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PURCHRSED FROM THE INCOME OF THE
SAMUEL WHEELER WYMAN
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LE
MONDE MfiDICAL PARISIEN
sous LE GRAND ROI .
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MACON, PROTAT FRfeRES, IMPRIMEURS
1
DocTEUR P.'E. LE MAGVET
we:
LE
MONDE MEDICAL
PARISIEN
SOUS LE GRAND ROI „ 0
SUIVI DU
PORTEFEUILLE DE VALLANT
CONSEILLER DU Roi
Me'decitt de Son A, R. Afm* de GuiSK
et de Afwc la Marquise de Sablh
Je dis done que je vais d^crire
Un grand combat i fairc rirc,
Cest un combat dc m^decins,
Dont les tambours sont dcs bassins :
Les scringues y sont bombardes,
Les batons de casse hallebardes,
Les lancettes y sont poignards,
Les feuilles de sin^ petards...
l.e P. Carnfal', La Slimmimachif.
PARIS
A. MALOINE
iniTEUR
23-25, RUE DE L*^.COLE DE MEDECINF, 23-25
1899
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yji^
/rs^/d/
I
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JUN24mi
AVAKT-PROPOS
VANT Maurice Raynaud, on avait beau-
coup mddit de la m^decine au xvii^
siecle. Toutes les plaisanteries de Mo-
li^re avaient 6t6 transform^es par ses
I annotateurs en appreciations histo-
riques. Sur la foi de ces appreciations, on avait fait du
« pedant sanguinaire » un veritable monstre : a igno-
rant, cuistre, charlatan, libertin, voleur, infanticide,
empoisonneur. »
Combien y a-t-il de personnes, encore de nos jours,
qui, parlant du m^decin au xvii^ siecle, n'accolent 4
son nom une de ces ^pith^tes peu flatteuses.
Dans son livre sur les « m^decins au temps de Mo-
li^re », Raynaud a fait justice de ces plaisanteries tra-
ditionnelles ; tout en jugeant, un peu s^verement selon
nous, la Faculty de m^decine de Paris, il a fait de ses
docteurs regents un tableau tout autre, et a montr^
que <c -sous les masques burlesques par lesquels nous
les connaissons, il y avait eu d'honnetes gens, des
hommes d'esprit, des savants distingu^s, des philo-
sophes recommandables et meme de bons mWecins ».
Le Maguht. — Le mottde medical. i
Mais il n a 6tudi6 qu'une periode relativement res-
treinte, la m^decine pendant la vie active de Moli^re,
c'est-d-dire entre les ann^es 1640 et 1673 ; il nous a
d^peint les doctrines mddicales A une dpoque ou la
methode d priori faisait loi.
Cette methode touchait 4 sa fin,et vers les derni^res
anndes du si^cle il y eut une transition brusque dont
le r^sultat fut Tav^nement de la methode exp6rimen-
tale, qui devait preparer les voies 4 nos grandes d6-
couvertes modernes.
Nous ^tudierons ici, 4 la fois, la methode 4 priori
et la methode exp^rimentale, mais notre 6tude ne por-
tera que sur les doctrines en honneur 4 la Faculty de
m^decine de Paris.
Sans nous piquer, d'ailleurs, d'une rigueur mathd-
matique, nous 6tudierons revolution de ces doctrines
pendant le regne de Louis XIV, c'est-4-dire de 1643 4
1714,
A Tav^nement du Grand Roi, la Faculty de Paris
vit de traditions et repousse avec 6nergie toute inno-
vation. Elle proscrit Tantimoine et la m^decine chi-
mique, en haine de Tficole de Montpellier; elle com-
bat les theories d'Harvey, dont le triomphe devait for-
c^ment amener la ruine du Gal6nisme, dont elle 6tait
en quelque sorte la m^re. Elle est, en un mot, r^frac-
taire 4 toute id(ie de progr^s, et, selon Texpression si
juste de Raynaud, « c'est un fragment de la Soci6t6
du xvi^ si^cle oublid dans le xvii® ».
Malheur a ceux qui veulent resister 4 ses arrets : ^ellc
chasse de son sein les docteurs regents qui osent
approuver les id6es nouvelles et qui r6voquent en
doute les grands principes de son enseignement.
Elle tyrannise aussi toutes les professions qui sont
ntes d'elles. Elle les tient, Chirurgiens, Matrones, Apo-
thicaires dans un complet 6tat de suj6tion. lis essaient,
mais en vain, de conqu^rir une autonomie que la
Faculty leur refuse et qu'elle voudrait pouvoir leur
refuser toujours.
En revanche, si la Faculty ne vit que de traditions,
ces traditions elle sait les d^fendre contre les attaques
du Clerg6 et des Empiriqucs. Elle nie au Clerg^ Ic
droit, qu'il a r^clam^ de tout temps, d'exercer libre-
ment la m^decine; elle menace de ses foudres les
Charlatans, les Empiriques et les enverrait « au diable
ou aux galores », si elle en avait le pouvoir.
Telle 6tait la Faculty de m^decine de Paris au mo-
ment de I'av^nement de Louis XIV; elle est fidele
observatrice de la a bonne et saine doctrine d'Hippo-
crate », et ne proc^de que d'apres la m^thode dialec-
tique.
Subitement, dans ce bloc compact qui semble in-
destructible, apparatt une fissure, bien petite d'abord
mais qui s'^largit rapidement. La Faculte est toute d
ses querelles avec les Chirurgiens et les Apothicaircs,
et ne voit pas se former dans son sein le parti des
innovateurs dont les id6es sont celles des docteurs
qu'elle avait chassis comme convaincus d'indignit6.
Ce parti devient si puissant qu'il a bientdt main
mise sur la Faculte qui, des lors, va entrer nettement
dans la voie du progrte et s'efForcer de regagner le
temps perdu en de vaines querelles.
Toute id6e de reaction centre les theories et la th6-
rapeutique nouvelles disparalt. Uantimoine triomphe
et avec lui cette mddecine chimique, efFroi de Guy
Patin, qui oubliait qu'elle avait iti enseign^e i Paris
pendant tout le moyen dge.
Les nouvelles theories physiologistes sont dis lors
admises et, au grand scandale des vieux docteurs re-
gents, on ose discuter « ex cathedra i», sur les d^cou-
vertes d'Harvey et de Pecquet.
Cestalors que Moliere entre en sc^ne, apportant aux
r^formateurs, en passe de devenir victorieux, I'appoint
de son gonial talent, et battant en briche les ridicules
de la vieille mcidecine, et les « anciens » de la Fa-
culty.
Sur le r6le de Moliere, nous serons bref et pour
cause. Maurice Raynaud la si bien d^crit que nous
nous exposerions i des redites sans fin. Nous nous
attacherons plutdt a montrer le r6le analogue, bien
que moins important, jou6 par d'autres ennemis des
ridicules m^dicaux de T^poque, Cyrano de Bergerac,
Boileau, Madame de Sevigne.
Toutes ces attaques amen^rent les m6decins d chan-
ger non seulement de doctrines, mais encore d faire
peau neuve. Plus de hauts chapeaux pointus en forme
d'iteignoir, de longues robes, d'amples perruques;
plus de longue barbe, « cette barbe qui fait plus de la
moiti^ d'un mddecin ». Le midecin de la nouvelle ficole
revSt le costume du bourgeois ais6 ; son habit est de
drap ou de velours, orn6 de dentelles; il ne marche
que tenant en main une canne A pomme d'or ou a bee
de corbin; il remplace mSme la mule traditionnelle
« qui n'^toit pas fantasque » par un cheval fringant
dont il deplore plus d'une fois les hearts intempestifs.
Vers la fin du si^cle, apr^s avoir essay^ de reman ier
de fond en comble le Gal6nisme, pour permettre d'ex-
pliquer les nouvelles doctrines, on commen^a d s'aper-
cevoirque tout Tattirail scolastique ne pourrait jamais
donner Texplication rationnelle d'aucun ph^nom^ne.
Cest alors qu'apparalt en pathologic la m^thodc
exp6rimentale. EUe avait permis a Har\'ey de d^couvrir
la circulation du sang; grdce d elle, Sydenham ct Syl-
vius de la Boe avaient fait faire des progres conside-
rables aux sciences medicales.
A la mort de Louis XIV, elle sera dans les mains des
medecins du xviii^ si^cle un instrument mcrveilleux, et
la methode dialectique tombera compl6tement dans
Toubli. Le monde medical a done abandonne toutes ses
traditions surann^es, il vit avec son 6poque et met
autant d'ardeur 4 propager les id6es nouvelles qu'il
avait mis d'dprete d les repousser.
Toute reaction trop brusque d^passe le but qu elle
s'^tait propose. Si les anciennes doctrines etaient des
plus compliqu^es, la th^rapeutique ancienne ne sc
composait que des « pauca sed selecta et probata reme-
dia » dont nous parle Guy Patin. Aux theories nou-
velles, plus simples et plus rationnelles, s'adjoint une
th^rapeutique bizarre aussi dangereuse que compli-
qu6e ; les preparations alexipharmaques remplacent la
« casse, Ic s6n6 et sirop de roses pdles » ; mais la saignde
n'en reste pas moins en honneur, au grand detriment
des malades. Les m^decins chimistes, s'ils acceptent la
m^thode exp6rimentale, restent toujours partisans de
la a cuisine arabe » de Tficole de Montpellier.
Fort heureusement, ces excis furent de courte duree,
et lorsque le Grand Roi mourut, la th^rapeutique
s'^tait en grande partie d^pouillee de la « forfanterie
arabesque et b^zoardesquc » que Guy Patin abhorrait
tant.
En r^sumd, nous pouvons diviser Thistoire de la
mWecine, sous Louis XIV, en trois p6riodes : la pre-
miere nous montre la Faculty gardienne de traditions
suranndes; dans la seconde, nous voyons la reaction
brutale qui amene la ruine du Gal^nisme et Tav^ne-
ment de la m^thode experimental; enfin, dans latroi-
si^me p^riode, nous voyons cctte methode s'affiner, se
d^gager peu A peu de tous les prejugcisqui Tenserrent,
et se transformer en cette methode d ou sortira notre
medecine moderne.
Apr^s avoir ^tudie la Faculty de medecine et ses
doctrines, nous essaierons de faire une courte esquisse
de la pathologie telle qu'on Tentendait d cette epoque.
Si les id6es pathog^niques pr^tent i rire, si rexamen
physique du malade est nul, les sympt6mes extdrieurs
etaient 6tudi6s et classes avcc grand soin : sous le ta-
bleau clinique de la a phrenesie », nous reconnaltrons
la m^ningite tuberculeuse, et la « squinance » ne sera
autre que I'angine phlegmoneuse.
Nous ^tudierons ensuite le monde medical parisien,
avec ses qualitds et ses dtfauts; les M6decins dc la
Cour et leur royal client, les Mddecins de la Ville et enfin
les M6decins « a cdte » qui se firent un nom dans la
litt^rature du xvii^ siecle.
Le m^decin d cette 6poque n'eut pu se passer du
Chirurgien et de TApothicaire. Nous en parlerons
done et nous montrerons combien les premiers ^taient
gens instruits et praticiens habiles. Se basant sur des
connaissances anatomiques exactes, jointes 4 une
grande habilet^ de main, due d une longue pratique,
le Chirurgien fit faire des progr^s considerables d son
art et devan^a de loin le m^decin dans la voie du pro-
gr^s.
Uobstetrique n'est qu'une branche de la chirurgic
et comme elle fait de grands progres. Nous esquissc-
rons en mSme temps Fhistoire des matronesou sages-
femmes, d'apr^s des documents inedits.
Enfin nous parlerons de « I'Assistance aux pauvres
et aux malades ». La charit6 publique supplee alors d
Tinsuffisance des hdpitaux, et lorsqu'on etudie de pres
cette question, on est dtonnd de voir une organisation
si parfaite, malgr6 les faibles ressources qui ^taient
a la disposition des « bienfaiteurs des pauvres ct des
malades ». II n'y avait point d cette ^poque la centra-
lisation des sendees hospitaliers et des hospices en une
— 8 —
seule main; au lieu d'une administration centrale de
TAssistance publique, il y en avait plusieurs : mais
toutes contribuaient dans la mesure du possible A sou-
lager les infortunes de toute sorte.
fitudier le monde medical parisien sans parler des
Op^rateurs, des Empiriques et des Charlatans, nous
ne le pouvions pas. En efFet, si le Charlatanisme est
extra medical, les Empiriques et surtout les Op6rateurs,
ces charlatans de haut vol, touchent par plus d'un
point A la mWecine : ce fut un empirique qui mit en
relief les vertus febrifuges du quinquina; ce fut un
lithotomiste qui mit en honneur la taille Iat6ralis6e
alors que toute operation sur la vessie 6tait depuis
longtemps Tapanage de ses confreres. Cela n'est-il pas
suffisant pour justifier un chapitre traitant des Char-
latans, des Op^rateurs et des Empiriques ?
Nous avons trouv6 le portefeuille d'un m^decin
parisien sous le Grand Roi. C'est le portefeuille de
Valiant qui fut le medecin de la marquise de Sabl6 et
de M"**^ de Guise. Valiant, eleve de Montpellier, etait
venu s'installer A Paris, et, la clientele ne Tenrichissant
gu6re, entra chez M™*^ de Sabl6 pour lui servir A la
fois de medecin, d'intendant et de secretaire.
Homme instruit aimant la belle litt^rature et sur-
tout fort curieux, M™* de Sable lui abandonnait ou il
s'appropriait lui-mfime les lettres les plus intimes
qu'elle recevait. « Cela, dit Victor Cousin, aux d^pens
de I'amitie mais au grand profit de Thistoire ; car, apris
la mort de la Marquise, Valiant rassembla ces papiers.
les mit en ordre et les d^posa d TAbbaye de Saint-
Germain-des-Pr6s. » Sous la Revolution, ces manuscrits
furent d6pos6s 4 la Biblioth^que du Roi, la future Bi-
blioth^que nationale, oh ils se trouvent actuellement.
lis font partie du fonds intitule Risidu Saint- Germain,
et forment quatorze portefeuilles in-folio.
Victor Cousin a tir6 de ces portefeuilles une s6rie
de lettres des plus int^ressantes qui sont en quelque
sorte les archives de la Soci6te de M™*^ de Sabl6; elles
lui ont permis de faire son ^tude si charmante sur
Tamie de La Rochefoucauld et de Port-Royal.
Mais, 4 c6t6 de ces documents d'un interet pure-
ment litt^raire, prennent place de nombreuses « notes
et observations de m^decine » dont Victor Cousin a
parle, mais sans y attacher beaucoup d'importance.
Ces documents m^dicaux ont attir^ notre attention.
Avant nous, il est vrai, le D"^ Legue a vu le Forte-
feuille Valiant, il en a mfime extrait une « relation de
Tautopsie de Madame par Alexandre Boscher, chirur-
gien du roi d'Angleterre ». A cela s'est bornee son in-
cursion dans le portefeuille Valiant, et dans son livre
sur les « M6decins et empoisonneurs au xvii^ si^cle »
il n'a fait que reprendre les id^es de Victor Cousin
sur le m^decin de M°^^ de Sabl6.
Nous nous eflforcerons ici de faire revivre la sil-
houette si curieuse de Valiant et nous publierons en-
fin les pages les plus curieuses de son Portefeuille.
Nous avons voulu dans le Monde midical pari-
sien sous le Grand Roi proceder par monographies.
— 10 —
Aussi nous avons nettement s6par6 les M^decins, les
Chirurgiens, les Apothicaires..., alors qu'i cette 6poque
il y avait en r6alit6 fusion entre ces difftrentes profes-
sions ; la Faculty avait, comme nous Tavons dit plus
haut, main-mise sur les professions n6es de la m6de-
cine, et Thistoire des m^decins est bien souvent celle
des Chirurgiens et des Apothicaires. Nous nous
sommes vu obliges de distraire de Thistoire de la
Faculty tout ce qui pouvait prendre place dans les mo-
nographies suivantes.
On nous reprochera, et peut-etre avec raison, de
n'avoir pas fait un tableau g6n6ral du Monde medi-
cal parisien. Mais, fiddle adepte en histoire du pro-
c6d6 des monographies, nous n'avons pas cru devoir
agir ainsi.Nous avons piifivi proc^der par ordre divis6,
laissant au lecteur, partisan de la critique historique,
le soin de tirer de ce travail les conclusions qu'il lui
conviendra.
En r6sum6, ce travail est Ic resultat de nos etudes
de longue date sur Thistoire de la m^decine au
xvii^ si^cle. Nous avons de tout temps ddplor^ I'igno-
rance ou Ton se trouve aujourd'hui de tout ce qui
touche i rhistoire de la m^decine en g^n^ral, et nous
nous sommes attache ici 4 d^crire une p^riode histo-
rique assez restreinte, puisqu'elle n'embrasse que
70 ans, et la seule Faculte de Paris.
Nous aurons attemt le but que nous nous sommes
propose, si le lecteur, aprfes nous avoir lu, s'aper^oit
que la vieille medecine de nos ancfitres avait du bon,
— II —
et que Tancien docteur regent, malgr^ ses ridicules et
ses d^fauts, avait de sa fonction presque sacerdotale
une haute id6e, chose qui, malheureusement, n'existe
plus beaucoup 4 noire 6poque.
Nous tenons avant tout d remercier les personnes
qui nous vinrent en aide et nous guid^rent de leurs
conseils pendant les recherches que nous avons faites
sur la m^decine au xvn^ si^cle.
M. Corlieu, le biblioth^caire honoraire et T^minent
historien de la Faculty de m^decine de Paris, nous a
prodigu^ ses conseils, mettant 4 notre disposition sa
longue experience et les documents pr^cieux qu'il a
recueillis au cours de ses Etudes historiques. Qji'il
nous permette de le remercier de son obligeance et
de son amabilit^.
M. Auvray, biblioth^caire de la Biblioth^que natio-
nale, nous a donn6 de nombreux renseignements sur
Valiant ; il nous a 6t6 d maintes reprises d'un secours
pr6cieux, nous aidant 4 ddchiffrer legrimoiredu m^de-
cin de M™« de Sabl6 ; nous lui en sommes fort recon-
naissant.
Nous nous sommes beaucoup sen'i des ouvrages de
M. Alfred Franklin, le savant biblioth^caire de la Maza-
rine ; il a si bien diipeint, dans La Vie privie (T autre-
foiSy les arts et metiers, les mceurs et les usages des
Parisiens, que nous nous sommes vu souvcnt dans
Tobligation de le copier textuellement. Nous fai-
sons la m^me remarque sur Lancienne Faculti de
M. Corlieu, 6tude si approfondie et si complete que
— 12 —
1 on ne peut parler de la Faculte sous le grand Roi
sans y avoir 4 chaque instant recours. Nous les prions
de nous pardonner les emprunts quelquefois un peu
longs que nous avons faits a leurs oeuvres dont nous
sommes les admirateurs fervents.
MM. Rainal, auteurs du Bandage herniaire, nous ont
pr6t6 la planche de Nicolas de Bl6gny que nous repro-
duisons id ; nous devons en outre 4 leur obligeance
bien connue les majuscules orn^es de nos divers cha-
pitres, majuscules qui sont tiroes du Traitd des des-
centes de Franco et du Livre commode pour 1692 de
N. de Bl6gny. Nous les prions d'accepter tous nos
remerciements.
Nous tenons a remercier tout particuli^rement
M. Gonnon, pharmacien d Lyon, le sympathique 6di-
teur de I'Agenda Gonnon, qui a mis gracieusement a
notre disposition les cliches de la Femme bydroptqtUy
du Dentiste de Gerard Dow, de VOperation au das de
Brauwer, et de Guy Patin, d'Antoine Masson.
Enfin, nous remercions nos imprimeurs, MM. Pro-
tat, de Mdcon, pour Timpression si soignee des figures
et du texte de ce travail.
LE MONDE MfiDICAL
PARISIEN
SOUS LE GRAND ROI
I
LA FACULTY DE MfiDEQNE
Lcs origtocfl. — La Faculty k Tavcneinent de Louis XIV. — Les £coles de m^de-
cine. — Les £tades midicales ; I'easeignement. — Le baccalaar^t ; examen de
botaniqae ; th^ qaodlib^uire ; thise cardinale. — La licence ; Hcentiande ;
paranympbe ; premier lieu. — La Vesperie ; le doctorat ; I'acte pastillaire. — Les
jennes et les anciens ; Tancien ; le doyen. — Les commentaires ; le codex accepti
et expensi. — Les principauz doyens. — Le corpus facultatis. — La turbulence
des dcoliers. — Les Statuts. — Les frais de scolariti. — La Faculty et la santi
publique. — Le Coll^ royal et le jardin du Rot. — La Faculty en guerre avec
les docteurs de Montpellier; Thtophraste Renaudot et les consultations chari-
tables ; la Chaxnbre royile ; victoire de la Faculty.
fes le xi*= si^cle, les 6v6ques et le chapitre
de Paris avaient fondi un veritable corps
enseignant qui, d^sign^ d'abord sous le
nom de Studium Parisiense, s'appela bien-
tdt Universitas Parisiensis; on y ensei-
gnait Tuniversalit^ des sciences connues, et, parmi ces
sciences, la m^decine.
Les cours sur la midecine se donnaient, nous dit
Riolan, « en une maison oil il y avoit eu des estuves
entre THostelDieu et la maison de T^vfique ». C^taient
— 14 —
les vieilles 6coles du Cloltre Notre-Dame oil avaient
enseignd avec tant d'^clat Ansdme, Guillaume de
Champeaux, Ab^lard.
A cette 6poque, les professeurs discourant sur la
Physique ou m^decine etaient le plus souvent des
pr^tres, et cela ne doit pas nous 6tonner car, outre la
thtologie, le clerg6 seul avait le droit d'enseigner la
mddecine et le droit civil. Les ^tudiants etaient des
clercs ou des laiques; ces derniers, sous peine de renvoi,
Etaient tenus de rester celibataires. De nombreux con-
ciles d^fendirent au clerg^ d'enseigner et d'exercer la
mddecine '. On vit alors apparaitre un corps ensei-
gnant laique, mais maitres comme 6tudiants, tous
restaient astreints au celibat.
Lorsque les ^tudiants, accourus en foule d Paris,
d^sert^rent les vieilles 6coles du cloltre Notre-Dame,
pour se fixer sur la montagne Sainte-Genevi^ve, les
^tudiants en m^decine se dispers^rent un peu partout;
les uns se rdunissaient autour du b^nitier de Notre-
Dame, a supra cuppam », les autres i T^glise de Sainte-
Genevi^ve des Ardents, d'aucuns dans la salle du cha-
pitre ducouventdesMathurins. De plus, certains maitres
enseignaient chez eux, et, moyennant une faible retri-
bution, donnaient le vivre et le convert aux etudiants.
A la fin du xi« siecle se fit un partage m^thodique
de rUniversit^ en trois Faculiis. La m^decine fit partie
de la FaniJU des Arts ; celle-ci s'installa tout d'abord rue
I. Franklin, Lts midedns. Concile de Montpellier, 1162; de Tours,
1163; de Paris, 121 2.
— 15 —
des Escboles, puis, en 1300, rue du Feurre ou du Fotiarre \
II y avait eu d6j4 quelques vell^it^s de scission de la
part des m^decins; en 1481, ils se riunissent en corpo-
ration et nomment un doyen, Jean de Cherolles. lis
6tabiissent des statuts, ont un sceau particulier, une
masse d'argent et tiennent des registres * intitules
Commentaires de la Facultas in Pbysica. Un grand cofFre
pourvu de quatre serrures contenait le sceau, la masse
et les registres de la corporation; on le d^posait chez
le doyen et lorsqu'on allait a prendre le grand sceau
qui est dans le cofFre », il fallait au moins quatre maltres,
les possesseurs des quatre clefs K Ce sceau reprisentait
une femme assise et tenant un livre de la main droite,
et des plantes m^dicinales de la main gauche; quatre
personnages, probablement des pbilidtres ou 6tudiants,
revfitus d'un costume d'aspect monacal, semblaient
r^couter avec attention.
En 1^6% Isi Facultas in pbysica voulnt slyoit un local
a elle; elle fit Tacquisition de la place des ischoles de
midecine qui sont en la rue des Rats *,i Tangle de cette rue
et de la ru>e de la Bikberie, Pendant pr^s de cent ans, elle
dut se contenter d'une installation des plus sommaires
1 . Litt^ralement rue de la paiUe ; la rue ^tait jonch^e de paille qui ser-
vait de sidge aux ^tudiants, lescours se faisant le plus souvent en plein air.
En 1358, rUniversit^ fit ^tablir des portes aux deux extr^mit^ de la rue ;
elles ^taient ferm^s le soir pour emp^cher les ^coliers de venir y d^poser
leurs ordures et de s'y amuser avec des filles de joie (Corlieu, Uancienne
facullf).
2. Nous ne poss^dons pas ces registres; le premier des registres que pos-
sede la Faculty est de 1395.
3. Chomel.
4. Devenue la rue de rh6tel Colbert.
-^ i6 —
dans un local trop petit pour le nombre des philidtres
qui augmentait sans cesse. La Faculty etait alors tr^s
pauvre, et, en 1395, ^^^^ ^^ poss&lait, selon son doyen
Pierre Desvall^es, qu'un grand cofFre, scrinium magnum,
six clefs et encore unde sint nescio, ajoute-t-il, et une
quinzaine de volumes formant toute la biblioth^que;
car les droits d'^tude et de dipldme qu*elle touchait
n'6taient pas fixes et d^pendaient surtout de la situation
de fortune de T^tudiant. Ceux-ci 6taient rarement
riches, la plupart d'entre euxgagnaientleurmat6rielleet
quelques-uns mfime mendiaient. Les maltres, eux aussi,
6taient pour la plupart pauvres ; ils 6taient mfime si in-
difRrents sur le rapport du costume que la Faculty, dans
ses statuts de 1350, dut les obliger i enseigner in cappa
rotunda^ honesta, propria, non commvdata, de panno bonno,
de brunetta violacca.
Malgr6 sa pauvret6, la Faculty de m^decine 6tait d^jA
une institution fortement constitute, et quand le car-
dinal d'Estouteville fut charge, en 1452, par le pape
Nicolas V, de r^organiser I'Universit^ de Paris, il ne
trouva i r^glementer que quelques points secondaires.
Sa principale r^forme fut la suppression du c61ibat,
qu'il d^clara chose impie et d^raisonnable.
Enfin, le jeudi 16 novembre 1454, Jacques Despars,
chanoine de Paris, docteur regent et medecin de
Charles VII, convoqua la Faculty « autour de Tun
des grands benoistiers » de Notre-Dame, et il lui
ofFrit, nous dit le Synopsis rerum memorabilium, « joo
scuta aurei, magnam partem suorum meliorum librorum.
— 17 —
et plura usiensilia ». On put alors acheter aux Char-
treux pour le prix de dix li\Tes tournois de rente
annuelle « une vieille maison sise en la rue de la
Biicherie » joignant I'autre maison acquise par ladite
Faculty longtemps auparavant \ On jeta i bas cette
vieille maison et on construisit de 1472 4 1481 (le
manque d'argent suspendant sans cesse les travaux)
de nouvelles constructions. Enfin, en 1481, sous le
d^canat de Mathieu Dolet, la Faculty put ouvrir ses
portes. Peu d peu, les locaux devenant trop exigus, elle
acheta les maisons voisines, construisit une chapelle
dans laquelle tous les samedis une messe basse ^tait
dite, messe 4 laquelle devaient assister tous les membres
de la corporation. Cette chapelle mena^ant ruine fut
bientdt d^molie et on la transftra dans un local occupy
ant^rieurement par la biblioth^que.
En 1 568, on acheta « pecunia doctoratus » une maison
de la rue des Rats « 4 droite en sortant des Ecoles » sur
I'emplacement de laquelle on cr6a un jardin botanique.
On construisit ensuite un premier amphithddtre d'ana-
tomie en bois ; puis, celui-ci menajant ruine, on en
bdtit un autre plus solide (1620), mais ouvert comme
le premier 4 la pluie, et 4 tous les vents. Ce fut
Tamphith^dtre oil professa Riolan, qui I'illustra telle-
ment par son enseignement que I'amphith^dtre re?ut
le nom de Tbidtre anatomique de Riolan,
En 1645, s^^s le d6canat de Michel de la Vigne,
t. DuhrtuW, Thidtre des aniiqni Us de Paris,
Le Maguet. — Le tnonde medicaj. 2
— i8 —
Michel le Masle, abbe des Roches, protonotaire aposto-
lique, chanoine de Paris, intendant et secretaire du
cardinal de Richelieu, I6gua 4 la Faculty, par une
donation entre vifs, trente mille livres tournois pour
r^parer les bStiments qui 6taicnt dans un d^labrement
complet '. Mais cette donation fut attaqu^e et, en 1650,
au moment ou Guy Patin, doyen dlu, entre en fonction,
la Faculty n'avait pas pu encore se faire d^livrer les
trente mille livres dont elle avait tant besoin. Ce ne
fut qu'en 1669, sous le d^canat de Jean Garbe, que les
fccoles purent toucher la donation r^duite 4 vingt
mille francs, qui, nous apprend le Synopsis rerum memo-
rabilium, fut plac6e en rente sur les B6n6dictins de
Saint-Denis.
On fit les reparations necessaires, et pour perp6tuer
le souvenir de la donation de Michel le Masle, on
pla?a dans la cour des ficoles de M6decine, vis-4-vis
de la porte d'entr^e, une plaque de marbre qui existe
encore et sur laquelle ^tait inscrit :
I . Malgr^ cette donation ^norme pour T^poque. malgr^ les sentiments
de reconnaissance qui les attachaient k Michel le Masle, les docteurs regents
de la Faculty gard^rent tou jours vis-^-vis de lui une ind^pendance absolue.
£n 1648, Jean Armand de Mauvillain, le futur « m^dccin deMoIi^re », fut,
4 la licence, plac^ le dernier des six concurrents malgr^ toutes les pri^res
de Michel le Masle qui ^tait intime ami du p^re de T^tudiant, Jean de
Mauvillain, chirurgien de Richelieu. Michel le Masle ^rivit k ce sujet une
lettre au doyen Jacques Perreau, dont la copie se trouve dans les Commen-
taires (Xni fol. CCLXXXV) ... J'ay creu que vous ne trouveriez pas
mauvais que jc m'adressasse ^ vous... pour vous prier, comme je le faicts
tr^s humblement, de t^moigner a Messieurs de vostre Faculty que je pren-
dray tres grande part ^ la grace qu*ils feront en cette occasion audit sieur
de Mauvillain qui peut, d^ailleurs, ii ce qu'on m*a tdmoign^, assurer par son
merite, au lieu qu'il espere de leur courtoisie... Ce qui m*obligera de
rechercher les occasions de vous tesmoigner que je suis vraiment. Mon-
sieur, vostre tres humble et trte affectionn^ serviteur.
— 19 —
AERE. D, D. MICHAELIS LE MASLE REGI A.
SANCTIORIPUS CX)NSIUIS PROTONOTARU. APOS-
-TOLICI PRiECENTORIS ET CANONICI ECCLESIiE
PARISIEN5IS PRIORIS AC DOMINI DES ROCHES ETC.
M^ ANTONIO LEMOINE, PARISINO DECANO,
ANNO R. S. H. MDCLXXVIII.
Reportons-nous par la pens6e au temps oil Guy
Patin rtgentait la Facultd et suivons la foule des phi-
li^tres entrant aux ficoles de M^decine : ils passent
sous une porte coch^re, a lourds vantaux, sur le fron-
ton de laquelle se trouve grav^e Tinscription de « Scbola
medicorum », et traversent une cour peu spacieuse et
fort mal pav6e. On y remarque « deux hautes pierres
taill6es en gradins pour faciliter aux docteurs de mon-
ter leurs mules et d'en descendre ' »; i gauche de la
porte d'entr^e se trouvent la Chapelle \ et un loge-
ment, veritable 6choppe, occup6 par le bedeau ou
massier; idroite s'6levait le « Th^dtre anatomique de
Riolan, le deuxi^me du nom ».
Ils traversent la cour sans s'arr^ter, se d^couvrant
respectueusement devant les docteurs regents qui
devisent de choses et d'autres, gravissent les quelques
marches qui m^nent au rez-de-chaussee, qu'ils
appellent les icoles Inferieures. lis p^n^trent dans une
salle fort spacieuse, le vestibule qui sert de vestiaire aux
1. Hazan, Slq^e hisloriqtu de la FacuUe,
2. Ce sera sur remplacement de cette chapelle, d^molie en 1695, que
s'^l^vera plus tard TAmphith^iltre de Winslow, qui existe encore aujour-
d'hui.
— 20 —
docteurs regents; chacun deux y poss^de une petite
armoire pour y placer la robe de soie violette, T^pi-
toge rouge, le rabat et le bonnet carr6, marques dis-
tinctives de sa dignity.
Au fond de ce vestibule se trouve la Salle des Actes
qui sert aussi pour les lemons des bacheiiers et des pro-
fesseurs. Elle est tres spacieuse et 6clair^e par cinq
fenfitres orn^es de vitraux sur lesquels sont peints J6sus,
la Vierge et saint Luc, entoures de philidtres prostern^s.
Le mobilier est un peu rudimentaire, car la Faculty
n'est gu^re plus riche qu'au siecle pr6c6dent; les boise-
ries de la salle ont fort besoin d'etre remplac6es ' ; aux
murs sont accroch^s les portraits des anciens doyens
a decus Facultatis », Simon Pi^tre, Nicolas EUain, Jean
Riolan, Michel Marescot, Pierre Pijart, Jean Akakia. II y
a trois chaires, une haute, pour le professeur, et deux
autres plus basses pour les bacheiiers qui Tassistent,
un si^ge pour le doyen et des bancs pour les docteurs
regents ou les philidtres. Les docteurs regents les
occupent les jours d'actes, de soutenance de theses, de
reunions solennelles de la Compagnie...; les philidtres
restent alors debout, au fond de la salle, auditoire sou-
vent peu attentif et parfois mfime tumultueux.
A gauche dans le vestibule se trouve Vantisalle qui
permet aux docteurs de se rendre d la chapelle ofi ils
doivent chaque samedi entendre la messe; une porte
donne sur le jardin botanique ou se cultivent les
I. EUes ne le seront qu*en 1692, sous le D^canat de Henri Mathieu qui
fcra reboiser la salle d ses frais.
— 21 —
plantes midicinales usuelles, que les itudiants doivent
connaltre. Dans cette antisalle, tous les samedis apr^s
la messe, six docteurs regents donnent gratuitement
leurs soins aux malades pauvres, montrant la pratique
de leur art aux neophytes qui seront bientdt des leurs.
Dans le vestibule, d droite, se trouve enfin I'escalier,
aux marches us6es, conduisant aux icoles sup^ieures,
Ces ficoles sup6rieures comprennent la salle oil se
tient r a Assembl6e des maltres », une salle de cours
et la Biblioth^que. II y a dans la Salle de FAssemblie
trois chaires, comme dans la salle des actes, qui sont
occupies par le doyen, Tancien et le censeur, les trois
autorit^s de la Faculty ; les docteurs s'asseyent sur dix
bancs de ch^ne, cinq de chaque c6t6, et places perpen-
diculairement aux chaires. Sur les cinq premiers (banc
des anciens) prennent place les Anciens, qui ont refu
leur bonnet doctoral depuis plus dedixans; les regents
frais 6moulus occupent les bancs leur faisant face (banc
des jeunes). Tout ce qui int6resse la gestion des der-
niers et la police int^rieure de la Faculty, les elections
de ses dignitaires, se fait dans cette salle.
I*a BMiothique est aussi pauvre que la Faculty elle-
mfime. II y a bien un catalogue, mais la plupart des
ouvrages qui y sont port6s ont disparu, nialgr6 les
chaines de fer qui attachent les livres aux tables; les
etudiants et les regents eux-memes empruntent les
livres et oublient le plus sou vent de les restituer;
la Faculty, avare de scs denicrs, ne se soucie pas de
repeupler les rayons dc la bibliothcque et celle-ci sera
— 22 —
bient6t d6saffectde(i69S); on y installera la Chapelle
et la Salle de Cours recevra les quelques livres laiss^s
par les 6tudiants.
Telles sont les ficoles de m6decine; nous y avons
suivi le philidtre, venant apprendre de ses maltres la
a bonne et saine doctrine d'Hippocrate ». Ce philidtre,
nous le verrons, dans les pages qui suivent, conqu6rir
un 4 un tons ses grades, et arriver quelquefois aux bon-
nenrs supritnes de la Faculti, le dicanat.
Pour fitre inscrit sur les registres de la Faculty, il fal-
lait poss^der le dipldme de Maltre-is-Arts; Tobtention
de ce dipldme n^cessitait un stage de deux ans 4 la
Faculty des arts qui representait d cette 6poque notre
enseignement secondaire actuel. Le dipl6me qu'elle
conftrait pent ^tre compart d celui de bachelier 6s-
lettres. Pour Tobtenir, T^tudiant devait, pendant deux
ans, suivre des cours ou Ton traitait de logique,
d'^thique, de physique, de m6taphysique, de la doctrine
d'Aristote. Une fois maltre 6s-arts, T^colier portait dans
les c6r6monies solennelles la longue robe d grandes
manches, T^pitoge et le bonnet carr^.
Pour ^tre admis aux ^coles de la rue de la BAcherie,
il fallait en outre fitre catholique, faire connaltre ses
nom, pr6noms, surnoms, dge (vingt-deux ans au mini-
mum), son lieu de naissance, sa nationality; T^colier
devenait alors le Philidtre, il prenait ensuite sa premiere
inscription trimestriclle et assistait aux lectures des
bacheliers et des docteurs regents.
Ces lectures comprennent Texplication des Apbo-
— 2j —
rismes (THippocrate, T^tude des cboses natureUes (anato-
mic et physiologic), dcs cboses non natureUes (hygiene
ct rtgime) et dcs cboses contre nature (pathologic et th6-
rapcutique). Ces Icfons, en langue latine, avaient lieu
dans Ics salles basses, Ic matin et Ic soir, et duraient
unc heurc au moins; ellcs 6taient faites tous Ics jours,
sauf Ic dimanche, Ic jcudi, Ics jours ftries.
Uouverturc des cours dc la Faculte ^tait cel^bree
officiellcment Ic i8 octobre, jour de la Saint-Luc, patron
dcs m^decins. M. Corlicu, dans son ouvrage VAncienne
Faculti de Paris, a d^peint magistralement cettc c6r6-
monie :
Rendons-nous i la chapelle des £coles et assistons par la
pens^e ^ la messe solennelle c6l£br6e a neuf heures du matin
par le curi de Saint-£tienne-du-Mont, que les bacheliers invi-
taient officiellcment le samedi qui precedait la Saint-Luc.
Voici les bedeaux avcc leurs masses d'argent qui ouvrent
la marche. Apres eux s'avance majestueusement le doyen, en
grand costume, avec la soutane violette, la robe rouge fourrie
d'hermine et le bonnet carr6. A ses c6t6s sont les docteurs-
regents charges de Tenseignement; puis viennent en ordre
tous les docteurs-rigents, les anciens d'abord, les nouveaux
cnsuite, au nombre de cent ^ cent cinquante. Les licentiandes,
les bacheliers en m^decine et les ^tudiants ou philiatres^ tous
en robe, se rendent a leur place et la messe commence.
Cette messe 6tait cdibrie avec beaucoup d'apparat ; elleitait
souvent chant6een musique et des donations avaientet^ faites-
dans cette intention. Elle dtait suivied'un sermon de circon-
stance, apri^s lequel le doyen s'avan^ait i Tautel pour offrir
un petit present au pr^tre officiant. La messe terminie, le
premier bedeau pronon^ait les paroles d'usage : « A TAssem-
blde, Messieurs nos maitres », et les docteurs-r^gents se ren-
daient dans les salles superieurcs pour traiter des affaires dc
la Faculti.
— 24 —
Uann6e scolaire commenfait le 19 octobre et, d6s ce
jour, r^tudiant devait assister 4 tous les actes de
la Faculty, le?ons, soutenances et argumentations
des theses.... II prenait quatre inscriptions par an,
cotltant six iivres chacune, et, ce faisant, d^signait
deux ou trois professeurs dont il 6tait tenu de suivre
les cours exactement; i ces cours, il devait prendre des
notes et les soumettre de temps en temps au profes-
seur.
L6s cours du matin 6taient faits par les bacbeliers
imirites appel^s a legentes de mane » et avaient lieu i
cinq heures du matin en ^t6, 4 six heures en hiver. Le
bachelier montait dans une des petites chaires; les
bancs dtant r6serv6s aux ^tudiants et la grande chaire
au docteur-r^gent lorsqu'il daignait honorer la lefon
de sa presence. Cette lefon consistait en une r6p6tition
de Tenseignement du professeur en titre et une com-
mentation d'Hippocrate, de Galien, des auteurs arabes
et des orthodoxes fran^ais.
Le veritable enseignement appartenait aux professeurs
qui, le matin de huit 4 onze heures, et le soir de deux 4
quatre heures, faisaient des cours ou tous les philidtres
^taient tenus d'assister. En 165 1, il y avait 4 la Facultd
quatre docteurs-r^gents charges de cours; le premier
enseignait les cboses naturelles et non naturellesj le second
les choses contre nature; le troisi^me etait charge 4 la
fois de V enseignement anatomique et du cours de cH-
rurgie en latin, cours ouvert aux seuls etudiants en
m^decine; le quatri^me enfin enseignait la botanique
et veillait a Tentretien du jardin des Ecoles de m6de-
i cine, Ces professeurs 6taient fort peu pay6s, deux cents
livres environ par an, et souvent mfime TUniversite
de Parish etait obligee d'avancer i la Faculty les huit
cents livres n^cessaires au paiement des quatre doc-
' teurs.
Le professeur ne restait en fonction que deux ans, et
pendant ces deux ans il 6tait oblige de traiter dans ses
cours toutes les matiires attenantes 4 sa chaire.
Le professeur de chirurgie latine, charge du cours d'ana-
tomie, le faisait en hiver ; il parlait du haut de sa chaire,
se contentant de donner des indications au barbier
chirurgien qui diss^quait 4 grands coups de scalpel un
cadavre plac6 sur une table, juste au-dessous de la
chaire professorale. Le chirurgien ne devait pas s'6car-
ter de son r6le modeste et un statut de la Faculty fait a
ce sujet une recommandation expresse : « Doctor non
sinat dissectorem divagari, sed contineat in officio
dissecandi. » Le professeur 6tait cependant aid6 par
une sorte de r6p6titeur nomm^ archidiacre des icoles et
qui dtait choisi parmi les ^coliers ou les bacheliers
6m6rites.
Ces demonstrations anatomiques ou « anatomies » se
faisaient dans le theatre anatomique des ficoles et
duraient un laps de temps tr6s court ; deux cadavres par
an suffisaient d la Faculty : cependant celle-ci, comme
nous le verrons dans la suite, s'arrogeait le droit de
poss6der, d I'exclusion de toute autre compagnie, le
corps des supplici6s.
— 26 —
Outre ces quatre professeurs, il y avait encore des pro-
fesseurs de sciences accessoires, qui enseignaient la
chirurgie en langue fran^aise, la mati^re mddicale et la
pharmacie proprement dite. Le professeur de chirurgie en
langue franfaise enseignait la chirurgie aux barbiers-
chirurgiens, il ne devait trailer que de h Res cbirur-
gica, les blessures, tumeurs, luxations et fractures; il
faisait, en outre, des demonstrations anatomiques et des
operations sur le cadavre et devait se garder d'ensei-
gner d ses ei^ves tout ce qui 6tait du ressort purement
medical. Le professeur de matiere niedicale traitait de
la Rem berbariam\ sous sa direction, les philidtres
devaient 6tudier le droguier des dcoles, droguier dont
la composition est rest^e k peu prte la mfime d notre
epoque. Le professeur de pbarmacie ' enseignait la phar-
macie gal^nique et chimique, assist^ dans ses fonctions
par un ma!tre apothicaire de Paris; il 6tait en outre
charge d'examiner les apprentis apothicaires et d'in-
specter deux fois Tan les apothicaireries.
Les ^tudiants 6taient tenus de suivre pendant trois
ans les cours de ces divers professeurs ; mais le phi-
liatre studieux devait, en outre, ^tre assidu aux cours du
College royal et du Jardin du Roi, cours sur lesquels
nous reviendrons dans la suite.
Qjuand le philidtre avait le « tempus auditionis » et
ses douze inscriptions, il 6tait admis d subir les exa-
mens du baccdlauriat en midecine. Ces examens qui
avaient lieu tous les deux ans duraient une semainc.
I. Fut cr6^ en 1696.
— 27 —
lis d^butaient par une c^r^monie solennelle, o£i Tun
des candidats demandait au corps entier de la Faculty
convoqu6 par le doyen qu'on voulAt bien les admettre
i I'examen. Puis chaque candidal subissait des ^preuves
orales sur Tanatomie, la physiologic, Thygi^ne, la
pathologie, la botanique. Ces ^preuves ne duraient
pas, comme aujourd'hui, quelques minutes ; le doyen
et les quatre examinateurs interrogeaient chacun une
demi-heure le candidal qui restaii ainsi deux heures et
demie sur la sellette. Elles occupaient les journdes du
lundi, du mardi et du mercredi ; le jeudi itait consacr6
au repos ; le vendredi, le candidal devait commenter
cinq aphorismes d'Hippocrate, quelques syllogismes
contradictoires et discuter sur toutes questions qui lui
dtaient poshes, non seulement par ses examinateurs,
mais encore par tous les docteurs presents i Texamen.
Le samedi, aprte messe solennelle, les examinateurs
faisaient leur rapport i la Compagnie assembl6e qui
votait Tadmission ou le refus du candidal, selon que
celui-ci 6lail suffickns ou incapax. Le candidal qui avail
oblenu les deux tiers des suffrages etait admis 4 pro-
noncer un sermenl dans lequel il jurail d'observer les
sialuls de la Faculty, d'en respecter les maflres, d'aider
ceux-ci dans leurs lutles contre les ennemis de TEcole,
d'assisler aux messes solennelles, aux cours el acles dc
r^cole pendant deux ans. Mais le philidlre n'6tait point
encore bachelier ; pour le devenir, il derail subir de nou-
velles epreuves dont la premiere avail lieu au mois de mai
suivant. Celle ^preuve consistait en un examen sur hi
— 28 —
botanique, examen qui comportait une reconnaissance
de drogues, ainsi qu'on le fait encore aujourd'hui pour
Texamen de th^rapeutique : le candidal devait r^pondre
en outre i toute question posie sur les propri6t6s et les
vertus thirapeutiques des agents m^dicamenteux. Get
examen fini, le candidat admis se pr^parait alors d la
soutenance de deux theses, Tune sur la pathologie ou
la physiologie, I'autre sur Thygi^ne.
La premiere de ces theses s'appelait tbise quodlibitairCy
c'est-d-dire th^se sur un sujet au gr6 du candidat, plac6
sous Tinvocation classique : Virgini deiparx et sancto
Luces, \jai thise, simple feuille d'impression, compre-
nait cinq articles, exposition (la majeure)^ divelop-
pement, 6tablissement, discussion Qa mineure), du
sujet de la th^se, et conclusions. Le candidat pou-
vait choisir parmi les docteurs regents son prisident
qui, assist^ de neuf docteurs regents, argumentait le
candidat de six heures du matin jusqu'4 midi « ab
aurora ad meridiem ».
Tous les bacheliers et docteurs presents , revfitus des
insignes de leurs grades, pouvaient poser au malheu-
rcux candidat les questions les plus diverses, et les
questionneurs ^taient nombreux, car le r6cipiendaire
devait faire servir k ses frais, dans une pi^ce attenant d
la salle des actes, du vin, de la bi^re, des gdteaux et des
Apices. L'examen termini, le president consultait TAs-
sembl^e et le candidat 6tait admis s'il r^unissait les
deux tiers des suffrages exprim6s.
Quelque temps apr^s, il devait soutenir sa th^se sur
— :S9 —
rhygiSne, tbkse cardhiale, ainsi nomm^e en souvenir
du cardinal d'Estouteville, r^formateur de la Faculty.
Aux theses cardinales, on discutait de cinq heures i
midi ; pendant ces sept heures, le futur bachelier devait
r^pondre sans d6semparer d toute question qui lui itait
pos6e. II traitait, en outre, une question d'hygiene qui lui
6tait fix6e par son president de these, president nomm6
par le doyen; ces questions traitaient souvent de
sujetsscabreux; il est vrai que la Faculty n'avait jamais
engendr6 la m^lancolie, et les membres de cette docte
compagnie aimaient surtout d discuter, le verre en
main, les questions relatives A Thygiine g^nitale :
An Venus sit salubris? — Anplenoventriculocommodior Venus 1
— An formosx fecondiores? — An ex saladtate calvities? — Est
nefemina virosalacior ? — An hystericis virginibus Venus? — An
aurora Venus arnica? — Anut virginitatiSy sic virilitatis certa
indicia? — An quo tempore fluunt catamenia, noxia Venus?...
Les suffrages 6taient exprim^s comme aux theses
quodlib^taires ; il ne restait plus au candidat heureux
qu'4 subir les 6preuves pratiques d'anatomie, 6preuves
qui duraient sept jours.
Apr^s ces quatre 6preuves aussi fatigantes que
p6nibles, et dont chacune 6tait 6liminatoire, le philidtre
6tait proclam6 solennellement bachelier, et recevait des
mains du doyen un dipldme de parchemin, scelld du
sceau de la Faculty.
Notre bachelier 6m6rite devenait alors maitre le
matin, tout en restant el^ve Tapr^s-midi ; il enseignait,
comme nous I'avons vu ant^rieurement, la m^decine
— JO —
aux philidtres, et, le soir, assistait aux cours des docteurs
regents. II choisissait, en outre, un docteur dont il 6tait
relive alumnus qu'il suivait partout, visitant avec lui sa
clientele de ville et se formant ainsi i la pratique de
son art. Si le m^decin avait un service hospitalier, le
bachelier devenait rapidement un bon praticien. Mais
malheureusement il n'en 6tait pas toujours ainsi ; les
hdpitaux parisiens 6taient ferm^s aux bacheliers qui
n'^taient pas pr^sent^s par le m^decin traitant'. Ceux-
ci avaient pour toute ressource d'assister aux consulta-
tions charitables qui avaient lieu tous les samedis dans
les 6coles inftrieures.
Deux ans s'6coulaient dans cet exercice; le bache-
lier pouvait alors aspirer i la licence en mddecim, exa-
men qui devait lui assurer la libre pratique de son art.
Les bacheliers candidats d la licence se pr^sentaient
devant la Compagnie r^unie par le doyen, et Tun
I. Vers la m£me 6poque, Ic c61^bre Sylvius de la Boe, qui enseignait
la m^decine ^ Louvain, comprit les avantages ^normes que pouvait retirer
r^tudiant de la fr^quentation des h^pitaux. II en ouvrit les portes aux 6tu-
diants et « il employa toutes les forces de son Industrie et de son esprit pour
h&ter les progr^sde ses auditeurs et en faire de bons midecins ». Pour cela,
ii rh6pital, dit>il, « J'ai mis devant leurs yeux les symptdmes des maladies,
je leur ai fait entendre les plaintes des malades, puis je leur demandais leur
avis et les raisons de leur avis sur chaque affection observ6e, sur ses causes
et son traitement rationnelj et chaque fois qu*il y avait d^accord entre
eux, je conciliais le difT6rend en leur sugg^rant diverses raisons aussi solides
qu*il 6tait possible ; puis jMnterposais mon jugement sur chaque point.
Avec moi ils constataient les heureux r^ultats du traitement, quand Dieu
accordait i nos soins le retour de la sant^, ou bien ils assistaient i Texamen
du cadavre quand le nialade payait Tinexorable tribut k la mort. d
(Sylvii Epistola Apolegica, 1664).
Ses id^es furent bient6t adoptees partout sauf cependant en France, et
Ton peut dire que jusqu*i la fin du r6gne de Louis XIV, le philiitre et le
bachelier soucieux de frequenter les h6pitaux itaient Texception.
— }I —
d'eux r6clamait leur admission i Vexamen particulier,
Chaque bachelier devait justifier de ses antecedents
et presenter un certificat sign6 de trois docteurs eta-
blissant a qu'il a ixi trouv6 de bonnes moeurs et d'une
conduite rang^e » ; puis il se rendait au domicile de
tous les docteurs regents; chaque visite comportait un
examen sur la pratique, de praxi, examen tout intime
dans lequel ie docteur se rendait compte de la science
et des qualit^s pratiques du candidat.
La Faculty, sur Tordre du doyen, se rassemblait
ensuite et se pronon^ait sur Tadmission ou le rejet du
bachelier; le bachelier sufficiens etait alors declare
liuntiande, c'est-i-dire apte 4 recevoir le titre de licenci6.
Tous les licentiandes, pr6c6des du doyen et les
docteurs regents en grand costume se rendaient proces-
sionnellement k TArchevfiche ou ils 6taient prisent^s
au Chancelier de TUniversit^. Celui-ci, repr^sentant du
pape, chef supreme de I'enseignement dans tout Tuni-
vers, fixait 4 chaque candidat le jour oil il devait rece-
voir la licence.
En attendant, les licentiandes se rendaient encore chez
les grands fonctionnaires municipaux et royaux pour
les prier de se trouver, au jour dit, aux 6coles de mdde-
cine oil avait lieu alors une c6r6monie connue sous le
nom de paranympbe.
Le paranympbe 6tait le doyen ; il remplissait le rdle du
itapavtijjL^ioc qui, dans la c6r6monie de Thymen grec,
conduisait T^pouse au domicile conjugal. Le nouveau
licencie, allant contracter une union intime et 6ternelle
— 32 —
avec la Facultd, avail besoin d*un napaviifji^ioc;, charg^
de Tintroduire dans la grande famille m^dicale. C^tait
au doyen que ce rdle 6tait ddvolu. En presence des
notabilit6s invitees, il pr^sentait i la tres salutaire
Faculty les jeunes gens confi6s d sa garde, faisant d'eux
un pompeux 61oge en un latin cic^ronien.
Qjuelques jours apr^s, le corps des docteurs regents
se r^unissait d cinq heures du matin en une salle de
TArchevfich^, et chaque docteur dressait une liste, clas-
sant les candidats par ordre de m^rite ; de la comparai-
son de ces listes, r^sultait Tordre d6finitif des admis-
sions ; obtenir le premier lieu d la licence 6tait le gage
d'un brillant avenir; malheureusement, cette place 6tait
souvent donn^e d des candidats plus prot6g6s que
savants, car la Faculty de Paris ^tait alors en proie d
un favoritisme 6hont6. A dix heures, la Compagnie
tenait stance solennelle pr6sid6e par le Chancelier, qui
b^nissait chaque candidal lui donnant licentiam legendi,
interpretendi et faciendi medicinam hie ubique terrarum
II posait ensuite, au premier lieu, une de ces ques-
tions not^es soigneusement par Kazan dans son filoge
de la Faculty de m6decine de Paris :
An quartanx curandx cortveniat ebrietas?(^i6^S).
An qui ntel et butyrum cotnedit, sciat reprobare malum et
eligere bonum? (^1676),
Ex qua parte manaverit aqua^ qux profluxit e mortui Christi
latere perjorato lancese acuta mucrone? (1692).
Le premier lieu ne manquait pas de d^penser des
tr^sors d'esprit, de litt^rature et d'^rudition, et toute
— 33 —
Tassistance sc traiisportait ensuite d la cath^drale ou le
chancelier remerciait' la Vierge au nom des licenci^s,
rappelant i ces derniers qu'ils devaient, leur vie
durant, fitre les serviteurs fiddles de Tfiglise.
Qyelques jours apres, le nouveau licenci^ versait un
droit de cent livres environ et recevait du doyen un
dipl6me nomni^ letires de licence, et qui lui donnait le
droit d'exercer a Paris et par toute la terre.
Malgr6 ce droit, le licenci6 ne faisait pas encore par-
tie de la docte Compagnie : il lui fallait conqu^rir le
birretum \ II devait pour cela adresser au doyen, quand
bon lui semblait, une supplique pro Vesperiis et Docto-
ratu, Apres une enquete minutieuse sur sa vie et ses
moeurs, il etait admis d la Vesperie.
La Vespirie comportait une argumentation sur un
sujet donne, argumentation ou le candidat devait discu-
tcr deux propositions contraires. Tous les docteurs
6taient r^unis, et le doyen ouvrait la stance par un
discours ou il faisait T^loge de la Compagnie, de la pro-
fession medicale et du candidat. II posait ensuite d ce
dernier les questions fix6es et cldturait la stance en
indiquant le jour oii devait avoir lieu Vacte du doctorat,
Le jour fix6, le futur docteur, pr6c6d6 de deux
bacheliers et des appariteurs de T^cole, apr^s avoir
rendu visite d chaque docteur regent de la Faculty, se
rendait d la grande salle des ficoles de M^decine, oil se
trouvait r^unie toute la Compagnie. II montait en
chaire avec son president, un des appariteurs s'appro-
I. C^tait le bonnet que portait le docteur regent.
Le Maguet. — Le monde medical, \
n
— 34 —
chait de lui, et lui rappelait la formule du serment :
Domine doctorande, antequam incipias, babes tria juramenta^
et il lui proposait les trois articles du serment tradi-
tionnel.
I** Vous observerez les droits, statu ts, lois et coutumes
respectables de la Faculty ;
2** Vous assisterez, le lendemain de la Saint-Luc, i la
messe pour les docteurs dicidis ;
3** Vous lutterez de routes vos forces contre tous ceux qui
pratiquent illicitement la midecine, et vous n'en ipargnerez
aucun, i quelque ordre ou a quelque condition qu'il appar-
tienne.
Vis ista jiirare? ajoutait-il. A cette injonction le
candidat r^pondait /wro, le aJuro» de Moli^re mourant
dans la c^rimonie du Malade Imaginaire du 17 ftvrier
1673.
Le president prenait alors le birretum ou bonnet
carr6, insigne de la profession doctorale ; avec le bonnet
il faisait le signe de la croix, le plafait de deux doigts
de la main droite sur la tfite du candidat, Tenfonfant
par un l^ger coup de la paume de la main. II lui
tapait 16g6rement la joue en signe d'afFranchissement,
semblant ainsi le confirmer dans sa nouvelle dignity.
Apr^s quoi, il lui passait au doigt un anneau d'or et lui
donnait Taccolade. Le licencie 6tait d^s lors docteur.
II pouvait alors faire imm^diatement acte de rdgence,
posant une question, soit 4 un des docteurs, soit
4 un des bacheliers presents, puis il cl6turait la sdance
par un discours dans lequel il accablait de remercie-
ments, Dieu, la Faculty, ses parents et ses amis.
— 35 —
A la Saint-Martin suivant, ii iui 6tait r6serv6 de pr6-
sider une th^se quodlib^taire. Sa premiere pr6sidence
constituait Yacte pastillaire^ ainsi nomm6, parce qu'il fai-
sait horamage, le mfime jour, au doyen, de pastilles en
Sucre, ou 6tait grav6e Timage soit d'Hippocrate soit du
doyen. Alors seulement, apr^s avoir fait les honneurs
de son nouveau grade, il 6tait inscrit sur les registres
de la Faculty, et entrait pour dix ans dans VOrdre des
Jeunes.
Pendant ces dix ans, il si^geait au Banc des Jeunes ou
petit banc, etpouvait cependant aspirer aux fonctionsdes
ficoles, comme Examinateur ou Professeur : comme
les anciens, il avait droit de participer i toutes les
Elections.
Le Banc des Anciens comprenait tous les docteurs
regents exer^ant depuis dix ans : ils devaient aux
jeunes la bienveillance et la protection, en ^change du
respect que ceux-ci leur devaient t^moigner. Les
anciens ^taient de notables autorit^s : si Tun d'eux
entrait dans une salle basse, jeunes docteurs, licenci6s,
bacheliers et philiatres se levaient imm^diatement
pour Iui faire honneur.
Parmi eux, le plus anciennement re? u portait le titre
d'Ancien de la Faculty. Lorsqu'il entrait i I'ficole,
toutes les personnes pr6sentes devaient aller i sa ren-
contre; ses honoraires 6taient le double de ceux des
autres docteurs regents; il aidait enfin le doyen d
administrer les ficoles, le rempla? ant lorsqu'il s'absen-
tait, et jouant ainsi le r61e d^volu actuellement i Tasses-
seur du doyen.
^
— 36 —
Le doyen etait le chef de la Faculty, gardien severe
de la discipline et des statuts Caput facultatis, vindex
discipliuce et ciistos legum. Son Election, qui avait lieu
tous les deux ans, se faisait avec unegrande solennite.
Le premier samedi apr^s la ffite de la Toussaint, apres
la messe c616br6e selon la coutume a la chapelle des
ecoles, toute la Compagnie se r^unissait dans la Salle
des Actes. Le doyen sortant d^posait les insignes offi-
ciels de sa charge, les clefs du sceaii de la Faculty, clefs
qu'il portait depuis deux ans suspendues d son cou.
II exposait ensuite par le menu sa gestion et les res-
sources presentes de la Faculty. Alors, il jetait dans
deux urnes s6parees tous les noms des docteurs re-
gents, dans la premiere Ic nom des ancient, dans la
seconde le nom des jeunes; il tirait ensuite troisnoms
d'anciens et deux noms de jeunes : les cinq docteurs
design^s par le sort devaient alors preter serment, de-
vant toute la compagnie, de choisir le plus digne. lis
se rendaient dans la chapelle des ecoles et choisissaient
trois docteurs rdgents, deux anciens et un jeune, qui
leur semblaient digncs du decanat. Les trois noms
etaient mis dans une urne, et le doyen sortant,
tirant un des billets, proclamait solennellement le
nouveau doyen.
On proc^dait immediatementd la nomination des pro-
fesseurs, en employant le meme mode d'electionadeux
degr^s. Mais sur les trois noms jetes dans Turne, contrai-
rement a ce qui se faisait dans T^lcction du doyen, il y
avait deux jeunes pourun ancien. Enfin, onterminait la
— 37 —
stance solennelle par la nomination de quatre docteurs.
charges de Texamen des candidats au baccalaur^at.
Le doyen entrait immc^diatement en fonction, et
pretait, entre les mains de son pr^d^cesseur, serment
d'exercer convenablement ses fonctions, dagir sans
partiality, d'observer les statuts et de rendre compte de
sa gestion au bout de deux ans. II n'etait pas profes-
seur, il n'itait qu'administrateur; il ordonnait les
d^penses, les reglant et les restreignant selon la mesure
du possible, recevait les revenus, signait et approuvait
toutes les theses, d^signait chaque fois le docteurdqui
revenait la prisidence. II 6tait tenu, 4 tipoques fixes, de
faire assembler la Faculty, mais il pouvait provoquer
ces reunions lorsqu'il le jugeait 4 propos. II avait la
haute main sur les examensdes chirurgiens et des apo-
thicaires, sur la visite des apothicaireries. C6tait lui
qui signait I'autorisation, sans laquelle on ne pouvait
se faire d^livrer les cadavres pour les anatomies.
Chaque fois que Thonneur ou les interets de la Fa-
cult6 ^taient en jeu, que les chirurgiens ou les apothi-
caires troublaient le repos de la Compagnie, le doyen
devait intenter des proces au nom de la corporation ; il
itaitmeme force, lorsque Taffaire etait evoqu^een cour
du Parlement, de prendre la parole au nom de la tr^s
salutaire Faculty.
Mais le principal r6le du doyen etait d'inscrire au jour
le jour sur de grands registres appel^s Cowmentaires de
la Faculti, grands in-folios relics en parchemin, tous les
faits int^ressant la corporation. Le compte rendu de
chaque d^canat commence ainsi :
-38-
In nomine omnipotentis Dei Patris et Filiiet Spiritus Sancti
incipit commentarius rerum in decanatu*** gestarum.
Le premier chapitre de ces Comtnentaires 6tait con-
sacr6 invariablement au ricit de T^lection du nouveau
doyen. Le second comportait notnina et cognomina bono-
randorum tnagistrorum regentium saluherrimx facultatis
medicx parisiensis; le troisi^me chapitre contenait
l'6num6ration des disputationes quodlibetaria^ relatant,
outre le sujet de la th6se, les noms du president et du
candidat;puis suivaient les questiones cardinalatitix.anii-
quodlihetarix questiones, qux vulgo pastillarue nuncupan-
tur, questiones in actibus vesperiarium et doctoratuutn agi-
tata^, Le quatri^me chapitre 6tait consacr^ aux orationes
publicx faites par les docteurs regents pendant le cours
de Tannic scolaire; il comprenait V obitus doctorum oil les
notices sur les docteurs d^funts prenaient parfois les
allures d'une veritable oraison funebre. Mais le chapitre
le plus important et le plus d6taill6 de chaque compte
rendu 6tait celui ou il 6tait traits de acta comitia et de-
creta Factdtatis. Cest dans ce chapitre qu'on trouve tout
ce qui advint d la Faculty avec le r6cit d6taill6 de ses
querelles avec ses ennemis, chirurgiens, empiriques,
charlatans, etc... etde ses relations avec I'fitat et Tfiglise.
Enfin un dernier chapitre relatait les res gestae in Aca-
demia parisiense, res gestx apud cbirurgos parisienses^ obste-
trices matron^' examine in irdibus Sancosmialis tentata: et
admissx, res gestx apud pharmacopcos parisienses.
A la fin de Tannic, le doven devait aussi faire le
— 39 —
codex rationarius accepti et expensi ordinarii et extraordi-
iiarii oil il inscrivait les ddpenses et les revenus de la
Faculty. II 6tait aid6 pour cela par le Censeur, qui 6tait
de droit Tancien doyen et qui, avec Tancien, Taidait 4
administrer les deniers de la Compagnie.
Tous les trois, en outre, devaient assister le recteurde
rUniversit6 dans toutes les c^r^monies, notamment le
!« ftvrier, lors de la presentation des cierges au Roi, d
la Reine, au Dauphin et aux premiers magistrats.
Le doyen, malgr6 ses multiples occupations, n'avait pas
d'appointementsspdciaux, il recevait seulement comme
TancieUjdeux jetons de presence d chaque vacation, alors
que le simple docteur regent ne recevait qu'un de ces
jetons. Ces jetons portaient, d'un c6t6, les armes de la
Faculty, puis, de rautre,les armes ou I'effigie du doyen.
Ce fut Guy Patin, qui, en 1652, imagina de faire rem-
placer ces armes par son portrait et dans ses lettres, il
en iprouve le regret, car dit-il : « Le sculpteur tout
habile qu*il est, n'y a pas fort bien rencontr6 pour la
ressemblance, principalement d Tceil. » Le cabinet des
m^dailles de la Biblioth^que nationale poss^de cent
soixante de ces jetons de presence et la Faculty de
m^decine en poss^de aussi une collection.
Le d6canat 6tait done un honneur fort on^reux, sur-
tout que le doyen 6tait responsable des deniers de la
Faculty, et nousvoyons Armand de Mauvillain, Tami de
Moli6re,poursuivre devant les tribunaux un des doyens
ses pr6decesseurs, non pour malversation, mais pour
inexactitude de comptes. L'ancieii doyen fut condamni
i combler le deficit.
— 40 —
En provision de ces deficits possibles, chaque doyen
dut ensuite fournir une caution, lorsqu'il entrait en
charge.
Le d^canat 6tait done en quelque sorte ferm6 au
docteur regent de situation modeste, car, outre les
Emoluments nuls, le doyen Etait tenu d'ofFrir plusieurs
fois par an, aux anciens de la Faculty et i ses amis, des
festins qui coAtaient fort cher i ramphytrion, car les
docteurs avaient fort bon app^tit et buvaient sec. Guy
Patin nous I'apprend dans une de ses lettres :
Trente-six de mes collogues firent grande chire : je ne vis
jamais rant rire et tant boire pour des gens s6rieux et mesme
de nos Anciens; c'estoit du meilleur vin vieux de Bourgogne
que j'avois destine pour ce festin '....
Cependant, certains doyens ne voulaient pas se sou-
mettre d cette rigle, et Ton vit, en 1688, le nouveau
doyen, Pierre LEger, donner i la Faculty cent pistoles
au lieu d'offrir un banquet d ses collogues.
Le d^canat n'Etait done pas une sinecure; le doyen
avaitsouvent peine dmaintenir la discipline dans I'Ecole
et les professeurs s'insurgeaient quelquefois contre son
autoritE; ils s'obstinaient, malgrE les statuts, d faire
leurs cours en habits de ville et le doyen devait sou-
vent les obliger d revC*tir la robe longue d grandes
manches, la chausse d'Ecarlate d T^paule et d coiffer
le bonnet carrE. De plus, le professeur, parfois peu sou-
cieux de faire chaque jour son cours, se faisait rem-
I. Guy Patin. Lettre L du 2 d^c. 1650.
— 41 —
placer par un bachelier 6m6rite : le doyen 6tait alors
tenu de signaler sa conduite au Recteur de TUniversit^
et de requ^rir centre lui les peines disciplinaires,depuis
la simple amende jusqu'd Texclusion.
Avec des soucis si nombreux joints aux soins d'une
clientele le plus souvent considerable, le d^canat itait
done une lourde charge. Mais il 6tait aussi un grand
honneur et pendant toute la p6riode qui nous occupe,
on ne vit jamais un docteur refuser le d^canat.
Dans la liste des doyens de la Faculty de 1644 A 17 15
nous retrouvons tous les noms des docteurs qui furent
en vedette pour leur esprit combatif ou leur savoir:
Michel de la Vigne (1644) *. Jacques Perreau (1646).
Guy Patin (1650). Francois Blondel (1658). Antoine
Morand (1662) *. Armand de Mauvillain (1666).
Denys Puylon (1670). Nicolas Lidnard (1680). Bertin
Dieuxivoye (1682).
Nous en avons fini avec le « Corpus Facultatis » :
tout en haut de T^chelle, le doyeti; immediatement au-
dessous de lui et jouissant de prerogatives semblables,
le censeur et Yancien. Puis venaient les professeurs, pro-
fesseurs des chaires fondamentales et professeurs
des sciences accessoires : enfin, tous les docteurs rigentSy
anciens et jeunes. N'oublions pas ccpendant les bacbe-
liers imirites qui, quoique non docteurs, faisaient partie
du corps enseignant.
Tous portaient, dans Texercice de leurs fonctions, le
1. Datede r^ection.
2. L*ergot de Morand.
^
— 42 —
costume et les attributs de leur grade, et ce n'6tait que
revStus de leurs insignes qu'ils pouvaient exiger des
^tudiants les marques de respect auxquelles ceux-ci
6taient tenus.
Ces derniers comprenaient, comme nous I'avons vu
ant^rieurement, hs licentiandes, les bacbeliers non char-
ges de cours, Varcbidiacre des icoles et les philidtres, lis
n'avaient droit qu'au port des insignes de maltres ^s
arts, qu'ils ne portaient, du reste, que dans les c6r6mo-
nies officielles.
fitudiants comme professeurs ^taient des gens fort
turbulents et, i chaque instant, il y avait des disputes
ou des querelles qui quelquefois devenaient mSme de
v6ritables 6meutes. U^tudiant, oubliant le respect dll 4
son professeur, se livrait parfois 4 des voies de fait regret-
tables, et lorsque leRecteurdeTUniversit^ avait prononc^
son exclusion, ses camarades prenaient souvent fait
et cause pour lui : il s'ensuivait, comme du reste encore
aujourd'hui, de v6ritables insurrections contre le pro-
fesseur mis en cause ; les mutins troublaient son cours
en d6pit des appariteurs, impuissants i ritablir Tordre.
II fallait alors que le doyen intervlnt pour calmer
Teffervescence des esprits; il y arrivait rarement et
requ6rait la police pour expulser des 6coles les pertur-
bateurs.
L'autorit6 sacrie du doyen fut mfime une fois m^-
connue; un docteur, qui pourtant fut 6lev6 ensuite
aux honneurs du d6canat,osa porter la main sur le chef
supreme de la Faculty : j'ai nomm6 Armand de Mau-
villain.
I
'
— 43 —
Le jeudi 12 d^cembre 1658, lots de la soutenance
d'une th^se quodliWtaire, 6clata une dispute entre de
Mauvillain et le doyen Francois Blondel, que nous
retrouverons dans la suite. Apris les paroles injurieuses
6chang6es de part et d'autre, ils en vinrent aux mains
et Mauvillain eut Tadresse d'envoyer d'un coup de
poing le bonnet du doyen rouler par terre. La lutte
devint g6n6rale, tous les assistants prenant fait et cause
pour Tun des deux adversaires; on dut recourir i la
force arm^e pour retablir Tordre. Mauvillain fut chass^
de rUniversit6 par un d6cret rectoral ; il en appela au
Parlement et obtint sa r6inscription sur les registres de
la Faculty, Mais il dut, sur Tordre mfime de ses juges,
se rendre dans les « ficoles sup^rieures » ou toute la
Compagnie se trouvait r^unie, faire des excuses pu-
bliques i Blondel, et implorer son pardon. La Faculty,
ob^issant aux ordres du Parlement, pardonna.
Un an plus tard, de Mauvillain, quoique faisant par-
tie du petit banc ou banc des jeunes, fut 6lev6 aux hon-
neurs du d6canat, malgrd I'opposition acharn^e de Blon-
del qui ne se souvenait que trop de ses arguments
frappants, et il n'oublia pas de consigner dans les
Commcntaires lafureur de son ennemi, au moment de la
proclamation du r^sultat du vote.
La stupeur saisit maitre Francois Blondel, le perturba-
teur de Talldgresse publique, rhomme le plus processif de
tous les mortels, le haineux perp^tuel de tous les gens probes
et int^gres, Topposant k toutes les decisions de Tficole, Ten-
t4t6, Tindomptable qui ne sut jamais rendre justice h aucun
-^
— 44 —
des m^decins eminents par leur science et qui ont bien miritfe
du Roy et de la Race royale. Comme frapp6 d'un grand coup,
sa voix s'arreta dans sa gorge et, chose ^tonnante, il resta
muet, fixant des yeux 6gar6s sur Thomme qui venait d'fitre
appel6 k une aussi grande dignit^.
Une fois doyen, ayant en mains les renes de la Fa-
cult6, deMauvillain changea, et le docteur regent indis-
cipline, querelleur et indomptable, cut t6t fait de deve-
nir un doyen s^vire, observateur rigide des Statuts de
la Faculty.
Car la Faculty poss^dait des Statuts que le doyen
devait faire respecter tout en les respectant lui-m6me.
Ces Statuts remontaient a 1270, mais ils avaient 6t6
revus A plusieurs reprises, notamment en 1634, 1672 et
1696.
« Ces Statuts, dit Maurice Raynaud, malgrd leurs
singularit^s dans le fond et dans la forme, contiennent
plusieurs articles vraiment admirables : prescriptions
toutes morales qui n'ont de sanction que dans la con-
science de ceux 4 qui elles s'adressent, et sont faites
pour honorer une profession. »
Les docteurs de la Faculte cultiveront entre eux Tamitie ;
Nul n'ira voir un malade sans y 6tre express^ment invito ;
En route occasion, les plus jeunes docteurs doivent se lever
devant leurs anciens en signe de respect. Les anciens doivent
aux jeunes la bienveillance et la protection ;
Les secrets des malades sont inviolables. Nul ne peut riv^-
ler ce qu'il a vu, entendu ou simplement soupgonni chez
eux;
En toutes les assemblees doit pr^sider la gravitfe, la decence.
— 43 —
la douceur. Chacun doit parler k son rang, nul ne doit inter-
rompre. Le tumulte, les recriminations, les injures sont ban-
nies 4 tout jamais de la Faculty.
Si ces prescriptions toutes morales etaient quelque-
fois peu obsen^^es, d'autres articles des Statuts obli-
geaient le docteur et T^tudiant d remplir strictement
certains devoirs et cela sous peine d'amende. Ainsi,
toute personne manquant d une messe solennelle, au
semce fun^bre d'un docteur regent, d une c^r^monie
officielle de la Faculty, ^tait frappde d'une amende d'un
6cu d'argent d un 6cu d*or. Bien plus, le doyen pouvait
requ6rir, dans certains cas, Texclusiondu contrevenant;
il avait mfime le devoir de le faire chaque fois qu'un
docteur, d^sign^ par lui pour presider une these quod-
lib^taire ou autre, se derobait d cette injonction.
Les Statuts de la Faculty qui reglaient minutieuse-
ment non seulement la discipline interieure des
Ecoles, mais meme Texercice de la profession m^dicale,
constituerent la force de la docte Compagnie. Malgre
Vinvidia medicorum qui existait d cette 6poque au mSme
degri qu'd present, les m^decins Etaient tenus de se
conformer aux articles des statuts qui leur ordonnaient
d'etre entre eux confraternels. S'ils n'ob^issaient pas d
ces Statuts, ils s'exposaient d des chatiments rigoureux,
car, leur vie durant, ils restaient soumis d Tautorit^ du
doyen dans tous les actes de leur profession. Celui-ci
avait le droit de surveiller leurs moeurs, leurs relations
avec les malades, et de leur d^fendre toute accointance
avec les charlatans ou les empiriques. Tout acte mal-
- 46 -
honnfite d'un docteur etait s^v^rement r6prim6. II est
triste de constater qu'4 notre 6poque les choses ont
changd, et que le doyen maltre de la Faculty n'a aucun
droit de contrdle sur T^tudiant devenu docteur et qui
d6shonore la profession m^dicale.
Dans toute Thistoire de la Faculty sous Louis XIV,
nous voyons bien peu de m6decins indignes de ce
nom. Dans le chapitre des Empiriques, nous narrerons
Thistoire de quelques-uns d'entre eux. La grande majo-
rity des m6decins, malgr6 leurs ridicules et leur 6troi-
tesse d'esprit, avait la plus haute id^e de la fonction
presque sacerdotale qui leur 6tait d^volue. II faut avouer
cependant que, s'ils m6prisaient toute compromission,
c'est qu'ils 6taient pour la plupart riches par eux-
mfimes, car la profession m6dicale 6tait ferm6e 4 tous
dtudiants pauvres.
Les frais de scolarit6 ^taient en efFet fort 6lev6s, sur-
tout les droits d'examens. L'^tudiant, jusqu'd sa licence,
n'avait que douze inscriptions du coAt de six livres
chacune; mais pour le baccalauriat en m^decine, il
versait une somme de 572 livres; il avait encore i
payer aux appariteurs, conjointement avec les autres
candidats, une somme de 230 livres 12 sols pour des
d^penses accessoires, « le passage du Petit Pont ' lejour
de la licence, les chaises, le concierge de TOfiicialit^, le
Suisse de Tarchevfique, le diner des appariteurs, les
bougies, les chandelles, le bois, le cur6 de Saint-
I . C'^tait le Pont de rH6tel-Dieu ou Pont au Double ; ce dernier nom
venait de ce que Ton ^tait oblige pour y passer de payer un double.
— 47 —
fitienne-du-Mont, les prfitres, le serpent, I'entretien de
la chapelle, etc... » On voit que les appariteurs s'enten-
daient, tout comme de vulgaires apothicaires, 4 « ferrer
la mule », selon la vieille expression fran^aise.
Tous les autres examens coAtaient aussi fort chers,
et, outre les frais accessoires, le candidat devait verser
dans la caisse de la Faculty des droits fort importants
(lOO livres pour la licence par exemple). M. Corlieu
lvalue i plus de 5.000 livres la somme n^cessaire pour
faire un docteur, somme 6norme en un temps o£i Tar-
gent avait une valeur double de ce qu'il repr^sente au-
jourd'hui. Si nous ajoutons i cette somme Targent n6-
cessaire i T^tudiant pour assurer sa vie mat^rielle pen-
dant les six ou sept an3 que duraient ses Etudes, nous
verrons que les seuls fils de la bourgeoisie et de la no-
blesse de robe pouvaient aspirer aux honneurs du
doctorat.
Toutefois, la Faculty, bonne m6re, faisait quelque-
fois credit aux 6tudiants sans fortune, lorsque ceux-ci
montraient des dispositions extraordinaires. Mais elle
exigeait d'eux un engagement notari^, a d payer lesdites
retributions aussitdt qu'ils seront mieux dans leurs
affaires d '.
A la Faculty appartenait aussi un rdle des plus
importants. Elle composait une sorte de comity consul-
tatif d'hygi^ne auquel le Parlement ou le Pr6vdt de
Paris avaient souvent recours.
I. Statuts de la Faculty (article 29).
-48 -
Toutes les grandes mesures de police midicale, dit Mau-
rice Raynaud, passaient entre ses mains : surveillance et ins-
pection du commerce et de la pharmacie ; consultations sur
les grandes ipid^mies s^vissant ^ Paris ou dans le reste du
royaume ; sur les mesures gdn6rales d'assainissement ; sur la
repartition des eaux dans la ville ; sur le choix de Templace-
ment des cimetiferes ; sur le service des quarantaines ; sur
Texercice de certaines industries, surtout de celles qui ont
trait i\ Talimentation publique; sur les falsifications des den-
rees et les moyens de les reconnaitre et de les privenir. Enfin,
elle constituait la seule autorit^ comp^tente en matidre de
mddecine legale.
Meme sans etre consultee, la Faculty veillait 4
I'hygiene publique, et Ic premier jour de chaque mois
avait lieu une reunion appel^e Prima mensis, Douze
docteurs regents, sous la presidence du doyen, d61ib6-
raient sur les maladies r^gnantes et sur les mesures
prophylactiques et hygi^niques qui pouvaient 6tre n6-
cessaires. Les deliberations de ce conseil d'hygi^ne
etaient r^sum^es avec soin et inscrites dans les Com-
mentaires de la Facultd.
Nous avons dit anterieurement que Tetudiant pou-
vait trouvcr d'autres elements d'instruction en suivant
les cours qui se faisaient au College royal de France et
au Jardin du Roy.
Le College royal de France avait ete fonde par Fran-
cois P^ en 1530; il ny avait tout d'abord que trois
chaires, Tune pour la langue grecque, Tautre pour The-
breu et la troisieme pour leloquence latine (ColUge des
trois langues'). En 1545, le Roi crea quatre nouvelles
— 49 —
chaires, dont une de m6decine, une de chirurgie, une
d'anatomie et une de botanique. Au xvi* si6cle, Martin
Akakia, Guido Guidi, en latin Vidus Vidius, le parrain
du canal vidien, Jacques Dubois, dit Sylvius, le parrain
de Taqueduc, et Louis Buret, qui restaura la mide-
cine grecque et m^rita le sumom d'Hippocrate fran-
?ais, y enseign^rent avec 6clat les sciences m6dicales, et
virent accourir A leurs cours, non seulement les phi-
lidtres, mais mfime leurs maltres. Au xvii*^ si^cle, le
College Royal comprit parmi les professeurs les deux
Chartier, Jacques Bouvard, le m^decin de Louis XIII ;
Jacques Cousinot, son gendre; Jean Riolan ', I'adver-
saire d'Harvey, et qui 6tait lui-mfime le beau-fr6re de
Bouvard; Simon Pi^tre, Moreau et surtout Guy Patin.
Les cours du College de France, tout ind6pendants
qu'ils 6taient, alors comme aujourd'hui, de la Faculty,
itaient faits par des membres de cette compagnie.
Aussi les docteurs regents voyaient avec plaisir
les philidtres profiter de ressources intellectuelles
ofFertes d la jeunesse studieuse par ce College Royal,
oil ne s'enseignaient que les doctrines orthodoxes, qui
leur 6taient si chores.
II en 6tait de mfime pour le Jardin du Roy, qui est
devenu depuis le Museum d'histoire naturelle. Ce
jardin avait 6t6 fond6, en 1626, par Richelieu, sur un
terrain du faubourg Saint-Victor, ofFert par Guy de
I. Ce fut un anatomiste du plus grand mdrite et qui ne cessa, sa vie
durant, de r^clamer contre la raret^ des anatomies et le m^pris profess^
pour Tanatomie k son ^poque. Ce fut lui qui d6crivit les trois fleurs blanches
et les trois fleurs rouges du bouquet de Riolan.
Le Maguet. — Le monde medical, 4
— 50 —
Labrosse, premier m^decin de Louis XIII. Ce jardin
avait pour but de rem^dier 4 Tinsuffisance du jardin de
la rue de la Bflcherie, qui, entretenu aux frais des ba-
cheliers, 6tait devenu trop petit. Outre le jardin, on y
cr^a une chaire de botanique, et bientdt plusieurs
autres chaires, mais toutes de sciences accessoires,
pharmacie gal6nique, matiere m^dicale, anatomie...
En 1672, Louis XIV y ajouta une chaire pour la
propagation des iddes nouvelles, chaire qui fut confine au
grand chirurgien Dionis. Pendant la pdriode qui nous
occupe, le Jardin du Roy devint le si6ge d'un enseigne-
ment tr^s important, surtout sous la surintendance de
Guy Crescent Fagon, premier m6decin du Roy, et petit-
neveu de Guy de Labrosse, qui donna aux ^tudiants le
goilt de la botanique et eut Thonneur de compter
parmi ses 616ves Tournefort et Chomel.
Nous avons ant^rieurement touch6 quelques mots
de I'esprit de corps qui caract6risait la tr6s salutaire
Faculty de Paris, esprit de corps qui Tamenait i pour-
suivre avec une implacable rigueur tons les attentats
commis contre les privileges ou la dignity de ses
membres. Or ces attentats se renouvelaient tons les
jours et ils ^taient le point de depart de querelles inter-
minables. Chirurgiens, barbiers, apothicaires et empi-
riques s'attaquaient 4 la Faculty qui ripostait de son
mieux, tralnant ses ennemis devant toutes les juridic-
tions. Nous reviendrons dans la suite sur ces querelles
et nous ne nous occuperons ici que des longues dis-
— 51 —
putes entre la Facultii de Paris et celle de Montpellier.
L'6cole de Montpellier revendiquait pour ses doc-
teurs le droit d'exercer bic ct nbiqm terrarum. Aussi, des
le commencement du xvii^ si^cle, les gradues de Mont-
pellier voulurent envahir Paris, d la grande colere des
docteurs regents, qui voyaient dans les nouveaux
venus, non seulement des adeptes d'id^es malsaines,
mais encore des concurrents d^loyaux. En effet, les
docteurs de Paris s'entendaient ensemble pour soutenir
leurs prerogatives morales et p6cuniaires,et ils devaient
voir d'un fort mauvais ceil des m^decins Strangers
arrivant pauvres d Paris et faisant de la clientele d prix
r6duit.
Au debut du r^gne de Louis XIV, les m6decins de
Montpellier 6tablis d Paris s'6taient serr6s autour d'un
homme de talent, Th^ophraste Renaudot, qui fut Tin-
venteur du journalisme et introduisit en France I'insti-
tution italienne des Monts-de-Pi6t6. Th^ophraste
Renaudot pouvait exercer d Paris en d^pit de la Faculty,
car Richelieu lui avait donn^ le titre de m^decin du
Roy par quartier.
Mais la Faculty ne m^nageait pas ses injures d cet
homme « faisant un trafic et n^gociation d vendre des
gazettes, d enregistrer des valets, des terres, des maisons,
des garde-malades, d exercer une friperie, preter argent ,
sur gage », etc... et ne pouvant pas, comme dit Guy Patin,
a lui faire un proems criminel au bout duquel il y eilt
un tombereau, un bourreau, ou tout au moins une
amende honorable », elle refusait de recevoir en son
- 5^ --
scin les deux fils du Nibulo, en se fondant sur la pro-
fession du p^re dont la honte rejaillissaitsur eux.
La Faculty avait encore un autre sujet de hainecontre
Renaudot. Pour lui faire piece, Renaudot avait 6tabli,
rue de laCaladre ', un Bureau de Consultations cbaritables,
oil les pauvres 6taient soign6s gratuitement et rece-
vaient mfime les medicaments que n^cessitait leur 6tat.
II ^tait aide en cela par tous les m^decins de Montpel-
lier etablis i Paris qui voyaient dans cet acte charitable
le moyen d'exercer d Paris malgr6 la Faculty de m^de-
cine.
Celle-ci voulut aussi donner des consultations gra-
tuites, et, en 1644, elle institua dans les ^coles de
medecine un Bureau de Consultations ou six docteurs
regents, assistes de bacheliers, donnaient gratuitement
leurs soins aux pauvres tous les samedis. Mais les
malades vinrent peu nombreux, car on n'y ddivrait pas
gratuitement les medicaments ; ils preftraient les con-
sultations charitables. Furieuse, la Faculty poursuivit
pour exercice illegal de la medecine Renaudot et ses
« supp6ts » et les fit condamner par le Chdtelet en
1643. Malgre cet arrfit, Renaudot continua d tenir ses
consultations. La Faculte dut en appeler au Parle-
ment, qui condamna Renaudot sur tous les points et
ordonna la cessation des consultations charitables,
interdisant en outre d tous les docteurs de Montpellier
la'libre pratique de leur art d Paris.
I . A Tendroit m^me ou se dresse actucllement sa statue.
— 53 -
Les m^decins de Montpellier durent quitter la capi-
tale, mais ils y rentr^rent bientdt, grdce au premier
m^decin du Roy, Vautier, qui 6tait lui-meme 6l6ve de
Montpellier, et les prit sous sa protection.
Dis 1640, le Parlement ayant interdit Texercice de la
m^decine dun docteurde Montpellier, celui-ci, Antoine
Magdelain, en appela au Grand Conseil, qui cassa I'ar-
rSt du Parlement. Bien plus, en 1668, le mfime Grand
Conseil rendit un arrfit par lequel tous les m^decins
Strangers pouvaient exercer i Paris, toutefois apris
s'fitre fait inscrire sur les registres du Grand Conseil.
Tous les inscrits se group^rent pour former une
veritable Compagnie avec syndic, censeur et tr^sorier,
ayant pour chef le premier m^decin du Roy qui 6tait
alors d'Aquin, ancien 6l6ve de Montpellier. lis esp6-
raient, grSce 4 cette organisation, r6sister d'une fa^on
plus efficace 4 la Faculty. Ils eurent ensuite la preten-
tion de former une Faculty rivale et obtinrent du Grand
Conseil, en 1672, un arrfit d^cidant que tout docteur
se faisant agr6ger 4 la Compagnie serait tenu d'y sou-
tenir une th^se. C'^tait s'arroger en quelque sorte le
droit de faire des docteurs, et ce droit leur fut confirm^
officiellement par lettres patentes du 11 avril 1676,
reconnaissant Tinstitution de la Cbamhre Royale,
La Faculty s'opposa 4 Tenregistrement des lettres
patentes, et obtint une Declaration Royale du 17 juin,
supprimant ladite Chambre Royale et defendant 4 ses
membres d'exercer 4 Paris.
Les m^decins de Montpellier ecrases par leurs enne-
1
— 54 -
mis furent obliges de nouveau de se disperser ; la plu-
part se firent medecins de grands seigneurs et grace d
la protection de leurs maltres se moqu^rent des arrets
du Roi et du Parlement.
Mais les contestations ^taient loin d'etre termin^es ;
grdce d la rivalit^ qui existait entre les cours souve-
raines, Parlement, Grand Conseil, Conseil d'fitat, il
suffisait d'un arret reconnaissant les droits de la Faculty
pour en amener un autre favorable aux medecins de
Montpellier. Le Roi lui-mfime 6tait tantdt pour la
Faculty, tantdt pour les medecins provinciaux, selon
que d'Aquin, son premier m^decin, ou Fagon, son
medecin ordinaire, ^taient bien en cour aupres de lui.
Mais lorsque ce dernier fut nomme premier medecin,
il prit en main les int^rSts de la Faculty de Paris dont
il etait I'^l^ve; une declaration royale du 3 mars 1694
supprima la Chambre Royale reconstitute, avec defense
d ses membres « d'exercer la m^decine, d'imprimer,
distribuer ou adresser d^sormais aucune requite ».
La Faculty, d^s lors toute puissante, se montra gene-
reuse; elle ofFrit d ses ennemis vaincus le bonnet de
docteur regent, en supprimant les droits d'examen
tout en maintenant la publicity des epreuves; elle
ouvrit un examen g^ndral jtibilanim examm auquel se
soumirent la plupart des membres de la Chambre
Royale. Airisi se termina la lutte entre les docteurs
regents de Paris et les medecins de Montpellier. Dans
cette lutte, il n y eut, a vrai dire, ni vainqueurs ni
vaincus.
II
LES DOCTRINES MfiDICALES
La vraie et pure doctritie d'Hippocraie. — La doctrine des dements ; qualite pre-
miere; forme; nature. — La doctrine des temperaments; la forme; but final;
temperament pond^r^; temperament intemper^, simple, compost; temperament
total. — Le Galinisme physiologique ; le corps; les esprits naturels, vitaux et
animaux ; chaleur animale ; calorique inne, humide radical ; Tame ; les facultes
naturelle, vitale, animale; les sympathies; les facultis concupiscible et irascible.
— L'Humorisme gal^nique; sang, bile, pituite, atrabile : plethore et cacochymie.
— La s^meiotique et le galcnisme. — La therapeutique des temperaments et dc
Thumorisme; saigndes, purgations, lavements; hygiene, diet^tiquc. — L'evolution
des doctrines tnedicaUs. — La circulation du sang ; circulateurs et anticirculateurs ;
le petit Pecquet et Riolan ; Guy Patin ct la circulation ; I'arret burlesque. — Lii
circulation et la pathologic du xvii* si^cle. — La querelle de Tantimoiue ; chi-
miitrie contre humorisme. — Paracelse. — Le role passif et le rdle actif du m^dp-
cin ; arrets de i$66 et de i6i) ; Tantidotaire ; Jean Chartier, Blondel, Germain,
Eusebe Renaudot, Perreau, Guy Patin ; Tantimoine et le public ; triomphe de
I'antimoine ; le P. Carreau et la Stimmimachic ; Tarret de 1666. — Reaction contre
TaBtimoine ; Fagon et la methode exp^rimentale. — Le quinquina et Tipeca-
cuanha.
UVREZ, dit Maurice Raynaud, quelqu'un
des poudreux volumes consacr^s a la
physiologic surann6e de T^poquc. Des
la premiere page vous vous apercevrez
que vous etes sous le regime de Tauto-
rit6. Tdchez de vous en accommoder. Uautoritd, c'est ici
Hippocrate. Cherchez ; son portrait doit fitre au fron-
tispice; son nom est en tete de Touvrage. Lelivre^tant
d6di6 a la Faculty et approuv6 par elle, vous lisez la
formule suivantc ou une autre scmblable :
1
- 56 -
APPROBATION DES DOCTEURS
a Nous soussign^s, docteurs de la tr^s salutaire
Faculty de m^decine de Paris, certifions avoir lu
I'ouvrage de*** sous ce titre***; et attestons en outre
qu'il ne s y trouve rien qui ne soit conforme 4 la vraie
et pure doctrine d'Hippocrate. Aussi le jugeons-nous
digne d'etre livr6 4 Timpression et public. En foi de
quoi nous avons sign6. »
Le tout dat6, vis6 et paraft par le doyen ou par ses
dd6gu6s.
Quelle est done cette « vraie et pure doctrine d'Hip-
pocrate. » Est-ce celle grandiose, malgr^ seserreurs, de
THippocrate de Cos? Loin de Id. Cest la doctrine
d'Hippocrate abdtardie, changee, d6natur6e, enserr^e
dans le cadre scolastique.
A une 6poque ou Taristot^lisme semble avoir v6cu,
oil les philosophes, les Descartes, les Malebranche, ont
sap6 et d^truit dans le domaine de la m^taphysique les
principes de la philosophie p^ripat^ticienne, il existe
encore un errdroit d Paris ou la physique d'Aristote a
cours, est en honneur, c'est d la Faculte de m^decine,
qui, si elle ne s'appelle plus Facultas inphysica, a con-
serve religieusement les doctrines ancestrales et tout
I'attirail de la scolastique. Aussi est-il utile de con-
naltre les principes de la physique p6ripat6ticienne,
lorsqu'on ouvre un ouvrage de physiologie ortho-
doxe, comme la physiologie de Riolan Ic p^irc, ou
celle de Fernel « belle dme et bien illustre, dont la
— 57 —
m^moire durera autant que le monde », dit Guy Patin '.
II faut en connaltre le fondement ; les distinctions per-
p^tuelles de la puissanee et de Tacte, de Tessence et de
la forme, de Tfitre et de la quality.
c Mais ce n'est pas tout, dit M. Raynaud. A la suite
d'Aristote, d'autres p6ripat6ticiens sont venus, qui ont
apporti chacun leur pierre 4 I'^difice commun : Galien
d'abord, puisAverrhoes, Avicenne ettous les Arabistes;
et parmi les modernes, Fernel, Baillou, Sennert, Pi^tre.
La m^thode scolastique sert de lien entre ces 6l6ments
divers, imposant aux sciences d'exp^rience Tapparente
rigueur de ses proc6d6s d^ductifs. De toutes ces
influences, de toutes ces autorit^s r^unies, compuls^es,
compar6es, discut^es, a fini par sortir une doctrine
mixte, faite de concessions et d'arrangements r6ci-
proques, ceuvre de patience etd'drudition, qui emprunte
i la multiplicity mfime de ses sources une sorte d*ori-
ginalit^ relative. Uun aura fourni la definition de la
vie;rautre, la doctrine des esprits animaux; un troi-
si6me, la division des facultes de Tdme : et ainsi, rece-
vant un peu de toutes mains, s'est constitu6 un dogme
6minemment ^clectique, qui constitue le fond de
Tenseignement officiel. Sans doute, il y a encore bien
des dissidences de detail, bien des points litigieux,
I. Ces deux ouvrages cit^s sont ant^rieurs k T^poque dont nous nous
occupons; la physiologic de Ferael a ^t^ ^dit^e en 1538, celle de Riolan
pcre date de 1638. Mais ces deux ouvrages ^taicnt en honneur et les id^es
de Riolan le p^re surtout, faisaient foi. Fernel ^tait, du reste, une gloire de
r^cole fran^iise (notre Fernel, disait Guy Patin) et ses id^es semblaient
inattaquables.
- 38-
quiservent d aliments habituels aux controverses achar-
n^es des soutenances de theses et des argumentations
solennelles. Mais Tautoritfe n y perd rien et d'ailleurs,
dans les cas douteux, la Faculty, qui fait la loi, a bien
aussi le droit de I'interprtter. II en r^sulte une doctrine,
somme toute, assez homog^ne. t>
Cest cette doctrine que, d'aprts Maurice Raynaud et
M. FoUet, nous allons essayer d'exposer. Nous pren-
drons la division du P' FoUet et nous examinerons la
doctrine hippocratique successivement en physique,
en anatomie, en physiologie, en pathologic et en the-
rapeutique.
Nous avons d6jd vu que la premiere des choses
enseign^e au jeune philiitre inscrit aux ficoles de mide-
cine 6tait la physique, qui, avecTanatomie et la physio-
logie, constituait les cboses ncUurelles.
Pour nos docteurs regents, Thomme 6tait un
abr^g^ de toute la nature, un petit monde, un micro-
cosme qui n'^tait que la reduction !parfaite du grand
monde ou macrocosme. Partant, il 6tait non seulement
utile, mais indispensable de connaltre tout d'abord a
fond la composition de Tunivers et des parties qui le
constituaient ; un bon physicien devait faire un excel-
lent physiologiste.
