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FOR EDVCATION
FOR SCIENCE
LIBRARY
OF
THE AMERICAN MUSEUM
OF
NATURAL HISTORY
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NATURALISTE CANADIEN
BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DÉCOUVERTES
SE RAPPORTANT À L'HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
———00 ———
TOME QUARANTE DEUXIÈME
(VINGT-DEUXIÈME DE LA DEUXIÈME SÉRIE)
————606
Le chanoine V.-A. HUARD, directeur-propriétaire
DE —<-
QUÉBEC
IMPRIMERIE LAFLAMME
1915-16
Me ti à “E SOA TA à RALE ON PUR AD LES SPL v a ON
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NATURALISTE CANADIEN
Québec, Juillet 1915
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 1
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A. Huard
42e ANNEE
Avec cette livraison, le Vaturaliste canadien commence
sa quarante-deuxième année d'existence — en pleine pros-
périté. Qu’avons-nous parfois, en des anniversaires précé-
dents, parlé de déficit dans sa caisse? Il a, proclamons-le
bien haut, beaucoup plus d'abonnés qu’il n’en faut pour
égaliser ses recettes et ses dépenses. Par exemple, il faut
l’avouer, une grande partie de ses recettes reste obstiné-
ment dans le porte-monnaie d’un grand nombre de ses
souscripteurs. Mais, en attendant, nous sommes là pour
« prêter » à ces oublieux amis ce qu’il faut ; et l’imprimeur
est payé très fidèlement. Dans ces conditions, il n’y a pas
de raison pour que le Vaturaliste canadien ne continue
pas indéfiniment de vivre. N'est-ce pas là de la prospérité
— du moins'en un certain sens?
1— Juillet 1915.
2 LE NATURALISTE CANADIEN
UNE CHIENNE ILLUSTRE
Nous avons reçu, 1l y a quelque temps, une circulaire
qui nous apportait la grande nouvelle que BRONTE Mc-
CORMICK a été reçue, le 29 mars dernier, membre de la
National Geographic Society, de Washington. On ne sait
peut-être pas ce qu'est Bronte McCormick? C'est une
chienne du Michigan.
Le cas étant très rare, croyons-nous, de voir un chien
nommé ‘‘fellow”’ d’une importante société scientifique,
nous devons appuyer un peu sur cet événement. Et pour
cela, nous ne saurions mieux faire que de reproduire en
son entier la circulaire dont il s’agit, et qui est bien un
document pour l’histoire. Nos lecteurs pouvant tous lire
l’anglais, nous ne prenons pas la peine de traduire ce texte,
dont on pourra goûter dans son original toute la saveur.
Nous devons cependant, avec beaucoup de regret, laisser
de côté le portrait de l’illustre chienne (sous lequel on lit:
‘Bronte, Fellow N. G. S.”), et celui de Peary, le décou-
vreur du Pôle Nord, qui, lui aussi, est un ‘ Fellow Member’.
Voici la pièce—unique en son genre.
THE MOST MARVELOUS CANINE EVER ELECTED
A MEMBER OF THE NATIONAL GEOGRAPHIC
SOCIETY
Management
Wm. À. MCCORMICK
Steinway Hall.—Chicago.
BRONTE’S WONDERFUL WORK
Bronte is the most wonderful dog in the world. She
has amused, entertained, instructed and mystified thousands
upon thousands of school children, having already given
more than two thousand entertainments in public schools.
UNE CHIENNE ILLUSTRE 3
College professors and scientists have marveled at her
wonderful feats of mind reading. There is no trick,
nothing to deceive in this part of the entertainment. Her
work is purely mental work. You will have to see in
order to believe.
BRONTE’S PEDIGREE
Bronte is a Scotch collie of the finest type. She was
born July 29, 1903, in the famous White Oak Farm Collie
Kennels, at Center Moriches, New York (on Long Island).
Bronte is a very wonderful dog; she can count money, she
can count people and tell how many there are in the room
and how many have glasses on. In addition, subtraction,
multiplication and division there are but few boys in the
public schools of today who would stand any show in a
contest with Bronte. The following sum would be very
easy for her: Thirty-four times three, divided by two, add
nine, subtract thirty-two and divide the result by seven.
Bronte spells many words by barking the number of letters
in the word. Bronte is a mind-reader and does some
wonderful work in that art at every performance.
BRONTE’S INVITATION
Bronte will be glad to meet members of the National
Geographic Society in the various towns and cities where
she entertains, and will be pleased to answer any questions
and explain her position on the various geographic pheno-
mena that are being discussed among her fellow members.
She has travelled 200,000 miles, visiting every state in the
Union and much of Canada and Mexico.
A FELLOW MEMBER
Robert E. Peary, who was retired with the pay of a rear-
admiral, was given a gold medal for discovering the North
Pole by the National Geographic Society.
4 LE NATURALISTE CANADIEN
« THE NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY
« Through the Board of Managers at a meeting held in Wask-
« 2ngton District of Columbia in the United States of America on
« {he twenty ninth day of March 1915 has elected Bronte McCor-
« mick of Anickima, Michigan, a member of that Society.
«Zn Witness Whereof, this certificate has been signed and
« presented.
O. P. AUSTIN,
Secretary.
AFFIDAVIT
The reproduction of the membership certificate which
states that, through the Board of Managers at a meeting
held in Washington, District of Columbia, in the United
States of America, on the twenty-ninth day of March, 1915,
has elected Bronte McCormick a imember of the National
Geographic Society is a correct and exact reproduction of
the original which I have examined and have in my
possession.
FRED HIGH,
City of Chicago, County of Cook, State of Illinois.
Subscribed and sworn to before me this twelfth day of
April, 1915.
CHAS. L. GROBECKER,
Notary Public.
SOME SUPPLEMENTARY FACTS
Along with the certificate Bronte received this informa-
tion: “On Behalf of the Board of Managers I have much
pleasure in forwarding your Certificate of Membership in
UNE CHIENNE ILLUSTRE 5
the National Geographic Society. I also append a copy
of the By-Laws of the Society.”
(Signed) O. P. AUSTIN,
Secretary.
By- Laws of the National Geographic Society.
5. Committee on Membership.
The Committee on membership shall consist of three
members, whose duty shall be to inquire as to the eligibi-
lity of all applicants for membership whose names be
referred to it, and to report thereon to the Board of Mana-
gers for its final action.
FINIS
When shows her certificate of membership, Bronte only
smiled at her Master, Wm. A. McCormick, and then barked
as much as to say : ‘“ Vou may be some Whistler and Bird
Imitator, but it is my part of the show that gets National
Recognition.
S’il arrive que tel lecteur d’esprit étroit s'étonne, à la
vue du document reproduit, qu’une compagnie sérieuse se
soit de la sorte associé un quadrupède du Michigan, nous le
prierons de se rappeler son histoire ancienne. Il y a bien
déjà, en effet, dix-neuf siècles que l’empereur (Caïus-
Cæsar-Augustus-Germanicus-Caligula voulut faire nommer
son cheval consul de Rome. Cela était bien plus fort, et
nos voisins des Etats-Unis devront imaginer autre chose,
s’ils veulent absolument ‘battre le record ” en la matière.
6 LE NATURALISTE CANADIEN
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
(Continué de la page 188 du Volume précédent.)
CROTANEURON FILICINUM (L.) Roth.
Trois-Pistoles, Rivage de la mer.
DICRANELLA HETEROMALLA (L.) Schimp.
Mont Pilote. Collines de quartzite.
var. Orthocarpa (Hedw.) C. G. B.
Notre-Dame du Portage. Abondante aux flancs des
falaises d’argilites rouges, face à la mer, et fructifiant
magnifiquement. La var. or{hocarpa paraît être la forme
alpine ou subalpine de cette mousse ubiquiste. On sait
que les conditions d'habitat des falaises de la côte équi-
valent à celles des régions boréales ou de forte altitude.
Nous en avons ici un exemple de plus.
DICRANUM BERGERI Bland.
Rivière-du-Loup. Bois.
DICRANUM UNDULATUM Ehrh.
Mont Pilote (Collines de GRAN Lac Témiscouata
(Bois). Commune.
DIDYMODON RUBELLUS (Hoffm.) B. &S.
Trois-Pistoles. Rochers au bord de la mer. Fertile et
abondante. Peu commune ou peu remarquée dans notre
Province.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 7
DREPANOCLADUS CAPILLIFOLIUS Warnst, forma
fallax.
Cacouna. Fossés dans les tourbières. En Amérique,
cette mousse hydrophile paraît bien peu connue des bryo-
logues. Elle est cependant excessivement abondante aux
environs de Montréal et forme le fond de vastes marais
dans la campagne de Longueuil.
DREPANOCLADUS UNCINATUS (Hedw.) Warnst.
Trois-Pistoles ; Ile du Gros-Pèlerin. Commune.
DREPANOCLADUS VERNICOSUS (Lindb.) Warnst.
Environs du lac Témiscouata. Luxuriants échantil-
lons de cette mousse qui est assez rare, surtout en dehors
de l’habitat tourbeux.
DREPANOCZLADUS WILSONI (Sch.) Roth., forma ?
Lac Témiscouata. Grande-Anse. En eau peu profonde,
en marge du Caricetum qui forme le rivage de la baie.
FONTINALIS GIGANTEA Sulliv.
Lac Pratt. Forme d’un noir d’ébène. Dans l’ouest de
la Province, nous la trouvons dans les ruisseaux de
montagne.
GRIMMIA APOCARPA (L.) Hedw.
Ile du Gros-Pèlerin, Rivière-du-Loup. Rochers du
rivage. Fructifiée.
HEDWIGIA ALBICANS (Web.) Lindb.
Mont Pilote. (Collines de quartzite.
HYLOCOMIUM PROLIFERUM (L.) Lindb.
Environs du lac Saint-Hubert, et du lac Témiscouata.
Bois riches.
HYLOCOMIUM PYRENAICUM (Spruce) Lindb.
Rivière-du-Loup. Bois Ne paraît -pas commune.
Distribution plutôt subalpine.
8 LE NATURALISTE CANADIEN
HVPNUM CRISTA-CASTRENSIS L.
Rivière-du-Loup; Lac Témiscouata. (Cette superbe
Muscinée forme un tapis continu dans les cédrières du
lac Témiscouata. L'association 7uya-Æypnum-Cornus
en ce lieu est très remarquable. A la Rivière-du-Loup,
1. Crista-Castrensis habite les forêts de conifères sur les
hauteurs cambriennes près de la mer.
HYPNUM FERTILE Sendt.
Ile du Gros-Pèlerin ; Rivière-du-Loup ; Saint-Simon
(Rimouski). Près du rivage de la mer. Belle mousse
des régions élevées. Peu commune généralement, mais
paraît répandue ici.
HVPNUM IMPONENS Hedw.
Ile du Gros-Pèlerin, Très luxuriante en cet endroit.
HYPNUM PALLESCENS (Hedw.) B. &S.
T'rois-Pistoles (rivage de la mer); Ile du Gros-Pèlerin;
Lac Témiscouata. Encore une Hypnacée des hautes
altitudes à laquelle le voisinage de la mer fournit des con-
ditions écologiques équivalentes. Généralement confondue
avec /7ypnum reptile Mx., dont elle ne serait, d’après cer-
tains, que la forme alpine.
LESKEA POLYCARPA Ehrh.
Ile du Gros-Pèlerin. Commune.
LEUCODON SCIUROIDES (L.) Schwaegr.
Ile du Gros-Pèlerin. Assez abondante dans cette loca-
lité. D'ailleurs récoltée assez rarement.
MNIUM CUSPIDATUM (L.) Leyss.
Rivière-du-Loup. Bois. Commune.
MNIUM PUNCTATUM ELATUM Schimp.
Rivière-du-Loup. Variété beaucoup plus robuste et
commune que le type.
MYURELLA CAREVYANA Sulliv.
Ile du Gros-Pèlerin. Espèce calcicole et peu commune.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 9
NECKERA PENNATA (L.) Hedw.
Mont Pilote (Collines de quartzite) Environs du lac
Saint-Hubert.
ORTHOTRICHUM ANOMALUM Hedw.
Trois-Pistoles. Rivage de la mer. Espèce commune.
PLILONOTIS FONTANA (L.) Brid.
Environs du lac Témiscouata. A l'intérieur du pays,
cette espèce ne quitte guère les stations élevées.
POHLIA CRUDA (L.) Lindb.
