Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automatcd qucrying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send aulomated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project andhelping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep il légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search mcans it can bc used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite seveie.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while hclping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at |http : //books . google . com/|
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public cl de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //books .google. com|
■w>«kS , f a3 r . A"& i n6j ii f^ m t i^
Vet. F-<. 3IL I..30fe3
■:)
I »
^'
LE
MÉMORIAL
CATHOLIQUE.
LE
MÉMORIAL
/
CATHOLIQUE,
OUVRAGE PÉRIODIQUE.
PREMIÈRE ANNEE.
TOME II.
A PARIS,
AU BUREAU DU MÉMOKIAL CATHOLIQUE,
RUE CASSETTE, I?^ 35.
IMPRIMERIE DE L ACHEVARDIERE FILS,
Sneoesseur de Cbllot, rue du Golombier, n. io.
M. DCCC. xxiy.
ÎNSTVt^;
'>•
yi
f 9JUN1960
^ OF OXFORD
/ fî R ^!>
LE
MÉMORIAL CATHOLIQUE.
JUILLET 1824.
SECONDE LETTRE INÉDITE
DE M. LE COMTE J. DE MAISTRE
A UKE DAME BUSSE,
Sari» niitare et les effets du schisme) et sur l'anité catholique.
Ecoulez , ma (lUe , et royez ; prêtez l'oreille , oabliex
votre Datioo et la mabon de votre père. '
P. ZLIT, 11.
La tettre à une da/me protestantes que nous avons donnée
dans ie précédent numéro du Mémorial , ayant été lue à une
dame ru^se, sur qui elle fit beaucoup d'impression , cette
dame demanda à V auteur la permission de lui faire uw
question, et lui adressa hientât ie InUet sviva/nt :
MONSIBUA.
Si une religion ne diffère de l'autre que par deux points
très peu importants , il me semble qu'il n'y a point d'erreur ,
et que l'une est aussi bonne que l'autre ; il me semble même
qu'il n'y a point de schisme » et que c'est la même religion
professée en deux idiomes différente
Je ne sais , monsieur » si f ai bien compris vos idées ; mais
Je vous soumets les miennes. Vous avez été assez bon pour me
permetlfe de vous £aiire une question : si elle n*est point Indis-
crète 9 je réclame la promesse que vous m'avez faite, et j'at-
tendrai votre réponse ayec beaucoup d'impatience.
J'ai l'honneur d'être, etc.
ISaint-Pétenboorg , 29 janvier (10 féTrier ) i8io.
Cftte ^uesHon prodiiUit ia'tettre suivante :
Màdaiib ,
En jetant les yeux sur la question que vous m'avez adressée
le 2g février dernier , il est extrêmement flatteur pour moi de
voir que l'écrit dont j'avois eu l'honneur de vous faire lec-
ture a fait sur votre esprit tout l'effet que j'en attendois ,
puisque vous souscrivez pleinement , quoique tacitement , à
la thèse soutenue dans cet écrit, ou il s'agissoit uniquement
de prouver que la fameuse maximcy qu't^n honnête hommô
ne change jafnaU de religion f est dans le fait un blasphème
et une absurdité.
Vous souscrivez à cette proposition ; mais vous me deman-
dez , madame, si deux religions (to (atineet la gTecqtie)^ ne
différant que sur deux points très peu importants, on ne peut
pas dire qu'il n'y a réellement point de schisme , et que nous
ne différons que par l'idiome. ^^
Ceci particnlarise tout-à-fait la question ; je tiens pour ac-
cordée la thèse générale qu'un honnête homme doit changer
de religion dès qu'il aperçoit la fausseté de la sienne et la
vérité d'une autre ; toute la question se réduit donc à savoir si
cette obligation tombe sur le grec comme sur tout autre dis-
aident, et si la conscience ordonne dans tous les cas un chan-
gement public.
La distinction des doçmes plus ou moins importants n*est
(5)
m
pas nouvelle ; elle se présente naturellemeol A tonl esprit eon*
cillant^ tel que le vôtre , madame , qui voudroil riunir m
qui est divisé ; ouà tout esprit alarmé qui , peut-6tre encore
comme le vôtre y voudroit se tranquilliser; ou^ enfin » à tout
esprit arrogant et obstiné ( bien différent du vAtre) 9 qui a Té*
trange prétention de choisir ses dogmes » et de se oondtttre
diaprés ses propres lumières.
Mais l'Église mère , qui n*aime que les idées claires» a ton*
»
leurs répondu qu'elle savoit fort bien ce que c'était qu'um
dogme faux , mais que jamais elle ne comprendroit ce que
c'étoit qu'un dogme important ou non important $ parmi les
dogmes vrais, c'est-à-dire révélés.
Si l'empereur de Russie ordonnoit, par exemple » que tout
homme voulant se rendre de l'amirauté au couvent NevrsU^
seroit obligé de tenir la gauche des arbres de la Perspective $
sans jamais pouvoir passer ni dans l'allée même ni dans la
partie droite de la rue y il pourroit sans doute se trouver une
tète&usse qui diroit : C'est un ukase^ je l'avoue» mais il n'est
pas Important ; ainsi je puis bien marcher à droite. A quoi
tout bon esprit répoudroit : Mon ami , tu te trompes de deux
£içons. D'abord» comment sais-tu que cet ordre n'est pas im«
portant» et que l'empereur n'a pas eu» pour le publier» des
raisons qu'ail n'est pas obligé de te confier ( observation» pour
le dire en passant » qui est péremptoire lorsqu'il s'agit d'une
ordonnance divine ) ? D'ailleurs , s'il n'importe pas que l'on
passe à droite ou à gauche de la Perspective » il importe infi-
niment que personne ne désobéisse à l'empereur, et. surtout
que personne ne mette en thèse qu'on a droit de désobéir lors-
que l'ordre n'est pas important} car chaque individu ayant
le même droit » il n'y aura plus de gouvernement ni d'ei|^^
pire.
Je conviens donc» si vous voulez» qu'il importe peu avant
la décision qu'on croie que le Saint-Esprit procède du Père et
An fils » ou du Pèi^ p^r le FiU i mais U importe »nfiuimei)(
(4)
qu*aucun particulier n'ait droit de dogmatiser de son .chef, et
qu'il soit obligé de se soumettre dès que l'autorité a parlé ^
autrement il n'y aùroit plus d'unité ni d'Église.
Sous ce point de vue l'église grecque est aussi séparée de
nous que l'église protestante y car si le gouvernement d'As*
tracan ou de Saratoff se sépare de l'unité, et qu'il ait la
force de se soutenir dans son indépendance, il importe fort
peti qu'il retienne la langue de l'empire , les usages de l'em-
piré, plusieurs, ou même toutes les lois de l'empire, il ne
sera pas moins étranger à IJempire russe , qui est l'unité poli-
tiqué, comme l'empire catholique est l'unité religieuse.
L'Église catholique ne met en avant aucune prétention ex*
traordipalre. Elle ne demande que ce qui est accordé à toute
association 'quelconque , depuis la plus petite corporation de
village jusqu'au gouvernement du plus grand peuple. Que dix
ou douze dames s'assemblent pour faire la charité ou visiter
les malades, la première chose qu'elles feront sera de créer ujoe
prieure ; et c'est encore une vérité à la portée de l'homme, le
plus borné , que plus la société est nombreuse , plus le gou-
vernement est nécessaire , et plus il doit être fort et unique ;
de manière que tout grand pays est nécessairement monar-
chique ; pourquoi donc l'Église catholique ( c'est-à-dire uni-
verselle) seroit-elle exempte de cette loi générale ou naturelle ?
Son titre seul nécessite la monarchie, à moins qu'on ne veuille
que, pour la moindre question de discipline, il faille consulter
et même assembler les évéques de Rome , de Québec , de
Moscou.
Aussi les paroles par lesquelles Dieu a établi la monarchie
dans son Eglise sont si claires , que lui-même n'a pu parler
plus clairement.
S'il étoît permis de donner des degrés d'importance parmi
des choses d'instituttou divine, jeplacerois la hiérarchie avant
le dogme , tant elle est indispensable au maintien de la foi.
On peut ici invoquer en faveur de la théorie une expérience
( 5 )
lumineuse qui brille depuis trois siècles aux yeux de TEnrope
entière. Je veux parler de Tégllse anglicane 9 qui a conservé
une dignité et une force absolument étrangère à toutes les au-
tres églises réformées , uniquement parceque le bon sens an-
glais a conservé la hiérarchie , sur quoi, pour le dire en pas-
sant , on a adressé à cette église un argument que je crois sans
réplique. Si vous croyez, lui a-t-on dit, la hiérarchie néces-
saire pour miaintenir Tunité dans l'église anglicane , qui n^est
qu*un point, comment ne le seroit-elle pas pour maintenir
l'unité dans l'Église universelle? Je ne crois pas qu'un Anglais
puisse répondre rien qui satisfasse sa conscience.
Pour juger sainement du schisme , il faut l'examiner avant
sa naissance ; car dès qu'il est né, son père, qui est Toi^ueil,
ne veut plus convenir de l'illégitimité de son fils. ^
Supposons le christianisme établi dans tout l'univers , sans
aucune forme d'administration , et qu'il s'agisse de lui en
donner une ; que diroient les hommes sages , chargés de ce
grand œuvre ? Ils diroient tous de même , soit qu'ils fussent
deux ou cent mille. C'est un gouvernement comme un autre ;
il faut le remettre à tous, à quelques uns, ou à un seul. La
première forme est impossible , il faut donc nous décider en-
tre les deux dernières ; et si l'on s'accordoit tous pour une
monarchie tempérée par les lois fondamentales , et par les
coutumes avec des états généraux pour les grandes occasions ,
composée d'un souverain qui seroit le pape , d'une noblesse
formée par le corps épiscopal , et d'un tiers- état représenté
par les docteurs et par les ministres du second ordre , il n'y
a personne qui ne dût applaudir à ce plan. Or c'ost préci-
sément celui«qui s'est établi divinement par la seule force des
choses , et qui a toujours existé dans l'£glise , depuis le con-
cile de Jérusalem , où Pierre prit la parole avant tous ses
collègues, jusqu'à celui de Constantinople , en 86g, où la
dernière acclamation fut à la mémoire éternelle du pape Ni-
colas , jusqu'à èelui de Trente, où les Pères ^ avant de se
(6)
féparer éerièreiit de même :^ Salut et loogiieA anaé»» an
tfès saint père, au souverain pontife , à i*évèqnc univefseL
Or, dès qu'un gouvernement est établi , e*est une maxiaie
aussi vraie et plus évidente qu*un théorème mathématique ^
que non seulement nul particulier ^ mais encore que nulle
ieotion de l'empire n'a droit de s'élever contre l'etnpire mémo»
qui est un et qui est tout.
Si quelqu'un demandoit, en Angleterre » ee qi^il fieiudroit
penser d'une province qui refuseroit de se soumettre à un blll
du parlement sanctionné par le roi, tout le monde éolaleroit
de* rire. On dlroit par acclamation : Où donc est le dbnle P la
province éeroH révoltée; il faudroit publier la loi martiide et y
envoyer des soldats ou des bourreaux.
Hais la révolte n'est que le schisme politique , eoia«ae le
iehisme n'est qu'une révolte religieuse ; et l'excommunication
qn'oii inflige au schismatique n'est que le dernier siq^pUce
ipirifud, comme le dernier supplice matériel n'est que l'ex^
Mmmttnication politique , c'est-à-dire l'acte par lequel on
met un révolté hors de la conmiunauté qu'il a voulu dlssoudro
( ^xe^mmunié )•
On raisonne souvent sw et même ooatre l'iAfaillibilité do
riËglise^ sans faire attention que tout gouvernement est infail*
MHe , ou doit être tenu pour tel.
Lorsque Luther crioit si haut dans l'Allemagne, Je demande
seulement qu'on me dise de bonnes raisons, que l'on me ooa«*
V^UBiqueet je me soumettrai; et lorsque des princes mêmes
a{»plaudissoient à cette belle prétention, non seulement Luther
étoît un ffévolté , mats de plus il *êtoit un sot ; car jamais le
a o ov crain n'est obligé de rendre raison à son sajet , ou bien
toute société ^t dissoute.
La seule mais bien importante différence qu'il y ait entre
la société civile et la société religieuse, c'est que, dans la
première , le souverain peut se tromper, de manière cpie l'in-
ftiUlMité qu'on loi accorde n'est qu'une suppoeitloa ( qui a
(7)
rependmt foulas les foroea de la réalité ) ; an lieu qoa la gon**
veroement «piritud Oit aécessairenient inlidUible aa pied de
ia lettre. Car Dieu o'ayant pas voulu oonfier le gouvememeal
de son JÉglûe k des élus d^un ordre supérieur, sll^n'aToit pas
donné Tinfaillibilité au]( hommes qui la gouyernent , U n*au«
iroit rien fait j moins que ce que font ks hommes pour perpé-
tuer leurs chétives institutions. Or tous les chrétiens partent
du principe que Tinstitution est divine. Gomme elle ne peut
mamfeatemçnt durer que par rinfailllhillté , {soutenir que son
gouvernement a pu se tromper , c^est très évidemment soute*
nir qu'elle est divine et qu'elle ne Test pas.
Que diaoit votre Pbptius dans la fameuse protestation qu'il
écrivit au neuvième siède, contre la décision du concile de
Gonstantinpple ?
Nous ne connoissons ni Rome y ni Antioche f ni Jérusalem,
ai tous les autres juges 9 quand ils fugent comme ils font en
cette aesemblée contre le droit de l'équité, contre la raison
«atureVe et contre les lois de l'Église ; nous ne connoissons
d'autre autorité que ces lois.
Que disoient les législateurs calvinistes de l'Angleterre , au
seizième siècle ?
L'église de Jérusalem s'est trompée , celle d' Antioche s'est
trompée, celle d'Alexandrie s'est trompée > et celle de Aome
s'est trompée, même dans les matières de foi : les conciles
généraux ont erré de ni;éi9e; il n'y a donc de véritable règle
que la pa rôle de Dieu» '
Yous voyez, madame, que le sohisnaeest toujours le même ;
il peut bien changer de langue, mais jamais de langage.
M pour sentir la beauté de son raisonnement, transportes-
le dans l'ordre poUiique ; imaginez des hommes qui disent :
Nous ne connoisaous ni juges, ni magistrats, ni tribunaux
d'aucune espèce, tant qu'ils jugent, comme ils le font souvent,
contre les lois de l'empire; nous ne connoissons d'autres juges
que cef loîs^ H(m polioe s'est trompée^ les sièges se sont trom^
( .8 )
féSf le sénat s'est trompé, le Plénum même s^èst trbmpé : il
n*y a donc de vérital>le règle que la parole du législateur. Nous
avons un code; dans toutes les discussions possibles , il suffit
de Tourrir pour savoir qui a tort ou raison, sans recourir à des
juges ignorants , passionnés et alToibiis comme nous.
Mul homme de bonne foi ne contestera la rigoureuse jas-
tesse de cette comparaison.
Ainsi donc le schisme heurte de front les principes les plus
évidents de la logique : il est contraire aux lois fondamentales
de tout gouvernement, et ridiculement inexcusable.
Il est bien vrai que, lorsqu'il est consommé , il devient juste
et raisonnable aux yeux du révolté. Ah ! je le crois; quand est-
ce qu'on a entendu la révolte dire qu'elle a tort? C'est une
contradiction dans les termes ; car du moment où elle diroit
J'ai tort, elle ne seroit plus révolte.
M'a-t-on pas vu Photius s'adresser au pape Nicolas I**, en
869, pour faire confirmer son élection; l'empereur Michel
demander à ce même pape des légats pour réformer l'église
de Gonstantinople , et Photius Ini-méme tâcher encore, après
la mort d'Ignace, de séduire Jean YIII pour en obtenir la con-
firmation qui lui manquoit ?
N'a«t-on pas vu le clergé de Gonstantinople, en corps, re-
courir au pape Etienne, en 886, reconnoitre solennellement
sa suprématie, et lui demander, conjointement avec l'empe-
reur Léon , une dispense pour le patriarche Etienne , frère de
l'empereur, ordonné par un schismatique ?
N'a-t-on pas vu Tempereur romain Lécapène, qui avôit
créé son fils Théophile patriarche ^ à l'âge de seize ans, recou-
rir, en 953, au pape Jean XI pour en obtenir les dispenses
nécessaires, et lui demander le palliumpour l'église de Gon-
stantinople , une fois pour toutes^ sans que chaque patriarche
fût obligé de le demander à son tour ?
N'a-t-on pas vu l'empereur Bazile envoyer encore des am-*
bassadeurs, en loig, au pape,- pour en obtenir le titre de pa-'
(9)
trtarche.œeuméniqiie à Tégard de tout rOrient^ comme le
pape en jouissoit. sur toute la terre? .
Étranges contradictions de Tesprit humain I Les Grecs re«
connoissoient. sa souveraineté en lui demandant des gràceSf
puis ils se séparoient d'elle papcequ*eUe leur résistoit : o^étoitla
reconnottre en l'abdiquant.
Et prenez bien garde , madame 9 qu'en ref étant cette sou-
veraineté , ils n'ont pas osé l'attribuer à d'autres, pas même à
leiu* propre église , si fièreet si dominatrice ; de manière que
toutes les églises sont demeurées acéphales, comme dit l'é*
cole, c'estià-dire sans aucun chef commun qui puisse exercer
sur elles une juridiction supérieure pour les maintenir dans
l'unité, tant la suprématie du pape étoit incontestable.
Il résulte de ce beau système qu'on yeut bien un empire
de Russie, mais point d'empereur de Russie ; ce qui est tout-
à-fait ingénieux.
Plus d'une fois, madame , il vous sera arrivé comme à moi
d'entendre dire dans la société, avec une gravité digne de la
plus profonde compassion , que ce n'est point l'église grecque
qui s'est séparée de la latine, mais bien celle-ci qui s'est
séparée de l'autre.
Autant vaut dire précisément que Paugatchoff ne se révolta
point contre Catherine II, mais qu'au contraire Catherine se
révolta contre Paugatchoff.
Qu'on accumule toutes les raisons alléguées pour justifier le
schisme des Grecs, l'orgueil de l'Église romaine, les abus, les
innovations, le despotisme , etc. , je donne le défi solennel à
toujte l'église grecque en corps de m'en citer une seule que je
ne tourne sur-le-champ, avec une précision mathématique,
contre Catherine II, en faveur de Paugatchoff.
C'en e|t assez, madame, si je ne me trompe, pour vous faire
comprendre la ridicule fausseté du principe sur lequel repose
le schisme; il me reste une tâche encore plus importante ,
c'est de vous en fai^apercevoir les suites funestes, que vous
( 10 )
M^' biAo élojgiiée de ocmnottre dans iwdtd leur élMdfliB»
commeje le vois par la question qile vouf m'aères fait Phoniiew
de m'adresser. '
On ne juge uo poison que par ses effets; la Tésienle qui
recèle le venin de la vipère est fort petite , et le canal qnl le
verse dans la plaie à travers la dent est presque imperoeptible
sans la lentille du nûeroscope ; cependant la mort y passe cotn-
modément* Le monde moral est plein, comme le monde fhjû*
que, de ces passageaimperceptibles par oh le mal s'élance dam
le domaine de Dieu, qui est celui de Tordre; alors Torgueil a
beau crier : Il n'y a point de mal, t<nit va bien. Laissons dire
Torgueil, et voyons les choses sans passion. Pour connottre
toute rétendue du désordre, il faut d'abord connottre toute
TexceUence de Tordre qu'il. a détruit.
Si vous comparez en masse tout^ les églises séparées aveo
TÉglise mère, vous serez frappée de la différence : oelle-ci se
distingue par trois grands caractères qui sautent aux* yeux les
moins attentifisi, la persuasion, i*a%Uorité et ta féeawUU*
|0 La persuasion. La devise éternelle de TÉglise e|t le mot
du Prophète , « J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé; » sûre d'elle-
même, jamais on ne Ta vue balancer : le doute, coinmeTa fort
bien dit notre célèbre Huet, n'habite point la cité de Dieu; et
Ton peut £iire sur ce point une observation de la plus grande
importance, c'est que, dans les communions séparées, ce
sont précisément les cœurs les plus droits qui éprouvent le
doute et l'inquiétude, taudis que, parmi nous, la foi est tou-
jours en proportion directe de la moralité* Comme rien n'est
si contagieux que la persuasion, Tenseignement catholique
exerce une force prodigieuse sur l'esprit humain. Animé par
sa conscience et par ses succès , le ministère ne dort jamais ;
il ne cesse d'enseigner , et , je ne sais comment , son silence
même prêche. Brûlant de Tesprit du prosélytisme, on le voit
surtout enfanter certains livres extraordinaires qui n'ont rien
d$» dogmatique , rien de contentieux^ ^^W^ semblent a'iq^
( 1» )
parlenif qm'ji la simpk piété 5 mais fui gont pltiM 4e je M
fiais quel espril ioexpUcable ^ qui pénètre dan» le eœur et de
là dans Tesprity au point que ces livres epèreet pins d'efirt
que ce que les docteurs les plus savants ont produit de plus
coneluant dans le genre démonstratif.
a"" L'autorité. A la fin du sermon sur la montagne ( l*uii des
mocceauxde rJËcriture sainte où le sceau divin esl le plus sail-
lant )s rhistoirien sacré a|oute ces mots remarquables: «Or le
peuple étoit ravi de sa doctrine , car il n'easeignoit pas eooinie
ses docteurs , mais comme ayant la puissance. » £xainiMe la
chose de près, madame^ et vous verrex que ce divin législateur
a tragasmis ce privilège (autant du moins que le souffre là na*
turc huiOfaine) au ministère qu'il a établi sur la terre.
Prenez place dans Tauditoire du plus humble curé de cam*
f agne ; si vous y avez apporté l'oreille de la conscience » vous
sentirez à travers des formes simples y peut-être même grossie*
rea., que le ministre est à sa place» et qu'il parle comme ayant
la puissance.
Ce caractère est encore un des mieux aperçus par la een«>
flcience universelle , qui est infaillible# De là vient que la reli^
gion catholique est la seule qui alarme les autres et qui ne soit
jamais parfaitement tolérée. Il y a dans cette capitale des pré-
dicateurs arméniens, anglicans , luthériens et calvinistes bien
plus contraires que nous à la foi du pays : qui jamais s'est em«
barrasse de ce qu'ils disent ? il en est bien autrement des catbo*
liques; ils ne peuvent dire un mot ni faire un pas qui ne sait
le sujet d'un examen , d'une critique ou d'une précaution; car
toute religion fausse saibqu'elie n'a de véritable ennemie que
la vraie.
5" La fécondité. Gomment cette religion, qui est fille de Dieu^
ne participeroit-elle pas à la puissance créatrice? Gonsidére»«la
depuis sojD établissement, jamais elle. n'a cessé d'enfanteir.
Tantôt elle travaille à étendre ses limites, aucune peine, aucun
danger ne l'effiraîe^ elle fait chanter ^w hymnes aux I^requoÂs
( «o
et au laponaig, et sans des entraves que lui Jettent d*aveagled
gouveroements, dont elle se venge en les déclarant sacrés , on
ne sait où s'arrèteroient ses entreprises et ses succès: tantôt elle
travaille sur elleHEuéme, et s'enrichit cbaque jour de nouveaux
établissements tous dirigés à Textension de la foi et à rexerclce
de la charité.
En vous montrant les trois caractères de TÉglise , j'ai dit ce
^i manque aux communions séparées. Je m'arrêterai un in -
staut sur ce point essentiel ^ en vous montrant d'abord ee
qu'elles ont de commun.
La conscience est une lumière si profonde et si éclatante que
l'orgueil même n'a pas la puissance de l'éteindre entièremeat.
Or ^ cette conscience enseigne à tous les hommes qu'il seroit
souverainement déraisonnable de s'arroger le droit de se séparer
d'une église quelconque et de refuser ce même droit à un autre.
Si le grec a cru avoir de bonnes raisons pour méconnottre la
supréniatie de Rome dans le onzième siècle, de quel front con-
damneroit-il le protestant, qui a usé du même droit dans le
seizième? de quel front même condamneroît-il son propre
frère qui refuseroît de croire leur mère commune? Ce senti-
ment seul frappe de mort toutes les églises séparées., ou ne leur
laisse qu'une vaine apparence semblable à celle de ces arbres
pourris qui ne vivent plus que par l'écorce. Elles se tolèrent
mutuellement à ce qu'elles disent : et pourquoi non ? dans le
fond cependant ce beau nom de tolérance n'est qu'un syno-
nyme honnête d'indifférence. Jamais depuis leur séparation il
ne leur est arrivé de faire des conquêtes, à peine ont-elles osé
l'entreprendre ; ou si elles Tout fait, elles n'ont obtenu que
des succès tout-à-fait insignifiants. Le ministère dans ces églises
n'a pas l'autorité qui lui seroit nécessaire pour annoncer la foi
aux nations barbares , il n'a pas même celle dont il auroit be-
soin à l'égard de ses propres ouailles ; et la raison eu est simple;
car, en s'examinant lui-même, il s'aperçoit, d'une manière plus
ou moins claire, qu'il donne prise habituellement au genre du
(13)
soupçon le pluaavUtssant^ celui de I9 mauvaise toi dang l'en*
seîg^emeDt.
En effet , dès qu'il n'y a point d'autorité infaiUihle pour toug
les cb:rétiene , toute opinion se: trouve renvoyée au jugement
particulier. Or , dans ce cas^ quel garant le mlhisire de la re*
ligion.a-t-il ai^>rè8. dé ceux qui l'écoutent poui; leur oertifiav
qu'il croit réellement ce qu'il enseigne et quelle force d'aeiilcuitg
peutril avoir auprès,d'eux?Il sied mal à des révoltés de! pvèeher
la soumjasion. Il se tait donc, ou il ne &it que balbutier. ^UdUîôt
il s'étaUit une défiance réciproque entre les enseignantset les
enseignés. A la défiance succède le mépris, etinBensiblementJe
minière est repoussé dans les dernières classes de la société. 1
il se tranquillise à la place où l'opinion l'a |eté, et les peuples né
tardent point à passer du mépris des docteurs au mépris de la
doctrine.
Il peut y avoir dans ce genre des différences en plus et en
moins ;• mais le principe est incontestable , dès qu'il n'y a plus
d'umié , il n'y a plus d'ensemble , et toute agrégation se dis-
sout. Il y a bien des églises , mais plus d'Église ; il y a bien des
évéques , mais plus d'épiscopat. Ces mots d'église orientale ou
d'église grecque ne signifient rien du tout; il est faux que l'église
de Russie appartienne à la grecque ; où est le lieu de^la coor^
diuation ? quelle juridiction le patriarche de Constantiaople
a-t-il sur, le sacerdoce russe ? L'archevêque d'empire envoyé par
l'empereur de Russie va prendre possession dans ce moment de
Tarchevèché de Moldavie ; le siège de Gonstantinople ne s'en
mêlera aucunement: si demain le sultan reprenoit la Moldàviei
il chasseroit l'archevêque et en introduiroit un autre. Tous ces
évéques ainsi indépendants d'une autorité commune et étran-
gers les uns aux autres , tristes Jouets de l'autorité temporelle
qui ^eur commande comnQie à des soldats; tous ces évéques '^
dis* je 9 sentent fort bien dans leurs cœurs ce qu'ils sont , c'est-
à-dire rien : et comment les estimeroit-'oo plus qu'ils ne s'estî*^
ment eux-mêmes? '
( 14)
Ainsi donc > madanut, plog de pape , plus de MMivëmdtieté ;
pios de souYeraioeté, plus d'unité , plus d'autorité; plus d*aa«
lorité^ plut de foi : je parle en général, considérant seulement
l'efet total et définitif. Voilà IHnéfitable anathème qui pesé
éfntement sur toates les églises séparées : par où vous YOyee ,
madame ^ oa'qm eu est de ces points de dUTérenee qui tous
pnroissent légers.
Mais )e laisseveb échapper la plus importante consMératloii
•i je aégligo^ de vous laisser apercevoir un autre anatilèaié
particulier aox églises simplement sehismattques, et qui mé*
sitera Umte rotre attention. Il vaut bien mieux nier le mystère
qm d'en abuser; et sous ce point deirue tous êtes de beaucoup
inférieurs aux prolestants. Les sacrements étant la vie du chrta*
lîanisme et le lien sensible des deux mondes » partout où
rexercice de ces pratiques sacrées ne sera pas accompagné
d'un enseignement pur, indépendant et vigoureux, il etitrai-
nera.d'hori'ihlesabus, qui produiront à leur tour une véri-
table dégradation morale; je ne veux point fouiller cet tflcère,
ni même le découvrir entièrement; je me contente de l'In-
diquer.
Vous voyes, madame, à quel point nous pouvons être con-^
sidérés conune professant au fond la même religion ; et moi
je i^rois que vous êtes catholique , précisément comme un
citoyen de Philadelphie est Anglais. Je me félicite cependant
de pouvoir terminer cette lettre par la réflexion la plus con-
solante pour vous et pour moî^ Je me hâte de vous la présenter
en peu de mots.
Je ne crois pas que, pour un esprit droit tel que le^vètre^
il y ait beaucoup de difficulté sur la question principale : le
doute et même rio quiétude peuvent commencer à la question
indiquée à la fin de la lettre qui a produit celle-ci : Que faut-
il faire? Or, sous ce point de vue, l'avantage du grec sûr le
protestant est i^miense. Ce dernier ne sauroit presque exercer
son ^culte sans nier implicitement vin dogme fondamcntid da
(i5)
christiatiisme : par exemple^ lorsqu^il reçoit la eonmin-
nion , il nie la présence réelle ; de manière jqne s*il aTOit to
le bonheur de reconnottre la vérité, sa conscience détroit
souffrir excessÎTement. Mais vous n*étes pas dans le cas dé
Yous reprocher aucune simulation. Vous croyes ce que nous
croyons : c'est un acte que vous pouvez régulariser en y
ajoutant le vœu sincère de manger ce pain à la tabl» de
saint Pierre. On pourroit imagioer un temps où la conscience
«etrouveroit. véritablement embarrassée , mais nous sommées
loia de ces épreuves^ et dajas, ce moment je no puis que voui
rappeler la fin de ma lettre à une dame protestante. La mo<-
destie, la réçerve^ et tout ce que nous appelons mesuré^ étant
les caractères distinetifs de vot^ sexe, il semble que certain^
pjurtis extrêmes , certainea aptjons hardies et, pour ainsi dire^
retentissantes n'appartiennent guère qu'au nôtre. Les femmes
ODt suiEsamment prouvé qu'elles savent être héroïnes quand
ii.le£smt, mais les occasions où elles doivent Tétresont heureu^
sèment très rares; en général, le bruit n'est pas votre affaire, car
TOUS ne pouvez pas trop vous donner en spectacle sans affoiblir
une opinion dont vous avez besoin. Les devoirs, ainsi que les
vérités, ne peuvent jamais se trouver en opposition réelle ; il y
a entre eux une certaine sub<»'dination qui peut varier aveokis
circonstances. Quelquefois le martyre est un devoir, et quel-
quefois la simple confession est une faute : s'il est ordonné de
braver la persécution , il est défendu de la provoquer. Enfin ,
madame, on ne doit pas tout à l'autorité publique, rien n'est
plus incontestable ; mais il ne l'est pas moins qu'on lui doit
quelque chose. Lorsque Naaman (IV Rois, ch. v, ^. 17, 19),
général et favori du roi de Syrie, eut abjuré l'idolâtrie entre
les n^aina du. prophète Elisée, il lui dit : < Jamais je ne sacrî-
» fierai à un autre Dieu que le vôtre; mais ii y a une chose
«pour laquelle je vous supplie de le prier pour votre serviteur.
•Lorsque le roi mon seigoeur entre dans le temple de Aem*
9 mon pour a4orer|. ep s'appuyaot sur u^on bras^ ai fem'iii*-
( i6 )
.•cliiiey lorsqu*ii^8^inclinera lui^^mème, que le Seî^neyir me le
jipardoiine.i> Le prophète lui répondit ^ jiUez enpaix.
* Agréez 9 madame, ces réflexions écrites très à la hâte* J'au-
rois voulu me resserrer davantage; mais croyez que j'£û
Infin le droit de vous adresser le naot si connu, /e rCai pas eu
iù temps d*£tre plus court., •
Nota. Nous venons d^apprendre que cette lettre et celle que
nous avons publiée dans le dernier numéro du Mémorial , qui
nous avoient été communiquées comnie inédites , se trouvent
dans un recueil qui paroissoit il y a quelques années. Cette dé-
couverte, en nous privant d'offrir à nos lecteurs ces deux
lettres dans leur nouveauté, n'en détruit pas le mérite et n'a
pas dû nous empêcher de publier celle-ci , qui sera lue avec
d'autant plus d'intérêt , qu'elle est très remarquable et digne
de son illustre auteur.
i
DÉFENSE (i)
DE
LA VÉNÉRABLE COMPAGNIE DES PASTEURS DE GENÈVE ,
A l'occasion fi'OH iCBIT IITTITVLi :
VÉRITABLE HISTOIRE DES MOMIERS.
Il y • un temp» de se taire , et un temps de psrler.
EcclAs. IIJ,7.
Depuis plusieurs années, la V. G. des pasteurs de Genève
est en butte aux attaques d'une secte qui , quoique mépri-
(0 Cet écrit, qui a produit ài Genève une vive sensation, et qui se rat-
tache à des matières que nous avons souvent traitées, nous ayant paru digne
de fixer l'attention de nos lecteurs ^ nous avons ora devoir l'insérer dans
»otie recueil.
( '7 )
sable eof eile-^mème , ne lamge pas de faire des prosélytes paMî
les esprits failles , ton jours aisément séduits par rapparence
de la piété et du rigorisme , comme cela s'est vu dans tous tes
temps. Non contents d'user pour eux-mêmes du droit évangé^
liqoe de former leur foi d'après leurs propres* lumières, droit
iocontestable , et qui constitue fondamentalement le prêtes^
tautisme, MM. Empaytaz et Malan oAt trouvé bon de -s'occuper
de la foi des autres , et de forcer hos pasteurs à s'expliquer sur
cequ'ils croient et ce qu'ils ne croient pas, violant ainsi tout à
la fois et le secret caché des consciences , et la plus précieuse
des libertés dont la réforme nous a mis en possesnon.'
A l'exception des hommes .que le préjugé aveugle, il n'est
personne qui ne sente combien il y a eu de sagesse et de di**
gnité dan^le silence que la Y. C. a gardé en cetle occasion-»
et tous les vrais amis de la paix religieuse apprécieront la pru-
dente réserve qui Ta jusqu'à présent empêchée d'énoncer di-
rectement aucune opinion sur des questions délicates , qu'a-
près soixante ans d'oubli la vanité ou le fanatisme , et peut-être
l'un et l'autre, ont voulu ramener de nouveau. Elle espéroit
sans doute qu'on finiroit bientôt par reconnoitre le ridicule de
cette dangereuse tentative, et qu'en évitant de choquer les
imaginations inquiètes, elles se calmeroient d'elles-mêmes
peu à peu. ^ .
Il faut l'avouer cependant, la Y. G. s'est trompée en cela :
les sectaires, loin de s'adoucir, ont augmenté d'audace ; ils^ re-
doublent chaque jour , avec tout l'orgueil du triomphe, leurs
reproches insolents, leurs insultantes provocations; ils ne
craignent pas même d'accuser , à la face de l'Europe, nos pas-
teurs à*apost(i$ie, mot vide de sens, puisqu'il suppose un syiïi-
bole commun , un symbole fixe , c'est-à-dire tout ce qu'il y a
au monde de plus opposé au protestantisme. Mais, comme
cetle accusation , quelque absurde , quelque contradictoire
qu'elle soit, ne laisse pas d'être propre à effrayer et à scan-
daliser les simples > qu'elle pourroit même compromettre au
2k a
(18)
IMkhts la tépntalioD de notre ég;lise , la Y. G; ne petit plus le
diapeiMCr de rompre un silence , sage daas rorigine, mais o&
4^n «aroit le droil de voir maintenant de rembarras ou de la
timidité. Pourquoi d^ailleurs affeoteroit-elle de cacher ses
aentiments ? Neseroit*ce pas exposer le peuple à peMerqu^elle
«n rougit? Et pour le rassurer, pour réclairer sui» la foi de
•ees pasteurs qu^bn lui représente ooBime des apQ0^aUs ceux^-
oi ne lui doivent-ils pas une déclaration franche et nette de
leurs croyances ? / .
Lô tcmpê dû te taire est passé. De plus longs méaage»-
ments ûe serviroient qu'à accroître la hardiesse de oos adv^-
eoiresy à leur fournir de nouveaux prétextes de calomnie et
de nouveaux moyens de séduction. Que veulent-ils P Quel est
leur but r Rappeler insensiblement les maximes tie Tiatolé-
rance, arrêter le progrès des lumières , ^Slice rétrograder la
t^forme vers de vieux ppéjugés auîourd'hui presque éteints.
Nous le disons hautement 9 il est au devoir de la Y. C. de pré-
venir ces funestes effets > et de prouver qu'elle est di^ne en-
core de se placer à la tête de lab réforme , par son invariable
attachement au principe qui en est la base , et par un géné^
reux aveu de toutes les conséquences de ce principe coaser^
vateur de la raison humaine.
C'est en imitant le courage des premiers réformateurs, plu-
tôt qu'en adoptant servilement leurs opinions particulières,
que nous nous montrerons leurs digues successeurs. Ils ont
fait beaucoup sans doute, mais ils n'ont pas tout faii ; et com-
ment ceux qui ouvrirent la vaste carrière que nous parcou-
rons auroient'ils pu eu marquer le terme ? Y a-t-il m^oae un
terme assignable aux découvertes que le génie peut faire dan» la
religion, <pii n'est autre chose que la science de l'infini ? Les Lu-
ther, les Calvin, les Bèze en élaguèrent quelques erreurs: s'éton-
nera-t-on que, par une suite d'anciennes habitudes d'esprit, et
peut-être par condescendance pour la foiblesse de leur sièole
ils en aient conservé d'autres? Qu'on ne l'oublie jamais, leur
( ^9)
gtobe B^ast pa^ Savoir era eeci du eéla » ma» d'aveir ifijcUt
tonia croyance spéciale impoiée eomme uo devoir.
On- i^imagfae embarrasser beaucoup la Y^ G. et la rendre
edi^iijso en jnsinuantqu'elle de croUplusà la Trinité, au péohé
origine 9 à la nécessité du baptême et d'une grftce surpatu-
relle^ à la divinité du Christ 9 à sa rédemptioil» à réternilé
des peines. On la s^mme de s'expliquer nettement sur tous
tes points , iet Ton triomphe de son silence avec une joie
digne du seizième siècle, eomme si la religion d^pendoit dO
Û6S quesiioBS seelastiques. Le mieux seroit de laisser chacun
les dédder pour sm^ dans l'intérieur de sa cooscience. Maïs,
potequ'en ventime réponse nette , nous dirons, sans eraindie
d'éWe désavoué, que la .Y. G. n'admet point de dogmes in^
compréhensibles , parcequ'aù fond ce n'est rien admettre » ou
s'eftt admettre une absurdité; et nous ajouterons qu'elle n'a
fm l^orgueiileuse prétention de comprendre les mystères qu'on
loi reproche.de ne plus croire et de ne plus enseigner.
Qu'on ne se hâte pas oependaot de se réjouir de cel: aveu
comme d'une victoire ; car nous soutenons, et nous allons
dimoi|tvèr a^fec évidence,
i;* Que pour maintenir le principe du protestantisme , la
Y. G* a dû nécessairement rençncer -aux opinions qu'on Itd
bu un crime d'avoir abandonnées.
. a^ Que ses adversaires renversent totalement ce principe tu*
télairCf et qu'ils y opposept des maximes qui les obligent , s'ils
«ont conséquents, à rentrer dans T^lifC romaine.
Ces deux propositions étant prouvées , il en résultera , ce
asus semble» la justification la plus complète delà Y, G*
g L Pour maintenir U principe du protestantisme , 4a
V, C. a dû nécessairement renoncer aux opinion^ Ç^'on
dis fait un cHtne d^ avoir aiandonnées.
Le droit d'examen est le fondement de la religlpn protes*
tante, et tout ce qii'çUe contient d'invariable. Tant que ce
droit est reconnu^ exercé sans entrave? elle subsiste elle*'
3.
(ao)
même sans altération; ce droit aboli, elle n'est plus, Mais oom-
bien ne seroit^il pas absurde d'ordonner à chacun dV.namtner
pour former sa foi , et de lui Contester ensuite la liberté d'ad-
mettre le résultat , quel qu'il soif, de cet examen ? Conçoit-on,
je le demande, de plus manîfe&te contradiction? Nos pasteurs
ont donc pu légitimement rejeter telle ou telle croyance con-
servée par les premiers réformateurs. Et que signifie même, œ
mot de réforme, entendu dans son vrai sens , sinon un pev-
fectionnement progressif et continu ? Prétendre l'arrêter; à un
point fixe , c'est tomber dans la rêverie des 'symboles immua-
bles , qui conduisent tout droit au papisme par la Béeesaité
d'une autorité • infaillible qui les détermine. Souvenons->noufi*-
en bien, la plus légère restriction à la liberté de croyance, au
dvoit d'affirmer et de nier, en matière de i^eligion, est mor^
telle au piiotestantisme. Nous ne pouvons condamner personne
^ns.nous condamner nous-mêmes, et notre tolérancc^n'a d'au?
très limities que celles des opinions humaines.
- Qn ne peut donc, sous ce. rapport, que louer la sagesse de
la V. G. Provoquée par des hommes qui , en l'accusant d'er?-
reur , sapoient la base de la réforme , elle s'est peu iaquiétéo
des opinions qu'elle sait être essentiellement libres , mais elle
a défendu le principe même .de cette liberté , en repoussant
de son sein les sectaires qui le violoient. Permis à vous , leur
a-^t^elle dit , de croire ou de nier personnellement tout ce qu'il
vous plaira , pourvu que vous laissiez chacun user tranquil.
lement du même droit , pourvu que vous de prétendiez pas
donner aux autres vos croyances pour règle ; car c'est là ce
que nous ne souffrirons jamais. Qui ne reconnoît 4ans ce
langage et dans cette conduite le plus pur esprit du protes-
tantisme?
On ne le reconnott pas moins dans le choix des opiaioas
que la V. G. admet ou rejette. Le devoir d'examiner pour for-
mer sa foi a des conséquences nécessaires qu'où ne remarque
pas assez ; et de là naissent souvent des contradictions f«
(21 )
cheuseSy que le corps enseignant doit surtout*8^aUacher à
éviter.
En effets nul ne* peut examiner qu'avec sa raison; la ral«
son ne peut juger que de ce qu'elle comprend; aucun dogme
incompréhensible ne sauroit donc étreadnoJs par un {M*otestant
qui règle sa foi d'après les maximes fondamentales de sa reli-
gion. Or , qu'on me dise si , parmi les dogmes que rejette la
Y. G. , il en est un seul qu'un homme sensé se flatte de com-
prendre. On aura beau crier qu'ils sont clairement dans l'Écri •
ture; d'abord c'est la question même; et puis faut-U donc prendre
àla lettre tout ce qu'on lit dans l'Écriture; personnene soutien-
dra une pareille absurdité. Ceci est mon corps ; ceci est mon
sang : qu'y a-t*il de plus clair que cela dans TÉcriture? Mous
oontenoDS tous cependant qu'on ne doit pas entendre ces pa-
roles littéralement. Et pourquoi ? uniquement parccqu'elles
choquent notre raison. C'est donc toujours notre raison , la
raison de chacun de nous qui décide du sens de l'Écriture 9
et qui. décide selon ce qu'elle comprend. A moins donc qu'on
ne soutienne que la Trinité, qu'un homme Dieu , etc., sont
des dogmes qui se comprennent mieux que la présence réelle,
il restera prouvé qu'en rejetant ces dogmes inconcevables, la
V. C. s'est conformée très strictement à un principe non seu-
lement essentiel au protestantisme , mais qui est le prbtestan •
tîsmetout entier. Si une fois l'on se metteit à croire ce que
Ton ne peut comprendre, je ne vois pas sur quel fondement
on rtfaseroit d'admettre un seul point de la doctrine des pa.-
pistes. Quand on veut protester , il faut savoir pourquoi, et
s'y teuir , quelque inconvénient qui en résulte. Il n'y a rien
de pire que ijÎDConséquence , et ce n'est pas le moment de
fournir de nouvelles armes contre nous. Je passe à ma seconde
proposition.
( 23 )
5 II* Les adversaires de ia F. C. renversent totadenuni
ie principe du protestantisme , et Us y opposent des fnaadtties
qui tes oHigens , s'ils sotU conséquents^ à tenJtrer dans
i*Égiisô romaine*
Iionque les réformateurs se séparèrent de TÉglise de i)e
temps-là, il £sdlut établir dans Téglise nouvelle un ministère
nouTeau ; car évidemment nous ne succédions pas à ceuK avec
qui nous rompions à ce moment même. De là naquit une dif-
ficulté d'autant plus grande que la vraie notion de la réforme
n'étoitpas encore 9 à beaucoup près, parfaitement développée
dans les esprits. Chacun réformoit à sa manière et dès lors un
peu au hasard, je veux dire sans concert , sans ordre arrêté
pour l'exécution d*un plan commun. En secouant le joug du
eatholicisme , on ne secoua pas également celui de toutes les
énonces qu'on avoit puisées dans son sein ; on eut surtout
une peine extrême à se faire une juste idée de l'Église , qu'on
vouloit toujounET se représenter comme une société immuable
instituée par Christ et gouvernée en son nom par des n^inis-*
très investis d'une mission divine.
Nous pouvons l'avouer aujourd'hui , -en partant de ces
maximes il étoit impossible aux premiers réformateurs de ré-
pondre aux catholiques rien de sensé quand ils leur deman*
doient les preuves de cette mission divine reconnue nécessaire
des deux cdtés ; car il n'étoît que trop manifeste qu'ils n'a-
voient aucune mission , à moins qu'ils ne la tinssent immé-
diatement de Christ, et cette mission immédiate, surnaturelle^
n'étoit pas aisée à prouver , quand on n'en donnoit aucune
Hiarque analogue à celles par lesquelles Christ lui-même avoit
£ût reconnoitre la sienne, et qu'au contraire on rejetoit , au
moins depuis les apôtres , la superstition des miracles , ainsi
que tant d'autres superstitions. Le mouvement intérieur de
l'esprit ne signifioit rien , puisqu'on pouvoit le nier comme
(?3)
onraffirmoit) et qae Tesprit, à cette époque » liMpiroit dei
chose» fort étîang^s et Bouvent les plus opposées entre eUos^ à
oeuxqui se pfétendoient extra<(rdînairement envoyés. Au tbad,
en ce qai regarde la mission il falioit en eroire les véfbrma?
teurs sur leur parole.
Or celte difficulté, tout^*&it insoluble aveo les idées qu'on
avoit alors, ne l'est pas moins aujourd'hui pour les adver»
saires de la Y. C. Ils se disent les ministres de Christ, et Ile
loutiennent que Christ est Dieu. Si ces deux points sont véri-
tables, nul doute qu'ils ne soient revêtus d'une autorité di-
vine , et qu'on ne doive leur obéir comme à Christ , coïkima
à Dieu lui-même. Mais, avant d'en venir là, je leur demande
la preuve de leur mission ; car puisqu'ils ne l'ont pas reçue
de c^ux qui remontent par une Succession non interrompue
jusqu'à Christ, il est nécessaire qu'ils établissent cette mission
extraordinaire par des signes extraordinaires , cette mission
divioe par un pouvoir évidemment divin.
Nos jpasteurs , en n'admettant pas la divinité de Christ, en
le regardant comme une pure créature^ ne réclament d'autre
autorité que celle qui peut natureilemeât appartenir à tous
les hommes , sans aucune mission ni extraordinaire ni di-
vioe; et en cela ils sont conséquents. On peut lesjoroire , on
peut ne les pas croire ; c'est le droit de chacun , le droit con-
sacré par la réforme, ^qui demeure ainsi inébranlable sur sa
base.' I
Les catholiques sont également conséquents dans leur sys-
tème ; car ils prouvent fort bien que , parmi eux, le ministère
s'est perpétué sans lacune depuis les apôtres, à qui Christ a
dit:^'e vous envoie. Donc, si Christ est Dieu, les apôtres et
leurs successeurs envoyés par eux sont manifestement les
seuls ministres légitimes, les ministres de Dieu ; on doit les
écouter cosAme Dieu même , et les croire sans examen ; car
qui auroit la prétention d'examiner après Dieu P
Il n'est donc point de folie ^le à celle des adversaires dé
la V. Ck , des Momierd , fmi$qu*U faut Us ajypeUr par teur
nom ; ils veulent être reconnus pour ministres de Dieu, sans
prouver leur mission divine: ils veulent, en cette qualité,
qu'on' croie ce qu^ils croient, et ils ne veulent pas être infail-
libles ; ils veulent que tous les esprits adoptent leurs opinions^
se soumettent à leurs enseignements et conservent le droit
d'examen ; ce qui suppose , d'une part , qu'ils peuvent se
tromper, et, de Tautre, qu^il est impossible qu'ils se trom-
pent; ils veulent, en un mot, être protestants et renverser le
protestantisme, en niant soit le principe qui en est la base,
soit les conséquences rigoureuses qui en découlent immédia-
tement.
Et quoi de plus extravagant que de venir rappeler , au 'dix-
neuvième siècle , l'autorité de Calvin , qui n'a combattu que
pour détruire, en matière de religion, toute autorité humaine?
Que disait Calvin , que disaient tous nos réformateurs ? « Ne
» nous croyez pas sur notre parole , car nous pouvons nous
9 tromper comme tous les hommes, comme l'église elle-j;nème.
9 Lisez , examinez , jugez par vous-mêmes de ce qui est faux et
» de ce qui est vrai, i Et c'est en vertu de ce langage qu'on
nous obligera de croire aveuglément à ce qu'a cru Calvin, de-
venu, après sa mort , le pape de la réformation l quelle pitié,
ou quelle dérision !
Avec dépareilles idées , ceux qui attaquent si imprudem-
nieut la V. C. n'opt plus qu'un pas à faire pour s'unir aux ca-
tholiques. JLeurs maximes les y forcent; car, dès qu'on fait in-
tervenir po\ir quelque chose l'autorité dans la religion , on
cesse d'un côté d'être protestant , et de l'autre on tombe dans
l'absurdité, à moins qu'on ne défère à l'autorité la plus grande.
Or , de l'aveu universel , cette plus grande autorité est incon-
testablement celle de l'Église romaine , et, pour mon compte,
je n'hésite point à dire avec Rousseau : « Qu'on me prouve au-
sjourd'hui qu'en matière de foi je suis obligé de mcsou-
> mettre aux décisions de quelqu'un, dès demain je me fais
(a5)
»oatliaIjgue, et tout homme coaséquent fera oomwo moi (i).b
Au reste 9 que les Moœiers sachent bien qu'en nous quit-
tant , ils ne nous laissercMit aucun* regret i car déjà ils ne sont
plus des nôtres. Tout protestant instruit de sa religion ne
sauroit les considérer que comme des papistes inconséquents.
En les signalant comme des euteemis très dangereux de la
grande cause que nous soutenons eontre le fanatisme» la V. C.
remplit donc un devoir; elle sert les intérêts de la raison » et
s'acquiert dès droits immortels à la reconnoissance de tous les
vrais amis de la réforme* G. P.
Genève, le i*' mai i8a4*
(i) LeUres de la Montagnes page 55.
DE L'ÉTAT DES CATHOLIQUES
EN ANGLETERRE (i).
Un tableau complet et exact de Tétat d'oppression qù les
Anglais catholiques sont réduits depuis trois siècles par leurs
compatriotes protestants fourniroit la niatière d'un ouvrage
aussi remarquable qu'intéressant. Ils souffrent cette oppres*
Bîon pour être demeurés fidèles à la sainte religion de leurs
pères 5 et ils la souffrent de la part de ceux qui se proclament
les défenseurs et les protecteurs de la liberté civile et reli»'
gieuse. En attendant qu'un tel livre paroisse , nous nous con-
tenterons de communiquer à nos lecteurs les faits suivants ,
qui viennent d'autant plus à propos , que la question annuelle
6ur Témancipation des catholiques sera de nouveau repro-
duite au parlement.
(i) Extrait de l'Homme d'étai, journal périodique publié à Francfort ,
t*II, A* cahier» 1894.
t>6)
Elen fkt f&fVIt mleot la véritable wmtcb de TittliêKANiMe
den prolestaiilè'éifliglais, que ce qu^in deê mem}>reA les plus
marqixaiits de la chambre des oommunes a dit sur eette ma*-
tlfcre. M. Plunkett^ proourear général du roi en Irlande^
trouva la cause de Topiniâtreté a?eo laquelle on refuse aux
catholiques lA jouissance devions les droits politiques , dans
l'origine de la réforme anglicane elle-même , dont il expliquoît
ainsi les principes dans la séance du 17 avril i8a5: Le ptô^
minier principe de cette réforme 9 dit-il^ est que ia toi est faite
pour te maintien de la religion protestante; le second ^ que
toutes les religions dissidentes de la religion de Tétat doivent
être détruites ; le troisième 9 qu'il faut^ donner à l'état le pou^
voir de distinguer ceux qui sont attachés au nouveau systèmes
de ceux qui ne le sont pas : de là le serment de suprématie.
Durant trois siècles on u'a pas cessé d*agîr conformément au
deuxième principe. Telle est , en peu de mots , Thistoire de la
tolérauce politique et religtettse dans ce pay^ classique de la
liberté.
Sous le règne des Stuarts, secrètement attachés à rancîenne
religion , les protestants ne purent donner un libre cours à
leur haine contre les catholiques. Elisabeth même, malgré
ses lois cruelles contre les papistes (1), ne voulut pas leur
refuser l'entrée au parlement; elle leur demandoit seulement
de ne pas reconnoitre dans le pape une autorité supérieure
à celle du roi. En conséquence ils siégèrent au parlement avec
(1) Voyez les Mcmoirs of mlssionaries , priests and other caiholichs of hoth
sexes y that hûve suffered death from 1677 to 16S4. Depuis 1577 jusqu'en
i6o3 , d^ns un espace de vingt-six ans, on compte cent quatre-vingt-quatre
prètNif mif à mort uniquement pour avoir di;fc^la messe ou exercé 'quelque
«tttre acte de religion. Sous le gonvemement de la reine Anne , tout frère ,
fils , oii parent éloigné d*un catholique , quand il changeoit de religion ,
pouvoit s'emparer de toute la fortune de ce parent catholique. Si un catho-
lique étoit surpris à tenir école , il devoit passer le reste de êes jours dans
un cachot. On se plaisoit » dif: mêine A|« do Yillera , de £fti«e def ' oaifao-
Uques une horde de mendiants grossiers et barbares»
4
( ^1 )
voit déllbérativa dàraol Téspace de twi tfentt MiiéM. t«g
atholiqnes ne furent exeliu de la chambre haote' que dans
la trentième année da règne de Charles II 5 après qu'on les
eût accusés d*un abominable complot 9' qui , de Taveu des
Anglais eux-mêmes, n'ayolt jamais existé. Personne n'a mieux
démontré l'infamie et la fausseté de cette inculpation que le
célèbre lord Grenvilie; personne non plus n'a prouvé avec
plus d'énergie, à la chambré des pairs , combien ii est injuste
d*eâ expulser des membres qui en feroîent l'ornement et 1a
gloire.
Ce ne fut qu^à TaTénem^it de Guillaume d'Orange au tWVne^
à l'époque de cette rA;o<tteton gt&rieuêe , dont les protestants
anglais ne cessent de vanter les bien&isants résultats, que Ton
pût suivre dans toute son étendue le second principe de la
religion anglicane. La dynastie légitime fut exilée ; on d6^
créta qu'aucun prince ^tbolique ne pourroit monter sur
le trône ; on exclut môme ceux des Stuarts qui embrasse*
roiect la religion protestante. Les catholiques ne pouvoient
plus ni posséder des propriétés territoriales , ni voter aux
élections ; on les écarta de toutes les fonctions publiques ; on
bannit leurs prêtres, on ferma leurs écoles, etc. Tels furent
les fruits de cette coalition anglo-batave contre la liberté ci-
vile et reUgieuse , dont les deux peuples prétendoient néatt^
moins être les défenseurs les plus ardents.
On se rappelle qu'en 1780, la simple motion d'abroger quel-
ques lois pénales contre les catholiques produisît une kisur«*
rection qui manqua de réduire en cendres la capitale même
du royaume. Il n*en est pas moins vrai que le gouvernement ,
qui depuis plusieurs années avoit à combattre des ennemis bien
autrement dangereux qpe qes pauvres catholiques, toujours
fidèles à leur Dieu et à leur roi, sembloit revenir à des mesures
plus douces. £n i8o5, M. Fox osa, pour la première fois, pro«
peser au parlemient une loi pour Témancipation des cathO«
liques ; mais le toi et les évèques s'Opposèrent avec énergie à
( 5.8 ) -
cette mesure^ qui depuis lors a étéadoptée^ du moins en partie^
par la chambre des communes, mais toujours rejetée par celle
des pairs. Le dernier roi avoit hautement déclaré qu'il n*y doii->
Heroit jamais son consentement. Toutefois, on yoiiloît bien ad*
mettre les catholiques aux premiers grades de l'armée, quoique
dix ans plus tôt ( 1807} ^^^ ministres, qui s'étofent crus assez
forts'poilr faire passer ce bill, malgré Topposition desévéques,
eussent été obligés de quitter leurs places.
Le roi actuel est, à la. vérité, mieux disposé pour les catho-
liques que ses prédécesseurs ; mais plusieurs de ses ministres ,
et particulièrement le lord chancelier, sont inflexibles sur ce
point ; ils soutiennent avec les évoques que le salut de l'état
dépend du i^stème actuel, et presque tout le clergé anglican
partage cette opinion. Dans les dernières séances du parlement,
au mois d'avril i8a5, ou a fait lecture des pétitions du clergé ,
des diocèses, des doyens et des chapitres, des archidiacres et
des synodes d'Angleterre , d'Ecosse et d'Irlande , où l'émanci-
pation des catholiques est regardée comme le prélude du ren-
versement total de la constitution; même les deux universités ,
desquelles on auroît dû espérer plus de lumières et de modéra-
tion^ se sont formellement prononcées contre cet acte de jus-
tice. La pétition de l'université de Cambridge futprésentée le 19
avril, par le secrétaire d'état Peel, à la chambre des communes,
et celle de l'université d'Oxford , le a4 ^^ même mois, par lord
Buckingham, à la chambre des pairs : l'une et l'autre deman-
dent ^u*on ne fasse plus aucune concession aux catholiques.
Une seule pétition vint troubler ce concert de cris intolérants;
cinq ecclésiastiques du diocèse de Norwich prièrent la chambre^
par l'organe d^un de ses membres, M. Coke, d'abolir les lois
qui réduisent les catholiques à la qualité d'ilotes.
Malgré les réclamations du clergé anglican , la chambre des
communes, qui, le 17 avril, avoit passé à l'ordre du jour sur la
motion de M. Plunkett, accueillît favorablement le bill pré-
senté le 27 mai par lord Nugent , pour reconnottrc aux catho<*
(29)
iique» d'Angleterre lés mêmes droits qu'à ceux dTrlandé. On
sait que le parlement s*étott vu forcé, en 1795 y à modifier les
lois barbares qui pesoient sur les six septièmes de la population
d'Irlande. A cette époque, on accorda ji environ six millions
d'Irlandais le droit de voter dans les élections , et d'occuper
des emplois civils, à l'exception des premiers. ( Foyez Vapfenf
dice. ) Cependant on prouva, dans la chambre des pairs, séaiice
du 1^ jttin, que de deux mille cinq cent quarante emplois civils
auxquels les catholiques sont admissibles aussi bien que lespro-
testants, cent cinq seulement sont occupés par des catholiquesTy
quoique les protestants n'y forment pas le septième de la popu-
lation. On voit eomment le gouvernement veille à l'exécution
d'une loi qui lui fut alors arrachée par la situation critique oh
se troruvoit l^Irlande. Il né nous seroît pas difficile de prouver
que le ministère a fait tout ce qui est en son pouvoir pour dé^
traire la religion catholique, conformément au second principe
de la réforme anglicane. '
lord'Nugent Ht encore remarquer à la chambre qu'iancien-
neinent les dissidents aussi avoient été exclus de tous les emplois
»,
civiiii,' mais que depuis quatre-vingt dix-ans ils sont, en vertu de
l'acte d'indemnité , admis même dans les deux chambres , de
sorte qu'il paroissoit injuste au noble lord que le parlement vou*
lût être plus intolérant envers les catholiques qu'envers les dis-
sidents; mais le secrétaire d'état Peel s'opposa vivement à cette
réclamation.
Ce n'est pas tout : les catholiques exclus de la jouissance des
droits politiques , écartés des premières places par la loi, et des
places secondaires par la jalousie et la violence des partisans
de l'église dominante , sont encore obligés de contribuer aux
charges de l'état bien plus que leurs concitoyens protestapts.
I3a des fardeaux les plus lourds qui pèse sur' eux , c'est la per-
ception de la dîme , surtout lorsqu'on fait attention à l'état
d'indigence où la plus grande partie des catholiques a été suc-
cessirenoient réduite. C'est pourquoi lord Caruavon disoit na«
(3o)
^pète âaM la ciuuii]»r« des paits ; ^, fie dei» oluiB69.ruM« oo
»soua d^vonf rQooiicer à la dlme eolrlande, oubieo àla pos-
9$^mou de cette ik. » Lord Hoilaod déclaroit daii«la«éanee du
i^daiiièmemoi»9 « que les habitants catholiques sont v^iafe
»et dans leur con)ii^ace et dans leur propriété! » Les pauvre»
paysans sont fréqueuwaiiit niin^ par les procès qu*on leur dit
pour no^«'paieniient de la dime. On a calculai d'après deé don-
nées certaifies « que dan^ l'espace de sû( ans le recomyrenisitt
4a la dime en a fait naître près de sept mille. On ne s*en étonne
plus f . qiiand on apprend de la bouche même de lord Lîvevpool »
«qu'en Angleterre la dtftie d'un bénéfice de quatre centstUvres
^sterling n'est prélevée que sur trente à quarante propriétaires;
n taoflis qu'en Irlande il faut recouvrer la même somme s^r eo-
^yii:an. cinq cents individus de la classe la plus pauvre, qui jtous
;i envisagent ce tribut ^ exigé par le clergé, comme le plus in*
«supportable de tous les fardeaux. » :M conunent ne le. ^ar-
deroient-ils pas avec une répugnance invincible ^ puisque la loi
lelnur impose jiour unçUrgé^ ^mi ieur est ^^ranger, taxais
gu^ils se trouvent hors d'état de satisfaire aui^ besoins de leurs
propres <ecclésia3tlques p
Une autre charge non moins pénible pour ces pauvres gens
ce sont les contributions forcées qu'ils sont obligés de payer
pour la construction et l'entretien des temples protestants, oix
ils n'entrent jamais. Cette contribution , qui s'élevoit, jusqu'à
l'année i8a5, à six pour cent du revenu, fut diminuée d'un
tiers dans la dernière session du parlement* Le 14 juillet elle
';^onna lieu dans la chambre des pairs à une discussion asses
étrange. Lorsque lord Liverpool eut proposé de faire la troisiè- ♦
me lecture du bill concernant les églises catholiques , bill dont *
il espéroit un très bon effet sur Tesprit dcslrlandais , puisqu'il
réduisoit l'impôt de six à quatre pour cent , lord Hollaud ^'y
opposa formellement , et soutint que la mesure n'étoit avanta-*
geuse sous aucun rapport. Il fit remarquer comme une chose
fort çxtraordinairç que le bill n'eût pas moipsdehuitclausesr
( 3i )
Après Mvw considéra tous les rapports sous Iss^i^Is il
f^aroitra ^^^ véritable opprensioq.poar les c^ttioliquss, ijue l'oo
fofoo & hàiit des temple* oji noa seuiemeal Us n'entrent .Ja-
m^is, mais qui ne sont pas h^im fréquentés par d'autres^
puisque souvent il n'existe, pas un seul pa^îssien protestant.,
lordQoUAnd égaya l'asseoiblée paf.une anecdote a«sec plai-*
laqte; « Un de mes amisi ditrilf ni'a assuré qu'un pafteor
tanglioan reçut un dimanebie d^ clerc de sa paroisse un tnllnt
tconçu. en ces termes : Eiie:^t in4i*pos4e ck%^oi^rd'fyii^ vam
un*anoz donc pa^t^çsoùh dû vous rendre à l^égiisç; De qui étolf-
»il question ^ toulj^ la paroisse ^toit-<elle indisposée ? oui ;; car
«Uimte 1^ paroisse n'avoit d'auti^ paroissien que l^^^f&tajBm du
tmarguilUer subalterne ( Sei^ton ).
9 (.e WI5 c'est ainsi que ^ontinuoit lord Hollande est rédigé
«a^^mn^ grande adresse» Une de ses dispositions annonce des
•IntentloikS sages et justes, pnisqu'elle! autc^rise tous les contri*
nbuables à «^ rendre à rassemj^lée pogir.la c9nstructi0n.de Té**
»glise^ nikaîs ^]m bas pn trouve une clause qui ei;crut tous oevjc
squi d'après les lois irlanfiaises n'ont pas droit d'y paroitreu
•Ainsi donc» au moyen de cette clause hypocrite^ on dépoiûlle
ilesçatboliques d'un droit qu'uoe autre clause leur avoit ac-
• cordé. Or je demande si^ dans la situatipurcritique où se frouve
» TÂngleterre , il est juste et^age de porter une loi que les ca-
«tholiques doivent regarder comme une peine ou comme ùpe
I dérision. Je demande s'il est seulement équitable de proposer
>la troisiëme lecture du bill au momeiit ou la chambre termine
•seii séances^ et où il(^n'y a plus qu'un très p^tH nombre de
» votants. »
Le très révérend évoque de Doron n'en assuroît pas moins
que le bille toit parfaitement bien calculé pour les circonstances
actuelles; et, quoique les lords (llifden et Daenley s'y oppo-
sassent vivement^ lord Liverpool insista sur son adoption*
< Je n'examine pas 5 disoit-il, s'il est juste ou injuste de faire
•ooiitrîbuer les catholiques à la construction de ces églises.
X
. (32)
•lÀais tant que la loi existe^ le gouvernement doit lamaintenir,
ji^et on ne peut la considérer comntfe une charge pour une elasse
» Spéciale des habitants du royaume. • Langage étrange dans la
liouéhe d'un ministre 9 surtout lèrsqu'tl s'agit debhangerla
loi^ après en aVoir reconnu Tin justice.
le bill fut donc lu pour là troisième fois et adopté. Ne
semble- 1- il pas que les ministres* s'embarrassassent fort peu de
la question de savoir si telle ou telle mesure est ou n'estpas
propre à perpétuer le germe des dissensions et des troubles
qui ne cessent de déchirer la malhleureuse IHande ? D'après
cèla^ peut-on s'étonner encore qtle l'acte de sédition qui dé-
pouille les irlandais d'une grande partie des droits civils qu'on
leur avbit précédemment laissés soit ^ pour ainsi dire ^ en fw*
manenee depuis 1796, où il fut, pour la première ftis, mis
à exécution ? D'abord on en prolongea la durée jusqu'en i^Sd^;
puis on le proclama de nouveau depuis i8o5 jusqu'eb 1606 ;
plus tard; de 1807 à 1810; enfin de 1814 jusqu'en 1818. Il
étôit encore en vigueur en 18225 et fut prorogé pai* le der-
nier parlement jusqu'au i** août 1824*
Le célèbre Pitt a niieux jugé la véritable et unique cause
de cette guerre civile sans cesse renaissante 5 que tous les mi-
nistres qui lui ont succédé. Tandis que ceux-ci ne paroissent
vouloir la terminer que par la violence et par des lois rigou-
reuses, le but de M. Pitt, eh proposant l'union de l'Irlande
avec la Grande-Bretagne, étoit de conférer aux Irlandais tous
les avantages de là constitution anglaise. Il échoua dans son
plan, et quitta même les rênes du gouvernenoiént lorsqu'il
vit que la chambre des communes étoit décidée à lui opposer
sur ce point une résistance opiniâtre. Une triste expérience
a cependant prouvé que ce projet étoit digne d*un grand
homme d*état et d'un véritable ami de sa patrie; car, depuis
lors , les mesures de rigueur n'ont servi qu'à augmenter le
mal, à rendre pire, d'année en année, la situation de cette
partie du royaume; et Tentretien d'une armée pour arrêter
(33)
les progrès de la révolte a été aussi inutile qu'onéreux.
Mais qu*a*t-on fait pour justifier ces mesures t3rranniquet
contre Plrlande ? mesures d'autant plùsétranges^ que le mante
parlement qui retîient six millions de sujets dans une sorte
d'esclavage 5 ne cesse de se donner pour le protecteur de la 11-
berté civile en Europe , et de prôner celle dont on jouit en
Angleterre. On a voulu faire accroire à tous ceux qui ne
connoissont pas la véritable situation politique de Tlriande
que les Irlandais sont une race d'hommes indomptables , qui
ne respirent que* vengeance et ne révent que des révoltes*
Tel est le portrait qu'en font la plupart des pùblicistes et des
membres du parlement, et on les a crus sur parole. Si les
protestants, sous le gouvernement d'un souverain catholique^
étôient traités de la même sorte, on entendroit dans toute
l'Europe des millions de voix s'élever contre une pareille ty-
raonie. Tel est l'esprit de notre siècle , telle est la prépondé-
rance de l'influenpe protestante qu'on ne paroit pas assez re-
marquer., et qui, de nos jours surtout, mérite la plus sérieuse
attention y dejiuis que la tolérance illimitée de tous les cultes
est, poun* ainsi dire, devenue un dogme européen.
Il faut cependant répondre par des faits à ces inculpations
fausses et calomnieuses contre les paisibles habitants de l'Ir-
hndc, et nous puiserons ces faits dans les/témoignages d'hom*
mes irréprochables et bien instruits , dont l'impartialité et
l'attachement aux Vrais intérêts de leur patrie sont universel**
lement reconnus.
On a prétendu, et l'on répète sans cesse , que presque totis
les catholiques ont été les auteurs et les complices de l'insur-
rection la plus formidable et la plus dangereuse qui ait jamais
éclaté en Irlande. Un corps de rebelles , connu sous le nom
àlrîandais^unis , et fort de quatre-vingt, mille hommes ^
en fit le théâtre des désordres les plus épouvantables, et, par
Kt affiliations avec les comités secrets de l'Angleterre, menaça
' le royaume britannique d'uii bouleversement total. Peu de
a* 3
\
(34)
temps auparavant, au moid de septembre i^gS , s'étôH fermée
en Iiiande la société mystérieuse des orarigisUê, qu'îMi a
tant de fois représentée» non seulement comme utile ^ mais
encore comme nécessaire au gouvernement , afin de surveiller
la révolte et d*en arrêter les progrès; mais il est de fait
que, pendant presque^ toute la durée de cette crise effrayante,
les catholiques n*ont pris aucune partàrinsurrectfon.
C^est ce qu*un des membres les plus distingués de la cham-
bre des communes prouva dans toutes les formes et par des
documents incontestables. M. Fitzgera^ld déclara , le 5 mars
i6a3, qu'en sa qualité de membre du comité secret établi pouf
examiner Torigine et les progrès de la société des Iriandait^
unis y on lui avoit fourni, ainsi qu'à ses collègues, la preuve
qu'aucun catholique n'avoit été de cette société ^ excepté le
docteur Menerin, qui présidoit, il est vrai, lors de la for^
mation du comité de cette ligue , mais qui ne professoit en
général aucune religion, c Nul catholique , ajoutbit-il , ne pou-
»Toit appartenir à cette société , par la raison bien simple que
»le docteur lui-même a alléguée, c'est-à-dire parceque l'on
vcraîgnoit avec raison que les prêtres n'engageassent les ca-
stholiques à dénoncer ce complot au gouvernement. » Et
.lorsqu'un jeune membre du parlement, M. Dawson^ se permît
de répéter ce qu'il avoit si souvent ouï dire , que les orangistes
avoient réussi à étouffer la révolte, M. Fitzwilliam s'éleva arec
énergie et dignité contre cette assertion. « Je suis, disoit-il,
«plus âgé que M. Dawson, et j'assure que les catholiques
» ont prouvé leur loyauU de manière à ne céder en rien , sous
>ce rapport , aux plus ûdèles sujets de sa majesté en IHande.
• C'est ce qui fut alors proclamé par le monarquo lui-même,
»qui leur témoigna sa satisfaction; et maintenant un jeune
«membre de cette assemblée veut faire croire à la chambre des
• communes et au peuple anglais que tous les catholiques
• ont violé leurs devoirs, et que tous les Irlandais» à l'exception
• des orangistes s ue sont que des rebelles et des traîtres I »
Écoutez^ écoutez!
$
(3ç)
Le lord chancelier s'éleva néanmoins contre le biU qui mo-
déroît les chaînes des catholiques , et déclarât qu'il ne compre-
>noit point que Ton pût être fidèle au roi quand on refuse
»d6 rècdnnoître sa suprématie» et que Ton accorde au chef
I étranger d'une église une partie de cette obéissance que tout
•fidèle sujet doit au roi. »il faudroH conclure de là qu'il n'y a
dé sujets fidèles et sûrs que parmi les membres de la confession
anglioàse* On pourroit demander à sa seigneurie de quoi la su^
préâiatie sertit à Charles I*' el à Jacques II. Nous devons d'ail-
ievrs rapporter ici un autre exemple deFaveugle préjugéde quel-
ques membres de la chambre des pairs. LorsquOidans la séance
du 7 juiUet i8a5 , il fut question de faire la s^^Jbnde lecture du
bill d'insurrection y lord Calthome ne rougissoU pas d'injurier
de. la manière la plus indécente la religion catholique. 9 Cette
1 religion , disoit-il, qui a toujours favorisé l'erreur, et qui pré-
•otpite l'homme dans un abtme de corruption et do la plus*
• effroyable immoralitfé. Tout ce que Ton tentera pourremé-
idier aux maux qui désolent la malheureuse Irlande sera inu-
f tile^ tant que l'on ne s'occupera point de donner au peuple unô
^reiigion qui favorUe la cimlisation. » Il faut convenir ce-
pendant qu'on n'a rien négligé pour introduire une autre reli-
gion en Irlande ; car dans ce dessein on a employé non seule-
ment les lois pénales contre les catholiques et des oppressions
nembreuses et inouïes, mais, dès l'année 1733, une société
protestante mit tout en œuvre pour diminuer le nombre des
eatholiques par des écoles privilégiées pour les pauvres. Vers
l'an 1779, il exîstoit quarante-deux de ces charter working
schoolSy où Ton élevoît mille neuf cent trente-six pauvres en*^
fants catholiques dans le système protestant , et depuis lors cesr
établissements de prosélytisme se sont infiniment multipliés.
Certes, «i dans ce malheureux royaume le catholicisme n'a pas
été détruit , ce n'est la faute ni du gouvernement anglais ni des
protestants irlandais,
(La suite au numéro suivant.)
(36)
/ *
^DE LA SOCIÉTÉ DE LA MORALE CHRÉTIENNE.
(Second article.)
I
On se rappelle peut-être que notre premier numéro renfer-
moit un article relatif à la société dite de la Morale chré^
tienne. Pleins de mo<}|ëration et de mesure danti les attaques
que nous avions cru devoir diriger contre cette société; pous-
sant la générosité jusqu'à ne point révoquer en doute sa bonne
foi ni la droiture de ses intentions » regrettant seulement de
la voir entraînée par Tardeur d'un zèle peu éclairé , nous nous
étions attachés à prouver , premièrement^ que sa constitution
' fondée sur l'indifférence absolue pour le dogme , est essen-
tiellement ANTiCHiuBTiEVRB ; cu sccoud lîcu , çuc ccttc indiffé^
rence pour te dogme ou ta foi, qui est le soutien de la cha-
rité, devoit nécessairement détruire l'action même de la
charité , oula dénaturer totU-à-fait. « Et telle est^ ajoutions-
9 nous, Tempire de la vérité sur ceux mêmes qui la mécon*
«noissent , que lès membres de cette société, avertis, comme
• par un instinct secret, que le lien qui les unit n'est point la
9 charité, et sentant que leur langue se refuse à prononcer ce
>nom, expriment presque tou>ours la nature de l'intérêt qui
»les fait compatir aux souffrances de leurs semblables par le
»inot de philanthropie..., mot étrange aux' oreilles d'un chré-
• tien , et que la philosophie du dix-huitième siècle a légué à
> celle du dix-neuvième, a
Cette dernjère assertion sur l'origine toute révolutionnaire
du mot philanthropie , a tellement déplu à nos modernes
philanthropes , qu'un d'entre eux a entrepris de la réfuter
dans un assez long discours , où il ne laisse pas de gémir sur
Us préventions, sut la légèreté des rédacteurs du Mémorial
<»
^
^ (37)
eathotique9 et snt leur ignora/nce des Écritures (i). Le mol de
fthiianthropiô 9 selon lui, est si peu étrange aux oreilles d'un
chrétien ^ qu'on le rencontre en quatre ou cinq endroits de la
version des Septante et du texte grec des Ëvangélistes. Il cite
textuellement les passages , et conclut quHt est impossible
i*étre chrétien sans être philanthrope.... que la philàn-^
mopiE est une partie intégrante de ta charité.
Il est évident^ par toutes ces citations et ces conclusions» que
nous n'avons pas été compris , et, certes , nous avons le droit
de nous en plaindre, nous étant exprimés assez clairement
pour espérer de Tétre. Qui de nous a jamais nié que lé mot
grec (ptXaevOpcDTTta se trouvât dans la Version des Septante, ou
dans le texte grec des Ëvangélistes ? Qui a jamais nié que l'a'
mour des hommes (en grec yeXav9pwir;a) fût une partie inté"
grantede la charité^ Rien de plus étranger à la question.
Il s'agit uniquement de savoir si le mot de philanthropie se
trouve de nos jours si généralement employé coxxaxiG synonyme
du mot charité, que la société dite de la Morale chrétienne
ne soit nullement répréhensible de substituer presque toujours
le premier au second ; si , je le répète , le mot de philanthro-
pie n'est pa^ ptra/nge aux oreilles d*un chrétien; je ne dis
pas de tel ou tel chrétien , helléniste , littérateur , philolo^
gue , qui a lu les Ëvangélistes dans le texte grec, mais d'un
chrétien, qui reçoit, en tant que chrétien^ de la sainte Ëgllse
catholique, et la langue religieuse, et les dogmes que cette
langue exprime.
Mais, me direz-vous, comment un mot qui se trouve usité
dans les Ëcritures pourroît-il être de iàos jours étrange aux
oreilles d'un chrétien, même en tant que chrétien? La ré-
ponse à cette question est bien simple; elle nous conduira
naturellement à expliquer pourquoi ce mot àe philanthropie,
qui depuis tant de siècles n'existe plus dans la langue chré-
(i) Ce discours, prononcé dans la séance de la société du 9 mars i8a4
a été extrait du joarna^ de la société i et impnoaé séparément^
( 38 ) ^%
tienne (i) 9 a reparu au dix-huitième siècle dans la lanfliei^
incrédules.
Il faut le remarquer en passant ^ cette discussion , coram^
toutes celles qui tcH^ichentà la métaphysique des lapgues, est
loin d'être sans intérêt. C'est souvent dans leurs langues mêmes
qu'il &ut étudier les mœurs des diflférents peuples. Certaines
révolutions dans les mots sont souvent accompagnées d^
grandes révolutions dans les idées : et lorsqu'une nation est
arrivée au degré de civilisation où le christianisme nous a é)e«
yés, rinvasion du néologisme dans les termes relatifs à Tordre
moral est un symptôme infaillible de la décadence de cette
civilisation. Mais hdtons-nous de rendre sensible la vérité de
ces principes dans la question dont il s'agit*
Au milieu d'un monde vieilli par la corruption 9 la cbris**
tianisme étoit venu , revêtu de sa force régénératrice. Il avoit
enseigné à rhonune de nouvelles vertus, vivifié cdiles dont les
.gern^es flétris étoiept près d'être étouffés dans son cœur. Lç
paganisme avoit autrefois parlé aux nations de la crainte de$
dieux. Le christianisme venoit leur parler de l'amour £/uZ)ieu
suprême. Le païen aimoit ses semblables pour lui-même ; sa
philanthropie partoît d'un égoïsme réfléchi : sous l'influence
du christianisme il a commencé de les aimer en te Dieu puis-
sant , source unique de Vérité et d'amour ; et désormais l'a-
mour des hommes devra montrer aussi bien la chaîné qui
nous unit à notre divin Créateur, que celle qui nous rattache
à nos semblables. On conçoit toutefois que la société chré-
tienne soit encore forcée pour quelque temps d'accepter le lan-
(1) En ayançant que depuis plusieurs siècles le mot phUanthropie n'appar*-
tient plus à la langue chrétienne , nous ne prétendons pâa cependant qu'il
ne puisse se trouver quelquefois chez des écrivains très chrétiens. Nous aver-
tissons seulement ceux qui nous feroient ces citations qu'elles ne prouve-
roient rien en leur faveur. Si des écrivains chrétiens ont pu employer quel-
quefois ce. mot , ils ne l'ont jamais fait que dans certaines circonstances oè^
Todlant nous représenter lei mœurs de quelqae peuple ancien. Us prStoîeot,
«n historiens fidèles» 4 leurs penonnages le langage qui leur étost piopre*
(3^)
ait été créée qui#e trouve en harmonie avec les «entiment^
qu'elle exprime.
Quel sera donc ce f^atn iipuve^u q^i exprimer^ cette pif»T
veilleu3e union de toutes les créatures dans leur Créateur ?
GHARITAS! CHARITJÉ! AMOUR ! amour par excf llepçe I
c'$8t-à-dire amour de Dieu ! amour de tous les liommes en
Pieul.., Dépoaiînation sublime, bien di$ne de rj^sprit-Sai^t
qui Ta Inspirée I et c'est ici le lieu de s*écrier , avep un sage
de rantiquité s Ce ^ont Us di^ux qui ont donné les nom9 aux
dîmes l
Dix-sep^ siècle^ Qpt passé; le nom de la charUé a pénétré
dan^ toutef les parties ^e la terre : les homn^es Tont cqpnue
surtout par ses œuvres. Mais ui) orage qui depuis deui^ simples
gropdoit au sein de j|a spciété a tout-à-coup éclaté. Après
avoir succjss^iveff^nt protesté contre toutes les vécues de la
religion , Thomme proteste contre Dieu même. Dieu^st dé-
sormais cbfisséde nos croyances^ de nos institutions, du monde
entier. La merveilleuse harmonie de cet univers, que vou;»
croyiez son ouvrage, le hasard Ta produite : cette sor
eiété dont vous Paviez jusqu'ici regardé comme le fondateur,
àts pactes et des contrats Tont établie parmi les hommes lors-
qu'ils ont quitté le fond des forêts pour vivre en communauté^:
ces lois constitutives de. la société , qui vous sembloient né-
cessaires, immuables ^ éternelles, apprenez qu'elles sont d'une
institution arbitraire comme la parole qui lés exprime: cette
intelligence dont vous étiez si ûer ^ et que vous croyiez uû
souffle de la divinité, n'est réellement qu'une simple pro^
ffiété deia matière: ce corps enfin, dont la création est
peut-être pour vous une énigme , c'est la fermentation du
iimonde la terre qui Ta autrefois engendré...* Orgueil incon-
cevable de rhonune! il ne sauroit assez s'avilir, pour se faire
ensuite son propre dieu. Bientôt, ivre de lui-même, vous le
verrez adorer sa raison ; il ne relèvera plus que de lui ; il s'ai«
( 4o )
mera d'un amour sans bornes t et s'if aime ses pareils , ce ne
sera que pour la manifestation de ses propres peifectîons.
Le lien qui unisspit le ciel à la terre étant ainsi brisé , tout ce
qui rappeloît cette an%ienne alliance est aboli : les fermes
lûéines qui Texprimoient périront^et la charité fera place à la
philanthropie^
Il est maintenant bien facile de comprendre la raison de
notre aversion pour le mot phitanthropie,motessentietiemefU
athée (i), et qui de plus a été traîné dans le sang et la boue de
la révolution. Il est évident que cette aversion a sa source^ non
dans notre ignorance des Écritures , mais dans une foi éclai-
rée. Que celui donc qui nous a si légèrement adreUbé ce re-
proche d'ignorance )uge maintenant sur qui en doit retomber
la flétrissure.
Mais , après avoir répondu à ce premier reproche , il
nous reste encore à en repousser un autre dont nous désirons
aussi faire apprécier la justesse.
H n'est pas, nous dit-on, ite ta dignité de la société de la
Morale chrétienne de répondre à nos déclamations partiales
autrement que par de honnes actions.
Nous croyions cependant avoir produit contre la Société
de la Morale chrétienne quelques arguments des plus post"
tifs, et dégagés de toute déclamation , entre autres celui-ci:
Cette société part, disons-nous, de Viîidifférencé en matière
de fin; eh bien , noua<avons prétendu et nous (Croyons avoir
démontré que la fi>i, que le dogme , est à la charité ce que
Vâme est au corps. L^objection vah>it peut-être une réponse;
(i) Il est si vrai que le mot de philanthropie est essentiellement ai/iécy qae
pendant la révolution » lorsque les révolu tionnaîres , qui ne furent pas en
tout les dociles disciples de leurs maîtres les philosophes , poussèrent le dés-
intéressement jusqu'à décréter l'existence de l'Être suprême» les déistes da
temps trouvant le mot de philanthropie désormais impropre ^ inventèrent
celui de théophilanthropie* On ;ait quel rOle burlesque la théophilanthropic
a joué à cette époque.
( 4t )
et il ne nous est vraiment pas possible de savoir gré à la So^
eUU de la moraie chréttenne de son généreux silence, ni sur
ce point , ni sur les autres.
Mais, enfin , puisque la Société de ta mo'rate chrétienne ne
trouve pas de sa dignité de répondre à ces déclamations
partiaies autrement que par de honnes actions , résignons-
non» à nous contenter de cette dernière réponse, qui ne lais-
sera pas d'avoir sa valeur si elle est positive.
Eh bien, je vous le demande, zélés philanthropes, trois
ans déjà passés , qu*avez-vous fait pour radoucissement des
misères humaines? ces magnifiques plans de bienfaisance ,
qui embrassent Tunivors entier , commeucent-ilsàs^exécuter ?
cet Înt;enfair6 tant promis de ce que vous avez fait pour le sou-
lagement de l'humanité, oh est-Il? Pour apprécier plus sûrement
vos oeuvres, j*ouvre les annales de votre Société. Mais, quoi !
trompant ma curiosité, vous m'entretenez longuement, et de la
Société de la paix aux États-Unis, et de la Société des pri^
sons en Espagne, et de VInstiiutionafriCaine', et de la Société
des Amis en Angleterre; vous me racontez moins encore ce
qu'ont fait toutes ces sociétés que ce qu'elles projettent de
faire ; mais , je vous le répète, c'est sûr vos œuvres que je vous
interroge.... Je poursuis donc laborieusement mes recherches ;
vains efforts : vous allez mé parler maintenant d*une autre sorte
d'établissements, de la maison de refuge pour les jeunes pri-
sonniers, à Paris; d'une maison établie à Lyon dans le
même but; d'une autre m,aison de refuge pour les femmes;
d'une institution pour la jeunesse délaissée ; de Vhospice
des orphelins, à Paris.... Ici je m'arrête, pressé de vous
adresser une observation. Ces établissements que nous ve-
nons de nommer, ce n'est point par la philanthropie qu'ils
ont été fondés , c'est par la charité; c'est par des apôtres de
cette charité, qui n'étoient certainement pas indifférents
sur le dogme : lors donc que vous daignez associer leurs
iioms aux vôtres, et célébrer leurs œuvres dans vos fastes 9
(4«)
aaol^^ qvCîifi ¥909 répudient 9 qu'îta itq[iqo4»99f , yoir^ ^ir
liaoççy etqu'iU ^^ croient m^ter de votre pfirt» m e^t ^«
ces d'honneur, ni cette indignité, G*eat d'ailleurs , noiu voua
le disons pour la derni^fe Ib^s , fur lés seuls résultats de vos
travau» phiio^Ufiropiqueg qi^e qou^ désirojas ^tre instruits.
Jttais ie m'aperçois que toutes ces questions si pressantes
deviennent indiscrètes, et qu'eUes auraient dû être prévenues
par ce que vous aviez pris soin de nous dirç dans votre der-^
njçr numéro : On eomprendrcf facHem^nt que le eut de i^
Sociéti dp la morale chrétienn(^ e$t général et spéculatif:^
c'est-à-dire qu^elle est condamnée à une sorte d'oisiveti
apparente* Les grands résultats mon^ux qu'elle se proposa
sont aussi lents à obtenir qu'à constater ; et les procédés
au moyen desquels elle prétend y arriver ne sont ni d*un
effU plus rapide ni d^W^ appréciation plus aisée.. • Ce
sof^ des idi^ que la société se charge df' aller ttépospr dans
Un esprits.
Ab i sous ce dernier rapport, avouons que la Société de IÇf
morale chrétienne a obtenu des succès qui doivent fermer
la bouche à l'envie, et qu'elle a propagé des idées véritable-
ment nouvelles* Écoutez, malveillants détracteurs des philan-^
thropes 1 Elle a découvert d'abord, et elle est pénétrée jusqu'à
, l'évidence, que la niorale chrétienne est le code le plus
admirable de préceptes de religion , de justice et de t*a*^
§qn (1). S'occupant de la traite des noirs , elle a découvert (2)
qiui le moyen de la fû^ire cesser est d'avancer la civilisa^
tion des blancs , et de commencer celle des noirs. La p^^
mière méthode 9 ajoute lumineusement l'orateur, e^ï ^« plus
facile; la seconde est la plus efficace.... Or le moyen in-
faillible d'avancer la civilisation des blancs est (3) de réveiUef
par des brochures écrites avec calme et sagesse les affections
(1) Voyez n* i, page a.
(•) Voyei a* if , pag, 919.
(5) Vpyc* H* ^, pag, M.
(45)
jinéreusô. La sooiété^a eofin déeouvcart (i) que toi maiioni d§
jeu et de ioterie ruinent tes famUtsê et ta maraiiU du
individus; fue iôjeu aeàoutume 4* homme à la fhinéanti$e, .
UaUèreréetienUntiôCERFEAU {%)J1! Sansénumércr toutes
les autres découvertes do mém» towee faites par la SœiiU dé
(s m(yra4fi chréiiénnc ; sans parler non plus de la fuUx jm^^
fitutllê qu'elle ne désespère pas d*éubiir après ce bon abbé de
SainUPierire » c'est assez 9 oous Tespérons^ pourtépoodre amc
Uetamaiione partiaUê de i* ignorance etdeia oaUmmie*
Tarn pAtiens capitis » tam ferreas y ut teneat te ?
Hais nop ; la Société de ta morale chrétienne ne doit point
échapper, par le ridicule dont elle se couvre, à ranimadvc^rsi^n
des gens de bien. Parcourons ces tftles où sont inscrits avec
tant de faste les noms de ces vaniteux apôtres de la philan-
thropie. Qui voyons - nous figurer à leur tôle ? .Nous y vpyons
avec douleur les ministres de ces sectes hérésiarques qui ont
déchiré, ù diverses époques, le sein de l'Église; nous y voyouf
avec effroi des hommes dont les écrits déposent hautement, au
milieu du public, contre le titre de chrétien dont ils voudroient
se parer. En quoi sont unis tous les membres de cette société^
tous ces élément 9 si divers, et, en apparence, si bien faits pour se
repousser? £n la bienfaisance, vous a-t-on répondu. Non, mais
en une haine commune contre cette saintp Église catholique ,
qui réprouve inexorablement toutes leurs déplorables erreurs.
Eh bien! puisqu'il est ait que celte Église sera persécutée jusqu'à
la fin des siècles, puisque cet héritage de haine lui a été légué
par son divin fondateur expirant sur la croix , résignons-nous
à souffrir les assauts multipliés de Teritur, en nous envelop-*
(i) Voyez n* xi, pag. a 67.
(a) Voyea n« vii, pag, 4o.
(44)
paat daDH notre foi : seulement ayons soin d'arracher le mas«
que à rîmposture; qne tont soit appdé de son nom» et que
l'incrédulité garde le sien.
Si la tendance de la SocUU de la méraie chrétienne est
évidenunent de ruiner la foi 9 il est encore un autre genre d'in-
fluence que cette société exerce avec la mème^ activité 9 et que
nous nous contenterons de signaler ici 5 nous réservant d'en
entretenir par la suite plus longuement nos lecteurs. Ne nous
laissons point séduire par un langage hypocrite, ni par des pro*
testations menteuses. La Société de (a morale chrétienne, qui
se dit indifférente en matière de foi, est bien loin d'être in-
différente en matière potitiqtte. Que, si l'on veut se faire par
avance une idée de ses principes , on peut en lire la profes-
sion dans un des numéros (1) de son {ournaL.. C'est lÀ qu'on
apprendra quç le peuple français a puissa/mment concouru
à l'affranchissement de inhumanité, et que sa tâche' n'est
pnu finie... On pourroit se méprendre spr le sens de cette
phrase, mais ce qui suit ne nous permet d'y voir qu'un élo-
quent appel à Vénergie du peuple françois. Depuis un siècle,
continue Torateur, pour ne pas remonter plus haut, la
France, par l'éclat de sa destinée, a été offerte en spectacle
à VEurope. Tous les regards se sont tournés sur elle; eile a
marché, tantôt à la tête des idées, ensuite à la tête des évé-
nements: tantôt par ses doctrines, tantôt par ses armes,
elle a conquis tour à tour les peuples et les rois. Des souve-
rains se sont mis à la suite de ses philosophes, des nations
à la suite de ses souverains... Mais malheureusement, au mo-
ment cil l'orateur célèbre ainsi toutes les gloires de la révolution,
il est obligé de regretter que cette révolution n'ait point eu
son entière consommation, que la France se trouve en-
core dans une positiou^fausseet dans une crise pénible, placée
entre les doctrines d^un état qui n'est plus et celles de Cétat
(i) Voyez n? zi, pag. 970 et suiTantes*
(45)
l
révotutiannaire (i)* Il est donc urgent de rompre entièrement
cette chaîne d'institutions qui rattache les destinées présentes
de la France à ses destinées passées, et d'asseoir tout-à-fait
notre constitution sur les bases d'une révolution de si glorieuse
mémoire.
Telles sont les doctrines politiques que professe la SoeUté de
la morale cAr^tienne par l'organe d'un ex-^professeor, dont^
il y a trois ans, l'autorité publique a été obligée de suspendre
le scandaleux enseignement, et qui depi^is est allé s*ériger au
milieu de la Société deiamoratô chréHenne oeite chaire que
l'Université lui a* fermée dans son sein, H.
(i) Si quelques personnes pouvoient douter de cette prédilection de la
Société d^ la morale ehréiUnne pour la révolution , M. Goqnerel , un des prin*
cipauz membres de cette société, lèveroit tous leurs doutes en leur répétant
une phrase de ses écrits, où il déclare hautement que si, comme on le pré*
tend , la réforme a fait la révolution , c'est son plus bel ouvrage*
MMMMMf WWW i>w%wrwww»vwwwvvwvww»>»^^»wvwwwwwwirwWvw w wvwwwM>www»>wi^^
MimoiEEs DB Lovxs-J]&ROMB GoHiBB , président du Directoire au
18 brumaire , à Paris ; deux volumes in-S*" , avec portrait.
é
Lorsque la royauté revint parmi nous avec ses droits qui lui
rendoient la force, avec ses verlus qui lui rendoient l'obéis-
sance , elle vit ail milieu de cette population fidèle une foule
d'hommes qui faisoient contraste. Les gouvernements qu'ils
avoient tour à tour inventés pour séparer à jamais la monarchie
d'avec la Franqes'étoient tous écroulés sur leurs fragiles bases ;
mais ces hommes enfin restoient debout , et , dans la- défaite
même 9 conservant leur audace, sembloient en vouloir en-,
cot« plus à la royauté de leur impuissance que de sa victoire.
La royauté ne songea point à les punir, et crut assez faire
pour soi en leur laissant l'accablant loisir de promener leurs
(4é)
ièg9M et liur «MAMe tm tuttiéti ieê faiesié tétft tm peûpU.
VM loi ^ étoigna quelques uns de ce spectacle , eetix-là sett^
leiAettif qui avolent fait ntonfer leur roi sur Téchafand ; insLÎÈ
dette loi to^efttreitue que de la France; la Finance Ta demandée
au trône comme une grâce. Laissez-moi^ a-t-elle dit, înâRnte-
Haut que je suis libre ^ protester contre le sang du juste versé
en iuon nom» Je fus viéUme^ je ne fus pas comfilice t que je
me sépare des er|iiiiiiels ^nf le érime m*a trop long-temps 6a-
lemniée.
Usooi ét^ bannis ; Mie n*éfoif pas de ce jour que la' Frâliee
avdil cessé d*étre leur patrie. Mais en vain le trône a voulu ne
rien faire, ne rien savoir touchant lés hommes qui ont pris une
-partplus <m moins aetive à tous ces pouvoirs révolutionnaires
détruifS tour à tour par les propres armes qu'ils avoient forgées
contre la monarchie : ces honimes n'ont pu se taire. Saisis de
je ne sais quel besoin tardif dVstime publique, ils viennent
tous, avec leurs Mémoires^ nous Offrir le récit de leur politique;
et, tremblants devant leur propire histoire, ils la font eux-
mêmes afin qu'elle les effraie moins. C'est quelque chose pojir
la morale publique de voir ces^ personnages un moment ce-
lèbres^ maintenant perdus dans lafoule, essayer d'en sortir en-
core^ et, lorsque aUcun tribunal ne leur dit*, Voue êitê coupa-
êtes, se présenter d'eux-mêmes pour dire. Nous sotnnies
innocenté*
Parmi tous ces hommes qui demandent des juges se présente
aujourd'hui Bl . Gohier, a vecdeul volumes de Mémoires justifioa-
lifSé Nos lecteurs ont peut-être besoin qu^on leui^apprenne que
U* Gohier, membre du directoire» avoit un cinquième de sou«
veraineté, lorsque Buonaparte au i§ brumaire vint la cohfts-
quer tout entière à son profit Pour mettre de l'ordre dans notre
examen, nous dirons d'abord Timpression générale que la
lecture de l'ouvrage a produite sur nous; nous rappellerons en-
suite quelle étoit la situation du directoire, afin de pouvoir ju-
^r raction des événemwts sur le personnage; puis notis écou-
j
(47)
ferons réciivàin lui-même^aflii â«ftigt^fl^lfOiidKit>«Hoft|IAg<ft
sur les événemeiits.
M. Gohier a été républtcaii) dans sa condnfte pblltiqtie; iLéét
resté partisan de cette république, tnème nprês qa*elle fut tom-
bée. M. Gohfèr est donc uii hotnmë iSoUpable d*avoir embrâiéé
uité opinion qui est par sa nature même desthilctimô du gotirer-
beio&ent soua lequel le ciel Va fait battre , plus éoupablë fl*li-
Voir agi dans lé sens de ôette bpiniott, et de s^Gtre feit atnsi
Tennenoii de nos rois,quO{^U*ii û*ait pas )otnt au malheur d'une
opinion condiamiiablë le seahdale de la coniddérér comtlie Uii
)eu et de Te^ploiter comme un con&merce. Il restfe donc de
tette impressiôti générale du livré dé M, Gohiet*, qu'il ii*eiit
point venu renier une opinion vaincue, dans Tutiique espérance
tie se t^concilier avec une opinion victorieuse , et d'obteiiir du
présent la continuation des salaires du passé.
Pour un homme du directoire, c'eH quelque chose, mail
jugeons un peu ce directoire lui-même ret quelle étoit sa po*
sUion au m'ornent oii M. Gohier en fit partie. La révolution ,
depuis qu'elle étoit entrée dans le pouvoir par la cotiVoéali&ii
des états-généraux, avoit suivi à travers ëes désordres un mott^
vement régulier et pi-esque géométrique* Partie des points lés
plus élevés du tiérs^état , elle étoit descendue aux plus bas
étages delà populace, elle étoit avec Màrat dans le ruisseau >
et tout cela étuit conséquent : quand on place la force t^ôHii*
que dans le peuple, quand aveu cette fofce on lui donne des
artnes ^ il faut bien arriver aux faubourgs, car c'est là que le
peuple a le plus de bras. Une fois à ce point la révolution lie
trouva plus à descendre , elle tendit donc^ et malgré elle, à
remontei;. La chute de Robespierre annonça que le mouve*
inent étoit épuisé, car la lutte qui le renversa n'étoit plus en-
gagée entre des gens qui vouloient s'arrêter et des gens qui
vouloient marcher , mais bien entre des hommes qui, aeculés
aux mêmes limites , se délruisoient entre eux pour rester seuls
sur le terrain. Robespierre une fois mort ^ il y eut une espèce
(48)
de balte dans l'anarchie. Mais bient^At la convention se retira,
jugeant elle-même que son règne étoit fini. En se retirant
' elle laissa un gouvernement , ouvrage de ses mains, qui pré-
sentoit deuxcbambres, des.ministres, et au-dessus un pou-
voir exécutif que cinq membres dévoient diriger. La con*
vention , puissance terrible qui avoit tout détruit parceque
la révolution avoit voulu tout occuper, se retiroit maintenant,
et à une seule condition , c^est qu'une partie de ses membres
entreroient de droit dans le gouvernement directorial: ainsi la
révolution, qui avoit été maîtresse, consentoit à ne plus^tre
que représentée; le mouvement étoit donc rétrograde. Cela est
si vrai que l'instinct royaliste ne s'y trompa pas. En France,
vous voulez de Tordre , dit-il ^ eh bien xpe voilà : l'ordre, c'est
le royalisme, et le royalisme se trouva si bien partout qu'il alloit
envahir le gouvernement tqut entier, lorsque le directoire, ef-
frayé sur son existence^ sortit des lois qu'il s'étoit lui-même
tracées, fit un appel, à l'armée, et proscrivit, les royalistes
dans la journée du 18 fructidor. Mais ce danger évité en fit
naître deux nouveaux : d'abord en se servant de l'armée pour
abattre une partie de lui-même, le directoire donna avis à.
l'armée qu'elle pourroit , au profit de l'un de ses généraux,
l'abattre tout entier; et ensuite, comme cette attaque contre
le royalisme étoit un retour vers la révolution , le directoire
sembla vouloir retomber de nouveau d'où l'on étoit remon-
té (1); mais la révolution avoit perdu ses forces. La France
tendoit à s^éloigner d'elle, et le directcrire parut si foible et si
ridicule, et en même temps A atroce, en s'appuyant sur une
puissance «bhorrée et qui d'ailleurs étoit finie , qu'il ne
fallut que la présence de Bupnaparte pour achever l'opé-
ration que le directoire avoit commencée sur lui-même. C'est
après l'attaque contre les royalistes^ et dans sa fuite vers le
(i) Le gouvernement trembla en voyant paroître dans les assemblées pri-
maires ce qu'il appeloit les hommes de 93 , et crut la France menacée du
régne'de la terreur. ((ifoAîeo page 93.) '
(49)
parti contraire, que le- directoire vît arriver M. Goliier dans
son sein ; il nous reste à voir le rôle quMl nous dît y avoir joué.
En arrivant aux affaires, M. Gohîér reconnut deux choses (i);
premièrement, que la journée du 18 fructidor, faite par Au*
gereau, agissant pour le directoire , pourroit fort bien amener
une nouvelle journée ott la puissance militaire agiroit pour
son compte ; secondement , que la France , voyant reculer le
directoire vers la révolution , croyoit déjà que les jours san-
glants de la -terreur alloient renaître; mais une troisième
chose , qui , dans son esprit , auroit dû être la conséquence
des deux autres , c*est que rexisience du directoire étoit finie.
L'illusion de M. Gohier, à cet égard, fut telle, quUl se per-
suade au contraire que le directoire étoit plein de force et de
vie. Il en cherche la preuve dans la victoire des armées. Il étoit
bien facile de comprendre pourtant que la puissance civile ,
mise ainsi derrière les triomphes de la puissance militaire, ne
tarderoit pas à être absorbée par celle-ci : on ne se résigne pas
à un rôle secondaire quand le premier rôle ne se soutient que
par nous; c'est ce qu'un homme habile, Sieyes, avoît très
bien compris.
Sieyes étoit un de ces esprits froiHh et mathénîia tiques qui ,
au 'milieu d'une révolution, calculenè les mouvements des
passions populaires dans les assemblées , comme la tète calme
d'un général sur le champ de bataille attend et dirige la
manœuvre des bataillons. Lorsque le directoire s'étoit formé
Sieyes avoit refusé d'en faire partie ; il vouloit voir comment
se dessineroit ce gouvernement , qui ne lui inspiroit pas une
grande confiance. Dès ce jour, spectateur attentif. Il suivit sa
marche, il compta ses fautes; et quand il vit qu'il en avoit
fait assez pour n'être plus possible, il mit en campagne ses
partisans, voulut entrer, entra dans le directoire , et n'y
arriva qu'avec la pensée de hâter sa chute. Cet homme savoit
(1} Du moias il les reconnoît Anjoardliui âans ses Hf «moire» .