En physique done, chaque corps est forme de quatre
elements que Ton retrouve d'ailleurs k I'etat de simpli-
city dans la nature : Teau, le feu, la terre et Tair ; d
chacun de ces elements correspond une qualite : a
— 59 —
Teau le froid, au feu le chaud, d la terre le sec, d Fair
rhumide. Mais dans ce corps que nous analysons, un
»
de ces quatre Aliments pent pr6dominer; le corps a
done une qtmliti premiire, abstraction pure : il pent fitre
froid, chaud, sec, humide. Uoix quatre "fel^ments cor-
respondant 4 quatre qualitis premieres,
Mais ces 616ments, pour former un corps, doivent se
m^Ianger intimement ; ce melange s'op^re par Tinter-
m^diaire du mouvement de la lumi^re. Les particules
des 6l6ments se p^n^trent r^ciproquement, se fondent
les unes dans les autres ; et de la nature meme de ce
melange intime, de cette fusion, nalt une quality nou-
velle qui vient s'ajouter 4 la somme des qualit6s pre-
mieres que possddaient les particules des elements con-
stituants. Cest cette quality nouvelle qui fait que ce
corps est ce qu'il est et non toute autre chose, que Ton
appellela forme, au sens ou les p^ripat^ticiens entendent
ce mot : fortna est actus cujiisque rei,
Ainsi prenons un muscle par exemple ; i sa consti-
tution concourent les quatre elements, lui apportant
leurs qualitis propres. II y a predominance du chaud
qui est done sa quality premiere. Mais cette quality
premiere, nous la rencontrons dans bien d'autres choses,
le sang par exemple. Le sang est chaud et 4 sa consti-
tution ont egalement concouru les quatre elements.
Mais le melange mol6culaire, la fusion des particules,
s'est faitd'une mani^re particuli^re au sang, au muscle;
et ce melange difRrent a donn^ naissance 4 la forme
propre, au muscle, au sang, 4 la nature musculaire et 4 la
nature sanguine.
— 6o —
Tel est le fondement bien aride, bien fragile de la
nature des 6l6ments.
Cest sur ce fondement que repose toute la doctrine
des temperaments. Qji'est-ce done qu'un temperament?
Tous les hommes ont les mfimes organes, qui ont
un mfime r6le, des fonctions identiques ; malgr^ cela,
chaque homme a sa mani^re particuli^re de vivre et
ces diversit^s infinies se groupent autour de quelques
grands types bien accuses, relics les uns aux autres par
un grand nombre d'interm^diaires. Comment expli-
quer ces vari6t6s individuelles? On y arrive, grace aux
donn^es les plus hypoth^tiques, les plus imaginaires.
Dans le corps humain, les elements sont unis entre
eux, mais virtuellement; ces elements, qui ont chacun
une forme partictiliire, en se r6unissant, ont une forme
unique que Ton appelle la forme du mdlange, forma
mixii. Mais dans le melange, la forme particuli^re de
chaque element persiste; entre ces formes particuli^res
existe un conflit d'ou Tune d'elle sort victorieuse; elle
commandera aux autres, les tiendra en puissance, Le
temperament, ce sera T^tat de repos qui succWe au con-
flit des elements. Cest la resultante, le terme, le but
final du melange, ce que Ton definissait au xvii^ si^cle
finis sen perfectio mixti. Cependant cette definition sou-
levait de vives controverses ; Averrhoes pretendait
que le temperament etait le melange m^me, tem-
per amentum est forma mixti; d'autres pretendaient que
rharmonic entre les elements constitutifs du corps
— 6i —
n*6tait autre que I'dme et non le temperament qui se
trouvait reI6gu6 au second plan et n'^tait qu'un instru-
ment de Tdme. Qjioi qu'il en soit, la definition officielle
du temperament etait : Temperamentum est finis seu per-
fectio mixti, et nous nous y tiendrons.
Le temperament ideal d'un corps est celui dans
lequel les elements constitutifs sont en equilibre par-
fait; mais Tequilibre parfait ne necessite pas une ega-
lite physique et ponderable des elements ; nullement :
il suffit que leurs qualites premieres soient en harmo-
nie, qu'il n'y ait pas de conflit entre elles. Non fit ad
pondus sed ad justiciam, Cest le tempirament pondiri qui
n'est autre que la santi,
Mais cette harmonie, cet equilibre est rare; d'ou
second temperament, le temperament intempiri.
Ce temperament intempere sera simple quand domi-
nera une seule qualite premiere, le froid, le chaud, le
sec, rhumide. II sera composi si deux qualites premieres
dominent simultanement, suivant les quatre combi-
naisons possibles : chaud-humide, chaud-sec; froid-
humide, froid-sec '.
En resume, nous trouvons neuf temperaments : un
temperament tempere, quatre temperaments intem-
peres simples, quatre temperaments intemperes com-
poses. Le temperament pondere, c'est la sante; les
huit autres peuvent etre, selon les cas et les degres,
sains ou morbides.
I. Bien entendu, deux quality premieres contraires ne pourraient se
combiner : le chaud ne peut se combiner au froid, le sec a Thumide.
1
— 62 —
Tout ce qui precede n'est en somme que relative-
ment peu compliqu^ ; c'est du gal^nisme pur. Mais le
tempiratmnt total de rhomme n'est que la r^ultante
d'une foule de temperaments secondaires; I'homme,
etant la reunion d'une s^rie d'organes, aura droit, lui
aussi, a un des neuf temperaments, lui-mfime perma-
nent ou variable. Cest cette totalisation des tempera-
ments partiels qui deviendra un veritable casse-tete
pour le physiologiste etudiant le temperament total
d'un individu humain. Aussi pour Taider dans ce cal-
cul, avait-on pose des regies generales , ainsi tons les
elements constitutifs du corps etaient blancs ou
rouges; les blancs etaient exsangues et solides, par-
tant froids ; les rouges etaient sanguins et de peu de
consistance; ils etaient chauds. Toutes les parties
dures, les os, les nerfs, les tendons, les cartilages
etaient seches ; les plus molles, humides. Mais malgre
ces regies fondamentales, que de controverses arides,
que de questions insolubles. Ainsi le cerveau, d'apres
les regies ci-dessus enoncees, doit fitre froid-sec. Mais
il est constamment baigne par le sang qui est chaud-
humide. Ces deux temperaments intemperes composes
contraires, s'annihilent-ils, ou Tun des deux subsistera-
t-il aux depens de Tautre ?
On voit par ce qui precede que la doctrine des tem-
peraments, assezclaireau premier abord,secompliquait
A I'infini et prfitait aux argumentations interminables.
Lc vainqueur etait le plus loquace et le plus ergoteur
des adversaires.
-63 -
En physiologic, les id^es de Galien, rest^es toujours
en honneur, 6taient enseign^es couramment i la
Faculty de m^decine, qui repoussait les id^es nou-
velles sur la circulation du sang.
Ainsi Harvey a depuis longtemps conf u Tid^e g^niale
de la circulation du sang; cette id6e, il I'a d6mon-
tr6e par des considerations et par des experiences qui
auraient dtl convaincre les plus incr^dules. La Faculty ne
veut rien entendre, elle repousse obstinement le cercle
complet de la circulation qui etlt 6t6, selon elle, la ruine
de la m^decine. Quid de nostra fieret medicina ?
Aussi ce sont les id6es orthodoxes, les id^es de Rio-
Ian, de GuyPatinque nous ^tudierons ici ; nousesquis-
serons ensuite les theories nouvelles, lorsque celles-ci
auront acquis droit de cit6 4 la Faculty, c'est-d-dire vers
la fin du r^gne de Louis XTV.
Pour Galien, les aliments 6taient, une fois dig^r^s,
transformes en chyle dans le tube digestif; la veine
porte v^hiculait ce chyle de Tintestin au foie. L4, il se
d6pouillait de ses impuret^s; la vdsicule en attirait les
parties les plus l^g^res, la rate les plus epaisses, et le
rein les parties aqueuses : ce qui restait ^tait de
couleur rouge. Le chyle purifie s'^tait transform^ en
sang « de mfime que le moAt du raisin mis en cuve
se change en vin ».
Le foie fabriquait done le sang, et la portion la
plus pure de ce sang y subissait une premiere elabo-
ration ; elle formait la vapeur du sang qui, elle-mSme,
au contact des esprits propres du foie, passait 4 Tetat
d esprit nature!.
1
-64-
Du foie partaient les veines qui conduisaient ce
sang noir et son esprit naturel dans tous les organes
et surtout vers le coeur, source de la cbaleur animaJe,
Mais ce sang veineux avait un calorique inni, force pri-
mitive et naturelle; ce calorique, pour ne pasfitre exces-
sif, devait fitre mod6r6. Uair jouait ce rdle d'agent mode-
rateur et de deux maniires. Tout d'abord, le sang pas-
sait en partie dans la veine art^rieuse (I'art^re pulmo-
naire), et arrivait dans les poumons ; I'air que la respi-
ration faisait entrer dans ces poumons rafrafchissait
et temp6rait le sang. Mais, en outre, Tair p6n6trait
dans les veines pulmonaires, arrivait au cceur gauche,
et, comme les cloisons interauriculaire et interven-
triculaire 6taient perfor^es de pretend us orifices,
passait dans le coeur droit, rafraichissant ainsi tout le
sang.
Dans ce sang rafrafchi et temp6r6, les parties les
plus pures contenu dans le ventricule droit s'exha-
laient par les pr6tendus orifices j usque dans le ven-
tricule gauche, pour se mfiler au sang qui s'y trouvait
{oxrcidinlX^s espriisvitaux, C6taient cesesprits vitaux qui
donnaient au sang du cceur gauche ou sang spiritueux
sa couleur vermeille. Ce sang spiritueux 6tait conduit
du cceur A la p6riph6rie par les art^res dont les batte-
ments reconnaissaient pour cause une vertu pulsifique
qu'elles tiraient du coeur par leurs tuniques.
Mais des esprits vitaux, une partie 6tait distraite pour
un r6le plus noble ; c'6tait Tesprit vital contenu dans
le sang des carotides. II arrivait aux ventricules du cer-
-65 -
veau; Id, il se purifiait par un m^canisme inconnu ',
se compl6tait et, apr^s une sine de transformations,
donnait naissance aux esprits animaux, la propre sub-
stance de I'dme. Ces esprits animaux conduisaient Tfitre
humain, qui tenait d'eux la sensibility et le mouve-
ment; ils agissaient par les nerfs qui ^manaient du
cerveau et conduisaient Tinflux de ces esprits 4 toutes
les parties de Torganisme.
On les divisait en esprits moteurs parcourant les
nerfs moteurs; en esprits sensitifs passant par la cervelle,
et les nerfs sensitifs, se subdivisant eux-mfimes en
optiques, auditifs, olfactifs, gustatifs et tactiles, enfin
en esprits ginitaux pour les organes de la reproduction.
Les esprits vitaux, dans Taccomplissement de leurs
fonctions, trouvaient aide dans deux puissants auxiliaires,
toujours d'accord et se suppliant Tun Taut^e ; ce sont
le cdorique inni et Vhumide radical. Ce calorique inniy
I. Nous avons lu le traits de Thomme de Descartes; c'est dans ce traits
qu'ii expose la fameuse th^orie de la formation et de Taction des esprits
animaux.
Pour lui, les vaisseaux apportant le sang au cerveau, apr6s avoir tapiss^
les ventricules c^r^braux, se rassemblent autour de la glande pin^ale. A ce
niveau, ils sont performs de nombreux trous qui laissent passer les parties les
plus subtiles du sang qui p^n^trent dans la glande Puis ces vaisseaux se
reforment en troncs qui se rendent tous au grand sinus occupant la faux
du cerveau. Les parties les plus subtiles du sang qui ont p^n^tr^ la glande,
ce sont les esprits animaux; ils vont s'emmagasiner dans les ventricules
que Descartes appelle les concavit^s du cerveau. Mais comment expliquer
qu*ils se rendent dans tel ou tel ventricule? La glande pin^ale entre de nou-
veau en jeu ; elle est moUe , n'est pas jointe et unie i la substance du cer-
veau, mais seulement attach^e k de petit es art^res ; en sorte qu'il faut fort
peu de chose pour la determiner 4 s'incliner ou se pencher plus ou moins
unt6t d'un c6te , tant6t d*un autre et faire qu*en se penchant elle dispose
les esprits qui sortent d'elle k prendre leurs cours vers certains endroits du
cerveau plutdt que vers les autres.
Le Maguet. — Z> mondetnfdical, S
— 66 —
nous en avons trouve la source dans le coeur droit : il
s'en 6chappe avec le sang veineux et se rend vers les
organes pour r6parer les pertes du calorique fixe.
Quant d Vbtimide radical, c'dtait tout Torganisme qui
contribuait 4 le produire. C6tait Thumidit^ n^cessaire
4 la vie des organes, I'huile alimentant le feu de la
lampe, selon Texpression si juste de M. Raynaud.
Ainsi les esprits vitaux, le calorique inn6, Thumide
radical forment dans leur union intime une sorte de
tr6pied vital. Qye Tun d'eux vienne 4 manquer, la
mort s'ensuit. La syncope s'expliquera par le manque
d'esprits ; la mort par la fiivre hectique est due 4 la des-
siccation du corps par faute de Thumide radical ; la
mort par le froid reconnaltra pour cause Tinsuffisance
du calorique inn^.
En r6sum6, si nous considdrons le corps humain,
nous le trouvons composed ainsi qu'il suit :
i^ Le corps proprement dit;
2° Lbumide radical, de nature 6l6mentaire, matdrielle ;
3° Les esprits, servant d'interm^diaires de plus en
plus parfaits entre le corps et 1 ame ; ils sont de plu-
sieurs ordres :
Les esprits naturels de nature vaporeuse ;
Les esprits vitaux de nature a^rienne ;
Les esprits animaux de nature 6th6r6e.
4^ Le calorique inni, dont on admet Torigine celeste ;
5^ Udme, substance spirituelle, une et indivisible,
cr66e par Dieu, Dei soboles, propago, delibatio,
Cettc 4me a des manifestations : ce sont \qs facultis \
-67 -
chaque faculty sera subordonn6e d une esp^ce d'esprits :
ainsi nous trouvons une faculti naturelle dans le foie
(ou resident les esprits naturels), une facultd vitale dans
le coeur (ou resident les esprits vitaux), une faculti
animdle dans le cerveau (ou resident les esprits ani-
maux).
Ces trois facult^s se subdivisent ; ainsi \di faculti natih
relle comprend la faculty nourriciere, la faculty auctrice
et la faculty procrtatrice. La faculty nourriciere compren-
dra une faculty attractrice (Forganisme attire les mat6-
riaux qui lui sont n^cessaires), r^tentrice (il les garde
pour les elaborer), assimilatrice (il se les assimile),
expultrice (il rejette les r^sidus).
La faculti vitale conservera le calorifique inn6, Thu-
mide radical ; elle prdsidera aux mouvements du coeur,
le dilatera pour attirer Tair dans le ventricule gauche,
le contractera pour en expulser les fuliginosit^s '.
La faculti animdle sera la faculty du mouvement et
du sentiment, d'ou sa subdivision en faculty motrice
et sensitive. Mais son principal r6le sera la reception,
la coordination, la comparaison des impressions revues
par le cerveau ; elle comprendra Timagination, la m6-
moire, le raisonnement ^
1. On entendait par fuliginosit^s les r^idus du calorique inn^ et de
rhumide radical; la systole ventriculaire les chassait au dehors; si, au con-
traire, elles s'accumulaient dans Torganisme , elles causaient Talt^ration des
humeurs; d'oO ^tat de maladie.
2. Quelques mots des localisations c^r^brales ^ cette ^poque.
Les anciens pla^aient Tiniagination et le sens commun dans les ventri-
cules ant^rieurs, la m^moire dans les ventricules post^rieurs et le raisonne-
ment dans le ventricule moyen « afin, dit Stenon, qu'(itant log6 dans celui
— 68 —
Ces trois facult^s 6taient de plus en rapports intimes,
relives entre elles par des sympathies; cela permettait
d'expliquer certaines fonctions, par exemple la respira-
tion qui d^pendait d la fois de la faculty naturelle et de
la faculty animale.
Enfin, 4 cdt6 de ces trois grandes facult^s d'essence
divine et manifestations de Time, prenaient place deux
nouvelles facult6s, les facultis concupiscible et irascible
qui, errant un mouvement des esprits, donnent nais-
sance aux passions.
La faculti concupiscible est la source des passions qui
ne sont que Texpression legitime de nos besoins ; elle
si^ge dans le foie, et elle d^gage des esprits qui, allant
aux difF(Srents organes, crient la faim, la soif, les d^sirs
g^nitaux, Tamour, la haine, le d^sir, Taversion, le plai-
sir, la douleur... Si les esprits produits tendent vers le
dehors, ce sera par exemple I'amour ; se retirent-ils au
dedans, ce sera la haine, et le degr6 d'amour ou de
haine d6pendra de la plus ou moins grande prompti-
tude des esprits k accomplir revolution command^e.
L2i faculti irascible siege dans lecoeur; elled6gage des
esprits d'ou naltront Tesp^rance, le d^sespoir, la har-
diesse, la crainte et la colore.
du milieu , le raisonnement puisse faire plus ais^ment ses reflexions sur les
id^es qui lul viennent de Tun et de Tautre des ventricules ».
Mais il y avait sur ce point bien des divergences.
Willis logeait le sens commun et Timagi nation dans le corps stri^, Tima-
gination dans le corps calleux et la m^moire dans r^corce et dans les tlots
de substance grise.
En somme, la plupart des physiologistes, sans s'en tenir k des localisa-
tions si precises, pla^aient I'imagination dans la portion ant^rieure du cer-
veau, la m^moire dans la portion post^rieure et le raisonnement au milieu.
-69-
Ajoutons que ces deux facultes se peuvent com-
biner; ainsi Tamour pourra s'accompagner de har-
diesse ; dans ce cas, les esprits d^gag^s par les facultes
tendront vers le dehors. L'amour s'accompagne-t-il de
crainte, les esprits de la faculty concupiscible tendront
vers le dehors, les esprits de la faculty irascible vers
le dedans...
Voild done les fameuses facultes de Tdme qui expli-
quaient tout pour la plus grande joie des Riolan, des
Blondel, des Pi^tre. Au fond, ce n'^taient que des tau-
tologies scolastiques, et les philosophes qui 6taient,
tels Descartes et Malebranche, des physiologistes plus
^clair^s et moins retardataires, ne se faisaient pas faute
d'attaquer Tenseignement officiel de la Faculty.
lis r6pondent hardiment et sans h&iter k ces questions
obscures et ind6termin6es : d'ou vient que le soleil altire les
vapeurs, que le quinquina attire la fidvre quarte, que la rhu-
barbe purge la bile et le sel polychreste le phlegme ? Mais ils
se rendraient ridicules h tout le monde s'ils supposaient un
mouvement d'attraction et des facultes attractives, pour
expliquer d'ou vient que les chariots suivent les chevaux qui
y sont attelds et une faculty detersive dans les brosses pour
nettoyer les habits et ainsi des autres questions '.
En pathologie la doctrine des temperaments ne suffi-
sait pas pour expliquer les causes des maladies. Un
temperament tempere, c'est la sante, rien de plus
simple. Mais pourquoi un temperament intemp^re,
simple ou compose, est-il I'indice, selon les cas, ou
I. Malebranche, Recherche de la verity, liv. VI, 2« partie, chap. IV.
— 70 —
d'un 6tat de sant6 (pr^caire il est vrai) ou d'un 6tat
pathologique?
Alors inten^enait le vieil bumorisme galinique dans
toute sa purete. II est admis et ne doit meme pas fitre
discut^.
II y a quatre humeurs comme il y a quatre i\i-
ments :
I*' Le sang qui se forme dans le foie par T^laboration
du chyle et se perfectionne dans le cceur; il est chaud
et humide et correspond A I'air;
2^ La bile qui est aussi un produit du foie ; elle est
chaude et s^che, et r^pond au feu ;
3° Lsi pUuite qui 6mane du cerveau et est secrdt^e
par la membrane tapissant les fosses nasales'. Elle
est froide et humide, et r^pond i Teau ;
4° Uatrahile, venant de la rate, froide et s^che, r6pon-
dant d la terre. Elle n'avait, du reste, jamais 6t6 vue de
personne ; cependant on y croyait, car Galien assurait
I'avoir vue.
Voila quelles 6taient les quatre humeurs ; d'aucuns
avanfaienttimidementqu'il pouvait y en avoir d'autres,
par exemple le kit ; mais on leur repondait que le lait
n'est qu'un d6riv6 du sang, et n'avait aucun droit
d'etre une humeur par lui-mfime.
Ces humeurs impregnent les organes comme Teau
impr^gne une Sponge. Quand elles restent en propor-
tions et quantit^s convenables, qu'elles ne sont ni
I. Qui, du reste, a conserve le nom de membrane pituitaire, de ra^me
que le coryza a conserve le nom de rhume de cerveau,
— 71 —
insuffisantes, ni exag^rdes, ni alter^es, cest la sant^.
Mais bien souvent elles p^chent par quantity ou par
quality : s'il y a simple exc^s, c'est IdipUthore ; s'alt^rent-
elles par addition d'un produit Stranger ou par decom-
position, il y a cacocbymky c'est-a-dire 6tat de maladie :
maladie interne quand Vhumeur peccante seporte sur un
visceral quelconque; lesion externe quand Thumeur
peccante se porte sur un point quelconque des tegu-
ments.
Chaque humeur donne naissance d un produit mor-
bide special ; le sang fera naltre le phlegmon ; la bile
rerysip^le, la pituite Toed^me, et Tatrabile le squirrhe.
Sur quoi basait-on Taction nocive des humeurs?
Pourquoi s'aheraient-elles ? Par quelles voies s'epan-
chaient-elles au loin ? Pourquoi donnaient-elles nais-
sance d telle ou telle maladie? On ne cherchait nuUe-
ment a comprendre, d rechercher le pourquoi des
choses ; Hippocrate, Galien Tavaient dit ; on ne devait
nullement discuterleursaphorismes, etle physiologiste
orthodoxe aurait volontiers r^p^t^ la parole du sco-
liaste du moyen dge arretant tout essai de discus-
sion par la phrase traditionnelle a Aiiio^ i(^-f\ ».
Dans tout ce fatras apparaissait parfois une id^e
juste; ainsi la fi^vre ^ph^m^re etait due au travail de
reaction de tout I'organisme pour se d6barrasser des
humeurs vici^es. « II n'y a qu'excis passager de la
chaleur avec trouble des esprits)), dit Fernel d'Amiens.
Mais tout de suite on retombe dans des explications
sans fin.
1
— 72 —
« La fi^vre synoque provient de la pourriture du
sang. La fiSvre symptomatique ne provient pas des
humeurs, mais des parties contenantes ' d'oii s'^coule
quelque chose de pourri et d'ou s'6l^ve une vapeur
putride qui attaque le cceur. Les fi^vres intermit-
tentes sont dues d un melange de bile et d'atrabile
alterant le sang ^. »
Ainsi pour Fernel et, du teste, pour Guy Patin et ses
contemporains, la fi^vre 6ph6m6re, contrairement aux
autres fi^vres, est un bien, un signe de la reaction de
Torganisme a contre les humeurs viciees des vapeurs
dcres ou corrompues, des fuliginosit^s crasses et
putrides qui s'd^vent de Tintestin, du m^sentire ou
de la rate, vers les regions nobles du cerveau et du
cceur. »
Tous ces qualificatifs pompeux font sourire aujour-
d'hui; au xvii^si^cle les m^decins les ^nonfaient gra-
vement au lit du malade et Moli^re, le grand redres-
seur des ridicules m^dicaux, exag^rait 4 peine lorsqu'il
mettait 4 la sc^ne les dissertations m^dicales.
ficoutez ce passage de F Amour mddecin :
M. Macroton. — Les sympt6mes qu'a votre fille sont in-
dicatifs d'une vapeur fuligineuse et mordicante qui lui picote
les membranes du cerveau. Or, cette vapeur, que nous nom-
mons en grec Atmos, est causae par des humeurs putrides.
1. On distinguait les organes d'apr^s leurs usages en : contcnants, ce sont
It'S parties solides; contenus, cc sont les humeurs; moteurs, ce sont les
csprits.
2. Universa Medica Joannis Fernellti Amhiani : liber quart us, de
febribus.
tenaces et conglutineuses qui sont contenues dans le bas-
ventre.
M. Bahis. — Et, comme ces humeurs ont 6t6 la engen-
dries par une longue succession du temps, elles s'y sont re-
cuites, et ont acquis cette malignity qui fiime vers la region
du cerveau.
Et cette fameuse sc^ne du Midecin malgri lui,
Sganarelle. — Je tiens que cet empfechement de Taction
de la langue est cause par certaines humeurs qu'entre nous
autres savants nous appelons humeurs peccantes, c'est-i-dire
humeurs peccantes. D'autant que ies vapeurs form&s par
ies exhalaisons des influences qui s'^l^vent dans la region des
maladies, venant & passer du cot^ gauche oil est le foie^ au
c6tk droit oi est le coeur, il se trouve que le poumon que
nous appelons en latin artnyan ayant communication avec le
cerveau que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de
la veine cave, que nous appelons en hibreu cubiley rencontre
en son chemin Ies dites vapeurs qui remplissent Ies ventri-
cules de Tomoplate. Et, parce que Ies dites vapeurs — com-
prenez bien ce raisonnement, je vous prie, — ont une cer-
taine maligniti qui est causee par I'icret^ des humeurs engen-
dries dans la concavity du diaphragme, il arrive que ces va-
peurs ossabutidus nequeis neque potarinum quipsa milus. Voili
justement ce qui fait que votre fiUe est muette.
« Tout cela, dit si justement le professeur FoUet, c'est
du Fernel 4 peine exag6r6. » Trouve-t-on beaucoup moins
grotesque cette dissertation en faveur du vin ^metique
qui, depuis le fameux 6dit de 1665, devait rafraichir et
non ^chauffer comme ' il le faisait avant ?
I. Sentiments d'un medecin Merits k son ami sur la lettre des P^res
Capucins du Louvre employee dans le Mercure Galant du mois de
novembre 1678. Portefeuille Valiant, XIV.
— 74 —
S'il echauffe quelquefois, c'est par accident, grace aux
copieuses Evacuations d'humeur atrabilaires irugineuses et
torr6fi6es par les intempiries des entrailles et particulierement
par les principales parties nourriciires, dans les replis des-
quelles ces humeurs farouches, indomptables et brililantes
d'elles mesmes et incapables d*aucune coction *, se trouvent
contournies, lesquelles ne se peuvent detacher et mettre en
mouvement sans faire ressentir cette impression de chaleur
dont ils sont impr6gn6s, laquelle n'est causte par la vue 6m6-
tique que par accident comme il est dit dessus, non plus
qu'une fourche n'est point estim^e puante en soy, parce
qu'elle remue le vieux fumier ou d'autres ordures corrom-
pues dont les haleines peuvent faire bien du d^sordre.
Et cette opinion de Valiant sur « une petite fiUe de
8 ans qui est devenue folle et muette par la petite
v^role » ^.
Causa tanti mali non alia creditur quam idem humor qui
variolas fecerat, unde in casi cerebri factus abcessus qui per
aurem expulsus est, ibique impactus humor, prae mali gravi-
tate et gravi intemperie cerebri, temperium et asconomiam
evertit ; unde depravata imaginatio, unde deperdita memoria,
unde loquelae amissio ', quae in linguae vitium immerito
refertur, cujus nulla videtur lassio...
Passons 4 la s6mdiotique et examinons comment,
grdce 4 rhumorisme et 4 la doctrine des temperaments,
le m^decin pouvait deceler T^tat de maladie de tel ou
tel visc^re.
1. Cuisson.
2. Portefeuilk Valiant, XIV.
3. N*est-ce pas le cas de rappeler avec Sganarelle : « Et voild pourquoi
votre iille est muette ? »
— 75 —
Les sympt6mes physiques etaient pour lui quantity
n^gligeable ' ; les investigations mat^rielles telles que
la palpation m^thodique de Tabdomen, Texamen des
cavit^s naturelles Etaient inusit^s et m^me d^fendus
au mddecin qui ne devait pas d^roger. II pouvait seu-
lement tater le pouls, faire Texamen optique des
urines, examiner de tr^s loin les selles. A cela se limi-
tait son r6le actif. Tout examen plus approfondi eilt
necessity Tintervention d'un chirurgien.
Mais Tinterrogatoire du malade venait corroborer
Topinion premiere que le medecin s'6tait faite. Le
si^ge des douleurs, leurs caract^res, leurs irradiations,
r^tat des fonctions, les qualites du sommeil, I'app^-
tence ou le d^goilt pour tel ordre de mets d^celaient
a ses yeux une modification de temperament ou une
lesion humorale de tel organe, intemperie, s6cheresse,
obstruction ou cacochymie. Get interrogatoire ne fait-il
pas penser A celui que M. de Pourceaugnac subit.
i*^ MfeDEQN. — Mangez-vous bien. Monsieur?
Pourceaugnac. — Oui et bois encore mieux.
2' MEDECIN. — Tant pis. Cette grande appitition du froid
et de rhumide est une indication de la chaleur et sicheresse
qui est au-dedans.
Le seul symptdme que le medecin approfondissait
6tait le pouls; M. Follet en donne, d'apr^s Fernel, une
I. N'oublions pas que nous parlous de la m^decine a Paris. A la m^me
^poque, Sylvius h Louvain attachait une grande importance aux synipt6nies
physiques, mais son opinion n'eut cours d Paris que dans les toutes der-
til^res ann^es du xviic siecle.
-76-
multitude de types: a Longus, latus, altus, niagnus,bre-
vis, angustus, humilis, mollis, durus, plenus, capricans,
asqualitervelinaequaliter inaequalis, dicrotus, undosus./
M^me chez Thomme en bonne sant6, nous dit Constant
de Rebecque, il prfite d de nombreuses dissertations, car
il peut fitre dgal vihiment ou igal languide \ S'il est im-
gal\ c'est un signe certain de maladie, et alors il
peut fitre :
1° £gal-in6gal ou myouros qui lui-mSme comprend
le myouros rdciproque ' et le myouros d6faillant ^.
2° In6gal-6gal ^ qui se subdivise en in6gal-r6ci-
proque *, in^gal-intermittent ' et inc^gal-d^faillant ^
3° Redouble ^ redouble triple, redouble quart.
4*^ Entrecoup6 '"* simple ou capricieux '\
5° Ondoyant, vermiculant, fourmillant
6° In6gal ordonn6 " ou d^sordonn^.
7® filanc6.
8^ Convulsif "'.
1 . Le battement de Tart^re est plus ou moins fort.
2. Pouls qui va en ditninuant, pronostic grave, d^notant la faiblesse des
esprits vitaux.
3. Pouls qui, apr6s s'^tre ralenti, reprend ses caract6res primitifs.
4. Pouls qui devient de plus en plus faible, puis filiforme ; malgr6 cela,
les pulsations qui se suivent ont toujours m^mes caract^res.
5. Pouls qui n'a aucune apparence d*.in6galit6.
6. Un groupe de pulsations ^gales en intensity, frtJquence et rapidity, est
s^par^ du groupe suivant par un temps de repos toujours le m£me.
7. Les temps de repos sdparant les groupes de pulsations sont in^gaux.
8. Le pouls de plus en plus petit, puis filiforme^ et la mort arrive.
9. Celui qui a son battement double, triple, quart , faisant ainsi qu'un
marteau qui rejaillit sur Tenclume.
10. Chaque pulsation est s^par^e de la suivante par un temps de repos.
1 1 . Les pulsations se suivent, mais n'ont pas les m^mes caract^res.
12. Pouls qui retlent, dans ses revolutions d'in^galite, un ordre.
13. L'^lanc^ est le pouls dans iequel Tonde sanguine soul^ve les parois
GhiiAHi) DOW
L.\ rtiMMt: iivuiiOi'Kjn-:
— 77 —
La constatation de ces qualitfes du pouls devait
donner au praticien Tindication diagnostique capitale,
tel pouls indiquait telle affection d'un organe donni '.
Moli6re ne force done pas du tout la note lorsqu'il
met en sc^ne les Deux Diafoirus, dissertant sur le
pouls d'Argan.
M. Diafoirus (tdtant le pouls (TArgati). — Aliens, Thomas,
prenez I'autre bras de Monsieur, pour voir si vous saurez por-
ter un bon jugement de son pouls. Quid diets ?
Thomas Diafoirus. — Dico que le pouls de Monsieur est
le pouls d'un homme qui ne se porte pas bien.
M. Diafoirus. — Bon.
Thomas Diafoirus. — Qu'il est duriuscule, pour ne pas
dire dur.
M. Diafoirus. — Fort bien.
Thomas Diafoirus. — Repoussant.
M. Diafoirus. — Bene.
Thomas Diafoirus. — Et mfeme un peu capricant.
M. Diafoirus. — Optime.
Thomas Diafoirus. — Ce qui marque une intempirie dans
le parenchyme splenique, c'est-i-dire la rate.
De Texamen optique des urines * nous |ne parlerons
art^rielles par une secousse hit^e et in^gale, comme quand on darde un
javelot. La secousse est convulsive et inhale dans le convulsif, comme
quand on darde quelque chose en tremblant.
1 . L'exanien du pouls nous am^ne k mentionner le tableautin ravissant
de Quiryn Brekelenkam au Louvre, dans lequel un m^decin tdte le pouls
d'une femme malade, tout en se tenant le plus doign^ qu'il peut de la
patiente.
2. L'urine ^tait mise dans un petit ballon et le m^decin en examinait
par transparence la couleur et les reflets ; les artistes qui eurent i situer
le m^decin aupr^ de son malade le peignirent souvent en train de faire
cet examen. Ainsi Jean Corbichon (Edition de 1496) public par
M. Franklin , Gerard Dow (La Femme hydropique du Mus6e du Louvre) et
Barbette (frontispice de sa Chirurgie).
- 78-
pas dans ce chapitre; disons seulement qu'il rensei-
gnait le mddecin, non pas tant sur la maladie elle-
mfime, que sur sa marche. C6tait rexamen optique
qui permettait de d^celer la coction des humeurs,
signe favorable qui pr6c6dait de peu la p6riode cri-
tique. Notons, en outre, que la gustation des urines se
faisait quelquefois au lit du malade et que, grdce d
cette pratique, on connaissait d6]d Turine sucr^e
« urina mellita » du diaWtique.
Toute la th^rapeutique rdsultait des theories r6su-
mdes ci-dessus, de la doctrine des temperaments et de
rhumorisme gal^nique. De la doctrine des tempera-
ments naissait une th^rapeutiquc tres complexe.
Chaque medicament ou chaque plante avait son tem-
perament, chaud, froid, sec et humide. Cette qualite
premiere du medicament de la plante suppieait aux
qualites manquantes de Torgane malade ou neutrali-
sait celles qui etaient en exces. Mais cette qualiti pre-
miere etait censee exister d des degres varies. On eta-
blissait arbitrairement quatre degres. Ainsi, eu egard d un
homme bien tempere, le chou echaufFait au premier
degre, les cdpres au deuxieme, la cannelle au troi-
sieme, Tail au quatrieme... L'orge rafralchissait au pre-
mier degre, le concombre au deuxieme, le pourpier au
troisieme, la cigue au quatrieme... La buglose humec-
tait au premier degre, la violette au deuxieme, la lai-
tue au troisieme. Le fenouil dessechait au premier
degre, le plantain au deuxieme, Tabsinthe au troi-
— 79 —
si^me, etc., etc. « Aussi, dit Maurice Raynaud, quel
que pAt etre un temperament humain donn6, on
pouvait toujours espdrer de trouver soit une plante
nol6e, soit des associations diverses lui convenant, et
d'oii r^sultait un temperament capable de lui servirde
correctif, de supplier 4 ce qui lui manquait ou de
neutraliser ce qu'il a d'excessif. »
Outre ces qualit^s premieres, les medicaments et les
simples possddaient des qualit^s secondes et des qua-
lites troisiemes.
Les qualitis secondes correspondaient 4 des qualit^s
premieres donn^es. Ainsi les plantes chaudes etaient
le plus souvent attinuantes, rarifiantes, les plantes
froides 6taient 6paississantes, condensantes...
Les qualitis troisiemes 6taient d'une nature beaucoup
plus sp6ciale. On constatait ainsi qu'une plante 6tait
diur^tique, emminagogue, anodine, mais le pourquoi
de cette vertu restait le plus souvent inexpliqu6. On
se contentait de r^pondre comme le bachelier de la
c^r^monie du Malade imaginaire « quia est in ea virtus
diuretica... »
Lorsque le mddecin se trouvait en presence d'un cas
complexe, poumon trop chaud, cerveau trop humide,
rate trop s^che... Ton comprend ais6ment que, fervent
adepte de la doctrine des temperaments, il se trouvait
oblige d'ordonner des medicaments multiples sous
forme de preparations pharmaceutiques tr^s compli-
qu^es et, comme ajoute M. FoUet, volumineuses et r^pu-
gnantes.
— 8o —
Cette polypharmacie, « la cuisine arabesque » dont
g6mit Guy Patin, 6tait venue de Montpellier qui con-
servait les traditions de Rhaz^s et d'Avicenne. Les
humoristes purs la r^pudiaient, mais, comme nous le
verrons bientdt, elle obtiendra son droit de cit6 au
grand d^sespoir des partisans d'Hippocrate et de
Galien.
Ceux-ci avaient une th^rapeutique sp^ciale, la thi-
rapeutique dont s'est tant moqu6 Moli^re : « Saigner,
purger, clystdriser ».
La saignie avait pour principal rdle de combattre la
pl^thore; cependant on lui octroyait la vertu d'6va-
cuer le sang alt^rt par les humeurs peccantes.
La purgation et le lavement combattaient la caco-
chymie en pr^parant, en cuisant et expulsant les hu-
meurs peccantes,
Cette priparatiofi, cette cuisson, cette expulsion n6ces-
sitaient, pour chacune d'entre elles, un purgatif special.
De plus, selon la nature de Thumeur, on devait em-
ployer tel ou tel purgatif; la scammon^e agit sur la
bile, la coloquinte sur la pituite, Tell^bore sur la m6-
lancolie. Mais ce n'est pas tout, ajoute Raynaud, il y a
des purgatifs spiciaux d chaque partie du corps et 4
chaque humeur qui engorge cette partie. L'un 6va-
cuera la bile jaune de la v^sicule du fiel, Tautre la
bile noire de Testomac, un troisieme la pituite de la
t^te et cette simple consideration du si^ge va multiplier
4 Tinfini les difficult^s et les pr^ceptes. Nous voyons
done que la purgation ^tait un art veritable et qui
— 8i —
demandait un praticien rompu aux finesses du gale-
nisme.
Le lavetnent venait en aide k la purgation dans la
lutte centre les humeurs peccantes. II comportait les
memes indications. Comme la purgation il avait des
qualit^s premieres, secondes, troisi^mes. II 6tait pr6par6
avec amour par Tapothicaire, qui aimait A ditailler sur
la note ses vertus, sa composition et son prix.
Du 24*, un petit clystdre insinuatif, prfeparatif et Emollient
pour amoUir, humecter et rafraichir les entrailles de Mon-
sieur. 30 sols.
Plus dudit jour, un bon clystire ditersif, compost avec
catholicon double, rhubarbe, miel rosat et autres, suivant
rordonnance, pour balayer, laver et nettoyer le bas ventre de
Monsieur. 30 sols.
Plus du 26®, un clystfere carminatif pour chasser les vents
de Monsieur. 30 sols.
Nous en avons fini avec les deux th^rapeutiques du
xvii*^ si^cle, avec a le poison des cuisiniers arabes »,
comme avec les a pauca sed probata remedia » de Guy
Patin.
R6sister 4 Tune ou 4 Tautre exigeait de la part du
malade un temperament exceptionnellement vigou-
reux. C6tait Topinion de Moli^re qui refusait les
rem^des des m^decins etfaisait direde luiparB^ralde :
II soutient que cela n'estpermis qu'aux gens vigoureux et
robustes, et qui ont des forces de reste pour porter les remfedes
avec la maladie; mais quepourlui il n'a justement de la force
que pour porter son mal.
Le Magukt. — Lr numde medical, 6
I
t
.*
'k
— 82 —
Un regime d6bilitant venait ajouter son action d
celle de la medication; viandes blanches, tisanes (fur-
fur macrum) et petit lait (parvum lac) affaiblissaient
le malade. Cependant certains m^decins protestaient
et pensaient, comme Toinette, que, dans nombre de
maladies, il fallait nourrir le patient : « il faut manger
du bon gros boeuf, du bon gros pore, de bon fromage
de HoUande » Enfin on cherchait, d6j4 timidement
il est vrai, A remplacer cette di^te adoucissante et
6molliente par le regime lact6, dont les qualit^s occul-
tes ou manifestes semblaient fitre minimes, mais qui
etait un adjuvant puissant pour le malade dans sa
lutte contre la maladie et contre le m^decin.
Nous en avons fini avec la vraie et pure doctrine
d'Hippocrate, avec la m^thode dialectique de Iji Faculty
de Paris. Cette m^thode constitue le fond de Tensei-
gnement officicl. L'^tudiant, avide de conqu^rir le bon-
net de docteur, doit connaltre i fond temperaments,
humeurs
Cette doctrine avait d6jd, en 1650, subi de nom-
breuses attaques. Les folles id^es de Paracelse, reprises
par Van Helmont et par Sylvius de la Boe \ n'avaient
pu rien contre le bloc compact de la m^decine hippo-
crato-gaienique. Les decouvertes de Servet, de Cisal-
I. Notons cependant que Sylvius, forc6 d'attaquer les id^es de Galien,
n*cn reste pas moins son admirateur passionn^; il ne cratnt pas de dire
que Galien est infaillible et que si les id^es galtoiques sur la structure de
rhomme ne cadrent plus avec les id^es de son temps , h lui Sylvius, c'est
que cette structure a chang^ dcpuis Galien.
*■
b
r
-83 -
pin, de Charles Estienne, de Fabrice d'Aquapendente,
d'Aselli ', les discussions vraiment scientifiques de
V^sale * ^taienl resides lettre morte pour les docteurs
regents parisiens ddcidds i accepter tout plutdt qu'une
nouveautd! lis avaient bien iti obliges, il est vrai, de
composer avec la Faculty deMontpellier, vulgarisatrice
de cette midecine chimique, de cette « forfanterie
arabesque » que mdprise tant Guy Patin; mais ces
theories chimiques avaient comme promoteurs des
Fran?ais;et,de plus, les cuisiniers arabes faisaient habi-
lement le sidge de la Faculty ennemie, essayant d'en-
dormir sa vigilance, espdrant toujours obtenir d'elle la
rehabilitation de Tantimoine si cher aux Aleves de
Montpellier. Toutefois le chimiAtre n'attaquait pas la
doctrine hippocratique; il Tavait fait sienne en delais-
sant rhumorisme galdnique pour mettre au premier
plan la doctrine des temperaments. Ainsi la mdthode
dialectique restait maitresse du terrain.
Mais cette mdlhode va bient6t sombrer; elle jouit
de son reste et Guy Patin qui se moque et se gausse
des id6es nouvelles, verra avant sa mort ces idees uni-
versellement admises.
1. Michel Servet avait d^crit, vers i$50, la petite circulation ou la circu-
lation pulmonaire. C^salpin eut, vers 1593, Ic pressentiment de la grande
circulation. Charles Estienne d^couvrit, en 1545, les valvules des veines
qui furent d^critcs avec beaucoup d'exactitude par Fabrice d'Aquapendente ;
vers 1622, Aselli ddcouvrit les vaisseaux lymphatiques ou veines lact^es.
2. V^sale nia les porosit^s de la cloison, porosit^s que tout le monde
croyait avoir vues. Mais ce fut tout, et il retomba dans toutes les errcurs
galMques, adraettant que les veines sont les principales voies par lesquelles
le sang est pon^ vers les organes pour les nourrir.
1
-84 -
La g^niale d^couvertc d'Harvey date de 1628. Les
id6es sont adoptees 4 peu pr6s partout, sauf d Paris, ou
elles provoquent cependant des luttes sans fin. Ces
luttes ne mettent pas seulement aux prises les m6de-
cins; tous les philosophes, tous les gens du monde y
prennent part;. on est pour ou contre Harvey. Fouquet
lui-mfime ne se desintdressait pas de ces luttes, il dtait
anticirculateur ' et aimait 4 dire des id^es nouvelles :
« Ce sont de jeunes personnes et me voilA devenu si
vieux, que ce n'est pas la peine de faire connaissance
avec elles. » Anticirculateur, le vieux docteur regent,
rhonneur de la Faculty ; anticirculateur, le philiatre
studieux, espoir de ses maltres, celui dont Diafoirus
dira vingt ans plus tard : « II s'attache aveugldment aux
opinions de nos anciens et jamais il n'a voulu com-
prendre ni dcouter les raisons et les experiences des
pr^tendues d^couvertes de notre si^cle touchant la cir-
culation du sang et autres opinions de meme farine. »
Au fond, quand on pcnse 4 la stupeur que durent
6prouver les sectateurs fervents d'Hippocratc et de
Galien, devant ces a pr6tenducs d^couvertes », on est
porti 4 comprendre sinon 4 excuser le tolle g6n6ral qui
s'^leva contre elles. Le foie ^taittout dans Torganisme;
il etait I'origine de tous les vaisseaux, fabriquait le
sang, qui, apr6s avoir parcouru rorganisme,revenait lui
demander dc nouveaux principes nutritifs; cela 6tait
I. Fait curieux et digne d'C^tre nicntionn^: Fouquet, anticirculateur, cut
commc m^decin et fidde ami, dans sa captivity, celui qui assura par ses
d«^couvertes le triomphc des theories harveiennes, Pecquet.
-85 -
admis depuis des siecles, satisfaisait toutes les curiosi-
t6s, permettait d'expliquer tous les ph^nom^nes vitaux.
Et voili qu'un Stranger, un Anglais, voulait deposs^der
le foie de sa royautd et osait dire que : « le sang nour-
ricier de Torganisme se repand du coeur dans toutes
les parties du corps pour y porter la chaleur et la vie;
puis, refroidi et vici6 par son contact avec ces parties,
il revient au coeur y reprendre ses qualit^s premieres
et retourne ensuite encore une fois aux organes d*ou
il 6tait venu ». C^tait le bouleversement de toute Tan-
cienne m^decine et Ton peut comprendre les emporte-
ments et les coleres des vieux docteurs regents voyant
les idees qu'ils avaient venerees pendant toute leur
vie miidicale, battues en br^chc par un novateur de
genie.
Malgr6 ces violentes attaques, les circulateurs gagnent
du terrain. lis auront bientdt I'appui moral de philo-
sophes comme Descartes ', Gassendi. lis accueillent a
chaque moment des transfuges qui pourraient r<ipeter
avec Ang^lique : « Les anciens, Monsieur, sont les
anciens et nous sommes des gens de maintenant ».
I. Pour les philosophes, la circulation du sang servit merveilleusement
leurs doctrines en ce qu'elle sapa toutes les theories ridicules, sympathies,
faculty attractrices, r^tentrices et autres, qualit^s occultes, et substitua aux
id^es d'infiuence ^loign^e (action indirecte d'un organe sur un autre organe,
par des humeurs, une action sympathique), celles d'action directe et de con-
tact imm^diat. Gassendi surtout fut un des plus chauds partisans d'Harvey.
Avant lui, Descartes avait adopte une portion des id^es nouvelles, louant
Harvey cr d'avoir rompu la glace en cet endroit » (Disc, de la method e).
Mais ii ne voulut pas cependant accorder au cosur de contractibilit^ active,
ne lui reconnaissant que des mouvements altematifs de resserrement et de
dilatation sous Tinfluence du chaud et du froid.
1
— 86 —
Ce sont les jeunes docteurs-r^gents qui, admirateurs de
la chimie, vont bientdt r^genter la Faculty, les Mauvil-
lain, les Puylon... lis entrevoient le profit que le m^de-
cin peut tirer des iddes nouvelles, el surtout de la
mdthode exp6rimentale qui en d^coule et ils vont com-
battre le bon combat pour la lumi^re. Cette lutte eut
Paris pour theatre, elle nous int^resse done tout parti-
culi^rement et nous allons essayer de Tesquisser.
En 165 1, Jean Pecquet, « le Petit Pecquet » dont
nous park M™® de S^vign^, d^sireux de d^montrer la
circulation harv^ienne, voulut 6tudier, ainsi que I'avait
fait Harvey, les mouvements de la vie et en particulier
du coeur sur des animaux vivants. Dans ses vivisec-
tions il ddcouvrit le reservoir lymphatique qui porte
aujourd'hui son nom; il suivit lesveines lactees qui en
partaient et s'aper^ut que, les unes, rampant dans le
m6sentere, se divisaient en un rdseau enserrant tout
I'intestin, et que les autres se r^unissaient en un tronc
(le canal tboracique) qui se jettait dans la veine sous-
clavi^re gauche. C6tait un nouveau coup porte 4 Tori-
fice galenique, le foie 6tait d6pouill6 entierement de
ses hautes fonctions. D'unc part, Torigine des veines
n'6tait plus au foie puisque la circulation 6tait un cercle
complet; de Tautre, le chyle lui-mfime n'allait plus au
foie, chose qu'Harvey lui-m6me admettait.
La Faculte n y tint plus et lorsque Pecquet publia
le r^sultat de ses recherches dans son livre Pecqueti
experimenta, elle chargea Jean Riolan, son professeur
d'anatomie, a un fort bon gros homme, grand et puis-
-87 -
sant ' », de r^futer la a licence des opinions mo-
dernes * ». Riolan d^pensa des tr^sors de dialectique
pour prouver que Pecquet et Harvey lui-meme ne pou-
vaient avoir raison parce que leurs ddcouvertes eussent
d^truit I'infaillibilit^ d'Hippocrate et d'Aristote qui
avaient situ6 dans le foie d'importantes fonctions. Si
le chyle n'allait pas au foie, celui-ci n'dtait plus le si^ge
des facult^s naturelles, ne fabriquait plus le sang; il
n'avait plus done aucune importance, d6pouill6 qu'il
etait de son ancien r6le et r^duit A I'oisivet^.
« De plus, ajoutait-il, si ce chyle entre directement
dans le torrent circulatoire sans 6tre 6labore par le foie,
il arrivera impur, indigeste dans le muscle cardiaque,
qui, si6ge de la chaleur vitale, ne sera plus d^s lors
qu'une ignoble cuisine « chyli cacabus, ollaque coqui-
naria ». Enfin, ce chyle non transform^ ne pourraaller
nulle part sans causer des d6sordres horribles; dans le
poumon il infectera Torgane de la respiration; dans le
cerveau il empfichera la fabrication des esprits ani-
maux. Bref, c'est la vie elle-mfime impossible si le nou-
veau syst^me pr6vaut. « Ergo, concluait-il, le chyle
doit se rendre au foie comme ant^rieurement. »
Ce canal thoracique que Riolan lui-meme a vu sur
le cadavre, il s'ing^niait 4 en trouver la fonction :
a Peut-etre fournit-il la partie fibreuse du sang; un
ferment acide pour la vivification du sang art^riel;
peut-etre nourrit-il les glandes du cou et alors, ajoute-
1. Guy Patin, t. Ill, p. $37.
2. U publia le pamphlet intitule : Adversus Pecquetum et pequelianos
— 88 —
t-il, ce serai t une preuve de plus 4 Tappui de Topinion
des anciens qui disaienl que la scrofule vient du
mdsent^re. »
Pecquet ne voulut point se laisser convaincre. II
r^pondit, et la lutte se poursuivit avec des fortunes
diverses. Harvey entra mfime en lice et refuta les
objections deRiolan comme nous Tapprend Guy Patin
dans une de ses lettres : « M. Har\'eus a Londres lui a
contredit par un petit livret qu'il lui a d6di6 et envoy6. »
Heureusement pour la circulation et les circulateurs,
Riolan, menace de mort par un asthme « dont il fut
quelquefois rudementattaqu^ ' », ne put gu^re mettre
dans la lutte toute Tardeur dont il 6tait capable, et Pec-
quet eut le dernier mot. Ses iddes trouv^rent dans la
Facultd mfime denombreux ddfenseurs et, 4 la mortde
Riolan (1657), il n'y eut plus que les anciens moroses,
les Blondel et les Guy Patin, qui poursuivirent de
leur haine les circulateurs.
Ce dernier surtout ne voulut jamais admettre la cir-
culation, et cela parce qu'elle n'^tait pas dans Hippo-
crate ou dans Galien; il eut toujours une aversion pro-
fonde pour les circulateurs et sa passion Tentralna
souvent jusqu'aux injures.
S'il revient, dit-il en parlant d'un circulateur, et que je le
puisse voir, je lui t^terai finenient le pouls, je le mineral par
d'autres chemins plus importants en la bonne midecine que
la pr^tendue circulation. II est courtisan i yeux enfonc6s,
I. Guy Patin, lettre du 5 nov. 1649, ^' ^^^> P* 537-
-89-
grand valet d'apothicaire et de toute la forfanterie arabesque,
menteur effroyable, joueur et pipeur.
Lorsque Guy Patin 6crivit ces ligncs, les circulateurs
triomphaient. La circulation 6tait admise et rang^e
parmi les doctrines orthodoxes de la Faculty de Paris.
Fagon, en 1663, soutint une th^se sur : An a sanguim
impulsutn cor salit, et conclut par Taflirmative. Deux ans
plus tard, P. Mattot d^crivit minutieusement la circula-
tion harv6ienne dans sa thise : An motus cordis a fer-
mentatione ?
Lorsque le Roi consacra la victoire des circulateurs
en creant, au Jardin royal, une chaire sp6ciale pour la
propagation des dicouvertes nouvelles, ceux-ci eurent le
triomphe bruyant. Boileau les aida 4 couvrir de ridi-
cule leurs ennemis vaincus ; il composa avec le m^de-
cin Bernier, T^l^ve de Gassendi, son Arrit burlesque '
dont Maurice Raynaud a cit6 les consid^rants dans sa
brillante etude sur les m^decins au temps de Moli^re.
Attendu qu'une inconnue nommde la Raison... par une
procWure uuUe de toute nullit6, aurait attribu6 audit coeur la
charge de recevoir le chyle, appartenant ci-devant au foie ;
comme aussi de faire voiturer le sang par tout le corps, avec
plein pouvoir audit sang d'y vaguer, errer et circuler impu-
n^ment par les veines et artdres, n'ayant aucun droit ni titre
pour faire lesdites vexations, que la seule experience, dont le
t^moignage n'a jamais ^t^ re^u dans lesdites £coles... La
Cour... ordonne au chyle d'aller droit au foie sans plus passer
I . Arrest donn^ en la grande Chambre du Parnasse en faveur des Maistres
es-arts, medecins et professeurs de 1' University de Stagyre au pais des
chimeres : Pour le maintien de la doctrine d*Aristote.
.. c recevoir ; fait defense au san{
cr et circuler dans le corps sou
- iiv-rfe et abandonni i la Faculty dt
- vaudes, conclut M. Raynaud, fon
. icitle doctrine qui se meurt qu'ui
,^ ra isons. »
, :i:> d'Harvey cl de Pecquet boulevcr
. . ■> analomiques et physiologiques di
^ .Ludrait pas croirc qu'ellcs agirent di
•.uhologie. Loin de la. Aucun medecii
.: ,1 dotmire la physiologic pathog^niqui
,.^\,i; qu'elle reposait depuis vingt siecle;
■o-s fausses. CeOt &t€ nier la professioi
xiif^primer le peu de respect que les ma
,, ..III avoir pour les disciples d'Hippocrate
■ ;\t:hologie y eut-il peu de changement:
... '.v-i decouvertes nouvelles. On parla moin;
V iNwanics, on parla plus de sang viciti
.v-vi .ui premier plan, mais ricn ne fut chang
.^ ' KU dans la pathogenie, Ic diagnostic et Ic
X ihvTapeutiques des maladies.
kv ustu comme avant o la bonne, la saincte
vi'iitioe » dont parle Joachim du Bellay, mai:
; HI toDt du jour et ses effcts durent chan
U.iivev. toute ouverture de veine avail pou
V I Jos humeurs ; ellc tendra d^sormais d d^
vuig de se porter vers une partie dont le
v.ut engorges, en lui donnant une autn
— 91 —
issue; mais elle n'en conservera pas moins ses carac-
tcrcs et pourra comme auparavant produire, selon les
cas, une retention, une attraction, une diversion, une
revulsion, une derivation ou une Evacuation '.
Ce qui se fit pour la saign^e se fit pour toute la pa-
thologie. Tous les anciens trait^s furent remani^s et
mis au gout du jour « selon la doctrine de la circula-
tion du sang ». Mais ces remaniements furent fort dis-
crets ; les temperaments, Thumorisme furent respect^s,
le contenu resta au fond le mfime, T^tiquette seule
changea.
Ce fut la revanche des anciens regents, de J. Riolan
et de Guy Patin.
Vers le milieu du xvi* si^cle, Paracelse *, un fou de
1 . Voir le chapitre de la chirurgie : la saign^e.
2. Paracelse, qui fut autant alchimiste que m^decin, naquit, en 1493, ^
Einsiedeln pr^ de Zurich ; il exer^a la m^decine dans sa ville natale, puis h.
B&le, oil il cr^ une chaire de chirurgie et de physique.
Outre I'introduaion dans la pratique m^icale de Femploi des compo-
st chimiques, on lui doit d'excellentes ^udes sur un grand nombre de
medicaments mal connus avant lui : opium , mercure , soufre , antimoine,
arsenic.
II d^testait les Scolastiques, niais n*aimait gu^re plus les Arabes. « Mon
bonnet, aimait-il k r^p^ter, en sait plus long que Gallien et Avicenne. »
Ce qui le mit surtout en contradiction avec les doctrines scolastiques, fut
le systtoe philosophique qu'il cr^ de toutes pieces. II opposa aux quatre
^l^ents d'Aristote les trois principes des mixtes, sel (soufre, mercure).
Sdon lui, Dieu a r^pandu partout la vie, qui est son attribut essentiel ; il a
uni les esprits aux corps par un fluide animal. L'homme est une image de
la Trinit^ divine (Dieu, le monde sublunaire, les astrcs) : son esprit repr^-
sente Dieu ; son corps, le monde sublunaire, et le fluide, les astres.
II reconnaissait, en outre, une harmonie mystdrieuse entre le sel, le corps
ct la terre ; entre le mercure, Tdme et Teau ; entre le soufre, Tesprit et
I'air.
Ce syst^me philosophique ind^hiffrable eut cependant, et peut-^tre
ra^me pour cette raison, de tr^ nombreux partisans.
Paracelse mena une vie crapuleuse et mourut a rh6pital, en 1541, sans
avoir trouv^ Tor potable qu'il avait cherch^ pendant toute sa vie.
n
— 92 —
g^nie, voulut introduire dans la pratique m^dicale,
nouveaut^ qui parut alors prodigieuse, les remWes
tirds du regne mineral. C^tait une rupture complete,
eclatante, avec toutes les traditions de Tantiquite qui
n'employait en thdrapeutique que les simples. II ne fit
que reprendre les theories de Basilc Valentin, moine
Wnedictin du couvent de Saint-Pierre a Erfort, qui
avait isol6 le premier un m6tal mal connu jusqu'a
cette epoque; ce m^tal, c'6tait Tantimoine : Basile Va-
lentin Tavait essayd sur les moines de son couvent, i
leur grand dommage, et les accidents qui avaient suivi
son administration avaient fait donner au m^tal son
nom d antimoinc.
Paracelse et ses disciples reprircnt et completcrent
les experiences de Basile Valentin sur Tantimoine ; ils
les 6tendirent bientdt d d'autre metaux et obtinrent des
resultats si efficaces qu'ils crurcnt avoir trouvc dans
lantimoine une panache universelle et dans les autres
metaux des agents th^rapeutiquessuptTieurs aux agents
employes jusqu alors.
Apres eux, la chimie, devenue moins mystique et
plus scientifique, se presenta d Tesprit comme une
science semblable d une autre et digne de prendre place
parmi les sciences m6dicales. Ce furent les m^decins
de Montpellier qui, les premiers, rompirent avec le passe
et se servirent de la chimie en m^decine, en reprenant
les idees de Paracelse, tomb(ies pour un moment en un
complet discredit.
La Faculty de Paris, tout en resistant d ce mouve-
— 93 —
ment nd dans une ficole rivale, le suivit pourtant de
loin, acceptant les theories chimiques sous le patronage
de rhumorisme gal6nique. En efFet, la chimie se propo-
sait de pr^ciser les alterations des liquides de Torga-
nisme ; Willis, chaud partisan de la chimie, expliquait que
la fievre n'^tait qu'une effervescence du sang due 4 une
veritable fermentation ; les spasmes et les convulsions
reconnaissaient pour cause Texplosion du sel et du
soufre avec les esprits animaux. Ainsi la chimie, loin
de combattre I'humorisme gal6nique dans les ph6no-
m^nes vitaux et pathologiques, lui venait au con-
traire en aide.
Mais, sur la question du traitement des maladies,
lorsqu'il s'agissait d'6vacuer Thumeur peccante, la Fa-
cult6, gardienne des antiques traditions, r^pudiait les
theories chimiques. Elle jugeait que le m^decin devait
attendre la coction des humeurs, laquelle devait se faire
par les forces spontan6es de la nature ; avant d'agir, il
devait atteindre les jours critiques; alors seulement, il
entrait au jeu et il lui 6tait loisible d'6vacuer, selon les
principes admis, les bumeurs priparies. En somme, le
rdle actif du mddecin 6tait minime ; beaucoup d'hy-
giene, mais peu de moyens 6nergiques. Le s6n6, la caste
et la rhubarbe constituaient pour lui le tripied th6ra-
peutique; n'oublions pas la saign^e qui faisait mer-
veille pour 6vacuer Thumeur pr6par6e. Le m6decin
soucieux de ces regies se trouvait faire de la bonne md-
decine hippocratique.
Mais cette doctrine comptait de nombreux cnnemis,
— 94 —
et ces ennemis n'^taient autres que les partisans des
doctrines chimiques, ces cbtmidtres, comme les appe-
laient d^daigneusement les orthodoxes.
Ces chimidtres n'avaient pas seulement voulu intro-
duire dans la th^rapeutique les agents min^raux. Mais
ils r^clamaient, pour le praticien, le droit et le devoir
d'intervenir dans la coction des humeurs, de hiter par
une medication fWrni^tt^ la preparation de ces humeurs;
et cette preparation dtait surtout aid^e par I'emploi des
preparations minerales. Ils ajoutaient de plus qu'il va-
lait mfime mieux ne pas attendre la coction de la ma-
tiere morbide et mettre tout en ceuvre pour la chasser
au plus tdt. C'est ce rejet de rbtimetir peccante non cuitc,
au moyen de vomitifs repetes, cette pretention de jugu-
ler la maladie qui etait le point le plus important des
theories chimidtriques.
Cest de cette divergence d'idees que naquit une
querelle entre humoristes et chimiitres, querelle qui
dura un siede entier et qui a re? u le nom de Guerre de
rantitnoine. En efFet, la Faculte de Paris, en haine de
Montpellier et des doctrines chimiques, s'en prit 4 Tanti-
moine, et voulut le faire rayer de la pharmacopee, espe-
rant ainsi faire triompher ses propres theories. EUe de-
clara que Pantimoine etait « une substance deietere et
qu'il devait etre classe parmi les poisons, que, de plus,
il n'existait aucune preparation qui put le corriger de
maniere 4 en permettre Tusage sans danger ' ». Le Par-
I. D^cret de la Faculty de m^decine dc Paris (ao6t 1566).
— 95 —
lement de Paris sanctionna la decision de la Faculty et
rendit en 1566 un arrfit solennel condamnant Tanti-
moine.
II est vrai qu'A cette 6poque rantimoine 6tait souvent
un veritable poison ; la science ne poss^dait alors aucun
moyen de s'assurer si les preparations antimoniales ne
contenaient pas d'arsenic ; de plus, les partisans de la
doctrine chimique cherchaient A obtenir de leur medi-
cament favori mille preparations nouvelles, au lieu de
determiner dans quelles conditions il pouvait fitre utile
ou nuisible; ils cherchaient, comme a dit Maurice
Raynaud, 4 corriger, 4 perfectionner Tantimoine. Aussi
ne doit-on pas s'etonner outre mesure de la frayeur
des partisans de I'orthodoxie gaienique, peu soucieuse
d'employer un medicament d'un maniement si deiicat.
Dans la premiere moitie du xvii^ siede, Tantimoine,
bien que classe officiellement parmi les poisons, eut
de plus en plus de nombreux partisans ; ce fut un ca-
price, un veritable engouement, et Ton vit des doc-
teurs regents de la Facuhe de Paris, des medecins de
la Cour Tadopter et Tordonner. En vain la Faculte vou-
lut resister, en vain obtint-elle du parlement un nou-
veau decret (16 15) condamnant Tantimoine; celui-ci
ne demeura pas moins le medicament 4 la mode, la
veritable panacee.
Mais ce qui mit le comble 4 I'indignation des hu-
moristes, c'est qu'il etait ne, depuis quelque temps, au
sein mfime des ficoles de medecine, un parti favori-
sant les idees nouvelles; en 1638, le doyen Hardouin
- 9<5-
de Saint-Jacques fit publier un Antidotaire ou codex
pharmaceutique r^dig^ par une commission sp^ciale
choisie parmi les membres de la Faculty ; les fervents
de Tantimoine furent en majority dans cette commis-
sion et plac^rent parmi les medicaments autoris^s et
reconnus le vin imHique ou vin antimonial. II n'en fal-
lut pas davantage pour mettre en jeu toutes les co-
l^res.
L'opposition aux doctrines orthodoxes avait toujours
itli anonyme; en 1652, sous le d^canat de Guy Patin,
un docteur regent, Jean Chartier, publia un libelle in-
titule La Science du Plomb Sacri des Sages. La Faculty le
chassa de son sein, le doyen le poursuivit devant les
tribunaux et parvint i. le faire mettre en prison. De
plus, la Facultd suscita de nombreuses diatribes contre
Vantimoine et ses suppdts : La Ligende antimoniaUy Pitba-
gia, Antilogia, Aletopbanes. Uauteur de ces trois der-
ni^res 6tait Francois Blondel, qui, durant toute sa vie,
fut Tennemi acharnd de Tantimoine et que nous retrou-
verons dans la suite. Outre ces diatribes, un docteur re-
gent, Germain, publia un volumineux dialogue intitule :
Orthodoxe ou de Tabus de Vantimoine ; il renfermait les
antimoniaux dans le dilemme suivant : Le vomitif vio-
lent est d'un pirilleux usage ts JUvres continues et nest nul-
Jement nicessaire aux inter mittentes ; or^ est4l que le vomitif
d'antimoifie est violent: done le vomitif dantimoine est dun
pirilleux usage ksjitures continues et nest nullemetit nicessaire
auxintermittentes. De plus,il condamnaitTinterventiondu
medecin qui, soucieux de seconder les efforts salutaires
— 97 —
de la nature, n arrivait, selon lui, qu'A Ics conlraricr.
Dans ce dialogue, aucune injure, comme dans les dia-
tribes de Francois Blondel ; malgr^ cela, les antimo-
niaux, dedaigneux de toute conciliation, repondirent A
Touvrage de Germain.
Eusebe Renaudot, le fils de Theophraste Renaudot
dont nous avons parlt^ anterieurement, fut leur porte-
parole ; lui-meme avait 6te arrache a la mort par une
prise d'^metique ; reconnaissant, il prit en main la
cause de I'antimoine, publiant coup sur coup deux
pamphlets, VAniimoine jusiifii et XAntimoinc triompbani.
Chose curieuse et qui d^peint bien I'esprit querelleur
de r^poque, tous les partisans de I'antimoine, 6i doc-
teurs regents de Paris (la moiti(i environ) s'inscrivirent
dans la preface de ces pamphlets pour marquer nette-
ment la scission qui s'etait faitc entre les chimidtres et
les adeptes fideles de Thumorisme. Dans ces pamphlets,
Renaudot eut un grand merite : il voulut pr^ciscr les
indications therapeutiques de Tantimoine. Les mala-
dies pouvant singer dans les esprits, les parties solides
et les humeurs, I'antimoine avait contre ces derni^res
une puissance absolue; il est vrai que, dans la catego-
rie des maladies siegeant dans les humeurs, il faisait
rentrer 4 peu pr^s toutes les maladies connues, retom-
bait ainsi dans I'ancienne erreur des alchimistes, et
voyant comme eux dans I'antimoine une panacec,
ie suprimc effort de la Science : a il est difficile de
passer plus outre, disait-il. » Cependant, soucicux de
manager la Faculty, se rappelant la mesaventure de
Lii Maguet. — Ix iitomie iiiMkaU 7
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Chartier, il ajoutait que Faction de rantimoine etait
dautant plus salutaire, lorsqu'il se trouvait corrobor6
par la saignee et le s6n6 ; il terminait enfin son Anti-
moine triomphant par un appel 4 la conciliation, faisant
a la fois I'^loge de la m^thode exp^rimentale et le pro-
ccs de la methode dialectique.
Get appel, loin d'etre entendu, suscita de nouvelles
coleres ; un midecin, nomm^ Perreau, d^dia d la meiU
leure et plus saine partie de MM, les Doctmrs rigents de la
m
Factdti de medecine de Paris un pamphlet, Le Rahat-joie
de VAniimoine triomphant, ou Renaudot (itait traits de
traftre, de fils detrattre, d'h6r6siarque... II y reprit tous
les arguments de Renaudot en cherchant 4 les r^futer,
se laissant d chaque instant entrainer 4 des injures
grossieres contre la secte antimoniale. II stigmatisa en
outre la conduite de Renaudot qui avait os6 parler Ic-
g^rement d'Hippocrate :
Qui eut jamais cru qu'un docteur de Paris eilt os^ parler si
l^g^rement de ce souverain dictateur de la medecine ? Proh !
Deum immortalium fidem ! Oil est la foi, Thonneur et la
conscience de cet 6crivain ? Maisil a tout perdu en perdant le
respect qu'il devait ^ sa bonne m^re la Faculte, laquelle,
nonobstant toutes les indignites revues de lui et de feu son
p^re, n'avait laiss6 de le recevoir avec amour *, dans I'esp^-
rance, dont elle se flattait, qu'il rendrait Thonneur qu'il avait
juri 4 sts anciens et i ses maitres.
I . Loin de recevoir avec amour Eusebc Renaudot et son fr^re Isaac, la
Faculty leur avait refuse, pendant de longues ann^s, le bonnet de docteur,
en haine de leur p^re, Thtephraste Renaudot, le porte-drapeau de la Faculty
de Montpellier. II fallut, en 1644, un arr^t special du Parlement qui
ordonna \ la Faculte de recevoir « les deux fils du Gazettier », comme les
appelait Guy Paiin.
t
r
— 99 —
Cette resistance a rantimoine fut surtout I'oeuvrcde
deux hommes qui publierent ou suscitercnt tous ces
pamphlets : j'ai nomm6 Francois Blondel ct Guy Patin.
Mais ce dernier, bien que chaud partisan de la tradi-
tion, aimait trop son propre repos pour briser des
lances avec les antimoniaux. II se contenta de mettre
en avant des comparses,leurfournissantdes arguments
et quelquefois mSme Targent n^cessaire d Timpression
des pamphlets. Dans ses lettres, il est vrai, il se rattra-
pait de son inaction et criblait d'6pigrammes les chi-
mistes, ces cuisiniers arabes comme il les appelait.
Les ministres et le Mazarin sont les demons de la France,
les Turcs de la Chr^tientfe; les chimistes, les apothicaires ct
les charlatans sont les demons du genre humain en leur sorte,
principalement quand ils se servent de rantimoine.
Grand ennemi de Gu^naut, m^decin de Mazarin \
et chef du parti de Tantimoine, Guy Patin vit dans la
resistance aux doctrines nouvelles le moyen d'ecraser
son adversaire. II n'hesitapas d accuser Guenautd'avoir
empoisonn^ avec de Tantimoine sa femme, son neveu,
sa fiUe et ses deux gendres; bien plus, d la mort de
Gudnaut, il triompha, pr^tendant que son ennemi
etait la victime de la drogue qu'il voufait imposer;
ainsi, dit-il, Vantimoine est el demeiire poison. Et, pour le
I. II ne faut pas oublier que Ton 6tait en pleine Fronde et que Guy Patin
avail en abhorration Mazarin qu*il poursuit d tout propos dans ses lettres.
ct Get Italien astucieux, cet Granger de malheur, ce faquin, ce filou, ce pan-
talon sans foi, cet escroc titr^, ce bateleur ^ longue robe, ce com^dien a
rouge bonnet »
lOO
prouver, il travaillc avec ardour au Marlyrologe de ran-
titnoine,
Malgre Topposition dc medecins dc valcur, comme
Guy Patin, rantimoine voyait augmuntcr chaque jour
le nombre de ses partisans ; le public lui-meme prenait
part dans la querelle, et Ics litterateurs eux-memes
soutenaient ou attaquaient les antimoniaux. En 1657,
Benserade, dans le ballet de V Amour malade danse par
le roi en personne, attaqua directement Tantimoinc;
dans ce ballet, VAmmir^sl consultepar deux medecins,
le Temps et le Dipit, Le Temps est orthodoxe, le Dcpit,
au contraire, est partisan de Tantimoine :
Le DfepiT. — De I'antimoine, expres de ma main pr^par^,
Y serait, ce me semble, un remfcde assur6.. .
Mais la Raison, garde-malade de YAmour, s'oppose
d la medication proposiie et fait une charge d fond
de train contre Tantimoine et la forfanterie he^ioardcsque.
En 1658, arrive un evenement qui, changeant la
face des choses, va entrainer la victoire de la secte
antimoniale. Louis XIV est attcint d Mardyck d'une
fievre pourprie ' tr^s grave; on le transportc d Calais, et
Valot, son premier medecin, lui ordonne saignees
sur saignees. Le mal ne faisant qu'empirer, il
mande Gut^naut qui arrive de Paris en toute hdte;
Guenaut propose aux medecins de la Cour, Valot,
Esprit, d'Aquin, son antimoine. Mazarin opina dans
I. La scarlatinc.
— lOI
son sens ainsi qu'un petit medecin d'Abbeville, nomme
du Saussoy, qu'on avait d^jA appeld* antericurement et
qui 6tait lui-m^me un chaud partisan de Tantimoine.
Leur avis pr^valut. Le roi prit unc once de vin imi-
tique, fut purge vingt-deux fois, s'en trouva mieux et
finitpargu6rir. « Apartir de ce jour, dit M. Raynaud, la
fortune de Tantimoine 6tait faite. »
Guy Patin protesta cependant, dans ses lettres,
contre Temploi du vin (imitique, qui n'a nuUement
gu6ri le roi, selon lui.
« Ce qui a sauve le roi, a 6te son innocence, son
dge fort et robuste, neuf bonnes saignees et les prieres
de gens de bien comme nous. » iMais ses protestations
et celles des anciens de la Faculty, gardiens des saines
doctrines, n'eurent aucun cfFet; le peuple vit dans
Tantimoinc le medicament 4 qui il devait la vie de
son roi. Gu^naut fut le h^ros du jour et les vertus de
son remMe furent cel^br^es par les pontes les plus en
renom du temps. Scarron y alia de son sonnet, por-
tant aux nues i la fois « Tillustre Gu^naut » et Tan-
timoine.
...L'illustre Gu^naut calma ce grand orage.
II vient; il volt le roi, Tentreprend, le gu^rit.
Tout pleurait h la cour, maintenant tout y rit.
Quel Dieu, quel Esculape en efit fait davantage ?
Tous les adversaires de Tantimoine et du vin (im6-
tique ne furent plus que des anti-Guinaut et se virent
bientdt en butte A des attaques multiples sous les-
1
— 102 —
quelles ils devaient succomber. Bien plus, un bon Cdes-
tin, le p^re Carneau, composa un veritable po^me dpique
d^die d MM. les Midecins de la FaculU de Paris (les
adversaires de I'antimoine), la Stimmimacbie, oti le
grand combat des midecins modernes toucbant Vusage de
Vantimoine, En vers de huit pieds, il fait le proems des
anti-Guenaut, exalte les vertus de Tantimoine, relatant
toutes les cures plus ou moins miraculeuses dues a
Temploi du vin 6m6tique.
Quelques ann^esplus tard, en 1666, la grande majo-
rite des midecins, ordonnant d leurs malades Tanti-
moine, en d6pit des arrets de 1566 et de 161 5, Jacques
Thevard, docteur regent de la Faculty, pr^senta au Par-
lement une requete tendant A labrogation des deux
arrfits. Malgrd Francois Blondel et sur Tavis favorable
du doyen Le Vignon, le Parlement nomma deux com-
missaires, conseillers 4 la Cour, avec mission de faire
assembler la Faculty pour avoir son avis sur Tanti-
moinc. Uassembl^e :
Censuit nonaginta duorum doctorum voce ac suffragio, ex
congregatis centum atque duobus, inter purgantia medica-
menta antimonium numerari et penes unumquemque docto-
rem esse id, occasione data, praescribere, ut de eo scribere ac
disputare publice, ea lege ut haec communi fiant bono.
Sur quoi le Parlement permit : d tons doctetirs mide-
cins de la Factdti de se servir dudit vin imHique pmir la cure
des maladies, d'en icrire et d'en dispiiter,
Ainsi, sur cent deux midecins composant la Faculty,
— 105 —
douze seulement se prononcerent centre rantimoine,
et, parmi ces douze, nous y retrouvons les adversaires
irr^conciliables de la m6decine chimique, Francois
Blondel, Guy Patin, Germain, Tauteur d'Orthodoxe, et
Mentel qui, pourtant, avait 6t6 un des plus chauds par-
tisans des doctrines han^^iennes. Francois Blondel fit
mfime plus ', il plaida contre les doyens ses succes-
seurs, leur d^niant le droit de r^habiliter Tantimoine;
il epuisa toutes les juridictions, et, condamn^ 4
Tamende, ne voulut pas la payer; aussi, en 1668,
Armand de Mauvillain, doyen en fonctions, fit vendre
ses meubles 4 I'encan.
L'antimoine avait done gagn^ son proems ; il avait
d^sormais une existence officielle, apr^s cent ans de
luttes opinidtres ; cependant la Faculty, qui avait eu en
quelque sorte la main forc6e, tout en acceptant et en
pr6nant l'antimoine, ne voulut pas reconnaltre la vic-
toire de la chimiStrie, et on la vit revendiquer pour
Hippocrate la gloire d'avoird^couvert les vertus purga-
tives de Tantimoine.
Telle fut la grande querelle de rantimoine, EUe m6ri-
tait d'etre esquiss^e ici, en ce qu'elle pr^cipita revolu-
tion de la science m6dicale au xvii* siicle. En effet,
tout comme les circulateurs, les chimidtres furent,
avant tout, des novateurs. lis ne se born^rent pas 4
prescrire en th^rapeutique I'emploi de compositions
I . Francois Blondel (it, s^nce tenante, opposition au d^cret de la Faculty,
ct cette opposition est relat^e en ces termes : « Solo Franc. Blondel recla-
mame, »
— 104 —
min^Tales, le plus souvent toxiques et peu eflicaces;
mais ils cherch^rent surtout d expliquer, par la chimie
et rexp^rimentation, les phdnom^nes vitaux et patho-
logiques. lis rompirent avec la w^/torf^ d priori qui^tait
la negation dc toute m^decine et ils prtpar^rent ainsi
Tav^nement de la mitbode exphimentale, qui sera, entre
les mains des m^decins du xviii® et du xix® si^cle, un
si men^eilleux instrument.
Toute reaction trop brusque a toujours d^passe le
but. Cest ce qui arriva apr^s la victoire de Tantimoine.
On ordonna A tort et i travers les agents min^raux, et
surtout ce malheureux (im(Jtique, qui tua plus de
monde que n en avait jamais tu6 la saign^e. Des pauca
sed probata remedia dont nous parle GuyPatin, on passa
d Tabus de toutes les preparations antimoniales,
hydrarg^'riques et le souci de Thygi^ne de la diite-
tique, souci que possedait d un si haut point le mdde-
cin Galeniste, devint lettre morte; le prototype de ce
whiecm chimiste fut d'Aquin, qui succ6da d Valot
comme premier medecin de Louis XIV; il ordonna d
tout propos des preparations alexipharmaques au roi,
delaissant la saignce que prisait si fort son preddccs-
seur.
Mais lorsque Fagon rcmpla^a d'Aquin aupr^s dc
Louis XIV, ces abus de la medication chimique furent
bientdt reprimes. Fagon, on peut le dire, fut le seul
mcdccin experimental de son cpoque ' ; ce fut un veri-
I. En France, bien naturellement, car le grand promoteur de Texp^ri-
mentation en m^decine , Syndenham , avait d^j4 revolutionn^ la m^iccine
en Angleterre.
^"
— 105 —
table savant, cherchant le pourquoi des choses, choi-
sissant dans rhumorisme gal^nique et la chimidtrie
ce qu'il y avait de meilleur. II contribua d restreindrc
en m^decine Temploi des medicaments min^raux, il
pr6na Tusage des simples, tout en tenant peu comptc
de leur temperament, ainsi que le faisaient les humo-
ristes : la plante ne fut plus chaude, froide, s^che ou
humide; elle fut, suivant son action, emoUiente, astrin-
gente, carminative, vuln^raire...
Fagon eut cependant un grand tort; s'il restreignit
aussi bien Tusage de la saign^e que celui de la medi-
cation chimique, il pr^tendit introduire en therapeu-
thique, d la presque exclusion de toute autre medica-
tion, les purgatifs et les lavements; mais nous devons
lui pardonner cet exclusivisme dont Moliere a fait le
proces, et nous devons lui savoir gre d'avoir rompu avec
les traditions surannees. Grdce d lui, la FacuUe de
medecine de Paris comprit enfin que son r<5le n'etait
pas de resister au courant des idees nouvclles, mais,
bien au contraire, de le faciliter et de le canaliser d son
profit.
Nous en avons fini avec revolution des destinees
medicales sous Louis XIV. Cependant nous ne pou-
vons passer sous silence la plus belle conquete qu'ait
faite la therapeutique de cette epoque, le quinquina.
Le quinquina avait ete decouvert en 1638 en Ame-
rique. Un jesuite, voyageant au Perou, atteint d'un
violent acces de fievre, eut Tidee d'employer Tecorce
— io6 —
d'un arbre indigene dont se servaient les naturels du
pays : le remade fit merveille et les j6suites introdui-
sirent bientdt en France le pr6cieux medicament qui,
connu tout d'abord sous le nom de Poudre des Jisuites,
ou de Poudre des Peres, s'appela ensuite Cincbina, dont
nousavons fait quinquina.
D6s 1658, Dieuxyvoie soutint 4 Paris une th^se,
sous ce titre : Anfebri qtiarlanse peruvianus cortex ? II con-
clut affirmativement. Malgr6 cela, le quinquina resta
longtemps peu employ^, ct Guy Patin, dans ses lettres,
n'cn parle que fort irr^vcirencieusement. Mais, en 1679,
arriva 4 Paris un cmpirique anglais, le chevalier Talbot;
il poss6dait un remWe secret qui faisait merveille contre
ces fi(ivres intermittentes. Tout Paris en parla et le
midecin anglais devint en quelque temps une veritable
ccil^britd. Nous retrouverons plus tard son nom dans
le PortefeuiUe Valiant, nous en esquisserons Thistoire;
contentons-nous de dire ici que Louis XIV, ayant itli
gudri d'une fi^vre intermittente rebelle par le remede
anglais, acheta le secret du chevalier Talbot et en fit
publier la composition en 1682; ce remade n'^tait
autre qu'une teinture de quinquina. D^s lors, la vogue
du quinquina fut 6tablie ; la th^rapeutique s'^tait enri-
chie d'un medicament qui^4 Theure actuelle, est encore
un des meilleurs connus.
Un autre medicament, Vipicacuanha, fut aussi d^cou-
vcrt 4 cette epoque. En 1686, un marchand fran?ais,
nomme Grenier, rapporta du Br^sil cent cinquantc
livrcs d'ufic racinc d'un arbre nommc ipecacuanha. Ne
— 107 —
sachant comment en tirer parti, il la confia au c^l^bre
Helv^tius, qui venait d'arriver 4 Paris. Helv^tius, qui
sera plus tard une des gloires de Tart medical au
xviii^ si^cle, et qui 6tait connu sous le nom de midecin
boUandois, obtint, grdce 4 Temploi de cette racine dans
la dysenteric et autresfttix de sang, des succ^s nombrcux;
il guerit mfime le Grand Dauphin d'une dysenterie
rebelle. Louis XIV Tautorisad experimenter son remade
a rH6tel-Dieu, le gratifia de mille louis de recompense
et lui octroya le droit exclusif de la vente de son
remade.
Grenier, voulant une part des profits, intenta vaine-
ment d Helvitius un proems. De d^pit, il divulgua le
Secret boUandois et rip6cacuanha fut acquis 4 la th^ra-
peutique.
1
ft-
III
LES MALADIES INTERNES ET LEUR TRAITEMENT
Les fievres; ii^vrcs simples; licvres putrides, continues et intermitieutes ; ficvres
compliquecs; tievres malignes ; petite verole, v^rolette, rougeole, peste. — Les
maladies de la teie ; intemp^rie ftoidc et humide, catarrhe du cerveau; migraine ;
raal caduc ; paralysie ; manie et amences ; mdlancolie ; manie et suffocation
uterines ; phren^sie. — Les maladies des jointures ; goutte ; sciatique ; rhuma-
tisnie. — Les maladies du col; la squinance. — Les maladies de la poitrine;
inflammation et tubercules du poumon ; poumons attaches aux c6t^s ; phtisie ;
poulmonie; pleuresie ; empy^me; asthme; toux ; crachement de sang. — Les
maladies du coeur; palpitation de cceur; pericardite ; syncope ; imbecillite des
forces. — Les maladies de Testomac; crudites acide et nidoreuse; mal de coeur;
douleur, enflure, inflammation et ulcere de I'estomac ; naus6es et vomissemeiits ;
les vomissements de sang ; colere humide et col ere s^cbe. — Les fnaladies de
Vintestin; colique; miserere; vers; lienterie et flux coeliaque ; diarrh^; dysen-
teric; flux b^patique; obstruction, inflammation, squirrhc du m^sentire. — Les
maladies dufoie; chaleur, inflammation, abc^s, ulcere; obstruction; jaunisse ;
squirrhe; hydropisie, anasarque, ascites ettympanite. — Les maladies de la rate ;
inflammation, obstruction, enflure, squirrhe et douleur de rate ; scorbut. — Les
maladies des reins et de la vessic; inflammation, ulcere des reins; gravelle et
colique graveleuse ; inflammation, ulcere de la vessie ; ardeur d'urine ; calculs ;
suppression d*urine; strangurie ; urine sanglante ; incontinence d'urine ; diabite.
— Les maladies v^neriennes ; la grosse v^role ; la matiere v^ni^rienne; etapes et
degres de la verole ; son pronostic et son traitenient.
Axs le Portefeuillc medical dc Valiant,
dont nous donnerons plus loin les
pages les plus int^ressantes, le lecteur
trouvera de nombreux rcmedes pour
toutes les maladies, pleuresie, pneumo-
nic, mal caduc, phtisie, etc., etc. Mais i part un pas-
sage ou Valiant s'occupe de la pathogenie, de la pleu-
resie, et un essai de diagnostic assez complet de la
peste, nulle csquisse des causes, signes, diagnostic et
pronostic des maladies.
— no —
Cest cette esquisse que nous allons essayer de faire
ici ' ; nous n'avons nullement la pretention de la
faire complete, le cadre restreint de ce travail nous
Tinterdit; mais nous ^tudierons plus particulieremcnt
certains points de la pathologie g^n^raledu xvii^si^cle,
tels que les fievres, la peste, la pneumonie, la pleu-
rdsie... Cest par les fievres que nous allons commen-
cer.
La Jihre etait une intern perie chaude de tout
le corps, s'allumant dans le coeur et se r(Spandant
ensuite dans toutes les parties du corps humain, v^hi-
cul^e par le sang.
Elle reconnaissait comme causes « le mouvement,
Tattouchement et le voisinage des corps chauds ; Tusage
de medicaments et d'aliments dit dchauffants ; la pour-
riture, finalement I'occlusion des pores de la peau
empechant la transpiration * ». Cependant Cureau de
1. Nombreux sont les trait^s de pathologie g^n^rale de T^poque; nous
avons lu les plus int^ressants qui sont par ordre chronologique :
lo L* Empiric charitable enseignant comme Ton peut connoistre les
maladies les plus communes qui affligent le corps humain et la mani^re de
les guerir, par le sieur de la Martinicre , m^decin chimique et op^rateur du
Roi. (Paris, 1667.)
20 Le MMecin Francis Cljarilable qui donne les signes et la curatioo
des maladies internes, avec un trait^ de la peste, par Constant de Rebecque
D. M.(Lyon, 1683.)
30 La Pratique gitiirale de Mddecine de tout le corps humain, de Michel
Ettmuller, cd^bre m^decin allemand. (Lyon, 1693.)
40 La Pratique de Mideciue, de Thtodore Turquet, de Mayeme, con-
seiller et premier m^decin du Roy Charles II, avec le regime des femmes
grosses et un trait^ de la gouite. (Lyon, 1693.)
50 La nouvelle Pratiqtu des Maladies aigues et de toutes celles qui dipendent
de la fermentation des liqueurs , par Daniel Tauvry, docteur regent de la
Faculty de Paris, 1698 (d^di^ ^ Guy Crescens Fagon, premier m6decin de
Sa Majest^).
2. Constant de Rebecque.
la Chambre ne voulait voir dans la fievre qu*un effort
de la nature, ramassant la chaleur et les esprits dans Ic
coeur, les envoyant ensuite aux parties malades, pour
cuire, consommer et evacuer les humeurs corrom-
pues. L'^vacuation de ces humeurs nocives ' cons-
tituait la Crise qui pouvait etre salutaire, ou malignc.
Le symptomatologie permettait de diviser les fievres
en fievres simples, putrides et malignes.
Les fievres simples se subdivisaient en fievre ephemere,
fievre synoque, fievre hectique.
Lafiivre ipbdmere ne durait qu'un jour si Ic traitc-
ment etait bient6t institue;elle etait duedun embrasc-
ment momentan^ des esprits vitaux, caus6 chez un
temperament chaud et sec par un acc^s de colere, la
veille, I'exercice physique immod6r6... Pas de frisson
au debut, pouls plus fort, plus rapide, I6gere hyper-
thermic, urines d peu pres normales, crise terminale d
peine esquiss6e. Le traitement etait simple et compor-
tait des aliments rafratchissants humectants, orges
mond6s, bouillons rafralchissants...
La fihre sytioque simple etait une fievre sans pourri-
ture, d'une durie de trois ou quatre jours, causae par
Talteration des esprits ou des humeurs. Les signes
I. Cette evacuation des humeurs corrompues n'avait lieu qu'apr^s la
coction parfaite des humeurs. Le medecin s'apercevait de cette coction
d*apr^ Texamen des urines : les urines abondantes et claires ou troubles et
confuses ^taient un signe de la erudite des humeurs corrompues ; se trou-
blaient-elles par le froid, rcdevenaient-elles claires par le feu, c'^tait un
signe annon^ant que la nature commen^it la coction ; les urines claires, de
faibie density, jaunes d*or, avec sediment gagnant le fond du recipient,
^taient le signe d*une parfaite coction.
— 112 —
elaicnt ceux de la fievrc cphemcre, mais plus accen-
tues, hyperthermie plus forte, pcau moite, urine cruc,
c'est-a-dire t^paisse et rougeatrc, pouls rapide, frequent
mais toujours plein et egal, visage vultueux, pesanteur
de la tete, respiration difficile. Bien trait^e, elle se ter-
minait par une crise plus accentu(ie et plus longue;
mais negligee, elle pouvait se changer ou en synoque
putride, ou en phr^n^sie \ squinancie % pleur^sie...
Vindication th^rapeutique etait de diminuer la trop
grande quantity de sang (saignees copieuses), rafrai-
chir (lavements Emollients, bouillons et medicaments
rafralchissants), et ouvrir les pores de la peaii (frictions
alcooliques).
Lafihre heciique se distinguait de la pr6c6dente en
cc qu elle comportait, en plus de Taltciration des esprits
et des humeurs, I'alteration de la substance meme du
corps. Elle 6tait caustie soit par une synoque prolon-
gee chez un tempcirament chaud et sec, soit par une
inflammation, ulcere et pourriture de quelque vis-
cere. Commc symptomatologie, lievre continuelle, avec
exacerbation une ou deux heures apres les repas ; pouls
petit, vite, frequent, amaigrissement squelettique ; abat-
tement general '. La grande indication th^rapeutique
etait de rendre d Torganisme toute Teau qu'il avait
perdu (aliments humectants, bains prolong^s...).
A c6t6 des fi^vres simples prenaient place les
1 . Cest la m6ningite tuberculeuse.
2. Angine phlegmoneusc.
5 . CV'si notre Jicvre hectique actuellc.
— 113 —
jiivres putrides dues d des vapeurs chaudcs qui, s'6le-
vant des humeurs ou des organes corrompus, 6chauf-
faient d'abord le coeur, puis tout le corps. EUes ^taient
annoncdes par des prodromes, ciphal^es, insomnies,
courbature, douleurs dans ies hypocondres, mauvais
etat gastrique. Elles d6butaient brusquement par un
frisson quelquefois intense et prfeentaient des redou-
blements; la temperature 6tait ^lev^e, le pouls tres
frequent et in^gal ; Ies urines rares et troubles. Elles se
divisaient ^n jiivres putrides simples tljievres putrides com-
pliqu4es, Les jiivres putrides simples comprenaient Ies
jiivres cotitinues et les jievres intermittentes ; les premieres
comportaient des formes communes et des formes rares.
Les formes communes 6taient la synoque putride,
la fiSvre quotidienne continue, la fi^vre tierce continue
et la fi^vre quarte continue.
La synoque putride 6tait une fi^vre continue causae
par la pourriture du sang dans les gros vaisseaux. Le pro-
nostic dtait bon si Thyperthermie allait en diminuant;
r6l6vation thermique progressive aggravait le pronostic
et ndcessitait des saign6es multiples qui, si « elles n'em-
portaient point le mal, emportaient au moins le malade » .
Les purgatifs n'entraient en jeu que vers la fin de la
maladie, au moment de la d^bdcle urinaire, signe de
coction et d'^limination des humeurs pourries.
LsLJiivre quotidietine continue 6tait une fi^vre continue
avec exacerbation vesp6rale '.Elle reconnaissait comme
I . En somme, notre fi^vre typhoide normale.
Li Maguet. — Le numde midical. 8
— 114 —
cause la pourriture d'un sang pituiteux dans les gros vais-
seaux ; le pouls 6tait rare, tardif et de faible tension ;
les urines, rouges et 6paisses, le visage moins vultueux
que dans les autres fi^vres continues, peu de sueurs,
mauvais 6tat g6n6ral. Sa dur6e oscillait entre quarante
et soixante jours ; la crise terminale 6tait tr6s longue,
et comportait un flux de ventre de pronostic heureux.
La di^te 6tait tr^s utile dans cette forme de fi^vre
putride, on ne permettait gu^re que des bouillons de
poulet. Les saign6es dtaient ordonn^es plus rarement,
et les purgatifs n'entraient en jeu qu'au d^clin de la crise
terminale. II est vrai que le m^decin se rattrapait en
multipliant les clyst^res Emollients, faisant, sans s'en
douter, de Tantisepsie intestinale, au grand profit du
patient.
Lafiivre continue tierce Etait une fiiivre continue prE-
sentant une exacerbation de deux jours Tun ". EUe etait
causae par un sang bilietix se pourrissant dans les gros vais-
seaux. Comme signes : hypcrthermie considerable,
pouls tris frequent, tr6s rapide, urines rares, vomissc-
ments, diarrh^e bilieuse, subict^re, insomnies, dilire,
tres mauvais 6tat g^niral. D'un pronostic mauvais, elle
comportait les memes indications th^rapeutiques que
pour la quotidienne continue.
La fiivre continue quarte Etait une fiEvre continue
prdsentant une exacerbation thermique de trois jours
Tun; elle 6tait causae par un sang milancolique pourris-
sant dans les gros vaisseaux. L'indication thdrapeutique
1. Probablement toujours fiivre typhoTde.
— 115 —
principale 6tait remploi de tousles diur6tiques et sudo-
rifiques de la pharmacop^e, et Dieu sait s'ils 6taient
nombreux.
Les formes rares des fi^vres putrides continues
essentielles 6taient au nombre de six. C^taient, en
somme, des quotidiennes continues avec predominance
d'un sympt6me. On distinguait :
i^Lsi fievre ardente ou caustis, qui n'^tait en somme
que la forme hyperthermique de la fievre typhoi'de ;
2^ hsi fievre colliquative, avec diarrh^e profuse, jaune
roussatre, et ffetide ;
3^ L3L fievre assodes, avec naus^es et vomissements ;
4° Lafiivre elodes, caract6ris6e par les sueurs profuses,
la faiblesse du pouls, petit, dur, faible et resserri, et le
mauvais 6tat g6n6ral ;
y L3L fievre ipiale dans laquelle I'exacerbation vespd-
rale s'accompagnait d'un frisson intense suivi d'un
stade de chaleur tr^s prolong^ ;
6*^ La fiivre syncopale qui comprenait deux formes :
la forme memue, avec syncopes fr^quentes, et la forme
butnoreuse, tr^s grave, presque toujours mortelle. Cette
derni^re qui amenait la mort subite par arrfit du coeur
rappelle tout d fait la forme cardiaque de la fievre ty-
phoide, avec la mort par myocardite survenant au
d^lin de la maladie. C6tait dans cette forme qu'on
recommandait comme souverain remade, T^gorgement
d'un pigeonneau sur la region precordial, traitement
qui est encore de nos jours fort en honneur, en cas
de syncope, dans la Basse-Bretagne.
1
— ii6 —
A c6t6 de ccs fiivres . continues essentielles, se
rangeaient les fi^vres continues symptomatiques accom-
pagnant ou suivant une autre maladie.
EUes 6taient au nombre de six :
i^ Les fievres symptomatiques d'une inflammation ;
2^ L^ifiivre lypirias, consecutive 4 une inflammation
6rysip6lateuse de Testomac et de I'intestin ;
}° hts fiivres lentes causees par des « humeurs crou-
pissantes » avec hyperthermie trds l^g^re, mais affai-
blissement rapide de T^tat g6n6ral ;
4° Les fiivres dues d la corruption d'un organe ou
d'une humeur (kit corrompu ou sang extravas6) ;
5° La fiivre des cacbectiques ;
6^ La fiivre des pdles couleurs ;
Nous arrivons 4 present d la seconde grande divi-
sion des fiivres putrides simples, c'cst-d-dire au\ fiivres
intermittentes. On en distinguait trois : la quotidienne,
la tierce, la quarte. Toutes trois 6taicnt causees par des
vapeurs s'^levant des a humeurs qui croupissent et se
pourrissent dans les veines m^saraiques », vapeurs qui
elevaient la temperature du muscle cardiaque, y allu-
mant la fiivre qui se r^pandait ensuite dans tout
I'organisme.
Le stadc de frisson et de tremblement s'expliquait
par la faculty naturelle ' qui, entrant en action, secouait
les fibres de la peau et les fibres des muscles, d'ou fris-
I. Une des trois manifestations dc T^me; ellc ^tait subordonnee aux
esprits naturels el comme eux rdsidait dans le foie. Voir le chapitre sur les
doctrines ni6dicales, et Cureau dc la Chambre, le livre des passions.
I
J
-^ 117 —
son et tremblement. S'il y avait convulsion, elle etait
due 4 cette meme faculty naturelle qui tiraillait les
nerfs.