Ile du Gros-Pèlerin. Associée à A/yurella Careyana
Sulliv. Espèce subalpine et calcicole. Mentionnée par
Macoun (12) à la rivière Madeleine (Gaspé).
POLYTRICHUM COMMUNE L.,
var. uliginosum Hübener.
Mont Pilote. Collines de quartzite. Basse altitude.
Cette variété, bien marquée par ses feuilles étalées-réfléchies
à l’état sec, est caractéristique des lieux tourbeux et des
hautes altitudes. Elle est considérée comme rare ailleurs
que dans les montagnes Rocheuses et sur la côte du Paci-
fique.
SPHAGNUM CAPILLACEUM (Weill.) Schrank.
(—S. aeutifolium Ehrh.) Ile du Gros-Pèlerin.
SPHAGNUM GIRGENSOHNII Russ.
Rivière-du-Loup. Bois.
THUIDIUM SCITUM (Beauv.) Aust.
Lac Témiscouata. A la base des arbres, près du rivage.
In situ, cette espèce peut se reconnaître par l’apparence
filiforme de ses tiges. Peu commune, semble-t-il, dans
l’ouest de la Province.
ULOTA CRISPA Brid.
Ile du Gros-Pèlerin. Sur les arbres.
12. J. Macoun, Catalogue of Canadian Plants, Part VI, 116.
10 LE NATURALISTE CANADIEN
HÉPATIQUES
BLEPHAROSTOMA TRICHOPHYLLUM Dum.
Rivière-du-Loup. Bois. Cette Hépatique, presque invi-
sible à l’œil nu, ressemble beaucoup à certaines algues
d'eau douce.
FRULLANIA ASAGRAVANA Mont.
Lac Témiscouata (sur les arbres); Mont Pilote (sur le
quartzite); Iles Pèlerins (rochers). Cette Frw//ania semble
exclure les autres espèces dans Témiscouata. Æ Æbora-
censis, Si répandu dans l’ouest de la Province et les Lau-
rentides, ne semble pas exister ici. Du moins toutes nos
récoltes ont à l’analyse donné Æ Asagrayana. (Fig. 0.) !
Une pseudo-nervure formée d’une file de cellules colorées
distingue de suite cette espèce sous le microscope.
Les Frullania représentent, dans la classe des Hépatiques
et d’une façon absolument remarquable, le groupe des xéro-
phytes. Une adaptation extrêmement curieuse, et rare dans
le monde végétal, leur permet de cohabiter avec les Lichens
et de se maintenir dans des stations d’une siccité presque
absolue: rochers dénudés, écorces lisses, etc. Ce n’est pas
que le tissu de ces plantes diffère de celui des autres hépa-
tiques ; mais le lobule postérieur de chaque feuille est trans-
formé en un sac ou utricule susceptible de retenir la rosée
ou la pluie, de façon que chaque feuille porte avec elle sa
provision d’eau. Il est à remarquer encore que ce petit
réservoir est logé entre la feuille et le substratum, dispo-
sitif destiné à prévenir une évaporation trop rapide.
LEPIDOZIA REPTANS (L.) Dum.
Rivière-du-Loup. Bois.
1. Cette vignette No. 9 ne nous étant pas arrivée au moment de
mettre sous presse, nous la donnerons seulement le mois prochain. V. C.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA II
LOPHOZIA BARBATA (Schmid.) Dum.
Notre-Dame du Portage. Commune dans cette Province,
surtout dans les forêts de montagne. Espèce bien marquée
et facile à identifier.
PLAGIOCHILA ASPLENIOIDES (L.) Dum.
Lac Témiscouata. Espèce commune et variable.
PORELLA PLATYPHYLLA (L.) Lindb.
Mont Pilote (quartzite). Commune.
PTILIDIUM CILIARE (L.) Nees.
Mont Pilote (quartzite).. Sur les rochers.
PTILIDIUM PULCHERRIMUM (Web.) Hampe.
Mont Pilote ; Lac Saint-Hubert ; Saint-Simon (Rimouski).
Très commune et en même temps l’une de nos plus jolies
Hépatiques sous le microscope. On la trouve sur les ro-
chers et les troncs d’arbres dans les bois. Elle forme aussi
quelquefois sur l’écorce des bouleaux de capricieux dessins
à la manière du givre. Plus étroitement appliquée au
substratum que l’espèce précédente.
RICCARDIA PINGUIS (L.) S. F. Gray.
Trois-Pistoles. Sur l’humus dans les bois au bord de la
mer. Le thalle de cette espèce a de plus fortes dimensions
que celui des espèces voisines.
LICHENS
ALECTORIA JUBATA (L.) Ach.
Iles Pèlerins. Associée à Usnea dasypoga (Ach.) Nyl.
CALOPLACA ELEGANS (Link.) Th. Fr.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi). Sur les massifs d’argi-
lites. Petit lichen d’un rouge orange très vif, très commun
à proximité de la mer, où il recouvre presque tous les
rochers en leur donnant une coloration rouillée caractéris-
tique. (C’est un des rares lichens qui semblent profiter du
12 LE NATURALISTE CANADIEN
voisinage des embruns salés. Sur les côtes septentrionales
de l’Europe, c’est le P/acodium murale qui rouille les ro-
chers. Les deux pee ont des particularités écologiques
analogues. -
CLADONIA ALPESTRIS (L.) Rabenh.
Cacouna (collines de quartzite); Mont Pilote. Cette
espèce, à distribution géographique plutôt boréale, est
voisine de l’ubiquiste C/adonia rangiferima 1. Elle s’en
distingue cependant sur le terrain par son mode de crois-
sance en boules blanchâtres.
CLADONIA COCCIFERA (L.) Hoffm.
Rivière-du-Loup. Rochers. (— Cladonia cornucopioides
M1 "Er
CLADONIA DECORTICATA (FIk.) Spreng.
Iles Pèlerins.
CLADONIA FIMBRIATA (L.) Fr.
var. cornuta Nyl.
Iles Pèlerins.
var. f{bula Nyl.
Rivière-du-Loup.
var. subcornuta Nyl.
Rivière-du-Loup.
Espèce répandue par l’une ou l’autre de ses nombreuses
variétés dans tout le Canada.
CLADONIA FOLIACEA (Huds.) Schrad.
var. alcocornis (Lightf.) Schaer.
Mont Pilote. KEssentiellement silicicole. Cap Rosier,
Mont Albert, Gaspé. (Macoun.)
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 13
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA
Quelques notes bibliographiques, et distribution géogra-
Dhique des différentes esbèces.
PARTIE II
(Continué de la page 192 du Volume précédent )
54e genre
METABLETUS, Sch.-Goeb.
Petits coléoptères noirs ressemblant beaucoup aux Ble-
chrus. Une seule espèce dans notre faune; on la ren-
contre sous les écorces du pin. Elle fait partie de la faune
boréale et est assez rare.
Metabletus americanus :
Dej. Spec. Col. 5, p. 361. (1820.)
Habitat: Québer, Ontario, Colombie-Anglaise, Territoires
de la Baie d'Huson, Manitoba, Terre-Neuve.
55e genre
AXINOPALPUS, Lec.
Petits coléoptères que l’on rencontre très rarement sous
les écorces des arbres, dans les endroits humides, et au
printemps sous les pierres le long des clôtures.
Axinopalpus biplagiatus :
Dej. Spec.Col. 1, p. 24324825.)
Habitat: Québec, Ontario, Colombie-Anglaise.
56e genre
CALLIDA, Dei.
Petits coléoptères à couleurs métalliques très brillantes.
On les rencontre sur les fleurs. Ils sont de nos plus
14 LE NATURALISTE CANADIEN
beaux carabiques. Ils ne sont pas communs. Il en existe
trois espèces dans notre faune.
Callida decora : |
Fab. Syst. Elen. 1, p. 181.
Habitat : Québec.
Callida punctata :
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 4, p. 180.
Habitat: Québec, Ontario.
Callida purpurea :
Say, Trans. Am. Phil. Soc, p. 16. (1823.)
Habitat: Saskatchewan.
57e genre
PLOCHIONUS, Dei.
Ce genre ressemble beaucoup aux Callida. Une espèce
daas notre faune. On la trouve dans les endroits humides,
sous les écorces et autres sortes de débris. Elle est rare.
Plochionus timidus : |
Hald. Proc. Acad. Nat. Sc. Phil. 1, p. 208. (1842.)
Habitat: Alaska.
58e genre
PINACODERA, Schaum.
Petits coléoptères de couleur brune et de forme oblongue.
Ils sont rares, et se rencontrent sous les écorces et autres
abris dans les régions sablonneuses. Une espèce dans
notre faune.
Pinacodera platicollis :
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 14. (1823.)
Habitat : Québec, Ontario.
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 15
59e genre
CYMINDIS, Latr.
Les espèces de coléoptères de ce genre sont de grosseur
moyenne et se trouvent sous les feuilles sèches, les pierres,
les écorces. L'espèce pz/osa se rencontre dans les localités
sablonneuses:et sèches. Ces insectes ne sont pas rares.
Cymindis laticollis :
Say.
Habitat: Manitoba.
Cymindis cribricollis :
Der Spec. Cpl..5, DAaRL.
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Territoires du Nord-
Ouest, Colombie-Anglaise, Territoire de la Baie
d'Hudson, Saskatchewan, Terre-Neuve, Alberta.
Cymindis planipennis :
Lec.'New. Spec. N°: A: Col p:6. (1863-)
Habitat: Québec, Manitoba, Territoires du Nord-Ouest,
Alberta.
Cimindis unicolor :
Kby. Faun. Bor. Am. 4, p. 14.
Habitat : Labrador, Ontario.
Cymindis americana :
Dej. Spec. Col. 2, p. 446. (1826.)
Habitat: Ontario, Québec.
Cymindis pilosa :
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 10. (1823.)
Habitat : Québec, Ontario.
Cymindis borea lis :
Lec. New. Spec. N. A. Col., p. 7. (1863.)
Habitat: Nouvelle-Ecosse, Québec, Ontario, Manitoba.
Cymindis neglecta :
Hald. Proc. Acad. Nat. Sc. Phila. 1, p. 298.
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba.
J0S.-I. BEAULNE.
(A suivre.)
16 LE NATURALISTE CANADIEN
PUBLICATIONS REÇUES
a
(Cambridge Zoological Series.) The House-Fly, Musca domesticæ
Linn. Z{s structure, habits, development, relation lo disease and
control, by €. Gordon Hewitt, Dominion entomologist of Canada.
Cambridge, 1914.
Beau volume cartonné toile in-8°, illustré, de 382 pages. Le Dr
Hewitt, avec l’autorité qui s'attache à son nom, traite de l'anatomie, de
la vie et de la propagation de la Mouche commune, de ses dangers
pour la diffusion des maladies, et des méthodes de la combattre. C’est
donc un traité complet sur le sujet. Plus de 100 gravures complètent
le texte de cet ouvrage de grande valeur scientifique.
Le prix du livre est de 15 sh. Ila été publié en Angleterre. Mais
on peut se Je procurer chez J. M. Dent & Sons, 27 Melinda street,
Toronto.
— (Department of Mines, Canada.) Petroleum and Natural Gas
Resources of Canada. Vol. 1. Technology and Exploitation. By F. G
Clapp and others. Ottawa, 1914.
— Annals of the Missouri Botanical Garden. Vol. II. Nos I & 2.
Auniversary Proceedings, St. Louis, Mo.
Splendide volume gd in-8°, de 400 pages, rempli d’études sur divers.
sujets de botanique. A signaler : ‘A Conspectus of Bacterial Diseases.
of Plants”, par E. F. Smith.
—Miscellanea Entomologica, revue entomologique internationale.
Directeur, M. E. Barthe, 23, rue d'’Alais, Uzès (Gard), France. Publi-
cation mensuelle, 6 fr. par an.
Nous recevons le volume XXII, 1914-1915, de cette publication, qui
nous paraît bien intéressante à tous égards. Elle continue de paraître
malgré la guerre, et donne la liste de nombreux entomologistes français.
tués ou blessés dans les combats.
— Proceedings of U.S. National Museum. Vol. 47, 1915.
Ce beau et fort volume, abondamment illustré, contient un bon
nombre d’études sur des sujets de science naturelle, mais rien, à ce qu’il
semble, quise rapporte particulièrement à l’histoire naturelle du Canada.
— (Ohio Biological Survey. Bulletin 4.) À review of lhe described
species of the Order ƻglenoidina Bloch, by L. B. Walton. March.
