire de son Consul. 

Dans Tun ou Tautrecas, si le contribuable croit qu'il y a 
surcharge, il fera sa réclamation en remettant la note de 
l'Amin au Consul, lequel de son côté en préviendra sans 
retard TAmel de l'endroit, chargé de la perception, pour 
qu*il puisse faire surveiller l'aire où les céréales se trouvent. 
Le salaire du surveillant sera de 4 réaux par jour, jusqu'à 
la fin du dégjrainage. Le dégrainage terminé, on mesurera, 
en présence de témoins, la quantité du produit. 

Si le résultat est conforme à l'évaluation de l'Amin» le 
contribuable paiera la dlme et le salaire du surveillant ; 
mais si le résultat est inférieur à l'évaluation, le contri- 
buable paiera la dlme d'après le résultat de l'opération, et le 
salaire du surveillant sera à la charge du Gouvernement. 

Il est pourtant admis que dans l'évaluation il puisse y 
avoir une erreur de 5 0/0 en plus ou en moins, de sorte que 
si la quantité trouvée lors du mesurage reste de 5 0/0 en 
dessous de l'évaluation, ou bien la dépasse de 5 0/0, le 
contribuable n'en paiera pas moins la somme sur la quantité 
fixée par l'Amin, mais si la différence est plus grande que 
les 5 '0, il paiera la dîme selon le résultat du mesurage. 



SON PASSÉ — SON PrAsINT — SON AVENIR 1X7 

19. — Les étrangers, propriétaires de bêtes de somme, 
employées au transport de mwdiandises et de prodaits, 
lemettroiit chaque anné^ an mm de juin, avant la fêle de 
FÂnsra, à lenr Consul, la note exacte des aàimauz domes- 
tiques qu'ils possèdent, en acquittant, par son entremise, 
le montant de l'impôt. Celui qui fera une fausse déclara- 
tif» paiera, à titre d'amende, le |l<>ol>l^ ^^ l'impôt qu'il 
aurait dû régulièrement verser pour les animaux non 
déolnrés. Bn csas de récidive, oette amende sera doublée. 
(Art. Xll de la Convention de Madrid . ) 

20. — Lors du versement des impôts dus par les étran- 
ge», protégés, été., par Tentremise de lenr Consul, entre 
les mains de l'Âmel de l'endroit, aux époques désignées ci- 
dessus (§§18 et 19), les Consuls et les Amels emploieront 
des registres à souche, conformes aux modèles ci-annexés . 

^. •* Si les étrangers, protégés, etc., ne remettaient 
point à leurs Consuls la dime sur les produits du sol et sur 
les animaux domestiques sujets à l'impôt, aux époques 
fixées par les §§ 3 et 6, et que des mesures de contrainte 
devinssent nécessaires, ces dernières auraient lieu avec le 
concours d'un délégué du Consulat. 

I«eB Consulats sont tenus de nommer ces délégués sans 
retard et de les mettre à la disposition de l'Amel. 

âS. — Si deux ou plusieurs sujets ou protégés étrangers 
de différaites nationalités, associés pour une entreprise 
agricole ou pour Télève du bétail, nfuseat de payer l'impôt 
on les amendes fixées par la Convention de Madrid, chacun 
des Consulats respectifs aura le droit de nommer un délégué 
qui sera présent à la contrainte. 

23. — Si, pour payer Hmpôt, les aosâoides et les frais^ de 
procédure, on était obligé de faire vendre d'office, soit les 
propriétés, soit tout ou partie du bétail dudit sujet ou pro- 
tégé étranger, cette opération aurait lieu aux enchères 
publiques, par l'Intermédiaire de l'Autorité locale, avec le 
concours des délégués consulaires respectifs. Le bétail sera 



n 



Il8 LE MAROC 

vendu par le crieur public au marché le plus proche. On pré- 
lèvera sur la vente la somme nécessaire pour frais de dépla- 
cement et de nourriture des délégués du Gouvernement et 
des Consulats. Ces frais seront payés par le Consul, d'ac- 
cord avec l'Amel. mais ils ne dépasseront pas la somme de 
25 réaux par jour. 

24. — Dans le cas où les cultivateurs, sujets ou protégés 
étrangers, par suite de disette ou d'épidémie, ou de malheur 
extraordinaire, se verraient dans Timpossibilité de payer 
leurs impôts, S. M. Chérifienne leur accorderait les mêmes 
facilités qu'à ses propres sujets. 

25. — La coopération des Consuls est sans frais; ils ne 
recevront pas non plus le droit de dépôt établi par les tarifs 
consulaires. 

26. — Tout Officier consulaire engagé dans l'agriculture 
sera tenu de faire parvenir au Chef de Mission, à Tanger, 
une note des animaux qu'il possède et des taxes qu'il aura 
payées, aussitôt après avoir acquitté ces taxes. En cas de 
contestation, il en sera référé à TAutorité compétente, à 
Tanger. ' 

27. •-* En cas de contestation entre le Gouvernement 
marocain et un Représentant étranger, au sujet du paiement 
des taxes ou de rapplication du Règlement qui précède, la 
question sera résolue entre le Ministre des Affaires étran- 
gères du Sultan et des Représentants des Puissances signa- 
taires de la Convention de Madrid. 

Ont signé : Mohamed Bargache, pour le Maroc; Weber, 
pour l'Allemagne ; Diosdao y Castillo, pour l'Espagne et la 
Russie ; Mathews, pour les Etats-Unis d'Amérique ; de Yer- 
nouillét, pour la France ; Drumond Hay, pour l'Angleterre, 
l'Autriche-Hongrie, le Danemark et les Pays-Bas ; Scovasso, 
pour l'Italie ; J. Daniel Colaço, pour le Portugal et le Brésil. 



SON PASSE — . SON PRESENT — SON AVENIR II9 



Article additionnel 

En ce qai concerne le maïs, l'aldourah et autres graines 
qui ne se récoltent qu'après la fin d'avril, le Gouvernement 
marocain accordera un délai pouvant s'étendre jusqu'au 
15 octobre pour en payer la dîme. 

Ont signé les Représentants précédemment nommés. 

Tanger, le 30 mars 1881.-^ 30 Rbi EUani 1298. 



Après la Convention de Madrid, le premier Acte 
international, encore en vigueur, est TAccord franco- 
anglais du 8 avril 1904. 

En voici les dispositions les plus intéressantes : 

Art. 2. — Le Gouvernement de la République française 
déclare qu'il n'a pas l'intention de changer TEtat politique du 
Maroc. De- son côté, le Gouvernement de Sa Majesté Britan- 
nique reconnaît qu'il appartient à la France, comme Puis- 
sance limitrophe du Maroc, sur une vaste étendue, de veiller 
à la tranquillité dans ce pays et de lui prêter son assistance 
ponr toutes les réformes administratives, économiques, 
financières et militaires dont il a besoin . 

Le Gouvernement britannique déclare qu'il n'entravera 
pas l'action de la France à cet effet, sous réserve que cette 
action laissera intacts les droits dont, en vertu des Traités, 
Conventions et Usages, la Grande-Bretagne jouit au Maroc, y 
compris le droit de cabotage entre les ports marocains dont 
les navires anglais bénéficient depuis 1901. ^ 

Art. 4 — Les deux Gouvernements déclarent qu'attachés 
an principe de la liberté commerciale, ils ne se prêteront à 
anenne inégalité pas plus dans l'établissement des droits de 

6 



ISO LX MASOG 

doaane on autres taxes que dans rétablissement des tarifi 
de transports par chemins de fer... 

... Le Gouvernement de la République française s'engage à 
veiller, au Maroc» à ce que les concessions de routes, de clie- 
mins de fer, ports, soient données dans des conditions telles 
que Tautorité de TEtat sur ces grandes entreprises d'utilité 
générale reste entière. 

Art. 7. — Afin d'assurer le libre passage du détroit de 
Gibraltar, les deux gouvernements conviennent de ne pas 
laisser âever des fortifications eu ouvrages stratégiques 
I quelconques sur la partie de la côte marocaine comprise 

entre Melilla et les hauteurs qui dominent la rive droite da 
Sebou. Toutefois, cette disposition ne s'applique pas aox 
joints actuellement occupés p^r TËspagne sur la rive maro- 
caine de la Méditerranée. 

Art. 8. — Les deux Gouvernements s'inspirant de leurs 
sentiments sincèrement amicaux pour l'Espagne, prennent 
en particulière considération les intérêts qu'elle tient de sa 
position géographique et de ses possessions territoriales sar 
la côte marocaine de la Méditerranée, intérêts au sujet des- 
quels le Gouvernement français se concertera avec le Gouve^ 
nement espagnol. Communication sera faite au Gouvernement 
de Sa Majesté Britannique de l'accord qui pourra intervenir 
à ce sujet entre la France et l'Espagne. 



U est intéressant de rappeler ici les termes de la Cir- 
culaire adressée, le 12 avril 1904, par M. Delcassé aux 
Ambassadeurs de France, au Ministre de France à 
Tanger. 

Cette circnlaire s'exprime ainsi : 

De toutes les questions où sont engagés les intérêts de la 
France, aucune n'a une importance compiurable à celle de la 
question marocaine. Il est évident que de sa solution 



SON PASSE — S03f PBSSSXT SON AYSXtR lai 

d^endent la solidité el le dé%"eloppemeat de notre Empira 
aCricaiii et revenir même de notre situation dans la Mihiiler- 



Le Maroc a une population de beaucoup supérieure à celle 
de l'Algérie et de la Tunisie, réunies ; par conséquent une 
main-d'œuvre beaucoup plus abondante. 11 possède en quan> 
tité ce que n'ont ni la Tunisie ni TAlgérie : Teau. Le Maroc 
placé sous notre influence, c'est notre Empire du nord de 
l'Afrique fortifié. Le Maroc soumis à une influence étrangère 
c'est, pour le même Empire, la menace permanente et la 
paralysie. L'heure était venue de savoir qui aurait au Maroc 
riafluence prépondérante. 11 incombait à notre Diplomatie 
de faciliter à la France cette tâche que la nature et le voisi- 
nage lui attribuent; c'est à quoi elle s'est appliquée avec per- 
sévérance, mettant à profit toutes les circonstances favorables 
qui s'offraient. En obtenant de l'Angleterre dont on connaît 
la forte situation aux portes du Maroc, la déclaration qu'il 
appartient à la France de veiller à la tranquillité de ce pays 
et de lui prêter son assistance pour toutes les réformes admi- 
nistratives, économiques, financières et militaires dont il a 
besoin, ainsi que rengagement de no pas contrarier son 
action à cet effet, nous avons obtenu un résultat dont il est 
superflu de faire ressortir la valeur. 

C'est à nous maintenant, en nous gardant de tout entralno- 
ment, en tenant compte des expériences faites ailleurs, on 
nous montrant les meilleurs amis du Maroc parce que les plus 
intéressés à sa prospérité, de poursuivre avec méthode, avec 
esprit de suite, sans efforts et sans sacrifices inutiles, l'achô- 
vement de notre œuvre civilisatrice qui fortifiera singuliè- 
ment la puissance française, sans léser les droits acquis de 
personne et qui, finalement, sera un bénéfice pour tou-t le 
monde. 

Dans une pensée d'amitié vis-à-vis de TEspagne, avec 
laquelle nous entretenons des relations traditionnelles de 
cordialité, nous avons voulu prendre en considération les 



I!» T.1E MAHCC 

inlérêls qu'elle tiest, elle 'mtssL, de son voinnage «t de «et 
pœsessions territonBles snr la oMe maiocflEiBeâela Médîtor- 
ranée. Aussi nous concerterons-nous avec le GouverneneDt 
•du Roi, dans le désir de donner «aUsf action aux aspirations 
légitimes d'un pays voisin et ami. 

D'autre part, lé €>oavernement anglais «'exprimait en 
ces termes, dans la lettre adressée par le marquis de 
Landsdowne à sirE. Monson, eimbassadenr d* An^eterre 
à Paris : 

Le Maroc ^ trouve depuis longtemps dans une situation 
qui est pleine de dangers. L'autorité du Sultan sur une large 
partie du territoire est celle d*un chef nominal plutôt que oelle 
d'un Souverain. Les propriétés sont dans un état d*inBécurité 
complète et le développement des opérations commerciàHes 
est gènépar la situation politique. Il parait naturel que, dans 
ces circonstances, la France considère qu'il lui apparlient 
d'assumer la tâche de tenter le relèvement du Maroc. 

Sans aucun désir d'annexer les domaines du Sultan et de 
renverser son autorité, la France cherche à étendre son 
influence au Maroc. Le Oonvernement de Sa Majesté a volon- 
tiers admis que si une Puissance européenne quelconque doit 
avoir une influence prépondérante au Maroc, cette Puissance 

est la France Le (xouvernement de Sa Majesté n'anrdt 

pu accéder à une Convention qui ne garantirait pas les diroits 
acquis par les sujets anglais de commercer librement an 
Maroc, d'y résider et voyager, de louer des habitations on 
des magasins, d'y acquérir ou d'y Tendre. 



L'ACCORD FRANCO-ESPAGNOL 

I 

Les négociations iranco-espagnoles, après plusieurs 
tergiveTBatioDB, avaient fini par aboutir, le 7 octohre 



SON PASSÉ — SON P&B6BNT — SON AVENIR 1^3 

1904. Voiciles termes de l'Accord signé par M. Delcassé , 
ministre des Affaires étrangères, et par le marquis diel 
Mam, ambassadeur d'Espagne à Paris : ' 

Le Gouvernement de la République française et le Gou- 
vernement de Sa Majesté le roi d'Espagne, s'étant mis 
d'accord pour fixer retendue des droits et la garantie des 
intérêts qui résultent pour la France de ses possessions algé- 
nennes et pour TEspagne de ses possessions sur la côte du 
Maroc, le Gonvemeraent de Sa Majesté le roi d'Espagne a 
donné son adhésion à la déclaration Franco-Anglaise du 
8 avril 1904, dont commnnioation lui avait été faite par le 
Gouvernement de la République. 

Il résulte des précédentes explications que la Justioe 
lorsqu'il s'agîfisalt de litiigés dans lesquels les plaideurs 
n'étaient pas tous Marocains était rendue, jusqu'à la 
date du 12 août 1^13,par les Consuls des nations euro- 
péennes auxquelles appartenaient les parties, de telle 
sorte qu'un plaideor marocain pouvaitétre jugé d'après 
une Loi européenne. 

Cet état de choses très anormal résultait, du régime 
4it des Capitulations. 
• •••■«•••••••••••• 

Telles sont les phases de i'existenoe internationale 
dm Maroc écoulées jusqu'au Protectorat français. Le 
Protectorat étant un aboutissement, c'est seulement à ia 
fin de cet ouvrage que nous pourrons préciser, dans wn 
intégralité, la situation administrative et politique de 
l'En^pixe chérifien . 

Nous devons dire dès maintenant quelques mots de 
TAdministration et de la Justice indigène . 

Au point de vue administratif, l'Empire chéiifian, 



1^4 LE MAROC 

c'est-à-dire la partie du Maroc dès maintenant sou- 
mise au Sultan, la partie Maghzen, est divisée en Cal- 
dats plus ou moins étendus sur lesquels le Caïd et son 
ou ses Khalifas, c'est-à-dire son ou ses remplaçants, 
exercent l'autorité administrative et l'autorité judi- 
ciaire. 

Dans les villes importantes, les pouvoirs administra-' 
tifs, les pouvoirs de police indigène, sont dévolus an 
Pacha. Le Pacha est un Gouverneur. C'est nn très 
grand personnage. Il nous souvient que lors de notre 
premier séjour à Tanger, alors que le Maroc nous inté- 
ressait surtout comme touriste, nous allâmes un jour, 
en compagnie de quelques amis venus d'Europe, visi- 
ter la Kasbah. Au moment où nous allions atteindre 
la porte monumentale, un grave personnage, encore 
jeune, le visage orné d'une barbe noire luxuriante, 
couvert d'un burnous d'une éblouissante blanchetir 
et portant de hautes bottes en cuir rouge, comme 
les harnachements de la mule blanche qu'il montait, 
sortit de la citadelle. Nous nous écartâmes un peu par 
déférence et aussi par curiosité. La sentinelle, qui s'était 
levée, fit, avec indolence et sans conviction, le geste de 
la présentation d'arme, El Slam/le salut. Sans répondre 
et sans prêter à notre petit groupe aucune attention 
apparente, le personnage passa, tandis quun gamin, 
sept à huit ans peut-être, nous dit en le désignant d'un 
signe de tête : 

Pacha 1 

L'accent de l'enfant et sa physionomie exprimaient 
toutes les variations d'une gamme psychologique. 

Pacha ! Celui qui peut punir, emprisonner, frapper 
d amende. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR ia5 ^ 

Pacha I L'un des Représentants de ce Sultan si loin- 
tain, là-bas, dans Fez, si mystérieuse encore à cette 
époque. 

Pacha ! Le chef qui devait nous sembler si beau, 
tout blanc sur sa mule blanche, à nous qui n'étions en ' 
somme pour le Pacha, et sans doute aussi pour le gar- 
çonnet, que des chiens. 

Et tout cela, crainte, admiration, envie, orgueil de 
race s'exprimait et se concrétait dans ce mot murmuré 
plutôt que prononcé par ce bonhomme qui courait les 
pieds nus dans la poussière. 

Pacha!... 

A côté du Pacha prend place, dans la ville, le Cadi . 

Le Cadi est non seulement un juge, c'est un tribunal. 

Le Cadi est le personnage le plus considérable de la 
Société civile musulmane. Il ne dépend pas du Pacha, 
en tant que magistrat : il représente directement la jus- 
tice du Chérif, de telle sorte que Ton peut dire que le 
Sultan, lorsqu'il rend la justice lui-même, ce qui arrive 
en certaines circonstances, remplit les fonctions^ de 
Cadi. 

Le Cadi est à peu près inamovible. Ses jugements 
sont généralement sans appel dans la pratique. En théo- 
rie, il peut en être appelé devant un autre Cadi ; mais 
le cas ne se présente presque jamais. Le Cadi est donc, 
à lui tout seul, tribunal de première instance, tribunal 
d*appel, et même Cour de Cassation. 

A côté du Cadi les autres personnages judiciaires 
sont : FAdel, l'Oukil, TAoun. 

L'Adel est en même temps, un notaire, un greffier, 
un huissier. 



136 LK MAROC 

Gesontka AdouL(pliirieI d'Ade))qiii tknneBt pro- 
cès-verbal de tontes les phases des proeès ; ils conflit 
gnent par écrit toutes les déclarations, les demande», 
les répanses, les jugeaents.L'Adelne fonctionne jamais 
seaL Les Adonl vont deux par denx, ce qui est Èndis- 
pensahle à la validité des actes qu'ils dressenl, des 
comptes rendus qu'ils transcrivent. Parlais mèiœ 
quatre Adoul instrumentent à la fois, lorsqu'il s'agit 
d^établîf , sans eomparation de témoins, un acte de noto- 
riété. 

Les Oukiis sont des avoués. Leur rMo est obligatoire 
dès qu'il s'agit de procédure écrite. Les Oukiis sont 
agréés par le Cadî. 

Les Aouns, sorte d'huissiers audiencînrs, appellent 
lespaxties. Discms, pcMir compléter ce rapide tableau 
de la magistrature marocaine, que le tribunal du Gadi 
se nomme le Chraa, Seulement le Ckraa n'est pas à 
proprement parler le monument dans lequel se rend la 
justice, un Palais de Justice, c^est le lieu dans lequd 
siège le Gadi pour juger. Ce lieu peut être, parfois» sa 
propre habitation. En dehors des vilks, dans les tribus, 
en raison de la grande étendue de territoire qui peni 
être soumise à la juridiction d'nn seul Gadi, celui-ci 
désigne^ sous sa respcmsabilité, assez théonqoe û est 
vrai» des substituts qui îisgedot en ses lieu et placée. Sou- 
vent aussi, comme nous l'avons dit le pouvoir judiciaire 
se eooibnd avec le pouvoir administraftil, et Le Gald 
devient le Gadi. 

Il eoQvient de signaler ici un: faik vraimeiÉ curieux : 
c'est que la Loi judaïque coexiste, an Sfaroe,, avec la 
Loi mufiolmane. 

Gette situation toute spéciale remonte à hifîD di 



SON PASSB — SON PBXSBNT — SON AVENIR laj 

XY^ siècle^ alors q«e les Juiis, chassés d'Espagne pas 
lesperséctttîonft, se réfagièDent au Maroc qui s'ollrît à 
eux comme un lieu. d^asUe, Un tsaité cou règle établit 
qu'eob fait de justiceelvile^le Sultan déléguait au Grand 
Rabbiu, pour ses coreligionnaires, les pouvoirs judi- 
ciaires. 

Moulay Abderrahman ayant vo«iu contraindre les. 
Juifs à s'acquitter le joiiE du Sabbat de la l>j6stAa» ou 
corvée personnelle, la Communauté juive de Tangei! 
envoya à Fez une vétitable^ ambassade qui obtint ^ pro- 
bablemesit» & Taide d'arguments irrésistibles, la confir- 
mation du privilège de reconnaissance de I^ Loi )u- 
dsugue. Pour les contestations qu'ont entre eux. les 
Jiiils marocaine, en matière civUe» c'est donc la Loi 
judaCque qui regoit son application. 

La Loi indigène, en somme la Loi du pays, a ses dis- 
positions principales insentes dans le Coran et, par 
conséquent, iortes de la sanction que leur donne leur 
«caractère religieux. L'autorité du Sultan est basée sur 
sa qualité de Ghérif^ c'est-à-dire chef de la. noblesse 
rdigieuse. Mais, comme dans tous les pays musulmaos» 
le Livre saint est au-dessus de l'homme. Le Sultan ne 
peut modifier aucune Loi coranique. L&Goirana tout 
prévu, tout réglementé; il résu]ne> la volonté et la pa- 
role divine transmises aux hommes par le Prophète. 
C^e théorie a le mérite de la stabilité. Elle pçrait peu 
favorable au progrès. 

Toutefois, ce serait une erreur de croire que la 
Législation earaniqttQ rende toutes évolutions aussi 
difiîeiles qu*on peut le peaser, au premier abotd. 

Le Sultan ne fait pas la Loi, mais il l'interprète.. Ce 



Iî)8 LE MAROC 

que le Coran ordonne en termes exprès, ce qu'il îinter- 
dit en termes exprès ne peut, dans Tétat actuel des 
choses, être modifié sans que violence soit faite à la 
conscience publique. Mais, par contre, ce que le Coran 
n'interdit pas est permis ; ce qu'il n'ordonne pas reste 
facultatif. De telle sorte que le Sultan, interprète de la 
Loi, peut prescrire ou empêcher un très grand nombre 
d'actes, surtout s'il agit d'accord avec l'Autorité reli- 
gieuse dont il est le chef. 

C'est précisément en raison de cette situation que 
l'Autorité chérifienne, mise au service de la Pacifica- 
tion et di^Progrès, peut être un puissant facteur de. la 
modernisation du Maroc. 

L'un des principaux éléments de cette œuvre de mo- 
dernisation est rintroduction de la Justice française 
organisée sur des bases excellentes à la date du 12 août 
et du 7 septembre 1915. 

Les Tribunaux français remplacent non pas la Justice 
indigène qui subsiste et subsistera, mais bien la Justice 
ou pour mieux dire toutes les Justices consulaires résul- 
tant des Capitulations. A la déclaration de guerre les 
Justices consulaires des pays entrant en lutte avec la 
France ont été ipso facto supprimées . Depuis lors les 
pays amis ou neutres ont tous adhéré à la Justice fran- 
çaise ou sont sur le point de le faire. 

La Justice, dite Justice française, est remarquable- 
ment organisée. En retraçant le cadre des services du 
Protectorat, nous préciserons cette organisation. 

Dès maintenant nous ferons remarquer que cette 
Justice ne comporte, au Maroc, aucun officier ministé- 
riel. Pas de notaires, pas d'avoués, pas d'huissiers, pas 
de syndics de faillites, pas de commissaires priseurs. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 139 

Des fonctionnaires, appointés par l'Etat, en remplis- 
sent les fonctions essentielles. 

Les jugements sont exécutoires non seulement au 
Maroc, mais sur toute l'étendue du territoire français. 



/ 



CHAPITRE IX 



La Propriété au Maroc— L'Ittaq. — L'hérita^. 

— La donation. — L'Agd. — Les Droits de olef. 

— Les Biens Habous. — Lee Ten&dah. — Les 
locations urbaines et rurales- — L'immatricu- 
lation des propriétéfl. 



Nous donnerons ici des détails assez 6t«nduE sur la 
constitution et l'usage de la Propriété au Maroc parce 
que les Européens sont soumis, comme les Indigènes, à 
cette réglementation. 

L'établissement des immigrants au Maroc n'est pas 
sans nécessiter l'applicalion de quelques mesures de 
prudence . Par immigrants, nous n'entendons pas seule- 
ment ici les Français, qui se rendent au Maroc comme 
salariés de toutes catégories. Ceux-là n'ont à s'occuper 
que de la solidité de leurs emplois, des chances d'ave- 
nir qu'ils leur offrent et des conditions matérielles de 
leur vie quotidienne. Mais pour ceux qui voudraient se 
fixer dans le pays, y acquérir, s'y attacher, y fonder 
une industrie, la situation est toute autre. Rien ne les 
intéresse plus que les Lois régissant la propriété. D'au- 
tant mieux que ces lois qui touchent à la constitution 
politique et religieuse du Peuple marocain ne seront 
certainement pas modifiées, ou ne le seront que d'une 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l3l 

manière très partielle et dans un temps assurément très 
long. 

Voyons donc rapidement comment est constitué le 
régime de la propriété au Maroc. 

Sidi Khehl, un savant légiste, a défini clairement les 
conditions de la Propriété. « La terre qui est la pre- 
mière des propriétés, dit-il, appartient à Dieu qui en a 
permis l'^appropriation par les hommes, soit par attri- 
bution des Sultans conquérants, soit par la mise en 
culture de terres en friche ». L'investiture par le Sultan 
se nomme « Ittaq », donation ; ce mot se retrouve dans 
les actes relatifs à la constitution, à Tusage, à la trans- 
mission de la propriété. 

L' (( Ittaq )) peut être définitif ou non, transmissible 
ou intransmissible, héréditaire ou non héréditaire. De 
ce qui précède, il résulte que l'origine d'une propriété 
doit être recherchée avec grand soin, bien que le con- 
sentement public et la longue possession aient souvent 
çlonné le caractère d'hérédité et de transmissibilité à 
des concessions de biens qui ne l'avaient pas. Ainsi 
constituée la propriété se transmet, au Maroc, par héri- 
tage, par vente, par donation. La législation des héri- 
tages et celle des Donations, ces dernières très fréquem- 
ment employées pour améliorer la situafton des filles, 
n'ont donc pour nous qu'une importance secondaire. 

Cependant, à titre de curiosité, nous pensons que 
nos lecteurs parcourront avec int^êt l'acte suivant : 

LIQUIDATION D'UNE SUCCESSION 

Cet acte suivant nous éclaire sur les droits de succes- 
sion fixés par la Législation coranique, sur les droits 



l3a LE MAROC 

de tntelle exercés par les femmes, et sur leurs droits de 
propriété. 

Louange à Dieu unique. 

Mohammed Ben Abdesslam Bou el Kald el Hadj Moham- 
med Bou Leffa, propriétaire des trois quarts d'un jardin sis 
au lieu dit Souani, et dont le complément appartient à sa 
sœur Khadidja, étant décédé, avait seulement comme héri- 
tiers cette sœur et un frôre de père, Ahmed. 

Mais une femme nommée Hennia, ancienne servante ém 
•chérif Mohammed el Khamal el Amraour, vint déclarer 
qu'elle avait été mariée à Mohaaaimed, et qu'elle demandail, 
à cause de cela» une part dans les bieûs laissés par ce 
dernier. 

Elle a produit un acte constatant qu'elle avait été mariée 
à Mohammed. 

L'intervention de la dame Hennia ne parait pa9 avoir 
été du goût des héritiers, car ceux-ci contestèrent la 
validité de son mariage. 

Le Gadi ne pouvant mettre les héritiers d'aceord — après 
des discussions que lui-même, dans l'acte, déclaré avoir élé 
fort longues — déféra le serment à la dame Heania, laquelle 
ne fit aucune difficulté de maintenir ses prétentions, eu les 
appuyant d'un serment sur le Coran. 

11 fut donc décidé que la dame Hennia aurait, elle aussi, 
une part de l'héritage. 

D'autres personnes sont venues aussi déclarer qu'elles 
sont créancières du défunt pour diverses sommes. 

!<" Le Juif Brahim Ben Messaoud Souissa, de 25 réaux, 
pour un effet souscrit en présence 4e trois témoins ; 

2*" El Hadj Ahmed Akherkane pour 6 réaux ; 

3^ Le médecin pour 3 réaux ; 

Chaque héritier était assisté d'un, oukil (huissier). On 



SON PASSé — SON PRÉSENT — SON AVENIR l33 

I 

Blécîda d'un commun accord que Ton vendrait le jardin, afin 
le désintéresser les créanciers, et de partager le reste du 
Induit. 

Gomme le défunt n'avait droit qu'aux trois quarts dudit 
jardin, le dernier quart étant la propriété de sa sœur et héri- 
tière Ehadidja, on demanda à celle-ci si elle serait consen- 
tante à la vente de tout le jardin, dont elle toucherait 
snsaite le quart, avant sa part dans l'héritage. Elle accepta, 
st Ton mit le jardin en vente aux enchères publiques. 

Pendant sept semaines, il ne se produisit aucune enchère 
mpérieure à 140 réaux (700 francs), auquel prix le jardin fut 
Idjugé. 

La nommée Ehadidja a touché 35 réaux (175 fr.) pour son 
Quart de propriété. Il restait donc 105 réaux à partager. 

L'acte énumère ensuite les frais de justice et reconnaît 
^'11 reste à partager 50 réaux ainsi répartis entre les ayants 
âroit : 

A Ehadidja, sœur de père et de mère du défunt, 25 réaux 
(125 francs) ; 

A Hennia, femme du défunt, 12 réaux 1/2 (62 fr. 50): 

A la dame Yacoub, belle-mère du défunt, comme tutrice 
de son fils Ahmed, 12 réaux 1/2 (62 fr. 50). 

Fait et passé en présence du Gadi de Tanger et de plusieurs 
témoins, et par ordre du Pacha Abderrahman Ben. 

Il est peu probable que des Marocains nous fassent 
bommage de leurs propriétés ou nous instituent leurs 
liéritiers. 

Tout autre est l'intérêt que présente le régime des 
rentes.. Nous avons vu dans les articles de la Conven- 
tion de Madrid, dont le texte est ci-avant, que Tachât de 
propriétés foncières est possible aux étrangers, mais 
avec la permission du Gouvernement. Il faut donc, 
pour acheter un immeuble ou une terre, avoir Tauto- 



i34 LS marim: 

tiaeiion da Rcpcésenlant du Snttant^ Pacha on Ctid. 
Le- titre' qui constitue la propriété et gai végnKè- 

rement doit toujours se trouver entre les mainsp du 
détenteur, se ^nomme Agd. Ce titre doit mentioniier 
comme point de départ Tacte Xlttaq, acte de donation 
p ar le Souverain, ou de Moulkya^ c'est-à-dire de reven- 
dication de propriété par suite de culture et de long 
usage. Ensuite sont indiquées les diverses miBtatioas. 
qui ont été effectuées et dont Finscription, en marge de 
Taete isitiaU doit être consignée par les AdouL 

ACTE DE VENTE D'UN TERRAIN 

Louan^ à Dieu. 

Pat-devant deux Adonl, X. et X., à Tanger, le ^eu X^ 
Français, a acquis de X., Marocain, la totalité d'un jardin 
situé à...... limité par , dans toute son étendue. 

Cette acquisition est parfaite, licite, exécutoire^ défktlltive; 
dûmenl établie,, exempte de toute clause de réméré. 

Elle a été consentie moye&uant le ptrîx tofeal de Aouroa, 

que le vendeur a toucli^ des mains de. racheteur en présenca 
des Aâoul, après les avoir comptas et examinés et dont Ledit 
acquéreur est déclaré déchargée 

En conséquence, l'acquéreur prend possession effective de 
r objet de son acquisition et s'y instaUe aux Ucui el place do 
vendeur comme le possesseur d'un bien s'installe dana sob 
bien, conformément à la Souna. L'acquéreur a déclaré bien 
connaître Timmeuble pour l'avoir parcouru dans tous les 
gens, agissant de son plein gré et en toute connaissance de 
cause. 

Témoignage a été porté de tout ce qui précède. 

Après autorisation écrite du Pacfaa adressée au CadS .et 
excluant de la vente toate terre Maghzen o« tons- biens 
Haboôs inaliénables^ le Gadi a ordonné la rédaction d» pré- 



SON PASSE — SON PRÉSENT — SON ATENIR l35 

sent acte, les titres étant dûment établis et la délimitation 
du terrain effectuée. 

Lb Gâpi, 

Dans certaines contrées, notanunent dans la YaUée 
do Sebboo, c'est-à-dire dans une région très intéres- 
sante pour les acheteurs français, il n'existe presque 
aucun titre de propriété initiale, aucun « Agd ». La 
vente des terres s'effectue cependant par une Moulkya, 
acte de notoriété dressé par devant douze témoins, et 
qui deviendra la base de la propriété. 

Mais ce n*est pas seulement au point de vue des 
acquisitions que les lois de la propriété intéressent Jes 
imnigrants au Maroc. C'est tout autant on peut*être 
plus encore, pour le plus grand nombre, au point de 
vue des baux et locations. 

La location, comme la vente, doit être établie par les 
Adoul.Pas de location sans cette formalité. Les notaires 
français auxquels échappent maintenant tant de baux 
^t tant d'actes ne vont-ils pas demander que la Loi 
marocaine soit applicable en France *? 

On peut louer au jour, au mois, à Tannée. Dans les 
villes, les baux portent généralement comme indication 
de durée cette formule : Jusqu'à ce que le loyer ne soit 
plus payé. Celte clause est tout à l'avantage du loca- 
taire, puisqu'elle lui permet d'exercer son droit aussi 
longtemps qu'il le veut ou, du moins, qu'il le peut. 

A Tanger, un très grand nombre d'immeubles font 
partie des Biens Habous. 

Il convient d'expliquer ici ce que l'on entend par 
Mens Habous, terme qui est en usage en Algérie, en 
Tunisie, comme au Maroc. Un Bien Habou, un Bien 



l3o LE MAROC 

constitué en Habou, est un bien rendu inaliénable et 
dont les revenus, après avoir appartenu à la descen- 
dance du propriétaire, créateur de THabou, deviennent 
la propriété de telle ou telle Mosquée . 

Voici un acte de constitution d'un Habou, dont le texte 
mettra complètement en lumière cette curieuse partie 
de la Loi coranique : 

CONSTITUTION D'UN HABOU 

Louange à Dieu seul. 

Sidi Ahmed ben Al Hadj Abd el Kerim Foulan a témoigné 
qu'il a constitué en biens Habous le quart lui appartenant de 
la moitié d'une maison située au-dessus de la « Zaouîa 
de Sidi Ahmed el Baqqâl», maison comprenant une pièce 
au rez-de-chaussée, une au premier étage, et deux maga- 
sins au-dessus de la porte de la terrasse. Cet « Habou » 
est constitué en faveur des fils de ses fils et de leurs 
enfants, et, si la descendance s'éteint, en Habou éternel 
pour la Zaoulade Sidi Ahmed el Baqqâl, le Saint. (Que Dieu 
nous favorise par son intercession.) -^ Ceci est fait dans 
l'intention de contempler le visage de Dieu Tlmmense et 
d'en être récompensé. — Les soussignés savent que le cons- 
tituant jouit de ses facultés; ils déclarent le connaître et ils 
témoignent de ce qui est exposé. » 

Il nous paraît que le constituant, loin d'être en état 
d'infériorité d'esprit, faisait au contraire preuve d'une 
grande clairvoyance, puisqull s'assurait ainsi des avan- 
tages spirituels sans dépouiller aucun des membres de 
sa descendance, la constitution du Habou les empêchant 
seulement de vendre le bien qui en faisait Tobjet, mais 
non de le louer ou d'en tirer revenu. 



■- — - 



SON PASSÉ — SON PRESENT — SON AVENIR iSj 

Font également partie des Biens Habous les biens 
attribués aux Mosquées dès une époque reculée, par 
donation chérifienne, et qui sont Habous par le fait que 
la Mosquée qui les possède ne peut pas les vendre. 

Le prix des locations originelles n'ayant pas été aug- 
menté, alors que la valeur locative s'est élevée, au con- 
traire, dans des proportions très importantes, le loca- 
taire primitif ou son représentant direct bénéficient 
d'un avantage considérable puisqu'ils payent un loyer 
très petit, selon le taux de Habou et qu'ils peuvent en 
percevoir un très grand, au cours locatif actuel. Cette 
anomalie va certainement s'accentuer. On nomme Droit 
de clef ou Meflak cette situation du locataire initial et 
ce Meftak peut être vendu. A Tanger, presque toute la 
ville est louée sous cette formule . 

Il faut noter qu'en principe le Sultan peut donner un 
immeuble comme il peut donner une terre. Cet acte de 
donation se nomme Tenfidah et comme, à la rigueur, 
dans le droit actuel, le Sultan peut le révoquer, on agira 
prudemment en s*assurant que l'immeuble acheté ou 
loué n'est pas l'objet d'une Tenlidah . 

Le Droit de clef, nous y insistons, est digne de toute 
l'attention des nouveaux venus. 

Le Droit de clef Qsi un Or/, c'est-à-dire une coutume 
ayant par ancienneté force de loi, à la condition de ne 
pas contredire les préceptes religieux. 

Ce Droit de clef, qui existe aussi à Fez, mais pas à 
Rabat, a comme origine, à Tanger, l'abandon de cette 
place par les Anglais, en 1681. Une grande partie des 
terrains de la ville furent donnés par le Sultan aux 
Marocains ayant enlevé la ville aux Anglais, ou, plus^ 
exactement, s'étant trouvés présents au moment où les 



t38 LS MAROC 

Anglais avaient abandonné Tanger. Ces terrains tarent 
ensuite convertis en biens Hahùut et oonme telsckynnés 
à la Mosqoée. La Mosqnée, pour en tirer paiti, y fit 
construire, puisqu'elle ne pouvait les vendre, des petites 
boutiques, des petites maisons qu'elle loua à bas prix. 
Cette location fut nommée Droit de clef. 

Puis Tanger se transforma. Les locataires on posses. 
seurs du Droit de clef ont sous-loué les immieaUes qa'iis 
n'habitaient pas et dont la valeur locatiye s'était consi- 
dérablement élevée. Le nouveau locataire paye dcmc à 
la Mosquée le droit primitif et à son cédant le loyer coii- 
venu. 

* 

Cette situation anormale a entraîné d^ù de fréquentes 
contestations entre indigènes possesseurs et Ëuropéeos 
acquéreurs de Droit de clef. 

Alors que ceux-ci se sont imaginé qu'en vertu du long 
usage, le Droit de clef qu'ils avaient acquis avait Ja 
valeur d'une prop];;iété, ayant pris le caractère d'un 
Orf, la Mosquée, entendant augmenter ses revenus, 
niait aux anciens locataires le droit de sous-looer aux 
nouveaux, voulant bénéficier elle-même de l'augmenta- 
tion du taux des loyers. Jusqu'à présent, la Mosquée 
n*a usé que très modérément de ce droit qui cepeadant 
a été déjà confirmé par jugements. Mais la valeur crois- 
sante des locations entraînera certainement un change- 
ment à cette habituelle modération. On ne saurait donc 
trop recommander aux nouveaux venus de s'abstenir, 
lorsqu'ils le peuvent, de louer des biens ffabous 4yoim- 
portant des Droits de clef, car ils x>ourrai«at s'exposer 
à des surprises désagréaÛes . 

Locations rurales. — La terre se loue généndement 
à l'année ; mais le propriétaire et le locataire coBser^ent 



SON PASSÉ — SON PBÉSENT — SON AVENIR iSq 

le droit de se rétracter^tant que la terre n'est pas ense- 
mencée. L'usage est, qu'en cas de mauvaise récolte, 
provenant d'une cause naturelle, le loyer soit réduit, 
ou môme annulé. Les Européens locataires feront donc 
bien d'ensemencer les terres de suite, de ne les louer 
qu'au moment d'ensemmcer, car une location plus 
avantageuse pourrait intervenir en sous-main et faire 
annuler celle sur laquelle ils se croiraient en droit de 
compter. 

IMMATRICULATIONS DES PROPRIÉTÉS 

La nécessité de protéger les acquéreurs tles propriétés 
urbaines ou rurales contre les incertitudes et les 
possibilités de surprise que nous venons de signaler a 
conduit rAdministration du Protectorat à rendre pos- 
sible, mais non obligatoire, l'immatriculation de toute 
propriété par les soins du Service de conservation de la 
propriété foncière, 

A la requête du propriétaire, qull soit Marocain ou 
Européen, ce Service établit la situation en droit de 
toute propriété . Cette immatriculation est une garantie 
des plus sérieuses que tout acquéreur doit exiger. 

dLa mise en application de œ régime remonte au 
15 juin 1915. 



CHAPITRE X 

Le Maroc économique. — La circulation moné 
taire. — Les services postaux. — Le télégraphe^ 

— Les impôts. — Le budget. — Les emprunts 

— Les Douanes. — Le Comité de contrôle. -* 
La Banque d'Etat. 

LA CIRCULATION MONÉTAIRE 

La monnaie nationale au Maroc se divise en monnaie 
ancienne et monnaie moderne ; Tune qui comprend des 
pièces d'or, est devenue très rare ; Tautre ne consiste 
qu'en pièces d'argent et pièces de cuivre. On la nomme 
la monnaie Hassani, Cette monnaie est représentée par 
les pièces suivantes : 

Monnaie d'argent : 

Le rial qui vaut 5 pesetas espagnoles. 
Le robâ rial qui vaut 1 peseta 25. 
L abenacher ougia, valant 0,60 pesetas. 
Le nouc-hassani qui vaut 0,30 pesetas. 

Monnaie de cuivre : 

Khamgate oujouk 0,25 peseta hassani . 

Achra oujouk • 0,10 — 

Oujk 0,01 — 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l^^l 

Les monnaies étrangères qui circulent au Maroc sont : 
La monnaie espagnole représentée par : 



1 



Monnaie d'or (très rare) : 

Le Dhabloun, par corruption de doublon . 

Le nouc-dhabloun, demi-doablon. 

La libra de cinq douros, ou roba dhabloun. 

Monnaie d'argent : 

Duro — Douro. 

Zoudj besasit — Double peseta. 
Basita — Peseta. 
Nouc-basita — Diez sueldos. 

Monnaie de cuivre : 

Achra oajouk <— Diez centavos. 
Kbamsa oujouk — Ginco centavos. 
La monnaie française porte les noms indigènes de : 

Monnaie tfor : 

Louiz 20 francs. 

Nouc-louiz 10 — 

Rial ou dehab 5 — 

Monnaie d'argent : 
Rial franeis '. 5 francs. 

Enfin, dans les ports, on accepte la monnaie anglaise : 

Les billets de Banque français ont cours comme en 

FrsuQce. De plus, il existe un billet de la Banque Natîo- 



} 



l^a LB MAROC 



nale du Maroc remboursable en monnaie d'argent 
marocaine. Ce billet est d une valeur de 20 riais, ou 
100 Pesetas hassani. Ces billets sont imprimés au recto 
en Arabe. Le verso porte Tinscription suivante qui s'y 
trouve également reproduite en texte espagnol : 

Banque d'Etat du Maroc.Vingt riais Magbzani argent. 
Payables à vue au porteur à Tanger. 

Le système décimal est appliqué théoriquement au 
Maroc. Mais, alors que les anciennes mesures sont 
encore, en France, d'un usage fréquent, sinon légal, il 
est évident que le système métrique marocain restera 
en usage et qu'il convient, pat conséquent, que les 
immigrants en aient connaissance. 

