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Full text of "Le monde médical parisien sous le grand roi"

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PURCHRSED  FROM  THE  INCOME  OF  THE 

SAMUEL  WHEELER  WYMAN 


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sous 
LE    GRAND    ROI 


. "         ■    " 

.     SUIVI    DU 

3KTVJ 

:HUILT.E    DE  VAI.I.ANT 

COXSEILLEK   DU  RO[ 

Ml!l)F( 

:is  i<r  Son-  A.  R.  M"'  DU  GL'[SI; 

rr  . 

.1.  M-  1.A  M*H<,L,s,.   „r  SAIiLt 

PAIUS 
A .     M  A  L  O  I  N  E 


ANTICIIAMBItK   DC   CONSlill,   1»K   I.A   KACfl.TI';   I>K   MKDECINE 


Amui.ne    MASSOX 


GUY-PATIN    (IC0l-lC-:2) 


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LE 


MONDE   MfiDICAL  PARISIEN 


sous    LE    GRAND    ROI      . 


'^ri 


MACON,     PROTAT   FRfeRES,    IMPRIMEURS 


1 


DocTEUR   P.'E.   LE   MAGVET 


we: 


LE 


MONDE    MEDICAL 

PARISIEN 

SOUS    LE    GRAND    ROI         „    0 


SUIVI    DU 


PORTEFEUILLE  DE  VALLANT 

CONSEILLER   DU   Roi 

Me'decitt  de  Son  A,  R.  Afm*  de  GuiSK 
et  de  Afwc  la  Marquise  de  Sablh 

Je  dis  done  que  je  vais  d^crire 
Un  grand  combat  i  fairc  rirc, 
Cest  un  combat  dc  m^decins, 
Dont  les  tambours  sont  dcs  bassins : 
Les  scringues  y  sont  bombardes, 
Les  batons  de  casse  hallebardes, 
Les  lancettes  y  sont  poignards, 
Les  feuilles  de  sin^  petards... 

l.e  P.  Carnfal',  La  Slimmimachif. 


PARIS 

A.    MALOINE 

iniTEUR 

23-25,    RUE   DE   L*^.COLE   DE  MEDECINF,    23-25 

1899 


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/rs^/d/ 


I 

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JUN24mi 


AVAKT-PROPOS 


VANT  Maurice  Raynaud,  on  avait  beau- 
coup  mddit  de  la  m^decine  au  xvii^ 
siecle.  Toutes  les  plaisanteries  de  Mo- 
li^re  avaient  6t6  transform^es  par  ses 
I  annotateurs  en  appreciations  histo- 
riques.  Sur  la  foi  de  ces  appreciations,  on  avait  fait  du 
«  pedant  sanguinaire  »  un  veritable  monstre  :  a  igno- 
rant, cuistre,  charlatan,  libertin,  voleur,  infanticide, 
empoisonneur.  » 

Combien  y  a-t-il  de  personnes,  encore  de  nos  jours, 
qui,  parlant  du  m^decin  au  xvii^  siecle,  n'accolent  4 
son  nom  une  de  ces  ^pith^tes  peu  flatteuses. 

Dans  son  livre  sur  les  «  m^decins  au  temps  de  Mo- 
li^re  »,  Raynaud  a  fait  justice  de  ces  plaisanteries  tra- 
ditionnelles ;  tout  en  jugeant,  un  peu  s^verement  selon 
nous,  la  Faculty  de  m^decine  de  Paris,  il  a  fait  de  ses 
docteurs  regents  un  tableau  tout  autre,  et  a  montr^ 
que  <c  -sous  les  masques  burlesques  par  lesquels  nous 
les  connaissons,  il  y  avait  eu  d'honnetes  gens,  des 
hommes  d'esprit,  des  savants  distingu^s,  des  philo- 
sophes  recommandables  et  meme  de  bons  mWecins  ». 

Le  Maguht.  —  Le  mottde  medical.  i 


Mais  il  n  a  6tudi6  qu'une  periode  relativement  res- 
treinte,  la  m^decine  pendant  la  vie  active  de  Moli^re, 
c'est-d-dire  entre  les  ann^es  1640  et  1673  ;  il  nous  a 
d^peint  les  doctrines  mddicales  A  une  dpoque  ou  la 
methode  d  priori  faisait  loi. 

Cette  methode  touchait  4  sa  fin,et  vers  les  derni^res 
anndes  du  si^cle  il  y  eut  une  transition  brusque  dont 
le  r^sultat  fut  Tav^nement  de  la  methode  exp6rimen- 
tale,  qui  devait  preparer  les  voies  4  nos  grandes  d6- 
couvertes  modernes. 

Nous  ^tudierons  ici,  4  la  fois,  la  methode  4  priori 
et  la  methode  exp^rimentale,  mais  notre  6tude  ne  por- 
tera  que  sur  les  doctrines  en  honneur  4  la  Faculty  de 
m^decine  de  Paris. 

Sans  nous  piquer,  d'ailleurs,  d'une  rigueur  mathd- 
matique,  nous  6tudierons  revolution  de  ces  doctrines 
pendant  le  regne  de  Louis  XIV,  c'est-4-dire  de  1643  4 
1714, 

A  Tav^nement  du  Grand  Roi,  la  Faculty  de  Paris 
vit  de  traditions  et  repousse  avec  6nergie  toute  inno- 
vation. Elle  proscrit  Tantimoine  et  la  m^decine  chi- 
mique,  en  haine  de  Tficole  de  Montpellier;  elle  com- 
bat les  theories  d'Harvey,  dont  le  triomphe  devait  for- 
c^ment  amener  la  ruine  du  Gal6nisme,  dont  elle  6tait 
en  quelque  sorte  la  m^re.  Elle  est,  en  un  mot,  r^frac- 
taire  4  toute  id(ie  de  progr^s,  et,  selon  Texpression  si 
juste  de  Raynaud,  «  c'est  un  fragment  de  la  Soci6t6 
du  xvi^  si^cle  oublid  dans  le  xvii®  ». 

Malheur  a  ceux  qui  veulent  resister  4  ses  arrets  :  ^ellc 


chasse  de  son  sein  les  docteurs  regents  qui  osent 
approuver  les  id6es  nouvelles  et  qui  r6voquent  en 
doute  les  grands  principes  de  son  enseignement. 

Elle  tyrannise  aussi  toutes  les  professions  qui  sont 
ntes  d'elles.  Elle  les  tient,  Chirurgiens,  Matrones,  Apo- 
thicaires  dans  un  complet  6tat  de  suj6tion.  lis  essaient, 
mais  en  vain,  de  conqu^rir  une  autonomie  que  la 
Faculty  leur  refuse  et  qu'elle  voudrait  pouvoir  leur 
refuser  toujours. 

En  revanche,  si  la  Faculty  ne  vit  que  de  traditions, 
ces  traditions  elle  sait  les  d^fendre  contre  les  attaques 
du  Clerg6  et  des  Empiriqucs.  Elle  nie  au  Clerg^  Ic 
droit,  qu'il  a  r^clam^  de  tout  temps,  d'exercer  libre- 
ment  la  m^decine;  elle  menace  de  ses  foudres  les 
Charlatans,  les  Empiriques  et  les  enverrait  «  au  diable 
ou  aux  galores  »,  si  elle  en  avait  le  pouvoir. 

Telle  6tait  la  Faculty  de  m^decine  de  Paris  au  mo- 
ment de  I'av^nement  de  Louis  XIV;  elle  est  fidele 
observatrice  de  la  a  bonne  et  saine  doctrine  d'Hippo- 
crate  »,  et  ne  proc^de  que  d'apres  la  m^thode  dialec- 
tique. 

Subitement,  dans  ce  bloc  compact  qui  semble  in- 
destructible, apparatt  une  fissure,  bien  petite  d'abord 
mais  qui  s'^largit  rapidement.  La  Faculte  est  toute  d 
ses  querelles  avec  les  Chirurgiens  et  les  Apothicaircs, 
et  ne  voit  pas  se  former  dans  son  sein  le  parti  des 
innovateurs  dont  les  id6es  sont  celles  des  docteurs 
qu'elle  avait  chassis  comme  convaincus  d'indignit6. 

Ce  parti  devient  si  puissant  qu'il  a  bientdt  main 


mise  sur  la  Faculte  qui,  des  lors,  va  entrer  nettement 
dans  la  voie  du  progrte  et  s'efForcer  de  regagner  le 
temps  perdu  en  de  vaines  querelles. 

Toute  id6e  de  reaction  centre  les  theories  et  la  th6- 
rapeutique  nouvelles  disparalt.  Uantimoine  triomphe 
et  avec  lui  cette  mddecine  chimique,  efFroi  de  Guy 
Patin,  qui  oubliait  qu'elle  avait  iti  enseign^e  i  Paris 
pendant  tout  le  moyen  dge. 

Les  nouvelles  theories  physiologistes  sont  dis  lors 
admises  et,  au  grand  scandale  des  vieux  docteurs  re- 
gents, on  ose  discuter  «  ex  cathedra  i»,  sur  les  d^cou- 
vertes  d'Harvey  et  de  Pecquet. 

Cestalors  que  Moliere  entre  en  sc^ne,  apportant  aux 
r^formateurs,  en  passe  de  devenir  victorieux,  I'appoint 
de  son  gonial  talent,  et  battant  en  briche  les  ridicules 
de  la  vieille  mcidecine,  et  les  «  anciens  »  de  la  Fa- 
culty. 

Sur  le  r6le  de  Moliere,  nous  serons  bref  et  pour 
cause.  Maurice  Raynaud  la  si  bien  d^crit  que  nous 
nous  exposerions  i  des  redites  sans  fin.  Nous  nous 
attacherons  plutdt  a  montrer  le  r6le  analogue,  bien 
que  moins  important,  jou6  par  d'autres  ennemis  des 
ridicules  m^dicaux  de  T^poque,  Cyrano  de  Bergerac, 
Boileau,  Madame  de  Sevigne. 

Toutes  ces  attaques  amen^rent  les  m6decins  d  chan- 
ger non  seulement  de  doctrines,  mais  encore  d  faire 
peau  neuve.  Plus  de  hauts  chapeaux  pointus  en  forme 
d'iteignoir,  de  longues  robes,  d'amples  perruques; 
plus  de  longue  barbe,  «  cette  barbe  qui  fait  plus  de  la 


moiti^  d'un  mddecin  ».  Le  midecin  de  la  nouvelle  ficole 
revSt  le  costume  du  bourgeois  ais6 ;  son  habit  est  de 
drap  ou  de  velours,  orn6  de  dentelles;  il  ne  marche 
que  tenant  en  main  une  canne  A  pomme  d'or  ou  a  bee 
de  corbin;  il  remplace  mSme  la  mule  traditionnelle 
«  qui  n'^toit  pas  fantasque  »  par  un  cheval  fringant 
dont  il  deplore  plus  d'une  fois  les  hearts  intempestifs. 

Vers  la  fin  du  si^cle,  apr^s  avoir  essay^  de  reman ier 
de  fond  en  comble  le  Gal6nisme,  pour  permettre  d'ex- 
pliquer  les  nouvelles  doctrines,  on  commen^a  d  s'aper- 
cevoirque  tout  Tattirail  scolastique  ne  pourrait  jamais 
donner  Texplication  rationnelle  d'aucun  ph^nom^ne. 

Cest  alors  qu'apparalt  en  pathologic  la  m^thodc 
exp6rimentale.  EUe  avait  permis  a  Har\'ey  de  d^couvrir 
la  circulation  du  sang;  grdce  d  elle,  Sydenham  ct  Syl- 
vius de  la  Boe  avaient  fait  faire  des  progres  conside- 
rables aux  sciences  medicales. 

A  la  mort  de  Louis  XIV,  elle  sera  dans  les  mains  des 
medecins  du  xviii^  si^cle  un  instrument  mcrveilleux,  et 
la  methode  dialectique  tombera  compl6tement  dans 
Toubli.  Le  monde  medical  a  done  abandonne  toutes  ses 
traditions  surann^es,  il  vit  avec  son  6poque  et  met 
autant  d'ardeur  4  propager  les  id6es  nouvelles  qu'il 
avait  mis  d'dprete  d  les  repousser. 

Toute  reaction  trop  brusque  d^passe  le  but  qu  elle 
s'^tait  propose.  Si  les  anciennes  doctrines  etaient  des 
plus  compliqu^es,  la  th^rapeutique  ancienne  ne  sc 
composait  que  des  «  pauca  sed  selecta  et  probata  reme- 
dia  »  dont  nous  parle  Guy  Patin.  Aux  theories  nou- 


velles,  plus  simples  et  plus  rationnelles,  s'adjoint  une 
th^rapeutique  bizarre  aussi  dangereuse  que  compli- 
qu6e  ;  les  preparations  alexipharmaques  remplacent  la 
«  casse,  Ic  s6n6  et  sirop  de  roses  pdles  » ;  mais  la  saignde 
n'en  reste  pas  moins  en  honneur,  au  grand  detriment 
des  malades.  Les  m^decins  chimistes,  s'ils  acceptent  la 
m^thode  exp6rimentale,  restent  toujours  partisans  de 
la  a  cuisine  arabe  »  de  Tficole  de  Montpellier. 

Fort  heureusement,  ces  excis  furent  de  courte  duree, 
et  lorsque  le  Grand  Roi  mourut,  la  th^rapeutique 
s'^tait  en  grande  partie  d^pouillee  de  la  «  forfanterie 
arabesque  et  b^zoardesquc  »  que  Guy  Patin  abhorrait 
tant. 

En  r^sumd,  nous  pouvons  diviser  Thistoire  de  la 
mWecine,  sous  Louis  XIV,  en  trois  p6riodes  :  la  pre- 
miere nous  montre  la  Faculty  gardienne  de  traditions 
suranndes;  dans  la  seconde,  nous  voyons  la  reaction 
brutale  qui  amene  la  ruine  du  Gal^nisme  et  Tav^ne- 
ment  de  la  m^thode  experimental;  enfin, dans  latroi- 
si^me  p^riode,  nous  voyons  cctte  methode  s'affiner,  se 
d^gager  peu  A  peu  de  tous  les  prejugcisqui  Tenserrent, 
et  se  transformer  en  cette  methode  d  ou  sortira  notre 
medecine  moderne. 

Apr^s  avoir  ^tudie  la  Faculty  de  medecine  et  ses 
doctrines,  nous  essaierons  de  faire  une  courte  esquisse 
de  la  pathologie  telle  qu'on  Tentendait  d  cette  epoque. 
Si  les  id6es  pathog^niques  pr^tent  i  rire,  si  rexamen 
physique  du  malade  est  nul,  les  sympt6mes  extdrieurs 
etaient  6tudi6s  et  classes  avcc  grand  soin  :  sous  le  ta- 


bleau  clinique  de  la  a  phrenesie  »,  nous  reconnaltrons 
la  m^ningite  tuberculeuse,  et  la  «  squinance  »  ne  sera 
autre  que  I'angine  phlegmoneuse. 

Nous  ^tudierons  ensuite  le  monde  medical  parisien, 
avec  ses  qualitds  et  ses  dtfauts;  les  M6decins  dc  la 
Cour  et  leur  royal  client,  les  Mddecins  de  la  Ville  et  enfin 
les  M6decins  «  a  cdte  »  qui  se  firent  un  nom  dans  la 
litt^rature  du  xvii^  siecle. 

Le  m^decin  d  cette  6poque  n'eut  pu  se  passer  du 
Chirurgien  et  de  TApothicaire.  Nous  en  parlerons 
done  et  nous  montrerons  combien  les  premiers  ^taient 
gens  instruits  et  praticiens  habiles.  Se  basant  sur  des 
connaissances  anatomiques  exactes,  jointes  4  une 
grande  habilet^  de  main,  due  d  une  longue  pratique, 
le  Chirurgien  fit  faire  des  progr^s  considerables  d  son 
art  et  devan^a  de  loin  le  m^decin  dans  la  voie  du  pro- 
gr^s. 

Uobstetrique  n'est  qu'une  branche  de  la  chirurgic 
et  comme  elle  fait  de  grands  progres.  Nous  esquissc- 
rons  en  mSme  temps  Fhistoire  des  matronesou  sages- 
femmes,  d'apr^s  des  documents  inedits. 

Enfin  nous  parlerons  de  «  I'Assistance  aux  pauvres 
et  aux  malades  ».  La  charit6  publique  supplee  alors  d 
Tinsuffisance  des  hdpitaux,  et  lorsqu'on  etudie  de  pres 
cette  question,  on  est  dtonnd  de  voir  une  organisation 
si  parfaite,  malgr6  les  faibles  ressources  qui  ^taient 
a  la  disposition  des  «  bienfaiteurs  des  pauvres  ct  des 
malades  ».  II  n'y  avait  point  d  cette  ^poque  la  centra- 
lisation des  sendees  hospitaliers  et  des  hospices  en  une 


—  8  — 

seule  main;  au  lieu  d'une  administration  centrale  de 
TAssistance  publique,  il  y  en  avait  plusieurs  :  mais 
toutes  contribuaient  dans  la  mesure  du  possible  A  sou- 
lager  les  infortunes  de  toute  sorte. 

fitudier  le  monde  medical  parisien  sans  parler  des 
Op^rateurs,  des  Empiriques  et  des  Charlatans,  nous 
ne  le  pouvions  pas.  En  efFet,  si  le  Charlatanisme  est 
extra  medical,  les  Empiriques  et  surtout  les  Op6rateurs, 
ces  charlatans  de  haut  vol,  touchent  par  plus  d'un 
point  A  la  mWecine  :  ce  fut  un  empirique  qui  mit  en 
relief  les  vertus  febrifuges  du  quinquina;  ce  fut  un 
lithotomiste  qui  mit  en  honneur  la  taille  Iat6ralis6e 
alors  que  toute  operation  sur  la  vessie  6tait  depuis 
longtemps  Tapanage  de  ses  confreres.  Cela  n'est-il  pas 
suffisant  pour  justifier  un  chapitre  traitant  des  Char- 
latans, des  Op^rateurs  et  des  Empiriques  ? 

Nous  avons  trouv6  le  portefeuille  d'un  m^decin 
parisien  sous  le  Grand  Roi.  C'est  le  portefeuille  de 
Valiant  qui  fut  le  medecin  de  la  marquise  de  Sabl6  et 
de  M"**^  de  Guise.  Valiant,  eleve  de  Montpellier,  etait 
venu  s'installer  A  Paris,  et,  la  clientele  ne  Tenrichissant 
gu6re,  entra  chez  M™*^  de  Sabl6  pour  lui  servir  A  la 
fois  de  medecin,  d'intendant  et  de  secretaire. 

Homme  instruit  aimant  la  belle  litt^rature  et  sur- 
tout fort  curieux,  M™*  de  Sable  lui  abandonnait  ou  il 
s'appropriait  lui-mfime  les  lettres  les  plus  intimes 
qu'elle  recevait.  «  Cela,  dit  Victor  Cousin,  aux  d^pens 
de  I'amitie  mais  au  grand  profit  de  Thistoire ;  car,  apris 
la  mort  de  la  Marquise,  Valiant  rassembla  ces  papiers. 


les  mit  en  ordre  et  les  d^posa  d  TAbbaye  de  Saint- 
Germain-des-Pr6s. »  Sous  la  Revolution,  ces  manuscrits 
furent  d6pos6s  4  la  Biblioth^que  du  Roi,  la  future  Bi- 
blioth^que  nationale,  oh  ils  se  trouvent  actuellement. 
lis  font  partie  du  fonds  intitule  Risidu  Saint-  Germain, 
et  forment  quatorze  portefeuilles  in-folio. 

Victor  Cousin  a  tir6  de  ces  portefeuilles  une  s6rie 
de  lettres  des  plus  int^ressantes  qui  sont  en  quelque 
sorte  les  archives  de  la  Soci6te  de  M™*^  de  Sabl6;  elles 
lui  ont  permis  de  faire  son  ^tude  si  charmante  sur 
Tamie  de  La  Rochefoucauld  et  de  Port-Royal. 

Mais,  4  c6t6  de  ces  documents  d'un  interet  pure- 
ment  litt^raire,  prennent  place  de  nombreuses  «  notes 
et  observations  de  m^decine  »  dont  Victor  Cousin  a 
parle,  mais  sans  y  attacher  beaucoup  d'importance. 

Ces  documents  m^dicaux  ont  attir^  notre  attention. 
Avant  nous,  il  est  vrai,  le  D"^  Legue  a  vu  le  Forte- 
feuille  Valiant,  il  en  a  mfime  extrait  une  «  relation  de 
Tautopsie  de  Madame  par  Alexandre  Boscher,  chirur- 
gien  du  roi  d'Angleterre  ».  A  cela  s'est  bornee  son  in- 
cursion dans  le  portefeuille  Valiant,  et  dans  son  livre 
sur  les  «  M6decins  et  empoisonneurs  au  xvii^  si^cle  » 
il  n'a  fait  que  reprendre  les  id^es  de  Victor  Cousin 
sur  le  m^decin  de  M°^^  de  Sabl6. 

Nous  nous  eflforcerons  ici  de  faire  revivre  la  sil- 
houette si  curieuse  de  Valiant  et  nous  publierons  en- 
fin  les  pages  les  plus  curieuses  de  son  Portefeuille. 

Nous  avons  voulu  dans  le  Monde  midical  pari- 
sien  sous  le  Grand  Roi   proceder   par   monographies. 


—    10   — 

Aussi  nous  avons  nettement  s6par6  les  M^decins,  les 
Chirurgiens,  les  Apothicaires...,  alors  qu'i  cette  6poque 
il  y  avait  en  r6alit6  fusion  entre  ces  difftrentes  profes- 
sions ;  la  Faculty  avait,  comme  nous  Tavons  dit  plus 
haut,  main-mise  sur  les  professions  n6es  de  la  m6de- 
cine,  et  Thistoire  des  m^decins  est  bien  souvent  celle 
des  Chirurgiens  et  des  Apothicaires.  Nous  nous 
sommes  vu  obliges  de  distraire  de  Thistoire  de  la 
Faculty  tout  ce  qui  pouvait  prendre  place  dans  les  mo- 
nographies  suivantes. 

On  nous  reprochera,  et  peut-etre  avec  raison,  de 
n'avoir  pas  fait  un  tableau  g6n6ral  du  Monde  medi- 
cal parisien.  Mais,  fiddle  adepte  en  histoire  du  pro- 
c6d6  des  monographies,  nous  n'avons  pas  cru  devoir 
agir  ainsi.Nous  avons  piifivi  proc^der  par  ordre  divis6, 
laissant  au  lecteur,  partisan  de  la  critique  historique, 
le  soin  de  tirer  de  ce  travail  les  conclusions  qu'il  lui 
conviendra. 

En  r6sum6,  ce  travail  est  Ic  resultat  de  nos  etudes 
de  longue  date  sur  Thistoire  de  la  m^decine  au 
xvii^  si^cle.  Nous  avons  de  tout  temps  ddplor^  I'igno- 
rance  ou  Ton  se  trouve  aujourd'hui  de  tout  ce  qui 
touche  i  rhistoire  de  la  m^decine  en  g^n^ral,  et  nous 
nous  sommes  attache  ici  4  d^crire  une  p^riode  histo- 
rique assez  restreinte,  puisqu'elle  n'embrasse  que 
70  ans,  et  la  seule  Faculte  de  Paris. 

Nous  aurons  attemt  le  but  que  nous  nous  sommes 
propose,  si  le  lecteur,  aprfes  nous  avoir  lu,  s'aper^oit 
que  la  vieille  medecine  de  nos  ancfitres  avait  du  bon, 


—  II  — 

et  que  Tancien  docteur  regent,  malgr^  ses  ridicules  et 
ses  d^fauts,  avait  de  sa  fonction  presque  sacerdotale 
une  haute  id6e,  chose  qui,  malheureusement,  n'existe 
plus  beaucoup  4  noire  6poque. 

Nous  tenons  avant  tout  d  remercier  les  personnes 
qui  nous  vinrent  en  aide  et  nous  guid^rent  de  leurs 
conseils  pendant  les  recherches  que  nous  avons  faites 
sur  la  m^decine  au  xvn^  si^cle. 

M.  Corlieu,  le  biblioth^caire  honoraire  et  T^minent 
historien  de  la  Faculty  de  m^decine  de  Paris,  nous  a 
prodigu^  ses  conseils,  mettant  4  notre  disposition  sa 
longue  experience  et  les  documents  pr^cieux  qu'il  a 
recueillis  au  cours  de  ses  Etudes  historiques.  Qji'il 
nous  permette  de  le  remercier  de  son  obligeance  et 
de  son  amabilit^. 

M.  Auvray,  biblioth^caire  de  la  Biblioth^que  natio- 
nale,  nous  a  donn6  de  nombreux  renseignements  sur 
Valiant ;  il  nous  a  6t6  d  maintes  reprises  d'un  secours 
pr6cieux,  nous  aidant  4  ddchiffrer  legrimoiredu  m^de- 
cin  de  M™«  de  Sabl6 ;  nous  lui  en  sommes  fort  recon- 
naissant. 

Nous  nous  sommes  beaucoup  sen'i  des  ouvrages  de 
M.  Alfred  Franklin,  le  savant  biblioth^caire  de  la  Maza- 
rine ;  il  a  si  bien  diipeint,  dans  La  Vie  privie  (T autre- 
foiSy  les  arts  et  metiers,  les  mceurs  et  les  usages  des 
Parisiens,  que  nous  nous  sommes  vu  souvcnt  dans 
Tobligation  de  le  copier  textuellement.  Nous  fai- 
sons  la  m^me  remarque  sur  Lancienne  Faculti  de 
M.  Corlieu,  6tude  si  approfondie  et  si  complete  que 


—    12    — 

1  on  ne  peut  parler  de  la  Faculte  sous  le  grand  Roi 
sans  y  avoir  4  chaque  instant  recours.  Nous  les  prions 
de  nous  pardonner  les  emprunts  quelquefois  un  peu 
longs  que  nous  avons  faits  a  leurs  oeuvres  dont  nous 
sommes  les  admirateurs  fervents. 

MM.  Rainal,  auteurs  du  Bandage  herniaire,  nous  ont 
pr6t6  la  planche  de  Nicolas  de  Bl6gny  que  nous  repro- 
duisons  id ;  nous  devons  en  outre  4  leur  obligeance 
bien  connue  les  majuscules  orn^es  de  nos  divers  cha- 
pitres,  majuscules  qui  sont  tiroes  du  Traitd  des  des- 
centes  de  Franco  et  du  Livre  commode  pour  1692  de 
N.  de  Bl6gny.  Nous  les  prions  d'accepter  tous  nos 
remerciements. 

Nous  tenons  a  remercier  tout  particuli^rement 
M.  Gonnon,  pharmacien  d  Lyon,  le  sympathique  6di- 
teur  de  I'Agenda  Gonnon,  qui  a  mis  gracieusement  a 
notre  disposition  les  cliches  de  la  Femme  bydroptqtUy 
du  Dentiste  de  Gerard  Dow,  de  VOperation  au  das  de 
Brauwer,  et  de  Guy  Patin,  d'Antoine  Masson. 

Enfin,  nous  remercions  nos  imprimeurs,  MM.  Pro- 
tat,  de  Mdcon,  pour  Timpression  si  soignee  des  figures 
et  du  texte  de  ce  travail. 


LE    MONDE    MfiDICAL 

PARISIEN 


SOUS    LE    GRAND    ROI 


I 


LA    FACULTY    DE    MfiDEQNE 


Lcs  origtocfl.  —  La  Faculty  k  Tavcneinent  de  Louis  XIV.  —  Les  £coles  de  m^de- 
cine.  —  Les  £tades  midicales ;  I'easeignement.  —  Le  baccalaar^t ;  examen  de 
botaniqae ;  th^  qaodlib^uire ;  thise  cardinale.  —  La  licence  ;  Hcentiande ; 
paranympbe ;  premier  lieu.  —  La  Vesperie  ;  le  doctorat ;  I'acte  pastillaire.  —  Les 
jennes  et  les  anciens ;  Tancien ;  le  doyen.  —  Les  commentaires  ;  le  codex  accepti 
et  expensi.  —  Les  principauz  doyens.  —  Le  corpus  facultatis.  —  La  turbulence 
des  dcoliers.  —  Les  Statuts.  —  Les  frais  de  scolariti.  —  La  Faculty  et  la  santi 
publique.  —  Le  Coll^  royal  et  le  jardin  du  Rot.  —  La  Faculty  en  guerre  avec 
les  docteurs  de  Montpellier;  Thtophraste  Renaudot  et  les  consultations  chari- 
tables ;  la  Chaxnbre  royile ;  victoire  de  la  Faculty. 


fes  le  xi*=  si^cle,  les  6v6ques  et  le  chapitre 
de  Paris  avaient  fondi  un  veritable  corps 
enseignant  qui,  d^sign^  d'abord  sous  le 
nom  de  Studium  Parisiense,  s'appela  bien- 
tdt   Universitas  Parisiensis;  on  y  ensei- 

gnait  Tuniversalit^  des  sciences  connues,  et,  parmi  ces 

sciences,  la  m^decine. 
Les  cours  sur  la  midecine  se  donnaient,  nous  dit 

Riolan,  «  en  une  maison  oil  il  y  avoit  eu  des  estuves 

entre  THostelDieu  et  la  maison  de  T^vfique  ».  C^taient 


—  14  — 

les  vieilles  6coles  du  Cloltre  Notre-Dame  oil  avaient 
enseignd  avec  tant  d'^clat  Ansdme,  Guillaume  de 
Champeaux,  Ab^lard. 

A  cette  6poque,  les  professeurs  discourant  sur  la 
Physique  ou  m^decine  etaient  le  plus  souvent  des 
pr^tres,  et  cela  ne  doit  pas  nous  6tonner  car,  outre  la 
thtologie,  le  clerg6  seul  avait  le  droit  d'enseigner  la 
mddecine  et  le  droit  civil.  Les  ^tudiants  etaient  des 
clercs  ou  des  laiques;  ces  derniers,  sous  peine  de  renvoi, 
Etaient  tenus  de  rester  celibataires.  De  nombreux  con- 
ciles  d^fendirent  au  clerg^  d'enseigner  et  d'exercer  la 
mddecine  '.  On  vit  alors  apparaitre  un  corps  ensei- 
gnant  laique,  mais  maitres  comme  6tudiants,  tous 
restaient  astreints  au  celibat. 

Lorsque  les  ^tudiants,  accourus  en  foule  d  Paris, 
d^sert^rent  les  vieilles  6coles  du  cloltre  Notre-Dame, 
pour  se  fixer  sur  la  montagne  Sainte-Genevi^ve,  les 
^tudiants  en  m^decine  se  dispers^rent  un  peu  partout; 
les  uns  se  rdunissaient  autour  du  b^nitier  de  Notre- 
Dame,  a  supra  cuppam  »,  les  autres  i  T^glise  de  Sainte- 
Genevi^ve  des  Ardents,  d'aucuns  dans  la  salle  du  cha- 
pitre  ducouventdesMathurins.  De  plus,  certains  maitres 
enseignaient  chez  eux,  et,  moyennant  une  faible  retri- 
bution, donnaient  le  vivre  et  le  convert  aux  etudiants. 

A  la  fin  du  xi«  siecle  se  fit  un  partage  m^thodique 
de  rUniversit^  en  trois  Faculiis.  La  m^decine  fit  partie 
de  la  FaniJU  des  Arts ;  celle-ci  s'installa  tout  d'abord  rue 


I.  Franklin,   Lts   midedns.  Concile  de  Montpellier,    1162;  de  Tours, 
1163;  de  Paris,  121 2. 


—  15  — 

des  Escboles,  puis,  en  1300,  rue  du  Feurre  ou  du  Fotiarre  \ 
II  y  avait  eu  d6j4  quelques  vell^it^s  de  scission  de  la 
part  des  m^decins;  en  1481,  ils  se  riunissent  en  corpo- 
ration et  nomment  un  doyen,  Jean  de  Cherolles.  lis 
6tabiissent  des  statuts,  ont  un  sceau  particulier,  une 
masse  d'argent  et  tiennent  des  registres  *  intitules 
Commentaires  de  la  Facultas  in  Pbysica.  Un  grand  cofFre 
pourvu  de  quatre  serrures  contenait  le  sceau,  la  masse 
et  les  registres  de  la  corporation;  on  le  d^posait  chez 
le  doyen  et  lorsqu'on  allait  a  prendre  le  grand  sceau 
qui  est  dans  le  cofFre  »,  il  fallait  au  moins  quatre  maltres, 
les  possesseurs  des  quatre  clefs  K  Ce  sceau  reprisentait 
une  femme  assise  et  tenant  un  livre  de  la  main  droite, 
et  des  plantes  m^dicinales  de  la  main  gauche;  quatre 
personnages,  probablement  des  pbilidtres  ou  6tudiants, 
revfitus  d'un  costume  d'aspect  monacal,  semblaient 
r^couter  avec  attention. 

En  1^6%  Isi  Facultas  in  pbysica  voulnt  slyoit  un  local 
a  elle;  elle  fit  Tacquisition  de  la  place  des  ischoles  de 
midecine  qui  sont  en  la  rue  des  Rats  *,i  Tangle  de  cette  rue 
et  de  la  ru>e  de  la  Bikberie,  Pendant  pr^s  de  cent  ans,  elle 
dut  se  contenter  d'une  installation  des  plus  sommaires 


1 .  Litt^ralement  rue  de  la  paiUe ;  la  rue  ^tait  jonch^e  de  paille  qui  ser- 
vait  de  sidge  aux  ^tudiants,  lescours  se  faisant  le  plus  souvent  en  plein  air. 
En  1358,  rUniversit^  fit  ^tablir  des  portes  aux  deux  extr^mit^  de  la  rue  ; 
elles  ^taient  ferm^s  le  soir  pour  emp^cher  les  ^coliers  de  venir  y  d^poser 
leurs  ordures  et  de  s'y  amuser  avec  des  filles  de  joie  (Corlieu,  Uancienne 
facullf). 

2.  Nous  ne  poss^dons  pas  ces  registres;  le  premier  des  registres  que  pos- 
sede  la  Faculty  est  de  1395. 

3.  Chomel. 

4.  Devenue  la  rue  de  rh6tel  Colbert. 


-^  i6  — 

dans  un  local  trop  petit  pour  le  nombre  des  philidtres 
qui  augmentait  sans  cesse.  La  Faculty  etait  alors  tr^s 
pauvre,  et,  en  1395,  ^^^^  ^^  poss&lait,  selon  son  doyen 
Pierre  Desvall^es,  qu'un  grand  cofFre,  scrinium  magnum, 
six  clefs  et  encore  unde  sint  nescio,  ajoute-t-il,  et  une 
quinzaine  de  volumes  formant  toute  la  biblioth^que; 
car  les  droits  d'^tude  et  de  dipldme  qu*elle  touchait 
n'6taient  pas  fixes  et  d^pendaient  surtout  de  la  situation 
de  fortune  de  T^tudiant.  Ceux-ci  6taient  rarement 
riches,  la  plupart  d'entre  euxgagnaientleurmat6rielleet 
quelques-uns  mfime  mendiaient.  Les  maltres,  eux  aussi, 
6taient  pour  la  plupart  pauvres ;  ils  6taient  mfime  si  in- 
difRrents  sur  le  rapport  du  costume  que  la  Faculty,  dans 
ses  statuts  de  1350,  dut  les  obliger  i  enseigner  in  cappa 
rotunda^  honesta,  propria,  non  commvdata,  de  panno  bonno, 
de  brunetta  violacca. 

Malgr6  sa  pauvret6,  la  Faculty  de  m^decine  6tait  d^jA 
une  institution  fortement  constitute,  et  quand  le  car- 
dinal d'Estouteville  fut  charge,  en  1452,  par  le  pape 
Nicolas  V,  de  r^organiser  I'Universit^  de  Paris,  il  ne 
trouva  i  r^glementer  que  quelques  points  secondaires. 
Sa  principale  r^forme  fut  la  suppression  du  c61ibat, 
qu'il  d^clara  chose  impie  et  d^raisonnable. 

Enfin,  le  jeudi  16  novembre  1454,  Jacques  Despars, 
chanoine  de  Paris,  docteur  regent  et  medecin  de 
Charles  VII,  convoqua  la  Faculty  «  autour  de  Tun 
des  grands  benoistiers  »  de  Notre-Dame,  et  il  lui 
ofFrit,  nous  dit  le  Synopsis  rerum  memorabilium,  «  joo 
scuta  aurei,  magnam  partem  suorum  meliorum   librorum. 


—  17  — 

et  plura  usiensilia  ».  On  put  alors  acheter  aux  Char- 
treux  pour  le  prix  de  dix  li\Tes  tournois  de  rente 
annuelle  «  une  vieille  maison  sise  en  la  rue  de  la 
Biicherie  »  joignant  I'autre  maison  acquise  par  ladite 
Faculty  longtemps  auparavant  \  On  jeta  i  bas  cette 
vieille  maison  et  on  construisit  de  1472  4  1481  (le 
manque  d'argent  suspendant  sans  cesse  les  travaux) 
de  nouvelles  constructions.  Enfin,  en  1481,  sous  le 
d^canat  de  Mathieu  Dolet,  la  Faculty  put  ouvrir  ses 
portes.  Peu  d  peu,  les  locaux  devenant  trop  exigus,  elle 
acheta  les  maisons  voisines,  construisit  une  chapelle 
dans  laquelle  tous  les  samedis  une  messe  basse  ^tait 
dite,  messe  4  laquelle  devaient  assister  tous  les  membres 
de  la  corporation.  Cette  chapelle  mena^ant  ruine  fut 
bientdt  d^molie  et  on  la  transftra  dans  un  local  occupy 
ant^rieurement  par  la  biblioth^que. 

En  1 568,  on  acheta  «  pecunia  doctoratus  »  une  maison 
de  la  rue  des  Rats  «  4  droite  en  sortant  des  Ecoles  »  sur 
I'emplacement  de  laquelle  on  cr6a  un  jardin  botanique. 
On  construisit  ensuite  un  premier  amphithddtre  d'ana- 
tomie  en  bois ;  puis,  celui-ci  menajant  ruine,  on  en 
bdtit  un  autre  plus  solide  (1620),  mais  ouvert  comme 
le  premier  4  la  pluie,  et  4  tous  les  vents.  Ce  fut 
Tamphith^dtre  oil  professa  Riolan,  qui  I'illustra  telle- 
ment  par  son  enseignement  que  I'amphith^dtre  re?ut 
le  nom  de  Tbidtre  anatomique  de  Riolan, 

En  1645,  s^^s  le  d6canat   de  Michel   de  la  Vigne, 

t.  DuhrtuW,  Thidtre  des  aniiqni Us  de  Paris, 
Le  Maguet.  —  Le  tnonde  medicaj.  2 


—  i8  — 

Michel  le  Masle,  abbe  des  Roches,  protonotaire  aposto- 
lique,  chanoine  de  Paris,  intendant  et  secretaire  du 
cardinal  de  Richelieu,  I6gua  4  la  Faculty,  par  une 
donation  entre  vifs,  trente  mille  livres  tournois  pour 
r^parer  les  bStiments  qui  6taicnt  dans  un  d^labrement 
complet '.  Mais  cette  donation  fut  attaqu^e  et,  en  1650, 
au  moment  ou  Guy  Patin,  doyen  dlu,  entre  en  fonction, 
la  Faculty  n'avait  pas  pu  encore  se  faire  d^livrer  les 
trente  mille  livres  dont  elle  avait  tant  besoin.  Ce  ne 
fut  qu'en  1669,  sous  le  d^canat  de  Jean  Garbe,  que  les 
fccoles  purent  toucher  la  donation  r^duite  4  vingt 
mille  francs,  qui,  nous  apprend  le  Synopsis rerum  memo- 
rabilium,  fut  plac6e  en  rente  sur  les  B6n6dictins  de 
Saint-Denis. 

On  fit  les  reparations  necessaires,  et  pour  perp6tuer 
le  souvenir  de  la  donation  de  Michel  le  Masle,  on 
pla?a  dans  la  cour  des  ficoles  de  M6decine,  vis-4-vis 
de  la  porte  d'entr^e,  une  plaque  de  marbre  qui  existe 
encore  et  sur  laquelle  ^tait  inscrit  : 

I .  Malgr^  cette  donation  ^norme  pour  T^poque.  malgr^  les  sentiments 
de  reconnaissance  qui  les  attachaient  k  Michel  le  Masle,  les  docteurs  regents 
de  la  Faculty  gard^rent  tou jours  vis-^-vis  de  lui  une  ind^pendance  absolue. 
£n  1648,  Jean  Armand  de  Mauvillain,  le  futur  «  m^dccin  deMoIi^re  »,  fut, 
4  la  licence,  plac^  le  dernier  des  six  concurrents  malgr^  toutes  les  pri^res 
de  Michel  le  Masle  qui  ^tait  intime  ami  du  p^re  de  T^tudiant,  Jean  de 
Mauvillain,  chirurgien  de  Richelieu.  Michel  le  Masle  ^rivit  k  ce  sujet  une 
lettre  au  doyen  Jacques  Perreau,  dont  la  copie  se  trouve  dans  les  Commen- 
taires  (Xni  fol.  CCLXXXV)  ...  J'ay  creu  que  vous  ne  trouveriez  pas 
mauvais  que  jc  m'adressasse  ^  vous...  pour  vous  prier,  comme  je  le  faicts 
tr^s  humblement,  de  t^moigner  a  Messieurs  de  vostre  Faculty  que  je  pren- 
dray  tres  grande  part  ^  la  grace  qu*ils  feront  en  cette  occasion  audit  sieur 
de  Mauvillain  qui  peut,  d^ailleurs,  ii  ce  qu'on  m*a  tdmoign^,  assurer  par  son 
merite,  au  lieu  qu'il  espere  de  leur  courtoisie...  Ce  qui  m*obligera  de 
rechercher  les  occasions  de  vous  tesmoigner  que  je  suis  vraiment.  Mon- 
sieur, vostre  tres  humble  et  trte  affectionn^  serviteur. 


—  19  — 

AERE.  D,  D.  MICHAELIS  LE  MASLE  REGI  A. 

SANCTIORIPUS  CX)NSIUIS  PROTONOTARU.  APOS- 

-TOLICI  PRiECENTORIS  ET  CANONICI   ECCLESIiE 

PARISIEN5IS  PRIORIS  AC  DOMINI  DES  ROCHES  ETC. 

M^  ANTONIO  LEMOINE,  PARISINO   DECANO, 

ANNO  R.  S.  H.   MDCLXXVIII. 

Reportons-nous  par  la  pens6e  au  temps  oil  Guy 
Patin  rtgentait  la  Facultd  et  suivons  la  foule  des  phi- 
li^tres  entrant  aux  ficoles  de  M^decine  :  ils  passent 
sous  une  porte  coch^re,  a  lourds  vantaux,  sur  le  fron- 
ton de  laquelle  se  trouve  grav^e  Tinscription  de  «  Scbola 
medicorum  »,  et  traversent  une  cour  peu  spacieuse  et 
fort  mal  pav6e.  On  y  remarque  «  deux  hautes  pierres 
taill6es  en  gradins  pour  faciliter  aux  docteurs  de  mon- 
ter  leurs  mules  et  d'en  descendre  '  »;  i  gauche  de  la 
porte  d'entr^e  se  trouvent  la  Chapelle  \  et  un  loge- 
ment,  veritable  6choppe,  occup6  par  le  bedeau  ou 
massier;  idroite  s'6levait  le  «  Th^dtre  anatomique  de 
Riolan,  le  deuxi^me  du  nom  ». 

Ils  traversent  la  cour  sans  s'arr^ter,  se  d^couvrant 
respectueusement  devant  les  docteurs  regents  qui 
devisent  de  choses  et  d'autres,  gravissent  les  quelques 
marches  qui  m^nent  au  rez-de-chaussee,  qu'ils 
appellent  les  icoles  Inferieures.  lis  p^n^trent  dans  une 
salle  fort  spacieuse,  le  vestibule  qui  sert  de  vestiaire  aux 


1.  Hazan,  Slq^e  hisloriqtu  de  la  FacuUe, 

2.  Ce  sera  sur  remplacement  de  cette  chapelle,  d^molie  en  1695,  que 
s'^l^vera  plus  tard  TAmphith^iltre  de  Winslow,  qui  existe  encore  aujour- 
d'hui. 


—   20  — 

docteurs  regents;  chacun  deux  y  poss^de  une  petite 
armoire  pour  y  placer  la  robe  de  soie  violette,  T^pi- 
toge  rouge,  le  rabat  et  le  bonnet  carr6,  marques  dis- 
tinctives  de  sa  dignity. 

Au  fond  de  ce  vestibule  se  trouve  la  Salle  des  Actes 
qui  sert  aussi  pour  les  lemons  des  bacheiiers  et  des  pro- 
fesseurs.  Elle  est  tres  spacieuse  et  6clair^e  par  cinq 
fenfitres  orn^es  de  vitraux  sur  lesquels  sont  peints  J6sus, 
la  Vierge  et  saint  Luc,  entoures  de  philidtres  prostern^s. 
Le  mobilier  est  un  peu  rudimentaire,  car  la  Faculty 
n'est  gu^re  plus  riche  qu'au  siecle  pr6c6dent;  les  boise- 
ries  de  la  salle  ont  fort  besoin  d'etre  remplac6es  ' ;  aux 
murs  sont  accroch^s  les  portraits  des  anciens  doyens 
a  decus  Facultatis  »,  Simon  Pi^tre,  Nicolas  EUain,  Jean 
Riolan,  Michel  Marescot,  Pierre  Pijart,  Jean  Akakia.  II  y 
a  trois  chaires,  une  haute,  pour  le  professeur,  et  deux 
autres  plus  basses  pour  les  bacheiiers  qui  Tassistent, 
un  si^ge  pour  le  doyen  et  des  bancs  pour  les  docteurs 
regents  ou  les  philidtres.  Les  docteurs  regents  les 
occupent  les  jours  d'actes,  de  soutenance  de  theses,  de 
reunions  solennelles  de  la  Compagnie...;  les  philidtres 
restent  alors  debout,  au  fond  de  la  salle,  auditoire  sou- 
vent  peu  attentif  et  parfois  mfime  tumultueux. 

A  gauche  dans  le  vestibule  se  trouve  Vantisalle  qui 
permet  aux  docteurs  de  se  rendre  d  la  chapelle  ofi  ils 
doivent  chaque  samedi  entendre  la  messe;  une  porte 
donne  sur  le  jardin  botanique   ou    se  cultivent   les 

I.  EUes  ne  le  seront  qu*en  1692,  sous  le  D^canat  de  Henri  Mathieu  qui 
fcra  reboiser  la  salle  d  ses  frais. 


—    21    — 

plantes  midicinales  usuelles,  que  les  itudiants  doivent 
connaltre.  Dans  cette  antisalle,  tous  les  samedis  apr^s 
la  messe,  six  docteurs  regents  donnent  gratuitement 
leurs  soins  aux  malades  pauvres,  montrant  la  pratique 
de  leur  art  aux  neophytes  qui  seront  bientdt  des  leurs. 

Dans  le  vestibule,  d  droite,  se  trouve  enfin  I'escalier, 
aux  marches  us6es,  conduisant  aux  icoles  sup^ieures, 
Ces  ficoles  sup6rieures  comprennent  la  salle  oil  se 
tient  r  a  Assembl6e  des  maltres  »,  une  salle  de  cours 
et  la  Biblioth^que.  II  y  a  dans  la  Salle  de  FAssemblie 
trois  chaires,  comme  dans  la  salle  des  actes,  qui  sont 
occupies  par  le  doyen,  Tancien  et  le  censeur,  les  trois 
autorit^s  de  la  Faculty ;  les  docteurs  s'asseyent  sur  dix 
bancs  de  ch^ne,  cinq  de  chaque  c6t6,  et  places  perpen- 
diculairement  aux  chaires.  Sur  les  cinq  premiers  (banc 
des  anciens)  prennent  place  les  Anciens,  qui  ont  refu 
leur  bonnet  doctoral  depuis  plus  dedixans;  les  regents 
frais  6moulus  occupent  les  bancs  leur  faisant  face  (banc 
des  jeunes).  Tout  ce  qui  int6resse  la  gestion  des  der- 
niers  et  la  police  int^rieure  de  la  Faculty,  les  elections 
de  ses  dignitaires,  se  fait  dans  cette  salle. 

I*a  BMiothique  est  aussi  pauvre  que  la  Faculty  elle- 
mfime.  II  y  a  bien  un  catalogue,  mais  la  plupart  des 
ouvrages  qui  y  sont  port6s  ont  disparu,  nialgr6  les 
chaines  de  fer  qui  attachent  les  livres  aux  tables;  les 
etudiants  et  les  regents  eux-memes  empruntent  les 
livres  et  oublient  le  plus  sou  vent  de  les  restituer; 
la  Faculty,  avare  de  scs  denicrs,  ne  se  soucie  pas  de 
repeupler  les  rayons  dc  la  bibliothcque  et  celle-ci  sera 


—    22    — 

bient6t  d6saffectde(i69S);  on  y  installera  la  Chapelle 
et  la  Salle  de  Cours  recevra  les  quelques  livres  laiss^s 
par  les  6tudiants. 

Telles  sont  les  ficoles  de  m6decine;  nous  y  avons 
suivi  le  philidtre,  venant  apprendre  de  ses  maltres  la 
a  bonne  et  saine  doctrine  d'Hippocrate  ».  Ce  philidtre, 
nous  le  verrons,  dans  les  pages  qui  suivent,  conqu6rir 
un  4  un  tons  ses  grades,  et  arriver  quelquefois  aux  bon- 
nenrs  supritnes  de  la  Faculti,  le  dicanat. 

Pour  fitre  inscrit  sur  les  registres  de  la  Faculty,  il  fal- 
lait  poss^der  le  dipldme  de  Maltre-is-Arts;  Tobtention 
de  ce  dipldme  n^cessitait  un  stage  de  deux  ans  4  la 
Faculty  des  arts  qui  representait  d  cette  6poque  notre 
enseignement  secondaire  actuel.  Le  dipl6me  qu'elle 
conftrait  pent  ^tre  compart  d  celui  de  bachelier  6s- 
lettres.  Pour  Tobtenir,  T^tudiant  devait,  pendant  deux 
ans,  suivre  des  cours  ou  Ton  traitait  de  logique, 
d'^thique,  de  physique,  de  m6taphysique,  de  la  doctrine 
d'Aristote.  Une  fois  maltre  6s-arts,  T^colier  portait  dans 
les  c6r6monies  solennelles  la  longue  robe  d  grandes 
manches,  T^pitoge  et  le  bonnet  carr^. 

Pour  ^tre  admis  aux  ^coles  de  la  rue  de  la  BAcherie, 
il  fallait  en  outre  fitre  catholique,  faire  connaltre  ses 
nom,  pr6noms,  surnoms,  dge  (vingt-deux  ans  au  mini- 
mum), son  lieu  de  naissance,  sa  nationality;  T^colier 
devenait  alors  le  Philidtre,  il  prenait  ensuite  sa  premiere 
inscription  trimestriclle  et  assistait  aux  lectures  des 
bacheliers  et  des  docteurs  regents. 

Ces  lectures  comprennent  Texplication    des  Apbo- 


—   2j    — 

rismes  (THippocrate,  T^tude  des  cboses  natureUes  (anato- 
mic et  physiologic),  dcs  cboses  non  natureUes  (hygiene 
ct  rtgime)  et  dcs  cboses  contre  nature  (pathologic  et  th6- 
rapcutique).  Ces  Icfons,  en  langue  latine,  avaient  lieu 
dans  Ics  salles  basses,  Ic  matin  et  Ic  soir,  et  duraient 
unc  heurc  au  moins;  ellcs  6taient  faites  tous  Ics  jours, 
sauf  Ic  dimanche,  Ic  jcudi,  Ics  jours  ftries. 

Uouverturc  des  cours  dc  la  Faculte  ^tait  cel^bree 
officiellcment  Ic  i8  octobre,  jour  de  la  Saint-Luc,  patron 
dcs  m^decins.  M.  Corlicu,  dans  son  ouvrage  VAncienne 
Faculti  de  Paris,  a  d^peint  magistralement  cettc  c6r6- 
monie  : 

Rendons-nous  i  la  chapelle  des  £coles  et  assistons  par  la 
pens^e  ^  la  messe  solennelle  c6l£br6e  a  neuf  heures  du  matin 
par  le  curi  de  Saint-£tienne-du-Mont,  que  les  bacheliers  invi- 
taient  officiellcment  le  samedi  qui  precedait  la  Saint-Luc. 

Voici  les  bedeaux  avcc  leurs  masses  d'argent  qui  ouvrent 
la  marche.  Apres  eux  s'avance  majestueusement  le  doyen,  en 
grand  costume,  avec  la  soutane  violette,  la  robe  rouge  fourrie 
d'hermine  et  le  bonnet  carr6.  A  ses  c6t6s  sont  les  docteurs- 
regents  charges  de  Tenseignement;  puis  viennent  en  ordre 
tous  les  docteurs-rigents,  les  anciens  d'abord,  les  nouveaux 
cnsuite,  au  nombre  de  cent  ^  cent  cinquante.  Les  licentiandes, 
les  bacheliers  en  m^decine  et  les  ^tudiants  ou  philiatres^  tous 
en  robe,  se  rendent  a  leur  place  et  la  messe  commence. 

Cette  messe  6tait  cdibrie  avec  beaucoup  d'apparat ;  elleitait 
souvent  chant6een  musique  et  des  donations  avaientet^  faites- 
dans  cette  intention.  Elle  dtait  suivied'un  sermon  de  circon- 
stance,  apri^s  lequel  le  doyen  s'avan^ait  i  Tautel  pour  offrir 
un  petit  present  au  pr^tre  officiant.  La  messe  terminie,  le 
premier  bedeau  pronon^ait  les  paroles  d'usage  :  «  A  TAssem- 
blde,  Messieurs  nos  maitres  »,  et  les  docteurs-r^gents  se  ren- 
daient  dans  les  salles  superieurcs  pour  traiter  des  affaires  dc 
la  Faculti. 


—  24  — 

Uann6e  scolaire  commenfait  le  19  octobre  et,  d6s  ce 
jour,  r^tudiant  devait  assister  4  tous  les  actes  de 
la  Faculty,  le?ons,  soutenances  et  argumentations 
des  theses....  II  prenait  quatre  inscriptions  par  an, 
cotltant  six  iivres  chacune,  et,  ce  faisant,  d^signait 
deux  ou  trois  professeurs  dont  il  6tait  tenu  de  suivre 
les  cours  exactement;  i  ces  cours,  il  devait  prendre  des 
notes  et  les  soumettre  de  temps  en  temps  au  profes- 
seur. 

L6s  cours  du  matin  6taient  faits  par  les  bacbeliers 
imirites  appel^s  a  legentes  de  mane  »  et  avaient  lieu  i 
cinq  heures  du  matin  en  ^t6,  4  six  heures  en  hiver.  Le 
bachelier  montait  dans  une  des  petites  chaires;  les 
bancs  dtant  r6serv6s  aux  ^tudiants  et  la  grande  chaire 
au  docteur-r^gent  lorsqu'il  daignait  honorer  la  lefon 
de  sa  presence.  Cette  lefon  consistait  en  une  r6p6tition 
de  Tenseignement  du  professeur  en  titre  et  une  com- 
mentation d'Hippocrate,  de  Galien,  des  auteurs  arabes 
et  des  orthodoxes  fran^ais. 

Le  veritable  enseignement  appartenait  aux  professeurs 
qui,  le  matin  de  huit  4  onze  heures,  et  le  soir  de  deux  4 
quatre  heures,  faisaient  des  cours  ou  tous  les  philidtres 
^taient  tenus  d'assister.  En  165 1,  il  y  avait  4  la  Facultd 
quatre  docteurs-r^gents  charges  de  cours;  le  premier 
enseignait  les  cboses  naturelles  et  non  naturellesj  le  second 
les  choses  contre  nature;  le  troisi^me  etait  charge  4  la 
fois  de  V enseignement  anatomique  et  du  cours  de  cH- 
rurgie  en  latin,  cours  ouvert  aux  seuls  etudiants  en 
m^decine;   le  quatri^me  enfin  enseignait  la  botanique 


et  veillait  a  Tentretien  du  jardin  des  Ecoles  de  m6de- 
i  cine,  Ces  professeurs  6taient  fort  peu  pay6s,  deux  cents 

livres  environ  par  an,  et  souvent  mfime  TUniversite 
de  Parish  etait  obligee  d'avancer  i  la  Faculty  les  huit 
cents  livres  n^cessaires  au  paiement  des  quatre  doc- 
'  teurs. 

Le  professeur  ne  restait  en  fonction  que  deux  ans,  et 
pendant  ces  deux  ans  il  6tait  oblige  de  traiter  dans  ses 
cours  toutes  les  matiires  attenantes  4  sa  chaire. 

Le  professeur  de  chirurgie  latine,  charge  du  cours  d'ana- 
tomie,  le  faisait  en  hiver ;  il  parlait  du  haut  de  sa  chaire, 
se  contentant  de  donner  des  indications  au  barbier 
chirurgien  qui  diss^quait  4  grands  coups  de  scalpel  un 
cadavre  plac6  sur  une  table,  juste  au-dessous  de  la 
chaire  professorale.  Le  chirurgien  ne  devait  pas  s'6car- 
ter  de  son  r6le  modeste  et  un  statut  de  la  Faculty  fait  a 
ce  sujet  une  recommandation  expresse  :  «  Doctor  non 
sinat  dissectorem  divagari,  sed  contineat  in  officio 
dissecandi.  »  Le  professeur  6tait  cependant  aid6  par 
une  sorte  de  r6p6titeur  nomm^  archidiacre  des  icoles  et 
qui  dtait  choisi  parmi  les  ^coliers  ou  les  bacheliers 
6m6rites. 

Ces  demonstrations  anatomiques  ou  «  anatomies  »  se 
faisaient  dans  le  theatre  anatomique  des  ficoles  et 
duraient  un  laps  de  temps  tr6s  court ;  deux  cadavres  par 
an  suffisaient  d  la  Faculty  :  cependant  celle-ci,  comme 
nous  le  verrons  dans  la  suite,  s'arrogeait  le  droit  de 
poss6der,  d  I'exclusion  de  toute  autre  compagnie,  le 
corps  des  supplici6s. 


—   26   — 

Outre  ces  quatre  professeurs,  il  y  avait  encore  des  pro- 
fesseurs  de  sciences  accessoires,  qui  enseignaient  la 
chirurgie  en  langue  fran^aise,  la  mati^re  mddicale  et  la 
pharmacie  proprement  dite.  Le  professeur  de  chirurgie  en 
langue  franfaise  enseignait  la  chirurgie  aux  barbiers- 
chirurgiens,  il  ne  devait  trailer  que  de  h  Res  cbirur- 
gica,  les  blessures,  tumeurs,  luxations  et  fractures;  il 
faisait,  en  outre,  des  demonstrations  anatomiques  et  des 
operations  sur  le  cadavre  et  devait  se  garder  d'ensei- 
gner  d  ses  ei^ves  tout  ce  qui  6tait  du  ressort  purement 
medical.  Le  professeur  de  matiere  niedicale  traitait  de 
la  Rem  berbariam\  sous  sa  direction,  les  philidtres 
devaient  6tudier  le  droguier  des  dcoles,  droguier  dont 
la  composition  est  rest^e  k  peu  prte  la  mfime  d  notre 
epoque.  Le  professeur  de  pbarmacie  '  enseignait  la  phar- 
macie gal^nique  et  chimique,  assist^  dans  ses  fonctions 
par  un  ma!tre  apothicaire  de  Paris;  il  6tait  en  outre 
charge  d'examiner  les  apprentis  apothicaires  et  d'in- 
specter  deux  fois  Tan  les  apothicaireries. 

Les  ^tudiants  6taient  tenus  de  suivre  pendant  trois 
ans  les  cours  de  ces  divers  professeurs ;  mais  le  phi- 
liatre  studieux  devait,  en  outre,  ^tre  assidu  aux  cours  du 
College  royal  et  du  Jardin  du  Roi,  cours  sur  lesquels 
nous  reviendrons  dans  la  suite. 

Qjuand  le  philidtre  avait  le  «  tempus  auditionis  »  et 
ses  douze  inscriptions,  il  6tait  admis  d  subir  les  exa- 
mens  du  baccdlauriat  en  midecine.  Ces  examens  qui 
avaient  lieu  tous  les  deux  ans  duraient  une  semainc. 

I.  Fut  cr6^  en  1696. 


—   27   — 

lis  d^butaient  par  une  c^r^monie  solennelle,  o£i  Tun 
des  candidats  demandait  au  corps  entier  de  la  Faculty 
convoqu6  par  le  doyen  qu'on  voulAt  bien  les  admettre 
i  I'examen.  Puis  chaque  candidal  subissait  des  ^preuves 
orales  sur  Tanatomie,  la  physiologic,  Thygi^ne,  la 
pathologie,  la  botanique.  Ces  ^preuves  ne  duraient 
pas,  comme  aujourd'hui,  quelques  minutes ;  le  doyen 
et  les  quatre  examinateurs  interrogeaient  chacun  une 
demi-heure  le  candidal  qui  restaii  ainsi  deux  heures  et 
demie  sur  la  sellette.  Elles  occupaient  les  journdes  du 
lundi,  du  mardi  et  du  mercredi ;  le  jeudi  itait  consacr6 
au  repos ;  le  vendredi,  le  candidal  devait  commenter 
cinq  aphorismes  d'Hippocrate,  quelques  syllogismes 
contradictoires  et  discuter  sur  toutes  questions  qui  lui 
dtaient  poshes,  non  seulement  par  ses  examinateurs, 
mais  encore  par  tous  les  docteurs  presents  i  Texamen. 
Le  samedi,  aprte  messe  solennelle,  les  examinateurs 
faisaient  leur  rapport  i  la  Compagnie  assembl6e  qui 
votait  Tadmission  ou  le  refus  du  candidal,  selon  que 
celui-ci  6lail  suffickns  ou  incapax.  Le  candidal  qui  avail 
oblenu  les  deux  tiers  des  suffrages  etait  admis  4  pro- 
noncer  un  sermenl  dans  lequel  il  jurail  d'observer  les 
sialuls  de  la  Faculty,  d'en  respecter  les  maflres,  d'aider 
ceux-ci  dans  leurs  lutles  contre  les  ennemis  de  TEcole, 
d'assisler  aux  messes  solennelles,  aux  cours  el  acles  dc 
r^cole  pendant  deux  ans.  Mais  le  philidlre  n'6tait  point 
encore  bachelier ;  pour  le  devenir,  il  derail  subir  de  nou- 
velles  epreuves  dont  la  premiere  avail  lieu  au  mois  de  mai 
suivant.  Celle  ^preuve  consistait  en  un  examen  sur  hi 


—    28    — 

botanique,  examen  qui  comportait  une  reconnaissance 
de  drogues,  ainsi  qu'on  le  fait  encore  aujourd'hui  pour 
Texamen  de  th^rapeutique  :  le  candidal  devait  r^pondre 
en  outre  i  toute  question  posie  sur  les  propri6t6s  et  les 
vertus  thirapeutiques  des  agents  m^dicamenteux.  Get 
examen  fini,  le  candidat  admis  se  pr^parait  alors  d  la 
soutenance  de  deux  theses,  Tune  sur  la  pathologie  ou 
la  physiologie,  I'autre  sur  Thygi^ne. 

La  premiere  de  ces  theses  s'appelait  tbise  quodlibitairCy 
c'est-d-dire  th^se  sur  un  sujet  au  gr6  du  candidat,  plac6 
sous  Tinvocation  classique  :  Virgini  deiparx  et  sancto 
Luces,  \jai  thise,  simple  feuille  d'impression,  compre- 
nait  cinq  articles,  exposition  (la  majeure)^  divelop- 
pement,  6tablissement,  discussion  Qa  mineure),  du 
sujet  de  la  th^se,  et  conclusions.  Le  candidat  pou- 
vait  choisir  parmi  les  docteurs  regents  son  prisident 
qui,  assist^  de  neuf  docteurs  regents,  argumentait  le 
candidat  de  six  heures  du  matin  jusqu'4  midi  «  ab 
aurora  ad  meridiem  ». 

Tous  les  bacheliers  et  docteurs  presents ,  revfitus  des 
insignes  de  leurs  grades,  pouvaient  poser  au  malheu- 
rcux  candidat  les  questions  les  plus  diverses,  et  les 
questionneurs  ^taient  nombreux,  car  le  r6cipiendaire 
devait  faire  servir  k  ses  frais,  dans  une  pi^ce  attenant  d 
la  salle  des  actes,  du  vin,  de  la  bi^re,  des  gdteaux  et  des 
Apices.  L'examen  termini,  le  president  consultait  TAs- 
sembl^e  et  le  candidat  6tait  admis  s'il  r^unissait  les 
deux  tiers  des  suffrages  exprim6s. 

Quelque  temps  apr^s,  il  devait  soutenir  sa  th^se  sur 


—  :S9  — 

rhygiSne,  tbkse  cardhiale,  ainsi  nomm^e  en  souvenir 
du  cardinal  d'Estouteville,  r^formateur  de  la  Faculty. 
Aux  theses  cardinales,  on  discutait  de  cinq  heures  i 
midi ;  pendant  ces  sept  heures,  le  futur  bachelier  devait 
r^pondre  sans  d6semparer  d  toute  question  qui  lui  itait 
pos6e.  II  traitait,  en  outre,  une  question  d'hygiene  qui  lui 
6tait  fix6e  par  son  president  de  these,  president  nomm6 
par  le  doyen;  ces  questions  traitaient  souvent  de 
sujetsscabreux;  il  est  vrai  que  la  Faculty  n'avait  jamais 
engendr6  la  m^lancolie,  et  les  membres  de  cette  docte 
compagnie  aimaient  surtout  d  discuter,  le  verre  en 
main,  les  questions  relatives  A  Thygiine  g^nitale  : 

An  Venus  sit  salubris? —  Anplenoventriculocommodior  Venus  1 
— An  formosx  fecondiores? —  An  ex  saladtate  calvities?  —  Est 
nefemina  virosalacior  ?  —  An  hystericis  virginibus  Venus?  —  An 
aurora  Venus  arnica? —  Anut  virginitatiSy  sic  virilitatis  certa 
indicia?  —  An  quo  tempore fluunt  catamenia,  noxia  Venus?... 

Les  suffrages  6taient  exprim^s  comme  aux  theses 
quodlib^taires ;  il  ne  restait  plus  au  candidat  heureux 
qu'4  subir  les  6preuves  pratiques  d'anatomie,  6preuves 
qui  duraient  sept  jours. 

Apr^s  ces  quatre  6preuves  aussi  fatigantes  que 
p6nibles,  et  dont  chacune  6tait  6liminatoire,  le  philidtre 
6tait  proclam6  solennellement  bachelier,  et  recevait  des 
mains  du  doyen  un  dipldme  de  parchemin,  scelld  du 
sceau  de  la  Faculty. 

Notre  bachelier  6m6rite  devenait  alors  maitre  le 
matin,  tout  en  restant  el^ve  Tapr^s-midi ;  il  enseignait, 
comme  nous  I'avons  vu  ant^rieurement,  la  m^decine 


—    JO   — 

aux  philidtres,  et,  le  soir,  assistait  aux  cours  des  docteurs 
regents.  II  choisissait,  en  outre,  un  docteur  dont  il  6tait 
relive  alumnus  qu'il  suivait  partout,  visitant  avec  lui  sa 
clientele  de  ville  et  se  formant  ainsi  i  la  pratique  de 
son  art.  Si  le  m^decin  avait  un  service  hospitalier,  le 
bachelier  devenait  rapidement  un  bon  praticien.  Mais 
malheureusement  il  n'en  6tait  pas  toujours  ainsi ;  les 
hdpitaux  parisiens  6taient  ferm^s  aux  bacheliers  qui 
n'^taient  pas  pr^sent^s  par  le  m^decin  traitant'.  Ceux- 
ci  avaient  pour  toute  ressource  d'assister  aux  consulta- 
tions charitables  qui  avaient  lieu  tous  les  samedis  dans 
les  6coles  inftrieures. 

Deux  ans  s'6coulaient  dans  cet  exercice;  le  bache- 
lier pouvait  alors  aspirer  i  la  licence  en  mddecim,  exa- 
men  qui  devait  lui  assurer  la  libre  pratique  de  son  art. 

Les  bacheliers  candidats  d  la  licence  se  pr^sentaient 
devant    la  Compagnie  r^unie   par  le   doyen,    et  Tun 

I.  Vers  la  m£me  6poque,  Ic  c61^bre  Sylvius  de  la  Boe,  qui  enseignait 
la  m^decine  ^  Louvain,  comprit  les  avantages  ^normes  que  pouvait  retirer 
r^tudiant  de  la  fr^quentation  des  h^pitaux.  II  en  ouvrit  les  portes  aux  6tu- 
diants  et  «  il  employa  toutes  les  forces  de  son  Industrie  et  de  son  esprit  pour 
h&ter  les  progr^sde  ses  auditeurs  et  en  faire  de  bons  midecins  ».  Pour  cela, 
ii  rh6pital,  dit>il,  «  J'ai  mis  devant  leurs  yeux  les  symptdmes  des  maladies, 
je  leur  ai  fait  entendre  les  plaintes  des  malades,  puis  je  leur  demandais  leur 
avis  et  les  raisons  de  leur  avis  sur  chaque  affection  observ6e,  sur  ses  causes 
et  son  traitement  rationnelj  et  chaque  fois  qu*il  y  avait  d^accord  entre 
eux,  je  conciliais  le  difT6rend  en  leur  sugg^rant  diverses  raisons  aussi  solides 
qu*il  6tait  possible ;  puis  jMnterposais  mon  jugement  sur  chaque  point. 
Avec  moi  ils  constataient  les  heureux  r^ultats  du  traitement,  quand  Dieu 
accordait  i  nos  soins  le  retour  de  la  sant^,  ou  bien  ils  assistaient  i  Texamen 
du  cadavre  quand  le  nialade  payait  Tinexorable  tribut  k  la  mort.  d 

(Sylvii  Epistola  Apolegica,  1664). 

Ses  id^es  furent  bient6t  adoptees  partout  sauf  cependant  en  France,  et 
Ton  peut  dire  que  jusqu*i  la  fin  du  r6gne  de  Louis  XIV,  le  philiitre  et  le 
bachelier  soucieux  de  frequenter  les  h6pitaux  itaient  Texception. 


—  }I  — 

d'eux  r6clamait  leur  admission  i  Vexamen  particulier, 

Chaque  bachelier  devait  justifier  de  ses  antecedents 
et  presenter  un  certificat  sign6  de  trois  docteurs  eta- 
blissant  a  qu'il  a  ixi  trouv6  de  bonnes  moeurs  et  d'une 
conduite  rang^e  » ;  puis  il  se  rendait  au  domicile  de 
tous  les  docteurs  regents;  chaque  visite  comportait  un 
examen  sur  la  pratique,  de  praxi,  examen  tout  intime 
dans  lequel  ie  docteur  se  rendait  compte  de  la  science 
et  des  qualit^s  pratiques  du  candidat. 

La  Faculty,  sur  Tordre  du  doyen,  se  rassemblait 
ensuite  et  se  pronon^ait  sur  Tadmission  ou  le  rejet  du 
bachelier;  le  bachelier  sufficiens  etait  alors  declare 
liuntiande,  c'est-i-dire  apte  4  recevoir  le  titre  de  licenci6. 

Tous  les  licentiandes,  pr6c6des  du  doyen  et  les 
docteurs  regents  en  grand  costume  se  rendaient  proces- 
sionnellement  k  TArchevfiche  ou  ils  6taient  prisent^s 
au  Chancelier  de  TUniversit^.  Celui-ci,  repr^sentant  du 
pape,  chef  supreme  de  I'enseignement  dans  tout  Tuni- 
vers,  fixait  4  chaque  candidat  le  jour  oil  il  devait  rece- 
voir la  licence. 

En  attendant,  les  licentiandes  se  rendaient  encore  chez 
les  grands  fonctionnaires  municipaux  et  royaux  pour 
les  prier  de  se  trouver,  au  jour  dit,  aux  6coles  de  mdde- 
cine  oil  avait  lieu  alors  une  c6r6monie  connue  sous  le 
nom  de  paranympbe. 

Le  paranympbe  6tait  le  doyen ;  il  remplissait  le  rdle  du 
itapavtijjL^ioc  qui,  dans  la  c6r6monie  de  Thymen  grec, 
conduisait  T^pouse  au  domicile  conjugal.  Le  nouveau 
licencie,  allant  contracter  une  union  intime  et  6ternelle 


—  32  — 

avec  la  Facultd,  avail  besoin  d*un  napaviifji^ioc;,  charg^ 
de  Tintroduire  dans  la  grande  famille  m^dicale.  C^tait 
au  doyen  que  ce  rdle  6tait  ddvolu.  En  presence  des 
notabilit6s  invitees,  il  pr^sentait  i  la  tres  salutaire 
Faculty  les  jeunes  gens  confi6s  d  sa  garde,  faisant  d'eux 
un  pompeux  61oge  en  un  latin  cic^ronien. 

Qjuelques  jours  apr^s,  le  corps  des  docteurs  regents 
se  r^unissait  d  cinq  heures  du  matin  en  une  salle  de 
TArchevfich^,  et  chaque  docteur  dressait  une  liste,  clas- 
sant  les  candidats  par  ordre  de  m^rite ;  de  la  comparai- 
son  de  ces  listes,  r^sultait  Tordre  d6finitif  des  admis- 
sions ;  obtenir  le  premier  lieu  d  la  licence  6tait  le  gage 
d'un  brillant  avenir;  malheureusement,  cette  place  6tait 
souvent  donn^e  d  des  candidats  plus  prot6g6s  que 
savants,  car  la  Faculty  de  Paris  ^tait  alors  en  proie  d 
un  favoritisme  6hont6.  A  dix  heures,  la  Compagnie 
tenait  stance  solennelle  pr6sid6e  par  le  Chancelier,  qui 
b^nissait  chaque  candidal  lui  donnant  licentiam  legendi, 
interpretendi  et  faciendi  medicinam  hie  ubique  terrarum 
II  posait  ensuite,  au  premier  lieu,  une  de  ces  ques- 
tions not^es  soigneusement  par  Kazan  dans  son  filoge 
de  la  Faculty  de  m6decine  de  Paris : 

An  quartanx  curandx  cortveniat  ebrietas?(^i6^S). 

An  qui  ntel  et  butyrum  cotnedit,  sciat  reprobare  malum  et 
eligere  bonum?  (^1676), 

Ex  qua  parte  manaverit  aqua^  qux  profluxit  e  mortui  Christi 
latere  perjorato  lancese  acuta  mucrone?  (1692). 

Le  premier  lieu  ne  manquait  pas  de  d^penser  des 
tr^sors  d'esprit,  de  litt^rature  et  d'^rudition,  et  toute 


—  33  — 

Tassistance  sc  traiisportait  ensuite  d  la  cath^drale  ou  le 
chancelier  remerciait'  la  Vierge  au  nom  des  licenci^s, 
rappelant  i  ces  derniers  qu'ils  devaient,  leur  vie 
durant,  fitre  les  serviteurs  fiddles  de  Tfiglise. 

Qyelques  jours  apres,  le  nouveau  licenci^  versait  un 
droit  de  cent  livres  environ  et  recevait  du  doyen  un 
dipl6me  nomni^  letires  de  licence,  et  qui  lui  donnait  le 
droit  d'exercer  a  Paris  et  par  toute  la  terre. 

Malgr6  ce  droit,  le  licenci6  ne  faisait  pas  encore  par- 
tie  de  la  docte  Compagnie  :  il  lui  fallait  conqu^rir  le 
birretum  \  II  devait  pour  cela  adresser  au  doyen,  quand 
bon  lui  semblait,  une  supplique  pro  Vesperiis  et  Docto- 
ratu,  Apres  une  enquete  minutieuse  sur  sa  vie  et  ses 
moeurs,  il  etait  admis  d  la  Vesperie. 

La  Vespirie  comportait  une  argumentation  sur  un 
sujet  donne,  argumentation  ou  le  candidat  devait  discu- 
tcr  deux  propositions  contraires.  Tous  les  docteurs 
6taient  r^unis,  et  le  doyen  ouvrait  la  stance  par  un 
discours  ou  il  faisait  T^loge  de  la  Compagnie,  de  la  pro- 
fession medicale  et  du  candidat.  II  posait  ensuite  d  ce 
dernier  les  questions  fix6es  et  cldturait  la  stance  en 
indiquant  le  jour  oii  devait  avoir  lieu  Vacte  du  doctorat, 

Le  jour  fix6,  le  futur  docteur,  pr6c6d6  de  deux 
bacheliers  et  des  appariteurs  de  T^cole,  apr^s  avoir 
rendu  visite  d  chaque  docteur  regent  de  la  Faculty,  se 
rendait  d  la  grande  salle  des  ficoles  de  M^decine,  oil  se 
trouvait  r^unie  toute  la  Compagnie.  II  montait  en 
chaire  avec  son  president,  un  des  appariteurs  s'appro- 

I.  C^tait  le  bonnet  que  portait  le  docteur  regent. 
Le  Maguet.  —  Le  monde  medical,  \ 


n 


—  34  — 

chait  de  lui,  et  lui  rappelait  la  formule  du  serment  : 
Domine  doctorande,  antequam  incipias,  babes  tria  juramenta^ 
et  il  lui  proposait  les  trois  articles  du  serment  tradi- 
tionnel. 

I**  Vous  observerez  les  droits,  statu ts,  lois  et  coutumes 
respectables  de  la  Faculty  ; 

2**  Vous  assisterez,  le  lendemain  de  la  Saint-Luc,  i  la 
messe  pour  les  docteurs  dicidis ; 

3**  Vous  lutterez  de  routes  vos  forces  contre  tous  ceux  qui 
pratiquent  illicitement  la  midecine,  et  vous  n'en  ipargnerez 
aucun,  i  quelque  ordre  ou  a  quelque  condition  qu'il  appar- 
tienne. 

Vis  ista  jiirare?  ajoutait-il.  A  cette  injonction  le 
candidat  r^pondait /wro,  le  aJuro»  de  Moli^re  mourant 
dans  la  c^rimonie  du  Malade  Imaginaire  du  17  ftvrier 
1673. 

Le  president  prenait  alors  le  birretum  ou  bonnet 
carr6,  insigne  de  la  profession  doctorale ;  avec  le  bonnet 
il  faisait  le  signe  de  la  croix,  le  plafait  de  deux  doigts 
de  la  main  droite  sur  la  tfite  du  candidat,  Tenfonfant 
par  un  l^ger  coup  de  la  paume  de  la  main.  II  lui 
tapait  16g6rement  la  joue  en  signe  d'afFranchissement, 
semblant  ainsi  le  confirmer  dans  sa  nouvelle  dignity. 
Apr^s  quoi,  il  lui  passait  au  doigt  un  anneau  d'or  et  lui 
donnait  Taccolade.  Le  licencie  6tait  d^s  lors  docteur. 

II  pouvait  alors  faire  imm^diatement  acte  de  rdgence, 
posant  une  question,  soit  4  un  des  docteurs,  soit 
4  un  des  bacheliers  presents,  puis  il  cl6turait  la  sdance 
par  un  discours  dans  lequel  il  accablait  de  remercie- 
ments,  Dieu,  la  Faculty,  ses  parents  et  ses  amis. 


—  35  — 

A  la  Saint-Martin  suivant,  ii  iui  6tait  r6serv6  de  pr6- 
sider  une  th^se  quodlib^taire.  Sa  premiere  pr6sidence 
constituait  Yacte  pastillaire^  ainsi  nomm6,  parce  qu'il  fai- 
sait  horamage,  le  mfime  jour,  au  doyen,  de  pastilles  en 
Sucre,  ou  6tait  grav6e  Timage  soit  d'Hippocrate  soit  du 
doyen.  Alors  seulement,  apr^s  avoir  fait  les  honneurs 
de  son  nouveau  grade,  il  6tait  inscrit  sur  les  registres 
de  la  Faculty,  et  entrait  pour  dix  ans  dans  VOrdre  des 
Jeunes. 

Pendant  ces  dix  ans,  il  si^geait  au  Banc  des  Jeunes  ou 
petit  banc,  etpouvait  cependant  aspirer  aux  fonctionsdes 
ficoles,  comme  Examinateur  ou  Professeur  :  comme 
les  anciens,  il  avait  droit  de  participer  i  toutes  les 
Elections. 

Le  Banc  des  Anciens  comprenait  tous  les  docteurs 
regents  exer^ant  depuis  dix  ans  :  ils  devaient  aux 
jeunes  la  bienveillance  et  la  protection,  en  ^change  du 
respect  que  ceux-ci  leur  devaient  t^moigner.  Les 
anciens  ^taient  de  notables  autorit^s  :  si  Tun  d'eux 
entrait  dans  une  salle  basse,  jeunes  docteurs,  licenci6s, 
bacheliers  et  philiatres  se  levaient  imm^diatement 
pour  Iui  faire  honneur. 

Parmi  eux,  le  plus  anciennement  re? u  portait  le  titre 
d'Ancien  de  la  Faculty.  Lorsqu'il  entrait  i  I'ficole, 
toutes  les  personnes  pr6sentes  devaient  aller  i  sa  ren- 
contre; ses  honoraires  6taient  le  double  de  ceux  des 
autres  docteurs  regents;  il  aidait  enfin  le  doyen  d 
administrer  les  ficoles,  le  rempla? ant  lorsqu'il  s'absen- 
tait,  et  jouant  ainsi  le  r61e  d^volu  actuellement  i  Tasses- 
seur  du  doyen. 


^ 


—  36  — 

Le  doyen  etait  le  chef  de  la  Faculty,  gardien  severe 
de  la  discipline  et  des  statuts  Caput  facultatis,  vindex 
discipliuce  et  ciistos  legum.  Son  Election,  qui  avait  lieu 
tous  les  deux  ans,  se  faisait  avec  unegrande  solennite. 
Le  premier  samedi  apr^s  la  ffite  de  la  Toussaint,  apres 
la  messe  c616br6e  selon  la  coutume  a  la  chapelle  des 
ecoles,  toute  la  Compagnie  se  r^unissait  dans  la  Salle 
des  Actes.  Le  doyen  sortant  d^posait  les  insignes  offi- 
ciels  de  sa  charge,  les  clefs  du  sceaii  de  la  Faculty,  clefs 
qu'il  portait  depuis  deux  ans  suspendues  d  son  cou. 
II  exposait  ensuite  par  le  menu  sa  gestion  et  les  res- 
sources  presentes  de  la  Faculty.  Alors,  il  jetait  dans 
deux  urnes  s6parees  tous  les  noms  des  docteurs  re- 
gents, dans  la  premiere  Ic  nom  des  ancient,  dans  la 
seconde  le  nom  des  jeunes;  il  tirait  ensuite  troisnoms 
d'anciens  et  deux  noms  de  jeunes  :  les  cinq  docteurs 
design^s  par  le  sort  devaient  alors  preter  serment,  de- 
vant  toute  la  compagnie,  de  choisir  le  plus  digne.  lis 
se  rendaient  dans  la  chapelle  des  ecoles  et  choisissaient 
trois  docteurs  rdgents,  deux  anciens  et  un  jeune,  qui 
leur  semblaient  digncs  du  decanat.  Les  trois  noms 
etaient  mis  dans  une  urne,  et  le  doyen  sortant, 
tirant  un  des  billets,  proclamait  solennellement  le 
nouveau  doyen. 

On  proc^dait  immediatementd  la  nomination  des  pro- 
fesseurs,  en  employant  le  meme  mode  d'electionadeux 
degr^s.  Mais  sur  les  trois  noms  jetes  dans  Turne,  contrai- 
rement  a  ce  qui  se  faisait  dans  T^lcction  du  doyen,  il  y 
avait  deux  jeunes  pourun  ancien.  Enfin,  onterminait  la 


—  37  — 

stance  solennelle  par  la  nomination  de  quatre  docteurs. 
charges  de  Texamen  des  candidats  au  baccalaur^at. 

Le  doyen  entrait  immc^diatement  en  fonction,  et 
pretait,  entre  les  mains  de  son  pr^d^cesseur,  serment 
d'exercer  convenablement  ses  fonctions,  dagir  sans 
partiality,  d'observer  les  statuts  et  de  rendre  compte  de 
sa  gestion  au  bout  de  deux  ans.  II  n'etait  pas  profes- 
seur,  il  n'itait  qu'administrateur;  il  ordonnait  les 
d^penses,  les  reglant  et  les  restreignant  selon  la  mesure 
du  possible,  recevait  les  revenus,  signait  et  approuvait 
toutes  les  theses,  d^signait  chaque  fois  le  docteurdqui 
revenait  la  prisidence.  II  6tait  tenu,  4  tipoques  fixes,  de 
faire  assembler  la  Faculty,  mais  il  pouvait  provoquer 
ces  reunions  lorsqu'il  le  jugeait  4  propos.  II  avait  la 
haute  main  sur  les  examensdes  chirurgiens  et  des  apo- 
thicaires,  sur  la  visite  des  apothicaireries.  C6tait  lui 
qui  signait  I'autorisation,  sans  laquelle  on  ne  pouvait 
se  faire  d^livrer  les  cadavres  pour  les  anatomies. 

Chaque  fois  que  Thonneur  ou  les  interets  de  la  Fa- 
cult6  ^taient  en  jeu,  que  les  chirurgiens  ou  les  apothi- 
caires  troublaient  le  repos  de  la  Compagnie,  le  doyen 
devait  intenter  des  proces  au  nom  de  la  corporation ;  il 
itaitmeme  force,  lorsque  Taffaire  etait  evoqu^een  cour 
du  Parlement,  de  prendre  la  parole  au  nom  de  la  tr^s 
salutaire  Faculty. 

Mais  le  principal  r6le  du  doyen  etait  d'inscrire  au  jour 
le  jour  sur  de  grands  registres  appel^s  Cowmentaires  de 
la  Faculti,  grands  in-folios  relics  en  parchemin,  tous  les 
faits  int^ressant  la  corporation.  Le  compte  rendu  de 
chaque  d^canat  commence  ainsi  : 


-38- 

In  nomine  omnipotentis  Dei  Patris  et  Filiiet  Spiritus  Sancti 
incipit  commentarius  rerum  in  decanatu***  gestarum. 

Le  premier  chapitre  de  ces  Comtnentaires  6tait  con- 
sacr6  invariablement  au  ricit  de  T^lection  du  nouveau 
doyen.  Le  second  comportait  notnina  et  cognomina  bono- 
randorum  tnagistrorum  regentium  saluherrimx  facultatis 
medicx  parisiensis;  le  troisi^me  chapitre  contenait 
l'6num6ration  des  disputationes  quodlibetaria^  relatant, 
outre  le  sujet  de  la  th6se,  les  noms  du  president  et  du 
candidat;puis  suivaient  les  questiones  cardinalatitix.anii- 
quodlihetarix  questiones,  qux  vulgo  pastillarue  nuncupan- 
tur,  questiones  in  actibus  vesperiarium  et  doctoratuutn  agi- 
tata^, Le  quatri^me  chapitre  6tait  consacr^  aux  orationes 
publicx  faites  par  les  docteurs  regents  pendant  le  cours 
de  Tannic  scolaire;  il  comprenait  V obitus  doctorum  oil  les 
notices  sur  les  docteurs  d^funts  prenaient  parfois  les 
allures  d'une  veritable  oraison  funebre.  Mais  le  chapitre 
le  plus  important  et  le  plus  d6taill6  de  chaque  compte 
rendu  6tait  celui  ou  il  6tait  traits  de  acta  comitia  et  de- 
creta  Factdtatis.  Cest  dans  ce  chapitre  qu'on  trouve  tout 
ce  qui  advint  d  la  Faculty  avec  le  r6cit  d6taill6  de  ses 
querelles  avec  ses  ennemis,  chirurgiens,  empiriques, 
charlatans,  etc...  etde  ses  relations  avec  I'fitat  et  Tfiglise. 
Enfin  un  dernier  chapitre  relatait  les  res  gestae  in  Aca- 
demia  parisiense,  res  gestx  apud  cbirurgos  parisienses^  obste- 
trices  matron^'  examine  in  irdibus  Sancosmialis  tentata:  et 
admissx,  res  gestx  apud  pharmacopcos parisienses. 

A  la  fin  de  Tannic,  le  doven  devait  aussi  faire  le 


—  39  — 

codex  rationarius  accepti  et  expensi  ordinarii  et  extraordi- 
iiarii  oil  il  inscrivait  les  ddpenses  et  les  revenus  de  la 
Faculty.  II  6tait  aid6  pour  cela  par  le  Censeur,  qui  6tait 
de  droit  Tancien  doyen  et  qui,  avec  Tancien,  Taidait  4 
administrer  les  deniers  de  la  Compagnie. 

Tous  les  trois,  en  outre,  devaient  assister  le  recteurde 
rUniversit6  dans  toutes  les  c^r^monies,  notamment  le 
!«  ftvrier,  lors  de  la  presentation  des  cierges  au  Roi,  d 
la  Reine,  au  Dauphin  et  aux  premiers  magistrats. 

Le  doyen,  malgr6  ses  multiples  occupations,  n'avait  pas 
d'appointementsspdciaux,  il  recevait  seulement  comme 
TancieUjdeux  jetons  de  presence  d  chaque  vacation,  alors 
que  le  simple  docteur  regent  ne  recevait  qu'un  de  ces 
jetons.  Ces  jetons  portaient,  d'un  c6t6,  les  armes  de  la 
Faculty, puis,  de  rautre,les  armes  ou  I'effigie  du  doyen. 
Ce  fut  Guy  Patin,  qui,  en  1652,  imagina  de  faire  rem- 
placer  ces  armes  par  son  portrait  et  dans  ses  lettres,  il 
en  iprouve  le  regret,  car  dit-il  :  «  Le  sculpteur  tout 
habile  qu*il  est,  n'y  a  pas  fort  bien  rencontr6  pour  la 
ressemblance,  principalement  d  Tceil.  »  Le  cabinet  des 
m^dailles  de  la  Biblioth^que  nationale  poss^de  cent 
soixante  de  ces  jetons  de  presence  et  la  Faculty  de 
m^decine  en  poss^de  aussi  une  collection. 

Le  d6canat  6tait  done  un  honneur  fort  on^reux,  sur- 
tout  que  le  doyen  6tait  responsable  des  deniers  de  la 
Faculty,  et  nousvoyons  Armand  de  Mauvillain,  Tami  de 
Moli6re,poursuivre  devant  les  tribunaux  un  des  doyens 
ses  pr6decesseurs,  non  pour  malversation,  mais  pour 
inexactitude  de  comptes.  L'ancieii  doyen  fut  condamni 
i  combler  le  deficit. 


—  40  — 

En  provision  de  ces  deficits  possibles,  chaque  doyen 
dut  ensuite  fournir  une  caution,  lorsqu'il  entrait  en 
charge. 

Le  d^canat  6tait  done  en  quelque  sorte  ferm6  au 
docteur  regent  de  situation  modeste,  car,  outre  les 
Emoluments  nuls,  le  doyen  Etait  tenu  d'ofFrir  plusieurs 
fois  par  an,  aux  anciens  de  la  Faculty  et  i  ses  amis,  des 
festins  qui  coAtaient  fort  cher  i  ramphytrion,  car  les 
docteurs  avaient  fort  bon  app^tit  et  buvaient  sec.  Guy 
Patin  nous  I'apprend  dans  une  de  ses  lettres  : 

Trente-six  de  mes  collogues  firent  grande  chire  :  je  ne  vis 
jamais  rant  rire  et  tant  boire  pour  des  gens  s6rieux  et  mesme 
de  nos  Anciens;  c'estoit  du  meilleur  vin  vieux  de  Bourgogne 
que  j'avois  destine  pour  ce  festin  '.... 

Cependant,  certains  doyens  ne  voulaient  pas  se  sou- 
mettre  d  cette  rigle,  et  Ton  vit,  en  1688,  le  nouveau 
doyen,  Pierre  LEger,  donner  i  la  Faculty  cent  pistoles 
au  lieu  d'offrir  un  banquet  d  ses  collogues. 

Le  d^canat  n'Etait  done  pas  une  sinecure;  le  doyen 
avaitsouvent  peine  dmaintenir  la  discipline  dans  I'Ecole 
et  les  professeurs  s'insurgeaient  quelquefois  contre  son 
autoritE;  ils  s'obstinaient,  malgrE  les  statuts,  d  faire 
leurs  cours  en  habits  de  ville  et  le  doyen  devait  sou- 
vent  les  obliger  d  revC*tir  la  robe  longue  d  grandes 
manches,  la  chausse  d'Ecarlate  d  T^paule  et  d  coiffer 
le  bonnet  carrE.  De  plus,  le  professeur,  parfois  peu  sou- 
cieux  de  faire  chaque  jour  son  cours,  se  faisait  rem- 

I.  Guy  Patin.  Lettre  L  du  2  d^c.  1650. 


—  41  — 

placer  par  un  bachelier  6m6rite  :  le  doyen  6tait  alors 
tenu  de  signaler  sa  conduite  au  Recteur  de  TUniversit^ 
et  de  requ^rir  centre  lui  les  peines  disciplinaires,depuis 
la  simple  amende  jusqu'd  Texclusion. 

Avec  des  soucis  si  nombreux  joints  aux  soins  d'une 
clientele  le  plus  souvent  considerable,  le  d^canat  itait 
done  une  lourde  charge.  Mais  il  6tait  aussi  un  grand 
honneur  et  pendant  toute  la  p6riode  qui  nous  occupe, 
on  ne  vit  jamais  un  docteur  refuser  le  d^canat. 

Dans  la  liste  des  doyens  de  la  Faculty  de  1644  A  17 15 
nous  retrouvons  tous  les  noms  des  docteurs  qui  furent 
en  vedette  pour  leur  esprit  combatif  ou  leur  savoir: 

Michel  de  la  Vigne  (1644)  *.  Jacques  Perreau  (1646). 
Guy  Patin  (1650).  Francois  Blondel  (1658).  Antoine 
Morand  (1662)  *.  Armand  de  Mauvillain  (1666). 
Denys  Puylon  (1670).  Nicolas  Lidnard  (1680).  Bertin 
Dieuxivoye  (1682). 

Nous  en  avons  fini  avec  le  «  Corpus  Facultatis  »  : 
tout  en  haut  de  T^chelle,  le  doyeti;  immediatement  au- 
dessous  de  lui  et  jouissant  de  prerogatives  semblables, 
le  censeur  et  Yancien.  Puis  venaient  les  professeurs,  pro- 
fesseurs  des  chaires  fondamentales  et  professeurs 
des  sciences  accessoires :  enfin,  tous  les  docteurs  rigentSy 
anciens  et  jeunes.  N'oublions  pas  ccpendant  les  bacbe- 
liers  imirites  qui,  quoique  non  docteurs,  faisaient  partie 
du  corps  enseignant. 

Tous  portaient,  dans  Texercice  de  leurs  fonctions,  le 

1.  Datede  r^ection. 

2.  L*ergot  de  Morand. 


^ 


—  42  — 

costume  et  les  attributs  de  leur  grade,  et  ce  n'6tait  que 
revStus  de  leurs  insignes  qu'ils  pouvaient  exiger  des 
^tudiants  les  marques  de  respect  auxquelles  ceux-ci 
6taient  tenus. 

Ces  derniers  comprenaient,  comme  nous  I'avons  vu 
ant^rieurement,  hs  licentiandes,  les  bacbeliers  non  char- 
ges de  cours,  Varcbidiacre  des  icoles  et  les  philidtres,  lis 
n'avaient  droit  qu'au  port  des  insignes  de  maltres  ^s 
arts,  qu'ils  ne  portaient,  du  reste,  que  dans  les  c6r6mo- 
nies  officielles. 

fitudiants  comme  professeurs  ^taient  des  gens  fort 
turbulents  et,  i  chaque  instant,  il  y  avait  des  disputes 
ou  des  querelles  qui  quelquefois  devenaient  mSme  de 
v6ritables  6meutes.  U^tudiant,  oubliant  le  respect  dll  4 
son  professeur,  se  livrait  parfois  4  des  voies  de  fait  regret- 
tables,  et  lorsque  leRecteurdeTUniversit^  avait  prononc^ 
son  exclusion,  ses  camarades  prenaient  souvent  fait 
et  cause  pour  lui :  il  s'ensuivait,  comme  du  reste  encore 
aujourd'hui,  de  v6ritables  insurrections  contre  le  pro- 
fesseur mis  en  cause ;  les  mutins  troublaient  son  cours 
en  d6pit  des  appariteurs,  impuissants  i  ritablir  Tordre. 
II  fallait  alors  que  le  doyen  intervlnt  pour  calmer 
Teffervescence  des  esprits;  il  y  arrivait  rarement  et 
requ6rait  la  police  pour  expulser  des  6coles  les  pertur- 
bateurs. 

L'autorit6  sacrie  du  doyen  fut  mfime  une  fois  m^- 
connue;  un  docteur,  qui  pourtant  fut  6lev6  ensuite 
aux  honneurs  du  d6canat,osa  porter  la  main  sur  le  chef 
supreme  de  la  Faculty  :  j'ai  nomm6  Armand  de  Mau- 
villain. 


I 


' 


—  43  — 

Le  jeudi  12  d^cembre  1658,  lots  de  la  soutenance 
d'une  th^se  quodliWtaire,  6clata  une  dispute  entre  de 
Mauvillain  et  le  doyen  Francois  Blondel,  que  nous 
retrouverons  dans  la  suite.  Apris  les  paroles  injurieuses 
6chang6es  de  part  et  d'autre,  ils  en  vinrent  aux  mains 
et  Mauvillain  eut  Tadresse  d'envoyer  d'un  coup  de 
poing  le  bonnet  du  doyen  rouler  par  terre.  La  lutte 
devint  g6n6rale,  tous  les  assistants  prenant  fait  et  cause 
pour  Tun  des  deux  adversaires;  on  dut  recourir  i  la 
force  arm^e  pour  retablir  Tordre.  Mauvillain  fut  chass^ 
de  rUniversit6  par  un  d6cret  rectoral ;  il  en  appela  au 
Parlement  et  obtint  sa  r6inscription  sur  les  registres  de 
la  Faculty,  Mais  il  dut,  sur  Tordre  mfime  de  ses  juges, 
se  rendre  dans  les  «  ficoles  sup^rieures  »  ou  toute  la 
Compagnie  se  trouvait  r^unie,  faire  des  excuses  pu- 
bliques  i  Blondel,  et  implorer  son  pardon.  La  Faculty, 
ob^issant  aux  ordres  du  Parlement,  pardonna. 

Un  an  plus  tard,  de  Mauvillain,  quoique  faisant  par- 
tie  du  petit  banc  ou  banc  des  jeunes,  fut  6lev6  aux  hon- 
neurs  du  d6canat,  malgrd  I'opposition  acharn^e  de  Blon- 
del qui  ne  se  souvenait  que  trop  de  ses  arguments 
frappants,  et  il  n'oublia  pas  de  consigner  dans  les 
Commcntaires  lafureur  de  son  ennemi,  au  moment  de  la 
proclamation  du  r^sultat  du  vote. 

La  stupeur  saisit  maitre  Francois  Blondel,  le  perturba- 

teur  de  Talldgresse  publique,  rhomme  le  plus  processif  de 
tous  les  mortels,  le  haineux  perp^tuel  de  tous  les  gens  probes 
et  int^gres,  Topposant  k  toutes  les  decisions  de  Tficole,  Ten- 
t4t6,  Tindomptable  qui  ne  sut  jamais  rendre  justice  h  aucun 


-^ 


—  44  — 

des  m^decins  eminents  par  leur  science  et  qui  ont  bien  miritfe 
du  Roy  et  de  la  Race  royale.  Comme  frapp6  d'un  grand  coup, 
sa  voix  s'arreta  dans  sa  gorge  et,  chose  ^tonnante,  il  resta 
muet,  fixant  des  yeux  6gar6s  sur  Thomme  qui  venait  d'fitre 
appel6  k  une  aussi  grande  dignit^. 

Une  fois  doyen,  ayant  en  mains  les  renes  de  la  Fa- 
cult6,  deMauvillain  changea,  et  le  docteur  regent  indis- 
cipline, querelleur  et  indomptable,  cut  t6t  fait  de  deve- 
nir  un  doyen  s^vire,  observateur  rigide  des  Statuts  de 
la  Faculty. 

Car  la  Faculty  poss^dait  des  Statuts  que  le  doyen 
devait  faire  respecter  tout  en  les  respectant  lui-m6me. 
Ces  Statuts  remontaient  a  1270,  mais  ils  avaient  6t6 
revus  A  plusieurs  reprises,  notamment  en  1634,  1672  et 
1696. 

«  Ces  Statuts,  dit  Maurice  Raynaud,  malgrd  leurs 
singularit^s  dans  le  fond  et  dans  la  forme,  contiennent 
plusieurs  articles  vraiment  admirables  :  prescriptions 
toutes  morales  qui  n'ont  de  sanction  que  dans  la  con- 
science de  ceux  4  qui  elles  s'adressent,  et  sont  faites 
pour  honorer  une  profession.  » 

Les  docteurs  de  la  Faculte  cultiveront  entre  eux  Tamitie ; 

Nul  n'ira  voir  un  malade  sans  y  6tre  express^ment  invito ; 

En  route  occasion,  les  plus  jeunes  docteurs  doivent  se  lever 
devant  leurs  anciens  en  signe  de  respect.  Les  anciens  doivent 
aux  jeunes  la  bienveillance  et  la  protection ; 

Les  secrets  des  malades  sont  inviolables.  Nul  ne  peut  riv^- 
ler  ce  qu'il  a  vu,  entendu  ou  simplement  soupgonni  chez 


eux; 


En  toutes  les  assemblees  doit  pr^sider  la  gravitfe,  la  decence. 


—  43  — 

la  douceur.  Chacun  doit  parler  k  son  rang,  nul  ne  doit  inter- 
rompre.  Le  tumulte,  les  recriminations,  les  injures  sont  ban- 
nies  4  tout  jamais  de  la  Faculty. 

Si  ces  prescriptions  toutes  morales  etaient  quelque- 
fois  peu  obsen^^es,  d'autres  articles  des  Statuts  obli- 
geaient  le  docteur  et  T^tudiant  d  remplir  strictement 
certains  devoirs  et  cela  sous  peine  d'amende.  Ainsi, 
toute  personne  manquant  d  une  messe  solennelle,  au 
semce  fun^bre  d'un  docteur  regent,  d  une  c^r^monie 
officielle  de  la  Faculty,  ^tait  frappde  d'une  amende  d'un 
6cu  d'argent  d  un  6cu  d*or.  Bien  plus,  le  doyen  pouvait 
requ6rir,  dans  certains  cas,  Texclusiondu  contrevenant; 
il  avait  mfime  le  devoir  de  le  faire  chaque  fois  qu'un 
docteur,  d^sign^  par  lui  pour  presider  une  these  quod- 
lib^taire  ou  autre,  se  derobait  d  cette  injonction. 

Les  Statuts  de  la  Faculty  qui  reglaient  minutieuse- 
ment  non  seulement  la  discipline  interieure  des 
Ecoles,  mais  meme  Texercice  de  la  profession  m^dicale, 
constituerent  la  force  de  la  docte  Compagnie.  Malgre 
Vinvidia  medicorum  qui  existait  d  cette  6poque  au  mSme 
degri  qu'd  present,  les  m^decins  Etaient  tenus  de  se 
conformer  aux  articles  des  statuts  qui  leur  ordonnaient 
d'etre  entre  eux  confraternels.  S'ils  n'ob^issaient  pas  d 
ces  Statuts,  ils  s'exposaient  d  des  chatiments  rigoureux, 
car,  leur  vie  durant,  ils  restaient  soumis  d  Tautorit^  du 
doyen  dans  tous  les  actes  de  leur  profession.  Celui-ci 
avait  le  droit  de  surveiller  leurs  moeurs,  leurs  relations 
avec  les  malades,  et  de  leur  d^fendre  toute  accointance 
avec  les  charlatans  ou  les  empiriques.  Tout  acte  mal- 


-  46  - 

honnfite  d'un  docteur  etait  s^v^rement  r6prim6.  II  est 
triste  de  constater  qu'4  notre  6poque  les  choses  ont 
changd,  et  que  le  doyen  maltre  de  la  Faculty  n'a  aucun 
droit  de  contrdle  sur  T^tudiant  devenu  docteur  et  qui 
d6shonore  la  profession  m^dicale. 

Dans  toute  Thistoire  de  la  Faculty  sous  Louis  XIV, 
nous  voyons  bien  peu  de  m6decins  indignes  de  ce 
nom.  Dans  le  chapitre  des  Empiriques,  nous  narrerons 
Thistoire  de  quelques-uns  d'entre  eux.  La  grande  majo- 
rity des  m6decins,  malgr6  leurs  ridicules  et  leur  6troi- 
tesse  d'esprit,  avait  la  plus  haute  id^e  de  la  fonction 
presque  sacerdotale  qui  leur  6tait  d^volue.  II  faut  avouer 
cependant  que,  s'ils  m6prisaient  toute  compromission, 
c'est  qu'ils  6taient  pour  la  plupart  riches  par  eux- 
mfimes,  car  la  profession  m6dicale  6tait  ferm6e  4  tous 
dtudiants  pauvres. 

Les  frais  de  scolarit6  ^taient  en  efFet  fort  6lev6s,  sur- 
tout  les  droits  d'examens.  L'^tudiant,  jusqu'd  sa  licence, 
n'avait  que  douze  inscriptions  du  coAt  de  six  livres 
chacune;  mais  pour  le  baccalauriat  en  m^decine,  il 
versait  une  somme  de  572  livres;  il  avait  encore  i 
payer  aux  appariteurs,  conjointement  avec  les  autres 
candidats,  une  somme  de  230  livres  12  sols  pour  des 
d^penses  accessoires, «  le  passage  du  Petit  Pont  '  lejour 
de  la  licence,  les  chaises,  le  concierge  de  TOfiicialit^,  le 
Suisse  de  Tarchevfique,  le  diner  des  appariteurs,  les 
bougies,  les   chandelles,    le   bois,   le  cur6  de  Saint- 

I .  C'^tait  le  Pont  de  rH6tel-Dieu  ou  Pont  au  Double ;  ce  dernier  nom 
venait  de  ce  que  Ton  ^tait  oblige  pour  y  passer  de  payer  un  double. 


—  47  — 

fitienne-du-Mont,  les  prfitres,  le  serpent,  I'entretien  de 
la  chapelle,  etc...  »  On  voit  que  les  appariteurs  s'enten- 
daient,  tout  comme  de  vulgaires  apothicaires,  4  «  ferrer 
la  mule  »,  selon  la  vieille  expression  fran^aise. 

Tous  les  autres  examens  coAtaient  aussi  fort  chers, 
et,  outre  les  frais  accessoires,  le  candidat  devait  verser 
dans  la  caisse  de  la  Faculty  des  droits  fort  importants 
(lOO  livres  pour  la  licence  par  exemple).  M.  Corlieu 
lvalue  i  plus  de  5.000  livres  la  somme  n^cessaire  pour 
faire  un  docteur,  somme  6norme  en  un  temps  o£i  Tar- 
gent  avait  une  valeur  double  de  ce  qu'il  repr^sente  au- 
jourd'hui.  Si  nous  ajoutons  i  cette  somme  Targent  n6- 
cessaire  i  T^tudiant  pour  assurer  sa  vie  mat^rielle  pen- 
dant les  six  ou  sept  an3  que  duraient  ses  Etudes,  nous 
verrons  que  les  seuls  fils  de  la  bourgeoisie  et  de  la  no- 
blesse de  robe  pouvaient  aspirer  aux  honneurs  du 
doctorat. 

Toutefois,  la  Faculty,  bonne  m6re,  faisait  quelque- 
fois  credit  aux  6tudiants  sans  fortune,  lorsque  ceux-ci 
montraient  des  dispositions  extraordinaires.  Mais  elle 
exigeait  d'eux  un  engagement  notari^,  a  d  payer  lesdites 
retributions  aussitdt  qu'ils  seront  mieux  dans  leurs 
affaires  d  '. 

A  la  Faculty  appartenait  aussi  un  rdle  des  plus 
importants.  Elle  composait  une  sorte  de  comity  consul- 
tatif  d'hygi^ne  auquel  le  Parlement  ou  le  Pr6vdt  de 
Paris  avaient  souvent  recours. 

I.  Statuts  de  la  Faculty  (article  29). 


-48  - 

Toutes  les  grandes  mesures  de  police  midicale,  dit  Mau- 
rice Raynaud,  passaient  entre  ses  mains  :  surveillance  et  ins- 
pection du  commerce  et  de  la  pharmacie ;  consultations  sur 
les  grandes  ipid^mies  s^vissant  ^  Paris  ou  dans  le  reste  du 
royaume ;  sur  les  mesures  gdn6rales  d'assainissement ;  sur  la 
repartition  des  eaux  dans  la  ville ;  sur  le  choix  de  Templace- 
ment  des  cimetiferes ;  sur  le  service  des  quarantaines ;  sur 
Texercice  de  certaines  industries,  surtout  de  celles  qui  ont 
trait  i\  Talimentation  publique;  sur  les  falsifications  des  den- 
rees  et  les  moyens  de  les  reconnaitre  et  de  les  privenir.  Enfin, 
elle  constituait  la  seule  autorit^  comp^tente  en  matidre  de 
mddecine  legale. 

Meme  sans  etre  consultee,  la  Faculty  veillait  4 
I'hygiene  publique,  et  Ic  premier  jour  de  chaque  mois 
avait  lieu  une  reunion  appel^e  Prima  mensis,  Douze 
docteurs  regents,  sous  la  presidence  du  doyen,  d61ib6- 
raient  sur  les  maladies  r^gnantes  et  sur  les  mesures 
prophylactiques  et  hygi^niques  qui  pouvaient  6tre  n6- 
cessaires.  Les  deliberations  de  ce  conseil  d'hygi^ne 
etaient  r^sum^es  avec  soin  et  inscrites  dans  les  Com- 
mentaires  de  la  Facultd. 

Nous  avons  dit  anterieurement  que  Tetudiant  pou- 
vait  trouvcr  d'autres  elements  d'instruction  en  suivant 
les  cours  qui  se  faisaient  au  College  royal  de  France  et 
au  Jardin  du  Roy. 

Le  College  royal  de  France  avait  ete  fonde  par  Fran- 
cois P^  en  1530;  il  ny  avait  tout  d'abord  que  trois 
chaires,  Tune  pour  la  langue  grecque,  Tautre  pour  The- 
breu  et  la  troisieme  pour  leloquence  latine  (ColUge des 
trois  langues').  En  1545,  le  Roi  crea  quatre  nouvelles 


—  49  — 

chaires,  dont  une  de  m6decine,  une  de  chirurgie,  une 
d'anatomie  et  une  de  botanique.  Au  xvi*  si6cle,  Martin 
Akakia,  Guido  Guidi,  en  latin  Vidus  Vidius,  le  parrain 
du  canal  vidien,  Jacques  Dubois,  dit  Sylvius,  le  parrain 
de  Taqueduc,  et  Louis  Buret,  qui  restaura  la  mide- 
cine  grecque  et  m^rita  le  sumom  d'Hippocrate  fran- 
?ais,  y  enseign^rent  avec  6clat  les  sciences  m6dicales,  et 
virent  accourir  A  leurs  cours,  non  seulement  les  phi- 
lidtres,  mais  mfime  leurs  maltres.  Au  xvii*^  si^cle,  le 
College  Royal  comprit  parmi  les  professeurs  les  deux 
Chartier,  Jacques  Bouvard,  le  m^decin  de  Louis  XIII ; 
Jacques  Cousinot,  son  gendre;  Jean  Riolan  ',  I'adver- 
saire  d'Harvey,  et  qui  6tait  lui-mfime  le  beau-fr6re  de 
Bouvard;  Simon  Pi^tre,  Moreau  et  surtout  Guy  Patin. 

Les  cours  du  College  de  France,  tout  ind6pendants 
qu'ils  6taient,  alors  comme  aujourd'hui,  de  la  Faculty, 
itaient  faits  par  des  membres  de  cette  compagnie. 
Aussi  les  docteurs  regents  voyaient  avec  plaisir 
les  philidtres  profiter  de  ressources  intellectuelles 
ofFertes  d  la  jeunesse  studieuse  par  ce  College  Royal, 
oil  ne  s'enseignaient  que  les  doctrines  orthodoxes,  qui 
leur  6taient  si  chores. 

II  en  6tait  de  mfime  pour  le  Jardin  du  Roy,  qui  est 
devenu  depuis  le  Museum  d'histoire  naturelle.  Ce 
jardin  avait  6t6  fond6,  en  1626,  par  Richelieu,  sur  un 
terrain  du  faubourg  Saint-Victor,  ofFert  par  Guy  de 

I.  Ce  fut  un  anatomiste  du  plus  grand  mdrite  et  qui  ne  cessa,  sa  vie 
durant,  de  r^clamer  contre  la  raret^  des  anatomies  et  le  m^pris  profess^ 
pour  Tanatomie  k  son  ^poque.  Ce  fut  lui  qui  d6crivit  les  trois  fleurs  blanches 
et  les  trois  fleurs  rouges  du  bouquet  de  Riolan. 

Le  Maguet.  —  Le  monde  medical,  4 


—  50  — 

Labrosse,  premier  m^decin  de  Louis  XIII.  Ce  jardin 
avait  pour  but  de  rem^dier  4  Tinsuffisance  du  jardin  de 
la  rue  de  la  Bflcherie,  qui,  entretenu  aux  frais  des  ba- 
cheliers,  6tait  devenu  trop  petit.  Outre  le  jardin,  on  y 
cr^a  une  chaire  de  botanique,  et  bientdt  plusieurs 
autres  chaires,  mais  toutes  de  sciences  accessoires, 
pharmacie  gal6nique,  matiere  m^dicale,  anatomie... 

En  1672,  Louis  XIV  y  ajouta  une  chaire  pour  la 
propagation  des  iddes  nouvelles,  chaire  qui  fut  confine  au 
grand  chirurgien  Dionis.  Pendant  la  pdriode  qui  nous 
occupe,  le  Jardin  du  Roy  devint  le  si6ge  d'un  enseigne- 
ment  tr^s  important,  surtout  sous  la  surintendance  de 
Guy  Crescent  Fagon,  premier  m6decin  du  Roy,  et  petit- 
neveu  de  Guy  de  Labrosse,  qui  donna  aux  ^tudiants  le 
goilt  de  la  botanique  et  eut  Thonneur  de  compter 
parmi  ses  616ves  Tournefort  et  Chomel. 

Nous  avons  ant^rieurement  touch6  quelques  mots 
de  I'esprit  de  corps  qui  caract6risait  la  tr6s  salutaire 
Faculty  de  Paris,  esprit  de  corps  qui  Tamenait  i  pour- 
suivre  avec  une  implacable  rigueur  tons  les  attentats 
commis  contre  les  privileges  ou  la  dignity  de  ses 
membres.  Or  ces  attentats  se  renouvelaient  tons  les 
jours  et  ils  ^taient  le  point  de  depart  de  querelles  inter- 
minables.  Chirurgiens,  barbiers,  apothicaires  et  empi- 
riques  s'attaquaient  4  la  Faculty  qui  ripostait  de  son 
mieux,  tralnant  ses  ennemis  devant  toutes  les  juridic- 
tions.  Nous  reviendrons  dans  la  suite  sur  ces  querelles 
et  nous  ne  nous  occuperons  ici  que  des  longues  dis- 


—  51  — 

putes  entre  la  Facultii  de  Paris  et  celle  de  Montpellier. 

L'6cole  de  Montpellier  revendiquait  pour  ses  doc- 
teurs  le  droit  d'exercer  bic  ct  nbiqm  terrarum.  Aussi,  des 
le  commencement  du  xvii^  si^cle,  les  gradues  de  Mont- 
pellier voulurent  envahir  Paris,  d  la  grande  colere  des 
docteurs  regents,  qui  voyaient  dans  les  nouveaux 
venus,  non  seulement  des  adeptes  d'id^es  malsaines, 
mais  encore  des  concurrents  d^loyaux.  En  effet,  les 
docteurs  de  Paris  s'entendaient  ensemble  pour  soutenir 
leurs  prerogatives  morales  et  p6cuniaires,et  ils  devaient 
voir  d'un  fort  mauvais  ceil  des  m^decins  Strangers 
arrivant  pauvres  d  Paris  et  faisant  de  la  clientele  d  prix 
r6duit. 

Au  debut  du  r^gne  de  Louis  XIV,  les  m6decins  de 
Montpellier  6tablis  d  Paris  s'6taient  serr6s  autour  d'un 
homme  de  talent,  Th^ophraste  Renaudot,  qui  fut  Tin- 
venteur  du  journalisme  et  introduisit  en  France  I'insti- 
tution  italienne  des  Monts-de-Pi6t6.  Th^ophraste 
Renaudot  pouvait  exercer  d  Paris  en  d^pit  de  la  Faculty, 
car  Richelieu  lui  avait  donn^  le  titre  de  m^decin  du 
Roy  par  quartier. 

Mais  la  Faculty  ne  m^nageait  pas  ses  injures  d  cet 
homme  «  faisant  un  trafic  et  n^gociation  d  vendre  des 
gazettes,  d  enregistrer  des  valets,  des  terres,  des  maisons, 
des  garde-malades,  d  exercer  une  friperie,  preter  argent  , 
sur  gage  »,  etc...  et  ne  pouvant  pas,  comme  dit  Guy  Patin, 
a  lui  faire  un  proems  criminel  au  bout  duquel  il  y  eilt 
un  tombereau,  un  bourreau,  ou  tout  au  moins  une 
amende  honorable  »,  elle  refusait  de  recevoir  en  son 


-  5^  -- 

scin  les  deux  fils  du  Nibulo,  en  se  fondant  sur  la  pro- 
fession du  p^re  dont  la  honte  rejaillissaitsur  eux. 

La  Faculty  avait  encore  un  autre  sujet  de  hainecontre 
Renaudot.  Pour  lui  faire  piece,  Renaudot  avait  6tabli, 
rue  de  laCaladre  ',  un  Bureau  de  Consultations  cbaritables, 
oil  les  pauvres  6taient  soign6s  gratuitement  et  rece- 
vaient  mfime  les  medicaments  que  n^cessitait  leur  6tat. 
II  ^tait  aide  en  cela  par  tous  les  m^decins  de  Montpel- 
lier  etablis  i  Paris  qui  voyaient  dans  cet  acte  charitable 
le  moyen  d'exercer  d  Paris  malgr6  la  Faculty  de  m^de- 
cine. 

Celle-ci  voulut  aussi  donner  des  consultations  gra- 
tuites,  et,  en  1644,  elle  institua  dans  les  ^coles  de 
medecine  un  Bureau  de  Consultations  ou  six  docteurs 
regents,  assistes  de  bacheliers,  donnaient  gratuitement 
leurs  soins  aux  pauvres  tous  les  samedis.  Mais  les 
malades  vinrent  peu  nombreux,  car  on  n'y  ddivrait  pas 
gratuitement  les  medicaments ;  ils  preftraient  les  con- 
sultations charitables.  Furieuse,  la  Faculty  poursuivit 
pour  exercice  illegal  de  la  medecine  Renaudot  et  ses 
«  supp6ts  »  et  les  fit  condamner  par  le  Chdtelet  en 
1643.  Malgre  cet  arrfit,  Renaudot  continua  d  tenir  ses 
consultations.  La  Faculte  dut  en  appeler  au  Parle- 
ment,  qui  condamna  Renaudot  sur  tous  les  points  et 
ordonna  la  cessation  des  consultations  charitables, 
interdisant  en  outre  d  tous  les  docteurs  de  Montpellier 
la'libre  pratique  de  leur  art  d  Paris. 

I .  A  Tendroit  m^me  ou  se  dresse  actucllement  sa  statue. 


—  53  - 

Les  m^decins  de  Montpellier  durent  quitter  la  capi- 
tale,  mais  ils  y  rentr^rent  bientdt,  grdce  au  premier 
m^decin  du  Roy,  Vautier,  qui  6tait  lui-meme  6l6ve  de 
Montpellier,  et  les  prit  sous  sa  protection. 

Dis  1640,  le  Parlement  ayant  interdit  Texercice  de  la 
m^decine  dun  docteurde Montpellier,  celui-ci,  Antoine 
Magdelain,  en  appela  au  Grand  Conseil,  qui  cassa  I'ar- 
rSt  du  Parlement.  Bien  plus,  en  1668,  le  mfime  Grand 
Conseil  rendit  un  arrfit  par  lequel  tous  les  m^decins 
Strangers  pouvaient  exercer  i  Paris,  toutefois  apris 
s'fitre  fait  inscrire  sur  les  registres  du  Grand  Conseil. 

Tous  les  inscrits  se  group^rent  pour  former  une 
veritable  Compagnie  avec  syndic,  censeur  et  tr^sorier, 
ayant  pour  chef  le  premier  m^decin  du  Roy  qui  6tait 
alors  d'Aquin,  ancien  6l6ve  de  Montpellier.  lis  esp6- 
raient,  grSce  4  cette  organisation,  r6sister  d'une  fa^on 
plus  efficace  4  la  Faculty.  Ils  eurent  ensuite  la  preten- 
tion de  former  une  Faculty  rivale  et  obtinrent  du  Grand 
Conseil,  en  1672,  un  arrfit  d^cidant  que  tout  docteur 
se  faisant  agr6ger  4  la  Compagnie  serait  tenu  d'y  sou- 
tenir  une  th^se.  C'^tait  s'arroger  en  quelque  sorte  le 
droit  de  faire  des  docteurs,  et  ce  droit  leur  fut  confirm^ 
officiellement  par  lettres  patentes  du  11  avril  1676, 
reconnaissant  Tinstitution  de  la  Cbamhre  Royale, 

La  Faculty  s'opposa  4  Tenregistrement  des  lettres 
patentes,  et  obtint  une  Declaration  Royale  du  17  juin, 
supprimant  ladite  Chambre  Royale  et  defendant  4  ses 
membres  d'exercer  4  Paris. 

Les  m^decins  de  Montpellier  ecrases  par  leurs  enne- 


1 


—  54  - 

mis  furent  obliges  de  nouveau  de  se  disperser ;  la  plu- 
part  se  firent  medecins  de  grands  seigneurs  et  grace  d 
la  protection  de  leurs  maltres  se  moqu^rent  des  arrets 
du  Roi  et  du  Parlement. 

Mais  les  contestations  ^taient  loin  d'etre  termin^es ; 
grdce  d  la  rivalit^  qui  existait  entre  les  cours  souve- 
raines,  Parlement,  Grand  Conseil,  Conseil  d'fitat,  il 
suffisait  d'un  arret  reconnaissant  les  droits  de  la  Faculty 
pour  en  amener  un  autre  favorable  aux  medecins  de 
Montpellier.  Le  Roi  lui-mfime  6tait  tantdt  pour  la 
Faculty,  tantdt  pour  les  medecins  provinciaux,  selon 
que  d'Aquin,  son  premier  m^decin,  ou  Fagon,  son 
medecin  ordinaire,  ^taient  bien  en  cour  aupres  de  lui. 
Mais  lorsque  ce  dernier  fut  nomme  premier  medecin, 
il  prit  en  main  les  int^rSts  de  la  Faculty  de  Paris  dont 
il  etait  I'^l^ve;  une  declaration  royale  du  3  mars  1694 
supprima  la  Chambre  Royale  reconstitute,  avec  defense 
d  ses  membres  «  d'exercer  la  m^decine,  d'imprimer, 
distribuer  ou  adresser  d^sormais  aucune  requite  ». 

La  Faculty,  d^s  lors  toute  puissante,  se  montra  gene- 
reuse;  elle  ofFrit  d  ses  ennemis  vaincus  le  bonnet  de 
docteur  regent,  en  supprimant  les  droits  d'examen 
tout  en  maintenant  la  publicity  des  epreuves;  elle 
ouvrit  un  examen  g^ndral  jtibilanim  examm  auquel  se 
soumirent  la  plupart  des  membres  de  la  Chambre 
Royale.  Airisi  se  termina  la  lutte  entre  les  docteurs 
regents  de  Paris  et  les  medecins  de  Montpellier.  Dans 
cette  lutte,  il  n  y  eut,  a  vrai  dire,  ni  vainqueurs  ni 

vaincus. 


II 


LES    DOCTRINES    MfiDICALES 


La  vraie  et  pure  doctritie  d'Hippocraie.  —  La  doctrine  des  dements ;  qualite  pre- 
miere; forme;  nature.  —  La  doctrine  des  temperaments;  la  forme;  but  final; 
temperament  pond^r^;  temperament  intemper^,  simple,  compost;  temperament 
total.  —  Le  Galinisme  physiologique ;  le  corps;  les  esprits  naturels,  vitaux  et 
animaux  ;  chaleur  animale  ;  calorique  inne,  humide  radical ;  Tame ;  les  facultes 
naturelle,  vitale,  animale;  les  sympathies;  les  facultis  concupiscible  et  irascible. 

—  L'Humorisme  gal^nique;  sang,  bile,  pituite,  atrabile  :  plethore  et  cacochymie. 

—  La  s^meiotique  et  le  galcnisme.  —  La  therapeutique  des  temperaments  et  dc 
Thumorisme;  saigndes,  purgations,  lavements;  hygiene,  diet^tiquc.  —  L'evolution 
des  doctrines  tnedicaUs.  —  La  circulation  du  sang ;  circulateurs  et  anticirculateurs ; 
le  petit  Pecquet  et  Riolan  ;  Guy  Patin  ct  la  circulation  ;  I'arret  burlesque.  —  Lii 
circulation  et  la  pathologic  du  xvii*  si^cle.  —  La  querelle  de  Tantimoiue ;  chi- 
miitrie  contre  humorisme.  —  Paracelse.  —  Le  role  passif  et  le  rdle  actif  du  m^dp- 
cin  ;  arrets  de  i$66  et  de  i6i)  ;  Tantidotaire ;  Jean  Chartier,  Blondel,  Germain, 
Eusebe  Renaudot,  Perreau,  Guy  Patin  ;  Tantimoine  et  le  public ;  triomphe  de 
I'antimoine ;  le  P.  Carreau  et  la  Stimmimachic ;  Tarret  de  1666.  —  Reaction  contre 
TaBtimoine  ;  Fagon  et  la  methode  exp^rimentale.  —  Le  quinquina  et  Tipeca- 
cuanha. 


UVREZ,  dit  Maurice  Raynaud,  quelqu'un 
des  poudreux  volumes  consacr^s  a  la 
physiologic  surann6e  de  T^poquc.  Des 
la  premiere  page  vous  vous  apercevrez 
que  vous  etes  sous  le  regime  de  Tauto- 
rit6.  Tdchez  de  vous  en  accommoder.  Uautoritd,  c'est  ici 
Hippocrate.  Cherchez ;  son  portrait  doit  fitre  au  fron- 
tispice;  son  nom  est  en  tete  de  Touvrage.  Lelivre^tant 
d6di6  a  la  Faculty  et  approuv6  par  elle,  vous  lisez  la 
formule  suivantc  ou  une  autre  scmblable  : 


1 


-  56  - 

APPROBATION    DES   DOCTEURS 

a  Nous  soussign^s,  docteurs  de  la  tr^s  salutaire 
Faculty  de  m^decine  de  Paris,  certifions  avoir  lu 
I'ouvrage  de***  sous  ce  titre***;  et  attestons  en  outre 
qu'il  ne  s  y  trouve  rien  qui  ne  soit  conforme  4  la  vraie 
et  pure  doctrine  d'Hippocrate.  Aussi  le  jugeons-nous 
digne  d'etre  livr6  4  Timpression  et  public.  En  foi  de 
quoi  nous  avons  sign6.  » 

Le  tout  dat6,  vis6  et  paraft  par  le  doyen  ou  par  ses 
dd6gu6s. 

Quelle  est  done  cette  «  vraie  et  pure  doctrine  d'Hip- 
pocrate. »  Est-ce  celle  grandiose,  malgr^  seserreurs,  de 
THippocrate  de  Cos?  Loin  de  Id.  Cest  la  doctrine 
d'Hippocrate  abdtardie,  changee,  d6natur6e,  enserr^e 
dans  le  cadre  scolastique. 

A  une  6poque  ou  Taristot^lisme  semble  avoir  v6cu, 
oil  les  philosophes,  les  Descartes,  les  Malebranche,  ont 
sap6  et  d^truit  dans  le  domaine  de  la  m^taphysique  les 
principes  de  la  philosophie  p^ripat^ticienne,  il  existe 
encore  un  errdroit  d  Paris  ou  la  physique  d'Aristote  a 
cours,  est  en  honneur,  c'est  d  la  Faculte  de  m^decine, 
qui,  si  elle  ne  s'appelle  plus  Facultas  inphysica,  a  con- 
serve religieusement  les  doctrines  ancestrales  et  tout 
I'attirail  de  la  scolastique.  Aussi  est-il  utile  de  con- 
naltre  les  principes  de  la  physique  p6ripat6ticienne, 
lorsqu'on  ouvre  un  ouvrage  de  physiologie  ortho- 
doxe,  comme  la  physiologie  de  Riolan  Ic  p^irc,  ou 
celle  de  Fernel  «  belle  dme  et  bien  illustre,  dont  la 


—  57  — 

m^moire  durera  autant  que  le  monde  »,  dit  Guy  Patin  '. 
II  faut  en  connaltre  le  fondement ;  les  distinctions  per- 
p^tuelles  de  la  puissanee  et  de  Tacte,  de  Tessence  et  de 
la  forme,  de  Tfitre  et  de  la  quality. 

c  Mais  ce  n'est  pas  tout,  dit  M.  Raynaud.  A  la  suite 
d'Aristote,  d'autres  p6ripat6ticiens  sont  venus,  qui  ont 
apporti  chacun  leur  pierre  4  I'^difice  commun  :  Galien 
d'abord,  puisAverrhoes,  Avicenne  ettous  les  Arabistes; 
et  parmi  les  modernes,  Fernel,  Baillou,  Sennert,  Pi^tre. 
La  m^thode  scolastique  sert  de  lien  entre  ces  6l6ments 
divers,  imposant  aux  sciences  d'exp^rience  Tapparente 
rigueur  de  ses  proc6d6s  d^ductifs.  De  toutes  ces 
influences,  de  toutes  ces  autorit^s  r^unies,  compuls^es, 
compar6es,  discut^es,  a  fini  par  sortir  une  doctrine 
mixte,  faite  de  concessions  et  d'arrangements  r6ci- 
proques,  ceuvre  de  patience  etd'drudition,  qui  emprunte 
i  la  multiplicity  mfime  de  ses  sources  une  sorte  d*ori- 
ginalit^  relative.  Uun  aura  fourni  la  definition  de  la 
vie;rautre,  la  doctrine  des  esprits  animaux;  un  troi- 
si6me,  la  division  des  facultes  de  Tdme  :  et  ainsi,  rece- 
vant  un  peu  de  toutes  mains,  s'est  constitu6  un  dogme 
6minemment  ^clectique,  qui  constitue  le  fond  de 
Tenseignement  officiel.  Sans  doute,  il  y  a  encore  bien 
des  dissidences  de  detail,  bien  des    points  litigieux, 


I.  Ces  deux  ouvrages  cit^s  sont  ant^rieurs  k  T^poque  dont  nous  nous 
occupons;  la  physiologic  de  Ferael  a  ^t^  ^dit^e  en  1538,  celle  de  Riolan 
pcre  date  de  1638.  Mais  ces  deux  ouvrages  ^taicnt  en  honneur  et  les  id^es 
de  Riolan  le  p^re  surtout,  faisaient  foi.  Fernel  ^tait,  du  reste,  une  gloire  de 
r^cole  fran^iise  (notre  Fernel,  disait  Guy  Patin)  et  ses  id^es  semblaient 
inattaquables. 


-  38- 

quiservent  d  aliments  habituels  aux  controverses  achar- 
n^es  des  soutenances  de  theses  et  des  argumentations 
solennelles.  Mais  Tautoritfe  n  y  perd  rien  et  d'ailleurs, 
dans  les  cas  douteux,  la  Faculty,  qui  fait  la  loi,  a  bien 
aussi  le  droit  de  I'interprtter.  II  en  r^sulte  une  doctrine, 
somme  toute,  assez  homog^ne.  t> 

Cest  cette  doctrine  que,  d'aprts  Maurice  Raynaud  et 
M.  FoUet,  nous  allons  essayer  d'exposer.  Nous  pren- 
drons  la  division  du  P'  FoUet  et  nous  examinerons  la 
doctrine  hippocratique  successivement  en  physique, 
en  anatomie,  en  physiologie,  en  pathologic  et  en  the- 
rapeutique. 

Nous  avons  d6jd  vu  que  la  premiere  des  choses 
enseign^e  au  jeune  philiitre  inscrit  aux  ficoles  de  mide- 
cine  6tait  la  physique,  qui,  avecTanatomie  et  la  physio- 
logie, constituait  les  cboses  ncUurelles. 

Pour  nos  docteurs  regents,  Thomme  6tait  un 
abr^g^  de  toute  la  nature,  un  petit  monde,  un  micro- 
cosme  qui  n'^tait  que  la  reduction  !parfaite  du  grand 
monde  ou  macrocosme.  Partant,  il  6tait  non  seulement 
utile,  mais  indispensable  de  connaltre  tout  d'abord  a 
fond  la  composition  de  Tunivers  et  des  parties  qui  le 
constituaient ;  un  bon  physicien  devait  faire  un  excel- 
lent physiologiste. 