1915.
Les Ænglenoidina sont des organismes microscopiques des eaux.
douces.
LE
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Aout 1915
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No2
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A. Huard
A LA SOCIÉTÉ ROYALE
Nos lecteurs se rappellent que, ces années dernières,
le Vaturaliste canadien a cru qu’il lui appartenait de tra-
vailler à faire cesser la sorte d'ostracisme qui semblait
exister dans les deux sections scientifiques de la Société
Royale, contre les Canadiens-Français de la province de
Québec. Le résultat de cette tentative, ce fut l'élection
de deux d’entre nous, M. Faribault, de la Commission géo-
logique, dans la Section III, et nous-même dans la Section
IV.
Mais ce succès relatif, qui a fait entrer deux d’entre nous
dans les Sections scientifiques, dont chacune compte 50 mem-
bres, n’était pas pour nous satisfaire. Quand on pense que
l'Université Laval n'avait et n’a encore aucun représentant
dans ces sections scientifiques de la Société royale du Cana-
da! Cela est amusant, à force d’être absurde.— Aussi, notre
premier soin a été de tâcher de faire cesser cette anomalie.
L'an dernier, des malentendus, qu’il serait inutile d’ex-
poser ici, nous ont empêché de présenter ou de faire pré-
senter des candidats.
Cette année, nous noussommes repris. Nous avons propo-
séun membre de l'Université dans la Section IV, dont nous
2.— Août 1915.
18 LE NATURALISTE CANADIEN
faisons partie, et, par nos soins, un autre candidat de Laval
a été proposé dans la Section III.—Ni l’un ni l’autre n’ont
été élus. à
Cela signifie-t-il que les «scientistes» de langue anglaise
du Canada ne sentent pas combien il est anormal que notre
unique université française et catholique ve soit pas repré-
sentée dans le sénat des savants canadiens? On le dirait
vraiment, étant donné surtout que les qualifications scien-
tifiques de nos candidats—M. l’abbé H. Simard et M. C.-E.
Dionne—sont de tout premier ordre, et sont même d’une
telle valeur que l’on s'étonne de voir que ces savants ne
font pas encore partie, et depuis longtemps, de la Société
royale.
Comme on peut l’imaginer, nous n’allons pas en rester
là, et nous ferons une nouvelle tentative l’an prochain.
Nous aurons donc à revenir ici sur le sujet, dans le sens
que l'événement nous aura indiqué.
= —— 00! ——
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
(Continuëé de la page 12.)
(LICHENS)
Cladonia furcata (Huds.) Schrad.
var. pinnata (FIk.) Wain.
Iles Pèlerins.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 19
Phot, F. M.-V.
Fig. 8.—Extrémité est du Gros-Pèlerin. Vue prise en regardant
vers le sud. Les rochers sont les quartzites et les conglo-
mérats de la formation de Kamouraska ; au centre on
voit l'affleurement du Sillery sous-jacent.
Cladonia gracilis (L.) Willd.
var. gracillima Norrl.
Rivière-du-Loup (Collines de quartzite); Iles Pèlerins.
Situations arides. Une forme particulièrement développée
de cette belle espèce.
Cladonia rangiferina L..
Rivière-du-Loup; Saint-Simon (Rimouski), etc. La plus
commune des Cladonies. Quand l’air glacial des régions
20 LE NATURALISTE CANADIEN
du nord tue toute autre végétation, cette espèce, grâce à sa
vitalité, dresse encore ses digitations que les grands herbi-
vores, orignaux, caribous, savent découvrir sous la neige
et qui constituent la base de leur nourriture.
Ce lichen fournit, par sa macération avec le sulfate de
fer (FeO, SO), une teinture rubigineuse (13).
Cladonia uncialis (L.) Web. & Hoffm.
Mont Pilote; îles Pèlerins. Macéré quinze jours dans
l'urine avec de la chaux vive, ce lichen se change en une
pâte qui, par l’addition d’une solution d’étain, donne une
teinture d’un gris cendré (14). Mont Albert, Gaspé
(Macoun).
Cladonia verticillata Hoffm.
Rivière-du-Loup; mont Pilote. Rochers. Cosmopolite.
Gyrophora erosa (Web.) Ach.
Rivière-du-Loup. Collines de quartzite.
Gyrophora hyperborea Ach.
Mont Pilote. Espèce arctique-alpine. ‘l'adoussac (Drum-
mond) ; Anticosti (Macoun).
Gyrophora Muhlembergii Ach.
Rivière-du-Loup. Collines de quartzite.
Gyrophora vellea (L.) Ach.
Mont Pilote. Espèce alpine. Macoun ne mentionne
aucune localité dans l’est du Québec (15). Se trouve sur
le mont Saint-Hilaire.
Nephroma arctica (L.) Fr.
Iles Pèlerins. Espèce essentiellement arctique-alpine.
Dans cette localité nous avons trouvé des échantillons
13. À. Acloque, Les Lichens, p. 313. Paris, 1893.
14. À. Acloque, loc. cit., p. 313. |
15. J. Macoun, loc. cit. Part VII : 81.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 21
Fig. 9.—/Ærullania Asagrayana Mont. (P. 10 de la livraison précédente.)
De gauche à droite : a. Portion de la plante x 15; tige principale vue
par la face ventrale montrant les utricules aquifères, rameau
montrant la pseudo-nervure.—Appareil floral x 30; feuilles
involucrales, involucre et périanthe, les lobes de celui-ci
portant des élatères retenues par une substance vis-
queuse ; une élatère x 85. (Les élatères sont des
sortes de ressorts, qui en se détendant pro-
jettent au loin les spores de certaines
Hépatiques.)
magnifiquement fructifiés, à l'exposition du grand vent du
large, sur les rochers siliceux. Cette plante était associée
à d’autres espèces distinctement boréales: Æ/ypnum pal-
lescens (Hedw.) B. & S., Cornus Suecica L., etc.
22 LE NATURALISTE CANADIEN
Tadoussac (Drummond); Sommet du mont Albert, Gaspé;
Anticosti (Macoun).
Parmelia physodes (L.) Ach.
Rivière-du-Loup. Bois de Conifères.
Parmelia saxatilis (L.) Ach.
Mont Pilote; [les Pèlerins.
var. furfuracea Schaer.
Mont Pilote; Iles Pèlerins. Macoun n'indique aucune
localité dans le Québec (16). La superstition et la doc-
trine des signatures firent attribuer durant longtemps à ce
petit lichen la vertu de combattre efficacement l’épilepsie.
La plante se vendait fort cher; on la payait jusqu’à 1000
francs les 30 grammes. Ce qui la rendait si rare et si pré-
cieuse, c'était la condition imposée, pour réussir, de n’em-
ployer que des individus développés sur les crânes humains
exposés à l’air (17).
Peltigera aphtosa (L.) Hoffm.
Iles Pèlerins. Avec Vephroma arctica (L.) Fr. C’est à
l’absurde doctrine des signatures, qui prétendait voir une
corrélation entre les affections de l’organisme animaliet la
forme des diverses parties des plantes, que ce lichen doit
son nom; chargé de sorédies tuberculeuses, il semblait
tout indiqué comme spécifique des aphtes (18).
Peltigera canina (L.) Hoffm.
Iles Pèlerins.
Peltigera polydactyla (Neck.) Hoffm.
Lac Témiscouata. Commune.
Peltigera rufescens (L.) Hoffm.
Rivière-du-Loup; Lac Témiscouata. Sur les argilites.
16, J. Macoun, loc. cit., p. 609.
17. A. Acloque, loc. cit., p. 302.
18. A. Acloque, loc. cit., p. 301.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 23
Macoun ne mentionne pas de localité dans le Québec pour
cette espèce.
Physcia pitynea Nyl.
var. pulverulenta (Schrad.) Nyl.
Rivière-du-Loup. Rochers. Macoun ne donne pas de
localités dans le Québec.
Ramalina farinacea (L.) Ach.
Iles Pèlerins. Espèce connue depuis l'Alaska jusqu’au
Mexique à l’ouest, et depuis le Labrador jusqu’à la Caro-
line à l’est (19). Thalle pâle-blanchâtre et jaunâtre, à
laciniures Jinéaires. Rivière Sainte-Anne-des-Monts
(Macoun).
Rhizocarpon geographicum (L.) DC.
forma lecanorinam FIKk.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi); Sur les argilites rou-
ges. Thalle d’un vert frais Macoun ne donne qu’une
seule localité: Grand Manan, N.-B. (Willey).
Umbilicaria pustulata (L.) Hoffm.
Mont Pilote. Avec les différentes espèces de Cyrophora.
Usnea dasypoga (Ach.) Nyl.
Lac Témiscouata (bois profonds); Iles Pèlerins (rochers
du rivage). Sur les branches des Conifères. Caractérisée
par la fibrillosité des thalles.
PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES
Abies balsamea (L.) Mill.
Rivière-du-Loup (mont Pilote) Un des arbres carac-
téristiques de la forêt climatique. Isolé sur les collines
de quartzite.
19. H. J. Howe, Vorth American Species of Ramalina. Bryologist,
XVII, 2.
24 LE NATURALISTE CANADIEN
Acer rubrum L.
Rivière-du-Loup. Commune.
Agropyron caninum (L.) Beauv.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Commune. Ce chien-
dent comprend plusieurs variétés difficiles à séparer. De
l'étude de Pease & Moore dans Akodora (19°), nous
extrayons les formes suivantes qui ont des localités connues
dans la Province:
A. Caninum (L.) Beau.
forma pubescens (Scribn. & Sm.) Pease & Moore.
Rivière Bonaventure, Bic, Elephantis Landing.
A. Caninum (L.) Beauv.
var. tenerum (Vasey) Pease & Moore.
Percé, Mont Albert, Carleton, Rivière Matane, Cap à
l’Aigle.
© Mont Elephantis, Saint-Simon (Fr. M.-Victorin).
A. Caninum (L.) Beauv.
var. tenerum (Vasey) Pease & Moore.
forma ciliatum (Scribn. & Sm.) Pease & Moore.
Baïe des Chaleurs.
A. Caninum (L.) Beauv.
var. tenerum (Vasey) Pease & Moore.
forma Fernaldii (Pease & Moore).
Cap à l’Aïgle, Percé.
A. Caninum (L.) Beauv.
var. latiglume (Scribn. & Sm.) Pease & Moore.
Labrador.
A. Caninum (L.) Beauv.
var. Hornemanni (Koch) Pease & More.
Mont Albert.
192. Rhodora, XII, 6I.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 25
Allium Schoeneprasum L.
var. sibiricum (L.,.) Hartm.
Lac Témiscouata. Pointes rocheuses. (Cette espèce, qui
ne se sépare pas spécifiquement de la Ciboulette de nos
jardins, est bien indigène au Canada. Elle occupe les
bords rocheux des rivières du système du Saint-Jean et de la
Gaspésie. Ses préférences boréales ne lui permettent pas
de dépasser au sud la région des Grands Lacs. D’après
Provancher (20), elle serait abondante sur les îles du bas
Saint-Laurent, montrant ainsi de la tolérance à l’égard du
chlorure de sodium.
Alnus incana (L.) Willd.
Rivière-du-Loup. Lieux humides à l’intérieur. Livrée
ces dernières années au Puceron lanigère, ce qui rend la
traversée des marais très désagréable.
Alnus mollis Fernald.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi) ; Iles Pèlerins. Au
bord de la mer.—ÆA/nus alnobetula (Ehrh.) K. Koch de la
nouvelle édition de l’‘“‘Illustrated Flora”. (Cette Aulne
est développée dans l’Anse-à-Persi suivant une ligne mar-
quant un ancien rivage, et limite l'expansion de la forêt
climatique du côté de la mer.
Alopecurus geniculatus L.
var. aristulatus T'orr.
Rivière-du-Loup. A propos de cette espèce et de sa va-
riété, Fernald remarque (21) que, dans l’est, la variété
seule semble indigène, le type spécifique paraissant intro-
duit d'Europe.
Bic, Petite-Cascapédia, Rivière Dartmouth (Fernald).
20. Provancher, Abbé L., Ælore canadienne, p. 600.
21. Fernald, M. L., Gray's Manual, 7th Ed., p. 129.
F [l Se du
wnyofystôur WINIULDPEA
wnipiu | uatut1220 ff)
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 27
Anaphalis margaritacea (L.) B. &H.
Rivière-du-Loup; île du Gros Pèlerin.