Les indications que nous allons donner ne s'appliquent 
pas à tout le territoire marocain. Elles sont valables 
généralement pour le Bled maghzen, autrement dit dans 
la partie officielle de l'Empire. Notamment dans la 
Chaouïa, dans la Doukkala, dans les plaines de Mar- 
rakech et dans la vallée du Sebou, les poids et mesures 
sont ceux mentionnés ci-après. 

LES POIDS 

Les mêmes poids ne s'appliquent pas uniformément à 
toutes les marchandises. Au contraire, la dénomination 
du poids et sa quotité varient selon l'objet à peser. 

Achetez -vous de l'épicerie ou des marchandises d'im- 
portation, nous avons, pour les petits poids : 

Le ret'el, oulivre 500 gr. 

Le nouc-ret'el 250 — 

L'arbâ aouaq 125 — 

L'ouquitin 62—1/2 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l43 

L'oaqia (once) 31 gr. 

Le nouG-oaqla 15 — 1/2 

Le themen environ. 4 — 

Le nouc-themen. 2 — 

Le themnin. 8 — 

Les poids lourds, applicables aux mêmes articles, 
sont : 

Le qent'ar aTt'a'ar 100 kilos 

Le nouc-qent'ar ' 50 — 

Leroba 25 — 

Le nouc-roba 12,50 

S*agit-U de peser des légunies ou des fruits ? La dési- 
gnation des poids va parfois se modifier et leur valeur 
ne sera plus la même. 

Petits poids : 

Le ret'el ne pèse plus 500 grammes mais bien 800 

Le nouc-ret*el 400 

L'arbâ aouaq ^. 200 

L'ouquitin 100 

L'onqia 50 

Le nouc-ouqia 25 

Les gros poids ont; comme unité, le qent'ar qui ne 
pèse plus que 80 idlos; de sorte que, pour les gros poids 
de cette catégorie de marc^iandises, l'unité est moins 
forte que Tunité correspondante pour Tépicerie et les 
marchandises d'importation, alors que pour les poids 
légers le fait contraire se produit. 

7 



l44 LB MAROC 

Après le qent'ar viennent : 

Le nonc-qent'ar 40 kilo» 

Le roba qent'ar. . ^ ' 20 — 

YIARDBS DB BOUCHERIE 

Petits poids : 

Ici nous relevon s : 

Le noue ret'el, Tarbà aouètq, Touquitin, et les poids 
que nous venons de mentionner pour Fépicerie. 

Pour les gros poids, môme similitude depuis le qent'ar 
de 100 kilos ) avec ce^tte différence que le ret*el bouche- 
rie vaut SOO grammes. 

Nous ignorons quelle est au Maroc la valeur du 
(f coup de pouce )). Mais n'est-ce pas là une unité de 
poids internationale ? 

LES MESURES 

Pour les mesures de longueur, pour les mesures de 
capacité, nous constatons de véritables anomalie». 

Les étoffes indigènes, haîks, nattes, tapis, se 

mesurent à la drâa (c'est la^ coudée) 0°^50 

Noue drâa (demi-coudée) ^. 0"25 

Roba, quart de drâa 0*12 

Themen 0~06 

S'agit-ii d'étoffes importées, nous sommes en pré* 
sence de deux sortes de mesures : 
Dans les ports, les mesures européennes : 

Le mètre ; le yard anglais : 91 centiniètres. 
Dans Tintérieur du pays, mesures marocaines : 



« 



/ 



SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR l45 

Qald (règle de bois), environ 0™54 

Nouc-qald — — 0°»27 

Robaqald — — 0-14 

Themen — — 0»07 

POUR LÀ MAÇOiXlIBaiB 

La drâa condée 0'"50 

Le qadam q'edem 0'"27 

MBIfUlSBHlB. — GHARPBNTB 

Ghber (mesare de la main, du ponce au petit 

doigt) Q»25 

Iter (mesure de la main, du pouce à l'index). 0"'20 

POUR l'arpbmtagb, lbs puits 
La quama (trois coudées) i^^SK) 

MESURES DE CAPACITÉ 
POUR L*HUILB 

Petites mesures : 

Kasin 3 litres 1/2 

Kas llitre 3/4 

NouG-kas. 1 litre 

Grandes mesures : 

Qolla 26 litres 1/2 

Nouo-qoUa, rebdia-qoUa (demi et quart de qolla.) 

POUR LBS GRAINS 

Rebia 2 11 très 

Nouc-thomni. , 4 — 

Mouda 64 — ^ 

Noue monda 32 — 

R'bal monda 10 — 



/ 



l46 LK MAROC 

POSTES ET TÉLÉGRAPHES 

C'est en 1860 qu^un service postal français fat, ponr 
la première fois, établi au Maroc. Il n*y eut, tout d'a- 
bord, qn'une Agence à Tanger. Elle était gérée par le 
Chancelier du Consulat de France. En mai 1887, par 
suite du (^éyeloppement des affaires, cette Agence prit 
rang d*abord de I^ecette simple, pour s'élever enfin, en 
1893, au rang de Recette principale. 

Au même temps que le service français des Postes, il 
existait alors au Maroc, une Poste marocaine, une 
Poste espagnole, une Poste allemande. Actuellement le 
régime postal nouveau, fonctionne dans tout le Maroc 
soumis au Protectorat français et à Tanger. 

SERVICES TÉLÉGRAPHIQUES 

Le service télégraphique comprend : 

— Le réseau intérieur maintenant très développé et 
qui assure les communications entre toutes les villes et 
agglomérations notables. 

Les stations radiotélégraphiques établies, les unes 
sur la côte à Tanger, Casablanca, Rabat et Mogadjor ; 
les autres à Tintérieur à Fez et à Sefrou. 

— Les lignes de cable : 
i^ de Tanger à Cadix ; 
2"* de Tanger à Oran ; 

3« de Tanger à Gibraltar ; 
4" de Tanger à Ceuta. 

Les deux premières lignes sont françaises ; la troi- 
sième anglaise ; la quatrième espagnole. 



SON PASSÉ — SON FBJBSENT — SON AVENIR l^J 

LES IMPOTS 

• 

L'argent n'est pas seulement le nerf de la guerre. 
C'e&t aussi le nerf de la paix . U est donc impossible de 
se faire une idée des progrès qui peuvent être réalisés 
dans un pays si Ton ne se rend pas suffisamment 
compte de sa situation financière. 

Les ressources du Gouvernement marocain compor- 
tent : 

Les impôts religieux ; 

Les impôts administratifs ; 

Les droits de souveraineté ; 

Le Tertib. 

Les impôts religieux se nommQniV Achour, le Zekkat, 
la Hedia, 

L'Achour est un impôt sur le revenu ; c'est une dîme 
analogue à celle qui se percevait autrefois dans nos con- 
trées. 

La Zekkat est un impôt sur le capital, établi sur la 
base d'environ 2,50 p. 100. Le capital et les revenus 
agricoles sont seuls en cause. Les revenus industriels 
sont indemnes. 

Quant à la Hedia^ c'est une taxe qui était volontaire 
et que les négociants devaient une fois Tan, au moment 
de VAchour^ verser au percepteur. Eux-mêmes en 
fixaient le montant. En théorie, cette contribution facul- 
tative était considérée comme remise aux pauvres. Mais, 
dans la pratique, elle restait dans les coffres duMagbzen, 
qui se considéredt» sans doute^ comme le pauvre le plus 
intéressant. S'est-il trouvé que cette perception, basée 
sur la. bonne volonté du contribuable, n'était pas assez 
abondante Y Quoi qu'il en soit, une taxation fixe a rem- 



l48 (.B MAROC 

placé maintenant la taxe arbitraire. La Hedia monte 
à 3S0 douros par tribu. 

Les Jaifspai3nt, aux lieu et place de cet impôt, le droit 
de Djeziat, La Djeziat est à proprement parler un droit 
de rachat de corvées. 

Certaines Congrégations religieuses sont exemptées 
du paiement deâ impôts religieux. Différant en cela de 
la dîme du Moyen Age qui appartenait au Clergé, la 
dlme marocaine est payée seulement au Chef suprême 
religieux, c'est-à-dire au Sultan. 

Les impôts administratifs^ sont des impôts indirects, 
des impôts de consommation ou de jouissance. 

Ces impôts sont : 

1" Les droits de douane ; 

2* Des droits sur la vente des animaux et de diverses 
catégories de marchandises, 

Ces droits commerciaux sont fixés par un Règlement 
chérifien daté de 1896. 

Nous aurons à donner quelques détails sur le fonc- 
tionnement des Douanes qui sont la véritable base de 
réquilibre financier marocain, puisque leur revenu 
assure le paiement des coupons de la Dette dont le 
service est placé sous le contrôle européen. 

DROITS DE SOUVERAINETÉ 

On réunit sous le nom général de Droits de souve« 
raineté : 

VEnNaiba payé parles tribus non astreintes au ser- 
vice militaire ; 

La Harka^ contribution aux frais des expéditions 
militaires ; 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l49 

El Gherama, indemnité exigée en cas de vol ou de 
meurtre; 

El Dhaïra^ amende fixée poar certains délits. 



LB TBRTIB 

Le Tertib est un impôt sur les revenus agricoles . Le 
taux de cet impôt est variable et fixé chaque année 
aussi bien pour le produit des cultures que pour les 
animaux. Cet impôt est perçu par les Caïds et par les 
Cheikhs ou chefs de villages qui prélèvent 6 0/0 et 
4 0/0 pour leur rémunération. 



RBSSOURCBS ACCESSOIRES 

Droits d'héritage. — La Loi marocaine partage les 
héritiers en deux catégories. Héritiers fard dont les droits 
portent sur la totalité de la succession ; 

Héritiers acab^ c'est-à-dire héritiers indirects, héri- 
tiers de second rang. Le Bit el Mal, ainsi se nomme le 
Trésor public, prend rang parmi les héritiers de cette 
deuxième catégorie. 

he Bit el Mal proliie également d'une partie du revenu 
des Mosquées dont il assure tant bien que mal Tentre- 
tien. 

L'EMPRUNT DE 190i 

En 1904, le Maroc s^est sensiblement rapproché de 
la civilisation européenne. Il a contracté un gros 
emprunt. A titre de document curieux, voici dans quels 



lOO LE MAROC 

termes les Sultans autorisent leurs mandataires à recou- 
rir au Crédit : 

« Par notre -présente lettre (Dieu élève sa puissance 
et fasse briller dans le firmament de la félicité son 
soleil éclatant et sa lune) nous avons autorisé notre ser- 
viteur intègre à contracter au nom et pour le compte du 
Trésor (Dieu le remplisse) — voilà du moins un souhait 
sincère — un emprunt de... 

Cet emprunt a été émis avec le concours de la Banque 
de Paris et des Pays-Bas et de quelques autres Établis- 
sements financiers. 

En voici les conditions principales : 

L'Emprunt est gagé par le produit des Douanes des 
ports de l'Empire. 

L'intérêt est de 5 p. iOO. 

L'amortissement devra se faire en trente-cinq années 
par tirages semestriels. 

— Le Gouvernement Impérial du Maroc s'interdit de 
rembourser cet Emprunt ou d'en augmenter l'amortis- 
sement avant Tannée 1919. 

— Les coupons et titres remboursables doivent être 
payés en franc$ de France. 

*— Dans le cas où le produit des Douanes serait 
insuffisant, les ressources générales du Trésor chérifien 
doivent être affectées au service de l'Emprunt. 

— Un représentant des porteurs de titres sera désigné 
par les Banques contractantes et aura lui-même, près de 
chacune des Douanes marocaines, un délégué qui 
encaissera chaque jour, 60 p. 100 du montamt des per- 
ceptions. » 

Ce service de contrôle fonctionne à Tanger, TétouaB, 
Larache, Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi, Mogador. 



SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR iftl 

Cet Emprunt a été contracté pour payer principalement 
|e solde d'indemnité de guerre due à TEspagne et des 
dépenses diverses . C'était donc un Emprunt de liquidation 
et non pas, comme pourront Tètre des emprunts futurs, 
une opération financière de production, destinée à amé< 
liorerFoutillage économique du pays et, par conséquent, 
à augmenter ses facultés productives. Cet Emprunt a été 
émis à Paris en obligations au taux nominal de 500 francs 
et au taux d'émission de 462 fr. 50 Ces obligaticms 
sont Inscrites à la cote au comptant et à terme . 

En 1910 fut contracté un deuxième Emprunt 
de 110. 1S4. 000 francs. 

Cet Emprunt est garanti : 

Par l'excédent des recettes des douanes non absorbé 
pour le service de l'Emprunt de 1904; 

Par les recettes produites par la vente des tabacs et 
duKiff; 

Par les droits de marchés dans les ports, droits dési- 
gnés sous le nom de Mostafadats ; 

Par les revenus de biens domaniaux,ou biens Maghzen 
dans les ports ; 

Par la partie des taxes urbaines qui revient à l'Etat. 

En 1914, troisième Emprunt de 170.250 000 francs, 
porté en 1916 à 242 millions. Cet Emprunt est à 
émettre par fractions. 

n 1^ véritablement un caractère d'Emprunt d'orga- 
nisation ainsi que l'on peut s'en assurer par l'énumé- 
ratioa de quelques-unes des dépenses qu'il doit per- 
mettre d'effectuer : 

tiréation du Port de Casablanca 50.000. OQO 

Construction de routes 71 . 750. 000 



l5a LE MAROC 

Assistance médicale (hôpitaux et ambulances) . 10 . 000 . 000 

Télégraphes et téléphones 12.000.000 

Edifices municipaux et viabilité urbaine 27 . 050 . 000 

Le service de cet Emprunt est garanti par le Gouver- 
nement français. 

Nous devons à la vérité d*ajouter qu'autant Tadmi- 
nistration de la fortune marocaine était autrefois fan- 
taisiste et instable alors que le Maghzen encaissait les 
recetttes et tant bien que mal satisfaisait aux dépenses, 
alors qu'entre les sommes payées parles contribuables 
et celles qui entraient au trésor, des différences si 
notables se produisaient, autant le fonctionnement des 
services financiers est maintenant assuré d'une régu- 
larité parfaite. 

Nos lecteurs peuvent constater qu'elle est l'impor- 
tance du service des Douanes dans réquilibre financier 
de TËmpire chérifien puisque ces revenus servent de 
base principale au Crédit public. Or ces revenus sont 
en voie de constante augmentation. 

La consommation des produits européens s'élève de 
plus en plus par suite de Taccroissement du nombre des 
résidents. Par conséquent, les recettes des Douanes ne 
peuvent que progresser. 

Donnons donc un coup d'œil au régime des Douanes 
marocaines et à leur mode de fonctionnement. 

Le 15 décembre 1531, la France fit, avec le Maroc, 
une Convention dans laquelle il était dit que « les mar- 
chands français, qui viennent au Maroc, pourront 
mettre à terre leurs marchandises sans payer d'autres 
droits que la dîme » ; c'était donc l'équivalent de YAckour 
qui frappe de 10 p. 100 de leur revenu les terres cul* 
tivées. 



SON PASSÉ — SON 1PKBSBNT — SON AVENIR t53 

Les dffîérents Traités conclus à des époques moins 
éloignées, avec le Royaume de Sardaigne en 4825, 
rAntriche en 1830, les États-Unis en 18S6, rAngleteire 
on 1850, sandionnèrent cette disposition. L^acte d'Aï- 
géBîras a porté le W p. 1<00 à 12,50 p. 100. / 

ActiieUement, oertaines dérogaticms ont été faites à 
ia règle dn 12,50 p. 100. Les vins, entre qfielqoes autres 
produits, ne paient plfrs que 5 p. 100. 

Les agents de la Douane, qui se nomment les Oumana^ 
évaluent les marchandises sur les prix de gros, géné- 
ralement pratiqués dans le port par lequel a lieu leur 
importation. 

Par une disposition, qui est spéciale à la douane 
marocaine, les Oumana peuvent, dans certains cas, pré- 
lever en nature l'impôt de 10 p. 100, lorsque la mar- 
chandise est facilement divisible. 

La Douane marocaine est la première Autorité du 
Maroc avec laquelle les étrangers prennent contact. Les 
Oumana, d'ailleurs, ne sont pas des douaniers plus 
désagréables que nombre de leurs confrères européens. 

La Douane n'exerce pas seulement ses droits sur les 
marchandises importées, mais encore sur les exporta- 
tions. 

Sous le régime chérifien;les exportations n'étaient pas 
libres. Autrefois même, il existait des monopoles d'ex- 
portation établis, pour telle ou telle marchandise, en 
faveur de telle ou telle maison de commerce ou de telle 
ou telle Société commerciale. Mais ce régime exception- 
nel a cessé depuis longtemps d'entraver Tessor du com- 
merce marocain. 

Nous donnerons en Appendice un aperçu général des 
tarifs. 



X54 LE MAROC 

Les procédés administratifs de la Douane marocaine 
sont assez simples. Les agents des Douanes sont assistés 
— et en même temps contrôlés — par un Adel, qui ins- 
crit, au fur et à mesure, les opérations quotidiennes. 

Voulez-vous savoir comment se nomme Ce brouillard? 
n a nom : Ouaraqat el ouasâkh. A la fin de la journée, 
ces inscriptions sont transcrites sur un registre qui se 
nomme Kounnâch al achat ^ puis recopiées à nouveau 
sur des feuilles séparées, qui sont des feuilles de jour- 
née. Ces feuilles s'appellent al youmyya. > 

Tel est, en substance, le fonctionnement de la Douane 

ê 

au Maroc. 



CHAPITRE XI 



Lies richesses du Maroc. — Production agricoles- 
Mines. — Pêcheries. — Salines. 



Le Maroc est avant toat un pays agricole. Il possède 
un sol d'une grande fertilité. 

Nous empruntons à une intéressante Conférence faite 
à Paris par M. André Ferry, l'un des anciens élèves les 
plus distingués de l'Ecole d'Agriculture de Tunis, quel- 
ques indications toutes modernes d'un grand intérêts 
Elles confirment les données fournies par les explora- 
teurs : M: de Foucauld, M. Mouliéras, M. de Segonzac, 
entre autres. Ces observations qui remontent à quelques^ 
années ont été confirmées elles-mêmes d'une manière 
éclatante par les faits et les résultats les plus récents. 

C'est en soldat, que M. Ferry a parcouru la Chaouïa. 
Mais s'^1 a fait la route avec ses jambes de soldat, il a 
regardé avec ses yeux de colon. 

M. Ferry donne une description des plus favorables 
des jardins de Casablanca puis de ceux de Rabat que les 
indigènes nomment « la perle du Maroc ». Ces derniers 
surtout ont excité son admiration. « Après Lallarto 
dans les vallées de Toued Both et de Toued Redoum, 
les céréales atteignaient plus de deux mètres de hauteur 
et les cavaliers y disparaissaient jusqu'aux épaules. 



|^,r».- "i ^ ■• y. .y . 



l56 LK MAROC 

Dans les montagnes des Béni Aman, les vignes et les 
oliviers sont entretenus avec grand soin. 

Toutes ces régions ont l'apparence de pays de grand 
avenir ». Mais, dè^ longtemps, les explorateurs qui ont 
eu la bonne pensée de na pas se borner à écrire des 
articles a burnous », mais bien de recueillir des infor- 
mations pratiques et sérieuses, entre autres Mouliéras 
«tde Foucawld, avaient constaté la grande valeur du 
sol marocain. 

Jusqu'à présent, il était d'usage de diviser le Maroc 
en trois zones appartenant au bassin de l'Atlantique. 
Mais maintenant cette division est tout à fait insuffi- 
sante : Au Nord, le Maroc méditerranéen, composé du 
Riff , déjà moins mystérieux, et de rAmalal d'Oad^da, 
Irancisé ; au Sud, le Figuig, doivent, au même titre qae 
le Maroc atlantique, attirer rattention des observateurs 
pratiques. 

La carte en main, faisons donc, dans l'Empire chéri- 
iien, une excursion agricole. 

Nous irons du Sud au Nord, partant de cet Agadir 
qui, après avoir été le lieu d'ancrage de la canomiière 
allemande Panther, deviendra un port ouvert qui metr 
tra le Sud marocain en communication directe avec la 
mer. Voyez ces plaines magnifiques. C'est là. que se 
trouvent ces céréales supeii)es dont nous venons de 
parler. Elles s'étendent depnis la région de Mogador 
jusqu'à la région d'Arzila, petit port sur l'Atlantique. 
Elles forment une bande dont la profondeur, calculée 
depuis le rivage, varie entre 15 et 75 kilomètres. Soos 
les noms divers de Sous, d'Abda, de Doukkala, de 
ChaodSa et de Gharb, elles Gonstitoent une région pii- 
vilégiée. Voici les terres nmres qui, depuis Casablanca, 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR iSj 

Attendent sur près de 40.0QO kilomètres carrés de super- 
ficie avec une épaisseur de trois mètres e^ moyenne. 

C'est une Beauce marocaine, car nous n*y avons ren- 
contré, sauf dans la région Marrakech-Safi, que fort 
peu d'arbres, si ce n*est ceux qui forment quelques rares 
forêts. 

Nous y avons vu, en mai, récolter des orges superbes, 
suivies de près par les blés que Ton moissonne en juin. 

Gomme la Beauce» ces régions ne possèdent que de 
rares cours d'eau, mais les pluies et les/ rosées assurent 
au sol une humidité suffisante pour permettre la cul- 
ture du maïs sans aucune irrigation. Mazagan a tout un 
vignoble. Les produits ne servent pas à fabriquer du 
vin, mais, comme autrefois les vignes indigènes algé- 
riennes, ils s'utilisent surtout sous la forme de raisins 
secs dont il se fait, au Maroc, une très grande consom* 
matîon. Dans la Doukkala, les pâturages permettent 
l'élevage de très nombreux troupeaux. 

Cette magnifique bordure de Tocéan Atlantique 
s'élève jusqu'à l'altitude d'environ 300 mètres. A partir 
de cette altitude jusqu'à celle de 600 mètres, s'étend la 
deuxième zone dont la principale partie est formée par 
la plaine de Marrakech et que traverse jusqu'à Fez, 
joignant Fez à la mer.^le grand fleuve Sebou, Avant la 
guerre, les journaux ont publié qu'un canot à pétrole 
battant pavillon français avait, pour la première fois, 
remonté le fleuve jusqu à 80 kilomètres de Fez, arrêté 
à cette hauteur par des barrages de rochers. Cette ran- 
donnée nautique très intéressante ne pouvait d'ailleurs, 
au point de vue navigabilité, donner des résultats pra- 
tiques, en raison du peu d'élévation des eaux pendant 
l'été, mais elle n'en a pas moins constitué une tentative 



lS8 LE MAROC 

d*nn grand intérêt et qui honore infiniment ses aatenrs. 
, La deuxième zone est, au point de vue agricole, beau- 
coup moins riche que la première. Certaines de ses 
parties, cependant, sont formées de terrains d'une com-' 
.position très favorable. La troisième région, enfin, eist 
la région forestière. Elle s'étend sur les pentes de l'Atlas. 
Cette région même contient des parties cultivables assez 
favorables à la croissance de l'olivier. 

Les possessions espagnoles actuelles sur la Méditerra- 
née n*ont aucune importance au point de vue agricole, 
n n'en est pas de même du Riff marocain qui les enserre 
et qui restera vis-à-vis de l'Espagne, pendant un laps 
de temps impossible à préciser, sur un pied d'hostilité. 

Nous savons dès maintenant que les Riffains sont des 
agriculteurs courageux. 

Ces agriculteurs commerceront de plus en plus avec | 
FAlgérie, comme le font déjà les Béni Snassen, grands | 
producteurs de fruits, surtout d'oranges. ; 

Les appréciations émises par Mouliéras sur la Cul- 
ture de la vigne dans le Riff sont des plus favorables. 
Des informations toutes récentes les confirment. La 
vigne est taillée, labourée . Dans certaines parties on la 
cultive en cep. C'est la vigne « Zeh'af ». D'autres vignes i 
dites « El Arich » ou treilles, sont suspendues aux 
arbres. Les Riffains ne sont pas encore viticulteurs, fls 
font cependant du vinaigre. Comme les vignes de Maza- 
gan, les vignes du Riff fournissent à la consommation 
des raisins secs en quantité considérable. 

Dans TAmalat, la culture des céri§ales est très suivie 
et les cultures maraîchères sont destinées à un avenir 
très rémunérateur. 

Nous avons reproduit, dans ses grandes lignes, la 



r 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR iSg 

physionomie agricole du Maroc. Disons quelques mots 
maintenant du Marocain comme ouvrier agricole. 

Les méthodes culturales uditées au Maroc, dans Ten- 
semble du pays, par las cultivateurs indigènes sont 
encore rudimentaires. Les assolements sont générale- 
ment ignorés ou appliqués avec la plus grande irrégu- 
larité. L'usage des engrais est inconnu pour la grande 
culture et pratiqué rarement pour la culture marai* 
(^ère. Sauf quelques exceptions, les labourages sont 
très peu profonds. On dit que le Marocain se contente 
ée gratter le sol et d'y lancer le grain à la volée. 

Une fois le grain en terre, personne ne s'en occupe 
soit pour le sarcler, soit pour le biner. 

Le matériel agricole est réduit à sa plus simple 
expression. €'est avec la làocille que Ton coupe les 
^pis ; on les réunit ensuite en petites gerbes que Ton 
transporte sur des aires. 

Les animaux sont chargés du battage. L'usage du 
fléau est inconnu. 

Ces renseignements, encore exacts à Fheure où nous 
écrivons, pour la majorité du territoire marocain, ne le 
seront assurément plus dans .un délai que Ton peut, 
avec certitude, considérer comme devant être très 
court. Le Marocain, en effet, est souvent laborieux et 
intelligent. Ceux qui ont travaillé en Oranie, comme 
ouvriers agricoles, sont généralement appréciés par les 
colons algériens. 

Voici des modèles d'actes passés entre des Euro- 
péens et des Indigènes, en vue d'Association agri- 
coles : 



/ 
\ 



l6o LE MAROC 

AGTB d'aSSOGMTIOII AGBIGOLB 

Louange à Diea unique. 

X. (nom et signalement de l'Intéressé), reconnaît avoir 
reçu de X. tant de paires de bœufs de labour (signalement 
des bœufs) avec la quantité de semences pour semer telle 
superficie de terrain. X. (l'associé indigène) s'engage à 
fournir ce terrain, à soigner et entretenir les bœufs et à 
exécuter le travail nécessaire, 

X. (l'associé agricole) recevra comme part le cinquième 
de la récolte. 

Lorsque Tassociation agricole a pour objet des trou- 
peaux, l'acte se rédige comme il suit : 

Louange à Bleu unique. ^ 

X. (nom et signalement complet de l'indigène) reconnaît 
avoir reçu de X., de telle localité, tant de tètes de taureaux, 
bœufs, veaux, génisses ou vaches dont la valeur totale est 
de... Il s'engage à les faire paître et à les garder et pour 
prix de son travail, il gardera le tiers du bénéfice net réa- 
lisé par la vente. 

L'ÉLEVAGE 

L'élevage est une des richesses du Maroc. C'est une 
de celles sur lesquelles Tintroduction de procédés nou- 
veaux exercera la plus heureuse influence. 

Examinons rapidement la situation actuelle des 
diverses races d'animaux. 

LA RAGB BOVIRB 

Deux familles existent au Maroc. L'une est répandue 
dans la région du Nord, jusqu'à la hauteur de Rabat. 
L'autre est la race du Sud. La race du Nord est tout à 
fait semblable à la race algérienne. 



J 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l&ï 

L*autre, la race du Sud, est, à proprement parler, la 
véritable race indigène. Son principal centre de pro- 
duction est la Ghaouïa-Doukkala. Elle est plus déve- 
loppée que les autres races africaines et promet des 
résultats vraiment remarquables, lorsque les bonnes 
règles d'une zootechnie raisonnée seront appliquées à 
sa production. 

Précoce en raison, sans doute, de la présence des 
phosphates dans le sol, elle produira certainement des 
types intéressants que Ton parviendra à fixer. 

Les bovins du Sud sont hauts sur jambes. La muscu- 
lature antérieure est assez forte, la^musculature posté- 
rieure moins développée. Les animaux / s'engraissent 
assez facilement, même sans préparation. Ils ne sont 
jamais réduits à Tétat de maigreur d'une partie des 
bestiaux algériens, parce que les sécheresses ne sont 
jamais aussi brusques et aussi complètes au Maroc 
qà*en Algérie et que, par conséquent,' là disette des 
fourrages s'y fait beaucoup moins sentir. 

LÀ RAGB OVINB 

Le mouton doit être tout particulièrement recom- 
mandé à l'attention des immigrants français. 

Déjà, les procédés d'élevage très simples, pratiquées 
par les indigènes, donnent des résultats fort importants 
au point de vue de la production de la viande, comme 
à' celui de la production de la laine. 

Les mputons marocains sont du type mérinos, mais 
ils présentent d'assez nombreuses variétés. On dis- 
tingue les moutons de Tanger, ceux de Rabat, ceux de 
Casablanca, ceux de Safi. Cette dernière variété se 



l6a LR MAMOG 

voit encQve en Espagne. Les lainea maroeainafi se répar- 
tissent en trcôa caté^ries. 

La première sorte, nommée laine aboudia, est réelle- 
ment une laine mérinos de qnalité moyenne. La 
deuxième caté^rie comprend la laine ourdigria. Cesi 
encore un.e laine mérinos^ mais provenant d'aninauiox 
très secondaires. 

Enfin la troisième classe on laine beldia provîait 
d'ammanz 4® races diverses. Elle n'a plius le caraetère 
de laine mérinos. 

w 

Le mouton marocain, sans être iort développé comme 
viande, joue nn très grand rôle dans ralimentation* il 
n'est pas de boas repas sans un mouton rôti, présenté 
tout entier & Tappétit généralement lormidaMe des 
convives. \ 

RAGE CAPRINS 

La chèvre est très estimée au Maroc. Elle fait partie^ 
par sa chair, comme par son lait, des animaux aliment 
taires. 

La peau de chèvre est Tobjet d*un commerce presque 
aussi important que celui auquel donne lieu la peau de 
mouton. La chair est assez recherchée dans la cuisine 
marocaine. 

AniMAUX Dl BASSB-COUR 

Pas de bon repas au Maroe sans poulet. La. volaille 
partage avec le mouton les dangereux honneurs de la 
salle à manger. Les poulets et let œufô, indépendamment 
de la pao-t considérable qulla prennent à Falimentation 
des habitants, donneni lieu à nn^très actif mouvemeOb 
dexporlation* 



SON PASSÉ — SON PRESENT — SON AVENIR l63 

Le climat, dans les régions du Nord sortoat, est 
favorable aux animaux de basse*€our^ ou, pour mieux 
dire, à la race gallinacée. Les canards, les oies, les 
dindons n'existent guère, en effet, ou ne sont représen- 
tés que par ^de rares spécimens, sans que Ton puisse 
expliquer la cause de leur quasi-i^sence, car tout 
indique que leur production ne donnerait pas de mé- 
comptes. 

ANIMAUX DE SELLE, DE TRAIT (ET |DE BAT 

RAGE CHEVALINS 

Le cheval marocain a de Tanalogie avec le cheval 
d'Algérie. 

C'est le barbe. A côté de cette race indigène, il existe 
quelques types différents « sans parler des animaux im- 
portés. On rencontre des barbes percherons, des barbes 
normands, des anglo-barbes et arabes^barbes. L'éle- 
vage du cheval est assurément destiné à rester entre 
les mains des indigènes pendant longtemps du moins, 
n n'offre pas aux Européens de perspectives de gain 
assez séduisantes. Un service de Haras et Jumenteries 
est cependant organisé. Son fonctionnement promet 
de bons résultats . 

MULBTS 

L'industrie mulassière est très prospère au Maroc. La 
mule est, comme nous Tavons dit, la bète de selle par 
excellence pour le voyage. Alors qu'un cheval vaut très 
rarement plus de 800 pesetas, une belle mule atteint 
parfois le prix de 2.000 pesetas. Cet élevage est consi- 
déré comme étant de grand avenir. 



l64 LE MAROC 

Pour conclure ce très rapide aperçu de zootechnie, 
disons que, d'après des évaluations assurément lorl^ 
approximatives, les différentes races d*animaux domes- 
tiques comptent, au Maroc, les nombres suivants d'in- 
dividus. 

Bœufs, 5.000.000; moutons, 40.000.000; chèvres-, 
10.000.000; chevaux, 600.000; mulets et ânes/ 
4.000.000 ; dromadaires, 500.000. Ajoutons, pour | 
encourager les éleveurs futurs, que le bétail marocain 
n est nullement sujet à la tuberculose et que les épizoo- ! 
ties sont extrêmement rares. 

LES RICHESSES FORESTIÈRES 

Toutes les espèces forestières se rencontrent au Maroc. ^ 
A toutes il semble que le sol et le climat marocain réns- < 
sissent parfaitement. 

Parmi les bois industriellement utilisables, il faut 
citer : 

Le chône-liège, exploité avec incurie. Les indigènes 
abattent les arbres pour en enlever Técorce. 

L'arar, arbre particulier au pays, fournit un excel- 
lent boisde construction, c'estle ce citras )) des Romains. 
Sa résine est la sandaraque employée à la fabrication 
des vernis. Il s*élève surtout dans les forêts du Riff, 
dans le Moyen- Atlas, chez les Béni Mquild et les Ait 
Youssi. 

Avec la forêt de Larache,la seule forêt située en plaine 
entre Mehedia et Rabat, la forêt de Mamora, contient * 
une très grande variété d'essences. 

Dans le Sous, pousse un arbre au bois dur et d une 
taille énorme nommé a l'arganier». 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l6& 

Dans le Sud, les Oasis sont^ comme en Algérie, peu- 
plées de palmiers et de dattiers soigneasemieiit imgoé» 
et dont ks fruits tonnent la principale partie de lanour- 
rltore des habitants. Plus tard, quand ralimentation 
possédera plus de ressources, quand les courants corn- 
mercîaiix seront établis, ils deviendroiit^ comme les> 
dattes de Biskra, un élément d'exportation. 

LA FAUNE 

JLes animaux non domestiques sont nombreux et 
variés. Dans TAtlas, le lion.D se trouve également dans 
les xDontagnes du Rilf . 

Dans les forêts de Larache et de la Mamora, des pan- 
thères. 

Le chacal, Fhyène, le sanglier se rencontrent dan«r 
toutes les régions du pays. 

A côté de ces hôtes peu utilisables commercialement 
parlant, d'autpes individus d un voisinage plus agréable 
existent en grand nombre. Perdrix, cailles, lièvres sont 
parfois trop nombreux pour la sécurité des récoltes. 
Gonabien de.Nemrods européens vont, s'ils lisent ces- 
lignes, rêver d'aller au Maroc. 

Dans la région des Oasis, Tautruche, la gazelle, l'an- 
tilope . 

LES MINES 

Longtemps avant les exploits de prospection des 
fameux frères Mannesmann, on savait que le sol du 
Maroc est un sol minier. 

Dès 1579^ Henri III faisait acheter au Sultan Moulay 
Hamed 40.000 quintaux de cuivre. En 1741, les Anglais- 



266 LK MAROC 

^capturaient, dans les eanx d^ Agadir, une tartane fran- 
çaise chargée de cuivre. En 1846, le Sultan Abderrha- 
man concédait une mine de cuivre située dans les envi- 
rons de Tétouan ; puis il rachetait la concession et 
l'exportation du minerai était interdite. Le cuivre 
marocain n*aurait rien à envier, comme richesse de 
minerais, aux filons du Rio Tinto. 

Le plomb est signalé dans le Nord. 

Le massif des Beni-Snassen et d'autres régions encore 
contiennent de la calamine. 

Le fer, le roi des métaux industriels, est très répandu 
dans r Atlas. Il donne son nom, (( hadid », à une Jmon- 
tagne, le Djebel Hadid, dans le groupe montagneux 
d'Abda. 

Dans le Grand- Atlaa, il existe de la houille, d'après 
les prévisions les mieux basées. 

Des sources de pétrole se sont révélées dans le mas- 
sif des Riatas. 

Plusieurs rivières du Sous contiennent des paillettes 
d'or. — - Le métal fauve existe également dans le Riff. 

Dans le Sous et à Tétouan, c'est-à-dire aux deux 
extrémités de l'Empire chérifien, on a cpnstaté la pré- 
sence de mines d'argent. — Egalement au Tafilelt. 

Le soufre s'exploite à Azemmour et à Marrakech. Le 
massif des Riatas en possède aussi. 

Au Sud, à Taroudant ; au Nord, dans la région de 
Taza, le nitre se trouve en quantité. 

Le plâtre est abondant. , 

L'ocre rouge est si répandue qu'elle donne son nom 
Aune contrée: le Bled-el-Almar, pays rouge. Nous don- 
nons dans l'Appendice Tétat de la législation minière. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 167 

LES SAUNES 

Le sel gemme se rencontre fréquemment. On Textrait 
par tranches qui atteignent la dimension de près de 
1 mètre carré sur 18 et même 20 centimètres d'épais- 
seur. Vers les confins du Maroc et de la Mauritanie 
s'étendent, sur des espaces considérables» des sebkhas, 
gisements de sel. Bien qu'ils soient Tobjet d'une exploi- 
tation remontant à une époque déjà éloignée, la richesse 
des sebkhas se maintient au même niveau, t^ar les 
couches de sel sont alimentées par des eaux chargées 
de nitrates et de chlorures. 

De l'Atlas s'échappent de nombreuses sources miné- 
rales. Gomme les hiammam de l'Algérie et de la Tunisie, 
elles sont très fréquentées par l^s indigènes. 

L'une d'elles, celle de Moulay-Yacoub, était connue 
des Romains qui la nommaient Aqua Dacica, Elle eoule 
entre Fez et Marrakech. Sur la route de Tanger à Fez, 
à peu près à la moitié de la distance entre ces deux 
viUes, il existe une source sulfureuse qui serait analogue, 
comme composition, à Hammam-Meskoutine, en Algérie. 
Située sur une des voies de communication qui vont être 
le plus promptement modernisées, cette source parait 
appelée à un avenir intéressant. Enfin, dans le pays de 
Taroudant, l'oasis de Taranalk renferme une source 
fortement chargée de gaz carbonique. 

Dans le ùord de l'Atlas, région des Ouled-Bou-Slah, 
des sources contiennent du soufre en assez grande quan- 
tité. 

LA PÊCHE 

Nous terminerons par les pêcheries les pages consa- 
crées aux richesses exploitables du Maroc. Le dicton 

8 






IEGB I«K MAROC 

latin adesinitinpiscem)) se troave ainsi appliqué, e& 
apparence seulement, car les pêcheries dans les eaux • 
marocaines peuvent donner des résultats très intéres- 
sants. 

IHmB la Méditerranée, la pèche du thon se fait déjà 
d^ime manière suffisamment importante pour que des 
usines de conserves se soient établies et pour qu*il 
puisse s*en établir sur les rivages du Ri!f. 

Les côtes du Rif! sont surnommées Bled-el-Hout — 
le Pays du poisson. 

Des bancs de sardines considérables viennent «^ 
faire prendre par les Bocoyas, qui sont des x>écheur8 
habiles, et bien qu'ils ne disposent jusqu'à présent que 
de moyens d'action bien rudimentaires . 

Aux confins des eaux de la Méditerranée et de celles 
de lX)céan, dans la région du cap Spartel ; puis sur la 
côte de l'Atlantique, vers Tembouchure de Toued Ohls, 
le maquereau se trouve en très grande quantité . 

Dans les mêmes parages prospèrent les aloses <le 
rOum er Rebia. — Leur pèche avait fait lobjet d'un 
fermage assez important sous 4e règne du SultanMoulay 
Ismaïl. — Ces aloses remontent le cours des rivières,entre 
autres de l'Oum er Rebia, et aussi du Lonkkos et du 
Sebou, et viennent se faire prendre le long des barrages 
dont l'unique fontïtion est de les arrêter. 

Entre le cap Blanc et le cap Bogador, on peut pécher 
très fréquemment les langoustes . 

Pendant plusieurs années une entreprise a propéré, 
qui opérait en péchant les langoustes dans ces parages 
et en les emmenant vivantes en Bretagne . Les sujets 
les plus beaux étaient vendus presque dès leur arrivée, 
après un court séjour dans les parcs; les langoustes qui 



son PASSB SON PMÉSKIIT SOU A^SNIR 169 

n'avaient pas encore atlrânt une dimension suffisante 
étaient ccmservées et Tendnes oltéri^iiemenL 

Cette entreprise, interrompue ponr des motife parti- 
culiers, pourrait assurément être reprise dans les mal- 
lenres omditions. 

Près dn cap Kanc, on renoontrennerariété de morue 
nommée la oortnne. 

En prindpe, la pèche est libre, mais les bateaux 
pêcheurs doivent acquitter, au bénéfice du Maghzen, 
un droit de 150 donros. 



n 



CHAPITRE XII 

Le commerce au Maroc. — Organisation 
commeroiaie. — Les Cenaaux. 



Sous rAutorité chérifienne, lé commerce intérieur 
jouit de toute la liberté nécessaire. Que ce soit fatalisme, 
indifférence, ou esprit de tolérance et de justice, l'Ad- 
ministratio'n, en pays musulman.^st souvent infiniment 
moins tracassière qu'elle ne se montre en pays euro- 
péen. C'est un fait qu'ont souvent constaté tous ceux 
qui ont entretenu des relations d'affaires avec les pays 
dlslam et aussi les non-commerçants qui ont pratiqué 
les populations musulmanes. Nous avons vu, en nous 
occupant de la Douane, que les ce Oumana i» ont une 
comptabilité rudimentaire, dont les statistiques peu- 
vent bien receler quelques imperfections. Il en est 
bien dans des statistiques infiniment plus prétentieu3es 
et dont les. in-folio administratifs sont, vraiment formi- 
dables, si on les compare aux modestes « Feuilles de , 
Journée » qui, dans leurs étuis de fer-blanc, renseigne- 
ront le Magbzen sur les opérations douanières. 

Mais rincertitude surrintensité exacte du mouvement 
commercial au Maroc n'a pas pour cause unique des 
erreurs imputables à la Douane. On sait que le com- 
merce international régulier s'exerce : 



SON PASSÉ SON PRBSBNT — SON AVENIR I^I 

lo Par les ports ouverts ; Ë"" Par la irontière algéro- 
fliarocaine. 

i Dans ces ports lonctionneie service des ]>oaanes tels 
que nous l'avons exposé. 

Toatefois il ne laat pas oublier qae des parties con- 
sidérables du Maroc ne sont pas encore soumises à 
fAdministration chérifienne et que, par conséquent, 
; leur commerce d'entrée et de sortie échappe absc^ument 
! À tonte ingérence. 

Ces régions sont, au Nord de l'Empire, le Bill et le 
DjeUaia ; au Sud le Sous et le Talilelt. — H s'agit là 
d'une superficie de plus de 300.000 kilomètres carrés, 
autrement dit d'une supercilie dépassant très sensible- 
ment celle de la moitié de la France. Or, ces contrées 
n'en ont pas moins leur importance économiqae. Elles 
produisent et elles consomment, sans que Ton puisse 
savoirs exactement combien elles consomment et com- 
bien elles produisent. 

Au Nord, dans les Présides espagnoles, c'est-à-dire à 
Melilla,à Geuta, on penserait que la présence des Euro- 
péens pourrait être de nature à laciliter des évaluations 
régulières. Il n'en est rien. 

MeliUa, le Cap d*eau, Albucemas^ le Peûon de Yelez, 
Ceuta, sont des ports Irancs par lesquels les marchan- 
dises entrent sur le territoire marocain sans payer de 
droits et en sortent de même. Une Administration habile 
. à se rendre compte de la situation économique d'un 
pays, de ses besoins; de ses ressources, de sa lorce de 
consommation et de production, aurait soin, malgré 
cette situation de port Iranc, de tenir compte des impor- 
tations et des exportations, en s'aidant au besoin de la 
perception d'un droit inlime de statistique. Mais TAd- 



1 



17^2 ' LB MABOG 

I 

mînistratîon espagnole n*a pas ce sonci. En réalité, lesj 
marchandises qui entraient au Maroc par la longue; 
ligne de côte qui s'étend de Geuta presque à la frontière! 
algéro-marocaine n'étaient soumises à aucun contrôle, 
c'était en réalité de la contrebande légale. C'est une 
situation qui ne pouvait se prolonger longtemps, parce 
qu'elle portait un sérieux préjudice au comnierce régu- 
lier s'effectuant, soit par les « huit ports », soit par la 
frontière de TAmalat d'Oudjda et de TAlgérie. Le traité 
Franco-Espagnol y a porté remède. 
' Au Sud, c'est par le Figuig, contrée assez calme, 
mais très indépendante, que s'exerce le commerce avec 
le Sud algérien, la Mauritanie. Là encore, aucune don- 
née précise. 