%\ 4
( 5o )
qu'en révolution , pour spéculer avec certitude 9ur le go^ver-
sèment du lendemain , il faut entrer à tout prix dans le gpu-
yernement de la veille , afin d -aider rélévatioo de Tun parla
ruine de l'autre, en un mot» ouvrir les portes aux arHf«IPt3i
et leur faire les honneurs de la maison.
Sieyes fut àm'mé par Gohîer , aussi l'appaiio-t-il , avec rai-
son f un cpnspirateur. Nous devons dire qu'il ne fallut pas une
bien grande per^icacité à M. Gobîer pour savoir à quoi s'eo
tei^ir sur le compte de son collègue , car ce ne fut que 9ur
une confidence qu'il pénétra le mystère. Yoici comn^pt
, AI- Gphier nous le racpi|te lui-même : a Sjeyes, en m'abordait
p quelques jours après ma nomination, me ^it : Noii$ yoilà
•membres d'un gouvernement qui est, nous ne pouvons mm
^le 4ipsîmuler, menacé de sa chute prochaine; mais, mpa
» cher collègue, quand la glace se rompt , des pilote^ babilec
ysavei^t toujours échapper à la débâcle : un gpuveniement q]i)i
«succombe n'entraîne pas toujours da^^s sa perte ceux qml se
•trouvent à la tête. J'espère bien^ lui dis- je, que noi|s avons
•encore le moyen de soutenir le nôtre, et je ne suis pas venp
• ici pour assister à ses funérailles.»
On voit que Sieyes éherchoit un complice. Gohier, en
refusant, voulut rester fidèle au mouvement politique qui
rav9it éieyé , et comme les manœuvres de Sieyies leu^ejQt pour
elles le résultat, la constance de M. Gohier pour unp cause
dupée et battue lui a valu ce^te réputation de bon hommPf de
simple ou d'^incapa^ie qui se trouve toujours pour les vaincus
d^nsle dictionnaire des vainqupuriS (i). Il devippt ciurieu^ p^^
cela mtfxfp ifi voir coumxent M. Gobier juge celui qu'avec si
peu de prQ^t il avoit #yiné. « Si^&y^s , à qui un met échappjé k
» Slirabea.u , et mal compris peut-être, avoijt acquis uac haute
iréputatiç^^ ii'étoit pas l'homme qu'on a chercbé depuis en
«vain dajgis Ip cours de Ja révolution.
(i) M. Rœderçjp» dans sod ouvrage sur le 18 bmmaire, le représente
comme un homnM mc0paltU4fi$kauUj^plolf.
(5i )
• J^cynwfne^ daiM topte rbabitudd de aesf dictes pplUjLlI^e•^
f ofire un tel pontr«Bte avec la régularité des principes de sa
a n^étapfajsique spéculative, que sa conduite et ses écrits «em-
«blent ne pas appartenir au même personnage. JÉcrit-il, c'est
9 un «élé défenseur des droits du peuple; agit-il ^ c'est radmi-
9Distrateur qui le méprise le plus.
«Dans le cercle de sa société intime»- ce fut en dépréciant
9tou9 les hommes et les cbo^s qu'il parvint à inspirer à ceux
«qui l'écoutoient comme un oracle 9 l'idée de son étonnante
»9upériorit4/ et lorsque lui seul entravoit les opérations du
.1 gouvernement y il ne cessoît de dire que lui seul vouloit gou-
» verner , et seul en étoit capable..
t pi^sinvilé pour paroltre profond» il cacboit sous une fausse
«modestie rorgfipU le pUfs effréné. On n'avoit 4e talents à ses
•yenqp que lorsqu'on lès faisoit servir à exalter les siens. S'il
•discutoit, c'étoit moins pour s'instruire que pour persuader
•qu'il avoit toujours raison. Malbeur à quiosoitle contredire,
•à qui ne se inontroit pas l'admirateur de ses bautes concep-
> tions ! Il falloit se résoudre à être son séide, ou à devenir son
» Ëg^r^ par son excessif amour-propre, il s'imaginoit que toute
lia France avoit les yeux si^r lui ; il se croyojt le point de mire
•detpus \e9 ennemis de la révolution, et se déficit également
9 de tous ceux qui s'en disoient les amis. Ne rêvant que conspi-
«ratfopi^ tout en s'occupant de celle dontil formoitleplan»
9pufff^finié par la peur^ qui exaspère toujours )es passions de
l)^'lV9imn^^ qui gouverne , i| r^oiitoit également les royalistes
• et )es jacobins.
9 Après la peur, la passion de l'argent étoit celle qui le do-
• paippil surtout. Il n'a été vraio^ei^t coimu qu'à l'époque où ,
•après avoir servi de mard^epîedà l'ambitiqQ 4^ Bonaparte» il
• est venu lui demander son salaire. »
CeSieyes, peint sous de telles couleurs, voyant que l'ar^
mée apoit prendre le gouvernement, travailla aie lui donner;
4'
(52 )
il se mît d'abord à chercher un général : Masséna n*étoit qu'un
soldat : la politique ne pouvoit en rien faire. Moreau , par sa
réputation, étoit propre à commencer une chose, mais^ par
son caractère , peu capable de la finir. Bernadette se trouvoit
précisément dans le parti de Gohier, et Buonaparte étoit en
Egypte. Ne trouvant pas d^homme qui lui convînt dans les
gloires faites , Sieyes imagina , ce qui sera curieux pour la
postérité, de choisir d'abord un homme à sa convenance , et
de lui faire ensuite de la gloire : il jeta les yeux sur Joubert,
lui fit donner le commandement de Tarmée d'Italie ; mais
deux grands événements dérangèrent tous ces projets : Jou-
bert fut tué ; Buonaparte arriva.
Ici la scène s'anime : ces deux hommes , qui ne s'étoient
point choisis et qui méditoient les mêmes choses , se trouvent
en présence à dîner chez Gohier : l'entrevue fut remarquable.
Buonaparte, qui, en qualité de militaire, se croyoit plus fort
que Sieyes, affecta de le dédaigner. Siçyes sortit profondément
irrité. Laissons M. Gohier le raconter : < Quelques jours après
> son arrivée , Buonaparte diua chez moi avec quelques mem-
nbres de l'institut qu'il m'avoit prié d'inviter. Je crus ne pou-
rvoir me dispenser d'engager Sieyes, qui en étoit membre.
»Qu'avez-vous fait! dit madame Bonaparte en l'aperce-
•vant dans mon salon. Sieyes est Thomme que Bonaparte dé-
> teste le plus : c'est sa iéte noire* En effets Bonaparte ne dit
•pas un mot à Sieyes ; il affecta même de ne pas le regarder.
«Sieyes en se levant de table sortit furieux : Avez-vous re-
> marqué, me dit-il, la conduite de ce petit insolent envers
1 le membre d'une autorité qui auroit dû le faire fusiller ? »
Buonaparte, mieux instruit de ce qui se passoit, sentit bien-
tôt qu'il falloit joindre les deux conspirations pour que cha-
cune aidât l'autre. Par l'entremise de quelques amis com-
muns , le conspirateur militaire marcha d'accord avec le con-
spirateur civil , et le directoire fut renversé. Après la victoire,
ces deux hommes se séparèrent de nouveau. Buonaparte n'ayant
( 55 ) -
plus besoin de Sieyes, il fut jeté par lui dans les rangs secon*
daires.
Nous venons de voir que , parmi les directeurs eux-mêmes ,
il n'y avoit pas une grande foi au directoire ; car si , d*un côté,
Sieyes cherohoit de toutes parts un usurpateur , un autre de
ses collègues 9 mieux inspiré, tournoitsa pensée vers les princes
légitimes. Quant à M. Gohier, on voit que son rôle s'est borné
à peu de chose ; quoique dans le pouvoir, il étoit hors du mou*
vement politique. Tandis que Buonaparte et Sieyes agissoient^
tandis qu'un parti s'alarmoit de leurs desseins soupçonnés ,
M. Gohier reçut un billet de madaaie Buonaparte qui l'invitoit
à dîner chez elle le 18 brumaire, jour précisément choisi
pour attaquer le directoire. M. Gohier étoit si bien en dehors
de l'activité des uns et de la crainte des autres , que , dans
la distribution des postes , c'étoit à table qu'il devoit se trou-
ver. N'auroit-il pas été plaisant de voir^ au milieu d'une con-
spiration , celui contre qui elle étoit dirigée tenir compagnie
à la femme] de celui qui la dirigeoitP heureusement pour le
sérieux de l'histoire , M. Gohier n'accepta point.
Au reste , M. Gohier fut inactif, parcequUl n'avoit derrière
Ini aucun principe d'action ; et, si cela peut le consoler, nous
lui dirons que, lors même qu'il auroit voulu agir, dans la po-
sition où il étoit, ses efforts auroient été impuissants , comme
ils le furent en effet au dernier moment, lorsqu'il essaya de
prendre quelques mesures pour résister. La révolution ne pou-
voit plus rien , nous marchions vers la royauté , et toute la
question étoit de savoir si nous y arriverions avant ou après
l'usurpation. Un moment la France a pu croire que le gouver-
nement directorial serviroit de passage à la monarchie; si la
journée du 18 fructidor n'eût pas eu lieu, les royalistes, qui
avoîent eu la majorité dans les sections, alloient la conquérir
dans les deux conseils, et les deux conseils dans le directoire.
La famille des Bourbons alors étoit rappelée ; cela auroit été
un beau spectacle que celui d'une révolution humiliée f fati-
(&4)
guée, obligée d'ouvrir elle-même passage à la i^ojâûté qti'dtlë
avoit cru détruire. Mais Dieu en avoit autrement ordonné
dass la profondeur de ses conseil^. Il falloit une leçon- pins
complète. Après avoir subi l'anarchie des foubourgs^ notts
devions connoître encore le despotisme des casernes 5 afin qpiis
le souvenir de nos malheurs nous rendît plus chei^ et plus
sacré un trône qui donne seul le bonheur » la paix 9 Ul prtf^
spérité 9 parceque seul il a ses racines dans nos lois , dans nù»
mœurs et dans notre religion. A**.-
TABCSAÎT ÉISTOEIQVB et PITtOHESQUlS DE PARIS 9 DEPtIS LES GAttOlS
jusqu'à iros JotTRs, dédié au roi, par M. de Saint -Victor;
seconde édition corrigée et augmentée (i).
£n étudiant l'histoire des capitales, on est conduit à recon-
îlottre une des belles lois du monde moral. Un illustre auteur
a prouvé que la durée commune des règnes , chez les peuples
chrétiens , surpasse de beaucoup le règne commun des princes
placés hors de l'influence de TÉvangile (2). Cette observation
s'applique également à la durée commune de nos capitales
chrétiennes^ comparée avec celle des capitales 9 chez les peu-
ples les plus brillants du monde païen. D'un autre côté 9 si
l'on se transporte dans l'antique Orient ou dans les contrées
modernes qui en ont conservé le génie 9 la stabilité, qui est le
caractère de leur institution, se manifeste en particulier dans
la durée comniune de leurs capitales , qui peuvent à cet égard
soutenir le parallèle avec lès nôtres; mais il faut aussi remar-
quer qu'elles demeurent commP/ immobiles dans leur civili-
sation, tandis que les capitales des peuples chrétiens sont sans
cesse travaillées par un principe de perfection , dont l'action
(i) A U librairie de Charles GoMelin, rue de Seine, n<> lâ.
(a) M, de Maistre, dans son livre du Pape, tome II.
( 59 )
c(n>tttiuéll6 ^ qâdiqittf 6ntt»a¥ée à eértainetf éptiq^Mi» , édate à
chaque page àé leor histoire. Yoiei dotie la loi gènéf aie mkni'-
f69f€ pour totÊ% observateur qui juge ^ non* â'après les petites
eiceptionfl , mais par les grands résultats. Chez les peuples
qui n'oât pas ressenti la régénération opérée , dans la so-
ciété eotnme dans rbonEune ^ par TÉvangile^ les oipitales'
peuvent être rangées en deux elasses : les unes eondamnées
à uifè ùmane durée ae^mpagnée de qtièlques ptogi^s dans
Tordre ma^riel de la civilisation ; les autres condamnées ,
ma^ré leui' longue etisténee , à vieillir sans progrès.
Au contraire 9 les capitales chrétiennes, stables sans être
statloonaires 9 l^éimissènt la durée à Factivité : merveilleuse
comMnaison, qui constitue la véritable vie. La raison de
cette loi générale n'est peut-être pas difficile à trouver:
ckee le» peuples de Tantiquité , oh le principe de foi , c'est-à-
dire de soumission aux traditions primitives dominoit, comme
daas l'Orient, toutes les institutions dévoient être plus stables ;
mais comme les traditions primitives renfennoient çeulement
les vérités nécessaires à Veosiéhnee de Thomme social , et que
Idi vérités nécessaires à son perfectionnement n'ont été mani-
festées que par l*1Ëvangile ; il devoit en résulter une stabilité san$
procès: afoutéz à cela l'idèlàtrie , qui étoit un principe très
aetif de dégradation. Chez les peuples où le principe de foiavoit
été ébrâkilé par la philosophie 9 les institutions dévoient être
moias stsdiles , pareeque les croyances générales 9 qai sont la
source de la vie sociale 9 s'affoiblissoient graduellement dans
les esprits 9 livrés à toute l'inconstance 9 à toute l'incertitude
dss opinions individuelles : aussi 9 loin de faire des progrès
moraux 9 la société ne faîsoit que se détériorer à mesure
qaela foi se retiroit devant ces disputes : mais en même temps
cette disposition des esprits leur donnoit une certaine activité,
qui s'appliquoit à la partie matérielle de la civilisation , pour
y opérer des améliorations sucoessives. Chez les peuples
chiétieoff 9 le prioeipe de foi conserve non seulement toutes
(56)
leg vérités nécessaires à Vexistence de Thomme social , mai»
aussi toutes celles d*où dépend sa perfection. Or , dans
chaque oation, la capitale étant en quelque sorte le, miroir,
qui réfléchit Tétat de sa civilisation ^ on doit nécessairenaent
y reconnottre d'une manière sensible les effets des principes
de stabilité ou de foiblesse , de perfection ou d'imperfection ,
qui dominent dans la nation elle-même , et nous venons de
voir qu'à cet égard la théorie est parfaitement d'accord avec
l'histoire.
Considérée sous des rapports moins généraux » l'histoire des
capitales est encore digne d'être étudiée. .A leur tête paroit la
vUIg étemeUe, dojiit la destinée^ unique dans le moade^ fut
de régner sur Tunivers païen par la force, et sur l'univers
chrétien par VaiUùrité* La seconde place étoit réservée à la
ville de Constantin : le christianisme , le génie romain et les
arts de la Grèce s'étoient, pour ainsi dire, donné la main
pour préparer sa grandeur. Malheureusement V esprit grec,
qui n'étoit appelé qu'à lui fournir des ornements, usurpa le
droit de la gouverner. Cet esprit de division , de contention .
et de doute, épuisant, dans l'espace de quelques siècles , tout
^e qu'elle avoit reçu de vie, la déshérita de son avenir;
mais , tandis qu'elle laissoit échapper de ses mains ses hautes
destinées , une autre ville s'élevoît pour les accueillir : le Bas^
Empire étoit réprouvé par la Providence. Le royaume très
chrétien prenoit sa place; Constantin ressuscitoit dans Clovis,
il fonda comme lui»
On peut donc considérer la capitale de la France comme
destinée à remplir, au milieu de la civilisation chrétienne 9 la
mission dont rinQdèle Bysance s'étoit rendue indigne. Mais
rieii n'est précipité dans ce qui doit être durable. La religion
qui fonde , le génie qui perfectionne, les arts qui embellissent,
sont sans doute ^ quoique dans des degrés divers d'importance,
les éléments de la prospérité sociale; mais ils ne doivent se
produire que successivemcait , et jamais ils n'ont coexisté* au
^57)
coBamencement d'aucune société destinée à de grandes db<MSb
De même que dans l'ordre physiqpue il faut que la senvonce
SQlt. cachée quelque temps .dans le sein fécond de la terre
ayant de croître et de revêtir sa parure , de même, dans Tordre
morale les semences de toute civilisation doivent être enseve-
lies d'abord dans le. sein de la religion, pour y être fécondées
sans bruit, sans éclat, et profondément pénétrées de ses sues^
vivifiants. Bientôt la société, constituée par la religion, forme
à son tour le génie des peuples ; les arts , ornements de la
vie humaine , viennent ensuite : voilà Tordre de la nature.
Cet ordre , que la . France eut le bonheur de suivre plus
fidèlement qu'aucune autre nation chrétienne, nous révèle
le secret de sa gloire.
Toutes les merveilles de sa civilisation , réunies dans sa
capitale comme dans u^ foyer resplendissant^ présentent
assurément le sujet d'un des plus superbes tableaux que la
p^sée humaine puisse considérer. M. de Saint-Victor a eu le
courage de Tentreprendre et le talent de rexécutec. Parmi les .
écrivains qui semblent > d'après le titre de leurs ouvrages, avoir
voulu traiter le même sujets aucun ne s'étoit placé assez haut
ponr en découvrir toute la grandeur : on sent assez que je ne
parlfi pas ici d'une histoire assez récente de Paris, qui n'e^t
souvent qu^une chronique d'anecdotes scandaleuses; d'ail-*
leurs, la France de cet auteur semble ne dater que de l'époque
de ses ruines. Mais les historiens de Paris qui ont été guidés
dans leurs recherches par d'autres principes que l'esprit de
parti, n'ont point eux-mêmes traité ce sujet dans sa partie
la plus importante. Si les ouvrages des Félibien, des Kobi-«
neauy des Delamare, des Jaillot, des Hébert, fournissent
tous les matériaux de ce travail, il est également vrai de
dire que, se renfermant dans le cercle étroit de la statistique,
il u'ont pas envisagé leur sujet dans ses rapports avec les
principes de l'ordre social : ils n'ont vu dans Paris que Paris
^^me f tandis, qu'il falloit le considérer comme la plus b^er
\
\
\
\
( 5« )
dâM» Û0 la dtilisa«lm*g;éttéràile^ i^péiféê pst lé ckristiftiiiAme.^
Anedntmif», M. de Sfifat-YictOi^^ s'élètant j«IÉq«ràux Jyrîndipes
méia«ë de la société^ conMhtè d6 eetta bMteiir les insttttitioftfll
rdigiemea et politiques , les mtetktBy les lettres, les monti^
naeiil^des âne, les éféQ^fiiâtlt» dont Paris a été le théâtre i
sùlÊ Tableau àe Fafia eotpKqiM^ la FtàHoe telle que fé efails^
tiafitsme l'a MH.
tl notifr setaliie d'àtH<ès cela ^'oH péuritoit faiH u6 hù-
no^sMe teptodhe à M^ de Saint-Titrtoi* : le titre desoti ou?fage
est tfop modeste pmti^ é%té parfâ^ment juste. Vu semUaMe
tilHi tt'aimoflfceef diuaifemeiit que detf i^echéi*clies l'écéâtes, des
détails curieux 9 des cartes bien exécutée»^ de belles gi^atm^s
représentant lès monutfien^ de la capitale : si-de plus le plan
de roe(iFl*age est bieH' tt*aoé » si la diversité des tmatlères n'en^
gêlid^epasde eonfbsien, si le style relèteeneore lefond^dti
sû\e^f le ti#e paroît parfeitement rempliy et beaudoup et
Iditettr^rxnéme parmi lesplcts exigea nt^, n'en detnanderitién'f *
pas dàyàx^agé* Tout cela, il est vfal> se trouve dan» le livre de
M. de Saint-Vieti>r, mais ce n'eà est à mes yeux que le mérite
secondaire; ce qui le dîstingpeie unanimement, ce qtii eh fcill
un ouvrage à part^ ^est la haute pbUosoplite qvA en éiclâlre .
toutes les parties 4 et Surtout la partie historique; détachée de
Teûvrage, elle formereft elle seule un excellent livre sur Vt^^
t^ire de France. ^
{fous eonsacrerons plusieurs articles à l'ouvrage de M. d'é^
Sàfnt*Tictor , parceque les plus grandes questions de la re^
ligfon, de la politique et de la littérature s'y rattachent, liais
nos lecteurs notia reprocheroieurt sans doute de terminer cV-*
lât'^ci sans avoir fttstîfîé nos éloges par quelques citations :
n^s répondons à leur désir avec d'autant plus d'empressé^
ment , que le passage pour lequel nous réclamons leur atten-
tion renferme une doctrine qui pourroît servir d'introduc*-
tton au Mimarini MêhffH^u^ « L'influence â0 l'église de^ '^
(5Ô)
atoTS ( dàn^ lé moyen âge ) plàs ttme qilë )atiiais i «t dte éiii
son caractère pi-opre, fort AiBêreni dcrpotiVoxf polifiqtxé,
caractère qu'exprime parfaitement lé inot autorité, g(m% It^
»quel nous V avons désignée, et ^Ui Itii filt en eSbl spéciale^
>ment ccmsàcté. Ce xitot, eoiiàerrant en cette oircotistancife le
• sens qa'il avoit eu chez lès Lâfin§ , sigitifie cette puissance
ique donne la gravité de^ mœtirs et la sagesse dés ûônitoite; et
«tout ce qu'il y avoit de lumièi^e étant aldi^ l^enférmé
» dans Id société spirituelle ou religieuse , la soéiété isiàtérielié
«ou politique , en qui tout étroit à peu près étëlùt^ excepté là
>«foi ^ sert â reconnoltre que te pHnidpe de^tm ^ehi&Mé
«n*étoit pas en etk, puisque dans Tintelligencë seule tti la
«vie dëâ ispociétés. £n effet, tfti est incontestable que iûL toi dé
*Dieu ^t te principe et ta rè^te de tout pouvoir' établi ttlfe
i^mitieu des hommes , il en résulte que cette loi divine > u'é-
itant positive que dans lé thristlanisihé , puisque t^tiï dânt
«le christianisme seul que la IféVélatioii Ta prdikitilguéé , la
«religibu pôUr un peuple chrétien , plus que pour aucun ati-
«tre j^eupte , eti éminemment la raison de là i»ociétè. »
X.
LETtRE
SUR L»ENSEIGNEMENT RELIGlEtfX DANS LES COLLÈGES,
A M, te Rédacteur du MinoBiAL gataoiique.
MoNsiBim f
Vous avez inséré , dans votre numéro du ihois d'avril der-
nier, un extrait vraiment curieux du Traité dTéducàtion par
ûiderot. Sans soupçonner votre bonne foi, je crôyois à peine ,
en le lisant ^ qu'il fût possible qu^un des coryphées de la secte
(6o) V
philosophique eût pris si fort à coeur les intérêts de la reli-
gtoD. Je m'en suis, pleinement convaincu enlisant l'ouvrage
d'où vous aviez tiré le passage. Cette lecture a fait naître plus
d'une réflexion dans mon esprit; elle m'a surtout offert un
douloureux rapprochement entre le temps où nous vivons et
celui où écrivoit Diderot. Que diroit-on de nos jours si le
prélat qui est à la tète de l'université adoptoit le plan d'instruc-
tion reUgieuse tracé par un philosophe il y a cinquante ans P
On ne mauqueroit pas de crier à l'exagération , au fanatisme ;
on l'accuseroit d'excès... Certes^ on ne soupçonnera pas Dide-
rot d'avoir aimé la religion à l'excès ; mais telle étoit çocore de
son temps l'influence des grandes vérités qui vivifioient alors
la société, qu'il n'a pu écrire sur l'éducation sans lui donner
pour première et pour solide base la religion. Ayant posé le
principe 9 il en admis la conséquence dans toute son étendue ;
il a eu le bon sens, de comprendre qu'il seroit ^pleinement illu-
soire de vouloir donner pour base à l'éducation une religion
dont on laisseroit ignorer à la jeunesse et la morale et les dog-
mes; il n'a pas voulu que le principal fût traité comme Tac-
cessoire.
Diderot n'est pas le seul à qui la force de la vérité ait ar^
raché des leçons et des préceptes dont notre siècle, instruit
par une cruelle expérience , devroit se hâter de profiter. Les
hommes de la révolution eux-mêmes , à la vue des* ravages de
l'athéisme, et du vide affreux que laissoit partout l'absence de
la religion, sans laquelle on ne peut ni rien créer ni rien con-
server, invoquèrent enfin son autorité bie^j^isante. Le nom
de l'illustre exilée parut pour la première Tois dans un de ces
projets de loi sur l'éducation qui , pendant dix ans , s'étoient
succédé sans le moindre résultat durable. Le 8 floréal an X
(28 avril 1802), on fit entendre , en plein tribun at , cette
grande vérité dont l'oubli avoit été si funbste : « Qu'y a-t-il
»de plus iniportant dans la société que l'éducation? qu'y a-
»t-il déplus important dans l'éducation que l'instruction re-
(6i) .
• ligieuse? qu*y a-t-il^ par conséquent, de plus digne des mé-
•dilations et de la sanction du lég^islateur P o
Quelques jours après , cette même assemblée retentit des
vœux de toute la France , qui redemandoit sa religion. Voici
comment s'exprimoient les conseilsgénéraux des départements:
«Il est temps que les théories se taisent devant les faits:
a point d'instruction sans éducation, et point d'éducation sans
Amorale et sans religion. Les professeurs ont enseigné dans te
» désert, parcequ'on a proclamé imprudemment qu'il ne fal*
>loit pas parler de religion dans les écoles ; l'instruction est
• nulle depuis dix ans. Il faut prendre la religion pour base
• de l'éducation. Si Ton compare ce qu'est l'instruction avec
•ce qu'elle doit être, on ne peut s'empêcher de gémir sur le
•sort qui menace les générations présentes et futures (i}. •
Le vœu de la France a-t-il été exaucé P la religion est-elle
devenue la base de l'éducation P Parlerai-je de ces anciens ly-
cées, où la profanation de ce qu'il y a de plus saint et la
dérision des cérémonies du culte étoient presque habituelles P
Non, je tairai ces horreurs, qui font frémir. Mais où en sonpgnes-
nous aujourd'hui, dix ans après ce qu'on a appelé larestau"
ration z' Il y a deux ans seulement que l'université a reçu
pour chef un prélat qui a si bien mérité de la religion. Dans
quel état a t-il trouvé nos collèges? Valoient-ils mieux pour
le personnel et pour l'éducation que les lycées sous le ré-
gime impérial? Les faits ont parlé assez haut, ainsi que les
nombreuses réformes qui ont été indispensables. Assurons
donc, sans craindre de pouvoir être démentis^ que, pendant les
huit premières années de la restauration , on n'avoit absolu-
ment rien fait pour la religion dans l'université. Maintenant
le mal est si grand, par suite de cette négligence criminelle,
que nous devons répéter avec les hommes de I802 : « Si Ton
«compare Finstructîon avec ce qu'elle doit être, on ne peut
(1) Rapport fait au tribunal le i5 germinal an X.
( ^? )
rfl'lçïÇ^^otfiP ^e jéïmr «^^ le spit qui menace Içs gét^^r^fioRs
1 présentes etfutuies. 9
L^ but de notre lettre n'étant pas de signaler tous leç genres
4^ désordres qui subsistent , et à cet égard nous aurions plus
4*un détail afljigeant à communiquer à nos lecteurs 5 nous
jQ.e parlerons ici que 4e Tinstruction religieuse qui se donne ,
PU qui doit se donner dans les collèges et les pensions,
^youeni-le franchement} cette instruction est presque nulle
4an8 le plus grand nombre de nos établissements. Yoilà de nos
}0ur4 la plaie mortelle de la religion* Il n*y a pas un seul col-
lège royal qui n'a|t son aumônier ^ pas une pension particu-
}|è]De Qi^ I chaque semaine 9 un prêtée pe spit appplé pour ca-
lécbiser- Nous n-en disconvenons pas ; nous «^^vons niêuie
ayep qqel sçèle çertain9 proTÎseurs on che& d'ipstilntjipf) c'en-
fondent ^vec leç aumôniers et secondent leurs eQprts pour le
l)ién de la religion , n^ais nous savons aussi à quoi se bornent
}es sncpibfi^ qu'ils obtiennent. Yainenient on viendroit nous .al-
)égue|r l'état actuel de |a société ^ la mauvaise influence du
4eho|rs9 la lecture des livrer impies, coipme l'unique cause de
rincrédulité trop commune parmi la jeunesse, fout pn ad-
loiieftant que les mauvais exemples et les mauvaises lectures
peuvent gâter le cqeur et mener à J^mpiété, nous crpirons tou-
jours que l'incrédulité 4^ F esprit a sa principale sourc<ç ^a^ns
l'ignorance des dogmes de la religion e|; de |eur3 prieii^yes*
P^ttç incrédulité ignorante psi 1^ plus Te4outable f |b|1q laiçsp
P^u 4'espoir de conve|ri^ion- Malgré une popnoissai^ce appro-
fondie ie |a religion 9 il e^t possible que l'on s'abandonne aux
désordres dii yice^ n^ais très difficile que l'on devienne réelle-
nient incrédule. Témoin la plupart de pps soi-disant philo-
sophes, que l'on voyoit, il y a cinquante ans, abjurer leuf^
erreurs au lit de la mort , parcequ'lls s'étoient^efibrcés vaine-
inent d'étouffer en eux la sainte lumière de la foi qu'ils ayoient
reçue dans leur jeunesse. Aujourd'hui, si ces conversions sont
plus rares , c'est qu'il n'y a plus de véritable éducation chré^^
(63)
tienne , et que nofli inorédole* étagphimmt 00 fH'tii ig^nir
nnt.
Cette ig&ori»iàG6, en nmUère dç religion, p'«i|rt ripa ^
«urprenant pour nous , si mous réUéghisêQns k quoi M l)orw
riostructioB reUgieu/ie de 1^ i&jjkowe, V^w connoi^^on» de^
pensions de l'univerûfé où le« catécbiiioe»,D9 0Oi)t fréqomt^^
i(ii# par les élèves qui n'opt p^ eaoor^ fait b preiol^ve com^
muoion, c'est-à-dire par de« enfants aa-desspus 4^ trfiise AQfl»
aprèf c^t âge , U n'est plus question peur eux de d(N|tf îoe
e)iréjti#otte. Arrivés à Téppqiip où ils seroient pr^Qi#^||ieiit en
élaf de i»0|nprQndre Texplication des vérité 4^ 1^ foi , ils ont
mitié jusqu'à |a l^tfr^ leUe^pi^giQ da cat^^l^isme , ef {(f par
tient dans le piopde aÎQsi prémupi# coQtrid Tattaqu^ i^s pas ^
«ions f t 4e VmetéiuUUi. Ifous rpqgissons 4« le dîm ^ I4 r^lip
gion dans ces éjtabli^seoyentSi loin d'être la b^^e 4^ l'édqpar
tion , i^'y pecupe que |e dernier rang* Lef maîtres 4'<escrip>e
P9 4e danse , si l'on en înge p^r |e temps con^acpr^ k leurs
leçons , y ei:ercent aux yepx des élèves des fonctions plus i|Eii«-
portaotes qj^e celles in mf^Ure d^ reUgian , dw|t |^s ^^pice^
sont toujours trop longues.
J^'ens^igot^ment est mieux réglé et plps suivi d^n^ les ppl-
légss J^o^anx 9 qui ont nngun^ôpier iç.xclusivement cb^rgé des
élèvej^ internes. Quelques jeunes .ecc|é)$iastiqnes attachés 4 ces
col{égeS| ont adopté la méthode de faire des con^r^nces sur )^ rç-
ligion. Gegenre d'instruction est un di^s besQ^ns de notre i^jëple^
où il est plus népessaire qne )ani.i^js 4^ pouyoir rçn4re çpjçnpte
4e sa ^1 à soi-mên^e et aux autres, Ppur pplai il ne ^nfflt
pas de savoir son catéobisp^e. APieune p|aisp qpe pous pfé^n*
dlops non plus que l'on doive initier la jeunesse des pollégçs
aux qncstîons les plus élevées et les plus épineuses de la théo-
logie 9 Lorsqu'il suffît de lui inspirer la soumission ^ Tautorité
de la foi ^ et l'amour des devoirs qu'elle prescrit } mais cette
foi est attaquée dans des Uvres répandus partout^ les objecr
tiçnç spécieuses ftqjjypnt sont en faveur 4^s passion^ j l'ej-
I
(64)
périenoe prouve chaque jour qu'il y a tout à craindre pour
un jeune homme qui^ lors de son début dans le monde , n'est
pas muni du contre-poison. Il est donc indispensable d'établir
dans chaque collège un cours de conférences sur les vérités
principales du christianisme. Ce cours sera pour les élèves des
hautes classes le complément de leur instruction religieuse;
on leur exposera les preuves de notre croyance , et la foiblesse
ou l'absurdité des objections de l'incrédulité. Qu'il nous soit
cependant permis d'observer que tout le succès de ces confé-
rences dépend d'une mesure sans laquelle on n'atteindra que
très imparfaitement le but que l'on se propose ; il faut exiger
l'analyse écrite des preuves développées dans chaque instruc-
tion,: de cette manière on forcera l'attention des élèves, et
l'on pourra s'assurer si l'on a été compris; autrement que
restera-t-il d'une conférence faite de vive voix à des jeunes
gens dont quelques uns n'auront pas la volonté d'écouter, ou
seront distraits par suite de la légèreté naturelle à leur fige ?
En supposant même que tous soient attentifs, comment espérer
qu'ils retiendront exactement les preuves que Ton aura déve-
loppées , et les réponses qui auront été faites aux objections.
Quc^ l'on y prenne garde néanmoins; ces sortes d'exercices
deviennent dangereux dès qu'ils ne sont point profitables;
ils doivent être un combat à mort, sans quoi il ne faut pas
commencer l'attaque. Pour mieux faire sentir encore la néces-
sité de la mesure-que nous proposons, il nous suffira de com-
parer la science de la religion à toutes les autres que l'on fait
étudier journellement et avec tant d'application dans nos
collèges. Or que deviendroient, par exemple, les sciences
mathématiques, si l'on suivoit dans leur enseignement la
méthode employée pour l'instruction religieuse, si Ton se
contentoit de donner de vive voix la solution des problèmes ,
sans exiger ni cahiers ni examens? Verrons-nous donc toujours
la science de la religion mise au dernier rang, et, quand elle
devroit marcher à la tète de toutes les autres , n'être , pour
(65)
ainsi dire» que comme un hors-d^œuvre dans l'instruction pu-
blique ? Terrons-nous etfcôre long-temps sortir de nos collèges
une foule de jeunes gens qui viennent grossir les rangs de Tim-
piété , et présagent à la société un avenir effrayant? Ne parle-
ra-t*on toujours de religion que pour la forme, et ne montrera-
t-on jamais une bonne fois que Ton veut sincteement et effica-
cement qu'elle soit la base de l'éducation ? Instruisons la
jeunesse, et elle deviendra religieuse; l'incrédulité est une
œuvre de ténèbres. Le succès consolant qu'ont obtenu cet
hiver les retraites que S. E. le grand-mattre a fait donner
dans un grand nombre de collèges royaux est une preuve
que le triomphe de la religion dans les cœurs n'est pas si dif-
ficile qu'on pourroit le craindre. On peut, quand on le toudra,
réaliser l'espérance des gens de bien.
Agréez, monsieur le rédacteur, etc.
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.
(Toas les oawrages dont nous donnons une courte analyse dans les Annonces
bibUog[raphîq[oes8e trouvent au bureau du Mémorial catholique, an prix de
librairie. )
Sainte Bible, traduite par M. Eugène de Genoude, tome 23*
et dernier. Prix de l'ouvrage , i3o fr. Paris , Méquignon-
Havard, rue des Sàints-Pères , n*" lo*
Ce tome a3« est délivré gratis aux nouscripteurs.
Bible (Sainte) en latin et en français, dite Bible dû Fence,
tome 25' et dernier. A Paris, chez Méquignon-Havard , rue
des Sàînts-Pères , et chez Méquignon junior, rue des Grands-
Augustins.
Ces deux ouvrages importants , consacrés à la gloire des
divines Écritures, et dont nous avons successivement annoncé
ïes volumes publiés depuis le commencement de l'année ,
(66)
sont enfin lermiaé«.- Il ae doua reste maintenant qu*^ pai>
oourîr les dentiers Tolames^ el 4 présenter à nc^ leeteufs. notre
jngttaibnt sur eesdeux grande» entreprises : c'est ^ que .nous
ndtts prépûMos de faim dans une dee prochaines livraisons
du Mémariaik
AiTUAiB . ARGENTiNENSB , 1 vol. in-4* A Strasbt>urg et àï^aMs^
ciiez Lerou;c. Prix, 12 fr., et 1 J! fr. par la poste.
Le Rituel de Strasbourg, îhiprimé pour la première fois
en I74^f ^^^ répiscopat d'Armand Gaston de Rohan, car7
dinal et g;rand aumônier de France , prélat d'un grand mé-
rite, et très versé dans la discipline de l'Église, a été réim»
primé par les ordres de son altesse monseigneur le grand au-
mônier, dont le trop court séjour à Strasbourg a laissé de si
vifs regrets et a été signalé par de si nonibreux et de si utiles
établissements* La formule d'administration de chaque sa-
crement est précédée de courtes explications et d'instructions
très concises sur les sacrements. Dans ce que nous avons lu
de cet ouvrage, nous n'avons pas remarqué que l'église de
Strasbourg eût dans dans^a liturgie quelque usage particulier
et qui lui fût propre. Nous ne doutons pas que cet ouvraige ne
soit très bien accueilli des ecclésiastiques, auxquels il est adressé.
Manuel eeligietjx et pratique, à l'usage des maisons d'éduca-
tion; 1 vol. in«i8. Prix ifr. br., et i fr. 5o c. rel. ; Chez
A. Leclère, quai des Augustins, n^ZS.
Cet' ouvrage , que nous avons déjà annoncé, a reçu l'appro-
bation de monseigneur l'archevêque de Paris, et vient d'ob-
tenir le suffrage de s(mi excellence le grand-mattre.
«
LxTTEE E9GTG&IQUB DB N. S. P. LB PAPE LÉON XII, à tous Ics pa-
triarches , primat S , archevêques, et évêqiies;et bulle du
Jubilé pour i82.5; in-8% avec texte en regard. Prix, i £r.
25 c, et I fr. 5o c. , franc de port. A Paris à la librairie
ecclésiastique d'Adrien Leclère, quai des Augustins, n<> 55.
(67)
£BS BRtEVnnffS d'vH FASTBVK itVUS Mis BIirAimgUE I«t 8TH10UII9II
APÔTiBs f OU Ej^ositîoii ndsfmnée des prtndpaiuLpoitttt de
la foi chrétienne* Oavnge où Von se propoae de ptémunûr
les àmeé droites contre les préfugés et les faux raisonner
ments de l'erreur et de Tinipiété ; par M. Tabbé Girantt»
chanoine honoraire de Trojes» doyen ^ ouré de Bar-sur^
Anbe* A Paris, chea Adrien Leelèie, quai des Ac^ustins»
n^'SS; 7 roL in-ia.
' HiSToiEE DBS Actes dbs ApôTass, ourrage posthume du père de
Ligny^ de la compagnie de Jésus , pour servir de suite et de
complément à la Vie de Jésus-Christ, du même auteur, suiyie
d'une table analytique des inatières. A Paris, chez Méquignon
junior, libraire de la faculté do théologie, rue des Grands^Au-
gustlns, n** g. (Ce volume se vend séparément, prix, 5 fr. 5o c.)
• Dans le Hrre des Actes, dit Bossuet, on apprend à aimer et A
honorer l'église, humble , patiente , que le monde n'a jamais lais«-
sée en repos, éprouvée par les supplices, tonjoufs victorieuse.
On y voit les Apôtres la gouvernant selon les ordres de Jésus»
Christ, et la formant par leurs exemples plus encore que par
leur parole ; saint Pierre y exerçant l'autorité principale , et y
tenant partout la première place; les chrétiens soumis aux dé-
crets des apôtres, sans se mettre en peine de rien, dès qu'ils
étotent rendus, v
Peu de temps avant l'impression du MiHOBUL , il nous a été
remis plusieurs ouvrages que nous ne pouvons annoncer
que rapidement. Nous regrettons surtout de ne pouvoir nouf^
étendre plus au long, i "* sur te Mémorial coêhoUque, à Vtuage
des Toyaiistes devenus ou reconnus iibéraux;hvoc\kMre in*8<^,
chez Pillet, rue Christine. Le titre de cet écrit ne fait pas
assez connottre que l'auteur s'est particulièrement attaché
à réfuter le dernier ouvrage de M. de Montlosier. Nous en
(68 )
aurions quelque regret, si l'auteur, en nous ^empruntant un
titre que nous nous efforcerons toujours de remplir, né nous
ayoit donné une marque singulière de son estime. 2<> Gon-
rÉRENGEs SUE LA EBUGiON , à l'usago dos colléges, 1 vol. in-i 2. Cet
<mvrage , qui ne nous étoit pas adressé ^ mais qui par hasard
noxis est tombé sous la bkain, nous 'a paru estimable sous beau-
coup de rapports; nous avons cru cependant renfarquer quel-
ques propositions qui ne sont pas tout-à-fait exactes. Nous re-
viendrons sur cet écrit. 5*" Conversatioss entre vite mère et ses
ENFAI9TS SUR LES PRiNaPAUX POINTS 1>E LA MORALE CHRETIENNE /par
madame de Maussîon. a* éiiit., i vol. in-i8. Prix: dfr., chez
Méquignon-Havard. Petit écrit qui nous a singulièrement in-
téressés , et dont la lecture ne [pourra être que très utile aux
enfants. Le style en est simple et sans prétention ; des anec-
dotes choisies avec goût relèvent ce que la morale toute seule
pouvoit présenter dé trop aride à la légèreté de l'enlance ; tout
en un mot nous semble mériter les suffrages du public , et nous
osons les prédire à Taùteui', qui, dans une première édition,
avoit craint dé révéler au public un nom honorablement connu
dans les lettres.
LE
MÉMORIAL CATHOLIQUE
AOUT i8â4«
M IW W WWWW »V»W»W»VVWWWV^^¥VVVV%»VVVW»VV»»M>V V V»WWrVWV\M<VVWVVWVVVVWVVVV%%»VVWV»^
•l \
LES l-OIS CIVaES DE. LA. REVOLUTION
SUR LE MARIAGE,
G0KSp)iBiE8 GpyME GAUSB PBOCHAINE DE LA LICENCE DES HCBVftS.
Les gouvernements sont depuis long-temps effrayés du pro**
digieux accroissement du nombre d'enfants trouvés qui ab-
sorbent les plus précieuses ressources des départements^ et ac-
cablent le trésor public; et malheur au gouvernement qui ne
prendroitpasen sérieuse considération cet e population toujours
croissante, jetée sur 1^ terre sans famille et sans patrimoine ^
et qui ne connott ni parents ni amis.
On en trouve la cause' dans la licence des mœurs , mais où
trouve-t-on la cause prochaine de cette licence ? Sans doute la
cause générale est dans Taffoiblissement de Fesprit religieux;
mais il y a une cause générale qu'il faut chercher dans le dé-
âordre introduit par la révolution dans les lois civiles sur le
mariage.
La religion avoit élevé le mariage à la plus haute dignité ; les
lois modernes l'en ont fait descendre, etn'en onfcplus fait qu'un
acte civil, comme l'acquisition d'un immeuble ou le loyer
d'une maison.
Mais quand 4e mariage n'est ftus aux f/eux des peuple^
qvfun contrat civil ^U oanculnnog^ n'est plus qu^un lien na^
2^ 6
(90)
furet Cette même cause , née de la réforme , produisit au
quinzième siècle les mêmes désordres qui en amenèrent un
bien plus |;rand , le meurtre de l'enfant par celle qui lu! à <toniié
le jour : crime commun alors comme il Test de nos jours ^ et
dont il semble que la fréquence ait affoibii Thorreur, crime
contre nature que le gouyernement d^Henri II ne trouva d'autre
moyen de prévenir ( car on ne put Tempécher ) que par la loi
séyôre 9 mais efficace , qui a été demandée par plus de trente
conseils généraux , et 5 avant dix ans , le sera par tous.
Je le répète y quand U mariage n'est plus qu'un conitat
civil i te concubinage ne parait plus qu^un lien natuM, et
le peuple ne voit entre l'un' et l'autre d'autre différence que
celle d'un acte devant notaire^ et un acte sous seing privé.
Le vicomte de B<)«iii^.
DES JÉSUITES,
PAR RAPPORT AUX SOCIÉTÉS SECRÈTES.
QuoiquUl semble que tout ait été dit sur les jésuites , je cfoi^
néanmoins que Ton n'a pas encore coh'sidéré cette corporatiod
' religieuse sous un rapport politique, qui la plabe iiicohtêsta-
blemeut à la tête des inètitution» leè plus utiles que les gbù*
vernements puissent appeler au secoure de la société;
Lorsque la barbarie tHùsulmane metiaçoit d'envahir l'Eil-
rope entière, la chevalerie sauva la chrétienté. Aujourd'hui la
société chrétienne est attaquée par d'autres barbares, d'âtitailt
plus tedoutables qu'ils sont cachés dans son Sein. Leuf» ph)-
phèle, c'est la déesse raison^ leuralcoran, la déclatàti&i%
des drcits de l'homme : le bonnet de la liberté a remplacé le
croissant ; et les sociétés secrètes sont le camp de ces barbdteft
du dix*neuvième siècle. Leurs ihva.^ion«$i de plus en plui ihe-
naçaiites, ne peuvent être arrêtées que par lii e crùlsadè d6
lumières et de vertu» ; il faut qu'une ohe-jaierie d*un nouveau
(V )
pHfë lés bbseHe sâtli i-elâche, dévoilé leurs iiian(feTi#c3 j
les pbtirsuîve dans leurs rfetraiîcHèttiènts , et les attaque cohp'i
àc6r{)S. là Pi'ovidcricë a ptia sbid de la tenir tonte (ifêtëpour
les gouvei'nemeiits qui sàiifbnt-s'èiï sétvit : car lès jésuites rfbtit
aut Sociétés secrètes de Tini^iété et de l*anarchfè i>réci$é«
ment ce qa*ëtoient les ahcièns pfëdx aux légidhs de( Ma-
hôtiiet.
Pdiir préserver TEliropë des ravages dii mahométîstee , Il
fâlldit fbriner, nialgré la diversité des intérêts qui divisbient
lés royaumes chrétiens , une institution commune (|û'od pûi
bppbsër à rëhhemi commun de la chrétienté. C^étoit là le pro-
blëniè politique dé cette époqtië : cette institutibti devoit être
à là fais religieuse et pbliticjUe, puisque renneiiii cfu'ëlle àvbit
à cbthbâttrè attaquoit en iiiëmè temps la rdigiôn et l'étdt;
elle d^vbit être placée sioùs la direction àvt chef suprême de la
chrétienté , du père commun de cèttd grande (^liiitle : aùtrë-
hiënt tih n'àurbit eu que des Instliutibtis locales , propres à
chaque peuplé , subordonnées aux intérêts particuliers de
thaiiuè priiice, et hoh iine à^soci^tioh générale^ dévouée à
ndtërêt commun. Cetîe itistitotion devoit être toute brûlante
dé l'èhihdùsiasmë chrétîeti , de thème qub Tehnemi étoit en-
ilàititiié ^ar lé fanâtisthe musulman. Là chevalerie, qui réu-
iiis.<bit toutes ces conditioiis ^ résolût ce problème avec toute la
pei-fectîon possible.
Âujourirhui le problème politique à changé : 11 s^àgit Aé
trouver dans la sobiété publique , gangrenée par les sociétés
Secrètes , une institution assez pleine de vie pour s'opposer aut
progrès dd jUal, sans être exposée elle-même à la contagion.
Cette institution doit être ausslgfeligieuse et politique : elle
doit être religieuse 9 d'abdrd, parcequ'îl n'appartient qu'à lâ
religion fle fonder Une institution durable ; ferisuite, parcëqu'il
ïl*Sglt de combattre Tirréligion, cause première du désordre
actuel de la société; enfin parcei^ue toutes les institutions qui
iiè seroient pas solidement appilyéei; sur cette base, ne tarde-
roiènt pas de céder elles-mêmes h rascéndant des sociétés
6.
(7a)
secrètes » et d'être entraînées à leur suite. EUe doit être aussi
politique : cela ne veut pas dire qu*elle doive être un ordre civil
on militaire , mais seulement qu'elle doit être tellement consti'*
tuée, qu'elle exerce une action punissante sur la société. D'après
oes premières conditions de noti'e problème politique, voyons
si l'institut des jésuites peut nous en fournir la solution.
Je ne m'attache pas à prouver que cet ordre est la plus forte
institution religieuse que l'on ait jamais connue : il n'y a sur
ce point qu*une voix depuis Louis XIV jusqu'à Frédéric II,
depuis Bossuet jusqu'à Voltaire ; je l'envisage seulement sous
le rapport politique. Tous les observateurs ont remarqué dans
cette société un caractère unique qui la distingue , d*une ma-
nière tranchante, de tous les autres ordres religieux. Ceux-ci
fermoient ou des savants vertueux, ou de pieux cénobites,
d'autant plus estimables qu'ils se renfermoient dans le cer-
cle de leurs règles particulières. L'institut des jésuites, par
Bon effet propre , forme des honmies destinés à exercer une
influence sociale. Us peuvent bien sans doute dire d'eux-mê-
mes ce que TertuUien disoit des premiers chrétiens : Noîis
ne naissons pas mais nous devenons jésuites. Non na^scv-
fnur, sed fimus. Mais il est également vrai de dire que* tout
jésuite est né pour agir sur la société , dans un cercle plus ou
moins étendu. Cette société a toujours eu un instinct merveil-
leux pour n'accueillir dans son sein que des hommes utiles.
Dès que vous la voyez recevoir un sujet, quelque brut qu'il pa-
roisse, soyez sûr qu'elle saura bien en tirer quelque chose.
£He le jette dans son moule ; glle l'y pétrit ; elle Ty broie ; elle
l'imprègne de son esprit ; et bientôt vous en voyez sortir un
être nouveau, habile à dirifi^er d'autres hommes. C'est préci-
sément la raison de Teffroi^ue cet institut inspire aux so-
ciétés secrètes , qui aspirent aussi à gouverner les esprits. Par-
lez de rétablir un autre ordre religieux , quelque respectable
qu'il puisse être, les Bénédictins, par exemple; elles ne feront
qu'en plaisanter: nommez les Jésuites, elles entrent en con-
vulsion* Aussi il est à remarquer qu'elles ont eu de temps en
r75)
temps l'espoir de maîtriser plusieurs des autres ordres reli-
gieux. En France 9 les principes qui avoient pénétré ^ vers la
fin du dernier siècle ^ dans plusieurs communautés ^ n'ont que
trop prouvé que , si elles n'étoient affiliées aux sociétés se-
crètes^ elles étoient au moins dignes de Tétre. On a connu 5
par les papiers des illuminés d'Allemagne 5 publiés par l'ordre
de l'électeur de Bavière , les projets de Weishaupt, leur chef,
sur divers ordres religieux ; et Ton sait qu'aujourd'hui même
elles travaillent avec succès certains couvents de la Suisse*
Les jésuites au contraire ont toujours été l'objet de leur hor-
reur, jamais de leurs espérances ; on diroit que Fombre seule
du manteau de saint Ignace lear est mortelle. Elles ne sont
rassurées que lorsqu'elles ont placé entre elles et lui un vaste
intervalle. De même que deux corps chargés^ d^éiectricité se
repoussent, les jésuites et les sociétés secrètes, éleetrisés les
uns et les autres^ mais de principes bien différents , ne se
rapprochent jamais que pour se repousser avec rimpétuo-*
site de la foudre. Si nos publicistes connoissent une société
plus puissante à opposer à la franc-maçonnerie et à l'IUu-
minisme ; qu'ils l'indiquent ; s'ils n^en connoissent pas , qu'ils
essaient d'en créer une; en attendant, qu'ils se servent de
celle que la Providence leur a faite.
En second lieu, la toute-puissance des sociétés secrètes vient
de leur union. On ne peut les conibattre aveé sùcoès qu'en
leur opposant une société où ib principe d'union soit plus fort
que chez elles. Sous ce rapport, que peut-on comparer aux
jésuites? Sous l'empire de leur admirable constitutioii , toutes
les pensées indi^viduelles, toutes les vues particulières du génie
le plus élevé, comme du plus obBcur néophyte , viennent se
perdre dans l'esprit général de leur société, comome les fleuves
et les ruisseaux se confondent dans l'Océan. Voilà pourquoi
ils ont un avantage marqué, sur les sociétés secrètes organisées
sur les divers points du globe : quoique correspondant les unes
avec les autres, elles ne sont pas régies par une autorité unique^
«t ne forment qu'une espèce de république fédérative : les }é*
( 74 ^
Biiiteg fcïXT[ç^çn\ une moparchie \ {(s ne f oot pas 9^u)p|Qeqt ijfçis,
H^ ^qnt uti^; tfnum sint. liaî^sf^ marcher cefte ptifilapge,
4ç>J9t le$ irapgs çoiit étroîtemçiit ferrés par une chaîne dfyipçi
CQ|itr^ )e^ cohortes de raDaixhie; ipais tant que VQus x^f (pui;
oppo^ççejE qye 4es soldats disp€^r§és , résignez-voqs à des fl^-
^p t^o^sîème lieu, les soçîéiés secrète^ , quoique organisées
f^ou^ ,des fo^x^iç^ (Inverses dans chaqi^e nation , ^on| f^niv^j-
selle^ : i( faut |eur opposer une société qui, par sa nature,
te|i^ à)e Revenir; c'est jà pncçre un caractère proprp de l'înçtj-
|]|( ^es j^):(^|çs. Us coiqp Soient ^ peine quelques années 4*ef)s«
|Ç^Çe^ ejt .4éjà ils étoiçnt yépai^dus dans le monde eutî^r : ilf
)>|*illf»ig()t e^ Europe , qp. c|vilisoient TAoïérique, et mouirojent
f^p J^ppxu.;fiUg;i;i^re on les croyoit descendus pour jamai^ dan^ ^
togoL^ç, if^t ypilà qu'on le^ retrouyo presque partout : les soli-
^des mêççie du t>i[ouyça\i- ])|on4ç les ont 4éjà reconnus. Il est
iiOpP9^)t>le qvie cette soqiélc prqdîgieu^e ne soii pas destinée à
ioqer yn. grao^ rôle dans 1^ restauratjon de Tordr^ sqcia). Si
dc^^ pféiugés avçugles ne si^sge^doient ^as se^ ppogrës, on la
yerrolt bientôt 9 universelle com^e le désordre, ne pas laisser
^ ses coi}iplQts une place sut* laquelle f^lle n^eût Tceil ouyert
pour les reconnaître, et les \n;8^ étendus pour les d^ouçr.
)^es sociétés secrètes i^entent si bien elles-niémes qu^elle pst
leur enuju^i capital , que plusie^^^ fpiç elles ont fait çoi|rir U
l>ruit qvf'elles éioîQnt dominées pa|> les jésuites. Bilep Tont dit
$11 Angletei^re; cUqs Tout dit eii France, où fifouoevîlle fit un
ouyrage exprès pour le prouyer ; ^t Toq sait que lors du coiigiçë^
maçoni^ique de Wilhelmssadt, les illuminés d'ÂI)em£(gnç , qui
désïroicnt «ittirer à ^ux les loges luaçoiiniq^es , s'eiToçoèrent d^
persuader à leurs députés qu'elles étQîçn^ dirigées , sanç le
savoir, par des jésuites, et que, pour échapper aux disciples de
Loyola, elles dévoient se jeter dans les bras de \Yeishaupt.
Il est impossible que les gouyernemenls , décidas à com-
battre la frano- maçonnerie et Tilluminisme ^ p'apçueiljtept
pas tôt ou tard le magnifique secoure qu'ils ont 90Ua la m9i9«
(9&)
ÛD 4 yqifln iQur lair^ pevr dea jésuites » par des taisons poU«
tiques i et bientôt peut-être i car le temps presse^ ce sera par
des raisons politiques qu'ils cesseront de les craindre pour les
^er.
DE L'ÉTAT DES CATHOLIQUES
EN ANGLETERRE.
(Second srtîde.)
I^pV)$ s^jouterops i ces courtes notices, qui ont du moins le
mérite d'une authenticité incontestable , rextrait d'une lettre
qi^ia d'abpr^été impriniée dans leÇ^n^THeXf journal minis-
tériel de r Angleterre, et ensuite traduite dans le numéro i5o
dp ^Observateur autrichien de rannée 1G25.
c II est ^v^deat , dit celte lettre^ qu'au point pu les choses ea
soqt |\pivéçs , c'est un devoir impérieui: pour le gouverue-
mçnt de faire suivre }es recherches actuelles sur l'état de l'Ir-
lande d'une mesure propre à guénr le mal dans son principe.
Ip ^q^ve,^nement a sondé la plnie, il a découvert le siège de
la ^alad^e : le ps^s a été soumis aux opératiops les plus dou-
^Qurei^es, fiç si le parlement ne tente pas d'employer une
)|i^thode curative, on auroit fait ^ l'Irlande l'injustice la plus
Çfian^e et la plus gratuite.
»le b^t politique de cet examen n'érige plus aucune dis-
cussion, ^e parlement a ordonné ces recherches, et ne peut
plus s'y arrêter, sans coavenir qu'on ne les a faites que pour
9atis£4^K:e upe vaine cvirîosité. Du reste, ellers paroissent avoir
provoqué toutes sortes de vues et de conséquences diverses*
Quelques uns attribuent les maux généralement reconnus à
la pmnicipalité de Dublin, d'autres au gouvernement irlan-
W»,- ÎJ9JII ^vons lieu de croire que Tun et l'autre reproche ert
(7«)
mal fondé» le dernier surtoat : les véritables causes du mal sont
dans, le 83^tème général d^une administration hostile » système
qui a été pratiqué depuis tant d'années; et la corporation de
Dublin , dont on a beaucoup trop grossi Tinfluence et le poids>
est plutôt Finstrument que Tauteur de ce système.
> Le plus grand et le plus juste grief contre la municipalité de
Dublin se fonde sur son inimitié irréconciliable contre les ha-
bitants catholiques romains ; on lui reproche à bon droit , que
quoique trente ans se soient passés depuis que la loi a déclaré
les catholiques capables de participer aux privilèges de ce corps ^
néanmoins pas un individu professant cette religion n'a été ad-^
mis. On regarde cette exclusion comme la mesure la plus ri-
goureuse de toutes , parcequ'elle frappe une classe de sujets
qui à eux seuls forment les six septièmes de la population de la
ville et du pays.
•Je viens maintenant à démontrer que cette bigoterie n'est
autre chose qu'une émanation de Tesprit général des institu-
tions et des lois irlandaises, et je tirerai mes preuves du livre
des Statuts ainsi que de FAlmaoach du royaume de 1823.
» Par le statut irlandais de Tan 55* du règne de Georges II f
chapitre XXI , les sujets catholiques étoient déclarés admissi^
blés à un grand nombre de places subalternes 9 dont ils avoient
été auparavant exclus. Par la neuvième section du même sta-
tut » on décida qu'ils continueroient d'être inhabUes à siéger et
à voter dans l'une ou l'autre chambre du parlement , ou bien
à remplir la chaire d'un lord lieutenant d'Irlande , d'un lord
chancelier ou commissaire du grand sceau , d'un lord tréso-
rier général ou chancelier de la trésorerie , d'un lord chief
justice ou de juge du King's Bench ou des common pleas 9
d'un chief baron ou baron of the Exchequer, de juge au tri-
bunal de l'amirauté ou d'un directeur de la chancellerie près
la cour suprême, d'un secrétaire d'état, d'un garde des sceaux,
d'un vice-trésorier ou suppléant du vice- trésorier, d'un cais-
sier de la trésorerie, d'un auditeur général, d'un lieutenant
ou d'an gouverneur, d'un custode des rôles des comtés^ d'un
(77)
secrétaire du lord lieutenant , d'un membre du conseil seeret >
d'uo premier avocat 5 d*un attomey général ^ d'un solliciteur
général , d'un deuxième et troisième avocat ou consulent
royal , d'un assesseur à la chancellerie j d'un prévôt ou mem-
bre du collège de la Trinité à Dublin , d'un directeur général
des postes , d'un directeur des arsenaux , d'un lieutenant gé-^
néral de l'artillerie 9 d*un commandant en chef 9 d'un général
de l'état-major, d'un shérif ou sous-sherif de quelque comté;
enfin ils sont inhabiles à toutes les places spécifiées dans les
nouvelles lois sur les corporations. Par la quatrième section
du même acte , les catholiques sont encore exclus du droit de
Toter dans les assemblées paroissiales , toutes les fois qu'il s'a-
git de fournir de l'argent pour la construction et la réparation
des temples , ou pour d'autres objets concernant l'église et la
paroisse locales.
•Je n'examinerai pas si ces mesures sont bien ou mal fon*
dées : je me bornerai à vous faire remarquer l'immense éten-
due de cette exclusion , qui comprend toutes les places tant
soit peu dignes d'être ambitionnées. Quelques uns pensent
qae ces dispositions oppressives ne doivent pas être ladoucies^
et qu'elles ne sont pas trop dures; mais je ne connois personne
qui soutienne qu'elles ne soient pas assez dures. En effet les
adversaires les plus prononcés de toutes les concessions
ultérieures, ont unanimement insisté sur la nécessité de don-
ner du moins à la population catholique de l'Irlande, une part
effective et proportionnée des avantages publics auxquek la
ici les a déclarés admissibles.
J'arrive maintenant aux preuves authentiques que m'offre
l'almanach d'Irlande, dont j'ai parlé; pour démontrer, par un
simple exposé des faits, que le principe prédominant du gou-
vernement irlandais est véritablement hostile envers la plus
grande partie de la population de ce pays, et qu'on a main-
tenu ce principe avec une persévérance opiniâtre, au mépris
des dispositions et de l'esprit même des lois. Il n'entre pas
dans mon plan de m'étendre sur ^origine de ce système > et
( S.8 )
•
^prjieraî ^ W^pifietç ppa ét^bliçs^ipçfi^ et pos emplois Ruljljpç,
$R sHlY^ot f Qr4f e où ilç; sqnX p^cés dans l'almao^Qh , fl ^ ii^-
dî«HF ^«M mf Çpl9no^ l^ nomt^re dçs pe^sofïpes f n^ploy^ef
#ap9 fS^apviQ 4e ces ^tabli^semept; , et dans V^^y^ 1^ noinbcç
4^ cçftif qi»i, parfni pp; ipdividi^a, ^pn^tiçflpçnt ^ VÉgli?p
çafboligue et rpm^îne.
9 J'ai d^vapt moi Smith' s CUy nv4 Cai^ntry 4{ifffinQj^ f(j(Ç
tk^ UW \^^^9 duquel y^p>j^}» 1^ iîsfe suiyaute j^
PLACES ET EMPLOIS PUBLICS.
00^9 <i|^8 »p8te9,yqoq[iprislç yic^-dirççtep. . • •
Banque d'Irlande, gouverneur, Vice-gouvfernetfr^
éifccteurs , officiastf et employée. •••••'.,«
Société royale de Dublin
Commission pour les pavés •
QommifjiiQa f^es fonfaiaeç.
Commission pour'la conservation du port de Dublin.
Commission poâirl'embèUUsemeot de» lroote«. • • •
préposés du bureau pour {e commerce des toiles. •
SouS-employés ^e cet établissement. ..*......
Biijrf^Ml ^u timbre., ...,..,..,.., ....*.
Cour du Içrd lieutenant à l'exception des chapelains.
Conseil de ViHe et de commune. '/ . .'I , '. '. . . .'
Comité poarl'eap çt les tuy
Police de Dublin. '. . . I .
aux. •
•*•«••
Aoditeiïîrs des cotmpteAySomiBitMuuret et «ntret em-
ployés ,
Gmirt of chancery; y comprise la éommissîo'n des
baaqverqutes ,
Tribunal dés 'débiteurs insolvables. ...... . .
Elfigfs Bencb : . . . .
CpmmonPleas , . • .
Btctiequer, iLaw ànd Bqaity. .
Estimateurs. •
Tribunaux inférieurs • »
Siairiegi^rém^nt des contrais J . •
Assistant-barristers of countles. . . •
Clerks of the crowÀ and peaèel .' .' . • •
CroYvn^solUçitars. .•...,..,....,..♦.
Visiteurs des morts. .
Commîs'sionnèrs ofafBdavits:
Eipployés de la trésoreriç royale.
Bureaux des péages ,
Bureaux des accises •..
Places militaires.
Agents de i'arntée, •.•••;•;•.••
TOTA^
des personnes
Catholiqnei.
txfxpUfjin. •
i l
^^f:
■ •î*
»»7
<>
Î7
it
9
J
d6
74
7»
S
Çi
■ î
30
i»5
' 56
58
9
65
5
9a
3
5i
i
^
S
9
i8
4
3i
85
io§
i4
a6ia
à9
55
i
3q6
11
a65
6
45
IS
'
{ni
spot p^ gg^çi(^ég ^^nsi pQt alfii^ii^ph^ et dç8(|u^l8 les c^tholi-
qqçf ^ tçouyçnt ég9|eQ:ieiil; exclus. Dç pli}^» je 4oîs vpi|s fap^
ppler ici 4^ oouye^i} quç cette Uste eçt (oiit-à-fi^U iQd^pppdai]j|f[
4çf Cff cepftQ^f portées par le ^tatu^ (;i-(Jesç^g pxp^iiq^^f , e^
qu*ç|a veffi^ de la loi 9 lef catholiques son^ admissibles & tpuf^
Ids pif p^^ qv)i cpmppsent ladl(4Q li$;tç.
> ^lei^arq^uç? surtout » je vous prle^ qu'ils spnf tot^lemc^nt
exclus dp }fL ^î^ectiou du liureau pour le cpiumerçf des t(^iles^
quoique cet ^tablissemept^ fo^dé pour encourager qotre uni(|uç
bfS^ncfe^ Jg fflappÊicture?, ^oit d'une telle natprp qij*il dexçojf
être §<l9|iig|slç^ sai^s auç^n ^spf it de parfi f eligiçuj QU politique;.
Qr y^^ »§F. ^ ^^t^9 qnp qet înatitftf u^ cpmpjfç pas o^pip^.dfs
SQi^^te-dpu^e préposés , et çepen4aQf U pe sp tfQHy:Q B?™H
eflîpaf «n 8?ul pair, pas un seul baçpppj, pas un se^| gçpt-
Içmaii ca(|^p|iqup. On en peut dire autant de beauçoi}p d'^jutref
P^» 9péçif\^^ clan? la liste, et que je çflCQ«Rfp?fp4p à Tatten-
tio9 de xpes lecteurs, parceque cqtt^ cou^dératipp SQ^^ plM9
6''9P.lïî i P^^ï ^M^ jugemenf sur Jç syf tè^ue de ra^najniftraiiojji
irlandaise que tous les discours et toutes les réclamatiqns PV|r
bliqi)^ ng pourroiçtnt le fai^e. Ce funeste pripcjp^ cf'Sf ^^^^P"
*'f?t ^alfi!i)gp.^]»a9i£«|to daps l'adiqpiinistraïjoo et }^ pqipppsi-
tion du b^eau général de santé qui fut é|ati|i ea i3iîp p^r iii)
arrê^^ du ;yic€;*-roj, principalement pour exainjnçr V^t^iL ac}uejl
derarin^e, c\ lus cirçonstapces qui peuvent porter préju^^çe k
la 9^nté9 4)pq»nie Içs localités, les prpfes^onj»^ le domicile, 1(«
chavif^^j^ \gL iipqri'ituçe , le? v^tementp et l'éducation. 4 cet ef-
fet on avojt nomnoé quatorze commissaires, des banquiers, ^^f^
médççins, des çcclésiaçtiques e^i des p^qçiant^^ mais pas qp
seul cathpiiquç romain, quoiqu'il dût cependant sauter ^vki(^
yeui que le? (i^^bitauts catholiques , tant laïques qu'eccl^çias-
tinu^9, ç|it autant et plus dç moyens de remplir les devoir?
d'une pareille vocation. Vous remarquerez également que parmi
^le ^\ U9 ^Y^^^.^ assistante des ^QiVLlés (a^^i^tai^l-barciatçr?
of couDties) il ne se trouve pas un seul catholique ^ et qu'il n'y
a même pas d'exemple qu'un homme professant cette religion
ait été revêtu d'une telle place, quoique les catholiques y soient
admissibles depuis la fondation de cet établissement en i ^gS.
Il y a cent six places dans le département de la justice , desti-
nées à des avocats, et les revenus de ces places montent an-
nuellement À cent cinquante mille livres sterling. En verta de
la loi , il y en a quatre-vingt-trois auxquelles les catholiques
peuvent aspirer, et elles rapportent cinquante mille livres ster-
ling par an ; néanmoins on n'a pas encore un seul exemple
qu'une seule d'entre elles ait été donnée à un catholique. On
en peut dire autant des autres branches de l'ordre judiciaire «
et je puis assurer sur une autorité irréfragable que cette partie
de l'administration influe de la manière la plus nuisible sur la
concorde et les intérêts du pays , car elle dispose les habitants
des campagnes, et même les classes supérieures, à nourrir de
l'envie et de la méfiance contre l'administration de la justice
lorsqu'ils voient tout le pouvoir judiciaire entre les mains des
protestants, qui forment la plus petite partie de la population
du pays.
f En parcourant, au reste, la liste dont je viens de parler,
il vous sera facile de remarquer que les places auxquelles on ad-
met encore quelques catholiques sont les plus petites et les
plus subalternes de toutes , tandis que celles dont ils sont prin-
cipalement exclus , appartiennent à la clientèle et à la nomi-
nation directe du gouvernement. A ce système d'exclusion déjà
fort étendu , il faut ajouter encore les emplois dans la milice ^
dans latyco manry, et, comme de raison, dans lé clergé ,qui
fournissent un honibre immense de places et d'émoluments à
la jouissance exclusive des niembres de Téglise dominante.
» Il est donc clair comme le jour que la partialité et l'esprit
de cabale dans la nomination aux emplois publics, ferment le
caractère dominant de l'administration irlandaise : c'est pour-
quoi je voudrois inviter la législature à s'occuper plutôt du chan-
(8i)
gement de ce syfitème , que de la poursuite judiciaire de quel-
ques indiridus qui peuvent du moins alléguer une foule de
précédents pour leur justification ^ et qui peut-être ont été, sans
le savoir^ bien plus les victimes que les agents actifs du funeste
système qui a prévalu jusqu'ici. Un premier moyen pour obte-
nirà cet égard les renseignements nécessaires, seroit de pré-
senter au parlement une liste, qui pourroit être dressée en cinq
ou six jours ^ de toutes les personnes qui occupent des emplois
s •
auxquels les catholiquea sont également habiles, liste dans la-
quelle il &udroit indiquer la date de la nomination et le nom
de celui qui a donné la place, et spécifier celles de ces places
qui sont occupées par des catholiques.
De Huleb.
ï
LIBÉRALISME,
SON ORIGINE ET SES EFFETS.
( Amico d'Italîa.)
le Uéératismc n*est que la révo^u^i^n qui a changé de nom;
il tend comme elle au renversement de ce qui existe. Suscep-
tible d'une infinité de variations, parcequMl participe à la
nature de Terreur, il n'est constant que dans un seul point,
la ruine de l'antique édifice social. Parmi la foule de ses par-
tisans, les uns sont plus ou moins acharnés que les autres,
mais ses chefs ne rêvent que bouleversement, et ce doit être
Huévitable résultat de la tactique qu'ils emploient. Pour
assurer le triomphe de leurs systèmes politiques , ils appellent
à eux tous les gens avides de nouveauté , flattent toutes les
passions , raniment toutes les haines, excitent toud les désirs.
'(8à)
toixi Sâs cbnëéiisioiis à ibus lè^ ^àtiik. Otiàné lëà ctibsés en sdiit
ai ce point, il ne maiique plus qu^tiii èhoc t>o\îr tout i'ënvèr-
seî*. Les jacobins, dans leur première fureur, tentèrent ott-
terteihent d*abaltrk les trônesi et les autels; les llbëràux,
tilùs coupables au|otird'hUl aphks led événements (}ui ont ea
ïièii, ne dirigent pas nidiris qu'eux leurs attaques contre le
irône, ihâis, pai* une {idliti^ue plus funeste, ilâ f laissent
àsstë tlii fântôlne de roi chargé de chaînée, t'obéiséâiicè dès
sujefâ fidèles hë faii alors qdë consacrer reâclava^e d\ï ttio-
iiarque déchu , qiii né peut être séryi el&caceinèht pàt les
siens ; et ce qui lui reste d^autorité ne fait plds que légitimer
les actes iniques de la rébellion.
Ce n'est donc pas telle ou telle forme de gouvernement , ou
la préférence accordée à une institution plutôt qu'à une autre^
que noiiH coùddinnons sotis le nocti de iibéralisfM. Nous
croyons qu'il faut respecter toutes les formes de gouverne-*
ment, lorsqu'elles sont légitimes; loin de n'en vouloir recoo-
noitre qu'une seule , nous recommanderions la soumission ï
l'autorité en Suisse et en Angleterre, comme à Vienne, à
Pétersbourg et à Turin.
Il n'est pas inutile do rappeler ici la distinction que nous
avons déjà faite dans les doctrines qui concernent la politique.
Tout ce qui tient à la morale , comme l'observance des lois et
l'obéissance au souverain^ n'est point au pouvoir de l'Iiomme:
Quanta l'art de gouverner, il est susceptible dé })erfeètioa-
nement. Ydici donc en abrégé notre profession de foi poli-
tique :
Gondatdnër et réprouver absolument toute révoliitibii ^ totit
USàgè de la fbrce contre le souverain.
Enseigner toujours à lui obéir, quand il est légitime.
Ne côtidàihiièr aucune amélioration dans lès institutiôtiâ de
l'état; mais iiè regarder comme amélioration que ce qtii
inadapté aux besoins de la nation , et émane librement et sa-
geniént de l'autorité légitime.
ebndérVef et aiUélKl^r ttffteti^iblemeiir 61 fiàni feMetee } TOflft
ttlUt nëti-e ^t^lêitiè:
Le systeihé bppàhéi k'esî <lë bômineneei' pâh détniiré^
t^btik* refait ëtikiftë;; sânà sàtBlr coniihëtit; le eattrofl-oiî
UÎihëi lëittbcèii ii'éët poftit bei-tâiii. (Quelque ^ystètte qtn
Ton ètiivë ,» rètëbtitidn ïàiiée totijOtirg at^^rcevcilf des âéfttiti :
oii feiiï f rétaiédîéè; et dé liotiVeati l'on abat pouf rtoon-^
strdirë: Cëi tiëd^ilëé ^tit ^ ^n àttetidadt ; VietiniBâ de eette
Sdëttiénéiibé tëiîiêt'âil« $ l^n letif ftte lé ptistniet des bietid > la
dilH^ àeh tnâtittilibiis; si liëcessaire potif conciliée le respect
etlacdiiflÂiiëe^ l^t dàtl laquelle on fie forme aucttnè entre*
pHde., patCètjii'bti n'osé se prdlnêttre d'en recueillir le fi-liit.
Cbihmë èitSUIte il est impossible 9 ohàttiie fois qu'Un Change-*
ment a tieti ^ de rompre et de renouer à tbldnté les liend de
l'àfféctlon et de la fidélité i la nation finit par ne pltid être
qu'Un àÉïAi incohérent d'ittdiVidtiS , qui, àtiparattfift ttniâ
«Ùtèè etiî j ne fortfibietit qu'un seul Coi*ps.
Tant que les anClennéd doctrines furent en yigueur^ on
regarda toujours comme âbsordé d'accorder aux membres de
la société le poutoir dé kvôltd cdntre lé âoOverain. Les dôb-^
tfioes et les à)uvrëd de chàciin de iSès niembre» cdtislltuent la
tle du corps sdciai ^ qui dbit nécessairemëUt périr dèl qu'il
n'^ aura plus d'harmonie dans ses éléments.
D'après retpOMé de ces deux différents systèmes, peUt-on
hésiter à choisir ? N^est-oU pa& en droit de regarder cominto
etiaëmis Jurés de leur ^àifi cent qdi, sous prétexte d'amélio*
ration , Idhent Cft prdvdquent la révolté comme un acte de
0¥t^îne du UbèraiUine,
Cent qui ont quelque eohnoissancè de l'histoire moderne
latent quelle est la source de cette doctrine qui porte la mort
dans le sein de la société. Ce sont les nouveautés du scidèmé
sUide qui ont iatrodoit parini nous la iicenco deë opinions.
(84)
lies anciens hérésiarques avoient mis leur autorité à la place
de l'autorité légitime; mais les nouveaux réformateurs sub-
stituèrent le jugement particulier , dans les choses divines 5 à
l'autorité de l'Église; il ne Êdlut plus, pour décider, ni génie
ni doctrine; le premier venu evM; le droit de définir le sens des
Écritures. Après cet appel manifeste à Torgueil et à Pamour-
propre de chacun , tous les liens de subordination furent rom-
pus; ceux qui méconnurent le pouvoir de la monarchie spi-
rituelle f instituée par Jésus-Christ, ne tardèrent pas à secouer
le joug de l'autorité des princes, et cette rébellion fut appelée
par les novateurs Vaffranchiêsement de i* esprit humain.
Qui dira les résultats de cet affrcmchissement dans les con-
trées où l'erreur triompha ! Cependant le mal n'atteignit pas de
suite tout son développement , soit parceque les hommes ne
tirent pas toujours toutes les conséquences pratiques de leurs
mauvaises doctrines , soit parceque les esprits d'alors osèrent à
peine embrasser dans leur entier ces maximes inouïes. Uais
un poison secret ne laissa pas de circuler dans les veines du
corps social; malheureusement les passions politiques ne
servirent que trop à lui donner un libre cours, et l'on vit la
même main arrêter et favoriser tout ensemble les progrès de
l'erreur. Ce fut le tort de Louis XIY : sa puissance opposa une
forte digue au torrent^ mais après sa mort les doctrines anti-
sociales commencèrent à se répandre de nouveau; il en avoit
entretenu le germe en tournant son pouvoir contre le pape.
La régence licencieuse du duc d'Orléans, les usurpations
scandaleuses des parlements, la longue dissolution d'un règne
dont les commencements avoient donné de si belles espé-
rances, tout cela ouvrit un abîme inmiense; la France fut
inondée de libelles, de pamphlets, où l'impiété prenoit toutes
les formes. Les idées d'indépendance exaltèrent toutes les
têtes : bientôt on regarda comme enneinie chaque espèce
d'autorité.
Ce seroit bien peu connottre le cœuir humain que de s'é*
(85)
donner des éYénements qui ont Buivi^ et 4e rinstabilité des
institutions soci^es, depuis que» dans toutes les classes ,
sont répandues et accueillies des doctrines si chères à Torgueil,
si contraires au bon ordre.
Effeis du UééraHême*
Les hommes sages^ et en particulier le dprgé, prédirent
en vain les maux qui allaient fondre sur la France ; leurs pré-
dictions furent inutiles et dévoient l'être. Néanmoins la révo-
lution éclata, et en 1789 commença la guerre contre Dieu et
contre le roi. Trois années sufiirent pour faire passer le
royaume de France de Tétat le plus florissant à l'état des
plus déplorables calamités. Le plus grand de tous les délits
publics souilla ces contrées; des milliers de victimes hu«
maines rougirent de leur sang l'autel de la raison ^ et y gravè-
rent en caractères ineffaçables l'ignominie de rhonune tombé
dans l'athéisme. Un écrivain qui ne peut être suspect dans
l'histoire qu'il a faite des crimes de la révolution (i) donnoit
en 1796 la liste des victimes immolées à cette époque; en
tout, il en comptoit dûiur miUions vingUdeux tniliô neuf
cent treize r dont qfuitorze cents femmes du peuple^ deum
mUe enfants et cmq miUe trais cents artisans Voilà
Thumanité, voilà la philanthropie. Que ceux qui veulent
encore des révolutions réfléchissent sérieusement aux maux
qu'elles entraînent après elles.
(1) M. Pradhomne.
1.
{«6)
^ ^ ^ ^^^ ^^y^ ^ l l ^ i yyV^tyVVVVV V VV VVV V VVV V VVVS^^^'^^*!*^***»^^*^
TiB POLITIQUE, UTTéRAIRE ET MOKALE DE VoLTAlRE, OÙ Pon réfîlte
Condorcet et ses autres liialoriens^ en citant près de trois
cents faits, tous appuyés sur des preuves incontestables ; par
M* Lepan; quatrième édition in-8; à Paris, chee i'aufeur,
fle Saint- Louis, quai Bourbon, n^ 19» ou rue Dauplûnc,
»• 46-
Le pliis bel éloge que l*on puisse faire d'un grand homme ^
c^est de publier Ffaistoire de sa vie , qui retrace , comme un
portrait fidèle , ses moindres traits et révèle ses vertus les plus
cachées. Il n*y a de véritable mérite que celui qui peut soutenir
Texamen et le jugement impartial de Thistoire ; mais si les
Vertus de la vie privée ne garantissent pas la réputation que
l'on s^est acquise aux yeux des contemporains , trop souvent
éblouis et trompés, tôt ou tard l'illusion cesse, le masque
tom/be et te héros ^évanouit» C'est le sort qui est réservé à la
gloire gigantesque de Voltaire et de tous ceux dont Vaéomlna'
Uon a faii des dieux. Pour désenchanter leurs dupes, il suffira
de les leur montrer tels qu^Hs ont été réellement et qu'ils se sont
peints eux-mêmes dans leur correspondance secrète. La Pro-
vidence apermis que les coryphées de Timpiété aient eu la mal-
adresse de nous laisser dans leurs écrits tout ce qu^il y a de
plus capable de les rendre odieux , en sorte que , pour les com-
battre victorieusement, il ne faut d'autres armes que celles
qu'ils oât fournies à leurs adversaires. L'auteur de ia vie de
Voltaire y que nous annonçons, a puisé dans les écrits du
grafid homme et dans ceux de ses dignes amis , les maté-
riaux de son histoire ; la source n'est pas suspecte. A qui s'en
prendra-t-on s'il a tracé des tableaux, s'il a révélé des turpitudes
qui font frémir ? Estrce sa faute si Voltaire avoua lui-même
et dédâfa pat écrit qti^tl Alt mauvais ttt&jfeii, nmi /buA»^
fàifitux, fUitttut, ingtaïs caîamniateur , iniéressi^ intri^
gant, peu diticat, vindicatif, amiiiieux, hypoeritti ai^aré,
intolérant, méchant, inhumain, despote, violent? Pastme
seule de ces accusations qui ne soit fastifiée par quelque pas-
sage de la correspondance, cité textuellement dans le Itrre de
M. Lepan. On pourroit écrire au bas de be portrait : Voltaiffft^
ftint par iui-^mênte (i).
« Le grand crime de Yoltalre» a dit un des premiers éorivi^èg
•de notre siècle, c'est l*abus du talent, et la prostitution réflé-
chie d'un génie créé pour célébrer Dieu et la vertu. Il ne sauroit
•aliéguer, comme tant d*autr6S, la jeunesse, llneonsidéi^atioa,
•renlratnement des passions, et, pour terminer enfin, la triste
(i) Voici quelques traits de ce hideux iablean t Voltaire ayant fait ses piques
en 1768, Tévêque de Genève lui éc^riyoit pour lui dire qa'il espériot que, par
Sà conduite à l'avenir, il ne laîsseroit aucun lieu de douter de sa droiture et
de sa sincérité. Voltaire , dans sa réponse , s'étonne que cet érêqUe lui tûéhe
gré éê remplir des devoir i dânt €iuenn ehtétim n^ éùH ss diifienter, et qûUlasouvenf
ntnpliê* Hiût jours a^rës, il écrlTii au êonite d'Argental > qui lui aroît fait,
ainsi que d'Alembert* djBs reproches au sujet de cette communion : Je mtf
trouve efntre deux évéques du, quaterziéme sUelej il faut hurler. avec ces taer.^m
lottpt,.,,.Je veux communier. Une autre fois, il écrivoit au même d'Argen-
tal ( 16 février 1761 ) : SI J'avais cent mille hommes. Je sais bien ce que Je fe^
mis i mais comme Je ne les ai pas y Je communierai à Pâques, et vous m'appellerez
tiypoerité tant que vous voudrez,
« Il faut Tavouer, a écrit Gbabanon,m)Ldef pltift grands panégyristes de Toi*
■ taire, celui qui a le plus fréquenté Ferney, Thumenr rendoit Voltkire^
• dans tous les cas, injuste, forcené, si j'osais, je dirais féroce.» En faut-il
une autre preuve que ce qu'il écrivoitau comte d'Argental : « Ahl chiens de
• chrétiens, que je vous déteste ! Il faut faire la guerre, et mourir noblement
«sur un tas de bigots immolés à nos pieds... Je voudrais manger le cœur des
■ assassins juridiques de LabarTe4 »
• Il écrivoit à d'Alembert, à Toccasion du Dictionnaire philosophique : Dès
• qu'il y aura le moindre danger, je vous prie en grâce de m'avertir, afin que
• je désavoue l'ouvrage dans tous les papiers publies , ave« ma candeur et mon
• innocence ordinaires. »
( 88 )
sfoiblesse de notre natuie; rien ne Fabsout: sa eorraption est
jid'un g^nre qui n'appartient qu'à lui; elle s'enracine dans les
9 dernières fibres de son cœur , et se fortifie de toutes les forces
»de son entendement; toujours alliée au sacrilège^ elle brave
9 Dieu en perdant les hommes. Avec une fureur qui n'a pas
• d'exemple, cet insolent blasphémateur en vient à s^ déclarer
•l'ennemi personnel du Sauveur des hommes; il ose, du fond
» de son néant, lui donner un nom ridicule; et cette loi adorable
>qu6 VHomme^Dif^ apporta sur la terre, il l'appela infâme.
» Abandonné de Dieu qui punit en se Retirant, il ne connott plus
» defirein. D'autres cyniques étonnèrent la vertu. Voltaire étonne
»le vice; il se plonge dans la fange, il s'y roule^ il s'en abreuve.
• Il livre son imagination à l'enthousiasme de l'enfer, qui lui
• prête toutes ses forces pour le traîner jusqu'aux limites du mal.
»I1 invente des prodiges, des monstres qui font pâlir. Paris le
• couronna, Sodome l'eût banni. Profanateur effronté de la
•langue universelle et de ses plus grands noms, le derïiier des
• hommes après ceux qui l'aiment (i). »
On ne peut rien ajouter à ce dernier trait. Oui, certes,
Voltaire n'a plus aujourd'hui que des disciples encore plus cri-
minels que leur maître. H vCa pas vu ce quHl a fait, disoit
de lui Gondorcet en 1794 9 mais il a fait ce que nous voy^yns.
Il est évident désormais que ses amis veulent et ses doctrines
et leurs terribles conséquences ; ils ont vu , et ils applaudis-
sent. Il faudroit descendre jusqu'en enfer pour se placer au-
dessous des amis de Voltaire.
Nous désirons vivement que le livre de M. Lepan se distribue
dans nos niaisons d'éducation. Il est nécessaire que la jeunesse
apprenne de bonne heure à connoître, ou, pour mieux dire^ à
mépriser un homme qu'elle ne pourroit estimer qu'aux dépens
de la religion , des mœurs et de toqs les principes é^une saine
doctrine. Y,
(1.) M. Demaîstre > Soirées de Saint-Fétershour^.
( 89 )
m^nr>lT^l^^l^^l^r>f\JV^^'l^^^l^n1^1'1f^r**"nv *'^* l*^•^ v**1vr****v***1****'*^*******^^**^**^**^***^1 l V> l V»^^
P&OXBNADE rBUOSOPHIQVB âV GiSEnbB DU P^BB LaGHAISB*
f
par TrioTKBT.
G^est maintenant jusque dans les oimetièresi , jusqu'en £ice
de la mort , que Timpiété audacieuse ose insulter à notre sainte
religion. La vue des tombeaux, qui toujours iùspira des pen-
sées religieuses à l'homme de bien, et porta Teffroi dans un
cœur coupable ) ne dit plus rien à des hommes accoUtu-i
mes à se jouer de ce qu'il y a de. plus sacré. Ils rient'
sur ^n tombeau , comme ils blasphèment en présence d'un au-
tel. C'est au milieu du champ de la mort, dont la terre s'ou-
vrira bientôt pour le recevoir, que Yiennet nous trace cette ga-
lerie de tableaux , ob figurent avec honneur les génies infer-
nsiux de la révolution , tant ceux qui l'ont préparée d'avance
par leurs écrits, que ceux qui l'ont si horriblement exécutée.
Le^promeÊUur fhUoêaphiquù remue leurs cendres criminelles;
le souvenir de leurs vertus est si puissant sur son àme, qu'il
fait naître en lui un enthousiasme poétique : il ne peut parler
qu'en vers des Voltaire, des Ghénier, de» Uorellet , des Parny,
des Yolney Toutefois, en rappelant ces illustres morts , il
n'oublie pas les vivants: ainsi il trouve moyen de déplorer dans
ses vers élégiaques les infortunes d'un exilé qu'un sort trop ri^
goureux tient éloigné de sa patrie :
DaTîd respire encor» mais non pas pour la F/snce ; ,
Il est proscrit , il est banni
Des lieux qu'Aonora sa naissance.
Ce n'est pas loi, c'est nous qu'a frappé» sa sentence ,
C'est la patrie enfin que punil son absence*
( 99 y
La patrie 9 ea effet, devrait réclamer contre l'absence d'un
de ces hommes qui Pont cou'^rte, il y a trente ans, de sang et
de deuil, de cet artiste célèbre dont le pinceau républicain a
néanmoins retracé autre chose que les vertus sauvages de Tin-
fleidble Brutus ! Tiennet trouv^fott mauvais que Louis -XTIII
ait condamné à Texil lès h^iii^^ qut\ ^ndamnèrent Louis XYI
' à nlourir sur un échafaud : c'est un despotisme auquel Louis XIV
lui-même avait renoncé ; « car Corneille , Racine, Molière,
s&espréau, s^tAquaienl impunément les vfees de sa cour, et
9 jusqu'aux défauts du monarque. • Peurquai donc aujourd'hui
ne serait«il pas pernods à un peintre d*assassiner son roi im/m*
nàmêntf Veilà certes une logique figeureuse, et bien digne de
trouver place dans le réeit d'une prûmenade phiioêcphi^ué*
Laissons Yiennet s^iitasier sur la mémoire de grands con-*
pahle» qui o»t paru devant le dUso de» f ostiees , et répéter dans
son livre tontes les sottise» qu'il n*a pas même la gloire d'avoir
trouvée»: e*e9ti^é9pHtimpiÊr f^ià'ê»tpramerUau mm€UJlês
Venons à un pamphlet d\|tt autre g0nre, qui a été puhUr
qnemeni distribué ans nîembres de l'aeadémie des sei^iees.
C'est un Mémoire sur fanHfuké de to eimUsmriem ei des
dernièree Tév^etuHémt de ia terre ; jmr £. GiUrmré de Fro*
vins. LeftD^ue,lesl>olomîeu,les Cuvier, après quarante an-
nées d'études et de recherches péniUes durant de longs vej^
ges entrepris pour Tavanoeoieiit de la seienee géologique, sont
forœdilfflEnent démentis pat un jeune échappé de ecdlége^ mort
il y a deux ans, des snHes^ d'une losfue infirmité , çt qui n'é-
tudia jamais que dans sa chaminre ta nature du globe, terreetre.
Ce philosophe imberbe, disciple fanatique des. Dupuîs et des^
Volney, veut quelemondesoiléteitie}, et qu'en dépit de toutes
les traditions , le déluge n'ait jamais existé. Il entasse dans sa
brochure toutes les absurdités qu'il a puisées dans les ouvra-
ges de ses deux maîtres.
Citons à notre tour pai» im^UQ véfatatim è^ tai«t ^ filtras,
( 9* y
uB.paftsagevemax'qsiiabte^dusavaBlM. Cuvlef, domea n o u t y r*
daaiiera , i'e^ère , de préférer Tautorilé à celle de M« Guévafd
et de ses vingt-ciiic} ans.
c En examinaat ce qui s'est passé h la surface du globe de-
>^uis,qu^elle a été mtee à sec pour la dernière fols , et que' les
»coatiiieiits ont pris leur forme actuelle 5 au moins dan»leuri
» parties un peu élevées , l'on voit clairenaent que cette der-
nmère révolution , et par conséquent Vélablissement de* nos
» sociétés actuelles, ne peuvent pas être très anciens. C^est ua
ides résultats à la fois les mieux prouvés et les moins- attendus
• de la saine géologie,* résultat d'autant phis précieux qu'il lie
«par une chainenon interrompue Thistoire naturelle et Thistoire
• civile. — Partout la nature nous tient le même langage :
• partout elle nous dît que l'ordre actuel des choses ne remonte
•pas très haut; et, ce qui est bien remarquable ^ partout
» l'homme nous pairie comme la nature , soit que nous consul-
• tiens les vraies tradition» des peuples , soit que nous exaoïi-
• nions leur état moral et politique, et le développement Intel-
•lectuel q^u'iU avoient atteint-au moment où commencent leurs
•monuments authentiques. En effet, bien qu'au premier coup
• d'œil les traditions de quelques anciens peuples qui reçu-
•loicnt leur origine- de tant de milliers de siècles semblent
•contredire fortement cette nouveauté du monde actuel , lors-
•qu^on e^^amine de plus près ces- traditions, on n'est pas long*
• temps à s'apercevoir qu'elles n'ont rien d'historique; on est
•bientôt convaincu au contraire que la véritable histoire, et
»toi;it ce qu'elle nous a conservé de documents positif» sur les
•premiers établissements des nations , confirme ce que les
•monuments naturels avoient annoncé.
» • . . S'il y a quelque chose de constaté en géologie,
•c'est que la surface de notre globe a été victime d'une grande
•et subite révolution dont la date ne peut remonter beaucoup
• au-delà de cinq à six mille ans. »
XJn pareil témoignage n'impose pas à M. Guécard : U juge au
(9»)
contraire « que le fait des attérissements dé certains fleuves ,
>et peut-être de tous^ renverse toutes les conséquences chro-
9 nologiques que MM. Deluc et Dolomien , et après eux M« Gu-
1 vier 9 ont cru pouvoir tirer de leurs observatipns. o
Nous n'avons pu lire sans horreur ces lignes où le disciple de
Dupuis et de Yolney met au même rang Jupiter Ammon et le
fils adorable de Dieu^ notre sauveur Jésus-Christ ! ! f Ce pam-
. phlet impie s'est distribué publiquement sous le règne d'un fib
de saint Louis. A quelle époque vivons-nous donc? ne se
trouvera*t-il pas un dirétien parmi les membres de l'aca-
démie qui fera une bonne fois justice d'une audace aussi sa-
crilège , en imprimant à jamais le cachet de l'ignorance et du
délire à ces systèmes* effrontément reproduits? Verrons-nous
long-temps encore la religion de Jésus-Christ vouée au mé-
pris et à la haine dans des écrits dont les auteurs ne tai-
sent plus même leur nom? A quelles mains est donc confié le
pouvoir de faire exécuter les lois? Qui l'eût dit en i8i4» lors-
que nos princes légitimes nous furent rendus, et qu'un rayon
d'espérance brilla sur le front de la Religion , qui l'eût pensé,
que le christianisme alloit être outragé plus audacieusement
et plus impunément que jamais! que nous verrions réim-
primer, sans le moindre obstacle, ce qu'on osoit à pçine ven-
dre sous le gouvernement de l'usurpateur I Parcequ'une poi-
gnée d'écrivains £actieux et impies font trafic du scandale^
les dépositaires du pouvoir resteront-ils muets devant eut^,
et la religion de la France continuera-t-elle à être livrée aux
plus sanglants outrages ? N'aurions-nous plus d'énergie que
pour sévir contre les gens de bien ? ne redouterions-nous plus
que les efforts du zèle religieux? l'impunité ne seroit-elle
garantie qu*à ceux qui attaquent la majesté du Roi du ciel ?
Grand Dieu 1 l'impiété dégouttantede sang n'a-t-elle pas répété
assez énergiquement du haut des échafauds cette terrible
leçon : Maintenant, ôrois, comprenez; instruisez^vous ,
juges de ia terre l (f s. 2«) Faut-il doûc qu'empruntant les pa-*
(95)
rôles d'un de nos plus célèbres orateurs , nous redisions encore
avec lai : c Gonune il s'élève du fond des vallées des vapeurs
igrossières dont se forme la foudre qui tombe sur les mon*
vtagnes, il sort du cœur des peuples des iniquités dont Dieu
»décbai^e les châtiments sur la tète de ceux qui les gouver-
»nent(i)?» . Y-
(i) Fléchiery Oraison funéàre dâ Turenne*
Essai sur la noCTàiNB et ljl pratiqvb des prbmieis CHaiTiBiis
BH CB Qiri C0VGEEEB LA GUBBBE^ PAB ThOMAS GiABKSOH^ M. A*
^ Cette brochure ne présente j en apparence , rien de conta-
gieuz; car elle ne parle que de paix et de Tamour de la paix»
en opposition à la haine de la guerre. Cependant en réfléchis-
sant sur les circonstances dans lesquelles on la produit^ sur
TaSectation que Ton met à la répandre, sur les menées sourdes
et continuelles d'un parti qui ne néglige aucun moyen de se
relever et de détruire tout ce qui s'oppose à ses funestes pro-
jets; en réfléchissant, dis-je, sur toutes ces raisons » on est
comme autorisé à suspecter Tintention de Fauteur.
Il se dit quakùT, c'est-à-dire membre d'une secte qui se fait
un point de religion d'être doux et pacifique, de détester la
guerre, et de ne jamais prendre aucune part à celles qui ont
lieu entre les gouvernements ennemis on les nations rivales, à
l'occasion de quelques dissensions intestines.
Cet anonyme appuie son système sUr le texte de l'Évangile
en faveur de l'amour des ennemis. Ensuite il fait comme une
fouille universelle dans les Pères de l'Église, surtout dans ceux
des trois premiers siècles qui ont fait le plus clairement l'apo-
logie de la paix et la censure de la guerre. Uais ces passages
sont isolés ^ dépourvus de tous leurs acces^ires» et cités 6ans
(94>
ranBoncç dey^ œuvres ou des articles précis auxqpiels ils se
rappprtent.
Il ne fait mention que des Pères des trois premiers siècles
du obristianisme ^ qu'il croit dégénéré depuis cette époque ^
vers laquelle commencèrent , dit-il ^ les altérations des ca*
suites exagérés soutenus par la politique et la force de l'empe-
reur Constantin. Ainsi ce systénaatîque ne connoit ni ne veut
reconnoitre l'église et son autorité : il ne rêve que la paix à
l'exclusion de toute guerre.
Quelles que soient cependant les illusions de ce rêveur» com-
ment a-t-il pu trouver dans le christianisme une censure de la
guerre telle qu'il ne craint point de la regarder conmie incom-
patible avec la loi de Jésus-Christ ? Certainement , Ton sait
bien que le pacificateur de la terre n'a pas fait une obligation
de la guerre. L'Évangile la met au rang des fléatix ; mais ii
n'en est pas moins certain que si Jésus-Christ ne l'a pas or-
donnée^ il ne l'a pas absolument défendue. Il sa voit, i*" qu'elle
étoit une conséquence des désordres introduits dans notre na-
ture par le péché originel ; 2<> que Dieu ^ créateur de l'univers»
avoit ordonné, conduit et dirigé les guerres des Israélites,
itotanunent sous le gouvernement particulier de sa divine théo-
cratie ; 5^ qu'il existoit des souverains que les passions ou des
circonstances nécessaires porteroient à faire des guerres soit
is^fifensives soit défensives,, et il fit aux peuples Tobligation
stricte de leur obéir. Il est donc absurde à cet auteur d'oser
affirmer que la guerre est incompatible avec le christianisme.
Enfin cet auteur cite les passages des saints pères; laais, ou il
les intervertit , ou il en fait une fausse application , ou il leur
donne «« sens forcé et contradictoire avec la vérité : tel entre
autres le célèbre passage de Tertullien dans son apologétique.
S'il cite plusieurs militaires qui aband onnèrent la profession
des avmes après s'être convertis au christianisme, il a bien le
^oîn de se taîrç sur toute la légion thébaine qui fut martyre de
sa foi^, qjuoique sous les armes et à la solde de Tempereur • U
(95)
n'attribue au chrétien déserteur du drapeau idolâtre que la
seale incompatibilité de 9a religion avec la profession militaire^
sans vouloir y voir les dangers qu'il y courolt pour son salut;
et s'il oppose ce mofif légitime ) c'est pour en tirer de fausses
conséquences.
En un mot, cette brochure , sous le masque du zèle le plus
pacifique, n'est qu'un tissu d'erreurs théologiques 9 qui, quoi-
quegrossières pour l'œil éclairé, ne sont pas sans danger pour
quelques lecteurs de nos jours, trop snperficiek pour appro-
fondir des[matiëres où déjà leurs passions trouvent tant de pré-
textes pour s^autorîser à les juger d'après leurs seules lumières.
n m*a donc semblé que cette mauvaise production n*étoit
pas à négliger, en ce que l'auteur, sous le nom de quaker
qu'il se donne, appartient à ces sectes de novateurs illuminés
qui désolent en ce moment la surface de l'Europe, et qui,
sous le préte^cte d'un amour en quelque sorte religieux pour
la paix, ont particulièrement et sourdement en vue d'atténuer,
autant que possible , les efforts des Souverains alliés, unis entre
eux contre les machinateurs de révolution , qui ont recours ici
à cette prétendue incompatibilité du christianisme avec la
guerre , soit pour engager les cabinets chrétiens à ne plus s'ar-
mer contre les révolutionnaires, soit pour &sciner l'esprit des
monarques chrétiens, des erreurs de ce faux système, soit pour
exciter les peuples à ne pas leur obéir dans les cas où ils ju-
geroient nécessaire d'attaquer et de vaincre les faiseurs de ré-
volution, comme nos armées l'ont fait dernièrement en Es-
pagne.
D'après cela, si ce rêve philanthropique gagnoit les souverains
et les peuples, il en résulteroit que ces prédicateurs de la paix
seroient à leur aise pour recommencer leurs révolutions,
pour en faciliter les progrès et en assurer l'exécution. Ils ne
veulent pas de la guerre parcequ'elle peut leur nuire ; mais
ils ne se feroient aucun scrupule de l'exciter et de l'allumer à
leur profit.
( 96 )
Cette doctrine introduite dans nos campagnes et dans no8
armées feroit des peuples, ou des révoltés , ou des déserteurs.
Les quakers anglais avec leur prétendu christianisme épuré
composent un peuple à part , d'honmies paisibles si Ton veut 5
mais profondément insoumis à Tautorité du prince^ pour tout
ce qui regarde la profession des armes, à laquelle ils ne pren*
nent aucune part.
Je ne sais comment ils auroient fait pour se soustraire à la
conscription de Bonaparte , s'il s'en étoit trouvé en France
comme en Angleterre. Peut-être deux ou trois Êinatiques au-
roient voulu se donner les honneurs d'un prétendu martyra;
mais le reste n^auroit pas tardé à marcher sous la bannière
d'un honune déterminé à ne pas se plier à leur révolte pu à
leur caprice. Le comte de V. «...».
r
(07)
W(W M M%>WMWWiW»M»%»W»V» W »WV < <WW^MWW<»t»»»WI>l»V»»»M»»|»»»»V^^
CORRESPONDANCE INTÉRIEURE.
Détails authentiques sur le scandale qui vient d'avoir lieu à Nîmes,
à l'occasion de l'abjuration d'un protestant
«Un protestant^ marié aveo une catholique^ et dangereuse*
9 ment malade^ désire embrasser la religion da sa femme. Il
tfaitappeler le curé de la paroisse^ qui l'instruit, reçoit son ab-
> juration, et lui administre les derniers sacrements. Le con-
isistoire s'agite et veut s'opposer à la conversion. M.Gardies,
•ministre , écrit une lettre polie à M. le curé de Saint-Baudile
ipour le prier de l'accompagner chez le malade, lui offrant
> d'être présenta toutes les questions qu'il adresseroit au liou-
»Teau converti. M. le curé n'a pas jugé à propos d'aller enta-*
»mer une dispute de controverse près du lit d'un moribond ,
1 revenu de bonne foi à la religion de ses aïeux. H. Gardies et
«un autre ministre se sont donc rendus chez le malade. La
a femme ne leur a pas refusé la porte, mais die a été accusée
• d'avoir fait du bruit et tenu des propos qui , par des interpré-
stations supposées, ont été réputés injurieux. Cette catholique
•a été traduite devant le tribunal de police correctionnelle, et
•condamnée à quelques jours de prison, comme coupable d'a^
avoir troublé l'exercice du culte protestant. »
C'est à ces derniers mots que nous nous arrêtons. Quci
exercice du cuite protestant pouvoit avoir lieu dans Tin térieur
d'un ménage entièrement catholique ? Étoit^ce comme minis-
tres calvinistes en fonctions que M. Gardies et son compagnon
se sont présentés chez un homme qui n'étoit plus de leur reli-
gion ? Hais alors on pouvoit, on devoit même leor refuser la
porte. Se sont-ils présentés comme de simples particuliers,
dans le désir de dissuader le malade? Qui peut en ce cas trou-
ver quelque chose de répréheiiBible daos la coaduUe de cette
femme à Tégard de deux individus qui veulent essayer de faire
mourir son mari dans uae religion où elle croit quUl ne peut
être sauvé ? Elle aura sans doute parlé avec peu de révérence
de la secte de Calvin; mais ^qui la faute? Il ne falloit pas
venir la blesser dans ses affections les plus chères.