En  physique  done,  chaque  corps  est  forme  de  quatre 
elements  que  Ton  retrouve  d'ailleurs  k  I'etat  de  simpli- 
city dans  la  nature  :  Teau,  le  feu,  la  terre  et  Tair ;  d 
chacun   de  ces  elements  correspond  une  qualite  :   a 


—  59  — 

Teau  le  froid,  au  feu  le  chaud,  d  la  terre  le  sec,  d  Fair 

rhumide.  Mais  dans  ce  corps  que  nous  analysons,  un 

» 

de  ces  quatre  Aliments  pent  pr6dominer;  le  corps  a 
done  une  qtmliti premiire,  abstraction  pure  :  il  pent  fitre 
froid,  chaud,  sec,  humide.  Uoix  quatre  "fel^ments  cor- 
respondant  4  quatre  qualitis  premieres, 

Mais  ces  616ments,  pour  former  un  corps,  doivent  se 
m^Ianger  intimement ;  ce  melange  s'op^re  par  Tinter- 
m^diaire  du  mouvement  de  la  lumi^re.  Les  particules 
des  6l6ments  se  p^n^trent  r^ciproquement,  se  fondent 
les  unes  dans  les  autres ;  et  de  la  nature  meme  de  ce 
melange  intime,  de  cette  fusion,  nalt  une  quality  nou- 
velle  qui  vient  s'ajouter  4  la  somme  des  qualit6s  pre- 
mieres que  possddaient  les  particules  des  elements  con- 
stituants.  Cest  cette  quality  nouvelle  qui  fait  que  ce 
corps  est  ce  qu'il  est  et  non  toute  autre  chose,  que  Ton 
appellela  forme,  au  sens  ou  les  p^ripat^ticiens  entendent 
ce  mot  :  fortna  est  actus  cujiisque  rei, 

Ainsi  prenons  un  muscle  par  exemple ;  i  sa  consti- 
tution concourent  les  quatre  elements,  lui  apportant 
leurs  qualitis  propres.  II  y  a  predominance  du  chaud 
qui  est  done  sa  quality  premiere.  Mais  cette  quality 
premiere,  nous  la  rencontrons  dans  bien  d'autres  choses, 
le  sang  par  exemple.  Le  sang  est  chaud  et  4  sa  consti- 
tution ont  egalement  concouru  les  quatre  elements. 
Mais  le  melange  mol6culaire,  la  fusion  des  particules, 
s'est  faitd'une  mani^re  particuli^re  au  sang,  au  muscle; 
et  ce  melange  difRrent  a  donn^  naissance  4  la  forme 
propre,  au  muscle,  au  sang,  4  la  nature  musculaire  et  4  la 
nature  sanguine. 


—  6o  — 

Tel  est  le  fondement  bien  aride,  bien  fragile  de  la 
nature  des  6l6ments. 

Cest  sur  ce  fondement  que  repose  toute  la  doctrine 
des  temperaments.  Qji'est-ce  done  qu'un  temperament? 

Tous  les  hommes  ont  les  mfimes  organes,  qui  ont 
un  mfime  r6le,  des  fonctions  identiques ;  malgr^  cela, 
chaque  homme  a  sa  mani^re  particuli^re  de  vivre  et 
ces  diversit^s  infinies  se  groupent  autour  de  quelques 
grands  types  bien  accuses,  relics  les  uns  aux  autres  par 
un  grand  nombre  d'interm^diaires.  Comment  expli- 
quer  ces  vari6t6s  individuelles?  On  y  arrive,  grace  aux 
donn^es  les  plus  hypoth^tiques,  les  plus  imaginaires. 

Dans  le  corps  humain,  les  elements  sont  unis  entre 
eux,  mais  virtuellement;  ces  elements,  qui  ont  chacun 
une  forme  partictiliire,  en  se  r6unissant,  ont  une  forme 
unique  que  Ton  appelle  la  forme  du  mdlange,  forma 
mixii.  Mais  dans  le  melange,  la  forme  particuli^re  de 
chaque  element  persiste;  entre  ces  formes  particuli^res 
existe  un  conflit  d'ou  Tune  d'elle  sort  victorieuse;  elle 
commandera  aux  autres,  les  tiendra  en  puissance,  Le 
temperament,  ce  sera  T^tat  de  repos  qui  succWe  au  con- 
flit  des  elements.  Cest  la  resultante,  le  terme,  le  but 
final  du  melange,  ce  que  Ton  definissait  au  xvii^  si^cle 
finis  sen  perfectio  mixti.  Cependant  cette  definition  sou- 
levait  de  vives  controverses ;  Averrhoes  pretendait 
que  le  temperament  etait  le  melange  m^me,  tem- 
per  amentum  est  forma  mixti;  d'autres  pretendaient  que 
rharmonic  entre  les    elements  constitutifs  du  corps 


—  6i  — 

n*6tait  autre  que  I'dme  et  non  le  temperament  qui  se 
trouvait  reI6gu6  au  second  plan  et  n'^tait  qu'un  instru- 
ment de  Tdme.  Qjioi  qu'il  en  soit,  la  definition  officielle 
du  temperament  etait :  Temperamentum  est  finis  seu  per- 
fectio  mixti,  et  nous  nous  y  tiendrons. 

Le  temperament  ideal  d'un  corps  est  celui  dans 
lequel  les  elements  constitutifs  sont  en  equilibre  par- 
fait;  mais  Tequilibre  parfait  ne  necessite  pas  une  ega- 
lite  physique  et  ponderable  des  elements ;  nullement : 
il  suffit  que  leurs  qualites  premieres  soient  en  harmo- 
nie,  qu'il  n'y  ait  pas  de  conflit  entre  elles.  Non  fit  ad 
pondus  sed  ad  justiciam,  Cest  le  tempirament  pondiri  qui 
n'est  autre  que  la  santi, 

Mais  cette  harmonie,  cet  equilibre  est  rare;  d'ou 
second  temperament,  le  temperament  intempiri. 

Ce  temperament  intempere  sera  simple  quand  domi- 
nera  une  seule  qualite  premiere,  le  froid,  le  chaud,  le 
sec,  rhumide.  II  sera  composi  si  deux  qualites  premieres 
dominent  simultanement,  suivant  les  quatre  combi- 
naisons  possibles  :  chaud-humide,  chaud-sec;  froid- 
humide,  froid-sec  '. 

En  resume,  nous  trouvons  neuf  temperaments  :  un 
temperament  tempere,  quatre  temperaments  intem- 
peres  simples,  quatre  temperaments  intemperes  com- 
poses. Le  temperament  pondere,  c'est  la  sante;  les 
huit  autres  peuvent  etre,  selon  les  cas  et  les  degres, 
sains  ou  morbides. 


I.  Bien  entendu,  deux  quality  premieres  contraires  ne  pourraient  se 
combiner  :  le  chaud  ne  peut  se  combiner  au  froid,  le  sec  a  Thumide. 


1 


—   62    — 

Tout  ce  qui  precede  n'est  en  somme  que  relative- 
ment  peu  compliqu^ ;  c'est  du  gal^nisme  pur.  Mais  le 
tempiratmnt  total  de  rhomme  n'est  que  la  r^ultante 
d'une  foule  de  temperaments  secondaires;  I'homme, 
etant  la  reunion  d'une  s^rie  d'organes,  aura  droit,  lui 
aussi,  a  un  des  neuf  temperaments,  lui-mfime  perma- 
nent ou  variable.  Cest  cette  totalisation  des  tempera- 
ments partiels  qui  deviendra  un  veritable  casse-tete 
pour  le  physiologiste  etudiant  le  temperament  total 
d'un  individu  humain.  Aussi  pour  Taider  dans  ce  cal- 
cul,  avait-on  pose  des  regies  generales ,  ainsi  tons  les 
elements  constitutifs  du  corps  etaient  blancs  ou 
rouges;  les  blancs  etaient  exsangues  et  solides,  par- 
tant  froids ;  les  rouges  etaient  sanguins  et  de  peu  de 
consistance;  ils  etaient  chauds.  Toutes  les  parties 
dures,  les  os,  les  nerfs,  les  tendons,  les  cartilages 
etaient  seches ;  les  plus  molles,  humides.  Mais  malgre 
ces  regies  fondamentales,  que  de  controverses  arides, 
que  de  questions  insolubles.  Ainsi  le  cerveau,  d'apres 
les  regies  ci-dessus  enoncees,  doit  fitre  froid-sec.  Mais 
il  est  constamment  baigne  par  le  sang  qui  est  chaud- 
humide.  Ces  deux  temperaments  intemperes  composes 
contraires,  s'annihilent-ils,  ou  Tun  des  deux  subsistera- 
t-il  aux  depens  de  Tautre  ? 

On  voit  par  ce  qui  precede  que  la  doctrine  des  tem- 
peraments, assezclaireau  premier  abord,secompliquait 
A  I'infini  et  prfitait  aux  argumentations  interminables. 
Lc  vainqueur  etait  le  plus  loquace  et  le  plus  ergoteur 
des  adversaires. 


-63  - 

En  physiologic,  les  id^es  de  Galien,  rest^es  toujours 
en  honneur,  6taient  enseign^es  couramment  i  la 
Faculty  de  m^decine,  qui  repoussait  les  id^es  nou- 
velles  sur  la  circulation  du  sang. 

Ainsi  Harvey  a  depuis  longtemps  conf u  Tid^e  g^niale 
de  la  circulation  du  sang;  cette  id6e,  il  I'a  d6mon- 
tr6e  par  des  considerations  et  par  des  experiences  qui 
auraient  dtl  convaincre  les  plus  incr^dules.  La  Faculty  ne 
veut  rien  entendre,  elle  repousse  obstinement  le  cercle 
complet  de  la  circulation  qui  etlt  6t6,  selon  elle,  la  ruine 
de  la  m^decine.  Quid  de  nostra  fieret  medicina  ? 

Aussi  ce  sont  les  id6es  orthodoxes,  les  id^es  de  Rio- 
Ian,  de  GuyPatinque  nous  ^tudierons  ici ;  nousesquis- 
serons  ensuite  les  theories  nouvelles,  lorsque  celles-ci 
auront  acquis  droit  de  cit6  4  la  Faculty,  c'est-d-dire  vers 
la  fin  du  r^gne  de  Louis  XTV. 

Pour  Galien,  les  aliments  6taient,  une  fois  dig^r^s, 
transformes  en  chyle  dans  le  tube  digestif;  la  veine 
porte  v^hiculait  ce  chyle  de  Tintestin  au  foie.  L4,  il  se 
d6pouillait  de  ses  impuret^s;  la  vdsicule  en  attirait  les 
parties  les  plus  l^g^res,  la  rate  les  plus  epaisses,  et  le 
rein  les  parties  aqueuses  :  ce  qui  restait  ^tait  de 
couleur  rouge.  Le  chyle  purifie  s'^tait  transform^  en 
sang  «  de  mfime  que  le  moAt  du  raisin  mis  en  cuve 
se  change  en  vin  ». 

Le  foie  fabriquait  done  le  sang,  et  la  portion  la 
plus  pure  de  ce  sang  y  subissait  une  premiere  elabo- 
ration ;  elle  formait  la  vapeur  du  sang  qui,  elle-mSme, 
au  contact  des  esprits  propres  du  foie,  passait  4  Tetat 
d esprit  nature!. 


1 


-64- 

Du  foie  partaient  les  veines  qui  conduisaient  ce 
sang  noir  et  son  esprit  naturel  dans  tous  les  organes 
et  surtout  vers  le  coeur,  source  de  la  cbaleur  animaJe, 
Mais  ce  sang  veineux  avait  un  calorique  inni,  force  pri- 
mitive et  naturelle;  ce  calorique,  pour  ne  pasfitre  exces- 
sif,  devait  fitre  mod6r6.  Uair  jouait  ce  rdle  d'agent  mode- 
rateur  et  de  deux  maniires.  Tout  d'abord,  le  sang  pas- 
sait  en  partie  dans  la  veine  art^rieuse  (I'art^re  pulmo- 
naire),  et  arrivait  dans  les  poumons ;  I'air  que  la  respi- 
ration faisait  entrer  dans  ces  poumons  rafrafchissait 
et  temp6rait  le  sang.  Mais,  en  outre,  Tair  p6n6trait 
dans  les  veines  pulmonaires,  arrivait  au  cceur  gauche, 
et,  comme  les  cloisons  interauriculaire  et  interven- 
triculaire  6taient  perfor^es  de  pretend  us  orifices, 
passait  dans  le  coeur  droit,  rafraichissant  ainsi  tout  le 
sang. 

Dans  ce  sang  rafrafchi  et  temp6r6,  les  parties  les 
plus  pures  contenu  dans  le  ventricule  droit  s'exha- 
laient  par  les  pr6tendus  orifices  j usque  dans  le  ven- 
tricule gauche,  pour  se  mfiler  au  sang  qui  s'y  trouvait 
{oxrcidinlX^s espriisvitaux,  C6taient  cesesprits  vitaux  qui 
donnaient  au  sang  du  cceur  gauche  ou  sang  spiritueux 
sa  couleur  vermeille.  Ce  sang  spiritueux  6tait  conduit 
du  cceur  A  la  p6riph6rie  par  les  art^res  dont  les  batte- 
ments  reconnaissaient  pour  cause  une  vertu  pulsifique 
qu'elles  tiraient  du  coeur  par  leurs  tuniques. 

Mais  des  esprits  vitaux,  une  partie  6tait  distraite  pour 
un  r6le  plus  noble ;  c'6tait  Tesprit  vital  contenu  dans 
le  sang  des  carotides.  II  arrivait  aux  ventricules  du  cer- 


-65  - 

veau;  Id,  il  se  purifiait  par  un  m^canisme  inconnu  ', 
se  compl6tait  et,  apr^s  une  sine  de  transformations, 
donnait  naissance  aux  esprits  animaux,  la  propre  sub- 
stance de  I'dme.  Ces  esprits  animaux  conduisaient  Tfitre 
humain,  qui  tenait  d'eux  la  sensibility  et  le  mouve- 
ment;  ils  agissaient  par  les  nerfs  qui  ^manaient  du 
cerveau  et  conduisaient  Tinflux  de  ces  esprits  4  toutes 
les  parties  de  Torganisme. 

On  les  divisait  en  esprits  moteurs  parcourant  les 
nerfs  moteurs;  en  esprits  sensitifs  passant  par  la  cervelle, 
et  les  nerfs  sensitifs,  se  subdivisant  eux-mfimes  en 
optiques,  auditifs,  olfactifs,  gustatifs  et  tactiles,  enfin 
en  esprits  ginitaux  pour  les  organes  de  la  reproduction. 

Les  esprits  vitaux,  dans  Taccomplissement  de  leurs 
fonctions,  trouvaient  aide  dans  deux  puissants  auxiliaires, 
toujours  d'accord  et  se  suppliant  Tun  Taut^e ;  ce  sont 
le  cdorique  inni  et  Vhumide  radical.  Ce  calorique  inniy 


I.  Nous  avons  lu  le  traits  de  Thomme  de  Descartes;  c'est  dans  ce  traits 
qu'ii  expose  la  fameuse  th^orie  de  la  formation  et  de  Taction  des  esprits 
animaux. 

Pour  lui,  les  vaisseaux  apportant  le  sang  au  cerveau,  apr6s  avoir  tapiss^ 
les  ventricules  c^r^braux,  se  rassemblent  autour  de  la  glande  pin^ale.  A  ce 
niveau,  ils  sont  performs  de  nombreux  trous  qui  laissent  passer  les  parties  les 
plus  subtiles  du  sang  qui  p^n^trent  dans  la  glande  Puis  ces  vaisseaux  se 
reforment  en  troncs  qui  se  rendent  tous  au  grand  sinus  occupant  la  faux 
du  cerveau.  Les  parties  les  plus  subtiles  du  sang  qui  ont  p^n^tr^  la  glande, 
ce  sont  les  esprits  animaux;  ils  vont  s'emmagasiner  dans  les  ventricules 
que  Descartes  appelle  les  concavit^s  du  cerveau.  Mais  comment  expliquer 
qu*ils  se  rendent  dans  tel  ou  tel  ventricule?  La  glande  pin^ale  entre  de  nou- 
veau  en  jeu ;  elle  est  moUe ,  n'est  pas  jointe  et  unie  i  la  substance  du  cer- 
veau, mais  seulement  attach^e  k  de  petit es  art^res ;  en  sorte  qu'il  faut  fort 
peu  de  chose  pour  la  determiner  4  s'incliner  ou  se  pencher  plus  ou  moins 
unt6t  d'un  c6te ,  tant6t  d*un  autre  et  faire  qu*en  se  penchant  elle  dispose 
les  esprits  qui  sortent  d'elle  k  prendre  leurs  cours  vers  certains  endroits  du 
cerveau  plutdt  que  vers  les  autres. 

Le  Maguet.  —  Z>  mondetnfdical,  S 


—  66  — 

nous  en  avons  trouve  la  source  dans  le  coeur  droit :  il 
s'en  6chappe  avec  le  sang  veineux  et  se  rend  vers  les 
organes  pour  r6parer  les  pertes  du  calorique  fixe. 
Quant  d  Vbtimide  radical,  c'dtait  tout  Torganisme  qui 
contribuait  4  le  produire.  C6tait  Thumidit^  n^cessaire 
4  la  vie  des  organes,  I'huile  alimentant  le  feu  de  la 
lampe,  selon  Texpression  si  juste  de  M.  Raynaud. 

Ainsi  les  esprits  vitaux,  le  calorique  inn6,  Thumide 
radical  forment  dans  leur  union  intime  une  sorte  de 
tr6pied  vital.  Qye  Tun  d'eux  vienne  4  manquer,  la 
mort  s'ensuit.  La  syncope  s'expliquera  par  le  manque 
d'esprits ;  la  mort  par  la  fiivre  hectique  est  due  4  la  des- 
siccation  du  corps  par  faute  de  Thumide  radical ;  la 
mort  par  le  froid  reconnaltra  pour  cause  Tinsuffisance 
du  calorique  inn^. 

En  r6sum6,  si  nous  considdrons  le  corps  humain, 
nous  le  trouvons  composed  ainsi  qu'il  suit : 

i^  Le  corps  proprement  dit; 

2°  Lbumide  radical,  de  nature  6l6mentaire,  matdrielle ; 

3°  Les  esprits,  servant  d'interm^diaires  de  plus  en 
plus  parfaits  entre  le  corps  et  1  ame ;  ils  sont  de  plu- 
sieurs  ordres  : 

Les  esprits  naturels  de  nature  vaporeuse ; 

Les  esprits  vitaux  de  nature  a^rienne ; 

Les  esprits  animaux  de  nature  6th6r6e. 

4^  Le  calorique  inni,  dont  on  admet  Torigine  celeste ; 

5^  Udme,  substance  spirituelle,  une  et  indivisible, 
cr66e  par  Dieu,  Dei  soboles,  propago,  delibatio, 

Cettc  4me  a  des  manifestations  :  ce  sont  \qs  facultis  \ 


-67  - 

chaque  faculty  sera  subordonn6e  d  une  esp^ce  d'esprits : 
ainsi  nous  trouvons  une  faculti  naturelle  dans  le  foie 
(ou  resident  les  esprits  naturels),  une  facultd  vitale  dans 
le  coeur  (ou  resident  les  esprits  vitaux),  une  faculti 
animdle  dans  le  cerveau  (ou  resident  les  esprits  ani- 
maux). 

Ces  trois  facult^s  se  subdivisent ;  ainsi  \di  faculti  natih 
relle  comprend  la  faculty  nourriciere,  la  faculty  auctrice 
et  la  faculty  procrtatrice.  La  faculty  nourriciere  compren- 
dra  une  faculty  attractrice  (Forganisme  attire  les  mat6- 
riaux  qui  lui  sont  n^cessaires),  r^tentrice  (il  les  garde 
pour  les  elaborer),  assimilatrice  (il  se  les  assimile), 
expultrice  (il  rejette  les  r^sidus). 

La  faculti  vitale  conservera  le  calorifique  inn6,  Thu- 
mide  radical ;  elle  prdsidera  aux  mouvements  du  coeur, 
le  dilatera  pour  attirer  Tair  dans  le  ventricule  gauche, 
le  contractera  pour  en  expulser  les  fuliginosit^s  '. 

La  faculti  animdle  sera  la  faculty  du  mouvement  et 
du  sentiment,  d'ou  sa  subdivision  en  faculty  motrice 
et  sensitive.  Mais  son  principal  r6le  sera  la  reception, 
la  coordination,  la  comparaison  des  impressions  revues 
par  le  cerveau ;  elle  comprendra  Timagination,  la  m6- 
moire,  le  raisonnement  ^ 


1.  On  entendait  par  fuliginosit^s  les  r^idus  du  calorique  inn^  et  de 
rhumide  radical;  la  systole  ventriculaire les  chassait  au  dehors;  si,  au  con- 
traire,  elles  s'accumulaient  dans  Torganisme ,  elles  causaient  Talt^ration  des 
humeurs;  d'oO  ^tat  de  maladie. 

2.  Quelques  mots  des  localisations  c^r^brales  ^  cette  ^poque. 

Les  anciens  pla^aient  Tiniagination  et  le  sens  commun  dans  les  ventri- 
cules  ant^rieurs,  la  m^moire  dans  les  ventricules  post^rieurs  et  le  raisonne- 
ment dans  le  ventricule  moyen  «  afin,  dit  Stenon,  qu'(itant  log6  dans  celui 


—  68  — 

Ces  trois  facult^s  6taient  de  plus  en  rapports  intimes, 
relives  entre  elles  par  des  sympathies;  cela  permettait 
d'expliquer  certaines  fonctions,  par  exemple  la  respira- 
tion qui  d^pendait  d  la  fois  de  la  faculty  naturelle  et  de 
la  faculty  animale. 

Enfin,  4  cdt6  de  ces  trois  grandes  facult^s  d'essence 
divine  et  manifestations  de  Time,  prenaient  place  deux 
nouvelles  facult6s,  les  facultis  concupiscible  et  irascible 
qui,  errant  un  mouvement  des  esprits,  donnent  nais- 
sance  aux  passions. 

La  faculti  concupiscible  est  la  source  des  passions  qui 
ne  sont  que  Texpression  legitime  de  nos  besoins ;  elle 
si^ge  dans  le  foie,  et  elle  d^gage  des  esprits  qui,  allant 
aux  difF(Srents  organes,  crient  la  faim,  la  soif,  les  d^sirs 
g^nitaux,  Tamour,  la  haine,  le  d^sir,  Taversion,  le  plai- 
sir,  la  douleur...  Si  les  esprits  produits  tendent  vers  le 
dehors,  ce  sera  par  exemple  I'amour ;  se  retirent-ils  au 
dedans,  ce  sera  la  haine,  et  le  degr6  d'amour  ou  de 
haine  d6pendra  de  la  plus  ou  moins  grande  prompti- 
tude des  esprits  k  accomplir  revolution  command^e. 

L2i  faculti  irascible  siege  dans  lecoeur;  elled6gage  des 
esprits  d'ou  naltront  Tesp^rance,  le  d^sespoir,  la  har- 
diesse,  la  crainte  et  la  colore. 

du  milieu ,  le  raisonnement  puisse  faire  plus  ais^ment  ses  reflexions  sur  les 
id^es  qui  lul  viennent  de  Tun  et  de  Tautre  des  ventricules  ». 

Mais  il  y  avait  sur  ce  point  bien  des  divergences. 

Willis  logeait  le  sens  commun  et  Timagi  nation  dans  le  corps  stri^,  Tima- 
gination  dans  le  corps  calleux  et  la  m^moire  dans  r^corce  et  dans  les  tlots 
de  substance  grise. 

En  somme,  la  plupart  des  physiologistes,  sans  s'en  tenir  k  des  localisa- 
tions si  precises,  pla^aient  I'imagination  dans  la  portion  ant^rieure  du  cer- 
veau,  la  m^moire  dans  la  portion  post^rieure  et  le  raisonnement  au  milieu. 


-69- 

Ajoutons  que  ces  deux  facultes  se  peuvent  com- 
biner; ainsi  Tamour  pourra  s'accompagner  de  har- 
diesse ;  dans  ce  cas,  les  esprits  d^gag^s  par  les  facultes 
tendront  vers  le  dehors.  L'amour  s'accompagne-t-il  de 
crainte,  les  esprits  de  la  faculty  concupiscible  tendront 
vers  le  dehors,  les  esprits  de  la  faculty  irascible  vers 
le  dedans... 

Voild  done  les  fameuses  facultes  de  Tdme  qui  expli- 
quaient  tout  pour  la  plus  grande  joie  des  Riolan,  des 
Blondel,  des  Pi^tre.  Au  fond,  ce  n'^taient  que  des  tau- 
tologies scolastiques,  et  les  philosophes  qui  6taient, 
tels  Descartes  et  Malebranche,  des  physiologistes  plus 
^clair^s  et  moins  retardataires,  ne  se  faisaient  pas  faute 
d'attaquer  Tenseignement  officiel  de  la  Faculty. 

lis  r6pondent  hardiment  et  sans  h&iter  k  ces  questions 
obscures  et  ind6termin6es  :  d'ou  vient  que  le  soleil  altire  les 
vapeurs,  que  le  quinquina  attire  la  fidvre  quarte,  que  la  rhu- 
barbe  purge  la  bile  et  le  sel  polychreste  le  phlegme  ?  Mais  ils 
se  rendraient  ridicules  h  tout  le  monde  s'ils  supposaient  un 
mouvement  d'attraction  et  des  facultes  attractives,  pour 
expliquer  d'ou  vient  que  les  chariots  suivent  les  chevaux  qui 
y  sont  attelds  et  une  faculty  detersive  dans  les  brosses  pour 
nettoyer  les  habits  et  ainsi  des  autres  questions  '. 

En  pathologie  la  doctrine  des  temperaments  ne  suffi- 
sait  pas  pour  expliquer  les  causes  des  maladies.  Un 
temperament  tempere,  c'est  la  sante,  rien  de  plus 
simple.  Mais  pourquoi  un  temperament  intemp^re, 
simple  ou  compose,  est-il    I'indice,  selon  les  cas,  ou 

I.  Malebranche,  Recherche  de  la  verity,  liv.  VI,  2«  partie,  chap.  IV. 


—  70  — 

d'un  6tat  de  sant6  (pr^caire  il  est  vrai)  ou  d'un  6tat 
pathologique? 

Alors  inten^enait  le  vieil  bumorisme  galinique  dans 
toute  sa  purete.  II  est  admis  et  ne  doit  meme  pas  fitre 
discut^. 

II  y  a  quatre  humeurs  comme  il  y  a  quatre  i\i- 
ments  : 

I*'  Le  sang  qui  se  forme  dans  le  foie  par  T^laboration 
du  chyle  et  se  perfectionne  dans  le  cceur;  il  est  chaud 
et  humide  et  correspond  A  I'air; 

2^  La  bile  qui  est  aussi  un  produit  du  foie ;  elle  est 
chaude  et  s^che,  et  r^pond  au  feu ; 

3°  Lsi  pUuite  qui  6mane  du  cerveau  et  est  secrdt^e 
par  la  membrane  tapissant  les  fosses  nasales'.  Elle 
est  froide  et  humide,  et  r^pond  i  Teau ; 

4°  Uatrahile,  venant  de  la  rate,  froide  et  s^che,  r6pon- 
dant  d  la  terre.  Elle  n'avait,  du  reste,  jamais  6t6  vue  de 
personne ;  cependant  on  y  croyait,  car  Galien  assurait 
I'avoir  vue. 

Voila  quelles  6taient  les  quatre  humeurs ;  d'aucuns 
avanfaienttimidementqu'il  pouvait  y  en  avoir  d'autres, 
par  exemple  le  kit ;  mais  on  leur  repondait  que  le  lait 
n'est  qu'un  d6riv6  du  sang,  et  n'avait  aucun  droit 
d'etre  une  humeur  par  lui-mfime. 

Ces  humeurs  impregnent  les  organes  comme  Teau 
impr^gne  une  Sponge.  Quand  elles  restent  en  propor- 
tions   et  quantit^s    convenables,  qu'elles  ne    sont   ni 

I.  Qui,  du  reste,  a  conserve  le  nom  de  membrane  pituitaire,  de  ra^me 
que  le  coryza  a  conserve  le  nom  de  rhume  de  cerveau, 


—  71  — 

insuffisantes,  ni  exag^rdes,  ni  alter^es,  cest  la  sant^. 
Mais  bien  souvent  elles  p^chent  par  quantity  ou  par 
quality  :  s'il  y  a  simple  exc^s,  c'est  IdipUthore ;  s'alt^rent- 
elles  par  addition  d'un  produit  Stranger  ou  par  decom- 
position, il  y  a  cacocbymky  c'est-a-dire  6tat  de  maladie  : 
maladie  interne  quand  Vhumeur  peccante  seporte  sur  un 
visceral  quelconque;  lesion  externe  quand  Thumeur 
peccante  se  porte  sur  un  point  quelconque  des  tegu- 
ments. 

Chaque  humeur  donne  naissance  d  un  produit  mor- 
bide  special ;  le  sang  fera  naltre  le  phlegmon ;  la  bile 
rerysip^le,  la  pituite  Toed^me,  et  Tatrabile  le  squirrhe. 

Sur  quoi  basait-on  Taction  nocive  des  humeurs? 
Pourquoi  s'aheraient-elles  ?  Par  quelles  voies  s'epan- 
chaient-elles  au  loin  ?  Pourquoi  donnaient-elles  nais- 
sance d  telle  ou  telle  maladie?  On  ne  cherchait  nuUe- 
ment  a  comprendre,  d  rechercher  le  pourquoi  des 
choses ;  Hippocrate,  Galien  Tavaient  dit ;  on  ne  devait 
nullement  discuterleursaphorismes,  etle  physiologiste 
orthodoxe  aurait  volontiers  r^p^t^  la  parole  du  sco- 
liaste  du  moyen  dge  arretant  tout  essai  de  discus- 
sion par  la  phrase  traditionnelle  a  Aiiio^  i(^-f\  ». 

Dans  tout  ce  fatras  apparaissait  parfois  une  id^e 
juste;  ainsi  la  fi^vre  ^ph^m^re  etait  due  au  travail  de 
reaction  de  tout  I'organisme  pour  se  d6barrasser  des 
humeurs  vici^es.  «  II  n'y  a  qu'excis  passager  de  la 
chaleur  avec  trouble  des  esprits)),  dit  Fernel  d'Amiens. 
Mais  tout  de  suite  on  retombe  dans  des  explications 
sans  fin. 


1 


—  72  — 

«  La  fi^vre  synoque  provient  de  la  pourriture  du 
sang.  La  fiSvre  symptomatique  ne  provient  pas  des 
humeurs,  mais  des  parties  contenantes '  d'oii  s'^coule 
quelque  chose  de  pourri  et  d'ou  s'6l^ve  une  vapeur 
putride  qui  attaque  le  cceur.  Les  fi^vres  intermit- 
tentes  sont  dues  d  un  melange  de  bile  et  d'atrabile 
alterant  le  sang  ^.  » 

Ainsi  pour  Fernel  et,  du  teste,  pour  Guy  Patin  et  ses 
contemporains,  la  fi^vre  6ph6m6re,  contrairement  aux 
autres  fi^vres,  est  un  bien,  un  signe  de  la  reaction  de 
Torganisme  a  contre  les  humeurs  viciees  des  vapeurs 
dcres  ou  corrompues,  des  fuliginosit^s  crasses  et 
putrides  qui  s'd^vent  de  Tintestin,  du  m^sentire  ou 
de  la  rate,  vers  les  regions  nobles  du  cerveau  et  du 
cceur.  » 

Tous  ces  qualificatifs  pompeux  font  sourire  aujour- 
d'hui;  au  xvii^si^cle  les  m^decins  les  ^nonfaient  gra- 
vement  au  lit  du  malade  et  Moli^re,  le  grand  redres- 
seur  des  ridicules  m^dicaux,  exag^rait  4  peine  lorsqu'il 
mettait  4  la  sc^ne  les  dissertations  m^dicales. 

ficoutez  ce  passage  de  F Amour  mddecin  : 

M.  Macroton.  —  Les  sympt6mes  qu'a  votre  fille  sont  in- 
dicatifs  d'une  vapeur  fuligineuse  et  mordicante  qui  lui  picote 
les  membranes  du  cerveau.  Or,  cette  vapeur,  que  nous  nom- 
mons  en  grec  Atmos,  est  causae  par  des  humeurs  putrides. 


1.  On  distinguait  les  organes  d'apr^s  leurs  usages  en  :  contcnants,  ce  sont 
It'S  parties  solides;  contenus,  cc  sont  les  humeurs;  moteurs,  ce  sont  les 
csprits. 

2.  Universa  Medica  Joannis  Fernellti  Amhiani  :  liber  quart  us,  de 
febribus. 


tenaces  et  conglutineuses  qui  sont  contenues  dans  le  bas- 
ventre. 

M.  Bahis.  —  Et,  comme  ces  humeurs  ont  6t6  la  engen- 
dries  par  une  longue  succession  du  temps,  elles  s'y  sont  re- 
cuites,  et  ont  acquis  cette  malignity  qui  fiime  vers  la  region 
du  cerveau. 

Et  cette  fameuse  sc^ne  du  Midecin  malgri  lui, 

Sganarelle.  —  Je  tiens  que  cet  empfechement  de  Taction 
de  la  langue  est  cause  par  certaines  humeurs  qu'entre  nous 
autres  savants  nous  appelons  humeurs  peccantes,  c'est-i-dire 

humeurs peccantes.  D'autant  que  ies  vapeurs  form&s  par 

ies  exhalaisons  des  influences  qui  s'^l^vent  dans  la  region  des 
maladies,  venant  &  passer  du  cot^  gauche  oil  est  le  foie^  au 
c6tk  droit  oi  est  le  coeur,  il  se  trouve  que  le  poumon  que 
nous  appelons  en  latin  artnyan  ayant  communication  avec  le 
cerveau  que  nous  nommons  en  grec  nasmus,  par  le  moyen  de 
la  veine  cave,  que  nous  appelons  en  hibreu  cubiley  rencontre 
en  son  chemin  Ies  dites  vapeurs  qui  remplissent  Ies  ventri- 
cules  de  Tomoplate.  Et,  parce  que  Ies  dites  vapeurs  —  com- 
prenez  bien  ce  raisonnement,  je  vous  prie,  —  ont  une  cer- 
taine  maligniti  qui  est  causee  par  I'icret^  des  humeurs  engen- 
dries  dans  la  concavity  du  diaphragme,  il  arrive  que  ces  va- 
peurs ossabutidus  nequeis  neque  potarinum  quipsa  milus.  Voili 
justement  ce  qui  fait  que  votre  fiUe  est  muette. 

«  Tout  cela,  dit  si  justement  le  professeur  FoUet,  c'est 
du  Fernel  4  peine  exag6r6. »  Trouve-t-on  beaucoup  moins 
grotesque  cette  dissertation  en  faveur  du  vin  ^metique 
qui,  depuis  le  fameux  6dit  de  1665,  devait  rafraichir  et 
non  ^chauffer  comme  '  il  le  faisait  avant  ? 


I.  Sentiments  d'un  medecin  Merits  k  son  ami  sur  la  lettre  des  P^res 
Capucins  du  Louvre  employee  dans  le  Mercure  Galant  du  mois  de 
novembre  1678.  Portefeuille  Valiant,  XIV. 


—  74  — 

S'il  echauffe  quelquefois,  c'est  par  accident,  grace  aux 
copieuses  Evacuations  d'humeur  atrabilaires  irugineuses  et 
torr6fi6es  par  les  intempiries  des  entrailles  et  particulierement 
par  les  principales  parties  nourriciires,  dans  les  replis  des- 
quelles  ces  humeurs  farouches,  indomptables  et  brililantes 
d'elles  mesmes  et  incapables  d*aucune  coction  *,  se  trouvent 
contournies,  lesquelles  ne  se  peuvent  detacher  et  mettre  en 
mouvement  sans  faire  ressentir  cette  impression  de  chaleur 
dont  ils  sont  impr6gn6s,  laquelle  n'est  causte  par  la  vue  6m6- 
tique  que  par  accident  comme  il  est  dit  dessus,  non  plus 
qu'une  fourche  n'est  point  estim^e  puante  en  soy,  parce 
qu'elle  remue  le  vieux  fumier  ou  d'autres  ordures  corrom- 
pues  dont  les  haleines  peuvent  faire  bien  du  d^sordre. 

Et  cette  opinion  de  Valiant  sur  «  une  petite  fiUe  de 
8  ans  qui  est  devenue  folle  et  muette  par  la  petite 
v^role  »  ^. 

Causa  tanti  mali  non  alia  creditur  quam  idem  humor  qui 
variolas  fecerat,  unde  in  casi  cerebri  factus  abcessus  qui  per 
aurem  expulsus  est,  ibique  impactus  humor,  prae  mali  gravi- 
tate et  gravi  intemperie  cerebri,  temperium  et  asconomiam 
evertit ;  unde  depravata  imaginatio,  unde  deperdita  memoria, 
unde  loquelae  amissio ',  quae  in  linguae  vitium  immerito 
refertur,  cujus  nulla  videtur  lassio... 

Passons  4  la  s6mdiotique  et  examinons  comment, 
grdce  4  rhumorisme  et  4  la  doctrine  des  temperaments, 
le  m^decin  pouvait  deceler  T^tat  de  maladie  de  tel  ou 
tel  visc^re. 


1.  Cuisson. 

2.  Portefeuilk  Valiant,  XIV. 

3.  N*est-ce  pas  le  cas  de  rappeler  avec  Sganarelle  :  «  Et  voild  pourquoi 
votre  iille  est  muette  ?  » 


—  75  — 

Les  sympt6mes  physiques  etaient  pour  lui  quantity 
n^gligeable  ' ;  les  investigations  mat^rielles  telles  que 
la  palpation  m^thodique  de  Tabdomen,  Texamen  des 
cavit^s  naturelles  Etaient  inusit^s  et  m^me  d^fendus 
au  mddecin  qui  ne  devait  pas  d^roger.  II  pouvait  seu- 
lement  tater  le  pouls,  faire  Texamen  optique  des 
urines,  examiner  de  tr^s  loin  les  selles.  A  cela  se  limi- 
tait  son  r6le  actif.  Tout  examen  plus  approfondi  eilt 
necessity  Tintervention  d'un  chirurgien. 

Mais  Tinterrogatoire  du  malade  venait  corroborer 
Topinion  premiere  que  le  medecin  s'6tait  faite.  Le 
si^ge  des  douleurs,  leurs  caract^res,  leurs  irradiations, 
r^tat  des  fonctions,  les  qualites  du  sommeil,  I'app^- 
tence  ou  le  d^goilt  pour  tel  ordre  de  mets  d^celaient 
a  ses  yeux  une  modification  de  temperament  ou  une 
lesion  humorale  de  tel  organe,  intemperie,  s6cheresse, 
obstruction  ou  cacochymie.  Get  interrogatoire  ne  fait-il 
pas  penser  A  celui  que  M.  de  Pourceaugnac  subit. 

i*^  MfeDEQN.  —  Mangez-vous  bien.  Monsieur? 

Pourceaugnac.  —  Oui  et  bois  encore  mieux. 

2'  MEDECIN.  —  Tant  pis.  Cette  grande  appitition  du  froid 
et  de  rhumide  est  une  indication  de  la  chaleur  et  sicheresse 
qui  est  au-dedans. 

Le  seul  symptdme  que  le  medecin  approfondissait 
6tait  le  pouls;  M.  Follet  en  donne,  d'apr^s  Fernel,  une 


I.  N'oublions  pas  que  nous  parlous  de  la  m^decine  a  Paris.  A  la  m^me 
^poque,  Sylvius  h  Louvain  attachait  une  grande  importance  aux  synipt6nies 
physiques,  mais  son  opinion  n'eut  cours  d  Paris  que  dans  les  toutes  der- 
til^res  ann^es  du  xviic  siecle. 


-76- 

multitude  de types:  a  Longus,  latus, altus, niagnus,bre- 
vis,  angustus,  humilis,  mollis,  durus,  plenus,  capricans, 
asqualitervelinaequaliter  inaequalis,  dicrotus,  undosus./ 
M^me  chez  Thomme  en  bonne  sant6,  nous  dit  Constant 
de  Rebecque,  il  prfite  d  de  nombreuses  dissertations,  car 
il  peut  fitre  dgal  vihiment  ou  igal  languide  \  S'il  est  im- 
gal\  c'est  un  signe  certain  de  maladie,  et  alors  il 
peut  fitre : 

1°  £gal-in6gal  ou  myouros  qui  lui-mSme  comprend 
le  myouros  rdciproque  '  et  le  myouros  d6faillant  ^. 

2°  In6gal-6gal  ^  qui  se  subdivise  en  in6gal-r6ci- 
proque  *,  in^gal-intermittent '  et  inc^gal-d^faillant  ^ 

3°  Redouble  ^  redouble  triple,  redouble  quart. 

4*^  Entrecoup6  '"*  simple  ou  capricieux  '\ 

5°  Ondoyant,  vermiculant,  fourmillant 

6°  In6gal  ordonn6  "  ou  d^sordonn^. 

7®  filanc6. 

8^  Convulsif "'. 


1 .  Le  battement  de  Tart^re  est  plus  ou  moins  fort. 

2.  Pouls  qui  va  en  ditninuant,  pronostic  grave,  d^notant  la  faiblesse  des 
esprits  vitaux. 

3.  Pouls  qui,  apr6s  s'^tre  ralenti,  reprend  ses  caract6res  primitifs. 

4.  Pouls  qui  devient  de  plus  en  plus  faible,  puis  filiforme ;  malgr6  cela, 
les  pulsations  qui  se  suivent  ont  toujours  m^mes  caract^res. 

5.  Pouls  qui  n'a  aucune  apparence  d*.in6galit6. 

6.  Un  groupe  de  pulsations  ^gales  en  intensity,  frtJquence  et  rapidity,  est 
s^par^  du  groupe  suivant  par  un  temps  de  repos  toujours  le  m£me. 

7.  Les  temps  de  repos  sdparant  les  groupes  de  pulsations  sont  in^gaux. 

8.  Le  pouls  de  plus  en  plus  petit,  puis  filiforme^  et  la  mort  arrive. 

9.  Celui  qui  a  son  battement  double,  triple,  quart ,  faisant  ainsi  qu'un 
marteau  qui  rejaillit  sur  Tenclume. 

10.  Chaque  pulsation  est  s^par^e  de  la  suivante  par  un  temps  de  repos. 

1 1 .  Les  pulsations  se  suivent,  mais  n'ont  pas  les  m^mes  caract^res. 

12.  Pouls  qui  retlent,  dans  ses  revolutions  d'in^galite,  un  ordre. 

13.  L'^lanc^  est  le  pouls  dans  iequel  Tonde  sanguine  soul^ve  les  parois 


GhiiAHi)    DOW 


L.\  rtiMMt:  iivuiiOi'Kjn-: 


—  77  — 

La  constatation  de  ces  qualitfes  du  pouls  devait 
donner  au  praticien  Tindication  diagnostique  capitale, 
tel  pouls  indiquait  telle  affection  d'un  organe  donni  '. 
Moli6re  ne  force  done  pas  du  tout  la  note  lorsqu'il 
met  en  sc^ne  les  Deux  Diafoirus,  dissertant  sur  le 
pouls  d'Argan. 

M.  Diafoirus  (tdtant  le  pouls  (TArgati).  —  Aliens,  Thomas, 
prenez  I'autre  bras  de  Monsieur,  pour  voir  si  vous  saurez  por- 
ter un  bon  jugement  de  son  pouls.  Quid  diets  ? 

Thomas  Diafoirus.  —  Dico  que  le  pouls  de  Monsieur  est 
le  pouls  d'un  homme  qui  ne  se  porte  pas  bien. 

M.  Diafoirus.  —  Bon. 

Thomas  Diafoirus.  —  Qu'il  est  duriuscule,  pour  ne  pas 
dire  dur. 

M.  Diafoirus.  —  Fort  bien. 

Thomas  Diafoirus.  —  Repoussant. 

M.  Diafoirus.  —  Bene. 

Thomas  Diafoirus.  —  Et  mfeme  un  peu  capricant. 

M.  Diafoirus.  —  Optime. 

Thomas  Diafoirus.  —  Ce  qui  marque  une  intempirie  dans 
le  parenchyme  splenique,  c'est-i-dire  la  rate. 

De  Texamen  optique  des  urines  *  nous  |ne  parlerons 

art^rielles  par  une  secousse  hit^e  et  in^gale,  comme  quand  on  darde  un 
javelot.  La  secousse  est  convulsive  et  inhale  dans  le  convulsif,  comme 
quand  on  darde  quelque  chose  en  tremblant. 

1 .  L'exanien  du  pouls  nous  am^ne  k  mentionner  le  tableautin  ravissant 
de  Quiryn  Brekelenkam  au  Louvre,  dans  lequel  un  m^decin  tdte  le  pouls 
d'une  femme  malade,  tout  en  se  tenant  le  plus  doign^  qu'il  peut  de  la 
patiente. 

2.  L'urine  ^tait  mise  dans  un  petit  ballon  et  le  m^decin  en  examinait 
par  transparence  la  couleur  et  les  reflets ;  les  artistes  qui  eurent  i  situer 
le  m^decin  aupr^  de  son  malade  le  peignirent  souvent  en  train  de  faire 
cet  examen.  Ainsi  Jean  Corbichon  (Edition  de  1496)  public  par 
M.  Franklin ,  Gerard  Dow  (La  Femme  hydropique  du  Mus6e  du  Louvre)  et 
Barbette  (frontispice  de  sa  Chirurgie). 


-  78- 

pas  dans  ce  chapitre;  disons  seulement  qu'il  rensei- 
gnait  le  mddecin,  non  pas  tant  sur  la  maladie  elle- 
mfime,  que  sur  sa  marche.  C6tait  rexamen  optique 
qui  permettait  de  d^celer  la  coction  des  humeurs, 
signe  favorable  qui  pr6c6dait  de  peu  la  p6riode  cri- 
tique. Notons,  en  outre,  que  la  gustation  des  urines  se 
faisait  quelquefois  au  lit  du  malade  et  que,  grdce  d 
cette  pratique,  on  connaissait  d6]d  Turine  sucr^e 
«  urina  mellita  »  du  diaWtique. 

Toute  la  th^rapeutique  rdsultait  des  theories  r6su- 
mdes  ci-dessus,  de  la  doctrine  des  temperaments  et  de 
rhumorisme  gal^nique.  De  la  doctrine  des  tempera- 
ments naissait  une  th^rapeutiquc  tres  complexe. 
Chaque  medicament  ou  chaque  plante  avait  son  tem- 
perament, chaud,  froid,  sec  et  humide.  Cette  qualite 
premiere  du  medicament  de  la  plante  suppieait  aux 
qualites  manquantes  de  Torgane  malade  ou  neutrali- 
sait  celles  qui  etaient  en  exces.  Mais  cette  qualiti  pre- 
miere etait  censee  exister  d  des  degres  varies.  On  eta- 
blissait  arbitrairement  quatre  degres.  Ainsi,  eu  egard  d  un 
homme  bien  tempere,  le  chou  echaufFait  au  premier 
degre,  les  cdpres  au  deuxieme,  la  cannelle  au  troi- 
sieme,  Tail  au  quatrieme...  L'orge  rafralchissait  au  pre- 
mier degre,  le  concombre  au  deuxieme,  le  pourpier  au 
troisieme,  la  cigue  au  quatrieme...  La  buglose  humec- 
tait  au  premier  degre,  la  violette  au  deuxieme,  la  lai- 
tue  au  troisieme.  Le  fenouil  dessechait  au  premier 
degre,   le  plantain  au   deuxieme,    Tabsinthe  au   troi- 


—  79  — 

si^me,  etc.,  etc.  «  Aussi,  dit  Maurice  Raynaud,  quel 
que  pAt  etre  un  temperament  humain  donn6,  on 
pouvait  toujours  espdrer  de  trouver  soit  une  plante 
nol6e,  soit  des  associations  diverses  lui  convenant,  et 
d'oii  r^sultait  un  temperament  capable  de  lui  servirde 
correctif,  de  supplier  4  ce  qui  lui  manquait  ou  de 
neutraliser  ce  qu'il  a  d'excessif.  » 

Outre  ces  qualit^s  premieres,  les  medicaments  et  les 
simples  possddaient  des  qualit^s  secondes  et  des  qua- 
lites  troisiemes. 

Les  qualitis  secondes  correspondaient  4  des  qualit^s 
premieres  donn^es.  Ainsi  les  plantes  chaudes  etaient 
le  plus  souvent  attinuantes,  rarifiantes,  les  plantes 
froides  6taient  6paississantes,  condensantes... 

Les  qualitis  troisiemes  6taient  d'une  nature  beaucoup 
plus  sp6ciale.  On  constatait  ainsi  qu'une  plante  6tait 
diur^tique,  emminagogue,  anodine,  mais  le  pourquoi 
de  cette  vertu  restait  le  plus  souvent  inexpliqu6.  On 
se  contentait  de  r^pondre  comme  le  bachelier  de  la 
c^r^monie  du  Malade  imaginaire  «  quia  est  in  ea  virtus 
diuretica...  » 

Lorsque  le  mddecin  se  trouvait  en  presence  d'un  cas 
complexe,  poumon  trop  chaud,  cerveau  trop  humide, 
rate  trop  s^che...  Ton  comprend  ais6ment  que,  fervent 
adepte  de  la  doctrine  des  temperaments,  il  se  trouvait 
oblige  d'ordonner  des  medicaments  multiples  sous 
forme  de  preparations  pharmaceutiques  tr^s  compli- 
qu^es  et,  comme  ajoute  M.  FoUet,  volumineuses  et  r^pu- 
gnantes. 


—  8o  — 

Cette  polypharmacie,  «  la  cuisine  arabesque  »  dont 
g6mit  Guy  Patin,  6tait  venue  de  Montpellier  qui  con- 
servait  les  traditions  de  Rhaz^s  et  d'Avicenne.  Les 
humoristes  purs  la  r^pudiaient,  mais,  comme  nous  le 
verrons  bientdt,  elle  obtiendra  son  droit  de  cit6  au 
grand  d^sespoir  des  partisans  d'Hippocrate  et  de 
Galien. 

Ceux-ci  avaient  une  th^rapeutique  sp^ciale,  la  thi- 
rapeutique  dont  s'est  tant  moqu6  Moli^re  : «  Saigner, 
purger,  clystdriser  ». 

La  saignie  avait  pour  principal  rdle  de  combattre  la 
pl^thore;  cependant  on  lui  octroyait  la  vertu  d'6va- 
cuer  le  sang  alt^rt  par  les  humeurs  peccantes. 

La  purgation  et  le  lavement  combattaient  la  caco- 
chymie  en  pr^parant,  en  cuisant  et  expulsant  les  hu- 
meurs peccantes, 

Cette  priparatiofi,  cette  cuisson,  cette  expulsion  n6ces- 
sitaient,  pour  chacune  d'entre  elles,  un  purgatif  special. 
De  plus,  selon  la  nature  de  Thumeur,  on  devait  em- 
ployer tel  ou  tel  purgatif;  la  scammon^e  agit  sur  la 
bile,  la  coloquinte  sur  la  pituite,  Tell^bore  sur  la  m6- 
lancolie.  Mais  ce  n'est  pas  tout,  ajoute  Raynaud,  il  y  a 
des  purgatifs  spiciaux  d  chaque  partie  du  corps  et  4 
chaque  humeur  qui  engorge  cette  partie.  L'un  6va- 
cuera  la  bile  jaune  de  la  v^sicule  du  fiel,  Tautre  la 
bile  noire  de  Testomac,  un  troisieme  la  pituite  de  la 
t^te  et  cette  simple  consideration  du  si^ge  va  multiplier 
4  Tinfini  les  difficult^s  et  les  pr^ceptes.  Nous  voyons 
done  que  la  purgation  ^tait  un  art  veritable  et  qui 


—  8i  — 

demandait  un  praticien  rompu  aux  finesses  du  gale- 
nisme. 

Le  lavetnent  venait  en  aide  k  la  purgation  dans  la 
lutte  centre  les  humeurs  peccantes.  II  comportait  les 
memes  indications.  Comme  la  purgation  il  avait  des 
qualit^s  premieres,  secondes,  troisi^mes.  II  6tait  pr6par6 
avec  amour  par  Tapothicaire,  qui  aimait  A  ditailler  sur 
la  note  ses  vertus,  sa  composition  et  son  prix. 

Du  24*,  un  petit  clystdre  insinuatif,  prfeparatif  et  Emollient 
pour  amoUir,  humecter  et  rafraichir  les  entrailles  de  Mon- 
sieur. 30  sols. 

Plus  dudit  jour,  un  bon  clystire  ditersif,  compost  avec 
catholicon  double,  rhubarbe,  miel  rosat  et  autres,  suivant 
rordonnance,  pour  balayer,  laver  et  nettoyer  le  bas  ventre  de 
Monsieur.  30  sols. 

Plus  du  26®,  un  clystfere  carminatif  pour  chasser  les  vents 
de  Monsieur.  30  sols. 

Nous  en  avons  fini  avec  les  deux  th^rapeutiques  du 
xvii*^  si^cle,  avec  a  le  poison  des  cuisiniers  arabes  », 
comme  avec  les  a  pauca  sed  probata  remedia  »  de  Guy 
Patin. 

R6sister  4  Tune  ou  4  Tautre  exigeait  de  la  part  du 
malade  un  temperament  exceptionnellement  vigou- 
reux.  C6tait  Topinion  de  Moli^re  qui  refusait  les 
rem^des  des  m^decins  etfaisait  direde  luiparB^ralde  : 

II  soutient  que  cela  n'estpermis  qu'aux  gens  vigoureux  et 
robustes,  et  qui  ont  des  forces  de  reste  pour  porter  les  remfedes 
avec  la  maladie;  mais  quepourlui  il  n'a  justement  de  la  force 
que  pour  porter  son  mal. 

Le  Magukt.  —  Lr  numde  medical,  6 


I 

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—    82     — 

Un  regime  d6bilitant  venait  ajouter  son  action  d 
celle  de  la  medication;  viandes  blanches,  tisanes  (fur- 
fur macrum)  et  petit  lait  (parvum  lac)  affaiblissaient 
le  malade.  Cependant  certains  m^decins  protestaient 
et  pensaient,  comme  Toinette,  que,  dans  nombre  de 
maladies,  il  fallait  nourrir  le  patient  :  «  il  faut  manger 
du  bon  gros  boeuf,  du  bon  gros  pore,  de  bon  fromage 

de  HoUande »  Enfin  on  cherchait,  d6j4  timidement 

il  est  vrai,  A  remplacer  cette  di^te  adoucissante  et 
6molliente  par  le  regime  lact6,  dont  les  qualit^s  occul- 
tes  ou  manifestes  semblaient  fitre  minimes,  mais  qui 
etait  un  adjuvant  puissant  pour  le  malade  dans  sa 
lutte  contre  la  maladie  et  contre  le  m^decin. 

Nous  en  avons  fini  avec  la  vraie  et  pure  doctrine 
d'Hippocrate,  avec  la  m^thode  dialectique  de  Iji  Faculty 
de  Paris.  Cette  m^thode  constitue  le  fond  de  Tensei- 
gnement  officicl.  L'^tudiant,  avide  de  conqu^rir  le  bon- 
net de  docteur,  doit  connaltre  i  fond  temperaments, 
humeurs 

Cette  doctrine  avait  d6jd,  en  1650,  subi  de  nom- 
breuses  attaques.  Les  folles  id^es  de  Paracelse,  reprises 
par  Van  Helmont  et  par  Sylvius  de  la  Boe  \  n'avaient 
pu  rien  contre  le  bloc  compact  de  la  m^decine  hippo- 
crato-gaienique.  Les  decouvertes  de  Servet,  de  Cisal- 


I.  Notons  cependant  que  Sylvius,  forc6  d'attaquer  les  id^es  de  Galien, 
n*cn  reste  pas  moins  son  admirateur  passionn^;  il  ne  cratnt  pas  de  dire 
que  Galien  est  infaillible  et  que  si  les  id^es  galtoiques  sur  la  structure  de 
rhomme  ne  cadrent  plus  avec  les  id^es  de  son  temps ,  h  lui  Sylvius,  c'est 
que  cette  structure  a  chang^  dcpuis  Galien. 


*■ 


b 


r 


-83  - 

pin,  de  Charles  Estienne,  de  Fabrice  d'Aquapendente, 
d'Aselli  ',  les  discussions  vraiment  scientifiques  de 
V^sale  *  ^taienl  resides  lettre  morte  pour  les  docteurs 
regents  parisiens  ddcidds  i  accepter  tout  plutdt  qu'une 
nouveautd!  lis  avaient  bien  iti  obliges,  il  est  vrai,  de 
composer  avec  la  Faculty  deMontpellier,  vulgarisatrice 
de  cette  midecine  chimique,  de  cette  «  forfanterie 
arabesque  »  que  mdprise  tant  Guy  Patin;  mais  ces 
theories  chimiques  avaient  comme  promoteurs  des 
Fran?ais;et,de  plus,  les  cuisiniers  arabes  faisaient  habi- 
lement  le  sidge  de  la  Faculty  ennemie,  essayant  d'en- 
dormir  sa  vigilance,  espdrant  toujours  obtenir  d'elle  la 
rehabilitation  de  Tantimoine  si  cher  aux  Aleves  de 
Montpellier.  Toutefois  le  chimiAtre  n'attaquait  pas  la 
doctrine  hippocratique;  il  Tavait  fait  sienne  en  delais- 
sant  rhumorisme  galdnique  pour  mettre  au  premier 
plan  la  doctrine  des  temperaments.  Ainsi  la  mdthode 
dialectique  restait  maitresse  du  terrain. 

Mais  cette  mdlhode  va  bient6t  sombrer;  elle  jouit 
de  son  reste  et  Guy  Patin  qui  se  moque  et  se  gausse 
des  id6es  nouvelles,  verra  avant  sa  mort  ces  idees  uni- 
versellement  admises. 


1.  Michel  Servet  avait  d^crit,  vers  i$50,  la  petite  circulation  ou  la  circu- 
lation pulmonaire.  C^salpin  eut,  vers  1593,  Ic  pressentiment  de  la  grande 
circulation.  Charles  Estienne  d^couvrit,  en  1545,  les  valvules  des  veines 
qui  furent  d^critcs  avec  beaucoup  d'exactitude  par  Fabrice  d'Aquapendente ; 
vers  1622,  Aselli  ddcouvrit  les  vaisseaux  lymphatiques  ou  veines  lact^es. 

2.  V^sale  nia  les  porosit^s  de  la  cloison,  porosit^s  que  tout  le  monde 
croyait  avoir  vues.  Mais  ce  fut  tout,  et  il  retomba  dans  toutes  les  errcurs 
galMques,  adraettant  que  les  veines  sont  les  principales  voies  par  lesquelles 
le  sang  est  pon^  vers  les  organes  pour  les  nourrir. 


1 


-84  - 

La  g^niale  d^couvertc  d'Harvey  date  de  1628.  Les 
id6es  sont  adoptees  4  peu  pr6s  partout,  sauf  d  Paris,  ou 
elles  provoquent  cependant  des  luttes  sans  fin.  Ces 
luttes  ne  mettent  pas  seulement  aux  prises  les  m6de- 
cins;  tous  les  philosophes,  tous  les  gens  du  monde  y 
prennent  part;. on  est  pour  ou  contre  Harvey. Fouquet 
lui-mfime  ne  se  desintdressait  pas  de  ces  luttes,  il  dtait 
anticirculateur  '  et  aimait  4  dire  des  id^es  nouvelles  : 
«  Ce  sont  de  jeunes  personnes  et  me  voilA  devenu  si 
vieux,  que  ce  n'est  pas  la  peine  de  faire  connaissance 
avec  elles.  »  Anticirculateur,  le  vieux  docteur  regent, 
rhonneur  de  la  Faculty ;  anticirculateur,  le  philiatre 
studieux,  espoir  de  ses  maltres,  celui  dont  Diafoirus 
dira  vingt  ans  plus  tard  :  «  II  s'attache  aveugldment  aux 
opinions  de  nos  anciens  et  jamais  il  n'a  voulu  com- 
prendre  ni  dcouter  les  raisons  et  les  experiences  des 
pr^tendues  d^couvertes  de  notre  si^cle  touchant  la  cir- 
culation du  sang  et  autres  opinions  de  meme  farine.  » 

Au  fond,  quand  on  pcnse  4  la  stupeur  que  durent 
6prouver  les  sectateurs  fervents  d'Hippocratc  et  de 
Galien,  devant  ces  a  pr6tenducs  d^couvertes  »,  on  est 
porti  4  comprendre  sinon  4  excuser  le  tolle  g6n6ral  qui 
s'^leva contre  elles.  Le  foie  ^taittout  dans  Torganisme; 
il  etait  I'origine  de  tous  les  vaisseaux,  fabriquait  le 
sang,  qui,  apr6s  avoir  parcouru  rorganisme,revenait  lui 
demander  dc  nouveaux  principes  nutritifs;  cela  6tait 


I.  Fait  curieux  et  digne  d'C^tre  nicntionn^:  Fouquet,  anticirculateur,  cut 
commc  m^decin  et  fidde  ami,  dans  sa  captivity,  celui  qui  assura  par  ses 
d«^couvertes  le  triomphc  des  theories  harveiennes,  Pecquet. 


-85  - 

admis  depuis  des  siecles,  satisfaisait  toutes  les  curiosi- 
t6s,  permettait  d'expliquer  tous  les  ph^nom^nes  vitaux. 
Et  voili  qu'un  Stranger,  un  Anglais,  voulait  deposs^der 
le  foie  de  sa  royautd  et  osait  dire  que  :  «  le  sang  nour- 
ricier  de  Torganisme  se  repand  du  coeur  dans  toutes 
les  parties  du  corps  pour  y  porter  la  chaleur  et  la  vie; 
puis,  refroidi  et  vici6  par  son  contact  avec  ces  parties, 
il  revient  au  coeur  y  reprendre  ses  qualit^s  premieres 
et  retourne  ensuite  encore  une  fois  aux  organes  d*ou 
il  6tait  venu  ».  C^tait  le  bouleversement  de  toute  Tan- 
cienne  m^decine  et  Ton  peut  comprendre  les  emporte- 
ments  et  les  coleres  des  vieux  docteurs  regents  voyant 
les  idees  qu'ils  avaient  venerees  pendant  toute  leur 
vie  miidicale,  battues  en  br^chc  par  un  novateur  de 
genie. 

Malgr6  ces  violentes  attaques,  les  circulateurs  gagnent 
du  terrain.  lis  auront  bientdt  I'appui  moral  de  philo- 
sophes  comme  Descartes  ',  Gassendi.  lis  accueillent  a 
chaque  moment  des  transfuges  qui  pourraient  r<ipeter 
avec  Ang^lique  :  «  Les  anciens,  Monsieur,  sont  les 
anciens  et  nous  sommes  des  gens  de  maintenant  ». 


I.  Pour  les  philosophes,  la  circulation  du  sang  servit  merveilleusement 
leurs  doctrines  en  ce  qu'elle  sapa  toutes  les  theories  ridicules,  sympathies, 
faculty  attractrices,  r^tentrices  et  autres,  qualit^s  occultes,  et  substitua  aux 
id^es  d'infiuence  ^loign^e  (action  indirecte  d'un  organe  sur  un  autre  organe, 
par  des  humeurs,  une  action  sympathique),  celles  d'action  directe  et  de  con- 
tact imm^diat.  Gassendi  surtout  fut  un  des  plus  chauds  partisans  d'Harvey. 
Avant  lui,  Descartes  avait  adopte  une  portion  des  id^es  nouvelles,  louant 
Harvey  cr  d'avoir  rompu  la  glace  en  cet  endroit  »  (Disc,  de  la  method e). 
Mais  ii  ne  voulut  pas  cependant  accorder  au  cosur  de  contractibilit^  active, 
ne  lui  reconnaissant  que  des  mouvements  altematifs  de  resserrement  et  de 
dilatation  sous  Tinfluence  du  chaud  et  du  froid. 


1 


—  86  — 

Ce  sont  les  jeunes  docteurs-r^gents  qui,  admirateurs  de 
la  chimie,  vont  bientdt  r^genter  la  Faculty,  les  Mauvil- 
lain,  les  Puylon...  lis  entrevoient  le  profit  que  le  m^de- 
cin  peut  tirer  des  iddes  nouvelles,  el  surtout  de  la 
mdthode  exp6rimentale  qui  en  d^coule  et  ils  vont  com- 
battre  le  bon  combat  pour  la  lumi^re.  Cette  lutte  eut 
Paris  pour  theatre,  elle  nous  int^resse  done  tout  parti- 
culi^rement  et  nous  allons  essayer  de  Tesquisser. 

En  165 1,  Jean  Pecquet,  «  le  Petit  Pecquet  »  dont 
nous  park  M™®  de  S^vign^,  d^sireux  de  d^montrer  la 
circulation  harv^ienne,  voulut  6tudier,  ainsi  que  I'avait 
fait  Harvey,  les  mouvements  de  la  vie  et  en  particulier 
du  coeur  sur  des  animaux  vivants.  Dans  ses  vivisec- 
tions il  ddcouvrit  le  reservoir  lymphatique  qui  porte 
aujourd'hui  son  nom;  il  suivit  lesveines  lactees  qui  en 
partaient  et  s'aper^ut  que,  les  unes,  rampant  dans  le 
m6sentere,  se  divisaient  en  un  rdseau  enserrant  tout 
I'intestin,  et  que  les  autres  se  r^unissaient  en  un  tronc 
(le  canal  tboracique)  qui  se  jettait  dans  la  veine  sous- 
clavi^re  gauche.  C6tait  un  nouveau  coup  porte  4  Tori- 
fice  galenique,  le  foie  6tait  d6pouill6  entierement  de 
ses  hautes  fonctions.  D'unc  part,  Torigine  des  veines 
n'6tait  plus  au  foie  puisque  la  circulation  6tait  un  cercle 
complet;  de  Tautre,  le  chyle  lui-mfime  n'allait  plus  au 
foie,  chose  qu'Harvey  lui-m6me  admettait. 

La  Faculte  n  y  tint  plus  et  lorsque  Pecquet  publia 
le  r^sultat  de  ses  recherches  dans  son  livre  Pecqueti 
experimenta,  elle  chargea  Jean  Riolan,  son  professeur 
d'anatomie,  a  un  fort  bon  gros  homme,  grand  et  puis- 


-87  - 

sant '  »,  de  r^futer  la  a  licence  des  opinions  mo- 
dernes  *  ».  Riolan  d^pensa  des  tr^sors  de  dialectique 
pour  prouver  que  Pecquet  et  Harvey  lui-meme  ne  pou- 
vaient  avoir  raison  parce  que  leurs  ddcouvertes  eussent 
d^truit  I'infaillibilit^  d'Hippocrate  et  d'Aristote  qui 
avaient  situ6  dans  le  foie  d'importantes  fonctions.  Si 
le  chyle  n'allait  pas  au  foie,  celui-ci  n'dtait  plus  le  si^ge 
des  facult^s  naturelles,  ne  fabriquait  plus  le  sang;  il 
n'avait  plus  done  aucune  importance,  d6pouill6  qu'il 
etait  de  son  ancien  r6le  et  r^duit  A  I'oisivet^. 

«  De  plus,  ajoutait-il,  si  ce  chyle  entre  directement 
dans  le  torrent  circulatoire  sans  6tre  6labore  par  le  foie, 
il  arrivera  impur,  indigeste  dans  le  muscle  cardiaque, 
qui,  si6ge  de  la  chaleur  vitale,  ne  sera  plus  d^s  lors 
qu'une  ignoble  cuisine  «  chyli  cacabus,  ollaque  coqui- 
naria  ».  Enfin,  ce  chyle  non  transform^  ne  pourraaller 
nulle  part  sans  causer  des  d6sordres  horribles;  dans  le 
poumon  il  infectera  Torgane  de  la  respiration;  dans  le 
cerveau  il  empfichera  la  fabrication  des  esprits  ani- 
maux.  Bref,  c'est  la  vie  elle-mfime  impossible  si  le  nou- 
veau  syst^me  pr6vaut.  «  Ergo,  concluait-il,  le  chyle 
doit  se  rendre  au  foie  comme  ant^rieurement.  » 

Ce  canal  thoracique  que  Riolan  lui-meme  a  vu  sur 
le  cadavre,  il  s'ing^niait  4  en  trouver  la  fonction  : 
a  Peut-etre  fournit-il  la  partie  fibreuse  du  sang;  un 
ferment  acide  pour  la  vivification  du  sang  art^riel; 
peut-etre  nourrit-il  les  glandes  du  cou  et  alors,  ajoute- 

1.  Guy  Patin,  t.  Ill,  p.  $37. 

2.  U  publia  le  pamphlet  intitule  :  Adversus  Pecquetum  et  pequelianos 


—  88  — 

t-il,  ce  serai t  une  preuve  de  plus  4  Tappui  de  Topinion 
des  anciens  qui  disaienl  que  la  scrofule  vient  du 
mdsent^re.  » 

Pecquet  ne  voulut  point  se  laisser  convaincre.  II 
r^pondit,  et  la  lutte  se  poursuivit  avec  des  fortunes 
diverses.  Harvey  entra  mfime  en  lice  et  refuta  les 
objections  deRiolan  comme  nous  Tapprend  Guy  Patin 
dans  une  de  ses  lettres  :  «  M.  Har\'eus  a  Londres  lui  a 
contredit  par  un  petit  livret  qu'il  lui  a  d6di6  et  envoy6.  » 

Heureusement  pour  la  circulation  et  les  circulateurs, 
Riolan,  menace  de  mort  par  un  asthme  «  dont  il  fut 
quelquefois  rudementattaqu^  '  »,  ne  put  gu^re  mettre 
dans  la  lutte  toute  Tardeur  dont  il  6tait  capable,  et  Pec- 
quet eut  le  dernier  mot.  Ses  iddes  trouv^rent  dans  la 
Facultd  mfime  denombreux  ddfenseurs  et,  4  la  mortde 
Riolan  (1657),  il  n'y  eut  plus  que  les  anciens  moroses, 
les  Blondel  et  les  Guy  Patin,  qui  poursuivirent  de 
leur  haine  les  circulateurs. 

Ce  dernier  surtout  ne  voulut  jamais  admettre  la  cir- 
culation, et  cela  parce  qu'elle  n'^tait  pas  dans  Hippo- 
crate  ou  dans  Galien;  il  eut  toujours  une  aversion  pro- 
fonde  pour  les  circulateurs  et  sa  passion  Tentralna 
souvent  jusqu'aux  injures. 

S'il  revient,  dit-il  en  parlant  d'un  circulateur,  et  que  je  le 
puisse  voir,  je  lui  t^terai  finenient  le  pouls,  je  le  mineral  par 
d'autres  chemins  plus  importants  en  la  bonne  midecine  que 
la  pr^tendue  circulation.  II  est  courtisan  i  yeux  enfonc6s, 

I.  Guy  Patin,  lettre  du  5  nov.  1649,  ^'  ^^^>  P*  537- 


-89- 

grand  valet  d'apothicaire  et  de  toute  la  forfanterie  arabesque, 
menteur  effroyable,  joueur  et  pipeur. 

Lorsque  Guy  Patin  6crivit  ces  ligncs,  les  circulateurs 
triomphaient.  La  circulation  6tait  admise  et  rang^e 
parmi  les  doctrines  orthodoxes  de  la  Faculty  de  Paris. 
Fagon,  en  1663,  soutint  une  th^se  sur  :  An  a  sanguim 
impulsutn  cor  salit,  et  conclut  par  Taflirmative.  Deux  ans 
plus  tard,  P.  Mattot  d^crivit  minutieusement  la  circula- 
tion harv6ienne  dans  sa  thise  :  An  motus  cordis  a  fer- 
mentatione  ? 

Lorsque  le  Roi  consacra  la  victoire  des  circulateurs 
en  creant,  au  Jardin  royal,  une  chaire  sp6ciale  pour  la 
propagation  des  dicouvertes  nouvelles,  ceux-ci  eurent  le 
triomphe  bruyant.  Boileau  les  aida  4  couvrir  de  ridi- 
cule leurs  ennemis  vaincus ;  il  composa  avec  le  m^de- 
cin  Bernier,  T^l^ve  de  Gassendi,  son  Arrit  burlesque  ' 
dont  Maurice  Raynaud  a  cit6  les  consid^rants  dans  sa 
brillante  etude  sur  les  m^decins  au  temps  de  Moli^re. 

Attendu  qu'une  inconnue  nommde  la  Raison...  par  une 
procWure  uuUe  de  toute  nullit6,  aurait  attribu6  audit  coeur  la 
charge  de  recevoir  le  chyle,  appartenant  ci-devant  au  foie ; 
comme  aussi  de  faire  voiturer  le  sang  par  tout  le  corps,  avec 
plein  pouvoir  audit  sang  d'y  vaguer,  errer  et  circuler  impu- 
n^ment  par  les  veines  et  artdres,  n'ayant  aucun  droit  ni  titre 
pour  faire  lesdites  vexations,  que  la  seule  experience,  dont  le 
t^moignage  n'a  jamais  ^t^  re^u  dans  lesdites  £coles...  La 
Cour...  ordonne  au  chyle  d'aller  droit  au  foie  sans  plus  passer 


I .  Arrest  donn^  en  la  grande  Chambre  du  Parnasse  en  faveur  des  Maistres 
es-arts,  medecins  et  professeurs  de  1' University  de  Stagyre  au  pais  des 
chimeres  :  Pour  le  maintien  de  la  doctrine  d*Aristote. 


..  c  recevoir  ;  fait  defense  au  san{ 
cr  et  circuler  dans  le  corps  sou 
-  iiv-rfe  et  abandonni  i  la  Faculty  dt 


-  vaudes,  conclut  M.  Raynaud,  fon 
.  icitle  doctrine  qui  se  meurt  qu'ui 
,^  ra  isons.  » 

,  :i:>  d'Harvey  cl  de  Pecquet  boulevcr 

.  .  ■>  analomiques  et  physiologiques  di 

^    .Ludrait  pas  croirc  qu'ellcs  agirent  di 

•.uhologie.  Loin  de  la.  Aucun  medecii 

.:  ,1  dotmire  la  physiologic  pathog^niqui 

,.^\,i;  qu'elle  reposait  depuis  vingt  siecle; 

■o-s  fausses.  CeOt  &t€  nier  la  professioi 

xiif^primer  le  peu  de  respect  que  les  ma 

,,  ..III  avoir  pour  les  disciples  d'Hippocrate 

■   ;\t:hologie  y  eut-il  peu  de  changement: 

...  '.v-i  decouvertes  nouvelles.  On  parla  moin; 

V  iNwanics,  on  parla  plus  de  sang  viciti 
.v-vi  .ui  premier  plan,  mais  ricn  ne  fut  chang 
.^  '  KU  dans  la  pathogenie,  Ic  diagnostic  et  Ic 
X  ihvTapeutiques  des  maladies. 

kv  ustu  comme  avant  o  la  bonne,  la  saincte 
vi'iitioe  »  dont  parle  Joachim  du  Bellay,  mai: 
;  HI  toDt  du  jour  et  ses  effcts  durent  chan 
U.iivev.  toute  ouverture  de  veine  avail  pou 

V I  Jos  humeurs ;  ellc  tendra  d^sormais  d  d^ 
vuig  de  se  porter  vers  une  partie  dont  le 
v.ut  engorges,  en  lui  donnant  une   autn 


—  91  — 

issue;  mais  elle  n'en  conservera  pas  moins  ses  carac- 
tcrcs  et  pourra  comme  auparavant  produire,  selon  les 
cas,  une  retention,  une  attraction,  une  diversion,  une 
revulsion,  une  derivation  ou  une  Evacuation  '. 

Ce  qui  se  fit  pour  la  saign^e  se  fit  pour  toute  la  pa- 
thologie.  Tous  les  anciens  trait^s  furent  remani^s  et 
mis  au  gout  du  jour  «  selon  la  doctrine  de  la  circula- 
tion du  sang  ».  Mais  ces  remaniements  furent  fort  dis- 
crets ;  les  temperaments,  Thumorisme  furent  respect^s, 
le  contenu  resta  au  fond  le  mfime,  T^tiquette  seule 
changea. 

Ce  fut  la  revanche  des  anciens  regents,  de  J.  Riolan 
et  de  Guy  Patin. 

Vers  le  milieu  du  xvi*  si^cle,  Paracelse  *,  un  fou  de 

1 .  Voir  le  chapitre  de  la  chirurgie  :  la  saign^e. 

2.  Paracelse,  qui  fut  autant  alchimiste  que  m^decin,  naquit,  en  1493,  ^ 
Einsiedeln  pr^  de  Zurich ;  il  exer^a  la  m^decine  dans  sa  ville  natale,  puis  h. 
B&le,  oil  il  cr^  une  chaire  de  chirurgie  et  de  physique. 

Outre  I'introduaion  dans  la  pratique  m^icale  de  Femploi  des  compo- 
st chimiques,  on  lui  doit  d'excellentes  ^udes  sur  un  grand  nombre  de 
medicaments  mal  connus  avant  lui  :  opium ,  mercure ,  soufre ,  antimoine, 
arsenic. 

II  d^testait  les  Scolastiques,  niais  n*aimait  gu^re  plus  les  Arabes.  «  Mon 
bonnet,  aimait-il  k  r^p^ter,  en  sait  plus  long  que  Gallien  et  Avicenne.  » 

Ce  qui  le  mit  surtout  en  contradiction  avec  les  doctrines  scolastiques,  fut 
le  systtoe  philosophique  qu'il  cr^  de  toutes  pieces.  II  opposa  aux  quatre 
^l^ents  d'Aristote  les  trois  principes  des  mixtes,  sel  (soufre,  mercure). 
Sdon  lui,  Dieu  a  r^pandu  partout  la  vie,  qui  est  son  attribut  essentiel ;  il  a 
uni  les  esprits  aux  corps  par  un  fluide  animal.  L'homme  est  une  image  de 
la  Trinit^  divine  (Dieu,  le  monde  sublunaire,  les  astrcs)  :  son  esprit  repr^- 
sente  Dieu ;  son  corps,  le  monde  sublunaire,  et  le  fluide,  les  astres. 

II  reconnaissait,  en  outre,  une  harmonie  mystdrieuse  entre  le  sel,  le  corps 
ct  la  terre ;  entre  le  mercure,  Tdme  et  Teau ;  entre  le  soufre,  Tesprit  et 
I'air. 

Ce  syst^me  philosophique  ind^hiffrable  eut  cependant,  et  peut-^tre 
ra^me  pour  cette  raison,  de  tr^  nombreux  partisans. 

Paracelse  mena  une  vie  crapuleuse  et  mourut  a  rh6pital,  en  1541,  sans 
avoir  trouv^  Tor  potable  qu'il  avait  cherch^  pendant  toute  sa  vie. 


n 


—  92  — 

g^nie,  voulut  introduire  dans  la  pratique  m^dicale, 
nouveaut^  qui  parut  alors  prodigieuse,  les  remWes 
tirds  du  regne  mineral.  C^tait  une  rupture  complete, 
eclatante,  avec  toutes  les  traditions  de  Tantiquite  qui 
n'employait  en  thdrapeutique  que  les  simples.  II  ne  fit 
que  reprendre  les  theories  de  Basilc  Valentin,  moine 
Wnedictin  du  couvent  de  Saint-Pierre  a  Erfort,  qui 
avait  isol6  le  premier  un  m6tal  mal  connu  jusqu'a 
cette  epoque;  ce  m^tal,  c'6tait  Tantimoine  :  Basile  Va- 
lentin Tavait  essayd  sur  les  moines  de  son  couvent,  i 
leur  grand  dommage,  et  les  accidents  qui  avaient  suivi 
son  administration  avaient  fait  donner  au  m^tal  son 
nom  d  antimoinc. 

Paracelse  et  ses  disciples  reprircnt  et  completcrent 
les  experiences  de  Basile  Valentin  sur  Tantimoine ;  ils 
les  6tendirent  bientdt  d  d'autre  metaux  et  obtinrent  des 
resultats  si  efficaces  qu'ils  crurcnt  avoir  trouvc  dans 
lantimoine  une  panache  universelle  et  dans  les  autres 
metaux  des  agents  th^rapeutiquessuptTieurs  aux agents 
employes  jusqu  alors. 

Apres  eux,  la  chimie,  devenue  moins  mystique  et 
plus  scientifique,  se  presenta  d  Tesprit  comme  une 
science  semblable  d  une  autre  et  digne  de  prendre  place 
parmi  les  sciences  m6dicales.  Ce  furent  les  m^decins 
de  Montpellier  qui,  les  premiers,  rompirent  avec  le  passe 
et  se  servirent  de  la  chimie  en  m^decine,  en  reprenant 
les  idees  de  Paracelse,  tomb(ies  pour  un  moment  en  un 
complet  discredit. 

La  Faculty  de  Paris,  tout  en  resistant  d  ce  mouve- 


—  93  — 

ment  nd  dans  une  ficole  rivale,  le  suivit  pourtant  de 
loin,  acceptant  les  theories  chimiques  sous  le  patronage 
de  rhumorisme  gal6nique.  En  efFet,  la  chimie  se  propo- 
sait  de  pr^ciser  les  alterations  des  liquides  de  Torga- 
nisme ;  Willis,  chaud  partisan  de  la  chimie,  expliquait  que 
la  fievre  n'^tait  qu'une  effervescence  du  sang  due  4  une 
veritable  fermentation ;  les  spasmes  et  les  convulsions 
reconnaissaient  pour  cause  Texplosion  du  sel  et  du 
soufre  avec  les  esprits  animaux.  Ainsi  la  chimie,  loin 
de  combattre  I'humorisme  gal6nique  dans  les  ph6no- 
m^nes  vitaux  et  pathologiques,  lui  venait  au  con- 
traire  en  aide. 

Mais,  sur  la  question  du  traitement  des  maladies, 
lorsqu'il  s'agissait  d'6vacuer  Thumeur  peccante,  la  Fa- 
cult6,  gardienne  des  antiques  traditions,  r^pudiait  les 
theories  chimiques.  Elle  jugeait  que  le  m^decin  devait 
attendre  la  coction  des  humeurs,  laquelle  devait  se  faire 
par  les  forces  spontan6es  de  la  nature ;  avant  d'agir,  il 
devait  atteindre  les  jours  critiques;  alors  seulement,  il 
entrait  au  jeu  et  il  lui  6tait  loisible  d'6vacuer,  selon  les 
principes  admis,  les  bumeurs  priparies.  En  somme,  le 
rdle  actif  du  mddecin  6tait  minime ;  beaucoup  d'hy- 
giene,  mais  peu  de  moyens  6nergiques.  Le  s6n6,  la  caste 
et  la  rhubarbe  constituaient  pour  lui  le  tripied  th6ra- 
peutique;  n'oublions  pas  la  saign^e  qui  faisait  mer- 
veille  pour  6vacuer  Thumeur  pr6par6e.  Le  m6decin 
soucieux  de  ces  regies  se  trouvait  faire  de  la  bonne  md- 
decine  hippocratique. 

Mais  cette  doctrine  comptait  de  nombreux  cnnemis, 


—  94  — 

et  ces  ennemis  n'^taient  autres  que  les  partisans  des 
doctrines  chimiques,  ces  cbtmidtres,  comme  les  appe- 
laient  d^daigneusement  les  orthodoxes. 

Ces  chimidtres  n'avaient  pas  seulement  voulu  intro- 
duire  dans  la  th^rapeutique  les  agents  min^raux.  Mais 
ils  r^clamaient,  pour  le  praticien,  le  droit  et  le  devoir 
d'intervenir  dans  la  coction  des  humeurs,  de  hiter  par 
une  medication  fWrni^tt^  la  preparation  de  ces  humeurs; 
et  cette  preparation  dtait  surtout  aid^e  par  I'emploi  des 
preparations  minerales.  Ils  ajoutaient  de  plus  qu'il  va- 
lait  mfime  mieux  ne  pas  attendre  la  coction  de  la  ma- 
tiere  morbide  et  mettre  tout  en  ceuvre  pour  la  chasser 
au  plus  tdt.  C'est  ce  rejet  de  rbtimetir  peccante  non  cuitc, 
au  moyen  de  vomitifs  repetes,  cette  pretention  de  jugu- 
ler  la  maladie  qui  etait  le  point  le  plus  important  des 
theories  chimidtriques. 

Cest  de  cette  divergence  d'idees  que  naquit  une 
querelle  entre  humoristes  et  chimiitres,  querelle  qui 
dura  un  siede  entier  et  qui  a  re? u  le  nom  de  Guerre  de 
rantitnoine.  En  efFet,  la  Faculte  de  Paris,  en  haine  de 
Montpellier  et  des  doctrines  chimiques,  s'en  prit  4  Tanti- 
moine,  et  voulut  le  faire  rayer  de  la  pharmacopee,  espe- 
rant  ainsi  faire  triompher  ses  propres  theories.  EUe  de- 
clara  que  Pantimoine  etait  «  une  substance  deietere  et 
qu'il  devait  etre  classe  parmi  les  poisons,  que,  de  plus, 
il  n'existait  aucune  preparation  qui  put  le  corriger  de 
maniere  4  en  permettre  Tusage  sans  danger  '  ».  Le  Par- 

I.  D^cret  de  la  Faculty  de  m^decine  dc  Paris  (ao6t  1566). 


—  95  — 

lement  de  Paris  sanctionna  la  decision  de  la  Faculty  et 
rendit  en  1566  un  arrfit  solennel  condamnant  Tanti- 
moine. 

II  est  vrai  qu'A  cette  6poque  rantimoine  6tait  souvent 
un  veritable  poison ;  la  science  ne  poss^dait  alors  aucun 
moyen  de  s'assurer  si  les  preparations  antimoniales  ne 
contenaient  pas  d'arsenic ;  de  plus,  les  partisans  de  la 
doctrine  chimique  cherchaient  A  obtenir  de  leur  medi- 
cament favori  mille  preparations  nouvelles,  au  lieu  de 
determiner  dans  quelles  conditions  il  pouvait  fitre  utile 
ou  nuisible;  ils  cherchaient,  comme  a  dit  Maurice 
Raynaud,  4  corriger,  4  perfectionner  Tantimoine.  Aussi 
ne  doit-on  pas  s'etonner  outre  mesure  de  la  frayeur 
des  partisans  de  I'orthodoxie  gaienique,  peu  soucieuse 
d'employer  un  medicament  d'un  maniement  si  deiicat. 

Dans  la  premiere  moitie  du  xvii^  siede,  Tantimoine, 
bien  que  classe  officiellement  parmi  les  poisons,  eut 
de  plus  en  plus  de  nombreux  partisans ;  ce  fut  un  ca- 
price, un  veritable  engouement,  et  Ton  vit  des  doc- 
teurs  regents  de  la  Facuhe  de  Paris,  des  medecins  de 
la  Cour  Tadopter  et  Tordonner.  En  vain  la  Faculte  vou- 
lut  resister,  en  vain  obtint-elle  du  parlement  un  nou- 
veau  decret  (16 15)  condamnant  Tantimoine;  celui-ci 
ne  demeura  pas  moins  le  medicament  4  la  mode,  la 
veritable  panacee. 

Mais  ce  qui  mit  le  comble  4  I'indignation  des  hu- 
moristes,  c'est  qu'il  etait  ne,  depuis  quelque  temps,  au 
sein  mfime  des  ficoles  de  medecine,  un  parti  favori- 
sant  les  idees  nouvelles;  en  1638,  le  doyen  Hardouin 


-  9<5- 

de  Saint-Jacques  fit  publier  un  Antidotaire  ou  codex 
pharmaceutique  r^dig^  par  une  commission  sp^ciale 
choisie  parmi  les  membres  de  la  Faculty ;  les  fervents 
de  Tantimoine  furent  en  majority  dans  cette  commis- 
sion et  plac^rent  parmi  les  medicaments  autoris^s  et 
reconnus  le  vin  imHique  ou  vin  antimonial.  II  n'en  fal- 
lut  pas  davantage  pour  mettre  en  jeu  toutes  les  co- 
l^res. 

L'opposition  aux  doctrines  orthodoxes  avait  toujours 
itli  anonyme;  en  1652,  sous  le  d^canat  de  Guy  Patin, 
un  docteur  regent,  Jean  Chartier,  publia  un  libelle  in- 
titule La  Science  du  Plomb  Sacri  des  Sages.  La  Faculty  le 
chassa  de  son  sein,  le  doyen  le  poursuivit  devant  les 
tribunaux  et  parvint  i.  le  faire  mettre  en  prison.  De 
plus,  la  Facultd  suscita  de  nombreuses  diatribes  contre 
Vantimoine  et  ses  suppdts  :  La  Ligende  antimoniaUy  Pitba- 
gia,  Antilogia,  Aletopbanes.  Uauteur  de  ces  trois  der- 
ni^res  6tait  Francois  Blondel,  qui,  durant  toute  sa  vie, 
fut  Tennemi  acharnd  de  Tantimoine  et  que  nous  retrou- 
verons  dans  la  suite.  Outre  ces  diatribes,  un  docteur  re- 
gent, Germain,  publia  un  volumineux  dialogue  intitule  : 
Orthodoxe  ou  de  Tabus  de  Vantimoine ;  il  renfermait  les 
antimoniaux  dans  le  dilemme  suivant :  Le  vomitif  vio- 
lent est  d'un  pirilleux  usage  ts  JUvres  continues  et  nest  nul- 
Jement  nicessaire  aux  inter mittentes ;  or^  est4l  que  le  vomitif 
d'antimoifie  est  violent:  done  le  vomitif  dantimoine  est  dun 
pirilleux  usage  ksjitures  continues  et  nest  nullemetit  nicessaire 
auxintermittentes.  De  plus,il  condamnaitTinterventiondu 
medecin  qui,  soucieux  de  seconder  les  efforts  salutaires 


—  97  — 

de  la  nature,  n  arrivait,  selon  lui,  qu'A  Ics  conlraricr. 
Dans  ce  dialogue,  aucune  injure,  comme  dans  les  dia- 
tribes de  Francois  Blondel ;  malgr^  cela,  les  antimo- 
niaux,  dedaigneux  de  toute  conciliation,  repondirent  A 
Touvrage  de  Germain. 

Eusebe  Renaudot,  le  fils  de  Theophraste  Renaudot 
dont  nous  avons  parlt^  anterieurement,  fut  leur  porte- 
parole ;  lui-meme  avait  6te  arrache  a  la  mort  par  une 
prise  d'^metique ;  reconnaissant,  il  prit  en  main  la 
cause  de  I'antimoine,  publiant  coup  sur  coup  deux 
pamphlets,  VAniimoine  jusiifii  et  XAntimoinc  triompbani. 
Chose  curieuse  et  qui  d^peint  bien  I'esprit  querelleur 
de  r^poque,  tous  les  partisans  de  I'antimoine,  6i  doc- 
teurs  regents  de  Paris  (la  moiti(i  environ)  s'inscrivirent 
dans  la  preface  de  ces  pamphlets  pour  marquer  nette- 
ment  la  scission  qui  s'etait  faitc  entre  les  chimidtres  et 
les  adeptes  fideles  de  Thumorisme.  Dans  ces  pamphlets, 
Renaudot  eut  un  grand  merite :  il  voulut  pr^ciscr  les 
indications  therapeutiques  de  Tantimoine.  Les  mala- 
dies pouvant  singer  dans  les  esprits,  les  parties  solides 
et  les  humeurs,  I'antimoine  avait  contre  ces  derni^res 
une  puissance  absolue;  il  est  vrai  que,  dans  la  catego- 
rie  des  maladies  siegeant  dans  les  humeurs,  il  faisait 
rentrer  4  peu  pr^s  toutes  les  maladies  connues,  retom- 
bait  ainsi  dans  I'ancienne  erreur  des  alchimistes,  et 
voyant  comme  eux  dans  I'antimoine  une  panacec, 
ie  suprimc  effort  de  la  Science  :  a  il  est  difficile  de 
passer  plus  outre,  disait-il.  »  Cependant,  soucicux  de 
manager   la  Faculty,  se  rappelant  la  mesaventure   de 

Lii  Maguet.  —  Ix  iitomie  iiiMkaU  7 


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Chartier,  il  ajoutait  que  Faction  de  rantimoine  etait 
dautant  plus  salutaire,  lorsqu'il  se  trouvait  corrobor6 
par  la  saignee  et  le  s6n6 ;  il  terminait  enfin  son  Anti- 
moine  triomphant  par  un  appel  4  la  conciliation,  faisant 
a  la  fois  I'^loge  de  la  m^thode  exp^rimentale  et  le  pro- 
ccs  de  la  methode  dialectique. 

Get  appel,  loin  d'etre  entendu,  suscita  de  nouvelles 
coleres ;  un  midecin,  nomm^  Perreau,  d^dia  d  la  meiU 
leure  et  plus  saine  partie  de  MM,  les  Doctmrs  rigents  de  la 

m 

Factdti  de  medecine  de  Paris  un  pamphlet,  Le  Rahat-joie 
de  VAniimoine  triomphant,  ou  Renaudot  (itait  traits  de 
traftre,  de  fils  detrattre,  d'h6r6siarque...  II  y  reprit  tous 
les  arguments  de  Renaudot  en  cherchant  4  les  r^futer, 
se  laissant  d  chaque  instant  entrainer  4  des  injures 
grossieres  contre  la  secte  antimoniale.  II  stigmatisa  en 
outre  la  conduite  de  Renaudot  qui  avait  os6  parler  Ic- 
g^rement  d'Hippocrate : 

Qui  eut  jamais  cru  qu'un  docteur  de  Paris  eilt  os^  parler  si 
l^g^rement  de  ce  souverain  dictateur  de  la  medecine  ?  Proh  ! 
Deum  immortalium  fidem !  Oil  est  la  foi,  Thonneur  et  la 
conscience  de  cet  6crivain  ?  Maisil  a  tout  perdu  en  perdant  le 
respect  qu'il  devait  ^  sa  bonne  m^re  la  Faculte,  laquelle, 
nonobstant  toutes  les  indignites  revues  de  lui  et  de  feu  son 
p^re,  n'avait  laiss6  de  le  recevoir  avec  amour  *,  dans  I'esp^- 
rance,  dont  elle  se  flattait,  qu'il  rendrait  Thonneur  qu'il  avait 
juri  4  sts  anciens  et  i  ses  maitres. 

I .  Loin  de  recevoir  avec  amour  Eusebc  Renaudot  et  son  fr^re  Isaac,  la 
Faculty  leur  avait  refuse,  pendant  de  longues  ann^s,  le  bonnet  de  docteur, 
en  haine  de  leur  p^re,  Thtephraste  Renaudot,  le  porte-drapeau  de  la  Faculty 
de  Montpellier.  II  fallut,  en  1644,  un  arr^t  special  du  Parlement  qui 
ordonna  \  la  Faculte  de  recevoir  «  les  deux  fils  du  Gazettier  »,  comme  les 
appelait  Guy  Paiin. 


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—  99  — 

Cette  resistance  a  rantimoine  fut  surtout  I'oeuvrcde 
deux  hommes  qui  publierent  ou  suscitercnt  tous  ces 
pamphlets :  j'ai  nomm6  Francois  Blondel  ct  Guy  Patin. 
Mais  ce  dernier,  bien  que  chaud  partisan  de  la  tradi- 
tion, aimait  trop  son  propre  repos  pour  briser  des 
lances  avec  les  antimoniaux.  II  se  contenta  de  mettre 
en  avant  des  comparses,leurfournissantdes  arguments 
et  quelquefois  mSme  Targent  n^cessaire  d  Timpression 
des  pamphlets.  Dans  ses  lettres,  il  est  vrai,  il  se  rattra- 
pait  de  son  inaction  et  criblait  d'6pigrammes  les  chi- 
mistes,  ces  cuisiniers  arabes  comme  il  les  appelait. 

Les  ministres  et  le  Mazarin  sont  les  demons  de  la  France, 
les  Turcs  de  la  Chr^tientfe;  les  chimistes,  les  apothicaires  ct 
les  charlatans  sont  les  demons  du  genre  humain  en  leur  sorte, 
principalement  quand  ils  se  servent  de  rantimoine. 

Grand  ennemi  de  Gu^naut,  m^decin  de  Mazarin  \ 
et  chef  du  parti  de  Tantimoine,  Guy  Patin  vit  dans  la 
resistance  aux  doctrines  nouvelles  le  moyen  d'ecraser 
son  adversaire.  II  n'hesitapas  d  accuser  Guenautd'avoir 
empoisonn^  avec  de  Tantimoine  sa  femme,  son  neveu, 
sa  fiUe  et  ses  deux  gendres;  bien  plus,  d  la  mort  de 
Gudnaut,  il  triompha,  pr^tendant  que  son  ennemi 
etait  la  victime  de  la  drogue  qu'il  voufait  imposer; 
ainsi,  dit-il,  Vantimoine  est  el  demeiire poison.  Et,  pour  le 


I.  II  ne  faut  pas  oublier  que  Ton  6tait  en  pleine  Fronde  et  que  Guy  Patin 
avail  en  abhorration  Mazarin  qu*il  poursuit  d  tout  propos  dans  ses  lettres. 
ct  Get  Italien  astucieux,  cet  Granger  de  malheur,  ce  faquin,  ce  filou,  ce  pan- 
talon  sans  foi,  cet  escroc  titr^,  ce  bateleur  ^  longue  robe,  ce  com^dien  a 
rouge  bonnet » 


lOO   

prouver,  il  travaillc  avec  ardour  au  Marlyrologe  de  ran- 
titnoine, 

Malgre  Topposition  dc  medecins  dc  valcur,  comme 
Guy  Patin,  rantimoine  voyait  augmuntcr  chaque  jour 
le  nombre  de  ses  partisans ;  le  public  lui-meme  prenait 
part  dans  la  querelle,  et  Ics  litterateurs  eux-memes 
soutenaient  ou  attaquaient  les  antimoniaux.  En  1657, 
Benserade,  dans  le  ballet  de  V Amour  malade  danse  par 
le  roi  en  personne,  attaqua  directement  Tantimoinc; 
dans  ce  ballet,  VAmmir^sl  consultepar  deux  medecins, 
le  Temps  et  le  Dipit,  Le  Temps  est  orthodoxe,  le  Dcpit, 
au  contraire,  est  partisan  de  Tantimoine  : 

Le  DfepiT.  —  De  I'antimoine,  expres  de  ma  main  pr^par^, 

Y  serait,  ce  me  semble,  un  remfcde  assur6.. . 

Mais  la  Raison,  garde-malade  de  YAmour,  s'oppose 
d  la  medication  proposiie  et  fait  une  charge  d  fond 
de  train  contre  Tantimoine  et  la  forfanterie  he^ioardcsque. 

En  1658,  arrive  un  evenement  qui,  changeant  la 
face  des  choses,  va  entrainer  la  victoire  de  la  secte 
antimoniale.  Louis  XIV  est  attcint  d  Mardyck  d'une 
fievre  pourprie  '  tr^s  grave;  on  le  transportc  d  Calais,  et 
Valot,  son  premier  medecin,  lui  ordonne  saignees 
sur  saignees.  Le  mal  ne  faisant  qu'empirer,  il 
mande  Gut^naut  qui  arrive  de  Paris  en  toute  hdte; 
Guenaut  propose  aux  medecins  de  la  Cour,  Valot, 
Esprit,  d'Aquin,  son  antimoine.  Mazarin  opina  dans 

I.  La  scarlatinc. 


—    lOI    

son  sens  ainsi  qu'un  petit  medecin  d'Abbeville,  nomme 
du  Saussoy,  qu'on  avait  d^jA  appeld*  antericurement  et 
qui  6tait  lui-m^me  un  chaud  partisan  de  Tantimoine. 
Leur  avis  pr^valut.  Le  roi  prit  unc  once  de  vin  imi- 
tique,  fut  purge  vingt-deux  fois,  s'en  trouva  mieux  et 
finitpargu6rir.  «  Apartir  de  ce  jour,  dit  M.  Raynaud,  la 
fortune  de  Tantimoine  6tait  faite.  » 

Guy  Patin  protesta  cependant,  dans  ses  lettres, 
contre  Temploi  du  vin  (imitique,  qui  n'a  nuUement 
gu6ri  le  roi,  selon  lui. 

«  Ce  qui  a  sauve  le  roi,  a  6te  son  innocence,  son 
dge  fort  et  robuste,  neuf  bonnes  saignees  et  les  prieres 
de  gens  de  bien  comme  nous.  »  iMais  ses  protestations 
et  celles  des  anciens  de  la  Faculty,  gardiens  des  saines 
doctrines,  n'eurent  aucun  cfFet;  le  peuple  vit  dans 
Tantimoinc  le  medicament  4  qui  il  devait  la  vie  de 
son  roi.  Gu^naut  fut  le  h^ros  du  jour  et  les  vertus  de 
son  remMe  furent  cel^br^es  par  les  pontes  les  plus  en 
renom  du  temps.  Scarron  y  alia  de  son  sonnet,  por- 
tant  aux  nues  i  la  fois  «  Tillustre  Gu^naut  »  et  Tan- 
timoine. 

...L'illustre  Gu^naut  calma  ce  grand  orage. 
II  vient;  il  volt  le  roi,  Tentreprend,  le  gu^rit. 
Tout  pleurait  h  la  cour,  maintenant  tout  y  rit. 
Quel  Dieu,  quel  Esculape  en  efit  fait  davantage  ? 

Tous  les  adversaires  de  Tantimoine  et  du  vin  (im6- 
tique  ne  furent  plus  que  des  anti-Guinaut  et  se  virent 
bientdt  en  butte  A  des  attaques  multiples  sous  les- 


1 


—    102   — 

quelles  ils  devaient  succomber.  Bien  plus,  un  bon  Cdes- 
tin,  le  p^re  Carneau,  composa  un  veritable  po^me  dpique 
d^die  d  MM.  les  Midecins  de  la  FaculU  de  Paris  (les 
adversaires  de  I'antimoine),  la  Stimmimacbie,  oti  le 
grand  combat  des  midecins  modernes  toucbant  Vusage  de 
Vantimoine,  En  vers  de  huit  pieds,  il  fait  le  proems  des 
anti-Guenaut,  exalte  les  vertus  de  Tantimoine,  relatant 
toutes  les  cures  plus  ou  moins  miraculeuses  dues  a 
Temploi  du  vin  6m6tique. 

Quelques  ann^esplus  tard,  en  1666,  la  grande  majo- 
rite  des  midecins,  ordonnant  d  leurs  malades  Tanti- 
moine,  en  d6pit  des  arrets  de  1566  et  de  161 5,  Jacques 
Thevard,  docteur  regent  de  la  Faculty,  pr^senta  au  Par- 
lement  une  requete  tendant  A  labrogation  des  deux 
arrfits.  Malgrd  Francois  Blondel  et  sur  Tavis  favorable 
du  doyen  Le  Vignon,  le  Parlement  nomma  deux  com- 
missaires,  conseillers  4  la  Cour,  avec  mission  de  faire 
assembler  la  Faculty  pour  avoir  son  avis  sur  Tanti- 
moinc.  Uassembl^e  : 

Censuit  nonaginta  duorum  doctorum  voce  ac  suffragio,  ex 
congregatis  centum  atque  duobus,  inter  purgantia  medica- 
menta  antimonium  numerari  et  penes  unumquemque  docto- 
rem  esse  id,  occasione  data,  praescribere,  ut  de  eo  scribere  ac 
disputare  publice,  ea  lege  ut  haec  communi  fiant  bono. 

Sur  quoi  le  Parlement  permit  :  d  tons  doctetirs  mide- 
cins de  la  Factdti  de  se  servir  dudit  vin  imHique  pmir  la  cure 
des  maladies,  d'en  icrire  et  d'en  dispiiter, 

Ainsi,  sur  cent  deux  midecins  composant  la  Faculty, 


—  105  — 

douze  seulement  se  prononcerent  centre  rantimoine, 
et,  parmi  ces  douze,  nous  y  retrouvons  les  adversaires 
irr^conciliables  de  la  m6decine  chimique,  Francois 
Blondel,  Guy  Patin,  Germain,  Tauteur  d'Orthodoxe,  et 
Mentel  qui,  pourtant,  avait  6t6  un  des  plus  chauds  par- 
tisans des  doctrines  han^^iennes.  Francois  Blondel  fit 
mfime  plus  ',  il  plaida  contre  les  doyens  ses  succes- 
seurs,  leur  d^niant  le  droit  de  r^habiliter  Tantimoine; 
il  epuisa  toutes  les  juridictions,  et,  condamn^  4 
Tamende,  ne  voulut  pas  la  payer;  aussi,  en  1668, 
Armand  de  Mauvillain,  doyen  en  fonctions,  fit  vendre 
ses  meubles  4  I'encan. 

L'antimoine  avait  done  gagn^  son  proems ;  il  avait 
d^sormais  une  existence  officielle,  apr^s  cent  ans  de 
luttes  opinidtres ;  cependant  la  Faculty,  qui  avait  eu  en 
quelque  sorte  la  main  forc6e,  tout  en  acceptant  et  en 
pr6nant  l'antimoine,  ne  voulut  pas  reconnaltre  la  vic- 
toire  de  la  chimiStrie,  et  on  la  vit  revendiquer  pour 
Hippocrate  la  gloire  d'avoird^couvert  les  vertus  purga- 
tives de  Tantimoine. 

Telle  fut  la  grande  querelle  de  rantimoine,  EUe  m6ri- 
tait  d'etre  esquiss^e  ici,  en  ce  qu'elle  pr^cipita  revolu- 
tion de  la  science  m6dicale  au  xvii*  siicle.  En  effet, 
tout  comme  les  circulateurs,  les  chimidtres  furent, 
avant  tout,  des  novateurs.  lis  ne  se  born^rent  pas  4 
prescrire  en  th^rapeutique  I'emploi  de   compositions 


I .  Francois  Blondel  (it,  s^nce  tenante,  opposition  au  d^cret  de  la  Faculty, 
ct  cette  opposition  est  relat^e  en  ces  termes  :  «  Solo  Franc.  Blondel  recla- 
mame,  » 


—  104  — 

min^Tales,  le  plus  souvent  toxiques  et  peu  eflicaces; 
mais  ils  cherch^rent  surtout  d  expliquer,  par  la  chimie 
et  rexp^rimentation,  les  phdnom^nes  vitaux  et  patho- 
logiques.  lis  rompirent  avec  la  w^/torf^  d  priori  qui^tait 
la  negation  dc  toute  m^decine  et  ils  prtpar^rent  ainsi 
Tav^nement  de  la  mitbode  exphimentale,  qui  sera,  entre 
les  mains  des  m^decins  du  xviii®  et  du  xix®  si^cle,  un 
si  men^eilleux  instrument. 

Toute  reaction  trop  brusque  a  toujours  d^passe  le 
but.  Cest  ce  qui  arriva  apr^s  la  victoire  de  Tantimoine. 
On  ordonna  A  tort  et  i  travers  les  agents  min^raux,  et 
surtout  ce  malheureux  (im(Jtique,  qui  tua  plus  de 
monde  que  n  en  avait  jamais  tu6  la  saign^e.  Des  pauca 
sed  probata  remedia  dont  nous  parle  GuyPatin,  on  passa 
d   Tabus   de   toutes    les    preparations    antimoniales, 

hydrarg^'riques et  le  souci  de  Thygi^ne  de  la  diite- 

tique,  souci  que  possedait  d  un  si  haut  point  le  mdde- 
cin  Galeniste,  devint  lettre  morte;  le  prototype  de  ce 
whiecm  chimiste  fut  d'Aquin,  qui  succ6da  d  Valot 
comme  premier  medecin  de  Louis  XIV;  il  ordonna  d 
tout  propos  des  preparations  alexipharmaques  au  roi, 
delaissant  la  saignce  que  prisait  si  fort  son  preddccs- 
seur. 

Mais  lorsque  Fagon  rcmpla^a  d'Aquin  aupr^s  dc 
Louis  XIV,  ces  abus  de  la  medication  chimique  furent 
bientdt  reprimes.  Fagon,  on  peut  le  dire,  fut  le  seul 
mcdccin  experimental  de  son  cpoque  ' ;  ce  fut  un  veri- 

I.  En  France,  bien  naturellement,  car  le  grand  promoteur  de  Texp^ri- 
mentation  en  m^decine ,  Syndenham ,  avait  d^j4  revolutionn^  la  m^iccine 
en  Angleterre. 


^" 


—  105  — 

table  savant,  cherchant  le  pourquoi  des  choses,  choi- 
sissant  dans  rhumorisme  gal^nique  et  la  chimidtrie 
ce  qu'il  y  avait  de  meilleur.  II  contribua  d  restreindrc 
en  m^decine  Temploi  des  medicaments  min^raux,  il 
pr6na  Tusage  des  simples,  tout  en  tenant  peu  comptc 
de  leur  temperament,  ainsi  que  le  faisaient  les  humo- 
ristes  :  la  plante  ne  fut  plus  chaude,  froide,  s^che  ou 
humide;  elle  fut,  suivant  son  action,  emoUiente,  astrin- 
gente,  carminative,  vuln^raire... 

Fagon  eut  cependant  un  grand  tort;  s'il  restreignit 
aussi  bien  Tusage  de  la  saign^e  que  celui  de  la  medi- 
cation chimique,  il  pr^tendit  introduire  en  therapeu- 
thique,  d  la  presque  exclusion  de  toute  autre  medica- 
tion, les  purgatifs  et  les  lavements;  mais  nous  devons 
lui  pardonner  cet  exclusivisme  dont  Moliere  a  fait  le 
proces,  et  nous  devons  lui  savoir  gre  d'avoir  rompu  avec 
les  traditions  surannees.  Grdce  d  lui,  la  FacuUe  de 
medecine  de  Paris  comprit  enfin  que  son  r<5le  n'etait 
pas  de  resister  au  courant  des  idees  nouvclles,  mais, 
bien  au  contraire,  de  le  faciliter  et  de  le  canaliser  d  son 
profit. 

Nous  en  avons  fini  avec  revolution  des  destinees 
medicales  sous  Louis  XIV.  Cependant  nous  ne  pou- 
vons  passer  sous  silence  la  plus  belle  conquete  qu'ait 
faite  la  therapeutique  de  cette  epoque,  le  quinquina. 

Le  quinquina  avait  ete  decouvert  en  1638  en  Ame- 
rique.  Un  jesuite,  voyageant  au  Perou,  atteint  d'un 
violent  acces  de  fievre,  eut  Tidee  d'employer  Tecorce 


—  io6  — 

d'un  arbre  indigene  dont  se  servaient  les  naturels  du 
pays :  le  remade  fit  merveille  et  les  j6suites  introdui- 
sirent  bientdt  en  France  le  pr6cieux  medicament  qui, 
connu  tout  d'abord  sous  le  nom  de  Poudre  des  Jisuites, 
ou  de  Poudre  des  Peres,  s'appela  ensuite  Cincbina,  dont 
nousavons  fait  quinquina. 

D6s  1658,  Dieuxyvoie  soutint  4  Paris  une  th^se, 
sous  ce  titre :  Anfebri  qtiarlanse  peruvianus  cortex  ?  II  con- 
clut  affirmativement.  Malgr6  cela,  le  quinquina  resta 
longtemps  peu  employ^,  ct  Guy  Patin,  dans  ses  lettres, 
n'cn  parle  que  fort  irr^vcirencieusement.  Mais,  en  1679, 
arriva  4  Paris  un  cmpirique  anglais,  le  chevalier  Talbot; 
il  poss6dait  un  remWe  secret  qui  faisait  merveille  contre 
ces  fi(ivres  intermittentes.  Tout  Paris  en  parla  et  le 
midecin  anglais  devint  en  quelque  temps  une  veritable 
ccil^britd.  Nous  retrouverons  plus  tard  son  nom  dans 
le  PortefeuiUe  Valiant,  nous  en  esquisserons  Thistoire; 
contentons-nous  de  dire  ici  que  Louis  XIV,  ayant  itli 
gudri  d'une  fi^vre  intermittente  rebelle  par  le  remede 
anglais,  acheta  le  secret  du  chevalier  Talbot  et  en  fit 
publier  la  composition  en  1682;  ce  remade  n'^tait 
autre  qu'une  teinture  de  quinquina.  D^s  lors,  la  vogue 
du  quinquina  fut  6tablie ;  la  th^rapeutique  s'^tait  enri- 
chie  d'un  medicament  qui^4  Theure  actuelle,  est  encore 
un  des  meilleurs  connus. 

Un  autre  medicament,  Vipicacuanha,  fut  aussi  d^cou- 
vcrt  4  cette  epoque.  En  1686,  un  marchand  fran?ais, 
nomme  Grenier,  rapporta  du  Br^sil  cent  cinquantc 
livrcs  d'ufic  racinc  d'un  arbre  nommc  ipecacuanha.  Ne 


—  107  — 

sachant  comment  en  tirer  parti,  il  la  confia  au  c^l^bre 
Helv^tius,  qui  venait  d'arriver  4  Paris.  Helv^tius,  qui 
sera  plus  tard  une  des  gloires  de  Tart  medical  au 
xviii^  si^cle,  et  qui  6tait  connu  sous  le  nom  de  midecin 
boUandois,  obtint,  grdce  4  Temploi  de  cette  racine  dans 
la  dysenteric  et  autresfttix  de  sang,  des  succ^s  nombrcux; 
il  guerit  mfime  le  Grand  Dauphin  d'une  dysenterie 
rebelle.  Louis  XIV  Tautorisad  experimenter  son  remade 
a  rH6tel-Dieu,  le  gratifia  de  mille  louis  de  recompense 
et  lui  octroya  le  droit  exclusif  de  la  vente  de  son 
remade. 

Grenier,  voulant  une  part  des  profits,  intenta  vaine- 
ment  d  Helvitius  un  proems.  De  d^pit,  il  divulgua  le 
Secret  boUandois  et  rip6cacuanha  fut  acquis  4  la  th^ra- 
peutique. 


1 


ft- 


III 


LES  MALADIES  INTERNES  ET  LEUR  TRAITEMENT 


Les  fievres;  ii^vrcs  simples;  licvres  putrides,  continues  et  intermitieutes  ;  ficvres 
compliquecs;  tievres  malignes ;  petite  verole,  v^rolette,  rougeole,  peste.  —  Les 
maladies  de  la  teie  ;  intemp^rie  ftoidc  et  humide,  catarrhe  du  cerveau;  migraine ; 
raal  caduc ;  paralysie ;  manie  et  amences ;  mdlancolie ;  manie  et  suffocation 
uterines ;  phren^sie.  —  Les  maladies  des  jointures ;  goutte ;  sciatique ;  rhuma- 
tisnie. —  Les  maladies  du  col;  la  squinance.  —  Les  maladies  de  la  poitrine; 
inflammation  et  tubercules  du  poumon ;  poumons  attaches  aux  c6t^s ;  phtisie ; 
poulmonie;  pleuresie ;  empy^me;  asthme;  toux  ;  crachement  de  sang.  —  Les 
maladies  du  coeur;  palpitation  de  cceur;  pericardite ;  syncope  ;  imbecillite  des 
forces.  —  Les  maladies  de  Testomac;  crudites  acide  et  nidoreuse;  mal  de  coeur; 
douleur,  enflure,  inflammation  et  ulcere  de  I'estomac ;  naus6es  et  vomissemeiits ; 
les  vomissements  de  sang  ;  colere  humide  et  col  ere  s^cbe.  —  Les  fnaladies  de 
Vintestin;  colique;  miserere;  vers;  lienterie  et  flux  coeliaque  ;  diarrh^;  dysen- 
teric; flux  b^patique;  obstruction,  inflammation,  squirrhc  du  m^sentire.  — Les 
maladies  dufoie;  chaleur,  inflammation,  abc^s,  ulcere;  obstruction;  jaunisse ; 
squirrhe;  hydropisie,  anasarque,  ascites  ettympanite.  —  Les  maladies  de  la  rate  ; 
inflammation,  obstruction,  enflure,  squirrhe  et  douleur  de  rate ;  scorbut.  —  Les 
maladies  des  reins  et  de  la  vessic;  inflammation,  ulcere  des  reins;  gravelle  et 
colique  graveleuse ;  inflammation,  ulcere  de  la  vessie ;  ardeur  d'urine ;  calculs ; 
suppression  d*urine;  strangurie  ;  urine  sanglante  ;  incontinence  d'urine  ;  diabite. 
—  Les  maladies  v^neriennes  ;  la  grosse  v^role  ;  la  matiere  v^ni^rienne;  etapes  et 
degres  de  la  verole  ;  son  pronostic  et  son  traitenient. 


Axs  le  Portefeuillc  medical  dc  Valiant, 
dont  nous  donnerons  plus  loin  les 
pages  les  plus  int^ressantes,  le  lecteur 
trouvera  de  nombreux  rcmedes  pour 
toutes  les  maladies,  pleuresie,  pneumo- 
nic, mal  caduc,  phtisie,  etc.,  etc.  Mais  i  part  un  pas- 
sage ou  Valiant  s'occupe  de  la  pathogenie,  de  la  pleu- 
resie, et  un  essai  de  diagnostic  assez  complet  de  la 
peste,  nulle  csquisse  des  causes,  signes,  diagnostic  et 
pronostic  des  maladies. 


—  no  — 

Cest  cette  esquisse  que  nous  allons  essayer  de  faire 
ici  ' ;  nous  n'avons  nullement  la  pretention  de  la 
faire  complete,  le  cadre  restreint  de  ce  travail  nous 
Tinterdit;  mais  nous  ^tudierons  plus  particulieremcnt 
certains  points  de  la  pathologie  g^n^raledu  xvii^si^cle, 
tels  que  les  fievres,  la  peste,  la  pneumonie,  la  pleu- 
rdsie...  Cest  par  les  fievres  que  nous  allons  commen- 
cer. 

La  Jihre  etait  une  intern perie  chaude  de  tout 
le  corps,  s'allumant  dans  le  coeur  et  se  r(Spandant 
ensuite  dans  toutes  les  parties  du  corps  humain,  v^hi- 
cul^e  par  le  sang. 

Elle  reconnaissait  comme  causes  «  le  mouvement, 
Tattouchement  et  le  voisinage  des  corps  chauds ;  Tusage 
de  medicaments  et  d'aliments  dit  dchauffants ;  la  pour- 
riture,  finalement  I'occlusion  des  pores  de  la  peau 
empechant  la  transpiration  *  ».  Cependant  Cureau  de 

1.  Nombreux  sont  les  trait^s  de  pathologie  g^n^rale  de  T^poque;  nous 
avons  lu  les  plus  int^ressants  qui  sont  par  ordre  chronologique  : 

lo  L* Empiric  charitable  enseignant  comme  Ton  peut  connoistre  les 
maladies  les  plus  communes  qui  affligent  le  corps  humain  et  la  mani^re  de 
les  guerir,  par  le  sieur  de  la  Martinicre ,  m^decin  chimique  et  op^rateur  du 
Roi.  (Paris,  1667.) 

20  Le  MMecin  Francis  Cljarilable  qui  donne  les  signes  et  la  curatioo 
des  maladies  internes,  avec  un  trait^  de  la  peste,  par  Constant  de  Rebecque 
D.  M.(Lyon,  1683.) 

30  La  Pratique  gitiirale  de  Mddecine  de  tout  le  corps  humain,  de  Michel 
Ettmuller,  cd^bre  m^decin  allemand.  (Lyon,  1693.) 

40  La  Pratique  de  Mideciue,  de  Thtodore  Turquet,  de  Mayeme,  con- 
seiller  et  premier  m^decin  du  Roy  Charles  II,  avec  le  regime  des  femmes 
grosses  et  un  trait^  de  la  gouite.  (Lyon,  1693.) 

50  La  nouvelle  Pratiqtu  des  Maladies  aigues  et  de  toutes  celles  qui  dipendent 
de  la  fermentation  des  liqueurs ,  par  Daniel  Tauvry,  docteur  regent  de  la 
Faculty  de  Paris,  1698  (d^di^  ^  Guy  Crescens  Fagon,  premier  m6decin  de 
Sa  Majest^). 

2.  Constant  de  Rebecque. 


la  Chambre  ne  voulait  voir  dans  la  fievre  qu*un  effort 
de  la  nature,  ramassant  la  chaleur  et  les  esprits  dans  Ic 
coeur,  les  envoyant  ensuite  aux  parties  malades,  pour 
cuire,  consommer  et  evacuer  les  humeurs  corrom- 
pues.  L'^vacuation  de  ces  humeurs  nocives  '  cons- 
tituait  la  Crise  qui  pouvait  etre  salutaire,  ou  malignc. 

Le  symptomatologie  permettait  de  diviser  les  fievres 
en  fievres  simples,  putrides  et  malignes. 

Les  fievres  simples  se  subdivisaient  en  fievre  ephemere, 
fievre  synoque,  fievre  hectique. 

Lafiivre  ipbdmere  ne  durait  qu'un  jour  si  Ic  traitc- 
ment  etait  bient6t  institue;elle  etait  duedun  embrasc- 
ment  momentan^  des  esprits  vitaux,  caus6  chez  un 
temperament  chaud  et  sec  par  un  acc^s  de  colere,  la 
veille,  I'exercice  physique  immod6r6...  Pas  de  frisson 
au  debut,  pouls  plus  fort,  plus  rapide,  I6gere  hyper- 
thermic, urines  d  peu  pres  normales,  crise  terminale  d 
peine  esquiss6e.  Le  traitement  etait  simple  et  compor- 
tait  des  aliments  rafratchissants  humectants,  orges 
mond6s,  bouillons  rafralchissants... 

La  fihre  sytioque  simple  etait  une  fievre  sans  pourri- 
ture,  d'une  durie  de  trois  ou  quatre  jours,  causae  par 
Talteration  des  esprits   ou  des  humeurs.   Les   signes 


I.  Cette  evacuation  des  humeurs  corrompues  n'avait  lieu  qu'apr^s  la 
coction  parfaite  des  humeurs.  Le  medecin  s'apercevait  de  cette  coction 
d*apr^  Texamen  des  urines  :  les  urines  abondantes  et  claires  ou  troubles  et 
confuses  ^taient  un  signe  de  la  erudite  des  humeurs  corrompues ;  se  trou- 
blaient-elles  par  le  froid,  rcdevenaient-elles  claires  par  le  feu,  c'^tait  un 
signe  annon^ant  que  la  nature  commen^it  la  coction ;  les  urines  claires,  de 
faibie  density,  jaunes  d*or,  avec  sediment  gagnant  le  fond  du  recipient, 
^taient  le  signe  d*une  parfaite  coction. 


—    112    — 

elaicnt  ceux  de  la  fievrc  cphemcre,  mais  plus  accen- 
tues,  hyperthermie  plus  forte,  pcau  moite,  urine  cruc, 
c'est-a-dire  t^paisse  et  rougeatrc,  pouls  rapide,  frequent 
mais  toujours  plein  et  egal,  visage  vultueux,  pesanteur 
de  la  tete,  respiration  difficile.  Bien  trait^e,  elle  se  ter- 
minait  par  une  crise  plus  accentu(ie  et  plus  longue; 
mais  negligee,  elle  pouvait  se  changer  ou  en  synoque 
putride,  ou   en   phr^n^sie  \   squinancie  %  pleur^sie... 

Vindication  th^rapeutique  etait  de  diminuer  la  trop 
grande  quantity  de  sang  (saignees  copieuses),  rafrai- 
chir  (lavements  Emollients,  bouillons  et  medicaments 
rafralchissants),  et  ouvrir  les  pores  de  la  peaii  (frictions 
alcooliques). 

Lafihre  heciique  se  distinguait  de  la  pr6c6dente  en 
cc  qu  elle  comportait,  en  plus  de  Taltciration  des  esprits 
et  des  humeurs,  I'alteration  de  la  substance  meme  du 
corps.  Elle  6tait  caustie  soit  par  une  synoque  prolon- 
gee  chez  un  tempcirament  chaud  et  sec,  soit  par  une 
inflammation,  ulcere  et  pourriture  de  quelque  vis- 
cere.  Commc  symptomatologie,  lievre  continuelle,  avec 
exacerbation  une  ou  deux  heures  apres  les  repas ;  pouls 
petit,  vite,  frequent,  amaigrissement  squelettique ;  abat- 
tement  general  '.  La  grande  indication  th^rapeutique 
etait  de  rendre  d  Torganisme  toute  Teau  qu'il  avait 
perdu  (aliments  humectants,  bains  prolong^s...). 

A    c6t6   des   fi^vres  simples   prenaient    place    les 


1 .  Cest  la  m6ningite  tuberculeuse. 

2.  Angine  phlegmoneusc. 

5 .  CV'si  notre  Jicvre  hectique  actuellc. 


—  113  — 

jiivres  putrides  dues  d  des  vapeurs  chaudcs  qui,  s'6le- 
vant  des  humeurs  ou  des  organes  corrompus,  6chauf- 
faient  d'abord  le  coeur,  puis  tout  le  corps.  EUes  ^taient 
annoncdes  par  des  prodromes,  ciphal^es,  insomnies, 
courbature,  douleurs  dans  ies  hypocondres,  mauvais 
etat  gastrique.  Elles  d6butaient  brusquement  par  un 
frisson  quelquefois  intense  et  prfeentaient  des  redou- 
blements;  la  temperature  6tait  ^lev^e,  le  pouls  tres 
frequent  et  in^gal ;  Ies  urines  rares  et  troubles.  Elles  se 
divisaient  ^n  jiivres  putrides  simples  tljievres  putrides  com- 
pliqu4es,  Les  jiivres  putrides  simples  comprenaient  Ies 
jiivres  cotitinues  et  les  jievres  intermittentes ;  les  premieres 
comportaient  des  formes  communes  et  des  formes  rares. 

Les  formes  communes  6taient  la  synoque  putride, 
la  fiSvre  quotidienne  continue,  la  fi^vre  tierce  continue 
et  la  fi^vre  quarte  continue. 

La  synoque  putride  6tait  une  fi^vre  continue  causae 
par  la  pourriture  du  sang  dans  les  gros  vaisseaux.  Le  pro- 
nostic  dtait  bon  si  Thyperthermie  allait  en  diminuant; 
r6l6vation  thermique  progressive  aggravait  le  pronostic 
et  ndcessitait  des  saign6es  multiples  qui,  si  «  elles  n'em- 
portaient  point  le  mal,  emportaient  au  moins  le  malade  » . 
Les  purgatifs  n'entraient  en  jeu  que  vers  la  fin  de  la 
maladie,  au  moment  de  la  d^bdcle  urinaire,  signe  de 
coction  et  d'^limination  des  humeurs  pourries. 

LsLJiivre  quotidietine  continue  6tait  une  fi^vre  continue 
avec  exacerbation  vesp6rale  '.Elle  reconnaissait  comme 

I .  En  somme,  notre  fi^vre  typhoide  normale. 

Li  Maguet.  —  Le  numde  midical.  8 


—  114  — 

cause  la  pourriture  d'un  sang  pituiteux  dans  les  gros  vais- 
seaux ;  le  pouls  6tait  rare,  tardif  et  de  faible  tension ; 
les  urines,  rouges  et  6paisses,  le  visage  moins  vultueux 
que  dans  les  autres  fi^vres  continues,  peu  de  sueurs, 
mauvais  6tat  g6n6ral.  Sa  dur6e  oscillait  entre  quarante 
et  soixante  jours ;  la  crise  terminale  6tait  tr6s  longue, 
et  comportait  un  flux  de  ventre  de  pronostic  heureux. 
La  di^te  6tait  tr^s  utile  dans  cette  forme  de  fi^vre 
putride,  on  ne  permettait  gu^re  que  des  bouillons  de 
poulet.  Les  saign6es  dtaient  ordonn^es  plus  rarement, 
et  les  purgatifs  n'entraient  en  jeu  qu'au  d^clin  de  la  crise 
terminale.  II  est  vrai  que  le  m^decin  se  rattrapait  en 
multipliant  les  clyst^res  Emollients,  faisant,  sans  s'en 
douter,  de  Tantisepsie  intestinale,  au  grand  profit  du 
patient. 

Lafiivre  continue  tierce  Etait  une  fiiivre  continue  prE- 
sentant  une  exacerbation  de  deux  jours  Tun  ".  EUe  etait 
causae  par  un  sang  bilietix  se  pourrissant  dans  les  gros  vais- 
seaux.  Comme  signes  :  hypcrthermie  considerable, 
pouls  tris  frequent,  tr6s  rapide,  urines  rares,  vomissc- 
ments,  diarrh^e  bilieuse,  subict^re,  insomnies,  dilire, 
tres  mauvais  6tat  g^niral.  D'un  pronostic  mauvais,  elle 
comportait  les  memes  indications  th^rapeutiques  que 
pour  la  quotidienne  continue. 

La  fiivre  continue  quarte  Etait  une  fiEvre  continue 
prdsentant  une  exacerbation  thermique  de  trois  jours 
Tun;  elle  6tait  causae  par  un  sang  milancolique pourris- 
sant dans  les  gros  vaisseaux.  L'indication  thdrapeutique 

1.  Probablement  toujours  fiivre  typhoTde. 


—  115  — 

principale  6tait  remploi  de  tousles diur6tiques  et  sudo- 
rifiques  de  la  pharmacop^e,  et  Dieu  sait  s'ils  6taient 
nombreux. 

Les  formes  rares  des  fi^vres  putrides  continues 
essentielles  6taient  au  nombre  de  six.  C^taient,  en 
somme,  des  quotidiennes  continues  avec  predominance 
d'un  sympt6me.  On  distinguait  : 

i^Lsi  fievre  ardente  ou  caustis,  qui  n'^tait  en  somme 
que  la  forme  hyperthermique  de  la  fievre  typhoi'de ; 

2^  hsi fievre  colliquative,  avec  diarrh^e  profuse,  jaune 
roussatre,  et  ffetide ; 

3^  L3L  fievre  assodes,  avec  naus^es  et  vomissements ; 

4°  Lafiivre  elodes,  caract6ris6e  par  les  sueurs  profuses, 
la  faiblesse  du  pouls,  petit,  dur,  faible  et  resserri,  et  le 
mauvais  6tat  g6n6ral ; 

y  L3L  fievre  ipiale  dans  laquelle  I'exacerbation  vespd- 
rale  s'accompagnait  d'un  frisson  intense  suivi  d'un 
stade  de  chaleur  tr^s  prolong^ ; 

6*^  La  fiivre  syncopale  qui  comprenait  deux  formes  : 
la  forme  memue,  avec  syncopes  fr^quentes,  et  la  forme 
butnoreuse,  tr^s  grave,  presque  toujours  mortelle.  Cette 
derni^re  qui  amenait  la  mort  subite  par  arrfit  du  coeur 
rappelle  tout  d  fait  la  forme  cardiaque  de  la  fievre  ty- 
phoide,  avec  la  mort  par  myocardite  survenant  au 
d^lin  de  la  maladie.  C6tait  dans  cette  forme  qu'on 
recommandait  comme  souverain  remade,  T^gorgement 
d'un  pigeonneau  sur  la  region  precordial,  traitement 
qui  est  encore  de  nos  jours  fort  en  honneur,  en  cas 
de  syncope,  dans  la  Basse-Bretagne. 


1 


—  ii6  — 

A  c6t6  de  ccs  fiivres .  continues  essentielles,  se 
rangeaient  les  fi^vres  continues symptomatiques  accom- 
pagnant  ou  suivant  une  autre  maladie. 

EUes  6taient  au  nombre  de  six  : 

i^  Les  fievres  symptomatiques  d'une  inflammation  ; 

2^  L^ifiivre  lypirias,  consecutive  4  une  inflammation 
6rysip6lateuse  de  Testomac  et  de  I'intestin  ; 

}°  hts  fiivres  lentes  causees  par  des  «  humeurs  crou- 
pissantes  »  avec  hyperthermie  trds  l^g^re,  mais  affai- 
blissement  rapide  de  T^tat  g6n6ral ; 

4°  Les  fiivres  dues  d  la  corruption  d'un  organe  ou 
d'une  humeur  (kit  corrompu  ou  sang  extravas6)  ; 

5°  La  fiivre  des  cacbectiques ; 

6^  La  fiivre  des  pdles  couleurs ; 

Nous  arrivons  4  present  d  la  seconde  grande  divi- 
sion des  fiivres  putrides  simples,  c'cst-d-dire  au\  fiivres 
intermittentes.  On  en  distinguait  trois  :  la  quotidienne, 
la  tierce,  la  quarte.  Toutes  trois  6taicnt  causees  par  des 
vapeurs  s'^levant  des  a  humeurs  qui  croupissent  et  se 
pourrissent  dans  les  veines  m^saraiques  »,  vapeurs  qui 
elevaient  la  temperature  du  muscle  cardiaque,  y  allu- 
mant  la  fiivre  qui  se  r^pandait  ensuite  dans  tout 
I'organisme. 

Le  stadc  de  frisson  et  de  tremblement  s'expliquait 
par  la  faculty  naturelle  '  qui,  entrant  en  action,  secouait 
les  fibres  de  la  peau  et  les  fibres  des  muscles,  d'ou  fris- 


I.  Une  des  trois  manifestations  dc  T^me;  ellc  ^tait  subordonnee  aux 
esprits  naturels  el  comme  eux  rdsidait  dans  le  foie.  Voir  le  chapitre  sur  les 
doctrines  ni6dicales,  et  Cureau  dc  la  Chambre,  le  livre  des  passions. 


I 

J 


-^  117  — 

son  et  tremblement.  S'il  y  avait  convulsion,  elle  etait 
due  4  cette  meme  faculty  naturelle  qui  tiraillait  les 
nerfs. 

Le  stade  de  froid  etait  du  d  la  soudaine  concentra- 
tion au  coeur  des  esprits  et  du  sang.  Ces  esprits  et  ce 
sang,  relances  4  la  peripheric,  consumaient  etdigeraient 
leshuraeursmauvaises  et  pourries  qui  ^taient  ^vacu^cs 
paries  sueurs;  ainsi  sc  trouvaient  expliqu^s  les  trois 
stades  de  frisson,  de  chaleur  et  de  sueurs. 

La  fievre  quoiidienne  reconnaissait  com  me  cause 
determinante  une  Jmmeur  piluilmse  pourrissant  dans  les 
veines  m^saraifques,  humcur  qui  naissait  chez  les 
temperaments  froids  et  humides,  apres  trop  grande 
absorption  d'aliments  froids  et  humides...  Comme 
signes  pas  de  tremblement  au  debut ;  I6gers  frissons, 
auxquels  succd^de  un  stade  de  chaleur  peu  accentu^e.  Elle 
durait  quarante  jours  environ.  Son  pronostic  etait  assez 
r6ser\'6  et  d^pendait  surtout  de  la  rapide  apparition  des 
signes  de  coction  dans  les  urines.  Comme  traitement, 
pas  de  saign^es,  mais  des  clyst^res  emollients  et  car- 
minatifs,  des  decoctions  «  aperitives  et  preparatives  », 
suivies  de  I'administration  de  purgatifs  tels  que  Taga- 
ric  ou  le  turbith  vegetal. 