Le stade de froid etait du d la soudaine concentra-
tion au coeur des esprits et du sang. Ces esprits et ce
sang, relances 4 la peripheric, consumaient etdigeraient
leshuraeursmauvaises et pourries qui ^taient ^vacu^cs
paries sueurs; ainsi sc trouvaient expliqu^s les trois
stades de frisson, de chaleur et de sueurs.
La fievre quoiidienne reconnaissait com me cause
determinante une Jmmeur piluilmse pourrissant dans les
veines m^saraifques, humcur qui naissait chez les
temperaments froids et humides, apres trop grande
absorption d'aliments froids et humides... Comme
signes pas de tremblement au debut ; I6gers frissons,
auxquels succd^de un stade de chaleur peu accentu^e. Elle
durait quarante jours environ. Son pronostic etait assez
r6ser\'6 et d^pendait surtout de la rapide apparition des
signes de coction dans les urines. Comme traitement,
pas de saign^es, mais des clyst^res emollients et car-
minatifs, des decoctions « aperitives et preparatives »,
suivies de I'administration de purgatifs tels que Taga-
ric ou le turbith vegetal.
La fievre tierce survenant de deux jours Tun, etait
causee par une bile excrimenteuse croupissant et pourris-
sant dans les veines mesaraiques, au point ou elles se
reunissaient. Cette humeur bilieuse se formait chez les
temperaments chauds, sees et bilieux, en usant d'ali-
ments chauds, viandes, epices, ails, vin pur... Comme
1
— ii8 —
signes, grand tremblement, stade de chaleur tr^s
accentu^e, sueurs profuses et diarrh^e terminant Faeces
qui ne devait pas durer plus de douze heures; sinon
il y avait, en plus, production d'humeurs pituiteuses et
cette tierce prenait le nom de tierce bdtarde.
La tierce simple etait d'un bon pronostic et durait de
dix d vingt jours. Le pronostic de la batarde 6tait
moins bon, et sa dur^e oscillait entre vingt et quarante
jours. La grande indication th6rapeutique est de pur-
ger la bile, d'ou lavements laxatifs, potions chola-
gogues ' A base de rhubarbe, tamarins, chicor^e, sirop
rosat, saign^es copieuses et r6p6t6es. Le traitement
prophylactique consistait en un regime rafralchissant
et humectant.
Ijifievre quarte 6tait causae par une bumeur nUlanco-
lique, c'est-i-dire une humeurfroide, s^che, s'engendrant
de la partiela plus terrestre deFaliment; orles aliments
contenant le plus de sue mdancolique ^taient la chair
de boeuf, le fromage fermente, les choux, le vin rouge.
Mais, outre I'usage immod6r6 de ces aliments, il fallait
un temperament froid, sec et mdancolique.
Qjaelquefois Thumeur m^lancolique se m^langeait
avec une humeur bilieuse; Tacc^s durait de sept a
douze heures et la quarte ^tait alors quarte bdtarde,
Batard ou non, Facets de la quarte revenait de trois
jours en trois jours, et comprenait toujours les trois
stades de duree et d'intensit^ 6gales; on la consid6rait
I. Utt^ralement purgeant la bile.
J
— 119 ""
comme sans danger mais comme absolument rebelle
a tout traitement. Malgr6 cette b6nignit6, on redoutait
fort la quarte qui 6tait excessivement fr^quente * ; aussi
ne doit-on pas s'^tonner outre mesure de I'engouement
universel pour le chevalier Talbot et son remMe mira-
culeux. Lorsque le quinquina fut d'un usage courant,
la crainte de la quarte devint moins vive, car on avait
enfin un remWe souverain *. Outre le quinquina, on
instituait une di^te s^v^re, humectante et mod^r^ment
echauffante, des clystires emollients, des saign^es, des
purgations et, parmi ces dernieres, le fameux vin 6m(i-
tique qui triompha de la pourpre de Louis XIV.
Toutes ces fievres que nous avons citees, simples
ou putrides, continues ou intermittentes, 6taient toutes
simples; elles peuvent s'associer, formant une nouvelle
classe : les fievr es cotnpliquies. Cette « complication » estde
deux sortes : ou bien une fi^vre putride se complique
d'une fi^vre simple; ou une fievre putride se com-
plique d'une autre fievre putride. Dans ce dernier cas
on pent trouver la combinaison d'une continue avec
une continue, d'une intermittente avec une intermit-
tente, d'une intermittente avec une continue.
La complication la plus fr^quente est celle des
fievres intermittentes avec d'autres intermittentes; on
1. Aussi la vieille imprecation romainc, « Quartana te teneat », ^tait-elle
toujours reside en honneur. Que la quarte te tienne I — Le quinquina, en
m^e temps quMl faisait disparaitre la fievre, fit disparattre Timpr^cation.
2. Ce n'est que vers la fin du xviii« si^cle qu'on comment ^ assainir
les regions mar^cageuses par I'^puisement et la mise en culture des mar^-
cages.
^
— 120 —
a une quotidienne double qui pr^sente deux acc^s dans
les vingt-quatre heures; une tierce double qui a ses accis
tous les jours comme la quotidienne mais qui se dis-
tingue par les « signes de bile » (tremblement violent,
hyperthermie considerable, sueurs profuses, diarrh^e).
La triple tierce a trois acc^s dans deux jours; la quarte
double a un jour de libre et deux jours d'acc^s, la triple
qmirte a ses acc6s tous les jours et se distingue de la
quotidienne par les « signes de mdancolie » (d6but
par les bdillements, sensation de courbature gdndrale,
urines d'abord blanches, abondantes, puis rouges et
6paisses).
En resume, les fi^vres putrides reconnaissaient
comme cause une humeur pourrie et corrompue,
humeur nettement d^terminee, dont la formation,
le mode d'action ^taient bien connus. A cdt6 d'elles
prenait place une troisi^me classe de fi^vres, procddant
d'une « cause occulte venimeuse », ennemie du coeur
et contraire i la vie ; elles 6taient contagieuses et
comprenaient les fi^vres malignes, la peste, la petite
v^role et la rougeole.
a Lqs fiivres malignes ou pestilentes, dit La Martiniere,
sont ordinairement dans leur commencement sem-
blablcs aux autres fiivres, si ce n est que quelquefois
qu'ils viennent lentes dans leur commencement, aug-
mentant de petit 4 petit jusques i ce que la rigueur de
la fi^vre et la malignity des esprits suffoquent le malade.
Premi^rement le malade est fort assoupi ayantlepouls
deregliJ, les yeux sortant hors de la teste, avec un re-
— 121 —
gard 6tincelant et une senteur fade. » Mais les grands
signes ^taient sous les taches pourpr6es, les bubons et les
charbons. Parfois 4 la prostration du malade succ6dait
du d61ire, des convulsions, annonfant la terminaison
fatale. Le traitement consistait en saign^es du bras, des
pieds, et mfime des veines h^morroldales ; on appli-
quait des ventouses scarifi^es ou des v^sicatoires un
peu partout, aux cuisses, aux fesses, sur le dos, sur les
ipaules. En plus de cette medication externe, on ordon-
nait toutes les preparations alexipharmaques qui les
unes pr6paraient la coction des humeurs corrompues,les
autres fortifiaient le coeur et lui permettaient de
r^sister au poison, cause de tout le mal. On employait
d'abord une medication froide pour abattre la fievre, et
ensuite tous les a anti-venins » connus, la th^riaque,
Torvietan, le mithridat, les trochisques de viperes, les
Bezoards, les poudres de perles, de coraux, de pierres
precieuses, d'ambre gris, d'angeiique, d'imperatoire,
de contrayerva.
La petite v^role et la rougeole etaient assez souvent
confondues; on tendait n^anmoins depuis une cin-
quantaine d'ann^es 4 distinguer la vdrole i pustules
plus grosses, rouges, enflammees et suppurant le plus
souvent; la virolette\ notre varioloidc actuelle, avec
pustules blanchdtres se dess^chant rapidement; et
enfin la rougeole 4 Texantheme caract^ristique \ Toutes
trois reconnaissaient comme cause :
I . On connaissait la scarlatine que Ton appelait paurpre ou JUvre pour-
pr^e, mais on n'en faisait qu*une forme de la rougeole. La cd^bre maladie
de Calais (1658) qui d^cida de la victoire du vin ^m^tique dtait une pourprc.
— 122 —
Une impureti du sang maternel duquel Tenfant ayant est6
nourri sur les derniers mois, le plus pur sang ne sufEsant plus
pour sa nourriture, cette impuretd se communique k toutes
les parties de l*enfent, et infecte ensuite la masse du sang :
cette impuretddemeure ainsi cachte quelque temps, et sou vent
plusieurs annies, jusques i ce que quelqu'une des causes ex-
ternes survenantqui Texcite, ou que la nature ne la pouvant
plus supporter, il se fait une Ebullition du sang par le moyen de
laquelle Timpur est sEpar6 d'avec lepur, et jetti ensuite h Vexti-
rieur en fa^on de crise. Or, comme dans cette masse du sang
il y a un double excrement. Tun plus 6pais et Tautre plus
subtil, la vErole se forme du premier et la rougeole du der-
nier *. Les causes externes qui imeuvent et r^veillent
Tinterne k jetter hors, sont Timpureti de Tairet la contagion.
On confondait aussi leurs signcs, la rachialgic de la
variole, avoisinant le Catarrhe oculaire, nasal et bron-
chique de la rougeole.
MalgrE cela, tout le monde s'accordait d difRrencier
la rougeole de la variole au point dc vue du pronostic;
en effet, les epid^mies de petite v^role, noire ou
non, faisaient des ravages cxtraordinaires, et la variole
itait un Epouvantail d Ttigal de la peste '.
1 . G>nstant de Rebecque.
2. Peu de personnes ^happaient a la variole, ct une femme non mar-
quee passait, m^me laide, pour une beaut^. Mmc de Longueville avait une
peur extraordinaire de la petite v6role, et son amie, M^e de Sabl6, partageait
cet efFroi ; lorsqu'elle recevait une lettre, en temps d'6pid^mie, elle la lisait
« sous le vent », aprts Tavoir expose aux fum^es aromatiques de trochisques
contre la peste. On trouve, dans le Porteftuille Valiant, une lettre d'un
m^decin qui, devant venir consulter Mnie de SabM, la pr^vient qu'il n'a pas
de varioleux dans sa client^e.
M»ic de Montpensier, qui avait d^ji eu la variole, craignait toujoure cette
maladie, et elle d^fendit d son m^decin Belay d'approcher le jeune due
d Alen^on, qu'on pouvait croire malade de la petite v^role. (Voir, dans les
Extraits du PortefeuilU Valiant, le ri^cit de la maladie du due d'Alcnijon )
— 123 —
Le traitement 6tait le mfime que pour les fi^vres pes-
tilentes : adoucissants, medicaments froid pendant ia
p^riode ftbrile; r^chaufFants, medicaments chauds et
antivenimeux apres la chute de la temperature.
La PesUy la plus terrible des fi^vres malignes, est, nous dit
Constant de Rebecque, une maladie du coeur accompagnee la
plupart du temps de fievre, bubons, charbons et parotides,
veneneuse, epidemique, aigue, contagieuse au dernier point,
trbs dangereuse, et, la plupart du temps, mortelle. Sa cause
immediate et prochaine est une matiire extremenient w€n6'
neuse, maligne, ennemie du coeur, qui a son siige dans les
esprits et les humeurs. Cette nature maligne pent Stre engen-
dree en nous par Tair ', les miteores ^, les aliments ', les sor-
celleries ^ et les passions de I'^me ^
1. II doit 6tre intempM ; c^est surtout Tair chaud ct humide qui produit
la peste, ou bien Tair corrompu par les Emanations de cadavres pestif(6rds
non ensevelis.
2. Saturneet Mars joints ensemble au signe de la Vierge et des GEmeaux>
certaines combes corrompaient et infectaient Tair ; partant, Epidtoies de
peste.
3. On accusait surtout le blE venu dans une p^ode pluvieuse, dans un
pays humide, et miU d'ivraie, de nielle; on incriminait aussi les chairs des
animaux malsains, ou morts de maladie, souvent seule ressource du
pauvre pendant les famines qui d<§soI^rent si souvent la France en cette
Epoque de guerres incessantes. Aussi avait-on remarquE TEclosion M-
quente d'une Epid^mie de peste dans les contr^es souffrant de la famine
depuis quelque temps. II nous reste, de cette observation, le dicton « apr^s
la famine, la peste ».
4. On pendait et on briilait, a chaque Epid^mie de peste, les pauvres
d'esprits considdrdSi k tort ou k raison , comme jeteurs de sorts et accuses
d'infecter Tair, les eaux, les maisons, par des poudres diaboliques. Cela
semblait tout naturel k cette Epoque, et i'impunit^ ^ait assur^ aux paysans
bhileurs de sorciers. N'oublions pas que tout r6:emment, en Russie, les
pa\'sans russes massacrirent plusieurs m^decins , envoy^s par le gouvcrne-
roent nisse, pendant uoe Epid^mie de cholera, ne voyant en eux que des
sorders malfaisants, cause premiere de TEpid^mie.
5. La grande et excessive tristesse pouvait alt^rer les esprits et les
humeurs k un point tel qu'elles acqueraient une quality venimeuse,
maligne et pestilentielle.
— 124 —
Cependant la peste pouvait naitre sans que I'air soit
infect^ ; c'^tait par la contamination directe (cohabita-
tion avec un pestifert, usage de vfitennents...) ou par la
contamination indirecte (marchandises venant de pays
pestiferes...)
Les signes de la peste ^taient de trois sortes, les uns servent
k la pr^voir, les autres k la reconnaitre quand elle £ciot, ce
sent les signes diagnostics ; les autres servent k juger de son
Evolution ult^rieure, ce sont les signes pronostics *.
On pr6voyait le danger de peste lorsqu'il y a eu desgrandes
variations de temperature, des brouillards et nuagesextraordi-
naires, des com&tes et m^teores, des Eclipses et constellations
malignes, des grandes chertfe de vivres, et encore plus s'il y a
une extraordinaire quantity d'insectes; si les plan tes et herbes
s^chent ou pourrissent ; si les oiseaux laissent leurs nids et
leurs petits et s'en vont chercher un air plus salubre; si les
poissons sont trouvfe morts enquantite sur le rivage,et si la
mortality se met entre les bStes de service, moutons, cochons,
boeufs et chevaux ; si la v^role et la rougeole ont eu la vogue,
et n'attaquent pas seulement les enfants mais encore les
hommes faits; si Ton voit des signes de malignit6 dans les
maladies, comme charbons, bubons, parotides, pourpres,
maux de cceur et grande faiblesse.
Les « signes diagnostics » de la peste (itaient fre-
quents ou rares : i° Les frequents : 6tat general tres
mauvais; syncopes fr^quentes, 6tat de lypothymie
permanent; pouls fort inegal, quelquefois grand et
elev6, quelquefois faible, petit et intermittent; fi^vre
forte ou quelquefois tres peu d'ascension thermique,
I . Cette division de la symptomatologie de la peste est de Constant de
Rebecque.
— 125 —
des taches rouges, blanches et noires, des parotides ',
bubons et charbons; 2° Les signes rares : c6phal6es,
d6lires, intolerance gastrique; sueurs profuses; diar-
rh6e fttide et haleine caract6ristique '.
Les a signes pronostics » 6taient tr6s incertains.
Cependant c'est un bon signe si ces tumeurs apparaissent
de bonne heure et loin des parties nobles^ s'ilapparalt plusieurs
bubons et pen de charbons, s'ils m Arissent et avancent bien tost,
et si ensuite le malade s'en trouve mieux ; si le malade ne vomit
pas les bouillons et medicaments, s'il sue bien etcopieusement et
qu'apr^s il s'en trouve mieux. Au contraire c'est un xrts
mauvais signe s'il n'apparah point du tout de tumeur, ou
quand elles apparaissent et mArissent trop tard; ou si, ayant
paru, elles disparaissent tout d'un coup; s'il n'y a qu'un
bubon, et beaucoup de charbons, grands et puants, prds des
parties nobles et avec grande chaleur et ulcere rongeant; si
les ddlires, convulsions et maux de cceur pers6v£rent apr^ la
sortie des tumeurs ; si le malade se plaint que tout ce qu'on
luy pr&ente pue ; s'il vomit tout ce qu'il prend par la bouche,
1. Cest, en somme, une localisation du bacille pesteux dans le tissu
parotidien.
2. Francois de le Boe, Sylvius, le c^l^bre anatotniste, et qui fut un non
moins bon dinicien, avait d^crit m^thodiquement la symptomatologie de la
peste. Nous avons r^sum^, dans ses Opera Medica (Amsterdam, 1679), ^^
prindpaux sympt6mes qu*il dasse de la mani^re ci-dessous :
Primaria pestis signa interna :
10 Calor internus, sitis vehemens, inquietudo.
20 Nausea cum vel sine vomitu.
30 Capitis dolor, delirium, vigilisc perpetuae, sopor.
40 Cordis angustia , palpitatio, hypothymia.
Pulsus insequalis, intermittens, parvus, languidus et frequentior.
Primaria pestis signa externa :
lo Bubones; 2° Anthraces vel Carbunculi; 30 Maculatae.
Signa pestis universalia :
Urina. — Sudores. — Alvi fluxus. — Sanguinis eruptio. — Oculi lacryma-
bundi. — Lingua arida, nigra atque aspera. — Exhalatio foetens. — Dolor
in lumbis. — Maculae paulo ante aut post mortem manifestae. — Fades
cadaverosa et maerorem testans.
— 126 —
si ces sueurs sont froides et puantes, s'il a des flux de ventre
colliquati& et puants, et les extr6mit6s sont froides.
Le traitement de la paste itait des moins compliqu6s .
On saignait tr6s rarennent, a de peur de faire rentier les
bubons dans le corps », dit de la Martiniire; je crois
que la principale raison 6tait d'6viter tout contact par
trop direct avec le pestiftr^.
Le mSnne de la Martini^re nous donne, dans son
Empiric Charitable, le traitennent du pesteux :
Pour gu6rir de telles fidvres, il faut donner au malade un
bon verre d'eau de chardon bdnit, dans lequel y soit dissous
une demie-once de bon orvi6tan ou de vieux Tiriaque de
Venise, ou du Mitridat, puis le bien couvrir pour luy provo-
quer la sueur et le divertir pour rempfecher de dormir.
Le lendemain, si le malade a une douleur de t^te, il luy
faudra tirer environ dix-huit ou vingt onces de sang, si les
forces le permettent, du bras droit, et, s'il n'est pas libre du
corps, il luy faudra donner une midecine compos^e de la
sorte ; prenez : sdni cinq dragmes, rhubarbe une once, que
ferez infuser en suffisante quantity d'eau sur cendres chaudes
Tespace de douze heures, et mettre dans la coulature trois ou
quatre onces de sirop de roses. Et si la fifevre ne diminue pas,
il faudra rdit^rer I'eau de chardon b6nit et la dose de TOrvie-
tan, continuant trois jours cons^cutifs si la ndcessiti le
requiert, et donner tous les jours au malade des lavements
d'urine, dans lesquels il faut delayer du sue ou sirop d'Hieble.
Et s'il paralt quelques bubons de peste en quelque partie du
corps, il feut bien se garder de saigner le malade; car la sai-
gnte lui pourrait faire rentrer les bubons dans le corps, et lui
causerait par amsi la mort : mais lorsque Ton voit quelque
bubon de pesle enflamm6, il est nScessaire d'y prendre garde,
pour le percer, lorsqu'il en sera temps et n*attendre pas qu*il
soit tout-i-fait miir, car en attendant ce temps-li^, il pourrait
crever par dedans le corps, etpar ainsi faire mourir le malade.
— 12/ —
Pour ce qui est des petits enfants, on leur peut donner le
poids d'un 6cu ou demi-6cu d'or d'Orvietan ou deTeriaque ou
de Mitridat^ ddlay^ dans un verre d'eau de chardon binit, les
tenant bien couverts, afin de les faire suer, et r^it^rer tous les
jours si la n6cessiti le requiert.
Pour faire sortir Tair de la peste d'une maison, on n'a qu'^
fermer toutes les portes et fenStres, puis briiler dans chaque
chambre quantity de geniivre ; et^ pour dissiper Tair de la
maladie qui pourrait £tre dans les hardes, on n'a qu'i les
etendre sur les perches, dans lesdites chambres, pour recevoir
la fum6e; et quant aux cendres qu'il reste dudit genidvre, il
faut en lessiver le linge.
II faut remarquer que ceux qui sont parmi les pestiferds se
peuvent preserver, prenant tous les matins i jeun gros comme
une ftve d'Orvietan ou de Teriaque, et porter sur le coeur une
poign6e d'Ang^lique.
Le cerveau, qui « est le trdne de Tdme » est aussi le
si^ge de nombreuses maladies; presque toutes recon-
naltront pour cause des humeurs et ardeurs corrom-
pues qui partent du coeur, du foie, de la rate et des
poumons, montant jusqu'au cerveau, s'y arrfitent ' ;
quelquefois cependant, ces humeurs nocives pouvaient
naitre dans le cerveau mfime.
Cest pr6cis6ment ce qui arrivait dans Vintempirie froide
et bumide du cerveau ou il y avait a formation et reten-
tion d'une humeur pituiteuse ». Les signes de cette in-
tempirie etaient ceux de Tan^mie c6r6brale : a un visage
pale, un esprit stupide et pesant, une m^moire courte,
des sommeils longs et profonds, tous les sens hdb^tes,
z. C. de Rebecque.
— 128 —
diverses paralysies et lethargies '. » Tout le traitement
tendait i dess6cher le cerveau.' On y arrivait par I'air
chaud, Tusage des aliments et medicaments chauds. La
saign6e ^tait proscrite; les. purgatifs 6taient employes
avec circonspection, commen^ant par des purgatifs
phlegmagogues plus doux, continuant par des purga-
tifs pr^paratifs et purgeant la pituitc.
Les Catarrbes ou rhumes de cerveau reconnaissaient plu-
sieurs causes : i° ou la chaleur qui faisait fondre les
humeurs du cerveau : « la face ^tait rouge et chaude ;
les larmes qui sortaient desycux chaudes etcuisantes» ;
des saign6es r^it^r^es en avaient facilement raison.
Cetait, en somme, une congestion enc^phalique. 2° Le
froid, « qui determine une grande pesanteur de tete,
des eternuements frequents, et un 6coulement nasiil
tr^s abon^ant ». Cest cet ^coulement, signe d'un cer-
veau tropiroid, qui pouvait devenir tr^s dangereux, en
retombant sur les poumons, sur le coeur; c'dtait le
rhume tomb6 sur la poitrine. On cherchait avant tout
d eviter cette dangereuse complication. Aussi le traite-
ment d'un simple rhume de cer\'eau etait-il des plus
compliqu^s :
On 6vacuera la pituite par potions et pilules deuces; puis
on la pr^parera par des apozdmes et ensuite on usera de pur-
gatifs plus forts : les vomitoires y peuvent beaucoup servir ;
puis on se servira de ventouses, v&icatoires, cautires appli-
ques sur les epaules, derrifere les oreilles ou au col ; on
employera aussi les errhines et sternutatoires, si la fluxion se
I , Turquct de Mayerne.
— 129 —
jette sur les poumons^ ou des masticatoires, si elle se jette sur
les yeux, pour divertir les humeurs.
Mais ce n'est pas tout, il est bon de raser la t&te et d'y
appliquer des opiates, coeffes, parfums et emplAtres c6pha-
liques et astringents. Au dedans, Ton peut prendre des
opiates ciphaliques et astringeantes ; les troschiques de carab6,
ou seulement quelques grains d*ambre jaune dissous en esprit
de vin, le lait et les fleurs de soufre et les baumes c^phaliques
y sont aussi fort efBcacieux.
Inutile d'ajouter qu'au cours d'un pareil traitement,
la maladie disparaissait le plus souvent, au grand
d^sespoirdu m^decin, du chirurgien et de Tapothicaire
qui y trouvaient leur compte.
Celui qui est affligd de la Migraine^ dit de La Martiniere,
entend dans ses oreilles un certain bruit comme de petites
clochettes, et luy semble que quelque chose luy,frappe conti-
nuellement dans la teste, laquelle bien souvent /lui darde et a
de la douleur ^ entendre le son des cloches et a^-mesme de la
peine i regarder la lumidre. Or ce mal provient de fum6es
chaudes, de m^lancolie et de ventositis. Quant aux rem^des
il £iut appliquer sur les deux tempes de la racine de brione
cuite sous les cendres chaudes. II faut pareillement purger le
malade avec I'aloe ou le jalap, selon la force de son tempera-
ment. La saignte de la veine s^phalique faite en petite quan-
tity n'y est pas mauvaise, une fois ou deux, mais non plus.
Le mcd caduc comprenait trois maladies distinctes
comme etiologie, mais ayant des symptdmes A peu
pr^s identiques, c'^taient :
VEpilepsie proc^dant d'une mati^re r^sidant dans le cer-
veau,r^na/^^ji>proc6dantd'une mati^re qui est tant dans I'es-
tomac que dans les nerfs et dans les arteres, de laquelle ma-
tidre procede des fum^es qui montent jusques dans le cerveau,
Le MAGcr.T. — Le monde fnedical, 9
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— 130 —
et la Catalepsie^ qui procide d'une matifcre venant des extre-
mitds du corps, comme des pieds et des mains, qui apr&
monte jusques au cerveau.
Ces trois esp^ces de haut mal sont engendrdes de sang et
de phlegme lesquels, estant irrit^s Tun centre Tautre, font
une antipathic qui corrompt tellement les sens, que Tikme en
est troubl^e, mesme fait tomber le corps avec de vilaines gri-
maces raidissant tous les membres, tourner les yeux et escu-
mer la bouche, mais par une vertu naturelle et b^nigne qui
est enclose dans le corps, apr^s avoir endurd I'assaut du mal,
elle fait revenir les esprits en les raffermissant.
Le glai'eul, la val^riane, le gui de chfine ^taient
des sp^cifiques renomm6s pour le mal caduc, mais de
La Martini^re recommande, en outre, le sang de loche
ou de goujon, le crdne d'un homme ex6cut6, et la
fiente de paon blanc « d61ay6e en vin blanc ».
La Paralysie « est un accident de nature, qui petit d
petit oste le mouvement des sens, lequel accident pro-
vient quelques fois d'une trop grandc abondance d'hu-
meurs, comme aussi d'une trop grande chaleur, ou de
quelques coups que Ton peut avoir re^u. »
La paralysie due a des humeurs trop abondantes,
n^cessitait des purgatifs ^nergiques comme le sel
d'antimoine (24 A 50 grains); on employait en outre
toute la gamme des sudorifiques. La paralysie, recon-
^- naissant comme cause premiere la chaleur, demandait
des purgatifs plus doux.
Dans les deux cas, on employait en frictions sur les
membres paralyses rbuile de petits chiens dont Lemery
nous a donn6 la composition. De La Martini^re la
^;: composait ainsi qu'il suit :
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% >
— 131 —
Prenez quatre petits chiens, lesquels ecorcherez et vide-
rez et hacherez bien menus, puis prendrez une escuell^e de
vers de terre et autant de lima^ons rouges, et mettrez le tout
bouillir dans un pot d'huille d'olive, avec deux pots de vin
et le tout ayant bien bouilli, en frotterez les parties paraly-
tiques aupr&s du feu.
On distinguait deux sortes de Folic : la Manie et
VAmence. Toutes deux reconnaissaient comme cause
Tarriv^e, dans le ventricule moyen du cerveau, d'une
humeur mdancolique, a infectant tellement la
moyenne chambrette qu'elle en 6te la raison ». Cette
humeur pouvant etre engendr^e par I'usage de viandes
m^lancoliques, la peur, la tristesse, la solitude, les
efforts c^r^braux r6p6t6s et soutenus, ou bien encore
par Tabus des boissons alcooliques, ou Tinfection d'air,
morsure de bfite venimeuse ou tumeurs.
Or les fols se gouvernent selon la cause de leur folie
comme ceux qui le sont par peur, tristesse et vapeur des bois-
sons, sont m^chants et battent le monde, ceux qui le sont
par solitude et lectures parlent seuls, se saluent et rient vo-
lontiers. Ceux qui le sont par humeurs ou infection d'air
sont tout triste. Ceux qui le sont par morsure de b&tes veni-
meuses sont bien souvent comme enrages '.
La milancoUe 6tait pour C. de Rebecque « une reve-
rie sans fi^vre accompagn^e d'une peur et tristesse
ordinaire, sans aucune occasion apparente ». Elle 6tait
due 4 la perversion des esprits animaux, perversion
due i plusieurs causes :
I. De La Martiniire, U Empiric chantahk.
— 132 —
I*' Ou bien a Tintempdrie froide et seche du cer-
veau; c'estalors la mdancolie du cerveau.
2^ Ou bien i des vapeurs et humeurs s'^levant du
corps tout entier, ou du coeur, ou des hypocondres
(m^lancolie hypocondriaque) ou de la matrice (m6-
lancolie uterine).
La milancoJie du cerveau comprenait la mdlancolie
d'amour et la lycantropie, « m^lancolie tout d fait sau-
vage qui fait que ceux qui en sont entachis s'ima-
ginent fitre changes en loups et fuient la compagnie
et le commerce des hommes, se retirant dans les bois
ou ils vivent souvent d la fa?on des bfites ».
Ces deux sortes de m^lancolie ne n^cessitaient pas la
saign^e, leurs humeurs m^lancoliques ^taient mieux
expuls6es par « clystires, poudres, potions m^lana-
gogues »(sen6,antimoine, ell6bore noir). Cela fait, on
rem^diait i I'intemp^rie froide et s^che du cerveau par
une medication chaude et humide.
La m61ancolie d'amour, lorsqu'elle 6tait due i I'ab-
sorption d'un breuvage amoureux, se guerissait par un
vomitif ^nergique, antimoine ou eIl6bore.
Celle qui vient d'un amour imaiod6r£ de robjet aimable
se gu^rit par la jouissance^ et cela se peut sans ofFenser la
piit6 et rhonn6tet6; les changements d'air, les divertisse-
ments, les exercices violents, Tabstinence et Tusage des
choses qui rafraichissent et dtent rembonpoint, y peuventcon-
tribuer, mais sur tous les remddes moraux I'absence, la consi-
deration des ddfauts de la personne aim^e et celle du danger
ou Ton se met en I'aimant et autres reflexions y pourront
servir. II faut tout mettre eii oeuvre dans ces rencontres '.
I. C. de Rcbecque.
— 135 —
La milaiicolie qui procede du caur et de tout le corps se
reconnaissait d Thabitus m^lancolique; le malade,
maigre, sec, velu, sans cesse plongd dans ses id^es
tristes. On essayait de Ten distraire par des saign6es
copieuses, principalement des veines h6morroidales,
par des purgations m^lanagogues; mais surtout par
les grands bains tildes prolong^s qui, avec les lave-
ments et aliments humectants, passaicnt pour rendrc
au coeur Thumiditd dont il avait besoin.
La milancolie utirine 6tait due d une obstruction des
veines et des art^res p6ri-ut^rines, amenant la suppres-
sion des regies. Elle coincidait presque toujours avec
les « pales couleurs ». Le fer et quelques saign(ies de
pied en avaient facilement raison.
La milaiicolie hypocondriaque etait due « d unc vapeur
s'elevant d'une humeur aduste. Cettc humeur sejour-
nant et causant des obstructions dans Ic mesentere ou
dans le foie, ou dans la rate, ou dans I'estomac. » On
avait done difftrentes m^lancolies hypocondriaques, la
melancolie mesent^riquc, la melancolie hepatique
Esquisser les symptdmes de ces melancolies serait re-
tracer les tableaux de toutes les maladies organiques de
I'estomac, de Tintestin, des reins et du foie, maladies
dans lesquelles T^tat c^r^bral du malade est si souvent
atteint. Dans le Midecin charitable, nous voyons la
description d'un m6lancoliquestomachique;ne se croi-
rait-on pas en presence d'un hyperchlorhydrique qui
rcssent a des crudites, des salivations frequentes, des
vomisscmcnts d'humeurs, des r6ts, murmures et flue-
— 134 —
tuations, des douleurs et enflilres d'estomach. » Et ces
autres hypocondriaques qui quand ils ont mang^ :
Sentent un mouvement violent et une palpitation extra-
ordinaire du coeur accompagntes de sueurs froides et de
l^gtres d6faillances, leur visage rougit bien souvent et il leur
semble que c'est un feu volage et une flime I6gdre qui passe;
le pouls se change et devient petit et frequent; ils sentent
une lassitude et une faiblesse universelle, leur ventre est
presque toujours resserri,Ieurs urines sontclaires etaqueuses;
en quelques-uns il survient un sommeil profond, ils ont
quelques fois des angoisses et oppressions de poitrine sem-
blables i celles des asthmatiques
ne font-ils pas penser aux hypochlorhydriques neuras-
th^niques?
Rarement mortelle, la m^lancolie hypocondriaque
6tait tr^s rebelle ; c'^tait « le fl6au et Topprobre des me-
decins », qui s'ing^niaient d proc^der m^thodiquement.
On instituait d'abord un regime qui n'est autre que le
regime d'exclusion des sp^cialistes stomachiques
actuels, puis, successivement, on ^vacuait les humeurs
peccantes, on ouvrait les obstructions, on corrigeait
Tintemp^rie du visc^re l^s6, on corroborait ' les parties
(cen^eau, coeur, estomac, foie) et on traitait chaque
symptomc en particulier.
Est-il besoin d'ajouter que le bien que pouvait reti-
rer le patient du regime suivi 6tait largement compensi
par le mal que lui faisait le teste du traitement? Aussi
ne doit-on pas s'^tonner outre mesure de voir la mi-
I. On fortifiait.
— 135 —
lancolie hypocondriaque Stre appelee le fleau et
Topprobre des midecins par les contemporains de
Moli^re.
Sous le nom de fnanie utirine^ de fureur uterine, de
suffocation utdrine, on rassemblait tous les symp-
tomes de Thyst^rie. La suffocation utirine 6tait la crise
d'hystero-epilepsie, due d une vapeur maligne s'elevant
du sang menstruel corrompu.
Le d£but s'annon^ait par des b^illements, pandiculation,
bruits de ventre ; puis elles sentent comme un morceau dans
le gosier qui leur emp^chent la respiration et les suffoque ;
puis viennent des convulsions, des ddires...
On connaissait mfime dejA T^tat de sommeil ou « il
est bien difficile de connaitre si la personne est encore
vivante ».
Dans la manie et la fureur uterine, « les femmes ou
filles ayant perdu toute honte tiennent des propos
d^shonnStes et par des postures lascives invitent les
hommes a des actions impudiques ". » De Rebecque
nous en decrit ainsi Tetiologie :
La cause de cette maladie est une grand quantity, cha-
leur et acrimonie de quelque chose qu'il n'est pas besoin
de nommer; les causes extemes sent les viandes de bon
sue et qui nourrissent beaucoup, les Apices, les vinspuissants,
le sommeil et dormir trop long et sur de la plume bien molle
et chaude, la lecture des livres impudiques, la vue des tableaux
d^honnStes et lascifs.
I. C. de Rebecque.
- 136 -
Cette manie uterine, ajoutait-il, etait surtout une
maladie des jeunes veuves et demandait des saignees
amples et copieuses, des purgatifs doux, et tous les
rem^des doux et rafralchissants. Mais de tous les
rem^des employes, le mariage, conclut-il, est le meil-
leur '.
La Phrinisie du cerveau 6tait une inflammation des
membranes du cerveau due d Textravasation d'un sang
bilieux trop ^chauffii. Cest, en somme, le tableau
classique de la m^ningite avec.a les signes avant-cou-
reurs » dont nous parle le Midecin frariQais Charitable :
a Le sommeil est court et interrompu; Ton cause plus
que de coutume, le derri^re de la tete fait mal et les
yeux se changent. » A la p^riode d'etat « le malade
r^ve continuellement, ne pent dormir; a la respiration
rare, mais grande et 61ev6e; il ne sent point la soif; le
pouls est petit, vite et frequent et la fi^vre continue.
C. de Rebecque indique, outre les convulsions, un
tremblement doux des mains, qui n'est autre que de la
carphologie, la constipation et le besoin d'uriner. II
ajoute que tout traitement est peu efficace, la termi-
naison etant presque toujours fatale.
II mentionnc cependant tres serieusement, dans ses
indications th^rapeutiques, Tapplication de poulets,
pigeonneaux, petits chiens et poumons de mouton sur
I. « Jevousdis que tous ces mt^decins D*y ferontrien que de Tiau claire;
que votre fille a besoin d'autre chose que de rhibarbe et de s6n^ , et qu'un
niari est un empldtre qui garit tous les maux d^s Biles. » (Moli^re, Le id^dc-
cin tnalgre hit, acte II, scfene ii.)
— 137 -
le front, moyen encore en usage courant i la cam-
pagne.
La Goutte 6tait une douleur des jointures causeepar
une « fluxion d'humeurs sdreuses, dcres et acides »,
douleur revenant par inten^alles. Selon Tarticulation
prise, on la d^signait sous les noms de :
Siagofiogre (articulation temporo-maxillaire), /mcfet-
logre (petites articulations du cou), rbacbisagre (articu-
lations vertdbrales), otnogre (articulation de I'^paule),
cUisagre (articulation sterno-claviculaire), pacbisagre
(coude), cbiragre (articulations des mains), wfibt^ (arti-
culation coxof6morale),^^mt^r^ (articulation du genou),
podagre (articulation tibio-tarsienne et articulations
des pieds).
Outre ces gouttes mono-articulaires, on distinguait
sous le nom de goutte crampeuse et goutte arcbdtique des
gouttes attaquant plusieurs articulations et meme
toutes les articulations. Ces gouttes s'accompagnaient
quelquefois de douleurs tr^s vives et rendaient « les
membres contrefaits par leurs malignites et detruisant
les humeurs substantielles qui les nourrit, ostant par
ainsi leur puissance de mouvoir et travailler, seichant
et closant les mains en les rendant difformes, par leurs
nceuds et boces ». Cest, en somme, le rhumatisme
chronique d6formant de notre pathologie actuclle.
Comme de nos jours, on s'accordait d constater son
incurability.
Pour les gouttes mono-articulaires, nous ne nous
- ij8 -
attarderons pas i 6nura6rer les causes productrices de
TaccSs; on connaissait diji Tinfluence mfirae des hearts
de regime, des vins g^n^reux, des aliments dpic^s,
sal6s, faisand6s, des plaisirs de la chair La sympto-
matologie de Tacc^s 6tait, de m€me, tr^s nettement
^tablie avec le d6but par le gros orteil et I'apparition
des quatre signes cardinaux : dolor, calor, tumor,
rubor. Mais lorsque le praticien du xvii^ si6cle se trou-
vait en presence d'une arthrite rhumatismale, blennor-
rhagique, traumatique ou tuberculeuse, son embarras
6tait grand : dibut different, mais mfimes signes cardi-
naux, bien qu'd des degr6s divers.
Le galdnisme lui venait en aide; lorsque la peau de
Tarticulation 6tait livide et peu chaude (goutte froide), la
goutte 6tait due d un melange de sue m^lancolique et
de ces humeurs s6reuses, causes premieres de la goutte
franche.
La bile, la pituite, le sang pouvaient venir de meme
modifier (gouttes chaudes) Tacc^s de goutte.
Chaude ou froide, la goutte 6tait consid^r^e comme
rebelle i tout traitement. « QjLiand elle s'est une fois
empar^e d'un corps et qu'elle y a plants le piquet,
disait-on, presque jamais elle n'en d^loge qu'il nen
coute la vie au malade. » Et pourtant le traitement,
saignecs i part, dtait 4 peu pr^s rationnel. Le regime
lact6 6tait tres souvent present, mais pour une raison
qui semblerait bizarre de nos jours : il maintenait le
ventre Idche et Hippocrate avait arr^t^ que sans le
ventre libre on ne pouvait guerir de la goutte.
— 139 —
En presence d'unc goutte chaude, on commen^ait
par saigner, mais le plus loin possible de Tarticulation
prise; on purgeait ensuite avec des diastiques, jalap,
sirop de nerprun. La sedation des douleurs, le sommeil
itaient obtenus par la theriaque nouvelle et le lauda-
num, mis 4 la mode par Sydenham. On appliquait
loco dolenti les r^solutifs, fondants ' de toute sorte, en
prenant garde a de ne se point servir de ceux qui sont
les plus 6chaulfants et dessdchants, car 4 la force de
ces remWes, on ne consume pas seulement les mau-
raises humeurs qui font la goutte, on dess^che enti6-
rement la partie et son humeur radical; d'ou viennent
ensuite les faiblesses, atrophies et paralysies qui suivent
bien souvent la goutte ».
De plus, chaque malade avait son remade favori, qui
« le kit de femme tiWe, y trempant un linge et Tap-
pliquant dessus le mal », qui a le cataplasme de mie de
pain », qui a la fiente de vache toute chaude ^ ».
La goutte froide n^cessitait Tapplication de v6sica-
toires in situ et Temploi de diur^tiques et de sudori-
fiques, traitement plus simple et qui, dans certains cas
(hydarthrose, par exemple), pouvait donner d excel-
ients resultats.
1. Le temps et les progr^s de la science, qui ont eu raison de tant de
superstitions idiotes, n'oot rien pu contre les pommades fondantes. Engor-
gements ganglionnaires, exostoses, lipomes, ne peuvent gu^rir sans cela, et
le praticien qui refuse d'ordonner une de ces pommades court grand risque
de passer, aux yeux du patient et de son entourage, pour un ^ne bdtd.
2. II ne faut pas oublier un rem^e qui fit la reputation des fr^res de la
Charit^ : c'^tait les fameux bains de tripes dont les effets merveilleux firent
grand bruit. Tous les podagres de Paris se retrouvaient a ThApital Saint-
Jean-Baptiste de la Charity ; Scarron y alia, esp^rant monts et nierveilles,
mais son rhumadsme d^formant n'eut aucune am<^Iioration,
'Yi- •
— 140 —
Enfin, apr6s I'attaque de goutte, on prescrivait au
convalescent le regime lact6 mitig6 avec purgations
frtquentes, mais I6g6res. Et on cherchait surtout 4 for-
tifier les jointures par les bains d'eaux chaudes, soufres,
alumineux, astringents. Un des meilleurs moyens est
pour Constant de Rebecque de « se frotter tons les
jours, soir et matin, avec de Purine chaude ».
La sciatique dtait d^jd difF^renci^e nettement de la
goutte; c'est une douleur cc qui s'6tend et se commu-
nique vers Tos sacrum par toute la jambe, et quelques
fois jusques i Textr^mit^ du pied; elle occupe encore
bien souvent les fesses et les lombes, et y cause des
douleurs cuisantes, mais sans tumeur ni changement
de couleur en la partie, comme il arrive es autres
esp^ces de goutte ». On connaissait d^ja Tinfluence du
v6sicatoire sur la sciatique et on Temployait avec
beaucoup plus de prudence qu'on ne le faisait dans ccs
derni^res ann6es.
Sous la denomination vague de rhumalisme ^ on desi-
gnait deux ensembles symptomatologiques :
Le premier sans fievre, a evolution excessivement
longue et variable, le rhumatisme subaigu actuel;
Le second s'accompagnant de fi6vre, se compliquant
de determinations visc^rales et d'une dur^e de qua-
rante jours; le rhumatisme articulaire aigu. Tous deux
etaient dus a une humeur s^reuse venant d'un foie tres
chaud; les douleurs violentes dtaient dues i la com-
pression des muscles « par des vents accumul^s dans
Icurs cnveloppes fibreuscs ». Ccpcndant, 4 cdt6 de ces
— 141 —
divagations, on connaissait d^ji les sueurs caract^ris-
tiques, le danger des d6terminaisons visc6rales annon-
c6es par la sedation brusque des douleurs articulaires.
On pratiquait la jugulation du rhumatisme par la
saignte ' ; dix, quinze, vingt saign^es n'effrayaient pas
le praticien qui ne cessait « que les douleurs fussent
diminudes ou le malade fort affaibli ». On rem^diait
enfin d Tintemp^rance chaude du foie, cause de tout le
mal, par des rem^des, potions, clyst^res rafraichissants,
mais seulement apr^s avoir pr6par6, cuit et ^vacud les
humeurs nocives.
Sous le nom de squinance ou squinancie, on confon-
dait une s6rie d'ensembles symptomatiques afFectant le
col ou le gosier : grenouillette sous-maxillaire, abces du
cou, phlegmon de I'amygdale, abcSs r^tro-pharyn-
gien, parotidite, oed^me de la glotte
La squinance bdtarde, c'est Tabcis r6tro-pharyngien ; la
squinance vraie, par son acuity, sa gravity, ses troubles
asphyxiques a sans qu'il paraisse aucune tumeur au
dehors » rappelle Toed^me de la glotte. La squinance
a dont la tumeur disparalt tout d'un coup » fait pen-
ser 4 la grenouillette sous-maxillaire ou au tra-
cheocele.
Sommc toutc, bdtarde ou non, la squinance 6tait une
maladie des plus graves et d'un pronostic presque tou-
jours fatal.
I . M^hode que Gubler tenta vainement de remettre h la mode.
^
— 142 —
Si la suppuration survenait, Taposteme 6tait ouvert
« avec un couteau de bois, le malade tenant la tfite
basse, afin que le pus n'aille pas aux poumons ».
Dans le cas d'asphyxie, on pouvait venir a la laryn-
gotomie ou ouverture du gosier; mais il fallait pour
eela un habile maltre, nous dit le Midecin Charitable.
II est A noter que, dans nos recherches sur les
ouvrages de pathologie du xvii* si^cle, nous n'avons
trouv6 aucune description rappelant nettement Tan-
gine dipht^ritique et ses complications. Cependant,
C. de Rebecque, nous parlant de V inflammation des
tonsilles chez les enfants, insiste sur la tumeur qui
parait sous la mdchoire, les ulcerations des amygdales
et la gravity exceptionnelle de cette maladie. Cette
inflammation des tonsilles (produite selon lui par un
kit trop dcre et chaud), de par son ad^nopathie, ses
ulcerations typiques et son pronostic grave, devait Stre
Tangine diphteritique.
Les maladies de la poitrine comprennent :
1° Les maladies du poumon (inflammation, tuber-
cules, attachement avec les c6tes, ulcere ou phthisic).
2° Les maladies de la poitrine (inflammation du
m^diastin, du diaphragme, pleur^sie, empy^me, hydro-
pisie de la poitrine).
3° Toutes ces maladies pouvaient se compliquer
(asthme, toux, crachement de sang).
Vinflammation du poumon se reconnaissait « ^ la difficult^
de respirer qui oblige les malades i se tenir assis ou la tfite
— I4J —
haute; une douleur pesante, une fidvre aigue et une rougeur
extraordinaire de visage, laquelle se remarque particuli^re-
ment aux joues, avec une toux et crachement de sang, quel-
quefois tout rouge, quelquefois jaunitre ou bilieux, et quel-
quefois plus blanch^tre ou pituiteux. Ceux qui meurent ne
passent pas le septi^me jour. »
N'est-ce pas le tableau classique du pneumonique?
Cependant la congestion pulmonaire et les bron-
chopneumonies, bacillaires ou non, rentraient aussi
dans cette inflammation des poumons. Certaines
d'entre elles, ajoute de Rebecque, ne duraient guere
que cinq jours (pr6somption de congestion pulmo-
naire); d'autres, toujours mortelles, coincidaient avec
une pleur6sie (pr^somption de pneumonic tubercu-
leuse).
La saignde copieuse et fr^quente, les ventouses sca-
rifi^es, les v6sicatoires combattaient inflammation du
poumon; les sirops, juleps, lohocs « meiirissaient la
toux » et aidaient 4 Texpecloration.
Les tubercules du poumon pouvaient ^tVQ cms; ils pou-
vaient milrir et suppurer; les malades qui en 6taient
atteints a rendoient quelquefois par la bouche comme
de petits grains qui 6tant broy6s avec les doigts, il
en sort de la fange tres puante » (bronchite fttide,
bronchectasie.)
Les poumons attacbis an cdU se connaissaient « par la
difficult^ de respirer qu'on y sentait principalement
quand le malade est couch6 sur le c6t6 oppos6 4 celui
ou est le mal. Ou bien les adh6rences pleurales
pouvaient ^tre cons6cutives d quelque plaie, chute,
V
r — 144 —
empy^me, pleur^sie ou d une symphyse pleurale de
^v naissance '.
La phthisic 6tait une consomption de tout le corps,
consecutive 4 un ulcire des poumons. Get ulcere 6tait
cause par « toute humeur dcre et rongeante croupis-
sant et pourrissant dans les poumons. »
On connaissait d6jd « la naturelle disposition qu'on
a d ce mal quand on est n^ de p^re ou de m6re qui
en sont afFect^s; quand on a la poitrine ^troite, le col
long, les 6paules en fa?on d'ailes, les joues rouges ».
Les sympt6mes physiques en avaient 6t6 ddcrits
tr^s minutieusement, et nous ne pouvons r^sister d
Tenvie d'ins^rer le tableau du phthisique d'aprSs Cons-
tant de Rebecque.
« Qjiand done la phthisic se veut former, on aper^oit pre-
midrement une petite fluxion sur la poitrine, accompagnee de
toux sdche ; la salive est plus amdre que de coutume, et Ton
sent quelquefois des chaleurs et fidvres ligSres : ensuite la
toux devient plus forte; on sent une pesanteur de poitrine et
des douleurs aigu^s par devant et par derri^re la poitrine, la
fi^vre devient plus sensible et la fluxion augmente. Le malade
commence d cracher une matidre pituiteuse, 6paisse et pour-
rie, son corps dichet peu d peu : il souffre des frissons bien
frequents, la nuit il sue bien fort ; le crachat est doux : fina-
lement lors que la phthisie est formic, on crache le pus, la
fifevre devient v6h6mente, la toux plus friquente et forte, le
malade est fort d6go6t6, la respiration est trfes difficile et il ne
reste au malade que la peau et les os ; enfin les cheveux lui
tombent et le flux de ventre survenant Temporte. »
I . Henri IV se plaignit toute sa vie d'une difficult^ qu'il avait de respi-
rer ; ses m^decins ne purent d^couvrir la cause du mal qu'apr^ sa mort ; le
proc6s-verbal de son autopsie nous apprend qu*il avait une symphyse pleu-
rale du ctiXt gauche.
f: •. ,
4'
I
Le m^me auteur connaissait revolution rapide de la
tuberculosa survenant aprts des maladies aigues; « le j
mal enlive son homme en peu de jours, dit-il; quand
il vient d'autres causes, le malade tratne plus longtemps
une vie languissante.... Quand le flux de ventre sur- ^
vient, que le crachat sent mal, ou que Ton ne crache
plus, c'est un signe de mort prochaine. » ^
La phthisie pour lui, quoique tr^s grave, pouvait se j
gu^rir. J
« L'on peut espirer, dit-il, un bon succts dans la curation
de la phthisie, quand i'ulc^re n'est pas fort grand ni inv^t^r^,
quand le malade est robuste , qu'il a bon ventre et bon
app^tit, les ^paules et la poitrine larges et robustes, pourvu
qu'on se serve un long temps des rem^des convenables.
Mais ces rem^des, h^las 1 qui devaient tour d tour
evacuer les humeurspeccantes, modifier Tulc^re, rabattre
la fi^vre, restaurer le corps, n'dtaient guere efficaces, 4
part quelques astringents et la revulsion ign^e prati-
qude larga manu, comme on la faisait d cette ^poque.
Dans le Portefeuille de Valiant on trouvera 4 plu-
sieurs reprises les mots de poulmonie, de pulmonistes. j
La poulmonie ou dtbisie, c'^tait la phthisie avec a le
d^jet de toute Thumeur naturelle du corps », nous dit
La Martini^re. Le poulmoniste, c'est le phthisique d la
troisieme pdriode d'une tuberculose d Evolution extre-
mement lente, le phthisique qui n'a plus que les os ct
la peau, « qui a les joues ^troites, les yeux enfonc^s
dans la teste, le col maigre comme aussi le reste du
corps. i>
Le Maguet. — Le tnonde medical » lo
I
^
— 146 —
« La pleuresie est de quatre sortes, nous dit Le mide-
cin charitable : la vraie, la bitarde, la sereuse et la
venteuse. La waie est une inflammation de la plivre
€ qui est une membrane qui ceint les cdtes. » Laifausse
ou bdtarde est une inflammation des muscles intercos-
taux; la siretise est une douleur piquante des cdtes
« faite par une humeur sireuse qui descend du cer-
veau » et la venteuse une douleur piquante des c6tes,
sans fi^vre, « faite des vents et flatuosit^s enferm^s
cntre les muscles et la plivre. »
Cette derniere que nous laisserons de c6t6 n'etait
autre que ce que nous d^nommons 4 present pleuro-
dynie et pleurite.
La pleuresie vraie se distinguait de la bdtarde en ce
que dans cellc-ci le malade reposait sur le cdt6 sain,
tandis que dans la veritable on observait le decubitus
du c6li malade.
Vraie, bdtarde ou sereuse on la reconnaissait 4 six
signes : la « douleur piquante des cdtes et du dos, la
fievre continue, le pouls dur, petit et frdquent, la toux,
et le crachement de sang « qui paratt en la plupart
des plcurctiques. » Le crachat rougedtre indiquait une
pleurcisie sanguine ' ; le jaundtre, une pleuresie bilieuse ;
le blanchdtre, une pleuresie pituiteuse, et le livide ou
noir une pleuresie m^lancolique.
Tous ces signes ^taient d'un faible secours pour
poser un diagnostic exact, mais ils pretaient aux
I. Lisez pleuresie due k une extravasation d*un sang pur, bilieux, pitui-
toux, md'lancoliquc.
— t47 —
longues dissertations scientifiques entre consultants
et amenaient des indications th^rapeutiques bien dif-
ftrentes; pourtant une 6tait universellement admise
dans toute pleur^sie, la saignde dubrasducdt^ malade.
Nous ne d^crirons pas toutes les preparations chi-
miques usit^es dans la pharmacie ; le lecteur trouvera
dans le Portefeuille de Valiant plusieurs des remides
sp^cifiques : la fiente de cheval, de vache, de poule, le
sang de bouc ', la suie de chemin^e.
Uempytme 6tait la transformation purulente d'un
epanchement pleural. Lorsque la fiivre augmentait
vers le vingtiime jour, lorsque le malade se plaignait
de frissons frequents et violents et « d'un poids, pesan-
teur et fluctuation en la partie »,on portait le diagnos-
tic d'empy^me ; si « le pus ne s'^vacuait pas bien par les
crachats ou par les urines » , apr^s avoir aide la sup-
puration par « cataplasmes ou empMtres maturatifs,
on en venait d Touverture large de la cavitd pleurale.
Sous le nom d'astbme on ne d^signait pas seulement
la crise nocturne des asthmatiques, mais toute diffi-
cuhe de respirer. Uasthme comportait trois degr^s :
I® La dyspnde caracteris6e par une respiration plus
fr^quente et difficile;
I. II nous souvient, pendant T^t^ de 1894, d'avoir consult^, d Tigncs
(pr^s des sources de I'ls^re), un brave Savoyard tuberculeux. II avait eu,
Thiver pr^^ent, une pleur^sie, disait-il, et il s'^tait tr^ bien trouv6 du
sang de chamois, qui est, dans ces regions, d'un usage courant. Je n*atta-
chai pas d'importance k ses dires, et je le regrette, car je serai, a pr^nt,
curicux de comparer a la preparation du sang de bouc » indiqu^e par Val-
iant, avec la pr^aration du sang de chamois des Savoyards.
^
— 148 —
2^ Lastbme avec gene considerable de la respiration,
ronflements et sifflements dans la poitrine.
3° Uortbopnie, forme tres grave, qui fait penser aux
dyspn^es d'origine cardio-vasculaire, dans laquelle le
malade ne pouvait respirer qu*assis et la t^te haute;
dans Torthopn^e « il n'y a point de signes de catarrhe
et la plupart ont les pieds enfl^s et une mauvaise cou-
leur et habitudes de tout le corps j>.
Ces trois formes reconnaissaient ^ pour cause une
humeur gluante tombant du cerveau sur le poumon et
obstruant plus ou moins les bronches.
En outre, on connaissait d6j4 la dyspn^e sympto-
matique d'une affection pulmonaire, ou pleurale, la
dyspn^e de la squinance, de Tapoplexie...
Passons rapidement sur la toux qui ^tait soignee
d6jd rationnellement (les expectorants n'entrant en
jeu que lorsque les loochs, sirops, avaient muri la
toux) pour arriver au Cracbement de sang,
Uh^moptysie 6tait dejA diff^renci^e de la gastrorrha-
gie, mais le seul signe qui faisait reconnaltre cette
derniire 6tait la sensation de pesanteur et de douleur
stomacale pr^c^dant le vomissement de sang. On la
difRrenciait aussi de T^pistaxis, d^glutie et rejet^e par
la bouche, ou qui 6tait cens^e venir du cerveau. Enfin
on ne la dcvait pas confondre avec les h^morrhagies
suppl^mentaires ou symptomatiques d'une affection
hipatique ou spl^nique sur le mecanisme et la patho-
genic desquellcs la medecine d'alors restait muette.
Une fois isol^e, Thdmoptysie pouvait venir soit du
FT^
149 —
•^
Si
poumon, et le sang sortait alors copieusement et spu- |
meux; soit de la poitrine, le sang venant en petite
quantity, s'expectorant avec difficult^ et 6tant de cou-
leur noirdtre. Ne peut-on pas penser, en presence de ces
symptdmes, d rWmoptysie du tuberculeux et d ccUe du
cardiaque et de Tarthritique?
Les saignees, peu abondantes mais r^itiries, les
ligatures douloureuses des extr^mit^s, les vcntouscs
seches s'employaient encas d'h^moptysie. Mais les deux
grands rem^des ^taient : Topium, sous forme de lau-
danum, et les astringents employes d haute dose et
m6thodiquement.
L'opium surtout se donnait alors d des doses qui
feraient frdmir le praticien actuel, doses qui parfois
enlevaient le patient, qui aussi arrivaient souvent d
juguler rhemoptysie.
Nous avons dejd vu que le medecin, au lit du ma-
lade, se contentait d'analyser les symptomes que lui
accusaient le patient. Uexamen physique, qui de nos
jours est tout, ne comprenait que I'etude du pouls et
Fexamen optiquedes urines.
Aussi, 6tant donne que bien souvent les maladies
du coeur se manifestent par des signes ext^rieurs dont
presque aucun n'est pathognomonique, ne doit-on
pas s etonner de voir rang^es, parmi les aifections car-
diaques, toutes les syncopes et VimbecilliU de forces}
On distinguait, en outre, comme affection cardiaque
la plus fr^quente, la palpitation de cceur, qu'on definis-
— 150 —
sait ainsi, « mouvement deprav^ et frequent du coeur
et effort qu'il fait pour chasser ce qui rincommode, ou
pour attirer ce qui raccommode ». Ainsi dans les fi^vres,
la chaleur int^rieure itant trop dlev^e, le coeur, par ses
contractions plus rapides, attirait Tair frais et cherchait
d chasser de ses cavit^s les fuliginositis qui Tintoxi-
quaient.
On connaissait aussi vaguement la piricardile.
D'abord simple trouvaille d'autopsie, on remarqua
ehsuite que chez un piiricardique, alors que le malade
se plaint de palpitations, les battements du coeur,
quoique pr6cipites, sont tr^s peu sentis par la main du
m^decin, et que le pouls est mol et languissant ; cela
suffisait pour poser le diagnostic. On s'accordait sur la
gravity du pronostic et sur la frequence de la mort
subite dans la p^ricardite.
La syncope ou difaillance du conir 6tait due d une perte
plus ou moins complete des esprits vitaux, amenant
un arrfit de la vie, accompagn^ de sueurs froides, de
faiblesse et diminution du pouls. Si ces esprits se
reformaient, le malade revenait d lui, sinon la mort
s'cnsuivait. N'est-ce pas le tableau de la grande et de
la petite angine de poitrine ?
UimbecilliU de forces, rang6e dans les aflfections car-
diaques, ^tait un de ces ^tats bizarres de faiblesse
musculaire accompagn^ de perversion des facult^s cdr6-
brales, sur la nature duquel la science n'est point
encore tres fix^e et qu'elle classe tant6t dans la neu-
rasthenic, tantdt parmi les affections mentales. La docte
— 1)1 —
Faculty de Paris etait a cette epoque assurement moins
embarrass^e et avait decr6t6 que rimWcillit^ de forces
^tait due d T « atonie v du muscle cardiaque ; en fortifiant
ces organes, Torganisme tout entier recouvrait ses forces.
L'estomac, « la cuisine de tout le corps ou se prepare
Taliment qui doit nourrir ce petit monde » (micro-
cosme), pouvait fitre afflig6 de diverses maladies,
« comme sont des intemp6ries, des enflures, des in-
flammations, des ulceres, plaies et ardeur. »
La digestion de I'aliment chez Tindividu sain se
faisait, selon les uns, par la chaleur naturelle de l'esto-
mac; pour dautres, grace 4 un sue acide venant de la
rate; quelques-uns accordaient un r6le preponderant
au sue pancr^atique et a la bile. Cette digestion, qu'on
appelait aussi premiere coctioti, transformait Taliment en
chyle.
Si cette coction ^tait insuffisante, il y avait indi-
gestion; cette indigestion pouvait fitre l^g^re, et Tali-
ment, au lieu de se transformer en chyle, se changeait
en un a sue cru et pituiteux » : Tindigestion se nom-
mait alors cruditdacide, et le malade se plaignait de « rots
aigres a la bouche ». Cette coction insuffisante etait
due 4 une « intemperie froide et humide du ventri-
cule ' », simple ou composee; dans ce dernier cas, la
cause premiere de I'intemp^rie stomacale pouvait r^si-
der dans le cerveau, le foie ou la rate. Le pronostic
variait suivant le degre de I'indigestion. Vindigestion
1. Le vcntriculc, c'etait Testomac.
1
— 152 —
entiire et parfaite (ou la coction 6tait nuUe) entratnait
la mort par dysenteric, puis lientirie ; Vindigestion impar-
faite comportait un pronostic r6serv6, car elle itait le
plus souvent le point de depart de « coliques, hydropi-
sies, catarrhes, gouttes, fi^vres quartes, quotidiennes
et semblables ». Vindigestion « apotu cihique » c^dait faci-
lement au vomitif et surtout d Tipecacuanha, lorsque
ce medicament fut mis A la mode par Helv^tius.
Mais la coction de I'aliment pouvait fitre aussi mau-
vaise, c'est la coction ddprav6e ou Cruditi nidoreuse qui
sc reconnaissait « par les rots sentant les oeufs pour-
ris, par la soif et Talt^ration qui I'accompagne ». Ces fer-
mentations stomacales ^taient dues 4 une « intempi-
rie chaude et s^che de Testomac » ; elle c^dait facilement
4 Temploi des purgatifs, rhubarbe, tamarin, ou des
vomitoires, mercure doux, calomelas et cabaret.
Cruditi acide ou erudite nidoreuse, une fois gu6ries,
demandaient un regime appropri^, chaud dans le pre-
mier cas, rafraichissant dans le second, regime qui
rem^diait d Tintemp^rie de I'estomac.
Outre la faculty digestive, Testomac avait une faculte
sensitive; lorsque cette derni^re 6tait d^pravee, il y
avait mal de coeur ou douleur d'estomac. Le mal de
cceur 6tait ainsi nomm6 parce que son si6ge 6tait le
cardia, le cardia ayant, comme son nom Tindique,
« une grande sympathie » avec le muscle cardiaque.
Le mal de coeur se reconnaissait aux troubles car-
diaques qu'il entratnait: « il semble quele coeur bondit
et manque tout 4 coup; le malade est inquiet, les syn-
— 153 —
copes et migraines s'y joignent bien souvent et quel-
quefois le vertige et Tipilepsie y surviennent ».
La douleur d^estomac itait Tindice d'une maladie des
tuniques stomacales et, selon ses caract^res spiciaux, le
praticien portait tel ou tel diagnostic. Dans Yenflure
de I'estomac (hypochlorhydrie avec fermentations) il
n'y avait point i proprement parler de douleur, mais une
pesanteur au creux 6pigastrique ; V inflammation de Vesto-
mac (gastrites toxiques et hy perch lorhydrie) se recon-
naissait, nous ditC. deRebecque, «i une extreme dou-
leur, ardente, piquante et battement que Ton sent en
cette partie et qui s*6tend jusques au dos ; il semble qu'il
y a quelque chose qui tire en bas les 6paules ». On
s'attendrait d rencontrer les mfimes caract^res de la
douleur dans Vulctre de Testomac, il n'en est rien. Bien
au contraire, de Rebecque n'insiste pas sur la douleur
de I'ulc^re; elle est simplement piquante, dit-il.Hd tons-
nous d'ajouter, il est vrai, que Tulc^re, malgr6 sa symp-
tologie typique, passait le plus souvent inaper? u mSme
4 Tautopsie. Lorsqu'on ouvrit le corps de Henriette
d'Angleterre, on trouva un ulcere de Testomac, mais
il fut pris par tous les m^decins presents pour « un
trou, laquelle estoit arrive par m^garde du chirurgien
qui Tavait coup6' ».
A I'estomac appartenait encore une troisi^me faculty,
la faculty expultrice. Lorsqu'elle entrait en jeu, elle se
manifestait par des symptdmes sp6ciaux : le hoquet, la
I. Voir la relation de Touverture du corps de Madame, soeur du Roy,
dans le Portefetiille Valiant.
— 154 —
naus^e, les vomissements d'humeurs et de sang et la
colore siche et humide.
Le boquet 6tait le signe d'une reaction de I'eslomac
contre un contenu nocif, que ce contenu fQt dcs hu-
meurs ou des aliments indigestes ou mal cuits.
Les namies montraient que I'estomac s'apprfitait i
rejeter ce contenu. Ce rejet se produisait d la suite d'un
« mouvement d6prav6 du ventricule » ; ce vomissement
pouvait £tre « de viandes, vers ', chyle, bile, pituite, mi-
lancolie, s6rosit6s ». Partant de cette id6e que le vo-
missement n'itait qu'un acte dtfensif de Testomac, son
pronostic ne pouvait fitre que favorable. Le traitement
itait des plus simples pour Npoque : i I'intirieur, des
purgatifs, vomitifs et I'opium; en application sur la
region stomacale, on employait fort souvent les cata-
plasmes de levain, ou de croi!ite de pain chaud, arros^s
de laudanum.
Si la douleur de I'ulcire ^lait peu connue, les carac-
t^res de son himatimise itaient bien d^crits. On con-
naissait de plus les h^mat^m^ses des h^patiques, des
paludiens, et les h^raatfimises suppl^mentaires. Ces
derni^res seules comportaient un pronostic relative-
ment b^nin.
La colere bumide 6tait « un certain d^voyement
d'estomac tris violent par lequel il se dtcharge par
dessus et par dessous des humeurs bilieuses, acres et
T, On atlribuait beaui:oup de nuladies d'estomac i des vers, t^ias ou
ascarides, qui refluaient de I'intesiin dans I'esiomac, et causaieni des pertur-
bations multiples de la digestioti et de la sensibility slomacaie. S'ib " cba-
touillaicni sa membrane iniihieurc j>, il y avait vomissement riifleie.
— 155 —
corrompues qui rincommodent ». Cette affection, le
plus souvent morlelle, ressemble fort 4 ces cas de
fi^vres typhoides oil pr^dominent les sympt6mes
gastro-intestinaux : « fr^quentes selles jaundtres, vomis-
sements d'humeurs bilieuses, enflures et douleurs d'es-
tomac, morsures d'intestins, fi^vre, convulsions, frt-
quentes syncopes ».
La colire stcbe 6tait d'un pronostic beaucoup moins
grave ; elle ilait causae par une « humeur ou bilieuse,
ou pituiteuse, ou adusle, ou brul6e, engendr^e dans un
estomac ou trop chaud ou trop froid » . Elle se recon-
naissait i « Texcr^tion d'un esprit flatueux par-dessus
et par-dessous accompagn^e d'une enflure de ventre et
d'une douleur de lombes et de cotez ». L'emploi des car-
minatifs hdtait cette excretion et il ne restait plus au
praticien qu'a corriger Tintemp^rie de Testomac par
des rem^des appropri^s.
Uon peut voir par ce qui pr6cWe combien les affec-
tions gastriques 6taient peu connues, et combien les
signes par lesquels ces affections se manifestaient exte-
rieurement 6taient mal interpr^t^s. Malgr6 cela, le trai-
tement 6tait assez rationnel. Si Ton abusait un peu
trop des purgatifs et des vomitifs, on ne saignait que
rarement ; outre ce point important, ces purgatifs ^taient
des purgatifs doux. Enfin, on employait syst^matique-
ment deux medicaments qui, a notre 6poque, ont 6te
presque compl^tement rayis de la th^rapeutique des
affections gastriques, Tipeca et I'opium. Uopium com-
battait le sympt6me douleur, la poudre d'ip^ca balayait
•A
1
- 156-
la muqueuse gastrique et modifiait les fermentations.
Le m^decin qui, de nos jours, en presence d'une h6ma-
t6m6se, ordonne de I'extrait th6baique i doses consi-
derables, mais fractionnies, et en obtient de bons
r^sultats, doit reporter sa pens6e vers les th^rapeutes si
d^cri^s du xvii* siicle, qui, malgr6 leurs erreurs, leurs
engouements, eurent souvent Tintuition d'une medi-
cation ration nelle.
Comme pour Testomac, on divisait les maladies de
I'intestin en maladies affectant la faculty sensitive
(colique, mis6r6r6) et maladies affectant la faculty
expultrice (constipation, vers, lienterie, flux coeliaque,
diarrh^e, dysenterie et flux h^patique).
La colique se d^finissait « une douleur des intestins
causae par des choses qui y font solution de conti-
nuite en les etendant, piquant et rongeant »; ces
choses, c'etaient des humeurs enflammant les tuniques
de I'organe, des vers, Tobstruction stercorale, la com-
pression de Tintestin par une tumeur de voisinage,
« sa contorsion par des vents ou autre chose ». U y
avait done une foule de coliques, bilieuse, pituiteuse,
vermineuse, lypirias... qui toutes avaient leurs carac-
t^res sp^ciaux et leur traitement appropri^.
Mais Tindication th^rapeutique capitale 6tait le clys-
tere, non le clysterc doux et b^nin dont parle Argan,
mais le clyst^re « dcre et purgatif », dans la composi-
tion duquel entraient Teau binite, le s6n6, la manne,
la coloquinte, Thuile d'amande douce ou de noix. Ce
— 157 —
n'itait qu'apr^s ce clyst^re purgatif qu on arrivait au
lavement Emollient suivi bientdt d'un clyst^re « car-
minatif et discussif ». Enfin, dans certains cas de
coliques rebelles, on pensait d6j4 d I'opoth^rapie, et
C. de Rebecque nous dit grand bien des a intestins de
loup, lav6s dans du vin blanc, s6ch6s au four, r^duits
en poudre et pris au poids d'une drachme » .
Le misiriri ou passion iliaque 6tait a un mouvement
d6prav6 des intestins, ou un sympt6me dans lequel le
ventre est entiirement constip6 et les excremens sortent
par la bouche ». Si la pathoginie proc^dait tou jours
du gal6nisme, on connaissait fort bien I'^tiologie et
la symptomatologie de Tocclusion intestinale.
Le traitement consistait en purgatifs violents, car-
minatifs, et en clystires sal6s et purgatifs ' . On calmait
la douleur due aux contractions de Tintestin par de
I'opium. Si la colique 6tait causae par un engorgement
hemiaire, on pratiquait le taxis. Enfin, en d^sespoir de
cause, on faisait avaler au malade des balles de plomb,
de mercure ou d'or, et C. de Rebecque nous parle d'un
brave apothicaire de Geneve oc qui, ayant receu pr6s
de quatre-vingts lavemens sans aucun fruit, prit enfin
sept bdles de mercure et encore une d'or, qui firent
plus que tous les rem^des pr6c6dents ». Dans le vol-
vulus produit par une colique venteuse, on introdui-
sait dans Tanus un soufilet de forgeron et on insuf-
X . Encore de nos jours, que de praticiens ont les m^mes idtes sur le trai-
tement de Fobstniaion intestinale, transform^ le plus souvent en occlu-
sion par les purgatifs violents qu'ils prescrivent.
^ 158-
flait le plus d'air possible ; ce moyen thirapeutique ^
bizarre ^tait suivi d'un lavement purgatif qui faisait
alors merveille.
Les vers 6taient de trois sortes : « les uns, nous dit
C. de Redecque, sont fort longs et ronds qui s'en-
gendrent dans les menus intestins; les autres tris
menus et comme des cheveux, lesquels s'engendrent
dans les gros intestins et pr6s du fondement, et les
autres, tr6s longs et larges en forme de bande^ »
Les sympt6mes d^notant les vers intestinaux ^taient
fort nombreux. Nous n'indiquerons que la boulimie :
c le malade est travail!^ d'une faim canine sans se
pouvoir rassasier ny engraisser, ce qui arrive principa-
lement quand il a un ver larger. On connaissait fort
bien aussi les convulsions provoqu6es chez Tenfant par
les oxyures.
Les vers larges seuls 6taient consid6r6s comme tr^s
dangereux; ils amenaient souvent, disait-on, la mort
subite, et cela par un m^canisme curieux que nous
d^crit Michel EttmuUer. Ils sortaient de Tintestin,
arrivaient jusqu'aux cavit6s du coeur, et 14 buvaient
tout le sang. Cette superstition est encore vivace dans
le peuple.
La mercuriale, le pourpier, Tabsinthe ^taient r6pu-
1. Ce moyen toit, du reste, aussi vieux que la mMecine, et Hippo-
crate, en traitant de Tocclusion intestinale, le recommande chaudement.
2. Ce sont les ascarides lombricoides, les oxyures et les t^nias; leur
pathog^nie itait trte obscure ; on les consid^rait comme provenant d'une
matidre vetmineuse produite par les viandes lourdes et terrestres, les fro-
mages, la chair des vieux animaux.
"^.
*•
— 159 —
tis pour tuer les vers. Mais on commenfait i em-
ployer d6j4, avec grand succ^s, la decoction de foug^re
qui itait surtout indiqu^e pour les vers larges. Le para-
site tu6 6tait 6vacu6 par les purgatifs : rhubarbe, agaric,
s6n6, tamarin '.
La lienterie 6tait « un flux de ventre ou Ton rend
les alimens tels qu'on les a pris » ; dans le flux cce-
liaque les alimens 6taient rendus« encore crus et 4 moi-
ti6cuits ». Lienterie et flux coeliaque reconnaissaient
comme cause une intempirie humide et froide de Tes-
tomac (emp^chant ou retardant la coction des ali-
ments), accompagn^e d'une irritation de la faculty
expultrice et d'une faiblesse de la faculty ritentrice de
rintestin.
Dans le flux cceliaque, peu de douleur et une alte-
ration moyenne accompagnaient la diarrh^e ; dans la
lienterie, la diarrh^e se compliquait d'une « mordica-
tion de I'estomac et de Tintestin, d'une grande chaleur
et grande alteration ».
Le traitement comportait des cataplasmes ou des
onctions calmantes, des clyst^res « astringeans et con-
fortatifs » ; 4 rintdrieur, on ordonnait les bouillons de
riz, du sirop d'absinthe, la gel6e de coings, le cotignac
ambr6, la confection d'hyacinthe...
La diarrbie 6tait « une Wquente dejection et flux de
I . Louis XIV fut afHig^, 4 diverses reprises , de vers intestinaux, asca-
rides iombricoideSf selon toute probability. D^ 1659, Vallot signala la pre-
sence de vers dans les selles royales; on en retrouva en 1696, 1697, 1704,
1705, 1709. Fagon attribuait k, cette helminthiases jet continu les ^tour-
dissements, vapeurs et vertigcs de Sa Majesty tr6s chr^tienne.
, ^»*j
'' .f.f
■ - *♦.■
— i6o —
ventre 06 Ton ne fait que des humeurs excr^menteuses ».
C6tait une des affections les plus goilt^es du praticien
qui se plaisait d en rechercher, en de longues disserta-
tions, la nature et la pathog^nie. a L'inspection des
excr^mens », qu'fitienne Pasquier recommandait tant,
6tait faite avec componction et grand sirieux et entrai-
nait un diagnostic « de visu et odoratu ». « II n'est besoin
non plus, nous dit C. de Rebecque, que de regarder
dans le bassin pour scavoir si la diarrh^e est bilieuse,
pituiteuse, m6lancolique, s6reuse, ou de mati^re fScale,
ou mfil^e de diverses humeurs ensemble, ou critique,
symptomatique, colliquative ».
Onordonnait des purgatifs doux et b^nins purgeant',
d'abord, resserrant ensuite : rhubarbe, myrobolants
citrins....Puis on administrait des remedes et clystSres
astringeants et corroboratifs : plantin, persicaire, n^fles,
coings, sorbes, cotignac. Dans certains cas enfin, le
mercure doux et I'antimoine diaphor^tique 6taient indi-
qu6s.
La dysenteric itait a un flux de sang frequent, accom-
pagn6 d'ulc^re des intestins et de grandes douleurs de
ventre » ; elle pouvait fitre 6pid6mique ou non. La
dysenterie 6pid6mique se reconnaissait « ides dejections
noires, brtll^es et puantes, accompagnies d'une grande
fi^vre et d'autres fScheux sympt6mes comme de dou-
leurs et veilles extremes, abattemens de forces, convul-
I. La diarrh^ critique survenait i la p^riode critique d*une maladie; ia
symptomatique n*^tait qu'un sympt6me d'une affection en voie d'^volu-
tion; la colliquative ^tait une diarrh^e grasse et huileuse due k la consomp-
tion du corps par les fi^vres ardentes, pestilentielles ou hectiques.
■> :
a
— i6i —
sions, hoquets et delire ». Dans la dysenteric non 6pi-
d^mique, Ton faisait a des morceaux de chair ou rdclures
de boyaux ».
La dysenterie, souvent tris grave et amenant la mort
en trois semaines, ne demandait gu^re que des remides
internes ou externes anodins, et Temploi du lauda-
num; le lait calybe ou non', le petit-lait, les oeufs,
Teau de riz constituaient toute Talimentation du
malade ^ Bref, regime et traitement eussent fait grand
bien au malade et grand tort i Tapothicaire, et Ton
ordonnait dans la dysenterie epid^mique une foule
d'alexipharmaques et contrevenins : terre sigillde, bol
d'Arm^nie, tormentille, bistorte, bezoard, th^riaque,
orvi^tan.
Sous le nom de flux hipatiqiiCy on d^signait des
selles sanglantes, lavure de chair, sans douleur con-
comitante. 11 comportait un pronostic tres grave. Son
traitement etait celui de la dysenterie.
Le rectum ou droit intestin 6tait sujet 4 divers acci-
dents ou maladies, mais les venues^ condylomes, rha-
gades, en un mot, le cancer du rectum, relevaient des
seuls chirurgiens. Le ienesme, la suppression, la douleur et
le flux himorroldal exagiri 6taient de la competence
m^dicale.
Toutes les collections purulentes avoisinant Tintes-
tin, I'estomac : appendicite, p^ritonite enkyst^e... 6taient
1. Lc lait, le vinaigre...., calyb^ consistaient en du lait, du vinaigre
dans lesquels on dteignait des morceaux de fer rougis au feu.
2. Ne pas oublier que vers la fin du r^gne de Louis XIV, Helv^tius
employa, avec grand succes, la poudre d'ip^ca dans la dysenteric.
Le Maguet. — Le ttiotide medical. 1 1
— l62 —
consid^rtes commc resultant d'une inflammation du
misentere, consecutive elle-meme k une ohstructioti du
misentere.
Le mesentere est cette coeffe qui enveloppe les boyaux et
est parsem6 de quantity de veines m&arai'ques et lact^es :
celles-la remplies de sang et celles-cy de chyle, toutes les-
quelles, ^ raison deleur petitesse, sont sujettesi £tre obstru^es
par un sang ou un chyle trop 6pais ou par des humeurs quiy
viennent du sang ou de la rate; elles sont aussi souvent com-
primi^es par les tumeurs et glandules qui se font au mesentere.
Le sympt6me capital de rinflammation du mesentere
(itait rapparition de chyle corrompu et de sang dans
les selles, chyle corrompu qui fait penser au pus d'un
abces s'ouvrant dans la lumiere de Tintestin.
Ce qui nous fait pencher encore vers cette interpre-
tation, c'est que Tapparition de ces dejections chyleuses
coincidait avec la sedation de la douleur.
Les n^oplasmes intestinaux etaient eux aussi rappor-
tes au mesentere et se designaient sous le nom de
squirrbe du misenttre.
L'intempirie chaude ou cbaleur dufoie, due A Tabus du
vin pur, des aliments et medicaments trop echauffants,
aux fievres, d la colore, avait pour efFet de produire
« quantitd d'humeurs chaudcs bilieuses et bruises ».
Les signes en etaient :
Un degout de toutes sortes de viandes et principalement de
la chair, une grande constipation et alteration ; une chaleur
- i6^ -
extreme de tout le corps, laquelle se remarque particuliire-
ment en la plante des pieds et au-dedans de la main, une
maigreur de tout le corps, et finalement une bouche am^re et
des flux de ventre et vomissemens bilieux.
L'^vacuation des humeurs bilieuses et la correction
de Tintemp^rie du foie amenaient rapidement la gu6ri-
son (saignees et cholagogues suivis d'aliments et de
medicaments rafralchissants).
Les inflammations et abcis du foie 6taient des tumeurs
chaudes caus^es par un sang trop abondant, trop chaud
et dcre. La symptomatologie de cette affection itait
bien d^crite :
Les signes sont une pesanteur et tension en Thypochondre
droit et une douleur pesante en cette mSme partie, laquelle
s'itend quelquefois jusques aux fausses c6tes et au col, une
fifevre qui se redouble la nuit et est plus ou moins ardente; la
difficult^ de respirer y est aussi grande, accompagn^e d'une
toux sdche, d'un pouls dur et inigal, d'un digoiit extreme,
d'une alteration excessive et de vomissements bilieux ou pitui-
teux lorsque la partie convexe du foie est plus affectee, la
tumeur s'y fait mieux sentir '. Si Tinflammation est plus
dans la partie cave du foie que dans la convexe, la tumeur
paroit en Thypochondre droit, et le sentiment ou douleur
quand on la touche sert k la distinguer de la colique.
Malgre Touverture de Tabc^s d la peau, dans Tintes-
tin ou « dans les urines », le pronostic etait tres grave.
Cependant si le pus etait « blanc et pur », le malade
pouvait s'en rechapper ; le « pus semblable a de la lye
I. On le distinguait de I'empy^me par le caract^re special de la douleur
qui etait plus piquante dans Tempycme et teubive dans Tabces du foie.
^^■t-'
1
— i64 —
d'huyle, ou rougeatre ou puant » indiquait la lermi-
naison fatale, inevitable. Ne peut-on reconnaltre, dans
ces caract^res propres d chacun des deux pus, labels
sterile du foie et Tabces secondairc 4 streptocoque
dont le pronostic est si different ?
Uabc^s une fois ouvert dans Tintestin ou Tappareil
urinaire devenait Yulcire dufoie. Lc traitement devenait
cxclusivement chirurgical. On essayait par le fer
rouge ou le caut^re potentiel d'arriver sur la poche
purulente ; le pus trouvant une issue plus large, rori-
fice, faisant communiquer la poche avec Torgane voi-
sin, pouvait alors s'obturer.
Vohstruction du foie n'^tait autre que la congestion
h^patique, et la m^decine chimique avait d^jd mis fort
d la mode le mercure de vie ou mercure doux, qui fai-
sait merveille dans cette affection. On voit que Tem-
ploi du calomel dans les affections du foie ne date pas
de notre ^poque et que ce medicament 6tait ordonne
des la fin du xvii*= siecle \ L'obstruction du foie entrai-
nait quelquefois la jamiisse qui ^tait surtout due a
r « obstruction de la vessie du fiel ». On savait bien
que cette obstruction pouvait 6tre due d un calcul,
mais je n'ai pu retrouver aucune 6bauche de descrip-
tion de la colique h^patique. Toutefois de Rebecque
nous dit que Tinflammation du foie n'entrainait pas
toujours un abc^s et il nous dipeint la douleur grava-
I. Apres avoir ^t^, pendant deux si^cles, consid^re comme le chob-
gogue par excellence, le calomel est battu en br^che ; des recherches toutes
r^entes d'auteurs allemands tendent ^ lui d(^nier toute action sur le paren-
chyme h^patiquc. Grandeur et decadence!
- i65 -
tive allant « jusqu'au col ». L'irradiation sp^ciale de la
douleur de cette inflammation guirissahle ne ressemble-
t-elle pas beaucoup i Tirradiation vers le bras droit,
constante dans la douleur de la colique h^patique?
Dans ce siecle de beuveries et de franches lipp^es, la
iaunisse « a crapula » (§tait chose fr^quente. Aussi connais-
sait-on tr6s bien ses symptdmes et notait-on son appa-
rition consecutive 4 des signes d'embarras gastrique.
On savait qu'elle c^dait tr6s bien au traitement et au
regime, contrairement aux jaunisses symptomatiques
d*une affection h^patique.
Les cirrhoses et les n^oplasmes h^patiques 6taient
confondus sous le nom de squirrhes du foie, qui pou-
vaient etre indolores ou non. cc Les signes du squirrhe
sont une duret^, tension, pesanteur en Thypochondre
droit plus grandes que dans la grande obstruction, une
pdleur ou mauvaise couleurdu visage et une maigreur
extreme de tout le corps. » Le squirrhe douloureux,
c*6tait le squirrhe parf ait, le cancer du foie de notre classi-
fication actuelle; il est incurable et mortel, dit C. de
Rebecque. Le squirrhe imparfait non douloureux entral-
nait souvent I'hydropisie ' ; a en la plupart de ceux qui
meurent d'hydropisie, dit Ettmuller, on trouve le foie
non seulement d6lav6 et baign6 d'eau, mais aussi
quelquefois duret squirrheux ».
I. Nous ne parlerons ici que de I'hydropisie du p^ritoine et de Tana-
sarque, hydropisie g^n^rale; il y avait fouie d*autres hydropisies, toutes les
fois qu'un kyste d'une certaine importance se formait dans un organe ou
iorsqu'une collection s^reuse se formait d'une fa^on insidieuse dans une
s^euse : hydroc^phalie, hydropisie de la poitrine, hydropisie de la matrice
(kyste de Tovaire).
— i66 —
Vhydropisie comprenait trois formes : i° VbydropisU
anasarque, « enflure et oedime de tout le corps » ; 2°
Vhydropisie asciise, ^a Thydropisie du p^ritoine » ; ^^Ybydra-
piste tympanite « ou le ventre est tendu comme un
tambour, et lors qu'on frape dessus, il s'y fait un son
comme qui battroit un tambour ».
Vljydropisie anasarque dtait due au passage, dans un
foie obstru^, d'un sang cru, froid et pituiteux qui se
transformait en eau; cette transformation une fois
faite, cette eau se r^pandait, s'extravasait dans tous les
tissus, causant I'anasarque \
On le reconnaissail i « une paleur de visage et de tout le
corps, une enflure et tumeur oed^mateuse des pieds, une
pesanteur de coeur, et une difficult^ de respirer extraordi-
naire, un dugout et un ddfaut de soif, des urines blanchatres
et en petite quantity, un pouls petit, mol, frequent et in6gal;
le corps est tout enfl^ en sorte que quand on le presse avec le
doigt la fosse y demeure, et sur la fin il vient une fifevre lente
avec une I6g^re soif: c'est un bon signe quand il y survient
un flux de ventre qui emm^ne une bonne partie de ces
humeurs ».
\Jbydropisie ascites se pr^sentait chez les personnes
qui usaient en trop grande quantity des boissons, des
viandes humides et aqueuses..., mais il fallait, en outre,
une intemp^rie ou une obstruction des reins qui em-
pechait ces boissons de passer dans les urines.
Cette esp^ce d'hydropisie, dit C. de Rebecque, se reconnait
par Tcnflure et tumeur molle extraordinaire du ventre, par la
fluctuation, bruit et mouvement de Teau qu'on y sent lorsque
I . Encore appelee Etostume ou Hyposarce.
- 167-
le malade se tourue de cdt^ ou d'autre ' ; Tenflure s'^tend
bien tot jusques aux cuisses^ aux jambes et aux pieds, et com-
mence mSme quelquefois par les pieds, cependant les parties
sup6rieures deviennent maigres et atrophides, les urines sont
^paisses et en petite quantity, la difficult^ de respirer augmente
de jour en jour, la soif devient extreme, laquelle ne se peut
eteindre, et finalement il s'allume une fiivre lente qui con-
sume peu a peu le malade si elle n'est pas pr^venue par la
suffocation que causent ces eaux quand elles montent jusques
k la poitrine et au coeur.
Vbydropisie tympanite 6tait causae par des vents en-
ferm^s dans le piritoine ou Tintestin. Ces vents s'^le-
vaient « d'une humeur crue, 6paissc, pituiteuse, m6-
lancolique, aduste, contenue ou dans I'estomac, ou
dans les intestins, ou entre les membranes d'un dia-
phragme et des intestins, et engendries par la grande
froideur ou Texcessive et brulante chaleur de I'estomac
et des autres visc^res ». La tympanite se compliquait
souvent d ascite et, le vieux dicton « un grand vent pre-
cede la pluie » 6tait d6jd d'un usage courant d cette
^poque. Chose curieuse, le pronostic de la tympanite
6tait encore plus r6ser\'6 que celui de I'ascite et de
I'anasarque, son traitement 6tait de mfime beaucoup
plus compliqu6. Dans I'ascite et I'anasarque, on s'en
tenait a Temploi des poudres, vins, sirops, tisanes diu-
r^tiques et hydragogues *. « La saign^e, le trop boire
et menger sont contraires d I'hydropique, » nous dit
1 . Lc ventre frapp^ sonne comme si Ton frappait sur un pot ouvert, nous
dit Y Empiric charitable,
2. C'est-i-dire qui purgent les eaux ; c'^taient, entre autres, le jalap, le
sirop de nerprun, le sirop rosat, le sirop de fleurs de probers.
— i68 —
La Martiniere. Dans la tympanite, au contraire, il fallait
tout d'abord preparer et ivacuer les humeurs gluantes.
cause premiere de tout le mal ; I'essence d'elUbore,
suivie d'un purgatif violent, ^tait souveraine pour cela.
On s'attaquait ensuite aux vents, et tes remedes carmi-
natifs entraient en jeu : le carvi, le cumin, I'anis, le
fenouil, la menthe. On ne n^gligeait pas Temploi de
cataplasmes d base d'urine, quelquefois m^me I'urine
6lait administr^e d rintirieur, comme le recommande
ci-dessous Y Empiric charitable :
Prenez feuiUes de scolopendre et de genfit, de chacun une
poign^e, <]ue ferez bouillir dans suffisante quantity d'urine,
puis meitre dans la coulature demie once de crystal mineral,
deux onces de syrop de roses, et trois onces de miet commun,
reiterant toutes les mSmes choses jusques i parfaite gudrison.
Toutes les fois que « une douleur, tension ou tu-
meur » apparaissait dans rhypocondre gauche, la no-
tion d'une affection de la rate s'imposait. Si le foie
6tait consid^rd comme Ic r^gulateur par excellence de
r^conomie, la rate en itait Ic trouble-ffite. Nous ne
reviendrons pas ici sur la m^lamolie bvpocondriaque, dont
nous avons parl6 plus haut. On distinguait en outre
une itifiammation de la rate pouvant se compliquer
d'abces et d'lilcirc, une obstruction de ce visc^re se tradui-
sant par une enfiure de la rate, enfin le sqmrrbe dc la rate.
De Vinftatiitnaiioii, nous nous contenterons de dire
qu'elle se reconnaissait i une « tumeur, pesanteur.
— i69 —
pulsation et douleur en I'hypochondre gauche » accom-
pagn^e de fi^vre continue et d'un 6tat g^niral mau-
vais \ Elle se terminait sou vent par la mort; cepen-
dant il pouvait survenir une crise salutaire « par des
h^morrhagies et flux de ventre et d'urine ». Ne pour-
rait-on pas reconnaitredans ce tableau la fi^vre typhoide
classique ?
Vobstruction de la rate 6tait produite par des hu-
meurs ^paisses, gluantes et froides, qui bouchaient les
vaisseaux spl6niques, amenant ainsi une enflure sou-
vent considerable. Cest la rate impaludique qu'on ren-
contrait chez « gens qui habitent proche des marais ou
eaux dormantes ». Le tableau clinique de I'aifection
est bien esquiss6 par de Rebecque : « Le malade sent
pesanteur, douleur, tumeur, tension et durtd en Thy-
pochondre gauche, le visage est livide et plomb6, tout
le corps pesant, la personne triste, morne et taciturne. »
Outre le quinquina, qui eut vers la fin du xvii^ siicle
grand renom, on ordonnait aux impaludiques surtout
des preparations ferries, eau, vin, vinaigre calybes.
Le squirrhe de la rate rappelait par ses signes le
squirrhe du foie ; il pouvait etre parfait, avec douleurs
tr^s vives ; non douloureux, il 6tait imparfait.
Les douleurs si^geant d Thypocondre gauche, fixes
sans irradiation, accompagn^cs d'un sentiment de
pesanteur, itaient localis^es dans la rate. Leur m^ca-
nisme de production (itait tant soit peu bizarre ; clles
I . La langue est noire et charg^c.
^
— 170 —
^taient dues 4 des vents « 6tendant les membranes de
la rate ». Aussi devait-on, apr^s avoir 6vacu6 Thumeur
m^lancolique, cause de tout le mal, chasser, grdce d
toute la lyre des carminatifs, ces vents. La revulsion
locale, et aux ventouses s6ches, 6tait en outre forte-
ment indiqu^e dans ce cas.
Lc scorhut ' 6tait plac6 dans les maladies de la rate,
mais tous les auteurs s'accordaient sur ce point que la
rate n'^tait qu'un des nombreux organes touches. « Le
scorbut est un abreg6 ou plut6t un amas de tous les
maux du corps humain, lesquels sc rencontrent
presque tous en ce mal ^ »
Sa cause premiere 6tait une humeur pituiteuse et
melancolique, epaisse, gluante, « qui empoissoit tous
les visc^res du bas-ventre, I'estomach, lc foye, la ratte,
le m^ent^re et le pancreas ».
On connaissait tr^s bien la symptomatologie du
scorbut : la voici d'apr^s C. de Rebecque :
Les signes du scorbut, quand il ne fait que commencer,
sent une lassitude, feiblesse et pesanteur de tout le corps, une
difficult^ de respirer au moindre mouvement qu'on fait ; le
corps devient plus gras et en bon point ; s'il s'enfle, ou plutot
boursoufB^, ensuite la couleur du visage devient livide et
plomb6e; on sent une d^mangeaison de gencives accompagnfee
de rougeur et d'inflammation, le pouls devient indgal, tantot
fort titwi et tantot foible, petit, intermittent et semblable a
celuy d'une personne qui s'en va mourir; les urines sont
1. Trte frequent alors dans le nord de la France, proche le littoral.
2. Le Midecin Francois Charitable.
— lyi —
ou claires ou rouges, troubles et sablonneuses. Le mal
augmentant, ces sympt6mes augmentent aussi, principalement
Toppression qui est si grande quelquefois que le malade en
tombe en d^faillance; le ventre est resserr6 presque toujours;
k quelques-uns cependant il survient des diarrhtes de terns en
terns; les gencives s'enflent, s'ulcdrent et se pourrissent,
sentent mal et jettent un sang puant et s6reux, les dents
branlent et se raffermissent derechef, les jambes deviennent
toutes marquees de tJches rouges, pourpr^es ou noires, et
quelquefois aussi le dos et les lombes ; il y survient aussi des
frdquentes coliques, des ^tranges douleurs de dents qui vont
d'une dent i Tautre ; des gouttes errantes qui attaquent tantot
une jointure, tantot une autre, deis dysenteries, vomisse-
ments, paralysies batardes, des convulsions, des Epilepsies, des
maladies soporeuses, des dtfaillances, des douleurs de diverses
parties du corps, des pleur&ies, gales, 6rysip6les, fievres et
eofin des gangrfenes, hydropisies et atrophies mortelles.
Le cresson, le raifort, la salsepareille, en un mot,
toutes les plantes d^puratives constituaient la base du
traitement. Le cresson surtout Etait le specifique du
scorbut et s'ordonnait mfime pr^ventivement.
U inflammation des reins se reconnaissait 4 une adou-
leur pesante et quelquefois avec battement en la region
des reins, un engourdissement et une douleur sourde
en la cuisse pliee qui est du cdt6 du mal, une ardeur
d'urine, une fi^vre aigue, des veilles, des d^lires, nau-
s6es et vomissements, une douleur semblable 4 celle
de la colique, mais qui s'^tend aux fausses cdtes, au
dos et d la region de la vessie; les urines sont 6paisses
et rouges. » N'est-ce pas le tableau du phlegmon p6ri-
— 172 —
n6phr6tique, de la pyelo-n6phrite, en un mot, de
toutes les suppurations r^nales ou piririnales. Mfime
cette douleur en la cuisse pli6e ne fait-elle pas penser
au psoitisme?
Lorsque la suppuration s'^tablissait, on ouvrait la
collection purulente avec le ferou le caut^re potentiel;
on connaissait d6j4 la gravity exceptionnelle de TafFec-
tion, lorsque la collection s'ouvrait dans le piritoine,
Tappareil urinaire ou Tintestin.
La collection une fois ouverte, on avait un ulcire
des reins, avec les urines purulentes, sanglantes, « et
avec icelles sc rendent bien souvent des menus mor-
ceaux de chair ».
Inflammation et ulcire comportaient un traitement
abortif, mais ce traitement, tout rafralchissant qu'il
6tait, 6tait le plus souvent impuissant contre le mal;
on instituait cnsuite un traitement m4turatif pour hdter
la suppuration. Cependant on employait dijd la tiri-
benthine, dont Taction antiseptique est si grande, et on
retirait de son emploi de grands avantages.
La douleur nipbritique ou colique graveleuse reconnais-
sait pour cause ordinaire la gravelle; cependant elle
pouvait fitre causae par « une pituite 6paisse attach6e
aux uretires, des vents qui s'insinuent dans leurs cavi-
t6z, des grumeaux de sang ou de pus qui y abordent
des reins ou d'autres parties ». La gravelle elle-mime
s'expliquait par un sue ou esprit lapidifique qui trans-
formaiten pierre les aliments chauds et sees; on con-
naissait fort bien ses sympt6mes :
— 173 —
La douleur est fixe et stable en la region des reins, pesante
tout le temps qu'elle demeure dans les reins, mais piquante,
aigue et intolerable quand la pierre vient k entrer dans Turc-
tfcre; Turine est sanglante, quelquefois aqueuse et claire et
quelquefois entierement supprimfie; il y a grande nausie et
vomissements, la cuisse du cot^ malade est engourdie; les
urines sont sablonneuses et remplies d'un sable qui va i fond,
qui ne se brise pas facilement avec les doigts, et ne se dissout
pas dans Teau chaude. Enfin quand on vient i faire quelque
pierre ou gravelle on ne doute plus.
Mais la colique la plus terrible et la plus doulou-
reuse etait la colique venteuse qui n'6tait autre qu'une
colique n6phr6tique, dans laquelle le calcul, une fois
arrive dans la vessie, y restait, d^routant ainsi le prati-
cien qui ne pouvait poser le diagnostic ferme de colique
graveleuse que le calcul expulse.
Le grand medicament interne des coliques nephrc-
tiques 6tait Thuile d'amandes douces (3^4 onces) ; la
douleur 6tait calmee par de fortes doses de laudanum.