Voilà donc une femme catholique qui passe du lit de mort
de son mari dans le fond d'une prison , pour s'être opposée aux
tentatives du zèle de deux ministres protestants. Nous ne pous-
serons pas plus loin nos réflexions sur un événement aussi
scandaleux 9 mais la pièce suivante^ qui prouve où en est la
foi de MM. les ministres de la religion prétendue réformée»
est bien capable sans doute de rendre suspect le zèle qu^ils
peuvent manifester pour ne pas laisser mourir catholiques
ceux qui ne veulent plus de leur simulacre de christianisme.
/
Préamffute de t'ordonnance du grand-duc de Bade , au
sujet dé Venseignement retigieut.
/
a5 joille^ i8a4.
Louis 9 etc.
tt Depuis plusieurs années noua avons fait la triste ^tpéri e&ce
» que dans TÉglise évangélique luthérienne du grand^duehé ,
» Église qui est dans le cas de réclamer tous nos soins ^ en notre
«qualité de souveraîâ et d*év£que du pays, l'enseignement
ipur de l'Évangile est négligé de plus en plus, que plusieurs dé
»Sês maïimëS les plus importantes sont omises ou présentées
«dans les sermons et les catéchismes comme pouvant être
» révoquées en doute ou même contestées • et qu'au lieu de la.
s parole éternelle de Dieu oû Mseipïe des opintonê fi,umaines
»él éphémères f qu^^ik outre plusieurs ecclésiastiquîès» évitant
(Ô9)
sentièrement d^éfifietgiier lès principfttit dogmes detiôtte sabite
«religion , se bornent à recommander 8â morale comme étam
lia partie principale ; d'autres enfin professent une sorte de
irae ionatistne qui sape les fondements de la foi de TÉvangUe
oqtie Dieu nous a immédiatement réyélé par notre divin Sau-
iT6ur, et ne manifestent que trop clairement la tendance à
I abolir peu à peu ie chHstianisme. Les maux qut doivent ré^
iSttUer d'une pareille conduite pour l'état et pour toutes les
«familles sont trop évidents pour avoir besoin de commen*>
»taires. Ne pouvant et ne voulant pas, en notre qualité de
B souverain et d*ivique du pays, qui regarde comme son de-
»Yo!r le plus sacré l'éducation chrétienne et le bien de ses
ssujets, tolérer plus long-temps cette conduite anti-chrétienne,
>DOus ordonnons à notre minîstre-d'état ce qui suit : » ( Voyez
le Moniteur du 8 août dernier. )
Quel écrivain catholique auroit pu en dire davantage que
ce souvenun protestant, qut se dit én^ue ^ obligé d'employer
son autorité ppiir arrêter dans ses états les ravages du protes-
tantisme 9 Cette ordonnance du grand-duc de Bade vaut à
elle seule tout ce qu'on peut écrire actuellement sur cette ma**
tière. Qui doutera maintenant que les soi-dlsants ministres
du saint Évangile, avec teurs opinions humaines^ ne tendent
ouvertement à abolit peu à peu ie christianiême?
CORBESPONDANCE ÉTRANGÈRE.
Divers lournauicont rapporté (a destitution subite de M. l'abbé
Fontana, ooad{t|teur delà paroisse catholique de Berne, avee
des réflexions que l'ignorance et la mauvaise foi pouvoient
seules inspirer. A les lentendre, cette punition, motivée sur la
distribution d'un petit écrit intitulé Défense de ia vt^^étaM^
( too )
ccwiffogmcféeê poêiêurs de Genève, etc. (1)9 n'étoitpas encore
proportionnée au prétendu délit, et le coupable aurott dû
être livré à toute la rigueur des lois , comme s*il existoit une
loi qui autorisât la moindre rigueur contre un acte de cette
nature. Mais , d'après les journalistes libéraux , tout est permis
contre un prêtre catholique ; l'écrit le plus simple et le plus
instructif devient criminel dans ses mains^ fût-il même com-
posé dans le plus pur esprit du protestantisnae ou de Vindépen*
dance reUgieust, comme Tappeloit naguère le CanstituPion-
nei. Nous avons reçu sur cet acte de violence > exercé contre
M. L'abbé Fontana> ainsi que sur une anecdote qui s'y rattache,
deii détails authentiques que nous nous empressons de com^
muniquer à nos lecteurs 9 persuadés qu'en pareille matière la
simple exposition des faits est la meilleure ressource de l'in-
nocence persécutée*
Lettre au rédacieur du HiMOBUJL cATBouQxm.
Berne» 5 août t8a4.
Il y a environ trois ans qu'un certain garçon de boutique,
nommé E.-F. Fuchs^ dont personue n'avoit entendu parler
jusqu'à cette époque ^ s'avisa , lors de la conversion de M. de
Haller , de faire dans les gazettes un défi public à tous les
ecclésiastiques catholiques romains de lui prouver qu'il fallût
embrasser la religion catholique comme la seule vraie et ca-
pable de procurer le salut des âmes. Il promettoît à l'adver-
saire par lequel il seroit vaincu 9 la jouissance 9 sa vie durant,
de la somme de 16000 livres de Suisse ou 24000 francs» et
d'affecter après sa mort ce capital à une fondation pieuse.
£n cas de doute sur la question de savoir qui l'auroit em**
(1) C'est la même q^ se trouve insérée dans le MiiHoiut caxboiiIQVB da
mois de juillet*
porté dans cette lutte ^ des arbitres impartiaux dévoient être
choisis par les deux parties. Tout le monde s'étonna de cette
singulière provocation , qui donna cependant Heu à plusieurs
écrits remarquables, entre autres la Répanse amica(e d'un
cathotique à M. E.'F. Fuchs, imprimée à Genève à la fin de
décembre i8ai.
Le célébré professeur Geiger^ de Lucerne , tout en refusant
les louis de M. Fiichs^ ramassa néanmoins le gant^ et il s*en-
suivit une correspondance entre ces messieurs, qui paroissoit
devoir demeurer secrète; au moins cette affaire étoit tombée
dans roubli« Tout-à-coup , et très notlvellement , le sieur Fuchs
fait imprimer à Remlingen , et sous le titre d'un Combat (U
jdume pùiém,icO'rettgieux , un fatras d^iovectives les plus
grossières contre TÉglise, le saint-père et lé clergé , et s*em-
presse d'en expédier des caisses tout entières à Lucerne^ pour
de là être répandues dans les petits cantons; mais les caisses
furent saisies, et, sur l'examen de cette indigne diatribe , le
conseil de Lucerne fit publier ttn acte des plus vigoureux, qui
qualifie convenablement le libelle en question , en défend la
vente sous les peines les plus graves, fait publieriBbn décret du
haut des chaires, et le communique d'office à toiis les cantons
catholiques. En même temps , il écrivit à Berne pour se plaindre
d^une infraction aussi manifeste à la paix intérieure et reli-*
gieuse ( La^nd-Frieden ), et demanda réparationi de Finjure
Ëiite à la religion. Messieurs de Berne, fort étonnés sans doute
et un peu intimidés de cet acte de vigueur, déclarent que le
sieur Fuchs a agi en cette rencontre sans leur assentiment et
même contre la défense qu'ils lui auroient faite de faire im-
primer et de répandre sa production scandaleuse; et pour
prouver cette allégation , ils lui imposent quatre sem^dnes
ffarrêts, c*e8t-à-dire qu'ils le mettent pour tout ce temps en
pension à l'hôpital bourgeois, où il est traité à merveille.
D'un autre côté , et pour consoler les libéraux de cette con-
cession forcée, ils se hâtent de prononcer la destitution de l'abbé
2. 8
fffntàj^j cpadjttteur de Ja paroisse de Berne etaumôpier des
légations catholiques. Voici lo fait sur lequel ils basent vii
procédé aussi extraordinaire. L'abbé Fontana avoit reçu par la
poste un petit paquet d'exemplaires de la Défensô des payeurs
^de Genève : assez étonné de cet envoie dont il ignoroit l'auteur
et le but, il va en porter un exemplaire à M. O^h^ membre
4n conseil ecclésiastique et chrfdu bureau de lajcensyre;
celuiiGJ reçoit et lit Timprijcné^ et la cbose ép rç^telà. L'abbé
FpnJtana ne recevant aucun ayis sur ceX opuscule y en lionne
g^elqpess .exemplaires par-ci par-là à un ami. Tout-à-coup
ÙU.. de Berne déclarent cet écrit UéetU^ e| son auteur »
fa^tisçaira ; qualifioatiop absurde et ridicii^e ^ puisqu'il est per-
D^iîs 4 ^out Je monde de prendre la défense de U vénérable
compagnie , ^t (piç d'ailleurs l'écrit qui porte ce titre est ré-
4igé dans les véritables principes du protestantisme^ tels qu'ils
çqdI enseignés publiquemeiit par les professeurs de Zurich 9 et
même ^ans un ^^téoiiisme pour la jeunesse chrétienne et ré-
IprméQ^ ,qui a paru à B^rne e;^ 1822, sous les auspices du gou-
K4^9«[ip.îi\s^ et^ansaucuoi^ fornxe de procès ^ MSI. de Berne
destitueol; l'j^hé Fpntana, cpmme coupable d'avoir colporté le^
dit pi*i§t^da libelle $ délit 9 disent-ils dans leur arrêté^ qui^ût
jpAérMi^ 4'/^l7e puni eti C0rps m infiM. De sorte que pour
co^lfiDter l^ ^ecte des momierSt ou je «e saî& qui^ on auroit
^parenmiçpt i^ coadamner M- Tabbé à uqe pe|ne afflictive,
,m t^t^nmfAns à une forte amende pécuniaire; et à la récln-
^QP j^^^mr avoir distribué un écrit qui n'étoit point d^feodq.
Jlnfig, ponr joindre l'éelat des formes à Tinjusticede la mesure^
le gouyemem^Pt n'il communiqué sa décision à l'évèque que
lorsqu'elle » été publiée dans tous les jouriiaux 4e la Suisse.
Tout pela n'e^t donc évidenmi^t qu'un holocauste sacrifié
à des ainis qui commençoiept à compatir douloureusement au
lll^lhenr du sieur Fmhs f victtme asaurémeat fort intéressante
à 40^rp f 0UX, «t dont la place wroit p^ut-Être été miewi; a«*
lignée à l'hèphai âe§ féufr. Il ëftoik aisé da préiK«ir que. le eerps
dlplomati(|ue qui réside dans notre ville seroH vivemenlblei-
Hé d'une eondamnation injuste en elle-même , et par hiqueUe
on vouloit flétrir son aumônier, sans daigner inSotrmer même
les légations du sujet des plaintes que Ton prétendoit élever
contre lui; aussi leur résolution art^elle été unanime de le con-
server^ et de l'environner p«ar Pavenir de toute rinviolabilité
que le droit des gens assure aux employés diplomatique!»
Àuirê kiêfé ûu Itidaeuur du Uimoukt ciVHouQim.
•
h^HowfUK^j eu rendant compte, dimauehe dernier, des
actes de fanatisme et deeruauté auxquels se sont livrés entre
eux plusieurs habitants du canton de Zurich , en Suisse, affecte
de £iire croire que ces actes ont été commis par ^es oathol)-
queS) dont les télés auroient été etaltées par les prédications
de leurs missionnaires. Gomme quelques personnes pourroiept
avoir été induites en erreur, je sevois bien aise d'apprendre à
vos lecteurs qu'il n'y a dans ce pays aucun y^issionp^ire^ si ce
n'est des missionnaires protestants, et que ces atrocités se
W^t P999l^9 entre <des prQ(e9tapts ài/yi t'e9prit de ta grand*
mère de i' un d'eux assoit réviU que iejour était venu où, te
sanfi devait être répandu pour ta rançon de plusieurs mH-
iioits éPâmes, etc. , etc.
Le gouvernement du canton de Zurich, dans la sentence
qu'il a prononcée contre eux, tout en les condamnant à la ré-
clusion, n'a pu les .t^çuver coupables (Inalgré le meurtre de
trois personnes), sinon de folie, puisque ces pauvres gens n'a-
voient dans le fond d'autre tort que celui d'avoir interprété la
Bftfe à leur manière, droit qui ne pouvoit leur être contesté,
et qu'ils tenoient, aussi bien que leur pasteur, du principe fon-
damental de la réforme.
8,
( io4 )
Une chose plaisante et non moins digne de remarque , c'est
la réflenon que fait le Courrier en rapportant ces extrava-
gances. A l'entendre, c'est à la philosophie que nous devons le
bonheur d'être délivrés d'aussi criminelles erreurs Noas
prétendons au contraire que ce n'est qu'à l'autorité enseignante
de l'église catholique qu'il appartient de délivrer les peuples
d'un semblable fléau. La philosophie, en voulant nous en dé-
barrasser, deviendroit un fléau plus terrible encore, qui nous
assujettiroit àde nouvelles superstition^ non moins condamna-
bles.
Les excès auxquels se sont portés ces misérables sont un des
fruits inévitables du protestantisme : des choses de cette nature
ne sont point rares dans tous les états protestants. Il ne faut
pas remonter bien haut pour en découvrir la source; nous l'a-
vons déjà dit , c'est dans le défaut d'autorité , en un mot dans
l'essence même du protestantisme, qui n'est qu'un philoso-
phisme mal déguisé. Ainsi, bien loin que la philosophie puisse
nous délivrer d'un pareil malheur, c'est à la philosophie seule
qu'il £auit s'en plaindre.
J. £. Chkvalust, citoyen du canton de Vand.
Paris 9 le lO août i8a4.
TRADUCTION D'UNE ODE DE KLOPSTOGK,
IlfTITOLltB :
AU DIEU PRÉSENT EN TOUT LIEU.
Lorsque tu combattois avec la mort, et que dans l'ardeur
de ta prière tu versas sur la terre des larmes de sang;
A cette heure cruelle de ton agonie, tu fi^ cpnnoître cette
( »o5 )
grande vérité, qui subsistera aussi long-temps que Penveloppo
de Tàme immortelle sera poussière : tu dis à tes disciples qijA
sommeilloient : L'espritfest prompt, mais la chair estfoible. .
Mon âme, sujette à Timperfection, gémit sous le poids de ce
qui est terrestre , lorsqu'elle veut s'élever jusqu'à Dieu, jus-
qu'à riqfini.
mon père I je t'adore prosterné dans la poussière ; écoute
la voix d'un mortel ; exauce ma prière ; fais que mon àme vive
de sa véritable vie, qu'elle s'élève jusqu'à toi.
O Dieu 1 tu es présent partout , tu m'environnes de toutes
parts. Arrête , ô mon esprit , médite en silence cette délicieuse
pensée.
Infini! si ton souvenir est notre force ici-bas, que sera-ce
qaand nous te contemplerons dans ta gloire? ô Infini! Non ,
TobU n'a point vu, l'oreille n'a point entendu, le cœur, qui
n'est que chair, et qui bientôt aura cessé de battre , n'a jamais
goûté ce que Dieu prépare à ceux qu'embrase son amour.
Combien peu aperçoivent le Créateur dans l'œuvre admi-
rable de ce monde ; combien peu l'entendent dans le mugis-
sement d'une tempête, dans le fracas du tonnerre, dans le
doux murmure d'un, ruisseau 1 Où sont ceux que la présence
de Dieu remplit d'un respect mêlé de frayeur ?
Que je te cherche sans cesse, 6 Dieu, que je te trouve dans
ton sanctuaire! Si la pensée de l'éternité m'échappe, que ma
prière et mes larmes la xappellent du chœur des séraphins !
que je me prépare à te contempler dans le saint des saints !
terre ! dont le premier homme fut formé , et sur laquelle
j'ai pris naissance, tu me recevras dans ton sein , tu m'y ca-
cheras jusqu'au jour de la résurrection , ô terre que le Sei-
gneur embellît aussi de sa présence I
Si je cueille une fleur, ce n'est jamais sans me rappeler que
c'est Dieu qui l'a fait éclore. Je vois Dieu dans une fleur. Je
n'écoute qu'avec un saint recueillement le souffle du zéphir
et le bruit des vents orageux. C'est la voix de rJÈtemel qui
( io6 )
86 fiûl «ntendre dans la brise légèie; e^eit eilo ^f ieuwme
les oèdres da Liban.
Que la mort ne t^eflBraie pas, ô mon eorps! soil que tss
restes denieui«at ensevelis dans le fond des abîmes^ ou éb-
sipés sur les hautes montagnes, e'est rsternel qui reeueiUera
ta cendre.
O vous qtki aiws' frandii les bornes du tenkps ^ jetés vos
paltnes et vos couronnes aux pieds du Créateur; faites retentir
Vailetuia éternel en Phonneur du ntâltire de la mort et de Is
résurrection.
Si |e lèTO les yeux ^ jparloiit j^aperçois le 6eigneun O ioleS 9
ô terre 9 Flnfinivous remplit de sa présence. Nuit des mon-
des , nuit mystérieuse, à travers ton obscurité nous apérioe-
voBS eomnse en émgmB oelus qui est éternel.
Qu'est-ce mon ^arpB en eemparaison de ces mondes innèëi-
bi^Ues aux anges eux-mêmes ? mais aussi qile sont ces mon-
des en comparaison de mon àoM ? Tu es plu» proche^ $ Ueu,
de Tâme inoanorteUe que de ces mondes ^jai ne te cmnotssent
ni ne sentent ta présence.
Qui suisse? et qui e»-tu, A Dieu> qui étois avant toutes
choses? Fortifie-moi, fixe-mol dans ton amoinri qae |e t'np*
partienne pour Pétemité.
Queserois-fC, hélas ! sans celui qui est venu m^dairer des
célestes lumières et s'offrir en sacrifice? Sans lui^ la pensée
de ta présence ne seroit que l'effrayante pcmsée d'une touHe-
puissance inconnue.
I»e ciel et la terre passeront, mais tes divines ]^romesses
ne passeront pas , -à Sauveur des bonunesJ
Tu es avec les tiens depuis la ehute de notre prOTsier père ^
et tu y seras jusqu'au moment où la trompette de la résur-
rection nous rappellera à la vie.
Je n'ai pas vu tes plaies, je n'ai pas mis la main dans Tou-
verture.de ton côté ^ -mais je te recoaEâois pour mon Seigneur
et pour mon Dieu«
( l*^)
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.
Vemardipe à Pioomoi € vol. fo-^i »> jl Pariit c|i^ fummif xm
à^VAhi^ye$ n* 3^ et àljron» icheileiaèaie. Fias: iS fr.
Le pire Beroar^ôi de Piqnifiqr^ mligi^aj: oej^win » a Uisié
deux volume^ in-&Uo eiir rÉoritureeniiile. Tene dewfoat re-
cherchés et e9&miê. he premier est ue oaouwiiteire tur les
é?aiigi)es ; le seoeod est »ae triple eipoiiikii des JÉpUcee de
saint Puni, qui aeiécita lea.élogee dn ]>ape Cléaeeat Xi^ lia |Nre-
mière édition^ en im velueie ior^olio 9 eit de a 70S ; le eeeendc^
que nous anoençoDS» wkxnt d'ètie «eaMinée; elle aow a paru
exédUée avec «oia» he £oi»at que l'^diieiir a cboisî est piue
coaunode que TaneieD > et nous ne doutons peûni q^'iia ea»
vrage dont l'abrégé a obtenu <âDq éditione» «'ebtieaae lai^
mânemi fvsle eueoèe*
Le même Ubrane nousa adressé qoalMOttvreces eoHis té»
cemineiit de fes presses :
fis u seuMneir »B ft^eUBE sea us eeMiiv MMniaiâev 5 tK>Brt»
défé comne matière an saeremeat. 1 vdi. ia-8^ Prix : 3 fr«
Db smiruAia aoMâin roimvfCiB ÀuevonrAvi MBseaiàvio, a»iiova
^ (UAcm, sBJuioiix Gitujoy JSoMmim de 4» fuesSicw» es to
' doctrine ikMogiqut nwrate du B. iÂgtwri est offfmmuée
fait 4ù 9aint^négd. 1 toI. in-ie. Prix : ifr. ^fi^.
fizidma jrAMiemsBse ton «oes«s voees aaft'tiffiiB. aToL te- t^a*
Pnc-i 5 fr«
(108)
MiHUEi DU JTBiTNB siuiNA&iSTB EN VAGiNGfis^ OU Exorcices de piété
pendant les vacances; ouvrage destiné aux élèves des petits
séminaires, i vol. in-i8. Prix^ i fr. a 5 c.
Le premier de ces ouvrages est le fruit des travaux et des
recherches d'un ancien grand^vicaîre, connu par quelques
autres écrits^ mais plus encore par sa rare modestie qui , après
lui avoir fait refuser plusieurs fois les honneurs de Tépiscopat,
lui a fait accepter de nouveau les fonctions que de graves cir-
constances Favoient forcé d'interrompre. Nous regrettons de
ne pouvoir^ ni analyser ses savantes discussions, ni reproduire
sa pressante argumentation contre sesadvei^aires.
La Dissertation sur l'autorité du souverain pontife est d'an
prélat de Sardaigne. Nous lui sommes déjà redevaUes de quel-
ques écrits estimables; celui-ci ne fait pas moins^d-hoaneor
que les précédents à son zèle et à seii* lumières.
' Le troisième écrit, entièrement diiërent des examens parti-
culiers de M« Tronson ^ est la réimpression d'un ouvrage ano-
nyme^ estimable sous beaucoup de rapports. Nous l'avons
trouvé instructif, solide et. édifiant.
Nous pouvons faire le même éloge, sans craindre de nous
compromettre, du Marniel du jeune séminariste. C'est un
ouvrage qui manquoit, et qui sera très utile pour sout^iir dans
les pratiques de la piété, pendant le temps des vacances , de
jeunes] élèves accoutumés à une grande régularité le reste
de l'année , et exposés alors à perdre dans la dissipation les
fruits de leurs efforts, s'ils ne sont soutenus.
Le fidèle au pied de la gboix, ou Méditations publiées par le
prince Alexandre de Hohenlohe ; ouvrage traduit du latin.
Deuxième édition. A Paris, chez Potey, rue du Bac.
Nous avons été les premiers à annoncer la publication d'un
livre de piété remarquable sous tant de rapports; nous sommes
encore assez heureux pour devancer tous les journaux dans
l'annonce de la seconde édition. Si la première a obteou tous*
( 16Ô)
nos stiffi*ages5 nous les donnons plus volontiers encore à la
seconde, que le traducteur s*est efforcé de revoir avec un soin
scrupuleux , afin de rendre son travail plus digne de Tauteur
de Touvrage et plus utile à la piété des tidèles,
DiCTioNifAiBB ▲rosTOi.iQiJE , i5vol. iu-id^ chez Méquignon-Ha«
vard^ rue des Saints-Pères, n** lo. Prix : 5a fr.
Cet ouvrage est un de ceux qui tiennent lieu de beaucoup
d'autres, que Ton n'auroit ni le temps de feuilleter, ni peut-
être même le moyen d'acheter. Ce n'est pas cependant un de
ces abrégés^ secs et arides, ou une de ces compilations indi-
gestes, sans ordre ni méthode , dont on ne profite qu'à force
de travail. Le Dictionnaire apostatiqut contient à peu près
ciD<iuante sujets de morale chrétienne des plus pratiques, tous
les mystères de Jésus-^Christ , les fêtes de la sainte Yierge , le
comiiiun des apôtres , des martyrs, etc. ; del hotnélîes pour le
carême^ des 4ise0urs pour des sujets particuliers ; il est terminé
par xiBpm'tà^e alphabétique des matières. Ces matières , dans
le cerps de l'ouvrage, sont rangées par lettres alphabétiques;
chaque volume contient huit à neuf traités, et chacuâ dis ces
traités est précédé d'une observation sur le sujet annoncé. Des
réflexions théologiques crt morales , différents textes de l'Écri-
ture, les sentiments des pères, le nom des auteurs et des pré-
dicateurs qui ont écrit sur ces sujets avec le plus de distinction^
suir^at chaque préliminaire. L'on trouve ensuite le plan rai-
sonné de4rols4iscours sur le même sujet, proposé sous diffé-
rentes vues. ' Enfin phaonn des discours a sa division et ses
sons-divisions ; les preuves des unes et des autres sont ex-
trailes des meilleurs traités et des plus célèbres prédioateuirs.
Un pareil ouvrage se recommande assez par son propre mérite,
et nous ne doutons pas que cette nouvelle édition n'ait du
succès.
1 H
VIE DE SAINT CHARLES BpB,I\0^|£, cardinal du titre de
i iio )
SaBîatt^fraxUs |'«t adieyèqiM de Mflm ; |rafâiiite de lUtalleo
de J. P. ôtuMano, par £dma Gloysault^ dkecteHr du «émi-
aaire de GM^ns-Mic^Sadne; nouvelle éfition^ revueet aug-
mentée du texte latin et de la traduotîoQ fvaaçaide des dis-
cours synodaux du saint cardinal. A Avignon , chez Séguin
aîné, M sp JrçMiye à Parif çkfiz Adrien ^^eeJievQ, qmi des A«-
gustins , no 35^ chez ]^îcbard , quai €nB4i » i»*" 6 ; el & }a librai-
ri^ (d^KBsif ue i^o^fam, me du Paon, «* S. ^§m yolames
il)r$% 4e $^ 9age9 çhawB, Pm mp C
JÇ^histrâf de J^ vi^ 4e $9ânt iÇharles offre le niod^I^ dfi tPUto
J4^yierfi|f eof^siastiquçyi : ftw peu» jl^ regMer wmine lemapu^I
des p^e^rs du j^reqiie)re)4^ second ordi^* gi Tpn m eonst*
éérpi»^ il «rt vm p qoe I# 4«PiM d^ (^ grand pardinal , on «e-
jroil; ieot^ de icroîre que Jes aic^ons d^ ^sj^ v|# ne &ur« WMt d-tt-
liled leçoipsqtt'àpeip^; qui ei^er^^t le# mèni.^ fonetioiis que lui
44196 réglise ; maïs 4 a>té l^ mpd^ ê» #09 d^i^pé jusque dans
les mpindivs 4éuîis ^ aa cMduîte prfvéet 4^. paiteuc.m «dé
pour 1^ aaluf; 4» ê9^ Iroupeau, a pu dirç a^.moiildre de ms
ciOQftérat^i^ : « /^ ^^(^ 4^ d(mn4 ffimmptfi > iï/fi» ^rt» w0us
4L nae ^pioqoe qu^^4 gfi^d «i»i»|)i« de 4lmn^es «I de )^-
«lomes ont j^ei^^n <jk9 io4w(bs ré^inues que saioi: Cbades c^ifea
, ddX)UB te f^sfiç diocèse 4^ Mjlan^ quel guide plw e^îai et pins
ri(«{ajf}épœin#îejj^#ujyf^ f^iAS çeu« & qui 9le<» a mofié te gou-
jiten»ewKent4^ 4*ftes 9 ^r #<B!»#aiDes asue e'^^evul jamrâ,
«t 99ef a» «^u ils obtieii^rput tes mim^ gmiièa, ^fm^ teu-
dnie > f^eU^ ^eia^ pjiéti^ #ml^i4^a te fmw de «ajnil Obaitee !
éi^mm^f^mt^^m*<m^iii^f^, )à|^Mep»pte4iigpea«| aptee!
4)Ml«^p^w fi9nmflm&bmé mum, en mém» tev^» qutUe
frudence :Cicflwipi«gM <ee isiète I 4^elte inébmwlalate Istœcté
pour le rétablissement et le maintien de la discipline eodéakê-
tique I Quelle infatigable sollicitude 5 qui le rendit attentif à
tout ce qui pouvoft oofi'Miiuer au bien et à rédification de son
§e$ br^bm- G'^ wrto|^ dmm^ Vhambl^ peste ^ai MiTagtfi m
lîite^isçofkiiet 4U^|A «tonMo'^wl pmnt de Immics. Tioble la
viçde fi» |;r«pd «al^t .4pl ^opuipie im ea ae igne inept conëauel
dc;9 pbi9 mMim^ iK^itu# 4^M<>V!#a^> lilHiAeire ai a éti éorite
^ laj>èa^4JiiNINWOf àg^amt^été «ânMoife ob qu'il ràfiperte,
^^c 4D0 ^haroM9 Af ^4H ^ ii# nîjpplitêté t[m aiti ^parfaiteitent
cg^ij^yriPi^ 4ws }a tr«^ Ob y>a|Dint
les 4iacAiii:f ,qw>4|ilix A» ^«îaft walméqiie^ lr«i»pKi <ket ^Ina
Btilfit' iastisufitiaBB*
On trouve aussi chez les mimes Uhrairea :
U Vie M siiîiT 1hil'6r(:ûi's l&'Âssisis ^ ïnstitutei^* de Vordre des
frfei^ tiiiûenrs, avec l^istoire particvilièrè des Stfj^atesj
des éciaircissemeûts sur i^odul^ençe de la porCfunçule, des
^t^fillki9<miB et des taôtes et une préface tQuçhant le merveilleux
delà vie des saints, pa^ lé T. Candide Cbalippe, recollet;
nouvelle édition , augmentée du panégyrique du saint, par
le P. de là Rue, et du bref de N. S. P. le pape, Pie VII, sur
la découverte du corps de saint François, faite à Assise en
1820, 3 vol. in-ia. Prix: 7 fr. 5o c.
y» DE SAINT François db BoVûià, troisième général de la corn*
p^gnîede Jésus, par .le P. Verjus, a vol. in- la. Prix : 5 fr.]
Cboix b^bs lbttbes âoinANTES tJprites des missions étrangères,
précédé de tableaux historiques, géographiques, politiques,
religieux et littéraire» des pays de mù>;Sion ; a* édition , aug-
mentée d'une cotide historique sur les mi£.stons étrangères 9
avec les actes des rois de France concernant lô? missions;
de nouvelles lettres édifiantes et autres morceaux Ci&pisis;
8 vol. in-8, chez Glimbert successeur de Maradan, ruea^
Savoie, n* 149 à Paris. Prix 6fr. pour les souscripteurs.
L'article préparé pourreodre compte de cet intéressant ou-*
n age se r a ioséié^ dans le ptocfaain Qurnéro*
AssocuTioir M pixi&Bs eh L'aoNMBrà w nks Sàxtn sacuskeht ,
pour demander la oonserration et Taugmentation de la
foi en France, notamment dans le diocèse de Paris; ovvrage
utile 9 non seulement aux membres de cette association,
mais enooreà tousles fidèles ; par un missionnairede Pirance;
dédié à S. A. Bu Madame , duchesse d'Angouléme; troi-
sième édition, revpe et augmentée, i vol. in -18, prix, ifr.
aSc; etlesapplémont, ïvol Mem, ^5 cent Les deux vol.
. ensemUe, afr« Se vend à Paris> à la librairie ecclésiasti(iae
de Rusand, rue de l'Abbaye, n« 3, et au bureau du Mémo-
rial eathaUque*
La ReiiAtioiv be es qui sst Amaivi a dbvx kbucibiiz 0B Bj^Xiiipn
PENDANT LBVB SEJOVH AUPBÈS DBS SAUVAGES, dout UOUSJIYOOS
* rendu compte dans le numéro de juin , se vend à Paris, chez
Rus^nd, libraire, rue de l'Abbaye S. 6. , n** 3 , et au jMuean
' du Mémoriai catholique. Prix ; 1 fr« 5o cent :' :
/ .
t.- "
C.."
- !M ■ :
DE L'IMPRIMERIE DE LA CHEYA RDIERE FILS,
Bneecneor de Cbixot « rue do Colombier « n. So.
LE
MÉMORIAL CATHOLIQUE.
) f
. > aBSTKMBRJ i8â4« ■'.'. '
i* i Yiv t nv\\' > n> i ' > ivn«i i iiinY>Yii i vwvyvvfcV > rr>v>>'rtr>v>f>v^
UtUUaOHS êV% IBS GOXMVNICJlflOHS VAin» LV NOK DK S. M. t'BM*
PflAEVE D^AUTRIGBB A UL ' DIBTB DB ' LÀ' CONFipiaATION GBBMA^
MIQVB9 extraite de sa vlbgt-deuxiëme sénce, tenue le 16
a^t 1824*
. , i j V.. .
Les eonuuunicatioiis officielles, faîtes à4a diite getifiMilchiey
au nom de $• H. Tempereur d'Autriche > et que nous ii*eii*
visagerons. ici que dans leurs rapports a^ec rob{et du Mé^
mariai caihoUque, sont une haute leçon donnée à plusieurs
gouvemements.de TEurope 5 qui ne marchent pas avec autant
de franchise et de coiuage dans la route de l'ordre et du salut
publk. Au lieu de dissimuler la plaie profonde qui ronge le
corps social, l'auguste chef de l'empire la* découvre tout en*
tière r au lieu de. s'endormir dans une &u8se sécurité, de se
rassurer sur l'avenir, de ne le voir qu'à travers les illusions
d^une^itale 4Sonfiance, il déclare jqùele*résultàt;*dies enquêtes ^
faites par l'autorité, t offre iin ,taël«âa lÉèp sombré de ce
•qu'on peut attendre de la généràÉPSii naissante, pour qu'il
•puisse y arrêter plus long-temps ^ses^negards. > Eqfin, au
lieu de recourir à de petits mdyens, à' d'étroites combinaisons,
pour remédier à l'immense désordre de la société, sa haute sa«
gesse reconnoit la nécessité de recourir à des mesures extraor*
dîoaires, comme, dans les grandes crises d'une maladie tou-
ieors croissante » un médecin habile ei0ploie un tnatement
•4 ,0
("4)
qui sort des règles communes. Les communications faites à la
di^ geimanique' ont trois objets pripcipaux : têê sôciMi»
sêcrii€$9 i'éUU de €*éduoa^ion, et teâ afmê de ta pte$se.
Laissant aux journaux les discussions purement politiques
auxquelles cette pièce officielle peut donner lieu^ nous nous
renfermerons dans tes limites qui nou» circonscrivent^ en
choisissant, dans les importantes considérations qu^eile ren-
ferme, celles qui touchent aux intérêts généraux de la religion
et de la société.
Kelativement aux sociétés secrètes, Tempereur déclare que
les darfiiers rapporta de la ooramission œntralo de Mayenoe
ont fioiimî de;i preuves irrésistibles de Taotivité de ces pertur-
bateurs du repos public : ■ que des manœuvres telles que
• celles dont cette commission a dévoilé la trame, puIttMnt
savoir encore lieu en Allemagne en 18249 qu'elles se sou-
«ijennept h une époque où la tranquillité intérieure est eom-
^»plète; qu'au moyen de nombreuses asspciations secrètes 9
> se- reproduisant sous une quantité de noms et de prétextes,
• elles puissent métiie gagner du terrain; qu'une feetion iné^
•puisable dans ses détours travaille, quoique dans les té<-
» nèbres > à renverser tout .^e qui est légitime , et regarde cette
•çâuvre du crime comme le but çoQStant de ses efforts,, voilà
• ce qui impose à S. M. l'empereur le devoir de reporter l'at-
»tention de la diète sur les décisions de 1819, » Il est urgent
que lei autres ^jiuverpements imitent cette cour^gease fran"
chlse^et qu'ils n'accordent plus aux sociétés secrètes 9 qui
les minent sourden|eiit« la protection du silence et. i'fi^ir
d^ l'impunité. Ce silence est justement attribué i la «rainte,
e); par. JUl même il an^gmente l'audaoe . des conspirateurs. An
ciki^trairç, ep déclarant hautenient aux sodétés secrètes qa'eliei
sont coont^^ surveillée»; qpie le gouvernement est disposé
à Jes ^ximbattre; que toute affiliation à ces fioeiétés. sera un
mptif snll^nt d'Atre <^Darté4es fonctiona publiques, en dé-
ta<4)Qroifii^ pn 4^iim€^c>it de ces associatious occultes cette
(ii5)
multitude d'hommes qui n*y tiennent pas par principes, mate
qui souvent y sont entraînés ou retenus par les motifâ Içs pl^g
frivoles; et ce seroit déjà avoir fait un grand pas, que' d'avoir
séparé les conspirateurs de ce cortège de dupes, dont le ca-
ractère pacifique sert de voile à ces ténébreux complots , et
d'avoir forcé les véritables ennemis de l'autel et du trône- à
un isolement déshonorant^ qui seroit, lui seul, une accu-
sation.
Tenons aux déclarations de l'empereur sur l'état de l'édu-
cation en Allemagne. « C'est avec une véritable peine que
»S. M. a fait relever, dans la proposition présidiale du m
•septembre 1819, les abus et les vices nom^breux qui se sont
•introduits dans la fdt^art des établissements d'instruction
•publique, si justement célèbres^ de l'Allemagne, et>quiles
• ont éloignés de leur caractère prinûtif et du but que s'é*
•taîent proposé leurs g^lorieux fondateurs. Il est nialheureu-
» sèment avéré aujourd'hui qu'en Allemagne, eomme do/ns
*d^atUre$ états européens, on travaille, avec une assiduité
• bien calculée , à faire déposer dans l'espril d'une jeunesse
•susceptible de toutes les impresision's, paroles premiers insti-
» tuteurs auxquels on la livre, le germe des principes, propres
•à en faire un jour d'utiles instruments pour cî^tte secte po-
• litique visant à renverser tout ce qui existe pour gouverner
•le monde d'après ses rêves, qu'elle appelle des théories.
*te.s établissements de gymnastiqu^jet les associations for-
•mées dans les universités, ainsi qu'199 grand nombre d'inr
"Stituts particuliers 5 étoient àe^t^^^ développer et À faire^
•fructifier les idées inculquées à la jeunesse. En admettant
•même que tant de funestes projets seront frustrés par l'absur*
• dite des doctrines sur lesquelles ils reposât, et par la vigi-
• lance des gouvernenients , ils auront, toujours assex &it dd
• mal en formant des hommes mécontents de tout 09 qui lefi
• entoure, placés en contradiction avec eux-mêmes, avec leur
•position dans le monde, avec les plus sacrés de leurs devoirSf
(n4)
• Si rinstituteur offre déjà au premier âge te doute à ia
tfddce de ia foi; si^ au lieu de lui montrer Ib monde tiel qu'il
1 est , il régare par un tableau idéal des destinées de l'homme
>et de ses rapports avec la société;.... si le jeune homme ainsi
» préparé et saturé de fausse science , fait ensuite son entrée
»à Vuniversité^ n'y trouve que \^ mépris de toute doctrhu
l^ positive ou la manie de refaire {'ordre social d'après des
nsystèm^es chimériques; s'il apprend à dédaigner tout ce que
» d'autres ont établi avant lui ; si enfin , loin d'acquérir les ha-
» bitudes d'une discipline salutaire 9 Use familiarise avec toute
^espèce d'insubordination et de licence 9 et qu'au lieu de res-
ipecter les organes de la loi , il se croie placé lui-même comme
» sous une loi d'exception au-dessus de la récompense et de la
«peine, faut-il s'étonner de ce que, non seulement aux t«ni-
liversités', mais dans les écoles j mais dans tous les instituts
•d'éducation, on entend les jugements les plus téméraires sur
> la religion , sur l'état , sur tout ce qu'il y a de plus élevé et de
9pius saint ? faut-il s'étonner de ce qu'une éducation pareille
9 ne fournisse à l'état que de mauvais serviteurs et de dangt-
ureux citoyens ? Qu'y a-t-il donc à espérer pour le maintien
»des trônes, pour la conservation de nos institutions, pour
>la sûreté de l'Aliemagne, lorsque des hommes ainsi façonnés
» seront chargés de toutes les fonctions publiques ? *
On nous pardonnera sans doute la longueur de cette cita-
tion en faveur de son importance. Parmi les nombreuses ré-
flexions qu'elle suggère, bornons-nous à remarquer , comme
lin simple rapprochement, dont nous ne tirons en ce moment
aucune conséquence, que l'empereur, en dénonçant solennel-
lement l'état de l'éducation en Allemagne, reproduit, en termes
équivalents, les mêmes accusations qu'une voix, connue de
l'Europe entière, avoit fait naguère entendre au sujet de
l'éducation en France. Gomme l'auteur de la lettre fameuse
dont nous voulons parler, l'empereur dit qu'une génération
impie y corrompue f révolutionnaire^ se forme sous H'iti-'
('17)
fluônce des universitis. Car, une génération à laquelle oii
offre, dès le premier âge, le doute à la place de la foiy et qui
porte les jugements les plus téméraires sur tout ce qu'il y a
de plus saint, que peut-elle être, sinon une génération impie?
Des jeunes gens, mécontents de tout ce qui les entoure, qui
sont en contradicHon avec les plus sacrés de leurs devoirs f
qai , loin d'acquérir les haéiHules d'une discipline salutaire^
se familiarisent avec toute espèce de licence, que peuvent-ils
èta*e5 sinon des jeunes gens corrompus? Une jeunesse qui ap-
prend à dédaigner tout ce que d'autres ont établi avant elle,
qui a la manie de refaire l'ordre social d'aprè» dés systèmes
ehimériqueSi qui se croit placée ati-^lessus des lois, dont elle ne
respectepas tes organes; une jeunesse, en un mot^ dontPétat
ne peut attendre que de mauvais serviteurs et de dangereux
citoyens, qu'est -elle autre chose qu'une jeunesse révolU"
tionnaire ? et si Ton veut caractériser des universités où là
jeunesse ne trouve que le doute à la place de la foi, le mépris
de toute doctrine positive et de tout ce qu'il y a de plus saint,
ne dira-t-on pas aussi, en se servant du mot propre, qu'elles
%ùnX\e séminaire de V athéisme? Nous ne prétendons faife ici
aucune comparaison entre l'état de l'éducation en Franoe et
son état en Allemagne; nous laissons ce jugement aux per-
sonnes assez instruites pour le porter avec connoîssance de
cause. Mais, d'après le tableau tracé parle souverain lui-même,
nous pouvons penser que si, du sein de l'empire, une voix
courageuse , devançant celle du monarque , eût signalé les
mêmes désordres, toutes les familles chrétiennes et monar^
chiques çussent écouté avec respect ce cri de la conscience ;
elles eussent accueilli avec recennoissance des réclamations
qui n'avoient pour objet que le salut de leurs enfants^ exposés
aux plus grands dangers ; elles n'eussent pas attendu que tout
fût perdu sans ressource , pour accorder enfin au zèle le plus
pur une tardive justice. Aussi, lorsque ce même cri dé la con-
science s'est fait entendre du haut du trône impérial, la diète
1
(118)
y a répondu par des actions de grâces i et s^est empressée de
souscrire aux mesures qu*il provoquoit.
Lé troisième objet des communications de l'empereur est l'a-
bus de ta presse; mais , comme il ne s'agit dans cette troisième
partie que de mesures relatives à la législation de la confédéral
tion germanique , il n'entre pas dans notre plan de le discuter*
Toutefois, après avoir rendu hommage aux nobles intentions de
Fempereur , et à la sagesse de ses vues , nous ne pouvons nous
empêcher de rémarquer que la constitution même de la confé-
dération germanique s'oppose à ce qu'elle puisse combattre effi-
cacement le principe de la révolutio n, dont elle se voit menacée.
Composée d'états catholiques et protestants^elle ne peut attaquer
le mal dans sa source ; car il est facile de prouver , par les par
raies nUmes de la pièce officielle , communiquée à la diète 9
que le protestantisme, père du philosophisme, est la véritable
source des désordres qu'elle signale. On se plaint, dans cette
pièce, que, dans les établissements d'éducation, an affre au
premier âge te cloute à ta place de ta foi, en matière de re»
tigian. Hais il ne peut exister de foi sans symbole , et le pro-
testantisme n'a et ne pçut avoir de symbole, puisqu'il livre
l'Écriture sainte aux interprétations de chaque individu : diaque
honame ne devant former sa croyance que d'après sa raison
particulière , tout symbole commun , toute foi commune, re-
gardée conune obligatoire , est une inconséquence. Tout insti?
tuteur protestant , en imposant aux enfants confiés à ses soins
ce qu'il appelle sa foi , ne feroit que leur imposer son ojpinion
particulière en matière de religion , ce qui seroit tout ensemble
une absurdité et une tyrannie : il doit, pour être conséquent
au principe de la réforme, les laisser dans le doute jusque
Fâge ob ils pourront créer eux-mêmes leur croyance , comme
le ministre Claude l'avoua dans sa célèbre conférence avec
Bossuet; ainsi que l'ont fai puis plusieurs autres mi-
nistres , et les professeurs incrédule , qui , suivant la méthode
philosophique, enseignent d'abord te doute, ne font aussi
( "9 )
que tirer la 'conséquence du principe Ëital posé par le protes-
tantisme. On sepkûnty daosl mtaMpièoe» que la ieuniMi^
ne trouve dans les universités que ie mépris de toute doctrine
positive. Mais quelle est la doctrine positive du protestan-
tisnàe?Il n'adepai»»^if queTindépêtidanee des opinions » in-
compatible avec toute doctrine positive. On se plaint encore
qu'on inculque k là jenùèntfeia manie détèpU^e l'ordre so^
ciai d'après des ^sternes ehimiriques; paroles qui se rappor-
tent évidemment au tyÉthme de ia sOUteraine^ du peupié,
et à toutes ses conséquences : mais les théologiens et les publi-
cistes protestants les plus célèbres n'ont-ils pas enseigné i dès
Torigine de la réforme] jiisqu'à nos jours » en Allemagne, en
France ; en Angleterre, le principe fondamental de ce système?
Ne l*ont-ils pas déduit du principe môme du protestantisme? .
N'est-ce pas dans leurs ouvrages que les philosophes luodernes,
qui en ont tiré toutes les conséquences, Font puisé comme à
sa source? Ou se plaint enfin que la jeunesse se familiarise
avec toute espèce d'insubordination et de licence: mais le
protestantisme , en consacrant Tindépendance de chaque rai-
son particulière, n'a-t-il pas posé par là même, dans les es-
prits , le germe de cette insubordination et de cette licence :
car quiconque est maître de sa foi. Test aussi de ses senti-
ments, et par conséquent de ses œuvres... • Sans doute, Tes-
prit d'incrédulité et de révolte s'est introduit aussi dans les
pays catholiques; mais les esprits qu'il y a séduits n'ont été
entraînés dans leurs erreurs que par la doctrine raisonnée de
la souveraineté de la raison individuelle, que le protestantisme
avoit primitivement établie. Il est impossible que des considé-
rations aussi frappantes ne percent pas dans les cabinets pro-
testants, pour y préparer le retour à l'unité religieuse» hors
de laquelle il n'y a point de salut pour la société. A^
( 1^^ )
♦• ' .
gy>tWW)|(t(¥él» i l<Wl)^(lMiWI<WIM^tlfcwW4W^^
t •
Dp L'ETAT DES PROTESTANTS EN FRANCE,
COMPARÉ A CELUI DKS CATHOLIQUES
EN ANGLETEKRE.
Métis avons donné, dans les deux derniers numéros du 10*
matiàli un article sur Tétat des catholiques en Angleterre (i)^
Il nousparoit convenable dé le terminer aujourd'hui par quel-
ques réflexions propres à comparer à cet élat celui des pro-
testants en France, et à juger Tun et Ta utre d'après les véritables
principes qui doivent régner en cette matière. Politiquement
parlant, chacun conviendra que la question de savoir si une
religion différente de celle du souverain et du gros de la nation
doit être tolérée ou même protégée dans un royaume, dépend
de trois choses : ^
V Du nombre de ceux qui la professent, et de ranciebneté
de son existence;
a* Delà nature de ses doctrines et de leur influence sur Tor-
dre xiioral et politique ;
5" Du titre d^aoquisition des provinces respectives ob cette
religion compte le plus de partisans.
Or quelle est, sous ces trois points dé vue, la position des
protestants en France et celle dés catholiques eh Atigleterre?
Dans le premier de ces royaumes lés protestants ne forment pas
le trentième dé la population; dans le second les catholiques
(i) Cet article n'est pas de M. de Haller , comme on l'a annoncé par er-
reur. UJ'aToit simplement tradnit de l'allemand » d'un écrit périodiqtte qnî
pardtt à Francfort sons le titre de l'Homme iVéHatk
( »2» )
en composent plus d'un tien et près de la moitté, ear il y en a
8ixiiiilQaa8^e& iilaiidd et au-deià-d'iia mîlUoii'eif'Aiif ieterre^
en Écosse.-^En France les protestants ne pouvoient se prévaloir
de droits anciens ni acquis; noYateurs en tout, ils se sont in-
surgés cobtre la rielijj;ion universellement étabtîe; là toléranoe
dont ils jouirent même avant la révolution, et la liberté entière
qaHis ont obtenue depuis cette époque , a été un pur bienfait
de nos rois Catholiques, et certes on ne peut pas dire que dans
le principe les calvinistes aient niérité cette faveur par une
coadttite respectueuse et paisible (i). Dans la Grande-Bretagne,
au contraire, les catholiques étoient les anciens habitants- du
pays, et ils le sont encore aujourd'hui en Irlande; ils n'ont
rien innové; ils ne demandoieot qu'à, conserver la fol de
leurs pères; et lorsque la puissance souveraine passa dans les
maijis de princes protestants, ceux-ci ne reçurent pas la religion
catholique dans leur royaume , mais ils la trouvèrent établie
dès la plus haute antiquité, et dévoient- par conséquent res^
pecter les droits de ceux qui la professoient
Quant aux doctrines, nUl ne peut disconveaif que la re*
lîgîon protestante , si tant est qu'on puisse donner ce nom à
uae multitude d'opinions individuelles et contradictoires, ne
soit essentiellement ennemie de toute autorité, et ne transporte
aisément aux supérieurs temporels sa haine contre les supé-
rieurs spirituels. En tant qu'elle a conservé quelque chose du
christianisme y elle ne diffère pas, il est vrai, de la religion
catholique; mais en tant qu'elle proteste soit contre ses dogmes,
soit contre la société chrétienne et ses autorités légitimes , elle
est par son principe même turbulente et novatrice. Variable et
inconstante de sa nature, jamais l'innov|ition ne s'arrête chez
elle, la fixité lui est essentiellement étrangère, parcequ'ici les
disciples ont autant de droits que les maîtres. Les règles de foi
(i) Voyez sur ce sujet le savant ouvrage qui vient de paroitre sous Je titre
à'Etsai hUtorique sur l'influence de tareligion en France pendant lé dix'SepiUmé
»î&:/c. Paria,i8a4,avohin.8«i ' ' "
( >«« )
et fea oonatitatlont eoélMMtiqms B'y suooMe»! Mmim les
modM éphëmèiet } o*««t une flaotuation peipétadle d'opinioifa
el oa aœa» â*iOBtitatioa« opposée entre eUei> en un mat un
ajatèned^libertéet d*égalité teufouri prêt au okaiigeinentf et en
appaveaœ modéré par des pou voire &ctioee> qui ne tardent pai
iiêtre renvenée» à leur Cour* par la force destruotÎYe du x»iQ-
eipe fondamental de la réforme i ear on respeote Mcoiie moins
Tautorité usurpée fue l'autorité légitime^ et b'U faut obéir ^ on
obéit plutôt à eeus qui peuvent s'appuyer d'un dioit aaetas et
reconnu qu% ceux qui déclarent eux-mêmes n'en avoir' au«
cun. £nfin les protestante ne savent pas mé.me dire quelle est
leur religion; ils n'ont ni dogme, ni morale^ ni culte commun :
chacun croit et pratique ce qu'il veut; â rejette attjourdliqi oe
qu'il avoit admis la veille^ et n'en demeure paa moine toujours
protestant : système commode, il est vrai, mais qui n'eet pas
très propre à unir les esprits, à^naintenir la paix parnaj les
hommes, informer enfin une véritable société. Aussi les ea^vi*
nistes ont-ils, au dire du protestant Grotius^ troublé te^em-
pirea partout- oh ils ont prévalu, Dévastant la France danr le
seizième aièole, ils y ont provoqué deux guerres civiles 9^ ^ ils
vottloient en faire une répuUique composée d'eux seuls» qui
eût paaaablement ressemblé à un comité 4ô sadut p%i/biifi^
D'où vient que partout les proteatants, et apécialement leurs
ministres, à peu d'exceptions près, senties plu^ ardents pro*
moteurf des révolutions modernes ? ^t-ce par attachement à
leur rel%ion ? Pas du tout , ils y tienuent bien nnoins qu'on ne
pense. — Étoient-ils .persécutés? NnÛenient^ dans plusieura
paya ils sont mème.exolustvement les maîtres : mais c'est par
l'affinité naturelle d^ cette révolution avec lea principea du
protestantisme et avec ses inalitutions, affinité qui les égar^
souvcAt malgré eux, et sans qu'ils s'en doutent. Bn Angleterrf
les puritains-calvinistes ont produit une révolution qui a duré
plus d'un demi-siècle, et par laquelle^ quoi qu'on en dise , la
nation n'a gagné aucune liberté dont eUe ne joutt paa «tupa?
(ia3)
ravant, «^ De nos jours , des sociétés dites bibliques ttavailUunl
à rendre le ministère proteaUpt inutile ; i'%li8e constitution-.
oelle, quoique forte de tout l'appui de Tautovité royale t tom))e.
en lambeaux 9 j^t se dissout en mille spctesqui inspirent déjà
de sérieuses inquiétudes au. gouvernement; toutes pro&ssen^
des opinions, plus ou moins démocratiques , et les radicaux y
comptent le plus grand nombre de leurs partisans : seroit-oe
une raison pour les £siyori«er par des privilèges?
La religion catholique, au contraire » enseigne à re^ectet
tous les supérieurs naturels^ qu'elle considère coouoe des
bienfaiteurs que Dieu a donnés aux homme8;.eUe admet eomnie
règle de fqi ce qui a été cru et approuvé partout et toujours»
ce qui est nécessaire i universel, invariable « en un mpt ce qui
est essentiellement juste et vrai; elle apprend à honorer les
précédents, à marcher sur les traces de la vénérable antiquité»
à suivre ies mœurs et les traditions de nos pères. Fondée sur
l'obéissance, et non pas sur Tindépendance individuelle « elle
est par son principe même amie de Tautorité et ennemie de
toute innovatioa, en un mot essentiellement anti-révolutiop-^
uaire; constante et invariable,, elle ne change jamais, sef
dogmes et sa constitution demeurent toujours les mêmes;
néanmoins son joug est doux et son fardeau léger : elle.unit la
stabilité et la vieji elle maintient Tordre^ et ne gêne point la
liberté dans les choses licites et indifférentes; elle conserve les
empires sans entraver leurs progrès vers le bien 9 sans s'oppo-:
ser aux changements qu'autorise la règle, et que le tempi^ le9
lieux et les circonstances ont rendus nécessaires. £nfin chacun
connoit la religion catholique : elle peu! à tout moment rendre
compte de sa. croyance, de sa morale et de son culte, chose
qui est absolument impossible aux protestants; dans le midi
et dans le nord, à l'orient et à l'occident, vous trouverez les
Catholiques d'accord sur tous les points de doctrine ; leur reli-
gion rapproché les esprits par une commune foi , elle unit les
Keurs par un conàmun ainour; éminemment sociale^ elle
( »24)
*doiine même aux différents peuples une conraïune patrie; s'ils
s'égarent un moment, elle leur présente toujours la véritable
route et un remède à tous les maux; les guerres entre «ux ne
sont que des brouiUeries d'amis: rarement ou jamais ils ne
«*entre-détruisent; la foi comnmne devient un principe de mi-
sérieorde et de i^éconciliation. De nos jours 9 il est vrai, des
révolutions ont été opérées dans des pays catholiiiues , mais
certes ce n'est point par les catLroliques , mais plutôt .contre
eux et par leurs ennemis. Si^ comme quelques écrivains al^
lemands ont osé le soutenir^ non qu'ils y crussent eux-mêmes,
mais pour le faire croire aux autres, la religion catholique
Csivorisoit des révolutions , pourquoi donc tous les révolution-
naires sont-ils si acharnés contre cette religion ? Pourquoi leur
premier soin est-il de déùathoUser les peuples qu'ils veulent
asservir à leurs systèmes d'indépendance et de désobéissance?
Pourquoi la révolution ne peut-etle jamais se maintenir dans
les contrées catholiques, tandis qu'elle se perpétue si aisément
dans les pays séparés de la foi commune et livrés à toutes les
rêveries des ojHnionsIndividuelles ? Qui osera dire que les ca-
tholiques en France aient été les auteurs, et non les victimes
de la révolution f Pendant tout le cours de cette désastreuse
époque, les mots de catholiques et de royalistes n'ont-ils pas
été regardés comme synonymes, et ne le sont-ils pas encore
aujourd'hui même dans la bouche de leurs ennemis ? En An-
gleterre aussi ies catholiques ne vouloient rien de la révolution
du dix-septième siècle, qui n'a été faite que contre eux et
en haine de leur religion ; ils demeurèrent fidèles à leurs prin-
ces , et cette conduite honorable devroit au fond leur mériter
l'estime et la confiance même de la famille actuellement ré-
gnante; car ce n'est que des personnes de ce genre qu'on peut
attendre, à son tour, attachement et fidélité dans les jours de
danger et de mauvaise fortune. Aujourd'hui cependant que la
maison des Stuart est éteinte, et que celle de Hanovre règne
sans tontradiction, non seulement par une possession paisible
( 125 )
de plus d^un siècld^ mais. par droit d^bérédité , quel inténlt
pourrolt-elle avoir à ne pas protéger des doctrines qui lu sont
si fEivorables? Pourquoi se priver du zèle et des luiuièros de
plas de sept millions de catholiques ? Quel motif raisonnable
poarroit encore s'opposer à leur émancipation totale? de l'aveu
de leurs ennemis mêmes^ on ne trouve parmi eux aueun radî*
cal, et pas même un Irlandais uni. Ces ligues révolutionnaires
et séditieuses ne se recrutent IJue parmi les anglicans, les
méthodistes, et "tous les dissidents quelconques. Seroit-ce une
raison de les favoriser encore par des prérogative», de les -ap-
peler seuls aux conseilsdu roi, et d'en faire une véritable caste
privilégiée?
Que si Ton considère en^n les titres .d*acquisition des conr
trées respectives, le roi de France ne possède aucune province
quin^aitété catholique.au moment oii elle fut réunie à la
couronne. 11^ ponvoit donc, sans blesser d'anciens droits , per*
mettre ou ne pas permettre le culte public de cette nouvelle
religion , et néanmoins ce culte a été toléré , et dans la suite
légalement reconnu. Une partie des liabitants de l'Alsace seu-
lement étoit protestante avant que de devenir française , aussi
voyez comme leur religion y a été scrupuleusement respectée :
ils ont conservé et leui; culte public , et- la possessiçn et l'ad*
mitttstration libre de leurs temples, de leurs écoles et de leurs
académies; pendant la révolution on leur a laissé même leurs
biens et leurs revenus, tandis que l'on confiàquoit ceux .des
catholiques. Si le nombre de ces derniers s'est néanmoias ac-
cru, comme il s'accroît ailleurs, ce n'a été par aucune con-
'traiote, mais par la seule force de la vérité , de la conviction ,
et par suite de l'abolition des lots pénales. Le roi de la Grande-
Bretagne, au contraire, a.trouvé la religion catholique éti^lie
dans toute l'Irlande, et même dans une grande partie de l'An-
gleterre^ qui, sous quatre règnes, a changé quatre fois de
croyance. Il étoit donc plus étroitement obligé de i^especter
cette antique religion , de même qu'il la respecte encore au-^
( ia6)
}aorA*6til dAns le Gaiiadà et atitres colonies^ qui ont suèoéssl-
▼ement passé son» la domination anglaisé. *
* Bb Irfen I malgré tons ees principes incontestables ^ malgré
le grand nombre des ca|holiqnes, malgré la pureté de leur
doctrine , leur conduite paisible et ràiicienneté de leurs droits ^
ta toi tn Angttterre tit faite pour te maintien de ta reti-
gion protestante. En France i au contraire , malgré le petit
nombt« des protestants 9 malgré leurs principes hostiles contre
foute autorité, et malgré la nouveauté de leur existence,
ta toi est égate pour tous. Il est de principe, en Angleterre,
que toutes lés religions dissidentes de la religion de l'état
iloivent être détruites; en France , loin de les détruire, on les
protège, on les salarie même aux frais du trésor public. — En
Angleterre, lès protestants, considérés comme les amis du non-
veau s]rstème> sont distingués par les prérogatives les plus émi-
nentes, et les catholiques, qui composent le tiers des habitants
du royaume , forment un peuple délaissé : ce sont des' enfanta
déshérités par leur père , exclus de toutes les marqueà de sa
conflance, dé toute carrière qui conduit à Thonneur et à la
fortune ; ils supportent toutes les charges , et ne participent à
aucun avantage. En France, les vingt-neuf trentièmes de la
population , attachés à la religion de Tétat , ne fouissent pas dti
moindre privilège ; les protestants sont admissibles à tous les
emplois publics , et ils en sont revêtus de fait bien au-delà
de leur nombre. Ils sont électeurs et éligibles, aussi bien que
les catholiques, qui les choisissent même assez souvent sans
s'informer de leur croyance religieuse, il y a parmi eux des
pairs, des députés, des généraux de division, des préfets , des
présidents de cours royales, des conseillers d*état' et des pre-
miers tribunaux , des maires , etc.; nous avons même vu , dans
Tancien et dans le nouveau régime, plusieurs ministres pro-
testants en France, tandis que TÂngleterre seroit épouvantée,
et se croiroit près de sa chute, si un catholique pou voit entrer
dans la conseil du roi , ou occuper une autre place importante.
( ««7 )
Dans rempirfrbrttaBiiiqae, le elergé prdtMtam ne tit <|i»5 4«s
dépouilles de 1*anoieiine Église $ il feuif d'immenses biens fon-
dés par les catholiqoes et poules oatlieliques^ qtil ne se dou*
toient pas que ces bénéflees , finik de leun pieuses donations »
passéroient an fonr dans la main de leurs ennemis ,. et serolent
employés eontre les donatears. En re^anehe» les eatholiquès
qui ont survécu à l'oppression y ou que l'on tolère encore , sont
obligés d'entretenir eux-mêmes leurs évéques et leurs prêtres,
et de bâtir à leurs dépens d*humbles chapelles à côté des
temples qu'on leur a ravis. De plus, on les force encore de
pajer l'impôt ecclésiastique de la dlme à un elei||é étranger
qui qe pourvoit à a«|oan de leurs besoins spirituels , et de con-
tribuer à la construction des ^l|ses ang;Uoanes,qa.Hla nefiré-
qiuenient jamais , et qui ne sont pas même fréquentées par les
protestants* £n France , au contraire » le clergé catholique ,
quoique «édult à un mince salaire , foible compensation de
ses propriétés confisquées, n'a pas pris une obole aux protes-
tants; on leur donne même des temples catholiques, et ah il
en manque, on les aide pour en construire.de nouveaux. Rien
ne leur a été confisqué, ils jouissent en paix de tout ce qu'ils
poasédolent , et de plus leurs ministres reçoivent un salaire du
gouvernement , quoiqu'ils ne puissent y prétendre & titre d'in*-
deomîté > et ce salaire surpasse même celui des curés catho<»
Uquesj bien autrement occupés. Nous n'examinerons pas si
tout cela est bim ou mal, nous ne déoideVons point si la tojé»
ranqe d'un culte qui n'est pas celui de l'état , et même sa.pro*
teotion» dans le cas ob il seroit troublé, .doit en bonne règle
8.*étendre jusqu'aus^ faveurs et jusqu'à la sustentatîDn directe.
Nous ne voulons que rapporter les faits, établir uu point de
comparaispn , montrer la position respective des protestants
^.franee , et celle des catholiques en Angleterre Néanmoins,
et malgré la liberté des premiers , là France passe encore pour ^
f^natiqae, intolérante, persécutrice, et sous ce rapport les
fsuiUes anglaises et aUe«i9n4e9 «ont remplie» d'inveetives .
( 1«« )
■
eènti^elbe» t^dii que y màigté V^% A^ofgmmipa de 4Mpt milr
lionB de catholiques, T Angleterre passe, aux yeux de la muld-
mde , pour le pays classique de la tolérance ,ipour lepvelecteur
généreux de la liberté civile et religieuse. Il est cependant
encore un grand nombre d'hommes de bonne foi qui ignoreot
les faits; il faut les leur dire : qu'ils jug«it ensuite eux-mêmes I
Choix de lbttbbs iDivums écrites des missions étrangères ,
précédé de Tableaux historiques, géographiques, politiques,
religieux et littéraires des pays de missions. Deuxième édi-
tion, augmentée d'une notice historique sur les miisioiis
étrangères, avec les actes des rois de France ooncemant
les missions, de nouvelles lettres édifiantes et- autres ntor-
ceaux choisis, 8 vol. in-8<>, chez Grimbert, suocesseur de
Maradan, rue de Savoie, n^ 1 4* Prix, 6 fr. le volume pour
lès souscripteurs.
Lorsque, loin de leurs foyers, après avoir fait à Dieu le sacri-
fice de tous les biens et de toutes les affections de ce mondes
les missionnaires s'occupoient du récit de leurs travaux; lors-
que ces nouveaux apôtres, après avoir donné leurs soîn's au
troupeau qu'ils avoient formé, retirés dans une hutte au milieu
des sauvages devenus leurs néophytes, corrèspbndoient entre
eux pour s'éclairer mutuellement, pour se rendre un compte
réciproque de leurs succès et de leurs revers , ils étoiènt loin de
penser sans doute que cette correspondance , nionumentde
leur gloire , seroit encore après eux un ptiissant moyen de con-
version , non dans les pays qu'ils avoient éclairés de la lumière
évangélique, non parmi les peuplés qu'ils avoient amenés à la
pratique de la loi de Dieu , ceux-là y sont demeurés fidèles,
mais dans leur propre pays j dahs la France tnémê /cette belle
portion de Vé^llae cadioUqae, aufonrd'htti si (^eQemeût rava-
gée par FtibiHété.
Gomment, en eflfet^ n'être pas touebé du déyouément lié-
roîque des missionnaires? oomment ne pas y rêoonnoltsre
quelque chose de surnaturel* et de divili? Où puisoient-iis
dono cette force , ce courage , cette intrépidité dans les
travaux et les périls d^une entreprise où' nul intérêt personne
ne pouToit les soutenir et les encourager ? Qu*alloient*U8 faire
dans- ces contrées lointaines? poulrquoi bravoient-ils tant de
fatigues et de dangers? G*étoit pour arracher des nations en-
tières au paganisme et. à la barbarie; pour. donner une tie
nouvetfe à des peuples sauvages; pour leur porter la conaois-
saiice de Dieu, la civilisation, les sciences, les arts, et mourir
ensaile au milieu d^eux , ignorés , mais heureux du bien ^'ils
avoientfait.
Si Ton considère ensuite que beaucoup de ces hommes^ par
leurs lumières, leurs talents et même leurs richesses j pouvoient
prétendre dans leur pays^ qu*ils abandonnoient , aux dignités
et aux honneurs , comment ne pas être frappé d'admiration en
les voyant préférer aux- jouissances du monde un humble et
périlleux apostolat? comment ne pas voir une inspiration di-
vine dans cette sublime abnégation ?
Ces réfle3dons naîtront naturellement dans Tesprit de tous
ceux qui se livreront à la lecture des Lettrée édifiant&s , et cela
seul prouve assez combien il importe qu'elles se répandent';
nous désirons surtout qu'elles soient mises entre les mains des
jeûnes gens. La plupart lisent avec a^di^ les relations de voya-
ges, les descriptions de pays lointains; les nuBurs, les usages de
peuples inconnus , les vicissitudes des voyageurs , ont pour
leur active imagination un charme tout-puissant. Quels voyages
sont plus instructifs que ceux des missionnaires? quels récits
à la fois plus exacts , plus intéressàntis et plus variés ? quels ta-
bleaux de mœurs plus fidèles et plus curieux ? D'un autre cdté,
quels voyageurs sont (dus faits pour inspirer au lecteur une
2. 10
( i3o )
t^j^dreioUiâtudO) que loe» bons et Tertueux mjrakniQaîieg 7
quelles excellentes leçons n'offrent pas leur dpuceur 9 leur con-
«lanoe» leur rétiguation? lU ne sont poiat pous^ par une vidne
eatiwitéy un aordide intérêt ne les guide pas , Us ne sent ni
eqploTOteurs» ni oonmerçan.ts» ni conquirent»; ou e'il» veo-
knl conquérir I c'est i^ur'Jésus-GhrisI; leort seides armes
eont la vérité et la persuasion f et les résultats de leurs viotoiies
•ont le salut et le bonheur des peuples subjugués*
La coUecliou complite^des LtttrH édifianUê^ si riche de fidts
curimx et intéressants» a pourtant contre elle d't^tre trop vo*-
ImmuMuse. I>ans un siècle oii les idées se portent sur tant
4*obîets divera» o*est trc^ demander aux esprit» que de'TOuloir
lee arrêter long-temps sur le» mêmes choses 9 quelque dignes
qu'ellci soient de les captiver. U est vrai de dire aussi qu'une
saine critique troureroit & élaguer dans cette immensité de
lettres.
Cho m r, c'est éfafuer. Ce fut donc une idée heureuseqae
de faire un dioix des lettrei édtfiantes* Ce chôix^ dent nous an-
nonçons la deuxièBM édition » parut en 1809; il eut un sueoès
singulier, et cependant alors la rdigion n*étoit que tolérée par
la poBtique de rbomme qui prétendoit l'aToir rét^Hci et qni
cette année-là même arrachoitla couronne au souverain pon-
tife, ayée le pro^ sans doute de lui arracher eoeore la tiare.
▲i^ourd'hitf que l'ÉgUse doit à un roi très ohrétien une véuii-
taUe restauration > que la rdigion oommenee à re{MEendre sur
kn eœursson doux etbienEUâant empire^quct aeeiidlne doi^
on pas espfeer pour la deuxièDMédition de ces Lettres ehoisicrf
Ind^ndammnnideoe» raisons de suceèst nous ^^ trouvons
d'autres non BM^ins puissantes dans Tesécution de la nouvelle
éditipOy dont la siiyériorité sur ceBe de 1809 est te&e , à en ju-
ger par les deux premicES volumes qui ont déjà paiu 9 qt^oa
^ut considérer cette réimpression comme un livre nouveau.
iKoQs allons justifier oet âoge en donnant à nos lectenis un
aperçu des aaaa éHur aliM is el augmentations qui dâtinguent «es
( i3i )
ieht iprémièfs toltimes', et qtil sont tftiè «oHe d*eiij;agèmetit
pris par Téditeur d'améliorer ainsi les volâmes qui stdnont.
Dans le premier volume, les sotidoripfeurs remarquerohl:
vixa discours préliminaire qui, pout^ être presque entièf émeut
puisé dans nod orateurs chrétiens , uê montre pas mofaiB un
itès grand talent dans son auteur. Ce discours élève la peûtée
du lecteur jusqu'au sujet sublime qu'il traite^ la mission des
ap6tres d'après ces paroles de Jésus-Christ i Atlez, énàeignet
(e$ fUttionê. ti^* Une notice historique Sur les missions , qui
nous a vivement intéressé. Outre le mérite du style et d^
rérudftion , on y rencontre à chaque page des preuves dtiu
excellent esprit^ et l'expression des sentiments les plus chré-
tiens. Cette notice appartient tout entière ^ comme le discours
préliminaire ; à la nouvelle édition. 3*^ Une collection des ëdils,
arrêts, lettres-patentes 9 décrets et ordonnancés sur les mis-
sions , rendus depuis le mois de ipars 1647 jusqu'en octobre
1^25. Cette collection qu'il a dû être difficile de former, puis-
que la plupart de ces actes n'ont jamais été Imprimés , est du
plus haut intérêt; c'est un don précieux fait au public^ et pàr-
ticuUèrement aux établissements eccléslststiquéli. Considéré
sotts le rappott historique^ ce recueil est Un beau monument
de la ferveur et du zèle éclairé de nos rois. 4<> Une instruction
rédijfée par le célèbte auteur de VHiétoitc eccUdastiqt^, sur
les études propres à former, parmi les Infidèles convertis, des
âpôtifes qui puissent à leur tour travailler à la conversion de
Itmrs frères. Cet important ouvtage^ èb l'on retrouve le talent
connu de l'abbé Fleury / obtint le suffrage flatteur de Pil-
hiâtre Sossuet. Viennent enfin les tableaux géographiques,
jpdBtiques, religieux qI littéraires de la Chine; et le premier
volume se termine par un cinquième tableau offrant l'intéres-
sante histoire de l'établissement du christianisme sur divers
points de ce vaste empire. Ces différents tableaux existoient
dans la ptemiète édition , mais on peut dire que le nouvel
éditeur, par le travafl àuqud il is^cst livré pour les peifèotionnerj
10.
< i5a >
•tles Jieorenv cbangements qu*il Imjr a£Mt subir} en, a su faire
à juste titre son ouvrage.
Le second volume n'est pas moins riche d'augmentations
qae le premier. Aux lettres conservées du choix de 1809, ^ ^
a été ajouté onze autres qui^ pour l'intérêt des matières et le
médite du style rivalisant avec les anciennes; mais une addi^
tion plus heureuse encore peut-étre^^ et qui aïeule pourroit.faire
rechercher cette seconde édition y c'est le traité du père Ma-
thieu Ricci , fondateur des missions de la Chine. Cet ouvrage^
qui a été coniposé. en chinois, a pour titre : Entretiens entre
un . lettré et un docteur européens sur Dieu, 4a Frovi-
denfiô, i*àmô, les peines et les récompefises étemelles, etc.
Il a produit eu Chine un si grand nombre de conversions, que
les missionnaires successeurs du père Ricci l'ont regardé
comme ayant été inspiré par le Saint-Esprit. Nous savons un
gré infini au nouvel éditeur d'avoir reproduit ce chef-d'œuvre
de logique, qui se trouvoit comme perdu/dans l'immense col-
' » » < . • • - • •
lection dj^ lettres édifiantes, car nous voudrions le voir entre
les mains de tous les jeunes chrétiens. Il est éminemment
propre à fournir les meilleures armes qu'on puisse employer ^
soit dans la chaire , soit au milieu du monde , pour combattre
victorieusement, les prétendus esprits forts et les impies.
La table des matières, dans chacun des deux volumes, est
encore une amélioration propre à la nouvelle édition; elle est
faite d'après un plan particulier qui facilite singulièrement les
recherches, et ce n^esf pas un médiocre avantage dans un re-
cueil où les matières sont si variées.
Chaque volume doit être de 5oo pages; et le premier les
contient en efiet; mais le second en a 55o, et c^est une re-
marque qu'il est juste de faire à la louaoge du libraire.
Sous tous les rapports nous croyons donc devoir appeler
1 attention de nos lecteurs sur cet ouvrage , qui se recommande
à tant de titres, ainsi que nous l'avons dit, aux jpersoi^nes de
tous les âges , de tous les rangs , dç tous, les goûts ; .£^ux gens
( i33 )
du monde ^t^bxnmé'auz personnes boiisacrées au seirVioe -dei
autels. Y. •
I . »
t
• . • . - . • ' •• • ' I . • f <^«i
GoNsiBiBÀnoirs PHiiôsbPHiQiJKs I OU ExÂiteîr cBiTiQtè dm of niioirs
DE M. i^àiii DE LJL MsinfÀiSy par M'.' Pabbé Pagavel.
/ N.
Nous n'aurions jamais songé à entretenir nos lecteurs de
M. râbbé Paganel , nous nous serions même crus impardon-
nables de fixer leur attention sur le livre qu'il vient de publier^
Tun des plus mauvais , et c'est beaucoup dire , de tous ceux
qui ont été faits contre l'JS^^a^^ si certains journaux n'avoiènt
annoncé au public l'auteur comme un écrivain rempli de
talent, et sa réfutation comme un écrit très remarquable:
ce qui prouve qu'il y a des gens parmi nous à qui un auteur
ne peut manquer de plaire , pourvu qu'il s'attaque à des véri-
tés qu'ils n'aiment pas , ou qu'il insulte des renommées qu'ils
aiment encore moins.' Quoi qu'il en soit 5 ces étranges éloges
accordés à un ouvrage aussi médiocre nous ont paru lui don-
ner des droits à une critique qu'il ne mériteroit en rien par lui-
même.
D'ailleurs qu'on nous permette de faire à l'occasion de M. Pa-
ganel une réflexion qui nous est venue en songeant à tous les
_ «
ennemis de VEssai qui l'ont précédé, à tant de brochures, tant
d'articles, tant de livres déjà morts, qui ont été faits contre ce
livre immortel. C'est sans doute un malheur que l'auteur dé
VEssai, comme tous les grands écrivains, ait fait prendre la
plume à tant d'écrivains détestables, et que son ouvrage,
comme tous les ouvrages d'un ordre supérieur , en ait produit
tant de mauvais. C'est là une fâcheuse compensation que
M. Âzaîs pourroit faire valoir, s'il ne l'a déjà fait, comme une
preuve nouvelle de son système, que nous ne connoissons que
de réputationi CiB][iendant| à le bien prendre i cet incoovénienl
( t54 )
« wm m avantage»; et nom fomom le d^ctofer \tàp nons^
quiy ayaot de rendre compte de VEssai, avons oru qu'il 'étoît
de notre devoiif de lire le plus qu'il nous a été possible de tout
oe qui a été écrit contre ce livre : on n'imagine pas combien
les pages de M. de la Mennais nous paraissoient plu» admi-
rables après avoir Im quelques unes deii pages éôrite» contre
lui; combiw la logique de ses adversaires noua faisoit ap-
précier sa logique, et enfin combien toutes ces raisons indi-
viduetU$ nous ont appris à estimer davantage la raw^ngM-
raU. Mous ne pouvons nous empêcher de le dire ^ il manquera
toujours quelque chose au triomphe d'une vérité qui n'aura
pas été attaquée par des écrivain^ tels que M. paganel et
ses 'dignes devanciers. Nous savons bieu qu'on ne peut pas
conclure qu'une proposition soit vraie de cela seul qu'elle est
niée par un esprit faux ; mais il faut reconnoltre aussi que si
la doctrine de YEsmi étoit une erreur, il seroit bien étrange
qu'un si grand nombre de pareils écrivains «e fussent accordés
pour la combattre. Ici nous regrettons que les bornes d'un ar-
ticle ne nous permettent pas de faire coniioitre à nos lecteurs
tous ces adversaires inconnus de VE99ai% dont les critiques nous
semblent former en faveur de ce livre au moins i|n préjugé
bien légitime, une autorité négative d'un très grand poids*
On ne se souvient plus que « lorsque M. de la Mcnqais pu-
blia le second volume de son ouvrage, il existoit sous le titre
imposant de Chronique r^iigieu96p rédigée par yjne çociété
d'évâQVBs, de pR^TSEs, et de iiàgist&ats, un libelle périodique
rédigé en effet par un évêque, m. Grégoire , un prêtre, SI. Tabà-
RAVD, et un magistrat^ M. IjAnjuikais. On n'a pas de peine à se
figurer ce qu'une société formée de pareils éléments dut pep-r
ser de la doctrine de Vautarité, Il parvit dans la Chfpni^
une suite d'articles dans lesquels M. Tabaraud ^optra les
pernicieuses conséquepces qu'auroit le principe de VEssoi
dans l'ordre politique ^ d^ns l'ordre religieux et îuaque dans la
(béologiç^ et U fut prouyé ^iie ce principe étoit incoin|)atib)^
(135)
a?6e la foUtiquô du président de la chambre det cent leurs ,
ayee la retigian de révéqne de Loir-et-Cher^ avec la ihéatogie
4e M. Tabaraud^ qui prend touf oum le titre modeste de ifétéran
du $(ieerdoee et à qui le public 8*obstine à ne donner que
eelui de vHérandujansiniême. Ces trois points forent âé^
montréff aveo beaucoup de clarté; mais M. Tabaraud ne s*«b
tint pas là , et on n*imagineroit pas tout ce qu'il découvrit en
creusant la doctrine de VBssat; l'autorité du pape cachée
deni&re Pauforité de la raison générale ^ rindépendance dee
rois menacée , toutes nos libertés m périls et enfin des scan-
dales contre lesquels le conseil d^tat ne pouToil se dispense»
en oonscience d^appeter comme dPolbuëf à dé&ut des censure»
de Fautorité ecclésiastique*
( i36 )
On put croire que H.Tabaraud ëtoit mortaveo IviOkitaniqiue.
Persuadé sans doute que les maux quelle «eta camtmm alloit
faire à rÉg^iise et à la société étoient irrémédiables» puisque le
-eoaseil'd^étatne - vouloit* pas s'en, mêler > il quitta la partie et
crut devoir se borner à gémir dans le silence* Mais bientôt un
lourd volume parut digne defiiire suite aux artides de la Chf(h
nique ; c'étoit un prêtre apostat qui continuoit l'attaque oom-
mencée par le vétéran du sacerdoce; et il n'y avoit là rien qui
ne fût dans Tordre : ce n'étoit pas la première fois que la
théologie de 93 - se trouvoit d'accord avec les traditions de
Port-Royal. Nous ne pouvons parler ici de tous les écritaiiis
qui succédèrent à ces premiers antagonistes de V Essai y et qui
n'étoient à la vérité ni constittuionfieis , ni jansénistes , car
ils n'étoient rien du tout, tels que les Misery» les Bataiiiè,
les FioUe, les Receveur, et ce M. Jondot qui, après avoir passé
sa vie à enseigner l'histoire à ses écoliers, crut pouvoir donner
des leçons de philosophie à M. de la Mennais et qui trouva le
moyen de parler de tout dans son livre , excepté de la question
même dont il s'agissoit.
Nous croyons aussi ne pas devoir revenir sur un autre ou-
vrage dont nous avons donné des extraits dans une précédente
livraison du Uémorial; nous voulons parler de V Antidote
contre les erreurs et iarépuUUion de i' auteur dei' Essaie par
M. Baston, docteur de Sorôonne. On nous a représenté que
M. Baston, que nous ne connoissons que par son livre, est un
vieillard de plus de quatre-vingts ans; et que nous aurions d&
le traiter avec plus de ménagement. Il est vrai que le sens cam-
fnun, que M. Baston ne ménage guère, est d'un âge phis res-
pectable encore que le sien ; n'importe,' noOs serions inconso-
lables d'avoir donné lieii au reproche qui nous a été adressé.
Mais qu'on relise notre article, il ne renferme que des citations;
ce n'est donc pas à nous qu'il faut s'en prendre de l'effet qu'il
a pu produire. Or, comme nous ne pourrions éviter l'incon-
vénient de faire rire de nouveau aux dépens de M« Baston^ si
Aons entrepTemèns de le réfuter > puléqu'il feudroit le citer
encore , par respect pour, l'âge de l'auteur ^ nous ayons cm de-
voir prendre le. parti de nous taire sur son livre, et de prier
nos abonnés 3e le lire et de le juger eux-mêmes. Une autre
raison nous obligé encore à ne pas parler* de jH. Baston: le
Joumat de Rou^na, trouvé dans le style de cet écrivain des
grâces, une fraîcheur, une élégance admirables , et dans le
dialogue qu'il a imaginé d'établir entre la critique et l'oif-
vrage qu'il réfutoit un véritable trait de génie; de plus, le
ConsHtutiannei a décidé que la doctrine en étoit tout-à-&it
orthodoxe et conforme à la plus sa4ne théologie. Nous avons
senti qu'iV n'y avoit plus rien à dire sur le fond ni sur la
forme, de ce livre , et qu'il ne noUs étoit pas plus permis de
parler littérature après le Journal de Rouen que de parler
théologie après le Cai%8titutionnei*
l^^iUeiuurs il est temps de revenir ou plutôt d'arriver à M.
Paganel, que nous pouvons aborder avec plus de confiance.
Nous n'encourrons pas du moins les mêmes reproches qui nous
ont été &its au sujet deM. Baston : ceux mêmes qui ne sauroient
pasquel'abbé Paganel ii'est qu'un écolier qui se mêle de raison-
ner avant d'avoir atteint l'âge de raison , qui se croit philoso-
phe parceqa'il sort d'vme classe de philosophie, et théologien
avant même d'avoir achevé son cours de théologie, le devine*
roient sans peine dès les premières pages de son livre. Il côm-
menqe par exposer à sa manière la doctrine de l'auteur qu'il
veut combattre, et en voit q^u'il est bien persuadé que lui seul
a bien compris cette doctrine. Il entreprend de l'expliquer à
M. deBonaid, et il prouve au célèbjre auteur de la Légidatifim
prit» j<it;e. que s'il a écrit „pQur justifier l'auteur de l'JE^^^t ,
c'est qu'il n'a pas entendu son livré ; et, ee qui est bien plus
curieux encore^ qu'il a réfuté les priniDipes de M. de la lUennais
en croyant les. défendre.
Après avoir expliqué VEssai sur l'indifférence à iU. de Bo*
nald, BI» Pagane) explique tr^s longuement à U. de la Menii%is
( i58)
paaMge de ce philoiephô qm rameur de VEupi ait pris dam
aoa. véritable tensy et une des plus fortes raisons qu'iien demies
eVst qiMj 8*11 fiiUoit entendre Desearles onmaoïe IL de laMen-
nais Ta entendu , ee pliflosoplie seroit tombé dans une fonte
de centradiotionS) et ^"il est impossible qne Descartes se soh
eontredit.
H. Pagand adresse à M. de la Hennais des reproches antra*
ment graves, et ici il fiint récooter lui-même*
c On aurolt pu espérer, dit^ltP* 78yqne cet antettr (MU ds
»la Mennais ) aurait épargné les saints pères , mais il ne kar
»£dt pas plus de grâce qu'aux philosophes. Nous nous conten-
sieions ici t^en rafpotter.fm HuteasempU, M. de la Menntii
sToulant prou^r que les paiens ne regardûent leurs diem
» que comme des honunes, cHe de passage de VÂpalçgiHçue et
•Vertullien : Pt&vacàmui a vùtiê ad c(nuci$nèiamvêgi¥am;
niUanoêJMidiôei, Hianas itotmie^ sspaienlfM|grare4mffiei«itOf
ndêûs vesiras k&mm$s fuÙ8&.
»D*apirès ce. passage en pourroft^ en efibt, endie qaelei
»pa!ens ne regardoi^t leurs dienx que comme ê&a hommes;
»mais si Ton fait attention à ce qui préeèdoy ou verra que Ter-
fttuUien ne leur adresse ces paroles que pour les tirer de lear
• erreur. Yoici.dono ce qui précède : DêosvetitPôS eotùfôdêri^
Mddfêtii» uti pratêmus non ê$sô iHos dêo^f 0$ tdeirêç ne»
9eaUnd0$9 quia tune demumcoiideiuigseni Hdii fkiiissûnt
wTune ei ehrùUam puniendi Hquoè non eoU^^ent qma fUr
•tarenè non esêo, eonêtaret iUo$ ease deo$; aed nofna inqui'
•lis dii êwU. Provooamtês a vêtis ad eomeier^iam vttr
9îrani* ( Âp. ch* x. )
•TertuUien siq>pose donc que les paiens regàrdoi^it len»
• dieux comme de véritables dieux, puisqu'il dit : Mais veus
linous dites que ee^ontdes dieux; sednoHsinqtdiisdiisunt;
•4H cependant sU'ott vouloll s*enl^ir à la dtatiou de M . de
( i39 >
Ou ipxoxx^ de la peine de 36 voir obligé d'expliquer le s^mt
d'iin passage qui présenta a«i8«i peu de difficulté que to texte
de Ter tuUieo que l'on vient de lire ; mais enfin il ett nécesssdra
de prouver à IL fàganel qu'il n^j a rien entendu. How le
prions de remarqiier que l'auteur de VEssai n'a dit iiulle part^
que les païens n'appeloient pas du nom de dieux les bonotines
^ étoient devenus l'objet d'un culte idoUtrique; et ainsi oea
mot» 9 sed noiU inquitis, dii suntf ne contredisent en rien
son sentiment; mais il prétend que les païens n'ignoroient pas
que tou9 c^ dieim> n'avaiefU ft6 gw des hommd$ , et qu'ainsi
il ne les conf ondoient pas avec ce Dieu suprême» unique » Wr
teur de toutes choses ^ dont la connoissanoe ne s'est jau^ais per**
due dans l'univers. Or^ écoutez Tertullien$ si les paroles qi^'il
a nûses dans la bouche des païens vous laissoient des doutes ,
sa réponse va les dissiper ; il en appelle au sentiment intérieur
de tous les païens: « Nous attestons votre conscience; qja'eUe
''nous jvige» qu'elle nous condanme, si tfle peut nier que tous
ices dieux que nous n'adorons pas n'ont été que des hommes, »
Nous Ip demanderons & M. Paganel lui-même» quoi de plus
Qlalr? Tertullien étoit donc convaincu que les païens savoient
itquoi s'en tenir sur l'origine de leurs'dieux» qu'ils ne croyaient
pas qu'ils eussent été autre chose que des honfimes; çàt, autre*
ment» comment pourroit-i| sur ce feit invoquer le témoignage
4e leur propre conscience ? Le passage de TertnUien n'a donc
aociin seqs» ou il doif^étre entende QQmiPCi 11 l*a été par l'auteur
de r£ssai Ce n'est donc pas la mtatipn 4» H, delaUennais qui
AéSgiireXertuUieiiii c'est la traduotiqn de M. Paganel qui
fait injure à oel àpologis^ en lui prêtant une sottise. Nous
n'imiterons pas ^cependapt Hf t Paganel * nous ne l'aoouserons
pas d'avoir voiilvi trompe? le public et calomnier l'auteur de
YS^aimov^ nous çoi^tenterons d'en conclure que II. Pa-
ganel f^o|t ))ieff 4'apprendre te latin et beaiicotip d*antres
^^ WCSrQ avant da lemiâler de lire TertuUien e| de réfuter
f »4o )
H. de la Hennais. Cependant il est curieux d*etitendre ce |éutie
écriyain ajouter après une si grossière bévue : « Pour protiver
•que les païens ne regardpient leurs diemc que comme des
• hommes, M. de la Menn^is nous renvoie encore à Eusèbe, à
»Arnobe, à Lactance, à Tatlen/àsaint'Gyprien, à saint Au-
• gustin et à d'autres pères. Mais j qui le tîroiroit, nous iavoiis
• consulté ces auteurs, nous les avons lus attentivement, con-
» sciencieusement , et nous avons lu précisément tout le con-
» traire.» Ainsi M. Paganel a lu tous les pères de rÉ^lise;
Tauteur de VEssai paroit les avoir lus aussi ; ils' ne les ont pas
entendus de la même manière : il se trouve que t'un et l'autre
uni lu précisément le contraire. En vérité le fait est singulier,
mais que prouve-t-il ? que M. de la Menoais ou M.' Paganel
doivent apprendre à lire.
Jusqu'ici M. Paganel semble n'avoir voulu que nous faire
rire , mais ce qui suit excite un autre sentiment. « Quel motif,
•se demande-t-il , a pu porter l'auteur de VEssai à défigslkrer
• ainsi tant de grands hommes? S'ils avoient des sentiments
> qui lui fussent contraires , au moins devoît-il se contenter de
• les passer sous silence et ne pas les forcer à penser comme
» lui. ^Passer soîis sUence ces grands hommes, quel style !'mals
continuons , nous avons ici bien autre chose à relever que des
fautes de langage.
«Pour expliquer un tel procédé, voici ce que nous nous
> sommes 'dit à nous«mèmes : cet auteur vient nous proposer
• une doctrine qui a ^té inconnue jusqu^à ce moment... Il sV
9 perçoit que tous les philosophes, tous les grands écrivains sont
•contre lui, faut-il donc, sedit^il à lui-même, que je renonceà
• ma doctrine, que j'abjure un système qui a fait tant de bruit?
• Non , sans doute, tous les grands hommes, tous les philoso-
• phes me sont à la vérité opposés, mais je saurai bien trouver
• le moyen de les amener à mon sentiment... Tronquons , mor-
• celons, déchirons impitoyablement tous les auteurs et tous
•les ouvrages. Écrasons nos adversiûres sous le poids-des dta^
• ( i4'i )
ktions et des autorité^ , etc. » En vérité 9 je ne-puis conitnnor
de transcrire , et la plume tombe des mains de pitié et d'indi-
gnation, en voyant tant de morgue après tant d'ignorance,
tant d'inopertinence unie à tant de sottise.
Il est bien temps de terminer cet article, déjà trop long. Il n'e
»*agissoit pas d'ailleurs de réfuter M. Paganel; il a suffide mon-
trer qu'il ne mérite pas de l'être. J'ai du regret cependant, je dois
l'avouer, de ne pouvoir citer plusieurs passages plus que plai-
sants et que j'avois remarqués dans son chapitre de la raison in^
dividueUc cùnsidérée dansiesgrands hommes; je finis en citan t
aoe. partie de la profession de foi qui termine cet ouvrage^
• Puisque Dieu me l'ordonne , dit-il , je croirai à tout ce que
•son Églisepropose; quand bien m^me je ne voie point, je ne
•laisserai pas de croire. Je n'ai pas besoin de relever dans
cette phrase un solécisme que M. Paganel seul ne verra pas.
« ]MU)is hors de là, point d'autorité^ point de foi, à moins dans
^Vordre des faits historiques^ Puisque vous vous donnez pour
• Tapôtre de l'autorité, préchez-la tant que vous le voudrez à
• cette niultitude ignorante qui est incapable de se conduire
• elle-même, qui a des yeux et ne voit point, des oreiiies et
^fj^*tnUnd point. Bien loin de m'élever contre vous, j'applau-
> dirai au contraire au zèle qui vous dévore. Mais si vous avez
•encore la prétention d'en faire une règle pour les hommes
• supérieurs, laissez^ vous dirai- je, laissez votre autorité de
• côté, elle n'est point faite pour eux. » Gomme M. Paganel a
eu le soin de nous avertir plus haut qu'il ne vouloit pas d'au-
torité pour lui , le voilà donc qui se range évidemment parmi
les hommes supérieurs, pour qui l'autorité n'est pas faîte.
Ceci explique la manière dont il a traité dans tout le cours de
son livrede M. la Mennais; et il faut que , pour se justifier à
lui-même les tons de supériorité qu'il a pris vis-à-vis de l'au-»
lexaàeV Essai, M. Paganel se regarde comme un homme bien
prodigieusement supérieur.
Or, suivant M* Paganel, Phomme supérieur, l'homme de
< t42 )
génie devra a ^Offâaudit d'être dépoutDû du sens comtfmii
parcequ*il aura un seb« bien meilleur pour lui servir de c(m-
dacieur. *Ce sera ce sens qui a été Tapanage de tous lés hommes
9extra4}rdinaireSf voilà le sôfU qui le domine, voiti te sens
» qui le conduit. Et certes Ce sens sans lequel Q n^y a jamais ea
f de véritable grand faonuaê vaut bien sans doute ce sens corn-
• mun , et sens populaire, ce sens aveugle et ignorant que vous
«voulez lui donner pour guide ». En lisant cette phrase oùro-
reille est si peu respectée, nous n*aVons pu nous empêcher de
penser que H. Paganel faisûit bien peu d'honneur à ses lec-
teurs, et qu'il faut qu*il les ait tous rangés parmi la multitude
dont 11 nousaparlé plusJiaut, ^ui a des^oreiUes êS n'entsnd
poini.
Nous ne finirons pas sand faire nos sincèred compliments à
M. Paganel. Il n*y a pas de doute que ce jeune écrivain ne soit
un homme extraordinaire ^ car il peut bien s^applaudir d'être
entièrement, dépourvu de sens commun d'un bout de son
livre à Tautre. La chose va si loin , qu'il ne parle même pas
comme le reste des hommes, et je n'ai pas remarqué une seule
page de son ouvrage où il ne s'élevât deux ôu trois fois au-
dessus de ces règles de grammaire,bien méprisables sans doute,
puisqu'elles sont l'expression de la raison générate. 2.
( »43)
fiiAUOTHSQVB GAZBOUQVE, publiée par une société d'eccléûag-*
tiques, déd4ée à N. S. P, le pape, et approuvée par un grand
nombre d'éTâques.(i). A Paris, rue Garengière, n* lo.
Le premier volume de cette importante collection va pa-
roitre, et bientôt il sera suivi de volumes nouveaux qui se
succéderont avec rapidité. Nous nous empresserons de les
faire connoitre ; et ce premier article , destiné à jeter un coup
d'oeil sur l'ensemble de l'ouvrage et à considérer les différents
rapports sous lesquels il peut être envisagé ^ servira comme de
prélude aux articles que nous consacrerons à la Bi6liothèqu6
cathMique»
Cette collection^ est-il dit dans le prospectus, est des-
tinée à répandre à bas prix nos meilleurs ouvrages en théo-
logie, en piété , en histoire 9 en littérature ; et elle a été com-
mencée pour faciliter aux pasteurs les moyens d'établir dans
les vQles et dans les campagnes des dépôts de livres utiles et
agréables; elle peut servir encore pour prêter gratuitement à
toutes sortes de personnes les ouvrages qui conviennent le
mieux à leur âge , à leur état, à leur goût ou à leurs études ;
pour donner aux enfants ou aux personnes peu fortunées des
livres qui puissent les instruire de la religion et les soutenir
dans des sentiments de piété; enfin pour échanger des livres
de corruption et d'impiété contre des ouvrages religieux et or-
thodoxes. Un vol. in-ia parott le i** de chaque mois; le 10 ,
un vol. in-18; et le 20, un petit écrit périodique, etc. •
Nous avons extrait du prospectus ce paragraphe entier, et
ûous l'avons cité parcequ'il nous semble propre à faire con-
noitre la fin que se proposent les éditeurs de la BihUothèqut
(t) Tojec I pow les ooodîtknis de U soasoriptioii « la ooarertiin du
4fipiDorHi(.
( t44 )
eathotiquef et à faire envisager sops ses véritables rap-
ports une entreprise qu'il est utile de bien apprécier pour
oomprendre l'action puissante qu'elle peut avoir sur la société
tout entière. Et en effet, la JOiMiothèqùe cathotiqw s'àttà^
obéra continuellement à reproduire à bas prix tout ce que la
religion a inspiré de plus sublime aux apologistes sacrés de la
foi j tout ce que Thistoire et la littérature offrent de plus
parfait 5 tout ce que l'éloquence et la poésie nous ont donné
de plus pur ; or ^ si tant d'excellents ouvrages sont répandiu,
si le zèle seconde ce que le zèle inspire, et si de toute part on
offre à l'ignorance comme au préjugé, au chrétien foible comme
au chrétien docile , cette multitude de livres propres à tous les
besoin^ et salutaires pour tous, quel bien ne produira pas la
Bibtiothèquc cathoti^iAe? quels ne seront pas les heureux
résultats de cette publication périodique de nos meilleurs écrits?
Il n'est pas d'ailleurs de moyen plus puissant pour arrêter bss
funestes effets des mauvais livres, que de multiplier «t de ré^
pandre les bons ouvrages; c'est même le seul que la religion
ait en son pouvoir depuis que les gouvernements , qui ont si
bien senti pour eux le besoin d'une censure répressive, n'ont
pas voulu comprendre que les intérêts d'un ordre plus élevé
réclamoient une censure bien plus sévère.
Aussi la Biéiiothèque catholique nous semble-t-elle desti-
née à aider la religion, qui s'efforce d'opposer une digue puis-
santé à ce torrent d'ouvrages corrupteurs dont la France est
inoxidée. Que les éditeurs de cet ouvrage s'arment donc de
courage ; qu'ils poursuivent avec constance le plan sage et bien
ordonné qu'ils ont adopté^ que la publication de leurs ou*-
vrages soit régulière, que les livres soient imprimés avec soin,
et nous aimons à leur prédire que leurs efforts ne seront pas
inutiles h la religion , qu'ils jouiront bientôt de la confiance
due à leur zèle et à leur désintéressement , et que jamais on
ne pourra les confondre avec des entreprises de iibrairie ou
des spéculations de commerce.
( 145 )
»i¥vv»»wwv» ^)V»v%»»i»¥^fM^i'>rwv>f><v> viivwwvifm ■>rwnfti v »vv vw v\ v>n iv»vvirtrtY>riv> v> vv»YAW »v y >i %w v% »»^»^ m )
ft *
TABLEAU- HISTOMQPE ET PITTORESQUE DE CA&IS,
FAR H. DE SAINT-VICTOR (i).
(Second article»)
(Cet article étant d'une trop grande ëtendae , uons n*en insérons dans cette
Ktiaison que la première partie » la seconde est renvoyée à la livraison
•ûvântiB,) *"
De toutes les parties de Thistoire de France 9 il n'en ett aa-
eune' qui ait été présentée sous un jour plus faux que la période
qui précéda ravénenaent de Henri IV au trône. La confédé^'-
tion ^fomeuse connue sous le nom delà Ligtie est le grand
événement' qrui remplit^ toute cette époque ^ et' dont tous les
autres événements ne furent que la préparation ou la suite. Les
kistori^is catholiques et protestants se sont ^ pour ainsi dire 9
épuisés en réflexions sur cette entreprise, bien digne en eSe^
de leur examen, puisqu'on maintenant la religion batholique
en France , elle exerça une grande influence sur les destinées
de l'Europe entière^ Toutefois les uns et les autres , bien qu'en
l'envisageant sous des points' de vue divers, n'en ont point
saisi, pour la plupart, le véritable'aspect. D'une part , les his-
toriens protestants s'efforçoient de prouver qu'elle n'étoit qu'une
révolte contre l'autorité du prince légitimé, et qu'elle avoit été
pioduite par les doctrines politiques que la i^ligion avoit éta-
bliesdans toutes les monarchies de la chrétienté. D'autre part ,
plusieurs historiens catholiques, surtout les historiens français^
sembloient avouer, au moins tacitement, que la ligue étolt une
Irritable révolte, et soutenoient en même temps qu'on nepouv<nt
(i) A la tibrairie classique élémentaire, rae dv Faon , n« 8 , li Paris.
( »46 )
l^imputer à la religion catholique. Chose remarquaUe ! En con-
damnant la ligue 9 les écrivains protestants étoient en contra-
diction manifeste avec leurs propres principes; et les écrivaias
oaUiotifqaesj en ttknt qu'elle f&t tiu résultat de Tordre politiqtte
que la religion, àvoît fondé «n Europe ^ contredisoient aussi
manifestement les témoignages de l'histoire. Les protestants,
qui admettent en principe la souveraineté du peuple , ne pon-
voient) sans tomber en contradiction, condamner comme
illégitimes les efforts de tout un peuple pour maintenir sa reli-
gîon. Dans leur système^ le peuple^ suivant l'expression^
ministre Jurieu, n*a pets même ôesoin d* avoir raiêenfêur
valider ses actes. Dès que sa volonté se prononce , elle devient
4a M «upfèdtety «t ^ loin qu'eue puisse tM» «ne révolte, 4 n'y
A) H ne (eut j|av6ir de lévolte tqm dans IVipposîliiiHi 4 la "vo^
4!onfé du peuple v tend et légftinM 0euvemfo« D'^q^ leim
I^Boipès^ un {lei^ite mê aainoit faite un usage phts tégillne
et sa «ouvetaineté qm loriqii'M ê^iffill es étfsndre sa t«^fta>
ma, pour pâffter leur ftang^^, l'ind^Madanoe de «m «plnioBs
i^digîewei. 0«i«re ^ les ptotentants aliène eux*aé«ieB^deiiiié
t^ehempl» 'es la ligue M pMlcteiKer éaus Imt «ofiRdéi'iëHwi de
Milhau , Itmts éorîVAiiis ^ewt de plus approuvé la férolaltoii ,
wi) «n d'ftutr^s tenaoM, la €6ftie d'Atig)elef¥e> qui «xpulba h
idjmasiÉe régnante pour lut suèsliluer utie ^^astfe neuveBe.
Or le but ptindpal de «eite i^v^ pro^^staînte étolt, de leiir
-aveu, te knaintlen du prote^antisate en Angleterre, «emme le
Init de la ligue «albknttfueéttilt 4e «Mutenk* la rcdfgton eaflio-
Hqtie en fVanoe; et a swa i Smem tl est bien étrange ^^une en-
«epriee 4fsà »a le«rpatoiSMi(t , sur les4>ords de la Tanacise, que
'1^tœerUee'4igM$netlistaffsti(mti mai&nate, leut parAt une
isftvelie saoïâége sur les bords de la Sehte. On concevroit dtf-
"ficaeniBift qufe ce<«e mîanlère 'd^appréoier la justice ^des^ntre-
ftt1se«Y iMilvant les degrés de latitude, ait pu entrer dans
quelques têtes, si l'çn ne savoit que l'esprit de parti conduit
presque teufuiirs à 4es produis d'îneoMéquewae .