La  fievre  tierce  survenant  de  deux  jours  Tun,  etait 
causee  par  une  bile  excrimenteuse  croupissant  et  pourris- 
sant dans  les  veines  mesaraiques,  au  point  ou  elles  se 
reunissaient.  Cette  humeur  bilieuse  se  formait  chez  les 
temperaments  chauds,  sees  et  bilieux,  en  usant  d'ali- 
ments chauds,  viandes,  epices,  ails,  vin  pur...  Comme 


1 


—  ii8  — 

signes,  grand  tremblement,  stade  de  chaleur  tr^s 
accentu^e,  sueurs  profuses  et  diarrh^e  terminant  Faeces 
qui  ne  devait  pas  durer  plus  de  douze  heures;  sinon 
il  y  avait,  en  plus,  production  d'humeurs  pituiteuses  et 
cette  tierce  prenait  le  nom  de  tierce  bdtarde. 

La  tierce  simple  etait  d'un  bon  pronostic  et  durait  de 
dix  d  vingt  jours.  Le  pronostic  de  la  batarde  6tait 
moins  bon,  et  sa  dur^e  oscillait  entre  vingt  et  quarante 
jours.  La  grande  indication  th6rapeutique  est  de  pur- 
ger  la  bile,  d'ou  lavements  laxatifs,  potions  chola- 
gogues  '  A  base  de  rhubarbe,  tamarins,  chicor^e,  sirop 
rosat,  saign^es  copieuses  et  r6p6t6es.  Le  traitement 
prophylactique  consistait  en  un  regime  rafralchissant 
et  humectant. 

Ijifievre  quarte  6tait  causae  par  une  bumeur  nUlanco- 
lique,  c'est-i-dire  une  humeurfroide,  s^che,  s'engendrant 
de  la  partiela  plus  terrestre  deFaliment;  orles  aliments 
contenant  le  plus  de  sue  mdancolique  ^taient  la  chair 
de  boeuf,  le  fromage  fermente,  les  choux,  le  vin  rouge. 
Mais,  outre  I'usage  immod6r6  de  ces  aliments,  il  fallait 
un  temperament  froid,  sec  et  mdancolique. 

Qjaelquefois  Thumeur  m^lancolique  se  m^langeait 
avec  une  humeur  bilieuse;  Tacc^s  durait  de  sept  a 
douze  heures  et  la  quarte  ^tait  alors  quarte  bdtarde, 

Batard  ou  non,  Facets  de  la  quarte  revenait  de  trois 
jours  en  trois  jours,  et  comprenait  toujours  les  trois 
stades  de  duree  et  d'intensit^  6gales;  on  la  consid6rait 

I.  Utt^ralement  purgeant  la  bile. 


J 


—  119    "" 

comme  sans  danger  mais  comme  absolument  rebelle 
a  tout  traitement.  Malgr6  cette  b6nignit6,  on  redoutait 
fort  la  quarte  qui  6tait  excessivement  fr^quente  * ;  aussi 
ne  doit-on  pas  s'^tonner  outre  mesure  de  I'engouement 
universel  pour  le  chevalier  Talbot  et  son  remMe  mira- 
culeux.  Lorsque  le  quinquina  fut  d'un  usage  courant, 
la  crainte  de  la  quarte  devint  moins  vive,  car  on  avait 
enfin  un  remWe  souverain  *.  Outre  le  quinquina,  on 
instituait  une  di^te  s^v^re,  humectante  et  mod^r^ment 
echauffante,  des  clystires  emollients,  des  saign^es,  des 
purgations  et,  parmi  ces  dernieres,  le  fameux  vin  6m(i- 
tique  qui  triompha  de  la  pourpre  de  Louis  XIV. 

Toutes  ces  fievres  que  nous  avons  citees,  simples 
ou  putrides,  continues  ou  intermittentes,  6taient  toutes 
simples;  elles  peuvent  s'associer,  formant  une  nouvelle 
classe  :  les fievr es  cotnpliquies.  Cette  «  complication  »  estde 
deux  sortes  :  ou  bien  une  fi^vre  putride  se  complique 
d'une  fi^vre  simple;  ou  une  fievre  putride  se  com- 
plique d'une  autre  fievre  putride.  Dans  ce  dernier  cas 
on  pent  trouver  la  combinaison  d'une  continue  avec 
une  continue,  d'une  intermittente  avec  une  intermit- 
tente,  d'une  intermittente  avec  une  continue. 

La  complication  la  plus  fr^quente  est  celle  des 
fievres  intermittentes  avec  d'autres  intermittentes;  on 


1.  Aussi  la  vieille  imprecation  romainc, «  Quartana  te  teneat  »,  ^tait-elle 
toujours  reside  en  honneur.  Que  la  quarte  te  tienne  I  —  Le  quinquina,  en 
m^e  temps  quMl  faisait  disparaitre  la  fievre,  fit  disparattre  Timpr^cation. 

2.  Ce  n'est  que  vers  la  fin  du  xviii«  si^cle  qu'on  comment  ^  assainir 
les  regions  mar^cageuses  par  I'^puisement  et  la  mise  en  culture  des  mar^- 
cages. 


^ 


—    120   — 

a  une  quotidienne  double  qui  pr^sente  deux  acc^s  dans 
les  vingt-quatre  heures;  une  tierce  double  qui  a  ses  accis 
tous  les  jours  comme  la  quotidienne  mais  qui  se  dis- 
tingue par  les  «  signes  de  bile  »  (tremblement  violent, 
hyperthermie  considerable,  sueurs  profuses,  diarrh^e). 
La  triple  tierce  a  trois  acc^s  dans  deux  jours;  la  quarte 
double  a  un  jour  de  libre  et  deux  jours  d'acc^s,  la  triple 
qmirte  a  ses  acc6s  tous  les  jours  et  se  distingue  de  la 
quotidienne  par  les  «  signes  de  mdancolie  »  (d6but 
par  les  bdillements,  sensation  de  courbature  gdndrale, 
urines  d'abord  blanches,  abondantes,  puis  rouges  et 
6paisses). 

En  resume,  les  fi^vres  putrides  reconnaissaient 
comme  cause  une  humeur  pourrie  et  corrompue, 
humeur  nettement  d^terminee,  dont  la  formation, 
le  mode  d'action  ^taient  bien  connus.  A  cdt6  d'elles 
prenait  place  une  troisi^me  classe  de  fi^vres,  procddant 
d'une  «  cause  occulte  venimeuse  »,  ennemie  du  coeur 
et  contraire  i  la  vie ;  elles  6taient  contagieuses  et 
comprenaient  les  fi^vres  malignes,  la  peste,  la  petite 
v^role  et  la  rougeole. 

a  Lqs  fiivres  malignes  ou  pestilentes,  dit  La  Martiniere, 
sont  ordinairement  dans  leur  commencement  sem- 
blablcs  aux  autres  fiivres,  si  ce  n  est  que  quelquefois 
qu'ils  viennent  lentes  dans  leur  commencement,  aug- 
mentant  de  petit  4  petit  jusques  i  ce  que  la  rigueur  de 
la  fi^vre  et  la  malignity  des  esprits  suffoquent  le  malade. 
Premi^rement  le  malade  est  fort  assoupi  ayantlepouls 
deregliJ,  les  yeux  sortant  hors  de  la  teste,  avec  un  re- 


—    121    — 

gard  6tincelant  et  une  senteur  fade.  »  Mais  les  grands 
signes  ^taient  sous  les  taches  pourpr6es,  les  bubons  et  les 
charbons.  Parfois  4  la  prostration  du  malade  succ6dait 
du  d61ire,  des  convulsions,  annonfant  la  terminaison 
fatale.  Le  traitement  consistait  en  saign^es  du  bras,  des 
pieds,  et  mfime  des  veines  h^morroldales ;  on  appli- 
quait  des  ventouses  scarifi^es  ou  des  v^sicatoires  un 
peu  partout,  aux  cuisses,  aux  fesses,  sur  le  dos,  sur  les 
ipaules.  En  plus  de  cette  medication  externe,  on  ordon- 
nait  toutes  les  preparations  alexipharmaques  qui  les 
unes  pr6paraient  la  coction  des  humeurs  corrompues,les 
autres  fortifiaient  le  coeur  et  lui  permettaient  de 
r^sister  au  poison,  cause  de  tout  le  mal.  On  employait 
d'abord  une  medication  froide  pour  abattre  la  fievre,  et 
ensuite  tous  les  a  anti-venins  »  connus,  la  th^riaque, 
Torvietan,  le  mithridat,  les  trochisques  de  viperes,  les 
Bezoards,  les  poudres  de  perles,  de  coraux,  de  pierres 
precieuses,  d'ambre  gris,  d'angeiique,  d'imperatoire, 
de  contrayerva. 

La  petite  v^role  et  la  rougeole  etaient  assez  souvent 
confondues;  on  tendait  n^anmoins  depuis  une  cin- 
quantaine  d'ann^es  4  distinguer  la  vdrole  i  pustules 
plus  grosses,  rouges,  enflammees  et  suppurant  le  plus 
souvent;  la  virolette\  notre  varioloidc  actuelle,  avec 
pustules  blanchdtres  se  dess^chant  rapidement;  et 
enfin  la  rougeole  4  Texantheme  caract^ristique  \  Toutes 
trois  reconnaissaient  comme  cause  : 

I .  On  connaissait  la  scarlatine  que  Ton  appelait  paurpre  ou  JUvre  pour- 
pr^e,  mais  on  n'en  faisait  qu*une  forme  de  la  rougeole.  La  cd^bre  maladie 
de  Calais  (1658)  qui  d^cida  de  la  victoire  du  vin  ^m^tique  dtait  une  pourprc. 


—    122   — 

Une  impureti  du  sang  maternel  duquel  Tenfant  ayant  est6 
nourri  sur  les  derniers  mois,  le  plus  pur  sang  ne  sufEsant  plus 
pour  sa  nourriture,  cette  impuretd  se  communique  k  toutes 
les  parties  de  l*enfent,  et  infecte  ensuite  la  masse  du  sang  : 
cette  impuretddemeure  ainsi  cachte  quelque  temps,  et  sou  vent 
plusieurs  annies,  jusques  i  ce  que  quelqu'une  des  causes  ex- 
ternes  survenantqui  Texcite,  ou  que  la  nature  ne  la  pouvant 
plus  supporter,  il  se  fait  une  Ebullition  du  sang  par  le  moyen  de 
laquelle  Timpur  est  sEpar6  d'avec  lepur,  et  jetti  ensuite  h  Vexti- 
rieur  en  fa^on  de  crise.  Or,  comme  dans  cette  masse  du  sang 
il  y  a  un  double  excrement.  Tun  plus  6pais  et  Tautre  plus 
subtil,  la  vErole  se  forme  du  premier  et  la  rougeole  du  der- 
nier *.  Les  causes  externes  qui  imeuvent  et  r^veillent 
Tinterne  k  jetter  hors,  sont  Timpureti  de  Tairet  la  contagion. 

On  confondait  aussi  leurs  signcs,  la  rachialgic  de  la 
variole,  avoisinant  le  Catarrhe  oculaire,  nasal  et  bron- 
chique  de  la  rougeole. 

MalgrE  cela,  tout  le  monde  s'accordait  d  difRrencier 
la  rougeole  de  la  variole  au  point  dc  vue  du  pronostic; 
en  effet,  les  epid^mies  de  petite  v^role,  noire  ou 
non,  faisaient  des  ravages  cxtraordinaires,  et  la  variole 
itait  un  Epouvantail  d  Ttigal  de  la  peste  '. 

1 .  G>nstant  de  Rebecque. 

2.  Peu  de  personnes  ^happaient  a  la  variole,  ct  une  femme  non  mar- 
quee passait,  m^me  laide,  pour  une  beaut^.  Mmc  de  Longueville  avait  une 
peur  extraordinaire  de  la  petite  v6role,  et  son  amie,  M^e  de  Sabl6,  partageait 
cet  efFroi ;  lorsqu'elle  recevait  une  lettre,  en  temps  d'6pid^mie,  elle  la  lisait 
«  sous  le  vent »,  aprts  Tavoir  expose  aux  fum^es  aromatiques  de  trochisques 
contre  la  peste.  On  trouve,  dans  le  Porteftuille  Valiant,  une  lettre  d'un 
m^decin  qui,  devant  venir  consulter  Mnie  de  SabM,  la  pr^vient  qu'il  n'a  pas 
de  varioleux  dans  sa  client^e. 

M»ic  de  Montpensier,  qui  avait  d^ji  eu  la  variole,  craignait  toujoure  cette 
maladie,  et  elle  d^fendit  d  son  m^decin  Belay  d'approcher  le  jeune  due 
d  Alen^on,  qu'on  pouvait  croire  malade  de  la  petite  v^role.  (Voir,  dans  les 
Extraits  du  PortefeuilU  Valiant,  le  ri^cit  de  la  maladie  du  due  d'Alcnijon  ) 


—    123   — 

Le  traitement  6tait  le  mfime  que  pour  les  fi^vres  pes- 
tilentes :  adoucissants,  medicaments  froid  pendant  ia 
p^riode  ftbrile;  r^chaufFants,  medicaments  chauds  et 
antivenimeux  apres  la  chute  de  la  temperature. 

La  PesUy  la  plus  terrible  des  fi^vres  malignes,  est,  nous  dit 
Constant  de  Rebecque,  une  maladie  du  coeur  accompagnee  la 
plupart  du  temps  de  fievre,  bubons,  charbons  et  parotides, 
veneneuse,  epidemique,  aigue,  contagieuse  au  dernier  point, 
trbs  dangereuse,  et,  la  plupart  du  temps,  mortelle.  Sa  cause 
immediate  et  prochaine  est  une  matiire  extremenient  w€n6' 
neuse,  maligne,  ennemie  du  coeur,  qui  a  son  siige  dans  les 
esprits  et  les  humeurs.  Cette  nature  maligne  pent  Stre  engen- 
dree  en  nous  par  Tair  ',  les  miteores  ^,  les  aliments  ',  les  sor- 
celleries  ^  et  les  passions  de  I'^me  ^ 


1.  II  doit  6tre  intempM ;  c^est  surtout  Tair  chaud  ct  humide  qui  produit 
la  peste,  ou  bien  Tair  corrompu  par  les  Emanations  de  cadavres  pestif(6rds 
non  ensevelis. 

2.  Saturneet  Mars  joints  ensemble  au  signe  de  la  Vierge  et  des  GEmeaux> 
certaines  combes  corrompaient  et  infectaient  Tair ;  partant,  Epidtoies  de 
peste. 

3.  On  accusait  surtout  le  blE  venu  dans  une  p^ode  pluvieuse,  dans  un 
pays  humide,  et  miU  d'ivraie,  de  nielle;  on  incriminait  aussi  les  chairs  des 
animaux  malsains,  ou  morts  de  maladie,  souvent  seule  ressource  du 
pauvre  pendant  les  famines  qui  d<§soI^rent  si  souvent  la  France  en  cette 
Epoque  de  guerres  incessantes.  Aussi  avait-on  remarquE  TEclosion  M- 
quente  d'une  Epid^mie  de  peste  dans  les  contr^es  souffrant  de  la  famine 
depuis  quelque  temps.  II  nous  reste,  de  cette  observation,  le  dicton  «  apr^s 
la  famine,  la  peste  ». 

4.  On  pendait  et  on  briilait,  a  chaque  Epid^mie  de  peste,  les  pauvres 
d'esprits  considdrdSi  k  tort  ou  k  raison ,  comme  jeteurs  de  sorts  et  accuses 
d'infecter  Tair,  les  eaux,  les  maisons,  par  des  poudres  diaboliques.  Cela 
semblait  tout  naturel  k  cette  Epoque,  et  i'impunit^  ^ait  assur^  aux  paysans 
bhileurs  de  sorciers.  N'oublions  pas  que  tout  r6:emment,  en  Russie,  les 
pa\'sans  russes  massacrirent  plusieurs  m^decins ,  envoy^s  par  le  gouvcrne- 
roent  nisse,  pendant  uoe  Epid^mie  de  cholera,  ne  voyant  en  eux  que  des 
sorders  malfaisants,  cause  premiere  de  TEpid^mie. 

5.  La  grande  et  excessive  tristesse  pouvait  alt^rer  les  esprits  et  les 
humeurs  k  un  point  tel  qu'elles  acqueraient  une  quality  venimeuse, 
maligne  et  pestilentielle. 


—    124  — 

Cependant  la  peste  pouvait  naitre  sans  que  I'air  soit 
infect^ ;  c'^tait  par  la  contamination  directe  (cohabita- 
tion avec  un  pestifert,  usage  de  vfitennents...)  ou  par  la 
contamination  indirecte  (marchandises  venant  de  pays 
pestiferes...) 

Les  signes  de  la  peste  ^taient  de  trois  sortes,  les  uns  servent 
k  la  pr^voir,  les  autres  k  la  reconnaitre  quand  elle  £ciot,  ce 
sent  les  signes  diagnostics ;  les  autres  servent  k  juger  de  son 
Evolution  ult^rieure,  ce  sont  les  signes  pronostics  *. 

On  pr6voyait  le  danger  de  peste  lorsqu'il  y  a  eu  desgrandes 
variations  de  temperature,  des  brouillards  et  nuagesextraordi- 
naires,  des  com&tes  et  m^teores,  des  Eclipses  et  constellations 
malignes,  des  grandes  chertfe  de  vivres,  et  encore  plus  s'il  y  a 
une  extraordinaire  quantity  d'insectes;  si  les  plan tes  et  herbes 
s^chent  ou  pourrissent  ;  si  les  oiseaux  laissent  leurs  nids  et 
leurs  petits  et  s'en  vont  chercher  un  air  plus  salubre;  si  les 
poissons  sont  trouvfe  morts  enquantite  sur  le  rivage,et  si  la 
mortality  se  met  entre  les  bStes  de  service,  moutons,  cochons, 
boeufs  et  chevaux ;  si  la  v^role  et  la  rougeole  ont  eu  la  vogue, 
et  n'attaquent  pas  seulement  les  enfants  mais  encore  les 
hommes  faits;  si  Ton  voit  des  signes  de  malignit6  dans  les 
maladies,  comme  charbons,  bubons,  parotides,  pourpres, 
maux  de  cceur  et  grande  faiblesse. 

Les  «  signes  diagnostics  »  de  la  peste  (itaient  fre- 
quents ou  rares  :  i°  Les  frequents  :  6tat  general  tres 
mauvais;  syncopes  fr^quentes,  6tat  de  lypothymie 
permanent;  pouls  fort  inegal,  quelquefois  grand  et 
elev6,  quelquefois  faible,  petit  et  intermittent;  fi^vre 
forte  ou  quelquefois  tres  peu  d'ascension  thermique, 


I .  Cette  division  de  la  symptomatologie  de  la  peste  est  de  Constant  de 
Rebecque. 


—   125  — 

des  taches  rouges,  blanches  et  noires,  des  parotides  ', 
bubons  et  charbons;  2°  Les  signes  rares  :  c6phal6es, 
d6lires,  intolerance  gastrique;  sueurs  profuses;  diar- 
rh6e  fttide  et  haleine  caract6ristique  '. 

Les  a  signes  pronostics  »  6taient  tr6s  incertains. 

Cependant  c'est  un  bon  signe  si  ces  tumeurs  apparaissent 
de  bonne  heure  et  loin  des  parties  nobles^  s'ilapparalt  plusieurs 
bubons  et  pen  de  charbons,  s'ils  m Arissent  et  avancent  bien  tost, 
et  si  ensuite  le  malade  s'en  trouve  mieux ;  si  le  malade  ne  vomit 
pas  les  bouillons  et  medicaments,  s'il  sue  bien  etcopieusement  et 
qu'apr^s  il  s'en  trouve  mieux.  Au  contraire  c'est  un  xrts 
mauvais  signe  s'il  n'apparah  point  du  tout  de  tumeur,  ou 
quand  elles  apparaissent  et  mArissent  trop  tard;  ou  si,  ayant 
paru,  elles  disparaissent  tout  d'un  coup;  s'il  n'y  a  qu'un 
bubon,  et  beaucoup  de  charbons,  grands  et  puants,  prds  des 
parties  nobles  et  avec  grande  chaleur  et  ulcere  rongeant;  si 
les  ddlires,  convulsions  et  maux  de  cceur  pers6v£rent  apr^  la 
sortie  des  tumeurs ;  si  le  malade  se  plaint  que  tout  ce  qu'on 
luy  pr&ente  pue ;  s'il  vomit  tout  ce  qu'il  prend  par  la  bouche, 

1.  Cest,  en  somme,  une  localisation  du  bacille  pesteux  dans  le  tissu 
parotidien. 

2.  Francois  de  le  Boe,  Sylvius,  le  c^l^bre  anatotniste,  et  qui  fut  un  non 
moins  bon  dinicien,  avait  d^crit  m^thodiquement  la  symptomatologie  de  la 
peste.  Nous  avons  r^sum^,  dans  ses  Opera  Medica  (Amsterdam,  1679),  ^^ 
prindpaux  sympt6mes  qu*il  dasse  de  la  mani^re  ci-dessous  : 

Primaria  pestis  signa  interna  : 

10  Calor  internus,  sitis  vehemens,  inquietudo. 

20  Nausea  cum  vel  sine  vomitu. 

30  Capitis  dolor,  delirium,  vigilisc  perpetuae,  sopor. 

40  Cordis  angustia ,  palpitatio,  hypothymia. 

Pulsus  insequalis,  intermittens,  parvus,  languidus  et  frequentior. 

Primaria  pestis  signa  externa  : 

lo  Bubones;  2°  Anthraces  vel  Carbunculi;  30  Maculatae. 

Signa  pestis  universalia  : 

Urina.  —  Sudores.  —  Alvi  fluxus.  —  Sanguinis  eruptio.  —  Oculi  lacryma- 
bundi.  —  Lingua  arida,  nigra  atque  aspera.  —  Exhalatio  foetens.  —  Dolor 
in  lumbis.  —  Maculae  paulo  ante  aut  post  mortem  manifestae.  —  Fades 
cadaverosa  et  maerorem  testans. 


—    126   — 

si  ces  sueurs  sont  froides  et  puantes,  s'il  a  des  flux  de  ventre 
colliquati&  et  puants,  et  les  extr6mit6s  sont  froides. 

Le  traitement  de  la  paste  itait  des  moins  compliqu6s . 
On  saignait  tr6s  rarennent,  a  de  peur  de  faire  rentier  les 
bubons  dans  le  corps  »,  dit  de  la  Martiniire;  je  crois 
que  la  principale  raison  6tait  d'6viter  tout  contact  par 
trop  direct  avec  le  pestiftr^. 

Le  mSnne  de  la  Martini^re  nous  donne,  dans  son 
Empiric  Charitable,  le  traitennent  du  pesteux  : 

Pour  gu6rir  de  telles  fidvres,  il  faut  donner  au  malade  un 
bon  verre  d'eau  de  chardon  bdnit,  dans  lequel  y  soit  dissous 
une  demie-once  de  bon  orvi6tan  ou  de  vieux  Tiriaque  de 
Venise,  ou  du  Mitridat,  puis  le  bien  couvrir  pour  luy  provo- 
quer  la  sueur  et  le  divertir  pour  rempfecher  de  dormir. 

Le  lendemain,  si  le  malade  a  une  douleur  de  t^te,  il  luy 
faudra  tirer  environ  dix-huit  ou  vingt  onces  de  sang,  si  les 
forces  le  permettent,  du  bras  droit,  et,  s'il  n'est  pas  libre  du 
corps,  il  luy  faudra  donner  une  midecine  compos^e  de  la 
sorte ;  prenez  :  sdni  cinq  dragmes,  rhubarbe  une  once,  que 
ferez  infuser  en  suffisante  quantity  d'eau  sur  cendres  chaudes 
Tespace  de  douze  heures,  et  mettre  dans  la  coulature  trois  ou 
quatre  onces  de  sirop  de  roses.  Et  si  la  fifevre  ne  diminue  pas, 
il  faudra  rdit^rer  I'eau  de  chardon  b6nit  et  la  dose  de  TOrvie- 
tan,  continuant  trois  jours  cons^cutifs  si  la  ndcessiti  le 
requiert,  et  donner  tous  les  jours  au  malade  des  lavements 
d'urine,  dans  lesquels  il  faut  delayer  du  sue  ou  sirop  d'Hieble. 
Et  s'il  paralt  quelques  bubons  de  peste  en  quelque  partie  du 
corps,  il  feut  bien  se  garder  de  saigner  le  malade;  car  la  sai- 
gnte  lui  pourrait  faire  rentrer  les  bubons  dans  le  corps,  et  lui 
causerait  par  amsi  la  mort :  mais  lorsque  Ton  voit  quelque 
bubon  de  pesle  enflamm6,  il  est  nScessaire  d'y  prendre  garde, 
pour  le  percer,  lorsqu'il  en  sera  temps  et  n*attendre  pas  qu*il 
soit  tout-i-fait  miir,  car  en  attendant  ce  temps-li^,  il  pourrait 
crever  par  dedans  le  corps,  etpar  ainsi  faire  mourir  le  malade. 


—  12/  — 

Pour  ce  qui  est  des  petits  enfants,  on  leur  peut  donner  le 
poids  d'un  6cu  ou  demi-6cu  d'or  d'Orvietan  ou  deTeriaque  ou 
de  Mitridat^  ddlay^  dans  un  verre  d'eau  de  chardon  binit,  les 
tenant  bien  couverts,  afin  de  les  faire  suer,  et  r^it^rer  tous  les 
jours  si  la  n6cessiti  le  requiert. 

Pour  faire  sortir  Tair  de  la  peste  d'une  maison,  on  n'a  qu'^ 
fermer  toutes  les  portes  et  fenStres,  puis  briiler  dans  chaque 
chambre  quantity  de  geniivre ;  et^  pour  dissiper  Tair  de  la 
maladie  qui  pourrait  £tre  dans  les  hardes,  on  n'a  qu'i  les 
etendre  sur  les  perches,  dans  lesdites  chambres,  pour  recevoir 
la  fum6e;  et  quant  aux  cendres  qu'il  reste  dudit  genidvre,  il 
faut  en  lessiver  le  linge. 

II  faut  remarquer  que  ceux  qui  sont  parmi  les  pestiferds  se 
peuvent  preserver,  prenant  tous  les  matins  i  jeun  gros  comme 
une  ftve  d'Orvietan  ou  de  Teriaque,  et  porter  sur  le  coeur  une 
poign6e  d'Ang^lique. 

Le  cerveau,  qui  «  est  le  trdne  de  Tdme  »  est  aussi  le 
si^ge  de  nombreuses  maladies;  presque  toutes  recon- 
naltront  pour  cause  des  humeurs  et  ardeurs  corrom- 
pues  qui  partent  du  coeur,  du  foie,  de  la  rate  et  des 
poumons,  montant  jusqu'au  cerveau,  s'y  arrfitent  ' ; 
quelquefois  cependant,  ces  humeurs  nocives  pouvaient 
naitre  dans  le  cerveau  mfime. 

Cest  pr6cis6ment  ce  qui  arrivait  dans  Vintempirie  froide 
et  bumide  du  cerveau  ou  il  y  avait  a  formation  et  reten- 
tion d'une  humeur  pituiteuse  ».  Les  signes  de  cette  in- 
tempirie  etaient  ceux  de  Tan^mie  c6r6brale  :  a  un  visage 
pale,  un  esprit  stupide  et  pesant,  une  m^moire  courte, 
des  sommeils  longs  et  profonds,  tous  les  sens  hdb^tes, 

z.  C.  de  Rebecque. 


—    128  — 

diverses  paralysies  et  lethargies  '.  »  Tout  le  traitement 
tendait  i  dess6cher  le  cerveau.'  On  y  arrivait  par  I'air 
chaud,  Tusage  des  aliments  et  medicaments  chauds.  La 
saign6e  ^tait  proscrite;  les.  purgatifs  6taient  employes 
avec  circonspection,  commen^ant  par  des  purgatifs 
phlegmagogues  plus  doux,  continuant  par  des  purga- 
tifs pr^paratifs  et  purgeant  la  pituitc. 

Les  Catarrbes  ou  rhumes  de  cerveau  reconnaissaient  plu- 
sieurs  causes  :  i°  ou  la  chaleur  qui  faisait  fondre  les 
humeurs  du  cerveau  :  «  la  face  ^tait  rouge  et  chaude ; 
les  larmes  qui  sortaient  desycux  chaudes  etcuisantes»  ; 
des  saign6es  r^it^r^es  en  avaient  facilement  raison. 
Cetait,  en  somme,  une  congestion  enc^phalique.  2°  Le 
froid,  «  qui  determine  une  grande  pesanteur  de  tete, 
des  eternuements  frequents,  et  un  6coulement  nasiil 
tr^s  abon^ant  ».  Cest  cet  ^coulement,  signe  d'un  cer- 
veau tropiroid,  qui  pouvait  devenir  tr^s  dangereux,  en 
retombant  sur  les  poumons,  sur  le  coeur;  c'dtait  le 
rhume  tomb6  sur  la  poitrine.  On  cherchait  avant  tout 
d  eviter  cette  dangereuse  complication.  Aussi  le  traite- 
ment d'un  simple  rhume  de  cer\'eau  etait-il  des  plus 
compliqu^s  : 

On  6vacuera  la  pituite  par  potions  et  pilules  deuces;  puis 
on  la  pr^parera  par  des  apozdmes  et  ensuite  on  usera  de  pur- 
gatifs plus  forts  :  les  vomitoires  y  peuvent  beaucoup  servir ; 
puis  on  se  servira  de  ventouses,  v&icatoires,  cautires  appli- 
ques sur  les  epaules,  derrifere  les  oreilles  ou  au  col ;  on 
employera  aussi  les  errhines  et  sternutatoires,  si  la  fluxion  se 

I ,  Turquct  de  Mayerne. 


—   129  — 

jette  sur  les  poumons^  ou  des  masticatoires,  si  elle  se  jette  sur 
les  yeux,  pour  divertir  les  humeurs. 

Mais  ce  n'est  pas  tout,  il  est  bon  de  raser  la  t&te  et  d'y 
appliquer  des  opiates,  coeffes,  parfums  et  emplAtres  c6pha- 
liques  et  astringents.  Au  dedans,  Ton  peut  prendre  des 
opiates  ciphaliques  et  astringeantes ;  les  troschiques  de  carab6, 
ou  seulement  quelques  grains  d*ambre  jaune  dissous  en  esprit 
de  vin,  le  lait  et  les  fleurs  de  soufre  et  les  baumes  c^phaliques 
y  sont  aussi  fort  efBcacieux. 

Inutile  d'ajouter  qu'au  cours  d'un  pareil  traitement, 
la  maladie  disparaissait  le  plus  souvent,  au  grand 
d^sespoirdu  m^decin,  du  chirurgien  et  de  Tapothicaire 
qui  y  trouvaient  leur  compte. 

Celui  qui  est  affligd  de  la  Migraine^  dit  de  La  Martiniere, 
entend  dans  ses  oreilles  un  certain  bruit  comme  de  petites 
clochettes,  et  luy  semble  que  quelque  chose  luy,frappe  conti- 
nuellement  dans  la  teste,  laquelle  bien  souvent /lui  darde  et  a 
de  la  douleur  ^  entendre  le  son  des  cloches  et  a^-mesme  de  la 
peine  i  regarder  la  lumidre.  Or  ce  mal  provient  de  fum6es 
chaudes,  de  m^lancolie  et  de  ventositis.  Quant  aux  rem^des 
il  £iut  appliquer  sur  les  deux  tempes  de  la  racine  de  brione 
cuite  sous  les  cendres  chaudes.  II  faut  pareillement  purger  le 
malade  avec  I'aloe  ou  le  jalap,  selon  la  force  de  son  tempera- 
ment. La  saignte  de  la  veine  s^phalique  faite  en  petite  quan- 
tity n'y  est  pas  mauvaise,  une  fois  ou  deux,  mais  non  plus. 

Le  mcd  caduc  comprenait  trois  maladies  distinctes 
comme  etiologie,  mais  ayant  des  symptdmes  A  peu 
pr^s  identiques,  c'^taient  : 

VEpilepsie  proc^dant  d'une  mati^re  r^sidant  dans  le  cer- 
veau,r^na/^^ji>proc6dantd'une  mati^re  qui  est  tant  dans  I'es- 
tomac  que  dans  les  nerfs  et  dans  les  arteres,  de  laquelle  ma- 
tidre  procede  des  fum^es  qui  montent  jusques  dans  le  cerveau, 

Le  MAGcr.T.  —  Le  monde  fnedical,  9 


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—     130    — 

et  la  Catalepsie^  qui  procide  d'une  matifcre  venant  des  extre- 
mitds  du  corps,  comme  des  pieds  et  des  mains,  qui  apr& 
monte  jusques  au  cerveau. 

Ces  trois  esp^ces  de  haut  mal  sont  engendrdes  de  sang  et 
de  phlegme  lesquels,  estant  irrit^s  Tun  centre  Tautre,  font 
une  antipathic  qui  corrompt  tellement  les  sens,  que  Tikme  en 
est  troubl^e,  mesme  fait  tomber  le  corps  avec  de  vilaines  gri- 
maces raidissant  tous  les  membres,  tourner  les  yeux  et  escu- 
mer  la  bouche,  mais  par  une  vertu  naturelle  et  b^nigne  qui 
est  enclose  dans  le  corps,  apr^s  avoir  endurd  I'assaut  du  mal, 
elle  fait  revenir  les  esprits  en  les  raffermissant. 

Le  glai'eul,  la  val^riane,  le  gui  de  chfine  ^taient 
des  sp^cifiques  renomm6s  pour  le  mal  caduc,  mais  de 
La  Martini^re  recommande,  en  outre,  le  sang  de  loche 
ou  de  goujon,  le  crdne  d'un  homme  ex6cut6,  et  la 
fiente  de  paon  blanc  «  d61ay6e  en  vin  blanc  ». 

La  Paralysie  «  est  un  accident  de  nature,  qui  petit  d 
petit  oste  le  mouvement  des  sens,  lequel  accident  pro- 
vient  quelques  fois  d'une  trop  grandc  abondance  d'hu- 
meurs,  comme  aussi  d'une  trop  grande  chaleur,  ou  de 
quelques  coups  que  Ton  peut  avoir  re^u.  » 

La  paralysie  due  a  des  humeurs  trop  abondantes, 
n^cessitait  des  purgatifs  ^nergiques  comme  le  sel 
d'antimoine  (24  A  50  grains);  on  employait  en  outre 
toute  la  gamme  des  sudorifiques.  La  paralysie,  recon- 

^-  naissant  comme  cause  premiere  la  chaleur,  demandait 

des  purgatifs  plus  doux. 

Dans  les  deux  cas,  on  employait  en  frictions  sur  les 
membres  paralyses  rbuile  de  petits  chiens  dont  Lemery 
nous  a  donn6  la  composition.  De  La  Martini^re    la 

^;:  composait  ainsi  qu'il  suit  : 


t;*. 


%      > 


—  131  — 

Prenez  quatre  petits  chiens,  lesquels  ecorcherez  et  vide- 
rez  et  hacherez  bien  menus,  puis  prendrez  une  escuell^e  de 
vers  de  terre  et  autant  de  lima^ons  rouges,  et  mettrez  le  tout 
bouillir  dans  un  pot  d'huille  d'olive,  avec  deux  pots  de  vin 
et  le  tout  ayant  bien  bouilli,  en  frotterez  les  parties  paraly- 
tiques  aupr&s  du  feu. 

On  distinguait  deux  sortes  de  Folic  :  la  Manie  et 
VAmence.  Toutes  deux  reconnaissaient  comme  cause 
Tarriv^e,  dans  le  ventricule  moyen  du  cerveau,  d'une 
humeur  mdancolique,  a  infectant  tellement  la 
moyenne  chambrette  qu'elle  en  6te  la  raison  ».  Cette 
humeur  pouvant  etre  engendr^e  par  I'usage  de  viandes 
m^lancoliques,  la  peur,  la  tristesse,  la  solitude,  les 
efforts  c^r^braux  r6p6t6s  et  soutenus,  ou  bien  encore 
par  Tabus  des  boissons  alcooliques,  ou  Tinfection  d'air, 
morsure  de  bfite  venimeuse  ou  tumeurs. 

Or  les  fols  se  gouvernent  selon  la  cause  de  leur  folie 
comme  ceux  qui  le  sont  par  peur,  tristesse  et  vapeur  des  bois- 
sons, sont  m^chants  et  battent  le  monde,  ceux  qui  le  sont 
par  solitude  et  lectures  parlent  seuls,  se  saluent  et  rient  vo- 
lontiers.  Ceux  qui  le  sont  par  humeurs  ou  infection  d'air 
sont  tout  triste.  Ceux  qui  le  sont  par  morsure  de  b&tes  veni- 
meuses  sont  bien  souvent  comme  enrages  '. 

La  milancoUe  6tait  pour  C.  de  Rebecque  «  une  reve- 
rie sans  fi^vre  accompagn^e  d'une  peur  et  tristesse 
ordinaire,  sans  aucune  occasion  apparente  ».  Elle  6tait 
due  4  la  perversion  des  esprits  animaux,  perversion 
due  i  plusieurs  causes  : 

I.  De  La  Martiniire,  U Empiric  chantahk. 


—    132    — 

I*'  Ou  bien  a  Tintempdrie  froide  et  seche  du  cer- 
veau;  c'estalors  la  mdancolie  du  cerveau. 

2^  Ou  bien  i  des  vapeurs  et  humeurs  s'^levant  du 
corps  tout  entier,  ou  du  coeur,  ou  des  hypocondres 
(m^lancolie  hypocondriaque)  ou  de  la  matrice  (m6- 
lancolie  uterine). 

La  milancoJie  du  cerveau  comprenait  la  mdlancolie 
d'amour  et  la  lycantropie,  «  m^lancolie  tout  d  fait  sau- 
vage  qui  fait  que  ceux  qui  en  sont  entachis  s'ima- 
ginent  fitre  changes  en  loups  et  fuient  la  compagnie 
et  le  commerce  des  hommes,  se  retirant  dans  les  bois 
ou  ils  vivent  souvent  d  la  fa?on  des  bfites  ». 

Ces  deux  sortes  de  m^lancolie  ne  n^cessitaient  pas  la 
saign^e,  leurs  humeurs  m^lancoliques  ^taient  mieux 
expuls6es  par  «  clystires,  poudres,  potions  m^lana- 
gogues  »(sen6,antimoine,  ell6bore  noir).  Cela  fait,  on 
rem^diait  i  I'intemp^rie  froide  et  s^che  du  cerveau  par 
une  medication  chaude  et  humide. 

La  m61ancolie  d'amour,  lorsqu'elle  6tait  due  i  I'ab- 
sorption  d'un  breuvage  amoureux,  se  guerissait  par  un 
vomitif  ^nergique,  antimoine  ou  eIl6bore. 

Celle  qui  vient  d'un  amour  imaiod6r£  de  robjet  aimable 
se  gu^rit  par  la  jouissance^  et  cela  se  peut  sans  ofFenser  la 
piit6  et  rhonn6tet6;  les  changements  d'air,  les  divertisse- 
ments, les  exercices  violents,  Tabstinence  et  Tusage  des 
choses  qui  rafraichissent  et  dtent  rembonpoint,  y  peuventcon- 
tribuer,  mais  sur  tous  les  remddes  moraux  I'absence,  la  consi- 
deration des  ddfauts  de  la  personne  aim^e  et  celle  du  danger 
ou  Ton  se  met  en  I'aimant  et  autres  reflexions  y  pourront 
servir.  II  faut  tout  mettre  eii  oeuvre  dans  ces  rencontres  '. 

I.  C.  de  Rcbecque. 


—  135  — 

La  milaiicolie  qui  procede  du  caur  et  de  tout  le  corps  se 
reconnaissait  d  Thabitus  m^lancolique;  le  malade, 
maigre,  sec,  velu,  sans  cesse  plongd  dans  ses  id^es 
tristes.  On  essayait  de  Ten  distraire  par  des  saign6es 
copieuses,  principalement  des  veines  h6morroidales, 
par  des  purgations  m^lanagogues;  mais  surtout  par 
les  grands  bains  tildes  prolong^s  qui,  avec  les  lave- 
ments et  aliments  humectants,  passaicnt  pour  rendrc 
au  coeur  Thumiditd  dont  il  avait  besoin. 

La  milancolie  utirine  6tait  due  d  une  obstruction  des 
veines  et  des  art^res  p6ri-ut^rines,  amenant  la  suppres- 
sion des  regies.  Elle  coincidait  presque  toujours  avec 
les  «  pales  couleurs  ».  Le  fer  et  quelques  saign(ies  de 
pied  en  avaient  facilement  raison. 

La  milaiicolie  hypocondriaque  etait  due  «  d  unc  vapeur 
s'elevant  d'une  humeur  aduste.  Cettc  humeur  sejour- 
nant  et  causant  des  obstructions  dans  Ic  mesentere  ou 
dans  le  foie,  ou  dans  la  rate,  ou  dans  I'estomac.  »  On 
avait  done  difftrentes  m^lancolies  hypocondriaques,  la 

melancolie  mesent^riquc,  la  melancolie  hepatique 

Esquisser  les  symptdmes  de  ces  melancolies  serait  re- 
tracer  les  tableaux  de  toutes  les  maladies  organiques  de 
I'estomac,  de  Tintestin,  des  reins  et  du  foie,  maladies 
dans  lesquelles  T^tat  c^r^bral  du  malade  est  si  souvent 
atteint.  Dans  le  Midecin  charitable,  nous  voyons  la 
description  d'un  m6lancoliquestomachique;ne  se  croi- 
rait-on  pas  en  presence  d'un  hyperchlorhydrique  qui 
rcssent  a  des  crudites,  des  salivations  frequentes,  des 
vomisscmcnts  d'humeurs,  des  r6ts,  murmures  et  flue- 


—  134  — 

tuations,  des  douleurs  et  enflilres  d'estomach.  »  Et  ces 
autres  hypocondriaques  qui  quand  ils  ont  mang^  : 

Sentent  un  mouvement  violent  et  une  palpitation  extra- 
ordinaire du  coeur  accompagntes  de  sueurs  froides  et  de 
l^gtres  d6faillances,  leur  visage  rougit  bien  souvent  et  il  leur 
semble  que  c'est  un  feu  volage  et  une  flime  I6gdre  qui  passe; 
le  pouls  se  change  et  devient  petit  et  frequent;  ils  sentent 
une  lassitude  et  une  faiblesse  universelle,  leur  ventre  est 
presque  toujours  resserri,Ieurs  urines  sontclaires  etaqueuses; 
en  quelques-uns  il  survient  un  sommeil  profond,  ils  ont 
quelques  fois  des  angoisses  et  oppressions  de  poitrine  sem- 
blables  i  celles  des  asthmatiques 

ne  font-ils  pas  penser  aux  hypochlorhydriques  neuras- 
th^niques? 

Rarement  mortelle,  la  m^lancolie  hypocondriaque 
6tait  tr^s  rebelle ;  c'^tait  «  le  fl6au  et  Topprobre  des  me- 
decins  »,  qui  s'ing^niaient  d  proc^der  m^thodiquement. 
On  instituait  d'abord  un  regime  qui  n'est  autre  que  le 
regime  d'exclusion  des  sp^cialistes  stomachiques 
actuels,  puis,  successivement,  on  ^vacuait  les  humeurs 
peccantes,  on  ouvrait  les  obstructions,  on  corrigeait 
Tintemp^rie  du  visc^re  l^s6,  on  corroborait  '  les  parties 
(cen^eau,  coeur,  estomac,  foie)  et  on  traitait  chaque 
symptomc  en  particulier. 

Est-il  besoin  d'ajouter  que  le  bien  que  pouvait  reti- 
rer  le  patient  du  regime  suivi  6tait  largement  compensi 
par  le  mal  que  lui  faisait  le  teste  du  traitement?  Aussi 
ne  doit-on  pas  s'^tonner  outre  mesure  de  voir  la  mi- 

I.  On  fortifiait. 


—  135  — 

lancolie  hypocondriaque  Stre  appelee  le  fleau  et 
Topprobre  des  midecins  par  les  contemporains  de 
Moli^re. 

Sous  le  nom  de  fnanie  utirine^  de  fureur  uterine,  de 
suffocation  utdrine,  on  rassemblait  tous  les  symp- 
tomes  de  Thyst^rie.  La  suffocation  utirine  6tait  la  crise 
d'hystero-epilepsie,  due  d  une  vapeur  maligne  s'elevant 
du  sang  menstruel  corrompu. 

Le  d£but  s'annon^ait  par  des  b^illements,  pandiculation, 
bruits  de  ventre  ;  puis  elles  sentent  comme  un  morceau  dans 
le  gosier  qui  leur  emp^chent  la  respiration  et  les  suffoque ; 
puis  viennent  des  convulsions,  des  ddires... 

On  connaissait  mfime  dejA  T^tat  de  sommeil  ou  «  il 
est  bien  difficile  de  connaitre  si  la  personne  est  encore 
vivante  ». 

Dans  la  manie  et  la  fureur  uterine,  «  les  femmes  ou 
filles  ayant  perdu  toute  honte  tiennent  des  propos 
d^shonnStes  et  par  des  postures  lascives  invitent  les 
hommes  a  des  actions  impudiques  ".  »  De  Rebecque 
nous  en  decrit  ainsi  Tetiologie  : 

La  cause  de  cette  maladie  est  une  grand  quantity,  cha- 
leur  et  acrimonie  de  quelque  chose  qu'il  n'est  pas  besoin 
de  nommer;  les  causes  extemes  sent  les  viandes  de  bon 
sue  et  qui  nourrissent  beaucoup,  les  Apices,  les  vinspuissants, 
le  sommeil  et  dormir  trop  long  et  sur  de  la  plume  bien  molle 
et  chaude,  la  lecture  des  livres  impudiques,  la  vue  des  tableaux 
d^honnStes  et  lascifs. 

I.  C.  de  Rebecque. 


-  136  - 

Cette  manie  uterine,  ajoutait-il,  etait  surtout  une 
maladie  des  jeunes  veuves  et  demandait  des  saignees 
amples  et  copieuses,  des  purgatifs  doux,  et  tous  les 
rem^des  doux  et  rafralchissants.  Mais  de  tous  les 
rem^des  employes,  le  mariage,  conclut-il,  est  le  meil- 
leur  '. 

La  Phrinisie  du  cerveau  6tait  une  inflammation  des 
membranes  du  cerveau  due  d  Textravasation  d'un  sang 
bilieux  trop  ^chauffii.  Cest,  en  somme,  le  tableau 
classique  de  la  m^ningite  avec.a  les  signes  avant-cou- 
reurs  »  dont  nous  parle  le  Midecin  frariQais  Charitable  : 
a  Le  sommeil  est  court  et  interrompu;  Ton  cause  plus 
que  de  coutume,  le  derri^re  de  la  tete  fait  mal  et  les 
yeux  se  changent.  »  A  la  p^riode  d'etat  «  le  malade 
r^ve  continuellement,  ne  pent  dormir;  a  la  respiration 
rare,  mais  grande  et  61ev6e;  il  ne  sent  point  la  soif;  le 
pouls  est  petit,  vite  et  frequent  et  la  fi^vre  continue. 
C.  de  Rebecque  indique,  outre  les  convulsions,  un 
tremblement  doux  des  mains,  qui  n'est  autre  que  de  la 
carphologie,  la  constipation  et  le  besoin  d'uriner.  II 
ajoute  que  tout  traitement  est  peu  efficace,  la  termi- 
naison  etant  presque  toujours  fatale. 

II  mentionnc  cependant  tres  serieusement,  dans  ses 
indications  th^rapeutiques,  Tapplication  de  poulets, 
pigeonneaux,  petits  chiens  et  poumons  de  mouton  sur 


I.  «  Jevousdis  que  tous  ces  mt^decins D*y  ferontrien  que  de  Tiau  claire; 
que  votre  fille  a  besoin  d'autre  chose  que  de  rhibarbe  et  de  s6n^ ,  et  qu'un 
niari  est  un  empldtre  qui  garit  tous  les  maux  d^s  Biles.  »  (Moli^re,  Le  id^dc- 
cin  tnalgre  hit,  acte  II,  scfene  ii.) 


—  137  - 

le  front,  moyen  encore  en  usage  courant  i  la  cam- 
pagne. 

La  Goutte  6tait  une  douleur  des  jointures  causeepar 
une  «  fluxion  d'humeurs  sdreuses,  dcres  et  acides  », 
douleur  revenant  par  inten^alles.  Selon  Tarticulation 
prise,  on  la  d^signait  sous  les  noms  de  : 

Siagofiogre  (articulation  temporo-maxillaire),  /mcfet- 
logre  (petites  articulations  du  cou),  rbacbisagre  (articu- 
lations vertdbrales),  otnogre  (articulation  de  I'^paule), 
cUisagre  (articulation  sterno-claviculaire),  pacbisagre 
(coude),  cbiragre  (articulations  des  mains),  wfibt^  (arti- 
culation coxof6morale),^^mt^r^  (articulation  du  genou), 
podagre  (articulation  tibio-tarsienne  et  articulations 
des  pieds). 

Outre  ces  gouttes  mono-articulaires,  on  distinguait 
sous  le  nom  de  goutte  crampeuse  et  goutte  arcbdtique  des 
gouttes  attaquant  plusieurs  articulations  et  meme 
toutes  les  articulations.  Ces  gouttes  s'accompagnaient 
quelquefois  de  douleurs  tr^s  vives  et  rendaient  «  les 
membres  contrefaits  par  leurs  malignites  et  detruisant 
les  humeurs  substantielles  qui  les  nourrit,  ostant  par 
ainsi  leur  puissance  de  mouvoir  et  travailler,  seichant 
et  closant  les  mains  en  les  rendant  difformes,  par  leurs 
nceuds  et  boces  ».  Cest,  en  somme,  le  rhumatisme 
chronique  d6formant  de  notre  pathologie  actuclle. 
Comme  de  nos  jours,  on  s'accordait  d  constater  son 
incurability. 

Pour  les  gouttes  mono-articulaires,  nous  ne  nous 


-  ij8  - 

attarderons  pas  i  6nura6rer  les  causes  productrices  de 
TaccSs;  on  connaissait  diji  Tinfluence  mfirae  des  hearts 
de  regime,  des  vins  g^n^reux,  des   aliments  dpic^s, 

sal6s,  faisand6s,  des  plaisirs  de  la  chair La  sympto- 

matologie  de  Tacc^s  6tait,  de  m€me,  tr^s  nettement 
^tablie  avec  le  d6but  par  le  gros  orteil  et  I'apparition 
des  quatre  signes  cardinaux  :  dolor,  calor,  tumor, 
rubor.  Mais  lorsque  le  praticien  du  xvii^  si6cle  se  trou- 
vait  en  presence  d'une  arthrite  rhumatismale,  blennor- 
rhagique,  traumatique  ou  tuberculeuse,  son  embarras 
6tait  grand  :  dibut  different,  mais  mfimes  signes  cardi- 
naux, bien  qu'd  des  degr6s  divers. 

Le  galdnisme  lui  venait  en  aide;  lorsque  la  peau  de 
Tarticulation  6tait  livide  et  peu  chaude  (goutte  froide),  la 
goutte  6tait  due  d  un  melange  de  sue  m^lancolique  et 
de  ces  humeurs  s6reuses,  causes  premieres  de  la  goutte 
franche. 

La  bile,  la  pituite,  le  sang  pouvaient  venir  de  meme 
modifier  (gouttes  chaudes)  Tacc^s  de  goutte. 

Chaude  ou  froide,  la  goutte  6tait  consid^r^e  comme 
rebelle  i  tout  traitement.  «  QjLiand  elle  s'est  une  fois 
empar^e  d'un  corps  et  qu'elle  y  a  plants  le  piquet, 
disait-on,  presque  jamais  elle  n'en  d^loge  qu'il  nen 
coute  la  vie  au  malade.  »  Et  pourtant  le  traitement, 
saignecs  i  part,  dtait  4  peu  pr^s  rationnel.  Le  regime 
lact6  6tait  tres  souvent  present,  mais  pour  une  raison 
qui  semblerait  bizarre  de  nos  jours :  il  maintenait  le 
ventre  Idche  et  Hippocrate  avait  arr^t^  que  sans  le 
ventre  libre  on  ne  pouvait  guerir  de  la  goutte. 


—  139  — 

En  presence  d'unc  goutte  chaude,  on  commen^ait 
par  saigner,  mais  le  plus  loin  possible  de  Tarticulation 
prise;  on  purgeait  ensuite  avec  des  diastiques,  jalap, 
sirop  de  nerprun.  La  sedation  des  douleurs,  le  sommeil 
itaient  obtenus  par  la  theriaque  nouvelle  et  le  lauda- 
num, mis  4  la  mode  par  Sydenham.  On  appliquait 
loco  dolenti  les  r^solutifs,  fondants  '  de  toute  sorte,  en 
prenant  garde  a  de  ne  se  point  servir  de  ceux  qui  sont 
les  plus  6chaulfants  et  dessdchants,  car  4  la  force  de 
ces  remWes,  on  ne  consume  pas  seulement  les  mau- 
raises  humeurs  qui  font  la  goutte,  on  dess^che  enti6- 
rement  la  partie  et  son  humeur  radical;  d'ou  viennent 
ensuite  les  faiblesses,  atrophies  et  paralysies  qui  suivent 
bien  souvent  la  goutte  ». 

De  plus,  chaque  malade  avait  son  remade  favori,  qui 
«  le  kit  de  femme  tiWe,  y  trempant  un  linge  et  Tap- 
pliquant  dessus  le  mal  »,  qui  a  le  cataplasme  de  mie  de 
pain  »,  qui  a  la  fiente  de  vache  toute  chaude  ^  ». 

La  goutte  froide  n^cessitait  Tapplication  de  v6sica- 
toires  in  situ  et  Temploi  de  diur^tiques  et  de  sudori- 
fiques,  traitement  plus  simple  et  qui,  dans  certains  cas 
(hydarthrose,  par  exemple),  pouvait  donner  d  excel- 
ients  resultats. 

1.  Le  temps  et  les  progr^s  de  la  science,  qui  ont  eu  raison  de  tant  de 
superstitions  idiotes,  n'oot  rien  pu  contre  les  pommades  fondantes.  Engor- 
gements ganglionnaires,  exostoses,  lipomes,  ne  peuvent  gu^rir  sans  cela,  et 
le  praticien  qui  refuse  d'ordonner  une  de  ces  pommades  court  grand  risque 
de  passer,  aux  yeux  du  patient  et  de  son  entourage,  pour  un  ^ne  bdtd. 

2.  II  ne  faut  pas  oublier  un  rem^e  qui  fit  la  reputation  des  fr^res  de  la 
Charit^  :  c'^tait  les  fameux  bains  de  tripes  dont  les  effets  merveilleux  firent 
grand  bruit.  Tous  les  podagres  de  Paris  se  retrouvaient  a  ThApital  Saint- 
Jean-Baptiste  de  la  Charity ;  Scarron  y  alia,  esp^rant  monts  et  nierveilles, 
mais  son  rhumadsme  d^formant  n'eut  aucune  am<^Iioration, 


'Yi-  • 


—  140  — 

Enfin,  apr6s  I'attaque  de  goutte,  on  prescrivait  au 
convalescent  le  regime  lact6  mitig6  avec  purgations 
frtquentes,  mais  I6g6res.  Et  on  cherchait  surtout  4  for- 
tifier les  jointures  par  les  bains  d'eaux  chaudes,  soufres, 
alumineux,  astringents.  Un  des  meilleurs  moyens  est 
pour  Constant  de  Rebecque  de  «  se  frotter  tons  les 
jours,  soir  et  matin,  avec  de  Purine  chaude  ». 

La  sciatique  dtait  d^jd  difF^renci^e  nettement  de  la 
goutte;  c'est  une  douleur  cc  qui  s'6tend  et  se  commu- 
nique vers  Tos  sacrum  par  toute  la  jambe,  et  quelques 
fois  jusques  i  Textr^mit^  du  pied;  elle  occupe  encore 
bien  souvent  les  fesses  et  les  lombes,  et  y  cause  des 
douleurs  cuisantes,  mais  sans  tumeur  ni  changement 
de  couleur  en  la  partie,  comme  il  arrive  es  autres 
esp^ces  de  goutte  ».  On  connaissait  d^ja  Tinfluence  du 
v6sicatoire  sur  la  sciatique  et  on  Temployait  avec 
beaucoup  plus  de  prudence  qu'on  ne  le  faisait  dans  ccs 
derni^res  ann6es. 

Sous  la  denomination  vague  de  rhumalisme ^  on  desi- 
gnait  deux  ensembles  symptomatologiques  : 

Le  premier  sans  fievre,  a  evolution  excessivement 
longue  et  variable,  le  rhumatisme  subaigu  actuel; 

Le  second  s'accompagnant  de  fi6vre,  se  compliquant 
de  determinations  visc^rales  et  d'une  dur^e  de  qua- 
rante  jours;  le  rhumatisme  articulaire  aigu.  Tous  deux 
etaient  dus  a  une  humeur  s^reuse  venant  d'un  foie  tres 
chaud;  les  douleurs  violentes  dtaient  dues  i  la  com- 
pression des  muscles  «  par  des  vents  accumul^s  dans 
Icurs  cnveloppes  fibreuscs  ».  Ccpcndant,  4  cdt6  de  ces 


—  141   — 

divagations,  on  connaissait  d^ji  les  sueurs  caract^ris- 
tiques,  le  danger  des  d6terminaisons  visc6rales  annon- 
c6es  par  la  sedation  brusque  des  douleurs  articulaires. 
On  pratiquait  la  jugulation  du  rhumatisme  par  la 
saignte  ' ;  dix,  quinze,  vingt  saign^es  n'effrayaient  pas 
le  praticien  qui  ne  cessait  «  que  les  douleurs  fussent 
diminudes  ou  le  malade  fort  affaibli  ».  On  rem^diait 
enfin  d  Tintemp^rance  chaude  du  foie,  cause  de  tout  le 
mal,  par  des  rem^des,  potions,  clyst^res  rafraichissants, 
mais  seulement  apr^s  avoir  pr6par6,  cuit  et  ^vacud  les 
humeurs  nocives. 


Sous  le  nom  de  squinance  ou  squinancie,  on  confon- 
dait  une  s6rie  d'ensembles  symptomatiques  afFectant  le 
col  ou  le  gosier :  grenouillette  sous-maxillaire,  abces  du 
cou,  phlegmon  de  I'amygdale,  abcSs  r^tro-pharyn- 
gien,  parotidite,  oed^me  de  la  glotte 

La  squinance  bdtarde,  c'est  Tabcis  r6tro-pharyngien ;  la 
squinance  vraie,  par  son  acuity,  sa  gravity,  ses  troubles 
asphyxiques  a  sans  qu'il  paraisse  aucune  tumeur  au 
dehors  »  rappelle  Toed^me  de  la  glotte.  La  squinance 
a  dont  la  tumeur  disparalt  tout  d'un  coup  »  fait  pen- 
ser  4  la  grenouillette  sous-maxillaire  ou  au  tra- 
cheocele. 

Sommc  toutc,  bdtarde  ou  non,  la  squinance  6tait  une 
maladie  des  plus  graves  et  d'un  pronostic  presque  tou- 
jours  fatal. 

I .  M^hode  que  Gubler  tenta  vainement  de  remettre  h  la  mode. 


^ 


—  142  — 

Si  la  suppuration  survenait,  Taposteme  6tait  ouvert 
«  avec  un  couteau  de  bois,  le  malade  tenant  la  tfite 
basse,  afin  que  le  pus  n'aille  pas  aux  poumons  ». 

Dans  le  cas  d'asphyxie,  on  pouvait  venir  a  la  laryn- 
gotomie  ou  ouverture  du  gosier;  mais  il  fallait  pour 
eela  un  habile  maltre,  nous  dit  le  Midecin  Charitable. 

II  est  A  noter  que,  dans  nos  recherches  sur  les 
ouvrages  de  pathologie  du  xvii*  si^cle,  nous  n'avons 
trouv6  aucune  description  rappelant  nettement  Tan- 
gine  dipht^ritique  et  ses  complications.  Cependant, 
C.  de  Rebecque,  nous  parlant  de  V inflammation  des 
tonsilles  chez  les  enfants,  insiste  sur  la  tumeur  qui 
parait  sous  la  mdchoire,  les  ulcerations  des  amygdales 
et  la  gravity  exceptionnelle  de  cette  maladie.  Cette 
inflammation  des  tonsilles  (produite  selon  lui  par  un 
kit  trop  dcre  et  chaud),  de  par  son  ad^nopathie,  ses 
ulcerations  typiques  et  son  pronostic  grave,  devait  Stre 
Tangine  diphteritique. 

Les  maladies  de  la  poitrine  comprennent  : 

1°  Les  maladies  du  poumon  (inflammation,  tuber- 
cules,  attachement  avec  les  c6tes,  ulcere  ou  phthisic). 

2°  Les  maladies  de  la  poitrine  (inflammation  du 
m^diastin,  du  diaphragme,  pleur^sie,  empy^me,  hydro- 
pisie  de  la  poitrine). 

3°  Toutes  ces  maladies  pouvaient  se  compliquer 
(asthme,  toux,  crachement  de  sang). 

Vinflammation  du  poumon  se  reconnaissait  «  ^  la  difficult^ 
de  respirer  qui  oblige  les  malades  i  se  tenir  assis  ou  la  tfite 


—  I4J  — 

haute;  une  douleur  pesante,  une  fidvre  aigue  et  une  rougeur 
extraordinaire  de  visage,  laquelle  se  remarque  particuli^re- 
ment  aux  joues,  avec  une  toux  et  crachement  de  sang,  quel- 
quefois  tout  rouge,  quelquefois  jaunitre  ou  bilieux,  et  quel- 
quefois  plus  blanch^tre  ou  pituiteux.  Ceux  qui  meurent  ne 
passent  pas  le  septi^me  jour.  » 

N'est-ce  pas  le  tableau  classique  du  pneumonique? 

Cependant  la  congestion  pulmonaire  et  les  bron- 
chopneumonies,  bacillaires  ou  non,  rentraient  aussi 
dans  cette  inflammation  des  poumons.  Certaines 
d'entre  elles,  ajoute  de  Rebecque,  ne  duraient  guere 
que  cinq  jours  (pr6somption  de  congestion  pulmo- 
naire); d'autres,  toujours  mortelles,  coincidaient  avec 
une  pleur6sie  (pr^somption  de  pneumonic  tubercu- 
leuse). 

La  saignde  copieuse  et  fr^quente,  les  ventouses  sca- 
rifi^es,  les  v6sicatoires  combattaient  inflammation  du 
poumon;  les  sirops,  juleps,  lohocs  «  meiirissaient  la 
toux  »  et  aidaient  4  Texpecloration. 

Les  tubercules  du  poumon  pouvaient  ^tVQ  cms;  ils  pou- 
vaient  milrir  et  suppurer;  les  malades  qui  en  6taient 
atteints  a  rendoient  quelquefois  par  la  bouche  comme 
de  petits  grains  qui  6tant  broy6s  avec  les  doigts,  il 
en  sort  de  la  fange  tres  puante  »  (bronchite  fttide, 
bronchectasie.) 

Les  poumons  attacbis  an  cdU  se  connaissaient  «  par  la 
difficult^  de  respirer  qu'on  y  sentait  principalement 
quand  le  malade  est  couch6  sur  le  c6t6  oppos6  4  celui 
ou  est  le  mal.  Ou  bien  les  adh6rences  pleurales 
pouvaient  ^tre  cons6cutives   d   quelque  plaie,  chute, 


V 


r  —     144     — 

empy^me,  pleur^sie  ou  d  une  symphyse  pleurale  de 
^v  naissance '. 

La  phthisic  6tait  une  consomption  de  tout  le  corps, 
consecutive  4  un  ulcire  des  poumons.  Get  ulcere  6tait 
cause  par  «  toute  humeur  dcre  et  rongeante  croupis- 
sant  et  pourrissant  dans  les  poumons.  » 

On  connaissait  d6jd  «  la  naturelle  disposition  qu'on 
a  d  ce  mal  quand  on  est  n^  de  p^re  ou  de  m6re  qui 
en  sont  afFect^s;  quand  on  a  la  poitrine  ^troite,  le  col 
long,  les  6paules  en  fa?on  d'ailes,  les  joues  rouges  ». 

Les  sympt6mes  physiques  en  avaient  6t6  ddcrits 
tr^s  minutieusement,  et  nous  ne  pouvons  r^sister  d 
Tenvie  d'ins^rer  le  tableau  du  phthisique  d'aprSs  Cons- 
tant de  Rebecque. 

«  Qjiand  done  la  phthisic  se  veut  former,  on  aper^oit  pre- 
midrement  une  petite  fluxion  sur  la  poitrine,  accompagnee  de 
toux  sdche ;  la  salive  est  plus  amdre  que  de  coutume,  et  Ton 
sent  quelquefois  des  chaleurs  et  fidvres  ligSres  :  ensuite  la 
toux  devient  plus  forte;  on  sent  une  pesanteur  de  poitrine  et 
des  douleurs  aigu^s  par  devant  et  par  derri^re  la  poitrine,  la 
fi^vre  devient  plus  sensible  et  la  fluxion  augmente.  Le  malade 
commence  d  cracher  une  matidre  pituiteuse,  6paisse  et  pour- 
rie,  son  corps  dichet  peu  d  peu  :  il  souffre  des  frissons  bien 
frequents,  la  nuit  il  sue  bien  fort ;  le  crachat  est  doux  :  fina- 
lement  lors  que  la  phthisie  est  formic,  on  crache  le  pus,  la 
fifevre  devient  v6h6mente,  la  toux  plus  friquente  et  forte,  le 
malade  est  fort  d6go6t6,  la  respiration  est  trfes  difficile  et  il  ne 
reste  au  malade  que  la  peau  et  les  os  ;  enfin  les  cheveux  lui 
tombent  et  le  flux  de  ventre  survenant  Temporte.  » 

I .  Henri  IV  se  plaignit  toute  sa  vie  d'une  difficult^  qu'il  avait  de  respi- 
rer ;  ses  m^decins  ne  purent  d^couvrir  la  cause  du  mal  qu'apr^  sa  mort ;  le 
proc6s-verbal  de  son  autopsie  nous  apprend  qu*il  avait  une  symphyse  pleu- 
rale du  ctiXt  gauche. 


f:  •.  , 


4' 


I 


Le  m^me  auteur  connaissait  revolution  rapide  de  la 
tuberculosa  survenant  aprts  des  maladies  aigues;  «  le  j 

mal  enlive  son  homme  en  peu  de  jours,  dit-il;  quand 
il  vient  d'autres  causes,  le  malade  tratne  plus  longtemps 
une  vie  languissante....  Quand  le  flux  de  ventre  sur-  ^ 

vient,  que  le  crachat  sent  mal,  ou  que  Ton  ne  crache 
plus,  c'est  un  signe  de  mort  prochaine.  »  ^ 

La  phthisie  pour  lui,  quoique  tr^s  grave,  pouvait  se  j 

gu^rir.  J 

«  L'on  peut  espirer,  dit-il,  un  bon  succts  dans  la  curation 
de  la  phthisie,  quand  i'ulc^re  n'est  pas  fort  grand  ni  inv^t^r^, 

quand  le  malade  est  robuste ,  qu'il  a  bon  ventre  et  bon 

app^tit,  les  ^paules  et  la  poitrine  larges  et  robustes,  pourvu 
qu'on  se  serve  un  long  temps  des  rem^des  convenables. 

Mais  ces  rem^des,  h^las  1  qui  devaient  tour  d  tour 
evacuer  les  humeurspeccantes,  modifier  Tulc^re,  rabattre 
la  fi^vre,  restaurer  le  corps,  n'dtaient  guere  efficaces,  4 
part  quelques  astringents  et  la  revulsion  ign^e  prati- 
qude  larga  manu,  comme  on  la  faisait  d  cette  ^poque. 

Dans  le  Portefeuille  de  Valiant  on  trouvera  4  plu- 
sieurs  reprises  les  mots  de  poulmonie,  de  pulmonistes.  j 

La  poulmonie  ou  dtbisie,  c'^tait  la  phthisie  avec  a  le 
d^jet  de  toute  Thumeur  naturelle  du  corps  »,  nous  dit 
La  Martini^re.  Le  poulmoniste,  c'est  le  phthisique  d  la 
troisieme  pdriode  d'une  tuberculose  d  Evolution  extre- 
mement  lente,  le  phthisique  qui  n'a  plus  que  les  os  ct 
la  peau,  «  qui  a  les  joues  ^troites,  les  yeux  enfonc^s 
dans  la  teste,  le  col  maigre  comme  aussi  le  reste  du 
corps.  i> 

Le  Maguet.  —  Le  tnonde  medical »  lo 


I 


^ 


—  146  — 

«  La  pleuresie  est  de  quatre  sortes,  nous  dit  Le  mide- 
cin  charitable  :  la  vraie,  la  bitarde,  la  sereuse  et  la 
venteuse.  La  waie  est  une  inflammation  de  la  plivre 
€  qui  est  une  membrane  qui  ceint  les  cdtes.  »  Laifausse 
ou  bdtarde  est  une  inflammation  des  muscles  intercos- 
taux;  la  siretise  est  une  douleur  piquante  des  cdtes 
«  faite  par  une  humeur  sireuse  qui  descend  du  cer- 
veau  »  et  la  venteuse  une  douleur  piquante  des  c6tes, 
sans  fi^vre,  «  faite  des  vents  et  flatuosit^s  enferm^s 
cntre  les  muscles  et  la  plivre.  » 

Cette  derniere  que  nous  laisserons  de  c6t6  n'etait 
autre  que  ce  que  nous  d^nommons  4  present  pleuro- 
dynie  et  pleurite. 

La  pleuresie  vraie  se  distinguait  de  la  bdtarde  en  ce 
que  dans  cellc-ci  le  malade  reposait  sur  le  cdt6  sain, 
tandis  que  dans  la  veritable  on  observait  le  decubitus 
du  c6li  malade. 

Vraie,  bdtarde  ou  sereuse  on  la  reconnaissait  4  six 
signes  :  la  «  douleur  piquante  des  cdtes  et  du  dos,  la 
fievre  continue,  le  pouls  dur,  petit  et  frdquent,  la  toux, 
et  le  crachement  de  sang  «  qui  paratt  en  la  plupart 
des  plcurctiques.  »  Le  crachat  rougedtre  indiquait  une 
pleurcisie  sanguine ' ;  le  jaundtre,  une  pleuresie  bilieuse ; 
le  blanchdtre,  une  pleuresie  pituiteuse,  et  le  livide  ou 
noir  une  pleuresie  m^lancolique. 

Tous  ces  signes  ^taient  d'un  faible  secours  pour 
poser   un  diagnostic    exact,    mais   ils    pretaient   aux 

I.  Lisez  pleuresie  due  k  une  extravasation  d*un  sang  pur,  bilieux,  pitui- 
toux,  md'lancoliquc. 


—  t47  — 

longues  dissertations  scientifiques  entre  consultants 
et  amenaient  des  indications  th^rapeutiques  bien  dif- 
ftrentes;  pourtant  une  6tait  universellement  admise 
dans  toute  pleur^sie,  la  saignde  dubrasducdt^  malade. 

Nous  ne  d^crirons  pas  toutes  les  preparations  chi- 
miques  usit^es  dans  la  pharmacie ;  le  lecteur  trouvera 
dans  le  Portefeuille  de  Valiant  plusieurs  des  remides 
sp^cifiques  :  la  fiente  de  cheval,  de  vache,  de  poule,  le 
sang  de  bouc  ',  la  suie  de  chemin^e. 

Uempytme  6tait  la  transformation  purulente  d'un 
epanchement  pleural.  Lorsque  la  fiivre  augmentait 
vers  le  vingtiime  jour,  lorsque  le  malade  se  plaignait 
de  frissons  frequents  et  violents  et  «  d'un  poids,  pesan- 
teur  et  fluctuation  en  la  partie  »,on  portait  le  diagnos- 
tic d'empy^me ;  si  «  le  pus  ne  s'^vacuait  pas  bien  par  les 
crachats  ou  par  les  urines  » ,  apr^s  avoir  aide  la  sup- 
puration par  «  cataplasmes  ou  empMtres  maturatifs, 
on  en  venait  d  Touverture  large  de  la  cavitd  pleurale. 

Sous  le  nom  d'astbme  on  ne  d^signait  pas  seulement 
la  crise  nocturne  des  asthmatiques,  mais  toute  diffi- 
cuhe  de  respirer.  Uasthme  comportait  trois  degr^s  : 

I®  La  dyspnde  caracteris6e  par  une  respiration  plus 
fr^quente  et  difficile; 


I.  II  nous  souvient,  pendant  T^t^  de  1894,  d'avoir  consult^,  d  Tigncs 
(pr^s  des  sources  de  I'ls^re),  un  brave  Savoyard  tuberculeux.  II  avait  eu, 
Thiver  pr^^ent,  une  pleur^sie,  disait-il,  et  il  s'^tait  tr^  bien  trouv6  du 
sang  de  chamois,  qui  est,  dans  ces  regions,  d'un  usage  courant.  Je  n*atta- 
chai  pas  d'importance  k  ses  dires,  et  je  le  regrette,  car  je  serai,  a  pr^nt, 
curicux  de  comparer  a  la  preparation  du  sang  de  bouc  »  indiqu^e  par  Val- 
iant, avec  la  pr^aration  du  sang  de  chamois  des  Savoyards. 


^ 


—  148  — 

2^  Lastbme  avec  gene  considerable  de  la  respiration, 
ronflements  et  sifflements  dans  la  poitrine. 

3°  Uortbopnie,  forme  tres  grave,  qui  fait  penser  aux 
dyspn^es  d'origine  cardio-vasculaire,  dans  laquelle  le 
malade  ne  pouvait  respirer  qu*assis  et  la  t^te  haute; 
dans  Torthopn^e  «  il  n'y  a  point  de  signes  de  catarrhe 
et  la  plupart  ont  les  pieds  enfl^s  et  une  mauvaise  cou- 
leur  et  habitudes  de  tout  le  corps  j>. 

Ces  trois  formes  reconnaissaient  ^  pour  cause  une 
humeur  gluante  tombant  du  cerveau  sur  le  poumon  et 
obstruant  plus  ou  moins  les  bronches. 

En  outre,  on  connaissait  d6j4  la  dyspn^e  sympto- 
matique  d'une  affection  pulmonaire,  ou  pleurale,  la 
dyspn^e  de  la  squinance,  de  Tapoplexie... 

Passons  rapidement  sur  la  toux  qui  ^tait  soignee 
d6jd  rationnellement  (les  expectorants  n'entrant  en 
jeu  que  lorsque  les  loochs,  sirops,  avaient  muri  la 
toux)  pour  arriver  au  Cracbement  de  sang, 

Uh^moptysie  6tait  dejA  diff^renci^e  de  la  gastrorrha- 
gie,  mais  le  seul  signe  qui  faisait  reconnaltre  cette 
derniire  6tait  la  sensation  de  pesanteur  et  de  douleur 
stomacale  pr^c^dant  le  vomissement  de  sang.  On  la 
difRrenciait  aussi  de  T^pistaxis,  d^glutie  et  rejet^e  par 
la  bouche,  ou  qui  6tait  cens^e  venir  du  cerveau.  Enfin 
on  ne  la  dcvait  pas  confondre  avec  les  h^morrhagies 
suppl^mentaires  ou  symptomatiques  d'une  affection 
hipatique  ou  spl^nique  sur  le  mecanisme  et  la  patho- 
genic desquellcs  la  medecine  d'alors  restait  muette. 

Une  fois  isol^e,  Thdmoptysie  pouvait  venir  soit  du 


FT^ 


149    — 


•^ 


Si 


poumon,  et  le  sang  sortait  alors  copieusement  et  spu-  | 

meux;  soit  de  la  poitrine,  le  sang  venant  en  petite 

quantity,  s'expectorant  avec  difficult^  et  6tant  de  cou- 

leur  noirdtre.  Ne  peut-on  pas  penser,  en  presence  de  ces 

symptdmes,  d  rWmoptysie  du  tuberculeux  et  d  ccUe  du 

cardiaque  et  de  Tarthritique? 

Les  saignees,  peu  abondantes  mais  r^itiries,  les 
ligatures  douloureuses  des  extr^mit^s,  les  vcntouscs 
seches  s'employaient  encas  d'h^moptysie.  Mais  les  deux 
grands  rem^des  ^taient  :  Topium,  sous  forme  de  lau- 
danum, et  les  astringents  employes  d  haute  dose  et 
m6thodiquement. 

L'opium  surtout  se  donnait  alors  d  des  doses  qui 
feraient  frdmir  le  praticien  actuel,  doses  qui  parfois 
enlevaient  le  patient,  qui  aussi  arrivaient  souvent  d 
juguler  rhemoptysie. 

Nous  avons  dejd  vu  que  le  medecin,  au  lit  du  ma- 
lade,  se  contentait  d'analyser  les  symptomes  que  lui 
accusaient  le  patient.  Uexamen  physique,  qui  de  nos 
jours  est  tout,  ne  comprenait  que  I'etude  du  pouls  et 
Fexamen  optiquedes  urines. 

Aussi,  6tant  donne  que  bien  souvent  les  maladies 
du  coeur  se  manifestent  par  des  signes  ext^rieurs  dont 
presque  aucun  n'est  pathognomonique,  ne  doit-on 
pas  s  etonner  de  voir  rang^es,  parmi  les  aifections  car- 
diaques,  toutes  les  syncopes  et  VimbecilliU  de  forces} 

On  distinguait,  en  outre,  comme  affection  cardiaque 
la  plus  fr^quente,  la  palpitation  de  cceur,  qu'on  definis- 


—  150  — 

sait  ainsi,  «  mouvement  deprav^  et  frequent  du  coeur 
et  effort  qu'il  fait  pour  chasser  ce  qui  rincommode,  ou 
pour  attirer  ce  qui  raccommode  ».  Ainsi  dans  les  fi^vres, 
la  chaleur  int^rieure  itant  trop  dlev^e,  le  coeur,  par  ses 
contractions  plus  rapides,  attirait  Tair  frais  et  cherchait 
d  chasser  de  ses  cavit^s  les  fuliginositis  qui  Tintoxi- 
quaient. 

On  connaissait  aussi  vaguement  la  piricardile. 
D'abord  simple  trouvaille  d'autopsie,  on  remarqua 
ehsuite  que  chez  un  piiricardique,  alors  que  le  malade 
se  plaint  de  palpitations,  les  battements  du  coeur, 
quoique  pr6cipites,  sont  tr^s  peu  sentis  par  la  main  du 
m^decin,  et  que  le  pouls  est  mol  et  languissant ;  cela 
suffisait  pour  poser  le  diagnostic.  On  s'accordait  sur  la 
gravity  du  pronostic  et  sur  la  frequence  de  la  mort 
subite  dans  la  p^ricardite. 

La  syncope  ou  difaillance  du  conir  6tait  due  d  une  perte 
plus  ou  moins  complete  des  esprits  vitaux,  amenant 
un  arrfit  de  la  vie,  accompagn^  de  sueurs  froides,  de 
faiblesse  et  diminution  du  pouls.  Si  ces  esprits  se 
reformaient,  le  malade  revenait  d  lui,  sinon  la  mort 
s'cnsuivait.  N'est-ce  pas  le  tableau  de  la  grande  et  de 
la  petite  angine  de  poitrine  ? 

UimbecilliU  de  forces,  rang6e  dans  les  aflfections  car- 
diaques,  ^tait  un  de  ces  ^tats  bizarres  de  faiblesse 
musculaire  accompagn^  de  perversion  des  facult^s  cdr6- 
brales,  sur  la  nature  duquel  la  science  n'est  point 
encore  tres  fix^e  et  qu'elle  classe  tant6t  dans  la  neu- 
rasthenic, tantdt  parmi  les  affections  mentales.  La  docte 


—  1)1  — 

Faculty  de  Paris  etait  a  cette  epoque  assurement  moins 
embarrass^e  et  avait  decr6t6  que  rimWcillit^  de  forces 
^tait  due  d  T  «  atonie  v  du  muscle  cardiaque ;  en  fortifiant 
ces  organes,  Torganisme  tout  entier  recouvrait  ses  forces. 

L'estomac,  «  la  cuisine  de  tout  le  corps  ou  se  prepare 
Taliment  qui  doit  nourrir  ce  petit  monde  »  (micro- 
cosme),  pouvait  fitre  afflig6  de  diverses  maladies, 
«  comme  sont  des  intemp6ries,  des  enflures,  des  in- 
flammations, des  ulceres,  plaies  et  ardeur.  » 

La  digestion  de  I'aliment  chez  Tindividu  sain  se 
faisait,  selon  les  uns,  par  la  chaleur  naturelle  de  l'esto- 
mac; pour  dautres,  grace  4  un  sue  acide  venant  de  la 
rate;  quelques-uns  accordaient  un  r6le  preponderant 
au  sue  pancr^atique  et  a  la  bile.  Cette  digestion,  qu'on 
appelait  aussi  premiere  coctioti,  transformait  Taliment  en 
chyle. 

Si  cette  coction  ^tait  insuffisante,  il  y  avait  indi- 
gestion; cette  indigestion  pouvait  fitre  l^g^re,  et  Tali- 
ment,  au  lieu  de  se  transformer  en  chyle,  se  changeait 
en  un  a  sue  cru  et  pituiteux  »  :  Tindigestion  se  nom- 
mait  alors  cruditdacide,  et  le  malade  se  plaignait  de  «  rots 
aigres  a  la  bouche  ».  Cette  coction  insuffisante  etait 
due  4  une  «  intemperie  froide  et  humide  du  ventri- 
cule '  »,  simple  ou  composee;  dans  ce  dernier  cas,  la 
cause  premiere  de  I'intemp^rie  stomacale  pouvait  r^si- 
der  dans  le  cerveau,  le  foie  ou  la  rate.  Le  pronostic 
variait  suivant  le  degre  de  I'indigestion.  Vindigestion 

1.  Le  vcntriculc,  c'etait  Testomac. 


1 


—    152   — 

entiire  et  parfaite  (ou  la  coction  6tait  nuUe)  entratnait 
la  mort  par  dysenteric,  puis  lientirie ;  Vindigestion  impar- 
faite  comportait  un  pronostic  r6serv6,  car  elle  itait  le 
plus  souvent  le  point  de  depart  de  «  coliques,  hydropi- 
sies,  catarrhes,  gouttes,  fi^vres  quartes,  quotidiennes 
et  semblables  ».  Vindigestion  «  apotu  cihique  »  c^dait  faci- 
lement  au  vomitif  et  surtout  d  Tipecacuanha,  lorsque 
ce  medicament  fut  mis  A  la  mode  par  Helv^tius. 

Mais  la  coction  de  I'aliment  pouvait  fitre  aussi  mau- 
vaise,  c'est  la  coction  ddprav6e  ou  Cruditi  nidoreuse  qui 
sc  reconnaissait  «  par  les  rots  sentant  les  oeufs  pour- 
ris,  par  la  soif  et  Talt^ration  qui  I'accompagne  ».  Ces  fer- 
mentations stomacales  ^taient  dues  4  une  «  intempi- 
rie  chaude  et  s^che  de  Testomac  » ;  elle  c^dait  facilement 
4  Temploi  des  purgatifs,  rhubarbe,  tamarin,  ou  des 
vomitoires,  mercure  doux,  calomelas  et  cabaret. 

Cruditi  acide  ou  erudite  nidoreuse,  une  fois  gu6ries, 
demandaient  un  regime  appropri^,  chaud  dans  le  pre- 
mier cas,  rafraichissant  dans  le  second,  regime  qui 
rem^diait  d  Tintemp^rie  de  I'estomac. 

Outre  la  faculty  digestive,  Testomac  avait  une  faculte 
sensitive;  lorsque  cette  derni^re  6tait  d^pravee,  il  y 
avait  mal  de  coeur  ou  douleur  d'estomac.  Le  mal  de 
cceur  6tait  ainsi  nomm6  parce  que  son  si6ge  6tait  le 
cardia,  le  cardia  ayant,  comme  son  nom  Tindique, 
«  une  grande  sympathie  »  avec  le  muscle  cardiaque. 
Le  mal  de  coeur  se  reconnaissait  aux  troubles  car- 
diaques  qu'il  entratnait:  «  il  semble  quele  coeur bondit 
et  manque  tout  4  coup;  le  malade  est  inquiet,  les  syn- 


—  153  — 

copes  et  migraines  s'y  joignent  bien  souvent  et  quel- 
quefois  le  vertige  et  Tipilepsie  y  surviennent  ». 

La  douleur  d^estomac  itait  Tindice  d'une  maladie  des 
tuniques  stomacales  et,  selon  ses  caract^res  spiciaux,  le 
praticien  portait  tel  ou  tel  diagnostic.  Dans  Yenflure 
de  I'estomac  (hypochlorhydrie  avec  fermentations)  il 
n'y  avait  point  i  proprement  parler  de  douleur,  mais  une 
pesanteur  au  creux  6pigastrique ;  V inflammation  de  Vesto- 
mac  (gastrites  toxiques  et  hy perch lorhydrie)  se  recon- 
naissait,  nous  ditC.  deRebecque,  «i  une  extreme  dou- 
leur, ardente,  piquante  et  battement  que  Ton  sent  en 
cette  partie  et  qui  s*6tend  jusques  au  dos ;  il  semble  qu'il 
y  a  quelque  chose  qui  tire  en  bas  les  6paules  ».  On 
s'attendrait  d  rencontrer  les  mfimes  caract^res  de  la 
douleur  dans  Vulctre  de  Testomac,  il  n'en  est  rien.  Bien 
au  contraire,  de  Rebecque  n'insiste  pas  sur  la  douleur 
de  I'ulc^re;  elle  est  simplement  piquante,  dit-il.Hd tons- 
nous  d'ajouter,  il  est  vrai,  que  Tulc^re,  malgr6  sa  symp- 
tologie  typique,  passait  le  plus  souvent  inaper? u  mSme 
4  Tautopsie.  Lorsqu'on  ouvrit  le  corps  de  Henriette 
d'Angleterre,  on  trouva  un  ulcere  de  Testomac,  mais 
il  fut  pris  par  tous  les  m^decins  presents  pour  «  un 
trou,  laquelle  estoit  arrive  par  m^garde  du  chirurgien 
qui  Tavait  coup6'  ». 

A  I'estomac  appartenait  encore  une  troisi^me  faculty, 
la  faculty  expultrice.  Lorsqu'elle  entrait  en  jeu,  elle  se 
manifestait  par  des  symptdmes  sp6ciaux  :  le  hoquet,  la 

I.  Voir  la  relation  de  Touverture  du  corps  de  Madame,  soeur  du  Roy, 
dans  le  Portefetiille  Valiant. 


—  154  — 
naus^e,  les  vomissements  d'humeurs  et  de  sang  et  la 
colore  siche  et  humide. 

Le  boquet  6tait  le  signe  d'une  reaction  de  I'eslomac 
contre  un  contenu  nocif,  que  ce  contenu  fQt  dcs  hu- 
meurs  ou  des  aliments  indigestes  ou  mal  cuits. 

Les  namies  montraient  que  I'estomac  s'apprfitait  i 
rejeter  ce  contenu.  Ce  rejet  se  produisait  d  la  suite  d'un 
«  mouvement  d6prav6  du  ventricule  » ;  ce  vomissement 
pouvait  £tre  «  de  viandes,  vers ',  chyle,  bile,  pituite,  mi- 
lancolie,  s6rosit6s  ».  Partant  de  cette  id6e  que  le  vo- 
missement n'itait  qu'un  acte  dtfensif  de  Testomac,  son 
pronostic  ne  pouvait  fitre  que  favorable.  Le  traitement 
itait  des  plus  simples  pour  Npoque  :  i  I'intirieur,  des 
purgatifs,  vomitifs  et  I'opium;  en  application  sur  la 
region  stomacale,  on  employait  fort  souvent  les  cata- 
plasmes  de  levain,  ou  de  croi!ite  de  pain  chaud,  arros^s 
de  laudanum. 

Si  la  douleur  de  I'ulcire  ^lait  peu  connue,  les  carac- 
t^res  de  son  himatimise  itaient  bien  d^crits.  On  con- 
naissait  de  plus  les  h^mat^m^ses  des  h^patiques,  des 
paludiens,  et  les  h^raatfimises  suppl^mentaires.  Ces 
derni^res  seules  comportaient  un  pronostic  relative- 
ment  b^nin. 

La  colere  bumide  6tait  «  un  certain  d^voyement 
d'estomac  tris  violent  par  lequel  il  se  dtcharge  par 
dessus  et  par  dessous  des  humeurs  bilieuses,  acres  et 

T,  On  atlribuait  beaui:oup  de  nuladies  d'estomac  i  des  vers,  t^ias  ou 
ascarides,  qui  refluaient  de  I'intesiin  dans  I'esiomac,  et  causaieni  des  pertur- 
bations  multiples  de  la  digestioti  et  de  la  sensibility  slomacaie.  S'ib  "  cba- 
touillaicni  sa  membrane  iniihieurc  j>,  il  y  avait  vomissement  riifleie. 


—  155  — 

corrompues  qui  rincommodent  ».  Cette  affection,  le 
plus  souvent  morlelle,  ressemble  fort  4  ces  cas  de 
fi^vres  typhoides  oil  pr^dominent  les  sympt6mes 
gastro-intestinaux :  «  fr^quentes  selles  jaundtres,  vomis- 
sements  d'humeurs  bilieuses,  enflures  et  douleurs  d'es- 
tomac,  morsures  d'intestins,  fi^vre,  convulsions,  frt- 
quentes  syncopes  ». 

La  colire  stcbe  6tait  d'un  pronostic  beaucoup  moins 
grave ;  elle  ilait  causae  par  une  «  humeur  ou  bilieuse, 
ou  pituiteuse,  ou  adusle,  ou  brul6e,  engendr^e  dans  un 
estomac  ou  trop  chaud  ou  trop  froid  » .  Elle  se  recon- 
naissait  i  «  Texcr^tion  d'un  esprit  flatueux  par-dessus 
et  par-dessous  accompagn^e  d'une  enflure  de  ventre  et 
d'une  douleur  de  lombes  et  de  cotez  ».  L'emploi  des  car- 
minatifs  hdtait  cette  excretion  et  il  ne  restait  plus  au 
praticien  qu'a  corriger  Tintemp^rie  de  Testomac  par 
des  rem^des  appropri^s. 

Uon  peut  voir  par  ce  qui  pr6cWe  combien  les  affec- 
tions gastriques  6taient  peu  connues,  et  combien  les 
signes  par  lesquels  ces  affections  se  manifestaient  exte- 
rieurement  6taient  mal  interpr^t^s.  Malgr6  cela,  le  trai- 
tement  6tait  assez  rationnel.  Si  Ton  abusait  un  peu 
trop  des  purgatifs  et  des  vomitifs,  on  ne  saignait  que 
rarement ;  outre  ce  point  important,  ces  purgatifs  ^taient 
des  purgatifs  doux.  Enfin,  on  employait  syst^matique- 
ment  deux  medicaments  qui,  a  notre  6poque,  ont  6te 
presque  compl^tement  rayis  de  la  th^rapeutique  des 
affections  gastriques,  Tipeca  et  I'opium.  Uopium  com- 
battait  le  sympt6me  douleur,  la  poudre  d'ip^ca  balayait 


•A 


1 


-  156- 

la  muqueuse  gastrique  et  modifiait  les  fermentations. 
Le  m^decin  qui,  de  nos  jours,  en  presence  d'une  h6ma- 
t6m6se,  ordonne  de  I'extrait  th6baique  i  doses  consi- 
derables, mais  fractionnies,  et  en  obtient  de  bons 
r^sultats,  doit  reporter  sa  pens6e  vers  les  th^rapeutes  si 
d^cri^s  du  xvii*  siicle,  qui,  malgr6  leurs  erreurs,  leurs 
engouements,  eurent  souvent  Tintuition  d'une  medi- 
cation ration  nelle. 

Comme  pour  Testomac,  on  divisait  les  maladies  de 
I'intestin  en  maladies  affectant  la  faculty  sensitive 
(colique,  mis6r6r6)  et  maladies  affectant  la  faculty 
expultrice  (constipation,  vers,  lienterie,  flux  coeliaque, 
diarrh^e,  dysenterie  et  flux  h^patique). 

La  colique  se  d^finissait  «  une  douleur  des  intestins 
causae  par  des  choses  qui  y  font  solution  de  conti- 
nuite  en  les  etendant,  piquant  et  rongeant  »;  ces 
choses,  c'etaient  des  humeurs  enflammant  les  tuniques 
de  I'organe,  des  vers,  Tobstruction  stercorale,  la  com- 
pression de  Tintestin  par  une  tumeur  de  voisinage, 
«  sa  contorsion  par  des  vents  ou  autre  chose  ».  U  y 
avait  done  une  foule  de  coliques,  bilieuse,  pituiteuse, 
vermineuse,  lypirias...  qui  toutes  avaient  leurs  carac- 
t^res  sp^ciaux  et  leur  traitement  appropri^. 

Mais  Tindication  th^rapeutique  capitale  6tait  le  clys- 
tere,  non  le  clysterc  doux  et  b^nin  dont  parle  Argan, 
mais  le  clyst^re  «  dcre  et  purgatif  »,  dans  la  composi- 
tion duquel  entraient  Teau  binite,  le  s6n6,  la  manne, 
la  coloquinte,  Thuile  d'amande  douce  ou  de  noix.  Ce 


—  157  — 

n'itait  qu'apr^s  ce  clyst^re  purgatif  qu  on  arrivait  au 
lavement  Emollient  suivi  bientdt  d'un  clyst^re  «  car- 
minatif  et  discussif  ».  Enfin,  dans  certains  cas  de 
coliques  rebelles,  on  pensait  d6j4  d  I'opoth^rapie,  et 
C.  de  Rebecque  nous  dit  grand  bien  des  a  intestins  de 
loup,  lav6s  dans  du  vin  blanc,  s6ch6s  au  four,  r^duits 
en  poudre  et  pris  au  poids  d'une  drachme  » . 

Le  misiriri  ou  passion  iliaque  6tait  a  un  mouvement 
d6prav6  des  intestins,  ou  un  sympt6me  dans  lequel  le 
ventre  est  entiirement  constip6  et  les  excremens  sortent 
par  la  bouche  ».  Si  la  pathoginie  proc^dait  tou jours 
du  gal6nisme,  on  connaissait  fort  bien  I'^tiologie  et 
la  symptomatologie  de  Tocclusion  intestinale. 

Le  traitement  consistait  en  purgatifs  violents,  car- 
minatifs,  et  en  clystires  sal6s  et  purgatifs ' .  On  calmait 
la  douleur  due  aux  contractions  de  Tintestin  par  de 
I'opium.  Si  la  colique  6tait  causae  par  un  engorgement 
hemiaire,  on  pratiquait  le  taxis.  Enfin,  en  d^sespoir  de 
cause,  on  faisait  avaler  au  malade  des  balles  de  plomb, 
de  mercure  ou  d'or,  et  C.  de  Rebecque  nous  parle  d'un 
brave  apothicaire  de  Geneve  oc  qui,  ayant  receu  pr6s 
de  quatre-vingts  lavemens  sans  aucun  fruit,  prit  enfin 
sept  bdles  de  mercure  et  encore  une  d'or,  qui  firent 
plus  que  tous  les  rem^des  pr6c6dents  ».  Dans  le  vol- 
vulus produit  par  une  colique  venteuse,  on  introdui- 
sait  dans  Tanus  un  soufilet  de  forgeron  et  on  insuf- 


X .  Encore  de  nos  jours,  que  de  praticiens  ont  les  m^mes  idtes  sur  le  trai- 
tement de  Fobstniaion  intestinale,  transform^  le  plus  souvent  en  occlu- 
sion par  les  purgatifs  violents  qu'ils  prescrivent. 


^  158- 

flait  le  plus  d'air  possible ;  ce  moyen  thirapeutique  ^ 
bizarre  ^tait  suivi  d'un  lavement  purgatif  qui  faisait 
alors  merveille. 

Les  vers  6taient  de  trois  sortes  :  «  les  uns,  nous  dit 
C.  de  Redecque,  sont  fort  longs  et  ronds  qui  s'en- 
gendrent  dans  les  menus  intestins;  les  autres  tris 
menus  et  comme  des  cheveux,  lesquels  s'engendrent 
dans  les  gros  intestins  et  pr6s  du  fondement,  et  les 
autres,  tr6s  longs  et  larges  en  forme  de  bande^  » 

Les  sympt6mes  d^notant  les  vers  intestinaux  ^taient 
fort  nombreux.  Nous  n'indiquerons  que  la  boulimie  : 
c  le  malade  est  travail!^  d'une  faim  canine  sans  se 
pouvoir  rassasier  ny  engraisser,  ce  qui  arrive  principa- 
lement  quand  il  a  un  ver  larger.  On  connaissait  fort 
bien  aussi  les  convulsions  provoqu6es  chez  Tenfant  par 
les  oxyures. 

Les  vers  larges  seuls  6taient  consid6r6s  comme  tr^s 
dangereux;  ils  amenaient  souvent,  disait-on,  la  mort 
subite,  et  cela  par  un  m^canisme  curieux  que  nous 
d^crit  Michel  EttmuUer.  Ils  sortaient  de  Tintestin, 
arrivaient  jusqu'aux  cavit6s  du  coeur,  et  14  buvaient 
tout  le  sang.  Cette  superstition  est  encore  vivace  dans 
le  peuple. 

La  mercuriale,  le  pourpier,  Tabsinthe  ^taient  r6pu- 


1.  Ce  moyen  toit,  du  reste,  aussi  vieux  que  la  mMecine,  et  Hippo- 
crate,  en  traitant  de  Tocclusion  intestinale,  le  recommande  chaudement. 

2.  Ce  sont  les  ascarides  lombricoides,  les  oxyures  et  les  t^nias;  leur 
pathog^nie  itait  trte  obscure ;  on  les  consid^rait  comme  provenant  d'une 
matidre  vetmineuse  produite  par  les  viandes  lourdes  et  terrestres,  les  fro- 
mages,  la  chair  des  vieux  animaux. 


"^. 


*• 


—  159  — 

tis  pour  tuer  les  vers.  Mais  on  commenfait  i  em- 
ployer d6j4,  avec  grand  succ^s,  la  decoction  de  foug^re 
qui  itait  surtout  indiqu^e  pour  les  vers  larges.  Le  para- 
site tu6  6tait  6vacu6  par  les  purgatifs :  rhubarbe,  agaric, 
s6n6,  tamarin '. 

La  lienterie  6tait  «  un  flux  de  ventre  ou  Ton  rend 
les  alimens  tels  qu'on  les  a  pris  » ;  dans  le  flux  cce- 
liaque  les  alimens  6taient  rendus«  encore  crus  et  4  moi- 
ti6cuits  ».  Lienterie  et  flux  coeliaque  reconnaissaient 
comme  cause  une  intempirie  humide  et  froide  de  Tes- 
tomac  (emp^chant  ou  retardant  la  coction  des  ali- 
ments), accompagn^e  d'une  irritation  de  la  faculty 
expultrice  et  d'une  faiblesse  de  la  faculty  ritentrice  de 
rintestin. 

Dans  le  flux  cceliaque,  peu  de  douleur  et  une  alte- 
ration moyenne  accompagnaient  la  diarrh^e ;  dans  la 
lienterie,  la  diarrh^e  se  compliquait  d'une  «  mordica- 
tion  de  I'estomac  et  de  Tintestin,  d'une  grande  chaleur 
et  grande  alteration  ». 

Le  traitement  comportait  des  cataplasmes  ou  des 
onctions  calmantes,  des  clyst^res  «  astringeans  et  con- 
fortatifs  »  ;  4  rintdrieur,  on  ordonnait  les  bouillons  de 
riz,  du  sirop  d'absinthe,  la  gel6e  de  coings,  le  cotignac 
ambr6,  la  confection  d'hyacinthe... 

La  diarrbie  6tait  «  une  Wquente  dejection  et  flux  de 


I .  Louis  XIV  fut  afHig^,  4  diverses  reprises ,  de  vers  intestinaux,  asca- 
rides  iombricoideSf  selon  toute  probability.  D^  1659,  Vallot  signala  la  pre- 
sence de  vers  dans  les  selles  royales;  on  en  retrouva  en  1696,  1697,  1704, 
1705,  1709.  Fagon  attribuait  k,  cette  helminthiases  jet  continu  les  ^tour- 
dissements,  vapeurs  et  vertigcs  de  Sa  Majesty  tr6s  chr^tienne. 


,  ^»*j 


''  .f.f 


■  -  *♦.■ 


—  i6o  — 

ventre  06  Ton  ne  fait  que  des  humeurs  excr^menteuses  ». 
C6tait  une  des  affections  les  plus  goilt^es  du  praticien 
qui  se  plaisait  d  en  rechercher,  en  de  longues  disserta- 
tions, la  nature  et  la  pathog^nie.  a  L'inspection  des 
excr^mens  »,  qu'fitienne  Pasquier  recommandait  tant, 
6tait  faite  avec  componction  et  grand  sirieux  et  entrai- 
nait  un  diagnostic  «  de  visu  et  odoratu  ».  « II  n'est  besoin 
non  plus,  nous  dit  C.  de  Rebecque,  que  de  regarder 
dans  le  bassin  pour  scavoir  si  la  diarrh^e  est  bilieuse, 
pituiteuse,  m6lancolique,  s6reuse,  ou  de  mati^re  fScale, 
ou  mfil^e  de  diverses  humeurs  ensemble,  ou  critique, 
symptomatique,  colliquative  ». 

Onordonnait  des  purgatifs  doux  et  b^nins  purgeant', 
d'abord,  resserrant  ensuite  :  rhubarbe,  myrobolants 
citrins....Puis  on  administrait  des  remedes  et  clystSres 
astringeants  et  corroboratifs :  plantin,  persicaire,  n^fles, 
coings,  sorbes,  cotignac.  Dans  certains  cas  enfin,  le 
mercure  doux  et  I'antimoine  diaphor^tique  6taient  indi- 
qu6s. 

La  dysenteric  itait  a  un  flux  de  sang  frequent,  accom- 
pagn6  d'ulc^re  des  intestins  et  de  grandes  douleurs  de 
ventre  » ;  elle  pouvait  fitre  6pid6mique  ou  non.  La 
dysenterie  6pid6mique  se  reconnaissait «  ides  dejections 
noires,  brtll^es  et  puantes,  accompagnies  d'une  grande 
fi^vre  et  d'autres  fScheux  sympt6mes  comme  de  dou- 
leurs et  veilles  extremes,  abattemens  de  forces,  convul- 

I.  La  diarrh^  critique  survenait  i  la  p^riode  critique  d*une  maladie;  ia 
symptomatique  n*^tait  qu'un  sympt6me  d'une  affection  en  voie  d'^volu- 
tion;  la  colliquative  ^tait  une  diarrh^e  grasse  et  huileuse  due  k  la  consomp- 
tion  du  corps  par  les  fi^vres  ardentes,  pestilentielles  ou  hectiques. 


■>  : 


a 


—  i6i  — 

sions,  hoquets  et  delire  ».  Dans  la  dysenteric  non  6pi- 
d^mique,  Ton  faisait  a  des  morceaux  de  chair  ou  rdclures 
de  boyaux  ». 

La  dysenterie,  souvent  tris  grave  et  amenant  la  mort 
en  trois  semaines,  ne  demandait  gu^re  que  des  remides 
internes  ou  externes  anodins,  et  Temploi  du  lauda- 
num; le  lait  calybe  ou  non',  le  petit-lait,  les  oeufs, 
Teau  de  riz  constituaient  toute  Talimentation  du 
malade  ^  Bref,  regime  et  traitement  eussent  fait  grand 
bien  au  malade  et  grand  tort  i  Tapothicaire,  et  Ton 
ordonnait  dans  la  dysenterie  epid^mique  une  foule 
d'alexipharmaques  et  contrevenins  :  terre  sigillde,  bol 
d'Arm^nie,  tormentille,  bistorte,  bezoard,  th^riaque, 
orvi^tan. 

Sous  le  nom  de  flux  hipatiqiiCy  on  d^signait  des 
selles  sanglantes,  lavure  de  chair,  sans  douleur  con- 
comitante.  11  comportait  un  pronostic  tres  grave.  Son 
traitement  etait  celui  de  la  dysenterie. 

Le  rectum  ou  droit  intestin  6tait  sujet  4  divers  acci- 
dents ou  maladies,  mais  les  venues^  condylomes,  rha- 
gades,  en  un  mot,  le  cancer  du  rectum,  relevaient  des 
seuls  chirurgiens.  Le  ienesme,  la  suppression,  la  douleur  et 
le  flux  himorroldal  exagiri  6taient  de  la  competence 
m^dicale. 

Toutes  les  collections  purulentes  avoisinant  Tintes- 
tin,  I'estomac  :  appendicite,  p^ritonite  enkyst^e...  6taient 

1.  Lc  lait,  le  vinaigre....,  calyb^  consistaient  en  du  lait,  du  vinaigre 

dans  lesquels  on  dteignait  des  morceaux  de  fer  rougis  au  feu. 

2.  Ne  pas  oublier  que  vers  la  fin  du  r^gne  de  Louis  XIV,  Helv^tius 
employa,  avec  grand  succes,  la  poudre  d'ip^ca  dans  la  dysenteric. 

Le  Maguet.  —  Le  ttiotide  medical.  1 1 


—    l62    — 

consid^rtes  commc  resultant  d'une  inflammation  du 
misentere,  consecutive  elle-meme  k  une  ohstructioti  du 
misentere. 

Le  mesentere  est  cette  coeffe  qui  enveloppe  les  boyaux  et 
est  parsem6  de  quantity  de  veines  m&arai'ques  et  lact^es  : 
celles-la  remplies  de  sang  et  celles-cy  de  chyle,  toutes  les- 
quelles,  ^  raison  deleur  petitesse,  sont  sujettesi  £tre  obstru^es 
par  un  sang  ou  un  chyle  trop  6pais  ou  par  des  humeurs  quiy 
viennent  du  sang  ou  de  la  rate;  elles  sont  aussi  souvent  com- 
primi^es  par  les  tumeurs  et  glandules  qui  se  font  au  mesentere. 

Le  sympt6me  capital  de  rinflammation  du  mesentere 
(itait  rapparition  de  chyle  corrompu  et  de  sang  dans 
les  selles,  chyle  corrompu  qui  fait  penser  au  pus  d'un 
abces  s'ouvrant  dans  la  lumiere  de  Tintestin. 

Ce  qui  nous  fait  pencher  encore  vers  cette  interpre- 
tation, c'est  que  Tapparition  de  ces  dejections  chyleuses 
coincidait  avec  la  sedation  de  la  douleur. 

Les  n^oplasmes  intestinaux  etaient  eux  aussi  rappor- 
tes  au  mesentere  et  se  designaient  sous  le  nom  de 
squirrbe  du  misenttre. 


L'intempirie  chaude  ou  cbaleur  dufoie,  due  A  Tabus  du 
vin  pur,  des  aliments  et  medicaments  trop  echauffants, 
aux  fievres,  d  la  colore,  avait  pour  efFet  de  produire 
«  quantitd  d'humeurs  chaudcs  bilieuses  et  bruises  ». 
Les  signes  en  etaient  : 

Un  degout  de  toutes  sortes  de  viandes  et  principalement  de 
la  chair,  une  grande  constipation  et  alteration ;  une  chaleur 


-  i6^  - 

extreme  de  tout  le  corps,  laquelle  se  remarque  particuliire- 
ment  en  la  plante  des  pieds  et  au-dedans  de  la  main,  une 
maigreur  de  tout  le  corps,  et  finalement  une  bouche  am^re  et 
des  flux  de  ventre  et  vomissemens  bilieux. 

L'^vacuation  des  humeurs  bilieuses  et  la  correction 
de  Tintemp^rie  du  foie  amenaient  rapidement  la  gu6ri- 
son  (saignees  et  cholagogues  suivis  d'aliments  et  de 
medicaments  rafralchissants). 

Les  inflammations  et  abcis  du  foie  6taient  des  tumeurs 
chaudes  caus^es  par  un  sang  trop  abondant,  trop  chaud 
et  dcre.  La  symptomatologie  de  cette  affection  itait 
bien  d^crite  : 

Les  signes  sont  une  pesanteur  et  tension  en  Thypochondre 
droit  et  une  douleur  pesante  en  cette  mSme  partie,  laquelle 
s'itend  quelquefois  jusques  aux  fausses  c6tes  et  au  col,  une 
fifevre  qui  se  redouble  la  nuit  et  est  plus  ou  moins  ardente;  la 
difficult^  de  respirer  y  est  aussi  grande,  accompagn^e  d'une 
toux  sdche,  d'un  pouls  dur  et  inigal,  d'un  digoiit  extreme, 
d'une  alteration  excessive  et  de  vomissements  bilieux  ou  pitui- 
teux  lorsque  la  partie  convexe  du  foie  est  plus  affectee,  la 
tumeur  s'y  fait  mieux  sentir  '.  Si  Tinflammation  est  plus 
dans  la  partie  cave  du  foie  que  dans  la  convexe,  la  tumeur 
paroit  en  Thypochondre  droit,  et  le  sentiment  ou  douleur 
quand  on  la  touche  sert  k  la  distinguer  de  la  colique. 

Malgre  Touverture  de  Tabc^s  d  la  peau,  dans  Tintes- 
tin  ou  «  dans  les  urines  »,  le  pronostic  etait  tres  grave. 
Cependant  si  le  pus  etait  «  blanc  et  pur  »,  le  malade 
pouvait  s'en  rechapper ;  le  «  pus  semblable  a  de  la  lye 

I.  On  le  distinguait  de  I'empy^me  par  le  caract^re  special  de  la  douleur 
qui  etait  plus  piquante  dans  Tempycme  et  teubive  dans  Tabces  du  foie. 


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1 


—  i64  — 

d'huyle,  ou  rougeatre  ou  puant  »  indiquait  la  lermi- 
naison  fatale,  inevitable.  Ne  peut-on  reconnaltre,  dans 
ces  caract^res  propres  d  chacun  des  deux  pus,  labels 
sterile  du  foie  et  Tabces  secondairc  4  streptocoque 
dont  le  pronostic  est  si  different  ? 

Uabc^s  une  fois  ouvert  dans  Tintestin  ou  Tappareil 
urinaire  devenait  Yulcire  dufoie.  Lc  traitement  devenait 
cxclusivement  chirurgical.  On  essayait  par  le  fer 
rouge  ou  le  caut^re  potentiel  d'arriver  sur  la  poche 
purulente ;  le  pus  trouvant  une  issue  plus  large,  rori- 
fice,  faisant  communiquer  la  poche  avec  Torgane  voi- 
sin,  pouvait  alors  s'obturer. 

Vohstruction  du  foie  n'^tait  autre  que  la  congestion 
h^patique,  et  la  m^decine  chimique  avait  d^jd  mis  fort 
d  la  mode  le  mercure  de  vie  ou  mercure  doux,  qui  fai- 
sait  merveille  dans  cette  affection.  On  voit  que  Tem- 
ploi  du  calomel  dans  les  affections  du  foie  ne  date  pas 
de  notre  ^poque  et  que  ce  medicament  6tait  ordonne 
des  la  fin  du  xvii*=  siecle  \  L'obstruction  du  foie  entrai- 
nait  quelquefois  la  jamiisse  qui  ^tait  surtout  due  a 
r  «  obstruction  de  la  vessie  du  fiel  ».  On  savait  bien 
que  cette  obstruction  pouvait  6tre  due  d  un  calcul, 
mais  je  n'ai  pu  retrouver  aucune  6bauche  de  descrip- 
tion de  la  colique  h^patique.  Toutefois  de  Rebecque 
nous  dit  que  Tinflammation  du  foie  n'entrainait  pas 
toujours  un  abc^s  et  il  nous  dipeint  la  douleur  grava- 

I.  Apres  avoir  ^t^,  pendant  deux  si^cles,  consid^re  comme  le  chob- 
gogue  par  excellence,  le  calomel  est  battu  en  br^che ;  des  recherches  toutes 
r^entes  d'auteurs  allemands  tendent  ^  lui  d(^nier  toute  action  sur  le  paren- 
chyme  h^patiquc.  Grandeur  et  decadence! 


-  i65  - 

tive  allant  «  jusqu'au  col  ».  L'irradiation  sp^ciale  de  la 
douleur  de  cette  inflammation  guirissahle  ne  ressemble- 
t-elle  pas  beaucoup  i  Tirradiation  vers  le  bras  droit, 
constante  dans  la  douleur  de  la  colique  h^patique? 

Dans  ce  siecle  de  beuveries  et  de  franches  lipp^es,  la 
iaunisse  «  a  crapula  »  (§tait  chose  fr^quente.  Aussi  connais- 
sait-on  tr6s  bien  ses  symptdmes  et  notait-on  son  appa- 
rition consecutive  4  des  signes  d'embarras  gastrique. 
On  savait  qu'elle  c^dait  tr6s  bien  au  traitement  et  au 
regime,  contrairement  aux  jaunisses  symptomatiques 
d*une  affection  h^patique. 

Les  cirrhoses  et  les  n^oplasmes  h^patiques  6taient 
confondus  sous  le  nom  de  squirrhes  du  foie,  qui  pou- 
vaient  etre  indolores  ou  non.  cc  Les  signes  du  squirrhe 
sont  une  duret^,  tension,  pesanteur  en  Thypochondre 
droit  plus  grandes  que  dans  la  grande  obstruction,  une 

pdleur  ou  mauvaise  couleurdu  visage  et  une  maigreur 
extreme  de  tout  le  corps.  »  Le  squirrhe  douloureux, 
c*6tait  le  squirrhe  parf ait,  le  cancer  du  foie  de  notre  classi- 
fication actuelle;  il  est  incurable  et  mortel,  dit  C.  de 
Rebecque.  Le  squirrhe  imparfait  non  douloureux  entral- 
nait  souvent  I'hydropisie  ' ;  a  en  la  plupart  de  ceux  qui 
meurent  d'hydropisie,  dit  Ettmuller,  on  trouve  le  foie 
non  seulement  d6lav6  et  baign6  d'eau,  mais  aussi 
quelquefois  duret  squirrheux  ». 

I.  Nous  ne  parlerons  ici  que  de  I'hydropisie  du  p^ritoine  et  de  Tana- 
sarque,  hydropisie  g^n^rale;  il  y  avait  fouie  d*autres  hydropisies,  toutes  les 
fois  qu'un  kyste  d'une  certaine  importance  se  formait  dans  un  organe  ou 
iorsqu'une  collection  s^reuse  se  formait  d'une  fa^on  insidieuse  dans  une 
s^euse  :  hydroc^phalie,  hydropisie  de  la  poitrine,  hydropisie  de  la  matrice 
(kyste  de  Tovaire). 


—  i66  — 

Vhydropisie  comprenait  trois  formes  :  i°  VbydropisU 
anasarque,  «  enflure  et  oedime  de  tout  le  corps  » ;  2° 
Vhydropisie asciise,  ^a  Thydropisie  du  p^ritoine » ;  ^^Ybydra- 
piste  tympanite  «  ou  le  ventre  est  tendu  comme  un 
tambour,  et  lors  qu'on  frape  dessus,  il  s'y  fait  un  son 
comme  qui  battroit  un  tambour  ». 

Vljydropisie  anasarque  dtait  due  au  passage,  dans  un 
foie  obstru^,  d'un  sang  cru,  froid  et  pituiteux  qui  se 
transformait  en  eau;  cette  transformation  une  fois 
faite,  cette  eau  se  r^pandait,  s'extravasait  dans  tous  les 
tissus,  causant  I'anasarque  \ 

On  le  reconnaissail  i  «  une  paleur  de  visage  et  de  tout  le 
corps,  une  enflure  et  tumeur  oed^mateuse  des  pieds,  une 
pesanteur  de  coeur,  et  une  difficult^  de  respirer  extraordi- 
naire, un  dugout  et  un  ddfaut  de  soif,  des  urines  blanchatres 
et  en  petite  quantity,  un  pouls  petit,  mol,  frequent  et  in6gal; 
le  corps  est  tout  enfl^  en  sorte  que  quand  on  le  presse  avec  le 
doigt  la  fosse  y  demeure,  et  sur  la  fin  il  vient  une  fifevre  lente 
avec  une  I6g^re  soif:  c'est  un  bon  signe  quand  il  y  survient 
un  flux  de  ventre  qui  emm^ne  une  bonne  partie  de  ces 
humeurs  ». 

\Jbydropisie  ascites  se  pr^sentait  chez  les  personnes 
qui  usaient  en  trop  grande  quantity  des  boissons,  des 
viandes  humides  et  aqueuses...,  mais  il  fallait,  en  outre, 
une  intemp^rie  ou  une  obstruction  des  reins  qui  em- 
pechait  ces  boissons  de  passer  dans  les  urines. 

Cette  esp^ce  d'hydropisie,  dit  C.  de  Rebecque,  se  reconnait 
par  Tcnflure  et  tumeur  molle  extraordinaire  du  ventre,  par  la 
fluctuation,  bruit  et  mouvement  de  Teau  qu'on  y  sent  lorsque 

I .  Encore  appelee  Etostume  ou  Hyposarce. 


-  167- 

le  malade  se  tourue  de  cdt^  ou  d'autre  ' ;  Tenflure  s'^tend 
bien  tot  jusques  aux  cuisses^  aux  jambes  et  aux  pieds,  et  com- 
mence mSme  quelquefois  par  les  pieds,  cependant  les  parties 
sup6rieures  deviennent  maigres  et  atrophides,  les  urines  sont 
^paisses  et  en  petite  quantity,  la  difficult^  de  respirer  augmente 
de  jour  en  jour,  la  soif  devient  extreme,  laquelle  ne  se  peut 
eteindre,  et  finalement  il  s'allume  une  fiivre  lente  qui  con- 
sume peu  a  peu  le  malade  si  elle  n'est  pas  pr^venue  par  la 
suffocation  que  causent  ces  eaux  quand  elles  montent  jusques 
k  la  poitrine  et  au  coeur. 

Vbydropisie  tympanite  6tait  causae  par  des  vents  en- 
ferm^s  dans  le  piritoine  ou  Tintestin.  Ces  vents  s'^le- 
vaient  «  d'une  humeur  crue,  6paissc,  pituiteuse,  m6- 
lancolique,  aduste,  contenue  ou  dans  I'estomac,  ou 
dans  les  intestins,  ou  entre  les  membranes  d'un  dia- 
phragme  et  des  intestins,  et  engendries  par  la  grande 
froideur  ou  Texcessive  et  brulante  chaleur  de  I'estomac 
et  des  autres  visc^res  ».  La  tympanite  se  compliquait 
souvent  d  ascite  et,  le  vieux  dicton  «  un  grand  vent  pre- 
cede la  pluie  »  6tait  d6jd  d'un  usage  courant  d  cette 
^poque.  Chose  curieuse,  le  pronostic  de  la  tympanite 
6tait  encore  plus  r6ser\'6  que  celui  de  I'ascite  et  de 
I'anasarque,  son  traitement  6tait  de  mfime  beaucoup 
plus  compliqu6.  Dans  I'ascite  et  I'anasarque,  on  s'en 
tenait  a  Temploi  des  poudres,  vins,  sirops,  tisanes  diu- 
r^tiques  et  hydragogues  *.  «  La  saign^e,  le  trop  boire 
et  menger  sont  contraires  d  I'hydropique,  »  nous  dit 

1 .  Lc  ventre  frapp^  sonne  comme  si  Ton  frappait  sur  un  pot  ouvert,  nous 
dit  Y Empiric  charitable, 

2.  C'est-i-dire  qui  purgent  les  eaux ;  c'^taient,  entre  autres,  le  jalap,  le 
sirop  de  nerprun,  le  sirop  rosat,  le  sirop  de  fleurs  de  probers. 


—  i68  — 

La  Martiniere.  Dans  la  tympanite,  au  contraire,  il  fallait 
tout  d'abord  preparer  et  ivacuer  les  humeurs  gluantes. 
cause  premiere  de  tout  le  mal ;  I'essence  d'elUbore, 
suivie  d'un  purgatif  violent,  ^tait  souveraine  pour  cela. 
On  s'attaquait  ensuite  aux  vents,  et  tes  remedes  carmi- 
natifs  entraient  en  jeu :  le  carvi,  le  cumin,  I'anis,  le 
fenouil,  la  menthe.  On  ne  n^gligeait  pas  Temploi  de 
cataplasmes  d  base  d'urine,  quelquefois  m^me  I'urine 
6lait  administr^e  d  rintirieur,  comme  le  recommande 
ci-dessous  Y Empiric  charitable : 

Prenez  feuiUes  de  scolopendre  et  de  genfit,  de  chacun  une 
poign^e,  <]ue  ferez  bouillir  dans  suffisante  quantity  d'urine, 
puis  meitre  dans  la  coulature  demie  once  de  crystal  mineral, 
deux  onces  de  syrop  de  roses,  et  trois  onces  de  miet  commun, 
reiterant  toutes  les  mSmes  choses  jusques  i  parfaite  gudrison. 


Toutes  les  fois  que  «  une  douleur,  tension  ou  tu- 
meur  »  apparaissait  dans  rhypocondre  gauche,  la  no- 
tion d'une  affection  de  la  rate  s'imposait.  Si  le  foie 
6tait  consid^rd  comme  Ic  r^gulateur  par  excellence  de 
r^conomie,  la  rate  en  itait  Ic  trouble-ffite.  Nous  ne 
reviendrons  pas  ici  sur  la  m^lamolie  bvpocondriaque,  dont 
nous  avons  parl6  plus  haut.  On  distinguait  en  outre 
une  itifiammation  de  la  rate  pouvant  se  compliquer 
d'abces  et  d'lilcirc,  une  obstruction  de  ce  visc^re  se  tradui- 
sant  par  une  enfiure  de  la  rate,  enfin  le  sqmrrbe  dc  la  rate. 

De  Vinftatiitnaiioii,  nous  nous  contenterons  de  dire 
qu'elle  se   reconnaissait  i  une  «  tumeur,  pesanteur. 


—  i69  — 

pulsation  et  douleur  en  I'hypochondre  gauche  »  accom- 
pagn^e  de  fi^vre  continue  et  d'un  6tat  g^niral  mau- 
vais  \  Elle  se  terminait  sou  vent  par  la  mort;  cepen- 
dant  il  pouvait  survenir  une  crise  salutaire  «  par  des 
h^morrhagies  et  flux  de  ventre  et  d'urine  ».  Ne  pour- 
rait-on  pas  reconnaitredans  ce  tableau  la  fi^vre  typhoide 
classique  ? 

Vobstruction  de  la  rate  6tait  produite  par  des  hu- 
meurs  ^paisses,  gluantes  et  froides,  qui  bouchaient  les 
vaisseaux  spl6niques,  amenant  ainsi  une  enflure  sou- 
vent  considerable.  Cest  la  rate  impaludique  qu'on  ren- 
contrait  chez  «  gens  qui  habitent  proche  des  marais  ou 
eaux  dormantes  ».  Le  tableau  clinique  de  I'aifection 
est  bien  esquiss6  par  de  Rebecque  :  «  Le  malade  sent 
pesanteur,  douleur,  tumeur,  tension  et  durtd  en  Thy- 
pochondre  gauche,  le  visage  est  livide  et  plomb6,  tout 
le  corps  pesant,  la  personne  triste,  morne  et  taciturne.  » 
Outre  le  quinquina,  qui  eut  vers  la  fin  du  xvii^  siicle 
grand  renom,  on  ordonnait  aux  impaludiques  surtout 
des  preparations  ferries,  eau,  vin,  vinaigre  calybes. 

Le  squirrhe  de  la  rate  rappelait  par  ses  signes  le 
squirrhe  du  foie ;  il  pouvait  etre  parfait,  avec  douleurs 
tr^s  vives ;  non  douloureux,  il  6tait  imparfait. 

Les  douleurs  si^geant  d  Thypocondre  gauche,  fixes 
sans  irradiation,  accompagn^cs  d'un  sentiment  de 
pesanteur,  itaient  localis^es  dans  la  rate.  Leur  m^ca- 
nisme  de  production  (itait  tant  soit  peu  bizarre ;  clles 

I .  La  langue  est  noire  et  charg^c. 


^ 


—  170  — 

^taient  dues  4  des  vents  «  6tendant  les  membranes  de 
la  rate  ».  Aussi  devait-on,  apr^s  avoir  6vacu6  Thumeur 
m^lancolique,  cause  de  tout  le  mal,  chasser,  grdce  d 
toute  la  lyre  des  carminatifs,  ces  vents.  La  revulsion 
locale,  et  aux  ventouses  s6ches,  6tait  en  outre  forte- 
ment  indiqu^e  dans  ce  cas. 

Lc  scorhut  '  6tait  plac6  dans  les  maladies  de  la  rate, 
mais  tous  les  auteurs  s'accordaient  sur  ce  point  que  la 
rate  n'^tait  qu'un  des  nombreux  organes  touches.  «  Le 
scorbut  est  un  abreg6  ou  plut6t  un  amas  de  tous  les 
maux  du  corps  humain,  lesquels  sc  rencontrent 
presque  tous  en  ce  mal  ^  » 

Sa  cause  premiere  6tait  une  humeur  pituiteuse  et 
melancolique,  epaisse,  gluante,  «  qui  empoissoit  tous 
les  visc^res  du  bas-ventre,  I'estomach,  lc  foye,  la  ratte, 
le  m^ent^re  et  le  pancreas  ». 

On  connaissait  tr^s  bien  la  symptomatologie  du 
scorbut  :  la  voici  d'apr^s  C.  de  Rebecque  : 

Les  signes  du  scorbut,  quand  il  ne  fait  que  commencer, 
sent  une  lassitude,  feiblesse  et  pesanteur  de  tout  le  corps,  une 
difficult^  de  respirer  au  moindre  mouvement  qu'on  fait ;  le 
corps  devient  plus  gras  et  en  bon  point ;  s'il  s'enfle,  ou  plutot 
boursoufB^,  ensuite  la  couleur  du  visage  devient  livide  et 
plomb6e;  on  sent  une  d^mangeaison  de  gencives  accompagnfee 
de  rougeur  et  d'inflammation,  le  pouls  devient  indgal,  tantot 
fort  titwi  et  tantot  foible,  petit,  intermittent  et  semblable  a 
celuy  d'une  personne  qui  s'en  va  mourir;  les   urines  sont 


1.  Trte  frequent  alors  dans  le  nord  de  la  France,  proche  le  littoral. 

2.  Le  Midecin  Francois  Charitable. 


—  lyi  — 

ou  claires  ou  rouges,  troubles  et  sablonneuses.  Le  mal 
augmentant,  ces  sympt6mes  augmentent  aussi,  principalement 
Toppression  qui  est  si  grande  quelquefois  que  le  malade  en 
tombe  en  d^faillance;  le  ventre  est  resserr6  presque  toujours; 
k  quelques-uns  cependant  il  survient  des  diarrhtes  de  terns  en 
terns;  les  gencives  s'enflent,  s'ulcdrent  et  se  pourrissent, 
sentent  mal  et  jettent  un  sang  puant  et  s6reux,  les  dents 
branlent  et  se  raffermissent  derechef,  les  jambes  deviennent 
toutes  marquees  de  tJches  rouges,  pourpr^es  ou  noires,  et 
quelquefois  aussi  le  dos  et  les  lombes  ;  il  y  survient  aussi  des 
frdquentes  coliques,  des  ^tranges  douleurs  de  dents  qui  vont 
d'une  dent  i  Tautre ;  des  gouttes  errantes  qui  attaquent  tantot 
une  jointure,  tantot  une  autre,  deis  dysenteries,  vomisse- 
ments,  paralysies  batardes,  des  convulsions,  des  Epilepsies,  des 
maladies  soporeuses,  des  dtfaillances,  des  douleurs  de  diverses 
parties  du  corps,  des  pleur&ies,  gales,  6rysip6les,  fievres  et 
eofin  des  gangrfenes,  hydropisies  et  atrophies  mortelles. 

Le  cresson,  le  raifort,  la  salsepareille,  en  un  mot, 
toutes  les  plantes  d^puratives  constituaient  la  base  du 
traitement.  Le  cresson  surtout  Etait  le  specifique  du 
scorbut  et  s'ordonnait  mfime  pr^ventivement. 


U inflammation  des  reins  se  reconnaissait  4  une  adou- 
leur  pesante  et  quelquefois  avec  battement  en  la  region 
des  reins,  un  engourdissement  et  une  douleur  sourde 
en  la  cuisse  pliee  qui  est  du  cdt6  du  mal,  une  ardeur 
d'urine,  une  fi^vre  aigue,  des  veilles,  des  d^lires,  nau- 
s6es  et  vomissements,  une  douleur  semblable  4  celle 
de  la  colique,  mais  qui  s'^tend  aux  fausses  cdtes,  au 
dos  et  d  la  region  de  la  vessie;  les  urines  sont  6paisses 
et  rouges.  »  N'est-ce  pas  le  tableau  du  phlegmon  p6ri- 


—  172  — 

n6phr6tique,  de  la  pyelo-n6phrite,  en  un  mot,  de 
toutes  les  suppurations  r^nales  ou  piririnales.  Mfime 
cette  douleur  en  la  cuisse  pli6e  ne  fait-elle  pas  penser 
au  psoitisme? 

Lorsque  la  suppuration  s'^tablissait,  on  ouvrait  la 
collection  purulente  avec  le  ferou  le  caut^re  potentiel; 
on  connaissait  d6j4  la  gravity  exceptionnelle  de  TafFec- 
tion,  lorsque  la  collection  s'ouvrait  dans  le  piritoine, 
Tappareil  urinaire  ou  Tintestin. 

La  collection  une  fois  ouverte,  on  avait  un  ulcire 
des  reins,  avec  les  urines  purulentes,  sanglantes,  «  et 
avec  icelles  sc  rendent  bien  souvent  des  menus  mor- 
ceaux  de  chair  ». 

Inflammation  et  ulcire  comportaient  un  traitement 
abortif,  mais  ce  traitement,  tout  rafralchissant  qu'il 
6tait,  6tait  le  plus  souvent  impuissant  contre  le  mal; 
on  instituait  cnsuite  un  traitement  m4turatif  pour  hdter 
la  suppuration.  Cependant  on  employait  dijd  la  tiri- 
benthine,  dont  Taction  antiseptique  est  si  grande,  et  on 
retirait  de  son  emploi  de  grands  avantages. 

La  douleur  nipbritique  ou  colique  graveleuse  reconnais- 
sait  pour  cause  ordinaire  la  gravelle;  cependant  elle 
pouvait  fitre  causae  par  «  une  pituite  6paisse  attach6e 
aux  uretires,  des  vents  qui  s'insinuent  dans  leurs  cavi- 
t6z,  des  grumeaux  de  sang  ou  de  pus  qui  y  abordent 
des  reins  ou  d'autres  parties  ».  La  gravelle  elle-mime 
s'expliquait  par  un  sue  ou  esprit  lapidifique  qui  trans- 
formaiten  pierre  les  aliments  chauds  et  sees;  on  con- 
naissait fort  bien  ses  sympt6mes  : 


—  173  — 

La  douleur  est  fixe  et  stable  en  la  region  des  reins,  pesante 
tout  le  temps  qu'elle  demeure  dans  les  reins,  mais  piquante, 
aigue  et  intolerable  quand  la  pierre  vient  k  entrer  dans  Turc- 
tfcre;  Turine  est  sanglante,  quelquefois  aqueuse  et  claire  et 
quelquefois  entierement  supprimfie;  il  y  a  grande  nausie  et 
vomissements,  la  cuisse  du  cot^  malade  est  engourdie;  les 
urines  sont  sablonneuses  et  remplies  d'un  sable  qui  va  i  fond, 
qui  ne  se  brise  pas  facilement  avec  les  doigts,  et  ne  se  dissout 
pas  dans  Teau  chaude.  Enfin  quand  on  vient  i  faire  quelque 
pierre  ou  gravelle  on  ne  doute  plus. 

Mais  la  colique  la  plus  terrible  et  la  plus  doulou- 
reuse  etait  la  colique  venteuse  qui  n'6tait  autre  qu'une 
colique  n6phr6tique,  dans  laquelle  le  calcul,  une  fois 
arrive  dans  la  vessie,  y  restait,  d^routant  ainsi  le  prati- 
cien  qui  ne  pouvait  poser  le  diagnostic  ferme  de  colique 
graveleuse  que  le  calcul  expulse. 

Le  grand  medicament  interne  des  coliques  nephrc- 
tiques  6tait  Thuile  d'amandes  douces  (3^4  onces) ;  la 
douleur  6tait  calmee  par  de  fortes  doses  de  laudanum. 
Mais  beaucoup  de  medicaments  dits  litbontriples 
etaient  en  honneur  :  cendre  de  coques  d'oeufs  briil6es, 
sang  et  urine  de  bouc,  poudre  de  cloportes,  huile  de 
scorpions.  On  rem^diait,  apr^s  la  crise,  a  la  gravelle, 
par  des  decoctions  de  parietaires  et  un  regime  adou- 
cissant  :  les  viandes  blanches,  «  de  bon  sue  et  de 
facile  digestion  »,  le  vin  bien  trempe,  le  petit  lait,  les 
tisanes  diur^tiques  et  surtout  le  sirop  c^iebre  des 
cinq  racines  qui  est  encore  en  bonne  place  dans  nos 
codex  modernes. 

On  connaissait  et  on  traiiait  assez  bien  les  cystites. 


1 


—  174  — 

appelees  inJlamtnationSy  ulceres  de  la  vessie,  ardeurs  d'urine. 
La  t6r6benthine  etait  pour  cela  ordonn6e  4  Tint^rieur, 
et  la  douleur  etait  calmee  par  des  suppositoires  a  base 
d'opium  ou  de  sue  de  jusquiame.  Chose  curieuse,  4 
cette  6poque  ou  Tart  de  la  taille  devint  si  brillant,  on 
ne  connaissait  pas  les  rapports  intimesqu'il  ya  entre  la 
cystite  et  les  calculs  v^sicaux,  ranges  eux  aussi  dans  les 
maladies  internes. 

Cette  lacune  mise  4  part,  la  symptomatologie  du 
calcul  visical  6tait  bien  connue,  avec  les  douleurs 
pesantes  au  col  de  la  vessie,  s'exacerbant  4  la  fin  de  la 
miction,  cette  miction  difficile,  avec  arr^t  subit  du  jet, 
rendue  plus  facile  par  Ic  decubitus  dorsal,  les  envies 
fr^quentes,  le  sable  dans  les  urines 

Mais  le  diagnostic  ferme  n'dtait  pas  du  ressort  me- 
dical. Le  chirurgien  entrait  en  jeu  et,  au  moyen  de 
Texploration  v^sicale  avec  la  simple  sonde  m^tallique, 
posait  ce  diagnostic,  presquc  toujours  suivi  d'une 
intervention  chirurgicale. 