Mais beaucoup de medicaments dits litbontriples
etaient en honneur : cendre de coques d'oeufs briil6es,
sang et urine de bouc, poudre de cloportes, huile de
scorpions. On rem^diait, apr^s la crise, a la gravelle,
par des decoctions de parietaires et un regime adou-
cissant : les viandes blanches, « de bon sue et de
facile digestion », le vin bien trempe, le petit lait, les
tisanes diur^tiques et surtout le sirop c^iebre des
cinq racines qui est encore en bonne place dans nos
codex modernes.
On connaissait et on traiiait assez bien les cystites.
1
— 174 —
appelees inJlamtnationSy ulceres de la vessie, ardeurs d'urine.
La t6r6benthine etait pour cela ordonn6e 4 Tint^rieur,
et la douleur etait calmee par des suppositoires a base
d'opium ou de sue de jusquiame. Chose curieuse, 4
cette 6poque ou Tart de la taille devint si brillant, on
ne connaissait pas les rapports intimesqu'il ya entre la
cystite et les calculs v^sicaux, ranges eux aussi dans les
maladies internes.
Cette lacune mise 4 part, la symptomatologie du
calcul visical 6tait bien connue, avec les douleurs
pesantes au col de la vessie, s'exacerbant 4 la fin de la
miction, cette miction difficile, avec arr^t subit du jet,
rendue plus facile par Ic decubitus dorsal, les envies
fr^quentes, le sable dans les urines
Mais le diagnostic ferme n'dtait pas du ressort me-
dical. Le chirurgien entrait en jeu et, au moyen de
Texploration v^sicale avec la simple sonde m^tallique,
posait ce diagnostic, presquc toujours suivi d'une
intervention chirurgicale.
On connaissait bien la pathogenie de la retention
d'urine, appelee suppression d'urim, retention d'origine
nerveuse, retention due 4 un retrecissement du col,
cause lui-m^mepar des inflammations (cystite du col),
squirrhes, caroncules (hypertrophic de la prostate),
abc^s (abc^s de la prostate), calculs, grumeaux de
sang... Lanurie etait connue sous le nom de suppres-
siofi d'urine bdtarde ; on ne rencontrait ni la tumeur
form^e au-dessus du pubis par la vessie, ni Tenvie
d'uriner. Bdtarde ou non, la retention d'urine 6tait con-
— 175 —
sideree comme tres dangereuse : au bout de sept jours
la mort, dit de Rebecque, 6tait certaine.
Sous le nom de strangurie, on designait « une
excretion d'urine qui se fait en coulant goute 4 goute
accompagn^e d ardeur, de chaleur, de douleur et de
difficult^ d'uriner ». On reconnattra facilement dans
ce tableau Tincontinence d'urine par regorgement.
L'h6maturie 6tait connue sous le non d'urine san-
glante ou de pissement de sang. Si ce sang venait du rein,
ii 6tait m6lang6 intimement avec Turine; provenait-il
de la vessie, il 6tait pur (cystite du col). On connais-
sait rh^maturie suppl6mentaire d'un pronostic b^nin.
Le pronostic de Thtimaturie symptomatique 6tait plus
sombre. Pour y rem^dier on saignait, on appliquait des
sangsues au fondement, on purgeait. Des tisanes
froides (semences froides) et du petit lait consti-
tuaient la seule alimentation du malade.
Uinconlinence d'urine provenait « du consentement et
foiblesse de tout le corps comme dans les paralysies ou
demi paralysies de quelques parties ». La symptoma-
tologie de I'affection causale entralnant le diagnostic,
elle pouvait aussi reconnaltre comme cause Tintempe-
rie froide et humide de la vessie, ou un vice et erreur
de Timagination ; dans ce dernier cas, une urine trop
acre et pituiteuse 6tait la cause premiere de Tinconti-
nence de « ces personnes songeans, dans le lit, de pis-
ser contre des murailles ou autre lieu ». Le traitement
de cette derni^re forme d'incontinence 6tait peu
medical. « Les coups de fouet et les autrcs chatimens
- 176-
sont propres d faire perdre cette mauvaise cotltume »
affirmc de Rebecque.
Lc diabite 6tait range dans les affections dcs appa-
reils urinaires. On le considerait comme « une sou-
daine et copieuse excretion par les urines du brcuvagc
qu'on a pris, sans qu'il soit en rien chang6, accompa-
gnee d'une soif qui ne sc peut eteindre et d'une con-
somption de tout lc corps ». 11 ctait du a une chaleur
extraordinaire du rein qui attirait incontinent les
liquides absorb^s; cependant on incriminait aussi un
venin « semblable au venin du serpent Dipsas, duquel
Lucain ecrit que plusieurs soldats de Caton marchans
par les deserts de Lybic, etant mordus, moururent d'une
soif intolerable et inalterable ».
On le distinguait de la polyurie simple par ses
signes speciaux, polydipsie, polyphagie et surtout par
lc gout Sucre de Turinc diabetique, urifia mellita.
Si le diabete conduisait rapidement 4 la mort, ainsi
que les medecins du xvu^ si^cle le pensaient, il faut
avouer que le traitement entrait pour quelquc chose
dans revolution rapide de la maladie. On saignait
beaucoup, les purgations etaient douces mais ripetees,
les vomitifs frequents ct on ne doit point s'etonner
des resultats funestes de cette medication jointe 4 la
dictcitiquc debilitante de T^poque.
Fait curieux A noter, les ouvrages de pathologie
interne du xvn« siecle sont muets sur les maladies vcne-
— 177 —
riennes. Ces maladies a honteuses » 6taient indignes
du m^decin, qui jugeait mals^ant I'exploration et les
soins 4 donner aux organes g6nitaux; leur 6tude et leur
curation n'int6ressaient que le chirurgien, vil artisan.
Aussi, la grande majority des ouvrages touchant les
maladies ven6riennes fut compos6e par des chirur-
giens.
Uempirique Nicolas de Bldgny, chirurgien de la
Reine, rassembla, en 1677, toutes les opinions de
Tepoque sur la pathogenic, la symptomatologie et le
traitement des maladies v6n6riennes. Son livre intitule
a TArt de guirir les maladies viniriennes » eut un grand
succ^s et fut approuv^ par la Faculty et les sommit^s
m^dicales de T^poque : d'Aquin, Moreau, F61ix
Sous le nom de grosse virole, on entendait toutes les
maladies « qui suivent Tattouchement des personnes
impures » : la syphilis et toutes ses manifestations
cutan^es ou muqueuses, la chaude-pisse, la gonorrhee,
les ulcerations ou vegetations des parties genitales; on
y comprenait meme certaines maladies de peau, comme
la lepre, le psoriasis.
La grosse verole etait causee par une matiere im-
pure, dite matiere vinirienne, qui prenait naissance dans
« la matrice des femmes publiques, et Tattouchement
de ces personnes sales, ajoute de Biegny, pouvait don-
ner lieu 4 cette mesme matiere de passer d'un sujet
dans un autre ». Cette matiere venerienne etait elle-
meme produite par le melange des semences de plu-
sieurs hommes; ce melange fermentait, devenait 4cre
Le Maguet. — Le mondc medical. 12
^
- 178 -
etcorrosifet degageait des acides volatils analogues aux
venins et dou6s de mouvements.
Ainsi le virus vinerien naissait seulement cbe^ lafemtne; •
tout cas de syphilis virile provenait « soit d'un coit im-
pur, d'un attouchement imm^diat ou de la simple
approche des femmes v6rol6es». II est vrai que la ma-
tiere v6n6rienne, transplant^e chez Thomme, gardait sa
virulence et pouvait infecter une femme saine qui
contractait alors la grosse v^role, ne jouant plus que le
rdle de contamin6e.
On admettait encore, d cette 6poque, la transmis-
sion du virus v6n6rien par Thaleine et les sueurs du
syphilitique, et coucher avec un v6rol6 6tait s'exposer
surement 4 la contagion; aussi, ne doit-on pas s'6ton-
ner de la repulsion qu'on avait alors pour les v6n6-
riens.
On admettait, en outre, la transmission possible du
virus vinerien par une femme non v6rol6e qui itait
alors r^duite au r6le d'interm^diaire, recevant d'un
homme la mati^re v6n6rienne et la transmettant d un
autre, sans etre contamin^e pour cela.
La grosse v6role attaquait tout : les humeurs, les
chairs, les ligaments, les cartilages, les os; pour ce,
la mati^re v^n^rienne se m^langeait au sang et infec-
tait toute Tciconomie; cependant, si elle se canton-
nait sans infecter le sang, on avait alors les chaudes"
pisses, les gonorrhies, les ulckres et chancres viniriejis, les
carnosiiis du phimosis ct du paraphimosis
Uinfection totale de Torganisme par la mati^re v6n6-
— 179 "
rienne comportait plusieurs 6tapes : la premiere dtape
comprenait le chancre, Tintroduction du virus dans
les vaisseaux sanguins (se mfilant au sang dont il raletl-
tissait le mouvement et diminuait la fluidity "); la
seconde, la fermentation du sang infect^. De ce sang
ferment^ se s^paraient des s6rosit6s impures qui trans-
sudaient d travers les tuniques des vaisseaux, causant
des lesions des teguments et des muqueuses; c'6tait la
troisieme 6tape. La quatri^me 6tape de I'infection v6ne-
rienne comportait la main-mise, par la matifire v6ro-
lique, sur tous les tissus de Torganisme.
L'infection de I'organisme pouvait elle-meme se can-
tonner et ne pas attaquer tous les organes; de Id venait
la division de la v6role en quatre degr^s, correspon-
dant aux quatre Stapes de I'infection.
Le premier degr6 de la v^role comportait rulc^re,que
suivait le chancre v6rolique, « qui pr^sente toujours
une durete profonde », etdont la curation etait difficul-
tueuse.
Le chancre mfime gu6ri, la vdrole n'en passait pas
moins au deuxi^me degr6 qui se reconnaissait « aux
lassitudes, aux inquietudes de I'esprit et du corps, aux
d^mangeaisons et rongeurs de la peau *, d la chute des
polls et de la barbe », tous ces symptdmes accompagnant
et suivant le chancre syphilitique. Si Ton saignait le
malade, le sang se coagulait en masse dans la palette,
1 . Ce ne fut que 1 50 ans plus tard que l*id^e de Tinfection de Torga-
nisme par le syst6me lymphatique se fit jour.
2. Selon toute probability, ros^ole sp^cifique.
— i8o —
au lieu de former un caillot et une s6rosit6; c'^tait le
signe qui dicelait la presence de la matiere v6n6rienne
dans le sang.
La v6role pouvait s'arrfiter Id; mais, le plus souvent,
elle passait au troisi^me degr6 et se manifestait par
des pustules, des dartres et des vermes (syphilides
ulc6reuses et papuleuses), des ulc^res et des chancres
(signes probables de tertiarisme pr6coce; gommes de
la peau laissant apres elles une ulceration cancriforme).
La syphilis au quatrieme degr6 dtait tr^s grave,
« c'est la v6rolle qui tue », dit de Bl6gny. On connais-
sait tr^s bien le caractere nocturne des c6phal6es syphi-
litiques '. La syphilis c^rebrale n'^tait pas la seule
manifestation de Tinfection g6n6ralis6e de Torganisme;
on notait des « caries, exostoses, noeuds dans les arti-
culations et Ics OS, fermentations de la moelle * et
ulc(ires ' dans les organes principaux du corps ».
Le pronostic de la v^role au premier degr^ 6tait
favorable. La nature elle-mfime pouvait chasser le
venin par les sueurs, Thaleine, les urines. Le traite-
ment medical pouvait pousser la nature d cette reac-
tion salutaire. Le second degre comportait un pronos-
tic un peu moins favorable; les purgatifs reit^ris et
forts pouvaient empecher quelquefois la fermentation
du sang et chasser le venin. Le pronostic du troisiime
1 . Cettc recrudescence nocturne des c^phalces sp^ifiques reconnaissait
comme cause « la suppression de Taction fri^natrice de la lunii^re sur les
fermentations de la matiere ven^rienne. »
2. Syphilis m^dullaire.
3. Gommes pulmonaires, h^pntiques.
— i8i —
degre etait sombre et le traitement mercuriel etait
institu6 : flux de bouche, fumigations mercurielles,
frictions larga manu amenaient rapidement le malade
au quatriemc degre de la verole, dont le pronostic
6tait fatal.
Le mercure etait, en effet, considere comme speci-
fique de la verole; nous vcrrons plus loin que les
charlatans ' prdtendaient gu^rir la maladie v6n6rienne
sans mercure; mais la medication hydrargyriquc faisait
loi.
On cauterisait le chancre avec la pierre infernale, des
caustiques a la chaux vive, d Toxyde rouge de mer-
cure, rhuile corrosive d'antimoine, Tarsenic, le sublime
corrosif^ On I'enduisait de c^rat ou de quelque
autre onguent adoucissant et on recouvrait la place de
plumasseaux imbibes d'esprit-de-vin, et maintenus par
une bandelette de diachylum.
Pour donner le mercure a Tinterieur, on melangeait
parfois Ic mercure cru ou le sublim6 doux avec des
purgatifs, aloes, coloquinte, scammonee. On associait
aussi la t^rebenthine au sublime doux, dont on don-
nait chaque matin 1 5 ou 20 grains pour provoquer la
salivation mercurielle. Le pr^cipite rouge (4^8 grains),
ie turbith mineral (5 A 6 grains), le pr^cipite blanc
(jusqu'4 12 grains) s'employaient aussi dans le mSme
but.
1. Voir Ic chapitre des Charlatans; quelques medccins m^me pr<^ten-
daient gu^rir la v^roIe sans mercure, et le flux de bouche par des purgatifs, des
diur^tiques et des sudorifiques.
2. N'^tait employ^ que dans les chancres a large surface ; son application
etait tr6s douloureuse et amcnait la production d*unc escharrc.
— l82 —
Si Testomac se refusait i supporter ces doses colos-
sales de mercure, on avait recours i Tabsorption par la
peau.C^taientles empldtres (le cil^hre empldtre de Figd),
les onguents mercuriels (onguent napolHain ou onguent
mercuriel double) qui entraient en jeu.
On employait surtout les onguents, et d des doses
effrayantes; la premiere friction demandait deux onces
d'onguent mercuriel double; on faisait coucher le
malade d6v6tu sur une couverture, devant une che-
min6e ou brdlait un grand feu. On frictionnait larga
manu <c une jambe, depuis les mall^oles jusques au
dessus du genou et un bras, depuis le poignet jusques
sur les omoplates », cessant la friction lorsque le jlux
de boucbe apparaissait. On roulait alors le patient dans
la couverture, et on plafait aupr^s de lui un grand vase
dans lequel il laissait tomber la salive. Le flux de
bouche avait fait son effet quand le malade avait
saliv6, 5, 6, 8 litres de salive.
Vingt-quatre heures apris, on faisait une seconde
friction pour laquelle on employait quatre onces de
Tonguent ; on en frottait vigoureusement « les jambes,
les bras, Tespine du dos, sans oublier les bourses et la
region parotidienne ». Le flux de bouche apparaissait
encore plus abondant que le jour precedent; tout le
venin v^rolique sortait avec la salive et la maladie exi-
geait rarement une troisi^me friction; Tintoxication
hydrargyrique (flux de bouche, flux de ventre, flux
d'urine) avait rel^gu^ au second plan Taffection syphi-
litique. Son apparition annon^ait la fin dc la maladie,
- i83 -
la a piriode critique dc la virolle », comme on disait
alors.
Un pareil traitement nicessitait un arret complet de
la vie sociale du v6roI6. Get arr^t constituait la
retraite. La dur6e de la retraite 6tait variable, mais
cette variability reposait siir le degre d'intoxication
hydrargyrique du patient et sur sa resistance plus ou
moins grande 4 cette therapeutique barbare. Les gens
riches faisaient leur retraite chez eux ; les gens de con-
dition moyenne et les artisans la faisaient le plus sou-
vent dans des maisons sp6ciales.
La chambre oili se faisaient les frictions possedait
pour tout ameublement une ou deux couchettes; pas
de fenfitre, une haute chemin^e ou brulait un grand
feu de bois, les murs noirs de mercure. On y enfer-
mait sous clef les patients qui ne devaient en sortirque
lorsque la salivation avait atteint son maximum. Un
pareil regime cellulaire entralnait bien des inconve-
nients et des accidents, temoin Thistoire c^lebre des
Auvergnats rapportee par Astruc '. Aussi, la crainte
du traitement par le mercure expliquait I'engouement
du peuple parisien pour tous les charlatans qui, par
des sp^cifiques infaillibles, guerissaient la v^role sans
mercure et flux de bouche.
Ce traitement barbare n'6tait institud, il est vrai, que
dans les cas de syphilis. Tout en admettant la nature
I. C^taient six Auvergnats qu'on avait ligottds dans leurs couvcrtures,
aprte les avoir frictionn^ larga manu; on les enferma et lorsqu'on vint
voir reflfet produit par le mercure, on trouva les six Auvergnats asphyxias.
^
— 184 —
specifique de la chaude-pisse, du phimosis, du paraphi-
mosis , on se gardait bien de prescrire une retraite
aux personnes qui en 6taient atteintes; loin de li : on
avait remarqu6 que les effets thdrapeutiques du mer-
cure, a si merveilleux sur le corps infect^ totalement
par la mati^re v^rolique », ^taient nuls dans toutes les
autrcs affections v^neriennes. Aussi, proscrivait-on
tout compost mercuriel, d part le sublim^ doux, et se
contcntait-on de prescrire un regime rafraichissant et
des injections modificatrices.
{•-
IV
LES MEDECINS a la COUR
L> maiioii medicale da Roi. — L'archiiire ; son ring sociil. set prirogitivei, xi
devoirs ; I'uchUtre et U Paculte. — Les piemiets mUecias de ]j>ait XIV : Cousi*
Dot, Viatier, ViUot, d'Aqnin, Figoa. — Le Jourtial de la Smli du Roi. — Lei
miladies du Roi Soleil ; ses indigestions, ses vapeurs. — Le mjdccin ordinaire. —
Les mMecins par ijuartier. — Les mtdecins coasnllaats. — Les medecias anaio-
mistc, bouniste. spagitistc.
La maiwn mtdicale des grands Kigneucs.
la Cour de Louis XIV, le Roi, la fa-
mille royale et les grands seigneurs
ont tous des m^dccins attaches A leur
personne. Mais le r6le de ces m^de-
cins sent toujours un peu la domesti-
cite et Ton comprend ais^mcnt les paroles de Diafoirus
repondantd Argan :
« A vous en parler franchement, notre metier aupr^ des
grands ne m'a jamais paru agr^able; et j'ai toujours trouve
qu'il valait mieux pour nous autres demeurer au public, Le
public est commode. Vous n'avez k repondre de vos actions ^
personne, et, pourvu que Ton suive le courant des r^les de
I'art, on ne se inet point en peine de tout ce qui peut arriver.
Mais ce qu'il y a de facheux aupr^s des grands, c'est que,
quand lis viennent d &tte malades, ils veulent absolument
que leurs midecins les gu^rlssent. "
— i86 —
En effet, on exigeait beaucoup des midecins eton
les payait peu ; le m^decin devait se doublet d'un cour-
tisan, plaire d I'un et ne pas d^plaire i Tautre. Les
grands seigneurs le traitaient fam increment, ne le con-
sid^rant que comme un homme « habile en son me-
tier » : on disait d'Aquin et Gu^naut tout court, pour
bien indiquer le rang social des m^decins.
Louis XIV lui-mfime ne consid6ra jamais le mide-
cin que comme un domestique ; i la mort de Denis
Dodart (1707), il dit d la princesse de Conti, fort affli-
gee de la perte de son mddecin : « Quel sens y a-t-il a
pleurer son m^decin et son domestique ? » II est vrai
qu'il s'attira cette fi^re riponse de la princesse : « Ce
n'est ni mon m^decin, ni mon domestique que je
pleure, mais mon ami ' ».
Du reste, Louis XIV eut toujours en horreur les
m^decins, ainsi que le temoigne Tanecdote rapportec
par Grimarest : Lorsque Moli^re portraitura, dans
L Amour midecin, les principaux m^decins de la Cour,
le Roi r^ponditd Tund'eux qui protestait: aLes m6de-
cins font assez souvent pleurer pour faire rire quelque-
fois. »
Le service medical du Roi comprenait un pre-
mier medecin ou archidtre, un midecin ordinaire, et
huit midecins par quartier ; mais il avait, en outre, un
I . Ajoutons cependant que si la princesse de Conti avait os^ r^pondre
si vertement au Roi, c'est qu'cile dtait sa fille l^gitimte, 6tant n^ des
amours de Louis XIV et de M»e de Lavalliire.
- i87 -
medecin anatomiste, un midecin botaniste, un midecin
tnatbimaticien, quatre midecins spagiristes et soixante-six
midecins consultants.
Varcbidtre prenait rang parmi les grands ofiiciers de
la couronne. Comme tel, il ne devait obdssance qu'au
Roi, et prfitait entre ses mains, avant d'entrer en fonc-
tion, les serments suivants :
I. Vous jurez et promettez k Dieu de bien et fidilement
servir le Roi en la charge de premier midecin dont Sa
Majesty vous a pourvu ?
n. Vous jurez d'apporter pour la conservation- de sa per-
sonne et pour Tentretement de sa sant6, tous les soins et
toute I'industrie que Tart et la connaissance que vous avez de
son temperament vous feront juger nicessaires ?
III. Vous jurez de ne recevoir pension, ni gratification
d'autre prince que de Sa Majesty ?
IV. Vous jurez de tenir la main a ce que les oflBciers qui
sont sous votre charge s'acquittent fiddlement de leur devoir,
et geniralement de feire en ce qui la concerne tout ce qu'un
fiddle sujet et serviteur doit et est tenu de faire.
Ainsi vous le jurez et promettez.
II recevait le brevet de conseiller d'fitat, en prenait
la qualite, en touchait les appointements (quarante
mille livres), et en portait le costume dans les cdr^mo-
nies. Sa dignite lui conftrait le titre de Comte et il
transmettait d ses descendants une noblesse rielJe.
Nombreux ^taient ses autres privileges. Surinten-
dant du Jardin du Roi et de toutes les eaux minerales
de France, il exer^ait une veritable et importante juri-
— i88 —
diction sur Texercice de la medecine et de la pharma-
cie dans tout le royaume. Cdtait lui qui nommait
directement dans chaque ville les chirurgiens-experts,
m^decins I6gistes de Tipoque, et chaque nomination
lui rapportait de beaux et bons profits. A la Cour, il
trafiquait ouvertement des diffdrentes charges m^di-
cales de la maison du Roi. II est vrai qu'4 cctte epoque,
la venality des offices paraissait chose toute natu-
relle, et personnne ne songeait i protester contre Ics
abus que cette v^nalit^ entralnait. De plus, sa
charge lui avait cout6 le plus souvent tres cher, et
Ton raconte que Vallot acheta, en 1652, la charge d'ar-
chidtre, la payant 4 Mazarin trente mille ecus. Comme
cette charge de premier medecin 6tait la seule qui se
perdlt 4 la mort du roi, on confoit que celui-ci, ayant
paye fort cher son office, essayait par tons les moyens
possibles de rentrer rapidement dans ses fonds, crai-
gnant sans cesse que la mort du prince ne vint tarir la
source de si beaux revenus.
II est vrai que ces prerogatives multiples ^taient com-
pensees par une suj^tion de tous les instants. II ne pou-
vait quitter la personne royale, suivant son maitrc
dans tous ses d^placements ; chaque matin il devait se
trouver dans Tantichambre du roi avec les premieres
entrees : il pin^trait dans la chambre pendant que
Louis XIV etait encore au lit, et avant les courtisans,
et les courts instants qu'il restait en tfite a tfite avec
le monarque lui permettaient, s'il ^tait habile courti-
san, d obtenir toutes les faveurs qu'il sollicitait.
— uSc; —
L'archidtre devait toujours aussi fitre present et en
robe de satin au diner de Sa Majesty, surveillant Tali-
mentation du prince, au grand micontentement des
courtisans qui protestaient tout haut, lorsque le m^de-
cin interdisait un mets quelconque k son royal client.
La Faculty de Paris consid6rait Tarchidtre en titrc
comme une sorte de haut protecteur, alors mfime
qu'il n'^tait pas un de ses docteurs. En effet, 4 part
Cousinot et Fagon, tons les m^decins de Louis XIV
6taient 6l^ves de la Faculty deMontpellier; le Roi et les
membres de la famille royale avaient droit de prendre
leurs m^decins ou bon leur semblait et les docteurs
qu'ils honoraient de leur choix pouvaient exercer
librement 4 Paris. La Faculte, du reste, n'aurait ja-
mais os6 contrecarrer de p^reilles autorit^s, et lorsque
Farchidtre se rendait d la Faculty, il 6tait refu 4 la
porte par le doyen, les philidtres et les bedeaux.
Louis XIV eut tour 4 tour comme premiers m^de-
cins : Jacques Cousinot (1643 ^ 1646), Francois Vaul-
tier (1646 4 1652), Antoine Vallot (1652 4 1671),
Antoinc d'Aquin (1671 4 1693), Guy-Crescent Fagon
(1693 41715).
Cousinot 6tait le gendre de Charles Bouvard, pre-
mier m^decin de Louis XIII ; il acheta de Mazarin la
charge de premier m6decin, mais n'eut pas Tesprit assez
souple pour se faire bien voir du cardinal tout puis-
sant. Celui-ci Tobligea bient6t 4 vendre sa charge 4
son medecin, Vautier.
Vautier, homme habile et remnant, avait re?u le
1
— 190 — »
bonnet de docteur i Montpellier. II 6tait arriv6 i se
faire nommer premier m^decin de Marie de M^dicis,
m^re de Louis XII. II 6pousa les querelles de sa mat-
tresse, et s'insurgea contre Tautorit^ du cardinal de
Richelieu : le parti Vautier faillit mfime triompher.
Mais le cardinal d6joua les projets du m^decin ambi-
tieux et Vautier fut mis d la Bastille ou il resta douze
ans prisonnier. Mis en liberty 4 Tav^nement de
Louis XIV, il acquit la charge de premier medecin de
Mazarin, puis celle d'archidtre, en 1652.
A sa mort, Vallot lui succ6da; il 6tait aussi mauvais
m6decin que courtisan maladroit; il prescrivait au ha-
sard, 4 tout propos, des saign6es (meme les jours r^ser-
v6s pour les crises), des purgatifs, des cordiaux, des
v6sicatoires.
Ce fut lui qui eut Tidde a pour sa propre instruction,
celle de ses successeurs, et la bonne conduite du re-
gime du roi, pour conserver une santd aussi pr^cieuse »
de tenir registre, ann^e par ann6e, de tout ce qui con-
cernait le temperament et les maladies du roi. II com-
men?a, en 1652, 4 6crirede sa main le cil^hre Journal
de la santidu Roi, et ce journal fut scrupuleusement
tenu par ses successeurs jusqu'en 171 1, quatre ans
avant la mort de Louis XIV.
« Vallot, dit Maurice Regnaud, consigne 4 tout pro-
pos et avec complaisance, pour Finstruction de la post6-
rit6, les formules qui lui sont « inspir6es du ciel »
pour Tentretien de cette pr^cieuse sant6. Potion pour
le Roi ! Emplatre pour le Roi ! Lavement pour le Roi !
T"-' -'^ «.
— 191
Tout cela se trouve 6crit en gros caract^re avec une
richesse et une vari6t6 de composition qui font au
moins honneur 4 son imagination pharmaceutique. »
II fut en butte aux attaques des midisants, et Guy
Patin nous raconte qu'il avait iti surnomm^ Gargan-
tua a depuis qu'il tua Gargan, intendant des finances,
avec son antimoine d. M^^ de Motteville elle-mfime
ne manque pas de Taccuser de la mort d'Anne d'Au-
triche. « Sans connaissance d'aucuns rem^des particu-
liers pour le mal de la reine m^re, 6crit-elle, il s'oppo-
sait i tout ce qu'on proposait pour elle. »
Son neveu d'Aquin recueillit sa succession ;
a homme d'esprit plutdt qu'homme de science, 6crit
Maurice Reynaud, il 6tait dou6 au plus haut degr6 des
qualit^s du courtisan. II arrivait au moment difficile :
soigner un prince qui va devenir goutteux, qui a d6ji
des vertiges et des acc^s de m^lancolie et qui veut
mener de front les plaisirs et les affaires, ce doit fitre
une rude 6preuve pour un premier m6decin. Aussi
d'Aquin finit-il, malgr6 tout son tact, par y succomber ».
II avait dii sa place 4 la protection de M™* de
Montespan; lorsque M™* de Maintenon eut 6pousd
Louis XrV, elle obtint son renvoi; en 1693, d'Aquin fut
exil6 et remplac^ par Fagon.
Fagon 6tait docteur de la Facultd de Paris, et,
depuis longtemps, professeur de botanique au Jardin
du Roi. C6tait un veritable savant, d6sint6ress6, point
trop flatteur et peu dispose 4 complaire aux courtisans.
« A la Cour, a dit Fontenelle, il donna un spectacle
— 192 —
rare et singulier, un exemple qui, non seulement ny
a pas iti suivi, mais peut-fitre y a ^te blam6 ; il dimi-
nua beaucoup les revenus de sa charge, et se priva
gdn^reusement, au profit de ses confreres, de toutes
les redevances que son titre de premier mddecin valait
a ses pr6d6cesseurs. »
Nous avons vu anterieurement quel fut son rdle
dans revolution des doctrines m^dicales ; ce fut lui
qui, en favorisant T^tude de la botanique, pripara les
voies des Tournefort et des Chaumel. II adorait le
Jardin du Roi, et, 4 la mort de son mattre, il s y retira,
finissant ses jours dans la retraite et dans I'itude.
La princesse Palatine, dans ses lettres, nous trace de
Fagon, un portrait amusant.
« Le docteur est une figure dent on a peine i se faire una
" id6e. II a les jambes grSles comme celles d'un oiseau,
« toutes les dents de la mkhoiresup^rieure pourries et noires,
« les Idvres 6paisses, ce qui lui rend la bouche saillante, les
« yeux couverts, la figure allongte, le teint bistre, et Tair
« aussi m^chant qu'il Test en effet, mais il a beaucoup d'esprit
« et il est tris politique. »
Les rares qualit^s de Fagon lui permirent d'avoir un
grand empire sur le Roi qui n'dtait point un malade
commode, ainsi que nous Tapprend le journal de sa
Sant6.
Le Roi Soleil, vigoureux et superbe, dont nous
parlent les historiens de Tdpoque, n*existe plus pour le
lecteur qui a parcouru le Journal de la Santi du Roi
— 193 —
D6pouill6e de tous ses rayons, sa person nalitd parait
bien mesquine, et Ton en arrive d penser que le
Grand Roi ne fut qu'un d6gdn6r6.
Fils d'une sorte de fou m^lancolique et impuissant,
Louis XIV avait h6rit6 de sa mire toutes les ardeurs,
toutes les impdtuosit6s de la race espagnole, et des
Bourbons un appdtit formidable. Pendant toute sa vie,
11 passa son temps 4 se donner des indigestions : a Je
Tai vu souvent, dit la princesse Palatine, manger
quatre assiities de soupes diverses, un faisan entier, une
perdrix, une grande assiitde de salade, du mouton au jus
A Tail, deux bonnes tranches de jambon, une assiitie
de patisserie et puis encore du fruit et des confitures. »
Oncomprendqu'unpareilrepas entralnait souvent une
indigestion formidable. Le premier medecin imposait
alors au Roi la diite, mais quelle diite ! a Le Roi vou-
lut bien, dit Fagon, qu'on ne lui servlt 4 diner que des
croiites, un potage au pigeon, et trois poulets rdtis :
au moment de ce repas le Roi 6tait tris souffrant et
abattu. » Cela se comprend aisiment et une diite sem-
blable dans un embarras gastrique aminerait chez le
commun des mortels le mfime abattement.
Toute sa vie, le Roi se livra 4 ces exc(is de table
qui furent la cause premiere des flux de ventre, des
vers intestinaux, de la goutte, de la gravelle et surtout
des vapeurs qui tourmentirent toujours Louis XIV.
« Les indigestions d6goiltantes du Roi s'accompa-
gnaient presque toujours « de tels orages des voies
digestives, dit Daremberg, que Sa Majesty se voyait
Le Maguet. — Le numde medical. 1 5
— 194 —
contrainte de quitter i I'improviste, tantdt son con-
seil, tant6t le salon de M™* de Maintenon, tantdt
la famille d'Angleterre et fort souvent la table ; parfois
mfime Elle ne trouvait pas le temps de se chausser ; ou
bien Elle se levait tout endormie, tant Thabitude
itait devenue imp^rieuse et pour ainsi dire de seconde
nature. » Goutteux d^s I'dge de quarante-quatre ans, il
nc se passe presque pas d'ann^e oix le journal ne
fasse mention d'une forte attaque de goutte ou de
rhumatisme.
Ce furent surtout les vapeurs qui jou^rent un grand
r6le dans la vie de Louis XIV : il en souffre de 1659 i
1 71 5. Fagon les attribuait i la presence de vers intes-
tinaux ; mais d la lecture du Journal de la Sante du
Roi, on reconnalt nettement Vitiologie stomacale de ces
fameuses vapeurs. Elles viennent en effet et d la suite
d'une s6rie d'indigestions violentes chez un tempera-
ment sanguin, et sont amen^es par des « baillements,
non chalance, pesanteurs de tout le corps, angoisses
d'estomac, tournoiements, sommeils agit^s et cauche-
mars d faire mal d la gorge d force de crier ». Le Roi,
couchd dans son lit, ressentait un vertige analogue d
celui que donne le bateau, la valse ou Tescarpolette, et
il ne trouvait de soulagement qu'en restant assis dans
un fauteuil. Ces vertiges etaient quelquefois si forts
c( que le Roi 6tait contraint de chercher oil se prendre
et d s'appuyer pour laisser dissiper cette m^chante
halenee qui se portait d la vue, afFaiblissait les jarrets
ct attaquait tellement le principe des nerfs, que par
— 195 —
moments le Roi ne pouvait marcher sans fitre sou-
tenu. » Tout ceci montre bien que les vapeurs du
grand Roi 6taient le fait d'une surcharge constante de
Testomac, et qu'eiles auraient c6d6 facilement i un
regime d'exclusion. Mais nous avons vu plus haut
quelle 6tait la di^te 4 laquelle Louis XIV voulait bien
se soumettre!
Toutes CCS mis^res n'^taient que des indisposi-
tions et le Roi eut, en outre, de graves maladies, sur
lesquelles ses m^decins s'^tendent avec complaisance.
Nous relevons tour 4 tour, dans le Jourml de la Santi
du Roi, une scarlatine maligne (1658), une rotigeolc
(1663), une sinusite maxillaire' (1685), une fistule
(1686), des ophtbalmieSy diverses maladies de la peau, des
fiivres intermittentes rebelles en 1696 et 1704, des anthrax,
une luxation du coude suivie de tumeurs indolentes qui
suppurent (1683), sans compter toutes les maladies
moins graves : uritrite blennorrhagique, tumeurs squirrheuses
des seinSy ostio-piriostite de la crite tibial e *
Contre toutes ces maladies, les m6decins eurentfort
a faire, surtout que Louis XIV malade 6tait des plus
grincheux. L'archiStre devait souvent user de precau-
tions oratoires pour I'amener d se laisser saigner large-
ment, « avec une ferme resolution de soulager la
nature ». Le Roi avait, en effet, la saignee en horreur.
1. Sigiulons Tarticle du D' Helme : « La sinusite maxiilaire de
Louis XIV, » paru, en 1897, dans la Chronique midicak du D^ Cabante.
2. Ne pas oublier la maladie terminale, la gangrene senile, qui emporta
le Roi, et qui n'est pas port^e sur le journal.
— 196 —
et lui pr^ferait la purgation et le clyst^re ; pourtant, il
fut saign6 trente-huit fois dans sa vie, ce qui n'dtait
rien 4 une 6poque ou Cousinot, le premier des
archidtres de Louis XIV, itait saign6 soixante-quatre
fois en huit mois, pour un rhumatisme.
Daremberg plaisante agr^ablement le martyre inflig^
par les m^decins 4 Sa Majesty tr6s chritienne.
Elie a pris, de 1647 k 1715, en comptant en moyenne
deux par mois; et c'est peu, quinze cents i deux mille m6de-
cines purgatives de precaution ou d'urgence. Eile a re^u
quelques centaines de clystires; EUe a us^ plusieurs livres
de quina, Elle a itt labour^e par le fer et le feu ; EUe a exp6-
rimentd tous les cordiaux, toutes les tablettes, tous les bouil-
lons m^dicinaux, tous les juleps, toutes les diversity
d'empUtreSy tous les sp^cifiques, avou^s ou non avouables ;
de telle sorte qu'il eflt iuk peut-6cre difficile de trouver dans
le royaume un homme plus d&hiriti de la nature et plus les-
tement traits par Dieu, qui n'y regarde jamais k deux fois
pour lui envoyer les plus belles maladies du monde.
Ce portrait peu s^duisant esquiss6, il faut recon-
naltre que Louis XIV montra toujours beaucoup de
courage devant la maladie et le m^decin; lorsqu'on
Top^ra de sa fistule, il tint conseil des le lendemain et
refut les ambassadeurs ; il montra le mfime courage
lors de Top^ration ndcessit6e par sa sinusite maxillaire :
a On y appliqua, dit d'Aquin, quatorze fois le bouton
de feu, dont M. Dubois, qui Tappliquait, paraissait
plus las que le roi qui le souffrait, tant sa force
et sa Constance sontin^branlablesdans les choses ndces-
saires, quand il s'y est determine. »
■
i
— 197 —
En d^pit de ce courage, la personnalite de Loiiis XIV
ne gagne pas a la lecture du journal de sa sant^; le
grand Roi n'est plus qu'une sorte de d6g6n6r6 dont le
seul merite fut de savoir profiler des grands ministres
qui Tentouraient et de garder vis-i-vis de la cour et du
peuple le decorum qui convenait a un monarque du
droit divin. Du reste, T^tude m^dicale de toute la descen-
dance directe de Louis XIV, grand Dauphin, due de
Bourgogne, Louis XV, Louis XVI, cadre bien avec
celte id^e de d^gen^rescence de la race bourbo-
nienne depuis Henri IV.
Nous avons vu ant^rieurement que Tarchiatre elait
aide dans Texercice de ses fonctions par un midecin ordi-
naire et huit midecins par quartiers.
Le midecin ordinaire 6tait fort peu pay6 et ne
touchait que 5.500 livres par an. Comme Tarchidtre,
il suivait partout le Roi, recevant de son chef les
ordres, et le soulageant dans ses lourdes fonctions.
Quelquefois mfime, il arrivait a le supplanter, ainsi que
nous le raconte I'abbe de Choisy dans ses Mimoires.
Le Roi itant k Marly eut un fort accds de fiivre. Les mide-
cins, sur le minuit, voyant que la fievre diminuoit, lui firent
prendre un bouillon. Daquin dit : « Voili la fifevre qui est sur
son diclin, je m'en vais me coucher. » Fagon fit semblant de
le suivre, et s'arreta dans Tantichambre, en disant entre ses
dents : « Quand done veillerons-nous ? Nous avons un si bon
maitre, et qui nous paie si bien ! »
II se fit un fauteuil, appuy^ sur un biton : il ^toit aussi
bien que dans sa chambre, parce qu'il ne se deshabille jamais,
— 198 —
et ne dort qu'ii son siant, k cause de son asthme. Une heure
apr^y le Roi appela le premier valet de chambre, et se plai-
gnit k lui que sa Hdvre duroit encore. II lui dit : « Sire, M.
Daquin s'est all^ coucher, mais M. Fagon est U-dedans : le
ferai-je entrer? — Que me dira-t-il ? » lui dit le Roi, qui
craignoit que le premier midecin ne le sut. « Sire, reprit
Niert (et ce que je dis ici, je le sais de lui), il vous dira peut-
^tre quelque chose; il vous consolera. » Fagon entra, tita le
pouls, fit prendre de la tisane, fit changer de cdt£, et enfin il
se trouva seul auprds du Roi pour la premiere fois de sa vie.
Daquin eut son cong6 trois mois apris sur une bagatelle
dont on lui fit une querelle d'allemand.
Les tnedecins par quartier, au nombre de six, touchaienl
annuellement 2.473 liv. 15 s. Leur service duraitdeux
mois et, pendant ce temps, ils ^taienf tenus d'habiter le
palais royal et de se tenir aux ordres de Tarchiatre et
du premier m6decin.
Les soixante-six midecins consultants du Roi ne tou-
chaient que 400 livres par an ; il est vrai que ce titre
dtait purement honorifique, octroy^ qu'il etait en
recompense de leurs ser\^ices aux principaux midecins
parisiens.
Les tnedecins anatomiste et botaniste, tout en faisant
partie de la maison m^dicale du Roi, n'^margeaient pas
i son budget; fait curieux, ils 6taient pay^s par la
Faculty de Montpellier.
Enfin, les quatre midecins spagiristes recevaient
1.200 livres par an.
Tous les grands seigneurs, copiant servilement le
Roi, avaient eux aussi de nombreux midecins, apothi-
— 199 —
caires, chirurgiens, qui etaienl inscrits sur I'etat de
leur maison.
Ainsi, le due d*Orl6ans, oncle du roi et pere de M^^*-'
de Montpensier, avait une maison medicale fort com-
plete :
Premier medecin, a 2.000 1. . : .
M^decins par quartier, k i.oool.
Medecins consultants, a 400 1 . .
Medecin spagiriste, a 400 1. . . .
Apothicaires, k 500 1
Premier chirurgien, a 1.800 1. . .
Chirurgien ordinaire, i 800 1. . .
Chirurgiens par quartier, i 300 1.
Abel Brunier.
Antoine Fieffe, Abel Brunier,
Pierre Guenault, Pierre de
Daluteau.
Guillaume Granger, Rodolphe
Ranchin, Quirin le Vignon .
Jdrdme de Semigny.
Gabriel Sevart, Claude Sevart.
Francois Turpin.
Guillaume Carillon.
Jacques Maurel, De Mauvillain,
Claude Personne, Du Bour-
delle, Aubert Orry, Jean
Soubeiran, Guillaume Dartois.
Tous les membres de la famille royale lenaient a
honneur d'avoir un etat de maison aussi considerable;
la Reine, la Reine-mcre, le Dauphin, la Dauphinc,
Monsieur, fr^re du Roi, et Madame avaient aussi un
premier medecin, un medecin ordinaire, des medecins
par quartier et des medecins consultants. Non seule-
ment ils les payaient fort mal, les considerant commc
des domestiques, mais encore ils vendaient au plus
offrant les difFiSrentes charges de leur maison. II est
vrai que le titre de medecin de la Reine, de premier
medecin de Madame, de premier medecin de la
Reine-mere, suffisait a fairc connaltre le medecin
titulaire de la charge, qui regagnait vite dans la pra-
••'1
-A
•N
''"^
— 200 —
tique de son art les sommes considerables qu'il avait
d^bours^es.
Les grands seigneurs, les nobles, les hauts fonction-
naires royaux, avaient tous leur m^decin; mais
celui-ci ne pouvait pas prendre le litre de premier
m^decin rfeerv^ aux seuls m6decins de la famille
royale; ils ^taient fort mal pay^s, fort mal traitds,
nourris i la table de I'^cuyer, avec les valets et
les filles de chambres. Dans certaines maisons mfime,
le m^decin remplissail les fonctions d'intendant et
« ferrait la mule » le plus possible pour remddier d
Tinsuffisance de ses appointements.
Diafoirus avait done raison, lorsqu'il se refusait
a i manager pour sonfils une charge de m^decin chez
les grands. »
V
LES MfiDECINS A LA VILLE
Le nonibre d« midccias parisieai. — Uilc dc Musieuri lei DocKun RigtatS pour
I'm 1684. — Les immunitj) its mjdeddi. — Lei baaoriirei. — l^i mideclna
ei la boorgeoisic. — Lei midKini et let gcDi de lettrei, — Deux ennemii des
oijdecini, Cyrinode Bergcrac cl M jdame de Sjvlgni. — Leidifiulsdci midecini.
— LaFacoM el le) buveun d'nu. — La goDimindiw cbez les tnideciDi. — Lei
mcEnH des medecins. — Le courage professionnel. — Le midecin vieux jeu. —
Le midecin nouveau [eu. — Le palieni. — Lei eonsultadani. — La qucrefle
de FAmear mriUiin, — Lei complinienii d'usage. — Let causcriei niidtcales.
— Li rtdactioD de la consultalion. — La consultation pii corrnpoadance. — Lei
mMccini i c6ti: Bouvatd, Goy Patin. Gibiiel Naudi, Bernici, Claude QpiHet.
Bourdelot, Berniet-Mogol.
ANS la c^r^monie du Malade imaginaire,
devant toute la Faculty r^unie, le
prxses, s'adressant au licenci^ qui va
recevoir !e bonnet doctoral, constate
avec un attend rissement comique :
Qualis bona inventio
Est medici professio.
duam bella chosa est et bene trovata
Medicina ilia benedicta
Quae, suo nomine solo
Surprenanti miraculo
Depuis si longo tempore
Facit i longo vivere
Tant de gens omni genere.
En effet, la profession m^dicale sous Louis XIV etait
d'un bon rapport, et nefaisait pas seulement vivreson
homme, mais encore I'enrichissait. En d^pit de la con-
currence effr^nie des chirurgiens, des barbiers, des op6-
rateurs etdes empiriques, les m^decins avaient presque
tons de fortes clienteles et touchaient de gros bono-
raires.
De plus, leur nombre 6tait fort restreint relative-
ment au chifTre de la population parisienne. A. Frank-
lin, dans la Fie privk (Tautrefois, a ^tabli des statistigues
oij il compare le chiffre de la population avec le
nombre des m^decins exer^nt dans la capitale. La po-
pulation de Paris, sous !e regne de Louis XIV, compor-
tait environ un million d'habitants, mais en y compre-
nant les faux-bourgs, ou n'habitaient que les artisans,
les cultivaleurs, gens peu soucieux d'appeler un mede-
cin. La population comprise dans I'enceinte fortifiee ne
d^passait pas 550 i 700.000 dmes. Pour soigner cette
population, il n'y avait guere que 100 i iiodocteurs
regents; mais il faut ajouter d ce nombre fort restreint
les medecins provinciaux des Facult^s de Montpcllier,
de Lyon, de Poitiers, etc., et aussi les licenci^s qui,
faute d'argent, n'avaienl pas pouss^ leurs etudes jus-
qu'au doctorat. Ccs derniers n'etant pas inscrits sur
les registres de la Faculty et les medecins provinciaux
exer^ant dandestinement leur profession, nous ne pou-
vons avoir une id^e exacte du nombre total des mede-
cins parisiens. Approximativement, nous pouvons fixer
ce nombre d 250 environ. Nous voyons que Paris
— 203 —
comptant 250 m^decins pour une population de
700.000 ames , il y avait done un m^decin pour 6.000
habitants, alors que maintenant il y a un m^decin pour
1.300 habitants; partant, il n'y a pas Heu de s'^tonner
de ce que la profession m6dicale 6tait si bonne sous le
grand Roi.
II existe plusieurs listes des m^decins a cette epoque;
une des plus curieuses est une affiche in-folio de la Bi-
blioth^que Mazarine; elle donne le nom et Tadresse
de tous les docteurs regents de la Faculty, mais seule-
ment de ceux<i. Elle est curieuse A plus d'un titre et
nous la reproduisons ci-apres :
LISTE DE MM. LES DOCTEURS REGENS
EN LA FACULTE DE MEDECINE EN l'uNIVERSITE DE PARIS,
AVEC LEURS DEMEURES. 1 684.
M. Francois Pijart', rue Ber-
tin-Poir^e.
M.Jacques Renaut*, rue Saint-
Antoine.
M. Germain FRfeAUX', devant
Saint-Eustache.
M. Claude Germain, rue Beau-
bourg.
M. Claude Gu^rin, rue neuve
Saint-Estienne, fauxbourg
Saint-Marcel.
M. Nicolas Richard 4, Vieille-
rue du Temple, devant I'Hb-
tel d'Effiat.
M. Francois Pajot, devant
rOrme de Saint-Gervais.
M. ToussAiNT- Fontaine, rue
Beaubourg, dans le grand cul-
de-sac.
M. Claude Perraut 5, devant
TEstrapade.
1 . Etait d'une faraille medicale ; son grand-p^re, Pierre Pijart, avait ^te
doyen, de 1612 k 1614.
2. II avait 6t6 censeur de 1644 a 1646, et t^tait un des plus vieux docteurs
regents.
3. II fut censeur de 1658 k 1660.
4. Censeur de 1664 ii 1666.
5. C'est le mauvais mWecin devenu bon architecte de Boileau.
— 204 —
M. Pierre Bourdelot », rue de
Tournon.
M. Estienne Le Gaigneur, rue
du Batoir.
M. Roland Merlet*, vis-4-vis
les Blancs-Manteaux.
M. Guillaume Petit, cloistre
Saint-Germain de TAuxerrois.
M. Paul CouRTOis J, rue Haute-
feiiille.
M. Jean Garbe 4, a la Montagne
Sainte-Genevi^ve.
M. Pierre de Mersenne, rue
Montorgueil.
M. Jean Hamon 5, absent.
M. Jean-Baptiste Moreau ^, rue
de la Verrerie.
M. Estienne Bachot, rue des
Petits-Champs.
M. Bertin Dieuxivoye 7, censeur
rue Saint- Antoine.
M.Jean-ArmandDEMAUviLAiN *,
rue Beaubourg.
M. Pierre Perreau 9, rue de
Jouy.
M. Michel de la Vigne »^, rue
Saint -Antoine, vis-i-vis les
Jdsuites.
M. Jean-Antoine Bourgaud, rue
de la Poterie.
M. Claude Quartier ", au bas
de la rue de la Harpe.
M. Nicolas Morin, rue Christine.
M. Philippes Doute »*, rue
Saint- Denys, proche les Filles-
Dieu.
M. Nicolas Li£nard n, rue Saint-
Martin.
M. Abraham Th£vart '4, rue
Royale.
M. Gilles Le Bel, au Palais-
Royal.
M. Claude de Frades, absent.
M. Alexandre-Michel Denyau,
rue de la Vannerie.
M. Pierre Cresse, rue Sainte-
Croix de la Bretonnerie.
M. Raphael Maurin, rue Saint-
Honor^, pr6s Saint-Roch.
M. Edmond Charrier, rue
Michel-le-Conte.
M. Jean-Baptiste de Revelais,
1 . Put m^ecin de la Reine Christine, et, quoique abb^, grand buveur
et grand sacripant ; il fut un de ceux qui firent le plus pour radoption des
id^es d'Harvey en France, mais revendiqua pour lui les d&ouvertes du
savant anglais.
2. Fut doyen de 1656 a 1658.
3. Succdda i Guy Patin comme doyen.
4. Doyen de 1668 k 1670.
$. Le cd^bre solitaire de Port-Royal, Tami de Nicole.
6. Doyen de 1672 i 1674.
7. Venait d'achever son d^canat et etait censeur de droit.
8. L*ami de Moli^re, doyen de 1666 i 1668.
9. Sera doyen en 1686.
10. Fils du doyen qui ^crasa Renaudot en cour de Parlement.
11. Doyen en 1678.
12. Sera doyen en 1710-1712.
13. Ami de Moli^re, doyen en 1680.
14. Fils de Jacques Thevart qui, en 166$, demanda au Parlement la reha-
bilitation de Tantimolne.
I
205 —
sur le Quay des Augustins,
au coin de la rue Pav^e.
M. Denys Puylon » , rue des
Deux-ficus, vis-i-vis TRdtel
de Soissons.
M. Denis Dodart «, i I'H6tel
de Conty.
M. Charles de Laval, rue Michel-
le-Comte, pris TEch. du
Temp.
M. Antoine de Caen, rue des
Blancs-Manteaux.
M. Pierre Pouret, rue du Bou-
loir, devant les Carmelites.
M. Nicolas Rainssant 3, rue
Saint-Louys, dans i'lsle.
M. Francois Sorand, rue de la
Bucherie.
M. Pierre LfeGiER, rue Crenelle.
M. Jacques de Bourges 4, rue
des Rosiers.
M. Guy-Crescent FagokJ, au
Jardin du Roy.
M. Antoine Le Moine ^, rue des
Poules, dla porte Saint-Marcel.
M. Charles Marteau, rue de la
Tixeranderie, au coin du cul-
de-sac.
M. Jean-Baptiste Ferrand, rue
du Four, fauxbourg Saint-
Germain.
M. Mathieu Thuillier, rue Cre-
nelle.
M. Robert Raoul, rue des Fos-
sez de Saint-Germain.
M. Raymond Finot, rue Baillet.
M. Philippes Mathon, rue de la
Vieille-Monnoye.
M. Pierre Lombard, derri^re
Saint-Leu-Saint-Gilles.
M. Louis MoRiN, rue Quinquem-
poix.
M. Charles Le Long, rue Thi-
bautaude.
M. Paul Mattot, rue Quinquem-
poix.
M. Claude GufeRiN, rue Saint-
Antoine.
M. Henry Mahieu?, rue de
Bi^vre.
M. Dominique de Farcy *, rue
Saint- Victor, proche la porte.
M. Claude Biendisant, cloistre
Saint-MW6ric.
M. Claude Berger 9, devant le
grand portail Saint-Gervais.
M. Claude Puylon, doyen >o, rue
Saint-Honor^, proche la Croix
du Tiroir, devant THdtel
d'AIigre.
M. Francois Vezou, rue des
1. Doyen en 1670.
2. Fut m^decin des princes de Conti, mourut en 1703.
3. « fitoit des gens k faire ce que Ton veut k qui plus leur donne », nous
dit Guy Patin.
4. Kls d'un ancien doyen.
5. Alors m^dedn ordinaire du Roi et surintendant du Jardin Royal.
6. Doyen en 1676.
7. Sera doyen en 1690.
8. Doyen en 1700.
9. Doyen en 1695 ; au bout de deux ans fut r^du, chose qui ne s'^tait
pas encore vue.
10. Venait d'entrer en fonctions ; 6tait le fils de Denys Puylon.
— 2o6 — •
Singes, pr^s les Blancs-Man-
teaux.
M. Louis Gayant, rue Haute-
feuille.
M. Jean Robert, rue Boutebrie.
M. Antoine de Sainct-Yon S
cloistre Saint-M^deric.
M. Pierre Yon, rue Rictoune.
M. Jean Cordelle, au college
du cardinal Le Moine.
M. Pierre Daquin *, devant le
Palais-Royal.
M. Germain Preaux, devant
Saint-Eustache.
M. Nicolas de Jouvanci, rue
Saint- Andr6-des-Arcs.
M. Francois Sfforty 3, rue des
Marmousets.
M. Ren^ Le Comte, rue Saint-
Louys, dans Tlsle.
M. Nicolas Pelletier, sur le
Quay des Augustins.
M . Jean - Baptiste - Ren^ Mo-
REAU 4, rue de la Verrerie.
M. Pierre Bonnet, sur le Quay
de la Toumelle.
M. Louis PoiRiER, rue des Petits-
Champs, pr^s la rue Saint-
Martin.
M. Joseph Thomasseau, rue des
Mathurins.
M. Andr^ Enguehard, rue Saint-
Denis, au Bras d*Or.
M. Loiiis Labbi^ s, rue du Piastre.
M. Francois Le Rat, rue de
Saint-Andr^-des-Arcs.
M. Pierre-Paul Guyart, rue
Saint- Martin.
M. Ren6 Chauvel, rue Saint-
Jacques.
M. Jacques des Prez, k la porte
Dauphine.
M. Jean-Claude Delarbre, rue
Saint-Antoine.
M. Jean Poisson, au Palais-
Royal.
M. Francois M.mllard, rue
Poup6e.
M. Ponce Maurin, rue de
TArbre-Sec.
M. Michel de Hodbncq, rue de
Richelieu, pr^s les Quinze-
Vingts.
M. Guy-Erasme Emmerez ^, au
cloistre Sainte-Opportune.
M. Jean Boudin, devant le Palais-
Royal.
M. Bertin-Simon Dieuxivoye ?,
rue Saint-Antoine.
M. Jean-Michel Garbe*, d la
Montague Sainte-Geneviive.
M. Claude Quinquebeuf, rue
S.-J. de la Boucherie.
M. Jean Daval, rue de TOrme
Saint-Gervais.
1. Doyen en 1704.
2. Le premier mMecin du Roi.
3. Doyen en 1708.
4. Doyen en 1672.
5. Fut nommi censeur en 1694, sans 6tre doyen sortant.
6. Doyen en 1720. Le fiUeul de Guy Patin, qui fit faire le portrait du
celfebre teivain par Antoine Masson, portrait dont nous donnons une
reproduction.
7. Doyen en 1682, consuluit souvent avec Valiant.
8. Doyen en 1668.
— 207 —
M. Nicolas Bailly, rue Simon- Tixerandic.
le-Franc. M. Francois Picot6 de Bel-
M. Michel Pichonnal, sur le lestre, au bout de la rue des
quay de la Tournelie. Augustins.
M. Pierre Gamarre, rue de la
Une chose 4 noter, c'est que la plupart des loo doc-
teurs regents exer^ant a Paris en 1684 habitaient au
Marais et au faubourg Saint-Germain, qui 6taient, 4 cette
6poque, les deux quartiers de Paris habites par la no-
blesse et par la haute bourgeoisie. Quelques docteurs
exer^aient, il est vrai, dans les quartiers excentriques,
rue Saint-Victor proche la porte, rue des Poules proche
la porte Saint-Marcel, rue des Mathurins, rue Saint-
Honor^..., mais ces derniers devaienf avoir une clien-
tele moins belle que leurs collogues, et ne soignaient
gu6re que des artisans ou des petits bourgeois.
Qjaoi qu'il en soit, on gagnait gros alors dans la
profession et on avait peu de frais. Non seulement la vie
mat6rielle coiitait peu, mais le m^decin 6tait en outre
exemptd d'imp6ts; la patente nefut, en effet, qu'une crea-
tion de la Revolution et le m^decin ne payait mfime
pas la taille, d'abord comme membre de TUniversite,
jouissant d'immunit^s et de privileges et ensuite grdce
aux pretentions nobiliaires dont les medecins se pa-
raient dcpuis un temps immemorial.
Nous n'avons malheureusement pas beaucoup de do-
cuments nous permettant d'etablir le gain moyen d'un
medecin parisien sous Louis XIV, cependant Eusebe
Renaudot, fils de Theophraste, medecin de la Dau-
phine en 1650, nous apprend dans son journal qu'il a
gagn6 7.000 livres, plus de 14.000 francs de notre mon-
naie actuelle, en moins de huit mois :
Je me suis acquitt^ de la sotntne de sept mille livres en
moins de huit mois, grfice au petit revenu de la m£decine,
que le grand nombre des malades de cette ann6e avail fort
multiplii. Le mois de d^cembre 1666, neuf cent dix-sept
livres pour visites de medecin, et au commencement de
Tannie 1667, quatorze cents soixante-treize livres. Vers la fin
de juillet 1669, j'ai eu Thonneur d'etre envoyi gu6rir de
Paris ^ Compifegne, pour y trailer M. le Dauphin avec MM.
d'Aquin pdre et fils, la Chambre et Brayer : nous y fiimes
sept jours et resumes quatre cents livres chacun.
«
II est vrai que Renaudot 6tait un des m^decins le
plus en vue de Paris et que le docteur regent moins
connu ne devait pas toucher des honoraires aussi con-
siderables.
Les grands seigneurs, en efFet, s'ils ^taient exigeants
et traitaient de haut les m^decins appel6s a Thonneur
de les soigner payaient fort bien : tout m6decin
consultant chez Colbert recevait, nous dit Guy
Patin, un louis d'or, ce qui repr^sente 100 francs envi-
ron de notre monnaie actuelle. Mais les honoraires
pay^s par les nobles et par les bourgeois ^taient plus
modestes. Guy Patin nous d^peint Gu^naut, le premier
medecin de la Reine, tendant la main au malade pour
recevoir un teston, et il condamne son dpret6 au gain,
cc Un grain de fortune, avait coutume de dire Gu^naut,
vaui mieux que dix onces de vertu », et Guy Patin le lui
■«"s- * ♦
— 209 —
reproche amerement ; pourtant lui-meme n'etait pas dds-
interesse, loin de Id, ct il nous Tapprend dans unc de
ses lettres : « Quand fitais jeune, dit-il, je rotigissais de
recevoir de Fargenty maintenant je rougis quaiid on tie men
donne plus, »
Le taux d'une visite de m^decin etait ordinairement
d'un testan, d'un 6cu hlanc ou d'un ecu d'or, Mais ici se
pose une question assez embarrassante. Le testoyi 6tait
une ancienne monnaie d'argent qui datait du regne de
Henri ni; onl'appelait ainsi parce qu'il portait en relief
la Ute du Roy ; il avait encore cours sous Louis XIV,
mais nous ne pouvons croire que les docteurs parisiens,
si grassement r^lribu^s d'ordinaire, s'abaissaient d faire
une visite pour un teston dont la valeur 6tait de 10 4
12 sols, a peine 30 d 40 sous de notre monnaie
actuelle : nous croyons plut6t que « tendre la main
pour le teston », ainsi que nous le dit Guy Patin, signi-
fiait <c r^clamer ses honoraires ».
Uicu hlanc et Vecu dor valaient Tun et Tautrc 120
sols, environ 12 francs de notre monnaie actuelle. L'ecu
blanc, c'iitait I'ecu de six livres ; T^cu d'or 6tait d'or fin^
d 18 carats, d la taille de 60 au marc d*or (244
grammes).
Tel 6tait done le prix d'une visite m6dicale. Cepen-
dant il arrivait souvent que chaque visite n'etait pas
pay^e imm^diatement, le m^decin ne rdclamant ses ho-
noraires qu'd la fin de la maladie. Cette note etait Ic
plus souvent corsec et Cyrano de Bergerac s'en plaint
amerement. « Apr^s cela, n'avons-nous pas grand tort
Le Maguki'. — Ls nwtide viedkal. 14
dc nous plaindre dc ce qu'il der
une maladie de huit jours? N
bon raarch^? »
Pour les consultations ou se
sieurs mMecins il n'y avait pas
mfedecins de Moli^re, ils s'en
rosit^ du client, quittes d r^crin
paraissait trop modique.
Enfin, les honoraires m^dic
comme lis le sont maintenant, ei
pareille faveur que les frais fu
parlement de Toulouse en 15
pourquoi de ce privilege :
Et cela d'autant que I'etat du ir
est public, er sont tenus servir er se
pouvant excuser, n'estant recevablt
qu'apr^s la niort ou sant£ du malai
raisonnable de les protiger.
Tout ceci pose, on ne doit
beaucoup de mMecins, 0 gens i
qui plus leur donne s.disait Gi
ritables fortunes. B6da des Ft
dans sa clientele les plus grand
et de la raagistrature, et qui ne
Bussy-Rabutin, de pratiquer I'a
fortune considerable. Nicolas '
clientele toute clericale et qui
pr^f^r^s de Valiant, ainsi que 1
— 211 —
livres par an et amassa dans I'exer-
30.000 ^cusde rente. C'^tait cepen-
:e homme puisque Guy Patin lui-
s mauvaises langues de I'^poque, le
i occupaient, grdce d leur gain, une
1 r^chelle sociale. Si les grands seU
e quality consid^raient !e mMecin
e domestique, s'ils rip^taient avec
1 docteur ne fut jamais autre chose
'e dans son mitter, » la noblesse de
jrgeoisie voyaient dans le praticien
et aimaient i frayer avec lui. Guy
les presidents de Thou et Miron ;
ssidilment. « On nous appelle les
lartier », dit-il. II est li^ aussi avec
: de Lamoignoni
ce Raynaud, ie comble de provenance,
I les semaines et passe avec lui tout te
ber aux devoirs accablanu de sa charge,
marques : Lamoignon le traite comme
sent profbndOment honors de cette bien-
: avec le premier magistrat de son temps,
Igent et d'un commerce &cile ; en mon-
sentirait ou on lui ferati sentir son inft-
de-t-il avec un grand soin.
et les litterateurs du xvii* slide
iter les midecins; Boileau cut pour
ami intime Bernier, il co
lesque ; Racine park souver
cins a qui ne sont point
mfime, I'imtnortel ennem
I'dpoque, eut pour amis int
Armand de Mauvillain. Le
oublier qu'un des leurs, G.i
6tait docieur, et Descartes
cuter philosophic avec de
crate.
Dans le Portefeuilh de ^
des documents fort curieu
mit£ qui existait entrc lui, s
de Montpellier, et de grand
cal et Descartes. Qd et Id,
medecine, se trouvent not^i
tout moment il consigne
Descartes et les objections
lui faire.
Valiant ne se d^sint^ress
tions theologiques; il soig
faisant, aime discuter avec 1
Arnaud; il est aussi I'ami i
etait docteur rdgent de Paris
de PoTl-Kuyal. 11 est jansen
avec le Marquis de Sourdis
qui am^nent un jour ce dt
bk : « Je ne puis assez m'e
honncsle homme qu'est .\I
— 21? —
las s'en raporter i I'iglise pour I'inter-
assages de I'Escriture Sainte dont nous
ferend' ».
) done que les m^decins au xvii^ si^cle
;^s dans une certaine soci6t6; il est vrai
:nt aussi beaucoup de d^tracteurs. Nous
IS ici de Moli^re ; s'il attaqua les mauvais
charlatans et I'esprit routinier de la
lit i la profession miidicale des services
n doit plutdt le compter au nombre des
lecine. Du reste Maurice Reynaud a si
t ddcrit le r6le de Moliere, dans la so-
du xvn= siicle, qu'il nous est interdit de
lui d cette question et nous nous con-
larler ici de deux ennemis de la m^de-
:decins, Cyrano de Bergerac et M""' de
ergerac ', le redresseur de tons, ne man-
quer les travers des m^decins de son
it centre les kuyers a mules, comme il
lecins, une satire charmante ou il pki-
lent les dimons gradiUs.
i condamn^ (mais ce n'est que du m^deciii,
ant. P. VII, f. i6.
o de Bergerac icrivit cettc satire, Louis XIV n'ctait
rfine, mais les difauts des midecins et li.'ur niputation
n^ ^aient les m&mes que vers 1650 ; aussi citons-nous
tr^ cutieusc saiire, parui.* dans lu Journal du sympa-
— 214 -
dont j'appellerai plus aistoent que
voulez bien que, de m£me que les
people quand its sont sur I'^chelle, r
du Bourreau, je fasse aussi des remi
Fi^re et le Drogueur me tienneni
avec tanr de rigueur, que j'espfire i
pas que mon discours vous puisse
Monsieur le Gradu6, de me dire que
cependant k tout le monde que, s
relever. Leurs presages, toutefois
m'alannent gu^re ; car je connois
leur an les oblige decondamnerto
afin que, si quelqu'un ea £chappe,
puissans remfedes qu'ils ont ; et, s'i
c'est un habile homme et qu'il I'ai
I'effronterie de mon Bourreau : p
qu'il me cause par ses rem&des, et
vel accident, plus il timoigne s'en rd
chose que d'un Tant mieux\ Qpam
tombi dans une syncope Uthargiqi
heure, il rdpondque c'est bon sign
les ongles d'un tlux de sang qui n:
cela vaudra une saign^ 1 » Quai
comme un gla^on qui me gagne ti
en m'assurant qu'il le savoit biei
droient ce grand feu. Quelquefois
Mort, je ne puis parler, je I'ente
pleurent de me voir k I'extr^miti
vous fites, ne voyez-vous pas que
abois ?» Veils comme ce traitre me
de me bien porter, je me meurs.
Enfin, trois sortes de gens son
expris pour martyriser I'homme
. tourmente la bourse, le Mddecin
Vhme. Encore ils s'en vanient, n
comme un jour le mien entroit da
— 21) -
: lui lis que dire : Combien ? L'impudent
imprii aussii6t que je lui demandois le
micides, empoignant sa grosse barbe, me
:/! Je n'en fais point, contiiiua-t-il, la petite,
ous montrer que nous apprenons aussi bieii
fan de tuer, c'est que nous nous exer^ons,
toute notrc vie, sur la tierce et sur ta
don que je fis sur I'lnnocence effroni6e de
que si d'autres disoient moins, ils en font
5t ils envoient et la Mort etsafaux enseve-
1 de mandragore, iant6t liqu^ii^ dans le
[ue, tant6t sur la pointe d'une lancerte;
llet, ils nous font mourir en octobre, et
:outumfe d'envelopper leurs venins dans
, que derni&remeni je pensois que le mien
\6i une Abbaye comraendataire, quand il
lloit donner un B6n6fice de ventre. Oh!
rfejoui si i'eusse pu trouver i le battre par
: fit une Villageoise i qui un de ces Bate-
i elle avoit du pouls, elle lui r^pondit avec
brce egratignures, -qu'il ^toit un sot, et
elle n'avoit jamais poux, ni puces ! Mais
:rop grands pour ne les punir qu'avec des
i-les en la justice de la part des Tr^pass^s.
lains ils ne trouveront pas un Avocat; il
li n'en convainque quetqu'un d'avoir tui
li routes les pratiques qu'ils out coucli6es
' aura pas une tdce qui ne leur grince des
issent-elles d^vorer! Mais, bons Dieux !
U mon mauvais Ange qui s'approche ? Ah !
leconnois i sa soutane. Vade retro, Satarutsf
tez-moi le b^nitier. D^mon gradui, je te
fronts Satan! Ne me viens-tu pas encore
ipostume ? Mis^ricorde ! c'est un Diable
soucie point de I'eau b^nite ! Encore, si
assez roides pour former un casse-museau ;
mais, h^las! ce qu'it m'a fait avaler s
substance, qu'i force d'user de co
consomm^ moi-mdme.
Au fond, cette critique de la m
cins n'est pas bien m^chante, e)
I'avoir lue, que Cyrano de Bergera
des m^decins lorsqu'il 6tait bien
recours d leurs lumi^res en cas de
M'"= de S^vigni, elle, aimait b<
mais peu Ics m^decins : « Ah! qui
cins, dit-elle dans une de ses lett
que leur art! » Malgr^ ccla, elle ;
pour la plus petite indiposltion a
n Sa plus grande joie est de r^
m*5dccins; elle les pousse, leur f
essaie de les mettre en disaccord
leur embarras et suit rarement 1
tradictoires qu'ils lui donnent. Si
hasard, elle est toute fi^re de con:
n'est pas gu^rie et en reporte la ca
Mais si elle n'aime pas les m^
midecine. Dans ses lettres elle ra
tant sur sa santc, sur I'^tat de so
sur ses esprits irrit^s et ses
Imitant en cela les grandes datnt
fait collection de toutes les rect
merveilleuses, propres A guirir to
I. M. Raynnud, l^i Mi'dfcim ai: Ifinf'S dr Mi
— 217 —
;s, elle les envoie i ses amies, leur
nge de nouveaux remfides. Elle est
es plus sinc^res dans la poudre de
■cut I sa fille les cures incompa-
larrost, de M""= Fouquet et surlout
du Louvre.
croire cependant que M™ de S^vi-
tous les midecins. Elle honora de
^u'elle appelle dans ses lettres « son
:st vrai que celui-ci avait, outre sa
lisons pour toucher le coeur de la
de Fouquet, il avait suivi son
r3ce et avait mfime 6ti emprisonn^
nps, car on lui imputait 4 crime son
'. surintendant. M'"^ de Sivign6, qui
es amies les plus d6vou6es de Fou-
uet de cette fid^lit^, et lui confia d
ce qu'elle avait de plus cher au
le mMecin bon gar^ion a point
.crifier aux graces et s'indinant
Elle ne tarit pas d'^loges sur un
qui la soignait dans un de ses
I homme de vingt-huit ans, dent le
1 et le plus charmant que j'aie jamais
1°" de Mazarin er les dents parfeites;
me on imagine Rinaldo ; de grandes
'ont la plus agr^able tfite du mondc...
VoiU mon joli tn^decin... II <
bon gar?on au dernier point.
II est vrai que, pour se
ment, elle se Mte d'ajou
point charlaun ; il traite la
enRn il m'amuse. »
Ce qui plait done d la
m^ecin quitter sa robe et
a mMecin de la tfite aux
Mais bien peu conscntt
inherent d la profession;
lant que sur un ton doctoi
les faiblesses de leur vie p
Car ils soni souvent fa
beaucoup et d boire sec, er
Patin nous parle d'un de :
qualifie d' a illustre buvei
d^faut par son divouemen
lui-mfime, la gloire de la i
un ivrogne endurci; il ai
peutique la mMication i
malade constamment enl
chaque jour et avait grai
mule lorsqu'il en ^tatt d(
une fois et se cassa la jaml
II est vrai que Pecquet i
mWecin du dehors; les do
s'ils se livraient parfois d t
t. Bien plus, ils professaient un
le vin et buvaient de I'eau,
ms les banquets de midecins.
implore, dans une de ses lettres.
jouverain remfede pour ia plupart
: la Faculty de Paris ne souffriraient
lOur les internes. Feu M. Brayer
; plus d'esprit, te plus de science,
us de probity de tous les midecins
; une de ses th^es, entr'autres
istant pris par la bouche : « viscera
ly et les autres ne buvoient que de
nt parfois buveurs, ils ^taient
Patin note avec soin tous les
a assist^; Valiant collectionne
les recettes culinaires « pour
:s, une barbue en casserolle, la
)tageau fourmage... » II est vrai
irfon ; mais la bonne cuisine a
ins, et Brillat-Savarin les a ran-
is de profession,
^fauts les prijugts, les convoi-
idividia medicorum pessima »,
elites gens, la bassesse devant
1 r^sultera un portrait peu flatt^
', f. 309. Letire de Valiant i M. de la
du mWecin parisien sous Louis XTV. Mais il avait aussi
de grandes qualit^s, qualit^s que Maurice Reynaud a
pass^es sous silence.
La plus grande de ces qualit^s fut assur^ment la
pureti des mceurs. Pendant tout le r^gne de Louis XI\',
d unc £poque aussi dtssolue que le xviii' si^cle, alors
que toutes les turpitudes s'accomplissaient encachette,
le m^decin se montra toujours d la hauteur de sa fonc-
tion, sacerdotale d plus d'un titre. On ne vit jamais de
docteurs de Paris compromis dans toutes les affaires
d'empoisonnements et d'avortements de I'^poque.
Jamais on ne put reprocherauxm^decins aucun crime,
et si Guy Patin lance parfois dans ses lettres de graves
accusations centre B^da des Fougerais, Rainssant,
Guinaut, il ne faut pas oublier qu'il est leur ennemi.
Du reste, il les accuse sur des on-dit et n'apporte aucune
preuve de son imputation. En aurait-il, il croirait con-
traire i la dignity de sa profession de les Staler au
grand jour, et lorsqu'un de ses confreres est impliqud, i
tort du reste, dans I'affaire de la dame Constantin,
sage-femme avorteuse de I'^poque, 11 n'ose meme pas
icrire en toutes lettres son nom et se contente de le
designer par son initiate.
Un fait encore i noter d la louange des m^decins
parisiens, c'est que, lors des ^pid^mies qui 6clat6rent
souvent d Paris sous le r^gne du Grand Roi, aucun
d'cux ne d^serta son poste, montrant ainsi que si leur
doctrine 6tait mesquine et retardataire, leur courage
itait plus grand que celui de Sydenham, dont les Ira-
vaux n'ont pu faire oublier la fuite, lors de la peste de
Londres, en 1656.
Suivons A present le medecin parisien dans sa clien-
tele.
Vancien, le m^ecin de la vieille 6cole, est revfitu de
la robe longue du magistrat; 11 porte un large chapeati,
une grande perruque ; il est fier de sa longue barbc et
s'avance lentement, magistralement. « La barbe, cela
ne fait-il pas la moiti^ d'un m^decin », dit Toinette, se
rappelant probablementun sixain calibre du temps :
Affecter un air p6dantesque
Cracher du grec et du iatin
Longue perruque, habit grotesque,
De la fourrure et du satin,
Tout cela r^uni, fait presque
Ce qu'on appelle un mededn.
Lorsqu'il se rend chez ses malades, il monle une
mule, animal a qui n'est point d'humeur fantasque »,
dont il admire la douceur et I'endurance, mais qu'il
nourrit fort mal, s'il faut en croire Cyrano de Bergerac ;
A voir leurs aniinaux ^tiques, afFubles d'un long drap mor-
tuaire, soutenir immobilement leur immobile maitre, ne
semble-t-il pas d'une bi^re oii la Parque s'est mise i califour-
chon, et ne peut-on pas prendre leur houssine pour le guidon
de la mort, puisqu'elle sert -1 conduire son lieutenant ? Oh !
quel contentement j'aurois d'anatomiser leurs mules, ces
ules qui n'ont jamais senti d'aiguillon, ni dedans, ni dessus
chair, parce que les ^perons et les bottes sont des super-
fluitfe que I'esprit d^licai de la Faci
Messieurs se gouverneni avec tan
m6me observer i ces pauvres bStes
domestiques) des jeAnes plus rigo
vices; ib leur attachent, par les di
dessus les os, et ne nous traiteat
payons bien; car ces Docteurs mon
ger que de la gel^.
Arrive au lit du malade, il n^
^talant son savoir p^dantesque
de loin, superficiellemeni, mai;
tant longtemps sur son cas. So
en latin, illisiblement, se souvi
satire du xvi= siicle, Le Midecin
ou plus courte maniire de parvmir
cine :
Encore faudra-t-il tes rece]
Telles que le cotnmun ne 1
Afin qu'en admirant ce pa^:
Comme chose sacr^e, il pr
Le mMecin de la nouvelle »
cien costume : il porte le costu
son habit est de drap ou de vel
lorsqu'il marche i pied, il tient
pomme d*or ou i bee de corbin.
bord; il le remplace par le trice
tant la haute perruquepoudrie.
trouve plus grdce devant ses yei
fringant, 1' « animal mer\'eille
— 223 —
en d^plorant souvent les incartades
iture.
It it fait entree et issue tout aussi-
a m^decine sur le maniemetit du
itension de la langue altirde, inspec-
;s excrtments. » I! paralt fort affair^
faire paroistre i. scs voisins qu'il ne
jratiques », ainsi que nous le dil
jns ses Conseils donnis aux nUdecins-
oral; il parle franfais tout en entre-
de citations latines d'un bon efFet.
de la Faculty qui ordonnaitde libel-
formules par lesquelles sent pres-
^confortants ou alterants ou purga-
ir qu'4 I'extirieur », il 6crit en fran-
s, au grand d^sespoir de ses ancicns
t oubli des traditions, un piril mena-
sion.
:ipal int6ress6, a-t-il gagn^ au chan-
lent, car le midecin de la nouvelle
>digue de la saign^e, de la casse et
icien, et le patient pourrait r6p6ter
rgerac, parlant du m^decin et de ses
le sonl-ils entr^s dans la chambre,
ue au M^decin, on tourne le cul i
a lend le poing au Barbier ».
'ait peine i r^sister d un m^decin,
I'ii se trouvait, pendant une consul-
tation, en bulte aux altaques de
Car les consultations de plusit
choses fr^quentes, i cette 6po»
malade occupant une haute situ;
sultations ^taient regies par de
d'abord, un r^gljment des Statui
regent d'appeler en consultation
m^decin du dehors : Nemo cum
medicorum Parisiensiutn turn probal
Ce rSglement 6tait formel, el
raconte qu'ayant voulu appeler (
avec son midecin, iUve de Mont
di^re, ceux-ci refuserent en all6f
tuts. La marquise, dans I'espoir
tance, s'adressa au c61^bre casuis
elle dut s'incliner devant la lipi
serment que font les m^decins ei
public : c'est pourquoi ils sont t
ne peuveni le transgresser sans f
Dans les consultations m^dicales, I
coutume, donneront les premiers leu
suivant son rang d'ancienneti au dot
Ce qui aura iti accept^ i la majorii
sera rapport^ avec prudence au malade
ou.aux amis, par le plus ancien, et a
collegues.
Que les m^decins appel^s i ces i
exactement a I'heiire fix6e par te pi
retard d'un seul n'occasionne de Tin
de la gfine a ses collogues.
— 225 —
iplions avaient ^tiobserv6esr6gu-
lit eu raison de dire : « I'union de
admirable, chacun est libre de
pcrmis d celui qui parte apres
ment, sans passion et animosite,
il n'en 6tait pas toujours ainsi, et
ans V Amour ytUdecin, les contro-
qui ^clataicnt dans les consulta-
ette epoque. II met en presence,
unt^s, les quatreprincipauxm^de-
'esfonandres designe des Fouge-
n de Madame ; Bahis n'est autre
^decin de la Reine-m^re; Tomis
iremierm^decin duRoi;Macroton,
ier m^decin de la Reine. MoHcre
lant tout d'abord de leur nom-
;s soucis qu'elle leur cause :
I que ma mule a faic aujourd'hui, dit
li^rement tout centre I'Arsenal; de
faux-bouig Saint- Germain ; du faux-
II fond du Marais; du fond du Marais
6; de la porte Saint-Honori au faux-
la porte de Richelieu ; de la porte de
je doisaller encore i la place Royale.
ion ne tarde pas d ddg^niirer en
jfonandres et Tom^s : « Je soutiens
L renlr^miti de la rue de Richelieu ; elle Tut
— 226
que lem^dque la tuera. — El
fera mourir. »
Beaucoup de consultations
uns opinant pour telle m6dic
sant d'autres moyens th^rape
feuille Valiant, nous avons i
montre bien ces divergences
maladc.
M. Moreau, m^dccin de la Fac
dans le mois de mars i68t d'une
11 fut saign^ onze fois en trois ou
il escoit un pen mieux, et qu'il se
ne donnoit point du tout, il soi
d'opium. II le proposa aux m^d
estoient neuf ou dix, qui furent ti
de le prendre ec cela lui r^ussit si
nuit d'un fort bon sommeil ei s'h
cins ne luy en ont pas sceu trop !
m'en a parl^ aujourd'huy et qui m
qui luy avoit conseill^ et qui I'est
il I'avoit fait mettre dans I'eau de :
confection d'Alkermes. M. Morea
avoir entendu cette troupe de mb
sages grecs et latins : <i Ce grec ei
pas '. »
Ddjd k ccttc dpoque, nombi
taient centre cette affluence
contre les disputes qui dclata
Arnaud est de cetavis :
I. Porltfimllt Vailanl, XI. f. 258,
: autres choses, il faut qu'il
1 y en a plusieurs, qu'ils se
que quand il y a plusieurs
ne ordonnance '.
surtout les midecins pro-
d'Arnaud, et Valiant est
t diik- 26 mars i£8i ques'ils
lent pas qu'il y eust plus de
M. Fontaine a ajuut^ que la
t doaai: sujet de prendre cecte
nviolablement, Je leur ay dit
: rrSs long temps que j'estois
plusieurs personnes qu'il n'y
nabde que cette pluraliiiS, et
jsion.
minaient souvent par des
rait quelquefois, heureuse-
: les docleurs tombaient
It alors les uns aux autres
Timoin la sc^ne ds M. de
complimente i la fois le
ti parU et le patient d'etre
m^decin aussi capable :
, qu'il me lombe en pens^e
:nez de me dire ! Vous avez si
s, les symptdmes et les causes
— 228 —
de la maladie de Monsieur; le raisonr
avez fait est si doctc et si beau, qu'il es
sotc pas fou et m^laacoUque hypocondri
le serait pas, il faudrait qu'il le devini
choses que vous avez dices, et la juste
que vous avez fait. Oui, Monsieur, v<
graphiquement, grapince deptnxisti, tout
cette maladie. II ne se peut rien de pli
mcnt, ingdnieusemeut con^u, pens6, ii
vous avez prononc^ au sujet de ce mal,
prognose, ou la th^rapie : et il ne reste
Monsieur, d'etre comb^ entre vos main;
est trop heureux d'etre fou pour ^prouv
ceurdes remides que vous avez si judi
Je les approuve tous, manibus et pedibus
lenliam.
II est vrai que, dans la consultati
ceaugnac, les midecins parlent en p
Dans la pratique, lis argumentent e:
toute oreille indiscrete. lis s'occup
malade et de sa maladie, mais ils aii
de leur pratique journaliire, et d(
cales qui les intiressent plusparticu
Valiant est en consultation avec
Brayer, Petit ou Fontaine, il ne m;
poser des questions multiples, sur 1
tisme, la retention d'urine,... prol
longue pratique. N'en est-il point
aujourd'hui ? Somme toute, ces c
n'^taient point choses mauvaises; l
faisant part mutuellement des c
— 229 —
faisaient ceuvre louable et profi-
terminiie, le plus jeunc des m^dc-
ses collogues apposaiunt Icursigna-
; redaction. Lc plussouvent, chaqut
une copic qu'ii gardail soigneusc-
imuniquer a scs confreres, lorsquc
nt appeMs pour un cas analogue.
Guy Patin, nous voyons celui-ci
nt aux consultations qu'il a revues;
I'ec soin, comprenant tout le profit
ut tirerdccettc argumentation.
vii'= siicle survint un changement
ions. Alors que les mtdcciiis jus-
t tour d tour leur avis sur les causes,
nent de la maladic, sans etre inter-
:ollegues, on tend d substituer d ce
ition une sorte de causerie, ou
s6e est discut^e immidiatement par
Valiant ne manque pas de noler
t cette tendance nouvelle :
it en septembre r68o, qu'il ne parloit jn-
lades et qu'il croioit que les consultations
et sans arrangement, nous y respondans
tis attendre la fin estoient incomparable-
les autres, que Cic^ron avoit dit une
Jur ceux qui parlent latin et grec dans
parle ny grec ny latin, iwn magis deed
<i greets lalim ' .
[7.0.17, IV.
— 2J0 ■
Cela 6tait en effet bien p
mcdecin comme pour le mala
Cc qui se pratiquait aussi 1
^tait la consultation par corresj
retrouv^ des types fort curi
Valiant. Cette consultation co
lion de la maladie par le n
le degr6 d'insiruction du p;
etait en fran^ais ou en latin,
fort ^l^gant ainsi que nous
a maladie de M. I'Abb*!; Filix
le mcdecin ordinaire commi
^poque, exposait son sentime
medication qui lui paraissait
sentiment ^talent alors scum:
tants ou midecins extraordim
6crit leur opinion. Le mtdecii
r^ponse, r^futant, s'il en ttai
des consultants. C'6tait d lui
tuer le traitement qui lui sem
Nous en avons fini avec
Toutefois nous devons dii
midecins « A coli », qui se
litt^rature ou dans les sciences
La plupart des midecins p
litt^raturc ct tournaient le vci
Bouvard, premier mcdecin d
avons un poemc toutmtSdicale
(sic) lie Madame hi
sortie,
lortie,
jmer,
imbaumer;
'ts,
> serr&.
fens^e ;
t i leur servke;
; clurnus,
t cornus, etc.
, hi stulc iiutopsit
a cote » fut Guy
il I'avait Ic moins
lien des traditions
;t par consequent
serait vite toinbO
, observatcur fin ct
jquc, il aimait a en
^taient charmantes
:unesse dc style ct
:al, tout en jelant
-r 7
un jour curieux sur les moeurs des m^decins de cette
6poque, il y a bien des incoherences, des raisonne-
ments ineptes et surtout le parti pris du dialecticien.
Mais, sur tout ce qui touche d la litt^rature, a la philo-
sophic, d la religion, d la politique, ces lettres sont de
v^ritables chefs-d'oeuvre, ficrites en un fran?ais exquis
par un homme nourri a des moelles substantielles de
Tantiquite grecque et latine », elles sont d'une lecture
attachante et agr^able.
A une 6poque oil la bigoterie 6tait de r^gle, Guy
Patin, en vrai disciple d'fipicure, ne craint pas d'atta-
quer les abus, superstitions et pr6jug6s duclerge; il
croit en Dieu mais non en ses ministres. a Credo in
Deum Christum cruxifixum. De minimis non curat
pretor. » II a en horreur les j^suites et les moines et
cc les fanfreluches romaines et papimanesques ».
Je voudrois, dit-il, que toute Tesp^ce et tous les individus,
et les moines et les moinillons, fussent tous dans Teau jus-
qu'au ecu. Ah ! qu'ils seraient bien li ! Ah ! le beau dtblai de
ch^tive marchandise ! Que TEurope serait heureuse ce jour-la.
En philosophic, il sem^fie de Descartes, quiaaccepte
les nouvelles theories sur la circulation; il lui pr^fere
Gassendi, qui est en communaut6 d'id^es avec lui et
de plus son collegue au College de France ou il
enseigne les mathematiques : a Cest un abrege de
vcTtus morales et de toutes les belles sciences » dit-il,
et lorsque la mort enl^vc Gassendi a son affection, il
s'en d^sole : « J'aimerais mieux que six cardinaux dt
i}3 -
I'y aurait pas tant de perte
anciens, qu'il aime passion-
:lais, dont il emprunte sou-
verdeurs de langage; il se
J Essais de Montaigne et de
e « livre divin », comme il
porains il est d'une injustice
:s de Balzac et de Voiture,
parle bien de M. Corneille,
;s, de Racine et des farces de
l^tacht, persuade que leurs
le decadence litt^raire.
I fut un frondeur, et aucun
; devant ses yeux. Liberal i
ne, il s'insurgea centre les
;i bien que centre le parle-
cependant les principaux
tout d'une haine instinctive
u, ce bateleur 4 longue robe,
met, etc... B A sa mort Guy
e, il a plie bagage, il est en
ige ». Cependant, malgre ses
)nfond pas dans une mfime
itres. II restera toute sa vie
a personnc royale sera tou-
E sacr^e,
fut Gabriel Naud6, qui, lui
ont le nom reste attach^ 4 la
M<
— 234 —
formation de la Biblioth^que Mazarine. II 6tait docteur
de rUniversite de Padoue, et avait rempli les fonctions
de bibliothdcaire aupr^s de deux cardinaux italiens.
Ceux-ci le recommand^rent 4 Mazarin qui lui confia la
mission de former une* biblioth^que. Apres plusieurs
annees de voyages, Naude rassembla quarante-cinq
mille volumes qui devinrent le noyau de la biblio-
theque a laquelle Mazarin a donne son nom.
Naude ne fut qu'un ^rudit et un bibliophile distin-
gue, ainsi que nous le montrent ses Merits. Secretaire
et ami de Mazarin, il n'en resta pas moins pendant
toute sa vie en relations intimes avec Guy Patin qui
excusait en lui son attachement Ala cause du cardinal.
Parmi les autres m^decins qui se signal^rent en lit-
terature, nous dcvons aussi citer Bernier, Claude
Quillet et Bourdelot.
Bernier fut Tami de Boilcau et nous avons deja vu
anterieurement qu'il fit, en collaboiation avec lui, le
cel^bre Arret burlesque,
Claude Quillet, « ce gros gar^on rougeaud »,
comme Tappelle Guy Patin, vint de Touraine d Paris
ou il se fit recevoir docteur regent; mais il delaissa la
medecine pour ne s'occuper que de la litterature, et
composa un poeme qui eut son heure de celebrite, /-tf
CallipeJie ou Vart de faire de beaux enfants. II d^dia cette
ceuvre a Mazarin qui lui fit don d'une abbaye d'un
excellent revenu. II ne se fit d^sormais remarquer que
par le desordre de sa vie privee. Ce fut un des soupi-
rants malheureux de Marion Delorme, la beaute de
55 —
nous vient des visions ei
ordures, lui dit-il un joui
ue envie en ma faveur. »
pas, i proprement parler, ui
n^decin pr^fer^ et I'ami de
poque. II 6tait n6 i. Sens, ei
dc son nom patronymique
iecin de Louis XIII, il fu
Je sa m^re. Doctcur rigcn
I 1642, il fut tout d'abon
d^; puis il devinl Ic premie
itine de Su^de. Celle-ci lu
ais devenu abb^, Bourdelo
qu'il etait auparavant, ui
)le, « buvant fort et sacran
I, qui ne ' pouvait pas lu
nt adepte des thtories hai
s lettres, beaucoup de mal
point d'avoir rccours :\ cc
It » etait un fort bon m^dt
spirituel, et ses mots furcn
■it tous les grands seigneur
1 jour quelques-uns d'entr
qu'ils appelaient son impci
Bourdelot, je suis un gran
e traitement ; quelle foli
Dute sorte de gens, »
racheta les desordres de so
lembre de I'Acadimie de
- 2J6-
sciences, et mourut en 1685,
bibliothique.
Un m^decin fut aussi cili\
ses explorations. C'6tait un co
Roileau, et qui avait iti sum
visita tout rOrient, et resta doi
Zeeb, empereur du Mogol. I
que bel esprit, se piquant di
joH pbilosopbe, comme I'appelai
II fut I'ami inseparable du tri
Us trots cdtaux, Saint-fivremo
d'Olonne. Comme eux il me
aimait d ripiter : « I'abstinen
un grand p^ch^. b Mauvais cc
dtguiser sa pensee. o Que! es
rez j>. lui dit un jour Louis XIV
dit Burnicr.
VI
IRURGIENS
i del saidti CAnie e< Dunicn. — Bcrbiera
lu<t«. — Lcs iiKiseure. — Lei barbiert-
Di-CAmei cbirurgicns juris au Chitelei,
apprCDti*. — Lm tuibicivbartaali. — Le
— Le miltre chirurgien jar^ et le barbier-
urgieni. — Le grind procti des chirurgiens.
:hirurgieii du Roi. — Lei analotniei. — L»
il. — Baibien-bubanti et chiinrgieoi. —
de la coQimuaautt d« Dultrei chiruigiens.
ad chef-d'ieuvre ; rennje en icnuinc ; I'cu-
— Les girwm de I'Haiel'Dieii et la Ugtre
1 pmnieiSChirurgLensdu Roi. — Meuieura
- Le* barbiert, lei ituviste*. — Le elerge et
cle les m^decins ^talent des
u des laiques; tous 6taient
au c^libat et soumis aux
ui r^gissaient alors le clerg6.
'apr^s I'antique adage « Eccle-
> devaieni-ils se garder de se
jrgie. Toute infraction i cette
nt une d^sob^issance ' mais
la pratique chirurgicale itant
artisans, « qui n'ont, nous dit
■Universiti de Paris.
_2;8
Ic Train de hi noblesse, que c
et de subjection ».
Plus tard, lorsque se fut f
le m^decin, tout en prenant
fut toujours dans I'impossibi
operation chirurgicale '. II av;
dans le corps medical ; faire
it& se ravaler au rang d'un
nceuvre, ct des peines tres s
infraction, car, lisons-nous d
cult^ : V Ordinis enim medic
gramque conser\'ari par est »
xviii*^ siecle, les Barbiers, pu
seuls le droit de saigner, dc
medecins, dit Dionis, prirent
pour leur partage, nous laiss^
tion de la main. »
Le chirurgien qui briguait
en medecine devait s'engagt
instrumentis ' » a neplus fail
aliam artem manuariam ».
Le Roi meme, lorsqu'il a
^tait oblige, dans les lettres
que le b^n^ficiaire ne serait
cice de sa profession, et que :
lui pourrait « etrc impute d >
1. Un article des vieux staiuts din
medicina nianu operare. »
2. Staiuta Facultatis inedicinic. ^ilic
IS voir r^norme dirte-
entre le m^decin,
rtisan.
ie la Corporation des
:6e sous rinvocation
n; ses membres ces-
se consacrer exclusi-
les. Lorsque Eticnne
en 1268, dans son
differentes corpora-
ie des barbiers.
6e par six jures ^lus
yrurgiens de Paris »
mission d'examiner
etent de cyrurgie ».
Paris permettait ou
leur art. Le pr^vdt,
1 candidat dans la
iroit de contrfile tris
pouvait donner ses
: qui sunt bl^ciez ou
■neni aus cyrurgiens,
; premier pansement
sans sane », il ^tait
ime en deux classes,
Barbiers laiques, dits
, Chirurgiens de robe
-iercs, nommes aussi
— 240
uddft
Chirurgiens-barbiers, Chirurgiens de Saint-C6me et
Chirurgiens de robe longue '.
Mais les Barbiers clercs, tendirent bient6t a se rteer-
ver le mohopole'des operations chiriicgicales^ nelait^
saht aux Barbiers lai'ques que la Jancette et \x
Alois s^engagea une tutte qui dura de: 1301 A'
Pendant cent cinquante ans;. les .Barbiers r^i$l
victorieusement aux Chirurgiens de Saint-Cdme,
mantpoureuxseuls le droit de pratiquer librem^
-chirurgie. En vain les ordonnances .royales de •
de 1352, de 1364 leur dorin^rent ce droii;:
resterent lettre morte. Les Barbiers Gontini
comrne par le pass^ d cc bailler et admimsicer .d:S4iKj
emplastres, origuemens et autres m^decines cof " "^
nables et n^cessaires pour gu6rir et curer toutcs:;
-ti^res de cloux, boces, apostumes et toutes' pi
.ouvertes ». Bien phis, en 1372, une ordonhancftl
-Tendit toati i fait ihddpendants des ChirurgieoiJ,
meme de k Facuhd'et ils ne durent a dorenaveiit
' molestez, troublez er empeschiez par les cirurgiei
: mires jarez en aucune maniere ». lis purent
,d la fois' pratiquer la chirurgie cdmnie. les
: giens de Saint-C6me et lamidecine comme Tes:,
-teurs regents: de. la Facultd; ceux-cr, noiis dit<
»«>
I . Les armoiries des' Barbiers Ulques ^taienf d'azur aux ivois-'
. d*argent pos^ 2 et I ; Les^Chirurgiens de Saint-C6me .portaient'd*azttrj|M 1
trois Voltes d'argent (boettes k onguens) poshes 2' et i- avec la devis^ CMij-^ *
iio Manuque. Louis Xllt qui, n^ le jour des saints C6me et Damien, afiec-
tionnait les chirurgiens, ajouta ^ leurs armes une tleur de lys en argent
placie au centre du blason.
ia <
on
>. I
ttei
sm
'edi
re
k
my
CO
:bi
ers,
— 242 —
pratiquaicnt les grandes opiiratii
Chirurgiens n'osaient enlreprendi
Les inciseurs avaient une exisi
ils rcconiiaissaient cependani la
rurgiens et nc devaient operer qu
Ceux-ci, reculant devant les o
dedaigncrent les pctites optiratic
biers. Us se mirent d fairc des or
ler les plaies, d ordonner des to|
toutes choses qui appartenaient i
cins.
Ceux-ci se rapprocherent alors
culte leur ouvrit ses portes; elle
cours d'analomic en laiigue fran?;
a vrays escoliers el disciples »
maitrise qui leur assurait I'exercii
devinrent pour elle les lotisores
cbiritrgiein', furent appel^s par
aupres des maladcs, d I'exclusio
Saint-C6me.
Ccs derniers se hdterent alors (
conserver la suprcmaiic sur ics B;
re^ut dans son sein, et leur recon:
fcrer maitrise aux barbiers », ma
deux chirurgiens jures, charges d<
dats, un docteur regent.
1 . Contiat passi enlrt les dacttun rfgens dt I
tl It! matstrii barbien chirurgiens de la dile villi
lis sont les premiers i
on faire un maitre ni di
111 aucune assemble qii'
et president en routes a:
lb one droit avec les
teurs comme Oculistes,
de grands et pelits, des
lis ont droit sur les n
suivre certains statuts et
A. Part, qui itail
premier chirurgien
maitre barbier. Le i
tout r^ckt qu'un p
fr^rie et, bien qu'il r
bonnet de doctcur
la situation dcs parti:
tefois la FaculttS ne d
craignit pas de pour
lui-mSme qui, dans s
tement dcs fiivres.
poursuites.