I)^tt âMré idMé, plmieun hfatoffittttf «tholi^tt^
les faits^les i^\vA tiKionleiUblMy en niam qfae la ligue (Rfet ttéa^
Pordiw poUHqœ que la rel%ioQ eathollqae a?dit établi dans la
ohi^tlenté. €e que Rouâseau a dit en géuéfflll de toiute flodièté
est vrai surtout des monarehies européèUBes : itfticut» iM^
nefintfimdéfuôia r^igion né lut éérvti de étuëe (i). La
religion eathoUque^ qui atoit fmdè les nionarcliies euM^
pennes, en éloft devenue la lof première; elle étoit, si }e
{Hids parler ainsi , la elef de voûte de leur eonstîtution poli-
liqne. Cette loi fondamentale n'étoiv éerite nulle part, pas
pins que toutes les autres lois fondamentales $ mais, eomme
le disoit très bien Jérôme Bignon de la loi salique ^ tlU éUnt
ieritt i$ êoown des peuples , et surtout èé ûomrê des Fran^
fms. Armés pour la maintenir dans le royaume très dirétien,
les partisans de la ligue étoient convaineûs qu'ils n'atta-
qubient pas la eonstîtution de la'Franee, mais qu*aucon-
irairé ils en assuroient te fondement; Us ne se regardoient
pas eomiue tebeHes aux lois y mais comme les défenseurs de
la première de toutes , à laquelle la loi qui régloit i'ôrdre de
snccessibilité au trône, moins ancienne et moins importante,
étdt ette^méme subordonnée. Lorsque, pour condamner la
Kgue (a) , on demande s'il est jamats permis de se révolter
contre le prinee légitime , on ne dit rien qui touche la ques*
tion , telle qu'elle étoit posée, d'après le droit public de la
chrétienté. On ne mettoit pas en doute l'obligation d'obéir
an souverain légitfane, mais, d*après la constitution du royau-
me, on regaidoitla profession de la religion catholique conime
nae condition indispensable de la légitimité. Si un prince se
fitt présenté pour occuper le trône de France, sans y être ap-
pelé par ta loi salique ) la nation , en s'opposant à ses préten*
tiens, ti'auroft pas pu être accusée de révolte; pourquoi t
(i) Qmtrat social, lir. IV, cluip. vin.
(a) Oa sentaisez qu'il ne s'agit que du priacipe de la ligue, et non dei
excès que les pauions humaine» y ont mdlés*
lU
parbe^iM le dr<^ âe«ftucoéder au trônede E^ranee élalll4éle^
mùié' par la loi salique , ce^rioce auroit été dépourvu d*i»
êt$ oaraotères de rautorité légitime. Par la mémo raison, la
tiDi%ion cathoHqne étant de droit- et de iaît la loi foMamea-
tàle de Tétat, elle étoît un des caractères essentiels de la légi-
limité ; ou )Detle légitimité n*estqa*un mot, ou elle est déter-
minée par les lois fondamentales de chaque-royauipç-X'hé-
rédité du trône étoit r<^lée en France par la loisalique; en
Angleterre y par une loi diffireote f qui accerdoit aux femnes
le droit de régner; en Allemagne , par la constitution > électo-
rale de Tempire.
* Mais au-dessus de ces lois, diverses pour chaque. royaume,
s*éleToit la loi générale de la chrétienté^ la religion qai étoit le
fondement de toutes les autres. A Tépoque de la ligue contre
le roi de îfavarre, la loi qui déterndnoit l'ordrcde suocesai-
bilité se- trouvoit en opposition avec cette loi : première : il
falloit, ou violer celle-ci en faveur.de celle-^là,. ou faire une
exception à la loi de rhérédité, pour maintenir rinviolabîlité
de Tautre. La foi de nos ancêtres ne leur permettoit pas d'hé-
siter. : ils voyoient d'un côté une loi salutaire sans : doute,
mais d'institution humaine; de l'autre, la loi divine elle-
même. Mais, à ne considérer les choses que sous un point de
vue purement politique, ils étoient déterminés par les raisons
les plus puissantes. D'abord , la religion catholique régissoit
la monarchie depuis son origine, tandis que la loi de l!hé-
redite. n'avoit été définitivement- fixée. que aous les rois.de la
troisième raee; de plus, en faisant une. exception. à cette loi,
ikne la détruisoient pas, ils la recp^noissoient.au contraire
tellement importante, qu'elle ne devolt céder qu'à. la cpu*
-stitution religieuse de l'état. Squs ce rapport, cette. eiçceptipn
lui repdoit hommage, et^ la plaç£(nt. immédiatement au-ides-
sous de la religion , l'élevoit au plus haut degré de force et de
majesté que puisse avoir une loi humaine. Aussi, après cette
euspension momentanée, l'ordre de successibiUté repr^oit ua-
( t4d)
tttNflenient son ooots chaslà brafithè catholique de bt.famiQe
royale, qui' eût hérité du sceptre ; tandin qn'en violant «oe
Mule fois la loi fondamentale de Tétat» pour placer rhérétfe
sor le tfdne, on ruinott, sans retour peù^ètve, Jea destinées
de la Franiee catholique^ etla consUtutôon dé Tétat étoit dé«
troile. Les écrivains catholiques 9 qui ont méconnu cet ordre
de choses, ont raisonné sur la ligue' sans la comprendre : ils
Pont envisagée comme une entreprise qui violoit le droit
cemmun , tandis qu'elle n'étoit, pour me servir d'une loour
tien très e^qpreasive de Buonaparte^ qu'une émanation du droit
public de l'Europe chrétienne.
En se garantissant des préjugés divers qui avoient aveniff^
la plupartde nos historiens catholiques et protestants, M. de
5aiint*yictor a niontré- une profondeur de vues qui a droit
d^élonner dans ce siècle «superficiel. Les principes qu'il déve-
loppe rallieroat bientôt , il faut l'espérer, tous les- bons esprits :
nous ies'ferons connoltre dans la seconde par|ie de cet article.
X. . ..,
MiHoiuss DB S. A. R. AHTOivE-Pflii.iPPB D'OaUiNs^duc de Mont-
pensier, prince dusang. Troisième édition, revue et corrigée.
A Pari3 , chez Baudoin frères, libraires.
An fond d'un cachot humide et noir, quel est ce prisonnier
étendu? — Un jeune homme, presqtie un enfant. -^ Quel est-il?
-^J}vl prince. — Son nom?— D'Orléans.— Quel crime a-t-il com-
niis? — On les commet pour lui. — Et quel prodige Ta donc ainéi
ptécipité des marches du trône dans la nuit d'une tour? -^
Une- révolution terrible.— Qtt'il doit lamaudîre! — Non, car il
maudiroit son père. Voilà tout ù la fois les Mémoires du jeune
duc de Montpensier , dont nous allons rendre compte , eties
réflexions qu'ils peuvent faire nattre. Il ne nous reste plUs
Mhitebflttt que leë délailsi
/
( ^5* )
BieaU de œ monde, centeatiroDl^l» da iBoin» à te^ver qm
taçoii dam» iM éif^énemenU eiix-intau» ? U est unefaimUe en
fraiioe qui n'a au^deMU» d'elle q«e la lÎMBiUe q^i porte la coi^
sonne ; elle a pour elle les liens de sa royale parenlé»^ rélendua
des riohessesy les plus hautes alUanœs^ de grands souveniis
liistoriques qui la couvrent* An miUeu de cette dosfiiiée si beUs
et si haute f voQà tout-àH^oup le eb^ de eette famille qui , self
par baiae > soit par ambition aveugle, soit peut-être eneors
par un besoin de tempérament malbeuraiu^^ prète^soa e«Bai
à défaut de talent et de caractète» au mouT^Hent^ qnl s*4r
lève et qui gronde contre la royauté»
Qn'arrive-^t-il P Le mouvement eft à peine eomfnenoé^ ^e
jiéjik oe mouvement est contre lui. U oroyoitfDuireheiif à ysf*
«ailles» o'estdans un cachot qull tond>e } il ebereboit leaospcrty
il teneontre des fers; il vouloitpoilr lui^ pour las aiétis leeonir
jolakidement «v^irémey quelques mois oiSt suffi pour le«r eier
jusqu'à la liberté. La foudre a frappé celui qui l'avoit allumée;
en courant après ce qu'il revoit» il a perdu ce qu'il possédoit
Voilà le prince puai* £k>u» le planobe» do son caehot se tron^
vent deux de ses fils» qu'il ne peut pas même voirv Gomme
père il a aas$t son châtiment.
Tous qui paroissez croire que tout dan» Cd inonde rôttle au
hasard» que même» s'il y a quelque espèce d^rrângeinent dans
Jea. affaires humaines , c'est tout au plus une loterie où la -vertu
seiile a p^u do chances^ contemplez le spectacle dont nous
venons s de parler; réfléchisse» une minute» et si vous^ovez
toujours fait le bien» repveoeis courage^ ^^ Vous le voyez » 1^
méchantsi ne sont pas toujours heureux.
Mais de çev grand tableau arrivon& au îeune duc de (loal-
pejisleri qm lui-même va nous raconta toute l'amertume de
aoa sort et de sa captivité. C'est un épisode qui se détnche avec
un touchant intérêt d& cette saluante époque de notre bis-
foire. Ses MérnoireSf^ in^épendammeiit de ce. qu'Us, sont par
( »5« >
ettx-m£mes> teçoivem oncoie un nouveau prix 4a memeut 4o
leur pubUoatioiié Nous sonuoes prewî» par Ja foule de tous oee
hoiomeft qui^ ajaat joué un rôle dans nog troubles ei^ila» ne
pouvant pluB agir,, veulent^ dea Tolumea à la mainj noua oon-i
traindre à leg éoouler* Les uns essaient de «è justifier , lea an-
tres a'aconsent entoe eux;, ceux^oî a'enoxgtJ^imsBent Bitene de
leurs turpitudes 9 oeux^là ne veulent pas qu*on les eroie capa*'
blés d'un remords: tous noua disent ce qu'ils ont fSsiit; le duo
de Mon^penoer se contente de nona dire oe qiill a souffert*
Il lui est arrivé peu d'événements jmaia ches un prisonnier
tous les. sentisnents. qu'il prouve deviennent des éténemeats.
Les Ames jeunes, moins familiarisées avee lemalheur^l'étadieat
4U meieaeot'eù il les frappe pour tiolier dele cev^rendre.
Nous allons ainvre le eapftif dans, son téeit Mous nous mélew
xe0i t se» foies soudaines et eeur tes » nous nous affligerons de
m trfslesseaplus longues, et comine il ne s'agit pointioi d'inter^
roger un. témoin^d'éeouter un aeteur» de jnger^in oomplioe,mais
d^analyser, pour ainsi dire, lesimpreÉsions dhin enbnt, de caU
culer d'avance ce qu'il auroit apporté de bon et de maavaia
dans sa nature développée^ nous allons essayer de le &ire oon-
Boltre, comme nous Vav0f%a smUi^ si l*on peut ainsi parier.
C'est à Niée 9 en avril 1 793 , le quartier^général de Tannée
d'Italie étant alors dans cette ville , que le duc de Mtmtpensier,
alors adjudant ^oéral UeutenantHx>lonèl,fut arrêté par ordre
du comité 4e salut public. I<e due de Biron , qui plus tard de*
Yolt expier sur réohaftud la fisute d'avoir servi une eause qui
a^toit pas la sienne, commandait oette armée, et , en oette
qaalité, fui ehargé de mettre l'ordre à exécution , en attendant
d'être £pappé à sou tour. «Prince, vous vojrex un homme au
désespoir,dit le duo; j'ai d'affreuses nouvelles à vous annoncer.»
Je lai ctemandai, raconte le jeune prince^ a^il s^agissoit^de quel*
que malheur survenu à mon père ou à mon frère»^— « Non, se*
prit le duc, c'est de vous seul qu'il s'agit. » ^^ «Si cela est
ainsi, je reqpire. » Ce premier mouTOment si ni|turel et si ten-
( 1^2 )
dre , celte eflbsien d'une, âme jeane et pture, nous dispose si
fii¥«*ablemeiity que, lors même que le narrateur sera moins
sensible dans des circonstances plus grades > nous ne pour-
TOnB pas être moins bienveillants.
Biron, poursuivant ^entretien, demanda à son prisonnier si^
dans ses lettres, si dans.ses propos, ilii'avoit pas^ommis quel^
que indiscrétion capable d'indisposer contre lui les gouver-
nants de celte époque :] « Non , répond ceiui*ei ; Us ne peuvent
guère ignorer les sentiments qu'ils m'inspirent ainsi qu'à totrt
honnête homme, mais ils me font bien de l'hônrierur d'avoir
peurde moi.» — «Ma position est affreuse, j'aimeroismieuxreW'
voir un ooup de fusil dans la tête qu'une pareille cominissioB»*
En adiev;ant ces mots, Biron aida le jeune prince à chercher si,
dans ses papiers, il n'y avoit rien qui pût fournir des armes
contre li|i. Parmi quelques lettres très indifférentes, âs-e^
trouvoit deux de son frère atné, dans lesquelles ils'exprimott
avec force, avec dégoût, sur la tournure qu'àvoit prise la caase
dans laquelle il se trouvoit engagé , et il témoîgnoit un désit
extrême de^'en séparer. >
yoiik donc ces deux. fils d'Oriéans qui, dès gS , se trouvent
déjà amenés au point-, l'un de renier le mouvement révolu*
tionnaire, l'autre de maudire les hommes qui le conduisisnt.
Le duc de Montpensier auroit pu se sauver, pour peu qu'il
l'eût voulu : Biron avoit cherché à lui en ménager les moyens ;
mais à quoi eussent servi la liberté et la vie au jeune duc, s'il
avoit ainsi sacrifié à l'intérêt de sa sûreté le repos de sa £imiUe,
qu?il auroit laissée en France, et qu'on n'aurôit pas^maiiqué de
toucmenterà. cause de lui. Cette considération si noble le dé-
termina et le fit renoncer à toute idée de fuite. Le jeune^iînce
ajoute que son frère aine, craignant de sdneôté d'être arrêté,
parcequ'il avoit été aide-de-caAip de Dumouricr, partit et fit
très bien. Il y a là-dedans de la sensibilité, mais il y. a encore
plus d'indulgence fraternelle.
J)e KJeeU fallut allei!^ bien gardée jusqu'àBlarseille^ et mtote
( i55 )
aTecdes dangers. Pendant là route on eut à essuyer lés propos
les plus choquants et les phis indécente de la part dé pîusièurl
grenadiers de TesCorte. «Nous avons bletf coupé le tronc, disoit
>run d'eux 9 mais la besogne ne seroit qu*à moitié faîte si nous
»n'arradrionspas ensuite tous les rejetons, car'sans cela Tarbre
»pourroit repousser encore.» Site père du duc de Atontpénsier
ayoit pu deviner ces paroles , il auroit peut-être , en faveur dés
rejetons, parmi lesquelssetrouvoient ses fils, épargné ce trône
qu*il avott aidé à frapper. Arrivé à Marseille , le jeune captif
fat traîné de cachots en cachots. Conduit d'abord au palais de
jostice, transféré ensuite au château de Notre-Dame-de-la-
Garde, que Chapelle et Bachaumont ne soupçonnoient guère
devoir être un jour une prison d'état, le duc de Montpensier
se trouva là avec son père, avec son frère le duc de Baùjolais,
sa tante^ la duchesse de 'Bourbon, et M. le prince de Conti.
G'étoit sa piemière joie depuis le moment de son arrestation.
• Au milieu de cette. famîUe, le prince de Conti se dessine
d'Mne manière assez originale. Il étoit loin de prendre son sort
9vec patience. « Ma foi, disoit-il à l'auteur des Mémoires, nôtre
«situation n^estp^isagréable.»'— ;«£n effet, M.jrotre frère a retiré
>son épingle du jeu, et il a très bieiM fait, mais il nous laisse
itous dans de vilains draps, car je suis bien aise de vous dii^
• qu'op nous a déclarés otages; et savez- vous qu'il n'est pas «gai
» d'être olage ?3 Paroles curieuses', et qui font sentir combien le
duc de Montpensier avoit été généreux en sacrifiant ses moyens
d'évasion aux sûretés de sa famille.
Quelques jours après toute cette famille fut transférée au fort
Saîiit-Jean ; mais là elle cessa d'être réunie. Il y eut un cachot
pottRchaeundeses membres. Nousne suivrons pas l'auteur des
Mématres^ûana toute cette triste vie de prison , où le temps et
l'esprit s'épuisent à chercher quelques adoucissements à la cap-
tivité , quelques moyens ingénieux de se voir en dépit des ver-
rous, des gardiens et des sentinelles. C'est à peu près là This-
teitedetousles^prisoroiers* Rien de bien saillant jusqu'au jouf
( iSf)
où le duc 4^0rléaii9sqpprit qvCw aUoit W fiondoire & ïari9.pout
}p loger. U r^ut cette ^bOTelleL ^yec, caliw* ii Uon décret
9d'ac6U3ation (^ sont ses expres8ioEi8)a ^tésolUcitéparjde
•grands scélérate; n'importe» je les défie de rien trouver contm
•moi.» Il avoit raison de ne pas conoprendre ce que la xé^oh^
tion avoit k lui reprocher. Il partit ; le père et les eniGsmts ne
devotent plus s^e revoir* Le jeune prince accorde des regret» &
sa mémoire » et cherche aie justifier en le présentant comme
soumis par la foihlesse de son caractère aux seélératii qui l*DDt
perdu*
Vu fils ne s'arme point contre un coupable père 9
Il détourne les yeaz , le plaint et le réTèré.^
Ce langage 9 dans la bouche d'un fils» est un defoir* Netn
laissons à l'hutorien le soin de remplir les siens. '
n manqnoit une dernière douleur sût prisonniers» ils la
reçurciait. Leur tante obtint la permission de venirieup appor-
ter une lettre dont le laconisme ajouloit à tout e»e qu^sDe
avoit de terrible^: « Viyss^ matheureus enfants > pouf ybtira A
malhenreuse m^e. * Mats hâtons^nous d'ttrrif^ à l^^niBAtient
le plus important delà vie d'en prisonnier y oélut o& Il tente de
s'évader: c'est une sorte de péripétie ol^igée. On-donçoften
effet qu*un prisonnier n'a rien de nàieux à faire* Noti^ pre-
mière mesure^ dit IViutepr des Mémairêêi^t dé noos assurer
d'un passage à bord de quelque bâtiment ttalien dont le dé^
part fût prochain. Un capitaine toscan consentit à se charger^
pour un prix très raisonnable^ de deux feunèsgens etdelenrs
domestiques 9 pourvu qu'ils fussent munis de passeports. Cette
difficulté nous parut d'alnn-d effraynnte, mais nous apprîmes
bientôt après qu'un, membre de la municipalité vendoit des
passeports, en blanc 9 et gagaoit sa vie à ce petit 4}ommeroe.
- Il est à remarquer que, sous tous les régimes, on a tonjonrs
vendu quelque chose en France. £n 1^95 on vendoit des
passeports, pareequ'il fklloff s'en aller; plus tard en véndèitdes
iloildeftbgmiii08^parGe(|«e aQ8(uerre$«a consoionioienl beau-
coup. Qu^kmr'oD qui V9ttdroit >uger tm gouvernement a^aw^t
qa*à «'infomer de ce qui «'y vead« Jtfais taiiaciat le jeune duo
poursuivre MU réeil ;- « Quoique noua fussiona i peu pir^ stes
»de pouvoir sortivpar le post-levia, en attendant pour cela h
»déclîn du )our el nou» enveloppant bien danenos manteaux«
•noua peusàniea cependant que^ dana le malheureux oaa où
»i'an de noua aeroit reconnu, et forcé de rentrer^ il falloît
iDOua munir d'une corde , afin qu'il pût ae aauver par la £e«
i uétre, tandia que l'autre^ au bout d'un délai convenu y vien-
» droit 9 au pied de la tour qui baigne la mer, repêcher aon
•camarade avec un bateau* On verra combien cetle précaution
ij^oit néceaaaîrey et combien il £adloit ^tre naalheuieux pour
ique toutea noa meaurea fuaaent auaai cruellement déjouéea*
•Noua étkma alora au tS novembre* et U faiaoit nuit cloaei
•cinq hcEorea et demie; en conaéquence , Theuse de notre dé»
•part fut Ssée à çiaq heures un quart. Noua conytnmea de ne
•paa sortir tous deux enaen4>lef afin de donner moina de priae
•aux aoupQona> et noua décidàmea que Beaujolais partiroit
•d'abord avec Louia, et que^ quelquea minutes apré^, je m'a^r
iohemineroia tout aeul » et que je lerejoindroia aur.le port, où
•il ra'attendroit en marchant un peu plus lentement. Dana le
lOAs o4 îe n'auaroia paa, rejoint Beanjolaia au bout de dix mir
•alitas 5 il étoit convenu <pi'îl s^tiendroit pour averti qu'il
•m'avott été Impossible de iprtir par le pont^levis, et qu'il vien"
•droit avec un bateau me cherolier a« bas de la tpur. Avant de
•se mettro en marche, Louis alla examiner lea environs du
»pQBt*levia, et a'aaaùier qu'il ne a'y trouvoît ni commandant ,
»Di peia<Hine qui pût noua reqonnoUre ; et lorsqu'il noua en
•eut fait un rapport favorable, j'embrassai Beaujolais avec la
•plus vive agitation. J'eus de la peine à me séparer de lui pour
»W lalsaer partir» quoique j'euase tout eapoir de l'aller rejoio*
«die daofl la moment» U partit avec le fidèle I4ui9. lea cinq
(156)
•minnleé qui s^éteoafèrent après son dé^^art meparairènt hor-
uribtënrent longues; enfin, au bout de ce temps, n'entendant
t rien, Je m'enveloppai dans mon manteau, f enfonçai mon
• chapeau sur les yeux,' après avoir fermé à doublé tour lag^brte
• dé notre chambre , et nie flattant de à'y plus jamais reatrisr.
»le passe devant quatre sentinelles; aucune ne m*àrrè£B; je
• franchis le fatal pont, et, mexsroyant déjà en liberté, j^adresse
»âù Ciel les plus sincères actions de grâces pour ma délivrahcèl
9^918 ié cânvptots sans mon hâte, et le proverbe né meofit
»pas. A peine avois- je fait quelques pas que je ' rencontrai ce
• maudit hôte, c'est-à-dire le commandant du' fort, qui rétitroif
r
» chez lui. n me reconnut' .. •
• Ramené dans ma chambre, je sentis qu'il n'y avoit pas un
• ...
•moment à perdre. Afa chère Françoise, dis>-je à ïn% domes-
• tiqué, il faut que vous m^'aidiéx à attacher la corde à lâ'fe-
iiinètré ; car , plus tard , il ne me séroit vraisemblablement phis
s'poasîblé de nie sauver. -^ «Ah ! mon Dieu ! me dit->^le en pa-
ntois, vous vous casserez lé. cou, et l'on me guillotinera. «
• Puis elle se mit à pleurer. Je lui déclarai que si eUe n'av<»it
•que des pleurs et des cHs à m'offrir , elle feroit mieux dé s'en
il aller, et de me laisser tirer d'affaire sans aide, car mon parti
• étoit pris. La pauvre fenune me protesta qu'elle ne s'en itroit
• que lorsqu'elle m'aurbit vu en bas. Bn conséquence /après
• afvoir noué la cqrde autour d'une espèce dé pilon qui Vdn&it à
• la fenêtre , je recommandai à la bonne Françoise de veilliBr à
• ce qu'elle ne se défit point; et lui ayant témoigné conibieD
• î'éfôis touché de son attachement, j'enjambai lafénètre et je
• m'abandonnai à la funeste corde. A peine étois-jeparvenu à la
• moitié de la hauteur, c'est-ànlire à environ trente piêds>c[ue la
» corde casse , et je tombe saiis connôiss'ancé, ayant cepeifdâiit
• le temps, aVaht de la perdre, d'éntendrè-la bonne Françbke
• s'écrier : « Ah I maire dé Diou , et mouort lou païUVre înfiiB ! '•
• Je restai en effet Conunémort pendant plus d'un qtfart d'heure;
«en outrflâitles )réux je fUftfriEiil]^ dé lA clarté ^dtfkt Itmét'elH
J
( ?57)
iiae trouiraidanai la met {uaqu'i ml-eoipe. Je.aouifrob beau-*
•coiip. de& reins» et du pied.droit, que je croyoi8.m':étre seule,-
>jQQiit.foulé, grâce au,sable aux lequi^l j'étois tombé. Mais après
■avoir attendu quelque temps le. bateau que Beaujojiais devoit
•m'amener» je me déterminai à traverser le port à la nage , et
là gagner ensuite, comme jepourrois, la maison du rendex-
• vous « ou qudque autre.où je serois également, en . sûreté ; oe
tfat alors que je m^aperçus^ à Texcessive douleur que j*épi;ou«
' » vois 9 que mon pied étoit cassé ; et la force me manquant >
» j^eus une peine extrême à faire cinq ou six brasses pour attra-
tper seulement la chaîne du port et m*y reposer. La douleur
•de mon pied et celle de mes reins m'avoient donné une dèvre
» violente > et un frisson qui me faisoit claquer les dents. » -
C'est dans cette situation à peine vraisemblable qu'il de-*
meura jusqu'au moment où un bateau le prit en passant et le
conduisit au port, où il fut de nouveau arrêté.. Une évasion qui
vient à maiiquer n*est pas malheureuse, seulenient parce-
qu'elle ne rend pas la liberté, mais parcequ'elle aggrave encore la
captivité. Le sort des deux frères deviui fort triste. Mais bientôt
tout prend une face nouvelle. Lq général iWillot venoit d'arri-
ver à Marseille avec des pouvoirs très étendus. Les . mesures
anti-jacobines que ce général s'empressa d'adopter à sou arri-
vée changèrent totalement la situation des choses. Les jacobins
cessèrent ■ de lever la tête, plusieurs furent enfermés, les
autres se cachèrent.
Ce fut donc sous un général royaliste que ces deux princes
malheureux éprouvèrent un peu de bienveillance. Le direc-
toire avoit alors remplacé la convention. Bientôt un ordre ar*
riva, qui rendit la liberté aux deux prisonniers, à la condition
expresse qu'ils se rendroient aux États-Unis. Le général "Willot
ne cessa de les combler d'égards jusqu^au moment où ils
montèrent sur le vaisseau. C'est laque finissent les Mémoires*
Voici les réflexions qu'ils ont laissées dans notre esprit. Nous;
voyoQs^une grande révolution éclater. Le premier prince du
( i58 )
sÂiig là geconfte, 11 en {tettent tictiÉie. Ses âetfit fils sont pri-
vés de k Kberté, livrés atiit piti» crtiek mitrages^ en butte ft
ces persécutions qui » dans Pesptit du temps ^ ne dévoient pas
leur appartenir; car les facobfais i^embloient se ftire, dans
tette occasion 9 les vengeurs du trAne , si toutefois le trône a
jamais besoin de ven]g;eanceB. Au)»! trouve-t-on à cbaquepage
de ces Mémoires une haine bien sentie contre le jacobinisme.
Houhaitons que tous les princes n^ttendent pas ses coups pour
le haïr.
Nous ne terminerons pAs sans Êiire deux reproche^ aux Mê-
ftunres du duc de MontpenSier. QuoiquMl ;i*ait^oulu doûner
que le récit de sa captivité , il nous semble qu'il s*esi trop reo:
fermé dans des détails qui lui sont purement personnel.
Seulement séparé de la France paroles murs d*un cachot, il ne
pouvolt oublier complètement les sôu£francès du dauphin , pri-
sonnier comme lui; Il ne pouvoit refuser quelques larmes à
toute la famUle royale ^ livrée à TéchaÊiud, car c*étott aussi
là sa famille. Nous réclamerons également en faveur du prince
de Conti^ qui, partageant la captivité des deux frères , anioit
dû par son âge, par le malheur qui eflTace tous les ridioutes^
et surtout parla communauté du même sort, trouver grâce
devant les moqueries de la jeunesse; pourquoi vouloir Itiî
dérober sa part d*iiatérêt , puisqu'il avoft sa part dlnfottune?
A..
1
( 159 )
RÉPONSE
A LÀ LETTRE D'UN PROTESTANT,
QfB4eMMde f» goel moyen il ptiit mettre fin à se* éoates sut la relîgîoo*
€*est à un prêtre catholique que vous vous adressez , mon-
sieur^ après àtoir consulté les docteurs de votre église protes-
tante. Cette déûiarché seule a suffi pour me prouver combien
vous chérissez la vérité, et je ne doute pas un instant que vou$
ne parveniez à la connoître, puisqu^l est dit dans TÉcritun^
^'eUe se montre à ceux qui la cherchent avec un cœursim^
pte et dfvtt. Pai lu votre lettre, Je dirai même que je l'ai méditée
^rec grande attention. Je vous avoue que j^ai été fort touché de
cette franchise avec laquelle vous me faites part de tout ce qui
se passe en vous. €es inceiUtudes de votre esprit doivent être
bien cruelles ; Dieu sait tout ce que je serois disposé à sacrifier
pour voui^ voir bientôt fixé dans le repos de l'unique et invaria-
ble vérité. Mon désir le plus ardent est de pouvoir répondre
dignement à la confiance que vous me témoignez, et que ja
vous a:i inspirée , dites-vous, le jour où vous m'entendîtes , chez
un ami commun , parler des protestants avec un esprit de toU^
ronce si rare parmi te cierge catholique»
Je me félicite , monsieur , que notre conversation ait eu un
pareil résultat, mais je serois fâché de n'avoir obtenu votre
estime qu'auic dépens de mes collègues dans le sacerdoce ; je
n^en connôls pas un seul qui ne vous eût tenu le même langage
que moi au sujet des matières dont il fut question entre nous.
tSiTesprit de TÉglise catholique est essentiellement intolérant
à l'égard des fausses doctrines , il n'en est pas de même à l'égard
de ceux qtil t)nt le malheur de les professer ; quelques faits par-
( i6o )
ticuliers que ses ennemis ne cessent de rappeler ne prouve-
ront jamais le coatraire. Nous savons , comme saint Paul noas
rapprend , que ie serviteur de Dieu doit être doux envers
tous y patient, et reprenant avec modestie ceux qui résistent
à ta vérité. J'ai cru cette ol^servation nécessaire avant d'entrer
dans le détail de ce que renferme^ votre lettre; si vous le désiiez,
au reste ^ je vous expliquerai plus longuement une autre fois
ce que signifient, dans le sens catholique 9 ces mots iotérancô
et intolérance; mais ce n'est pas ce dont il s'agit pourle mo-
ment, que la foi seule peut produire. '
Vous avez eu le bonheur de conserver la croyance à la divi-
nité du Sauveur ; il ne s'agit donc 5 pour vous, que de connottre .
et de croire tout ce qu'il a enseigné et établi sur la terre. La
lecture assidue de l'Evangile n'a point suffi jusqu'à présent pour
éclaircir les doutes de votre esprit sur la véritable signification
d'un grand nombre de passages de ce divin livre ; vous a^vei
consulté des hommes qui ne les expliquent, que d'après leur
sentiment particulier : l'un vous a parlé de réalité , là ob ub
autre sovitient qu'il n'y a que figure , et ces contradictions
n'ont fiiit qu'accroître vos incertitudes. Vous vous êtes enfin
demandé sl*il est possible que ie Fils de Dieu nous eût iaissé
sa parole comme une énigme difficile à deviner , ou comme
un oracle à double sens, sujet d'une éternelle dispute parmi
tes hom/mes. C'est là où je reconnois la justesse de votre es-
]^it , qui , sans le savoir, rend naturellement un si beau témoi;
gnagne à* la doctrine catholique.
Rassurez- vous, monsieur, la sagesse éternelle n'a pas man-
qué de faire tout ce qu'il falloit pour le maintien de la vérité
sUr la terre ; après l'avoir enseignée de sa propre bouclée , elle
en a confié le dépàt et l'enseignement à des honimes fidèles ,
chargés de le conserver et de le transmettre dans toute, son inr
■
légrité, en sorterque jusqu'à la fin des siècles l'erreur deipeuie
dans excuse légitime. Non , les vérités du christianisme ne sont
p'j|S conune des énigmes que chacun peut expliquer à sa ma-
r .
', V
( i6. )
ntère; ni ses mystères n'ont point été livrés , comme ceux de
la nature 9 aux vaines disputes des hommes : ils sont proposés
à notre foi^ que ses preuves et ses motifs rend certaine et rai*
• ■ ■ ' - ' .' *
sonnablc.
• • f •
Dans quelle église chrétienne a dû se cotiserver fidèlement
la tradition depuis Jésus-Christ et ses apôtres? C'est précisé-
ment, monsieur^ ce que vous devez Chercher à connoitre. Vos
doutes ne s'évanouiront que le jour où un ensdgnemént ap-
puyé sur l'autorité divine remplacera dans votre esprit le juge-
ment particulier et les interprétations arbitraires : vous croirez
alors , et ne douterez plus.
«Neretrouvérai-je donc plus, dites-vous, ces consolations
»que j'ai goûtées dans la pratique de mes devoirs religieux près
»f une mère qui avoit pris tant de soin de ma première éduca-
«tion!» Voud les retrouverez, monsieur, je vous le promets,
et plus vives et plus durables que par le passé. Imitez seule-
ment le voyageur qui s'est égaré, et qui, au lieu de s'enfoncer
toujours plus avant dans des chemins inconnus, a la prudence
de revenir sur ses pas. N'occupez plus votre esprit de toutes ces
doctrines et de tous ces systèmes que vous avez entendu ensei-^
gner en Allemagne; vous avouez qu'ils n'ont laissé en vous
qu'un vague confus et une fatigante incertitude. Bénissez le
eiel dé vous avoir pr^^servé de quelque chose qui est pire en-
core , de Fincrédulité et d'une indifférence^ absolue : c'est la
maladie d'un grand nombre de vos coreligionnaires; voiis devez
en savoir plus que moi à cet égard, puisque vous avez passé
trois ans dans les universités protestante^. 11 n'est pas, néces-
saire, toutefois, d'avoir fréquenté les leçons de vos docteurs
pour être à même de les juger : tout récemment l'histoire des
inomiers de Genève , ainsi que l'Drdonnance du grand-duc de
Bade, en ont beaucoup appris à l'Europe catholique (1). In^
certitiule, variations, incréduiité, c'est tout ce qui reste
(1) Voyez les deux derniers nnméros da Mémorial.
2. ' 12
(.60.
aa}ourd*hui du protestantisme; il ne donnéroit plus sv^neàe
vie si l^e'sprit de secte et la haine contre la religion catholique
yenolent à s'éteindre«
Mais je ne veux point oublier , monsieur , que vous ne prenez
parti ni pour Luther ni pour Calvin. Je ne suis d'aucutie secte,
ce sont vos expressions ,^'6 cherche la vérité et Cembrassttai
'partout où je ia rencontrerai; disposition précieuse et essen-
t^îelle à quiconque veut se garantir des ténèbres deTorgueilet
des séductions de Tamour-propre. Je né dois- donc pas m^atta*
cher à combattre en vous aucune des erreurs , aucun dés pré-
jugés du protestantisme ; vous n'étés k mes yeux qu^un homme
de bonne volonté qui désiré trouver dans la doctrine catholi-
que ce qu^il a cherché vainement ailleurs , la paix de Tèsprit.
Mais où trouver cette autorité divine!^ nulle part ailleurs
que dans Péglise de Jésus-Christ^ qui doit subsister , d'après sa
promesse 9 autant que le monde. Comment discerner Téglise
de Jésus-Christ d*avec les sectes qui en usurpent le nom ? l\ien
de plus facile à ceux qui sont de bonne foi, et qui par la
prière invoquent sincèrement Fesprît de vérité; car l'étude
sans la prière ne sera point accompagnée de V onction qui
enseigne toutes choses. La prière est donc le premier moyen
que je vous propose pour arriver sûrement à la connoissance
de la vérité. Je vous conseillerai ensuite de remonter aux
sources pures des plus anciennes traditions. Oubliez /pour
quelque temps, les derniers siècles et toute division^ pour
n'étudier que les siècles primitifs. J*ai cru remarquer, dans
notre dernière conversation, que l'antiquité ne vous étoit pas
fort connue. N'allez pas croire cependant que je veuille vous
isngager à lire tous les volumes in-folio des pères ecclésiastiques;
vous trouverez la vérité à moins de frais: puisque vous parlez
pour la campagne avec le projet d*y passer six semaines, em-
portez avec vous le Traité de saint Irétïée contre les hérésies,
et le livre des Prescriptions de Tertullien. Je vous observe
que ces deux hommes ont vécu dans les temps apostoliques.
( i63 )
Prenez aussi les Lettres de saint Autgustin, et lises principa-
lement celles où il combat le schisme des donatistes. Bornez-
vous à cela pour rinstank; par-dessus tout, priez de bou cœur,
et nous verrons où vous en serez à votre retour.
- Les lettres du grand évéque d'Hippone me rappellent deux
fort beaux passages que j'ai traduits autrefois de ses ouvrages ;
ils mUntéressent encore davantage , aujourd'hui que je trouve
une si graude ressemblance entre la situation d'esprit où vous
êtes et celle où se trouva Augustin à Tépoque de sa conversion
à régtifle catholique. Je ne puis mieux terminer ma lettre
qu'en vous les trabscrivant : le premier est tiré du livre inti-
tulé De VvtUiU 4e ia foi, et l'autre d'un traité centre les
maniobéens, Saint Augustin raconte à un de ses amis ce qui
s'étoit passé avMt sa conversion , et il rend compte des motifs -
qui Tout fixé dans l6 sein de l'église catholique.
ê «' IiQrsqu€| je me séparai de vous pour passer la mer> mon
•esprit incertain ne Si^voit déjà plus à quoi s^en tenir sur sa
«croyance. Cette incertitude apgmentoit de jour en jour de-
tpuis que j'ayoia entendu cet bomncke (Fauste le manichéen) 9
«qui sembloit devoir nous arriver du ciel pour lever tous nos
«doutesy et que, si j'excepte une certaine éloquence, je né
» trouvai pas supériear à ceux que j'avois connus jusqu^alors.
«Déjà fixé en Italie , je me oonsultaî moi-même pour savoir ,
»nofi pas si je resterois attaché à la secte des manichéens , je
«regrettois trop vivement de l'avoir embrassée, mais quel
«moyen j'emploieroîs pour, arriver à la connoissance de la
•vérité, dont l'amour m-'avoit , vous ne Tignorez pas, arraxîhé
• tant de soupirs. Souvent je m'imagînoîs n# pouvoir y at-
•iteiii4l« 9 el l'agitation de mes penses poussoit mon esprit
âvers I4 secte des académiôiens. Souvent aussi je ne pouvois
n me persuader que la vérité fût inaccessible à l'esprit humain,
i^i vif j si subtil, si pénétrant de sa nature , et^e pensais qu'ti
»? avait besoin seulement de chercher ia règle de la vérité
yf dans une €,utoriié divine. Kestoît à savoir quelle est cette
( i64 )
^autorité; puiâqiie» parmi tant de divisions ^ chacun la re-
. ivendique en faveur de son parti. Je me trouvai donc, à mon
•grand regret, comme au milieu d'une fotèt sans issue, et
» mon esprit , agité par le désir d'arriver à la vérité , ne goûtoit
iplus aucun repos. Je me détaçhois de plus en plus de ceux
9 que j'avois déjà résolu d'abandonner. Il ne me restoit plus,
vdans une situation si périlleuse, que de supplier,^ par mes
«prières et par mes larmes , la divine Providence de venir à
» mon secours. Je le faisois assidûment ; favois été déjà fort
r
«ébranlé par quelques conférences de l'évêque deMOan, qui
» m'avoient donné Tenvie de m'instruire sur beaucoup de pas-
» sages de PAncien Testament, que, par de fausses interpréta-
» tions, nous rejetions avec horreur. Je résolus donc de de-
»meurer catéchumène dans Téglise à laquelle mes parents
«m'avoient présenté, fusqu*à ce que j'eusse trouvé ce que je
9 cherchois , ou que je fusse certain qu'il falloit y renoncer.
9 Mon esprit était ators plein de docHtié, et tout prêt à S€
^soumettre à quiconque se fût trouvé capable de V instruire.
» Si telles sont vos dispositions aujourd'hui, mon cher Honoré ;
, il
»si, plein du désir de sauver votre âme, vous voulez enfin
» mettre un ternie à ses pénibles incertitudes , suivez la voie
«de la doctrine catholique que les apôtres nous ont enseignée,
» après ravoir reçue de Jésus- Christ, comme nous la transmet-
«trons nous-mêmes à ceux qui viendront après noMs: Cette
revoie est cette de {^autorité , sans taquette ta v^aieteligion
* ne peut s* établir , car il faut croire d'abord ce que par la
s suite on com{ifrendra , si l'on s'en rend digne par ses
«œuvres (i).
«Si vous demandez ce qui me retient attaché à l'église ca-
» tholique , j6 ne vous parlerai pas de cette haute sagesse qu'un
«petit nombre d'hommes spirituels connoissent avec^certi-
«tude en cette vie, quoiqu'ils ne la comprennent qu'impar-
(0 Saiat Auguatin, lib. D§ utiL credendi, cap. viii.
( i65 )
faitemeilt ; car f ai encore beaucoup d'autres motifs qui me
»foiit demeurer dans le sein de cette église, les voici : )e me
•rends au consentenient général des peuples et des nations;
oje me soumets à une autorité appuyée sur des miracles,
«soutenue par l'espérance, perfectionnée par la charité et
» confirmée par l'antiquité. Je m'attache à la succession non
•interrompue des évéques, depuis saint Pierre , auquel le Sei*
•gneur, après sa résurrection, confia le gouvernement de son
•troupeau; je veux enfin conserver le nom de cathoiiqtic» Ce
•n'est pas sans raison que cette église seule a toujours porté
• ce nom, qui lui est tellement propre, que les hérétiques vou-
•dvoient en vain l'usurper; aussi n'osent-ils montrer ni leurs
•basiliques^ ni leurs maisons^ quand un étranger leur de-
4 mande en quel lieu s'assemblent les catholiques.
> Tels sont les Ken» nombreux et puissants qui attachent le
• fidèle à l'église catholique. Mais , chez vous, 4 manichéens ,
• il n'y a rien qui m'invite, rien qui m'attache. Vous promettez
• hautement à ceux qui vous écoutent de leur montrer la vé-
• rite, et Vos promesses restent sans. effet; s'il vous est donc
• impossible d'ayoir la certitude de votre côté, personne ne
•m'éioignera de cette foi qui unit mon esprit par des liens si
•étroits à la religion chrétienne (i)* » >
Yoilà^ monsieur , comme parloit , au quatrième siècle , un
des plus grands évéques de l'église catholique, et, sans con-
tredit, un des plus beaux génies qui aient paru dans le monde.
Je suis sûr d'avance que ces deux passages ne seront pas
pour vous sans intérêt, et, j'ose le croire, sans utilité. Adieu,
monsieur , si vous avez besoin de m'écrire pendant votre sé-
jour à la campagne, faites-le avec toute confiance, car je suis
tout à vous dans l'amour de notre Seigneur Jésus-Christ.
Y.
(i) Saint Âuga»tin > amt. Bp» ManiefHBi, cap. it.
( '66 )
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.
Saihte BiBU traduile en français par M. Eugène de Gcnoude,
25 vol. in-8*. Prix : ii5fr. A Paris ^ chez Dondey-Dûpré ,
rue de Richelieu, n* 67.
Dans on dés derniers numéro» du Uém&riai, nous aiukoo-
çdmes que le dernier vokime d^ oel ouvrage vraoU do parotire,
et éloit délivré gratis aux souserlptenrs ^ nous plrtmes en même
temps rengagement de consacrer un article à TfàiaipMoJ des
travaux de M. de Geooude sur la Bible. Des raisons particu-
lières y qui ne non» ont pas encore permis de le publier^ noug
mettent dans la nécessité de nous e:ii;eusev de notre rqtard , et
d^ânnoneer de nouveau un ouvrage aussi remarquable. /
L'iHTËiiEvi DB Jb&vs st PB Mabib, parle P, Grou^ de la compa-
gnie de Jésus; a* édition 9 a voL în-ial Pnx i* 5 Ir» À Paris ^
chez ltèquign(Hi-»IiavaFd9 ruades Saints-Pèi^r n* <<>•
Cel^ ouvrage posthuine d*un écrivain connu par savh^ute
piété ^t ses lumières dans les voies iptérieures fut publié pour
la première fois en iBi5. h^ iioaveile édition qu'on en donoe
lî&t une preuve du succès de la première. Il est peu d'ouvragss
qui traitent avec plus d'onction des mystères de N« S. et de la
saints Yiei^e > et nous ne croyons pas que To^i puisse mettre
aplre l^ mains des fidèles un livre de méditation et de lec-
ture plus édifiant et plus propre à nmurrir la piété. Nous regret-
tons seulement que les éditeurs de cette nouvelle édition
n'aient pas consacré une notice au P. Grou , et n'aient pas
eu conuoissance des manuscrits de cet auijteur qui se trauvepi
eptre les mains de |es anciens conlrères^
( '67 ) ,
VlEâ'IMKS PBKBS) DES MARTYRS, tT ▲OTIIES PRINCIPAUX 9A11IT8. Sun«
plémeal à l'ouvrage d'Aiban Butler et Godescard , traduit en
partie de l'anglais de Charles Butler» et considérafotement
augmenté, i vol. în-8^ Prix : 4 fc 5o cent. A Paris, chea
Méquignon- Junior, rue des Grands- Augustins, n'' 9.
La vie des saints» publiée en anglais par Alban Butler, et li-
brement traduite en français par l'abbé Godescard, est si géné-
ralement estimée et si répandue, que tout ce qui se rattache à
cet ouvrage mérite de fixer particulièrement Pattention. Un
supplément au travail de cet écrivain est publié; il devient
important de l'examiner et de le faire connottre. Nous remar-
quons d'abord que les nouveaux éditeuri sont animés des
meilleures intentions, que les matières qu'ils traitent leur
semblent familières; que presque partout une saine critique
a présidé au choix des faits. Le volume contient soixante et
quelques vies, parmi lesquelles nous avons remarqué celles
d'Alpfaonse de Liguori , de Paul de là Croix , du cardinal To^
masi , de Marie de l'Incarnation , du cardinal Bejlarinin , de
César de Bus ) d'Alain de Solminifaac, de Marie -Cloiilde de
France > reine de Sardaigne, etc. Nous pouvons ajouter que
ce volume est imprioié avec soin , qu'il a plus de 5oo pages, et
que notre seul regret , en les parcourant , a été d'y trouver des
longueurs et quelques vîes qui ne semblent pas Fouvrage
d'une plume exercée.
ApOiiOCIE GBNÉRAX.B DE l'iUSTITOT ET DE LA DOCTRINE DES JESUITES,
paTr Cérutti, précédée d'une introduction par E. de P«; un
voL in*8®. Prix; 5 fr. A Paris , chez Trouvé, rue des Filles-
Saiut-Thomas , n° r2.
•
Dans un moment où les jésuites sont les objets des calom-
nies et des attaques les plus violentes, où des pamphlets dé-
goûtants d'inîures sont sans cessereproduits contre une Société
aussi illustre que malheureuse, nous applaudissons à la réim-
' ( .68 )
, pression d'une Apologie que ta Socjété ne désavoua pas, et où
elle est Yongée, ayçc autant de talent que de modération , des
fenatiques déclamalions de ses ennemis*
RÉFOTA^IIOH DBS SYSTEMES DE M. l'aBBÉ fi A.EONNAT ET DE M. LE GAB-
DiHiL DE Lk LuzBBNB , SUR Là QUESTION DE l'usurb ; par AI. Tabbé
Boujron. A Glermont-Ferrand , chez Thibaud-Landriot, et
à Paris, au bureau du Mémorial.
Nous annonçons de nouveau cet ouvrage, qui peut être utile
à ceux qui s'occupent d'une question si épineuse, et qui aiment
à s'éclairer sur un des points les plus importants de la morale.
Examen impabtial de l'avis dû conseil d'état touchant la lettib
PASTORALE DE M. LE CARDINAL DE G LERMONTrToNNERRE. Deuxième
édition^ Prix : i fr. Au bureau du Mémoriai.ciUhotiqùè.
i
> Pour satisfaire aux demiandes . multipliées qui nous sont
faites de toutes parts , nous venons de réimprimer ce petjt écrit
qui fut publié avec la seconde livraison du Mémorial, La
forme en est si piquante, et le fond si solide, qu'il a survécu
à la circonstance qui le fit naître. lia été traduit en italien et
imprimé à Rome avec l'approbation du maître du sacré palais.
M. l'al^bé Fayet, à qui nous en sommes redevables, pous ex-
cusera de trahir l'anonyme que sa modestie lui àvoitfait gar-
der; mais nous devons au' public, et nous le devons à lui-
même , de révéler enfin Fauteur d'un petit écrit où la finesse
des.pensées s'allie à la force .du raisonnement et à la simplicité
d'une élocutlon facile.
DE L'IMPRltfERIE^D« LA CHE V ARDIERE FÎLS,
Succcucur de Cbliot , rue du Colombier , o. ôo.
LE
MÉMORIAL CATHOLIQUE.
OCTOBRE 18214.
DE VOLNEY,
BT DE SA RÉPUTATION D'HONNÊTE HOMME,
j • *
Lowqo^un apôtre de la phUoflM>pbie et de l'impiété a terminé
sa mission sur cette terre, ses amis, ou plutôt ceux qui avoieqt
eu avec lui de criminels engagements , s'ep^pressent de jeter
un vqfle officieux sur.Jie sc^n4ale.de sa> vie. Aussitôt , par desr
discours funèbres où Ton fait couler des larmes hypocrites, par
des notices his^oriqufis tracées cPune main gui a pressé: au
Ut de mort ia m^in difaiftlante.d'un ami si vertueux! par
de touchantes préfaces , où une famille entière^ oA un gr,and
noininre d'amis iUustres viennent étaler . le spectacle de
leurs inconsolables doulem*sj on tâche d'entourer, les ouvrages
où Vécrivain coupahle se survit à lui-même , de tous les pres-
tiges et de toute Tau^orîté que pounroit leur prêter une vie
passée dans lu rude exercice de la vertu la plus pure. Ainsi, par
exemple , à la mort de M. de Yolney , il n'est pas d'artifice au-
quel les philosophes et philanthropes du dix-neuvième siècle
n'aient eu recours pour conquérir la réputation à^ honnête hom-
nie à l'auteur des Ruines et dnVatéchism^ de la loi natu^
relie. Mais il est une réflexion que nous devons suggérer d^a->
bord au bon sens vulgaire. On a di| souvent que Vânxe des icrir
vaiiis se peignoit dans leurs owf rages : cette règle^ il faut en
2. l3
( IJO )
«onvepir , peut Muffrir beaucoup d'exceptions à l'égard des
écrivains qui ont toujours parlé le langage de la vertu , qœ
mtlkeareuBeinMt le viœ sait trop bien iviiter c|tteIqtteft>iB ;
mais il Êiut avouer aussi qu'elle ne sauroit nous tromper à l'é-
gard d'un auteur dont les ouvrages nous offrent le système
complet d'une doctrine aussi abjecte que désolante ; en efiet,
où VhannéU homme puiseroit-il donc ce triste courage de cou-
vrir^ aux yeux de ses lecteurs, du masque hideux de l'immoralité,
« froftt oii brille naturellement la sérénité de la vertu ? Ainsi
je le demande 9 sans craindre d'être démenti j étoit-il bon aoû,
bon époux » bon père, 9dui qui ne voyoit dans les sentiments
les plus touchants de la nature , que les froids calculs d'un
egoisme giaoé f Une pensée noble et généreuse a-t'-elle jamais
falï tressaillir cette âme, qui, en se contemplant elle-^méme ,
f^amùUêU mw v#rt la be«e émit elle se oroyoit pétrie ? Enfin
qnelfae chose à^k&mUié poavolt<-il germer dans un cCBur flé^
tri par l'athéisiie » dans le cosur d'un écrivain , le seul de tens
p«ut->ètf6) auquel le nom de notre sainte religion , qui ravit
^^pxei^ieiels ks hommages de ses ^ua acharnés ennemis ,
n'ait îamiii» anmcké que des blasphèmes. Ah ! malheur A celui
qui, A la leeHire des JRtisnes, <m du CsOéekUmé deiaiêina-
turMô , n*a pas senti la l^»a lui édiapper de )a mahi , èl son
eœur se soulever tout entier de dégoût et d'horreur : il a défà
cessé lui*>mdme d'être honnête homme. Malheur à eelui dont
les oielUes ne sont pas péniblement frappées par le seul nom
ûSm écrivain s auteur de l'ouvrage le plus scandaleux qui soit
•orti d*une pluve tren^pée dans la fange sanglante de la révo-
Intien.
îéut ce qpue nous pouvons accorder A Téloge de M. de
Toiney, c'est qu'ainsi que beaucoup d'autres philosophes, il
M portoit point au fond de ses ccaur l'impiété effrontée qa*il
affldie dans se» ouvrages. Nous nVn voulons pour preuve
qu^m faitt asseï frappant, '%t mieux constaté peut-être quNm
gnmd nombre 4e céinc do0l on vuudroit orner .sa. mémoire.
( »70
' M. di VjQ^neyi se thmvaQt à BalUmort^ étoil «dlé aveopla^
^eari pereoiliied faire une pi^ottM»iad# «ur mer. Bientôt un «
TM^eot coup de vent s'^lèteyjjie la barqae étoit à^ chaque in*
«tant eur le point d^être eÉ^Bitie daog les flots ^ et que tous
les voyageurs , s'attendantlHue mort qui leur sembloit iné«
vitable ^ s'étojent déjà mis en prière. Cependant , contre toute
espérance, le calme renaît» Alors un des voyageurs , qui con-
Doissoit particulièrement M. de Yolney , et qui , pendant le
danger Tavoit va saisir un chapelet, et prief avec la plus grande
ferveur, s'approche aussitôt de lui, et lui demande, < A qui
donc vous adressîez-vpus tout à l'heure ?» — On est philo-
sophe dans son cabinet, répond avec confusion M. de Yolney;
maison ne Fest plus pendant une texiqiéte. • Mous pourrions
encore eUer beaucoup d'autres traits, qui, sans prouver ceiS*
tes que M. de Yolney fût un honnête homme , prouveroient
du moins, je le répète, que les philosophes n'atteignent pas
toujdun dans la pratique 4 cette perfection qu*on trouve dans
leurs ouvrages.
Mais sans scruter plus long-temps la vie privée de
M. de Yolney , peut'^re, pour bien apprécier soù caractère ,
tattdra>^t«il mieux consulter sa vie publique. Or, rien ne nous
semble plus prqpre à la bieû faire connoitre qu'une lettre qui
ne se troute ni dans la correspondance de Grinun, qui en est
dh-on faùteut, ni dans celle de M. de Yolney. Cette lettre
loi fut adressée à l'occasion d'une médaille d'or qu'il avoit
reçue de llœpéralariee de Russie, et qu'il se crut obligé de
Itii renvtiyer, loi^^ùe Catherine eut accordé des secours aux
émigrés français. Ce n'est pas quef nous prétendions que
&rinunL fût plus honnête homme que Yolney : mais U e$t cu^.
rieux d'ejn tendre des gens qui se valent, et qui se connoissent,
se dire ainsi toutes leurs vérités, et, entraînés par un' mou-
vement d'humeur et de vengeance, mettre le pubUc dans
la cottfideace de leurs bassesses. Meii est d'ailleurs qui attri-
buent ave(a beaucoup de foudem^mit cette lettre à* BivareL
O i3.
( i^a )
Quoi qu'il en soit, eDe n'en est pas moins une pièee fort ctb
rieuse : il n*en est pas moins incontestable que M/ de Yolnef
n'y a pas répondu. Nous mettrons d*abord sops les yeux du
lecteur la lettre par laquelle ce^^nniu ripubticodn a pro-
voqué une si sanglante répons^^
LBTTRE
DE M. DE VOLNET, A M. LE BàROIT DE GRIMM.
De P^is , ce 4 décembre 179t.
La protection déclarée que sa majesté Timpératrice dès Rus-
•les accorde à des Français révoltés , les secours pécuniaires
dont elle favorise les ennemis de ma patrie 9 ne me permettent
plus de garder en mes mains le monument de généroKÎté
qu'elle y a déposé. Yoii^ sentez que je parle de la médaille d'or
qu*au mois de juin 1788 vous m^adress^tes de la part de sa
majesté (1).
Tant que j'ai pu voir en ce don un témoignage d*estiine et
d'approbation des principes politiques que j'ai manifestés , je
lui ai porté le respect que L'on doit à un noble emploi de la
puissance ; mais aujourd'hui .que je partage cet or ^veç des
nommes pervers et dénaturés , du quel œil pourrais- je l'euvisa-
ger? Comment soufTrîroîs-je que mon nom se trouvât inscrit
sur les mêmes registres que ceux des déprédateurs de la Fran-
ce ? Sans doute rimpératrice est trompée j sans doute la sou-
veraine qui nous a montré l'exemple de consulter les philoso-
phes pour dresser un code de lois ; qui a reconnu pour base
de ses lois Végaiité et la U6efté;qm , dans son administration,
a sans cesse tendu à ranéantisscment de la noblcfise et de la
féodalité ; qui a affranchi ses propres serfs, et qui , ne pouvant
briser les liens de ceux de ses boyards, Icsaju moins relâchés;
sans doute Catherine II n'a point entendu épouser la querelle
(i) « En juin 1787, M. le baron de Grimm m'ayant prévenu , chez M. d'Hol-
bach, qu'il se proposoit d'envoy«fr h Timpératrice mon Foya^e (d'Egypte et
de Syrie), qui venoît de paroitre, je le priai d'en recevoir un exemplaire
choisi et corrigé ; il y mit la condition obligeante de le présenter de ma part;
et c*est cette politesse qui , sept mois aptes ^ m'attira .une très belle médaille;
mon Mémoire tur la guerre des Turcs étoit prenquc achevé, et je dijai, avec
▼érité » que je n'y ajoutai ni n'en retranchai. » [Noie d& l'àùUur»)
i
«-
( 173 )
deschampims iniqae» et absurdes de la barbarie superatlUeiise
et tyraaiiu|iie des siècles puisés ; sans doute y enfin , sa relt**
giou séduite n^a besoin que d*un rayon pour se dessiller, Mais ,
en alteudant^ un grand scandale de contradiction existe, et les
esprits droits et justes ne. peuvent consentir à le partager.
Veuillez donc^ Monsieur, rendre à rimpératrice un bienfait
dcMit je ne puis plus, m'honorer ; veuillez lui dire que si jel'ob-
tins de son estime , je le lui rends pour la conserver ; .que les^
nouvelles lois de mon pays, qu*elle persécute, ne me permet-
tent d*étre ingrat ui lâche, et qu^aprës tant de. vœux pour une
gloire que je crois utile à rhuinanité , il m*est douloureux de
n'avoir que des illusions à regretter.
Si^é VOLNEY,
Ex-député à rassemblée nationale
de France , en 1789,
RÉPONSE
De M. (e baron DE GRIMM , chargé des affaires de S. M.
fimpératriee des Russies , à Paris, à ta lettre de M. Chas»
sehœufde ^olney^ endate du 4 décembre i^jgi*
A Coblentz, ce !•» janvier 179 J.
J'ai reçu votre longue lettre , mon cher Volney , et la petite
médaille d*or que^e vous avois accordée , après maintes sol*
licîtatîons et maintes lettres écrites par vonsà mes amis , qui
g'obligent à vous le» produire , si vous le désirez. Il faut ( noii
pas^ pour vous qui le savez bien , mais pour le public ) vous
expliquer ce que sont ces médailles d'or accordées, au nom de
sa majesté l'impératrice des Russies , aux brochuriers de
Paris.
Sa majesté aime les lettres ; elle veut les encourager ; elle
^it que quelques petits dons de sa main peuvent, en excitant
l'émulation , développer le génie. Elle accepte assez volontiers
tous les livres qu'<m lui présonle. Il est vrai qu'elle ne lit que les
bons 4 mais elle paie quelquefois les mauvais : de pareils détails
sont an-dessous d'elle : l'ensemble seulement a fixé un mo-
ment ses regards ; et il a ététiccordé à Ses ministres dans les
cours étrangères la permission de distribuer ces encourage-
ments, en son nom, aux jeunes gens qu'ils croiroicnt les mé-
riter. Cette décision de sa part -est du i5 mars 1770, Voilà,
mon cher Vokiey , ee qu'il falloit apprendre au public , pour
fiiire ees6er ion étonaernent ati m]€i de la médttM^ 4^t imt
je TOUS avois honoré* Le tort dévoua l'avoir aeoofdée eut bkii'
léger; mai» enfin ee tort , c'est moi qui l'ai eu. Vous me disitt
que vous avies tant d'esprit I que voua fâMûex de si bons livres !
ma finite est de vous avoir cru sur parole. Mais , d- Un^ autre
edié f vous désiriez à ma souveraine tant de sueeès dans sa
guerre "Con^e les Turcs ^ que vos souhaits valoient bien une
médaille; ainsi fe ne peux encore me repentir de l'avoir accor*
dée à vos pressantes sollicitations. Aujourd'hui vous me la ttn*
voyest mon cher Yolney; en vérité , si je pouvoîs en disposer ^
je la pfésenterois au comte de Rivarol» qui> si je l'en avolf
cru , m'eût empêché de faire une pareille ineonvenaneeà votre
égard. Placé ^ depuis plusieurs années , sur l'observa toire de
la république des lettres , il applique son microscope à décou-
crir les cirops de la littérature , et à les faire connpitre : un
homme de cette trempe seroit utile à ma souveraine , pour em-
pêcher ses agents de donner de petites médailles aussi mal à
propos. Mais , dans votre lettre du 4 décembre^ vous vous don-*
nez quelques tons que je ne vous passerai pas.
Yoùs ne voulez pas que votre nom se trouve inscrit sur le
registre des munificences de sa noba jesté : il faut avoir] toute la
vanité d'un petit auteur pour se repattre d'une pareille idée.
Croyez , mou cher Volney, que lorsque sa majesté ou ses agents
accordent un écu d'or » on y attache pas assez d'importance
à Pétersbourg pour en conserver le souvenir dans des registres;
et^ la preuve péremptoire que je peux vous donner du peu
d'importance que Ton met à ces dons-là ^ c'est que voutf les
avez obtenus. On inscrit les dons annuels ou les pensions ; vi^i
ceux-là , c'est sa majesté impériale elle-même qui les donne ;
et vous saviez mieux que personne que vous étiez bien éloigné
d^o]>tenîr une pareille faveur. ^ ,
On a quelque peine à deviner quel est le motif qui a pu vous
engager à vous donner le ridicule de la démarche que voUs
venez de faire envers moi ^ et à laquelle vous tentez bien que
ce n'est qu*au faubourg Saint-Marceau qu'on peut trouver de
l'importance. Mais , comme je vous coanois , )e vous ai bien
vite deviné. Vous voulez absolument faire parler de vous y mon
cher Yolney 5 pour vous rattacher aux jacobins » ou vous faire
payer par les monai^cbîens qui disposent de la liste civile. Voilà
le défaut de Pa cuirasse. S'il vous avoit plu de me consi:rft0r , je
vousaurois déconseillé une pareille bévue 9 qui vous mène pré'*
Gisement où vous ne voulez pas aller : cela vous mène à réveHler
dans le public lesouvenir de votre âpreté à ramasser les miettes
de cette liste civile; et cette âpreté ue va pas avec raâldbe
( ^75 )
V0i1iii HpuUtoaÉMi ; elle m ruppi^oha un peu t»of dm m*»
nêèfes éê^ ééprédmiêur» dé ia Fr«H%e^
M^is Toilà ce qne •^esiffue 4e consollef , mir la polltk|iitt^
le médecîB- Gabânis ;^8iir les moyeiis do s'ennohip ^ l'ex^bétté^ •'
dielis alM de La Roohe, à*Aèfrà meimy puis apostat, piii*
«eofélaire d'Hehrétius^ puw athée , puis pentimHiaire d'Hélé
fétitt05 pois bas vaiet, et ta eammètê^ éê» éMum êsprii9,
puû aumônier de mma^gneur le conale d*Arloi8) puia peu* '
sionnaire du même prince, puis, dans la révélation, ae«
qnéreur deabîena du ^rgé et des poMesaions de Fabbé Mo*
rellet , «on ami depuis vingt ans, pomesaeur du prieuré de ^
Tlilaier ; et sur ce qai est de eonduite et de bon sens, une
madame ffelvétiua, espèce de folle de la moderne démocra-
tie, mais qui, avant d^aimer si fort la liberté , a présenté
deux requèlea an ministre des lettres de cachet pour faire
enfermer sa propre sœur, sous le prétexte qu'elle étoit folle,
et, dans la vérité, pour Fempêcher de se marier et de porter
ses Mena à d*autres qn*à elle; qui, ayant en efiët obtenu la
lettre de cachet , a fait publiquement et en plein {our arrêter
sa sœur par les soldats du guet , à la vue ae tous les habi-
tants de la place Vendôme, où eUe logeoit, et Fa fait en«
fermer à Fabbaje de Belle-Chasse. Je vousFai dit cent fois,
eett,e maison d*Auteuil est une loge de fous les plus ridicules
de là tente. Quel diable de conseiyvous avoient donné tous ces
^ns-là, an mois de décembre 1789...; P
Vous étieE Fun des plus éloquents orateurs muets de Fas-
semblée nati(Hi aie. Votre air d'importance vous y donnoit une
sorte d'attitude; vos mouvements , une espèce d'ascendant ;
vous avies merveilleusement acquis l'apparence dNin déposi-
taire de tous les secrets de la faction ; ce qui vous faisoit ap-
peler si plaisamment , par le comte de Mirabeau , tô Bastie
desJaeotins. Vous pouviez vous vanter de quelques incendies
dans F An]ou, et de quelques douzaines d'assassinats; avec ces
avantages , vous pouviez très certainement , en restant atta-
ché aux jacobins , recueillir les débris de ce que n'auroient
pu emporter Mirabeau , iicchapelier ou le duc d^Orléans ; et
en attendant patigttment Fétablissement des assignats,,
vous aviez presque^r certitude de pouvoir en remplir votre
portefeuille. Au lieu de cette marche si aisée à suivre , que
vous ont fait faire vos amis d'Auteuil ? Ils voos conseillèrent
de vous faire acheter par le ministre ; et vous vous rappelle-
rez tout ce que je vous dis pour vous garantir de cette lourde
sottise. Cela fut inutile.
Au mois de décembre 1789 > le fier républicain Volney
( 176 )
parvint, bien en secret , fuMqu*à M. de MonlflUiorin, et seprih
posa pour être acheté. Le bon M. de MontmurtM » qui se «er-
Yuit depuis loag-lemps de . la poudre sans l'avoir invealée,
vous crut !, sur votre parole 9 un personnage iniportaut dans
le chib des jacobins. Il faut bien que je le lui pardonne, car
moi aussi je vous avois cru un homme de beaucoup d'^prit.
Sur la même assurance, le marché fut bientôt conclu; et
/ assurément le Fabrîcius Yolney, qui, le 4 décembre 1791,
renvoie à Grimm un écu d*or qu'il lui a voit donné en 171:18,
s^cn étoil adjugé une assez bonne collection dans son traité
avec M. de Montmorîn. Voici quel étoit votre marché.
On vous donnoit Fintendance de Tlle de C^orse^ et six miUç
livres d'appointements ;. Tinspeclion générale du commerce
de nie de. Corse, et encore six mille livres d'appointements^
et puis six mille livres de gratifuafion pour les frais du voj^age
de M. deVolney, de Paris dans l'île de Corse. Six mille livres à
M. de Yolney pour aller de Paris en Corse.... ! £hl mou ami,
' quand vouti vpyagiez en Egypte , un bâton blanc à la nK^n ,
vous n'étiez pas si cher; et j'ai peine à croire cependant
quîalors vous n'eussiez pu acquérir quelque estime.
Glorieux de ce marche ^ jugeait de votre valeur par le prix
qu'on y avoit mis , vous étiez au .comble de vos vœux. 3e vous
prédis de promptes disgrâces et un opprobre ineffaçable : cela
ne tarda pas d'arriver.. Dès le 14 janvier vous eûtes un premier
déboire. M. de Montmorin rapporta au conseil du roi son
travail sur M. de Volney, et ce diable de Necker , qui , quoi
qu'on en dise, étoit bien, je l'avoue, un trattre et un pervers,
mais qui avoit du tact, fit aussitôt une si forte grimace , que
le roi s'en aperçut, et dit : Je vois que M. Necker n^e»t pas
de cet avis. Sur quoi celui-ci prend la parole,. et discutant la
différence entre le prix réel de M. de Voluey et celui auquel
il prétendoit, il prouva très clairement que par nialheur
M. de Yolney n'étoît pas un aussi puissant scélérat qu'il. ^ou-
loit le persuader; que c'étoit un mauvais valet de conjltfé,
qui vouloît changer de condition ; et que si l'on payoit ainsi
les casse-cou, on ne pourroit plus, par aucun motif, satisfaire
l'ambition des chefs. M. de Montmorin insista et obtint le éon
du roi. Vous crûtes triompher, et je vJÛ^ annonçai de nou^
veau un opprobre plus éclatant, car je connoissois Necker et
sa manière de travailler. Cela ne fut pas long : il vous fit
dénoncer, le 20 janvier, aux jacobjns, et produisit les, hon-
teuses conditions de votre honteux marché. Dès le 27 janvier
* 790 ( Journai des Débats et décrets du 16 j«fivier ) , cet eu*
ragé de Goupil de Préfeln dénonça à l'assemblée nationale
( *77 ) .
<|aetTois de sèfttDembreffAVtoîen} vendue au minii«li« , et que
Fan de ses tran^^fu^es étoit le fougueux , le républicain VoU
ney, et il provoqua u^ décret qui mit fin pour jamais à ces
déserfeious ig;nomiiiieuses. Grand tapage; on veut surtout que
le décret ait un effet rétroactif pour atteindre M. de Vuhiey;
car Ai. le duc de Biron , sans attendre le décret , s'étoit démis
dé sa place de gouverneur de Ttle de Corse. MM. Lecou-
teuix et Nourrissart avoient annoncé qu'ils suivroient cet
exemple. M. de Volùey parott enfîn, et il n^ouvre la bouche
que pour ke couvrir d'ignominie. Il déclare nettement {But^
ieiin dt i' Assemblée nationale, du 26 Janvier, page 7)
qu'il s'oppose à Teffet rétroactif du décret : qu'il est vrai qu'il
a obtenu deux places du ministre; qu'il sait bien qu'on ne
peut être à la fois juge des ministres dans l'assemblée et leur
subordonné , mais que son choix est fait, et qu'il renoncera
à sa qualité de député. Vous savez quel fut le succès de ce
discours, quelles épouvantables huées raccompagnèrent. Le
décret prohibitif est prononcé. Mais comme on pouvoit croire
qu'en effet il n*avoit pas un effet rétroactif , mon Volney s'a-
charne à son opprobre: il voit MM. Lecouteulx et Nourrîssart
se démettre fbrmellement le 27 janvier , il entend les ap-
plaudîssementa dont on les honore ; et mon vilain tient bon.
Il lutte» il ne peut lâcher sa proie : mais le miâistre, qui
voit l'inutilité de la lui laisser, le menace de la lui ravir. Les
jacobins , d'uu autre côté, le menacent de celte fatale lanterne
dont napière le sîeur Volney meuaçott les nobles de l'Anjou :
eulin , le 39 janvier, n'osant parottre dans l'assemblée, il
écrit la lettre la plus plate , la plus lâche , et se démet de son
intendance {y oyez celle lettre au Procès-P^eriat de Cas-
semblée noHonalep du 29 janvier 1790, pag. 7). Le plus
froid silence accueille cette démarche honteuse et tardive :elle
toniboit dans l'oubli , si la méchanceté d'un abbé Latyl n'eût
demandé et obtenu que la lettre seroit inscrite dans le procès-
verbal.
Voilà les faîts^ mon cher Volney; et, depuis qu'ayant perdu
vos douze mille livres de rente, il ne vous restoit plus que dix-
huit livres par jour comme député , avez-vous quitté l'assem-
blée, comme vous juriezque vous le feriez, le 26 janvier, quelle
que fût sa décision ? Oh que non I Ces dix-huit livres par jour
valoieut mi^ux que rien du tout, et vous y êtes resté jusqu'à
la clùture. £t c'estje môme homme qui renvoie à Grimm un
écu d'or ! Ëh! mon ami , il falloit le garder ; c'étoit tou-
jours cela. En le perdant, vous verrez qu'on ne vous achètera
d'aucun côtéi
¥«tf» imté m tmcmt ai:HdMMmft 4e b méd io crf té de vi«
aulres fcedMtkm* Yjw» apj^s lee frèree.teroiet toe nofalts
ffifloiçai» «f«f ré^HUs. Il «rt vrai qu'Us est toel : on les piHe, en
les inralte* ea les brûle, on les assassine ; et ils se révoitenl
centre les oialtre» d'une faetîan ob le gnxkà VoAney oeenpe la
l^aee de manœavre. Voiae les nommes^ dé$ Aammee^^rtusT»;
Yous vous y connoiasex* mon cher Volney^ inab eependent
ces hoQunes pervsts portent tout ce qui leur reile d'argent asc
frères du loi^ et ne demandent unécu d'dr à personne; 11b
n*Ottt ni intendance ni ii»pection> et on ne leur leprœbe an-
cnae bassesse. Vous les qualifies ithùmmti^ éinaluTéê^ ymi"
ment» s'il eet dans la nature qu'un Yolney ait une intendaace
de six BûQe livres de rente aveo une inspection de six miUe
Iwves de rente» et que, pour se rendre en Cors^ il hii laSk
eneove sèE mille livres > ces gens^là, qui ne veulentpassmiirBr
un ordre de choses où cela arrive et peut arriver, sont fert siéisa*
turèSf et )e vous^ssure qu'ils ne le souffriront pas. Je sens bien
rembarras de votre position ; et la fin de votre lettre , rendue à
son vrai smis, mel'eiqtrime asse^ «Après tant de vcout pour uns
^révotw^ion que |e crus utile à ma fortuné ^ il est douloureux
> de n^avolr que des illusions à regretter. » Yoilà bien, )e n*en
doute pas, le langage de votre cœur : mais prenea-voue-en aux
circonstances. Tout le monde ne peutpas se vendre aussi fruc-
tueusement que votre ami Cabanis : il est médeètn, et Mita-
beau étoit son malade. Il l'a par Oieu bien pron^tenient guéri,
à la grande satisfaction de eemc qui l'empieyoîent. J'«voue
que c'est un coup de maître .* aussi Ta-t-il bien loué rapiès
sa mort. Il faut convenir qu'il lài a voit de grandes ^obliga-
tions.
Avant de finir cettse lettre, dites-moi , mon cher Ytolney,
' sentez-vous bien toute llindignitéde votre position ? Quoi I dès
qu'un homme de votre parti, jacobin ou monarchien , veut se
donner quelque éclata il ne faut qu'examiner sa vie pour y
trouver mille traits de lâcheté et d'infamie ! Yous me dites que
votre Brissot de Warville est un bon républicain } oui, mais il
fut espion de police sous M. Le Noir, à cent cinquante livres
par mots. Je le défie de le nier, et j'ajoute qu'il fut chassé dé la
police pârceque La Fayette, qui dès lors cominençoit à intri-
guer, l'avoit corrompu et pris à s<m service. Yous me eitex.
votre témoin banal, le sieur Morel, l'assassin de FaVras; làals
il a 'été deux fois à Bicètre, et une fois pour fait de sodomie.
Yous ne cessez de parler du dévouement de M. Manuel, pro*
curenr de la commune de Paris ; mais il a resté éx. ans à
Bicétre , pour fait d'escroquerie. Quelle fatalité que tousoes
< «79)
f(Miv«ntM-Ià ^ €M)re<^mo!, feîtes Aétféiér^ tfiif te motton àt
TaUiè Fauobety que 1« ménMxfr» du ten^ paMé ««t mn%
aiistocratio, el en parler , un. acte d'inmisme. Adieu, moii
cher Volney. H***.
DE LA PHIL080PHIB MORALE,
ou BBS StaviiKBKm STSTJOCBS SVK' LA êWUfOB, BB Là TIB,
Fàb ;fo8SPEt DROZ.
ÛBTCige qo» a rcnpgrté le prix fondé par M. Moot/oa ^ poar la U?n
le plus utile aux moeurs.
Ces hommes qui, sous le nom de philosophes, s'annOficèfent
vers lé milieu du dernier âiècle comme les réformateurs du
genre humain , divisés sur tout le reste, ne s'accorcterént qu*en
une seule chose, c*est que tdût ce que le monde avoit révéré
ayailt eux comme des vérités divines et nécessaires n*ëtoft
que des erreurs et des préjugés; que oe fonds antique de oroyânee
tt de devoirs sur lequel la société avôit vécu d'âge en âge , hé-
litage sacré que chaque génération avoit reçu sur I^utorité
des générations qui l*avoient précédée, n^étôit qu^une longue
tradition de superstition et de mensonge : que tout étoit à re-
faire à neuf , la religion, là politique, la morale'enfin comme
tout le reste ; 6t que tous les peuples de l'Europe n'étoient que
des enfants qui avoient grandi dans une ignorance honteuse,
dont il &llolt reprendre l'éducation jusque dans ses •premiers
éléments 9 à qui on. devoit apprendre Talphabet même de la
raison. Or si , depuis que nou^ sommes à Técole de la philo-
sophie, on ne voit pas encore que nous ayons retiré beaucoup
de fruitA de ses leçons, il faut convenir que ce n'est pas la faute
des philosophes. Ainsi, par exemple, s'il manque quelque chose
& notre éducation politique, aurions-'nous bonne grâce de nous
plaindre deuos instituteurs, qui, dans le petit nombre d'anâées
< *8p ) .
oii îh ont geuirenié la France 9 nous ont donné d^ o^dûOjW
GODstitutioDR et pkus (le quinze inHle loû ? De même, fM)iir noas
borner à l'objet qui doit nous occuper dans cet article , si les
peuples, au lieu de se régénérer^ marchent vers un état effrayant
^ corruption, si jamais il n*y eût moin^ de moeurs que de nos
jours, est-ce à eux que nous pouvons Pimputer, et ne se don-
nent-iis pas. la peine de nons^ faire chaque anniée dix ou douze
nouveaux systèmes de morale ? A qui Ven prendre de la dé-
pravation toujours croissante de Tespèce humaine , après qu'ils
lui ont prouvé avec la. dernière évidence qu^elle est perfectUU
à l'infini? et qui accuser que nous-méme, si nous vivons piut
97ia/qué nos pères, lorsque nous posHédons plus de deux cents
traités, tous plus savants les uns que les autres, sur la science
de ia vis ?
Et en eflet, depuis cinquante ans qu'il a été reconnu que
la -morale de nos pères n*étoit plu3 bonne pour; nous; qu'il
falloit de toute nécessité en créer une toute nouvelle qui
B^eût rien de commun avec la religion , combien d'écrivains
philosophes ont déjà essayé tour à tour de faire des mœurs
avec de la métaphysique, et de refondre les devoirs de l'homme
au creuset de l'analyse I La plus longue vie ne suffîroit pas à
lire tous les livres écrits pour rcmplactr ce livre de morale, qui
ayoit le défaut essentiel de n'avoir pas été fait par les hommes,
indépendamment qu^il devoit se trouver bien vieux et bien
usé, le monde n'en ayant pas eu d'autre pendant dix^huit
cents ans. Mais voyez comment le public a été injuste, surtout
en France, envers tant de maîtres nouveaux qui sont venus nous
enseigner si doctement l'art d'avoir des vertus sans religion et
le secret de vivre en honnête homme sans croire en Dieii. La
multiplicité de leurs systèmes auroit dû ajouter à. iiotre recon-
noissance, puisque, parmi tant de morales opposées qU^ils pro-
mulguoient toutes au nom dj la philosophie , chacun pouvoit
choisir suivant son caprice. ou son tempérament. £h bien! il
en est résulté un effet tout eontraire; elle n'a produit que le
( i8i .)
^èâl :'c^e«t ce (fo% âes^amis irnème^de SI; Dros lai avéletit
fait retùarqoer, comme il nous l'apprend dans la préfaeede
son livre. « Pourquoi, m'a-t*oa dit, écrivez- vous sur k phib-
sophtè murale? c'est de tous les sîijels celui dont les tètes fràn«
çaises 8*0€cupeitt ie mirinsi.. » En vérité iltacit que les Frati'^
çais aient de singuliërejB tètes, pour s'occuper le moins de ce
dont leur» philosophes voudroient les occuper le plus. Mais ce
fait peu honorable pour nous n'est que trop èertain ; au besoin
M. Droz lui-même en fourniroit une preuve sans réplique. Car
enfin , on ne peut le dissimuler, sa Phitosophie morate, mat*
gré un mérite supérieur que personne ne contestera - après
qu^il a ^té reconnu par un jugement solennel de l'académie >
n'avoit pu échapper au sort de tant d'autres philosophies tmh
raies y faites dans la louable intention de régénérer les mœurs
de notre pays ou de produire même une révolution complète
dans le gfôbe , et qui sont restées ensevelies dans la poussière
d'un magasin. Je le demande, qui connoissoit, qui a voit lu la
PhUosophie morale de M. Droz ; pour moi , je le dis à ma
hofliê, j'igdorois jusqu'au nom même de M. Joseph Dboz^
et si je n'avois pas appris par les journaux que le prix annuel
fondé par M de Wonttfon pour l^uvragc le plus utile aux
mœurs avoît été décerné au livre intitulé De ia Phitosophiô
moraie, ou des différents sy s tentes sur ta science de ia vie,
j'aurois pu vivre longues années encore sans avoir lace qui a
été écrit déplus utile vur la science de la vie^ dans l'année i8a4«
Quelle reconnolssance je dois à M. de Montyon et au corps
illustre qu'il a choisi pour exécuteur de ses philanthropiques
volontés!
Mais ici , faut-il que j'avoue l'embarras où m'a jeté d'abord
la lecture du livre de M, Drop ? Le premier sentiment a été
celui d'une surprise extrême. Or comme il peut se faire que je
ne sois pas le seul que le jugement de l'académie aura étonné ;
que d'autres, comme moi, auront pu lire, même avec attention ^
la IHiiiosophU moraiedeM. Droz y sans apercevoir en quoi
f0 JiiTf^ p^ui Mre* fUHe «iw fiMfpvrt^ 4>tt foM fevrarteflié^
lite lui a valu le prix quUl^ a romp^rté $ fe veadiai ptul-étit
«arriceà quelque» uns de nos lecte^v8^ en leur apprenant
oanuneBl je suis parvenu à m'expUquer parlaileaaent un, suc*
cis dent il m'avait été au premier moaeol iipf^ossiUe de me
lendre rais^^n.
Et d'abord, tous croyea peiU^reque if « Dt9» a éerit peui
publier quelque découverte importante ^ qu'il atiouvé, par
fjrempJe, quelque expédient plus in^féaicux que ceux qui oal
été imaginés jusqu^ci > pour nous £iîre miircber droit dans le
sentier glissant de cette vie , sans le contre-poids de la viç fu-
ture^ tour de force dont la philosophie naorale ne s'est pas
encore tirée à son honneur depuis trois mâle ans ? Non,
M0 Dro9 n'a rien dit de neuf; il se borne à rapporter ce qui
a: été dit avant lui sur cet important suje^ Plutarque croyoit
que vouloir faire de la morale sans religion » e'étoit entre^
prendre de bâtir dans les airs. M. Dro» «borne à nous traeef
les plans j à nous ùlm adnairer la symétrie de tous les eM*
teatiœ en fair bâtis par les moralistes qui l'ont précédé sang
s'occuper plus qu'ils ne l'ont fiiit de leur donner un Ibnde*
n^ent. Mali si M. Droz n'a pas enrichi la seienee de la vie d'un
nouveau système 9 vous vous figurez qu'il a du moins le
mérite d'avoir exposé les systèmes inventés avant lui avec
plus de précision , d'ordre et de clarté qu'ils ne Tavoient été
îusqu'ioi ?De l'ordre et de la clarté ^ n'en cherciiez pas dans
les ouvrages de M. Droz ; ce ne sont pas U les qualités de cet
écrivain; et d'ailleurs il faut reconnoltre aussi que les opinions
si opposées , si contradictoires des philosophes sur la ^mO*
i^le présentent un chaos dans lequel l'es|Mrit le plus lumineox
auroit beaucoup de peine à porter un peu de jour. Mais je
vous entends me dire : «Mous y voici. Si Jl|f. Droz, considéré
comme philosophe, est ^ua-dessous de tout ce que l'on peut
imaginer de plus médiocre, sans doute qu'il s'^élève comme
écrivain ; et Je sénat littérale qui l'a coumwé se sem.Mteé
(i«5)
0Mlitttl«r «OS ll«uvB tfuHl «un ornées 4tii8 lé «lèrite déraH 4è
kl pMlDsoplne morale et aux coaleam <lMt il aara ftu embellir
le taëleaa ingrat qu'il écrolttraeer.»^— Eh! blen^ votts Yoito
trompée eoeore. Aride eomme son sajet , correct, mat« pète,
•ane mouveaieiil etaana vie , M. Dihmi; ii*a tfen d'académique
datt« son style qu'an froid mortel. — E11611 , me dtret-totitf,
il 6flt poimaDt certain que M. 'Dre% a fait un diivro excellent ,
poiaf|De l^eadémie Ta décidé ; quel est donc le mérite qtiî
le diatingne? «- Yoilà précisément oc que fe me suis dit iong-
tempa à moi-même sans troufer aucune téponse , et la pre-
Odièfe Sois de ma vie je regrettoîs de n^ètre pas académicien ,
poor pouTiw coflsprendre en quoi la Phiiasopkie maraU ite
Jlf. Z>ff«o»pou¥oit valoir mieux que tant d'autres phiiosaphies
mêw^iôs que l'année i8s4 a , sans dontci tu nattre et mourir,
sans que l'académie s'en 9oit plus occupée que le publie. Mais
voici le tmit de lumière qui est venu m'éclairèr, et il est juste
que je tire enfin mes lecteurs d'embarras en leur appre-
nant comment y'en suis sorti moi-même. Tout consiste à ne
pas chercher dans le livre de M, Droz'un mérite intrinsèque
qni m s'y trouve pas^ et à n'envisager qu^un mérite tttoHf
qu^ renferma à un très haut degré. Je vais éclaircir ma
pensée.
Autrefois lorsqu'un seul livre expHqué aux boiAmes parune
autorité unique étoit regardé par tous comme la règle com^
muae de ce qu'ils dévoient faire et de ce qu'ils dévoient croire,
il n'y avoit qu'une seule morale et qu'une seule religion ; et le
simple paysan qui avoit appris le Décalogue delà bouche de son
pavienr étoit aussi avancé dans la science de ta vie que le plus
éoeté académicien : il n'en est plus deménie, depuis qu'il a été
reconnu que le genre humain étoit d'âge à s'émanciper de celte
autorité qui teaoit ses pensées captives sous le joug des mêmes
dogmes et des mêmes devoirs. La raison de chaque homme
devenue souveraine , s'est fait son système à part des débris
des aneiennes croyances, et il 7 a eu autant de religions et
( »84 )
àemarai^ que de philosophes v^M'onrelrancha cependant
an assez gr^nd nombre de philosophes qui ont trouvé plus
commode de vivre sans aiiouiie espèce de tnoralc ni de re-
tigian,* On pourroit faire une expérience : que Ton interrogeât
tous tes philosophes littérateurs qui composent la majorité de
l'académie, qu*on leur demandât ce qu'ils pensent de Dieu,
de la religion, de la morale, de nos devoirs, à coup sûr à
toutes ces questions vous n'entendriez pas faire deux réponses
absolument les mêmes. Or vous concevrez maintenant si c'est
une chose aisée que d'être approuvé par tant de juges, tous
opposés de sentiments , et que sll n'est nécessaire d'être ni
philosophe, ni moraliste, ni même.de savoir écrire pour £dre
une phHo$0phie morale qui obtienne le prix de SI* de Montyon,
il iaut en revanche posséder un esprit d'une souplesse infinie
et porter à un degré bien rare cette neutralité prudente qui
sait respecter les droits de toutes les erreurs et ménager même,
le plus que faire se peut , les prétentions de la vérité.
Considéré sous ce rapport unique le livre de M. Droz doit
parolire un véritable chef-d'œuvre. Dans ce siècle de tolérance,
je doute qu'il se soit rencontré éiicore un esprit aussi tolérant
que M. Droz; il nous déclare (page 217) t que la piypart
• de ses opinions sont douteuses; qu'il n'en est qu'une qu'il
dénoncera toujours dogmatiquement, c'est qu'il faut, dans les
• discussions, modération et toiérance, » Le livre mênôe tout
entier n'est qu'une admirable applicalton de cette maxime, et il
n'y a pas une seule page qui ne soit ^'expression de la modéralion
et de la tolérance sans bornes de l'auteur. Tous les philoso-
phes qui ont écrit sur les devoirs de Thomme ont eu beau
se diviser et se contredire, M. Droz vous prouve que vous
n'avez qu*à entrer dans leur pensée, que tous ont eu raison,
et que leur mille systèmes, opposés de tous points, « ne SMQt
• que mille routes diverses pour arriver au même but » Ici il
est facile de montrer que M. Droz a suivi lui-même le véri-
table chemin qui seul pouvoit le conduire à son but.
( «85 )
Et pour rendre la chose plus sensible, qu*on se figure cet
auteur, allant solliciter ftes juges, et, soav^livre à la main, frap-
pant à la porte des quarante académiciens. Ou verra que, pour
«
se les concilier tous, il n^aura qu'à leur lire quarante pages
différentes. Qu*on me permette de réaliser eu partie une fic-
tion qui pourroît bien au sur plus n'être que la vérité; mettons
M. Droz en présence de quelques uns de ses juges; sans tieau-
coup de frais d*invenlloQ,nous pourrons imaginer les dialogues
qui ont dû s'établir.
Après les compliments d'usage, rendus plus agréables à
roreiile par l'harmonie de deux ou trois périodes carrées qui
sont ici de rigueur, j'entends M. Broz annoncer l'objet de
sa visite, c J'ai écrit sur la philosophie morale , dont les
•tètes françaises ne s'occupent plus , mais qui, grâce à M. de
»Montyon, occupera encore long-temps les têtes académiques.
sVous avez sansdoiite sur ce sujet vos idées arrêtées : oserois-
> vous demander de me les faire connoitre ? » — c Pour vous
• parler franchement, M. Droz , ma niorale c'est le plaisir, et
» je croîs que rhomiue a rempli tous ses devoirs lorsqu'il s'est
• rendu heureux. • — « En parlant ainsi, combien vous me
• rendez heureux moi-même, M. l'académicien ! %ï tous les
•exemplaires de màThéorie du honheur^ que je publiai il y a
•déjà plusieurs années, n'étoient pas restés chez mon libraire,
»et qu'il en fût tombé un entre vos mains , vous auriez vu que
•vos idées sont depuis long-temps les miennes. Notre système
•se trouve exposé de nouveau dans ma Philosophie morale,
vdont je viens vous faire hommage > et que vous pourrez vous
» contenter de lire depuis la page 70 jusqu'à la page g5^ Si
• je dis, à la page 81, que je n'ose pas prétendre que le désir
• au bonheur enfante les seules doctrines raisonnables sur- la
9 science de la vie, » je n'en laisse pas moins parut tre une secrète,
prédilection pour un mobile « qui s'offre naturellement,
»qui exerce un empire doux et irrésistible, qui ne conduit
p qu'à de sages résultats (ibîd.). » Mais que voulez- vous ^ il faut
a. 14.
tIÉMr 9 ^ff&ùBt We "pfts ^*(!iBfr 41^ HàM la ^mMoii fift )^ we ton
%^ÉIÉlë VMAft IJttfflOloliiy vMlit dn piM ^^Hto Yicccsnlc* jriiMo donc
%'4w VTCttvPB UCnMK "Kb Twob pflVl* vHCAT 0OuIOIt(» ClfQX uC TM
•collèges. «
86<lli. IMW) tft^tAi pMt bttp^Ml {M*tMtft 9à ittiêDS^.' A €€(lte
i(fùoMim pctfb'i^MtiD Mcôfid ticaaéiiinffctafé(icni«:tsi. 'v'PidnDHaf
vtfyMAMs^Af^fMtosOfnvM^ H • 9^&Zf û tih Attiti tjtA ifà*a tov^iffs
ii^flnPd hoivfltAè ;«*6itt ecM qttl, «ilthiageaiitle bmAieor Gofiime k
fr'MMfl Ittft MfBAtlfft fe iilfs ai5itom ) fcnJte'bi ttttytder mt tm "vfl
«"égMmAe.^Mf ifidl , )Hii temfcyiGn'ft €té ecAitaincu que le véiflairfe
V(Mn€^lpè^ la iharaAttSMSMnr1«^rirdnet)*e'Qllte scctt 1t(^^
irM ^libtilitMMtttDtts M-ha» paot nmisicmbltet notis-ttièiiies , «t
viieii6tii'l>Mni]pet xfde et ncfêneuàilAft». « •— ^ileta^aVtcmdais
'»M6fi, nùtttÉtmtf qa*mk ^sf^^^mit tiossi dé^tèressé ûmoît
«plaire à tin c6ettr ^éiretuc icoiottie 1« vdtre: *Tdtit letBsdliiiie
•(ftiapllre {teniitm «fatrâge est tontôeré à l*etamen de yroXtt
1» opinion; peitneûez-moi de votts eb Utele début : Quand la
^Vutrate nUttdectmohite ftàcti&M (du désir d^tre utile aox
«liOftitties), on n^aplu» à crwindrede ta 'voir dégradée par (01
^ eatcùU it^V^ffôîmie au par tes erreun de la sf^^rstitton....
^1>un8quHuvi(U8em€ntThwnmeptuïseplangetenchercha^
Èiel^mhmir! A iftUtte» fbUes U peut se livrer en cherchant à
tptaireà FlttreintisSMei^ita tirédu néant] Cherche le tan-
9iaUr,obiîs àlà IKvinitéf sont des préceptes qui, poùrn'étn
^jUitiaùiinterprêtis fitussertvmty demandent un esprit éclairé.
^La ifiaxinu Ftds du bien à tes semMaétes, est cette qtu
«te thnpte éon setts t^D0bjue avet lephu de facilité... Vous
'»*potirtez eotrâim«r Hte im Vtt^ inoiiBietir; "lotn te reste est
( «î )
Mwlè^tnèHiè mny «t ^ fow wm 4» tome ie%o«iiiMMi» t
•la page ia5, vous demeurerez bien ooaViteéci -^fue )eiM
»pag i$àt «M Inm |ra«r éuMr mm mmn ^Mmit ^jôè le
- Hons'pmrrioM antljMir ain^ iout l%«l¥Nig6 fle M. l>tiKi^y
4Bt OB ¥«rfolt ifii'il n*y a pas «m «eisil 4« totlft les ayi tfe tm ft
ie mwa t o qt «evt 4lé ioM^^ittés , ^pà A'idt #es lrv«hlttg«», M
que même M. ï)roz ne déclare quelque part être de tons M
AvafBft d*aff«lr l« AI. l^n», j^uroiB eru lafi« Hw iaftite à
Faeadénm en stifiposaiil; que rathéiâme et le «ceptidsmid
poMeni avoir ^ea parliaana dan» son sein; rnnis M. 2>r«r m'a
8f Ifien prowé q«B fon peut avoir nn feirt bon système de
merftto saiM erof re en Dieu et nrêtne sans rien croire dn tout,
que je n'fturaf aucune répugnanoe à penser que les passages
qœ n««s aHoas eiter niaient été faits à Tialention de se eon-
^ter quelqties uns des membres de ee corps illustre.
«^^es émes pienses et tendres ont peine à se persuadéf que
f Vatiiéisme puisse exister. SHl'soifit de reconnoltre datts Ttini-
tyetn nnelbrce acttre et Seconde , sans douté n n*y a point
i»A'atliéei mais «m faut penser que cette force est celle d'un
«ttre infini en puissance, en sagesse, en bonté*, le spectacle de
«!a nature n*a pas frappé tous les esprits de manière à leur
flrétëler«on àuteUr.
» n est deux dasses d'athées. Les uns. Victimes» d'une dépra-
» vation abjecte, sont parvenus à repousser ndée d'un juge
» inévitable. Ce tt^eit pasTopitiiCn de pareils êtres qu'il s^agU
V d'examiner, et l'on peut dire qu'elle est étrangère au su)et
»qui nous occupe. D'autres hommes, sincères dans leurs re-
n eherches scientifiques, ont été conduits ^ar elles à un résul-
»tat diUéreàt de cehii qu'on devoit en attendre : leurs labo-
9 rieuses études, leurs admirattcs décauverM, leur éton^
•nantô IwéUtU à expHqiter pat des tauses pterement méoet^
wmifueieâphénomint9^t lanaturé'^t^ceux ie ta pensée ^ les
i4-
( i88 )
BOat amenés à ^ ne. plus voir dans Tunivers la nécessilé d*iin
» moteur intelligent.
» Ces deux classes d'hommes si différentes ont .souvent été
• frappées d'un égal anathëme; les mots athée, vicicu^y .sem-
• bloiçnt être synonymes. Il est cependant Jncontestable , d*a-
»prës les faits , et d'après le raisonnement» que .Taillée peut
• connottre les lois .morales et sentir le besoin d'y conformer
• savie.
» Des philosophes disent que ces lois sont les volontés de
» Dieu ; d'autres qu'elles sont les rapports nécessaires que bo-
»tre organisation nous. donne avec les êfres qui nous entou-
>rent. De vives discussiuins s'établissent; on diroit que les
• hommes civilisés aiment les disputes comme les. sauvages
• aiment les combats.» £t après avoir prouvé que ce n'est pas
la peine de disputer sur deux déûuitions qui reviennent, au
même, M. Droznes'en tient pas là; il s'élève avec indignation
*
contre Rousseau, qui n'étoit qu'un intolérant, comme chucun
sait, et comme le mot suivant le prouve : SI ta Divinité u'^sl
pa^f a n'y a que ie méchant qui raisonne, le bon n'e$t
qu'un insensé. «0 Jean-Jacquesl s'écrie Al. Droz, pourquoi ce
blasphème est-il sorti de ta bouche? » Il est bien évident que
les athées de l'académie n'ont pu se dispenser eu conscience
de dpnnerleur voix à M. Droz, et que le long passage que nous
avons cité, et surtout le trait d'éloquence qui le termine n'ont
pas dû leur paroilre trop payés rfes six mille Irancs légués par
M. de Montyon.
Enfin les sceptiques ont dû être plus contents encore de
M. Droz que les athées. Suivant lui , a le scepticisme est pro-
• pre à répandre deux qualités précieuses, la modestie et *'in.
» dulgence. 11 plaît à des hommes que frappent d'une part les
• bornes étroites de notre esprit, et de Tautre les Sanglantes
• querelles trop souvent excitées par des idées spéculatives:
• ces hommes pensent qu'il est sage de s'attacher aux idées
•pratiques et de rester pour les autres dans un état de doute
( >89)
»et d^indîfférence. Sous ce rapport, lé scepticisme est favorable
>à la paix... » Du caractère dont est M. Droz, la paix doit être
le bien auquel H doit attacher lé plus de prix , et par consé-
quent le scepticisme une des opinions que dans le fond il es-
time davantage.
Parmi tant de systèmes que M, Droz expose tour à tour, il
n*y en a qu'un pour lequel il ne peut s'empêcher de marquer
une aversion assez prononcée. C'est celui de ces esprits étroits
qui ne comprennent pas que des opinions contradictoires peu*
Ycnt être également vraies, également bonnes ; qui sont per-
suadés qu'il ne peut y avoir\{u'une seule morale comme une
seule vérité ; et qui en concluent que nos devoirs comme
nos croyances ont besoin d'être soumis à une règle supérieure
à notre raison foible et variable. Il est vrai, et le succès même
du livre de M. Droz le prouve, les partisans de ce système ex-
clusif ne se trouvent qu'en minorité au sein de l'académie; et
cependant s'ils étoîent capables d'entendre raison , ils auroient
pn encore n'être pas tout-à-fait mécontents du chapitre où
M. Droz s'efforce de parler de son mieux de Jésus-Christ et de
l'Évangile, et où il prouve que l'opinion de ceux qui préten-
dent qu'il n'y a plus de christianisme parmi nous, vraie si on
la restreint à quelques coins de la terre (les pays catholiques
par exem(»le} où il n'y a en effet que des grimaces de religion,
est exagérée si Ton embrasse toute l'étendue de l'Europe . Et
savez- vous quelles preuves il donne de la vie d'une religion
que d'autres prétendent être tout-à-fait morte, peut-être
parcequ'ils peuvent se rendre lé témoignage de n'avoir rien
négligé au monde pour la tuer? une seule, mais elle est sans
réplique, l'existence des sociétés bibliques.
Eh! mon Dieu ! pour peu que l'on soit raisonnable, il y a
toujours moyen de s'entendre avec M. Droz. Quoique les amis
de la religion soient les seuls qui pourroient se plaindre de
cet écrivain , ne semtle-t-il pas avoir fait exprès pour eux le
passage suivant , qui se trouve à la page III : « Frappés des
c Ï4FV y
» pliisieiftr& philosQj^hes ont j^xwé q^'iilGMit ex^ooet d'ahaadBtfl^
dévoira jUNÛaux , le& établir sur iiii«/ basa t^e qpi< PaaMW
• de lo» ou» TaouMir do sea semblables ;. puii appeler lee idée»
•religieuses pour former le complément heureux, et uéefsaairf
»dea idées morales. Aloi% le principe cp» aoiu oi&oiipie^ leur
•semble pexdre ses dangers. et gardée ses. aitan.taysw Ilsélè«el^
•un. édifiée dont la reUçion forme la eûupaiê'i, qpk le gamirtit
•des tempêtes» » Eh bien» <}|a'a:sez:-i»us à di«e2 ¥shia> v^iMea
que la relipon servit da fondement ;^ on la met daae* la cem-»
ble P X art-il de qpioi çhevchev quenelle à. laa honuma %uiae
dismande cga«*à vivre, en pais axée toutk; monde?' Taa^ dL'aur«
tves philosophes ont rejeté^ toul~à-£ût la relig^Um da L'édifice»»
ne devezrvous pas savoir gré à cekii-CL(|Milui. trouve, au owMJia
mie place sons le toit?
Cependant s'il n'exclut paa toutràrfoit la religion^ îtL Bvok
est forcé de; d^cHexer , comme on Ta pu cemarqoen dMbSr «o.
passa^ <pie nousavona déjA €ité„ etcomme il k- sépàte.eiB<|
om six autres fois dana son livre » que ce mntif est die ^w
celui qpï est suiet à plua d'incoavénienta; ^^il a'esft l^tm, q^
pour les hommes édairéa :. ea sorte qpetla scntitneiit'retigieitx
ft'est es ^el^ue serte. qu'un ebjet de hiM que IViOr peiM
laisser aux philosophea^ qui , mk peut étret tiam}«UUe ,^ o^ei^
abuseront pas; mais qa'il fairt éter avec soin au peuple »^ dam
les mains duquel il pounroit devenk un instrumtnt da^-
geveuoK» Mais enfin , me dires- vous , s* la feligion , n'appi^an4
plus au peuple ses devem^ que fora donc une b^uf; Cemil|(^ 9
parexempd^^ qui ne sait pas Ure, et qui voudroit ciçpeiliwt
avoir ^ elle aussi, une morale? Ce qu'elle fora? 1<| chos^fH^
bien simple ;puiisqu'dle ne sait pas Ure, eUo commopotra
par apprendre ; puis elle achètera la Phiiosop^ miJ^<^ i^
M, Drozy ie iivr^ U fius uti4e aux mœurs qui ait paru fcltç
année y ainsi que l'académie l'a décidé î puis ell^ éta^îf^a
les deux eents systèmes exf^osés dans ce livre, puis^te.k»
km wajpçbé I, et ([9'w«i £mim w^xuf ^mp^minI^ «HM^i^tJKra
pris ^ avant tout 9 son parti entre réçf)lj9^ 4'^PiQW^ f\l ^liH^ .4%
- AClDéMIft IXBS J$GIBNGB&
(hi lit toM te CwmH 4d Q oi^toh^ i'$^rU(4f v4m»h rdMf
f te .|Mr«ie Ami Mé 4omé(i à m iwnib^ «M'rn dU Mff
géomètre, et dont le nom , que nous avons fort «MJ^Wt^^AHi
honorent l'académie. Il étoit chargé de faire un r<|{)p^ fi|||$ fig
mémoire de physique, et dans ce rapport il a eu le talent de
pattar de i*tmfl»ori«li4é de l'âme , de l'exîito|iM i» (Mm , de la
véiifé de la reUgion cfatétiense, et d'autres >éri«éi eemUiaMe»
qui se ra||achoient tant bien que ma! au fond d*une question
mi\§9 çp^lf»|•^ Ce petit discçurs ^ui ressemWoit j>lutôt à une
corfeose que de vc^r ne aeadémieiea q«i «enbloift M8H>^ ^
respectables fonctions d'un missionnaire prêchant des infidèles.