On  connaissait  bien  la  pathogenie  de  la  retention 
d'urine,  appelee  suppression  d'urim,  retention  d'origine 
nerveuse,  retention  due  4  un  retrecissement  du  col, 
cause  lui-m^mepar  des  inflammations  (cystite  du  col), 
squirrhes,  caroncules  (hypertrophic  de  la  prostate), 
abc^s  (abc^s  de  la  prostate),  calculs,  grumeaux  de 
sang...  Lanurie  etait  connue  sous  le  nom  de  suppres- 
siofi  d'urine  bdtarde ;  on  ne  rencontrait  ni  la  tumeur 
form^e  au-dessus  du  pubis  par  la  vessie,  ni  Tenvie 
d'uriner.  Bdtarde  ou  non,  la  retention  d'urine  6tait  con- 


—  175  — 

sideree  comme  tres  dangereuse  :  au  bout  de  sept  jours 
la  mort,  dit  de  Rebecque,  6tait  certaine. 

Sous  le  nom  de  strangurie,  on  designait  «  une 
excretion  d'urine  qui  se  fait  en  coulant  goute  4  goute 
accompagn^e  d  ardeur,  de  chaleur,  de  douleur  et  de 
difficult^  d'uriner  ».  On  reconnattra  facilement  dans 
ce  tableau  Tincontinence  d'urine  par  regorgement. 

L'h6maturie  6tait  connue  sous  le  non  d'urine  san- 
glante  ou  de  pissement  de  sang.  Si  ce  sang  venait  du  rein, 
ii  6tait  m6lang6  intimement  avec  Turine;  provenait-il 
de  la  vessie,  il  6tait  pur  (cystite  du  col).  On  connais- 
sait  rh^maturie  suppl6mentaire  d'un  pronostic  b^nin. 
Le  pronostic  de  Thtimaturie  symptomatique  6tait  plus 
sombre.  Pour  y  rem^dier  on  saignait,  on  appliquait  des 
sangsues  au  fondement,  on  purgeait.  Des  tisanes 
froides  (semences  froides)  et  du  petit  lait  consti- 
tuaient  la  seule  alimentation  du  malade. 

Uinconlinence  d'urine  provenait  «  du  consentement  et 
foiblesse  de  tout  le  corps  comme  dans  les  paralysies  ou 
demi  paralysies  de  quelques  parties  ».  La  symptoma- 
tologie  de  I'affection  causale  entralnant  le  diagnostic, 
elle  pouvait  aussi  reconnaltre  comme  cause  Tintempe- 
rie  froide  et  humide  de  la  vessie,  ou  un  vice  et  erreur 
de  Timagination ;  dans  ce  dernier  cas,  une  urine  trop 
acre  et  pituiteuse  6tait  la  cause  premiere  de  Tinconti- 
nence  de  «  ces  personnes  songeans,  dans  le  lit,  de  pis- 
ser  contre  des  murailles  ou  autre  lieu  ».  Le  traitement 
de  cette  derni^re  forme  d'incontinence  6tait  peu 
medical.  «  Les  coups  de  fouet  et  les  autrcs  chatimens 


-  176- 

sont  propres  d  faire  perdre  cette  mauvaise  cotltume  » 
affirmc  de  Rebecque. 

Lc  diabite  6tait  range  dans  les  affections  dcs  appa- 
reils  urinaires.  On  le  considerait  comme  «  une  sou- 
daine  et  copieuse  excretion  par  les  urines  du  brcuvagc 
qu'on  a  pris,  sans  qu'il  soit  en  rien  chang6,  accompa- 
gnee  d'une  soif  qui  ne  sc  peut  eteindre  et  d'une  con- 
somption  de  tout  lc  corps  ».  11  ctait  du  a  une  chaleur 
extraordinaire  du  rein  qui  attirait  incontinent  les 
liquides  absorb^s;  cependant  on  incriminait  aussi  un 
venin  «  semblable  au  venin  du  serpent  Dipsas,  duquel 
Lucain  ecrit  que  plusieurs  soldats  de  Caton  marchans 
par  les  deserts  de  Lybic,  etant  mordus,  moururent  d'une 
soif  intolerable  et  inalterable  ». 

On  le  distinguait  de  la  polyurie  simple  par  ses 
signes  speciaux,  polydipsie,  polyphagie  et  surtout  par 
lc  gout  Sucre  de  Turinc  diabetique,  urifia  mellita. 

Si  le  diabete  conduisait  rapidement  4  la  mort,  ainsi 
que  les  medecins  du  xvu^  si^cle  le  pensaient,  il  faut 
avouer  que  le  traitement  entrait  pour  quelquc  chose 
dans  revolution  rapide  de  la  maladie.  On  saignait 
beaucoup,  les  purgations  etaient  douces  mais  ripetees, 
les  vomitifs  frequents  ct  on  ne  doit  point  s'etonner 
des  resultats  funestes  de  cette  medication  jointe  4  la 
dictcitiquc  debilitante  de  T^poque. 


Fait  curieux  A  noter,   les  ouvrages  de   pathologie 
interne  du  xvn«  siecle  sont  muets  sur  les  maladies  vcne- 


—  177  — 

riennes.  Ces  maladies  a  honteuses  »  6taient  indignes 
du  m^decin,  qui  jugeait  mals^ant  I'exploration  et  les 
soins  4  donner  aux  organes  g6nitaux;  leur  6tude  et  leur 
curation  n'int6ressaient  que  le  chirurgien,  vil  artisan. 
Aussi,  la  grande  majority  des  ouvrages  touchant  les 
maladies  ven6riennes  fut  compos6e  par  des  chirur- 
giens. 

Uempirique  Nicolas  de  Bldgny,  chirurgien  de  la 
Reine,  rassembla,  en  1677,  toutes  les  opinions  de 
Tepoque  sur  la  pathogenic,  la  symptomatologie  et  le 
traitement  des  maladies  v6n6riennes.  Son  livre  intitule 
a  TArt  de  guirir  les  maladies  viniriennes  »  eut  un  grand 
succ^s  et  fut  approuv^  par  la  Faculty  et  les  sommit^s 

m^dicales  de  T^poque  :  d'Aquin,  Moreau,  F61ix 

Sous  le  nom  de  grosse  virole,  on  entendait  toutes  les 
maladies  «  qui  suivent  Tattouchement  des  personnes 
impures  »  :  la  syphilis  et  toutes  ses  manifestations 
cutan^es  ou  muqueuses,  la  chaude-pisse,  la  gonorrhee, 
les  ulcerations  ou  vegetations  des  parties  genitales;  on 
y  comprenait  meme  certaines  maladies  de  peau,  comme 
la  lepre,  le  psoriasis. 

La  grosse  verole  etait  causee  par  une  matiere  im- 
pure, dite  matiere  vinirienne,  qui  prenait  naissance  dans 
«  la  matrice  des  femmes  publiques,  et  Tattouchement 
de  ces  personnes  sales,  ajoute  de  Biegny,  pouvait  don- 
ner lieu  4  cette  mesme  matiere  de  passer  d'un  sujet 
dans  un  autre  ».  Cette  matiere  venerienne  etait  elle- 
meme  produite  par  le  melange  des  semences  de  plu- 
sieurs  hommes;  ce  melange  fermentait,  devenait  4cre 

Le  Maguet.  —  Le  mondc  medical.  12 


^ 


- 178  - 

etcorrosifet  degageait  des  acides  volatils  analogues  aux 
venins  et  dou6s  de  mouvements. 

Ainsi  le  virus  vinerien  naissait  seulement  cbe^  lafemtne;  • 
tout  cas  de  syphilis  virile  provenait  «  soit  d'un  coit  im- 
pur,  d'un  attouchement  imm^diat  ou  de  la  simple 
approche  des  femmes  v6rol6es».  II  est  vrai  que  la  ma- 
tiere  v6n6rienne,  transplant^e  chez  Thomme,  gardait  sa 
virulence  et  pouvait  infecter  une  femme  saine  qui 
contractait  alors  la  grosse  v^role,  ne  jouant  plus  que  le 
rdle  de  contamin6e. 

On  admettait  encore,  d  cette  6poque,  la  transmis- 
sion du  virus  v6n6rien  par  Thaleine  et  les  sueurs  du 
syphilitique,  et  coucher  avec  un  v6rol6  6tait  s'exposer 
surement  4  la  contagion;  aussi,  ne  doit-on  pas  s'6ton- 
ner  de  la  repulsion  qu'on  avait  alors  pour  les  v6n6- 
riens. 

On  admettait,  en  outre,  la  transmission  possible  du 
virus  vinerien  par  une  femme  non  v6rol6e  qui  itait 
alors  r^duite  au  r6le  d'interm^diaire,  recevant  d'un 
homme  la  mati^re  v6n6rienne  et  la  transmettant  d  un 
autre,  sans  etre  contamin^e  pour  cela. 

La  grosse  v6role  attaquait  tout  :  les  humeurs,  les 
chairs,  les  ligaments,  les  cartilages,  les  os;  pour  ce, 
la  mati^re  v^n^rienne  se  m^langeait  au  sang  et  infec- 
tait  toute  Tciconomie;  cependant,  si  elle  se  canton- 
nait  sans  infecter  le  sang,  on  avait  alors  les  chaudes" 
pisses,  les  gonorrhies,  les  ulckres  et  chancres  viniriejis,  les 
carnosiiis  du  phimosis  ct  du  paraphimosis 

Uinfection  totale  de  Torganisme  par  la  mati^re  v6n6- 


—  179  " 

rienne  comportait  plusieurs  6tapes  :  la  premiere  dtape 
comprenait  le  chancre,  Tintroduction  du  virus  dans 
les  vaisseaux  sanguins  (se  mfilant  au  sang  dont  il  raletl- 
tissait  le  mouvement  et  diminuait  la  fluidity  ");  la 
seconde,  la  fermentation  du  sang  infect^.  De  ce  sang 
ferment^  se  s^paraient  des  s6rosit6s  impures  qui  trans- 
sudaient  d  travers  les  tuniques  des  vaisseaux,  causant 
des  lesions  des  teguments  et  des  muqueuses;  c'6tait  la 
troisieme  6tape.  La  quatri^me  6tape  de  I'infection  v6ne- 
rienne  comportait  la  main-mise,  par  la  matifire  v6ro- 
lique,  sur  tous  les  tissus  de  Torganisme. 

L'infection  de  I'organisme  pouvait  elle-meme  se  can- 
tonner  et  ne  pas  attaquer  tous  les  organes;  de  Id  venait 
la  division  de  la  v6role  en  quatre  degr^s,  correspon- 
dant  aux  quatre  Stapes  de  I'infection. 

Le  premier  degr6  de  la  v^role  comportait  rulc^re,que 
suivait  le  chancre  v6rolique,  «  qui  pr^sente  toujours 
une  durete  profonde  »,  etdont  la  curation  etait  difficul- 
tueuse. 

Le  chancre  mfime  gu6ri,  la  vdrole  n'en  passait  pas 
moins  au  deuxi^me  degr6  qui  se  reconnaissait  «  aux 
lassitudes,  aux  inquietudes  de  I'esprit  et  du  corps,  aux 
d^mangeaisons  et  rongeurs  de  la  peau  *,  d  la  chute  des 
polls  et  de  la  barbe  »,  tous  ces  symptdmes  accompagnant 
et  suivant  le  chancre  syphilitique.  Si  Ton  saignait  le 
malade,  le  sang  se  coagulait  en  masse  dans  la  palette, 


1 .  Ce  ne  fut  que  1 50  ans  plus  tard  que  l*id^e  de  Tinfection  de  Torga- 
nisme  par  le  syst6me  lymphatique  se  fit  jour. 

2.  Selon  toute  probability,  ros^ole  sp^cifique. 


—  i8o  — 

au  lieu  de  former  un  caillot  et  une  s6rosit6;  c'^tait  le 
signe  qui  dicelait  la  presence  de  la  matiere  v6n6rienne 
dans  le  sang. 

La  v6role  pouvait  s'arrfiter  Id;  mais,  le  plus  souvent, 
elle  passait  au  troisi^me  degr6  et  se  manifestait  par 
des  pustules,  des  dartres  et  des  vermes  (syphilides 
ulc6reuses  et  papuleuses),  des  ulc^res  et  des  chancres 
(signes  probables  de  tertiarisme  pr6coce;  gommes  de 
la  peau  laissant  apres  elles  une  ulceration  cancriforme). 

La  syphilis  au  quatrieme  degr6  dtait  tr^s  grave, 
«  c'est  la  v6rolle  qui  tue  »,  dit  de  Bl6gny.  On  connais- 
sait  tr^s  bien  le  caractere  nocturne  des  c6phal6es  syphi- 
litiques  '.  La  syphilis  c^rebrale  n'^tait  pas  la  seule 
manifestation  de  Tinfection  g6n6ralis6e  de  Torganisme; 
on  notait  des  «  caries,  exostoses,  noeuds  dans  les  arti- 
culations et  Ics  OS,  fermentations  de  la  moelle  *  et 
ulc(ires  '  dans  les  organes  principaux  du  corps  ». 

Le  pronostic  de  la  v^role  au  premier  degr^  6tait 
favorable.  La  nature  elle-mfime  pouvait  chasser  le 
venin  par  les  sueurs,  Thaleine,  les  urines.  Le  traite- 
ment  medical  pouvait  pousser  la  nature  d  cette  reac- 
tion salutaire.  Le  second  degre  comportait  un  pronos- 
tic un  peu  moins  favorable;  les  purgatifs  reit^ris  et 
forts  pouvaient  empecher  quelquefois  la  fermentation 
du  sang  et  chasser  le  venin.  Le  pronostic  du  troisiime 


1 .  Cettc  recrudescence  nocturne  des  c^phalces  sp^ifiques  reconnaissait 
comme  cause  « la  suppression  de  Taction  fri^natrice  de  la  lunii^re  sur  les 
fermentations  de  la  matiere  ven^rienne.  » 

2.  Syphilis  m^dullaire. 

3.  Gommes  pulmonaires,  h^pntiques. 


—  i8i  — 

degre  etait  sombre  et  le  traitement  mercuriel  etait 
institu6  :  flux  de  bouche,  fumigations  mercurielles, 
frictions  larga  manu  amenaient  rapidement  le  malade 
au  quatriemc  degre  de  la  verole,  dont  le  pronostic 
6tait  fatal. 

Le  mercure  etait,  en  effet,  considere  comme  speci- 
fique  de  la  verole;  nous  vcrrons  plus  loin  que  les 
charlatans  '  prdtendaient  gu^rir  la  maladie  v6n6rienne 
sans  mercure;  mais  la  medication  hydrargyriquc  faisait 
loi. 

On  cauterisait  le  chancre  avec  la  pierre  infernale,  des 
caustiques  a  la  chaux  vive,  d  Toxyde  rouge  de  mer- 
cure, rhuile  corrosive  d'antimoine,  Tarsenic,  le  sublime 
corrosif^  On  I'enduisait  de  c^rat  ou  de  quelque 
autre  onguent  adoucissant  et  on  recouvrait  la  place  de 
plumasseaux  imbibes  d'esprit-de-vin,  et  maintenus  par 
une  bandelette  de  diachylum. 

Pour  donner  le  mercure  a  Tinterieur,  on  melangeait 
parfois  Ic  mercure  cru  ou  le  sublim6  doux  avec  des 
purgatifs,  aloes,  coloquinte,  scammonee.  On  associait 
aussi  la  t^rebenthine  au  sublime  doux,  dont  on  don- 
nait  chaque  matin  1 5  ou  20  grains  pour  provoquer  la 
salivation  mercurielle.  Le  pr^cipite  rouge  (4^8  grains), 
ie  turbith  mineral  (5  A  6  grains),  le  pr^cipite  blanc 
(jusqu'4  12  grains)  s'employaient  aussi  dans  le  mSme 
but. 

1.  Voir  Ic  chapitre  des  Charlatans;  quelques  medccins  m^me  pr<^ten- 
daient  gu^rir  la  v^roIe  sans  mercure,  et  le  flux  de  bouche  par  des  purgatifs,  des 
diur^tiques  et  des  sudorifiques. 

2.  N'^tait  employ^  que  dans  les  chancres  a  large  surface ;  son  application 
etait  tr6s  douloureuse  et  amcnait  la  production  d*unc  escharrc. 


—    l82    — 

Si  Testomac  se  refusait  i  supporter  ces  doses  colos- 
sales  de  mercure,  on  avait  recours  i  Tabsorption  par  la 
peau.C^taientles  empldtres  (le  cil^hre empldtre de  Figd), 
les  onguents  mercuriels  (onguent  napolHain  ou  onguent 
mercuriel  double)  qui  entraient  en  jeu. 

On  employait  surtout  les  onguents,  et  d  des  doses 
effrayantes;  la  premiere  friction  demandait  deux  onces 
d'onguent  mercuriel  double;  on  faisait  coucher  le 
malade  d6v6tu  sur  une  couverture,  devant  une  che- 
min6e  ou  brdlait  un  grand  feu.  On  frictionnait  larga 
manu  <c  une  jambe,  depuis  les  mall^oles  jusques  au 
dessus  du  genou  et  un  bras,  depuis  le  poignet  jusques 
sur  les  omoplates  »,  cessant  la  friction  lorsque  le  jlux 
de  boucbe  apparaissait.  On  roulait  alors  le  patient  dans 
la  couverture,  et  on  plafait  aupr^s  de  lui  un  grand  vase 
dans  lequel  il  laissait  tomber  la  salive.  Le  flux  de 
bouche  avait  fait  son  effet  quand  le  malade  avait 
saliv6,   5,  6,  8  litres  de  salive. 

Vingt-quatre  heures  apris,  on  faisait  une  seconde 
friction  pour  laquelle  on  employait  quatre  onces  de 
Tonguent ;  on  en  frottait  vigoureusement  «  les  jambes, 
les  bras,  Tespine  du  dos,  sans  oublier  les  bourses  et  la 
region  parotidienne  ».  Le  flux  de  bouche  apparaissait 
encore  plus  abondant  que  le  jour  precedent;  tout  le 
venin  v^rolique  sortait  avec  la  salive  et  la  maladie  exi- 
geait  rarement  une  troisi^me  friction;  Tintoxication 
hydrargyrique  (flux  de  bouche,  flux  de  ventre,  flux 
d'urine)  avait  rel^gu^  au  second  plan  Taffection  syphi- 
litique.  Son  apparition  annon^ait  la  fin  dc  la  maladie, 


-  i83  - 

la  a  piriode  critique  dc  la  virolle  »,  comme  on  disait 
alors. 

Un  pareil  traitement  nicessitait  un  arret  complet  de 
la  vie  sociale  du  v6roI6.  Get  arr^t  constituait  la 
retraite.  La  dur6e  de  la  retraite  6tait  variable,  mais 
cette  variability  reposait  siir  le  degre  d'intoxication 
hydrargyrique  du  patient  et  sur  sa  resistance  plus  ou 
moins  grande  4  cette  therapeutique  barbare.  Les  gens 
riches  faisaient  leur  retraite  chez  eux ;  les  gens  de  con- 
dition moyenne  et  les  artisans  la  faisaient  le  plus  sou- 
vent  dans  des  maisons  sp6ciales. 

La  chambre  oili  se  faisaient  les  frictions  possedait 
pour  tout  ameublement  une  ou  deux  couchettes;  pas 
de  fenfitre,  une  haute  chemin^e  ou  brulait  un  grand 
feu  de  bois,  les  murs  noirs  de  mercure.  On  y  enfer- 
mait  sous  clef  les  patients  qui  ne  devaient  en  sortirque 
lorsque  la  salivation  avait  atteint  son  maximum.  Un 
pareil  regime  cellulaire  entralnait  bien  des  inconve- 
nients  et  des  accidents,  temoin  Thistoire  c^lebre  des 
Auvergnats  rapportee  par  Astruc  '.  Aussi,  la  crainte 
du  traitement  par  le  mercure  expliquait  I'engouement 
du  peuple  parisien  pour  tous  les  charlatans  qui,  par 
des  sp^cifiques  infaillibles,  guerissaient  la  v^role  sans 
mercure  et  flux  de  bouche. 

Ce  traitement  barbare  n'6tait  institud,  il  est  vrai,  que 
dans  les  cas  de  syphilis.  Tout  en  admettant  la  nature 


I.  C^taient  six  Auvergnats  qu'on  avait  ligottds  dans  leurs  couvcrtures, 
aprte  les  avoir  frictionn^  larga  manu;  on  les  enferma  et  lorsqu'on  vint 
voir  reflfet  produit  par  le  mercure,  on  trouva  les  six  Auvergnats  asphyxias. 


^ 


—  184  — 

specifique  de  la  chaude-pisse,  du  phimosis,  du  paraphi- 
mosis  ,  on  se  gardait  bien  de  prescrire  une  retraite 

aux  personnes  qui  en  6taient  atteintes;  loin  de  li  :  on 
avait  remarqu6  que  les  effets  thdrapeutiques  du  mer- 
cure,  a  si  merveilleux  sur  le  corps  infect^  totalement 
par  la  mati^re  v^rolique  »,  ^taient  nuls  dans  toutes  les 
autrcs  affections  v^neriennes.  Aussi,  proscrivait-on 
tout  compost  mercuriel,  d  part  le  sublim^  doux,  et  se 
contcntait-on  de  prescrire  un  regime  rafraichissant  et 
des  injections  modificatrices. 


{•- 


IV 

LES    MEDECINS    a    la    COUR 


L>  maiioii  medicale  da  Roi.  —  L'archiiire ;  son  ring  sociil.  set  prirogitivei,  xi 
devoirs ;  I'uchUtre  et  U  Paculte.  —  Les  piemiets  mUecias  de  ]j>ait  XIV  :  Cousi* 
Dot,  Viatier,  ViUot,  d'Aqnin,  Figoa.  —  Le  Jourtial  de  la  Smli  du  Roi.  —  Lei 
miladies  du  Roi  Soleil ;  ses  indigestions,  ses  vapeurs.  —  Le  mjdccin  ordinaire.  — 
Les  mMecins  par  ijuartier.  —  Les  mtdecins  coasnllaats.  —  Les  medecias  anaio- 
mistc,  bouniste.  spagitistc. 

La  maiwn  mtdicale  des  grands  Kigneucs. 


la  Cour  de  Louis  XIV,  le  Roi,  la  fa- 
mille  royale  et  les  grands  seigneurs 
ont  tous  des  m^dccins  attaches  A  leur 
personne.  Mais  le  r6le  de  ces  m^de- 
cins  sent  toujours  un  peu  la  domesti- 

cite  et  Ton  comprend  ais^mcnt  les  paroles  de  Diafoirus 

repondantd  Argan  : 


«  A  vous  en  parler  franchement,  notre  metier  aupr^  des 
grands  ne  m'a  jamais  paru  agr^able;  et  j'ai  toujours  trouve 
qu'il  valait  mieux  pour  nous  autres  demeurer  au  public,  Le 
public  est  commode.  Vous  n'avez  k  repondre  de  vos  actions  ^ 
personne,  et,  pourvu  que  Ton  suive  le  courant  des  r^les  de 
I'art,  on  ne  se  inet  point  en  peine  de  tout  ce  qui  peut  arriver. 
Mais  ce  qu'il  y  a  de  facheux  aupr^s  des  grands,  c'est  que, 
quand  lis  viennent  d  &tte  malades,  ils  veulent  absolument 
que  leurs  midecins  les  gu^rlssent.  " 


—  i86  — 

En  effet,  on  exigeait  beaucoup  des  midecins  eton 
les  payait  peu ;  le  m^decin  devait  se  doublet  d'un  cour- 
tisan,  plaire  d  I'un  et  ne  pas  d^plaire  i  Tautre.  Les 
grands  seigneurs  le  traitaient  fam increment,  ne  le  con- 
sid^rant  que  comme  un  homme  «  habile  en  son  me- 
tier »  :  on  disait  d'Aquin  et  Gu^naut  tout  court,  pour 
bien  indiquer  le  rang  social  des  m^decins. 

Louis  XIV  lui-mfime  ne  consid6ra  jamais  le  mide- 
cin  que  comme  un  domestique ;  i  la  mort  de  Denis 
Dodart  (1707),  il  dit  d  la  princesse  de  Conti,  fort  affli- 
gee  de  la  perte  de  son  mddecin  :  «  Quel  sens  y  a-t-il  a 
pleurer  son  m^decin  et  son  domestique  ?  »  II  est  vrai 
qu'il  s'attira  cette  fi^re  riponse  de  la  princesse  :  «  Ce 
n'est  ni  mon  m^decin,  ni  mon  domestique  que  je 
pleure,  mais  mon  ami  '  ». 

Du  reste,  Louis  XIV  eut  toujours  en  horreur  les 
m^decins,  ainsi  que  le  temoigne  Tanecdote  rapportec 
par  Grimarest  :  Lorsque  Moli^re  portraitura,  dans 
L Amour  midecin,  les  principaux  m^decins  de  la  Cour, 
le  Roi  r^ponditd  Tund'eux  qui  protestait:  aLes  m6de- 
cins  font  assez  souvent  pleurer  pour  faire  rire  quelque- 
fois.  » 

Le  service  medical  du  Roi  comprenait  un  pre- 
mier medecin  ou  archidtre,  un  midecin  ordinaire,  et 
huit  midecins  par  quartier ;  mais  il  avait,  en  outre,  un 


I .  Ajoutons  cependant  que  si  la  princesse  de  Conti  avait  os^  r^pondre 
si  vertement  au  Roi,  c'est  qu'cile  dtait  sa  fille  l^gitimte,  6tant  n^  des 
amours  de  Louis  XIV  et  de  M»e  de  Lavalliire. 


-  i87  - 

medecin  anatomiste,  un  midecin  botaniste,  un  midecin 
tnatbimaticien,  quatre  midecins  spagiristes  et  soixante-six 
midecins  consultants. 

Varcbidtre  prenait  rang  parmi  les  grands  ofiiciers  de 
la  couronne.  Comme  tel,  il  ne  devait  obdssance  qu'au 
Roi,  et  prfitait  entre  ses  mains,  avant  d'entrer  en  fonc- 
tion,  les  serments  suivants  : 

I.  Vous  jurez  et  promettez  k  Dieu  de  bien  et  fidilement 
servir  le  Roi  en  la  charge  de  premier  midecin  dont  Sa 
Majesty  vous  a  pourvu  ? 

n.  Vous  jurez  d'apporter  pour  la  conservation-  de  sa  per- 
sonne  et  pour  Tentretement  de  sa  sant6,  tous  les  soins  et 
toute  I'industrie  que  Tart  et  la  connaissance  que  vous  avez  de 
son  temperament  vous  feront  juger  nicessaires  ? 

III.  Vous  jurez  de  ne  recevoir  pension,  ni  gratification 
d'autre  prince  que  de  Sa  Majesty  ? 

IV.  Vous  jurez  de  tenir  la  main  a  ce  que  les  oflBciers  qui 
sont  sous  votre  charge  s'acquittent  fiddlement  de  leur  devoir, 
et  geniralement  de  feire  en  ce  qui  la  concerne  tout  ce  qu'un 
fiddle  sujet  et  serviteur  doit  et  est  tenu  de  faire. 

Ainsi  vous  le  jurez  et  promettez. 

II  recevait  le  brevet  de  conseiller  d'fitat,  en  prenait 
la  qualite,  en  touchait  les  appointements  (quarante 
mille  livres),  et  en  portait  le  costume  dans  les  cdr^mo- 
nies.  Sa  dignite  lui  conftrait  le  titre  de  Comte  et  il 
transmettait  d  ses  descendants  une  noblesse  rielJe. 

Nombreux  ^taient  ses  autres  privileges.  Surinten- 
dant  du  Jardin  du  Roi  et  de  toutes  les  eaux  minerales 
de  France,  il  exer^ait  une  veritable  et  importante  juri- 


—  i88  — 

diction  sur  Texercice  de  la  medecine  et  de  la  pharma- 
cie  dans  tout  le  royaume.  Cdtait  lui  qui  nommait 
directement  dans  chaque  ville  les  chirurgiens-experts, 
m^decins  I6gistes  de  Tipoque,  et  chaque  nomination 
lui  rapportait  de  beaux  et  bons  profits.  A  la  Cour,  il 
trafiquait  ouvertement  des  diffdrentes  charges  m^di- 
cales  de  la  maison  du  Roi.  II  est  vrai  qu'4  cctte  epoque, 
la  venality  des  offices  paraissait  chose  toute  natu- 
relle,  et  personnne  ne  songeait  i  protester  contre  Ics 
abus  que  cette  v^nalit^  entralnait.  De  plus,  sa 
charge  lui  avait  cout6  le  plus  souvent  tres  cher,  et 
Ton  raconte  que  Vallot  acheta,  en  1652,  la  charge  d'ar- 
chidtre,  la  payant  4  Mazarin  trente  mille  ecus.  Comme 
cette  charge  de  premier  medecin  6tait  la  seule  qui  se 
perdlt  4  la  mort  du  roi,  on  confoit  que  celui-ci,  ayant 
paye  fort  cher  son  office,  essayait  par  tons  les  moyens 
possibles  de  rentrer  rapidement  dans  ses  fonds,  crai- 
gnant  sans  cesse  que  la  mort  du  prince  ne  vint  tarir  la 
source  de  si  beaux  revenus. 

II  est  vrai  que  ces  prerogatives  multiples  ^taient  com- 
pensees  par  une  suj^tion  de  tous  les  instants.  II  ne  pou- 
vait  quitter  la  personne  royale,  suivant  son  maitrc 
dans  tous  ses  d^placements ;  chaque  matin  il  devait  se 
trouver  dans  Tantichambre  du  roi  avec  les  premieres 
entrees  :  il  pin^trait  dans  la  chambre  pendant  que 
Louis  XIV  etait  encore  au  lit,  et  avant  les  courtisans, 
et  les  courts  instants  qu'il  restait  en  tfite  a  tfite  avec 
le  monarque  lui  permettaient,  s'il  ^tait  habile  courti- 
san,  d  obtenir  toutes  les  faveurs  qu'il  sollicitait. 


—  uSc;  — 

L'archidtre  devait  toujours  aussi  fitre  present  et  en 
robe  de  satin  au  diner  de  Sa  Majesty,  surveillant  Tali- 
mentation  du  prince,  au  grand  micontentement  des 
courtisans  qui  protestaient  tout  haut,  lorsque  le  m^de- 
cin  interdisait  un  mets  quelconque  k  son  royal  client. 

La  Faculty  de  Paris  consid6rait  Tarchidtre  en  titrc 
comme  une  sorte  de  haut  protecteur,  alors  mfime 
qu'il  n'^tait  pas  un  de  ses  docteurs.  En  effet,  4  part 
Cousinot  et  Fagon,  tons  les  m^decins  de  Louis  XIV 
6taient  6l^ves  de  la  Faculty  deMontpellier;  le  Roi  et  les 
membres  de  la  famille  royale  avaient  droit  de  prendre 
leurs  m^decins  ou  bon  leur  semblait  et  les  docteurs 
qu'ils  honoraient  de  leur  choix  pouvaient  exercer 
librement  4  Paris.  La  Faculte,  du  reste,  n'aurait  ja- 
mais os6  contrecarrer  de  p^reilles  autorit^s,  et  lorsque 
Farchidtre  se  rendait  d  la  Faculty,  il  6tait  refu  4  la 
porte  par  le  doyen,  les  philidtres  et  les  bedeaux. 

Louis  XIV  eut  tour  4  tour  comme  premiers  m^de- 
cins  :  Jacques  Cousinot  (1643  ^  1646),  Francois  Vaul- 
tier  (1646  4  1652),  Antoine  Vallot  (1652  4  1671), 
Antoinc  d'Aquin  (1671  4  1693),  Guy-Crescent  Fagon 
(1693  41715). 

Cousinot  6tait  le  gendre  de  Charles  Bouvard,  pre- 
mier m^decin  de  Louis  XIII ;  il  acheta  de  Mazarin  la 
charge  de  premier  m6decin,  mais  n'eut  pas  Tesprit  assez 
souple  pour  se  faire  bien  voir  du  cardinal  tout  puis- 
sant. Celui-ci  Tobligea  bient6t  4  vendre  sa  charge  4 
son  medecin,  Vautier. 

Vautier,    homme  habile  et  remnant,  avait  re?u  le 


1 


—  190  — » 

bonnet  de  docteur  i  Montpellier.  II  6tait  arriv6  i  se 
faire  nommer  premier  m^decin  de  Marie  de  M^dicis, 
m^re  de  Louis  XII.  II  6pousa  les  querelles  de  sa  mat- 
tresse,  et  s'insurgea  contre  Tautorit^  du  cardinal  de 
Richelieu  :  le  parti  Vautier  faillit  mfime  triompher. 
Mais  le  cardinal  d6joua  les  projets  du  m^decin  ambi- 
tieux  et  Vautier  fut  mis  d  la  Bastille  ou  il  resta  douze 
ans  prisonnier.  Mis  en  liberty  4  Tav^nement  de 
Louis  XIV,  il  acquit  la  charge  de  premier  medecin  de 
Mazarin,  puis  celle  d'archidtre,  en  1652. 

A  sa  mort,  Vallot  lui  succ6da;  il  6tait  aussi  mauvais 
m6decin  que  courtisan  maladroit;  il  prescrivait  au  ha- 
sard,  4  tout  propos,  des  saign6es  (meme  les  jours  r^ser- 
v6s  pour  les  crises),  des  purgatifs,  des  cordiaux,  des 
v6sicatoires. 

Ce  fut  lui  qui  eut  Tidde  a  pour  sa  propre  instruction, 
celle  de  ses  successeurs,  et  la  bonne  conduite  du  re- 
gime du  roi,  pour  conserver  une  santd  aussi  pr^cieuse  » 
de  tenir  registre,  ann^e  par  ann6e,  de  tout  ce  qui  con- 
cernait  le  temperament  et  les  maladies  du  roi.  II  com- 
men?a,  en  1652,  4  6crirede  sa  main  le  cil^hre  Journal 
de  la  santidu  Roi,  et  ce  journal  fut  scrupuleusement 
tenu  par  ses  successeurs  jusqu'en  171 1,  quatre  ans 
avant  la  mort  de  Louis  XIV. 

«  Vallot,  dit  Maurice  Regnaud,  consigne  4  tout  pro- 
pos et  avec  complaisance,  pour  Finstruction  de  la  post6- 
rit6,  les  formules  qui  lui  sont  «  inspir6es  du  ciel  » 
pour  Tentretien  de  cette  pr^cieuse  sant6.  Potion  pour 
le  Roi !  Emplatre  pour  le  Roi !  Lavement  pour  le  Roi ! 


T"-'    -'^  «. 


—     191     

Tout  cela  se  trouve  6crit  en  gros  caract^re  avec  une 
richesse  et  une  vari6t6  de  composition  qui  font  au 
moins  honneur  4  son  imagination  pharmaceutique.  » 

II  fut  en  butte  aux  attaques  des  midisants,  et  Guy 
Patin  nous  raconte  qu'il  avait  iti  surnomm^  Gargan- 
tua  a  depuis  qu'il  tua  Gargan,  intendant  des  finances, 
avec  son  antimoine  d.  M^^  de  Motteville  elle-mfime 
ne  manque  pas  de  Taccuser  de  la  mort  d'Anne  d'Au- 
triche.  «  Sans  connaissance  d'aucuns  rem^des  particu- 
liers  pour  le  mal  de  la  reine  m^re,  6crit-elle,  il  s'oppo- 
sait  i  tout  ce  qu'on  proposait  pour  elle.  » 

Son  neveu  d'Aquin  recueillit  sa  succession ; 
a  homme  d'esprit  plutdt  qu'homme  de  science,  6crit 
Maurice  Reynaud,  il  6tait  dou6  au  plus  haut  degr6  des 
qualit^s  du  courtisan.  II  arrivait  au  moment  difficile  : 
soigner  un  prince  qui  va  devenir  goutteux,  qui  a  d6ji 
des  vertiges  et  des  acc^s  de  m^lancolie  et  qui  veut 
mener  de  front  les  plaisirs  et  les  affaires,  ce  doit  fitre 
une  rude  6preuve  pour  un  premier  m6decin.  Aussi 
d'Aquin  finit-il,  malgr6  tout  son  tact,  par  y  succomber  ». 

II  avait  dii  sa  place  4  la  protection  de  M™*  de 
Montespan;  lorsque  M™*  de  Maintenon  eut  6pousd 
Louis XrV,  elle  obtint  son  renvoi;  en  1693,  d'Aquin  fut 
exil6  et  remplac^  par  Fagon. 

Fagon  6tait  docteur  de  la  Facultd  de  Paris,  et, 
depuis  longtemps,  professeur  de  botanique  au  Jardin 
du  Roi.  C6tait  un  veritable  savant,  d6sint6ress6,  point 
trop  flatteur  et  peu  dispose  4  complaire  aux  courtisans. 
«  A  la  Cour,  a  dit  Fontenelle,  il  donna  un  spectacle 


—    192   — 

rare  et  singulier,  un  exemple  qui,  non  seulement  ny 
a  pas  iti  suivi,  mais  peut-fitre  y  a  ^te  blam6 ;  il  dimi- 
nua  beaucoup  les  revenus  de  sa  charge,  et  se  priva 
gdn^reusement,  au  profit  de  ses  confreres,  de  toutes 
les  redevances  que  son  titre  de  premier  mddecin  valait 
a  ses  pr6d6cesseurs.  » 

Nous  avons  vu  anterieurement  quel  fut  son  rdle 
dans  revolution  des  doctrines  m^dicales ;  ce  fut  lui 
qui,  en  favorisant  T^tude  de  la  botanique,  pripara  les 
voies  des  Tournefort  et  des  Chaumel.  II  adorait  le 
Jardin  du  Roi,  et,  4  la  mort  de  son  mattre,  il  s  y  retira, 
finissant  ses  jours  dans  la  retraite  et  dans  I'itude. 

La  princesse  Palatine,  dans  ses  lettres,  nous  trace  de 
Fagon,  un  portrait  amusant. 

«  Le  docteur  est  une  figure  dent  on  a  peine  i  se  faire  una 

"  id6e.  II  a  les  jambes  grSles  comme    celles   d'un    oiseau, 

«  toutes  les  dents  de  la  mkhoiresup^rieure  pourries  et  noires, 

«  les  Idvres  6paisses,  ce  qui  lui  rend  la  bouche  saillante,  les 

«  yeux  couverts,  la  figure  allongte,  le  teint   bistre,  et  Tair 

«  aussi  m^chant  qu'il  Test  en  effet,  mais  il  a  beaucoup  d'esprit 

«  et  il  est  tris  politique.  » 

Les  rares  qualit^s  de  Fagon  lui  permirent  d'avoir  un 
grand  empire  sur  le  Roi  qui  n'dtait  point  un  malade 
commode,  ainsi  que  nous  Tapprend  le  journal  de  sa 
Sant6. 

Le  Roi  Soleil,  vigoureux  et  superbe,  dont  nous 
parlent  les  historiens  de  Tdpoque,  n*existe  plus  pour  le 
lecteur  qui  a  parcouru  le  Journal  de  la  Santi  du  Roi 


—  193  — 

D6pouill6e  de  tous  ses  rayons,  sa  person nalitd  parait 
bien  mesquine,  et  Ton  en  arrive  d  penser  que  le 
Grand  Roi  ne  fut  qu'un  d6gdn6r6. 

Fils  d'une  sorte  de  fou  m^lancolique  et  impuissant, 
Louis  XIV  avait  h6rit6  de  sa  mire  toutes  les  ardeurs, 
toutes  les  impdtuosit6s  de  la  race  espagnole,  et   des 
Bourbons  un  appdtit  formidable.  Pendant  toute  sa  vie, 
11  passa  son  temps  4  se  donner  des  indigestions  :  a  Je 
Tai  vu   souvent,    dit    la  princesse   Palatine,    manger 
quatre  assiities  de  soupes  diverses,  un  faisan  entier,  une 
perdrix, une  grande  assiitde  de  salade,  du  mouton  au  jus 
A  Tail,  deux  bonnes  tranches  de  jambon,  une  assiitie 
de  patisserie  et  puis  encore  du  fruit  et  des  confitures.  » 
Oncomprendqu'unpareilrepas  entralnait  souvent  une 
indigestion  formidable.  Le  premier  medecin  imposait 
alors  au  Roi  la  diite,  mais  quelle  diite !  a  Le  Roi  vou- 
lut  bien,  dit  Fagon,  qu'on  ne  lui  servlt  4  diner  que  des 
croiites,  un  potage  au  pigeon,  et  trois  poulets   rdtis  : 
au  moment  de  ce  repas  le  Roi  6tait  tris  souffrant  et 
abattu.  »  Cela  se  comprend  aisiment  et  une  diite  sem- 
blable  dans  un  embarras  gastrique  aminerait  chez  le 
commun  des  mortels  le  mfime  abattement. 

Toute  sa  vie,  le  Roi  se  livra  4  ces  exc(is  de  table 
qui  furent  la  cause  premiere  des  flux  de  ventre,  des 
vers  intestinaux,  de  la  goutte,  de  la  gravelle  et  surtout 
des  vapeurs  qui  tourmentirent  toujours  Louis  XIV. 

«  Les  indigestions  d6goiltantes  du  Roi  s'accompa- 
gnaient  presque  toujours  «  de  tels  orages  des  voies 
digestives,  dit  Daremberg,  que  Sa  Majesty  se  voyait 

Le  Maguet.  —  Le  numde  medical.  1 5 


—  194  — 

contrainte  de  quitter  i  I'improviste,  tantdt  son  con- 
seil,  tant6t  le  salon  de  M™*  de  Maintenon,  tantdt 
la  famille  d'Angleterre  et  fort  souvent  la  table ;  parfois 
mfime  Elle  ne  trouvait  pas  le  temps  de  se  chausser ;  ou 
bien  Elle  se  levait  tout  endormie,  tant  Thabitude 
itait  devenue  imp^rieuse  et  pour  ainsi  dire  de  seconde 
nature.  »  Goutteux  d^s  I'dge  de  quarante-quatre  ans,  il 
nc  se  passe  presque  pas  d'ann^e  oix  le  journal  ne 
fasse  mention  d'une  forte  attaque  de  goutte  ou  de 
rhumatisme. 

Ce  furent  surtout  les  vapeurs  qui  jou^rent  un  grand 
r6le  dans  la  vie  de  Louis  XIV  :  il  en  souffre  de  1659  i 
1 71 5.  Fagon  les  attribuait  i  la  presence  de  vers  intes- 
tinaux ;  mais  d  la  lecture  du  Journal  de  la  Sante  du 
Roi,  on  reconnalt  nettement  Vitiologie  stomacale  de  ces 
fameuses  vapeurs.  Elles  viennent  en  effet  et  d  la  suite 
d'une  s6rie  d'indigestions  violentes  chez  un  tempera- 
ment sanguin,  et  sont  amen^es  par  des  «  baillements, 
non  chalance,  pesanteurs  de  tout  le  corps,  angoisses 
d'estomac,  tournoiements,  sommeils  agit^s  et  cauche- 
mars  d  faire  mal  d  la  gorge  d  force  de  crier  ».  Le  Roi, 
couchd  dans  son  lit,  ressentait  un  vertige  analogue  d 
celui  que  donne  le  bateau,  la  valse  ou  Tescarpolette,  et 
il  ne  trouvait  de  soulagement  qu'en  restant  assis  dans 
un  fauteuil.  Ces  vertiges  etaient  quelquefois  si  forts 
c(  que  le  Roi  6tait  contraint  de  chercher  oil  se  prendre 
et  d  s'appuyer  pour  laisser  dissiper  cette  m^chante 
halenee  qui  se  portait  d  la  vue,  afFaiblissait  les  jarrets 
ct  attaquait  tellement  le  principe  des  nerfs,  que  par 


—  195  — 

moments  le  Roi  ne  pouvait  marcher  sans  fitre  sou- 
tenu.  »  Tout  ceci  montre  bien  que  les  vapeurs  du 
grand  Roi  6taient  le  fait  d'une  surcharge  constante  de 
Testomac,  et  qu'eiles  auraient  c6d6  facilement  i  un 
regime  d'exclusion.  Mais  nous  avons  vu  plus  haut 
quelle  6tait  la  di^te  4  laquelle  Louis  XIV  voulait  bien 
se  soumettre! 

Toutes  CCS  mis^res  n'^taient  que  des  indisposi- 
tions et  le  Roi  eut,  en  outre,  de  graves  maladies,  sur 
lesquelles  ses  m^decins  s'^tendent  avec  complaisance. 
Nous  relevons  tour  4  tour,  dans  le  Jourml  de  la  Santi 
du  Roi,  une  scarlatine  maligne  (1658),  une  rotigeolc 
(1663),  une  sinusite  maxillaire'  (1685),  une  fistule 
(1686),  des  ophtbalmieSy  diverses  maladies  de  la  peau,  des 
fiivres  intermittentes  rebelles  en  1696  et  1704,  des  anthrax, 
une  luxation  du  coude  suivie  de  tumeurs  indolentes  qui 
suppurent  (1683),  sans  compter  toutes  les  maladies 
moins  graves :  uritrite  blennorrhagique,  tumeurs  squirrheuses 
des  seinSy  ostio-piriostite  de  la  crite  tibial e * 

Contre  toutes  ces  maladies,  les  m6decins  eurentfort 
a  faire,  surtout  que  Louis  XIV  malade  6tait  des  plus 
grincheux.  L'archiStre  devait  souvent  user  de  precau- 
tions oratoires  pour  I'amener  d  se  laisser  saigner  large- 
ment,  «  avec  une  ferme  resolution  de  soulager  la 
nature  ».  Le  Roi  avait,  en  effet,  la  saignee  en  horreur. 


1.  Sigiulons   Tarticle  du   D'   Helme   :    «  La   sinusite    maxiilaire    de 
Louis  XIV,  »  paru,  en  1897,  dans  la  Chronique  midicak  du  D^  Cabante. 

2.  Ne  pas  oublier  la  maladie  terminale,  la  gangrene  senile,  qui  emporta 
le  Roi,  et  qui  n'est  pas  port^e  sur  le  journal. 


—  196  — 

et  lui  pr^ferait  la  purgation  et  le  clyst^re ;  pourtant,  il 
fut  saign6  trente-huit  fois  dans  sa  vie,  ce  qui  n'dtait 
rien  4  une  6poque  ou  Cousinot,  le  premier  des 
archidtres  de  Louis  XIV,  itait  saign6  soixante-quatre 
fois  en  huit  mois,  pour  un  rhumatisme. 

Daremberg  plaisante  agr^ablement  le  martyre  inflig^ 
par  les  m^decins  4  Sa  Majesty  tr6s  chritienne. 

Elie  a  pris,  de  1647  k  1715,  en  comptant  en  moyenne 
deux  par  mois;  et  c'est  peu,  quinze cents  i  deux  mille  m6de- 
cines  purgatives  de  precaution  ou  d'urgence.  Eile  a  re^u 
quelques  centaines  de  clystires;  EUe  a  us^  plusieurs  livres 
de  quina,  Elle  a  itt  labour^e  par  le  fer  et  le  feu  ;  EUe  a  exp6- 
rimentd  tous  les  cordiaux,  toutes  les  tablettes,  tous  les  bouil- 
lons m^dicinaux,  tous  les  juleps,  toutes  les  diversity 
d'empUtreSy  tous  les  sp^cifiques,  avou^s  ou  non  avouables ; 
de  telle  sorte  qu'il  eflt  iuk  peut-6cre  difficile  de  trouver  dans 
le  royaume  un  homme  plus  d&hiriti  de  la  nature  et  plus  les- 
tement  traits  par  Dieu,  qui  n'y  regarde  jamais  k  deux  fois 
pour  lui  envoyer  les  plus  belles  maladies  du  monde. 

Ce  portrait  peu  s^duisant  esquiss6,  il  faut  recon- 
naltre  que  Louis  XIV  montra  toujours  beaucoup  de 
courage  devant  la  maladie  et  le  m^decin;  lorsqu'on 
Top^ra  de  sa  fistule,  il  tint  conseil  des  le  lendemain  et 
refut  les  ambassadeurs ;  il  montra  le  mfime  courage 
lors  de  Top^ration  ndcessit6e  par  sa  sinusite  maxillaire : 
a  On  y  appliqua,  dit  d'Aquin,  quatorze  fois  le  bouton 
de  feu,  dont  M.  Dubois,  qui  Tappliquait,  paraissait 
plus  las  que  le  roi  qui  le  souffrait,  tant  sa  force 
et  sa  Constance  sontin^branlablesdans  les  choses  ndces- 
saires,  quand  il  s'y  est  determine.  » 


■ 

i 


—  197  — 

En  d^pit  de  ce  courage,  la  personnalite  de  Loiiis  XIV 
ne  gagne  pas  a  la  lecture  du  journal  de  sa  sant^;  le 
grand  Roi  n'est  plus  qu'une  sorte  de  d6g6n6r6  dont  le 
seul  merite  fut  de  savoir  profiler  des  grands  ministres 
qui  Tentouraient  et  de  garder  vis-i-vis  de  la  cour  et  du 
peuple  le  decorum  qui  convenait  a  un  monarque  du 
droit  divin.  Du  reste,  T^tude  m^dicale  de  toute  la  descen- 
dance directe  de  Louis  XIV,  grand  Dauphin,  due  de 
Bourgogne,  Louis  XV,  Louis  XVI,  cadre  bien  avec 
celte  id^e  de  d^gen^rescence  de  la  race  bourbo- 
nienne  depuis  Henri  IV. 

Nous  avons  vu  ant^rieurement  que  Tarchiatre  elait 
aide  dans  Texercice  de  ses  fonctions  par  un  midecin  ordi- 
naire et  huit  midecins  par  quartiers. 

Le  midecin  ordinaire  6tait  fort  peu  pay6  et  ne 
touchait  que  5.500  livres  par  an.  Comme  Tarchidtre, 
il  suivait  partout  le  Roi,  recevant  de  son  chef  les 
ordres,  et  le  soulageant  dans  ses  lourdes  fonctions. 
Quelquefois  mfime,  il  arrivait  a  le  supplanter,  ainsi  que 
nous  le  raconte  I'abbe  de  Choisy  dans  ses  Mimoires. 

Le  Roi  itant  k  Marly  eut  un  fort  accds  de  fiivre.  Les  mide- 
cins, sur  le  minuit,  voyant  que  la  fievre  diminuoit,  lui  firent 
prendre  un  bouillon.  Daquin  dit :  «  Voili  la  fifevre  qui  est  sur 
son  diclin,  je  m'en  vais  me  coucher.  »  Fagon  fit  semblant  de 
le  suivre,  et  s'arreta  dans  Tantichambre,  en  disant  entre  ses 
dents  :  «  Quand  done  veillerons-nous  ?  Nous  avons  un  si  bon 
maitre,  et  qui  nous  paie  si  bien  !  » 

II  se  fit  un  fauteuil,  appuy^  sur  un  biton  :  il  ^toit  aussi 
bien  que  dans  sa  chambre,  parce  qu'il  ne  se  deshabille  jamais, 


—  198  — 

et  ne  dort  qu'ii  son  siant,  k  cause  de  son  asthme.  Une  heure 
apr^y  le  Roi  appela  le  premier  valet  de  chambre,  et  se  plai- 
gnit  k  lui  que  sa  Hdvre  duroit  encore.  II  lui  dit  :  «  Sire,  M. 
Daquin  s'est  all^  coucher,  mais  M.  Fagon  est  U-dedans  :  le 
ferai-je  entrer?  —  Que  me  dira-t-il  ?  »  lui  dit  le  Roi,  qui 
craignoit  que  le  premier  midecin  ne  le  sut.  «  Sire,  reprit 
Niert  (et  ce  que  je  dis  ici,  je  le  sais  de  lui),  il  vous  dira  peut- 
^tre  quelque  chose;  il  vous  consolera.  »  Fagon  entra,  tita  le 
pouls,  fit  prendre  de  la  tisane,  fit  changer  de  cdt£,  et  enfin  il 
se  trouva  seul  auprds  du  Roi  pour  la  premiere  fois  de  sa  vie. 
Daquin  eut  son  cong6  trois  mois  apris  sur  une  bagatelle 
dont  on  lui  fit  une  querelle  d'allemand. 

Les  tnedecins  par  quartier,  au  nombre  de  six,  touchaienl 
annuellement  2.473  liv.  15  s.  Leur  service  duraitdeux 
mois  et,  pendant  ce  temps,  ils  ^taienf  tenus  d'habiter  le 
palais  royal  et  de  se  tenir  aux  ordres  de  Tarchiatre  et 
du  premier  m6decin. 

Les  soixante-six  midecins  consultants  du  Roi  ne  tou- 
chaient  que  400  livres  par  an ;  il  est  vrai  que  ce  titre 
dtait  purement  honorifique,  octroy^  qu'il  etait  en 
recompense  de  leurs  ser\^ices  aux  principaux  midecins 
parisiens. 

Les  tnedecins  anatomiste  et  botaniste,  tout  en  faisant 
partie  de  la  maison  m^dicale  du  Roi,  n'^margeaient  pas 
i  son  budget;  fait  curieux,  ils  6taient  pay^s  par  la 
Faculty  de  Montpellier. 

Enfin,  les  quatre  midecins  spagiristes  recevaient 
1.200  livres  par  an. 

Tous  les  grands  seigneurs,  copiant  servilement  le 
Roi,  avaient  eux  aussi  de  nombreux  midecins,  apothi- 


—        199       — 

caires,  chirurgiens,  qui  etaienl  inscrits  sur   I'etat  de 
leur  maison. 

Ainsi,  le  due  d*Orl6ans,  oncle  du  roi  et  pere  de  M^^*-' 
de  Montpensier,  avait  une  maison  medicale  fort  com- 
plete : 


Premier  medecin,  a  2.000  1. . : . 
M^decins  par  quartier,  k  i.oool. 


Medecins  consultants,  a  400  1 . . 

Medecin  spagiriste,  a  400  1. . . . 

Apothicaires,  k  500  1 

Premier  chirurgien,  a  1.800  1. . . 
Chirurgien  ordinaire,  i  800  1. . . 
Chirurgiens  par  quartier,  i  300 1. 


Abel  Brunier. 

Antoine  Fieffe,  Abel  Brunier, 
Pierre  Guenault,  Pierre  de 
Daluteau. 

Guillaume  Granger,  Rodolphe 
Ranchin,  Quirin  le  Vignon . 

Jdrdme  de  Semigny. 

Gabriel  Sevart,  Claude  Sevart. 

Francois  Turpin. 

Guillaume  Carillon. 

Jacques  Maurel,  De  Mauvillain, 
Claude  Personne,  Du  Bour- 
delle,  Aubert  Orry,  Jean 
Soubeiran,  Guillaume  Dartois. 


Tous  les  membres  de  la  famille  royale  lenaient  a 
honneur  d'avoir  un  etat  de  maison  aussi  considerable; 
la  Reine,  la  Reine-mcre,  le  Dauphin,  la  Dauphinc, 
Monsieur,  fr^re  du  Roi,  et  Madame  avaient  aussi  un 
premier  medecin,  un  medecin  ordinaire,  des  medecins 
par  quartier  et  des  medecins  consultants.  Non  seule- 
ment  ils  les  payaient  fort  mal,  les  considerant  commc 
des  domestiques,  mais  encore  ils  vendaient  au  plus 
offrant  les  difFiSrentes  charges  de  leur  maison.  II  est 
vrai  que  le  titre  de  medecin  de  la  Reine,  de  premier 
medecin  de  Madame,  de  premier  medecin  de  la 
Reine-mere,  suffisait  a  fairc  connaltre  le  medecin 
titulaire  de  la  charge,  qui  regagnait  vite  dans  la  pra- 


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—   200  — 

tique  de  son  art  les  sommes  considerables  qu'il  avait 
d^bours^es. 

Les  grands  seigneurs,  les  nobles,  les  hauts  fonction- 
naires  royaux,  avaient  tous  leur  m^decin;  mais 
celui-ci  ne  pouvait  pas  prendre  le  litre  de  premier 
m^decin  rfeerv^  aux  seuls  m6decins  de  la  famille 
royale;  ils  ^taient  fort  mal  pay^s,  fort  mal  traitds, 
nourris  i  la  table  de  I'^cuyer,  avec  les  valets  et 
les  filles  de  chambres.  Dans  certaines  maisons  mfime, 
le  m^decin  remplissail  les  fonctions  d'intendant  et 
«  ferrait  la  mule  »  le  plus  possible  pour  remddier  d 
Tinsuffisance  de  ses  appointements. 

Diafoirus  avait  done  raison,  lorsqu'il  se  refusait 
a  i  manager  pour  sonfils  une  charge  de  m^decin  chez 
les  grands.  » 


V 

LES    MfiDECINS    A    LA    VILLE 


Le  nonibre  d«  midccias  parisieai.  —  Uilc  dc  Musieuri  lei  DocKun  RigtatS  pour 
I'm  1684.  —  Les  immunitj)  its  mjdeddi.  —  Lei  baaoriirei.  —  l^i  mideclna 
ei  la  boorgeoisic.  —  Lei  midKini  et  let  gcDi  de  lettrei,  —  Deux  ennemii  des 
oijdecini,  Cyrinode  Bergcrac cl M jdame de  Sjvlgni.  —  Leidifiulsdci  midecini. 

—  LaFacoM  el  le)  buveun  d'nu.  — La  goDimindiw  cbez  les  tnideciDi.  —  Lei 
mcEnH  des  medecins.  —  Le  courage  professionnel.  —  Le  midecin  vieux  jeu.  — 
Le  midecin  nouveau   [eu.  —  Le  palieni.  —  Lei  eonsultadani.  —   La   qucrefle 

de  FAmear    mriUiin,  —  Lei  complinienii  d'usage.  —  Let  causcriei  niidtcales. 

—  Li  rtdactioD  de  la  consultalion.  —  La  consultation  pii  corrnpoadance.  —  Lei 
mMccini  i  c6ti:  Bouvatd,  Goy  Patin.  Gibiiel  Naudi,  Bernici,  Claude  QpiHet. 
Bourdelot,  Berniet-Mogol. 


ANS  la  c^r^monie  du  Malade  imaginaire, 
devant  toute  la  Faculty  r^unie,  le 
prxses,  s'adressant  au  licenci^  qui  va 
recevoir  !e  bonnet  doctoral,  constate 
avec  un  attend rissement  comique  : 

Qualis  bona  inventio 
Est  medici  professio. 
duam  bella  chosa  est  et  bene  trovata 
Medicina  ilia  benedicta 
Quae,  suo  nomine  solo 
Surprenanti  miraculo 
Depuis  si  longo  tempore 
Facit  i  longo  vivere 
Tant  de  gens  omni  genere. 


En  effet,  la  profession  m^dicale  sous  Louis  XIV  etait 
d'un  bon  rapport,  et  nefaisait  pas  seulement  vivreson 
homme,  mais  encore  I'enrichissait.  En  d^pit  de  la  con- 
currence effr^nie  des  chirurgiens,  des  barbiers,  des  op6- 
rateurs  etdes  empiriques,  les  m^decins  avaient  presque 
tons  de  fortes  clienteles  et  touchaient  de  gros  bono- 
raires. 

De  plus,  leur  nombre  6tait  fort  restreint  relative- 
ment  au  chifTre  de  la  population  parisienne.  A.  Frank- 
lin, dans  la  Fie  privk  (Tautrefois,  a  ^tabli  des  statistigues 
oij  il  compare  le  chiffre  de  la  population  avec  le 
nombre  des  m^decins  exer^nt  dans  la  capitale.  La  po- 
pulation de  Paris,  sous  !e  regne  de  Louis  XIV,  compor- 
tait  environ  un  million  d'habitants,  mais  en  y  compre- 
nant  les  faux-bourgs,  ou  n'habitaient  que  les  artisans, 
les  cultivaleurs,  gens  peu  soucieux  d'appeler  un  mede- 
cin.  La  population  comprise  dans  I'enceinte  fortifiee  ne 
d^passait  pas  550  i  700.000  dmes.  Pour  soigner  cette 
population,  il  n'y  avait  guere  que  100  i  iiodocteurs 
regents;  mais  il  faut  ajouter  d  ce  nombre  fort  restreint 
les  medecins  provinciaux  des  Facult^s  de  Montpcllier, 
de  Lyon,  de  Poitiers,  etc.,  et  aussi  les  licenci^s  qui, 
faute  d'argent,  n'avaienl  pas  pouss^  leurs  etudes  jus- 
qu'au  doctorat.  Ccs  derniers  n'etant  pas  inscrits  sur 
les  registres  de  la  Faculty  et  les  medecins  provinciaux 
exer^ant  dandestinement  leur  profession,  nous  ne  pou- 
vons  avoir  une  id^e  exacte  du  nombre  total  des  mede- 
cins parisiens.  Approximativement,  nous  pouvons  fixer 
ce  nombre  d  250  environ.  Nous  voyons  que  Paris 


—   203    — 

comptant  250  m^decins  pour  une  population  de 
700.000  ames ,  il  y  avait  done  un  m^decin  pour  6.000 
habitants,  alors  que  maintenant  il  y  a  un  m^decin  pour 
1.300  habitants;  partant,  il  n'y  a  pas  Heu  de  s'^tonner 
de  ce  que  la  profession  m6dicale  6tait  si  bonne  sous  le 
grand  Roi. 

II  existe  plusieurs  listes  des  m^decins  a  cette  epoque; 
une  des  plus  curieuses  est  une  affiche  in-folio  de  la  Bi- 
blioth^que  Mazarine;  elle  donne  le  nom  et  Tadresse 
de  tous  les  docteurs  regents  de  la  Faculty,  mais  seule- 
ment  de  ceux<i.  Elle  est  curieuse  A  plus  d'un  titre  et 
nous  la  reproduisons  ci-apres  : 


LISTE   DE   MM.    LES   DOCTEURS   REGENS 
EN    LA   FACULTE  DE  MEDECINE  EN   l'uNIVERSITE  DE  PARIS, 

AVEC   LEURS    DEMEURES.    1 684. 


M.  Francois  Pijart',  rue  Ber- 

tin-Poir^e. 
M.Jacques  Renaut*,  rue  Saint- 

Antoine. 
M.  Germain   FRfeAUX',    devant 

Saint-Eustache. 
M.  Claude  Germain,  rue  Beau- 

bourg. 
M.  Claude  Gu^rin,  rue    neuve 

Saint-Estienne,     fauxbourg 

Saint-Marcel. 


M.  Nicolas  Richard  4,  Vieille- 
rue  du  Temple,  devant  I'Hb- 
tel  d'Effiat. 

M.  Francois  Pajot,  devant 
rOrme  de  Saint-Gervais. 

M.  ToussAiNT- Fontaine,  rue 
Beaubourg,  dans  le  grand  cul- 
de-sac. 

M.  Claude  Perraut  5,  devant 
TEstrapade. 


1 .  Etait  d'une  faraille  medicale ;  son  grand-p^re,  Pierre  Pijart,  avait  ^te 
doyen,  de  1612  k  1614. 

2.  II  avait  6t6  censeur  de  1644  a  1646,  et  t^tait  un  des  plus  vieux  docteurs 
regents. 

3.  II  fut  censeur  de  1658  k  1660. 

4.  Censeur  de  1664  ii  1666. 

5.  C'est  le  mauvais  mWecin  devenu  bon  architecte  de  Boileau. 


—  204  — 


M.  Pierre  Bourdelot  »,  rue  de 

Tournon. 
M.  Estienne  Le  Gaigneur,  rue 

du  Batoir. 
M.  Roland  Merlet*,  vis-4-vis 

les  Blancs-Manteaux. 
M.    Guillaume   Petit,   cloistre 

Saint-Germain  de  TAuxerrois. 
M.  Paul  CouRTOis  J,  rue  Haute- 

feiiille. 
M.  Jean  Garbe  4,  a  la  Montagne 

Sainte-Genevi^ve. 
M.    Pierre  de   Mersenne,   rue 

Montorgueil. 
M.  Jean  Hamon  5,  absent. 
M.  Jean-Baptiste  Moreau  ^,  rue 

de  la  Verrerie. 
M.    Estienne  Bachot,   rue  des 

Petits-Champs. 
M.  Bertin  Dieuxivoye  7,  censeur 

rue  Saint- Antoine. 
M.Jean-ArmandDEMAUviLAiN  *, 

rue  Beaubourg. 
M.   Pierre   Perreau  9,    rue    de 

Jouy. 
M.   Michel  de  la  Vigne  »^,  rue 


Saint -Antoine,  vis-i-vis  les 
Jdsuites. 

M.  Jean-Antoine  Bourgaud,  rue 
de  la  Poterie. 

M.  Claude  Quartier  ",  au  bas 
de  la  rue  de  la  Harpe. 

M.  Nicolas  Morin,  rue  Christine. 

M.  Philippes  Doute  »*,  rue 
Saint- Denys,  proche  les  Filles- 
Dieu. 

M.  Nicolas  Li£nard  n,  rue  Saint- 
Martin. 

M.  Abraham  Th£vart  '4,  rue 
Royale. 

M.  Gilles  Le  Bel,  au  Palais- 
Royal. 

M.  Claude  de  Frades,  absent. 

M.  Alexandre-Michel  Denyau, 
rue  de  la  Vannerie. 

M.  Pierre  Cresse,  rue  Sainte- 
Croix  de  la  Bretonnerie. 

M.  Raphael  Maurin,  rue  Saint- 
Honor^,  pr6s  Saint-Roch. 

M.  Edmond  Charrier,  rue 
Michel-le-Conte. 

M.  Jean-Baptiste  de  Revelais, 


1 .  Put  m^ecin  de  la  Reine  Christine,  et,  quoique  abb^,  grand  buveur 
et  grand  sacripant ;  il  fut  un  de  ceux  qui  firent  le  plus  pour  radoption  des 
id^es  d'Harvey  en  France,  mais  revendiqua  pour  lui  les  d&ouvertes  du 
savant  anglais. 

2.  Fut  doyen  de  1656  a  1658. 

3.  Succdda  i  Guy  Patin  comme  doyen. 

4.  Doyen  de  1668  k  1670. 

$.  Le  cd^bre  solitaire  de  Port-Royal,  Tami  de  Nicole. 

6.  Doyen  de  1672  i  1674. 

7.  Venait  d'achever  son  d^canat  et  etait  censeur  de  droit. 

8.  L*ami  de  Moli^re,  doyen  de  1666  i  1668. 

9.  Sera  doyen  en  1686. 

10.  Fils  du  doyen  qui  ^crasa  Renaudot  en  cour  de  Parlement. 

11.  Doyen  en  1678. 

12.  Sera  doyen  en  1710-1712. 

13.  Ami  de  Moli^re,  doyen  en  1680. 

14.  Fils  de  Jacques  Thevart  qui,  en  166$,  demanda  au  Parlement  la  reha- 
bilitation de  Tantimolne. 


I 


205  — 


sur  le  Quay  des  Augustins, 
au  coin  de  la  rue  Pav^e. 

M.  Denys  Puylon  » ,  rue  des 
Deux-ficus,  vis-i-vis  TRdtel 
de  Soissons. 

M.  Denis  Dodart  «,  i  I'H6tel 
de  Conty. 

M.  Charles  de  Laval,  rue  Michel- 
le-Comte,  pris  TEch.  du 
Temp. 

M.  Antoine  de  Caen,  rue  des 
Blancs-Manteaux. 

M.  Pierre  Pouret,  rue  du  Bou- 
loir,  devant  les  Carmelites. 

M.  Nicolas  Rainssant  3,  rue 
Saint-Louys,  dans  i'lsle. 

M.  Francois  Sorand,  rue  de  la 
Bucherie. 

M.  Pierre  LfeGiER,  rue  Crenelle. 

M.  Jacques  de  Bourges  4,  rue 
des  Rosiers. 

M.  Guy-Crescent  FagokJ,  au 
Jardin  du  Roy. 

M.  Antoine  Le  Moine  ^,  rue  des 
Poules,  dla  porte  Saint-Marcel. 

M.  Charles  Marteau,  rue  de  la 
Tixeranderie,  au  coin  du  cul- 
de-sac. 

M.  Jean-Baptiste  Ferrand,  rue 
du  Four,  fauxbourg  Saint- 
Germain. 


M.  Mathieu  Thuillier,  rue  Cre- 
nelle. 
M.  Robert  Raoul,  rue  des  Fos- 

sez  de  Saint-Germain. 
M.  Raymond  Finot,  rue  Baillet. 
M.  Philippes  Mathon,  rue  de  la 

Vieille-Monnoye. 
M.    Pierre    Lombard,    derri^re 

Saint-Leu-Saint-Gilles. 
M.  Louis  MoRiN,  rue  Quinquem- 

poix. 
M.  Charles  Le  Long,  rue  Thi- 

bautaude. 

M.  Paul  Mattot,  rue  Quinquem- 
poix. 

M.  Claude  GufeRiN,  rue  Saint- 

Antoine. 
M.    Henry   Mahieu?,    rue    de 

Bi^vre. 

M.  Dominique  de  Farcy  *,  rue 
Saint- Victor,  proche  la  porte. 

M.  Claude  Biendisant,  cloistre 
Saint-MW6ric. 

M.  Claude  Berger  9,  devant  le 
grand   portail   Saint-Gervais. 

M.  Claude  Puylon,  doyen  >o,  rue 
Saint-Honor^,  proche  la  Croix 
du  Tiroir,  devant  THdtel 
d'AIigre. 

M.    Francois  Vezou,    rue    des 


1.  Doyen  en  1670. 

2.  Fut  m^decin  des  princes  de  Conti,  mourut  en  1703. 

3.  «  fitoit  des  gens  k  faire  ce  que  Ton  veut  k  qui  plus  leur  donne  »,  nous 
dit  Guy  Patin. 

4.  Kls  d'un  ancien  doyen. 

5.  Alors  m^dedn  ordinaire  du  Roi  et  surintendant  du  Jardin  Royal. 

6.  Doyen  en  1676. 

7.  Sera  doyen  en  1690. 

8.  Doyen  en  1700. 

9.  Doyen  en  1695 ;  au  bout  de  deux  ans  fut  r^du,  chose  qui  ne  s'^tait 
pas  encore  vue. 

10.  Venait  d'entrer  en  fonctions ;  6tait  le  fils  de  Denys  Puylon. 


—  2o6  — • 


Singes,  pr^s  les  Blancs-Man- 

teaux. 
M.   Louis  Gayant,  rue  Haute- 

feuille. 
M.  Jean  Robert,  rue  Boutebrie. 
M.    Antoine   de  Sainct-Yon  S 

cloistre  Saint-M^deric. 
M.  Pierre  Yon,   rue  Rictoune. 
M.  Jean  Cordelle,  au  college 

du  cardinal  Le  Moine. 
M.  Pierre  Daquin  *,  devant  le 

Palais-Royal. 
M.    Germain    Preaux,    devant 

Saint-Eustache. 
M.    Nicolas  de  Jouvanci,  rue 

Saint- Andr6-des-Arcs. 
M.  Francois  Sfforty  3,  rue  des 

Marmousets. 
M.  Ren^  Le  Comte,  rue  Saint- 

Louys,  dans  Tlsle. 
M.  Nicolas  Pelletier,   sur  le 

Quay  des  Augustins. 
M .    Jean  -  Baptiste -  Ren^    Mo- 

REAU  4,  rue  de  la  Verrerie. 
M.  Pierre  Bonnet,  sur  le  Quay 

de  la  Toumelle. 
M.  Louis  PoiRiER,  rue  des  Petits- 

Champs,  pr^s  la  rue  Saint- 
Martin. 
M.  Joseph  Thomasseau,  rue  des 

Mathurins. 
M.  Andr^  Enguehard,  rue  Saint- 
Denis,  au  Bras  d*Or. 


M.  Loiiis  Labbi^  s,  rue  du  Piastre. 

M.  Francois  Le  Rat,  rue  de 
Saint-Andr^-des-Arcs. 

M.  Pierre-Paul  Guyart,  rue 
Saint- Martin. 

M.  Ren6  Chauvel,  rue  Saint- 
Jacques. 

M.  Jacques  des  Prez,  k  la  porte 
Dauphine. 

M.  Jean-Claude  Delarbre,  rue 
Saint-Antoine. 

M.  Jean  Poisson,  au  Palais- 
Royal. 

M.  Francois  M.mllard,  rue 
Poup6e. 

M.  Ponce  Maurin,  rue  de 
TArbre-Sec. 

M.  Michel  de  Hodbncq,  rue  de 
Richelieu,  pr^s  les  Quinze- 
Vingts. 

M.  Guy-Erasme  Emmerez  ^,  au 
cloistre  Sainte-Opportune. 

M.  Jean  Boudin,  devant  le  Palais- 
Royal. 

M.  Bertin-Simon  Dieuxivoye  ?, 
rue  Saint-Antoine. 

M.  Jean-Michel  Garbe*,  d  la 
Montague   Sainte-Geneviive. 

M.  Claude  Quinquebeuf,  rue 
S.-J.  de  la  Boucherie. 

M.  Jean  Daval,  rue  de  TOrme 
Saint-Gervais. 


1.  Doyen  en  1704. 

2.  Le  premier  mMecin  du  Roi. 

3.  Doyen  en  1708. 

4.  Doyen  en  1672. 

5.  Fut  nommi  censeur  en  1694,  sans  6tre  doyen  sortant. 

6.  Doyen  en  1720.  Le  fiUeul  de  Guy  Patin,  qui  fit  faire  le  portrait  du 
celfebre  teivain  par  Antoine  Masson,  portrait  dont  nous  donnons  une 
reproduction. 

7.  Doyen  en  1682,  consuluit  souvent  avec  Valiant. 

8.  Doyen  en  1668. 


—  207  — 

M.  Nicolas  Bailly,  rue  Simon-  Tixerandic. 

le-Franc.  M.    Francois   Picot6    de    Bel- 

M.  Michel  Pichonnal,    sur  le  lestre,  au  bout  de  la  rue  des 

quay  de  la  Tournelie.  Augustins. 
M.  Pierre  Gamarre,  rue  de  la 

Une  chose  4  noter,  c'est  que  la  plupart  des  loo  doc- 
teurs  regents  exer^ant  a  Paris  en  1684  habitaient  au 
Marais  et  au  faubourg  Saint-Germain,  qui  6taient,  4  cette 
6poque,  les  deux  quartiers  de  Paris  habites  par  la  no- 
blesse et  par  la  haute  bourgeoisie.  Quelques  docteurs 
exer^aient,  il  est  vrai,  dans  les  quartiers  excentriques, 
rue  Saint-Victor  proche  la  porte,  rue  des  Poules  proche 
la  porte  Saint-Marcel,  rue  des  Mathurins,  rue  Saint- 
Honor^...,  mais  ces  derniers  devaienf  avoir  une  clien- 
tele moins  belle  que  leurs  collogues,  et  ne  soignaient 
gu6re  que  des  artisans  ou  des  petits  bourgeois. 

Qjaoi  qu'il  en  soit,  on  gagnait  gros  alors  dans  la 
profession  et  on  avait  peu  de  frais.  Non  seulement  la  vie 
mat6rielle  coiitait  peu,  mais  le  m^decin  6tait  en  outre 
exemptd  d'imp6ts;  la  patente  nefut,  en  effet,  qu'une  crea- 
tion de  la  Revolution  et  le  m^decin  ne  payait  mfime 
pas  la  taille,  d'abord  comme  membre  de  TUniversite, 
jouissant  d'immunit^s  et  de  privileges  et  ensuite  grdce 
aux  pretentions  nobiliaires  dont  les  medecins  se  pa- 
raient  dcpuis  un  temps  immemorial. 

Nous  n'avons  malheureusement  pas  beaucoup  de  do- 
cuments nous  permettant  d'etablir  le  gain  moyen  d'un 
medecin  parisien  sous  Louis  XIV,  cependant  Eusebe 
Renaudot,  fils  de  Theophraste,   medecin  de  la  Dau- 


phine  en  1650,  nous  apprend  dans  son  journal  qu'il  a 
gagn6  7.000  livres,  plus  de  14.000  francs  de  notre  mon- 
naie  actuelle,  en  moins  de  huit  mois  : 

Je  me  suis  acquitt^  de  la  sotntne  de  sept  mille  livres  en 
moins  de  huit  mois,  grfice  au  petit  revenu  de  la  m£decine, 
que  le  grand  nombre  des  malades  de  cette  ann6e  avail  fort 
multiplii.  Le  mois  de  d^cembre  1666,  neuf  cent  dix-sept 
livres  pour  visites  de  medecin,  et  au  commencement  de 
Tannie  1667,  quatorze  cents  soixante-treize  livres.  Vers  la  fin 
de  juillet  1669,  j'ai  eu  Thonneur  d'etre  envoyi  gu6rir  de 
Paris  ^  Compifegne,  pour  y  trailer  M.  le  Dauphin  avec  MM. 
d'Aquin  pdre  et  fils,  la  Chambre  et  Brayer  :  nous  y  fiimes 
sept  jours  et  resumes  quatre  cents  livres  chacun. 

« 

II  est  vrai  que  Renaudot  6tait  un  des  m^decins  le 
plus  en  vue  de  Paris  et  que  le  docteur  regent  moins 
connu  ne  devait  pas  toucher  des  honoraires  aussi  con- 
siderables. 

Les  grands  seigneurs,  en  efFet,  s'ils  ^taient  exigeants 
et  traitaient  de  haut  les  m^decins  appel6s  a  Thonneur 
de   les  soigner    payaient  fort   bien    :  tout   m6decin 
consultant   chez    Colbert    recevait,    nous     dit    Guy 
Patin,  un  louis  d'or,  ce  qui  repr^sente  100  francs  envi- 
ron de  notre  monnaie  actuelle.  Mais  les  honoraires 
pay^s  par  les  nobles  et  par  les  bourgeois  ^taient  plus 
modestes.  Guy  Patin  nous  d^peint  Gu^naut,  le  premier 
medecin  de  la  Reine,  tendant  la  main  au  malade  pour 
recevoir  un  teston,  et  il  condamne  son  dpret6  au  gain, 
cc  Un  grain  de  fortune,  avait  coutume  de  dire  Gu^naut, 
vaui  mieux  que  dix  onces  de  vertu  »,  et  Guy  Patin  le  lui 


■«"s-  *   ♦ 


—  209  — 

reproche  amerement ;  pourtant  lui-meme  n'etait  pas  dds- 
interesse,  loin  de  Id,  ct  il  nous  Tapprend  dans  unc  de 
ses  lettres  :  «  Quand  fitais  jeune,  dit-il,  je  rotigissais  de 
recevoir  de  Fargenty  maintenant  je  rougis  quaiid  on  tie  men 
donne  plus,  » 

Le  taux  d'une  visite  de  m^decin  etait  ordinairement 
d'un  testan,  d'un  6cu  hlanc  ou  d'un  ecu  d'or,  Mais  ici  se 
pose  une  question  assez  embarrassante.  Le  testoyi  6tait 
une  ancienne  monnaie  d'argent  qui  datait  du  regne  de 
Henri  ni;  onl'appelait  ainsi  parce  qu'il  portait  en  relief 
la  Ute  du  Roy ;  il  avait  encore  cours  sous  Louis  XIV, 
mais  nous  ne  pouvons  croire  que  les  docteurs  parisiens, 
si  grassement  r^lribu^s  d'ordinaire,  s'abaissaient  d  faire 
une  visite  pour  un  teston  dont  la  valeur  6tait  de  10  4 
12  sols,  a  peine  30  d  40  sous  de  notre  monnaie 
actuelle  :  nous  croyons  plut6t  que  «  tendre  la  main 
pour  le  teston  »,  ainsi  que  nous  le  dit  Guy  Patin,  signi- 
fiait  <c  r^clamer  ses  honoraires  ». 

Uicu  hlanc  et  Vecu  dor  valaient  Tun  et  Tautrc  120 
sols,  environ  12  francs  de  notre  monnaie  actuelle.  L'ecu 
blanc,  c'iitait  I'ecu  de  six  livres ;  T^cu  d'or  6tait  d'or  fin^ 
d  18  carats,  d  la  taille  de  60  au  marc  d*or  (244 
grammes). 

Tel  6tait  done  le  prix  d'une  visite  m6dicale.  Cepen- 
dant  il  arrivait  souvent  que  chaque  visite  n'etait  pas 
pay^e  imm^diatement,  le  m^decin  ne  rdclamant  ses  ho- 
noraires qu'd  la  fin  de  la  maladie.  Cette  note  etait  Ic 
plus  souvent  corsec  et  Cyrano  de  Bergerac  s'en  plaint 
amerement.  «  Apr^s  cela,  n'avons-nous  pas  grand  tort 

Le  Maguki'.  —  Ls  nwtide  viedkal.  14 


dc  nous  plaindre  dc  ce  qu'il  der 
une  maladie  de  huit  jours?  N 
bon  raarch^?  » 

Pour  les  consultations  ou  se 
sieurs  mMecins  il  n'y  avait  pas 
mfedecins  de  Moli^re,  ils  s'en 
rosit^  du  client,  quittes  d  r^crin 
paraissait  trop  modique. 

Enfin,  les  honoraires  m^dic 
comme  lis  le  sont  maintenant,  ei 
pareille  faveur  que  les  frais  fu 
parlement  de  Toulouse  en  15 
pourquoi  de  ce  privilege  : 

Et  cela  d'autant  que  I'etat  du  ir 
est  public,  er  sont  tenus  servir  er  se 
pouvant  excuser,  n'estant  recevablt 
qu'apr^s  la  niort  ou  sant£  du  malai 
raisonnable  de  les  protiger. 

Tout  ceci  pose,  on  ne  doit 
beaucoup  de  mMecins,  0  gens  i 
qui  plus  leur  donne  s.disait  Gi 
ritables  fortunes.  B6da  des  Ft 
dans  sa  clientele  les  plus  grand 
et  de  la  raagistrature,  et  qui  ne 
Bussy-Rabutin,  de  pratiquer  I'a 
fortune  considerable.  Nicolas  ' 
clientele  toute  clericale  et  qui 
pr^f^r^s  de  Valiant,  ainsi  que  1 


—    211    — 


livres  par  an  et  amassa  dans  I'exer- 
30.000  ^cusde  rente.  C'^tait  cepen- 
:e  homme  puisque  Guy  Patin  lui- 
s  mauvaises  langues  de  I'^poque,  le 


i  occupaient,  grdce  d  leur  gain,  une 
1  r^chelle  sociale.  Si  les  grands  seU 
e  quality  consid^raient  !e  mMecin 
e  domestique,  s'ils  rip^taient  avec 
1  docteur  ne  fut  jamais  autre  chose 
'e  dans  son  mitter,  »  la  noblesse  de 
jrgeoisie  voyaient  dans  le  praticien 
et  aimaient  i  frayer  avec  lui.  Guy 
les  presidents  de  Thou  et  Miron ; 
ssidilment.  «  On  nous  appelle  les 
lartier  »,  dit-il.  II  est  li^  aussi  avec 
:  de  Lamoignoni 

ce  Raynaud,  ie  comble  de  provenance, 
I  les  semaines  et  passe  avec  lui  tout  te 
ber  aux  devoirs  accablanu  de  sa  charge, 
marques  :  Lamoignon  le  traite  comme 
sent  profbndOment  honors  de  cette  bien- 
:  avec  le  premier  magistrat  de  son  temps, 
Igent  et  d'un  commerce  &cile ;  en  mon- 
sentirait  ou  on  lui  ferati  sentir  son  inft- 
de-t-il  avec  un  grand  soin. 

et  les  litterateurs  du  xvii*  slide 
iter  les  midecins;  Boileau  cut  pour 


ami  intime  Bernier,  il  co 
lesque ;  Racine  park  souver 
cins  a  qui  ne  sont  point 
mfime,  I'imtnortel  ennem 
I'dpoque,  eut  pour  amis  int 
Armand  de  Mauvillain.  Le 
oublier  qu'un  des  leurs,  G.i 
6tait  docieur,  et  Descartes 
cuter  philosophic  avec  de 
crate. 

Dans  le  Portefeuilh  de  ^ 
des  documents  fort  curieu 
mit£  qui  existait  entrc  lui,  s 
de  Montpellier,  et  de  grand 
cal  et  Descartes.  Qd  et  Id, 
medecine,  se  trouvent  not^i 
tout  moment  il  consigne 
Descartes  et  les  objections 
lui  faire. 

Valiant  ne  se  d^sint^ress 
tions  theologiques;  il  soig 
faisant,  aime  discuter  avec  1 
Arnaud;  il  est  aussi  I'ami  i 
etait  docteur  rdgent  de  Paris 
de  PoTl-Kuyal.  11  est  jansen 
avec  le  Marquis  de  Sourdis 
qui  am^nent  un  jour  ce  dt 
bk :  «  Je  ne  puis  assez  m'e 
honncsle  homme  qu'est  .\I 


—   21?    — 

las  s'en  raporter  i  I'iglise  pour  I'inter- 
assages  de  I'Escriture  Sainte  dont  nous 
ferend'  ». 

)  done  que  les  m^decins  au  xvii^  si^cle 
;^s  dans  une  certaine  soci6t6;  il  est  vrai 
:nt  aussi  beaucoup  de  d^tracteurs.  Nous 
IS  ici  de  Moli^re ;  s'il  attaqua  les  mauvais 
charlatans  et  I'esprit  routinier  de  la 
lit  i  la  profession  miidicale  des  services 
n  doit  plutdt  le  compter  au  nombre  des 
lecine.  Du  reste  Maurice  Reynaud  a  si 
t  ddcrit  le  r6le  de  Moliere,  dans  la  so- 
du  xvn=  siicle,  qu'il  nous  est  interdit  de 
lui  d  cette  question  et  nous  nous  con- 
larler  ici  de  deux  ennemis  de  la  m^de- 
:decins,  Cyrano  de  Bergerac  et  M""'  de 

ergerac ',  le  redresseur  de  tons,  ne  man- 
quer  les  travers  des  m^decins  de  son 
it  centre  les  kuyers  a  mules,  comme  il 
lecins,  une  satire  charmante  ou  il  pki- 
lent  les  dimons  gradiUs. 

i  condamn^  (mais  ce  n'est  que  du  m^deciii, 

ant.  P.  VII,  f.  i6. 

o  de  Bergerac  icrivit  cettc  satire,  Louis  XIV  n'ctait 
rfine,  mais  les  difauts  des  midecins  et  li.'ur  niputation 
n^  ^aient  les  m&mes  que  vers  1650 ;  aussi  citons-nous 
tr^  cutieusc  saiire,  parui.*  dans  lu  Journal  du  sympa- 


—  214  - 

dont  j'appellerai  plus  aistoent  que 
voulez  bien  que,  de  m£me  que  les 
people  quand  its  sont  sur  I'^chelle,  r 
du  Bourreau,  je  fasse  aussi  des  remi 
Fi^re  et  le  Drogueur  me  tienneni 
avec  tanr  de  rigueur,  que  j'espfire  i 
pas  que  mon  discours  vous  puisse 
Monsieur  le  Gradu6,  de  me  dire  que 
cependant  k  tout  le  monde  que,  s 
relever.  Leurs  presages,  toutefois 
m'alannent  gu^re ;  car  je  connois 
leur  an  les  oblige  decondamnerto 
afin  que,  si  quelqu'un  ea  £chappe, 
puissans  remfedes  qu'ils  ont ;  et,  s'i 
c'est  un  habile  homme  et  qu'il  I'ai 
I'effronterie  de  mon  Bourreau  :  p 
qu'il  me  cause  par  ses  rem&des,  et 
vel  accident,  plus  il  timoigne  s'en  rd 
chose  que  d'un  Tant  mieux\  Qpam 
tombi  dans  une  syncope  Uthargiqi 
heure,  il  rdpondque  c'est  bon  sign 
les  ongles  d'un  tlux  de  sang  qui  n: 
cela  vaudra  une  saign^  1  »  Quai 
comme  un  gla^on  qui  me  gagne  ti 
en  m'assurant  qu'il  le  savoit  biei 
droient  ce  grand  feu.  Quelquefois 
Mort,  je  ne  puis  parler,  je  I'ente 
pleurent  de  me  voir  k  I'extr^miti 
vous  fites,  ne  voyez-vous  pas  que 
abois  ?»  Veils  comme  ce  traitre  me 
de  me  bien  porter,  je  me  meurs. 

Enfin,  trois  sortes  de  gens  son 

expris  pour  martyriser  I'homme 

.  tourmente  la  bourse,  le  Mddecin 

Vhme.  Encore  ils  s'en  vanient,  n 

comme  un  jour  le  mien  entroit  da 


—    21)      - 

:  lui  lis  que  dire  :  Combien  ?  L'impudent 
imprii  aussii6t  que  je  lui  demandois  le 
micides,  empoignant  sa  grosse  barbe,  me 
:/!  Je  n'en  fais  point,  contiiiua-t-il,  la  petite, 
ous  montrer  que  nous  apprenons  aussi  bieii 
fan  de  tuer,  c'est  que  nous  nous  exer^ons, 

toute  notrc  vie,  sur  la  tierce  et  sur  ta 
don  que  je  fis  sur  I'lnnocence  effroni6e  de 
que  si  d'autres  disoient  moins,  ils  en  font 
5t  ils  envoient  et  la  Mort  etsafaux  enseve- 
1  de  mandragore,  iant6t  liqu^ii^  dans  le 
[ue,  tant6t  sur  la  pointe  d'une  lancerte; 
llet,  ils  nous  font  mourir  en  octobre,  et 
:outumfe  d'envelopper  leurs  venins  dans 
,  que  derni&remeni  je  pensois  que  le  mien 
\6i  une  Abbaye  comraendataire,  quand  il 
lloit  donner  un   B6n6fice  de  ventre.  Oh! 

rfejoui  si  i'eusse  pu  trouver  i  le  battre  par 
:  fit  une  Villageoise  i  qui  un  de  ces  Bate- 
i  elle  avoit  du  pouls,  elle  lui  r^pondit  avec 
brce  egratignures,  -qu'il  ^toit  un  sot,  et 
elle  n'avoit  jamais  poux,  ni  puces !  Mais 
:rop  grands  pour  ne  les  punir  qu'avec  des 
i-les  en  la  justice  de  la  part  des  Tr^pass^s. 
lains  ils  ne  trouveront  pas  un  Avocat;  il 
li  n'en  convainque  quetqu'un  d'avoir  tui 
li  routes  les  pratiques  qu'ils  out  coucli6es 
'  aura  pas  une  tdce  qui  ne  leur  grince  des 
issent-elles  d^vorer!  Mais,    bons  Dieux ! 

U  mon  mauvais  Ange  qui  s'approche  ?  Ah ! 
leconnois  i  sa  soutane.  Vade  retro,  Satarutsf 
tez-moi  le  b^nitier.  D^mon  gradui,  je  te 
fronts  Satan!  Ne  me  viens-tu  pas  encore 
ipostume  ?   Mis^ricorde !    c'est  un   Diable 

soucie  point  de  I'eau  b^nite !  Encore,  si 
assez  roides  pour  former  un  casse-museau  ; 


mais,  h^las!  ce  qu'it  m'a  fait  avaler  s 
substance,  qu'i  force  d'user  de  co 
consomm^  moi-mdme. 

Au  fond,  cette  critique  de  la  m 
cins  n'est  pas  bien  m^chante,  e) 
I'avoir  lue,  que  Cyrano  de  Bergera 
des  m^decins  lorsqu'il  6tait  bien 
recours  d  leurs  lumi^res  en  cas  de 

M'"=  de  S^vigni,  elle,  aimait  b< 
mais  peu  Ics  m^decins  :  «  Ah! qui 
cins,  dit-elle  dans  une  de  ses  lett 
que  leur  art!  »  Malgr^  ccla,  elle  ; 
pour  la  plus  petite  indiposltion  a 
n  Sa  plus  grande  joie  est  de  r^ 
m*5dccins;  elle  les  pousse,  leur  f 
essaie  de  les  mettre  en  disaccord 
leur  embarras  et  suit  rarement  1 
tradictoires  qu'ils  lui  donnent.  Si 
hasard,  elle  est  toute  fi^re  de  con: 
n'est  pas  gu^rie  et  en  reporte  la  ca 

Mais  si  elle  n'aime  pas  les  m^ 
midecine.  Dans  ses  lettres  elle  ra 
tant  sur  sa  santc,  sur  I'^tat  de  so 
sur  ses  esprits  irrit^s  et  ses 
Imitant  en  cela  les  grandes  datnt 
fait  collection  de  toutes  les  rect 
merveilleuses,  propres  A  guirir  to 

I.  M.  Raynnud,  l^i  Mi'dfcim  ai:  Ifinf'S  dr  Mi 


—   217   — 

;s,  elle  les  envoie  i  ses  amies,  leur 
nge  de  nouveaux  remfides.  Elle  est 
es  plus  sinc^res  dans  la  poudre  de 
■cut  I  sa  fille  les  cures  incompa- 
larrost,  de  M""=  Fouquet  et  surlout 
du  Louvre. 

croire  cependant  que  M™  de  S^vi- 
tous  les  midecins.  Elle  honora  de 
^u'elle  appelle  dans  ses  lettres  «  son 
:st  vrai  que  celui-ci  avait,  outre  sa 
lisons  pour  toucher  le  coeur  de  la 

de  Fouquet,  il  avait  suivi  son 
r3ce  et  avait  mfime  6ti  emprisonn^ 
nps,  car  on  lui  imputait  4  crime  son 
'.  surintendant.  M'"^  de  Sivign6,  qui 
es  amies  les  plus  d6vou6es  de  Fou- 
uet  de  cette  fid^lit^,  et  lui  confia  d 
ce  qu'elle  avait  de  plus  cher  au 

le  mMecin  bon  gar^ion  a  point 

.crifier   aux   graces   et    s'indinant 

Elle  ne  tarit  pas  d'^loges  sur  un 

qui   la  soignait  dans   un  de  ses 


I  homme  de  vingt-huit  ans,  dent  le 
1  et  le  plus  charmant  que  j'aie  jamais 
1°"  de  Mazarin  er  les  dents  parfeites; 
me  on  imagine  Rinaldo ;  de  grandes 
'ont  la  plus  agr^able  tfite  du  mondc... 


VoiU  mon  joli  tn^decin...  II  < 
bon  gar?on  au  dernier  point. 

II  est  vrai  que,  pour  se 
ment,  elle  se  Mte  d'ajou 
point  charlaun  ;  il  traite  la 
enRn  il  m'amuse.  » 

Ce  qui  plait  done  d  la 
m^ecin  quitter  sa  robe  et 
a  mMecin  de  la  tfite  aux 

Mais  bien  peu  conscntt 
inherent  d  la  profession; 
lant  que  sur  un  ton  doctoi 
les  faiblesses  de  leur  vie  p 

Car  ils  soni  souvent  fa 
beaucoup  et  d  boire  sec,  er 
Patin  nous  parle  d'un  de  : 
qualifie  d'  a  illustre  buvei 
d^faut  par  son  divouemen 
lui-mfime,  la  gloire  de  la  i 
un  ivrogne  endurci;  il  ai 
peutique  la  mMication  i 
malade  constamment  enl 
chaque  jour  et  avait  grai 
mule  lorsqu'il  en  ^tatt  d( 
une  fois  et  se  cassa  la  jaml 

II  est  vrai  que  Pecquet  i 
mWecin  du dehors;  les  do 
s'ils  se  livraient  parfois  d  t 


t.  Bien  plus,  ils  professaient  un 

le  vin  et  buvaient  de  I'eau, 

ms  les  banquets  de  midecins. 

implore,  dans  une  de  ses  lettres. 


jouverain  remfede  pour  ia  plupart 
:  la  Faculty  de  Paris  ne  souffriraient 
lOur  les  internes.  Feu  M.  Brayer 
;  plus  d'esprit,  te  plus  de  science, 
us  de  probity  de  tous  les  midecins 
;  une  de  ses  th^es,  entr'autres 
istant  pris  par  la  bouche  :  «  viscera 
ly  et  les  autres  ne  buvoient  que  de 


nt  parfois  buveurs,  ils  ^taient 
Patin  note  avec  soin  tous  les 
a  assist^;  Valiant  collectionne 
les  recettes  culinaires  «  pour 
:s,  une  barbue  en  casserolle,  la 
)tageau  fourmage...  »  II  est  vrai 
irfon ;  mais  la  bonne  cuisine  a 
ins,  et  Brillat-Savarin  les  a  ran- 
is de  profession, 
^fauts  les  prijugts,  les  convoi- 
idividia  medicorum  pessima  », 
elites  gens,  la  bassesse  devant 
1  r^sultera  un  portrait  peu  flatt^ 

',  f.  309.  Letire  de  Valiant  i  M.  de  la 


du  mWecin  parisien  sous  Louis  XTV.  Mais  il  avait  aussi 
de  grandes  qualit^s,  qualit^s  que  Maurice  Reynaud  a 
pass^es  sous  silence. 

La  plus  grande  de  ces  qualit^s  fut  assur^ment  la 
pureti  des  mceurs.  Pendant  tout  le  r^gne  de  Louis  XI\', 
d  unc  £poque  aussi  dtssolue  que  le  xviii'  si^cle,  alors 
que  toutes  les  turpitudes  s'accomplissaient  encachette, 
le  m^decin  se  montra  toujours  d  la  hauteur  de  sa  fonc- 
tion,  sacerdotale  d  plus  d'un  titre.  On  ne  vit  jamais  de 
docteurs  de  Paris  compromis  dans  toutes  les  affaires 
d'empoisonnements  et  d'avortements  de  I'^poque. 
Jamais  on  ne  put  reprocherauxm^decins  aucun  crime, 
et  si  Guy  Patin  lance  parfois  dans  ses  lettres  de  graves 
accusations  centre  B^da  des  Fougerais,  Rainssant, 
Guinaut,  il  ne  faut  pas  oublier  qu'il  est  leur  ennemi. 
Du  reste,  il  les  accuse  sur  des  on-dit  et  n'apporte  aucune 
preuve  de  son  imputation.  En  aurait-il,  il  croirait  con- 
traire  i  la  dignity  de  sa  profession  de  les  Staler  au 
grand  jour,  et  lorsqu'un  de  ses  confreres  est  impliqud,  i 
tort  du  reste,  dans  I'affaire  de  la  dame  Constantin, 
sage-femme  avorteuse  de  I'^poque,  11  n'ose  meme  pas 
icrire  en  toutes  lettres  son  nom  et  se  contente  de  le 
designer  par  son  initiate. 

Un  fait  encore  i  noter  d  la  louange  des  m^decins 
parisiens,  c'est  que,  lors  des  ^pid^mies  qui  6clat6rent 
souvent  d  Paris  sous  le  r^gne  du  Grand  Roi,  aucun 
d'cux  ne  d^serta  son  poste,  montrant  ainsi  que  si  leur 
doctrine  6tait  mesquine  et  retardataire,  leur  courage 
itait  plus  grand  que  celui  de  Sydenham,  dont  les  Ira- 


vaux  n'ont  pu  faire  oublier  la  fuite,  lors  de  la  peste  de 
Londres,  en  1656. 

Suivons  A  present  le  medecin  parisien  dans  sa  clien- 
tele. 

Vancien,  le  m^ecin  de  la  vieille  6cole,  est  revfitu  de 
la  robe  longue  du  magistrat;  11  porte  un  large  chapeati, 
une  grande  perruque  ;  il  est  fier  de  sa  longue  barbc  et 
s'avance  lentement,  magistralement.  «  La  barbe,  cela 
ne  fait-il  pas  la  moiti^  d'un  m^decin  »,  dit  Toinette,  se 
rappelant  probablementun  sixain  calibre  du  temps  : 

Affecter  un  air  p6dantesque 
Cracher  du  grec  et  du  iatin 
Longue  perruque,  habit  grotesque, 
De  la  fourrure  et  du  satin, 
Tout  cela  r^uni,  fait  presque 
Ce  qu'on  appelle  un  mededn. 

Lorsqu'il  se  rend  chez  ses  malades,  il  monle  une 
mule,  animal  a  qui  n'est  point  d'humeur  fantasque  », 
dont  il  admire  la  douceur  et  I'endurance,  mais  qu'il 
nourrit  fort  mal,  s'il  faut  en  croire  Cyrano  de  Bergerac  ; 

A  voir  leurs  aniinaux  ^tiques,  afFubles  d'un  long  drap  mor- 
tuaire,  soutenir  immobilement  leur  immobile  maitre,  ne 
semble-t-il  pas  d'une  bi^re  oii  la  Parque  s'est  mise  i  califour- 
chon,  et  ne  peut-on  pas  prendre  leur  houssine  pour  le  guidon 
de  la  mort,  puisqu'elle  sert  -1  conduire  son  lieutenant  ?  Oh  ! 
quel  contentement  j'aurois  d'anatomiser  leurs  mules,  ces 
ules  qui  n'ont  jamais  senti  d'aiguillon,  ni  dedans,  ni  dessus 
chair,  parce  que  les  ^perons  et  les  bottes  sont  des  super- 


fluitfe  que  I'esprit  d^licai  de  la  Faci 
Messieurs  se  gouverneni  avec  tan 
m6me  observer  i  ces  pauvres  bStes 
domestiques)  des  jeAnes  plus  rigo 
vices;  ib  leur  attachent,  par  les  di 
dessus  les  os,  et  ne  nous  traiteat 
payons  bien;  car  ces  Docteurs  mon 
ger  que  de  la  gel^. 

Arrive  au  lit  du  malade,  il  n^ 
^talant  son  savoir  p^dantesque 
de  loin,  superficiellemeni,  mai; 
tant  longtemps  sur  son  cas.  So 
en  latin,  illisiblement,  se  souvi 
satire  du  xvi=  siicle,  Le  Midecin 
ou  plus  courte  maniire  de  parvmir 
cine  : 

Encore  faudra-t-il  tes  rece] 
Telles  que  le  cotnmun  ne  1 
Afin  qu'en  admirant  ce  pa^: 
Comme  chose  sacr^e,  il  pr 

Le  mMecin  de  la  nouvelle  » 
cien  costume  :  il  porte  le  costu 
son  habit  est  de  drap  ou  de  vel 
lorsqu'il  marche  i  pied,  il  tient 
pomme  d*or  ou  i  bee  de  corbin. 
bord;  il  le  remplace  par  le  trice 
tant  la  haute  perruquepoudrie. 
trouve  plus  grdce  devant  ses  yei 
fringant,  1'  «  animal  mer\'eille 


—    223    — 

en  d^plorant  souvent  les  incartades 
iture. 

It  it  fait  entree  et  issue  tout  aussi- 
a  m^decine  sur  le  maniemetit  du 
itension  de  la  langue  altirde,  inspec- 
;s  excrtments.  »  I!  paralt  fort  affair^ 
faire  paroistre  i.  scs  voisins  qu'il  ne 
jratiques  »,  ainsi  que  nous  le  dil 
jns  ses  Conseils  donnis  aux  nUdecins- 
oral;  il  parle  franfais  tout  en  entre- 
de  citations  latines  d'un  bon  efFet. 
de  la  Faculty  qui  ordonnaitde  libel- 
formules  par  lesquelles  sent  pres- 
^confortants  ou  alterants  ou  purga- 
ir  qu'4  I'extirieur  »,  il  6crit  en  fran- 
s,  au  grand  d^sespoir  de  ses  ancicns 
t  oubli  des  traditions,  un  piril  mena- 
sion. 

:ipal  int6ress6,  a-t-il  gagn^  au  chan- 
lent,  car  le  midecin  de  la  nouvelle 
>digue  de  la  saign^e,  de  la  casse  et 
icien,  et  le  patient  pourrait  r6p6ter 
rgerac,  parlant  du  m^decin  et  de  ses 
le  sonl-ils  entr^s  dans  la  chambre, 
ue  au  M^decin,  on  tourne  le  cul  i 
a  lend  le  poing  au  Barbier  ». 

'ait  peine  i  r^sister  d  un  m^decin, 
I'ii  se  trouvait,  pendant  une  consul- 


tation,  en  bulte  aux  altaques  de 
Car  les  consultations  de  plusit 
choses  fr^quentes,  i  cette  6po» 
malade  occupant  une  haute  situ; 
sultations  ^taient  regies  par  de 
d'abord,  un  r^gljment  des  Statui 
regent  d'appeler  en  consultation 
m^decin  du  dehors  :  Nemo  cum 
medicorum  Parisiensiutn  turn  probal 
Ce  rSglement  6tait  formel,  el 
raconte  qu'ayant  voulu  appeler  ( 
avec  son  midecin,  iUve  de  Mont 
di^re,  ceux-ci  refuserent  en  all6f 
tuts.  La  marquise,  dans  I'espoir 
tance,  s'adressa  au  c61^bre  casuis 
elle  dut  s'incliner  devant  la  lipi 
serment  que  font  les  m^decins  ei 
public  :  c'est  pourquoi  ils  sont  t 
ne  peuveni  le  transgresser  sans  f 

Dans  les  consultations  m^dicales,  I 
coutume,  donneront  les  premiers  leu 
suivant  son  rang  d'ancienneti  au  dot 

Ce  qui  aura  iti  accept^  i  la  majorii 
sera  rapport^  avec  prudence  au  malade 
ou.aux  amis,  par  le  plus  ancien,  et  a 
collegues. 

Que  les  m^decins  appel^s  i  ces  i 
exactement  a  I'heiire  fix6e  par  te  pi 
retard  d'un  seul  n'occasionne  de  Tin 
de  la  gfine  a  ses  collogues. 


—  225   — 

iplions avaient  ^tiobserv6esr6gu- 
lit  eu  raison  de  dire  :  « I'union  de 
admirable,  chacun  est  libre  de 
pcrmis  d  celui  qui  parte  apres 
ment,  sans  passion  et  animosite, 

il  n'en  6tait  pas  toujours  ainsi,  et 
ans   V Amour  ytUdecin,  les  contro- 

qui  ^clataicnt  dans  les  consulta- 
ette  epoque.  II  met  en  presence, 
unt^s,  les  quatreprincipauxm^de- 
'esfonandres  designe  des  Fouge- 
n  de  Madame ;  Bahis  n'est  autre 
^decin  de  la  Reine-m^re;  Tomis 
iremierm^decin  duRoi;Macroton, 
ier  m^decin  de  la  Reine.  MoHcre 
lant  tout  d'abord  de  leur  nom- 
;s  soucis  qu'elle  leur  cause  : 

I  que  ma  mule  a  faic  aujourd'hui,  dit 
li^rement  tout  centre  I'Arsenal;  de 
faux-bouig   Saint- Germain  ;  du   faux- 

II  fond  du  Marais;  du  fond  du  Marais 
6;  de  la  porte   Saint-Honori  au  faux- 

la  porte  de  Richelieu ;  de  la  porte  de 
je  doisaller  encore  i  la  place  Royale. 

ion  ne  tarde  pas  d  ddg^niirer  en 
jfonandres  et  Tom^s  :  «  Je  soutiens 

L  renlr^miti  de  la  rue  de  Richelieu ;  elle  Tut 


—  226 

que  lem^dque  la  tuera.  —  El 
fera  mourir.  » 

Beaucoup  de  consultations 
uns  opinant  pour  telle  m6dic 
sant  d'autres  moyens  th^rape 
feuille  Valiant,  nous  avons  i 
montre  bien  ces  divergences 
maladc. 

M.  Moreau,  m^dccin  de  la  Fac 
dans  le  mois  de  mars  i68t  d'une 
11  fut  saign^  onze  fois  en  trois  ou 
il  escoit  un  pen  mieux,  et  qu'il  se 
ne  donnoit  point  du  tout,  il  soi 
d'opium.  II  le  proposa  aux  m^d 
estoient  neuf  ou  dix,  qui  furent  ti 
de  le  prendre  ec  cela  lui  r^ussit  si 
nuit  d'un  fort  bon  sommeil  ei  s'h 
cins  ne  luy  en  ont  pas  sceu  trop  ! 
m'en  a  parl^  aujourd'huy  et  qui  m 
qui  luy  avoit  conseill^  et  qui  I'est 
il  I'avoit  fait  mettre  dans  I'eau  de  : 
confection  d'Alkermes.  M.  Morea 
avoir  entendu  cette  troupe  de  mb 
sages  grecs  et  latins  :  <i  Ce  grec  ei 
pas  '.  » 

Ddjd  k  ccttc  dpoque,  nombi 
taient  centre  cette  affluence 
contre  les  disputes  qui  dclata 
Arnaud  est  de  cetavis  : 

I.   Porltfimllt  Vailanl,  XI.  f.  258, 


:  autres  choses,  il  faut  qu'il 
1  y  en  a  plusieurs,  qu'ils  se 
que   quand  il  y  a  plusieurs 
ne  ordonnance  '. 


surtout  les  midecins  pro- 
d'Arnaud,  et  Valiant  est 


t  diik-  26  mars  i£8i  ques'ils 
lent  pas  qu'il  y  eust  plus  de 
M.  Fontaine  a  ajuut^  que  la 
t  doaai:  sujet  de  prendre  cecte 
nviolablement,  Je  leur  ay  dit 
:  rrSs  long  temps  que  j'estois 
plusieurs  personnes  qu'il  n'y 
nabde  que  cette  pluraliiiS,  et 
jsion. 

minaient  souvent  par  des 
rait  quelquefois,  heureuse- 
:  les  docleurs  tombaient 
It  alors  les  uns  aux  autres 
Timoin  la  sc^ne  ds  M.  de 
complimente  i  la  fois  le 
ti  parU  et  le  patient  d'etre 
m^decin  aussi  capable  : 

,  qu'il  me  lombe  en  pens^e 
:nez  de  me  dire !  Vous  avez  si 
s,  les  symptdmes  et  les  causes 


—    228    — 

de  la  maladie  de  Monsieur;  le  raisonr 
avez  fait  est  si  doctc  et  si  beau,  qu'il  es 
sotc  pas  fou  et  m^laacoUque  hypocondri 
le  serait  pas,  il  faudrait  qu'il  le  devini 
choses  que  vous  avez  dices,  et  la  juste 
que  vous  avez  fait.  Oui,  Monsieur,  v< 
graphiquement,  grapince  deptnxisti,  tout 
cette  maladie.  II  ne  se  peut  rien  de  pli 
mcnt,  ingdnieusemeut  con^u,  pens6,  ii 
vous  avez  prononc^  au  sujet  de  ce  mal, 
prognose,  ou  la  th^rapie  :  et  il  ne  reste 
Monsieur,  d'etre  comb^  entre  vos  main; 
est  trop  heureux  d'etre  fou  pour  ^prouv 
ceurdes  remides  que  vous  avez  si  judi 
Je  les  approuve  tous,  manibus  et  pedibus 
lenliam. 


II  est  vrai  que,  dans  la  consultati 
ceaugnac,  les  midecins  parlent  en  p 
Dans  la  pratique,  lis  argumentent  e: 
toute  oreille  indiscrete.  lis  s'occup 
malade  et  de  sa  maladie,  mais  ils  aii 
de  leur  pratique  journaliire,  et  d( 
cales  qui  les  intiressent  plusparticu 
Valiant  est  en  consultation  avec 
Brayer,  Petit  ou  Fontaine,  il  ne  m; 
poser  des  questions  multiples,  sur  1 
tisme,  la  retention  d'urine,...  prol 
longue  pratique.  N'en  est-il  point 
aujourd'hui  ?  Somme  toute,  ces  c 
n'^taient  point  choses  mauvaises;  l 
faisant    part  mutuellement    des    c 


—   229   — 

faisaient  ceuvre  louable    et  profi- 

terminiie,  le  plus  jeunc  des  m^dc- 
ses  collogues  apposaiunt  Icursigna- 
;  redaction.  Lc  plussouvent,  chaqut 

une  copic  qu'ii  gardail  soigneusc- 
imuniquer  a  scs  confreres,  lorsquc 
nt  appeMs  pour  un  cas  analogue. 

Guy  Patin,  nous  voyons  celui-ci 
nt  aux  consultations  qu'il  a  revues; 
I'ec  soin,  comprenant  tout  le  profit 
ut  tirerdccettc  argumentation. 
vii'=  siicle  survint  un  changement 
ions.  Alors  que  les  mtdcciiis  jus- 
t  tour  d  tour  leur  avis  sur  les  causes, 
nent  de  la  maladic,  sans  etre  inter- 
:ollegues,  on  tend  d  substituer  d  ce 
ition  une  sorte  de  causerie,  ou 
s6e  est  discut^e  immidiatement  par 

Valiant  ne  manque  pas  de  noler 
t  cette  tendance  nouvelle  : 

it  en  septembre  r68o,  qu'il  ne  parloit  jn- 
lades  et  qu'il  croioit  que  les  consultations 

et  sans  arrangement,  nous  y  respondans 
tis  attendre  la  fin  estoient  incomparable- 

les  autres,  que  Cic^ron  avoit  dit  une 
Jur  ceux  qui  parlent  latin  et  grec  dans 

parle  ny  grec  ny  latin,  iwn  magis  deed 
<i  greets  lalim  ' . 

[7.0.17,  IV. 


—    2J0   ■ 

Cela  6tait  en  effet  bien  p 
mcdecin  comme  pour  le  mala 

Cc  qui  se  pratiquait  aussi  1 
^tait  la  consultation  par  corresj 
retrouv^  des  types  fort  curi 
Valiant.  Cette  consultation  co 
lion  de  la  maladie  par  le  n 
le  degr6  d'insiruction  du  p; 
etait  en  fran^ais  ou  en  latin, 
fort  ^l^gant  ainsi  que  nous 
a  maladie  de  M.  I'Abb*!;  Filix 
le  mcdecin  ordinaire  commi 
^poque,  exposait  son  sentime 
medication  qui  lui  paraissait 
sentiment  ^talent  alors  scum: 
tants  ou  midecins  extraordim 
6crit  leur  opinion.  Le  mtdecii 
r^ponse,  r^futant,  s'il  en  ttai 
des  consultants.  C'6tait  d  lui 
tuer  le  traitement  qui  lui  sem 

Nous  en  avons  fini  avec 
Toutefois  nous  devons  dii 
midecins  «  A  coli  »,  qui  se 
litt^rature  ou  dans  les  sciences 

La  plupart  des  midecins  p 
litt^raturc  ct  tournaient  le  vci 
Bouvard,  premier  mcdecin  d 
avons  un  poemc  toutmtSdicale 


(sic)  lie  Madame  hi 


sortie, 
lortie, 
jmer, 
imbaumer; 


'ts, 

>  serr&. 


fens^e ; 


t  i  leur  servke; 
;  clurnus, 
t  cornus,  etc. 

,  hi  stulc  iiutopsit 

a  cote  »  fut  Guy 
il  I'avait  Ic  moins 
lien  des  traditions 
;t  par  consequent 
serait  vite  toinbO 
,  observatcur  fin  ct 
jquc,  il  aimait  a  en 
^taient  charmantes 
:unesse  dc  style  ct 
:al,  tout  en  jelant 


-r 7 


un  jour  curieux  sur  les  moeurs  des  m^decins  de  cette 
6poque,  il  y  a  bien  des  incoherences,  des  raisonne- 
ments  ineptes  et  surtout  le  parti  pris  du  dialecticien. 
Mais,  sur  tout  ce  qui  touche  d  la  litt^rature,  a  la  philo- 
sophic, d  la  religion,  d  la  politique,  ces  lettres  sont  de 
v^ritables  chefs-d'oeuvre,  ficrites  en  un  fran?ais  exquis 
par  un  homme  nourri  a  des  moelles  substantielles  de 
Tantiquite  grecque  et  latine  »,  elles  sont  d'une  lecture 
attachante  et  agr^able. 

A  une  6poque  oil  la  bigoterie  6tait  de  r^gle,  Guy 
Patin,  en  vrai  disciple  d'fipicure,  ne  craint  pas  d'atta- 
quer  les  abus,  superstitions  et  pr6jug6s  duclerge;  il 
croit  en  Dieu  mais  non  en  ses  ministres.  a  Credo  in 
Deum  Christum  cruxifixum.  De  minimis  non  curat 
pretor.  »  II  a  en  horreur  les  j^suites  et  les  moines  et 
cc  les  fanfreluches  romaines  et  papimanesques  ». 

Je  voudrois,  dit-il,  que  toute  Tesp^ce  et  tous  les  individus, 
et  les  moines  et  les  moinillons,  fussent  tous  dans  Teau  jus- 
qu'au  ecu.  Ah !  qu'ils  seraient  bien  li  !  Ah  !  le  beau  dtblai  de 
ch^tive  marchandise !  Que  TEurope  serait  heureuse  ce  jour-la. 


En  philosophic,  il  sem^fie  de  Descartes,  quiaaccepte 
les  nouvelles  theories  sur  la  circulation;  il  lui  pr^fere 
Gassendi,  qui  est  en  communaut6  d'id^es  avec  lui  et 
de  plus  son  collegue  au  College  de  France  ou  il 
enseigne  les  mathematiques :  a  Cest  un  abrege  de 
vcTtus  morales  et  de  toutes  les  belles  sciences  »  dit-il, 
et  lorsque  la  mort  enl^vc  Gassendi  a  son  affection,  il 
s'en  d^sole  :  «  J'aimerais  mieux  que  six  cardinaux  dt 


i}3    - 

I'y  aurait  pas  tant  de  perte 

anciens,  qu'il  aime  passion- 
:lais,  dont  il  emprunte  sou- 
verdeurs  de  langage;  il  se 
J  Essais  de  Montaigne  et  de 
e  «  livre  divin  »,  comme  il 
porains  il  est  d'une  injustice 
:s  de  Balzac  et  de  Voiture, 
parle  bien  de  M.  Corneille, 
;s,  de  Racine  et  des  farces  de 
l^tacht,  persuade  que  leurs 
le  decadence  litt^raire. 
I  fut  un  frondeur,  et  aucun 
;  devant  ses  yeux.  Liberal  i 
ne,  il  s'insurgea  centre  les 
;i  bien  que  centre  le  parle- 

cependant  les  principaux 
tout  d'une  haine  instinctive 
u,  ce  bateleur  4  longue  robe, 
met,  etc...  B  A  sa  mort  Guy 
e,  il  a  plie  bagage,  il  est  en 
ige  ».  Cependant,  malgre  ses 
)nfond  pas  dans  une  mfime 
itres.  II  restera  toute  sa  vie 
a  personnc  royale  sera  tou- 
E  sacr^e, 

fut  Gabriel  Naud6,  qui,  lui 
ont  le  nom  reste  attach^  4  la 


M< 


—  234  — 

formation  de  la  Biblioth^que  Mazarine.  II  6tait  docteur 
de  rUniversite  de  Padoue,  et  avait  rempli  les  fonctions 
de  bibliothdcaire  aupr^s  de  deux  cardinaux  italiens. 
Ceux-ci  le  recommand^rent  4  Mazarin  qui  lui  confia  la 
mission  de  former  une*  biblioth^que.  Apres  plusieurs 
annees  de  voyages,  Naude  rassembla  quarante-cinq 
mille  volumes  qui  devinrent  le  noyau  de  la  biblio- 
theque  a  laquelle  Mazarin  a  donne  son  nom. 

Naude  ne  fut  qu'un  ^rudit  et  un  bibliophile  distin- 
gue, ainsi  que  nous  le  montrent  ses  Merits.  Secretaire 
et  ami  de  Mazarin,  il  n'en  resta  pas  moins  pendant 
toute  sa  vie  en  relations  intimes  avec  Guy  Patin  qui 
excusait  en  lui  son  attachement  Ala  cause  du  cardinal. 

Parmi  les  autres  m^decins  qui  se  signal^rent  en  lit- 
terature,  nous  dcvons  aussi  citer  Bernier,  Claude 
Quillet  et  Bourdelot. 

Bernier  fut  Tami  de  Boilcau  et  nous  avons  deja  vu 
anterieurement  qu'il  fit,  en  collaboiation  avec  lui,  le 
cel^bre  Arret  burlesque, 

Claude  Quillet,  «  ce  gros  gar^on  rougeaud  », 
comme  Tappelle  Guy  Patin,  vint  de  Touraine  d  Paris 
ou  il  se  fit  recevoir  docteur  regent;  mais  il  delaissa  la 
medecine  pour  ne  s'occuper  que  de  la  litterature,  et 
composa  un  poeme  qui  eut  son  heure  de  celebrite, /-tf 
CallipeJie  ou  Vart  de  faire  de  beaux  enfants.  II  d^dia  cette 
ceuvre  a  Mazarin  qui  lui  fit  don  d'une  abbaye  d'un 
excellent  revenu.  II  ne  se  fit  d^sormais  remarquer  que 
par  le  desordre  de  sa  vie  privee.  Ce  fut  un  des  soupi- 
rants  malheureux  de  Marion  Delorme,  la  beaute  de 


55  — 

nous  vient  des  visions  ei 
ordures,  lui  dit-il  un  joui 
ue  envie  en  ma  faveur.  » 
pas,  i  proprement  parler,  ui 
n^decin  pr^fer^  et  I'ami  de 
poque.  II  6tait  n6  i.  Sens,  ei 
dc  son  nom  patronymique 
iecin  de  Louis  XIII,  il  fu 
Je  sa  m^re.  Doctcur  rigcn 
I  1642,  il  fut  tout  d'abon 
d^;  puis  il  devinl  Ic  premie 
itine  de  Su^de.  Celle-ci  lu 
ais  devenu  abb^,  Bourdelo 
qu'il  etait  auparavant,  ui 
)le,  «  buvant  fort  et  sacran 
I,  qui  ne  '  pouvait  pas  lu 
nt  adepte  des  thtories  hai 
s  lettres,  beaucoup  de  mal 

point  d'avoir  rccours  :\  cc 
It  »  etait  un  fort  bon  m^dt 
spirituel,  et  ses  mots  furcn 
■it  tous  les  grands  seigneur 
1  jour  quelques-uns  d'entr 
qu'ils  appelaient  son  impci 
Bourdelot,  je  suis  un  gran 
e  traitement ;  quelle  foli 
Dute  sorte  de  gens,  » 
racheta  les  desordres  de  so 
lembre    de   I'Acadimie   de 


-   2J6- 

sciences,  et  mourut  en  1685, 
bibliothique. 

Un  m^decin  fut  aussi  cili\ 
ses  explorations.  C'6tait  un  co 
Roileau,  et  qui  avait  iti  sum 
visita  tout  rOrient,  et  resta  doi 
Zeeb,  empereur  du  Mogol.  I 
que  bel  esprit,  se  piquant  di 
joH pbilosopbe,  comme  I'appelai 
II  fut  I'ami  inseparable  du  tri 
Us  trots  cdtaux,  Saint-fivremo 
d'Olonne.  Comme  eux  il  me 
aimait  d  ripiter :  «  I'abstinen 
un  grand  p^ch^.  b  Mauvais  cc 
dtguiser  sa  pensee.  o  Que!  es 
rez  j>.  lui  dit  un  jour  Louis  XIV 
dit  Burnicr. 


VI 
IRURGIENS 


i  del  saidti  CAnie  e<   Dunicn.  —  Bcrbiera 

lu<t«.  —  Lcs  iiKiseure.  —  Lei  barbiert- 
Di-CAmei  cbirurgicns  juris  au  Chitelei, 
apprCDti*.  —  Lm  tuibicivbartaali.  —  Le 

—  Le  miltre  chirurgien  jar^  et  le  barbier- 
urgieni.  —  Le  grind  procti  des  chirurgiens. 
:hirurgieii  du  Roi.  —  Lei  analotniei.  —  L» 
il.  —  Baibien-bubanti  et  chiinrgieoi.  — 
de  la  coQimuaautt  d«  Dultrei  chiruigiens. 
ad  chef-d'ieuvre  ;  rennje  en  icnuinc  ;  I'cu- 

—  Les  girwm  de  I'Haiel'Dieii  et  la  Ugtre 
1  pmnieiSChirurgLensdu  Roi.  —  Meuieura 

-  Le*  barbiert,  lei  ituviste*.  —  Le  elerge  et 


cle  les  m^decins  ^talent  des 
u  des  laiques;  tous  6taient 
au  c^libat  et  soumis  aux 
ui  r^gissaient  alors  le  clerg6. 
'apr^s  I'antique  adage  «  Eccle- 
>  devaieni-ils  se  garder  de  se 
jrgie.  Toute  infraction  i  cette 
nt  une  d^sob^issance '  mais 
la  pratique  chirurgicale  itant 
artisans,  «  qui  n'ont,  nous dit 

■Universiti  de  Paris. 


_2;8 

Ic  Train  de  hi  noblesse,  que  c 
et  de  subjection  ». 

Plus  tard,  lorsque  se  fut  f 
le  m^decin,  tout  en  prenant 
fut  toujours  dans  I'impossibi 
operation  chirurgicale '.  II  av; 
dans  le  corps  medical ;  faire 
it&  se  ravaler  au  rang  d'un 
nceuvre,  ct  des  peines  tres  s 
infraction,  car,  lisons-nous  d 
cult^  :  V  Ordinis  enim  medic 
gramque  conser\'ari  par  est  » 
xviii*^  siecle,  les  Barbiers,  pu 
seuls  le  droit  de  saigner,  dc 
medecins,  dit  Dionis,  prirent 
pour  leur  partage,  nous  laiss^ 
tion  de  la  main.  » 

Le  chirurgien  qui  briguait 
en  medecine  devait  s'engagt 
instrumentis '  »  a  neplus  fail 
aliam  artem  manuariam  ». 

Le  Roi  meme,  lorsqu'il  a 
^tait  oblige,  dans  les  lettres 
que  le  b^n^ficiaire  ne  serait 
cice  de  sa  profession,  et  que  : 
lui  pourrait  «  etrc  impute  d  > 

1.  Un  article  des  vieux  staiuts  din 
medicina  nianu  operare.  » 

2.  Staiuta  Facultatis  inedicinic.  ^ilic 


IS  voir  r^norme  dirte- 
entre   le   m^decin, 
rtisan. 

ie  la  Corporation  des 
:6e  sous  rinvocation 
n;  ses  membres  ces- 

se  consacrer  exclusi- 
les.  Lorsque  Eticnne 
en    1268,   dans   son 

differentes  corpora- 
ie  des  barbiers. 
6e  par  six  jures  ^lus 
yrurgiens  de  Paris  » 
mission  d'examiner 
etent  de  cyrurgie  ». 
Paris  permettait  ou 

leur  art.  Le  pr^vdt, 
1  candidat  dans  la 
iroit  de  contrfile  tris 

pouvait  donner  ses 
:  qui  sunt  bl^ciez  ou 
■neni  aus  cyrurgiens, 
;  premier  pansement 
sans  sane  »,  il  ^tait 

ime  en  deux  classes, 
Barbiers  laiques,  dits 
,  Chirurgiens  de  robe 
-iercs,  nommes   aussi 


—   240 


uddft 


Chirurgiens-barbiers,   Chirurgiens   de  Saint-C6me  et 
Chirurgiens  de  robe  longue  '. 

Mais  les  Barbiers  clercs,  tendirent  bient6t  a  se  rteer- 
ver  le  mohopole'des  operations  chiriicgicales^  nelait^ 
saht  aux  Barbiers  lai'ques  que  la  Jancette  et  \x 
Alois  s^engagea  une  tutte  qui  dura  de:  1301  A' 
Pendant  cent  cinquante  ans;.  les  .Barbiers  r^i$l 
victorieusement  aux  Chirurgiens  de  Saint-Cdme, 
mantpoureuxseuls  le  droit  de  pratiquer  librem^ 
-chirurgie.  En  vain  les  ordonnances  .royales  de  • 
de    1352,    de    1364    leur  dorin^rent   ce  droii;: 
resterent    lettre     morte.    Les    Barbiers    Gontini 
comrne  par  le  pass^  d  cc  bailler  et  admimsicer  .d:S4iKj 
emplastres,   origuemens  et  autres  m^decines   cof "  "^ 
nables  et  n^cessaires  pour  gu6rir  et  curer  toutcs:; 
-ti^res    de   cloux,    boces,  apostumes  et  toutes' pi 
.ouvertes  ».  Bien  phis,  en  1372,  une  ordonhancftl 
-Tendit  toati  i  fait   ihddpendants  des   ChirurgieoiJ, 
meme  de  k  Facuhd'et  ils  ne  durent  a  dorenaveiit 
'  molestez,  troublez  er  empeschiez  par  les  cirurgiei 
:  mires  jarez   en  aucune  maniere  ».  lis   purent 
,d  la  fois'  pratiquer   la  chirurgie  cdmnie.  les 
:  giens  de  Saint-C6me  et  lamidecine  comme  Tes:, 
-teurs  regents:  de.  la   Facultd;  ceux-cr,  noiis    dit< 


»«> 


I .  Les  armoiries  des'  Barbiers  Ulques  ^taienf  d'azur  aux  ivois-' 
.  d*argent  pos^  2  et  I ;  Les^Chirurgiens  de  Saint-C6me  .portaient'd*azttrj|M  1 
trois  Voltes  d'argent  (boettes  k  onguens)  poshes  2'  et  i-  avec  la  devis^  CMij-^  * 
iio  Manuque.  Louis  Xllt  qui,  n^  le  jour  des  saints  C6me  et  Damien,  afiec- 
tionnait  les  chirurgiens,  ajouta  ^  leurs  armes  une  tleur  de  lys  en  argent 
placie  au  centre  du  blason. 


ia  < 
on 
>.  I 

ttei 

sm 
'edi 


re 
k 


my 

CO 

:bi 

ers, 


—  242  — 
pratiquaicnt  les  grandes  opiiratii 
Chirurgiens  n'osaient  enlreprendi 

Les  inciseurs  avaient  une  exisi 
ils  rcconiiaissaient  cependani  la 
rurgiens  et  nc  devaient  operer  qu 

Ceux-ci,  reculant  devant  les  o 
dedaigncrent  les  pctites  optiratic 
biers.  Us  se  mirent  d  fairc  des  or 
ler  les  plaies,  d  ordonner  des  to| 
toutes  choses  qui  appartenaient  i 
cins. 

Ceux-ci  se  rapprocherent  alors 
culte  leur  ouvrit  ses  portes;  elle 
cours  d'analomic  en  laiigue  fran?; 
a  vrays  escoliers  el  disciples  » 
maitrise  qui  leur  assurait  I'exercii 
devinrent  pour  elle  les  lotisores 
cbiritrgiein',  furent  appel^s  par 
aupres  des  maladcs,  d  I'exclusio 
Saint-C6me. 

Ccs  derniers  se  hdterent  alors  ( 
conserver  la  suprcmaiic  sur  ics  B; 
re^ut  dans  son  sein,  et  leur  recon: 
fcrer  maitrise  aux  barbiers  »,  ma 
deux  chirurgiens  jures,  charges  d< 
dats,  un  docteur  regent. 


1 .  Contiat  passi  enlrt  les  dacttun  rfgens  dt  I 
tl  It!  matstrii  barbien  chirurgiens  de  la  dile  villi 


lis  sont  les  premiers  i 
on  faire  un  maitre  ni  di 
111  aucune  assemble  qii' 
et  president  en  routes  a: 

lb  one  droit  avec  les 
teurs  comme  Oculistes, 
de  grands  et  pelits,  des 

lis  ont  droit  sur  les  n 
suivre  certains  statuts  et 

A.  Part,  qui  itail 
premier  chirurgien 
maitre  barbier.  Le  i 
tout  r^ckt  qu'un  p 
fr^rie  et,  bien  qu'il  r 
bonnet  de  doctcur 
la  situation  dcs  parti: 
tefois  la  FaculttS  ne  d 
craignit  pas  de  pour 
lui-mSme  qui,  dans  s 
tement  dcs  fiivres. 
poursuites. 

Lorsquc  Pari  mou 
Elle  avait  dejd  emp( 
nances  royalcs  de  15^ 
giens.  EUe  se  rapproi 
rautonomie   presque 


1.  Dc  fain:  eomparaltri; ;  d 

2.  Hargne  sif^iRe  hernie. 
).  La  Bibtiothiquc  ou   Tri 

'aris,  1671. 


s  d 
ts.  ] 

t£,  1 

itur 
ctei] 
;trui 


I  C( 
re  I 
nati 

ersii 
s  pi 
lett 
:erct 

icul 

KUl 

lei 
olie 

d'ui 
irbit 


barbanis  ou  Barbiers  Mmisi 
dere  et  thermas  el  balnea 
nattre  aux  anciens  Barbit 
Chirurgieiis  Icur  refusal 
d'abord  avaient  protest^ 
Barbiers  ^tuvistes,  cherchi 
m^decins  et  se  rapprochii 
Saint-GSme,  leurs  eiinen 
contre  I'ennemi  commun, 

Voyons  quelle  ^tait,  ve 
et  respective  du  Chirurgi 
bier-Chirurgien. 