Lorsquc Pari mou
Elle avait dejd emp(
nances royalcs de 15^
giens. EUe se rapproi
rautonomie presque
1. Dc fain: eomparaltri; ; d
2. Hargne sif^iRe hernie.
). La Bibtiothiquc ou Tri
'aris, 1671.
s d
ts. ]
t£, 1
itur
ctei]
;trui
I C(
re I
nati
ersii
s pi
lett
:erct
icul
KUl
lei
olie
d'ui
irbit
barbanis ou Barbiers Mmisi
dere et thermas el balnea
nattre aux anciens Barbit
Chirurgieiis Icur refusal
d'abord avaient protest^
Barbiers ^tuvistes, cherchi
m^decins et se rapprochii
Saint-GSme, leurs eiinen
contre I'ennemi commun,
Voyons quelle ^tait, ve
et respective du Chirurgi
bier-Chirurgien.
L'appentis oi!i se doiin
tuites mensuelles itant d
gicns de Saint-Cfime ava
toises et dcmie de terraii
I'eglise Saint-Cdme. lis y
ment, sur I'entr^e duque
vante, en lettres d'or, sur
COL
M.M. DO. CHIRVRGIORVM
LVDOVICO ANNO 1226. INSTI
LVDOVICIS, CAROLIS, JOANNE,
CHRISTIANISSIMIS CONSERVATVN
NISSIMI JVSTI PHQVE LODOICI
INSTAVRATVM, ANNO SALVTTS 1
ir (
i n
Q
. ai
LC!
la
le
:tta
rob
art
ob
Dcsormais, il 6ta
mCme costume que I
manifires, r^digeait
barbier auquel il la
jugcait indigne de h
Lc Barbier cbinir^
cdte du chirurgien j
librement son art, il
les coursdelaFacult
une redevance. 11 n'
trois bassins a. Mais
pas, dit M. Franklin,
sait pas de son m^t
le m^decin el le ch
les operations diffic
longue pratique, de
s'ilevait au-dessus <
Alors le College di
science 6taient rares
bier devenait chirurj
Ccs receptions de
courante, ce qui pen
corporations ennen
qui eut lieu en i
patentes TanniSe sui
Ce furent lesChir
li^rcnl devant les
mOmcs sous la jurid
chef des barbiers.
leurs examens, une longue
lis parlent des degr^s de b
relies c^r^monies et vaiiit6<
bquais bott^s Nous ne
lit 4 Saint-Cdme des chirar
avec eux ; mais sculement ni
de cliimrgiens barbiers co
laquelle relive de notre Faci
de fid^lit^ dans nos £coles <
taine somme de redevance,
sur leurs actes. Mais nous i
ni licences, ni tets autres ab
assez sots sans se fournir de
Le 20 juillet 1659, a
tentatives de rapprochen
Chirurgiens-barbiers inl
ment une rcqucte pour
rurgie ct conf^rer des dip
itait pendantc lorsque I
du Prcvot de Paris une t
droits, et quelques-uns 1
benediction du chancelit
L'Universit^ dc Paris
choses; Ic 6 aoQt 1659,
la soutenance d'une th^s
ligc des Chirurgiens et
dcvait suivre cette souter
assigna la nouvelle corf
lui demandant ;
I. Sans compter.
— 251 —
■biers-chirurgiens et Chirurgiens-jurts
neur el respect A la Faculty et aux doc-
r ob^issent comme des ^coliers i leurs
flit interdit d'exercer les termes de leur
; professer, de donner des grades, de
^ses, de porter la robe et le bonnet;
ler College ni £cole, mais simplement :
maitres Barbiers-cbtrurgiens et Chirurgiens
alifier le lieu de leur assembl^e autre-
bamhre de juridklion, le tout d peine de
ur^rent un an; GuyPatin les v^cut, et
uises d'ironie et de style, nous rensci-
d'dmc des acteurs du grand proems :
nomm6 Chenuor, a tout i feit achevt '
le recapitulation de tous nos droits et no.s
; miserable engeance. L'avocat de I'Dniver-
Mareschaux, iniervenant pour nous, a aussi
le Pucelle plaida pour la corporation
lirurgiens ; mais il fut faible dans sa
rophitisa mfime, dii Guy Patin, I'echec
;ur de I'Universit^. d^fendit cnsuile, en
;ux et grandiloquent, les droits impres-
:hirurgicns. Leltredu gjanvitr 1659.
dc maitrc Masson, huii
scription de « CoUegiurr
k lendemain. Le 14
accompagne de I'huiss
d'ouvriers, fit de nouvi
tir du 18 aofll, les fails
des Chirurgiens » furt
taires sous la rubriquc
sicnses aitt barbilonsores.
Toutefois, iesvaincu:
Roi, avaient cu une id^
Chirurgicns assimiles a
corporation un chef d
1668, il reconnut Fra
chirurgien,chef dc la 0
gicns ct des Barbiers :
mais UN maitre capable
contre Ics attaqucs dc I.
lintre la Facutte ct la
cxistait une autre caus^
cins, ChirurgiensetBar
cadavres pour cnseignc
Cettc distribution des
maints arrets du Parler
vait dissequcr que les
cadavres no pouvaicnt
du doyen de la Faculty
livres pour chaquc cada
-256 -
lement aux medecins, il la refu>
Chirurgiens et aux^rbiers. D'<
d moustaches » qui cherchaJei
possibles, i st: procurer des cai
d'acheter des corps aux Gouve
un arrfit du Parlement mit fin i
ensuitc acheter les cadavres
Vaugelas mourant demanda qi
aux chirurgiens pour d^sintere;
iMais ces achats ^talent on^r
gnie. Aussi prirent-ils un moyen
couteux. lis se rassembtaient t
de Gr^ve Ics jours d'exdcution
dats, laquais, ba tellers, crocheti
gens, ayant epces, armes d feu
enlevaient de vive force le ca<
bourreau et ses aides, les exem]
pr&ilable, donni des sommes
mollement et les Chirurgiens
Saint-05me ou au domicile de
cadaient et I'anatomie commei
vent par I'arrivee d'un huisi
doyen, qui, accompagne d'archi
la Faculty, reclamer le cadavre t
Les huissiers ct scs acolytes
accueillis aimablement et, pari
gicns les retenaient prisonniers
tomie, ce qui amenait des proci
munaute avait toujours le dess(
un docteur regent, I
Chirurgie avail rep;
La Faculty obtini
un avantage assez i
barbants et des Ch
rurgi, durent avoir -
mdes de chassis d g
leurs enseignes des
profession et pour
giens qui en ont dt
blancs devait ftre ii
le poil ct on tient b
Mais ce fut vers
dc plus en plus la (
menfa d souffrir de <
son premier chirurj
tule. II pr^conisa I'ii
cace, mais les mM&
de laisscr d un chir
entretinrent i plaisi
Mille gens propose
libles, et Ton 6prouv
meilleurs, mais pas ur
On dir i S3 Majesti
lentes pour ces maladii
ces eaux ; mais avant q
pes de les Sprouver sui
I. Lf Barbitr miiedn oi
rurgie a repris l.i queue du
— 2(iO ■
19 novembre 1686. Le Roi m(
et d'apres Dangeau, « ne la
plainte, ni un mot, mfime I
ciseaux enlev^renl les callosity
plus a il tint conseil d^s le jo
Ic lendemain aux ministres eti
La grande operation pour laqi
Ic c^lt'bre bisiouri rayal coll
d'un million de notre mon
en roy tous ceux qui lui
cette maladie. It donna d M.
6cus; d M. d'Aquin, cent mi
quatrc-vingt miile livres; d
mille livres; i chacun de se:
quatre.douze milic livres, et au
de M. F^lix, quatre cents pist
en outre des lettres de noblf
■J noble gentilhomme, tout air
noble et ancienne race ».
L'annte 1686 ful Vannk de U
tisans, nous racontc Dionis. vc
« mfimc operation qu'au roi ».
Pour le meine suintement h^mi
pas ;i presenter Icur derri^re au c\
incisions. J'en ay vu, ajoute Dioni
loient qu'on leur fist rop^ratiou.
1. Journal de Daiig/aii.
2. MercureGaUmt.
3. Dionif, }. r., p. 411.
— 262 —
I'avons di\i vu, le premier Cbiriirgien
d^l^guait ses pouvoirs d un Lieuiet
haute main sur I'ad ministration d
Celle-ci comprenait, outre les Maitri
ou gardes i\us pour deux ans, un Rece
qui avaient pour fonction de veiile
statuts, d'empficher I'exercice illegal (
de poursuivre les d^linquants (ccc
liers ou r^guliers et autres).
Pour obtenir la maltrise il falla
mallre pendant quatre ans comme a^
comme gar(on et subir en outre
cbef-d'ceuvre. L'aspirant, assist^ de son
tait, a apris requete et court interrog;
Communaut^ r^unie; 11 ripondaii
dc quatre maJtres en presence d
regents qui assistaient, aux lieu et
\ I'examen. L'epreuve termin^e, i'as
reception ou I'^limination du candid;
Le candidal re?u pouvait, deux a:
semaim, c'est-d-dire subir une sirie aepreuves uui*»
quatre semaines, epreuves relatives d ranatomiechin^''"
gicale, aux operations, 4 lasaignieet ila matiere m^"'"
cale.
II passait cnfin Xexamen g^n&al ou cxamen de rigu£^*^'
Le lieutenant, les gardes el six examinateurs li*"*^
au sort interrogeaient le candidal sur toutes les part*^
de la chirurgie, et I'assembl^e gen^rale le decla;^//
« sufficicns ou incapax. » Le candidal re?u 6tait pfj^^
— 264
pansys en premier appareil
blessure ou maladie lui parais!
« en donner avis aux curez
preslres par eux pr^posez »
II restait toujours soumis ai
munaut^ qui ^laient tenues
par an sa boutique.
Le garfon chirurgten ou J
maitre ; il ne pouvait le quiti
menlss^veres, ct .M. Franklin ;
giens, la formulc d'un contrat
dit « que ledit apprentif ne p
son maitre, pour aller travaillt
s'engageaient en ce cas 0 d
chcrcher par toute la ville et
s'il est retrouv^ £tre ramen^
achever le temps qu'il aun
absence, celui qui resterait 4 c
La vie que menaient ces ap[
Hunauld, professeur d'anatom
abhorrait les Chirurgiens, prit
A peine le coq a-t-il ch;int6 <
balayer la boutique et Touvrir, afi
retribution que quelque mana-u"
donne pour se faire laire la barbe
jusqu'^ deux heures de Tapris-mi
1 . Des presctitts leitres d'apprentissagc
2. Fr. Joseph Hunauld, Ls chiruigirn
iirgiens qui «xeri:ent la niMecine (1736]
sortir, parce qu'il ne faut
gens qui pourroient I'inqu
sence : autrefois ils usoiei
M. Felix, le pire, alloit ss
faire sortir ud des chirurgi
ses amis, maisaujourd'hui
fois que j'ai saign^ Madar
Princes, la chambre 6toit p
gneur et les Princesses se r
que cela m'embarrassat.
Le premier Chirurgie:
Turgien ordinaire et des (
On comptaii cnviror
giens qui exer^aient i
la mori du Roi, VAlma\
micre fois la « listc dc .
Les plus conn us etaicnt
Georges Mareschal, ci
Roy, chef et garde des cha
barberie du Royaume. Au
Louis Georges Maresch.
du Roy, rei;u en survivanct
Antoine Turssan, lieute
Benoit.
DioNis. En Cour.
Dalibour, rue de la Ha
Le Drau, rue Jacob, dei
J, Mery, au parvis Notn
Martinenco, rue du Mt
LitUTAUD, rue des Vieui
LEAULTfe, rue Saint-Anto
nci^res de fil d'archal et aui
de gode frais, pommes de te
J'enseigne la joggraphy e
mercredi et vendredi. Dieu ;
Lcs eluves avaient ^t
Italiens venus i la suite
de toute condition s'y i
leurs fatigues ou pour c
cites, car lcs ituvistes a\
dcllcric ct dc maquerellei
le client se faisait soi
s^tgns; mais le Barbier i
cation des cornets ou ven
Ceux qui servent dans c
ment habituez i mettre dei
promptitude suTprenance. II
flammette qu'ils tiennent d
qu'ils donnent dessus de
figures qu'ils veulent i ces m
de I'autre ; les unes reprfoen
cceur, et d'autres les chiff
voloiiti dc alui qui se les 1
Le metier de chirurgii
fort bon rapport sans la
iicr et seculier qui, tout i
s'arrogeait le droit de bai
Ce furent surtout les fre
dirigeaient I'hdpital de \i
saicnt grand dommage at
1672 au Jardin Royal; cell
I'dile du monde medical
viennent avec un empress
epoque'. Pendant huit a
anatomiques el les op6rat
des horizons nombreux el
chirurgie du xvrii' si^cle,
sur des connaissances ai
diagnostic ralsonn^ et
d'anatomie pathologique.
couvertes' et ne d^daigne
dans ses cours des empirii
tans, lorsque ceux-ci font
de guirir.
Vers la m^me epoque
matiques tr^s inidressant
giques (1677) de Lamber
(1677) de Boirel; le Tra
Tolct; la Maniere de guirir
dc Laurent Verduc; le Ma
dc Laurent; les Opdrations
surtout Ic Cbiritrgieti (THosp
i . Cest Dionis lui-mfime qui m
teurs. B Le concours itoit si grand
dfmonstracions n'en pnuvoit pas te
de fiire des billets cacheiez que no
qui sen'oient les malires qui seuts j
la confusion par I'exdusion. de c(
tiarbiers ct de ceux que Ia seule cui
2. Public en 1690 VAnatomie
citciilalioii.
trait^s marquaient
de la chirurgie. S;
)ns de la a.chirui
nent la science opi
r. sachaiit profiler
"ameux Cours (Top,
inltout lexvni' sic
eprocher son peu
tieux, ^cril avec be
I'homo rotondus, s
r; il n'a point le g^
m X aucun grand \
^decine op^ratoire
;t clarti chaque m
:ine la pathogd^nie
natologie et le dia^
ir le traitement.
ation que nous esq
; i Paris vers la fin
lue Dionis, commi
autant de dignity
:te son art. Pour lu
Jevoiis citer un certain no
Observations et souvent d
: Reeiuil d'cbst^vali'iis chh
'A son nom atiachd it une
en honncur A la fin du
i vessie en for^ant les rii
ii^morrliagies.
chirurgie est la premiere des science:
enthousiasme. c En abattant la cat:
vue aux malades sur I'heure mfime.
trine par le moycn de rempyime,
muets. Hn faisant les reductions d(
jambc ct du pied, die fait marcher Ic
lui, la chirurgie est la seule scicm
rhomme, par le seul fait que « de:
naissance, il implore son secours po
gature d rombilic, ou pour lui coupt
filet que souvent il apporte en nai
p^riroit aussi-tost qu'il a vu le jour,
an, il recommande aux ^tudiants d
entiers. II est fier de pouvoir dire qu
sur les bancs aussitdt qu'ils se sont i
chirurgiens; ils ont fait les 25 actt
avec la derni^re rigueur. »
Pour lui, le bon chirurgien doit .
mieres, toutes les adresses, toutes le
demiijrcs surtout, il n'y a point dc b<
II doit avoir pour principal but de ses
gu^rir et de soulager autant qu'il est
personnes ; cc n'^tant point avide de gaii
ment cliez les pauvres comnie cliez les ri
rhumanit6, exhorter ses malades ^ la
leur douleur, ct s'il ne peut pas se dispe
du moins qu'il leur laisse la liberty de cri
I. Ceite description du bon chirurgien n'est'
rapproch^e de la page inoubliable de Trousseau
malades?
— 276 —
seille la ponction au p^rinee. II d^crit pour Toperation
de la taille le petit appareil reserve aux enfants, le gratri
appareily le baut appareil de Franco, et enfin la laille du
frire Jacques ' qu'il fait sienne apr^s lui avoir apporte
quelques I^g^res modifications. II nie les carnositfe de
Tur^tre, ces tubercules qui, avant lui, jouaient le r<5le
capital dans toute retention d'urine ; il entrevoit le tis-
su cicatriciel de la blennorrhagie, cause du r^trtcisse-
ment de Tur^tre, mais n'a aucune idde de la retention
due 4 rhypertrophie de la prostate. II d^crit ensuite
YOpiration dans Taccouchement difficile; pour lui, la
plus mauvaise presentation foetale est celle de la main.
II declare enfin V extirpation de la matrice mortelle.
La quatri^me demonstration comprend les bertiics,
Vbydrocele, le sarcockle, le bubiinocile, les operations suf Ic
rectum, II d6crit la reduction de la hernie par le ta:xis,
le brayer ancien et le bandage 4 ressort de Bligny. H
rejette les operations palliatives comme Toperation
royale, les operations du point dore, du fil de plamb,
du fil de chanvre cire, la castration apres ligature du
cordon spermatiqueMl s'etend longuement sur la^^/«/<^
anale dont il decrit les differentes varietes. II re j ette
Tusage des caustiques et la ligature de la fistule, et
decrit minutieusement et magistralement la cure de la
fistule par incision.
La cinquieme demonstration a trait 4 Yeinpytme, dont
il fait une description magistrale, au cancer du seiny 4 la
1 . Voir le chapitre Charlatans et Empiriques,
2. Id.
- 278-
dc lier cette artiire au-dessus el ai
ture du sac, on employait des boi
ch^ tremp^ dans une eau styptiqi
exemple. Si I'h^morragie persisla
rir d la ligature, mats i la ligature
La neuvitme demonstration a t
aux affections chtrurgkales du t>
I'ampulation, Dionis est prolixc, c
rurgien consultant des armies du
roccasion de pratiquer ou de con:
amputations, et 11 tient i faire p
sa longue pratique. Le lieu d'elei
pour la cuisse aussi pr^s que pos!
le bras, aussi pris que possible di
bras, le plus bas possible. Poui
^taient partagis : les uns voulaie
tation au niveau de la jarreti*
embarras d'un trop grand moign^
de facility dans I'emploi des moyi
nis adoptant la pratique du cil^b
dais Sollingen, conscille de cou
bas possible, pourvu qu'on puisse
ments du genou. Dionis rejette i
dilation du genou. 11 ne sc pronon
qui consiste A rctracter en hau
scier Ics os. II dilaisse presqu
anciennes pratiques pour arr^te
cautires ct les boutons de vitriol
mant cscharre). 11 revicnt au ]
— 28o —
Au XVII* siecle, cet aphorisme d
la Faculty de Paris; elle se g
mme d'une conqufite, et d ceu!i
hre ennemie du progr^s, elle
lus pas d^couvcrt la fr^quentc
i^re, dit Riolan, que les mideci:
squ'd quel point il faut en u;
lis debarqu^ dans la capitale,
icteur qui lui ordonnait un<
pliquait que « I'air respir^ i. I
aississait le sang; puis on y fa
Mos Parisiens, ajoute Mauduil
u d'exercice, boivent et m;
:viennent fort pl^lhoriques; en
esque jamais soulag^s de qt
enne, si la saign^e ne marche d'
ipieusement »,
C^tait ropinion de Guy Patin
■ la saignde. 11 fait saigner, i
ifant de trois jours, « qui v^q
igc d'hommc complet », ajoute-i
le la saignee chez le nourrisso'r
ste, Patin ordonne des saignee:
eillards comme les enfants; il
is dans une maladJe, un de se<
fait saigner lui-mfime sept foi
— 28a
Roy,mourir en refusant une
:'itait le remade des p<idants i
Patin, et qu'il aimait mieux i
ainsi a-t-il fait. Lc diable le s:
comme le m^rite un fourbt
qu'il ne faisait pas bon de
poing au chirurgien ».
Le has pcuplc n'aimaitpas
gn^e, ou tout au moins reta
premiere saignee : une super
voulaitque la premiere saign^
quablement le malade. Aussi
souvent appeM « in extremis
du pcuple de Paris ctait de (
lc premier jour de mai prii
durant le cours de I'annee :
affluence chez les barbiersdt
Certains jours etaient plu:
mandes du reste pour la saig
veritables tables saisonniiircs
un exemple dans VEmpiric d
Ainsi du vingt mars au ving
mauvaises les i, 2, 8, 10, 16,
jour; elles etaient bonnes le:
18, 20, 22, 25, 27 et 28""^ jot
Les medecins serieux se n
de CCS jours propices ou no
aussi, certaincs superstitions
de saigniie au moment de la
— 284
3uverture des veines des ctngU
ler les fluxions et les mailles
lu^es, ^laircit la vue et g
suverture de la veine du bout
:s des yeux, douleurs de tSt
n^sie et nux fi^vres aigufo.
ouvenure de la veine de le
as et apost^mes du aez, de
ouvenure des deux veines de
eurs de dents, fluxions de la
:fcmes de la bouche et du go
ue le sang coule trop le mal:
inaigre.
ui prendre garde de n'ouvri
t que I'apr^s-diiier,
ouverture des deux veines du
ere, cancer, impetigo, serpi|
: ct k la difficult^: de respirei
ouverture des veines sephal
aux fluxions des yeux, dou!
ouverture de la veine mediant
-, du poulmon, et de macric
ouverture de la veine Basilit
dies du foie et la gauche a ce
ouverture des veines dedessou
tumes et douleurs des reins,
ssie et des gouttes.
ouverture des veines scialiqi
ique.
ouverture de la veine Saphti
■s, maux de tnatrice et aux
point cette veine, on peut s;
eux gros doigts du pied.
ouverture de la veine Meliole
— 286 -
ver 14, nous
:e et gluante
ersion ou la
is^clectiques
Privation et
au d^but dt
ode d'etat et
lign^e pouva
alors c't^tait
lumeurs rete
squel elles a
ibtenait ce r
ires : ainsi la
en attirant
ins la portio
Tieurs coulait
vers certain;
gn^e un effct
res; ainsi da'
igies ou m^ti
du bras poui
lerieure du a
ire que I'adoj
per toutes ce
Loin dc Id, e
iment, on sc
u jour; r^VL
t toujours It
-287 -
:ule definition du but de la saign^e.
ndit d^sormais, au lieu d'attirer les
■ner !e sang de se porter vers unc partie
it embarrasses (fluxions, amas, d6p6ts
m lui donnant une autre issue.
labilement, il fallait avoir, outre de
des qualit^s nombreuses dont Dionis
miration. Parlant de V « habile Phle^-
t ;
it bien fait pour ne point d^plaire au
I'esprit pour persuader ce qu'il dit, qu'il
per^ante pour distinguer les moindres
1 n'ait point de foiblesse dans les yeux, ou
oblig^ de regarder de trop pres ; qu'il
a main trop grosse parce qu'elle seroit
s doigts longs et gr^les et que la peau soit
rce que le tact en est plus ddlicat; il ne
sujet d boire de crainte qu'^tant appel^ la
il fut obligS de faire une de ces saignees
>it point pareillement arracher les dents,
, hacher du bois, jouer h la paume, au
parce que tous ces exercices peuvent lui
enfin il doit avoir son attention s^rieuse
)n de sa main, s'il veut bien saigner de
)tomiste dcvait commencer par faire
rosse bougie de cave », puis il pripa-
qui doit etrc dc toile ni trop ncuve,
a largeur d'un poulce et longuc dune
— 28b
aulne el demie. » II faisait
« d'un poulce en carr^ » poi
cas de besoin: il s'assurait de
tenant chacune trois once;
oreille pour Ics tenir en ca
port^e de sa main un verre re
reine de Hongrie a en cas qu
tomber en faiblesse » le chin
malade sur le bord du lit a
qu'on doit saigner ». I! faisi
ratoire par son garden ou pE
craigne pas de voir saigner »
Toutes les priicautlons pr
sail Ic bras « le couvrant jus(
sus du coude ». II metlait e
^viter que le sang ne vicnn
malade.
C'est unc circonstance, ajou
oublier aux Denies de In premi^n
grossesse ou de precaution car el
recevoir leurs visites, et mfime
hazard quelques gouttes de sang
parure, elles ne le pardonneraier
Cctui-ci apposait ensultc,
paumc de la main du malad
de I'operateur) une ligature d
la veine « et en arretanl le si
serrer I'artire s.Il prenait en<
lancettc qu'il jugcait convcn
PAULl BARBf-TTE OPFJ
AD ClRCULAREM SANGUINIS MOTLM, AL
KXPLICATI*
Fistula ar^cntca J;i,;iiln Blockii cuspiklo prxdii^i roiuiki.i.
Foramen per quod jqua l-x veinn; in fistulaiii (luit.
Stylus exacte Rsiula: cavilatem replens, ejus munJiticitioni insenic
Fiitula dialybaa Auilioris cuspido accuniinaia plikboiciiii fai:ie.
■ Foramen, ut supra.
CnmURGICO ANATOMICA
lU'K ReCESTIOKUM ISVESTA, ACCOMODA'
h'lGLHARUM
G Lt'ilus In quo Jtirumliit s/^it.
H Hydropiais,
I Fistulj ill cavitjtcni veiitris intromiisj pti
citius forjmcn cl.iudi Clilri,itf;us !a;ptui
K Vasculum jquam efflucnicm c^Liiiiiiis.
L Manus Cliirurf;i aut Miiii>iri.
lancetier a hdta
se porter vers 1'
Lorsqu'une ■
une deuxi^me,
chirurgien ne
la quantity de
saignies de pr6
sion sanguine i
et tela n'itait p
J'ay retnarqu^
de leurs feromes,
beaucoup de san]
maris n'^toient p<
copieuse : ils oni
sont pas dif&ciles
Le chirurgiei
compresses et i
lancette, entreti
qu'il avait de ce
Si le sang est
feit voir la n^ess
le trop qu'il en a'
gereuse et monel
eu de la peine k 1
vont jusqu'au cce
etcorrompu, il li
par le secours de I
s'il est beau et v
lui disant que (
demeure dans st
ligi
ten
d t<
ten
la^
I
«d
plu
suj<
piq
par
d'u
not
s'fit
I'ex
de
Dar
C
de
avec
d^bi
une
les;
Lun
coni
anrii
C6me, eljes furent \
diction du premier (
des chartes el privil
royaume. »
Pour devenir sa
moyens : ou bien, a
sage chez une matr
une sorte d'examen
docteur regent, des i
et de deux matrone
vait les cours de Sai
Chirurgiens, et apri
dant la libre pratiqi
Enfin, il exlstalt
mant des sages-fem
chies. Get office ^tai
sage-femme, aux gagt
nomm^e, apris con.
Dieu. Elle commar
reste, ne restaient j
mois. Ces apprentif
sage-femme en chef
mailrise; elles etaieii
oi!i elles pr^sidaient
priisence de la matr
Elles apprenaient
leur art, car il se fa
rH6teI-Dieu, ainsi i
curieux que nous
qu'elles
et dans '.
fitre aus
epoquc '
tus en r
II est -
dc la rel
adresses f
que Ton
maistress
treprit ai
(it casser
certifficat
professioi
enseigne
Ce cer
cins dc
tie, dcv(
obligee I
ment fa
Saint-C<!
Elle prei
rHdid-L
I. Lesa<
veiller it la 1
I'anicle X\
Perrichon,
sage- fern mi
de ses mce
ausquelles :
m^dccin, q
On leur donne un rolle
aprennent en Perroquet, et
dire par I'interrogatoire qu
a cst^ donni, car si on lei
quet ne s^aurail plus parle
Une fois revues, ces
Saint-Cdme exercaient
premier mot, et leur igi
sait ta mort d tant de ft
la gloire ilernelle tant
Elles n'ttaient point se
6laient prates i toul
finances :
C'est i ces sages-femn
aussi pour les avortemen
SimiUes, pour en changer i
vais usages, faire trafiicq di
des cnfnnCs.
Ainsi s'exprimece lib
d'unc matrone de rHi3
ley I'a placi parmi les c
Cette sage-femme soUi
reur du roi la r^glemer
commence sa lettre ain;
Si on consid^re qu'elle e
sujet de s'estonner de ce •
par une nicessi:^ de bier
sage-femme, les lois et les \
remfides, pour empescher 1
operations qu;
de sa professi(
bas ventre; jc
avec bien de 1
belles sur tout
cette belle qua
monde, elleo'
Je vous dem;
es ten due dans
devoir cela i
qui sont de c
fais, de Timit
n^cessaire et
asseurement il
leur professioi
Mais pour
d'autres qui
devoirs delei
des aphrodi;
raiguillelte'
feraicnt fairc
meilleur.
Lcs patien
plier de leur
du peuplc ct
dame, se rer
demande jarr
1. On compror
souvenant de I'alg
rubans dont vous
douzaine d'aiguitl
(Moliire, VAvari
religion i ur
itait tout na
prfit aux plu
aux vicaires
dans chaque
sceau de la ci
Six cents fen
leur confesse
s6v^re s*en s
furent surve
prises sur le
tement, et \\
cette 6poque
la question c
Guy Patin
tantin qui pi
avortement :
Vitry.
On fait gr
On avoit mi:
elle a it6 tradi
curd de Saint-
dame. On dit
a iti mis dans
n'y puisse riei
La sage-fen
mais alix ad)
ertutiduiH verui
— jo6
Les sages-femmes de I'Hdi
du lieutenant g^n^rai de poll
riglementant I'exercice de !e
prentie sage-femme dut alors :
Cdrae, oil on lui enseigr
trique et les operations iTact
ser des examens fort sirieuj
de la Faculty de medecine. ;
mais pratiquer que I'accouc
avoir recours 4 un chirurgien
ments laborieux.
Les chirurgiens du reste a\
les auxiliaires des sages-femmt
Oq les appelloit, dit Astruc, di
sages-fetnmes sentoieni leur tnsufl
en travers dans la matrice, et qu'c
quand il ^toit hydropique ou it
mort; quand on avoh retir^ le co
dans la matrice ; quand il y avoit q
tion dans les panics de I'accoucl:
gien t^choit par son adresse de d
recours aux instruments utiles dai
bees de corbin, et autres instrurr
restoient assez rares, les sages-fem
de faireles accouchemens.
Mais les chirurgiens ne tar
les matrones k la suite d'un i
femmes dans le goilt de se ser
accouchements ». Aux premit
la Valliire, en 166} :
La chambre de la
des tapisseries les pi
connue sous le norn
du lit nuptial ; un
dans . la vaste" chem
s^chaient d I'entour.
encore un usage imi
trouvait une petite
sur cette table trdis
pains de fleur de fa
taienl allumis durar
6tait reservee aux fee:
r^pandre leurs dons s
Lorsque le momt
toutes les amies de
quartier venaient ler
lant et plaisantant;
dans la chambre de 1'
du mari, buvantd la :
plus rien. a Dans la
grand prince du mon
vir vin ou apices,
quelque princesse vie
A. la premiere dame i
tient de lui presenter
Cette prise de poss
ch6e par les comm^rt
— 31
des idotcs ou des reines de car
de Hollande ou de toile de cot
si bien appretd que pas un pli i
Dans ce caqueioire, les con
i dire du mal de tout le i
dents les midecins, les ape
pr^tres « La fille accou'
luy ayant est^ defFendu, i >
la multitude de son lait '.
raccouchie, les commfires c
jour leur amie, lui prodigi
mangeant aux frais du ma
f4ter I'arriv6e du rejeton
invites le mMecin de la
avait lait raccouchement.
Qyels ^taient les honora
la sage-femme? La matrom
gros honoraircs ; dans certai
cela se fail encore en Savi
n^ccssil^, des victuailles, u
tant. Nous n'avons pas retro
touches par Julien Cl^mei
de M"- dc la Vallierc. G
Louis XIV, pour le recomp
son habilet^, lui accorda di
, sonnelle ».
1 . i.ci laijiuis lit I'accoiichii, oditiom
— iI2
des h^morrhagies de la deliv
en cilantses clientes qui fure
h^morrhagies. ■ De pertts se
viens de parler, en mourut fe
de M. d'Aubray, qui a ^t^ Pri
en est morte M""' la duches
d'autres ».
Mais le premier traits d'ac
nom fut public en 1664 par
progr^s considerable dans I
traiti intituU Maladies des
combaitit vivement tous les
grdce 4 I'observation cliniqu
rechercher le mecanisme des ;
plus rationnelle. II d^crit av
de presentations, les operati(
suivant les regies d'une me
i donner d Taccouch^e et au
11 s'61eva surtoul centre 1
et des matrones, lorsque I'eti
retourner pour le faire venir la 1
montra combien il iiait di
impossible de pratiquer cettc
danger que couraient le fccti
reille intervention et conclut
fattt par les pit's qtiaiid U s'y pn
de pires choses en le relournant.
Pour facilitcr le d^gagemt
cet accouchement par les f
De Clermont en Au'
J'ay bien de la confusion
:emps k m'acqutter de la pare
Paris de vous faire quelque
:heinens. . . Je vous parleray
/ais accouchement , des ii
iccidens qui y peuvent surveu
aut comporter.
L'on appelle le hon accout
jremiere c'est a dire le haut <
'os sacrum et Tocciput du co
L'on connaitra le bon ace
ie la matrice doit 6tre ouven
,'on doit trouver la teste de 1'
;e rencontre il n'y a rien S
i-dire portant un pen de beu
;ies pour les amollir et rendr
Lors que I'enfant aura son
ses doits vers I'apophise de la
:ost^s dc la t&te de I'enfant el
['enfant jusques aux ^paules t
fois en tirant la teste tout sor
;n ce cas lors qu'elle I'aura
passera les deux index par d
es plis des aisselles y fourrar
:n quoy elle aura quelquef(
Une de mes amies m'a mesm
]ui estoit demeur^ en cet esta
iiioy dieu mercy cela ne n"
[u'ily ait trop de peine b. tin
le la mani^re que j'ay dit on
iu menton d'unc main et de
3U si on pent jusques aux e
'on peut faire dans un bon a
1. Point trojj, de peur d'ilranglei
blei
mai
Ion
1 «
repi
e n
me
tidn
sme
e b:
lien
It ti
lUC
— 5
un battement au bout de
ant, je I'ay mis en menu
im^e ou je sentois le me:
vement de I'artire du be
t des gens d'esprit ' soient
I'enfant, qui n'a point de
scollc et de diastolic qui I
est done tr&s difficile, Mi
mort et quelquefois la I
ipe ; pour moy je suis foi
n autre accident qui survi
appelle bons, c'est quf
niere la tourne un peu di
i de I'os pubis; dans ces
nalais^ment peut-on redre:
sent dire, et pour le visag
le le peut pas connoistre.
les douleurs facent ce que
[quelquefois aussi I'enfant
femme aura reconneu qu
toucher la femme, de c
gure I'enfant, et ne luy ga
tendres que tout le reste
leurre au vagin sans toui
icliera bien d'un linge ch:
; la douleur plus qu'elle n
; qui se pr^sentast, car I
et fort Jaborieux.
ars que la femme sera accc
point de voir le visage t
lel on ne voit presque ny 1
i de la ddicatessedu visai
Sans jamais avoir pu observer c
A lous ks enfams qui vicnneiii
— il8 —
la faire efforcer ny de lui donner auci
k raccouchement, car tout ce que I'o
contre ne sert qu'i violenter la femme
Lcs vrayes douUurs de raccouchem
vent aux reins, mais ordinairement au
de I'estomac parce que I'enfant qui fa
donne d^s pifa au fond de la raatrice et
avec sa teste surl'orifice, faisant comm<
et en faisant cet effort, faict formei
paroistre et faict aussy que I'orifice
sage-femme asseura voyant tous ces
malade pour accoucher.
J'ay dit. Monsieur qu'un des si{
estoil rouverliire de la matrke, mais il
accompagni des deux autrcs; car <\
disent que dfis qu'une femme est gro!
accouclie, la matrice est si extr^mfemi
pourroit pas mettre un bouton d'espin
ay m'a faict voir le contraire. II est vt
mois de la grossesse elle est asseurei
est tr^ n^cessaire, car si elle estoit tat
la copulation, les seinences s'escouler
tcroyent pas. Mais d^s que t'enfan
comme depuis le sept jusques au neu
Ton trouve i'orifice ouvert peu ou b<
le doit y peut entrer jusques A touchei
quand ce sont des femmes qui le port
p^rament plus humide, dont toutes
relasch^es.
Je suisbien ayse, Monsieur, de vo
les douleurs de la colique et I'ouverliiri
loajours des marques de V accouchement, <
tie trouve les eauxformks oh que I'on «',
des, car il y a des fcmmcs i qui les ca
:oucher, ces eaux s'es-
toujours seur que ces
es les eaux qui estoient
i en ont beaucoup ; la
lors que 1' enfant faict
Tiembrane se crtve et
}ue fois vingt quatre
noins; duranc tout ce
car pendant la vidange
ouleurs qui pr^parent
que les douleurs aug-
ni n'est point un signe
la sage-femme si elle
femme en s'esveillant
du tout de douleurs et
e faict pour I'ordinaire
nioy j'estime que ces
nouvemenr violent de
iduii et estant tomb^es
font qu'elle s'entrouve
estant sorties la femme
me, et possible qu'elle
descharge. Cela arrive
lemme y est appellee,
les jours sans luy faire
que le repos.
es signes d'u
' faut comporter. Lors
jnnoist en touchant la
iseur et rondeur de la
ion jugement quelque
lie.
temps el verra st les
partie de I'enfant, car
leurs labaissent et Tor
vera aussi la mesme c.
les douleurs les avancei
La sage femme toucl
taine de la situation tU
garde dc ne pas se troi
que si c'estoit la teste,
que la teste et Ton tro
bien estre de cette p;
I'enfant sortent lorsqi
cela arrive, il n'est pas
Lorsque c'est la mai
ces parlies \\ au touc
d'avec le pied et le coi
appellons cubitus qui
quel'emboiture du tib
de travers ei prSsente
trine, Ton ne lesent pi
qui est au travers du
sage-femme ayant atte
ne voyant aucuiie part
pour qu'elle juge de
matrice, pourveu qu'e
les eaux soient perches
jusques \ ce quellcs le
Voici ce que I'on pra
les eaues se sont formees t
et qu'elles ont par leu
leurs et dilat^ I'orifice
sage femme ne perdra
CCS parties h'l sont ou
dans la matrice comme
s'escoulent insensiblem
I'ill
age
lit
)idi
Itq
lyn
rie
lotr
I bi
:mb
ad
ojl
Jem
par
eb
ialu
cetle partie, ellc la remettri
et la repousscra doucenient
sortir la main de la matrice,
que Ton tire un enfant qua
Elle observcra done de i
I'aura trouv^e elle ne s'y a
pi^ ou dessus ou dessous
trouv^,quelques fois tons de
seul, elle en tirera un devai
deux ensemble et ne le dev;
le pied de cette mani&re;
doitS) ['index et le m^dius,
cheville du pied, car si el
jambe, elie se metteroit en
la ddlicatesse des parties. Lo
pied dans le vagin ou A I'er
chercher I'autrc pied sans
ruban au premier pied cor
toujours trouv^ le premie
qu'elle aura trouve le secc
pour les pouvoir prendre t
pouvoir baptiser son enfani ». S
d'ondoyer I'enfant « encore n
devarii donner des sigoes de vii
doute il devalt prononcer ces pare
noni du Pere, et du Fils, et du
mani^re, ajoute Dionis, si Vend
mori, on ne baptise pas un cadav:
L'Eglise en effet difendail i se;
ccb sous peine de censures spirit
i Madame, sceur de Louis XIV. I
foetus mac^rf qui fut port£ i la c
dc Versailles, mand^, refusa de b
de Madame de Thianges qui lui di
que vous faites ; on ixk refuse jam
]i\i. » Bien plus, I'Eglise refusam
non baptist, 11 tallut pour faire eni
Denis, que Daniel de Cosnac, ivi
baptf me {Mi!mdires de M"' dt Moii
— 3
sera un autre bout de servietl
I'enfant de I'autre coste par 1'
de toutes ses forces, et le seco
car les petites parties molles
sonnes qui font les operations.
La sage-femme ayant faict
elle voit que la teste ne sorte
gfee, elle doit promptemmt passt
visage de r enfant, cherchera la
dedans et tirera sans s'effrayer a
nusme temps avec un ou deux d
sera aulant quelle pourra Voccip
sur la pTemiire vtrtibre affin if
autant qu'il sera possible et jusq.
pressera la poitritie de I'enbn
prcndra bien garde de ne rien
I'estat que je viens dc dire, el
quelque un des assistans, alf
quelquefois se faict sans gran
petite et Tissue large.
Quelquefois avec tous ces :
engage, le col ne laisse pas de s
fant est pourri, et mesme encc
ne meure que dans I'opfiratior
grande pour la sage femme c
pourtant point qu'elle s'effrayt
d'afiaire et d soulager la maladi
dire, avec cetie difference pou
elle ne cherchera pas tant de j:
done qu'ayant les doits dans la
rieures laschent, elle les pone
yeux pour accrocher i la masci
n somme, la manoeuvre
bid
irle
dan
rdi
tnpi
lest
ide,
bn
fj
app
r «
It n
ipo
ous
xia
at Si
la vie de la mhre et d
on fera I'accoucbeme
vient bien, il n'y a ri
entiferemeni ouverte (
ei que t'on soit seur
fers ei Ton le tirera [
Quand iirif portion
est grand si la fem;
d'arrester la pene, pa
aux parois de la man
chant plus, le sang qi
vant une issue son ei
Pour ce qui est i
remade, car quand m
pas de mourir; on n'
ce vaisseau.
Lorsqu'il arrive u
grosse que de cinq, si:
femme pr^ipite I'ac
femme estoit ik term
quattre doits dans la
prfecipit^s ou j'ay rer
fant parce qu'elle n'e
Ton luy faict violen
d'asseurancc un enfaii
plusieurs fois dans ce
pouvoient pas faire t
crochet dont les deus
dis et bien polis pou
fant; et avec ce crocl
et le desgageay comn
II se trouve aussy
malade; c'est Vadfierer,
J'ai remarqu6 des 3
quelque ponion de I'arriire fai;
\\t€ que je viens de dire, il est i
chair est mollasse k cause de
venant i humecter les parties
attachtes les entrainent facillei
drois pas laisser une femtne t
rem^des de crainte d'accident
femme n'aye pas tant de soin d
de son accouch^e; elle dira
I'estat des choses et franchemei
elle le doit dire afEn qu'il emp
mens et injections propres 1 c
quelle mati^re les remMes s
sage femme parlant !i uti m^(
ner. Je voudrois bien, monsiei
vous dire que vous fussiez persi
laisse une portion de I'arridre
ignorance; il est quelquefois ir
souhaiterois que messieurs les
ne pas blasmer une sage femn
choses pourveu que d'ailleurs
cit6. M"" Le Vacher ', qui e
pour une tr^s habile femme,
avoit des rencontre ou Ton au]
avec r^piderme que tout
matrice.
L'arrifire faix sec et pierrei
atrabilaire et m^lancolique. ]
destacher que ceux que j'ay
adherent et gluitn^ et qu'il <
parois de la matrice. C'est
femme doit bien prendre garc
destachera autant qu'elle pour
t . Elle fut sage-femrae en chef d<
petites portions
IS les premieres
leur continuity
loins i rendroit
itacher avec les
, il est plus dan-
sse et la duret^
;hent les secon-
dans les veines,
ins la matrice, le
lent n'arrive pas
le cette portion
sse se corrompt
, ronge et ulcere
ent, ce qui est,
ns remede qui
rions, lavemens,
pourroit empes-
et desgager un
e la trouve dan-
[traction sur les
imme cela d qui
)e ne voudrois
idu m^decin.
'. aux arrUre faix
six, c'est que la
pulserce qu'elle
;s h sont sortis,
consequent s'est
e sorte que Ton
■rifere faix. C'est
E tourmente et
ix lavemens, et.
— 3J0
si la fi^vre prend i h mnlade, el
qui sans doute ordonnera des injt
pas propres ^ toutes sortes de fen
moment que les injections estoii
en convubion, mais celles i qui o
verain remfede. Aux autres, on u
femme aura )e soin de toucher sa
pour voir si I'arri^re faix parol;
trouve que gros comme une fevi
ayant retnarqu^ plusieurs fob que
cette partie d'arriere faix qui $'<
s'arrache facilement et le reste
I'orifice se referme. Au lieu que,
tion it renlr^ de I'orifice, elle I
cause de petites douleurs ; quel
sortent qui humectent ces parties
plus facilement. Mais si elle tro
faix gros comme une noix, elle
suivra. Ce que )e dis U n'est q
jusques ^ 4 mois, car pour I'avoir
mois, il faut qu'il en paroisse
seroit que barbouiUer et fatiguei
partie et laisser I'autre, qui est un
II peut aussy arriver un tris fill
I'arriere faix est adherent au fons
est d'un temperament humide et
matrice sont amoUis et relasch&,
vastes et larges. Tout cela estai
pas sitost apr^s la sortie de I'er
I'arriere-faix par lombilic comr
ob^ir le fons de la matrice et au
destache, il I'entraine et emm^ne
matrice s'eslant douhlee, se retourne
accident est estrange, car la mati
grossit ecendurcii de sorte qu'il ■
le dans un pareil fen-
r (]e mourir. II ^udra
au lieu de s'amuser i
ic et s'en serve comme
e, de crainte que ses
car cette operation ne
I cause de la duret^ et
ourtanc absolument le
em ; on peut appeler le
[ant. Ce n'est pas sans
ime, car il faut en ce
auires avoir Hen de la
er son jugement bien
re dans ce qui luy peut
une femme accouche
}n lit, ec aussy ^ celles
macrice pluidst qu'aux
s sec. La sage femme
;her la femme au lit
uchant debout, on la
[uer de cette mani^re,
et on fera reparation
;era fhite, elle laissera
que temps jusques k ce
ue toutes les parties
me aye assez de force
ration. Car si elle est
ur comme cela arrive
on la laissera reposer
lufTrir la main de la
;rmine point le temps
on ; c'est I'affiiire de la
appel6.
IS iej cas difficiies devaieni
— 332 —
Cet accident peut arriver quoique la sage femme ne tire
point I'arri^re faix et Tarridre faix pourroit ne point tenir au
fons de la matrice lors qu'elle sort, et cela estant, iltomberoit
et la sage femme le reprenant le doit remettre sur la matrice
pour lui servir d'oreiller comme j'ay dit. Si elle ne pouvoit se
servir de Tarridre faix, estant destach^, elle pourroit prendre
une grosse compresse mouill6e d'huille d'olive et avec la
partie chamue du bout des doits elle la repousseroit, il fau-
drait que Thuille fust un peu chaud.
L'on peut connoistre que cet accident doit arriver lorsque
Ton sent que ces parties la s'ouvrent et se remplissent plus
qu'elles ne doivent, que I'orifice s'abaisse extraordinairement,
qu'ily a une pesanteurau bout des doits beaucoup plus grande
qu'elle ne doit estre. La sage femme ayant bien pris toutes
ses mesures, ne tirera plus son arridre faix, mais le laissera
pour quelque temps affin que la matrice se resserre et se
retire, et ce faisant, elle sera moins en estat de se retourner.
(Et quoy que je vous vienne de dire que je repoussois le fons
de la matrice d'une main et tirois Tombilic de Tautre pour
faire sortir Tarridre-faix, je ne voudrois pas le conseiller a
toutes sortes de personnes qui n'auroyent pas une grande
prattique.)
II ne faut done pas, communiment parlant, tirer sur
I'arri^re faix, mais porter la main dans la matrice et le desta-
cher tout doucement avec la partie-charnue du bout des
doits, comme j'ay dit, et quand il sera sorti, la sage femme
en tirant sa main et I'ayant encor dans le vagin" repoussera
Torifice le plus haut qu'elle pourra et retirera sa main promp-
tement, fera joindre les cuisses de la malade, prendra une
serviette pli6e en quattre doubles et la rouUera par les couins,
mettra ces deux rouleaux dans les deux aines, mettra une
autre serviette en quattre par dessus et puis prendra une ser-
viette pour la bander qu'elle mettra bien basse sur les cuisses,
qu'elle bandera le plus fort qu'elle pourra jusques i I'os pubis
et laissera tout le haut fortlibre sans estre bandi. Car si l*on
, cela comprimeroit cette
:e, mais lorsque I' on ne
este par en bas et I'on luy
restablir et dese remetire
; rencontre, il faudra faire
cste fort basse, luy rouller
louxafiinqu'ellene puisse
les ligamens ronds de la
estendant les cutsses, lea
oient descendre !a matricc
irera en cet estat sept ou
pr^s ou CCS parties sont
onnera souvent de petits
>int pour alter i la selle et
e peut, de peur qu'en se
la matrice ne se relasche
ic plus qu'i son ordinaire,
:niaines ou un mois. L'on
s de Provins, escorces de
le cypres ; Ton luy en fera
fois et cela lorsqu'elle ne
ux faux germes de quelque
: faix d'un enfant bless^,
iez pour le tirer, ne pas
t : cela viendra dans son
de sang qui surviennent
: sage femnie, mais it n'y
patience et (aire donner
nens ^ la malade ; car la
i raoiti^ sorti comme j'ay
;n[ aussy dans les accou-
doit fore prendre garde et
apporter de irte grandes pr^cauti
sont perches et que Yomhitic de F.
ment et adroitcment le prendre e
et I'accrocher, de sone qu'il ne
cela ii y faudra porter la main.
Si I'en&nt vtent bien et qu'il
accrocher cat omblllc derri^re la
aisselle; mais si la teste est eng;
pourtant remettre cet ombilic, U
tenir toujours U, de crainte que
efforcer la femtne plus que Ton
n'estoit point arriv^, affin que pa
et ferme le passage. Et fort souv
la teste occupe tout ce passage et
sortir, il ne laisse pourtant pas de
pesani et extrSmement glissant.
Et si I'enfant vient mal, la sage
la matrice, foisant effort si elle
accrochera cet oinbilic i I'une de
promptement tirera un pied qu'ej
ration. Si elle ne pcut faire tout i
& dire accrocher I'ombilic et que,
elle sente que cet ombilic ayt tou
paroistre, elle prendra un r^cha
dans une escuelle avec deux coir
dans le vagin aussy chaude que
elle la conduira jusques i I'oritici
coup ouverte, car quelque fois I'
fice ne soit ouvert que de la gra
sols. II me semble, Monsieur, q
serait meilleure pour mouiller le
gera lors qu'elle jugera que la
dans tout ce temps la tiendra ce
une serviette fine et chaude, ne
femme. Car vous comprenez bi
transpirant par I'ombilic meurt di
qu'il y en a
dant comme
16vres, et Vt
tir donne d<
la teste en b
(car elle est
vant rompri
la destache
vert comme
convert jusq
vulgaire app
II y a des
cette memb
laissent s£ch
Je souhaiteri
peine mais <
au feu ou qi
Je crois^ q
nombre d'ai
enfant est mo
mauvaise bo
palle et abba
que quelque
femmes, mai
arrive rien d
more contre '
ne voyant p;
je trouvois,
qu'il n'y avi
apparences (
quoy que la
du monde.
I. Rappelor
et qu'elle ne sente point 1
se rendre certaine comti
rencontre la teste de Ten
pouvoir sorir comme eel
femme et attendra que le
s'encend si les eaues sont
que I'enEant vienne bienc
soient.
Q.uelques fois aussy il
pour les deux enfans, qui
les enfant estant separ^s I
chascun leurs eaux et leui
lorsque le premier enfan
conneu qu'il y en a enco
lie pour (aire sortir I'arr
d'uti fil pour empescher
blir I'autce en&nt et te h
S'il arrive qu'un enfac
la naissance, I'on fera boi
Ton trempera une servietl
ioppera I'enfant dedans
apprehender que cela le I
exprim^ : pour le bien fa
serviette sfeche.
L'on met aussy I'arri^r
tenant encor au ventre d(
passe par les vaisseaux or
Dans tout ce temps 1
bouche, aux aureilles, aui
de sa pamoison .
On accuse fort souvent
nou6 Vombilic lors qu'il i
cet endroit h; mais je m
scay bien que lorsque I'c
Je croy, mon
d&ir6 de moy.
reste difficult^
aurez la bont^ li
qu'il me sera pc
ser les defiauts i
vous plaire; les
escrire, et moy
voulez donner
I'ordre, le tour
ment que ma sii
science comme '.
le petit travail C(
de vos bontis ct
respect,
Monsii
L'art d'accoi
vers la fin du
cheurs et cer
doin, posstdaii
de honte les
cine. Mais si
vaines contro^
laissaient parfc
Pendant tout !
Louis XV on
du bapilme, cor,
d'Adam et d'Ui\
— 34:
dernier mot et ils rigl^rent
details de ce bapt^me :
On doit avoir, nous dit Astn
nette, dont le canon soit long d
et bien mousse et arrondi, et i
et tiede.
On doit ensuite inrroduire la
ce qu'on touche la partie de
nue.
Aprfes quoi on introduitle ca
cette main, jusqu'i ce que le bou
Alors on pousse le piston. Tea
I'enfant, et on prononce la form
L'ont-ih /iV el cottpi, comm
l\'e I'ojit-ils point lii et coupi ? t
que se faisaient accoucheu
rant sur la conduite d'Ad
naissance de Cain.
Les uns pr^tendaient qu'A(
voir vm masse inforrm tetiir ai
lotig cordon; pour eux Adar
cher et le placenta avail dil
du cordon. Les autres pr^te
en cela les animaux du para(
cordon de Cain avec se;
I'lirriere-Jaix. D'liucuns enfin
faix L'l le cordon, qui pend;
deplaisaient d Adam qui
quelles ctaient les difFercnle
d'Adam et pendant un siide
Faculty, visitait deux
fr^res.
Une ordonnance di
vendeurd'espices, et I'
cameiits; ce dernier p
el espicier, mais I'esp
caire qu'apr^s avoir si
d'oeuvre, tant d'ouvra
despensasions de pouc
receptes, cognoissanci
concernant le fail de;
tinctions, les deux mt
seule corporation oix,
le premier rang.
Jusqu'en 1537, les a
la preparation des me
du xin= si^cle, oeuvre
sous le nom d'Atitu
ajoutaient la Pbarmacc
pbarmacevliqves de Jeai
Paris redigea un Cod
caires durcnt posst5der
lin i6j8, une ordor
chands dpiciers ct aux
de la ville, fauxbourg
tuts nouveaux, rtglen
cie. Les apothicaires a
4 fairc partie de la corj
fort richc, puisqu'elle <
visile dcs balances etdi
dc la capitale, car ia co
jours Hi dtipositaire di
La corporation joua
la grandc colore des a
qui lui dcniaicnt son
des poids.
La corporation qui s
cioistrc de Sainte-Opp<
cation dc saint Nicola:
litO, en 1629, des armo
et d'or, siir fa^ur d la
il'or et siir I'or deux lUj
de France, accompagfim
gimde avee hi devise en h
Les officines des ap^
tout amcublcment qu
boltes ou silities contei
tiers dc fer et des vase
rcslc, la listc des medi
et le Sucre blanc en fal
scuiement unc friandi:
voyons dans la farce dt.
a cclui-ci :
User vous h
Pour faire e
On rcmployait cont
faut en croire Lister,
Foyage d Paris (1698),
pharmaceiitiques de Jean
apothicairerie au d^but
voit le comptoir orn^ d'
se trouve le maltre apol
prenli. Le mattre a deva
transcrirc les ordonnam
de ses clients, homme d
sur une ^chelle, cherchi
tandis que I'apprenti m;
d'un (^normc mortier.
Les apothicaires avai(
rendrc ind^pendants de
tr^s mauvais ceil la \
inspecteurs (Tapolhicaireri
livrer aucun m^dicamer
cette defense augmentai
centre la Faculty tracas
prenait un apothicaire
faisait condamner 4 I'ai
coup de froissements, ei
et tn^decins itait fort 1
Louis XIV.
Les docteurs regents
des a pauca scd probata
fait I'l^loge, cela no faisa
tin notable el charitaU
berl Guybert, escuyer,
cine de Paris.
Pour bien montre
bcrt y mit une listet
prix de chacun, indie
ou ils pouvaieni se 1
achepterez les med
guistes, estans choi
herbes, semences, fl
postcau des halles, d
tout d bon marche.
Enfin, pour portei
dc b^zoards », le Mi
parer k la maison It
cela d'apothicaires, (
m^e la source princi
Ceux-ci, furieux, i
proems k Guybert et
lettres, ne manque [
dc ses a chers cnncr
Les apothicaires en
ses scctaires, qui font
peu de frais.
Les apothicaires d
besogne que pour les i
hors de cette rencontn
qn'ils ne devraient poi
si sec que personne n'
peuple de Paris est tell
J-J'i*^^
^^
— 354 —
entre de bonne rheubarbe en sa boutique, il y avoit
plus de trente ans ' ».
Sous Louis XIV, les apothicaires ^taient devenus de
plus en plus voleurs et fraudeurs. Dans les Coquets dt
Taccouchh *, Tauteur anonyme ne manque pas de s'ele-
ver contrc cet etat de chose.
La femme d'un notaire qui itait li dit : Pour mon regard,
j'ai demeur6 il y a d6ji quelque temps chez un apothicaire;
mais je ne lui ai veu employer que des herbes que Ton rade
souvent dans mes jardins, et me souviens qu'un jour,comme
j'^tais k la boutique. Ton envoya commander une mddecine;
Tapothiquaire ne prit pas d'autres herbes ni ingredients que
ces mechantes herbes. Depuis j*ai lu les parties pour celui auquel
on porta la m^decine, lesquelles sont pleines de tant de dis-
cours 6tranges que pour moi je n'y connais que le haut alle-
mand, car il y avait or, occ, arab, et toutefois je connaissais
tout ce qui 6tait entr6 en cette midecine, et je jure la foi
qu'il n'y entra jamais quede mechantes herbes.
Vraiment Madame, dit la femme d'un secretaire, il ne s'en
faut pas s'estonner car s'ils ne fliisaient ainsi, n'enrichiraient
pas leurs enfants comme ils font.
Valiant lui-meme constate les fourberies des apothi-
caircs parisicns.
M. Fontaine nous a dit, le lo*-' avril 1679, chez M°^' de
Longueville, qu'il y avoit des appoticaires dans Paris qui met-
toient trois ou quatre pommes de coloquinthe dans un ton-
neau de miel et cela servoit pour toutes les sortes d'opiates
que les medecins pouvoient ordonner '.
1 . Lestoile, Journal de Henri IV,
2. Les caqiiets de VaccoucJj^ey 3* journte.
3. Porlejeuille Valiant ^ Bib. nat., fondsfran^is 17057, XIV, fo8o.
Sel de tamnris, I'once
Sei de chicoree, I'once
F^culesde brionie, I'once
Castor bien prdpar^, I'once
Sucre candy, Toncc
Teinture de mars, I'once
Sirop dc corail, I'once
Crocus martis aperitif, la di
Kliubarbe la dragnie tres be
Verjus k livre. On tie ven
vtndenl an plus j» s. la pii
Suede plantin, la livre
Sue de pourpier, la livre
Tabac, I'once crud.
Borax, I'once
Noisde gales en poudre, I'l
Vitriol romain, I'once vtrita
Gomme arabic, I'once 4 s. .
Terre d'argilicre sichc, Ton
Cloux de giroffle, I'once
Escorce de noyer, I'once 9
Escorce de grenade I'once
Alum, I'once
Mine de plonib la iivre. El
Ajoutons que malgrt
benefice dc I'apothlcai
ruble '.
Bourdelin etait un :ip'
volcur, ct nous avons
annote d'une fa^on pcu .
] ■ Nous avons conip.iro Ics pn
MiJecin clmrilabk, il y a une diff
— J
rallre dans M. de Poureeaug
singuli^rementen faveurai
en un an 312 clyst^res ;
fanatique de lavement et ^
sans emmener avec lui le «
II fallut pour miner Tempi
leuse de Moli^re, qui se i
apothicaires et de leur in
de mal d rapothicairerie
lui-m5me. On reprit I'inv
(1668) qui avail eu I'id^e <
mit6 d'une tige flexible re
d'un tiers; d^s lors, les gar
se d^ranger que rarement,
patron.
Cependant, les lavcmeni
vogue et Ton a pu dire ai
Grand Roi fut aussi le « s
Simon nous montre I'adro
clyst^re d la duchesse de
Roi et de M"'^ de Maintent
rien n sans que la chai
moment de se montrer
rieuse. »
Des le dtbut du xvii'^ sit
{^Iev6 centre 1' « cxpressioi
gairc B de lavement; on av
tcrmc par Ic mot clysUre, m
trouv^ sa place que dans le
- ?6:
ridig^s en prenant cette li^
se divisait en huit dracbmes
se subdivisait en trois scruj
oholes ct I'obole en douze
maux itaient les suivants ;
livre = 360 gr.
once ^^ 30 gr,
drachine ou gros = 3,7
De plus, on employait au
qui itait d'or fin, d dix-huit
marc d'or et de la valeur
fitait d'environ quatre gramr
Pour mesurer le volume
I'apothicaire se sen'ait du
12 setiers; chaque setiersesi
chaque boisseau en 16 litroi
Les mesures de capacity p
sctier de Paris ' valanl 8 p:
la chopine 2 demi-setiers,
le poisson 2 demi-poissons, li
Nous ne parlerons pas ic
des miniraux et dcs v^g^tai
sujet nous I'interdit. Disons
nait des produits multiples <
pos6 donni, la potasse, la
— J
Enfin si on faisait chauffer
obtenait par distillation ui
de tartre (melange d'acide a
tones).
On tirait, nous dit Chan
sieurs rem^des de rhomme
Le crdne bumain, en pouc
6tait souverain centre I'^pi!
un antispasmodique, et en
les vieux ulcires ». L'uriiie
les vapeurs... » Enfin I'd
ordonni dans les h^morrh:
Noinbrcuse est la liste
maux. La viphe surtout avj
tiellcs; sa chair ttait nutri
dtpurativc, antiv6ntneuse
souveraine contre les fii
variole, rougeole, contre 1;
matismc, la paralysie. On
si pris6 parM"" de S^vign^,
une cau distill^e, un esp
graisse entrait dans la cc
d'une pommade; son foi
y:ioard animal, d^tersif, et d
tctes gutrissaient I'esquina
solutivcs.
La corne de cerf jouissait i
- ,6(
d'icrevisses, concretions calcai
maux, etaient diur^tiques et .
macaux.
L'huile ct la fiente de c
lepsie et la paralysie.
Les cloporks et les vers a
tiques, probablement grSce a
contenaient. Charras les reco
meurs fuligineuses, dcres, m;
les cancers, le scorbut, la gc
douleurs ».
On dctnandait k la canih
I'excitation dc la scmence, le
abattues; on en faisait une
dit Charras, la plante des pie
rinee »! I!
Les fourmis etaient d'exce
faut en croire Vallot, qui
genital du Grand Roi avec
fourmis. La meme essence ei
culaires.
Le paon blanc itait excellt
vertiges; le bouillon et la fi
donnaient souvent dans la
aussi une eau distillec, une
graisse etait un souverain re
et on bnllait ses plumes soui
etat de crise, « pour abattre
de la matrice ».
prove
Livcrai
Lcs pit
etcs
:rivait
Les top
h^mor
Les £d
p acres
It bonr
lit £tar
sotit q:
Dn att
nt, CO
ister 31
irs de \
pris ini
Les am
It en ti
L'onyx
ite.
Le lapi;
Le jaspi
ndes \
rre du
ps; m
autant
^s piei
Lti^pa
rdiales
ns Ic i
En somme,
ment opiac
anesth^siqu
Le Mitbri
la plupart di
celie-ci s'y i
beaucoup ir
VOrviitat
un alexit^re
ment sur se
L*Orvi^tan
poisons; com
sortes de mal
les maiatiies f
coliques ventf
drachme et n
On le prend
fason de bol,
cordiale.
Sa compo
nait; mais k
un charlatar
vons plus lo
Une foule
vogue extra
leuses ; noi
livre de M.
autres :
s,
la
difi
I'hi
par
np<
Venn de Kabel', em
;st un melange d'ac:
tait souveraine pour
L'eau exellenlissiim, p
\Jeau de la reine de
■tait folle ; « Je m'en
lans mes poches. C
|uand on y est accoul
er B.
Ueau de Jean Vigo, c
, consumer insensib
Les empldlres de Di
ouverains pour la gui
L'empWre de I'lgo,
ntraicnt des vcrsdc t<
Les goulles n^-ales it
ir^s tous les ma*ux.
L'or potable du fr^re
,e la rue Saint-Jacque
'acide nitriquc, dc
Inge d^crivait ainsi h
II gucrit toutcs les obs
; niacin d jeun et le soir
Gu^rit par son usage i
1. C«tte cau uvait, scion st
Dies; elk arriuit toutes s
dutorisaiion d'essayer son e
;vaic couper la cuisse. Malg
lorrhagie au cours de I'opi
youreusts peincs, de so servi
lela
nou
tia
Corr,
lant
ryeti
iscY
hresi
le
npo;
sel
Lix |:
u ou
idre
eauc
fut
testn
atrici
d^truitcs, leurs vill
et la Champagne '
paient surtout dan:
m^moirc du temps
Les pauvres r^fugi^
que d'herbes crues, a
ouvriers, qui donDai<
des jours enciers avec
cenu de pain ; il y a
les faux-bourgs et dar
et les morts en plein
Outre ces paysai
Paris les vieillards,
les laquais sans e
pe-bourses. Ces
c(il^bre d'Omer Ta
pritte que leurs dn
vendues », ^talent t
sans air ni lumiere
les maladies de lot
La police 6tait ii
causes par les mem
der I'aumdne, volai
J42 hommes furen
Paris, aupres desqi
Boileau. devient un
sortir le soir que p
goles, pour eloign
Bureau 6tait compos
chaquc commissairc
quartier de la vMIe,
qiiarlier, qui lui itait ■
sur la requcste », ci
attaches au Bureau
sairc, c'^tait le comi
Ovacucr Ic malade su:
evacuation sc faisait (
A I'Hostel Dieu de Pa
pauvres malades, de qut
quelque maladie qu'ils ;
de grosse verolle, poui
advenir; ;mquel Hostel
nom, estat, et pays sont
toriez; et au sortir, qu;
s'il y decede, U est ensc
dudict Hostel Dieu.
Les malades de l^pn
maladeries de Sainct Laz
Roulle, et autres.
Les malades de gangri
de Monsieur Sainct An
i I'Hospital et Comman
ceuxqui ne sont point (
ou les bras quarts ou pei
envoye avec argent es a
Ccux qui avaiciit j
ttaient soignt^s au de'
et sccouruspar « VJtit
tiques qui s'ctaient e>
de surveillance de I'assistance
du Grand Conseil, et deux co
cureur du Roy, les eschevins
ncurs du Bureau des pauvre
son grand vicaire, les abWs
Victor, S'" Magloire, S' Germ;
neurs de I'Hostel-Dieu ou I'l
Chartreux, Ci^leslins, S' Marl
verneurs des hosphaux de I
Gervais, Lorsine, S' Julian, les
S' Jacques du Haut Pas, S'Jeai
Le Bureau sc tenait en « I'l
la pr^sidence d'un ministre d
verture des deliberations, del
voirs au president du Grand C
Les bospilaiix dont il es
repondaient pas d la significa
aujourd'hui au terme d'h6pit;
lieux d'asile pour les malades
tement d ce que nous ent
hospice : les vieillards, les in
enfants abandonnis, les voy;
^taient re^us.
C'est ainsi, nous dit le D^ G
la grande rue Sainct Der
Paintres, I'boptlal (le Saiiict-Jacq
Charlemagne, ou Ton donnait
pelerins vcnant de Composts
, k leur depart, une au-
enis se trouvaient encore
lont religieuses de I'ordre
nt toutes pauvres femmes
; les hibergent par trois
igdeleine, fond6 par Hym-
eillir et loger une nuit
}assantes, et, en partant le
pain et un denier parisis
dit Claude Malingre en
ment i souper ».
porte Baudoyer, donne de
e » aux hommes et gar-
}}re, rue Saint-Denis; Vhd-
s, sis au faubourg Sainte-
m-aux-Minitriers resolvent
iital Saint-Marcel ou de la
t6 aux soldats estropi^s.
par son expresse destina-
■ trois cents aveugles.
aientnourries ethabill^es,
pauvres femmes veuves,
t guere une quarantaine.
Vbdpiial de la Misirkorde,
e Antoine Siguier ', entre
d'Antoine Siguier qui entre autres
lion de rH6pital de la Misiricorde,
soolivresii U Charity, 12.COO livres
les fauxbourgs Saint-Mai
pauvres orphelines de p^
en loyal manage, destii
nourries et instruites e
leur sexe, de I'dge de si:
cinq, ou elles puissent c
ginit^ B '.
Au faubourg Saint- Vic
Enfermh qui ne diff^raie
son ; on y recevait ou p
diants qui encombraienl
lA toutcs sortes de trava
veritable d^p6t de mendi
iier en m^decine, un c\
caire, les malades en 6t
Les orphelins et les en
hdpitaux ; A XhdpUiii
Marais par Francois \",
orphelins de p^re et de r
du Parisis, c'est-d-dire
peuple avait baptist le;
Enfants Rouges, parce qu'
Les Eufivits Hints (vfiti
etaient les enfants de \'b
vait rue Siiint-Dcnis; ■
pere et miire vivants, m
qui fussent dcvenus «
1. Chade Milingre, Lti aniiqii
— 3
la reine-m^re ; Fran^oise d
Maintenon, y s^journa qu
de Scarron.
4" Noire-Dame de la Pih
malades.
5" L'hdpilal de la Charity
Baptiste de la ChariU, fond'
Saint-jean-de-Dieu. Ces reli
fournis par la chariti pu
Achille de Harlay, qui refu
prouver o I'estat au vray
ordinaire que casuel et
annuelles du couvent et
de la Charity ». Get hdpita
le port Malaquest « d Text
vers la Seine a ; les Wres de
port^rent ensuitc rue des
ment qu'il occupe encore a
6° Mais I'hbpital principa
portait de nombreuscs d6]
sant6 Saint-Louis et Saint-N
Notre-Damc pour les Incur
valesccnles « establie sur
Dieu B.
VHdpilal Saint-Louis « Y
t^tait une creation de Hem
gorge aux financiers exac
rendu, un hfipital pour li;
I'apprcnd unc satire celubrc
87 -
esblouys
nt Louis
lis les marques,
lucatons,
1 de DOS monarques
butons '.
manquaient. I'hdpiul 6tait
trop-plein des malades de
t un membre de son bureau
tt-Marcei, situ^e proche dcs
Grice, recevait les malades
;ieuses. La reine-m^re allant
IS au VaI-dc-Gr;ke et redou-
31 rendit des ordonnances
ison de Sanl6 « au terrouer
sp^cifiant que « la reinc y
ra 54.000 livres pour I'Mifi-
'a appel6 Saiiiie-Aime '. »
: pour les Iticurables avail ^t^
lit^ du faubourg Saiut-Gcr-
uverneurs de I'Hbtcl-Dieu y
pprend une brochure relative
les Adminislrateurs del'Holel-
le continuer sa residence i THos-
1625.
■ trnnsferl, pieces tJt-s plu:
e de Harlay.
piial des Incurables, et avoir le soi
tanr que pour I'oeconomie, direct!
choses n^cessaires selon I'establiss
les r^glemens qui seront fnits par li
et Lhoste le soulageront dans t
tances. Auquel Hospital sera tenu
trois mois et les deliberations qui
le demier receu desdits sieurs adi
un Registre, doni ledit sieur Robin
et seront lesdites deliberations sign
sensk I'Assembiee.
Le Prieuri de Saint-JuUen-le-T
particulierement aux convaleS'
sexe, la Maismi des convalescentei
le Petit-Pont de I'Hdlel-Dieu
femmes n'ayant s6journe que
Dieu.
VHdtel-Dieii avait itd fondti
Paris, Landry. Au d^but du r
s'^tendait dans I'lle de la Cit^, s
gauche de la Seine ; il comprer
et Saint-Augustin parall^les ai
amont). Flanquant au nord la
du cdti oppos6 4 la Seine, s'ele
rcxiremit^ de la salle Saint-Jear
Seine, s'^Ievait la salle Saint-1
rcgne de Louis XIH, on avait cc
nant la direction du fleuve, li
Saint-Denis.
— 390 —
malades ne trouvent m^me poinl
soni couches sur des paillasses 61
Les malades ^talent ainsi r^pai
la sallc du L^gat et la salle
hommes dans les satles Saint-Je
les navr^s dans les salles Saint-*
L'office dcs accoiicb^fs occupait une
de la salle Saint-Jean.
A chacune de ces salles, dJt le rq
une relligieuse qu'on appelle cheftai
les meubles servans aux pauvres et
les n^cessitez des malades,. et y demi
le long du jour, jusques k ce que le
pour servir les malades la nuit, Elle c
aultant de filles que luy est n^cessaire
diciz malades aux aisemens que pour
recouvrir, leur donner alimens et t
qu'ils ayent n6cessit6 des sacremens,
charystie ou rcxtresme-onction, elle
pelains pour leur adsister, et s'ils s
bougent d'aupres i leur crier Jesus M
qu'ils ne soient d^c^dfe '.
L'H6tel-Dieu 6tail administr^
recrutait ses membres parmi les
et les plus charitables de la ville
teur avait son rdle special : t'un
taillOs, I'aulrc d I'office dcs navr^!
de I'ad ministration de Tune de:
reunion constituait done un v^rit
1. Brifile, ColUction dts documents pour un'i
-J^
•V-'J^
— 392 —
avoir une dispense; cette viande, on ne pouvait I'ache-
ter qu'd la boucherie de THdtel-Dieu. Les administra-
teurs mettaient ce privilege en adjudication ; I'adjudi-
cataire s'engageait d fournir a bon march^ la viande,
pour les pauvres pendant toute Tannic, mais il se rat-
trapait pendant le careme, vendant i taux exorbitants
et d(ilivrant la viande aux personnes sans exiger d'elles
la dispense. Le Parlement fut oblige de rendre arret sur
arret pour mettre fin au trafic 6hont6 et supprima fina-
lement le privilege de THdtel Dieu '.
Le ser\'ice medical comprenait sept midecins qui
devaient faire leur visite de 8 heures d 10 heures du
matin et changer de salle tous les deux mois ; Tun d'eux
devait faire le soir une contre-visite pour s'assurer de
Tetat des griefs, lis ^taient nomm^s par le Bureau sur
la presentation de leurs collogues et 6taient autorisesi
se faire aider dans leur visite par trois ou quatrebache-
liers ^
Sous leur surveillance t^tait plac6 le maitre-cbirurgmty
qui ne faisait rien sans Tavis du m^decin « qui devoit
voir toutes les incisions, trous et operations de chirur-
gie qui se faisoient d THostel Dieu. » Ce maitre-chirur-
gien, nomm^ au concours, avait sous ses ordres « un
compagnon de capacite, experience reconnues, lequel
apres ung service de six ans gagnoit la maitrisc suivant
1 . Toutes les pieces relatives a la boucherie de rH6tel-Dieu se trouvent
dans le Portefeuille de Harlay,
2. En 1707 cependant un ^dit obligea les bachcliers k suivre pendant
deux ans un service hospitalier, et pour ^re adtnis k la licence, ils durent
d^sormais apporter un certificat de leur chef de service.
et huit compagnons ou
(rise remplissait un r6!c
de clinique; il avait la
3mpagnons chirurgiens,
eu qui etaient obliges de
leur et respect.
5, les internes d'alors,
voit, sur les registres de
[ juin 1662, 400 saignees
ninistrer. lis Etaient aidis
pprentis pensionnaires du
tertws qui, apr^s un stage
, entraient 4 I'Hdtel-Dieu
leur art. C'est parmi les
i que se recrutaient les
le et de chirurgic, il exis-
sp^cial, VOffice des tailUs.
inc salle et une chambre
nc oil s'asseyaitle patient,
)rrespondant. Le chirur-
pas le droit d'y operer,
ite par un des lithoto-
rd^e dans le dortoir et le rifectoire
I ; cetic afliche enumere taus les
ternes de I'lJpoque. La vie qu'ils
X>mu I'a fori bien d^rite dans sa
— J!*4 —
mistes les plus en vogue de I'epoqui
qu'on vit d I'Office des taillis, les trois i
le fils et le neveu, Lasaier, Fournier,
Jacques.... Ce ne fut que vers la fin dv
que les chirurgiens prirenl possession c
le c^l^bre Saviard ct de Jouy.
Mais chirurgien ou lithotomiste, Ic!
^taient point meilleurs, car une statis
indiquc une mortality de vingt pour ce
des op^r^s de la taille.
La mortality 6tait du reste effrayante
l:ntass£s dans des salles mal a^r^es, coui
dans le m€me lit, les malades qui y
une [indisposition, y contractaicnt le p
variole ou d'autres maladies 6pid6miqu{
d toute heure du jour et de la nuit et en
lit^ que les prStres ^taient « extraordi
gu^s k administrer les sacrements ». 1
tiaient entass^s pSle-m£le dans une
connue des Parisiens de I'ipoque et
chaque nuit au cimeti^re que I'HOtel-Di
I'hdpital de la Trinity '. La charrelte act
d la grande frayeur des badauds, ain
raconte M"^' dc Monlpensier dans ses M
II m'arriva un accident sur le petit Pont <
fait peur un autre jour que j'aurols eu moin
I'esprit : mon carrosse s'accrocha k la charrei
I. Rue Saim-Denis.
le qi
epa
ens
Icur
rfoii
ntiti
u<ti
les
du
lin,
cux
V,t
e m
he
Is.
,pr
e Ji
[iU
de
Par cet 6dit, !c :
nouvel ctablissemei
« Lepttil Arsenal oa
les ateliers qui couvrai
i vingt arpents, la Jl
que de la Petite Pitie,
Victor, la Maison et 1
Savonnerie avec tous le
mens qui en d^pendt
ments de Bissestre, cii
avons cy-devant donn
en attendant que ies p
Les fonds manqu
importance aussi )
publique ct le Pari
toutcs les egliscs, qi
dames, ct loterics »
Malgr^ la r^sistan
refusail les troncs
moins d'un an « de
sins, draps et couve
cun suffiront d j.oo
infirmes, manufactu
un an, qui doitetrc
chacun '. »
En 1657, Vl'-dil lU
fant de peines sevei
pitalit^ k un mendi;
1 . Porlf/euiitt de Harlay,
- 398 -
;s directcurs laiques dc i'Hospi
fiposer des taxes sur les eccl
■donnances, les arrests, la cou:
s saints et sacrez canons' ».
arent 6tre vers^es.ce qui perm
iser un peu mieux.
Le Roi contribuait aussi, de se
; I'Hbpital G^n^ral qui lui st
mr les femmes. Cette prison s'a
vis6e en quatre parties, la M;
ommun, la Prison et !a Granc
A la Correction itaient dite:
idisciplin^es, insoumises et <
>r(>s la revocation dc I'fidit de
;s protestantes coupables de ris
Dur y fitre dttenue, ii fallait u
Le Commun r^unissait tous le
j'on amenait en charrette '
)rte des archers. Elles ^taie
)uchanl sur la terre, et n'ayan
!us fort de I'hiver.
Elles travaillent, le plus iongteni
5 plus p^nibles, ct quand leurs
le I'indignation leur laisse ^c
ent, quelque parole de colore, ui
1 leur rase les cheveux; on le;
I. Porlffruilh de Hailay. » Remontranc
tre souverain sire. »
1. La tharreite de Manon Lescaut.
i rH6tel-Dieu tt a
fausse porte du fa
on y hospitalisait
appert de o IV/d/ l
dans le Porlefeiiille
Qjuelque temps
enfants trouvis fi
dcvint rapidemen
Salp^tri^re 6tait pe
geaient 2.045.740
b(^ntt dcs grandcs
du farinier Pisaux
I. PorleftuilU dc HarJa)
XIII
CHARLATANS EMPIRIQUES ET 0P£RATEURS
Lci cfairlauni n opimcan du Pont-NeuF. — Lc thfitre it rOrviiiin; Chrisloplie
Contugi. — Le badmd des Ca^utls ile TaaiMcbie. — La Picultf ct Copcugi. —
L'Ckrifun. — MelchissMec Barry. — Let fnudes del opiraleuis thtrbcleurs. —
Cinneline, I'op^titeui dcntisle it It pl«ce Dauphinc. — Les veitos de t'oDgnent
de luiius DEI. — Les gutrisseuis it gmise vjrole. — Le due de Bouillon et son
SAchct conire U vcnnine
Lct empiriquei; li mfdccine empiriquc. — Le frire Ange. — Les Caputins du
Louvre et le banme tranquille. — Le chevalier Talbot el le retntde Anglois. — De
U Maitiaitre; V Empiric cbtritttbU et VOpiratfur iag/nu; k Milbodtdt {onserwr stt
mali par le rlgimt de vhve. — Nicolij de Bl^ny ; ia miniifacture royale de ban-
dages ct la nulsoa de aant£ de Pincoun.
Le* opf rateun. — Les opirateurs de hargnes giandes et petites ; I'opdiaiion roj'ale :
I'optraiion du Hi d'or, de plomb, de chanvre; la cute ladiule pat imaicutaiion.
— Les lithotomistes ; te petit ippareil \ le gtand appareil et le haul apparcil. —
Le frirc Jacques el la taille Ulirilisje.
u XVII* si^cle, ainsi que nous le montre
une estampe de Rigaut, le Pont-Neuf
^tait couvert de boutiques et de tr^-
teaux sur lesquels une foule de charla-
tans, de dentistes, d'op^rateurs d^bi-
taient des baumes, des onguents, des eaux merveil-
leuses qui gu^rissaient toutes les maladies.
Ces « affronteurs », comme les appelle Charras, ava-
laient en public, « des poisons, venins ou se faisaient
plquer par des vipires et aspics ». lis absorbaient
ensuite des contrepoisons, souverains selon eux, et le
peuple achetait pour quelques sols ia recette des char-
Le MagUEt. — Lt monde iniilcat. 26
— 40:^ —
latans, esp6rant se preserver « grace d elle, de la peste
etautres maladies contagieuses ».
Le public se rass(;mblait surtout autour des tbidtres
ou se vendait TOrvi^tan.
Au d^but du r^gne de Louis XIV, TOrvidtan 6tait
fabriqu^ par un nomm6 Christophe Contugi dit VOr-
vietan qui avait re^u par lettres patentes du Roi, avec
le litre d op^rateur ordinaire de Sa Majesty, le droit de
vendre, i Texclusion de tous concurrents, son antidote.
Contugi poss6dait le plus luxueux des theatres du
Pont-Neuf, s'il faut en croire une estampe fortcurieuse
de la Bibliothtique Nationale; sur ce theatre, une
troupe d'acteurs jouait d'abord une farce pour amor-
cer les badauds, et Contugi absorbant ensuite tous les
poisons soi-disant inconnus que des compares lui fai-
saient tenir, avalait son Orvi^tan qui forc6ment fai-
sait merveille. Le d^bit de sa drogue 6tait considerable
et rapportait de fort jolies sommes au « Charlatan »,
comme on Fappelait d cette ^poque.
II est vrai que le prix de TOrvi^tan 6tait assez mo-
dique, s41 faut en croire les Caquets de Tacconchie, qui
nous montrent un flaneur vivement interesse par les
vertus mer\'eilleuses de I'antidote c^l^bre.
Je me fais conduire sur le Pont Neuf, ou je tJchais a aller
le petit pas ; mais il me fut impossible, pour estre poussi et
fouU6 par une multitude de petit peuple de toutessortes d'etat,
qui avaient quitti leur boutique pour venir voir le Charlatan :
les uns y menaient leurs enfants plus soigneusement qu'au
sermon, les autres etaient huy6s par leurs femmes, qui se
lamentaient de n'avoir point de pain a la maison ; et nean-
^ 403 —
moins que leur m^chant mari s'amusait i la farce plus qu'i sa
besogne.
Et bref quand je fus arrivi sur le lieu, j'y vis une si grande
confusion, melte de querelles et de batteries, pour les coupe-
bourses qui sy rencontrent, que je n'eus le loisir que d'entendre
trois ou quatre mots de leur science, qui m'itonndrent de prime
face, parce que le charlatan promettait de gu^rir toutes sortes
de maux en 24 heures pour une pi^ce de huit sols.
La sant^ pour une somme si modique, le bon ba-
daud s'en ^merveillait regrettant Targent que le m^de-
cin, le chirurgien et Tapothicaire lui avaient coUti :
Je suis bien miserable d'avoir d6pense tant d'argent i me
faire m^deciner et avoir eu tant de mal, puisqu'avec si peu
d'argent on pent recouvrer sa sante.
Mais un de ses voisins, entendant ses lamentations,
lui conseillait de se m^fier des dires de VOrvietan.
Et comme je me plaignais, un homme de la troupe qui
m'^coutait, me toucha I'^paule et me dit : Ne vous fachez
point de n'avoir us6 de ses drogues : j'en ai achet^ plusieurs
fois et pour beaucoup d'argent, pour me guerir le mal
destomach, les dents et les caterres ; jay trouv6 pour en avoir
us6 mon mal estre augmenti et ce qui etait mal procedant de
chaleur voir augment^ en chaleur, et ce qui etait trop froid
s'etre converti en mauvaise humeur. Cest pourquoi je Taban-
donne et le donne au diable avec mon argent
Contugi essaya, vers 1648, d obtenir pour son anti-
dote Tapprobation de la Faculty de m^decine, et les
Coinmentaires nous narrent tout au long son audacieuse
tentative. II envoya au doyen Jacques Perreau une sup-
— 404 —
plique lui demandant de mettre TOrvi^tan sur la
liste des alexitferes reconnus. Le doyen lui r6pondit que
son antidote, possedant des qualit^s si merveilleuses,
pouvait se passer de I'approbation de la Faculty.
Contugi obtint alors de douze docteurs parmi les-
quels se trouvait de Gorris, des Fougerais, de Mau-
villain, une lettre toute 4 la louange de sa drogue,
lui reconnaissant lesvertus les plus singulidres.
La Faculty, furieuse de voir douze de ses membres
appuyer les dires d'un charlatan, rendit sur la demande
de Jean Pi^tre, doyen en exercice, un d^cret chassant de
son sein les d^linquants. Ceux-ci, amends 4 composi-
tion, s'humili^rent et sollicit^rent leur pardon. La
Faculty le leur accorda, mais exigea d'eux une retrac-
tation 6crite qui fut consignee dans les Commentaires
afin de perp^tuer le souvenir de cette entente insolite
entre m^decins et charlatan.
Get Orvi^tan, que vendait Gontugi, consistait en un
melange de racines, de feuilles et de semences de
plantes aromatiques et stimulantes, de terre argileuse,
de vip^res, le tout dess^ch^ et mis en poudre : c'dtait
en somme, comme le dit le D' Le Paulmier dans
son dtude si int^ressante sur YOrvUtan, une association
de Th^riaque et de substances entrant dans la composi-
tion du Mithridat et diverses autres confections.
Gontugi avait nombre de concurrents; parmi ceux-ci
se trouvait le c61ebre Melchiss6dech Barry, « op6rateur
de Sa Majesty ». Gelui-ci avait son th^Atre Place Dau-
— 405 —
phine, et s'appropria le nom de TOrvi^tan appartenant
4 Contugi, qui le traduisit en justice, et le fit condamner.
Outre I'orvidtan, Barry d^bitait nombre de drogues ;
parmi celles-ci figurait un onguent contre les brA-
lures. Pour rexp6rimenter :
II se brusloit publiquement les mains avec un flambeau
allum6, jusques b, se les rendre toutes ampouldes, puis se fai-
soit appliquer son onguent qui les guarissoit en deux heures ;
mais auparavant, il avait eu le soin de se laver s^crfetement
les mains avec une certaine eau qui avait la propri^tt de pre-
server la peau de Taction du feu, et de produire j1 sa surface
des v^sicules form^es par la substance qu'elle tenait en disso-
lution '.
II avait encore, nous dit M. Le Paulmier, un baume
souverain pour les blessures avec lequel il cicatrisait
en vingt-quatre heures les coups d'epee qu'il se portait
4 r^pigastre. II 6tait fort hdbleur, parlant un franfais
baroque, etDancourt, qui lui aconsacr6 une com^die *,
lui met dans la bouche le boniment suivant :
Je souis. Messieurs et Mesdames, ce fameux Melchisedec
Barry. G)mme il n'y a qu'un soleil dans le ciel, il n'y a aussi
qu'un Barry sur terre.
II y aquatre-vingt-treize ans que je faisois un bruit dediable
i Paris. N'y a-t-il personne ici qui se souvienne de m'y avoir
vu? En quel lieu de Tunivers n'ai-je point ^t^ depuisPQiielles
cures n'ai-je point faites? Informez-vous de moi a Siam, on
vous dira que j'ai gu6ri Td^phant blanc d'une colique ntfr^-
1 . Sonnet de Courval, Satire conire les charlatans.
2. DsLncourt y VOpe'rateur Bary (lyoi).
— 4o6 —
tique. Que Ton derive en Italie, on saura que j'ai d6livr6 la
rtpublique de Raguse d'un cancer qu'elle avoit 4 la mamelle
gauche. Que Ton demande au grand Mogol qui Ta saiive
de sa dernifere petite vdrole? Cest Barry. Qui est-ce qui a
arrachd onze dents m^chelidres et quinze cors aux pieds a
Tinfante Atabalippa ? Quel autre pourroit- ce fetre que le fameux
Barry ?
Je porte avec moi un baume du Japon qui noircit les che-
veux gris et dement les extraits baptistaires ; une pommade du
Pirou qui rend le teint uni comme un miroir et recripit les
trous de la petite vcirole; une quintessence de la Chine qui
aggrandit les yeux et rapproche les coins de la bouche, fait
sortir le nez ;\ celles qui n'en ont gudres, et le fait rentrer h.
celles qui en ont trop; cnfin, un Elixir sp&ifique que jepuisse
appeller le supplement de la beautd, le reparateur des visages et
Tabrdgd universel de tous les charmes qui ont iti refus& par
la nature.
Mais Contugi aussi bien que Barry et ses autres
concurrents n'avaient gudre confiance dans leur anti-
dote, s'il faut en croire L. Meyssonnier '.
Les opirateurs theriacleurs, qu*on nomme charlatans et
saltimbanques, se moquent de tous poisons et venins, parce
que, avant de les prendre, ils ont rempli leur pause de soupe
et de bouillon gras, et la viande moUe est facile 4 vomir et, en
avalant le venin ou poison subtilement, ilsavalent finementet
parunesouplesseet tour demain adroit, unQ pi\u\(^dcver re (fan-
^ifnoine mis en poudre, de laquelle avec quelque portion d'alofes,
ils composent une masse, ce qui se peut faire aussi avec du sue
de rdglisse. Quelques-uns, prenant du vin avec ou incontinent
aprds, au lieu de vin commun qu'ils disent avaler, prennent
du vintmetique mesli parmi un peu de vin clairet... et sitot
I. L. Meyssonnier, Des maladies venemtiseSy passage cit^ par le D*^ Le
Paulmier,
— 40-7 —
<ju*ils sentent Tenvie de vomir, en passant derriire la tapisserie
du theatre, ik d6g... incontinent sans que Tassistance s'en
aper^joive, pendant que les autres personnages de la troupe
entretiennent la compagnie; apres, ils prennent de leur anti-
dote ou Orvidtan, en quoi consiste (disent-ils) tout leur
contrepoison. Mais, sans le tour de souplesse dont j'ai parli,
ils n*ont garde de s'exposer. Outre qu'ils s'accoutument plu-
sieurs mois auparavant que de se hazarder, k prendre a jeun
tons les matins, ou du th^riaque bien compost ou du mithri-
date, comme faisait ce roi du Pont qui a donne son nom A cette
ancienne composition.
Plus sceptiques encore que Meyssonnier, nous
croyons avec M. Le Paulmier que les charlatans substi-
tuaient d la substance v^n^neuse un corps inerte dont
ils n'avaient rien i redouter, se jouant ainsi de la foule
des badauds parisiens qui assiigeaient leurs treteaux.
Cependant divers charlatans furent victimes de leur
croyance en leur antidote, s'il faut en croire Charras
qui nous dit dans sa Pharmacopee :
II leur est arrive en divers lieux, que leur orvietan n'a pu
les garantir contre les Venins ou Poisons lorsqu'ils leur ont
este portez sur leur Theatre par des personnes qui n'estoient
pas de leur faction, non plus que de la morsure des Aspics ou
des Viperes qui n'avoient pas auparavant passt^ par leurs
mains. Si ces affronteurs avoient rencontr^ dans toutes les
villes des personnes m^fiantes, et de Thumeur de ceux qui
ont, en certains lieux, pris plaisir a d^couvrir leurs impos-
tures, ils n'auroient pas couru tant de pais ni trompi tant de
monde.
Outre les vendeurs d'orviitan et spiculant comme
eux sur la cr^dulite populaire, d autres charlatans,
— 4o8 —
Dentistes \ Oculistes % BotanisteSy CbimisteSy Herboristes,
exer?aient leur industrie sur le Pont-Neuf.
1 . II y avait k Paris beaucoup de dentistes, car les chirurgtens, « pour
avoir la main ferme et l^g^re », ne devaient pas arracher de dents; de plus,
ajoute Dionis « cette operation me parait un peu tenir du charlatan et du
bateleiir. »
Pour arracher une dent, c on fait asseoir & terre sur un carreau seulement
celui di qui on veut arracher une dent. L'Op^teur se met derri^re lui, et,
ayant engag^ sa t^te entre ses deux cuisses, ii la lui fait un peu hausser ; la
bouche du patient ^tant ouverte, il y remarque la dent gitee afin de ne
pas prendre Tune pour Tautre, puis avec le d6:haussoir il s^pare la gencive
de cette dent qu'il empoigne ensuite avec Tinstrument qui lui aura sembld
le plus convenable auqucl il fait faire la bascule pour extraire cette dent.
C2M^nd on ne Ta pas manqu^e, le malade en se penchant crache sa dent
avec le sang qui sort de la gencive et dont on laisse couler quelques cuil-
ler^es avant que de gargariser la bouche avec de Toxicrat. On pince ensuite
avec deux doigts la gencive d'oCi la dent est sorti, afin d*en rapprocher les
parties ^cart^es, et on continue d*user d*oxicrat ou de vin ti^de pendant hi
journ^e ».
On savait plomber et aurifier les dents, « on y employoit un petit mor-
ceau d'or ou d'argent battu auquel on avoit donn^ la figure du trou oil il
devait St re nich^. » Le bas peu pie, pour payer moins cher TOp^rateur, se
contentait d'une obturation k la cire, « ce qui leur procure, dit Dionis, le
meme avantage, puisqu'elle emp^he Taliment et la boisson d*y entrer et
de la creuser plus avant. »
Non content d*enlever les dents, Top^rateur savait les remplacer; pour
eel a « il commande des dents d*y voire a peu pr^ de la grandeur de celles
ausquelles on les substitue, les perce pour y passer un ou deux fils d'or
avec lesquelles il les attache aux dents voisines ; ce fil toume autour de
celles-ci et retient les dents arti&cielles aussi fermes que si elles etaient
naturellement placdes. On connoit, ajoute Dionis, de vieilles femmes qui
portent un ratelier tout entier de fausses dents et qui n'oseroient presque
ouvrir la bouche, de crainte qu'on tie s*aper^ut de cette substitution. »
2. Si les oculistes du Pont-Ncuf se contentaient de d^biter de Teau de
casse-lunettes et des poudres merveilleuses pour fondre la cataracte, cette
dernidre maladie ^tait trait^e chirurgicalement par des Op^rateurs et avec
beaucoup de succte. Les instruments employes le sont encore aujourd'hui :
une aiguille ronde et une aiguille en fer de lance.
L'Op^rateur et son malade se pla^ient sur un banc, face k face, la t^e
du patient pench^e en arri^re et appuy^e sur la poitrine d'un aide. L'op^ra-
teur mdchait un peu de fenouil, qu*il soufflait dans I'ceil « afin d*exdter
quelque mouvcment k la prunelle », puis enfon^ait I'aiguille dans le corps
de Toeil « jusqu*^ ce qu'il aper^oive cet instrument au travers de la comte
et qu'il soit au milieu de la cataracte qu*il atteindra par le haut avec la
pointe de T aiguille et qu'il abaissera jusqu'au bas de la prunelle ou il la
(■,i:nARD DOW
i.i; 1)i:ntisti;
— 409 —
Un des plus cd^bres, fut Top^rateur dentiste Carme-
line, dont M. le Paulmier nous raconte Thistoire. Son
theatre 6tait dresse sur le Pont-Neuf, d I'entr^e de la
Place Dauphine, « vis-a-vis du cheval de bronze ».
Doue d'une habilete extraordinaire, il fut le dentiste d
la mode dans les premieres ann^es du r^gne de
Louis XrV. Sa devise 6tait le fragment dc vers de
TEneide : « Uno avulso non deficit alter », qui signi-
fiait qu'apr^s I'extirpation d'une dent, il en restait
d'autres. Verduc raconte au grand etonnement de Dio-
nis :
Que M. Carmeline, fort habile op^rateur pour les dents, ayant
arrachi une dent qui n'etoit point gat^e la remit fort prompte-
ment dans son alveole, ou elle s'affermit si bien qu'il eut
beaucoup de peine h Tarracher Tann^e suivante, la mSme
personne T^tant venue retrouver i cause que la douleur Tavoit
reprise. •
Carmeline pr6tendait arracher les dents sans douleur
et sans davier.pilican, eJivatoire, poussoir ou rifragan. «I1
ne se ser\^ait, disait-il, que du pouce et de Tindex ou
d'un bout d'^p^e pour emporter les dents les plus
enracinees », mais 6tant donnee la charlatanerie des
op^rateurs du Pont-Neuf, il est probable qu'il cachait
tiendra sujeite pendant un petit espjice de temps. Elle y demeure et I'opera-
tion est parfaite. » L'op^rateur retirait alors Taiguille et montrait ensuite au
malade « deux verres dans Fun desquels il y a de Teau et dans Tautre du
vin rouge » ; si le malade distinguait les couleurs, c*(^tait signe que I'op^ra-
tion avait b.i bien faite. On pla^it ensuite un bandeau sur les yeux du
malade et « le jour n*entroit point dans sa chambre que le tems des accidens
ne soit pass^. »
— 4^0 —
un davier dans sa main ou qu'il extrayait sans effort la
dent dija ddtach6e d'un compare.
Tels^taient les charlatans duPont-Neuf; ilsn'^taient
point les seuls d Paris, car sous Louis XIV, la capitale
fut infest^e de charlatans de toutes sortes.
A rheure ou je vous parle, ecrivait Brueys en 1698, on ne
voir dans Paris que gens a secrets, souffleurs (alchimistes),
chimistes, charlatans de toutes nations et de toutes especes.
Les coins de rues sont accablds de leurs affiches : chaque
matin y voit 6clore un nouveau guirisseur.
La profession etait lucrative, et la reclame, interdite a
tout commerfant, 6tait permise au charlatan, qui, en
vendant sa drogue, 6tait cens6 la donner « charitable-
ment » au grand profit de Thumanit^ soufFrante : dans
toutes les formules de preparations c^l^bres, noustrou-
vons un appel a la charit6 envers les pauvres, temoin
ces deux recettes que nous avons retrouv^es dans le
Portefeuille Valiant.
AUX PERSONNES CHARITABLES
La veritable maniere de faire le merveilleux Onguent, que
pour ses grandes vertus Ton appelle manus del Et ses pro-
priety ayant este si peu connugs jusques k present; ce qui
pent avoir empesch^ les bons effets qu'en auroient ressenty
ceux qui se sontservis dudit Onguent mal fabriqui : II auroit
est6 centre la Charite de ne pas faire part aux public de la
m^thode exacte et infaillible de le faire ; Laquelle afin qu'un
chacun en ait connoissance et que les personnes de condition
— 411 ^
en puisse faire faire aysiment pour en aider leur prochain et
secourir les pauvres, a est6 imprirate et incer6ecy-apr&.