Mais ce qui p'étqit nouveau qu'au ^ein de l'académie , c*étoit
d'«»twi4c« m «épwèt,i:e cherchant à j^^rouy^r^ non pajr de^
( I^ )
«lamations rebaltucs et toiit-à^faîr hors de Râîftoif dans unnitele
éilaïté • que le malériali^mca envahi le dotrnaiiie des sciences,
proposition dont il seroit. facile de prouver la fausseté; et les
noms de Voltaire et d^autres philosophes se sont trouvés placés,
on ne sait comment, dans ce sing;ulier sermon, qui a fini par
devenir alors fort amusant.
Le président a demandé ensuite ,si Ton avoit qttelques ob-
servations à faire sur le rapport que Ton venoît dVnlendre; le
. silence général n'a été interrompu que par une voix qui s^est
écriée \ Apiès VAgésilasj hélas! mais après i* Attila , holà!
L'académie^ consultée sur la question de savoir si le rapport
étoit adopté , a manifesté p«ir un profond silence la résolution
de ne pas voter. Le président a otpliqué alors que , d'après les
règlements, les académiciens dévoient voter, non sur le rap-
port, mais sur les conclusions du rapporteur : celui-ci a été
alors invité à les relire; elles portoient que lé' mémoire dont il
venoit de rendre compte étoit un tissu d'erreurs. L*académie,
après cette distinction , adopta les conclusions de l'académi-
cien géomètre. ^
On ne sauroit mieux répondre à cet article indécent, qu'en
citant la partie du rapport de M. C^uchy , qui a donué lieu à
cette diatribe.
\
'■ « Nous ne poa^ons passer sous silence ni laisser sans réftonse an reproche
grave adressé par l'auteur à Newton , qu'il représente cumme duulaot de -
l'existence de l'âme. Certes on ne nous accusera pas de favoriser les doctrines
qui nous paroissent avoir qnelque tendance au matérialisme. I>ious iiomnies
persuadés , comme M. Soulin , que toute philosophie qui s'élève contre Dieu
est aussi fatale au progrès des sciences^ qu'ennemie du bonheui de la société;
et loin de regarder la raison et l'intelligence de Ilîomme comme des produits
de* son organisation matérielle , nous aurions à y reconnoilre , suivant la belle
expression de l'un de nos honorables collègues, de l'auteur de la Théorie <U la
ehalcuvy une sorte d'émanation de l'intelligence divine. Nous adhérons plei«
nement à cette maxime du célèbre Bacon, Parvi haustus phiiosophifB faeiunt
incredulum , magni {^hrisiianum ; et âous sommes convaincus qu'à l'avenir i
cdmâie pftr lé pftssé, tontes 1«« tentatives faites pour té^ftttdrfi. te dMtl
( 193. )
Mir la divinité dn christianisme ne serviront qu'à 'en fonmir de* noiiTcRet
preuves. Mais nous ne saurions admettre que jamais Nevfton ait douté de
l'existence de l'Ame. Pour 8e côô^aihcrc dn contraire, il suflBt de jeter les
yeux sur le scôlie général , qui termine le livre des Principes , et dans lequel
ce grand homme rehausse encore l'éclat de son génie, en l'abaissant detant
la majesté suprême de l'auteur de tonte science, de celui qui est la source de
toute vérité. 11 suffit de lîreeeM passages si clairs et si dignes d'ét-re remarqués.
Omnit anima tenticnt in divttti» temporibus , et in diversii t^ntuorum et moluum
organit, eadem estpersona indivisibilis, Deutn tummum neeetsarioexisUrein eon-'
fusoètt, i/l eœeusnon habet ideam colorum, sic nos ideam non habemus modorum
quibùs Deussapieniissimus sentit et intelligit omnîa. Il suffit enfin d*ccouterle cé-
lèbre Goster développant la philosophie de Ndwton,et seservanf,à ce'sujet,de
cespèrolfs mémorables. «Ce grand ouvrage de M. NéTvton sera un solide rem-
»part que les impies et les athées ne pourront jamais renverser. C'est là qu'il faut
> chercher des armes si on veut les combattre avec succès. Nous pouvons mainte-
• nant contempler de plus près le spectacle de la nature , jouir plus que jamais
• d'un spectacle doux, adorer et servira vec plus d'ardeur le maître et le créateur
• de toute chose ; et c'est là le plus grand avantage que l'on puisse retirer de
lia philosophie. Il faut être bien aveugle pour ne pas voir dans le mfilleur
•de tous 1«*8 oavrag4*s la sagesse infinie de celui qui en est l'auteur. Mais c'est
yle'.comble de la iblie de ne vouloir pas le reconnoltre. » Le même géomètre
ne fait que commenter le scolie général déjà cité, lorsqu'il dit dans un
autre endroit. • Un monde aussi beau et aussi admirable que le nôtre ne peut
• être qu'un effet de la volonté souverainement libre d'un Dieu qui prévoit
•tout et qui gouverne tout. C'est là qu'il faut chercher la source et l'origine
•de toutes ces lois que nous appelons lois de la nature , dans lesquelles on
•retrouve à chaque instant les marques sensibles d'une intelligence infinie ,
y sans jamais y découvrir le moindre trait qui puisse nous la faire regarder
• comme nécessaire. Se flatter de pouvoir découvrir les principes d'une vraie
• physique et les lois de la pâture par la seuIeTorce de son génie, en fermant
•It'S yeux'sur tout ce q'wi nnus environne, pour ne consulter que la lumière d'une
• raison intérieure , c'est établir que le monde existe nécessairement, et que
%leskHS dont il s'agit 'sont des suites immédiates de cette nécessité. C'est
•retomber dans toutes les erreurs de la plus méprisable de toutes les sectes,
• de ceux qui s imaginoient que la nature a toujours existé néces:iairement et
• en tout lieu, qu'elle est infinie et éternelle. » Après de pareilles citations,
on doit être fort surpris de voir Newton accusé de matérialisme. Toutefois
notre étounement a dû diminuer quand Bif. Soutinnousa déclaré que c'Moit
dans quelque écrit de Voltaire qu'il avoit puisé une idée aussi fansse de la
libîbiippblo AeTltooifane. pu sait quel étoit le dédain de VoMrp pour lei
( «S4 )
Taillés ^r jes^ptellv 1^^9^^, ^9 boabcpf detrpevpUf « o^mbiea d'«iK^i«9 il
ètoit digpcMé ^ px^ttt aax autres ses propres opinloi^ i et l'on popToit tout
attendre de cekû qui disoit dans sa Fhilospj^e générale : c 4Uoqs plus aTsnt^
»9uel besoin aTex-Tons d'nne âjntt A quoi ho», ce petit être inconnu et in-
«comprébensibie^l Donne xrfous une Ame an soleil qui viTiEe tant d^g^lobet t
»ft ai c«t astre »î gi»od ft si itoiuxant ^si nécessaire ^ n'a point d'âme ^ pourquoi
> l*boiiun6 en «wnit-il wa? €ette toe que tous aveia v^«fîaéi être nxiè ^7
»stf»c« « n'est donc en effH qu'une faculté ; » et qw osoit | dans une lettre à
Tbiriot» avancer cette é^aoge maxUne :« ht mensonge est une très ^[rands
tierltt quand il lût du bien» Il faut mentir « aon pas tinidenent 1^ non pM
ipovr un temps» maî« hardiment et t»a^urs. • Toutefois « commet aons yoii-
iMia être î«sta&t même envest calui qui fut si lOUKent injuste » et %m ntm
swona tooîomca préMi 4 lonsr fe qui petit être di|;n« d'ékties^i mêmet djuiA ks
toît» d'un bamm^ qm n« reiqMQtpit rien % nous obserretomi q«<{ 1% philoso-
phie Qevtmeon« a tntpiré à Yoltaim de hea«« Ters qui ne portmnt onlU-
ment i'empreinte^ dn maténaUim«« Kooi voulons porter â« soo épitro à mt^
4jMne U marquist du GhâiiM»
liaîssons un mU&riUile foUiculaîre insulter ji œtui »oblô pm-
tméom da foi^ où itttpir» im dcmeagd oiifétiw qui ii*« MmAia
été filim m4Mt«aire iiiie de nos [otm » même au ma dM so-
ciétés savantes; laissons-^le s*étonBer qa*Dn ose parler de Bien
et de reliçion devant racadémie des sciences* En vérfté ^ e*est
un bleq grand scandale pour les luioièfes du aiàcla : )tl« Gai|-
chy I qui venge la mAnoire du f rai)4 Newton du vefMroolMi
dHmplété, o*est qa^uo mtoionnaireÉiBatlque, pvéetumêéêê
infUète». Nous ignorons si ces derniers mots sont parfaitement
juBtes ; nous nous en rapportons provisoirement 9 à cet égard| à
rautorîté du Corsaire , qnl doit s'y connp^lire. Nous m mw».
abaisserons pas non plus à venger la néputation de Mt G»ii^ f
nomme matliéBiatieie» , des attaques du fournAlis*^ 1 sous ee
rapport, comme sous tous les autres , ee{eune savant n^* paw
besoin de nos éloges. Lorsqu'à l'âge où la plupart des feunes
gens terminent à peine leurs premières études^ pp a été appeléi
pomme lui^ k siéger dans la première académie du myiimMs
etquVm a*A diL nette bonoralile dhtinelion qu'à Téékt d'un ttt*
leot qui e^ devemeé les amlées» en doit pea stequiilev^ég
(i»5)
Mqi pitiijitwrili il^wnain M la méiHtm^ Uf«MM0 4i
racadémie qui a donné lieu à son article, nous suggèro 4t»ié<p
flmw» plus {mporfai^tcp. S*il ml frai fue TaeadéiMi fe loit
ooMMé^ d'fiM diffHHUti par«9qtt'U ét«tt du^tJM i f 'U «l; yim)
^'eUft 1^ imskik ^ jp^rqum d'i^npiabatiafi { «*il cM yjrai |.
QonuM ga 1% raifUflé t iiu^m y aîi enlaça plu* 4^111» miirr
miuoi s'il ask vr#i «n^ , que cç âpaadalp piiblM âii éM fou-
yoooé par upe ffaotoaMJw b a ton u se ^ jjupwte par le fei » ati | w c
4fVinrél|Biop»|i9 ma^nandasiroo posut rW^Àcesl^inpa
bcAiieuat rà 1«8 dcad^iiiie#, profiMsai^t baïU^nuBUl TaibéiiviMt
m tffiéfoiimt d'antre «iiUe que «eluî de te di^m Mamih T. .
%(»»^»II^^^^V»»»»»»»» » »»»»»M>»V»%^MMiM<IM»WW^^»»M(»W^M<»MiM»MM»<^^»MMMMMWl»Mi
TABLSAU HISTORIQUE ET PITTORESQDE DE PARIS»
P4II M. DE SAINT-YIGTOB.
iEMt« dv «acoiMl «rtîc^ ^iv^^ 4«m ^* Ut;»îipi» fia woî« 4« teptembn.)
« ftup U r^UitP9« 4H M* de Sai^t-Yiotor, loipt ppuvoir po*"
• mqm M ft^mt qvfum tt»çfd àfwg^^ e% watérteUa 9 piii«qii^f
#aipaFé d# la r4|«w di?ii»e, il «eroit déppunrp de toute eo»<-
nfi^i^u^i et p«v 4!0|M^qiieAt de îo^^ justiee. Oo peut méiB^
^Mfi qmt 4Aes i»tilbit çpmpbt ^eWolene» et d'abnuijsepieei;»
»M Mm ^rpit Impassible d'everoer b ipetodre aetioo sur de^
rip^y^jgepeei ^ ite conserver qnclqu^i inoweuts d'exiatenee;
td'qù jl nMilte qiie plus U lei divine, k lequ^te il est teoM
i4*eWw et wi «ait «a véritable force, eiit précise et développée,
»pto» ee ppi|¥P»r a 4e forc^» par e^la loénie qu'il a pUw de
»r«iiseiif ^ eowciewce et d'^uiié. Pf»rtout, et inique ehe?
rlet peupWi Iw mftW eiyai«*#f *'§»t JU relippu qui l^ d^end
( »96 )
• il Variée toujours devant celle-là, et quelquefois 'fient s'y
» briser.'
» C'est dans la religion chrétienne que cette loi a reçu son
> dernier développement ^: c*est donc dans les sociétés chré-
> tiennes que Topposition morale a le pliis de force. C'est dans
• ces sociétés que le pouvoir politique,- soumis à des préceptes
• qui ne Tobligeut pas moins que le dernier 'de ceux qui lai
• obéissent, est contraint^ quelques efforts qu'il fasse pour en
• sortir, de rentrer à chaque instant dans les limites de Tordre
• et de la justice, de pratiquer les vertus qui en dérivent^ enfin .
• de ge montrer inlelligent, pour commander à des intclli-*
• gences. »
Ces courtes paroles nous expliquent la constitution de TEu-
Tope, alors qu'elle n'étoît qu'une grande société de royaumes ,
merveille politique que tous les publicistes ont admirée» et que
Leibnitz a célébrée avec enthousiasme. Aussi enremontant jtîs-
«
qu'aux commencements de l'ordre social, on ne retrouve rien de
' semblable dans les annales des nations. Mais quel étoitle prin-
cipe de cette étonnante constitution de la chrétienté, qui ne for-
moit, de cent peuples divers, qu'un peuple et qu'une famille?
C'est que TEurope étoît régie par une loi suprême , qui éloitla
même pour tous les royaumes : l'Évangile étoit la charte de
la chrétienté. Toute loi suppose une autorité qui la pronîulgue
et Texplique : sans cette autorité, la lut, livrée aux interpré-
tations particulières, cesse d'être une lot. Si la religion, qui
étoît, dans la rigueur du mot , la loi constitutionnelle de l'Eu-
rope, eût été soumise aux interprétations de chaque gouver-
nement particulier, l'unité de la société européenne eût été
détruite , comme elle Va été depuis. L'Europe , comme l'ob-
serve fort bien M. de Saî.nt-Vîclor, ne formpit donc une véri-
table société que parcequc la loi générale qui en unissoit
toutes les parties étuit promulguée, ^'xpltquée, soutenue con-
tre les erreurs et les passions particulières par une autorité
unique et suprâtiie> qui n'étoit^ ainsi que la loi elle^métM»
( '97 )
qu*ane émanation de raulorité divine*. Anafti, de nos îoun
encore, un proleslanl éclairé, M. AiKHllon, a présenté celte
constilulion de Ja chrétienté comme la plus belle des cfiosen,
parmi. celles quî:penv«;u.t être réalisées. Il,reconnott, avec
H. de Saint- Victor, x\ixe cet ordre .étoit le plus favorable à Tau-
torlté des.rois et à;la:Ubcrté:des peuples. Lorsque les peuples,
méconnOissant.le précepte de cptte lui divine, qui leur pres-
crit robéissance, se laissaient emporter à des révoltes, les
princes réclamoient une intervention plus active de Taiitorité
spirituelle pour les ramener à la soumission ; lorsque les prin*
ces, méconuoissant cet autre précepte de la loi divine, qui leur
prescrit de gouverner suivant la justice, tourmentoient leurs
peuples par d'.iniques: vexations, ou comproniettoieut leur
repos par des- divorces scandaleux, source féconde de guerres
et de calamité^, les peuples. recouroient à leur tour à raulo-
rité spirituelle, p^mr faire rentrer Taujorîté poUlique.dans les
limites ;de la. loi .divine. Voîlà T Europe telle que la religion
Tavoit faite, et dont M, de S<iiiit-Vii;tor ent le digne historien.
En embrassant d*un regard également vaste et profond l'au"-
cienne constitution delà chreiienté et Télat actuel de TEu*
rope, il remarque que, depuis que cet ordre merveilleux a
été détruit, on ne, voit pas que les peuples ni les princes y
aient beaucoup gagné. Occupés, les uns de retenir une autorité
qu'un leur dispute sans cesse, parceque cette autorité, Isolée
de la loi divine, devient arbitraire; les attitrés, d'exiger des ga-
ranties matérielles , pour suppléer, d'une manière telle quelle,
à la garantie morale qu'ils trouvoîent dans la religion , on
ne voit de part et d'autre que défiance et angoisses, infaillibles
symptômes d'un désordre profond. Aussi , malgré toutes les
apparences contraires, on peut présumer .que le temps n'est
peut-être pas bien éloigné ou les hommes d'état véritablement
éclairés porteront leurs pensées et leurs vœux vers un ordre
politique, oii la religion aura de nouveau la prépondérance ;
et si cet ordre de choses ne leur apparott d'abord que comme
int le «IMe qui i^ VHi y ft aeoéléMi^at te laupuwf o^
lèOM Mra tta« iiéceMtté*
€^etl É Mite liaatMr qtie M. 4e 8«iM-'f ielor Mll^e
j«g^ la flfettMhe de tordre eedlel» dépoli ip^ommelHm m iilic
la ttottarehie* Les prîMlpce qitf IHmt AHgé éMM'«t rottle,
el qu'il expoeeanree ki^èfreié, pmir ialteer pèui ieyi— a«
MtSt «onlieaiieMt le guim 4\ili««fMge ^lillqpia iièe ■emei^
fwAlet «t nte flMil; peitt-ém iq«e r«na4iioè. i^màk ffo^nm
aeH^ août fo««oii8 «Mww» euM ciaiadee d*4ei« éépMttMe par
aïKCti de eee leeteaie, qa'M eiw l M y la oen dtiteit i—iaeyiÉietoite
ée l'aaeieMM Vinnoe feue ai j^iatdie vae to«tA^4|itia twi j m i u ;
eeiM ce t«ppoit, cMMÉe 80IIS bea«ee«p'd\ttiiim , eoa iiyf«4ai«B
OTifmge à patt) dont latépoilatiea e'aeceollra de^ewa^ foor.
No«s engageoDB «eue eenK^iiidéeiiPet^ Ibie wi féèaflié 4e l*iûf-
toirede FMiiQe,ii»iM»daaeto¥ral,àeept<oeiir«riel^a#<emi
cle P#M4i I lei «mis des aru «a parcoufeot «vee lepUiB^ia*
térèt la fanée pittoresqae; les anls delà eatiia peMkpM-ee
Biéditereiit aree imM la partie Usterfque. %:.
mv * ^ Ê0i « i i iiM0i>tmÊ^tmf^ÊmmmÊÊ m \ m im\\m
i)fiS SOCIÉTÉS SEO&ÈTëS en fiSPi«i«tE«
ALir. Ifo» e—i enpwMw é'Sniém dMi U WimnigA l'^igtfbit.t#»al yl
•0«f e»t savoir^ par itt de jMt «oiMipasdaBM 4'£9f!^^
Aumemanft o& le m vient d^adopter des ■amtme.Ms lé»
vèresflQfKbre les eoctéiés seorètes , nos Jectenrs ne teroatpw
iàoliés de ii«u«er quel^pes détails fort eorienx sur leeeodéléi
seeeètes «rgenkéei en Eipagae faeqp*eii i8i3«tièaa|iueeeeai
les aaaM da mopaas» r i wiM M iwMn se , ^ m ê ter af ^a ai d niMw ; » , a»
fii09iéMa, «(«é Abidîfla af asmnfnn'aa fMa^ams.
« l^Bftpagne , tiêfemltieparr fe caHhoiidiif&e île ses hvblints
et ptotë^èiB {isrr tm trilmiial -tëié «t actif, aniroit T«pt3tiBié long*
ïetapt cftCDre les idées da phitasophùmef dont la Vrance a
éprouvé les fîniesies tBonséqnences "vers la fn do sièele dernier.
Les sociétés secrètes, ^si fhvoraUes à la propagation des idées
des novataxrs, ^l^laroient pas encore pénétré dans cette terre
prttftéi^iée *(pji ne connoissolt point les foreors des rérolatioos ,
si la FroiMeiice , pour le dh'àttiiient dn genre hnoialn , ii*avo9t
susidlé un nQVjfiue (pu , ne nous fit pas seideuieui tine gnerre
terriMe , mais qni introduisit encore parmi nous ta peste ino*-
fAe^ tpâ a eodlié tant de nang & nos voisins et à nos aflllés.
>Sn ^Ibt, FSspagne pooroft à peine eompler tusqu^alors
^Qél<|iies 'QHS de "ses enfnints isolés cfcii, loin de leur patrie ,
aYolentétë^tâdés aox mystères, de la mutçom w rie; cette secte
fti^ *pres«}m ineonmie parmi nous. Lorsque Tinquisition
feft 'détruite, oti ne trouva dans les arclitves de ce tribunal
ipiHm très petit nombre de procès relatifs à la maçonnerie ; et
encore les documents oiTroient-lls tant de confosion et des
circonstances si vagues et si discordantes, que rinquisitîott pa^
roissoft tTétre point du tout versée dans les causes rela(tives %
la maçonnerie. Bien plus, lorsque les prisons du saint-office
ftirent ouvertes dans toute l'Espagne , on n^ trouva que trois
ibdfvidus aitètés comme maçons. On doit oonclore de tout
téla que. jusqu^en 1808 les fraocs-maçons Ti'existoient point
comme société , car , dans le cas. contraire, Hts auroient âiffi«k
cOëment échappé à la surveillance de l'inquisition.
1 Les apôtres, ou si Pbn veut les premiers propagateurs de
cette secte dans la péninsule, furent pKisieurs militaires au
service de TiapOléon , parmi lesquels les généraux 1.... et Ht*.,
sefirentremarquor parleur esprit de prosélytisme, le premier
props^ea la' franc-maçonnerie dans 1* Andalousie, elle second
danslà province dé Sorîà. D'autres militaires travâîllèreùt en
même ^mps^.^t riéussii^nt âl'étalilirà IRadriâ à côté dutréne
( 200 )
éphémère et usurpé de Joseph. Et, soit attrait de la nou-
veauté, soit nécessité de se réunir et de serrer les nœuds de
l'amitié pour des hommes qui avoienl suivi le même parti, on
vit accourir aux loges les minisires du roi intrus , des con-
seillers d'état , des écrivains politiques , et enfin tous les pre-
miers personnages parmi ceux qui avoient embrassé la cause
de la nouvelle dynastie ; et le Grand -Orient s'établit à Madrid,
sous la dénomination de SaintCrBarbe ou Sainle-£ulalle*
» L'histoire de la maçonnerie, depuis cette époque jusqu'à
celle qui précéda immé4iatemcntla révolution de 1820, offre
bien peu d'importance , parcequ'on ne lui laissa aucune in-
fluence dans les événements politiques;, mai s en i8i5 et 1816
la secte prit un nouveau caractère. Les mécontents, les libé-
raux et beaucoup d'ofSciers prisonniers à leur rentrée , aidés
par plusieurs des chefs, des afrancôaadq^, organisèrent des
loges indépendantes qui reconnurent aussitôt la suprématie
d'un Grand-Orient libérai institué à Madrid , tandis que celui
de Sainte- Bavbe perdit le sceptre delà maçonnerie espagnole.
Ce dernier Orient se soutint sans pouvoir et sans influence
et dif^arut avec les anUteroSf dont nous parlerons plus
tard.
L'esprit révolutionnaire créa le nouveau Grande OrisnU
qui travailla long- temps dans les ténèbres ; les loges se multi-
plièrentj et la grande révolution de l'tie de Léon ne tarda pas
à éclater. Cet ouvrage de la maçonnerie, préparé depuis plu-
sieurs années , médité et soutenu dans les loges par cinq des
députés aux cortès les plus bavards et les plus inconséquents,
fut exécuté par les Quiroga, les Riégo et les autres chefs mi-
litaires qui «omui^eut le parjure le plus scandaleux. .
La constitution une fois proclamée, le gouvernement or-
ganisé suivant les bases de cette constitution fut entièrement
placé entre les mains des maçons ; ils occupèrent tous les em-
plois , et l'Espagne ressembla bientôt à une province conquise
qui leur appartenoitexcluiivement; mais le partage des fruits
( ao> )
de la victoire, ne put ne faire sai^s choquer ramlHtUm*4M
particuliers. I^s rivalités personnelles amenèrent les querelles
le9 plus sérieuses parmi les maçons^ plusî^rs d*eotre eux se
croyant méprisés ou frustrés dans la répartition du butin , se
Béparèrent de la société mère ^ et, guidés par quelques indi*
vîdus qui avoient une certaine influence» ils élevèrent un
autre pouvoir par la création d*une nouvelle secte.
Les membres de cette seconde secte prirent le nom de
commuiiérasj titre qui leur, rappeloit Tancienue révolte de
quelques vassaux de Charles-Quint, et qu'ils'adoptèrent avec en«
thouftiasme à cause delà resseinblance des principes, sausquUt
entrât dans respritdeces aveugles imitateurs, qulispourroienl
bien avoir le même sort que ceux qu*ils avoient pris pour mo*
dëles. Des geus abusés accouroieut de toutes parts à cette réu«
uion qui fut accompagnée de certains prestiges ; et comme ^
d'uQ autre coté , les adeptes ne se montrèrent point scrupu-
leux dans Tadmission des profanes, le nombre des cofntnu*
rUros augmenta bientôt considérablement. Ils eurent pour
fondateurs M. G. , D. H. , A. , R« , X. .
tes loges, ou réunions de cdtte secte, connues sons le nom
de torres, reconnoissoieot dans chaque province Tautorité d*une
grande junte présidée par un chef qui a voit le titre de Gran^
CaëUUano.,,
De cette création résultèrent en Espagne deux sociétés ri-
vales, qui, convoitant toutes deux le pouvoir, travailloient sans
cesse àrobte,hir chaoune pour soi, employant les mêmes moyens
démocratiques et rivalisant dans Timmoralilé la plus scanda^
leuse. La guerre des emplois éclata bientôt entre les deux partis*
Les cotnmunéros , en plus grand nombre et plus, répandus ,
obtinrent des avantages eu Andalousie, dans le royaume de
Valence et une partie de lu vieille Castille; mais les maçon» ^
plufii adroits et i>lus expérimentés dans les alTaires, les jouèrent
presque toujours, eurent ainsi la majorité dans les élections
des cortèi^ et conservàrent le ministère. Aussi, en 182a et iSsS
a. i5
en cèmptûSt phxtoi Ub tepréflentditts ^ioqiMnfe-dMt i^^
et aevikméikî yingt-tiil eamfntmétos.
L'éfènen&ê&tle {^Q8 remarqpaa^leetle plus horrible causé
pkT la lotte eotre les deux partis fut l'attentat du 19 tèrdet
i8a5. Tout le môode sait qfue les. maçoâs proroqaèreût cet
éténenleiit pouf eonsenrer le ministère, qui alloit passer entre
les mains des eommuniras; et en effet , oeax<-é(étoIeittparye^
oùs'à faire ehoisfr les ministres dans leurs rangs, et S fat
,iirécessalre pour rempècher, que les maçons eussent lecoiirs
an moyen le pins Vfi et le pkts infâme qui se rencontre daos
lliiitoire été réyolutfoiis, eelui de réunir une horde de ^-
Jérats, qniti(dèrent le palais royal; et , par le» menam ef
l6ê tnsnHe» le» phis atroce»^ forcèrent le roi à conserveries
nlinlslres qu*& venoit de destituerai comme là constitution l'y
autifiriselt.
lies coTj^litos de te téfolte puUièrent eii cette occasfon un
éctil qui parehtsoil défendre la fuste eaïuse dtf la rafeon; e'est
ee que erarçnt de bonne fol Men des p^t^sannes qui ne
voyoient pas en cela le résultat de la Tage hnpufasante des
ê9mttmnér0êf' forcés de céder le terrain à leurs riraux: cetix-
cl acquirent de» lors tant de pouvoir et élevèrent si haut
la ffkaç<mnâri6 , que le monarque se trouva ph» esclave que
jamais , et que ce prince et les membres de sa famille forent
exposés à peràrt la vie. G*est alors que bien des gens, almsés
jusqu'à ce moment , reconnurent jusqu'à l'évidence que la
eonsdtdtton n'étoit autre chose que le moyen dont se ser^
voient les politiques modernes pour rendre TEspagne esclave
de leur ambition et de leurs caprices. ^'^
Les querelles entre les deux sociétés produisirent à CadiXj
à Valence et & Tarragone des scènes moins scandateuses sans
doute, mais toujours funester à la cause publique.
€es sectaires savofent j>ourtant se réunir lorsque leur
iDt^^ oommmt les^ forçoît à poursuivre les royalistes ou k»
hMmies modéréf. Xes âttétB de proscription làhcÀ contre les
( «<i5 )
ppemiéfê, \eB hofvtbleâ MsaîisftiatB dé l'étéqae de Vteli, db
yinnesa , d^Élio , de GpifSeu , etc. , etc. 9 et les somme» éiKHS
mes obtenues par des contHbtitions forcées , furent partout les
trUtes résultats de cette alliahoe infernale.
Les loges maçonniques , soit Axes solC ambulantes aree les
régiments^ «^étendirent sur tous les pointi^ de la péninsule. Les
camtnuneê avoSent cependant un nombre double de i&rru
(loges ) où, comme nous Payons déjà dit, ou admettoit las
hommes les plus infâmes et les plus déguenillés ( dêsMfni^
i<Hia$). Le Grand-Orient entreleuoit une correspondanoe sui-
vie avec lee chapitres généraux des protinoes ^ et eeUx-^t eu
agissoieut de même dveé les loges régulières.
Les {dus graves qu»tions étoient Tobjet de oette oommu*
nioation nou interrompue : dans les assemblées on disputoit les
projets de loi , le changement des ministres et de toutes les
antoriléa; on désîgnoit ceux qui dévoient être élus députés aux
tîortès ; on ne négligeoit aucune mesure relative à Tadmini»*
tralion de l*état , et de là on desoendoit souvent jusqu^à con«
sidterles iimples loges, qui étoient toujours entendues quand
il s^agiss^t de choses purement locales , sur quoi rassemblée
prOBonçoit en dénier ressort. On doit conclure de là que nos
ittnstres législateurs , assis sur les bancs du couvent de Notre-
Dame d'Aragon , étoient les organes serviles ou les instruments
aveugles de la fection maçonnique qui les traitoit en esclaves.
Lorsque le Grand Orient n'osoit pas prendre sur lui rini*i
tiative , il tàd(ioit d'être provoqué par les maçons de provin-*
ces, de qui il recevoit toutes les nouvelles qui pouvoient contri-
buer à&ireréMeifsesplans; aussi voyoit-on pleuvoir dé tous
côtés des pétitions, plaintes et représentations , auxquelles on
donaoit ie nom de voiœ du peuple , tt opinion générale, etc.
Une suite de relations semblables unissoit également les
eommunéroe et dans leur volonté et dansleur moyen d*abtion.
La grande aesemUée dé illadrid oonespondolt avec l'assèm-
Me ffriacipide d* «baqos proviiHie , dont le dief > qui tran»*
i5.
( 204 )
mettoitjes ordres aux torrej parUcuIîère8>éloit le^raad^Cai»
lUlan.
Les journaux appartenoient aussi aux sociétés secrètes:
ainsi ie Spectateur à Madrid ^ te Cri de Riégo à Cadix, le
Surveiilant à Valence, et i'hvdicaUmr à Barcelone , n'étoiént
autre chose que les misérables échos de* Tordre maçonnique.
Les communiros a voient pour eux te Jouet ef ses suppUmenU,
V Echo de Padelia, ie Patriote, ie Journal CoîislitutionnH
de la Corogne , etc.
Maîtresses de tous les moyens de communication parmi les
malheureux Espagnols, après avoir étouffé par là l'opiitioa
publique et les cris de tous les gens de bijcn, qui ne pouvoîeot
se plaindre sans sVxposerà monter sur Téchafaud , ces -deux
sociétés gouvernoient «ou plutôt bouleversoient despoliqu^meat
toute la péninsule y devenue leur* patrimoine i'eiy se disputant
le sceptre de fer qu'elles avoient en main , en invoquant (a* li-
^rCi^,ellesfai.soient verser au peuple à chaque querelle des tor*
rents de larmes, et plongeoient les familles dans la désolalioa»
Ces luttes et ces divisions expliquent bien les changements
qu'on remarqua dans les emplois publics , suivant que Tuoe
ou l'autre secte dominoit dans la capitale ou dans les provinces;
les ràaçons avoient cependant presque ton jours l'avantage dans
ce choc d'ambitions opposées ; aussi , si Ton ne parvient pas à
s'emparer de leurs arcliives, on ne pourra jamais connaître
avec exactitude rhlKtoire secrète de la révolution espagnole;
et tout homme instruit possédant les pièces qui coâtienoent
ces archives pourra rendre un grand service à rhumaiiitéetaux
trônes 9 en découvrant à r£urope : toutes les. trames de celte
Êiction.
Les deux socî'étés rivales continuoient de combattre sur les
ruines de Tempire espagnol, lorsque quelques hommes peut-
être moins ambitieux • réfléchissant sur tous les maux qui
alloient être causés inévitablement , et qui dévoient les entrai*
iaereux-^mémesdaus la ruine de la patrlci pensèrent à opposer
( acyS )
'Qoe^ighe à tant de ravages , el se réimireiit pour former un
parti en sens contraire. Cette nourelle association re^t
le nom ou plutèt le surnom d^anUUras. On y vit accourir
une foulé de maçons et de comtnttnéros qui, n*espérant plus
pouvoir obtenir de l'avancement, ni même subsister d'après
la méthode adoplée dans chacun de leurs clubs , les abandon-
nèrent en partie pour se réfugier dans cette nouvelle société,
qu'ils regardoient comme une planche qui pouvoit les sauver
du naufrage: Leur objet étoit de reformer le code constitution-
nel, convaincus qu'il étoit rempli de vices essentiels et qu*fl
étoit entièrement démocratique; mais, désabusés trop tard,
leur projet fut vairi, pareeque l'édifice ne pouvoit se recom-
poser si l'on ne substituoit des bases solides aux bases faus-
ses sur lesquelles il étoit appuyé : et il n'y avoit d'autre
moyen que de le renverser. Mais la halue des partis étoit au
comble : personne ne vouloit céder un pouce du terrain qu'il
croyoît avoir gagné , et les anil(ero# dans leur projet impuis-
sant, devinrent la risée des commun&ros et des maçons^ qui les
ebaigèrent d'injures dans leurs journaux, jusqu'à l'époque fa-
tale du 7 juillet iBda , oii les premiers furent obligés d'aban-^
donner la partie.
C'est alors qu'on attribua aux aniUerDS \eê projets de la
garde royale et les mouvements des provinces , qu'on les pro-
clama ennemis des libertés publiques , et qu'on les rendit sous
tons les rapports l'objet de l'indignation générale. Les nou-
veaux proscrits , se voyant obligés de se disperser et de fuir» pour
éviter la persécution , allèrent la plupart se réfugier lâche-
ment dans les rangs de leurs adversaires, et devinrent tnacans
ou eommunéros.
La charùonnerie , proscrite dans son pay» natal , vint payer
son tribut au génie de la révolution espagnole. A peine étoit-
dle connue en Espagne avant l'arrivée des Italiens et des émi-
grés pîénaontais ; mais ceux-ci s'occupèrent d'abord de l'éta--
ÙràHarcelarie et sur plusieurs autres pointu de ia Catalogne^
li$8 .pi«iaiev8 ^pMv«ft de^;ceUe «ecta furent, lea nopuaés Vj^h^
ehidiiiolti 6( d'Atelly. : qaelques autres oherchèreQt à retende^
^ Yateaœ çt à Malaga» ils essay^entméfiaede l'é^blir à Bladddy
et c'est i cela priocipalemeat que travailla, ua oertaia Pecchip..
h^maçom et le$ c^nnmunéro» se défièrent bientôt des
caréûn0rif et les traitèrent avec pe^ de çopsidér^tion : ils
refuaèr^t de leur prèterie; moindre ap^^ui ^ ce qiû.les empêcha,
de 4ai«;e des progrès. Cependant les cheïs de la nouvelle secte
ne, conférèrent les grades supérieurs qu'ji un, petit. nombre d£
né»pbytes; et les autr^ travaillèrent seulement dans le& pver
mievs et les seconds grades. Mais les électioi;is de i8a3 fuirent
CA.difKëreutes provinces » et surtout en Catalogne, l'occasion
d'uiijs rixe très sérieuse entre les maçons et leis comimiméros >
c'est «^tors que les premiers invoquèrent le secours des caréo^
narif et qu'ils l'obtinrent. £n recpnnolssance de ce servioe> les
cartanmri furent admis en nombre égal aun^ autres sociétés f
pour la formation d*une junte mixte qui devcit s'occuper 4e#
attires les plus graves et du plus haut intérêt. Cette junteavpit.
des privilèges immenses ; elle choisissoit elle-même les juges;
eUe présentoit les candidats pour les commissions do. surveil^
la,nce et pour la formation du conseil de guerre» pour iesjG|i6&
politiques 5 ^>ommandants militaires et autres 9 etc.
C'est alors seulement que les car^ofuuri Surent initiés 49ns
les affaires, politiques : mais bientôt après de. nouveaux traita
furent faits entre les maçena et its Qommunérofi ji ot <^s der-
niers, qui n'avoient oublié ni leur déroute ni ceuxqui l'ayoient
causée, exigèrent la destruction des enréonari* Les niqçmu
j consentirent; ils sacrifièrent leurs propres.ausiliaires; et pour
les détruire, ils employèrent le secours des ^rafè4e0U!^ 4ay»t
nous allons parler*
Outre ces soeié tés purement espagnoles ou naturalisée» ^
la pénifisuloy qui étoit devenue le refuge des tévolutiomvaicca
dotons les pays, vit se reproduire dans son sein d'autres aa^'*
ciations gotiques 5 entièrement composée» d'étcaingçrs ddi t se
.( »7 )
nrspftidr U £ant . DUMr iMi nmniflr esoêêl 4m (m# anontolinaa ^
X^ CJnéKa npé, éob^^ de N^q^^^arrifa à H M P a l o— »
et présmlaamyytàt au Grapd-OiiiJil liMial ua plao pow rt*
gémirêf J^Eur^f^ La4iie<Ma^ 4a aa |iroj«l oowpa plmi— w
fléajaees. Le Grand-Orieat paroimoit en approuver ia#^asaai*
naia jQudfiiaa ioaxaaaiîx agrant rapra^ ^a général d^anoir
ahand aw né iâaJieifiaitt ia posiijoi) d'Antrodoca, al d'-avoî? m*
gapté fuelques grâces 4tt prime xégaol, 1* Qraïul «Ovienl
craignit de se eompr omettre et abandonna Pépé et son ptofal
Cataîv-Of déaespérant d*obtemr ap Eiy^na aa qoHl démot^mUa
cbercbar £»tiine aiUaucs ,. et se^ lendit i Lisbonne et à Loii^^
dits/ dans i'espoir d'y étie fnieux aocuettU. .QuoJqu*U aba»**
èowait aoa prenûar asile, Pépé y lais^ oapandant des oam^
pagnnns dé fortuit et de pria<)ipesy acacia awsîoa spéciale da
pM^agsr aes idées $ et d'établir en £i|Migpe la wMU 0uro*
féntme. Les affidés de ceUe dernière secte avoiant nne espéc)»
d*affiBction pour les cinmnttnérosp parte aeul motif que fipi
et ses putisans avoiant été repoussés par las maçons : ce 4|Uj
leur suisKlpour. obtenir en CaUlogoe Ja proMctjon des pae^
menjf et ppur ^ue P, ilk. et SL G.p prjncipaiix ekefy daa
SMimiiidiMy fussent leurs ^Ndogîslasr
Im 4ut^gp^m9f sous ces anapioeat jetèrent ji IV a raeto n^ i
les fondements de leur existence. Leur société parvint à étrf
tiàâ Aombrpuse » eu ae renforçant de tou^ lea Italtena ttfx^é»
ipn a^oôast abandonné \sl çàaréiûnmrû. Leur cbef app^
lant éM^U Tavocat piémoutais Prîoa, auquel se réunirent tous
las^éraui^ de la même nation. Mais las êuropéem JWGSi%
toc^ousa d^.le prHtfiipe^oaune des troupes mercenavr^^ jpjî
mançWû^ h la suite^flas deux sociétés dominani«0i» anivanf
la àegsi ,da &vaur dont ils iouîf^oianft avipr^ de. cbacuna
d'nllai^ •.• .. . .,:
( M« )
IjofAque t«ttf6ft>Io8 sert6f)M réuniren^poitr ^tntfre ta- cAâf*
iàtmeriei celte 'cctotiiiiiftion délicate fat ennliée à des Ita-
liens, qui sVn acquittèrent avec toute l'adresse italienne.- Ib
ooRimencèrent par corrompre avec de t'àrgeàt les'<dièfs'Ie8
plus tnAnents dès earbi^nàri^ mirent ensuhe - la discorde
parrtii les autres, et firent tant que la secte fût jdisMeute : de
sorte que. lés oiemlires de cette secte allèrent renforcer iésrangs
des autres sociétés.
' L^associatten eurapéennt traraîllott encore au mois d*aoât
i8&3; il y avort-égaleméut à Barcèloiie, à la même époque,
un outre chib italien dirigé par i*ex-majdr napolitain' fiur»ce
cTAtteHis. ' '
* ' Bâbftué à rinirigue » plein de ruse et de sagacité, écriratn
éloquent, AtteHis étoit plas à'redontet* que tous les eûrôpéent
ensemble. Dès le principe, ennemi déclaré du général Pépé, il
le tourna en ridicule dans plusieurs pamphlets; et' le perdit
tout à-fait en publiant rOm'mè^ere, ou hisloire àé la révolu*
tion dé inaptes ,' ôuvriige îufôme , rempli du venin républicain.
Altellis, à la tète de sa ioge^ se mit en communic^ition avec les
sociétés' de Géne^, de Genève^ de Londres et d*Étlimboafg;et
cette loge seroit devenue Li plus dangereuse de toutes celles
d^jSapagne^ si elle eût pu obtenir d*étr^. reconnue par le Graad-
Orient/ D*Attellis voyant tous ses ' efforts inutiles , chargé de
crimes et de dettes, fc fit Tagent de la maçonnerie et de Is
ehùréatineriè, ei fut enfin chassé de Barcelone du cbminon
aîccord des deux sectes.
L'association française se forma à Madrid sous les aiMpiees
dii Grand-Orient 'espagnol. On neconnott papiers uo'mftdetous
les membres de cette association : on y voyoit iéscrtts tous les
hommes quiavoient perdu Thon neur, la réputatîott' et- la for-
tune, ou qui se trouvant poursuivis et menai^és par lé" glaive
de la ibidans leur pays^ ravoîeht abandonné, et s*étoient réfu"
giés en Espagne pour fai^ de là une guerre cruelle à leur'pa*
trie* Le ministère espagnol eonstitutiounel se servoit ée ees
( aoô )
bommes pour préveiiir les attaqiies 46 celn qpii le men»-
^ienU ■ • '
* Parmi ces conspiratetirs se trouvoil un nommé Gb qui
fil imprimer dans les jourhàut Hbéraux dealers les calomnies
les pins atroces contre rangtiste famille des Botirbons île France.
Lég;rotesqae ilétachement qui se porta sur la BIdassoa aussitôt
qn'on apinrlt que rarmée alliée allait entrer, se composoit en
çr^de partie des individus de cette association. Mais II y avoit
dép long^temps que le clubceutral de ces traîtresse trouvoît
à Bilbao, protégé par Tautqrité supérieure conslitutionnelle, qui
avmt reçu Tordre de loi procurer la plus grande extension.
L^associaf Ion , dirigée par un ex-colonel connu sous le nom
supposé de Legras , avoit de nombreuses relations en France 9
d^où tsHe tirades sommes considérables, et d*où elle fit venir
de» uniformes pour un escadron de cbasseurs. On croit que
celle association s*entendoit directement avec un commis-
saire régulateur à Paris, et qu'elle en trctenoît des relations
maritimes sur les cAtes de Normandie. Elle àvoit également à
Bai^eloneun agtnt nonjmé M. R , ex-officior de marine.
iCe iderolet" y étoit considéré comme tm employé de la po(ioe
française; itiais on lui donna biéniAt toute confiance, parceque
1è Gt^'rrd-Orient libéral avott ordonné qu'on raldùt'dans toutes
ses opérations. - '
Lé patrfarche de la maçonnerie, Tun-des premiers révo-
loticmnaireé espagnols,' se varïtoit d'obtehii' le triomphe le plus
^dHifilét pour là cause des conspirateurs ,^ par la facilité qu'il
ati^t^àjëtér là torché de la discorde' dans lé midi de la France ;
ll'é<èiblit'[)our^ceki des clubs de correspondance avec lès prin-
l&i^lès vMles^dé la frbntièi^e. Toutes cosfna h oeuvres auroient
pti' aliéner les plus déplorables résultats, si la divine ProVi-
- . . . . . - . •
^éfacenè leS'èût frappéE^s du coup le plus de terrible.
' Néils' ^Mtoîis tous ces détails afin cté dévoiler les intentions
dés-tiovàfèursqnrn'âuroîetit jamais. pu faire, coinirie lieaucotîp
dë^M(>ét^i'Mt^a.i le bënhè^ deieif^ oompftirtolès; ils n'afÉt
( ai* }
la bride à leurs yiceg et venger leurs ressentiments pavticuUttRS.
Pour €omëi0mm tom le mwA^ 4e çelt^ véntéf. fuiuà.désicé-
FMH» 9ùW9it i^iépemteir un» biographie complète des priiicî*
pMX i#vqliitJ(9«iuHi«s4ioai>w jusqu'à fxiaçut : et il iuflxQîl
4» lM9ti«c la vif pu^quc^ et piiirée 4e diaciio d'eujL^ pour
Ukpp4u§êr du patriûtisB96 el des Tertus ^u'ou p#ut atteodre
LITTÉAATVB£.
tttr U ëÊ4tkfot Mm tr«0*«e ivÔMlée ^^teit» ysr M, BMps^MM^Iw,
lifi^wwâc» do l^butîtipiaoysl de Eiwice» meiobjn de Facsdéeùe firtn*
çsîw.
M« lUpoomotee Lemerçier a publié nne Préface A.kr
ipi^Ue iU a cradovoir joindre ujie tragédie ^ intitulée <7<airM»
La pi^£M)e est partagée on deux marceaux eo prose^ tt M
iri^gédie > qp4 4» lxou?e à la suite en manière 4» piteeif juali*»
AoalÎTes» «st divisée en eiaq actes , en «ers.y da nums «<
Ton en juge par Tinégale longueur des lignes»
lia psenuAre partie de cette pré&^e^t» |K)us la pom
i£Mf€mi^€fQ$j une vévîtaMe philippifUi^ cootfQ ^doa ooniér
diluas, fui n'ont pas voulu jouer les pièces, de M» {(^te|i^
cèna Ibtmereier, ^t oela malgré'la tendre Affoctipn qu'il lenr
avoit toujours monlrée*/ L'un d'eux osa mémo lui; dfmny
pour eaicuso qu'il tvouvoii ^n r4ie Utûj^ iong,. iW.qH|i jir-*
mche à l'taaleur cette touchante et métancolicpie réflexion.;
« Je craian bien q[ue raOoîihlissement de l'iunitié qu'il vm
êflffU, ne m'ait plus nui que l'afibibliMement d^ i«r mémoif^ ;
»Le IMw n'oublia jamiiis i^ premiers anual • Voflà biov»
on oflEHi le» ramja 4'miiaiix4'hui ; même permitei o ^p rt i
dtoi oa Q^ tvcrate tkam dm cmMmU. Où doiM^AiMmii
plao^ Mil «milW ?
U tort qite^ oM o«Adi0tix ami» ftat à M* Mép^amioèilo
Lemercier a été d'autant plus oNi«l i « qu# d'cnHmaMai
fti»ffnig00^ dtt^il^ 111*0011 ddoné «Mel d» prteiuMf <|p>e.
Ç<mi fMloltrott te que f 'ai <soiil^a de meilleur. Notre bott.
el^oiuf Dueis» uolre eimaUe IMiUe» en eut epi^ouvé le
plau et Im prtoolpideft aeèues. MIL Thteerd et Poiiaou » d«
r^oadéu^ au iotenoes ; M. de Saiut-Juil t rateiir de
eomédiea ^quea; M. Pbriiet, nM^cin iiuirakmr, d^ith
Ibnenti flOue Vépoque du oonaulftl^ à une lecture qu'entendit
af ee eux le deete Duteau de JLeudatte , traducteur de Tite«
Uve etde Tacite ^ et ee deraiet me dit ateo chaleur, F^tttû
Aeàuufiroii €9t ym éiu40 êh$Hgw fm v<ma rni^ê fijriif
pmêT m^tputrir ia fifru d'Méfiutâr t^^lre Cmiy»* f«t ine
setnMe lui être supérieur».» Or il eat évident que 9 puia*
que le dooto Dureau de Lamalle»' quia traduit Tite^LiTe et
Tacite, a dit cela a^^^e ^hatèur k M. Népomucèee Le*
mereier» «otw 9ép€fm 4^^ oon^utah Clo^ia, qui n'a pu qu«
croître et embellir dau^ l'intervalle depuis éeeuM, fturoii
pam un i^f^d'cauvre $oui l'époque de la reatauratîon*
U. fiiut avouer pourtant que» fana l'époque du eonaulat»
lo suiét de Ctoviêf tel que l'auteur l'a vu, arrangé et eicé**
outéf a voit, outre ses mérites,, lua mérito p0$riaiifU€i de
ciroonstanoe qu'on pourroit bien n^' ploa lui trouver au*
joord'huii et c'est ce que démontrera, je eroîS) la aecondar
partie de çMe préface capi^le , partio intitula. C&nridiNh*
U^m Mâtariquet et Uttiraires sur mw wjêt*
li^auteur y expose les motifr qui l'ont porté 4 £»ii^ çatte
pièee plutôt qu'une autre, et -pourquoi U l'a fiiita ainsi et
non antramant > el^ tout en discourant s«r ce point, il &it
de la poHti^e^ il fiiit du libéralisme , il fait de l'éru<ytioA,
U Uxt de. la lar^iquer ai^ surtout il &iti de rbiptaii^.4)Qmm^
iamajs ^M .n'jr ^n a .evr :de Cuite. Je çonm^ancefal 4^p jHM^
( ^** )
pvétenir le lecteur qn*tl doit s^attencfre à des othoseg prodU
gîeuses : car M. Népomucène Lemercier , racadétniciea le
plus surprenant de'son siècle, u*a jalnais rien produit d^aussi
surprenant que .cette prélace.
ISt d^abnrd, savez-voiis ce qui lui a donné l'idée. pren»ière
de la tragédie de Ctovis ? C'est la eom^ie de TartufciBi
saVèz<^vous pourquoi il a pris une comédie pour modèle d*une
tragédie? C'est t qu'en méditant les nombreux chefs-d'œu-
»?re de la scène française, il a reconnu qu'aucune -de nos
1 plus belle» ' tragédies ne réunissoit les trois qnaltjtés qui - leur
4
•sont propres, aussi complètement que La comédie de *Tar-
^tùfe* » Or, comme la perfection seules est' digne d*étre
imitée par M. Népomucène Lémercier « «. on ne s'étonu^ra
»pas d'apprendre , dit-il , que la meilleure des comédies
«m'ait servi de modèle pour la création d'une tragé.dieqae }e
•croM la meilleure ^s miennes. »
Maintenant savra-vous quel ept lé rapport le plùs-frappant
entre le TatYti^ de MoHère et le Ctovis de rbi»totre? CVsst
que l'un, comme chacun sait, est un hypocrite comique, -et
qîic M. Népomucène Remercier a découvert que l'autre est
un hypocrite tragique; et c'est principalement cette grande
dr*converte qui a déterminé son choix et allumé sa verve.
Défà Voltaire , il est vrai , avoit dans Mahomet , tracé ce
caractère : M. Lenierci^r en convient; mais il lui semble
que le patriarehe de iS philosophie n'a pas assear franche-
ment abordé la question; et, si transparente que fût l'allé^
goi^iedontil revêtit celte déclamation antî-reUgicuse , M. Le-
mercier la trouve encore trop obscure, et s'indigne de ces
vains ménagements, t Offrir Mahomet eii spectacle ; dit-il ,
»étôit une éminente leçon philosophique, mais qui a cessé
19 d'être, de nos l'ouirs , assez directe à iws mwHTsnaiionaiéë,
* assez cihiforme aux opinions européennes. Ce que son
ictilte arabe a d'étrange pour nous rend son imagé un- peu
f^fontaètique à tioê yeux. Son hypocrisie ', étoiis une aUU^
9etayanee4fu&ia iutiPe^ s'oxpose avec ded traita ée généralité
»^û ne parûisi^eiit qu*«tllégdriqi|emeut applicables à la. fauMie
•sainteté de nos hypocrites. Ajoutez que les sectaires fondai
»teurft sont rares : les rois criitUmts te soiU moins*^ Je
» vouloisque ta moralité, résultante de ma petolure nocivelle,
9 fût conunuueà tous% moins indirecte et phu tàeaU^ et
• qa'elle frappât Vivement V esprit pubiie.
Ou ne peut nier 9 en effet, que Voltaire n*aitun peu masqué
ses intentions, r déguisé les choses et dép^aysé les hommes.
Peut-être a*t«il ainsi , sans s^en douter, et à coup sûr sans le
vouloir, trompé qtteiqiies bonnes gens qui auront pris naïve*
ment ses paroles à la. lettre, et-^ n*aurout' vu que Mahomet
dans.'Mahomet, Séide dans Séide, Zopire dans Zopiré, au
lieu d*y voir , comme ils auroient dû, un pape, un jésuite et
un philosophe du dix-huitième siècle. Toutefois, il ne faut pas
lui en vouloir; car ce Voltaire n'étoit pas timide de son naturel,^
et il ne dem?indoit pas mieut qiie d*îmmoler Vinfâme sur
l'autel de ta Ratsot^. Mais il florissoit , comme chacun sait ,
dans un siècle superstitieux, sous un gouvernement qui ne
laissoit' prendre aucun essor à la pensée et aux lumières, qui
perséeutoit la philosophie et les philosophes, et fuisoit en-
fermer, pendre ou brûler les novateurs. Alors, et sous Tépoque
d'un si dur esclavage , force éloit bien de jeter sur les nudités
du philosophismè ce voile léger dont, en grandissant, il s^est
débarrassé. Soyons donc justes :' si Voltaire a pris un détour,
s'il s*est cru obligé de passer par la, Mecque pour arriver à
Borne 9 ce n'étoit pas sa faute; et si , aujourd'hui, il est donné
àM^ Népomucèné Lemercier d^étre plus clair, plus direct ^ en
un niot d'avoir une moralité plus résuitante que celle de son
maître, c'est un heureux avantage, qu'il doit à l'époque sous
laquelle ikvit ; cela fait l'éloge de notre siècle plus que la ceu*^
sui« de Voltaire, qui certes a fait humainement tout ce que les
plus exigeants pouvoient attendre de son zèle pour détruire lea
F»*j«gé»* '
. Vottà 4oM IMi^mci ccmiraiooii d^instiffiM&M et d*dlMmi.
iftié. Apre» liii^ et «inanl d'être arrivé à Ciovis^ H. Héfiositt-
«èlio bemtirdor af 0^ Jbieii reacanfoé Con^tofiltn^, et dé{4 il
avoit ioari <à ce<: eiii|ieniitry qui^ cédant à rfntaêion «f^tin
Adûgm», populaire .( le ehriatiaiiiBiiie )> que le sète dé IV
« po»lo]at répa»doît éana ses prorâiceay et èommençant VaU
» liance du pouvoir spirituel avec le temperel , ne tarda pa« à
» ckangeir Tespicit de chrétienté morale en un esprit (U cafào-
ikUciti^tUifm^i pUi8 oonf^rme auxr^kmentê du despO'-
f liftne.; prinoe inique» aangui^aire et Mvoi, qui , ne s^en-
»teuFaiit pa» moÂna iU prétaU que de satellites , avoit trop
ihabUement lait fiMicnrixa 9^9 mmes^ pour ne pas se bien
» diflitUiBueil atims t^wUs opfi^&a^Uftê wpèîhéoàéê , imiAwB.t
EffecUvemeiit , e'étolt» ce me settdiley une bien bonne fortaoé
qu'une telle reneenlre; yufk iKun céMbise» un empei«ur puis*
gant, eonverti à la jEbi catholique^ proleeteur aélé de ses nojii^
veaux frères, que. les historiens chrétiens ont loirè et Aoat
régMse a conservé un souvenir cecoonoissant ; que ponvoitKm
espérer de inieux pour faire un Tu^tufo tragique? Peur moi»
l'avoue que je m'en serois contenté; mais M. Népomueène Le-
mercier est difficile. Tout-à-ooup» unserapide le saisit; ii se
meta considérer « que l'auteur du Tartufe ccnnique n'afoit
i pas emprunté son personnage ni de l'Italie, ni de l'Espagne,
n^eroêCLu 4ê i'autanU inquUiioriatô, mats qu^il en a?oft
» ^isir l'origmal au milieu de la France même , et que son
«portrait n'M étoit queplus^ éelatantià nos regards. » Cette
flexion est pour H» Lemerder un trait de lumière; et non.
moins plein de docilité envers Molière, son malti« en fkiêiU
tragédie 9 que de zèle pom* la gloire de son pays, il pknle là
CcnsklMUn, qui étoit bien hypocrite, mais qui n'étoit pas
Français, et il se met en devoir « de choisir, ditr-il, son héros
» d'hypoorisie dana notre- propre nation; • attention bien ton*
chante assurément 9 et dont téus les Français apprécieront la
délicatesse; et là-dessus, « remontant aux somroes de née an*
< dtS )
^nàkm monêr^Upseê 9 M. lieiiierofer ytroare ea Miivarat
» e<Mirdfiti^5 qui Ao)»!^ <fe Mti^ des bittes eotièreg, on nom
^ééia eheuFUé, qok mohiiilia ks «onquètos dès lont ifiie ses
• armes fareot atrfstéespàrdei évé^ueêtatkalifues,' ce ClMrti
« enfin quifÙtU Con9ian$6n é&ia GaoUi et mon impmU^ttt
» tragUiuéf s'écrie le poête^ m'uppftna lottl efUief» 4an$ u
1 rinmiL im cniitiiir ! 1 1... »
Qu'on se figure , s'il est possible 9 la )oie qui dut s'eaqiarer
delir Mèpomocèiie Lemeroier à cette soudaine «pparitien.
Peur le cotip^ il trouroît tout réuni : un roi cattUiUqne^ sacré
par un saint » et saint lui-même 9 lionoré d*an miracle ^ fon#
dateur du scqit>«^ et de la croix sans lesquels nous féosissons
eneei^; quels bons éléments d*un Ta/nu fél Ici, rien d^aiUgo*
fu/mê^ de fantùêOifué, d'étrange ^ d*mraéé, comme dans
Maà&mt$; leul eet l>ien direct à no$ mœmre, bien appU^
e^Me aux opmione eurapéenne». Et trouver cela sans rien
emprunter à rétranger, et pour ainsi dire sotis sa main f quel
Burcre^t de bonheur I car , s*y est doux à un philosophe de
flétrir tin tartufe^ il est bien doux aussi à un poète qui
chérit sa pairie, de rencontrer, en pareil cas, un su{et na^
ttonuL
Etqu^on ne s^magine pas qu'une ténératlon unfrerseUe^
commandée par l'Église et consac^ par les siècles , que
même le témoignage des historiens profades, arrêtent un in-
stant M. Népomucène Lemercier; ce sont bagatelles dont sa
rit son audace. « Qu'on cesse, dit'^il magistralement^ qu'on
» cestfe de se récrier sur ces grands titres ; qu'on ab|ure des er*
> reurs et des mensonges qui sanctifient un barbare Sicambre!
» démasquons l'hypocrisie même des historiens (M. Lemercier
» voit des hypocrites partout); hypoerisie plus perniéieuse que
I celle des héros dont ils préconisent l'exemple , et qui , sous
> leur pfume, ûlH jésuitiffuement parier l'histoire en contra*
» diction avec les faits. Nommez , nommez Glovis chef de ^^eœé»'
liâraftie £miilie mérovingienne, fondateur d'nne oppressive
( 2îQ)
t hiérarchie, spolisiteur^ des oalions qu'U confuiê àCÉgIfie,
• eonveriùseûr hemieidt^f cupide . ravisseur , édifiçaleur de
t ruih&uses abhayes l Ne vous obstinés plun à ^signaler comme
• uite race vrjiimeitt royale ^elle successioa d'oêsàssins et
» d'empoisonneurs superstitieux qui sortirent de ce Gloy îs , en
» tégitinus légataires des fruits H^un pieux brigatidage. Voilà
tles titres que lui recounolt t équitable et libre pbiloso-
1 phie î » . -
On conçoit t sans peine ^ qu'avec an pareil monstre à la tête
d*iin empire » les institutions dévoient être exécrables et^d ignés
du fondateur. Aussi M. Len^ercter voit-il «d'un^c^rté la^bm*
»talité militaire» de Tautre ta ruse eceiésiastique ^ qui dict
itent tous les statuts d'une oligarchie graduelle et qualité
9 d*ordre nobifiaire; et de ce point. découlent i^ inégadtés
• r^v^/Zan^è^^ dont nous, nous efforçons vainement d'âge en
9 âge d'extirper les racines. 2» .
Il avoue pourtant qu'à cet égard nos philosophiques efforts
n'ont pas été tout«à-fail infructueux^et que « grâces ^u double
«
• pouvoir légitri|ie ( celui du peuple, et celui di\roi ) , qui sanc*
• tionnaie vœu de notre révolution constituante et constUuée^
» on n'a pas combattu sans succès contre les gothiques élablis-
» sements d'une aristocratie enfantée par les gens de guerre
» dans les ténèbres de nos origines. » .
. Cependant) il ne faut pas nous endormir : nous. sommes
mieux portant « mais nous sommes loin d'être guéris. Ces gens
de guerre qui, dans les ténèbres de nçs origines^ ont déjà
enfanté tant de vilaines choses , nous en préparent bien d'au-
tres si noys les laissons faire. Hâtons-nous donc « d!opposer de
• ville en-ville, de bourg en bourg, de guérets en guérets (le
» mal est partout comme on voit ) , une impénétrable et iiisur-
» montable barrière aux laves' de fer périodiquenunt vonUes
• par U cours des âges de par delà le mont T auras jusqu'au
f rocher de Gibraltar. £t peut-être ti'aurons-nous pas assez i/««
% forces de la révolution , dont on accuse aujourd'hui les
( ^^7 )
rpHnoipe» , et des hautes vériiés de ta propagande^ pour cou-
j> jsommer la réforme politique, pour désarmer rignorance^ et
» pour arrêter une révolution plus terrible, qui renouvelleroil
» la harbatiô enrégimentjée dans TEurope , cojmme au temps
t où la tyrannie sacrée de Clovis écrasoit les rois et les sujet»
» parle double pouvoir de la mitre et de Tépée. Car il ne fau-
» droit que restensîon du pied mUitaire, appuyé des mysti"
^ cités s pour nous ramener, non au treizième siècle, mais
1 au cinquième , mais au sixième , « et peut-être, myôme sous
l'empire ûeia ici gothe ou goméctte^ qui étoit une loi bien
atroce, afin que vous le sachiez.
Le péril est d'autant plus imminent, que le caractère dis-
tinctif des militaires de ce siècle étant ta mysticité ^ ainsi que
chacun a pu le remarquer , bientôt peut-être , «enorgueillis de
» leurs triomphes , altéreront-ils 4e dogme de la nationaiité ,
» dogme qui a si heureusement supplanté tes dogmes violents
> du cathotieisme romain; bientôt peut-être auront-ils leur sa-
» oerdoce , leurs mystères de salut d'état, leur masque , leuc
» fanatisme , leur intolérance et leur inquisition , et peut-être
» même te!urs prêtres de ta nature ^ ». et alors tout seroit perdu^
car du mocaent qu'il survient dans une religion des prêtres
quelconques , fût-ce des prêtres delà nature , c^en est fait de
la liberté, de l'égalité , de la nationalité^ et partant de la féli-
cité du geifre humain. £t^ voilà pourtant tout le chemin que
peut faire te pied militaire appuyé des mysticités !
Quand un poète creuse aussi profondément dans le passé ,
et lit de si loin dans l'avenir ; quand le dédale de l'humaine
politique , comme celui du cœur humain , lui sont si familiers;
quand enfin il n'y a' pas d'abtme qu'il ne sonde, de hauteur
qu'il ne mesure , d'étendue qu'il n'embrasse ; ce doit être pour
lui un jeu d^enfant de tracer le plan d'une tragédie , d'en
grouper les personnages , d'en distribuer les scènes ; et ce qui
auroit occupé une année de la vie d'un Euripide ou d'un Ra-
cine , est pour lui l'affaire d'un moment. C'est aussi cQtjte ait
%. i6
( a»8 )
Mvoe £Mil« q«i'on ivmar^e dans le dév«lop{ieifteâl du idan
fc M. Népomuotae Lemereler. Car il daigne noud tnittef aux
êmrw^ d» la ooBi|>o8ilioii : par complaisance pduir èes lectaurs)
il reoûmmenoe^ pour.AiflBi dire , devant éUic M 6f6aiton ) afin
qtrïlsypuiiisent assister; il répète en leur présence son /fut fnec/
et oêtt« partie de aa pr^oe est comme Titlnéraire de son |;éiiie>
da^wi l'instant où le noîn de Clovis s'offrit à son indignatioti,
lôsqn'à cdni où ton pineeaa donna le ëonp do grâce à ce iofnf
w gisr /p l ét i r .
Ainsi y le solvant à la ^isto^ nous le voyons k réunir saai
• invraisemblance les trois unités d'action > de temps et de
wUka^ se prêter à l'esaote régvdarité des formel grocgiics et
tdevointes classiques/ par l'invention dé la £àblë la plus sim<*
i^ple 9 où tes seules physionomies des personnages y Meo
»dlstinctei ^ sM'vent à peindre lès contrastes des principaux
•éftfâotères du temps} aues!, rien d'éplsodique^ point d'inci-^
•4ents ) point do coups de théâtre 5 point de reoonnolssances
s fortuites 4 point de maGhinês ; lès péripéties se prodaiseot
âpur les sentiments , et tout se passe dans le eesur. v In-*
dépendamment de guiUemué > je omis encore nécessaire
d*avertir que c'est M* Népolnucèoe Lememier qui piaHe en
Ces termes de son propre ouvrage ^ è^ qui jéonttnue ainsi :
t Lé r61e principal parott rarement dans la pièce ; mais dèi
tqti'on le voit» il y apporte la terreur , mais tout s'y fiiit par
«lui, pour lui> et tmntre lui: la terreur le ramène au dénOoe*
» ment. «(Au èommèncement c'éloit lui qui amenoit la terreur :
chacun son .tour. ) « L^acteiir qui le tèprésênterd nO doit pas
» seulement débiter ou déclamer les choses qu*il dit , mais
pp^jutHo^n^r fbHemmt 4à pèUHque tn 4fii.... Le premier
*actè se Compose simplement de deux scènes , et d'^M
«seules on voit partir TuniqUe IH qui conduit Fintéi^t pio-
sgressif des passions fusqu^à la fin. Dès le second aclt» là
•ohute du roi d«trdné produit dans son sort la plus éton«^
HMmie pëipMé que f^Mé lundi imaginée. » < a oit ôertain
( *t9 )
qtié^ pour tûi roi> un tfône de phu ôu de moini «fiàiigè
beaucoup éa position. } « Cette péripétie amène au qua«
•trfèmé acte tuié scène vèhémeote, de laquelle on ne oraignott
»pas d^augurer que fohtiendroi» un eil^t entraînant sur leÂ
» spectateurs. Le dernier acte 9 où tous les rossorts de la ttt^
oreur sont tendus, renferme un àialog;ue sombre et en«*
fttrecoupé, que j^ose indiquer comme étant le plus conforme
• à ceux qui causoient de tragiques Arëniisséitient^ sur leé
» tliéâtres grecs. » Enfin 5 Tauteur termine cet éloge du même
au même , en nous assurant que c'est « dans la pratique de
9 Fart qu'il en a appris la vraie théorie; et qu'il peut affir-
»mer que s'il n'avoit pas su en appliquer toutes leà règles
là la composition de Ctovis y il n'eût jamais été capable de
•faire son< cours a$yUyti^uô de tUtérature : » assertion qui
doit nous tendre Ciovis mille fois plus précieux.
Il seroît maintenant assez piquant d'opposer l'analjse rai-
BonnéC de cet ouvrage à la pompeuse description qu'en donne
hauteur. La cntiqùë auroit beau )eu , et les vers de tt. Le-
mercier, plus étranges encore, s'il est possible , que sa prose,
y répondroient d'une manière très divertissante ; mais cet
iexamen , nécessairement un peu malicieux , m'entratnerojlt
peut-être trop loin , et contrasteroit trop avec le ton géné-
ralement grave du Mémorial. Je ne dépasserai donc pas
la préfkbe/et laissant de côté cette tragédie imitée... de Mo-
lière ; cette tragédie née sujette du consulat , proscrite sous
l'empire, amnistiée lors de la restauration , répudiée par des
acteurs ingrats, captive dans les cartons de la comédie
française^ et à laquelle l'auteur a préparé une demeure
plu8 obscure encore en la faisant imprimer; je terminerai
par ùnè réflexion plus grave que m'a inspirée Tépoque à
laquelle cet ouvrage a paru. Publié plus tôt , il n'auroit été
que ridicule: aujoiu*d'hui, il est plus que cela; et lorsque
tous les-trdnes de l'Europe, ébranlés par les insultes 4'une
populace d'éoiivassiers factieux, désenchantég des prestiges
16*
( ^^^ )
dont la religion et le lemps tes ayoîent environnés y ne peu-
vent retrouver une force nouvelle qu'en.rappelaut de toules
parts ces illusions de gloire et d'antiquité , si puissantes sur
l'esprit des peuples ; dans une telle conioncture» que penser, je
le demande 5 d'un homme, d'un Français, qui s'en va ramas^
sant à plaisir de la boue dans le cloaque des doctrines révolu-
tionnaires > pour la jeU'rà pleines mains sur le berceau delà
monarchie de Saint-Louis ? Le comte O'Mahont^
. CORRESPONDANCE ÉTRANGÈRE.
Lettre sur VMtemcLgne. , •' >
. Tout dans ce pays semble au premier aspect dSTavoraUe à
la religion catholique : la chute de tant d'illustres sièges épis-
copauxy la spoliation des biens de l'Église; la rupture de tant
de liens et le relâchement de la discipline , qui en est la suite,
les entraves qu'on oppose partout, et à l'exercice de rautorité
ecclésiastique,* et à la conclusion de nouveaux arrangements;
les invectives sans cesse renouvelées, non point de la part des
anciens et honnêtes protestants , mais par un parti qui ne sou-
tient l'anarchie religieuse que pour mieux établir l'anarchie
'politique; enfin, la mauvaise volonté même de plusieurs gouver-
nements encore livrés à de perfides conseils. Eh bien, malgré
tout cela la religion catholique fait des progrès seôsibles en
Allemagne, et gagne tous les jours davantage dans l'opinion
publique. Les preuves en sont palpables pqur tout observateur
impartial. La pauvreté de l'Église ne provoque plus ni Tenvie
ni la cupidité; personne ne peut dire aujourd'hui ou'on ne
se voue à l'état ecclésiastique que par l'amour du pouvoir et
dés richesses; et quand, du milieu des ruines apparentes, on
voit la religion catholique se relever pleine de zèle et de vigueur
( 221 )
sans la moindre alléralion dans ses dogmes» sa morale et son
coite , les plus incrédules même admirent en secret la force
de cet arbre -de Tie» qui résiste à toutes les tempêtes » pousse
sans oease de nouvelles branches ^ et porte toujours de nou-
veaux iruits. Le désordre extérieur fait plus vivement sentir la.
nécessité d^un lien commun , et le besoin de se rattacher au
centre de Tunité , seule autorité, naturelle et par conséquent
tùtélaire. Le mélange des catholiques et des protestants, opéré
par les commotions politiques de nos jours et par les derniers
traités de paix, les discussions avec les nouveaux gouverne-
ments eux-mêmes, sont un puissant moyen d'Instruction , fa-
vorisent la propagation des bons livres , détruisent une foule
de préjugés, et font jaillir de nouvelles lumières au sein des
pays protestants. Les vociférations de quelques écrivains con-
tre le pape et les jésuites n^'nspirent plus que du dégoût, et
en^tent d'ailleurs une juste défiance par leur ressemblance
avec les dédàmations révolutionnaires. Car quand on voit sans
ce ss e la réfinrme et la révolution placées sur la même ligne,
sovtemies par les mêmes principes et prônées par le même
parti, il est impossible que des esprits droits ne soient pas
eondnits à penser que ces deux révolutions ont une parfaite
analogie, et que la première ne vaut peut-être pas mieux que
la seconde*. Aussi ces déclamations ont^elles déjà engagé un
^and nombfc de protestants d'Allemagne à Êiire des recber-
ohes impartiales, et tous sont étonnés ensuite de trouver le bon
sens, le savoir cl les véritables lumières, là où on les a voit
habUnés à ne voir que Tignorance et la superstition. Eofin, les
Téxations mêmes que divers gouvernements font éprouver aux
paisibles èatholiques, leur, concilient Testime et Tintérêt de
tous les gens de bien , et leur procurent de nouveaux et de sin-
cères anrâ. 11 n'y a pas encore quatre ans qu*un auteur catho-
lique auroit en vain parcouru toute l'Allemagne avant de trouver
un éditeur de son ouvrage; aujourd'hui les libraires protestfints
eux-mêmes se présentent en foule pour s'en charger , certains
( «a^ )
^il'ik sont d'un raicci^atfuré et rapulç; On ntii|asfm.f u^ i^iw
les lîv|^ qui pasojmnt pour .)a défenaf) à» l^ i^lfgjiaa ç^y^
JiqiiiB oi^t plusieurs éditions : U San^wt fU Thif^uiç» 4]^
M. de Starky i» été réimprimé jusqu'à six fois^ et^q^ai^ j^:J4
lettre d^ M. de Halier» doot sept tradufitif^Hf.différQutes. opt ^M
laites eq AUemagne et en Sqisse, plus de quiane ^itioa» «uc^
oesfives ont ^é promptem^nt épuisées. yécritp4rb>d|qii|e.puT
|4ié tou# les mois k JUayenoe» ou plut6t à Strasbpurgt îotitn)^
dêt. tia^tkDtik, ( le GatUolique ) ^ ^1^ tiré k près 4^ deux miUs
ev^smplaiTes:; U 9e répand surtout &ds TAlleoiagiid prole^m^l^
pijooipfden^nt çn Prusse^ et {usqu'en l^i^ssie et «n IjV>ri^4|^
{if^ PMÎUews livres de oontroTerae qui,paroissent eB;Fr<mo9 9,t
«a. Angleterre, telsqueTfâ^ai^ur i'«n«fi/f<^r#n4>^».de]UL«l:al^
de la Meanaist et rouvragiQ apglais in|itulé»^Ae £n<f <)/.(7iMiif^
veri^* par H. Tévéque ttUlner» sont îneontîiteQt traduils et
lépaodus dafis.toutQ rAilemagae. Tonte attaque de la part im
:pr0te9itaqts çst aussitôjt repoussée par plusieurs réfulaMotis dir
vers^ } et obose remarquaUe, el qu'op ne Voyoit pas jadî«# e#s
féf ij^tions spnt faites en partie par des protestants eu» «aénwii
Kâ^^ère^ M. Kern., professeur à Gottingue, a pulvérisé la dia^
IribiA puWée contre les jésuites par un oertain M. Li9i§^4|ui
«voit poussé Timpudence jusqu'à imputer à oet ordre oélftlm
de eomoiaqder des crimes , quand il les jugeait utilte P4Keilh
ïemeat aussi la meilleure réponse à Vécrit de Vk. Tsdiiroef^
intititlé U JProUêUmtism» et U Cathâdici$me eaf»idM$
êouê i» point de vuê dé 4a pc4Mqu» ,.akM . faiti^ par xin nsÂ-
rsUstce p)(obestaDt qui^ dit-on» est sur le peint .4'emi>rasim lii
Triigîoci.oatboljqUe< M. Tscbimef voulnît.p«r 99m livrr îa**ifi^
le protestantisme du retproebe de favoriser leis révolutî^tit^ et
le dé^raer stir la calbodieiMae'; inai« sa . ««Kkdimia apelogiaif
«4 resprît révolttlîepaaire de Tauteur se décetost daâe elsaqiie
tigae» a au contmire^ eontribué. à faire ouvrir les ysMoc à Uti
.grand; nov^re de proleataato bien ittten«ic«iné#9 . ei à
pMaver la i^ésîlé de l'aos^ation.
4
•àltttftîresy «t dm ODiiYtni<Hir édaijintes m muhipUAI chaque
ioito dans tëiis lei rftags et toiitips loi oonditioos. No«s He fitit»!
rdDs^qiie leftpliia réetatea at les pltia remarquablea^ dont qnek
fîtes tmeasoaitivrobaUjBmeiiteiioo^ H
y. a |to d'àimëafr que la ptiaaatM de Holataia-BaclfL» Mp
haroDsè de Aiehtoff, al la iBomleMe deCîoensoDieiiiliraaiéla
rdBgioii eatholiqne à Srealavu Ko tSiS, Vbn vf I tantror dans te
saindarÉglisa ie priiace Henfi^Édouard de Sehaaobotirg-Wal»
deoboiug I iTeuf de la priaèesse de Schlrartaeinbeig; PareU^r
dwliesae Ckaries > née prhicease de MasMâ; madiime Karltnar
dfAogéapteiA) néeBaitfaasarde Strasbourg) M. KoaUer de Nu*
«ainbeig , aoufr»reetear de réeolè des études à Netistadit sut
l^AJach^déià précédé par deux de se^ frères, ddnt Vnn se v6tte i
l'état ecclésiasilque; lé comte de Spiegel, àBoon^, M, Bmest dé
Gagera, frère d'uti homme dtsUngoé par ses talenla et par ses
placée, âa^iinThiii député auxéiafs de Dannstadt; M* Chartes
Fleiaofacpr, à FraaofiorI, boaieaeîastmit et culttvaat les lettres i
qujr^l^niisaa carnfersioQ a traduit la réfutatien dti livra de
M; df Stoiûdca* Ces caœiBples iiireot suivis. en i8a49 ^ ^ouf
ïéDeriament-eneorepar deux savants prt^sseurs , l'oo à l'uoî«»
vésmté de Daen^ i'-aulre au lycée de Ousseldorf ,, dont le dernier
iÊPf^ïi élé uemmé professeur ma%ré les rédamattonit des oa^
thoHfisaa; de plus, par M. IktiUaume de Gagem, fnèsv de
H^iJErnesl; par M< fieauiagfaan , négoeiaaf À Ceéfeld ; en£% .
•par il. Sâaeé/A , au idcsçvenisers iMinquiers de Mayenee , dtsr
tingaé pae ses taieiits et sa probité. Ilpaasoit pour le etei*
des protestâuts de ciatte viMe ^ et élett indn , eomtne eux des
:]^reiilionil Aesipios détaiseaniaA>les ooétra la enfance cÉtha»-
yagim-f niais les aaserttoss ènfdîes du pasteur telhdrîèn. à
Mayieoèa^tèreat.lâs fÉ<eaiiîera étéaaeMi du douée dans Vikmm
duàfteide M. Siaeânl;. ïiaTieui: livré de priènes -que le fansacd
ifiUeiaibemilreaea maliia, et dons lequel il teeuen une deo-
teineaatnn et «nie noraie pure, flioimiiença'^latieiWvirkP
( aM )
jeat. n prît la tësokitioii de 9*ûi8tn|ire>4ava&t«g8^ et apiiès^
avoir pendant deux ans étudié là matiërcà fond, il fit, .yeis le
milieu du mois d'août dernier, sa professjLon de foi ^^n» l'égUse
de Saint-Quentin à Rlayence. . Dans les classes ânférteuires du
peuple les conversions sont aussi très fipéquenf es ; Il faut
qu*elles'ne le soient pas moins en Saxe, puisque le siurinten-
dant Ammon de Dresde se plaignoit avec amertume, dans un
sermon prononcé et imprimé en 1823, que l'on changeoit au-
jourd'hui de croyance commode vêtement^ et.que x^elane
nuisoit même plus à la considération de ceux^qui rompoieot
ainsi avec fÉgUse,ieur épouse, et avec leurs frères de rell^oa^
Mais est-ce donc à ceux qui ont changé les premiers,, et-qiaii chan-
gent tous les jours, de se plaindre des retours aune Église ipû
ne change jamiais? De quel droit s'élëvent-ils contre ce genre
de divorce, ceux qui l'ont autorisé dans tous, les sens, .et qui
veulent maintenant défendre à leurs disciples de se.sépjtrer
d'eux pour contracter une alliance désormais indissoluble? Il
parott que de semblables changements ne sont pas rares même
dans le grand-duché de Weimar, car le gouvernement de ce
pays vient d'ordonner des enquêtes criminelles et des peines
sévères contre tous ceux qui par des moyens que ICidécret
appelle illicites, engageroient quelqu'un à embrasser .la relir
gion catholique. Il est vrai qu'on ne dit pas quels .sont ces
moyens. Les nouveaux convertis ne craignent pas l'examen le
plus rigoureux, et l'on défie les auteivs de ce décret de nom-
mer parmi les personnes connues qui ont passé à l'Église ca-
tholique , une seule qui ait obtenu par cette démarche des
avantages temporels, et qui n'ait, au contraire, fait de grands
sacrifices à sa conviction. Le même gouvernement de Wehnar
avoit porté en 1823 une loi composée de soixante*deux para-
graphes sur les reiatians des églises et des éeoies eathoUfues
dans ie Grand^Duehéf loi dont je vous parlerai plus en détail
dans une autre lettre, et qui est inspirée d'un bout à l'autre
par un esprit de haine et de défiance > ou par le principe de
( i*i5 )
Fasserrissement complet de l'Église soos rantorité de Tétat ;
chose au moins étrange dans un moment où on laisse une
lilierté entière à des seetes réprouvées et aux sociétés secrè-
tes. Les remontrances respectueuses *que le clergé catholique
crut devoir faire contre cette loi, avoient d^abord ,été fort mal
reçues^ màisilpQrbttpotirtant qu'elles ont fini f^ar faire une
certaine impression, puisqu'on apprend que la loi n'est pas
exécutée, tant elle^st contraire à la nature des choses, et par
conséquent impraticable. De tous les gouvernements deTAl-
leiûagne^ celui de" P^us^, et spécialement leministère du roi,
montre le plus de dispositions justes et bienveillantes envers
les eatholiqUM. Oetix-oi'n'ont qu'à' s'en louer, et quand leurs
I^nVes centre des autorités subalternes sont'fondées, ils sont
sftrs d'obieïiir prompte |Qstice et une protection éfBcace. On
attribue ces bonnes dispositions du ministère prussien à une
'ëltVÉé honorable aux catholiques : toutes les enquêtes faites
ftÊé son ordre à l'Occasion des menées démagogiques ont
piFÔuvé^^qu^il ne se trouvoit aucun cathoIi<|ue dans ces as«oci»*
ti<ms lévdutionnatres. Gda ne doit du reste pas étonner,
cat«cdmn(»e l'Église chez eux n'est point fondée sur la liberté
et l'égalité, ni sur la souveraineté du peuple , ils ne pensent
pas à. donner ces m^émes bases à l'état, et il est impossible
que de pareilles idées puissent gerntker dans l'esprit d'un ca-
tho^ue véritablement attaché à sa croyance.
(■at6)
DES JÛCBLNAUX.
• _ t. . ' -
«
Turin , 3 octobre iâa4«
MôHSIBUB,
Ce qui esl d^}|i oublié à P«rii| est eooofe Qoaveai» pour wfA
aa fi^iid 4e «la siiiltodf, li^Myey 4<mc p«» turpiif «i» «o o^
to^ « je réclame contre ua article dg /<iHrf»«< <{•# JM^oA» da
mois dB {ttillel ; ines léclamalioaa d'ailleuinQ ae seroBl pas mes
imporUQoe^ vos yeux, -et tous me pardonnerez fi^eilemei^ de
revenir ainai «ur le pauét >
Voue avec accusé oe Journal d'ime manière Ms piipiatiiet el
malheiireusemeot vos reproches ue sout qiie Irpp fondée^ Peft
naettes-moi e^Nsudaiit de vous faire <ibserver <pi*it fA au moiiif
uu pommeneement 40 conversi^i^ pemji. messieiusi los-rédeo^
teuss 4^ HébiÊU^ éerivaîos 1res sj^ituels.^ saosdoule^^ldeBt
les. talents ressortiront encore bi^a davai^tage » qpwd ile Bf
seront plus raipiDjés qu'à la défense de ja^, vérité* '
\a journalislç nous dctnne le texte entier de la femeoie dér
daration de i68a. M^avoos-nous pas a^seâ d'ennemis aad#f
hors 9 sans mettre'encore la division dans notre propre canotp , en
réveillant des diseussions tout-à-fait hors de propos P Ne sem-
ble-t-il pas que si l'on enseignoit à Paris ce qu'on appelle les
doctrines ultramontaines, Léon XII, ou xjuelqu'un de ses suc-
cesseurs , dût en profiter pour déclarer la déchéance du roi
très chrétien ? Dans tous les cas^ dès que Ton veut traiter ces
matières, il ne faut pas alté^r la vérité , comme l'a fait le ré-
dacteur du J^mmai des Débats.
Pourquoi, en effet , vient-il nous dire que la doctrine des
quatre articles est la doctrine de tous les évoques de t'rance ?
i ««5 )
9 nima^doline lai m>M 4» Mptcksis év4fw»iwlraieiii» ÇmUt
BMDt iMiit41 ot ^e pei^oîent Ico Mq^n aimPU de rMMii9i^
b|ée? DeY#it4i 4i8iiiilider qM rc^ioioti Miitrair0 au^i quitliv
articles s^ypii «lovf â«|. parti«iil« paimi l%ê évèfwa fSraoffd* i
qui étoiiH^t à'celte époque aa naivibr^ d« 0(mi| viogl ? H (» dflVQÎW
il pa^ aY4N9arqi90 VlioiD^M ipaji^rllé d«4 é!r^g«« dl) lapudd
oattolifuiï pvoCmoit uao do«trm opposée à oeUe des quatre
«ttieles r L'aoloriU de lotu oes évl^ueg unis aiu pape» n'éteil*^
«lie pe» eaeee imposenie poat empèclMr M* le rédaelenr de
qualifier à*09M'iwmgéHgu^ )a âooirine uttramoutaloe ? Je
vûiMiavoué qnHl n'a ttllii relire deux fois oe mol ei déplaoé »
qaaud kîen mteie tout l'épitoopak fraafais eût applaudi à la
déelantiôii de iMa^ H est déplorable q«*un iouTnal qui a été
aiMeCaigi'eiyttiledBsbon»ehréti€ti8rfn soit aujourd'liui de^
Tenu le conupteor » A la faiieu^ de son ancienne réputation f et
qaVl ^ liehJw» à ébranler Vatttorité sur laf|ttel|e Jésus*Ghiiet a
fiiadésQU ÉgQse. Si|ai vouloir laire «oi étolege d*éruditlàn , {a
puis opposer au Journal des Débats une autorité que peuMtAe
ii Qe>réoiiéelti pas, oelle dfi parlement, à moins que ^autorité
ée oeMeeournednle pour lui quie en siède deNlier« Le per^
Itraedft dftPatis, «n i^Ôi » pratestoit à Iiouls XI , fU*H éiaU
mtièreméM jeùmte àia cMeinnstHslMin de te êmkue Égtiêè
fi9ffHlsMi>. ftié ne peuê wrét* Cette protestaltoa est aneienne,
il est. vjisiy méis par cela^mélne plus rapprochée des traditions
es la: téntâlde antiquité. M« dto Màroa reôennolt que toutes les
prov^cei dnià chrétienté étoient pour l'inlaiilibiiilé » à la réi-
térée djB l'aàcienne Soriioiine. M. de NoaiUeà « trop fameui:
irofaeréquede Paris» et apMi lui M. le NoniMod, évèque de
Litteux V attestant ^tie rinfûMlilMUé dm poniifï dt Rom»
M mmtmutfOT iôs éiféifMê itliaéiê\ ftJUmnagne, d'Mê-
petgHô^ éô Hmigme^ de Pologne.
Quand r aprèe 6ela » Bossuet eût été dans des sentiments con-
tralves i eon. autdrité suffiroit^elle pour eontre-batancer enlie
d'ua.^.9fAMaoiBbre d^étéqueaP Toudroit<»oa aoeerdet à Té-
rètfàe de MeatDt lé pHTilégci â*hi&lllftiiKté qa*6B féÊvàeé^ Yi-
Caire de Jésus-^lirist ? à celai à qui le Sauveur lùi-méine a
dit: J^aifn^l'pourtai/dfin4iu6tafinnô fitiétisêe pas. le
)oûmâli8te des Débats î^oreAril parcombien de témoigna^
léa conciles et les Pèires ont reconiiuque^reffet dé ces paroles
subsistoit toujours dans le sûcce^seuV de saint Pierre P. • .
Pôar moi, je' ne dois pas ignorer qn^l est lé patron de Yoltaiie,
Taipologiste de la iréknpression des livres phUbsbpkiques^ Je
souhaite que son respect pour révêquè de Meaux séit sincère.
Mais, si ce grand évéqùevivoit encore, avec quelle indigna-
tion ne *r^pousseroit*îl point un pareirhonÂinàge P Loin'de sV
xham'ér contrôles défenseurs des doctrines ultramontaines,
' il déploreroit Tabus que l'on a fait de son nom , et, témoin des
persécutions exercées par Bonaparte con^ PÉglise, au nom
de la déclaration de i68a , il s'écrierolt de nouveau , avec une
conviction encore plus grande : Àéeat ergo dtctarioHo quoH-
. Imerit; n&n enitneafn, guodsœpe profiUrijuvai, Ui$a$ir
dam 'hic suseipùnus.
Jamais^ quoi qu'on Êisse pour les quatre articles , on ne
parviendra à les faire considérer autrement que comme une
opinion tolérée. Je u'invente pas cette expression ; jela trouTe
littéralement dans l'ouvrage d'un ^prélat fort instruit , très at-
taché autrefois aux maximes gallicaneis» L'émigration hii fit
connottre dès livres où la doctrine contraire étoit défendue
• avec une grande évidence de raisonnement, appuyésur la tra-
dition. A sbn retour sur le territoire de la république firançaissi
a s'occupa de la défense de la religion^ L'ouvragé dont je parle,
fruit de ses travaux et de ses niéditàtimis , renfermé une foule de
textes des conciles et des saints Pères tout-à-fait afil£-^t;an$f^
ques, dans le sens du Journal des Débats. C'est une chose re-
marquable que l'effet produit parla 'relation dudergé français
avec le cl^é des autres pays. Nos prêtres ont joui ^ à juste titre,
d'une grande réputati(m de science et de vertu ; ils^ont trouvé
âéannMias dans l'étranger beaucou)^ d'ouvrages qui lenritoient
( ^^9 )
inconnu» 9 et. dont le« aatoun.avoient ti^té à. fond cette qi|e»-
tion célèbre des qnatre articles. Si, depuis, Içurs idées sont ino-
difiées.aai: ce. point, il ne faut TattrUmer .qu'à.la foorcede la vé-
rité , qui seule a pu tripmplier dans leur esprit des préventions
et des préjuge d'éducation. .
Qui.doac pourroit s'empêcher, de. 80OTire.de pitié en voyant
un gasetier tliéologien , qui vient, nous, dire que la déclaration
est piuê.qu*unô, opinion ,, oenmie s*il en savoit davantage que
Fénélon.et qucBossuet lui-*méme? £n vérité, monsieur, je
n'ai, point eu tort qudkud f ai.avancé que la conversion du JouV"
nod dôs.DééaU étoît commencée , puisqu*il trahit si Men la
mauvaise cause qu'il défend. ;0n achèvera de se convaincre en
lisant les . OpuseuU^ de FUury , publiés, par M. Émery : ni
l'ua ni l'autre de ces auteurs ne paroitra suspect.
C. T.
DE QUELQUES ATTAQUES
DIRIGÉES CONTRE LE MÉMORIAL CATHOLIQUE.
Depuis quelque temps le Mémoriat Catholique a été atta^
que de toutes parts. Les anathèmes prononcés contre lui par
les dçux oracles, du paifti libéral , le Constitutionnei et le
Courrier j n'avoient pas encore .satisfait la haine que lui ont
vouée ses nombreux enneniis :.deux athlètes nouveaux sont
descendus dans la lice ^ armés chacun d'une formidable bro-
chure. M. Salgues, qui publia » il. y a quelques années , un
ouvrage peu religieux, aujourd'hui oublié , et M. Gilbert des
Voisins, ancien député du côté gauche, se sont réunis pour
prouver que le Mémoriai n'étoit ni religieux ni monarchique.
Nous ne pouvons nous dissimuler tout ce qu'a de redoutable
pour nous, l'union de ces deux imposantes autorités.^ Qui sait
( «9o )
si fliift l^mém lie tMt pw wamÊltiett à ifttfirftt^evoir ^
tiè Ménwf4di éêêihoii^t est bientf eu ofttéllefi , ptti»ittt11âë<>
M^ ^H^toM )^ci;pfU|it<f«$ ) «t biôii ti0« royaliste y puisqu'il est
oondaixiDé par un royaliste aussi Aàièitt ipi« ié préml^ j^rè»
iiâent de loi ^eoof iiapérialtt dt i^arii j^ndànt tes i0<ia jouf*# ?
i Quoi qà^t en »^t)' oes cteflx «iagùliitrs MttteftlireriMttff ont
«ftti dans la AédeMllé^ leut âdre d'abovd ded remcrdltiiapli.
tin' f^fôtMtsnt Itiai * et rà<ltt« i{tîe le Mémetkii tetAdKfii»
if'e^ el lir peut être rédigé qtie par dêi fésoites, ils lie te mt
pfts doutés <{â*jia lui dbnqoieiit un nouteâu atétité aux yeux
de aes alxniiiés 5 et que 9 pour peu ifcie Ira^ «saeniett à'aocté*
ditàt dan» lepubUe» nolHi ouvvageréfléôhiroit ftia»li:il tMiPéelat
de oetle célèbre soeiété. Peut uoutvqtii ne eoÀosiÉeuiîs pariiii
nos Collaborateurs aucun enfant de saint Ignace, nous aurions
été un peu surpris de nous voir tout-à-coup métamorphosés en
jésuites 9 si nous ne nous étions rappelé que ce mot n'étoit, sous
la plume de certains écrivains, qu'un chiffre par lequel ils dé-
signent tout homme qm ti*est pas chrétien el loyaliste à leur
manière. Ainsi, par exemple, si, comme M. SalgUes l'a fait
dans sou litre istit les préjugés , notis avic^ns attaqué le
dogme fondamental de la création; si, comme lui, nous nous
étions penuis dès propos un peu libre^i dès pUisttnteries aêses
peu- religieuses ; si nous avions «ingé l'eépÉlf, le Itrii ^^b^ne^
iiard du dietiôaiiairè philosophique de Voltaire (1), iâButè^
ment le pieux M» Salgues u'auroif pas yu eu uousdeé )éiùlfe^
éiy oomme M. Gilbert des Vohfns l'a faât dans sa iKtoc^ure,
tÊWis avions décla^ que noits 90uUûnslUre ch^Ueàs èotniw
ir. éé Fit» James^ évéquè de Soissons^ dans le dernier Mètle,
eoutiea du parti janséniste, et dont les oïlvragés fiiiltint condam-
4iés par le Saint-Siège et lee évalues de France ; 8i> ponime ce
' (i) VoyèÉ, daui hû Mèhagês tle jAilôfeopWe et de lfttèratûfé\ de M. Boà-
lo§«B, le fÊ^géÉÊWtiq^'Ufmèm^lS^imêiiSê d« il, ««Igiieé, «nae« ÉBm
( i5i )
iidMe flftemfat^ de la cikAtabn) des palM d6d oëtit }wxn% hoiis
d^iMi trahi la oâttse des Bourboni, JÀotti autions. beau
tMrier attjdnrd^huf re%ioà et tii<)E»rohie ^ jamais M» Gfti-
bôrt den Vefsias ne ikhis imi>oit pHi pour ded dtoelples de
Lo^la. Mais eotnme a^ua Q*ato«« pas d*aussi hondrables liti^s
à ia bleâteiUaHoe de ees missieurÉ» hûxè êOttimei > éMs at»-
eUb doute ^ Â'aitîhl-jébuHes. Au reste , ilé pdurmieiit l*ud et
TâUitrè se dispenser d'attribuer nos éoHlS à eelte iMustre s^
eiété ; séufs , nous réèlaluons la t'esponftabtllté de nos dœtH^
tteà ; seuls aussi, uous sauiroBS bien les défendre otMitre nos
divers e&ifemis, sous quelque masqpie qu'ils pftroisseiit. Com^
mençons par AI. Gilbert des Yolsios.
C'est un âtfticle inséré dans notK derhièfe livraison qui
nous a suscité eè nouvel adversaire. £n traitant de la partie de
iliistotre de France qui se mipporte au temps de la llj;ue ,
nous avions )agë cet événement d'apîrès le droit public qui
avolt régi Jusqu'à cette époque les monarchies chr^ennes;
nous avions apporté , dans cette discussion, ce calme, cette
modération , qui sied toujours à ceux qui ne cherchent que la
vëfité. M. iSiitiert des Voisins, aveuglé par la passion , n'y A vu
que la doctrine du régicide, Papologie de la Saint^Barthélemy,
la destruction de la société. Engins dans quelques détails.
• IKoujs avions fait observer d'abord que les protestants , qui
admettent en principe la souveraineté du peuple^ ne pouvoienr,
sans se contredire, condamner la ligue comme une révolte^
puisqu'elle étoit .l'etpression de la volonté nationale, c'est-^à*-
dire de la grande majorité de la nation, eomnie les histo^
riens en font foi. De plus, comme les philosophes et les libé»
t'aut admettent aussi le même princii^, il s'ensuit qu'Hs ne
peuvent pas plus que les protestante condamner la ligue, s'ils
Veulent être tant soit peu conséquents. C'étoit là un aigunient
ad kùtnimm, dont H. Gilbert des Voisins a senti toute la
force. Aussi s*es<-i! abstenu prudemment de le disculer : Il fa
même entièrement supprimé dans sa broéhure-) <^oiq(i'llelle
( :^3a-)
tout |« r!ei|te.dfii.notre:aprtiole.; onf^ut erofre d'a|^^ c^aijU'ii
a pa89é QQpdainiiiatiQn . sur ce point Qu'il novâ pennette
toutefois . de,luj adresser à «e.. suîet un ^ argument toutrà-fait
peisQDUCtl, etqui. a au6$i:$on,àrprppos. 11. est impossible que
,M..|&Ub)G|rJ|49s yoisins.Q^adm^Ue.'pas la sublime doctrine de
ta samwfiraifh^iédu, peufie. . Le parti ^auquel il.aiq[>artient ap*
puie,se8jhéories,poli|iques sur. cette base, la France-entière
le sait : le (kturrieryqn}. louela brochure, de M. des Yoisins^
tiMdumd^timmpli.qWi M. Gilbert des Voisins loue dans sa
birpcblire,;Gliérjsse.Ot cette doctrine^ il ne^ peut le nier : enfin
un bon^me. du ao. n^urs, un. partisan, du goutèrnement de
fait ne peut la désavouer, et je m^'assure que dans quelques
uns de ses discopi^ à; cétteéppque , il aura invoqué pour éta-
blir les droits, du, béiiios de TUe d*£lbe Tâutortlé de la dotante
natiojwie. Or, que M.. Gilbert des Voisins nous dise conunent
rexerçice àeiajouverainetéfuUianaU n'a été qu*une révolte
en i589,^s'il était en iSi5 un droit. imprescriptiMe. Assuré-
nifint, si quelqu'un peut. condamner la ligue du seizième
siècle, ce n'est pas un partisan de. la iigue des cent jours.
Nou^ avions établi, en second lieu > que la légitimité est dé-
tern&inée par les lois fondamentales de Tétat, et que, jusqu'à
répoque dont nous parlons, la religion catholique a voit été
la loi fondamentale des monai:chies chrétiennes. M. Gilbert
s'élève contre ces assertions; mais, au fond, que prétend-il
' nier? Veut-îl soutenir que la légitimité n'est pas déterminée
par les lois fondamentales de l'état ? Alors qu'il nous dise ce
qu'elle est : nous le défions d'en donner seulement la dé-
finition. Veut^il nier que la religion catholique ait été d^ns le
moyen âge la loi fondamentale des états, chrétiens ? Alors
qu'il déchire, l'histoire , puisqu'elle lui déplaît. Nous le laisr
sons dans cette alternative, à moins que, pour en sortir, il
n'appuie la légitimité sur la théorie du gouvernement de fait^
théorie qu'il doit être capable dé bien expliquer , puisqu'il l'a
M bien mise en pmi jf fie. ...
(433)
U Jiéifififitm^ (MHI & réCnAer IfriMird^ ^6ll9éqtietii(^ qu'il
pr^n4 Mr^r A<| pjQ»<|iria«%M9éy ^ ^cniteaMr q«ie » A notre
do€jM»f»« étQJI vr^i»» tM» ter ie«iT6niiM fpf ûfe sdnft i^aà ca-
tholiques aigoiurd'lnii dAvi^iml' ètr« prfvé» dé leim Môneé.
Comtofii^ nVt-U pas v^^uta fo^ qaUl né s^agfsiMift, dam
notri^ «rttelç^ qj^e. de luyer lA l%i]B de PvMcé d*aprMlé drdlt
'pi^f^Iio %|U' avioH ié|[i' te chnfttèBDté fiitqa'ft'eem ép6qué, et
qiie,<de0uiB |<|is» l'^otofe étant sqiMb de ebt dvdre dé ehosés,
eU!^9ii$ti^ i90iisliltdAû4i delà iclîrétieii«é ëiatii détruite de-
puis Isk i^foiPiae/ pensoiiiie ne pnitead! dpj^qu^ à Tordre des
cImm^ aoti»^ un droite publie qui ne stibsnte plus.
.,IIUw9 tenowerioas id oe^ vépMsej sr M. Gfft^ des
YoiijiM pé»ow AVQÎI'Qitaquésqtf'avee leii atttied dti raisonne-
m^l* Maïs 9ipiwsN|a*au' lieir dé> dlsetiter seolenitent hbs^prîn*
cipes9 ^ A veolu oaloouiier uo» inientloïMi , et quHl'ri'a pas
tçKf^ de MHi» ptftier lee ibasiuiesHeB plus exécrables, il uoù6
fQrçe-^iui donner ici une leçon sévère, pour qu^une aulté ,
£913 jl mil, im peu plus sur ses gaines, ayant d*outfager lès
persoune^jikMisqui'il'n^rdevçroit'qu'eiuitiiiner les dpîtlions. On
ne doit pas être hardi à insulter^ lorsqu*on est intéressé à
sefairee éubUor^. Booune imprudent -qui^tehëâs nous prêcher
auipurd^bii^laJégtttflKté^' qui aagùèrela repousélèi^r pourquoi
provoquei*^ par d*ii]^umeiite»atliiq«iet^,'le réveiidè nos souve-
nirs ? Croyez-vous avoir 4échiré toutes les pages de Tinexorable
Moniteur ? Quoi ! vous qui , pour prix de votre dévouement
à Tusurpateur du do mars, avez^té flétri de toutes ses fa-
veurs ; vous qui, dans la chambre dés pairs de cette époque 9
avez soutenu avec une servile constance cette loi contre la li^
berté individuelle, qui fut l'effroi de tous les gens de bien 9
et qui , dans le seiti même de cette assemblée révolutionnaire,
fut repoussée par ceux de ses membres qui avoiënt conservé.
des sentiments de justice et d'honneur ; vous qui , la veille
même de la seconde rentrée du monarque légitime , au mo-*
ment où le drapeau sans tache flottoit autour des barrières de
2. 17
( 334 ) .
la capitale,, .âv«s protesté -quei^uii Toulkttjcôbftetlrc!^ âf'fiimals
Icft hideu8ea,cpulQurQ,dela lévolntpoa ; yptis*; en tin thcftVqoiy
sans doulç , iivçz apposer iroire sfigaittiire à cét'aaêe adêUion-
nei.qt^î pro9crivoîl. p«mr^aniaift fa^faniille ,d^ Bourbons , et
renfermoUaiotsi tout-un régicide; €^è8tYi>iteq[iii HreineSB nôas
foire une. homélie ,««ir la légitimité, et voilà ^^épris tout4-
çoup d*une bizarre tendreane pour cette at%U8te fantiilè qne
VQU9 ayez reniée 0t proaerit^y'Tous ei^iseigne» to^Qdélité à des
hommes qui d^ moins n!ont jakna& "foui Âés boànetUfs'^ la
félonie l Comprenez doàc votre position et la ndire. Pour ca-
lomnier nos intentiioiis> vous nous attribneas â^ miaidmes fch-
uéstes i^npruntées à des auteurs gue nous désavouions; et iioaSf
pour vous montrer (el quevolis^es, a6us n'avons pïis leMio
de recourir à des citation^ étrangères , noû» .n'avons qu'à
vous mettre en face de vousrmème , nous. vou9 nacei^flis votre
histoire 1 Vous exhumez de vieilles et coupables errettrs, pour
nous les imputer 9 et nous, nous tous rappelons ce ^âe vous
avez dit, ce que vous avea^ fait il y a huitanjfttOu vous avoit
accordé 1^ protection de Foubli; que n'àvez-vous su en pro-
filer. . : ' . '
Mais ie m'aperçois que M. Gilbert des Vcttsi^s nous a trop
long-temps arrêté pour, pouvoir nous oecùperaujoard'lmi de-
M* S.aljgues, |e le réserve pourun «utiB fois.