L'appentis  oi!i  se  doiin 
tuites  mensuelles  itant  d 
gicns  de  Saint-Cfime  ava 
toises  et  dcmie  de  terraii 
I'eglise  Saint-Cdme.  lis  y 
ment,  sur  I'entr^e  duque 
vante,  en  lettres  d'or,  sur 

COL 

M.M.  DO.  CHIRVRGIORVM 
LVDOVICO  ANNO  1226.  INSTI 
LVDOVICIS,  CAROLIS,  JOANNE, 
CHRISTIANISSIMIS  CONSERVATVN 
NISSIMI  JVSTI  PHQVE  LODOICI 
INSTAVRATVM,   ANNO  SALVTTS    1 


ir  ( 


i  n 
Q 
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le 

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rob 
art 
ob 


Dcsormais,  il  6ta 
mCme  costume  que  I 
manifires,  r^digeait 
barbier  auquel  il  la 
jugcait  indigne  de  h 

Lc  Barbier  cbinir^ 
cdte  du  chirurgien  j 
librement  son  art,  il 
les  coursdelaFacult 
une  redevance.  11  n' 
trois  bassins  a.  Mais 
pas,  dit  M.  Franklin, 
sait  pas  de  son  m^t 
le  m^decin  el  le  ch 
les  operations  diffic 
longue  pratique,  de 
s'ilevait  au-dessus  < 
Alors  le  College  di 
science  6taient  rares 
bier  devenait  chirurj 

Ccs  receptions  de 
courante,  ce  qui  pen 
corporations  ennen 
qui  eut  lieu  en  i 
patentes  TanniSe  sui 

Ce  furent  lesChir 
li^rcnl  devant   les 
mOmcs  sous  la  jurid 
chef  des  barbiers. 


leurs  examens,  une  longue 
lis  parlent  des  degr^s  de  b 
relies  c^r^monies  et  vaiiit6< 

bquais  bott^s Nous  ne 

lit  4  Saint-Cdme  des  chirar 
avec  eux ;  mais  sculement  ni 
de  cliimrgiens  barbiers  co 
laquelle  relive  de  notre  Faci 
de  fid^lit^  dans  nos  £coles  < 
taine  somme  de  redevance, 
sur  leurs  actes.  Mais  nous  i 
ni  licences,  ni  tets  autres  ab 
assez  sots  sans  se  fournir  de 

Le  20  juillet  1659,  a 
tentatives  de  rapprochen 
Chirurgiens-barbiers  inl 
ment  une  rcqucte  pour 
rurgie  ct  conf^rer  des  dip 
itait  pendantc  lorsque  I 
du  Prcvot  de  Paris  une  t 
droits,  et  quelques-uns  1 
benediction  du  chancelit 

L'Universit^  dc  Paris 
choses;  Ic  6  aoQt  1659, 
la  soutenance  d'une  th^s 
ligc  des  Chirurgiens  et 
dcvait  suivre  cette  souter 
assigna  la  nouvelle  corf 
lui  demandant  ; 

I.  Sans  compter. 


—  251    — 
■biers-chirurgiens    et    Chirurgiens-jurts 
neur  el  respect  A  la  Faculty  et  aux  doc- 

r  ob^issent  comme  des  ^coliers  i  leurs 

flit  interdit  d'exercer  les  termes  de  leur 
;  professer,  de  donner  des   grades,   de 
^ses,  de  porter  la  robe  et  le  bonnet; 
ler  College  ni  £cole,  mais  simplement : 

maitres  Barbiers-cbtrurgiens  et  Chirurgiens 
alifier  le  lieu  de  leur  assembl^e  autre- 
bamhre  de  juridklion,  le  tout  d  peine  de 

ur^rent  un  an;  GuyPatin  les  v^cut,  et 
uises  d'ironie  et  de  style,  nous  rensci- 
d'dmc  des  acteurs  du  grand  proems  : 

nomm6  Chenuor,  a  tout  i  feit  achevt  ' 
le  recapitulation  de  tous  nos  droits  et  no.s 
;  miserable  engeance.  L'avocat  de  I'Dniver- 
Mareschaux,  iniervenant  pour  nous,  a  aussi 

le  Pucelle  plaida  pour  la  corporation 
lirurgiens ;  mais  il  fut  faible  dans  sa 
rophitisa  mfime,  dii  Guy  Patin,  I'echec 

;ur  de  I'Universit^.  d^fendit  cnsuile,  en 
;ux  et  grandiloquent,  les  droits  impres- 

:hirurgicns.  Leltredu  gjanvitr  1659. 


dc  maitrc  Masson,  huii 
scription  de  «  CoUegiurr 
k  lendemain.  Le  14 
accompagne  de  I'huiss 
d'ouvriers,  fit  de  nouvi 
tir  du  18  aofll,  les  fails 
des  Chirurgiens  »  furt 
taires  sous  la  rubriquc 
sicnses  aitt  barbilonsores. 
Toutefois,  iesvaincu: 
Roi,  avaient  cu  une  id^ 
Chirurgicns  assimiles  a 
corporation  un  chef  d 
1668,  il  reconnut  Fra 
chirurgien,chef  dc  la  0 
gicns  ct  des  Barbiers  : 
mais  UN  maitre  capable 
contre  Ics  attaqucs  dc  I. 

lintre  la  Facutte  ct  la 
cxistait  une  autre  caus^ 
cins,  ChirurgiensetBar 
cadavres  pour  cnseignc 
Cettc  distribution  des 
maints  arrets  du  Parler 
vait  dissequcr  que  les 
cadavres  no  pouvaicnt 
du  doyen  de  la  Faculty 
livres  pour  chaquc  cada 


-256  - 
lement  aux  medecins,  il  la  refu> 
Chirurgiens  et  aux^rbiers.  D'< 
d  moustaches  »  qui  cherchaJei 
possibles,  i  st:  procurer  des  cai 
d'acheter  des  corps  aux  Gouve 
un  arrfit  du  Parlement  mit  fin  i 
ensuitc  acheter  les  cadavres 
Vaugelas  mourant  demanda  qi 
aux  chirurgiens  pour  d^sintere; 

iMais  ces  achats  ^talent  on^r 
gnie.  Aussi  prirent-ils  un  moyen 
couteux.  lis  se  rassembtaient  t 
de  Gr^ve  Ics  jours  d'exdcution 
dats,  laquais,  ba tellers,  crocheti 
gens,  ayant  epces,  armes  d  feu 
enlevaient  de  vive  force  le  ca< 
bourreau  et  ses  aides,  les  exem] 
pr&ilable,  donni  des  sommes 
mollement  et  les  Chirurgiens 
Saint-05me  ou  au  domicile  de 
cadaient  et  I'anatomie  commei 
vent  par  I'arrivee  d'un  huisi 
doyen,  qui,  accompagne  d'archi 
la  Faculty,  reclamer  le  cadavre  t 

Les  huissiers  ct  scs  acolytes 
accueillis  aimablement  et,  pari 
gicns  les  retenaient  prisonniers 
tomie,  ce  qui  amenait  des  proci 
munaute  avait  toujours  le  dess( 


un  docteur  regent,  I 
Chirurgie  avail  rep; 

La  Faculty  obtini 
un  avantage  assez  i 
barbants  et  des  Ch 
rurgi,  durent  avoir  - 
mdes  de  chassis  d  g 
leurs  enseignes  des 
profession  et  pour 
giens  qui  en  ont  dt 
blancs  devait  ftre  ii 
le  poil  ct  on  tient  b 

Mais  ce  fut  vers 
dc  plus  en  plus  la  ( 
menfa  d  souffrir  de  < 
son  premier  chirurj 
tule.  II  pr^conisa  I'ii 
cace,  mais  les  mM& 
de  laisscr  d  un  chir 
entretinrent  i  plaisi 

Mille  gens  propose 
libles,  et  Ton  6prouv 
meilleurs,  mais  pas  ur 

On  dir  i  S3  Majesti 
lentes  pour  ces  maladii 
ces  eaux ;  mais  avant  q 
pes  de  les  Sprouver  sui 


I.  Lf  Barbitr  miiedn  oi 
rurgie  a  repris  l.i  queue  du 


—    2(iO   ■ 

19  novembre  1686.  Le  Roi  m( 
et  d'apres  Dangeau,  «  ne  la 
plainte,  ni  un  mot,  mfime  I 
ciseaux  enlev^renl  les  callosity 
plus  a  il  tint  conseil  d^s  le  jo 
Ic  lendemain  aux  ministres  eti 
La  grande  operation  pour  laqi 
Ic  c^lt'bre  bisiouri  rayal  coll 
d'un  million  de  notre  mon 
en  roy  tous  ceux  qui  lui 
cette  maladie.  It  donna  d  M. 
6cus;  d  M.  d'Aquin,  cent  mi 
quatrc-vingt  miile  livres;  d 
mille  livres;  i  chacun  de  se: 
quatre.douze  milic  livres,  et  au 
de  M.  F^lix,  quatre  cents  pist 
en  outre  des  lettres  de  noblf 
■J  noble  gentilhomme,  tout  air 
noble  et  ancienne  race  ». 

L'annte  1686  ful  Vannk  de  U 
tisans,  nous  racontc  Dionis.  vc 
«  mfimc  operation  qu'au  roi  ». 

Pour  le  meine  suintement  h^mi 

pas  ;i  presenter  Icur  derri^re  au  c\ 
incisions.  J'en  ay  vu,  ajoute  Dioni 
loient  qu'on   leur  fist  rop^ratiou. 


1.  Journal  de  Daiig/aii. 

2.  MercureGaUmt. 

3.  Dionif,  }.  r.,  p.  411. 


—  262  — 

I'avons  di\i  vu,  le  premier  Cbiriirgien 
d^l^guait  ses  pouvoirs  d  un  Lieuiet 
haute  main  sur  I'ad ministration  d 
Celle-ci  comprenait,  outre  les  Maitri 
ou  gardes  i\us  pour  deux  ans,  un  Rece 
qui  avaient  pour  fonction  de  veiile 
statuts,  d'empficher  I'exercice  illegal  ( 
de  poursuivre  les  d^linquants  (ccc 
liers  ou  r^guliers  et  autres). 

Pour  obtenir  la  maltrise  il  falla 
mallre  pendant  quatre  ans  comme  a^ 
comme  gar(on  et  subir  en  outre 
cbef-d'ceuvre.  L'aspirant,  assist^  de  son 
tait,  a  apris  requete  et  court  interrog; 
Communaut^  r^unie;  11  ripondaii 
dc  quatre  maJtres  en  presence  d 
regents  qui  assistaient,  aux  lieu  et 
\  I'examen.  L'epreuve  termin^e,  i'as 
reception  ou  I'^limination  du  candid; 

Le  candidal  re?u  pouvait,  deux  a: 

semaim,  c'est-d-dire  subir  une  sirie  aepreuves  uui*» 

quatre  semaines,  epreuves  relatives  d  ranatomiechin^''" 
gicale,  aux  operations,  4  lasaignieet  ila  matiere  m^"'" 
cale. 

II  passait  cnfin  Xexamen  g^n&al  ou  cxamen  de  rigu£^*^' 
Le   lieutenant,   les  gardes   el  six  examinateurs  li*"*^ 
au  sort  interrogeaient  le  candidal  sur  toutes  les  part*^ 
de   la  chirurgie,  et   I'assembl^e  gen^rale    le  decla;^// 
«  sufficicns  ou  incapax.  »  Le  candidal  re?u  6tait  pfj^^ 


—  264 
pansys  en  premier    appareil 
blessure  ou  maladie  lui  parais! 
«   en  donner  avis  aux  curez 
preslres  par  eux  pr^posez  » 

II  restait  toujours  soumis  ai 
munaut^  qui  ^laient  tenues 
par  an  sa  boutique. 

Le  garfon  chirurgten  ou  J 
maitre ;  il  ne  pouvait  le  quiti 
menlss^veres,  ct  .M.  Franklin  ; 
giens,  la  formulc  d'un  contrat 
dit  «  que  ledit  apprentif  ne  p 
son  maitre,  pour  aller  travaillt 
s'engageaient  en  ce  cas  0  d 
chcrcher  par  toute  la  ville  et 
s'il  est  retrouv^  £tre  ramen^ 
achever  le  temps  qu'il  aun 
absence,  celui  qui  resterait  4  c 

La  vie  que  menaient  ces  ap[ 
Hunauld,  professeur  d'anatom 
abhorrait  les  Chirurgiens,  prit 

A  peine  le  coq  a-t-il  ch;int6  < 
balayer  la  boutique  et  Touvrir,  afi 
retribution  que  quelque  mana-u" 
donne  pour  se  faire  laire  la  barbe 
jusqu'^  deux  heures  de  Tapris-mi 


1 .  Des  presctitts  leitres  d'apprentissagc 

2.  Fr.  Joseph  Hunauld,  Ls  chiruigirn 
iirgiens  qui  «xeri:ent  la  niMecine  (1736] 


sortir,  parce  qu'il  ne  faut 
gens  qui  pourroient  I'inqu 
sence  :  autrefois  ils  usoiei 
M.  Felix,  le  pire,  alloit  ss 
faire  sortir  ud  des  chirurgi 
ses  amis,  maisaujourd'hui 
fois  que  j'ai  saign^  Madar 
Princes,  la  chambre  6toit  p 
gneur  et  les  Princesses  se  r 
que  cela  m'embarrassat. 

Le  premier  Chirurgie: 
Turgien  ordinaire  et  des  ( 

On  comptaii  cnviror 
giens  qui  exer^aient  i 
la  mori  du  Roi,  VAlma\ 
micre  fois  la  «  listc  dc  . 
Les  plus  conn  us  etaicnt 

Georges  Mareschal,  ci 

Roy,  chef  et  garde  des  cha 

barberie  du  Royaume.  Au 

Louis  Georges  Maresch. 

du  Roy,  rei;u  en  survivanct 

Antoine  Turssan,  lieute 

Benoit. 

DioNis.  En  Cour. 

Dalibour,  rue  de  la  Ha 

Le  Drau,  rue  Jacob,  dei 

J,  Mery,  au  parvis  Notn 

Martinenco,  rue  du  Mt 

LitUTAUD,  rue  des  Vieui 

LEAULTfe,  rue  Saint-Anto 


nci^res  de  fil  d'archal  et  aui 

de  gode  frais,  pommes  de  te 

J'enseigne  la  joggraphy  e 

mercredi  et  vendredi.  Dieu  ; 

Lcs  eluves  avaient  ^t 
Italiens  venus  i  la  suite 
de  toute  condition  s'y  i 
leurs  fatigues  ou  pour  c 
cites,  car  lcs  ituvistes  a\ 
dcllcric  ct  dc  maquerellei 
le  client  se  faisait  soi 
s^tgns;  mais  le  Barbier  i 
cation  des  cornets  ou  ven 

Ceux  qui  servent  dans  c 
ment  habituez  i  mettre  dei 
promptitude  suTprenance.  II 
flammette  qu'ils  tiennent  d 
qu'ils  donnent  dessus  de 
figures  qu'ils  veulent  i  ces  m 
de  I'autre ;  les  unes  reprfoen 
cceur,  et  d'autres  les  chiff 
voloiiti  dc  alui  qui  se  les  1 

Le  metier  de  chirurgii 
fort  bon  rapport  sans  la 
iicr  et  seculier  qui,  tout  i 
s'arrogeait  le  droit  de  bai 
Ce  furent  surtout  les  fre 
dirigeaient  I'hdpital  de  \i 
saicnt  grand  dommage  at 


1672  au  Jardin  Royal;  cell 
I'dile  du  monde  medical 
viennent  avec  un  empress 
epoque'.  Pendant  huit  a 
anatomiques  el  les  op6rat 
des  horizons  nombreux  el 
chirurgie  du  xvrii'  si^cle, 
sur  des  connaissances  ai 
diagnostic  ralsonn^  et 
d'anatomie  pathologique. 
couvertes'  et  ne  d^daigne 
dans  ses  cours  des  empirii 
tans,  lorsque  ceux-ci  font 
de  guirir. 

Vers  la  m^me  epoque 
matiques  tr^s  inidressant 
giques  (1677)  de  Lamber 
(1677)  de  Boirel;  le  Tra 
Tolct;  la  Maniere  de  guirir 
dc  Laurent  Verduc;  le  Ma 
dc  Laurent;  les  Opdrations 
surtout  Ic  Cbiritrgieti  (THosp 


i .  Cest  Dionis  lui-mfime  qui  m 
teurs.  B  Le  concours  itoit  si  grand 
dfmonstracions  n'en  pnuvoit  pas  te 
de  fiire  des  billets  cacheiez  que  no 
qui  sen'oient  les  malires  qui  seuts  j 
la  confusion  par  I'exdusion.  de  c( 
tiarbiers  ct  de  ceux  que  Ia  seule  cui 

2.  Public  en    1690  VAnatomie 
citciilalioii. 


trait^s  marquaient 
de  la  chirurgie.  S; 
)ns  de  la  a.chirui 
nent  la  science  opi 
r.  sachaiit  profiler 

"ameux  Cours  (Top, 
inltout  lexvni'  sic 
eprocher  son  peu 
tieux,  ^cril  avec  be 
I'homo  rotondus,  s 
r;  il  n'a  point  le  g^ 
m  X  aucun  grand  \ 
^decine  op^ratoire 
;t  clarti  chaque  m 
:ine  la  pathogd^nie 
natologie  et  le  dia^ 
ir  le  traitement. 
ation  que  nous  esq 
;  i  Paris  vers  la  fin 

lue  Dionis,  commi 
autant  de  dignity 
:te  son  art.  Pour  lu 

Jevoiis  citer  un  certain  no 
Observations  et  souvent  d 
:  Reeiuil  d'cbst^vali'iis  chh 
'A  son  nom  atiachd  it  une 
en  honncur  A  la  fin  du 
i  vessie  en  for^ant  les  rii 
ii^morrliagies. 


chirurgie  est  la  premiere  des  science: 
enthousiasme.  c  En  abattant  la  cat: 
vue  aux  malades  sur  I'heure  mfime. 
trine  par  le  moycn  de  rempyime, 
muets.  Hn  faisant  les  reductions  d( 
jambc  ct  du  pied,  die  fait  marcher  Ic 
lui,  la  chirurgie  est  la  seule  scicm 
rhomme,  par  le  seul  fait  que  «  de: 
naissance,  il  implore  son  secours  po 
gature  d  rombilic,  ou  pour  lui  coupt 
filet  que  souvent  il  apporte  en  nai 
p^riroit  aussi-tost  qu'il  a  vu  le  jour, 
an,  il  recommande  aux  ^tudiants  d 
entiers.  II  est  fier  de  pouvoir  dire  qu 
sur  les  bancs  aussitdt  qu'ils  se  sont  i 
chirurgiens;  ils  ont  fait  les  25  actt 
avec  la  derni^re  rigueur.  » 

Pour  lui,  le  bon  chirurgien  doit . 
mieres,  toutes  les  adresses,  toutes  le 
demiijrcs  surtout,  il  n'y  a  point  dc  b< 

II  doit  avoir  pour  principal  but  de  ses 
gu^rir  et  de  soulager  autant  qu'il  est 
personnes  ;  cc  n'^tant  point  avide  de  gaii 
ment  cliez  les  pauvres  comnie  cliez  les  ri 
rhumanit6,  exhorter  ses  malades  ^  la 
leur  douleur,  ct  s'il  ne  peut  pas  se  dispe 
du  moins  qu'il  leur  laisse  la  liberty  de  cri 


I.  Ceite  description  du  bon  chirurgien  n'est' 
rapproch^e  de  la  page  inoubliable  de  Trousseau 
malades? 


—  276  — 

seille  la  ponction  au  p^rinee.  II  d^crit  pour  Toperation 
de  la  taille  le  petit  appareil  reserve  aux  enfants,  le  gratri 
appareily  le  baut  appareil  de  Franco,  et  enfin  la  laille  du 
frire  Jacques '  qu'il  fait  sienne  apr^s  lui  avoir  apporte 
quelques  I^g^res  modifications.  II  nie  les  carnositfe  de 
Tur^tre,  ces  tubercules  qui,  avant  lui,  jouaient  le  r<5le 
capital  dans  toute  retention  d'urine ;  il  entrevoit  le  tis- 
su  cicatriciel  de  la  blennorrhagie,  cause  du  r^trtcisse- 
ment  de  Tur^tre,  mais  n'a  aucune  idde  de  la  retention 
due  4  rhypertrophie  de  la  prostate.  II  d^crit  ensuite 
YOpiration  dans  Taccouchement  difficile;  pour  lui,  la 
plus  mauvaise  presentation  foetale  est  celle  de  la  main. 
II  declare  enfin  V extirpation  de  la  matrice  mortelle. 

La  quatri^me  demonstration  comprend  les  bertiics, 
Vbydrocele,  le  sarcockle,  le  bubiinocile,  les  operations  suf  Ic 
rectum,  II  d6crit  la  reduction  de  la  hernie  par  le  ta:xis, 
le  brayer  ancien  et  le  bandage  4  ressort  de  Bligny.  H 
rejette  les  operations  palliatives  comme  Toperation 
royale,  les  operations  du  point  dore,  du  fil  de  plamb, 
du  fil  de  chanvre  cire,  la  castration  apres  ligature  du 
cordon  spermatiqueMl  s'etend  longuement sur  la^^/«/<^ 
anale  dont  il  decrit  les  differentes  varietes.  II  re j  ette 
Tusage  des  caustiques  et  la  ligature  de  la  fistule,  et 
decrit  minutieusement  et  magistralement  la  cure  de  la 
fistule  par  incision. 

La  cinquieme  demonstration  a  trait  4  Yeinpytme,  dont 
il  fait  une  description  magistrale,  au  cancer  du  seiny  4  la 

1 .  Voir  le  chapitre  Charlatans  et  Empiriques, 

2.  Id. 


-  278- 
dc  lier  cette  artiire  au-dessus  el  ai 
ture  du  sac,  on  employait  des  boi 
ch^  tremp^  dans  une  eau  styptiqi 
exemple.  Si  I'h^morragie  persisla 
rir  d  la  ligature,  mats  i  la  ligature 
La  neuvitme  demonstration  a  t 
aux  affections  chtrurgkales  du  t> 
I'ampulation,  Dionis  est  prolixc,  c 
rurgien  consultant  des  armies  du 
roccasion  de  pratiquer  ou  de  con: 
amputations,  et  11  tient  i  faire  p 
sa  longue  pratique.  Le  lieu  d'elei 
pour  la  cuisse  aussi  pr^s  que  pos! 
le  bras,  aussi  pris  que  possible  di 
bras,  le  plus  bas  possible.  Poui 
^taient  partagis  :  les  uns  voulaie 
tation  au  niveau  de  la  jarreti* 
embarras  d'un  trop  grand  moign^ 
de  facility  dans  I'emploi  des  moyi 
nis  adoptant  la  pratique  du  cil^b 
dais  Sollingen,  conscille  de  cou 
bas  possible,  pourvu  qu'on  puisse 
ments  du  genou.  Dionis  rejette  i 
dilation  du  genou.  11  ne  sc  pronon 
qui  consiste  A  rctracter  en  hau 
scier  Ics  os.  II  dilaisse  presqu 
anciennes  pratiques  pour  arr^te 
cautires  ct  les  boutons  de  vitriol 
mant   cscharre).    11   revicnt   au  ] 


—  28o  — 
Au  XVII*  siecle,  cet  aphorisme  d 
la  Faculty  de  Paris;  elle  se  g 
mme  d'une  conqufite,  et  d  ceu!i 
hre  ennemie  du  progr^s,  elle 
lus  pas  d^couvcrt  la  fr^quentc 
i^re,  dit  Riolan,  que  les  mideci: 
squ'd  quel  point  il  faut  en  u; 
lis  debarqu^  dans  la  capitale, 
icteur  qui  lui  ordonnait  un< 
pliquait  que  «  I'air  respir^  i.  I 
aississait  le  sang;  puis  on  y  fa 
Mos  Parisiens,  ajoute  Mauduil 
u  d'exercice,  boivent  et  m; 
:viennent  fort  pl^lhoriques;  en 
esque  jamais  soulag^s  de  qt 
enne,  si  la  saign^e  ne  marche  d' 
ipieusement  », 

C^tait  ropinion  de  Guy  Patin 
■  la  saignde.  11  fait  saigner,  i 
ifant  de  trois  jours,  «  qui  v^q 
igc  d'hommc  complet »,  ajoute-i 
le  la  saignee  chez  le  nourrisso'r 
ste,  Patin  ordonne  des  saignee: 
eillards  comme  les  enfants;  il 
is  dans  une  maladJe,  un  de  se< 
fait  saigner  lui-mfime  sept  foi 


—  28a 

Roy,mourir  en  refusant  une 
:'itait  le  remade  des  p<idants  i 
Patin,  et  qu'il  aimait  mieux  i 
ainsi  a-t-il  fait.  Lc  diable  le  s: 
comme  le  m^rite  un  fourbt 
qu'il  ne  faisait  pas  bon  de 
poing  au  chirurgien  ». 

Le  has  pcuplc  n'aimaitpas 
gn^e,  ou  tout  au  moins  reta 
premiere  saignee  :  une  super 
voulaitque  la  premiere  saign^ 
quablement  le  malade.  Aussi 
souvent  appeM  «  in  extremis 
du  pcuple  de  Paris  ctait  de  ( 
lc  premier  jour  de  mai  prii 
durant  le  cours  de  I'annee  : 
affluence  chez  les  barbiersdt 

Certains  jours  etaient  plu: 
mandes  du  reste  pour  la  saig 
veritables  tables  saisonniiircs 
un  exemple  dans  VEmpiric  d 
Ainsi  du  vingt  mars  au  ving 
mauvaises  les  i,  2,  8,  10,  16, 
jour;  elles  etaient  bonnes  le: 
18,  20,  22,  25,  27  et  28""^  jot 

Les  medecins  serieux  se  n 
de  CCS  jours  propices  ou  no 
aussi,  certaincs  superstitions 
de  saigniie  au  moment  de  la 


—  284 

3uverture  des  veines  des  ctngU 
ler  les  fluxions  et  les  mailles 
lu^es,  ^laircit  la  vue  et  g 

suverture  de  la  veine  du  bout 
:s  des  yeux,  douleurs  de  tSt 
n^sie  et  nux  fi^vres  aigufo. 
ouvenure  de  la  veine  de  le 
as  et  apost^mes  du  aez,  de 
ouvenure  des  deux  veines  de 
eurs  de  dents,  fluxions  de  la 
:fcmes  de  la  bouche  et  du  go 
ue  le  sang  coule  trop  le  mal: 
inaigre. 

ui  prendre  garde  de  n'ouvri 
t  que  I'apr^s-diiier, 
ouverture  des  deux  veines  du 
ere,  cancer,  impetigo,  serpi| 
:  ct  k  la  difficult^:  de  respirei 
ouverture  des  veines  sephal 
aux  fluxions  des  yeux,  dou! 
ouverture  de  la  veine  mediant 
-,  du  poulmon,  et  de  macric 
ouverture  de  la  veine  Basilit 
dies  du  foie  et  la  gauche  a  ce 
ouverture  des  veines  dedessou 
tumes  et  douleurs  des  reins, 
ssie  et  des  gouttes. 
ouverture  des  veines  scialiqi 
ique. 

ouverture  de  la  veine  Saphti 
■s,  maux  de  tnatrice   et  aux 
point  cette  veine,  on  peut  s; 
eux  gros  doigts  du  pied. 
ouverture  de  la  veine  Meliole 


—  286  - 
ver  14,  nous 
:e  et  gluante 
ersion  ou  la 
is^clectiques 
Privation  et 
au  d^but  dt 
ode  d'etat  et 

lign^e  pouva 

alors  c't^tait 
lumeurs  rete 
squel  elles  a 
ibtenait  ce  r 
ires  :  ainsi  la 

en  attirant 
ins  la  portio 
Tieurs  coulait 

vers  certain; 
gn^e  un  effct 

res;  ainsi  da' 
igies  ou  m^ti 

du  bras  poui 
lerieure  du  a 
ire  que  I'adoj 
per  toutes  ce 
Loin  dc  Id,  e 
iment,  on  sc 
u  jour;  r^VL 
t  toujours  It 


-287  - 
:ule  definition  du  but  de  la  saign^e. 
ndit  d^sormais,  au  lieu  d'attirer  les 
■ner  !e  sang  de  se  porter  vers  unc  partie 
it  embarrasses  (fluxions,  amas,  d6p6ts 
m  lui  donnant  une  autre  issue. 

labilement,  il  fallait  avoir,  outre  de 
des  qualit^s  nombreuses  dont  Dionis 
miration.  Parlant  de  V  «  habile  Phle^- 
t  ; 

it  bien  fait  pour  ne  point  d^plaire  au 
I'esprit  pour  persuader  ce  qu'il  dit,  qu'il 
per^ante  pour  distinguer  les  moindres 
1  n'ait  point  de  foiblesse  dans  les  yeux,  ou 
oblig^  de  regarder  de  trop  pres ;  qu'il 
a  main  trop  grosse  parce  qu'elle  seroit 
s  doigts  longs  et  gr^les  et  que  la  peau  soit 
rce  que  le  tact  en  est  plus  ddlicat;  il  ne 
sujet  d  boire  de  crainte  qu'^tant  appel^  la 
il  fut  obligS  de  faire  une  de  ces  saignees 
>it  point  pareillement  arracher  les  dents, 
,  hacher  du  bois,  jouer  h  la  paume,  au 
parce  que  tous  ces  exercices  peuvent  lui 
enfin  il  doit  avoir  son  attention  s^rieuse 
)n  de  sa  main,  s'il  veut  bien  saigner  de 


)tomiste  dcvait  commencer  par  faire 
rosse  bougie  de  cave  »,  puis  il  pripa- 
qui  doit  etrc  dc  toile  ni  trop  ncuve, 
a  largeur  d'un  poulce  et  longuc  dune 


—  28b 

aulne  el  demie.  »  II  faisait 
«  d'un  poulce  en  carr^  »  poi 
cas  de  besoin:  il  s'assurait  de 
tenant  chacune  trois  once; 
oreille  pour  Ics  tenir  en  ca 
port^e  de  sa  main  un  verre  re 
reine  de  Hongrie  a  en  cas  qu 
tomber  en  faiblesse  »  le  chin 
malade  sur  le  bord  du  lit  a 
qu'on  doit  saigner  ».  I!  faisi 
ratoire  par  son  garden  ou  pE 
craigne  pas  de  voir  saigner  » 
Toutes  les  priicautlons  pr 
sail  Ic  bras  «  le  couvrant  jus( 
sus  du  coude  ».  II  metlait  e 
^viter  que  le  sang  ne  vicnn 
malade. 

C'est  unc  circonstance,  ajou 
oublier  aux  Denies  de  In  premi^n 
grossesse  ou  de  precaution  car  el 
recevoir  leurs  visites,  et  mfime 
hazard  quelques  gouttes  de  sang 
parure,  elles  ne  le  pardonneraier 

Cctui-ci  apposait  ensultc, 
paumc  de  la  main  du  malad 
de  I'operateur)  une  ligature  d 
la  veine  «  et  en  arretanl  le  si 
serrer  I'artire  s.Il  prenait  en< 
lancettc  qu'il  jugcait  convcn 


PAULl     BARBf-TTE    OPFJ 

AD     ClRCULAREM     SANGUINIS     MOTLM,     AL 


KXPLICATI* 


Fistula  ar^cntca  J;i,;iiln  Blockii  cuspiklo  prxdii^i  roiuiki.i. 
Foramen  per  quod  jqua  l-x  veinn;  in  fistulaiii  (luit. 
Stylus  exacte  Rsiula:  cavilatem  replens,  ejus  munJiticitioni  insenic 
Fiitula  dialybaa  Auilioris  cuspido  accuniinaia  plikboiciiii  fai:ie. 
■    Foramen,  ut  supra. 


CnmURGICO  ANATOMICA 

lU'K     ReCESTIOKUM     ISVESTA,    ACCOMODA' 


h'lGLHARUM 


G     Lt'ilus  In  quo  Jtirumliit  s/^it. 
H     Hydropiais, 

I     Fistulj  ill  cavitjtcni  veiitris  intromiisj  pti 
citius  forjmcn  cl.iudi  Clilri,itf;us  !a;ptui 
K     Vasculum  jquam  efflucnicm  c^Liiiiiiis. 
L      Manus  Cliirurf;i  aut  Miiii>iri. 


lancetier  a  hdta 
se  porter  vers  1' 
Lorsqu'une  ■ 
une  deuxi^me, 
chirurgien  ne 
la  quantity  de 
saignies  de  pr6 
sion  sanguine  i 
et  tela  n'itait  p 

J'ay  retnarqu^ 
de  leurs  feromes, 
beaucoup  de  san] 
maris  n'^toient  p< 
copieuse  :  ils  oni 
sont  pas  dif&ciles 

Le  chirurgiei 
compresses  et  i 
lancette,  entreti 
qu'il  avait  de  ce 

Si  le  sang  est 
feit  voir  la  n^ess 
le  trop  qu'il  en  a' 
gereuse  et  monel 
eu  de  la  peine  k  1 
vont  jusqu'au  cce 
etcorrompu,  il  li 
par  le  secours  de  I 
s'il  est  beau  et  v 
lui  disant  que  ( 
demeure  dans   st 


ligi 
ten 
d  t< 
ten 
la^ 
I 
«d 
plu 
suj< 
piq 
par 
d'u 
not 
s'fit 


I'ex 

de 

Dar 

C 

de 
avec 

d^bi 
une 

les; 
Lun 
coni 
anrii 


C6me,  eljes  furent  \ 
diction  du  premier  ( 
des  chartes  el  privil 
royaume.  » 

Pour  devenir  sa 
moyens  :  ou  bien,  a 
sage  chez  une  matr 
une  sorte  d'examen 
docteur  regent,  des  i 
et  de  deux  matrone 
vait  les  cours  de  Sai 
Chirurgiens,  et  apri 
dant  la  libre  pratiqi 

Enfin,  il  exlstalt 
mant  des  sages-fem 
chies.  Get  office  ^tai 
sage-femme,  aux  gagt 
nomm^e,  apris  con. 
Dieu.  Elle  commar 
reste,  ne  restaient  j 
mois.  Ces  apprentif 
sage-femme  en  chef 
mailrise;  elles  etaieii 
oi!i  elles  pr^sidaient 
priisence  de  la  matr 

Elles  apprenaient 
leur  art,  car  il  se  fa 
rH6teI-Dieu,  ainsi  i 
curieux    que    nous 


qu'elles 
et  dans  '. 
fitre  aus 
epoquc  ' 
tus  en  r 

II  est  - 
dc  la  rel 
adresses  f 
que  Ton 
maistress 
treprit  ai 
(it  casser 
certifficat 
professioi 
enseigne 

Ce  cer 
cins  dc 
tie,  dcv( 
obligee  I 
ment  fa 
Saint-C<! 
Elle  prei 
rHdid-L 


I.  Lesa< 
veiller  it  la  1 
I'anicle  X\ 
Perrichon, 
sage- fern  mi 

de  ses  mce 

ausquelles  : 
m^dccin,  q 


On  leur  donne  un  rolle 
aprennent  en  Perroquet,  et 
dire  par  I'interrogatoire  qu 
a  cst^  donni,  car  si  on  lei 
quet  ne  s^aurail  plus  parle 

Une  fois  revues,  ces 
Saint-Cdme  exercaient 
premier  mot,  et  leur  igi 
sait  ta  mort  d  tant  de  ft 
la  gloire  ilernelle  tant 
Elles  n'ttaient  point  se 
6laient  prates  i  toul 
finances  : 

C'est  i  ces  sages-femn 
aussi  pour  les  avortemen 
SimiUes,  pour  en  changer  i 
vais  usages,  faire  trafiicq  di 
des  cnfnnCs. 

Ainsi  s'exprimece  lib 
d'unc  matrone  de  rHi3 
ley  I'a  placi  parmi  les  c 
Cette  sage-femme  soUi 
reur  du  roi  la  r^glemer 
commence  sa  lettre  ain; 

Si  on  consid^re  qu'elle  e 
sujet  de  s'estonner  de  ce  • 
par  une  nicessi:^  de  bier 
sage-femme,  les  lois  et  les  \ 
remfides,  pour  empescher  1 


operations  qu; 
de  sa  professi( 
bas  ventre;  jc 
avec  bien  de  1 
belles  sur  tout 
cette  belle  qua 
monde,  elleo' 
Je  vous  dem; 
es  ten  due  dans 
devoir  cela  i 
qui  sont  de  c 
fais,  de  Timit 
n^cessaire  et 
asseurement  il 
leur  professioi 

Mais  pour 
d'autres  qui 
devoirs  delei 
des  aphrodi; 
raiguillelte' 
feraicnt  fairc 
meilleur. 

Lcs  patien 
plier  de  leur 
du  peuplc  ct 
dame,  se  rer 
demande  jarr 

1.  On  compror 
souvenant  de  I'alg 
rubans  dont  vous 
douzaine  d'aiguitl 
(Moliire,  VAvari 


religion  i  ur 
itait  tout  na 
prfit  aux  plu 
aux  vicaires 
dans  chaque 
sceau  de  la  ci 
Six  cents  fen 
leur  confesse 
s6v^re  s*en  s 
furent  surve 
prises  sur  le 
tement,  et  \\ 
cette  6poque 
la  question  c 
Guy  Patin 
tantin  qui  pi 
avortement  : 
Vitry. 

On  fait  gr 
On  avoit  mi: 
elle  a  it6  tradi 
curd  de  Saint- 
dame.  On  dit 
a  iti  mis  dans 
n'y  puisse  riei 

La  sage-fen 
mais  alix  ad) 
ertutiduiH  verui 


—  jo6 

Les  sages-femmes  de  I'Hdi 
du  lieutenant  g^n^rai  de  poll 
riglementant  I'exercice  de  !e 
prentie  sage-femme  dut  alors  : 
Cdrae,  oil  on  lui  enseigr 
trique  et  les  operations  iTact 
ser  des  examens  fort  sirieuj 
de  la  Faculty  de  medecine.  ; 
mais  pratiquer  que  I'accouc 
avoir  recours  4  un  chirurgien 
ments  laborieux. 

Les  chirurgiens  du  reste  a\ 
les  auxiliaires  des  sages-femmt 

Oq  les  appelloit,  dit  Astruc,  di 
sages-fetnmes  sentoieni  leur  tnsufl 
en  travers  dans  la  matrice,  et  qu'c 
quand  il  ^toit  hydropique  ou  it 
mort;  quand  on  avoh  retir^  le  co 
dans  la  matrice ;  quand  il  y  avoit  q 
tion  dans  les  panics  de  I'accoucl: 
gien  t^choit  par  son  adresse  de  d 
recours  aux  instruments  utiles  dai 
bees  de  corbin,  et  autres  instrurr 
restoient  assez  rares,  les  sages-fem 
de  faireles  accouchemens. 

Mais  les  chirurgiens  ne  tar 
les  matrones  k  la  suite  d'un  i 
femmes  dans  le  goilt  de  se  ser 
accouchements  ».  Aux  premit 

la  Valliire,  en  166}  : 


La  chambre  de  la 
des  tapisseries  les  pi 
connue  sous  le  norn 
du  lit  nuptial  ;  un 
dans  .  la  vaste"  chem 
s^chaient  d  I'entour. 
encore  un  usage  imi 
trouvait  une  petite 
sur  cette  table  trdis 
pains  de  fleur  de  fa 
taienl  allumis  durar 
6tait  reservee  aux  fee: 
r^pandre  leurs  dons  s 

Lorsque  le  momt 
toutes  les  amies  de 
quartier  venaient  ler 
lant  et  plaisantant; 
dans  la  chambre  de  1' 
du  mari,  buvantd  la  : 
plus  rien.  a  Dans  la 
grand  prince  du  mon 
vir  vin  ou  apices, 
quelque  princesse  vie 
A.  la  premiere  dame  i 
tient  de  lui  presenter 

Cette  prise  de  poss 
ch6e  par  les  comm^rt 


—  31 

des  idotcs  ou  des  reines  de  car 
de  Hollande  ou  de  toile  de  cot 
si  bien  appretd  que  pas  un  pli  i 

Dans  ce  caqueioire,  les  con 
i  dire  du  mal  de  tout  le  i 
dents  les  midecins,  les  ape 

pr^tres «  La  fille  accou' 

luy  ayant  est^  defFendu,  i  > 
la  multitude  de  son  lait  '. 
raccouchie,  les  commfires  c 
jour  leur  amie,  lui  prodigi 
mangeant  aux  frais  du  ma 
f4ter  I'arriv6e  du  rejeton 
invites  le  mMecin  de  la 
avait  lait  raccouchement. 

Qyels  ^taient  les  honora 
la  sage-femme?  La  matrom 
gros  honoraircs  ;  dans  certai 
cela  se  fail  encore  en  Savi 
n^ccssil^,  des  victuailles,  u 
tant.  Nous  n'avons  pas  retro 
touches  par  Julien  Cl^mei 
de  M"-  dc  la  Vallierc.  G 
Louis  XIV,  pour  le  recomp 
son  habilet^,  lui  accorda  di 
,    sonnelle  ». 

1 .  i.ci  laijiuis  lit  I'accoiichii,  oditiom 


—    iI2 

des  h^morrhagies  de  la  deliv 
en  cilantses  clientes  qui  fure 
h^morrhagies.  ■  De  pertts  se 
viens  de  parler,  en  mourut  fe 
de  M.  d'Aubray,  qui  a  ^t^  Pri 
en  est  morte  M""'  la  duches 
d'autres  ». 

Mais  le  premier  traits  d'ac 
nom  fut  public  en  1664  par 
progr^s  considerable  dans  I 
traiti  intituU  Maladies  des 
combaitit  vivement  tous  les 
grdce  4  I'observation  cliniqu 
rechercher  le  mecanisme  des  ; 
plus  rationnelle.  II  d^crit  av 
de  presentations,  les  operati( 
suivant  les  regies  d'une  me 
i  donner  d  Taccouch^e  et  au 

11  s'61eva  surtoul  centre  1 
et  des  matrones,  lorsque  I'eti 
retourner  pour  le  faire  venir  la  1 
montra  combien  il  iiait  di 
impossible  de  pratiquer  cettc 
danger  que  couraient  le  fccti 
reille  intervention  et  conclut 
fattt  par  les  pit's  qtiaiid  U  s'y  pn 
de  pires  choses  en  le  relournant. 

Pour  facilitcr  le  d^gagemt 
cet  accouchement  par  les  f 


De  Clermont  en  Au' 

J'ay  bien  de  la  confusion 
:emps  k  m'acqutter  de  la  pare 
Paris  de  vous  faire  quelque 
:heinens. . .  Je  vous  parleray 
/ais  accouchement ,  des  ii 
iccidens  qui  y  peuvent  surveu 
aut  comporter. 

L'on  appelle  le  hon  accout 
jremiere  c'est  a  dire  le  haut  < 
'os  sacrum  et  Tocciput  du  co 

L'on  connaitra  le  bon  ace 
ie  la  matrice  doit  6tre  ouven 
,'on  doit  trouver  la  teste  de  1' 
;e  rencontre  il  n'y  a  rien  S 
i-dire  portant  un  pen  de  beu 
;ies  pour  les  amollir  et  rendr 

Lors  que  I'enfant  aura  son 
ses  doits  vers  I'apophise  de  la 
:ost^s  dc  la  t&te  de  I'enfant  el 
['enfant  jusques  aux  ^paules  t 
fois  en  tirant  la  teste  tout  sor 
;n  ce  cas  lors  qu'elle  I'aura 
passera  les  deux  index  par  d 
es  plis  des  aisselles  y  fourrar 
:n  quoy  elle  aura  quelquef( 
Une  de  mes  amies  m'a  mesm 
]ui  estoit  demeur^  en  cet  esta 
iiioy  dieu  mercy  cela  ne  n" 
[u'ily  ait  trop  de  peine  b.  tin 
le  la  mani^re  que  j'ay  dit  on 
iu  menton  d'unc  main  et  de 
3U  si  on  pent  jusques  aux  e 
'on  peut  faire  dans  un  bon  a 

1.   Point  trojj,  de  peur  d'ilranglei 


blei 
mai 


Ion 
1  « 


repi 


e  n 


me 
tidn 


sme 
e  b: 
lien 
It  ti 

lUC 


—  5 

un  battement  au  bout  de 
ant,  je  I'ay  mis  en  menu 
im^e  ou  je  sentois  le  me: 
vement  de  I'artire  du  be 
t  des  gens  d'esprit '  soient 
I'enfant,  qui  n'a  point  de 
scollc  et  de  diastolic  qui  I 
est  done  tr&s  difficile,  Mi 
mort  et  quelquefois  la  I 
ipe  ;  pour  moy  je  suis  foi 

n  autre  accident  qui  survi 
appelle  bons,  c'est  quf 
niere  la  tourne  un  peu  di 
i  de  I'os  pubis;  dans  ces 
nalais^ment  peut-on  redre: 
sent  dire,  et  pour  le  visag 
le  le  peut  pas  connoistre. 
les  douleurs  facent  ce  que 
[quelquefois  aussi  I'enfant 
femme  aura  reconneu  qu 
toucher  la  femme,  de  c 
gure  I'enfant,  et  ne  luy  ga 
tendres  que  tout  le  reste 
leurre  au  vagin  sans  toui 
icliera  bien  d'un  linge  ch: 
;  la  douleur  plus  qu'elle  n 
;  qui  se  pr^sentast,  car  I 
et  fort  Jaborieux. 
ars  que  la  femme  sera  accc 
point  de  voir  le  visage  t 
lel  on  ne  voit  presque  ny  1 
i  de  la  ddicatessedu  visai 


Sans  jamais  avoir  pu  observer  c 
A  lous  ks  enfams  qui  vicnneiii 


—  il8  — 

la  faire  efforcer  ny  de  lui  donner  auci 
k  raccouchement,  car  tout  ce  que  I'o 
contre  ne  sert  qu'i  violenter  la  femme 

Lcs  vrayes  douUurs  de  raccouchem 
vent  aux  reins,  mais  ordinairement  au 
de  I'estomac  parce  que  I'enfant  qui  fa 
donne  d^s  pifa  au  fond  de  la  raatrice  et 
avec  sa  teste  surl'orifice,  faisant  comm< 
et  en  faisant  cet  effort,  faict  formei 
paroistre  et  faict  aussy  que  I'orifice 
sage-femme  asseura  voyant  tous  ces 
malade  pour  accoucher. 

J'ay  dit.  Monsieur  qu'un  des  si{ 
estoil  rouverliire  de  la  matrke,  mais  il 
accompagni  des  deux  autrcs;  car  <\ 
disent  que  dfis  qu'une  femme  est  gro! 
accouclie,  la  matrice  est  si  extr^mfemi 
pourroit  pas  mettre  un  bouton  d'espin 
ay  m'a  faict  voir  le  contraire.  II  est  vt 
mois  de  la  grossesse  elle  est  asseurei 
est  tr^  n^cessaire,  car  si  elle  estoit  tat 
la  copulation,  les  seinences  s'escouler 
tcroyent  pas.  Mais  d^s  que  t'enfan 
comme  depuis  le  sept  jusques  au  neu 
Ton  trouve  i'orifice  ouvert  peu  ou  b< 
le  doit  y  peut  entrer  jusques  A  touchei 
quand  ce  sont  des  femmes  qui  le  port 
p^rament  plus  humide,  dont  toutes 
relasch^es. 

Je  suisbien  ayse,  Monsieur,  de  vo 
les  douleurs  de  la  colique  et  I'ouverliiri 
loajours  des  marques  de  V accouchement,  < 
tie  trouve  les  eauxformks  oh  que  I'on  «', 
des,  car  il  y  a  des  fcmmcs  i  qui  les  ca 


:oucher,  ces  eaux  s'es- 
toujours  seur  que  ces 
es  les  eaux  qui  estoient 

i  en  ont  beaucoup ;  la 
lors  que  1' enfant  faict 
Tiembrane  se  crtve  et 
}ue  fois  vingt  quatre 
noins;  duranc  tout  ce 
car  pendant  la  vidange 
ouleurs  qui  pr^parent 
que  les  douleurs  aug- 

ni  n'est  point  un  signe 
la  sage-femme  si  elle 
femme  en  s'esveillant 
du  tout  de  douleurs  et 
e  faict  pour  I'ordinaire 
nioy  j'estime  que  ces 
nouvemenr  violent  de 
iduii  et  estant  tomb^es 
font  qu'elle  s'entrouve 
estant  sorties  la  femme 
me,  et  possible  qu'elle 
descharge.  Cela  arrive 
lemme  y  est  appellee, 
les  jours  sans  luy  faire 
que  le  repos. 


es  signes  d'u 
'  faut  comporter.  Lors 
jnnoist  en  touchant  la 
iseur  et  rondeur  de  la 
ion  jugement  quelque 

lie. 


temps  el  verra  st  les 
partie  de  I'enfant,  car 
leurs  labaissent  et  Tor 
vera  aussi  la  mesme  c. 
les  douleurs  les  avancei 

La  sage  femme  toucl 
taine  de  la  situation  tU 
garde  dc  ne  pas  se  troi 
que  si  c'estoit  la  teste, 
que  la  teste  et  Ton  tro 
bien  estre  de  cette  p; 
I'enfant  sortent  lorsqi 
cela  arrive,  il  n'est  pas 

Lorsque  c'est  la  mai 
ces  parlies  \\  au  touc 
d'avec  le  pied  et  le  coi 
appellons  cubitus  qui 
quel'emboiture  du  tib 
de  travers  ei  prSsente 
trine,  Ton  ne  lesent  pi 
qui  est  au  travers  du 
sage-femme  ayant  atte 
ne  voyant  aucuiie  part 
pour  qu'elle  juge  de 
matrice,  pourveu  qu'e 
les  eaux  soient  perches 
jusques  \  ce  quellcs  le 

Voici  ce  que  I'on  pra 
les  eaues  se  sont  formees  t 
et  qu'elles  ont  par  leu 
leurs  et  dilat^  I'orifice 
sage  femme  ne  perdra 
CCS  parties  h'l  sont  ou 
dans  la  matrice  comme 
s'escoulent  insensiblem 


I'ill 

age 


lit 
)idi 


Itq 
lyn 
rie 
lotr 
I  bi 
:mb 
ad 

ojl 
Jem 
par 
eb 
ialu 


cetle  partie,  ellc  la  remettri 
et  la  repousscra  doucenient 
sortir  la  main  de  la  matrice, 
que  Ton  tire  un  enfant  qua 
Elle  observcra  done  de  i 
I'aura  trouv^e  elle  ne  s'y  a 
pi^  ou  dessus  ou  dessous 
trouv^,quelques  fois  tons  de 
seul,  elle  en  tirera  un  devai 
deux  ensemble  et  ne  le  dev; 
le  pied  de  cette  mani&re; 
doitS)  ['index  et  le  m^dius, 
cheville  du  pied,  car  si  el 
jambe,  elie  se  metteroit  en 
la  ddlicatesse  des  parties.  Lo 
pied  dans  le  vagin  ou  A  I'er 
chercher  I'autrc  pied  sans 
ruban  au  premier  pied  cor 
toujours  trouv^  le  premie 
qu'elle  aura  trouve  le  secc 
pour  les  pouvoir  prendre  t 


pouvoir  baptiser  son  enfani  ».  S 
d'ondoyer  I'enfant  «  encore  n 
devarii  donner  des  sigoes  de  vii 
doute  il  devalt  prononcer  ces  pare 
noni  du  Pere,  et  du  Fils,  et  du 
mani^re,  ajoute  Dionis,  si  Vend 
mori,  on  ne  baptise  pas  un  cadav: 
L'Eglise  en  effet  difendail  i  se; 
ccb  sous  peine  de  censures  spirit 
i  Madame,  sceur  de  Louis  XIV.  I 
foetus  mac^rf  qui  fut  port£  i  la  c 
dc  Versailles,  mand^,  refusa  de  b 
de  Madame  de  Thianges  qui  lui  di 
que  vous  faites ;  on  ixk  refuse  jam 
]i\i.  »  Bien  plus,  I'Eglise  refusam 
non  baptist,  11  tallut  pour  faire  eni 
Denis,  que  Daniel  de  Cosnac,  ivi 
baptf  me  {Mi!mdires  de  M"'  dt  Moii 


—  3 

sera  un  autre  bout  de  servietl 
I'enfant  de  I'autre  coste  par  1' 
de  toutes  ses  forces,  et  le  seco 
car  les  petites  parties  molles 
sonnes  qui  font  les  operations. 
La  sage-femme  ayant  faict 
elle  voit  que  la  teste  ne  sorte 
gfee,  elle  doit  promptemmt  passt 
visage  de  r enfant,  cherchera  la 
dedans  et  tirera  sans  s'effrayer  a 
nusme  temps  avec  un  ou  deux  d 
sera  aulant quelle pourra  Voccip 
sur  la  pTemiire  vtrtibre  affin  if 
autant  qu'il  sera  possible  et  jusq. 
pressera  la  poitritie  de  I'enbn 
prcndra  bien  garde  de  ne  rien 
I'estat  que  je  viens  dc  dire,  el 
quelque  un  des  assistans,  alf 
quelquefois  se  faict  sans  gran 
petite  et  Tissue  large. 

Quelquefois  avec  tous  ces  : 
engage,  le  col  ne  laisse  pas  de  s 
fant  est  pourri,  et  mesme  encc 
ne  meure  que  dans  I'opfiratior 
grande  pour  la  sage  femme  c 
pourtant  point  qu'elle  s'effrayt 
d'afiaire  et  d  soulager  la  maladi 
dire,  avec  cetie  difference  pou 
elle  ne  cherchera  pas  tant  de  j: 
done  qu'ayant  les  doits  dans  la 
rieures  laschent,  elle  les  pone 
yeux  pour  accrocher  i  la  masci 


n  somme,  la  manoeuvre 


bid 


irle 


dan 
rdi 
tnpi 
lest 
ide, 
bn 
fj 
app 
r « 
It  n 
ipo 


ous 
xia 

at  Si 


la  vie  de  la  mhre  et  d 
on  fera  I'accoucbeme 
vient  bien,  il  n'y  a  ri 
entiferemeni  ouverte  ( 
ei  que  t'on  soit  seur 
fers  ei  Ton  le  tirera  [ 

Quand  iirif  portion 
est  grand  si  la  fem; 
d'arrester  la  pene,  pa 
aux  parois  de  la  man 
chant  plus,  le  sang  qi 
vant  une  issue  son  ei 

Pour  ce  qui  est  i 
remade,  car  quand  m 
pas  de  mourir;  on  n' 
ce  vaisseau. 

Lorsqu'il  arrive  u 
grosse  que  de  cinq,  si: 
femme  pr^ipite  I'ac 
femme  estoit  ik  term 
quattre  doits  dans  la 
prfecipit^s  ou  j'ay  rer 
fant  parce  qu'elle  n'e 
Ton  luy  faict  violen 
d'asseurancc  un  enfaii 
plusieurs  fois  dans  ce 
pouvoient  pas  faire  t 
crochet  dont  les  deus 
dis  et  bien  polis  pou 
fant;  et  avec  ce  crocl 
et  le  desgageay  comn 

II  se  trouve  aussy 

malade;  c'est  Vadfierer, 

J'ai  remarqu6  des  3 


quelque  ponion  de  I'arriire  fai; 
\\t€  que  je  viens  de  dire,  il  est  i 
chair  est  mollasse  k  cause  de 
venant  i  humecter  les  parties 
attachtes  les  entrainent  facillei 
drois  pas  laisser  une  femtne  t 
rem^des  de  crainte  d'accident 
femme  n'aye  pas  tant  de  soin  d 
de  son  accouch^e;  elle  dira 
I'estat  des  choses  et  franchemei 
elle  le  doit  dire  afEn  qu'il  emp 
mens  et  injections  propres  1  c 
quelle  mati^re  les  remMes  s 
sage  femme  parlant  !i  uti  m^( 
ner.  Je  voudrois  bien,  monsiei 
vous  dire  que  vous  fussiez  persi 
laisse  une  portion  de  I'arridre 
ignorance;  il  est  quelquefois  ir 
souhaiterois  que  messieurs  les 
ne  pas  blasmer  une  sage  femn 
choses  pourveu  que  d'ailleurs 
cit6.  M""  Le  Vacher  ',  qui  e 
pour  une  tr^s  habile  femme, 
avoit  des  rencontre  ou  Ton  au] 
avec  r^piderme  que  tout 
matrice. 

L'arrifire  faix  sec  et  pierrei 
atrabilaire  et  m^lancolique.  ] 
destacher  que  ceux  que  j'ay 
adherent  et  gluitn^  et  qu'il  < 
parois  de  la  matrice.  C'est 
femme  doit  bien  prendre  garc 
destachera  autant  qu'elle  pour 

t .  Elle  fut  sage-femrae  en  chef  d< 


petites  portions 
IS  les  premieres 
leur  continuity 
loins  i  rendroit 
itacher  avec  les 

,  il  est  plus  dan- 
sse  et  la  duret^ 
;hent  les  secon- 
dans  les  veines, 
ins  la  matrice,  le 
lent  n'arrive  pas 
le  cette  portion 
sse  se  corrompt 
,  ronge  et  ulcere 
ent,  ce  qui  est, 
ns  remede  qui 
rions,  lavemens, 

pourroit  empes- 
et  desgager  un 
e  la  trouve  dan- 
[traction  sur  les 
imme  cela  d  qui 
)e  ne  voudrois 
idu  m^decin. 

'.  aux  arrUre  faix 
six,  c'est  que  la 
pulserce  qu'elle 
;s  h  sont  sortis, 
consequent  s'est 
e  sorte  que  Ton 
■rifere  faix.  C'est 
E  tourmente  et 
ix  lavemens,  et. 


—  3J0 

si  la  fi^vre  prend  i  h  mnlade,  el 
qui  sans  doute  ordonnera  des  injt 
pas  propres  ^  toutes  sortes  de  fen 
moment  que  les  injections  estoii 
en  convubion,  mais  celles  i  qui  o 
verain  remfede.  Aux  autres,  on  u 
femme  aura  )e  soin  de  toucher  sa 
pour  voir  si  I'arri^re  faix  parol; 
trouve  que  gros  comme  une  fevi 
ayant  retnarqu^  plusieurs  fob  que 
cette  partie  d'arriere  faix  qui  $'< 
s'arrache  facilement  et  le  reste 
I'orifice  se  referme.  Au  lieu  que, 
tion  it  renlr^  de  I'orifice,  elle  I 
cause  de  petites  douleurs  ;  quel 
sortent  qui  humectent  ces  parties 
plus  facilement.  Mais  si  elle  tro 
faix  gros  comme  une  noix,  elle 
suivra.  Ce  que  )e  dis  U  n'est  q 
jusques  ^  4  mois,  car  pour  I'avoir 
mois,  il  faut  qu'il  en  paroisse 
seroit  que  barbouiUer  et  fatiguei 
partie  et  laisser  I'autre,  qui  est  un 

II  peut  aussy  arriver  un  tris  fill 
I'arriere  faix  est  adherent  au  fons 
est  d'un  temperament  humide  et 
matrice  sont  amoUis  et  relasch&, 
vastes  et  larges.  Tout  cela  estai 
pas  sitost  apr^s  la  sortie  de  I'er 
I'arriere-faix  par  lombilic  comr 
ob^ir  le  fons  de  la  matrice  et  au 
destache,  il  I'entraine  et  emm^ne 
matrice  s'eslant  douhlee,  se  retourne 
accident  est  estrange,  car  la  mati 
grossit  ecendurcii  de  sorte  qu'il  ■ 


le  dans  un  pareil  fen- 
r  (]e  mourir.  II  ^udra 
au  lieu  de  s'amuser  i 
ic  et  s'en  serve  comme 
e,  de  crainte  que  ses 
car  cette  operation  ne 
I  cause  de  la  duret^  et 
ourtanc  absolument  le 
em ;  on  peut  appeler  le 
[ant.  Ce  n'est  pas  sans 
ime,  car  il  faut  en  ce 
auires  avoir  Hen  de  la 
er  son  jugement  bien 
re  dans  ce  qui  luy  peut 

une  femme  accouche 
}n  lit,  ec  aussy  ^  celles 
macrice  pluidst  qu'aux 
s  sec.  La  sage  femme 
;her  la  femme  au  lit 
uchant  debout,  on  la 
[uer  de  cette  mani^re, 
et  on  fera  reparation 
;era  fhite,  elle  laissera 
que  temps  jusques  k  ce 
ue  toutes  les  parties 
me  aye  assez  de  force 
ration.  Car  si  elle  est 
ur  comme  cela  arrive 
on  la  laissera  reposer 
lufTrir  la  main  de  la 
;rmine  point  le  temps 
on ;  c'est  I'affiiire  de  la 
appel6. 

IS  iej  cas  difficiies  devaieni 


—  332  — 

Cet  accident  peut  arriver  quoique  la  sage  femme  ne  tire 
point  I'arri^re  faix  et  Tarridre  faix  pourroit  ne  point  tenir  au 
fons  de  la  matrice  lors  qu'elle  sort,  et  cela  estant,  iltomberoit 
et  la  sage  femme  le  reprenant  le  doit  remettre  sur  la  matrice 
pour  lui  servir  d'oreiller  comme  j'ay  dit.  Si  elle  ne  pouvoit  se 
servir  de  Tarridre  faix,  estant  destach^,  elle  pourroit  prendre 
une  grosse  compresse  mouill6e  d'huille  d'olive  et  avec  la 
partie  chamue  du  bout  des  doits  elle  la  repousseroit,  il  fau- 
drait  que  Thuille  fust  un  peu  chaud. 


L'on  peut  connoistre  que  cet  accident  doit  arriver  lorsque 
Ton  sent  que  ces  parties  la  s'ouvrent  et  se  remplissent  plus 
qu'elles  ne  doivent,  que  I'orifice  s'abaisse  extraordinairement, 
qu'ily  a  une  pesanteurau  bout  des  doits  beaucoup  plus  grande 
qu'elle  ne  doit  estre.  La  sage  femme  ayant  bien  pris  toutes 
ses  mesures,  ne  tirera  plus  son  arridre  faix,  mais  le  laissera 
pour  quelque  temps  affin  que  la  matrice  se  resserre  et  se 
retire,  et  ce  faisant,  elle  sera  moins  en  estat  de  se  retourner. 
(Et  quoy  que  je  vous  vienne  de  dire  que  je  repoussois  le  fons 
de  la  matrice  d'une  main  et  tirois  Tombilic  de  Tautre  pour 
faire  sortir  Tarridre-faix,  je  ne  voudrois  pas  le  conseiller  a 
toutes  sortes  de  personnes  qui  n'auroyent  pas  une  grande 
prattique.) 

II  ne  faut  done  pas,  communiment  parlant,  tirer  sur 
I'arri^re  faix,  mais  porter  la  main  dans  la  matrice  et  le  desta- 
cher  tout  doucement  avec  la  partie-charnue  du  bout  des 
doits,  comme  j'ay  dit,  et  quand  il  sera  sorti,  la  sage  femme 
en  tirant  sa  main  et  I'ayant  encor  dans  le  vagin"  repoussera 
Torifice  le  plus  haut  qu'elle  pourra  et  retirera  sa  main  promp- 
tement,  fera  joindre  les  cuisses  de  la  malade,  prendra  une 
serviette  pli6e  en  quattre  doubles  et  la  rouUera  par  les  couins, 
mettra  ces  deux  rouleaux  dans  les  deux  aines,  mettra  une 
autre  serviette  en  quattre  par  dessus  et  puis  prendra  une  ser- 
viette pour  la  bander  qu'elle  mettra  bien  basse  sur  les  cuisses, 
qu'elle  bandera  le  plus  fort  qu'elle  pourra  jusques  i  I'os  pubis 
et  laissera  tout  le  haut  fortlibre  sans  estre  bandi.  Car  si  l*on 


,  cela  comprimeroit  cette 
:e,  mais  lorsque  I' on  ne 
este  par  en  bas  et  I'on  luy 
restablir  et  dese  remetire 
;  rencontre,  il  faudra  faire 
cste  fort  basse,  luy  rouller 
louxafiinqu'ellene  puisse 
les  ligamens  ronds  de  la 
estendant  les  cutsses,  lea 
oient  descendre  !a  matricc 
irera  en  cet  estat  sept  ou 
pr^s  ou  CCS  parties  sont 
onnera  souvent  de  petits 
>int  pour  alter  i  la  selle  et 
e  peut,  de  peur  qu'en  se 
la  matrice  ne  se  relasche 
ic  plus  qu'i  son  ordinaire, 
:niaines  ou  un  mois.  L'on 
s  de  Provins,  escorces  de 
le  cypres ;  Ton  luy  en  fera 
fois  et  cela  lorsqu'elle  ne 


ux  faux  germes  de  quelque 
:  faix  d'un  enfant  bless^, 
iez  pour  le  tirer,  ne  pas 
t :  cela  viendra  dans  son 

de  sang  qui  surviennent 
:  sage  femnie,  mais  it  n'y 

patience  et  (aire  donner 
nens  ^  la  malade ;  car  la 
i  raoiti^  sorti  comme  j'ay 


;n[  aussy  dans  les  accou- 
doit  fore  prendre  garde  et 


apporter  de  irte  grandes  pr^cauti 
sont  perches  et  que  Yomhitic  de  F. 
ment  et  adroitcment  le  prendre  e 
et  I'accrocher,  de  sone  qu'il  ne 
cela  ii  y  faudra  porter  la  main. 

Si  I'en&nt  vtent  bien  et  qu'il 
accrocher  cat  omblllc  derri^re  la 
aisselle;  mais  si  la  teste  est  eng; 
pourtant  remettre  cet  ombilic,  U 
tenir  toujours  U,  de  crainte  que 
efforcer  la  femtne  plus  que  Ton 
n'estoit  point  arriv^,  affin  que  pa 
et  ferme  le  passage.  Et  fort  souv 
la  teste  occupe  tout  ce  passage  et 
sortir,  il  ne  laisse  pourtant  pas  de 
pesani  et  extrSmement  glissant. 

Et  si  I'enfant  vient  mal,  la  sage 
la  matrice,  foisant  effort  si  elle 
accrochera  cet  oinbilic  i  I'une  de 
promptement  tirera  un  pied  qu'ej 
ration.  Si  elle  ne  pcut  faire  tout  i 
&  dire  accrocher  I'ombilic  et  que, 
elle  sente  que  cet  ombilic  ayt  tou 
paroistre,  elle  prendra  un  r^cha 
dans  une  escuelle  avec  deux  coir 
dans  le  vagin  aussy  chaude  que 
elle  la  conduira  jusques  i  I'oritici 
coup  ouverte,  car  quelque  fois  I' 
fice  ne  soit  ouvert  que  de  la  gra 
sols.  II  me  semble,  Monsieur,  q 
serait  meilleure  pour  mouiller  le 
gera  lors  qu'elle  jugera  que  la 
dans  tout  ce  temps  la  tiendra  ce 
une  serviette  fine  et  chaude,  ne 
femme.  Car  vous  comprenez  bi 
transpirant  par  I'ombilic  meurt  di 


qu'il  y  en  a 
dant  comme 
16vres,  et  Vt 
tir  donne  d< 
la  teste  en  b 
(car  elle  est 
vant  rompri 
la  destache 
vert  comme 
convert  jusq 
vulgaire  app 
II  y  a  des 
cette  memb 
laissent  s£ch 
Je  souhaiteri 
peine  mais  < 
au  feu  ou  qi 

Je  crois^  q 
nombre  d'ai 
enfant  est  mo 
mauvaise  bo 
palle  et  abba 
que  quelque 
femmes,  mai 
arrive  rien  d 
more  contre ' 
ne  voyant  p; 
je  trouvois, 
qu'il  n'y  avi 
apparences  ( 
quoy  que  la 
du  monde. 


I.  Rappelor 


et  qu'elle  ne  sente  point  1 
se  rendre  certaine  comti 
rencontre  la  teste  de  Ten 
pouvoir  sorir  comme  eel 
femme  et  attendra  que  le 
s'encend  si  les  eaues  sont 
que  I'enEant  vienne  bienc 
soient. 

Q.uelques  fois  aussy  il 
pour  les  deux  enfans,  qui 
les  enfant  estant  separ^s  I 
chascun  leurs  eaux  et  leui 
lorsque  le  premier  enfan 
conneu  qu'il  y  en  a  enco 
lie  pour  (aire  sortir  I'arr 
d'uti  fil  pour  empescher 
blir  I'autce  en&nt  et  te  h 

S'il  arrive  qu'un  enfac 
la  naissance,  I'on  fera  boi 
Ton  trempera  une  servietl 
ioppera  I'enfant  dedans 
apprehender  que  cela  le  I 
exprim^  :  pour  le  bien  fa 
serviette  sfeche. 

L'on  met  aussy  I'arri^r 
tenant  encor  au  ventre  d( 
passe  par  les  vaisseaux  or 

Dans  tout  ce  temps  1 
bouche,  aux  aureilles,  aui 
de  sa  pamoison . 

On  accuse  fort  souvent 
nou6  Vombilic  lors  qu'il  i 
cet  endroit  h;  mais  je  m 
scay  bien  que  lorsque  I'c 


Je  croy,  mon 
d&ir6  de  moy. 
reste  difficult^ 
aurez  la  bont^  li 
qu'il  me  sera  pc 
ser  les  defiauts  i 
vous  plaire;  les 
escrire,  et  moy 
voulez  donner 
I'ordre,  le  tour 
ment  que  ma  sii 
science  comme  '. 
le  petit  travail  C( 
de  vos  bontis  ct 
respect, 

Monsii 


L'art  d'accoi 
vers  la  fin  du 
cheurs  et  cer 
doin,  posstdaii 
de  honte  les 
cine.  Mais  si 
vaines  contro^ 
laissaient  parfc 
Pendant  tout ! 
Louis  XV  on 
du  bapilme,  cor, 
d'Adam  et  d'Ui\ 


—  34: 

dernier  mot  et  ils  rigl^rent 
details  de  ce  bapt^me  : 

On  doit  avoir,  nous  dit  Astn 
nette,  dont  le  canon  soit  long  d 
et  bien  mousse  et  arrondi,  et  i 
et  tiede. 

On  doit  ensuite  inrroduire  la 
ce  qu'on  touche  la  partie  de 
nue. 

Aprfes  quoi  on  introduitle  ca 
cette  main,  jusqu'i  ce  que  le  bou 
Alors  on  pousse  le  piston.  Tea 
I'enfant,  et  on  prononce  la  form 

L'ont-ih  /iV  el  cottpi,  comm 
l\'e  I'ojit-ils  point  lii  et  coupi  ?  t 
que  se  faisaient  accoucheu 
rant  sur  la  conduite  d'Ad 
naissance  de  Cain. 

Les  uns  pr^tendaient  qu'A( 
voir  vm  masse  inforrm  tetiir  ai 
lotig  cordon;  pour  eux  Adar 
cher  et  le  placenta  avail  dil 
du  cordon.  Les  autres  pr^te 
en  cela  les  animaux  du  para( 
cordon  de  Cain  avec  se; 
I'lirriere-Jaix.  D'liucuns  enfin 
faix  L'l  le  cordon,  qui  pend; 
deplaisaient  d  Adam  qui 
quelles  ctaient  les  difFercnle 
d'Adam  et  pendant  un  siide 


Faculty,  visitait  deux 
fr^res. 

Une  ordonnance  di 
vendeurd'espices,  et  I' 
cameiits;  ce  dernier  p 
el  espicier,  mais  I'esp 
caire  qu'apr^s  avoir  si 
d'oeuvre,  tant  d'ouvra 
despensasions  de  pouc 
receptes,  cognoissanci 
concernant  le  fail  de; 
tinctions,  les  deux  mt 
seule  corporation  oix, 
le  premier  rang. 

Jusqu'en  1537,  les  a 
la  preparation  des  me 
du  xin=  si^cle,  oeuvre 
sous  le  nom  d'Atitu 
ajoutaient  la  Pbarmacc 
pbarmacevliqves  de  Jeai 
Paris  redigea  un  Cod 
caires  durcnt  posst5der 

lin  i6j8,  une  ordor 
chands  dpiciers  ct  aux 
de  la  ville,  fauxbourg 
tuts  nouveaux,  rtglen 
cie.  Les  apothicaires  a 
4  fairc  partie  de  la  corj 
fort  richc,  puisqu'elle  < 


visile  dcs  balances  etdi 
dc  la  capitale,  car  ia  co 
jours  Hi  dtipositaire  di 

La  corporation  joua 
la  grandc  colore  des  a 
qui  lui  dcniaicnt  son 
des  poids. 

La  corporation  qui  s 
cioistrc  de  Sainte-Opp< 
cation  dc  saint  Nicola: 
litO,  en  1629,  des  armo 
et  d'or,  siir  fa^ur  d  la 
il'or  et  siir  I'or  deux  lUj 
de  France,  accompagfim 
gimde  avee  hi  devise  en  h 

Les  officines  des  ap^ 
tout  amcublcment  qu 
boltes  ou  silities  contei 
tiers  dc  fer  et  des  vase 
rcslc,  la  listc  des  medi 
et  le  Sucre  blanc  en  fal 
scuiement  unc  friandi: 
voyons  dans  la  farce  dt. 
a  cclui-ci  : 

User  vous  h 
Pour  faire  e 

On  rcmployait  cont 


faut  en  croire  Lister, 
Foyage  d  Paris  (1698), 
pharmaceiitiques  de  Jean 
apothicairerie  au  d^but 
voit  le  comptoir  orn^  d' 
se  trouve  le  maltre  apol 
prenli.  Le  mattre  a  deva 
transcrirc  les  ordonnam 
de  ses  clients,  homme  d 
sur  une  ^chelle,  cherchi 
tandis  que  I'apprenti  m; 
d'un  (^normc  mortier. 

Les  apothicaires  avai( 
rendrc  ind^pendants  de 
tr^s  mauvais  ceil  la  \ 
inspecteurs  (Tapolhicaireri 
livrer  aucun  m^dicamer 
cette  defense  augmentai 
centre  la  Faculty  tracas 
prenait  un  apothicaire 
faisait  condamner  4  I'ai 
coup  de  froissements,  ei 
et  tn^decins  itait  fort  1 
Louis  XIV. 

Les  docteurs  regents 
des  a  pauca  scd  probata 
fait  I'l^loge,  cela  no  faisa 


tin  notable  el  charitaU 
berl  Guybert,  escuyer, 
cine  de  Paris. 

Pour  bien  montre 
bcrt  y  mit  une  listet 
prix  de  chacun,  indie 
ou  ils  pouvaieni  se  1 
achepterez  les  med 
guistes,  estans  choi 
herbes,  semences,  fl 
postcau  des  halles,  d 
tout  d  bon  marche. 

Enfin,  pour  portei 
dc  b^zoards  »,  le  Mi 
parer  k  la  maison  It 
cela  d'apothicaires,  ( 
m^e  la  source  princi 

Ceux-ci,  furieux,  i 
proems  k  Guybert  et 
lettres,  ne  manque  [ 
dc  ses  a  chers  cnncr 

Les  apothicaires  en 
ses  scctaires,  qui  font 
peu  de  frais. 

Les  apothicaires  d 
besogne  que  pour  les  i 
hors  de  cette  rencontn 
qn'ils  ne  devraient  poi 
si  sec  que  personne  n' 
peuple  de  Paris  est  tell 


J-J'i*^^ 


^^ 


—  354  — 

entre  de  bonne  rheubarbe  en  sa  boutique,  il  y  avoit 
plus  de  trente  ans  '  ». 

Sous  Louis  XIV,  les  apothicaires  ^taient  devenus  de 
plus  en  plus  voleurs  et  fraudeurs.  Dans  les  Coquets  dt 
Taccouchh  *,  Tauteur  anonyme  ne  manque  pas  de  s'ele- 
ver  contrc  cet  etat  de  chose. 

La  femme  d'un  notaire  qui  itait  li  dit  :  Pour  mon  regard, 
j'ai  demeur6  il  y  a  d6ji  quelque  temps  chez  un  apothicaire; 
mais  je  ne  lui  ai  veu  employer  que  des  herbes  que  Ton  rade 
souvent  dans  mes  jardins,  et  me  souviens  qu'un  jour,comme 
j'^tais  k  la  boutique.  Ton  envoya  commander  une  mddecine; 
Tapothiquaire  ne  prit  pas  d'autres  herbes  ni  ingredients  que 
ces  mechantes  herbes.  Depuis  j*ai  lu  les  parties  pour  celui  auquel 
on  porta  la  m^decine,  lesquelles  sont  pleines  de  tant  de  dis- 
cours  6tranges  que  pour  moi  je  n'y  connais  que  le  haut  alle- 
mand,  car  il  y  avait  or,  occ,  arab,  et  toutefois  je  connaissais 
tout  ce  qui  6tait  entr6  en  cette  midecine,  et  je  jure  la  foi 
qu'il  n'y  entra  jamais  quede  mechantes  herbes. 

Vraiment  Madame,  dit  la  femme  d'un  secretaire,  il  ne  s'en 
faut  pas  s'estonner  car  s'ils  ne  fliisaient  ainsi,  n'enrichiraient 
pas  leurs  enfants  comme  ils  font. 

Valiant  lui-meme  constate  les  fourberies  des  apothi- 
caircs  parisicns. 

M.  Fontaine  nous  a  dit,  le  lo*-'  avril  1679,  chez  M°^'  de 
Longueville,  qu'il  y  avoit  des  appoticaires  dans  Paris  qui  met- 
toient  trois  ou  quatre  pommes  de  coloquinthe  dans  un  ton- 
neau  de  miel  et  cela  servoit  pour  toutes  les  sortes  d'opiates 
que  les  medecins  pouvoient  ordonner  '. 

1 .  Lestoile,  Journal  de  Henri  IV, 

2.  Les  caqiiets  de  VaccoucJj^ey  3*  journte. 

3.  Porlejeuille  Valiant ^  Bib.  nat.,  fondsfran^is  17057,  XIV,  fo8o. 


Sel  de  tamnris,  I'once 
Sei  de  chicoree,  I'once 
F^culesde  brionie,  I'once 
Castor  bien  prdpar^,  I'once 
Sucre  candy, Toncc 
Teinture  de  mars,  I'once 
Sirop  dc  corail,  I'once 
Crocus  martis  aperitif,  la  di 
Kliubarbe  la  dragnie  tres  be 

Verjus  k  livre.  On  tie  ven 
vtndenl  an  plus  j»  s.  la  pii 
Suede  plantin,  la  livre 
Sue  de  pourpier,  la  livre 
Tabac,  I'once  crud. 
Borax,  I'once 

Noisde  gales  en  poudre,  I'l 
Vitriol  romain,  I'once  vtrita 
Gomme  arabic,  I'once  4  s. . 
Terre  d'argilicre  sichc,  Ton 
Cloux  de  giroffle,  I'once 
Escorce  de  noyer,  I'once  9 
Escorce  de  grenade  I'once 
Alum,  I'once 
Mine  de  plonib  la  iivre.  El 

Ajoutons  que  malgrt 
benefice  dc  I'apothlcai 
ruble  '. 

Bourdelin  etait  un  :ip' 
volcur,  ct  nous  avons 
annote  d'une  fa^on  pcu  . 

]  ■  Nous  avons  conip.iro  Ics  pn 
MiJecin  clmrilabk,  il  y  a  une  diff 


—  J 

rallre  dans  M.  de  Poureeaug 
singuli^rementen  faveurai 
en  un  an  312  clyst^res  ; 
fanatique  de  lavement  et  ^ 
sans  emmener  avec  lui  le  « 
II  fallut  pour  miner  Tempi 
leuse  de  Moli^re,  qui  se  i 
apothicaires  et  de  leur  in 
de  mal  d  rapothicairerie 
lui-m5me.  On  reprit  I'inv 
(1668)  qui  avail  eu  I'id^e  < 
mit6  d'une  tige  flexible  re 
d'un  tiers;  d^s  lors,  les  gar 
se  d^ranger  que  rarement, 
patron. 

Cependant,  les  lavcmeni 
vogue  et  Ton  a  pu  dire  ai 
Grand  Roi  fut  aussi  le  «  s 
Simon  nous  montre  I'adro 
clyst^re  d  la  duchesse  de 
Roi  et  de  M"'^  de  Maintent 
rien  n  sans  que  la  chai 
moment  de  se  montrer 
rieuse.  » 

Des  le  dtbut  du  xvii'^  sit 
{^Iev6  centre  1'  «  cxpressioi 
gairc  B  de  lavement;  on  av 
tcrmc  par  Ic  mot  clysUre,  m 
trouv^  sa  place  que  dans  le 


-  ?6: 
ridig^s  en  prenant  cette  li^ 
se  divisait  en  huit  dracbmes 
se  subdivisait  en  trois  scruj 
oholes  ct  I'obole  en  douze 
maux  itaient  les  suivants  ; 

livre  =  360  gr. 
once  ^^  30  gr, 
drachine  ou  gros  =  3,7 

De  plus,  on  employait  au 
qui  itait  d'or  fin,  d  dix-huit 
marc  d'or  et  de  la  valeur 
fitait  d'environ  quatre  gramr 

Pour  mesurer  le  volume 
I'apothicaire  se  sen'ait  du 
12  setiers;  chaque  setiersesi 
chaque  boisseau  en  16  litroi 

Les  mesures  de  capacity  p 
sctier  de  Paris  '  valanl  8  p: 
la  chopine  2  demi-setiers, 
le  poisson  2  demi-poissons,  li 

Nous  ne  parlerons  pas  ic 
des  miniraux  et  dcs  v^g^tai 
sujet  nous  I'interdit.  Disons 
nait  des  produits  multiples  < 
pos6  donni,  la  potasse,  la 


—  J 

Enfin  si  on  faisait  chauffer 
obtenait  par  distillation  ui 
de  tartre  (melange  d'acide  a 
tones). 

On  tirait,  nous  dit  Chan 
sieurs  rem^des  de  rhomme 

Le  crdne  bumain,  en  pouc 
6tait  souverain  centre  I'^pi! 
un  antispasmodique,  et  en 
les  vieux  ulcires  ».  L'uriiie 
les  vapeurs...  »  Enfin  I'd 
ordonni  dans  les  h^morrh: 

Noinbrcuse  est  la  liste 
maux.  La  viphe  surtout  avj 
tiellcs;  sa  chair  ttait  nutri 
dtpurativc,  antiv6ntneuse 
souveraine  contre  les  fii 
variole,  rougeole,  contre  1; 
matismc,  la  paralysie.  On 
si  pris6  parM""  de  S^vign^, 
une  cau  distill^e,  un  esp 
graisse  entrait  dans  la  cc 
d'une  pommade;  son  foi 
y:ioard  animal,  d^tersif,  et  d 
tctes  gutrissaient  I'esquina 
solutivcs. 

La  corne  de  cerf  jouissait  i 


-  ,6( 

d'icrevisses,  concretions  calcai 
maux,  etaient  diur^tiques  et  . 
macaux. 

L'huile  ct  la  fiente  de  c 
lepsie  et  la  paralysie. 

Les  cloporks  et  les  vers  a 
tiques,  probablement  grSce  a 
contenaient.  Charras  les  reco 
meurs  fuligineuses,  dcres,  m; 
les  cancers,  le  scorbut,  la  gc 
douleurs  ». 

On  dctnandait  k  la  canih 
I'excitation  dc  la  scmence,  le 
abattues;  on  en  faisait  une 
dit  Charras,  la  plante  des  pie 
rinee  »! I! 

Les  fourmis  etaient  d'exce 
faut  en  croire   Vallot,  qui 
genital  du  Grand  Roi  avec 
fourmis.  La  meme  essence  ei 
culaires. 

Le  paon  blanc  itait  excellt 
vertiges;  le  bouillon  et  la  fi 
donnaient  souvent  dans  la 
aussi  une  eau  distillec,  une 
graisse  etait  un  souverain  re 
et  on  bnllait  ses  plumes  soui 
etat  de  crise,  «  pour  abattre 
de  la  matrice  ». 


prove 
Livcrai 

Lcs  pit 

etcs 

:rivait 

Les  top 
h^mor 
Les  £d 
p  acres 
It  bonr 
lit  £tar 
sotit  q: 
Dn  att 
nt,  CO 
ister  31 
irs  de  \ 
pris  ini 
Les  am 
It  en  ti 
L'onyx 
ite. 

Le  lapi; 
Le  jaspi 
ndes  \ 
rre  du 
ps;  m 
autant 
^s  piei 

Lti^pa 
rdiales 

ns  Ic  i 


En  somme, 
ment  opiac 
anesth^siqu 

Le  Mitbri 
la  plupart  di 
celie-ci  s'y  i 
beaucoup  ir 

VOrviitat 
un  alexit^re 
ment  sur  se 

L*Orvi^tan 
poisons;  com 
sortes  de  mal 
les  maiatiies  f 
coliques  ventf 
drachme  et  n 
On  le  prend 
fason  de  bol, 
cordiale. 

Sa  compo 
nait;  mais  k 
un  charlatar 
vons  plus  lo 

Une  foule 
vogue  extra 
leuses ;  noi 
livre  de  M. 
autres  : 


s, 
la 


difi 
I'hi 


par 
np< 


Venn  de  Kabel',  em 
;st  un  melange  d'ac: 
tait  souveraine  pour 

L'eau  exellenlissiim,  p 

\Jeau  de  la  reine  de 
■tait  folle  ;  «  Je  m'en 
lans  mes  poches.  C 
|uand  on  y  est  accoul 
er  B. 

Ueau  de  Jean  Vigo,  c 
,   consumer    insensib 

Les  empldlres  de  Di 
ouverains  pour  la  gui 

L'empWre  de  I'lgo, 
ntraicnt  des  vcrsdc  t< 

Les  goulles  n^-ales  it 
ir^s  tous  les  ma*ux. 

L'or  potable  du  fr^re 
,e  la  rue  Saint-Jacque 
'acide   nitriquc,  dc 
Inge  d^crivait  ainsi  h 

II  gucrit  toutcs  les  obs 
;  niacin  d  jeun  et  le  soir 
Gu^rit  par  son  usage  i 

1.  C«tte  cau  uvait,  scion  st 
Dies;  elk  arriuit  toutes  s 
dutorisaiion  d'essayer  son  e 
;vaic  couper  la  cuisse.  Malg 
lorrhagie  au  cours  de  I'opi 
youreusts  peincs,  de  so  servi 


lela 
nou 
tia 
Corr, 
lant 
ryeti 
iscY 
hresi 

le 
npo; 

sel 


Lix  |: 


u  ou 
idre 
eauc 
fut 


testn 
atrici 


d^truitcs,  leurs  vill 
et  la  Champagne  ' 
paient  surtout  dan: 
m^moirc  du  temps 

Les  pauvres  r^fugi^ 
que  d'herbes  crues,  a 
ouvriers,  qui  donDai< 
des  jours  enciers  avec 
cenu  de  pain ;  il  y  a 
les  faux-bourgs  et  dar 
et  les  morts  en  plein 

Outre  ces  paysai 
Paris  les  vieillards, 
les  laquais  sans  e 
pe-bourses.  Ces 
c(il^bre  d'Omer  Ta 
pritte  que  leurs  dn 
vendues  »,  ^talent  t 
sans  air  ni  lumiere 
les  maladies  de  lot 

La  police  6tait  ii 
causes  par  les  mem 
der  I'aumdne,  volai 
J42  hommes  furen 
Paris,  aupres  desqi 
Boileau.  devient  un 
sortir  le  soir  que  p 
goles,  pour  eloign 


Bureau  6tait  compos 
chaquc  commissairc 
quartier  de  la  vMIe, 
qiiarlier,  qui  lui  itait  ■ 
sur  la  requcste  »,  ci 
attaches  au  Bureau 
sairc,  c'^tait  le  comi 
Ovacucr  Ic  malade  su: 
evacuation  sc  faisait  ( 

A  I'Hostel  Dieu  de  Pa 
pauvres  malades,  de  qut 
quelque  maladie  qu'ils  ; 
de  grosse  verolle,  poui 
advenir;  ;mquel  Hostel 
nom,  estat,  et  pays  sont 
toriez;  et  au  sortir,  qu; 
s'il  y  decede,  U  est  ensc 
dudict  Hostel  Dieu. 

Les  malades  de  l^pn 
maladeries  de  Sainct  Laz 
Roulle,  et  autres. 

Les  malades  de  gangri 
de  Monsieur  Sainct  An 
i  I'Hospital  et  Comman 
ceuxqui  ne  sont  point  ( 
ou  les  bras  quarts  ou  pei 
envoye  avec  argent  es  a 

Ccux  qui  avaiciit  j 
ttaient  soignt^s  au  de' 
et  sccouruspar  «  VJtit 
tiques  qui  s'ctaient  e> 


de  surveillance  de  I'assistance 
du  Grand  Conseil,  et  deux  co 
cureur  du  Roy,  les  eschevins 
ncurs  du  Bureau  des  pauvre 
son  grand  vicaire,  les  abWs 
Victor,  S'"  Magloire,  S'  Germ; 
neurs  de  I'Hostel-Dieu  ou  I'l 
Chartreux,  Ci^leslins,  S'  Marl 
verneurs  des  hosphaux  de  I 
Gervais,  Lorsine,  S' Julian,  les 
S' Jacques  du  Haut  Pas,  S'Jeai 
Le  Bureau  sc  tenait  en  «  I'l 
la  pr^sidence  d'un  ministre  d 
verture  des  deliberations,  del 
voirs  au  president  du  Grand  C 

Les  bospilaiix  dont  il  es 
repondaient  pas  d  la  significa 
aujourd'hui  au  terme  d'h6pit; 
lieux  d'asile  pour  les  malades 
tement  d  ce  que  nous  ent 
hospice  :  les  vieillards,  les  in 
enfants  abandonnis,  les  voy; 
^taient  re^us. 

C'est  ainsi,  nous  dit  le  D^  G 
la  grande  rue  Sainct  Der 
Paintres,  I'boptlal  (le  Saiiict-Jacq 
Charlemagne,  ou  Ton  donnait 
pelerins  vcnant  de  Composts 


,  k  leur  depart,  une  au- 

enis  se  trouvaient  encore 
lont  religieuses  de  I'ordre 
nt  toutes  pauvres  femmes 
;  les  hibergent  par  trois 
igdeleine,  fond6  par  Hym- 
eillir  et  loger  une  nuit 
}assantes,  et,  en  partant  le 
pain  et  un  denier  parisis 
dit  Claude  Malingre  en 
ment  i  souper  ». 
porte  Baudoyer,  donne  de 
e  »  aux  hommes  et  gar- 
}}re,  rue  Saint-Denis;  Vhd- 
s,  sis  au  faubourg  Sainte- 
m-aux-Minitriers  resolvent 
iital  Saint-Marcel  ou  de  la 
t6  aux  soldats  estropi^s. 
par  son  expresse  destina- 
■  trois  cents  aveugles. 
aientnourries  ethabill^es, 
pauvres  femmes  veuves, 
t  guere  une  quarantaine. 
Vbdpiial  de  la  Misirkorde, 
e  Antoine  Siguier  ',  entre 

d'Antoine  Siguier  qui  entre  autres 
lion  de  rH6pital  de  la  Misiricorde, 
soolivresii  U  Charity,  12.COO  livres 


les  fauxbourgs  Saint-Mai 
pauvres  orphelines  de  p^ 
en  loyal  manage,  destii 
nourries  et  instruites  e 
leur  sexe,  de  I'dge  de  si: 
cinq,  ou  elles  puissent  c 
ginit^  B  '. 

Au  faubourg  Saint- Vic 
Enfermh  qui  ne  diff^raie 
son  ;  on  y  recevait  ou  p 
diants  qui  encombraienl 
lA  toutcs  sortes  de  trava 
veritable  d^p6t  de  mendi 
iier  en  m^decine,  un  c\ 
caire,  les  malades  en  6t 

Les  orphelins  et  les  en 
hdpitaux  ;  A  XhdpUiii 
Marais  par  Francois  \", 
orphelins  de  p^re  et  de  r 
du  Parisis,  c'est-d-dire 
peuple  avait  baptist  le; 
Enfants  Rouges,  parce  qu' 
Les  Eufivits  Hints  (vfiti 
etaient  les  enfants  de  \'b 
vait  rue  Siiint-Dcnis;  ■ 
pere  et  miire  vivants,  m 
qui    fussent  dcvenus  « 

1.  Chade  Milingre,  Lti  aniiqii 


—  3 
la  reine-m^re ;  Fran^oise  d 
Maintenon,  y  s^journa  qu 
de  Scarron. 

4"  Noire-Dame  de  la  Pih 
malades. 

5"  L'hdpilal  de  la  Charity 
Baptiste  de  la  ChariU,  fond' 
Saint-jean-de-Dieu.  Ces  reli 
fournis  par  la  chariti  pu 
Achille  de  Harlay,  qui  refu 
prouver  o  I'estat  au  vray 
ordinaire  que  casuel  et 
annuelles  du  couvent  et 
de  la  Charity  ».  Get  hdpita 
le  port  Malaquest  «  d  Text 
vers  la  Seine  a ;  les  Wres  de 
port^rent  ensuitc  rue  des 
ment  qu'il  occupe  encore  a 

6°  Mais  I'hbpital  principa 
portait  de  nombreuscs  d6] 
sant6  Saint-Louis  et  Saint-N 
Notre-Damc  pour  les  Incur 
valesccnles  «  establie  sur 
Dieu  B. 

VHdpilal  Saint-Louis  «  Y 
t^tait  une  creation  de  Hem 
gorge  aux  financiers  exac 
rendu,  un  hfipital  pour  li; 
I'apprcnd  unc  satire  celubrc 


87  - 

esblouys 
nt  Louis 
lis  les  marques, 
lucatons, 

1  de  DOS  monarques 
butons  '. 

manquaient.   I'hdpiul   6tait 

trop-plein  des  malades  de 

t  un  membre  de  son  bureau 


tt-Marcei,  situ^e  proche  dcs 
Grice,  recevait  les  malades 
;ieuses.  La  reine-m^re  allant 
IS  au  VaI-dc-Gr;ke  et  redou- 
31  rendit  des  ordonnances 
ison  de  Sanl6  «  au  terrouer 

sp^cifiant  que  «  la  reinc  y 
ra  54.000  livres  pour  I'Mifi- 
'a  appel6  Saiiiie-Aime  '.  » 
:  pour  les  Iticurables  avail  ^t^ 
lit^  du  faubourg  Saiut-Gcr- 
uverneurs  de  I'Hbtcl-Dieu  y 
pprend  une  brochure  relative 

les  Adminislrateurs  del'Holel- 

le  continuer  sa  residence  i  THos- 


1625. 

■  trnnsferl,  pieces  tJt-s  plu: 
e  de  Harlay. 


piial  des  Incurables,  et  avoir  le  soi 
tanr  que  pour  I'oeconomie,  direct! 
choses  n^cessaires  selon  I'establiss 
les  r^glemens  qui  seront  fnits  par  li 
et  Lhoste  le  soulageront  dans  t 
tances.  Auquel  Hospital  sera  tenu 
trois  mois  et  les  deliberations  qui 
le  demier  receu  desdits  sieurs  adi 
un  Registre,  doni  ledit  sieur  Robin 
et  seront  lesdites  deliberations  sign 
sensk  I'Assembiee. 

Le  Prieuri  de  Saint-JuUen-le-T 
particulierement  aux  convaleS' 
sexe,  la  Maismi  des  convalescentei 
le  Petit-Pont  de  I'Hdlel-Dieu 
femmes  n'ayant  s6journe  que 
Dieu. 


VHdtel-Dieii  avait  itd  fondti 
Paris,  Landry.  Au  d^but  du  r 
s'^tendait  dans  I'lle  de  la  Cit^,  s 
gauche  de  la  Seine  ;  il  comprer 
et  Saint-Augustin  parall^les  ai 
amont).  Flanquant  au  nord  la 
du  cdti  oppos6  4  la  Seine,  s'ele 
rcxiremit^  de  la  salle  Saint-Jear 
Seine,  s'^Ievait  la  salle  Saint-1 
rcgne  de  Louis  XIH,  on  avait  cc 
nant  la  direction  du  fleuve,  li 
Saint-Denis. 


—  390  — 
malades  ne  trouvent  m^me  poinl 
soni  couches  sur  des  paillasses  61 
Les  malades  ^talent  ainsi  r^pai 
la  sallc  du  L^gat  et  la  salle 
hommes  dans  les  satles  Saint-Je 
les  navr^s  dans  les  salles  Saint-* 
L'office  dcs  accoiicb^fs  occupait  une 
de  la  salle  Saint-Jean. 

A  chacune  de  ces  salles,  dJt  le  rq 
une  relligieuse  qu'on  appelle  cheftai 
les  meubles  servans  aux  pauvres  et 
les  n^cessitez  des  malades,.  et  y  demi 
le  long  du  jour,  jusques  k  ce  que  le 
pour  servir  les  malades  la  nuit,  Elle  c 
aultant  de  filles  que  luy  est  n^cessaire 
diciz  malades  aux  aisemens  que  pour 
recouvrir,  leur  donner  alimens  et  t 
qu'ils  ayent  n6cessit6  des  sacremens, 
charystie  ou  rcxtresme-onction,  elle 
pelains  pour  leur  adsister,  et  s'ils  s 
bougent  d'aupres  i  leur  crier  Jesus  M 
qu'ils  ne  soient  d^c^dfe  '. 

L'H6tel-Dieu  6tail  administr^ 
recrutait  ses  membres  parmi  les 
et  les  plus  charitables  de  la  ville 
teur  avait  son  rdle  special  :  t'un 
taillOs,  I'aulrc  d  I'office  dcs  navr^! 
de  I'ad ministration  de  Tune  de: 
reunion  constituait  done  un  v^rit 

1.  Brifile,  ColUction  dts  documents  pour  un'i 


-J^ 


•V-'J^ 


—  392  — 

avoir  une  dispense;  cette  viande,  on  ne  pouvait  I'ache- 
ter  qu'd  la  boucherie  de  THdtel-Dieu.  Les  administra- 
teurs  mettaient  ce  privilege  en  adjudication  ;  I'adjudi- 
cataire  s'engageait  d  fournir  a  bon  march^  la  viande, 
pour  les  pauvres  pendant  toute  Tannic,  mais  il  se  rat- 
trapait  pendant  le  careme,  vendant  i  taux  exorbitants 
et  d(ilivrant  la  viande  aux  personnes  sans  exiger  d'elles 
la  dispense.  Le  Parlement  fut  oblige  de  rendre  arret  sur 
arret  pour  mettre  fin  au  trafic  6hont6  et  supprima  fina- 
lement  le  privilege  de  THdtel  Dieu  '. 

Le  ser\'ice  medical  comprenait  sept  midecins  qui 
devaient  faire  leur  visite  de  8  heures  d  10  heures  du 
matin  et  changer  de  salle  tous  les  deux  mois ;  Tun  d'eux 
devait  faire  le  soir  une  contre-visite  pour  s'assurer  de 
Tetat  des  griefs,  lis  ^taient  nomm^s  par  le  Bureau  sur 
la  presentation  de  leurs  collogues  et  6taient  autorisesi 
se  faire  aider  dans  leur  visite  par  trois  ou  quatrebache- 
liers  ^ 

Sous  leur  surveillance  t^tait  plac6  le  maitre-cbirurgmty 
qui  ne  faisait  rien  sans  Tavis  du  m^decin  «  qui  devoit 
voir  toutes  les  incisions,  trous  et  operations  de  chirur- 
gie  qui  se  faisoient  d  THostel  Dieu.  »  Ce  maitre-chirur- 
gien,  nomm^  au  concours,  avait  sous  ses  ordres  «  un 
compagnon  de  capacite,  experience  reconnues,  lequel 
apres  ung  service  de  six  ans  gagnoit  la  maitrisc  suivant 


1 .  Toutes  les  pieces  relatives  a  la  boucherie  de  rH6tel-Dieu  se  trouvent 
dans  le  Portefeuille  de  Harlay, 

2.  En  1707  cependant  un  ^dit  obligea  les  bachcliers  k  suivre  pendant 
deux  ans  un  service  hospitalier,  et  pour  ^re  adtnis  k  la  licence,  ils  durent 
d^sormais  apporter  un  certificat  de  leur  chef  de  service. 


et  huit  compagnons  ou 

(rise  remplissait  un  r6!c 
de  clinique;  il  avait  la 
3mpagnons  chirurgiens, 
eu  qui  etaient  obliges  de 
leur  et  respect. 
5,    les    internes    d'alors, 

voit,  sur  les  registres  de 
[  juin  1662,  400  saignees 
ninistrer.  lis  Etaient  aidis 
pprentis  pensionnaires  du 
tertws  qui,  apr^s  un  stage 
,  entraient  4  I'Hdtel-Dieu 

leur  art.  C'est  parmi  les 
i  que  se   recrutaient  les 

le  et  de  chirurgic,  il  exis- 
sp^cial,  VOffice  des  tailUs. 
inc  salle  et  une  chambre 
nc  oil  s'asseyaitle  patient, 
)rrespondant.  Le  chirur- 
pas  le  droit  d'y  operer, 
ite   par  un   des  lithoto- 


rd^e  dans  le  dortoir  et  le  rifectoire 
I ;  cetic  afliche  enumere  taus  les 
ternes  de  I'lJpoque.  La  vie  qu'ils 
X>mu  I'a  fori  bien  d^rite  dans  sa 


—  J!*4  — 
mistes  les  plus  en  vogue  de  I'epoqui 
qu'on  vit  d  I'Office  des  taillis,  les  trois  i 
le  fils  et  le  neveu,  Lasaier,  Fournier, 
Jacques....  Ce  ne  fut  que  vers  la  fin  dv 
que  les  chirurgiens  prirenl  possession  c 
le  c^l^bre  Saviard  ct  de  Jouy. 

Mais  chirurgien  ou  lithotomiste,  Ic! 
^taient  point  meilleurs,  car  une  statis 
indiquc  une  mortality  de  vingt  pour  ce 
des  op^r^s  de  la  taille. 

La  mortality  6tait  du  reste  effrayante 
l:ntass£s  dans  des  salles  mal  a^r^es,  coui 
dans  le  m€me  lit,  les  malades  qui  y 
une  [indisposition,  y  contractaicnt  le  p 
variole  ou  d'autres  maladies  6pid6miqu{ 
d  toute  heure  du  jour  et  de  la  nuit  et  en 
lit^  que  les  prStres  ^taient  «  extraordi 
gu^s  k  administrer  les  sacrements  ».  1 
tiaient  entass^s  pSle-m£le  dans  une 
connue  des  Parisiens  de  I'ipoque  et 
chaque  nuit  au  cimeti^re  que  I'HOtel-Di 
I'hdpital  de  la  Trinity  '.  La  charrelte  act 
d  la  grande  frayeur  des  badauds,  ain 
raconte  M"^'  dc  Monlpensier  dans  ses  M 

II  m'arriva  un  accident  sur  le  petit  Pont  < 
fait  peur  un  autre  jour  que  j'aurols  eu  moin 
I'esprit :  mon  carrosse  s'accrocha  k  la  charrei 

I.  Rue  Saim-Denis. 


le  qi 
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les 
du 
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Is. 

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de 


Par  cet  6dit,  !c  : 
nouvel  ctablissemei 

«  Lepttil  Arsenal  oa 
les  ateliers  qui  couvrai 
i  vingt  arpents,  la  Jl 
que  de  la  Petite  Pitie, 
Victor,  la  Maison  et  1 
Savonnerie  avec  tous  le 
mens  qui  en  d^pendt 
ments  de  Bissestre,  cii 
avons  cy-devant  donn 
en  attendant  que  ies  p 

Les  fonds  manqu 
importance  aussi  ) 
publique  ct  le  Pari 
toutcs  les  egliscs,  qi 
dames,  ct  loterics  » 

Malgr^  la  r^sistan 
refusail  les  troncs 
moins  d'un  an  «  de 
sins,  draps  et  couve 
cun  suffiront  d  j.oo 
infirmes,  manufactu 
un  an,  qui  doitetrc 
chacun  '.  » 

En  1657,  Vl'-dil  lU 
fant  de  peines  sevei 
pitalit^  k  un  mendi; 

1 .   Porlf/euiitt  de  Harlay, 


-  398  - 
;s  directcurs  laiques  dc  i'Hospi 
fiposer  des  taxes  sur  les  eccl 
■donnances,  les  arrests,  la  cou: 
s  saints  et  sacrez  canons'  ». 
arent  6tre  vers^es.ce  qui  perm 
iser  un  peu  mieux. 

Le  Roi  contribuait  aussi,  de  se 
;  I'Hbpital  G^n^ral  qui  lui  st 
mr  les  femmes.  Cette  prison  s'a 
vis6e  en  quatre  parties,  la  M; 
ommun,  la  Prison  et  !a  Granc 

A  la  Correction  itaient  dite: 
idisciplin^es,  insoumises  et  < 
>r(>s  la  revocation  dc  I'fidit  de 
;s  protestantes  coupables  de  ris 
Dur  y  fitre  dttenue,  ii  fallait  u 

Le  Commun  r^unissait  tous  le 
j'on   amenait  en  charrette  ' 
)rte    des    archers.    Elles    ^taie 
)uchanl  sur  la  terre,  et  n'ayan 
!us  fort  de  I'hiver. 

Elles  travaillent,  le  plus  iongteni 
5  plus  p^nibles,  ct  quand  leurs 
le  I'indignation  leur  laisse  ^c 
ent,  quelque  parole  de  colore,  ui 
1   leur  rase   les   cheveux;  on  le; 

I.  Porlffruilh  de  Hailay.  »  Remontranc 

tre  souverain  sire.  » 

1.  La  tharreite  de  Manon  Lescaut. 


i  rH6tel-Dieu  tt  a 
fausse  porte  du  fa 
on  y  hospitalisait 
appert  de  o  IV/d/  l 
dans  le  Porlefeiiille 
Qjuelque  temps 
enfants  trouvis  fi 
dcvint  rapidemen 
Salp^tri^re  6tait  pe 
geaient  2.045.740 
b(^ntt  dcs  grandcs 
du  farinier  Pisaux 

I.  PorleftuilU  dc  HarJa) 


XIII 
CHARLATANS    EMPIRIQUES     ET    0P£RATEURS 


Lci  cfairlauni  n  opimcan  du  Pont-NeuF.  —  Lc  thfitre  it  rOrviiiin;  Chrisloplie 
Contugi.  —  Le  badmd  des  Ca^utls  ile  TaaiMcbie.  —  La  Picultf  ct  Copcugi.  — 
L'Ckrifun.  —  MelchissMec  Barry.  —  Let  fnudes  del  opiraleuis  thtrbcleurs.  — 
Cinneline,  I'op^titeui  dcntisle  it  It  pl«ce  Dauphinc.  —  Les  veitos  de  t'oDgnent 
de  luiius  DEI.  —  Les  gutrisseuis  it  gmise  vjrole.  —  Le  due  de  Bouillon  et  son 
SAchct  conire  U  vcnnine 

Lct  empiriquei;  li  mfdccine  empiriquc.  —  Le  frire  Ange.  —  Les  Caputins  du 
Louvre  et  le  banme  tranquille.  —  Le  chevalier  Talbot  el  le  retntde  Anglois.  —  De 
U  Maitiaitre;  V Empiric  cbtritttbU  et  VOpiratfur  iag/nu;  k  Milbodtdt  {onserwr  stt 
mali  par  le  rlgimt  de  vhve.  —  Nicolij  de  Bl^ny  ;  ia  miniifacture  royale  de  ban- 
dages ct  la  nulsoa  de  aant£  de  Pincoun. 

Le*  opf rateun.  —  Les  opirateurs  de  hargnes  giandes  et  petites ;  I'opdiaiion  roj'ale  : 
I'optraiion  du  Hi  d'or,  de  plomb,  de  chanvre;  la  cute  ladiule  pat  imaicutaiion. 
—  Les  lithotomistes ;  te  petit  ippareil  \  le  gtand  appareil  et  le  haul  apparcil.  — 
Le  frirc  Jacques  el  la  taille  Ulirilisje. 


u  XVII*  si^cle,  ainsi  que  nous  le  montre 
une  estampe  de  Rigaut,  le  Pont-Neuf 
^tait  couvert  de  boutiques  et  de  tr^- 
teaux  sur  lesquels  une  foule  de  charla- 
tans, de  dentistes,  d'op^rateurs  d^bi- 
taient  des  baumes,  des  onguents,  des  eaux  merveil- 
leuses  qui  gu^rissaient  toutes  les  maladies. 

Ces  «  affronteurs  »,  comme  les  appelle  Charras,  ava- 
laient  en  public,  «  des  poisons,  venins  ou  se  faisaient 
plquer  par  des  vipires  et  aspics  ».  lis  absorbaient 
ensuite  des  contrepoisons,  souverains  selon  eux,  et  le 
peuple  achetait  pour  quelques  sols  ia  recette  des  char- 

Le  MagUEt.  —  Lt  monde  iniilcat.  26 


—  40:^  — 

latans,  esp6rant  se  preserver  «  grace  d  elle,  de  la  peste 
etautres  maladies  contagieuses  ». 

Le  public  se  rass(;mblait  surtout  autour  des  tbidtres 
ou  se  vendait  TOrvi^tan. 

Au  d^but  du  r^gne  de  Louis  XIV,  TOrvidtan  6tait 
fabriqu^  par  un  nomm6  Christophe  Contugi  dit  VOr- 
vietan  qui  avait  re^u  par  lettres  patentes  du  Roi,  avec 
le  litre  d  op^rateur  ordinaire  de  Sa  Majesty,  le  droit  de 
vendre,  i  Texclusion  de  tous  concurrents,  son  antidote. 

Contugi  poss6dait  le  plus  luxueux  des  theatres  du 
Pont-Neuf,  s'il  faut  en  croire  une  estampe  fortcurieuse 
de  la  Bibliothtique  Nationale;  sur  ce  theatre,  une 
troupe  d'acteurs  jouait  d'abord  une  farce  pour  amor- 
cer  les  badauds,  et  Contugi  absorbant  ensuite  tous  les 
poisons  soi-disant  inconnus  que  des  compares  lui  fai- 
saient  tenir,  avalait  son  Orvi^tan  qui  forc6ment  fai- 
sait  merveille.  Le  d^bit  de  sa  drogue  6tait  considerable 
et  rapportait  de  fort  jolies  sommes  au  «  Charlatan  », 
comme  on  Fappelait  d  cette  ^poque. 

II  est  vrai  que  le  prix  de  TOrvi^tan  6tait  assez  mo- 
dique,  s41  faut  en  croire  les  Caquets  de  Tacconchie,  qui 
nous  montrent  un  flaneur  vivement  interesse  par  les 
vertus  mer\'eilleuses  de  I'antidote  c^l^bre. 

Je  me  fais  conduire  sur  le  Pont  Neuf,  ou  je  tJchais  a  aller 
le  petit  pas ;  mais  il  me  fut  impossible,  pour  estre  poussi  et 
fouU6  par  une  multitude  de  petit  peuple  de  toutessortes  d'etat, 
qui  avaient  quitti  leur  boutique  pour  venir  voir  le  Charlatan  : 
les  uns  y  menaient  leurs  enfants  plus  soigneusement  qu'au 
sermon,  les  autres  etaient  huy6s  par  leurs  femmes,  qui  se 
lamentaient  de  n'avoir  point  de  pain  a  la  maison ;  et  nean- 


^  403  — 

moins  que  leur  m^chant  mari  s'amusait  i  la  farce  plus  qu'i  sa 
besogne. 

Et  bref  quand  je  fus  arrivi  sur  le  lieu,  j'y  vis  une  si  grande 
confusion,  melte  de  querelles  et  de  batteries,  pour  les  coupe- 
bourses  qui  sy  rencontrent,  que  je  n'eus  le  loisir  que  d'entendre 
trois  ou  quatre  mots  de  leur  science,  qui  m'itonndrent  de  prime 
face,  parce  que  le  charlatan  promettait  de  gu^rir  toutes  sortes 
de  maux  en  24  heures  pour  une  pi^ce  de  huit  sols. 

La  sant^  pour  une  somme  si  modique,  le  bon  ba- 
daud  s'en  ^merveillait  regrettant  Targent  que  le  m^de- 
cin,  le  chirurgien  et  Tapothicaire  lui  avaient  coUti  : 

Je  suis  bien  miserable  d'avoir  d6pense  tant  d'argent  i  me 
faire  m^deciner  et  avoir  eu  tant  de  mal,  puisqu'avec  si  peu 
d'argent  on  pent  recouvrer  sa  sante. 

Mais  un  de  ses  voisins,  entendant  ses  lamentations, 
lui  conseillait  de  se  m^fier  des  dires  de  VOrvietan. 

Et  comme  je  me  plaignais,  un  homme  de  la  troupe  qui 
m'^coutait,  me  toucha  I'^paule  et  me  dit  :  Ne  vous  fachez 
point  de  n'avoir  us6  de  ses  drogues  :  j'en  ai  achet^  plusieurs 
fois  et  pour  beaucoup  d'argent,  pour  me  guerir  le  mal 
destomach,  les  dents  et  les  caterres ;  jay  trouv6  pour  en  avoir 
us6  mon  mal  estre  augmenti  et  ce  qui  etait  mal  procedant  de 
chaleur  voir  augment^  en  chaleur,  et  ce  qui  etait  trop  froid 
s'etre  converti  en  mauvaise  humeur.  Cest  pourquoi  je  Taban- 
donne  et  le  donne  au  diable  avec  mon  argent 

Contugi  essaya,  vers  1648,  d  obtenir  pour  son  anti- 
dote Tapprobation  de  la  Faculty  de  m^decine,  et  les 
Coinmentaires  nous  narrent  tout  au  long  son  audacieuse 
tentative.  II  envoya  au  doyen  Jacques  Perreau  une  sup- 


—  404  — 

plique  lui  demandant  de  mettre  TOrvi^tan  sur  la 
liste  des  alexitferes  reconnus.  Le  doyen  lui  r6pondit  que 
son  antidote,  possedant  des  qualit^s  si  merveilleuses, 
pouvait  se  passer  de  I'approbation  de  la  Faculty. 

Contugi  obtint  alors  de  douze  docteurs  parmi  les- 
quels  se  trouvait  de  Gorris,  des  Fougerais,  de  Mau- 
villain,  une  lettre  toute  4  la  louange  de  sa  drogue, 
lui  reconnaissant  lesvertus  les  plus  singulidres. 

La  Faculty,  furieuse  de  voir  douze  de  ses  membres 
appuyer  les  dires  d'un  charlatan,  rendit  sur  la  demande 
de  Jean  Pi^tre,  doyen  en  exercice,  un  d^cret  chassant  de 
son  sein  les  d^linquants.  Ceux-ci,  amends  4  composi- 
tion, s'humili^rent  et  sollicit^rent  leur  pardon.  La 
Faculty  le  leur  accorda,  mais  exigea  d'eux  une  retrac- 
tation 6crite  qui  fut  consignee  dans  les  Commentaires 
afin  de  perp^tuer  le  souvenir  de  cette  entente  insolite 
entre  m^decins  et  charlatan. 

Get  Orvi^tan,  que  vendait  Gontugi,  consistait  en  un 
melange  de  racines,  de  feuilles  et  de  semences  de 
plantes  aromatiques  et  stimulantes,  de  terre  argileuse, 
de  vip^res,  le  tout  dess^ch^  et  mis  en  poudre  :  c'dtait 
en  somme,  comme  le  dit  le  D'  Le  Paulmier  dans 
son  dtude  si  int^ressante  sur  YOrvUtan,  une  association 
de  Th^riaque  et  de  substances  entrant  dans  la  composi- 
tion du  Mithridat  et  diverses  autres  confections. 

Gontugi  avait  nombre  de  concurrents;  parmi  ceux-ci 
se  trouvait  le  c61ebre  Melchiss6dech  Barry,  «  op6rateur 
de  Sa  Majesty  ».  Gelui-ci  avait  son  th^Atre  Place  Dau- 


—  405  — 

phine,  et  s'appropria  le  nom  de  TOrvi^tan  appartenant 
4  Contugi,  qui  le  traduisit  en  justice,  et  le  fit  condamner. 
Outre  I'orvidtan,  Barry  d^bitait  nombre  de  drogues ; 
parmi  celles-ci  figurait  un  onguent  contre  les  brA- 
lures.  Pour  rexp6rimenter : 

II  se  brusloit  publiquement  les  mains  avec  un  flambeau 
allum6,  jusques  b,  se  les  rendre  toutes  ampouldes,  puis  se  fai- 
soit  appliquer  son  onguent  qui  les  guarissoit  en  deux  heures ; 
mais  auparavant,  il  avait  eu  le  soin  de  se  laver  s^crfetement 
les  mains  avec  une  certaine  eau  qui  avait  la  propri^tt  de  pre- 
server la  peau  de  Taction  du  feu,  et  de  produire  j1  sa  surface 
des  v^sicules  form^es  par  la  substance  qu'elle  tenait  en  disso- 
lution '. 

II  avait  encore,  nous  dit  M.  Le  Paulmier,  un  baume 
souverain  pour  les  blessures  avec  lequel  il  cicatrisait 
en  vingt-quatre  heures  les  coups  d'epee  qu'il  se  portait 
4  r^pigastre.  II  6tait  fort  hdbleur,  parlant  un  franfais 
baroque,  etDancourt,  qui  lui  aconsacr6  une  com^die  *, 
lui  met  dans  la  bouche  le  boniment  suivant  : 

Je  souis.  Messieurs  et  Mesdames,  ce  fameux  Melchisedec 
Barry.  G)mme  il  n'y  a  qu'un  soleil  dans  le  ciel,  il  n'y  a  aussi 
qu'un  Barry  sur  terre. 

II  y  aquatre-vingt-treize  ans  que  je  faisois  un  bruit  dediable 
i  Paris.  N'y  a-t-il  personne  ici  qui  se  souvienne  de  m'y  avoir 
vu?  En  quel  lieu  de  Tunivers  n'ai-je  point  ^t^  depuisPQiielles 
cures  n'ai-je  point  faites?  Informez-vous  de  moi  a  Siam,  on 
vous  dira  que  j'ai  gu6ri  Td^phant  blanc  d'une  colique  ntfr^- 

1 .  Sonnet  de  Courval,  Satire  conire  les  charlatans. 

2.  DsLncourt y  VOpe'rateur  Bary  (lyoi). 


—  4o6  — 

tique.  Que  Ton  derive  en  Italie,  on  saura  que  j'ai  d6livr6  la 
rtpublique  de  Raguse  d'un  cancer  qu'elle  avoit  4  la  mamelle 
gauche.  Que  Ton  demande  au  grand  Mogol  qui  Ta  saiive 
de  sa  dernifere  petite  vdrole?  Cest  Barry.  Qui  est-ce  qui  a 
arrachd  onze  dents  m^chelidres  et  quinze  cors  aux  pieds  a 
Tinfante  Atabalippa  ?  Quel  autre  pourroit-  ce  fetre  que  le  fameux 
Barry  ? 

Je  porte  avec  moi  un  baume  du  Japon  qui  noircit  les  che- 
veux  gris  et  dement  les  extraits  baptistaires ;  une  pommade  du 
Pirou  qui  rend  le  teint  uni  comme  un  miroir  et  recripit  les 
trous  de  la  petite  vcirole;  une  quintessence  de  la  Chine  qui 
aggrandit  les  yeux  et  rapproche  les  coins  de  la  bouche,  fait 
sortir  le  nez  ;\  celles  qui  n'en  ont  gudres,  et  le  fait  rentrer  h. 
celles  qui  en  ont  trop;  cnfin,  un  Elixir  sp&ifique  que  jepuisse 
appeller  le  supplement  de  la  beautd,  le  reparateur  des  visages  et 
Tabrdgd  universel  de  tous  les  charmes  qui  ont  iti  refus&  par 
la  nature. 

Mais  Contugi  aussi  bien  que  Barry  et  ses  autres 
concurrents  n'avaient  gudre  confiance  dans  leur  anti- 
dote, s'il  faut  en  croire  L.  Meyssonnier  '. 

Les  opirateurs  theriacleurs,  qu*on  nomme  charlatans  et 
saltimbanques,  se  moquent  de  tous  poisons  et  venins,  parce 
que,  avant  de  les  prendre,  ils  ont  rempli  leur  pause  de  soupe 
et  de  bouillon  gras,  et  la  viande  moUe  est  facile  4  vomir  et,  en 
avalant  le  venin  ou  poison  subtilement,  ilsavalent  finementet 
parunesouplesseet  tour  demain  adroit,  unQ  pi\u\(^dcver  re  (fan- 
^ifnoine  mis  en  poudre,  de  laquelle  avec  quelque  portion  d'alofes, 
ils  composent  une  masse,  ce  qui  se  peut  faire  aussi  avec  du  sue 
de  rdglisse.  Quelques-uns,  prenant  du  vin  avec  ou  incontinent 
aprds,  au  lieu  de  vin  commun  qu'ils  disent  avaler,  prennent 
du  vintmetique  mesli  parmi  un  peu  de  vin  clairet...  et  sitot 

I.  L.  Meyssonnier,  Des  maladies  venemtiseSy  passage  cit^  par  le  D*^  Le 
Paulmier, 


—  40-7  — 

<ju*ils  sentent  Tenvie  de  vomir,  en  passant  derriire  la  tapisserie 
du  theatre,  ik  d6g...  incontinent  sans  que  Tassistance  s'en 
aper^joive,  pendant  que  les  autres  personnages  de  la  troupe 
entretiennent  la  compagnie;  apres,  ils  prennent  de  leur  anti- 
dote ou  Orvidtan,  en  quoi  consiste  (disent-ils)  tout  leur 
contrepoison.  Mais,  sans  le  tour  de  souplesse  dont  j'ai  parli, 
ils  n*ont  garde  de  s'exposer.  Outre  qu'ils  s'accoutument  plu- 
sieurs  mois  auparavant  que  de  se  hazarder,  k  prendre  a  jeun 
tons  les  matins,  ou  du  th^riaque  bien  compost  ou  du  mithri- 
date,  comme  faisait  ce  roi  du  Pont  qui  a  donne  son  nom  A  cette 
ancienne  composition. 

Plus  sceptiques  encore  que  Meyssonnier,  nous 
croyons  avec  M.  Le  Paulmier  que  les  charlatans  substi- 
tuaient  d  la  substance  v^n^neuse  un  corps  inerte  dont 
ils  n'avaient  rien  i  redouter,  se  jouant  ainsi  de  la  foule 
des  badauds  parisiens  qui  assiigeaient  leurs  treteaux. 
Cependant  divers  charlatans  furent  victimes  de  leur 
croyance  en  leur  antidote,  s'il  faut  en  croire  Charras 
qui  nous  dit  dans  sa  Pharmacopee  : 

II  leur  est  arrive  en  divers  lieux,  que  leur  orvietan  n'a  pu 
les  garantir  contre  les  Venins  ou  Poisons  lorsqu'ils  leur  ont 
este  portez  sur  leur  Theatre  par  des  personnes  qui  n'estoient 
pas  de  leur  faction,  non  plus  que  de  la  morsure  des  Aspics  ou 
des  Viperes  qui  n'avoient  pas  auparavant  passt^  par  leurs 
mains.  Si  ces  affronteurs  avoient  rencontr^  dans  toutes  les 
villes  des  personnes  m^fiantes,  et  de  Thumeur  de  ceux  qui 
ont,  en  certains  lieux,  pris  plaisir  a  d^couvrir  leurs  impos- 
tures, ils  n'auroient  pas  couru  tant  de  pais  ni  trompi  tant  de 
monde. 

Outre  les  vendeurs  d'orviitan  et  spiculant  comme 
eux  sur   la  cr^dulite   populaire,   d  autres  charlatans, 


—  4o8  — 

Dentistes  \  Oculistes  %  BotanisteSy  CbimisteSy  Herboristes, 
exer?aient  leur  industrie  sur  le  Pont-Neuf. 


1 .  II  y  avait  k  Paris  beaucoup  de  dentistes,  car  les  chirurgtens,  «  pour 
avoir  la  main  ferme  et  l^g^re  »,  ne  devaient  pas  arracher  de  dents;  de  plus, 
ajoute  Dionis  «  cette  operation  me  parait  un  peu  tenir  du  charlatan  et  du 
bateleiir.  » 

Pour  arracher  une  dent,  c  on  fait  asseoir  &  terre  sur  un  carreau  seulement 
celui  di  qui  on  veut  arracher  une  dent.  L'Op^teur  se  met  derri^re  lui,  et, 
ayant  engag^  sa  t^te  entre  ses  deux  cuisses,  ii  la  lui  fait  un  peu  hausser ;  la 
bouche  du  patient  ^tant  ouverte,  il  y  remarque  la  dent  gitee  afin  de  ne 
pas  prendre  Tune  pour  Tautre,  puis  avec  le  d6:haussoir  il  s^pare  la  gencive 
de  cette  dent  qu'il  empoigne  ensuite  avec  Tinstrument  qui  lui  aura  sembld 
le  plus  convenable  auqucl  il  fait  faire  la  bascule  pour  extraire  cette  dent. 
C2M^nd  on  ne  Ta  pas  manqu^e,  le  malade  en  se  penchant  crache  sa  dent 
avec  le  sang  qui  sort  de  la  gencive  et  dont  on  laisse  couler  quelques  cuil- 
ler^es  avant  que  de  gargariser  la  bouche  avec  de  Toxicrat.  On  pince  ensuite 
avec  deux  doigts  la  gencive  d'oCi  la  dent  est  sorti,  afin  d*en  rapprocher  les 
parties  ^cart^es,  et  on  continue  d*user  d*oxicrat  ou  de  vin  ti^de  pendant  hi 
journ^e  ». 

On  savait  plomber  et  aurifier  les  dents,  «  on  y  employoit  un  petit  mor- 
ceau  d'or  ou  d'argent  battu  auquel  on  avoit  donn^  la  figure  du  trou  oil  il 
devait  St  re  nich^.  »  Le  bas  peu  pie,  pour  payer  moins  cher  TOp^rateur,  se 
contentait  d'une  obturation  k  la  cire,  «  ce  qui  leur  procure,  dit  Dionis,  le 
meme  avantage,  puisqu'elle  emp^he  Taliment  et  la  boisson  d*y  entrer  et 
de  la  creuser  plus  avant.  » 

Non  content  d*enlever  les  dents,  Top^rateur  savait  les  remplacer;  pour 
eel  a  «  il  commande  des  dents  d*y  voire  a  peu  pr^  de  la  grandeur  de  celles 
ausquelles  on  les  substitue,  les  perce  pour  y  passer  un  ou  deux  fils  d'or 
avec  lesquelles  il  les  attache  aux  dents  voisines ;  ce  fil  toume  autour  de 
celles-ci  et  retient  les  dents  arti&cielles  aussi  fermes  que  si  elles  etaient 
naturellement  placdes.  On  connoit,  ajoute  Dionis,  de  vieilles  femmes  qui 
portent  un  ratelier  tout  entier  de  fausses  dents  et  qui  n'oseroient  presque 
ouvrir  la  bouche,  de  crainte  qu'on  tie  s*aper^ut  de  cette  substitution.  » 

2.  Si  les  oculistes  du  Pont-Ncuf  se  contentaient  de  d^biter  de  Teau  de 
casse-lunettes  et  des  poudres  merveilleuses  pour  fondre  la  cataracte,  cette 
dernidre  maladie  ^tait  trait^e  chirurgicalement  par  des  Op^rateurs  et  avec 
beaucoup  de  succte.  Les  instruments  employes  le  sont  encore  aujourd'hui : 
une  aiguille  ronde  et  une  aiguille  en  fer  de  lance. 

L'Op^rateur  et  son  malade  se  pla^ient  sur  un  banc,  face  k  face,  la  t^e 
du  patient  pench^e  en  arri^re  et  appuy^e  sur  la  poitrine  d'un  aide.  L'op^ra- 
teur  mdchait  un  peu  de  fenouil,  qu*il  soufflait  dans  I'ceil  «  afin  d*exdter 
quelque  mouvcment  k  la  prunelle  »,  puis  enfon^ait  I'aiguille  dans  le  corps 
de  Toeil  «  jusqu*^  ce  qu'il  aper^oive  cet  instrument  au  travers  de  la  comte 
et  qu'il  soit  au  milieu  de  la  cataracte  qu*il  atteindra  par  le  haut  avec  la 
pointe  de  T aiguille  et  qu'il  abaissera  jusqu'au  bas  de  la  prunelle  ou  il  la 


(■,i:nARD     DOW 


i.i;  1)i:ntisti; 


—  409  — 

Un  des  plus  cd^bres,  fut  Top^rateur  dentiste  Carme- 
line,  dont  M.  le  Paulmier  nous  raconte  Thistoire.  Son 
theatre  6tait  dresse  sur  le  Pont-Neuf,  d  I'entr^e  de  la 
Place  Dauphine,  «  vis-a-vis  du  cheval  de  bronze  ». 
Doue  d'une  habilete  extraordinaire,  il  fut  le  dentiste  d 
la  mode  dans  les  premieres  ann^es  du  r^gne  de 
Louis  XrV.  Sa  devise  6tait  le  fragment  dc  vers  de 
TEneide  :  «  Uno  avulso  non  deficit  alter  »,  qui  signi- 
fiait  qu'apr^s  I'extirpation  d'une  dent,  il  en  restait 
d'autres.  Verduc  raconte  au  grand  etonnement  de  Dio- 
nis  : 

Que  M.  Carmeline,  fort  habile  op^rateur  pour  les  dents,  ayant 
arrachi  une  dent  qui  n'etoit  point  gat^e  la  remit  fort  prompte- 
ment  dans  son  alveole,  ou  elle  s'affermit  si  bien  qu'il  eut 
beaucoup  de  peine  h  Tarracher  Tann^e  suivante,  la  mSme 
personne  T^tant  venue  retrouver  i  cause  que  la  douleur  Tavoit 
reprise.   • 

Carmeline  pr6tendait  arracher  les  dents  sans  douleur 
et  sans  davier.pilican,  eJivatoire,  poussoir  ou  rifragan.  «I1 
ne  se  ser\^ait,  disait-il,  que  du  pouce  et  de  Tindex  ou 
d'un  bout  d'^p^e  pour  emporter  les  dents  les  plus 
enracinees  »,  mais  6tant  donnee  la  charlatanerie  des 
op^rateurs  du  Pont-Neuf,  il  est  probable  qu'il  cachait 


tiendra  sujeite  pendant  un  petit  espjice  de  temps.  Elle  y  demeure  et  I'opera- 
tion  est  parfaite.  »  L'op^rateur  retirait  alors  Taiguille  et  montrait  ensuite  au 
malade  «  deux  verres  dans  Fun  desquels  il  y  a  de  Teau  et  dans  Tautre  du 
vin  rouge  »  ;  si  le  malade  distinguait  les  couleurs,  c*(^tait  signe  que  I'op^ra- 
tion  avait  b.i  bien  faite.  On  pla^it  ensuite  un  bandeau  sur  les  yeux  du 
malade  et «  le  jour  n*entroit  point  dans  sa  chambre  que  le  tems  des  accidens 
ne  soit  pass^.  » 


—  4^0  — 

un  davier  dans  sa  main  ou  qu'il  extrayait  sans  effort  la 
dent  dija  ddtach6e  d'un  compare. 

Tels^taient  les  charlatans  duPont-Neuf;  ilsn'^taient 
point  les  seuls  d  Paris,  car  sous  Louis  XIV,  la  capitale 
fut  infest^e  de  charlatans  de  toutes  sortes. 

A  rheure  ou  je  vous  parle,  ecrivait  Brueys  en  1698,  on  ne 
voir  dans  Paris  que  gens  a  secrets,  souffleurs  (alchimistes), 
chimistes,  charlatans  de  toutes  nations  et  de  toutes  especes. 
Les  coins  de  rues  sont  accablds  de  leurs  affiches  :  chaque 
matin  y  voit  6clore  un  nouveau  guirisseur. 

La  profession  etait  lucrative,  et  la  reclame,  interdite  a 
tout  commerfant,  6tait  permise  au  charlatan,  qui,  en 
vendant  sa  drogue,  6tait  cens6  la  donner  «  charitable- 
ment  »  au  grand  profit  de  Thumanit^  soufFrante  :  dans 
toutes  les  formules  de  preparations  c^l^bres,  noustrou- 
vons  un  appel  a  la  charit6  envers  les  pauvres,  temoin 
ces  deux  recettes  que  nous  avons  retrouv^es  dans  le 
Portefeuille  Valiant. 

AUX    PERSONNES   CHARITABLES 

La  veritable  maniere  de  faire  le  merveilleux  Onguent,  que 
pour  ses  grandes  vertus  Ton  appelle  manus  del  Et  ses  pro- 
priety ayant  este  si  peu  connugs  jusques  k  present;  ce  qui 
pent  avoir  empesch^  les  bons  effets  qu'en  auroient  ressenty 
ceux  qui  se  sontservis  dudit  Onguent  mal  fabriqui  :  II  auroit 
est6  centre  la  Charite  de  ne  pas  faire  part  aux  public  de  la 
m^thode  exacte  et  infaillible  de  le  faire ;  Laquelle  afin  qu'un 
chacun  en  ait  connoissance  et  que  les  personnes  de  condition 


—  411  ^ 

en  puisse  faire  faire  aysiment  pour  en  aider  leur  prochain  et 
secourir  les  pauvres,  a  est6  imprirate  et  incer6ecy-apr&. 
Dieu  soil  beny  k  jamais  \ 

L'on  donne  la  maniere  de  composer  Teau  vtciTALE  au 
public  et  Ton  supplie  les  personnes  riches  et  chari tables  de 
vouloir  en  donner  lib^ralement  aux  pauvres;  outre  le  soula- 
gement  ou  garison  qu'ils  en  recevront,  ce  sera  le  moien  de 
leur  attirer  les  benedictions  du  Ciel,  puis  que  selon  la  parole 
de  Jesus-Christ,  ce  que  vous  ferez  aux  pauvres,  je  le  tiendrai 
fait  k  moy-mesme  *. 

Ces  secrets  merveilleux  gu^rissaient  toutes  les  mala- 
dies sans  le  secours  du  medecin,  s'il  faut  en  croire  les 
prospectus.  Citons  seulement  les  «  vertus  et  propri6t^s 
principalles  »  de  Tonguent  de  Manus  Dei, 

II  modifie  fort  et  fait  revenir  la  chair  nouvelle  sans  faire 
corruption  i  la  playe. 

II  unit  les  nerfs  coupp6s  ou  cassis  en  quelque  manifere  que 
ce  soit. 

II  guarit  toute  enflure,  mesme  si  quelqu'un  avoit  la  teste 
enflee  outre  mesure,  niais  il  faut  raser  les  cheveux  avant  qu'y 
mettre  TEmplastre. 

II  guarit  les  harquebuzades  et  esteint  le  feu  qui  en  provient, 
il  fait  sortir  le  plomb  ou  fer  des  playes. 

II  guarit  aussi  les  coups  de  filches  et  attire  les  os  rompus 
s'il  y  en  a  dans  le  corps. 

II  guarit  toutes  morsures  de  bestes  venimeuses  et  enrag^es; 
car  il  attire  subitement  le  venin. 

II  guarit  toute  sorte  d'apostume  et  glande,  comme  aussi  le 
chancre  et  fistule. 


1.  PorUfetiille  Valiant,  p.  XIV,  fo  27. 

2.  Id.,  p.  XII,  fo  602. 


—  4^2  — 

II  guarit  encores  des  escrouelles  et  aussi  autre  apostume  de 
teste  dehors  et  dedans. 

Si  vous  en  mettez  sur  la  peste  il  la  gardera  de  passer  outre  et 
en  serez  guary. 

II  est  bon  pour  toutes  sortes  d'ulcferes  tant  vieilles  que 
nouvelles. 

II  est  excellant  pour  le  farcin  des  chevaux,  en  faisant  percer 
le  boutton  avec  un  fer  chaud,  et  raser  le  poil  de  la  largeur  du 
boutton.  II  est  aussi  excellent  et  indubitable  pour  les  clouds 
de  riie  de  chevaux,  en  faisant  un  peu  fondre  dans  une  cuillere, 
aprds  que  le  mal  aura  esti  dicouvert. 

II  est  bon  pour  la  teigne  des  enfans,  mais  il  faut  raser  les 
cheveux  avant  qu'y  mettre  Templastre. 