Nous ne pouvons donc chiffrer que partiellement 
le mouvement commercial au Maroc en nous -rapportant 
aux statistiques des Ports. 

Ces renseignements sont consignés dans l'Appen- 
dice. 

Il nous est donc possible de nous rendre compte assez 
exactement de la production et de la consommation 
marocaines pour les produits fournis à l'étranger oa 
demandés à l'étranger. Nous ne laisserons de côté que 
la contrebande de fait, plus ou moins favorisée par le 
régime qui règne dans les places espagnoles. Les 
chiffres nous fixent, à peu près exactement sur le 
mouvement des affaires de l'Empire chérifien avec 
Textérieur. Mais ce qu'il importe de savoir aux Français 
qui se disposent à s'établir au Maroc, ou même à s'y 
faire réprésenter, ce sont les usages commerciaux du 
pays, la manière dont s'y traitent les affaires. 

Pour le commerce de détail, les transaétions s'effec- 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — BON ATBNIR " 1^3 

très sensiblement comme en France. L'habileté 

deur consiste & se .rendre exactement compte des 

de la clientèle qu'il a poar but de s'attacher. 

[ue vous rechercherez comme client l'indigène on 

)éen, il est évident que voua ne pourrez otlrir, 

irtains articles, ni les mômes marchandises ni 

bmes qualités. Dans les articles de vêtements, 

iblement, la différence s'impose. Dans les articles 

u ivuicintation, certains produits seront debiandés par 

tons les consommatears ; certains autres, les vins et 

alcools notamment, ne trouveront prenenr qu'auprès 

des Européens. Ces distinctions sont faciles à observer. 

n convient d'ailleurs de noter que le commerce de 

, à destination de la consommation indigène, est 

le entièrement entre les mains des indigènes eux- 

s, tout d'abord dans les ports et, k plus forte 

, dans l'intérienr du pays. Il serait sans intérêt 

lin Européen d'acheter des produits marocains 

y«-. les revendre aux Marocains. La plupart des 

articles de consommation non alimentaire sont fabri- 

febés et vendus par les mêmes artisans. Celui qui fait 

les babouches, pour citer un exemple, les vend lui- 

^iAine. Celui qui fait les haïks, les fez, les vend directe* 

ment. Il y a, pour les articles du consommation maro- 

Èe, un nombre suffisant de fabricantS'Commerçants. 
produits imités de ceux du pays et venant de 
anger n'auront^ aucune chance de concurrencer la 
fabrication locale, pendant longtemps tout au moins. 
C'est donc, en matière commerciale, au commerce 
ion et d'exportation que l'immigrant français 



Or, ce commerce ne peut s'exercer avec fruit qu'en 



174 I'* MAROC 

se conformant à ton» les usages locaux et, par censé* 
qnent, en les connaissant parfaHement. Sans cette 
connaissance, exportateur, vous n'obtiendrez pas les 
marchandises que tous roulez expédiier, ou vous ne tes 
obtiendrez pas dans des conditions qui vous en per- 
mettent la revente avantageuse ; importateur, vimh 
n'^aurez pas Técoulement régulier et normal die vos 
acquisitions. 

Ici doit estrer en jeu une organisation spéciale su ' 
Maroc . 

Cette organisation est personnifiée par les Gensasz. 
E Ile d*est déjà modifiée et se modifiera encore, mais, en 
pratique, elle subsistera pendant longtemps. 

Lorsque durait le régime de la Protection que oo» 
avons résumé, les Censaùx étaient du nombre des pro- 
tégés. 

Actuellement ils demeurent des intermédiaires très 
utiles surtout pour les négociants européens qui n*oat 
pas encore eu la possibilité de s^assimiler entièrement 
les mœurs et coutumes commerciales du Maroc. 

C'est le « Censal » habile qui traitera pour la maisott 
à laquelle il est attaché, les achats les plus avantageux, 
notamment en matière de produits agricoles. 

n connaîtra la situation des différentes régions de 
productions dans lesquelles il lui est facile de s'assoref 
desinlelligences, des correspondants. Alors même qu'il 
sera encore peu pratique pour un acheteur eiuropéen de 
laines, d'aller tenter les marchés dans les passes de 
Taza, par exemple, le Censal de Fez ou d'Oùdjda pourra 
monopoliser la production des grands troupeaux appar- 
tenant aux riches Cs^ds et même ramasser, par ses 
correspondants, les tontes des petits propriétaires. 



SON PASSÉ •— SON FnisXNT — SON AVENIR IjS. 

Poor les bœufs, pour les graifiis, ce que nous disons est 
soii moins exact. 

i^e Gensal est eneore un instnimeat indispensalrley 

daoïs la plnpart des cas, pour eonciure une location 

.nrbainecm agricole^pour adueter un terrain ^Sonvent^ le 

Gensal achètera on louera en apparence pour Im-mème, 

en réalité pour som commettanft. A ceux qui s^étonne- 

nôeart de ces achats fictifs, de ces locations supposées» 

I Douft pourricMQS ohjeeter que les mêmes faits se pco- 

I diiise»! en Europe et que FOrient n'est pe£ le seul Pays 

f )es mirages. 

Pour l'écoulement île marchandises importées, snr- 
lout.de marchandises destinées principalement aux 
indigènes, à travers des intermédiaires également indi- 
gènes, l'utilité du a Gensal » est également indiscutable. 
I y a-t-il des crédits à accorder, le Gensal adroit a tout 
jitérèt à guider exactement son patron ». C'est lui qui 
[eut dire quelles sont les marchandises qui conviennent 
h mieux à telle ou telle région du pays, indiquer les 
tBStatives utiles et éviter les expériences malencon- 
treises. 

Le Gensal offre encore un grand avantage : c'est 
qu'aitant il est capable d'aider son patron à faire des 
affains prospères, autant il est hors d'état de se subs- 
tituera lui, par suite de l'absence de toutes relations 
à rétroiger. 

Aucm expéditeur, aucun fabricant européen, ne trai- 
tera en effet avec un « Gensal». Pendant longtemps, 
les Français voulant aller au Maroc et y entreprendre 
le comnerce d'importation et d'exportation^ devront 
s'assure, le concours d'un Gensal expérimenté. Ge 
concoure c'est de Texpérience qu'ils acquerront à bon 



i;;6 LE MAROC 

compte. Or, si rexpérience est nn élément indispen- 
sable de la prospérité commerciale en tout pays, c'est 
surtout en pays d'Islam que ses effets sont souverains. 
Le commerce d'importation, au Maroc, ne peut d'ail- 
leurs que se développer, ainsi qu*il le fait depuis plu- 
sieurs années. Il est évident que le nombre des Euro- 
péens résidant dans l'Empire cbérifien s'augmente dans 
des proportions très rapides et que, par conséquent, 
soit pour la satisfaction de leurs propres besoins, soit 
par l'effet de l'exemple, de Tentraînement, la consom- 
mation des produits d'Europe est destinée à s'accroître 
considérablement. 



CHAPITRE Xni 



Villes et régions. — Les villes impériales. — Les 
ports. — Les villes de l'iatér leur. — Les villes 
saintes. — Le Tafilelt. — Le Fîguig. 



LES VILLES DU MAROC 

Les villes du Maroc se divisent en quatre catégories: 

Villes impériales ; 

Ports ; 

Villes de l'intérieur ; 

Villes religieuses. ' ' 

Nous étudierons rapidement ces divers centres, qoî 
présentent des différences si intéressantes à mettre en 
lumière. 



LES VILLES IMPÉRIALES 

On nomme villes impériales les cités habitées tour à 
tour par les Sultans, la Cour et le Maghzen. 

Le Maroc d*hier était un pays extraordinaire ! Alors 
que les Gouvernements européens ont des centres dont 
ils ne s'éloignent pas, le Maroc ne possédait pas une. 
capitale unique. Autrefois, et cet autrefois n'est pas 
très ancien, les Sultans marocains qui se déplaçaient 
le plus facilement étaient ceux qui jouissaient du pou- 



1^8 LK MAROC 

voir le mieux établi, de la domination la moins con- 
testée. 

Tant que les tribus qui, prises isolément, étaient 1res 
inférieures en force au gouvernement du Chérif , ont en 
la certitude que celui-ci se déplaçait volontiers, que les 
quelques milliers d'hommes asçez bien armés compo- 
sant sa Mehalla, que ses quelques canons pouvaient, à 
tout moment, se transporter sur leur territoire et le 
« manger », suivant l'expression dont il convient de 
signaler Toriginalité, la crainte de ces visites souve- 
raines était assurément — coQime la crainte du gen- 
darme — le commencement de la sagesse. 

Le sultan, Abd^el Aziz, épris de nouveauté, d'eu, 
ropéanisme dans le mauvais sens de ce mauvais mot, 
aimait à s*enfermer dans son palais de Fez, où son 
temps se passait à édictcr des réformes prématurées et 
à essayer, comme on essaye des jouets, des bicyclettes, 
des automobiles, des phonographes, des petits che- 
mins de fer. Ce n*était pas Thomme de la tente et da 
camp. Aussi les insurrections furent-elles fréquentes . 
Celle de Moulay Hafid se termina par la déroute 
complète du Sultan imprudemment novateur. > 

En dehors môme de ces déplacements politiques et 
financiers, puisqu'ils avaient toujours comme but le 
recouvrement de Timpôt refusé ou arriéré, la Cour ohé- 
rifienne. Cour nomade, n'avail pas coutume de rester à 
poste fixe. Elle se rendait tour à tour de Fez à Meknès, 
— que Ton a nommé le Versailles du Maroc, — à Mar- 
rakech, la Capitale du Sud, et enfin à Rabat. Ces quatre 
villes sont les villes impériales. 



SON PASSlft — SON PRÉSENT -— SON AVENIR Ijg 



FBZ PITTORBSQUB 
l 

n y a une viDgtaine d'anDées c'est par la piste, en 
caravane, que nous nous sommes dirigés, depuis Tan- 
ger vers ce Fez encore si mystérieux. Fez qui fat le 
plus grand centre religieux de TAfrique du Nord et 
auquel Tavenir réserve un rôle commercial si impor- 
tant. 

Bien que la vie sous la tente soit intéressante par 
l'imprévu et l'originalité, nous n'aurions pas été lâchés 
de trouver à Fez, comme on le trouve à Tanger et, 
tant bien que mal, dans les ports, les éléments d'une 
installation plus régulière. 

Malheureusement, il n'existait pas d'hôtel et môme 
pas d'auberge à Fez. 

Le Sebou ne passe pas directement à Fez ; nous 
avions quitté ses eaux à quatre kilomètres environ de 
la ville vers laquelle nous marchions côte à côte avec 
l'oued Fas, affluent du Sebou, et qui apporte, par des 
irrigations, la fécondité aux jardins dont Fez est 
entourée. 

Le voyageur européen dont le gîte n'était pas préparé 
parles soins de son Consulat n'avait que la ressource de 
continuer à camper. C'est ce que nous avons fait dans 
notre deuxième voyage à Fez. Du premier nous avions 
conservé la mémoire de deux chambres* situées dans 
une ïnaison juive, au centre du Mellah, chambres aux- 
quelles on accédait par des escaliers qui nous ont laissé 
le souvenir de la plus complète culbute que nous ayons 
faite depuis les temps, un peu lointains déjà, du saute^ 
mouton collégial. Nous avons gardé également souve" 



l8o LB BfAROC 

nance d'un patio qu'il, fallait traverser en passant an 
milieu d*nne bande d'eniani» aussi remarquables par 
leur nombre que par leur éducation absolument étran- 
gère à tons préceptes d'hygiène. Pour ne pas contris- 
ter notre hôte, protégé français, nous dûmes dissimvter 
" notre regret du plein air et de nos tentes que, ntiem 
ayisés^nous aurions plantées dans les jardins de Fez rt 
Bali. 

L*oued Fez sépare la ville en deux grandes divisions. 
A l'origine, une de ces divisions portait le nom d'Adnuat 
el Karaouiyin, L'autre se nommait Adauat el Andulous 
parce que la destruction, par les rois d'Espagne, da 
Khalifat de Gordoue eut pour conséquence de conduire à 
Fez naissante près de dix mille Manores, que Leurs conr 
génères nommèrent « les Andaloits 9. 

Actuellement, Tune des deux divisions entre lesquelles 
se répartit Fez se nomme Fez el [^*edid, Fez-le-Neuf , 
dont la création par l'Emir Yacoub ben Adddliay 
remonte à 1274, ce qui ne donne à ia ville nouvefle 
qu'une jeunesse relative. Fez-le^Yieux a pour nom Fes 
el BaU. 

La ville est entourée de murs crénelés. Au centre^ 
s'élève le Dar el Maghzen. Une grande artère centrale 
va de Bab el Segma jusiqu'à Bab el Semmarizt. 

Fez el Bali et Fez el Djedid sont réunies par un quar- 
tier que Ton nomme Bon Jeloud. 

Fel el Bali est située dans la vallée de Voved Fez, deni 
les soixante branches forment an réseau d'irrigaiiQtt 
naturelle des plus perfectionnés. Les maisons de Fes el 
Bali sont élevées ; elles remontent les deux parois de la 
vallée et ne s'arrêtent à gauche ei à droite qat'anx. 
murailles d'enceinte. 



/ 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l8l 

C'est dans Fez el Bali que sont naturellement les 
anciennes et célèbres mosquées d'El-Karaouiyin et de 
Moiilay-Idris. Sur la rive gauche de Toued est la mos- 
quée des Andalous. 

Les habitants de Fez, qui se nomment les Fazi, n'ont 
presque aucune similitude avec les Berbères, habitants 
des montagnes, non plus qu avec les Arabes qui peuplent 
la plaine. Ils mènent une existence hadhariya, c'est-à- 
dire une eiistence bourgeoise, une existence urbaine. 



LA MOOB A FEZ 

Dans les classes aisées, chez les fonctionnaires et 
antres personnages faisant partie du Maghzen, la toi- 
lette des hommes est l'objet de grands soins. Les per- 
sonnalités de la haute bourgeoisie, les Maures, soit par 
conséquent une grande partie des Fazi, but une tenue 
très soignée. 

Leur djellaba, qui est la base du costume marocain 
— sorte de chemise ou de sac ayant des ouvertures pour 
passer la tète, les bras et les jambes, est en étoffe fine 
et douce . L'élégance la veut en drap léger, le plus sou- 
vent de nuance crème. 

Le haïk, qui se met par dessus la djellaba est une 
sorte de soutane. La partie la plus apparente du costume, 
le burnous, est très vaste, de manière à s'enrouler 
autour du corps, une des extrémités se rejetant sur 
l'épaule. Le burnous, en laine fine, doit toujours être 
d'une éblouissante blancheur. 

Un autre costume, plas spécialement adopté par les 
fonctionnaires, se compose d'ui^e chemise de linge fin 



l8a us IffABOG 

qne l'on Domme iaradjiya qui se bontoime josqn'an cou 
et se passe sur an caftan aux manches larges. 

Comme chaussures, des babouches en cuir verni etr 
le plus souvent, en cuir de. couleur clair, tranchaat sur 
le blanc des bas. Seuls les gens du peuple gardent les 
jambes et les pieds nu». On porte également des soolicffs 
découverts à talons, et aussi, pour le voyage, des bottes, 
ornées parfois de broderie d'une véritable richesse. 
Comme coiffure, les hommes font usage du fiz de drap 
rouge auquel la ville a donné son nom et qui est employé 
dans tout le monde musulman. Ils portent aussi le tur- 
ban plus spécialement réservé aux Chorifa, aux Imans, 
aux membres des familles cbérifiennes, au monde reli^ 
gieux. Les femmes de Fez portent comme coiffure le 
hantouz, sorte de hennin d'une hauteur modérée qai 
soutient le voile dont elles sont enveloppées. D'autres 
se coiffent du foulard, particulièrement les femmes de 
fonctionnaires. 

PBZ COMMBBCTALB 

La Fez des affaires, La Médina^ comprend plusieurs 
quartiers marchands. Voici le Souk el Attami. C'est ici 
que l'on vend les articles de bazar et les épiceries. 

Que de babouches ! C'est le Souk el Sobat I Dans le 
Sùuk el Haïk se trouvent mis en vente les tissus de 
fabrication indigène. 

Dans la « Kaïçara », se vendent, au contraire, les 
tissus de fabrication européenne et aussi les diverses 
marchandises d'importation. 

Le mouvement commercial de Fez est considérable. 
n accuse de grand» progrès. Les Souks de Fézreçoîvenl 



SON PASSÉ — SON PKKflSNT — SON AVENIR l83 

du* Talilelt des peaux et des dattes, bien que ces cégions 
sud éirigent maintenaat depréiérence leurs eavois sur 
GolofflbBéchar, tête du chemm de fer de TOranie et dont 
le centre caravanier d'Er Rieani n'est éloigné que de. 
sept journées de chameau. 

Dans ces régions, la journée de chameau est une 
unité de parcours. 

Commerce (wec la France 

En parcourant la « Kaïçara », les marchandises fran- 
çaises que nous voyons le plus souvent sont les savons 
de toilette, les teintures, les montres et pièces d'horlo- 
gerie, les tissus et les galons, la bijouterie et au$si l'ar- 
gent pur pour la fabrication indigène des bijoux, les 
papiers, les laines, les soies en fil. 

Dans le Souk el Attarni, ce sont les sucres en pains 
qui viennent de Marseille, les épices, les alcools, les 
farines, les semoules. Comme produits manufacturés 
français : les draps, les soieries, les satins, le velours, 
la mousseline, les cretonnes, les lainages. 

De Fez, au contraire, on expédie vers la France les 
peaux de chèvres, les cuirs de bœufs, les poils, la laine 
brute. 

Commerce avec C Angleterre. , 

L'Angleterre envoie à Fez, parmi les produits d^Ii- 
mentation, le thé dont les Marocains font une consom- 
mation considérable et auquel ils donnent de beaucoup 
la pr^érence sur le café. Le thé parfumé à la menttie 
se boit dans tous les repas, dans toutes les collations. 
On* le boit sut tes marchés : boire le thé ensemble est 
r accompagnement obligé de toutes les transactions. 



l84 LB MAROC 

Comme produits manufacturés : les bougies, le coton 
en fils, l'horlogerie, les fils de soie et les iils à coudre, 
la mousseline à turban. Les articles de ménage, parmi 
lesquels occupent le premier rang tous ceux qui servent 
à la consommation du thé : les théières, les bouilloires, 
les tasses, les plateaux, les samovars. 

Pour Fexportation, l'Angleterre ne prend guère, à 
Fez, que les dates du Tafilelt . 

Commerce avec F Allemagne. 

Les marchandises allemandes importées à Fez avant 
la guerre étaient généralement de très médiocre qualité. 
C'est ce qui maintiendra la suprématie de la production 
française, si nos importateurs savent se défendre par 
des prix raisonnables, par un crédit suffisant; surtout 
en se conformant aux usages locaux pour les emballages, 
les métrages, la présentation. L'Allemagne envoyait à 
Féz des cotonnades, des 'couvertures de laine. 

Comme articles d'alimentation, de la mauvaise con- 
fiserie, des sucreries communes mais qui sollicitaient 
cependant la gourmandise des consommateurs. 

Les articles de ménage venaient également, en assez 
grande quantité, des fabriques allemandes. Sur ces 
objets, il y avait concurrence entre l'Allemagne et l'An- 
gleterre. 

La verrerie, la porcelaine courante, les couteaux, les 
cuillères, les fourchettes, ces dernières pour les Israé- 
lites, divers ustensiles de ménage, de Thorlogerie d'une 
perfection plus que contejstable, les boites à sucre, les 
boites à thé étaient généralement de provenance alle- 
mande. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR l86 

Egalement les boites... à musique, les phonographes» 
les machines à coudre. Enfin, les pièces^ d'artifice ! 

(Voir à TAppendice, l'article consacré aux marchan- 
dises allemandes). 

It" Italie envoie à Fez des velours et des soieries. 

Des marbres pour daller les cours. On les transporte 
sur des mekkas. On nomme mekkas une sorte de plate- 
forme en bois montée sur des brancards entre lesquels 
on place un chameau par devant et par derrière. 

là Espagne importe des soieries de Barcelone, des 
meubles, certaines chaussures pour les Juifs, des choco- 
lats. Elle reçoit de Fez des dattes, des peaux de chèvres. 

U Autriche importait des sucres en pains, quelques 
épices, quelques tissus. 

La Suisse envoie des draps, de Thorlogerie, des ma- 
chines à coudre. 

La Belgique, des sucres. 

FBZ INDUSTRIBLLB 

La Capitale chérifienne est un centre de fabrication 
indigène important. Les produits de ses ateliers ré- 
pondent aux besoins urgents. Fez fabrique des tissus, 
de la mégisserie, de la cordonnerie. Les ateliers de Fez 
fournissent, pour ces articles, la presque totalité du 
Maroc et font même de Texportatlon. Les mégissîers de 
Fez jouissent d'une excellente renommée, due à la sin- 
cérité des procédés de tannage qu'ils emploient, et ils 
expédient leurs produits dans tout le monde musulman, 
depuis le Maroc jusqu'au Soudan égyptien à l'Est, jus- 
qu'au Sénégal au Sud. 

La fabrication des tissus, au contraire, est déjà 



lB6 LE M^ROG 

menacée par la ooDcarrenœ cLes tissas étraiig'^a. Les 
soieries» les ootonnades arrivent sur le maivhé de Fez 
«n quantités de pins en .plus grandes et la prododion 
indigène en sera très atteinte, jusqu'aa moment où eUe 
modifiera ses procédés de iabricatloa. 

Par contre, le tissage des lainiNi, favorisé parla ptroxi- 
mité des centres de production des matières premiènes, 
«e maintiendra oertainemenit et premdra aiéme de l'eK- 
tension. ^ 

Ceci dit poar Tindastrie actuelle^ empressons-noas 
d'ajouter que les étal^lissements industriels modernes 
sont assurés de pouvoir se crésr à Fez dans les meil- 
leures conditions de succès. 

L'oued Pas, avant de se réunir à Tooed Sebou, fait 
passer à travers la ville un volume d*eaxi considérable 
et dont le débit excède de beaucoup les quantités vlifi- 
sées pour Tirrigation. Ses eaux, divisées en de nom- 
breuses ramifications, ne tarissent jamais. Leur cou- 
rant est très vif et elles représentent, par conséquent, 
une force motrice considérable. 

Des minoteries modet'nes prendront la place des 
nombreux moulins qui fournissent actuelleme&t à la 
consommation de Fez. Des scieries mécaniques, des 
centres électriques s'organiseront et l'œuvre de trans- 
formation d'une des grandes villes de l'Orient s'accom- 
plira. 

Nous écrivions en 1913 : 

« Souhaitons que la ville nouvelle ne détruise pas le 
pittoresque de la ville d'aujourd*hui, qu'aucun Palshi 
modem-style ne remplace les b&timents mauresques 
auxquels donne accès le Dar el Maghzen. Alors q[u' Alger 
s'est maladroitement modernisé, souhaitons qu'à Fez, 



r 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 187 

coaune eeia a lieu à Tunis, la Cité musulmariie reste 
inlaete dans ses murs* environnée par la Cité nouvelle. » 

flàtons-nous de coosttuler que ces vœux ont été 
exhaussés et que, sauf pour Casablanca dont les vieux 
quartiers n'offrent qu un iidiérét secondaire, les prinlcl- 
pales villes du Maroc garderont toute leur originalité. 

Depuis le 19 juin 1916, des terrains appartenant au 
Maghzen ont été attribués à la création d'une Fex 
Bodeme dont le territoire est partagé entre des coas- 
tructionB poor habitations particulières avec jardins et 
des constructions industrielles. 

Les rues ouvertes att^gnent déjà une longueur dé 
fAus de 10.000 mètres. Les lots de terrains doivent être 
demandés au Receveur des domaines. Les prix, pour la 
zone d'habitation varient entre 1,50 et S, 50 le mètre. 

MBKNÈS 

La deuxième ville impériale, non pas en raison de 
son importance, mais des fréquents séjours qu'y firent 
les Sultans, est Meknès. On la surnommée le Versailles 
marocain, à cause de sa proximité de Fez, qui a tou- 
jours occupé le rang de Capitale, sinon unique, du 
moins principale. 

Elle est traversée par Toued Bou-Fekran, qui assure 
à ses jardins une irrigation très large. 

Meknès compte 40.000 habitants dans la ville et envi- 
rcm 60.000 dans la banlieue ; ce dernier nombre pres- 
que uniquement composé d'indigènes. C'est le sultan 
Moulay Ismaïl, lequel régnait en même temps que 
Louis XrV, qui fit prendre à Meknès l'importance qu'elle 
a pu atteindre. Les remparts, avec des partes monu- 



l88 LE MAROC 

mentales, sont son œuvre. Les jardins impériaox, dans 
lesquels furent élevés les palais de Moulay Ismaïl, 
occupent une superficie beaucoup plus importante que 
celle de la ville. Actuellement, ces palais sont en ruines, 
même la magnifique porte Bab Mansour el Endy, déco- 
rée avec des colonnes de marbre prises aux ruines de la 
ville romaine de Volubilis. Les mosaïques bleues et 
vertes, noires et blanches dont beaucoup sont malheu- 
reusement recouvertes de badigeon, font de Bab el 
Mansour un des plus beaux souvenirs de Tart architec- 
tural arabe. 

Le Protectorat a,d*ailleurs,étendu son action sur Bab 
el Mansour et sur quelques-uns des restes superbes du 
Maroc d'autrefois. 

A Meknès se trouvent les tombeaux de Moulay Ismail 
et de Sidi Aïssa, fondateur de la confrérie des Aîs- 
saouas. ' 

Une nouvelle Meknès s'élève maintenant à côté delà 
ville indigène dont elle est séparée par la vallée de 
Toued Bou Fekrane. Le sol de la nouvelle Meknès appar- 
tient en très grande partie au domaine du Maghzen. La 
situation est très salubre en raispn de l'altitude qui 
atteint environ 550 mètres et qui assure une vue magni- 
fique sur la ville indigène et sur les immenses jardins 
du Palais impérial. 

La ville neuve est divisée en trois secteurs. Les deux 
pcemiers, sont réservés aux habitations particulières et 
aux magasins pour le commerce de détail. Le troisième 
secteur, nommé El Hamria, est destiné aux établis- 
sements industriels. Pour obtenir ces terrains il faut 
s'adresser par écrit au chef des Services municipaux. 

Dans les deux premiers secteurs les lots de terrain 



?ASSE — son PBBSBNI — SON AVENIE 189 

lus à des prix variant entre i fr. 7S et 3 fr. 90 

Dans le tToigîèine secteur on n'gifectue que des loca- 
tions ponr dsq ans an prix de Olr. 151e mètre, avec 
fMximeBse de vente on prix de l,SOà ta condition qne ie 
locataire ait élevé pendant la dorée de sa location des 
oonotmctùms valaLt an moins IS francs le mètre . 

h» Bomlire de lots achetés on loués est d^à impor- 
tant <it les travonx de voierie atteignent une étendne 
de tdas deS.bOO mètres. 

L'avenir de Meknès est considérable. 

MAHBAKBCH 

Marrakech, nommée la Capitale du Sud, est située 
sur le flenve le Tonsitt, dont deux afllueuts l'entourent. 
Sa popnlalion paraît avoir compté SOO.OOO habitants, 
oe que confirme la dimension de son enceinte, qui 
atteint un développement de près de 14 kilomètres . 
Actuellement le nombre des habitants est d'environ 
100.000. Gomme Fez, Marrakech avait de oëlèbres Uni- 
versités. An point de vue architectural, elle a gardé 
des ruines imposantes, parmi lesquelles on remarque 
la porte de la Kasbah et la tour la Koutoubia. 
La Koutoubia a 75 mètres de haut. Une rampe inté- , 
rieore en hélice remplit le r61e d'escalier. Marrakedi 
contient un Palais impérial, avec les jardins de l'Ague- 
dtd, d'uneétendue considérale. Elle eetdivisée en vingt- 
qiKTbv quartiers ; la population joive est concentrée 
dans un Mellah. C'est dans les environs de Marrakech 
que se trouve un pont de pierre construit sous la direc- 
tion d'im Européen captif. 

Notre confrère Eugène Tardieu a très heurenaernont 



igo LB MAROC 

décrit le genre de beauté de Marrakech quand il dit, 
dans ses Lettres du Maroc : 

« Marrakech, la ville rose, est bâtie en briques coites 
au soleil et en terre battue ; les rues y sont en général 
plus larges qu*à Fez. H y a beaucoup de grands espaces 
libres et des places publiques, ce qu*on ne voit pas à 
Fez. Ainsi que dans toutes les villes arabes, on ne 
répare guère ce qui 8*écroule et le nombre de maisons 
en ruines est très élevé. Elles ont rarement plusieurs 
étages, comme à Fez, où l'on circule dans des couloirs 
qui ressemblent à des puits. 

(( A Marrakech, il y a plus de lumière entourant la 
vaste cour, pavée de mosaïques, au centre de laqueUe 
une énorme vasque de marbre recevait un jet d'eau et 
où des balustrades entouraient quatre parterres plantés 
d'orangers, de cyprès, de grenadiers et de citronniers. 
C'était bien là toute la volupté de l'Orient comme on la 
rêve, et sans une faute de goût. Que les immenses 
places entourées de murs crénelés et de bastions d'un 
curieux style, que les portails aux fines sculptures sont 
magnifiques sous la lune éclatante I » 

A côté de la ville ancienne se crée une ville nouvelle 
Le Gueliz. Au point de vue commercial Marrakech se 
signale comme point de transit pour les marchandises 
qui viennent de l'extrême Sud et sont dirigées ensuite 
sur Mazagan, Mogador et Safi. 

Marrakech,n'étant que récemment reliée à Casablanca 
par le rail, le mouvement commercial s'effectue encore 
principalement par la route. 

L'industrie de Marrakech comprend notamment la 
tannerie, dès longtemps célèbre par la fabrication du 
maroquin et aussi la chaudronnerie. 



w 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON ATBNIR I9I 

La ville nouvelle comprend déjà des lots vendus cou- 
vrant une superficie de plus de 400.000 mètres carrés. 
La longueur des rues ouvertes dépasse 13.500 mètres. 
Sont déjà construits THôtel de Ville, THôpital Mauchainp, 
les Abattoirs, la Poste, le Marché, les Ecoles. 

KÂMÀT 

Rabat est la quatrième ville impériale. Elle possède 
en effet une demeure chérifienne dans laquelle Moulay 
Hafid a signé son abdication. 

La population est d'environ 40.000 habitants. 

Rabat a été construite 6n Tan 593 de THégire par le 
sultan Yacoub el Mansour, à Tembouchure^ du Bou 
Regreg. 

Elle est le siège administratif du Protectorat français. 

Le Sultan y réside maintenant presque constamment. 

Le îport de Rabat, port de rivière qui était absolu- 
ment infime avant le Protectorat français a été Tobjet 
d'une transformation déjà considérable . 

La rive gauche du fleuve possède déjà un quai d'envi- 
ron 250 mètres de long qui permet l'accostage de bâti- 
ments calant un peu plus de 3 mètres. 

Sur la rive droite existe un quai de 100 mètres. 

De plus on s'occupe de modifier le chenal du Bou 
Regreg et d'améliorer la Barre. 

L'industrie indigène à Rabat consiste en tapis, en 
poteries et en broderies. 

L'importance de la ville est avant tout administrative 
6t gouvernementale. De nombreuses constructions euro- 
péennes, des villas s'étagent maintenant sur les hau- 
)iirs. Au point de vue touristique Rabat est une des 

9 



19^ tM aiAiioc 

niles <ivi altiiWBt l'attention des voya^ars. Da faaat 
é» U Tovr HaMâm qui s'éiève au miiieii de jaidii» 
MMmAnflAB on déeowie nn des pbis beaux panoramas 
aaittiaes da Maroc. 

PORTS 
GASABLÀIIGA 

OasaManca est devenue la principale place commer- 
eiale du Maroc. Conservera-t-elte oe rang d'une manèm 
incontestable quand le chemin de fer à voie normale 
reliera Tanger à Fez t Qu^le que soit la réponse que 
les événements puissent f aiVe à cette (fuesUon, il est évi- 
dent qu'au développement du Maroc resteront tou|anr6 
liés d'une manière très intime le développement el la. 
prospérité de Casablanca. 

La ville compte aujourd'hui environDO.OOO haintants. 
Four donner une juste idée des progrès de son actÎTité 
commerciale, il suffit de signaler qu'en 1906 au momeirt 
ou débarquèrent les marins du h Galilée » Casablanca 
exportait pour environ 6.000.000 et importait poinr 
7.875.000. 

Aux dernières statistiques nous trouvons pour les 
importaUons 90.000.000 et pour les exportations: 
25.000.000. 

L'état dans lequel se trouvait la ville de Casablanca 
au moment de Toccupation ne pouvait pas faire oonoe-. 
ToiruBe hante idée des capadtés admintstratiTes des 
ionctionnaireB marocains, et l'Administration IrsuiçaîBe 
donna, *cea*tes, une preuve évidente de son désir 4e an 
lien changer en laissant en place les Autorités chéri» 



1 



' 
j 




SON PASSB — SON PRÉSENT — SON AVBNIB IQS 

Sennes. Il y eat toutefois quelque chose de nouveau 
sous le soleil. 

On nettoya Casablanca. Les rues étroites et contour- 
nées, comme dans toutes les villes marocaines, furent 1 
lébarrassées des ordures qui les encombraient. On 
numérota les maisons. On pava en grès. On nettoya les 
canalisations des égoûts. 

Pendant que l'intérieur de la ville était ainsi Tobjet 
d'un indispensable déblaiement, le port, commençait à 
B'esquisser. La Compagnie Marocaine construisait un 
terre-plein de 40.000 mètres destiné à la manutention 
des marchandises. Un emplacement de 6.000 mètres, en 
partie couvert, était affecté aux opérations de la douane. 
Une jetée formée par des blocs artificiels s'établissait, 
destinée à conserver des fonds de douze mètres à marée 
basse. 

Nous donnons à l'Appendice un état exact de la situa- 
tion actuelle des travaux. 

C'est vers cette ville, en effet, que se dirige, d'une 
façon trop exclusive peut-être, le mouven^nt d'immi- 
gration, n est donc d'un intérêt pratique indiscutable 
que nous disions, en quelques mots,quelle8 sont,à Casa- 
blanca, les conditions de la vie matérielle. 
, Faisons un tour au marché. Les cultures maraîchères 
réussissent très bien ep Chaouîa ; les environs immé- 
liats d^ la ville, qui assure à leurs produits un écoule- 
nent certain, sont riches en jardins potagers et en ver- 
jers dont la valeur varie selon que les facilités d'irrigation 
lont plus ou moins grandes. 

Le marché de Casablanca est beaucoup plus européa- 
dsé que ne lest celui de Tanger, ce qui s'explique par 

fait de l'augmentation constante de la clientèle euro- 




194 I'* MâiROG 

peenne. PresqM tons les légames de Fiasce s'y bwK 
vent réunis . 

L'instalialion, qui n» laissait pas d'être dilfîdle il y 
a pen de teaaps enocype, yfk de^nenir pins aisée^ car l^ 
consiractioB a pris vae très graaiie aotirité. Mais, pon 
peu qoe les loçaiaiveB aient quelques exigeiioes, les tau 
de loyers s'en ressentent. 

Toutes ies locations se tout non ,meuUéeSt sanlpom 
les chambres etlespetitsIogementBdontiineerlaîft 
bre ont an ameublement sommaire^ M alheui^ase 
les meubles sont d'un prix assez éleFé, Nous a 
recueilli et eomplété des documenls statistiques 
mettant de se vendre compte des eonditîons da tiravmil 
Casablanca. Les Ouvriers de tulimentaUeH tels qa>| 
boulangers, bouchers, cuisimeis. travaiUant pour hii 
clientèle européenne surtout, sont au nombre d'enviro^ 
350, dont les deux tiers sont indigènes. Le Marocain 
d'ailleurs, est souvent bon cuisinier. 

ê 

Les industries du bâtiment comptent an moins d 
cents ouvriers, tels que maçons, charpentiers, eo 
vreurs, menuisiers, peintres, ouvriers en fer. Tons 
ouvriers sont assurés de trouver ladlement du tra 
Mais, ainsi que nous le verrons ci après, les salaires, i 
cause de la main-d*(Bavre indigène qui n'est pas vsji.\ 
géante, ne sont pas très élevés. De pku, ils ne paralaaeM 
pas devoir s'accroitre très seAsiblement^car il est piVH 
bable que le nombre des travailleurs indigènes aagmeoH 
tera. Ceci, sauf pour les contremalÉares et ouvriers um^ 
truits, semble indiquer que Timmigration ouvrière à 
Gasabiancan'oMrepasaaxtravailiears purementmannelai 
de grandes chances de succès. 




r ^ 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON ATBNIR jgjS 

lilndDstrie da vMement occupe 1.800 ouvriers, cor- 
loâiûeDB, teiuturîera, tailleurs. 

I^'agricuitore, ou, plus exactemeot, rhoriiciiltare 
tai^kHe eoviran 1.500 travailleurs parmi lesquels le 
feombre des Européens ne dépasse guère deux cents 
lersonnes. 

Noue venons de dira que le taux des salaires n'était 
las très élevé. En effet, pourles travailleurs européens, U 
l'atteint que très rarement quinze francs par jour. Pour 
as travailleurs indigèneSyles plus favorisés, des ouvriers 
rart, pourrait-on dira, tels que les selliers et brodeurs, 
Iss bijoutiers, ne dépassent presque jamais le salaire de 
I hancs par jour, tandis qu'une somme de 6 francs est 
léjà considérée comme un salaire élevé et qu'un grand 
hombre d'ouvriers ne gagnent pas plus deiS francs par 

TANGER 

Tanger, éloignée seulement de 14 milles de la côte 
iï^^gne, a pendant longtemps personnifié le Maroc. 
Ble tient en même temps de la ville arabe et de la ville 
nropéenne. 

' La partie arabe, enfermée dans les murailles, com- 
Ifead un amas d'habitations indigènes et européennes, 
les synagogues, des mosquées, une kasbafa à demi mi- 
sée» mais encore imposante. 

Hors lea murs f 'étendent des quartiers nouveaux que 
Pon nomme Marghan, H^cmara^ San Francisco^ A/ontOr 
Ipse, Boudana, MaAdi, Berak, Cherach^ Plage et Senani. 
' La population oomprand environ dO.OOO habitants, 
parmi lesquels les indigènes, Arabes et Juifs, sont au 
aonfara de 351.000. 



196 LB MAROC 

Avant d'avoir pris, dans l'organisation politiqni 
actnehe da Maroc» le rôle d'une ville internationalej 
Tanger avait déjà une situation toute spéciale dani 
TEmpire Chérifien. C'était en quelque sorte, la Porte di|| 
Maroc. 1 

Il existait, à Tanger un Représentant du Sultan qcà 
n'était pas, comme on Ta souvent dit par erreur, W 
Ministre des Affaires étrangères. 

Les Sultans ne venaient jamais àTanger. Ils s'étaientdi 
tout temps jugés plusàl'abri du contact des Européens, 
contact dont évidemment ils n'appréciaient pas tout 1 
fait le charme, en se tenant à l'autre extrémité de kl 
longue piste de 250 kilomètres, qui sépare Tanger dl 
Fez. 

Cette distance justifiait les délais qui étaient lun dei 
grands moyens d'action de la diplomatie marocaibBt 
Elle expliquait parfois la lenteur des réponses au^ 
questions embarrassantes. 

Le Représentant du Sultan à Tanger avait pour mis* 
sion, de solutionner, sans qu'il soit besoin d'en référet 
au Maghzen, toutes les affaires d'ordre consulaire oi| 
judiciaire que les Européens pouvaient avoir à traites 
avec les Administrations chérifiennes telles que lei 
Caïds des tribus, les Pachas ou Gouverneurs des portsj 
les Oumanas, agents des douanes. Les Enropéeiul 
avaient-ils à se plaindre des fonctionnaires marocain^ 
établis hors de Tanger, le Représentant du Sultan, dosf 
le titre officiel était Naîd Sidna, littéralement : Repri-i 
sentant du Maître, envoyait à ces autorités des avis o« 
des ordres dont le plus souvent elles ne tenaient aucmil 
compte, ce dont le moins étonné était presque certaine^ 
ment le (( Naïd Sidna » lui-même, lequel était d'aillenid 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR igj 

% peu près dépourvu de tout moyeu d'actiou, hors de 
ITauger. Lorsque Taffaire était de peu d'importaucei 
^e finissait quelquefois par s'arranger entre les inté- 
Iressés et TAutoTi té marocaine — ou elle était abandon- 
iiée. Offrait-elle un intérêt assez grand, elle était prise 
ton main par la Légation de l'Européen en cause qui 
négociait directement avec le Maghzen. Ces négocia- 
tions, bien que directes, n'ont jamais été rapides et 
Rarement décisives. 

Cette organisation, qui n'existe plus, remonte aux 
premières années du xvni<> siècle. Tanger relevait alors 
jldministrativement des Pachas de Tétouan ou de La- 
imche, ce qui compliquait et ralentissait encore la solu- 
tion de la moindre affaire et ce, à la grande satisfac- 
l&on des Marocains. Sidi Mohammed el Khetib fut le 
premier fonctionnaire du Maghzen chargé de repré- 
senter le Sultan à Tanger. Après lui vint Sidi Moham- 
med Bargach. C,e personnage, influent à la Cdur, jouis- 
sait de prérogatives assez étendues. Les Légations 
ioatefois, pour les affaires notables, continuaient à cor- 
lespondre directement avec le Gouvernement de Fez. 
Aussi, l'importance du « Naiid Sidnà » diminua-t-elle 
Éapidement, les ordres qu'il donnait n'étant plus suivis 
d'aucune sanction. 

I Cette communication directe entre le Maghzen et la 
|)iplomatie étrangère ne pouvait rester longtemps indif- 
iérente au Gouvernement chérifien. L'écran derrière 
lequel il entendait s'abriter allait cesser de remplir son 
loffice, si toutes les Légations passaient par derrière, ou 
^-dessus. 

C'est pourquoi, en 1900, le Maghzen fit savoir aux 
binistres plénipotentiaires accrédités à Tanger que 



198 UB MAROC 

tontes leiffs eoiresponâances défraient être renises à 
Si Mohammed Torrèe, Représentant du Sultiui à Tanger 
et chef d'une sorte de CknuBrission cofmposée de trois 
autres hauts fonctionnaires ehérilîen^. 

Tel était l'état des choses lors de la Conférence d*AI- 
gésiras, aux débats de laquelle les noms d*El Torrès el 
d'El Mokri furent si activement m^és. 

Il était intéressant de bien préciser cette orgenisatk» 
si particulière qui n*a jamais existé en dehors du Maroc 
et qui forme Tun des souvenirs les plus typiques delà 
Diplomatie contemporaine. 

ADMINISTRATION DE TANOBR 

Les Autorités marocaines sont : 

Un Représentant du Sultan. 

Le Pacha, ou Gouverneur ; 

Le Khalifa, on Vicp-Gouvemeur ; 

Le Caïd el Mechpuar ; 

Le Gadi, ou Juge dans les questions de propriété. 

LA COMMISSION D*Hr6làNB 

Cet organisme est absolument municipal, et ne fone* 
tienne que pour la ville de Tanger. 

Jusqu'en 1870, sauf quelques mesures transitoires 
prises pour ren^édier, de temps à antre» à la négli- 
genee absolue des autorités marocaines, il n'existait 
aucune organisation pour l'entretien de la ville. Ce 
n'est qu'en 1892 que Moulay Hassan chargea le Conseil 
sanitaire de veiller à Thygiène de Tanger. Le Conseil 
délégua ses pouvoirs à un groupe de représentants qui 



SON PASSÉ — SON PRÉMINT — SON AVENIR I99 

|Mnt le tito de Comité d'hygièse, composé d'un membie 
de cbacane des Légations siégeant à Tangeûr. 