Anemone canadensis L.
Lac Témiscouata. Commune.
Anemone riparia Fernald.
Lac Témiscouata. Rochers siluriens au bord des eaux.
L'“Illustrated Flora ” ne veut considérer cette Anémone
que comme une race de l’Anémone de Virgine. Pour nous
qui connaissons bien cette dernière plante, si commune
dans le sud-est de la Province, nous trouvons les spéci-
mens du Témiscouata fort distincts, et se rapprochant plu-
tôt de l’Anémone cylindrique. À. r1paria est commune
dans le bassin de la rivière Saint-Jean et de là, vers l’est,
dans toute la Gaspésie.
Antennaria canadensis Greene.
Rivière du-Loup. Bois. Commune dans l’est. L'étude
des Antennaires de notre région n’est encore qu'ébauchée.
Les espèces sont nombreuses et difficiles à séparer.
Arabis glabra (L.) Bernh.
Lac Témiscouata. Schistes siluriens. L’Arabette gla-
bre, si remarquable par la glaucescence de sa haute tige
dressée aux siliques étroitement appliquées, semble plutôt
rare dans la Province. Dans l’est, Fernald ne l’a pas ren-
contrée, bien qu’ellé soit commune le long du Saint-Jean.
Dans l’ouest nous l’avons trouvée une seule fois, à Oka
(Deux-Montagnes). L’herbier de l’Université McGill en
possède un spécimen venant de la montagne de Montréal.
Et c’est tout. Provancher en parle comme d’une plante de
la Baie d'Hudson et des Grands Lacs; Moyen ne paraît
pas l’avoir vue 2# situ.
Arenaria laterifiora L.
Rivière-du-Loup. Commune dans toute la Province.
28 LE NATURALISTE CANADIEN
Arenaria peploides L.
var. robusta Fernald.
Rivière-du-Loup. (Anse-à-Persi). D’après Fernald: Ca-
couna. Bic et vers l'Est.
Plante des sables maritimes à distribution circompolaire
qui présente certaines variations suivant les régions. Notre
plante (var. robusta Fernald), a les tiges beaucoup plus
fortes et succulentes que le type. Fructifie peu ou point
sur les côtes de la Nouvelle-Angleterre, fertile à la Rivière-
du-Loup.
Synopsis des variétés américaines (22):
var. maxima Fernald.—Alaska, Terre-Neuve.
var. diffusa Hornem.—Côte du Pacifique, Washing-
ton-Alaska.
var. robusta Fernald.—Côte de l’Atlantique, Sague-
nay-Virginie.
Arenaria serpyllifolia L.
Lac Témiscouata. Voie ferrée. Naturalisée d'Europe.
Artemisia canadensis Michx.
Rivière-du-Loup (Grande Chute), Partie abrupte des
falaises d’argilites calcaires. Espèce calcicole.
Le feuillage délicat de cette Composée devient remar-
quablement rigide par la dessiccation.
Parlant de sa distribution, Macoun (23) écrit: ‘ Along
sea beaches and on lake shores and by rivers, throughout
Canada. Ce “throughout Canada” ne doit pas être pris
d’une manière trop absolue. Pour notre part; nous ne con-
naissons dans la Province que la localité ci-dessus. Pro-
vancher (24) donne: Pied du Cap Tourmente, Lac Saint-
22. Fernald, M. L., Variations of Arenaria peploides. Rhodora, XI,
109.
23. Macoun, J., loc. cit., II, 256.
24. Provancher, Abbé I,., loc. cit , p. 334.
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 29
Jean. Moyen ne la connaissait pas dans la région mont-
réalaise.
Aster longifolius Lam.
Rivière-du-Loup; Cacouna; Lac Témiscouata. C'est
l’Astère commune au mois d’août dans le comté de Témis-
couata, aussi bien à l’intérieur que sur les côtes. Elles
revêt des formes multiples et pourrait bien être une espèce
composite. Près de la mer elle est glabre et légèrement
succulente ; dans la forêt mésoyhytique de l’intérieur, elle
devient délicate et pubescente.
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(À suivre.)
er
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA
Quelques notes bibliographiques, et distribution géographique
des différentes espèces.
PARTIE II
(Continué de la page 15.)
60e genre
APENES, Lec.
Petits coléoptères de couleur bronze, alliés de près aux
Cymindis, que l’on rencontre dans les éclaircies des forêts,
à la base des arbres et des souches. Ils sont très rares.
Apenes lucidula :
Dej. Spec. Col. 5, p. 320.
Habitat : Québec.
30 LE NATURALISTE CANADIEN
6le genre
PENTAGONICA, Schm.-Goeb.
Les Pentagonica semblent se nourrir de petits insectes
bolitophages. On les trouve sur les champignons ou sous
les débris végétaux. Une seule espèce dans notre faune.
Pentagonica flavipes :
Lec. Trans. AmwPhil. Soc. 1853, p. 37%
Habitat: Ontario.
62e genre
BRACHYNUS, Web.
Les Brachines se rencontrent sous les pierres dans les
lieux secs, et sous les billots dans les endroits humides.
De bonne heure, le printemps, quelques-unes des espèces
sont très abondantes et vivent en colonies. Ils ont la
faculté d'émettre par l’anus, lorsqu'on les saisit, un fluide
plus ou moins corrosif qui leur sert de défense. Ce fluide,
au contact de l’air, se change en un gaz qui apparaît
comme une vapeur blanchâtre, après détonation. Quand
l’insecte est poursuivi par d’autres insectes de taille plus
grosse, le ‘‘bombardier” émet une partie du fluide en réserve
à la face de son ennemi. Le bruit et le gaz déconcertent
tellement le poursuivant, ou l’ennemi, que le bombardier
a souvent le temps de s'échapper. Quelques espèces sont
capables d'émettre ce fluide quatre ou cinq fois de suite.
Il existe une grande confusion entre les espèces de ce
genre, et il est à souhaiter que quelque auteur en fasse une
division spéciale.
Pour la classification des espèces de ce genre, les auteurs
suivants seront très utiles:
Leconte. —‘Notes on the Species of Brachinus inhabi-
ting the United States ”, in Proc. Phil. Acad.
Nat. Sci. p. 523 (1862.)
Blatchley.—‘Coleoptera of Indiana”, 1910, p. 157.
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 31
Brachynus Americanus Lec. :
Proc. Phil. Acad. Nat. Sc. 2, p. 48. (1844.)
Habitat : Québec, Ontario.
Brachynus minutus :
Harr. N. Eng. Farm. 7, p. 117. (1728.)
Habitat: Québec, Ontario.
Brachynus perplexus :
Dej. Spec. Col. 5, p. 426.
Habitat: Québec, Ontario.
Brachynus medius :
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 4, p. 207.
Habitat : Ontario, Québec.
Brachynus cyanipennis :
Say, Journ. Phil. Acad. Nat. Sc. 3, p. 143. (1823.)
Habitat: Ontario.
Brachynus lateralrs :
Dej. Spec. Col. 5, p. 426. (1829.)
Habitat: Québec.
PBrachynus alternans :
Hé. Sspec. Col. x, p. 310: (4825.)
Habitat: Ontario.
Brachynus ballistarius :
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 4, p. 190. (1848.)
Habitat: Ontario, Québec, (Hull, 19, vii, 14, Beaulne.)
Brachynus fumans :
Fabr. Syst. Elen., p. 210. (1810.)
Habitat: Québec, Ontario.
Brachynus cordicollis :
Dej. Spec. Col. 2, p. 466. (1826.)
Habitat: Québec, Ontario.
Brachynus Tschernikii :
Mann. Beitrag., p. 184.
Habitat: Québec. Jos.-I. BEAULNE.
(A suivre.)
32 LE NATURALISTE CANADIEN
PUBLICATIONS REÇUES
—(Smithsonian Institution.) 4 Monograph of the Foraminifera of the
North Pacific Ocean. V. Rotaliide, by J. A. Cushman. Washington.
1915.
— Bibliography of Canadian Zoology. 1913 (Exclusive of entomo-
logy ), by E. M. Walker.
Nous trouvons cette liste intéressante dans la livraison de mars 1915
(Section IV) des ‘‘ Transactions of the Royal Society of Canada”. Le
public serait surpris du grand nombre et de la variété des travaux scien-
tifiques publiés par nos savants canadiens, durant une seule année.
Malheureusement, nos compatriotes canadiens-français sont à peu près
absents de cette énumération (1), et cela démontre une fois de plus combien
l’on se désintéresse chez nous de l’étude des sciences. Quand et par
quels moyens prendrons-nous la place qui nous appartient sur ce terrain?
—(Bulletin of the Illinois State Laboratory of Natural History.) 7ke
Chironomideæ or Midges of Illinois, by John R. Malloch. 1915.
Cette monographie des moucherons de l’Illinois est un grand volume
abondamment illustré.
— Transactions of the Wisconsin Academy of Sciences, Arts and
Letters. Vol. XVII, Part II, Nos 1-6.
Très grande variété de travaux scientifiques.
— (Canada. Department of Mines.)
Summary Report of the Geological Survey Dept. of Mines for the
year 1913. Ottawa, 1914.
Investigation of the Peat Bogs and Peat Industrv of Canada, 1911-
1912, by A. v. Anrep. Ottawa, 1914.
Report on the Building and Ornamental Stones of Canada, Vol. II,
Province of Quebec, by W. A. Parks. Ottawa. 1914.
The Production of Copper, Gold, Lead, Nickel, Silver, Zinc and other
metals in Canada. 1913, by G. T. Cartwright. Ottawa, 1914.
A General Summary of the Mineral Production of Canada, 1913, by
J. McLeïsh. Ottawa, 1914.
Annual Report on the NWineral Production of Canada, 1913, by J.
McLeish. Ottawa, 1914.
(Museum Bulletin No. 7. Biological Series, No 4.)
P. A. Taverner, Anew species of Dendragapus (Dendragapus
Flemingi) from southern Yukon Territory. Ottawa, 1914.
Ch. Camsell, Géologie et Gisements minéraux de la région mninière
d'Hedley, C. A. Ottawa, 1914.
1.—En fait, M. C.-E. Dionne et nous-même sommes les seuls repré-
sentants du Canada français dans cette liste, qui occupe 15 pages.
LE
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Septembre 1915
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 3
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A. Huard
HISTOIRE ABRÉGÉE DE LA PUNAISE
Le docteur Horwarth, directeur du Musée zoologique de
Budapest et l’un des plus réputés parmi les entomologistes,
s’est demandé comment l'humanité avait hérité de l’insecte
connu par les savants sous le nom de C7#ex lectularrus,
appelé vulgairement punaise des lits. Ces insectes n'ayant
pas d’aïles, on se demandait comment ils avaient pu parvenir
jusqu’à nous.
Le docteur Horwarth a résolu la question. (C’est aux
chauves-souris que nous devons ce fléau. C’est sur ces ani-
maux que les punaises ont d’abord vécu en parasites. Elles
limitaient leur champ d’action au bassin de la Méditer-
ranée. Puis, les chauves-souris ayant rencontré l’homme
dans les cavernes et dans les maisons primitives, les
punaises ont renoncé aux aventures aériennes de leurs
hôtes ailés, en échange d’une demeure plus sédentaire.
C’est du moins l’explication rapportée par le Cosmos.
Les punaises ont si bien prospéré qu’on en connaît ac-
tuellement vingt espèces, ayant des représentants dans
toutes les parties du monde. L'Europe est la plus favo-
3.—Septembre 1915.
34 LE NATURALISTE CANADIEN
risée, avec sept espèces différentes... aussi désagréables
les unes que les autres.
0 :
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE KXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
(Continuëé de la page 29.)
(PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES)
Aster Novii-Belgii L.
Rivière-du-Loup. Bords rocheux. C'est l’espèce propre
de la côte de l'Atlantique. Elle est inconnue à l’ouest de
la Provinc:, où elle est remplacée par Aster Novæ-Angheæ
L. Voisine dans son habitat avec SoZzdago hispida Mubhl.
et fleurit en même temps.
Aster puniceus L.
Rivière-du-Loup.
Aster umbellatus Mill.
Rivière-du-Loup et partout. Commune.
Atripiex patula L.
var. hastata (L.) Gray.
Rivière-du-Loup (Anse -à-Persi); Cacouna. Rivages
salés, quelquefois aussi près de l’eau douce, commune,
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 35
Cette Arroche peut être employée comme succédanée des
épinards. I/efflorescence blanchâtre dont elle est recou-
verte s’interprète comme un dispositif destiné à réduire
l’évaporation, limitation nécessitée par la résistance qu’oppo-
sent à l'absorption les liquides chargés de chlorures.