II  est  bon  pour  les  himorroides  tant  internes  qu'externes, 
en  relevant  TEmplastre  en  ses  n^cessites,  puis  le  remetant. 

Plusieurs  s'en  sont  servis  hcureusement  au  mal  de  dents  en 
Tappliquant  sur  la  tempe,  ou  derrifere  Toreille. 

D'autres  ont  est^  guaris  du  rheumatisme  en  Tappliquant 
sur  la  nuque  du  col,  et  mesmes  sur  les  espaules  ou  sur  les 
bras,  ce  qui  sert  aussi  aux  autres  douleurs  du  corps. 

Quand  on  se  trouve  menac^  de  paralysie  si  on  se  sert  de 
ceste  Emplastre  on  se  trouvera  bien-tost  guary  :  car  il  fortifie 
fort  les  nerfs  afFoiblis. 

II  est  bon  pour  les  fistules  qui  viennent  au  coin  de  Tceil,  et 
Vy  laissant  longtemps. 

II  est  bon  aussi  pour  les  fistules,  rest^es  apr6s  qu'on  a  este 
tailli  de  la  pierre. 

II  est  bon  pour  les  tayes  des  yeux,  mesme  qui  privent  de  la 
lumiire  comme  si  Ton  estoit  aveugle,  on  ferme  les  paupidres 
et  on  y  applique  TEmplastre  par  dessus  I'espace  de  quinze 
jours  et  davantage. 

II  arreste  le  sang  incontinent  d'une  coupure  en  essuyant 
bien  le  sang,  et  appliquant  cette  Emplastre  chauffte  au  feu. 

II  est  bon  pour  les  louppes,  y  laissant  long-temps  cette 
Emplastre. 

II  est  aussi  excellent  pour  la  bruslure,  il  faut  d*abord  laver 


—  4n  — 

la  bruslure  avec  du  vinaigre  et  du  sel,  et  puis  mettre  une 
Emplastre  dudit  Onguent.  II  faut  mettre  dans  deux  cuiller^es 
de  vinaigre  six  grains  de  sel  escras6,  et  le  faire  un  peu  ti^dir 
pour  fondre  le  sel. 

II  est  bon  aussi  pour  les  maux  qui  arrivent  aux  mammelles 
des  femmes. 

Bref  il  est  bon  i  beaucoup  d'autres  maux,  comme  Ton 
esprouve  tous  les  jours ;  Et  il  y  a  eu  plusieurs  personnes 
ausquelles  on  estoit  prest  de  coupper  la  jambe,  la  main  ou 
doigts  de  la  main^  lesquelles  par  Top^ration  et  I'application 
de  rOnguent  de  manus  dei  sans  faire  autre  chose,  en  ont 
esti  enti^rement  guaries,  n'ayant  point  est6  de  besoin  de  leur 
coupper  ny  jambe  ny  main. 

Les  charlatans  parisiens  profitaient  surtout  de  la 
frayeur  du  peuple  pour  la  «  retraite  »  impos^e  aux 
syphilitiques  qui  avaient  recours  aux  soins  des  m6de- 
cins.  lis  gu6rissaient,  disaient-ils,  a  la  plus  antique,  la 
plus  opinidtre,  et  la  plus  abandonn^e  v6rolle  avec  des 
remMes  b^nins,  familiers  et  d'un  prix  modique  ».  Les 
uns  gu6rissaient  la  v^role  en  quatre,  cinq  ou  six 
semaines,  d'autres  en  sept  jours,  et  Nicolas  de  Blegny, 
nous  ddpeint  la  charlatanerie  d'un  de  ces  a  afFron- 
teurs  ». 

Ce  nouveau  docteur  qui  avoit  fait  afficher  I'annie  derni^re, 
en  1676,  en  placarts  jaunes,  avoit  bien  prevfl  qu'il  falloit 
promettre  quelque  chose  de  surprenant  pour  s'attirer  des 
dupes ;  il  assuroit  qu'il  gu^rissoit  en  cinq  heures  les  chaudes- 
pisses  et  gonorrh6es  v6n6riennes  et  cela  sans  retour  et  sans 
suittes  fdcheuses.  Mais  il  avoit  aussi  comme  les  autres  un 
moyen  pour  se  tirer  dembarras;  il  vouloit  quelles  fusent  nou- 
velles  et  que  personne  ny  eust  encore  fait  de  remfedes,  et 
quand  aprdsavoirescroqu^  quelque  argent  et  donn^son  bolus, 


\ 


'i 


—  414  — 

les  malades  se  platgnoient  de  la  continuation  de  leurs  maux, 
ilsoutenoit  i  tort  et  a  travers  qu'avant  luy  on  y  avoit.travaillt, 
ou  que  la  mati6re  avoit  esti  regeue  plusieurs  jours  aupara- 
vant. 


Le  charlatan  dont  nous  parle  de  Bl^gny  n'^tait  point 
le  seul  4  faire  afficher  a  en  placarts  jaunes  »  les 
m^rites  de  ses  rem^des.  Tous  les  gu^risseurs  de  v^role 
couvraient  les  murs  de  leurs  affiches  et  faisaient  dis- 
tribuer  des  prospectus,  dans  lesquels  ils  mettaient  en 
garde  les  malades  contre  Tignorance  des  m^decins  de 
la  Faculty. 

Vers  la  fin  du  xvii^  siecle  et  le  commencement  du 
si^cle  suivant,  il  y  eut  une  recrudescence  de  tous  ces 
charlatans,  gu^risseurs  de  v^role,  qui  s'entendaient 
comme  d  present  avec  des  pharmaciens  peu  scrupu- 
leux  pour  d^valiser  le  malheureux  qui  se  laissait 
6blouir  par  toutes  leurs  promesses  : 

Paris  est  la  villa  la  plus  infest^e  daces  canailles  %  toutes  les 


I .  Ces  canailles  devenaient  souvent  rapidement  cel^bres ;  une  cure  mer- 
veilleuse  les  faisait  connattre  de  tout  Paris ;  t^moin  une  lettre  de  Conrar  ii 
M««  de  Sabl^,  lettre  que  nous  avons  trouv^e  dans  le  PorUfeuille  Valiant. 
La  marquise,  qui  aVait  Toreille  dure,  avait  entendu  parler  d'un  nomm^  La 
Baume,  de  Languedoc,  qui  rendait  Touie  aux  sourds.  Conrar,  qui  lui-m^me 
ctait  sourd  comme  un  pot,  s'il  faut  en  croire  scs  biographes,  lui  conseille 
dans  cette  lettre  de  se  m^Ber  de  ce  charlatan,  «  qui  se  vante,  avec  une  har- 
diesse  Strange,  de  gudrir  toute  sorte  de  fi^vres,  de  dissoudre  les  pierres 
dans  les  reins  et  dans  la  vessie,  de  rem(^dier  au  cancer,  4  la  goutte,  i  la 
paralysie,  ^  la  pleur^sie,  et  enfin  ^  tous  les  maux  les  plus  dangereux.  » 

Cependant  ce  La  Baume  avait  eu  des  r^sultats  merveilleux  grdce  it  une 
tisane  purgative  et  Conrar  ajoute  :  «  Apr^s  tout  cela,  cet  homme  est  si 
h^bleur  et  a  tellement  la  mine  d'un  charlatan,  que  je  n*ose  m'y  fier.  II  n*a 
aucune  connoissance  de  la  m^decine  et  je  croy  qu*il  n'a  qu'un  seul  remade 
pour  toute  sorte  de  maux.  II  prt^tend  que  ce  remade,  purifiant  le  sang,  peut 


—  41$  - 

rues  y  sont  tapisstes  d'affiches,  et  il  sufEt  d'y  aller  a  pied 
pour  recevoir  autant  de  billets  qu'il  en  faut  pour  servir  k 
toutes  les  selles  qu'on  peut  faire.  Cest  assez  qu'il  soit  tomb6 
entre  les  mains  de  ces  Coquins,  des  receptes  ou  des  livres 
de  secrets  de  medecine,  pour  se  dire  aussi  tost  M^decins 
Spagiristes  et  pour  assurer  impun^ment  qu'ils  ont  des  moyens 
assurez  pour  oster  les  maladies  les  plus  rebelles  et  les  plus 
invetertes.  On  en  voit  quelquefois  des  douzaines  qui 
se  manifestent  tout  d'un  coup  comme  un  tas  de  cham- 
pignons venus  en  une  seule  nuit  et  qui  s'^vanouissent 
comme  la  fumfe  des  qu'ils  ont  filouti  deux  ou  trois  cens 
personnes.  II  est  vray  que  nous  en  avons  quelques  uns  main- 
tenant  qui  subsistent  depuis  plusieurs  ann^es  mais  ceux  cy 
ont  des  adresses  particuli^res  qui  peuvent  bien  suppleer  au 
defaut  de  leur  suffisance  et  de  leur  probiti ;  quelques  uns  se 
servent  du  voile  de  la  chariti  pour  couvrir  leur  perfidie;  ils 
font  courir  le  bruit  qu'ils  traitent  les  riches  et  les  pauvres 
sans  salaire  et  sans  recompense  et  en  etFet  ils  ne  re^oivent  de 
I'argent  de  presque  personne,  mais  ils  ont  n6antmoins  un 
moyen  pour  estre  bien  payez.  lis  font  entendre  k  leurs 
malades  qu'en  sacrifiant  pour  eux  leur  temps  leurs  soins 
et  leurs  peines  ils  ne  doivent  pas  au  moins  leur  donner 
les  drogues  qui  doivent  entrer  dans  les  compositions  qui 
leurs  sont  necessaires  et  ils  les  adressent  chez  un  Droguiste 
affide  qui  ne  manque  pas  de  leur  vendre  trois  escus  la  livre 
de  chiendant  et  une  demy  pistole  celle  de  Tautre  qu'ils  leur 
font  passer  pour  Esquine  et  Salsepareille ;  et  font  tenir  ensuite 
I'argent  regeu  k  ces  fourbes,  en  retirant  d'eux  les  drogues  ven- 
dues et  la  retribution  de  laquelle  ils  estoient  convenus  pour 
le  droit  d'aides  et  de  complices. 

Les  autres  ont  d'autant  plus  de  pratiques  dans  cet  indigne 
exercice  que  leurs  femmes  ont  soin  de  procurer  la  verolle  aux 

servir  ^  toutes  les  maladies.  Ce  qu*il  y  a  de  surprenant,  ce  sont  les  cures 
qu*il  fait.  » 

Nous  ne  savons  malheureusement  pas  si  la  Marquise  ainsi  que  Conrar 
eurent  recours  k  la  merveilleuse  tisane. 


' —  4i6  — 

jeanes  gens  par  des  intrigues  scandaleuses  et  on  m^a  mesme 
dit  qu'un  de  ceux  qui  font  icy  le  plus  de  bruit  faboit  distri- 
buer  ses  billets  pour  la  guerison  des  maladies  veneriennes  i. 
une  revue  generale  que  le  roy  fit  il  y  a  quelques  annees 
dans  la  plaine  d'Ouille,  tandis  que  sa  feinme  semoit  par  tout 
le  Camp  ces  pernicieuses  maladies,  par  le  moyen  de  7  ou  8 
fiUes  publiques  etgast^es  qu'elle  y  avoit  amenies  expres  '. 

Chose  curieuse,  les  grands  seigneurs  eux-m^mes 
faisaient  quelquefois  concurrence  aux  charlatans  pari- 
siens ;  ainsi  le  due  de  Bouillon  obtint  de  Louis  XIV, 
en  1667,  ^^  privilege  special  concernant  la  vente 
«  d'un  petit  sachet  de  la  grandeur  d'une  pi^ce 
de  1 5  sols  pour  garantir  toute  sorte  de  personne  de  la 
vermine  et  en  retirer  ceux  qui  en  sont  incommodes, 
sans  mercure  ^  » 

Mais  ce  n'dtait  point  les  charlatans  qui  faisaient  le 
plus  de  tort  aux  m^decins ;  les  Empiriques  6taient  pour 
la  profession  m^dicale  des  adversaires  beaucoup  plus 
redoutables. 

La  m^decine  empirique,  nous  dit  Nicolas  de  B16gny  \ 
a  est  celle  qui  est  pratiqu^e  par  des  particuliers  dont 
r^tude  n'a  pas  6t6  assez  r^gl^e  pour  parvenir  aux 
degrez  et  qui  se  fonde  principalement  sur  les  6preuves 
de  quelques  receptes  m^dicinales.  »  Elle  dtait  surtout 


1.  Nicolas  de  Bl^gny,  L'Art  de gudrir  les  maladies vMriennes  (1677). 

2.  Phrase  cit^e  en  fran9ais  par  lord  King,  The  life  of  John  Locke,  ^d.  de 
1830,  t.  I,  p.  159. 

3.  Fait  curieux,  c'est  que  N.  de  Bl^gny  qui  nous  donne  cette  definition 
peu  flatteuse  de  la  M^decine  empirique,  fut  lui-intoe  le  type  du  m^ecin 
empirique. 


—  417  — 
s  des   eccl^siastiques  et   des  moines; 
TS,  les  Capucins  du  Louvre  et  le  fr^re 
tout  c6l6bres. 

[e,  capucin  du  couvent  du  faubourg 
vait  ^t^  gar^on  apothicaJre ;  toute  sa 
t  Dionis,  consistait  dans  la  preparation 
s'appeloit  mesant^rique  b,  et  qu'il  fai- 
tous  ceux  qui  avaient  recours  i  lui. 
le  Valiant,  qui  avail  souvent  recours  d 
diclaraii  que  a  s'il  faisoit  du  tort  d  la 
toit  pas  du  tout  charlatan  ».  Du  teste, 
a  c'6toit  un  bon  homme  qui  parloil  de 
I  le  croyoit  comme  il  le  disoit.  »  II  eut 
d  Paris  que  la  Dauphine.  malade,  le  fit 
sa  science  et  ses  drogues  ne  purent 
de  la  princesse  et  «  il  s'en  retourna 
It,  bien  chagrin  de  ce  que  M"'=  la  Dau- 
pas  eu  autant  de  confiance  en  ses 
avoient  les  bonnes  gens  de  son  quar- 

;ux  Sirop  m^sent^rique,  le  fr^re  Ange 
iau  v^getale,  une  Poudre  electorate  et 
ux  Or  potable,  dont  nous  avons  d^cril 
les  vertus. 

cins  eurent  aussi  une  vogue  extraordi- 
rent  des  guerisons  tellement  merveil- 
Roi  «  leur  fit  faire  des  experiences 
eur  connaissance  particuliire  ».  Bien 
ea  au  Louvre,  et  leur  fournit  I'argent 


I'' 


'^"^*TI 


••   %«  ' 


-.  418  — 

necessaire  a   I  etablisscment   d'un   laboratoire  ou  ils 
pussent  fabriquer  leurs  drogues. 

Ils  (itaient  deux  :  I'abbe  Rousseau  et  Tabbd  Aignan, 
ct  avaient  cite  missionnaires  apostoliques  au  «  Grand 
Caire  en  figypte  ».  Le  prince  de  Condd,  qu'ils  avaient 
gueri,  les  prit  sous  sa  protection,  et,  grace  a  unc 
reclame  habilement  faite  dans  le  Mercure  galant  par  les 
deux  cc  Capucins  du  Louvre  »,  ils  eurent  bientdt une vogue 
considerable.  Valiant  ne  dddaigne  pas  de  mander  leur 
avis  sur  les  questions  qui  Tembarrassent,  et  les  bons 
Peres,  qui  etaient  hableurs  comme  de  vulgaires  charla- 
tans du  Pont-Neuf ,  se  moquent  agreablement  de  iui, 
lui  racontant  les  bourdes  les  plus  invraisemblables. 

Les  capucins  du  Lx)uvre  *  qui  sont  icy  de  retour  nous  dirent 
hier  31*  may  1681  que  le  pourpier  tout  crud  maschiestoit 
un  remede  admirable  pour  les  inflammations,  qu'on  Tap- 
pliquoit  sur  les  eresipelles  avec  un  succes  merveilleux. 
Ils  disent  aussi  que  M*"  de  Charo  s'estoit  gueri  des  eresi- 
pelles qu'il  avoit  aux  jambes  par  leurs  conseils  en  portant  des 
chaussettes  qui  avoient  este  tremp^es  dans  le  sang  d*un  lievre 
comme  Vanhelmon  le  propose ;  que  I'ambre  gris  qui  vient  du 
costi  de  TEgypte  est  fait  de  miel  ou  de  la  ruche  a  miel  que 
les  abeilles  font  dans  des  rochers  qui  sont  sur  le  bord  de  la 
mer  qui  est  destachi  par  quelque  vent  ou  par  quelque  autre 
chose  et  qui  flottant  sur  la  mer  se  cuit  et  devient  tendre. 
Une  preuve  de  cela  c'est  qu'ils  ont  trouv^  des  pieces  d'anibre 
qui  estoient  moitie  rayons  de  miel  et  moiti6  ambre  etc...; 
que  la  manne  se  faisoit  A  Naple  des  branches  du  fresne  que 
Ton  fendoit  et  d'ou  distilloit  un  sue  qui  devenoit  manne. 


; 


M"^^"  de  Sevignd  fut  aussi  une  fervente  admiratrice 

I.  Portefetiille  Valiant,  Bibl,  Nat.  fonds  fran^ais,  1705S,  XI,  f°29l. 


J 


—  4^0  — ' 

que  nous  pumes  trouver  d'Anodins  v6neneux,  de  Cephaliques 
et  d'herbes  chaudes  odorantes;  scavoir  les  Solanums,  Racemo- 
sum  et  Furiosum  ou  Maniacum,  la  Jusquiame,  les  teres  de 
Pavot,  la  Morelle,  le  Tabac,  de  chacun  quatre  poignees ;  le 
Romarin,  la  Sauge,  laRhue,  I'Absinte,  I'Hysope,  la  Lavande, 
le  Thim,  la  Tanasie,  les  fleurs  de  Sureau  ou  d'Hyebles,  le 
Millepertuis  et  la  Persicaria,  i  cause  de  la  vertu  constell6e  de 
ces  deux  derniers;  de  chacun  une  poign6e,  le  tout  bien  hachi, 
bien  pili  et  bien  mele.  Aprfe  quoy  nous  mimes  bouillir  de 
Thuile  d'olives  dans  un  chaudron  sur  le  feu;  et  Thuile  6tant 
trds  chaude  comme  pour  frire,  nous  y  jettimes  par  poign6e 
du  melange  de  toutes  ces  herbes,  nous  fimes  bouillir  jusqu'k 
ce  qu'elles  fussent  bien  rissolees  et  friables  entre  les  doigts. 
Pour  lors  nous  les  retirAmes  avec  une  icumoire  pour  les 
mettre  igouter  afin  de  ne  rien  perdre.  Nous  remimes  d'autres 
herbes,  comme  la  premiere  fois,  autant  que  I'Huile  en  pou- 
voit  couvrir.  Nous  les  fimes  encore  cuire  jusqu'^  rissoler  et 
nous  continu^mes,  r^it^rant  ainsi  jusques  k  quatre  cuites 
d'herbe  dans  la  mfeme  Huile.  Nous  gardimes  cette  Huile  pr6- 
cieuse  anim6e  des  Huiles  de  Souffres  de  toutes  ces  plantes 
concentres  ensemble  d'une  mani^re  particuliire, 

Le  tout  formait  «  un  remade  si  rare  et  si  excellent 
qu'on  auroit  peine  4  le  croire,  ajoutait  le  p6re  Capucin, 
si  les  effets  continuels  et  les  experiences  r^it^r^es  tant 
de  fois  sans  erreur,  n'en  rendoient  t^moignage  ». 

Mais  le  remade  6tait  surtout  souverain  quand  on  y 
ajoutait  : 

Autant  de  gros  crapaux  qu'il  y  avoit  de  livres  d'huile. 
Lesquels  il  faut  faire  bouillir  comme  dessus,  tant  qu'ils  soient 
presque  briilez  dans  Thuile  :  avec  laquelle  leur  sue  et  leur 
graisse  se  m^le  et  augmente  beaucoup  I'excellence  du  RemMe 
sans  qu'on  puisse  craindre  que  I'addition  de  ces  aniniaux  si 
veneneux  y  communique  aucune  mauvaise  quality,  et  cela 


i 


irable  centre  la  peste  et  toutes  les 
tagieuses. 


ance  ensuite  dans  des  disserta- 
raiment  bizarres  sur  les  rnceurs 


on  met  un  crapaux  dans  un  vais- 
I'il  ne  puisse  pas  en  sonir  et  qu'on 
inimal  ayant  fait  tous  ses  efforts 
eau  et  fuir;  il  se  retourne,  vous 
d'instant  aprds  tombe  mort.  Van 
k  une  id^e  de  peur  horrible  que  le 
;  rhomme. 

ta  quatrc  fois  I'cxperitnce;  les 
rent ;  il  est  vrai  que  ce  fut  en 
dit-il,  se  r^cria  que  j'^tois  un 
rue  une  bCte  qu'ils  croyent  £tre 

;use  id^e  de  r^peter  une  cin- 
,  d  Lyon  cette  fois  : 

ux  mourdt,  j'en  pensay  mourir 
rds  avoir  tenti  inutilenient  de  sor- 
it  s'enflaot  extraordinairement  et 
ieds,  il  souffloit  imp^tueusement 
:  me  regardoit  aussi  sans  varier  les 
;menr  rougir  et  s'enflammer.  II  me 
se  universelle,  qui  alia  d'un  coup 
accompagnf  d'une  sueur  froide  et 
selles  et  par  les  urines.  De  sorte 
ivais  rien  pour  lots  de  plus  present 
I  poudre  de  vipires ;  doni  on  me 


donna  une  grande  dose  qui  me  fit  reveni 
d'en  prendre  soiret  matin  pendant  huit  jo 
me  dura.  C'est  peut-Stre  le  Basilic  de  quel 
pretend  qu'il  tuede  sa  vue  ou  du  moins  il 

La  composition  du  baume,  que  soi 
nomma  «  tranquille  '»,  une  fois  conni 
en  ctaient  Ics  usages. 

Pour  a  les  EsquJnandes  avant  que  I'abce 
ter  de  cette  huile  le  plus  chaudemcnt  qi 
main  p;ir  route  la  gorge  pendant  un  der 
quaud  Talxez  est  formi  il  taut  m61er  le  1 
d'esprii  de  Sei  armoaiac  qui  fait  une  sorte 

Pour  les  «  fluxions  et  inflammations  c 
tion  du  baume  seul  h  chaud  sur  la  poitri 
trop  pressant,  on  en  donne  par  la  bouche  ] 
une  demie  cuiUerie  ou  une  cuiilerie  ». 

La  m^me  chose  pour  b  les  coliques  el 
des  EntrailEes ;  on  en  donne  de  plus  en 
trois  cuillertes,  reiiirant  les  lavemens  de  te 

Pour  les  brfllures,  si  on  met  de  suite 
sent  aucune  douleur  non  plus  que  si  on 
quoique  la  peau  et  la  chair  soit  toute  brd 
t6e. 

Pour  (1  les  playes  nouvellemement  faite 
et  la  plaie  gu^rii  en  si  peu  de  tems  qu 
quoy  qu'il  y  ait  froissement  contusion 
tion  u. 

Pour  les  regies  des  femmes  retenues  e 

I.  M,  Franklin  dans  son  IJvre  Les  miiUciits  (La 
pr6»:nd  tjuc  Ic  baume  Tut  appd£  tranquille  du  n< 
V.  Aignan,  en  religion  Pire  Tranquille.  Qjie  le  Pire 

dans  la  suite  P^re  Tranquille,  rien  de  plus  juste,  t 
que  c'est  i.  son  baume  qu'il  dut  son  sobriquet. 


)n  de    matrice,   ■ 
tioD  par  en  bas. 


une  tnfinir^  de  fo 
uvaisc  suite  ni  ai 
:de  est  un  trisor,  qi 

facility  de  sa  comp< 
s  effets  surprenaiu: 
1  paroit  gu£rc  d'aui 

ens  pour  Ics  per 
Is  sc  vircnt  bicn; 
Tipiriqucs  ct  des 
cr  Icur  Essence  t 
Icur  veritable  H 
ent  d  ordonncr 
lement  de  monde 
igcs.  lis  suiviren 
■i  Rennes,  ou  ils 
seau,  «  d  excrcer 
ager  par  Icurs  m 

It  aussi  la  medei 
Luce,  I'abbe  Sar 

le  pere  Pierre  des 
jamais  la  c^lebri 

frere  Angc. 

It  legion ;  parmi 


—  424  — 

qui  eurent  le  plus  de  renom,  nous  citerons  Ic 
chevalier  Talbot,  le  sieur  de  la  Martini^re,  «  m^decin 
chymiste  du  Roy  »  et  surtout  Nicolas  de  Bl^gny. 


Nous  avons  d^jd  rencontre  le  chevalier  Talbot  et  son 
remede  Anglais,  qui  n'^tait  autre  qu'une  teinture  de 
quinquina;  Valiant  nous  en  parle  i  chaque  instant  et 
il  ne  craignit  point  de  demander  4  rempirique  lui- 
meme  les  renseignemenls  qu'il  a  consignes  dans  ses 
Observatiofts  de  inidecine. 

Ce  ni^decin  anglais  fait  prendre  ^  ses  malades  tous  les 
jours  trois  verres  de  son  remfede,  lequel  se  prend  une 
heure  devant  ou  une  heure  aprds  avoir  mang^.  Sy  le  malade 
ne  va  point  4  la  selle  Ton  luy  adjoute  quelque  chose  dans  la 
boisson.  EUe  est  de  la  couleur  de  la  bierre  et  presque  le 
mesme  goust.  On  prend  du  dit  remade  tous  les  jours  pen- 
dant un  mois  ou  six  semaines.  II  arrSte  la  fi^vre  au  troisieroe 
jour  de  la  prise.  L'on  mange  de  toutes  choses  bors  du  kit. 
Les  malades  vont  boire  ^  la  chambre  du  m^decin  dans  le 
palais  royal,  et  ne  veut  en  donner  ^  personne  qu'on  ne  le 
prenne  en  sa  presence,  tant  il  a  de  la  deffiance.  Le  corps  de 
son  remade  est  compost  de  bon  vin;  Ton  en  boit  un  grand 
verre  i  la  fois ;  il  n'importe  que  ce  soit  une  heure  devant  ou 
aprSs  le  manger  ' . 

Talbot,  ou  Tabor,  vint  d  Paris  vers  1676,  et  eut 
d'abord  des  debuts  assez  p^nibles,  car  la  Faculty  le 
voyait  d'un  fort  mauvais  ceil.  Mais  Tappui  du  due  de 
Bouillon,  le  protecteur  n6  de  tous  les  empiriques,  et 
surtout  les  cures  mer\^eilleuses  qu'il  obtint  grace  4  son 

J.  PorUfeuille  Valiant,  p.  VHI,  fo  258. 


~  425  — 

de  resistor  aux  attaques  de  ses 

ut  gu^ri  le  roi  d'une  fiivre  inter- 
devint  rhomme  le  plus  en  vuc 
r  par  Louis  XIV,  gratifii  d'une 
i,  il  s'installa  au  Louvre,  oil  il 
It  sa  teinture  de  quinquina,  dont 
chet^  48.000  livrcs. 
isuccis  que  les  medecins  exploi- 
Talbot  disparut  subitement  et 
i  rendil  publique  la  composition 


uoique  «  m^decin  chymiste  et 
:  »,  fut  un  empirique,  mais  d'une 
Savoyard  et  cousin  de  Francois 
is  dans  les  premieres  annies  du 
harlatan  comme  tout  empirique 
ilia  tour  5  tour  VEmpirk  cbari- 
m,  Ic  Naturaiisme  charitable  Irat- 
-.atices,  des  appartamnces  et  despar- 
umaiiie,  de  la  dependance  du  cbaud, 
:s  pelits  livres,  qui  se  vendaient 
lienl  accourir  «  chez  I'autheur, 

Pmlefeaille  Valiant,  a  la  maladie  et  U  mort 

^uMsoit  dts  fik/rts,  publii  par  ordrc  du  Roi, 

ler  dans  tous  ses  livres. 

ons  lait  raaints  empninis  dans  le  chapitre 


-t 


entre  le  Pont  Notre-Dame  et  le  Pont  aux  Changes,  a 
TEsp^rance,  pres  le  Loup  bott^  »  tons  les  ddshdritfc  de 
la  nature,  qui  se  laissaient  prendre  aux  belles  promesses 
de  rempirique. 

De  la  Martiniere  gu^rissait  toutes  les  maladies  pos- 
sibles, s'il  faut  en  croire  la  preface  de  VOpirateur  inginu  \ 

Cher  lecteur, 

Comme  nos  corps  sont  sujets  d  un  tres  grand  nombre  de 
maladies,  dont  les  unes  sont  gurries  par  les  m^dicamens  et  les 
autres  par  les  operations  de  la  main,  Dieu  m'ayant  donn^  le 
talent  de  les  gu^rir  est  ce  qui  m'a  &it  juger  ^  propos  de  vous 
advertir  que  je  taille  de  la  pierre,  et  que  par  la  sonde  je  dis- 
tingue les  causes  de  la  retention  d'urine,  et  donne  une  par- 
faite  asseurance  si  c'est  pierres,  flegmes,  sables,  galles,  ecor- 
cheures  ou  carnositez  de  la  vessie,  dont  j*en  donne  une  emigre 
gu^rison. 

Te  gu6ris  des  loupes  en  quelque  partie  du  corps  qu'elles 
puissent  estre,  et  des  d&entes  de  boyaux  et  autres  hernies, 
soit  par  bandages  et  emplastres,  ou  par  I'operation  de  la 
main  *  donnant  la  connoissance  aux  malades  si  c'est  bubono- 
celle  ou  oschocelle,  ou  philocelle,  ou  ^piplocelle,  ou  anthero- 
celle,  ou  hydrocelle,  ou  sarcocelle ',  lesquelles  hernies  les  fai- 
seurs  de  brayers  ne  connoisseur  pas. 

Je  fais  paissaires  et  emplastres  pour  la  decente  de  matrice 
des  femmes,  et  arreste  leurs  pertes  de  sang  caus^es  par 
quelques  efforts  ou  mauvais  accouchemens. 

Je  r6unis  le  bee  de  lifevre  ou  levre  fendue. 

J'abas  les  cataractes,  mouches  et  ongles  ^  qui  viennent  aux 
yeux. 


1.  Publide  par  M.  Franklin  dans  la  Vie  privee  d^ autrefois^  Us  chirurgiens, 

2.  L'op^ration  de  la  main,  c'est  le  taxis. 

3.  Bubunocde,  orcheoc61e,  pneumatoc^e,  «5piploc61e,  cnt^roc^lc... 

4.  L'onglc,  c'est  Thypopyon. 


iccidens,  san; 
s  affaires,  sar 
en  apergoive 
lis  par  poudr 
!  fortifier  I'e 
;  repos  i  ceu 

disloquez.  J 
qu'elles  puisa 
^Iles. 

mSdes  pour  l 
isieurs  mala 
es  j'iiivite  le: 
s  par  charit^ 

ents  d'un  c 
difttirence; 

;es  conseils, 
ver  sa  sa.nt< 
ipiric  Cbarit 

ect^s  par  i 
:neuses,  infei 

leaux,  les  bfit 
lent  le  plus 
considerer,  i 
anions  sont 
I'air  qui  le 
)Our  obviur 
e  Ic  lieu  ou 
la  terre,  ay 
)t^  d'Orient 
■cevoir  la  cli 
I,  subtil  et  e 
ee;  car  lorsqi 


-  428  — 

vente  de  coutume  trop  fort,  il  fait  le  plus  souvent  entrer  avec 
lui  quelque  mauvais  air,  qui  cause  des  maladies  tres  dange- 
reuses 

QjLiand  au  dormir  lorsque  Ton  veut  prendre  son  repos,  faut 
premierement  se  coucher  sur  le  cot^  droit,  puis  sur  le  cote 
gauche,  mais  n'y  pas  demeurer  lontemps.  Le  dormir  sur  le 
dos  n'est  pas  bon,  car  il  fait  retourner  les  superfluites  aux 
parties  post^rieures  du  cerveau  at  engendre  des  cathaires. 

Ceux  qui  ont  de  la  peine  k  digirer  les  viandes,  se  peuvent 
coucher  quelque  peu  sur  le  ventre  ayant  sous  leur  estomac  un 
petit  coussin,  qui  soit  bien  moUet,  et  les  bras  ^tendus;  mais 
il  ne  faut  pas  que  le  sommeil  soit  de  longue  dur^e,  car  il  fait 
tomber  les  dents  et  enfler  le  visage.  Le  chevet  du  lit  doit  Stre 
haut,  mais  non  trop,  car  la  tfite  itant  trop  droite  arrete  la 
bonne  respiration  de  I'air,  mais  aussi  ^tant  trop  basse,  les 
fumees  de  Testomac  montant  au  cerveau,  font  rever  et 
engendrent  des  maladies. 

Faut  Stre  plus  couvert  la  nuit  que  Ton  a  de  v^tements  le 
jour  parce  qu'en  dormant,  les  esprits  et  la  chaleur  naturelle 
se  retirent  dans  le  corps  aux  parties  interieures.  II  faut  prendre 
garde  en  dormant  que  la  Lune  ne  luise  sur  vous,  car  elle 
engendre  les  rhumes,  fait  cracher  le  sang  et  d^lie  les  humeurs 
froides. 

En  se  levant  faut  s'itendre  les  membres,  puis  etant  lev6, 
faut  se  peigner  pour  se  rendre  le  cerveau  plus  gaillard,  se  net- 
toyer  pareillement  le  nez  pour  faire  sortir  les  factiosites,  tant 
du  cerveau  que  de  la  poitrine,  puis  se  laver  les  yeux  d'eau 
fraiche,  pour  entretenir  sa  vue  ferme,  laver  et  nettoyer  ses 
dents,  pour  empecher  qu'elles  ne  soient  gat^es,  les  mains, 
se  v^tir  proprement  selon  sa  condition,  puis  se  promener 
environ  demi-heure,  machant  par  le  chemin  en  se  divertis- 
sant  de  TAnis,  du  Fenouil  ou  quelque  chose  semblable,  tant 
pour  se  fortifier  I'estoraac  que  pous  avoir  bonne  haleine. 

Quand  vous  prenez  votre  refection,  feut  manger  sobrement 
et  micher  bien  ce  que  vous  mangerez  afin  que  les  viandes  en 
soient  plutot  digertes  et  boire  au  milieu  et  ^  la  fin  du  repas 
et  non  a  chaque  bouch^e,  comme  font  aucuns. 


429  — 

.t  son  saoul,  mais  se  r^sen 
appetit;  car  le  ventre  etai 
It  enip^ch^.  S'i[  advient  qi 
It  manger  les  plus  l^g^res  1 
les  glosses  dtant  mangles  I 
nt  sur  I'estomac  causent 

lises  pour  U  sant£  du  corf 
icipalemem  du  bceuf  et  di 
:,  des  codindes,  des  chapo 
agnaux,  et  des  veaux  sc 
landes  des  animaux  qui  ^ 
;  dure  digestion  et  celles  c 
rissent  dans  la  fange,  encor 
tr^  bon  sang,  mats  qua 
ons. 

raons  d'eau  douce  qui  otit 
:s  poissons  de  la  mer. 
:  doit  4tre  bien  cuit,  bien 
ng,  mais  lorsqu'il  est  man 
ac  et  empeche  la  nature  ( 

vez  ne  doit  point  etre  o 
ir,  et  un  peu  douce. 
se  promener  environ  ui 
UT  aider  i  la  digestion,  pi 
ouvez  dormir  quelque  heu 
Illume  de  dormir  le  jour  st 
li  du  dormir  engendre  c 
I  rigle  coutumi^re  pour  se 
■  six  heures,  scavoir  depu 

s  du  matin 

il  remede  pour  se  mainti 

K  fois  Can  k  ceux  qui  vive 
I  tr^s  bonne,  tant  pour  (a 


fl.  ,. 


•  »■ 


—  4J0  — 

cuation  des  humeurs  qu'engendrent  les  viandes  d^Udttes  que 
pour  purifier  le  sang  '. 

Sous  Louis  XIV,  une  grande  dame  ne  se  lavait  la 
figure  qu*une  fois  tous  les  huit  jours ;  chaque  matin  elle 
se  contentait  de  passer  sur  scs  mains  une  serviette  mouil- 
l^e.  A  cette  proprete  douteuse  se  joignait  une  gloutonne- 
rie  de  r^gle,  et  tous  les  sujets  du  Grand  Roi,  sans  doute 
pour  faire  leur  cour,  proc^daient  d'indigestions  en  indi- 
gestions. Aussi  les  conseils  de  la  Martiniere  ^taient- 
ils  chose  nouvelle,  d  cette  ^poque  ou  Thygi^ne  corpo- 
relle  et  alimentaire  etait  nuUe.  Sa  Methode  vous  recon- 
cilie  un  peu  avec  les  Empiriques  et  leur  m^decine. 

Le  type  le  plus  curieux  de  TEmpirique  sous  le 
Grand  Roi  est  Nicolas  de  Bl^gny  dont  Dionis,  qui  le 
maltraite  fort,  nous  raconte  Thistoire  ^ 

Ayant  6t6  pendant  quelques  annies  Clerc  de  la  Compa- 
gnie  de  S*  Come,  ou  il  entendoit  tous  les  jours  parler  de  la 
Chirurgie  dans  les  actes  qui  s'y  font,  ilcruten  s^avoirautaot 
et  plus  que  les  Maitres  qui  la  composenc  :  il  prit  un  privilege, 
se  logea  au  Faux-bourg  S^  Germain,  et  se  maria  avec  une 
sage-femme.  II  6tablit  chez  lui  des  Conferences  de  Medecine 
et  de  Chirurgie,  dans  lesquelles  il  annon^oit  chaque  fois 
quelque  secret  de  son  invention;  les  coins  des  rues  ^toient 
pleins  d'affiches  qui  informoient  tout  Paris,  des  Elixirs,  des 
cassolettes,  des  caffetiers  '  merveilleux  avec  lesquels  il  devoit 

1.  L' Empiric  charitable^  par  le  Sieurde  la  Martiniere.  Paris,  1667,  p.  240. 

2.  Dionis,  Cours  d' operations  de  Chirurgie,  p.  330. 

3.  Caffeti^res.  B16gny  avait  iavenl^  (d6ja  !)  des  «  cafFetiires  et  chocola- 
ti^res  portatives  qui  n'occupent  A  peine  qu*une  seule  poche  et  qui  n( 
laissent  pas  de  contenir  tout  ce  qu'il  faut  de  th^,  cafft,  de  chocolai  et  d* 


;i  — 

I'acc^  auprj 
se  servit  de 
i  du  sieur  Ta 
ige  de  faire 
311  tous  les  fa 
;  et  dans  U  C 
^ers.  Maisce 
:  son  utility,  I 
en  s'en  servai 
reputation  de 
e  de  Chirurj 
bes  :ipr^s,  so 
l^faire.  Enfin 
cine,  pril  de 
;t,  comme  M 
er  tout  le  tri' 
1  S.  Esprit, 
roix,  se  fit  ap 
;eux  qu'il  crc 
ire.  Tous  ce 
laison  k  Pine 
mr  les  Eiran 


boisson  diffiret 


ie  com  me  persi 
hyrambique  dc 
imoditi  qu'on  ; 
que  les  officiers, 

rendroni  faciler 

:  nagu^re  un  ha 
et  qui  se  trouvt 
inlirmerie  est  c< 


■-% 


pour  une  certaine  somme  par  jour  ils  devoient  etre  logez,  nou- 
ris,  pansez  et  midicamentez ;  mais  le  Roi  inform^  que  ce 
n'6toit  qu'un  pr^texie  pour  cacher  les  debauches  qui  s'y  fai- 
soient,  donna  une  lettre  de  cachet  pour  Tarrfeter;  il  fut  mis 
au  Fort-rEv6que,  et  de-1^  quelque  terns  aprds  conduit  au  Chi- 
teau  d'Angers,  ou  il  fut  enferm^  pendant  7  i  8  ans  :  il  en  est 
sorti...  et  aprfes  avoir  couru  Tltalie,  il  est  venu  mouriri  Avi- 
gnon. II  ^toit  assez  bien  fait,  tou jours  proprement  v4tu,  il 
parloit  et  icrivoit  trfes  ais6ment;  il  ^toit  studieux,  inventif ' 
et  laborieux,  et  s'il  avoic  fait  un   bon   usage  des  avantages 


autant  s^ar^eset  autant  communiquables  qu'on  le  veut...  On  y  pratique 
des  moyens  infaillibles  pour  rectifier  les  constitutions  vicieuses  et  gucrir 
radicalement  toutes  les  indispositions  habituelles  qui  en  dependent  : 
asthme,  phtisie,  poulmonie,  migraine,  vapeur,  ^piiepsie,  hydropisie.  h^roor- 
rhoTdes,  vieux  ulc^res,  cancers,  varices,  etc...  II  y  a  des  lieux  oO  ks  per- 
sonnes  indigentes  sont  trait^s  k  vingt  et  trente  sols  par  jour  sek>n  le 
regime  qu'elles  doivent  observer.  11  y  en  a  d*autres  ou  les  gens  de  service 
sont  places  ^  quarante  sols.  Enfin,  il  y  a  des  chambres  particuli^res  et  des 
ordinaires  distinguez  pour  les  personnes  de  consideration,  a  trois,  k  quatre, 
a  cinq  et  i  six  livres  par  jour,  selon  la  d^pense  qu'ils  doivent  faire  et  les 
peines  qu'ils  doivent  exiger...  Soit  que  la  pension  soit  grosse  ou  niodiquc, 
toute  la  d^pense  s'y  trouve  comprise,  sans  en  rien  excepter  :  traitcment, 
remWes,  logement,  nourriture,  feu,  service,  lumi^re,  etc.  On  y  trouve 
m^me  cette  commodity  quand  on  le  souhaite,  qu'on  y  est  trait^  ik  forfait 
pour  une  somme  dont  on  convient,  au  del^  de  laquellc  on  ne  paye  rien  de 
plus,  si  opinidtre  et  si  longue  que  puissc  6tre  la  maladie.   » 

I .  II  inventa  entre  autres  choses  r  une  machine  pour  retenir  le  siege 
r^duit  »  que  le  lecteur  retrouvera  sur  la  planche  tir^e  de  VAri  de  gtUrir  les 
hernies.  Cest  la  figure  Y  et  non  loin  d'elle,  en  X,  est  figur^  un  pessaire  i 
ressort  de  fil  de  fer  en  spirale,  qui  ferait  trouver  ^l^nts  les  gigantesques 
pessaires  qu'on  ose  encore  employer  de  nos  jours.  Dionis  nous  parle  de 
I'invention  de  N.  de  Bl^gny  :  «  II  vouloit  qu'on  retint  le  boyau  dans  sa 
place  avec  le  jabot  d'un  coq  d'Inde,  lequel  on  soufHoit  pour  le  faire  enf^er 
apr^^s  qu'on  I'avoit  introduit  dans  I'anus,  ce  qui  empechoit  bien  que  le 
boyau  ne  desccndit ;  mais  comme  il  faut  6ter  cette  machine  et  la  remettre 
toutes  les  fois  que  le  malade  veut  aller  k  la  selle,  et  que  c'est  dans  de  telles 
occasions  que  le  boyau  retombe,  je  la  crois  dc  peu  d'utilit^.  » 

Bl^gny  savait  surtout  tirer  parti  des  inventions  des  autres.  Nicolas 
Lequin,  chirurgien  hemiaire,  avait  invent^,  en  1665,  le  bandage  a  ressort 
tremp^,  rempla^ant  Tancien  brayer  en  fer  mou,  d^nu^  de  toute  elasticity. 
Mais  ce  bandage,  faute  d'une  reclame  habile,  ^taii  peu  emplo)'^.  Bldgny  le 
copia  et  installa  dans  sa  Maison  de  Sant^  une  manufacture  royale  de  Ixan- 
dages.  (L.  etj.  Rainal,  Le  bandage  herniaire.) 


Phnclic   extraite   de   L'Arl  de  giicrir  Ics  heniies 
Pjr    Nicolas  de  BLEGNY  (i68S) 


~  453  — 

naturels  qu'il  avoit,  il  n'auroit  pas  &it  une  fin  aussi  mal- 
heureuse. 


Nous  n'avons  parl6  que  des  opdrateurs  du  Pont- 
Neu£  II  y  avait  d'autres  op^rateurs  qui  furent  souvent 
de  tr^s  habiles  chirurgiens,  et  qui  jouirent  d'une 
vogue  extraordinaire;  je  veux  parler  des  Opirateurs 
herniaires,  a  inciseurs  de  hargnes,  grandes  et  petites  », 
et  des  Litbotomistes. 


La  cure  radicale  de  la  hernie  se  faisait  de  diverses 
famous. 

Les  uns  «  d^couvroient  la  production  du  p^ritoine 
qui  enferme  les  vaisseaux  spermatiques  ',  et  la  cou- 
soient  de  toute  sa  longueur,  avec  un  fil  cir6;  par  ce 
moyen,  ils  r6tr6cissoient  cette  production  trop  dilat^e, 
et  emp^choient  Tintestin  de  s'y  glisser  ».  Cette  cure 
radicale  avait  iti  nomm^e  la  Royale,  parce  que,  respec- 
tant  le  testicule,  «  elle  lui  laissoit  la  liberty  de  faire  sa 
fonction  qui  est  de  donner  des  sujets  i  son  Roi  ». 

D'autres,  aprfes  avoir  d^couvert  la  production  et  les 
vaisseaux,  passaient  sous  elle  un  fil  d'or  ou  de  plomb 
dont  on  liait  les  deux  bouts  «  en  prenant  garde  qu'il 
ne  presse  point  trop  les  vaisseaux  et  qu'il  permette  au 
sang  de  couler  dans  leurs  cavit^s  ».  L'intestin  ne  pou- 
vait  p6n6trer  dans  la  production  du  p^ritoine,  serrde 
par  le  fil. 

D'aucuns,  plus  radicaux,  passaient,  sans  meme  in- 


I .  Le  Cordon  spermatique. 

Le  Maguet.  —  Le  monde  medical. 


38 


—  4J4  — 

ciser  la  peau,  un  gros  fil  de  chanvre  sous  le  cordon 
spermatique  et  en  liaient  vigoureusement  les  deux 
bouts.  La  section  du  cordon  6tait  totale  au  bout  de 
peu  de  temps  et  le  fil  tombait  de  lui-mfime. 

Les  Op^rateurs  peu  scrupuleux  se  contentaient 
d  enucl^er  le  testicule;  ils  liaient  le  cordon  «  le  plus 
proche  de  ses  anneaux  que  faire  se  peut  ».  Cette  cure 
radicale  empechait  «  que  la  hernie  se  reproduise  », 
selon  Dionis  qui  ne  manque  pas  de  fl^trir  ce  mode 
op^ratoire  par  trop  sans-gfine. 

Les  op6rateurs  ambulans,  dit-il,  sont  adroits  4  siparer 
ces  organes,  sans  que  les  Spectateurs  s'en  apper^oivent,  ils 
font  la  ligature  des  vaisseaux,  avant  que  de  tirer  le  testicule 
hors  du  scrotum,  et  avec  leur  petit  doigt  passi  par  dessous  ces 
vaisseaux  qu'ils  coupent,  ils  le  font  sortir  et  le  cachent  dans 
leur  main,  pour  le  mettre  dans  leur  gibeci^re  '  sans  6tre  vu  : 
on  a  connu  un  de  ces  Opirateurs  qui  ne  nourrissoit  son 
chien  que  de  testicules ;  le  chien  se  tenoit  sous  le  lit  ou  sous 
la  table,  proche  son  maitre,  en  attendant  ce  morceau  friant, 
dont  il  se  r^galoit  aussitdt  aprfes  qu'il  en  avoit  fait  Textirpa- 
tion,  i  rinseu  des  assistans  qui  auroient  juri  que  le  patient 
avoit  toujours  ses  parties. 

Les  opdratetirs  lithotomistes  ^taient  de  v^ritables  sp^- 
cialistes ;  «  la  plupart  des  chirurgiens,  nous  dit  Dionis, 
se  deffendoient  de  faire  la  taille,  laissant  ex^cuter  cette 
operation  d  ceux  qui  en  font  leur  capital,  et  qui 
apportent  tous  leurs  soins  pour  s'y  rendre  habiles.  » 

I .  C^tait  une  poche  de  cuir  que  les  inciseurs  de  hargnes  ou  les  lithoto- 
mistes fixaient  i  leur  ceinture,  au  moment  d'op^rer  et  qui  contenait  tous 
leurs  instruments. 


~  435  — 

Pour  tailler,  le  lithotomiste  avait  d  choisir  entre  le 
petit  appareil,  le  grand  appareil  et  le  haut  appareil. 

Le  petit  appareil  ne  n^cessitait,  comme  ce  nom  Tin- 
dique,  que  peu  d'instruments  :  un  bistouri  et  un  cro- 
chet. C^tait  la  m^thode  de  choix  chezTenfant.  Un  aide, 
assis  sur  une  chaise  haute,  prenait  le  petit  malade  sur 
ses  genoux,  a  et,  ayant  pass6  ses  mains  sous  les  j arrets, 
lui  empoignoit  les  deux  bras,  qu'il  6cartoit  de  mani^re 
que  cet  enfant  6toit  retenu  dans  une  situation  tr^s  com- 
mode pour  etre  taill6  » ;  un  second  aide  maintenait  les 
bourses  relev6es.  L'op^rateur  introduisait  alors  un  doigt 
dans  le  rectum,  et  amenait  la  pierre  proche  le  col  de  la 
vessie,  a  la  poussant  le  plus  qu'il  pent  en  dehors  »  ;  la 
pierre  faisait  saillie  et  il  incisait,  i  fond,  sur  cette  sail- 
lie;  il  passait  derriere  le  calcul  le  crochet  et  il  Tex- 
trayait  plus  ou  moins  facilement  a  avec  force  ou  sans 
force  ». 

Le  grand  appareil  necessitait  plus  d'instruments 
que  le  petit.  Le  malade  etait  mis  sur  le  bord 
d'une  table  ou  d'un  banc ;  on  lui  ramenait  les  cuisses 
contre  le  ventre,  les  talons  contre  les  fesses  et  on  lui 
liait  ensemble  le  bras,  la  cuisse  et  la  jambe  de  chaque 
c6iL  Deux  aides  tenaient  les  jambes,  les  ^cartant 
le  plus  possible;  un  troisi^me  appuyait  de  ses  deux 
mains  sur  les  ^paules  du  patient,  tandis  qu'un  qua- 
trieme  aide  lui  relevait  les  bourses  d'une  main.  Un 
cinquieme  aide  passait  les  instruments  d  Top^rateur. 
Celui-ci  introduisait  dans  I'ur^tre  du  patient  une  sonde 
mttallique,  cannel^e  sur  le  dos  de  sa  courbure ;  il  la 


—  43^  — 

confiait  au  quatri^me  aide  qui  <!c  la  poussait  en  bas  par 
la  tete,  afin  que  la  partie  courbe  et  la  premiere  intro- 
duite  de  cet  instrument  repoussant  en  dehors  Textr^- 
mit6  int^rieure  de  Tur^tre,  fasse  mieux  connoltre  et 
sentir  d  I'op^rateur  Tendroitou  il  doit  couper.  »  II  inci- 
sait  ensuite  sur  la  cannelure,  4  cdt6  du  raphd  ano-bul- 
baire,  les  teguments  et  Turfetre  sur  une  longueur  de 
deux  d  quatre  travers  de  doigts,  selon  la  grosseur  de  la 
pierre.  Cela  fait,  il  prenait  le  gorgeret,  bistouri  a  en 
forme  de  petite  6pde  »  et  Tengageant  dans  la  cannelure 
de  la  sonde,  le  conduisait  jusque  dans  la  vessie.  Grace 
4  Touverture  souvent  considerable  qu'il  avait  faite,  il 
pouvait  introduire  une  tenette  ferm6e  dans  la 
vessie,  charger  la  pierre  et  I'extraire.  II  nettoyait  ensuite 
soigneusement  la  vessie,  plagait  dans  la  plaie  une 
canule  d  demeure  et  recouvrait  le  tout  de  plumasseaux 
et  de  compresses  trempies  dans  I'oxicrat. 

Le  troisi^me  mode  op^ratoire  de  la  taille  s'appelait  le 
haut  appareiL  Cest  la  taille  de  Franco  ou  taille  sus- 
pubienne  :  <c  II  faut  faire,  nous  dit  Dionis,  une  incision 
au  bas  de  I'hypogastre,  directement  au-dessus  de  Tos 
pubis,  et  un  peu  d  c6t6de  la  ligne  blanche  :  les  muscles 
^tant  coupes,  on  ouvre  la  vessie  dans  son  fond,  puis, 
avec  un  crochet,  on  en  tire  la  pierre  ».  A  Paris,  le  haut 
appareil  ne  fut  gu^re  employ^  que  par  Bonnet,  qui  fut 
un  des  lithotomistes  de  THdtel-Dieu. 

Que  la  taille  filt  faite  par  le  grand  ou  le  petit  appa- 
reil, elle  entralnait  des  d^labrements  considerables,  lais- 
sant,  alors  meme  que  la  gu^rison  survenait,  des  reli- 


—  437  — 

quats,  trajets  fistuleux  ou  autres,  que  le  malade  gardait 
sa  vie  durant. 

Aussi,  la  taille  latiralisee,  qui,  respectant  I'uretre,  int6- 
ressait  la  prostate,  le  corps,  et  le  col  de  la  vessie,  devint- 
elle  rapidement  la  m^thode  de  choix.  Elle  fut  prati- 
qu6e  pour  la  premiere  fois  a  Paris,  en  1697,  P^''  ^^ 
nomm6  Baulot  ou  Beaulieu,  appel6  le  frere  Jacques,  et 
dont  Dionis  nons  raconte  I'histoire  : 

Ce  frfere  itait  un  espece  de  Moine,  qui  avoit  Thabit  de  Reco- 
let  avec  cette  diflKrence  seulement  qu'il  6toit  chauss^,  et 
qu'au  lieu  de  capuchon  il  portoit  un  chapeau.  II  se  faisoit 
appeler  Frere  Jacques,  et  il  paroissoit  simple  et  ing^nu.  II 
6toit  sobre,  ne  vivant  que  de  potage  et  de  pain.  II  n'avoit 
pas  d'argent  et  ne  demandoit  que  quelques  sols  pour  faire 
repasser  ses  instruments,  ou  pour  faire  raccommoder  ses  sou- 
liers.  II  s'6toit  fait  une  Religion  ^  sa  mode,  avec  des  voeux 
dont  il  laissoit  la  liberty  a  son  Ev^que  de  le  dispenser  quand 
il  voudroit. 

Le  fr^re  Jacques,  qui  devint  rapidement  cel^bre,  fut 
tr^s  mal  accueilli  par  ses  confreres,  les  lithotomistes 
parisiens ;  et  Saviard,  dans  son  Kecueil  Sobservatims  chi- 
rurgicales,  I'accusa,  non  sans  finesse,  de  devoir  sa  grande 
reputation  d  cinq  causes  : 

1°  Parce  qu'il  n'opdroit  pas  de  la  meme  maniere  que  les 
autres  lithotomistes ; 

2**  Parce  qu'il  avoit  beaucoup  de  hardiesse  tant  d  operer 
qu'a  vanter  ses  prouesses ; 

y  Parce  qu'il  sembloit  d^sint^ress^  (de  quoi  il  pourroit 
fitre  bl^m^  par  Tfivangile  pour  montrer  plus  de  zele  et  de 
vertu  qu'il  n'en  faut  selon  la  Science  et  selon  Dieu). 


—  438  — 

4°  Parce  qu'il  portoit  Thabit  de  moine  et  qu'il  paroissoit 
devot ; 

3**  Parce  qu*il  assuroit  que  tout  ce  qu'il  savoit  de  la  Chi- 
rurgie  lui  etoit  venu  par  inspiration  divine  ',  de  sorte  que 
n'ayant  rien  d6pens6  pour  se  faire  instruire,  il  vouloit  aussi 
enseigner  i  d*autres  gratuitement,  ce  qu'il  faisoit. 

Malgre  ces  attaques,  le  pcuple  n'en  considera  pas 
moins  le  fr^re  Jacques  «  comme  un  homme  envoy6  de 
Dieu  pour  soulager  ceux  qui  etoient  afflig^z  de  la 
pierre  par  une  m^thode  plus  ais^e  et  moins  dangereuse 
que  celle  qui  se  pratiquoit  ». 

II  y  eut  un  engouement  tel  pour  la  nouvelle 
methode  que  le  premier  president  du  Parlement,  qui 

6tait  alors  Achille  de  Harlay,  Tancien  procureur  du  Roi, 
s'entremit  aupr^s  des  gouverneurs  de  THdtel-Dieu  et 
des  Fr^res  de  la  Charite  pour  obtenir  au  frere  Jacques 
Tautorisation  d'op^rer  dans  les  hdpitaux.  II  y  fit,  en 
plusieurs  fois,  cinquante  tallies. 

I .  Le  fr^re  Jacques  n'^tait  pas  le  seul  a  revendiquer  Tinspiration  divine. 
Vers  1 68 1,  un  Capucin,  nomm^  le  Frfere  Marc,  parcourut  le  Lyonnais,  le 
nord  de  la  France,  les  Flandres,  gu^rissant  les  malades  par  sa  seule  bene- 
diction. Nous  avons  trouv^  dans  le  Portefeuille  Valiant  (p.  VH,  fo  222)  une 
Icttre  du  docteur  ^  M'^^  dc  la  Porte,  qui  nous  donne  des  renseignements 
aniusants  sur  ce  thaumaturge  :  «  ...Je  croisque  vous  serez  bien  aise  d*ap- 
prendre  que  le  Capucin  qu'on  appelle  le  p^re  Marc,  a  force  de  faire  des  mi- 
racles a  commence  ^  esbranler  Tincredulite  des  plus  obstinfe  qui  disent  : 
«  II  en  fait  trop !  »  II  faudra  enfin  le  croire.  II  donne  la  veue  aux  aveugles, 
fait  marcher  les  boiteux,  entendre  les  sourds;  les  bossus  devant  derridre 
sont  redresses  et  tout  cela  est  escrit  par  plusieurs  personnes  que  Ton  dit 
estre  dignes  de  foy...  »  Qjaoi  quMl  en  soit,  ses  miracles  rencontrerent  beau- 
coup  d'incredules,  surtout  parmi  le  clerg^.  «  Plusieurs  religieuses  de 
TAbbaye-au-Bois  (dont  Valiant  etait  le  medecin)  disent  qu'elles  n'entendent 
point  son  actc  de  contrition,  qu'il  y  cherchc  trop  de  myst^re,  qu*il  auroit 
plutost  fait  de  dire  que  ce  n'est  qu'une  forte  douleur  de  coeur  par  un  mou- 
vement  d'amour  de  Dieu  qui  ne  peut  venir  que  du  Gel.  d 


r 


—  439  — 

Citoit,  dit  Dionis,  un  empressement  inconcevable  pour  le 
voir  travailler;  il  n*y  avoit  pas  un  Medecin  ni  un  Chirur- 
gien  qui  ne  tSchflt  d'y  entrer;  il  falloit  des  gardes  pour  emp^- 
cher  la  foule,  et  il  y  a  eu  jusques  k  deux  cens  personnes  h  la 
fois  pr&ens  i  ses  operations. 

Le  frere  Jacques,  a  trop  hardi  a  travailler  »,  cut  dcs 
r^sultats  opdratoires  d^plorables :  cc  quelquefois  il  cou- 
poit  le  col  de  la  vessie  en  travers,  de  sorte  qu'elle  6toit 
tout  d  fait  stpar^e  de  Tur^trc;  il  ouvroit  aussi  souvent 
le  rectum ;  il  ne  s'^tonnoit  point  quand  il  avoit  ouvert 
le  vagin,  cequi  lui  arrivoit  d  presque  toutes  Ics  femmes 
qu'il  tailloit  ».  La  grande  majorite  des  tailles  mourut 
et  Baudot  fut  oblige  de  quitter  Paris.  Malgre  ses  insuc- 
ces,  le  peuple  : 

Rejettoil  la  cause  de  tant  de  malheurs  sur  les  Chirurgiens 
de  la  Chariti,  disant  hautement  qu'il  falloit  que  par  jalousie 
contre  ce  nouvel  Operateur,  ils  eussent  empoisonne  ces  mala- 
des,  pr6tendans  qu'ils  ne  pouvoient  avoir  p6ri  en  si  grand 
nombre  et  si  promptement,  que  par  quelque  cause  6trang6re 
a  Topiration. 

Apr6s  la  disparition  du  frere  Jacques,  sa  methode, 
corrigee  et  perfectionnee,  devint  rapidement  la  methode 
de  choix,  et,  d  la  mort  du  Grand  Roi,  la  taille  par  le 
grand  appareil  etait  absolument  d^laissee. 


y 


PORTEFEUILLE     DE     VALLANT 

M^DECIN    DE    S.  A.  R.  M""^    DE   GuiSE 

ET    DE    M"^    LA    Marquise    de    Sabl6 


I 

VALLANT 

Villtnt  nalt  i  Lyon ;  u  famille.  —  II  part  i  Montpellier ;   son  maitre ;  ks  notes 

d'jtadiimls;  les  quaue  qaestioni  ciidinales. 
VilUnt  i  Piiii :  Lcj  dibuu  diffidles;  les  leltres  du  P4re  Rocheite;  la  <lienitle  de 

ValUnt  1  u  consultation  avcc  Vallot. 
Vitlanl  Chez  M"  de  SMi.  —  La  manjuise  el   m  conversion;  !e   salon   de   Pon- 

Rojal.   —  Valiant   e<  les  amies  de  M"  de    Sibli.  —   Sa  belle  clientele ;  la 

Carmtlites  de  la  rue  Sain l- Jacques  el  de  Montmaitre:  I'Abbaye  au  Bois;  les  rell- 

gieoses  Angloijes,  —  Valiant  devieiit  midecin  de  M"*  de  Guise. 
ValUnt,    premier   midecin  de  M-  de  Gai«.   —  II    devieni  Tun   des   priucipaui 

mMecins  de  Paris,  —  Son  ixn  de  sujetiou  vis-l'vis  de   M~*  de  Gaise.  —    Les 

recettes  culinaires  el  de  parfumerie.  —  Les  venires  durs  . 
La  bonltde  Valiant. —  Sacharitt.  —  Son  amitif  pour  M—  deSablrf.  — Sa  moit. 


*  orsque  nous  nous  sommes  trouves  en 
'  presence  de  son  volumineux  porte- 
■  feuille  ',  nous  n'avions  sur  Valiant 
que  fort  peu  de  renseignements  bio- 
graphiques  ;  nous  neconnaissions  que 
les  quelques  lignes  que  Cousin  lui  a  consacr^es  dans 
son  Etude  sur  M""  de  SabU,e.t  la  date  precise  desa  mort, 

1.  Bib.  Nat.  — Manuscrits  fr;  Conds  intitule  :  R^idu  S.  Gcmiaia,  qua. 
tone  portefeuilles  in-folio. 


—  442  — 

consignee  sur  les  registres  de  Tabbaye  de  Saint-Ger- 
main-des-Pr6s  '. 

Cependant,  grace  2iux  observations  de  midecine  el  autres, 
aux  nombreuses  lettres  qui  se  trouvent  dans  le  Porte- 
feuille,  nous  avons  pu  reconstituer  la  vie  de  Valiant, 
qui  fut  une  des  plus  curieuses  silhouettes  m^dicales  de 
r^poque  qui  nous  occupe. 

Valiant  naquit  i  Lyon  oii  sa  famille  etait  fixde  de 
longue  date.  Son  p^re,  qui  v6cut  tr^s  vieux  *,  6tait  mar- 
chand  au  pont  Sainte-Catherine.  Le  futur  medecin 
(itait  le  second  dequatre  enfants  :  I'ain^  prit  la  suite  du 
commerce  paternel,  se  maria  et  eut  un  fils  et  unefiUe '. 
Le  second,  apris  avoir  habits  quelque  temps  Paris* 
et  voyage  dans  le  nord  de  la  France  \  s'6tablit  a  Avi- 
gnon (vers  1669).  Le  dernier  enfant  6tait  une  fille,  qui 
ne  se  maria  point,  et  qui,  sans  entretenir  de  correspon- 
dance  avec  Valiant,  lui  dtait  ch6re,  4  en  juger  d'apr^s 
les  nombreuses  recettes  culinaires  qu'il  lui  adressait  : 
«  Memoire  pour  faire  la  marmelade  de  coings  (pour 
ma  soeur  Catherine)  » 

Le  pere  de  Valiant  devait  fitre  assez  richc,  car  il  en- 
voya,  vers  1650,  son  fils  4  Montpellier  pour  y  faire 

1 .  LaqucUe  abbaye  avait  re^u  le  Porlefeuille  l^gu^  par  Valiant. 

2.  II  etait  encore  vivant  en  1672,  lettre  de  H^douin,  p.  IX,  f©  37. 

3 .  Cette  ni^ce  de  Valiant  se  fit  religieuse  et  nous  avons  trouv^  dans  le 
PortefeuilU  plusieurs  de  ses  lettres. 

4.  Probablenient  chez  son  fr6re  qui,  frais  ^moulu  de  Montpellier,  venait 
de  s't^tablira  Paris.  Porteftuille,  f°  190. 

5 .  M<»«:  de  Sabl(^  le  rccommande  k  la  femme  d'un  haut  personnage  habi- 
tant Nancy,  p.  X,.  fo  337. 


—  443  — 

ses  Etudes  de  m^decine.  Valiant  partit  avec  un  autre 
jeune  homme,  fils  d'un  marchand  de  Lyon,  et  nomm6 
H6doin;  cest  alors  que  prit  naissance  entre  les  deux 
jeunes  gens  une  amitie  6troite  qui  dura  jusqu'i  leur 
mort. 

A  Montpellier,  Valiant  et  Hedoin  furent  les  elives 
d'un  professeurqui  6tait  alors  fort  renomm^,  Haguenot; 
ils  prirent  logement  chez  lui  et  le  «  suivirent '  »  durant 
toutes  leurs  Etudes  m^dicales. 

Valiant  dut  etre  un  etudiant  modelc  ;  son  education 
premiere  laissait,  il  est  vrai,  4  d^sirer  ;  il  etait  fort 
mauvais  latiniste,  et  souvent  achevait  en  fran?ais  une 
phrase  commenc^e  en  un  latin  qui  n'avait  rien  de  cice- 
ronien.  Mais  il  travaillait  ferme  et  avait  d^jd  la  mono- 
manie  de  prendre  des  notes,  consignant  avec  soin  «  les 
pens^es  qui  passent  par  Tesprit  comme  des  eclairs  et 
que  Ton  ne  retrouve  plus  si  on  n  a  soin  de  les  escrire  ». 
Ces  notes  d'etudiant,  il  les  reunit  en  un  petit  cahier 
qu'il  conserva  pendant  toute  sa  vie  et  qu'il  se  plaisait  4 
relire ;  ce  recueil  6tait  intitule  :  Contra  internos  aliquos 
morhos  et  ad  affectus  externos  nminulla  selectissima  ad 
praxim  medica  experitissimis  practicis  desumpia^. 

En  1655,  Valiant  refut  le  bonnet  doctoral  et  nous 
avons  retrouve  dans  son  Portefeuille  la  copie  de  quatre 

1.  Portefeuille  Valiant^  p.  XIV,  fo  469  «  M'  Haguenot  que  je  suivois  dans 
ce  temps-la  et  qui  ^toit,  comme  vous  le  s^avez  un  tr^s  bon  praticien  ». 

2.  PorlefeuilU  Valiant,  VIII,  f.  283  i  336. 


—  444  — 

questiofis  carditiales  qui,  selon  toute  probability, '  furent 
soutenues  par  lui : 

L.  B.  V.  D.  t  B.  L.  V.  M. 

Questiones  quatuor  cardinales 

Pro  suprema  ApoUinarii  laurea  consequendse  propositse 

a 

lUustrissimo  viro  D.  D.  Richardo  de 

Belleval,  regis  consiliario  et  medico 

nee  non  in  alma  medicorum  Monspe- 

liensium  Academia  Cancellario  amplissimo 

Anatomico  botanico  judiceque 

aequissimo. 

et 

D.  D.  Simeone  Curtaudo  *  Regis  Consiliario 

Et  medico  nee  non  in  alma  eadem  Academia 

Decano  venerando. 
Quibus  accesserunt  pro  more  Solito 
assertionesy  problemata  et  paradoxa 
Cuncta  discutenda  in  augusto  Monspeliensis  ApoUinis 

fano. 
diebus     II     12    et     13     mensis    martii    anni 

1655 
Disputantibus  Amplissimo  Cancellario, 
Decano  venerando,   professoribus 
Regiis  illustrissimis,  doctoribus 


1.  M.  Auvray,  le  savant  biblioth^caire  du  d^partement  des  manuscrits  de 
la  Biblioth^que  nationale,  n^est  point  de  notre  avis ;  il  ne  reconnait  pas 
1* Venture  de  Valiant  et  pretend  que  ces  questions  cardinales  furent  proba- 
blement  ^crites  par  Haguenot.  Nous  sommes  de  son  avis  sur  ce  point,  mais 
nous  pensons  que  Valiant,  qui  ^rivait  k  peu  pr6s  illisiblement,  eut  recours 
d  son  maltre  pour  pr&cnter,  d'une  mani^e  correcte,  ces  quatre  questions 
cardinales.  Nous  avons  demandd  i  Tficole  de  Montpellier  des  ^dairdsse- 
ments  sur  cette  question  controvers^e;  notre  demande  est  rest^  sans 
r^ponse. 

2.  C'est  le  c^l^bre  G>urtaud  qui  eut  de  longues  controverses  avec  la 
Faculty  de  Paris. 


—  445  -^ 

clarissimis  et  quibus  libet  aliis. 
Quaestio  prima  Cardinalia. 

An  in  morbis  lacrymae  involuntariae  malae  ? 
Qpaestio  secunda  Girdinalia. 

An  ventus  hieyme  calidiores  ? 
Quaestio  tertia  Cardinalia. 

An  febriculorum  varietate  morborum  diversi- 

[tatem  pariat  ? 
Qua^stio  quarta  Cardinalia. 

An  sobrietate  et  veneriae  abstinentia  faciani 

[longaevitatem  '  ? 

Outre  ces  quatre  questions,  Valiant  eut  i  discuter 
des  assertiones,  prohlemaia,  paradoxa  plus  ou  moins 
bizarres;  nous  en  citerons  les  principaux  : 

Assertiones  :    Calor  noster  est  elementarius. 

Colico  dolore  Laudanum. 

Pili  verae  corporis  partes. 

Cor  vera  Sanguinis  officina  ^. 
Problemata  :  An  pleno  ventriculo  commodior  Venus  ? 

An  plethora  indicant  venae  sectiones  ? 

An  apoplexiae  jugularium  sectio? 

An  lacrimal  cerebri  vestimentum  ? 

An  somnus  fluxiones  cohibet  ? 
Paradoxa  :       Mulier  potest  cocipere  et  parere  illaesa  virgini- 

[tate. 

Aqua  est  aere  humidior  '. 


1 .  II  y  a  une  diflfi^rence  entre  ce  latin  peu  correa,  plein  de  fautes,  et  le 
paranymphe  de  Robert  Patin,  ^crit  en  une  langue  des  plus  elegantes. 

2.  Cela  montre  Men  I'esprit  de  la  Faculty  de  Montpellier  devant  les 
d6xrovertes  harvdiennes;  k  cette  ^poqueon  n'eut  jamais  os^,  ^  Paris,  mettre 
cette  question  parmi  \^  assertiones,  One£it  dit  :  An  cor  vera  sanguinis  officina? 
et  encore  il  eiit  ^t^  dangereux  pour  le  candidat  de  conclure  par  I'affirmative. 

5.  PorUfeuille  Valiant,  p.  XI,  fo  82. 


—  44^  — 

Une  fois  docteur,  Valiant  ne  quitta  pas  de  suite 
Montpellier.  Alois  que  son  ami  H6doin  s'6tait  d^ja  eta- 
bli  m^decin  d  Lyon,  il  resta  quelque  temps  aupres 
d'Haguenot  pour  se  perfectionner  dans  la  pratique  de 
son  art. 

En  1657^,  il  se  dcicida  d  aller  tenter  la  fortune  4 
Paris,  oil  les  m^decins  de  Montpellier,  grace  4  la  pro- 
tection de  Vallot,  premier  m^decin  du  Roi,  pouvaient 
alors  exercer,  en  d^pit  de  la  Faculty.  De  plus,  il  y  6tait 
appel6  par  M"^*^  de  Sabl6,  qui  connaissait  depuis  long- 
temps  sa  famille  ;  la  marquise,  ayant  besoin  chaque 
ann6e,  de  plusieurs  douzaines  de  vip^res,  les  faisait 
venir  du  Lyonnais  et  le  p6re  de  Valiant  se  chargeait 
r^gulierement  de  les  acheter  sur  place. 

Voild  done  notre  jeune  docteur  %  frais  ^moulu,  en 
butte  aux  mille  difficultts  accueillant  le  praticien  pauvre 
qui  osait  venir  tenter  la  fortune  d  Paris.  II  s'installe  rue 
des  Poir^es  \  «  chez  M*"^  Dauphin,  au  devant  de  la  Fleur 
de  lys  d'or  et  du  college  de  Clermont  »;  il  est  done  en 
plein  faux-bourg  Saint-Germain,  le  quartier  6l6gant  de 
r^poque  :  a  mais  il  loge  en  garni,  et  dans  une  des  plus 
vilaines  rues  du  faux-bourg  ».  Malgr6  cela,  les  clients 
accoururent  chez  le  jeune  midecin  provincial ,  s'il  fauten 
croire  une  lettre  d'un  bon  p^re  j^suite,  le  P.  Rochette, 


1.  II  est  encore  ^  Montpellier  en  1656.  Porteftuile  Valiant,  p.  XJ,  f<>  476. 

2.  £tant  donn^  Fdge  qu'il  fallait  avoir  pour  commencer  les  Etudes  m^i- 
cales  et  la  dur^e  de  ces  demi^res,  Valiant  devait  avoir  environ  30  ans. 

3 .  Dans  le  pdt^  circonscrit  par  la  rue  du  Four,  la  rue  Bonaparte,  la  rue 
des  Canettes  et  la  place  Saint-Sulpice. 


—  447  — 
t  religieux  du  College  des  Jisuites  de 


not  et  moy  avons  aussy  parl6  bien  souvent 
uiand,  niais  Dleu  s^ait  comment;  c'estoit  bien 
i  qui  mieux  mieux  et  n^ntmoingts  nous  n' avons  jamais  peu 
en'  dire  assez  de  bien;  et  quoy  que  vous  ne  m'ayez  rien  diet 
du  bon  succ^s  et  de  la  practique  que  vous  avez  dans  Paris, 
je  I'ay  bien  seen  d'ailleurs,  de  quoy  je  b^nicts  Dieu  et  m'en 
conjouis  avec  vous;  mais  je  ne  voudrois  pourtant  que  cela 
nous  privat  de  I'esperance  que  nous  avons  de  vous  revoir  en 
ces  quartiers  bien  tost  de  retour  et  d'avoir  le  bien  de  faire 
encor  une  herborisation  en  vostre  compagnie  '. 

Mais  si  ce  brave  apothicaire  complimentait  si  fort  le 
jeune  docteur,  il  avait  une  arriere-pensee;  il  esp^rait 
placer  d  Paris,  grSce  d  Valiant,  tout  un  stock  de  th^- 
riaque  qui  restait  en  souffrance  dans  rapothicairerie 
du  College  des  J^suites.  Dans  ses  lettres,  tout  en  ftlici- 
tant  Valiant  de  sa  belle  clientele,  il  revient  sans  cesse 
sur  cette  merveilleuse  ih^riaque,  dont  il  est  pret  d 
c^der  d  son  ami  la  majeure  partie,  d  raison  de  7  liv. 
la  livre  soutive  : 

Je  oe  scay  pas  si  je  vous  ay  dit  comme  j'ay  faict  la  The- 
riaque  dans  cette  ville  il  y  a  un  an  avec  demonstration 
publique  ou  assista  toute  I'universite  avec  la  plus  part  du  Par- 
lement  et  presque  de  toute  sorte  de  conditions  de  Personnes 
pendant  une  semaine  qu'ellefut  expos^e 

La  clientele  de  Valiant  se  formait,  mais  bien  lente- 

I .  Portifaiilk  Valiant,  p.  IX,  i"  ifij  (lettre  i  ValUot,  1  avril  i6i8). 


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-    448    - 

ment;  il  soigne  surtout  des  petits  bourgeois,  des  arti- 
sans qui  ne  recourent  jamais,  mfime  in  extremis,  au 
luxe  d'une  consultation.  Cependant  en  fevrier  1662, 
Valiant  est  mandi  d  Saint-Germain  aupr^s  de  M.  de 
Bordeau',  et  il  appelle  en  consultation  Vallol, 
I'archiatre.  Malgr6  cette  aubaine,  il  6tait  fort  mal  dans 
ses  affaires  et  il  dut  accepter,  avec  joie,  I'offre  que  lui 
fit  M"*^  de  Sabl6  d'entrer  chez  elle,  i  la  fois  comme 
m6decin,  secretaire  et  intendant. 

II  habitait  alors  rue  Mazarin  %  «  vis-4-vis  le  jeu  de 
paume  des  Canettes  »;  il  y  conserva  son  logement, 
mais  4  partir  de  1663,  il  suivit  M™^  de  Sabl6  tour  a 
tour  a  4  rhostel  de  Souvr6,  rue  des  Petits-Champs  », 
et  «  aux  faux-bourgs  Saint-Jacques,  proche  les  reli- 
gieuses  de  Port-Royal  ». 


M'"*^  de  Sable  n'^tait  plus  la  belle  marquise  dont 
M"«  de  Scud^ry,  dans  le  Grand-CyruSy  avait  fait  le  por- 
trait \  Elle  avait  alors  56  ans  et  la  saison  des  amours 
etait  depuis  longtemps  passee  ^;  elle  s'dtait  convertie, 


i 


1 .  Probablement  T^v^ue  de  Bordeaux. 

2.  Devenue  la  rue  des  Canettes. 

3 .  a  Parth^nie  ^toit  grande  et  de  belle  taille ;  elle  avolt  de  beaux  yeux ;  sa 
gorge  £toit  la  plus  belle  du  monde ;  elle  avoit  le  teint  admirable,  les  che\%ux 
blonds  et  la  bouche  fort  agr^able...  avec  un  air  charmant  et  des  souris fins 
ct  doquents  qui  faisoient  connottre  la  douceur  ou  la  malice  qui  ^toieot 
dans  son  dme.  » 

4.  Le  docteur  Legu6  parle,  entre  la  marquise  et  Valiant,  d'une  liaison, 
toute  platonique,  du  reste,  ajoute-t-il ,  cette  liaison  ^tait  tellement  admise 
qu'on  ^rivait  couramment  k  a  Monsieur  Valiant  chez  Madame  la  marquise 
de  Sabl^.  »  —  Cette  raison  n'en  est  pas  une ;  s*il  en  ^tait  ainsi  on  devrait 
accuser  Valiant  d'avoir  6t6  li^  tour  k  tour  avec  M™*  Dauphin,  M™«  de 
Guise...lll 


—  449  — 

comme  on  disait  alors,  c'est-4-dire  que  ses  sentiments 
religieux  avaient  pris  un  caract^re  plus  prononc^. 
a  Mais  en  pensant  d  Dieu,  dit  V.  Cousin,  elle  ne  chan- 
gea  pas  de  nature  et  demeura  elle-m^me.  Avec  la  tour- 
nure  de  son  esprit,  le  goAt  et  Thabitude  de  la  distinc- 
tion et  de  Timportance,  elle  ne  pouvait  se  contenter 
de  la  pidtd  commune  et  apr^s  avoir  6t6  pr^cieuse,  elle 
devint  d6vote  raffin^e.  Visant  toujours  au  sublime, 
comme  les  femmes  de  sa  jeunesse,  elle  6changea  la 
galanterie  espagnole  pour  le  jans6nisme.  » 

La  fortune  de  Madame  de  Sabl6  6tait  en  fort  mau- 
vais  etat.  Elle  avait  6t6  obligee  de  quitter  son  h6tel  de 
la  Place  Royale,  de  restreindre  son  train  de  maison  et 
d'accepter  I'hospitalit^  que  lui  offrait  son  fr^re  Jacques 
de  Souvr6,  grand-prieur  de  France.  Cest  d  cette  6poque 
que  Valiant  entra  chez  elle.  Au  bout  de  quelque  temps, 
sur  les  conseils  de  son  amie,  M"^<=  de  Longueville  ', 
la  marquise  quitta  Thdtel  de  Souvr^  et  alia  habiter  aux 
fauxbourgs  Saint-Jacques,  un  corps  de  logis  separ6  du 
monast^re  de  Port-Royal,  mais  renferme  dans  son  en- 
ceinte. 

«  Ld,  nous  dit  Cousin,  elle  s'occupait  de  la  grande 
affaire  de  son  salut,  sans  en  n^gliger  aucune  autre,  le 
soin  de  sa  sant6,  le  gout  de  toutes  les  d^licatesses,  y 
compris  la  friandise,  celui  de  la  belle  litt^rature,  sur- 


I.  Qui,  apris  la  mort  de  son  fils,  le  comte  de  Saint-Pol,  tu6  au  passage 
du  Rhin,  s'^tait  retirte  h  Tabbaye  de  Port-Royal  de  Paris. 

Le  Maguet.  —  Le  monde  medical,  29 


—  450  — 

tout  la  passion  d'un  certain  credit  pour  soi,  pour  ses 
amis,  pour  tout  le  monde.  Elle  avait  fait  de  son  appar- 
tement  d  Port-Royal  un  autre  h6tel  de  Rambouillet  en 
petit,  tres-aristocratique,  encore  un  peu  galant,  tou- 
jours  tr^s-bel  esprit,  d'une  devotion  6l6gante  et  d'abord 
assez  peu  s^v^re.  II  y  avait  des  habitues  mediocres  dont 
le  nom  a  surnag^  d  peine  :  Tabb^  Testu,  Tabb^  de  La 
Victoire,  Esprit,  Tabbd  d'Ailly,  le  marquis  de  Sourdis; 
quelques  visiteursd'un  ordre  plus  relev6,  Nicole,  Arnault' 
Domat,  Pascal  avec  sa  soeur  Gilberte,  M"*^  P^rier,  la  du- 
chessed'Aiguillon,ni^ce  de  Richelieu;  Anne  de  Rohan, 
la  belle  princesse  de  Guymen6;  M'"®  de  Hautefort,  du- 
chesse  de  Schomberg;  sa  belle-soeur,  la  duchesse  de 
Liancourt,  M.  et  M"*^  de  Montausier,  le  prince  et  la 
princesse  de  Conti,  M.  le  Prince,  quelquefois  menie 
Monsieur,  le  frere  de  Louis  XIV,  tres-souvent  La  Roche- 
foucauld et  M"'^  de  La  Fayette,  constamment  et  dans 
le  plus  particulier  la  comtesse  de  Maure  et  M'"^  de 
Longueville  avec  sa  fiddle  amie  M"^  de  Vertu.  En 
m^me  temps  qu'on  faisait  chez  M"^^  de  Sabl6  du  bel 
esprit  et  de  la  devotion,  on  y  faisait  aussi  des  confi- 
tures et  de  merveilleux  ragouts;  on  y  composait  des 
elixirs  pour  les  vapeurs  et  des  recettes  contre  toutes 
les  maladies.  M"'^*  de  Sable  suffisait  4  tout,  s'occupail 
de  tout,  de  nouvelles  litt^raires  et  d'affaires  serieuses, 
sans  beaucoup  sortir  de  chez  elle,  et  sur  la  fin  presque 
sans  quitter  sa  chaise  et  son  lit.  II  lui  prenait  quelque- 
fois des  acces  de  dc^votion  ou  des  vapeurs,  et  pendant 
ce  temps  elle  fermait  sa  porte  i  tout  le  monde,  meme 


^  451  — 

i  ses  meilleurs  amis;  mais  ces  moments  6taient  rares 
et  duraient  peu,  et  c'^tait  en  g^n^ral  une  maltresse  de 
maison  accomplie  ». 

Valiant,  homme  aimable,  ayant  toujours  en  poche 
quelque  recette  de  cuisine  in^dite,  ou  quelque  pate 
plus  ou  moins  merveilleuse  pour  le  visage,  se  fit  fort 
bien  voir  des  intimes  de  M"^^  de  Sabl6.  II  devint  le  con- 
fident et  le  conseiller  des  habitudes  du  salon  de  Port- 
Royal  \  qui  n'avaient  pas  encore  abdique  toute  coquet- 
terie  et  qui  6taient  ravies  de  voir  un  mddecin  complai- 
sant s'int^resser  d  leurs  petites  mis^res.  Chaque  fois  que 
Tune  d'elle  6tait  souffrante,  M'"«  de  Sabl6  d6p6chait 
Valiant  aupr^s  de  la  malade,  qui,  gudrie,  ne  tarissait 
pas  d'doges  sur  le  «  bon  docteur  ». 

Ces  doges  permirent  4  Valiant  de  se  faire  rapidement 
une  clientele  superbe,  non  seulement  dans  le  monde 
janseniste*,  mais  dans  le  monde  orthodoxe.  Fort 
habile,  il  se  fit  bien  voir  de  Brayer  qui  avait  toute  la 
belle  clientele  cl6ricale  de  Paris;  il  Tappelait  toujours 
en  consultation,  et  ne  voulait  rien  faire  sans  son  assen- 
timent.  Brayer  ^  vieux  et  fatigu^,  se  d^chargea  du  trop- 
plein  de  sa  clientele  sur  Valiant  qui  devint  m^decin 


1.  Qui  ^taient  toutes  d*anciennes  Pricieuses,  jadis  rornement  de  la 
cbamhre  hUue  de  la  marquise  de  Rambouillet  et  du  salon  de  Mii«  de  Scud^ry. 

2.  II  soigna  d  diverses  reprises  M<n«  de  Longueville,  Arnaud  d'Andilly, 
le  grand  Amauld,  Nicole,  sa  soeur  M***  Nicole 

3.  Brayer  gagnait  bon  an  mal  an  80.000  livres  qu'il  employait  du  reste 
diaritablement  car  «  s*il  recevait  'un  ^cu  d'or  par  visite,  dit  Harron,  il  n'en 
donnoit  pas  moins  lorsqu*il  visitoit  les  pauvres  »  et  le  cur^  de  Saint- 
Eustache,  sa  paroisse,  recevait  chaque  mois  un  sac  de  i  .000  livres  pour  ses 
pauvres.  Aussi  Brayer  fut-il  inhum^  dans  cette  ^glise. 


—  45^  — 

dcs  couvents  des  Carmelites  de  la  rue  Saint-Jacques,  de 
TAbbaye  aux  Bois,  des  Religieuses  Angloises... 

Valiant  plut  tellement  aux  Carmelites  ct  celles-ci 
firent  de  tels  doges  de  leur  m^decin,  que  Tabbesse  du 
couvent  des  Carmelites  de  Montmartre,  soufFrante,  eut 
recours  d  ses  soins.  Des  lors  la  fortune  de  Valiant  fut 
faite. 

Franfoise  de  Guise,  fille  de  Charles  de  Lorraine, 
due  de  Guise  et  de  Henriette  de  Joyeuse,  abbesse  de 
Montmartre,  pr^senta  son  m^decin  4  sa  soeur,  M"«  de 
Guise,  et  4  sa  niece,  M*"'^  de  Guise,  veuve  du  dernier 
due  de  Lorraine,  et  fille  de  Gaston  d'Orleans*. 
Valiant  plut  4M*^^  de  Guise;  elle  le  mit  sur  Tetat  de 
sa  maison,  au  grand  bonheur  du  m^decin  qui  le  soir 
mfime,  consigna  soigneusement  dans  ses  notes   que 

Lesamedy,  9  d6c.  1673.  Madame  de  Montmartre  m'a  faict 
rhonneur  de  me  dire  que  hier,  jour  de  la  Conception,  Made- 
moiselle de  Guise  me  vouloit  attacher  A  elle  et  me  faire  mettre 
sur  Testat  de  sa  maison  au  commencement  de  Tannic  pro- 
chaine^  qu'elle  s'estoit  d^clar^e  la-dessus  et  que  Madame  de 
Guise  qui  estoit  presente  avoit  dit  que  puis  que  j'estois  m^- 
decin  de  ses  deux  tantes,  je  pouvois  bien  aller  de  leur  part 
voir  souvent  Mons'  d'Alan?on^  et  elle  aussi  qu'elle  avoit 
une  trds  grande  confiance  en  moy  et  que  si  son  m^decin 
venait  4  manquer  qu'elle  me  mettroit  4  sa  place. 

Mad.  de  Montmartre  m'avoit  dit  il  y  avoit  environ  un  an, 


1 .  Par  consequent  sccur  de  M^ie  de  Montpensier ;  mais  issue  du  second 
manage  de  Gaston  d^Orl^ans,  fr^re  de  Louis  XIII. 

2.  Fils  de  Mm«  de  Guise  dont  nous  verrons  plus  loin  la  maladie  et  la 
mort.  Avec  lui  finit  la  famillc  des  Guise. 


—  453  — 

que  M"*  de  Guise  me  prioit  de  ne  pas  prendre  d'engagement 
parce  qu'elle  me  retenoit  pour  M*^  d'Alan^on  et  pour  elle; 
c*est  que  Ton  croioit  dans  ce  temps  li  que  M"*  de  Guise  se 
pourroit  marier  avec  M'  d'York,  et  qu'elle  pourroit  me  mener 
hors  du  royaume.  Je  ripondis  que  Mademoiselle  me  faisait 
beaucoup  d'honneur  mais  que  je  ne  voulois  pas  qu'elle  m'eut 
deTobligation  de  ne  point  sortir  du  royaume  parce  que  j'avois 
desengagemens  de  devoir  pour  des  personnes  qui  m'empiche- 
roient  de  sortir  de  Paris  et  qu'il  n*y  auroit  qu'un  ordre  du 
Roy  qui  m'y  pent  obliger '. 

Depuis  deux  ans  d6jd,  Valiant  avail  quittd  M'"*^  de 
Sabld.  Ce  depart  6tait-il  dti  aux  soucis  d'une  clientele 
toujours  croissante*  ou  au  caract^re  difficile  de  la 
marquise?  Nous  pensons  que  la  premiere  de  ces  rai- 
sons  6tait  la  plus  plausible,  car  Valiant  n'en  resta  pas 
moins  tris  attache  i  M"**^  de  Sabl6,  et  continua  4  fre- 
quenter assidAment  le  salon  de  Port-Royal. 

II  revint  quelque  temps  habiter  son  logement  de  la 
rue  Mazarin,  puis  s'dtablit  vers  1671  «  chez  M^  Denis', 

1.  Porte/emlle  Valiant,  p.  IX,  f<»  307. 

2.  En  effet,  Valiant  ne  pouvait  gu^re  faire  de  la  clientele  dans  Paris  en 
habitant  le  faubourg  Saint-Jacques. 

3 .  Ce  Denis  ^tait  lui-m^me  m^decin  et  fut  un  moment  cd^bre ;  il  pen- 
sait  qu'en  introduisant  dans  le  syst^me  veineux  le  sang  d'un  animal^  et  en 
retirant  en  m^me  temps  le  sang  de  Tindividu,  on  renouvellerait  totalement 
la  masse  sanguine ;  de  plus  le  sang  d'un  animal  jeune  rempla^ant  le  sang 
d'un  homme  vieux,  on  rajeunissait  par  cela  mSme  le  patient.  Denis  avait 
invent^  une  canule  de  forme  particuli^re  (dont  nous  avons  retrouv^  le 
dessin  dans  le  PorUfeuille  Valiant  permettant  d'op^rer  la  transfusion).  II 
injecta  de  la  sorte  du  sang  de  veau  ^  plusieurs  hommes  «  tirant  en  meme 
temps,  nous  dit  Dionis,  par  Tautre  bras  autant  de  sang  qu'il  croyoit  en 
faire  entrer  ».  Mais  au  lieu  des  r^sultats  surprenants  qu*il  attendait,  ses 
clients  «  devinrent  foux  furieux  et  moururent  ensuite.  Le  Parlement 
inform^  de  ce  qui  s'etoit  pass^,  interposa  son  autorit^  et  donna  un  arrest 
par  lequel  il  ^toit  defendu  sous  de  rigoureuses  peines  de  faire  cette  opera* 
tion.  A 


—  454  — 

sur   le  quay   des  Augustins,    d  une   porte    cochire 
rouge  » . 

En  1675,  ^"^^  ^^  Guise,  dont  il  6tait  d6j4  medecin 
par  quartier,  ayant  perdu  son  premier  medecin,  choisit 
Valiant  pour  le  remplacer.  Log6  4  rh6tel  de  Guise  ou 
«  4  Luxembourg  »  \  Valiant,  comme  premier  medecin 
d'une  princesse  de  sang  royal,  devint  «  conseiller  du 
Roy  en  ses  conseils  »,  et  partant  un  grand  person- 
nage'.  Aussi  il  fut  ftlicite  de  tous  c6t6s,  et  nous 
avons  trouv6  dans  le  Portefeuille  une  lettre  charmante, 
6crite  par  M^^^  Lambert,  amie  de  M™®  de  Sabl^,  qui  com- 
plimente  Valiant  sur  sa  nouvelle  dignity  : 

Lundy,  15  avril  1673. 

Vendredy  aprte  quevous  fustessortidechez  Madame  deSabli, 

Ton  m'apprit,  Monsieur,  que  S.  A.  R.  Madame  de  Guise  vous  a 

choisi  pour  son  premier  medecin.  Samedy,  mon  laquais  passa 

la  joum6e  ^  ses  devotions  et  hier  n'estoit  pas  un  jour  de 

commerce.  Ainsi,  Monsieur,  j'ai  difftri  jusqu'i  cette  heure  4 

vous  t6moigner  la  joye  que  j'ay  de  vous  voir  dans  une  place 

si   honorable  et  si  avantageuse.  Je  souhaitte  passionn^ment 

qu'elle  vous  serve  de  degrfe  pour  monter   plus  hault;  car 

en  v6riti,  Monsieur,  Ton  ne  peut  estre  k  vous  de  meilleure 

mani^re  que  j'y  suis  ny  plus  sinc^rement  vostre  tr&  humble 

et  tres  obeissant  serviteur  ^ 

Lambert. 

1 .  Au  palais  du  Luxembourg ,  qui  ^tait  propri^t^  indivise  de  W^^  de 
Montpeusier  et  de  sa  soeur  M»c  de  Guise.  Cette  derni^re  ^ait  une  co* 
locataire  d'une  humeur  incommode,  et  M^^^  de  Montpensier  s*^tend  lon- 
guement  dans  ses  Mimoires  sur  tous  les  ennuis  que  sa  soeur  lui  causait. 

2.  II  n'en  resta  pas  moins,  sa  vie  durant,  mddecin  de  W^^  de  Guise  et 
habitant  tant6t  chez  elle,  tantdt  chez  M°*e  de  Guise. 

3.  Portefeuille  Valiant y  p.  IX,  fo  143. 


•-  455  — 

Le  petit  a  m^decin  du  dehors  »  est  done  devenu  un 
m^decin  en  vue ' ;  on  ne  tarit  pas  d'^loges  sur  son 
compte,  et  ces  6loges,  Valiant  les  savoure  conscien- 
cieusement  quand  on  lui  en  fait  part,  les  notant  soi- 
gneusement  le  soir  meme  dans  ses  «  Observations  »  : 

Samedy  9  D&embre  1673,  M"*Testu  m'a  dit  que  Madame 
de  Longueville  m'estimoit  beaucoup  et  qu'estant  chez  elle 
depuis  5  ou  6  jours,  et  luy  disant  que  si  elle  estoit  malade 
qu'elle  ne  voudroit  que  moy,  que  j'estois  fort  sage  et  que  je 
consultois  M"^  Brayer  dans  tous  mes  besoins,  Madame  de  Lon- 
gueville lui  a  respondu  que  j'estois  fort  6clair6  et  que  je  n'avois 
pas  besoin  de  M"*  Brayer. 

M'  I'abbi  de  Lavergjie  m'avoit  dit,  il  y  a  environ  un  an,  que 
j'avois  une  obligation  particuli6re  i  Madame  de  Longueville, 
parce  que  M'  Dodart,  mWecin  de  M"  les  Princes  de  Conti 

I.  II  est  amusant  de  comparer  les  diffi^rents  billets  Merits  i  Valiant  pour 
le  prier  de  visiter  un  malade ;  nous  en  publions  deux  :  un  adress^  au  petit 
docteur  courant  apr^s  le  client  et  le  second  obsequieux  sollicitant  les  soins 
du  m^decin  connu.' 

Si  Monsieur  Valen  disne  chez  luy  je  le  prie  de  vouloir  passer  ceans  k 

Theure  de  son  disner,  ou  tout  au  moins  vers  les  sept  heures  du  soir.  Je 

suis  son  tres  humble  et  tres  obeisant  serviteur. 

Illisible 
Ce  dimanche  *  p.  XI,  f<>  497. 

Ce  Jeudy  3  avril  au  matin. 
Je  vous  supplie,  mon  cher  monsieur,  de  nous  donner  une  heure  de  vostre 
temps  aujourd'hui  pour  venir  visiter  M^ie  des  Couays,  femme  de  chambre  de 
Madame,  grande  amye  de  Madame  Dabin  et  la  mienne  particulierement. 
C'est  une  demoiselle  de  tr^s  grand  m^rite  et  d'une  tr^s  grande  vertu, 
infirme  depuis  longtemps,  qui  m^rite  bien  par  tant  de  bonnes  raisons  que 
vous  lui  faciez  la  grace  de  la  venir  voir  pour  examiner  sa  maladie  et  luy 
donner  les  rem^des  convenables  selon  vostre  bon  sens  et  vostre  esprit  droit 
plutdt  que  par  les  regies  souvent  homicides  de  Galien  et  d*Hypocrate.  On 
vous  cherchera  en  carosse  d  Theure  qu*il  vous  plaira.  J'esp^re  cette  grdce  de 
rhonneur  de  votre  amiti6.  Je  suis  de  tout  mon  coeur  tout  h  vous. 

Uabb6  d'Ailly. 
pour 

Monsieur  Valiant,  m^decin  de  Madame  de  Guise  a  Luxembourg, 

k  Paris.  P.  XI,  ^  250. 


—  456  — 

estant  malade  etirextrimiti  ellevinttrouver  Madame  la  prin- 
cesse  de  G>nti  pour  luy  dire  qu'il  n'y  avoit  personne  qui  peut 
mieux  que  moy  remplir  sa  place  s'il  venoit  i  mourir. 

Mad"*  Testu  me  dit  aussi  lorsque  la  mdre  de  Chabriat  mar- 
chast  tout  k  coup  apr6s  un  rhumatisme  k  une  jambe  qui  luy 
avoit  fait  perdre  le  mouvement,  il  y  avoit  plus  d'un  an.  Ton 
croioit  que  c'estoit  un  miracle,  Madame  de  Longueville  luy 
dit  que  si  je  disois  que  e'en  estoit  un,  qu'elle  se  iieroit  bien  i 
moy. 

Lors  que  M^  le  G>mte  de  Saint-Paul  alia  en  Gindie,  on 
luy  donna  un  m^decin.  M'  Brayer  parlant  de  moy  dit  que 
i'estois  le  plus  sage  m^decin  qu'il  connut  et  que  j'estois  inca- 
pable de  faire  des  fautes. 

II  m'a  dit  i  moy  mesme  en  presence  de  M"*  Pirier '  et 
Madame  Beaudoin  une  consultation  que  je  fesois  pour  Made- 
moiselle Perier  que  je  pouvois  escrire,  qu'il  signeroit  tout  ce 
que  je  mettrois. 

Mais  si  ces  ^loges  itaient  soigneusement  not^s  dans 
les  a  Observatims  »,  Valiant  passait  sous  silence  toutes 
les  rebuffades  qu'il  recevait.  M*"*^  et  M"^  de  Guise 
6taient  les  plus  bourrues  des  maltresses,  et  Valiant  dut 
regretter  plus  d'une  fois  la  bonne  M"^^  de  Sabld.  Tout 
en  vaquant  aux  soins  d'une  nombreuse  clientele,  il  6tait 
en  quelque  sorte  prisonnier  au  Luxembourg  ou  4 
rh6tel    de    Guise,   et    devait   rendre  compte   de  ses 


I.  C^tait  la  soeur  de  M.  Perier,  le  beau-fr^re  de  Pascal;  M.  Perier  ^tait 
lui-m^me  client  de  Valiant  et  le  prisait  fort ;  sa  femme  entretenait  avec  lui 
une  correspond  a  nee  suivie,  et  nous  avons  retrouv^  nombre  de  ses  lettres 
dans  le  Porlefeuille  Valiant.  Elle  lui  dcrit  le  plus  souvent  de  Clermont  et  ne 
lui  manage  pas  les  compliments.  Le  remerciant  du  bon  accueil  fait  a  une 
malade  envoyee  par  elle,  elle  ajoute  :  «  Je  Tavois  bien  asseur^  qu'elle  ne 
pouvott  s'adresser  a  personne  dont  elle  put  tirer  plus  de  secours  et  de  con- 
solation que  de  vous  parce  que  je  connois  vostre  bont^  pour  moy  et  vostre 
charit^  pour  tout  le  monde.  »  Lettre  du  29  octobre  1674. 


¥ 


—  457  — 

moindres  actes  au  maltre  d'h6tel  de  ses  maltresses.  S'il 
passe  la  nuit  dehors,  il  doit  s'en  excuser  aupr^s  de 
M.  Dubois ',  qui  gronde  lorsque  ces  hearts  se  renou- 
vellent  trop  souvent.  Le  prie-t-on  de  passer  voir  un 
malade,  il  est  oblige  parfois  d'en  r^ftrer  aux  prin- 
cesses qui,  quelquefois,  a  n'y  peuvent  consentir*  ». 

Valiant,  d'un  caract^re  paisible,  se  console  de  toutes 
ses  mis^res  en  faisant  bonne  ch^re;  il  est  au  mieux 
avec  le  cuisinier  de  Thdtel  de  Guise,  qui  lui  confie 
des  recettes  extraordinaires  dont  il  prend  note  soigneu- 
sement ;  chez  le  client,  il  aime  causer  avec  les  cham- 
bri^res  :  M^^*^  Marguerite,  de  chez  M"™®  de  Longueville; 
M"^  Marthe,  de  chez  la  Pr6sidente  Le  Coigneux....  En 
^change  des  amabilit^s  qu'elles  en  refoivent,  elles  lui 
donnent  toutes  les  formules  myst^rieuses  de  leurs 
maitresses  :   pommade  pour  les  l^vres,   eau   d'ange, 

1.  M.Dubois  a  THostel  de  Guise.  —  La  m^decine  de  Madame  de  Lon- 
gueville qui  Fa  fort  bien  purg^  et  dont  elle  se  porte  mieux  qu'elle  ne 
fesoit  hier  a  este  cause  que  je  n'ay  peu  aller  coucher  k  Thostel  de  Guise 
au}ourd*hui  comme  je  Tavois  r^solu.  Vallant. 

2.  Lettre  du  12  septembre  1679  ^  ^*  I^ubois,  i  Thostel  de  Guize. 

«  Vous  savez  sans  doute,  Monsieur,  Tembarras  ou  nous  sommes  pour 
tirer  Monsieur  de  la  Rocheguyon  d'affaires.  Monsieur  de  Louvois  nous  a 
donn^  son  m^decin  qui  est  un  des  plus  habiles  et  des  plus  honnestes 
hommes  que  je  connaisse.  II  a  d^jii  consult^  avec  Mons.  Valiant,  qu'il 
estime ;  Monseigneur  le  due  de  La  Rochefoucauld  a  pens^  de  son  cost^ ;  on 
a  trouv^  une  difficult^  it  regard  de  Mademoiselle  de  Guize.  Si  vous  pouvez 
la  f aire  cesser  vous  obligerez  toute  la  maison  et  en  ce  cas  vous  obtiendrez 
ce  que  Ton  esp6re  de  Thonnestet^  de  cette  princesse. 

«  Je  vous  supplie  tres  humblement,  Monsieur,  de  me  le  faire  savoir  et  de 
nous  envoyer  Mons.  Valiant.  J'ay  recours  k  vous  comme  k  la  personne  du 
monde  en  qui  j'ay  le  plus  de  contiance  et  pour  qui  j*ay  le  plus  de  respects.  » 

Et  Valiant,  a  qui  Dubois  a  fait  tenir  le  billet,  ^crit  en  marge  :  «  On  me 
demande  d  I'hotel  de  Guise  pour  la  petite  verolle  de  M^  de  la  Roche  Guyon 
M«iie  de  Guise  ny  peut  consentir.  » 


—  458  — 

poudre  i  la  mar^chale,  pour  confire  fleurs  d'oranger 

Et  Valiant  entasse  note  sur  note. 

Car  il  a  la  rage  d'^crire  tout  ce  qui  lui  arrive,  ou 
arrive  i  ses  clients.  M^decin  de  couvents,  il  a  fort  i  faire 
pour  rem^dier  i  la  paresse  intestinale  de  sa  clientele 
feminine;  lorsque  une  purgation  produitun  plein  effet, 
\'allant  en  prend  note,  mettant  en  regard  le  nom  de 
la  personne  qui  en  a  6t6  gratifi^e.  Le  nombre  de  pur- 
gations qu'il  a  dii  ordonner  pendant  sa  carri^re  medi- 
cale  est  fantastique  s'il  faut  en  juger  d'apr^s  le  cahier 
d  observations,  qu'il  intitule  les  Ventres  durs^  cahier 
grSce  auquel  nous  connaissons  la  seule  clientele  consti- 
p6e  de  Valiant. 

II  y  inscrit  tons  ses  clients ',  i  «  ventres  durs  »,  sans 
distinction  de  rang,  qu'ils  soient  princes,  bourgeois  ou 
artisans ;  M*"*  la  norrice  y  coudoie  la  princesse  de 
Mecklembourg,  et  Chamillard  *,  maftre  Pierre,  le 
bedeau  de  la  paroisse  Saint-Jacques-du-Haut-Pas. 

Tout  en  soignant  les  grands,  Valiant  n'en  reste  pas 
moins  cc  qu'il  dtait  avant,  bon  et  charitable.  II  n'ou- 
blie  pas  H6doin  ^  son  camarade  d'^tudes,  qui,  charge 

1.  Nous  citerons  M<o«  de  Miramion,  Mii«  de  Cr^uy,  M<n«  la  pr^idente 
Le  Coigneux,  M»«  de  la  Croix,  M«e  d*Huiii^res,  M»«  de  Saint-Just,  Mmcde 
Laval,  M™«  de  Longueville,  M.  Marcel  (cur^  de  Saint-Jacques-du-Haut-Pas), 
sa  mdre  et  sa  soeur,  Mii«  d^Harcourt,  M.  Mouilleron,  apothicaire,  Mnc  U 
norrice  (probablement  du  due  d'Alen^on),  M"*  de  Nogent,  M™*  da  Plessis- 
Gu^negaud,  M™«  de  Rochefort,  MUe  de  Soissons,  la  grande  duchesse  de 
Toscane,  soeur  de  Mi°<^  de  Guise. 

2 .  De  son  roi  le  protonotaire 

3.  Lettrede  M.  de  la  Gutterre,  m^decin  aux  Eaux  Chaudes,  30  oct. 
1681.  PorUfetiilie  VaUant,  p.  XIV,  fo  212. 


—  459  — 
de  famille,  a  souvent  recours  i  sa  bourse ;  il  li 
jusqu'd  4.000  livres.  Ses  amis  savent  du  reste 
plus  puissant  motif  pour  le  faire  agir,  c'est  la  c 
qu'il  n'attends  pas  de  recompense  que 
Dieu  '  »,  aussi  en  profilent-ils  pour  lui  deman 
d  tour  une  consultation  gratuite,  un  secours 
pauvre,  une  place  aux  Pelites  Maisons  pour  un  ; 
II  n'a  point  oubli^  non  plus  M""  de  Sab 
soigne  danssa  derni^re  maladie'  avec  un  divi 
tel  que  la  duchesse  dc  Mortemart*.  amie  de 
quise,  lui  ^crit,  peu  de  jours  apr^s,  ces  Hgnes  ; 

.  .  .Je  ne  serais  pas  contente  de  moy  mesme,  si  j( 
disais  combien  ]e  suis  touch^e  de  vostre  douleur. 
que  vous  ne  resistiez  pas  ^  la  fotigue  que  vous  avt 

1.  H£doin  lui  icrix :  ■  Aime  moy  s'il  te  plast  lousiours;  j'aj 
desaffliclions  qudquefois  asscz  scnsiblcs  mais  le  ressouvenir  de 
me  console  b^ucoup.  Que  ne  puis-je  le  faire  remarquer  cor 
ch^ris.  ■  —  Valiant  resta  Coujours  en  relations  suivies  avec  I 
lui  £crivait  souveni.  Ces  letires  sont  dei  plus  amusanies  ec,  ce 
rien,  Writes  en  un  fran^is  des  plus  purs.  —  Lorsque  H^doin  vii 
il  loge  loujouTS  dans  une  auberge  s  de  la  Rue  de  I'enfant  qu 
Samariiaine  a  oCi  la  cuisine,  dii-il,  est  dcs  meilleures. 

2.  Un  monsieur  Vavet  de  Fonteny  lui  euvoie  m£nie  1.560  I 
geani  de  les  donner  secreiement  au  couveni  du  Calvalre  (d^c.  16 

;.  Elle  mourui  le  16  Janvier  1678.  Le  18,  le  due  de  Moniausi 
de  la  Guiriande  d  JidU,  ^rivaii  de  Saint-Germain  i  Valiant  : 
VII.  f"  ^96.) 

■  Ceite  lettre.  Monsieur,  n'est  pas  seulement  pour  vous  re 
tous  les  soins  que  vous  avez  pris  pour  soulager  mes  inquietudes 
maiadie  de  feu  Madame  de  SabM.  mais  pour  vous  i^iiioigncr  qu 
trfme  douleur  que  )'ay  de  sa  perle,  j'ay  encore  pris  b«aucoup 
ddplaisir  que  vous  en  avez  eu  Nous  connoissions  irop  bien  vo 
son  m^le  extraordinaire  pour  ne  pas  la  regreter  toute  notre  1 
drois  avoir  lieu  de  vous  esire  uiile,  et  je  vous  supplie  de  croi 
toutte  I'estinK  et  toulte  la  consideration  que  j'ay  pour  vous,  je  fe 
qui  me  sera  possible  pour  vous  en  donner  des  marques  en  t 
contres.  n  Momtausier. 

4,  La  sceur  dc  M""  de  Montespan. 


—  4^0  — 

Ayez  soin  de  vostre  sant^,  je  ne  vous  le  demande  pas  seule- 
ment  par  I'int&fet  de  la  miene,  mais  par  les  sentiments  d'es- 
time  et  d'amitit  que  j'ai  pour  vous  et  que  je  serays  ravie  de 
vous  persuader  dans  quelque  occasion  et  combien  je  suis  k 
vous  de  tout  mon  coeur 


Valiant  ne  fut  done  pas  seulement  un  bon  mdde- 
cin ;  il  fut  aussi  un  homme  de  bien  et  nous  ne  pou- 
vons  admettre  comme  v^ridique  Taccusation  que 
Victor  Cousin  a  port6e  contre  lui  *,  Du  reste,ainsi  que 
nous  Tavons  dit  ant^rieurement,  la  saison  des 
amours  6tait  depuis  longtemps  pass6e  pour  M"^*^  de 
Sabl6  lorsque  Valiant  antra  d  son  service.  Nous 
croyons  plut6t  que  la  marquise,  en  mourant,  Idgua  4 
son  ancien  secretaire  les  lettres  qu'elle  n'avait  pu  se 
decider  i  d^truire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  que  V.  Cousin  ait  tort  ou  rai- 
son,  nous  ne  pouvons  que  nous  r^jouir  de  la  conser- 
vation de  ces  lettres  qui  ont  permis  k  cet  ecrivain 
'd'6crire  T^tude  si  charmante  et  si  int^ressante  qu'il 
a  consacr^e  4  M"*^  de  Sabl6. 

Valiant  surv^cut  d  la  marquise  quelques  annies; 
il  mourut  au  palais  du  Luxembourg,  le  22  juillet 
1685  *,  Idguant  son  Portefeuille  d  Fabbaye  de  Saint- 
Germain-des-Pr6s. 


1.  «  II  s'appropriait  routes  les  lettres  qu*elle  recevait,  tn^me  les  plus 
intinies,  aux  d^pens  de  Tamiti^  et  au  grand  profit  de  I'histoire.  » 

2.  Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  sa  demi^re  maladie  et  sa 
mort.  Valiant  dcvait  avoir  alors  environ  60  ans. 


u 

LE  PORTEFEUILLE  DE  VALLANT 


RECEPTES    MfiDIQNALES 
MOYENS   FACILES  POUR   TENIF    LE   VKNTRE   LIBRE 

L  ne  fiiut  pas  jeusner,  au  contraire  il  vau 
mieux  prendre  de  la  nourriture  plusieur 
fois  par  jour,  et  m^diocrement  i  chaqu 
fois. 

On  peut  boire  un  petit  vin  avec  beau 
coup  d'eau,  car  I'eau  seule  resserre  le  ventr 
plustot  que  de  ramollir. 

Le  potage  et  les  panndes  clajres  sont  utiles;  uR  bouillo] 
clair  un  peu  chaud  est  fort  bon  avant  les  repas. 

Les  viandes  grasses  et  humides  ou  un  peu  visqueuses  son 
bonaes  principallement  estant  bouillies,  et  sur  toutes  les  autre 
la  chair  de  veau  et  cellc  des  animaux  qui  som  jeunes  et  ui 
peu  mortifies,  par  ce  que  cette  viande  est  plus  ais^e  i  dig^re 
ec  est  plus  humide  et  la  nature  pousse  plustost  ce  qu'il  y 
d'inutile. 

Les  extrfimit^s  des  animaux  comme  les  pieds  et  la  test 
sont  fort  louables  pour  le  mesme  effet  :  et  tous  les  alimen 
aussi  qui  se  dissoudent  promptement  dans  t'estomac  et  passen 
viste  par  consequent. 

Le  sue  des  alimens  est  meilleur  que  terrestre  et  grossier. 
Les  choses  grasses  et  huileuses  sont  bonnes  pour  ceux  qu 
ne  se  trouveront  pas  incommodes  do  leur  usage. 


—  462  — 

Les  alimens  sall^s  m^diocrement  contribuent  k  donner  la 
liberty  du  ventre. 

Les  animaux  et  les  plantes  domestiques  sont  les  meilleures, 
parce  qu'elles  ont  plus  d'humide  que  les  sauvages. 

Le  laict,  sans  pr^sure,  vaut  mieux  qu'avec  de  la  pr^sure;  le 
fromage  mol  est  bon  aussi. 

Le  Sucre  et  le  miel,  la  moutarde,  le  pain  ou  il  y  a  du  son  ', 
les  febvres  nouvelles,  les  raisins  bien  murs,  les  prunes  et  les 
cerises  douces,  les  pesches,  les  mftres,  les  poires  bien  mures, 
et  les  pommes  douces  principalement  estant  cuites. 

Les  pesches,  les  figues,  les  melons  ^  Tentrie  du  repas  et 
non  pas  h  la  fin,  de  crainte  qu'ils  ne  se  corrumpent. 

Le  fruit  actuellement  sec  n'est  pas  bon,  mais  on  peut  en 
faire  bouillir,  par  exemple  des  pruneaux. 

Les  mauves,  Toseille,  le  concombre,  les  courges,  la 
citrouille,  la  poir^e,  le  houblon,  les  espinars,  la  bourrasche, 
les  laitues  et  le  pourpied  sont  fort  bons  dans  les  bouillons;  la 
mercuriale  aussi,  la  patiance,  les  violates  de  mars. 

Le  bouillon  des  choux  cuits  m^diocrement. 

L' usage  des  plantes  chaudes  n'est  pas  bon,  parce  qu'elles 
portent  aux  urines,  ce  que  font  aussi  le  plus  souvent  les  pois 
et  les  autres  legumes. 

L'eau  d'orge,  la  decoction  des  jujubes,  de  riglises,  le  vin 
doux  sont  bons. 

II  fait  bon  faire  de  Texercice  aprfes  avoir  mang^,  plus  tost 
que  de  demeurer  assis,  et  estre  plus  souvent  debout  que 
assis,  ce  deffaut  estant  une  des  causes  principales  pourquoy  la 
plus  part  des  personnes  s^dentaires  ont  le  ventre  parresseux. 

N^anmoins  un  exercice  trop  grand  rend  le  ventre  encore 
plus  paresseux. 

II  vaut  mieux  dormir  un  pcu  plus  que  moins. 

II  ne  faut  pas  se  baigner  souvent,  ny  se  purger  frtquem- 


I.  Qui  eut,  il  y  a  quclques  ann^es,  une  vogue  passag^re  sous  le  noni  de 
pain  complet,  vogue  due  a  la  m^nie  cause,  la  liberty  du  ventre  qu*il  ^tatt 
cens^  amener. 


—  4^3  — 

ment  ny  s*accoustumer  aux  lavemens,  s'ils  ne  sont  faits 
d'huile  pure  ou  de  beurre  ou  de  choses  semblabies^  comme  de 
bouillon  gras  sans  y  ajouter  autre  chose. 

II  est  bon  de  se  presenter  souvent  k  la  garde  robe,  afin  que 
la  nature  estant  soUicit^e  fasse  son  devoir  plus  souvent,  ce 
que  Ton  doit  faire  sans  s'efForcer  et  sans  se  morfondre  ' ;  prin- 
cipalement  un  peu  apres  estre  lev6,  et  avant  que  de  se  mettre 
^  table  et  encore  apr^s  le  sou  per. 

L' usage  des  pilules  gourmandes  '  est  bon  une  fois  ou  deux 
la  sepmaine.  Et  la  casse  aussi. 

On  pent  se  servir  d'un  bouillon  fait  avec  un  morceau  de 
viande,  comme  du  veau,  ou  bien  un  poulet  farcy  d'orge 
entier  et  de  raisin  de  Corinthe,  et  y  ajouter  un  nouet  de  sen6 ; 
et  quelque  fois  un  petit  de  cresme  de  tartre '. 

RECEPTE   q'uN   MiOECIN  POUR   GUtRIR   LA   FIEVRE   CARTE 

Mon  avis  pour  guirir  une  fievre  carte  i  un  honime  charnu 
d'un  aage  sexag^naire,  doit  commencer  tout  de  bon  par  une 
ou  deux  seign^e  pour  d^semplir  les  vaisseaux,  diminuer  ses 
acc^s  et  le  feu  de  ses  entrailles ;  ensuitte  il  sera  purg^  suffisa- 
ment  avec  trois  gros  de  senni  et  un  gros  de  policreste  ^  dans 

1.  Voici  des  conseils  que  Trousseau  n*eikt  pas  d^approuves,  lui  qui  pr^- 
tendait  qu'une  volonte  patiente  et  r^guli^rement  appliqu^,  triomphe  le 
plus  souvent  de  la  constipation. 

2.  Les  pilules  gourmandes,  ou  ante  cibum,  encore  employees  de  nos 
jours,  ^taient  a  base  d'alo^s  et  produisaient,  en  g^n^ral,  Icur  eftet  le  lende- 
main. 

3.  Ces  conseils  sur  Talimentation  et  I'hygi^ne  ^manent  d  coup  si^r  d'un 
m^decin,  mais  cette  recommandation  «  ny  se  purger  frequemment  »  semblc 
indiquer  que  Valiant  n*est  pour  rien  dans  leur  redaction  ;  il  ^tait,  en  cHct, 
fervent  adepte  des  purgatifs  «  pour  les  Ventres  durs  ». 

4.  Le  sel  polychreste,  c'^tait  le  sulfate  de  potasse  qui  ^tait  employt^ 
comme  purgatif  it  la  dose  de  2  4  8  grammes.  II  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  le  sel  polychreste  de  Seignette,  apothicaire  de  la  Rochelle,  qui  fut 
invent^  vers  la  fin  du  xvii^  si^cle  et  dont  la  composition  ^tait  alors  inconnue. 
Ce  dernier  sel  polychreste,  rest^  dans  notre  pharmacop^e  moderne,  n'^tait 
autre  que  le  tartrate  de  potasse  et  de  soude.  Seignette  I'ordonnait  d  la  dose 
de  I  i  4  grammes  co^me  diur^tique,  et  d  la  dose  de  1 5  grammes  comme 
purgatif  l^ger. 


—  464  — 

un  demy-sepiier  de  sa  ptisanne;  estant  passe,  on  y  dissoudra 
deinie  ooce  de  casse  mund^e,  une  once  de  sirop  de  roses 
pastes  et  une  once  de  manne,  qu*il  prandra  quaire  ou  cinq 
fois  pour  le  moins,  k  moins  qu'ii  fut  desja  bien  net :  et  le 
jour  de  I'acces  ce  sera  i  Tissue  de  son  acces,  les  autres  jours 
le  matin.  Et  cependant  au  commencement  de  ses  acc^,  boire 
3  onces  de  vin  pur,  avec  10  grains  de  diaphoretique'  et 
13  grains  de  poudre  de  vipers;  et  les  autres  jours  10  grains  de 
diaphoretique  et  10  grains  de  vipers  dans  un  peu  de  vin  le 
matin,  jusque  k  neuf  prises.  Apres  avoir  esti  purg6  tantqu'il 
sera  n^cessaire  lorsque  les  entrailles  seront  nettes  et  luisantes, 
on  luy  donnera  aussy  tost  deux  gros  de  Tescorce  du  Perrou' 
et  autant  du  bon  et  veritable  quinquina  en  poudre,  bien  cri- 
ble,  trempi  8  heures  dans  un  demy-septier  de  vin  blanc;  il 
avalera  le  vin  et  la  poudre,  et  rinsera  le  goblet  de  vin  afin  de 
ne  rien  perdre  de  cette  aymable  amertume.        , 

Et  n'jura  rien  pris  6  heures  auparavant,  et  ne  prandra  rien 
6  heures  apres. 

Et  le  jour  de  Tacces  suivant  mesme  heure,  qu'il  vienne  ou 
nc  vicnnc  pas,  reiterera  cette  dose. 

Et  autant  le  jour  de  I'acces  d  apres  des  qu'il  aura  pris  cette 
poudre  la  premiere  fois  plus  de  remMes. 

II  seroit  mesme  bon  de  la  prandre  une  heure  devant  le  fris- 
son ou  deux,  s'il  est  sujet  k  vomir,  ou  3,  plus  tost  que  de  U 
vomir,  car  elle  ne  protiteroit  pas. 

Sans  ditficulie  la  fievre  s*en  irra  i  la  presmiere  prise,  ou  i 
Textremite  Ji  la  seconde. 

Je  le  guaranty  sans  fievre  quelques  semeines,  mais  sy  elle 
s'avisoit  de  revenir,  le  secret  est  de  se  purger  une  ou  deux  fois 
s'il  se  sent  fort  plain  tout  de  suitte,  et  en  reprandre  encore 
2  fois, 

Sil  a  quclque  ditHculte,  escrire. 

DvMt  vi\re  sobrement;  je  ne  luy  desfand  point  le  vin  ny  un 
pou  dVxercice  et  me  recomande  a  ses  bonnes  prierres. 

1,  .\ntinic^inc  Jiirhorvt^uc  ;  c'esi  Foxydc  blanc  d^antiinoine. 


—  4^5  — 

Qu'il  prenne  entiere  confience  au  Seigneur  et  i  son  apostre. 
Ce  1 4- Janvier  1676  ". 

RECEPTE  POUR  LA  PETITE   vfeftOLLE 

11  faut  faire  tuer  plusieurs  poules  et  prendre  la  graisse  qui 
est  autour  des  boyaux  et  la  faire  fondre  dans  une  cuilier 
d'argent  avec  deux  ou  trois  gouttes  d'huile  d'amende  douce, 
puis  en  froter  le  visage  quand  la  petite  v6rolle  est  sortie, 

POUR  FAIRE   POMMADE   POUR   LA   PETITE   VEROLLE 

Faut  prendre  deux  livres  d'huylle  d'olive  de  la  meilleure, 
la  mettre  dans  une  poesle  ^  confiture  bien  nette,  et  la  faire 
chauffer  jusqua  ce  qu'elle  fr^misse;  dans  laquelle  on  jettera 
deux  grandes  poign^es  de  la  seconde  plure  de  sureau  '  que 
Ton  laissera  dans  lad.  hyuUe  jusqu'^  ce  que  lad.  plure  soit 
sans  jus;  puis  il  faudra  retirer  led.  marc  de  sureau,  laissant 
tousjours  rhuylle  sur  le  feu,  et  y  rejetter  une  poign^e  de 
morelle'  et  une  autre  de  planting  qu'on  laissera  encore  fr6- 
mir  dans  lad.  huylle  jusqua  ce  que  le  jus  en  soit  hors;  puis 
oster  la  poesle  de  dessus  le  feu  et  retirer  la  morelle  et  le  plan- 
tin.  Aprfes  quoy  on  jette  encore  dans  lad.  poesle  quattre 
onces  de  cire  neuve  jaune  d^coupte  par  morceaux  que  Ton 


1.  Note  de  Valiant.  C^ne  Le  seigneur  et  son  apostre,  M.  Pourret,  1676. 

2.  Cest  la  partie  la  plus  superiicielle  du  bois,  de  couleur  verte,  qui  appa- 
rait  iorsqu*on  a  d^tach6  T^corce.  Le  sureau  passait  pour  hydragogue. 

3.  La  morelle  solanum  nigrum  6tait  rangte  avec  le  pavot,la  jusquiame,  la 
cigue,  la  mandragore,  la  belladone,  la  stramione  dans  la  classe  des  plantes 
assoupissantes ;  on  ne  remployait  qu'en  cataplasmes  sur  les  canc^res, 
ulc^res,  les  ^rysipties^  etc.  Elle  entrait  dans  la  composition  de  noinbreux 
onguents  comme  Tonguent  Populeura.  On  en  faisait  une  eau  distill^e  qui, 
i^  haute  dose,  pouvait  6tre  tr^s  toxique  ;  cette  eau  de  morelle  6tait  un  des 
poisons  les  plus  employes  ^  ceite  6poque ;  il  est  vrai,  comme  il  ressort  des 
interrogatoires  de  la  Voisin,  qu*on  y  ajoutait  le  plus  souventun  peu  d*arse- 
nic  pour  rendre  Teau  claire ;  i  Taction  douteuse  de  Teau  de  morelle  venait 
s'ajouter  Taction  beaucoup  plus  siire  de  Tarsenic. 

4.  C^tait  une  plante  vuln^raire  astringente  ;  s*employait  surtout  en  col- 
lyre  dans  les  affections  de  Toeil. 

Le  Maguet.  —  Le  mondc  medical,  30 


—  466  — 

bissera  tbndrc  dans  !ud.  huylle  et  lors  la  pommade  sera  £iicte. 
On  ne  doit  se  servir  de  b  presente  pommade  que  le  huit 
ou  neaviesme  jour  lorsque  b  verolle  est  grosse  et  bien  sortie  ^ 
il  en  but  mettre  sur  le  visage  et  b  riiterer  de  quatre  heures 
en  quatre  heures  pour  ne  point  bisser  seycher  ^. 

RECEFTE   POUR   LHYDRGPISIE 

n  but  prendre  du  sureau  en  seve  ou  tout  au  plus  d'un  an, 
oster  Tecorce  qui  le  couvre  delicatement  afin  de  bisser  I'escorce 
verte  etquand  I'escorce  grise  est  tout  k  bit  ost&c  il  but  ratiner 
I'escorce  verte  jusques  au  bois. 

1.  On  se  £usait  aa  debut  da  xvur  si^e  une  idee  bizarre  de  la  pathog^ 
nie  de  la  variole.  Elle  etait  due  a  la  fermentation  et  i  r^bullition  du  sang 
dans  les  vaisseaux,  fermentation  que  Lteery  comparait  a  la  fermentation 
du  via  dans  on  tonneau.  «  Les  petites  pustules  ou  les  grains  de  petite 
verolle,  dit-fl,  soot  un  tartre  qui  se  s^pare  du  sang  vers  la  peau  de  la  meme 
maniere  que  le  tartre  se  s^pare  du  vin  aux  cost^s  du  tonneau,  aussi  font- 
elies  le  meme  efilet  qu'un  sel  en  rongeant  le  cuivre.  »  Le  sang  des  enfants 
ressemblant  plus  au  mout,  et  fermentant  done  tr^  facilement,  on  enpii- 
quait  ainsi  la  plus  grande  fir6]ueQce  de  la  varicJe  chez  eux.  La  grosse  indi- 
cation dans  le  traitement  de  la  variole  ^tjut  de  ne  rien  faire  avant  Teruption, 
la  N-ariole  rentr^  amenant  de  «  grandes  pourriteures  par  dedans  le  corps  ». 
On  essayait  de  faciliter  r^rupdon  par  tons  les  moyens  possibles,  et  tous  les 
sudorifiques  entraient  en  jeu,  I'antimoine,  Teau  de  squerson^re,  la  boar- 
rache,  le  chardon  b^t,  les  bezoards,  les  (ientes  d'animaux  les  pins  divers. 

Lorque  «  la  nature  s'etait  d^termin^  i.  la  transpiration  ou  sueur  sala- 
taire  et  que  les  humeurs  s'^taient  d^gagto  »,  on  ordonnait  la  pommade  ci- 
dessus  et  des  coUyres  a  basede  saffran  pour  pr^rver  les  yeux  de  T^ruption. 

2.  Un  des  mdlleurs  moyens  d'dviter  la  variole  ^tait  de  ne  jamais  manner 
de  houillie.  Guy  Patin  s*6tend  longuement  sur  le  danger  de  la  bouillie  :  il 
n'en  a  jamais  rnang^  pendant  sa  premiere  enfance,  aussi  il  n*a  jamais  eu  la 
variole.  «  Je  crois  que  c'estune  des  raisons  qui  m'en  a  exempt^;  feue  nia 
mere  ne  m'ayant  jamais  nourri  que  de  ses  mamelles ;  la  bouillie  ^tant  un  ali- 
ment grossier  qui  fiadt  beaucoup  de  colle  et  d'obstruaion  dans  Testomac  et 
dans  le  ventre  et  qui  foumit  beaucoup  de  disposition  k  une  maladie  de 
pourriture.  Mes  enfants  n'y  ont  point  ^t^  sujets  aussi,  quia  eos  a  ptdticula 
usu  svhtractos  volui  etiam  inviiis  nulricihuSy  et  interdum  reclamantihus ;  mais 
j'en  ai  6t6  le  maftre,  idqm  prospero  successu.  »  (^Lettres,  t.  I,  p.  314).  — 
tt  Les  anciens  Grecs  n*ont  pas  connu  la  petite  v^role,  dit-il  encore.  Hoc 
habeo  indubUatum  alque  certissimum,  Aussi  les  enfants  ne  mangeaient-ils  pas 
de  bouillie  de  leur  temps.  Et  sola  mamma  utebantur.  {Lettres^  t.  I,  p.  317). 
—  II  est  curieux  de  voir,  un  sifecle  avant  J. -J.  Rousseau,  Guy  Patin  partir 
en  guerre  et  prober  Tallaitement  matemel ;  il  est  vrai  que  Rousseau  aura 
un  mobile  un  peu  different  et  ne  pensera  pas  ^  la  petite  virole. 


—  4^7  — 

Prendre  cette  escorce  verte,  la  piler  dans  un  mort 
net;  apr^  ['avoir  bien  pil6  jusques  ^  ce  que  le  jus  ei 
k  faut  passer  et  presser  dans  un  linge  blanc. 

II  en  feut  quatre  onces  pesans  pour  chopine  du  j 
vin  blanc;  et  demy-livre  pour  pinie  '. 

Apr^s  qu'on  a  press^  et  pass^  ledit  sureau,  U  le  &u 
avec  du  vin  &  proportion  de  la  susdite  quantity. 

II  en  kui  donner  au  malade  trois  fois  par  jour,  au 
midy  et  au  soir  un  plein  verre. 

Mais  avant  que  de  le  mettre  dans  le  verre,  il  faut 
le  remade,  et  le  plus  seur  est  de  mettre  le  tout  dans  i 
teille  nette  et  la  reinuer  avant  que  d'en  verser. 

Si  le  remdde  fait  trop  d'op^ration '  il  ftiut  lui  lalssei 
entre  deux  et  en  reprendre  le  lendemain,  le  tout  si 
force  du  temperament  du  malade. 

Cela  n'oblige  aucunement  k  garder  le  list,  au  co 
se  promener  dans  la  maison. 

Pendant  le  temps  du  remMe,  le  malade  ne  mangei 
rosty,  viande  chaude  et  substantielle. 

II  se  £aut  bien  garder  si  on  veut  que  ce  remSdt 
operation  salutiire  de  se  servir  d'ordonnance  de  m^< 
telle  sone  que  ce  soit,  qui  sont  toutes  inutiles  il  gut 
dropisie,  ny  de  saign^es,  mais  de  quelques  lavemei 
petit  nombre. 

RECEPTE   POUR    LES    YEUX,    DE    MAD.    DE   BELIEVKE  ', 

PAR  m"*  d'aumale  le  I9°"  may  1668 
Pour  faire  I'eau  pour  les  yeux  il  faut  prendre  une  cl 

1.  Cette  recette  est  d'une  personne  non  seulement  ennemie 
cins,  mais  de  plus  itrang^ri:  i  la  mfdccine.  La  livre  dont  elle  pa: 
pas  la  livre  soutive  des  apoticaires  (12  onces),  mais  la  livre  po: 
de  16  onces  etdoatle  rapport  decimal  esi  de489gr.  504.  La  pii 
;cx><  partie  du  rauid  et  avait  une  contenance  de  49  \  pouces  cub 
divisaii  en  deux  chopines. 