Ce Comité contient également des membres élus par 
les souscripteurs qRF se sont engagés, arant le M dé- 
cembre, à payer, pendant l'année à sniTre, une cotisa- 
tion de 10 pesetas. 

La propreté de la ndlle, rédatrage^ le régime des 
esfsx, Fadministration des abattoirs sont dv ressort de 
ce CSomité, qui présente une fois de plus le spectacle à 
pefi prèsimique, si ce n'est an Maroc, d'un Etat admi- 
nistratif étranger fooetionnant,, pour ainsi di^e^ sans 
entretenir aucune relation avec TËtat politique indi- 
gène. 

Les ressources du Comité comprennent : 

!• Une sabventioBtdii Magbzen ; 

2* La taxe sur les abattoirs ; 

3* Une part sur les produits du wari ; 

4* Un impôt. 

Le Comité d'hygiène a égalaient organisé des cli- 
niques pour les enfants. 

Malgré les dispositions résottant de l'établissement 
do Protectorat, Tanger reste le siège des Légations 
suivantes : • 

France, Angleterre, Belgique, Espagne, Etats-Unis, Ita- 
lie,. Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède. 
I Tanger possède également des Consulats de France, 
Angleterre, Espagne, Etats-Unis, Portugal. 

Ont leur siège à Tanger les Administrations ci-après : 

Comité Spécial des Travaux publies ; 

Contrôle de la Dette Marocaine ; 

Régie des Tabacs. 

Au poini de vue commercial, le port de Tanger n'oc* 



aOO LE MAROC 

cupe que le quatrième rang, le total d'importations et 
d'exportations réunies ne s'élevant qu*à environ 
18.500.000 francs. 

Nons avons dit que les Sultans en exercice ne venaient 
jamais à Tanger. Par contre, les Sultans en cessation 
d'emploi, tels que Abd el Aziz, déposé par Moulay Ha- 
fid, et Moulay Halid lui-même, paraissent apprécier le 
séjour de Tanger. Tanger est assurément appelé à un 
très grand avenir lorsque le chemin de fer Tanger-Fez, 
actuellement en construction, sera mis en exploitation. 

Nous donnons à TAppendice l'état des travaux. 

MOGADOR 

Mogador a été fondée en 1759 par le Sultan Maho- 
mey. Elle eut pour architecte un Français, l'ingénieur 
Cornut, et fut bâtie, en partie, par des esclaves chré- 
tiens. 

Mogador compte à peu près 18.000 habitants. Le 
commerce de Mogadar se chiffre, importations et expor- 
tations réunies, pour la somme d'environ 28 millions. 
C'est à Mogador qu'aboutissent les caravanes de la 
Mauritanie, ce qui assure à cette ville son rang relati- 
vement élevé parmi les ports du Maroc. 

MAZAGAN 

Mazagan fut fondée par les Portugais en 1506, sous 
le nom de Castillo Real. Abandonnée peu après par ses 
fondateurs, elle fut occupée par les Maures qui la nom- 
mèrent Djedida, la Nouvelle. Ses murailles, ses portes, 
son château-fort trahissent son origine portugaise et lui 



SON PASSE — SON PRÉSElTr — SON AVENIR -KM 

donnent un aspect pittoresque. La population, qui s'est 
con8idéra})lement accrue, tant pour la ville que pour 
les .environs, est de 25.000 habitants. Le mouvement 
des importations et des exportations réunies dépasse 
nvaintenant 1^ millions. Les affaires y sont assez faciles 
et les rapports entre les indigènes et la colonie euro- 
péenne ne donnent généralement lieu à aucun incide&L 
Mazagan est un des points du Maroc que Ton peut signa- 
ler à Tattenition des immigrants. La ville est appelée à 
nn grand développement lorsque ses anciens remparts 
portugais seront abattus. Les terrains ont d^ réalisé 
mie plus-value importante qui, pour les terrains à bâtir, 
flte parait pas avoir atteint son maximum. 

SAPI 

Safi, port le plus rapproché de Marrakech, a été, 
comme Mazagan, fondée par les Portugais. La popula- 
tion s'élève à li.OOOhabitants d'un caractère pacifique. 
Les importations et exportations montent à environ 
20 millions. Ce mouvement serait sans doute sensible- 
ment plus élevé si le port de Sali était moins mauvai&„ 
résultat que vont atteindre quelques travaux relative^ 
ment faciles . 

La ville de Sali en dehors de son rang commercial 
se recommande à l'attention des touristes. Du marabout 
de Sidi Bouzid on jouit d'une vue magnifique. Sur la 
route de Mazagan on s'arrêtera volontiers pour viâiler 
un des sites les plus typiques du Maroc, la Kasbah de 
Sidi Glissa Ben Omar. 



20a LE MAROC 



LâRACHB 



Larache fut fondée par les Espagnols, qui Toccupent 
aujourd'hui. Sa population comprend 15.000 habi- 
tants, non compris la garnison. Le mouvement comr 
mercial est d'environ 13.800.000 francs. Le port de La- 
rache est assez bon au point de vue du mouillage. 

TÉTOtJAN 

Tétouan n*est pas directement située sur la mèr, mai& 
la distance qui Ten sépare est très courte : un peu plus 
de 15 kilomètres que Ton franchit sur une route assez 
convenable et qui, jusqu'à l'occupation française, fut 
la seule voie de communication du Maroc quelque peu 
assimilable à une route européenne. Tétouan est, avec 
Tanger, le seul port marocain situé sur ia côte septen- 
trionale. 

Mais comme rien ne s'oppose à la contrebande sur de 
nombreux points du littoral, notamment par Badès, il 
est certain que le chiffre des importations constaté par 
la douane de Tétouan n'exprime pas, à beaucoup près, 
le mouvement commercial réel de cette région. 

Comme Tétouan, ville riche et toujours paisible, 
compte environ 30.000 habitants et que les importa- 
tions et exportations réunies n'atteignent pas 18 mil- 
lions de francs, il est certain que seules sont débarquées 
à Tétouan les marchandises destinées à la ville et à ses 
environs immédiats. 

Tétouan a, comme industrie indigène, les cuirs bro- 
dés, les armes damasquinées, les broderies, les nattes, 
les meubles. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVBNIR ao3 

KBNITIU 

Kenitra, port de rivière sur le Sebou une des villes 
les pins intéressantes du Maroc au point de vue écono^ 
miqne. Jusqu'en 1911 Kenitra n'était qu'une kasbah ser- 
vant d'abri de temps à autre, à des caravanes. Elle avait 
été mal construite en 1892 et déjà tombait en ruines. 

'La situation exceptionnellement favorable de Kenitra 
ne pouvait échapper ni à l'attention des immigrants ni 
à la sollicitude de la Résidence générale. En effet de» 
abris construits avec des planches, de la tôle ondulée, 
de8« caisses, des bidons à pétrole faisant Toffice de 
grosses briques surgirent de tous côtés. Bientôt des de- 
meures plus normales remplacèrent ces installations 
toutes provisoires dont le principal et très grand mérite 
était de provenir de Tesprit d'initiative d'entreprise et 
d* énergie. 

Le gouvernement du Protectorat adoptant les mesure» 
nécessaires pour accentuer ce mouvement, et le com- 
merce prenant une activité de plus en plus accentuée, 
des villas, des habitations européennes sortirent de 
terre en même temps que s'élevaient les bâtiments com- 
munaux et administratifs. 

Les travaux du port confiés à la Société anonyme des 
Ports marocains de Medehya Kenitra et Rabat Salé feront 
de cette ville qui n'existait pas il y a quelques années 
une des portes de mer du Maroc, porte d'autant plus 
fréquentée qu'un embranchement de chemins de fer 
reliera Kenitra à la grande ligne Tanger-Fez. 

Kenitra compte dès maintenant plus de 4.000 habi' 
tants. 



Parmi les localités situées sur le bord de la mer, 
mais qui ne sont pas, jnsqn'à^présent, classées i)armi 
les ports ouverts au commerce» il faut citer : 

Agadir^ fondée par les Portugais et prise, en 1S36, 
par les Maures. Population approximative : 6.000 ha- 
bitants. 

Cest à Agadir que c'était rendue la canonnière 
allemande dont le nom est connu du monde entier ; on 
a remarqué que des deux bâtiments de guerre qui ont 
joué un rôle notable dans Thistoire moderne du Marocr 
run, l'Allemand, portait un nom de bête sauvage la 
41 Panthère », tandis que l'autre, te navire français, 
était le filleul d*un des hommes qui ont le plus effecti- 
vement contribué à la culture de Tesprît humain ; c'est le 
bâtiment le <c Galilée d dont la Compagnie ded^arque- 
ment sous les ordres de renseigne Ballande, sauva les 
européens de Casablanca. 

Arzila, d*origine également portugaise, environ 
1.200 habitants. 

Azemmour. — Origine mal connue. Population d'en- 
viron 12.000 habitants, d'un caractère très ombrageux. 
Sa barre, qui existe à rembouchure de TOum er Rebia, 
est très difficilement franchissable; 

Azemmour ou Azemour est une ville presque exclusi- 
vement marocaine ; depuis la création d'un poste mi- 
litaire quelques européens commencent à s'y rendre et 
le commerce, par conséquent, commence â prendre un 
peu d'essort. 

Mekedia, à l'embouchure du Sebbou, est appelée, 
comme place maritime, à un très grand avenir. 

Oualidya, au sud de Mazagan, située sur une rade 
formée par une lagune réservant des fonds d'une asseï 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 2o5 

grande profondeur. Des travaux, ne présentant pas de 
grandes difficultés, permettront de faire d'Oualidya un 
port excellent. 

Saléy bien qu'au bord de la mer, ne peut compter 
parmi les ports. Salé ne possède pas de douane ; tout 
le mouvement commercial avec l'extérieur a lieu par 
Rabat. 

Population : 20 . 000 habitants . 



VILLES DE L'INTÉRIEUR 
TAZA 

Taza est appelée à devenir Tune des villes les plus 
importantes du Maroc moderne. Elle est, en effet, le 
point principal de la grande voie de pénétration qui 
relie l'Algérie au Maroc, voie qui est formée par Ten- 
chaînement des vallées de llsly et de la Tafna, de la 
Moulouïa et de Toued Innaouen, affluent de Toued Seb- 
bon . Getle ligne est jalonnée par les villes d^Oudjda, de 
Taza et de Fez. / 

Taza est reliée à Oudjda par un chemin de fer mili- 
taire en prolongement jusqu'à Fez. La population est 
d'environ 4.000 habitants dont quelques centaines 
d'Européens indépendamment de la garnison. 

Des terrains domaniaux d'une importante superficie 
sont mis en vente pour l'établissement de la ville nou- 
velle, envoie de construction à côté de la ville ancienne 
indigène. 



ao6 LK MAROC 



Grande ville, décline. Tarondant était antreioia la 
Métropole du Sous. An xvi* eièclet le sultan Moulay 
Solimau en avait {ait sa capitale. Les grandes cara- 
vanes venant du Soudan s'arrêtaient à Taroudant. 

L'immense enceinte de la ville témoigne de son im- 
portance passée. Elle eut, dit-on, S0.009 habitants, 
tandis qu'elle est à présent une solitude relative, peu- 
plée d'une manière très clairsemée par quelque 6.000 ha- 
bitants. 

A Taroudant se trouvent des vergers dont la végé- 
tation est entretenue par |dea seguia qui déversent les 
eaux deToued Sous. 

SBFROU 

A une qmaranlaine de lulomètres as s«d de Fez, sV 
lève Sefrou, qui possède de vastes vergers. 

La population atteint le nombre de 5.000 babitanis, 
qui s'adonnent à l'agriculture et aussi k l'élevage da 
mouton. Les laines de Seirou sont très appréciées. La 
vigne est Tobjet de grands soins ^ Sefrou fouinit à 
Fez d mportantea quantités de raiaiiis secs. 

Sur un affluent de la Moulouïa« Toued Debdou, cette 
ville de 3.000 habitants est située au commencement de 
la plaine de Tafzata. Elle entretient des relations com- 
merciales très suivies non seulement avec Oudjda, mais 
encore avec Tlemcen. 

Debdou a un intéressant avenir commercial, car e^ ^ 



SON PASSÉ — SON PBÉSSNT — SON AVENIR 907 

est appelée à bénéficier de la prospérité croissante de 
TAmalat. 



DBMNAT 

Compte près de 4.000 habitants. Elle est à Marra- 
kech ce que "Sefrou est à Fez. Comme les habitants de 
Sefrou, les gens de Demnat sont des agriculteurs. C'est 
le marché que fréquentent les indigènes d'une partie 
des massifs de FÂtlas et du nord du Draa. 



PBTITJEAlf 

Centre de colonisation créé à l'ouest de la raste forêt 
de la Mamora, à moitié chemin entre Kenitra et Fez. 

Petîfjean, qui est déjà desservi par plusieurs routes 
très praticables vers Meknès, Fez,Mechra bel Ksiri, est 
situé sur le tracé du ehemm de fer Tanger-Fez. Les lots 
de terrains domaniaux ne sont délivrés que moyennant 
l'obligation d'élever des constructions d'une valeur pro- 
portionnelle à l'importance du terrain. 

Petitjean est destiné à un grand développement. 

HBCHRA BSL KSIRI 

Dans la même région que Petitjean, c'est-à-dire dans 
le Gharb, un autre centre de colonisation important a 
été créé à Mechra Bel Ksiri relié par de bonnes routes 
à Kenitra, à Meknès,à Fez, à Souk el Arba, à El Ksar 
et à Tanger. 

Mechra Bel Ksiri se trouve également sur le tracé du 
Tanger-'Fez. 



ao8 LE MAROC 

LES VILLES RELIGIEUSES 

Nous comprenons sons la dénomination de villes 
religieuses : 

BouelDjad. 

Moulay Idris. ' 

Ouazzan. 

Cette dernière, de beaucoup la plus {importante, a le 
caractère d*un véritable Etat tbéocratique. 

B0T7 EL DJAD 

Située au pied des montagnes du Zemmour, sur Ton 
des affluents de TOum er Rebia, versant de TAtlanti- 
que, Bou el Djad est un important centre de pèlerinage, 
en Thonneur de Si Mohammed ËlChergui. La fondation 
de Bou el Djad remonte au Khalife Omar Ben el Eattab. 
Gomme population fixe, Bou el Djad ne compte guère 
que 2.500 habitants. Mais les pèlerinages y amènent 
une population flottante beaucoup plus considérable. 

MOULAY IDRIS 

I 

Située au nord-est de Fez, la Zaouïa de Moulay Idris, 
fondateur de Fez, abrite une population de près de 
4.000 habitants, qui vivent presque exclusivement des 
offrandes apportées par les pèlerins. 

OUAZZAlf 

Ouazzan est située presque exactement à moitié che- 
min de Tanger à Fez, à 120 kilomètres de cette ville. 
Sa population, dont le chiffre dépasse 12.000 habitants^ 



SON PASSÉ — J50N PRÉ8KNT — SON AVENIR 209 

est uniquement composée par la confrérie des Moulay 
Taieb, dont les adhérents sont répandus dans tout le 
inonde musulman jusqu'en Egypte. 

L'influence des Ghorfa d'Ouazzan avait un caractère 
politique très prononcé à Tépoque où ils contrebalan- 
çaient presque, dans le Maroc du Nord, Faction du Sul- 
tan, cest-à-dire en une période toute récente, puis- 
qu'elle ne s'est clôturée que vers 1880. 

C'est alors que Sidi el Hadj el Arbi ayant noué des 
relations avec la France, dont il devint le protégé en 
1883, le sultan Moulay Hasan lui enleva le gouverne- 
ment de la ville d'Ouazzan, qui fut confié à un Caïd, El 
Hadj Abd el Djebbar, chef d une branche cadette des 
Ouazzanis. La France p^it alors en mains les intérêts 
de son protégé et le Caïd d'Ouazzan dut s'effacer 
devant le Chérif. A la mort de celui-ci, le Maghzen 
s'attaqua de nouveau à Tautorité de la maison d'Ouaz- 
zan en nommant un administrateur des biens de la 
Communauté chargé de recueillir les redevances et 
offrandes, et d'en opérer le partage. Malgré ces atta- 
ques, la Zaouïa d'Ouazzan a conservé et même recon- 
quis toute son influence religieuse. Voici dans quels 
termes les Archives marocaines définissent la situation 
actuelle d'Ouazzan, qui équivaut à celle d'une des puis- 
santes congrégations du Moyen Age, exerçant des droits 
d'autorité temporelle. 

« L'influence des Chorfa d'Ouazzan — influence reli- 
gieuse plutôt que politique — est prépondérante dans 
tout le Nord marocain, y compris les territoires du Riff. 
Le chef actuel, Moulay l'Arbi, réside à Ouazzan. Ses 
deux frères, Moulay Ali et Moulay Amad habitent Tan- 
ger et ils exercent Une action considérable sur la puis- 



9IO LK XkROG 

saute cecte rdigÎMse des Tayylbyiii. Lsb popalotioBs 
agricoles q«i cnUitwt lenn domaines (Azib) sont pla- 
cées sous leur autorité, dans la situation de Tassaiox. 
Le temtoiie d'OuazBUit qne Ton peut noouDaer à pro- 
prement parlw l'Etat d'Onazan, conservera «eiiaiae- 
nent pendant longtemps one certaine antononûe, 
ancan poavoir n'ayant intérêt à se broniller avecles 
Oaazzanis qui ^rent dieseux, exdusivement enti» 
eux, se gardant autant qne possible de toute pénébra- 
tion étrangère, mais sans prendre one attitude vrai- 
ment hostile au mouvement de transformation poli- 
tique, qu'ils semblent presque ignorer. » 

C'est à cette réserve que les Ghorfa d'Onazzan devront 
ia continuation de ce que Ton peut justement nommer 
« leur Principauté », constituant dans i'Btat marocain, 
en transformation complète, une organisation partica- 
lièt« appelée à une réelle stabilité, alors que tant de 
choses changent et changeront encore autour d'elle. 

Au moment où parait ce livre Tautorité du Sultan et 
par conséquent Tinfluence française, viennent d'être 
rétablies à Ouazzan* 

RÉGIONS ET CERCLES 

Il est d'un intérêt pratique de faire suivre rénuméra- 
tion et Tétude des principaux centres urbains du Maroc 
par uncourt précis delà sitoationéconomique de diverses 
Régions et Cercles qui possèdent un caractère spécial 
et forment, en quelque sorte, des enclaves dans rensem- 
ble de r£mpire chérifien. 

Ces Bégions : sont Le Tafiielt Le Bon Denib, Abda, 
le Figuig- 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR ail 

LB TAFILSLT 

lie TnfiieitQ, va les origines de la dynastie hassanidii 
aetnellement régnante. Nons ne savons si les Sultans 
ont conservé qnelqoe affection spéciale pour le berceau 
de leur race, mais leurs concitoyens n'ont garde d'où- 
Mier cette commune origine. En effet, fusqu'à la fin du 
règne de Moulay Hassan, lors de la mort de chaqtte 
Sultan, un grand nombre de ksouriens, se prétendant 
alliés au défunt, quittaient en hâte les oasis du Tafilelt 
afin de gagner Fez dans le but d'y faire Yaloîr leurs 
droits à la succession impériale. C'était une promenade 
de près de 300 kilomètres ; 600 aller et retour. 

Lie 'tafilelt est une région d*oasis constituées par l'oued 
Zi2 qui descend du Grand- Atlas et se perd ensuite dans 
les sables sahariens. L'ensemble des terrains arrosés par 
TotiedZizforme, aprèslasaison despluies, une plaine très 
humide, parfois même momentanément marécageuse, 
que Ton nomme Daïa ed Daoura et qui produit avec 
rapidité des récoltes très abondantes. On estime que le 
Tafilelt contient environ 150^ ksours ou villages dont la 
population totale, appartenant à la race Beraber, dépas- 
serait 100.000 habitants. 

Le lien politique encore distendu qui rattache le 
Tafilelt à l'empire chéniien est représenté par un Amel 
qui résidedans l'un des deux ksours principaux : Blssam. 
A l'extrémité sud de la contrée se trouve Boa Adam, 
le ^incipal marché du sud marocain vers lequel oon- 
yergentles pistes de Tombouctou, du Soudan, du Haut- 
Sénégal, du Touat, du Gouraïa. 

Si les Sultans n'exercent qu'une autorité à peu ]^u 



913 - LB MAROC 

nominale sur les habitants du '^afilelt, par contre, ils 
ont une autorité très réelle sur les marchandises qnt 
arrivent des oasis à Fez ou qui, de Fez, partent vers 
les oasis, car ces marchandises doivent acquitter, avant 
d'entrer dans la ville impériale ou avant d'en sortir, 
des droits de porte d'environ 10 0/0. 

On estime à près de cinq millions le chiffre d'aflaires 
annuel du Tafilelt. Il est constitué, à l'importation, par 
tous les produits d'Europe tels que les sucres, les thés, 
les draps, quelques soieries ; à l'exportation, par les 
cuirs tannés (Djeld el Filali), les peaux de chèvres, les 
dattes. Cette évaluation ne comprend pas les produits 
soudaniens, tels que la poudre d'or, les plumes d'au- 
truche, les gommes qui ne font que traverser le Tafilelt. 

Le mouvement des transports entre le Tafilelt et l'Al- 
gérie, même le Maroc du Nord et l'Europe, tend à se 
modifier par l'emploi de la voie ferrée algérienne Oran- 
Golomb-Béchard qui, bientôt, atteindra les ksours des 
Kenadsa, distants seulement du Tafilelt de 180 kilo- 
mètres. 

Là encore, c'est le rail triomphant de la distance, qui 
constituera le plus puissant élément de transformation. 

LB CBBCLB DBS ABDA 

i Cercle des Abda dont Safi est la ville capitale, 
titué en 19JS, a pris en 1918 le nom de Contrôle 
des Abda. Le territoire désigné sous cette déno- 
ition est limité à l'Est par la plaine de Marrakech 
I Ouest par la mer. Au Nord par la plaine de la 
kkala. La superllcie mise en culture est de 4.000 ki- 
ïtres carrés. 



SON PASSE — SON PRÉSENT — SON AVENIR ai5 

La population est d'environ 150.000 , habitants dont 
Tactivité et Tesprit commercial sont assez développés. 

La R^îon est très propice pour Télé vage des bovidés 
et des ovins et aussi pour i'âevage des porcs. 

Les productions agricoles les plus avantageuses sont : 
le Ué, le maïs, l'orge. Des essais très réussis ont été 
faits sur le blé teqdre et Tavoine. On a également expé- 
riaienté, non sans succès, la culture des pommes de 
terre et derarachide. 

L'Industrie indigène des tapis est en voie de renais- 
sance. Il en est de même pour les travaux de memii- 
' série, d'ébénisterie, de poterie. Le territoire du Cercle 
des Abda est une deB régions qui méritent d'être le plus 
sérieusement étudiées. S'il est assez difficile d y acqué- 
rir des propriétés par le fait que les indigènes tiennent 
beaucoup à leurs terres dont ils savent la valeur, on peut 
y appliquer la combinaison de TÂssociation agricole. 



LB BOn DBHIB 

Le territoire de Bou Denib est situé au sud de TAma- 
lat d'Oudjda. Le Centre principal Bou Denib, est appelé 
à faire un commerce de plus en plus actif avec Colomb- 
Béchard.La distance entre Bou Denib et Golomb-Béchard 
n'est que de cent cinquante kilomèti^s, par une piste 
carrossable. La population ne dépasse pas douze cents 
habitants dont une centaine d'Européens. Cette terre est 
un territoire militaire. 

Les dattes constituent la principale production végé- 
We ; pour le règne animal : les peaux de chèvres et les 

LUX. 



âl4 LE MAROC 

LB FIGUIG 

Un peu avant Golomb-Béchard» sur la droite de la 
voie ferrée qui vient d*Oran, et qui est parfaitement 
desservie par les chemins de fer de l'Etat, s'étendent 
les ksours du Figuig. Gomme ceux du Tafilelt, ils cons- 
tituent véritablement un Etat dans TEtat. 

La Palmeraie de Figuig est occupée par une popula- 
tion de plus de 17.000 habitants, gouvernée à peu près 
nominalement par un Amel représentant le Sultan, et 
effectivement par les Djemmas qui sont des assemblées 
municipale^. 

Llrrigation est assurée par plusieurs rivières. 

L'oued el Ardja, qui change plusieurs fois de nom, 
prenant celui des diverses palmeraies traversées. 

h' oued Cheggaret el Abia et son affluent Voued Ta- 
kroumet, VAïnZadders, 

Le Figuig comprend sept ksours qui sont, par rang 
d'importance, et selon des informations relevées pen- 
dant une visite toute récente : 

Zeuaga 701 Feux. 

Oudaghir 309 — 

El Maïz 227 — 

El Hammam Foukani 147 — 

Oalad Sliman. 109 — 

El Hammam Tahtani 88 — 

El Abid 72 -^ 

Total 1.653 Feux. 

Chaque feu comporte environ douze habitants. 

On compte 5.000 Israélites presque tous groupés 
dans le ksour d*Oudaghir. Les principales produc- 




lO 



■ 






SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR !ll5 

lions naturelles du Figuig sont les dattes, dont les belles 
qualités s'exportent tandis que les sortes inférieures se 
consomment sur place. Viennent ensuite les légumes, 
tels que tomates, aubergines, melons, piments. Gomme 
productions industrielles, les haîkset burnous» la bijou* 
terie provenant de la transformation des pièces de mon- 
naie. 
L'avenir réservé au Figuig paridt des plus avantageux. 



TROIS [ÈME PARTIE 



CHAPITRE XIV 

L'Œuvre française. — La Ghaouïa 
L'Amalat d'OudJda. 



U est de mode, dans de certains milieux, de contester 
les facaltés colonisatrices de la race française et de nier 
les heureux effets obtenus par les procédés de notre 
Administration coloniale militaire. ^ 

Cette attitude qui classe, ou, pour mieux dire, déclasse 
intellectuellement ceux qui Tadoptent, constitue plus 
qu'une erreur de jugement, un véritable déni de justice. 
Nos lecteurs n'auront plus aucun doute à cet égard s*ils 
veulent bien suivre, dans la Chaouîa tout d'abord, puis 
ensuite dans FAmalat d^Oudjda, Tintroduction du 
régime qui porte le nom très glorieux de la Paix fran- 
çaise. 

Au moment où le général d'Amade prenait le com- 
mandement des troupes débarquées avec des instruc- 
tions un peu plus élastiques, des forces un peu plus 
grandes, une liberté d*action un peu moins limitée 
que celles dont disposait le général Drude, voyons 



ai8 LE MAROC 

quelle était la situation en Chaouîa, c'est-à-dire 
dans une des parties du Maroc dont la fertilité peut 
assurer au travail une plus large rémunération. L'auto- 
rité chérifienne n'existait plus guère qu'à l'état de sou- 
venir. Une période de Siàa, c'est-fSi-dire une période 
d'insurrection qu'il conviendrait d'appeler plutôt une 
période de détachement, car, insurrection suppose lutte, 
durait depuis plusieurs années. Ni de Fez, ni de Marra- 
kech, où commandait, comme représentant de son frère 
Ahd el Aziz, celui qui devait être Moulay Hafid, les Sul- 
tans n'étaient en mesure d'envoyer des. Mehallas dont 
l'envoi n'aurait eu très probablement comme résultat 
que d'apporter aux insurgés, gràoe à la désertion, des 
armes, des munitions et des hommes ! 

D'autre part, aucun prétendant ne levait, à propre- 
ment parler, dans ces région», l'étendard de la révolte. 
La Ghaouïa se séparait donc de l'Empire et ce déta- 
chement de fait eût pu s'accomplir sans que la situation 
en devînt plus mauvaise que dans d'autres parties 
du Maroc, s'il n'avait été accompagné d'une hosti- 
lité de plus en plus violente contre les étrangers et 
si cette hostilité n'avait, par répercussion, compromis 
particulièrement nos intérêts dans toute l'Afrique du 
Nord. D'ailleurs, on peut dire que les i>opulationfl 
chaouïas, par leur aptitude au travail, méritaient d'être 
soustraites à la mise en coupe réglée dont elles étaient 
l'objet de la part de tribus pillardes, cantonnées dans 
les contreforts de l'Atlas d'où elles descendaient d*une 
manière presque périodique pour « manger )) la plaine . 

Etant donnée la situation que nous venons de préciser 
en quelques lignes, il fallait prendre un parti définitif. 

Retirer les troupes de débarquement, ce qui était 



SON PASSÉ — SON PRB8ENT — SON AVENIR aig 

livrer le pays à l'anarchie la plus complète et signer en 
cpi^qne sorte notre acte d'abdication, on bien recneiUir 
— et non pas conquérir — la Ghaouîa et faire» de la 
2>artie dans laquelle nous pouvions tout d'abord nous 
établir, un centre d'attraction en y assurant Tordre, fac- 
teur de prospérité : tel fut le plan d'action tracé et suivi 
avec décision par le général d' Amade et par ses méri- 
tante collaborateurs . 

Ce plan, dont le succès a démontré toute la valeur, 
oonsistait dans la création de Postes avancés . Leur orga- 
nisation a nécessité les quelques opérations militaires 
d'nne certaine envergure auxquelles le général d'Amade 
a dà procéder tout d'abord. Bapidement menées, ces 
opérations ont définitivement démontré aux tribus la 
supériorité de nos armes et, par conséquent, l'inutilité 
absolue de toute tentative de résistance. Casablanca 
est entourée de ses postes satellites. Nous remarque- 
rons d'abord Ber Béchid, que nos officiers et trou- 
piers, dans leur langage spirituellement imagé, ont 
nommé la Plaque tournante de la Chaouïa. Cette plaque 
tournante servit en effet de point de départ à plusieurs 
colonnes dont sa garnison et ses approvisionnements 
I)ermettaient la formation. En même temps que Ton 
créait Ber Bechid, on créait aussi Mediouna ; Sidi Bou 
Beker s'établissait aux portes d'Azemmour . Mechra, Bou 
Âhbou, Gurcer venaient envelopper, dans la partie sou- 
mise, la localité importante de Settat. Dans la direction 
de Rabat, s'établissaient les postes de Fedhala, Bou 
Znika, Skhirat, Sidi Ben Sliman et le Camp Boulhaut, 
Le Fort Georges, le Camp du Boucheron et la Kasbah 
Ben ilm^e^ formèrent les principaux points du réseau 
méthodiquement étendu sur la Ghaouîa. 



aaO LE MAROC 

Ces établissements, si utiles qa ils paissent être, ne 
rempliraient pas, en même temps qu'une action coerci- 
tive, une action civilisatrice, s'ils n ajoutaient à leur 
rôle de Postés militaires celui de Centres administratifs. 

11 importe ici de préciser. 

L'administration militaire, restant légalement dans 
les limites de police assignées à notre action par la loin- 
taine Conférence d'Algésiras, n'avait pas tenté de se subs- 
tituer d'une manière officielle à ce qui pouvait rester de 
l'autorité du Sultan. Elle avait, au contraire, cherché à 
restaurer cette autorité, à la faire fonctionner, à la mon- 
trer vivante aux yeux des populations, manière de faire 
qui concordait delà façon la plus logique avec réventua- 
lité de rétablissement d'un Protectorat. Pouc nous 
rendre compte du fonctionnement matériel et de Teffî- 
cacité morale de ces Postes, entrons dans Tun d'entre 
eux. 

Le Poste se compose de deux parties : Tune adminis- 
trative, l'autre militaire. 

La partie administrative, établie en dehors de l'en- 
ceinte, comprend le Bureau du Service de Renseigne- 
ments. 

A côté du Bureau de Renseignements fonctionne l'in- 
firmerie indigène que les populations mettent mainte- 
nant le plus grand empressement à fréquenter. 

Les Bureaux du Service dés Renseignements, au 
Maroc, ont bien une certaine analogie avec les Bureaux 
arabes placés, en Algérie, dans les Territoires de com. 
mandement militaire. Mais une différence essentielle 
consiste cependant en ce que le commandant du poste 
surveillé les indigènes, les assiste mais ne les administre 
pas, laissant ce soin au Caïd et au Cadi dont les agisse- 



SON PASSE — SON PRBSBNT — SON AVENIR 321 

ments^ toutefois» sont dirigés par des Conseils et au 
besoin réprimés. 

Si nous pénétrons dkns Tenceinte du Poste, nous 
voyons les casernements, les logements d'officiers, les 
magasins, Tliôpital. 

L'organisation de ces hôpitaux est très isimple, mais 
très suffisante. La terre battue qui forme le sol est 
recouverte de nattes. Les murs sont blanchis à la chaux. 

Salle d'opération i3ien installée ; cabinet de consulta- 
tion, chambres pour les sous-officiers, pharmacie, salle 
de bains. Tel est Tensemble deThôpital, qui, grâce aux 
perfectionnements de détails dus souvent à Tingéniosité 
et au dévouement des médecins militaires, est en 
mesure de remplir son rôle d'une manière satisfai- 
sante. 

Nous avons voulu, tout d'abord, appeler l'attention 
sur ces Postes, parce qu'ils sont les instruments les plus 
actifs de Textension de Tinfluence française. 

Nous avons plaisir à consacrer quelques alinéas au 
système financier qui a été institué en Chaouïa et qui a 
si puissamment contribué à la reconstitution normale 
du pays et à sa prospérité très accentuée déjà. 

Aussitôt que l'action militaire eut accompli son œuvre 
et que furent créés les Postes dont nos lecteurs auront 
assurément apprécié l'excellent fonctionnement, on pro- 
céda à une réorganisation financière basée sur la per- 
ception et l'emploi des impôts habituels, ou plutôt dont 
l^iabitude semblait perdue, et sur le recouvrement de 
la Contribution de guerre qui fut imposée aux tribus. 

Grâce à la solidité du système des Postes éloignant la 
possibilité de tout soulèvement, la perception des 
impôts : le Zekkat^ impôt sur les animaux, et VAchoury 



aaa LS MAROC 

impôt sur les récoltes an dime, fut effectuée sans aneuie 
difficulté. 

Jusque-là, rien d'extraordinaire, rien qui pût semUer 
anormal au j ugement des indigènes. Les Français avaient 
la force, les Français exigeaient IWgent. Ainsi faisait 
le Maghzen, aussi longtemps qu'il avait été en mesure 
de le faire. 

Mais où la mentalité du contribuable marocain reçat 
une impression à laquelle elle n^était certes pas pré- 
parée, c'est lorsqu'il constata qu'une bonne partie de 
l'argent qu*il avedt versé était effectivement emf^oyée 
pour des œuvres dont il commença bientôt à concevoir 
l'utilité. On forait des puits ; on construisait ces infir- 
meries que nous avons sommairement décrites; on 
assurait une police garantissant aux indigènes travail- 
letirs la jouissance de leurs récoltes; on payait, pour les 
travaux exécutés, des salaires suffisants; on nourris- 
sait les prisonniers dans les prisons de Casablanca, soin 
que le Maghzen laissait aux familles des condamnés. En 
un mot, on n emportait pas l'argent hors du pays. Le 
personnel gouvernemental fut payé, alors qu'il ne 
parvenait même plus à se payer lui-mdnie. En un mot, 
il se produisit un ordre de choses entièrement nouveau, 
un phénomène dont la conclusion put se formuler ainsi : 
les Français nous ont dominés, mais ils ne nous « man- 
gent pas j> . 

La confiance s'établissait; la Paix française étendait 
sur la Chaouîa son action bienfaisante. Un Protectorat 
de fait s'établissait avant lapi«clamationdu Protectorat 
officiel. 

Nous allons maintenant, en passant du sud-ouest au 
nord-est du Maroc, constater que dans l'Amalat 






SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR !àq3 

d'Oudjda, comme dans la Ghaoaia, les mêmes causes 
ont produit les mêmes eUetS/les mêmes efforts ont 
donné les mêmes fruits. 



L'AMALAT D'OUDJDA 

La fondation d'Oudjda remonte à Tépoque où les 
Maures d'Espagne refluèrent vers le Maroc et pronon- 
cèrent leur mouvement jusqu'à Tlemcen. Ceci se passait 
en 994 et surtout dans la période comprise entre 
l'année 997 et le fameux An mille, que les croyances 
populaires considéraient comme devant être marqué par 
un événement sensationnel : la fin du monde... 

Moulay Ismaïl, dont nous avons plusieurs fois signalé 
le règne glorieux, fortifia Ôudjda, qui put constituer 
avec Taza, Aïoun Sidi Mellouk, Za et Moun un ensemble 
de système défensif, et peut-être même offensif contre 
les Beylikats d^Oran et de Tlemcen, que certaines chro- 
niques, encore conservées dans la bibliothèque de 
Karaouiyn, prêtent au Louis XIV marocain l'intention 
de conquérir. 

C'est en 1902 que furent signées entre la France et le 
Maroc les stipulations relatives à l'Amcdat d'Oudjda. 
L'Amalat, ou territoire soumis à l'autorité d'un Amel, 
Gouverneur, est une vaste région bornée au Sud parles 
prolongements du haut Atlas, à l'Est par TOranie, au 
Nord par la Méditerranée, à l'Ouest par le Riff avec le 
fleuve la Moulouïa comme ligne de démarcation. Il 
résulte des Conventions de 1902 que la police devait être 
assurée, sur les confins deTOranie^par le Grouvernement 
français et par le Gouvernement marocain. Cette dispo- 
sition nous reconnaissait le droit de pénétration sur le 



334 I** MAROC 

territoire marocain pour rechercher et punir les trihns 
qui violaient notre territoire en s'y permettant des 
incursions et même des pillages. 

Oudjda était occupée alors par une garnison d'environ 
quinze cents hommes formant la Mehalla destinée à con- 
tenir les efforts du prétendant Bon Hamama. Gomme 
toutes les Conventions dans lesquelles intervenait le 
Gouvernement chérifien, les Conventions de 1902 fonc- 
tionnèrent fort mal, et la situation incertaine à laquelle 
elles avaient pour but de mettre fin ne fut que fort peu 
modifiée. 

Les choses restèrent à peu près en Fétat jusqu'à 
Tannée 1907, époque à laquelle la viUe fut prise à peu 
près san^ coup férir. Les Béni Snassen, nos adversaires 
déterminés, furent soumis, à la suite de plusieurs chocs 
assez sanglants et, sous les ordres du général Lyautey, 
en qualité de commandant de la Division d'Oran, la paci- 
fication d*un territoire d'une étendue considérable fat 
rapidement établie. 

Après avoir séjourné à Oudjda peu après roccupa- 
tion, nous avons fait une nouvelle et toute récente visite 
à FAmalat et nous ayons constaté, aussi bien dans la 
ville que dans son territoire, des améliorations intéres- 
santes. Vingt-sept kilomètres d'une route excellente, 
comme toutes les routes construites par TArmée, co à 
duisent de Lalla Marnia à Oudjda. Cette route suit à peu 
près le tracé de rancienne piste, à présent abandonné^, 
et dont la superficie a fait, à peu près partout, retour 
aux terrains de culture. Le chemin de fer, après avoir 
eu comme terminus Lalla Marnia, parvient jusqu'à 
Oudjda. 

Le temps n'est plus maintenant où la crainte des 



SON PA8S£ — SON PRÉSENT — SON AVENIR OOS 

troupes du Rogui et même la présenôe des tfoopes 
chéiifiemies avaient engagé tous ceRx des habstants 
d'Oudjda qui pouvaient se déplacer, à quitter la ville. 
Oudjda, qui comptait alors environ 8.000 habitants, se 
dépeuplait de plus en plus; les uns se retiraient sur 
Fez» les autres gagnaient Tanger. 

A cette époque^ qui semble déjà lointaine bi^ que 
twèa^ rapprochée, les ren^Mirts d'Oudjda renlennaient 
environ deux mille maisons divisées en cinq quartiers 
que séparaient des portes fermées la nuit par les soins 
du. Mokaddem. Aucune rue à proprement parler, maïs 
des ruelles enchevêtrées encombrées par des amonoeUe" 
otents de fumier prouvant que les soins de vcnrie étaient 
le moindre souci de ce fonctionnaire. 

Maintenant la situation est profondément modifiée. 
Une large rue traverse la ville^ prolongement de la rouie 
de Mamia. Une branche se dirige vers le camp français 
àtué à trois kilomètres. 

Les remparts crénelés sont restés indemnes. Des 
cultures maraîchères les entourent. Cinq portes don- 
nent accès dans la ville ; ce sont la porte de la Zaoula, 
la porte de Sidi Abd el Ouabed» Tune et Vautre situées 
vers le Nord ; vers .le Sud» Bab Sidi Aïssa, Bab el Aouln 
et Bab el Ehemis. 

Le» cinq quartiers de la viUe sont : 

Le quartier des Oulad el KadI ; 

Le quartier des Oulad Lassem; 

Le Mellah ou quartier juif. Les Juifs en effet restent 
groupés bien qu'aucune contrainte ne leur soit imposée 
à cet égard depuis Toecupatlim française; 

Le quartier d'Ahl Oudjda et des Oulad Amram, qui a 
été Forigine de la ville et qui contient la Kakeria, place 



5ia6 LE MAROC 

entourée d'une muraille contre laquelle s'appuient de 
petites boutiques ; 

Enfin, le quartier de Ghakiane, où se trouve la grande 
Mosquée. 

En dehors de ces cinq quartiers et formant on rec- 
tangle fortifié qui s'étend au Sud-Est, s'élève la Kasbah 
avec le Dar el Maghzen, c'est-à-dire le quartier du Goa- 
vernement. Le Dar el Maghzen d'Oudjda n'a, cela va 
sans dire, aucune prétention à rivaliser avec celui de 
Fez. C'est un Dar el Maghzen de province. On y accède 
par une porte basse assez large qui permet d'entrer dans 
une première cour quadrangulaire autour de laquelle 
sont groupés de petits réduits au rez-de-chaussée, sans 
autre éclairage que leur ouverture et qui sont occupés 
les uns par quelques gardes, les autres par des fonction- 
naires de TAmalat. Après avoir traversé cette cour, en 
biais vers la gauche, on passe sous une deuxième porte 
et Ton pénètre dans un jardin qui est en môme temps an 
verger. 

Lors de sa dernière visite, l'auteur était loin d'être 
seul, car il conduisait à OudjBa, et cela depuis Tunis, 
un groupe qui, composé de près de trois cents personnes 
au départ de Tunisie, comptait encore cinquante mem- 
bres au moment de notre entrée dans le Dar el Maghzen 
d'Oudjda. Le Maroc avait été choisi, en effet, comme 
point terminus du raid à travers l'Afrique du Nord exé- 
cuté par l'Etat-major de l'Union des Sociétés de gym- 
nastique de France, à la suite de la magnifique Fête 
fédérale qui, sous la haute direction de M. Gazalet, Prési- 
dent de rUaion, avait réuni à Tunis près de 6.000 gym^ 
nastes français. 

Prévenu de notre arrivée, l'Amel, quittant sa demeure. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIH aaj 

s'était avancé dans le jardin pour noas souhaiter la 
bienvenue, tandis que, sur son ordre, des serviteurs 
cueillaient des roses et nous les distribuaient. En quit- 
tant le Dar el Maghzen, notre groupe s'était dirigé vers 
la Place des Caravanes, vaste champ s'étendant à Tinté- 
rieur des remparts. Bien que les caravanes n'aient plus 
l'importance qu'elles avaient autrefois, importance 
presque entièrement perdue au cours des troubles, 
mais qui tendait à s'affirmer de nouveau, elles offraient 
encore pour le visiteur un très vif intérêt de pittoresque. 
, Au moment de notre passage, les chameaux, chargés 
de ces petits pains de sucre qui se fabriquent spéciale- 
ment pour le Maroc, étaient invités à se lever et à se 
remettre en marche, et leurs cris rauques témoignaient 
de peu d'enthousiasme pour la promenade nouvelle que 
les chameliers allaient leur imposer. 

Bientôt, cependant, force fut à la Loi. La caravane se 
mit en mouvement et nous assistâmes au travail des 
agents de l'octroi, comptant les hôtes de somme pour la 
perception du droit de portes. 