• ^
( 235 )
»■■>('
•'i'.*' -,
WWI»»» « f¥»W>W» < i(»W^^<<^vW» ^ ^
• »
> ) it%
' • .;V
-» » I
DE LA- LEGENDE
■* ' . ;
D£S A^NCIENJ^BS M0NN6Ifi$ D£ FRANCE.
.1
D'ans un mômcint où nos artistes rivalisent pour reproduire
aux yeuiE de toute la ,France riinage fidèle des traits du Roi
qu'éUe chérit , nous avons cru convenable de présenter quel-
ques réâ^xions sur un point d*une assez grande importance»
c'est-à-dire sur la légende qu'il conviendroit d*adopter pour les
nouvelles pièces.
Domine^ satvum foc regem l tel dut être le, cri de toute la
France, lorsqu'elle reçut dans son sein les descendants de
^ Henri lY, après trente ans de séparation et de malheurs : teUes
durent être les parles d'^naiour dont elle se plut à entourer la
noble image deLouis-le-Désiré ; mais on ne sauroit s*empècher
de remarquer avec quelque peine que cette légende peut con-
venir aussi bien à tout autre royaume qu'au royaume tréc
U est à propos de nous rappeler à ce sujet les leçons que
nous oflGtent les antiquités de la laonarchie française. A peine
Glovis a-t-il posé les premiers fondemen(s du royaume tria
chrétien f que nous voyons sur nos monnoies une oroix entre
un A et un O : double signe qutfaisoit allusion à cette parole
de JésusrGhrist : Je suis i* alpha et l'oméga : le commence^
ment et la fin?
Crux . vincit ! la croix triomphe, telle est l'inscription qui
se trouve sur les monnoies de France à la fin de la première
race: semblable à celle que If^s légions de Constantin voyoient^
pendant les combats, briller sur le miraculeux Laêarum:
%
X
( «36 X
Pendant toute la seconde race , nous remarquonB encore sut
nos pji^pcji d'or çt d'aj^eat te aignc wm équivoque, de la fol dé
no» rois , qui , dans ce titre de Rai très chrétien , semblent
TOùloir montrer à leurs sujets le plus beau caractère de leur
légitimité.
Enfin f au commencement de la troisième race^ il est une
légende /(pui $# teprodttlt presque continuélleiiQreiit , et qui pa-^
rolt avoir décidément p^valu : Christui vifffit ! régnai! tm-
peniatUi noble et touchant, 9opv^.Qir ,d^ U fpl djç noM yfkfes s
coipmjB de leurs, expias gu^mQ^Ts I C'étioît^ eu effet à ce cri 4e
guerre q^e no» preuj» se précipi^oi^Qt j^dis sur les.Sarrsims^
lorsque Charles Martel écrasoiMouç les coups de iia redou-
table éj^e ces hordi^a de bai^b^nis qui me<iiitç9iûnjt ' d'inj^pd^r
toute FEurope. , . >
^ Aussitôt que le trône de nos rois se futécroulé sur ses anti-
ques Ibndèniènts. avec la religlob qui eh éttii t Tâppuî,, on con-
ço^t que le règne dé rîmpîété ait fait disparoitre de dessus nos
monnoiés une pareille légende; niais elfe p'a pu (tre effacée
du cœur dés ' Français. ' ^lilsse-i-ellè donc reparoîtré çnçore
âutour-dp l^image d^iin prince qui par sa foi comme par sa va-
leur ne Ife'cède nl'aux Clùvis ni au^ Charlém.agnç (i). c Puiêse
etifîn 4^ or «^uilot iKÈscHaÉTiEN, voyageant d^unjpifteâVaur
trcy porter de toutes parts ta devise, triomphale :
> r
• • * ■•
, CsnaidéiMMts'Mn' AiPInMe..
r r
IVotA» L'aboiMiaBc« .des matières D^t oblige è rétiToyer-h» Ahnoénccfl
hlblîographiqaes au proQhain naméro. •••'.* . >
- ' 1 y
f 5 -; . • .
LB
MÉMORIAL CATHOLIQUE.
NovBifBits i8a4
RiFLBZI05S SV& LA THBO&IB fHlLOSOfBlQVB DU SBHTtMVirt tlUeflÔt^'
à t'occasion du dernier ouvrait de M* fierijamiti'Consiclnt.
Lorsqu*ûn observe le mouvement des esprits à Pépoque
actuelle ^ on voit se manifester , sous mille formes diverses |
une disposition à réduire systématiquement la religion au senr»
liment individuel. On avoit vu jusqu*ici des sectes^ dps ^cole^'
particulières, entrer dans cette erreur; mais aujourd'hui cettq
tendance est géqérale, hors de la religion catholique. Con-
sidérez les trois grands systèmes d'incrédulité qui régnent en
Europe : vous les verrez tous marcher dans cette voie. Le
protestantisme ^ ^ûi déclare publiquement son indifférence
pour les dogmes^ 3e renferme maintenant daAs up vague
sentiment de respect pour la Bible ; et il n*^ a pas Ipn^-temps'
qu^uQ miniçtrp a déclaré ^ au nom de la réforme ^ que le
christiafiisme eçt unç affaire de eçùur ^fitre Dieu et liiomme^
parle moyen de l'Évangile (1). Représenté aujourd'hui par
les sociétés bibliques ; le déisme nç do^iande non p}uf p^s
^rp chose. fU^ de discu89iQ|i^ f^hvsGS, vpil4 Içûr enA^
xatiiemeot : il ne faut pas raisofiaer «uf la religîoii , ou tm
doit que la setUir. De là le mot de reUgioHié , fnvêBté ée
{i) M. Vincent j ministre de Nismea» dans sa Mpomi au pr$mkr votum9
fU PBnai sur l'indiffènnce » p* 6,
( a58 )
nos jours pour exprimer ce sourd et aveugle instinct que l'on
8u)>stitue aux croyances. Si|fin , iLn*y a pas jusqu'à Tathéisme
lui-même qui n*avoue que le spectacle de la nature ^ en ré-
yélant la puissance et la sagesse de la cause occulte qui ré-
git l'univers» inspire au cœur de l'homme des émotions que
rien n'empêche d'appeler rjçligieu$es (i) ; et puisqu'on lui
accorde qu'elles sont ressence de la religion, il s'en tient à
l'essentiel 5 et dédaigne ce qu'il regarde comme des formes
accessoires. C'est ainsi que» sous ces différentes modifications^
la philosophie tout entière est entraînée' vers ce système; et
l'on se demande. avec étonnement quelle puissance cachée i
maîtrisant les esprits, les chasse ainsi tous ensemble jusqu'à
cette dernière limite du monde religieux ^i au-delà de laquelle
on n'aperçoit qu'un doute immense.
Cette tendance générale est le résultat nécessaire de l'in-
dépendaoce de la raison de chaque homme > qui est le prin-
cipe fondamental des opinions dominantes; car c'est toujours
là qu'il faut remonter pour expliquer tous les phénomènes
de notre siècle. Cette indépendance une fois reconnue, il
faut nécessairement^ ou renoncer à toute.religioii, ou créerune
religion nouvelle qui n'impliqué pas l'obligation d'une foi
conunune ; et comme les événements qui se sont passés en
Europe depuis trente ans ont fait comprendre à la plupart
des esprits la nécessité de retenir une religion quelconque ,
on est conduit dès lors à chercher quelque chose qu'on puisse
encore appeler de ce nom, sans y faire entrer l'obligation de
croire quelque chose. Voilà Torigine de la reUgion du sen'
(i) Cabanis dit 6n parlant de l'ordre qui règne dans la nature : • Bien
«n'était plus capable de fixer l'attention des obserTatenrs , de frapper
ad'étonnement les imaginations vives et fortes , d'exciter l'enlAtfKfùums des
• Anes; sensibles, et rien n'est . en .effet plus digne d'admiration. Qui n'a
• pas payé mille fois cejusie tribut à ta nature? Qui ponrroit demcnrerfrW
• et insensÛftc à l'aspect de tant de beautés qu'elle déploie sans cesse oons
• nos yeux. » {Happortsdaffkysigue et morale etc.)
( â39 )
timent , qui est devenue, dans toute TEurôpe 9 le toooliiBaa des
.... ' . ... ...
croyances.
Quoique la cause générale ^ que {e viens d^indiquer, nous
explique suffisamment comnieût les esprits se trouvent dis-*
posés à recevoir cette erreur 9 il est toutefois utile démontrer
spécialement comment la philosophie est nécessairement
amenée , par Tétat actuel de sa controverse avec la religion ,
à réduire cette disposition des esprits en un système raisonné.
Lorsque lâ philosophie sortit eh Europe dû sein du protes-
taiitiàme, elle ne futpas^ si je puis parler ainsi, adulte tout en
naissant. L'erreur comme la vérité^ le bien comme le mal ^ ne
sont fifluuàis entièrement développés à leur origine, et n'arri*
vent que. progressivement à leur complète organisation. La
philosophie dut donc rester quelque temps, et resta effective-
ment dans un« sorte d'adolescence 9 dans un état intermé-
diaire entre le christianisme 9 dont elle s'étoit séparée, et Pa-
théisme formel , vers lequel elle marchoit. Pour combattre
le christianisme 5 elle s'attacboit fortement au principe de Fin-
dépendance de la raison individuelle; et pour combattre
l'athéisme, elle recouroit assez volontiers au pripcipe d'auto-
rité, et lui opposoit la' croyance générale dugenre humain. Telle
fut, sauf quelques rares exoeptions^ son état durant le cours du
dix-huitîènke siècle , et9 grâce à l'éblouissemcn t qu'elle twoit
prodoit, elle se berça tranquillement dans ces inconséquences.
Mais pomme l'inconséquence, suivant l'expression de d'Alem-
berf , n'est pas un poste UnaMe, le' moment devoit arriver olx
elle seroit obligée d'en sortir. C'est ce que nous voyons aujour-
d'hui. Pressée à la fois par la religion et l'athéisme, elle est for-
cée de se développer tout entière^ et de marcher rapidement
à son dernier terme.
D'une part, les défenseurs de la religion disent à la philo-
sopliie : Tous opposez à l'athéisme Pautoritédes croyances uni-
verselles; mais ce principe 9 si vous le f^lvez jusqu'au bout,
vous conduit rigoureusement au cbristiaiusme, qui repose tout
17-
entier sur ce fondement. Si les athées doivent croire en Dieu
sur la foi du genre humain 9 vous devez croire, sur la foi du
genre humain, Tesistence des anges, Ja dégradation primitive
de rhomme, la nécessité des sacrifices, la rédemption , c'est-à-
dire le christi:iùisme. Que si vous refusez de vous soumettre à
une seule de. ces croyances universelles , parcequ'elle choque
votre raison , vo;is ne pouvez obliger les athées à se soumettre
à la croyance universelle d'un Dieu.,, puisqu'elle choque
aussi leur raison ; donc, vous vous ôtcrez le droit de condam<-
ner l'athéisme en reconnoissant l'indépendance de la raison iu-
dividuelle, sans aucune ombre de restriction; ou bien, admet-*
tant le principe . d'autorité dans toute son étendue, vous ren-
trerez dans le christianisme*
D'autre part, les athées, déduisant rigoureusement les or-
nières conséquences du principe fondamental delà philoiopbi^f
la pressoient depuis long-temps avec une logique non moins
irrésistible de se dégager enfin des contradictions qui arrêloieot
son entier développement* Pour combattre le christianisme, lui
disoient-ils, vous posez en principe l'indépendance de la raison
de chaque homme; mais alors de quel droit désavouant ce prin-
cipe au moment où vous l'établissez, prétendez^vous naptiver
notre raisoh, sous la foi du genre humain à l'existence de DieQâ
Si la raison générale est infaillible ^ tout est fini;plusde disons*
sion^ plus d'examen; cessons d'être philosophes i pour dereniff
croyants; nous n'avons qu'à nous soumettre sans raisonner aux
décisions de cette autorité infaillible, quel ^q'en soitl'objet, et
de croire tout ce que vous regardez comme des chimères unwtt^
selles. Si la raison générale n'est pas infaillible, alors c'est à
notre raison à juger ses jugements ; et puisqu'elle ré^
pugne à reconnoitre l'existence de Dieu, nous usons ^
en la rejetant, du droit imprescriptible de la raison de
1 -homme. Dès qn'on n'admet pas l'infaillibilité de ^autorité
universelle, on doit croire c^ qu'elle dit, non parcequ'eile
\» dit, mais parcequ'eile Je prouva. Vous ne poaves doM
adhéirér & ^tû «itoyaneet qo^autatst cftie Vùitù tàtson pairtlcti-
lière reconnott la solidité des preutres sur lesquelles elles
sont appuyées. C*est donc , en dernière analyse , à votre ^
propre raison qtie tous voulez soumettre la nôtre. Or, de
bonne foi, cette prétention est trop absurde. Si nous sou-
mettions notre raison à celle de tous les peuples et de tous les
siècles, on pourroit dire qu'elle neferoitencelaqu^obétrà une
autorité manifestement supérieure. Mais exiger que la raison in-
dividuelle d*un homme, quelqu*fl soit, se soumette à la raison
d*un autre homme, tout en reoonnoissant en principe Tindé-
pcndance de la raison , c'est commander la servitude la plus
profonde, en même temps que l'on nîejusqu^àla nécessité de
Tobéissance. Ces inconséquences prodigieuses, opprobre de la
philosophie, Suspendent ses progrès, et préparent peut-être sa
défaite. Jamais l'empire des esprits ne sera le privilège de Tin-
conséquence. Si la philosophie veutrégner sur le monde, qu'elle
ne recule pas devant ses propres principes ; et, sous peine de
se replacer sous le joug que nous avons brisé en commun ,
qu^elIe proclame sans exception Tii^dépendance absolue de la
raison individuelle , et comprenne l'athéisme lui-même dans
cette tolérance universelle , qui ne peut avoir d'autres limites
que celles des opinions humaines.
Ces attaques corrélatives de la religion et de l'athéisme, aux-
quelles il n'y avoit pas de réponse possible, ont enfin forcé la
philosophie de déclarer hautement, sans tergiversation , sans
réserve, qu'elle ne sauroit exiger la foi spéciale d'aucun dogme
sans abjurer le principe même de son existence. Alors il ne lui
restoit à faire qu'un dernier pas pour sortir entièrement
des langes de son enfance, et parvenir à l'âge viril de la
raison : c'étoit de renoncer solennellement à toute idée de
religion; car, les dogmes une fois rejetés, h religion n'a
plus de base possible dans l'intelligence humaine. Mais alors
le genre hdmain tout entier eût poussé un cri d'horreur; ce
n'est qu*à la fin des temps que les hommes se ront capables
i Ma )
de porter le poidi de cette dernière et inéTitable confléqueooe.
Pour éjchapper, à la faveur d'un motyàj'indignation univeit-
selle^ elle s'est donc, réduite à soutenir que l'essence de la reli-
gion consiste y toute foi mise à. part, dans le sentiment.
Par ce moyen, les raisonnements des défenseurs de la religion
et des^athées, que nous avons exposés plus haut, sont écartés,
puisque ces raisonnements supposent, départ et d'autre, que - la
philosophie tenoit encore à des dogmes quelconques ; il ne s'a-
git plus que de lui arracher son dernier mot, et de la con-
traindre d'avouer nettement qu'elle n'est au fond que le scep-
ticisme.
La méthode d'autorité, exposée aujourd'hui dans toutes ses
conséquences par les défenseurs de la religion , a forcé encore ,
8oas un autre rapport , la philosophie de se réfugier dans ce
système du sentiment : la discussion, telle qu'elle est actuelle-
ment établie sur les caractères de la religion véritable, de-
voit infailliblement amener ce résultat. En admettant en gé-
néral la nécessité d'une religion , la philosophie avoit reconnu,
conformément aux idées universellement reçues, que la re-
ligion se. composoit d'un certain ordre de vérités nécessaires^ et,
par une conséquence rigoureuse, que cette religion, fW<;6«5atre,
véritaificy devoit être revêtue de caractères auxquels on pût
la discerner avec certitude. Appuyés sur cet aveu^ les défen-
seurs de la religion ont déduit, de sa notion même, les
caractères auxquels on doit la reconnoître, et ont établi
qu'elle devoit être une^ parcequé la vérité est une; univer-
selle , puisqu'elle est nécessaire au genre humain dans
tous les lieux ; perpétuelle , puisqu'elle lui est nécessaire dans
tous les temps. Pour juger la philosophie, qui prétendoit
s'en tenir à la véritable religion , tout se réduisoit à savoir
si elle réunissoit ces caractères de la vérité. Mais, son his-
toire à la main , on lui montroit avec une force invincible,
que, loin de les posséder jamais, elle n'a jamais présenté que
lei c&ractèreé ûbtdlument opposés , et par conséquent ceux
(«43 >
de Venénkr, Qa*à*t-elle été, prise dans son ensemble/ ({aHiB
inoiriiérent aiiias d'opinions contradictoires ? Nui accord ni
dans ses conséquences ni dans ses^principes mêmes ; elle a tout
affirmé , tout nié , tout révoqué en doute : donc point d*ufUié.
Mon ^oins vainement chercfaeroit-elie à s'attribuer la j>er-
pétnité : loin qu'elle soit la source de crojanoes primitives,
constantes et perpétuelles , on connolt l'époque où elle fut
une nouveauté dans le monde , et les philosophes eux-mêmes
en font gloire. Depuis lors> elle n'offre qu'une éternelle mo-
bilité de systèmes si nombreux, que leur seule énumération
exigeroit un travail immense. Elle n'a eu de constant que ses
inconstances. Son histoire n'est que celle des variations, donc
point de perpétuiié» Enûn le genre humain avoit reçu, trans-
mis , conservé sans elle ces vérités Nécessaires , qui sont la vie
morale de tous les hommes; ausisi n'a-t-elle jamais été, à
ses différentes époques , qu'une suite de protestaii&n$ contre
la raison universelle. Bien plus^ lorsqu'on la considère de
près, dans le cercle étroit qu'elle a occupé , que trouve-t-on ?
Elle se réduit, pour chaque philosophe, à son opinion par-
ticulière, combattue par l'opinion des autres philosophes;
de sorte que, loin d'offrir rien de général, elle a été, elle
est dans son essence tout ce qu'il y a au monde de plus indi-
viduel : donc point d*ufdversaiité.
La philosophie n'a pas tardé à comprendre qu'elle ne sauroit
soutenir cette discussion sur les caractères de la religion
véritable, tant qu'elle admettroit, d'accord avec la raison
générale, que la religion se compose de vérités que l'homme
doit connoître avec certitude : car alors nul moyen de nier
qu'elle doive posséder ces caractères; nul moyen également de
les noLontrer dans la philosophie. Pour se soustraire à une ar-
gumentation si pressante , il falloit donc essayer de changer la
notion universelle de la religion ; il falloit soutenir que la reli-
gion , dabs son essence, n'est pas relative à l'intelligence, et
({u'elle %e réduit au sentiment. Dans l'alternative de détruire
paB ( 01 », plutôt que d'abdiquer «eo fiadé^endiuice > ToffoeU
philo0Ot>hiquetiréféra VtaséYeUr JoUsles niiods detoul^ bis
Delà Rouéaeau 9 dâlui 16 dernier giède ^ ftV^t essayé d'iéu-
. bUree système^ mais ^ effrayé de se» ooasé^uenocs, il Tairoit
■éutenu et abaaddtmé tour à tour. Tantôt il aydit dll : t Bars-
»>ftilfM-fMtM aux première êentim§mi que nous Toutous en
•nous ( i)é Sans lé êûniimènt ou la ùonêdenUf je ne sens rien
• éti moi qui m'élève aU'^dessus des bètes que le triste priirllége
ade vûLigafer tt erreur en efretir> à Taide d'un cntêndênunt
têùmê régi» et d'ulie riuson êcms priuùipÉ (a);* Tantôt il nous
fappeloitàlàrciM<^» seule/ il soutenoit que 9 sans la loi à des
flogines déterminés 9 nulle tërtu n'exisie; et qu'il n'est pùint
d'hOtome ^ si honnête quUl soit , s'il sui voit tou|our8 ce que son
iONii» lui diète $ qui ne devienne en peu de temps le dernier des
acélérats (5). Tandis que^ d'une part ^ fatigué d'errer de doutes
éti doUtési à l'aide d'une raison sans principe, il se renfermoil
daias le sentiment^ de l'autre^ il nepouvoitse résoudre à cet acte
de désespoir de rintelligenee humaine, et frémiisoif à la pensée
d'abdiquer ainsi à la fois la raison et la vet<tu. Il étoil réservé
â un éciivaifi de «dire siècle de développer éiiflh eetle erreur,
sous la forme d'un système méthodiquement eombiné dairts
toutes «es parties^ et de répondre ainsi au besoin, depuis
long-temps pressenti^ de la philosophie, en luiélefvant eé der-
nier aSiie. Dans Sob ouvrage sur la religion (4), il établit qiie
la religion Consisté essentiellement , dans le sentiment , dottt
lés dogmes né sont que les formel variables,
(i> EiiiiSyt. ll,t>. a55.
(s) Ikid,
(5) Lettre d« Boasteaa à II* Troncbitt, cîlés dffDft les MéisokCA de nada^e
d'Épînay , t. III » p« 192.
(4) Dû la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développé"
menu, par M, Benjamin Constant.
( iM )
Gettés , n fittit q^e la ft^e de 1â Vërlté «oit Irtétt tixiliganié ,
pbiii* avoir obligé te philosophie â «e |eter dans fin syfttèmd ()tii
n^ést que la théorie dé la deSf motion de la raison humaine, dans
sôti f apport âveo là i^llgion. Car enfin de deut choses Tùné,
du bien pdur diâoemer le séntînâent religieux de eelui qui ne
f^estpàSj le sentiment vrai dû sentiment faux , le sentiment
droit dû sentiiïiént; dépravé, vous chercherez Une règle dis-
tincte du sentiment luî-inéme : daiis ce cas , votre systèine
croule; car cette i*ëgle, quelle qu*eUe soit, né pourra être
cOUntie , tériâée , appliquée par rintelligence; et alors ce n^est
plus dans le sentiment, c*est dans la raison que vous placez,
en dernier lieu, le principe général de certitude en matière de
religion, ou bien Vou^ n'admettrez d*autrc règle du sentiment
que lui-même; c*est- à-dire que vous ne lui en donnez aucune;
et alorâ, outre que vous consacrez tous les sentiments, et par
conséquent toutes les passions et tons les crimes, vous âbjurea;
IHntellfgencé (i).
Ce n'est pas tout , cette erreur, une fois appliquée à la rèli* <
glon y doit S*étendre nécessairement à tous les okjets de rintel-
ligence humaine. Si le sentiment religieux est pour nous la source
de la vérité da'ns nos rapports avea la puissance invisiMe^
le sentiment d'humanité sera pour nous la source de la vérité"
dans Uos rapports avec nos semblables ; le sentiment de Ta-
mour de la patrie, dans nos rapports avec la société politique;
(i) iU«i«n|«oii»».tB ptMant, i|«e ee lyifèlne têt toltoment deitnictif de la
raiAQ^y gMÇ If^ut^uf dont il est ioi quettiob tèluse à la raiioa dto Dien
mène le droit de commander des croyances* £a parlant de la révélatiOQ ,
qu'il suppose diYÎne, il avance qu'elle n'éloit qu'une forme de religion,
présentée à Vaceeptation du sentiment religieux des peuples , précisément
comme la constitution étoit naguère présentée à l'acceptation du têniiment
potilique du peuple souverain : jamais , depuis son origine , la philosophie
n'étoit descendue jusqu'au point de soutenir que l'homme a droit de résis-
ter à Dieu même se maniflestant dans tout l'éclat de sa puissance : il étoit
réservé à la religion du sentiment d'enrichir de ce nouveau présent le
domaine déjà si vaste des folies humaines.
( M6 )
le sentimeni de fiunlUe, daos nos rapporU aTCO la société donieg-
tique ; le sentiment physique^ dans nos rapports avec les êtres
matériels. Il n^est pas un seul oblet de Tintelligence sur lequel
il ne Êiille uniquement s*en rapporter au sentiment, identi-
quement pour les mêmes raisons par lesquelles on essaie de
prouver qu*il faut s'en rapporter à lui en matière de religion,
c'est-à-dire qu'il faut en toutes choses répudier la raison.
Aussi lorsque l'auteur dont nous parlons examine les moyens
donnés à Pbomme pour discerner la vérité , il est conduit à
cette dernière conséquence, malgré tous les mouvements qu'il
fait pour l'éviter. • Est-ce dans l'autorité qu'il fayt placer la règle
»de certitude ? — Non, répond-il: nulle autorité n'est in&illi-
» ble ( 1 ) . — Est-ce dans sa raison ? — Non, encore : tout ce qui tient
•du ressort du raisonnement est variable et cantestaMe par
» son essence. La logique fournit de^ syllogismes insolubles pour
»et contre., toutes tes propositiotis (2). — Que reste-t*il done?
• — Le sentiment seul sasceptiéie (£*erreur san$ doute , mais
» qui conservera néanmoins toujours quelque chose (5). » De
grâce , encore une dernière explication ; apprenez^nous com-
ment avec ce quelque chose ^ qui seul peut être un principe
de certitude , et qui néanmoins est susceptible tC erreur^ nous
échapperons au scepticisine.
C'est un étrange spectacle que de voir la raison de l'homme
établissant avec un pénible effort un système qui l'a détruite,
épuiser le peu de force qui lui reste pour se donner à elle-
même le coup mortel. Tandis que , pour consacrer son indé-
pendance absolue, elle la couronne par cette dernière erreur,
Je la vois à l'instant même expirer dans le doute. X.
(i).Passim.
(a) Pag. 75.
(5) P«g. 79-
(«47 )
/ /
SOCIETE CATHOLIQUE
DBS BONS LIVRES.
Il faudroit désespérer de la société^ si, à côté des efforts cf ui
sont faits, pour tout corrompre , on ne voyoit de loin à loin
des efforts actifs pour tout conserver. Nous qui gémissons sur
la dégradation des mœurs et des croyances publiques, dans
ce royaume autrefois si brillant entre tous les empires chrétiens;
et parmi les généreuses entreprises qui ont pour objet de faire
rentrer les esprits dans leurs anciennes voies , qui sait s^il n*en
est point quelqu*une destinée plus parliculîèrement à préparer
ce grand retour des opinions à une soumission salutaire à la
fois pour la religion , la politique et les bonnes mœurs ?
Depuis que la philosophie a fait descendre ses tristes lumières
jusque dans les classes inférieures de la société , la corruption
du peuple a dû prendre un caractère nouveau, c*est-à-dire un
caractère dogmatique, qui cherche des raisons à la folie , des
excuses aux vices , et des sophismes à Timpiété. Pour se faire
entendre à des esprits que le siècle a rendus raisonneurs, la
religion n'a donc plus assez de ses doux charmes, de ses pa-
roles consolantes et de ses pratiques pieuses; elle doit à son
tour s'environner de ses vives lumières; elle doit faire revivre
le souvenir de ses anciens prodiges; elle doit enfin opposer la
science .divine à la science du monde , et accabler sous le poids
de son autorité les intelligences que l'orgueil a rendues re-
belles.
Frappés de la nécessité de faire i*égner ainsi la religion avec
ses salutaires enseignements, sur une société long-temps cor-
rompue par la double influence dos vices publics et d'une fausse
( «48 )
instraction, des hommes de bien, accoutumés à ne jamais dés-
espéter dé la providence, ont essayé de hâter ce rétablisse-
ment des bonnes doctrines, en répandant de toutes parts des
livres qui les rendent familières au peuple.
Les philosophes, dans ces derniers temps, ont voulu que le
peuple sût lire; c^étoit^ disoîeot ils, un progrès du siècle, et
en effet l'instruction y a dû gagner beaucoup. Que ne dlsolcnt-
ils plutôt ouvertement que c'étoit unmoyen de plus de corrup-
tion ? On a voulu que le peuple sût lire: et il a lu le Voltaire
des chaumières; il a lu le Cdtéchismtdt Voltaire (i) ; il a lu
des romans obscènes,[des brochures séditieuses, des contes hor-
ribles, des impiétés, des blasphèmes. Il faut bien supposer
pourtant que l'autorité s'apercevra tôt ou tard de celle circula-
tion des livres pervers , du trafic qui en est fait, et dé ^impunité
des colporteur^ qui les répandent dans le royaume; mais puis-
qu'enfin le peuple sait lire, n'est-il pas important pour la reli-
gion, pour l'état, pour les bonnes mœurs, qu'on multiplie à
un degré infini tous les livres qui peuvent le détourner des vices,
lui faire aimer la piété et Taccoutumcr à la soumission. Telle
est la pensée qui a présidé à la formation de la société catholi-
que des bons livres. En satisfaisant ce besoin de lire, besoin
nouveau qu*on a créé au peuple , elle veut du moins le faire
servir à son instruction véritable , et non point à sa corruption.
Cette pensée est généreuse et vraiment chrétienne. La société
catholique a dû espérer qu'elle seroit secondée par tous les
Français amis de leur Dieu et de leur roi ; et en effet la seule
annonce de son entreprise a excité le zèle et la reconnoissance
des pasteurs, des magistrats , et des particuliers qui s'intéres-
sent à la réforme des mœurs et des croyances publiques. Ce n^est
pas la première fois , au reste , qu'a été conçu le plan de favo-
riser le zèle des prédicateurs de l'Évangile par 1^ propagation
(i) LîTre infâm« , composé des passages les plus remarquablea de oe pbi'
losophe.
C *4ô )
ifOê lioiif livrtB : noos trouvons dans un buvrago publié en Itt-^
lîd (t) ea ^1771 9 un profet temblable A cehiî de la Société oa-
tholique ; et «oimne l'auteur^ en exprimant ses vues, semble-
avoir devtoé d'avance celles de la société^ on nous saura peut-
être gré de lai emprunter quelques passages qui peuvent mon-
trer comment le remède qu*on imaginoit à la fin du dix-iiuî-
tième siècle contre les doctrines désolantes de la philosophie ^
peut servir encore contre la perversité du siècle présent, qui n'a
pas craint de reeuelllir cet héritage.
« Tout le monde sait, dit Tauteur dont nous parlons, que les
bons livres sont très utiles pour la défense de la religion et des
me^ars. Mais quoiqu'on spéculation on en reconnoisse rutilité,
il me parolt que dans la pratique on n'en tire pas tout le parti
qu'on en pourroit tirer. Les personnes qui ont de la piété et du
cèle se contentent trop souvent d'avoir à peine quelques livres
pour leurpvopre usage; on ne s'empresse guère d'en avoir pour
Tusage des autres , et on s'empresse encore moins de faire lire
ceux qu'on a par les personnes qui ne les demandent point*
Cette bonne œuvre en un mot est négligée; et elle Fest, oU
parcequ'on ne connolt point assez les grands avantages qui eu
féanitent , ou parcequ'on ny réfléchit point assez , ou parce-
qu'on se la représente comme trop difficile. Sortons de cette in-
dolence, détruisons ou écartons de tout notre pouvoir ces obsta-
cles; que parmi les bonnes œuvres, celle de répandre autant
que nous le pourrons les bons livres ,. ait un rang distingué , et
nous rendrons un service infiniment important à la cause de
Dieu et à notre prochain. Les circonstances du temps où nous
vivons, et les dispositions où les esprits se trouvent, semblent
l'unir k rendre cet expédient absolument nécessaire, et peuvent
eontrfbnor à le rendre très fructueux. Il en coûtera à la vérité,
pour l'employer avec succès, quelque dépense et quelque peine,
mais aussi ne le proposé-je qu'à des personnes qui aient et le
(i) he Chrétien catholiqu0j)^aL£ le V» Nicolas* Jo8«pb Albert 4e jpiestlMljpk,
iésQîte à Turin.
pouvoir et la bonne volonté ^entreprendre quelque cbose pour
lagloke de Dieu etponr le bien des àmée; et de telles personnes
ne sauroient assurément faire un meilleur usa^e. de leurs facal-
tésetdeleur zèle. Elles sont sûres de graver et de consenrer
par là, dans le cosnr de bien des honmites, lesprincipes de la
rei^lion et des plus exedttenles vertus. La cbose n^esf d'aiUeux»
point trop difficile; et, dans Texécution, ^e a pIusisunudiiiB^
qui permettent à bien des personnes de presque toufeaJe^coii»
ditions d'y prendre part , de façon que, lors même qu'en ne se
voit point dans le cas d'entreprendre ce qu'il y a de plus parfait
en ce genre 5 on ne doit point se rebuter d'y concourir. » -
Après avoir indique-les moyens qui peuvent faire participer
les classes les plus modestes à une. si bonne oeuvre, l'autre
s'écrie: « Chers amis de Dieu et de sa sainte religion, animons
notre zèle, et ne souffrons point que le libertinage fasse plos
d^efforts pour perdre nos frères que la religion pour le sau*
ver. Non contents de gémir sur les maux de l'Église, em-
ployons-nous vigoureusement selon notre pouvoir ^ en arrêter
le cours. •
Ce vœu si pieux s'accomplit aujourd'hui, et tout nous fait
croire que cet accomplissement tardif portera des fruits abon-
dants. Le prospectus de la Société catholique fait connoître
les moyens qu'elle emploie pour répandre des livres utiles et
qui remplissent parfaitement le désir exprimé par l'auteur qae
nous venons de citer. D'après ces moyens, elle peut propager
chaque année une multitude infinie de bons ouvrages , que
ses souscripteurs distribuent suivant les besoins des lieux. Cha-
que souscripteur paie 20 francs. et reçoit pour ce prix 3o volumes
au moins (1). Chaque ouvrage lui est envoyé à trois exemplaires,
savoir, un pour lui, et deux pour les personnes qui ne peuvent
acheter des livres. Indépendamment des volumes fournis aux
souscripteurs^ la société forme en diverses villes des dépèts qui
sont mis à la disposition de MM. les évéques ou de MM. les curés,
et qui sont destinés à fournir des livres pour les classes inférîeu-
( »5i )
tes du peuple. Ce n*est donc ici que l'élan d*un zèle charitable ;
et voilà pourquoi la Société catholique 9 qui compte parmi ses
membres tant d'hommes éminents par les services qu'ils ont
déîà rendus à la religion , n'a pas hésité à se livrer à la douce es-
pérance de voir son œuvre grandir par les soins et la piété de
tous les Français fidèles. Nous participons à ses bienfaits en la
faisant connottre; mais nous aimons surtout à lui témoigner
notre propre reconnoissance pour le sèle généreux qu'elle met
dans ses travaux.
Oa adreMe let lettres à M. le directeur de la Société catholique , rue Pa-
i atine > hôtel Palttio , & Paris. Le conseil général de la société est présidé
par M. le doc Matthieu de Montmorency ; une commissioa composée de cinq
membres, et présidée par M. l'abbé Lovembruk, missionnaire de France »
est chargée de la direction de l'œuvre. On élablit en ce moment dans les proi
vioces des directions particulières qui correspondront avec la direction gé-
nérale de Paris.
( «5i )
ft>«É— ■■■•■■■■■■■■*Éa^— —■■■■■**f»«« «^a»«^««^^»>^...^.^>^.>^y^^.y|p^^^^j^^^^^^^^^ ^ ^^
' veUtivement ausprine^sd^t fiopooiasanec» humainèi ; par
• M. de Géraodo : deoxtèina édition , eeirue, eonifée et aag*
ini^ntée (i).
A une époque oîi tant d^esprits opiniâtres et iiipeibes , tant
de cœurs corrompus et dégradés, refusent encore de recon-
nQttre dans la religion Tunique et réterneUe source 4e
toute vérité» oU U» pr^f^rent à ses enseignemeQtf iia|i|^viablç4
les pôves paasaf ers d'usé philosophie mentouse, oertes uneeB"
reprise d'une utilité vivement sentie éCoit la pùbUcation
d'une histoire complète des variations de la philosophie depuis
son origine jusqu'à nos jours. Cai;, il faut ravouer;^ tant que
Thomme ne prend conseil que de son inexpérience et de son
orgueil 9 il lui est assez naturel d'avoir foi dans les promesses
séduisantes de cette philosophie , qui semble lui offrir ^ comme
autrefois l'ange de ténèbres à nos premiers parents , tes fruits
de i'arhre de ia science du bien et du mai. Mais lorsque
l'histoire lui apparoit , forte de Texpérience des temps passés,
lorsqu'elle oppose à ses recherches d'un jour trois mille ans
de stériles recherches , lorsqu'elle lui montre le sort de ses
inventions dans la destinée qu'ont subi tour à tour et les rêves
(1) La première édition de cet ouvrage avoit paru en i8o4 ; <naia eÛe
n*offroit qu'un tableau très rapide des systèmes philosophiques , tandis que
la seconde édition peut être regardée comme une histoire complète. Il en a
déjà été publié quatre volumes^ qui ne renferment pas encore tout le déve-
loppement des matières contenue dans le premier volume de la première
édition ; mais on nous assure que ia seconde partie de Pouvrage, oii se trouve
l'examen critique des systèmes, n'éprouvera aucune augmentation ni ancnne
modification. Voulant donc rendre compte de l'ouvrage entier, aa défout
des volumes de, la seconde édition qui n'ont pas encore paru, nous avons
été autorisés à reconnr aux deux derniers volumes de la pren^ère éditioû.
(>S3)
. ■ <
de l'académie el les chimères du portique; alors un tel spec-
tacle est bien fait pour dessiller ses yeux abusés ^ pour ruiner
ses espérances el briser son orgueil.
Alais non , si nous en croyons l'auteur de VHiâtoirt eofm^
p4»rét des systèmes , telles ne sont point les leçons que nous
offre rhistoire de la philosophie. Il convient bien, à la vérité,
qu'au premier regard elle semble ne nous présenter, à travers
le chaos de tant de systèmes divers > que c des hypothèses sans
• nombre élevées au hasard et rapidement détruites; une di«
•versité d'opinions d'autant plus sensible que la philosophie a
> été plus développée ; des sectes , des partis même , des dis-
» putes interminables, des spéculations stérUes^ des erreurs
«maintenues et transmises par une imitation aveugle^.... une
«succession de doctrines qui se renversent les unes les autres
• sans pouvoir obtenir plus de solidité , la raison humaine ainsi
«promenée dans un triste cercle de vicissitudes; l'expé-
»rience et le raisonnement, le sens commun et la spéculation,
• paroissant lutter constamment et se donner sur tous les points
«un démenti réciproque; l'idéalisme aux prises aveclematéria-
» lisme , enlevant tour à tour à l'intelligence, ou les objets qu'elle
» croy oit connoitre , ou le sentiment qu'elle avoit de sa propre
» dignité et même de son existence ; la philosophie exaltée par
«le dogmatisme au point de ne plus mettre de bornes à ses
«prétentions, entraînée ensuite par le scepticisme dans les abt-
«mes d'un doute absolu; les mêmes questions enfin qui
•partagèrent il y a plus de vingt siècles les premiers génies de
«la Grèce, agitées encore aujourd'hui après tant de volumineux
«écrits consacrés à les discuter (i).» Mais à peine l'auteur de
VHistoire comparée nous a-t-il feit apercevoir dans le loin-
tain ce désolant spectacle, que, laissant à l'observateur frivote
et superficiel l'abattement et l'eiTroi, il appelle l'observateur
impartial et judicieux à de plus nobles espérances : il piH>-
(i) Premisr volttine, p«g« 49.
%. i8
V
( a54 )
t
inet deluf&ire&iredanffrétùde des S]^ sternes phitosopiiiqne^
les plas merveilleuses découvettes , et lui propose de s'élancer
avec courage dans une carrière au terme de laquelle il stsm-^
Hta animé ptmr ta phUosophie d'une atdeur nouvelte , en
'^ voytjmt dùui de nout elles forces ( i ) .
Quoiqu*en notre qualité d'observateur frivole et superficiel
nous' ayons été frappé , par Taspect des Vicissitudes de la phi-
losophie f d'un découragement dont il nous est bien difficile
de nous relever ^ faisons cependant un dernier effort sur uous-
mêmes, et tâchons d'accompagner Fauteur àtV Histoire com-
parée dans ses investigations approfondies. Nous aurions
toujours retiré quelque fruit de ce pénible voyage, quand il
ne serviroît qu'à nous convaincre encore davantage de la foi-
blesse incurable de notre raison , lorsqu'elle ne veut chercher
qu'en elle-même et sa règle et son point d*appuî.
II s'agit d^abord de tracer le plan général de l'ouvrage ; or
fauteur le divine naturellement en deux parties : la première
renfermera l'exposé historique des systènies , la seconde le«r
examen analytique. Toutefois l'exposé historique n'embrassera
pas les systèmes avec le même détail dans toutes leurs parties ,
telles que la métaphysique, la logique, la morale, la, poliii-
ique. L'historien s'attachera à ramener cet exposé à un point
de vue unique et fondamental , en considérant tous ces sys-
tèmes relativement aux principes des contioissances humaft-
nés; en effet , ajoute-t-il très philosophiquement : t Avant de
décider sur dieu , l'cnivers, l'homme, ces trois grands objets
de toute doctrine philosophique , il faut examiner €ivant
tout en vertu de quel titre €homme décide sur quelque
chose {2). n
Déjà l'auteur de VHistoire comparée est entré en matière ;
îl a commencé de traiter la question de l'origine de la phUoso-
phîe; question assez grave, il faut Ife dire, en ce qu^élle se
(1) Premier Yolume , page 55«
(a) Préface , page xxj, * '
(v i8& )
«
rattache à la très graTe queèttoii de VéUtipfimiiiféô i'komme
$ur 4a terre. En effet, selon que rhomme aura commencé ^
Pétat sauvag^e, comme le prétendent quelques philosophes, ou
par un état de science , suite naturelle d'une rétélation prt«
mitivé^'on conçoit que la solution de la question , touehatil
rori^ine de la philosophie^ devra nécessairement varier. H
étoit donc convenable d'approfondir ici la question de VéîM pri^
tnitif de i^hamme sur ia terré, pour ne pas faire reposer
rhistoîre de la philosophie sur une base ruineuse; point du
tout : « Notis 11 examinerons pas, dit l'auteur de VHistùire
9eamparée , la question de savoir si l'état sauvage a été 9 hiis*
• toriquement pariant, et dans iWdre des dates, le premte
•état de la société humaine, question qui est Fobjrt de doutes
tgnwes et piausiéies. Nous nous bornons à considérer (ci
oFétat sauvage, tel que rcxpériènce nous permet de l'étudier
>ches de nombreuses peuplades, comme le degré le plus infé-
» rieur de la civilisation , on qu'M ait été en effet ia. condition
tprimitive, soit qu'il ne résulte, eomme U notis paraît ptûs
wproéaéief qt^e d'une rétrogradation, d* une décadence cau^
•sée par diverses causes CiBtérieures (1) ....» En effets que
l'état sauvage soit le degré le plus inférieur, le degré primitif
de la eivilisatioti , ou qu'il ne résulte, comme il nous paraît
ptusprotaMe, que d'une rétrogradation ou d'une décadence
qui sembleroit lui avoir ôté le caractère distinctif de la nature
humaine , c'est-à-dire la perfectibilité , peu importe ; les fait»
historiques se tairont : l'auteur de VHistoire comparée vâ
bâtir tin long roman sur la manière probaMé dont l'homme
a passé de Pétât sauvage , 6'est-à-dire d'un état rétrograde, à
la Givilisati<^n ; il va raisonner sans fin sur les progrès de cette
civilisation, à mesure que Thomme aura passé successive-
ment par les différents âges : âge des $ens, âge des peuples
pasteurs, âge des peuples agriculteurs ^ âge de l'étabUssem^t
( 1 } Premier volume , page aoS«
d6s,oil^, âge de la aaTîgation et d^ commerce » etc ( i). En un
mol Vétatsauvagôp considéré comme Téta t primitif de Thomme,
fera mis au nombre des vérités nécessaires, da moins au
système des philosophes. Certes, c'est bien ici le lieu d'ap-
pUquerune réflexion de Tauteur des Soirées^ vraiment frap-
pante de vérité : « Toutes les fois; dit-il, que vous voyez
A,un philoscqphe du dernier siècle s'incliner respectueusement
•devant quelque problème, nous dire que la question passe
•Us farces de Vesprii humain , qu'il n* entreprendra pas de
•la résoudre 9 etc., tenez pour sûr qu'il redpute au contraire le
• proUème conune trop clair, et qu'il se hâte de passer à côté
• pour conserver le droit de troubler C eau, Je ne connois pas
•un de c€» messieurs à qui le nom sacré d'Aonn^te homme
• convienne parfaitement (2). » Ce sont ces mêmes philosophes
que le même écrivain appelle très plaisamment théopho6es{V^f
en ce qu'ils n'osent pas dire trop ouvertement. Il n'y apas de
pieu; mais toutes les fois qu'ils raisonpept suria forma tioa
d^ la société, l'invention de la parole, l'origine des idées, ou
autres questions semblables, ils aiment beaucoup à dire. Dieu
. n'est pas là; ou, ce qui est encore plus singulier, Dieu vCavoil
qut faire là. Je me rappelle à ce sujet une des plus plaisantes
saiUies qui aient échappé à l'esprit philcMophique. Gondillac,
examinant quelque part la question de l'origine de la parole ,
nous dit d'abord gravement : Adam, et- Eve ne durent pai à
l'eo^rience l'exercice des opérations dt leur âme, el, en
sqttant des mairùs de Dieu, ils fwrentj par un secours extra-
çrdinaire, en état de réfléchir et de se communiquer leurs
pensées^i). Voilà une profession de loi à coup sûr très méritoire
de la part de monsieur l'abbé de Gondillac ; mais écoutez-le
(1) Voyez le troisième chapitre du premier volume, page ig6.
' (3) Solfies de Saini-PétérBbourg, tow. I, page i58.
' -(&} IhUléf page 4o4*
(4) Elsai sur l'origine des connoissanees humaines^ a* partie , page i«
( a57 )
ajouter aussitôt, comme s'il se repentoit : Je crois, au reste ,
qu'il ne suffit pas à un 'philosophe de dire qu'%me chose a
été faite par des voies extraordinaires, mais quHt est de
son devoir d'expliquer comment elle aurait pu se faire par
des moyens naturels!!! Le lecteur comprendra fecUemenl
ce que tout cela veut dire , sans que nous prenions la peine de
le traduire en bon français. Voilà pourtant ce qu^on appelle la
philosophie de texpérience^ la philosophie des faits! Mais
revenons à Fauteur de VHistoire comparée.
Après avoir terminé son roman sur Tovigine de la philoso-
phie, après nous avoir cntvetenus assez long-temps des tra*
tiens antiques qui se retrouvent chez les Chaldéens, les
Indiens, les Égyptiens, etc. , traditions qui appartiennent à
rhistoire de la religion plqtôt qu'à celle de la philosophie;
l'auteur de VHistoire coinparée nous montre la philosophie
prenant son essor dans la Grèce j environ six siècles avant Je-
sus-Christ. La grande revue des systèmes commence dono
enfin ; l'auteur divise son histoire en cinq périodes : pen^
dant la première^ nous voyons passer sous nos yeux Thaïes ^
et sa physique sur l'àme du monde; Pythagore, et ses nombres
mystérieux; Xénophane et Parménide nous soumettent leur
monde intelligible, Leucippe et Démocrite leurs atomes, Pro«
tagoras ses sophismes.
Socrate ouvre la seconde période en combattant le scepti-
cisme, qui avoit désolé la fin de la première ; Pyrrhon n'en
partit pas moins après lui, qui le renouvelle*. Épicure étaMit
ses principes physiques de la morale ; Zenon se roidit appuyé
sur la loi du destin. Viennent enfin Ârcésilas et Gaméade y
qui terminent encore cette seconde période par le doute ab-
solii*
Continuant infatigablement sa marche, l'auteur de VHiS'^
toirecomparée nous fait suivre, pendant la troisième période,
les destinées de la philosophie à Rome et à Alexandrie , jusqu'à
( 558 )
€6 qu^énfio nous Toyons , peirdant la quatrième période ^ cW*
à-dire au sixième siècle, rextincticii flnaecesstre de. toute étude
philosophique chez toutes les diverses naCious.
' L*auteur de VHiêtaire comparée ne peut se consoler d'un si
doulourcax spectacle, qu*en se hâtant d'arriver à la cinquième
et dernière période , où il nous montre avec enthousiasme trois
^nds réformateurs qui s'élèvent sur les ruines de la philo*
Sophie ancienne : Bacon en Angleterre, Descartes en France,
Leibnitz en Allemagne ; de ces trois fécondes tiges nous voyons
pousser dans toute l'Europe des rameaux sans nombre, îns-
qtl^au moment ob Kant, arrivant le dernier, réforme à son tour
et Bacon ^ et Descartes, et Leibnitz, et tous leurs disciples.
Dans toute Fimmense carrière que raùteur de VEUtoit^
comparée vient de fournir, nous Tavons laissé marcher sans
Tarréter, sans le contredire; nous avons souffert patiemment
que, rendant compte de tant de systèmes, si variés, si coatra-
dictoires, et souvent si absurdes, il se crût obligé, en sa qua-
lité id'observateur im/iar^ia^^ de payer à chacun d'eux son
tribut d'éloges, variant à finfini les formes de sa cemplai*
santé et vaste admiration* Nous nous sommes aussi dispensés
de réclamer contre Tinexactitudc avec laquelle il expose cer*
tains systèmes : nous voulions nou9 hâter d'arriver an but.
Dispensons-nous encore de le suivre pendant la seconde partie
At son ouvrage, où nous ne laisserions pas toutefois de fonir
assez agréablement de son embarras, lorsqu'il se voit oUîgé
de reprendre en souê-ceuvrè tous les magnifiques éloges qu'il
a donnés à chaque système , au point de ne plus savoir alors
ce qu'il doit louer. Au fait , répondez, historien jt^^tctetrx et
impivrtiai^ quelles sont les précieuses découvertes que nous
devions faire dans un si laborieux voyage , quel est le résultat
définitif de yùs investigations approfondies? NoUs vous, écou-
tons.
L'anteur de VHistoire comparée commence ici à indiquer
quelis sont les desiderata de la science , ou les vides qui res-
(•59)
tettt à combler en {philosophie. Il pose , comme le fklt obaenrer
M. de Boiiald (i)^ dix-huit problèmes» « sans y comprendre le
•premier de tous, qu'est-ce que la science ? sar lequel on n^cst
» pas encore d'accord. Ces dix- huit problèmes, dont chacun réu-
»nit à lui seul toutes les questions de la philosophie » sont dé*
tveloppés dans une série d'environ cent soixante questions^
I auxquelles on ptfurroit en ajouter tout autant, et qui même 5
«résolues d'une manière par les uns, le seroient bientôt d'une
«manière contraire par les autres. » Or, après avoir envisagée
la solution de toutes ces questions dans un seul système, qui 9St
celui du criticismc de Kant, l'auteur de VHiataiTe comparée
termine en ces mots : « Concluons que le critiçisme a achevé
»de manifester les vrais éesains de ia phiioscphie, soit par
fia lumière qu'il a répandue sur les problèmes essentiels, soit
• par la nouvelle preuve qu'il a donnée de ÎHnsufflsanee atta^
»chée aux solutions offertes par tes systèmes^ que nous avons
9 passés en revtie jusqu'à ce moment. Les efforts mêmes du
«critiçisme ont été utiles, en ce qu'ils ont achevé de montrer
« l'unique voie par laquelle ces solutions puissent ' être obte-
onues, c'est-à-dire la philosophie, qui mérite proprement le
«nom de philosophie de € expérience (a). «
Nous en avons assez entendu : ici, le ridicule cesse pour
faire place à des sentiments de pitié. La voilà donc cette phi-
losophie si vantée qui, interrogée sur les résultats de trois mille
ans de travaux, vient, pour toute réponse , nous entretenir
de ses espérances, ou plutôt nous faire l'humiliant aveu de
son néant; la voilà cette philosophie qui ose disputer à la
religion le droit de gouverner les hommes , et qui ne
rougit pas de verser souvent sur elle l'injure et le mépris.
Grâces toutefois lui Soient rendues, à cette religion qu|
depuis tant de siècles a bien voulu conserver à la société
(i) Recherches phiiosophitfues , tome I , page 56.
(a} Troiaième volume de la première édition , page s5o.
(afo)
une esdstetiQe praviêoirôj jusqa'à ce que la^philosopl^ie^ d*ac««
çord sur le principe de certitude qu'elle doit adopter, déddt.
ensuite ce que nous devons croire sur Dieu a sur l'homme
et ^r la société ! O philosophi, credula gens ! disoit Séuëque : .
O philosophes» espèce. crédule! pour pe pas vou9 donner un
autre nom^ eh quoi! vous ,ne douter. pas de faire encore un
appel à la philosophie de Vexpéri&nùe ; et nous > nous ne
craignons pas de vous rappeler, avec un grand écrivaio, à Tex-
périence de, la phUo^opjiîet et. de vous choisir vo^-nièn;eâ
juges.de votre propre ^cause.
' Que si npicis. trouvons dans cette histoire des erreurs de Tes-
prit humai/i qui vient de nous être présentée 9 quelques mo-
tifs d'espérance et de consolation , combien ces espérances dif-
fèrent de celles que la philosophie vpudroit encore nous faire
concevoir. Oui, après avoir vu cette philosophie orgueilleuse
s'isoler, à son origine des traditions antiques pour ne plus rele-
ver que d'elle-m^n^e, nous avons aimé aussi à voir bientôt le
scepticisme, en punition de ce schisme coupable, dévaster avec
une force de destruction effrayante les régions de l'intelligence
que le dogmatisme avoit peuplées de créations ballantes sans
doute, mais si peu solides; et continuant de le saper juçque dans
ses derniers fondements, creuser sous lui des abîmes sans fond
que la philosophie peut bien essayer de franchir, mais qu'elle ne
comblera jamais. Au milieu de cette lutte à mort du scepticisme
et du dogmatisme, nous avons vu encore avec consolation
beaucoupde philosophes qui, également fatigués et des doutes
irrcmédlables de l'un, et des affirmations hasardeuses de l'autre,
abdiquoient enfin cette prétendue souveraineté de la raison in-
dividuelle, pour chercher désormais la certitude aux sources de
ces antiques traditions , répudiées par la philosophie.; nous
nous sonimes enfin réjouis d'entendre les Heraclite , les Cicé-
ron , les Sénèque , les saint Augustin , et tant d'autres philo-
sophes, tant anciens que modernes , proclamer le consente-
ment universel de [tous les peuples; la raison générale , comme
( îi6i )
le (UHiôipe'et la règledela oeriHuAe'y ou plutôt oomine U tilx
de Oieu même qui releotit jusqu^à nàtui à travers les sièdes.
Mais combien les espérances qu'éveille en notre flme ce spec-
tacle consolant seroient foibles encore, si elles ne recevoltatail
temps où nous vivons une confirmation si éclatante. Oui, nous
sommes désormais autorisés à espérer que la religion reoon*
querra tous ses droits sur le cœur comme sur l'esprit de
Phomme. Lasse , en effet , de se borner à repousser les at-
taques multipliées de ses impoissants ennemis , elle s'est en-
fin décidée à les attaquer à son tour. La philosophie a été sai-
sie par elle corps à corps. L'anarchie a été vaincue dans la
sphère des sciences religieuses et amorales , comme dans celte
de la sclence.politrque ; et désormais nous aimons à nous écrier
avec un des écrivains qui aurbnlle plus contribué à hâter de nos
jours le triomphe de la religion : « Nous la reverrons la superbe
» alliance de la religion et de la science : ils reviendront ces
«beaux jours du monde où toute science remontoit à sa
ssourjce (i). » .
(i) Demaistre, traductioa du traité de Platarque, intitulé: Des eUtais de
ta justice divine, ,
BiBUOTBEQDB GHOI91B »BS PiiRBS DB L'bGMSB GREGQVB ET LATIKB , OU
CouBs b'bxoqvsmgr SACRÉE, par Marie-Nicolas>Sylvestre Guil-
loii, professeur d'éloquence sacrée, prédicateur du Roi (i)*
L*JÉglise catholique ne sépara jamais deux choses que Dieu
a unies, et qui renferment toute Féconomie de la religion ,
la parole de Dieu, source unique de toutes les vérités que
rhomme doit conûoitre pour leur obéir, et la tradition qui
(i) A Paris, chez Méqulgnon-Havard, rue des Saiots-Pércs , n* 10. Cett^
collection formera environ a5 volnmés : il en ff déjà paru 4 > pfi^ 7 ii** ^c tOt^
Intné^ sor papier ilfi latlnéi >
( «6« )
«One A ooniemë tei\é parole difine^ ettfoi en ^ flxéb véiilable
ëemê ; et aussi ^ après le Testament mème^ écrit aotia Ja dictée
de^ r£sprit-SaÎDi-par les disciples de Jésus-^Christ» et qui con-
tiettt toutes les vérités et toutes les espérancea que le Sauveur
nous a léguées 9 rien n'est plus vénérable pour nous que les
écrits de ces kontimes illustres qui ont défendu d-àge en âge
ciBt héritage divin contre les attaques de Terreur, qui coafoo-
dirent toutes les interprétations particulières en leur opposant
l^Dterprét^tion publique et invariable de la société chrétieniie,
et qui composèrent ainsi , s'il est permis de parler de la sorte,
le commentaire du texte divin oh sont écrites les couditions
Immuables de notre salut, de Timamable foi de toutes les
générations qui nous précédèrent 'daus le chemin, du salât
tracé par Jésus-Christ. * -
Or, les admirables monuments d'une liradition si ancienne
^t toujours uniforme doivent parottre quelque chose de
l!>ien merveilleax au milieu du chaos d'opinions dafis lequel
les sectes qui se sont séparées de nous s'enfoncent de plus en
plus chaque jour. Vous n'êtes que d'hier, pouvons-nous dire
à tous ces novateurs-, et déjà vous avez parcouru dans tous les
sens le chemin de l'erreur^ et nous ne pouvons plus compter
même tous les systèmes contradictoires par lesquels vous avez
remplacé vos premiers systèmes ; et l'Église, lorsque vous l'in-
terrogez sur la foi de dix^-huit siècles , peut vous renvoyer aux
écrits des apologistes qui défendirent cette foi naissante contre
ses premiers ennemis. Ne faut-il pas fermer les yeu^c à l^vi-
dence pour méconnottre ici le trait le plus distinctif de la vé-
rité et de l'erreur; d'une part, cette immuable unité qui est
le caractère essentiel de la raison divine ; de l'autre , ces éter-
nelles variations qui sont l'inévitable condition de la raison de
l'homme abandonnée à elle-même P S'il ne s'est pas rencon-
tré encore un philosophe dont les écrits ne soient pas remplis
de contradictions, que seroit une collection de tous les.écrits
philosophiques, qu'un honteux monument de^ toutes les oon*
( 8<»)
tràdictions et de toàte« les eireniv de Teaprit bnmaln , quHnie
Itaiagé de cette Babel que veahirént autrefois élever oonfre le
cf^l defs Immmès qâi, en panltion de leur véTeile, furent
eoiidamiiéd à neplos s'entendre» et dont Tun détruisoit ee
que l'aiitreairoil: édifié? I^ même, on ne saoroit se faire une
idée eotnplèie de la confusion de langage et de l'opposition de
doctrines que présenteroit un recueil de tour ce que les pso-
testants ont écrit sur 4a religion ; et tant de systèmes fbrmés
tour à tour des débris du clirislianisme , sapé datis sa base
par la réforme , et' qui n'ont abouti qu^à la destruction de
toutes les vérités révélées , ne seroient qu'un véritable laby-
rinthe, suspendu de tons côtés sur des abîmes, où la raison
iroit liécèssanrement se perdre après avoir péniblement erré
dans miUe routes ténébreuses. L'Église catholique seule se
présente au monde environnée d'une multitude éclatante de
témoins dont la voix, qui proclame les croyances de tous les
temps et de tous les pays, ne se contredit famais , et n'est que
comme l'écho long et fidèle qui redit d'âge en âge la parole
sortie à l'origine de la bouche du Sauveur. L'JÉIglise seule ne
craint pas d^ezposer k tous les yeux toute la suite d'une tradi*
tion qui n'a jamais varié ; son symbole d'aujourd'hui n'a rien
à redouter de son symbole d^hier. £lle appelle avec confiance
le témoignage de tous les siècles, et tous les siècles, répondant
à son appel, lui rendent le même témoignage. Or, nous le de-
mandons, cet accord de tant de générations si différentes de
mœurs, d'esprit et de langage qui se sont succédé au sein
d'une même société, ce consentement unanime dans les
mêmes dogmes , dans les mêmes espérances , dans lès mêmes
devoirs , ne préseute-t«-il rien qui sorte de l'ordre des choses
humaines ? et si la religion catholique ne vient pas de Dieu, de
qui tient-elle un caractère qui la sépare si visiblement de
toutes les sectes qui ont été l'ouvrage des honunes ?
Les écrits des pères et des docteurs de l'JBglise seroient donc
pour nous la plus précieuse de toutes les collections, quana
( m y
fluAiike on tiele» coliridél^roit que conkme.lda nionuinenu au-
thentiques de la foi invariable des siècles i|ui nous ont piiécé-
dés ; mais ils aont aussi , soUs d'autres rapports, un trésor in*
e^imable pour tous les chrétiens, et surtout pour les. ministres
des autels. LêsUvresdu prétrs doivent être les dépositaires
de ia .science; or, dans cette science merveilleuse du salut,
que le prêtre doit apprendre aux peuples, rien n'est le fruit des
inventions humaines, rien n'a été abandonné à l'arbitraire dès
hoDimes ; toutes les vérités dont elle se compose doivent por-
tm* le sceau dé la raison divine, parceque l'intelligence souve-
raine de Dieu a seule le droit de commander à notre intelli-
gence* La parole de Dieu, tel est donc le fondement nécessaire
de toutes les vérités que le chrétien est obligé de croire; mais
l^usieurs de ces vérités ne se trouvent renfermées dans l'Kcri-
tiire queconimé dans leur germe; et Jésus-Christ lui-même a
comparé sa parole à une semence divine qui devoit croître avec le
temps,ét se développer. Suivez en effet l!histoire de la religion;
vous voyez sa doctrine se fixer, tous les dogmes sortir pour
ainsi dire de l'Écriture , et se montrer successivement suivant
lés besoins de l'Église et les r.ttaqùes de l'erreur. De là la' né-
cessité de joindre; à l'étude de la parole de Dieu, l'étude de la
tradition, qui n'est que la parole de Dieu développée. Que
sont les ouvrages des Pères, que le magnifique conunentaire de
la Bible, qu'un reflet prolongé qui nous fait distinguer tous les
rayons de luniière, dont le centre commun est dans la parole
dé Dieu? Tout a été dit par eux sur le livre qui renferme
tout ; et c'est dans leurs ouvrages qu'il fajat étudier toutes les
parties dé cette science merveilleuse de la religion , qui em-
brasse tons les devoirs comme toutes les vérités, a Tel est
» l'ordre établi par tous les siècles chrétiens : Post Scripturas.sor
» crasdoctorutnhominum tractatus ieges, a dit saint Jérômie.
• Par ce mot doctorutn hominutn i non» enienàouSf avec ce
» pieux et savant écrivain , ces hommes puissants en œuvres
9et en p^rotes, que nouM qualifions du titre privilégié de doc-*
( »€t5 )
tearsiBt de jpwbrefi de.rÉglisequeJ^sus-Christ, Tunique maître
des hommeS) daigna s'associer dans cette honorable qualité ,
en les éclairant particulièrement de ses lumières.... En les
disj^ersant dans les différents siècles , pour combattre les nou-
veaux abus et les nouvelles erreurs , il a voulu, non seule-
ment qu'ils éclairassent les nations et leur siècle, mais que
leur doctrine, consignée dans des é<^.rits excellents,parvtnt aux.
races futures, et qu'ils fussent encore, après leur trépas, les
apôtres de'tous les pays et de tous les temps. Nous les appe-
lons nos pères dAus la foi, parceque leurs écrits, pleins de la
science da salut, se sont répandus, diC saint Augustin, comme
une rosée abondante dans le champ de l'Eglise , pour y faire
fructifier les germes dévie que Jésus- Christ et ses premiers
disciples y avoient laissés. Unis à l'ilcriture , leurs ou-
vrages , consacrés par TÉglise , ajoutent à l'autorité de la
parole "^'/ine immédiatement émanée de l'Esprit saiut^ le
poids imposant d'une inspiration au moins indirecte qui les
a produits, et l'efficacité d'une grâce toute particulière, qui
les distingue si éminemment de toutes les compositions hti-
maine8^(i). » C'est M,. Guillon que nous venons d'entendre,
et, comme lui', nous devons conclure que Téloquence de la
chaire, tombée parmi nous avec l'étude des Pères. et de la tra-r
dition, ne pourra faire revivre une gloire qui étoit celle de
la religion , qu'en se tetrempant à cette source sacrée.
C'est pour rendre d'un accès plus facile cette partie si impor*
tante delà science nécessaire à l'orateur sacré, que M. GuiHon
a cru devoir publier la BiMiothèque choisie des PèreSf que
nous annonçons. Nous le laisserons exposer lui-même son
plan.
« S'il est indispensable pour former l'orateur chrétien , de
» se bien pénétrer des Pères, tout n'étant pas d'une égale im-
» portancedansleurs ouvrages^ il faut y apporter un choix.
(i).Biscoim prWioinaîre}*
• NonspfvMions'mie BiiiuonBfcQVB <sei9»n«s tkiAs «ttcS/St
fl LÀTfirs» considérés sous le rapport ée l^éloquaioe*
• Nous les partagieons en quatre oiasses :
n Les Pères apùstoliqws, ceux qui Yécurent près des apAtrss,
» et dont les écrits, empreints, selon régression de Bossuet^de
lia première sève du christianisme, nous ont 'été conservés,
idft un autre écrivain, par un miracle spécial de la provi-
»dence. ^ •'
bLcs Pères apoù>giste$, qui publièrent du pied des éohàf^uds
» ces lumineuses défenses du christianisme , encore aulourd'huî
• si propres à confondre ses modernes adversaires. •
» Les Pères dogmatiques > tous ceux de qui les discours oa
fe traités contiennent les plus riches développements de la loi et
«de la morale évangélique.
» Les Pères centTover»i$te$ ^ ceux qui florissoient à* Pépoque
ooh la controverse commença à prévftloir sur Péloque&ce , et
«qui, dans ta' décadence du goût, firent briller encore quelques
« étincelles du feu sacré que saint Bernard, au douzième siècle;
A ralluma pour un moment.
•Nous arrêtons notre travail au quinzième siècle. Chacun de
• ces articles est précédé d'un discours préliminaire sur le ea«*
> ractère du temps ou des principaux ouvrages que nous denne-
• rons, soit en les traduisant «n totalité ou par attrait», soit eo
•les faisant connolCre par èit» analyse». •
ESQUISSES D'APRÈS NATURE.
N* m.
Près d*un appartement que j'ocoupois il y a quelques mois,
étoit une chambre , séparée de celle où je couchois par une
simple cloison de bois^ qui me permettoit^ oa^ pour «lieux
dire, qui m*oMigeoît d'entendre oe qui se dîsoit dansla pièce^
Toisine. Heureusement que, sortant beaucoup pendant le^
jour, et dormant fort bien pendant Ta nuit j je subtssofflf le
moins possible les indiflicrétions du voisinage. Je n^avofs
même pas demandé qui logeoit à côté de moi. Je croîs pour-*
tant qu'on m'avoit dit que c'était une femme : mais on n'en
étoit pas bien sûr.
Cependant, un soir que je m'étois endormi en lisant les la-
mentations du Jùumai des Débats , devenu de l\>pposition '
parcequ*un homme généreux n'éloit plus ministre ; et les pla-'
titudes du Drapeau éianc, devenu ministériel parcequ*utr
ministre étoît devenu généreux, je fus réveillé en sursaut paf
un bruit étrange et inaccoutumé , qui venoit de la ciiambrel
voisine. C'étoîcnt les accents, tantôt plaintifs, tant6t éclatants,
d'une voix moitié rauque moitié crîalrde, dont le son douteux
ne m'apprenoit pas à quel sexe elle appartenoit. Quoi qu*ll en
fût comme la voix parlait sans interlocuteur , }e compris que
la scène étoit un monologue, peut-être extrait d'un mélo-
drame nouvellement né, ou même d'un mélodrame à naître
(genre d'ouvrage que j'estime infiniment, quoique je n'en
fasse pas), et la position de mon lit servgint merveilleusement
ma curiosité; j'appliquai l'oreille contre l'indiscrète dolsobï
et j'entendîs'dîstinctement ces mots :
c Exécrable inquisition h., odieux triéunaî!,*. sang tante
arène ! Mission fanatique / . . . Cruelle puissa/nce de
Romel... Conciles barbares l... Loi des enfkrsl*.. Luce lït
Alexandre III! Faut IV / Innocent VI tyrans de Rome /...
Fougueux Grégoire VII f Critel Grégoire IX ! infâmes pon-
tifes! féroces é^iergumènes!... Abominable Torquemàda! . ..
Fanatique saint Dominique!... Prêtres-bourreaux!!!....*
A ces mots prononcés avec une véhémence tout-à-fait mélo-
dramatique, succéda un moment de silence. Mais bientôt la
voix reprît sur ce ton lamentable, qui me perça le cœur : « Afa/-
heureuxAtbigeoisIi^.i Vertueux hérétiques 1... Juifs mfor^
Èunis!.». Maures intéressants l . .. Fieux LtUi^ôrl... Vén^
raéte Caivinl.., Estimable Jean Hti$J.., Zéié^ et profonds
réfarmateursl..' Braves jansénistesl ... Bienfaisants fr a^kcs-
maçons!... i Ici les saDglots sunrinrmit, et les ^nsénistes e(
les maçons furent uoyés de compagnie^ dans un torrent de
larmes qui couleroient encore, si heureusement Tindigna-*
tion ne fût revenue fort à propos leur servir de digue. F en-
geance! cria alors la voix d'un ton qui ébranla la xdoison, et
me fit reculer Toreille. de six pouces, AvengeasiceL.é moH
et vengeance!. . . mort au délateur! mort aux dénonciateurs i
mort aux licteurs! mort aux oppresseurs! mort aux prO'
scripteurs! mort aux persécuteurs ! mort aux inquisiteurs!
mort aux. * . . » Un enrouement subit interrooipit cette lita-
nie mortuaire, et je n'entendis plus rien qu'une espèce de
grognement sourd et d'abord inégal, mais, qui se réglant par
degrés, dégénéra bientôt en un ronflement régulier. J'en conclus
que le voisin (ou la voisine) s'étoit endormi sur cette salu-
taire pISnsée de la mort, et j*en aurois sans doute fait autanti
si ma curiosité, trop vivement excitée,. me l'avoit permis,
mais ce que je venois d'entendre m'aVoit ôté l'envie de dormir,
(livré à mille conjectures, |e cherchois en vain en moi-même
à m'expliquer ces paroles énigmatiques. « Que signifient, me
»di9ois*jc, ces larmes, ces transports, ces sanglots, ces fu-
•reurs?.... Est-ce un homme, est-ce une. femme qui parloit?
» Aux imprécations et à l'érudition, je serois tenté de croire que
» c'est un homme, et même un assez méchant homme; mais
• cette' tendre pitié pour les Albigeois, les calvinistes, les jau-
Dsénistes, les juifs et les Maures, ne peut naître que dans le
»cœur d'une femme, cl d'une femme prodigieusement éclai-
urée et sensible.... En vérité, je m'y perds! attendons à de*
»main. »
Et, eu effet, dès que le jour fut venu, je pris des informa-
tions, et d^abord on m'apprit pourquoi le son de la voix in"
connue m'avoit paru.^i équivoque , c'est que c'étoit cellç <l*upe
( «69 )
f^me hotfttne de lettres qui, me dH-o», uoissoît la gràoe de
son sexe à la, farce du nôtre. On me dU encore qu!elle avolt
déjà fait imprimer plusieurs ouvrages.^ et que ses titres à la
gloire se composoienl de huit à dix volumes dont on ne put
pas nàe dire les titres,
A moitié satisfait par ces reuseîgnepaents , un hetw eux hasard
m'en apprit bientôt davantage. Quelques jours après, j'en*
tends entrer chez elle. On annonce un monsieur dont j'avoîs
lu une fois le nom dans la Minerve , parmi les souscripteurs
du Champ tVArik ; aussitôt je reprends ma position contre
la cloison , et j*enteuds le dialogue suivant :
Kh bien , madanàe, comment va votre santé ?
« . ■ .»
MA VOISIWE.
Mal, monsieur, très mal; et, sans vous en douter, c'est
vous qui en êtes la cause.
Gômmefit est^il possible ?
- * MA tOlSISB.
Jf
Oui, monsieur; le livre que vous m'avez envoyé dernière-
ment m'a mise dans un état affreux.
l'£teangeb.
Quoi 1 VHiëtûire de i^ifu/uisitian de Liorente ?
s
MA VOISINE.
t ...
Hélas oui!... je l'ai lu, ou plutôt je l'ai dévoré, « et j'en a\
• éprouvé une telle indignation , que pendant plusieurs jours
-ma santé en a été altérée. Depuis ce temps, l'inquisition en-
» flamme mes idées, me poursuit dans.^es songes, inspire
a. 19
-•^'
Èmé9 ikùojmy et ifiê iUt ooaMToir 1« {i»ie d» Ia Téii«
Eh bien, madame, vous vous plaignez de cek? L*àtitrê f^t
vous me demandiez tin sujet de poëme, en voila tinj èf 14
manière dont vous avez été impressionnée doit voUà pf(a(ter
que vous Qtes éminemment fro]^re à le tra iter.
HA voiéiiri.
Croyez- vous P.... Au fait, « ce profond séntiitLedt Ab là VeS-
»geance m*eûcourage; car le génie n'est que lâ fkcûltë de fû-
scevoir et d'exprimer dc^vives impressions. J*ai satisfait plei-
t nemeut à la première condition , et la seconde semble en être
» la conséquence nécessaire. » •
I^éTBANGEfi.
C^est ce que j^allois vous dire. Profitez donc de ôé iridittent
d'inspiration.
lu VOiflÉfeA
i
Je le voudrois ; je sens même (]Ui» )e le doû)é».< Mais^ d'uo
autre cdté, quelle témérité! quelles difficultés présente un
semblable sujet I
l'étbanger, d^un ton soiennet.
... ■ . ♦
Pour tout autre , peut-être bien ; mais pour vous , madame >
jtîen n'est difficile. L'illustre auteur de .Firginie , ou V En-
thousiasme de fhmméuf^^ ^Éwdiê el R^soHe^ ^a teêÉfOux
amants ; de ia Bonne Cousine , ou Conseils à (^amitié; mais
surtout l'auteur des Dimanches ou ta Sonne Sœur, peut
tout enfrepreiidrë*et doit ttïtftaphét de fout I II -
MA yoisiNB • à detni^voixt
Voutf éle» ttop lroAâét0<
( «7» )
N,
ff Oh y madaDie , )é le fépiîé, ffèit pâftlcfolièi'émefit I là
plame philosophique qui a célébré ies dimanoAes, quHl Hp*-
partient dé jQétrir Vinquisiiiim»
' Je veux bien vous croire , parceque je sais que vous ne flatlex
pas. Hais cependant, voyez, avec moi, que d'obstacles à sur-
monter I «.Ayant à peindre une institution de plusieurs siècles^
• comment établir une unité d'action ? Comment trouver un
•fait assez important pour y rattacher toutes les lois de l'inqui-
»^tioti ? Comment décrire, sur un seul point, lés tistirpatfons
ftpro^ssives, le^ attaques divei^â, la décadenC6~, les aboli-
• lions, les retours de ce tribunal odieux P Comment ^ ÉùÈn,
• imprimer à cette composition ces couleurs locales qui font
f rilkiiioii det UbleftUK , «t qu'on a Inmt voulu tifptiAâvw dans
•me» précédent» ouvrages ? »
t'jBT&AUGER.
Sh ) madame i ne vous inquiètes pas de tottl cekié II n'est fàa
ioi quertion de faits i&iporlant» f de cttUetères y^aie^ de ota*-
iear» looAlég ^ d'ittvMion de tableauxf q# sont là de vieUles en*-
trares dont l'école moderne s'est débarrassée* Songes qu'il ne
eTafit pas de feire Un ouvrage «Mastique i mate un ouvrage phi^
iMôphiqile $ eé qui eét bîeil différ#6t« Yoyea le Dên Cariùê de
Lefttre^ te Philippe II de Ghénier^ la Jêonn^'dre de d'A-
Vrîgny y lé Gtùvis de NépoBiucètte Iietnercier^ le Batia de no-
tre Casimir Delavigne ; as^rémwl il n'y a dans tout cela ni
réfuiarité dé {^lan ^ ni unité d'aelion » ni vérité de oaraoVhree,
ni eduleurs loeaies , et pourtant ils n'en sont pas moins des ou-
vragée précieux^ des ouvrages eitcellents.*» pour Tusage auquel
lee auteurs les Ont destinés. Shbien, maaame|&it«»âonabftaMii
eM^Yooi^fcumnfis un ■uoeèssamblaMi^
«▲ ViHSUlK.
Mais encore^ commentmecoDseiHares-voiis d'envisager mon
sujet? *
Tout simplement. Par exemple, diviseK-*le en quatre cbants.
Dans le premier, vous présenterez rétablissement de l'inqui-
sition et ses persécutions contre les juibetles Maures, qu'un
cœur comme le vAtre n'aura pas de peine à rendre intéres-
sants.
MA VOISINE, soupirant.
Ali certainement!.... ces pauvres jui& !... et surtout ces
bons Maures r..». ces aimables Maures !»... j'en rêve toutes les
QlMtS.
L'iTEANGBS.
C'est déjà quelque chose. — Le second chant peinAa les
poursuites de Tinquisitton contre les protestants, et ce sera la
place dhin petit morceau à eflfet à la gloire de Luther et de
Calvin. Le troisième chant exposera les attentats du saint of"
ficû contre les lois , et le quatrième enfin , les combats coatrela
raison humaine et les lumières philosophiques, ^e vous enga-
' gerois aussi à placer dans chaque chant quelque épisode tou-
chant et instructif : vous pourriez , par exemple , tirer un
grand parti du dévouement de ce brave Santa-^Crux, qui?
aidé de ses courageux amis, osa immoler à Tautel un vieux
prêtre Êinatique qui disôit la messe , et auquel cette mort hon-
teuse valut la béatification^ Mais je recommanderai surtout à
votre plume, chaste et pure Tbistoire de ce cEçjRieuasysi heu-
reusement surnommé Vhamme de la nature , qui déclara har-
diment, en présence de l'inquisition, qu'il détestoit la religion
catholiique, et ne reoonnoi^isoitd'autre Dieu que celui de Vol-
taire et de Rousseau , et qui , rentrée dans sa.prison , s'étran^
avec une corde, potursoeUer, par cette espèce de martyre philo-
(5*73)
«ephume, »a noblis et courageuse profeMion de foi. Voilà, ce
me semble, de quoi inspirer la muse d'ime femme sensible !
* . s ■ •
MA ToisivB f. attendrie.
En effet, vous avez une manière si séduisante de présenter
les choses I .... Cej>endant les épisodes ne suffisent pas; il jr a
encore la partie didactique
L*iTBÀN6BB.
Ob ! quant à cela , rien de plus facile; avec qufdiques descrip**
tions bien noires de souterrains, de cachots et de tombeaux»
et quelques peintures brûlantes de bûchers et dUncendieSf
vous vous en tirerez à merveille. Il faut seulement avoir soin
de répéter souvent les mots auto -da- fi y éénitoSf fnanato$M
quetnaderas , eorosas et fiuros, expressions peu poétiques
peut-être, maisdontPeffetmaraiest immanquable., D'ailleurs,
ce que vous ne pourrez pas dire en vers , vous le dires en
prose dans un précis historique ou dans des notes. Poui.oela,
vous.n'aurez qu'à Cçpîer mot à mot le savant Llprente, les doc*
tes la Vallée et Léonard Gallois, et surtout le profond, et ver«
taeux abbé Grégoire.
MA VOISINB.
Vous t#aplani8sez beaucoup d'obstacles ; mais il en reste
un, le style. ..« Je sens^qu'il fout une force» une énergie !....
l'btbangeb, jfatomme»il.
Que Vous trouverez dans votre âme libre et fière. Et d'ailleurs,
il y a une foule de tours obligés ^ d'expressions conimandées
par le sujet, qui se présenteront d'eUes-mêmes à votre plume,
et vous aideront merveilleusement, tant pour la rime que
pour la raison. Ainsi, pour éviter la répétition trop fréquente
du mot inquiàiii&n y vous pouvez dire, tantôt tri^nai de
sang, taiitôt tribunai sanguinaire^ quelquefois aussi 'lW6ii->
^at uf^ygiant, ovu m voua raim^ mim%f mmU^f^ triê§mtn
Quant nw iDi^uisIteur»» vqu» ayiss h qJm^jt ^ptpç iQÂil# tyip»
nymes, comme assassin sacré, pontife abhorré, prétatexicréf
prêtre atroce, moine féroce :]e vous recommande particu-
U^reiMPl c«s ieux derni^rit 4o»l T^ii 4<)i vu aUlcmni Iq bon
•fli^t, SofiD, yovuii^aveff eooore &ir« na ^s^ellent mmgi^ d^M
monstres exécrables, des tyrans ddtestaéiês, éoêmpsiif^
impénétrables, des arrêts abominables d'un pouvoir effroyu-
bie\ et d'autres expresaions semblables, '
' • • - . ' . . f > . .
Mi TOISWB.
le eomprends; mais en supposant môme que, gvâoes à.vds
judicieux avis, fy réussisse comme dans mes précédents oU'-
orages, que. de passions eelui-oi va soulever contre moi ! que
de oHtiques amères i
L'éTBAKGEA^ avcc fierté*
Kl. madame! vous lesbrayer^z. Il est l^^au de touMr
pour ta cause des lumières et de Phumairité f D'ailleurs , qui
▼eiusattaqueroill^le J&umaides débats? {Enéaissani la vmx,)
Il est à moitié des nôtres. Il hait rinquisîtlon comnie nom ; il
a défendu les certes avec iious*; il s'^st opposé à la guerre d'Es-
pagne au nloins autant que nous, et il abhorre les ultramon-
tains et les Jésuites peut-être plus que nous. J'y coSnois d^ail-
leurs tel Tédacteur qui vous sera plutôt favorable qua eea*
traire.
Craindriez vous ïeHrapeau blanc y qu'on ne lit plus, ouia
GjaM$te qu'on n'a jamais luçp JLa Quotidienne vous jmtpqnera
p^ut^Mra; mais n*attaque<^t-çUepas aussi Voltaire, Slpussei^ ^
Buffon «t l» vicomte d'Arlipoçurt? Quant au M^nipHah ^^
V0U9 di^hjreva aani dQut^ ; ;car aucune œuvre philosophique
.n'échappe aux analbtai^ de o^s inquisiteurs de la peojaée:
«lajs, en /evaodbe, t^Cmsdtutionn^l, le Courrier^ te Pidofc,
ia Funéore^ U ÇomHre, U Mercure^ vou» défandironlr J'jr
«{4^ w4$4 TiHM le sat/i»! ât fe ypn^ pronM^f» leur ^|>pi4.
(ifj^a^u/Tîm^*} Alloua^ m^dam^» allons, cp^rage! paiscin^
4éj4 vous avç9 pre^seati la^joie de la vengeance ^ livres;-Tou8
sans ooQlr^iote à ce dou¥ s^otimwt Aidç^-oous à démasquer
rbypocrUiOy k flétrir la superstition , à abattre la fanatisme,
en nu mol y à écraser la puis^qoe des disciples de saint Domir
pique ^t des enfants de Lojvla l..«. Que vous manque-t-il pour
réussir ? n'êtes^ vous pas prolbudémeut indignée? Or» qu'est-ce
que riodiguation ? 1»'^ U génie p comme vous Tavez si judi-
cieusement observé vous-m^me. Yous avez de rindigoatio^U ^
dôpc vous avqi du génie ; et quand uue fois ou a du géuie $ <m
«p fiiit tout ce qu'où veut.
ni V0I9IVB.
Vous m'éleptrîsezi..M et je eède!..., Mais si je m'engage té-
mérairemept ^ il foudra ne s'en prendre qu'à vous. « Quoi qu'il
«en soit, je ne m'en repentirai jamais; ma &ute ne sera que
«l'iDusion d'une dme géuéreusequi croit que son indignation
» doit être tOMte-puissantef*.. Peut-être re:(périence me dé-
9 trompera-* <• ilélasl les soupirs quim^oppresscntàcettepep-
^sée n'out pas seulement la littérature pour ol^jet II! p
Icif une visite entra » et la conversation prenait un autre
tour , je eessai d'écouter , pour jeter sur le papier ce que je
veuois d^entendre*
Lo surlendemain , je partis pour la ^campagne , et j 'avoue que
j'y avois presque pejrdu le souvenir de ma voisine bommç de
lettres» et du singulier entreti^ dont le basard m'ayoit rendu
confident; lorsque^ ces jours derniers^ mes collaborateurs au
Mém<*^(i(^ m'envoyèrent h examiner une pacotUle de brochu-
res» fruits du génU » ou » si Ton veut» de findignatum libé-
rale piindant Les trois derniers mois écoulés. Une des premi/^es
qui me tombèrent sous la main étoit jptitulée ; VlnqisixUia^ »
paëmc hùtçHquô en quatre oharkU^^ procédé d'îm ç^f^ffégi. eu
mivi de no$e9 sur i'histQire du saint office^ pçkr niadaane
V
ÉiisaMh Sehimrt, auteur de FirginU, oxifEfiih&%uiasfMde
Vhanneur, avec dés notes; à^ÈmUie et Rùsaiie^ ^u ies Époux
umants, àttaBonneCousine, onConseHsdei^afnitié,ouvrage
DESTINÉ À LÀ jEVNissE, avectroisjoUes figuTês en taUiè^douee;
et des Dimanches, ou ta Bonne Sotur, préceptes anecdoiiques
DEDiis A LÀ JEUNESSE, omé de deux figurés en taiU&^douce. A
ce titre 5 et surtout à cette nomenclature , fe me rappelai aussi-
tôt ma voisine 9 son monologue et son dialogue'; et j'admirai
que le temps eût siprdmptement mûri les fruits d'une indigna-
tion que, deux mois avant, fa vois vue dans sa fleur. Je me
• hâtai donc d'ouvrir ce poème que je connoîssois pour ainsi dire
avantqu'ilfûtné , et c'estavecla plus vive satisfaction que, dès les
premières pages, je reconnus qu'il ienoît plus qu'il n'avoit pro-
mis. Je vis d'abord que la visite et les ^conseils de l'étranger
avoient eu les plus heureux effets et produit sur l'auteur une
bien forte inipres.sion ; car, eu rendant compte aii public, dans
sa préface , de ses sentiments, de ses émotions, et de Tétàt de
sa santé, je retrouvai le mlÊme abandon, la même candeur que
dans son entretien confidentiel avec son vertueux ami. Je re-
trouvai jusqu'aux mêmes expressions; et e'est pour. celte rai-
son qu'en Its rapportant plus haut je les aï Indiquées avec des
guillemets. Je vis encore, en avançant, qu'aucun de ces avis
donnés par l'amitié , et reçus avec une si touchante modestie ,
n'avoit été négligé. A chaque vers^, je veux dire à chaque ligne,
on aperçoit les prêtres abhorrés , les assassins sacrés, les
moines exécrés i les prélats aiominoùies , les pontifes détesta^
Mes 9 les tyrans ejfrùyaéîes. Tous y paroissent odieux,
affreux, ambitieux y audacieux, superstitieux, faliacieux,
et hideux; aucun, d'eiîx ne lève la main qu'elle ne soit mena-
çante ^ sanglante, ruisselante , et dégouttante ( j'en ai pour-
tant trouvé une qui étoit térnssante ) ; ils ne lancent pas un
regard qui ne aoit fdnaHqite, frénétique, tyrannique , et quel-
quefois même oblique. On ne rencontre, à chaque pas, que
séjours funèbres, lieux de ténèbres, t&mbeaux obscurs ,
i ^77 )
eachois impurs; cfnfitiy toutjr est infect, abject, ou toot
au moins suspect, '
Mais si, dans toute cette partiede sa composition^ l^aïuteur
ne peut être loUéque de sa docilité « c'est alors qu'il vole de ses
propres ailes, qu'il a încootestablemeut droit à des éloges plus
ilatteurs. Le styic est t'fkomme même) a dit Buffon , et sans
doute que s'il avoit pu prévoir que madame Elisabeth Sëlnart
nattroit e* écrirait 9 il auroît dit aussi j ie styte est la femme
même; car c'est surtout par le style que cette damé est vérita-^
blement originale, et se distingué de tous*ceux et de toutes
celles qui, Jusqu'à présçnt, ont écrit en français. On ne peut
dire, en effet, à quel genre elle appartient; ce n'est ni au clas-
sique , ni au romantique; et )e ne seroispas surpris que, dans
nmpossibilité de la classer dans une école connue, l*Académie
ne fût réduite à inventer pour, elle une épithète , et à nommer
sa manière le style seinartique.
Peut-être que ces éloges paroi tront exagérés, et que déjà
quelque .lecteur incrédule se dispose à m'accuser de trop de
galanterie envers le sexe auquel j'ai découvert que madame
Selnart appartenoit. Eh bien , pour lui fern^r la bouche , je
vais citer, et, dans l'embarras du choix, je réunirai, comme
en faisceau , les beautés épurées qui m'ont le plu$ vivement
frappé dans tout l'ouvrage. €e sera un moyen d'être agréable
à tout le monde , et surtout à l'auteur, que je désire beaucoup
contenter.
Après s'être écrié en commençant ;
Ah 1 comme sur mon luth un long géraissemeat ,
Aaz éclats de Thorreut^, s'unit rapidement !
Il entre ainsi eii matière :
Des pontifes romains , le zèle anguiite et sage
Des apôtres , long-temps , se montra l'héritage.
Mais, ajoutp-it'il ,
Oct heareiix temps passa , les fcut évangéliquâs
Où U soif du pottToir eatr^ina les pastea»...
Pèt lors ^ Us H» fongèrent plus
^ Qu'à s'assurer le sol de tout l'état romain ,
A concentrer, cacher dans leur débile noain
I«as rayons dispersés des lumières antiques,.. \ '
VoyefrToua C9 m%nU;, qnt derlwt vn torroit f
G'çst rinqiyisilioii.*.. .
Les sîni8t|«s et^faïufs de iI<hi «bsiirde V^^ $
Des Alpes, de la France , inondent les climats*./
De l'inquisition les saintes barbaries ^,
Usurpent ses bosquets^ ses campagnes fleuries. #•
Tel , l'habitant des ain y div^s la flinge^ est soinUé
Pur la bldffii #<vp«nt #nr son t!orps repU4»tf t
Parfogti 4^ nœuds 4o sang étonfiRint le murmure^*!*
Et sur des chevalets^ trône de barbarie ,
Le forçant à saisir la mort et l'infamie,...
Soudain par des bourreaux le captif dépouillé ,
fuF l'a&euz instrument, de m|lle nçeuds lié,
Les senfmt •'«nfonoev4ans la chair palpitante ;
JISt bientèt ruisselants d'une huile pénétrante 9
Ses gepoux s'étandoi^nt près d'un ardent brasier ,
Qui sillonnoit leur 0bre aiqsi qu'un y if acier...
Quant aux bourreaux « .
Ils reposent leurs yeux sur les membres Aimants ;
Leur oreille , avec joie, entend ces craquements,
Et par le bras civil ils font combler leurs crimes...
Gomme as sont empfewés d'aviser la fureur »
De mutiler leurs corps , d'en gemer le» campagnes !.••
L'air n'est plus l'aliment de leur sombre existence ;•.
C'est la rage , la rage , à son dernier excès !;..
Mais dans leur sang abject , leur torche s'éteindraf,^
£t alors,
• Regardant ces lointains,
On voit , de la raison , le bras lent , mais vainqueur |
Défrichant pas ^ pas les plaines de l'erreur 1 1 1
fit
iff «emiiMOt 4111 prouferoQt la flagibiltté 4tt'lalÉÂtdâ po|të^
U ^'agU da lin» ftoMiitf ptiiMiouië^.
Le naHMWNdiK Hènrf j
P« «liitB» «^ 4'«aP0«r* tengiÛMoit MsaîUi**.
jBoo 891IK9 i ^pca# boulUoni > vers «00 cœiw: e^ potléf ',
Son sangl il sera donc utile ^ l^bérie}
Et rhnmanité sainte en reçoit les vapeurs. ..
Onand 11 YOudroit mourir ou briser le cachot ,
li aent ée ta ralfon Taçâler le /KomfrMif...
Ûapoatoil un wrroa vienttarmlDar Mpaiaa...
Ili» Cfusb^ en spn obar, do«i: l'aiiii pHHlfaot /
Vole comm« uq dovet emporté par le reot,..
Il court , et sur le seuii} iaquisitorial
- 11 attend des bourreaux le groupe sépulcral..,
' Xes Yoiles du supplice à ses pieds ont roulé ;
MaifUs ffb des bourreaux à lui Pont rappelé...
Derrière eux vacilloiènt des masses de flambeaux :
. Côtoient di« s condamné» les troi^eàeotaMéea**.
jCes malheureux portoient de» mitre» colossale»,. »
Les feux peints inclinés présageoient le pardoo***
Four ceux dont le eoùrage (Itoit llmpénitence 9
La flamme, en pyramide, annonçoit ieucsdestins.*.
C'est un auto-da-fé superbe et général ! •• • , • •
C'est là <}Qe sont lancés la vierge adolescente , >>
' i«'ij|tjrépid« gfierrî^« Tètonlt lani^DîfNPle...
Maiff Tunion « ]a paix , habitent la priwp s
L'espéraiice y décrjt un magique horizon , ' .
Que la prière étend d'une main consolante.
Elvire , aveo effort , se soulevé , et jprésente *
A l'oblique rayon qui vacille en ces lieux
tf'éail d« fli boorreap ttad^ fitioyilérievx***
. • '...... Elvire , anéantie ,
Se lève tout-à-coup tremblante de furie ,
S'élance , l'œil en feu , vers les inquisiteurs ,
. • • . dont iout le sang n'est qu'un fiel destructeur. ••
» " ■ ...
Sait enfin tral s^arrange 9
• ••«...•.' Si sQudaia élancée
Dasn les bras du héros , la viefg» est embrasiéf .••
('l8o)
Je m'arrête.... et c*en esl assev , j'espère ^pcMur Justifier mes
éloges. Eh 'bien'! lecteur, incrédule» en avQîs-je trùp.dft? Ne
flont-ce pas là dfes beautés d'iin ordre Inconnu ? Oii aviez-vous
rencontré >usqu*à présent unedééHe main qvi eaneentrc ies
rayons dispersés d'une iumière antique; € humanité qui
reçoit ies vapeurs d'un sang; ies enfants (P une rage qui
inondent tles eiimats; des éaréaries qui usurpent des 6oS'
quets, et un asiie mouvant qui voie comtnc'un duvet?....
Et que dites-Yous d'une femme anéantie qui s^Hance; tPun
sang qui n'est qu'un fiei; d'un noeud qui murmure; des
fiaméeaux qui sont des cofidàmnés et des c&ndamnés qui
sont des flambeaux 7 VLsx^ y fe ravoue , ce qui me parott sur-
tout au-dessus de toutes louanges, c'est la main de la prière,
à laquelle l'auteur a si judicieusement donné pour appui te
hras de la raison ^ et un bras^ui marche en /défrichant pas à
pas m
Maintenant si madame Selnart vouloit bien me le permettre,
je lui soumettrai deu)E^petttes réflexions critiques. La premi^
auroit pour objet le Vers suivant, qui, quoique fort iOgréaMe,
m'a paru un peu long :
Us consacrèrent bientôt lés dons des empereurs.
J'en ai compté et recompté les syllabes, et il ni*a semblé en
trouver treize; et, jusqu'à présent, on n'en avoit jamais
admis plus de douze dans les plus grands vers. Il est vrai que
plus loin j'en ai trouvé un qui n'en contient que on^, et cela
par compensation.
Ha seconde crkique est plus grave; elle porte sur ces deux
vers:
-* ■ ' '
Il s'arrête an moment ; avec joie il contemple
Ces monts, ces condamnés qu'an éohafaud ra^ssmbh.
Or, je ne me rappelle pas avoir jamajp vu rimer ro^eiAbU
et contemple. Gela viendra peut-être ; mais c'est au jnoinsuoe
innovation que j'ai dû signaler j
'( »8» )
- CSar VimÊigHathn a set licences ; mais
Celle-ci passe on peu lés licornes qàe j'y mets.
Je finirai comme {'ai cèniMbhcé^ en signalant une idée lu-
mineuse qui n'appartient pas précisément à madame Selnart,
mais qu'elle £ieii le mérite d'emprunter à'un M. i^avred'Oiivet;
« idée neuve etfrofoti^e^ dit-elle^ et qui commande i'intérit
9 et tes regrets* » Or 9 ce que madime Selnart et M. d'OHvet
regrettent c'est que Charies-Quint^ UmU-jmiMiAUdansRpme^
n'ait pas placé sur le saiiiJt^ége Lvtabr, parce que, grâces à
ce puissant réformateur^ C Espagne serait florissante , ta
guerre d^ trente ans, la ligue 9 ta Samt^Barthétemy , tes
massacres d'Irlande eussent été épargnés; et-le culte, épwé
de ses abus, n'auroit plus redouté, les attaques de lapHlô^
Sophie', qui seroit devenueson alliée. Voilà bien*, en effet,
un juste sujet de larmes; car on conçoit tout le bien. que ce
souverain pontife eût fait à l'Église, et combien il est malheu-
r^ux que Charles-Quint lui ait fait ainsi, manquer sa vocation.
Gjependant, considérons aussi le revers de la médaille^ et.di«
sonâ-nous: Si Luther eût ceint la tiare , sansidoute il eût dé-
*
truit l'inquisition ; or, si l'inquisition eût été détruite , madame
Elisabeth Selnart n'auroit pas fait «on poème I... Ne regrettons
donc plus le pape Luther.
Le 0omte O'Marovt.
^JUNmo
<5F OXFORD
i >•« )
( iju»i i Yr> i uwiian<<w> i v>ifwi(ynn i Y^v > v*^v > rnTni* v*^**T^ T'ivrv > vn'>v>^ i v\v> i vi i v i( Tv vinft>Y>
COIUftESPOMDANCB ÉTRANGERS.
I • - •
j ■<
f
*
Loiiâres , le i*' nôtèfiib^é i6a4.
YottB aT«s j>uMlé dm% affiéies tfèi f^màifqûklA^^ dâCis le
J(^fiHFr»di^ Sttf rétut déê oafhôllqtiès à*ltlânûëi tin rapj^ôit
fait en dêrnief lien à Yaiê&eiàtion oàthùUquê , mf lèi écdies
4é dette tnallHianitlM paMte dd Feiti|>ife btitâimiqilé^ «enferme
dei iéuiilft atlthéutlqiieé el ^éci <Kttiiitl!i^ qtte je eroîK defdr
vous IrUfiiAieUMI^ ei qtli^ â)oUféé à tdtii léêf h\U qtf« VOOs
ofCÉrttptMirtég; AâlHl»âf pedl^êire par feife flpflrëèffér I sa
jatte taleor oett^sT toléraiice itiligiéu^é àti^t !e« ptoté^tairf» Ae
t«ue les ^ay» feot ufte si gtafictè {lârâde ; lii seront éil tiiéf&e
t<Kn{M un 8n|el de oimcolatioil pouf les eaf boHques qtfl temflt
le aUe et là ehârité dtt clergé iflaiiclats S*aeei^ltf« k meim»
quitta reBOdntrent {Aitt d'obitdoleSy qtf^ils éptàtk^tnX pttiS db
p^sécutioDs. Au milieu de tous leS ttiâtix qixi dSsi^nf les
malbenreut datb«yques dlrlaode, on doit compter en pre-
mier lieu ]^ manque d'éducation ; les paysans accablés de vexa-
tions ^ réduits à la misère par ces fermiers inbumains quispé-
ctdent sur leur sang et leurs travausc, étant dans Timpossibilité
de fournir la plus légère rétributipn pour Tédu cation de leurs
enfants ) les écoles se trouvent ainsi entièrement à la charge
d*un petit nombre de fidèles et surtout du clergé» qui luL-méme
est bien loin d^ètre assez riche pour en fonder un noitibre
suffisant; tandis que les écoles protestantes et celles de la so-
ciété-biblique de Kiidare-Street sont richement dotées. Malgré
ces avantages, ces dernières sont presque entièrement désertes»
(*M)
M innif le» TMivlbf Us affttref de U «odété UbUqtitf oot ^
atix moyen» lee plus fidieules» quand ce ii'esl paê aux perséeiM
lieos lee plu» odleuees^ Au moment où les întpecteur» de 1»
loelété tiennent faire leur tournée ^ le» afents plaeé» k la tètè
de ee» étaMIesementsont l'habitude de se prêter mutuellemenl
le petit tiolnbre d^enfants oatholiqu'^ qui »ttiveBt leurséoole»^
et de le» forcer à parottre successivement dans différente»
classes^ où ils répondent tantôt par le nom de leur père ^ tantôt
par celui de leur mère. Par cette . infénieuse multiplication ^
leur école I vide toute la semaine,, présente le )oiir de lln^
spection ûeê bancs où se^pfessent deseifantsdetout séaei d«
là les pOiktt>^tlx bulletini dans lesquels la soei^té fait part a«
publie du bieil que ses mandataires font en Irlande ^ et du
grand n(>mbre d'enfants eatholiques qu'ils arraclhent tous lof
jours à la superstition. Mais malheureusement ils ne s'en
tiennent par toujours à des moyens aussi innocents, et san»
parler des calomi^ies atroces dont ils cherchent à noircir les
écoles catholiques , qu'fls dénoncent au public comme des
asiles d'ignorance et dlimmoralité, calomnies trop absurdes
pour poffer atteinte à leitf réputation et qui ne saurolent être
qu'une nouvelle marque;cle la mauvaise foi de leurs adversaires5
ils ont recours auii persécutions domestiques ,. à la plus idle
séduction^ Ainsi, dans les paroisses soumises à rinfluence
d'un riche propriétaire protestant ^ tous les paysans , tous le»
fermiers qui vivent dans ses domaines sont obligés d'envoyer
leurs enfants aux écoles de Kildare^Sreeti sous peine d'être
renvoyés et même de voir leurs meubles saisis. Tous ceux qui
ont refusé d'obéir à cet ordre , et il s'en trouve un très grand
nombre, ont été aussitôt impitoyablement chassés, et réduits
par là à la plus affreuse misère. Dans plusieurs paroisses , et
particulièrement dans celle de Ballihooby , les catholiques ont
été obligés d'établir leur école dans Péglise, person^ie n'o«»
«
sant leur louer uàe maison, dans la crainte d'encourir la
gràoe de lord £pnismord, un des plus aélé» pretecteui:» de
( a84')
société de K.lldtt6tSreel. Ce seigneur» accompagné. ^delady
£n... , qui partage son ardeur à faire des prosëlytes^et de
Févéque diocésain , fait de fréquentes tournées dans les écoles
de la société» où il exerce une sévère inquisition; etrpèndant
ces redoutables visites, malheur au paysan placé soussa dépen»
dance qui refuse d'envoyé ses enfants à la lecture dé la Bible.
Yoilà, monsieur» un léger aperçu des obstacles contre les-
quels le clergé catholique doit lutter dans presque toutes les
parties de Tlrlande ; mais s'il a la douleur de voir ses ef-
forts souvent paralysés par la puissance et l'intrigue de ses
ennemis, il peut dusnoins rendre grâces à la^provideace de
Ici fermeté des pauvres catholiques, qui préfèrent laisser leurs
enfants sans éducation plutôt que de leur en donner une qui
pourroit les éloigner de la foi de leurs pères. M. F.
i%» l »W<»<W» V <»W»%%<WWW<W»WIAi » «WW»W<^<W<M<^<M^^^l<%»<<^^<%<W%M^^^^^W^WW^^MII*»MM*^
DES JOURNAUX.