2.  Purge  trop  et  avec  coiiques. 

}.  Qui  fut  c^l^bre  surtout  par  sa  liaison  avec  le  surintendani  I 


—  468  — 

bon  vin  Wane  et  autant  d'eau  roze ',  y  mettre  deux  onces  de 
tusie  pr6par6e*,  une  once  d'aloy^  une  once  de  clou  de 
gerofle,  mettre  le  tout  ensemble  dans  une  bouteille  de  vene 
bien  bouch^e,  la  mettre  au  soleil  et  au  serain  pendant  tout 
Test^  et  aprts  le  mois  de  may  faire  distiller  un  verre  d'eau  de 
chacunedes  herbes  suivantes^  premi^rement  de  fenouil,  de  rue, 
d'enfraize  et  d'esclaire  ^,  mettre  le  tout  dans  la  bouteille  ou 
sont  desja  les  autres  drogues  et  remuer  le  tout  de  temps  en 
temps,  et  ^  la  fin  de  I'est^  elle  sera  faite ;  EUe  se  garde  vingt 
ans  si  Ton  veut.  Quand  on  s'en  voudra  servir,  il  en  faut 
mettre  avec  le  bout  d'une  paille  au  coing  de  I'oeil,  en 
sorte  qu'il  en  entre  dedans;  cela  fortifie  et  purifie  la  vueue'. 
Pour  preparer  la  tusie,  il  la  faut  calciner  six  foix  dans  un 
creuset  et  Testendre  dans  la  mesme  eau  roze  dont  on  se 
servira. 

REMfeOE  INFAILLIBLE  ET  AVERRfe  PAR  L^EXPfeRIENCE  DE  PLU- 
SIEURS  SliCLES  POUR  PRESERVER  DE  LA  RAGE  ^  TANT  LES 
HOMMES  QUE  LES  ANIMAUX  QUI  AUROIENT  ESTE  MORDUS 
DE   BESTES   EN  RAGLES 

Si  quelqu'un  a  est6  mordu  d'une  beste  enragfe,  et  qu'il  y 

1.  Eau  de  rose. 

2.  Tuthie,  c*est  la  sandaraque  gomme  r&ine  du  Thuia  articuUUa  (coni- 
feres);  elle  venait  d*Afrique  et  les  oculistes  remployaient  pour  dess6:her  et 
cicatriser  les  ulc^res  des  yeux. 

3.  Alun  qu'on  employait  comme  astringent  dans  la  m^decine  oculaire. 

4.  Ces  plantes  avaient  la  reputation  de  fortifier  et  d'dclaircir  lavue; 
c'^taient  des  ophtalmiques  astringents  et  r^solutifs. 

5 .  Les  substances  et  plantes  propres  aux  maladies  des  yeux  se  divisaient 
en  ophtalmiques  adoucissanls  resolutifs  et  ditersifs  et  en  ophtalmiques  astringents 
toniques.  Dans  la  premiere  classe  on  rangeait  lebleuet,  dont  Teau  distill^e  avait 
re9u  le  nom  dVau  de  casse-lunettes^  Teuphraise,  le  fenouil,  la  piquerette,  le 
plantin,  la  pomme  de  reinette,  les  roses  rouges,  le  lait  de  femme,  le  petit 
lait,  le  blanc  d*oeuf,  le  sang  de  pigeon  ^gorg^.  Les  ophtalmiques  astringents 
comprenaient  entr'autres  :  r6:]aire,  le  romarin,  la  rue,  Tins,  Talo^,  lesafran, 
le  vin,  I'esprit  de  vin,  Talun,  I'antimoine,  le  vin  ^m^tique,  Teau  de  chaux,  le 
verdet,  la  fiente  de  lizard... 

6.  Les  m^decins  n'avaient  sur  la  pathog^ie  de  la  rage  aucune  id^  bien 
nette ;  il  y  avait  bien,  selon  eux,  un  poison,  un  venin,  mais  comment  ^tait- 


—  4^9   — 

ait  pUye  entamte,  il  £iut  devant  toutes  choses  bien  nettoyer 
la  playe  la  raclant  avec  quelque  ferment  lequel  ne  puisse  apr^s 

il  fabriqui,  comment  agissait-il?  Auiant  d'auieurs,  auunt  d'opinjons  diSi- 
renlcs.  Q^ianl  ^  k  symptomatologie,  an  en  ixah  teiti  i  la  description 
classique  de  Celse,  ou  plut6t  aux  commentairesplusou  moins  famaisisies  de 
celte  decription.  Moigagni  cependant,  ^  I'aide  de  I'examen  cadavfrique. 
d£truisit  beaucoup  d'hypathtees  crron^es.  II  faul  anriver  jusqu'i  Boerhaave 
et  Van  Swieten  poor  trouver  une  itude  vraiment  scientifique  de  la  rage 
humaine. 

Le  traitement  de  la  rage  itait  le  mSmc  qu'indiquait  Celse ;  le  prompt 
usage  du  cauiire  rougi  au  feu,  dcs  caustiques,  I'emploi  du  vin  pur  pris  k 
riiiti-'rieur.  On  caut^risail  larga  manu  et  on  tenait  le  malade  entre  deux  vins 
pendant  une  dizaine  de  jours. 

Mais  un  autre  traitement  qui  fit  fureut  au  xvii"  si«le  et  dont  M"«  de 
Scvigni  Dous  paric  dans  une  de  ses  leitrcs,  ^tait  I'envol  du  malade  i  la  mer 
pourvu  qu'il  pit  y  fttre  plongi  neuf  jours  aprfis  I'accident  (M""  Fouquei, 
Recutil  de  Ttmides  facilts  tt  domesliqius,  1678,  —  Lestoile,  Journal  dt  Henri 
IV.  —  Htroard,  Journal  d*  Louis  XHI).  Dans  le  Porlefmitte  Valiant 
17051,  r°  44}),  nous  trouvons  la  description  Ju  bain  forc^  et  peu  agr^able 
qu'on  infligeait  aux  gens  roordus  ;  «  II  faut  bien  attacher  un  homme  dans 
I'eau  jusqu'au  cou,  I'y  laisser  lil  jusqu'^l  ce  qu'il  tombc  prcsque  en  faiblessc 
ct  le  tetircr  \  il  sera  gu^ri.  II  lui  Taut  Her  les  mains  et  les  pieds  afin  qu'il 
ne  puisse  sortir  ni  se  lever  de  I'eau,  et  le  plus  avani,  pouri'u  quil  n'avale 
point  d'eau;  c'est  le  meilleur  u.  En  t66i,  le  bachclier  J.-B.  Ferrand  discu~ 
tanl  la  question  An  rahidis  mare  ?  conclui  affirmativement.  Ce  fut  pour  cette 
melliode  un  veritable  engouement  qui  dura  m£iiie  jusque  vers  1750. 
Cliaque  semaine,  pendant  I'Sti,  partaient  de  Paris,  sous  la  conduite  d'ar- 
ihers,  de  viritables  caravanes  de  gens  mordus  sc  rendant  a  Dieppe, 

A  c6li  de  ces  traitements  approuvis  et  prflnis  par  la  Faculli,  nous  ne 
ferons  que  rappeler  les  pratiques  myst^rieuses,  les  breuvages  biiarres,  les 
sp^ifiques  infaillibks,  la  dent  de  jument  mise  sur  la  tile  de  I'enrag^,  la 
clef  de  Saint-Huben,  le  poil  du  chien  enrag^  mis  sur  la  morsure,  la 
potion  cabalistique,  la  thiriaquc,  I'orvi^tan,  la  Rente  de  ch^vre  bouillie  dans 
du  vinaigre. 

Lous  XIV  fut  une  fois  mordu.  Ayant  peu  de  confiance  dans  ses  mMe- 
dns,  il  se  fit  toucher  par  le  chevalier  de  Saint-Huberi  qui,  descendant  direct 
du  saint,  avait  h^ii^  de  sa  prerogative.  Dans  sa  reconnaissance,  il  lui  eiivoya 
des  lettres  patentes  lui  accotdant  le  droit  de  toucher  les  personnes  mordues. 
La  personne  se  confessaic  et  comniuniait  avant  d'etre  touchfe  par  le  cheva- 
lier qui  poussalt  mjme  la  complaisance  il  toucher  les  animaux  :  chats, 
vaches,  chiens,  qui  avaient  pu  cire  mordus  en  mime  temps  qu'elle. 

On  admettait  que  les  premiers  sympidmes  apparus,  touie  medication  eiait 
inutile.  On  transportait  les  enrages  k  la  Salpeiritre  ou  aux  Petites  Maisons 
avec  les  fous.  Fn  gdniral,  on  ne  prenait  pas  tant  de  fa^cn ;  Guy  Paiin 
indique  la  manjire  d'agir  en  pareillc  occurence  :  «  II  faut  les  iiouffer  dans 
leurs  lits  a  force  de  couvcrturcs,  ou  bien  on  leur  fait  avaler  une  pilule  de 
six  ^tns  d'opium  tout  pur  afin  qu'il  n'en  soit  plus  parle.  » 


—  470  — 

servir  k  couper  quel<]ue  chose  qu'on  veuiUe  manger; 
&ut  bien  laver  ct  estuver  la  playe  avec  de  I'eau  et  du  vi 
y  ayant  mis  au  pr^alable  une  pinc^c  de  sel  autaat  qi 
peut  prendre  avec  trois  dojgts  dans  une  sali&re. 

La  playe  estant  bien  nette  il  faut  avoir  de  la  rui 
sauge  et  des  mai^uerites  sauvages  qui  croissent  es  ch 
pr^,  feuilles  et  fleurs  s'il  y  en  a,  une  pinc^e  de  chai 
davantage,  i  proponion  du  mal ;  on  peut  prendre  un  ( 
de  marguerites  que  des  deux  autres  :  Prenez  aussi  q 
racines  d'^glantier  sauvage  ou  rosier  des  plus  tendres. 
portion ;  et  si  vous  avez  de  la  scor^onnaire,  ditte  vulga 
d'Espagne,  prenez  de  la  racine  et  hachez  avec  celle  d'^ 
bien  menu;  adjouttez  i  tout  cela  cinq  i  six  petites 
d'ail.  Filer  premiferement  les  racines  d'^glantier  et  1 
dans  un  mortier ;  ces  deux  esunt  pilez,  mettez  et  pile: 
dans  le  mesme  monier  tout  le  reste  rOe,  marguerite: 
racine  de  scor^onnaire  avec  une  pinc^e  de  gros  sel, 
peu  davantage  de  sel  blanc  meslant  bien  te  tout  par  ei 
et  faisant  un  marc  de  tout  cela.  Prenez  de  ce  marc  et  It 
sur  la  playe  en  forme  de  cataplasme,  et  si  davantage 
est  profonde,  it  seroit  i  propos  d'y  faire  distiller  du  ji 
marc,  puis  en  ayant  mis  sur  la  playe,  il  la  faudra  bien 
et  la  kisser  ainsi  jusques  au  lendemain.  Cela  &it  sur 
restant  qui  sera  environ  la  grosseur  d'un  ceuf  de  poul 
jetterez  un  demy-verre  de  vin  blanc,  ou  de  clairet  I 
blanc,  et  ayant  mesl^  le  tout  avec  un  pilon  dans  le  m( 
le  faudra  passer  par  un  tinge  et  en  bien  espraindre  toi 
et  le  faire  boire  au  patient  k  jeun,  et  aprte  laver  la 
avec  du  vin  et  de  I'eau. 


POUR   FAIRE   LA   POUDRE  DE   SYMPATHIE 

Prenez  vitriol  remain  et  gomme  adragunt  lesquelz 
cine  on  les  6tend  sur  du  papier  fort  espais  et  met-on  ; 
durant  ta  canicule  et  quand  le  soleil  est  fort  ardent 
un  mois,  et  elle  est  £iite. 


—  471  — 

Pour  s'en  servir  quand  quetqu'un  est  bless6,  on 
plaie  en  la  rejoignant,  et  du  dernier  sang  qui  en  so 
imbibe  iin  linge  blanc  sur  lequel  on  met  une  pincte  <: 
poudre,  et  sur  la  blessure  un  autre  linge  blanc  de  la  ( 
de  celuy  qui  aura  est^  mis  sur  la  playe  qu'on  band( 
ment  et  qu'on  renouvellede  vingt-quatre  heures  comi 
aussy  ou  est  le  sang  oii  Ton  met  de  nouvelle  poudre 
parfaite  gudrison.  Ce  qui  se  peut  faire  quand  on 
cent  lieues  de  la  personne.  II  faut  que  celuy  qui  pensi 
ensanglant^  prenne  garde  de  le  meitre  en  lieu  qui  ni 
trop  chaud  ni  trop  humide  de  peur  d'enflammer  la 
rendre  trop  visqueuse'. 

POOR      ENDURCIR     LES    TETINS     d'UNE     FEMME     APRES 

LAiCT  s'en  est  alle.  (TVV^  des  raepies  de  M'  de  Pi 

II  fiiut  prendre  de  I'eau  de  prunelles  vertes  et  d 
verts  autant  d'une  comme  d'autre,  y  tremper  de 
linge  de  la  grandeur  des  tetins  et  I'appliquer  dessus  Ii 
s'allant  coucher,  y  adjoutant  I'eau  de  mirtre;  elle 
meilleure. 

1.  Ce  fut  h  preniitrc  application  du  magnL-tisrae  k  U  tliir 
Cette  poudic  nierveilleuK  fut  introduite  en  France  parTurqucI  dt 
mais  elle  fut  mise  en  honneur  par  Keneltn  Digby  qui  itaii  chani 
reine  Henriette  d'Angleterre.  Digby  6tait  I'ami  de  Valiant,  et  c'l 
blement  de  lui  que  ce  dernier  tenait  la  recette.  Valiant  I'envoya 
Hidoin  qui  obtint,  gricc  1  eile,  des  r^sultats  merveilleux,  s'il  fau 
un  passage  d'une  de  ses  lettres  : 

<■  J'ay  guery  ces  jours  passes  un  ulcere  restez  probablement  at 
de  la  vessie  apres  une  gonorrhee  d'un  an  qui  duroit  encore,  avec 
du  sympathie  et  je  m'en  suis  aussi  servi  pour  en  arrester  une  a 
avoir  traitf  en  la  mani^re  ordinaire  et  cela  m'a  fori  r^iissi  (. 
Valiant,  p.  X,  fo  40J). 

La  poudre  de  sympathie  jouii  jusqu'au  milieu  du  xviq°  si^cle 
tige  sans  rival  et  M"»  de  Sivigni  farivait  en  168;  :  a  Mon  fils  v( 
bon  ^ui  oCi  je  suis.  II  est  vral  qu'une  petite  plaie  que  nous  croy 
mfe,  a  (ail  mine  de  se  rivolter;  raais  ce  n'Stoit  que  pour  avoir 
d'ttre  guSiie  par  la  poudre  de  sympathie...  Voire  poudre  de  syn 
un  remade  tout  divin;  nia  plaie  a  changii  Je  figure,  elle  est  ^ua 
gaixK.  • 


—  472  — 

Pour  le  mesme  effet,  prenes  deux  pierres  dont  on  affile  les 
rasoirs,  les  frotter  I'une  centre  Tautre  dans  de  I'eau  de  Fontaine 
jusques  i  ce  que  I'eau  en  devienne  noire  et  Tappliques  comme 
dessus. 

REMEDE   EXPfeRIMENTfe   POUR  GUERIR   LE   GROS  COL   OU  GOITTRE 

aUAND   IL  NE    FAIT   QJJE  COMMENCER 

Prenes  des  esponges  qui  naissent  sur  les  rosiers  sauvages 
dans  les  buissons,  esponges  de  mer  de  chacunes  deux  onces, 
faites  brusler  ensemble  lesdittes  esponges  dans  ung  creuset 
tant  qu'elles  soient  riduites  en  cendres. 

Prenes  de  cette  poudre  une  once. 

Cendre  de  papier  gris  \  deux  dragmes,  cannelle  pulv6ris6e 
demy  once,  corail  rouge  pulverise  deux  dragmes.  Mesles  le 
tout  ensemble  et  en  uses  comme  s'en  suyt. 

Prenes  deux  onces  de  la  susditte  poudre.  Mettes  les  dans  une 
bouteille  de  deux  pintes  de  vin  blanc  et  les  y  laisses  infiiser 
trois  jours  avant  que  d'en  user;  et  quand  la  lune  sera  pleine 
et  qu'elle  recommencera  i  dicroistre,  prenes  tous  les  matins 
k  jeunx  trois  onces  dudit  vin  blanc  jusqu'i  la  nouvelle  lune, 
que  vous  cesserfe  d'eh  user,  et  recommencer&  lors  que  laditte 
lune  dicroistra  de  rechef  jusqu'^  tant  qu'elle  sera  nouvelle 
vous  aperceveres  manifestement  que  votre  tumeur  decroistra 
avec  la  lune. 

RfeCEPTE   POUR  LA  SCIATiaUE 

II  faut  prendre  deux  chats  et  leur  couper  la  teste  toute  en 
vie,  et  puis  les  escorcher  tout  chauds,  et  mettre  la  peau  sur  le 

I .  Le  papier  avait  plusieurs  usages  en  m^decine  :  on  en  allumait  sous  le 
nez  des  hyst^riques  au  moment  de  la  crise.  On  en  faisait  aussi  une  huile  et 
un  esprit  de  papier  qui  dtaient  un  rem^e  merveilleux  contre  la  surdity. 
«  La  surdity  ^tait  le  plus  souvent  causae,  dit  Lemery,  par  une  humeur 
pituiteuse  qui  s*est  dess^chde  et  rendurcie  dans  I'oreille,  en  sorte  qu'elle 
bouche  le  nerf  de  Touie.  »  Cest  cette  humeur  qui  ^tait  dissoute  par  lliuile 
de  papier  «  qui  dissipoit  en  outre  les  bourdonnements  caus^  par  des  vents 
que  cette  humeur  renfermoit.  » 


^i 


—  475  — 

mal  et  la  laisser  deux  fois  24  heures,  et  puis  faire  rotir  les 
ehats  avec  le  ventre  et  conserver  la  graisse  qui  tombera  dans 
la  liche  frite,  et  puis  oster  le  ventre  aux  chats  et  les  mettre 
dans  un  pot  de  terre  neuf  avec  une  pinte  de  gros  vin  rouge, 
avec  une  pinte  d'eau,  une  escuill6e  d'huille  de  noix,  une 
bonne  poign^e  de  scel,  une  poignee  d'herbe  de  Tache,  une 
d'absinte  et  une  de  sauge ;  et  faire  cuire  le  tout  ensemble, 
jusquesdce  qu'on  puisse  tirer  environ  trois  onces  de  Thuille 
que  Ton  fera  prendre  au  malade. 

REMADE   POUR   CEUX  QUI   PISSENT   AU   LIT 

Fault  prendre  une  chauve  souris  et  en  tirer  le  sang,  la 
laisser  s6cher  au  soleil  dans  un  vaisseau  de  terre  ou  sous  les 
cendres,  la  r^duire  en  poudre  et  le  mesler  avec  Thuile  de 
Sesamum  aultant  qu'il  en  fauldra  pour  faire  une  petite  pas- 
tille ;  le  tout  mesler  ensemble  et  en  faire  prendre  le  poids 
d'un  escu  deux  heures  avant  le  repas  ou  aprfes  et  continuer. 

REMfeOE   ASSEURfe   POUR   FAIRE  FLUER   LES   MENSTRUES 

Prenes  une  taupe  et  la  faite  mourir  dans  Teau  et  estant 
morte  la  mettre  dans  un  vaisseau  de  terre  bien  convert  et  la 
mettre  au  feu  jusqu'i  ce  qu'elle  se  r^duise  tout  en  cendres ; 
la  dose  est  d'en  prendre  la  pesanteur  d'ung  escu  ayant  infuse 
24  heures  dans  du  vin  blanc  et  faut  que  ce  soit  du  matin  d 
jeun  ;  si  la  malade  est  forte,  faut  qu'elle  se  promesne,  si  elle 
est  faible,  fault  la  mettre  au  lit  et  la  couvrir  bien  chaudement; 
et  ne  faudra  manger  de  trois  heures  aprfes;  et  faudra  prendre 
trois  matins  de  suytte  le  remade,  non  qu'il  fault  que  la 
malade  soit  purg^e  pr6c6demment  avec  pilules  aperitives. 

EMPLASTRE   A   FAIRE  TARIR   LE   LAIT 

Prenes  suif  de  rognon  de  mouton  quatre  onces,  huille 
d'amandes  douces,  cire  blanche  gren6e  de  chascune  deux 
onces,  alun  brusle  et  vinaigre  de  chascun  demy  once;  lesquels 


—  474  — 

il  faut  faire  fondre  ensemble,  apres  quoy  vous  feres  un 
emplastre  qu'estenderes  sur  du  linge  et  appliqueres  sur  les 
mammelles ;  que  si  vous  voul6s  le  rendre  en  forme  de  liniment, 
faut  y  adjouster  huiile  d'amandesdavantage. 

REMEDE   POUR   LA   CHAUDE-PISSE 

II  fault  prendre  un  grand  oignon  le  pesler  et  apr^s  le  fendre 
en  quatre  ou  cinq  quartiers,  le  faire  infuser  dans  un  verre 
d'eau  froide  Tespace  de  vingt-quatre  heures,  le  faire  prendre 
h  jeun  et  se  couvrir  bien  dansle  lit  jusqu'Jt  suer,  et  apres  estre 
bien  essuy6,  continuer  jusqu'i  quatre  ou  cinq  fois  et  apres 
lui  faire  prendre  une  potion  astringente. 

DIVERS   REMfeOES 

Pour  la  dissmterie.  Secret,  —  Prens  pi6s  de  perdrix  rouges, 
faits  s&her  k  Tombre,  puis  pille  les  bien,  prens  de  la  ditte 
poudre  et  mett^s  en  dans  du  bouillon ;  faites  le  boire  au 
malade,  il  fait  des  merveilles. 

Pour  lassiatique.  —  Prens  de  poiresine  *  faits  la  fondre  dans 
un  pot,  mets  la  dessus  des  estoupes,  poses  y  un  papier  blanc 
par  dessus  arrose  ledit  papier  d'huille  et  de  vinaigre  et  poses 
cela  sur  la  partie  afflig^e. 

Pour  prendre  des  pois sons  sans  manquer  avec  la  ligne.  —  Prens 
eau  de  vie,  un  jaune  d'oeuf,  un  peu  de  fromage  fort,  bat  le 
tout  ensemble  et  quand  tu  auras  mis  le  ver  k  ta  ligne,  trempe 
le  dans  cette  liqueur  que  tu  as  faitte,  avec  Teau  de  vie. 

Pour  les  agacins^.  —  Prens  barbe  de  pourreaux  et  trois 
grains  de  sel,  pille  le  tout  ensemble,  mfes  de  la  poudre  sur 
Tagassin  aprds  que  tu  auras  ost6  la  peau  jusques  k  la  cher 
vive. 

Pour  le  mesme.  —  L'umbilicus  Veneris  .appliqud  sur  la 
partie  apr6s  avoir  ost6  la  chair  morte  fait  merveille. 

1.  Lard. 

2.  Ampoules. 


—  475  — 

Adhemorroides  internas.  —  Faittes  un  petit  sachet ;  remplis- 
sez  le  de  la  racine  de  scrophularia  minor  \  mettes  le  derriere 
la  chemise;  mira  praestat. 

Pour  les  vers.  —  Prens  suie  de  cheminie,  des  aulx  tout 
autant  pillez  le  et  mettez  en  aux  temples,  vers  la  plante  des 
pieds,  sur  le  cou... 

Pouriirer  Vespine  du  pied.  —  Prens  refors  bien  netoy^  et 
graisse  de  pourceau;  mets  en  sur  lapartie...  etc. 

Pour  la  goutie.  —  Prens  os  d'homme  mort  que  tu  trouves 
aux  cimetieres,  mets  les  tremper  dans  Thuille  24  heures, 
mets  les  au  feu  dans  le  mesme  ppt,  fais  les  bouillir,  frote  la 
partie  et  tu  sentiras  grand  soulagement. 

Pour  Venfantemmt.  —  Prens  le  cuir  d'un  homme  pendu, 
fais  le  seicher ;  quand  la  femme  sera  preste  a  acoucher,  ceint 
la  de  la  ditte  ceinture  et  tu  feras  merveilles. 

Pour  les  milancoliques.  —  Prens  rate  d'un  homme  pendu 
bien  sain,  £iis  la  calciner,  ou  au  feu  ou  au  soleil,  donnes  en 
de  la  pesanteur  d'un  escu  d'or  ^  un  mdancolique.  II  n'y  a 
rien  qui  le  purge  mieux  de  cette  humeur  noire. 

Pour  le  sang  des  femmes  qui  est  trop  abondant.  —  Prends  un 
crJne  d'homme,  mets  en  en  poudre ;  fais  lui  en  prendre  le 
poids  d'un  escu  d'or;  il  s'arretera. 

Pour  faire  jeter  un  charbon,  bubon^  etc.  —  Prends  matifere 
d'homme  f(§cale  toute  chaude,  Tappliquer  sur  la  tumeur,  et 
dans  24  heures  quand  il  seroit  dur  comme  un  caillou  il  faut 
qu'il  perce. 

Pour  prolonger  la  vie^.  —  Prends  d'un  jeune  enfant  le 
sang,  le  faire  s^cher  et  mis  en  poudre  dans  un  bouillon  le 
donner  au  patient. 

1.  Petite  ch^lidoine ;  n'^tait  employee  que  pour  les  h^morrhoTdes. 

2.  C'^tait  une  vieilie  l^gende  du  moyen  ^ge  qui  vivait  encore  ^  cette 
epoque;  en  1492,  le  pape  Innocent  VIII,  vieillard  debile  et  moribond,  eut 
recours  k  un  m^decin  juif  qui  lui  promit  de  lui  rendre  la  sant^  et  sa  vigueur 
d'antan  en  lui  injectant  du  sang  d'enfant.  On  fit  trois  fois  la  transfusion,  les 
trois  enfants  p^rirent,  le  pape  n'en  roourut  pas  moins. 


—  476  — 

Pour  la  pleurisie.  —  Prens  fiente  de  cheval,  fraiche,  mets 
la  dans  du  vin  blanc ;  laisse  la  tremper  dans  le  dis  vin  toute 
une  nuict  au  moins  passe  cella  dans  un  linge,  donnes  en  au 
malade  un  demy  verre,  il  est  guery  '. 

Pour  Venfentement*  —  L'oeil  de  lidvre  mdle,  etant  sec,  et 
pose  sur  la  femme  la  faict  delisvrer  aussitot  et  apaise  sa  dou- 
Jeur ;  le  male  lidvrea  cela  que  quand  la  femmelle  veut  enfenter 
il  luy  frote  de  ses  yeux  les  seins. 

Pour  Its  pulmonistts^.  —  Les  poulmons  de  renard,  estant 
mis  dans  un  plat  couvert  d'un  autre  plat,  dans  un  four  apr& 
que  le  pain  en  est  dehors  jusqu'i  ce  qu'ils  soient  sec  et  mis  en 
poudre ;  en  donnant  de  cette  poudre  au  pulmoniste  une  ou 
deux  dragmes  dans  du  boulion,  cella  sere  de  beaucoup. 

Pour  bkssures  de  chevaux,  —  La  persiccaria  maculata  '  pilee 
et  mise  sur  la  playe,  dans  deux  ou  trois  jours  la  guerit. 

Pour  la  gravelle.  —  Pill^  9  escrevisses  dans  un  mortier  les 
mettre  tremper  24  heures  dans  vin  blanc,  passer  dans  un 
linge  et  en  boire  deux  doigts  le  matin. 

Pour  oster  une  loupe  en  quelque  lieu  quelle  puisse  estre  du 
corps.  —  Faut  que  la  personne  qui  a  sa  loupe  se  tienne  proche 
on  accouche  une  femme  et  aussitost  son  dilivre  apportt, 
fault  le  plus  chaud  que  Ton  pourra  le  mettre  sur  la  loupe, 

1.  Richelieu,  dans  sa dcmi^re  maladie  (probablement  une  pleur&ie  puni- 
lente),  avait  6t6  drogu^  avec  de  la  fiente  de  cheval.  C'est  Guy  Padn  qui 
nous  Tappreod  dans  une  de  ses  lettres  (lettre  du  12  dccembre  1643,  t.  I, 
p.  308).  cc  Le  quatri^me  jour  de  sa  maladie,  desperantibus  medicis,  on  lui 
amena  une  femme  qui  lui  fit  avaler  de  la  fiente  de  cheval  dans  du  vin 
blanc,  et  trois  heures  aprds,  un  charlatan  qui  lui  donna  une  pilule  de  lau- 
danum :  ct  hacc  omnia  frustra  :  contra  vim  mortis  non  est  medicamen  in 
liortis.  » 

2.  La  poulmonie,  c'^tait  la  tuberculose  pulmonaire  i  Evolution  rapide, 
granulie,  phtisie  galopante. 

3.  La  persicaire  s  employait  beaucoup  sous  forme  de  cataplasme  dans  les 
ulcires  variqueux.  A  Tinti^rieur  on  ordonnait  sa  d6coction  dans  la  diarrhte, 
la  dysenterie,  Thydropisie.  C*6tait  une  plante  vulniraire  detersive  et  astrin- 
gente.  Cette  derni^re  quality  la  faisait  ordonner  (a  Tint^rieur)  chez  les 
galeux  oil  elle  faisait  merveille,  s'il  faut  en  croire  Chomel. 


—  477  — 

Ten  bien  frotter  comme  si  Ton  vouloit  resbranler  avec 
mesme,  cependant  qu'on  va  le  qu6rir,  I'l  est  bon  de  froi 
doucement  ta  loupe  avec  la  main.  Souvent  esprouvd. 

Pour  apostumes  pestilentieux  ou  Charbon.  —  Vers  de  te 
une  poignee  et  les  appli()ueres  dessus  estant  dans  un  sac 
de  linge  fin. 

Autre.  —  Grenouilles  pillez  qu'appliqueres  dessus. 

Autre.  —  Les  huistres  avec  leurs  coquilles  et  leur  p 
pilles  et  appliqueres  dessus.  Tels  anitnaux  attirent  le  ve 
pestif^r^,  apatsent  la  douteur  et  esteint  I'tnflammaiion  di 
fievre. 

Pour  manger  une  taye  de  quelque  ipoisseur  qu'elle  soil.  —  1 
lima^ons  gris  qui  sont  dans  les  vignes,  les  mettre  dans 
pot  neuf  sur  un  four  ou  dedans,  et  les  piller  et  pulverise: 
en  souffler  souvent  dans  Tceil. 

Pour  la  bruslure.  —  Prenes  fiente  de  poulle  bien  recer 
demie  livre  graisse  de  pore, 

Fi^e  tierce.  —  Une  arraignee  pill^e  mise  en  un  bendi 
sur  le  front  ou  sur  la  tempe. 

REMADE   COMTRE    LA    GANGRENE ' 

Prenes  trois  onces  de  fleurs  de  roses  blanches  de  jard 
trois  onces  de  roses  blanches  de  haye,  trois  onces  de  fleurs 
lis  blancs,  et  metres  ces  fleurs  en  infusion  dans  une  phi 
avec  trois  livres  d'huile  d'olive  vieille.  Puis  ayant  bien  bi 

I.  La  gangrfene  iiait  considirte  avec  le  Cancir  et  le  Noli  mt  tangen  ( 
cer  de  la  face)  comme  un  chancre,  provenaot  d'une  humeur  et  d'un  ; 
m^lancolique  rongeant  la  peau.  Ce  chancre  gangreneux  iuii  le  plus  n 
des  3  chancres ;  il  monte  toujours  en  haut  pour  idcher  de  gagner  le  cc 
dit  la  Maninitre,  allant  plus  vite  que  les  autres  chancres.  Cependant  k 
de  cette  forme  grave  de  gangrene  "  nonobstant  qu'il  n'y  ait  pas  de  pL 
et  qui  n'est  autre  que  la  gangrfne  consecutive  k  une  embolie,  il  y  i 
place  pour  la  gangrene  senile   et  la  gangrene  a  paroissant  aux  pkyes 


—  478  — 

ch^  cette  phiole,  laisses  la  pendant  tout  Test^  expos6e  ^  I'ar- 
deur  du  soleil,  et  au  serein  de  la  lune.  Cependant  ii  faut 
avoir  deux  livres  de  suif  de  bouc  jeune  d'un  an  :  vous  le  feres 
fondre  avec  un  peu  d'eau  afin  qu'il  ne  se  brule  :  ensuite 
vous  le  passeres  par  un  linge  et  le  reserveres  dans  un  pot. 

Qpatre  mois  aprte  Tinfusion  vous  mettres  la  phiole  sur  des 
cendres  chaudes  et  feres  un  peu  bouillir  les  fleurs  et  I'huile 
qui  sont  dans  la  phiole^  puis  vous  passeres  le  tout  par  un 
linge  et  en  exprimeres  bien  le  jus  et  le  mettres  dans  un  vais- 
seau  vitr6  sur  le  feu ;  et  y  adjouteres  le  suif  de  bouc  par  mor- 
ceaux  avec  un  quart  de  cire  neuve ;  et  feres  fondre  le  tout, 
et  estant  fondu  vous  retireres  le  vaisseau  du  feu  et  brasseres 
la  ditte  composition  avec  une  spatule  jusqu'^  ce  que  le  tout 
soit  pris.  Cela  est  fort  long. 

Ce  remade  a  6it  experiments  pour  les  gangrenes  et  pour 
les  ulcSres',  et  pour  les  playes  d'arquebusade.  II  les  faut 
auparavant  laver  avec  de  I'eau  de  vSronique  ou  avec  du  vin 
blanc  meslS  avec  autant  d'eau.  Aprte  cela  vous  y  appliqueres 
cet  onguent;  il  le  faut  changer  de  deux  heures  en  deux 
heures  pour  les  gangrenes  en  les  lavant  avant  que  d'y  appli- 
quer  de  nouveau  Tonguent.  Cet  onguent  est  aussi  exp^ri- 
ment6  pour  les  playes  de  contusion,  et  pour  les  brulures  et 
pour  les  playes  rScentes  apr&  y  avoir  appliqui  quelque 
baume  convenable,  y  mettant  par  dessus  un  empl^tre  de  cet 
onguent.  La  cicatrice  n'y  paroist  presque  pas  *. 


1 .  VoilJi  la  description  que  donne  de  la  Martini^re  de  Tulcere  gangr^neux : 
« II  faut  remarquer  qu'au  milieu  il  y  a  une  chaire  morte  ec  noire ,  laqueUe 
jette  une  eau  rousatre  et  qui  sent  mauvais ;  autour  de  ladite  plaie  ii  y  paroit 
une  blancheur  de  la  largeur  d'une  ligne  qui  entoure  la  chair  morte,  et 
autour  de  cette  blancheur,  il  y  parait  une  rougeur  de  la  largeur  d*une  ligne 
qui  entoure  cette  blancheur  :  et  au-dessus  de  la  gangrene  il  y  a  graode 
inflammation. 

2.  La  th^rapeutique  chirurgicale  de  la  gangrene  ^tait  radicale,  I'amputa* 
tion.  Cependant,  on  s'effor^ait  quelquefois  de  circonvaller  la  plaque  gangre^ 
neuse.  On  circonscrivait  Tulcere  par  une  incision  profonde,  incision  qu*on 
saupoudrait  de  suhlim^  corrosif.  On  enlevait  avec  un  rasoir  les  chairs  gan- 
grenes, et  c'^tait  alors  que  Tonguent  ci-dessus  faisait  merveille. 


479 


MiMOIRE  DE  TRAITER   LES  DESCENTES  ' 

II  feut  avoir  un  bon  bandage  qui  tienne  bien  ferme  et 
mcttre  un  emplastre  *  sur  la  rupture  et  deux  s'il  est  n^ces- 
saire  apr^  avoir  ras6  le  lieu  ou  Ton  la  doit  mettre. 

II  faut  prendre  le  remdde  k  jeun. 

II  faut  battre  la  bouteille  devant  que  de  verser  le  vin  dans 
le  verre. 

II  faut  aprte  en  mettre  trois  doigts  dans  le  verre  et  Tavaler. 

1 .  Ce  Mimoire  pour  Iraiter  les  desuntes  parlant  d'un  remade  sans  en  indi- 
quer  la  composition,  nous  avons  recherche  dans  les  ouvrages  m^dicaux 
de  r^poque  ce  qui  pouvait  avoir  trait  aux  hernies.  Nous  avons  trouv^  un 
imprim^  tir^  par  les  soins  de  la  couronne  et  intitule  :  Remide  du  prieur  de 
Cdbrihes  pour  les  descenles,  donrU  au  public  par  la  hontd  du  Rot,  Les  origittaux 
en  sont  demeuris  entre  les  maim  de  Sa  MajesU.  A  notre  grand  ^onnement, 
nous  nous  aper^umes  que  le  «  m^moire  »  des  PortefeuilUs  Valiant  y  avait 
^t^  copi^  mot  pour  mot.  Dionis  nous  parle  du  Prieur  de  Cabri^res  qui 
«  estoit  un  homme  fort  charitable,  qui  distribuoit  beaucoup  de  remedes 
dans  sa  Province  (le  Languedoc),  et  qui  n'estoit  point  interess6  ni  charla- 
tans, quoiqu'il  fut  fort  myst6rieux,  et  qu*il  fit  secret  de  tout.  »  II  vint  k 
Paris  en  1680,  <c  eut  quelques  conferences  avec  le  Roi,  k  qui  il  dt^clara  son 
secret  pour  gu^rir  les  descentes,  priant  instamment  Sa  Majest^  de  ne  le 
rendre  public  qu*apr6s  sa  mort.  »  Louis  XIV  promit  le  secret  et  «  voulut  par 
une  bont^  singuli^re  se  donner  la  peine  de  composer  lui-m^me  ce  remede,  et 
d'en  faire  distribuer  charitablement  k  tous  ceux  qui  lui  en  faisoient  deman- 
der. »  Voilii  certes  un  aspect  sous  lequel  on  ne  s'attendait  pas  k  voir  le  Grand 
Roi,  celui  de  d^biteur  de  drogues  et  d'empUtres.  Le  remede  6tait  myst^- 
rieusement  pr^par^  au  Louvre  mSme.  «  Le  roi  commandait  qu'on  lui 
apportdt  dans  son  cabinet  quatre  ou  cinq  sortes  de  drogues  qu'il  sp^cifioit  i 
ses  Apothicaires ;  et  comme  ce  rera^e  ne  consistoit  que  dans  le  melange 
d*un  esprit  de  sel  avec  du  vin,  Sa  Majesty  en  ne  se  servant  que  de  Tesprit 
de  sel,  faisoit  jeter  secr^tement  les  autres  drogues ;  et  cela  dans  la  vue  de 
tenir  religieusement  la  promesse  qu'elle  avoit  faite  k  ce  prieur.  »  Les  ma- 
lades  accoururent  en  foule.  cc  On  s'adressoit  au  premier  valet  de  chambre 
en  quartier,  on  lui  donnoit  un  petit  billet  de  Tige  de  celui  ou  de  celle  qui 
avoit  besoin  du  remfede ;  quelques  jours  apr^s  on  retoumoit  qu6rir  un  petit 
panier  d'ozier,  dans  lequel  il  y  avait  trois  bouteilles  de  chopine  chacune 
pleine  d'un  vin  m^ang^ ;  il  y  avoit  aussi  des  emplitres  convenables  et  par- 
ticuli^res  k  cette  maladie.  » 

La  distribution  du  remade  se  fit  pendant  4  ans,  et  k  la  mort  du  Prieur  de 
Cabridres,  le  roi  en  fit  publier  la  recette. 

2.  L'empldtre  du  prieur  de  Cabri^res  ^tait  un  mdange  de  gommes 
r&ines,  de  laudanum,  de  t^r^bentine,  de  terre  sigill<^e 


—  48o  — 

II  ne  faut  ny  boire  ny  manger  que  quatre  heure  apr^ 
avoir  pris  le  remede. 

II  faut  en  prendre  vingt  et  un  jours ;  s'il  fait  mal  k  Testo- 
mach,  on  peut  estre  un  jour  sans  en  prendre  et  niesme  deux 
en  cas  de  besoin. 

Pendant  qu'on  prend  le  remfede,  il  faut  porter  le  brayer 
jour  et  nuit,  ne  jamais  s'asseoir,  estre  toujours  debout  ou 
couch^,  marcher  beaucoup,  n'aller  point  a  cheval,  en  carosse, 
ny  en  charette,  aller  toujours  h  pieds  ou  en  bateau,  ne  faire 
aucun  exc^s  de  bouche  ny  austres. 

II  faut  porter  le  brayer  trois  mois  aprfes  les  vingt  et  un 
jours  du  remdde  jour  et  nuit. 

II  ne  faut  monter  k  cheval  qu'aprds  les  trois  mois,  et  quand 
on  y  montera,  ii  feut  encore  porter  le  brayer  autant  qu'on 
croira  en  avoir  besoin  pour  laisser  affermir  la  partie. 

HYOROMEL  DE   MADAME   LA   PRINCESSE   DE  GUEYMEN^' 

Pour  madame  la  marquise  de  Sabl£. 

t 

k  Rochefort  ce  Vendredy. 
Je  re^eu  ier  votre  lettre  pour  I'idromel.  M'  Digby*  m*en  a 
fait  faire  de  deux  famous  Tune  sans  vinaigre  et  I'autre  ou  Ton 


1 .  Cette  recette  est  ^crite  de  la  main  m^me  de  la  princesse  de  Gu^me- 
n^e,  qui  fut  Tamie  de  MM^ncs  de  Sabl^  et  de  Longueville,  du  due  de  La 
Rochefoucauld.  Elle  fut  TAme  du  parti  qui  soutint  les  solitaires  de  Port- 
Royal  dans  leurs  luttes  contre  la  Compagnie  de  J^us. 

2.  Kenelm  Digby(i 603-1 665)  fut  un  des  favoris  de  Charles  1^.  Apr^ 
la  mort  du  roi,  il  fut  emprisonn^  par  ordre  du  parlement  anglais  et  ne 
recouvra  sa  liberty  que  sur  les  instances  d'Anne  d'Autriche.  II  vint  alors  en 
France,  se  fixa  a  Paris  ou  il  devint  chancelier  de  la  reine  d^Angleterre. 
C^l^bre  par  T^tendue  de  ses  connaissances,  il  se  lia  avec  Descartes,  dent 
il  embrassa  avec  enthousiasme  les  doctrines,  et  avec  la  plupart  des  savants 
de  lam^me  6poque.  II  s'occupa  beaucoup  de  m^decine  et  fut  en  France  le 
vulgarisateur  des  theories  de  Turquet  de  Mayerne  sur  la  poudre  de  sympa- 
thic.  II  fut  aussi  c^I6bre  par  ses  cosmdtiques  infaillibles,  selon  lui,  pour  la 
conservation  de  la  beaut^.  Ses  principaux  ouvrages  sont  :  Traits  de  la  nw 
ture  des  corps  et  Traiti  des  operations  et  de  la  nature  de  Vdme. 


iertes; 
tostet 
vinaign 
tes  de  I 
It  qui  i 
poiDt  e 
n'est  p 
le  vern 
t  pourq 


nd  feu 
surs.  II 
r;  jLpTi 
nain  et 
lesbot 
:hemjn< 
lante  jc 
plus  e 
deux  1 
m  ay  V 


:oiiservi 
poudri 
edrachi 


que  vent 


—      482       — 

sabine  20  grains,  safran  1 5  grains ;  avec  du  syrop  d'arraoise 
fiiittes  une  opiatte  dont  la  dose  est  de  deux  drachtnes  \ 

CATAPLASMB   POUR   METTRE  SUR   LA   TUMEUR  DE  PESTE 

Prenez  de  herbe  de  bonne  dame  * 

de  la  triploie '  qui  fleurit  dans  la  fin  de  Test^  ou  de 
Tautomne 

de  la  pimprenelle 

de  herbe  et  racines  de  violettes,  de  mauve 

de  herbe  de  patience 

de  guimauve 

Et  de  chacune  autant  qu'on  en  pourra  trouver  de  poignfes, 
lesquelles  vous  fer^s  bouillir  comme  Ton  fait  cuire  des  espi- 
nards  avec  de  Teau  commune ;  puis  ainsy  cuittes,  on  les 
mettra  sur  une  planche  bien  nette  et  courbte  aflSn  que  Teau 
s'escoule ;  et  on  les  achera  avec  un  coutteau  de  bois  et  Ton 
mettra  dedans  une  demy-livre  de  vieux  vin ;  et  le  tout  bien 
mesl^,  on  Tappliquera  sur  la  tumeur  le  plus  chaud  que  le 
malade  le  poura  endurer,  et  on  le  renouvellera  de  douze  en 

I.  Opiat  de  Tabbaye  de  Poissy  dont  le  m^decin  ^tait  Seron,  Tami  de 
Valiant,  qu*ii  appelait  sou  vent  en  consulutions.  —  On  expliquait  les 
menstrues  par  la  presence  dans  le  sang  des  femmes  d*un  levain,  sur  la 
nature  duquel  on  n*^tait  nuUement  Hxi.  Ce  levain  s'exaltait  a  des  ^poques 
fixes,  faisant  entrer  en  ebullition  une  partie  du  sang.  Ce  sang  coulait  vers 
la  matrice,  et,  une  fois  arrive  dans  les  conduits  de  cet  organe,  les  parti- 
cules  qui  le  composaient,  anim^es  d'un  mouvement,  rongeaient  et  per- 
^aient  les  tuniques  des  veines  ut^rincs,  formant  une  Srosian  qui  donnait 
passage  au  sang.  On  pent  voir  par  ce  qui  pr^6de  les  d^rdres  conside- 
rables que  pouvait  produire  ce  sang,  a  particules  mouvement^es  et  ron- 
geantes,  lorsqu'il  y  avait  am^norrli^e.  II  se  m^lait  alors  i  la  masse  totale 
du  sang.  Aussi  devait-on,  en  cas  d'am^norrh^e,  un  peu  avant  T^poque 
fix^e  pour  le  flux  menstruel,  faire  une  saignee  copieuse  du  bras  pour  per> 
mcttre  a  ce  sang  en  Ebullition  de  sortir. 

2.  Nous  n'avons  pas  pu  trouver  ce  qu'^tait  I'herbe  de  bonne  dame ;  du 
rcste  les  appellations  bizarres  Etaient  des  plus  nombreuses ;  nous  citerons 
I'herbe  a  cotton,  Therbe  4  la  Reine  (tabac),  I'herbe  k  pauvre  homme,  Therbe 
au  charpentier,  Therbe  aux  chats,  I'herbe  aux  cuillers,  I'herbe  aux  gueux, 
aux  poux,  aux  puces,  aux  teigneux,  aux  vip^res... 

3.  M^me  observation. 


le 
tot 
doi 


-484  - 

sortir,  s'en  frotter  les  esmontoires  et  en  respirer  par  le  nez  sur 
le  creu  de  la  main. 

AMBRE   DE   VIE 

CopiS  sur  une  recepte  de  Mademoiselle  de  Guise  2S^  juin  1682. 
—  Prenez  trois  dragmes  d'ambre  gris,  trois  dragmes  de  muse 
et  deux  dragmes  de  sucre  candy ;  pulverisez  les  subtilement  et 
les  jettez  dans  un  matras  de  verre  fort  qui  ait  le  col  bien 
long;  pulverisez  dans  le  mesme  mortier  de  marbre  ou  vous 
aurez  pulvirisi  le  muse  et  Tambre  quatre  onces  d'ambre 
blanc  du  plus  beau  que  vous  pourrez  trouver  et  les  jettez 
dans  le  mesmes  matras,  et  versez  par  dessus  une  livre  d'esprit 
ardent  ou  huile  eth^rte  de  bayes  de  genievre,  adaptez  y  un 
vaisseau  de  rencontre  qui  ait  pareillement  le  col  fort  long, 
bouchez  bien  les  jointures  et  les  faites  dig^rer  au  bain  tiide 
jusqu'i  la  parfaite  dissolution  de  toutes  vos  mati^res,  ce  qui 
arrivera  au  bout  de  quatre  ou  cinq  jours,  et  lors  ouvrez  vostre 
vaisseau  et  filtrez  cette  dissolution  pendant  qu'elle  est 
chaude,  la  faisant  passer  au  travers  d'un  linge  deli6  bien 
blanc  que  vous  aurez  mouill6  auparavant  dans  Tesprit  de  vin; 
remettez  dans  votre  matras  ce  qui  aura  pass^  et  y  ajoutez 
quatre  once  de  vray  beaume  blanc  ou  liquidambare  (?)  tr^ 
pur,  et  conservez  ce  qui  n'aura  pu  passer  comme  trfes  propre 
pour  les  pastes  de  senteurs;  adaptez  le  vaisseau  de  rencontre 
et  les  faites  encore  circuler  Tespace  de  quatre  ou  cinq  jours 
pour  les  bien  unir,  aprfa  lesquels  vous  ouvrirez  le  vaisseau  et 
conserverez  cette  liqueur  et  ambre  dans  une  phiole  de  verre 
bien  bouchee  comme  une  liqueur  qui  n'a  point  de  prix. 

VERTUS   DE  l' AMBRE  DE  VIE 

C'est  icy  le  grand  secret,  le  rem^e  sans  degoust  et  sans 
danger,  la  m^decine  des  princes,  plus  pr&ieuse  que  Tor 
potable,  Tamie  de  nos  corps,  qui  nous  conservera  et  delivrera 
beaucoup  mieux  d'une  infinite  de  maux  que  les  elixirs  de 
laboratoires  ny  que  la  panache  des  philosophes  chimeriques; 
c'est  le  vray  beaume  de  la  nature,  conforme  k  la  chaleur  et 
humidity  radicale,  avcc  lesquelles  il  s'unit  pour  empescher  ou 


rr* '-: 


—         486  — 

GRAINS  DE   VIE 

II  faut  prendre  des  fleurs  de  soucj'S,  d'oeillet,  de  romarin  et 
de  sauge,  de  chacun  quatre  onces  et  les  jetter  dans  un  grand 
matras  et  ayant  vers6  par  dessus  quatre  livres  de  bonne  eau 
theriacale^  vous  y  appliquer&  un  vaisseau  de  rencontre*  et 
ayant  bien  bouch^  les  jointures,  les  feris  digerer  au  bain 
tiide  Tespace  de  vingt-quatre  heures  aprfes  lesquelles  vous 
ouvrirez  le  vaisseau  et  ayant  s6par6  Tesprit  des  fleurs  par  une 
forte  expression,  vous  le  remettrfe  dans  vostre  matras  et  y 
adjousteres  trois  onces  de  la  racine  de  contrayerva^  deux 
onces  de  kermds,  et  demy-once  de  saffran,  le  tout  bien  pulvi- 
ris6,  appliqufa  le  vaisseau  de  rencontre,  bouchi  bien  les  Join- 
tures et  les  faictes  digerer  au  bain  marie  Tespace  de  deux 
jours,  apres  lesquels  vous  ouvrir&  le  vaisseau  et  philtrer^s 
I'esprit  par  le  papier  gris,  puis  vous  le  remettrfe  dans  vostre  ma- 
tras et  y  adjousterfa  ambre  gris  ^,  verre  de  b&oard  oriental  ^ 

1 .  Eau  dans  la  composition  de  laquelle  entraient  les  principales  plantes 
de  la  Th^riaque. 

2.  Matras  de  plus  petite  dimension  et  doncrembouchure  venait  s'emman- 
cher  dans  le  col  du  grand  matras. 

3.  La  racine  de  G>ntrayerva,  ou  Draxena  ofRcinalis,  plante  du  P^rou, 
^tait  un  des  contrepoisons  les  plus  ^  la  mode,  et  nombre  de  m^ecins  la 
pr^fi&raient  au  b^zoard,  k  I'orvietan,  d  la  th^riaque.  Elle  gu^rissait  aussi 
toutes  les  morsures  de  toutes  sortes  d'animaux  venimeux,  ce  qui  n*emp^- 
chait  pas  de  Temployer  dans  toutes  les  affections  n^vralgiques,  rhypocon- 
drie,  les  maladies  d'estomac... 

4.  On  croyait  au  xvii^  si^cle  que  Tambre  gris  n'^tait  que  de  la  cire  et 
du  miel  moditi^s  par  I'eau  sal^e.  Les  abeilles  entassaient  leur  rayon  de  cire 
sur  les  rochers  surplombant  la  mer ;  le  soleil  faisait  s^her  ces  rayons,  les 
durcissait;  le  vent  les  faisait  tomber  i  la  mer  qui  les  transformait  peu  k 
peu  en  ambre  gris!!!  C^tait  un  fortifiant  k  la  fois  cordial,  c^phalique  et 
stomacal ;  «  il  provoque  de  la  joie  et  excite  la  semence  »,  dit  L^mery.  On 
rincorporait  avec  la  poudre  de  cantharides  dans  tous  les  philtres  d'amour 
de  r^poque. 

5.  Le  b^zoard  oriental  6tait  soi-disnnt  une  pierre  qu'on  trouvait  dans 
Testomac  d'une  ch6vre  sauvage  des  Indes  Orientates ;  c^^tait  un  m^icament 
sans  rival  dans  presque  toutes  les  maladies,  son  seul  d^faut  £tait  de  coQter 
trop  cher.  On  le  rempla^ait  par  d'autres  b^oards  moins  actifs,  mais  meil- 
leur  marcli^,  le  b^zoard  d'Alleniagne  trouv^  dans  Testomac  du  chamois, 
le  bezoard  occidental  trouv^  dans  Testomac  d*un  moufflon,  le  Ix^zoard  dc 


< 


■  48?  — 

chacun  deux  dragmes,  niagister 
msc  une  dragme,  le  tout  bien  pul- 
eau  de  rencontre,  bouchds  bien  les 
in  marie  jusques  i  la  dissolution 
ivr^s  ensuitte  le  vaisseau  et  sans 
ter^s  quatre  once  de  bon  esprit  de 
it  acide  de  tartre  rectiffit  ',  deux 
demy-once  d'essence  de  canelle, 
uscade,  et  deux  dragmes  d'essence 
m^  le  vaisseau  coinme  devant  et 
choses  au  bain  marie  I'espace  de 
»  unit,  et  vous  aurfe  le  viriiable 
ier  dans  une  phiole  de  verre  bien 

■es  de  semence  de  petit  genievre 
t  sichie  i  I'ombre,  Jettis  la  dans 
:t  versus  par  dessus  vostre  esprit  de 
;  un  peu  la  semence,  bouch^s  bien 
;oleil  I'espace  de  quinze  jours  ou  la 
pace  de  quatre  jours  atHn  que  la 
remplisse  de  vostre  essence  de  vie, 
seau  et  s^pards  par  inclination  ce 
istre  semence  et  I'ayant  mise  dans 


ire  du  pore.  Quoi  qu'il  en  soit,  tous  les 
r^sistaieni  i  la  malignity  d«  humeurs  et 

Le  magistere  de  coraiUc  de  perles  se.fai- 
issolvait  dans  du  vinaigre  rectifii  la  perle, 
lans  la  di&soliiciop  du  sel  lixe  de  lartrc 
itait  repris,  lavfi,  sichi.  Ce  pr^cipiiS 
isiait  au  venin  et  arrf  tail  la  dysenteric  et 
•fXe  entraient  dans  de  nombreuses  pr^ra- 
pannonique,  poudre  de  d'Aquin,  poudre 

ifre.  On  mettait  dans  une  grande  terrine 
ifce  allumf.  On  recouvrait  cede  fcuetle 
ilfureuses  se  condensaient  sur  les  parois 
la  grande  terrine. 


—   488   — 

un  vaisseau  de  terre,  large  par  le  fond  et  veray^  sur  Its 
cendres  chaudes,  vous  le  couvrirds  de  sucre  candy  en  poudre 
trds  subtile  et  la  remuer^  fort  Increment  avec  la  main,  affin 
que  tous  les  grains  re^oivent  Timpression  du  sucre  et  qu'il  se 
forme  une  cspfcce  de  drag^  en  se  desseichant;  que  vous  gar- 

deres  dans  un  vaisseau  de  verre  ou  de  faience  bien  fermd 

Vous  aurds  les  grains  de  vie. 

Vous  les  pourres  desseicher  sans  sucre  avec  la  poudre  d'iris 
et  mesme  en  oster  Tambre  et  le  muse  en  faveur  des  dames 
qui  apprehendent  la  douceur  et  les  'odeurs. 

C'est  un  tris  puissant  et  souverain  pr6servatif  contre  la 
peste,  fievres  pestilentielles ,  fievres  pourprdes  * ,  petites 
verolles  et  toutes  sortes  de  maladies  contagieuses. 

La  dose  de  I'essence  de  vie  est  cinq  ou  six  gouttes  le  matin 
dans  une  cuiller^e  de  bouillon. 

La  dose  des  grains  est  quatre  ou  cinq,  qu*il  faut  avaler  le 
matin  tous  entiers. 

SIROP 

Qui  gudrit  et  ritablit  la  sancti  contre  quelques  maladies  que  ce 
soit  et  mesme  contre  la  goute  des  vieillards,  disipe  les  chaleurs  d'en- 
trailles  et  quand  Fon  n'auroit  quun  petit  morceau  depoulmon  et  que 
le  reste  fut  gastd,  il  maintiendra  le  petit  morceau  restant  et  le  rHa- 
blira ;  et  les  douleurs  d^estotnac^  les  siatiques,  ventigaulx,  et  les  mi- 
graines, les  guirit  finalementy  toutes  sortes  de  tnaladies  interieure- 
nient  jusquaux  maux  daniaris  *.  —  Voici  la  maniere  de  h  faire  : 
—  Prenez  huit  livres  de  sue  de  herbe  mercuriale,  2  livres  de 
sue  de  bourache,  2  livres  de  sue  de  buglosse;  le  tout  ensemble 
des  dits  sues,  faietes  douze  livres;  Vous  prendrez  autant  pesant 
de  bon  miel  de  Narbonne;  i  faute  d'iceluy  du  meillieur  que 
vous  pourez  trouver;  mettez  le  tout  ensemble  et  leur  &ictes 
prendre  une  petite  ebulition  pour  les  clarifier  par  une  chausse 

1 .  Cest  la  scarlatine ;  elle  fut  nettement  distingu^  des  autres  fievres 
^ruptives  par  Jean  Coy  tar  de  Poitiers  qui  publia,  en  1578,  d  Paris,  uoe 
nionographie  intitulee  :  De  febre  purpurea  epidemiale  et  contagiosa. 

2.  Probablemcnt  syphilis. 


pan 

ieni 
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:hes 

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dit 
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T    j-i-s- 


—     490    — 

pam  en  a  est6  tir6,  et  on  Testend  pour  cela  le  plus  mince 
qu'on  peut  dans  plusieurs  plats  en  terre  ou  terrines,  parce 
qu'il  se  corrompt  aisement  s'il  est  trop  espais.  On  jette  une 
eau  qui  vient  et  qui  surnage  au  dessus  k  mesure  qu'il  se  seche ; 
et  on  le  reraet  au  four  plusieurs  fois  jusques  k  ce  qu'il  soit 
parfaitement  sec.  Alors  il  est  extrfimement  dur.  On  le  broye 
dans  un  mortier  de  pierre  ou  de  marbre,  et  on  le  passe  dans 
un  tamis.  Cette  poudre  se  garde  mieuxdans  du  verre  que  dans 
du  bois  ou  le  ver  se  met  plus  facilement.  On  en  fait  prendre 
au  mabde  le  poids  d'un  escu  d'or  \  dans  une  cuiller^  avec  du 
vin  dont  on  se  sers  pour  la  delayer,  et  ensuitte  un  petit  demi 
verre  de  vin  par  dessus.  Le  malade  ne  manquera  pas  de  suer. 
S*il  n'est  pas  parfaitement  gu6ri  de  la  premiere  prise,  il  lui 
en  faudra  donner  une  seconde  le  lendemain  ;  et  prendre  garde 
sur  toutes  choses  lorsqu  on  Tessuira  doucement,  de  ne  point 
eveoter,  de  peur  de  faire  rentrer  la  sueur  ce  qui  est  toujours 
dangereux  dans  les  sueurs. 

On  ne  voit  gueres  ce  remtde  manquer  son  effet,  surtout  si 
le  malade  n'a  point  esx6  saign^;  car  on  sait  que  les  saign^es 
affoiblissent  la  nature  et  Tempeschent  de  pouvoir  si  facilement 
jetter  dehors  par  la  sueur  ce  qui  lui  est  contraire. 

Ce  mesme  remade  se  danne  encore  trds  utilement  k  ceux 
qui  ont  fait  quelque  grande  chute,  parce  qu'il  fait  par  la 
sueur  transpirer  le  sang  qui  peut  s'estre  r^pandu  dans  le  corps 
par  la  rupture  de  quelque  vaisseau,  et  empesche  ainsy  qtre.ce 
sang  ne  produise  quelque  abc^z. 

Quelquefois,  lorsque  la  pleuresie  est  chassee  du  cost^,  la 
fluxion  se  jette  sur  la  ratte,  et  pour  y  remidier,  il  faut  prendre 
un  verre  de  vin  d'yeux  de  cancre  *,  et  dans  peu  de  jours  la 
douleur  se  dissipera. 

1.  Quatre  grammes  environ. 

2.  Yeux  d'^crevisses  (oculi  cancrorum);  c*^taient  de  petites  concretions 
calcaires  que  Ton  trouve  dans  le  corps  de  ces  animaux ;  ces  concretions 
broy^es  se  donnaient  k  la  dose  de  1 2  grains  k  une  drachme,  c'est-^-dire  de 
o  gr.  60  i  4  gr.  et  ^taient  consider^es  comme  absorbant  les  elements  gros- 
siers  du  sang  et  corrigeant  ainsi  Tdcret^  du  sang ;  elles  acceleraient  de 
plus  le  mouvement  du  sang  devenu  plus  fluide  et  ^taient,  pour  cela, 
consid^rees  aussi  comme  cardiaques. 


RDONNANCES 

yer  pour  M'  Lmnhard,  m 

t 

au  faittes  bouillir  un  po 
lions;  mettez-y  dans  un 
oncassi,  demy  teste  de 
n  prendra  deux  verres  le 

u  et  de  poulet  de  quat 
s  de   chicor^e   blanche, 

pr '  M' : 

BRAVER 

s  jours  sur  le  cou,  aux  ja 
soul  pour  le  cours  du  ven 
uble  et  une  once  desyro 
:tion  de  chicoree  sauvagt 
"aut  prendre  un  remfide  ci 

fera  bouillir  dans  trois  c 
IS  laquelle  moitid  I'on  m 

et  quand  la  decoction  si 
suf. 

:t  pour  fortifier  que  pour 
melite  agie  (Tetwiron  )o  a 


arfois  fnri  a 
de  Giice  qui  a  des  loupes  a 
jetite  qui  esi  aux  religieuses  a 
iques  aux  extrimitfa ;  ce  st 


rhubarbe  composd  oti  entraii 
les  racjnes  de  chxcor&e,  la  fi 
igc,  le  santal  citrin  ei  la  cann 


—  492  — 

eu  ses  mats  depuis  6  ans^  qui  a  le  ventre  enjUy  qui  vomit  tous  Us 
bouillons  \  lesjambes  estoient  enflecSy  mais  changdes  par  les  purga- 
tifs;  une  soif  conlinuelle ;  tout  cela  sans  fiivre.  — Uiie  petite  sai- 
gndc  du  bras  de  deux  palettes. 

Un  ou  deux  jours  aprds,  on  luy  fera  prendre  six  grains  de 
trochisques  alhandal  '  autant  d'escamon^e  pr6parte  et  dix 
grains  de  mercure  doux  '  dans  un  petit  morceau  de  conserve 
de  rose^  et  un  petit  bouillon  par  dessus  ou  un  verre  de  ptisanne 
si  elle  ne  pent  porter  le  bouillon. 

Ensuitte  pendant  trois  matins,  on  luy  donnera  deux 
drachmes  de  conserve  d'absynthe,  dix  grains  ^  de  sel  de 
tamarins,  autant  de  sel  de  tartre^  autant  de  sel  d'absynthe,  et 
1 5  grains  de  rhubarbe. 

Apris  ces  trois  jours,  on  riiterera  la  poudre  purgative  et 
ensuitte  I'autre,  comme  il  est  dit  cy-dessus  et  cela  pendant 
quinze  jours. 

A  la  fin  des  quinze  jours,  unesaign^e  du  pied  apr^  laquelle 
on  donnera  une  once  de  syrop  des  cinq  racines  dans  un  petit 
verre  d'eau  de  sureau  ou  d'armoise. 

Aprds  tous  ces  remddes,  on  la  peut  mettre  ^  Tusage  du  laict 

pour  route  nourriture. 

Ddib6r6  i  Paris,  le  dix  Aoust  1672. 

Vallant. 

Pour  des  chaleurs  d'entrailleSy  hemorroides  gonJUes  et  alntnees 
excoriation  vers  les  par  ties  et  perte  comme  flueurs  blanches  ousemence 
corrompue  par  un  virus  verolique^  donni  par  le  mary^  il  y  a 
soupgon  de  cela  sans  certitude  pourtant.  M'  Petit  consul te  le 
7*™«  octobre  1672  ordonne  ce  qui  suit.  La  dame  est  agee  dC environ 
JS  ^wj,  d*un  temperament  sanguin.  —  Madame  sera  saignie  du 


1.  Les  trochisques  alkandal  ^taient  ii  base  de  coloquinte;  la  coloquinte 
^tait  un  amer  et  un  purgatif  mais  purgeant  le  cerveau ;  I'alo^,  au  contraire, 
purgeait  la  bile ;  la  scammon^e  ^tait  hydragogue. 

2.  Le  mercure  doux  ou  calomel  se  pr^parait  en  sublimant  un  melange  de 
sublime  corrosif  et  de  mercure;  on  l*employait  comme  antivin^rien, 
anthelminthique  et  purgatif  l^ger;  on  en  donnait  de6  i  30 grains,  c'est-il-dire 
de  o  gr.  30  i  I  gr.  50. 

3.  Cest-i-dirc  2  gros  =  7  grammes.  —  un  grain  qui  valait  o  gr.  05. 


che  ea  interpos: 
:te,  en  interposi 
gros  de  sel  polj 
:hicor6e  sauvag< 
matin  on  dissou 
^rop  de  pommes 

huict  jours  to 
e  fois  on  y  den 
du  matin  etdu 

prendra  k  une  I 
y  niettra  un  g 
)  Ton  on  dissoi 

syrop  de  pomn 
idra  tous  les  m 
)sfe  de  racines 
inte  d'icelle,  oc 

inne  mesme  dan 
autre  chose. 
a  dans  le  prem 
se  fera  durant 
>te  des  six  sepm 
;ulement. 
le  iera  pas  maig 
:t  de  deux  ceufs 
)urs  de  devant  i 

decoction  de  be 
:  aprte  le  demy 
appliquera  six 
ans  I'eau  dans  c 
de  Testomach. 


•    * 


494 


CONSULTATIONS 


Consultation  pour  une  petite  fille  de  8  am  qui  est  devmuefolle 
et  muette  par  la  petite  verole  6  Aoust  i68i.  —  Circa  Juniam 
mensem  anni  praeteriti,  egregia  et  juvenilis  puella,  annorum 
septem,  affecta  variolis^  quse  nuUis  pravis  insolitis  comitatse 
symptomatis,  si  fluxum  ventris  exceperis,  qui  materiam  vide- 
batur  minuere  et  causam  et  facile  erumpentem,  salutarem 

poUicebantur  exitum ,  manducabat  a^gra^  ad  omnia  bene 

se  habebat,  cum  nona  die  subito gravissimis  est  agitata 

convulsionibus  et  cerebro  redeuntibus  per  4  aut  5  dies,  quo 
tempore  de  aure  dextra  exierunt  rores  '  pustulenti,  quibus 
apparentibus  desiere  convulsiones  et  spes  aliqua  salutis  afTul- 

sit ;  et  superstes  evasit  k  tanto  malo,  nisi  quia  loquelam 

amisit  et  quasi  demens  et  mentis  inops  remansit,  adeo  ut  oblita 
rerum  decentium,  quae  ante  verecunda  modesta  et  juciinda 
fuerat,  ad  indecentia  nunc  inverecunde  feratur,  egerit  ubique 
sine  loci  discrimine  et  alia  qu^  non  recensebo. 

Causa  tanti  mali  non  alia  creditur  quam  idem  humor  qui 
variolas  fecerat,  unde  in  casi  cerebri  factus  abcessus  qui  per 
aurem  expulsus  est,  ibique  impactus  humor,  prse  mali  gravi- 
tate, et  gravi  intemperie  cerebri,  temperiem  et  a^conomiam 
evertit;  inde  depravata  imaginatio,  inde  deperdita  memoria, 
inde  loquelaj  amissio,  quae  in  linguae  vitium  immerito  refer- 
tur,  cujus  nulla  videtur  l^sio;  non  deperditus  ejus  motus, 
facile  namque  deglutit,  mandit,  extra  os  exerit,  et  intra  os 
linguam  movet,  quae  omnia  motu  ejusdiem  indigeno,  quo  fit 
ut  ad  dementiam,  et  oblivionem  specierum  impressarum  refe- 
ratur  Ioquela[;  amissio, 

Tentata  est  curatio  remediis  purgantibus  cerebrum;  quia 

falsum  visum  est  aliquibus  linguae  paralysis oblectamentis 

tandem  balneorum  de  Bagn^res,  postmodum  aquas  dulces  et 
domesticorum,  quae  omnia  irritafuere;  quae  iteranda  credun- 
tur,  nisi  alia  pra^scribantur  magis  idonea. 

I.  Ros,  goutte,  goutteleue. 


—  49S  — 

'  que  cet  en&nt  a  recue  dans  le  cerveai 
considerable  en  toutes  maniferes,  tan 
ttaquie  que  par  la  maladie  qui  a  prea 
ordinairement  tr&s  malins  et  tris  opii 
IS  pounam  pas  que  les  rem^es  qu'oc 
soient  inutiles;  I'^ge  mesme  nous 
'espi^rance  pour  uo  changemeiu  heure 
int  sur  ce  que  nous  croyons  necessaire 
:er3  par  une  saignie  du  bras;  deux  ]o\ 
lutre;  on  purgera  ensuite  avec  six  draj 
utant  de  syrop  de  pommes  compost  i 
a  bon  verre  de  petit  lalct.  On  pourra 
>urgeoit  pas  4  ou  J  fois  raisonnablen 
que  Ton  fera  bouillir  un  bouillon  se 
ict  devant  que  d'y  dissoudre  le  reste 
olychreste  bien  prepare. 
purgee  trois  ou  4  fois  de  cette  sorte,  « 
I  baignera  une  quinzalne  de  jours  da 
ie  jour.  Elle  y  fera  deux  heures  chaqu 
un  verre  de  petit  laict  une  heure  apri: 
un  autre  en  sortant;  on  ajouteraau 
■,  le  10  et  le  14'  une  once  et  demy  de 
de  pommes  compost, 
)rendre  ensuite  les  Eaux  de  S"  Reyne 
3  semaines  et  tous  les  6  jours  on  d 
verre  une  once  et  demie  de  syrop  de 
n  Ton  fera  infuser  un  cscu  ou  un  escu 
un  verre  d'eau  i  part,  que  Ton  prt 
:r  et  les  eaux  ensuite  par  dessus. 
mSdes,  on  pourra  luy  donner  fort  u 
;e  pendant  six  semaines  et  davauuge 
de  la  purger  tous  les  ro  ou  12  jours 
yrop  de  pommes  compose  dans  du  pe 
;  qu'on  pourra,  luy  donner  aussi  un  1 

i  rargumcntaiioQ  de  Valiant. 


7^7 


—  496  — 

tous  les  jours  que  I'on  fera  avec  la  decoction  de  mauve,  gui- 
mauve,  concombre  et  deux  onces  de  miel  violat;  luy  &ire 
boire  de  la  ptisane  avec  l*orge,  la  riguelisse  et  le  chiendant, 
et  ne  luy  rien  donner  qui  la  puisse  eschauffer  ou  dess^cher, 
mais  que  tout  tende  h  Thumectation  et  au  rafraichissement. 
Le  6*  Aoust.  i88i. 

Vallant. 

Consultation  de  Renaudot  Vaini  et  de  Fallant.  —  La  dame 
malade  qui  implore  le  secours  de  Messieurs  les  mddecins  de 
Paris  est  dans  la  fleur  de  son  age,  d'un  temperament  sanguin 
bileux,  d'une  habitude  mediocre  et  delicate;  elle  est  marine 
depuis  plusieurs  ann^es  et  a  eu  des  enfants  :  depuis  deux 
mois  ses  ordinaires  ont  esti  supprimtes  entierement  sans 
soup^on  de  grossesse  aprfe  avoir  &t6  longtemps  auparavant 
desregl^es  et  diminu^es  peu  k  peu  ;  ce  qui  a  este  accompagne 
de  douleurs  de  teste,  de  veilles  fr^quentes,  de  perte  d'appetit 
avec  quelques  insultes  de  fifevre  ligSre  et  sans  regies;  elle  est 
quelquefois  surprise  d'oppressions  v^hementes  sans  toux, 
bien  que  successivement  elle  est  travaill6e  de  fluxions  sur  les 
yeux  et  autres  parties  du  visage;  elle  vomit  quelquefois sa 
nourriture,  avec  phlegmes  et  humeurs  amferes,  et  se  plaint 
ordinairement  de  faiblesse  d'estomach  qui  s'enfle  quelquefois 
avec  douleur  ;  depuis  trois  semaines,  elle  a  ressenti  par  inter- 
vales des  piquotemens  au  costi  droit  du  ventre  sans  qu'elle  y 
remarque  aucune  duret^  ni  tumeur ;  elle  se  plaint  beaucoup 
de  la  faiblesse  des  jambes  et  des  reins  en  sorte  que  souvent 
elle  dit  avoir  peine  i  marcher;  ses  urines  varient  de  temps 
en  temps  de  couleur  et  de  consistance  et  le  plus  souvent  sent 
louches ;  son  ventre  est  toujours  paresseux,  ce  qui  luy  est 
d'autant  plus  importun  qu'elle  a  grande  aversion  pour  les 
remides  :  depuis  un  mois,  aprfes  avoir  esti  pr6par6e  par  des 
purgations  b^nignes  et  par  la  saign6e,  elle  a  us6  des  eaux  de 
S**  Reyne,  mais  sans  soulagement  bien  qu'elle  les  rendist  fort 
facilement. 

II  est  i  propos  de  savoir  que  Madame  sa  mfere  depuis  vingt 


—  497  — 

ans  est  fort  incommod6e  et  obligte  de  garder  le  logis  et  sou- 
vent  le  lit,  ne  pouvant  marcher  que  trte  peu  k  cause  d'une 
faiblesse  de  jambes  qui  luy  est  restte  d'une  beaucoup  plus 
grande,  et  qui  n'a  peu  estre  parfaitement  restablie  par  Tusagc 
des  eaux  de  Bourbon  ou  elle  a  fait  trois  voiages  non  sans  un 
grand  soulagement  cependant  * . 

Toutes  les  incommodit6s  de  cette  dame  quisont  fort  consi- 
derables viennent  d'une  intempirie  fervente  de  ses  entrailles, 
principallement  du  foye  et  de  la  ratte,  qui,  au  lieu  de  pro- 
duire  un  sang  doux  et  louable  pour  la  nourriture  des  parties, 
en  font  un  trop  eschauffiS,  trop  bilieux  et  trop  dcre  qui  ne  sert 
qu'i  les  incommoder. 

Cest  par  la  mauvaise  disposition  de  ce  sang  devenu  encore 
plus  malin  par  les  diffl&rens  degrez  d'une  chaleur  itrangfere, 
qu'il  s'est  fait  de  puissantes  obstructions  dans  le  pancr^e,  dans 
les  parties  caves  du  foye  et  dans  tout  le  m&entire  :  et  c'est  i 
cause  de  ces  obstructions  que  le  sue  alimentaire  ne  se  distribue 
pas  facilement  vers  les  parties  oil  il  est  envoyt,  et  que  les 
humeurs  superflues  ne  peuvent  estre  ivacu^es  par  les  voyes 
qui  leur  sont  destinies.  Aussy  ce  sue  et  ces  humeurs  retenues 
plus  longtemps  qu'il  ne  feut  s'ichauffent,  se  corrompent  et  se 
fermentent,  et  par  cette  fermentation  la  portion  ,  la  plus 
sireuse  devenue  comme  atrabilaire  reflue  sur  toutes  les  par- 
ties voisines,  et  se  porte  mesme  vers  les  sup^rieures,  oix 
elle  produitde  facheux  et  divers  accidens  selon  leur  diffiferente 
constitution.  Elle  cause  d  la  teste  de  grandes  douleurs,  d*in- 
supportables  veilles  et  d'estranges  inquietudes  dans  Testomach, 

I.  Ces  expositions  faites  par  les  malades  eux-m^mes  sont  parfois  des  plus 
r^jouissantes.  T^moin  un  «  illustrissimus  aegrotans  »  se  plaignant  de  caron- 
cules  ur^traux  cons^cutifs  ^  une  ur^trite  blennorrhagique  qui  elle-m^me 
s'<^tait  compliqu^e  de  balano-posthite.  «  A  virulento  gononrea  ulcuscula  in 
uretra  excitari  novum  non  est,  et  exinde  carunculos  in  meatu  urinario  excre- 
scere  passim  observatur;  ita  Illmo  Domino  annum  modo  quadragesimum 
secundum  agenti  accidit.  Hie  in  seminis  profluvium  veneris  congressibus 
decern  et  septem  circiter  ab  hinc  annis  incidit,  qui  tempore  penis  glans 

adeo  intumuit,  ut  mali  aurei  magnitudinem  aequaret  » 

(PortefeuilU  Valiant,  XIV,  fo  247). 

Le  Maguet.  — -  Le  monde  nudical,  ^  2 


-^  498  — 

une  alteration  violente  et  un  d^goust  horrible  accoinpagn^  de 
pesanteur  dans  le  temps  de  la  digestion,  et  quelquefois  de 
vomissements,  d'enflure  et  de  douleur,  dans  la  poitrine  des 
oppressions  fascheuses,  des  fluxions  sur  les  dents  et  sur  tout 
le  visage^  h  la  region  du  foye  des  picquottemens  douloureux, 
de  Tenflure  aux  jambes,  et  une  extreme  faiblesse  par  tout. 
Mais  la  portion  la  plus  grossiSre  de  ce  mesme  foyer  ne  fait 
gueres  moins  de  mal,  car  comme  elle  bouche  les  principales 
voyes  dont  nous  avons  parl^,  elle  supprime  les  purgations 
ordinaires,  et  est  ainsy  la  cause  foncifere  de  tous  les  autres 
symptdmes  ;  elle  entretient  mesme  cette  fidvre  qui  n*est  pas 
de  peu  d'importance,  parce  qu'elle  trouble  rceconomie  du 
corps  et  augmente  la  maigreur  extreme  et  le  dipirissement 
de  cette  malade. 

Pour  aller  au  devant  de  tant  de  maux,  il  faut  une  grande 
conduite  au  m^decin  accompagn^e  d'exp^rience  et  d'une 
s^rieuse  application ;  mais  il  faut  k  la  malade  une  longue 
patience  et  une  ob^issance  ferme. 

Ce  grand  feu  des  entrailles  ne  s'esteint  pas  si  promptement 
et  ces  puissantes  obstructions  ne  s*en  iront  pas  si  viste ;  il  faut 
preparer  les  humeurs,  il  en  faut  imousser  la  pointe,  et  apr^ 
les  avoir  vuidtes  on  songera  k  r^tablir  les  parties  nobles. 

Le  regime  de  vivre  doit  estre  exactement  observe  comme 
le  fondement  de  tous  les  autres  remides;  il  doit  estre  humec- 
tant  et  rafraichissant,  d'alimens  de  bon  sue  et  de  facile 
coction  ;  pendant  la  fifevre  de  seuls  bouillons  au  veau  et  au 
poulet,  de  gel^e  et  de  quelques  ceufe  frais;  dans  le  ddclin  de 
la  fiivre,  on  commencera  iseservir  de  solide. 

Les  lavemens  doivent  estre  icy  doux,  humectans  et  rafrai- 
chissans  mais  fr^quens  :  tantost  aveque  la  seule  decoction,  le 
petit  kit  et  Teau  tidde,  en  forme  de  demy  bain  intirieur, 
tantost  on  y  ajoutera  le  miel  commun,  celui  de  nenuphar  ou 
le  violat. 

L'on  ne  se  peut  icy  dispenser  de  la  saign6e ;  Tintemperie 
fervente  des  viscferes,  la  fifevre,  les  inquietudes,  les  douleurset 
tous  les  autres  accidens  la  demandent ;  il  la  faut  faire  de  Tun  et 


—  499  — 

de  l*autre  bras,  et  lui  tirer  chaque  fois  deux  poilettes  et  demie 
de  sang  mesmesi  les  symptomes  continuent,  on  ira  jusquesi 
la  troisi^me  ou  quatriesme  saign^e  du  bras;  et  en(in  k  ceiledu 
pied,  sans  avoir  £gard  k  la  foiblesse  ny  i  la  maigreur,  Tune 
et  Tautre  ne  venant  que  d'un  feu  cachi  dans  les  entrailles 
qui  la  ruine  et  lui  d6robe  le  sue  alimentaire  et  les  esprits. 

Dans  Tintervalle  de  ces  saignies  on  lui  fera  prendre  de 
Teau  de  poulet,  dans  le  corps  duquel  on  aura  mis  les  quatre 
semences  froides  mondees  et  concass^es ;  on  se  servira  mesme 
de  lait  clair  avec  fort  peu  de  sucre,  et  on  la  pr^parera  aussi  A 
la  purgation. 

Elle  doit  estre  simple  et  douce;  d'abord  avec  une  once  de 
casse  mondte,  une  drachme  de  sel  polycreste,  autant  de  sel 
de  tartre,  et  deux  onces  de  syrop  de  pommes  compost  dans  une 
chopine  de  petit  lait  ou  d'eau  de  poulet  pour  deux  prises  le 
matin  i  jeun  d  une  heure  d'intervalle  Tune  de  Tautre ;  et  ce 
jour  li  elle  prendra  deux  ou  trois  verres  d'eau  de  poulet  ou 
de  petit  lait,  pour  aider  le  mouvement  de  la  mddecine.  Mais 
aprfes  on  y  peut  ajouter  le  senn^  et  mesme  nous  sommes 
d'avis  qu'elle  se  purge  souvent  avec  cette  sorte  de  remfede. 

Prenez  deux  drachmes  de  sel  polychreste,  autant  de  sel  de 
tartre,  et  autant  de  senn^,  faites  les  fr^mir  ensemble  en  deux 
verres  d*eau  de  poulet  et  tremper  la  nuit.  Le  lendemain  passes 
la  et  en  faites  deux  prises  i  une  heure  Tune  de  Tautre. 

Les  jours  qu'elle  ne  sera  pas  purgte,  on  luy  fera  prendre  le 
matin  k  jeun  deux  verres  d'eau  de  poulet,  ou  vous  aurez  fait 
dissoudre  un  grain  de  sel  de  mars.  Ayant  tti  bien  pr6par6e  par 
la  purgation  on  la  mettra  dans  le  demy  bain  Tespace  de  douze 
jours,  seulement  une  fois  le  jour  et  on  la  purgera  devant  et  aprds. 

Vers  le  commencement  de  Tautomne,  on  luy  fera  prendre 
du  laitd'asnesse. 

Voila  nostre  sentiment  sur  I'^tat  pr&ent  de  cette  malade  *. 
Fait  k  Paris  ce  29  juin  1675. 

Renaudot  Taisn^  Vallant. 

I .  Lorsque  ie  malade  avail  largement  r^tribu^  les  m^decins  consultants, 
ceux-ci  finissaient  le  libell6  de  la  consultation  par  des  compliments  et  des 


—  500  — 

Consultations  avec  Af.  CourtoiSy  niedecinck  Paris.  —  M.  G)ur- 
tois,  mddecin  de  Paris,  m'a  dit  le  7*  8*"^*  1676  chez  Messieurs 
Rivet  que  quand  on  avait  fait  des  saign^es  et  les  autres  choses 
raisonnablement  comme  je  les  avois  fciit  k  Mods'*  Rivet  le 
jeune  qui  a  ^t^  saign6  huit  fois,  pris  plusieurs  lavemens,  beu 
beaucoup  de  ptisane,  de  I'eau  de  poulet  et  un  petit  poulet 
et  du  petit  laict,  purg6  fort  doucement  environ  le  18  et  19 
de  sa  fidvre  continue  qui  avait  fort  baisste,  avec  une  once  et 
demie  de  casse  dans  deux  verres  de  petit  laict,  et  une  autre 
fois  avec  une  once  de  casse  et  une  once  et  demie  de  sirop  de 
pomme  compost,  que  si  la  66vre  ne  finissoit  pas  au  tren- 
tiesme  jour,  ou  ne  diminuoit  au  moins  notablenient,  c'estoit 
une  trts  meschante  marque  et  qu'il  y  avoit  quelque  partie  qui 
estoit  gatde  dans  le  corps,  qu'il  n'en  avoit  jamais  veu  qui 
n'eusse  pris  leur  fin  ^  trente  jours,  ayant  fait  ce  qu'il  faut 
faire,  qui  n'eusse  €ti  mortelle.  Je  luy  ay  dit  qui  se  pouvoit 
faire  qu'il  y  avoit  des  humeurs  si  visqueuses,  si  grossiferes  et 
qui  estoient  si  avant  dans  les  parties  qu'elles  pouvoient  soute- 
nir  la  fievre  au  dela  de  trente  jours  sans  que  les  parties 
fussent  gasties.  II  m'a  encore  redit  qu'il  n'en  avoit  jamais 
veu. 

Je  lui  ay  demands  s'il  croioit  la  saignie  propre  dans  les 
fievres  quartes  ;  il  m'a  r^pondu  que  souvent  en  faisant  faire 
cinq  ou  six  saignies  un  peu  amples  et  gardant  le  regime 
comme  dans  une  fievre  continue,  purgeant  ensuite  avec  des 
ptisanes  il  en  venoit  d  bout ;  que  si  cela  ne  suffisoit  pas,  il 
conseillait  aux  malades  de  ne  rien  pr^cipiter,  d'attendre  et  de 
se  purger  de  temps  en  temps  avec  les  ptisanes ;  qu'aux  per- 
sonnes  qui  passoient  soixante  quatre  ou  soixante  ans  la 
fievre  quarte  estoit  fort  dangereuse,  qu'elle  faisoit  mourir  ou 
laissoit  toujours  quelque  fascheux  reste,  qu'en  fin  en  toute 
sorte  de  personne  c'estoit  une  maladie  fort  fascheuse. 

II  m'a  dit  encore  que  Ton  nourissoit  trop  les  malades,  que 

voeux  de  sant^  des  plus  amusants.  Une  consultation  de  MM.  Lamy,  Bes- 
siirres,  M^ry  et  Valiant  finit  ainsi  :  «  Fiat  Deus  ut  est  haec  nostra  et  vou  et 
consilia  in  commodum  salutemque  illustrissimi  aegrotantis  urgere  queant.  » 


r  . 


—  501  —  ■« 

Galien  rapporte  le  sentiment  d'un  mddecin  qui  Iriduand  medtd 
macerabal  xgrotos  deinde  propinabat  aquam  hordei  live  ptisanam, 
que  luy  et  M'  Brayer  avoient  dit  assez  souveni  qu'il  faudroit 
ne  donner  en  plusieurs  maladies  que  la  ptisane  faite  avec  le 
pain  bouilly  comme  Ton  fait  bouilHr  I'orge,  que  les  bouillons 
se  corrompoient  facilement  et  augmentoient  la  pourriture 
comme  on  le  pouvoit  juger  par  la  puanteur  qui  en  sortoit  et 
que  les  chiens  que  Ton  nourrissoit  avec  de  la  viande  estoient 
fort  puants  que  tors  que  Ton  ne  leur  donnoit  que  du  pain  ils 
perdoient  eette  puanteur. 

Q.ue  dans  les  inflammations  de  poulmons,  le  premier  jour, 
il  n'ordonnoit  qu'un  bouillon  pour  toute  nourriture,  le 
second  deux,  le  troisitme  irois. 

La  fievre  de  Monsieur  Rivet  estoit  continue  avec  des  redou- 
blemens  tous  les  jours;  il  estoit  au  25™"  de  sa  maladie  et 
comme  la  fievre  estoit  fort  augment^e  du  jour  pr^c^dent  que 
j'avois  ordonn^  une  saign^e,  voyant  naistre  cette  augmenta- 
tion qui  n'a  pas  pour  cela  est^  arrestee,  il  a  ordonn^  unc 
autre  saign^,  nous  presents,  et  Ton  a  tiri  trois  grandes 
palettes  de  sang,  il  a  dit  qu'il  en  falloit  encore  titer  le  lende- 
niain  au  matin  tout  autnnt  et  ftiire  la  saign^e  une  heure 
apres  le  bouillon  :  il  a  fait  observer  que  quand  on  saigne 
plus  loing  du  bouillon  on  ne  fait  pas  si  bien  parce  que  n'y 
ayant  pas  tant  de  force,  le  mauvais  sang  demeure  en  partie 
dans  le  corps;  il  a  parl^  de  decoctions  d'herbes  toutes  pures 
sans  miel  dans  les  redoublemens '. 

II  a  dit  encore  qu'estant  plus  jeune,  il  estoit  m^decin  de  la 
Charit^,  comme  je  croy  de  S'-Luc'  et  que  pendant  quatre 
ans,  il  n' estoit  quasy  pas  mort  un  malade  parce  que  les  sceurs 
nc  donnoient  aux  inatades  que  deux  m^ehans  bouillons  en 
vingt-quatre  heures  et  un  a;uf. 

1.  Toute  la  panic  de  I'observalion  qui  precede,  selon  toute  probabililc, 
3.6\t  r^ig^  par  le  philiStre  qui  avait  coutunie  d'accompagner  Valiant,  « 
nondictfe  par  ce  dernier;  on  irouve,  en  effet,  une  correction  de  ta  main 
de  Valiant,  Le  reste  de  I'observaiion  est  ^ciit  de  la  main  m&me  de  Valiant. 

2.  De  lasallcSaini-Lut. 


—  5<^2  — 

Le  26  de  la  maladie^  le  mal  allant  toujours  en  augmentant 
la  saign^e  qui  avoit  est^  ordonn^e  a  est£  faite  de  3  grandes 
palettes.  Le  mal  n'a  point  diminu6  pour  cela  mais  est  all£  en 
augmentant. 

Le  27  au  matin  nous  nous  sommes  trouvfa  encore  en- 
semble ;  comme  Ton  a  dit  qu'il  y  avoit  eu  des  reveries  la 
nuit,  que  la  fidvre  avoit  augment^  de  la  moiti6,  que  les  ten- 
dons du  poignet  souffroient  des  mouvements  convulsifs^  la 
langue  extremement  sdche,  nous  avons  estfe  d'avis  encore  de 
la  saignde.  II  a  dit  du  bras,  je  la  voulois  du  pied,  il  a  r^pondu 
qu'on  ne  tiroit  que  du  beau  sang  du  pied  et  qu'il  n'y  avoit 
que  les  saign^es  du  bras  qui  pouvoient  tirer  le  sang  pourry 
et  corrompu  qui  faisait  tout  le  mal.  J*ay  adjouti  qu*on  en 
voyoit  quelque  fois  dans  des  palettes  qu'on  tiroit  du  pied  qui 
estoit  fort  gisti  et  fort  corrompu,  que  la  saign^e  du  pied 
faisoit  un  mouvement  for  contraire  k  celuy  qui  montoit  i  la 
teste.  II  n'en  est  pas  convenu  d'abord  mais  enfin  il  Ta  avou6 
et  demeuri. 

Af"  Belay,  Petti  Bachot  et  Valiant  consulti  h  Paris  le  6^  may 
1680.  —  A  est6  dit  que  M"^  Tabbi,  il  y  a  15  ans,  sentit  de 
grandes  aigreurs,  eut  des  vomissements  et  qu'il  ne  fut  ddivre 
de  Tun  et  de  Tautre  que  par  une  bille  verdStre  qu'il  jetta;  — 
qu'il  eut  quelques  annies  aprte  un  coup  4  la  teste  dont  il  fiit 
incomode  longtemps;  —  est  tombi  dans  des  foiblesses  it 
perdre  connoissance,  quelques  mouvemens  convulsife  ^  une 
jambe;  cette  foiblesse  est  revenue  aprds  la  poudre  de  M'  de 
Lorme,  50  grains,  qui  le  firent  beaucoup  vomir  et  luy  lais- 
s^rent  une  jaunisse  dont  M"^  Brayer  le  tira  par  le  bain,  Teau 
de  poulet  et  le  petit  laict.  Depuis  4  ans  grandes  aigreurs, 
douleurs  aux  reins,  glaires  continuelles  par  les  selles,  sable 
rude  et  grossier  dans  les  urines,  douleur  i  la  region  de  la  rate 
et  chaleur ;  antrax  k  une  cuisse  ;  pr&entement  pustule  ^  la 
levre  d'en  haut,  du  costi  droict. 

J'ay  dit^que  je  croiois  que  ce  mal  venoit  d'une  bille  brulie 
qui  estoit  la  cause  de  tous  les  accidens,  qu'il  falloit  saigner. 


—  503  — 

On  a  conclu  ;  une  du  bras  et  une  du  pied,  lavemens  rafrai- 
chissans  purgatifs  avec  une  once  de  casse  et  deux  de  syrop  de 
pomes  compose  dans  deux  grands  verres  de  petit  laict. 
M'  Petit  a  dit  que  M""  Simon,  appoticaire,  pr^paroit  un  syrop 
de  pomes  plus  compost  que  Tordinaire,  qui  fesoit  aussi 
mieux.  Purgi  deux  ou  trois  fois  de  cette  sorte.  Ensuite  dans 
le  demy  bain  ou  ie  bain  13  ou  18  jours.  Le  petit  laict  ou  Teau 
de  poulet  dans  le  bain.  Et  purg^  tous  les  quatre  jours  d  cause 
des  fontes  des  humeurs.  Ensuitte  les  eaux  de  Forges,  ii  cause 
du  vbmissement  M*^  Bachot ;  moy  Spa ;  M""  Belay  d'abord 
pour  Spa ;  M'  Petit,  contre  toutes  eaux  min^rales  i  cause  de 
leur  sicheresse,  a  proposd  les  eaux  de  la  riviSre,  le  laict 
d'anesse  dans  I'automne,  le  bain  encore  dans  Testi  et  Teau 
de  poulet.  La  teinture  de  mars,  moy  et  M.  Petit  dans  le  petit 
laict. 

Nota  que  le  malade  dit  qu'il  ne  scauroit  prendre  de  casse; 
on  la  proposa  en  bol,  et  par  dessus  le  petit  laict  avec  le  syrop 
de  pomes. 

Pour  le  bain  on  a  dit  que  Galien  disoit  que  par  le  seul 

usage  du  Bain,  il  guerissoit  les  milancoliques,  que  la * 

d'Hippocrate  pour  les  purgatifs  forts  dans  les  mdlancoliques ; 
je  devois  entendre  quand  Thumeur  m^lancolique  estoit  i  la 
teste;  M"^  Petit  et  M^  Belay  pour  les  sangsues  au  fondement; 
M^  Petit  craint  les  tamarins,  k  cause  de  leur  aciditi,  dans  les 
mdancolies,  le  senn6  aussi  parce  qu'il  irrite  les  humeurs  et 
cause  une  sedition  dans  le  corps.  M""  Bachot  a  lou6  cet  endroit 
et  a  trouve  le  mot  sedition  fort  beau  *. 

Hisioire  de  la  pleuresie  de  Vauclare  carrier  1668  K  — 
Le  15™^  Juillet  1667  Vauclare  carrier  ige  de  ....  d'un  bon 
temperament,  incidit  in,  febrem  continuant  cum  dolore  lateris 

1.  Illisible. 

2.  Celane  rappellc-t-il  pas  la  consultation  de  M.  de  Pourceaugnac  ? 

3.  £crit  de  la  main  de  Valiant.  Cest  une  courte  observation  d'un  cas 
int^ressant,  observation  prise  au  jour  le  jour.  Valiant,  mauvais  latiniste, 
comme  la  plupart  des  m^dccins  de  Montpellicr,  m^le  agr<hiblenient  le 
•fran^ais  i  un  latin  d'une  bien  basse  lathiite. 


—  5^4  — 

sinistri  sub  tnamma,  C'estoit  le  vendredy  au  soir  qu'il  s'alita  en 
revenant  du  travail ;  on  le  saigna  ce  soir  mais  on  n'eut  pas  de 
sang.  Le  samedy  au  matin  i6"^  je  le  fis  saigner  ad  vascula;  a 
midy  un  lav.  febre  et  dolore  perseverante ;  circa  vesperam  encore 
saign^z.  Le  mal  dure  toujours  dans  sa  force,  nuit  mauvaise, 
quelques  crachats  sanglans  tirez  avec  peine,  urines  rouges 
sans  dpaisseur.  II  dure  dans  cet  estat  jusques  au  mardy  au 
soir ;  au  commencement  du  4  il  se  trouva  un  peu  mieux ;  pen- 
dant ce  temps  U,  il  fut  saign^  deux  fois  chaque  jour,  3 
palettes  chaque  fois.  Tout  le  4  il  fut  un  peu  mieux ;  sur  le 
soir  n^anmoins  il  tombe  dans  les  mesmes  accidens ;  la  sai- 
gn^e  du  pied. 

Dans  le  5  une  saign^e  du  bras.  Le  6  on  lui  porte  Nostre- 
Seigneur ;  il  prend  apr&  en  deux  verres  4  une  heure  Tun  de 
Tautre  Tinfusion  de  deux  escus  de  senn^  faitte  ^  part,  meslee 
avec  une  chopine  de  petit  laict,  avec  une  once  de  casse  et  un 
peu  de  syrop  violat.  Toia  die  pessime  se  habuit.  Cela  le  fit  aller 
deux  fois  avec  des  glaires  effroyables  en  quantity  et  en  ^pais- 
seur ;  j*ordonnay  un  lavement,  qui  tira  encore  quantity  d'or- 
dures;  sur  le  soir  il  s'endormit  et  passa  assez  doucement  la 
nuict.  Le  vendredy  au  matin  le  chirurgien  fit  une  saign^e ;  je 
le  trouvay  sans  fievre  et  quasi  sans  douleur.  II  a  pass^  tout  le 
jour  et  la  nuit  comme  cela.  Le  samedy  il  a  pris  la  mesme 
medecine  avec  on.  j.  manne'  qui  Ta  men6  5  ou  6  fois  abon- 
dament  en  glairres.  Je  Tay  trouv^  sur  le  soir  fort  bien  quitte 
de  tout. 

RELATIONS    DE    MALADIES    ET    D'OUVERTURES    DE    CORPS 

Relation  de  Vouverture  du  corps  ^  de  Af"*  de  Beringhen  Jaite 
par  M^  Dimye,  —  Le  dixidme  juin  mil  six  cent  septante  six, 

1 .  Une  once  de  manne. 

2.  On  «  ouvrait  les  corps  a  beaucoup  plus  qu'on  ne  le  fait  i  present; 
c*^tait,  d  cette  ^poque,  chose  tr^s  fr^quente,  et  le  bourgeois  aimait  a  falre 
autopsier  ses  proches,  comme  s'ils  eussent  ^t^  de  grands  seigneurs. 

L'autopsie  ne  pouvait  (en  vertu  des  prdonnances  de  police)  avoir  lieu  que 


—  5^5  — 

environ  vers  ii  heures  du  matin,  se  fit  Touverture  du  corps 
de  Madame  de  Bernighen,  lequel  estoit  enti^rement  ^macie  et 
consume. 

La  premiire  chose  qui  se  manifesta  fut  une  grande  quantity 
d'eau  jaunastre  qui  estoit  contenue  dans  le  bas-ventre  et  il 
s'en  trouva  aussi  de  pareille  contenue  dans  la  poitrine. 

Ces  eaux  ayant  esti  6vacuies,  la  premifere  chose  que  Ton 
remarqua  fut  I'ipiploon  ou  cette  partie  que  I'on  nomme  la 
coeffe  laquelle  se  trouva  presque  toute  consommte  et  r^duite 

24  heures  apr^  la  constatation  du  d^^.  On  ouvrait  tour  i  tour  la  t^te,  le 
ventre,  la  cavit^  thoracique. 

Pour  la  t£te,  on  faisait  une  incision  cruciale  et  on  sciait  la  calotte  crd- 
nienne ;  on  faisait  sauter  cette  demi^re  au  moyen  d'un  levxer  nomtn^  dl^va- 
toire.  Aprte  avoir  incis^  et  rabattu  la  dure-m^,  on  ouvrait  avec  le  manche 
du  scalpel  les  2  ventricules  lat^raux,  puis  on  tdchait  d*arriver  successivement 
sur  les  3«  et  4«  ventricules.  On  coupait  ensuite  le  bulbe  et  on  enlevait  le 
cerveau,  et  le  ccrvelet. 

L'op^rateur  faisait  ensuite  «  une  incision  longitudinale  depuis  le  col 
jusques  sur  les  os  pubis,  et  une  autre  transversale  de  la  partie  lombaire 
gauche  jusqu'ii  la  droite  » ;  la  cavit^  abdominale  ouverte,  on  examinait  succes- 
sivement et  m^thodiquement  tout  le  contenu,  s'^clairant  pour  cet  examen 
d'une  «c  bougie  de  cave  »,  m^me  s'il  faisait  grand  jour. 

On  ouvrait  le  thorax  en  sectionnant  avec  un  fort  scalpel  les  cartilages 
costaux ;  on  d^articulait  et  on  faisait  basculer  le  sternum.  On  incisait  le 
p^ricarde,  puis  le  coeur  (deux  petites  incisions  ii  droite  et  d  gauche),  «  pour 
voir  s*il  n'y  a  rien  au  dedans  des  ventricuks  et  dans  les  oreilleites,  ou  on 
trouve  souvent  des  corps  graisseux  qu*on  nomme  des  polipes  du  coeur.  » 

On  faisait  done  presque  tou jours  Texamen  des  organes  in  situ;  I'op^ra- 
teur  poussait  rarement  ses  investigations  plus  loin. 

Rentr^  chez  lui,  le  chirurgien  devait,  le  jour  m^me,  faire  une  relation  de 
Tautopsie  et  en  donner  la  copie  A  la  famille. 

Si  Tautopsie  ^tait  faite  par  ordonnance  de  justice,  le  rapport  m^dico-l^gal 
devait  ^re  ^tabli  selon'des  regies  bien  nettes  que  nous  donne  Dionis : 

«  Pour  un  homme  empoisonn^,  dit-il,  on  doit  suivre  ce  modele.  Nous 
soussignez  Medecins  et  Chirurgiens  du  Roy,  certifions  que,  par  TOrdonnance 
de  M.  le  Lieutenant  Criminel,  nous  avons  ouvcrt  le  corps  de  M.  A.  ou 
Testomac  livide  et  sphacel^  k  Text^rieur,  contenoit  dans  sa  cavit^  une 
liqueur  ^paisse  etrougeatre,  dont  un  morceau  de  pain  ayant  ^id  donn^  k  un 
chien,  Fa  fait  expirer  dans  des  convulsions ;  de  plus,  la  tunique  int^rieure 
de  ce  visc6re  nous  a  paru  enflamm^e  et  caut^ris^e,  s'^tant  s^par^  en  lam- 
beaux  d'avec  le  reste ;  ces  impressions  malignes  que  nous  ne  pouvons  attri- 
buer  qu'ii  un  poison  arsenical,  s'^tant  comrauniqu^e  k  plusieurs  autres 
parties  des  premieres  voies,  doit  i  notre  avis  avoir  caus^  la  mort  subite 
auditM.  A.  »!I! 


—  5^6  — 

pour  toute  son  6tendue  i  deux  travers  de  doigts,  sa  substance 
membraneuse  estant  toute  racornie  et  retir6  comme  un  mor- 
ceau  de  parchemin  que  Ton  auroit  expos^  au  feu,  sa  substance 
graisseuse  entiirement  dissip^e  et  consommie,  ne  restant  que 
ces  petits  corps  glandulaires  mais  entidrement  dessechis  et 
extrfimement  endurcis  et  rendus  schirreux. 

La  v6sicule  du  fiel  surpassoit  son  lieu  ordinaire,  restant  pro- 
longte  au  dela  du  lobe  du  foye  de  deux  bons  travers  de  doigt, 
d'une  couleur  verdastre,  ayant  teint  le  p^ritoinequi  couvrecet 
endroit  d'une  couleur  jaunastre. 

Le  misentfere  consomm^  et  dessechd  de  sorte  que  par  la 
partie  qui  touche  aux  intestins,  il  s'y  remarquoit  des  corps 
glanduleux  dessechfe  et  endurcis  de  la  m6me  mani^re  que 
ceux  que  Ton  avoit  remarqu6s  k  T^piploon. 

Le  foye  en  g^niral  est  trouv^  d'une  couleur  jaunastre  ou  en 
sa  partie  gibbe  et  supirieure  du  cost^  qui  regarde  et  avoisine 
le  diaphragme,  il  s'est  trouvi  une  tumeur  dure  et  schirreuse 
de  la  circonfference  environ  d'un  escu  blanc  et  plus,  de  volume 
et  grosseur  d'un  oeuf,  de  couleur  rouge,  brun  et  livide,  de 
consistance  tris  dure  et,  par  consequent  schirreuse,  pin^trant 
et  s*etendant  jusques  i  la  partie  cave  dudit  foye. 

II  faut  remarquer  que  cette  tumeur  schirreuse  du  foye  par 
la  partie  qui  avoisine  le  diaphragme  estoit  enti^renient  attachie 
au  diaphragme  en  avoit  pen^tr^  la  substance  et  estoit  attachee 
il  Textremit^  infiSrieure  du  dernier  lobbe  du  poulmon,  de  sorte 
que  cette  extremity  du  poulmon  entroit  dans  cette  tumeur  du 
foye. 

II  faut  de  plus  remarquer  que  cette  tumeur  schirreuse  du 
foye  de  la  part  et  du  cost6  qu'elle  paroissoit  en  la  partie  cave 
dudit  foye,  il  y  avoit  un  prolongement  de  cette  tumeur  qui 
par  un  principe  gresle  mais  gros  en  circonffrence  de  deux 
bons  travers  de  doigts  et  qui  s'augmentant  en  grosseur  dans 
son  progrte  enveloppant  tout  le  rein  qu'elle  avoit  convert! 
en  pareille  substance  schirreuse,  n'ayant  plus  ni  sa  forme  ni 
sa  figure,  de  sorte  qu'il  avoit  entierement  perdu  pour  Taction 
et  Tusage  pour  lequel  il  a  esti  construit,  et  ne  faisoit  avec  ce 


—  507  — 

prolongement  de  la  tumeur  qu'un  seul  corps  plus  gros  que 
teste  d'un  en&nt  nouveau  nay  et  qui  pouvoit  bien  peser  tr 
i  quaire  livres,  laquelle  tumeur  estoit  couchie  ei  rempliss 
toute  la  region  lombaire  et  done  1' extremity  la  plus  grosse 
infdrieure  estoit  continue  dans  le  commencement  de  la  cav 
que  forme  I'os  des  Isles. 

II  faut  encore  remarquer  que  toute  cette  portion  du  mfisi 
t£re  qui  est  depuis  Tappendice  de  I'lntestin  cacum,  et 
coecum  mSme,  aussl  bien  que  tout  le  commencement  de  I'l 
testin  cdlon  et  tout  son  progrfe  jusques  i  I'endroit  oii  il  co 
mence  k  s'approcher  de  la  v^sicule  du  fiel  estoient  enti^rem< 
attaches,  adherans  et  infiltr^s  k  cette  tumeur. 

Tout  le  corps  de  la  matrice  et  cette  panic  de  la  matrice  q 
I'on  nomme  les  comes,  sont  enti^rement  durs  et  schirreux ; 
couleur  et  la  consistance  de  ce  squirrhe  difi^rent  n^nmo 
de  celuy  que  nous  avons  remarqui  tant  au  foye  qu'au  re 
c'est-i-dire  que  celuy-ci  estoit  de  couleur  blanche  et  parei 
des  corps  gtandulaires  endurcis. 

Le  rein  du  cost^  gauche  est  aussi  trouv6  alt^r^  tant  en 
couleur  qu'en  sa  substance  et  en  disposition  de  devenirsch 
reux  comme  celuy  du  cost^  droit,  s'y  estant  trouvd  quant 
de  petitsgrumeaux  de  sang  endurcis  dans  les  peiits  canau 
ou  conduits  qui  servent  i  s^parer  la  s6rosit£  d'avec  le  sai 
outre  deux  vessies  pleines  d'eau  ou  mati^re  s^reuse  en  queic 
fa^n  semblable  i  I'urine,  dont  une  estoit  situ^e  4  la  pai 
inftrieure  du  rein  qui  tend  vers  I'os  des  Isles,  et  grosse  com 
un  ceuf  de  pigeon;  I'autre  vessie  situ^e  environ  un  travers 
doigi  au-dessus  de  cette  premifere,  grosse  comme  une  noix 
remplie  d'une  mati^re  plus  ^paisse  et  plus  rousse '. 

La  rate  s'est  trouv6e  de  grandeur,  de  couleur  et  de  conj 
tance  tr&  bonne. 

Les  deux  poulmons  estoient  de  couleur  Strange  et  divei 
remplis  I'un  et  I'autre  en  leur  surface  ext^rieure  de  tkl 


I.  Tubes  de  Bellini. 
I.  Petiis  kystes  r^aux. 


—  5o8  — 

noires  et  blanches;  leur  consistance  et grandeur  estant  bonne, 
except^  Textremiti  du  dernier  lobbe  du  poulmon  droit  qui 
estoit,  comme  nous  Tavons  dit,  infiltr^  dans  la  substance  du 
foye,  i  i'endroit  ou  fiit  remarqufe  la  tumeur  schirreuse. 

Le  coeur  trfes  beau  mais  fort  petit,  et  dans  son  ventricule 
droit,  a  Tendroit  ou  est  Tentrie  de  la  veine  cave,  il  s'y  est 
trouvi  une  substance  chamue  de  la  grosseur  d'une  vraie 
grosse  noix  ^ 

Memoire  cTun  chirurgien  du  Roy  (TAngleterre  qui  a  esti  present 
a  Vouveriure  du  corps  de  M™*  Royalle  de  France,  soeur  du  Roy 
d'Angleterre.  —  Le  30"^  juin  1670  il  mefut  ditau  matin  que 
Madame  estoit  morte  subitement,  j'allay  chez  Monseigneur 
Tambassadeur  d'Angleterre,  qui  me  commanda  d'aller  avec 
un  secretaire  i  S'  Clou  ou  le  corps  de  la  defFunte  princesse 
estoit  et  devoit  estre  ouvert  pour  y  assister ;  je  m'y  rendis  avec 
ledit  secretaire  ou  je  rencontray  les  m^decins  du  Roy  de 
France  et  ses  chirurgiens  et  en  la  presence  de  son  excellence 
du  comte  d'Alsberg,  de  M*"  TAbbi  Montague  et  M'  Hamilton, 
le  corps  fut  expose  sur  une  table.  Je  d&iray  voir  le  dos  ou  je 
ne  trouvay  rien  d'extraordinaire  *. 

L*incision  estant  faitte  pour  Touvrir,  il  en  sortit  une  vapeur 
foetide  et  de  mauvaise  odeur,  le  ventre  estant  ouvert,  on 
trouva  I'epiploon  tout  mortifi^  et  gangren6;  les  iniestins  ten- 
dant  aussi  i  mortification  et  putrefaction,  fort  dicolords;  le 
foye  d*une  couleur  gris  jaunatre  tout  bruie  en  sorte  qu'en  le 
touchant  il  tomboit  entre  les  doigts  par  miette  sans  aucune 
apparence  de  sang;  la  vessie  du  fiel  fort  pleine  et  diffuse  d'une 
bille  fort  haute  en  couleur  qui  sembloit  par  son  espanche- 
ment  avoir  donn6  la  couleur  aux  autres  parties  voisines;  la 
rate  elle  bonne,  de  couleur  et  grosseur  naturelle,  le    rein 

1 .  C'est  un  cas  de  generalisation  cancereuse  cons^utive  ^  un  ndoplasme 
ut«^rin. 

2.  « II  m'a  dit  aux  Capucins  comme  je  luy  deniandois  si  le  visage  estoit 
livide,  qu*il  Testoit  en  quelques  endroits  et  le  dos  enti^rement.  » 

Vallant. 


^  509  ^ 

gauche  un  peu  fl^try  et  mol  mais  bon  dans  sa  substance,  le 
droict  fort  bon;  toute  la  capacity  du  bas  ventre  pleine  d'une 
mati^re  sanieuse,  putride  jaunastre  aqueuse  et  grasse  comme 
de  rhuille;  le  ventriculeou  estomach,  par  Textferieur  beau  et 
bien  condition^,  mais  au  dedans  tout  fourr^  et  teint  d'une 
bile  aduste^  jusques  au  haut  de  Toesophage,  laquelle  se 
netoioit  ais6ment  avec  le  doigt  sans  y  avoir  trouv6  aucune 
excoriation  depuis  Torifice  d'en  haut  jusques  au  bas  que  je 
visitay  fort  exactement,  seulement  un  petit  trou  dans  la  par- 
tie  moyenne  et  ant^rieure  laquelle  estoit  arriv6e  par  migarde 
du  chirurgien  qui  Tavoit  coup6.  Sur  quoy  je  fus  le  seul  qui 
fis  instance,  mais  Tayant  bien  visits  de  pr6s,  je  n'y  trouvay 
aucune  excoriation,  ni  corrosion,  ni  noirceur,  ni  duret^,  ni 
macule  ni  l&ion  d'aucune  autre  partie;  au  reste  fort  bon  dans 
toute  Testendue  du  ventricule.  Le  poulmon  adhdrant  aux 
costes  du  cdt6  gauche,  remply  d'une  niati^re  spumeuse,  le 
cot6  droit  meilleur  mais  non  pas  tout  ^  fait  bon ' ;  le  coeur 
gros  et  renferm^  dans  sa  liqueur  du  p6ricarde  fort  bon  et  na- 
turel;  mais  toutes  les  parties  en  g6n6ral  fort  exsangues.  L'on 
n'a  point  ouvert  la  teste  ni  les  boyaux,  la  cause  de  la  mort 
ayant  6t6  trouvte  dans  le  ventre,  qui  est  k  ce  qu'on  a  jugi 
une  trop  grande  effusion  de  bile. 

REFLEXIONS 

Le  temperament  de  la  princesse  chaud  sec  et  bilieux,  ce  qui 
se  voit  par  la  s&heresse  et  aviditt  de  la  peau,  laquelle  avroit 
esti  fort  jaune,  si  la  bile  avoit  peu  exuder  au  travers  des  pores 
qui  estoient  dessech^s  et  arides  par  la  chaleur  extraordinaire. 

La  mauvaise  habitude  du  corps  de  longtemps  contract^e 
comme  il  a  paru  par  le  foie  et  le  poulmon. 

Le  voyage  dans  lequel  elle  n'a  presque  point  dormy. 

Le  voyage  de  mer. 

La  soudaine  joye  et  allegresse  en  voyant  son  fr^re. 

Le  changement  d'alimens  d'ordre  et  d'air  dans  tout  son 
voyage. 

I.  Madame  mourut  d'un  ulcere  de  Testomac,  h  petti  trou  dont  parle 
Boscher  (Littr6,  Legu^);  mais  elle  6tait  de  plus  tuberculeuse. 


-   $10- 

LeS  grandes  chaleurs>  I'^motion  de  la  bille  qui  n*a  pas  est^ 
ivacu6e  par  les  vomissements  ordinaires  qui  arrivent  h  la  mer, 
le  bain  froid  ^  contre  temps. 

Toutes  ces  choses  ensemble  ont  contribu6  i  eschaufFer  la 

bille,  ce  qui  s'est  remarqu6  par  le  d^goust  qu'elle  a  eu  des 

viandes.  Get  humeur  s'estant  espandu  dans  le  ventricule  et 

mesme  dans  tout  le  bas  ventre  qui  a  donni  la  teinture  k  toutes 

les  autres  parties  et  a  caus^  tant  de  douleurs  poignantes  et 

acres  dont  les  intestins  et  hypochondres  lesquelles  choses  ont 

caus£  une  fermentation  si  chaude  et  si  vaporeuse  que   la 

nature  ne  pouvant  plus  suporter  cette  chaleur  extreme  et  si- 

cheresse,  tout  k  coup  a  fondu  ou  liqu^fi^  toutes  les  parties  du 

corps  pour  humecter  et  rafraichir  et  secourir  les  parties  les 

plus  afHigdes;  c'est  pourquoi  Ton  ne  pent  rien  inferer  i  Ten- 

contre  de  ces  observations  sans  prejudice,  n'ayant  rien  trouvi 

qui  y  contredise  si  non  ce  petit  coup  d'incision  k  I'estomach 

que  Ton  a  esclair^  et  le  mauvais  proc^de  de  Top^rateur  qui  a 

si  mal  fait  son  devoir  qu'il  ait  plus  tost  voulu  d^rober  aux 

assistants  la  v^rit£  de  la  cause  de  la  mort  que  I'esclaircir  et  la 

dimentir. 

Alexandre  Boscher,  chirurgus  Regius. 

Maladie  et  mort  de  M'  le  due  d*Alenfon.  —  M*^  le  Due 
d'Alen^on  ',  kgi  de  quatreans  et  six  mois  et  demy,  le  ven- 
dredy  15  mars  1675  ii  3  heures  apr^s  midy  tombe  dans  un 
accident  qui  luy  oste  quasi  toute  la  respiration.  J'arrive  sur 
les  six  heures  et  je  le  trouve  assoupi  etrespirantavec  peine  et 
siflement,  le  pouls  un  peu  esmeu.  Madame  de  Guise  me  dit 
que  Ton  luy  avoit  donni  un  lavement  et  qu'il  estoit  incom- 
parablement  mieux;  je  le  laissai,  k  8  heures  du  soir  dans  le 
mesme  estat.  Monsieur  Belay,  mddecin  de  Mademoiselle  *,  le 


1.  Le  due  d*AIen^on  £tait  le  fils  du  due  de  Guise  (mort  en  1672)  et  de 
la  duchesse,  fille  de  Gustave  d'Orl^ns.  C^tait  un  enfant  des  plus  ch^tifs  et 
MUe  de  Montpensier  qui  en  parle  it  plusieurs  reprises  dans  ses  Mimoires 

semble  dire  que  sa  mort  ^tait  prdvue  depuis  loi^temps. 

2.  Mil«  de  Montpensier,  la  Grande  Mademoiselle, 


-.  SIX  — 

vk  tin  peu  apris  qui  lui  trouva  une  grosse  fi^vre  et  dit  i  M^ 
du  Fresne  qu'il  croioit  qu'il  le  feudroit  saigner  le  lendemain 
au  matin.  Mais  il  arriva  bien  du  changement>  car  sur  minuict 
du  vendredy  ij  mars  au  samedy  i6y  il  tomba  dans  un  si 
grand  redoublement  d'oppression  que  Ton  croyoit  qu'il  estoit 
mort;  j'arrivay  sur  une  heure  et  demy  aprfes  minuict;  Ton 
me  dit  qu'il  estoit  un  peu  mieux  que  Ton  luy  avoit  donn6 
un  lavement,  et  de  i'liuille  d'amande  douce  avec  du  syrop  de 
capillaire ;  je  le  trouvay  si  mal  encore  que  je  le  fis  saigner ;  le 
sang  vint  en  coulant  le  long  du  bras,  il  y  en  avoit  deux  bonnes 
palettes  rouge  et  beau.  Je  le  fis  boire  ensuitte,  il  beut; 
Madame  de  Guise  me  dit  que  devant  la  saign^e  Ton  ne  luy 
pouvoii  rien  faire  avaler;  je  le  fis  encore  boire  et  prendre  la 
moiti^  de  sa  tasse  tout  d'une  haleine  :  la  fidvre  considerable 
tousjours  le  pouls  intermittent  mais  moins.  Une  heure  apr^s, 
voyant  que  la  poitrine  soufFroit  tous  jours,  je  commencay  k 
croire  que  nos  secours  seroient  inu tiles;  je  luy  fis  donner  un 
lavement  purgatif,  de  Thuille  d'amande  douce  par  la  bouche : 
le  lavement  ne  tire  quasi  rien.  Je  dis  k  M'  du  Fresne  *,  qu41 
falloit  avoir  M*^  Brayer  et  M^  Belay ;  le  matin  il  le  dit  k  Madame 
et  i  Mademoiselle  de  Guise  :  comme  je  fus  seul,  Madame  et 
Mademoiselle  me  dirent  qu'elles  ne  vouloient  que  moy,  que 
je  fis  ce  que  je  trouverois  ^  propos  et  qu'elles  m'abandonoient 
I'enfant.  J'insistay  tousjours  i  avoir  du  secours;  M^  Du  Bois* 
estant  venu  je  luy  dis  que  nos  affaires  alloient  mal ;  il  me 
r6pondit  que  M*^  d'Autun  '  luy  avoit  dit  le  soir  que  mon  sen- 
timent n'estoit  pas  favorable  sur  cette  maladie ;  il  est  vray  que 
j'avois  dit  k  M*^  d'Autun  le  vendredy  au  soir  que  je  craignois 
beaucoup  de  cette  maladie  mais  que  je  n'osois  siller  Toeil  aux 
altesses  de  peur  de  les  accabler. 

J'ordonne   un  second  lavement  purgatif,  il  tiri  beaucoup 
d'excremens,  peu  de  bile ;  M'^  Belay  arrive  qui  me  dit  qu'il 


1 .  M^decin  ordinaire  de  M^^  de  Guise. 

2.  Maltre  d*>i6tel  de  M™«  de  Guise. 

3.  L'^Sque  d'Autun. 


^  512  — 

n^osoit  aprocher  du  lict  h  cause  de  Mademoiselle '  :  je  luy 
dis  qu*il  n'y  avoit  nulle  apparence  de  rougeur.  U  me  dit  qu'il 
falloit  parcourir  les  signes,  s'il  n'avoit  pas  les  yeux  d'une  cer- 
taine  maniire>  la  gorge  malade ;  je  luy  rtpondis  qu'il  n'avoit 
point  de  douleur  aux  lombes,  il  dit  que  cela  ne  suffit  pas  :  je 
lui  rdpartis  qu'il  n'y  avoit  aucun  signe  que  le  mal  de  gorge 
qui  venait  de  son  rhume  et  qu'il  y  avoit  huict  jours  qu'il  s'en 
plaignoit,  cela  le  fixa.  II  n'aprocha  point  pourtant,  dit  qu'il 
falloit  continuer  les  lavemens  et  s'en  alia.  M*"  Brayer  arrive, 
dit  que  I'enfant  estoit  fort  mal  et  qu'il  &lloit  encore  le  sai- 
gner;  que  sa  poitrine  estoit  rcmplie  et  qu'il  n'y  avoit  que  cc 
remade  lit.  Madame  et  Mademoiselle  dirent  qu'il  estoit  bien 
foible,  je  respond  que  selon  que  le  sang  sortiroit  on  le  tirc- 
roit,  que  Ton  jugeroJt  par  la  dcs  forces  et  que  Ton  Tarreste- 
roit  tout  court  en  cas  de  besoin. 

M'  Brayer  demanda  I'heure  de  la  saignee  de  la  nuict,  et 
ensuitte  combien  il  y  avoit  de  temps  qu'il  avoit  pris  de  nour- 
riture ;  comme  il  eut  s^eu  que  s'estoit  tout  k  I'heure,  il  dit 
qu'il  faudroit  faire  la  saignee  dans  une  heure,  qu'il  revien- 
droit  pour  la  voir  faire.  Je  sortis  en  mesme  temps  et  revins 
devant  M*^  Brayer;  jc  trouvay  I'en&nt  baiss^;  je  le  dis  i 
Madame  qui  en  fut  fort  touchie  :  tons  les  autres  qui  estoient 
la  ne  me  crurent  point.  M*^  Brayer  arrive  qui  ne  dit  rien  aprts 
luy  avoir  touchy  le  pouls,  sinon  qu'il  falloit  le  saigner;  il 
vint  aupr&  de  la  chemin^e  ou  j'estois,  je  luy  dis  qu'il  estoit 
bien  baiss6,  il  ne  me  respondit  rien ;  retourne  vers  le  lict, 
persiste  i  la  saignte,  revient  vers  la  chemin^  ou  j'estois 
encore  :  je  luy  dis  que  le  visage  changeoit  fort;  je  I'avois  dit 
k  M'  Du  Bois  dte  les  six  heures  du  matin  et  une  heure  aprSs 
h,  Mademoiselle*,  qui  me  demandoit  si  je  n'observois  point 
cela. 


1.  Dans  la  crainte  que  Tenfant  n'ait  la  variole;  M^le  de  Montpensier, 
qui  avait  d^j^  eu  la  petite  vtole,  avait  gard6  de  cette  maladie  une  frayeur 
extraordinaire ;  Valiant  renseigne  le  m^decin  de  M^^  de  Montpensier,  lui 
montrant  que  la  rachialgie  de  la  variole  n'existait  pas  chez  Tenfanc. 

2.  Mii«  de  Guise. 


—  5n  — 

M'  Brayer  retourne  vers  le  Itct,  le  regarde;  Madame  de 
Guise  s'escrie  que  son  en&nt  se  mouroit  et  dit  i  M^  Brayer 
de  ne  point  le  faire  saigner  parce  que  cela  ne  serviroit  de 
rien  :  M'  Brayer  dit  :  il  est  vray  et  s'en  ala. 

II  ala  tousjours  baissant  jusques  il  onze  heures  et  demy 
qu'il  mourut ;  une  heure  devant  M'  Belay  vint  qui  dit  qu'il 
n'estoit  point  si  faible  nt  si  abandon^,  parle  de  lavement  ec 
s'en  va  :  revint  une  demi-heure  aprfes  et  dit  actum  est,  et  en 
sortant  qu'il  Tavoit  bien  dit  le  soir  du  vendredy  que  M'  d'Alen- 
^on  cstoit  plus  mal  que  Ton  ne  croyoit.  Je  luy  respondis  que 
d'autres  que  luy  i'avoient  aussi  dit  un  peu  devant  qu'il  mou- 
rut. II  reviut  avec  Mademoiselle',  dit  qu'il  ne  falloit  plus 
rien  faire  et   que  remedia  turn  erant  infamanda^.  J'insistais  k 

luy  dire    que    quand  on   avertissoit    du    peril,   on les 

remtdes  quoyque  selon  toutes  les  marques.... 

Sur  Mons'  tTAlenfon  (notes  sur  I'autopsie  icrites  par  Valiant'). 
—  Le  dimanche,  4™%  de  Mars  1675,  nous  nous  assemblasmes 
au  Luxembourg  a  2  heures  apr&s  midy  pour  assister  i  I'ouver- 
ture  du  corps,    M'  Belay   M""  Dufresne  et  moi  m^decins. 

M' Pr&idy,  chirurgien  de  M"'  de  Guise,  M' ,chirurgien  de 

Mademoiselle,  M'  Serouin,  chirurgien  de  M'  de  Mesnie. 

L'on  consid6ra  premierement  le  corps  de  tous  cote.  Ton  ne 
trouva  que  les  genoux  et  les  poignets,  oil  il  avoit  du  vice  tels 
que  Ton  les  avoit  veus  pendant  la  vie,  c'est  i  dire  Inches  dans 
leurs  articulations.  Je  passay  le  doigt  tout  le  long  de  I'espine, 
ne  trouvay  rien  que  de  bien  placi  jusques  aux  vert^bres  des 
lombes  ou  je  trouvay  entre  le  4  et  la  cinq  un  enfoncement 
plus  considerable, 

A  I'ouverture  du  ventre  nous  trouvasmes  d'abord  les  boyaux 


1 .  M"*-'  de  Montpensier,  qui  parle  dans  ses  Mimoires  de  la  visitc  in  txtrt- 
taii  (ju'elk  tit  ^  son  neveu. 

2.  Belay  £tail  fort  mal  avec  Vallaol,  aujsi  lonqu'il  veut  saigner  le  petit 
malade,  Valiant  s'y  oppose ;  Belay  propose  ^n  lavement ;  il  n'est  pas  icout^, 
M'l<  de  Montpensier  parle  dans  ses  Mimoirti  de  t'aniagonisnie  de  Belay 
avec  le  m&lecin  de  }&.'°'  de  Guise. 

Le  MiGUET.  —  Li  lauiidc  oudical,  j[ 


—  514  — 

plus  jaunes  qu'ils  ne  doivent  estre  en  certains  endroits,  le  fov 
un  peu  grand,  pas  alt6r^,  un  peu  aux  extr^mit^s  mais  l^g^re- 
ment,  la  rate  d'environ  trois  doigts  de  long,  deux  de  large,  et 
fort  mince,  le  rein  gauche  gros  quasi  comme  un  oeuf  et  d*un 
tiers  plus  que  le  droit.  Tun  et  Tautre  sans  vie  dans  leur  sub- 
stance, I'estomach  bien,  la  vescie  de  mesme,  le  poulmon  et  la 
capacity  sans  vice. 

Q)mme  ils  croioient  que  I'on  y  devoit  trouver  de  Teau  en 
abondance  je  leur  dis  que  la  s^rosit^  qui  avoit  rempli  le  poul- 
mon et  les  bronches  ne  paroissoit  pas  au  dehors,  Ton  se  con- 
tenta  de  cela  sans  autre  examen  de  cette  partie  et  Ton  dit 
«  nous  allons  trouver  un  amas  k  Tentrie  du  larinx  et  aux 
amygdales  ».  Je  r^pondis  vous  ne  trouverez  rien  de  sensible 
U,  et  ce  fut  ainsi. 

Le  coeur  estoit  fletry  extraordinairement  et  comme  s'il  avoit 
trempi  long  temps  dans  de  Teau. 

Pour  la  teste.  Ton  la  tournoit  comme  si  elle  n'eut  tenu  aux 
vert^bres  que  par  la  peau ;  M'  Belay  dit  qu'il  n'avoit  jamais 
veu  cela.  L'on  remarqua  aussi  comme  Ton  scioit  le  crane,  une 
contusion  environ  de  la  grandeur  d'un  escu,  k  Tendroit  ou  la 
suture  sagitale  s'unit  h  la  lamboide;  cette  contusion  alloit 
jusques  dans  la  substance  de  Tos.  M"^  Belay  dit  tout  bas  que 
I'enfant  estoit  tombi,  quelqu'un  ripondit  que  depuis  qu'il 
estoit  expos6  sur  la  table  on  avoit  cogn6  la  teste;  M'  Belay 
persista  dans  son  sentiment  et  me  dit  encore  tout  bas  que  Ton 
avoit  laiss^  tomber  cet  enfant  et  que  c'estoit  la  cause  de  la 
mort;  le  chirurgien  de  Mademoiselle  en  dit  de  mesme  et  les 
autres  aussi  hors  M*"  Dufresne  qui  n'y  regarda  pas. 

Tout  ce  que  je  puis  dire  la  dessus,  c'est  que  Tayant  bien 
examini  et  de  fort  pr6s  avec  la  bougie,  je  ne  puis  assurer  que 
ce  soit  un  coup  de  chute,  car  si  on  luy  a  cogn^  la  teste  comme 
Ton  a  dit  sur  la  table,  la  substance  est  si  tendre  que  cela  pent 
estre  arrive  de  la ;  M*^  Belay  soutint  que  non  et  le  chirurgien 
de  Mademoiselle  aussi. 

Quoy  qu'il  en  soit  nous  sommes  convenus  de  n'en  point 
parler,  parce  que  cela  ne  feroit  que  redoubler  les  peines  des 


—  515  — 

princesses  et  un  grand  tort  i  toutes  les  personnes  qui  i 
aupres  de  ce  jeune  prince. 

Le  crSne  estant  lev6,  je  remarquay  que  le  cervea 
fort  grand,  les  vaisseaux  qui  sont  an  dessus  plus  gr 
I'ordinaire;  le  reste  sain,  le  cthne  n'avoit  point  d'oi 
vers  les  sutures  mais  elles  estoient  fort  serr^cs ' . 

Je  crois  que  cette  maladie  est  venue  d'une  abond 
serosit^  qui  tombant  du  cerveau  a  rempli  les  bron 
poulmon  et  a  estouff^  ce  jeune  prince ;  le  cceur  estoit 
s'il  avoit  esti  press6  entre  deux  corps  durs ;  le  cervea 
plein  de  serosit^  qui  ne  pouvant  circuler  !i  cause  de  c 
abreuvoit  la  substance  du  mesme  cerveau,  avolt  go 
vaisseaux  comme  I'on  les  voyoit  et  cela  se  peut  expl 
plus  clairement  du  monde  tant  soit  peu  que  Ton  ! 
naturede  la  circulation. 

Madame  de  Longtuviile  sur  la  maladie  doni  elle  est  n 
Madame  de  Longueville '  dans  sa  60""  annde  le  6' 
1679,  un  jeudy  qui  estoit  le  lendemain  d'une  m^decim 
avoit  prise  dans  un  temps  froid  qui  I'avoit  bien  pu 
avoit  dormy  la  nuict  suivant  la  m^decine.  La  nuit  de 
vendredy  —  peu  de  someil  jusques  a  deux  heun 
minuict,  un  peu  de  fi^vre ;  le  reste  de  la  nuict  someil 
vendredy  au samedy  moins  desommeil;  jusques^deu 
aprfis  minuict  fievre.  —  Du  samedy  au  dimanche,  poii 
meil  fievre;  M'  Hamon  m^decin  de  P.  Royal  y  avoit 
se  trouve  mal  d'un  frisson  considerable  et  crachemens 
avec  toux.  —  M'  Dodart  me  prie  de  demeurer  la  1 
dimanche  au  lundy  ;  j'y  couche;  4  minuict  on  me  vi 
ler;  Mad.  de  Longueville  assoupie  avec  des  tressaillen 

1.  On  pett  penser  i  unc  fracture  du  crSne;  I'ecchymose  rei 
I'autopsie rtsulierait  du  iraumatisme initial;  I'ivolution  rapide  e: 
I'absence  d'eccliymoses  secoiidaires.  L'oppression  dont  Vallan 
ressemble  bien  au  coma  de  la  franure  du  crine. 