Actuellement Oudjda connaît une activité et une pros- 
périté sans précédent, alors même qu'avant la guerre 
civile elle jouissait déjà des avantages de principal 
entrepôt du commerce et de place de transit entre le 
Maroc et rOranie. 

Si nous suivons la très bonne route qui part d'Oudjda, 
en nous dirigeant vers les rives de la Moulouïa, no;as 
traversons, tout d'abord, la plaine des Angad dont 
l'étendue est considérable, puis nous atteignons la plaine 
non moins importante des Triffas, en franchissant, au 
col de Guerbous, le massif des montagnes des Béni 



Oia8 LX MAROC 

&)a88eii. Cette tribu, on plutôt cette coniéd^atioD de trir 
bus, a joué, pendant ces dernières années, nn rôle trop 
actif pour qoe son nom ne smt pais des plus connus. Les ^ 
Béni Snassen, d'an tempérament guerrier, se sont trou- 
vés les premiers, parmi les grandes tribus marocaines, 
en contact avec l'élément français . Aussi, des conBits 
sanglants se sont-Us produits et de véritables opératioiu 
militaires ont-elles été entreprises, dont le souvenir est 
encore présent à la mémoire de tous ceux qui <mt suivi 
avec quelque peu d'attention la crise marocaine. Toute- 
fois, les Béni Snassen sont trop voisins de TAlgérle pour 
ne pas se faire une idée assez juste de la puissance 
française et pour nous refuser un respect que TAme ; 
musulmane n* éprouve que pour la force. D'autre part, 
ce sont des cultivateurs dont certains produite ont tou- i 
jours trouvé un écoulement favorable en territoire algé- \ 
rien, notemment les fruite et surtout les' oranges . 

Il y a, dans ces diverses considérations, des éléments 
d'entente entre les Béni Snassen et nous. Aussi la sécu- 
rité s'est-elie assez rapidement établie sur leur territoire 
depuis surtout que les faite sont venus donner un démenti 
à la croyance que les troupes françaises du camp de i 
Taourirt ne franchiraient jamais la Moulouîa. 

Voyons quels sont, après Oudjda, les Centres d'ex- 
ploitetion qui se sont constitués dans TAmalat, sous 
Tinfluence de roccupation française. Ces Centres sont 
Martimprey et Berkane, que des routes très bonnes, ou 
tout au moins très praticables relient à Oudjda. 

Martimprey^ construit dans les environs d'une re- 
doute que son créateur, le général Marûmprey, établit 
en 1859, fut le premier point vers lequel se porte Feâcrt 
des colons venus de TOranie. On compte actueUement 



SON PASSE — SON PRESENT — SON AVENIR aag 

dans Martimprey une centaine de feux. Toutefois — et 
le fait s'observe souvent dans les pays de colonisation 
nouvelle — Martimprey, dont T accroissement avait été 
très rapide, subit une période d'arrêt. Comme les 
troupes,les colons se sont portés plus avant,monvement 
qui aboutit à la fondation de Berkane — situé à 25 kilo- 
mètres à Touest et relié à Martimprey par une excel-^ 
lente route construite — il convient de rendre à leur 
effort rhommage qui lui est dû — par les « Joyeux » 
d'Afrique. 

Berkane se compose actuellement de 250 maisons et 
le nombre des constructions est en voie d'accroissement 
continu. L'industrie est déjà représentée à Berkane par 
la minoterie. 

À Berkane ont leur point de départ deux routes dont 
l'une gagne la Moulouïa suivant un parcours d'un peu 
plus de. 29 kilomètres, tandis que l'autre, longue de 
26 kilomètres, atteint Port-Say, localité située sur la 
frontière algéro-marocaine., 

Dans notre Edition de 1913 nous disions : ce Nous 
désirons appeler d'une façon toute spéciale Tatten- 
tion sur Port-Say, ainsi nommée du nom de son fonda- 
teur M. Louis Say, lieutenant de vaisseau de réserve. 
Port-Say possède, bien que d'une façon encore un peu 
rodlmentaire, tous les éléments constitutifs d'une 
ville et d'un port, et ce sera, c'est déjà le port du Maroc 
oriental, le débouché sur la Méditerranée d'une région 
dont la xichesse culturale va se développer avec une 
très grande rapidité . 

tt Dès maintenant les bâtiments caboteurs s'arrêtent 
à Port-Say dont la rade est bonne, sans barre, et leurs 
stations donnent lieu à un mouvement commercial inté- 



930 LB MABOG 

ressant. Lorsque les travaux du port, fort bien coi 
seront suffisamment avancés, Port*Say remplira cei 
nement le rôle le plus actif dans la grande œuvre 
merciale qui s'accomplit entre les confins oranais et k 
bords de là Moulou!a. Le climat de Port-Say est exi 
lent, sous Tinfluence des brises marines et, grâce à 
protection que lui donnent les prolongements du 
du Riff, contre l'effet des vents brûlants du Sud.L'autei 
qui parle par expérience, engage vivement toutes le 
personnes qui se rendent dans le Maroc oriental 
visiter Port-Say. Elles y rencontreront, et le dél 
n'est pas à dédaigner, un hôtel fort bien aménagé. 
y verront, presque au bord de la mer, des tei 
irrigables traversés par les eaux de Toued Eisa ; el 
y trouveront des ombrages. Gomme colons, conmie 
spéculateurs, ou simplement comme touristes, dks 
auront tout lieu de se féciliter d'avoir porté leurs pat 
vers Port-Say, ne serait-ce que pour rendre honoimage 
à une œuvre française dont le caractère de hardiesse 
est aussi séduisant qu'en est attrayant le caractère 
d'utilité pratique. » 

M. Louis Say est mort avant d* avoir achevé ou déve- 
loppé son opnvre. Tous les regrets des amis du Maroc 
lui restent acquis. 

Demandons maintenant à la statistique de préciser uo 
peu les appréciations que nous venons de formuler sur 
l'Amalat d'Oudjda. La statistique est une bonne con- 
seillère pour qui sait la consulter avec disoernemeni 
C'est une docte personne, aux propos de laquelle il ne 
faut pas toujours ajouter une foi aveugle mais avec qui» 
cependant, on peut utilement converser. 

A combien d'hectares estime-t-on la superficie presque 



r" 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 23l 

immédiatement cultivable, d'après les procédés de 
culture européenne, dans la plaine des Triifa et dans 
celle des Angdad? 

A environ 200.000 hectares, dont plus de la moitié 
sont irrigués ou facilement irrigables. A ces surfaces de 
cultures si considérables déjà, il convient d ajouter la 
région des Hauts-Plateaux qui, de même que les Hauts- 
Plateaux de rOranie, produisent Talfa et permettent des 
entreprises d'élevageiort étendues. 

Le commerce d'importation et d'exportation d'Oudjda 
86 fait entièrement avec Lalla Mamia et Ton peut dire 
que, sauf pour les marchandises exportées ou importées 
par Port-Say, ce mouvement commercial englobe à peu 
près tout le mouvement d'importation et d'exportation 
de TAmalat puisque ce courant a, de plus en plus, ten- 
dance à suivre les routes nouvellement tracées et que 
ces routes sont des ramifications.de la grande voie Lalla 
Marnia-Oud)da. 

Les articles d'importation étaient dès longtemps les 
'Sacres, les semoules, les bougies, les savons, les farines, 
le thé, les tissus de coton. Il faut y joindre maintenant 
tons les articles dont la consommation est la consé- 
quence de la colonisation entre autres les matériaux de 
construction, la quincaillerie dans tontes ses branches 
si multiples. 

L*exportation consiste presque uniquement encore en 
produits agricoles . Elle comprend les animaux princi- 
palement de races bovine et ovine. 

Oudjda est, en effet, le vrai centre de groupement et 
de production en bétail et sous-produits, laines et peaux 
d'une région immense existant entre la Moulouia au 
Nord, le Ghott Tigri au Sud et Fez à TOuest. 



CHAPITRE XV 

NotQB pratiques 



Nous nous sommes attachés, an cours de ces pages, 

à enregistrer des faits et des docaments,ià noter des 

situations et des transformatioDs, en nn mot à donner 

une idée exacte de l'état social et économiquedu Maroc, 

pendant qne s'écoulaient les derniers instants d'un 

régime séculaire et que se déroulait, comme se déroa- 

lent les films du cinématographe, une série de tableaux 

vants représentant l'avènement d'ua Maroc noavean. 

Nous avons cherché à mettre le lecteur en mesure de 

ger par lui-même, beaucoup plus qu'à lui présenter ' 

is jugements personnels. 

Ainsi ferons-nous en écrivant ce dernier chapitre ! 
>nt les commerçants, les agriculteurs, les industriels, i 
larront peut-être tirer des déductions utiles. i 

En effet, un vieux proverbe, fort sage, dit que n les 
nseilleurs ne sont pas les payeurs ». Il est plaisant 
observer combien souvent des hommes de bonne ! 
ilonté, mais qui ne sont pas dans les affaires, se mon- ' 
3nt ardents à enseigner, à morigéner même, les prty- i 
isionnels de l'industrie et du commerce, l 

Que ne font-Us ceci 1 . < 

Que ne lont-ils cela f I 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR a33 

. Qae ne changent-ils leur outillage, leurs habitudes 
de crédit, leurs pratiques commerciales. 

Et quelle routine ! Alors que nos concurrents s'ingé- 
nient à capter la clientèle en se pliant à ses moindres 
désirs, à ses fantaisies ! 

En lisant des conseils si sages, n*est-où pas tenté de 
penser qu'il est bien fâcheux que ces écrivains diserts, 
que ces économistes avisés ne soient pas commerçants ; 
qu'ils n'aient pas à mettre en pratique les avis qu'ils 
donnent, qu'ils prodiguent même — car alors tout serait 
assurément pour le mieux, puisque les donneurs d'avis 
qui savent absolument ce qu'il faut faire, seraient 
ainsi en mesure d'appliquer eux-mêmes leurs excel- 
lentes leçons. 

Nous ne sommes pas tout à fait convaincus que les 
choses en iraient mieux si pareille interversion des 
rôles se produisait. 

Il nous semble que celui qui, selon l'expression popu- 
laire, « tient la queue de la poêle », est beaucoup plus 
qualifié pour savoir de quelle façon il convient de la 
présenter au feu, que ne l'est celui qui regarde faire la 
cuisine. 

Nous n'attribuons pas du tout aux économistes dont 
nous saluons la science, aux écrivains dont nous envions 
le talent, la faculté de rendre des arrêts industriels et 
commerciaux. Nous n'admettons pas surtout que ne 
pas être commerçant soit une présomption de compé- 
tence en matière commerciale. 

Nous ne pensons pas que les commerçants, indus- 
triels, agriculteurs français aient beaucoup plus besoin 
d'être enseignés que les chevaux du coche n'avaient 
besoin d'être aidés par la mouche. Il leur suffit d'être 



a34 LV MAROC 

renseignés. Il leur suffit d'être mis an courant de fadts 
précis doàt ils sauront parfaitement, et sans qu'on les y 
aide, tirer les conséqnences et dégager la ligne de ccm- 
duite qu'il conviendra de suivre. 

Nous nous garderons de tomber dans le travers bien 
intentionné que nous signalons et nous nous bornerons 
à présenter sommairement, pour chacune des princi- 
pales régions du Maroc, un résumé des appréciations 
les plus récentes. 

« 

RÉGION DE CASABLANCA 

Peu de pays nouvellement ouverts à la civilisation ont vu 
affluer, aussi rapidement que le Maroc, les éléments ordi- 
naires de la prospérité économique, le capital et le travail» 

Le Maroc offre un champ très vaste à toutes les activités, 
mais ces activités ne doivent pas s'y dépenser à l'aventure. 
Il peut, en effet, devenir Toccasion de très pénibles déc^H 
tiens et» plus que partout ailleurs, il est indispensable de 
s'y montrer circonspect et prudent 

Les lignes qui vont suivre ont pour objet principal la 
Ghaoula . C'est actnellement,avec l' Amalàt d'Oudjda, la ré^on 
de l'Empire chérifien où il est le plus facile de coloniser. 

COMMBRCB 

Commerce en gros, — En Ghaoula, deux localités, par leur 
situation et leur importance, présentent spécialement des 
chances de succès aiiz maisons de commerce en gros : Casa- 
blanca et Settat. 

Setta, qui compte enyiron 4.000 habitants, est situé à 
80 kilomètres de Casablanca. A partir de Ber Rechid, la 
piste qui y mène est bonne. En été les transports sur Casa- 
blanca sont faciles. Settat est un centre d'achats. Le déve- 
loppement de la prospérité du pays y amènera forcément 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR a35 

Uft mouvement d'affaires important que le perfection- 
nement des voies de communication facilitera. On peut 
igalement citer Gasbah ben Ahmed, dans le Mzab, à 78 kilo- 
nètres de Casablanca. 

Bzammons successivement les différents commerces 
Busceptibles d'être entrepris, soit à Casablanca, soit àSettat, 
bI l'importance des capitaux qu'il faudrc^t engager. 

Pour Casablanca. 

Céréales, — Un capital de 25.000 francs permettrait déjè 
de commencer les affaires et d'établir un crédit suffisant. 
Mais pour pouvoir opérer sans avoir trop souvent recours 
anx intermédiaires, il faudrait disposer d'au n^oins 
10.000 francs. Un capital de 100.000 francs permettrait un 
roolemeat régulie^ et indépendant du crédit. 

Quincaillerie (importation). — Un capital de 7.000 à 
10.000 francs serait nécessaire au début . 

Siicres, — Affaires au comptant. 11 faudrait assurer la 
vente de 200 sacs par mois. Capital nécessaire 5.000 à 
ê.00O francs. 

Thé. — La vente des thés se fait sur échantillons. Les 
maisons de vente d'Europe accordent 4 mois de crédit (ou 
I i/2 0/0 d'escompte au comptant). 11 n'est donc pas néces- 
saire de disposer d'un gros capital pour commencer : 
mais il est indispensable de connaître parfaitement les dif fé - 
lentes qualités vendues en Ghaoula et qui varient suivant 
les localités. Le goÀt des indigènes distingue plus de 300 mé- 
langes différents. 

Le thé est un des principaux articles d'importation du 
Maroc (le second immédiatement après le sucre), quoique 
le développement de sa consommation ne remonte guère à 
flus de deux générations. 

Les qualités les plus courantes introduites par des com- 
missionnaires anglais, sentie Cunpowder, Uxim, Sow Mee, 
Hysan, Toung-Hisan. Les prix varient entre 6 et 15 pence la 



qHQ le MAROC 

livre anglaise- Les prix les plus courants sont de 8 à 10 penœ 
la livre anglaise. ' 

Le thé est expédié au Maroc dans des caisses donbléei 
d'étain intérieurement, enveloppées de toiles d'emballagff 
ou de tissu èe palmier ; leur poids varie de 25 à 30 kilo- 
grammes. 

Alimentation (importation). — Une maison bien dirigée 
disposant d'un capital de 50.000 francs, pourrait entre* 
prendre des affaires rémunératrices. 

Draps (importation). — Les draps vendus au Maroc sont 
de fabrication spéciale. Ils font l'objet d'un gros commerce 
d'importation. 

Il faudrait se rendre sur place en vue d'examiner leÉ 
qualités et les couleurs demandées par les indigènes ef 
faire établir en manufacture des marchandises conformes. 

Ce commerce exige encore de gros capitaux. 

Houille. — Il y a place à Casablanca pour des entrepAti 
de houille d'environ 300 à 400 tonnes. 

Fers et aciers. — On emploie sur place une très grandi 
quantité de fers à T et à I. U faudrait 7.000 à 8.000 francff 
pour entreprendre ce commerce. 

Bois de construction. — Ces bois font l'objet d'un com- 
merce très important. Nécessité de gros stocks. Nécessité 
d'importer par bateaux complets. 

Céramiques et poteries, — Matériaux de .constrtsction. — 
Chaux, ciment, plâtre. — On peut prévoir un écoulement 
considérable et relativement facile. 

Teintures et couleurs préparées. — Huiles de lin. — Sic- 
cafifs. — Mastics. — Vitrerie. — Droguerie. — Produits ehi' 
miques. — Ces articles peuvent donner lieu à des afiairet 
faciles. 

Machines agricoles. — ^ Ce commerce nécessite un gros 
stock de machines, un grand emplacement d'exposition et 
de démonstration, des frais de premier établissement consi- 
dérables. Affaire d'avenir. 



j 



SON PASSÉ — SON FESSENT — SON AYBNIR à3j 



Sacs et toileé (Temballage font l'objet d'un très gro» 
N»iiim6roe néoéssitant des capitaux importants ; cette 
Ivanehe est déjà représmtée. Toutefois la place peut encore 
Ifliir des possibilités d'affaires. 

Soieries. — Par tontle MmùCj il y a beaucoup à faire dans 
le eommaree des soieries. Plusieurs maisons de Lyon ont 
las représentants qui visitent tous les ans Fez, Marrakech et 
ies principales villes. 

PourSettat. 

n conviendrait d'envisager plus partieulièrétaient le com- 
Bieree des bestiaux, des montons, poils de chèvres, céréales, 
bmes, peoHXy à Texportation, et le commerce du suere^ théy 
\mAgies, à l'importation. 

Le commerce des bois n'y est pas suffisamment repré-^ 
lanté. Les indigènes y construisent beaucoup. Le dâ>it indi- 
pane poorrait permettre actuellement de faire face aux 
InuB généraux. Dans un avenir peut-être proche, le com- 
l&erçant qui aurait pris position à Settat aurait la perspec- 
tive de beaux bénéfices. Capital : 100.000 francs. 

Même indication en ce qui concerne les fers et les aciers 
[capital : 60.000 francs), les machines mécaniques et les appa- 
miis divers {capital : 60.000 francs), les verreries et cristaux. 

CkHnme complément des renseignements qui précèdent, 
uie remarque générale s'impose : impossibilité de se livrer 
ï un seul commerce. Toutes les maisons qui existent 
ictuellement s'occupent simultanément de plusieurs articles. 

Commerce de déiaiL^ — On peut préconiser T installation h 
Casablanca des établissements suivants : 

Magasm de nouveautés et de confections^ chaussures^ etc. — 
l/opportunité à Casablanca des maisons réunissant tous le» 
^ticies nécessaires à l'habillement doit être particulièrement 
Signalée. 11 en existe ; mais des places restent à prendre. 

Anx articles de confection s'ajout^aient avec profit ton» 
les articles de bazar et les articles de. voyage, campement,. 



^38 LB MAROC 

•sellerie et harnachement. Le genre de bazar qui semble 
pins spécialement approprié aux besoins locaux doit com- 
prendre une maison centrale groupant tons les achats aax 
meUleurs prix de gros et les répartissant ensuite entre 
les diverses succursales d'après les besoins locaux. 

Meubles, -—Des maisons de meubles à bon marché, sans 
aucun luxe, mais solides, sont susceptibles de faire des 
affaires intéressantes. 

Il ne faut pas encore songer pour le moment aux meubles 
de prix . Ce commerce exige rimmobilisation de gros capi- 
.taux qui ne trouveraient pas leur rémunération. 

Magasin de verrerie et faïences. — Quincaillerie. — Bovh 
iangerie^pàtisserie. — Boucherie moderne, — Tous ces com- 
merces sont encore actuellement incomplètement repré- 
sentés. 

Epiceries. — Vins. — Les épiciers sont nombreux. Néan- 
moins, il y a place pour d*autres, à la condition d'avoir on 
^^ersonnel de garçons actifs et bien au courant de leur métier. 



IIVDUSTRIB 

Industries du bâtiment. — L'industrie qu'il est désirable 
/de voir se développer activement, dans un intérêt général, 
:est celle du bâtiment avec tous les métiers qui s'y rattachent 
Casablanca, grand port et le grand entrepôt de l'Ouest ma- 
rocain, prendra de plus en plus d'extension. 

C'est pourquoi on ne peut que souhaiter que des entre- 
preneurs nouveaux s'installent et construisent à Casablanca. 
Ils pourront réaliser de beaux profits. Menuisiers, ébénistes, 
serruriers, peintres,tous les ouvriers ^rïeux^ possédant réel- 
lement leur métier, sont susceptibles de trouver un emploi 
dans les entreprises en cours ; beaucoup se sont déjà rendtf 
.compte de cette situation, notamment des maçons et cimen- 
iiers creusois. Il y a place pour d'autres. 



I 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR qSq 

Industries diverses. — Pinsiears fabriques d'eaux gazeuses 
et de glace fonctionnent à Casablanca. Leurs prix de vente 
(glace, fr. 30 le kilo au détaU et 20 francs les 100 kilos) 
semblent laisser une marge à la concurrence. 

Les fabriques de savon ne trouveraient pas sur place de 
matières premières. 

Une fabrique de céramiques pourrait prospérer. On trouve 
de l'argile dans la région. 

Charrons- forgerons, horlogers et généralement tous les 
corps de métiers sont susceptibles de trouver à s'employer. 

fin électricité il y a beaucoup à faire. Il convient de 
lemarquer que la force motrice naturelle manque et que le 
diarbon est vendu très cher. 



AGRIGULTURB BT BLBVAGB 

Les statistiques du recensement opéré dans les différents 
territoires de la Ghaoula par le Service des renseignements 
du Corps d'occupation^ donnent les indications suivantes : 

La superficie totale de la province où notre pénétration 
a fait régner un ordre et une prospérité jusqu'alors incon- 
BUS, se chiffre par 1.031.000 hectares, dont 367.410 culti- 
.vés, se répartissent comme suit : 

Orge. 197.600 hectares 

Blé 104.000 — 

Pois chiches 13.470 — 

Mais 23.940 — 

Fèves 6 070 — 

Fenugroc 6.470 — 

Coriandre 1,775 — 

Lin 7.685 — 

Millet 200 — 

Sorgho 2.000 — 

Jardins fruitiers et potagers.. . . 4.000 — 

XX 



On peat donc compter oomme terrains exploités 37 0/0 de 
la soperf icte de la Ghaonla . , 

Les rendements moyens des différentes contrées ont 
donné, pour un hectolitre de semences : 

Orge i 21 hectolitres 

Blé 1330 — 

Pois chiches 8» — 

Mais ÔO — 

Fèves 34 — 

Fenngrec 12 40 — 

(ioriandro 22 — 

Lin * 9 — 

Millet 25 — 

Sorgho 100 — 

Le mais a montré de grandes différences de rendement : 
chez les BTzab et Achaches il donne 15 hectolitres pour nn, 
et chez les Ghiadma et Ghtooka, de 100 à 150. 

Sur Tensemble cultivé, 35.704 hectares appartiennent à 
des Européens» dont 25.469 à des Français. Encore faut-il' 
considérer ces chiffres comme très inférieurs à la réalité k 
Theure actuelle. 

Le recensement évalue à 1.570 le nombre total de colons 
établis à rintérieur ; 895 sont français. Ces chiffres seront 
bientôt dépassés. 

La population indigène compte 197.838 habitants, dont 
§2.681 hommes, 69.660 femmes, 65.497 enfants. 

Enfin, le recensement du bétail donne les chiffres sui- 
vants : 15.498 chameaux, 91.613 bœufs, 16.552 chevaux^ 
2.506 mulets, 35.257 ânes, 433.006 moutons, 87.933 chèvres. 

Toute la Ghaoula est jFavorable à la culture des céréales. 
La culture maraîchère se fait dans les environs de Casa- 
blanca. Gette culture est notoirement insuffisante aux 
besoins de la ville et la plupart des primeurs et des légumes 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SOX AVENIR a(^l 

sont encore importés d'Espagne à des prix extrêmement éle- 
vés. Le prix des terrains maraîchers dans le voisinage immé- 
diat de Casablanca est très tenu. 

A 14 kilomètres, aux environs de Tit Melil. on trouverait 
des terrains propres à la culture maraîchère au prix de 
150 francs l'hectare. Ces prix sont en voie d'augmentation. 

La vigne, le coton, Tolivier, l'oranger, le citronnier ont 
fait l'objet d'essais qui ont donné des résultats encoura- 
geants. 

Toute la Ghaoula convient à l'élevage des boeufs, des 
moutons et des porcs. Un éleveur connaissant bien son 
métier, disposant de capitaux, pourrait réaliser de gros 
bénéfices. 

Il n'est pas loisible au premier venu de constituer un 
domaine, même modeste. Il faut être rompu aux mœurs et 
coutumes du pays et avoir recours à des intermédiaires ; 
cependant les difficultés ne sont pas insurmontables. 



TRATAUX PUBLICS 

Pour les travaux publics, le régime de la libre concur- 
rence est en vigueur. Un règlement sur les « Adjudications 
en général » et un règlement sur les < Adjudications de la 
Caisse spéciale » sont applicables à tous ceux qui voudraient 
soumissionner à des travaux publics . Les particuliers et les 
sociétés qui désirent participer à ces adjudications feront 
bien d'avoir à Tanger des correspondants qui les tiennent 
au courant et les informent en temps utile des mesures 
à prendre, des démarches et des études techniques à faire 
pour se mettre sur les rangs. 



a4a L« MAROC 

RÉGIOIf DE SÂFI' 
COMMItilGB 

Importations, — Les maisons européennes établies dans 
la région importent du sucre^ da thé, du bois, du fer, des 
tissus pour indigènes, des cotonnades, et exportent des 
céréales. 

Les différents commerces désignés ci-après paraissent 
susceptibles d'être rémunérateurs à Safi : 

Tissus en gros; bois et matériaux de construction; dro- 
guerie ; denrées alimentaires ; machines agricoles. Ces mai- 
sons devront avoir des agents à Tlntérieur, dans les grands 
Centres indigènes. Elles peuvent obtenir la clientèle des 
tribus des Abda, une partie des Doukkala, Ahmar, et une 
partie des Qhiadma. 

Un capital de 75.000 à 100.000 francs est indispensable au 
début. 

Exportation. — U existe de nombreuses maisons qui 
exportent du blé, de Torge, des féveroles, des pois chiches, 
des peaux^ des laines et autres produits agrioc^es. La eon- 
currenoe est vive et des capitaux importants sont néees- 
saires pour ce genre de commerce. 

Commerce de détail. ^ Actuellement^ rinstallation de 
maisons de vente au détail serait prématurée. La popula^on 
européenne est encore restreinte; d'autre part, la popolatioa 
juive marocaine n'a pas encore adopté les mœurs euro- 
péennes. 

Deux ou trois établissements genre bazar, vendant des 
vins, spiritueux, eaux minérales, verrerie et faïence, quin- 
caillerie, ferblanterie, outils, lampes, articles d'ameublement 
bon marché, vêtements confectionnés, chapellerie et chaus- 
sures, pourront trouver place à Safi. tl sera nécessaire de 
disposer d'un capital de 25.000 à 30.000 francs au minimum; 



SON PASSÉ — SON PRE8BNT — SON AVENIR a43 

les loyers des magasins sont très élevés ; il faut compter 
payer an moins de 3 à 4.000 francs de loyer. 

Hôtel. — Un grand hôtel, avec confort moderne, dominant 
la ville de Safi, pourrait prospérer. La douceur du climat 
de la côte marocaine attirera beaucoup d'Européens. 

Boulangerie, pâtisserie. — Un boulanger-pâtissier ven- 
dant de la confiserie, et connaissant bien son métier, 
aurait des chances de succès. 

Boucherie moderne, — Ce commerce fait défaut à Safi ; le 
boucher aurait pour clientèle les Européens et les restau- 
rants qui existent. 

UIBUSTBIE 

Industrie du bâtiment, — Des entrepreneurs de construc- 
tions, installés à Safi. auraient de TouvragC;. La plupart 
des Européens cherchent à construire des villas, des mai- 
sens d'habitation, des fermes et sont forcés de faire appel à 
des entrepreneur^ espagnols de Tanger. 

Les Européens ont tendance à quitter la ville arabe, pour 
habiter les collines gui surplombent Safi, et plusieurs ont 
Tintention de créer des fermes avec bâtiments modernes. 

Les salaires des maçons et des manœuvres indigènes ont 
augmenté dans de fortes proportions. 

Des menuisiers, ébénistes, serruriers, peintres, peuvent 
sinstaller avec chances de succès, mais à condition de dis- 
poser d'un petit capital leur permettant de subsister la pre- 
mière année de leur installation. 

Imprimerie, — Les Européens commerçants et fonction- 
naires font imprimer leurs fournitures en France, à Gasa- 
Manea, à Tanger, etc. Un imprimeur, installé à Safi, aurait 
des chances de succès, surtout s'il imprime en arabe et en 
hébreu et s'il adjoint à son imprimerie un commerce de 
papeterie, libndrie, et journaux. 

Une scierie mécanique aurait de Favenir. 



a44 l'A MAROC 

AORIGULTDRU IT iLBYÂOB 

Les régions des Abda favorables aux grandes cultures de 
blé, orge, fèves, avoine, graine de lin, pois chiches, mais 
sont par ordre d'importance, les Blcati, Lidelha, Saheim et 
Doukkala. Ces terrains font partie des terres humifères ou 
terres « tirs i. Les terres légères ou Sahel (Onlad Zid, 
Temera) sont favorables à la culture du mais et surtout de 
la vigne. 

La culture maraîchère, ayant pour débouchés la ville de 
Safi et la région des Abda, est susceptible de prendre de 
Textension dans l'avenir, car la culture potagère est géné- 
ralement négligée par llndigène ; elle n'est pas praticable 
dans les régions de grande culture où il n'existe que de rares 
puits et où on s'alimente d'eau par les citernes. L'eau est 
beaucoup plus abondante dans le Sahel ; les puits sont peu 
profonds et le terrain argilo-calcaire, silico-argileux ou 
sablonneux se prête à cette culture. 

Arboriculture, — L'olivier, le grenadier, le caroubier, le 
citronnier, etc.. peuvent se développer au Sahel, car ils y 
trouvent un climat favorable. C'est dans la région du Sahel 
que l'on pourra créer des olivettes ; on peut préconiser la 
culture des plantes oléifères en s'inspirant des méthodes 
des colons, tunisiens aux environs de Sousse et Sfax. 

Élevage des bœufs. — Les bœufs sont engraissés au pâtu- 
rage au printemps.Dans les années pluvieuses, quand les her- 
bages sont abondants.leur engraissement est facile et rapide. 
Les indigènes les achètent à l'automne, les font pâturer sur 
les chaumes et les mettent ensuite sur les pâturages. Les 
bœufs des Doukkala, des Ghiadma sont vendus sur le mar- 
ché de Tanger. 

Beaucoup d'indigènes engraissent les bœufs à l'étable, 
avec de l'orge. L'engraissement avec des tourteaux d'argan 
est fait sur une très grande échelle en pays Ghiadma et les 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR il^5 

bœufs engraissés donnent nn rendement de viande nettes 
de 55 0/0. 

Élevage des moutons. — La région des tribus Abmar, 
Rehamna convient essentiellement à l'élevage du mouton. 
Les indigènes et les maisons européennes ont constitué de 
grands troupeaux. La laine est assez bonne et la race se 
rapproche du mérinos. • 

Élevage du porc. — Déjà quelques Européens pratiquent 
l'élevage du porc ou le confient aux indigènes. Ces troupeaux 
viveat au pâturage dans les bois et les broussailles. Les dif- 
ficultés d'exportation, la répugnance des indigènes pour 
cet animal n'a pas permis de juger équitablement les résul- 
tats de cet élevage. Lorsque les colons européens pourront 
s'installer dans Fintérieur, près de l'Oued Tensift, l'élevage 
du porc donnera dçs résultats satisfaisants. 

Les futurs colons pourraient acquérir des fermes déjà 
créées. 

RÉGION DE MARRAKECH 

COMMBRCB 

Commerce en gros. — Importations : sucre, thé, coton- 
nades^ draps, bougies, semoules, verroteries, quincaillerie. 

Exportations : laines, huiles, amandes, noix, peaux, grains 
(blés, orge, mais, lin, alpiste, cumin). 

Commerce de détail. — Actuellement, ce commerce est 
presque totalement entre les mains des Israélites qui vendent, 
à des prix très élevés, des objets de qualité inférieure. 

Il semble que Tinstallation de cafés-épiceries, vendant des 
produits de bonne qualité, avec un bénéfice honnête, aurait 
des chances de succès; de même un bazar genre américain 
où l*on trouverait papeterie, bonneterie, niercerie, chaus- 
sures, quincaillerie, des conserves de bonnes marques, 
aurait de nombreux clients. 



946 LM MABOG 



AORICULTimB IT iLBYAGB 

» 

Tonte la région se prête à la cullnre des céréales, de l'oU- 
Tier, de la vigne même, mais particnlièrement les terrains 
sitnés entre Marrakech et la montagne, tSO kilomètres envi- 
ron, où le sol peat être irrigué tonte Tannée. 

La coUnre maraîchère (légumes, fruits, primeurs, oranges, 
citrons, mandarines» dattes), aurait chance de réussir dans 
les nombreux jardins de la ville et des environs d'autant que 
les indigènes, vu leurs moyens de culture très primitifs, 
n'obtiennent que des produits de qualité très inférieure. Le 
climat se prête à la culture de tous les fruits d'Europe. 

Pour les communications stoc la côte (Safi, 150 kilomètres, 
Mazagan, 200 kilomètres, liogador, 200 kilomètres, Casa- 
blanca, 240 kilomètres), on emploie encore principalement et 
malgré le développement des services le mulet ou le chameau ; 
aussi, les transports sont-ils coûteux. Le prix de location 
d'un chameau jusqu'à la côte et vice versa varie de .6 à 
iO douros, soit 25 à 40 francs, suivant les saisons, It^tat des 
chemins, l'offre et la demande, le mode d'emballage (le prix 
de revient du transport des caisses est plus élevé que celui 
des sacs). Un chameau peut porter de 250 à 300 kilogrammes 
en faisant de 40 à 50 kilomètres par jour. 

La main-d'œuvre agricole devient de jour en jour plus 
compliquée. Elle renchérit par suite de Texode des ouvriers 
vers la côte où leur travail est mieux rémunéré. 



TRAVAUX PUBLICS 

L'adduction d'eau des oueds on de sources, sent un des 
problèmes les plus intéressants à résoudre en premier lien. 
Une meilleure utilisation de ces eaux permettrait presque de 
doubler la surface des terrains irrigables. 

Il en est de même de la canalisation des égoûts. 



SON PASSÉ — ^ SON PRÉSENT — SON AVENIR 247 



MINES 



Bes entreprises ont envoyé de nombreux prospecteurs 
dont quelques-uns en résidence fi^e, qui ont exploré un peu 
partout l'Atlas et la vallée du Sous. 



PROFESSIONS LIB^RAIiES 

On compte, actuellement, à Marrakech, quelque médecins 
et pliarmaciens. 

Dans un avenir prochain, la population européenne aug- 
mentant, des dentistes, des architectes, des vétérinaires, 
pourraient faire des affaires. 

RÉGION DE MAZA6AN 

COMMERCE I 

Commerce en gros. — 11 existe des maisons européennes 
et indigènes établies depuis un certain temps déjà dans la 
i^ion ; toutefois, de nouvelles maisons peuvent encore 
tBOUver place à Mazagan. Il convient de remarquer que le 
commerce d'importation et d'exportation nécessite des capi- 
taux importants. €e commerce est surtout entre les mains 
dindigènes ; on compte cependant quelques commerçants 
fRQçais ou espagnols» 

Commerce de détaxL — Il setnble que Tinstallation des 
établissements désignés ci-après présenterait quelques 
cku^g de succès : 

M\gasin genre bazar ; épicerie, vins, spiritueux, eaux miné- 
rales etc. ; petit hôtel, pension-restaurant ; boulangerie- 
pfttisi^rie ; boucherie moderne ; magasin de verrerie et 
falenc; quincaillerie, ferblanterie, outils, lampes ; articles 



f^S LE MABOG 

d'ameublement b^n marché ; vêtements confectionnés, cha- 
pellerie, chaussures ; etc. 

D'ailleurs, d'une manière générale, les établissements bien 
agencés et possédant un assortiment de marchandises suffi» 
saut font encore défaut à Mazagan. 

D'autre part, Azémour. bien que peuplé exclusivement 
jusqu'ici par l'élément indigène, peut offrir un champ 
d'action à quelques-uns de nos commerçants . 

INDUSTRIE 

La région de Mazagan peut se prêter à différentes instal- 
lations industrielles après enquête sur place. 

On cite à titre d'exemples : 

A Mazagan et Azémour : Fabrique de conserves de pois- 
sons. 

A Azémour : Tannerie, mégisserie. 

Indwtrie du Bâtiment. — A Mazagan : Entreprise de cons- 
truction (maisons et villas) ; menuisier-ébéniste; serrurier, 
peintre. 

Industries diverses. — Fabrique d'eaux gazeuses et d3 
glace (de peu d'importance pour commencer) ; fabrique A 
savon ; charron-forgeron ; horloger ; petite imprimerie. 

AORIGULTURK BT ^LEYAOR 

Le prix de la terre peut varier de SSO à 800 francs l'hectav 
suivant sa fertilité et sa situation. Les Donkkala sont fa>^ 
râbles à Tagriculture et, dans une certaine mesure, à Fée* 
vage. 

Les environs de Mazagan semblent propices aux cnlt^es 
maraîchères ; ^on peut commencer par constituer une pftito 
propriété et l'agrandir peu à peu. 



/ 






é 

SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR fk^^ 



TRAYAUX PUBLICS 

Ati nombre des travaux projetés on peut citer la constroc- 
tion d'nne jetée et d'nn phare, l'établissement de routes» 
, «te. 

[ Les offres relatives à ces travaux peuvent être adressées 
k & rAdministration des Travaux publics, soit à Tanger^ soit 
I il Mazagan. ' 

RÉGION DE M06AD0R A AGADIR 

i 
COlfMlBGB 

s 

Commerce en gros. — Le nombre des maisons d'importa- 
tion et d'exportation installées à Mogador est déjà trop 
grand pour les ressources du pays. D'autre part, ces res- 
sources mêmes sont menacées d'une diminution très notable 
. par Fouverture éventuelle du port d'Agadir. Mogador a 
bénéficié jusqu'à ce jour d'une situation tout artificielle et 
qai cessera assez rapidement si Tordre naturel des choses 
est rétabli par la renaissance d'Agadir. C'est dire qu'en l'état 
présent, il ne serait pas prudent pour une maiëon française 
d'importation et d'exportation de s'installer à Mogador: 
elle trouverait peu à glaner en face d'une nombreuse concur- 
rence locale. . 

L'argument ci-dessus semblerait militer, par contre, pour 
une installation éventueUe de ce genre à Agadir. Mais ii 
faut tenir compte du fait que les maisons étrangères et indi- 
gènes établies actuellement ^ Mogador ont déjà envisagé 
l'éventualité d'installer des comptoirs à Agadir, dès l'ouvar- 
tare, afin de garder leur clientèle du sud-marocain. Il est 
même à noter que, parmi elles, deux maisons françaises y 
ont organisé des comptoirs qui se contentent de vendre aux 
indigènes des articles de première nécessité (sucre, th4 



aSo LE MAROC 

cotonnades, bougies). If y a donc, dès mainiencuit, de ce 
côté, des éléments de concurrence très sérieux. 

Agadir comporte~une partie haute (500 habitants) enser- 
rée dans l'enceinte de la Kasbah et non susceptible d'exten- 
sion, et une partie basse, Founti, qui n'est pour l'instant 
qu'un village de pêcheurs. C'est Founti qui est destiné à 
devenir le noyau de la ville future, et, dans cette prévision» 
tous les terrains aliénables qui s'y trouvent ont été déjà 
accaparés par la spéculation. Là, tout est à créer : le nouvel 
arrivant devra acheter un emplacement et y bâtir. 

Commerce de détail, — !• Un magasin, genre bazar, pour- 
rait attirer la clientèle à condition d'être installé dans un 
local bien aménagé. Un capital de 25.000 francs serait néces- 
saire pour débuter. La personne qui désirerait ouvrir un 
établissement de ce genre devrait^ avant de se décider, effec- 
tuer un voyage d'études pour se rendre compte des locaux 
dont elle aurait le choix et qui sont rares. 

INDUSTRIB 

Utilisation des matières premières fournies par le sol ou 
t élevage, — i° L'inslallation d'huileries semble, à première 
vue, indiquée à Mogador en présence de forêts d'arga- 
niers dans les environs . Mais il faut tenir compte du fait 
que tous les pressoirs à huile sont entre les mains des Con- 
fréries religieuses qui, en vertu d'un privilège basé sur la 
coutume, sont assurées de la clientèle des propriétaires 
musulmans. Il y aurait donc à prévoir de ce côté un élé- 
ment de concurrence très sérieux et qui ne pourrait dispa- 
raitre qu'avec le temps ; 

2** Les eaux d'Agadir étant réputées comme très poisson- 
neuses, il y a lieu d'en prendre note pour l'instedlation 
d'une fabrique de conserves de poissons le jour où ce port 86ra 
ouvert au commerce. Mais, là surtout, l'organisateur d'une 
pareille entreprise devra accomplir un voyage d'études ; 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVENIR 25l 

S"" En raison de rimportance du commerce des peanx à 
Mogador, nne tannerie et mégisserie est à indiquer. Capital : 
85.000 francs. 

AGRICULTURE BT ÉLBYIOB 

La région des Ghiadma, comprise entre Mogador et l'oued 
Tensift, est prospice à la culture des céréales. 

La propriété étant très morcelée, il semble plus pratique 
de préconiser la constitution de petits domaines cultivés 
directement par les colons. 

La vallée du Sous est indiquée pour l'élevage des bœufs 
et des moutons, et c'est là un point à noter dans l'éventua- 
lité de l'ouverture d'Agadir. 



RÉGION D'OUDJDA 

COMMBRCB 

Les commerçants en vins et spiritueux sont en nombre 
plus que suffisant pour les besoins locaux sur toute reten- 
due du Cercle de la Mouloûla. 

Le magasin genre bazar est le mieux approprié aux 
nécessités des trois centres : Taourirt, Merada et Gamp-Ber- 
teaux. \ 

Il importe de remarquer que le prix des loyers est relati- 
vement très élevé. 

A Taourirt. 

On peut préconiser l'installation : 

D* un magasin db quincaillerie, ferblanterie, outils, lampes, 
articles d'ameublement bon marché ; 

D'un magasin de vêtements confectionnés, chapellerie, 
chanssures, etc. ; 

jyjm hôtel-restaurant suffisamment confortable et d'une 
histallation moderne, -z 



aSa LB MABOG i 

I 

A larada. 

• Bo dehors de quelques établissements de Tins et spiritneu 
vendant égaleo^ent des conserves alimentaires, tout est I 
créer. 

A signaler notamment comme faisant défaut : un hôtel- 
restaurant ; un magasin de quincaillerie, ferblanterie ; une 
boulangerie ; un magasin d'articles A l'usage des indigteei^ 
(cotonnades, soieries bon marché» café, sucre, thé, boa- 
gles, etc.). 

A Gamp-Befteaux. 

Mêmes remarques que pour Merada en tenant compte que, 
par suite de sa situation, Camp -Berteaux est moins favorisé. 

A Dsbdou. 

Village européen; peut donner lieu à l'installation de ma- 
gasins vendant de nombreux articles y compris les produits 
alimentaires. 

A Berkane. 

U existe déjà un certain nombre d'établissements (bazar, 
épicerie, bétel-restaurant, boucherie) ; néanmoins, il sem- 
ble qu'il y aurait place pour un magasin de vôtements et 
chaussures. 

INDUSTRIB 

La région offre toute l'année des ressources en eau. A 
signaler notamment une chute d'eau sur l'oued Za, à 10 kilo- 
mètres en aval de Taourirt ; on projette d'utiliser les eaux 
de l'oued Za et de la Mouloula pour diverses industries: 
moulins, transport de force motrice, éclairage, ete. 

AGRICULTURB BT fttlVÂOB 

Grandes cultures de céréales dans certaines parties des 

plaines de Tafrata et des Trif fas. 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON AVBNIR a53 

Les calturea mBratchëres peuvent rêiiBsîr dans les vallées 
Se la HoaloDia et de l'oued Za. 

A Debdoa, o& l'eau pour irrigation est abondante t 

L'année, on pourrait créer de beaux jardins maraîchers. 

11 n'existe pas de forêts dans la région. 