Dieu soil beny k jamais \
L'on donne la maniere de composer Teau vtciTALE au
public et Ton supplie les personnes riches et chari tables de
vouloir en donner lib^ralement aux pauvres; outre le soula-
gement ou garison qu'ils en recevront, ce sera le moien de
leur attirer les benedictions du Ciel, puis que selon la parole
de Jesus-Christ, ce que vous ferez aux pauvres, je le tiendrai
fait k moy-mesme *.
Ces secrets merveilleux gu^rissaient toutes les mala-
dies sans le secours du medecin, s'il faut en croire les
prospectus. Citons seulement les « vertus et propri6t^s
principalles » de Tonguent de Manus Dei,
II modifie fort et fait revenir la chair nouvelle sans faire
corruption i la playe.
II unit les nerfs coupp6s ou cassis en quelque manifere que
ce soit.
II guarit toute enflure, mesme si quelqu'un avoit la teste
enflee outre mesure, niais il faut raser les cheveux avant qu'y
mettre TEmplastre.
II guarit les harquebuzades et esteint le feu qui en provient,
il fait sortir le plomb ou fer des playes.
II guarit aussi les coups de filches et attire les os rompus
s'il y en a dans le corps.
II guarit toutes morsures de bestes venimeuses et enrag^es;
car il attire subitement le venin.
II guarit toute sorte d'apostume et glande, comme aussi le
chancre et fistule.
1. PorUfetiille Valiant, p. XIV, fo 27.
2. Id., p. XII, fo 602.
— 4^2 —
II guarit encores des escrouelles et aussi autre apostume de
teste dehors et dedans.
Si vous en mettez sur la peste il la gardera de passer outre et
en serez guary.
II est bon pour toutes sortes d'ulcferes tant vieilles que
nouvelles.
II est excellant pour le farcin des chevaux, en faisant percer
le boutton avec un fer chaud, et raser le poil de la largeur du
boutton. II est aussi excellent et indubitable pour les clouds
de riie de chevaux, en faisant un peu fondre dans une cuillere,
aprds que le mal aura esti dicouvert.
II est bon pour la teigne des enfans, mais il faut raser les
cheveux avant qu'y mettre Templastre.
II est bon pour les himorroides tant internes qu'externes,
en relevant TEmplastre en ses n^cessites, puis le remetant.
Plusieurs s'en sont servis hcureusement au mal de dents en
Tappliquant sur la tempe, ou derrifere Toreille.
D'autres ont est^ guaris du rheumatisme en Tappliquant
sur la nuque du col, et mesmes sur les espaules ou sur les
bras, ce qui sert aussi aux autres douleurs du corps.
Quand on se trouve menac^ de paralysie si on se sert de
ceste Emplastre on se trouvera bien-tost guary : car il fortifie
fort les nerfs afFoiblis.
II est bon pour les fistules qui viennent au coin de Tceil, et
Vy laissant longtemps.
II est bon aussi pour les fistules, rest^es apr6s qu'on a este
tailli de la pierre.
II est bon pour les tayes des yeux, mesme qui privent de la
lumiire comme si Ton estoit aveugle, on ferme les paupidres
et on y applique TEmplastre par dessus I'espace de quinze
jours et davantage.
II arreste le sang incontinent d'une coupure en essuyant
bien le sang, et appliquant cette Emplastre chauffte au feu.
II est bon pour les louppes, y laissant long-temps cette
Emplastre.
II est aussi excellent pour la bruslure, il faut d*abord laver
— 4n —
la bruslure avec du vinaigre et du sel, et puis mettre une
Emplastre dudit Onguent. II faut mettre dans deux cuiller^es
de vinaigre six grains de sel escras6, et le faire un peu ti^dir
pour fondre le sel.
II est bon aussi pour les maux qui arrivent aux mammelles
des femmes.
Bref il est bon i beaucoup d'autres maux, comme Ton
esprouve tous les jours ; Et il y a eu plusieurs personnes
ausquelles on estoit prest de coupper la jambe, la main ou
doigts de la main^ lesquelles par Top^ration et I'application
de rOnguent de manus dei sans faire autre chose, en ont
esti enti^rement guaries, n'ayant point est6 de besoin de leur
coupper ny jambe ny main.
Les charlatans parisiens profitaient surtout de la
frayeur du peuple pour la « retraite » impos^e aux
syphilitiques qui avaient recours aux soins des m6de-
cins. lis gu6rissaient, disaient-ils, a la plus antique, la
plus opinidtre, et la plus abandonn^e v6rolle avec des
remMes b^nins, familiers et d'un prix modique ». Les
uns gu6rissaient la v^role en quatre, cinq ou six
semaines, d'autres en sept jours, et Nicolas de Blegny,
nous ddpeint la charlatanerie d'un de ces a afFron-
teurs ».
Ce nouveau docteur qui avoit fait afficher I'annie derni^re,
en 1676, en placarts jaunes, avoit bien prevfl qu'il falloit
promettre quelque chose de surprenant pour s'attirer des
dupes ; il assuroit qu'il gu^rissoit en cinq heures les chaudes-
pisses et gonorrh6es v6n6riennes et cela sans retour et sans
suittes fdcheuses. Mais il avoit aussi comme les autres un
moyen pour se tirer dembarras; il vouloit quelles fusent nou-
velles et que personne ny eust encore fait de remfedes, et
quand aprdsavoirescroqu^ quelque argent et donn^son bolus,
\
'i
— 414 —
les malades se platgnoient de la continuation de leurs maux,
ilsoutenoit i tort et a travers qu'avant luy on y avoit.travaillt,
ou que la mati6re avoit esti regeue plusieurs jours aupara-
vant.
Le charlatan dont nous parle de Bl^gny n'^tait point
le seul 4 faire afficher a en placarts jaunes » les
m^rites de ses rem^des. Tous les gu^risseurs de v^role
couvraient les murs de leurs affiches et faisaient dis-
tribuer des prospectus, dans lesquels ils mettaient en
garde les malades contre Tignorance des m^decins de
la Faculty.
Vers la fin du xvii^ siecle et le commencement du
si^cle suivant, il y eut une recrudescence de tous ces
charlatans, gu^risseurs de v^role, qui s'entendaient
comme d present avec des pharmaciens peu scrupu-
leux pour d^valiser le malheureux qui se laissait
6blouir par toutes leurs promesses :
Paris est la villa la plus infest^e daces canailles % toutes les
I . Ces canailles devenaient souvent rapidement cel^bres ; une cure mer-
veilleuse les faisait connattre de tout Paris ; t^moin une lettre de Conrar ii
M«« de Sabl^, lettre que nous avons trouv^e dans le PorUfeuille Valiant.
La marquise, qui aVait Toreille dure, avait entendu parler d'un nomm^ La
Baume, de Languedoc, qui rendait Touie aux sourds. Conrar, qui lui-m^me
ctait sourd comme un pot, s'il faut en croire scs biographes, lui conseille
dans cette lettre de se m^Ber de ce charlatan, « qui se vante, avec une har-
diesse Strange, de gudrir toute sorte de fi^vres, de dissoudre les pierres
dans les reins et dans la vessie, de rem(^dier au cancer, 4 la goutte, i la
paralysie, ^ la pleur^sie, et enfin ^ tous les maux les plus dangereux. »
Cependant ce La Baume avait eu des r^sultats merveilleux grdce it une
tisane purgative et Conrar ajoute : « Apr^s tout cela, cet homme est si
h^bleur et a tellement la mine d'un charlatan, que je n*ose m'y fier. II n*a
aucune connoissance de la m^decine et je croy qu*il n'a qu'un seul remade
pour toute sorte de maux. II prt^tend que ce remade, purifiant le sang, peut
— 41$ -
rues y sont tapisstes d'affiches, et il sufEt d'y aller a pied
pour recevoir autant de billets qu'il en faut pour servir k
toutes les selles qu'on peut faire. Cest assez qu'il soit tomb6
entre les mains de ces Coquins, des receptes ou des livres
de secrets de medecine, pour se dire aussi tost M^decins
Spagiristes et pour assurer impun^ment qu'ils ont des moyens
assurez pour oster les maladies les plus rebelles et les plus
invetertes. On en voit quelquefois des douzaines qui
se manifestent tout d'un coup comme un tas de cham-
pignons venus en une seule nuit et qui s'^vanouissent
comme la fumfe des qu'ils ont filouti deux ou trois cens
personnes. II est vray que nous en avons quelques uns main-
tenant qui subsistent depuis plusieurs ann^es mais ceux cy
ont des adresses particuli^res qui peuvent bien suppleer au
defaut de leur suffisance et de leur probiti ; quelques uns se
servent du voile de la chariti pour couvrir leur perfidie; ils
font courir le bruit qu'ils traitent les riches et les pauvres
sans salaire et sans recompense et en etFet ils ne re^oivent de
I'argent de presque personne, mais ils ont n6antmoins un
moyen pour estre bien payez. lis font entendre k leurs
malades qu'en sacrifiant pour eux leur temps leurs soins
et leurs peines ils ne doivent pas au moins leur donner
les drogues qui doivent entrer dans les compositions qui
leurs sont necessaires et ils les adressent chez un Droguiste
affide qui ne manque pas de leur vendre trois escus la livre
de chiendant et une demy pistole celle de Tautre qu'ils leur
font passer pour Esquine et Salsepareille ; et font tenir ensuite
I'argent regeu k ces fourbes, en retirant d'eux les drogues ven-
dues et la retribution de laquelle ils estoient convenus pour
le droit d'aides et de complices.
Les autres ont d'autant plus de pratiques dans cet indigne
exercice que leurs femmes ont soin de procurer la verolle aux
servir ^ toutes les maladies. Ce qu*il y a de surprenant, ce sont les cures
qu*il fait. »
Nous ne savons malheureusement pas si la Marquise ainsi que Conrar
eurent recours k la merveilleuse tisane.
' — 4i6 —
jeanes gens par des intrigues scandaleuses et on m^a mesme
dit qu'un de ceux qui font icy le plus de bruit faboit distri-
buer ses billets pour la guerison des maladies veneriennes i.
une revue generale que le roy fit il y a quelques annees
dans la plaine d'Ouille, tandis que sa feinme semoit par tout
le Camp ces pernicieuses maladies, par le moyen de 7 ou 8
fiUes publiques etgast^es qu'elle y avoit amenies expres '.
Chose curieuse, les grands seigneurs eux-m^mes
faisaient quelquefois concurrence aux charlatans pari-
siens ; ainsi le due de Bouillon obtint de Louis XIV,
en 1667, ^^ privilege special concernant la vente
« d'un petit sachet de la grandeur d'une pi^ce
de 1 5 sols pour garantir toute sorte de personne de la
vermine et en retirer ceux qui en sont incommodes,
sans mercure ^ »
Mais ce n'dtait point les charlatans qui faisaient le
plus de tort aux m^decins ; les Empiriques 6taient pour
la profession m^dicale des adversaires beaucoup plus
redoutables.
La m^decine empirique, nous dit Nicolas de B16gny \
a est celle qui est pratiqu^e par des particuliers dont
r^tude n'a pas 6t6 assez r^gl^e pour parvenir aux
degrez et qui se fonde principalement sur les 6preuves
de quelques receptes m^dicinales. » Elle dtait surtout
1. Nicolas de Bl^gny, L'Art de gudrir les maladies vMriennes (1677).
2. Phrase cit^e en fran9ais par lord King, The life of John Locke, ^d. de
1830, t. I, p. 159.
3. Fait curieux, c'est que N. de Bl^gny qui nous donne cette definition
peu flatteuse de la M^decine empirique, fut lui-intoe le type du m^ecin
empirique.
— 417 —
s des eccl^siastiques et des moines;
TS, les Capucins du Louvre et le fr^re
tout c6l6bres.
[e, capucin du couvent du faubourg
vait ^t^ gar^on apothicaJre ; toute sa
t Dionis, consistait dans la preparation
s'appeloit mesant^rique b, et qu'il fai-
tous ceux qui avaient recours i lui.
le Valiant, qui avail souvent recours d
diclaraii que a s'il faisoit du tort d la
toit pas du tout charlatan ». Du teste,
a c'6toit un bon homme qui parloil de
I le croyoit comme il le disoit. » II eut
d Paris que la Dauphine. malade, le fit
sa science et ses drogues ne purent
de la princesse et « il s'en retourna
It, bien chagrin de ce que M"'= la Dau-
pas eu autant de confiance en ses
avoient les bonnes gens de son quar-
;ux Sirop m^sent^rique, le fr^re Ange
iau v^getale, une Poudre electorate et
ux Or potable, dont nous avons d^cril
les vertus.
cins eurent aussi une vogue extraordi-
rent des guerisons tellement merveil-
Roi « leur fit faire des experiences
eur connaissance particuliire ». Bien
ea au Louvre, et leur fournit I'argent
I''
'^"^*TI
•• %« '
-. 418 —
necessaire a I etablisscment d'un laboratoire ou ils
pussent fabriquer leurs drogues.
Ils (itaient deux : I'abbe Rousseau et Tabbd Aignan,
ct avaient cite missionnaires apostoliques au « Grand
Caire en figypte ». Le prince de Condd, qu'ils avaient
gueri, les prit sous sa protection, et, grace a unc
reclame habilement faite dans le Mercure galant par les
deux cc Capucins du Louvre », ils eurent bientdt une vogue
considerable. Valiant ne dddaigne pas de mander leur
avis sur les questions qui Tembarrassent, et les bons
Peres, qui etaient hableurs comme de vulgaires charla-
tans du Pont-Neuf , se moquent agreablement de iui,
lui racontant les bourdes les plus invraisemblables.
Les capucins du Lx)uvre * qui sont icy de retour nous dirent
hier 31* may 1681 que le pourpier tout crud maschiestoit
un remede admirable pour les inflammations, qu'on Tap-
pliquoit sur les eresipelles avec un succes merveilleux.
Ils disent aussi que M*" de Charo s'estoit gueri des eresi-
pelles qu'il avoit aux jambes par leurs conseils en portant des
chaussettes qui avoient este tremp^es dans le sang d*un lievre
comme Vanhelmon le propose ; que I'ambre gris qui vient du
costi de TEgypte est fait de miel ou de la ruche a miel que
les abeilles font dans des rochers qui sont sur le bord de la
mer qui est destachi par quelque vent ou par quelque autre
chose et qui flottant sur la mer se cuit et devient tendre.
Une preuve de cela c'est qu'ils ont trouv^ des pieces d'anibre
qui estoient moitie rayons de miel et moiti6 ambre etc...;
que la manne se faisoit A Naple des branches du fresne que
Ton fendoit et d'ou distilloit un sue qui devenoit manne.
;
M"^^" de Sevignd fut aussi une fervente admiratrice
I. Portefetiille Valiant, Bibl, Nat. fonds fran^ais, 1705S, XI, f°29l.
J
— 4^0 — '
que nous pumes trouver d'Anodins v6neneux, de Cephaliques
et d'herbes chaudes odorantes; scavoir les Solanums, Racemo-
sum et Furiosum ou Maniacum, la Jusquiame, les teres de
Pavot, la Morelle, le Tabac, de chacun quatre poignees ; le
Romarin, la Sauge, laRhue, I'Absinte, I'Hysope, la Lavande,
le Thim, la Tanasie, les fleurs de Sureau ou d'Hyebles, le
Millepertuis et la Persicaria, i cause de la vertu constell6e de
ces deux derniers; de chacun une poign6e, le tout bien hachi,
bien pili et bien mele. Aprfe quoy nous mimes bouillir de
Thuile d'olives dans un chaudron sur le feu; et Thuile 6tant
trds chaude comme pour frire, nous y jettimes par poign6e
du melange de toutes ces herbes, nous fimes bouillir jusqu'k
ce qu'elles fussent bien rissolees et friables entre les doigts.
Pour lors nous les retirAmes avec une icumoire pour les
mettre igouter afin de ne rien perdre. Nous remimes d'autres
herbes, comme la premiere fois, autant que I'Huile en pou-
voit couvrir. Nous les fimes encore cuire jusqu'^ rissoler et
nous continu^mes, r^it^rant ainsi jusques k quatre cuites
d'herbe dans la mfeme Huile. Nous gardimes cette Huile pr6-
cieuse anim6e des Huiles de Souffres de toutes ces plantes
concentres ensemble d'une mani^re particuliire,
Le tout formait « un remade si rare et si excellent
qu'on auroit peine 4 le croire, ajoutait le p6re Capucin,
si les effets continuels et les experiences r^it^r^es tant
de fois sans erreur, n'en rendoient t^moignage ».
Mais le remade 6tait surtout souverain quand on y
ajoutait :
Autant de gros crapaux qu'il y avoit de livres d'huile.
Lesquels il faut faire bouillir comme dessus, tant qu'ils soient
presque briilez dans Thuile : avec laquelle leur sue et leur
graisse se m^le et augmente beaucoup I'excellence du RemMe
sans qu'on puisse craindre que I'addition de ces aniniaux si
veneneux y communique aucune mauvaise quality, et cela
i
irable centre la peste et toutes les
tagieuses.
ance ensuite dans des disserta-
raiment bizarres sur les rnceurs
on met un crapaux dans un vais-
I'il ne puisse pas en sonir et qu'on
inimal ayant fait tous ses efforts
eau et fuir; il se retourne, vous
d'instant aprds tombe mort. Van
k une id^e de peur horrible que le
; rhomme.
ta quatrc fois I'cxperitnce; les
rent ; il est vrai que ce fut en
dit-il, se r^cria que j'^tois un
rue une bCte qu'ils croyent £tre
;use id^e de r^peter une cin-
, d Lyon cette fois :
ux mourdt, j'en pensay mourir
rds avoir tenti inutilenient de sor-
it s'enflaot extraordinairement et
ieds, il souffloit imp^tueusement
: me regardoit aussi sans varier les
;menr rougir et s'enflammer. II me
se universelle, qui alia d'un coup
accompagnf d'une sueur froide et
selles et par les urines. De sorte
ivais rien pour lots de plus present
I poudre de vipires ; doni on me
donna une grande dose qui me fit reveni
d'en prendre soiret matin pendant huit jo
me dura. C'est peut-Stre le Basilic de quel
pretend qu'il tuede sa vue ou du moins il
La composition du baume, que soi
nomma « tranquille '», une fois conni
en ctaient Ics usages.
Pour a les EsquJnandes avant que I'abce
ter de cette huile le plus chaudemcnt qi
main p;ir route la gorge pendant un der
quaud Talxez est formi il taut m61er le 1
d'esprii de Sei armoaiac qui fait une sorte
Pour les « fluxions et inflammations c
tion du baume seul h chaud sur la poitri
trop pressant, on en donne par la bouche ]
une demie cuiUerie ou une cuiilerie ».
La m^me chose pour b les coliques el
des EntrailEes ; on en donne de plus en
trois cuillertes, reiiirant les lavemens de te
Pour les brfllures, si on met de suite
sent aucune douleur non plus que si on
quoique la peau et la chair soit toute brd
t6e.
Pour (1 les playes nouvellemement faite
et la plaie gu^rii en si peu de tems qu
quoy qu'il y ait froissement contusion
tion u.
Pour les regies des femmes retenues e
I. M, Franklin dans son IJvre Les miiUciits (La
pr6»:nd tjuc Ic baume Tut appd£ tranquille du n<
V. Aignan, en religion Pire Tranquille. Qjie le Pire
dans la suite P^re Tranquille, rien de plus juste, t
que c'est i. son baume qu'il dut son sobriquet.
)n de matrice, ■
tioD par en bas.
une tnfinir^ de fo
uvaisc suite ni ai
:de est un trisor, qi
facility de sa comp<
s effets surprenaiu:
1 paroit gu£rc d'aui
ens pour Ics per
Is sc vircnt bicn;
Tipiriqucs ct des
cr Icur Essence t
Icur veritable H
ent d ordonncr
lement de monde
igcs. lis suiviren
■i Rennes, ou ils
seau, « d excrcer
ager par Icurs m
It aussi la medei
Luce, I'abbe Sar
le pere Pierre des
jamais la c^lebri
frere Angc.
It legion ; parmi
— 424 —
qui eurent le plus de renom, nous citerons Ic
chevalier Talbot, le sieur de la Martini^re, « m^decin
chymiste du Roy » et surtout Nicolas de Bl^gny.
Nous avons d^jd rencontre le chevalier Talbot et son
remede Anglais, qui n'^tait autre qu'une teinture de
quinquina; Valiant nous en parle i chaque instant et
il ne craignit point de demander 4 rempirique lui-
meme les renseignemenls qu'il a consignes dans ses
Observatiofts de inidecine.
Ce ni^decin anglais fait prendre ^ ses malades tous les
jours trois verres de son remfede, lequel se prend une
heure devant ou une heure aprds avoir mang^. Sy le malade
ne va point 4 la selle Ton luy adjoute quelque chose dans la
boisson. EUe est de la couleur de la bierre et presque le
mesme goust. On prend du dit remade tous les jours pen-
dant un mois ou six semaines. II arrSte la fi^vre au troisieroe
jour de la prise. L'on mange de toutes choses bors du kit.
Les malades vont boire ^ la chambre du m^decin dans le
palais royal, et ne veut en donner ^ personne qu'on ne le
prenne en sa presence, tant il a de la deffiance. Le corps de
son remade est compost de bon vin; Ton en boit un grand
verre i la fois ; il n'importe que ce soit une heure devant ou
aprSs le manger ' .
Talbot, ou Tabor, vint d Paris vers 1676, et eut
d'abord des debuts assez p^nibles, car la Faculty le
voyait d'un fort mauvais ceil. Mais Tappui du due de
Bouillon, le protecteur n6 de tous les empiriques, et
surtout les cures mer\^eilleuses qu'il obtint grace 4 son
J. PorUfeuille Valiant, p. VHI, fo 258.
~ 425 —
de resistor aux attaques de ses
ut gu^ri le roi d'une fiivre inter-
devint rhomme le plus en vuc
r par Louis XIV, gratifii d'une
i, il s'installa au Louvre, oil il
It sa teinture de quinquina, dont
chet^ 48.000 livrcs.
isuccis que les medecins exploi-
Talbot disparut subitement et
i rendil publique la composition
uoique « m^decin chymiste et
: », fut un empirique, mais d'une
Savoyard et cousin de Francois
is dans les premieres annies du
harlatan comme tout empirique
ilia tour 5 tour VEmpirk cbari-
m, Ic Naturaiisme charitable Irat-
-.atices, des appartamnces et despar-
umaiiie, de la dependance du cbaud,
:s pelits livres, qui se vendaient
lienl accourir « chez I'autheur,
Pmlefeaille Valiant, a la maladie et U mort
^uMsoit dts fik/rts, publii par ordrc du Roi,
ler dans tous ses livres.
ons lait raaints empninis dans le chapitre
-t
entre le Pont Notre-Dame et le Pont aux Changes, a
TEsp^rance, pres le Loup bott^ » tons les ddshdritfc de
la nature, qui se laissaient prendre aux belles promesses
de rempirique.
De la Martiniere gu^rissait toutes les maladies pos-
sibles, s'il faut en croire la preface de VOpirateur inginu \
Cher lecteur,
Comme nos corps sont sujets d un tres grand nombre de
maladies, dont les unes sont gurries par les m^dicamens et les
autres par les operations de la main, Dieu m'ayant donn^ le
talent de les gu^rir est ce qui m'a &it juger ^ propos de vous
advertir que je taille de la pierre, et que par la sonde je dis-
tingue les causes de la retention d'urine, et donne une par-
faite asseurance si c'est pierres, flegmes, sables, galles, ecor-
cheures ou carnositez de la vessie, dont j*en donne une emigre
gu^rison.
Te gu6ris des loupes en quelque partie du corps qu'elles
puissent estre, et des d&entes de boyaux et autres hernies,
soit par bandages et emplastres, ou par I'operation de la
main * donnant la connoissance aux malades si c'est bubono-
celle ou oschocelle, ou philocelle, ou ^piplocelle, ou anthero-
celle, ou hydrocelle, ou sarcocelle ', lesquelles hernies les fai-
seurs de brayers ne connoisseur pas.
Je fais paissaires et emplastres pour la decente de matrice
des femmes, et arreste leurs pertes de sang caus^es par
quelques efforts ou mauvais accouchemens.
Je r6unis le bee de lifevre ou levre fendue.
J'abas les cataractes, mouches et ongles ^ qui viennent aux
yeux.
1. Publide par M. Franklin dans la Vie privee d^ autrefois^ Us chirurgiens,
2. L'op^ration de la main, c'est le taxis.
3. Bubunocde, orcheoc61e, pneumatoc^e, «5piploc61e, cnt^roc^lc...
4. L'onglc, c'est Thypopyon.
iccidens, san;
s affaires, sar
en apergoive
lis par poudr
! fortifier I'e
; repos i ceu
disloquez. J
qu'elles puisa
^Iles.
mSdes pour l
isieurs mala
es j'iiivite le:
s par charit^
ents d'un c
difttirence;
;es conseils,
ver sa sa.nt<
ipiric Cbarit
ect^s par i
:neuses, infei
leaux, les bfit
lent le plus
considerer, i
anions sont
I'air qui le
)Our obviur
e Ic lieu ou
la terre, ay
)t^ d'Orient
■cevoir la cli
I, subtil et e
ee; car lorsqi
- 428 —
vente de coutume trop fort, il fait le plus souvent entrer avec
lui quelque mauvais air, qui cause des maladies tres dange-
reuses
QjLiand au dormir lorsque Ton veut prendre son repos, faut
premierement se coucher sur le cot^ droit, puis sur le cote
gauche, mais n'y pas demeurer lontemps. Le dormir sur le
dos n'est pas bon, car il fait retourner les superfluites aux
parties post^rieures du cerveau at engendre des cathaires.
Ceux qui ont de la peine k digirer les viandes, se peuvent
coucher quelque peu sur le ventre ayant sous leur estomac un
petit coussin, qui soit bien moUet, et les bras ^tendus; mais
il ne faut pas que le sommeil soit de longue dur^e, car il fait
tomber les dents et enfler le visage. Le chevet du lit doit Stre
haut, mais non trop, car la tfite itant trop droite arrete la
bonne respiration de I'air, mais aussi ^tant trop basse, les
fumees de Testomac montant au cerveau, font rever et
engendrent des maladies.
Faut Stre plus couvert la nuit que Ton a de v^tements le
jour parce qu'en dormant, les esprits et la chaleur naturelle
se retirent dans le corps aux parties interieures. II faut prendre
garde en dormant que la Lune ne luise sur vous, car elle
engendre les rhumes, fait cracher le sang et d^lie les humeurs
froides.
En se levant faut s'itendre les membres, puis etant lev6,
faut se peigner pour se rendre le cerveau plus gaillard, se net-
toyer pareillement le nez pour faire sortir les factiosites, tant
du cerveau que de la poitrine, puis se laver les yeux d'eau
fraiche, pour entretenir sa vue ferme, laver et nettoyer ses
dents, pour empecher qu'elles ne soient gat^es, les mains,
se v^tir proprement selon sa condition, puis se promener
environ demi-heure, machant par le chemin en se divertis-
sant de TAnis, du Fenouil ou quelque chose semblable, tant
pour se fortifier I'estoraac que pous avoir bonne haleine.
Quand vous prenez votre refection, feut manger sobrement
et micher bien ce que vous mangerez afin que les viandes en
soient plutot digertes et boire au milieu et ^ la fin du repas
et non a chaque bouch^e, comme font aucuns.
429 —
.t son saoul, mais se r^sen
appetit; car le ventre etai
It enip^ch^. S'i[ advient qi
It manger les plus l^g^res 1
les glosses dtant mangles I
nt sur I'estomac causent
lises pour U sant£ du corf
icipalemem du bceuf et di
:, des codindes, des chapo
agnaux, et des veaux sc
landes des animaux qui ^
; dure digestion et celles c
rissent dans la fange, encor
tr^ bon sang, mats qua
ons.
raons d'eau douce qui otit
:s poissons de la mer.
: doit 4tre bien cuit, bien
ng, mais lorsqu'il est man
ac et empeche la nature (
vez ne doit point etre o
ir, et un peu douce.
se promener environ ui
UT aider i la digestion, pi
ouvez dormir quelque heu
Illume de dormir le jour st
li du dormir engendre c
I rigle coutumi^re pour se
■ six heures, scavoir depu
s du matin
il remede pour se mainti
K fois Can k ceux qui vive
I tr^s bonne, tant pour (a
fl. ,.
• »■
— 4J0 —
cuation des humeurs qu'engendrent les viandes d^Udttes que
pour purifier le sang '.
Sous Louis XIV, une grande dame ne se lavait la
figure qu*une fois tous les huit jours ; chaque matin elle
se contentait de passer sur scs mains une serviette mouil-
l^e. A cette proprete douteuse se joignait une gloutonne-
rie de r^gle, et tous les sujets du Grand Roi, sans doute
pour faire leur cour, proc^daient d'indigestions en indi-
gestions. Aussi les conseils de la Martiniere ^taient-
ils chose nouvelle, d cette ^poque ou Thygi^ne corpo-
relle et alimentaire etait nuUe. Sa Methode vous recon-
cilie un peu avec les Empiriques et leur m^decine.
Le type le plus curieux de TEmpirique sous le
Grand Roi est Nicolas de Bl^gny dont Dionis, qui le
maltraite fort, nous raconte Thistoire ^
Ayant 6t6 pendant quelques annies Clerc de la Compa-
gnie de S* Come, ou il entendoit tous les jours parler de la
Chirurgie dans les actes qui s'y font, ilcruten s^avoirautaot
et plus que les Maitres qui la composenc : il prit un privilege,
se logea au Faux-bourg S^ Germain, et se maria avec une
sage-femme. II 6tablit chez lui des Conferences de Medecine
et de Chirurgie, dans lesquelles il annon^oit chaque fois
quelque secret de son invention; les coins des rues ^toient
pleins d'affiches qui informoient tout Paris, des Elixirs, des
cassolettes, des caffetiers ' merveilleux avec lesquels il devoit
1. L' Empiric charitable^ par le Sieurde la Martiniere. Paris, 1667, p. 240.
2. Dionis, Cours d' operations de Chirurgie, p. 330.
3. Caffeti^res. B16gny avait iavenl^ (d6ja !) des « cafFetiires et chocola-
ti^res portatives qui n'occupent A peine qu*une seule poche et qui n(
laissent pas de contenir tout ce qu'il faut de th^, cafft, de chocolai et d*
;i —
I'acc^ auprj
se servit de
i du sieur Ta
ige de faire
311 tous les fa
; et dans U C
^ers. Maisce
: son utility, I
en s'en servai
reputation de
e de Chirurj
bes :ipr^s, so
l^faire. Enfin
cine, pril de
;t, comme M
er tout le tri'
1 S. Esprit,
roix, se fit ap
;eux qu'il crc
ire. Tous ce
laison k Pine
mr les Eiran
boisson diffiret
ie com me persi
hyrambique dc
imoditi qu'on ;
que les officiers,
rendroni faciler
: nagu^re un ha
et qui se trouvt
inlirmerie est c<
■-%
pour une certaine somme par jour ils devoient etre logez, nou-
ris, pansez et midicamentez ; mais le Roi inform^ que ce
n'6toit qu'un pr^texie pour cacher les debauches qui s'y fai-
soient, donna une lettre de cachet pour Tarrfeter; il fut mis
au Fort-rEv6que, et de-1^ quelque terns aprds conduit au Chi-
teau d'Angers, ou il fut enferm^ pendant 7 i 8 ans : il en est
sorti... et aprfes avoir couru Tltalie, il est venu mouriri Avi-
gnon. II ^toit assez bien fait, tou jours proprement v4tu, il
parloit et icrivoit trfes ais6ment; il ^toit studieux, inventif '
et laborieux, et s'il avoic fait un bon usage des avantages
autant s^ar^eset autant communiquables qu'on le veut... On y pratique
des moyens infaillibles pour rectifier les constitutions vicieuses et gucrir
radicalement toutes les indispositions habituelles qui en dependent :
asthme, phtisie, poulmonie, migraine, vapeur, ^piiepsie, hydropisie. h^roor-
rhoTdes, vieux ulc^res, cancers, varices, etc... II y a des lieux oO ks per-
sonnes indigentes sont trait^s k vingt et trente sols par jour sek>n le
regime qu'elles doivent observer. 11 y en a d*autres ou les gens de service
sont places ^ quarante sols. Enfin, il y a des chambres particuli^res et des
ordinaires distinguez pour les personnes de consideration, a trois, k quatre,
a cinq et i six livres par jour, selon la d^pense qu'ils doivent faire et les
peines qu'ils doivent exiger... Soit que la pension soit grosse ou niodiquc,
toute la d^pense s'y trouve comprise, sans en rien excepter : traitcment,
remWes, logement, nourriture, feu, service, lumi^re, etc. On y trouve
m^me cette commodity quand on le souhaite, qu'on y est trait^ ik forfait
pour une somme dont on convient, au del^ de laquellc on ne paye rien de
plus, si opinidtre et si longue que puissc 6tre la maladie. »
I . II inventa entre autres choses r une machine pour retenir le siege
r^duit » que le lecteur retrouvera sur la planche tir^e de VAri de gtUrir les
hernies. Cest la figure Y et non loin d'elle, en X, est figur^ un pessaire i
ressort de fil de fer en spirale, qui ferait trouver ^l^nts les gigantesques
pessaires qu'on ose encore employer de nos jours. Dionis nous parle de
I'invention de N. de Bl^gny : « II vouloit qu'on retint le boyau dans sa
place avec le jabot d'un coq d'Inde, lequel on soufHoit pour le faire enf^er
apr^^s qu'on I'avoit introduit dans I'anus, ce qui empechoit bien que le
boyau ne desccndit ; mais comme il faut 6ter cette machine et la remettre
toutes les fois que le malade veut aller k la selle, et que c'est dans de telles
occasions que le boyau retombe, je la crois dc peu d'utilit^. »
Bl^gny savait surtout tirer parti des inventions des autres. Nicolas
Lequin, chirurgien hemiaire, avait invent^, en 1665, le bandage a ressort
tremp^, rempla^ant Tancien brayer en fer mou, d^nu^ de toute elasticity.
Mais ce bandage, faute d'une reclame habile, ^taii peu emplo)'^. Bldgny le
copia et installa dans sa Maison de Sant^ une manufacture royale de Ixan-
dages. (L. etj. Rainal, Le bandage herniaire.)
Phnclic extraite de L'Arl de giicrir Ics heniies
Pjr Nicolas de BLEGNY (i68S)
~ 453 —
naturels qu'il avoit, il n'auroit pas &it une fin aussi mal-
heureuse.
Nous n'avons parl6 que des opdrateurs du Pont-
Neu£ II y avait d'autres op^rateurs qui furent souvent
de tr^s habiles chirurgiens, et qui jouirent d'une
vogue extraordinaire; je veux parler des Opirateurs
herniaires, a inciseurs de hargnes, grandes et petites »,
et des Litbotomistes.
La cure radicale de la hernie se faisait de diverses
famous.
Les uns « d^couvroient la production du p^ritoine
qui enferme les vaisseaux spermatiques ', et la cou-
soient de toute sa longueur, avec un fil cir6; par ce
moyen, ils r6tr6cissoient cette production trop dilat^e,
et emp^choient Tintestin de s'y glisser ». Cette cure
radicale avait iti nomm^e la Royale, parce que, respec-
tant le testicule, « elle lui laissoit la liberty de faire sa
fonction qui est de donner des sujets i son Roi ».
D'autres, aprfes avoir d^couvert la production et les
vaisseaux, passaient sous elle un fil d'or ou de plomb
dont on liait les deux bouts « en prenant garde qu'il
ne presse point trop les vaisseaux et qu'il permette au
sang de couler dans leurs cavit^s ». L'intestin ne pou-
vait p6n6trer dans la production du p^ritoine, serrde
par le fil.
D'aucuns, plus radicaux, passaient, sans meme in-
I . Le Cordon spermatique.
Le Maguet. — Le monde medical.
38
— 4J4 —
ciser la peau, un gros fil de chanvre sous le cordon
spermatique et en liaient vigoureusement les deux
bouts. La section du cordon 6tait totale au bout de
peu de temps et le fil tombait de lui-mfime.
Les Op^rateurs peu scrupuleux se contentaient
d enucl^er le testicule; ils liaient le cordon « le plus
proche de ses anneaux que faire se peut ». Cette cure
radicale empechait « que la hernie se reproduise »,
selon Dionis qui ne manque pas de fl^trir ce mode
op^ratoire par trop sans-gfine.
Les op6rateurs ambulans, dit-il, sont adroits 4 siparer
ces organes, sans que les Spectateurs s'en apper^oivent, ils
font la ligature des vaisseaux, avant que de tirer le testicule
hors du scrotum, et avec leur petit doigt passi par dessous ces
vaisseaux qu'ils coupent, ils le font sortir et le cachent dans
leur main, pour le mettre dans leur gibeci^re ' sans 6tre vu :
on a connu un de ces Opirateurs qui ne nourrissoit son
chien que de testicules ; le chien se tenoit sous le lit ou sous
la table, proche son maitre, en attendant ce morceau friant,
dont il se r^galoit aussitdt aprfes qu'il en avoit fait Textirpa-
tion, i rinseu des assistans qui auroient juri que le patient
avoit toujours ses parties.
Les opdratetirs lithotomistes ^taient de v^ritables sp^-
cialistes ; « la plupart des chirurgiens, nous dit Dionis,
se deffendoient de faire la taille, laissant ex^cuter cette
operation d ceux qui en font leur capital, et qui
apportent tous leurs soins pour s'y rendre habiles. »
I . C^tait une poche de cuir que les inciseurs de hargnes ou les lithoto-
mistes fixaient i leur ceinture, au moment d'op^rer et qui contenait tous
leurs instruments.
~ 435 —
Pour tailler, le lithotomiste avait d choisir entre le
petit appareil, le grand appareil et le haut appareil.
Le petit appareil ne n^cessitait, comme ce nom Tin-
dique, que peu d'instruments : un bistouri et un cro-
chet. C^tait la m^thode de choix chezTenfant. Un aide,
assis sur une chaise haute, prenait le petit malade sur
ses genoux, a et, ayant pass6 ses mains sous les j arrets,
lui empoignoit les deux bras, qu'il 6cartoit de mani^re
que cet enfant 6toit retenu dans une situation tr^s com-
mode pour etre taill6 » ; un second aide maintenait les
bourses relev6es. L'op^rateur introduisait alors un doigt
dans le rectum, et amenait la pierre proche le col de la
vessie, a la poussant le plus qu'il pent en dehors » ; la
pierre faisait saillie et il incisait, i fond, sur cette sail-
lie; il passait derriere le calcul le crochet et il Tex-
trayait plus ou moins facilement a avec force ou sans
force ».
Le grand appareil necessitait plus d'instruments
que le petit. Le malade etait mis sur le bord
d'une table ou d'un banc ; on lui ramenait les cuisses
contre le ventre, les talons contre les fesses et on lui
liait ensemble le bras, la cuisse et la jambe de chaque
c6iL Deux aides tenaient les jambes, les ^cartant
le plus possible; un troisi^me appuyait de ses deux
mains sur les ^paules du patient, tandis qu'un qua-
trieme aide lui relevait les bourses d'une main. Un
cinquieme aide passait les instruments d Top^rateur.
Celui-ci introduisait dans I'ur^tre du patient une sonde
mttallique, cannel^e sur le dos de sa courbure ; il la
— 43^ —
confiait au quatri^me aide qui <!c la poussait en bas par
la tete, afin que la partie courbe et la premiere intro-
duite de cet instrument repoussant en dehors Textr^-
mit6 int^rieure de Tur^tre, fasse mieux connoltre et
sentir d I'op^rateur Tendroitou il doit couper. » II inci-
sait ensuite sur la cannelure, 4 cdt6 du raphd ano-bul-
baire, les teguments et Turfetre sur une longueur de
deux d quatre travers de doigts, selon la grosseur de la
pierre. Cela fait, il prenait le gorgeret, bistouri a en
forme de petite 6pde » et Tengageant dans la cannelure
de la sonde, le conduisait jusque dans la vessie. Grace
4 Touverture souvent considerable qu'il avait faite, il
pouvait introduire une tenette ferm6e dans la
vessie, charger la pierre et I'extraire. II nettoyait ensuite
soigneusement la vessie, plagait dans la plaie une
canule d demeure et recouvrait le tout de plumasseaux
et de compresses trempies dans I'oxicrat.
Le troisi^me mode op^ratoire de la taille s'appelait le
haut appareiL Cest la taille de Franco ou taille sus-
pubienne : <c II faut faire, nous dit Dionis, une incision
au bas de I'hypogastre, directement au-dessus de Tos
pubis, et un peu d c6t6de la ligne blanche : les muscles
^tant coupes, on ouvre la vessie dans son fond, puis,
avec un crochet, on en tire la pierre ». A Paris, le haut
appareil ne fut gu^re employ^ que par Bonnet, qui fut
un des lithotomistes de THdtel-Dieu.
Que la taille filt faite par le grand ou le petit appa-
reil, elle entralnait des d^labrements considerables, lais-
sant, alors meme que la gu^rison survenait, des reli-
— 437 —
quats, trajets fistuleux ou autres, que le malade gardait
sa vie durant.
Aussi, la taille latiralisee, qui, respectant I'uretre, int6-
ressait la prostate, le corps, et le col de la vessie, devint-
elle rapidement la m^thode de choix. Elle fut prati-
qu6e pour la premiere fois a Paris, en 1697, P^'' ^^
nomm6 Baulot ou Beaulieu, appel6 le frere Jacques, et
dont Dionis nons raconte I'histoire :
Ce frfere itait un espece de Moine, qui avoit Thabit de Reco-
let avec cette diflKrence seulement qu'il 6toit chauss^, et
qu'au lieu de capuchon il portoit un chapeau. II se faisoit
appeler Frere Jacques, et il paroissoit simple et ing^nu. II
6toit sobre, ne vivant que de potage et de pain. II n'avoit
pas d'argent et ne demandoit que quelques sols pour faire
repasser ses instruments, ou pour faire raccommoder ses sou-
liers. II s'6toit fait une Religion ^ sa mode, avec des voeux
dont il laissoit la liberty a son Ev^que de le dispenser quand
il voudroit.
Le fr^re Jacques, qui devint rapidement cel^bre, fut
tr^s mal accueilli par ses confreres, les lithotomistes
parisiens ; et Saviard, dans son Kecueil Sobservatims chi-
rurgicales, I'accusa, non sans finesse, de devoir sa grande
reputation d cinq causes :
1° Parce qu'il n'opdroit pas de la meme maniere que les
autres lithotomistes ;
2** Parce qu'il avoit beaucoup de hardiesse tant d operer
qu'a vanter ses prouesses ;
y Parce qu'il sembloit d^sint^ress^ (de quoi il pourroit
fitre bl^m^ par Tfivangile pour montrer plus de zele et de
vertu qu'il n'en faut selon la Science et selon Dieu).
— 438 —
4° Parce qu'il portoit Thabit de moine et qu'il paroissoit
devot ;
3** Parce qu*il assuroit que tout ce qu'il savoit de la Chi-
rurgie lui etoit venu par inspiration divine ', de sorte que
n'ayant rien d6pens6 pour se faire instruire, il vouloit aussi
enseigner i d*autres gratuitement, ce qu'il faisoit.
Malgre ces attaques, le pcuple n'en considera pas
moins le fr^re Jacques « comme un homme envoy6 de
Dieu pour soulager ceux qui etoient afflig^z de la
pierre par une m^thode plus ais^e et moins dangereuse
que celle qui se pratiquoit ».
II y eut un engouement tel pour la nouvelle
methode que le premier president du Parlement, qui
6tait alors Achille de Harlay, Tancien procureur du Roi,
s'entremit aupr^s des gouverneurs de THdtel-Dieu et
des Fr^res de la Charite pour obtenir au frere Jacques
Tautorisation d'op^rer dans les hdpitaux. II y fit, en
plusieurs fois, cinquante tallies.
I . Le fr^re Jacques n'^tait pas le seul a revendiquer Tinspiration divine.
Vers 1 68 1, un Capucin, nomm^ le Frfere Marc, parcourut le Lyonnais, le
nord de la France, les Flandres, gu^rissant les malades par sa seule bene-
diction. Nous avons trouv^ dans le Portefeuille Valiant (p. VH, fo 222) une
Icttre du docteur ^ M'^^ dc la Porte, qui nous donne des renseignements
aniusants sur ce thaumaturge : « ...Je croisque vous serez bien aise d*ap-
prendre que le Capucin qu'on appelle le p^re Marc, a force de faire des mi-
racles a commence ^ esbranler Tincredulite des plus obstinfe qui disent :
« II en fait trop ! » II faudra enfin le croire. II donne la veue aux aveugles,
fait marcher les boiteux, entendre les sourds; les bossus devant derridre
sont redresses et tout cela est escrit par plusieurs personnes que Ton dit
estre dignes de foy... » Qjaoi quMl en soit, ses miracles rencontrerent beau-
coup d'incredules, surtout parmi le clerg^. « Plusieurs religieuses de
TAbbaye-au-Bois (dont Valiant etait le medecin) disent qu'elles n'entendent
point son actc de contrition, qu'il y cherchc trop de myst^re, qu*il auroit
plutost fait de dire que ce n'est qu'une forte douleur de coeur par un mou-
vement d'amour de Dieu qui ne peut venir que du Gel. d
r
— 439 —
Citoit, dit Dionis, un empressement inconcevable pour le
voir travailler; il n*y avoit pas un Medecin ni un Chirur-
gien qui ne tSchflt d'y entrer; il falloit des gardes pour emp^-
cher la foule, et il y a eu jusques k deux cens personnes h la
fois pr&ens i ses operations.
Le frere Jacques, a trop hardi a travailler », cut dcs
r^sultats opdratoires d^plorables : cc quelquefois il cou-
poit le col de la vessie en travers, de sorte qu'elle 6toit
tout d fait stpar^e de Tur^trc; il ouvroit aussi souvent
le rectum ; il ne s'^tonnoit point quand il avoit ouvert
le vagin, cequi lui arrivoit d presque toutes Ics femmes
qu'il tailloit ». La grande majorite des tailles mourut
et Baudot fut oblige de quitter Paris. Malgre ses insuc-
ces, le peuple :
Rejettoil la cause de tant de malheurs sur les Chirurgiens
de la Chariti, disant hautement qu'il falloit que par jalousie
contre ce nouvel Operateur, ils eussent empoisonne ces mala-
des, pr6tendans qu'ils ne pouvoient avoir p6ri en si grand
nombre et si promptement, que par quelque cause 6trang6re
a Topiration.
Apr6s la disparition du frere Jacques, sa methode,
corrigee et perfectionnee, devint rapidement la methode
de choix, et, d la mort du Grand Roi, la taille par le
grand appareil etait absolument d^laissee.
y
PORTEFEUILLE DE VALLANT
M^DECIN DE S. A. R. M""^ DE GuiSE
ET DE M"^ LA Marquise de Sabl6
I
VALLANT
Villtnt nalt i Lyon ; u famille. — II part i Montpellier ; son maitre ; ks notes
d'jtadiimls; les quaue qaestioni ciidinales.
VilUnt i Piiii : Lcj dibuu diffidles; les leltres du P4re Rocheite; la <lienitle de
ValUnt 1 u consultation avcc Vallot.
Vitlanl Chez M" de SMi. — La manjuise el m conversion; !e salon de Pon-
Rojal. — Valiant e< les amies de M" de Sibli. — Sa belle clientele ; la
Carmtlites de la rue Sain l- Jacques el de Montmaitre: I'Abbaye au Bois; les rell-
gieoses Angloijes, — Valiant devieiit midecin de M"* de Guise.
ValUnt, premier midecin de M- de Gai«. — II devieni Tun des priucipaui
mMecins de Paris, — Son ixn de sujetiou vis-l'vis de M~* de Gaise. — Les
recettes culinaires el de parfumerie. — Les venires durs .
La bonltde Valiant. — Sacharitt. — Son amitif pour M— deSablrf. — Sa moit.
* orsque nous nous sommes trouves en
' presence de son volumineux porte-
■ feuille ', nous n'avions sur Valiant
que fort peu de renseignements bio-
graphiques ; nous neconnaissions que
les quelques lignes que Cousin lui a consacr^es dans
son Etude sur M"" de SabU,e.t la date precise desa mort,
1. Bib. Nat. — Manuscrits fr; Conds intitule : R^idu S. Gcmiaia, qua.
tone portefeuilles in-folio.
— 442 —
consignee sur les registres de Tabbaye de Saint-Ger-
main-des-Pr6s '.
Cependant, grace 2iux observations de midecine el autres,
aux nombreuses lettres qui se trouvent dans le Porte-
feuille, nous avons pu reconstituer la vie de Valiant,
qui fut une des plus curieuses silhouettes m^dicales de
r^poque qui nous occupe.
Valiant naquit i Lyon oii sa famille etait fixde de
longue date. Son p^re, qui v6cut tr^s vieux *, 6tait mar-
chand au pont Sainte-Catherine. Le futur medecin
(itait le second dequatre enfants : I'ain^ prit la suite du
commerce paternel, se maria et eut un fils et unefiUe '.
Le second, apris avoir habits quelque temps Paris*
et voyage dans le nord de la France \ s'6tablit a Avi-
gnon (vers 1669). Le dernier enfant 6tait une fille, qui
ne se maria point, et qui, sans entretenir de correspon-
dance avec Valiant, lui dtait ch6re, 4 en juger d'apr^s
les nombreuses recettes culinaires qu'il lui adressait :
« Memoire pour faire la marmelade de coings (pour
ma soeur Catherine) »
Le pere de Valiant devait fitre assez richc, car il en-
voya, vers 1650, son fils 4 Montpellier pour y faire
1 . LaqucUe abbaye avait re^u le Porlefeuille l^gu^ par Valiant.
2. II etait encore vivant en 1672, lettre de H^douin, p. IX, f© 37.
3 . Cette ni^ce de Valiant se fit religieuse et nous avons trouv^ dans le
PortefeuilU plusieurs de ses lettres.
4. Probablenient chez son fr6re qui, frais ^moulu de Montpellier, venait
de s't^tablira Paris. Porteftuille, f° 190.
5 . M<»«: de Sabl(^ le rccommande k la femme d'un haut personnage habi-
tant Nancy, p. X,. fo 337.
— 443 —
ses Etudes de m^decine. Valiant partit avec un autre
jeune homme, fils d'un marchand de Lyon, et nomm6
H6doin; cest alors que prit naissance entre les deux
jeunes gens une amitie 6troite qui dura jusqu'i leur
mort.
A Montpellier, Valiant et Hedoin furent les elives
d'un professeurqui 6tait alors fort renomm^, Haguenot;
ils prirent logement chez lui et le « suivirent ' » durant
toutes leurs Etudes m^dicales.
Valiant dut etre un etudiant modelc ; son education
premiere laissait, il est vrai, 4 d^sirer ; il etait fort
mauvais latiniste, et souvent achevait en fran?ais une
phrase commenc^e en un latin qui n'avait rien de cice-
ronien. Mais il travaillait ferme et avait d^jd la mono-
manie de prendre des notes, consignant avec soin « les
pens^es qui passent par Tesprit comme des eclairs et
que Ton ne retrouve plus si on n a soin de les escrire ».
Ces notes d'etudiant, il les reunit en un petit cahier
qu'il conserva pendant toute sa vie et qu'il se plaisait 4
relire ; ce recueil 6tait intitule : Contra internos aliquos
morhos et ad affectus externos nminulla selectissima ad
praxim medica experitissimis practicis desumpia^.
En 1655, Valiant refut le bonnet doctoral et nous
avons retrouve dans son Portefeuille la copie de quatre
1. Portefeuille Valiant^ p. XIV, fo 469 « M' Haguenot que je suivois dans
ce temps-la et qui ^toit, comme vous le s^avez un tr^s bon praticien ».
2. PorlefeuilU Valiant, VIII, f. 283 i 336.
— 444 —
questiofis carditiales qui, selon toute probability, ' furent
soutenues par lui :
L. B. V. D. t B. L. V. M.
Questiones quatuor cardinales
Pro suprema ApoUinarii laurea consequendse propositse
a
lUustrissimo viro D. D. Richardo de
Belleval, regis consiliario et medico
nee non in alma medicorum Monspe-
liensium Academia Cancellario amplissimo
Anatomico botanico judiceque
aequissimo.
et
D. D. Simeone Curtaudo * Regis Consiliario
Et medico nee non in alma eadem Academia
Decano venerando.
Quibus accesserunt pro more Solito
assertionesy problemata et paradoxa
Cuncta discutenda in augusto Monspeliensis ApoUinis
fano.
diebus II 12 et 13 mensis martii anni
1655
Disputantibus Amplissimo Cancellario,
Decano venerando, professoribus
Regiis illustrissimis, doctoribus
1. M. Auvray, le savant biblioth^caire du d^partement des manuscrits de
la Biblioth^que nationale, n^est point de notre avis ; il ne reconnait pas
1* Venture de Valiant et pretend que ces questions cardinales furent proba-
blement ^crites par Haguenot. Nous sommes de son avis sur ce point, mais
nous pensons que Valiant, qui ^rivait k peu pr6s illisiblement, eut recours
d son maltre pour pr&cnter, d'une mani^e correcte, ces quatre questions
cardinales. Nous avons demandd i Tficole de Montpellier des ^dairdsse-
ments sur cette question controvers^e; notre demande est rest^ sans
r^ponse.
2. C'est le c^l^bre G>urtaud qui eut de longues controverses avec la
Faculty de Paris.
— 445 -^
clarissimis et quibus libet aliis.
Quaestio prima Cardinalia.
An in morbis lacrymae involuntariae malae ?
Qpaestio secunda Girdinalia.
An ventus hieyme calidiores ?
Quaestio tertia Cardinalia.
An febriculorum varietate morborum diversi-
[tatem pariat ?
Qua^stio quarta Cardinalia.
An sobrietate et veneriae abstinentia faciani
[longaevitatem ' ?
Outre ces quatre questions, Valiant eut i discuter
des assertiones, prohlemaia, paradoxa plus ou moins
bizarres; nous en citerons les principaux :
Assertiones : Calor noster est elementarius.
Colico dolore Laudanum.
Pili verae corporis partes.
Cor vera Sanguinis officina ^.
Problemata : An pleno ventriculo commodior Venus ?
An plethora indicant venae sectiones ?
An apoplexiae jugularium sectio?
An lacrimal cerebri vestimentum ?
An somnus fluxiones cohibet ?
Paradoxa : Mulier potest cocipere et parere illaesa virgini-
[tate.
Aqua est aere humidior '.
1 . II y a une diflfi^rence entre ce latin peu correa, plein de fautes, et le
paranymphe de Robert Patin, ^crit en une langue des plus elegantes.
2. Cela montre Men I'esprit de la Faculty de Montpellier devant les
d6xrovertes harvdiennes; k cette ^poqueon n'eut jamais os^, ^ Paris, mettre
cette question parmi \^ assertiones, One£it dit : An cor vera sanguinis officina?
et encore il eiit ^t^ dangereux pour le candidat de conclure par I'affirmative.
5. PorUfeuille Valiant, p. XI, fo 82.
— 44^ —
Une fois docteur, Valiant ne quitta pas de suite
Montpellier. Alois que son ami H6doin s'6tait d^ja eta-
bli m^decin d Lyon, il resta quelque temps aupres
d'Haguenot pour se perfectionner dans la pratique de
son art.
En 1657^, il se dcicida d aller tenter la fortune 4
Paris, oil les m^decins de Montpellier, grace 4 la pro-
tection de Vallot, premier m^decin du Roi, pouvaient
alors exercer, en d^pit de la Faculty. De plus, il y 6tait
appel6 par M"^*^ de Sabl6, qui connaissait depuis long-
temps sa famille ; la marquise, ayant besoin chaque
ann6e, de plusieurs douzaines de vip^res, les faisait
venir du Lyonnais et le p6re de Valiant se chargeait
r^gulierement de les acheter sur place.
Voild done notre jeune docteur % frais ^moulu, en
butte aux mille difficultts accueillant le praticien pauvre
qui osait venir tenter la fortune d Paris. II s'installe rue
des Poir^es \ « chez M*"^ Dauphin, au devant de la Fleur
de lys d'or et du college de Clermont »; il est done en
plein faux-bourg Saint-Germain, le quartier 6l6gant de
r^poque : a mais il loge en garni, et dans une des plus
vilaines rues du faux-bourg ». Malgr6 cela, les clients
accoururent chez le jeune midecin provincial , s'il fauten
croire une lettre d'un bon p^re j^suite, le P. Rochette,
1. II est encore ^ Montpellier en 1656. Porteftuile Valiant, p. XJ, f<> 476.
2. £tant donn^ Fdge qu'il fallait avoir pour commencer les Etudes m^i-
cales et la dur^e de ces demi^res, Valiant devait avoir environ 30 ans.
3 . Dans le pdt^ circonscrit par la rue du Four, la rue Bonaparte, la rue
des Canettes et la place Saint-Sulpice.
— 447 —
t religieux du College des Jisuites de
not et moy avons aussy parl6 bien souvent
uiand, niais Dleu s^ait comment; c'estoit bien
i qui mieux mieux et n^ntmoingts nous n' avons jamais peu
en' dire assez de bien; et quoy que vous ne m'ayez rien diet
du bon succ^s et de la practique que vous avez dans Paris,
je I'ay bien seen d'ailleurs, de quoy je b^nicts Dieu et m'en
conjouis avec vous; mais je ne voudrois pourtant que cela
nous privat de I'esperance que nous avons de vous revoir en
ces quartiers bien tost de retour et d'avoir le bien de faire
encor une herborisation en vostre compagnie '.
Mais si ce brave apothicaire complimentait si fort le
jeune docteur, il avait une arriere-pensee; il esp^rait
placer d Paris, grSce d Valiant, tout un stock de th^-
riaque qui restait en souffrance dans rapothicairerie
du College des J^suites. Dans ses lettres, tout en ftlici-
tant Valiant de sa belle clientele, il revient sans cesse
sur cette merveilleuse ih^riaque, dont il est pret d
c^der d son ami la majeure partie, d raison de 7 liv.
la livre soutive :
Je oe scay pas si je vous ay dit comme j'ay faict la The-
riaque dans cette ville il y a un an avec demonstration
publique ou assista toute I'universite avec la plus part du Par-
lement et presque de toute sorte de conditions de Personnes
pendant une semaine qu'ellefut expos^e
La clientele de Valiant se formait, mais bien lente-
I . Portifaiilk Valiant, p. IX, i" ifij (lettre i ValUot, 1 avril i6i8).
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- 448 -
ment; il soigne surtout des petits bourgeois, des arti-
sans qui ne recourent jamais, mfime in extremis, au
luxe d'une consultation. Cependant en fevrier 1662,
Valiant est mandi d Saint-Germain aupr^s de M. de
Bordeau', et il appelle en consultation Vallol,
I'archiatre. Malgr6 cette aubaine, il 6tait fort mal dans
ses affaires et il dut accepter, avec joie, I'offre que lui
fit M"*^ de Sabl6 d'entrer chez elle, i la fois comme
m6decin, secretaire et intendant.
II habitait alors rue Mazarin % « vis-4-vis le jeu de
paume des Canettes »; il y conserva son logement,
mais 4 partir de 1663, il suivit M™^ de Sabl6 tour a
tour a 4 rhostel de Souvr6, rue des Petits-Champs »,
et « aux faux-bourgs Saint-Jacques, proche les reli-
gieuses de Port-Royal ».
M'"*^ de Sable n'^tait plus la belle marquise dont
M"« de Scud^ry, dans le Grand-CyruSy avait fait le por-
trait \ Elle avait alors 56 ans et la saison des amours
etait depuis longtemps passee ^; elle s'dtait convertie,
i
1 . Probablement T^v^ue de Bordeaux.
2. Devenue la rue des Canettes.
3 . a Parth^nie ^toit grande et de belle taille ; elle avolt de beaux yeux ; sa
gorge £toit la plus belle du monde ; elle avoit le teint admirable, les che\%ux
blonds et la bouche fort agr^able... avec un air charmant et des souris fins
ct doquents qui faisoient connottre la douceur ou la malice qui ^toieot
dans son dme. »
4. Le docteur Legu6 parle, entre la marquise et Valiant, d'une liaison,
toute platonique, du reste, ajoute-t-il , cette liaison ^tait tellement admise
qu'on ^rivait couramment k a Monsieur Valiant chez Madame la marquise
de Sabl^. » — Cette raison n'en est pas une ; s*il en ^tait ainsi on devrait
accuser Valiant d'avoir 6t6 li^ tour k tour avec M™* Dauphin, M™« de
Guise...lll
— 449 —
comme on disait alors, c'est-4-dire que ses sentiments
religieux avaient pris un caract^re plus prononc^.
a Mais en pensant d Dieu, dit V. Cousin, elle ne chan-
gea pas de nature et demeura elle-m^me. Avec la tour-
nure de son esprit, le goAt et Thabitude de la distinc-
tion et de Timportance, elle ne pouvait se contenter
de la pidtd commune et apr^s avoir 6t6 pr^cieuse, elle
devint d6vote raffin^e. Visant toujours au sublime,
comme les femmes de sa jeunesse, elle 6changea la
galanterie espagnole pour le jans6nisme. »
La fortune de Madame de Sabl6 6tait en fort mau-
vais etat. Elle avait 6t6 obligee de quitter son h6tel de
la Place Royale, de restreindre son train de maison et
d'accepter I'hospitalit^ que lui offrait son fr^re Jacques
de Souvr6, grand-prieur de France. Cest d cette 6poque
que Valiant entra chez elle. Au bout de quelque temps,
sur les conseils de son amie, M"^<= de Longueville ',
la marquise quitta Thdtel de Souvr^ et alia habiter aux
fauxbourgs Saint-Jacques, un corps de logis separ6 du
monast^re de Port-Royal, mais renferme dans son en-
ceinte.
« Ld, nous dit Cousin, elle s'occupait de la grande
affaire de son salut, sans en n^gliger aucune autre, le
soin de sa sant6, le gout de toutes les d^licatesses, y
compris la friandise, celui de la belle litt^rature, sur-
I. Qui, apris la mort de son fils, le comte de Saint-Pol, tu6 au passage
du Rhin, s'^tait retirte h Tabbaye de Port-Royal de Paris.
Le Maguet. — Le monde medical, 29
— 450 —
tout la passion d'un certain credit pour soi, pour ses
amis, pour tout le monde. Elle avait fait de son appar-
tement d Port-Royal un autre h6tel de Rambouillet en
petit, tres-aristocratique, encore un peu galant, tou-
jours tr^s-bel esprit, d'une devotion 6l6gante et d'abord
assez peu s^v^re. II y avait des habitues mediocres dont
le nom a surnag^ d peine : Tabb^ Testu, Tabb^ de La
Victoire, Esprit, Tabbd d'Ailly, le marquis de Sourdis;
quelques visiteursd'un ordre plus relev6, Nicole, Arnault'
Domat, Pascal avec sa soeur Gilberte, M"*^ P^rier, la du-
chessed'Aiguillon,ni^ce de Richelieu; Anne de Rohan,
la belle princesse de Guymen6; M'"® de Hautefort, du-
chesse de Schomberg; sa belle-soeur, la duchesse de
Liancourt, M. et M"*^ de Montausier, le prince et la
princesse de Conti, M. le Prince, quelquefois menie
Monsieur, le frere de Louis XIV, tres-souvent La Roche-
foucauld et M"'^ de La Fayette, constamment et dans
le plus particulier la comtesse de Maure et M'"^ de
Longueville avec sa fiddle amie M"^ de Vertu. En
m^me temps qu'on faisait chez M"^^ de Sabl6 du bel
esprit et de la devotion, on y faisait aussi des confi-
tures et de merveilleux ragouts; on y composait des
elixirs pour les vapeurs et des recettes contre toutes
les maladies. M"'^* de Sable suffisait 4 tout, s'occupail
de tout, de nouvelles litt^raires et d'affaires serieuses,
sans beaucoup sortir de chez elle, et sur la fin presque
sans quitter sa chaise et son lit. II lui prenait quelque-
fois des acces de dc^votion ou des vapeurs, et pendant
ce temps elle fermait sa porte i tout le monde, meme
^ 451 —
i ses meilleurs amis; mais ces moments 6taient rares
et duraient peu, et c'^tait en g^n^ral une maltresse de
maison accomplie ».
Valiant, homme aimable, ayant toujours en poche
quelque recette de cuisine in^dite, ou quelque pate
plus ou moins merveilleuse pour le visage, se fit fort
bien voir des intimes de M"^^ de Sabl6. II devint le con-
fident et le conseiller des habitudes du salon de Port-
Royal \ qui n'avaient pas encore abdique toute coquet-
terie et qui 6taient ravies de voir un mddecin complai-
sant s'int^resser d leurs petites mis^res. Chaque fois que
Tune d'elle 6tait souffrante, M'"« de Sabl6 d6p6chait
Valiant aupr^s de la malade, qui, gudrie, ne tarissait
pas d'doges sur le « bon docteur ».
Ces doges permirent 4 Valiant de se faire rapidement
une clientele superbe, non seulement dans le monde
janseniste*, mais dans le monde orthodoxe. Fort
habile, il se fit bien voir de Brayer qui avait toute la
belle clientele cl6ricale de Paris; il Tappelait toujours
en consultation, et ne voulait rien faire sans son assen-
timent. Brayer ^ vieux et fatigu^, se d^chargea du trop-
plein de sa clientele sur Valiant qui devint m^decin
1. Qui ^taient toutes d*anciennes Pricieuses, jadis rornement de la
cbamhre hUue de la marquise de Rambouillet et du salon de Mii« de Scud^ry.
2. II soigna d diverses reprises M<n« de Longueville, Arnaud d'Andilly,
le grand Amauld, Nicole, sa soeur M*** Nicole
3. Brayer gagnait bon an mal an 80.000 livres qu'il employait du reste
diaritablement car « s*il recevait 'un ^cu d'or par visite, dit Harron, il n'en
donnoit pas moins lorsqu*il visitoit les pauvres » et le cur^ de Saint-
Eustache, sa paroisse, recevait chaque mois un sac de i .000 livres pour ses
pauvres. Aussi Brayer fut-il inhum^ dans cette ^glise.
— 45^ —
dcs couvents des Carmelites de la rue Saint-Jacques, de
TAbbaye aux Bois, des Religieuses Angloises...
Valiant plut tellement aux Carmelites ct celles-ci
firent de tels doges de leur m^decin, que Tabbesse du
couvent des Carmelites de Montmartre, soufFrante, eut
recours d ses soins. Des lors la fortune de Valiant fut
faite.
Franfoise de Guise, fille de Charles de Lorraine,
due de Guise et de Henriette de Joyeuse, abbesse de
Montmartre, pr^senta son m^decin 4 sa soeur, M"« de
Guise, et 4 sa niece, M*"'^ de Guise, veuve du dernier
due de Lorraine, et fille de Gaston d'Orleans*.
Valiant plut 4M*^^ de Guise; elle le mit sur Tetat de
sa maison, au grand bonheur du m^decin qui le soir
mfime, consigna soigneusement dans ses notes que
Lesamedy, 9 d6c. 1673. Madame de Montmartre m'a faict
rhonneur de me dire que hier, jour de la Conception, Made-
moiselle de Guise me vouloit attacher A elle et me faire mettre
sur Testat de sa maison au commencement de Tannic pro-
chaine^ qu'elle s'estoit d^clar^e la-dessus et que Madame de
Guise qui estoit presente avoit dit que puis que j'estois m^-
decin de ses deux tantes, je pouvois bien aller de leur part
voir souvent Mons' d'Alan?on^ et elle aussi qu'elle avoit
une trds grande confiance en moy et que si son m^decin
venait 4 manquer qu'elle me mettroit 4 sa place.
Mad. de Montmartre m'avoit dit il y avoit environ un an,
1 . Par consequent sccur de M^ie de Montpensier ; mais issue du second
manage de Gaston d^Orl^ans, fr^re de Louis XIII.
2. Fils de Mm« de Guise dont nous verrons plus loin la maladie et la
mort. Avec lui finit la famillc des Guise.
— 453 —
que M"* de Guise me prioit de ne pas prendre d'engagement
parce qu'elle me retenoit pour M*^ d'Alan^on et pour elle;
c*est que Ton croioit dans ce temps li que M"* de Guise se
pourroit marier avec M' d'York, et qu'elle pourroit me mener
hors du royaume. Je ripondis que Mademoiselle me faisait
beaucoup d'honneur mais que je ne voulois pas qu'elle m'eut
deTobligation de ne point sortir du royaume parce que j'avois
desengagemens de devoir pour des personnes qui m'empiche-
roient de sortir de Paris et qu'il n*y auroit qu'un ordre du
Roy qui m'y pent obliger '.
Depuis deux ans d6jd, Valiant avail quittd M'"*^ de
Sabld. Ce depart 6tait-il dti aux soucis d'une clientele
toujours croissante* ou au caract^re difficile de la
marquise? Nous pensons que la premiere de ces rai-
sons 6tait la plus plausible, car Valiant n'en resta pas
moins tris attache i M"**^ de Sabl6, et continua 4 fre-
quenter assidAment le salon de Port-Royal.
II revint quelque temps habiter son logement de la
rue Mazarin, puis s'dtablit vers 1671 « chez M^ Denis',
1. Porte/emlle Valiant, p. IX, f<» 307.
2. En effet, Valiant ne pouvait gu^re faire de la clientele dans Paris en
habitant le faubourg Saint-Jacques.
3 . Ce Denis ^tait lui-m^me m^decin et fut un moment cd^bre ; il pen-
sait qu'en introduisant dans le syst^me veineux le sang d'un animal^ et en
retirant en m^me temps le sang de Tindividu, on renouvellerait totalement
la masse sanguine ; de plus le sang d'un animal jeune rempla^ant le sang
d'un homme vieux, on rajeunissait par cela mSme le patient. Denis avait
invent^ une canule de forme particuli^re (dont nous avons retrouv^ le
dessin dans le PorUfeuille Valiant permettant d'op^rer la transfusion). II
injecta de la sorte du sang de veau ^ plusieurs hommes « tirant en meme
temps, nous dit Dionis, par Tautre bras autant de sang qu'il croyoit en
faire entrer ». Mais au lieu des r^sultats surprenants qu*il attendait, ses
clients « devinrent foux furieux et moururent ensuite. Le Parlement
inform^ de ce qui s'etoit pass^, interposa son autorit^ et donna un arrest
par lequel il ^toit defendu sous de rigoureuses peines de faire cette opera*
tion. A
— 454 —
sur le quay des Augustins, d une porte cochire
rouge » .
En 1675, ^"^^ ^^ Guise, dont il 6tait d6j4 medecin
par quartier, ayant perdu son premier medecin, choisit
Valiant pour le remplacer. Log6 4 rh6tel de Guise ou
« 4 Luxembourg » \ Valiant, comme premier medecin
d'une princesse de sang royal, devint « conseiller du
Roy en ses conseils », et partant un grand person-
nage'. Aussi il fut ftlicite de tous c6t6s, et nous
avons trouv6 dans le Portefeuille une lettre charmante,
6crite par M^^^ Lambert, amie de M™® de Sabl^, qui com-
plimente Valiant sur sa nouvelle dignity :
Lundy, 15 avril 1673.
Vendredy aprte quevous fustessortidechez Madame deSabli,
Ton m'apprit, Monsieur, que S. A. R. Madame de Guise vous a
choisi pour son premier medecin. Samedy, mon laquais passa
la joum6e ^ ses devotions et hier n'estoit pas un jour de
commerce. Ainsi, Monsieur, j'ai difftri jusqu'i cette heure 4
vous t6moigner la joye que j'ay de vous voir dans une place
si honorable et si avantageuse. Je souhaitte passionn^ment
qu'elle vous serve de degrfe pour monter plus hault; car
en v6riti, Monsieur, Ton ne peut estre k vous de meilleure
mani^re que j'y suis ny plus sinc^rement vostre tr& humble
et tres obeissant serviteur ^
Lambert.
1 . Au palais du Luxembourg , qui ^tait propri^t^ indivise de W^^ de
Montpeusier et de sa soeur M»c de Guise. Cette derni^re ^ait une co*
locataire d'une humeur incommode, et M^^^ de Montpensier s*^tend lon-
guement dans ses Mimoires sur tous les ennuis que sa soeur lui causait.
2. II n'en resta pas moins, sa vie durant, mddecin de W^^ de Guise et
habitant tant6t chez elle, tantdt chez M°*e de Guise.
3. Portefeuille Valiant y p. IX, fo 143.
•- 455 —
Le petit a m^decin du dehors » est done devenu un
m^decin en vue ' ; on ne tarit pas d'^loges sur son
compte, et ces 6loges, Valiant les savoure conscien-
cieusement quand on lui en fait part, les notant soi-
gneusement le soir meme dans ses « Observations » :
Samedy 9 D&embre 1673, M"*Testu m'a dit que Madame
de Longueville m'estimoit beaucoup et qu'estant chez elle
depuis 5 ou 6 jours, et luy disant que si elle estoit malade
qu'elle ne voudroit que moy, que j'estois fort sage et que je
consultois M"^ Brayer dans tous mes besoins, Madame de Lon-
gueville lui a respondu que j'estois fort 6clair6 et que je n'avois
pas besoin de M"* Brayer.
M' I'abbi de Lavergjie m'avoit dit, il y a environ un an, que
j'avois une obligation particuli6re i Madame de Longueville,
parce que M' Dodart, mWecin de M" les Princes de Conti
I. II est amusant de comparer les diffi^rents billets Merits i Valiant pour
le prier de visiter un malade ; nous en publions deux : un adress^ au petit
docteur courant apr^s le client et le second obsequieux sollicitant les soins
du m^decin connu.'
Si Monsieur Valen disne chez luy je le prie de vouloir passer ceans k
Theure de son disner, ou tout au moins vers les sept heures du soir. Je
suis son tres humble et tres obeisant serviteur.
Illisible
Ce dimanche * p. XI, f<> 497.
Ce Jeudy 3 avril au matin.
Je vous supplie, mon cher monsieur, de nous donner une heure de vostre
temps aujourd'hui pour venir visiter M^ie des Couays, femme de chambre de
Madame, grande amye de Madame Dabin et la mienne particulierement.
C'est une demoiselle de tr^s grand m^rite et d'une tr^s grande vertu,
infirme depuis longtemps, qui m^rite bien par tant de bonnes raisons que
vous lui faciez la grace de la venir voir pour examiner sa maladie et luy
donner les rem^des convenables selon vostre bon sens et vostre esprit droit
plutdt que par les regies souvent homicides de Galien et d*Hypocrate. On
vous cherchera en carosse d Theure qu*il vous plaira. J'esp^re cette grdce de
rhonneur de votre amiti6. Je suis de tout mon coeur tout h vous.
Uabb6 d'Ailly.
pour
Monsieur Valiant, m^decin de Madame de Guise a Luxembourg,
k Paris. P. XI, ^ 250.
— 456 —
estant malade etirextrimiti ellevinttrouver Madame la prin-
cesse de G>nti pour luy dire qu'il n'y avoit personne qui peut
mieux que moy remplir sa place s'il venoit i mourir.
Mad"* Testu me dit aussi lorsque la mdre de Chabriat mar-
chast tout k coup apr6s un rhumatisme k une jambe qui luy
avoit fait perdre le mouvement, il y avoit plus d'un an. Ton
croioit que c'estoit un miracle, Madame de Longueville luy
dit que si je disois que e'en estoit un, qu'elle se iieroit bien i
moy.
Lors que M^ le G>mte de Saint-Paul alia en Gindie, on
luy donna un m^decin. M' Brayer parlant de moy dit que
i'estois le plus sage m^decin qu'il connut et que j'estois inca-
pable de faire des fautes.
II m'a dit i moy mesme en presence de M"* Pirier ' et
Madame Beaudoin une consultation que je fesois pour Made-
moiselle Perier que je pouvois escrire, qu'il signeroit tout ce
que je mettrois.
Mais si ces ^loges itaient soigneusement not^s dans
les a Observatims », Valiant passait sous silence toutes
les rebuffades qu'il recevait. M*"*^ et M"^ de Guise
6taient les plus bourrues des maltresses, et Valiant dut
regretter plus d'une fois la bonne M"^^ de Sabld. Tout
en vaquant aux soins d'une nombreuse clientele, il 6tait
en quelque sorte prisonnier au Luxembourg ou 4
rh6tel de Guise, et devait rendre compte de ses
I. C^tait la soeur de M. Perier, le beau-fr^re de Pascal; M. Perier ^tait
lui-m^me client de Valiant et le prisait fort ; sa femme entretenait avec lui
une correspond a nee suivie, et nous avons retrouv^ nombre de ses lettres
dans le Porlefeuille Valiant. Elle lui dcrit le plus souvent de Clermont et ne
lui manage pas les compliments. Le remerciant du bon accueil fait a une
malade envoyee par elle, elle ajoute : « Je Tavois bien asseur^ qu'elle ne
pouvott s'adresser a personne dont elle put tirer plus de secours et de con-
solation que de vous parce que je connois vostre bont^ pour moy et vostre
charit^ pour tout le monde. » Lettre du 29 octobre 1674.
¥
— 457 —
moindres actes au maltre d'h6tel de ses maltresses. S'il
passe la nuit dehors, il doit s'en excuser aupr^s de
M. Dubois ', qui gronde lorsque ces hearts se renou-
vellent trop souvent. Le prie-t-on de passer voir un
malade, il est oblige parfois d'en r^ftrer aux prin-
cesses qui, quelquefois, a n'y peuvent consentir* ».
Valiant, d'un caract^re paisible, se console de toutes
ses mis^res en faisant bonne ch^re; il est au mieux
avec le cuisinier de Thdtel de Guise, qui lui confie
des recettes extraordinaires dont il prend note soigneu-
sement ; chez le client, il aime causer avec les cham-
bri^res : M^^*^ Marguerite, de chez M"™® de Longueville;
M"^ Marthe, de chez la Pr6sidente Le Coigneux.... En
^change des amabilit^s qu'elles en refoivent, elles lui
donnent toutes les formules myst^rieuses de leurs
maitresses : pommade pour les l^vres, eau d'ange,
1. M.Dubois a THostel de Guise. — La m^decine de Madame de Lon-
gueville qui Fa fort bien purg^ et dont elle se porte mieux qu'elle ne
fesoit hier a este cause que je n'ay peu aller coucher k Thostel de Guise
au}ourd*hui comme je Tavois r^solu. Vallant.
2. Lettre du 12 septembre 1679 ^ ^* I^ubois, i Thostel de Guize.
« Vous savez sans doute, Monsieur, Tembarras ou nous sommes pour
tirer Monsieur de la Rocheguyon d'affaires. Monsieur de Louvois nous a
donn^ son m^decin qui est un des plus habiles et des plus honnestes
hommes que je connaisse. II a d^jii consult^ avec Mons. Valiant, qu'il
estime ; Monseigneur le due de La Rochefoucauld a pens^ de son cost^ ; on
a trouv^ une difficult^ it regard de Mademoiselle de Guize. Si vous pouvez
la f aire cesser vous obligerez toute la maison et en ce cas vous obtiendrez
ce que Ton esp6re de Thonnestet^ de cette princesse.
« Je vous supplie tres humblement, Monsieur, de me le faire savoir et de
nous envoyer Mons. Valiant. J'ay recours k vous comme k la personne du
monde en qui j'ay le plus de contiance et pour qui j*ay le plus de respects. »
Et Valiant, a qui Dubois a fait tenir le billet, ^crit en marge : « On me
demande d I'hotel de Guise pour la petite verolle de M^ de la Roche Guyon
M«iie de Guise ny peut consentir. »
— 458 —
poudre i la mar^chale, pour confire fleurs d'oranger
Et Valiant entasse note sur note.
Car il a la rage d'^crire tout ce qui lui arrive, ou
arrive i ses clients. M^decin de couvents, il a fort i faire
pour rem^dier i la paresse intestinale de sa clientele
feminine; lorsque une purgation produitun plein effet,
\'allant en prend note, mettant en regard le nom de
la personne qui en a 6t6 gratifi^e. Le nombre de pur-
gations qu'il a dii ordonner pendant sa carri^re medi-
cale est fantastique s'il faut en juger d'apr^s le cahier
d observations, qu'il intitule les Ventres durs^ cahier
grSce auquel nous connaissons la seule clientele consti-
p6e de Valiant.
II y inscrit tons ses clients ', i « ventres durs », sans
distinction de rang, qu'ils soient princes, bourgeois ou
artisans ; M*"* la norrice y coudoie la princesse de
Mecklembourg, et Chamillard *, maftre Pierre, le
bedeau de la paroisse Saint-Jacques-du-Haut-Pas.
Tout en soignant les grands, Valiant n'en reste pas
moins cc qu'il dtait avant, bon et charitable. II n'ou-
blie pas H6doin ^ son camarade d'^tudes, qui, charge
1. Nous citerons M<o« de Miramion, Mii« de Cr^uy, M<n« la pr^idente
Le Coigneux, M»« de la Croix, M«e d*Huiii^res, M»« de Saint-Just, Mmcde
Laval, M™« de Longueville, M. Marcel (cur^ de Saint-Jacques-du-Haut-Pas),
sa mdre et sa soeur, Mii« d^Harcourt, M. Mouilleron, apothicaire, Mnc U
norrice (probablement du due d'Alen^on), M"* de Nogent, M™* da Plessis-
Gu^negaud, M™« de Rochefort, MUe de Soissons, la grande duchesse de
Toscane, soeur de Mi°<^ de Guise.
2 . De son roi le protonotaire
3. Lettrede M. de la Gutterre, m^decin aux Eaux Chaudes, 30 oct.
1681. PorUfetiilie VaUant, p. XIV, fo 212.
— 459 —
de famille, a souvent recours i sa bourse ; il li
jusqu'd 4.000 livres. Ses amis savent du reste
plus puissant motif pour le faire agir, c'est la c
qu'il n'attends pas de recompense que
Dieu ' », aussi en profilent-ils pour lui deman
d tour une consultation gratuite, un secours
pauvre, une place aux Pelites Maisons pour un ;
II n'a point oubli^ non plus M"" de Sab
soigne danssa derni^re maladie' avec un divi
tel que la duchesse dc Mortemart*. amie de
quise, lui ^crit, peu de jours apr^s, ces Hgnes ;
. . .Je ne serais pas contente de moy mesme, si j(
disais combien ]e suis touch^e de vostre douleur.
que vous ne resistiez pas ^ la fotigue que vous avt
1. H£doin lui icrix : ■ Aime moy s'il te plast lousiours; j'aj
desaffliclions qudquefois asscz scnsiblcs mais le ressouvenir de
me console b^ucoup. Que ne puis-je le faire remarquer cor
ch^ris. ■ — Valiant resta Coujours en relations suivies avec I
lui £crivait souveni. Ces letires sont dei plus amusanies ec, ce
rien, Writes en un fran^is des plus purs. — Lorsque H^doin vii
il loge loujouTS dans une auberge s de la Rue de I'enfant qu
Samariiaine a oCi la cuisine, dii-il, est dcs meilleures.
2. Un monsieur Vavet de Fonteny lui euvoie m£nie 1.560 I
geani de les donner secreiement au couveni du Calvalre (d^c. 16
;. Elle mourui le 16 Janvier 1678. Le 18, le due de Moniausi
de la Guiriande d JidU, ^rivaii de Saint-Germain i Valiant :
VII. f" ^96.)
■ Ceite lettre. Monsieur, n'est pas seulement pour vous re
tous les soins que vous avez pris pour soulager mes inquietudes
maiadie de feu Madame de SabM. mais pour vous i^iiioigncr qu
trfme douleur que )'ay de sa perle, j'ay encore pris b«aucoup
ddplaisir que vous en avez eu Nous connoissions irop bien vo
son m^le extraordinaire pour ne pas la regreter toute notre 1
drois avoir lieu de vous esire uiile, et je vous supplie de croi
toutte I'estinK et toulte la consideration que j'ay pour vous, je fe
qui me sera possible pour vous en donner des marques en t
contres. n Momtausier.
4, La sceur dc M"" de Montespan.
— 4^0 —
Ayez soin de vostre sant^, je ne vous le demande pas seule-
ment par I'int&fet de la miene, mais par les sentiments d'es-
time et d'amitit que j'ai pour vous et que je serays ravie de
vous persuader dans quelque occasion et combien je suis k
vous de tout mon coeur
Valiant ne fut done pas seulement un bon mdde-
cin ; il fut aussi un homme de bien et nous ne pou-
vons admettre comme v^ridique Taccusation que
Victor Cousin a port6e contre lui *, Du reste,ainsi que
nous Tavons dit ant^rieurement, la saison des
amours 6tait depuis longtemps pass6e pour M"^*^ de
Sabl6 lorsque Valiant antra d son service. Nous
croyons plut6t que la marquise, en mourant, Idgua 4
son ancien secretaire les lettres qu'elle n'avait pu se
decider i d^truire.
Quoi qu'il en soit, que V. Cousin ait tort ou rai-
son, nous ne pouvons que nous r^jouir de la conser-
vation de ces lettres qui ont permis k cet ecrivain
'd'6crire T^tude si charmante et si int^ressante qu'il
a consacr^e 4 M"*^ de Sabl6.
Valiant surv^cut d la marquise quelques annies;
il mourut au palais du Luxembourg, le 22 juillet
1685 *, Idguant son Portefeuille d Fabbaye de Saint-
Germain-des-Pr6s.
1. « II s'appropriait routes les lettres qu*elle recevait, tn^me les plus
intinies, aux d^pens de Tamiti^ et au grand profit de I'histoire. »
2. Nous n'avons aucun renseignement sur sa demi^re maladie et sa
mort. Valiant dcvait avoir alors environ 60 ans.
u
LE PORTEFEUILLE DE VALLANT
RECEPTES MfiDIQNALES
MOYENS FACILES POUR TENIF LE VKNTRE LIBRE
L ne fiiut pas jeusner, au contraire il vau
mieux prendre de la nourriture plusieur
fois par jour, et m^diocrement i chaqu
fois.
On peut boire un petit vin avec beau
coup d'eau, car I'eau seule resserre le ventr
plustot que de ramollir.
Le potage et les panndes clajres sont utiles; uR bouillo]
clair un peu chaud est fort bon avant les repas.
Les viandes grasses et humides ou un peu visqueuses son
bonaes principallement estant bouillies, et sur toutes les autre
la chair de veau et cellc des animaux qui som jeunes et ui
peu mortifies, par ce que cette viande est plus ais^e i dig^re
ec est plus humide et la nature pousse plustost ce qu'il y
d'inutile.
Les extrfimit^s des animaux comme les pieds et la test
sont fort louables pour le mesme effet : et tous les alimen
aussi qui se dissoudent promptement dans t'estomac et passen
viste par consequent.
Le sue des alimens est meilleur que terrestre et grossier.
Les choses grasses et huileuses sont bonnes pour ceux qu
ne se trouveront pas incommodes do leur usage.
— 462 —
Les alimens sall^s m^diocrement contribuent k donner la
liberty du ventre.
Les animaux et les plantes domestiques sont les meilleures,
parce qu'elles ont plus d'humide que les sauvages.
Le laict, sans pr^sure, vaut mieux qu'avec de la pr^sure; le
fromage mol est bon aussi.
Le Sucre et le miel, la moutarde, le pain ou il y a du son ',
les febvres nouvelles, les raisins bien murs, les prunes et les
cerises douces, les pesches, les mftres, les poires bien mures,
et les pommes douces principalement estant cuites.
Les pesches, les figues, les melons ^ Tentrie du repas et
non pas h la fin, de crainte qu'ils ne se corrumpent.
Le fruit actuellement sec n'est pas bon, mais on peut en
faire bouillir, par exemple des pruneaux.
Les mauves, Toseille, le concombre, les courges, la
citrouille, la poir^e, le houblon, les espinars, la bourrasche,
les laitues et le pourpied sont fort bons dans les bouillons; la
mercuriale aussi, la patiance, les violates de mars.
Le bouillon des choux cuits m^diocrement.
L' usage des plantes chaudes n'est pas bon, parce qu'elles
portent aux urines, ce que font aussi le plus souvent les pois
et les autres legumes.
L'eau d'orge, la decoction des jujubes, de riglises, le vin
doux sont bons.
II fait bon faire de Texercice aprfes avoir mang^, plus tost
que de demeurer assis, et estre plus souvent debout que
assis, ce deffaut estant une des causes principales pourquoy la
plus part des personnes s^dentaires ont le ventre parresseux.
N^anmoins un exercice trop grand rend le ventre encore
plus paresseux.
II vaut mieux dormir un pcu plus que moins.
II ne faut pas se baigner souvent, ny se purger frtquem-
I. Qui eut, il y a quclques ann^es, une vogue passag^re sous le noni de
pain complet, vogue due a la m^nie cause, la liberty du ventre qu*il ^tatt
cens^ amener.
— 4^3 —
ment ny s*accoustumer aux lavemens, s'ils ne sont faits
d'huile pure ou de beurre ou de choses semblabies^ comme de
bouillon gras sans y ajouter autre chose.
II est bon de se presenter souvent k la garde robe, afin que
la nature estant soUicit^e fasse son devoir plus souvent, ce
que Ton doit faire sans s'efForcer et sans se morfondre ' ; prin-
cipalement un peu apres estre lev6, et avant que de se mettre
^ table et encore apr^s le sou per.
L' usage des pilules gourmandes ' est bon une fois ou deux
la sepmaine. Et la casse aussi.
On pent se servir d'un bouillon fait avec un morceau de
viande, comme du veau, ou bien un poulet farcy d'orge
entier et de raisin de Corinthe, et y ajouter un nouet de sen6 ;
et quelque fois un petit de cresme de tartre '.
RECEPTE q'uN MiOECIN POUR GUtRIR LA FIEVRE CARTE
Mon avis pour guirir une fievre carte i un honime charnu
d'un aage sexag^naire, doit commencer tout de bon par une
ou deux seign^e pour d^semplir les vaisseaux, diminuer ses
acc^s et le feu de ses entrailles ; ensuitte il sera purg^ suffisa-
ment avec trois gros de senni et un gros de policreste ^ dans
1. Voici des conseils que Trousseau n*eikt pas d^approuves, lui qui pr^-
tendait qu'une volonte patiente et r^guli^rement appliqu^, triomphe le
plus souvent de la constipation.
2. Les pilules gourmandes, ou ante cibum, encore employees de nos
jours, ^taient a base d'alo^s et produisaient, en g^n^ral, Icur eftet le lende-
main.
3. Ces conseils sur Talimentation et I'hygi^ne ^manent d coup si^r d'un
m^decin, mais cette recommandation « ny se purger frequemment » semblc
indiquer que Valiant n*est pour rien dans leur redaction ; il ^tait, en cHct,
fervent adepte des purgatifs « pour les Ventres durs ».
4. Le sel polychreste, c'^tait le sulfate de potasse qui ^tait employt^
comme purgatif it la dose de 2 4 8 grammes. II ne faut pas le confondre
avec le sel polychreste de Seignette, apothicaire de la Rochelle, qui fut
invent^ vers la fin du xvii^ si^cle et dont la composition ^tait alors inconnue.
Ce dernier sel polychreste, rest^ dans notre pharmacop^e moderne, n'^tait
autre que le tartrate de potasse et de soude. Seignette I'ordonnait d la dose
de I i 4 grammes co^me diur^tique, et d la dose de 1 5 grammes comme
purgatif l^ger.
— 464 —
un demy-sepiier de sa ptisanne; estant passe, on y dissoudra
deinie ooce de casse mund^e, une once de sirop de roses
pastes et une once de manne, qu*il prandra quaire ou cinq
fois pour le moins, k moins qu'ii fut desja bien net : et le
jour de I'acces ce sera i Tissue de son acces, les autres jours
le matin. Et cependant au commencement de ses acc^, boire
3 onces de vin pur, avec 10 grains de diaphoretique' et
13 grains de poudre de vipers; et les autres jours 10 grains de
diaphoretique et 10 grains de vipers dans un peu de vin le
matin, jusque k neuf prises. Apres avoir esti purg6 tantqu'il
sera n^cessaire lorsque les entrailles seront nettes et luisantes,
on luy donnera aussy tost deux gros de Tescorce du Perrou'
et autant du bon et veritable quinquina en poudre, bien cri-
ble, trempi 8 heures dans un demy-septier de vin blanc; il
avalera le vin et la poudre, et rinsera le goblet de vin afin de
ne rien perdre de cette aymable amertume. ,
Et n'jura rien pris 6 heures auparavant, et ne prandra rien
6 heures apres.
Et le jour de Tacces suivant mesme heure, qu'il vienne ou
nc vicnnc pas, reiterera cette dose.
Et autant le jour de I'acces d apres des qu'il aura pris cette
poudre la premiere fois plus de remMes.
II seroit mesme bon de la prandre une heure devant le fris-
son ou deux, s'il est sujet k vomir, ou 3, plus tost que de U
vomir, car elle ne protiteroit pas.
Sans ditficulie la fievre s*en irra i la presmiere prise, ou i
Textremite Ji la seconde.
Je le guaranty sans fievre quelques semeines, mais sy elle
s'avisoit de revenir, le secret est de se purger une ou deux fois
s'il se sent fort plain tout de suitte, et en reprandre encore
2 fois,
Sil a quclque ditHculte, escrire.
DvMt vi\re sobrement; je ne luy desfand point le vin ny un
pou dVxercice et me recomande a ses bonnes prierres.
1, .\ntinic^inc Jiirhorvt^uc ; c'esi Foxydc blanc d^antiinoine.
— 4^5 —
Qu'il prenne entiere confience au Seigneur et i son apostre.
Ce 1 4- Janvier 1676 ".
RECEPTE POUR LA PETITE vfeftOLLE
11 faut faire tuer plusieurs poules et prendre la graisse qui
est autour des boyaux et la faire fondre dans une cuilier
d'argent avec deux ou trois gouttes d'huile d'amende douce,
puis en froter le visage quand la petite v6rolle est sortie,
POUR FAIRE POMMADE POUR LA PETITE VEROLLE
Faut prendre deux livres d'huylle d'olive de la meilleure,
la mettre dans une poesle ^ confiture bien nette, et la faire
chauffer jusqua ce qu'elle fr^misse; dans laquelle on jettera
deux grandes poign^es de la seconde plure de sureau ' que
Ton laissera dans lad. hyuUe jusqu'^ ce que lad. plure soit
sans jus; puis il faudra retirer led. marc de sureau, laissant
tousjours rhuylle sur le feu, et y rejetter une poign^e de
morelle' et une autre de planting qu'on laissera encore fr6-
mir dans lad. huylle jusqua ce que le jus en soit hors; puis
oster la poesle de dessus le feu et retirer la morelle et le plan-
tin. Aprfes quoy on jette encore dans lad. poesle quattre
onces de cire neuve jaune d^coupte par morceaux que Ton
1. Note de Valiant. C^ne Le seigneur et son apostre, M. Pourret, 1676.
2. Cest la partie la plus superiicielle du bois, de couleur verte, qui appa-
rait iorsqu*on a d^tach6 T^corce. Le sureau passait pour hydragogue.
3. La morelle solanum nigrum 6tait rangte avec le pavot,la jusquiame, la
cigue, la mandragore, la belladone, la stramione dans la classe des plantes
assoupissantes ; on ne remployait qu'en cataplasmes sur les canc^res,
ulc^res, les ^rysipties^ etc. Elle entrait dans la composition de noinbreux
onguents comme Tonguent Populeura. On en faisait une eau distill^e qui,
i^ haute dose, pouvait 6tre tr^s toxique ; cette eau de morelle 6tait un des
poisons les plus employes ^ ceite 6poque ; il est vrai, comme il ressort des
interrogatoires de la Voisin, qu*on y ajoutait le plus souventun peu d*arse-
nic pour rendre Teau claire ; i Taction douteuse de Teau de morelle venait
s'ajouter Taction beaucoup plus siire de Tarsenic.
4. C^tait une plante vuln^raire astringente ; s*employait surtout en col-
lyre dans les affections de Toeil.
Le Maguet. — Le mondc medical, 30
— 466 —
bissera tbndrc dans !ud. huylle et lors la pommade sera £iicte.
On ne doit se servir de b presente pommade que le huit
ou neaviesme jour lorsque b verolle est grosse et bien sortie ^
il en but mettre sur le visage et b riiterer de quatre heures
en quatre heures pour ne point bisser seycher ^.
RECEFTE POUR LHYDRGPISIE
n but prendre du sureau en seve ou tout au plus d'un an,
oster Tecorce qui le couvre delicatement afin de bisser I'escorce
verte etquand I'escorce grise est tout k bit ost&c il but ratiner
I'escorce verte jusques au bois.
1. On se £usait aa debut da xvur si^e une idee bizarre de la pathog^
nie de la variole. Elle etait due a la fermentation et i r^bullition du sang
dans les vaisseaux, fermentation que Lteery comparait a la fermentation
du via dans on tonneau. « Les petites pustules ou les grains de petite
verolle, dit-fl, soot un tartre qui se s^pare du sang vers la peau de la meme
maniere que le tartre se s^pare du vin aux cost^s du tonneau, aussi font-
elies le meme efilet qu'un sel en rongeant le cuivre. » Le sang des enfants
ressemblant plus au mout, et fermentant done tr^ facilement, on enpii-
quait ainsi la plus grande fir6]ueQce de la varicJe chez eux. La grosse indi-
cation dans le traitement de la variole ^tjut de ne rien faire avant Teruption,
la N-ariole rentr^ amenant de « grandes pourriteures par dedans le corps ».
On essayait de faciliter r^rupdon par tons les moyens possibles, et tous les
sudorifiques entraient en jeu, I'antimoine, Teau de squerson^re, la boar-
rache, le chardon b^t, les bezoards, les (ientes d'animaux les pins divers.
Lorque « la nature s'etait d^termin^ i. la transpiration ou sueur sala-
taire et que les humeurs s'^taient d^gagto », on ordonnait la pommade ci-
dessus et des coUyres a basede saffran pour pr^rver les yeux de T^ruption.
2. Un des mdlleurs moyens d'dviter la variole ^tait de ne jamais manner
de houillie. Guy Patin s*6tend longuement sur le danger de la bouillie : il
n'en a jamais rnang^ pendant sa premiere enfance, aussi il n*a jamais eu la
variole. « Je crois que c'estune des raisons qui m'en a exempt^; feue nia
mere ne m'ayant jamais nourri que de ses mamelles ; la bouillie ^tant un ali-
ment grossier qui fiadt beaucoup de colle et d'obstruaion dans Testomac et
dans le ventre et qui foumit beaucoup de disposition k une maladie de
pourriture. Mes enfants n'y ont point ^t^ sujets aussi, quia eos a ptdticula
usu svhtractos volui etiam inviiis nulricihuSy et interdum reclamantihus ; mais
j'en ai 6t6 le maftre, idqm prospero successu. » (^Lettres, t. I, p. 314). —
tt Les anciens Grecs n*ont pas connu la petite v^role, dit-il encore. Hoc
habeo indubUatum alque certissimum, Aussi les enfants ne mangeaient-ils pas
de bouillie de leur temps. Et sola mamma utebantur. {Lettres^ t. I, p. 317).
— II est curieux de voir, un sifecle avant J. -J. Rousseau, Guy Patin partir
en guerre et prober Tallaitement matemel ; il est vrai que Rousseau aura
un mobile un peu different et ne pensera pas ^ la petite virole.
— 4^7 —
Prendre cette escorce verte, la piler dans un mort
net; apr^ ['avoir bien pil6 jusques ^ ce que le jus ei
k faut passer et presser dans un linge blanc.