Barbarea vulgaris R. Br.
var. longisiliquosa Carion.
Rivière-du-Loup. Fernald, qui a attiré l’attention sur
cette variété (25), dit qu’il ne l’a rencontrée en cette Pro-
vince qu’aux environs de la ville de Québec. Elle est
marquée par les caractères suivants: Siliques de 2-3 centi-
mètres de longueur, fortement appliquées sur l’axe de l’in-
florescence. Naturalisée depuis Rivière-du-Loup jusqu’au
Michigan, daus le Missouri et la Virginie.
Betula alba L.
var. Cordifolia (Regel.) Ferrnald.
Saint-Arsène (Collines de quartzite); île du Gros-
Pèlerin. La variété cordifolia paraît caractériser les sta-
tions élevées ou boréales.
Botrychium virginianum (L.) Sw.
Lac Témiscouata. Bord des bois.
Bromus ciliatus L.
Rivière-du-Loup. Bord des chemins.
Cakile edentula (Bigel.) Hook.
Cette remarquable Crucifère halophytique, dont les fruits
articulés sont si curieux, est commune sur les rivages au
moins depuis la Rivière-du-Loup jusqu’au Golfe. Le sable
des grèves, pourtant si pauvre en matières nutritives, lui
25. Fernald, M. L., North American Species of Barbarea. Rhodora,
IS 170;
36 LE NATURALISTE CANADIEN
suffit. Des caractères halophytiques elle possède les sui-
vants: succulence de la tige, carnosité, dimensions réduites
des feuilles. Cette plante, bien que caractéristique de l’ha-
bitat salin, se retrouve sur les bords des Grands Lacs.
Nous avons hasardé ailleurs une hypothèse au sujet de ce
fait de géographie botanique (26). I! est probable qu’à
l’époque Champlain, par suite de l’invasion marine, Îles
eaux (les Grands Lacs sont devenues saumâtres. Le Ca-
quilier une fois établi a pu s'accommoder graduellement au
changement de salure des eaux. On cite un fait analogue
dans la série animale (27).
D'après Star (28), le Caquilier présente les particularités
anatomiques suivantes: Zewrlles : couches extérieures de
l’épiderme, 4 microns; plusieurs couches de tissu palissadé
de chaque côté, avec une étroite bande de tissu lacuneux au
centre; tissu aquifère autour des faisceaux ; stomates sur
les deux faces; tissu conducteur peu développé. Z77ge:
épiderme épaissi, cellules extérieures de 10 microns.
Callitriche palustris L.
Lac Pratt. Commune.
Campanula rotundifolia L.
Rivière-du-Loup ; Cacouna; île du Gros-Pèlerin. Ro-
chers au bord de la mer. Rare à l’ouest de la Province
où elle ne semble pas quitter les hauteurs.
Capsella Bursa-Pastoris (L.) Médic.
Partout.
Carex arctata Boott.
Rivière-du-Loup. Belle espèce, préférant les bois
rich:s, abondante d’une extrémité de la Province à l’autre.
——
26. Marie-Victorin, Fr., loc. cit.
27. De Lapparent, A., loc. cit., p. 1678.
28 Starr, Anatomy of dune plants. Pot. Gaz., 54, 265.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 37
Carex atrata L.
var. OVata (Rudge) Boott.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi), (=C. atratiformis
Britton.) Ce Carex, remarquable par la riche couleur
pourpre de ses épis staminés, a une distribution géogra-
phique plutôt boréale.
Carex canescens L.
var. disjuncta Fernald.
Rivière-du-Loup. Commune. Forme à épillets dis-
tancés.
Carex flava L.
Lac Témiscouata. Grèves sabionneuses.
Carex glareosa Wahl.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Prairies saumâtres, en
compagnie de €. Vorvegica. Ce Carex essentiellement
halophytique forme des tapis purs, jaunâtres à maturité.
Cacouna, Bic (Fernald). Rare ou méconnue dans la
région.
Carex Goodenowii J. Gay.
Cacouna. Prairies au bord de la mer. Distribution
géographique très étendue dans les régions boréales.
Gaspé Bassin, rivière Pierre(Macoun); Cacouna(Burgess);
rivière Mecatina (herbier McGill.)
Carex hormathodes Fernald.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Espèce de création
récente à préférences halophytiques.
Carex lanuginosa Michx.
Lac Témiscouata (Grande-Anse). Ne se montre plus
que rarement au delà des eaux du Saint-Jean. Rivière-du-
Loup, Barachois de Malbaie, Gaspé. (Fernald.)
38 LE NATURALISTE CANADIEN
Carex lenticularis Michx.
Tadoussac. Rivages graveleux d’un petit lac. Semble
limitée à cet habitat spécial, et, dans cette situation, abon-
dante dans l’est du Québec: Bic, Riv. Grande-Cascapédia,
Grande-Rivière de Gaspé, Riv. Darmouth, Riv. Sainte-Anne-
des-Monts. (Fernald.) Nous ne connaissons pas ce Carex
dans la région montréalaise.
Carex leptalea Wahlemb.
Rivière-du-Loup. ‘Prairies humides. Très commune.
Dans l’ouest de la Province, semble limitée à l'habitat tour-
beux. Oka; Saïnt-Jérôme (Terrebonne) (Fr. M.-Victorin);
Ottawa (Fr. Rolland-Germain.)
Carex maritima O. F. Müeller.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Abondante sur les
rivages d’eau salée et les prairies saumâtres, du Labrador
au Massachusetts. Aussi en Europe. Epis gros et pendants,
glume longuement aristée, port caractéristique.
Carex Norvegica Willd.
Rivière du Loup (Anse-à-Persi). Carex halophytique
répandu sur les bords du Saint-Laurent. En compagnie de
Carex glareosa Wahlemb.—Nous donnons pour ce qu’elle
peut valoir l’observation ou plutôt la mésaventure sui-
vante. Les souris ont entièrement dévoré l’abondante
récolte que nous avions faite de cette plante, laissant
intactes les autres espèces au-dessus et au-dessous dans le
même paquet. Pourquoi cette préférence? En attendant la
réponse, avis aux intéressés.
Carex Oederi Retz.
Lac Témiscouata. Pointe d’ardoises siluriennes. Ce petit
Carex appartient à la flore de la vallée de la rivière Saint-
Jean, d’où il s'étend avec les terrains siluriens jusque dans
la Gaspésie. Bic (Fernald.)
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 39
Carex retrorsa Schwein.
Lac Témiscouata. Grèves sablonneuses.
Carex retrorsa Schwein.
var. Robinsonii Fernald.
Avec la forme typique.
Carex riparia W. Curtiss.
Rivière-du-Loup (Tourbières.) Fernald n’avait pas encore
rencontré cette espèce au nord de la vallée du Saint-Jean.
Rivière-du-Loup peut être considérée comme sa limite
extrême au nord.
Carex rostrata Stokes.
Lac Témiscouata (Grande-Anse). En eau peu pro-
fonde. Commune.
Carex stricta Lam.
Rivière-du-Loup (Tourbières). Espèce variable et très
commune. Comprend les variétés suivantes :
curtissima Peck.
angustata (Boott.) Bailey.
decora Bailey.
Douglastown, Gaspé Bassin. (Fernald.)
Carex trisperma Dewey.
Rivière-du-Loup. Bois marécageux. Commune. Espèce
très facile à reconnaître.
Carex vesicaria L.
Lac Témiscouata (Grande-Anse). Commune.
Castilleja pallida (L.) Spreng.
var. septentrionalis (Lindl.) Gray.
Lac Témiscouata. Très abondante et caractéristique des
roches siluriennes de cet endroit. Belle Scrofulariacée,
remarquable par ses bractées pétaloïdes blanchâtres. La
40 LE NATURALISTE CANADIEN
Castillégie est commune le long du Saint-Jean et de ses
affluents, et sur les rivières gaspésiennes: Ristigouche,
Métapédia, Grande - Cascapédia, Bonaventure, etc. (Fer-
nald.)
Catabrosa aquatica (L.) Beauv.
Cacouna (Prairie saumâtre). Graminée hydrophile qui
ne semble pas redouter l’action des chlorures. Dans cette
station croissant avec les Spergulaires halophytiques.
Cerastium arvense L.
Rivière-du-Loup. Collines cambriennes. Cette espèce, au
moins dans sa variété oblongifolium, recherche les cal-
caires ou la serpentine. Corrélativement, l’analyse des
cendres du C. arvense accuse une forte teneur en magné-
sie. Témoin la suivante :
Sihces#r2 RS
Alumine et oxyde de fer...18.58%
CHAUX . . SNS 9.35/
Magnéier @. . LL des te
Bic, Pointe-au-Père, Mont Albert (serpentine), Percé
(Fernald).
Chrysoplenium americanum Schwein.
Rivière-du-Loup. Fréquente.
Cirsium lanceolatum (L.) Hill.
Rivière-du-Loup. Bord des chemins et pâturages.
Coelopleurum actaeifolium (Michx) Coult. & Rose.
Rivière-du-Loup; N.-D. du Portage. Cette robuste Om-
bellifère est confinée à l'habitat halophytique et paraît
avoir été assez mal comprise dans le passé. Macoun (29)
29. Macoun, J., Catalogue of Canadian Plants, p. 184.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 41
doute de sa distinction spécifique d'avec Zigusticum
Scothicum 1. Pour ceux qui ont vu les deux plantes sur
le terrain, le doute n’est cependant guère possible. C.
actæifolium est une plante beaucoup plus robuste que Z.
Scothicum.
Comandra livida Richards.
Rivière du-Loup (Collines de quartzite). Rare. Bic,
Pointe-au-Père et vers l’est (Fernald). Aussi dans Îles
Laurentides (Fr. M.-Victorin).
Conioselinum chinense (L.) BSP.
Cacouna; Trois-Pistoles. Ombellifère commune sur les
corniches schisteuses du rivage.
Corallorhiza maculata Raf.
Rivière du-Loup. Locale. Bic, Percé (Fernald). Paraît
moins abondante au nord que €. {r1fida Châtelain.
Corallorhiza trifida Châtelain.
Rivière-du-Loup. Bois. C’est l'espèce commune dans Îa
région.
Cornus canadensis L.
Rivière-du-Loup; Cacouna; Lac Témiscouata. C’est
dans les cédrières de ce dernier endroit que le Cornouiller
du Canada se développe dans toute sa vigueur. Avec une
mousse, l'Æypnum Crista-Castrensis L., il forme le linceul
qui recouvre les générations de cèdres morts. Nous lisons,
dans le récit d'unc herborisation de Northrop au Lac Té-
miscouata (30), que les Canadiens appellent le fruit de
cette plante : “ La rouge”. À notre connaissance, le fruit
du Cornouiller est connu des Canadiens sous le nom de
“Quatre-Temps” et pas autrement. Il s’agit peut-être d’une
30. Northrop, John R., Plant notes from Temiscouata County. Bull.
Zorr. Bot. Club, XIV. 1887.
42 LE NATURALISTE CANADIEN
expression locale. Northrop dans un autre écrit (31), rela-
tif encore au lac Témiscouata, consigne une curieuse ob-
servation: “Il y avait, dit-il, de grandes étendues de
Cornus Canadensis, et j'ai noté qu'ici comme ailleurs il
est imposSible de trouver un seul individu florifère à quatre
feuilles. Frappé de ce fait en herborisant dans les mon-
tagnes Blanches, j’en avais fait un point d'observation tout
cet été; mais après avoir examiné des centaines d’indivi-
dus, je ne trouve pas d'exception à cette règle.”
Cornus Suecica L.
Rivière-du-Loup (Poïnte-à-Persi) ; île du Gros-Pèlerin.
Sur les corniches de rochers. Aussi dans les mêmes situa-
tions à Cacouna, à quelques milles plus bas, d’après
Fernald.
Cette plante arctique-alpine appartient à la flore propre
des terrains archéens du Canada et de la Scandinavie. Sa
présence sur la rive du Saint-Laurent est un fait phytogéo-
graphique important. Elle établit une fois de plus que les
falaises de la côte, exposées au vent froid du large, réunissent
les conditions déterminantes de l'habitat arctique-alpin.