L'élevage des bœufs et des montons auquel s'adon 

Ibb indigènes estsasceptible d'être renduplus rémunérai 

Pour fonder un domaine d'une certaine importance, i 

nécessaire de. disposer d'un capital de 100000 francs envi 

La culture directe est possible avec utilisation de la m 

d'œuvre indigène. 

En ce qui concerne la main-d'œuvre, la popnlatioi 
Cercle offre peu de ressources ; toutefois, de nombreux 
bères traversant la région pour rechercher du travai 
Algérie, on pourrait recrnter, dans cet élément, des onvi 
agricoles. 

TKAVADX PUBLICS 

Les aménagements de routes et les empierrement 
pistes carrossables constituent les seuls travaux en C 
d'exécution; jusqu'ici, ces entreprises sont dirigées 
l'antorité militaire. 

Il y aurait iutérSt à étudier, dès maintenant, destrai 
d'adduction d'eau, construction de deux ponts-routef 
l'oned Za et snr la Honloula, éclairage public, voirie, ro 
carrossables. 

MIDIS 

n n'existe pas de gisements miniers en exploitation i 
la région de Taonrirt ; le territoire a été parcouru pa 
nombrenx prospecteurs. 

On signale des existences de calamine dans les envi 
deBerkane el de Hartimprey. 



354 ^^ MABOG 



CERCLE DU GHARB 



mcBRA-Bn-Ksnii 

Le commandant du Cercle du Gharb, à Bfechra-Bel'Knri 
a bien voulu nous adresser mie Note très intéressante sur. 
cette région qni mérite d'attirer tonte TattentioD des muni- 
grants agricaltenrs. 

Nous en reproduisons très Tolontîersnn extrait et, notam- 
ment les conclusions, étant tout à la disposition de oeux de 
nos lecteurs -que des précisions plus circonstanciées poll^ 
raient intéresser. 

La région du Sebou est particulièrement fertile et }oeit 
d'an climat salutaire. 

Si elle ne renferme que relativement peu de terres doma- 
niales destinées à être louées puis vendues pour la colonisât 
tion, elle possède d'importantes superficies au sol très fe^ 
tile et qu'il est possible d'acquérir avec sécurité. Une très 
forte partie de ces terres ne sont pas, il est vrai, des terres 
Mellc, c'est-à-dire des propriétés privées dont la vente est 
entièrement libre, mais des terres collectives ou«Djemma> 
qu'il était impossible d'acquérir, mais dont la vente est 
maintenant autorisée moyennant certaines formalités. 

Les produits de la région sont essentiellement agricoles. 
Un Centre éPnchat de céréales pour C Intendance assure Fécou- 
lement facile de toutes les quantités qui peuvent être 
offertes. Il en est de même pour les laines. 

Comme produits • d'importation : le sucre, le thé» les 
épices, les étoffes. 

Le mouvement commercial est facilité par sept mardiés 
divisés en deux groupes de trois marcbés chacun» et on 
septième, le plus important, tenu au centre de Mechra-Bel- 
Esirimême. 

I>es transports sont favorisés p^ Tutilisation du cours du 



SON PASSÉ — SON PRÉSENT — SON, AVBNIR !i55 

Sebou dont nons parlons dans Tarticle c Transports » l'Ap- 
pendice, alinéa consacré aux <t Routes d'eau » ou transports 
fluviaux. 

L'ouverture de Texploitation de la ligne du Tanger-Fez 
sera pour Mekra-Bel-Esiri le signal d'un grand développe- 
ment. 

Industrie. — La minoterie et aussi la sucrerie réservent des 
résultats très avantageux aux colons qui s'y adonneront 
avec des capitaux suffisants. 

La Vie des colons est dès maintenant très facilitée dans 
cette région si intéressante. 

Mekra-Bel-Ksiri possède en effet un Bureau de renseigne- 
mentSyUne infirmerie, une inspection vétérinaire, une gendar- 



La population européenne se compose en presque tota- 
lité de véritables agriculteurs exploitant eux-mêmes ou pour 
le compte de grandes entreprises aux bénéfices desquelles ils 
sont intéressés-» Tous ont une vie de labeur, mais qui a ses 
charmes. 

Ici nous reproduisons exactement les termes de la Notice 
qui nous a été communiquée : 

« Au milieu du grand Bled, les fermes sont proclies.Qn se 
c déplace facilement à cheval (m en voiture ; on se voit 
c beaucoup. La chasse, dans la verte plaine, donne lien à des 
c réunions hebdomadaires. » 

Telle est la situation du centre de Mechra-Bel-Ksiri. Il 
semble que cette partiedu Norddu Maroc qui,malgré les diffi- 
cultés des débuts, s'est développée rapidement est un des plus 
beaux pays d'avenir du Protectorat, une des plus belles 
régions de peuplement français. 



DERNIEH COCF D'CEIL 



résenter, sous une forme purement et aéche- 

ntaire.les retueigoemealsdedemiërelieaTe 

ins pu grouper sur cfaacniie des branches 

m économique de l'Empire diériCen, nous 

is de jeter encore un coup d'oui en anièie 

CEavn accomplie an coure d'an bira petit 

lées. 

DOS pages, nous avons placé les traits sym- 

popntaires do Maitn ouvrier. 

onler une synthèse. 

it à la pléiade d'hommes, militaires ou 

t eu l'heureux honneur de travailler sous 

n doit attribuer une joste part dn succès 

la reconnaissance méritée . 
sant que reproduire les traits du Héaideat 
utee est résumer les tenues d'une syothtee, 
BS qu'il est, au-dessus de la valeur dn 
a-dessns de la valeur de ses aides, une 
leur qui les domine et les ratraîne. 

c'est le G^tie de la Pranoe. Cest psroa 
Qief saprtene et coUabarsteDiB, tamplafm 



soif PASSS — SON PRÉSENT — SON AVENIR aS'J 

à la résurrection dn Maroc les cpialités qui sont Tessence 
et la gloire dn Ciésie français qu'ils ont pn mener leurs 
efforts abonne fin. Effort de pénétration matérielle qui a 
condaitleraâîusqn'àllfarrakeciiy effort de pénétration 
morale qui viait de conduire notre drapean jusqu'à 
Onexzan, où jamais Fantorité des Sultans n'avait pu 
se Boaintenir. 

IHsoBS donc bien haut, en dépit des Gassandre, 
qu'aucun peuple n'aurait pu travailler au SAuroc mieux 
que ne Fa Mt la France par ses Eminents serviteurs, 
disons qn œuvrer ainsi c'est véritablement œuvrer « à 
la franiçaise >. 

15 décemlire 1920 



APPENDICE 



}« Janvier 1921. 



GOUVERNEMENT CHÉ8IFIEM 



Le PeKoonel gouvernemental Harocaia compreDd :' 
S. M. LE SULTAN MOULAV YOUSSEP 

Le Grand VIeit ou Premier Hinistre; 
Le Vizir de la Justice ; 
Le Viztr des Domaines ; 
Le Vizir des Habous; 

Le Délégué du Grand Vizir pour l'Enseignement ; 
Le Délégué du Grand Vizir Président da Conseil des 
Affaires criminelles ; 

Le Chef da Serrice de llnlerprétariat général de la 
icelierie et dn Protocole. 

istre Conseillers français assurent Is liaison entre les 
ices de l'Administration marocaine cL-dessas men- 
lés et les Services du ffiiteclorst dont le délail est 
lé ci-après. 

RESIDENCE GENERALE DE FRANCE 

)mmissure Résident Général de la République Fran 
I. Commandant en chef : 

GÉHÂRAL DE DIVISION LÏAOTEY fl. G. « 

Secrétaire général dn Protectorat 

ant Commissaire poar le Maroc Orientât è Oudjdm 

Secrétaire général chef du Cabinet diplomatique 

Cabinet diplomatique. — Cabinet civil 

Service de la Justice française 



APPBMDIOi . a6i 

ADMINISTRATION JDU PROTECTORAT 

Direction générale des Travaux publics 
Service des Mines. •— Services d'Aroliitecture ' 

Direction générale des Finances 
Douanes. — Comptabilité. — Enregistrement. — r Impôts 

Trésorerie générale du Protectorat 
Direction générale des Services de Santé et d'Hygiène 

Direction des Affaires civiles 

Municipalités. — Services pénitentiaires 

Poliee 

Direction des Renseignements et des Affaires indigènes 

Direction de rAgriculture, du Commerce 
et de la Colonisation 

' Direction de l'Enseignement 

Direction de l'Office des Postes et Télégraphes 

Service des Domaines 

Service de la Conservation de la Propriété foncière 

Service des Eaux et forêts 

Service du Personnel, des Etudes législatives 
et du Bulletin Officiel 

Service des Antiquités. Beaux-Arts et Monuments 

historiques 

Bureau des Transports civils et militaires 

Direction des Chemins de fer militaires 

Cpnunissariat général des foires 
Bureau central des Offices et Bureaux économiques 



Les personnes désirant connattre les noms des titolcdres 
des Services d-dessus résamés, au moment de rimpreseioa 
dn présent Appendice» pourront recevoir satisfaction en 
s'adressent & rOffice commercial du Mai:oc, 5, me Gambon, 
Parie. 



a6a LB MAROC 



SERVICES DES RENSEIGNEMENTS 



-T? 



Les meilleares sources de Renseig^aeinents sar 
toutes Questions concernant le Maroc sont les sui- 
vantes : 

Au Maroc : 

A Rabat. Bureau Central des Offices et Bureaux | 
économiques. ' 

Offices économiques à Gfisablanca, Fez, Rabat, 
Meknès, Marrakech, Safi. 

Chambres d'Agriculture : Rabat, Casablanca. 

Chambres de Commerce : Casablanca, Rabat, Mar- * 
rakech, Mazagan. 

Chainbres mixtes de Commerce, d'Industrie, d'A- 
griculture : Mazagan. Marrakech, Mecknès. 

A Paris: 

A Paris, il existe trois importants Centres de Ren- 
seignements sur tout ce qui a trait au Maroc, et no- 
tamment sur tout ce qui est susceptible d'intéresser 
le Monde des affaires: 

1^ Oroanisations oFFiciBLLES : Office du Protecto- 
rat de la République française, rue des Pyramides. 

Office du Commerce Extérieur, rue Feydeau. L'Of- 
fice du Commerce Extérieur ne s'occupe pas exclusi- 
vement du Maroc, mais bien de l'ensemble des inté- 
rêts commerciaux français. 

A Lyon s 

Un Office Economique du Protectorat de la Répu- 
blique française existe à Lyon à la Bourse de 
Commerce et rend de très grands services. > 

a® Organisation privée: Office Conunercial du 
Maroc, 6, rue Cambon. 

I 

Nous donnons ci-après quelques détails sur le i 
fonctionnement de ceux de ces Offices uniquement 

I 



APPENDICE a63 

« 

consacrés au Maroc. Ka ce qui concerne VOffice du 
Protectorat, nous avons été honorés d'une communi- 
cation de sa Direction, que nous nous faisons un 
plaisir de placer sous les yeux de nos lecteurs. 

oFficB DU PEOTiGTORAT RÉSIDENCE GÉNÉRALE 

de la République Française de la République française au Maroc 

AU MAROC ' _ 

PARIS, le 16 juin 1920. 
Cher Monsieur, 

Pour répondre au désir que vous avez bien 
voulu nC exprimer Je vous envoie ci-joint une courte 
Notice sur POffice. 

Veuillez agréer, cher Monsieur, P assurance 
de mes sentiments bien distingués. 

Le Directeur : NACIVET 

OFFICE DU PROTECTORAT DE LA RÉPUBLIQUE 
FRANÇAISE AU MAROC 

i9, fue d^Argenteuil 
et 2i, rue des Pyramides TéL Central 'IS-Gd 

L'Office du Protectorat de la Répabliqne française an Maroc qui a 
été institaé par le Général LYAUTEY en 1913, réorganisé en 1911 
et en 1919, a pour mission : 

1» De centraliser et de mettre à la disposition du public les rensei- 
gnements de toute nature concernant TAgricolture, le Commerce, 
l'Industrie, le Tourisme, les Travaux Publics et les condiUons du 
tra'vail dans l'Empire Ghérifien ; 

8" De renseigner les colons, industriels et commerçants français 
établis auJifaroc, ainsi que les indigènes, sur les marchés français et 
étrangers et de recaeiUir, tant en France qu'à l'Etranger, toutes infor- 
mations de nature à intéresser le développement économique de l'Em- 
pire Ghérifien ; 

S* De faire connaître, par l'intermédiaire des Chambres de Gom-^ 
merce, des Groapements professionnels et par la Presse les ressources 
économiques et toaristiques du Maroc ; 

4* D'organiser la participation du Protectorat aux Expositions 
Foires et Concours qui se tiennent en France et à l'Etranger. 

OBOAVlBAnOir DBS BIBTIGBS 

Les divers services de l'Office sont répartis en trois Sections . 
à savoir: 
T* Section de l'Agriculture, élevage, eolonisaticn ; 
2* Section du Commerce et de l'Industrie ; 

9* Section de placement (services administratifs chérifiens et niaiu' 
d'tBuvre). , 

Directeur : NACIVET 
Directeur-Adjoint : Charles MOUREY 



«64 LC MA.ROC 



OFnCE COMMERCIAL DU MAROC 



L'ouTcrtare des Services de VOffiee commercial du 
Mmroe a été accueiUie de Lt façon la plus aympathiqae : 

I* Par le Résident général de France; 

a* Par la Direction de TOflice du Protectorat de la Répu- 
blique française. ' 

Le Directeur de l'Office eommereial du Maroc, a en effet, 
«a rhooneur de Teoevoir les deux lettres ci-après qui 
répondaient à deux commimicaiioas aoiM>acant la mise 
en activité de VOffiee commercial. 

Mon cher Desroehefl. 

le reçois votre intéressante lettre du 5 février et je 
vous en exprime tous mes compliments avec mes meil-. 
leurs souhaits de réussite 

Je crois qu'il sera très opportun que vous établissiez 
on contact direct avec notre Ofiice de Paris (21, rue des 
Pyramides) qui ne manquera pas de se tenir à TOtre dis- 
position. 

ie vous prie de croire à l'assurance de mes sentiments 
dévoués. 

Lyaittby 



Monsieur, 

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre 
par laquelle vous avez bien voulu me communiquer 
*eopie d'un dossier que vous avez envoyé au Résident 
général. 

J^en ai pris connaissance avec IntérêL Tous pouvez 
être assuré que vous trouvères toujours, tant auprès de 
moi qu'auprès de mes coUaboratenrs, le meilleur accueil 
et que je vous ferai communiquer bien volontiers les 
renseignements dont vous pourrez avoir besoin. 

Le Directeur de VOffiee du Protectorat 
de la République française 

Nagivbt 



APPENDICE !265 

Ce qu'est l'Office commercial du IMaroc 

Ce qu'il fait 

VOffice Commercial du Maroc constitue, à Paris, une En- 
treprise privée, sans attache administrative. 

— Fournir, soit & titre gracieux, soit moyennant rému- 
nération, des renseignements économiques de toute nature ; 

— Organiser et exploiter, soit pour son compte, soit pour 
le compte de tiers, toute affeûre commerciale agricole ou in- 
dns^elle dans TEmpire chérifien : tel est, dans ses grandes 
lignes, le but poursuivi par l'Office commercial du Maroc. 

Les Services de VOffice Commercial du Maroc — (Rensei- 
gnements ou opérations) — se répartissent comme 11 suit : 
1* Transports maritimes : 
Transports par rail ; 

Transports en automobile (Services réguliers et Services 
particuliers) ; 
'2* Achat et vente de propriétés agricoles ou urbaines; 
3", Commission et représentation ; 

4* Organisations industrielles et commerciales de toute 
nature. 

MOYENS D'ACTION 

De même que les Offices Gouvernementaux : Office du Pro- 
tectorat de la République française ; Office du Commerce 
extérieur — dont le fonctionnement, dans les limites qui leur 
sont tracées par leur caractère officiel, est, d'ailleurs, excel- 
lent — VOffice Commercial du Maroc possède tous documents 
administratifs au fur et à mesure qu'ils sont publiés. 

Il a, de plus, le concours de nombreux correspondants qui 
ont pour mission de le tenir aii courant, le plus souvent par 
voie télégraphique ou aérienne, de tout ce qui est de nature 
h intéresser sa clientèle ou à servir sa propre action. 

En conséquence: 

Toutes les personnes qui s'intéressent au Maroc à un point 
de vue quelconque, ont avantage & entrer en relations avec 
VOtfice Commercial du Maroc auprès duquel elles sont cer- 
taines de trouver : 

— Une documentation constamment à jour ; 

— Une connaissance complète du Pays et des usages com- 
merciaux ; 

— Un concours spécial dans un grand nombre de cas. 
Voffice Commercial du Maroc, entreprise privée, a natu- 
rellement le Juste souci de ses intérêts directs . 

Mais il rentre également dans son objectif de s'associer, 
pour sa modeste part, & la grande Œuvre du Protbctobat dont 
Û apprécie au plus haut point les initiatives bien ordonnées 
et| par conséquent, fécondes. 



VOIES D'ACCES AU MAROC 

Le Maroc par Marseille 



La Cotupmgni» dt S/avi^aUon Pagnet aBSOTC, dans 
«haqne sens, tel relations Mmr»eiU»-Tangtr-Ca*VhtmxeH, 
an moy«n de plusieurs départe par mois : les 5, i5 
et aS, ea attendant qne les départs soient à noweaa 
bebdomadaires oommeen ig(4. Ussotit cffeetués par de 
grands i>aqae bots rapides, munis delà T. S. F. De mime, 
un service eonfortaole Tonctionne entre Or-an et la 
Côte Marocaine, aller et retour. 

On peut s'adresser au ttwream des l'aasaga de la 
Compagnie de Navigation Paquet, 4i ptof^^ Sndî Carnot, 
à ManeiUe ou aux AgenU Ae celte Compagnie, k Caaa- 
bianca, Tanger, Maiagan, Saji, MogKdor, pour se ren- 
seigner sur Fes dates exaotee des départs et ifaire retenir 
sa place à bord des paquebots. 

A Paris, Agenoe Nnnn, {3, rue Lafayette (Passages et 
Fret. 

« Agence Branger d, 5, rue Cambon). 



Tarifs ; 1') De ou pour Tanger 
Les voyageurs partant ^e Paris et de Lyon-Perraobe 
destination de Tangrj, ou vice versa, ont à leur dis- 
isitioD des billets directs via Marseille, délivrés aul 
'ix suivants et valables ponr les paquebots rapides 
: la Compagnie Paquet : 



felMiiB* 


»-Bl«M' 


*olMse* 


6fil SO 
579 55 


451 8S 

m B 


28K35 



Paris-Tanfei.. . 
Ly on-Perrache-Ta nger. . 
Les voyat^eurâ en provenance ou k destioatiou d'urne 

Itre gare ont à se munir d'nn billet pour le parcours 
ir cbemin de fer eatre cette gare et Marseille. La' Cam- 
ignie Paquet délivre des billets de passage valable» 
ir les paquebots rapù^s entre Uarseilie et Tanger o" 
ce vevsa aux prix si-' *' * 



510 fr. 352 50 225 &■ 142 50 

'Cm prix campraiment la noarritara et la Tin k bord des pa^aabots. 



APPENDICE 



IBW^ 



Les voyagreurs sont tenus de pourvoir, par leurs pro- 
frea zooyens, «Umfi ua cas comme dans l'aiiire, aa trans- 
^^ort <ic leur personne, éfi la gare, -de Marseille au quai 
d'embarquement, ou vice versa, ainsi qu'à leur embar- 
quement et à leur débarquement à Tanger. 

2**) De ou pour Casablanca 

Les voyageurs ont à se munir, selon le cas, d'un billet 
de chemin de fer de ou pour Marseille ou d'un billet 
direei de cm pour Tanger. La Compagiiie Paquet délivre 
des iMllets de passage valables entre Marseille et Tanger 
d'âne jftart, Casablanca d'<autre part, pour ses paquebots 
rapides, aux prix suivants : 



larseille Casablanca,.. 
Tanger-Casablaitca 



!»• classe* 



fr. tc. 

615 » 
112 50 



t" classe * ,S* dane 



fr. «. 
97 50 



fr. c. 

285 » 
75 » 



pont^ 



fr. e. 

187 50 
54 x> 



La Compagnie Paquet délivre aux porteurs de billets 
directs de Paris et de Lyon à Tanger, ou vice versa, des 
coupons supplémentaires valables entre Tanger et Casa- 
blanca, qui font ressortir pour l'ensemble du parcours 
Paris-Casablanca les prix suivants : 



Paris-Casablanca. . 
Lyon-Casal)lanca. . 



en i^ classe* 



fr. c. 

741 50 
659 55 



en 2* classe* 



fr. c. 

518 85 
464 > 



en 3* classe* 
fr. c. 

339 25 



Les passagers et leui*s bagages sont transportés, en 
rade de Caisablanca, depuis le paquebot jusqu'au cpiai 
ou réciproquement, par un service de vedettes spécial à 
la Compagnie Paquet. Le passager arrivant à Casa- 
blanca qui veut utiliser ce service n'a qu'à faire part 
de son désir au maître d'hôtel et, sans se préoccuper de 
rien, à se rendre, une fois à terre, au Magasin de Douane 
pour opérer le dédouanement de ses colis. , 

Tarif du transbordement entre le navire et la terre, y 
compris, pour les bagages, s'il y a lieu, leurs frais de 
eonaaite au Magasin : par Passager 3 fr. 50, par colis 
3 fr. 50. 

nota. — Ces taxes de transbordement à Casablanca ne 
sont applicables qii^ par beau temps ; en cas de mMUs^ais 
^tempjS (signalé par le drapeau bleu et hlanc)^ elles 
seraient doublées. 

* Ces prix comprennent la noarritnre et le vin à bord d«B paquebots. 



a68 LE MAROC 

ENREGISTREMENT DIRECT DES BAGAGES 

De et pour Casablanca 

Sens de la France sur le Maroc 

Les bagages des voyageurs présentant en même temps un 
titre de transport & destination soit de Marseille, soit de Tan- 
ger, soit de Casablanca et un avis quelconque de la Compa- 
gnie Paquet, lettre ou dép6cbe, constatant gue le voyageur a 
bien sa place retenue Rur le paquebot, peuvent être enregis- 
trés directement pour Casablanca par les gares de : 

Aix-les-Balns Glermont-Ferrand Nîmes 

Annecy Dijon-Ville Paris 

Belfort Evian-les-Bains Pontarlier 

BelJegarde Gonëve-Comavin Saint-Etienne 

Besançon-Viotta Grenoble Thonon-les-Bains 

Cette Le Greusot Toulon 

Ghambéry Lyon-Urotteanx Yals-les-Bains-la-Bégnde 

Ghamonix Lyon-Perrache Vichy 

Gh&tel-Gnyon Modane VintimiUe 

Les voyageurs qui font enregistrer leurs bagages directe- 
ment de ces gares h Casablanca sont délivrés de tout so^ci 
en cours de route et n'ont qu'à se présenter au Magasin de 
Douane de Casablanca pour y retirer leurs colis, après dé- 
douanement. 

Sens du Maroc sur la France 

L'Agence de Casablanca de la Compagnie de Navigation 
Paquet enregistre. directement, à desjtination des gares P. L. M. 
ci-après, les bagages des voyageurs porteurs des billets de 
place utiles : 



Annecy 
Belfort 


Cette 


Pontarlier 


Lyon-Perrache 
Modane 


Parie 


Bellegarde 


VintimUle 



Les voyageurs n'ont qu'à se présenter aux magasins de 
douane, dans ces çares, pour retirer les colis après dédoua- 
nement, sans avoir k se préoccuper de quoi que ce soit en 
cours de route. 

La Compagnie P. L. M. possède à Casablanca une A^nce, 
3, rue de l'Horloge, où sont délivrés les billets de cbemins do 
fer qui peuvent être nécessaires pour l'enregistrement direct 
des bagages. 



APPENDICE 



269 



Le Maroc par Bordeaux 



V Par BORDEAUX-GASABLâRGA 

Billets directs simples des 3 classes de Paris-Quai d'Orsay, 
Orléans, Tours, Limoges et Gannat pour Casablanca et vice 
Tersa, avec enregistrement directj des bagages des villes 
ci-dessus pour Casablanca. 

Validité des billets, 15 jours. 

Trois services rapides par mois entre Bordeaux et Casa- 
blanca. Traversée en trois jours. 

Débarquement et embarquement des passagers et bagages 
assurés à Casablanca par les soins de la Compagnie Générale 
Transatlantique. 

2* Par rESPAGNE et TANGER 

C'est la voie offrant la plus courte traversée maritime 
( 3 heures seulement entre Algésiras et Tanger) avec ser- 
vices quotidiens. 

Entre Paris et Algésiras, via Bordeaux-Madrid et vice versa, 
billets directs simples et d'aller et retour avec enregistrement 
direct des bagages. 

Entre Madrid et Algésiras^ service tri-hebdomadaire de 
luxe. . 



des billets simples 

Paru- Algésiras 

En monnaie du Pays ou est 
fait le paiement en tenant 
compte des cours du change. 

Parcours français. 173,85 - 114,60 
— espagnols 
en pesetas. , . . 198,40- 1{(0,7K 



Marche dn service de inze 
Paris-Orsay. 
Frontière . . 



. 17 heures 

S 7.35 
• j 8.40 



Madrid (Norte). . 21.30 

(arrêt de %i heures) 
Madrid Atocha. . 20.20 
Algésiras. . . . 15.20 



Pour Billets et places retenues s'adresser Aeence Branger, 
5, rue Gambon Paris. Ces prix sont susceptibles de change- 
ments. 



LB MAROC 



C«RrAei«IE GËVÉRllE TRANSiTUNTIQUE 

Administration Centrale : 6, me Auber. — PARIS 
Agmee Général à BORDEAUX, 15, Quai Louû XVIH 



TARIF DES P-ASSAdES DES LMBVES DU IRAItOC 

Service T^ide B(mDBAlDi-CASABU>l!(CA4UZA£;AN 

DépEuis de Bordeaux, les lO, tO, st 90 jSe clt«qiie onù, 
pBT les Pagnabote • BURIlHfQUB • 
et « VOLUBILJS > (T. S. F",), 

DE BORDEAUX A CASABLANSA (Oi 



ablnra de priorité k deux place» j ^ ^"^^f, ^ f^". '^^'^ 
ntaiita : Jusqu'à 3 anspaesage gratuit ;de3 à ; ansdemi-plac 



oi-dcssus, il F a lieu d' 

Casablanca ; 3. (T. 50, e ., 

, à l'embarq.ueiosnt ou au détrarquement, qui est de 

iiaui. pour la I" clftEse et de f r. 73 pour te a a* et ï clasaea 
le droit de timbre (1 fl".). La Compagnie n'amure le débai^ 
lemenl ou l 'embarquement des Pasaasen, moyennant la 
ircepllondela taxe de 3 te. 50, qu'à l'arrivée à tlASABLAN- 
A ou au départ. 
[1 est délivré des billets directs au di^part de Paris, valables 

■ - [ul permette-' " '-■ ' "" — ' ■■ — " 

a Casablancit 



• ••»-< .■ .':u- 



APPBNDICB 



a^i 



Tarifs dea Paaaages ontsa Porta marocains 



DESTINATIONS 



Casablanca à Rfaaagan. 
Gasahlanca à Safi. . • 
Casahlauca à Mogador. 
Mazagan à Safi .... 
Mazaean à Mof^dor-, . 
SafiMa Mogador. . . . 



i»* el. a" cl. 3» cl. 



; Nourfitnre comprise 



7» 
9i5 



6b 
lia. Se 

Tia.So 
7» 



3J.50 

113. SO 

53. 5o 
S,8o 



Pont sans 
nourriture 



3b 
îSa.So 

"fi 
37.50 

59. 5o 

99. 5o 



Billets dixecta pour Magagan 

Les passagers munis de billets directs à destination de 
Masagan auront à payer à bord, au Commissaire, les /rais de 
séjour dans le port de Casablanca. 

Laissez-passer et Passeports 

Les passagers de nationalité étrangère doivent être munis 
d'un passeport. Ceux de nationalité française doivent avoir, à 
défaut de passeport, un laissez-passer avec photographie 
récente, délivré par le Commissaire de police de leurrésiTdence. 



••-"" -■"•'=^r<' ii-ftatotf - '"i\ miVÊkV 



Bagagres : Franchise de iOO kgr. en i'* "classe, 60* kgr. en 
3« classe, 30 kgr. en y classe. 

Excédents bagages : 45 fr. les 100 kgr« 
Bicyclettes, 50 fr. Motocyclettes, 125 fr. 
Chiens, iOO fr. (sans nourriture). 

Tous ces passages peuvent être ^délivrés par l'Agence Bran- 
ger 5, rue Cambon, Paris. 



r N 



3^a LE MAROC 



LE TOURISME AU MAROC 



L'impulsion la plas yive qui ait été donnée jusqu'à 
présent au développement du Tourisme au Maroc est 
due à rinitiative heureuse de la Compagnie Générale 
Transatlantique qui a bien voulu nous communiquer 
elle-même tous les détails relatifs à ses remarquables 
organisations, détails que nous reproduisons ci-après. 

La grande Compagnie française de navigation ayafit 
créé au Maroc et en Algérie des « Hôtels transatlanti- 
ques » confortables, organise des voyages accompagnés, 
tous frais compris (traversées maritimes, parcours ter- 
restres en automobiles de luxe, séjours dans les hôtels, 
pourboires) permettant, dans les conditions les meil- 
leures, la visite des villes et des sites renommés de 
l'Afrique du Nord. 



Visite du Maroc et de l'Oranie 
par les Auto-Circuits Nord-AMcains 

Le parcours terrestre de 1.600 kilomètres, assuré par 
la même automobile de luxe, comporte la visite des sites 
suivants : , 

Alger f Tipaza, Hammam IVIrah, Cherchel, Tenes.Oran^ 
Tlemcen, Oudjda, Taza,Fez,Meknè8, Volubilis et Moulay 
IdrisSf Rabat t Salé y Casablanca, 

Ce grand auto-circuit s'accomplit en un mois environ 
de port à port, c'est-à-dire y compris les trajets mari- 
times et peut s'effectuer en suivant les deux itinéraires 
ci-aprè& désignés : 

Itinéraire < A », sens Marseille, Alger, Casablanca, Bor- 
deaux. 

Itinéraire « B »^ sens Bordeaux, Casablanca, Alger, 
Marseille. 

NOTE IMPORTANTE 

Il est possible de ne souscrire qu'à la partie du trajet 
Oran-Casablanca en automobile (trois semaines de 
durée au lieu d'un mois) et d'effectuer le parcours Algtjr- 



APPENDICE 37Ï 

Oran (ou vice-versa) en ehemin de fer. Il est également 
posftible d'empruater la roie «maritime MarseUle<Or«B 
(on vicc-versa). 

Egalement l'aller ou le retour peut se faire par la voià 
de Tanger et TEspagne ou par avion Toulouse-Ral>at. 

En ces eas, un billet spécial peut être établi sur 
«amande par la Compagnie Française du Tourisme. 



Excursion à Marrakech 
Bordeaux, Casablanca, Marrakech (et retour) 

Parcours maritimes : Bordeaux à Casablanca et retour. 

Parcours terrestres : Casablanca à Marrakech et 
retour, 4^ kilomètres. 

Cette excursion à Marrakech, au départ de Bordeaux 
et retour dans ce port, demande dix-sept jours environ. 

NOTE IMPORTANTE 

Les touristes ayant souscrit au grand âuto-circvit 
AJger-Casablanca (Itinéraire « A » 6n « B »> et désirant 
visiter Marrakech, la grande Capitale du Sod, extrême* 
ment curieuse, devront quitter Bordeaux ou Casablanea 
(suivant le sens du voyage) une semaine avant ou une 
semaine après, les touristes n'allant pas à Marrakech. 

La visite complète du Maroc, y compris l'excursion à 
Marrakech et le parcours algérien du grand auto-circuit 
demande donc cinq semaines environ, de port à port, 
c'est-à-dire y compris les trajets maritimes. 

Conditions générales 
Prolongation de séjour à Alger ou Casablanca 

Les touristes voyageant sur les voitures des auto-cir- 
cuits peuvent prolonger leur séjour à Alger ou à Casa- 
blanca, sans autre supplément que les frais d'hôtels 
restant à leur charge. 

Bagages. — Les bagages sont admis dans l'auto-mixte 
jusqu'à concurrence de 40 kilos par personne. Mais cour 
permettre l'arrimage dans le coffre fermé, les dimensions 
suivantes des malles de cabine ne devront pas être 
dépassées: 

Longueur :( i m* 20.^ Largeur : m. 6o. Hauteur : m. 36. 






\ 



2^4 ^^ MAROC 

Serçicê médical. — Un médecin sera attaché anx aaio- 
circuits, dans chaque ville traversée, et pourra être 
appelé auprrs des personnes qui désireraient une 000* 
snltation, les honoraires restant à leur charge (Trousse 
médicale dans chaque automobile). 

Les prix des billets des anto-^ircnits comportent : 

1* Les passages (nourriture comprise) en excellente 
installation de i" Classe sur les paquebots, pour les par- 
cours : Marseille- Alger ou Oran et Casablanca-Bordeaux 
et vice-versa ; 

a* Les parcours terrestres en automobiles de luxe et 
le transport de 40 kilos de bagages ; 

3* Le transport des touristes et de leurs bagages du 
débarcadère à l'hôtel et vice-versa ; 

4* Le séjour (logement, nourriture avec vin ordinaire 
compris) dans les hôtels réservés aux touristes sur tout 
le parcours. 

Les Hôtels transatlantiques des villes indiquées ci-des- 
sous sont placés sous le contrôle de la Ck)mpagnie Générale 
Transatlantique et gérés par d'anciens Chefs-cuisiniers 
des Grands Restaurants de Paris (Mobilier neuf, salles 
de bains, douches, cuisine très soignée): 

Marrakech, Rabat, Meknèa, Fez (et une annexe au 
Palais Jamaï), Taza, Oudjda, Béni Ounif de Figuig^Tenès 
(camping). 

Dans les villes d'Alger, Or an, Casablanca, les touristes 
des auto-circuits Nord-Africains sont toujours logés 
dans les Hôtels de premier ordre. 

5* Les visiles des curiosités de l'itinéraire ; 

6* L'organisation détaillée du parcours automobile 
assurée par un Commissaire-Guide servant d'interprète 
et débarrassant les touristes de tous soucis matériels ; 

7* Les pourboires. 

Demander les prix, les dates des départs et les pros- 
pectua détaillés à la Compagnie Française du Tourisme, 
3o, boulevard des Capucines, à Paris. 

Tous renseignements complémentaires peuvent être 
obtenus dans les Bureaux de 1' « Agence Branger », 
5, rue Cambon, qui délivre ég;alement les billets mari- 
times et terrestres nécessaires aux circuits organisés 
par la Compagnie Générale Transatlantique. 



APPENDICE ajS 

RÉGIME DES DOUANES 



IMPORTATIONS AU MAROC 

Pour toutes marchandises importées au Maroc, il est 

Îierçu im droit de lo o/o calcule d'après Testimation de 
a valeur en gros. 

Par exception cette taxation est réduite à 5 o/o pour 
les marchandises ci-après. 

Tissus de soie pure ou. mélangée. 

Or et argent en lingots. 

Fils d'or ou d'argent» dorés ou argentés. 

Galons d'or ou d'argent, dorés ou argentés. 

Pierres précieuses et imitation. 

Vins et liquides distillés. Pâtes alimentaires. A titre 
temporaire ces deux catégories de marchandises sont 
passibles d'un supplément de droits de a i/a o/o . 

Les engrais et matières propres à la fertilisation des 
terres entrent en franchise. 

IMPORTATIONS PROHIBÉES 

Armes de guerre et de chasse, pièces d'armes, muni- 
tionsy poudres, salpêtre, fulmieoton, nitroglycérine. 

On peut, cependant, importer les armes de chasse à 
l'asage personnel de l'importateur ou les quantités d'ar* 
mes nécessaires à l'approvisionnement de magasins 
d'armuriers spécialement autorisés. 

Ijd tabac, le kif et l'opium sont prohibés. Le soufre 
n'est importé que pour le Gouvernement. 

L'admission temporaire existe pour tous les objets 
servant à l'emballage et à l'expédition de marchandises 
du pays, entre autres, sacs, futailles, paniers, cordes, 
i^uteilles. Sa durée est d'une année. 



EXPORTATIONS ^ 

Les droits d'exportation sont variables selon les mar* 
chandises qu'ils irappent. 

Nous citons ici les droits applicables aux principales 
marchandises. Les tarifs des douanes peuvent être facile- 
ment consultés et sont tenus à la disposition des inter- 
ressés, notamment à l'Office commercial du Maroc, 5 rue 
Gambouy à Paris. 



276 



hlÊ MAROC 

TARIFS DES DOUANES 
EXPORTATIONS 



MARCHANDISES 



Bcmiîh 

Chevaux. . .' 

Porcs 

Laines 

Peaux de bœuf 

— de chèvre 

— de mouton 

Poils de chèvre 

Cornes 

Blé 

Maïs 

Orge 

Farines 

Pâtes alimentaires 

Fmifta frais, âtroas 

Oranges 

Poires, pommes 

Graines oléagineiLses. . . . 

Redfort v^ . . 

Moutarde. Sésame 

Un • 

Huiles d'olive 

HuOes ou essences 

Rose. Fleur d'oranger . . . 
Bois d'Arar et de Cèdre.. 

Liège brut , 

Légumes frais. 

Peaux tannées 

Autres ouvrages en peaux 
Meubles marocains. .....[ 



UNITES 



Tète 



Kantar 



1.000 pièces 

Fanè^e (44 kilos) 

Fanègus (35 kUos) 

Fanègue (32 kilos) 

Kantar 

ad valorem 

i.OOO 

f.OOO 

Kantar 

Kantar 

Eautar 



ad valorem 

Une charge de chameau 

Une charge de mule 

Kantar 

ad valorem 

Kantar 
ad valorem 
ad valorem 



DROITS 

Pesetas 
Hassan! 

10 

6,87b 
4,S0 
4JMI 
4,50 
3,75 

1,50 
2,50 
10 0/0 
1 

. i 
2,50 



2,50 
1,25 
6,25 

10 0/0 
3 

2,50 

1,50 

5 0/0 

12,50 

50/0 

10 0/0 



APPENDICE ajj 

SERVICES POSTAUX ET TÉLÉGRAPHIQUES 

TÉLÉPHONE 



Le Service des Postes du Maroc est maintenant unifié par 
suite de la fusion des Postes chérifientaes avec les Postes 
françaises La Poste allemande, parfaitement inutile d'ail- 
leurs, a été supprimée par la guerre. La Poste espagnole 
n'existe plus dans le Maroc du Protectorat. Seule la Poste 
anglaise est encore en fonction. 
A rintérieur le transport des dépèches & lieu : 

Par services automobiles. 
^ Par automobiles sur rails. 
Par chemins de fer militaires. 
Par porteurs (Rekkas) & pied ou montés. 
Pour l'extérieur : 

Lignes maritimes Casablanca. Bordeaux, Casablanca, 

Marseille. 
Ligne mixte Casablanca, 1'anger, Espagne. 
Gables sous-marins direct : Casablanca, Brest. 
Voie : Casablanca, Tanger-Oran, Marseille. 
^ Voie : Rabat j Taourirt, Oran, Marseille. 

POSTES AÉRIENNES 

Ligne de Toulouse & Rabat. 

Départ des avions les 1", 4, 8, li, 15, 18, 22 de chaque 
moi8.< 
Poids maximum des lettres: 200 grammes. 
Taxe ordinaire plus : 

1 fr. 25 pour 20 grammes ; 

2 fr. 50 de 21 & 100 grammes; 

3 fr. 15 de 101 à 200 grammes. 

La Poste aérienne admet des lettres recommandées. 

En cas d'interruption du service aérien, les correspon- 
dances sont acheminées par les voies ordinaires. Les expé- 
diteurs peuvent, lorsque ce fait se produit, réclamer le rem- 
boursement de la surtaxe spéciale. 

La ligne postale aérienne entre Rabat et Toulouse vient 
d'être prolongée jusqu'à Casablanca. 

Les surtaxes d'affranchissement restent les mêmes que 
celles préoédemment en vigueur. Les départs et 1m aqrivées 



238 



LE MAROC 



ont lieu, deux fois par semaine, conformément à l'horaire 
ci-i^Tès : 

Départ de Casablanca, les mardi et vendredi, à 6 h. 90. 

Passage & Rabat, les mardi el Tekidredi, à 7 h. 15. 

Arrivée à Toulouse, le lendemain dans l'après-midi. 

Arrivée & Rabat et Casablanca, les mercredi et dimancbo, 
dans la soirée. 

Rien n'est changé av serrlee ôm échange» postaux* entre 
les Tilles de Rabat et de Casablanca. 

Poor rensâgnemmts complémentaires, s^dvesser dans les 
bnreanx de poste. 

TÉLÉPHONE 

Le téléphone inter-urbàin existe & Ondjda, Rabat, Casa- 
blanca, Fedalah, jKenitra, Salé, Mazagan, Ber-Réchîd, Set- 
tat, Fez, Meknès, Marrakech. 




Un Rekka 



J 



r 



APPBICI^CB !^9i 

LE RÉGIME MINIER 



Le rés:ime minier dv Maroc est réi^fé par DaMr», 
mmltP9ta9mt ait Décrits, dont acnft «e pomvmÊ»- fad^ 
qmcr ici que les dates et résumer trè9 hrièvearent 
fcpbj^y nmîs dv texte intés^ral' desifiiefs fes' intéres- 
sés peuvent prendre connaissance, en les deman- 
diaiitsok à l'Administration dtr Service des Mine* à 
R^haÉ,. seit, à Paris à rotfice du Protectorat de la. 
Ré|MilMâqitte françaisa a» à l'Olfica camnercial en. 
Manroc, 5, ma Camhan. 

I* D^Ajsat IM7 r9 JAifviBR r9fi4. — €'è9t l*acte hùUiftl de 
régieme.ilaticm du Régiine minier aa Mapoe. 

Sont conâidépés comme mines* le& gites natvpels die 
substances minérales et fosciles ci-après : 

— Minerais de tous métaujL ou combinaisons métal- 
liques, minerais de soufre ou d'arsenic ; 

— Graphites et combustible» fossiles ; Terres au Zir- 
conium, Thorium et' Cérium. 

— Nitrates, Borate» et sels afisoeiés*. 

— Phosphates. 

— Seis çemjue et poitaase et antres sels associés. 

Le droit d'exploiter ces substances ne peut être acifuiis. 
qsfaç^è& déli¥ra(nee d'ua permis de recherches et d'^uDi 
pemûs d*ex|Kiflit«tion^ 

Les Carrières et Tourbières ne sont pas eonsidérées 
comme mines et l'exploitation, en est réservée aax. pro- 
priétaires du soL 

a* Deuxième Dahir. — De la mêm^e date que le précé- 
dent, soit da 19. janvier iç>i4- — Ce deuxième Dahir 
institue une Commission ayant pour bnt de déterminer 
les droits d'antériorité pouvant justement appartenir à 
des intéressés ayant été autorisés à faire des prospec- 
tions avant la publication du DaMr ci -dessus. 

Composition de la Commission : 

On surarbitre désigné par S. M. le Roi de N'orvège 
un membre nommé par le Gouvernement marocain ; un 
membre nommé par le Gouvernement dont ressortit 
chaque requérant. 

.Siège de la Commission: Paris. 



q8o le MAROC 

3* Dahir du 3 NOVBMBRB 1914. — Ce troisième Dahir 
suspend, à cause de l'état de guerre, Texéeution des Da- 
hirs précédents. Il prescrit que, jusqu'à la cessation des 
hostilités, aucune autorisation de recherche ou d'exploi- 
tation de mines ne sera plus accordée. 

4* Dahir du 9 Jcuz 1918. — En raison de la prolonga- 
gation des hostilités et de la nécessité de ne pas entra- 
ver plus longtemps les efforts de mise en valeur des 
richesses minières dont l'existence est présumable au 
Maroc, le Dahir du 19 janvier 1914 es V remis en vigueur. 