II en feut quatre onces pesans pour chopine du j
vin blanc; et demy-livre pour pinie '.
Apr^s qu'on a press^ et pass^ ledit sureau, U le &u
avec du vin & proportion de la susdite quantity.
II en kui donner au malade trois fois par jour, au
midy et au soir un plein verre.
Mais avant que de le mettre dans le verre, il faut
le remade, et le plus seur est de mettre le tout dans i
teille nette et la reinuer avant que d'en verser.
Si le remdde fait trop d'op^ration ' il ftiut lui lalssei
entre deux et en reprendre le lendemain, le tout si
force du temperament du malade.
Cela n'oblige aucunement k garder le list, au co
se promener dans la maison.
Pendant le temps du remMe, le malade ne mangei
rosty, viande chaude et substantielle.
II se £aut bien garder si on veut que ce remSdt
operation salutiire de se servir d'ordonnance de m^<
telle sone que ce soit, qui sont toutes inutiles il gut
dropisie, ny de saign^es, mais de quelques lavemei
petit nombre.
RECEPTE POUR LES YEUX, DE MAD. DE BELIEVKE ',
PAR m"* d'aumale le I9°" may 1668
Pour faire I'eau pour les yeux il faut prendre une cl
1. Cette recette est d'une personne non seulement ennemie
cins, mais de plus itrang^ri: i la mfdccine. La livre dont elle pa:
pas la livre soutive des apoticaires (12 onces), mais la livre po:
de 16 onces etdoatle rapport decimal esi de489gr. 504. La pii
;cx>< partie du rauid et avait une contenance de 49 \ pouces cub
divisaii en deux chopines.
2. Purge trop et avec coiiques.
}. Qui fut c^l^bre surtout par sa liaison avec le surintendani I
— 468 —
bon vin Wane et autant d'eau roze ', y mettre deux onces de
tusie pr6par6e*, une once d'aloy^ une once de clou de
gerofle, mettre le tout ensemble dans une bouteille de vene
bien bouch^e, la mettre au soleil et au serain pendant tout
Test^ et aprts le mois de may faire distiller un verre d'eau de
chacunedes herbes suivantes^ premi^rement de fenouil, de rue,
d'enfraize et d'esclaire ^, mettre le tout dans la bouteille ou
sont desja les autres drogues et remuer le tout de temps en
temps, et ^ la fin de I'est^ elle sera faite ; EUe se garde vingt
ans si Ton veut. Quand on s'en voudra servir, il en faut
mettre avec le bout d'une paille au coing de I'oeil, en
sorte qu'il en entre dedans; cela fortifie et purifie la vueue'.
Pour preparer la tusie, il la faut calciner six foix dans un
creuset et Testendre dans la mesme eau roze dont on se
servira.
REMfeOE INFAILLIBLE ET AVERRfe PAR L^EXPfeRIENCE DE PLU-
SIEURS SliCLES POUR PRESERVER DE LA RAGE ^ TANT LES
HOMMES QUE LES ANIMAUX QUI AUROIENT ESTE MORDUS
DE BESTES EN RAGLES
Si quelqu'un a est6 mordu d'une beste enragfe, et qu'il y
1. Eau de rose.
2. Tuthie, c*est la sandaraque gomme r&ine du Thuia articuUUa (coni-
feres); elle venait d*Afrique et les oculistes remployaient pour dess6:her et
cicatriser les ulc^res des yeux.
3. Alun qu'on employait comme astringent dans la m^decine oculaire.
4. Ces plantes avaient la reputation de fortifier et d'dclaircir lavue;
c'^taient des ophtalmiques astringents et r^solutifs.
5 . Les substances et plantes propres aux maladies des yeux se divisaient
en ophtalmiques adoucissanls resolutifs et ditersifs et en ophtalmiques astringents
toniques. Dans la premiere classe on rangeait lebleuet, dont Teau distill^e avait
re9u le nom dVau de casse-lunettes^ Teuphraise, le fenouil, la piquerette, le
plantin, la pomme de reinette, les roses rouges, le lait de femme, le petit
lait, le blanc d*oeuf, le sang de pigeon ^gorg^. Les ophtalmiques astringents
comprenaient entr'autres : r6:]aire, le romarin, la rue, Tins, Talo^, lesafran,
le vin, I'esprit de vin, Talun, I'antimoine, le vin ^m^tique, Teau de chaux, le
verdet, la fiente de lizard...
6. Les m^decins n'avaient sur la pathog^ie de la rage aucune id^ bien
nette ; il y avait bien, selon eux, un poison, un venin, mais comment ^tait-
— 4^9 —
ait pUye entamte, il £iut devant toutes choses bien nettoyer
la playe la raclant avec quelque ferment lequel ne puisse apr^s
il fabriqui, comment agissait-il? Auiant d'auieurs, auunt d'opinjons diSi-
renlcs. Q^ianl ^ k symptomatologie, an en ixah teiti i la description
classique de Celse, ou plut6t aux commentairesplusou moins famaisisies de
celte decription. Moigagni cependant, ^ I'aide de I'examen cadavfrique.
d£truisit beaucoup d'hypathtees crron^es. II faul anriver jusqu'i Boerhaave
et Van Swieten poor trouver une itude vraiment scientifique de la rage
humaine.
Le traitement de la rage itait le mSmc qu'indiquait Celse ; le prompt
usage du cauiire rougi au feu, dcs caustiques, I'emploi du vin pur pris k
riiiti-'rieur. On caut^risail larga manu et on tenait le malade entre deux vins
pendant une dizaine de jours.
Mais un autre traitement qui fit fureut au xvii" si«le et dont M"« de
Scvigni Dous paric dans une de ses leitrcs, ^tait I'envol du malade i la mer
pourvu qu'il pit y fttre plongi neuf jours aprfis I'accident (M"" Fouquei,
Recutil de Ttmides facilts tt domesliqius, 1678, — Lestoile, Journal dt Henri
IV. — Htroard, Journal d* Louis XHI). Dans le Porlefmitte Valiant
17051, r° 44}), nous trouvons la description Ju bain forc^ et peu agr^able
qu'on infligeait aux gens roordus ; « II faut bien attacher un homme dans
I'eau jusqu'au cou, I'y laisser lil jusqu'^l ce qu'il tombc prcsque en faiblessc
ct le tetircr \ il sera gu^ri. II lui Taut Her les mains et les pieds afin qu'il
ne puisse sortir ni se lever de I'eau, et le plus avani, pouri'u quil n'avale
point d'eau; c'est le meilleur u. En t66i, le bachclier J.-B. Ferrand discu~
tanl la question An rahidis mare ? conclui affirmativement. Ce fut pour cette
melliode un veritable engouement qui dura m£iiie jusque vers 1750.
Cliaque semaine, pendant I'Sti, partaient de Paris, sous la conduite d'ar-
ihers, de viritables caravanes de gens mordus sc rendant a Dieppe,
A c6li de ces traitements approuvis et prflnis par la Faculli, nous ne
ferons que rappeler les pratiques myst^rieuses, les breuvages biiarres, les
sp^ifiques infaillibks, la dent de jument mise sur la tile de I'enrag^, la
clef de Saint-Huben, le poil du chien enrag^ mis sur la morsure, la
potion cabalistique, la thiriaquc, I'orvi^tan, la Rente de ch^vre bouillie dans
du vinaigre.
Lous XIV fut une fois mordu. Ayant peu de confiance dans ses mMe-
dns, il se fit toucher par le chevalier de Saint-Huberi qui, descendant direct
du saint, avait h^ii^ de sa prerogative. Dans sa reconnaissance, il lui eiivoya
des lettres patentes lui accotdant le droit de toucher les personnes mordues.
La personne se confessaic et comniuniait avant d'etre touchfe par le cheva-
lier qui poussalt mjme la complaisance il toucher les animaux : chats,
vaches, chiens, qui avaient pu cire mordus en mime temps qu'elle.
On admettait que les premiers sympidmes apparus, touie medication eiait
inutile. On transportait les enrages k la Salpeiritre ou aux Petites Maisons
avec les fous. Fn gdniral, on ne prenait pas tant de fa^cn ; Guy Paiin
indique la manjire d'agir en pareillc occurence : « II faut les iiouffer dans
leurs lits a force de couvcrturcs, ou bien on leur fait avaler une pilule de
six ^tns d'opium tout pur afin qu'il n'en soit plus parle. »
— 470 —
servir k couper quel<]ue chose qu'on veuiUe manger;
&ut bien laver ct estuver la playe avec de I'eau et du vi
y ayant mis au pr^alable une pinc^c de sel autaat qi
peut prendre avec trois dojgts dans une sali&re.
La playe estant bien nette il faut avoir de la rui
sauge et des mai^uerites sauvages qui croissent es ch
pr^, feuilles et fleurs s'il y en a, une pinc^e de chai
davantage, i proponion du mal ; on peut prendre un (
de marguerites que des deux autres : Prenez aussi q
racines d'^glantier sauvage ou rosier des plus tendres.
portion ; et si vous avez de la scor^onnaire, ditte vulga
d'Espagne, prenez de la racine et hachez avec celle d'^
bien menu; adjouttez i tout cela cinq i six petites
d'ail. Filer premiferement les racines d'^glantier et 1
dans un mortier ; ces deux esunt pilez, mettez et pile:
dans le mesme monier tout le reste rOe, marguerite:
racine de scor^onnaire avec une pinc^e de gros sel,
peu davantage de sel blanc meslant bien te tout par ei
et faisant un marc de tout cela. Prenez de ce marc et It
sur la playe en forme de cataplasme, et si davantage
est profonde, it seroit i propos d'y faire distiller du ji
marc, puis en ayant mis sur la playe, il la faudra bien
et la kisser ainsi jusques au lendemain. Cela &it sur
restant qui sera environ la grosseur d'un ceuf de poul
jetterez un demy-verre de vin blanc, ou de clairet I
blanc, et ayant mesl^ le tout avec un pilon dans le m(
le faudra passer par un tinge et en bien espraindre toi
et le faire boire au patient k jeun, et aprte laver la
avec du vin et de I'eau.
POUR FAIRE LA POUDRE DE SYMPATHIE
Prenez vitriol remain et gomme adragunt lesquelz
cine on les 6tend sur du papier fort espais et met-on ;
durant ta canicule et quand le soleil est fort ardent
un mois, et elle est £iite.
— 471 —
Pour s'en servir quand quetqu'un est bless6, on
plaie en la rejoignant, et du dernier sang qui en so
imbibe iin linge blanc sur lequel on met une pincte <:
poudre, et sur la blessure un autre linge blanc de la (
de celuy qui aura est^ mis sur la playe qu'on band(
ment et qu'on renouvellede vingt-quatre heures comi
aussy ou est le sang oii Ton met de nouvelle poudre
parfaite gudrison. Ce qui se peut faire quand on
cent lieues de la personne. II faut que celuy qui pensi
ensanglant^ prenne garde de le meitre en lieu qui ni
trop chaud ni trop humide de peur d'enflammer la
rendre trop visqueuse'.
POOR ENDURCIR LES TETINS d'UNE FEMME APRES
LAiCT s'en est alle. (TVV^ des raepies de M' de Pi
II fiiut prendre de I'eau de prunelles vertes et d
verts autant d'une comme d'autre, y tremper de
linge de la grandeur des tetins et I'appliquer dessus Ii
s'allant coucher, y adjoutant I'eau de mirtre; elle
meilleure.
1. Ce fut h preniitrc application du magnL-tisrae k U tliir
Cette poudic nierveilleuK fut introduite en France parTurqucI dt
mais elle fut mise en honneur par Keneltn Digby qui itaii chani
reine Henriette d'Angleterre. Digby 6tait I'ami de Valiant, et c'l
blement de lui que ce dernier tenait la recette. Valiant I'envoya
Hidoin qui obtint, gricc 1 eile, des r^sultats merveilleux, s'il fau
un passage d'une de ses lettres :
<■ J'ay guery ces jours passes un ulcere restez probablement at
de la vessie apres une gonorrhee d'un an qui duroit encore, avec
du sympathie et je m'en suis aussi servi pour en arrester une a
avoir traitf en la mani^re ordinaire et cela m'a fori r^iissi (.
Valiant, p. X, fo 40J).
La poudre de sympathie jouii jusqu'au milieu du xviq° si^cle
tige sans rival et M"» de Sivigni farivait en 168; : a Mon fils v(
bon ^ui oCi je suis. II est vral qu'une petite plaie que nous croy
mfe, a (ail mine de se rivolter; raais ce n'Stoit que pour avoir
d'ttre guSiie par la poudre de sympathie... Voire poudre de syn
un remade tout divin; nia plaie a changii Je figure, elle est ^ua
gaixK. •
— 472 —
Pour le mesme effet, prenes deux pierres dont on affile les
rasoirs, les frotter I'une centre Tautre dans de I'eau de Fontaine
jusques i ce que I'eau en devienne noire et Tappliques comme
dessus.
REMEDE EXPfeRIMENTfe POUR GUERIR LE GROS COL OU GOITTRE
aUAND IL NE FAIT QJJE COMMENCER
Prenes des esponges qui naissent sur les rosiers sauvages
dans les buissons, esponges de mer de chacunes deux onces,
faites brusler ensemble lesdittes esponges dans ung creuset
tant qu'elles soient riduites en cendres.
Prenes de cette poudre une once.
Cendre de papier gris \ deux dragmes, cannelle pulv6ris6e
demy once, corail rouge pulverise deux dragmes. Mesles le
tout ensemble et en uses comme s'en suyt.
Prenes deux onces de la susditte poudre. Mettes les dans une
bouteille de deux pintes de vin blanc et les y laisses infiiser
trois jours avant que d'en user; et quand la lune sera pleine
et qu'elle recommencera i dicroistre, prenes tous les matins
k jeunx trois onces dudit vin blanc jusqu'i la nouvelle lune,
que vous cesserfe d'eh user, et recommencer& lors que laditte
lune dicroistra de rechef jusqu'^ tant qu'elle sera nouvelle
vous aperceveres manifestement que votre tumeur decroistra
avec la lune.
RfeCEPTE POUR LA SCIATiaUE
II faut prendre deux chats et leur couper la teste toute en
vie, et puis les escorcher tout chauds, et mettre la peau sur le
I . Le papier avait plusieurs usages en m^decine : on en allumait sous le
nez des hyst^riques au moment de la crise. On en faisait aussi une huile et
un esprit de papier qui dtaient un rem^e merveilleux contre la surdity.
« La surdity ^tait le plus souvent causae, dit Lemery, par une humeur
pituiteuse qui s*est dess^chde et rendurcie dans I'oreille, en sorte qu'elle
bouche le nerf de Touie. » Cest cette humeur qui ^tait dissoute par lliuile
de papier « qui dissipoit en outre les bourdonnements caus^ par des vents
que cette humeur renfermoit. »
^i
— 475 —
mal et la laisser deux fois 24 heures, et puis faire rotir les
ehats avec le ventre et conserver la graisse qui tombera dans
la liche frite, et puis oster le ventre aux chats et les mettre
dans un pot de terre neuf avec une pinte de gros vin rouge,
avec une pinte d'eau, une escuill6e d'huille de noix, une
bonne poign^e de scel, une poignee d'herbe de Tache, une
d'absinte et une de sauge ; et faire cuire le tout ensemble,
jusquesdce qu'on puisse tirer environ trois onces de Thuille
que Ton fera prendre au malade.
REMADE POUR CEUX QUI PISSENT AU LIT
Fault prendre une chauve souris et en tirer le sang, la
laisser s6cher au soleil dans un vaisseau de terre ou sous les
cendres, la r^duire en poudre et le mesler avec Thuile de
Sesamum aultant qu'il en fauldra pour faire une petite pas-
tille ; le tout mesler ensemble et en faire prendre le poids
d'un escu deux heures avant le repas ou aprfes et continuer.
REMfeOE ASSEURfe POUR FAIRE FLUER LES MENSTRUES
Prenes une taupe et la faite mourir dans Teau et estant
morte la mettre dans un vaisseau de terre bien convert et la
mettre au feu jusqu'i ce qu'elle se r^duise tout en cendres ;
la dose est d'en prendre la pesanteur d'ung escu ayant infuse
24 heures dans du vin blanc et faut que ce soit du matin d
jeun ; si la malade est forte, faut qu'elle se promesne, si elle
est faible, fault la mettre au lit et la couvrir bien chaudement;
et ne faudra manger de trois heures aprfes; et faudra prendre
trois matins de suytte le remade, non qu'il fault que la
malade soit purg^e pr6c6demment avec pilules aperitives.
EMPLASTRE A FAIRE TARIR LE LAIT
Prenes suif de rognon de mouton quatre onces, huille
d'amandes douces, cire blanche gren6e de chascune deux
onces, alun brusle et vinaigre de chascun demy once; lesquels
— 474 —
il faut faire fondre ensemble, apres quoy vous feres un
emplastre qu'estenderes sur du linge et appliqueres sur les
mammelles ; que si vous voul6s le rendre en forme de liniment,
faut y adjouster huiile d'amandesdavantage.
REMEDE POUR LA CHAUDE-PISSE
II fault prendre un grand oignon le pesler et apr^s le fendre
en quatre ou cinq quartiers, le faire infuser dans un verre
d'eau froide Tespace de vingt-quatre heures, le faire prendre
h jeun et se couvrir bien dansle lit jusqu'Jt suer, et apres estre
bien essuy6, continuer jusqu'i quatre ou cinq fois et apres
lui faire prendre une potion astringente.
DIVERS REMfeOES
Pour la dissmterie. Secret, — Prens pi6s de perdrix rouges,
faits s&her k Tombre, puis pille les bien, prens de la ditte
poudre et mett^s en dans du bouillon ; faites le boire au
malade, il fait des merveilles.
Pour lassiatique. — Prens de poiresine * faits la fondre dans
un pot, mets la dessus des estoupes, poses y un papier blanc
par dessus arrose ledit papier d'huille et de vinaigre et poses
cela sur la partie afflig^e.
Pour prendre des pois sons sans manquer avec la ligne. — Prens
eau de vie, un jaune d'oeuf, un peu de fromage fort, bat le
tout ensemble et quand tu auras mis le ver k ta ligne, trempe
le dans cette liqueur que tu as faitte, avec Teau de vie.
Pour les agacins^. — Prens barbe de pourreaux et trois
grains de sel, pille le tout ensemble, mfes de la poudre sur
Tagassin aprds que tu auras ost6 la peau jusques k la cher
vive.
Pour le mesme. — L'umbilicus Veneris .appliqud sur la
partie apr6s avoir ost6 la chair morte fait merveille.
1. Lard.
2. Ampoules.
— 475 —
Adhemorroides internas. — Faittes un petit sachet ; remplis-
sez le de la racine de scrophularia minor \ mettes le derriere
la chemise; mira praestat.
Pour les vers. — Prens suie de cheminie, des aulx tout
autant pillez le et mettez en aux temples, vers la plante des
pieds, sur le cou...
Pouriirer Vespine du pied. — Prens refors bien netoy^ et
graisse de pourceau; mets en sur lapartie... etc.
Pour la goutie. — Prens os d'homme mort que tu trouves
aux cimetieres, mets les tremper dans Thuille 24 heures,
mets les au feu dans le mesme ppt, fais les bouillir, frote la
partie et tu sentiras grand soulagement.
Pour Venfantemmt. — Prens le cuir d'un homme pendu,
fais le seicher ; quand la femme sera preste a acoucher, ceint
la de la ditte ceinture et tu feras merveilles.
Pour les milancoliques. — Prens rate d'un homme pendu
bien sain, £iis la calciner, ou au feu ou au soleil, donnes en
de la pesanteur d'un escu d'or ^ un mdancolique. II n'y a
rien qui le purge mieux de cette humeur noire.
Pour le sang des femmes qui est trop abondant. — Prends un
crJne d'homme, mets en en poudre ; fais lui en prendre le
poids d'un escu d'or; il s'arretera.
Pour faire jeter un charbon, bubon^ etc. — Prends matifere
d'homme f(§cale toute chaude, Tappliquer sur la tumeur, et
dans 24 heures quand il seroit dur comme un caillou il faut
qu'il perce.
Pour prolonger la vie^. — Prends d'un jeune enfant le
sang, le faire s^cher et mis en poudre dans un bouillon le
donner au patient.
1. Petite ch^lidoine ; n'^tait employee que pour les h^morrhoTdes.
2. C'^tait une vieilie l^gende du moyen ^ge qui vivait encore ^ cette
epoque; en 1492, le pape Innocent VIII, vieillard debile et moribond, eut
recours k un m^decin juif qui lui promit de lui rendre la sant^ et sa vigueur
d'antan en lui injectant du sang d'enfant. On fit trois fois la transfusion, les
trois enfants p^rirent, le pape n'en roourut pas moins.
— 476 —
Pour la pleurisie. — Prens fiente de cheval, fraiche, mets
la dans du vin blanc ; laisse la tremper dans le dis vin toute
une nuict au moins passe cella dans un linge, donnes en au
malade un demy verre, il est guery '.
Pour Venfentement* — L'oeil de lidvre mdle, etant sec, et
pose sur la femme la faict delisvrer aussitot et apaise sa dou-
Jeur ; le male lidvrea cela que quand la femmelle veut enfenter
il luy frote de ses yeux les seins.
Pour Its pulmonistts^. — Les poulmons de renard, estant
mis dans un plat couvert d'un autre plat, dans un four apr&
que le pain en est dehors jusqu'i ce qu'ils soient sec et mis en
poudre ; en donnant de cette poudre au pulmoniste une ou
deux dragmes dans du boulion, cella sere de beaucoup.
Pour bkssures de chevaux, — La persiccaria maculata ' pilee
et mise sur la playe, dans deux ou trois jours la guerit.
Pour la gravelle. — Pill^ 9 escrevisses dans un mortier les
mettre tremper 24 heures dans vin blanc, passer dans un
linge et en boire deux doigts le matin.
Pour oster une loupe en quelque lieu quelle puisse estre du
corps. — Faut que la personne qui a sa loupe se tienne proche
on accouche une femme et aussitost son dilivre apportt,
fault le plus chaud que Ton pourra le mettre sur la loupe,
1. Richelieu, dans sa dcmi^re maladie (probablement une pleur&ie puni-
lente), avait 6t6 drogu^ avec de la fiente de cheval. C'est Guy Padn qui
nous Tappreod dans une de ses lettres (lettre du 12 dccembre 1643, t. I,
p. 308). cc Le quatri^me jour de sa maladie, desperantibus medicis, on lui
amena une femme qui lui fit avaler de la fiente de cheval dans du vin
blanc, et trois heures aprds, un charlatan qui lui donna une pilule de lau-
danum : ct hacc omnia frustra : contra vim mortis non est medicamen in
liortis. »
2. La poulmonie, c'^tait la tuberculose pulmonaire i Evolution rapide,
granulie, phtisie galopante.
3. La persicaire s employait beaucoup sous forme de cataplasme dans les
ulcires variqueux. A Tinti^rieur on ordonnait sa d6coction dans la diarrhte,
la dysenterie, Thydropisie. C*6tait une plante vulniraire detersive et astrin-
gente. Cette derni^re quality la faisait ordonner (a Tint^rieur) chez les
galeux oil elle faisait merveille, s'il faut en croire Chomel.
— 477 —
Ten bien frotter comme si Ton vouloit resbranler avec
mesme, cependant qu'on va le qu6rir, I'l est bon de froi
doucement ta loupe avec la main. Souvent esprouvd.
Pour apostumes pestilentieux ou Charbon. — Vers de te
une poignee et les appli()ueres dessus estant dans un sac
de linge fin.
Autre. — Grenouilles pillez qu'appliqueres dessus.
Autre. — Les huistres avec leurs coquilles et leur p
pilles et appliqueres dessus. Tels anitnaux attirent le ve
pestif^r^, apatsent la douteur et esteint I'tnflammaiion di
fievre.
Pour manger une taye de quelque ipoisseur qu'elle soil. — 1
lima^ons gris qui sont dans les vignes, les mettre dans
pot neuf sur un four ou dedans, et les piller et pulverise:
en souffler souvent dans Tceil.
Pour la bruslure. — Prenes fiente de poulle bien recer
demie livre graisse de pore,
Fi^e tierce. — Une arraignee pill^e mise en un bendi
sur le front ou sur la tempe.
REMADE COMTRE LA GANGRENE '
Prenes trois onces de fleurs de roses blanches de jard
trois onces de roses blanches de haye, trois onces de fleurs
lis blancs, et metres ces fleurs en infusion dans une phi
avec trois livres d'huile d'olive vieille. Puis ayant bien bi
I. La gangrfene iiait considirte avec le Cancir et le Noli mt tangen (
cer de la face) comme un chancre, provenaot d'une humeur et d'un ;
m^lancolique rongeant la peau. Ce chancre gangreneux iuii le plus n
des 3 chancres ; il monte toujours en haut pour idcher de gagner le cc
dit la Maninitre, allant plus vite que les autres chancres. Cependant k
de cette forme grave de gangrene " nonobstant qu'il n'y ait pas de pL
et qui n'est autre que la gangrfne consecutive k une embolie, il y i
place pour la gangrene senile et la gangrene a paroissant aux pkyes
— 478 —
ch^ cette phiole, laisses la pendant tout Test^ expos6e ^ I'ar-
deur du soleil, et au serein de la lune. Cependant ii faut
avoir deux livres de suif de bouc jeune d'un an : vous le feres
fondre avec un peu d'eau afin qu'il ne se brule : ensuite
vous le passeres par un linge et le reserveres dans un pot.
Qpatre mois aprte Tinfusion vous mettres la phiole sur des
cendres chaudes et feres un peu bouillir les fleurs et I'huile
qui sont dans la phiole^ puis vous passeres le tout par un
linge et en exprimeres bien le jus et le mettres dans un vais-
seau vitr6 sur le feu ; et y adjouteres le suif de bouc par mor-
ceaux avec un quart de cire neuve ; et feres fondre le tout,
et estant fondu vous retireres le vaisseau du feu et brasseres
la ditte composition avec une spatule jusqu'^ ce que le tout
soit pris. Cela est fort long.
Ce remade a 6it experiments pour les gangrenes et pour
les ulcSres', et pour les playes d'arquebusade. II les faut
auparavant laver avec de I'eau de vSronique ou avec du vin
blanc meslS avec autant d'eau. Aprte cela vous y appliqueres
cet onguent; il le faut changer de deux heures en deux
heures pour les gangrenes en les lavant avant que d'y appli-
quer de nouveau Tonguent. Cet onguent est aussi exp^ri-
ment6 pour les playes de contusion, et pour les brulures et
pour les playes rScentes apr& y avoir appliqui quelque
baume convenable, y mettant par dessus un empl^tre de cet
onguent. La cicatrice n'y paroist presque pas *.
1 . VoilJi la description que donne de la Martini^re de Tulcere gangr^neux :
« II faut remarquer qu'au milieu il y a une chaire morte ec noire , laqueUe
jette une eau rousatre et qui sent mauvais ; autour de ladite plaie ii y paroit
une blancheur de la largeur d'une ligne qui entoure la chair morte, et
autour de cette blancheur, il y parait une rougeur de la largeur d*une ligne
qui entoure cette blancheur : et au-dessus de la gangrene il y a graode
inflammation.
2. La th^rapeutique chirurgicale de la gangrene ^tait radicale, I'amputa*
tion. Cependant, on s'effor^ait quelquefois de circonvaller la plaque gangre^
neuse. On circonscrivait Tulcere par une incision profonde, incision qu*on
saupoudrait de suhlim^ corrosif. On enlevait avec un rasoir les chairs gan-
grenes, et c'^tait alors que Tonguent ci-dessus faisait merveille.
479
MiMOIRE DE TRAITER LES DESCENTES '
II feut avoir un bon bandage qui tienne bien ferme et
mcttre un emplastre * sur la rupture et deux s'il est n^ces-
saire apr^ avoir ras6 le lieu ou Ton la doit mettre.
II faut prendre le remdde k jeun.
II faut battre la bouteille devant que de verser le vin dans
le verre.
II faut aprte en mettre trois doigts dans le verre et Tavaler.
1 . Ce Mimoire pour Iraiter les desuntes parlant d'un remade sans en indi-
quer la composition, nous avons recherche dans les ouvrages m^dicaux
de r^poque ce qui pouvait avoir trait aux hernies. Nous avons trouv^ un
imprim^ tir^ par les soins de la couronne et intitule : Remide du prieur de
Cdbrihes pour les descenles, donrU au public par la hontd du Rot, Les origittaux
en sont demeuris entre les maim de Sa MajesU. A notre grand ^onnement,
nous nous aper^umes que le « m^moire » des PortefeuilUs Valiant y avait
^t^ copi^ mot pour mot. Dionis nous parle du Prieur de Cabri^res qui
« estoit un homme fort charitable, qui distribuoit beaucoup de remedes
dans sa Province (le Languedoc), et qui n'estoit point interess6 ni charla-
tans, quoiqu'il fut fort myst6rieux, et qu*il fit secret de tout. » II vint k
Paris en 1680, <c eut quelques conferences avec le Roi, k qui il dt^clara son
secret pour gu^rir les descentes, priant instamment Sa Majest^ de ne le
rendre public qu*apr6s sa mort. » Louis XIV promit le secret et « voulut par
une bont^ singuli^re se donner la peine de composer lui-m^me ce remede, et
d'en faire distribuer charitablement k tous ceux qui lui en faisoient deman-
der. » Voilii certes un aspect sous lequel on ne s'attendait pas k voir le Grand
Roi, celui de d^biteur de drogues et d'empUtres. Le remede 6tait myst^-
rieusement pr^par^ au Louvre mSme. « Le roi commandait qu'on lui
apportdt dans son cabinet quatre ou cinq sortes de drogues qu'il sp^cifioit i
ses Apothicaires ; et comme ce rera^e ne consistoit que dans le melange
d*un esprit de sel avec du vin, Sa Majesty en ne se servant que de Tesprit
de sel, faisoit jeter secr^tement les autres drogues ; et cela dans la vue de
tenir religieusement la promesse qu'elle avoit faite k ce prieur. » Les ma-
lades accoururent en foule. cc On s'adressoit au premier valet de chambre
en quartier, on lui donnoit un petit billet de Tige de celui ou de celle qui
avoit besoin du remfede ; quelques jours apr^s on retoumoit qu6rir un petit
panier d'ozier, dans lequel il y avait trois bouteilles de chopine chacune
pleine d'un vin m^ang^ ; il y avoit aussi des emplitres convenables et par-
ticuli^res k cette maladie. »
La distribution du remade se fit pendant 4 ans, et k la mort du Prieur de
Cabridres, le roi en fit publier la recette.
2. L'empldtre du prieur de Cabri^res ^tait un mdange de gommes
r&ines, de laudanum, de t^r^bentine, de terre sigill<^e
— 48o —
II ne faut ny boire ny manger que quatre heure apr^
avoir pris le remede.
II faut en prendre vingt et un jours ; s'il fait mal k Testo-
mach, on peut estre un jour sans en prendre et niesme deux
en cas de besoin.
Pendant qu'on prend le remfede, il faut porter le brayer
jour et nuit, ne jamais s'asseoir, estre toujours debout ou
couch^, marcher beaucoup, n'aller point a cheval, en carosse,
ny en charette, aller toujours h pieds ou en bateau, ne faire
aucun exc^s de bouche ny austres.
II faut porter le brayer trois mois aprfes les vingt et un
jours du remdde jour et nuit.
II ne faut monter k cheval qu'aprds les trois mois, et quand
on y montera, ii feut encore porter le brayer autant qu'on
croira en avoir besoin pour laisser affermir la partie.
HYOROMEL DE MADAME LA PRINCESSE DE GUEYMEN^'
Pour madame la marquise de Sabl£.
t
k Rochefort ce Vendredy.
Je re^eu ier votre lettre pour I'idromel. M' Digby* m*en a
fait faire de deux famous Tune sans vinaigre et I'autre ou Ton
1 . Cette recette est ^crite de la main m^me de la princesse de Gu^me-
n^e, qui fut Tamie de MM^ncs de Sabl^ et de Longueville, du due de La
Rochefoucauld. Elle fut TAme du parti qui soutint les solitaires de Port-
Royal dans leurs luttes contre la Compagnie de J^us.
2. Kenelm Digby(i 603-1 665) fut un des favoris de Charles 1^. Apr^
la mort du roi, il fut emprisonn^ par ordre du parlement anglais et ne
recouvra sa liberty que sur les instances d'Anne d'Autriche. II vint alors en
France, se fixa a Paris ou il devint chancelier de la reine d^Angleterre.
C^l^bre par T^tendue de ses connaissances, il se lia avec Descartes, dent
il embrassa avec enthousiasme les doctrines, et avec la plupart des savants
de lam^me 6poque. II s'occupa beaucoup de m^decine et fut en France le
vulgarisateur des theories de Turquet de Mayerne sur la poudre de sympa-
thic. II fut aussi c^I6bre par ses cosmdtiques infaillibles, selon lui, pour la
conservation de la beaut^. Ses principaux ouvrages sont : Traits de la nw
ture des corps et Traiti des operations et de la nature de Vdme.
iertes;
tostet
vinaign
tes de I
It qui i
poiDt e
n'est p
le vern
t pourq
nd feu
surs. II
r; jLpTi
nain et
lesbot
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lante jc
plus e
deux 1
m ay V
:oiiservi
poudri
edrachi
que vent
— 482 —
sabine 20 grains, safran 1 5 grains ; avec du syrop d'arraoise
fiiittes une opiatte dont la dose est de deux drachtnes \
CATAPLASMB POUR METTRE SUR LA TUMEUR DE PESTE
Prenez de herbe de bonne dame *
de la triploie ' qui fleurit dans la fin de Test^ ou de
Tautomne
de la pimprenelle
de herbe et racines de violettes, de mauve
de herbe de patience
de guimauve
Et de chacune autant qu'on en pourra trouver de poignfes,
lesquelles vous fer^s bouillir comme Ton fait cuire des espi-
nards avec de Teau commune ; puis ainsy cuittes, on les
mettra sur une planche bien nette et courbte aflSn que Teau
s'escoule ; et on les achera avec un coutteau de bois et Ton
mettra dedans une demy-livre de vieux vin ; et le tout bien
mesl^, on Tappliquera sur la tumeur le plus chaud que le
malade le poura endurer, et on le renouvellera de douze en
I. Opiat de Tabbaye de Poissy dont le m^decin ^tait Seron, Tami de
Valiant, qu*ii appelait sou vent en consulutions. — On expliquait les
menstrues par la presence dans le sang des femmes d*un levain, sur la
nature duquel on n*^tait nuUement Hxi. Ce levain s'exaltait a des ^poques
fixes, faisant entrer en ebullition une partie du sang. Ce sang coulait vers
la matrice, et, une fois arrive dans les conduits de cet organe, les parti-
cules qui le composaient, anim^es d'un mouvement, rongeaient et per-
^aient les tuniques des veines ut^rincs, formant une Srosian qui donnait
passage au sang. On pent voir par ce qui pr^6de les d^rdres conside-
rables que pouvait produire ce sang, a particules mouvement^es et ron-
geantes, lorsqu'il y avait am^norrli^e. II se m^lait alors i la masse totale
du sang. Aussi devait-on, en cas d'am^norrh^e, un peu avant T^poque
fix^e pour le flux menstruel, faire une saignee copieuse du bras pour per>
mcttre a ce sang en Ebullition de sortir.
2. Nous n'avons pas pu trouver ce qu'^tait I'herbe de bonne dame ; du
rcste les appellations bizarres Etaient des plus nombreuses ; nous citerons
I'herbe a cotton, Therbe 4 la Reine (tabac), I'herbe k pauvre homme, Therbe
au charpentier, Therbe aux chats, I'herbe aux cuillers, I'herbe aux gueux,
aux poux, aux puces, aux teigneux, aux vip^res...
3. M^me observation.
le
tot
doi
-484 -
sortir, s'en frotter les esmontoires et en respirer par le nez sur
le creu de la main.
AMBRE DE VIE
CopiS sur une recepte de Mademoiselle de Guise 2S^ juin 1682.
— Prenez trois dragmes d'ambre gris, trois dragmes de muse
et deux dragmes de sucre candy ; pulverisez les subtilement et
les jettez dans un matras de verre fort qui ait le col bien
long; pulverisez dans le mesme mortier de marbre ou vous
aurez pulvirisi le muse et Tambre quatre onces d'ambre
blanc du plus beau que vous pourrez trouver et les jettez
dans le mesmes matras, et versez par dessus une livre d'esprit
ardent ou huile eth^rte de bayes de genievre, adaptez y un
vaisseau de rencontre qui ait pareillement le col fort long,
bouchez bien les jointures et les faites dig^rer au bain tiide
jusqu'i la parfaite dissolution de toutes vos mati^res, ce qui
arrivera au bout de quatre ou cinq jours, et lors ouvrez vostre
vaisseau et filtrez cette dissolution pendant qu'elle est
chaude, la faisant passer au travers d'un linge deli6 bien
blanc que vous aurez mouill6 auparavant dans Tesprit de vin;
remettez dans votre matras ce qui aura pass^ et y ajoutez
quatre once de vray beaume blanc ou liquidambare (?) tr^
pur, et conservez ce qui n'aura pu passer comme trfes propre
pour les pastes de senteurs; adaptez le vaisseau de rencontre
et les faites encore circuler Tespace de quatre ou cinq jours
pour les bien unir, aprfa lesquels vous ouvrirez le vaisseau et
conserverez cette liqueur et ambre dans une phiole de verre
bien bouchee comme une liqueur qui n'a point de prix.
VERTUS DE l' AMBRE DE VIE
C'est icy le grand secret, le rem^e sans degoust et sans
danger, la m^decine des princes, plus pr&ieuse que Tor
potable, Tamie de nos corps, qui nous conservera et delivrera
beaucoup mieux d'une infinite de maux que les elixirs de
laboratoires ny que la panache des philosophes chimeriques;
c'est le vray beaume de la nature, conforme k la chaleur et
humidity radicale, avcc lesquelles il s'unit pour empescher ou
rr* '-:
— 486 —
GRAINS DE VIE
II faut prendre des fleurs de soucj'S, d'oeillet, de romarin et
de sauge, de chacun quatre onces et les jetter dans un grand
matras et ayant vers6 par dessus quatre livres de bonne eau
theriacale^ vous y appliquer& un vaisseau de rencontre* et
ayant bien bouch^ les jointures, les feris digerer au bain
tiide Tespace de vingt-quatre heures aprfes lesquelles vous
ouvrirez le vaisseau et ayant s6par6 Tesprit des fleurs par une
forte expression, vous le remettrfe dans vostre matras et y
adjousteres trois onces de la racine de contrayerva^ deux
onces de kermds, et demy-once de saffran, le tout bien pulvi-
ris6, appliqufa le vaisseau de rencontre, bouchi bien les Join-
tures et les faictes digerer au bain marie Tespace de deux
jours, apres lesquels vous ouvrir& le vaisseau et philtrer^s
I'esprit par le papier gris, puis vous le remettrfe dans vostre ma-
tras et y adjousterfa ambre gris ^, verre de b&oard oriental ^
1 . Eau dans la composition de laquelle entraient les principales plantes
de la Th^riaque.
2. Matras de plus petite dimension et doncrembouchure venait s'emman-
cher dans le col du grand matras.
3. La racine de G>ntrayerva, ou Draxena ofRcinalis, plante du P^rou,
^tait un des contrepoisons les plus ^ la mode, et nombre de m^ecins la
pr^fi&raient au b^zoard, k I'orvietan, d la th^riaque. Elle gu^rissait aussi
toutes les morsures de toutes sortes d'animaux venimeux, ce qui n*emp^-
chait pas de Temployer dans toutes les affections n^vralgiques, rhypocon-
drie, les maladies d'estomac...
4. On croyait au xvii^ si^cle que Tambre gris n'^tait que de la cire et
du miel moditi^s par I'eau sal^e. Les abeilles entassaient leur rayon de cire
sur les rochers surplombant la mer ; le soleil faisait s^her ces rayons, les
durcissait; le vent les faisait tomber i la mer qui les transformait peu k
peu en ambre gris!!! C^tait un fortifiant k la fois cordial, c^phalique et
stomacal ; « il provoque de la joie et excite la semence », dit L^mery. On
rincorporait avec la poudre de cantharides dans tous les philtres d'amour
de r^poque.
5. Le b^zoard oriental 6tait soi-disnnt une pierre qu'on trouvait dans
Testomac d'une ch6vre sauvage des Indes Orientates ; c^^tait un m^icament
sans rival dans presque toutes les maladies, son seul d^faut £tait de coQter
trop cher. On le rempla^ait par d'autres b^oards moins actifs, mais meil-
leur marcli^, le b^zoard d'Alleniagne trouv^ dans Testomac du chamois,
le bezoard occidental trouv^ dans Testomac d*un moufflon, le Ix^zoard dc
<
■ 48? —
chacun deux dragmes, niagister
msc une dragme, le tout bien pul-
eau de rencontre, bouchds bien les
in marie jusques i la dissolution
ivr^s ensuitte le vaisseau et sans
ter^s quatre once de bon esprit de
it acide de tartre rectiffit ', deux
demy-once d'essence de canelle,
uscade, et deux dragmes d'essence
m^ le vaisseau coinme devant et
choses au bain marie I'espace de
» unit, et vous aurfe le viriiable
ier dans une phiole de verre bien
■es de semence de petit genievre
t sichie i I'ombre, Jettis la dans
:t versus par dessus vostre esprit de
; un peu la semence, bouch^s bien
;oleil I'espace de quinze jours ou la
pace de quatre jours atHn que la
remplisse de vostre essence de vie,
seau et s^pards par inclination ce
istre semence et I'ayant mise dans
ire du pore. Quoi qu'il en soit, tous les
r^sistaieni i la malignity d« humeurs et
Le magistere de coraiUc de perles se.fai-
issolvait dans du vinaigre rectifii la perle,
lans la di&soliiciop du sel lixe de lartrc
itait repris, lavfi, sichi. Ce pr^cipiiS
isiait au venin et arrf tail la dysenteric et
•fXe entraient dans de nombreuses pr^ra-
pannonique, poudre de d'Aquin, poudre
ifre. On mettait dans une grande terrine
ifce allumf. On recouvrait cede fcuetle
ilfureuses se condensaient sur les parois
la grande terrine.
— 488 —
un vaisseau de terre, large par le fond et veray^ sur Its
cendres chaudes, vous le couvrirds de sucre candy en poudre
trds subtile et la remuer^ fort Increment avec la main, affin
que tous les grains re^oivent Timpression du sucre et qu'il se
forme une cspfcce de drag^ en se desseichant; que vous gar-
deres dans un vaisseau de verre ou de faience bien fermd
Vous aurds les grains de vie.
Vous les pourres desseicher sans sucre avec la poudre d'iris
et mesme en oster Tambre et le muse en faveur des dames
qui apprehendent la douceur et les 'odeurs.
C'est un tris puissant et souverain pr6servatif contre la
peste, fievres pestilentielles , fievres pourprdes * , petites
verolles et toutes sortes de maladies contagieuses.
La dose de I'essence de vie est cinq ou six gouttes le matin
dans une cuiller^e de bouillon.
La dose des grains est quatre ou cinq, qu*il faut avaler le
matin tous entiers.
SIROP
Qui gudrit et ritablit la sancti contre quelques maladies que ce
soit et mesme contre la goute des vieillards, disipe les chaleurs d'en-
trailles et quand Fon n'auroit quun petit morceau depoulmon et que
le reste fut gastd, il maintiendra le petit morceau restant et le rHa-
blira ; et les douleurs d^estotnac^ les siatiques, ventigaulx, et les mi-
graines, les guirit finalementy toutes sortes de tnaladies interieure-
nient jusquaux maux daniaris *. — Voici la maniere de h faire :
— Prenez huit livres de sue de herbe mercuriale, 2 livres de
sue de bourache, 2 livres de sue de buglosse; le tout ensemble
des dits sues, faietes douze livres; Vous prendrez autant pesant
de bon miel de Narbonne; i faute d'iceluy du meillieur que
vous pourez trouver; mettez le tout ensemble et leur &ictes
prendre une petite ebulition pour les clarifier par une chausse
1 . Cest la scarlatine ; elle fut nettement distingu^ des autres fievres
^ruptives par Jean Coy tar de Poitiers qui publia, en 1578, d Paris, uoe
nionographie intitulee : De febre purpurea epidemiale et contagiosa.
2. Probablemcnt syphilis.
pan
ieni
livp
:hes
iS, :
iun
dit
ifei
xat
etb
de
iqu
lal (
dre
del
rec
soit
este
;bo
foi
T j-i-s-
— 490 —
pam en a est6 tir6, et on Testend pour cela le plus mince
qu'on peut dans plusieurs plats en terre ou terrines, parce
qu'il se corrompt aisement s'il est trop espais. On jette une
eau qui vient et qui surnage au dessus k mesure qu'il se seche ;
et on le reraet au four plusieurs fois jusques k ce qu'il soit
parfaitement sec. Alors il est extrfimement dur. On le broye
dans un mortier de pierre ou de marbre, et on le passe dans
un tamis. Cette poudre se garde mieuxdans du verre que dans
du bois ou le ver se met plus facilement. On en fait prendre
au mabde le poids d'un escu d'or \ dans une cuiller^ avec du
vin dont on se sers pour la delayer, et ensuitte un petit demi
verre de vin par dessus. Le malade ne manquera pas de suer.
S*il n'est pas parfaitement gu6ri de la premiere prise, il lui
en faudra donner une seconde le lendemain ; et prendre garde
sur toutes choses lorsqu on Tessuira doucement, de ne point
eveoter, de peur de faire rentrer la sueur ce qui est toujours
dangereux dans les sueurs.
On ne voit gueres ce remtde manquer son effet, surtout si
le malade n'a point esx6 saign^; car on sait que les saign^es
affoiblissent la nature et Tempeschent de pouvoir si facilement
jetter dehors par la sueur ce qui lui est contraire.
Ce mesme remade se danne encore trds utilement k ceux
qui ont fait quelque grande chute, parce qu'il fait par la
sueur transpirer le sang qui peut s'estre r^pandu dans le corps
par la rupture de quelque vaisseau, et empesche ainsy qtre.ce
sang ne produise quelque abc^z.
Quelquefois, lorsque la pleuresie est chassee du cost^, la
fluxion se jette sur la ratte, et pour y remidier, il faut prendre
un verre de vin d'yeux de cancre *, et dans peu de jours la
douleur se dissipera.
1. Quatre grammes environ.
2. Yeux d'^crevisses (oculi cancrorum); c*^taient de petites concretions
calcaires que Ton trouve dans le corps de ces animaux ; ces concretions
broy^es se donnaient k la dose de 1 2 grains k une drachme, c'est-^-dire de
o gr. 60 i 4 gr. et ^taient consider^es comme absorbant les elements gros-
siers du sang et corrigeant ainsi Tdcret^ du sang ; elles acceleraient de
plus le mouvement du sang devenu plus fluide et ^taient, pour cela,
consid^rees aussi comme cardiaques.
RDONNANCES
yer pour M' Lmnhard, m
t
au faittes bouillir un po
lions; mettez-y dans un
oncassi, demy teste de
n prendra deux verres le
u et de poulet de quat
s de chicor^e blanche,
pr ' M' :
BRAVER
s jours sur le cou, aux ja
soul pour le cours du ven
uble et une once desyro
:tion de chicoree sauvagt
"aut prendre un remfide ci
fera bouillir dans trois c
IS laquelle moitid I'on m
et quand la decoction si
suf.
:t pour fortifier que pour
melite agie (Tetwiron )o a
arfois fnri a
de Giice qui a des loupes a
jetite qui esi aux religieuses a
iques aux extrimitfa ; ce st
rhubarbe composd oti entraii
les racjnes de chxcor&e, la fi
igc, le santal citrin ei la cann
— 492 —
eu ses mats depuis 6 ans^ qui a le ventre enjUy qui vomit tous Us
bouillons \ lesjambes estoient enflecSy mais changdes par les purga-
tifs; une soif conlinuelle ; tout cela sans fiivre. — Uiie petite sai-
gndc du bras de deux palettes.
Un ou deux jours aprds, on luy fera prendre six grains de
trochisques alhandal ' autant d'escamon^e pr6parte et dix
grains de mercure doux ' dans un petit morceau de conserve
de rose^ et un petit bouillon par dessus ou un verre de ptisanne
si elle ne pent porter le bouillon.
Ensuitte pendant trois matins, on luy donnera deux
drachmes de conserve d'absynthe, dix grains ^ de sel de
tamarins, autant de sel de tartre^ autant de sel d'absynthe, et
1 5 grains de rhubarbe.
Apris ces trois jours, on riiterera la poudre purgative et
ensuitte I'autre, comme il est dit cy-dessus et cela pendant
quinze jours.
A la fin des quinze jours, unesaign^e du pied apr^ laquelle
on donnera une once de syrop des cinq racines dans un petit
verre d'eau de sureau ou d'armoise.
Aprds tous ces remddes, on la peut mettre ^ Tusage du laict
pour route nourriture.
Ddib6r6 i Paris, le dix Aoust 1672.
Vallant.
Pour des chaleurs d'entrailleSy hemorroides gonJUes et alntnees
excoriation vers les par ties et perte comme flueurs blanches ousemence
corrompue par un virus verolique^ donni par le mary^ il y a
soupgon de cela sans certitude pourtant. M' Petit consul te le
7*™« octobre 1672 ordonne ce qui suit. La dame est agee dC environ
JS ^wj, d*un temperament sanguin. — Madame sera saignie du
1. Les trochisques alkandal ^taient ii base de coloquinte; la coloquinte
^tait un amer et un purgatif mais purgeant le cerveau ; I'alo^, au contraire,
purgeait la bile ; la scammon^e ^tait hydragogue.
2. Le mercure doux ou calomel se pr^parait en sublimant un melange de
sublime corrosif et de mercure; on l*employait comme antivin^rien,
anthelminthique et purgatif l^ger; on en donnait de6 i 30 grains, c'est-il-dire
de o gr. 30 i I gr. 50.
3. Cest-i-dirc 2 gros = 7 grammes. — un grain qui valait o gr. 05.
che ea interpos:
:te, en interposi
gros de sel polj
:hicor6e sauvag<
matin on dissou
^rop de pommes
huict jours to
e fois on y den
du matin etdu
prendra k une I
y niettra un g
) Ton on dissoi
syrop de pomn
idra tous les m
)sfe de racines
inte d'icelle, oc
inne mesme dan
autre chose.
a dans le prem
se fera durant
>te des six sepm
;ulement.
le iera pas maig
:t de deux ceufs
)urs de devant i
decoction de be
: aprte le demy
appliquera six
ans I'eau dans c
de Testomach.
• *
494
CONSULTATIONS
Consultation pour une petite fille de 8 am qui est devmuefolle
et muette par la petite verole 6 Aoust i68i. — Circa Juniam
mensem anni praeteriti, egregia et juvenilis puella, annorum
septem, affecta variolis^ quse nuUis pravis insolitis comitatse
symptomatis, si fluxum ventris exceperis, qui materiam vide-
batur minuere et causam et facile erumpentem, salutarem
poUicebantur exitum , manducabat a^gra^ ad omnia bene
se habebat, cum nona die subito gravissimis est agitata
convulsionibus et cerebro redeuntibus per 4 aut 5 dies, quo
tempore de aure dextra exierunt rores ' pustulenti, quibus
apparentibus desiere convulsiones et spes aliqua salutis afTul-
sit ; et superstes evasit k tanto malo, nisi quia loquelam
amisit et quasi demens et mentis inops remansit, adeo ut oblita
rerum decentium, quae ante verecunda modesta et juciinda
fuerat, ad indecentia nunc inverecunde feratur, egerit ubique
sine loci discrimine et alia qu^ non recensebo.
Causa tanti mali non alia creditur quam idem humor qui
variolas fecerat, unde in casi cerebri factus abcessus qui per
aurem expulsus est, ibique impactus humor, prse mali gravi-
tate, et gravi intemperie cerebri, temperiem et a^conomiam
evertit; inde depravata imaginatio, inde deperdita memoria,
inde loquelaj amissio, quae in linguae vitium immerito refer-
tur, cujus nulla videtur l^sio; non deperditus ejus motus,
facile namque deglutit, mandit, extra os exerit, et intra os
linguam movet, quae omnia motu ejusdiem indigeno, quo fit
ut ad dementiam, et oblivionem specierum impressarum refe-
ratur Ioquela[; amissio,
Tentata est curatio remediis purgantibus cerebrum; quia
falsum visum est aliquibus linguae paralysis oblectamentis
tandem balneorum de Bagn^res, postmodum aquas dulces et
domesticorum, quae omnia irritafuere; quae iteranda credun-
tur, nisi alia pra^scribantur magis idonea.
I. Ros, goutte, goutteleue.
— 49S —
' que cet en&nt a recue dans le cerveai
considerable en toutes maniferes, tan
ttaquie que par la maladie qui a prea
ordinairement tr&s malins et tris opii
IS pounam pas que les rem^es qu'oc
soient inutiles; I'^ge mesme nous
'espi^rance pour uo changemeiu heure
int sur ce que nous croyons necessaire
:er3 par une saignie du bras; deux ]o\
lutre; on purgera ensuite avec six draj
utant de syrop de pommes compost i
a bon verre de petit lalct. On pourra
>urgeoit pas 4 ou J fois raisonnablen
que Ton fera bouillir un bouillon se
ict devant que d'y dissoudre le reste
olychreste bien prepare.
purgee trois ou 4 fois de cette sorte, «
I baignera une quinzalne de jours da
ie jour. Elle y fera deux heures chaqu
un verre de petit laict une heure apri:
un autre en sortant; on ajouteraau
■, le 10 et le 14' une once et demy de
de pommes compost,
)rendre ensuite les Eaux de S" Reyne
3 semaines et tous les 6 jours on d
verre une once et demie de syrop de
n Ton fera infuser un cscu ou un escu
un verre d'eau i part, que Ton prt
:r et les eaux ensuite par dessus.
mSdes, on pourra luy donner fort u
;e pendant six semaines et davauuge
de la purger tous les ro ou 12 jours
yrop de pommes compose dans du pe
; qu'on pourra, luy donner aussi un 1
i rargumcntaiioQ de Valiant.
7^7
— 496 —
tous les jours que I'on fera avec la decoction de mauve, gui-
mauve, concombre et deux onces de miel violat; luy &ire
boire de la ptisane avec l*orge, la riguelisse et le chiendant,
et ne luy rien donner qui la puisse eschauffer ou dess^cher,
mais que tout tende h Thumectation et au rafraichissement.
Le 6* Aoust. i88i.
Vallant.
Consultation de Renaudot Vaini et de Fallant. — La dame
malade qui implore le secours de Messieurs les mddecins de
Paris est dans la fleur de son age, d'un temperament sanguin
bileux, d'une habitude mediocre et delicate; elle est marine
depuis plusieurs ann^es et a eu des enfants : depuis deux
mois ses ordinaires ont esti supprimtes entierement sans
soup^on de grossesse aprfe avoir &t6 longtemps auparavant
desregl^es et diminu^es peu k peu ; ce qui a este accompagne
de douleurs de teste, de veilles fr^quentes, de perte d'appetit
avec quelques insultes de fifevre ligSre et sans regies; elle est
quelquefois surprise d'oppressions v^hementes sans toux,
bien que successivement elle est travaill6e de fluxions sur les
yeux et autres parties du visage; elle vomit quelquefois sa
nourriture, avec phlegmes et humeurs amferes, et se plaint
ordinairement de faiblesse d'estomach qui s'enfle quelquefois
avec douleur ; depuis trois semaines, elle a ressenti par inter-
vales des piquotemens au costi droit du ventre sans qu'elle y
remarque aucune duret^ ni tumeur ; elle se plaint beaucoup
de la faiblesse des jambes et des reins en sorte que souvent
elle dit avoir peine i marcher; ses urines varient de temps
en temps de couleur et de consistance et le plus souvent sent
louches ; son ventre est toujours paresseux, ce qui luy est
d'autant plus importun qu'elle a grande aversion pour les
remides : depuis un mois, aprfes avoir esti pr6par6e par des
purgations b^nignes et par la saign6e, elle a us6 des eaux de
S** Reyne, mais sans soulagement bien qu'elle les rendist fort
facilement.
II est i propos de savoir que Madame sa mfere depuis vingt
— 497 —
ans est fort incommod6e et obligte de garder le logis et sou-
vent le lit, ne pouvant marcher que trte peu k cause d'une
faiblesse de jambes qui luy est restte d'une beaucoup plus
grande, et qui n'a peu estre parfaitement restablie par Tusagc
des eaux de Bourbon ou elle a fait trois voiages non sans un
grand soulagement cependant * .
Toutes les incommodit6s de cette dame quisont fort consi-
derables viennent d'une intempirie fervente de ses entrailles,
principallement du foye et de la ratte, qui, au lieu de pro-
duire un sang doux et louable pour la nourriture des parties,
en font un trop eschauffiS, trop bilieux et trop dcre qui ne sert
qu'i les incommoder.
Cest par la mauvaise disposition de ce sang devenu encore
plus malin par les diffl&rens degrez d'une chaleur itrangfere,
qu'il s'est fait de puissantes obstructions dans le pancr^e, dans
les parties caves du foye et dans tout le m&entire : et c'est i
cause de ces obstructions que le sue alimentaire ne se distribue
pas facilement vers les parties oil il est envoyt, et que les
humeurs superflues ne peuvent estre ivacu^es par les voyes
qui leur sont destinies. Aussy ce sue et ces humeurs retenues
plus longtemps qu'il ne feut s'ichauffent, se corrompent et se
fermentent, et par cette fermentation la portion , la plus
sireuse devenue comme atrabilaire reflue sur toutes les par-
ties voisines, et se porte mesme vers les sup^rieures, oix
elle produitde facheux et divers accidens selon leur diffiferente
constitution. Elle cause d la teste de grandes douleurs, d*in-
supportables veilles et d'estranges inquietudes dans Testomach,
I. Ces expositions faites par les malades eux-m^mes sont parfois des plus
r^jouissantes. T^moin un « illustrissimus aegrotans » se plaignant de caron-
cules ur^traux cons^cutifs ^ une ur^trite blennorrhagique qui elle-m^me
s'<^tait compliqu^e de balano-posthite. « A virulento gononrea ulcuscula in
uretra excitari novum non est, et exinde carunculos in meatu urinario excre-
scere passim observatur; ita Illmo Domino annum modo quadragesimum
secundum agenti accidit. Hie in seminis profluvium veneris congressibus
decern et septem circiter ab hinc annis incidit, qui tempore penis glans
adeo intumuit, ut mali aurei magnitudinem aequaret »
(PortefeuilU Valiant, XIV, fo 247).
Le Maguet. — - Le monde nudical, ^ 2
-^ 498 —
une alteration violente et un d^goust horrible accoinpagn^ de
pesanteur dans le temps de la digestion, et quelquefois de
vomissements, d'enflure et de douleur, dans la poitrine des
oppressions fascheuses, des fluxions sur les dents et sur tout
le visage^ h la region du foye des picquottemens douloureux,
de Tenflure aux jambes, et une extreme faiblesse par tout.
Mais la portion la plus grossiSre de ce mesme foyer ne fait
gueres moins de mal, car comme elle bouche les principales
voyes dont nous avons parl^, elle supprime les purgations
ordinaires, et est ainsy la cause foncifere de tous les autres
symptdmes ; elle entretient mesme cette fidvre qui n*est pas
de peu d'importance, parce qu'elle trouble rceconomie du
corps et augmente la maigreur extreme et le dipirissement
de cette malade.
Pour aller au devant de tant de maux, il faut une grande
conduite au m^decin accompagn^e d'exp^rience et d'une
s^rieuse application ; mais il faut k la malade une longue
patience et une ob^issance ferme.
Ce grand feu des entrailles ne s'esteint pas si promptement
et ces puissantes obstructions ne s*en iront pas si viste ; il faut
preparer les humeurs, il en faut imousser la pointe, et apr^
les avoir vuidtes on songera k r^tablir les parties nobles.
Le regime de vivre doit estre exactement observe comme
le fondement de tous les autres remides; il doit estre humec-
tant et rafraichissant, d'alimens de bon sue et de facile
coction ; pendant la fifevre de seuls bouillons au veau et au
poulet, de gel^e et de quelques ceufe frais; dans le ddclin de
la fiivre, on commencera iseservir de solide.
Les lavemens doivent estre icy doux, humectans et rafrai-
chissans mais fr^quens : tantost aveque la seule decoction, le
petit kit et Teau tidde, en forme de demy bain intirieur,
tantost on y ajoutera le miel commun, celui de nenuphar ou
le violat.
L'on ne se peut icy dispenser de la saign6e ; Tintemperie
fervente des viscferes, la fifevre, les inquietudes, les douleurset
tous les autres accidens la demandent ; il la faut faire de Tun et
— 499 —
de l*autre bras, et lui tirer chaque fois deux poilettes et demie
de sang mesmesi les symptomes continuent, on ira jusquesi
la troisi^me ou quatriesme saign^e du bras; et en(in k ceiledu
pied, sans avoir £gard k la foiblesse ny i la maigreur, Tune
et Tautre ne venant que d'un feu cachi dans les entrailles
qui la ruine et lui d6robe le sue alimentaire et les esprits.
Dans Tintervalle de ces saignies on lui fera prendre de
Teau de poulet, dans le corps duquel on aura mis les quatre
semences froides mondees et concass^es ; on se servira mesme
de lait clair avec fort peu de sucre, et on la pr^parera aussi A
la purgation.
Elle doit estre simple et douce; d'abord avec une once de
casse mondte, une drachme de sel polycreste, autant de sel
de tartre, et deux onces de syrop de pommes compost dans une
chopine de petit lait ou d'eau de poulet pour deux prises le
matin i jeun d une heure d'intervalle Tune de Tautre ; et ce
jour li elle prendra deux ou trois verres d'eau de poulet ou
de petit lait, pour aider le mouvement de la mddecine. Mais
aprfes on y peut ajouter le senn^ et mesme nous sommes
d'avis qu'elle se purge souvent avec cette sorte de remfede.
Prenez deux drachmes de sel polychreste, autant de sel de
tartre, et autant de senn^, faites les fr^mir ensemble en deux
verres d*eau de poulet et tremper la nuit. Le lendemain passes
la et en faites deux prises i une heure Tune de Tautre.
Les jours qu'elle ne sera pas purgte, on luy fera prendre le
matin k jeun deux verres d'eau de poulet, ou vous aurez fait
dissoudre un grain de sel de mars. Ayant tti bien pr6par6e par
la purgation on la mettra dans le demy bain Tespace de douze
jours, seulement une fois le jour et on la purgera devant et aprds.
Vers le commencement de Tautomne, on luy fera prendre
du laitd'asnesse.
Voila nostre sentiment sur I'^tat pr&ent de cette malade *.
Fait k Paris ce 29 juin 1675.
Renaudot Taisn^ Vallant.
I . Lorsque ie malade avail largement r^tribu^ les m^decins consultants,
ceux-ci finissaient le libell6 de la consultation par des compliments et des
— 500 —
Consultations avec Af. CourtoiSy niedecinck Paris. — M. G)ur-
tois, mddecin de Paris, m'a dit le 7* 8*"^* 1676 chez Messieurs
Rivet que quand on avait fait des saign^es et les autres choses
raisonnablement comme je les avois fciit k Mods'* Rivet le
jeune qui a ^t^ saign6 huit fois, pris plusieurs lavemens, beu
beaucoup de ptisane, de I'eau de poulet et un petit poulet
et du petit laict, purg6 fort doucement environ le 18 et 19
de sa fidvre continue qui avait fort baisste, avec une once et
demie de casse dans deux verres de petit laict, et une autre
fois avec une once de casse et une once et demie de sirop de
pomme compost, que si la 66vre ne finissoit pas au tren-
tiesme jour, ou ne diminuoit au moins notablenient, c'estoit
une trts meschante marque et qu'il y avoit quelque partie qui
estoit gatde dans le corps, qu'il n'en avoit jamais veu qui
n'eusse pris leur fin ^ trente jours, ayant fait ce qu'il faut
faire, qui n'eusse €ti mortelle. Je luy ay dit qui se pouvoit
faire qu'il y avoit des humeurs si visqueuses, si grossiferes et
qui estoient si avant dans les parties qu'elles pouvoient soute-
nir la fievre au dela de trente jours sans que les parties
fussent gasties. II m'a encore redit qu'il n'en avoit jamais
veu.
Je lui ay demands s'il croioit la saignie propre dans les
fievres quartes ; il m'a r^pondu que souvent en faisant faire
cinq ou six saignies un peu amples et gardant le regime
comme dans une fievre continue, purgeant ensuite avec des
ptisanes il en venoit d bout ; que si cela ne suffisoit pas, il
conseillait aux malades de ne rien pr^cipiter, d'attendre et de
se purger de temps en temps avec les ptisanes ; qu'aux per-
sonnes qui passoient soixante quatre ou soixante ans la
fievre quarte estoit fort dangereuse, qu'elle faisoit mourir ou
laissoit toujours quelque fascheux reste, qu'en fin en toute
sorte de personne c'estoit une maladie fort fascheuse.
II m'a dit encore que Ton nourissoit trop les malades, que
voeux de sant^ des plus amusants. Une consultation de MM. Lamy, Bes-
siirres, M^ry et Valiant finit ainsi : « Fiat Deus ut est haec nostra et vou et
consilia in commodum salutemque illustrissimi aegrotantis urgere queant. »
r .
— 501 — ■«
Galien rapporte le sentiment d'un mddecin qui Iriduand medtd
macerabal xgrotos deinde propinabat aquam hordei live ptisanam,
que luy et M' Brayer avoient dit assez souveni qu'il faudroit
ne donner en plusieurs maladies que la ptisane faite avec le
pain bouilly comme Ton fait bouilHr I'orge, que les bouillons
se corrompoient facilement et augmentoient la pourriture
comme on le pouvoit juger par la puanteur qui en sortoit et
que les chiens que Ton nourrissoit avec de la viande estoient
fort puants que tors que Ton ne leur donnoit que du pain ils
perdoient eette puanteur.
Q.ue dans les inflammations de poulmons, le premier jour,
il n'ordonnoit qu'un bouillon pour toute nourriture, le
second deux, le troisitme irois.
La fievre de Monsieur Rivet estoit continue avec des redou-
blemens tous les jours; il estoit au 25™" de sa maladie et
comme la fievre estoit fort augment^e du jour pr^c^dent que
j'avois ordonn^ une saign^e, voyant naistre cette augmenta-
tion qui n'a pas pour cela est^ arrestee, il a ordonn^ unc
autre saign^, nous presents, et Ton a tiri trois grandes
palettes de sang, il a dit qu'il en falloit encore titer le lende-
niain au matin tout autnnt et ftiire la saign^e une heure
apres le bouillon : il a fait observer que quand on saigne
plus loing du bouillon on ne fait pas si bien parce que n'y
ayant pas tant de force, le mauvais sang demeure en partie
dans le corps; il a parl^ de decoctions d'herbes toutes pures
sans miel dans les redoublemens '.
II a dit encore qu'estant plus jeune, il estoit m^decin de la
Charit^, comme je croy de S'-Luc' et que pendant quatre
ans, il n' estoit quasy pas mort un malade parce que les sceurs
nc donnoient aux inatades que deux m^ehans bouillons en
vingt-quatre heures et un a;uf.
1. Toute la panic de I'observalion qui precede, selon toute probabililc,
3.6\t r^ig^ par le philiStre qui avait coutunie d'accompagner Valiant, «
nondictfe par ce dernier; on irouve, en effet, une correction de ta main
de Valiant, Le reste de I'observaiion est ^ciit de la main m&me de Valiant.
2. De lasallcSaini-Lut.
— 5<^2 —
Le 26 de la maladie^ le mal allant toujours en augmentant
la saign^e qui avoit est^ ordonn^e a est£ faite de 3 grandes
palettes. Le mal n'a point diminu6 pour cela mais est all£ en
augmentant.
Le 27 au matin nous nous sommes trouvfa encore en-
semble ; comme Ton a dit qu'il y avoit eu des reveries la
nuit, que la fidvre avoit augment^ de la moiti6, que les ten-
dons du poignet souffroient des mouvements convulsifs^ la
langue extremement sdche, nous avons estfe d'avis encore de
la saignde. II a dit du bras, je la voulois du pied, il a r^pondu
qu'on ne tiroit que du beau sang du pied et qu'il n'y avoit
que les saign^es du bras qui pouvoient tirer le sang pourry
et corrompu qui faisait tout le mal. J*ay adjouti qu*on en
voyoit quelque fois dans des palettes qu'on tiroit du pied qui
estoit fort gisti et fort corrompu, que la saign^e du pied
faisoit un mouvement for contraire k celuy qui montoit i la
teste. II n'en est pas convenu d'abord mais enfin il Ta avou6
et demeuri.
Af" Belay, Petti Bachot et Valiant consulti h Paris le 6^ may
1680. — A est6 dit que M"^ Tabbi, il y a 15 ans, sentit de
grandes aigreurs, eut des vomissements et qu'il ne fut ddivre
de Tun et de Tautre que par une bille verdStre qu'il jetta; —
qu'il eut quelques annies aprte un coup 4 la teste dont il fiit
incomode longtemps; — est tombi dans des foiblesses it
perdre connoissance, quelques mouvemens convulsife ^ une
jambe; cette foiblesse est revenue aprds la poudre de M' de
Lorme, 50 grains, qui le firent beaucoup vomir et luy lais-
s^rent une jaunisse dont M"^ Brayer le tira par le bain, Teau
de poulet et le petit laict. Depuis 4 ans grandes aigreurs,
douleurs aux reins, glaires continuelles par les selles, sable
rude et grossier dans les urines, douleur i la region de la rate
et chaleur ; antrax k une cuisse ; pr&entement pustule ^ la
levre d'en haut, du costi droict.
J'ay dit^que je croiois que ce mal venoit d'une bille brulie
qui estoit la cause de tous les accidens, qu'il falloit saigner.
— 503 —
On a conclu ; une du bras et une du pied, lavemens rafrai-
chissans purgatifs avec une once de casse et deux de syrop de
pomes compose dans deux grands verres de petit laict.
M' Petit a dit que M"" Simon, appoticaire, pr^paroit un syrop
de pomes plus compost que Tordinaire, qui fesoit aussi
mieux. Purgi deux ou trois fois de cette sorte. Ensuite dans
le demy bain ou ie bain 13 ou 18 jours. Le petit laict ou Teau
de poulet dans le bain. Et purg^ tous les quatre jours d cause
des fontes des humeurs. Ensuitte les eaux de Forges, ii cause
du vbmissement M*^ Bachot ; moy Spa ; M"" Belay d'abord
pour Spa ; M' Petit, contre toutes eaux min^rales i cause de
leur sicheresse, a proposd les eaux de la riviSre, le laict
d'anesse dans I'automne, le bain encore dans Testi et Teau
de poulet. La teinture de mars, moy et M. Petit dans le petit
laict.
Nota que le malade dit qu'il ne scauroit prendre de casse;
on la proposa en bol, et par dessus le petit laict avec le syrop
de pomes.
Pour le bain on a dit que Galien disoit que par le seul
usage du Bain, il guerissoit les milancoliques, que la *
d'Hippocrate pour les purgatifs forts dans les mdlancoliques ;
je devois entendre quand Thumeur m^lancolique estoit i la
teste; M"^ Petit et M^ Belay pour les sangsues au fondement;
M^ Petit craint les tamarins, k cause de leur aciditi, dans les
mdancolies, le senn6 aussi parce qu'il irrite les humeurs et
cause une sedition dans le corps. M"" Bachot a lou6 cet endroit
et a trouve le mot sedition fort beau *.
Hisioire de la pleuresie de Vauclare carrier 1668 K —
Le 15™^ Juillet 1667 Vauclare carrier ige de .... d'un bon
temperament, incidit in, febrem continuant cum dolore lateris
1. Illisible.
2. Celane rappellc-t-il pas la consultation de M. de Pourceaugnac ?
3. £crit de la main de Valiant. Cest une courte observation d'un cas
int^ressant, observation prise au jour le jour. Valiant, mauvais latiniste,
comme la plupart des m^dccins de Montpellicr, m^le agr<hiblenient le
•fran^ais i un latin d'une bien basse lathiite.
— 5^4 —
sinistri sub tnamma, C'estoit le vendredy au soir qu'il s'alita en
revenant du travail ; on le saigna ce soir mais on n'eut pas de
sang. Le samedy au matin i6"^ je le fis saigner ad vascula; a
midy un lav. febre et dolore perseverante ; circa vesperam encore
saign^z. Le mal dure toujours dans sa force, nuit mauvaise,
quelques crachats sanglans tirez avec peine, urines rouges
sans dpaisseur. II dure dans cet estat jusques au mardy au
soir ; au commencement du 4 il se trouva un peu mieux ; pen-
dant ce temps U, il fut saign^ deux fois chaque jour, 3
palettes chaque fois. Tout le 4 il fut un peu mieux ; sur le
soir n^anmoins il tombe dans les mesmes accidens ; la sai-
gn^e du pied.
Dans le 5 une saign^e du bras. Le 6 on lui porte Nostre-
Seigneur ; il prend apr& en deux verres 4 une heure Tun de
Tautre Tinfusion de deux escus de senn^ faitte ^ part, meslee
avec une chopine de petit laict, avec une once de casse et un
peu de syrop violat. Toia die pessime se habuit. Cela le fit aller
deux fois avec des glaires effroyables en quantity et en ^pais-
seur ; j*ordonnay un lavement, qui tira encore quantity d'or-
dures; sur le soir il s'endormit et passa assez doucement la
nuict. Le vendredy au matin le chirurgien fit une saign^e ; je
le trouvay sans fievre et quasi sans douleur. II a pass^ tout le
jour et la nuit comme cela. Le samedy il a pris la mesme
medecine avec on. j. manne' qui Ta men6 5 ou 6 fois abon-
dament en glairres. Je Tay trouv^ sur le soir fort bien quitte
de tout.
RELATIONS DE MALADIES ET D'OUVERTURES DE CORPS
Relation de Vouverture du corps ^ de Af"* de Beringhen Jaite
par M^ Dimye, — Le dixidme juin mil six cent septante six,
1 . Une once de manne.
2. On « ouvrait les corps a beaucoup plus qu'on ne le fait i present;
c*^tait, d cette ^poque, chose tr^s fr^quente, et le bourgeois aimait a falre
autopsier ses proches, comme s'ils eussent ^t^ de grands seigneurs.
L'autopsie ne pouvait (en vertu des prdonnances de police) avoir lieu que
— 5^5 —
environ vers ii heures du matin, se fit Touverture du corps
de Madame de Bernighen, lequel estoit enti^rement ^macie et
consume.
La premiire chose qui se manifesta fut une grande quantity
d'eau jaunastre qui estoit contenue dans le bas-ventre et il
s'en trouva aussi de pareille contenue dans la poitrine.
Ces eaux ayant esti 6vacuies, la premifere chose que Ton
remarqua fut I'ipiploon ou cette partie que I'on nomme la
coeffe laquelle se trouva presque toute consommte et r^duite
24 heures apr^ la constatation du d^^. On ouvrait tour i tour la t^te, le
ventre, la cavit^ thoracique.
Pour la t£te, on faisait une incision cruciale et on sciait la calotte crd-
nienne ; on faisait sauter cette demi^re au moyen d'un levxer nomtn^ dl^va-
toire. Aprte avoir incis^ et rabattu la dure-m^, on ouvrait avec le manche
du scalpel les 2 ventricules lat^raux, puis on tdchait d*arriver successivement
sur les 3« et 4« ventricules. On coupait ensuite le bulbe et on enlevait le
cerveau, et le ccrvelet.
L'op^rateur faisait ensuite « une incision longitudinale depuis le col
jusques sur les os pubis, et une autre transversale de la partie lombaire
gauche jusqu'ii la droite » ; la cavit^ abdominale ouverte, on examinait succes-
sivement et m^thodiquement tout le contenu, s'^clairant pour cet examen
d'une «c bougie de cave », m^me s'il faisait grand jour.
On ouvrait le thorax en sectionnant avec un fort scalpel les cartilages
costaux ; on d^articulait et on faisait basculer le sternum. On incisait le
p^ricarde, puis le coeur (deux petites incisions ii droite et d gauche), « pour
voir s*il n'y a rien au dedans des ventricuks et dans les oreilleites, ou on
trouve souvent des corps graisseux qu*on nomme des polipes du coeur. »
On faisait done presque tou jours Texamen des organes in situ; I'op^ra-
teur poussait rarement ses investigations plus loin.
Rentr^ chez lui, le chirurgien devait, le jour m^me, faire une relation de
Tautopsie et en donner la copie A la famille.
Si Tautopsie ^tait faite par ordonnance de justice, le rapport m^dico-l^gal
devait ^re ^tabli selon'des regies bien nettes que nous donne Dionis :
« Pour un homme empoisonn^, dit-il, on doit suivre ce modele. Nous
soussignez Medecins et Chirurgiens du Roy, certifions que, par TOrdonnance
de M. le Lieutenant Criminel, nous avons ouvcrt le corps de M. A. ou
Testomac livide et sphacel^ k Text^rieur, contenoit dans sa cavit^ une
liqueur ^paisse etrougeatre, dont un morceau de pain ayant ^id donn^ k un
chien, Fa fait expirer dans des convulsions ; de plus, la tunique int^rieure
de ce visc6re nous a paru enflamm^e et caut^ris^e, s'^tant s^par^ en lam-
beaux d'avec le reste ; ces impressions malignes que nous ne pouvons attri-
buer qu'ii un poison arsenical, s'^tant comrauniqu^e k plusieurs autres
parties des premieres voies, doit i notre avis avoir caus^ la mort subite
auditM. A. »!I!
— 5^6 —
pour toute son 6tendue i deux travers de doigts, sa substance
membraneuse estant toute racornie et retir6 comme un mor-
ceau de parchemin que Ton auroit expos^ au feu, sa substance
graisseuse entiirement dissip^e et consommie, ne restant que
ces petits corps glandulaires mais entidrement dessechis et
extrfimement endurcis et rendus schirreux.
La v6sicule du fiel surpassoit son lieu ordinaire, restant pro-
longte au dela du lobe du foye de deux bons travers de doigt,
d'une couleur verdastre, ayant teint le p^ritoinequi couvrecet
endroit d'une couleur jaunastre.
Le misentfere consomm^ et dessechd de sorte que par la
partie qui touche aux intestins, il s'y remarquoit des corps
glanduleux dessechfe et endurcis de la m6me mani^re que
ceux que Ton avoit remarqu6s k T^piploon.
Le foye en g^niral est trouv^ d'une couleur jaunastre ou en
sa partie gibbe et supirieure du cost^ qui regarde et avoisine
le diaphragme, il s'est trouvi une tumeur dure et schirreuse
de la circonfference environ d'un escu blanc et plus, de volume
et grosseur d'un oeuf, de couleur rouge, brun et livide, de
consistance tris dure et, par consequent schirreuse, pin^trant
et s*etendant jusques i la partie cave dudit foye.
II faut remarquer que cette tumeur schirreuse du foye par
la partie qui avoisine le diaphragme estoit enti^renient attachie
au diaphragme en avoit pen^tr^ la substance et estoit attachee
il Textremit^ infiSrieure du dernier lobbe du poulmon, de sorte
que cette extremity du poulmon entroit dans cette tumeur du
foye.
II faut de plus remarquer que cette tumeur schirreuse du
foye de la part et du cost6 qu'elle paroissoit en la partie cave
dudit foye, il y avoit un prolongement de cette tumeur qui
par un principe gresle mais gros en circonffrence de deux
bons travers de doigts et qui s'augmentant en grosseur dans
son progrte enveloppant tout le rein qu'elle avoit convert!
en pareille substance schirreuse, n'ayant plus ni sa forme ni
sa figure, de sorte qu'il avoit entierement perdu pour Taction
et Tusage pour lequel il a esti construit, et ne faisoit avec ce
— 507 —
prolongement de la tumeur qu'un seul corps plus gros que
teste d'un en&nt nouveau nay et qui pouvoit bien peser tr
i quaire livres, laquelle tumeur estoit couchie ei rempliss
toute la region lombaire et done 1' extremity la plus grosse
infdrieure estoit continue dans le commencement de la cav
que forme I'os des Isles.
II faut encore remarquer que toute cette portion du mfisi
t£re qui est depuis Tappendice de I'lntestin cacum, et
coecum mSme, aussl bien que tout le commencement de I'l
testin cdlon et tout son progrfe jusques i I'endroit oii il co
mence k s'approcher de la v^sicule du fiel estoient enti^rem<
attaches, adherans et infiltr^s k cette tumeur.
Tout le corps de la matrice et cette panic de la matrice q
I'on nomme les comes, sont enti^rement durs et schirreux ;
couleur et la consistance de ce squirrhe difi^rent n^nmo
de celuy que nous avons remarqui tant au foye qu'au re
c'est-i-dire que celuy-ci estoit de couleur blanche et parei
des corps gtandulaires endurcis.
Le rein du cost^ gauche est aussi trouv6 alt^r^ tant en
couleur qu'en sa substance et en disposition de devenirsch
reux comme celuy du cost^ droit, s'y estant trouvd quant
de petitsgrumeaux de sang endurcis dans les peiits canau
ou conduits qui servent i s^parer la s6rosit£ d'avec le sai
outre deux vessies pleines d'eau ou mati^re s^reuse en queic
fa^n semblable i I'urine, dont une estoit situ^e 4 la pai
inftrieure du rein qui tend vers I'os des Isles, et grosse com
un ceuf de pigeon; I'autre vessie situ^e environ un travers
doigi au-dessus de cette premifere, grosse comme une noix
remplie d'une mati^re plus ^paisse et plus rousse '.
La rate s'est trouv6e de grandeur, de couleur et de conj
tance tr& bonne.
Les deux poulmons estoient de couleur Strange et divei
remplis I'un et I'autre en leur surface ext^rieure de tkl
I. Tubes de Bellini.
I. Petiis kystes r^aux.
— 5o8 —
noires et blanches; leur consistance et grandeur estant bonne,
except^ Textremiti du dernier lobbe du poulmon droit qui
estoit, comme nous Tavons dit, infiltr^ dans la substance du
foye, i i'endroit ou fiit remarqufe la tumeur schirreuse.
Le coeur trfes beau mais fort petit, et dans son ventricule
droit, a Tendroit ou est Tentrie de la veine cave, il s'y est
trouvi une substance chamue de la grosseur d'une vraie
grosse noix ^
Memoire cTun chirurgien du Roy (TAngleterre qui a esti present
a Vouveriure du corps de M™* Royalle de France, soeur du Roy
d'Angleterre. — Le 30"^ juin 1670 il mefut ditau matin que
Madame estoit morte subitement, j'allay chez Monseigneur
Tambassadeur d'Angleterre, qui me commanda d'aller avec
un secretaire i S' Clou ou le corps de la defFunte princesse
estoit et devoit estre ouvert pour y assister ; je m'y rendis avec
ledit secretaire ou je rencontray les m^decins du Roy de
France et ses chirurgiens et en la presence de son excellence
du comte d'Alsberg, de M*" TAbbi Montague et M' Hamilton,
le corps fut expose sur une table. Je d&iray voir le dos ou je
ne trouvay rien d'extraordinaire *.
L*incision estant faitte pour Touvrir, il en sortit une vapeur
foetide et de mauvaise odeur, le ventre estant ouvert, on
trouva I'epiploon tout mortifi^ et gangren6; les iniestins ten-
dant aussi i mortification et putrefaction, fort dicolords; le
foye d*une couleur gris jaunatre tout bruie en sorte qu'en le
touchant il tomboit entre les doigts par miette sans aucune
apparence de sang; la vessie du fiel fort pleine et diffuse d'une
bille fort haute en couleur qui sembloit par son espanche-
ment avoir donn6 la couleur aux autres parties voisines; la
rate elle bonne, de couleur et grosseur naturelle, le rein
1 . C'est un cas de generalisation cancereuse cons^utive ^ un ndoplasme
ut«^rin.
2. « II m'a dit aux Capucins comme je luy deniandois si le visage estoit
livide, qu*il Testoit en quelques endroits et le dos enti^rement. »
Vallant.
^ 509 ^
gauche un peu fl^try et mol mais bon dans sa substance, le
droict fort bon; toute la capacity du bas ventre pleine d'une
mati^re sanieuse, putride jaunastre aqueuse et grasse comme
de rhuille; le ventriculeou estomach, par Textferieur beau et
bien condition^, mais au dedans tout fourr^ et teint d'une
bile aduste^ jusques au haut de Toesophage, laquelle se
netoioit ais6ment avec le doigt sans y avoir trouv6 aucune
excoriation depuis Torifice d'en haut jusques au bas que je
visitay fort exactement, seulement un petit trou dans la par-
tie moyenne et ant^rieure laquelle estoit arriv6e par migarde
du chirurgien qui Tavoit coup6. Sur quoy je fus le seul qui
fis instance, mais Tayant bien visits de pr6s, je n'y trouvay
aucune excoriation, ni corrosion, ni noirceur, ni duret^, ni
macule ni l&ion d'aucune autre partie; au reste fort bon dans
toute Testendue du ventricule. Le poulmon adhdrant aux
costes du cdt6 gauche, remply d'une niati^re spumeuse, le
cot6 droit meilleur mais non pas tout ^ fait bon ' ; le coeur
gros et renferm^ dans sa liqueur du p6ricarde fort bon et na-
turel; mais toutes les parties en g6n6ral fort exsangues. L'on
n'a point ouvert la teste ni les boyaux, la cause de la mort
ayant 6t6 trouvte dans le ventre, qui est k ce qu'on a jugi
une trop grande effusion de bile.
REFLEXIONS
Le temperament de la princesse chaud sec et bilieux, ce qui
se voit par la s&heresse et aviditt de la peau, laquelle avroit
esti fort jaune, si la bile avoit peu exuder au travers des pores
qui estoient dessech^s et arides par la chaleur extraordinaire.
La mauvaise habitude du corps de longtemps contract^e
comme il a paru par le foie et le poulmon.
Le voyage dans lequel elle n'a presque point dormy.
Le voyage de mer.
La soudaine joye et allegresse en voyant son fr^re.
Le changement d'alimens d'ordre et d'air dans tout son
voyage.
I. Madame mourut d'un ulcere de Testomac, h petti trou dont parle
Boscher (Littr6, Legu^); mais elle 6tait de plus tuberculeuse.
- $10-
LeS grandes chaleurs> I'^motion de la bille qui n*a pas est^
ivacu6e par les vomissements ordinaires qui arrivent h la mer,
le bain froid ^ contre temps.
Toutes ces choses ensemble ont contribu6 i eschaufFer la
bille, ce qui s'est remarqu6 par le d^goust qu'elle a eu des
viandes. Get humeur s'estant espandu dans le ventricule et
mesme dans tout le bas ventre qui a donni la teinture k toutes
les autres parties et a caus^ tant de douleurs poignantes et
acres dont les intestins et hypochondres lesquelles choses ont
caus£ une fermentation si chaude et si vaporeuse que la
nature ne pouvant plus suporter cette chaleur extreme et si-
cheresse, tout k coup a fondu ou liqu^fi^ toutes les parties du
corps pour humecter et rafraichir et secourir les parties les
plus afHigdes; c'est pourquoi Ton ne pent rien inferer i Ten-
contre de ces observations sans prejudice, n'ayant rien trouvi
qui y contredise si non ce petit coup d'incision k I'estomach
que Ton a esclair^ et le mauvais proc^de de Top^rateur qui a
si mal fait son devoir qu'il ait plus tost voulu d^rober aux
assistants la v^rit£ de la cause de la mort que I'esclaircir et la
dimentir.
Alexandre Boscher, chirurgus Regius.
Maladie et mort de M' le due d*Alenfon. — M*^ le Due
d'Alen^on ', kgi de quatreans et six mois et demy, le ven-
dredy 15 mars 1675 ii 3 heures apr^s midy tombe dans un
accident qui luy oste quasi toute la respiration. J'arrive sur
les six heures et je le trouve assoupi etrespirantavec peine et
siflement, le pouls un peu esmeu. Madame de Guise me dit
que Ton luy avoit donni un lavement et qu'il estoit incom-
parablement mieux; je le laissai, k 8 heures du soir dans le
mesme estat. Monsieur Belay, mddecin de Mademoiselle *, le
1. Le due d*AIen^on £tait le fils du due de Guise (mort en 1672) et de
la duchesse, fille de Gustave d'Orl^ns. C^tait un enfant des plus ch^tifs et
MUe de Montpensier qui en parle it plusieurs reprises dans ses Mimoires
semble dire que sa mort ^tait prdvue depuis loi^temps.
2. Mil« de Montpensier, la Grande Mademoiselle,
-. SIX —
vk tin peu apris qui lui trouva une grosse fi^vre et dit i M^
du Fresne qu'il croioit qu'il le feudroit saigner le lendemain
au matin. Mais il arriva bien du changement> car sur minuict
du vendredy ij mars au samedy i6y il tomba dans un si
grand redoublement d'oppression que Ton croyoit qu'il estoit
mort; j'arrivay sur une heure et demy aprfes minuict; Ton
me dit qu'il estoit un peu mieux que Ton luy avoit donn6
un lavement, et de i'liuille d'amande douce avec du syrop de
capillaire ; je le trouvay si mal encore que je le fis saigner ; le
sang vint en coulant le long du bras, il y en avoit deux bonnes
palettes rouge et beau. Je le fis boire ensuitte, il beut;
Madame de Guise me dit que devant la saign^e Ton ne luy
pouvoii rien faire avaler; je le fis encore boire et prendre la
moiti^ de sa tasse tout d'une haleine : la fidvre considerable
tousjours le pouls intermittent mais moins. Une heure apr^s,
voyant que la poitrine soufFroit tous jours, je commencay k
croire que nos secours seroient inu tiles; je luy fis donner un
lavement purgatif, de Thuille d'amande douce par la bouche :
le lavement ne tire quasi rien. Je dis k M' du Fresne *, qu41
falloit avoir M*^ Brayer et M^ Belay ; le matin il le dit k Madame
et i Mademoiselle de Guise : comme je fus seul, Madame et
Mademoiselle me dirent qu'elles ne vouloient que moy, que
je fis ce que je trouverois ^ propos et qu'elles m'abandonoient
I'enfant. J'insistay tousjours i avoir du secours; M^ Du Bois*
estant venu je luy dis que nos affaires alloient mal ; il me
r6pondit que M*^ d'Autun ' luy avoit dit le soir que mon sen-
timent n'estoit pas favorable sur cette maladie ; il est vray que
j'avois dit k M*^ d'Autun le vendredy au soir que je craignois
beaucoup de cette maladie mais que je n'osois siller Toeil aux
altesses de peur de les accabler.
J'ordonne un second lavement purgatif, il tiri beaucoup
d'excremens, peu de bile ; M'^ Belay arrive qui me dit qu'il
1 . M^decin ordinaire de M^^ de Guise.
2. Maltre d*>i6tel de M™« de Guise.
3. L'^Sque d'Autun.
^ 512 —
n^osoit aprocher du lict h cause de Mademoiselle ' : je luy
dis qu*il n'y avoit nulle apparence de rougeur. U me dit qu'il
falloit parcourir les signes, s'il n'avoit pas les yeux d'une cer-
taine maniire> la gorge malade ; je luy rtpondis qu'il n'avoit
point de douleur aux lombes, il dit que cela ne suffit pas : je
lui rdpartis qu'il n'y avoit aucun signe que le mal de gorge
qui venait de son rhume et qu'il y avoit huict jours qu'il s'en
plaignoit, cela le fixa. II n'aprocha point pourtant, dit qu'il
falloit continuer les lavemens et s'en alia. M*" Brayer arrive,
dit que I'enfant estoit fort mal et qu'il &lloit encore le sai-
gner; que sa poitrine estoit rcmplie et qu'il n'y avoit que cc
remade lit. Madame et Mademoiselle dirent qu'il estoit bien
foible, je respond que selon que le sang sortiroit on le tirc-
roit, que Ton jugeroJt par la dcs forces et que Ton Tarreste-
roit tout court en cas de besoin.
M' Brayer demanda I'heure de la saignee de la nuict, et
ensuitte combien il y avoit de temps qu'il avoit pris de nour-
riture ; comme il eut s^eu que s'estoit tout k I'heure, il dit
qu'il faudroit faire la saignee dans une heure, qu'il revien-
droit pour la voir faire. Je sortis en mesme temps et revins
devant M*^ Brayer; jc trouvay I'en&nt baiss^; je le dis i
Madame qui en fut fort touchie : tons les autres qui estoient
la ne me crurent point. M*^ Brayer arrive qui ne dit rien aprts
luy avoir touchy le pouls, sinon qu'il falloit le saigner; il
vint aupr& de la chemin^e ou j'estois, je luy dis qu'il estoit
bien baiss6, il ne me respondit rien ; retourne vers le lict,
persiste i la saignte, revient vers la chemin^ ou j'estois
encore : je luy dis que le visage changeoit fort; je I'avois dit
k M' Du Bois dte les six heures du matin et une heure aprSs
h, Mademoiselle*, qui me demandoit si je n'observois point
cela.
1. Dans la crainte que Tenfant n'ait la variole; M^le de Montpensier,
qui avait d^j^ eu la petite vtole, avait gard6 de cette maladie une frayeur
extraordinaire ; Valiant renseigne le m^decin de M^^ de Montpensier, lui
montrant que la rachialgie de la variole n'existait pas chez Tenfanc.
2. Mii« de Guise.
— 5n —
M' Brayer retourne vers le Itct, le regarde; Madame de
Guise s'escrie que son en&nt se mouroit et dit i M^ Brayer
de ne point le faire saigner parce que cela ne serviroit de
rien : M' Brayer dit : il est vray et s'en ala.
II ala tousjours baissant jusques il onze heures et demy
qu'il mourut ; une heure devant M' Belay vint qui dit qu'il
n'estoit point si faible nt si abandon^, parle de lavement ec
s'en va : revint une demi-heure aprfes et dit actum est, et en
sortant qu'il Tavoit bien dit le soir du vendredy que M' d'Alen-
^on cstoit plus mal que Ton ne croyoit. Je luy respondis que
d'autres que luy i'avoient aussi dit un peu devant qu'il mou-
rut. II reviut avec Mademoiselle', dit qu'il ne falloit plus
rien faire et que remedia turn erant infamanda^. J'insistais k
luy dire que quand on avertissoit du peril, on les
remtdes quoyque selon toutes les marques....
Sur Mons' tTAlenfon (notes sur I'autopsie icrites par Valiant').
— Le dimanche, 4™% de Mars 1675, nous nous assemblasmes
au Luxembourg a 2 heures apr&s midy pour assister i I'ouver-
ture du corps, M' Belay M"" Dufresne et moi m^decins.
M' Pr&idy, chirurgien de M"' de Guise, M' ,chirurgien de
Mademoiselle, M' Serouin, chirurgien de M' de Mesnie.
L'on consid6ra premierement le corps de tous cote. Ton ne
trouva que les genoux et les poignets, oil il avoit du vice tels
que Ton les avoit veus pendant la vie, c'est i dire Inches dans
leurs articulations. Je passay le doigt tout le long de I'espine,
ne trouvay rien que de bien placi jusques aux vert^bres des
lombes ou je trouvay entre le 4 et la cinq un enfoncement
plus considerable,
A I'ouverture du ventre nous trouvasmes d'abord les boyaux
1 . M"*-' de Montpensier, qui parle dans ses Mimoires de la visitc in txtrt-
taii (ju'elk tit ^ son neveu.
2. Belay £tail fort mal avec Vallaol, aujsi lonqu'il veut saigner le petit
malade, Valiant s'y oppose ; Belay propose ^n lavement ; il n'est pas icout^,
M'l< de Montpensier parle dans ses Mimoirti de t'aniagonisnie de Belay
avec le m&lecin de }&.'°' de Guise.
Le MiGUET. — Li lauiidc oudical, j[
— 514 —
plus jaunes qu'ils ne doivent estre en certains endroits, le fov
un peu grand, pas alt6r^, un peu aux extr^mit^s mais l^g^re-
ment, la rate d'environ trois doigts de long, deux de large, et
fort mince, le rein gauche gros quasi comme un oeuf et d*un
tiers plus que le droit. Tun et Tautre sans vie dans leur sub-
stance, I'estomach bien, la vescie de mesme, le poulmon et la
capacity sans vice.
Q)mme ils croioient que I'on y devoit trouver de Teau en
abondance je leur dis que la s^rosit^ qui avoit rempli le poul-
mon et les bronches ne paroissoit pas au dehors, Ton se con-
tenta de cela sans autre examen de cette partie et Ton dit
« nous allons trouver un amas k Tentrie du larinx et aux
amygdales ». Je r^pondis vous ne trouverez rien de sensible
U, et ce fut ainsi.
Le coeur estoit fletry extraordinairement et comme s'il avoit
trempi long temps dans de Teau.
Pour la teste. Ton la tournoit comme si elle n'eut tenu aux
vert^bres que par la peau ; M' Belay dit qu'il n'avoit jamais
veu cela. L'on remarqua aussi comme Ton scioit le crane, une
contusion environ de la grandeur d'un escu, k Tendroit ou la
suture sagitale s'unit h la lamboide; cette contusion alloit
jusques dans la substance de Tos. M"^ Belay dit tout bas que
I'enfant estoit tombi, quelqu'un ripondit que depuis qu'il
estoit expos6 sur la table on avoit cogn6 la teste; M' Belay
persista dans son sentiment et me dit encore tout bas que Ton
avoit laiss^ tomber cet enfant et que c'estoit la cause de la
mort; le chirurgien de Mademoiselle en dit de mesme et les
autres aussi hors M*" Dufresne qui n'y regarda pas.
Tout ce que je puis dire la dessus, c'est que Tayant bien
examini et de fort pr6s avec la bougie, je ne puis assurer que
ce soit un coup de chute, car si on luy a cogn^ la teste comme
Ton a dit sur la table, la substance est si tendre que cela pent
estre arrive de la ; M*^ Belay soutint que non et le chirurgien
de Mademoiselle aussi.
Quoy qu'il en soit nous sommes convenus de n'en point
parler, parce que cela ne feroit que redoubler les peines des
— 515 —
princesses et un grand tort i toutes les personnes qui i
aupres de ce jeune prince.
Le crSne estant lev6, je remarquay que le cervea
fort grand, les vaisseaux qui sont an dessus plus gr
I'ordinaire; le reste sain, le cthne n'avoit point d'oi
vers les sutures mais elles estoient fort serr^cs ' .
Je crois que cette maladie est venue d'une abond
serosit^ qui tombant du cerveau a rempli les bron
poulmon et a estouff^ ce jeune prince ; le cceur estoit
s'il avoit esti press6 entre deux corps durs ; le cervea
plein de serosit^ qui ne pouvant circuler !i cause de c
abreuvoit la substance du mesme cerveau, avolt go
vaisseaux comme I'on les voyoit et cela se peut expl
plus clairement du monde tant soit peu que Ton !
naturede la circulation.
Madame de Longtuviile sur la maladie doni elle est n
Madame de Longueville ' dans sa 60"" annde le 6'
1679, un jeudy qui estoit le lendemain d'une m^decim
avoit prise dans un temps froid qui I'avoit bien pu
avoit dormy la nuict suivant la m^decine. La nuit de
vendredy — peu de someil jusques a deux heun
minuict, un peu de fi^vre ; le reste de la nuict someil
vendredy au samedy moins desommeil; jusques^deu
aprfis minuict fievre. — Du samedy au dimanche, poii
meil fievre; M' Hamon m^decin de P. Royal y avoit
se trouve mal d'un frisson considerable et crachemens
avec toux. — M' Dodart me prie de demeurer la 1
dimanche au lundy ; j'y couche; 4 minuict on me vi
ler; Mad. de Longueville assoupie avec des tressaillen
1. On pett penser i unc fracture du crSne; I'ecchymose rei
I'autopsie rtsulierait du iraumatisme initial; I'ivolution rapide e:
I'absence d'eccliymoses secoiidaires. L'oppression dont Vallan
ressemble bien au coma de la franure du crine.