ântr un arrêté relatif à l'observation du dimanche.
Certains Journaux n'ont pas manqué d'attaquer un magis-*
trat respectable, qui avoit fait un arrêté pour l'observation
du dimanche. Nous sommes vraiment embarrassés pour
leur faire entendre raison à cet égard. Parlerons-nous da dé«
calogue ?' C'est aujourd'hui une autorité bien vieille , et si
les dix commandements de Dieu dcvoient être discutés dans
une assemblée quelconque, je doute fort qu'ils passassent
tous à la majorité des voix ^. à moins de nombreux amende-
ments. Leur opposerons-nous le respect universel de tous les
peuples pour le jour consacré au culte de Dieu ? Ce seroit en-
core peine perdue des journalistes , accoutumés à faire chaque
matin la leçon au genre humain tout entier, ne doivent pas
la recevoir de lui. Esseyons-nous de les toucher en faveur de
T â85: )
cette Église gallicane, à laquelle , depuis quelques mois, ils onl
paru porter un vif intérêt ? Ils nous ont avertis qu'ils ne vou-
loienl défendre rÉglîse gallicane qu*en tant qu'opposée au pape,
et par conséquent non pas en tant qu'elle est 4*accord avec lui
sur l'observation du dimanche. Laissant de côté toutes ces vieil-
leries, nous n'avons rien de mieux à faire , que de leur citer
r
une. loi du 16 thermidor an iv, sur la célé»bratioo du décadi^ ils
ne sanroient en récuse^ l'aulorité, car ch^un sait que c'étoit
alprs le règne de la raison.
' ...... 4
Aift 1*'. Les décadis et les jours de fêtes nationales sont des joncs d«
repos pour la république. >
2. Les autorités constituées , leurs employés et ceux des bureaux au
gervice public, vaquent les jours énoncés, ^s4uf les cas de nécessité et
l'expédition des affaires criminelles.
3. Les écoles publiques vaquent le même jour ainsi que les. écotes par-
ticulières et les pensionnats des deux sexes. Les administrations feront fer-
mer les établissements d'instruction' où l'on ne se conformeroit pas aux
dispositions du présent article.
4. Les écoles publiques ainsi que les établissements particuliers d'instruc-
tion pour les deux sexes ne peuvent vaquer aucun autre jour de la décade
que le quintidi, sous les peines portées en l'article 3m*...
7. II n'est fait aucune exécution criminelle les décadis et jours de. fôtes
nationales ; en conséquence , il est dérogé , en cette partie seulement % ^
l'art. 443 ^° code des délits et des peines.
8. Durant les mêmes {ours , les boutiques , magasins et ateliers seront
fermés , sous les peines portées en l'art. 6o5 du code des délits et des
peines.» ....
9. Pourront cependant les administrations municipales autoriser les
étalages. portatils d'objets propres \ l'embelUssement des fêtes..,, etc*
4
flO
( Èm\)
•• • ■ ' ■ .
I
V
M hk TAAHSMlfiUON BfajbltàlAB DM TftôITM DAlTfl US BÀC18
liaiTUlBS» par U. Madrolie (i).
Le public n'a pas oublié sans doute deux brochures àno-
tiymes très remarquables^ , qui ont paru cette année, dont
Tune traite de (a révolution doâis ses rapports avec êés vic^
times y et particulièrement avec ies émigrés ; et l'autre ,
publiée sous le titre de Mémorial Catholique , est une réfu-
tation de Fouvrage de M. de Montlosier. Nous ne rappelons' iei
ces deux brochures^ que pour annoncer qu'elles sont du
même auteur que celle dont nous allons rendre cbmpte«
Autorisé par ses succès à }eter désormais le voile de Fano-
Djine^ M. Madrolie n'a point à redouter d'entendre produite
contre sa feunesse des objections que réfuteroit la maturité
du talent dont il a fait preuve ; et un écrivain qui s'est ac-
quis des titres si réels aux encouragements des amis éclai-
rés de le religion et de la monarchie peut voir avec une
fléourité complète son nom 9ublr les épreuves de la publi-
cité. ^
Ce qui doit d'abord fixer l'attention générale sur les ouvra-
ges de M. Madrolie , c'est le choix heureux et le parfait à-pro«
pos des sujets qu'il traite. Montrer , en efiet , à ceux qui ne
voient ia patrie que dans fo soi, qu^ette est tout entière là
où êô trouvent les instUutions et ie$ lois , dans ta personne
.du chef de i'état ; prouver à tant de faux royalistes , quf
regardent la religion comm^ un moyen, qu'ils doivent ia regar^
der au contraire comm^ ta fin , à taquHle teurs opinions
politiques doivent être entièrement subordonnées ; faire voir
une toi nécessaire dans ta tégitimUé, à ceux qui n'y trouvent
(i) A Pam, chei PentiiyiiiipriinçujroUbriike, rae des Fetito-Angusthis, n" 5.
( «6? )
qu^iitie ifèstituUan aréitraite : tel doit être die nos )otm le
priiicipàl objet ûeê publicités éolainée , telles sont les vérités
^aHi iinpch*te le plus de-proclamer dans Perdre politique.
La dernière question , sur ia Pranstnission héréditaire des
tf&nêê dans ies races légitimés, étoit petit-étre celle que les
amis delà monarchie désiroîent le plus devoir traiter à fond^
Surtout lorsqu'ils se^appeloient de quelle manière fausse elle
avoit été envisagée tout récemment par la société des éonnés
teitres.
En effet, i^i société des bonnes lettres , ^en nous entrete-
nant des av€uatages de ia iégitimité y n'avoit pas remarqué
qu'elle faisolt descendre un dogme politique au rang'deà
questions controversées sur lesquelles les conclusions demeu-
rent tout«-à-4alt libres.
Mais Tauteur dont nous parlons a compris qu^il ne s'agis*
sdit pas précisément de prouver les avantages de la trans^
mission^ héréditaire des trônes dans teè races légitimes , sur
une institution contraire. En effet, Va'ùsence de la UgitimiU,
ou Ctuurpation^ ne sauroit être regardée comme une insti-
tuHan qu'autant qu'on voudroit en voir une dans /^anarc^.
fin vnin oblepterez-vous qu'une monarchie peut être élective:
ies noms ne ekangent rien aux choses ; ou plutôt les pal-
liatifs du mal ne sauroient arrêter son action destructive.
«Otejs l'hérédité des familles souveraines , et nous ne con-
•noissons plus de gloire sur ta terre ; car il n'y a pluà de gran-
»deur; tout se rapetisse à la vie de l'individu; c'est le Ut de
•Procuste , selon lequel il faut tout couper ; c'est le viager &iu
*lieu de l'immortel. Le célibataire hésite à planter dans la
> crainte de passer avant la venue ; il cueille le blé en herbe^
>de peur que la moisson ne lui échappe; il effruite la terre
•pour ne rien laisser après lui (i). » Ainsi se prouve d'elle^
niétsiQ la nécessité de la légitimité , de cette grande loi de
(0 Giiap. i,pag. 17. V
IVNrdre politique > laq[ueUe s^élèveavec uo . caraelère 4e vérité si
matiileste au milieu des réTolutibns b^niLaiiies 9 et parle plus
haut que toutes les vaines théorie.^ par lesquelles on a souvent
voulu la renverser*
Ce sont donc les-BUHVÀtTsdela légîtiniitéet non ses avaAia-»
S^ (1)9 que Tauteur entreprend d*appréciçr; etilles considère
eomme la démonstration la plus sensible do la vérité qu'il veut
prouver, c ]Sn effet, observe-t-il, pour démontrer en cette ma-
» tière il n*y qu*à montrer l'autorité d'un homme ou d'unlivre^
• Fautorité d'un peuple (2)- .. On peut les réeuser.».. mais le
• moyen de récuser l'autorité desi^its?... Un genre de preuve
t incontestable lorsqu'il s'agit d'un c/roi^j est donc celui de ses
• éicnfaits : car les effets sont la -pierre de touche des pWn-
» dpes, et les conséquences le vrai critérium de la vi*
. rite (3): »
En convenant du mérite de ces preuves dcfaitàposteriorif
qui y d'après le conseil de fa Scigesse ^éternelle y uous font voir
dans Us effets la pierre de touche des principes , nous n'accor-
derons point à m. MadroUe, que cette manière d'envisager la lé-
«j|;itimitéy soit, comme il le prétend, la seule vraie. 11 est égale-
ment facile de l'établir par un autre genre de preuA)es de fait,
qu'on peut appeler à /irîorî , en ce qu'elles soyt tirées de l'o-
rigine même du pouvoir, considérée ftousun point de vue his-
torique. « Supposons un instant qu'un homme entièrenoent
B libre» et qui n'est au service de personne, ou qu'une corpora«
• ■ • ' ■*
(i) Que diroit-on d'un apologiste de J«. religion qui, au lieu de noas entre-
tenir des bknfaiU du Chrittianismtj nous parleroit de ses avantages? On voit
jusqu'à quel point une inexactitude de langage peut changer notre profession
de foi.
.- (3) L'auteur ajôtite ici l'autorité même aniversetle : ces mots sont de trop ;
au lieu d'isoler de l'autorité universeiie ies faits auxquels il croit devoir en
appeler » Bf . MadroUe auroit dû comprendre que ces faits ne sont eaneÊumii
qu'autant qu'ils sont appuyél plus ou moins sur cette base inébranlable.
(3) Préface, page vi.
w «
( «89 )
9 tfon libre» dans le serin de laquelle le» piincipeg répaMicaint
» flODt en vigueur, existe avant les autres, et qu*un grand
K nombre d*individa8, à raison des avantages qu*ils y trouvent,
n je rallient dans la suite à cet homme ou à cette société, sans
» violence, sans contrainte^ mais par divers rapports naturels,
• par diverses conventions individuelles, aussi libres, aussi
» équital)Ies qu'on voudra les imaginer : n'en résulteroit-il pas
» que la souveraineté, ou le. pouvoir suprême^ n'est autre chose
» que rindépendance particulière du prince , indépendance
» qu'on ne pourra lui ôter avec justice , puisqu'elle est son bien
» propre (i ). ^ Or s'il étoit vrai, comme nousvenoDs de le sup-
poser, \que ce pouvofr suprême , que Tindépendance particu^
lière du prince soit véritablement son inen propre , par 14
même le droit d^érédité dans les races légitimes cesserôit
d'être une question. Que Ton compare avec les faits la théorie,
4\jaÀ n'étolt admise tout à l'heure que comme hypothèse ; et
il sera facile de reconnoître que l'histoire de presque tous les
pouvoirs et de toutes les (égiitmités se trouve tout entière
dans les douze lignes que nous venons de citer.
Pour revenir à notre auteur et au genre de preuve qu'il
adopte : c Les bien&its d'une institution ,'nous dit<-il, ne sau*
9 roient être appréciés sans l'examen des calamités qui résut-
» tent de l'abus contraire. Il ne suffit donc pas seulement de
» montrer que la légitimité est un fait néeesêaire ^ qu'elle est
9 4a vie des constitutions poiitiques; il convient de faire voir
> aussi que Tabsence de la iégitimité est une loi de destruC"
» tiat%j et que par elle les peuples sont frappés de mort. »
Telle sera donc naturellement la manière dont l'auteur divi-
sera'son ouvrage. Dans la première partie, rangeant avec rai-
son les monarchies électives ou usurpées ààiïs une même caté-
gorie , il en fera ressortir les calamités. Il choisit habilement
pour exemple en fait d'usurpation celle de Buanaparte et de
(i) RêtitimTtiim aie la. seitncê poHii^u4, page tvii
( ^o)
ÇronmUU Le caractiro de tes deux tyiàss est tncé «ree tine
yjfueur .remarquable ; Fauteur a tu oonservaràcliaciiii d*«tfx
la pl»y0k>nomie qui lui éloil particoUèret loul «n faisant té^
sortir oonveuablemeut lea Iraiis qui leur étoient oommuns^
c*es(^à<-dir6 Forgueil , Timpiélé et la férocité.
Dans la deuxième partie » Tauleur, envisageant les év&nfmUn
fUs monarchwfiérédUaireê, puise de préfét'ence ses exemples
daosla nymarchie firançaigô , et surtout dans la ^mne/ie îles
BwrifiHèfit Alors il accumule avec uhe profusion écrasante
pour les docteurs de ranarchie tou« les laits historiques tendant
à prouver cette grande vérité, que f autorité iégUitne ^st de
s^ nature éiênfaiêanu , parcequ'tsile e$t foru, n*éprouvatn
p€Lê d'oppoiition. Cette proposition sera toufours iucontés^
Mt>le9 prise môme dans sa plus grande généralité. Mais Tau*-
teur Tauroit peut-être revôtue d'une évidence pl«is grande en^
eore^sif considérant d'une manière pbni spéciale \e pouvoir
eous Vinfluonco du chrUiianiême ^ il'eût montré cominent' la
fW^vUic Un a développé partout \t prinerpe d^arMur^ au
point de le rendre aussi #ensiéie dans le chef de Vètat relati-
vement aux wjeU, .que dans le père relativement à la lamflic.
£nfin une idée très ingénieuse a fotirni à^rautem* la matière
d'une troisième partie. Jl met en regard 4e testament de
Louis XYI et celui àe Bonaparte, et entoure ainsi d'une nouvelle
éyidenoe ce ^u'il ai^oit déjà suffisamment prouvé ^ en mon-
trant d'un eôli^ cet odieux testament , où la tyrannie eemble
avoir signé elle-*mâme sa condamnation aux yeux de 1» posté-
rité 9 et de l'autre les dernières paroles par lesquelles un roi
taartyfj déjà piein du ciei où il iouchoit, demande gVâcc
pour ses bourreaux sur l'éckafaud mémo, à l'exemple de son
divin modèle aur la croix.
L'auteur a -fourni sa carrière : il avoit assex présumé de ses
fcrees pour entreprendre de mettre à l'abri des attaques de
l'erreur une vérité d'une aussi grande importance. Cette con-
fiance a été pleinement justifiée par le.succès. L'auteur toute-
C'»9» )
fois n'est pas du nombre de ceux qui font dépendre Texistence
et la réalité d*un principe des preuves mêfnes dont fis ont pu'
Tentourer , et qui font de la mesure de leur propre esprit
celle de la vérité; .M. HadroUe nous déclare au contraire
quHé y aura certainenunt ^ dans ses ieeteurs , des gens
gui ne seront pas touP^^ fait C0nvainetis.,.9ïneiis^ ajoute-t-il^
»fe dois les rassuS'er ; ce n'est point à leur insuffisance que je
«m'en prendrai, c'est à la mienne. Une maxime que je re-
• gjarde comme aussi certaine qu'une vérité mathématique^
•]>ljen qu'elle ne soit pas à beaucoup près aussi reconnue^ c'est
«qu'il ne sauroit y avoir de vérité nécessaire ( et celle de l'hé-
» redite des trônes est certainen^ent de cette espèce) niée que
f par la faute de l'orateur qui la parle, ou de l!auteur qui
•l'écrit (i)^ ». Quoique nous soyons du nonabre de ceux qui
n^acpordent point une aussi grande généralité à eette maxime^
nous nou9 abstiendrons ici cependant de combattre, M. .Ala<«
dpt^l^e» en songeant aux effets salutaires que peut avoir sur ses
ouvrages la nécessité d'être conséquent à ses propres principes :
Ifeureux de pouvoir déjà louer, dans ses productions, une in-
struction solide, une logique sévère, une énergie souvent très
remarquable de pensée, nous espérons qu'à l'avenir il appren-
dra à revêtir ces qualités précieuses «t fondamentales de l'écH-
vain des formes d'un style qui se rapproche. davantage de ce-
lui de nos grands modèles. Ajoutons qu'on pourroit désirer
plus de clarté dans certains endroits. Ce défaut tient à ce que
souvent A}. Madrolle assemble des propositions. naturellement
séparées par des idées intermédiaires^ qu'il a tort de suppo*
ser aussi bien coordonnées dans 1^ tète de ses lecteurs que dans^
la sienne. Puisse^M. Madrolle profiter de ces réflexions , faites
par une voix amie ! et nous né doutons pas qu'il ne prenne
bientôt place parmi nos écrivains distinguas.
(ij Préface , page ix.
%,
(<»»»)
***""'^'*^^*^**— ^**^T'"'**^n ***^*"*^'" " '''••iT'''n''''^"n TrrrLi i-inn.T i anjij<.i)u.uijtjia^injuLL.LL
DES SOCIÉTÉS SECRÈTES.
(GiB^ème arlide.)
On a VQ dernièrement^ dans les ioarnanz*, des détails ef-
frayants sur les soeiétés secrètes de jeones gens, oiganisées
dans tonte TAlleniagne. On ne sauroit douter qu*6n eoiplole
aussi en France des moyens très actifs pour tniTailler Tesprit
de la {eunesse ; nous citerons en particulier l'association éta-
blie à Pari^ sous le nom de l<^e des ^mts de ta vérité. Cette
loge est composée en grande partie de jeunes gens, qui vien-
nent s'échauffer les uns les autres par leurs déclamations.
Pour donner une idée des principes qu'ils y puisent, nom
croyons devoir publier la pièce suivante , émanée de cette
société , et dont nous garantissons l'authenticité.
DicLAEATiov DBS rsiiTGiFBs DB MosiXB M.'. ( maçouniquc ) , pro'
fOêée àia L.\ ( loge ] of^ omis de 4a vérité, par ia eatn^
tnisHon nomtnét A cet effet, composée des F.-, (frères) :
ici se trouvent les noms des mefnhres de ta eommissian,
ijui sont au nombre de neuf»
Le bnt de la F.'. M.', est de donner aux P.*. !a science de la Traie morale ,
afin qne chacun d'eux porte parmi- les proiines ses principes , son exemple et
la parole de Térité.
Redierchcr les vérités morales « s'en pénétrer par une discussion et nn tra-
▼ail approfondis 9 telles sont donc les premières obligations d'un M.*.
Le caractère des ▼érités est d'être immuable. Les principes de la vrai^
morale doivent donc reposer » non sur dés opinions dont les formes varient
suivant les individus, mais sur des bases fiies et inattaquables.
Les idées métaphysiques sont des opinions explicatives des phénomènes
4t la nature i autane n'est lani contradiction* Les feligloas sont dst idécif
métaphynqntt fàKmnl4«i pardot dognef et nii ooltet ellet chtAgeat ^pu fe«-
tîoat etpw aièctes. Aussi» la F«'. M»*. prescrWit à toqies U tolérMi««.
La morale» au contraire, ne tient ni aux temps , ni aux lieux , ni aux indi*
vidns. JBUe tient à ^espèce humaine tout entière; car, supposes un homma
se^ dans le monde , il n'y a plus d'actes moraux ou immoraux,
. |4i morale e^t la loi des rapports entre les hommes ; et la seule chose dans
tout ce qui est humain , qui ne change pas» élant l'homme luî-méme« autre*
ment dit son organisation , cette organisation doit être la base de la momie.
De l'organisation , 'soit physique, soit morale, résultent des&cultés, qui
toutes, Toulant être satisfaites , se résolvent en besoins.
: |i|es besoins sont invariables dans leur essence ; ils sont absolus ; ils ne va-
rient que dans l'application.
. Gh^ue honRme, à l'égard des autres, a droit à satisfaire sêt besoins. Ainsi ,
vivre 9 exercer une induitrie^ prendre domicUê g te marier^ voyager ^ pouéder,
communiquer ta penêée, t'instruire, te défendre, sont des deuils naturels.
De ce que chacun possède les mêmes droits , il résulte que nul n'a droit à
«m^^tff von semblable , et que tous sont absolument égaux* Sans l'égalité ,
Iqp diQ^ts s^roieat comme sHla n'existoient pas.
. L'égalî^ entière pour chaque individu commence , A l'é^rd de la société,
auinoment où il a atteint sa parfaite organisation.
Cependant nul n'a droit de nuire aux aptitudes d'un autre , autrement d'at.
tpnter à son organisation, pour détruire les facultés qui se développeront en
lui.
On est juste toutes les lois qu'on re^ecte l'égalité; on est libre quand on
|ouit du plein exercice de tous ses droits.
La société est le résultat de l'impulsion dos facultés naturelles; et, pour
tous , el) e est le moyen d'exercer leura droits.
Il existe deux espèces de rapports daos la société : les rapports volontaires,
ou ceux désintérêts individuels; et les rapports obligés, ou ceux des intérêts
communs.
> Les rapports entre les intérêts individuels sont dans l'exercice des droits
naturels. De ce nombre sont les rapports d'agiitié, de famille, de parenté,
d'échange , ete.
Les rapports qui constituent le^t intérêts commuos, consistent dans la jouis-
sance des choses indivisces : ainsi, dan» la jouissance des propriétés et des
travaux de la communauté , dans son indépendance et dans son gouverne-
ment; "d'où résulte-que chacuu a droit à gouverner, et, par suite , à déléguer*
' Les communautés , les unes à l'égard des autres , ont les mêmes droits que
les individus les uns à l'égard des autres.
r Les Joii positives ne paavvut être que de« -moyens de garantie;*
t *d4 )
. lia loi pénale poaltire puhitlwattoiitaUaozdioittdei faidiWdttiet dea-
eoiiimtina(itéa«
Tdote péAftHté c(mtÎÉté dans 1« privation d'un ou et plaé iefm droits. -Elle
n'est ntîle qoa «omme moyen prënentif $ elle doit donc tonfottrs éM pftW
ptSittionuét an besoin dé garantie de ehactin; et la soeîété « 'dtifs HétabUaae-
nètot des peinei , flié doit pas les élever an-delà de Mtte littâté.
• l*oute kuttt toi positive ne peut avoir pottr but que deom»(4ld^, et par Ni de-
garantir les emvtniMu faites par des individus ou des (jOiiiainttMit^ dans
l'exercice de le ors droits., '
- Le devoir déconle du droil$ ear tontes les fois qu'an hottiAle n*a pas le drftit
d'empéclier , il a le devoir de respecter.
' Tout aaoriffce d'une portion queieonqnè de son exlMeneê à lu olMtaè pu-
blique, autrement à tin intérêt commun , est un dévouement Le dévoue-
meut est la conséquence nécessaire de conventions soit exprewes, soit lacHes^
résultantes des intérêts communs.
En conséquence des principes qui viennent d'être ënonéé0,'touty.*. lf.%^
tout homme , dans l'intérêt de l'espèce humaine , dans l'intérêt delà soeidtéi^ *
dans celui de son bonheur, de «a vie tout entière et de sa j^oiref. doit res-
pecter les droits de ses semblables , avoir pour eUt l'indulgence et la tolé"
rirnee qu'il réclame pour lui , honorer cent qui lui ont été ou qui lui sont
Utiles; concourir aux efforts communs de défense, n'oublier Jamais qu'il y a.
toujours quelque chose entre lui et un autre homme , et poursuivre de soft
mépris et de sk haine toute immoralité , de quelque part qu'elle vienne* '
Adopté pour être présentée la toge par les F,*» jlf .*.
Suivent les noiHs,
L'an de iâ V.-. L.-. 58a3. (i8a3.)
#
BoraQog-nous à quelques réflexions, sur cette profession.de
fi>i maçonnique. Il résulte d'abord des premiers mois que la
maçonnerie a pour objet de former des apôtres, des mission^
naires , qui puissent porter parmi ies profanes ta parole de
vérité. Ainsi, lorsque le Grand-Orient vient nous dire que la.
naaçonnerie française ne prétend exercer aucune action au
dehors I et, qu'elle se renferme tout entière dans rinlériear
de aeê temples, il se moque de nous.
La société des Amis de ia vérité nous apprend^ en second
))
lim^ qae lèa liées méUiphysIqueiAe sont qae des éptntéW
don€auounôn'eit$an$coniraéieti9n; et comme les religions
ne^ont) suivant eux 9 que des idées nUtaphysitiutB fôrmii*.
4ê&$ jstfr 4ê9 dùgfMs ^ il s*ensuit qa*il n*en faut admettre au*
oune/ et que Vathëlsme seul est roffscunable. Aussi leur dé»-
<ilffr»tton ^xolut toute tdëe ^ la divinité ! <s*est la morale du
Sffstèmé dé ia nature*
Ils noits disent en effet que V(pfganiêi»ti4m de VtyMime deif
tiPô ta éme de 4a morate. Robespierre du moins atoit fait
déolarer^ oomme base de la morale, l'existence de FÉlre su-'
py6me et de nmmortalilé de râmê. Les lumières ont fkft des
progrès depuis lui ; les amis de la vérité ont marché ; et s*11»
venoient à former une nouvelle oonveûtîon 4 ils décréteroierit
seulement que le ptupte ffc^ais reconnaît ^organisation de
Ils nous déclarent ensuite que de VorganisaHon , soit phy««
slque, soit morale y résultent des facultés , qui toutes^ ffoulant
être satisfiiitêê /M résolvent en besoins. Yoîlà justemèul lés
principes de Babeuf, proposant la loi agraire. Les {besoins des
hommes égaux devant être également satisfaits, rinégàllté
des conditions est opposée au vœu de la nature : et les amis
déia vérité, interprètes et ministres de la nature, doivent
travailler à ramener les conditions au niveau de Tégalité. L'es-
sai qu'on fit eA ce genre, il y a trente ans, n'a pas parfaite-
ment réussi, c'est vrai; les amis de la vérité d'alors s'occu-
poieiit uu peu trop deietif» fàôuités, ^i toutes vouMent être
soHêfaiteê, et firent peu d'atteution aux besoins des auti^es f
quoi quMI en soit, il faut recommencer, car ces vérités sont
inmhttaéteSé
BnfiU) n'oublions pas dé remarquer que la conséquence,
formellement exprimée, de cette déclaration de morale est que
êhaoîMfn a droU à gouverner , et , par suite , à déléguer. Voâà
le fin mot de l'ailkire ; une conséquence aussi heureuse a dû
/SUfSre seule pour prouver à l'assemblée la vérité des principes:
t^çMament 1^ f ociélé dat amUiie ta ififUé avrolt'Alle pu riro*
quer en doale une morote qui appelle loua àes meimbret à
gouverner.
. On frémit pour l'avenir de la sociétéf loraqju'on songe qu'uae
QiaUieureuse îeuaesse vient af^endre daM les log^s ns**
çonniques la théorie complété du détordre, pour |a reporter
ensuite au sein des familles épouvantées* De là eôtte impiété »
cette àéxnai%o%v^ systématique qui caractérise une partie de
la jeunesse actuelle : ce n'est pas seulement le cc»or , c'est
rinteliigence même qui est viciée, et qui fournit un pri^iùif^
à chaque crime, un raisonnetnent à chaque passion.- Tous
les parents vertueux qui envoient leurs enfonts dans la capi«
taie ou d'autres villes du royaume pour y terminer leurs étu-
des pu y commencer leur carrière, devroient leur faire jurer y
avant leur départ, sur le seuil de la maison paternelle, que
fiunais ils ne se laisseront entraîner dans ces associations cor»
ruptrices. S'ils ne leur demandoîent pas ce serment au nom de
la religion et de la. société, qu'ils le demandent du moins au
nom de rbonneur des familles et de la paix de leurs derniers
jours.
# . r •
V .
LE CIMETIÈRE DU MONT-VALÉRIEN.
Les dmetièies publies de la capitale ne sont pli«i de uos
jours une terre sainte; ce ne sont plus que quelques arprâts
d'un enclos dont la mort est le propriétaire. Le oommissaôe
des convois est aujourd*hui le seul ministre obligé des funé*
railles : seulement un prêtre^ appelé par les vœux de quelques
familles, vient de temps en temps consacrer, par les prières
de rilglise, quelques coins de ce terrain profane; et, hormis
ces tombeaux, bénits par exception, le cimetière est. athée.
jL^s pierres s^ulcrales sont libres, de rejeter la croix; et
(«97)
qiielquef<H0»,prè8. d'une, ioscription qui parle du ciel, une épi*
tapbe matérialiste donne un démenti à Tespérance. Pour sup*
pléer au caractère sublime des anciens cimetières > notre siède
multiplie dans les siens les bosquets » les fleurs, les statues : il
veut du motos charmer les sens , à défaut de Tâme. La foule
visite ces lieux 9 comme elle va au spectacle, et les prome7
nades au Père la Chaise ne' sont souvent qu'une partie de
plaisir, cpmme les promenades aux Tuileries.
C'est une idée heureuse de former , aux portes de la capi-
tale , un cimetière tout chrétien. Le fidèle envisage avec dou-
ceur son dernier asile^ lorsqu'il est sûr d'y reposer au milieu de
ses frères. La place de ce cimetière étoit marquée d'avance;
car nous avons, près de Paris, un calvaire. La croix qui domine
cette montagne, s'élèvera au milieu de <ceji tombes, comme
un étendard autour duquel ces fugitifs de la vie se seront
ralliés, pour se lever tous ensemble avec confiance à l'appel
du souverain Juge.
Le Mont-Valérieu avoit déjà reçu les restes des saints soli-
taires qui Tavoient autrefois choisi pour retraite. Ils y avoient
passé de la paix de Termîtage à celle de la mort. Du lieu où ils
reposent, on découvre la catacombe royale de Saint-Deuîs: plus
heureuse que les marbres funèbres de soixante rois, la bière de
ces pauvres ermites rendra fidèlement au dernier jour le dépôt
qui lui a été confié. Là aussi s'est endormi dans le Seigneur cet
évèque de Beanvais, qui a prophétisé à Louis XY sa fin pro-
chfiine. Du fond de sojq sépulcre, comme autrefois du haut
de la chaire de Versailles, il semble interpeller encore ces
nombreux idolâtres du plaisir que Paris renferme, et leur
adresser denouveau cette parole formidable : Encore quarante
jours et Ninive sera détruite. Chaque jour amène pour quel-
qu'un 4'entre eux l'accomplissement de l'oracle fatal : ce ne
sont pas eux qui viendront se réfugier au Calvaire.
Tous ceux qui désirent s'assurer, après leur mort, un trésor
d^ ferventes prières ^ le trouveront au cimetière du Mont-
^alérleti) il est cabhé àu plêd de h ttolt qu^ûti y honoi*6. tm
liâèles qui irientieiit gans ceè»e visiter le Calvaire en de$ceû-
drôfent aveo ub remords^ sUls t)*y avDÎéut prié poui* les trépan*
iiés; et plusieurs d^entre eut pourfont désormais s'y agetiotifl-
iér sur des tombes chéries. Deux fois l'aunée, une neuvaine.y
rassemble la population pieuse de la capitale : elle se rappel-
let-a, à la station des morts, que ces immobiles adorateurs
de la croix avoient àussi parcouru, en leur temps^ la voie
doùtoureme du Pils deThomme ; ils avoient réi'oui cette mon-
tagne par leurs cantiques , et baisé les reliques saintes à cette
même place. Cette église , ces stations , ces autels auront été
GonstmitS avec les dons qu'ils ont oâerts pouf prix de leur
inhumation au Calvaire, et leurs sépulcres eux-mêmes auront
été les bienfaiteurs de Ces lieux. "
La philosophie blâmera peut-être ce cimetière privilégié.
Mais n*a-t-elle pas aussi ses morts à privilèges^ ses tombeaux
de faveur? on n'a pas oublié les saturnales 'funéraires de la
révolution. Laissons-la dire^ et allons adorer la croix pendant
la vie, et reposer à son ombre après la mort. En plaçant notre
cercueil au sommet du Calvaire, nous aurons, au dernier jour^
moins de chemin à faire pour monter au cieL X.
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.
' Bt&LtoTSkQvc GATH0tt(^tjfi , dédiée àN. S. P. le Pape, appronavée
pax un grftnd ttODftbre d'évéqiles , et publiée par une flOoiété
d'ecclésiastiques, tomes i*% u* et 5% A Paris,, rue Crareacière
n° 10. (Il paroit deux volumes par muois . Leprix de la sous«-
cription est de aa fr. par an. )
Cette importante eoileotion f k laquelle nous avoué eoii«
sacré un article dans le Mémoriai, est déjà à sa quatrième
livraison. Les ÔEuvres spiritueUes de Féneion, les Bistaires
idiftmaes, par Baudtand, et les Faiidements de 4a' via
ipiriniif fa rfn yi^rt JttWn^ ont A^jà pftva. En le§ t>ai^ôouyfliil
noUft avonê femai*i(uë le soin que les éditètnré ont apporté à
Fexécation des ouvrages publiés; de» préfaces pleines. de ire-
oherch^s et des notices écrites avec autant de taledft que de
gojûit , sonC placées à la léle de chaque volume. Wous ayons
^iurtout.lu avec intérêt la notice sur tjfkiëlQii eft les renseigne*
meots éurieui; qui se trouvent dans cène- du père Sjlrîii. 8i
les volumes qui vont succédev aux ^r^mîères pubHcalions
toat en harmonie avec ceux qui ont parur-naq^ne dbvitoni
point que la Bibiiothtaw cathoiiqtte n'obtienne encore de
plus grands succès^ .et aes encoura^emeâts plus Auteurs de
la part de toutes les personnes qui pourront oonnoltre une
entreprise aussi intéressante et aussi utile.
^ • • •"- ■
€otJks éniCLTAnii n'HisTOrt» bt db tbIubs eftADtrés» applicable^
aux grammaires suivies dans lés collèges eUes petits séml-*
flaires, et spécialement à celle de Lhomond; par A. Bel;
deux parties en a volumes hi-ia. Prix, 4 fr: 5d cent. , 5. fr.
5o cent, franc déport. A Paris, chez Bçunot-Labbe, libraire
dç rUniversité , quai des Auguslins , n" 53.
La première partie, destinée aux |iuitiëme, septième .et
sixième classes, contieut THlsloire sainte , aucîen et uouveau
Testament, un nouvel Abrégé des preuves de la religion, et
des matières de thèmes et de versions pour les compositions,
avec des dictionnaires. La deuxième partie, contenant l'His-
toire ancienne, et destinée à la sixième, cinquième et qua-
trième , suivie aussi de dictionnaires, renferme, comme la pre-
mière, des notions de géographie nécessaires pour rintelligence
de l'histoite , et de plus les principes et une méthode de tra-
duction.
L'auteur s'étudie principalement à développer rioteUigence
de ses élèves et à fortifier leur esprit, en leur inculquant avee
adresse l'histoire et la doctrine de la reKgioti, bien ioio de les
occuper seulement d'un exercice mécanique en quelque sorte;
et partout il suit une marche habilement graduée pour la
pensée comme pour l'expression : il se montre, en un mot,
excellent maître sous tous^les rapports. On voit quV M. Bel a
long-temps médité la grande maxime de l'enseignement >
maxime pleine de force dans les paroles qu'il a prises pour
épigraphe :
« Nous devons commeacer, contiauer et finir (par la religion } ^ parce
» que noos Bommet de I>iea , par loi et pour lui. »
{Mémorial eta^lU/w, i*^ vol., p, i^,)
V^ f 554» )
Mphonsi d^ Âigûrio,[oUm epùcofiSamiœ Agathœ Gotho^
Tum, Èditio duodceima»
La TAfolo^ie -morale 5 défit nous annonçons la douzième édi-
tSoii, â çeçu les nuff^ages du pape Benok XIV, une dès lumières
ëe réglée dareut^le c|brnfer sJèôle : ette est Tôuvrage d'un
évéq^ié que la sainteté de sa vie a fait ranger solennel .enient
au nombre des titenheureux. filphonse de Ligori a été béatifié
le 4 5 j^pleiii)^i;6 t#i6. Ses nombreux ouvrages sont maintenant
répandjii» dans toute l'église ; ils sont pleins de la science et de
la piété ^e leur atiteur ayolt 'acquises dans Pexercièe du mi*
nistère des nmsions et dans la prière. Nous nous félicitons de
les voir accueillis eç France à mesure qu^ils y sontcdnnuSi
datte édition est la pluacomplèta de toutes celles qui ont paru ;
elle renferme des additions el des phaiigements faits par Tau*
teur lui-même ;^lle est terininée .par une table alphabétique
des matières. Le prix des neuf volumes in-^ia est de 56 francs,
cbez {déqutgnon Junior, rue des-^rands-Augustins*
De i^A PHILOSOPHIE DE LA Henriade , par M. T^baratid; chea
Gauthier frères, rue de Touraine, n° 4* I^ nous arrivera si
rarement d'être d'accord avec M Tabaraud, que qous sai-^
'sissons avec empressement l'occasiou qu'il, nous offre au-
jourd'hui d'annoncer un de ses ouvrages , écrit dans des
vues auxquelles nous ne pouvons qu'applaudir. Il est cer-
tain, en effet, qu'on ne peut que s'étonner de voir l'opivet-
site mettre en les mains de ses élèves un poëme tel que la
Henriade, où les pclncipes philosophiques dé l'auteur, et sa
baine contre la religion, se manifestent si souvent. M. Ta-
baraud aura rendu un véritable service ,. s'il contribue à
^ faire comprendre combien un pareil livre est dangçreux »
surtout pour Fen&nce.
La VIB PJfcvrrEKTB DE MADAME LA DCCHESSE DE LA YALtlBEE , aveC
des réflexions sur la miséricorde de Dieu, nouvelle édition ,
ornée de son portrait. À la librairie ancienne et moderne
. d'Albert-Galand , rue de Laharpe , n*" ôg.
Le même libraire annonce -un ouvrage , resté manoscrit^
du père Surin , «ju'il publiera prochainement , et qui a pour
titre U Guide spirituel»
• ■ ■■ f » H I I l< Il I 1 ■« I ■ »■>■ I J I ■ « I I ' ■■ t I 1 1 ■ • I ^^mmi-^^^mm
DE L'IlCPEItfERIE DE LAdHEVABDIBRE FILS«
nM.4u C«l«iHlii«r, 11. do.
MÉMORIAL CATHOLIQUE.
DÉGE9KBBE \62^t
DU MÉMORIAL CATHOLIQUE.
On sentoit depuig longi*temps le besoin .d*an écrit pério4i-«
0pà% priacipalement consacré à la défense des saines ^ootri«
nés.* Les nations voisines nous aVoient donné l'exemple à cet
égard : en Italie ^ le Journal des sciences el artSy de Modène,
et fJmi de. VltaUej de Turin ; en Angleterre, le Spectateur
cathoiique ; en Allemagne , le Jaurnat catholique de
Mayence, étaient entrés dans la lice. La France, princ^>al
théâtre dé cette guerre de doctrines qui divise la. société y at-«
tendoit aussi , un manifeste périodique des vérités que Ton
a[ttaque dans son sein avec une aélivlté toujours crois-*
santc : le Mémorial catihotiqtiè a, essayé de répondre à son
désir.
En publiant, il y a un an, le prospectus de cet ouvrage, nous
avions compté sur la haine des enpemis de Tordre, et sur les
suffrages des gens de bien : cette double espérance n*a pas
éié trompée.
Les journaux irréligieux nous ont accusés den*étre pas chré-
tiens ; les hommes des cent jours , de n*étre pas royalistes.
Les uns et les autres ont atteiut, en nous attaquant, le su-
blime des injures , et se sont abstenus prudemment de rai-
sonner : c^est du moins de leur part une preuve de bon
sens.
a* 21
(3M>
D'un autre côté , la bienveillance avec laquelle le MemorM
cathoiiqtiesLété accueilli par la partie saine de la nation prouve
qu'il ^8te encore parmf néus un grand nooibra d'espfits
qui comprennent rimportance des doctrines. On ne sauroît
expliquer autrement le succès du Mémorial : car nous avoue-
rons, sans difficulté-^ qu'il li'a d'autre mérite que celui des
doctrines qu'il défend. Il y auroit de la présomption , même
dans cet aveu ; si nous avions entrepris de soutenir nos^opi-^
nions particulières : mais alors notre ouvrage ccsseroit d'être
un Mémorial catholique ^ il faùdroit en effacer le . titre»
Qtwd uHque^ i^uùd semper , quédaé ùmniiui^ ^roilk notre
devise ; nous l'adoptons dans toute son étendue , et c'est là le
caractère qui distingue 4e Mémoriadt Noâs défeDdx>QB le prin-
cipe ^autorité contre l'indépendance des opinions ^ sous
quelque forme qu'elle se présente ; les croyanocàs générales^
oontre les lug^nents individuels; la foi de' tous les sièùlesi
contre les syntèmes éphémères de la philosophie; la «ocfété
reUgieuseuniverselle contre toute» les sectes fondées par l'es-
prit particulier : heureux si nos foibles travaux ne sont paU
entièrement inutiles.
• Au reste ^ nous ne devons pas dissimuler les^ reproches que
l'on a faits au Mémoriat, Quelquess personnes nous ont
adressé des observations qui nous paroissent justes , et dont
nous profiterons; d'autres, des critiques auxquelles il nous est
impossible dé [souscrire. Nous devons aux unes ^ deis rentef-
ciments; aux autres, des réponses^
On nous a reproché d'abord d'attaquer les libertés de l'ÉglisC
gàUicane. Pour toute réponse^ nous ferons observer que c'est
ie Constitutionnei qui nous adressé ce reproche.
Quelques personnes, d'un caractère pacifique,' Voudi*oîcut
que nous fissions une guerre moins vive aux ennemis delà sor
clété. Us sont si nombreux, disent-elles, qu'il faut craindre
de les exaspérer» À leur avis^ on devroit démontrer tout dou-
cement que la philosophie mène la société à la mort^ etltd
^ !
( SoS )
frlM poUmfDt rhistolitt de [tes orimetf. Celte oouHoble new
puolt ezngéfée : au niiplos, comme e*ett saHont une ohpote de
ê€tUime9UfH eeroit inutile de répondre à 000 scrupules.
On a remarqué que le prospectus du itémùfiai annonçoK;
pour chaque livraison , des bulletins politiques 5 qui n^ont fa-
mais paru. Nous devons expliquer franchement pourquoi nous
les avons supprimés. Pour parier de la politique du jour, même
en bulletins 9 il faut une autorisation légale ; te Mém&riai
ca^haiifuê n'a pas tardé à s^apercevoir qu'il ehercheroit vai-
nement à Tobtenir, si ce n'est à des conditions incompatibles
avec sa légitime indépendance. Dans ralternative de renon*
cer à cette foible partie de nos annonces, où d'enchaîner notre
cciiiscience, il ne nous étoitpas permis d'hésiter.
Nous avouons que, durant le cours de sa première année ^
le Mémariai eaihoiiquen^^exécutéqae d'unemanière très in-
complète l'engagement qu'il avoit [pris de faire connottre à aea
lecteurs les différents ouvrages qui paroissent chez les nations
étrangères, et qui intéressent la [religion et la société ; mais
nous ferons observer qu'il faut du temps pour établir, dans les
différentes parties de l'Europe, les correspondances nécessaires
pour remplir cet objet. Nous pourrons désormais répondre^ à
cet égard, à l'attente de nos lecteurs.
Quelques personnes, qui avoient peut-être des raisons pour
souhaiter notre silence, se sont pressées d'annonce;r que iô
Htmariat alioit cesser de paroitre. U nous est impossible de
nous conformer à leurs désirs. Tant que la philosophie atta-
quera les croyances qui sont le fondement de la société; tant
que rindifférence religieuse sera établie paifdes lois athées,
tant que l'on couvrira du privilège de l^impunité la circula-
tion des livres corrupteurs ; tant (|ue les académies couronne-
ront des ouvrages irréligieux, les raisons qui ont fait naître
ic Mémorial cathoiiquô subsisteront. Nous craignons de
n'être pas près de les voir cesser.
Nous ferons 9 en finissant cet article > ua appel à tous les
MU
(3<»4
MUS d^ la 'réUgfO0 et de Tordre public.* Pour que 4ô MMiû^
rial pawe Mrvir pli» utilement la caïue eommune^ il est im-
portant que les gens de bien le regardent comme une tribune
ouverte à tous les défenseurs de l'autel et du trône. Il s*em*
pMMera de donner de la publicité à tous les documents utiles^
à toutes les réclamations qui lui seront adressées dans l-inté-
fétde la société.U arrive asseï sou vent .que les- journaux révolu-
tionnatres calonmient les actes de l'autorité ecclésiastique dans'
les différents diocèses ; toutes les fois que Ton nous transmiettra
les renseignements nécessaires pour rétablir la vérité^ nous
nous ferons un devoir de la mettre dans tout son jour. Nous
sollicitons également des renseignements certains sur Tétat de
l'éducation. Enfin^ il existe un grand nombre de personnes que
des circonstances particulières ont mises à portée de recueillir
quelques détails Ar les sociétés secrètes; nous les invitons ^
nous les transmettre. Ilssout.souvent peu utiles tant qu'ils sont
isolés; réunis, ils acqulèrecTt une plus grande importance. Quie
tous ceux qui veulent ce que nous voulons s'unissent à nous.
Kecueillons toutes les lumières, défendons ensemble toutes les
vérités; combattons sur tous les points les ténèbres et la cor-
ruption de ce siècle ; fortifions- nous les uns les autres contre
cet ascendant de la foiblesse , cet esprit de concessions , cette
pusillanimité de principes 5 qui est cent fois plus nuisible que
les efforts des méchants ; et, quel que soit le résultat de nos
travaux , il est du moins une récompense qui ne peut leur
manquer.
t I
( 5o5)
;
OE LA PUBLICATION DES MAUVAIS LIYRES .
DBPOIS LA BBSTAVRATIOir.
- ■
Lorsque nos descendants, examinant la cause du désordre
actuel de la société, chercheront à oonnoltre.à quelle époque
a été publié le plus 'grand nombre de livres irréligieux^ les uns
supposeront que c^est pendant les trente années qui ont pré-
cédé la révolution; les autres indiqueront le temps de la répu-
blique ; la ^conventions le directoire; d'autres, ' enfin, le règne
de l'usurpateur. Quel sera leur étonnement lorsque , après
avoir vérifié les faits , ils auront reconnu que Tépoque la
plus féconde en livres corrupteurs commence à la reHaura^
Hon ?
Depuis dix ans nous avons eu quinze éditions 46 Voltaire^
tandis qu'avant la révolution on n'en avpit publié que deux>
et que Bonaparte n'en avoit pas permis une seule. Les éditions
des autres livres classiques de l'impiété et de la licence se son t
multipliées à peu près dans la même proportion. Les provinces,
les villes, les campagnes en sont inondées; de respectables pas-
teurs nous transmettent à ce sujet des renseignements qui
fout frémir, a Le bon villageois, nous disent-ils, qui veiit pré-
» server son fils de la corruption , reçoit pour lui , des mains
nd'on colporteur perfide, des livres d* heures ^ des histoires de
» eonversians 9 qui ne respirent que la volupté; et la mère,
«qui a épelé, en balbtttiant, les deux premiers mots d'une bro-
» chure qu'elle n'a pu soupçonner, achète pour deux oboles et
•donne à sa fille innocente le catéchisme du libertinage. Le
• peuple apprend, dans le Voltaire îles chaumières^ ù se mo-
«quer de Dieu, par manière de passe-temps, et Tenfant de
ii quinze ans^ déjà vieux de erimes) décYfime, an mHieu de se<
( 9o0)
«eompagnons exaltés^ de longues tirades de Volney et de Du«
>poift; eafiOf il n'y a pas jusqu'à ralmanacbi doat rhabitaot|â6s
B campagnes ne croit pas pouvoir se passer^ qui ne cherche^ par
> d*adroites satires de la religion, et des contes pleins de licence,
»à ébranler la foi et corrompre les mœurs. Jusqu'ici , du
» moins dans nos provioces» les colporteurs qui vouloient tra^
ifiquer des âmes nç marchoient qu'en tremblant au milieu
• des peuples qu'ils venoient perdre; ils cachoient sous des
• livres de pieté les livres qu'ils auroient rougi d'étaler, et ne
•les oflfroîent qu'à ceux dont ils avoient vu l'indifférence pour
•lés premiers. Depuis quelque temps ils les promènent sans
•crainte, les présentent à tout le monde, et surtout aux jeunes
• gens; ils viennent les exposer à la porte des collèges et des
•petits séminaires; et, chose inouïe jusqu'à présent, on adresse
•aux ecclésiastiques eux-mêmes, sous la forme d'annonces bi-
•bliographîques , une liste d'ouvrages dont le^ titire seul est un
•outrage à la religion et à la pudeur.» Nons ne faisons que
transcrire les renseignements qu'on nous envoie. Qu'en pen-
sent les hommes qui nous gouvernent ? Est-^ce assez de germes
de corruption et de mort déposés dans le sein de la société ?
Non , non , on ne s'arrête pas là ; on publie maintenant , tout
exprès pour la jeunesse, des résumés historiques^ dont le- but
unique est dé lui inculquer de bonne heure le mépris de la
religion, la haine des rois et des prêtres. Est-ce tou^t, enfin ?
Non encore. Voilà qu'on annonce , sous le titre de BiMio-
%hèque du diap-neuvième siécie^ une collection universelle de
toutes les doctrines d'impiété et d'anarchie. Les éditeurs nous
disent sans détour que : « le zèle qui a répandu jusque dans
•les chaumières les ouvrages de Voltaire et de Housseau est
•insuffisant.» On va surpasser le dix-huitième siècle^ qui ce-
pendant avoit déjà eu d'assez beaux résultats , puisqu'il avoit
produit la merveille de la révolution.
Yoilà les progrès que nous avons faits depuis dix ans*
La restauration est une belle époque sans doute ; mais à voir
Ut mttrokfi dai «èoies , ^mignops quQ la p4at<iriti M IvU dwine
un autfé nom*
Je ne sacke rien qui eaiaelérise «iew l'époque fiotaçUe ,
qaecé oalme effrayant avec lequel la société iq résigne au lortr
qu'on lui prépape. Dans le dernier siècle) Qù ^ vie socifde ét^it
cependant dé)à si épuisée, la publication des prodactiOQS d«
rimpiété excitoit encore quelque rumeur; au}ourd*hul , tout
se tait , honnis quelques Tois solitaires, qui ont à peine qoelf^
que espoir d'être écoutées.
Mais, ce quMlfbutbien reniarquer, c'est que les éditeim
annoncent hautement quiis comptent sur la protection du
gouvernement ( i). Cependant, ou^l existe des lois pour réprimer
ces coupables entreprises, ou il n'en existe pas : dans l'un et
l'autre cas , l'impunité qu'on leur laisse est inexcusable. 8^1
en existe , pourquoi ne les met*on pas à exécution? On
cite les condamnations prononcées , de loin en loin , par les
tribunaux contre quelques livres infâmes : mais ce sontpréet*
sèment les ouvrages les moins dangereux, parceque l'irréligioiji
et le libertinage y sont dégoûtants, même pour des dmes dé}&
corrompues. Et d'ailleurs ce ne sont pas quelques mesureis
partielles, c'est une mesure générale qu'il faut prendre contre
un d.ésoi>dre général. Qu'importe la condamnation de quelques
livres dangereux, lorsqu'une multitude innombrable de livres
semblables circulent impunément de toute part? Enveloppé par
l'incendie, on fait un effort pour éteindre quelques brandons
enfla mmés , et puis Ton dit : Est-ce qu'il y a quelque chose de
plus à faire P Si au contraire il n'existe pas de lois contre les
crimes que nous signalons, qu'est-ce donc qu'on a fait dé-
puis dix ans, que fait-on encore ? On a trouvé du temps pour
donner à la France environ deux cents lois nouvelles, qui
règlent l'ordre matériel de la société; on n'en a pas trouvé pour
protéger contre Tinvasion des doctrines de mort le principe
même de son existence ?
(i) Voyes la Défense dçs Bét'uméi historiques, p« a5,
(5o8 )
M<ms oîMottis à cet égard une autorité ifSié le ^Qfernettettt
ne aaufoit récaser. Dans l'oraison funèbre de S. M. Louis XTI!!,
M. le ministre des affairis ecclésiastiqnes et de l'instrnotlon
publique- a ùAt entendre- à ce sujet le cri de sa' eonscienee.
«Le caractère sacré doilt je suis revètii, la présence du Dieu de
iiTéritéy Tamour de mes concitoyens, tout me presse de'si^a"»
vMy dedéplorer un mal d'autant plus redoutalle qu^on sten
«iâquiètè'moins , et qui yen fomentant tous les jours dans le
•corps social les passions les plus désordonnées , y entretient^
»y développé le principe le plus actif de difisalution et de mort;
«ùnmaiquisuffiroit seul pour déconcerter, pour ruiner toutes
«lesespérànoes^deia politique humaine : je veux parler de. la
» circulation dé cette multitude de livres funestes qui portent
»daqsle8 familles, avec le» mauvaises doctrines^ la corrup-
»tion qu'elles justifient. Dans ce siècle tout est perverti : f^
•dénature notre histoire (i) en ne recueillant que des traits d'i"
•gnorance ou de scandale , eu présentant les faits sous un
•&UX jour; et la jeunesse n'appr^d ainsi qti*à dédaigner nos
opères comme des honunes odieux et ridicules; on dénaUut^
•la religion en rappelant tous les maux dont elle a été quel-
• quefois le prétexte, et en jetant un voile sur les biens im-
• menses dont elle est la source. Rien n'est oublié de ce qui
•peut affaiblir^ ou même briser les liens qui doivent nous atta«
•cher aux maxime» monarchiques et chrétiennes des âges
•passés. Dans toutes ces productions, les notions du bien et du
•maLsont altérées: la piété est une foiblesse; l'obéissance, une
•servitude; le respect pour le sacerdoce, une superstition; le
•mépris de toute religion, une noble indépendance. Et quel
• est donc le fruit de tous ces enseignements qu'on a tant de
•soin de faire descendre jusqu'aux dernières classes du peu-
• ple? C'est d'aller dessécher dans les cœurs les germes de la
•vertu, d'étouffer la conscience, de rendre les hommes mé-
• chants par système; c'est de former au mih'eu de nous des
(i) Ceci a rapport aui UUumis hUlimiquesé
(5«9)
«fimoiUes sans aucun frein rdigieux, d*ob sort^Hitde femiet
• criminels qui connoissent les raffinements du vice presque
» dans l'âge de l'innocence; c'est de £siire voir sur l'échafaud
sdes nKtlfeiteurs qui donnent à la multitude l'effrayant exem->
»ple de mourir dans le crime sans crainte et sans re«
j»moids (i). •
Ces paroles de M. le ministre des affaires ecdésiasti-.
ques ont donné lieu à une foule de réflexions ; on a dû espérer
que celte énergique réclamation sera suivie de quelque effet,
et qu'il n'a signalé le mal que, pour préparer le remède. On
a présumé que chargé de représenter la religion dans le con-
seil des ministres » il y avoit aussi insisté sur l'argenté néces-
sité de réprimer le tnai redoutabie qu'il avoit dépioré en
ftéâcnee du Dieu de vérUé. On s'est demandé si tous ses col-
lègucfif partageoient à cet égard ses alarmes et son zèle» On
a con|ecturé qu'il ne conseutiroît à leur rester uni, qu'autant
qu'ils consentiroient eux-mêmes à garantir la religion et la
société d'un fléau qui suffirait seul pour déconcerter^
pour ruiner toutes les coméinaisonsde ia poUtique Au-
maine. On ne sauroit supposer que ces espérances puissent
être trompées, ou bien alors le gouvernement aurott à répondre
au tribunal de la postérité^ et .mrtoutà celui de l'éternelle
jastice , d'avoir laissé se développer dans le corps social le
principe te plus actif de dissolution et de nwrt; ce n'est
pas nous qui avons prononcé cet anathème.
(i) Oraison funèbre de Sa Mfajestè Louis XHII , par monseigneur Kévôqne
d'Hermopolis , page 37.
(510)
AU RÉDACTSUa DU MÉMORIAL CATHOIiIQUS.
Supplément a l'Éloge de M. Aignan , prononce d^ns la sàiuçe ..
pubHqne de l'institut du 25 novembre 1824»
Si vous avez entendu et si vous 'n'avez pas oublié enoore les
discours prononcés dans la dernière séance de racadéiiiie^ vous
serez étonné de l'objet de cette lettre^ et vous vous demanderez
peut-Otre ce quMlpeut manquer à la gloire de M. Âignaii 9 après
que le jeune poêle qui a recueilli la dépouille de cet acadé-
micien a orné son [éloge de toutes les fleurs d'une imagia»-
tfon romantique, et après que le directeur de l'académie, nan
content d'embelHr encore la couronne poétique du confrère
dont il déploroit la perte, a etnbdiU sa vie d'un trait qti^îi iie
pouvoîtpas rendre vraisemblable, mais qu'il a su rendre sî tôu»-
chant? En nous montrant dans l'auteur de Btunthwêùt un
émule de Corneille et de Racine, et dans le traducteur
de Vliiade un rival digne d'Homère , qui plus heureux que
ies héros chantés par ce poète est sorti vainqueur desa lutte
contre un dieu; enfin, en transformant un ex-rédacteur de la
Minerve en un généreux royaliste, à qui il n'ayoit pas tenu de
mourir, à vingt ans , n^artyr de son dévouement à la mémoire
d'un prince infortuné, ne semble-t-il pas que lç3 deux panég^y-
ristes de M. Aigoan ont fait tout ce qu'on pouvoit raisonnable-
mcntleur demander, et, après de pareils tours de force, ncfaut-il
pas au moins les tenir quittes, eux et l'académie, envers cet aca-
démicien ? Voilà ce quevousmedirezpeut-être, M. le rédacteur;
et, je dois l'avouer, c'est là aussi ce que je pîensois moi-même
après avoir entendu M. Soumet et M. Auger. J'étois sî enchanté
de ces deux orateurs^ que je n'imaginois pas que personne pût
( 5h )
en être méoonleiit ; ila avolent dit de si belleBlehoiei i que {6
ne me parois pas qalts eussent laissé rien à Âlre; et^ enfin,
leurs discours m*avoient paru si parfaits, que je ne pouvois pas
plaindre M. Aignan d'avoir été obligé de mourir pour être loué
d'une manière aussi éloquente.
liais quel a été mon étonnement lorsque ^ le tende-"
main de cette séance , en lisant le compte qa*en a rendu te
Constituttonnei, )'ai été forcé de revenir entièrement de Topi-
nion que je m'étois formée, et qviMl n'y a pas eu moyen de
ne pas reoonnottre tout ce qu^il manquoit à des discours qui
m*âvoient paru si achevés; de ne pas voir clairement qu^i
]tf< Auger et AI. Soumet $ tout en t^aroissant s'étendre avee
tant de complaisance sur les titres dé M. Aignan , avoient dans
le fait dérobé à notre admiration les plus beaux de ces titres;
quêtant de phrases brillantes, qui nous avoient charmés, n*é-
toient qu'un voile brillant qu'ils avoient jeté sur ia pi^s beiié
portion (U son héritage iUtéraire; que tant de tours ingénieux
qui avoient fixé si agréablement toute notre attention , n'é-
toient qu'an mauvais tour qu'ils avoient joué à sa mémoire et
à la nôtre; et enfin, que des éloges, dictés en apparence par
une si bonne intention de faire valoir tout le mérite de cet aca-
démicien 9 n'étoient dans ia réalité qu'une véritable trahison*'
Mais pern»ettez-moi de mettre sous vos yeux un extrait de cet
article du Constitutionnei , et |je ne doute pas qu'il ne p»o^
duise sur vous le même effet qu'il a p roduit sur moi*
...L'éloffe ^ue l'on attendoitde M. Soumet étoit celui de M. Aîgnaii, Utiéf
raUiur plein de savoir et de talent, ami sûr, citoyen courageuûo et' probe*
he récipiendaire a pâiié avec cooTenance , quoique rapidement , des titres
littéraices les plus remarquables de M* Aignaa : de la traduction fie VIHad$
et de U' tragédie, de Brunehaut, Ces deux compositions assurent la rè-..
putation poétique de leur auteur ; mais pourquoi M* Soumet , négligeant
une portion de l'héritage littéraire de M. Aignan , ne s'est-il pas souvenu
que celui qui écrivoit si élégamment en vers, mérita comme prosateur
et comme pMieiste t'estime de tous tes Juges éclairés f VluBieurs écrits poli-
ti^piaf , uns phHlpi^ique éloqneate sut le jury, d'esoellents morceaux inféréa
49li» am rêtmêli ^éièèfê» enfin tm Smai hlftOfkpiè ur les |MN>«iMtÉnli e*
France» pinceront M. Aignan parmi les hommes qoiy depob la fesUoiation,
ont défendu arec le plus de téie et de talpnt la eauât samU d» la liberté aida
la philoiophiê.
G'étoit encore Mi Âoger qui répondoit ao poète romantique admis dans
le sein de l'académie française. Noas* dirons-, arec notre franchise habi-
taelle, qoe cette fois le ditectenr de l'académie s'est surpassé. C'étoît
toujours en style froid et d'une élégance un peu sèche , mais l'écrivain ftToit .
mieux connu le secret des convenances. Il a ajouté » avec autant de Justice
que d'â-propos , aux éloges donnés à TA. Aignan par M. Soumet, La tragédie
de Brunehaut ^ et surtout la traduction de V Iliade, ont été remises à la
place qu'elles occuperont dans la littérature française Pas un mai, il est
vrai, des éerifs poliiiquet du littérateur. Il parolt que les opinions constitution-
nelles sont à l'index chez les quarante. M. Auger a cependant déclaré que,
depuis l'avènement, de Charles X , il n'y avoît plus de partis et de divbiona^
Set réiieencet mot la vie politique de M» Aignan prouvent que M. le directeur
n'a pas foi dans ses propres paroles.
M. Auger a su attendrir i'audîtmre en lui apprenant que, jeune encore,
M. Aignan composa, quelques jours après la mort de Louis XYI, une
tra^die sur ce triste sujet, et osa l'imprimer en présence de l'èckafaud, L'eflist
que devoit produire cette iouehante anecdote eût été complet, si l'orateiir'
eût ajouté que l'homme qui restoit si périlleusement fidèle à un piince'-
infortuné fut toute sa vie un ami éclairé de la liberté, Oa en eût tiré cette
conclusion naturelle, que l'on peut* être dans les rangs de l'opposition
sans mériter le nom, de factieux, et que l'on peut aimer la liberté sans^
passer pour un ennemi des rois; par cette réflexion juste et simple , M. Anger
eftt, beaucoup mieux que par d'offensantes réiieenees, prouvé qu'il n'existe
• plus parmi nous ni partis ni divisions.
Il est bien évident, après cet article da CotistittUioiuiel ,
qa*il est impossible de mettre plus de perfidie dans un éloge
que M. Soumet et M. Auger n'en ont mis dans celui de M. Ai*
gnan. Comment pourroîent-ils se justifier? Allégueront- fls
qu'il y a après tout compensation entre ce qu'ils ont dit sur cet
académicien et ce qu'ils ont passé sous silence, et que s'ils ont
oublié tout-à-fait le prosateur et le publiciste, ils ont en te-
vanche exagéré de beaucoup le mérite du poète ? Cette con-
sidération atténue leurs torts envers la mémoire de M. Aignaâ ,
mw 09 peut les absoudre çnyehi 4a cause sainte de ia Hé^té
C5i5
U(kia jfhHosûphiCf que, M. Aigoan défendit avec UuU de isètô
comme proiateur, et qui est bien plus chè«e encore au Coti^'
Hiiutionnei qae la mémoire de cet acadéitiicien. Il est clair
que ie CanstitlUionnet ne leur pardonnera jamais.
Qu'ils ne se figurent pas non plus être quittes envers nous^
auditeurs simples et dç bonne foi, qui avons été tellement
trompés par la sincérité apparente dé leurs éloges, que nous
n*en aurions pas peut-être soupçonné encore la perfidie, si le
Omstitutionnetf qui s'y entend beaucoup mieux que nous, ne
nous Tavoitpas fait apercevoir. Non, pour ma part, }e ne
puis souffrir que la chose se passe ainsi. Or, après avoir beau-
coup cherché comment je pourrois me venger de ces panégy-
ristes,; qui se sont joués d'une 'manière si fâcheuse de mon
admiration, voici un moyen qui s'est présenté à mon es-
prit. Je me suis dit : ■ Pour louer un académicien , il n'est pat
absolument nécessaire d'eu avoir reçu la mission de l'acadé-
mie. Eh \ bien , qu'est-ce qui empêche que je publie un sup^
pigment à Véiog^ de M. Aignan, dans lequel je ^rois préci*-
sément tout ce que n'ont pas dit ses panégyristes. Puisque
M. Soumet et 31. Auger ont paru tenir si vivement à faire ou-
blier les titres que M. Aignan s'est acquis comme prosateuf
et comme publidste à V estime de tous les juges éclairés , le
plus n^auyais tour à leur jouer, c'est de faire connoltre oes t^
très. Il est vrai , je ne puis pas espérer de faire valoir la prose
politique de M. Aigi^an avec autant d'art qu'ils en ont mis à
louer ses vers. Mais ne seroit-il pus possible de trouver dans le^
œuvres de cet académicien des morceaux dont les beautés fusr
sent d'un genre assez tranchant pour être senties de tout le
monde, sans le secours de l'analyse? » J'ai cherché, et vous al«
lez juger, M. le rédacteur, si j'ai été heureux dans mes recher^
ches. •. .
Et d'abord j'ai parcouru tous les écrits politiques de M. Ai-
gnan , cités parie Constitutionnel , la philippique étoquenie
sur le jury , les exceUents articles insérés dans un recueil
lalMé que de recueillir un assez grand nembre de pages'd'une
TAhémeDoe entraînante contre la stêperHUiofi et contre le /a-
natisme, contre les préPres et contre les rais; mais en reli-
sant dans leur ordre ckronologiqae les œuvres politiques de
M. Aignan^ f ai rencontré des monuments tout autrement pré-
cieux du taUnt et du zUt avec lequel cet académicien dé-
fendit de bonne heure la eame sainte de la Uàerté et de ta
phMùêophie. On sera peut-être étonné que le Constitutionnel
lui-même ait ignoré Toîdstence de cette portion^ ta plus ^ette
sans contredit, de (^héritage de M. Aignan ; mais la chose
s'explique par cette rare modestie que cet académicien porta
si loin ^ comme nous l'avons appris de M. Auger> qu^il^faisoit
souvent un secret à ses amis mêmes de ses titres littéraires les
plus honorables ^ et que, par exemple, il ne parut se soù-
venir d'avoir fait imprimer une tragédie sur la mort de
Louis X.VI^ en présence de 4'échafhud de ce prince^ que vingt-
cinq ans après ce ftitai événement On peut supposer que
M. Aignan avoit été plus modeste encore à l'égard des écrits
que nous avons retrouvés, et que sMl parloit rarement de sa
tragédie de Louis XVI , ilneparloit jamais des pièces suivan-
tes, que nous allons faire connottre par des extraits. Ëllesont^
par leur nature, un avantage sur la tragédie de Louis XVI ;
c'est qu'il est impossible d'en éontester l'authenticité. ^
En i^gS M. Aignan, très jeune encore ( il n*av6ît que vingt
ans), avoit été jugé digne de servir la cause sainte de ia U^
terté et de ta philosophie , comme agent du gouvernement
révolutionnaire dans le district d'Orléans , et conîme corres*
pondant du comité de salut public. Sans doute que le prési-
dent de te comité , qui s'y eutendoit, avoit découvert dans
M. Aignan des taients et un zèle précoces. Il fit preuve de Fun
cl de l'autre dans la circulaire suivante :
(M)
VI.
I
0O«VllirillnT litOMJTtOllHAIMB. COKlTi toi IUâVBJLUll«B.
ioAUxi) fAAxukiriTB, UBiBzi^ ov LA MOM\
. , . •■ . ♦
L*m^f$ni nêimwl du district d'Orléans ^ au» onu têstûmê de U eommuno
d*Orléans*
*
^itaa», 1« kS pluvÎMc, Vin «9 d« b ri|>uUi]Ée inuqêm % um e» isiUvisibiff. -
«Citoyens 9
< »LQk«qiml8 décret sur le goQTemeineiit revota tiotmaûe a.pAnt, tous les
yeux étant ébltNiis par Téclat d'un jour snbiJ; et liunineuic , se sont fer-<
mes pour un moment ; et pour un moment le voile de la nuit a couvert
l'horizon politique de la France... Je ne vois pas ici deux autorités consli-
tuées absolument distinctes , et qui ^ placées chacune dans un des côtés de
h balance , y maintiennent le contre-poids ; je ne vois point le penple lui-
même, rétini en masse dans les petites coraUMines, divîié par secfcîOBs dan«
lu communes popolenses » exercer directement le droit superbe €t dsHcai
d0 pulvériser le modérantisnie el l'aristocratie,
tll est temps 9 citoyens > de donner à la machine administrative tous
les rouages qui peuvent assurer et précipiter son impulsion révolutionnaire. t.
• Votre comité sera donc composé de douze membres dont vous exclurez
scrupuleusement let d^evant nobles et prêtres,
• SnrreiUer vans cesse les mauvAis citoyens oq mémt leâ iodiMéreiitSy
découvrir les accapareurs , arrêter et pmir les tioiftteurs de la loi dn ma»**
nufwt , ^ rechercher les gens suspects, et lancer contre eux des mandat*
d*arrôt.; demander compte à tous de ce qu'ils auraient pu faire , et de
ce qu'ils n'ont pas fait pour la révolution , on de ce qu'ils ont fait contre
elle ; les traiter comme ils ont traité la chose publique , voilà , citoyens y
la t(tchc que doit remplir votre comité de surveillance ; elle lie peut être
dignement acquittée que par de kon$ et loyaux sans-euiotîts. C'est dans la ^
classe indigente dn peuple qu'il faut allei* cliercher exéhitiv^P^ent ce»
intrépides sentiments. Les mains qui ont construit la forteresse' sont
, les plus sûres que l'on puisse employer à sa défense. Que quelques uns
sachent seulement lire et écrire, voilà tout ce qu'il faut ; un sens judicieux , >
éclairé par le fanal du patriotisme et de la probité ^ dirigera su£Bsamment
les autres* Je ne vous dis point : « Rebut$z , par 1$$ mauvait traitements »
(516).,
ifgnehêê MiUêi f «« servent U révolutUm de lônre porUfuùUee et de Imre irm
vamx ; • je tous dif tenlcment : tUeueUkz ^ en Ut emrveUImml, les frmà» de
Uar conduite désintéressée, nuùs ne leur faites pus jouer le premier rUe»
« Gitoyeui 9 H qiielq[ae profaaè osoit rïatrodaîre dans le taBctnaire où
soDt dépoièet le» Ubies de la loi , malheor à loi ! m téweérité lui eûûÊeroit
dter. Il loi senrîroit peo d'j OToir été porté par ses oouc i loyeni ; l'adminif-
tration do district est disposée à loi faire oo crime de la &Teor même qo'il
aoroit osorpée. Je Tisiterai souvent les comités de surveillance dea sections;
je m'assorerû, par mes propres yeoz , de leur énergie réoelmtiemamire ; et de
violentes seoonsses , dans lestpielles les individus mal aflbrmis seront eut-
butés, les remettront au pas , s^ pouvoient \^ perdre un seul moment..... •
L'agent national du district d'Orléans, s^Hê Aicaïa.
U est bien vrai de dire {que le taienl imprime partout ê&n
cachet; et o'aTez-voiis'pas admiré» M. le rédacteur, toutes oes
expressions d'une énergie et d'une hardiesse étonnantes^ toutes
ces images neuves et fortes» tant.de traits d'une éloquence
plus qu'académique, que M. Aignan saveit répandre jusque
dans ses simples circulaires destinées à apprendre h de éoru
et U^aux san^-euioUes » dont queiquM tms 9euéùm€nt sa-
vaietU iire et écrire, ce qn'ils dévoient faire pouf exercer di-
gnement te droit superée et délicat ele pulvériser ie snotté-
ranti$me et Paristoc ratie.
Mais bientôt une occasion s'offrit à Al. Aignan , de déployer
dans un discours solennel tout l'éclat d'un talent poétique
qui devoit être un jour l'un des plus beaux ornements, de Ta-
cadémie. Robespierre avoit proscrit la décsêe raisotkjqvâ
lalssoit faire trop de folies au peuple français , et VÉtre su-
prême avoit été décrété par la convention à la lùajorité des
voix; dans la lèle que lui décerna le district d'Orléans» H* Ai-
gnan prononça un discours digne d'être mis à côté du:l^mieux
rapport de Robespierre » et dont nous allons citer une partie.
( ^iï)
w t
»• II.
ExTiiiT du diseoari tur ttxattaca dt l'Être tuprém», •( nmmerUdiU dé
i'dm^f prononcé dant U têmpie de l* Éternel y à la fét^ célébrée à Orliane,
le 21 prairial, par le citoyen AïoiiAïf, agent national pré* U dietriet
• d'Orléans. " .
« GlTOTBirB ,
» De tontes les fêtes qaif jasqa'à ce jour, Ont frappé ma rae , ont pro-
voqué mon lîommage, U n'en est aucun'le qui n'ait laissé dans mon âme, att
milien même des transports les plus vifs, un sentiment pénible , une im-
pressio'n triste et douloureuse.
» J'ai vu les fêtes du culte de mon enfiince ; et si je reprends pour un
moment le verre avec lequel je les envisageois , mon œil sera d^abord charmé
de la richesse, et surtout de la bigarrure des habits sacerddtauî; dé iii
pompe de œs dais fastueux, qu'on vouloit bien donner à la divinité lors-
qu'elle étoit portée par un prélat ; enfin, de cette affinence Variée d'hommes
chamarrés de toute sorte , et qui, malgré leur puérile vanité, graduée sur la
prétendue différence de leurs rangs , étaloient tous , en dernière analyse , la
livrée honteuse de la servitude
» J'ai vu les fédérations dans lesqiidles s'est attaché le premier chaînon
do cette fraternité touchante qui réunit aujourd'hui tous les bons citoyens :
à cet aspect mon cœur «e dilatoit , le temps sembloit se reculer pour me
laisser apercevoir les belles destinées de la France Mais le buste du tyran
étoii là{i) qui m'offusquait ; il me sembloit voir le buste de la perfidie» Je
détournais les yeux en frémissant Que découvrois - je ? Un essaim de
nobles.....; et c'étoit encore la perfidie. 11 ne me restoit ^ns qu'à fuir.
Une hiurde de prêtres m'àrrêtoit dans 'ma course, et c'étoit toujours la
perfidie. <■ ^ " '
». J'ai va enfin , en dernier lieu > les #fites augustes de nos martyrs- de la
liberté (a). Gomme vous, citoyens, j'ai jeté des fleurs sur les cyprès de
leur urne funéraire : saisi d*un respect religieux, abtmé d'un saint recueillement^
je me promenois en idée dans le Panthéon, qui renferme ici-bas leurs
cendres adorées^ dans l'Elyséç^ séjour heùreiue de leurs âmes immortelles. Mais
à l'instant même où j'étois livré le plus intimement à cette rêverie il la fois
amère et délicieuse , j'en étois tiré tout-à-coup par les accents imposteurs
(i) Ce Unu , c'étoit Loui» XVI.
(a) OMftliertBIaratt ele.
a.
an
d'un de cei ^ibhypœritefl^ qui» trop JoogtempB l'idole do peuple , sont
aojoard'hai l'objet de son jaste mépris , et qui le patriotisme à la bouche , et
la conspiration dans le ccenr, louoUnt froidement Marat et BeauvaU, comme
Ut eyeeetU fait fotmitoR fimAre é^un prinee,
• Ces te^pé matheareas ne sont plas ; et l'anoien régime , et le tyran , et
lea nobles 9 et les prêtres et les intrigant», tout a dispara : tout, oui, tout
d disparu sans retour ; lÎFrons-nons donc, 6 mes amis 1 aux doux transports de
nos cœqjTs; abandonnons-nous sans réserre à tout ce que peut inspirer de
tOBchant et de sublime^ à des républicains, la fête auguste de TÉternel.
L'horizon politique de la France est dégagé du crêpe nébuleux qui le cou-
rroit; l'éclair a brillé^ la foudre s'eet fait entendre ; elle a frappé les Hébert^
les Danton et leurs vils complices : la vertu et la probité^ portées sur des
nnées d'azur, descendent du ciel pour venir habiter parmi nous* L'Espagne
.en a frémi; les puissances, du Nord ont tremblé; la coalition des rois a
entendu , en pâlissant , le bourdonnement de la cloche prête à sonner leur
dernière heure ^ et, pour en précipiter l'instant, la Convention nationale vient
de proclamer, à la face de l'univers , l'existence de CÊlre suprême et Vimmor»
tfUitédel'dm^*,,^
» Être suprême» puisse la funiée de notre encens monter jusqu'à toi 1
Fuisses-tu contempler d'un œil satisfait un peuple entier, qui, le même jour,
à la même heure , vient sacrifier sur te^utels » et reporte vers toi ^s
limiers accents de sa régénération 1 »
Nous terminerons toutes ces citations par (juelques frag-
ments d*uu discours ^ui ne paroitra pas moins rjsmarquable.
»• m.
BxxtÀiT du i^sûùure prononcé dam U temple de l'Étemà, é la fttê du gmbb
auHàiif , célébrée à Orléans , ^ 5o prairial, an a de la république franfaisêf
loiM et indiifieible, par la eitayen AiopiAs» agent national du dUtriat d'OrUmns.
« Citoyens ,
t Elle est bien sublime et bien philosophique l'idée, conçae par nos lé-
gislateors, de consacrer au genre humain Tupe des fêtes nationales qui
.▼ont parcourir décadairement le cercle de l'année politique. Leur main,
^ajeetitêmMemenJt hardie, vient de jeter, d'un pèle é tauire, un ruban tHeohrc,
dont l*un des bouts est ramassé par le Lapon, au milieu des glaces de la Norwège^
l'autre par le Bottentot, sur le sol brûlant de V Afrique y tt qui, passant suc-
cessivement sur les différents points du globe » deviendra bieat6^,le mc'
(519)
Mutn^àë t6tts 1«« peuples de IHiAirers. Ce n'est pas sens le Joug i^bnh
iSwmt dé la tymtitAt n'iin jentimeiwtàiiiil vaste « ausi toaekant lunîaettk
liés à respect Ji|tt«aiiie..«>.
, » Le sneçès de nos armes, les progrès de la raison» nons font inâne
entrevoir l'aurore de la liberté universelle; et la 'secousse simultanée de.
claquante miOioas de maias , brisant toni-à-coup leurs fers , a ébranlé tous
les trônes , a glaôé d*effroi tous les tyrans. Mais le moment n'est pas
Mieore arrivé de réaliser 'en imagination cette deuee et vertnense espéraneei
doAt nos coBors , chèque jour» se font de ploa en plat an besoin t dens mois
encore^ et nons célébrerons la f^ de la libecté 4» monde : c'est le gansi
hnmain seul, et considéré par rapport à lai^méme, qui doit fixer aPk*
joiird'bni nos hommages
• Quand la raison universelle aura plané sur le globe entier du monde ^
quand tous les peuples , poussés à bout, tentînmt ta nécetsHi de te purger
dû iû Vermine infecte des -tait, alors nons n'isolerons phie notre glotïre»et
nous la reporterons sur toutes les aatkmi de la teive<«i* « t
Je m^arrête, M. le rédacteur, et je n'ajouterai aucun
commentaire à tout ce que je viens de citer ; l'analyse ne
pourroit qu'affoiblîr l'impression qu'une pareille élocp^ence
produit par elle-même. Cependant, avant de finir > je ne puis
m'empêcher de rappeler ici une réflexion du Constitutionnel^
dont la justesse devient plus frappante après tout ce que Ton
vient délire. Ce journal remarquoit que «l'eflet que de voit pro-
duire la touchante anecdote delà, tragédie de Louis XYI aureît
été complet , si M. Auger avoit ajouté que l'homme qui
restoit si périlleusement fidèle à un prince infortuné avoit été
toute sa vie un ami éclairé de la liberté. » £!n effet, les mor*-
ceaux que nous venons d^ rapporter, rapprochés de la tragédie
de Louis XYI , ne montrent-ils pas dans M* Aignan une fleiibi-
lité de caractère, de sentiment, de talent, la plus étonnante qui
ait jamais existé ? et n'est-ce pas là peut-être un prodige uni-
que dans son genre? La chose est si merveilleuse, qu'il y ^ 4^
hommes que j'ai rencontrés à qui elle a paru incc^y^le.
a Non , me disoît l'un d'eux , cette touchante anecdote aveo
laquelle le directeur de l'académie a trouvé le secret à*aU^f^
drir son auditoire a produit sur moi un tout autre effet i JQ
( 3*0 )
n'ai pu m^empèdner d'eo ;rîre cpipine d'un coi|te ridicule^
Certes, il £rat avoir abjnré toutiMn sena poar se persuader quîil
yaltea aatre chose de commun que le nom entre un poète
courageux qui, au péril de sa vie, osoit déplorer en gS la mort
du roi et flétrir ses assassins, et un agent furibond du comité
de salut public qui, à peu près i la môme époque, prononçoit
ces discours, dignes d'un éneigumène, dans lesquels il nous
éprend que sa joieatoit été.trqoblée, le jour delà fidéra4ion^
parceque ie bu$U du tyran était là qui offtuquoU ses yefuxy et
dans lequel U lui sem/bioU vaii^ U huste méme.de la perfi^
die; ces discours où il appelle la mort sur les hypocrites qui
avoient^ie tort de* ùmer froidement te régicide, JU^arat-,
0amme its eussent fait f oraison fimèbre d^umpri^fiioey ^ oè,
dans l'égarement d'une imagination troublée parle délire révo-*
lutionnaire, il entend le bruit de la foudre qui doit frapper
te trône de tous les souverains^ et le bourdonnement de ia
ctoéhe funlbre prête à sonner leur dernière heure; où enfin,
emiprùntant à tout ce qu'il y a de plus àb]ect des imagés dit-
gnes d'un orateur sans-culotte^ il hdte par ses vœut le mo-
tnent où tous les peuples , poussés à bout, serUiront la néoês^
titéde se purger de la vermineinfectedes ro^5.1){|afs, nie direz-
voUs , si la tragédie de Louis XVI ,• que M. Âignàn l'académi-
cien s'attribuoit n'est pas de lui, quel en est donc l'auteur ? Je
l'ignore, car AI. Aignan, agent du comité de salut public
en g3 , avoit deux parents de même nom que lui, morts vic-
times de lieur'atlachenient à leur roi., C'est l'un des deux qui
aura fait cette tragédie de Louis XYI; elle lui apparteiMiit ,
puisqu'il la paya peut-être de sa vie. Quoi qu'il en ,soit^
M. Aiguan l'académicien a cru sans doute que c'étoU là
tin héritage de famille dont il lui étoit permis do s'em-
parer. »
Tous comprenez bien, H. le rédacteur, que, malgré fout
^q^ie les raisonnements que je vieus de rapporter ont de
spécieux, Je n'ai pas cessé de croire que M. Aignan , flcadémi'
(3«».)
den, tééaùteuT de ta Minerve ^ agent du gouvernement ré-
vcitiitionnairûieorr&spimdànt du comité de sdiut pubUe , tié
•oit le véritable auteur de là tragédie de Laais XYI ; it
ie diMfît^ et M; Auger parôtt le croire :^fetil •* il d'autres
{»eaT«8?
; VôSà une letti« bien Jongue, -M. le rédacteur » mais en
y réfléchissant « voUs jugerex qu^elle peut être do quelque
uimcé. Il importe^ comme Ta très bien remarqué ie ConstitU"
tionneij que Ton ne trompe paà Topiiiion du public sur ce
qu'ont été certains hommes, en ne lui montrant qu'une partie
de leurs écrits et que la moitié de leur vie^ il importe que les
rois et les peuples connoissent leurs amis, et que tout. le
«noudé sache à quoi s*en tenir sur des écrfrains que yopposi^
$ian n^ compte pas dan9 ses rangs sans qQ'ilf aient eu de
bonnes raisons pour s'y placer.
J*^i rhonneur d'être, etc. S.
I
SSfrAI SUB L'ORlGIHli BB IJL SOGliTÉ CIVUB BT SVft LA SOCf BBAINWi,
par A.-F. -M.. Cassin, Ucencié en droit, professeur de philo-
sophie. Paris, chez A4rien Lederc. 2.94 p^ in-B^
l Cet opuscule , premier essai d'un feune homme qui entre
dans la carrière littéraire, mérite que nous en rendionis un
compte favorable. M. Gassin^ persuadé qu'il idaporte de^ré^
lài^ir la légitimité dans tes idées aussi bien que dans les '
choses, n'avoit pas besoin de &'excuser de traiter un sujet
dont d'autres oiit parlé avant lui , ni d-avoir rassemblé tous
leurs témoignages. Il s'en faut de beaucoup que nous ayons
trop de bons livres sur cette matière: ie langage mtaie
'de la science fiocia Je est encore à faire ou à rétabKr; car,
avec des locutions uniquement empruntées des répnl)li-
{ 5«a )
qneif afec (M mots petpétneUsai^t tiptUê 60 «M'.etite
rJHiymi, de fociélé civi4€ ou foUiiquùf 4*ub p^HÊfik fiOAsH
défé 001mm un seul coxp» 4'aaBooiés t et i oomma la iMiurGoei
)a fin 4u pQmoityi^d4mi'«inê0 fn»éiic$^ à^Arésor. fuMia^
ëefanctipns puéiiques, etc., il est impossible d'exptim^ \m
tétiuàûi^» rapports monarphiques 9 bien plw naturels fi^ plus
Khres.au fond qv^e ces relations républicaines, qui anéantinsent
rjudividu au moment où elles jemblent en relever la djgpiti»
Xe. &UX langage refu* dans les éeolea est peut-^tre la eaiM
première et imperceptible de tontes les erreurs politiques, et
«Offene de oonséquenoe en. conséquence droit à la révolution»
•Appliqué d'abord à TJ^gUse par le» luriscontultes laîqusQSirita
.produit au quinxième siède la doctrine de la suprématie des
«Hpncileii» ou, pour mieux dire, des évéques seuls, sur le
pape , puis aU seizième la démocratie ou Tanarehie religieuse»
Appliqué ensuite à des monarchies temporelles, il .a pareille-
ment eiaifanté le principe de la supériorité des grands sur les
rois, plus tard le dogme de la souveraineté du peuple; et
'eomme 11 fiilioit cependant laisser quelque chose aux rois
jusqu'à ce que, par une dernière conséquence, on fût arrivé au
point de. s*en défaire, ou inventa le système de la division des
pouvoirs , qui dégrade les véritables souverains à la condition
d'agents. exécutifs ou de sinaples commi» de la multitude. Au-
jourd'hui encore ce faux langage égare malgré eux un grand
nombre de bons esprits, et, par une- humilité mal placée, de
fameux théologiens même, d'ailleurs purs dans leurs principes
et droits dans leurs intentions, n*ont que trop plié sous Tauto-^
rite des jurisconsultes qui vouloîeiit généraliser le droit public
de la république romaine,, comme ils avoient généralisé son
droit civil* Tout est donc encore à refaire dans eette science*
-Quant aux citations , bien qu'on en ait sauvent abusé par une
vaine ostentation de savoir, elles sont cependant^nécessaires,
soit pour attester les £»its, soit pour relever les peneéee par
la beauté des expressions f et surtout parceque Facoerd
«y
'dflB 'êagès^ 4e Iws ter tempi et d0 tmn les pep eiMiw
grande nerque 4e la vérité^ et dans- le fait la< pluf eeitatee
detônteB. L'î(piorance sente a-proierit l'usage de» eîlatfoiM»
paroequ'ellevevloil qit*on la crût sur fkarole» Dans iejQoure
de son écrit, M. Cassin se propose de mentrer l'origine et le
Ibmdenieiit du ponvoir'pDlIliqne, d'en espeser le earaotère
essentiel, là mesure et le développement , questions .qui dsr
manderoient sans doute un ouvrage plus étendu et plus mé-
thodique. Après quelques réflexions générales^ Tauleur élahUt
•que Dieu) qu'il considère sous le rapport métaphysique» 9^7^"
que et moral, esl le souverain absolu de tontes lesinteUigenoee,
ëtqueThomme^ en sa qualité d?ètre intelligent, est mem(MPe de
la cité universelle, sounds aux lois de son auteur, dont il ne
peut s'isoler, et au nom duquel seul le genre humain peut, être
gouverné. Puis, dans le -premier chapitre, M. Cassin montre
que l'boçmie est naturellen&ent destiné à vivre en société,
qu^une néceiTsité physique l'y force, et que la nécessité morale
hii en impose le devoir; que par conséquent la société est son
état de nature : grande vérité sans doute, mais à laquelle il
faut demeurer Adèle, et qui suffit pour expliquer toutes les
sociétés quelconques, sans excepter celles que l'on nomme
civiles. Le second chapitre , où l'auteur prouve que tout pou-
voir dérive de la souveraineté divine, Mpose l'origiae, les
caractères et les rapports du pouvoir paternel , du pouvoir
sacerdotal, et du pouvoir royal, qui selon lui étaient réunis
dans le principe avec le premier , mais qui en ont été sé-
parés dans la suite, et ne sont ni rivaux Hî ennemis, mais
doivent concourir à un but commun, et se prêter un mu-
tuel appui. Le pouvoir royal ou politique, dit^il, n'est lui-
même qu'une grande paternité , et ses caractères propres
et essentiels sont d'être souverain et iadépendant , par cen-
séquent affranchi de toute responsabilité, de toute compta-
bilité du cété des hommes, et au-dessus de toutes les lois hu-
maines. L'auteur ajoute deux autres caractères, celui de l'tn-
(M)
fimiUiiiUf'e^ de VituUiinaéitiUi qvti ne noils éemUetit pas
9sMi iùcùntefiHAhloê ; eary qaokfuUl n'etttende ê9m la preraôène
que la siq^rématie natareUa de juridiction., une infaillibilîté
légale et non pas une ioDadltibilité alisolue et morale^ eette
expression nousparott ioujours inexacte, niai choisie^ et même
vdangecease tant penr les. |ieupies que. pour les rois eux-
mêmes*
• Bu fi'appuyant par ironjle sur cette mode impertinente , en
Tertu de laquelle le plus mince écrivain s^ii^èreauîocird-buiÀ
K^^ter les souverains, à gouràiander les potentats de la terre,
et affaire la. leçen aux têtes couronnées , Ml, Cassin leur adresse
à son tour deScavis fort sages, tous renfermés dans cet av4Br*
tjssemént de.fiacnn. « SouveneiE-vousrque vous êtes bomeie ;
•.souvenez^voufi que. vous êtes Dieu, ou lieutenant 4e Dlea* «
.Hons ne. citei^ons que les passages les phis remarquables de oes
avis, ne fûtrce que >p0ur donner une idée des sentiments
el.du style de rauteur.^ « Représentants di| Très-Haul, dit-
»il, vous êtes spécialement chargés de fuira.reqpyecter son
»nqm; vous, devez déployer tout Tappareil de la puissance,
» pour que. Timpiété se taise devant lui. Le soin d*hoaorer et
» de. protéger sa. religion sainte est une de vos plus sublimes
» prérogatives, comme^Tun de vos devoirs les plus impérieux;
«prouvez dpac que s'attaquer à cette. ^Ue du ciel, p'est s'en
«prendre, à vpus7inêmes; ne perçl^ jamais de vue la solidarité
«respective 4u,trôae et de Tautel. (Page u6;) ; — 'Souvenez-
• vous su|*tov>t que. vpusiêtes leslicutenants.de Dieu, dans cette
«période de tQn]^s,;non moins féconde en grandes instructions
«q^'en désastres, oii une ^ecte innombrable de démagogues
«et d'ambitieux forcenés, ppui^uivant les plus extravagantes
«chimè^s, et giiidés par les plus honteuses spéculations sur '
«le désordre, la violence et la sédition , assiège les trônes .sans
«i^elàche pour forcer les souverains à capituler aveclasouve-
«raineté du peuplci à la reconnue itrc comme, une puissance
«devant laquelle Ha doivent incliner le diadème, ou les fais-
( 3d5 )
i»iceaux' cottsnlaires; pottt arracher le poutoir suprême pkr le»
A'armei» du sophisme , par les pôigQiHrds de ses séides y ou Itt
à haché de ses satellites ; enfin , pour benleversér éncoj^ la no-
«ciété 9 et e:qploiier l'anarchie au profit de rambitiôn et de la
» cupidité qui les dévorent. — Dans des ctrcoustances àiissi gra*
» veS) aussi décisives^ élevez vos ârhes à la hauteur de la mission
» qui vous fut confiée ; ayez foi à votre pouvoir qui s'appuie
• directemeiit sur le pouvoir du Roi des rois. En politique
, vcomine en religion c'est ta fût qui sauve* Croyez à votre pro^
DpreautoHté, et vous inspirerez à vos peuples la même oon-^
«fiance : mais si vous vous défiez vous-mêmes de votre pou-
»voir, voulez-vous que les autres s'y confient ! Osez; Paucface
>) est quelquefois la prudence du génie. — Ne manquez pas à
ovotre'pouvôir, et le pouvoir ne vous manquera pas; veuillez
«être forts, et vmis le serez. — Songez que l'enscnble des
» prérogatives souveraines forme un faisceau que ne pourroienf
• briser les forces d'Herci*le ^ mais qui^i pour peu que l'on réiis-
»'stsse à en détacher les parties î .^«^grantesi i^^ résisteroit pas
f «ux forces dHin enfant. — Malheur aux souverains s'ils lais-
»sent périr entre leurs mains cet instrument nécersaire dusa*-
•lut des nations , soit qu'ils se laissent égarer par des systèmos
n abstraits et chimériques , ou séduire par la perspective
«éblouissante d'une renommée prétendue philosophique; soit
» qu'ils prêtent l'oreiUe àdes suggestions perfides, ou qu'ils écou-
• teut les conseils de la peur ( niaioèi$ada farrmdo ) ou d'une
•politique étroite et méticqleuse; soit qu'ils s' aban donnent
• imprudemment à la pente d'une àme trop facile, aux inspi-
•ratlons d'une indiscrète, d*u»e intempestive et aveugle man-
• sttétnde. — Malheur aux souverains, si, pour plaire à quel-
•ques - milliers d'hommes orgueilleux, immoraux, séditieux
• et révolutionnaires « soi-disant libéraux, ils avilissent la ma-
• {esté du trône par d'indignes transactions, par des concessions
* •téméraires, et compromettent ainsi leur sort et celui de l'im-
«mense majorité' de leurs sujets, qui ne veulent que paix §t
(M)
9fsnfd^ciiùnp ful.ne regardent cette {vcéteDdue floa.ferAioetéy
Y 4eat les «oKrvptem 4e la multitude les gratifient J>on gré mal .
«gré 9 ^oe eemme une mystification indécente et dérisoire^
f (Page ij|§*) £n général^ dit^il encore dans un autre ]^assage»
• Je fmdéfié de ces politiques défiants^ atrabilaires et om-
«teageox^ qui affectent de ne se croire en sO^eté qu'aiitant
9qu*ils ont en quelque sorte enunaillotté lepouvoir comme un
sentant^ ou l*ont garrotté comme un furieux. On Toit la moi^gue
»et Tesprit factieux q^ percent à travers le manteau d'une
» prudence h^occite. Nimia^ eaulio daius; cette maxime
» appartient à la politique aussi bien qu'à la jurisprudence
vcitile. »
LNin I uge bien , par et morceau^ que M. Gassf n n'est p«3 l*àmi
de la souveraineté du peuple ; aussi son troisième chapitre
est-il consacré à battre en mine ce système , à en montrer les
funestes effets , et à réfuter méthodiquement le OanêratsocùH
de J.-J. Rousseau , dont il a fait ressortir les nombreuses côn*
tradtclions et les palpables absurdités.
Toutefois, en rendant pleine justice aux principes et aut sen-
timents de M. Gassin , il nous semble que la chaleur de son
imagination l'a quelquefois entraîné dans des digressions étran-
gères à son sujets et qu'il n*a pas encore saisi la question quMI
traite dans toiite'sa ravissante simplicité. €e n'est pas assez de
dire que l'état social est l'état naturel de l'homme, que k société
purement domestique est insuffisante , et que les facultés de
l'homme ne peuvent trouver leur entier développement que dans
la société civile ( pag. 69-60); d'autres l'ont dit aussi^ ^ans être
plus avancés pour cela; il faut encore montrer par quelle loi
simple et visible l'auteur de la nature procède dans Réta-
blissement dés divers rapports sociaux, et quelle est* la iitté-
rencè entre les- sociétés naturelles et privées ( car il en est
d'autres encore que la famille), et celles que Ton appelle
mal à propos tantôt civiles et tantôt politiques. Or, le grand
mystère qui produit toutes les relations sociales est tout uni-
( «^ )
B|60t te ùivûnM 4e$ iBojrena et daa benèkit qot, powleitt
propre bonheur^ forée les bommet à s'enfr'alder le» «nÉlef
autres* Partout la Proyidenee, dans sa bonté , foit préesistew
la> puissance au- besoin qui vient la rechercher pour être wù*
couru par elle» De ménoe qi]*elle entouite l'enfant qui Tient de
nattre^ d'un^ autorité tutélaire » d*une réumon intime deforoe
et d'amour, de même aussi . ellecréè des rioheSy des ficwts et des
sages pour aider les pauvres s protéger les foibles et instruire
les ignorants qui viennent Tolontairem^t se grouper autour de
oea divers bienfiiiteurs» et leur rendent des services en échange
de ceux qu^ils revivent. C'est en ce sens que tonte autodié
prooMe d'une paternité 5 non point que k chef soit lo père
phjsîque des individus- placés dans sa dépendance , maispar-
oe^ue^ dans, toutes les langues , on donne le nom de père à
tout auteur et fondateur d'un établissement ou d'un lien so«
oiai qudconque* Quant à la société prétendue civile, elle
n'est que la somnuté, le dernier échelon de toute autre société
naturelle ou privée; car du moment qtie, par le seul fait de la
nature, il existe. des maîtres etdes chefs de fomille, et que les
divers degrés d'autorité et de dépendance ne peuvent pas con-
tinuer à l'infini , il faut nécessairement que ,parmi ces supé*-
rieurs les uns soient libres ou souverains, et que les autres ne
le soient pas : de sorte que la nature fait des rois et des princes
en naénie temps et de la même manière qu'elle fait des pères et
de simples chefs de famiUe. Dire que la société purement do-
mestique est inaufiisante, c'est tout uniment dire qu'il est im^
possible que chaque père soit indépendant, et vive sur ses pro-
pres terres sans le secours d'autrui. La souveraineté est plu-
tôt un droit personnel qu'un pouvoir sur d'autres hommes ;
elle consiste moins à commander qu'à ne pas servir; et lors-*
qu'un grand propriétaire, un général d'armée, un pontife, etc.,
se trouve subitement ou successivement aflVanchi de toutlien
antérieur de dépendance, il change de fortune et ne change
pas de rapports envers ses subordonnés. Sans *doute^ que dans
( 3a8 ) •
les premieM tanKpft Iç nombre de ces roiiS ou de ces chefs de fa-
mille indépendants à dû être bien plas considérable c^u^flne
l'e^t anjonrd'hui ; mais enfin par les vicissitlidés nàtarélies des
chosetf et par tontes sortes dé conr entions, la puissance de ces
fainiHès peut s'accroître et décliner; les unes s^élèvent, les
autfes's'éteignent ; tantôt pluMCurs sont fendues en une seule,
tantôt une seule se démembre en {plusieurs; on n*a pas vu
autre chose dans toute l'histoire tant ancienne que moderne,
et il s'en faut de beaucoup que le berceau des royaumes et par
contéquent des peuples qui se sont ralliés autour dé la puis-
sance ait toujours été enveloppé de mystères.
Or, du moment que Toiî reeonnott que les sobiétés préten-
dues politiques tie sont que la sommité des sociétés natuâp^tfefi'
ou particulières,^ et qu'un roi est un seigneur territérial,' opu-
lent, puissant et indépefidant , tous les droits et les dîe^Dtrb
réciproques s'expliquent dé la manière la plus satiafaisanle <et
pour le peuple et pour le souverain îùi-mème. Alors £1 evt'olâlr
que son indépendance, qui comprend la suprématie d'auto-
rité et de juridiction ainsi que raffranchissement de tout lion-
trôlc de la part des hommes, est son caractère essentid, je^dirai
même son caractère unique,et que sa mission principale consiste
non pas à tout gouverner, mais à respecter et faire fespacAiBr
la justice, et à rendre à ses sujets des bienfaits en rechange
des services qu'il en reçoit. Enfin, l'on conçoit maintenaO't
aussi que , si un tel souverain convoque les personnes tes phiis
considérables de son pays pour s'entourer de leurs luno^tass ,
ou pour s'appuyer de leur consentement pour certaines lôesii-
res, toutes ces assemblées, quel que soit le nom qu'elles portent,
chan^u-d^Mars, états-génératia^f pariemeniSj comtnuneSf *
chambres^ etc., lui doivent leur existence, et ne sont, comme
M. Cassin le dit (page i55), que des cônseiU 'supéneurê'^.de
hautes commissions investies de la confiance particulière du
souverain , et dont il n'est tenu de suivre les avis^ par a(u<Bune
liëoe«sité de droit. Il en est ainsi, parcequ'jl consulCte ces
(3«9).
assemblées non sur leurs intérêts, mais sur les sI^qs , et que
toutes les affaires qu*on appelle mal à propos nationales ne
sont au fond que les affaires du roi. M. Cassin saisira sûrepient
lui-Doèmela justesse de ces principes, qui lui serviront dq guide
dans ses méditations ultérieures; en attendant, quelques er-
reurs ne lui sont échappées que par un excès de zèle pour le
pouvoir des rois. Nous aussi, nous sommes pour le pouvoir ab*
solu, c*est-à*dire indépendant de toute loi et de toute puis-
sance humaines ; il est dans la force des choses, et, quoi que
Ton fasse ^ il se trouvera toujours quelque part. Mais, enfin, ai
les souverainssont les lieutenants de Dieu, et tiennent de lui leur
pouvoir, ils doivent aussi l'exercer selon les loisde Dieu ; et il ne
suffît pas d'exprimer cette vérité en termes généraux , il faut en-
core y demeurer fidèle dans toutes ses conséquences. Nous uq
saurions donc souscrire sans restriction à ces propositions va-
gues : « Que le salut du -peuple est la suprême loi (pag. 104); que
>le souverain a sur les personnes et sur les biens de ses subor-
• donnés tous les droits nécessaires à fonder et maintenir
• parmi eux Tordre le plus favorable au bonheur commun
»(pag. .ia6 ); qu'il n'est pas obligé de tenir les. paroles et les
•prQmesses, ou qu^eiles n'ont qu'une validité conditionnelle
i(pag. 564)-» Ces maximes se plient aux interprétations les
plus arbitraires ; elles serviroient au besoin , et n'ont que trop
servi à cdiorer tous les actes de violence. Car qui sera juge de
ce.salvft public, de ce| ordre et de ce bonheur commun P.Pour
" les discerner, il faudrAt toujours une règle supérieure. La pre»
mière loi, c'est la justice; la seconde, c'est la bienveillance ; la
troisième .9 c'est la prudence dans les choses licites;. et le .salut
public n'est pas la loi elle-même, mais le résultat naturel, ou,
pour mieux dire, la récompense infaillible de sou observation.
. Sans doute qu'une promesse funeste , qui blesse les devoirs
antérieurs et les droits d'autrui , n'est pas obligatoire et doit
être rétractée ; sans doute encore qa'on peut , lorsque la néces-
sité ou une grande utilité l'exige, révoquer les promesses pu*
teateùt |;ratiltté89 et qut ô^dnt donné de drôlf acquis â per-
sonne; enfin U est des moyens tégitittieàpoar se dégager mèmiè
d^une convention bilatérale, lorsque Tautre partie bon trac-
• • •
tante n*en observe pas les clauses , ou qû*on en est formelle-
ment délié par une nouvelle transaction. A cet effet les sou-
verains peuvent disposer d^un grand nombre d'expédients sans
. jnanquer le moins du monde, à la justice ; mais ces sortes de
vérités demandent à être exprimées avec beaucoup de préci-
sion, afin de ne pas atténuer le respect dû à la loi générale
de garder les traités et les promesses. Ënfiù , il nous parôit
que M. Gassin s'est aussi trompé en disant que le pouvoir
souverain est essentiellement maliénaite ( paL^. ijô, laS eft
suivantes). Cette erreur provient uniquement de la comparaison
trop pressée entre un souverain et un simple père de famille,
comparaison d'ailleurs très juste à beaucoup d'égards- Un père
physique ne cesse jamais d'être père ; il ne peut donc trans-^
mettre sa paternité ni se dessaisir de son autorité paternelle ,
quoiqult puisse l'abandonner ou ne pas en user; mais un
maître , un seigneur, un propriétaire, souverain ou non s ou-
verain, peut très bien aliéner et transmettre, en tout ou en
partie, ses propriétés, ses établissements, ses contrats et tous
les droits qui en dépendent, parceqùe ces objets qui torment
la base de sa puissance et de son autorité sont ]:^térieli>?[H
par conséquent transmissibles. Aussi cela s*esl ^ u fait dans
tous les temps et dans tous les pays, et Jstte faculté est la plus
nécessaire pour maintenir, ou rétablir M paix entre les hom-
mes, trop souvent troublée parle choc des prétentions et même
de deux libertés opposées. Les souverains ont raison, tant
qu^ils le peuvent, de conserver dans toute son intégrité l'au»
torité souveraine , et de ne pas l'affolblir ni la restreindre par
d'îniprudentes et de funestes concessions ; mais qu'il leur soit
absolument interdit de l'aliéner, en tout ou en partie , cela ne
peut pas, selon la justice et Texpérience universelle, se sou-
tenir. A part ce petit nombre dMnexactitudes échappées à
un zèle honorable oti & la rapidité it la plume , réerlt de
M. Cassin mérite de justes ëlo^s : nous ne doutons point qu'en
lui donnant plus tard une forme plus méthodique 5 il ire rec-
tifie lui-môme quelques unes de ses idées ou de ses exprès*
sîons ; et nous rengageons beaucoup à continuer ses recher*
chcs et ses travaux sur les matières de droit public 9 pour les^-
quelles il nous parott avoir les plus heureuses dispositions.