Enfin, un avis de la Direction générale des Tra;raux 
publics, en date du 22 août 1918, porte que «le Dépôt des 
demandes de permis de recherches pourra être effectué 
Boit au Bureau du Service des Mines à Rabat, soit aux 
bureaux des ingénieurs ou des conducteurs des Ponts 
et Chaussées, Chefs de Service des Travaux publics à 
Casablanca, Mazagan, Safi, Mogador, Meknès, Fez, Mar- 
rakech et Oudjda ». 

GISEMENTS MINIERS 
A l'heure actuelle les gisements d'une certaine im- 
portance déjà reconnus sont les suivants. 

PHOSPHATES. — Gisement d'El Boroudy. Plateau de 
Settat dominant la plaine de l'Oum er Rhebia: 

Les travaux* exécutés parle Protectorat ont permis de 
constater la régularité du gisement. 

L'exploitation des gisements de Phosphates vient d'être 
exclusivement réservée au Gouvernement représenté par 
nn Office des Phosphates. 

MANGANÈSE. — Maroc Oriental : Amalat d'Oudjda, ré- 
gion sud de la ligne Taourirt à Oudjda. L'exploitation 
a déjà été effectuée en 19 17 et 1918. 

Le minerai est très compact et sa teneur atteint envi' 
ron le quantum de 4 0/0. La production trimestrielle est 
passée de 860 tonnes à 3.5oo tonnes. 

FER. -— Camp Boulhaut. 

Les travaux de recherches indiquent du minerai à 
teneur de 4^ à 60 0/0. 

PETROLES.— Vallées du Sebou et de l'Ouergha-Nord 1 t 

de la Plaine du GharbNord de Taza. Sur un périmêl 3 

par conséquent considérable, on a constaté de nombre c 

indices de la présence du pétrole. La campagne de - 
cUerche est annoncée comme très prochaine. 



APPENDICE a8l 



LES CHEMINS DE FER 



LIGNES EN SERVICE 
(CHEMINS DE FER MILITAIRES, VOIE DE 0,60) 

A la date du présent Appendice, 'les lignes de chemins 
de fer en exploitation se répartissent comme il suit : 

Réseau oriental 

De Lalla-Marnia frontière d'Algérie à Taza.; Longueur 
a35 kilomètres. 

Réseau occidental 

lAgne^u Nord : Salé à Fez par Kenitra, Oar-Bel-Hamri, 
Meknès, longueur a47 kilomètres. 

lÀgnes du Sud : Rabat, Gasablanca-Ber-Bechid, Ben- 
Amed, Oued-Zem : Gaïd-Tounsi, Marrakech 49^ kilo- 
mètres. 

Le réseau occidental comprend donc 745 kilomètres. 



EXPLOITATION 



Le matériel d'exploitation permet en moyenne la mise 
en marche de quatre trains par jour sur chaque partie 
du réseau. 

Un train de voyageur. 

Un train de marchandise. 

Deux trains de marchandises et voyageurs. 



LIGNES EN CONSTRUCTION 

CHEMIN DE FER FRANCO-ESPAQNOL TANQER-FEZ 

Nous reproduisons ci-contre le texte de la Note que 
la Compagnie Franco Espagnole du Tanger Fez a bien 
voulu nous transmettre et qui établit Tétat de dévelop- 
pement actuel de cette grande entreprise dont la direc- 
tion et les services techniques justifient toute confiance. 



9^2 LB MAAOG 



COMPAONIB 

VRAirCO - BSPAOïrOLB 

DU OHBMIN 9U VBR 

PB TANOBR A VBZ 



• J" ». j EIngéDÎenr en chef de la Compagnie 

t^îTAî' .7 * •' Franco-Espagnole dn Chemin de fer de 

t de la ConêtructtOêt „, - „^ ami i i^- * 

Taa9BrliEB à Monsieur le Directeur 

1^1^ AL.BOUY de l'Office commercial du Maroc, 

iKoâNiBUR BIT GHBv 8, rwCt«ke«, 4 Parls. 



£ÇCI 



Monsieur, 

Ci-joint la Notice mite à jour, concernant nos ira- 

vëux, demandée par votre lettre^ 

Veuilles agréer, Monsieur, Cassuramoe de mes 

ments très distingués. 

L'imfftnàJdXLT en chef, 

▲ . ALDOUY 



La ligne de Tanger 4 Fez aura tine longueur de 5i9 kilo- 
mètres, dont iS en zone tan^étoise, 9a en zont espagiK>le et 
ao3 en zone française. Partant de Tanger elle passera par 
Anila, Eâl-Kfiar, Sovk-el-AxlMi, Mechra-bel-Ksiri, Melmès pour 
aboutir à Fez. 

Les projets des divers lots d'infï'astructure — dont la lon> 
gueur, aux termes de la ConvenAion de concession, ne devait 
pas être inférieure à ao kilomètres — sont terminés, à l'excep- 
tion cepeiMlant de celni du deuxième lot d« La cône espa^iiiole 
qui est actuellement ea préparation. 

Les lots sur lesquels les travaux sont en cours d'exécution 
sont les suivants : 

A.— En zone tangéroise: lot unique de Tanger, entre cette 
ville et la limite de la zone espagnole, a<!ijugê le aS juin 1919. 

B, — En zone française : 

Quatrième lot dit de Bab-Tiara, qui s'étend sur ao kilomè- 
tres au sud du centre de Petitjean, dans la vallée de POued 
R'dom;il a été adjugé le ai mars 191:7 ; 

Cinquième lot dit d'Aîn-Kerma, de ai kilomètres' de lon- 
gueur faisant suite au précédent et, comme lui, situé, sur la 
plus grande partie de son parcours, dans la vallée dé POued 
R'dom; «on. adjudication a eu lieu le la novembre 1918 ; 

Sixième lot, dit de Meknès, long de ao kilomètres et ae ta 
minant à 6 kilomètres environ à PEst de Meknès. Oe lot est 1 
plus accidenté de la ligne et conséquemment celui qni con 
porte le plus grand nombre d'onvrages d*art impotianls. li 
été adjugé le a6 novembre 1918 ; 



r 



APPENDICE a83 

Septième lot, dit c des Bem M'tir» mesarant a5 kilomètres 
et faisant suite au précédent dans la direction Ouest-Est. Il a 
été adjugé le 9 juillet 1919 ; 

Enfin, le huitième lot, dit « du Sais », de 16 kik>iiiÀtjpe9 de 
longrueur aboutissant, après avoir trayersé le plateau' du Sais, 
au terminus de la ligne sous les murs de Fez-Djedid. Son 
adjudication a eu lieu le 17 juin. 1919. 

Les premier, deuxième et troisième lots échelonnés entre la 
limite sud de la zone espagnole et Fetitjean seront soumis 
prochainement à l'adjudication. £n zone espagnole les travaux 
viennent d'être commencés sur le troisième lot dit d'Alcazar- 
quivir long de 3o kilomètres ; ceux du premier lot, dit de la 
Garbia, de a8 kilomètres de longueur, vont être adjugés sous 
peu. 

fin raison des difficultés économiques actuelles, il n'est pas 
encore possible de prévoir la date de Pouverture à l'exploita- 
tion de la, ligne. La Compagnie fait, en tous cas, les plus grands 
elTortspour que la mise en service puisse avoir heu dans le 
courant de 1913. 

Sous l'habile direction d'un technicien de la valeur de 
M. Albouy,ingéoieur en chef, i! 7 a tout lieu de préToir 
qae ces efforts seront couronnés de succès. 



CHEMINS DE FER MILITAIRES 

Nous résumons quelques renseignements pratiques 
sur le mouvement et les tarifs des Chemins de fer maro- 
cains en exploitation, autrement dit des chemins de fer 
militaires. 

1* Ondjda ^ Taia 

Durée du trajet 10 heures. 
Prix : i** classe 76 francs. 

a* classe 38,o5. ^ 

3* classe ao,35. 

Stations principales : El-Aïoun, Taourirt, Goercif, 
M'Soun. Un seul train quotidien effectue tout le parcours. 

Deux autres trains vont 4^udj<ia à Taourirt, et repar- 
tent le lendemain de Taourirt à Taasa. 

De Taza à Oudjda é^alelhent un train par jour fai- 
sant tout le parcours et deux trains allant 4e Taza à 
Taouxirt avec oonlinuation le iendemaia. 

2* Tna à ft% 
fiacoordemeat par services automobiles. 



a84 l'B MAROC 

I 

3* Gaiablanca à Fei 

Un se al train par jour accomplissant tout le parcours 
environ i4 heures. 

Deux autres trains ne vont que de Casablanca à Ra- 
bat, trajets heures i|4. 

Un train de Casablanca à Rabat et Kenitpa. Durée da 
trajet 5 heures. 
Prix des places de Casablanca à Fez: 
!'• classe iia,65. 
a* classe 56>35. 
3* classe 3o,i6. 

En sens inverse, également un train par jour faisant 
tout le parcours. 

Un train allant de Fez à Meknès et Dar-El-Hamri, tra- 
jet en i3 heures. 

Un train allant de Dar-ËL-Hamri à Casablanca, trajet 
i3 heures. 

Deux trains allant de Rabat à Casablanca, trajet en 
6 heures. 

La dernière ligne mise en exploitation comprend deux 
sections. 

1' Casablanca & Ber-Rechid 

Quatre trains par jour. 

2* Casablanca à Marrakech 

Les lundi, mercredi et vendredi ; trajet total en m heu- 
res. 

Prix : I'* classe 921,50. 
a* classe 46,3o. 
3* classe 34>75. 
4° De Marrakech à Casablanca, les mardi, jeudi et sa- 
medi, un train faisant tout le trajet en 12 heures. 

3' De Ber-Rechid à Oned-Zem 

Deux trains par jour. 

Trajets en 5 heures ou en 11 heures. 

Tous ces trains ne prennent de voyageurs que dans 
la limite des places disponibles, Tadmission de voyageurs 
civils étant toujours, en principe, subordonnée à Tagré^ 
ment des autorités militaires. 

Il est bien entendu que les chemins de fer milite *6S 






APPENDICE :985 

du Proteclorat ne réalûent pas encojre la perfection 
au point de vue de la vitesse ou à celui du confortable. 
Jdais Ub témoignent d'un très grand effort et rendent 
au public voyageur et au commerce des services consi- 
dérables. 



CHEMIN DE FER COIWMERCIAL 

Le chenLÎn de fer commercial ou chemin de fer à voie 
normale est à Télude ou en préparation d'exécution sur 
r«nseinble de «on réseau, savoir : 

— Petit Jean, à Kenitra. Petit jean est situé sur la ligne 
du Tanger-Fez passant par Dar-Bei-Hamri et Sidi-Yahia, 

longueur 85 kilomètres. 

— Ligne de Kenitra à Casablanca par Salé, Rabat, Bon- 
Znika, longueur 80 kilomètres . 

— Casablanca Marrakech, par Ber-Rechid, Settat, 
Mechra-ben-Abbou, Bou-Guerir et Sidi-Bou-Othman, 
:i4o kilomètres. 

— Ligne de Fez à Oudjda, par Taza-Guercif , Taourirt, 
El Aloun, Sso kilomètres* 

&Mt au total pour le chemin de fer à voie normale, 
Tflo kilomètrea. 



Convention conclue pour la construction d'un 
réseau de chemins de fer à voie normale dit 
Chemin de fer commercial. . 

Uile Convention a été conclue le 39 juin 1920 avec la 
Compagnie Générale du Maroc, la Compagnie des Che- 
mins de Fer de Paris-Lyon>Méditerranée, la Compagnie 
des Chemins de Fer de Paris-Orléans et la Compagnie 
marocaine pour la concession d'un réseau de chemins de 
fer au Maroc Convention adoptée par le Sénat et la 
Chambre de^ députés . 

Les lignes faisant l'objet de la concession suivront les 
tracés ei-après, savoir: 

I* La ligne Petitjean-Kenitra partira de la gare de 
Petitjean, sur la ligne de Tanger à Fez, passera par ou 
près Dur Bel Hamri et Sidi Yahia et aboutira à Kenitra ; 



/ 



u 



a86 14s MAROC f 

a* La ligne Kenitra-Gasablanca passera par on près 
Salé, Rabat, Bou-Znika; 

3* La deuxième ligné reliant Kenitra à celle de Tanger 
à Fez rejoindra cette dernière à Sonk El Arba on en nn 
point situé entre Souk El Arba et Arbaoua ; 

4* La ligne de Casablanca-Marrakech passera par on 
prés Ber Rechid, Settat, Mechra Ben Abbou, Ben Guérir. 
Sidi Bon Othman ; 

5* La ligne partant de Settat ou d'un point voisin de 
la ligne Casablanca-Marrakech, traversera la région 
phosphatière pour aboutir à TOued Zem ou à un point 
voisin ; 

6* La ligne de Fez à la frontière algérienne partira de 
Fez, paspcra par ou près Taza, Guercif, Taourirt, El 
Aïoun pour arriver à Oudjda, d'où elle se prolongera, par 
la voie existante jusqu'à la frontière algérienne. 



HORAIRES ET TARIFS 

Les personnes qui s'intéresseraient aux questions d'ho- 
raires et de tarifs, voyageurs ou marchandises, peuvent 
recevoir tous renseignements de cette nature en s'adres- 
sant à rOfilce commercial du Maroc, 5, lue Gambon. 
Paris (Bureaux de l'Agence Branger). 



APPENDICE aS^ 



TRANSPORTS AÉRIENS 



Départ de France, Toulouse, tous les mardis et samedis. 
Départ de Casablanca, Rabat, tous les mardis et yendredis. 
Trajet i4 heures. 

Itinéraire et marche 

L'avion part de Toulouse à 9 heures du matin et arrive à 
Barcelone à 11 h. i/a. — Déjeuner. 

L'avion repart à i heure de Paprès-midi et arrive à A^icante 
à 4 heures. — Dîner. — Coucher. 

Départ d'Alicante à 8 heures du matin, arrivée à Malaga à 
XI h. i/a. — Déjeuner. 

Départ de Malaga à i heure. Arrivée à Tanger à 9 heures et 
à Rabat à 4 h. j/a de Taprés-midi. 

Tarif pour paasagera 

Toulouse-Rabat ou oice-çersa i.56o francs 

— Tanger — i.Sao — 

— Malaga — i.o5o — 

— Alicante — 995 — 

— Barcelone — 4^0 "" 

Babat-Tanger ou çice-çersa ijo — 

— Malaga — 660 — 

— Alicante — i.o^ — 

— Barcelone — i.390 — 

Tanger-Malaga ou vice-versa S5o — 

— Alicante — ga5 — 

— Barcelone — i.aôo — 

Malaga- Alicante ou vice-Qersa 335 pesetas 

— Barcelone — 5^0 — 

Alicante-Barcelone ou çice-oersa .... 396 — 

Ces prix de passages ne comprennent pas l'assurance non 
plus que les. frais de repas et d*hôtel. 

Tarifa pour bagages et messageries 



Toulouse-Rabat ou çic&versa 

— Tanger — 

— Malaga — 

— Alicante — 

— Barcelone — 



18 f!r. le kilo. 
i5— — 
la — — 
9— — 

: - — 

i3 



a88 LE MAROC 

Rabat-Tanger ou Qice-Qersa 3 fr. le kilo 

-^ Malaga — ..... 7 — — 

— Aiicante — ..... 10 — — 

— Ravcelone — . : . . . la — — 
Tanger-Malaga ou çice-Ct rsa ...".. 5 — — 

— Aiicante — 9 — — 

— Rarceione — 11 — — 

Paris-Rabat ou çice-i t>rsa (a) 19 5o — 

(a) (De Toulouse d Paris ou vice- versa en chemin de fer ^ par 
commissionnaire). 

Les colis doivent peser au minimum un kilog. ou payer pour 
ce poidsi 

Sauf accord spécial» les dimensions maxima des colis sont 
de o"^o X o~3o X o^^ao et la densité minimum doit corres- 
pondre à 1 kilog par décimètre cube. Les colis de deiisiië 
moindre doivent* payer pour le poids correspondant à cette 
densité minimum. 

Résultato 

Depuis septembre 1919 (date de l'ouverture de la ligne), 
aa5.ooo kilomètres ^ soit plus de 5 fois le tour du globe, ont été 
parcourus. ' 



Les tarifs ci-dessus pouvant être modifiés, se renseigner a u 
près de l'Office commercial du ]lfai*oc, 5, rue Cambon- 
(L* Agence Branger délivre les billets, 5, rue Cambon) 



APPBNDICB 389 



TRANSPORTS SUR ROUTES 



D'après nos derniôres informations, le Réseau routier 
du MaBoc a une étendue de a.iSo kilomètres comme 
routes principales et de 6i5 kilomètres comme routes 
secondaires. 

Les grandes routes achevées les plus importantes sont; 

I* La route côtière de Mazagan à Kenitra presque 
entièrement actievée ; 

a* La route de Meknès à Fez ; 

3* La route;de Casablanca à Marrakech ; 

Conditions du transport sur route. — Aux derniers 
tarifs, les frais de transports sur route ; sont à évaluer 
comme il suit : 

transports par camions automobiles 
Quintal kilométrique o fr. 25. 

Transports par charrettes 

Quintal kilométrique, prix variant selon les régions. 

Régions de Casablanca o fr . 12 

Régions de Tadla et Taza o fr. ai 

Régions d*Oudjda, o fr . 07 

Transports par chcuneau 
Quintal kilométrique o fr. i3 à o fr. ao. 

Les routes d*eau {transports fluviaux) 

' Pleuve Oued Sebou. 
Longueur du parcours 168 kilomètres. 
Durée du trajet : montée trois jours ; descente deux 
jours. 

Tarif: La tonne kilométrique o fr. 5o. 

Bntreprises: La Compagnie de transports du Seboa. 
La Société Lyonnaise d'Etudes du Maroc. 
Matériel : 7, remorqueurs ; 19, chalands. 

Le service des Travaux publics vient d'établir le 



390 LS MAROC 

4 

programme des travaux de développement du Réseau 
Routier ce Programme comporte : 

1* L'achèvement de la route de Taza à Oudjda ; 

a* L'achèvement de la route reliant Meknès à Tanger 
(Fetitjean-Souk El Arba) ; 

3* Achèvement de la rouie de Casablanca auTadla ; 

4* La construction d*une ,route reliant Meknès à Mar- 
rakech. 

Cette route» d'un intérêt militaire évident, aura aussi 
pour but immédiat de faciliter la construction des 
usines hydro-électriques dans la région qu'elle longera. 

5* La construction de la route de Mogador à Taroudant 
par Agadir, rendue nécessaire par la constradion du 
port d'Agadir et l'ouverture à la colonisation de la ré- 
gion du Sous ; 

6' Achèvement simultané des routes de pénétration de 
Casablanca à Meknès et de Rabat au Tadla ; 

7* Enfin la construction d'une route traversant la 
plaine du Sebou, de Sidi Yahia à Ksiri. 

L'ensemble de la dotation pour ces routes est de 
6o millions. 

Quverture à la circulation 
de la route dé Mazagan à Mogador 

Au moment de mettre sous presse nous sommes in- 
formés que la route de Mazagan à Magador, qui porte 
le n' II dans la nomenclature du Réseau marocain,vient 
d'être terminée et livrée à '«la circulation entre le Souk 
El Tleta,sur la route Safi-Marrakech et la route Moga- 
dor-Marrakech . Elle franchit le Tensifl sur un pont en 
maçonnerie de 7 arches de i3 mètres de portée. La pre- 
mière partie de la route, comprise entre les routes Ma- 
zagan-Marrakech et Safi-Marrakech, est ouverte èi la 
circulation depuis plusieurs mois. 

Les quatres villes du Sud : Marrakech, Mazagan, Safi 
et Mogador se trouvent donc maintenant réunies entre 
elles par un réseau de bonnes routes empierrées, prati- 
cables en tout temps et franchissant les rivières sur des 
ponts en maçonnerie. 



F" 



APPENDICE 291 



SERVICES AUTOMOBILES 



£Uu certain nombre de Sociétés de transports automobiles 
fonctionnent au Maroc. Nous en résumons les conditions 

principales. 

— • 

GOYON ET Cie. — SERVICES POSTAUX 

Casablanca, Rabat, Casablanca. — Autobits, serviae quotidien, 
départ à 8 heures, trajet en 4 heures. Prix trajet simple : 
18 francs ; aller et retour : 28 francs. — Voitures postales, 
service quotidien, départ & 14 heures, trajet en 2 h. 1/2. 
Prix du trajet simple : 25 francs ; aller et retour: 48 francs , 

Casabianca-Marrakech-CasabJanca. ^ Autobus, service quoti- 
dien, départ & 6 heures ; trajet dans la journée. Prix du 
trajet simple : 35 francs : aller et retour : 60 francs. — Voi. 
tares postales, service quotidien, départ à 7 heures, trajet en 
6 heures. Prix du trajet simple : 88 francs ; aller et retour : 
100 francs. , 

Casaiilanca-lazagafl-Gasablanca. — Voitures postales, service 
quotidien, départ à 13 heures dfe Casablanca et & 7 heures de 
Masagan. Durée du trajet : 3 heures. Prix du trajet simple: 
SK francs : aller et retour : 48 francs. — Camtoim^^/6, départ 
tons les deux jours: Prix 18 francs. 

Habat-Kenitra-Rabat. — Voitures postales. — Deux voyages 
par jour, aller et retour. Darée du trajet : 30minntes. Prix 
du trajet simple : 11 francs ; aller et retour : 20 francs. 

Casablanca-Fez. — Trajet en une journée. — Matin, à 
4 heures tous les jours, départ de Casablanca ; &6 h. 30 arri- 
vée à Salé. Continuation sur Fez sur rail par automotrice . 

Casablanca-Tanger. — Services spéciaux. 

FORGES ET Cîe 

Casabianca-Marrakech-Mogador. — Départ tous les deux jours 
aux dates paires, de Casablanca et aux dates impaires de Mar- 
rakech ; services par camions pour marchandises et bagages. 

Service Postal. — Marrakech-Mogador, départs des deux 
terminus à 7 heures tous les jours. 



«igtl LE MAROC 1 

BLANC ET Cle (AFRICAINE AUTOMOBILE) 

Service PoUal. — Gasablanca-Mazagan, dépari de Casa- 
blanca & 13 heures ; arrivée à Mazagan, & 17 heures ; dé- 
part de Mazagan à 7 heures ; arrivée & Casablanca & 11 h. 

SERVICES TORRÉS 

Cisablanei-larrakMJi-logador. — Départ de Casablanca le 
lundi et le Jeudi. 

■agadorCaaablanca. — Départ le Jeudi et le dimanche. 

SERVICES PARTICULIERS 

Tous services automobiles particuliers peuvent 'être assu- 
rés par voitures de tourisme au départ de Casablanca pour 
le Sud marocain. S'adresser k Paris : Agence Branger, 5, 
rue Cambon. 



AVIS IMPORTAÎÏT 

Les indications, itinéraires et tarifs ci-dessus sont donnés 
principalement pour permettre d'apprécier l'activité des ser- 
vices publics automobiles au Maroc. S'assurer h Casablanca 
aux bureaux respectifs des Compagnies, dans les hôtels, des 
modifications de détails pouvant être intervenues. Ces pré* 
cisions sont également données h Paris, Office commercial 
du Maroc, 5, rue Cambon. 



APPENDICE î agS 

LES PORTS 



ÉTAT ACTUEL DES TRAVAUX 



Rabai-Salé-Méhédya-Kenitra 

La Direction de la Société des ports marocains de Méhé- 
dya-Kenitra et de Rabat-Salé a bien voulu nous adres- 
ser la Note que nous reproduisons ci-dessous : 

La So/ciété des ports marocains de Méiiédya-Kenitra et 
de Rabat-Salé a obtenu la concession des ports de Méhé- 
dya-Kenitra, d'une part, et de Rabat- Salé d'autre part. 
Actuellement ces ports sont dans la situation suivante : 

Le port de Kenitra est &itué sur le fleuve $ebou, à 
17 kilomètres de l'embouchure du Sebou (Méhédya)/ La 
barre n'est accessible qu'aux navires de faible tonnage 
(environ i.ooo tonnes). Ces navires peuvent facilement 
remonter le Sebou et venir accoster à Kenitra le long des 
quais que la Société est en train d'édifier. 
' Le port de Rabat est situé à l'embouchure du fleuve 
Bou-Regreg. La barre n'est praticable qu'aux' barcasses 
et aux chalands de mer ce qui fait que les bateaux qui 
fréquentent le port de Rabat sont obligés de rester en 
rade. L'aconage est fait au moyen de barcasses et de 
chalands à moteur. 

Le trafic de l'année 1919 a été : 

A Méhédya-Kenitra de 77.000 tonnes ; 

A Rabat-Salé de So.ooo tonnes. 
^ La Société des Ports marocains a entrepris des tra- 
vaux extrêmement importants dans le but de rendre 
praticables les barres de Méhédya-Kenitra et de Rabat- 
Salé aux grands navires. Dans ce but, elle a prévu la 
. construction de deux grandes jetées- disposées de chaque 
côté de l'embouchure des fleuves. 

Pour mener à bien la construction de ces jetées, elle a 
décidé PédiÛcation d'un chemin de fer à voie normale 
reliant les jetées de Rabat aux jetées de Méhédya et 
passant par Rabat-Salé, Kenitra.' Elle a prévu égale- 
ment l'édification d'un chemin de fer à voie normale 



994 ^B MAROC 

reliant le chemin précédent aux importantes carrières 
situées sur les bords du fleuve Bou-Regreg, à 17 kilo- 
mètres environ en amont de Tembouchure de ce fleuve. 
Le matériel est en grande partie commandé et les tra- 
vaux battent leur plein. Ces travaux ont été confiés k 
la Maison Fougerolle frères qui s*est acquis, dans U 
construction des ports, une réputation incontestée. 

Mazagan 

Les travaux au port de Mazagansont confiés à la Société 
d'Entreprises du Maroc occidental qui s'est substituée i 
la première Société concessionnaire la Société iniemoÉh' 
nale d'Etudes et de Travaux au Maroc, 

Le programme des travaux comprend la création d^nsk 
port de 7 hectares protégé par une Jetée de 400 mètres 
et une autre de 600. * 

Le port de Mazagan ne pourra recevoir que les tiar- 
casses et les remorqueurs. 

Actuellement la jetée Nord est complètement temmée* 
La jetée Stid-Est est encore en eons traction . 

Des voies d'accès au port ont été créées. 

Le dévoloppement des quais est d'environ aoo mètres. 

Mazagan peut faire face à un trafic régulier de 700 
tonnes environ. Il est à espérer que les travaux seront 
vivement poussés car la ville et la région de Mazagan 
ont de l'avenir. 

Mogador 

Comme pour Mazagan, c'est la Société dentreprises an 
Maroc occidental^ qui est chargée de l'aménagement dn 
port de Mogador, port pour barcasses et pour remor- 
queurs. 

Actuellement la maçonnerie des jetées et des quais est 
terminée. 

La jetée Oaest est achevée. 

Le petit port de Mogador peut efiectner un mouTe- 
ment journalier de aoo tonnes. 

La Société concessionnaire prévoit le prochain aekève- 
ment des travaux. 

Casablanca 
Les travaux du port de Casablanca sont eoneèdés ê m 



APPENDICE 396 

Gonaortium eompoBé de la Compagnie Marocaine de la 
Boiaison Schneider et C'* et de la maison Hersent. 

Le Programme des travaux du port de Casablanca 
oomprendb 

I* Une grande jetée, dite Jetée Ouest, d'une longueur de 
1900 mètres, destinée à» protéger la rade contre les 
grandes lames du large; 

a* Une jetée transversale, dite jetée Est, d'une longueur 
de i5oo mètres, qui s'avancera vers l'extrémité de la 
grande jetée en laissant une passe d'entrée dea5o mètres 
de large. 

Ces deux jetées assureront un mouillage d'une super- 
ficie de 140 hectares. 

3* A l'intérieur de ce grand port deux petites jetées 
dites de l'Ouest et de l'Est avec une passe d'entrée de 
80 mètres formeront une superficie de 10 hectares pour 
les barcasses, allèges et bâtiments calant moins de 4 m. 

Dans l'intérieur de ce petit port deux Oarces et 
700 mètres de quai avec 16 hectares de terre-pleins per- 
mettant d'effectuer les opérations d'embarquement et de 
débarquement des voyageurs et des marchandises. 

4* Des quais et terre-pleins qui permettront l'accostage 
à des navires calant jusqu'à 9 mètres. 

Lorsque ces travaux seront terminés, le port de Casa- 
blanca pourra effectuer un trafic de i.5oo.ooo tonnes. 

Btat des travaux. — La grande jetée Ouest qui, en 
1917, atteignait une longueur de 8s4 mètres, atteignait, 
au i5 juillet 1930, laaS mètres. L'avancement est en 
moyenne de 18 mètres par mois. 

La petite jetée-Est est terminée. 

Déjà» en 19x7, le petit port intérieur était achevé. 

Aux derniers renseignements qui nous sont fournis 
au moment où parait ce livre, un quai d'escale accolé à 
In. grande jetée et comprenant six assises de blocs arti- 
ficiels, est visible à marée basse sur une largeur de vingt 
mètres. 

Les travaux de construction de ce quai sont active- 
ment poursuivis et l'accostage des grands vapeurs est 
prévu pour 1939. 

Les chantiers sont pourvus d'un puissant outillage, 
depuis peu de temps considérablement augmenté, et où 
l'on remarque deux grues Titan de cent dix tonnes pour 
la pose des blocs itrtificiels et un tracteur de blocs de 
5o tonnes. 



âg6 LE MAROC 

D'après ane communication qui vient d'être faite au 
Conseil de Gouvememenl, la somme affectée aux travaiix 
du port pendant la période 1920-1934 ®st de aao millions. 

Entre les mains de constructeurs comme les maisonB 
Schneider et Hersent, associées pour le port de Casa- 
blanca, on peut avoir toute confiance dans Taché vement 
aussi prompt qu'il est normalement possible de cet 
ensemble considérable de travaux. 



Fedhala 

Les travaux du port du de Fedhala sont concédés à la 
Compagnie du port de Fedhala (Hersent frères). 

Le programme des travaux comprend: 

La construction de digues en maçonnerie reliant entre 
eux et à la terre ferme deux Ilots rocheux, 

Une jetée de 140 mètres; 

Un port à barcasses de quatre hectares, creusé à a m. 5o ; 

Etablissement d'un Warf métallique d'une longueur 
de 360 mètres sur largeur de no mètres accostable par 
d'assez grands bâtiments ; 

Installation de douze grues; 

Actuellement TEpi de protection et le Mole sont ache- 
vés; 

Les terre-pleins de 40.000 mètres carrés sont achevés. 

Le Port de Fedhala est une entreprise privée qui ne 
demande aucun concours à l'Etat. La Compagnie Franco- 
Marocaine de Fedhala, Société Hersent frères, avait après 
avoir acheté i.5oo hectares de terrain obtenu par Oahir 
du 4 mai 1914 la concession de construction et d'exploi- 
tation d'un port, sans subvention ni garantie et sans 
autre produit que la perception des taxes d'usage, Dahir 
du 30 octobre 1930. Dès 191 3, avant même l'accord défi- 
nitif de cette concession les travaux étaient commencés. 
Déjà des bâtiments de 3.ooo tonnes peuvent déchargera 
£[uai, comme .port auxiliaire de Casablanca Fedhala 
dont la rade est excellente à un très grand avenir. Des 
achats de terrains dans son rayonnement ne peuvent 
que donner de bons résultats (Renseignements ùf^ie 
Commercial du Maroc, 5, rue Cambon). 



APPENDICE 



097 



MOUVEMENT DES PORTS 





ZONE FRANÇAISE 




Total du tonnage 


PAVILLON 


FRANÇAIS 


AnnéM 


Tonnage 


Nombre de 
navires 




CasûbUmca 




1913 


780.254 


487.404 


343 


1914 


556.141 


358.518 


250 


Derniers 








chiff . offie. 


616.902 


479.1862 


390 




nabai 




1913 


150.623 


39.794 


107 


1914 


109.443 


20.974 


96 


Derniers 








ohiff. offic. 


62.169 


23.663 


90 




Keniira 




1913 


16.512 


8.098 


25 


1914 


65.218 


50.116 


81 


Derniers 








çhiff. offic. 


29.805 

Fedh 


29.440 
ala 


154 


1913 


» 


» 


# 


1914 


19.776 


' 5.852 


6 


Derniers 








chiff. offiC. 


82.129 


.50.395 


99 


, 


Mazagan 




1913 


287.945 


90.585 


84 


1914 


237.259 


78.386 


69 


Derniers 




, 




ckiff* effic. 


272.869 


193.634 


112 




Port de Safi 




1913 


205.209 


64.264 


. 64 


1914 


160.776 


48.370 


49 


Derniers 








cbiff. offic. 


106.705 


47.734 


42 



ag» 


LE MAROC 

Mouvement des Ports (snite) 




1913 

1914 

Derniers 

chtff. offic. 


Port de 

258.315 
190.i57 

97.659 


Mogador 

82.503 
48.255 

38.754 


69 
45 

41 



Valeurs des marohandisee ;(en flranca) 



Casablanca 
Rabat. . . . 
Kenitra . . 
Fedbala. . 
Mazagan . 

Safi 

Mogador . 



IMPORTATION 



1918 



69.404.496 

24.196.189 

1.573.856 

18.670 353 
19.455.798 
16.495.251 



1914 



47.007.746 
18.940.851 
3.965.030 
311.616 
10.976.826 
11.744.888 
11.268.246 



Dmiion 
chiffres 



125.000.000 
40.775.199 
24.900.000 
700.000 
22.750.000 
18.500.000 
22.380.000 



Casablanca 
Rabat . . . 
Kenitra . 
Fedbala. 
Mazagan 
oafi. .... 
Mogador 



EXPORTATION 



1913 



9.967.296 

888.537 

8.840 

6.536.942 
5.005.027 
8.453.649 



1914 



8 668.021 

1.613.262 

49.013 

5.245.008 
1.706.669 
4.598.061 



DendsTS- 
chiffns 



43 OOO.OOO 

8.310.115 

8.005.415 

,750.000 

30.719.200 

20.500.001 

8.000.00 



APPENDICE 



299 



LES DEMANDES ET LES OFFRES 



Nous groupons ci-après rénumération des marchan- 
dises que le Maroc est appelé à importer et à exporter de 
plus en plus. 

Nous n'adoptons Tordre alphabétique que dans chaque 
catégorie de produits afin de ne pas présenter un mé" 
lange hétéroclite de toutes espèces de marchandises. 



Le Maroc demande : 



PRODUITS NATURELS 



r 



Animaux 

Anes. 

Bœufs. 

Béliers. 

Bt>UC3. 

Brebis. 

Chevaux entiers. 
Gièvres. 
Jiments. 
Balles et Mulets. 

Alimentation 

Bère. 

Beurre frais. 

Burre salé. 

Bscuiterie. 

Gcao. 

Gfé. 

QaTcutcrie. 

Gicorée. 

G'iocolat. 

C«nflserie. 

Goiserves de fruits. 

Goserves de légumes. 

Caiserves de viande. 

Dittes. 

Bfces. 

Pagines. 

Pirineux. 

Piments. 

Prits. 



Graisses alimentaires. 

Huiles d'olive. 

Lard. 

Lait concentré. 

Légumes secs. 

Margarine. 

Orges. 

Pâtes d'Italie. 

Poissons secs. 

Poissons fumés. 

Sel. 

Semoule. 

Sirops. 

Sucre. 



\ 



Construction 

Acier en barres. 

— en tôle. 

— filé. 
Bitume. 
Bois. 
Briques. 

Carreaux "de marbre. 
Carreaux de terre. 
Carreaux vernissés. 
Chaux. 

Ciment. 

Clouterie. ^ 

Cuivre en iils. 

Fer sous toutes formes r 

Ferraille. 



3oo 



hB MAROC 



Ferronnerie. 

Grillages métalliques. 

Marbres . 

Monlures en bois. 

OqUIs. 

Pierres à construire. 

Plâtres. 

Serrurerie. 

Rails. 

Toiles métalliques. 

Traverses pour chemins 

de fer. 
Tuiles. 

Tuyaux en terre. 
Verres à vitre. 

Vêtement et aooessoires 

Agrafes. 
Aiguilles. 
Bijouterie. 
Bonneterie. 
Broderies . 
Casquettes. 
Chanvre. 

Chapeaux paille et feu- 
tre. 
Chaussures. 
Chéchias. 
Confections. 
Coton. 
Cuirs. 
Dentelles. 
Fil de chanvre. 
• Fil de coton. 
Fil de laine. 
Fil de lin. 
Fil de soie. 
Joaillerie en faux. 
Joaillerie en vrai. 
Laine. 
Lin. 

Lineerie cousue. 
Ombrelles. 
Passementerie. 
Pelleteries préparées. 
Soies grèges . 
Tissus de lin. 
Tissus de chanvre. 
Tissus de coton écrn. 



Tissus de coton blanchis. 
Tissus de coton teints. 
Tissus de laine. 
Tissus imprimés. 
Tissus mousseline. 
Tissus de soie. 
Tulles. , 

Vê'ements indigènes tool 
faits. * 

Mobilier. — Ménage 

Allumettes . 

Amidon. 

Balais. 

Bougies. 

Bouteilles. 

Cirage. 

Couteaux. 

Cristallerie. 

Epingles. 

Faïences. 

Ficelle. 

Glaces. 

(iobletterie. 

Horlogerie. 

Lits en fer. ' 

Meubles. 

Orfèvrerie. 

Porcelaines. 

Poteries. 

Quincaillerie, articles de 

ménage. 
Tabletterie. 
Tapis. 
Toile cirée. 
Vannerie. 

Métaux. — Minerais 
divers 

Antimoine 

Argent sous toutes foroMB. 

Cuivre sous toutes formo. 

Essence de pétrole. 

Etain. 

Houille. 

Huiles minérales 

Mercure. 

Or sous toutes formes. 



APPENDICE 



3oi 



Parfumerie 

Benjoin. 

Coaltar. 

Hssence de rose. 

Bssence de géranium. 

Eponges. 

Ilenne. 

Huile aromatique. 

Savon ordinaire. 

Savon parfumé. 

Machines. — Mécaniques 
Voitures 

Automobiles. 



Bicyclettes. 

Carrosserie. 

Machines à coudre. 

Machines agricoles. 

Mac h ines a u t o m at iques 

(distribateurs -Pesage, 

etc , etc.). 
Machines motrices. 
Matériel pour tissage. 
Presses à fourrage. 
Pressoirs. 

Pompes, Matériel de forage. 
Tri-porteurs. 



PRODUITS DIVERS NATURELS 

Alun. Ocre. 

Arbustes. Opium. 

fourrages. 

<iommes. 

Goudron. 



Peaux brutes, fraîches. 
Plantes sèches. 



PRODUITS DIVERS MANUFACTURÉS 



A^^ès de navires. 

fiouchons. 

Bourrellerie. 

Qioutchouc. 

QiTtesà jouer. 

Cordages. 

Ft tailles . 



Livres. 

Médicaments. 

Paille de bois. 

Papeterie et tous papiers 

Potasse. 

Sacs. 

Soude. 



Z*e Maroc offre : 



PRODUITS NATURELS 

Auandes. Crins. 

Béfoil : bovin, ovin, por- Crin végétal. 

ch. Dattes. 

Blé. Fruits secs. 

Boia: cèdre, arar. Fèves. 

Boymx. Gommes. 

Cirebrnte. Graines diverses : Cresson, 

Citrois. Carvi, Coriandre, Cumin, 

Cocons de vers à soie. Lin. 

Cornts. Graisses. 



Son 



ut ICAROG 



Iris (racines). 
Laines en saint. 
Laines lavées. 
Légumes. 
Lièges bmts. 
Ma&. 
Minerais. 



Noix. 

Noyaux. 

Os. 

Oranges. 

Peanx. 

Poils. 

Pois cfaiches. 



PRODUITS MANUFACTURÉS 



Babouches. 

Ck>rdeB. 

Eau de fleur d' oranger. 

Fusils indigènes. 



Huile d'olive. 

Meubles indigènes. 

Nattes. 

Pâtes alimentaires. 



APPENDICE 



3o3 



STATISTIQUES COMMERCIALES 

ZONE FRANÇAISE 



• 


Importa tiens 




Pays Importateurs 


1913 


1914 


Derniers chiff. 
contrôlés 


France et Algérie. 


79.013.889 


54.588.503 


116.258.902 


Algén6(voie déterre). 


31.632.000 


28.743.000 


54.380.000 


Tonisie 


» 


598.627 


428.758 


Allem^gne.... .. 


13.177.674 


6 2521181 


8.464 


Angleterre et Gi- 








braltar 


31.675.650 


25.172.671 


69.192.484 


Autriche-Hongrie... 


3.164.950 


1.761.701 


» 


Belgique 


6.632.901 


3.698.685 


2.819 


Espagne 


3.999.963 


3.919.537 


17.483.460 

1 


Egypte.. 


6.383 


130.883 


75.668 


Etats<^Unis 


1.126.332. 


1.487.867 


7.610.082 


Italie 


943.466 
208.501 


906.846 
63.840 


2.356.520 


Norvège 


20.260 


Pays-Bas 


3.147 051 


2.007.136 


323.201 


Portugal 


92.695 


124.908 


729.044 


Russie 


363.394 
3.119.724 
3.422 461 


302.623 
1.454.588 
1.744.604 


j> 


Suède 


711.162 


Antres pays 


738.365 


Totaux 


181.426.943 


132.958.200 


270.090.537 


Part proportion- 
nelle de la 
France et de 
l'Algérie 


60,98 0/0 


62.67 0/0 


63,18 0/0 



3o4 



U5 MAROC 



STATISTIQUES COMMERCIALES 

ZONE FRANÇAISE 



Exportations 



Pays destinataires 



France et Algérie 

voie de mer 

Algérie foîe déterre... 

Tunisie 

Allemagne 

Angleterre et Gibraltar . 
Autriche-Hongrie . 

Belgique 

Espagne 

Egypte 

Etats-Unis 

Italie 

Norvège 

Pays-Bas 

Portugal 

Russie 

Suède 

Autres pays 

Totaux 

Partproportionnelle 
de la France et 
de TAlgérie 



1913 



11.957.453 
9.320.000 

» 

8.299.961 

5.072.744 

46.206 

165.414 

4.386.697 

30.975 

491.044 

330.433 

> 
126.459 
1.542 
> 

3 

5.621 



40.180.291 



1914 



8.335.457 
9.164.000 

43.279 
2.827.227 
6.704.039 

73 559 

293.181 

1.611.847 

11.392 

419.475 

1.315.813 

c 
144.455 
65.582 
3.385 

28.746 



31.041.437 



Deniers ehiil. 
contrôlés 



89. 
12 



840.067 

279.000 

47.950 



10.947.137 



796.610 

4.426 

419.705 

497.891 



306.164 

» 
9.134 



116.148.081 



52^95 0/0 



56.370/0 



98.48 



APPENDICE 3o5 



LE MAROC AGRICOLE 



Les Services de la Direction de rAgrieniture sont à 
citer parmi ceux dont le fonctionnement est le plus 
satisfaisant. 

Des derniers renseignements dus à Taimable empres- 
sement de ce Service nous détachons les Notices sui- 
vantes: 

Jardins dressai. — Des jardins d'essai existent à 
Rabat, à Meknès, à Marrakecii, à Mazagan. Ces jardins 
servent à des rechercties sur les cultures fruitières et 
potagères et sur les principales essences de boisements. 

Des conférences sont faites aux indigènes dans ces 
jardins pour leur montrer les résultats produits par les 
méthodes de culture ou de tailles européennes. Les colons 
reçoivent également, par le fonctionnement de ces jar- 
dins, d'utiles indications sur les semences à préférer. 

Fermes expérimentales, ^^ Il existe actuellement trois 
fermes expérimentales. 

Ferme de Fez, — Cette ferme est réservée à la culture 
des céréales. Elle reçoit des stagiaires. 

Ferm£ de Mazagan, destinée aux plantes fourragères 
«taux cultures arbustives. 

Ferme de Marrakech, dite ferme de la Manor^, champ 
d'expéi^ience des modes et des intensités d'irrigation 
•convenant aux principales cultures . 

Pour les immigrants agriculteurs notons le fonctionne- 
ment d'un Comité de colonisation. 

Petite colonisation. A Casablanca, à Kenltra, à Fez il 
a été créé des lotissements maraîchers. 