2. • Agee de cinq'"" 9 ans et demy, elle en auroit eu soixant
le jour de S' Augustin qui est ie 1%'™= aoflt ; pendant sa mal
(rayeur ni trouble. »
-5i6-
quens dans les bras, janibes et quelque fois par tout le corps ;
fievre, ne pouvant parler que par tnonosyllabes. On luy
donne un lavement avec senn£, le lavement ne sort point ;
Ton saigne du bras 2 palettes; le lavement sort vuide; cela
soulage un peu la teste mais non pas 6norm^ment.
M^ Fontaine, M' Bourdelot, M*" Dodart ' et moy concluons
senn. 3 i) in aqua tartar emetic, gr. iiij pro duab. dosib. *, la
premiere &it vomir d'une fois quelques cuiller6es d*humeurs
tirant sur le brun ; le senni pouvoit causer cette couleur ; la
t^te sed^gageet tout le reste.
La nuict du lundy au mardy, accident aprte minuict aussy
fort que le premier; on repurge avec d'fem^tique 2 grains
seulement dans la moiti^ de Tinfusion de senn^ avec six gros
de manne; cela op^re bien, le d^gagement est grand, la
fifevre fort diminu6e.
Je dis k M' le Prince ' que si nous ne parions le redouble-
ment de la nuict, elle mourroit. Le medecin anglois vint, ne
veut pas donner son remide ; sa premiere raison parce que si
la gu^rison arrivoit, on ne sauroit pas si ce seroit son remfede
ou mon purgatif, etc... Nous donnons une drachme de chin-
china dans un peu de gel^e de pommes.
La nuict du mardy au mercredy quasi point de redouble-
ment; sommeil de 4 ou 5 heures; lavement avec une once
de casse qui tire des glaires effroyables et abondamens jaunes
noiritres.
Chinchina le soir du mercredy; nuict excellente, point de
fiivre, sommeil de huit heures fort doux.
Le jeudy matin demanda que Ton luy nettoye la teste et
qu'on la change k son ordinaire, nota outre cela avoir quitt^
le jour de devant qui estoit le mercredy une peau de cygne
qu'elle portoit sur Testomac et sur la poitrine; on y en avoit
mis une de lievre.
1 . Fontaine, mddecin de Paris ; Bourdelot, medecin du prince de Cond^ ;
Dodart, medecin du prince de Conti.
2. Deux drachmes (7 grammes) de s^n^, quatre grains (o gr. 20) d'^me-
tique pour deux prises.
3. Le Grand Cond^.
— 517 —
Lejeudy i midi je la trouve sans fievre; une heu
la respiration devient plus (r^quente et plus haute
petit Element ; estemue et tousse sans cracher. On di
lavement, teinture de chinchina dans I'eau d'cscorson
cuiler^es ; la fievre paroist apr^s I'op^ration du lavem
lag^e. M' le Prince ne croit pas que sa poitrine soit
parce qu'il luy avoit demands si elle respiroit sans
sans douleur dans la poitrine : j'ay r£pondu qu'elle
sans peine parce qu'elte ne faisoit que de petites in]
et sans douleur parce que le mal estoit dans les cl
poulmon qui n'a pas de sentiment. Le mal ne 1:
d'augmenter quelque temps apr^ nonobstant le soul
du lavement.
La nuict du jeudy au vendredy trds mauvaise ; o
du sel volatil de vipdre ; 0 ' dans I'eau descorson^re
ou cinq onces pour prendre par cuilitre pendant 1
Cela lui oste le ralement ; la respiration est un peu pt
L'on purge avec j ij de senn^ mann. 5 vj tartar emet
deux fois aboodament soulag^ mais d'un soulagemer
dure pas.
La nuict du vendredy au samedy une agonle coi
jusques i 4 heures et un demi quart du matin qu'elte esi
L'on a ouvert le corps le dimanche i6*°" avril i£
plomb^ superticielement vers Ics extr^mit^s des lo
toument du c6t^ de I'estomac ; sur la partie gibbe ur
tumeur qui estoit pleine d'eau, la rate pourrie et en
noire, le rein gauche de mesme et fort petit ; les pi
d'un verd obscur, quelque piastre au hauct ; le caei
et fl^try avec de I'eau rousseatre dans les ventricules
point de sang dans la cave; dans les canaux de la tract
lie sanieuse et dans les boyaux K
1. Un demi-drach me (environ i gr. jo).
3. Deui drachmes de iini, six drachmes de manne, un grain d'
J . II y a tout lieu de croirc que M"e de Longueville mourut de
pneumonie. En favcur de cetle idi^e plaident le diJbut insidieux, I
d'itat s'Stablissant assez brusquement par un frisson vrai, la r
Relation de la maladU et de la mart de M. le Due de FEdi-
guere '. — M. le Due de TEdiguire ag6 d'environ 36ans d'un
irhs bon temperament fort et robuste, vers la fin du mois
d'avril 1681 jouaau mail> s'agitta beaucoup et comme il avoit
fort chaud aprte le jeu, prit le vent qui estoit un peu froid,
but ^ la glace, soupa ensuite fortement et comme c'est la
coustume ^ cette beure de ces jeunes seigneurs ; il but deux
petits verres d'une sorte d'eau-de-vie qu'ils boivent pour
aider, k ce qu'ils pritendent, ^ cuire ce que leur estomach
peut avoir pris de trop. II estoit k Paris et comme il estoit sur
le chemin de S* Germain ou il devoit aller passer la nuit, il
luy prit un grand frisson qui dura longtemps, qui fut suivi
d'une grande fievre avec douleur de costt, toux, crachement
de sang reverie. II est k remarquer qu'il y avoit deux ans
qu'il crachoit le sang, qu'il ne vouloit point voir de m^decins.
Je ne scay si c'estoit par une aversion qu'il en avoit prise chez
M*^ le Cardinal de Retz ou M*^ Belay ' et M' Petit qui le trai-
toient avoient fait une 4* ou 5* saign^e qui Tavoit tui, i ce
qu'on disoit.
Comme il avoit eu la fievre quelques mois apris la mort du
Cardinal de Retz, il envoya qu^rir TAnglois ' d'abord qui luy
donna son vin avec son remade ^ et luy osta cette fievre en
peu de jours mais comme elle le reprenoit de temps en temps
il continuoit ce remade et en prenoit encore un peu que
devant de tomber dans cette derni^re maladie.
br^ve, les crachats sanglants, la toux, la couleur du poumon vert obscur, la
lie sanieuse trouvde dans les bronches i Tautopsie. Les tressaillements, le
ddire peuvent s*cxpliquer facilement par Tdge de M»e de Longueville.
Cependant quelques passages semblent faire rejetcr Tidte de broDcho-
pneumonie; la remission de la fievre alors que la dyspn^ augmente, et
surtout « le plitre en haut du poumon » qui 6tait, selon toute probabi-
lity, un bloc cas^ux. On pourrait peut-^tre concilier ces faits oppos^ en
pensant a la possibility d'une broncho- pneumonic survenant dans un cas
de tuberculose pulmonaire torpide, comme cela se rencontre si souvent
chez les vieillards.
1 . Lc due de Lesdigui^res.
2. MWecin de M'^c de Montpensier.
3. Le chevalier Talbot.
4. Une teinture de quinquina.
— 519 —
Les m^decins de S* Germain le firent saigner prompte-
ment et copieusement, en trois jours 9 fois luy donntrent
plusieurs lavemens ou Ton mettait de temps en temps de
r^mitique qui faisoit de grandes Evacuations et bonnes en
sorte qu'il estoit mieux it la fin de son 3* jour, la fiivre n'es-
toit pas si violente, la teste plus d^brouillEe, les crachats
venoient mieux et estoient meilleurs.
II ne laissa pas dans cet estat \k de vouloir voir TAnglois
parce qu'il crut qu'il abr^geroit le cours de sa maladie. Les amis
n'estoient pas trop de cet avis 1^ et pour ce sujet devant que
TAnglois entrast dans sa chambre, il lui dirent en particulier
qu'il devoit bien consid6rer ce qu'il alloit faire, que M*^ d'Edi-
guifere estoit mieux et que si cet estat venoit k changer
comme il pouvoit arriver par le cours de la maladie quoy
qu'on y fist tout ce qui se pourroit de bien, on ne manque-
roit pas de luy attribuer tout le mal qui arriveroit, qu'il
sembloit aussi k tout le monde que le vin ny I'amertume ne
convenoient point k sa maladie qui estoit une inflammation
de poitrine, mais que s'il avoit quelque autre remdde propre
i cet estat, il le pourroit proposer. II fit semblant de prendre
ce partie, proposa un syrop qui fut approuvE des midecins,
dit qu'il ne donneroit que cela, entre dans la chambre du
malade, luy donne son syrop et en mesme temps de son vin
qu'il portoit dans sa poche et dans une bouteille, continue
de donner deson remide et du vin pendant 36 ou 40 heures;
Mais les choses chang^rent si fort que le malade fut contraint
de dire que le remdde ne remontoit pas et qu'il lui falloit des
m^decins. Ses crachats furent arrestfe peu de temps aprds
qu'il eflt commence ce remide; il soufFroit beaucoup plus, ne
crachoit pas; les redoublemens bien plus grand. Les m^decins
le firent saigner encore deux fois mais il ne laissa pas de
mourir^ Tentrie du 7*.
On a ouvert tous son corps et on a trouvi quantity de
boue dans son poulmon ', que les m^decins de la Cour ont
I . C'^tait en somme un cas de tuberculose aigue chez un malade, ayant
pr^sent^ depuis deux ans des pouss^s congestives du c6t^ de ses poumons.
— 520 —
cru devoir estre faite depuis longtcmps, et qu'ainsi on ne pou-
voit pas attribuer ceste mort au remdde anglois. Mais comme
M' le Q)mte de Treuille ous disoit cela, mardy 6« mai 1681,
M^ Seroude qui venoit de le saigner luy dit que cette boue
pouvoit bien estre venue en peu de jours et qu'on le voyoit
en d'autre, par ce qu'en ces parties 1^, la supuration alloit bien
plus vite
Madatne Thierry ' femme a Louis Le ^ Francois demturant au
fauxbourg S^ Jacques paroisse du Haul PaSy fut attaqufc le
12""' aoust 1673 environ les onze heures du matin d'un acci-
dent qui luy osta subitement la conoissance et le sentiment.
Je la trouvay dans cet estat, environ les huict heures du
matin du mesme jour, et j'appris d'une femme qui estoit
aupr^ d'elle que ce mal luy estoit venu ensuitte d'une fache-
rie qui avoit arrest6 tout i coup ses ordinaires qu'elle avoit
pour lors. L'on luy fit plusieurs remides mais inutillement.
Elle mourut le 16"* du mesme mois, ayant este quatre jours
sans donner la moindre marque d'aucun sentiment*.
Son corps fut ouvert, le foye nous parut d'une couleur
plomb^e en plusieurs endroits et fort altiri en toute sa sub-
stance, la vescie du fiel fort grosse et fort gonflfee et d'une
couleur verdatre, la partie du boyau colon qui est voisine de
cet endroit la estoit noirastre comme si elle avoit esti brulfc.
Comme j'avois veu cette femme sans nis mesme devant
qu'elle tombast dans cet accident et comme elle m'avoit dit
que c'estoit un cancer dont elle avoit est^ gu^rie qui luy
avoit emport^ cette panie, je fis d^couvrir cet endroit jusques
aux OS en haut, en bas, h droict et ii gauche, et j'observay
premierement qu'il estoit bien couvert de peau par tout ^ la
r&erve de deux petits trous par ou I'air passoit pour la respi-
rv^v^ ^ "^^*" ^^ Valiant qui ajoutc : « J'ay donnd cet escrit i
vitaus qui est le chirurgien qui avoit traitt6 cette femme du cancer. »
2. ^n peutcroire, d'apr^ ce qui pr^ctde, ^ une Wmorrhagie c^rtbrale.
— 521 —
ration; la cicatrice estoit fort belle et fort naturel
point gastte et sans aucune alteration '.
Je certifie que tout ce qui est contenu en cet escri
table.
Faict it Paris le 9™' avril 167J.
VALLA^
OBSERVATIONS DE MfiDECINE ET AUTREE
Observations sur la peste qui eslait h Calais et aux
convoisim m 1666 et i66j, envoy&s h M' Vignon par 1
de sesamis qui y assistoit. — Les malad^s changeolf
de visage <\bs le couunencement de leur mal que 1
avoient de la peine ^ les reconnoistre; un peu dcvan
la sortie des charbons ec des bubons ils vomissoient
devenoit petit, foible sans in^galit^. La plus gran
mouroient devers le troisitine jour jusques au 5. I
ventre avec une pesanteur insuportable, les sueurs
tives et les exanth^mes noirs estoient des marque
d'une mort prochaine.
Quand les charbons comen^oient i paroistre sui
endroit du corps, les malades sentoient ^ cet endroit
leur semblable ^ celle qu'ils y auroient senti si ui
d'eau toute bouillante et qui brille y fut tomb^e. In
apr^s la douleur on voioit au mesme endroit une pel
de la grandeur et de ta grosseur d'un grein de m
estoit pteine d'une eau blanche qui se convertiss(
petit ulcere rouge qui devenoit noir dans un momi
s'esrendoit en rend jusques i ce que les rem^des eus
per6 et adoucy la malignity. Les bubons comr
comme les charbons avec une douleur trds piquanie.
ils estoient accompagn^s de pustule, ce qui arrivoit 1
c'estoit un signe de mort quasi infeillible.
I. C'^tait un cancroidc de la face.
Pendant 8 mois nous n'avons veu aucun malade qui ne
soit mort six heures apr^s que les exanthdmes noirs avoient
paru.
Les charbons des pteds et des mains estoient mortels pour
Tordinaire
Nous avons esprouv^ beaucoup de rem^es descripts par les
autheurs mais avec fort peu de succds cela nous obligea k ne
donner que des sudorifiqiics quatre fois par jour; nous nous
servions pour cela de vinaigre et de Teau tliiriacale, de I'eau
de vie de mathiole, de celle de chardon binit, de reyne des
prts, de scabieuse^ mais plus souvent de I'eau de vie dans
laquelle nous fesions infuser au bain marie la radne de con-
trayerva, de nula, campana et d*angilique avec la canelle;
nous y adjoutions le sei de Scordeum, d'absynthe, de chardon
b^nit, le th^iaque, le diascordium de Fracastor, Tdectuaire
dit de ovOy et I'esprit de soulphre, nous n'y meslions aucun
syrop par ce qu'ils retardoient Ics sueurs.
Nous appliquions des ventouses ' sur les bubons^ mais quoy-
qu'ils devinsent plus gros, nous n'en avons jamais veu que de
fort petits effects; les cautdres actuels appliqu^ sur les bubons
estoient si efficaces pour tirer et pour consumer le venin de
la peste que de quatorze soldats qui avoient des bubons il y
en eut dix qui furent guiris par ce moyen.
Pour empescher que les bubons n'augmentassent et ne cor-
rompissent les parties voisines, nous donnions premierement
les sudorifiques, et nous appliquions ensuitte un cataplasme
qu'on fesoit avec le chiou et la prunelle cuittes dans Teau
pilees et passees par un tamis, h quoy nous ajoutions la th6-
riaque et le vinaigre th6riacal et par ce moyen les charbons
estoient adoucis.
Plusieurs au lieu de th^riaque prenoi^nt le matin comme
un pr^servatif admirable, et cela leur reussit fort, un mor-
ceau de fromage vieux et pourry, beuvoient par dessus de
Teau de genie vre arros^e d'un peu de vin.
I . Cucurbitularum appltcatio.
— 523 —
Nous n'avons pas fait de grands progr^s dans la gudrison
de la peste soit k cause de la grande malignity soit i cause de
la negligence des malades qui n'avertissoient que fort tard,
les chirurgiens et les m^decins.
Nous avons est^s bien plus heureux en ce que nous avons
fait pour preserver les sains de la peste; nous avons observe
que tons ceux qui se servoient de nos parfuns durant une
demy heure dans une chambre bien fermfe, pouvoient sans
danger estre dans les maisons ou il avoit la peste, mesme
demeurer avec ceux qui en estoient malades '.
Chinquina. — Ce chinquina, on en donna k feu Madame la
Princesse de Conty dans une fievre quarte, quoy qu'elle eut
un crachement de sang auquel elle estoit sujette ; ce fut dans
de Teau de buglose ^ que Ton luy donna : elle s'en trouva fort
bien.
Mons Renodot Taisn^ fut de la Q)nsultation et il m'a dit
le 26** sept^""* 1676 que le chinquina ne faisoit jamais de
mal pourvu qu'on purgeast bien les malades devant que de
leur en donner, que quand on le donne sans avoir bien
purge, comme il fixe les humeurs il fait du mal en fixant des
choses mauvaises dans le corps et en trop grande quantity.
Son sentiment est que comme certaines liqueurs estant
1. Ces observations Rentes par Valiant lui-meme sont traduites et tiroes
d'un ra^moire en latin du m^decin calaisien dont nous n'avons pu retrou-
ver le nom. Ce m^moire depesla qnx Ciileti et in locis vicinis grassabatur est
^crit en un latin fort correct et ni6me d'une d^gance qui, si elle n'est pas
tout k fait cic^ronienne, jure fort avec le latin de Valiant. Un passage non
traduit montre les difficult^ de diagnostic dans certains cas : « Licet bubo-
num, carbunculorum, et exanthematum absentia, in diagnoscendis pestilen-
tiaextinctiscorporibus, maximum nobis afferret difficultatem ; nihilominus
e morte prsecipiti, repentina mutatione vultus qui vix a familiaribus cogno-
sceretur; ex lividitatibus per dorsum et ventrem disseminatis, et in
emunaoriis QitUralemerU tnouchetures) apparentibus, audacter ejusmodi
corpora peste mortua pronuntiavimus; et raro decepti fuimus, nisi ni cada-
veribus infantium. In quibus persoepe nullum dictorum signorum vesti-
gium deprehendi poterat ; aliquando tamen quinque aut sex horis post
eorum mortem exanthemata erumpebant. »
2. Cest la bourrache, borrago officinalis.
— 524 —
jointes ensemble ne peuvent plus se fermenter, de mesme le
chinquina se meslant avec Thumeur qui (ait la fievre quarte
empesche la fermentation et par consequent I'acc^.
La comparatson n'est pas tout k £iit juste. Car les liqueurs,
qui en se joignant ensemble font qu'elles ne se fermentent
plus, font un tris grand bouillonnement dans le temps qu'on
les mesle, et quand ce bouillonnement est finye et le
melange parfait il n'arrive plus de ces fermentations.
Mais dans la fievre quarte il n'en est pas de mesme car I'ac-
c^s ou Ton donne le chinquina n'est point plus fort , et ordi-
nairement les acc^s reviennent, apr^s dix-sept ou vingt jours
d'intervalle. Je crois done que le chinquina qui est amer et
capable d'estre porti au lieu oix est le levain de la fievre
quarte, s'imbibant avec luy, empesche la corruption du sang
et des aliments qui passent par b et comme ce ferment est
plus difHcile k dig^rer et k r^udre que ne sont les parties
du chinquina, il arrive dans Tespace de 17 ou 20 jours qu'il
se trouve seul comme il estoit devant que les parties du chin-
quina fussent mesl^es avec luy, lesquelles sont dissip6es ou
s^par^es de ces ferments.
Quand les tierces ont duri quelque temps, que Ton a bien
purg6 et que Ton donne ce remdde, on les guerist sans
crainte de retour.
Pour le donner comme il faut, Ton doit faire infuser la
poudre dans le vin blanc ou dans le vin d'Espagne douze
heures, donner Tinfusion et la poudre d'abord que le froid
commence et ordonner au malade de ne rien prendre six
heures devant et quatre heures aprfes.
II a veu qu'un homme qui avoit la fifevre quarte fut guery
n'ayant pris que Tinfusion et son cocher aussy guery de la
fievre quarte n'ayant pris que le marc.
II observe que quand on donne encore du chinquina apr^
Taccds oil Ton a commence d'en donner, il faut que ce soit
le jour et Theure que Taccis viendroit s'il avoit k venir, que
de cette sorte Ton r6ussit niieux.
Pour les gouttes, il dit que dans les commencements par
le moyen des saign^es, Ton peat les guSrir partitement et
mettre un homme en estat de n'eii estre incommode de sa
II a estd fort sujet au rumatisme, qui le prenuit cinq ou six
fois par an et Tobligeoit i garder le lit chaque fois 7 ou 8
jours. Aprfis grand nombre d'anndes, il se r^soluc aux sueurs,
M' Stome, chirurgien de M' le Chancelier luy fist trouver
une machine propre it cela; il y demeurott trois quart
d'lieures et suoit abondamment par I'esprit de vin que Ton
alumoit.
M' Breier ' dans une retention d'urine qui provenoit des
hemorrhoides gonB^es ei enflamm^es a propose la saign^e
une ou 2 fois dans un mesme jour. La vapeur du laic dans
lequel on aura fait bouilHr du bouillon blanc ei des guy-
mauves, le petit lait avec de la graine de pavot.
Clauporles'. — Mad. Martel m'a dit chez Mad, de Laval le
21*"" fev. 1676 qu'elle prenoit des clauportes des plus grosses
qu'etle pouvoit trouver sans se mettre en peine, ou dans les
caves ou ailleurs, qu'elle les lavoit dans du vin blanc et
qu'elle les fesoit sMier dans un plat ^ d^couvert sur les
cendres chaudes pour les pouvoir mettre en poudre dont elle
donne le poids de deux escus dans un bouillon. Elle ne les
prepare point au four parce qu'elle dit qu'elles sentent une
odeur ficheuse. C'est pour les ulc^res qui sonl dans le corps
et pour les dartres qu'elle les employe; M"" le chevalier de
Coaslin a dit qu'elles estoient tr^s bonnes pour les h^mor-
roides.
Gotiorrhie. — M'le Chevalier de Coaslin m'a ditle 21™' fev.
1676 qu'il avoir veu des choses qui passent I'imagination
dans les gonorrh^es mesmes cord^es et dans les commence-
mens, en prenant loin des repas trois ou quatre verres pat
jour de la ptisane suivante (que cela fesoit rendre des chosen
— 5^6 —
effroyables par les urines et que cela n'arrive qu'en chassant
le venin par les voyes qu'il est entr6) trois bonnes poign6es de
plantin, feuilles et racines, en hyver plus de racines que de
feuillesy bouillies dans trois pitites d'eau r^duittes k moiti^.
Ulcere h la bouchc et pour les gencives rouges. — Le mesuie
M"^ le Chevalier de Coaslin m'a dit le 2i^ fev. 1676 que
M' de Villarseau avoit un ulcere i la bouche sous la levre infe-
rieure que les chirurgiens avoient traiste six mois, sans rien
faire, qu'il luy avoit conseille de faire bouillir du cresson dans
de I'eau comme quand on veut faire de la ptisane et d*en laver
son ulcere ; que cela Tavoit gu6ri en peu de jours : que luy
M*^ de Coaslin en fesoit deux ou trois fois Tann^ pour s'en
laver la bouche et que cela lui netoyoit les dens ; et que les
gencives rouges cela les accomode mieux qu'autre chose.
Mad* Charlotte m*a dit que son frire M*^ Delavigne, advocat
au Parlement qui est sujet a un devoyement depuis plusieurs
anntes, d'un temperament bilieux use pr&entement par les
conseils d'une femme de la tisane faicte avec une douzaine de
grate culs dans trois chopines d'eau c'est ^ dire trois livres.
Que sa m^re qui a les genouils enfl^s depuis plusieurs
annies sans rongeurs et douleurs, si ce n'est parfois, en sorte
pourtant que cela Tempfeche de marcher, se trouvoit fortsou-
lagee et marchoit mieux depuis qu'elle se servoit de I'eau salie
des charcutiers pour mettre sur la partie.
Le pfere de M"" Seron * luy a dit qu'estant ^ Paris il avoit veu
ordonner 15 grains de vif argent mesle avec une once desyrop
de fleurs de pescher, que Ton donna ii un enfent qui avoit des
vers et que cela r^ussit fort bien.
Pour la pierre de Af'^ cTHureux. — M*" d'Hureux taill6 le
dimanche ;\ 9 heures du matin, le 7*"* juiliet 1677 par
M' Francois Colo % il a souffert a la premiere ouverture mais
1 . M6decin de Tabbaye de Poissy dont Valiant ^tait un des m^decins
consultants.
2. Cest Colo le fils
— 527 —
peu; on a iniroduict le conducteur, ensuitte on a mis I'instru-
meni pour tirer ; ne I'a pas eue a cette fois ie veux dire la
pierre; a mis pour dilater, souffrance ^ ce coup; mats bien
plus quand il a repris la pieire; il a tiri un temps avec une
grande force et je craignois qu'il ne la put avoir ; le makde a
beaucoup souffeit dans ce temps \k ; la pierre comme un petit
oeuf, raboteuse comme une truffe.
M"" Morel que j'ay veu ensuitte et M' Fourbiire ' m'ont dit
qu'il y avoit bien i craindre par le tirement qu'il avoit fallu
fatre, qu'il estoit i craindre qu'il n'y eut quelque chose de
dechir^ dans la vescie.
M' Colo m'a dit que non, que la pierre estoit seulement
infiltree vers I'endroit de la vescie qui est au pubis, que cette
infiltration provenait des ulc^res que la pierre causoit en cet
endroits li ou il se fesoit ensuitte des coles qui s'espaississoient
et attachoient la pierre ; qu'il sc faisoit parfois des fongus.
M'' Morel a dit que quand les choses vont mal apres la
caille U arrive du vomissement, tension du ventre, devoye-
ment et la raort ensuitte'.
Pour la pUiirisie ^ , M' Siron medecin de Poissy m'a dit le
24*"' avril 1679 qu'il avoit de fort bons effects de trois
drachmes de diaphor^tique 4 et auiant d'yeux d'escrevisse mis
dans trois chopines de ptisane, qu'il ftiut boire en 24 lieures,
remuant la loutes les fois qu'il en &it boire.
Pour les dartres^, le mesme M' Seron m'a dit le mesme
jour 24"°' avril 1679 qu'il avoit gudri une Religieuse de
1. Deux chirurgiens parUiens.
2. Mort par p^ritoniieaiguf.
}. Notes ^criies de la main de Valiant.
4. Antimoine diaphor£iiqut:.
5. Sous le nom de gale, graielle ei dartres, on designait Tensemble des
Eruptions prurigineuses, la gale, 1 'eczema ; toutes ^taient produites par
uDc humeur conrompue « entre cuir et chair ». La persistance et laricidivc
frequentc des dartres pertnettaient de les distinguer d'avec la gratellc et la
gale qui c6iaient il I'emplDi des poramades soufrfcs, des eaux k base d'aci-
utc de cuivre, de sulfate de fer
— 528 —
Poissy^ que j'avois veue qui avoit des dartres comme une
l^pre par tout le corps, en lui fesant manger tous les jours
une vip^re, pendant 24 jours, et boire un verre de vin de
vip^re par dessus. II escorchait les vip^res, en ostoit la graisse,
la teste et la queue, en &isoit cuire une tous les jours dans un
plat sur un r6chaud avec un peu de bouillon, la tournant de
tous cost&. La religieuse la trouvoit fort bonne et son vin
aussi qu*il preparoit de cette sorte; il mettoit quatre vip^s
dans environ quatre pintes de vin, les laissoit lb, 24 heures ou
elles estouffoient et ensuite tiroit et passoit son vin dont il
donnoit d boire. Cela a emport^ cette lepre que les saignto,
medecines, lavemens de toutes sortes, bains, frictions et flux
de bouche de quinze jours cause par le mercure n'avoit peu
gu^rir.
II m'a dit qu'il avoit tenti cela sur Thistoire que Galien
faict et sur avoir ou'i dire ^ sa grand m^re qu'une fille que
Ton croyoit ladre dans le pays et qui estoit s^par^, avoit est6
gu^rie en mangeant un serpant qu'elie croyoit une anguille.
Bras coupe par M"" Herbi^re k un marchand de Gand. Ce
marchand a dit i M' Herbifere que la cicatrice etant faitte qu'il
sentoit de grandes douleurs k son bras, il le fait saigner oste
le mal ; trois mois apr^s de mesme : dit qu'il sent de la douleur
i sa main; le fait saigner encore, lui oste la douleur.
La mesme chose lui est arriv^e h une jambe qu'il coupa; son
malade sentoit 3 mois apres des douleurs au pied qu'il n'avoit
plus; la saign^e osta cela.
Opinion (THarveys sur la generation des aniniaux\ — Le
commencement de la g^n^ration de tous les animaux et
mesme de Thomme est une chose qui ressemble i un oeuf, et
comme un poulet se nourit dans un tieuf des liqueurs qu'il y
trouve, de mesme un animal ou un enfant se nourit des eaux
qui Tenvironnent.
Ces eaux ne sont ni la sueur ni I'urine de I'enfant comme
I . Notes Rentes par Valiant au cours de ses lectures.
— 529 —
on Ta creu jusqu'^ ce temps, parcequ'il en a beaucoup plus
dans les premiers mois de la grosesse que prosche de Taccou-
chement; le controire devroit arriver, car Tenfant estant plus
grand il prend plus de nouriture et il &it par consequent plus
d'excr^mens.
Au quatriesme mois on trouve dans Testomac de Tenfent
un chyle tout semblable ^ Teau dans laquelle il est.
L'enfant avale cette eau qui est d'un tr^s bon goust, pareil
k celuy d'un laict aqueux, dont la partie la plus pure portfee
dans les vaisseaux ombilicaux sert k former et a augmenter les
premieres parties de Tenfant.
L'enfant n'est pas nouri du sang de la mfere, mais il est
nouri d'une matiere blanche semblable au blanc d'un ceuf,
pr6par6e et cuite dans le placenta.
La vessie est pleine d'urine, et lorsqu'on la presse, I'urine
sort par Tendroit naturel et ordinaire et non point par
Touraque.
II n'y a que deux membranes qui envelopent le foetus. Les
premiferes choses qu'on observe dans la production d'un foetus,
c*est une humeur blanc clair et espais comme le blanc d'un
oeuf et enferm^ dans une peau; quelque temps aprfes, il se
sApare une partie de cette liqueur plus claire que tout le reste
et d'une forme ronde : elle est envelopte d'une peau tr^s
deli^e que Ton appelle amnios. L'autre partie plus espaisse et
plus trouble est entour^e d'une peau qui touche la superficie
interne de la matrice et appelte chorion. Peu de temps apr^s il
paroist dans cette liqueur cristalline un point rouge qui bat, et
d'ou il sort des petits rameaux de veines trfc subtilles, ensuitte
le corps et toutes ses parties se voyent; il n'est point dans ce
temps attach^ k la matrice, mais il la remplit entierement et
en peut estre tir6 trds facilement.
Le foetus estant parfaitement formi le placenta se fait, enve-
loppant plus de la moitii du foetus comme le gobelet des
glands, adherant par sa partie convexe i la matrice et par
l'autre qui est concave k la membrane chorion.
On peut conclure 6videment que ce qu'on a dit des eaux
Le Maguet. — Le rnonde nUdical, 34
raj.-
—. 530 —
du fcsetus est faux; elles ne sont ni la sueur, ni Tudne car
Tune et I'autre de ces humeurs paroissent devant que le foetus
soit cotnmenci et sont en moindre quantity vers la fin que dans
les premiers mois de la grosesse.
Le placenta sert pour preparer les humeurs et les sues qui
viennent de la mere pour nourir Tenfant.
Ls caphi\ — Cest une ftve. Les Turcs s'en servent fort.
On les s^che au feu sur une pelle, quand on veut s'en servir.
Si on les prepare plus tost, elles s'iventent. Comme Ton fait
^ Paris, en le mettant dans une terrine au four des pitissiers,
on en fait ainsi beaucoup ^ la fois. On en pile une cuiller^e en
poudre subtille, on la met dans une chopine d'eau bouillante.
Lorsque la crSme monte, en sorte qu'on craint que tout s'en
aille, on la retire pour la laisser rassoir, et on la remet au feu
jusqu'^ ce qu'il arrive la m^me chose. Aprte quoi on la retire
et on la verse dans une escuelle ou il y a autant de sucre. Mon-
sieur Tabb^ de P^ze en prend un demi-sestier le matin, apr&
avoir mang^ un morceau de pain comme pour d^jeuner^ cela
ne manque pas de luy ouvrir le ventre raprds-disn6. D'autres
le prennent aprds le disner.
De Pdme. — II y a un livre sur Time des bestes dont M^
Arnaud faict grand cas; il est imprimi k Lion. II dit que I'ob-
jection que Ton a faicte i M!" Descartes dans sa M^taphysique,
quoy qu'elle vienne de braves gens comme Roberval et autres
est fort faible. Cest que si Ton dit que les bestes n'ont pas
I . La decoction de cM ^tait alors une nouveaut^ pour les Parisiens. In-
troduite i Marseille en 1644, ce ne fut que vers 1669 que Tambassadeur
turc a Paris la mit i la mode. En 167 a, un Arm^nien ^tablit le premier
caf(§ i^la foire Saint-Germain, pr^s de I'abbaye de Saint-Germain des Pr6s,
d'autres furent ouverts sur divers points de la ville, mais sans grand succ^
d'abord ; c*est vers cette ^poque que fut fondd le cafi& Procope, rue de I'An-
cienne-Com^die, vis-^-vis du Th^itre des com^diens du roi. Les caf^
devinrent bient6t si nombreux que Ton fut oblig^ de cr6er, d^ 1676, une
nouvelle corporation, celle des cafetiers limonadiers. Puis vint I'usage da
caf(& au lait vers 1690, ce cafi^ au lait qui eut tant de vogue pendant tout le
xviiF si6cle.
- 5!i —
d'ime, qaoyqu'elles ayent des mouvemens, et I'on pourr
conclure cela des homes, on r^pond si les homes n'ont qui
cela mais s'ils pehsent. La machine esc un corp£ qui, san
Jme a dif{£rens mouvemens. £t tous les philosophes disen
que non agunt anima b sed aguncur. Ce sent les objet
qui les d
Les gens de beaucoup d'esprit et de raison. — M' Descartes di
dans une de ses letcres que les gens qui ont beaucoup d'espri
et de raison ne r^ussissent pas trop dans le monde parce qui
la plus part des gens ne sont pas capables des bonnes et solide:
raisons et les choses frivoles font bicn plus souveni d'impres
sion sur leur esprit et quoy qu'il semble que les gens qui on
beaucoup de raison devroient se proportionner ^ la port6 di
ceux avec qui ils ont i vivre ; comme cela ne se fait que pa
reflexion et mesme par quelque sorte d'effort. Us ne rtussissen
jamais si bien que ceux qui sont n^s de ce caractfere.
C'est ce qui faisoit dire ^ M"" de Sabl^ que Ton voyoi
souvent que des gens avec un mediocre talent et une bonn'
manifere bisoient niieux leurs affaires que d'autres qui avoien
de grands talents et de ra^chantes maniferes ; qu'une m^chant
mani^re gastoit tout. Et M"" de Vaudy me disoit bier 12
may r68t que les fous r^ussissoient dans le monde pare
que leur parti estoit le plus grand.
M. Alet sur les fnerres dans la vessie des femmes. — Pille d'
cinquante ans sent quelquefois comme un petit peloton d'es
pines qui se pr^sente toujours, une douleur sourde plus di
cost^ gauche ; quand elle marche son mal augmente et mesm^
estanr debout. Si le ventre et dur et qu'il faille (aire effort, se
douleurs se riveillent comme si on ouvroit une playe.
M' D' Aletj chirurgien des Incurables, croit qu'apris tou
les rem^es, le mal subsistant, on doit sender. Si la pierrees
petite, ce n'est pas une affaire. On ne coupe point aux femme
ni fiUes, on dilate et on tire. Si la pierre est grossc, reste un
ihcommodit^ toute la vie par la diUtation trop grande de I'es
phincter de la vessie.
^ 53^ —
Sur le laid de M^ le Prina. — M*^ le Prince ', frfere de
Madame de Longueville m'a dit qu'il vivoit depuis 3 ans de
laicty que le prenant dans les regies des m^ecins il lui fesoit
souvent du mal, comme mal de teste, quelque fois d^oust,
vapeurs, devoyemens, ou paresse de ventre qui sont les maux
que le laict entraisne quand il ne r^conforte pas ; mais qu*ob-
servant de ne prendre du laict que quand la nature le d&ire,
qu'il ne lui avoit faict que du bien, qu'il n'en prend quelque-
fois point le matin, parceque sa nature ne le desire pas, qu'il
n'en prend pas toujours une escuel^e, quelquefois la moiti6,
s'arrestant toujours lorsque son d^sir s'arreste et mesme un
peu devant.
De lapleurisie. — Le froid apr&s un grand cliaud cause sou-
vent cette maladie parce que le chaud ayant pouss6 beaucoup
de sang dans toutes les parties le froid survenant empeche le
mouvement du sang par le serrement qui se fait dans les par-
ties, et de la il arrive que le sang s'^paissit et ne pouvant plus
aller selon son cours naturel, &it inflamation d'ou suivent les
accidens conformes k la partie ou elle se &ict. Si ce sang est
pouss6 par la fievre indolente qui s'excite, et port^ par la
veine azigos dans le tronc de la cave, il entre dans le
ventricule droit du coeur par la circulation et de U par la
veine art^rienne dans le poulmon ou s'embarassant il cause
une inflamation qui est pire que la premidre, et de 1^ il arrive
que plusieurs se trompent dans le jugement qu'ils font de
cette maladie car le sang quittant le cost£, la douleur cesse,
mais souvent I'oppression qui suit est une marque d'un mal
bien plus considerable puisque cela ne vient que du transport
du sang d'une partie moins considerable ^ une plus noble.
Lt quinquina des Jesuites de la maison de S^ Louis. — Environ
le 20* mars 1681, j'allay chez le frere Masson, apoticaire des
Jesuites de la maison de S* Louis rue S* Antoine *. Comme
1 . Le Grand Cond6.
2. Les J^uites de la rue Saint-Antoine firent toujours une concurrence
eflr^n^e aux apothicaires. Dans les autres couvents, on ne vendait que
— 5ii —
il m'avoit dit des merveilles de son quinquina comme
6crit cy devant, j'estois dans i'impatience de le voir i
gofkter; je le trouvay heureusement avec une boesi
venoit de recevoir des Indes, ou il y avoit plusieurs 1
quinquina. Les PP. Jesultes qui soat dans ce pay:
envoy^rent avec d'autres choses. A la voir je n'y trou'
de dissemblable i celuy que Ton trouve icy comrnun
mesme couleur, tnesme consistance, et mesme gou
quoy il est k remarquer que comme j'en maschoisei
disois au Frtre Masson que je n'y trouvois pas grandc
mme, comme il esioit vray et quasi point, il en prit '.
cha et me dit : a Est-il possible que vous ne sentiez p
amertume si p6n6trante et si fine. » Je luy r^pondis qi
II en donna un morceau k un homme qui estoit
paroissoit comme un valet de la maison lui dit la
chose que luy. Je commen^ay ^ doucer que men gous
^moussd, mais un gros fr^re, qui estoit la je ne sea;
quoy, en prit et dit que I'amertume n'estoit pas tr o ]
Le frere Masson m'en donna une demy once et je me
D'autres personnes qui en ont goust^ ne le trouvent j
amer que celuy que nous avons icy k Tordinaire. Je rei
cecy pour monstrer qu'il ne faut pas faire un grand
ment sur ce que la plus part des gens disent
Cuy est h copier dans les re>}utrques de mMecine i6Si.
quelques preparations secretes. Les jfeuites de la rue Saint-Anioin
une veritable boutique oii tous les mMicamenis pouvaienl s'aJ
grand diriment des apolhicaires. Aussi ceux-ciprotestaientsouvenl
vain. Ce ne ful qu'en 1760 qu'ils obtinrent enfin gain de cause,
nous I'apprend Barbier dans son Journal : « On a cri^ dans les i\
affectation et a la satisfaction du public, une sentence du lieutenan
de police du 2 septembre, qui a dfclard valables les saisies faites,
j£suites, de boites de ih£riaque ct de confection d'liyacinthe, i la
des apothicaircs de Paris. La sentence fait en mfme temps defense
communautte sdcuU^res ou r£guli£res de veudre ou d^biler aucune i
dise d'apothicairesous telle peine qu'il apparliendra. Les j^suitesdi
son professe, rue Saint-Antoine sont condamnis i cent livres d
et mille livres de dommages et intir^ts envers les apoiliicairt
epiciers dr<^istes.,. «
— 554 —
mSre souprieure des Carmelites qui est appelee Marie du S'
Sacrement, me dit liier 15' septembre 1681 qu'elle se sour
viendroit toute sa vie d*un lavement que je luy avois ordonni
avec le jus de pourpier il y a cinq ou six mois, qui lui donna
une telle fraicheur dans les entrailles qu'elle en reposa toute
la nuit, ce qui ne luy estoit pas arrivi il y a trte long temps,
mais que le lendemain et le jour d'appres encore, cela lui
avoit caus^ de telles douleurs qu'elle avoit ^t^ obligee de les
quitter.
La soeur Genevieve qui est Tinfirmifere et qui estoit kdit
qu'elle en avoit donn^ selon mon ordonnance k la difference
qu'elle avoit fait cuire un peu le pourpier sans eau et que
Tayant pressd elle en avoit tir6 un sue fort gluatit et visqueux
dont elle avoit fait un lavement pour une de leurs religicuses
qui avoit une chaleur d'entrailles eff'royable comme si elle
y eut eu des brasiers et que ce lavement luy avoit oste cela
comme par un miracle, que depuis ce temps la, elle ne s'en
est pas sentie. Elle m'a dit encor qu*elle en avoit donn^ i ma
soeur Marie dc la Croix qui s'en estoit parfaitement bien
trouvde.
NOTES ET MfiMOIRES DE PHARMAQES
Mimoire de u qua cousti le Syrop de Vipires
prepari a Poitiers enjuin 1681 »
Vipdre pripar^e. Reviennent la douzaine et
huit k 6 1. 14 s.
Squinne deux onces trente-deux sols i 1. 12 s,
Sental sitrin neuf sols 9 s.
Sental rouge trois onces vingt sols i 1.
Pollipode deux onces cinq sols 5 s.
Sascepareil six onces trente deux sols il. 12s.
Canelle pour quatre sols 4 s.
Pour plante et racine de d^bouree seize sols. . . i6 s.
Hui<?t Hvres de sucre pour quatre livres ...♦•• 4 1.
— 5i5 —
Vingt deux grains d'ambre gris, je I'ay doi
La cave couste vingt sok
La boiste peize vingt huict livres que j'ty j
i trois sols la livre ; faict quatre livres qu
sob
Pour les peine et les cherbon ^ I'apoticqu
trois livres
Pour le garson quinze sols
trente sols pour six bouteilles
Faict letout vingt sept livres ung sols . . .
Fourtty a Madatne de Monttnoi
Du 2}' juin 1676. — On a donp£ sui^ranI
billet de Monsieur Valiant, 4 pintes de t
fin esprit de vin pr^par^ exprfe qui v;
4 1. la pinte. faut pour'les 4 pintes
Plus deux gros de tr&s bon muse de
Du 29' aoust i6y6 donni encore par ordre
Monsieur Valiant 7 demi septiers mo
une once du mesme esprit de vin de. . . .
Du 4' septemhre i6y6 payi pour un gra
mattras fort de cristal tenant 3 chopii
pour mettre de I'ambre gris avec de Tesp
de vin
Payi ik M' Hubin ^mailleur pour Tavoir sc
herm^tiquement i deux fois avec feu
charbon et feu de lampe
Plus ce matras s'estant fendu sur le haut ai
que I'a veu Monsieur Valiant, on en a
chept6 un autre ^ peu prSs de mesme dt
Plus pour I'avoir fait sceler de nouveau . . .
A reporter
I . £crit de la main mCmc de Bourdelin.
— 536 —
Report • 39 1. 27 s.
Plus pour une chopine de tr^ fin esprit de
vin qu'on a mis dans ce mattras avec Tambre
gris que Monsieur Valiant a donn£, qui est
pour la chopine 2 I .
Du 4« may 1677 donn6 i, Mons"" Valiant pour
Madame 4 onces de tr^s belle perles
d'Orient dont 2 onces coustent 19 1. et les
2 autres 18 1. chaque once qui &ict pour les
quatre onces 74 1-
116 1. 7 s.
Mdmoire de M^Bourdelin ' sur leseaux que M'Tabbede Treuilk
avoit envoyees 1681, — Le lundy 30* juin 1681, Monsieur
Valiant, m^decin de S. A. R. Madame de Guise, a envoyi
d'une eau pour estre examine, laquelle on a aporti de et
qu'on diet estre mynerale.
Elle s'est trouvd fort claire limpide, de saveur un peu dou-
ceastre et plus pesante que Teau de Fontaine qui passe devant
les Chartreux, car Tareomdtre y entroit moins d'un bon degr^
qu'ft celle de cetie fontaine des Chartreux.
En ayant mis sur Teau de tournesol, n'a rien faict.
Avec Teau de la dissolution du sel de Saturne, Ta trouble
h, pr^s comme Teau commune de fontaine.
N'a rien faict avec la noix de galle.
A l^gerement trouble I'eau de vitriol , et de ce meslange,
environ une heure apris, il s*est faict separation d'une terre
roussastre.
Tous c^s signes marquent qu*il y a trfe peu de choses
dans cette eau.
On en a distills 2 1. au B. M. pendant 20 heures ; on en a
retire 28 onces 9 gros et demy en deux preparations dont :
I. « M. Bourdelin, apoticaire de TAcademie royale des sciences, a pareil-
lement une apoticuirerie fort compile dans sa maison, rue de Seine, k
Saint-Gerniain-des-Pr^z. » (L« Livre cornmode potir 16^2, par le chevalier
de Blcgny.)
— 5i7 —
• La I" qui estoit de 13 onces 7 gros ~ ttis ckire
seulemetit louchy la solution de saturne.
La 2' separation de 14 onces 6 gros, a moins
solution de saturne.
Ilest demeur^ i la fin au fond du vaisseau 2 om
et demy d'eau fort claire, limpide, de saveur un
ceastre qui a fort trouble la solution de saturne.
Ayant retiri cette eau, il y avoir un vaisseau, un
blanc et rare comme la neige, estant par petites f
pides qui ne se dissolvaient point dans I'eau A la q
38 grains.
N' que pendant I'ivaporation, la surface de I'eai
couverte d'une trds subtile poussi^re.
Pour examiner les eaux minirales que M' Vabi
nous a mvoyies, M' Bourdelin m'a dit le 4 juillet :
en avoir mis deux livres dans une cucurbite au bail
qu'il avoit s^par^ la distillation en trots qu'il m'a 1
il a trouvd au fond de I'alembic une terre blanch
dipourvue de tout sel et de tout mineral du poids de
II avoit pour faire I'examen une liqueur bleiie, qu
avec le tournesol, qui n'est autre que le sue d'une
vient deslndes. On met une petite quantity de cei
dans un petit verre, on jette par dessus de I'eau <
examiner et s'il y a tant soit pen d'aciditd b couleu
cette liqueur de tournesol devient rouge ; autren
change point comme dans celle cy. II avoit une au
sublim^ qui n'est autre chose que du sublim^ dissc
I'eau. II en a mis de mesme dans un petit autre ve:
par dessus de I'eau que nous examinions et il n
aucuD changement, mais s'il y avoit eu quelque sel
fixe, elle auroit jauni. On a mis encore d'une aut:
estoit faite avec du sel de saturne dlssout; quand o
cette eau quelque liqueur qu'on veut examiner,
point d'acide, elle trouble I'eau sur le champ en bt
commune fait cela, celle-cy le fait pas. II y avoit ou
- 538-
Teau de vitriol ; ce n'est qu'une dissolution de ce mineral ;
quand on y mesle quelque liqueur elle fait paroistre ,
celle cy, rien.
II a mis de la poudre de gale qu'il avoit et m'a dit que
quand il y avoit du fer dans Teau oil il mettoit cette poudre,
il paroissoit sur le chant du noir. Toute eau commune a de
la terre, les unes plus, les autres moins, celle de la riviere de
Seine k Paris estant prise dans le courant trfes peu ; celle des
fontaines d'Arcueil de Belleville beaucoup. On a mis I'ario-
mdtre qui est un instrument de verre qui est vuide avec un
peu de vif argent au fond ; quand les eaux sont pesantes, il
s'enfonce peu, quand elles sont l^g^res beaucoup. Celles
d'Arcueil se sont trouv^es beaucoup plus legires que celles
que nous examinions.
Eau de Vabbaye du Vol des Feuillans txaminie par M. Bour-
delin, — Le mardi 28* juillet 1682, Ton a examine cette
eau aport^ du jour precedent.
Elle estoit plus pesante que celle de Rongy ' d'un 1090, claire,
limpide, de saveur qui sembloit un peu ferrugineuse et cepen-
dant ne changeoit point de couleur, avec la noix de galle^
parce que peut estre, elle estoit evant^, comme il arrive 3i ceUe
de Forge quand ell'est evanti; a faict impretion de rouge sur
la teincture de tournesol.
On en a mis pour distiller 2 I. dans une cucurbite au bain
marie.
On en a retire 3 1 onces 9 gros en 3 separations, dont la
I""* estoit de 8 onces i gros, de saveur fade, sans odeur, n'a
rien faict sur le sublim^ ni sur la teincture de tournesol.
La 2* separation estoit de 16 onces 3 gros de mesme.
La 3^ separation estoit de 7 onces encore de mesme.
II est reste au fond de la cucurbite, environ 2 gros de
liqueur avec ^ peu prds 19 grains de sediment terrestre, un
peu roussastre et sans saveur.
La liqueur quoy qu'insipide avoit quelque chose de nitreux
I . Edu de Kungis.
— 539 —
qui rehaussoit la couleur du lournesol, et troubloit l^g^i
men: I'eau desublim^.
Ce qui confirme la pens6 que cette eau soit ferruginei
parce que Ton a observe que le fer estoit fort nitreux '.
I. L'analyse chimique itiii alors fort iin]Mrfaite, mais ea revanche
plus compliquies.
Pour les liquides, les propriitfa physiques attiraieDt tout d'abord I'att
lion de I'apothicaire chimisie. La densii£, la couleur, la saveur, l'od<
filaiem soigneusemeul notte. Puis ii £ludiait les propridt^s chimtques
liquidea analyser. II ver^ait quelques gouttes de ce liquide dans une s<
de teiniures, d'huiles, d'eaux , d'acides, d'alcalis, ou sur des m^iaux
notait soigneusement s'il se formaic un pricipit^, si la liqueur se ni^langi
ou non, si la couleur de la teinlure changeait, si le m^tal itait ou non ai
qui. C'^tait ensuite par comparaison aveetel ou tel efiet de telle ou ti
substance sur une eau, une teinlure, un in£tai donnte qu'il d^uisait
nature du liquide i analyser. Les principaux r^ciifs employes toient
teinture de toumesol, de noix de galle, I'eau de sublim^, I'eau mari
I'huile deianre, I'espriide nitre, I'esprit desel. . le fer, le coivre (^[irr
de la piice)
II finissait par la distillation ordinaire ou ptr ascmsum ou par la disti
tion per desansvm « qui se fait quand on met le feu sur la niatl^e qu
veut ^chauffer : aiors I'huniiditf ^tant rar^fi^ et la vapeur qui en sort
pouvant point suivre la pente qu'eile a de s'ilever, elk se pr^cipiie et
distilic au fond du vaisseau ■. Dans la distillation per ascensum, on distil
par a-coups, en plusieurs separations, et chaque siSparation devait itre i
diie dans ses caractires physiques et chimiques. De mfme pour Ic sfdime
Des rfsultats de toutes ces operations minuiieuses, I'apothicaire tirait
d^nients de son diagnostic.
Pour les poudres, drogues, on essayait de les dissoudre. Les solul
etaient analyses comme ci-dessus. Pour les autres, apr^s I'itude de le
proprifiiis physiques (couleur, pesanteur, saveur, odeur), on u'avait c
i'ipreuve de I'eau et celle du feu. La poudre surn^cait ou se pr^ipii
laissaii apr^s ignition un s^iment ou non.
Les analyses faites de telle sone, il ^aii souveni difhcile d'indiquer net
mcnt la nature d'un liquide ou d'une poudre. Aussi, dans bien des cas,
conclusions ^taient des plus inceriaines. Dans les Empoiioniumenis s
Louis XIV du Dr Nass, nous voyons ks experts m^decinset apothicaic
commis i I'analyse des poisons, y perdre souvent leur latin. Pour I'arse
r^reuve du feu leur donne de bons r^suliats; une poudre blanche i a
lyser, est mise sur une pelle rouge au feu : « elle a rendu une grosse fun
£paisse et de I'odeur d'aillequi est la marque de 1' arsenic, laquelle circ(
stance, avec la pesanteuret l.i blancheut de la mati£re, leur donne lieu
)uger que c'est de I'arsenic *. Mab pour le poison de la marquise de Br
villiers, ce lameux poison qui lui avait k\i donnd par I'apothicaire Glaz
i'analyse fut plus ardue car, disent les experts pour leur defense, ■ il se jc
— 540 —
LETTRES ET M^MOIRES DIVERS
MONSIEUR DE SANTEUL ' POUR UNE GAGEURE
On supplie Monsieur Valiant de dire sa pens^e sur ce fait :
deux personnes estant trfes proches Tune de Tautre, en sorte
qu'ellessetouschoient; Tune avoit lacoliqueavec destranch^es
assez violentes, et Tautre se portoit tr^s bien. Une demi heure ou
une heure apr^s la personne qui se portoit bien se plaignit
qu'elle sentoit au ventre comme des dards et des pointes dont
on la persoit.
U faut remarquer que cette personne est trds susceptible
d'impression, et quel'autre transpire beaucoup.
Cela suppose ne peut on pas avec raison attribuer cet effet
subit i la communication des esprits qui passdrent d'un corps
a Tautre, et qui les esbranlirent tous deux du mesme mou-
vement.
On vous a pris, Monsieur^ pour juge, et on aura nuUe
peine k se soumettre i vostre jugement auquel on diftre
tout k fait.
I" die. 1673. De Santeul.
de toutes les experiences ; il nage surTeau, il est sup^rieur et fait ob^ir les
elements ; il se sauve de inexperience du feu et ne laisse qu'une matiifere
douce et innocente». lis se rattrap^rent, il est vrai, en £aisant avaler un peu
de poison « a un pouUet d'Inde, un pigeon etun chien et autres animaux n.
Mais les renseignements fournis par Tautopsie, examens qui dans certains
cas venaient lever les doutes des experts, furent ici n^gati^.
I. Jean de Santeul n& en 1630 fut chanoine de Saint-Victor et est sur-
tout connu pour son esprit et son talent pour la po^sie latine. II traita
tout d'abord des sujets profanes, puis, sur les observations du clerge,se ren-
ferma dans les sujets religieux. Ce fut alors qu'il composa les hyranes
c^l^bres qui, avant Tintroduction du rit romain, ^taient chant^s dans tous
les dioceses de France. II fut le favori du due de Bourbon, petit-fils du
Grand Cond^, k qui on a impute sa mort. II mourut en 1697, saisi, k la
suite d*un repas, d'une colique violente, et on accusa le due de Bourbon
d'avoir m^ie dans son vin plusieurs prises de tabac d*Espagne. Son esprit
original, ses bizarreries et ses saillies le firent presque autant rechercher
que son talent.
- 541 -
DE LA CHAMBRE DE MAD' DG GRANVILLERS LB 4'
Monsieur.
Aujourd'huy sur les six heures du matin, A
Granvillers ayant fait une selle toute semblable a
couleur et en consistance, de la quantite envi
tiuict cuillerees sans autre melange; et ayant exan
un veritable pus, nous avons trouv^ qu'il n'i
d'odeur. Mais comme remarque Massarins dans 1
I'ulcire du poulmon que quelque fois il se ren<
odeur, nous I'avons mis dans I'eau ; cette matl^re
pitfie au foods ausitost. Et commc cet autheur ren
le m^me endroict qu'il se pent &ire qu'une piti
tasse la m£me chose, je I'ay brouill^ avec I'eau fo
cette mati^re s'est encore pr^cipit^e. Nous en avo
des charbons; elle n'a point de maavoise odeur.
autheur nous remarque que t'odeur n'est pas ur
seur et qu'il faut s'arrester plutost i celuy qu'on ti
point que tons les autres signes, hors I'odeur, le (
je n'ay point crA qu'on pouvoit donner la m^dt
luy avoit pr^par^ de peur brouiller la Nature
mieux aimi auparavant que rien faire attendre
ment
Depuis la lettre ^crite, elle a vuid6 dans ses urii
matiire semblable de sorte que nous avons dei
pr^isement si la V matiere venoit du si^ge ou di
La malade n'en s^it, nous soup^onnons presentei
les fieurs que toute autre chose. Ce qui est k
c'est que cela n'a aucune senteur et elle n'a ressf
douleur
Vostre trfis humble ser\-it
Serat.
LETTRE DE M' DE LA VILLE, MfeOECIN A CUSSET, SUR VICHY
ET SES SOURCES
A Cusset, le 9"** mars 168 1.
Monsieur,
Aprds vous avoir asseur^ de mes humbles respects et vous
avoir remerci6 de Thonneur que vous m'ayez faict par vostre
dernifere lettre, je tascherai d'y satisfaire par le petit r^cit que
vous souhaitez de moy, touchant le nombre, la difference, les
qualit&etles effects ordinaires des sources min6ralesdeVichy *,
suivant Texpirience que j*en ay faict depuis plusieurs annies
et ce que j'en ay pu apprendre d'un ancien et fameux m^decin
qui m'honoroit de son amitii et qui les avoit practiqu6 d&
leur naissance et a vescu toute sa vie partisan de la seule virit^.
Je vous dirai en premier lieu que sur la place oil est situe
la maison des bains^ il y a deux sources fort copieuses, distantes
seulement d'une vingtaine de pas, qui contiennent la longueur
de ce bastiment, au devant duquel est celle qui s'appelle
simplement la Grilky parce qu'il n'y a pas longtemps que son
seul bassin estoit fenn6 d'une grille de fer. Cette source,
quoyque bouillonnante d'une manidre extraordinaire, ne fiiict
I . « Les eaux min^rales, ^crivait Guy Patin, font plus de cocus qu'elles
ne gu^rissent de malades. » Malgr^ cela la vogue des stations thennales
fut considerable sous le Grand Roi. Les plus connues ^talent Sainte-Reine,
dont les eaux ^taient « presque aussi pures que les eaux de la Seine »
(Saint-Simon), Forges, Vichy, Vals, Bourbonne, Balaruc, Plombi^res, Spa,
Cauterets, Barnes, Pougues... Le premier m6decin avait la haute main sur
la vente et le transport des eaux min^rales dont il ^tait le surintendant.
Les effets th^rapeutiques obtenus par Temploi des eaux min^rales ^aient
tellement extraordinaires, que d^s le d^but du r^gne de Louis XIV, on
songea i en faire venir ^ Paris. Mais les eaux qu'on y d^bitait dtaient le
plus souvent fabriquees dans la capitale, sMl faut en croire La Bruy^re qui
parle « d'un certain Barbereau qui s'^tait enrichi ^ vendre en bouteille Teau
de la riviere ». L*apOthicairerie de Barbereau ^tait, il est vrai, fort bien pla-
c^e pour cela, car elle se trouvait « dans Tune des boutiques ouvertes sur
la facade du College des duatre-Nations (rinstitut)».Il vendaitfort cher ses
eaux, or ayant commis la vente, dit Bernier, ii sa femme et i sa fille, deux
nymphes qui ne paroissoient pas les plus refroidies de charit^, de sorte
qu*on croyoit toujours boire i juste prix, quelque ch6re que fut Teau,
quand on la prenoit des mains de ces deux pr^tieuses. »
— S4i —
toutefois pas sentir k I'actouchetnent la chateur <]ue sa vei
pourrait faire apprthender, puisqu'elle ne surpasse pas
d'un bouillon de viande au temps, qu'on a coustume
prendre, que sans peine on y soufFre la main, qu'elle se
boiredemesme, qu'unefeuille d'oseille n'y perdpas sa ve
et qu'un oeuf n'y peui pas bien cuire. Si I'attouchement n
la chaleur de cette eau sans peine, la saveur ne desplait f
goust qui n'y aper^it rien de d^sagr^able, rien d'Scre
mordicant, pas seulement d'acide, du moins quand on h
dans toute sa chaleur naturetle. La descharge s'en Biict
I'unc des chambres de la maison des bains pour y sen
bain et i la douche. La seconde de ces deux sources e
couchant de la mesme maison et s'apelle la Grille de bi
Fontaine des Capucins. EUe diff^re de la premiere en sa ct
qui se faict un peu mieux distinguer au toucher, biei
n^anmoins les experiences que j'ay all^^ pour celles
grille se rencontrent semblables. Elle se descharge au:
partie dans I'autre chambre de la maison des bains et en
dans le couvent des P. Capucins.
Ces deux fontaines sont beaucoup salutaires, tant par 1*
de la boisson que par celluy du bain et de la douche, dans I
maladies caus^es d'intemp^rie froide. Mais, laissant le b
la douche, je m'en tiendray k la boisson pour laquelle /'
la Grille est prii^rie i sa voisine, parce qu'elle est ui
moins chaude, moins vaporeuse aussy et purge un peu i
par le ventre. Ses principaux effets de ces eauxsevoiem
I'extreme desgoust, le hocquet, les douleurs d'estomach, I
gestion, la colique intestinale, le vomissement et la du
iav^t^r^e, I'asthme, la jaunisse, lam^lancholie hypocondi
et sa ficheuse suite de symprdmes, particuli^reme
I'estomach souffre beaucoup et que rintempfirie chaui
foye soit peu considerable. Elles sont propres en un mot
les operations des parties de tout le bas-yentre. Elles app
la colique niphretique, chassent la gravelle, rem^dien
suppression d'urine qui est causae par la quantity des g1
Elles sont souveraines pour les pasles couleurs, les
— 544 —
blanches et la passion hist^rique et contribuent beaucoup k la
iiconditt des femmes. Voili les principales maladies qui en
gu6rissent pour la plus part, tant par Tivacuation qu'elles font
par les selles de toutes mati^res bilieuses, phlegmatiques ou
m^lancholiques que par les urines de la gravelle, des glaires et
s^rositez, ^ quoy il faut encore adjouster celles des flatuositez
et sirositez par la transpiration, ce qui parfaict la guirison du
rhumatisme qui se trouve dans son d^clin. On les boit ordi-
nairement i la quantite de deux pintes, quand on les rend
facilement, de trois pintes quand elles passent midiocrement
et de quatre quand la nature est paresseuse, s'il ne s'agit d'un
vomissement ou diarrhie inv6t^r6e, i quoy une petite quantite
suffit.
II faut venir au rang des ieux foniaines Garnier, autrement
les petits BouIets\ comme plus pr6s des pric^dentes, desquelles
elles sont distances de soixante k quatre-vingt pas, et sont si
proches Tune de Tautre que depuis quelque temps il n'y en a
qu'une en usage, parce qu'elle a desrob6 la plus grande partie
de I'eau de sa voisine qui n'en a presque plus. Son eau sort k
bouillons; elle est i demi tiide et d'un goust aigre. On la boit
utilement pour la colique bilieuse, pour les intemp^ries
chaudes du foye et des reins, pour la mdancholie hypocon-
driaque, pour le calcul, les ulcferes des reins, les disuries et
ulcires de la vessie et pour le flux immod^r^ des menstrues,
et ce k la quantite de celle des deux autres. J'ay veu plusieurs
malades qui sont venus k Vichy par ordre de leurs medecins
pour y boire les eaux indifiFiiremment pour Tepilepsie dont ils
estoient atteints ; et s^achant par experience certaine que les
chaudes y sont tr^s nuisibles, je leur ai faict prendre le parti
de cette dernifere, pendant la boisson de laquelle ils n'ont eu
aucun accte. Mais je scay qu'il y en a un qui en a 6t6 afflig^
depuis; je ne puis rien asseurer des autres.
A deux cens pas de ces deux dernidres, joignant les foss^z de
la ville de Vichy, est la fontaine qu'on appelle le gros Boulet,
I. La source de rHdpital.
— 545 -
Sa source est abondante et sort i gros bouillons; son eau est
beaucoup plus chaude que celle des petits Boulets, un peu
moins toutefdis que celle de la Grille, mais bien plus rudeau
goust. EUe est ordinairement la plus purgative de toutes par
les sels, la plus souveraine pour la fiebvre quarte, mais moins
propre ^ I'estomach et i la poictrine que celle des deux Fon-
taines des bains, avec laquelle elle convient pour la quantity
de sa boisson.
II ne faut pas oublier le petit bassin creusi dam le Rocher qui
sert de fondement au convent des P. CilestinSy sur le bord de la
riviire d'Allier\ Son eau est simplement froide et aigrelette,
semblable en tout h celle du petit Boulet. Cette Fontaine, quoy
que la plus ancienne de toutes, est pr^sentement la moins fre-
quent^e, ou pour mieux dire du tout abandonnee. J'en ay
pourtant fait boire il n'y a pas longtemps ^ quelques per-
sonnes d'un fort et chaud temperament, qui s'en sont bien
trouvez. On s'en servait autrefois, comme on fait d present
du petit Boulet, duquel j*ay oubli6 de dire qu'il avait gueri
ceste annie deux malades que je servois, qui estoient attaquez
d'un vertige simpathique.
II faut remarquer aussy que bien qu'on fasse Election de
ces seaux pour les maux auxquels chascune est jug^e plus con-
venable, on les mdange souvente fois, quand il y a difFirentes
indications^ ou affin que les unes servent de correctif aux
autres, ce qui riussit assez fr^quemment.
Je souhaiterais pouvoir mieux satisfiiire k votre demande
par ce petit r^cit que je vous prie de recepvoir comme ing^nu
et d'en excuser les deffauts et j'espdre que vous me ferez bien
la grice de me faire un peu de part des lumiiires particulidres
que vous avez sur ce subject, et en attendant je vous dirai
men sentiment pour ce qui concerne le transport, lequel n'est
pas entiirement conforme k celluy des int^resses, qui publient
qu*elles sont poison si on ne les boit sur les lieux. Je conviens
bien avec eux que Teau des bains y est meilleure, si Testomac
I. De la Ville parle de la Source des Celestins.
Le Maguet. — Le momlc inediail, 3 5
^
— 546 —
ou la poictrine se trouvenc bien interessez^ parce que dans
ceste chaleur naturelle, elle est bien plus l^g&re, plus douce et
bien plus familiire k^ ces parties qu'on ne la pourroit rendre
par le moyen du feu. Mais quant i la vertu purgative^ qui ne
se despend que de sa quantity et du sel mineral qui irritent
I'expultrice *, je soustiens qu'elle ne s'afFoiblit pas par le trans-
port; maisy au contraire, comme plus pesante elle descend
mieux dans le ventre. J*ajoute n&inmoins qu'elles sont moins
p^n^trantes et fondent beaucoup moins les humeurs, mais en
recompense envoient moins de vapeurs aux cerveaux qui y
sont subjects. II me reste k vous faire response sur les com-
moditez de les faire conduire. Nous avons celle de la Rividre
d'Allier, mais je ne la trouve pas la plus seure, parce qu'il
n'y a pas de voitures r6gl6es, mais seulement des barques
marchandes qui descendent d*Auvergne et ne font que passer.
J'en envoyai au mois de septembre dernier trois tonneaux i
M"* d'Armagnac par son ordre : un de celle de la Grille, un
du gros Boulet et I'autre du petit Boulet. lis furent conduits
sur la riviire jusques i Orleans, i leur adresse, dans TEvesche.
M"* Gravier, qui avait log^ ceste Altesse k Vichy, en eust le
soin de faire &ire les tonneaux, comme elle en avait eu la com-
mission, et moy celle de les faire remplir. Mais auparavant je
les lis charger d'eau pendant huict ou dix jours, sans quoy le
bois neuf de chesne leur auroit laiss6 une teinture noire
comme d*encre. Ce qui est le plus k craindre est TinfidSlit^
des voituriers qui, pour diminuer leur charge, en peuvent
vuider la plus grande partie et remplir les tonneaux d'une
commune lorsqu'ils approchent de leur terme. Je croirai tou-
jours le plus seur de la faire porter dans des bouteilles ran-
g^es dans des caisses et les envoyer qu6rir par homme expres
sur des chevaux de bast; et pour conclusion, je vous infor-
merai d'une chose, k laquelle vous pourriez bien remidier,
qui est que Monsieur Griffon, intendant des eaux min^ralles du
Bourbonnais, a un commis et un concierge k Vichy pour les
I . La £acult£ expultrice de I'intestin.
— 547 —
bains, qui d&puis peu exigent de I'argent pour les eaux qu'on
faict Iransporter. Je ne pense pas qu'il ait aucun droict pour
cela. Je voussupplie aussi de vouloir aggr^er mes soins, tant
que vous me jugerez capable de vous rendre quelque service.
Dans cette occasion je me tiendray bien honor^ et fairay de
mon mieux pour m^riter la (jualit^ que je souhaite toute ma
vie de, Monsieur,
Votre tr^s humble et tres-ob^issant serviteur.
De la Ville', midecinde Cusset.
M' BOURDELIN SUR t'^LfePHANT QlUi EST MORT A VERSAILLES
J'ay peur de n avoir pas bien retenu u que vous ave[ eu la bonti
de me dire sur Viliphant qui est tiiort it Versailles. Si je Vosois, je
vous suppUeroies Ires humblemeni. Monsieur, de le vouloir mettre
au dos de ce billet. C'est pour Madame de Monlmartre qui aura
du plaisir d'entendre les chases extraordinaires que vous scave^ de
cet animal. C'est, Monsieur, votre tris humble et tris obHssant ser-
viteur.
Vallant.
On fera bientost. Monsieur, une histoire ample de cet ani-
mal qu'on donnera le plus tost qu'on pourra au public. Jc
n'eus I'honneur que de vous parler que de sa nourriture. II
mangeoit tous les jours 80 1. de fort bon pain, comme on le
donne aux domestiques, beuvoit tous les jours 6 pintes de
vin. Outre cela on luy faisoit cuire 5 1. de Rix qu'on lui
donnoit altemativement, et le jour qu'on ne by en donnoit
I , Vjllam connaissait un autre niAJecin de Vichy, Htealget, qui en lui
taisam parveuirunu luimoiredequelques effetsdes eaux a que Valiant lui
avail r^clam^, y ajoutait la lettre qui suit :
A Vichi ce :8 may 1676, — Monsieur. Cesiignes soot pour vous lemoi-
gner que quoy que je me saoule tous les jours, je ne pecs pas □
la mimoire de ce que j'ai promis. Je crois aussi que vous qui ne
saoulcz pas vous souvJendrcz aussi de mon caph£, auquel si vous v<
adjoucer demi-livre de bon chocolate, M'' Bamabet fourniroit i tout et
obligeriez ceiluy qui est avec passion. Monsieur, vostre trcs liumble e
obiissantserviteur. H^nalget.
- 548 -
pas, il avait un sceau de potage, ainsi qu'on le donne aux
domestiques. Outre tout cela, on luy donnoit assez souvent
plusieurs douceurs, comme de toutes sortes de fruits, du rai-
sin et autres. II avait 20 ans. II y en avait 16 qu'il ^tait k la
mesnagerie de Versailles. Pendant les 10 premieres ann6es, il
se couchoit et se relevait de luy mesme souvent ; raais, depuis
6 ans, il ne se couchoit plus et dormoit debout, ayant la
teste appuy^e de ces 2 deffances d'yvoire contre la muraille
i laquelle elles avaient fait des trous insensiblement. Lors-
qu'il estait incomod6, depuis les 6 dernidres, et qu'il se cou-
choit, il coustoit ^ chaque fois dix £cus pour le relever, ce
qui arrivoit assez souvent. Luy prenoit quelque fois des flux
de ventre et, quand il en estoit quitte, on remarquoit qu'il se
portoit fort bien. Quand il faisoit beau, on le laissait prome-
ner dans le pare, et souvent prenoit de Therbe avec sa trompe
pour manger. Vous scaurez son histoire entidre dans peu.
OyELQjUES CHOSES SUR LES PEUPLES DU MAROCK
(piVRIER 1682)
Je ne pus hier voir M. Tambassadeur de Marock ^ et c'est
pour cela que vous n'avez ma r^ponse qu'aujourd'huy.
lis ne scavent ce que c*est qu'universiti. Tout ce que j'ai pu
tirer, c'est qu'il y a des lieux oil Ton enseigne en commun,
premi^rement ^ lire, ensuite les langues comme grecques,
latines et autres, aprfe la philosophie, m^decine, tbtologie, etc.
II y a un principal dans chaque maison oil Ton enseigne qui
en a plusieurs autres sous luy. II y en a un i Feezqui est un
homme des plus scavans qu'on puisse s'imaginer.
On fait grand cas d'Aristote; mais ils ne m'ont pu dire si
on le suit dans leurs ^coles comme on faisoit autrefois parmi
les Mahometans sous les Caliphes. L'ambassadeur ne sait rien
I . Le sultan du Maroc avait envoy^ i Louis XIV une ambassade qui
s^jouma deux mois a Paris ct k Versailles, au grand contentement des
badauds parisiens. Valiant fut appcl^ en consultation par Tambassadeur et
il en est fier.
— 549 —
du tout sur ces sortes de choses h, le gouverneur de
peu davantage mais fort peu . C'est tui qui a entendu J
Ce sonc comme de bons marchands qui ne connoiss
leur n^oce.
Ceux qui enseignent n'ont point d'autre habit qu
du commun du monde, on ne les distingue par i
autres hommes.
Leurs jcflnes, c'est de ne boire ny manger quoy qu
jusqu'au soleil couchant; mais depuis ce soleil couch^
minuit ils peuvent manger les viandes qu'ils veulent f
qu'il leur pkist. Leurs d^v6ts jeunent ordinaireme
mois dans I'anni^. II y en a qui jei^nent route I'ann^
tous, au repas qu'ils font dans les 24 heures, mange
affectation routes sortes de viandes.
Les malades qui ont des fi^vres continues usent di
Ions de poulet, de volaille, de veau, etc., d peu pr&
icy et seloD les corps, ils en donnent plus ou
L'ambassadeur pendant une fifivre de quinze jo
prit que deux oeufs frais par jour; avec un peu d'l
qu'il mettoit dans la coque apr^s I'avoir ouverte, b
I'ceuf avec cette eau et I'avaloir. Le m^decJn qui le vo
conseilla de (aire choisir une trfis bonne poule, de la t
la bien piler, de la presser pour en avoir le jus et d'en
par cuiller^es dans la journ^e. II en prit deux ou rroisc
k diverses fois, et sans autre chose que la boisson, qui
pas d'eau pure car ils la dtfendent, mais de decoction
rafratchissantes. II fut gueri parfaitement.
Ils ne scavent pas bien les noms des auteurs de n
que leurs docteurs suivent. lis m'ont nomm^ Avic<
leur ay nomm^ les autheurs grecs, ib m'ont dit ouy,
Ils ne saignent point dans I'hyver, dans le printem
et, dans quelle fiivre que ce puisse fitre, ils fondent
les eaux rafraichissantes, les lavemens et la ventouse
la saign^e. Ib se servent de casse, de senn^, de rhul
autres qu'ils ne peuvent nommer.
Pour les maux des peuples du dedans de I'Afrique,
— 550 —
scavent quasi rien. Je leur ai demands s'ils n'avoient point
ouy dire qu'il y en eutqui mangeassent de la chair humaine;
ils m'ont dit que non. Sur cet article-l^, je n'ay pu tirer autre
chose.
MfeMOIRE DE M' VALLANT POUR LES AMBASSADEURS DU MAROCK
(piVRIER 1682)
Quoiqu'on ne puisse pas exactement determiner les remfedes
sur les maladies que M*" Tambassadeur du Marock nous a pro-
poshes, nous ne laisserons pas de dire nos sentiments^ estant
persuadez qu'on pourra trouver dans son pays ou dans les
lieux ou sont les malades des docteurs assez habiles pour s'en
servir raisonablement selon les indications qui se presenteront.
M"^ Tambassadeur nous a parM sur cela comme un docteur
habile et bien instruit aurait pu faire, mais il y a de certaines
particularitez qu'il n'y a que la presence des malades qui les
puissent bien faire voir.
II nous a propos6 premiirement un grand seigneur d*un
tr^s grand m^rite qui, aprte un charbon qu'il a eu entre la
paupifere d'en bas et I'os que Ton appelle zigoma, a cette pau-
pi^re renvers^e ce qui luy cause une grande difFormiti.
M"" Turbiire et M"" Lagnier qui sont des gens trfes scavans en
CCS matieres-li croyent que c'est un mal incurable. D'autres,
dont nous sommes du nombre, qu'encore que ce soit une
chose trte difficile, qu'on pent et qu'on doit tenter deux
sortes de remcdes. Les uns qui consisteront en des topiques
que Ton appliquera sur la paupidre et sur la cicatrice de la
mani^re que nous dirons; les autres h onvrir la cicatrice de la
longueur de Toeil et k le couper jusques i son fond, ce qui
pourra faire relascher les fibres du muscle orbiculaire de la
paupiire, et par ce moyen elle pourra se restablir, mais il faut
que ceux qui traiteront cette ouverture entretiennent toujours
les bords qu'ils auront fait fort escartez et esloignez Tun de
I'autre, et qu'ils taschent de faire en sorte de tenir le fond un
peu longtemps en estat empeschant que les chairs ne viennent
— 551 -
trop tost mais seulement peu k peu^ cela se pourra faire en y
mettant du charpy sec, s'il ne suffisoit pas on le trempera dans
de Teau de chaux^ et si malgri tout cela les chairs ne laissaient
pas de gagner on se servira du vitriol de Chipre que Ton tail-
lera comme un crayon pour les toucher apr^s I'avoir un peu
mouill^.Nousavons mis dansun pot le remMe qui doitservir
de topique et par-dessus anguent pour la paupiire renversie. II en
faut mettre avec un petit pinceau comme on mettroit de la
peinture sur cette paupi^re trois fois par jour le matin^ ^
midy et au soir, et sur la cicatrice de Templastre que nous
donnons^ qui a pour nom, emplastre mortifiant.
Pour la femme igte d' environ 25 ans qui a Tincontinence
d'urinenoussommes persuadez que Taccouchement lui a laissi
un relaschement dans les fibres de la vessie et mesme dans la
matrice qui est la principale cause de son incommodit6. Le
Conseil de Paris croit ce mal comme incurable. II propose
n^nmoins les remfedes qui ont accoustumez de r^ussir quel-
quefois en pareille rencontre et pour les faire utilement il est
d'avis qu'on commence par une ou deux saign^es des bras;
que Ton purge avec des remddes qui fortifient tels que sont
la rhubarbe les mirobolants et le syrop de roses pasles ; que
Ton donne ensuite des eaux minirales vitriol^es dans lesquelles
on esteindra du fer qu'on aura fait rougir. II faut prendre
environ deux livres et demie de cette eau tons les matins par
verres i quelque distance Tun de Tautre dans une heure de
temps, les continuer durant un mois et les rendre purgatives
tons les huit jours en y meslant Tinfusion d'une dragme et
demie de senn6, demy dragme de rhubarbe, 24 grains de miro-
bolant faite dans un verre d'eau, etc. Pendant tout ce temps
li une ou deux fois le jour on fomentera la region du bas
ventre et du pinil avec la decoction suivante : 6corce et fleurs
de grenade, deux onces; roses rouges, une once et demie;
noir de cyprfes concassees, une bonne poignte. Faites bouillir
le tout dans six livres de gros vin, r^duisez les ^ 5 ; esteignez
y un morceau de fer rouge deux ou trois fois, et ensuite ajouter
y demi once d'alun de roche. On se servira aussi de pessaire
— 552 —
trempe dans Tesprit de vin ou dans la fomentation cy-dessus
pour soustenir la matrice et la vessie. La malade gardera le
lict deux mois de temps; sa teste et son dos seront en bas; on
mettra un oreiller sous les cuisses. On fera aussi quelquefois
des injections avec les eaux min6rales vitrioltes et ferries dans
la vessie et dans la matrice pour donner de la force aux parties
qui sont relaschies.
L'on croit que la femme qui passe 60 ans et qui depuis
trois ou quatre ans ne voit pas bien au grand jour et voit
mieux le soir a une dilatation de pupille et que le cristallin y
est int6ress6, et comme il y a apparence que c*est par
quelque fluxion qui tombe sur ces parties-li. Ton est d'avis
que Ton saigne, que Ton purge avec le senni, la rhubarbe, le
syrop de pommes compos6 et celui de roses pasles ; que Ton
donne le matin un verre de petit laict ; que Ton applique des
cautires derriire les oreilles et un siton derridre le col deux
doigts en dessous des cheveux ; que Ton lui rase la teste tous
les 3 ou 4 jours, aprds Tavoir frottte auparavant avec de Tes-
prit de vin ; qu'on applique un pain chaud entre les deux
ipaules tous les matins; que Ton mette au mesme endroit un
peu plus bas un emplastre fait avec deux ou trois onces de
poix de Bourgogne bouillie avec une petite poign6e de
feuilles de sauge dans une demy livre de vin blanc, que Ton
faasse des frictions depuis le haut du col jusques au bas du
dos avec des linges chauds et que Ton bassine les paupi^res
des yeux avec de Teau de vie.
Quant X la personne de 52 ans qui a la vue plus faible et
qui sent une fluxion qui lui tombe du haut de la teste sur
cette partie lik, entre le cautdre qu'il doit mettre au bras, on
est persuade qu'apr^s une saign6e et quelques purgatiis
propres i purger son cerveau, tels que sont le senni, la
casse, le syrop de fleurs de peschi, celui de roses pasles, un
seton porte derriire le col i deux doigts des cheveux lui sera
trte utile. II bassinera tous les soirs les paupi^res des yeux et
mesme le front et le haut de la teste avec Teau rouge que
nous lui avons fait preparer et qui est dans une bouteille de
— S53 —
verre oil nous avons mis dessus : eaii
gouvemeur de Sale, etc, Et s'il trouvc
trop forte et qu'elle le piquast trap, il
en mettre une autre d'eau rase.
TABLE
AVANT-PROPOS
LE MONDE M£DICAL SOUS LE GRAND ROI
I. — LA FACULTY DE M^DECINE I3
Les origines. — La Facaltd i ravenement de Louis XIV. — Les ^oles de xn^de-
cine. — Les Etudes mMicales; renseignement. — Le baccalaureat; examea de
botaniqne; th^se quodlib^taire ; th^se cardinale. — La licence; licentiande;
paranymphes ; premier lieu. — I^ Vesperie; le doctorat; Tacte pastillaire. — Les
jeunes et les anciens; Tancien; le doyen. — Les commentaires ; le codex accepti
et expensi. — Les principaux doyens. — Le corpus facultatis. — La turbulence
des ecoliers. — Les Statuts. — Les frais de scolarit6. — La Faculty et la santd
publique. — Le College royal et le jardin du Roi. — La Faculty en guerre avec
les docteurs de Montpellier; Thtophraste Renaudot et les consultations chari-
tables; la Chambre royale; victoire de la Faculty.
II. — LES DOCTRINES MliDICALES 55
La vraic et pure doctrine d'Hippocrate. — La doctrine des ^16ments; quality pre-
miere; forme; nature. — La doctrine des temperaments; la forme; but final;
temperament pond^r^; temperament intemp^re, simple, compost; temperament
total. — Le Gaieoisme physiologique ; le corps; les esprits naturels, vitaux et
animaux; cbaleur animale; calorique inne, bumide radical; Tame; les facuhes
naturelle, vitale, animate; les sympathies; les facuies concupiscible et irascible.
— L'Humorisme gaienique ; sang, bile, pituite, atrabile : piethore et cacochymie.
— La semeiotique et le gaienisme. — La therapeutique des temperaments et de
Thumorisme; saignee, purgations, lavements; hygiene, dietetique. — L'hvJution
des doctrines mMicalrs, — La circulation du sang; circulateurs et anticirculateurs;
le petit Pecquet et Riolan; Guy Patin et la circulation; Tarret burlesque. — La
circulation et la pathologie du xvii* siicle. — La querelle de Tantimoine; chi-
miatrie contre humorisme. — Paracelse. — Le r61e passif et le rdle actif du mede-
cin; arrets de 1566 et de 1615; Tantidotaire ; Jean Chartier, Blondel, Germain,
Eusebe Renaudot, Perreau, Guy Patin; I'antimoine et le public; triomphe de
Tantimoine; le P. Carreau et la Stimmimachie ; Tarret de 1666. — Reaction contre
Tantimoine; Fagon et la metliode experimentale. — Le quinquina et I'ipeca-
cuanha.
- 556-
III. — LES MALADIES INTERNES ET LEUR TRAITEMENT IO9
Les B^vres; fiiyres simples; fiivres putrides, continues et intermittentes ; fiivres
compliqu^s ; fiivres malignes ; petite v^role , v^rolette , rougeoie , peste. — Les
maladies de la t6te; intemp6rie froide et hiimide, catarrhe du cerveau; migraine;
raal caduc: paralysie; nunie et amences; m^Iancolie; manie et saflbcation
utdrines; phrin^ie. — Les maladies des jointures; goutte; sciatique; rhuroa-
tismc. — Les maladies da col; la squinance. — Les maladies de la poitrine*
inflammation et tabercules du poumon; poumons attaches anx c6t^; phtisie;
poulmonie; pleur^sie; empyime; asthme; toux; crachement de sang. — Les
maladies du coeur; palpitation de ccenr; piricardite; syncope; imb^Uiti des
forces. — Les maladies de I'estomac ; cnidit^ acide et nidoreuse ; mal de cceur ;
douleur, enflure, inflammation et ulcere de I'estomac; naus^s et vomissements;
les vomissements de sang; coltee humide et colore siche. — Les maladies de
Tintestin; colique; miserere; vers; lientirie et flux cceliaque; diarrhfe; dysen-
terie; flux h^patique; obstruction, inflammation, squirrhe du mesentire. — Les
maladies du foie; chaleur, inflammation, abcte, ulc^; obstruaion; jaunisse;
squirrhe; hydropisie, anasarque, ascites et tympanite. — Les maladies de la rate;
inflammation, obstruction, enflure, squirrhe et douleur de rate; scorbut. — Les
maladies des reins et de la vesste; inflammation, ulcere des reins; gzavelle et
colique graveleuse; inflammation, ulcere de la vessie; ardeur d'urine; calculs;
suppression d'urine; strangurie; urine sanglante; incontinence d'urine; diab^e.
— Les maladies v^n^riennes ; la grosse v6role ; la matiire v6nirienne ; dtapes et
degrds dz la vdrole ; son pronostic et son traitcment.
IV. LES MiDECINS A LA COUR 185
La maison m^dicale du Roi. — L*archiAtre ; son rang social, ses prerogatives, ses
devoira ; Tarchidtre et la Faculty. — Les premiers m^decins de Ijouis XIV : G>usi-
not, Vautier, Vallot, d'Aquin, Fagon. — Le Journal tU h Sante du Em. — Les
maladies du Roi Soleil ; ses indigestions, ses vapeurs. — Le medecin ordinaire. —
Les mMecins par quartier. — Les mMecins consultants. — Les m^ecins anato-
miste, botaniste, spagiriste.
La maison m^dicale des grands seigneurs.
V. — LES m6dECINS a la VILLE 201
Le nombre des m^ecins parisiens. — Liste de Messieurs les Docteurs R^nts pour
Tan 1684. — Les immunitis des m^ecins. — Les bonoraires. — Les midecins
et la bourgeoisie. — Les m^decins et les geos de lettres. — Deux ennemis des
midecins, Cyrano de Bergcrac et Madame de Sevign^. — Les difiautsdes m^ecins.
— La Faculty et les buveurs d'eau. — La gourmandise chez les midecins. — Les
moeurs des medecins. ~ Le courage professionnel. — Le medecin vieux jeu. —
Le medecin nouveau jeu. — Le patient. — Les consultations. — La querelle
de r Amour medecin. — Les compliments d'usage. — Les causeries m^icaks.
— La redaction de la consultation. — La consultation par correspondance. — Les
mddecins k cbxi ; Bouvard, Guy Patin, Gabriel Naudi, Bernier, Claude Qpillet,
Bou rdelot, Beruier-M(^ol .
1
i
537 —
VI. — LES CHIRURGIENS . 237
Le chinixgieii artisan. — La Confr^ric des saints C6me et Damien. — Barbiers
laiques et barbiers clercs, leurs iuttes. — Les inciseurs. — Les barbiers-
cbirurgiens. — Le coU^e de Saint-C6me; chirurgiens jures au Chatelet,
pr6v6t, maitres, licend^s, bacheliers, apprentis. — Les barbiers-barbants. — Le
College et les Etudes chirurgicales. — Le maitre chirurgien jar6 et le barbier-
chirurgicn ; la Communaute des chirui^iens. — Le grand proc^ des chimxgiens.
— Le premier barbier et le premier chirurgien du Roi. — Les anatomies. — La
chaire de cbirurgie au Jardin Royal. — Barbiers-barbants et chirurgiens. —
L'ann^ de la fistule. — Les statuts de la communaute des maitres chirurgiens.
— L*apprentissage ; I'^preuve du grand chef-d'oeuvre ; Tentr^e en semaine ; I'exa*
men de rigueur ; lettres dc maitrise. — Les gar^ons de rH6tel*Dieu et la Ugire
experience. — Maitre et frater. — Les premiers chirurgiens du Roi. — Messieurs
les chirurgiens de Paris en 17x4. — Les barbiers, les ^tuvistes. — Le clergi et
I'exercice illegal de la chirurgie.
VII. — LA CHIRURGIE 27I
La chaire de chirurgie au Jardin Royal. — Les trait^s dogmatiques; Lambert; Boi-
rel; Tolet; les Verduc; la Vauguyon ; Belloste. — Le cours d*Operations de
Pierre Dionis; ses dix di^monstrations. — La saign^e et les Parisiens; les
pedants sanguinaires ; superstitions populaires ; les tables saisonnieres de saignees;
la saign^ et les jours de crise ; la saign^e et les femmes grosses ; les indications
de la saignie ; son but. — L*habile pbl6botomiste ; le mode opiratoire ; le chirur-
gien et son malade; Texamen du sang; les accidents de la saign^e. — Un ennemi
de la saignee.
Vni. — SAGES-FEMMES ET ACCOUCHEURS 295
Les malrones. — Comment on devenait sage-femme. — L'oHice des accouches i
rH6tel-Dieu; maitresse; apprenties; compagnon gagnant maitrise. — Lamatrone
sage-femme de THdtel-Dieu ; la matrone de Saint-Come ; la matrone du Chatelet.
Ignorance et mesch antes moeurs des sages-femmes. — La bonne sage-femme;
madame Le Vacher; la m^cliante sage-femme, la dame Constantin. — Les statuts
de 1680; r^glementation de la profession. — Les accoucheurs; Clement et les
couches de M^^* de La Valliere. — L'accouchement i Paris ; le caquetoire par^. —
Les honoraires.
IX. — l'art d'accoucher 311
Ambroise Par^ et Louise Bourgeois. — Mauriceau et sa manoeuvre.
La Icttre sur les accoucheurs de la demoiselle Bandouin. — Le bon accouchement ;
ses accidents. — Les signes de l'accouchement, les donleurs, I'ouverture & la
matrtce et la formation des eaux. — Le mauvais accouchement ; le bapt^me ;
Toperation. — Les hdmorrhagies de la delivrance. — La retention placentaire. —
-558
L'inversion uterine. — La procidence du cordon. — La coiffe. — La grossesse
geoi^llaire. — La ligature du cordon. — Les suites de couches.
Le baptdme par injection et le cordon de Cain ; controverses ; la Sorbonne et I'obste-
trique.
X. — LES APOTHICAIRES 345
La corporation des Espiciers apothicaires. — L*antidotaire Nicolas ; la pharmacopec
de Baudron ; les institutions pharmaceutiques de Jean de Renou ; le Codex Facul-
tatis. -» Les statuts de 1638* — L'apothicaire epicier et Teptcier. — L*apprenti
apothicaire; I'acte des herbes; le chef-d'oeuvre. — L'apprenti, le compagnon et le
niaitre epiciers. — La corporation, les gardes et T^talon des poids. — Les apothi-
caireries parisiennes.
Les apothicaires et la Faculti. — Le Medccin cbaritabU de Phllebert Guybert ; le
proces. — Victoire de la Faculte.
Les fourberies et les memoires des apothicaires. — Bourdelin et Josson.
Le lavement ; les gar^ ons apothicaires ; la seringuc et ses canons. — Le si^e des
dyst^res. — Moliire et le lavement. — L'abb^ de Saiut-Cyran et le pire Garasse;
— Madame de Maintenon ; ie remade.
XI. LA PHARMACEUTiaUE 361
Les poids et mesures des apothicaires.
Ce qu'on retirait du tartre; cr^'stal de tartre; tartre soluble; crystal de tartrc
chalyb^; tartre chalyb^ soluble ; tartre imetique ; huile de tartre ; esprit de urtre
sel Hxe de tartre; huile de tartre par d^faillance; tartre vitriol^; sel polychreste de
Glazer; sel volatil de tartre.
Les reni6des tir^s de Thomme ; crane, sang, urine, arriere-faix.
Les rem^es tires des animaux; vip^res; cornes de cerf; crapauds; grenouilles;
ecrevisses; cigognes; cloportes; vers de terre; cantharides; fourmis; paons ;
castors; liirondclles ; pies; lima<;ons. — Les b^zoards.
Les remides tir^s des pierres pr6cieuses; les perles. — L*or.
Les preparations alexit^res. — La th^riaque. — Le mithridat. — L'orvietan. — Les
confections d'Alkermes et d'Hyacinthe. — Les baumes, eaux, onguents et poudres
cel^bres.
L'opotherapie ; la d^oction de Q^erceun ; Valiant et les preparations opoth^ra-
piques.
XII. — l' ASSISTANCE PUBLIQUE 377
La niisere k Paris au debut du regne de Louis XIV. — Les magasins charitables.
Vincent de Paul et Godeau. — Le Grand Bureau des pauvres; le commissaire de
quartier; Taumosne gen^rale. — Le Grand Con seil ; les Bureaux extraordinaires.
— Les hospices; Saint-Jacques aux Pelcrins; Sainte-Catherinc ; Sainte-Magdeleine ;
Saint-Gervais : Saint-Sepulchre ; Saint-Jacques du Haut-Pas ; Saint-Julien aux M^ne-
triers; Saint Marcel; les Quinze-vingts ; les Haudryettes ; la Mis^ricorde; lesEnfcr-
mes; les Enfants rouges; la Trinite; le Saint-Esprit.
— 559 —
Les hospiUux ; les Petites Maisons ; les Commanderies ; la Charit^ des femmes ;
Notre-Dame de la Pitii ; la Charite des hoznmes.
Les dipendances de rH6tel-Dteu ; Saint-Louis ; la maison de santi Saint-Marcel ;
Sainte-Anne; Notre-Dame pour les Incurables; le prieuri de Saint-JuIien-le-
Pauvre ; la Maison des convalescentes.
L'H6teI-Dieu ; les bdtiments; agrandissements ; les deux ponts de rH6tel-Dieu; la
population hospitaliire ; les lits; le personnel. — Le Bureau; Testat au vray du
bien et depeuse journaliire. — Les privileges de I'Hdtel-Dieu ; la boucherie de
careme. — Le service medical; les m^dedns; le maitre chirurgien ; le compagnon
gagnant maitrise; les compagnons chirurgiens; les apprentis; les extemes. —
L'Office des taill^s. — La morulit^ ; le cimetiere de I'Hdtel-Dieu.
Pomponne de Bellievre et le renfermement des pauvres. — L'^dit de 1657; le
peuple de Paris et les archers de THopital. — Les enfermds. — La Salpetriere;
correction ; commun ; prison; grande Force. — L'Hopital des Enfans-trouvez ; sa
reunion i^THopiul general. — La population de la Salp^triire en 1673.
XIII. CHARLATANS EMPIRIQUES ET OPERATEURS. 4OI
Les charlatans et op^rateurs du Pont-Meuf. — Le thidtre de TOrvi^tan ; Christophe
Contugi. — Le badaud des Coquets de Faccoucbee. — La Faculty et G)ntugi. —
L'Orvi^tan. — Melchiss^dec Barry. — Les fraudes des op^rateurs th^riadeurs. —
Carmeline, I'op^rateur dentiste de la place Dauphine. — Les vertus de Tonguent
de MAN us DEI. — Les gu6risseurs de grosse v^role. — Le due de Bouillon et son
sachet contre la vermine.
Les empiriques; la m^decine empirique. — Le frire Ange. — Les Capucins du
Louvre et le baume tranquille. — Le chevalier Talbot etle rem^e Anglois. — De
la Martiniire ; VEm^ric cbarilahle et VOperateur ingmu ; la Mitbode de conserver sa
santi par le rigime de vivre. — Nicolas de Bl^ny ; la manufacture royale de ban*
dages et la maison de sant^ de Pincourt.
Les op^rateurs. — Les op^rateurs de hargnes grandes et petites ; Top^ration royale ;
Toperation du fil d*or, de plomb, de chanvre; la cure radicale par emasculation.
— Les lithotomistes ; le petit appareil ; le grand appareil et le haut appareil. —
Le frere Jacques et la uille lat^ralis^e.
LE PORTEFEUILLE DE VALLANT
I. — Vallant 441
Valiant nait i Lyon; sa &mille. — II part d Montpellier; son maitre; ses notes
d*etudiant ; les quatre questions cardinales.
Vallant 4 Paris : Les debuts difficiles ; les lettres du Pere Rochette ; la clientele de
Vallant; sa consultation avec Vallot.
Vallant chez M*^ de Sabl6. — La marquise et sa conversion; le salon de Port-
Royal. — Vallant et les amies de M"* de Sabl^. — Sa belle clientele; les
— 5^^ —
CarmeJites dc li rue Saint-Jacques et de Mootmartre ; TAbbaye au fiois ; les reli-
gieuses Angloises. — Valiant devient m^ecin de M"* de Guise.
Valiant, premier m^ecin de M"" de Guise. — II devient I'oq des principaax
m^ectns de Paris. >— > Son etat de suj^ion vis-a-vis de M"** de Guise. — Les
recettes culin aires ct de parfumeric. — Les ventres durs .
La bom^ de Valiant. — Sa charity. — Son amiti^ pour M*^ de Sable. — Sa mort.
II. LI- PORTHFHUILLi: DE VALLANT 46 1
Receptes medicinales 461
Ordonnances 49 1
Consultations 494
Relation de maladies et d*ouvertures de corps S04
Observations de m^edne et autres 521-
Notes et m^moires de Pharmacie 5 34
Lettres et m^moires divers S40
TABLE DES PLANCHES
Portrait dc Guy Palin par A. Masson 2-3
Lafemme hydropiqtte de Gerard Dow 76-77
Uiie operation au dos de Adriaen Brauwer 240-241
Frontispice de Barbette et figure de Thorn me hydropique 288-289
Le dentiste de Gerard Dow 408-409
Planche extraite de VAri de guirir les hernies de N. de Blegny . . . 432-435
MACON, PROTAT PRERES , JMPRIMEURS
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
\
MACON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS
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