De Haueb.
■ •
Dahis, ou L'ÉDtcATioN hv cqbub, par Hugues Millot, ouvrage
auqti^l il a été décerné une médaille d*ar par V Académie
française.
Nous ne dirons pas aujourd'hui, Encore un livre suri'éehi*
cation I Touvrage de Si. Millot a paru il y a déjà quatre am ;
nous en avons sous les yeux la deuxième édition. Notre unique
but^ dans cet article, est de donner à nos lecteur^ une nou-
velle preuve du goût et des principes de messieurs de Taca^
demie française. Nous avons parlé, dans notre numéro d'oc-*
tobre, du prix qu*ils ont décerné au livre de M. Dro?, cet
écrivain philosophe qui voit dans le scepticisme le prin-
cipe de deux vertus précieuses , la modestie et Vindul--
genee, vertus qu'il possède lui-même à un si haut degré, qu'il
a trouvé moyen de concilier l'athéisme avec les lois morales*
Vu nouveau témoignage d'estime vient d'être accordé à
M. Droz! l'académie, qui Ta couronné, le compte maintenant
parmi ses membres. Il est bon , comme l'on voit, dé savoir
tout concilier, c'est du moins un expédieut'sûr pour devenir
académicien. Qui sait si M. Millot n'arrivera pas aussi bientôt
au fauteuil académique; une médaille d'or a déjà été le
prix de son Traité de {'éducation du cœur ,- dans lequel cet
habile maître, après sept a/nnées de réflexions, a trouvé
(,35a )
«
le fiocrei de former le oœur sans b reliinoii* C'est cette décour
verte qui lui a valu une médaille, car nous ne pouvons croire
que Tauguste sénat littéraire ait voulu récompenser autre
chose dans le livre de M. Mîllot que les principes qu'il renfer-
me; ce ne sont assurément pas les idées boursouflées et incohé-
rentes de Tauteur du Traité sur V éducation, exprimées parfois
en style incorrect, qui ont obtenu les suffrages de l'académie 1
Dès les premières pages dé cette théorie sur l'éducation,
nous avons cru commencer, tantôt la lecture d'un poème ,
et tantôt celle d'un roman. Un vieillard auquel Morphée oc-
carde le rep09, et qui, dans une douce extase, a la vision d'une
déesse que sa beauté lui fait prendre pour VésMis, voilà par
où débute le Traité de Véducatioti du coeur par M. MiUot.
La déesse se nomme V Indulgence, elle^habitc le royaume
de ia Bonté, autre déesse servie par une troupe de nymphes
qui portent chacune le nom d'une vertu. Parmi les personnages
qui composent la cour de cette déesse , on remarque Lycur-
gue, Montesquieu et Fénéion. La Bonté porte un bouclier sur
lequel est gravée V histoire de Jésus-Christ. Le bon vieillard
endormi voit tout cela ; ce qui en effet ne ressemble pas mal
à un rêve; il voit aussi Jupiter la foudre à la main, au milieu
des éclairs, et le songe délicieux se termine par un coup de
tonnerre.
Damis, c'est lé nom du vieillard , ue pense plus à son réveil
qu'a gruver dans te cœur de ses fils les leçons qu'il a pui-
sées dans le songe qu'il vient d'éprouver. Il conduit ses jeu-
nes élèves sous un arbre antique, et là il adresse avec humilité
sa prière au Père des hamines, qui a précédé le temps, et qui
fie finira qu'après lui; être infiniment grand, qui seul peut
souder les abîmes du néant qui ne finira jamais. Après cette
prière, le plus jeune des enfants rend la liberté à un oiseau ,
et le bon vieillard l'embrasse eu lui disant: «C'est ainsi que les
dieux aiment qu'on les honore. » De nouvelles descriptions
poétiques reconimeoceut; Damis, qui, pour cette fois^ n'est
( 333 )
plus endormi, chante sur sai lyre la création du monde, la
chute deThomme.... Le tout se termine par une dissertation
sur les avantages de l'éducation particulière , et les inconvé-
nients des écoles publiques.
Après tout ce début, Ton arrive enfin au chapitré troisième
du Traité de Védacatian du cœur, il est intitulé. Réfutation
de V athéisme. Une controverse s'engage entre les deux frères,
Alexis et Myrtile. Aux idées riantes de 'la poésie et de la my-
thologie succèdent des dissertations sérieuses sur la plus haute
question de la métaphysique, telles que celles de Torigine des
vertus et des vices, de la métempsycose, de la prescience de
Dieu.
Nos lecteurs ont maintenant une idée du plan de l'ouvrage
de M. Millot. Le prix qu'il a obtenu n'est sans doute qu'un
prix^ d'encouragement, mais le fond a fait pardonner la forme,
et Ton a su gré à l'auteur de ses bonnes intentions. N'est-ce
pas en effet une découverte bien intéressante pour notre siècle
qu'une méthode d'éducation od la religion n'entre pour rien,
où l'on donne pour mobile à la morale la sensiéHiti du cœur,
et non plus l'espoir des récompenses , et la crainte des peines
de l'autre vie, puisque, suivant M. Millot, (e paradis et
i'enfer ne doivent avoir aucune influence sur tes actions
de Vhotnme vraiment g^énéreux.
Nous pourrions relever une foule de propositions qui se
trouvent dans le livre de M. Millot, entre autres celle-ci : Celui
qui croit éien faire, fait hien quoiqi/H ne fasse pas le éien.
Singulière morale, qui justifieroit tant de crimes dii fanatisme
religieux et politique. Quand Louvel crut iien faire en déli-
•
vrant, disoit-il, sa patrie d'un tyran, fit^ii éien? Oui, selon
M. Millot, quoiquHt n'ait pas fait ieinen. Bornons-nous à
dire un mot d'une découverte qu'un ionheur inespéré a
fait trouver à notre auteur, et que l'on voudroit en vdin itU
contester. Cette- découverte enlève à l'athéisme une anne
redoutante qu'on n'avoit pu jusqu'à ce jour Itfi arracher^
a. 25
(334)
elle détrait rargument formidable contre Texistence de Dieu^
que l'on tire de sa prescience infinie , qui lui feroit voir dans
l'avenir nos mauvaises comme nos bonnes actions. M. Millot
a trouvé le nœud de la difficulté; tout s'arrangera moyennant
que Ton n'accorde à Dieu que la faculté de prévoir les consé-
quences d*un principe invariable, les éclipses du soleil , par
eicempie, et celles de la lune..Or^ dans Thypothèse de )a liberté
de l'homme, ce principe n'existe pas pour ses actions, puisque
la volonté qui les produira se déterminera librement : donc
Dieu n'a pu prévoir si nous serions vertueuxou criminels, donc
il a pu nous créer libres sans blesser sa bonté. Que répondront
les athées à une pareille solution ? Il faut de nécessité qu'ils
mettent bas les armes, à moins qu% n'ol;»jecteni;. encore
contre la bonté divine le don de cette liberté dont nous pou-
vons a)>user pour nous rendre malheureux. A ce coup M. Millot
se trouveroit dans un noivel embarras; il n'y auroit pas moyen
de prétendre que Die^ ignoroit que nous pouvions faire de
notre liberté l'usage lu plus funeste. Mais M. MiUpt nous pro-
met un ouvrage où il donnera tous les développements néces-
saires à ses raisonnements. Le Traité de V éducation du cœur
est le fruit de sept années de réflexion , peut-être que ses
commentaires se if ront attendre moins long-temps. Nous ne
nous arrêterons pas à répondre à une difficulté rebattue dans
les écoles depuis trois mille ans, nous nous bornons à inviter
M. Millot à confondre les athées autrement qu'en étant à
Dieu rinteUigence infinie, c'est*à-dire en détruisant son es-
sence. Puisse-t-il aussi se convaincre que la religion est la seule
basiî solide de toute bonne éducation dû cœur, et c'est alors
qu'il écrira des livres vraiment utiles aux moeurs. Seront-ils
eouronnés par l'aioadémieP Nous n'osons pas le lui promettre.
• C.
( 535 )
SONGE.
LE SABBAT UB^EAL
Je ne suis pas de l^avis de ee tienx proverbe^ qui dit qa^H
est ioniPavûir des amis partout, même en en fer ; carf*es^
père , avec la grâce de Dieu , n'avoir jamais d'affaires dans ee
triste pays. Aussi la peine la plus vive que f éprouve depuis
long*temps , c'est de voir un de mes anciens camarades de
collège y que j'aime beaucoup , n\^cfaer à grands pas dans le
phemin qui j conduit* Adolphe , c'est le nom de cet ami qui
me cause tant de chagrin ^ après avoir été le modèle de ses
condisciples daps un de ces collèges' chrétiens qui se ren«
contrent eïicore dans quelques provinces, n*est pas plus tM
arrivé à Paris pour faire son droite qu'il a donné complè*
tement à gauche. Il s*est fait libéral et philosophe » parceque
cela est du bon ton ^ à ce que lui ont dit des jeunes gens, en-
voyés conmie lui pour étudier lés lois de leur pays , et qui
trouvent qu'il est plus beau de s*occaper des moyens de les
refaire. Adolphe tient à toutes leurs coteries; et, comme il ne
manque pas d'esprit , et qu'il a fait d'assez bonnes études, il
est devenu un des écrivains du' parti; il doit donner même plu-
sieurs volumes à cette Bibliothèque du dix-neuvième siicte^
destinée à remplacer toutes les bibliothèques, nouvelle
encyclopédie , que doivent confectionner, en .moins de six
mois, une vingtaine d'écoliers qui ont entrepris de faire la
leçon au genre humain sur] tous les points , et qui ont com-
mencé par lui dire sans détour qu'il n'a fait que radoter jus-
qu'ici.; que les philosophes du dernier siècle, sans excepter
même Yoltaire et Rousseau, n'avoient que conmiencé son
éducation , qu'ils viennent rachever, eu lui oftanl dans km
a3. • -
( 336 )
raison de vingt ans un oracle sûr et un guide infaiiii"
6fe (i). On imagine bien qu'un jeune philosophe qui se croit
en état de régenter le genre humain n'est pas d'humeur à
se laisser régenter lui-mèm'^^ Ainsi. Adolphe s'est brouillé suc-
cessivement avec tous ses anciens amis ; je suis le seul qu'il
voie.et qu'il consente à écouter encore. Or» quoique mes con*
seils ne lui profitent pas beaucoup, je ne me rebute pas. Il n'y
a^ que peu de jours encore , c* était un samedi, il étoît venu
me demander à dîner : et , comme nous fûmes seuls toute la
soirée y je saisis cette occasion pour lui dire tout ce que je pus
uaoïagiper de plus capable de faire impression sur lui. Tout
ayoit été inutile , lorsque lui ayant peint vivement les chagrins
'qu'il préparait à un père et à une mère, dont il étoit l'idole.^,
à des maîtres respectables qui s'étoient donné tant de peine
jpour lui inspirer d'autres principes , je m'aperçus que j'ayols
touché une corde qui étoit encore sensible : ses traits chan-
gèrent; il laissa échapper un soupir, et des larmes mouillèrent
ses yeux. J'insijitai; mais tout-à-coup je le vois qui se lève^
il me prend la main : « C'est assez, mon ami , me dit-il, tout
■ ce que vous pourriez ajouter ne serviroit qu*à m'afiliger; il
» n'est plus temps pour moi de reculer ; fai des eîigagements ;,
•retenez ce dernier mot , bientôt. peut-être vous saurez ce qu'il
«signifie. Adieu 9 . n .
J'essaierois vainement de rendre toutes les réflexions pénibles
qui succédèrent à cet entretien. Ce mot qui ne m^voitpas été
expliqué, je craignis de u'çn avoir que trop compris le sens.
II avoit réveillé en moi l'idée de ces mystères d'iniquité , de
ces horribles sociétés secrètes qui fuient le jour et qui or»
ganiseot leurs complots sous terre, comme pour être plus près
de l'enfer. Je me couchai , 'mais Tesprit rempli d'images si-
nistres qui avoient fait sur moi une trop vive impression
pour ne pas se reproduire peiidaut le sommeil. Qu'on ne
s'étonne donc pas d'un songe fort extraordinaire dont je vais
» -.,
( 337 V
Êiîrelerécit/etqui, après m*a voir occupé toute la nuit, de-
meura si profondément gravé dans mon souvenir , que niain«"
tenant encore je serois tenté de le prendre pour une réalité.
Je rêvai qu'Adolphe èntroit chez moi. «Je vous ai promis,
«me dit-il, de vous expliquer un mot qui est la seule réponse
» que je puisse opposer désormais à tous vos conseUs. Suivez*
9 moi, m'ais prenez garde de ^e rien dire, de ne rien faire qui
•vous trahisse. Il y va de votre vie et de la mienne.» Nous
sortîmes; Adolphe me conduisoit par la main; nous marchâ-
mes long-temps dans les ténèbres par des chemins qui m*é-
toient tout '-à-fait inconnus, et qu^assurément je ne sauroîs
pas retrouver. Enfin nous arrivâmes dans une forêt, et j'aper-
çus la porte d'un souterrain. Adolphe frappe trois coups, on
ouvre, et j'entre après lui. Quatre chevaliers, vêtus de noir et
armés de toutes pièces, étoient rangés sur notre passage; ils
croisent devant nou& leurs épées ; Adolphe dit tout bas à l'an
d'eux un mot que je n'entendis pas; les épées se r^èvent, et nous
avançons. Après avoir traversé plusieurs couloirs très obscurs,
nous entrâmes enfin dans une salle immense qui se dessinoit
en demif-cercle» autour d'une estrade surmontée de deux fau-'
teuils et d^un bureau. Au-dessus s*élevoit un dais magnifique
d'où pendoient des rideaux tricolores» parsemés d'abeilles d'or»
et qui étoit soutenu par i|ix colonnes , chargées d'inscriptions,
qui me frappèrent toutes par leur précision et leur énergie ,
mais dont je ne citerai que quelques unes.
1^ Sous un gouvernement monarchique tout est d^sordre^ ser»
vitude et fanatisme.
Courrier français, i**" novembre.
a** La mx)narchie absolue et le fanatisme sont la cause de tous
les maux ^ avec l'ardente ambition des délégués du pouvoir et
la tiédeur des délégués du peuple.
Résumé de l'histoire du monde»
5° L'éiabUssement de l'élise est une usurpation-
Jbidi
( 558 )
4* 2»eâ hammei quinouê ont dorme tm dédtaraiUm des dnJtt
ont marqué par cet note ieul une nùuvdk époque, et ont Immé un
gnmdexempk.
5« Ceux qui demandent de la religion, veulent exploiter à
leur profit la ferme des cultes.
Courrier français, i*' noTembie.
Tandh qne f étois occupé à lire ces inscriptions, les ban*
quettes s*étoient remplies. Le président s^apercevant que Tas-
semMée étoit entièrement formée, agite sa sonnette, coîfl^
sa tète d*on énorme bonnet rouge^ se lève, et prononce
dHine Toix sonore et d*un ion solennel cette touchante fo^•
mx^e:^i6ertiJ égalité, fraternité.». <, et tous les membres
de rassemblée répondirent à voix basse , ouia mort- Le pré-
sident dit alors : La vente est ouverte » et il continua ainsi :
c Frères et amis ,
»Je vous avois fait espérer que vous pourriez être admis
vdans cette séance à baiser Ter^cé de notre tilustre frère et
•grand-maître ie sérénissime sataw, seigneur souverain
» de L*EiffFm et ses dépendances, les sociétés secrètes , étatiies
»dans le royaume de Frétnce et autres lieux; mais j'ai la dou-
»Ieur de vous annoncer qu'il a été impossible 'à notre gracieux
> souverain de se rendre aujourd'hui au milieu de vous , ayant
• été atteint d'une maladie fort sérieuse qui l'oblige à garder le
«lit...»
A ces mots une inquiétude générale se manifeste dans ras-
semblée ; tous s'écrient avec l'expression de l'intérêt le plus
touchant : Qu'a-t-il, notre illustre frère? Quelle est la maladie
de notre sérénissime souverain ?. . .
,Le président, t Une jaunisse des plus caractérisée.n que ses
«médecins ont déclarée être la suite du déplaisir mortel que
tvient de lui causer Prononcerai • ie le nom du cou«
»pable?
( 330 )
~»Oiii, oui 9 dénoneeirnoQs ce fanatique ^ ce jétuitôf
»eet iiifilme.i
Le président. Eh ! mes amis^ ce n'est ni un jésuite ni un
ÉfatMtiçue; c'est un de nos frères sur lequel notre grand-
«mattre comptoît lé plus, qui....
— Un frère. » Et quel peut être cet apostat ?
Leprésident.» Cet aposiatty frères et amis, puisqu'il faut que
«vous le nomme, c'est.... l'abbîg Grégoire. ( Silence, étonne-
• ment général.) Tous saurez donc que l'abbé Grégoire a publié
• une Histoire des confesseurs des rois, et ce titre seul sembloit
•promettre un scandale à désespérer les confesseurs et les rois.
»0n y voyoît d'avance une bombe prête à crever sur l'Église
• romaine, cette citadelle du fanatisme, que l'abbé Grégoire
» paroîssoit plus propre^ que personne à domolir. Eh bien ! loin
• de là, il fait des vœux pour qu'elle recouvre sa splendeur ^
nqu^elte étende même sa domination.
— • C'est une trahison , c'est une infamie 1
— B Comme on savoit qu'avant de se faire jacobin, l'abbé
• Grégoire avoit étéun des plus déterminés jansénistes, on s'at-
• tendoit à le voir tomber sur les papes ; ehl point du tout, il
» s'est oublié jusqu'à dire, en propres termes, qu'auct^ne suc»
h cession de souverains n^a été plus imposante que la leur
Bpar les*taientSp par ia science^ et même par les vertus*, On
» imaginoit que son livre tout entier seroit consacré à démon*
• trer les abus de cette confession que nous avons desi bonnes
à raisons de ne pas aimer. £h bien ! l'abbé Grégoire soutient
• dans son ouvrage, aussi sérieusement quepourroit le fiiire
• un vicaire de paroisse dans un prône de carême, qu'il faut a^fei*
9 à confesse.
— » Il radote. ^
— • Il prétend que c*est à tort que la prévention et Vincré*
ndulité repoussent f évidence de la nécessité de la confession*
» Les philosophes avoient beaucoup parlé des lévélations de la
• confession, et quoique aucun fait n'eût été prouvé > leurs
( 340 ) '
•déclamations ne laîMoient pas qae d& produites un merveil-
»leux effet sur beaucoup de jeunes gens , qui se figuroient que
•le délassement ordinaire des confesseurs étoit de conter les
• fredaines de leurs pénitents : et ne voiU-t-il pas que Pabbé
» Grégoire prétend répondre à ces calomnies par un fait sans
•réplique : c'est que maigre ie scandale donné par des pré-
9 très sans vocation qui ont enfreint la. ici du céiiéaê , au
» milieu même des saturnales du vice, ii est inouï qu'aucun
md^eux ait violé ie secret de la confession. Il n*est que trop
• évident, frères et amis, qu'un témoin tel que Tabbé Grégoire,
• qui atteste un fait aussi décisif, ne peut être récusé; car
• enfin on né peut pas4ui dire, Vous n'y étiez pas. Nous n^Mià
•donc obligés^de mentir à nouveaux frais: en conséquence , je
• proposé que, pour réparation de ses torts envers la pbilpso-
• pbie , le frère Grégoire soit dégradé de .notre ordre et son livre
•mis à Vindex.
— » Adppté.
— •Et attendu que le ConstittUionnei s'est rendu complice
• de tout le mal que va nous faire ce livre pernicieux, en Tan-
• nonçant avec éloge, je conclus à ce que le Constitutionnel
• soit condamné à faire une confession générale de tous les
•péchés de sa vie 9 à l'abbé Grégoire^ aux fêtes de Noël. «
Le Diabie éoiteux. « Je propose un amendement. Lé délai
• est trop court, et mon frère ie Constitutionnel aura encore
•assez à &ire si on lui donne jusqu'à Pâques pour éxansi-
• ner à fond sa conscience» «
On rit. La proposition et l'amendement sont adoptés.
Le président. « L'ordre du jour, qui a été fixé par notre
• sérénissime grand-mattre , veut que nous nous occupions
• d'abord des ouvrages propres à avancer le grand-œuvre. A
• propos de livres, il en est un dont vous faisiez tous tant de
» bruit une année entière avant qu'il parût, et dont vous ne ^e
• parles, plus depuis six mois qu'il est publié : c*est le grand
'^\v
( .341 )
«Traité «aria religion, dufrèreB.G. Quelqu'un cl« vou«ra-t-il
» lu , pour nous dire ce qu'il oontient ? »
On se tait.
« Si le frère B. G. est ici, qu'il monte *àla tribune^ pour nous
»lire lui-même quelque chose de son ouvrage. »
Xe Corsaire, « Le frère B. G. n'ose plus paroUre au»
> milieu de nous depuis que Gharles X l'a surpris criant
» Five te roi / »
Le prisidefït. « Il y a en effet là de quoi être, honteux le reste
de sa vie. Eh biep ! vous, Corsaire y allez^ prendre dans notre
bibliothèque le livre du frère B. G., et vous nous en lirez quel-
que» pages.
Le Corsaire arrive avec un gros în-8** qu'il ouvre ffu hasard;
il coupe un feuillet et lit : c Mon but dans cet ouvrée est de
» montrer comment le désir d'une sphère plus élevée, qui est
»pour le moins une vraisemblance ^ se développe et se modi*
tfie à chaque époque des sociétés ; comment à chacune de ces
» époques les croyances sont ce qu'elles doivent être, et com*
•ment dans la plus grossière sont renfermés les germes de 1»
• plus pure. B
Le présidefat* « G 'est assez, vous pouvez fermer le livre. Je
» ne sais si mon intelligence est en défaut , mais je vous prie
» de me répondre : quelqu'un de vous a-t-il compris ce que le
» frère B. G. veut dire avec ce désir d*uiie sphère pius éievée
• fui est ou moins wic vraisemblance , et qui est toujours ce
» qu'il doit être quoiqu'il se développe , qvCH SQ modifie
net qu'il change toujours? »
Tout le monde se tait.
Le président, « Satan me pardonne, mais je crois qu'il
sauroit de la peine lui-même à entendre ce galimatias ro-
• mantique. Le frère B. G., n'est pas assurément un génie ordi*
• naîre, mais je crois qu'à force de se creaser lui-même, il
» s'est abîmé dans sa propre profondeur , et je vois d'après
• cerque ie Corsaire vient de nous lire de son ouvrage, qu'il
(340 •
»a pris dei iàïàge$ pont des idées, âe» formes on des Ikit-
• tomes pour des réalités. Le frère B. C. me pan>ft depnis
»lottg;-temps trop enfoncé dans les nuages pour pouvoir être
•dangereux. S*il nous quitte , tant mieux; il nous dispensera
•de lui donner sa retraite, ce que nous ne nous serions;déter-
•ttinés à faire qu'avec peine, à cause de ses anciens services.
» Parmi les livres qui doivent servir sa cause ^ Satan place
• en première ligne les Résumés historiques: c^est dans cette
•collection quMl se propose de montrer son esprit tout entier;
•ceux d^enlre vous qui ont été jugés dignes de concourir à utie
•entreprise où il ne s'agit de rien moins que de refaire l'histoire
•de tous les siècles d'après les idées du nètre, ne doivent jamais
•perdre d^ vue une maxime que notre grand-maître avoit
•soufilée lui-même à ce grand philosophe que nous^ous pro-
• poserons toujours pour modèle, à Voltaire. (A ce nom le pré-
•sident et toute l'assemblée se découvrent; oh écoute dans le
•plus profond silence. ) Cette maxime la voici : Le mensonge
9 est une très grande vertu quand il fait du, tien, H faut
» mentir f non pas timidement, non pas pour un tem>ps, nuiis
n hardiment et toujours\\) !! Voyons maintenant, mes amis,
• quel compte je pourrai rendre à notre gracieux souverain
•d'une œuvre à laquelle il attache un si vif Intérêt.
• A qui est échue VHistoire des États de VÉglise7
— «» Au frère Santo-Domingo.
Le président. » Gomment ce frère se trouve-t-il affublé du
» nom d'un fanatique ? ' . '
— • Il en a déjà couvert la honte par l'éclat d'un procès en
t
• police correctionnelle.
Le président. » A la bonne heure. Et à qui a-t-on confié
VHistoire des croisades ?
—•Au frère Sainte-Marie.
Leprésident, • Je n'aime pas ces noms de saints, et je ne con*
• noissoispas du tout celui du frère Sainte-Uarie. Uals courage^
(i) leitn à Thiriat, i« octobre 1736.
(343-)
» frère Sainte^ttartet pnbqti'i] y a du «aloC dans YOtrenoni^ e'«8t
«une raison pour vousd'ôtre un peu plus endiablé. Liaes-nous
•quelque ehoee qui me mette à même de faire un rapport sur
9 VOUS à notre grand-mattre.-«
Jbefrère Sainte-Marie ouvre un petit volume broché » miniA*
tare de Thiatoire » et il lit : Lorsque V Occident se eourbeit $ouê
ia tiare des papes, l' Orient ^ envahi partm cuite rivai,
avait vu s^écrouier ie fr(MgHe édifice des apétres de JésuS'*
ChriH. VAleoran, vainqueur ^ effuçoitjusfu*Uwxi traeee dé
son éphémère empire»
Jje président, c Gela est clair, du moins. Pas mal , frère
• Sainte-Marie; cependant je dois vous faire une observation >
» c'est que vous allez un peu trop loin en appelant fra^le
» V édifice élevé par les apôtres ^qm a résisté à tant dé secousses,
>et éphémère un empire qui dure depuis si long- temps» Je
B dois vous le dire, jeunes gens : on remarque en général dans
»toul ce que vous écrivez un ton de légèreté 9 de présomption
»et de confianoe, qui vous expose à faire rire à vos dépens.
j>Je me souviens d'avoir admiré dans ma jeunesse Ychaire^
»lorsqu*il nous disoît : Mes amis, iiseroit étran ge que douze
li faquins aient pu établir i'ÉvangOe, et qu'un aussi grand
nnomére d'hommes de génie ne pussenppas venir à bout do
»fo détruire. Mais j'avo.ue maintenant que, lorsque )e ne» me
«dissimule pas à quoi ont abouti jusqu'ici les travaux des
•hommes de génie , et que l'ouvrage des douze faquins est loin
» d'être encore ruiné , ce mot de notre patriarche me parotl
•beaucouip moins sublime. Jugez donc s'il convient à des
«apprentis philosophes d'être plus fiers encore que le père
•de la philosophie, et aux manœuvres d'enchérir sur le
«ton de leur maître! Faites votre profit, frère Sainte*Marie,
«et vous tous, jeunes frères, de ces consdls que mon
«Age et mon expérience me donnent le droit de vous adres->
•ser , et du reste je rendrai témoignage à vos bonnes inten-
> tiens.
( 344 )
i Qui esl ohargé de VHiêt&ift de fÉf^ ? ^
— • Le frère Gauohoix-Lemaire.
Le président. » Fort bien ; il a fiât ses preuves dans le Nain,
•jaune. Mais gardes-vous, frère Gauehoix, d*éerire cette
» histoire connue tous avez fait le sermon de TOtre coré M ar-
t cel : vous endormiriez tous vos lecteurs. Gomme {e vous dois
» à tous la vérité , je vous dirai , frère Gauchoix ^ ce que tout le *
• inonde pense ; c'est que vous avez eu tort de vouloir donner
»nn curé à la paroisse du vicaire savoyard. Il y a long-temps
» qu'on a remarqué qu'un curé ne fait rien dans une paroisse ,
•lorsqu'il est réduit à répéter sottement ce que son vicaire avoit
• dit mieux que lui.
• Qui est-ce qui doit faire la Révolution française? »
— •Le frère Léon Thiessé.
Le président. • Frère Léon , vous n'êtes pas un lion , ni
•même un aigle, conuue on l'a vu dans votre Triéunat seereij
•dans Tos Lettres normandeset dans votre Histoire de 4a
• Trappe. Gependant, vous faites de votre mieux pour décimer.
» Faiienoe; Satan vous soit en aide*, ^t vos griffes s'alpngeront
•peut-être.
• Après les Résumés historiques , rien ne tient tant au ccefur
» de notre gracieux souverain que la Société de moraie ekré^
• tienne. Aujourd'hui même ilme la recommande dans ses
• instructions d'une manière toute particulière. G'est une très
•bonne chose que la Société de morade chrétienne, et il ne
•faut pas vous effrayef de son titre. Gtoyez-moi , frères et amis,
• elle n'a rien de moral ni de chrétien ; ses principaux menL-
• bres ont fait leurs preuves depuis 90; et^i vous doutiez en-
• core de l'esprit qui l'anime, écoutez ce que j'ai lu dans un
• d^ cahiersde son journal : Depuis iesiœième siècle jttsçu*au
•seizième , régnèrent ia superstition et 4a tgrantn^ eedésieiS'
• tiçue. Avouez que vous n'avez rien dit de mieux' dans vos
• Résurnés. Biais cela produiroit bien moins d'effet dans les
•Résumés que dans la bouche de ces philosophes masqués qui
(345)
ige couvrent du nom de la religion pour mieux la combattre
>£t 8*il vous restoit encore des préjugé» contre "cette société
> respectable j vous n'avez qu'à vous enquérir de ce qu'elle est
•auprès du frëre-Coquerel^ qui «st à la fois son secrétaire et
•l!un de nos ftiseurs àe Riêumés histarigues. C'est lui qui a
» e^Lprimé toute la pensée de la société » dont U est aussi le tbéo-
ilogieny lorsqu'il » dit cette parole bie^ remarquable: Four
•notu^ jomis de la tolérane», qu'imparte la diversUé des
» croyances, tarsqt^ les doctrines morates, cimcourent à l'effet
» eotnfnun. Or^ l'effet commun , je dois vous l'apprendre en cas
>que vous l'ignoriez > c'est de travailler^ quelles que, soient lea
«religions particulières auxquelles nous. avons l'air de tenir, à
• les anéantir toutes , pour qu'il n'y ait plus de divci^sité. »
Ici le Constitutionnel se lève et demande la parole. Le pré^
sident la lui'accorde , quoiqu'il ait l'air de le faire, à regret
Le Constitutionnel à la tribune. « La tolérance , je l'aime 5
»san6 doute 9 tant que nous ne sommes pas les pkis forts. C'est
> un beau mot , quoiqu'il commence un peu à vieillir. Mais pre-
> Qons garde, frfares et amis, de perdre notre temps à jouera la
• religion et à la morale dans le aein de nos sociétés inlbli^ues
»et évangéliques 9 lorsque le moment seroit venu pei|t"^re de
• Qoog organiser plus fortement. »
Après ce début improvisé > le Constitutionnel tire de son
portefeuille un de ses numéros récents, et il lit : « Je le dis avec
> douleur , je vois le clergé un pied à Rotne et une main dans
^te ciel , prétendre tout ce qu'on peut prétendre au nom du
» pape et de Dieu. L'armée sacerdotale se reçrtUe dans l'omAre
•et s'avance à découvert.... Une poignée de sectaires, qui
• supplée au nùmfyre par l'ardeur et l'opiniâtreté, recrute
»ies frayeurs, s'appuie sur i' autel, s'adresseàlasoinUi al^
^fiance, et devient ainsi la télé de la colomie qui^ ouvre la
• marche que la sainte jailiance dirige. 1»
Le président, a Arrêtez, Constitutionnel, inou, ami, je ne
»puis vous passer cette dernière phrase* Pourriez-vous me dire,
(346)
ye-TûM pri«9 <»iqfBe.o'Ml q«*imiB poignée de fakclleiix qtû re^
sniiêdu ffmf/mtitê. EtI-ce qaVm feorule deefinijeiira comme
mi emégimettle dei soldati? On cmûmit que tous ams volé
eelte métaphore an vieomte d^Afiraenart STaîlknn voire poi-
gnée de seotaires que voos tnMftweapfNiSfëi «wr <Vn^
éonire raolel que tous avec tooIu dire), ne pent pas moreàer,
à moins que l'autel ne marehe avec elle» et tout le monde
saitquHm autel ne marche pas« De plus, si elle est adûêêéù
à ia samU aUianoe, elle marche dotic à reculons; et 3 est
impossible d'ailleurs^ quoi' que vousdisiez-, qu'dile ^tevsetme
mn$i 4a téU dt fo eoUmne , puisque la sainte alliance la pié-
cède; BsAn une eotarme marche à la suite de ceux qui la di^
rif^ent^ et par conséquent votre coionnô^ qui estctirs^M^par
la sainte alliance, ne peut pas ouvrir la marche. CansUiUr
tiùnnUy mon ami, comment tout cela s'est*il anangé dans
votre tête? Prenes garde; votre sèle trop vif vous jette quel-
quefois dans 4e singulières bévues. Encore ce moi9*ci.».. eh I
pas plus tard que le a5, vous fiâtes chasser les jésuites de Mi*
lan par saint Charles Borromée en litfi. Savea^ièous bien
quel âge avoit saint Charles à cette époque ? Cinq ans, mon
ami, cinq ans, pas davantage, puisqu'il était né le % oc*
tobre 1 543. Chez nous il est bien ordonné de mentir, eomlns
à Sparte il était permis de voler ; mais c'est à la ménse cen-
dition^ c'est-àrdire que personne ne s'en aperçoive* »
lie Coiisf«liUûmi»e< n'a pas envie de continuer sa lecture ^
et il descend de la tribune, aj^ant l'air fort confusde la semonce
qu'il vient de recevoir.
£e président. «Hâtons-nous, car Je crains que nous n'ayons
«pas le temps de nous occuper de tous les objets qui étoient à
•l'ordre du jour.
» Qu*a-t-on fait pendant ce mois pour tromper les gouverne-
»ments et les rois ? t
Le CourricT français. « J'ai conseillé au roi de Portugal
» d'adopter des mesures sérires contre le patriarche qui met le
( 547 )
»lrdn« en danger, al qui s'efforce de oorfompre l'esprU des
«peuples. J'ai loué le même roi de son indulgence envers les
«francs-ma^ns* >
Le pré$id€nié « Très bien. »
Le ConsiittUionnel. c Moi, j'ai^signalé aux rois les otdteê
» religieuo^ U surtout 4esjéêuiiês^ ^ommt fermant un eafào"
*narisme bien autrement dangereux qtte celui dent on fré^
•tend effrayer tes gouvernements 9 dont Us sont tes perfides
9 auxiliaires* • «
■
Le président. • £b bien , mon pauvre Constituêiomiel^
• encore une gaucherie. Si les fésuites et les ordres religleut
• foraient un car^ô^iamme. dangereux pour les gouTerne- .
Binents, que ne les laissez-vous faire? et s'ils sont réellement
Blés auxiliaires des rois, croyez-vous que les rois isiiment à en-
> tendre taxer de perfidie les hommes qui les servent, et qu'ils
•souffrent patiemment une injure qui retonibe sur eux ? Et
» pourquoi éveiller, par cette chimère d'un caréonarisme re»
*iigiettx auquel personne ne croira, l'attention des gouver-
^nementssur notre carbonarisme, dont rexistence ne leur
•est que 4rop constatée. Voili de ces imprudences qui nous
j> compromettent d'une manière très fâcheuse* ConstittUion^
*nel, mon ami, j'en suis désolé, mais je me crois obligé , en
9 conscience ^ de faire sur votre compte un petit rapport à
•votre souverain et le mien, qui statuera là-dessus selon sou
• bon plabir. »
Le Comtitutionnel f effrayé ^ se lève, tend des inains sup*
pliantes vers le président, proteste de la pureté de ses intentions^
Le président* « Je veux bien , pour cette fois, me laisser flé^
«chir ; mais il faut que je m'assure , autant que possible, qu'à
•l'avenir il ne vous arrivera plus de commettre de pareilles
• érourderies. Frère Cotistitutionnel, avancez au milieu de la
•salle, et là , de manière à être entendu de tous vos frères et
•amis , jurez que vous ferez tout votre possible pour mentir
^ désormais plus adroitement. »
( 348 )
Le ConstUu$i4Minet. < Je le fore par KhiI ce qvfit y a et
•pius âoeré, »
LtfTitidùtU, « La fidyefaat a troublé vos idées; CmMUn-
• iiotmetf moo ami^ vous ouMiei qn*ll n'y a pour nous rien
•de sacré. »
Lt CanstUuHomnet. « Il est ^ài ; eh bien ^je. 4e jure putô-
ornent et rimptemenU b
Lepréeidem. « Frères et amis, nous aurions eu à délibérer
•sur beaucoup de choses encore fort importantes; mais Tom
•savez que toute assemblée satanique doit se dissiper avant le
9 chant du coq. Il £rat donc nous séparer*!^ séance est levée...!
Mon rêve finit avec la séance. Z.
DES JOURNAUX.
— La société de la tnoraie chrétienne a inséré dans le vingt-,
deuxième numéro de sob journal , une lettre d'un de ses cor-
retspondanls , qui nous apprend que ceite société tend à mettre
bientôt ta France au niveau de t'Aitemagne , de t'Angie^
terre etdcia Riissie , sous te rapport religieux. Nous remer-
cions la sociéié de cet aveu. En ne nous proposant pour mo-
dèles, scus 4e rapport reiigieux, que les pays protestants,
elle nous indique assez clairement ou elle voudroit nous me-
ner. Au reste , le correspondant prédît à la société les plas
hautes destinées , et lui annonce que , « semblable à cette
j famille sainte qui, après une inondation générale du globe»
«fut chargée de renouveler la terre, la société de la morale
"» chrétienne peut être appelée à renouveler le monde, sub-
• mergé aujourd'hui sous une autre inondation. »
Comme elle netromre rien d^exagéré dans cet élù^e , elle n*a
pas manqué de le faire imprimer : nous la lélicitons de sa
modestie.
1
H
(349)
Mous ayons été surpris de voir que ce correspondant, eUr
thoudaste de Tétat religieux de TAlleniagne et de TAngleterre,
fiftt le |>ré8ident de la Société acadérniquo de Hantes j oji il
développa, nous dit-il, quelques unes de ses idées, qu^il
adressa ensuite à la société de la moraie chrétienne. Est-ce
que par hasard la Société académique de Nantes seroit une
chaloupe de cette nouvelle arche de Noé , destinée à renou"
veier te tiumcie^.Nous l'invitons, pour son honneur, à désa-
vouer une pareille alliance.
i
— Le Constituticnnei éprouve , dans ses attaques contre les
jésuites , la vérité de cet ancien adage : La haine avetigie ia
raison. Il tombe. dan$ des erreurs si grossières, qu'un écolier
pourroit le relever. Ainsi, par exemple , dans son âuméro du
1 1 décembre , il nie que Bossuet ait aimé l'ordre des jésuites.
Si les rédacteurs du Constitutionnel connoissOient un peu
mieux les œuvres de l'évêque de Meaux, ils sauroient au con-
traire que, dans un discours prononcé le i*' janvier 1687, il
avoit fait l'éloge de cette société avec le plus vif sentiment d'ad-
miration , et lui avoit décerné publiquement un des plus beaux
homoaages qu'elle ait jamais reçus. « Et vous , célèbre compa-
ignie, lui disoit-il, qui ne portez pas en vain ie nom de
ït Jésus , à qui la grâce a inspiré ce grand dessein de conduire
9 les enfants de Dieu , dès leur plus bas âge , jusqu'à la matu-
vrité de Thomme parfait en Jésus- Christ, à qui Dieu a donnée
9 vers la fin des temps , des docteurs , des apôtres, des évan-
tgéiistes , afin de faire éclater par tout l'univers, et jusque dans
»lc8 terres les plus inconnues , /a gloire de V Évangile, ne
cessez d'y faire servir, selon votre sainte institution , tous les
» talents de l'esprit, de l'éloquence, la politesse, la littéra-
sture, etc. » {Œuvres de Bossuet, édit. de Lebel, tom. XI,
pag. 5a8. )
Le Constitutionnel nous apprend ensuite que les jésuites
allofent se faire idolâtres en Asie. Bosauçt nous dit au con-
2. ^4
(55a )
traire ^ dans le passage que nous venons de citer, que iemrs
iifNllf*es&i8o;::nt écUittT par ta%U i'univcrfi et fusque dans tes
Urtâê Uê fUu ineonnueè j ta giùire de VÉvangiU* Eat-ce là
oe que te Comtituiiofmet appelle de ridolàtrieP
— - Les }oartiaux libéraux» que la gloire de fil. de Uaistre im*
portune, ont présenté dernièrement sous le jour le plus fauxks
doctrines politiques de ce célèbre publiciste, pour les rendre
odieuses ou ridicules. Ils ont prétendu que^ dans le bu^ d'enga«
ger les peuples à se soustraire à Tautorité des rois , il avoît
rédigé tout exprès 5 dans un de ses ouTrages , une supplique à
l'usage des nations qui voudroient s'adresser au pape pour
être déliées du sefment de fidélité. Quoique la plupart de nos
abonnés soient sans doute assez familiarisés avec les ouvrages
de riUustre auteur por. n^avoir pas besoin d*ètre détrompés à
cet égard, nous croyons devoir néanmoins rétablir la vérité pour
ceux qui auroient pu se laisser imposer par rassurante avec
laquelle ces |our&aux ont répété de concert cette accusation.
Rien de plus facile que de prêter à un auteur des vues qui lui
sont étrangères, en prenant isolément un passage dans un de
ses livres, et en le séparant de tout ce qui précède et de tout
ce qui suit. La bonne foi ne procède pas ainsi; et si les jour*
naux dont nous parlons étoient plus fidèles à cette vertu , ils
nous auroient évité Tennui de relever une odieuse supercherie.
Dans son ouvrage du Pape, M. de Maistre étoît amené
par son sujet à examiner le système politique du moyen
âge, dans lequel le souverain pontife exerçoit une hante
juridiction sur les rois et les peuples. Il compare oe système
à celui que la plupart des philosophes modernes lui ont sub-
stitué , et s'attache à prouver qu'un ordre de choses suivant
lequel, ies peuples avoient le droit de s'adresser au pape
pour obtenir justice contre les abus de la souveraineté poli-
tique est, sous tous les rapports possibles, infiniment préfé-
( 35i )
rable à un état social reposant, suivant les théories modernes^
sur la souveraineté du peuple, et dans lequel le peuple
souverain peut, de plein droit, recourir à Vinsurrection
comme au ptus saint des devoirs. Pour rendre cette vérité
plus sensible , il a imaginé de la mettre , pour ainsi dire , en
action sous les yeux de ses lecteurs. U suppose un peuple
tourmenté par un souverain insensé, et conduit, par Texcës
de ses maux, à porter ses plaintes au cbef de la chrétienté.
Dans cette supposition, M. de Maistre met dans la bouche
des députés que ce peuple envoie au souverain pontife une for*
mule de remontrances, pour prouver par ta forme même de
ces plaintes que les peuples seroient toujours obligés , dans
le système politique dont nous parlons , de respecter le ca*
ractère divin de la souveraineté, alors même qu'ils auroient^
des griefs contre un souverain en particulier. Il examine ce
qui arriveroit dans cette supposition , et , comparant ce ré-
sultat avec les effets de la souveraineté du peuple , avec les
insurrections dont nous avons été les témoins, et qui attaquent,
non pas seulement tel ou tel souverain , mais la souveraineté
elle-même, il en conclut que le siècle des révoltes n'a pas
droit de se moquer des siècles des dispenses» C'est sans doute
cette conclusion qui irrite les journaux révolutionnaires ; ils
ont senti que c'étoit là un argument cuthomitufn... ,
Tous les hommes de bonne foi conviendront qu'il ne s^agit
ici nullement d'inviter les peuples à se soustraire à l'autorité
des rois , mais seulement de montrer qu'il n'y auroit pas à
hésiter, dans l'intérêt et des rois et des peuples, entre le sys-
tème de l'autorité politique des papes et le système de l'i/i-
surrectionf que l'on nous a prêché depuis trente ans. Au
surplus, M. de Maistre ne fait qu'énoncer une vérité qui a été
avouée par les protestants les plus éclairés , et dernièrement
encore par M. Ancillon entre autres ^ qui la reproduit) Ott
termes équivalents, dans ses Mélanges de politique*
( 35a )
l(lt»»»<MMW»M>»^%»<»»^M>»^^<IW^<^^»W>W»<W%l<»%WM<»W»W)><M>^<»W%»^<»^W^>W»^^
CORRESPONDANCE ÉTRiNGÈRE.
Je vous avois promis 9 moasieur , de voas donner des détails
sur rétat des catholiques en Irlande, et sur Tassociation ca-
tholique, qui exerce déjà la plus heureuse influence, comme
rattestent les attaques fanatiques des journaux protestants.
J*ai cru , monsieur , que je ne pourrois vous donner des idées
plus exactes sur cette société , qu'en vous transmettant la ré^
ponse faite par M. 0*Connell , un des membres les plus dis-
tingués (t hs plus actifs de Tassociation ^ aux calomnies d'un
journal de Londres. £lle présente une jpeinltu^ fidèle de l'état
des catholiques, elle démasque la haine et là mauvaiisefoi de
leurs ennemis, et elle vous fera juger en même temps de
tout le bien qu'on peut attendre de l'association:
MOKSUVH,
. J'espère que vous voudrez bien me permettre de vous
adresser quelques observations en réponse aux accusations
que votre feuille, d'aujourd'hui dirige contre l'assocîalion ca-
tholique d'Irlande.
Yous lui reprochez de tenir une marche alarmante pour
r^tat, de voiler sous des prétextes trompeurs les vues les plus
criminelles, de n'avoir d'autre but que de tirer une ligne de
séparation entre les catholiques et les protestants , de faire
briller au milieu, d'eux le glaive.de la discorde,, afin.de
rendre i'union dçs deux églises à jamais impossible. Yous
soutenez que, l'association n'osant pas encore' avouer lé but
véritable qui la.faii agir, l'émancipation n'est que le prétexte
de. ses. assemblées.; et que s'il ne s'agissoit que de. faire jouir
des droits politiques une demi - douzaine ou . une douzaine
tout au plus de leurs supérieurs , les paysans catholiques se
garderoient bien -de contribuer à la souscription ; mais que
a'ôIs. ne font aucune difficulté , c'est que le clergé Jetu- souffle
à l'oreille lie vrai but de Tassociation.
Je pourrois, monsieur, me contenter de vous faire ob-
•\.
( 353 )
server que toat en chercbant à persuader à vos lecteurs
que vous êtes parfaitement instruit des vues de Fàssocia-
tion 9 que vous connoissez ses intentions criminelles , vous
négligez cependant de citer un seul fait (|ui vienne à Tap-
pui de ces accusations. Mais vous voudrez bien que chacune
d'elles soit pour moi Tobjet d'un examen particulier.
Vous accusez l'association de suivre une marche alarmante
pour l'état ; mais quelle a été jusqu'ici cette marche si crimi-
nelle ? L'association catholique s'est efforcée de détruire toute
espèce d'alarmes en dévoilant les vexations exercées contre
les classes les plus pauvres du peuple irlandais ; dans toutes
les circonstancei elle n'a cherché qu'à faire connottré la
vérité; elle a soutenu de tout son crédit l'autorité des lois,
et je défie' ses ennemis de citer une feule occasion dans
laquelle elle se soit opposée à leur exécution. Â-t-elle tenu
un langage qui ait pu donner des sujets de crainte ? Jamais,
et il vous seroit impossible de prouver le contraire ; et d'ail-
leurs seroit-il juste de rendre une société quelconque respon-
sable de tous les actes des membres divers qui prennent part
à ses assemblées. Un membre de Tassociation peut en effet
s'être plaint hautement du dernier gouvernement de l'Irlande
et l'avuir t*xé de tyrannie et à^ oppression ; un autre peut
avoir parlé de la patrie comme d'un pay^ soumis à Veicta^
vage^ Ces expressions sont sévères « je l'avoue, mais sont-
elles fondées ? voilà toute la question. Ce n'est pas dans les
mots qu'il faut trouver un véritable sujet de crainte ^ mais
bien dans les faits auxquels ils font allusion / et sur' ce point
je veux invoquer les pllis puissantes autorités. En effet , si
vous voulez vous reporter aux discussions qui eurent Heu le
8 avril dernier , sur la motion faite par lord Daniley ^ vous y
entendrez lord Liverpool avouer que le dernier gouvernement
de l'Irlande a été tyranniqtie et oppressif: ce sont les propres
paroles de sa seigneurie. Et c'est Burkc lui-même qui, daus
une lettre au docteur Husseg, appelle l'Irlande un pa^s es-
ciave. 11 est bien étonnant que vous vous alarmiez avec tant' de
sensibilité sur les craintes que doit inspirer l'association ca-
tholique f sans pouvoir témoigner la moindre indulgence pour
quelques expressions de mécontentement échappées à * des
malheureux, victimes depuis si long-temps de la politique la
plus injuste. Je ne me rappelle pas que vous ayez jamais élevé
des craintes semblables sur les actes de l'association de Bridge-
Street, sur ceux de la société contre la traite des noirs , et de
la société protestante pour la défense de la liberté religieuse.
Je croîs qu'il seroit Uillicile de concilier votre bienveillunee
( 354 ) .
pour toute» ces sociétés avecvne haine aussi violenle contre i'^
socîation catholique» qui offre à elle seule tout ce que ces
sociétés ont de bon et de louable , et bannit de son sein tout
ce qu'on peut reprocher à chacune d'elles.
Vous accusez encore l'association eatholiquede cacher, sous
des dehors trompeurs , des projets crinnnels et séditieux. L^ao-
cusation est grave , trop grave même pour être faite téBiéini-
rement et sans preuves; mais si vous en avez » monsieur, vous
devez 9 .comme un sujet loyal de notre souverain ^ vous hâter
de les mettre au joùr^ et livrer à rindiguation publique ces
intentions criminelles et séditieuses : tout vous, y^ engage , et
votre loyauté , et le respect que vous devez à votre caractère ,
et enfin , ce qui ne sera peut-être pas une des oonsidératioos
les moins puissantes , votre haine envers ceux <|ue Vaus pour-
suives avec tant d*acharnement , je pourrois même ajouter
un sentiment de justice pour ceux sur qui pèse votre aceusa*
tîon. En ma qualité d'agent de l'association , je vous soUioite, je
vouseupplie de porter contre nous une accusatîoir en forme ^
de nous laire comparoître devant un tribunal quelconque de la
Grande-Bretagne* Personne mieux que mol ne eonnott , et la
marche suivie par l'association, et le but qu'elle se propose. Je
vous offre 9 monsieur^ de vous donner tous les renseignements
possibles ; les règles tie l'assemblée, les résolutions prises ^ tout
vous sera communiqué ; j'y ajouterai même » «vous le désirez ,
le nom et l'adresse de tous les membres de l'association. Mais
si. nos détracteurs refusent les offres que je leur fais ici, per-
sonne y je l'espère , ne se trompera sur le motif de ce refbs, et
s'ils continuent à attaquer l'association sans fournir la plus
légère preuve de leurs invectives 9 je laisse au public à juger de
quel poids elles peuvent être.
Vous avancez ensuite que le but principal , le but unique de
la société est de diviser pour toujours les catholiques des pro-
testants. Je crois avoir déjà répondu à ce reproche ;^ et s'il
falloit encore ajouter quelque chose j il me suifiroit de faire
observer que , si tel étoit en effet le but de l'association catho^
lique , elle emploieroit pour y arriver des moyens bien extraor-
dinaires ; car on pourroit dire qu'elle réuniroit pour diviser,
puisqu'on remarque, parmi les membres les plus éminents,
des protestants > des presbytériens, et d'autres dissidents qui
président même ks assemblées , et ce sont des pairs non catho-
liques , des membres de la chambre des communes , et , il faut
le dire à leur honneur, des protestants de toutes les parties de
rirlande, qui , par leurs dons généreux et par leurs efforts, ont
le plus contribué à la formation de la société. Je veux bien
( 35? )
eraice que cette accusation estéchappée à votre pLui^e^et.que^
SGilvaot le cours naturel de vos idées, vous pensiez dans ce
moment à ceux de vos amis à qui cette imputation seroit
éminemment applicable.
Je ne veux pas répondre sérieusement à cet autre reproche
que vous adressez à Tassociation^ de voiler, sous le prétexte de
l'émaucipatioD, des vues coupables qu'elle n'ose avouer publi-
quement; ce ne sont encore que des insinuations mysté^
rieuses , des imputations générales sans preuves et $ans fon-
dement. Mais, monsieur, je vous le répète, pourquoi tenir
cachés plus long- temps les faits qui peuvent justifier de telles
assertions? Vous le devez à la justice, vous le devez à votre
tionueùr; et si quelqu'un parmi nous a pu, à notre insu,
mériter les reproches que vous adressez à la société, elle
demande qu'il soit démasqué , et elle l'abandonnera volontiers
à l'indignation publique.
J'avouerai avec vous, monsieur, que les paysans catholiques
d'Irlande refuserpient de contribuer aux frais de l'association
si elle n'avoit d*aatre but que celui de faire étendre les pri,-
vilé^es politiques à une demi-douzaine de leurs supérieurs ;
mais ils savent bien que ses vues ne ^e bornent pas là, qu'elles
euahrassent tous les besoins sociaux de toutes les classes
du corps catholique, sans distinction. £t en effet j| quels oi^t
été l6s premiers actes do l'association, si ce n'est de protéger les
paysaos^etde les venger de leurs persécuteursyde cesoppressei^rs
sans lois, qui sont aon seulement leurs ennemis et leurs caloii»-
niateurs , mais les ennemis et les calomniateurs de leur com^
nauae patrie, de leur commun souverain. Aussi commencent-ils
déjà à se reposer sur la force et la protection des lois, tandis
qu'ils les regardoientauparavantplutôt comme une arme placée
entre les mains de leurs ennemis que comme la sauve. garde de
leurs maisons, de leurs libertés et de leurs vies. £n véiité, mon-
sieur, il est difficile de vous plaire; si les paysans catholiques
refusoient de soutenir l'association dans les efforts qu'elle fait
pour améliorer leur sort, on verroit dans ce refus la preuve de
leur indifférence pour leur émancipation, et parceque quelques
uns d'entre eux sont venus ajouter leur denier à la souscription^
vous sonnez aussitôt l'alarme et proclamez l'état en danger.
Mais ces. souscriptions qui inspirent une si vive crainte sont-
elles, si considérables? Je vais vous rassurer, monsieur, car,^
même en y comprenant les dons des protestants, elles ne mon-
tent* pas encore à la quinzième partie des sommes recueillies
par les diverses sociétés qui se sont engagées dans une croisade
religieuse contre les catholiques d'Irlande, Je crois bien que
( 356 )
rétat' des catholiques le plus agréable à leurs euDemis' seroit
Fesclavage le plus abject ; mais )e veux bien leur épargner le
désagrément d'être trompés par une vaine attente, en leur dé-
clarant ici que cette partie nombreuse des sn|ets de sa majesté,
lassés des injustices dont on l'accable depuis si long-temps, est
en6n décidée à user de touslesmoyensque la loi lui permet, pour
obtenir la libre jouissance de tous les privilèges auxquels elle
a droit. Voilà son véritable but, et non , comme vous voulez
le faire croire, l'avancement d'une dizaine de ses supérieurs.
Vous ajoutez que si les paysans irlandais se montrent- si lavo-
rablês à l'association catholique, c'est que le clergé leur dit à
l'oréiUe le fin mot de -ta société; mais ce n'est encore qu'une
'de ces imputations qu'on répète tous les jours sans se donner
Ih peine de fournir la moindre preuve. Ce fin -mot a déjà été
soufflé aux oreilles ^de plusieurs milliers de personnes ; vous
voudriez aussi faire croire qu*on Ta pareillement soufflé aux
' vôtres; mais si cela est ainsi pourquoi se contenter d'une accu-
sation aussi vague ? Est-ce bien sérieusement que vous vou-
driez persuader à vos lecteurs que le paysan irlandais est un
'être assez insensible, assez abruti paries mauvais-traitements,
Cr ne sentir que sa personne est outragée , sa misérable ca-
e, sa petite famiHe atta(^uées que lorsque son curé le lui
^ aura soufflé à l'oreille; qu'il ne saurti comprendre tout le prix
d'être mis à l'abri des persécutions que lorsque son curé lui en
-aura également fait la confidence? Quant àceux>qui vevdent
rendre l'association responsable de tous les' maux qui ont dé-
' sole l'Irlande, je me contenterai de leur faire observer que la
société n'existe que depuis le 1 4 avril i8a5. Deux ans* avant
'Cette époque,' le marquis de 'Wellesley avoit été revêtu du
- commandement de l'Irlande, et tout lemonde sait. qu'à. son
^arrivée son excellence, loin d'être en état de protéger les au-
tk'eS) li'avoit pas assez d'autorité- pour se défendre elie-même
contre les fureurs de ce même parti qui veut présenter aujour-
d'hui l'association comme la cause de tous nos troubles, tandis
"qu'elle- est le seul corps qui puisse prêter une force. morale
« au gouvernement, et l'aider ^cacement à rétablir l'ordre et
la paix. f ,
Obtenir fiour toutes les classes catholiques, sans distinction,
- la libre jouissance des droits politiques et religieux, dont ils
- n'ontété défiouillés que par la haine et Tinjustice, voilà le bat
-que se propose l'association. Jusqu'ici sa marche a été franche
et ouverte ; elle s'est efibrcée d'abord d'inspirer au pei^le ir-
• landais l'amiour de la paix , et je puis même dire assez de sé-
V ouritéy pour attendre l'amélioration de son sort, des triboaaux
<357)
■du roi ^ de la chambre des communes, du parlemei)t,'et, s*il le
faut, du roi lui-même, plutôt que de vouloir se faire justice
lui-même par des actes de violence et de représailles. Un )ievi-
reux résultat a déjà couronné ses louables efforts, et Tassocia-
tiou peut espérer d^avoir mérité la reconnoissance de tout
ami véritable de la paix et du repos de TIHande. Ce ne sont
pas les membres de la société qu*il làut accuser de sédition,
mais bien plutôt ceux qui les poursuivent avec tant d'achar-
nement, ceux qui administrent la justice avec une partialité
s! révoltante, ceux qui placent entre les mains de partisans
'féroces et sanguinaires les armes que le roi ne leur a confiées
que pour la défense de ses sujets ; ceux qui , revêtus des plus
hautes dignités. de Tétat, font si peu de cas des intentions bien-
veillantes de sa majesté ; ceux qui, méprisant les sentiments et
les prioeipes de tout un peuple, soutiennent , encouragent de
toûl; leur pouvoir ces sociétés fanatiques, croisées contre son
bonheur et la foi de ses pères. Voilà ceux qvie Topiniou pu-
blique frappe à jamais de réprobation..
N'est-ce pas la contradictioài la plus étrange d'encourager par
vos vœux, et même par des moyens^ plus efQcaces , les défen-
seurs de la liberté en Amérique , en Espagne et en Grèce , et
de provoquer avec tant d'ardeur Témancipation des nègres ,
tandis que vous laissez gémir dans Toppression les catholiques
irlandais , soumis au même souverain que. vous , et qui ne de-
mandent que la faveur d'être assimilés à tous les autres sujets
de l'empire ? Ne serez-vous jamais persuadés qu'une guerre
aussi acharnée contre les catholiques qui sont au milieu de
vous , est une barrière qui empêchera toujours yotre in-
fluence de s'étendre au dehors, un obstacle qui affoiblit
la force du gouvernement dans ses relations avec les autres
peuples ? En effet , Vil veut censurer la conduite de l'Espagne
envers ses colonies , on lui rappelle l'état de l'Irlande ; s'il ose
trouver à redire à l'occupation de l'iispague par la France , on
lui répond en lui. rappelant ciiicore Tétat de l'Irlande; s'il
veut engager les colons des Indes occidentales à traiter leurs
esclaves avec plus.de douceur, c'est toujours la situation bien
plus malheureuse des catholiques irlandais qu'on lui objecte.
- Je ne suis pas de ceux qui regardent la pacification de l'Ir-
lande comme une chose extrêmement difficile; il y a dan» le
peuple catholique un riche- fonds de bon naturel, de bonnes
inclinations ; et si ceux qui sont chargés de la gouverner vou-
loient s'occuper , par- des moyens francs et honnêtes , de
l'œuvre de la réconciliation , je ne^^doute pas qu'ils n'obtins-
sent d'heureux et prompts résultats , même auprès des parti-
( 356 ) .
sans Jes plus achaniés de notre exeloaioa politique. Ce n'est
Sas ail peuple qu'il faut attribuer la cause de nos troubles et
e nos malheurs ; c^est au système pernicieux qui nous régit^
Les protestants, auxquels il accorde une honteuse suprématie*
et les catholiques , qu'il dégrade par la plusse oppression i
sont éf;alement ses victimes , et des preuves vivantes de ses
funestes résidtats. Au lieu de nommer des commissions d'en-
quêtes, des comités illusoires , que les ministres de la cou-
ronne suivent une marche plus franche et. plus digne d'un
homme d'état; et s'il leur faut des témoins pour s'assurer de
notre loyauté, de la sincérité de nos intentions, qu'ils consultent
le lieutenant du roi| le lord chef du ban du roi, et les autres
juges des cours supérieures de l'Irlande. Si j'en avois la li*-
berté, je pourrois invoquer encore un témoignage y et plus au^
guste et plus puissant, le témoignage de celui qui, placé hors
de toute influence , et livré à la bonlc naturelle de son coeur 9
vit éclater dans toute leur franchise , dans tonte leur simpliei^
les bous sentiments du peuple irlandais : au nom de l'Irlande
opprimée et calomniée, j'en appellerois à Georges IV.
J'ai l'honneur, etc.
ESQUISSE D'APRÈS NATURE.
N» IV.
UNE PAEADE PHILOSOPHIQUE.
La philosophie moderne avoit promis de faire le toiir du
monde. Sa menace s'est accomplie , sinon littéralement , da
moins moralement ; car elle a visité toutes les classes de la so-
ciété. Oo a d'abord vu des rois philosophes qui ont complai-
samment préparé la voie à des philosophes-rois. A leur suite
sont venus des législateurs philosophes , des publicîstes philo-
sophes , des moralistes philosophes , voire même des prêtres
philosophes , et il en est résulté un Gode , une politique , une
morale , une religion philosophiques , précieux trésors qui for-
(359)
mentaaiourd'bui le fanas le plus positif de la.prospérité pubK*
que. Bientôt^ soumis au même joug , les guerriers et les oom«
mis> les diplomates et les écoliers , les orateurs et les histrions^
les princes el les banquiers 9 les courtisans et les laquais, ont
payé tribut à la philosophie ; les arts et les lettres aussi ont re-
connu son enxpire : ou a fait des poèmes , des tragédies , de^
comédies y des opéras, et même des ballets philosophiques (1) t
enûnj la philosophie a tour à tour parcouru le trône, la tribune,
la chaire, les clubs , les collèges , les académies, les théâtres ,
les comptoirs et les antichambres. Maintenant elle est arrivée
aux tréteaux Et que les adeptes ne s'en scandalisent pas 1
par nature eonmie par calcul, la philosophie ^e peut mépriser
personne : Èakuii , c*est sa devise. Son devoir est de recevoir
tous ceux qui se présentent , et même d'aller au-devant de ceux
qui ne se présentent pas, C^est la reine la moins fiëre , la niar
jesté la plus populaire des temps modernes; et certes ce n'est
pas peu dire.
La voilà dono établie sur les places publiques*; do moins
c'est là qu'à notre grande satisfaction nous l'avons rencontrée
il y a quelques jours : o'étolt aux environs du Palais-Royal.
Elle avott choisi pour tr6ne, ou, si l'on veut, pour tribune (ce
qui aujourd'hui se ressemble beaucoup ) , un modeste théâtre
en plein vent, simplement décoré, et elle avoit pris pour or-
gane le personnage obligé de oes sortes de théâtres, et dont le
nom, plus célèbre que distingué , se transmet d'âge en âge aux
aftùte^ qui consacrent leurs talents et leurs pounoontà amuser^
à peu de frais ^ la portion la moins fortunée de la classe inx»
dustrielle.
<i) Dmi une TîUe d'Italie (à Milan, Je orôis), lors de l'enlèvement da pap«
PîeVI, let philosophes goarernaats firent représenter un ballet, dans le-
quel fin danseur philosophe figura sous U nom et avêe là costumé du pontifb
prisonnier, aux grands applaudissements des héros philosophes, qui YeDoiei|t
d'ajouter ce glorieux épisode à l'histoire des Victoires et Conquêtes de la
Républi^e.
( 36o )
A la vérité , celai que la phUosophie a?oit honoré de sa con-
fiance différoit, sous plusieurs rapports, de ceux auxquels
Momus confie ses grelots; et cela paroîtra naturel : un ambas-
sadeur de la Sagesse ne doit pas ressembler aux messagers de
la Folie. Ainsi, par exemple» au lieu de ce large vêtement de
toile à carreaux rouges et blancs, costume consacré de temps
immémorial parmi ses confrères , Tartiste-philosophe portoit
une livrée particulière , et pour ainsi dire explicative de ses
fonctions : il étoit entièrement vêtu de Prospectus. Prospedm
par-devant , prospectus par-derrière ; de quelque côté qu'il se
tournât, on ne voyoit ijpie prospectus. Et qu'on ne croie pas
t|ue le hasard seul les eût rassemblés ! Un art profond ^evravoit
déterminé le choi?c et réglé les dispositions. Sur le bras-droit , des^
tiné également aux combats de Tépée et delà plume , on fisoit ,
GvEiEB DES DIEUX, onzièmc édition^ sur la.manche gauche, cété
cher à la philosophie , on lisoit, Discoubs et opinions de M. dbii4
Fayette; sur le cœur on lisoit, Histoiee de NAPOtioN, écriifi
par Ujtirfnêfne; sur les épaules on lisoit, Œuvbes complètes de
Rousseau , édition compacte ; et immédiatement aurdessons.,
Le Voltaiee des chauhièees , édition Touquet ; enfin , du mtme
côté , et en descendant encore un peu plus bas, on troovoit :
LV>EiGiNB DES CULTES, poT Dupuis* La coîffure répondoit au
reste, et l'on peut dire qu^elle couronnoit l'œuvre : c*étoit un
Prospectus des Ruines de Yolnbt , façonné en mani ère de cas-
que , et surmonté d*un lambeau d'écarlate , qui avoit envie de
i^ssembler à une flanmie, mais qu'on pouvoit prendre égale-
ment pour, les débris d'un bonnet rouge, ou pour la crête qui
orne le front du plus gros oiseau de nos basses-cours. Ce. cos-
tume, peu brillant, mais d'une piquante originalité, étoit de
l'effet le plus pittoresque. J'ignore à quel artiste-tailleur on en
doit la eonfection ; mais elle lui fait infiniment d'honneur , et
lui assure uiie place distinguée dans le plus prochain Peospegt vs
du Dictionnaire pkiiosophique des grands hommes du disQ^'
Neuvième siècle.
(36i)
Il étoit naturel qu'un spectacle si nouveau et un peraoanage
si singulier excitassent vivement la curiosité : aussi Tauditoire
étoit-il nombreux, et composé de spectateurs de toute espèce
et: de tout âge; hommes, femmes , enfants , marchands, ou-
yriers , paysans , bourgeois et militaires , et aussi ceux qui se
croient militaires et bourgeois, et ne sont ni l'un ni Tautre,
se poussoient, se pressoient autour du théâtre ambulant. Je
remarquai cependant que ia petite propriété et (a cîwse in-
dustrielie formoient la grande majorité. Je me joignis, à la
foule , et me plaçai à côté d'un bon gros paysan , qui ouvroit
de grands yeux étonnés, et écoutoit, bouche béante, avec une
extrême envie de comprendre, et une disposition évidente à
croire et à admirer.
C^est alors que j'observai combien le maintien , les gestes,
la physionomie, en un mot te masque de l'acteur , étoient en
harmonie avec son costume ; l'art avec lequel il savoît fondre
la nuance toute particulière de son rôle avec la couleur domi-
nante du personnage 9 et, unir les convenances philosophi-
qaes du moment aux traditions populaires consacrées par les
siècles. Ainsi , le genre étant essentiellement niais , il se garda
bien de violer cette règle fondamentale ; seulement, en qua-
lité de philosophe , il s'abstint d'être gai. Les attitudes , les
gestes , les inflexions ignobles étant aussi rigoureusement com-
mandés y il fallut bien s^ conformer, mais en les relevant par
un air d'importance ^ par un ton prétentieux et doctoral tout-à-
fait philosophiques. Ënfm les lazzis , les balourdises , les gri-
maces , agréments inévitables du personnage , et qui auroient
embarrassé un artiste moins habile , ne fureut pour celai-ci
qu'une occasion de plus de se montrer à la fois grand acteur
et profond philosophe : ses grimaces furent sévères, ses ba-
lourdises éminemment ^raycs 9 et ses lazzis pleins de dignité.
En deux mots, c'étoit le sublime de la bêtise et le beau idéal
delà parade. Non, jamais la philosophie n'a été plus digne-»
ment représentée , même à l'académie ! . • ^
(^ 36â )
Mafo c'est assez dépeindre Tacteur ; hâtons-nous de le lais-
ser parler : n*ayant pas entendu le conunencement de la scène,
je ne puis, à mon grand regret , citer Texposîtion , qui sans
doute étoit admirable , du moins si fen Juge parles premières
paroles que |*ai pu recueillir. « Oui, citoyens, dîsoit Tacteur
• en s^adressant au public^ pendant le dernier siècle, la philo-
• Sophie, en signalant les usurpations du despotisme, aToft
•fait naître dans quelques esprits, prompts à se convaincre et à
• se désabuser, la pensée de briser un joug trop long-temps
• appesanti... Ils ayoîent forcé la multitude à rougir de sa cré-
• duiité, de ses préjugés, de ses superstitions , de sa docilité
•trop aveugle. On lui avoit montré les idoles qu'elle dévoît
• renverser..... mais les voies de la liberté n'étoient pas sùffi-
• samment préparées, la raison n^étoit pas assez éclairée......
•car l'enseignement mutuel nous manquoit encorel... Aujoor-
• d'hui que nous le possédons de toutes parts ;, au sein de la
•patrie, et dans toutes les conditions, germent des idées d'or-
• dre, inconnues à nos pères... la routine s'éteint... l'artisan,
■
• remonté à la dignité de l'homme et du citoyen, au terme d'une
•semaine laborieuse , fait un noble emploi de ses épargnes....»
( A ces mots> un groupe àHndtùStrièU fait retentir Tair d'ap-
plaudissements prolongés. ) L'acteur continue. « L'artisan ,
• non plus voué au célibat, a une femme, des enfants; n les
•nourrit, les entretient, subvient à tous leurs besoins ; il ne
• vit pas de pain noir.... • ( Murmures sourds parmi quelques
dames. ) « Doué de plus d'intelligence , parcequ'il u'ést pas
• abruti »( Bravos universels !... les cris 6is! insl s'élèvent
de toutes parts. ) L'acteur recommençant : « Doué de plus
• d'intelligence porcequ'il n'est pas abruti... » ( nouveaux |ap-
{^audissements)) a il raisonne sesoccupations, prête une oreille
• attentive aux o&servations qu'on lui fait, présente ses objec-
9 tiens sans excéder les bornes delà politesse*... enfin, il ne
• se vautre plus comme autrefois dans la £singe des or-n
giesl*!.. »
( 363 )
Ici 9 Taeteur fut interrompu par une bruyante altercation
entre deux artisans. L*un d'eux, qui probablement n'était poê
encore tautrà-fait aotti dt ia fangô des orgies , pour re*
mofUer à ia dignité de i* homme et du cit¥, ne paroissolt
pas avoir fait , ce jour-là , un noble emploi de ses épargnée^
et, la tète échauffée par le vin , il veut forcer jN>n camarade à
lui céder sa place. Celui-ci, doué de pluêd*inteUigence, parce*
4fuHi n'est pets abruti, présente ses objections pour établir le
droit^'il a de demeurer oii il est; mais Tautre, au lieu de
prêter une oreitie attentive aux observations qu^on iui fait,
pousse violemment son camarade, qui, sentant alors ses idées
d'ordre et d'indépendance compromises, appuie un dernier
raisonnement d*\xn vigoureux soufflet. L'adversaire lui objecte
un coup de ^oin^; (es raisonnemenis et (es objections se mul*^
tiplient, si bien qu'enfin les deux logiciens se saisissant au
colety s'en vont roulant de compagnie datis ia fange des ruis*
seaux , oùla discussion se termine sans avoir excédé ies bor*
nés de ia politesse.
Le calme étoît rétabli; l'acteur, que cet incident avoit
paru intéresser vivement , reprît avec un redoublement dé
verve et de chaleur : v Durant vingt-cinq ans que la carrière des
«honneurs et de Favancemeut fut ouverte à quiconque se
»distinguoit, des hommes sortis des rangs les moins remar-
» qués se sont immortalisés et n'ont pas paru déplacés dans
»leur célébrité. Tout ce que la France respecte, tout ce qu'elle
» Yénère, est parti d'aussi bas. . • (Approbation presque générale.)
ftToatefoison doit recounottre qu'un grand nombre des îndlvi-
» dus qui s'élevèrent par la seule force de leurs aptitudes, eurent
«souvent à gémir de n'avoir d'autres guides que leur bon sens,
» leur génie 9 et les facultés incultes d'un heureux naturel. Nos
I» jeunes gens, à en juger par les dispositions qu'ils manlfes-
Dteut, n'auront plus désormais à redouter qu'aucun des inci-
» dents de leiik' vie les trouve jamais au dépourvu... » ( Un
)ockey, deux ramoneurs et \xd petit commissioDnaire^ applau*
(364)
ditieDi. )<Ils ToienlàqtteUenulUléaAeuseesIcaadanuié oéktl
■ qui ne sait que lire et écrire : à peine le croit-on propre, aux
• emplois de la domesticité... » ( Le jockey n'aj^laudit plus.)
«Dans Tadolescent qui vient s'offrir à son comptoir 5 le plus
• petit marchand exige souvent plus d'instruction qu'il n'en a
• lui-même ; car il lui importe que son élève soit digne de sa
• confiance, qu'il ait de la probité, des principes, une fègle
• invariable pour toutes ses actions, que son jugement soit
•droit et sain , et qu'il ne soit pas étranger aux bienséances,
• et que l'urbanité de ses manières devienne un mojen de plus
i d'achalandage. Toutes ces qualités, il est sûr de les avoir ren-
• contrées dès que le sujet qu'on lui présente a recueilli les dons
•de cette éducation variée qui l'adapte à tout, et qui, bien que
osuperficielle dans quelques parties, donne la clef de toutes
•les théories, et facilite toutes les applications... Enfin, quand
• une faute contre la pureté du langage , une erreur de gram-
» maire, une liaison vicieuse, exposent à la risée de tout un
•atelier, qui oseroit se risquer dans une profession méca-
• nique sans avoir, au préalable^ appris à parler correcte-
•meut! » ( Explosion , transports, exclamations parmi une
vingtaine d^éUves-marchands* Bravo! bravo!.... Oui, oui,
c'est fièrement vrai! crioit l'un; vivent les arts-t-et les scien-
ces, rindustrie-iS-et le commerce, crioit un autre ! ) L'acteur,
animé par ces encouragements flatteurs, continua d'une voix
émue : Puissent, malgré les efforts que l'on fait pour les répri-
•mer, cette ardeur, cette soif d'apprendre ne pas s'éteindre de
• sitôt! Elles seules peuvent nous garantir la durée de notre
ncharlc, et donner au gouvernement représentatif toute la
• consistance et l'utilité qu'on lui souhaite! • (Profonde sensa-
tion , silence religieux dans tout l'auditoire.) « Le dogme de
• Tëgalité, solennellement décrété comme la base de tous nos
• droits constitutionnels, est pour les Français un nouvel en-
gageaient à ne pas s'arrêter, surtout... «(ici la physionomie
de l'artiste philosophe se rembrunit , sa voix devint plus lu-
( 365 )
gniite 9 son regard sombre , «res gestes eonrulsift : oh eût «lit
de Mathan en présence de Joad.)cSurtoat^ ajocita-t-Ui lors*
» que réducation tout entière est à la veille d^ètre envahie par
9 cette corporation tliéocratique , que ses intrigues subversives
ftoiit fait chasser de tous les états de TEurope , h'est-il pas uf-
s^eilt d'offrir à la génération qui s*élève Tantidote des fausses
» doctrines qixe TonT tâche de lui inculquer P £U vain , vôudroît-
» on se le dissimuler, si , hors de Tenceinte des écoles , il nY a
• pas un préservatif contre les perfides insinuations du jésuitisme,
»l*époquen*est pas éloignée où un père, pour prix des sacrifices
» qu'il se sera imposés^ ne recueillera que le chagrin de rencon-
'»trer dans son fils, saintement égaré, le fanatique contempteur
» de ses opinions et le contradicteur irrespectueux de ses cheveux
«blancs.» (Frémissement de terreur dans rassemblée; un vieil-
lard, un père sans doute, épouvanté de la menace, saisit précipi-
tamment sa perruque, rabaisse sur son front, comme pour
mettre ses cheveux blancs à Tabri de leur contradicteur.) o Enfin
9 quand pour de légères fautes, ou desimpies saillies de Tenfance,
)» la sévérité d'un proviseur prononce par centaines d'irrévocables
» exclusions, nefaut-ilpas que les élèves, frappés des foudres uni-
» versitaîres, trouvent, en rentrant dans leurs foyer s, les moyens
» d'instruction qu'on leur refuse?» (Oui, Oui, c'est juste! s'écrient
d'une voix claire trois petits lycéens de dix à douze ans.) « Si l'on
»en croit les sophistes de l'obscurantisme, il est indispensable
n d'interdire au vulgaire l'accès du feu sacré; sentinelles placées
» sur toutes les voies qui conduisent au temple de la sage Minerve,
» selon ces exclusifs docteurs d'une moderne Sorbonne, ce
> n'est qu'en gravissant dans les ténèbres que l'on résoudra le
» problème de la félicité publique. Un second Omar qui livre
«aux flammes tous les livres qu'ils n'auront point faits, qui
«détruise toutes les écoles qu'ils n'auront pas fondées, est le
«Messie qu'ils attendent. Qui nous répondra que bientôt le
B commerce de la librairie ne s'anéantira pas devant le. fléau
»d'un index ; que le même esprit qui fit condamner Galilée ne
2. â5
( 366 )
«finira pas par proscrire jusqu'aux idées géométriques » et ne
» frappera pas d'une mortelle réprobation tout ce qui contri-
»bueroit au développement de Tentendement humain? £n-
» oore quelques mois peut-être , et les corporations , les mat-
ttrises, les vieilles ordonnances, les vieilles coutumes > les
•anciennes entraves de la presse, en un mot , tous les cada-
• vres du régime gothique ressusciteront. » ( A ces mots, des
cris perçants s'élevèrent du milieu d'un groupe de bonnes
femmes, qui, dans leur simplicité, se croyoient déjà poursui-
vies par tous ces cadavres ressuscitant de toutes parts ; mais
l'acteur, qui vit leur méprise , se hâta de les rassurer en ajou-
tant : ) c Mais tranquillisez* vous , la philosophie veille su^
• vous, et saura vous défendre ; c'est elle qui, par ma bouche,
» vient vous promettre son appui : elle connoit vos intérêts et
• vos besoins, et elle saura y pourvoir. Déjà son zèle a introduit
• jusque dans les chaumières les' éditions économiques de Vol-
• taire et de Rousseau; mais cela ne suffît pas : outre que ces
• moyens ne sont pas sans lacunes, l'instruction qu'on peut y
• puiser suppose des prélinûnaires , et, quoique la philosophie
• y soit dominante, le bien que renferment ces merveilles de
• l'universalité peut être mal interprété. Il vous faut^ de plus, un
• mentor, un ami sûr, eu un mot , un guide infaillible! La phi-
• losophie vous l'envoie; il vous apporte à tous, à l'homme qui
• sait comme à rhomjpie qui veut apprendre, à la grande comme
•à la petite propriété, des leçons pures, austères, positives, où
• tout est authentique, tout est essentiel, tout est bon; où,
•sans sécheresse et sans aridité , sont renfermées toutes les
• conquêtes de l'intelligence humaine, et la source de toutes
• les idées justes, de toutes les notions positives qui aient* sur-
• vécu à la controverse des âges, lesquelles vous mettront à
•même de parler de tout, d'entendre parler de tout, d'user de
• toutes les ressources de votre langue, de faire votre rhéto-
• rique sans savoir le latin , de pénétrer aussi ayant que vous
• voudrez dans le sanctuaire de la littérature, d'évoquer les
(367)
» cadavres de la vieille érudition , de fouiller dans les ruines du ^
«savoir pour eu exhumer les de' jris qui en valent encore la
» peine, de distinguer là vérité de Terreur, de vous garantir des
» impressions funestes , de ne recevoir que ceUes qui convieu-
ndront à votre raison, de vous conduire, soit comme simple
«particulier, soit comme homme public , de connoitre toutes
B vos prérogatives et toutes vos attributions dans les collèges
• électoraux, de multiplier vos exportations, de diminuer lv;s
» importations de l'Angleterre, de vous délivrer d'une foule
»de tributs, de faire proclamer d'un pôle à l'autre Pévidence
»de votre supériorité sociale, de découvrir de quel côté est la
» bonne et la mauvaise foi^ de vous rendre compte Aes chiffres
»d'un budget, d'empêcher un zéro exacteur d'échapper à
• votre sagacité , enfin , chose plus étonnante que tout le reste,
» DF SAVOIll QVATTD L'iLUTORITE SE DETBAQUE ET QUAND ELLE ABt'SE ! ! I
B Accourez donc, vous tons qui m'écoutez; accourez, indus-
9 triels , agriculteurs, étudiants, manufacturiers, fabricants,
• artistes, négociants, commis, employés! accourez , et venez
• recevoir de nos mains le trésor que la philosophie vous
• envoie î »
En achevant cette magnifique tirade, et sans laisser même
le temps d'applaudir , l'artiste philosophe ouvrit un > vaste
coffre qui étoit derrière lui , et en tira un millier de feuillets in-
folio, qu^il lança avec une force et une dextérité admirables
sur l'auditoire, étonné de cette pluie d'une espèce nouvelle.
Cependant chaque spectateur recueillît avec un enipressement
curieux cette manne mystérieuse qui lui tomboit du ciel , dans
l'espoir d'y trouver, comme dans celle du désert, un aliment
pour tous les goûts, un charme pour les maux... Qu'est-ce ?,•
qu'est-ce ?.... voyons!,,, voyons! répéloit-on de toutes parts;
et tous de regarder, et tous de lire spontanément : Prospectus!
>Le bon paysan , mon voisin, qui ne savoit pas lire, mais qui
avoit devant lui un l'aune élégant qui, bien que ses bras fas-
sent embarrassés d'un paquet de calicot et d'une pièce de lé-
â5*
(370)
croisades, Thygiëne, les sectes^les erreurs, Tesprit des lois, les
préjugés et les vertus civiques; le tout absolument neuf, et de
première qualité.
LE PAT6ÀN.
£n vlà-f il ? en vUà-t'il ? et à quoi que c'est bon toutes ces
drogues-là ? ça guérit-y de la toux, de la migraine , et du mai
de dents?
ii'jâiiGANT, d'un ton sotennei û iptofond.
Bon homme , ça guérit de Tignorance , de robscurantlsnie ,
du fanatisme, de la superstition et de l'abrutissement de la
féodalité.
I.B PÀTSiN.
Je ne connoissions pas cheu nous ces maladies-là. Mais,
c'est égal , ça peut se rencontrer. Et combien qu'i prend pour
tous ces fameux remèdes ?
l'élégakt.
La collection intacte est de cent cinquante francs, qu'on
paie d'avance, à moins qu'on ne soi/ô connu universeUement
ou bien qu'on n'o^e un répondant.
LE PAYSAN.
Cent cinquante francs ! ça fait cinquante écus : c'est joliment
cher! le farceux avoit pourtant dît que sa bourgeoise travailloit
pour ceux qui n'étiont pas r iche s.
• l'élsgant, d'un air généreux.
Doit-on s'en tenir à quelques napoUom, quand il s'a gît de
recueillir des avantages si coriséqumts?
(37» )
U5 PÀT8ÀN.
Tiens ! vous êtes bon là ! je n'avions pas comme ça cinquante
écus à mettre à des pilules!... Je commence à croire que ce
farceux-là est encore comme celui qui W'a vendu à la foire
Saint-Louis de l'onguent pour la brûlure. « Si je ne vous
guéris pas, disoit-il, je vous rends votre argent! » J'ons fait
son remède : le mal a été de pire en pire, et le gosseux ne m'a
rien rendu Au reste, c'est égal; j'emporte towjours le proS'
pectus comnie vous dites. Je le donnerons au maire de cheux
nous. C'est un richard lui ! il a acheté le château de not' sei-
gneur, et depuis ce temps-là j il est toujours malade et son
épouse aussi. Us ont peut-être queuques unes de ces grandes
maladies qu'on guérit avec les drogues qui sont là-dessus : ils
aviont de quoi les payer.
£n achevant ces mots , le bon paysan mit dans sa poche le
prospectif de la Bibliothèque du gitoysn, et s'en alla en saluant
réiève négociant , qui le regarda avec une supériorité mépri-
sante si comique, que je ne pus m'empêcher de rire. Véièvô
négociant crut que je riois du bon paysan ; sa méprise me fit
rire davantage, et cet incident termina d'une manière très amu-
sante pour moi ia parade philosophique.
Le comte 0' ]U.ihont.
ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.
PROPAGATION GÉNÉRALE OB BONS UVASS.
BiBUOTB^uB GITB0UQVB9 dédiée à N. S. P. le pape^ approuyée
par an grand nombre d^éyêques^ et publiée par une société
d'ecclésiastiques. Tomes IV, Y et VI. A Paris ^ rue Garan-
cière, N^ 10. Il paroit deux volumes par mois. Le prix delà
souscription est de aa fr. par an , et a5^ fr. franc de port et
d'emballage. ( On s'abonne aussi pour cette excellente coUec-
tion, au bureau du Mémorial catholique,)
Si quelques personnes avoietit douté de roîr se réaliser les
grands projets annoncés dans \t prospectus, PactÎTité, le soin et le
zèle des ecclésiastiques qui dirigent cette œurre^ sont bien pro-
pres à dissiper toutes les craintes et peuvent même donner des
espérances plus grandes encore. Trois mois sont à peine écoulés
depuis que la BibliotJihque catholique a été annoncée , et déjà la
sixième livraison a paru (1). Nous remarquerons que le nombre
des souscripteurs s'élevant à trois mille cinq cents^ il en résulte
que dans ce court intervalle de temps, plus ide vingt mille exem-
plaires de bons livres ont été distribués dans toutes les parties
de la France.
Les ouvrages qui viennent de parôître récemment sont :
1* Histoire abrégée de té^ise, par Lhomond, et continuée jusqu'à
Tannée 1824, par M. Tabbé Ludovic G. Lagraviëre. Tout le
monde connoît le mérite de ce précieux ouvrage ; on doit la nou-
velle continuation à un des auteurs de la 1 ibUothhque cathO'
Uque, qui a rempli cette tâche avec beaucoup de talent.
a^. Modèle des jeunes gens, par Tabbé Proyart. Nouvelle édition^
(1) MM. les édltears de la Bibliothéquo catholique nous prient de doaner
avis à MM. les souscripteurs que les envois de ces trois nouvelles livraisons
sont déjà commencés*
( 573 )
augmeniée d'une notice $urt auteur. Cette notice est parfaitement
écrite et aussi bien pensée. On y troure le même goût^ le même
charme de stjle , que dans celle sur Fénélon.
5°. Trésor des artisans , domestùfues et gens de la campagne,
par M"*' Heprince de Beaumont.
On ne pouyoit publier un ouvrage plus utile et plus approprié
aux besoins de la plupart des paroisses. Nous sommes persuadés
qu*il sera accueilli ayeo empressement ; les heureux fruits qu'il
a produits partout où il a été répandu , sont un présage assuré
de ceux qu'il produira encore.
En annonçant, dans le numéro précédent, lanouvelie etfort jo-
lie édition de la Fie pénitente de madame de ta FaHière, nous «
avons oublié d*indiquer le prix de cet excellent petit ouvrage
en 1 vol. in-i8 : il se vend i fr. 5o cent., et i fr. 8o cent., franc
de port; chez Albert Galland, rue de la Harpe, n"" Sg. L'ouvrage
que nous avons annoncé comme devant être publié pro-
chainement par le même libraire, est là Guide spiaitubi.lb, et
non LE Guide spiBiTUEL du P. Surin.
DiGTioNHÀBB APOSTOLIQUE, à Tusagc dc MM. les curés des villes
et de la campagne, et de tous ceux qui se destinent à la
chaire; par H. de Montargon. Nouvelle édition, i5 vol.
in-ia. A Paris, chez Méquignon fils atné, éditeur, rue des
Saints-Pères^ n* lO : prix , 52 fr.
Un des motifs qui engagèrent le père de Montargon à com-
poser le Dictionnaire apostoiiquej fut le désir d'être utile aux
ecclésiastiques zélés pour le bien de leurs paroisses , qui , avec
certains talents, pourvus même du secours des livres, ne pou-
voient puiser dans les sources , à raison de leur temps trop
partagé entre les différentes fonction^ .du ministère pastoral.
Ce motif est devenu bien autrement pressant qu'il y a soixante
ans, aujourd'hui que le petit nombre de prêtres a multiplié à
l'excès leurs occupations. C'est donc un véritable service rendu
principalement au jeune clergé que d'avoir entrepris cette
(^74)
nouvelle édition du Dietionnaire wpostùHque de Montatgon.
Ce recueil, déjà si estimé dan» un temps où fl étoit moins
utile, contient à peu près cinquante sujets des phis importants
de la morale chrétienne, tous les mystères de Jésus-Christ,
la communion, les fêtes de la sainte Vierge, des apôtres et des
autres saints, des homélies pour le. carême, des discours sur
des sujets particuliers. Il est terminé par une tabl^^énérale et
alphabétique des matières. Chaque volume contient sept à
huit traités , et chacun des traités est précédé d'une observa-
tion sur le sujet annoncé. Des réflexions théoiogiques et mo-
rales y différents textes de TEcriture , les sentiments des saints
pères , les noms des auteurs et prédicateurs qui ont écrit et
prêché avec le plus de distinction, suivent le préliminaire. On
trouve ensuite le plan raisonné de trois discours sur le même
sujet, proposé différemment, chacun de ces discours a sa divi-
sion et ses sous-divisions , et les preuves des unes et des autres.
Le cinquième volume de morale renferme des exordes pour
tous les dimanches de Tannée , à la Hn desquels on indique le
dessein du discours familier que Ton a jugé revenir plus natu-
reUement à l'évangile du jour.
Ce Dictionnaire apostolique peut tenir lieu de beaucoup
d'autres livres. Il a surtout l'avantage d'offrir, non seulement
la matière des discours » mais aussi le plan raisonné et la mé-
thode de composition , avantage précieux pour tant d'ecclé-
siastiques qui ont peu de temps pour préparer leurs instruc-
tions , et trop souvent point assez d^aisance pour se procurer
des livres.
La Mission à Pabis , ou les Nouveaux tribniphes de la religion
catholique , poème en cinq chants ; deuxième édition, cor-
rigée et augmentée de divers morceaux sur la guerre d'Es-
pagne, par M. J.-A. Boïeldicu, avocat à la cour royale de
Paris. Â Paris, chez Beaucé-Rusand , rue Palatine, n" 5,
et chez Belin-Mandart, rue Hautefeuille , no i3.
^375)
Le Svpfi.ifciiSlti' AUX VIES bes sums , de Butler' et Godescard ,
1 vol. in-S''^ annoncé par erreur à 4 fi*- ^o cei^t., broché « se
vend 6 fr. , à Paris , chez Méqnignon junior.
Ce volume intéressant sous plus d'un rapport doit être re-
gardé comme le complément de Blitler et Godescard , et ceux
qui ont les différentes éditions de Touvrage principal seront
bien aises d'y joindre cette suite. '''^
Épîtrbs et Evangiles, avec des réflexions déjà connues, mais
supérieurement imprimés, par Rignoux^sur papier vélin ca-
valier d*Ân nonay ; 1 vol. in-8. Prix, 7 fr. 5o cent., et 9 fr.
par la poste; chez Urbain Canel, libraire, place saint
André-des-Arcs, n*3o.
Collection de livres de piété, publiés à Amiens, par Caron-
Yitet, au moyen d'un nouveau procédé connu sous le nom
de mastîchomotypage.
M. Caron-Vîtet , imprimeur de Mgr. Tévêque d'Amiens ,
est parvenu, à force de travaux et de recherches, à remplacer
le métal des caractères d'imprimerie par un mastic très peu
coûteux^et cependant très solide. Par le moyen de ce nouveau
procédé , il a pu facilement imprimer un grand nombre d'ou-
vrages et les donner à un très bas prix. Nous devons le félici-*
ter d'avoir consacré à la religion le résultat de ses découver-
tes; nous ne doutons point qu'elles n'aient d*heureux résultats.
P. S* L'intérieur de Jbsos et de Marie , qui se publie chez
M. Méquignon-Havard , rue des Saints-Pères , et sur lequel
nous avions fait dans notre numéro précédent quelques re-
marques critiques, vient de reparottre avec une notice très
curieuse sur l'auteur.
L'Essai sur l'origine, etc., de M. Cassin^ dont nous venons de
rendre compte, se vend à Paris, chez Adrien Leclère, quai
des Augiistins, n" 35. Prix, 3 fr. 5o c, et 4 fr. 5o c, franc de
port.
K576)
ErtaùMi. Noùs&itftoiis nota leoteimr à ooitfger une faute
dlmpreMion très essentielle qui s^est glissée dans l'article sar
Touvrage de ^i Benjamin Constant ^ pag» a4^9 ^^ numérdl de
novembre. Au lieu de, «Cette règle (du sentiment), quelle
•qu*dle soitt ne pourra étreoonaue, vérlBée, appliquée par
•rinteUigence» eto.»> ilikut lire : « Cette règle, quelle qu'elle
9 soit, ne ^urra être connue, vérifiée, appliquée fU0 par Tin-
«telligencc. »
AVIS AUX SOUSCRIPTEURS.
\
Les Souscripteurs dont l'abonnemmi expire avec ce numéro du MiMOKiAL,
sont priés de le renouveler incessamment pour ne pas éprouver de retard
dans l'envoi de leurs livraisons.
Nous croyons devoir les prévenir qu'on s'abonno chez tous les directeurs
de poste» qui prennent 5 centimes par firanc, pour ren¥oi.dt, l?ai^tDt,
ce qui fait i5 sous pour J'abonncn^ent d'une année.
Nous prions aussi nos souscripteurs d'écrire d'une manière bien lisible
leur nom et le lieu de poste où n^^us devons leur adresser leurs livraisons.
^■*
DE L'IMPRIMERIE DE LACHEYARDIERE FILS,
rua dtt Colombier, n. io.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS JLE SECOND TOI.UIfB
* bÙ MÉMORIAL CAÏHOLIQUÉ.
I
Seconde lettre ÎBédite de M. le comte de Maistre^ ÉttV ta fia*
Utrt ti les efftu du schisTM et surf unité catholUiue. . Page \
Défense de la Ténérable compagnie des pasteurs de (yenève^ à
roccasiod d*un écrit iniitiilé , FétUûhlc hùiotft As Mô^
mien .....,.., , , . i i6
De rétat dès cath6liqiies en Angleterre ( i*' article) .... a5
De la êociété de la morale cl^rétienne (a* article). Foyet le
tome i*'page4a • 36
Mémùête^ dt Louù^étôme Chhiêr^ pnfsidetu du directoite
' tni 18 brumaire .«.;»*...;. ^ 4^
Tahlecm historique et pittoresque de Puris y par H. de 9aint^
ViotOf (!•» article) • • • • ^4
Lettre sur renseignement feligieux dans les collèges. ... Sq
Des lois ciTiles^ de la rérolution sur le marîdge, par M. de
Bonald 69
Des )istiiteS par rapport àut sociétés secrètes. ....... 70
De rétat des catholiques en Angleterre (a* article) ..... 7 5
Libéralisme , son orfgine et ses effets* ...'..; 81
Fie politique , littéraire et mùfdle de FùluUre 89
Promenade philosophique au âimetière du Père Lackaise,
par Ytennet .'......... 89
Mémoire sur rantiquîté dé la civilisation et lesderttières rê-
Vohitions de la terre. . . . 90
Essai sur la doctrine et la pratique des premiers chrétiens
en ce qui concerne la guerre. 93
. Correspondance intérieures^ Sur le scandale arrlyé à Nîmes
i l'occasion de Tabjuration d'un protestant . 97
Préambule de Tordonnance du grand*duc de Bade^ au sujet
de renseignement religtenk ............... 98
\
Correipondance étranfhre. -^ Lettre sur la destilattOQ de
Tabbé' Fonltanà/'auiiidntér dbg îégatioDs catlioliiioeg de
Beroe gg
TradactioQ d'une ode de KIopstok ., io4
Eèfiexiona sur les communications faites au nom de sa ma-
)ealé l'empereur d'Autriche à la d)ète de la confédération
germanique ^ • • < . . : . ir5
De rétat des protestants en France, comparé à celui des ca-
tholiques en Angleterre « !........« tjio
C^cix de kur^ édifiantes écrites des- missions étrangères. . laS
Considérations philosophiques , ou Examen critique des opif
nions de Af. l'abbé de la Mennais ^ par Paganel. . . . , i35
Bihliothhque catholique , publiée par une société d'ecdésias"
tiques f dédiée à notre Saint Père le pape, ....... lifi
Tableau historique et pittoresque de Paris, par M. de Saint-
Victor (a* article) i4S
Mémoires du duc de M ontpensier, . .\ . >. • . « . . . . .• t^
Réponse à la lettre d'un protestant qui demande par queP
mojen il peut mettre fin à ses doutes sur la religion . ..15^
De Yolney et de sa réputation d'honnête homme. . . • . ; t$iQ
Lettre de Grimm à Yolney. . . 4 .... «^ .....;• • 173
De la philosophie morale ou des différents systèmes sur la
science de la vie, par Joseph' Droz. .,..;..; . ». 179
Sur une séance de l'académie des sciences. ......;. igr
Tableau historique et pittoresque de Pétris^ par M. de Saint- \'
Victor (a* article). Secobde partie . .....,, ,v. . . 1^
Des aociétés secrètes en Espagne. . ^ • • . • . . . . ; . • 19B'
Sur la préface d'une tragédie de Clwis, de M; NépoBMicène
Lemercier, par M. le bomteCMahony. • . . . • . . . . aïo
Correspondance étrangère* — Lettre sur Tétat du protestant
tisme en Allemagne « .. . 220
Correspondance Ultérieure. — R^onse à un article ^ti^our- '
n'aides Débats, sur les libertés dePégUse gallicane. ... saô
. De quelques attaques dirigées contre le Mémorial catludupie
jpar MU. Salgues et Gllbert^des- Voisins* ..*.... v .'M9
(m)
De la jigeo^e des a^oteno^ modDoie» dt Frattce. . • « • s, ^55
JRâfliexH^ii tarlatlMorie phUosoyblfae du teiitiiiieAf raligi^Ji»
à Toeqaaioa da dernier ouyrage de M« BeD}ainin Goo-^
3tant ., ..•..•.••/,.... a57
Delà société. catholique des bons lirre». #' a47
Sistoin: comparée des systèmes de philosophie , par M, de
Gérando. «•..,...•••........ a5a
Bibliothèque choisie des Pères dé tEglise, p«ir M. GuiUon.' 361
Esquisses d'après nature n* 3. --• Une Leçon de poésie iibé*
^rale» par M. lé comte O^Mahony. .... ^ ,. ^ ... . afiS
Correspondanee étrangère. — Leitre. sur les écoles cathe-
• Uques d'Irlande . ..«..•....,..••..... 982
Sur un arrêté relatif à TobserTation du dimanche. . • • . . !»84
De la transmission héréditaire des trônes dans les races légi-
times^. par M. Madrolle . ..<.... 386
îiéfi sociétés secrètes (5* article) ; aga
Çiipetièredu Mont-Valérien . « ..#....•• 1196
Du Mémorial catholique . . . ; « \, . «Soi
D^la publication des mauTais llyres depuis la restauration . Zo^$
Supplément à Téloge de Bl. Aignao^ prononcé dans la séance.
ptAliquederinstitutie aSnOTcmbre i8a4^ • • - > * • • ^^^
EsseU^ur l'origine de la société civile et sur la souveraineté ^
\ de Bl. Cassin^par M. de Haller. ^ %%\
Uamis ou téducation du cœur y pfkr Milloi 33 1
Songe. «^ Le sabbat libéral. '. . 335
Dés Journaux. — De la société de. la monde clurétienne, *—
, P'une attaque contre les jésuites, — De quelques attaques .
contre M» deMaistre. ...••... ....•.• 348
Correspondfmce étrangère. — Lettre sur Tassociation catbo-<
Kque d'Irlande • « . 35a
Esquisses d'sfirès nature^ n"" 4; — ^^ parade philosophique
par U. le comte Q'i)iAHOiSr. •..«... 358
Amkokcis BiBtiocâAFBiQVBS. — La Sainîc Bible traduite par Bl» de
Genoude. -^ Sainte Bible (dite de Fencé). -r- RituaU Am^ijOi"
nense* — Blanuel rell^ji^ux et pratique A rM9age des mirfsons
u^
'd'édiioatioD. «^ Lettre encyoHqtfè ât notm S fttftt ^èrê k.^ âpè
iU^ûXttféthMëûtt faillie* -^tef eoMlieiis d*dtt j^adtenr itrté
8M «uliMiti, Mirle «ymboié déi ap6tré9^ par M. Oiraott/ eurède
' Bàr-tûr-Aube. «— Histoire de» actes des ap((tre», parle ^ère
de Uguj> ^ — Le Mémorial eaihùUque à Tiisage âes royalistes
derénus on rtoonoas libémmt. — Coofeirences stif la reHgfoû ,
• à l'usage des collèges. — Coayersations ^-uae titète atec
Ses eofaatê sôr les piideipau:it poiots de la morale ehrétienue.
Pag. 65 et sutVé'
Epùtolarum Bé PmU apostoU triplex expoêUiù. -^ De la^furî-
diction de l'église sur le ooDirat de-mariage y ootsidérè comme
matière de^acvemeot. — De romani poniificùf au0rùatâ gpùir
« tuaii dis9enatlô^ «^ EtàmeDS particuliers poitr toù^ les joars de
l'aniaée. -^ Manael da jeaâe séffllnarlâte en tacanoes^ -^ Le
fidèle au pied de la croix^ par le prince de Hohenlohe. -^ IMc-
tionDaire apostolique de Montargoo. — ¥le de saint G&aries
Borromée. -— ¥ie de saimt François d* Assise. ^ Yie de saint
François Borgia. Pag. 107 et soit.'
Lintérieor de Jèsas et de Marie. -^ Supplément ft la Vie des saints
de €odescard.— Apologie générale de Flnstitat desjèstiités.---
Réfu4ation des systèmes de H.' l'abbé ftaronnat et du càï'dlnal
de La Luserne sur Tusure. -^ Btamen impartial âà IVts tiu
conseil d'état, touchant la lettre pastorale du cardinal de Cler-
jnont-Tonnerre* Pag. 166 et suîv.
BiSLioTBÎMîDE CATHOLIQUE, tom-. i*%*a* et 5^ «^ OEofTês spiri-
tuelles de Pénélon. ^ Histoires édifiantes: — Fondements de
la Yie spirituelle. «^ Cours simultané d'histoire et de thèmes
gradués.-^ Theologia moraUs Alphonsi de lÀgorio. — ^ Delà
philosophie de la Henriade. -^ Vie pénitente de-madame de la
', Vallière. Pag. ^98 et suir. - -
BiBLiOTttisQvK CiTHDtiQua> tom. 4V5* et6'. — flfltolre abrégée
de l'église. •'^ Modèle des jeune! gens ou Yle de Soutl. —
Trésor; dés artisans ^ domestiques et gens de la campa'gne.
• Pag* 1 jt et SUIT. . '^
nu »fi a tkttAtn totlA d)âGOlfD.
>v
• «
'