C’est évidemment le Cornouiller de la Suède que l’abbé
Moyen avait sous les yeux quand il écrivait, à la page 175
de la ÆVore du Canada, la note suivante: “Nous avons
reçu du Labrador deux échantiilons de Cornouiller à in-
volucre pétaloïde, qui semblent différer notablement du
C. Canadensis. Chaque rhizome émet plusieurs tiges
simples de 6-7 pouces de hauteur. Les feuilles de ces
tiges, au nombre de 4-5 paires, sont toutes opposées et
deviennent d'autant plus grandes qu’elles sont plus rappro-
chées des fleurs. Celles-ci qu’entoure l’involucre sont d’un
31. Northrop, John R., Plant notes from Tadoussac and Zemis-
couata County. Bull. Torr. Bot Club, XIV. 1890. ;
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 43
rouge cramoisi, au lieu d’être blanc-verdâtre comme dans
l'espèce commune.”
Corydalis sempervirens (L.) Pers.
Ile du Gros-Pèlerin.
Crataegus Jonesae Sargent.
Rivière-du-Loup. Au tournant de la descente qui va à la
Pointe. Si la détermination conditionnelle de M. Sargent
est confirmée, cet arbre est nouveau pour le Canada conti-
nental. L'espèce décrite du Maïne a été retrouvée une
fois dans le Nouveau-Brunswick. Nous reproduisons ici,
en la traduisant, la description détaillée de M. Sargent (32):
Feuilles elliptiques ou ovales, aiguës, se rétrécissant
graduellement ou à base largement cunéiforme, double-
ment et irrégulièrement dentées dans la partie supérieure
(les dents munies de glandes rougeâtres, décidues), généra-
lement divisées au-dessus du milieu en deux ou trois paires
de lobes aigus ou acuminés, ayant atteint la moitié de leur
longueur lors de l’éclosion des fleurs (1ère semaine de juin
pour le Maine), époque où elles sont membraneuses et
recouvertes d’une pubescence soyeuse, surtout abondante
sur les principales nervures de la face inférieure. À ma-
turité les feuilles sont épaisses et coriaces, vert foncé et
luisantes supérieurement, de 3-4 pouces de longeur, de 2-3
pouces de largeur; nervure médiane forte, se ramifiant en
4-6 paires de nervures primaires et en nervures secondaires
apparentes; pétioles robustes, ailés vers ie sommet,
d’abord villeux, puis glabres, lavés de rouge au-dessus du
milieu, de 112-2 pouces de longueur, souvent tordus à la
base à la fin de l’été, de manière à présenter la face infé-
rieure de la feuille à la lumière. Sur les pousses vigou-
reuses, les feuilles sont généralement plus grossièrement
32. Sargent, C. S., Wanual of the trees of North America, p. 460.
44 LE NATURALISTE CANADIEN
dentées et plus profondément lobées, avec des pétioles
largement ailés et des stipules arqués, munis de dents
glanduleuses, pouvant atteindre 1 pouce de longueur.
Fleurs de 1 pouce de diamètre, à longs pédicelles grêles,
réunies en corymbes composés, lÂches et tomenteux, les
lobes larges à la base, se rétrécissant brusquement, allon-
gés, aigus, entiers et velus; étamines, 10; anthèresgrandes,
et de couleur rose; style, 2-3, entouré à la base par un
anneau de pubescence pâle.
Fruit mûrissant au commencement d'octobre, sur des
pédicel.es grêles et allongés, en groupes nombreux, glabres
ou pubérulents, pendants, oblongs ou oblongs-ovales, com-
pacts et arrondis aux bouts, d’un carmin éclatant, occasion-
nellement pointus, de 3-1 pouce de longueur, de 34 de
pouce de largeur; calice persistant, ses lobes allongés et
élargis s'appliquant étroitement sur le fruit; chair-épaisse,
jaune, sucrée et pâ'euse; noyaux, 3, rarement 2, épais,
rétrécis et aigus à la base, gonflés et arrondis, cannelés
dorsalement, avec une forte saillie médiane de 7/16 de
pouce de longueur.
Un arbre pouvant atteindre 20 pieds de hauteur et un
diamètre de 1 pied, couvert d’une écorce brunâtre et écail-
leuse, et dont les branches ascendantes ou étalées forment
une tête large et irrégulière. Rameaux d’abord tomenteux,
devenant brun orangé, glabres et très luisants durant la
première saison, et gris pâle l’année suivante, armés de
fortes épines de 2-3 pouces de longueur, droites ou recour-
bées, généralement dirigées vers l’insertion de la branche.
; Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
———: 00: —
_ tlnioalts délai DRE
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 45
LES COLHOPTERES DU CANADA
Quelques notes bibliographiques, et distribution géographique
des différentes espèces.
PARTIE II
(Continué de la page 31.)
62e genre
BRACHYNUS, Web.
Brachynus pulchellus :
Blatchley. Col. of Indiana, p. 161. (1910.)
Habitat: Ontario.
63e genre
MISCODERA, Esch.
Ce sout des carabiques à reflets métalliques très brillants,
que l’on rencontre sous les pierres et les pièces de bois
dans les endroits frais et ombragés. Ils émettent un fluide
qui a une odeur de camphre mélangé de créosote.
Horn, Trans. Am. Ent. Soc. 1881, 9, p. 168.
Miscodera arctica :
Payk. Fn. Suec. 1, p. 85.
Habitat: Alaska, Ontario, Terre-Neuve.
Miscodera insignis :
Mann.
Habitat: Alaska.
64e genre
ZACOTUS, Lec.
L'espèce de ce genre se rencontre près des petits ruis-
seaux, dans les forêts épaisses. Une seule espèce dans
46 LE NATURALISTE CANADIEN
notre faune. On la trouve dans la partie ouest extrême
du Canada.
Zacotus Matthewsii :
Lec.
Habitat : Colombie-Anglaise.
65e genre
CHLAENIUS, Bon.
Les Chlénies sont toutes de taille moyenne ou au-dessus,
plus forte que celle des Amares. Plusieurs sont brillam-
ment colorées. On les trouve le plus souvent sous les
bois pourris ou les vieux fumiers, les pierres dans les
endroits humides où elles se nourissent de vers gris et
autres insectes. Dans 23 individus disséqués par le Dr
Forbes, 837 du contenu de l'estomac fut trouvé comme
étant composé d’origine animale. De cela, 657 était
d'insectes, principalement de vers gris, larves de Pyrale de
la pomme et autres formes d’insectes nuisibles. De ce
qui précède, il résulte que les Chlénies sont les plus utiles
de nos Carabiques. Elles possèdent presque toutes une odeur
de fumier pourri fort désagréable, et tellement pénétrante
qu’il suffit de les toucher pour en avoir les doigts imprégnés
pendant plus d’une demi-heure. On compte de 20 à 25
espèces dans notre faune.
Les principaux auteurs qui traitent de ce genre sont les
suivants :
Leconte.— Analytical Table of the Species* of Chlaenius
tn the Umited States, in Proc. Acad. Nat. Sc. 8, p.
25, 1856.
Horn.— Revision of the Species of Chlaenius 1n the
United States, in Trans. Amer. Ent. Soc. 5, p. 253,
(1876).
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 47
Synoptic Table -in Bull/#ÆBrook. Ent. Soc. 4, p. 3,
(1882).
Blatchley.— Coleoptera of Indiana, 1910, p. 153.
Chlaenius viridiformis :
Esch: Zool. "Atl. 5, p. 27.
Habitat: Québec.
Chlaenius erythropus :
Germ. Ins. Spec. Nov., p. 11, (1824).
Habitat: Québec, Ontario.
Chlaenius fuscicornis :
Dej. Spec. Col. 5, p. 64.
Habitat: Québec.
Chlaenius sericeus :
Forst. Nov. Spec. Ins. Cent. 1. p. (1771.)
Habitat: Nouveile-Ecosse, Québec, Ontario, Territoires du
Nord-Ouest, Manitoba, Alberta.
Chlaentus laticollis:
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 64. (1823.)
Habitat: Québec.
Chlaentus diffinis :
Chand. Bull. Mosc. 3, p. 270. (1856.)
Habitat: Québec.
Chlaenus aestivus :
pay, Lratis. Am. Phil S0E2, 'p. 62. (1823;:)
Habitat: Québec.
Chlaenius cumatilis :
Eec.' Am: Lye: Nat. HIS D. 170.
Habitat: Québec.
Jos.-I. BEAULNE.
(A suivre.)
48 LE NATURALISTE CANADIEN
PUBLICATIONS REÇUES
a
—(Canada. Department of Mines.)
A.C. Lawson, Géologie du lac Stleeprock, Ont.—C. B. Walcott,
Notes sur les fossiles du Calcaire du même. Ottawa, 1915.
(Notes du Prospecteur. No 1.) W. Malcolm, MVofes sur les minéraux
contenant du radium. Ottawa, 1914.
R. W. Ells, Æapport sur la Géologie d'une partie de l'est d'Ontario.
Ottawa, 1914.
D. D. Cairnes, Rapport sur une partie des Districts miniers de Conra
et Whilehorse, Yukon. Ottawa, 1915.
—PBulletin of the American Museum of Natural History, Nol.
XXXIII. New Vork. 1914.
Ce volume contient 43 mémoires sur divers sujets de l’histoire natu-
relle de l'Amérique .
— Transactions of the Wisconsin Academy of Sciences, Arts and Let-
ters. Nol. XVII, Part. I, Nos. 1-6.
— Proceedings of the California Academy of Sciences.
Varia. Third & Fourth Series, 1903-1914.
La P. 1. du vol. 11, 4th Series, est la section X du rapport de l’expé-
dition de l’Académie aux îles Galapagos, et a pour titre: 74e Gigantic
Land Tortoises of the Galapagos Archipelago, by J. Van Denburgh.
— (Ministère des Mines, Canada.) |
Chs Camsell, Æapport préliminaire sur une partie du District de
Simtilkameen, C.-B. 1914.
(Bull. 2.) Gisements de minerais de fer de la mine de Bristol, P. 2.—
Levé magnélométrique, etc.—Concentration magnétique de minerats.
1915.
—Archivos do Museu Nacional do Rio de Janeiro. Vol. XVI. zg11.
Ce beau et grand volume, illustré, est consacré à la faune des poissons
du Brésil.—Daté de 1911, il nous est arrivé en 1915. Ce long retard
n’est peut-être pas étonnant, si l’on considère qu'il portait l’adresse amu-
sante que voici: ‘‘Cape Rouge, Ontario (Canada).”?
— Librairie P. Téqui, 82, rue Bonaparte, Paris (Libr. J.-P. Garneau,
rue Buade, Québec):
Le Mois des Fruits, par un Religieux de l'Ordre des Frères-Prêcheurs.
1 vol. in-16 de 356 p. Prix : 1 fr. 25.
L'Ame de Roland, par M. Battanchon, épisode des guerres de reli-
pion. Prixé aff
Allocutions pour les Jeunes Gens, par Paul Lallemand, prêtre de
l'Oratoire etc. Tre Série geléd!In-12 Prix - 2hfr.
Matutinaud lit la Bible, par M. l'abbé E. Duplessy, In-8° illustré.
Prix: 25Îr. 50:
——— :00 :—-
LE | |
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Octobre 1915 ;
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 4
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A., Huard
PROPOS D'ACTUALITÉ
Nous devons renvoyer à beaucoup plus tard la publi-
cation d’un article de M. Firmin Letourneau sur la Zr4-
lure des arbres fruitiers. En effet, d’après des conventions
solennelles —que jusqu'ici, il est vrai, nous n'avons remplies
qu'avec une fidélité relative—n ‘ Flore du Témiscouata ??
doit avoir la préséance sur toute autre chose et remplir
presque entièrement nos livraisons de l’année. Disons, en
passant, qu’il sera fait un tirage à part de cette contribution
si importante à la botanique de la province de Québec.
M. Letourneau, que nous venons de nommer et que nos
lecteurs connaissent déjà, vient de suivre un cours d’ento-
mologie à Guelph, Ont. Il est aujourd’hui professeur
d'entomulogie à l’Institut agricole d’'Oka. Que voilà des
nouveautés chez nous! Suivre un cours d'entomologie,
enseiguer l’entomologie: cela ne s’est jamais vu parmi
nous. Saluons donc ces initiatives inespérées, qui démon-
trent que l’histoire naturelle fait toujours bien quelques
pas en avant, dans la province de Québec.
4.—Octobre 1915.
so LE NATURALISTE CANADIEN
Il faut toutefois avouer que nous n’avançons encore
qu'à pas bien lents dans les domaines scientifiques.