2.  •  Agee  de  cinq'""  9  ans  et  demy,  elle  en  auroit  eu  soixant 
le  jour  de  S'  Augustin  qui  est  ie  1%'™=  aoflt ;  pendant  sa  mal 
(rayeur  ni  trouble. » 


-5i6- 

quens  dans  les  bras,  janibes  et  quelque  fois  par  tout  le  corps ; 
fievre,  ne  pouvant  parler  que  par  tnonosyllabes.  On  luy 
donne  un  lavement  avec  senn£,  le  lavement  ne  sort  point ; 
Ton  saigne  du  bras  2  palettes;  le  lavement  sort  vuide;  cela 
soulage  un  peu  la  teste  mais  non  pas  6norm^ment. 

M^  Fontaine,  M'  Bourdelot,  M*"  Dodart '  et  moy  concluons 
senn.  3  i)  in  aqua  tartar  emetic,  gr.  iiij  pro  duab.  dosib.  *,  la 
premiere  &it  vomir  d'une  fois  quelques  cuiller6es  d*humeurs 
tirant  sur  le  brun ;  le  senni  pouvoit  causer  cette  couleur ;  la 
t^te  sed^gageet  tout  le  reste. 

La  nuict  du  lundy  au  mardy,  accident  aprte  minuict  aussy 
fort  que  le  premier;  on  repurge  avec  d'fem^tique  2  grains 
seulement  dans  la  moiti^  de  Tinfusion  de  senn^  avec  six  gros 
de  manne;  cela  op^re  bien,  le  d^gagement  est  grand,  la 
fifevre  fort  diminu6e. 

Je  dis  k  M'  le  Prince '  que  si  nous  ne  parions  le  redouble- 
ment  de  la  nuict,  elle  mourroit.  Le  medecin  anglois  vint,  ne 
veut  pas  donner  son  remide ;  sa  premiere  raison  parce  que  si 
la  gu^rison  arrivoit,  on  ne  sauroit  pas  si  ce  seroit  son  remfede 
ou  mon  purgatif,  etc...  Nous  donnons  une  drachme  de  chin- 
china  dans  un  peu  de  gel^e  de  pommes. 

La  nuict  du  mardy  au  mercredy  quasi  point  de  redouble- 
ment;  sommeil  de  4  ou  5  heures;  lavement  avec  une  once 
de  casse  qui  tire  des  glaires  effroyables  et  abondamens  jaunes 
noiritres. 

Chinchina  le  soir  du  mercredy;  nuict  excellente,  point  de 
fiivre,  sommeil  de  huit  heures  fort  doux. 

Le  jeudy  matin  demanda  que  Ton  luy  nettoye  la  teste  et 
qu'on  la  change  k  son  ordinaire,  nota  outre  cela  avoir  quitt^ 
le  jour  de  devant  qui  estoit  le  mercredy  une  peau  de  cygne 
qu'elle  portoit  sur  Testomac  et  sur  la  poitrine;  on  y  en  avoit 
mis  une  de  lievre. 

1 .  Fontaine,  mddecin  de  Paris ;  Bourdelot,  medecin  du  prince  de  Cond^ ; 
Dodart,  medecin  du  prince  de  Conti. 

2.  Deux  drachmes  (7  grammes)  de  s^n^,  quatre  grains  (o  gr.  20)  d'^me- 
tique  pour  deux  prises. 

3.  Le  Grand  Cond^. 


—  517  — 

Lejeudy  i  midi  je  la  trouve  sans  fievre;  une  heu 
la  respiration  devient  plus  (r^quente  et  plus  haute 
petit  Element ;  estemue  et  tousse  sans  cracher.  On  di 
lavement,  teinture  de  chinchina  dans  I'eau  d'cscorson 
cuiler^es ;  la  fievre  paroist  apr^s  I'op^ration  du  lavem 
lag^e.  M'  le  Prince  ne  croit  pas  que  sa  poitrine  soit 
parce  qu'il  luy  avoit  demands  si  elle  respiroit  sans 
sans  douleur  dans  la  poitrine  :  j'ay  r£pondu  qu'elle 
sans  peine  parce  qu'elte  ne  faisoit  que  de  petites  in] 
et  sans  douleur  parce  que  le  mal  estoit  dans  les  cl 
poulmon  qui  n'a  pas  de  sentiment.  Le  mal  ne  1: 
d'augmenter  quelque  temps  apr^  nonobstant  le  soul 
du  lavement. 

La  nuict  du  jeudy  au  vendredy  trds  mauvaise ;  o 
du  sel  volatil  de  vipdre  ;  0  '  dans  I'eau  descorson^re 
ou  cinq  onces  pour  prendre  par  cuilitre  pendant  1 
Cela  lui  oste  le  ralement ;  la  respiration  est  un  peu  pt 
L'on  purge  avec  j  ij  de  senn^  mann.  5  vj  tartar  emet 
deux  fois  aboodament  soulag^  mais  d'un  soulagemer 
dure  pas. 

La  nuict  du  vendredy  au  samedy  une  agonle  coi 
jusques  i  4  heures  et  un  demi  quart  du  matin  qu'elte  esi 

L'on  a  ouvert  le  corps  le  dimanche  i6*°"  avril  i£ 
plomb^  superticielement  vers  Ics  extr^mit^s  des  lo 
toument  du  c6t^  de  I'estomac ;  sur  la  partie  gibbe  ur 
tumeur  qui  estoit  pleine  d'eau,  la  rate  pourrie  et  en 
noire,  le  rein  gauche  de  mesme  et  fort  petit ;  les  pi 
d'un  verd  obscur,  quelque  piastre  au  hauct ;  le  caei 
et  fl^try  avec  de  I'eau  rousseatre  dans  les  ventricules 
point  de  sang  dans  la  cave;  dans  les  canaux  de  la  tract 
lie  sanieuse  et  dans  les  boyaux  K 


1.  Un  demi-drach me  (environ  i  gr.  jo). 

3.  Deui  drachmes  de  iini,  six  drachmes  de  manne,  un  grain  d' 

J .  II  y  a  tout  lieu  de  croirc  que  M"e  de  Longueville  mourut  de 

pneumonie.  En  favcur  de  cetle  idi^e  plaident  le  diJbut  insidieux,  I 

d'itat  s'Stablissant  assez  brusquement  par  un    frisson  vrai,   la  r 


Relation  de  la  maladU  et  de  la  mart  de  M.  le  Due  de  FEdi- 
guere  '.  —  M.  le  Due  de  TEdiguire  ag6  d'environ  36ans  d'un 
irhs  bon  temperament  fort  et  robuste,  vers  la  fin  du  mois 
d'avril  1681  jouaau  mail>  s'agitta  beaucoup  et  comme  il  avoit 
fort  chaud  aprte  le  jeu,  prit  le  vent  qui  estoit  un  peu  froid, 
but  ^  la  glace,  soupa  ensuite  fortement  et  comme  c'est  la 
coustume  ^  cette  beure  de  ces  jeunes  seigneurs ;  il  but  deux 
petits  verres  d'une  sorte  d'eau-de-vie  qu'ils  boivent  pour 
aider,  k  ce  qu'ils  pritendent,  ^  cuire  ce  que  leur  estomach 
peut  avoir  pris  de  trop.  II  estoit  k  Paris  et  comme  il  estoit  sur 
le  chemin  de  S*  Germain  ou  il  devoit  aller  passer  la  nuit,  il 
luy  prit  un  grand  frisson  qui  dura  longtemps,  qui  fut  suivi 
d'une  grande  fievre  avec  douleur  de  costt,  toux,  crachement 
de  sang  reverie.  II  est  k  remarquer  qu'il  y  avoit  deux  ans 
qu'il  crachoit  le  sang,  qu'il  ne  vouloit  point  voir  de  m^decins. 
Je  ne  scay  si  c'estoit  par  une  aversion  qu'il  en  avoit  prise  chez 
M*^  le  Cardinal  de  Retz  ou  M*^  Belay  '  et  M'  Petit  qui  le  trai- 
toient  avoient  fait  une  4*  ou  5*  saign^e  qui  Tavoit  tui,  i  ce 
qu'on  disoit. 

Comme  il  avoit  eu  la  fievre  quelques  mois  apris  la  mort  du 
Cardinal  de  Retz,  il  envoya  qu^rir  TAnglois  '  d'abord  qui  luy 
donna  son  vin  avec  son  remade  ^  et  luy  osta  cette  fievre  en 
peu  de  jours  mais  comme  elle  le  reprenoit  de  temps  en  temps 
il  continuoit  ce  remade  et  en  prenoit  encore  un  peu  que 
devant  de  tomber  dans  cette  derni^re  maladie. 

br^ve,  les  crachats  sanglants,  la  toux,  la  couleur  du  poumon  vert  obscur,  la 
lie  sanieuse  trouvde  dans  les  bronches  i  Tautopsie.  Les  tressaillements,  le 
ddire  peuvent  s*cxpliquer  facilement  par  Tdge  de  M»e  de  Longueville. 

Cependant  quelques  passages  semblent  faire  rejetcr  Tidte  de  broDcho- 
pneumonie;  la  remission  de  la  fievre  alors  que  la  dyspn^  augmente,  et 
surtout  «  le  plitre  en  haut  du  poumon  »  qui  6tait,  selon  toute  probabi- 
lity, un  bloc  cas^ux.  On  pourrait  peut-^tre  concilier  ces  faits  oppos^  en 
pensant  a  la  possibility  d'une  broncho- pneumonic  survenant  dans  un  cas 
de  tuberculose  pulmonaire  torpide,  comme  cela  se  rencontre  si  souvent 
chez  les  vieillards. 

1 .  Lc  due  de  Lesdigui^res. 

2.  MWecin  de  M'^c  de  Montpensier. 

3.  Le  chevalier  Talbot. 

4.  Une  teinture  de  quinquina. 


—  519  — 

Les  m^decins  de  S*  Germain  le  firent  saigner  prompte- 
ment  et  copieusement,  en  trois  jours  9  fois  luy  donntrent 
plusieurs  lavemens  ou  Ton  mettait  de  temps  en  temps  de 
r^mitique  qui  faisoit  de  grandes  Evacuations  et  bonnes  en 
sorte  qu'il  estoit  mieux  it  la  fin  de  son  3*  jour,  la  fiivre  n'es- 
toit  pas  si  violente,  la  teste  plus  d^brouillEe,  les  crachats 
venoient  mieux  et  estoient  meilleurs. 

II  ne  laissa  pas  dans  cet  estat  \k  de  vouloir  voir  TAnglois 
parce  qu'il  crut  qu'il  abr^geroit  le  cours  de  sa  maladie.  Les  amis 
n'estoient  pas  trop  de  cet  avis  1^  et  pour  ce  sujet  devant  que 
TAnglois  entrast  dans  sa  chambre,  il  lui  dirent  en  particulier 
qu'il  devoit  bien  consid6rer  ce  qu'il  alloit  faire,  que  M*^  d'Edi- 
guifere  estoit  mieux  et  que  si  cet  estat  venoit  k  changer 
comme  il  pouvoit  arriver  par  le  cours  de  la  maladie  quoy 
qu'on  y  fist  tout  ce  qui  se  pourroit  de  bien,  on  ne  manque- 
roit  pas  de  luy  attribuer  tout  le  mal  qui  arriveroit,  qu'il 
sembloit  aussi  k  tout  le  monde  que  le  vin  ny  I'amertume  ne 
convenoient  point  k  sa  maladie  qui  estoit  une  inflammation 
de  poitrine,  mais  que  s'il  avoit  quelque  autre  remdde  propre 
i  cet  estat,  il  le  pourroit  proposer.  II  fit  semblant  de  prendre 
ce  partie,  proposa  un  syrop  qui  fut  approuvE  des  midecins, 
dit  qu'il  ne  donneroit  que  cela,  entre  dans  la  chambre  du 
malade,  luy  donne  son  syrop  et  en  mesme  temps  de  son  vin 
qu'il  portoit  dans  sa  poche  et  dans  une  bouteille,  continue 
de  donner  deson  remide  et  du  vin  pendant  36  ou  40  heures; 
Mais  les  choses  chang^rent  si  fort  que  le  malade  fut  contraint 
de  dire  que  le  remdde  ne  remontoit  pas  et  qu'il  lui  falloit  des 
m^decins.  Ses  crachats  furent  arrestfe  peu  de  temps  aprds 
qu'il  eflt  commence  ce  remide;  il  soufFroit  beaucoup  plus,  ne 
crachoit  pas; les  redoublemens  bien  plus  grand.  Les  m^decins 
le  firent  saigner  encore  deux  fois  mais  il  ne  laissa  pas  de 
mourir^  Tentrie  du  7*. 

On  a  ouvert  tous  son  corps  et  on  a  trouvi  quantity  de 
boue  dans  son  poulmon ',  que  les  m^decins  de  la  Cour  ont 

I .  C'^tait  en  somme  un  cas  de  tuberculose  aigue  chez  un  malade,  ayant 
pr^sent^  depuis  deux  ans  des  pouss^s  congestives  du  c6t^  de  ses  poumons. 


—  520  — 

cru  devoir  estre  faite  depuis  longtcmps,  et  qu'ainsi  on  ne  pou- 
voit  pas  attribuer  ceste  mort  au  remdde  anglois.  Mais  comme 
M'  le  Q)mte  de  Treuille  ous  disoit  cela,  mardy  6«  mai  1681, 
M^  Seroude  qui  venoit  de  le  saigner  luy  dit  que  cette  boue 
pouvoit  bien  estre  venue  en  peu  de  jours  et  qu'on  le  voyoit 
en  d'autre,  par  ce  qu'en  ces  parties  1^,  la  supuration  alloit  bien 
plus  vite 

Madatne  Thierry  '  femme  a  Louis  Le  ^ Francois  demturant  au 
fauxbourg  S^  Jacques  paroisse  du  Haul  PaSy  fut  attaqufc  le 
12""'  aoust  1673  environ  les  onze  heures  du  matin  d'un  acci- 
dent qui  luy  osta  subitement  la  conoissance  et  le  sentiment. 
Je  la  trouvay  dans  cet  estat,  environ  les  huict  heures  du 
matin  du  mesme  jour,  et  j'appris  d'une  femme  qui  estoit 
aupr^  d'elle  que  ce  mal  luy  estoit  venu  ensuitte  d'une  fache- 
rie  qui  avoit  arrest6  tout  i  coup  ses  ordinaires  qu'elle  avoit 
pour  lors.  L'on  luy  fit  plusieurs  remides  mais  inutillement. 
Elle  mourut  le  16"*  du  mesme  mois,  ayant  este  quatre  jours 
sans  donner  la  moindre  marque  d'aucun  sentiment*. 

Son  corps  fut  ouvert,  le  foye  nous  parut  d'une  couleur 
plomb^e  en  plusieurs  endroits  et  fort  altiri  en  toute  sa  sub- 
stance, la  vescie  du  fiel  fort  grosse  et  fort  gonflfee  et  d'une 
couleur  verdatre,  la  partie  du  boyau  colon  qui  est  voisine  de 
cet  endroit  la  estoit  noirastre  comme  si  elle  avoit  esti  brulfc. 

Comme  j'avois  veu  cette  femme  sans  nis  mesme  devant 
qu'elle  tombast  dans  cet  accident  et  comme  elle  m'avoit  dit 
que  c'estoit  un  cancer  dont  elle  avoit  est^  gu^rie  qui  luy 
avoit  emport^  cette  panie,  je  fis  d^couvrir  cet  endroit  jusques 
aux  OS  en  haut,  en  bas,  h  droict  et  ii  gauche,  et  j'observay 
premierement  qu'il  estoit  bien  couvert  de  peau  par  tout  ^  la 
r&erve  de  deux  petits  trous  par  ou  I'air  passoit  pour  la  respi- 


rv^v^  ^       "^^*"  ^^  Valiant  qui  ajoutc  :  «  J'ay  donnd  cet  escrit  i 

vitaus  qui  est  le  chirurgien  qui  avoit  traitt6  cette  femme  du  cancer.  » 
2.  ^n  peutcroire,  d'apr^  ce  qui  pr^ctde,  ^  une  Wmorrhagie  c^rtbrale. 


—  521  — 

ration;  la  cicatrice  estoit  fort  belle  et  fort  naturel 
point  gastte  et  sans  aucune  alteration  '. 

Je  certifie  que  tout  ce  qui  est  contenu  en  cet  escri 
table. 

Faict  it  Paris  le  9™'  avril  167J. 

VALLA^ 


OBSERVATIONS  DE  MfiDECINE  ET  AUTREE 

Observations  sur  la  peste  qui  eslait  h  Calais  et  aux 
convoisim  m  1666  et  i66j,  envoy&s  h  M'  Vignon  par  1 
de  sesamis  qui  y  assistoit.  —  Les  malad^s  changeolf 
de  visage  <\bs  le  couunencement  de  leur  mal  que  1 
avoient  de  la  peine  ^  les  reconnoistre;  un  peu  dcvan 
la  sortie  des  charbons  ec  des  bubons  ils  vomissoient 
devenoit  petit,  foible  sans  in^galit^.  La  plus  gran 
mouroient  devers  le  troisitine  jour  jusques  au  5.  I 
ventre  avec  une  pesanteur  insuportable,  les  sueurs 
tives  et  les  exanth^mes  noirs  estoient  des  marque 
d'une  mort  prochaine. 

Quand  les  charbons  comen^oient  i  paroistre  sui 
endroit  du  corps,  les  malades  sentoient  ^  cet  endroit 
leur  semblable  ^  celle  qu'ils  y  auroient  senti  si  ui 
d'eau  toute  bouillante  et  qui  brille  y  fut  tomb^e.  In 
apr^s  la  douleur  on  voioit  au  mesme  endroit  une  pel 
de  la  grandeur  et  de  ta  grosseur  d'un  grein  de  m 
estoit  pteine  d'une  eau  blanche  qui  se  convertiss( 
petit  ulcere  rouge  qui  devenoit  noir  dans  un  momi 
s'esrendoit  en  rend  jusques  i  ce  que  les  rem^des  eus 
per6  et  adoucy  la  malignity.  Les  bubons  comr 
comme  les  charbons  avec  une  douleur  trds  piquanie. 
ils  estoient  accompagn^s  de  pustule,  ce  qui  arrivoit  1 
c'estoit  un  signe  de  mort  quasi  infeillible. 

I.  C'^tait  un  cancroidc  de  la  face. 


Pendant  8  mois  nous  n'avons  veu  aucun  malade  qui  ne 
soit  mort  six  heures  apr^s  que  les  exanthdmes  noirs  avoient 
paru. 

Les  charbons  des  pteds  et  des  mains  estoient  mortels  pour 
Tordinaire 

Nous  avons  esprouv^  beaucoup  de  rem^es  descripts  par  les 
autheurs  mais  avec  fort  peu  de  succds  cela  nous  obligea  k  ne 
donner  que  des  sudorifiqiics  quatre  fois  par  jour;  nous  nous 
servions  pour  cela  de  vinaigre  et  de  Teau  tliiriacale,  de  I'eau 
de  vie  de  mathiole,  de  celle  de  chardon  binit,  de  reyne  des 
prts,  de  scabieuse^  mais  plus  souvent  de  I'eau  de  vie  dans 
laquelle  nous  fesions  infuser  au  bain  marie  la  radne  de  con- 
trayerva,  de  nula,  campana  et  d*angilique  avec  la  canelle; 
nous  y  adjoutions  le  sei  de  Scordeum,  d'absynthe,  de  chardon 
b^nit,  le  th^iaque,  le  diascordium  de  Fracastor,  Tdectuaire 
dit  de  ovOy  et  I'esprit  de  soulphre,  nous  n'y  meslions  aucun 
syrop  par  ce  qu'ils  retardoient  Ics  sueurs. 

Nous  appliquions  des  ventouses '  sur  les  bubons^  mais  quoy- 
qu'ils  devinsent  plus  gros,  nous  n'en  avons  jamais  veu  que  de 
fort  petits  effects;  les  cautdres  actuels  appliqu^  sur  les  bubons 
estoient  si  efficaces  pour  tirer  et  pour  consumer  le  venin  de 
la  peste  que  de  quatorze  soldats  qui  avoient  des  bubons  il  y 
en  eut  dix  qui  furent  guiris  par  ce  moyen. 

Pour  empescher  que  les  bubons  n'augmentassent  et  ne  cor- 
rompissent  les  parties  voisines,  nous  donnions  premierement 
les  sudorifiques,  et  nous  appliquions  ensuitte  un  cataplasme 
qu'on  fesoit  avec  le  chiou  et  la  prunelle  cuittes  dans  Teau 
pilees  et  passees  par  un  tamis,  h  quoy  nous  ajoutions  la  th6- 
riaque  et  le  vinaigre  th6riacal  et  par  ce  moyen  les  charbons 
estoient  adoucis. 

Plusieurs  au  lieu  de  th^riaque  prenoi^nt  le  matin  comme 
un  pr^servatif  admirable,  et  cela  leur  reussit  fort,  un  mor- 
ceau  de  fromage  vieux  et  pourry,  beuvoient  par  dessus  de 
Teau  de  genie vre  arros^e  d'un  peu  de  vin. 

I .  Cucurbitularum  appltcatio. 


—  523  — 

Nous  n'avons  pas  fait  de  grands  progr^s  dans  la  gudrison 
de  la  peste  soit  k  cause  de  la  grande  malignity  soit  i  cause  de 
la  negligence  des  malades  qui  n'avertissoient  que  fort  tard, 
les  chirurgiens  et  les  m^decins. 

Nous  avons  est^s  bien  plus  heureux  en  ce  que  nous  avons 
fait  pour  preserver  les  sains  de  la  peste;  nous  avons  observe 
que  tons  ceux  qui  se  servoient  de  nos  parfuns  durant  une 
demy  heure  dans  une  chambre  bien  fermfe,  pouvoient  sans 
danger  estre  dans  les  maisons  ou  il  avoit  la  peste,  mesme 
demeurer  avec  ceux  qui  en  estoient  malades  '. 

Chinquina.  —  Ce  chinquina,  on  en  donna  k  feu  Madame  la 
Princesse  de  Conty  dans  une  fievre  quarte,  quoy  qu'elle  eut 
un  crachement  de  sang  auquel  elle  estoit  sujette ;  ce  fut  dans 
de  Teau  de  buglose  ^  que  Ton  luy  donna  :  elle  s'en  trouva  fort 

bien. 

Mons  Renodot  Taisn^  fut  de  la  Q)nsultation  et  il  m'a  dit 
le  26**  sept^""*  1676  que  le  chinquina  ne  faisoit  jamais  de 
mal  pourvu  qu'on  purgeast  bien  les  malades  devant  que  de 
leur  en  donner,  que  quand  on  le  donne  sans  avoir  bien 
purge,  comme  il  fixe  les  humeurs  il  fait  du  mal  en  fixant  des 
choses  mauvaises  dans  le  corps  et  en  trop  grande  quantity. 

Son  sentiment  est  que  comme   certaines  liqueurs  estant 

1.  Ces  observations  Rentes  par  Valiant  lui-meme sont  traduites  et  tiroes 
d'un  ra^moire  en  latin  du  m^decin  calaisien  dont  nous  n'avons  pu  retrou- 
ver  le  nom.  Ce  m^moire  depesla  qnx  Ciileti  et  in  locis  vicinis  grassabatur  est 
^crit  en  un  latin  fort  correct  et  ni6me  d'une  d^gance  qui,  si  elle  n'est  pas 
tout  k  fait  cic^ronienne,  jure  fort  avec  le  latin  de  Valiant.  Un  passage  non 
traduit  montre  les  difficult^  de  diagnostic  dans  certains  cas  :  «  Licet  bubo- 
num,  carbunculorum,  et  exanthematum  absentia,  in  diagnoscendis  pestilen- 
tiaextinctiscorporibus,  maximum  nobis  afferret  difficultatem  ;  nihilominus 
e  morte  prsecipiti,  repentina  mutatione  vultus  qui  vix  a  familiaribus  cogno- 
sceretur;  ex  lividitatibus  per  dorsum  et  ventrem  disseminatis,  et  in 
emunaoriis  QitUralemerU  tnouchetures)  apparentibus,  audacter  ejusmodi 
corpora  peste  mortua  pronuntiavimus;  et  raro  decepti  fuimus,  nisi  ni  cada- 
veribus  infantium.  In  quibus  persoepe  nullum  dictorum  signorum  vesti- 
gium deprehendi  poterat ;  aliquando  tamen  quinque  aut  sex  horis  post 
eorum  mortem  exanthemata  erumpebant.  » 

2.  Cest  la  bourrache,  borrago  officinalis. 


—  524  — 

jointes  ensemble  ne  peuvent  plus  se  fermenter,  de  mesme  le 
chinquina  se  meslant  avec  Thumeur  qui  (ait  la  fievre  quarte 
empesche  la  fermentation  et  par  consequent  I'acc^. 

La  comparatson  n'est  pas  tout  k  £iit  juste.  Car  les  liqueurs, 
qui  en  se  joignant  ensemble  font  qu'elles  ne  se  fermentent 
plus,  font  un  tris  grand  bouillonnement  dans  le  temps  qu'on 
les  mesle,  et  quand  ce  bouillonnement  est  finye  et  le 
melange  parfait  il  n'arrive  plus  de  ces  fermentations. 

Mais  dans  la  fievre  quarte  il  n'en  est  pas  de  mesme  car  I'ac- 
c^s  ou  Ton  donne  le  chinquina  n'est  point  plus  fort ,  et  ordi- 
nairement  les  acc^s  reviennent,  apr^s  dix-sept  ou  vingt  jours 
d'intervalle.  Je  crois  done  que  le  chinquina  qui  est  amer  et 
capable  d'estre  porti  au  lieu  oix  est  le  levain  de  la  fievre 
quarte,  s'imbibant  avec  luy,  empesche  la  corruption  du  sang 
et  des  aliments  qui  passent  par  b  et  comme  ce  ferment  est 
plus  difHcile  k  dig^rer  et  k  r^udre  que  ne  sont  les  parties 
du  chinquina,  il  arrive  dans  Tespace  de  17  ou  20  jours  qu'il 
se  trouve  seul  comme  il  estoit  devant  que  les  parties  du  chin- 
quina fussent  mesl^es  avec  luy,  lesquelles  sont  dissip6es  ou 
s^par^es  de  ces  ferments. 

Quand  les  tierces  ont  duri  quelque  temps,  que  Ton  a  bien 
purg6  et  que  Ton  donne  ce  remdde,  on  les  guerist  sans 
crainte  de  retour. 

Pour  le  donner  comme  il  faut,  Ton  doit  faire  infuser  la 
poudre  dans  le  vin  blanc  ou  dans  le  vin  d'Espagne  douze 
heures,  donner  Tinfusion  et  la  poudre  d'abord  que  le  froid 
commence  et  ordonner  au  malade  de  ne  rien  prendre  six 
heures  devant  et  quatre  heures  aprfes. 

II  a  veu  qu'un  homme  qui  avoit  la  fifevre  quarte  fut  guery 
n'ayant  pris  que  Tinfusion  et  son  cocher  aussy  guery  de  la 
fievre  quarte  n'ayant  pris  que  le  marc. 

II  observe  que  quand  on  donne  encore  du  chinquina  apr^ 
Taccds  oil  Ton  a  commence  d'en  donner,  il  faut  que  ce  soit 
le  jour  et  Theure  que  Taccis  viendroit  s'il  avoit  k  venir,  que 
de  cette  sorte  Ton  r6ussit  niieux. 

Pour  les  gouttes,  il  dit  que  dans  les  commencements  par 


le  moyen  des  saign^es,  Ton  peat  les  guSrir  partitement  et 
mettre  un  homme  en  estat  de  n'eii  estre  incommode  de  sa 

II  a  estd  fort  sujet  au  rumatisme,  qui  le  prenuit  cinq  ou  six 
fois  par  an  et  Tobligeoit  i  garder  le  lit  chaque  fois  7  ou  8 
jours.  Aprfis  grand  nombre  d'anndes,  il  se  r^soluc  aux  sueurs, 
M'  Stome,  chirurgien  de  M'  le  Chancelier  luy  fist  trouver 
une  machine  propre  it  cela;  il  y  demeurott  trois  quart 
d'lieures  et  suoit  abondamment  par  I'esprit  de  vin  que  Ton 
alumoit. 

M'  Breier '  dans  une  retention  d'urine  qui  provenoit  des 
hemorrhoides  gonB^es  ei  enflamm^es  a  propose  la  saign^e 
une  ou  2  fois  dans  un  mesme  jour.  La  vapeur  du  laic  dans 
lequel  on  aura  fait  bouilHr  du  bouillon  blanc  ei  des  guy- 
mauves,  le  petit  lait  avec  de  la  graine  de  pavot. 

Clauporles'.  —  Mad.  Martel  m'a  dit  chez  Mad,  de  Laval  le 
21*""  fev.  1676  qu'elle  prenoit  des  clauportes  des  plus  grosses 
qu'etle  pouvoit  trouver  sans  se  mettre  en  peine,  ou  dans  les 
caves  ou  ailleurs,  qu'elle  les  lavoit  dans  du  vin  blanc  et 
qu'elle  les  fesoit  sMier  dans  un  plat  ^  d^couvert  sur  les 
cendres  chaudes  pour  les  pouvoir  mettre  en  poudre  dont  elle 
donne  le  poids  de  deux  escus  dans  un  bouillon.  Elle  ne  les 
prepare  point  au  four  parce  qu'elle  dit  qu'elles  sentent  une 
odeur  ficheuse.  C'est  pour  les  ulc^res  qui  sonl  dans  le  corps 
et  pour  les  dartres  qu'elle  les  employe;  M""  le  chevalier  de 
Coaslin  a  dit  qu'elles  estoient  tr^s  bonnes  pour  les  h^mor- 
roides. 

Gotiorrhie.  —  M'le  Chevalier  de  Coaslin  m'a  ditle  21™' fev. 
1676  qu'il  avoir  veu  des  choses  qui  passent  I'imagination 
dans  les  gonorrh^es  mesmes  cord^es  et  dans  les  commence- 
mens,  en  prenant  loin  des  repas  trois  ou  quatre  verres  pat 
jour  de  la  ptisane  suivante  (que  cela  fesoit  rendre  des  chosen 


—  5^6  — 

effroyables  par  les  urines  et  que  cela  n'arrive  qu'en  chassant 
le  venin  par  les  voyes  qu'il  est  entr6)  trois  bonnes  poign6es  de 
plantin,  feuilles  et  racines,  en  hyver  plus  de  racines  que  de 
feuillesy  bouillies  dans  trois  pitites  d'eau  r^duittes  k  moiti^. 

Ulcere  h  la  bouchc  et  pour  les  gencives  rouges.  —  Le  mesuie 
M"^  le  Chevalier  de  Coaslin  m'a  dit  le  2i^  fev.  1676  que 
M'  de  Villarseau  avoit  un  ulcere  i  la  bouche  sous  la  levre  infe- 
rieure  que  les  chirurgiens  avoient  traiste  six  mois,  sans  rien 
faire,  qu'il  luy  avoit  conseille  de  faire  bouillir  du  cresson  dans 
de  I'eau  comme  quand  on  veut  faire  de  la  ptisane  et  d*en  laver 
son  ulcere ;  que  cela  Tavoit  gu6ri  en  peu  de  jours  :  que  luy 
M*^  de  Coaslin  en  fesoit  deux  ou  trois  fois  Tann^  pour  s'en 
laver  la  bouche  et  que  cela  lui  netoyoit  les  dens ;  et  que  les 
gencives  rouges  cela  les  accomode  mieux  qu'autre  chose. 

Mad*  Charlotte  m*a  dit  que  son  frire  M*^  Delavigne,  advocat 
au  Parlement  qui  est  sujet  a  un  devoyement  depuis  plusieurs 
anntes,  d'un  temperament  bilieux  use  pr&entement  par  les 
conseils  d'une  femme  de  la  tisane  faicte  avec  une  douzaine  de 
grate  culs  dans  trois  chopines  d'eau  c'est  ^  dire  trois  livres. 

Que  sa  m^re  qui  a  les  genouils  enfl^s  depuis  plusieurs 
annies  sans  rongeurs  et  douleurs,  si  ce  n'est  parfois,  en  sorte 
pourtant  que  cela  Tempfeche  de  marcher,  se  trouvoit  fortsou- 
lagee  et  marchoit  mieux  depuis  qu'elle  se  servoit  de  I'eau  salie 
des  charcutiers  pour  mettre  sur  la  partie. 

Le  pfere  de  M""  Seron  *  luy  a  dit  qu'estant  ^  Paris  il  avoit  veu 
ordonner  15  grains  de  vif  argent  mesle  avec  une  once  desyrop 
de  fleurs  de  pescher,  que  Ton  donna  ii  un  enfent  qui  avoit  des 
vers  et  que  cela  r^ussit  fort  bien. 

Pour  la  pierre  de  Af'^  cTHureux.  —  M*"  d'Hureux  taill6  le 
dimanche  ;\  9  heures  du  matin,  le  7*"*  juiliet  1677  par 
M'  Francois  Colo  %  il  a  souffert  a  la  premiere  ouverture  mais 

1 .  M6decin  de  Tabbaye  de  Poissy  dont  Valiant  ^tait  un  des  m^decins 
consultants. 

2.  Cest  Colo  le  fils 


—  527  — 

peu;  on  a  iniroduict  le  conducteur,  ensuitte  on  a  mis  I'instru- 
meni  pour  tirer ;  ne  I'a  pas  eue  a  cette  fois  ie  veux  dire  la 
pierre;  a  mis  pour  dilater,  souffrance  ^  ce  coup;  mats  bien 
plus  quand  il  a  repris  la  pieire;  il  a  tiri  un  temps  avec  une 
grande  force  et  je  craignois  qu'il  ne  la  put  avoir ;  le  makde  a 
beaucoup  souffeit  dans  ce  temps  \k ;  la  pierre  comme  un  petit 
oeuf,  raboteuse  comme  une  truffe. 

M""  Morel  que  j'ay  veu  ensuitte  et  M'  Fourbiire '  m'ont  dit 
qu'il  y  avoit  bien  i  craindre  par  le  tirement  qu'il  avoit  fallu 
fatre,  qu'il  estoit  i  craindre  qu'il  n'y  eut  quelque  chose  de 
dechir^  dans  la  vescie. 

M'  Colo  m'a  dit  que  non,  que  la  pierre  estoit  seulement 
infiltree  vers  I'endroit  de  la  vescie  qui  est  au  pubis,  que  cette 
infiltration  provenait  des  ulc^res  que  la  pierre  causoit  en  cet 
endroits  li  ou  il  se  fesoit  ensuitte  des  coles  qui  s'espaississoient 
et  attachoient  la  pierre ;  qu'il  sc  faisoit  parfois  des  fongus. 

M''  Morel  a  dit  que  quand  les  choses  vont  mal  apres  la 
caille  U  arrive  du  vomissement,  tension  du  ventre,  devoye- 
ment  et  la  raort  ensuitte'. 

Pour  la  pUiirisie  ^ ,  M'  Siron  medecin  de  Poissy  m'a  dit  le 
24*"'  avril  1679  qu'il  avoit  de  fort  bons  effects  de  trois 
drachmes  de  diaphor^tique  4  et  auiant  d'yeux  d'escrevisse  mis 
dans  trois  chopines  de  ptisane,  qu'il  ftiut  boire  en  24  lieures, 
remuant  la  loutes  les  fois  qu'il  en  &it  boire. 

Pour  les  dartres^,  le  mesme  M'  Seron  m'a  dit  le  mesme 
jour  24"°'  avril  1679  qu'il  avoit  gudri  une  Religieuse  de 

1.  Deux  chirurgiens  parUiens. 

2.  Mort  par  p^ritoniieaiguf. 

}.  Notes  ^criies  de  la  main  de  Valiant. 

4.  Antimoine  diaphor£iiqut:. 

5.  Sous  le  nom  de  gale,  graielle  ei  dartres,  on  designait  Tensemble  des 

Eruptions  prurigineuses,  la  gale,  1 'eczema ;  toutes  ^taient  produites  par 

uDc  humeur  conrompue  «  entre  cuir  et  chair  ».  La  persistance  et  laricidivc 
frequentc  des  dartres  pertnettaient  de  les  distinguer  d'avec  la  gratellc  et  la 
gale  qui  c6iaient  il  I'emplDi  des  poramades  soufrfcs,  des  eaux  k  base  d'aci- 
utc  de  cuivre,  de  sulfate  de  fer 


—  528  — 

Poissy^  que  j'avois  veue  qui  avoit  des  dartres  comme  une 
l^pre  par  tout  le  corps,  en  lui  fesant  manger  tous  les  jours 
une  vip^re,  pendant  24  jours,  et  boire  un  verre  de  vin  de 
vip^re  par  dessus.  II  escorchait  les  vip^res,  en  ostoit  la  graisse, 
la  teste  et  la  queue,  en  &isoit  cuire  une  tous  les  jours  dans  un 
plat  sur  un  r6chaud  avec  un  peu  de  bouillon,  la  tournant  de 
tous  cost&.  La  religieuse  la  trouvoit  fort  bonne  et  son  vin 
aussi  qu*il  preparoit  de  cette  sorte;  il  mettoit  quatre  vip^s 
dans  environ  quatre  pintes  de  vin,  les  laissoit  lb,  24  heures  ou 
elles  estouffoient  et  ensuite  tiroit  et  passoit  son  vin  dont  il 
donnoit  d  boire.  Cela  a  emport^  cette  lepre  que  les  saignto, 
medecines,  lavemens  de  toutes  sortes,  bains,  frictions  et  flux 
de  bouche  de  quinze  jours  cause  par  le  mercure  n'avoit  peu 
gu^rir. 

II  m'a  dit  qu'il  avoit  tenti  cela  sur  Thistoire  que  Galien 
faict  et  sur  avoir  ou'i  dire  ^  sa  grand  m^re  qu'une  fille  que 
Ton  croyoit  ladre  dans  le  pays  et  qui  estoit  s^par^,  avoit  est6 
gu^rie  en  mangeant  un  serpant  qu'elie  croyoit  une  anguille. 

Bras  coupe  par  M""  Herbi^re  k  un  marchand  de  Gand.  Ce 
marchand  a  dit  i  M'  Herbifere  que  la  cicatrice  etant  faitte  qu'il 
sentoit  de  grandes  douleurs  k  son  bras,  il  le  fait  saigner  oste 
le  mal ;  trois  mois  apr^s  de  mesme :  dit  qu'il  sent  de  la  douleur 
i  sa  main;  le  fait  saigner  encore,  lui  oste  la  douleur. 

La  mesme  chose  lui  est  arriv^e  h  une  jambe  qu'il  coupa;  son 
malade  sentoit  3  mois  apres  des  douleurs  au  pied  qu'il  n'avoit 
plus;  la  saign^e  osta  cela. 

Opinion  (THarveys  sur  la  generation  des  aniniaux\  —  Le 
commencement  de  la  g^n^ration  de  tous  les  animaux  et 
mesme  de  Thomme  est  une  chose  qui  ressemble  i  un  oeuf,  et 
comme  un  poulet  se  nourit  dans  un  tieuf  des  liqueurs  qu'il  y 
trouve,  de  mesme  un  animal  ou  un  enfant  se  nourit  des  eaux 
qui  Tenvironnent. 

Ces  eaux  ne  sont  ni  la  sueur  ni  I'urine  de  I'enfant  comme 

I .  Notes  Rentes  par  Valiant  au  cours  de  ses  lectures. 


—  529  — 

on  Ta  creu  jusqu'^  ce  temps,  parcequ'il  en  a  beaucoup  plus 
dans  les  premiers  mois  de  la  grosesse  que  prosche  de  Taccou- 
chement;  le  controire  devroit  arriver,  car  Tenfant  estant  plus 
grand  il  prend  plus  de  nouriture  et  il  &it  par  consequent  plus 
d'excr^mens. 

Au  quatriesme  mois  on  trouve  dans  Testomac  de  Tenfent 
un  chyle  tout  semblable  ^  Teau  dans  laquelle  il  est. 

L'enfant  avale  cette  eau  qui  est  d'un  tr^s  bon  goust,  pareil 
k  celuy  d'un  laict  aqueux,  dont  la  partie  la  plus  pure  portfee 
dans  les  vaisseaux  ombilicaux  sert  k  former  et  a  augmenter  les 
premieres  parties  de  Tenfant. 

L'enfant  n'est  pas  nouri  du  sang  de  la  mfere,  mais  il  est 
nouri  d'une  matiere  blanche  semblable  au  blanc  d'un  ceuf, 
pr6par6e  et  cuite  dans  le  placenta. 

La  vessie  est  pleine  d'urine,  et  lorsqu'on  la  presse,  I'urine 
sort  par  Tendroit  naturel  et  ordinaire  et  non  point  par 
Touraque. 

II  n'y  a  que  deux  membranes  qui  envelopent  le  foetus.  Les 
premiferes  choses  qu'on  observe  dans  la  production  d'un  foetus, 
c*est  une  humeur  blanc  clair  et  espais  comme  le  blanc  d'un 
oeuf  et  enferm^  dans  une  peau;  quelque  temps  aprfes,  il  se 
sApare  une  partie  de  cette  liqueur  plus  claire  que  tout  le  reste 
et  d'une  forme  ronde  :  elle  est  envelopte  d'une  peau  tr^s 
deli^e  que  Ton  appelle  amnios.  L'autre  partie  plus  espaisse  et 
plus  trouble  est  entour^e  d'une  peau  qui  touche  la  superficie 
interne  de  la  matrice  et  appelte  chorion.  Peu  de  temps  apr^s  il 
paroist  dans  cette  liqueur  cristalline  un  point  rouge  qui  bat,  et 
d'ou  il  sort  des  petits  rameaux  de  veines  trfc  subtilles,  ensuitte 
le  corps  et  toutes  ses  parties  se  voyent;  il  n'est  point  dans  ce 
temps  attach^  k  la  matrice,  mais  il  la  remplit  entierement  et 
en  peut  estre  tir6  trds  facilement. 

Le  foetus  estant  parfaitement  formi  le  placenta  se  fait,  enve- 
loppant  plus  de  la  moitii  du  foetus  comme  le  gobelet  des 
glands,  adherant  par  sa  partie  convexe  i  la  matrice  et  par 
l'autre  qui  est  concave  k  la  membrane  chorion. 

On  peut  conclure  6videment  que  ce  qu'on  a  dit  des  eaux 

Le  Maguet.  —  Le  rnonde  nUdical,  34 


raj.- 


—.  530  — 

du  fcsetus  est  faux;  elles  ne  sont  ni  la  sueur,  ni  Tudne  car 
Tune  et  I'autre  de  ces  humeurs  paroissent  devant  que  le  foetus 
soit  cotnmenci  et  sont  en  moindre  quantity  vers  la  fin  que  dans 
les  premiers  mois  de  la  grosesse. 

Le  placenta  sert  pour  preparer  les  humeurs  et  les  sues  qui 
viennent  de  la  mere  pour  nourir  Tenfant. 

Ls  caphi\  —  Cest  une  ftve.  Les  Turcs  s'en  servent  fort. 
On  les  s^che  au  feu  sur  une  pelle,  quand  on  veut  s'en  servir. 
Si  on  les  prepare  plus  tost,  elles  s'iventent.  Comme  Ton  fait 
^  Paris,  en  le  mettant  dans  une  terrine  au  four  des  pitissiers, 
on  en  fait  ainsi  beaucoup  ^  la  fois.  On  en  pile  une  cuiller^e  en 
poudre  subtille,  on  la  met  dans  une  chopine  d'eau  bouillante. 
Lorsque  la  crSme  monte,  en  sorte  qu'on  craint  que  tout  s'en 
aille,  on  la  retire  pour  la  laisser  rassoir,  et  on  la  remet  au  feu 
jusqu'^  ce  qu'il  arrive  la  m^me  chose.  Aprte  quoi  on  la  retire 
et  on  la  verse  dans  une  escuelle  ou  il  y  a  autant  de  sucre.  Mon- 
sieur Tabb^  de  P^ze  en  prend  un  demi-sestier  le  matin,  apr& 
avoir  mang^  un  morceau  de  pain  comme  pour  d^jeuner^  cela 
ne  manque  pas  de  luy  ouvrir  le  ventre  raprds-disn6.  D'autres 
le  prennent  aprds  le  disner. 

De  Pdme.  —  II  y  a  un  livre  sur  Time  des  bestes  dont  M^ 
Arnaud  faict  grand  cas;  il  est  imprimi  k  Lion.  II  dit  que  I'ob- 
jection  que  Ton  a  faicte  i  M!"  Descartes  dans  sa  M^taphysique, 
quoy  qu'elle  vienne  de  braves  gens  comme  Roberval  et  autres 
est  fort  faible.  Cest  que  si  Ton  dit  que  les  bestes  n'ont  pas 

I .  La  decoction  de  cM  ^tait  alors  une  nouveaut^  pour  les  Parisiens.  In- 
troduite  i  Marseille  en  1644,  ce  ne  fut  que  vers  1669  que  Tambassadeur 
turc  a  Paris  la  mit  i  la  mode.  En  167  a,  un  Arm^nien  ^tablit  le  premier 
caf(§  i^la  foire  Saint-Germain,  pr^s  de  I'abbaye  de  Saint-Germain  des  Pr6s, 
d'autres  furent  ouverts  sur  divers  points  de  la  ville,  mais  sans  grand  succ^ 
d'abord ;  c*est  vers  cette  ^poque  que  fut  fondd  le  cafi&  Procope,  rue  de  I'An- 
cienne-Com^die,  vis-^-vis  du  Th^itre  des  com^diens  du  roi.  Les  caf^ 
devinrent  bient6t  si  nombreux  que  Ton  fut  oblig^  de  cr6er,  d^  1676,  une 
nouvelle  corporation,  celle  des  cafetiers  limonadiers.  Puis  vint  I'usage  da 
caf(&  au  lait  vers  1690,  ce  cafi^  au  lait  qui  eut  tant  de  vogue  pendant  tout  le 
xviiF  si6cle. 


-  5!i  — 

d'ime,  qaoyqu'elles  ayent  des  mouvemens,  et  I'on  pourr 
conclure  cela  des  homes,  on  r^pond  si  les  homes  n'ont  qui 
cela  mais  s'ils  pehsent.  La  machine  esc  un  corp£  qui,  san 
Jme  a  dif{£rens  mouvemens.  £t  tous  les  philosophes  disen 

que  non  agunt  anima  b sed  aguncur.  Ce  sent  les  objet 

qui  les  d 

Les  gens  de  beaucoup  d'esprit  et  de  raison.  —  M'  Descartes  di 
dans  une  de  ses  letcres  que  les  gens  qui  ont  beaucoup  d'espri 
et  de  raison  ne  r^ussissent  pas  trop  dans  le  monde  parce  qui 
la  plus  part  des  gens  ne  sont  pas  capables  des  bonnes  et  solide: 
raisons  et  les  choses  frivoles  font  bicn  plus  souveni  d'impres 
sion  sur  leur  esprit  et  quoy  qu'il  semble  que  les  gens  qui  on 
beaucoup  de  raison  devroient  se  proportionner  ^  la  port6  di 
ceux  avec  qui  ils  ont  i  vivre ;  comme  cela  ne  se  fait  que  pa 
reflexion  et  mesme  par  quelque  sorte  d'effort.  Us  ne  rtussissen 
jamais  si  bien  que  ceux  qui  sont  n^s  de  ce  caractfere. 

C'est  ce  qui  faisoit  dire  ^  M""  de  Sabl^  que  Ton  voyoi 
souvent  que  des  gens  avec  un  mediocre  talent  et  une  bonn' 
manifere  bisoient  niieux  leurs  affaires  que  d'autres  qui  avoien 
de  grands  talents  et  de  ra^chantes  maniferes ;  qu'une  m^chant 
mani^re  gastoit  tout.  Et  M""  de  Vaudy  me  disoit  bier  12 
may  r68t  que  les  fous  r^ussissoient  dans  le  monde  pare 
que  leur  parti  estoit  le  plus  grand. 

M.  Alet  sur  les  fnerres  dans  la  vessie  des  femmes.  —  Pille  d' 
cinquante  ans  sent  quelquefois  comme  un  petit  peloton  d'es 
pines  qui  se  pr^sente  toujours,  une  douleur  sourde  plus  di 
cost^  gauche ;  quand  elle  marche  son  mal  augmente  et  mesm^ 
estanr  debout.  Si  le  ventre  et  dur  et  qu'il  faille  (aire  effort,  se 
douleurs  se  riveillent  comme  si  on  ouvroit  une  playe. 

M'  D'  Aletj  chirurgien  des  Incurables,  croit  qu'apris  tou 
les  rem^es,  le  mal  subsistant,  on  doit  sender.  Si  la  pierrees 
petite,  ce  n'est  pas  une  affaire.  On  ne  coupe  point  aux  femme 
ni  fiUes,  on  dilate  et  on  tire.  Si  la  pierre  est  grossc,  reste  un 
ihcommodit^  toute  la  vie  par  la  diUtation  trop  grande  de  I'es 
phincter  de  la  vessie. 


^  53^  — 

Sur  le  laid  de  M^  le  Prina.  —  M*^  le  Prince ',  frfere  de 
Madame  de  Longueville  m'a  dit  qu'il  vivoit  depuis  3  ans  de 
laicty  que  le  prenant  dans  les  regies  des  m^ecins  il  lui  fesoit 
souvent  du  mal,  comme  mal  de  teste,  quelque  fois  d^oust, 
vapeurs,  devoyemens,  ou  paresse  de  ventre  qui  sont  les  maux 
que  le  laict  entraisne  quand  il  ne  r^conforte  pas ;  mais  qu*ob- 
servant  de  ne  prendre  du  laict  que  quand  la  nature  le  d&ire, 
qu'il  ne  lui  avoit  faict  que  du  bien,  qu'il  n'en  prend  quelque- 
fois  point  le  matin,  parceque  sa  nature  ne  le  desire  pas,  qu'il 
n'en  prend  pas  toujours  une  escuel^e,  quelquefois  la  moiti6, 
s'arrestant  toujours  lorsque  son  d^sir  s'arreste  et  mesme  un 
peu  devant. 

De  lapleurisie.  —  Le  froid  apr&s  un  grand  cliaud  cause  sou- 
vent  cette  maladie  parce  que  le  chaud  ayant  pouss6  beaucoup 
de  sang  dans  toutes  les  parties  le  froid  survenant  empeche  le 
mouvement  du  sang  par  le  serrement  qui  se  fait  dans  les  par- 
ties, et  de  la  il  arrive  que  le  sang  s'^paissit  et  ne  pouvant  plus 
aller  selon  son  cours  naturel,  &it  inflamation  d'ou  suivent  les 
accidens  conformes  k  la  partie  ou  elle  se  &ict.  Si  ce  sang  est 
pouss6  par  la  fievre  indolente  qui  s'excite,  et  port^  par  la 
veine  azigos  dans  le  tronc  de  la  cave,  il  entre  dans  le 
ventricule  droit  du  coeur  par  la  circulation  et  de  U  par  la 
veine  art^rienne  dans  le  poulmon  ou  s'embarassant  il  cause 
une  inflamation  qui  est  pire  que  la  premidre,  et  de  1^  il  arrive 
que  plusieurs  se  trompent  dans  le  jugement  qu'ils  font  de 
cette  maladie  car  le  sang  quittant  le  cost£,  la  douleur  cesse, 
mais  souvent  I'oppression  qui  suit  est  une  marque  d'un  mal 
bien  plus  considerable  puisque  cela  ne  vient  que  du  transport 
du  sang  d'une  partie  moins  considerable  ^  une  plus  noble. 

Lt  quinquina  des  Jesuites  de  la  maison  de  S^  Louis.  —  Environ 
le  20*  mars  1681,  j'allay  chez  le  frere  Masson,  apoticaire  des 
Jesuites  de  la  maison  de  S*  Louis  rue  S*  Antoine  *.  Comme 

1 .  Le  Grand  Cond6. 

2.  Les  J^uites  de  la  rue  Saint-Antoine  firent  toujours  une  concurrence 
eflr^n^e  aux  apothicaires.  Dans  les  autres  couvents,  on  ne  vendait  que 


—  5ii  — 

il  m'avoit  dit  des  merveilles  de  son  quinquina  comme 
6crit  cy  devant,  j'estois  dans  i'impatience  de  le  voir  i 
gofkter;  je  le  trouvay  heureusement  avec  une  boesi 
venoit  de  recevoir  des  Indes,  ou  il  y  avoit  plusieurs  1 
quinquina.  Les  PP.  Jesultes  qui  soat  dans  ce  pay: 
envoy^rent  avec  d'autres  choses.  A  la  voir  je  n'y  trou' 
de  dissemblable  i  celuy  que  Ton  trouve  icy  comrnun 
mesme  couleur,  tnesme  consistance,  et  mesme  gou 
quoy  il  est  k  remarquer  que  comme  j'en  maschoisei 
disois  au  Frtre  Masson  que  je  n'y  trouvois  pas  grandc 
mme,  comme  il  esioit  vray  et  quasi  point,  il  en  prit '. 
cha  et  me  dit  :  a  Est-il  possible  que  vous  ne  sentiez  p 
amertume  si  p6n6trante  et  si  fine.  »  Je  luy  r^pondis  qi 
II  en  donna  un  morceau  k  un  homme  qui  estoit 
paroissoit  comme  un  valet  de  la  maison  lui  dit  la 
chose  que  luy.  Je  commen^ay  ^  doucer  que  men  gous 
^moussd,  mais  un  gros  fr^re,  qui  estoit  la  je  ne  sea; 
quoy,  en  prit  et  dit  que  I'amertume  n'estoit  pas  tr  o  ] 
Le  frere  Masson  m'en  donna  une  demy  once  et  je  me 
D'autres  personnes  qui  en  ont  goust^  ne  le  trouvent  j 
amer  que  celuy  que  nous  avons  icy  k  Tordinaire.  Je  rei 
cecy  pour  monstrer  qu'il  ne  faut  pas  faire  un  grand 
ment  sur  ce  que  la  plus  part  des  gens  disent 

Cuy  est  h  copier  dans  les  re>}utrques  de  mMecine  i6Si. 

quelques  preparations  secretes.  Les  jfeuites  de  la  rue  Saint-Anioin 
une  veritable  boutique  oii  tous  les  mMicamenis  pouvaienl  s'aJ 
grand  diriment  des  apolhicaires.  Aussi  ceux-ciprotestaientsouvenl 
vain.  Ce  ne  ful  qu'en  1760  qu'ils  obtinrent  enfin  gain  de  cause, 
nous  I'apprend  Barbier  dans  son  Journal :  «  On  a  cri^  dans  les  i\ 
affectation  et  a  la  satisfaction  du  public,  une  sentence  du  lieutenan 
de  police  du  2  septembre,  qui  a  dfclard  valables  les  saisies  faites, 
j£suites,  de  boites  de  ih£riaque  ct  de  confection  d'liyacinthe,  i  la 
des  apothicaircs  de  Paris.  La  sentence  fait  en  mfme  temps  defense 
communautte  sdcuU^res  ou  r£guli£res  de  veudre  ou  d^biler  aucune  i 
dise  d'apothicairesous  telle  peine  qu'il  apparliendra.  Les  j^suitesdi 
son  professe,  rue  Saint-Antoine  sont  condamnis  i  cent  livres  d 
et  mille  livres  de  dommages  et  intir^ts  envers  les  apoiliicairt 
epiciers  dr<^istes.,.  « 


—  554  — 

mSre  souprieure  des  Carmelites  qui  est  appelee  Marie  du  S' 
Sacrement,  me  dit  liier  15'  septembre  1681  qu'elle  se  sour 
viendroit  toute  sa  vie  d*un  lavement  que  je  luy  avois  ordonni 
avec  le  jus  de  pourpier  il  y  a  cinq  ou  six  mois,  qui  lui  donna 
une  telle  fraicheur  dans  les  entrailles  qu'elle  en  reposa  toute 
la  nuit,  ce  qui  ne  luy  estoit  pas  arrivi  il  y  a  trte  long  temps, 
mais  que  le  lendemain  et  le  jour  d'appres  encore,  cela  lui 
avoit  caus^  de  telles  douleurs  qu'elle  avoit  ^t^  obligee  de  les 
quitter. 

La  soeur  Genevieve  qui  est  Tinfirmifere  et  qui  estoit  kdit 
qu'elle  en  avoit  donn^  selon  mon  ordonnance  k  la  difference 
qu'elle  avoit  fait  cuire  un  peu  le  pourpier  sans  eau  et  que 
Tayant  pressd  elle  en  avoit  tir6  un  sue  fort  gluatit  et  visqueux 
dont  elle  avoit  fait  un  lavement  pour  une  de  leurs  religicuses 
qui  avoit  une  chaleur  d'entrailles  eff'royable  comme  si  elle 
y  eut  eu  des  brasiers  et  que  ce  lavement  luy  avoit  oste  cela 
comme  par  un  miracle,  que  depuis  ce  temps  la,  elle  ne  s'en 
est  pas  sentie.  Elle  m'a  dit  encor  qu*elle  en  avoit  donn^  i  ma 
soeur  Marie  dc  la  Croix  qui  s'en  estoit  parfaitement  bien 
trouvde. 


NOTES    ET    MfiMOIRES    DE    PHARMAQES 

Mimoire  de  u  qua  cousti  le  Syrop  de  Vipires 
prepari  a  Poitiers  enjuin  1681 » 

Vipdre  pripar^e.  Reviennent  la  douzaine  et 

huit  k 6  1.    14  s. 

Squinne  deux  onces  trente-deux  sols i  1.    12  s, 

Sental  sitrin  neuf  sols 9  s. 

Sental  rouge  trois  onces  vingt  sols i   1. 

Pollipode  deux  onces  cinq  sols 5  s. 

Sascepareil  six  onces  trente  deux  sols il.    12s. 

Canelle  pour  quatre  sols 4  s. 

Pour  plante  et  racine  de  d^bouree  seize  sols. . .  i6  s. 

Hui<?t  Hvres  de  sucre  pour  quatre  livres  ...♦••  4  1. 


—  5i5  — 

Vingt  deux  grains  d'ambre  gris,  je  I'ay  doi 

La  cave  couste  vingt  sok 

La  boiste  peize  vingt  huict  livres  que  j'ty  j 
i  trois  sols  la  livre ;  faict  quatre  livres  qu 
sob 

Pour  les  peine  et  les  cherbon  ^  I'apoticqu 
trois  livres 

Pour  le  garson  quinze  sols 

trente  sols  pour  six  bouteilles 

Faict  letout  vingt  sept  livres  ung  sols  . . . 


Fourtty  a  Madatne  de  Monttnoi 

Du  2}'  juin  1676.  —  On  a  donp£  sui^ranI 
billet  de  Monsieur  Valiant,  4  pintes  de  t 
fin  esprit  de  vin  pr^par^  exprfe  qui  v; 
4  1.  la  pinte.  faut  pour'les  4  pintes 

Plus  deux  gros  de  tr&s  bon  muse  de 

Du  29'  aoust  i6y6  donni  encore  par  ordre 
Monsieur  Valiant  7  demi  septiers  mo 
une  once  du  mesme  esprit  de  vin  de. . .  . 

Du  4'  septemhre  i6y6  payi  pour  un  gra 
mattras  fort  de  cristal  tenant  3  chopii 
pour  mettre  de  I'ambre  gris  avec  de  Tesp 
de  vin 

Payi  ik  M'  Hubin  ^mailleur  pour  Tavoir  sc 
herm^tiquement  i  deux  fois  avec  feu 
charbon  et  feu  de  lampe 

Plus  ce  matras  s'estant  fendu  sur  le  haut  ai 
que  I'a  veu  Monsieur  Valiant,  on  en  a 
chept6  un  autre  ^  peu  prSs  de  mesme  dt 

Plus  pour  I'avoir  fait  sceler  de  nouveau .  . . 
A  reporter 

I .  £crit  de  la  main  mCmc  de  Bourdelin. 


—  536  — 

Report • 39  1.  27  s. 

Plus  pour  une  chopine  de  tr^  fin  esprit  de 

vin  qu'on  a  mis  dans  ce  mattras  avec  Tambre 

gris  que  Monsieur  Valiant  a  donn£,  qui  est 

pour  la  chopine 2  I . 

Du  4«  may  1677  donn6  i,  Mons""  Valiant  pour 

Madame    4    onces    de    tr^s    belle    perles 

d'Orient  dont  2  onces  coustent  19  1.  et  les 

2  autres  18  1.  chaque  once  qui  &ict  pour  les 

quatre  onces 74  1- 

116  1.     7  s. 

Mdmoire  de  M^Bourdelin  '  sur  leseaux  que  M'Tabbede  Treuilk 
avoit  envoyees  1681,  —  Le  lundy  30*  juin  1681,  Monsieur 
Valiant,  m^decin  de  S.  A.  R.  Madame  de  Guise,  a  envoyi 
d'une  eau  pour  estre  examine,  laquelle  on  a  aporti  de  et 
qu'on  diet  estre  mynerale. 

Elle  s'est  trouvd  fort  claire  limpide,  de  saveur  un  peu  dou- 
ceastre  et  plus  pesante  que  Teau  de  Fontaine  qui  passe  devant 
les  Chartreux,  car  Tareomdtre  y  entroit  moins  d'un  bon  degr^ 
qu'ft  celle  de  cetie  fontaine  des  Chartreux. 

En  ayant  mis  sur  Teau  de  tournesol,  n'a  rien  faict. 

Avec  Teau  de  la  dissolution  du  sel  de  Saturne,  Ta  trouble 
h,  pr^s  comme  Teau  commune  de  fontaine. 

N'a  rien  faict  avec  la  noix  de  galle. 

A  l^gerement  trouble  I'eau  de  vitriol ,  et  de  ce  meslange, 
environ  une  heure  apris,  il  s*est  faict  separation  d'une  terre 
roussastre. 

Tous  c^s  signes  marquent  qu*il  y  a  trfe  peu  de  choses 
dans  cette  eau. 

On  en  a  distills  2  1.  au  B.  M.  pendant  20  heures ;  on  en  a 
retire  28  onces  9  gros  et  demy  en  deux  preparations  dont  : 

I.  «  M.  Bourdelin,  apoticaire  de  TAcademie  royale  des  sciences,  a  pareil- 
lement  une  apoticuirerie  fort  compile  dans  sa  maison,  rue  de  Seine,  k 
Saint-Gerniain-des-Pr^z.  »  (L«  Livre  cornmode  potir  16^2,  par  le  chevalier 
de  Blcgny.) 


—  5i7  — 

•  La  I"  qui  estoit  de  13  onces  7  gros  ~  ttis  ckire 
seulemetit  louchy  la  solution  de  saturne. 

La  2'  separation  de  14  onces  6  gros,  a  moins 
solution  de  saturne. 

Ilest  demeur^  i  la  fin  au  fond  du  vaisseau  2  om 
et  demy  d'eau  fort  claire,  limpide,  de  saveur  un 
ceastre  qui  a  fort  trouble  la  solution  de  saturne. 

Ayant  retiri  cette  eau,  il  y  avoir  un  vaisseau,  un 
blanc  et  rare  comme  la  neige,  estant  par  petites  f 
pides  qui  ne  se  dissolvaient  point  dans  I'eau  A  la  q 
38  grains. 

N'  que  pendant  I'ivaporation,  la  surface  de  I'eai 
couverte  d'une  trds  subtile  poussi^re. 

Pour  examiner  les  eaux  minirales  que  M'  Vabi 
nous  a  mvoyies,  M'  Bourdelin  m'a  dit  le  4  juillet  : 
en  avoir  mis  deux  livres  dans  une  cucurbite  au  bail 
qu'il  avoit  s^par^  la  distillation  en  trots  qu'il  m'a  1 
il  a  trouvd  au  fond  de  I'alembic  une  terre  blanch 
dipourvue  de  tout  sel  et  de  tout  mineral  du  poids  de 
II  avoit  pour  faire  I'examen  une  liqueur  bleiie,  qu 
avec  le  tournesol,  qui  n'est  autre  que  le  sue  d'une 
vient  deslndes.  On  met  une  petite  quantity  de  cei 
dans  un  petit  verre,  on  jette  par  dessus  de  I'eau  < 
examiner  et  s'il  y  a  tant  soit  pen  d'aciditd  b  couleu 
cette  liqueur  de  tournesol  devient  rouge ;  autren 
change  point  comme  dans  celle  cy.  II  avoit  une  au 
sublim^  qui  n'est  autre  chose  que  du  sublim^  dissc 
I'eau.  II  en  a  mis  de  mesme  dans  un  petit  autre  ve: 
par  dessus  de  I'eau  que  nous  examinions  et  il  n 
aucuD  changement,  mais  s'il  y  avoit  eu  quelque  sel 
fixe,  elle  auroit  jauni.  On  a  mis  encore  d'une  aut: 
estoit  faite  avec  du  sel  de  saturne  dlssout;  quand  o 
cette  eau  quelque  liqueur  qu'on  veut  examiner, 
point  d'acide,  elle  trouble  I'eau  sur  le  champ  en  bt 
commune  fait  cela,  celle-cy  le  fait  pas.  II  y  avoit  ou 


-  538- 

Teau  de  vitriol ;  ce  n'est  qu'une  dissolution  de  ce  mineral ; 

quand  on  y  mesle   quelque  liqueur  elle  fait   paroistre , 

celle  cy,  rien. 

II  a  mis  de  la  poudre  de  gale  qu'il  avoit  et  m'a  dit  que 
quand  il  y  avoit  du  fer  dans  Teau  oil  il  mettoit  cette  poudre, 
il  paroissoit  sur  le  chant  du  noir.  Toute  eau  commune  a  de 
la  terre,  les  unes  plus,  les  autres  moins,  celle  de  la  riviere  de 
Seine  k  Paris  estant  prise  dans  le  courant  trfes  peu ;  celle  des 
fontaines  d'Arcueil  de  Belleville  beaucoup.  On  a  mis  I'ario- 
mdtre  qui  est  un  instrument  de  verre  qui  est  vuide  avec  un 
peu  de  vif  argent  au  fond ;  quand  les  eaux  sont  pesantes,  il 
s'enfonce  peu,  quand  elles  sont  l^g^res  beaucoup.  Celles 
d'Arcueil  se  sont  trouv^es  beaucoup  plus  legires  que  celles 
que  nous  examinions. 

Eau  de  Vabbaye  du  Vol  des  Feuillans  txaminie  par  M.  Bour- 
delin,  —  Le  mardi  28*  juillet  1682,  Ton  a  examine  cette 
eau  aport^  du  jour  precedent. 

Elle  estoit  plus  pesante  que  celle  de  Rongy '  d'un  1090,  claire, 
limpide,  de  saveur  qui  sembloit  un  peu  ferrugineuse  et  cepen- 
dant  ne  changeoit  point  de  couleur,  avec  la  noix  de  galle^ 
parce  que  peut  estre,  elle  estoit  evant^,  comme  il  arrive  3i  ceUe 
de  Forge  quand  ell'est  evanti;  a  faict  impretion  de  rouge  sur 
la  teincture  de  tournesol. 

On  en  a  mis  pour  distiller  2  I.  dans  une  cucurbite  au  bain 
marie. 

On  en  a  retire  3 1  onces  9  gros  en  3  separations,  dont  la 
I""*  estoit  de  8  onces  i  gros,  de  saveur  fade,  sans  odeur,  n'a 
rien  faict  sur  le  sublim^  ni  sur  la  teincture  de  tournesol. 

La  2*  separation  estoit  de  16  onces  3  gros  de  mesme. 

La  3^  separation  estoit  de  7  onces  encore  de  mesme. 

II  est  reste  au  fond  de  la  cucurbite,  environ  2  gros  de 
liqueur  avec  ^  peu  prds  19  grains  de  sediment  terrestre,  un 
peu  roussastre  et  sans  saveur. 

La  liqueur  quoy  qu'insipide  avoit  quelque  chose  de  nitreux 

I .  Edu  de  Kungis. 


—  539  — 

qui  rehaussoit  la  couleur  du  lournesol,  et  troubloit  l^g^i 
men:  I'eau  desublim^. 

Ce  qui  confirme  la  pens6  que  cette  eau  soit  ferruginei 
parce  que  Ton  a  observe  que  le  fer  estoit  fort  nitreux  '. 

I.  L'analyse  chimique  itiii  alors  fort  iin]Mrfaite,  mais  ea  revanche 
plus  compliquies. 

Pour  les  liquides,  les  propriitfa  physiques  attiraieDt  tout  d'abord  I'att 
lion  de  I'apothicaire  chimisie.  La  densii£,  la  couleur,  la  saveur,  l'od< 
filaiem  soigneusemeul  notte.  Puis  ii  £ludiait  les  propridt^s  chimtques 
liquidea  analyser.  II  ver^ait  quelques  gouttes  de  ce  liquide  dans  une  s< 
de  teiniures,  d'huiles,  d'eaux ,  d'acides,  d'alcalis,  ou  sur  des  m^iaux 
notait  soigneusement  s'il  se  formaic  un  pricipit^,  si  la  liqueur  se  ni^langi 
ou  non,  si  la  couleur  de  la  teinlure  changeait,  si  le  m^tal  itait  ou  non  ai 
qui.  C'^tait  ensuite  par  comparaison  aveetel  ou  tel  efiet  de  telle  ou  ti 
substance  sur  une  eau,  une  teinlure,  un  in£tai  donnte  qu'il  d^uisait 
nature  du  liquide  i  analyser.  Les  principaux  r^ciifs  employes  toient 
teinture  de  toumesol,  de  noix  de  galle,  I'eau  de  sublim^,  I'eau  mari 
I'huile  deianre,  I'espriide  nitre,  I'esprit  desel.  .  le  fer,  le  coivre  (^[irr 
de  la  piice) 

II  finissait  par  la  distillation  ordinaire  ou  ptr  ascmsum  ou  par  la  disti 
tion  per  desansvm  «  qui  se  fait  quand  on  met  le  feu  sur  la  niatl^e  qu 
veut  ^chauffer :  aiors  I'huniiditf  ^tant  rar^fi^  et  la  vapeur  qui  en  sort 
pouvant  point  suivre  la  pente  qu'eile  a  de  s'ilever,  elk  se  pr^cipiie  et 
distilic  au  fond  du  vaisseau  ■.  Dans  la  distillation  per  ascensum,  on  distil 
par  a-coups,  en  plusieurs  separations,  et  chaque  siSparation  devait  itre  i 
diie  dans  ses  caractires  physiques  et  chimiques.  De  mfme  pour  Ic  sfdime 

Des  rfsultats  de  toutes  ces  operations  minuiieuses,  I'apothicaire  tirait 
d^nients  de  son  diagnostic. 

Pour  les  poudres,  drogues,  on  essayait  de  les  dissoudre.  Les  solul 
etaient  analyses  comme  ci-dessus.  Pour  les  autres,  apr^s  I'itude  de  le 
proprifiiis  physiques  (couleur,  pesanteur,  saveur,  odeur),  on  u'avait  c 
i'ipreuve  de  I'eau  et  celle  du  feu.  La  poudre  surn^cait  ou  se  pr^ipii 
laissaii  apr^s  ignition  un  s^iment  ou  non. 

Les  analyses  faites  de  telle  sone,  il  ^aii  souveni  difhcile  d'indiquer  net 
mcnt  la  nature  d'un  liquide  ou  d'une  poudre.  Aussi,  dans  bien  des  cas, 
conclusions  ^taient  des  plus  inceriaines.  Dans  les  Empoiioniumenis  s 
Louis  XIV  du  Dr  Nass,  nous  voyons  ks  experts  m^decinset  apothicaic 
commis  i  I'analyse  des  poisons,  y  perdre  souvent  leur  latin.  Pour  I'arse 
r^reuve  du  feu  leur  donne  de  bons  r^suliats;  une  poudre  blanche  i  a 
lyser,  est  mise  sur  une  pelle  rouge  au  feu  :  «  elle  a  rendu  une  grosse  fun 
£paisse  et  de  I'odeur  d'aillequi  est  la  marque  de  1' arsenic,  laquelle  circ( 
stance,  avec  la  pesanteuret  l.i  blancheut  de  la  mati£re,  leur  donne  lieu 
)uger  que  c'est  de  I'arsenic  *.  Mab  pour  le  poison  de  la  marquise  de  Br 
villiers,  ce  lameux  poison  qui  lui  avait  k\i  donnd  par  I'apothicaire  Glaz 
i'analyse  fut  plus  ardue  car,  disent  les  experts  pour  leur  defense,  ■  il  se  jc 


—  540  — 


LETTRES  ET  M^MOIRES  DIVERS 


MONSIEUR   DE   SANTEUL  '    POUR    UNE  GAGEURE 

On  supplie  Monsieur  Valiant  de  dire  sa  pens^e  sur  ce  fait  : 
deux  personnes  estant  trfes  proches  Tune  de  Tautre,  en  sorte 
qu'ellessetouschoient;  Tune  avoit  lacoliqueavec  destranch^es 
assez  violentes,  et  Tautre  se  portoit  tr^s  bien.  Une demi  heure  ou 
une  heure  apr^s  la  personne  qui  se  portoit  bien  se  plaignit 
qu'elle  sentoit  au  ventre  comme  des  dards  et  des  pointes  dont 
on  la  persoit. 

U  faut  remarquer  que  cette  personne  est  trds  susceptible 
d'impression,  et  quel'autre  transpire  beaucoup. 

Cela  suppose  ne  peut  on  pas  avec  raison  attribuer  cet  effet 
subit  i  la  communication  des  esprits  qui  passdrent  d'un  corps 
a  Tautre,  et  qui  les  esbranlirent  tous  deux  du  mesme  mou- 
vement. 

On  vous  a  pris,  Monsieur^  pour  juge,  et  on  aura  nuUe 
peine  k  se  soumettre  i  vostre  jugement  auquel  on  diftre 
tout  k  fait. 

I"  die.  1673.  De  Santeul. 

de  toutes  les  experiences ;  il  nage  surTeau,  il  est  sup^rieur  et  fait  ob^ir  les 
elements ;  il  se  sauve  de  inexperience  du  feu  et  ne  laisse  qu'une  matiifere 
douce  et  innocente».  lis  se  rattrap^rent,  il  est  vrai,  en  £aisant  avaler  un  peu 
de  poison  «  a  un  pouUet  d'Inde,  un  pigeon  etun  chien  et  autres  animaux  n. 
Mais  les  renseignements  fournis  par  Tautopsie,  examens  qui  dans  certains 
cas  venaient  lever  les  doutes  des  experts,  furent  ici  n^gati^. 

I.  Jean  de  Santeul  n&  en  1630  fut  chanoine  de  Saint-Victor  et  est  sur- 
tout  connu  pour  son  esprit  et  son  talent  pour  la  po^sie  latine.  II  traita 
tout  d'abord  des  sujets  profanes,  puis, sur  les  observations  du  clerge,se  ren- 
ferma  dans  les  sujets  religieux.  Ce  fut  alors  qu'il  composa  les  hyranes 
c^l^bres  qui,  avant  Tintroduction  du  rit  romain,  ^taient  chant^s  dans  tous 
les  dioceses  de  France.  II  fut  le  favori  du  due  de  Bourbon,  petit-fils  du 
Grand  Cond^,  k  qui  on  a  impute  sa  mort.  II  mourut  en  1697,  saisi,  k  la 
suite  d*un  repas,  d'une  colique  violente,  et  on  accusa  le  due  de  Bourbon 
d'avoir  m^ie  dans  son  vin  plusieurs  prises  de  tabac  d*Espagne.  Son  esprit 
original,  ses  bizarreries  et  ses  saillies  le  firent  presque  autant  rechercher 
que  son  talent. 


-  541  - 

DE  LA    CHAMBRE    DE    MAD'    DG  GRANVILLERS   LB   4' 

Monsieur. 

Aujourd'huy  sur  les  six  heures  du  matin,  A 
Granvillers  ayant  fait  une  selle  toute  semblable  a 
couleur  et  en  consistance,  de  la  quantite  envi 
tiuict  cuillerees  sans  autre  melange;  et  ayant  exan 
un  veritable  pus,  nous  avons  trouv^  qu'il  n'i 
d'odeur.  Mais  comme  remarque  Massarins  dans  1 
I'ulcire  du  poulmon  que  quelque  fois  il  se  ren< 
odeur,  nous  I'avons  mis  dans  I'eau ;  cette  matl^re 
pitfie  au  foods  ausitost.  Et  commc  cet  autheur  ren 
le  m^me  endroict  qu'il  se  pent  &ire  qu'une  piti 
tasse  la  m£me  chose,  je  I'ay  brouill^  avec  I'eau  fo 
cette  mati^re  s'est  encore  pr^cipit^e.  Nous  en  avo 
des  charbons;  elle  n'a  point  de  maavoise  odeur. 
autheur  nous  remarque  que  t'odeur  n'est  pas  ur 
seur  et  qu'il  faut  s'arrester  plutost  i  celuy  qu'on  ti 
point  que  tons  les  autres  signes,  hors  I'odeur,  le  ( 
je  n'ay  point  crA  qu'on  pouvoit  donner  la  m^dt 
luy  avoit  pr^par^  de  peur  brouiller  la  Nature 
mieux  aimi  auparavant  que  rien  faire  attendre 
ment 

Depuis  la  lettre  ^crite,  elle  a  vuid6  dans  ses  urii 
matiire  semblable  de  sorte  que  nous  avons  dei 
pr^isement  si  la  V  matiere  venoit  du  si^ge  ou  di 
La  malade  n'en  s^it,  nous  soup^onnons  presentei 
les  fieurs  que  toute  autre  chose.  Ce  qui  est  k 
c'est  que  cela  n'a  aucune  senteur  et  elle  n'a  ressf 

douleur 

Vostre  trfis  humble  ser\-it 
Serat. 


LETTRE  DE    M'    DE    LA   VILLE,    MfeOECIN    A    CUSSET,    SUR   VICHY 

ET  SES   SOURCES 

A  Cusset,  le  9"**  mars  168 1. 
Monsieur, 

Aprds  vous  avoir  asseur^  de  mes  humbles  respects  et  vous 
avoir  remerci6  de  Thonneur  que  vous  m'ayez  faict  par  vostre 
dernifere  lettre,  je  tascherai  d'y  satisfaire  par  le  petit  r^cit  que 
vous  souhaitez  de  moy,  touchant  le  nombre,  la  difference,  les 
qualit&etles  effects  ordinaires  des  sources  min6ralesdeVichy  *, 
suivant  Texpirience  que  j*en  ay  faict  depuis  plusieurs  annies 
et  ce  que  j'en  ay  pu  apprendre  d'un  ancien  et  fameux  m^decin 
qui  m'honoroit  de  son  amitii  et  qui  les  avoit  practiqu6  d& 
leur  naissance  et  a  vescu  toute  sa  vie  partisan  de  la  seule  virit^. 

Je  vous  dirai  en  premier  lieu  que  sur  la  place  oil  est  situe 
la  maison  des  bains^  il  y  a  deux  sources  fort  copieuses,  distantes 
seulement  d'une  vingtaine  de  pas,  qui  contiennent  la  longueur 
de  ce  bastiment,  au  devant  duquel  est  celle  qui  s'appelle 
simplement  la  Grilky  parce  qu'il  n'y  a  pas  longtemps  que  son 
seul  bassin  estoit  fenn6  d'une  grille  de  fer.  Cette  source, 
quoyque  bouillonnante  d'une  manidre  extraordinaire,  ne  fiiict 

I .  «  Les  eaux  min^rales,  ^crivait  Guy  Patin,  font  plus  de  cocus  qu'elles 
ne  gu^rissent  de  malades.  »  Malgr^  cela  la  vogue  des  stations  thennales 
fut  considerable  sous  le  Grand  Roi.  Les  plus  connues  ^talent  Sainte-Reine, 
dont  les  eaux  ^taient  «  presque  aussi  pures  que  les  eaux  de  la  Seine  » 
(Saint-Simon),  Forges,  Vichy,  Vals,  Bourbonne,  Balaruc,  Plombi^res,  Spa, 
Cauterets,  Barnes,  Pougues...  Le  premier  m6decin  avait  la  haute  main  sur 
la  vente  et  le  transport  des  eaux  min^rales  dont  il  ^tait  le  surintendant. 

Les  effets  th^rapeutiques  obtenus  par  Temploi  des  eaux  min^rales  ^aient 
tellement  extraordinaires,  que  d^s  le  d^but  du  r^gne  de  Louis  XIV,  on 
songea  i  en  faire  venir  ^  Paris.  Mais  les  eaux  qu'on  y  d^bitait  dtaient  le 
plus  souvent  fabriquees  dans  la  capitale,  sMl  faut  en  croire  La  Bruy^re  qui 
parle  «  d'un  certain  Barbereau  qui  s'^tait  enrichi  ^  vendre  en  bouteille  Teau 
de  la  riviere  ».  L*apOthicairerie  de  Barbereau  ^tait,  il  est  vrai,  fort  bien  pla- 
c^e  pour  cela,  car  elle  se  trouvait  «  dans  Tune  des  boutiques  ouvertes  sur 
la  facade  du  College  des  duatre-Nations  (rinstitut)».Il  vendaitfort  cher  ses 
eaux,  or  ayant  commis  la  vente,  dit  Bernier,  ii  sa  femme  et  i  sa  fille,  deux 
nymphes  qui  ne  paroissoient  pas  les  plus  refroidies  de  charit^,  de  sorte 
qu*on  croyoit  toujours  boire  i  juste  prix,  quelque  ch6re  que  fut  Teau, 
quand  on  la  prenoit  des  mains  de  ces  deux  pr^tieuses.  » 


—  S4i  — 

toutefois  pas  sentir  k  I'actouchetnent  la  chateur  <]ue  sa  vei 
pourrait  faire  apprthender,  puisqu'elle  ne  surpasse  pas 
d'un  bouillon  de  viande  au  temps,  qu'on  a  coustume 
prendre,  que  sans  peine  on  y  soufFre  la  main,  qu'elle  se 
boiredemesme,  qu'unefeuille  d'oseille  n'y  perdpas  sa  ve 
et  qu'un  oeuf  n'y  peui  pas  bien  cuire.  Si  I'attouchement  n 
la  chaleur  de  cette  eau  sans  peine,  la  saveur  ne  desplait  f 
goust  qui  n'y  aper^it  rien  de  d^sagr^able,  rien  d'Scre 
mordicant,  pas  seulement  d'acide,  du  moins  quand  on  h 
dans  toute  sa  chaleur  naturetle.  La  descharge  s'en  Biict 
I'unc  des  chambres  de  la  maison  des  bains  pour  y  sen 
bain  et  i  la  douche.  La  seconde  de  ces  deux  sources  e 
couchant  de  la  mesme  maison  et  s'apelle  la  Grille  de  bi 
Fontaine  des  Capucins.  EUe  diff^re  de  la  premiere  en  sa  ct 
qui  se  faict  un  peu  mieux  distinguer  au  toucher,  biei 
n^anmoins  les  experiences  que  j'ay  all^^  pour  celles 
grille  se  rencontrent  semblables.  Elle  se  descharge  au: 
partie  dans  I'autre  chambre  de  la  maison  des  bains  et  en 
dans  le  couvent  des  P.  Capucins. 

Ces  deux  fontaines  sont  beaucoup  salutaires,  tant  par  1* 
de  la  boisson  que  par  celluy  du  bain  et  de  la  douche,  dans  I 
maladies  caus^es  d'intemp^rie  froide.  Mais,  laissant  le  b 
la  douche,  je  m'en  tiendray  k  la  boisson  pour  laquelle  /' 
la  Grille  est  prii^rie  i  sa  voisine,  parce  qu'elle  est  ui 
moins  chaude,  moins  vaporeuse  aussy  et  purge  un  peu  i 
par  le  ventre.  Ses  principaux  effets  de  ces  eauxsevoiem 
I'extreme  desgoust,  le  hocquet,  les  douleurs  d'estomach,  I 
gestion,  la  colique  intestinale,  le  vomissement  et  la  du 
iav^t^r^e,  I'asthme,  la  jaunisse,  lam^lancholie  hypocondi 
et  sa  ficheuse  suite  de  symprdmes,  particuli^reme 
I'estomach  souffre  beaucoup  et  que  rintempfirie  chaui 
foye  soit  peu  considerable.  Elles  sont  propres  en  un  mot 
les  operations  des  parties  de  tout  le  bas-yentre.  Elles  app 
la  colique  niphretique,  chassent  la  gravelle,  rem^dien 
suppression  d'urine  qui  est  causae  par  la  quantity  des  g1 
Elles    sont    souveraines  pour  les  pasles  couleurs,    les 


—  544  — 

blanches  et  la  passion  hist^rique  et  contribuent  beaucoup  k  la 
iiconditt  des  femmes.  Voili  les  principales  maladies  qui  en 
gu6rissent  pour  la  plus  part,  tant  par  Tivacuation  qu'elles  font 
par  les  selles  de  toutes  mati^res  bilieuses,  phlegmatiques  ou 
m^lancholiques  que  par  les  urines  de  la  gravelle,  des  glaires  et 
s^rositez,  ^  quoy  il  faut  encore  adjouster  celles  des  flatuositez 
et  sirositez  par  la  transpiration,  ce  qui  parfaict  la  guirison  du 
rhumatisme  qui  se  trouve  dans  son  d^clin.  On  les  boit  ordi- 
nairement  i  la  quantite  de  deux  pintes,  quand  on  les  rend 
facilement,  de  trois  pintes  quand  elles  passent  midiocrement 
et  de  quatre  quand  la  nature  est  paresseuse,  s'il  ne  s'agit  d'un 
vomissement  ou  diarrhie  inv6t^r6e,  i  quoy  une  petite  quantite 
suffit. 

II  faut  venir  au  rang  des  ieux  foniaines  Garnier,  autrement 
les  petits  BouIets\  comme  plus  pr6s  des  pric^dentes,  desquelles 
elles  sont  distances  de  soixante  k  quatre-vingt  pas,  et  sont  si 
proches  Tune  de  Tautre  que  depuis  quelque  temps  il  n'y  en  a 
qu'une  en  usage,  parce  qu'elle  a  desrob6  la  plus  grande  partie 
de  I'eau  de  sa  voisine  qui  n'en  a  presque  plus.  Son  eau  sort  k 
bouillons;  elle  est  i  demi  tiide  et  d'un  goust  aigre.  On  la  boit 
utilement  pour  la  colique  bilieuse,  pour  les  intemp^ries 
chaudes  du  foye  et  des  reins,  pour  la  mdancholie  hypocon- 
driaque,  pour  le  calcul,  les  ulcferes  des  reins,  les  disuries  et 
ulcires  de  la  vessie  et  pour  le  flux  immod^r^  des  menstrues, 
et  ce  k  la  quantite  de  celle  des  deux  autres.  J'ay  veu  plusieurs 
malades  qui  sont  venus  k  Vichy  par  ordre  de  leurs  medecins 
pour  y  boire  les  eaux  indifiFiiremment  pour  Tepilepsie  dont  ils 
estoient  atteints ;  et  s^achant  par  experience  certaine  que  les 
chaudes  y  sont  tr^s  nuisibles,  je  leur  ai  faict  prendre  le  parti 
de  cette  dernifere,  pendant  la  boisson  de  laquelle  ils  n'ont  eu 
aucun  accte.  Mais  je  scay  qu'il  y  en  a  un  qui  en  a  6t6  afflig^ 
depuis;  je  ne  puis  rien  asseurer  des  autres. 

A  deux  cens  pas  de  ces  deux  dernidres,  joignant  les  foss^z  de 
la  ville  de  Vichy,  est  la  fontaine  qu'on  appelle  le  gros  Boulet, 

I.  La  source  de  rHdpital. 


—  545  - 

Sa  source  est  abondante  et  sort  i  gros  bouillons;  son  eau  est 
beaucoup  plus  chaude  que  celle  des  petits  Boulets,  un  peu 
moins  toutefdis  que  celle  de  la  Grille,  mais  bien  plus  rudeau 
goust.  EUe  est  ordinairement  la  plus  purgative  de  toutes  par 
les  sels,  la  plus  souveraine  pour  la  fiebvre  quarte,  mais  moins 
propre  ^  I'estomach  et  i  la  poictrine  que  celle  des  deux  Fon- 
taines des  bains,  avec  laquelle  elle  convient  pour  la  quantity 
de  sa  boisson. 

II  ne  faut  pas  oublier  le  petit  bassin  creusi  dam  le  Rocher  qui 
sert  de  fondement  au  convent  des  P.  CilestinSy  sur  le  bord  de  la 
riviire  d'Allier\  Son  eau  est  simplement  froide  et  aigrelette, 
semblable  en  tout  h  celle  du  petit  Boulet.  Cette  Fontaine,  quoy 
que  la  plus  ancienne  de  toutes,  est  pr^sentement  la  moins  fre- 
quent^e,  ou  pour  mieux  dire  du  tout  abandonnee.  J'en  ay 
pourtant  fait  boire  il  n'y  a  pas  longtemps  ^  quelques  per- 
sonnes  d'un  fort  et  chaud  temperament,  qui  s'en  sont  bien 
trouvez.  On  s'en  servait  autrefois,  comme  on  fait  d  present 
du  petit  Boulet,  duquel  j*ay  oubli6  de  dire  qu'il  avait  gueri 
ceste  annie  deux  malades  que  je  servois,  qui  estoient  attaquez 
d'un  vertige  simpathique. 

II  faut  remarquer  aussy  que  bien  qu'on  fasse  Election  de 
ces  seaux  pour  les  maux  auxquels  chascune  est  jug^e  plus  con- 
venable,  on  les  mdange  souvente  fois,  quand  il  y  a  difFirentes 
indications^  ou  affin  que  les  unes  servent  de  correctif  aux 
autres,  ce  qui  riussit  assez  fr^quemment. 

Je  souhaiterais  pouvoir  mieux  satisfiiire  k  votre  demande 
par  ce  petit  r^cit  que  je  vous  prie  de  recepvoir  comme  ing^nu 
et  d'en  excuser  les  deffauts  et  j'espdre  que  vous  me  ferez  bien 
la  grice  de  me  faire  un  peu  de  part  des  lumiiires  particulidres 
que  vous  avez  sur  ce  subject,  et  en  attendant  je  vous  dirai 
men  sentiment  pour  ce  qui  concerne  le  transport,  lequel  n'est 
pas  entiirement  conforme  k  celluy  des  int^resses,  qui  publient 
qu*elles  sont  poison  si  on  ne  les  boit  sur  les  lieux.  Je  conviens 
bien  avec  eux  que  Teau  des  bains  y  est  meilleure,  si  Testomac 

I.  De  la  Ville  parle  de  la  Source  des  Celestins. 
Le  Maguet.  —  Le  momlc  inediail,  3  5 


^ 


—  546  — 

ou  la  poictrine  se  trouvenc  bien  interessez^  parce  que  dans 
ceste  chaleur  naturelle,  elle  est  bien  plus  l^g&re,  plus  douce  et 
bien  plus  familiire  k^  ces  parties  qu'on  ne  la  pourroit  rendre 
par  le  moyen  du  feu.  Mais  quant  i  la  vertu  purgative^  qui  ne 
se  despend  que  de  sa  quantity  et  du  sel  mineral  qui  irritent 
I'expultrice  *,  je  soustiens  qu'elle  ne  s'afFoiblit  pas  par  le  trans- 
port; maisy  au  contraire,  comme  plus  pesante  elle  descend 
mieux  dans  le  ventre.  J*ajoute  n&inmoins  qu'elles  sont  moins 
p^n^trantes  et  fondent  beaucoup  moins  les  humeurs,  mais  en 
recompense  envoient  moins  de  vapeurs  aux  cerveaux  qui  y 
sont  subjects.  II  me  reste  k  vous  faire  response  sur  les  com- 
moditez  de  les  faire  conduire.  Nous  avons  celle  de  la  Rividre 
d'Allier,  mais  je  ne  la  trouve  pas  la  plus  seure,  parce  qu'il 
n'y  a  pas  de  voitures  r6gl6es,  mais  seulement  des  barques 
marchandes  qui  descendent  d*Auvergne  et  ne  font  que  passer. 
J'en  envoyai  au  mois  de  septembre  dernier  trois  tonneaux  i 
M"*  d'Armagnac  par  son  ordre  :  un  de  celle  de  la  Grille,  un 
du  gros  Boulet  et  I'autre  du  petit  Boulet.  lis  furent  conduits 
sur  la  riviire  jusques  i  Orleans,  i  leur  adresse,  dans  TEvesche. 
M"*  Gravier,  qui  avait  log^  ceste  Altesse  k  Vichy,  en  eust  le 
soin  de  faire  &ire  les  tonneaux,  comme  elle  en  avait  eu  la  com- 
mission, et  moy  celle  de  les  faire  remplir.  Mais  auparavant  je 
les  lis  charger  d'eau  pendant  huict  ou  dix  jours,  sans  quoy  le 
bois   neuf  de  chesne  leur  auroit   laiss6  une   teinture  noire 
comme  d*encre.  Ce  qui  est  le  plus  k  craindre  est  TinfidSlit^ 
des  voituriers  qui,  pour  diminuer  leur  charge,  en  peuvent 
vuider  la  plus  grande  partie  et  remplir  les  tonneaux  d'une 
commune  lorsqu'ils  approchent  de  leur  terme.  Je  croirai  tou- 
jours  le  plus  seur  de  la  faire  porter  dans  des  bouteilles  ran- 
g^es  dans  des  caisses  et  les  envoyer  qu6rir  par  homme  expres 
sur  des  chevaux  de  bast;  et  pour  conclusion,  je  vous  infor- 
merai  d'une  chose,  k  laquelle  vous  pourriez  bien  remidier, 
qui  est  que  Monsieur  Griffon,  intendant  des  eaux  min^ralles  du 
Bourbonnais,  a  un  commis  et  un  concierge  k  Vichy  pour  les 

I .  La  £acult£  expultrice  de  I'intestin. 


—  547  — 

bains,  qui  d&puis  peu  exigent  de  I'argent  pour  les  eaux  qu'on 
faict  Iransporter.  Je  ne  pense  pas  qu'il  ait  aucun  droict  pour 
cela.  Je  voussupplie  aussi  de  vouloir  aggr^er  mes  soins,  tant 
que  vous  me  jugerez  capable  de  vous  rendre  quelque  service. 
Dans  cette  occasion  je  me  tiendray  bien  honor^  et  fairay  de 
mon  mieux  pour  m^riter  la  (jualit^  que  je  souhaite  toute  ma 
vie  de,  Monsieur, 

Votre  tr^s  humble  et  tres-ob^issant  serviteur. 

De  la  Ville',  midecinde  Cusset. 

M'  BOURDELIN    SUR    t'^LfePHANT    QlUi    EST    MORT   A  VERSAILLES 

J'ay  peur  de  n  avoir  pas  bien  retenu  u  que  vous  ave[  eu  la  bonti 
de  me  dire  sur  Viliphant  qui  est  tiiort  it  Versailles.  Si  je  Vosois,  je 
vous  suppUeroies  Ires  humblemeni.  Monsieur,  de  le  vouloir  mettre 
au  dos  de  ce  billet.  C'est  pour  Madame  de  Monlmartre  qui  aura 
du  plaisir  d'entendre  les  chases  extraordinaires  que  vous  scave^  de 
cet  animal.  C'est,  Monsieur,  votre  tris  humble  et  tris  obHssant  ser- 
viteur. 

Vallant. 

On  fera  bientost.  Monsieur,  une  histoire  ample  de  cet  ani- 
mal qu'on  donnera  le  plus  tost  qu'on  pourra  au  public.  Jc 
n'eus  I'honneur  que  de  vous  parler  que  de  sa  nourriture.  II 
mangeoit  tous  les  jours  80  1.  de  fort  bon  pain,  comme  on  le 
donne  aux  domestiques,  beuvoit  tous  les  jours  6  pintes  de 
vin.  Outre  cela  on  luy  faisoit  cuire  5  1.  de  Rix  qu'on  lui 
donnoit  altemativement,  et  le  jour  qu'on  ne  by  en  donnoit 


I ,  Vjllam  connaissait  un  autre  niAJecin  de  Vichy,  Htealget,  qui  en  lui 
taisam  parveuirunu  luimoiredequelques  effetsdes  eaux  a  que  Valiant  lui 
avail  r^clam^,  y  ajoutait  la  lettre  qui  suit  : 

A  Vichi  ce  :8  may  1676,  —  Monsieur.  Cesiignes  soot  pour  vous  lemoi- 
gner  que  quoy  que  je  me  saoule  tous  les  jours,  je  ne  pecs  pas  □ 
la  mimoire  de  ce  que  j'ai  promis.  Je  crois  aussi  que  vous  qui  ne 
saoulcz  pas  vous  souvJendrcz  aussi  de  mon  caph£,  auquel  si  vous  v< 
adjoucer  demi-livre  de  bon  chocolate,  M''  Bamabet  fourniroit  i  tout  et 
obligeriez  ceiluy  qui  est  avec  passion.  Monsieur,  vostre  trcs  liumble  e 
obiissantserviteur.  H^nalget. 


-  548  - 

pas,  il  avait  un  sceau  de  potage,  ainsi  qu'on  le  donne  aux 
domestiques.  Outre  tout  cela,  on  luy  donnoit  assez  souvent 
plusieurs  douceurs,  comme  de  toutes  sortes  de  fruits,  du  rai- 
sin et  autres.  II  avait  20  ans.  II  y  en  avait  16  qu'il  ^tait  k  la 
mesnagerie  de  Versailles.  Pendant  les  10  premieres  ann6es,  il 
se  couchoit  et  se  relevait  de  luy  mesme  souvent ;  raais,  depuis 
6  ans,  il  ne  se  couchoit  plus  et  dormoit  debout,  ayant  la 
teste  appuy^e  de  ces  2  deffances  d'yvoire  contre  la  muraille 
i  laquelle  elles  avaient  fait  des  trous  insensiblement.  Lors- 
qu'il  estait  incomod6,  depuis  les  6  dernidres,  et  qu'il  se  cou- 
choit, il  coustoit  ^  chaque  fois  dix  £cus  pour  le  relever,  ce 
qui  arrivoit  assez  souvent.  Luy  prenoit  quelque  fois  des  flux 
de  ventre  et,  quand  il  en  estoit  quitte,  on  remarquoit  qu'il  se 
portoit  fort  bien.  Quand  il  faisoit  beau,  on  le  laissait  prome- 
ner  dans  le  pare,  et  souvent  prenoit  de  Therbe  avec  sa  trompe 
pour  manger.  Vous  scaurez  son  histoire  entidre  dans  peu. 


OyELQjUES  CHOSES  SUR   LES  PEUPLES   DU   MAROCK 

(piVRIER    1682) 

Je  ne  pus  hier  voir  M.  Tambassadeur  de  Marock  ^  et  c'est 
pour  cela  que  vous  n'avez  ma  r^ponse  qu'aujourd'huy. 

lis  ne  scavent  ce  que  c*est  qu'universiti.  Tout  ce  que  j'ai  pu 
tirer,  c'est  qu'il  y  a  des  lieux  oil  Ton  enseigne  en  commun, 
premi^rement  ^  lire,  ensuite  les  langues  comme  grecques, 
latines  et  autres,  aprfe  la  philosophie,  m^decine,  tbtologie,  etc. 
II  y  a  un  principal  dans  chaque  maison  oil  Ton  enseigne  qui 
en  a  plusieurs  autres  sous  luy.  II  y  en  a  un  i  Feezqui  est  un 
homme  des  plus  scavans  qu'on  puisse  s'imaginer. 

On  fait  grand  cas  d'Aristote;  mais  ils  ne  m'ont  pu  dire  si 
on  le  suit  dans  leurs  ^coles  comme  on  faisoit  autrefois  parmi 
les  Mahometans  sous  les  Caliphes.  L'ambassadeur  ne  sait  rien 

I .  Le  sultan  du  Maroc  avait  envoy^  i  Louis  XIV  une  ambassade  qui 
s^jouma  deux  mois  a  Paris  ct  k  Versailles,  au  grand  contentement  des 
badauds  parisiens.  Valiant  fut  appcl^  en  consultation  par  Tambassadeur  et 
il  en  est  fier. 


—  549  — 

du  tout  sur  ces  sortes  de  choses  h,  le  gouverneur  de 
peu  davantage  mais  fort  peu .  C'est  tui  qui  a  entendu  J 
Ce  sonc  comme  de  bons  marchands  qui  ne  connoiss 
leur  n^oce. 

Ceux  qui  enseignent  n'ont  point  d'autre  habit  qu 
du  commun  du  monde,  on  ne  les  distingue  par  i 
autres  hommes. 

Leurs  jcflnes,  c'est  de  ne  boire  ny  manger  quoy  qu 
jusqu'au  soleil  couchant;  mais  depuis  ce  soleil  couch^ 
minuit  ils  peuvent  manger  les  viandes  qu'ils  veulent  f 
qu'il  leur  pkist.  Leurs  d^v6ts  jeunent  ordinaireme 
mois  dans  I'anni^.  II  y  en  a  qui  jei^nent  route  I'ann^ 
tous,  au  repas  qu'ils  font  dans  les  24  heures,  mange 
affectation  routes  sortes  de  viandes. 

Les  malades  qui  ont  des  fi^vres  continues  usent  di 
Ions  de  poulet,  de  volaille,  de  veau,  etc.,  d  peu  pr& 
icy  et  seloD  les  corps,  ils  en  donnent  plus  ou 
L'ambassadeur  pendant  une  fifivre  de  quinze  jo 
prit  que  deux  oeufs  frais  par  jour;  avec  un  peu  d'l 
qu'il  mettoit  dans  la  coque  apr^s  I'avoir  ouverte,  b 
I'ceuf  avec  cette  eau  et  I'avaloir.  Le  m^decJn  qui  le  vo 
conseilla  de  (aire  choisir  une  trfis  bonne  poule,  de  la  t 
la  bien  piler,  de  la  presser  pour  en  avoir  le  jus  et  d'en 
par  cuiller^es  dans  la  journ^e.  II  en  prit  deux  ou  rroisc 
k  diverses  fois,  et  sans  autre  chose  que  la  boisson,  qui 
pas  d'eau  pure  car  ils  la  dtfendent,  mais  de  decoction 
rafratchissantes.  II  fut  gueri  parfaitement. 

Ils  ne  scavent  pas  bien  les  noms  des  auteurs  de  n 
que  leurs  docteurs  suivent.  lis  m'ont  nomm^  Avic< 
leur  ay  nomm^  les  autheurs  grecs,  ib  m'ont  dit  ouy, 

Ils  ne  saignent  point  dans  I'hyver,  dans  le  printem 
et,  dans  quelle  fiivre  que  ce  puisse  fitre,  ils  fondent 
les  eaux  rafraichissantes,  les  lavemens  et  la  ventouse 
la  saign^e.  Ib  se  servent  de  casse,  de  senn^,  de  rhul 
autres  qu'ils  ne  peuvent  nommer. 

Pour  les  maux  des  peuples  du  dedans  de  I'Afrique, 


—  550  — 

scavent  quasi  rien.  Je  leur  ai  demands  s'ils  n'avoient  point 
ouy  dire  qu'il  y  en  eutqui  mangeassent  de  la  chair  humaine; 
ils  m'ont  dit  que  non.  Sur  cet  article-l^,  je  n'ay  pu  tirer  autre 
chose. 

MfeMOIRE  DE  M'  VALLANT   POUR   LES  AMBASSADEURS  DU   MAROCK 

(piVRIER    1682) 

Quoiqu'on  ne  puisse  pas  exactement  determiner  les  remfedes 
sur  les  maladies  que  M*"  Tambassadeur  du  Marock  nous  a  pro- 
poshes,  nous  ne  laisserons  pas  de  dire  nos  sentiments^  estant 
persuadez  qu'on  pourra  trouver  dans  son  pays  ou  dans  les 
lieux  ou  sont  les  malades  des  docteurs  assez  habiles  pour  s'en 
servir  raisonablement  selon  les  indications  qui  se  presenteront. 

M"^  Tambassadeur  nous  a  parM  sur  cela  comme  un  docteur 
habile  et  bien  instruit  aurait  pu  faire,  mais  il  y  a  de  certaines 
particularitez  qu'il  n'y  a  que  la  presence  des  malades  qui  les 
puissent  bien  faire  voir. 

II  nous  a  propos6  premiirement  un  grand  seigneur  d*un 
tr^s  grand  m^rite  qui,  aprte  un  charbon  qu'il  a  eu  entre  la 
paupifere  d'en  bas  et  I'os  que  Ton  appelle  zigoma,  a  cette  pau- 
pi^re  renvers^e  ce  qui  luy  cause  une  grande  difFormiti. 

M""  Turbiire  et  M""  Lagnier  qui  sont  des  gens  trfes  scavans  en 
CCS  matieres-li  croyent  que  c'est  un  mal  incurable.  D'autres, 
dont  nous  sommes  du  nombre,  qu'encore  que  ce  soit  une 
chose  trte  difficile,  qu'on  pent  et  qu'on  doit  tenter  deux 
sortes  de  remcdes.  Les  uns  qui  consisteront  en  des  topiques 
que  Ton  appliquera  sur  la  paupidre  et  sur  la  cicatrice  de  la 
mani^re  que  nous  dirons;  les  autres  h  onvrir  la  cicatrice  de  la 
longueur  de  Toeil  et  k  le  couper  jusques  i  son  fond,  ce  qui 
pourra  faire  relascher  les  fibres  du  muscle  orbiculaire  de  la 
paupiire,  et  par  ce  moyen  elle  pourra  se  restablir,  mais  il  faut 
que  ceux  qui  traiteront  cette  ouverture  entretiennent  toujours 
les  bords  qu'ils  auront  fait  fort  escartez  et  esloignez  Tun  de 
I'autre,  et  qu'ils  taschent  de  faire  en  sorte  de  tenir  le  fond  un 
peu  longtemps  en  estat  empeschant  que  les  chairs  ne  viennent 


—  551  - 

trop  tost  mais  seulement  peu  k  peu^  cela  se  pourra  faire  en  y 
mettant  du  charpy  sec,  s'il  ne  suffisoit  pas  on  le  trempera  dans 
de  Teau  de  chaux^  et  si  malgri  tout  cela  les  chairs  ne  laissaient 
pas  de  gagner  on  se  servira  du  vitriol  de  Chipre  que  Ton  tail- 
lera  comme  un  crayon  pour  les  toucher  apr^s  I'avoir  un  peu 
mouill^.Nousavons  mis  dansun  pot  le  remMe  qui  doitservir 
de  topique  et  par-dessus  anguent  pour  la  paupiire  renversie.  II  en 
faut  mettre  avec  un  petit  pinceau  comme  on  mettroit  de  la 
peinture  sur  cette  paupi^re  trois  fois  par  jour  le  matin^  ^ 
midy  et  au  soir,  et  sur  la  cicatrice  de  Templastre  que  nous 
donnons^  qui  a  pour  nom,  emplastre  mortifiant. 

Pour  la  femme  igte  d' environ  25  ans  qui  a  Tincontinence 
d'urinenoussommes  persuadez  que  Taccouchement  lui  a  laissi 
un  relaschement  dans  les  fibres  de  la  vessie  et  mesme  dans  la 
matrice  qui  est  la  principale  cause  de  son  incommodit6.  Le 
Conseil  de  Paris  croit  ce  mal  comme  incurable.  II  propose 
n^nmoins  les  remfedes  qui  ont  accoustumez  de  r^ussir  quel- 
quefois  en  pareille  rencontre  et  pour  les  faire  utilement  il  est 
d'avis  qu'on  commence  par  une  ou  deux  saign^es  des  bras; 
que  Ton  purge  avec  des  remddes  qui  fortifient  tels  que  sont 
la  rhubarbe  les  mirobolants  et  le  syrop  de  roses  pasles ;  que 
Ton  donne  ensuite  des  eaux  minirales  vitriol^es  dans  lesquelles 
on  esteindra  du  fer  qu'on  aura  fait  rougir.  II  faut  prendre 
environ  deux  livres  et  demie  de  cette  eau  tons  les  matins  par 
verres  i  quelque  distance  Tun  de  Tautre  dans  une  heure  de 
temps,  les  continuer  durant  un  mois  et  les  rendre  purgatives 
tons  les  huit  jours  en  y  meslant  Tinfusion  d'une  dragme  et 
demie  de  senn6,  demy  dragme  de  rhubarbe,  24  grains  de  miro- 
bolant  faite  dans  un  verre  d'eau,  etc.  Pendant  tout  ce  temps 
li  une  ou  deux  fois  le  jour  on  fomentera  la  region  du  bas 
ventre  et  du  pinil  avec  la  decoction  suivante  :  6corce  et  fleurs 
de  grenade,  deux  onces;  roses  rouges,  une  once  et  demie; 
noir  de  cyprfes  concassees,  une  bonne  poignte.  Faites  bouillir 
le  tout  dans  six  livres  de  gros  vin,  r^duisez  les  ^  5 ;  esteignez 
y  un  morceau  de  fer  rouge  deux  ou  trois  fois,  et  ensuite  ajouter 
y  demi  once  d'alun  de  roche.  On  se  servira  aussi  de  pessaire 


—  552  — 

trempe  dans  Tesprit  de  vin  ou  dans  la  fomentation  cy-dessus 
pour  soustenir  la  matrice  et  la  vessie.  La  malade  gardera  le 
lict  deux  mois  de  temps;  sa  teste  et  son  dos  seront  en  bas;  on 
mettra  un  oreiller  sous  les  cuisses.  On  fera  aussi  quelquefois 
des  injections  avec  les  eaux  min6rales  vitrioltes  et  ferries  dans 
la  vessie  et  dans  la  matrice  pour  donner  de  la  force  aux  parties 
qui  sont  relaschies. 

L'on  croit  que  la  femme  qui  passe  60  ans  et  qui  depuis 
trois  ou  quatre  ans  ne  voit  pas  bien  au  grand  jour  et  voit 
mieux  le  soir  a  une  dilatation  de  pupille  et  que  le  cristallin  y 
est  int6ress6,  et  comme  il  y  a  apparence  que  c*est  par 
quelque  fluxion  qui  tombe  sur  ces  parties-li.  Ton  est  d'avis 
que  Ton  saigne,  que  Ton  purge  avec  le  senni,  la  rhubarbe,  le 
syrop  de  pommes  compos6  et  celui  de  roses  pasles ;  que  Ton 
donne  le  matin  un  verre  de  petit  laict ;  que  Ton  applique  des 
cautires  derriire  les  oreilles  et  un  siton  derridre  le  col  deux 
doigts  en  dessous  des  cheveux ;  que  Ton  lui  rase  la  teste  tous 
les  3  ou  4  jours,  aprds  Tavoir  frottte  auparavant  avec  de  Tes- 
prit  de  vin ;  qu'on  applique  un  pain  chaud  entre  les  deux 
ipaules  tous  les  matins;  que  Ton  mette  au  mesme  endroit  un 
peu  plus  bas  un  emplastre  fait  avec  deux  ou  trois  onces  de 
poix  de  Bourgogne  bouillie  avec  une  petite  poign6e  de 
feuilles  de  sauge  dans  une  demy  livre  de  vin  blanc,  que  Ton 
faasse  des  frictions  depuis  le  haut  du  col  jusques  au  bas  du 
dos  avec  des  linges  chauds  et  que  Ton  bassine  les  paupi^res 
des  yeux  avec  de  Teau  de  vie. 

Quant  X  la  personne  de  52  ans  qui  a  la  vue  plus  faible  et 
qui  sent  une  fluxion  qui  lui  tombe  du  haut  de  la  teste  sur 
cette  partie  lik,  entre  le  cautdre  qu'il  doit  mettre  au  bras,  on 
est  persuade  qu'apr^s  une  saign6e  et  quelques  purgatiis 
propres  i  purger  son  cerveau,  tels  que  sont  le  senni,  la 
casse,  le  syrop  de  fleurs  de  peschi,  celui  de  roses  pasles,  un 
seton  porte  derriire  le  col  i  deux  doigts  des  cheveux  lui  sera 
trte  utile.  II  bassinera  tous  les  soirs  les  paupi^res  des  yeux  et 
mesme  le  front  et  le  haut  de  la  teste  avec  Teau  rouge  que 
nous  lui  avons  fait  preparer  et  qui  est  dans  une  bouteille  de 


—  S53  — 

verre  oil  nous  avons  mis  dessus  :  eaii 
gouvemeur  de  Sale,  etc,  Et  s'il  trouvc 
trop  forte  et  qu'elle  le  piquast  trap,  il 
en  mettre  une  autre  d'eau  rase. 


TABLE 


AVANT-PROPOS 


LE  MONDE  M£DICAL  SOUS  LE  GRAND  ROI 


I.  —  LA  FACULTY   DE   M^DECINE I3 

Les  origines.  —  La  Facaltd  i  ravenement  de  Louis  XIV.  —  Les  ^oles  de  xn^de- 
cine.  —  Les  Etudes  mMicales;  renseignement.  —  Le  baccalaureat;  examea  de 
botaniqne;  th^se  quodlib^taire ;  th^se  cardinale.  —  La  licence;  licentiande; 
paranymphes ;  premier  lieu. —  I^  Vesperie;  le  doctorat;  Tacte  pastillaire.  —  Les 
jeunes  et  les  anciens;  Tancien;  le  doyen.  —  Les  commentaires ;  le  codex  accepti 
et  expensi.  —  Les  principaux  doyens.  —  Le  corpus  facultatis.  —  La  turbulence 
des  ecoliers.  —  Les  Statuts.  —  Les  frais  de  scolarit6.  —  La  Faculty  et  la  santd 
publique.  —  Le  College  royal  et  le  jardin  du  Roi.  —  La  Faculty  en  guerre  avec 
les  docteurs  de  Montpellier;  Thtophraste  Renaudot  et  les  consultations  chari- 
tables;  la  Chambre  royale;  victoire  de  la  Faculty. 

II.  —  LES   DOCTRINES   MliDICALES 55 

La  vraic  et  pure  doctrine  d'Hippocrate.  —  La  doctrine  des  ^16ments;  quality  pre- 
miere; forme;  nature.  —  La  doctrine  des  temperaments;  la  forme;  but  final; 
temperament  pond^r^;  temperament  intemp^re,  simple,  compost;  temperament 
total.  —  Le  Gaieoisme  physiologique ;  le  corps;  les  esprits  naturels,  vitaux  et 
animaux;  cbaleur  animale;  calorique  inne,  bumide  radical;  Tame;  les  facuhes 
naturelle,  vitale,  animate;  les  sympathies;  les  facuies  concupiscible  et  irascible. 

—  L'Humorisme  gaienique ;  sang,  bile,  pituite,  atrabile  :  piethore  et  cacochymie. 

—  La  semeiotique  et  le  gaienisme.  —  La  therapeutique  des  temperaments  et  de 
Thumorisme;  saignee,  purgations,  lavements;  hygiene,  dietetique.  —  L'hvJution 
des  doctrines  mMicalrs,  —  La  circulation  du  sang;  circulateurs  et  anticirculateurs; 
le  petit  Pecquet  et  Riolan;  Guy  Patin  et  la  circulation;  Tarret  burlesque.  —  La 
circulation  et  la  pathologie  du  xvii*  siicle.  —  La  querelle  de  Tantimoine;  chi- 
miatrie  contre  humorisme.  —  Paracelse.  —  Le  r61e  passif  et  le  rdle  actif  du  mede- 
cin;  arrets  de  1566  et  de  1615;  Tantidotaire ;  Jean  Chartier,  Blondel,  Germain, 
Eusebe  Renaudot,  Perreau,  Guy  Patin;  I'antimoine  et  le  public;  triomphe  de 
Tantimoine;  le  P.  Carreau  et  la  Stimmimachie  ;  Tarret  de  1666.  —  Reaction  contre 
Tantimoine;  Fagon  et  la  metliode  experimentale.  —  Le  quinquina  et  I'ipeca- 
cuanha. 


-  556- 

III.  —  LES  MALADIES  INTERNES  ET  LEUR  TRAITEMENT      IO9 

Les  B^vres;  fiiyres  simples;  fiivres  putrides,  continues  et  intermittentes ;  fiivres 
compliqu^s ;  fiivres  malignes ;  petite  v^role ,  v^rolette ,  rougeoie ,  peste.  —  Les 
maladies  de  la  t6te;  intemp6rie  froide  et  hiimide,  catarrhe  du  cerveau;  migraine; 
raal  caduc:  paralysie;  nunie  et  amences;  m^Iancolie;  manie  et  saflbcation 
utdrines;  phrin^ie.  —  Les  maladies  des  jointures;  goutte;  sciatique;  rhuroa- 
tismc.  —  Les  maladies  da  col;  la  squinance.  —  Les  maladies  de  la  poitrine* 
inflammation  et  tabercules  du  poumon;  poumons  attaches  anx  c6t^;  phtisie; 
poulmonie;  pleur^sie;  empyime;  asthme;  toux;  crachement  de  sang.  —  Les 
maladies  du  coeur;  palpitation  de  ccenr;  piricardite;  syncope;  imb^Uiti  des 
forces.  —  Les  maladies  de  I'estomac ;  cnidit^  acide  et  nidoreuse ;  mal  de  cceur ; 
douleur,  enflure,  inflammation  et  ulcere  de  I'estomac;  naus^s  et  vomissements; 
les  vomissements  de  sang;  coltee  humide  et  colore  siche.  —  Les  maladies  de 
Tintestin;  colique;  miserere;  vers;  lientirie  et  flux  cceliaque;  diarrhfe;  dysen- 
terie;  flux  h^patique;  obstruction,  inflammation,  squirrhe  du  mesentire.  —  Les 
maladies  du  foie;  chaleur,  inflammation,  abcte,  ulc^;  obstruaion;  jaunisse; 
squirrhe;  hydropisie,  anasarque,  ascites  et  tympanite.  —  Les  maladies  de  la  rate; 
inflammation,  obstruction,  enflure,  squirrhe  et  douleur  de  rate;  scorbut.  —  Les 
maladies  des  reins  et  de  la  vesste;  inflammation,  ulcere  des  reins;  gzavelle  et 
colique  graveleuse;  inflammation,  ulcere  de  la  vessie;  ardeur  d'urine;  calculs; 
suppression  d'urine;  strangurie;  urine  sanglante;  incontinence  d'urine;  diab^e. 
—  Les  maladies  v^n^riennes ;  la  grosse  v6role ;  la  matiire  v6nirienne ;  dtapes  et 
degrds  dz  la  vdrole ;  son  pronostic  et  son  traitcment. 


IV.  LES   MiDECINS   A   LA   COUR 185 

La  maison  m^dicale  du  Roi.  —  L*archiAtre ;  son  rang  social,  ses  prerogatives,  ses 
devoira  ;  Tarchidtre  et  la  Faculty.  —  Les  premiers  m^decins  de  Ijouis  XIV :  G>usi- 
not,  Vautier,  Vallot,  d'Aquin,  Fagon.  —  Le  Journal  tU  h  Sante  du  Em.  —  Les 
maladies  du  Roi  Soleil ;  ses  indigestions,  ses  vapeurs.  —  Le  medecin  ordinaire.  — 
Les  mMecins  par  quartier.  —  Les  mMecins  consultants.  —  Les  m^ecins  anato- 
miste,  botaniste,  spagiriste. 

La  maison  m^dicale  des  grands  seigneurs. 


V.  —  LES   m6dECINS   a   la   VILLE 201 

Le  nombre  des  m^ecins  parisiens.  —  Liste  de  Messieurs  les  Docteurs  R^nts  pour 
Tan  1684.  —  Les  immunitis  des  m^ecins.  —  Les  bonoraires.  —  Les  midecins 
et  la  bourgeoisie.  —  Les  m^decins  et  les  geos  de  lettres.  —  Deux  ennemis  des 
midecins,  Cyrano  de  Bergcrac  et  Madame  de  Sevign^.  —  Les  difiautsdes  m^ecins. 

—  La  Faculty  et  les  buveurs  d'eau.  —  La  gourmandise  chez  les  midecins.  —  Les 
moeurs  des  medecins.  ~  Le  courage  professionnel.  —  Le  medecin  vieux  jeu.  — 
Le  medecin  nouveau  jeu.  —  Le  patient.  —  Les  consultations.  —  La  querelle 
de  r Amour   medecin.   —  Les  compliments  d'usage.  —  Les  causeries  m^icaks. 

—  La  redaction  de  la  consultation.  —  La  consultation  par  correspondance.  —  Les 
mddecins  k  cbxi ;  Bouvard,  Guy  Patin,  Gabriel  Naudi,  Bernier,  Claude  Qpillet, 
Bou  rdelot,  Beruier-M(^ol . 


1 

i 


537  — 


VI.  —  LES   CHIRURGIENS .       237 

Le  chinixgieii  artisan.  —  La  Confr^ric  des  saints  C6me  et  Damien.  —  Barbiers 
laiques  et  barbiers  clercs,  leurs  iuttes.  —  Les  inciseurs.  —  Les  barbiers- 
cbirurgiens.  —  Le  coU^e  de  Saint-C6me;  chirurgiens  jures  au  Chatelet, 
pr6v6t,  maitres,  licend^s,  bacheliers,  apprentis.  —  Les  barbiers-barbants.  —  Le 
College  et  les  Etudes  chirurgicales.  —  Le  maitre  chirurgien  jar6  et  le  barbier- 
chirurgicn ;  la  Communaute  des  chirui^iens.  —  Le  grand  proc^  des  chimxgiens. 

—  Le  premier  barbier  et  le  premier  chirurgien  du  Roi.  —  Les  anatomies.  —  La 
chaire  de  cbirurgie  au  Jardin  Royal.  —  Barbiers-barbants  et  chirurgiens.  — 
L'ann^  de  la  fistule.  —  Les  statuts  de  la  communaute  des  maitres  chirurgiens. 

—  L*apprentissage ;  I'^preuve  du  grand  chef-d'oeuvre ;  Tentr^e  en  semaine ;  I'exa* 
men  de  rigueur ;  lettres  dc  maitrise.  —  Les  gar^ons  de  rH6tel*Dieu  et  la  Ugire 
experience.  —  Maitre  et  frater.  —  Les  premiers  chirurgiens  du  Roi.  —  Messieurs 
les  chirurgiens  de  Paris  en  17x4.  —  Les  barbiers,  les  ^tuvistes.  —  Le  clergi  et 
I'exercice  illegal  de  la  chirurgie. 


VII.  —  LA   CHIRURGIE 27I 

La  chaire  de  chirurgie  au  Jardin  Royal.  —  Les  trait^s  dogmatiques;  Lambert;  Boi- 
rel;  Tolet;  les  Verduc;  la  Vauguyon ;  Belloste.  —  Le  cours  d*Operations  de 
Pierre  Dionis;  ses  dix  di^monstrations.  —  La  saign^e  et  les  Parisiens;  les 
pedants  sanguinaires ;  superstitions  populaires  ;  les  tables  saisonnieres  de  saignees; 
la  saign^  et  les  jours  de  crise  ;  la  saign^e  et  les  femmes  grosses ;  les  indications 
de  la  saignie  ;  son  but.  —  L*habile  pbl6botomiste ;  le  mode  opiratoire ;  le  chirur- 
gien et  son  malade;  Texamen  du  sang;  les  accidents  de  la  saign^e.  —  Un  ennemi 
de  la  saignee. 


Vni.  —  SAGES-FEMMES  ET  ACCOUCHEURS 295 

Les  malrones.  —  Comment  on  devenait  sage-femme.  —  L'oHice  des  accouches  i 
rH6tel-Dieu;  maitresse;  apprenties;  compagnon  gagnant  maitrise.  — Lamatrone 
sage-femme  de  THdtel-Dieu ;  la  matrone  de  Saint-Come ;  la  matrone  du  Chatelet. 
Ignorance  et  mesch antes  moeurs  des  sages-femmes.  —  La  bonne  sage-femme; 
madame  Le  Vacher;  la  m^cliante  sage-femme,  la  dame  Constantin.  —  Les  statuts 
de  1680;  r^glementation  de  la  profession.  —  Les  accoucheurs;  Clement  et  les 
couches  de  M^^*  de  La  Valliere.  —  L'accouchement  i  Paris  ;  le  caquetoire  par^.  — 
Les  honoraires. 


IX.  —  l'art  d'accoucher 311 

Ambroise  Par^  et  Louise  Bourgeois.  —  Mauriceau  et  sa  manoeuvre. 

La  Icttre  sur  les  accoucheurs  de  la  demoiselle  Bandouin.  —  Le  bon  accouchement ; 
ses  accidents.  —  Les  signes  de  l'accouchement,  les  donleurs,  I'ouverture  &  la 
matrtce  et  la  formation  des  eaux.  —  Le  mauvais  accouchement ;  le  bapt^me ; 
Toperation.  —  Les  hdmorrhagies  de  la  delivrance.  —  La  retention  placentaire.  — 


-558 


L'inversion  uterine.  —  La  procidence  du  cordon.  —  La  coiffe.  —  La  grossesse 
geoi^llaire.  —  La  ligature  du  cordon.  —  Les  suites  de  couches. 
Le  baptdme  par  injection  et  le  cordon  de  Cain  ;  controverses ;  la  Sorbonne  et  I'obste- 
trique. 


X.  —  LES   APOTHICAIRES 345 

La  corporation  des  Espiciers  apothicaires.  —  L*antidotaire  Nicolas ;  la  pharmacopec 
de  Baudron  ;  les  institutions  pharmaceutiques  de  Jean  de  Renou ;  le  Codex  Facul- 
tatis.  -»  Les  statuts  de  1638*  —  L'apothicaire  epicier  et  Teptcier.  —  L*apprenti 
apothicaire;  I'acte  des  herbes;  le  chef-d'oeuvre.  —  L'apprenti,  le  compagnon  et  le 
niaitre  epiciers.  —  La  corporation,  les  gardes  et  T^talon  des  poids.  —  Les  apothi- 
caireries  parisiennes. 

Les  apothicaires  et  la  Faculti.  —  Le  Medccin  cbaritabU  de  Phllebert  Guybert ;  le 
proces.  —  Victoire  de  la  Faculte. 

Les  fourberies  et  les  memoires  des  apothicaires.  —  Bourdelin  et  Josson. 

Le  lavement ;  les  gar^ ons  apothicaires ;  la  seringuc  et  ses  canons.  —  Le  si^e  des 
dyst^res.  —  Moliire  et  le  lavement.  —  L'abb^  de  Saiut-Cyran  et  le  pire  Garasse; 
—  Madame  de  Maintenon ;  ie  remade. 


XI.  LA    PHARMACEUTiaUE 361 

Les  poids  et  mesures  des  apothicaires. 

Ce  qu'on  retirait  du  tartre;   cr^'stal  de   tartre;  tartre  soluble;    crystal  de  tartrc 

chalyb^;  tartre  chalyb^  soluble  ;  tartre  imetique ;  huile  de  tartre ;  esprit  de  urtre 

sel  Hxe  de  tartre;  huile  de  tartre  par  d^faillance;  tartre  vitriol^;  sel  polychreste  de 

Glazer;  sel  volatil  de  tartre. 
Les  reni6des  tir^s  de  Thomme  ;  crane,  sang,  urine,  arriere-faix. 
Les  rem^es  tires  des  animaux;  vip^res;  cornes  de  cerf;   crapauds;  grenouilles; 

ecrevisses;  cigognes;   cloportes;   vers   de  terre;  cantharides;    fourmis;    paons  ; 

castors;  liirondclles  ;  pies;  lima<;ons.  —  Les  b^zoards. 
Les  remides  tir^s  des  pierres  pr6cieuses;  les  perles.  —  L*or. 
Les  preparations  alexit^res.  —  La  th^riaque.  —  Le  mithridat.  —  L'orvietan.  —  Les 

confections  d'Alkermes  et  d'Hyacinthe.  —  Les  baumes,  eaux,  onguents  et  poudres 

cel^bres. 
L'opotherapie ;  la  d^oction   de  Q^erceun ;  Valiant  et  les  preparations  opoth^ra- 

piques. 


XII.  —  l' ASSISTANCE   PUBLIQUE 377 

La  niisere  k  Paris  au  debut  du  regne  de  Louis  XIV.  —  Les  magasins  charitables. 
Vincent  de  Paul  et  Godeau.  —  Le  Grand  Bureau  des  pauvres;  le  commissaire  de 
quartier;  Taumosne  gen^rale.  —  Le  Grand  Con seil ;  les  Bureaux  extraordinaires. 
—  Les  hospices;  Saint-Jacques aux  Pelcrins;  Sainte-Catherinc ; Sainte-Magdeleine ; 
Saint-Gervais :  Saint-Sepulchre ;  Saint-Jacques  du  Haut-Pas ;  Saint-Julien  aux  M^ne- 
triers;  Saint  Marcel;  les  Quinze-vingts ;  les  Haudryettes ;  la  Mis^ricorde;  lesEnfcr- 
mes;  les  Enfants  rouges;  la  Trinite;  le  Saint-Esprit. 


—  559  — 

Les  hospiUux ;  les  Petites  Maisons ;  les  Commanderies ;  la  Charit^  des  femmes ; 
Notre-Dame  de  la  Pitii ;  la  Charite  des  hoznmes. 

Les  dipendances  de  rH6tel-Dteu ;  Saint-Louis ;  la  maison  de  santi  Saint-Marcel ; 
Sainte-Anne;  Notre-Dame  pour  les  Incurables;  le  prieuri  de  Saint-JuIien-le- 
Pauvre ;  la  Maison  des  convalescentes. 

L'H6teI-Dieu ;  les  bdtiments;  agrandissements ;  les  deux  ponts  de  rH6tel-Dieu;  la 
population  hospitaliire ;  les  lits;  le  personnel.  —  Le  Bureau;  Testat  au  vray  du 
bien  et  depeuse  journaliire.  —  Les  privileges  de  I'Hdtel-Dieu ;  la  boucherie  de 
careme.  —  Le  service  medical;  les  m^dedns;  le  maitre  chirurgien  ;  le  compagnon 
gagnant  maitrise;  les  compagnons  chirurgiens;  les  apprentis;  les  extemes.  — 
L'Office  des  taill^s.  —  La  morulit^ ;  le  cimetiere  de  I'Hdtel-Dieu. 

Pomponne  de  Bellievre  et  le  renfermement  des  pauvres.  —  L'^dit  de  1657;  le 
peuple  de  Paris  et  les  archers  de  THopital.  —  Les  enfermds.  —  La  Salpetriere; 
correction  ;  commun  ;  prison;  grande  Force.  —  L'Hopital  des  Enfans-trouvez ; sa 
reunion  i^THopiul  general.  —  La  population  de  la  Salp^triire  en  1673. 


XIII. CHARLATANS   EMPIRIQUES   ET   OPERATEURS.       4OI 


Les  charlatans  et  op^rateurs  du  Pont-Meuf.  —  Le  thidtre  de  TOrvi^tan ;  Christophe 
Contugi.  —  Le  badaud  des  Coquets  de  Faccoucbee.  —  La  Faculty  et  G)ntugi.  — 
L'Orvi^tan.  —  Melchiss^dec  Barry.  —  Les  fraudes  des  op^rateurs  th^riadeurs.  — 
Carmeline,  I'op^rateur  dentiste  de  la  place  Dauphine.  —  Les  vertus  de  Tonguent 
de  MAN  us  DEI.  —  Les  gu6risseurs  de  grosse  v^role.  —  Le  due  de  Bouillon  et  son 
sachet  contre  la  vermine. 

Les  empiriques;  la  m^decine  empirique.  —  Le  frire  Ange.  —  Les  Capucins  du 
Louvre  et  le  baume  tranquille.  —  Le  chevalier  Talbot  etle  rem^e  Anglois.  —  De 
la  Martiniire ;  VEm^ric  cbarilahle  et  VOperateur  ingmu ;  la  Mitbode  de  conserver  sa 
santi  par  le  rigime  de  vivre.  —  Nicolas  de  Bl^ny ;  la  manufacture  royale  de  ban* 
dages  et  la  maison  de  sant^  de  Pincourt. 

Les  op^rateurs.  —  Les  op^rateurs  de  hargnes  grandes  et  petites ;  Top^ration  royale  ; 
Toperation  du  fil  d*or,  de  plomb,  de  chanvre;  la  cure  radicale  par  emasculation. 
—  Les  lithotomistes ;  le  petit  appareil ;  le  grand  appareil  et  le  haut  appareil.  — 
Le  frere  Jacques  et  la  uille  lat^ralis^e. 


LE  PORTEFEUILLE  DE  VALLANT 


I.  —  Vallant 441 

Valiant  nait  i  Lyon;  sa  &mille.  —  II  part  d  Montpellier;  son  maitre;  ses  notes 
d*etudiant ;  les  quatre  questions  cardinales. 

Vallant  4  Paris  :  Les  debuts  difficiles ;  les  lettres  du  Pere  Rochette ;  la  clientele  de 
Vallant;  sa  consultation  avec  Vallot. 

Vallant  chez  M*^  de  Sabl6.  —  La  marquise  et  sa  conversion;  le  salon  de  Port- 
Royal.    —  Vallant   et  les  amies  de  M"*  de    Sabl^.  —   Sa  belle  clientele;  les 


—  5^^  — 

CarmeJites  dc  li  rue  Saint-Jacques  et  de  Mootmartre ;  TAbbaye  au  fiois ;  les  reli- 

gieuses  Angloises.  —  Valiant  devient  m^ecin  de  M"*  de  Guise. 
Valiant,   premier  m^ecin  de  M""  de  Guise.  —  II    devient  I'oq  des  principaax 

m^ectns  de  Paris.  >— >  Son  etat  de  suj^ion  vis-a-vis  de  M"**  de  Guise.  —  Les 

recettes  culin aires  ct  de  parfumeric.  —  Les  ventres  durs  . 
La  bom^  de  Valiant.  —  Sa  charity.  —  Son  amiti^  pour  M*^  de  Sable.  —  Sa  mort. 


II. LI-    PORTHFHUILLi:    DE    VALLANT 46 1 

Receptes  medicinales 461 

Ordonnances 49 1 

Consultations 494 

Relation  de  maladies  et  d*ouvertures  de  corps S04 

Observations  de  m^edne  et  autres 521- 

Notes  et  m^moires  de  Pharmacie 5  34 

Lettres  et  m^moires  divers S40 


TABLE  DES  PLANCHES 

Portrait  dc  Guy  Palin  par  A.  Masson 2-3 

Lafemme  hydropiqtte  de  Gerard  Dow 76-77 

Uiie  operation  au  dos  de  Adriaen  Brauwer 240-241 

Frontispice  de  Barbette  et  figure  de  Thorn  me  hydropique 288-289 

Le  dentiste  de  Gerard  Dow 408-409 

Planche  extraite  de  VAri  de  guirir  les  hernies  de  N.  de  Blegny  . . .  432-435 


MACON,   PROTAT   PRERES ,   JMPRIMEURS 


MACON,    PROTAT    FRERES,    IMPRIMEURS 


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