Moyenne colonisation, — La création de lots de i5o 
à 4oo hectares est étudiée. 

Ces lots sont attribuables de préférence — mais sans 
gratuité —aux personnes s'engageant à s'y installer elles- 
mêmes ou à installer, sur ces terres, une famille fran- 
çaise. 

Le paiement du prix d'achat est réparti en dix annuités. 
Un lotissement a été fait à Petit j eau, région duGharb^à 
raison d^ i5o francs l'hectare. 

Grande Colonisation. — Récemment viennent d'avoir 



3o6 LE MABOC I 

lieales adjudications de terrain de Grande colonisation 
ci-après : 

I' à Ras-Ei-Mar, râ|^on de Fez, entre cette ville et 
Meknès. Surface 3.ooo hectares ; 3kx> francs l'hectare ; 

a* A Guerfcitt, dans la région du Gharb, à Tonest de 
Souk-Bl-A.rba, 1.44& hectares ; adjudication à ai8 francs 
l'hectare ; 

3* A Bir Retna, dans les Doukkala, entre Casablanca et 
Azemmour, i.ioo hectares ; aoo francs Thèctare. 

GuLTORBS A l'bssai : Le coton. Environ 20.000 hectares 
pourront lui être réservés. Variétés essayées :« Le courte 
spieji», Le « SakelLardis et le Mitafflffî » longue soie. lia 
culture du coton est encore en période expérimentale. 

La Bbttbr>wvb. — Des essais sont faits : 

A Rabat : Betterave sucrier e. 

A Meknès : Betterave demi^sucrière. 

A Fez, essais de grande culture. Ces essais sont encou- 
rageants. 

La Cannb a sdcrb. -^ Essai effectués à Mazagan, â 
Marrakech. 

La canne de la Guadeloupe et la ëanne blanche 
donnent les résultats les plus intéressants. 

Plantbs a parfum. — L'attention est appelée sur : 

La rose à parfum; 

L'oranger ; 

Le laurier rose ; 

Le myrthe ; 

Le géranium rosat. 

SéRiGiGULTURB . — Essals cffcctués sur vers à cocon 
jaune des Alpes, des Pyrénées, du Yar, des Cévennes, 

Essais encourageants. 

V Office Commercial du Maroc est en mesure de donner 
toutes précisions sur ces différents essais aux personnes 
pouvant s'y intéresser. 

Colonisation officielle 

Les opérations d'attribution de terres domaniales, à 
des immigrants français agriculteurs s'effectuent comme 
il suit: \ 

Les candidats doivent être majeurs et jouir de ie\ ', 
droits civils et politiques ; ils ne doivent avoir au Mai » 
que des propriétés de moyenne importance ; ils doivf ; 
prendre l'engagement de mettre eux-mêmes en Yalevu 



I 

APPENDICE 307 

»pt qu'ils sollicitent, de s'y in^ailer en personne dans le 
délai d'un an à dater de la vente et d'y babitw d'une 
façon effective et permanente Jusqu'au jour où ils en 
auront acquitté intégralement la valeur, ou à défaut, d'y 
installer, dans le même délai et les mêmes conditions, 
une famiUe d'agriculteurs français. 

Les candidats qui s'engagent à s'installer personnelle- 
ment sur les terres sont privilégiés dans l'attribution 
des lots, attribution qui a lieu par tirage au sort ; ils 
tirent les premiers. 

Les demandes doivent parvenir à la Direction de l'A- 
griculture, du Commerce et de la Colonisation, à Rabat. 
Elles sont examinées par le Comité de Colonisation, et 
les opérations publiques de tirage an sort entre les 
demandeurs agréés ont lieia à dates indiquées, 

a5 p. loo des lots réservés aux mutilés de guerre. 
5o p. loo aux personnes domiciliées au Maroc depuis 
deux ans au moins; a5 p. loo aux immigrants. 

Le capital nécessaire pour prendre part au tirage de 
lots moyens soit d'une contenance de soo à 400 hectares 
est d'environ /;o.ooo francs. 



3o8 LB MAROC 



LES VILLES NOUVELLES 



Nous oomplétons par des données 'de dernière actua- 
lité, les renseignements que contiennent déjà sur les 
Villes nowfelleê les notes publiées dans le corps du pré-, 
sent volume. 

Les plans des Villes nouvelles sont à la disposition des 
personnes désirant les consulter dans les bureaux de 
VOffice commercial da Maroc. 

Fez 

Pour acquérir des lots de terrains à construire dans 
Fez, ville nouvelle, il faut adresser au Chef des Services 
municipaux, ou au Contrôleur des Domaines, une de- 
mande indiquant : 

La nature, LlmporLance et la destination de la eons- 
truction à élever. 

L'attribution des lots est faite par une Commission. 

Les prix du mètre varient entre x fr. 5o à a fr. 5o 
selon la situation des lots qui peuvent être attribués. 

L'acquéreur est obligé d'édifier, dans un délai n'excé- 
dant pas dix-huit mois, des constructions durables repré- 
sentant une dépense de a5 francs par mètre carré de 
surface acquise. 

Les constructions doivent se conformer à un cahier 
des charges. 

Pour les lots faisant partie du Quartier des villas, la 
mise à prix est fixée, en ce moment, à 5 francs le mètre. 
La contenance des lots varie entre 85o et 1.600 mètres. 

Meknès 

L'emplacement de la nouvelle Meknès est à une alti- 
tude d'environ 5oo mètres. Le terrain appartient au 
Maghzen, c'est-à-dire au Domaine. 

La mise en vente a été autorisée depuis le 3o janvier 

1917- 

Les formalités à remplir pour acquérir des lots s it 
les mêmes qu'à Fez. 

Dans les secteurs réservés au commerce de détail t\ 



APPENDIC» . 30v) 

aux maisons d'habitation, le prix du terrain est de 1,^5 
à 3,50 le mètre. 

Dans les secteurs destinés aux Établissements indus- 
triels les terrains ne sont pas vendus, mais loués avec 
promesse de vente. Le prix de la location est de o,i5 
par an. Le prix àe vente est fixé à i,5o et la vente n'est 
réalisable que si le locataire a élevé des constructions 
d'une valeur d'au moins i5 francs le mètre carré. 

En cas de vente les sommes versées à titre de loyer 
sont défalquées du prix d'achat lequel se paye comptant. 

En cas de non exécution du cahier des charges, l'ad- 
ministration peut résilier la location ou la vente. 

Le titre de propriété n'est remis à l'acquéreur qu'après 
accomplissement complet de tous ses engagements et de 
toutes ses obligations. 

Le prix de la construction européenne est d'environ 
5o francs le mètre cube ; celui de la construction indi- 
gène, environ 40 francs. 

Marrakech ' 

La nouvelle Marrakech a déjà une superficie de 
495.000 mètres pour la partie destinée aux habitations 
et de 100.000 mètres pour la partie réservée aux instal- 
lations industrielles. 

La vente des lots a lieu aux enchères devant une Com- 
mission présidée par le Pacha et composée de l'Amin- 
El-Amelak fonctionnaire du Maghzen oharg« de la 
gestion des biens Domaniaux, du Chef des Services muni- 
^paux et d'un Représentant français du Service des Do- 
maines. Le Service des domaines fait connaître aux 
intéressés l'époque des mises en adjudication. 

La construction européenne coûte environ 5o fr. le 
mètre cube. 

Mazagan 

A Mazagan la ville nouvelle formera un demi-cercle 
autour de la ville, indigène. 

La longueur des rues déjà ouvertes est d'environ 
4kil.Ôoo. 

Le quartier réservé au Commerce et aux Services 
administratifs est voisin du port. Le quartier des Villas 
s'élève sur une colline d'où l'on domine la mer. 



3lO LB 1C\R0G 

Ppar Mazagan il s'agit plutôt de ragrandisBement de 
la ville que de la construction d'une Tille complètement 
nouvelle. 

Il existe peu de terrains domaniaux. Les terrains a 
acquérir sont donc des propriétés privées, soumises 
toutefois aux règlements administratifs. 

Les édifices modernes déjà construits sont: L'édifice 
du Commandement régional, le marché| l'hôpital, des 
écoles, des banques, quelques magasins. 

Taza 

A Taza le lotissement représente environ aS.ooo mè- 
tres carrés pour le futur quartier d'habitation ; prix 
3 fr. le mètre. 

Pour le quartier des Etablissements industriels les lots 
en vente varient de 5oo mètres à S.ooo.mètres carrés. Les 
terrains à acquérir sont domaniaux. 

Les demandes d'achat doivent, par conséquent, être 
adressées au Chef des Services municipaux. 

Les lots sont adjugés par une Commission que préside 
le Commandant de la région et que composent le Pacha, 
le Chef des Services municipaux et un représentant du 
Service des Travaux publics. 

Les terrains destinés aux installations industrielles 
ne sont pas vendus, mais seulement loués pour une 
période de cinq ans au bout de laquelle la location peut 
être transformée en vente si le locataire a élevé des cons- 
tructions d une valeur minima de a& francs au mètre 
carré et dont une partie, destinée à rhabitation,ait façade 
sur rue. 

La construction européenne atteint le prix d'environ 
3^ francs au mètre cube ; la construction indigène 
âo francs. 

La longueur des rues ouvertes dépasse a.ooo mètres. 

Taza, point principal de la voie ferrée Ondjda-Taza et 
bientôt Fez, a un grand avenir. 



\ 



APPENDICE 3ll 



AFFAIRES FRANÇAISES AU MAROC 

Sur toutes les Institutions financières et Affaires indus- 
trielles et commerciales ci-après mentionnées, tous ren- 
seignements peuvent être obtenus à l'Office commercinl 
du Maroc^ 5, rue Gambon. 

Finances 

La Çanque d'Etat du Maroc au capital de i5. 400.000 fr. 
La constitution date du i*' janvier 1907. La durée est 
de quarante années. 

Président: M. Séphane Derville, vice-président actuel 
de la Banque de Paris et des Pays-Bas, président du Con- 
seil d'Administration de la Compagnie P.-L.-M. Admi- 
nistrateurs français : M,-J. Pey tel, président du Crédit al- 
gérien et G. Quiot. Siège du Conseil d'Administration à 
Paris, 3, rue Yolney, Siège social à Tanger. 

Agences: Casablanca, Marrakech, Mazagan, Mogador, 
Ondjda, Rabat, Safi, £1-Ksar, Larache, Tétouan, Fez, 
Meknès, Kenitra. 

La Banque d'Etat a le privilège de l'émission des billets 
de banque et de la frappe et refonte des monnaies. 

Elle est chargée de l'émission des emprunts et peut, 
d'une manière générale, effectuer toute les opérations de 
baoque. 

La lettre ci-après indique le degré exact du développe- 
ment de la Banque d'Etat du Maroc : 

BANQUE D'ÉTAT Eaiis, le 89 août 19». 

DU MAROC 

— Office commoneial dn Maroc, 
SlàOB SOCIAL - TANGER 5^ nie Cambon. 

En réponse à votre lettre du 24 courant^ nous avons 
t'honneur de vous informer que les services de notre 
Agence/ de Fez fonctionnent depuis le É" janvier 1920, 
tandis que nos Succursales de Afeknès et de Kenitra sont 
en voie de construction. 

Veuillez agréer, Monsieur, Fexpression de nos senti' 
ments distingués, 

BAiroiri D*<TAT DU MAMO 

Deaz Admlnistrateara 

i4 



la LE MAROC 



Autres Banques 

Compagnie Algérienne^ Paris, 5p, rue d'Anjoa» Agen- 
ces à Tanger, Oudjda, Rabat, Casablanca, Mazagan, Safi, 
Larache, Fez, Kenitra, Marrakech, Mogador. 

Crédit Joncier d* Algérie et de Tunisie y siège administra- 
tif, Paris, 43> rae Gambon. Agences à Tanger, Oudjda, 
Fez, Kenitra, Rabat, Casablanca, Marrakech, Mazagan, 
Safi, Mogador, Meknès. 

Société générale^ Agences à Tanger et a Casablanca. 

Banque commerciale da Maroc, Paris, lo, rue de Mo - 
gador. Agences à Tanger et à Casablanca. 

Banque AlgéroTunisienne pour le hommerce d^ Exporta- 
tion, Agences à Tanger, Oudjda. Fez, Meknès, Rabat, 
Casablanca, Marrakech, Sati. 

Crédit marocain^ siège social à Cette (Hérault). Agen- 
ces à Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech. 

Banque de l'Airique du Nord, 45, rue Lafiitte, Paris. 

Société financière Franco-Marocaine, Annonay. 

Crédit marocain, 64» rue de Rivoli. 

Crédit foncier du Maroc, sj, rue de Mogador. 

Banque industrielle de l'Afrique du Nord, siège social 
9a6, boulevard Saint-Germain, Paris. 

Commeroe-Iudustrie 

Compagnie marocaine, 60, rue Taitbout. 

Compagnie du Nord-Africain, 6 bis, rue Auber, Paris. 

Compagnie de constructions modernes au Maroc, 18, rue 
de la Pépinière, P aris. 

Compagnie générale marocaine, 41» avenue de POpéra. 

Compagnie internationale du Maroc, 53, rue du Gh&- 
teau-d'Eau. 

Compa^ie du Maroc, 47» Boulevard Haussmann. 

Société Franco-Marocaine, 5, rue Tronchet. 

Société générale pour le développement de Casablanca, 
18, rue de la Pépinière. i 

Compagnie des chargeurs marocains, 37, rue de Mo- 
gador. 

Société générale d'Entreprises au Maroc, go, rue c la 
Victoire. 

Société marocaine des Travaux Publics, 43f rue C n- 
bon. 






APPENDICE 3l3 

Compagnie immobilière et industrielle du Maroc, 5, rue 
d'Athènes, Paris. ' 

Société commerciale française du Maroc, 19, rue Le Pel- 
letier, Paris. 

Compagnie Nord-Africaine, 10, rue des Beaux-Arts» 
Paris. 

Société Algéro-Marocaine de culture et de commerce, 
i4t rue delà Gare, Roubaix. 

Société marocaine d'Entreprises générales immobiliè- 
res et mobilières, ^5, boulevard Haussmann. 

Société immobilière du Maroc, 3, rue d'Antin, Paris. 

Société française foncière du Maroc, 11, boulevard de la 
Madeleine. 

Société française de TOuest-Africain, Cogalin (Var). 

Société Bordeaux-Maroc, i3 et i5, rue Taitbout, Paris. 

Société Bordeaux-Maroc et Bessert, Casablanca, 7, rue 
du Marabout. 

Société anonyme des Magasins généraux et Warrants 
du Maroc, Siège Social, Paris, 11, rue Lafayette. 

Paris-Maroc, 6, rue de Marignan. 

L'Ifriquia, Compagnie CbériÛenne commerciale et indus- 

j trielle, Casablanca. 

Banque Marocaine pour PAgriculture, le Commerce et 
l'Industrie, Casablanca, rue de l'Oued Bouskoura. 

Compagnie forestière du Maroc, Casablanca, avenue de 
la Marine, Immeuble Mas. 

Société de constructions économiques, Rabat. 

Afrique industrielle, commerciale et agricole, 76, Boule- 
vard El Alon, Rabat. 

Briqueterie, carrières et usines d'El Hauk, Marseille, 
i5, cours du Chapitre. 

Compagnie Nord-Marocaine d'Elevage et d'Exploitation 
agricole. Rabat, Siège Social, avenue du Chellah, la; 
Siège adn^inistratif, Paris, 11 his^ avenue de Sufren. 

Caisse de Prêts immobiliers, Casablanca, avenue Géné- 
ral-Drude,5, Bureaux du Crédit foncier d'Algérie et de 
Tunisie. 

Société d'Etudes minières et industrielles, 40, rue des Ma- 
thurins, Paris. 

Cartier-Bresson, rue des Carmes, Nancy. 

Compagnie Fasi d'Electricité, 55, rue de Chàteaudun, 
Paris. 

Les Nouvelles Galeries (bazars, hfttels, cafés, restau- 
r Lis), boulevard Galliéni, à Rabat. 



3l4 LB MAROC 

Société Immobilière de Rabat, Sièg^ Social Casablanca, 

avenae de la Marine. 
Compagnie Chériûenne de Recherches et Forages, ô^^rae 

de l'Horloge, Casablanca. 
L'Union des Mines marocaines, 66, rae de Ghâteandun, 

Paris. 
Compagnie des Tramways et Autobus de Casablanca, 

Casablanca, route de Medlouna, maison Braunschwig. 
Compagnie générale El Moghreb, Siège Social boulevard 

du a' Tirailleurs, Casablanca : Industrie, Agriculture, 

Transport. 
Société immobilière du Maarif, Siège social, ao, rue de 

Dixmude, Casablanca. 
Société marocaine d'Etudes minières, 8, rue d'Aguesseaa 

Paris. 
Compagnie anglo-française marocaine, 4> 'uc d'Anjou, 

Paris . 
Société des Magasins généraux et Warrants du Maroc, 

rue Drouot, i5, Paris. ^ 

Caisse de Prêts immobiliers, avenue du Général*Drade, 

Casablanca. 
La Maison familiale, Rabat, rue de Naples. 
Le Bon logis, la, 'avenue du Chellab, Rabat. 
Société Ed Diard (habitations) Rabat, i8, rue de la 

Marne. 
Société marocaine des scieries de TAtlas, Meknèsr 
L'avenir de Rabat Salé (habitations), Siège social à 

Rabat, rue Jane-Dieulafoy. Immeuble Cortey. 
Société d'Etudes et de Travaux de construction au Maroc, 

Siège social, Paris, rue Lafflte, 40. 
Société générale Ghérifienne, Casablanca, rue des Villas. 
Les Grands Moulins du Maroc, Siège social Casablanca, 

avenue de Saint-Aulaire. 
Compagnie maritime du Maroc, Siège social, rue de 

Rome, Paris, 37. 
Lyon-Maroc, opérations industrielles, agricoles, com- 
merciales. Siège social Casablanca, rue de Genève. 
Compagnie générale de Transports et de Tourisme^Casa- 

blanca. 
Société anonyme de constructions «t d'habitation à 

bon marché, Casablanca, rue d'Anta, 33. 
Société des Lièges de la Mamora, Siège social C i- 

blanca, boulevard de la Gare, immeubles Chalel. 






f APPENDICE 3l5 

Société agricole Gtiériûenne, rue des Villas, Casablanca. 

Société civile de prospection, rue Aviateur-Roget, Casa- 
blanca. 

Société de recherches et forages, 67^ rue de THorloge, 
Casablanca. 

Société Lille-Bonnières et Colombes, 10, rue de Calais» 
Paris. 

Société Marocaine agricole de Jaeoia, Siège social, Ra- 
bat, 6, rue du Lieutenant-Giiillemette et Paris, 3;, 
boulevard Haussmann. 

Société française des Mines du Maroc, i54> boulevard 
Haussmann, Paris. 

Société civile de recherches et d'exploitations des Mines, 
58, rue de Provence, Paris. 

Société de transports et de tourisme, chez M' Lacoste, 
notaire à Cussat (Allier). 

Société financière franco-marocaine, Siège social, rue de 
la Rotonde, Annonay. 

Comptoir franco-marocain. Siège social, 27, allées des 
Capucines, Marseille. 

Société marocaine de Commerce, 6, rue dii Lieutenant- 
Guillemette, Rabat. 

Compagnie Chérifienne des Recherches et Forages. Paris, 
7, rue de Suresne ; Casablanca, rue de THorloge, immeu- 
ble Ferrare. 

Société générale des Transports départementaux, 49» 
quai National, Puteaux. Administrateur délégué, 
J. Bpinat, 

Blinoterie franco-marocaine de Salé. Siège social: Salé, 
route de Meknès, Porte de Fez. 

Société générale pour le développement de Casablanca, 
18, rue de la Pépinière, Pwris. 



Etabliseaments Induetriela européens 

Il existe aelnelleinent au Maroc les établÎBaemenlB ci- 
après éBumérés. ' 

Presque tous ces EtabllBBements ont été créés et sont 
liirigés par des immigraDis françaiB. 



Miuolerle: Casablanca S 

— Meltnès a 

— Rabat 3 

Cercle des Doukkala 4 i 

— Marrakech 8 ' 

Pâtes allmenlaires : Casablanca .' 3 ! 

— Rabat il 

— Fez il 

— Marrakech i 

Glace & rarralchir: limonacles Casablanca...) 5 i 

— Rabat et Marrakech it , 

— Meknèa , 3 

— Fe« î 

Biscuiteries oonfiseries ; Casablanca 3 



Matériaux: Casablanca 5 

— Rabat 1 

— Meknès I 

— Fez 3' 

Menuiserie: Casabianea 4 

— Rabat 7 ' 

— Fe» I ; 

— Uoukkala 3 

Métallnrg'ie. Forges. Fonderies : Casablanca 9 J 

lenterie. Carreaux. Tuyaux: Rabat 3 ! 

struetiona métalliques : Rabat S ' 

oisièrcK : Meknès i ; 

inerie. Blanchisaerie : Rabat g 

leries : Meknès i 

Fez 1 

— Marrakech 3 



APPENDICE 3l7 



LA VIE PRATIQUA 



Conseils aux Immigrants 

Les Immigrants au Maroc et même les personnes qui 
ne font, dans le pays, que des voyages d'affaires et d« 
tourisme feront bien de se conformer atix indications 
suivantes qui émanent du Service de la santé et de l'hy- 
giène publique du Protectorat. 

Logement. — Dans les villes s'installer hors des agglo- 
mérations indigènes; éviter les habitations basses et 
humides. 

A la campagne : choisir les endroits élevés ou à mi- 
côte, les crêtes. Eviter le voisinage des mares et cours 
d'eau. Dans les environs de F habitation nettoyer et 
désherber le terrain, niveler les trous. 

Ces mesures sont d'un excellent effet pour lutter 
contre les insectes. 

Vôtements. — Laisser de côté les vêtements trop légers, 
notamment la toile. Ces vêtements n'ont leur raison 
d'être que pour les personnes fixées dans le pays et ne 
voyageant pas^ 

Ils sont à déconseiller formellement aux voyageurs 
de commerce et voire même aux touristes qui passant 
rapidement d'une région à l'autre peuvent être exposés 
aux effets de brusques changements de température. 11 
y a, en effet, entre la côte et l'intérieur de grandes diffé- 
rences climlatériques. 

Les vêtements en laine légère doivent être absolument 
employés même pendant la saison chaude : en dehors 
de cette saison les vêtements en laine d'épaisseur 
moyenne, analogue à celle que l'on porte en Europe 
sont les seuls à conseiller. 

Si Ton voyage s'assurer toujours la disponibilité 
immédiate d'un ample manteau genre raglan ou pèle- 
rine. 

Tiffures. — Pas de pasquettes. Chapeaux légers, feutre 
01 oaille protégeant la nuque en été. 



3l8 LE ICAROG 

Chaussorat. — En ville, même genre de chaussures qn'en 
Europe. 
En hiver semelle forte pour éviter toute humidité. 
A la campagne, fortes bottes et sabots. 

Domestiquas. — Si Ton emploie des domestiques indi- 
gènes, il est préférable de les loger et de les nourrir, 
afin de les sortir le plus possible de leur milieu. 

Ne pas confier d'enfants à des domestiques nouveaux 
et aussi longtemps qu'ils ne sont pas tout à fait éprou- 
vés. 

Leur faire passer une visite médicale avant de les 
attacher à son service. 

A la campagne l'ouvrier indigène ne doit pas être 
admis dans l'intérieur de l'habitation des Européens. 

Au moindre signe d'indisposition du personnel em- 
ployé, soit comme serviteurs, soit comme ouvriers, exiger 
la visite médicale. 

Nourritura.— La nourriture est, en résumé, là même que 
dans les pays d'Europe. Eviter les excès. 

En observant cet ensemble de précautions l'Européen 
peut habiter le Maroc sans aucun risque spécial et, 
bientôt, il s'acclimate complètement. 



APPBNDICB 3l9 



LES MARCHANDISES ALLEMANDES 



Il est d'un intérêt pratique de savoir quelles sont les 
principales marchandises que les Allemands vendaient 
au Maroc avant fa guerre par suite d'une propagande 
commerciale à Torganisation de laquelle on ne peut que 
rendre hommage. Les Allemands étaient absolument 
convaincus que le Maroc leur appartiendrait après la 
guerre ainsi que tous les principaux éléments de la 
prospérité française; la conquête commerciale ne devait 
être que le prélude de la conquête définitive. 

Les principales marchandises allemandes introduites 
au Maroc avnnt la guerre étaient les suivantes : 

I* Produits non alimentaires 

Acier en barres de 9 à i6 millimètres d'épaisseur, par 
caisses de 5o kilos. 

Alcool de très' mauvaise qualité. Importé en pipes de 
tôle d'acier contenant 600 litres et, pour les envois des- 
tinés à rintérieur, en fûts de tôle pesant, pleins, au plus 
x5o kilos. 

Allumettes. 

'Bimbeloterie, — Boites à thé et à sucre en fer blanc 
émaillé^de couleurs voyantes. 

Lance-parfam. 

Bois com,m.nns sciés» ' 

Bonneterie. Passementerie. 

Soie et simili'Soie : Articles communs 

Ciments. 

Couleurs et çernis. 

Peinture pour bâtiments et carrosserie. 

Ferraille et Ferronnerie. 

Fil de coton blanc ou de couleur. 

Glaces polies et étamées. 

Gobeletterie de çerre et de cristal. 

pnrlogerie, , 

J lile de machines • 

1 ichines à coudre. 

l .chines à vapeur. 

1 ubles de Salon de goût criard. 



3aO LE MAROC 

Papiers, cartons ^ pour babouches. 

Papiers tVemballage. 

Produits chimiques et pharmaceutiques. 

Quincaillerie, \ 

Tapis, Imitations de tapis turcs. I 

Tissus de laine, draperie. *! 

Ces tissus^ de teinte unie, de couleurs voyantes, sont \ 
généralement désignés sous le nom di Taba-cl-Fels . j 

Couleurs préférées : i 

Chamois (Kamouni); Bleu foncé (Pekhsi-mer'louq) ; | 
Rose Saumon (Fejel); Gris cendré (Remadi); Vert clair \ 
(Chère-qraq); Rouge grenat (Agrimerlouq); Violet foncé 
(Anq Kénam merlouq) ; Beige (Cebni inerlouq) ; Jaune , 
canari (Khabairi), Crème (Cebni); Noir (Akh'al) ; Blanc 
neige (Abiodh). 

Verroterie, 

a' Produits alimentaires 

Bières, 

Lait concentré, 

Pom.mes de terre. 

Rhum, très bon linarché, de très mauvaise qualité. 

Riz venant de Hambourg. 

Thé vert. 

Ceux de nos lecteurs qui désireraient des renseigne- 
ments plus détaillés pourront les obtenir ^e TOffice 
Commercial du Maroc (5, rue Cambon, Paris). 



APPENDICE 3ai 



LA SITUATION MONÉTAIRE 



La situation monétaire a une telle importance aussi 
bien an Maroc qu'en France, que nous en avons fait, 
en dernière heure, Fobjet d'une enquête toute spéciale 
dont nous résumons les résultats. 

Le i5 octobre 1919,1e communiqué suivant était passé 
à la presse : / 

m En octobre 1917, le cours libre du hassani monta à 
tel point que le Gouverneriient donna Tordre à la Banque 
d'Etat de pratiquer à ses guichets la parité du franc et 
du hassani et de s*y maintenir énerg^quement. 

« Cette politique était si favorable à l'aiéance et à la 
sûreté des transactions au Maroc qu'elle a pu être pour- 
suivie malgré même une hausse nouvelle et tenace des 
prix du métal . 

« Depuis juillet 1920, celui-ci a atteint un taux si exor- 
bitant qu'un trafic à prévoir, dont l'exemple est parti de 
Tanger et de la zone espagnole, se manifeste aujourd'hui 
dans le public et tend soit à l'exportation du hassani 
par tous les moyens, soit à sa thésaurisation. 

« Par ailleurs, toute frappe nouvelle est devenue 
matériellement impossible an cours de la parité et s'op- 
pose au renouvellement des encaisses, 

< Le Gouvernement se trouve donc contraint de rendre 
provisoirement au marché du hassani sa liberté. Mais 
il est entendu que les comptes publics demeurent exclu- 
sivement agencés en francs et que cette dernière moife- 
naie garde seule une valeur officielle légale au regard da 
Trésor. » 

Exposé de la question 

La question du hassani est dominée par an^aif: cette 
monnaie d'argent est celle des échanges indigènes de 
l'intérieur et des transactions de l'avant. En 19 18, de 
mars à novembre, il en a été sorti à cet effet pour 
7c nillions environ. 

r le cours du hassani vis-à-vis du franc est gouverné 
n< malement par deux facteurs : l'offre et la demande, 
la aleur du métal. 



3aa LE MAROC 

Avant 1916, la Banque d'Etat cotait journellement le 
change suivant le marché des différentes places. 

En igi6, on « essayé de neutraliser le premier des 
deux facteurs (l'offre et la demande) par une tentative 
de fixité des cours à ia5. Le Gouvernement a invité à cet 
effet la Banque d'Etat du Maroc, chargée de tenir le 
marché monétaire pour son compte, à maintenir rigou- 
reusement ce cours. 

En octobre 1917, le second facteur (valeur du métal), 
se manifestant sous la forme d'une hausse très considé- 
rable et très brusque du prix de l'argent fin, a contraint 
à abandonner le cours de ia5 et l'essai de stabilisation, 
sur la demande même du commerce, a été repris au 
cours de 100 on parité. 

Ce régime a pu durer pendant tout 1918 et une partie 
de 1919. Il était très favorable à La simplicité des tran- 
sactions et permettait notamment à la monnaie fran- 
çaise, totalement dépourvue de divisionnaire, d'utiliser 
à son profit le divisionnaire hassani. 

En Juin-Juillet 1919, une nouvelle et extraordinaire 
hausse du prix de l'argent a tout remis en question. Il 
était fatal que, si ce prix se maintenait, le hassani serait 
chassé de sa position de parité : i* parce que les frappes 
nouvelles deviendraient pratiquement impossibles (sacri- 
fice matériel énorme, rationnement du métal nécessaire 
par la France, lenteur forcée et surmenage de la Mon- 
naie de Paris); â* parce que la spéculation ferait évader 
le hassani, au fur et à mesure, et viderait les encaisses 
sans espoir de retour. 

Il a été possible cependant de tenir encore pendant la 
campagne des achats agricoles de Jaillet-aoùt, aucun 
indice de spéculation sérieuse sur le métal ne se mani- 
festant encore. 

Le 22 août, le trafic se dessina à Tanger, et un rapport 
du Ministre de France, du a6, en informait le Ministre 
des Affaires étrangères . 

Pour ne pas troubler la campagne d'achats, qui bat- 
tait son plein en zone française, et étant donné que ce 
trafic ne dépasse pas encore de faibles proportions, la 
Banque reçut du Protectorat l'ordre de continuer à < * • 
menter Tanger qui, vers le 8 septembre, se calmait. 

Le 3 octobre, une vive recrudescence de spéculât i 
se manifestait en zone espagnole, et le hassani ca • 



APPENDICE 3a3 

mença à se traiter, hors banque, à 5 et 6 o/o à Tanger, 
à lo et i5 o/o à Tétouan. Le 8, une demande anormale 
et pressante de un million de pesetas fut faitç par Tan- 
ger et, par télégramme du ii,Ie Département fut averti 
qu'elle ne pouvait décidément être servie sans compro- 
mettre le minimum d*encaisse hassani indispensable au 
service de Tavant. 

Dès lors, les événements devaient fatalement se pré- 
cfipiter sans résistance possible ; le i3, la spéculation se 
déclencha à Kenitra, à Marrakech, à Safi. Le i4, elle 
gagnait Casablanca et, sous peine dé voir les millions de 
métallique restant s*évader en quelques jours et risquer 
d'arrêter les transactions de Tavant, c'est-à-dire la sécu- 
rité même du pays, il fut décidé que la Banque d'Etat 
reprendrait la liberté des cours, seule susceptible désor* 
mais d'arrêter l'évasion du métal. 



La Grise 

Pendant deux ans (octobre 191 7 à octobre 1919), le 
Maroc a joui d'une paix complète au point de vue moné- 
taire et il a été, à une époque spécialement troublée à 
ce point de vue, un des très rares payis jouissant d'une 
monnaie métallique abondante et pouvant en user libre- 
ment dans ses échanges. En outre, les fluctuations du 
change ayant disparu et les deux monnaies apparais- 
sant en quelque sorte comme couplées, la dualité moné- 
taire dont souffre incontestablement le pays avait fini 
par s'effacer et s'oublier. 

Cette tranquillité commerciale tenait à ce que, au prix 
d'ailleurs des plus grandes difiicultés matérielles (len- 
teur et insécurité des transports de métal, fabrication 
difficile, exécution tardive, demandes considérables, 
etc.), l'Administration faisait tenir énergiquement par 
la Banque d'Etat du Maroc un cours fixe de change ; 
celui de 100 ou parité. 

La parité était la seule préparation rationnelle à l'avè- 
nement du franc, pour le jour où la situation monétaire 
de la France se serait trouvée rétablie. Il n'existait 
qu'une éventualité unique susceptible de la détruire ; 
la hausse de l'argent-métal au-deaans de sa valeur de 
monnaie. Cette éventualité était pratiquement impos- 
sible: elle a pourtant éclaté, en juillet 1919, de par la 



3^4 ^B MAROC 

double montée inouïe, mais durable, du prix de l'argent 
fin et de la livre anglaise. . 

Le i3 octobre 1919, l'abandon obligatoire, inéluctable, 
de la parité, brusquement notifié au public, est donc 
venu surprendre, en plein travail, en pleines affaires» 
la population française du Maroc et a fait naître chez 
elle une grave agitation, 

La rapidité avec laquelle avait évolué la crise et la 
nécc.siité impérieuse de ne point la laisser prévoir 
avaient, par ailleurs, empêché de fabriquer à l'avance 
des coupures divisionnaires françaises en sorte que 
les transactions nouvelles s'en sont trouvées très gênées 
pendant quelques Jours. 

Le cours du change pratiqué par la Banque d'Etat, à 
Casablanca, après être monté, les tout premiers jours, 
jus({u'à 66 et même. 6a 5o P. H. pour 100 francs, s'est 
rélabli à 69 le ao octobre, à 75 et 80 le ai, et est demeuré 
ferme à 83 depuis lors. 

De nombreuses mesures ont été prises par le Gouver- 
nement et l'Administration pour défendre moralement 
le crédit du franc, maintenir le plus possible son usage 
et enrayer renchérissement général. En voici l'énumé- 
ration : 

Suppression absolue des envois de hassani â Tanger 
et en zone espagnole : 

Recrudescence de la surveillance effective par la douane 
des sorties de numéraire par terre et par mer; 

Ordre donné à tous les comptables du Trésor Chérifien 
de vider leurs espèces hassani au compte-courant gêné' 
rai du Trésor, à Vexception du divisionnaire indispeiy" 
sable aux appoints des premiers jours (en attendant les 
émissions de coupures-Jrancs) ; 

Interdiction à tous comptables et régisseurs de deniers 
publics et à tous payeurs en général de payer autrement 
qu'en Jrancs, cette monnaie étant depuis le i*' janvier 
igi8^ la seule monnaie comptable officieUe . Mêm^s ordres 
pour les recettes; 

Lettre Chérifienne à lire dans les lieux publics et les 
mosquées pour interdire aux indigènes de refuser 
monnaie française ; 

Invitation à la Municipalité de Casablanca d'émett 
sur-le-champ des coupures municipales garanties p* 



APPENDICE ' 3a5 

iiii versement au Trésor. Autorisation analogue donnée 
à plusieurs Municipalités (Mazagan, Meknés), 

Invitation aux comptables, aux Municipalités et au 
public de procéder provisoirement aux appoints sous la 
forme de timbres-poste ^ partout où il serait impossible 
de faire autrement; 

Mise en circulation à Casablanca et à Fez des sous 
azizi démonétisés {aoo,ooo francs environ) ; 

Emission par VÈtat de coupures dEtat de a Jrancs, 
I Jranc, ojr. 5o, o/r, a5. Emission de ces coupures à 
raison d* environ 40.000 Jrancs par jour ; 

Ordre aux diverses Municipalités de maintenir très 
énergiquement les Mercuriales des marchés en Jrancs, 
sans augmentation ; 

Création de boucheries municipales et de vente de sucre 
en régie (réalisé d. Casablanca et à Rabat), Emploi du 
sucre pour soutenir indirectement le Jranc ; 

Surveillance exercée par les autorités locales sur les 
ventes de hassani par la Banque d^Etat, de manière à 
réserver ce métal aux commerçants sérieux, à Vexclusion 
des spéculateurs ; 

Surveillance, et interdiction au besoin, du change en 
plein vent ; 

Ordre à la Banque d^Etai d^ informer journellement la 
Direction Générale des Finances des cours pratiqués et 
de les télégraphier aux places ne possédant pas de suc- 
cursales ; 

Transformation en francs du budget spécial des Ha- 
bous, resté en hassani, sans augmentation du prix des 
toyers touchés par cette administration ; 

Application dudahirde 191 y sur la spéculation: i*aux 
accapareurs de monnaie ; st' aux commerçants arguant 
abusivement de la hausse du hassani pour augmenter le 
prix des denrées dHmportation. 

Actuellement, la crise évolue vers une solution d'en- 
semble, tendant avant lout à la suppression de la dua- 
lité monétaire qui doit être considérée comme le facteur 
déterminant de la crise. 

Cette solution est étudiée d'accord entre le Protectorat 
et le Gouvernement Français, par l'entremise et sous 
l'autorité de l'Inspecteur Général' des Finances qui, à la 
demande des services financiers du Maroc, a été spécia- 
lement chargé de cette mission. 



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ypC ORIENTAL 



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TABLE DES MATIÈRES 



PagM 
AVANT-PROPOS 7 

PREMIÈRE PARTIE 

Ghafitu I. — Le Maroc Politique. — Protectorat français. 
— Protectorat espagnol. — Tanger international 13 

CaAPiTKB n. — Précis géographique. — Les populations. ... 35 



• 



CHApms nL — Quelques mots de l'histoire du Maroc : 
1* Jusqu'à la bataille de llsly ; S* Jusqu'à nos Jours tt 

Chatitu IY. — Vers le Maroc. — Comment l'on gagne le 
Maroc. — Les compagnies françaises de navigation. — 
Jjd Toyage au Maroc. . . /. • 99 

Cbapru y. — Le Maroc gonTemeoiental. — Le Ma^^isen* 

— Le BledèlMaghien«— LeBkd ti. SilNU — Le Snltaiu 

— Les fondîoDnaifes. — La Coor. — L* IMplomatie. *> 
L'Armée .^ 45 

CMAima TI. — La TÎe ao Maroc. — La femme dans la 
famUie. — La maison. — Les repas. ^ Dans les Donars, 
— Sur les sooks ^ 



TIL — La Tîe as Maroc. — L'Ensei gnea i en t. — 
La Bdigîoa. ^ Les fêtes. — L'AId el Kélnr. ^ VJÛà ei 
Se^dr. ^ Le Moakmd. — L'Acbomna. -* L« life des 
ToOms. — Le mariage. ^ La ■aajMM». — La médecme. 
— La maladie. — La wêoiX. ^Les faaérailles 74 



33o TABLE DES MATIÈRES 



DEUXIEME PARTIE 

Chapitkb YlII. — La Loi au Maroc. -^ L'Administration 
marocaine. — Relations avec les Européens. — Actes 
diplomatiques et Traités. — Légations et Consulats. — 
Leur fonctionnement actuel 103 

Ghapitbk IX. — La Propriété au Maroc. — La Summa et le 
Hadith. — L'Ittaq. — L'héritage. — La donation. — 
L'Agd. — Les droits de clef. — Les biens Habous. — Les 
Tenfidah. — Les locations urbaines et rurales. 130 

Ghapitrk X. — Le Maroc économique. — La circulation 
monétaire. — Les poids et mesures. —■» Les services pos- 
taux. — Le télégraphe. — Les impôts. — Le budget. — 
Les emprunts. — Les Douanes. — Le Comité de contrôle. 
La B{^nque d'Etat 140 

Chapitre XI. — Les richesses du Maroc. — Production agri- 
cole. — Mines. — Pêcheries. — Salines 155 

Chapitrb XII. — Le commerce au Maroc. — Organisation 
commerciale . — Les Censaux 170 

Cbapitbb XIII. — Villes et régions. — Les villes impériales. 
— Les ports. — Les villes de l'intérieur. — Les villes 
saintes. — Le Tafilelt. — Le Figuig 177 



TROISIÈME PARTIE 

Chapitrb XIV. — L'Œuvre française. — La Chaonla. — 
L'Amalat d'Oudjda M7 

Chapitre XV. — Notes pratiques pour le Commerce, l'Indus- 
trie, l'Agriculture Î3î 

DBRtriBB COUP d'obil "M 



TABLE DBS M ATIÂBES 33i 

APPENDICE 

Administration 261 

Gouvernement Ghérilien 261 

Résidence générale de France 261 

Administration dn Protectorat 262 

Services des Renseignements 263 

Offices et Bureaux Economiques 263 

, Chambres de Commerce, d'Agriculture et Mixtes 263 

I Comités d'Etudes économiques 263 

Office du Protectorat de la République française au 

Maroc , ... 264 

, Office du Commerce extérieur 264 

' Office commercial du Maroc , 265 

: Voies d'accès au Maroc : 

Le Maroc par Marseille 267 

Le Maroc par Bordeaux ^ 269 

Le Tourisme au Maroc 272 

Régime des Douanes 275 

. ^ Services postaux télégraphiques et téléphoniques 277 

Régime minier 279 

Transports : 

Chemins de fer 281 

Compagnie du Chemins de fer Tanger -Fez 282 

Chemins de fer militaires 283 

Chemin de fer commercial 285 

Transports aériens 287 

Transports sur routes 289 

Services automobiles 291 

Les Ports : 

Etat actuel des travaux 293 

Mouvements des ports 297 

Commerce : 

Les Demandes et les Offres 299 

Dernières statistiqites : 

Importations 303 

Exportations 304 

« 

Le Maroc agricole 305 



33a TABLK DBS MATIÂRBS 

Let Villes nouvelleg 308 

/.ef Affaires françaises au Maroc : 

Finances 311 

Commerce et Industrie 31S 

Établissements industriels européens 316 

La Vie Pratique 317 

tes Marchandises Allemandes 319 

La situation monétaire 331 

Enseignement professionnel 3S6 

Bons pour Renseignements 333 



Carte générale du Maroc. 

Carte de l'Amalat d*Oud)da. 

Plan Schématique de Fez. 



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Le Maroc 



Son , passé — Son présent — Son avenir 



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26, Rue Racine, 26 

îinquième mille 



TABLE DES MATIÈRES 



Pages 
AVANT-PROPOS 7 

PREMIÈRE PARTIE 

Ghapitai I. — Le Maroc Politique. — Protectorat français. 
— Protectorat espagnol. — Tcuager international 13 

Gbapitm II. — Précis géographique. — Les populations. ... 35 



* 



Gbipitbi m. — Quelques mots de Thistoire du Maroc : 
i* Jusqu'à la bataille de llsly ; 2* jusqu'à nos jours 34 

Chapiteb IY. — Vers le Maroc. — Gomment Ton gagne le 
Maroc. — Les compagnies françaises de navigation. — 
Le voyage au Maroc. . . / 39 

GHAPiiai Y* — Le Maroc gouvernemental. — Le Maghzen. 

— Le Bled el Maghzen. — Le Bled el Siba. — Le Sultan. 

— Les fonctionnaires. — La Cour. — La Diplomatie. <— 
L'Armée .^ 45 

Ghapitbi YI. — La vie au Maroc. — La femme dans la 
famille. — La maison. — Les repas. — Dans les Douars. 

— Sur les souks 65 

Ghapitbb YII. — La vie au Maroc. — L'Enseignement. — 
La Religion. — Les fêtes. — L'Aïd el Eébir. — L'Aîd el 
Seghir. — Le Mouloud. — L'Achoura. — La fête des 
Tolbas. — Le mariage. — La naissance. — La médecine. 

— La maladie. — La mort. — Les funérailles 74