Nous avons sous les yeux, en ce moment, les récentes
pub'ications du Bureau de Biologie maritime du Canada.
On sait que cette institution—où nous avons l'honneur
de représenter l'Université Laval-—-maintient trois stations
d'études sur l'Atlantique, sur le Pacifique et sur les grands
lacs, lesquelles sont pourvues de tout le matériel nécessaire
pour faciliter le travail des naturalistes qui désirent y pour-
suivre des études biologiques. Eh bien, depuis le nombre
d'années que ces Stations sont ouvertes tous les étés, pas
un seul Canadien-Français ne s’y est enregistré parmi les
travailleurs qui y passent des semaines et des mois chaque
été! Et, dans les publications annuelles du Bureau, aucun
des mémoires ne porte la signature d’un Canadien-Frauçais!
Travaiileurs ou écrivains, tous sont des professeurs ou des
élèves des universités de langue anglaise du Canada. Cette
constatation est à nos yeux absolument navrante. Sans
doute, il ne faut pas conclure de là que nous occupons un
rang iuférieur dans le domaine intellectuel. Au con-
traire, nous pouvons dans les hautes sphères de l’intellec-
tualité, théologie, philosophie, droit, littérature, etc., reven-
diquer un rang même glorieux. Mais pourquoi laissons-
nous les races rivales occuper seules le terrain des sciences
naturelles? Notre infériorité sur ce point ne cient pas à
notre origine, comme le démontre assez le fait que la
France compte depuis longtemps des représentants parmi
fes plus grands naturalistes de tous les pays et de tous les
temps. Souhaitons qu’un jour vienne où ses fils d'Amé-
rique aient à cœur d’être fidèles, en ce domaine aussi, à
‘ses grandes traditions...
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 51
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE KHXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
(Continué de la page 44.)
(PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES)
Cypripedium acaule Aït.
Rivière-du-Loup; ile du Gros-Pèlerin; mont Pilote; ile de
Cacouna (Penhallow). Bois. Encore en fleur au milieu de
juillet.
Cypripedium hirsutum Mill.
Lac Témiscouata. Bord des bois. Plutôt locale dans la
Province. Montréal (Holmes) ; Nicolet (Saint-Cyr) ; Oka
(Dupret et Victorin).
On sera peut-être surpris d'apprendre que l’on a parfois
attribué à cette magnifique Orchidacée une action toxique
analogue à celle de l’'Herbe à la Puce (Rhus toxicodendron)
(32). Mais cette toxicité nous parait plus que douteuse, et,
si elle existe, il faut, à plus juste titre encore que pour le
Sumac vénéneux, recourir à la doctrine commode des idio-
syncrasies pour expliquer les expériences et les témoignages
contradictoires.
32. Bull. Torr. Bol. Club. VI, 15. 1875.
52 LE NATURALISTE CANADIEN
Cypripedium parviflorum Salisb.
var. pubescens (Willd.) Knight.
Rivière-du-Loup; lac Témiscouata. Bois. Encore en fleur
à la fin de juillet. On ne rencontre ici que de rares indivi-
dus de cette belle Orchidacée. Bic, Bonaventure, Gaspé,
(Fernald).
Danthonia spicata (L.) Beauv.
Rivière-du-Loup. Collines de quartzite. Nous avons si-
gnalé ailleurs (33), le rôle que joue cette plante sur le
gneiss laurentien. Sur les collines cambriennes de la rive
sud, elle est beaucoup moins abondante et très différente
d'aspect. Fernald nous écrit à ce propos : “ À perplexingly
variable plant; but no one has yet been able to find stable
characters to divide it upon. ”
Draba arabisans Michx.
var. Orthocarpa Fernald et Knowlton.
Trois-Pistoles (Fr. Rolland-Germain) ; île du Gros-Pèle-
rin. Variété à fruits non tordus, séparée en 1905 par Fernald
et Knowlton (34) d'après des spécimens récoltés au Bic.
L'espèce est répandue depuis les Grands Lacs jusqu'au
Golfe. Cependant, dans l’ouest de la Province, nous ne la
trouvons que sur les hauts rochers trappéens du mont Saint-
Hilaire. La variété parait spéciale au littoral. Labrador,
Anticosti, Percé, Petite-Rivière (Gaspé), Bic (Fernald).
Eleocharis palustris (L.) R. &S.
var. glaucescens (\Willd.) Gray.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Prairies saumâtres.
33. Marie-Victorin, Fr., Les Galets. Bull. Soc. Géog. de Québec, VII,
17. 1913 (janvier-février).
34. Fernald et Knowlton, 2raba incana and allies. Rhodora, VIT, 61.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 53
Elymus arenarius L..
var. Villosus FE. Mever.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Cette Graminée est très
importante au point de vue écologique. Depuis le Maine jus-
qu'au Labrador c'est la véritable “ herbe des rivages mari-
times”. Comme beaucoup d'espèces psammophiles, cette Gra-
minée a la face supérieure creusée de sillons longitudinaux
plus ou moins profonds et porte des cellules bulliformes bien
développées ; on attribue à ces cellules un rôle dans l’enrou-
lement de la feuille.
L'identité de cette plante sous la forme où elle croît sur la
côte atlantique vient d’être établie définitivement par M. H.
St. John (34a). C’est évidemment cette plante que Pro-
vancher (34b) avait sous les yeux quand il décrivit comme
espèce nouvelle Elymus ampliculmis Prov., d'après une ré-
colte faite à l’Isle-Verte, comté de Témiscouata. Meyer ayant
distingué déjà en 1830 la plante américaine de la plante euro-
péenne sous le nom de var. zillosus (34c), le principe de
priorité ne permettait pas de conserver cette création de
Provancher.
Bic, Petit-Métis, Tourelle, etc. (Fernald).
Empetrum nigrum L.
Rivière-du-Loup (Pointe-à-Persi) ; ile du Gros-Pélerin;
mont Pilote. Rochers de la côte. La Camarine noire a donné
lieu à une intéressante étude de géographie botanique de la
part de Fernald, étude dont je me contenterai de mentionner
les conclusions, en y ajoutant quelques remarques.
34a. St. John, H., Æ/vmus arenarius and its American representa-
Lives. Rhodora, XVII, 98.
345. Provancher, abbé L , Ælore canadienne. 11, 706, 1862.
34c. Meyer, E., P1. Labrador. 20 (1830).
54 LE NATURALISTE CANADIEN
Fernald constate d’une part (35) que la Camarine est la
plus abondante Phanérogame du Labrador, que sa zone de
distribution coïncide avec l'étendue de terrain archéen connu
sous le nom de “ Bouclier canadien ”. Il fait ensuite remar-
quer que la plante manque aux Montagnes Rocheuses (cal-
caire), et qu'au sud du Saint-Laurent on ne la rencontre que
dans les endroits où les roches potassiques dominent, et dans
les tourbières. Il en conclut que la Camarine noire a des pré-
férences marquées pour la potasse et est essentiellement
calcifuge.
Mais est-ce bien la potasse qui fixe la Camarine noire sur
les roches archéennes et dans les tourbières ? “ Extrêémement
soluble par elle-même, dit Contejean, la potasse existe en
grande abondance à l’état de silicate insoluble dans toutes
les roches feldspathiques; mais, comme elle est absorbée à
l'état de carbonate et que ce dernier sel se produit lentement,
et toujours en quantité fort minime, on ne peut guère pré-
tendre que les roches feldspathiques se trouvent avantagées
sur toutes les autres, ni qu'elles soient plus riches en potasse
disponible et assimilable. Les cendres végétales en ren-
ferment constamment; aussi doit-on admettre qu'il en est
de cet alcali comme de la silice ; que, dans toute espèce de sol,
la potasse assimilable se rencontre à peu près en égale pro-
portion, et que les plantes en trouvent partout suffisamment.
Nous sommes ainsi conduits à lui refuser toute influence
spéciale sur la dispersion spontanée des végétaux (36).”
Notre collaborateur, le fr. Rolland-Germain, nous fait à
ce sujet l'observation suivante : “ Ce que dit Contejean s’ap-
plique aux terrains et non pas aux rochers à peu près dénu-
dés. L’argument que Fernald tire des tourbières ne perd de
35. Fernald, M. L., Soil Preference of Alpine Plants. Rhodora, IX,
I9I.
36. Coaitejean, AÀ., Znfluence du terrain sur la végélation, p. 105.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 55
ce fait qu’une partie de sa valeur. Quant à l’argument tiré
des rochers sur lesquels pousse la Camarine, c’est différent:
Sur les rochers calcaires, je doute fort que l’on trouve de la
potasse. D'autre part, les racines, grâce à l'humidité atmog-
phérique, décomposent les roches avec lesquelles elles sont
en contact immédiat, par l'émission d'acides et de gaz car-
bonique. La Camarine peut donc prendre la potasse des
roches feldspathiques et ne peut en trouver sur les rochers
calcaires. L’argument : “ La Camarine pousse où il y a pré-
dominance de potasse et ne pousse pas là où elle manque;
donc, la Camarine a des préférences marquées pour la po*
tasse ’, tire sa valeur absolue du cas des rochers, et une
valeur relative du cas des tourbières à cause de la prédomi®
nance incontestable de la potasse dans la tourbe. ” |
Des expériences récentes semblent prouvet (37) que les
sels de potasse et de magnésie, employés séparément, ont un
effet toxique sur les plantes, mais qu'employés simultané-
ment et en proportions déterminées, les effets toxiques dis-
paraissent complètement. ,
Epilobium angustifolium L..
: a:
Commune partout. Rencontré aussi la forme à feéur$
blanches. 1 EM
Epilobium palustre L. gs
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Prairies saumatres.
Epipactis decipiens (Hook.) Ames. ke
Lac Saint-Hubert. Bois profonds, au cœur des Apalaches
témiscouatiennes. Cette belle Orchidacée se rencontre deër-
delà avec Habenaria orbiculata. Bic, rivière Marsouin, mont
Albert, Percé, Carleton (Fernald). e
37. Osterhout, Bof. Gaz. 45, 116-124.
56 LE NATURALISTE CANADIEN
Equisetum littorale Kuehl.
. Lac (Témiscouata. Déjà mentionnée au pied du mont
Wissick, _sur la rive opposée du lac, par Northrop.
Equisetüm palustre JL.
: Lac Témiscouata. Bords sablonneux, à la ligne des arbris-
seaux.
Equisetum scirpoides Michx.
Lac Témiscouata. Lieux sourceux, associée à une mousse :
Philonotis fontana (L.) Brid. Sans fructifications, cette
espèce peut être facilement confondue avec des formes dé-
biles d autres Prêles, et c'est pour cela sans doute qu’elle est
si rarement récoltée.
Erigeron acris L.
+: ‘var. asteroides (Andrz.) D. C.
Lac Témiscouata. Sur les argilites exposées le long des
coupes dû chemin de fer. Ispèce boréale inconnue, semble-t-
il, dans la Province en dehors de la Gaspésie.
Les descriptions que font de cette plante la plupart des
Flores sont défectueuses en ce qui concerne les capitules.
“fnsolucre hemisphoric”, dit l'{llustrated Flora(38) ; “Heads
nearly hemispherical”, lisons-nous dans Gray's Manual(39).
Or l'examen attentif des spécimens à l’état de nature nous
montre. les capitules comme étant cylindriques-turbinés.
L'étude de la plante d'après des spécimens déformés par la
pression est la cause de cette erreur. Ainsi la figure donnée
dans ? Iistrated Flora rend fidèlement l’état de nos propres
ééhantillons après SAR et écrasement des Capitules-
Bonnier et fa 40).
38. Britton & Brown, ///us{rated Flora XII, 44r.
39, Gray's Manual of Botany, 7th Edition, p. 818.
40. Bonnier & Layens, Ælore comptèle de la France, p. 161.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 57
Erigeron canadensis L..
Lac Témiscouata. Lieux ouverts.
Erigeron hyssopifolius Michx.
Gorges de la Rivière-du-Loup. Plante calcicole. Assez
commune le long des rivières du système du Saint-Jean jus-
qu'à Gaspé, d’après Fernald.
Festuca rubra L.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Prairies saumätres.
Cette Graminée halophytique ne s'éloigne guère de la côte.
Les individus croissent isolément, et le chaume est filiforme.
L'espèce comprend plusieurs variétés répandues depuis le Té-
miscouata jusque dans la Gaspésie.
Fraxinus nigra Marsh.
Lac Témiscouata. Bords du lac. Très abondant.
Le Frène de Pensylvanie, si répandu sur le Silurien de
certaines parties de la Province, semble faire défaut 1c1.
Fernald en signale l'existence sur le cours de la rivière Saint-
Jean à Fort Kent, et croit qu'on pourrait le trouver dans la
vallée de la Madawaska.
Sargent (41) dit que le Frène de Pensylvanie, quand ül
passe à l'ouest des Alleghanys, diminue de taille et devient
moins fréquent. Nous observons que, sur la rive sud du
Saint-Laurent, en face de Montréal, le Frêne de Pensylva-
nie est très abondant et exclut les autres espèces.
Galium asprellum Michx.
Rivière-du-Loup. Très rameux et le mieux armé peut-être
de tous nos Gaillets. Porte des aiguillons recourbés sur les
tiges, le contour des feuilles et les nervures. Croiît dans les
4t. Sargent, C. S , Manual of the trees of North America, p. 771.
58 LE NATURALISTE CANADIEN
fossés en touffes denses. Les spécimens desséchés doivent
être soigneusement séparés si l’on ne veut les voir se prendre
en une masse inextricable.
Inconnu aux environs de Montréal. Existe dans les Lau-
rentides, Saint-Raymond (Portneuf).
Galium Kamtschaticum Steller.
Lac Saint-Hubert. Bois humides. Cette petite Rubiacée
boréale est une de nos plus intéressantes trouvailles dans le
comté de Témiscouata. Fernald ne la connaissait auparavant
que dans quelques ravins frais du comté de Gaspé. Elle est
confinée aux régions montagneuses du nord de l’ Amérique
et de l’Asie. Depuis nous l’avons retrouvée dans les Lauren-
tides (Comté de Portneuf).
Galium palustre L.
Cacouna; Saint-Simon (Rimouski). Sables maritimes.
Gaylussaccia baccata ( Wang.) C. Koch.
Rivière-du-Loup. Collines de quartzite. Plante xérophile
portant un fruit comestible à l’égal du bluet (Vaccinium).
Fernald dit que cet arbrisseau est abondant sur les îles de
la Madeleine, mais manque dans la péninsule gaspésienne.
Cap à l’Aigle (Fernald). Sa distribution générale va de
Terre-Neuve au Manitoba.
Gentiana acuta Michx.
Trois-Pistoles; Saint-Simon (Rimouski). Plante boréale
calcicole. Sur les rochers de la côte. Facilement méconnue
en raison de sa petite taille, de ses fleurs peu apparentse, et,
de plus, par le fait qu’elle mime curieusement le port de
Halenia deflexa(Sm.) Griseb. En 1891, Penhallow la trouve
abondante à la Pointe-à-Persi, qu'il appelle Pointe de
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 59
Cacouna(42). Bic, Côtes de la Gaspésie (Fernald) ; Trois-
Pistoles (D. A. Watt); Rivière-du-Loup (Thomas) (43).
Geum macrophyllum Willd.
Rivière-du-Loup; Cacouna. Cette Benoite remplace au
nord notre vulgaire G. strictum Aït. On la distingue de cette
dernière surtout par la grande dimension du lobe terminal
des feuilles radicales. Très commune dans Témiscouata.
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
——— 00! —
LES COLHOPTERES DU CANADA
Quelques notes bibliographiques, et distribution géographique
des différentes espèces.
PARTIE II
(Continué de la page 47.)
65e genre
CHLAENIUS, Bon.
Chlænius prasinus :
Dei. Spec. Col. 2, p. 345:(1826.)
Habitat: Québec.
Chlænius lencoscellis :
Chev. Col. Mex. 1, p. 71. (1834.)
Habitat : Québec, Ontario.
42. Penhalluw, D. P., Ælora of Cacouna. Can. Record of Sci. IV 451
43. Macoun, J., Catalogue of Canadian Plants, II, 322.
60 LE NATURALISTE CANADIEN
Chlænius solitarius :
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 65. (1823.)
Habitat : Québec, Ontario.
Chlænius Obsoletus :
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 5, p. 180.
Habitat: Québec.
Chlænius variabilipes :
Esch.:Z00l At NE. 27:
Habitat: Québec.
Chlænius nemoralis :
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 65. (1823)
Habitat: Ontario. Québec.
Chlænius tricolor :
De. Spec. Col”2%p, 334. (1826)
Habitat: Québec, Ontario.
Chlænius Pennsylvanicus :
Say, Trans. Ati. Phil, Soc. 2//p' 66 1110229
Habitat: Québec, Ontario, Territoires du Nord-Ouest,
Manitoba, Alberta.
Chlænius impunctifrons :
Say, Frans. Am. Phil. Sac. 2, p.64
Habitat: Québec, Ontario.
Chlænius harpalinus :
Éseh. Zool.. Atl-5, ps 27.
Habitat: Colombie-Anglaise.
Chlænius interruptus :
Horn, Trans. Am. Ent. Soc. 5, p. 250.
Habitat: Colombie-Anglaise, Manitoba, Territoires du
Nord Ouest, Alberta.
Chlænius niger :
Rand. Bost. Journ. Nat. Hist. 2, p. 34.
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Terre-Neuve.
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 61
Chlænius alternatus :
Horn, Trans. Am. Ent. Soc. 1871, p. 327.
Habitat: Saskatchewan.
Chlænius purpuricollis :
Rand. Bost. Journ. Nat. Hist. 2, p. 35.
Habitat: Manitoba.
Chlænius tomentosus :
Der, Spee: Col..2, p. 35%
Habitat : Québec, Ontario.
66e genre
ANOMOGLOSSUS, Chand.
Les espèces de ce genre ressemblent beaucoup aux Chlé-
nies. On les rencontre sous toutes sortes de déchets ou débris
dans les localités humides.
Les auteurs suivants traitent de ce genre:
Horn.—In 7rans. Am. Entom. Soc. 5, 1876, pp. 273-274.
In Bull. Brook. Ent. Soc. 4, p. 29. (1882.)
Biatchley.— Coleoptera of Indiana, 1910, p. 160.
Anomoglossus emarginalus :
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 62. (1823)
Habitat : Québec, Ontario.
Anomoglossus pusillus :
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 63. (1823.)
Habitat: Québec, Ontario.
67e genre
BRACHYLOBUS, Chand.
On rencontre les espèces de ce genre dans les endroits
sablonneux humides, sur le bord des lacs et des petits cours
d’eau.
62 LE NATURALISTE CANADIEN
Les auteurs suivants traitent de ce genre:
Horn.—In 7rans. Am. Ent. Soc. 5, pp. 273-274. (1876.)
In Bull. Brook. Ent. Soc. 4, p. 29. 1882.
Blatchley.— Coleoptera of Indiana, 1910, p. 170.
Brachylobus lithophilus ;
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2, p. 62. (1823.)
Habitat: Ontario, Québec.
68e genre
LACHNOCREPIS, Lec.
Les espèces de coléoptères de ce genre se rencontrent sur
le sable et la vase, sur le bord des ‘lacs, les étangs et les
cours d’eau.
Les auteurs suivants traitent de ce genre:
Horn.— On the Species of Oodes and allied Genera of the
United States, in Trans. Am. Ent. Soc. 3, pp.
105-109. (1870.)
Synoptic Table, in Bull. Brook. Ent. Soc. 4, pp.
29, 30. (1882.)
Blatchley.— Coleopters of Fndiana, 1910, pp. 170.171.
Lachnocrepis baralellus :
Say, Trans. Amer. Piril. Soc. 4, p. 420. (1837)
Habitat: Québec, Ontario.
69e genre
OODES, Bon.
Les insectes de ce genre sont de taille moyenne et de
forme ovalaire. Ils se trouvent d’ordinaire pour la plus
grande partie sous les pierres et les billots, sur le bord des
lacs et des étangs. . Ils ont à peu près les mêmes habitudes
que les Chléuies.
BIBLIOGRAPHIE 63
Les principaux auteurs traitant de ce genre sont les
suivants :
Horn.— On the species of Oodes and allied Genera of the
United States, in Trans. Amer. Ent. Soc. 3, pp.
105 109. (1870).
Synoptic Table, in Bull. Brook. Ent. Soc. 4, pp.
29, 36, (1882).
Blatchley.— Coleoptera of Indiana, 1910, pp. 171-172.
Oodes amaroides :
Dej. Spec. Col. 5, p. 674. (1829)
Habitat: Québec.
Oodes fluvialis :
Lec. New Spec. N. À. Col..r, p. 13. (1863.)
Habitat: Ontario, Québec.
Oodes elegans:
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 5, p. 180.
Habitat: Québec.
J0s.-I. BEAULNE.
(A suivre.)
—_——, DO ——
PUBLICATIONS REÇUES
—AÀ Preliminary List of the Insects of the Province of Quebec.—Part
II. DIPTERA. Compiled by A. F. Winn and G. Beaulieu. 1915.
C’est la Société de Protection des plantes qui a entrepris la publication
d’une liste des espèces entomologiques de la province de Québec. Elle
a commencé, en 1912, par la liste des Lépidoptères et continue aujourd’hui
par celle des Diptères. Pour chacune des espèces, on indique en quelle
localité et par qui sa présence a été constatée. Ces listes seront de la plus
grande utilité pour les collectionneurs, et nous sommes heureux de men-
tionner que la publication en a été rendue possible par la bienveillance
de l'honorable M. Caron, ministre de l'Agriculture de Québec.
64 LE NATURALISTE CANADIEN
— Transactions of the Royal Canadian Institute. No 24. May 1915,
Vol. X, part. 2. Toronto.
Ce volume, entre plusieurs mémoires scientifiques, contient un travail
du R. P. Morice, O. M. I., sur les Dénés du Nord-Ouest.
— An Tllustrated Catalogue of AMERICAN INSECT GALLS, by Millett
Taylor Thompson. Edited by KE. P. Felt. Nassau, Rensselaer Co , N. Y.
1915. ?
Vol. in-4° de 116 pages, dont 21 pages de planches d’illustrations.
Cet ouvrage posthume est de grande importance, et nous paraît être le
premier ouvrage publié en Amérique sur les Galles d’insectes. C’est un
simple catalogue, mais classifié, comportant de brèves descriptions, avec
indication des plantes intéressées. Seulement, ce n’est pas le premier
venu qui pourrait tirer graud profit de cette publication toute technique,
Le grand nombre des illustrations est d’ailleurs d'un grand secours.
— Rapport de l'Astronome en chef (pour 1909-10). Vol. II et III,
et cartes. 1915.
Tout est très intéressant au point de vue scientifique, dans ces deux
volumes. Mais il nous semble que c’est surtout de géologie et de géogra-
phie physique qu'il y est question, ce dont nous n’avons pas d’ailleurs
à nous plaindre.
—(U. S. National Museum.)
A. H. Clark, À Monograph of the existing Crinoids. Vol. I, THE
CoMATULIDS, p. 1. Washington. 1915.
Volume in-4° de 388 pages, 17 planches hors texte, et 513 gravures dans
le texte.—On voit par ce sommaire de quelles proportions sera l'œuvre
entreprise par M. Clark sur les Crinoïdes.
C. W. Gilmore, Osteology of the armored Dinosauria in the U.S.
National Museum, with special reference Lo the genus STEGOSAURUS.
Washington. 1914. Vol. 1n-4° de 136 pages, 37 planches hors texte et 73
Hlustrations dans le texte.
D'après les restaurations que l’on en donne en quelques planches, les
Stegosaurus étaient des animaux de fort grande taille et d’un aspect très
étrange.
— (Ministère des Mines. Canada.)
D.-D. Cairnes, Lapport préliminaire sur les Dépôts .houillers äes riviè-
res Lewes et Nordenskiold, dans le territoire du Yukon. Ottawa. 1914.
W. Malcolm, Gisements de Pétrole et de Gaz dans les Provinces du
Nord-Ouest du Canada. Ottawa. 1915.
W.-H. Collins. Za Géologie de la division minière de GowGanda.
—
LE
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Novembre 1915
VOL.” XLII (VOB, XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 5
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A. Huard
PRIX D'HISTOIRE NATURELLE
Nous disions, le mois dernier, qu'il est navrant de voir
quelle est, dans le domaine des sciences naturelles, l’infé-
riorité des Canadiens-Françaïis.
L'un de nos plus distingués compatriotes, avec qui nous
causions dernièrement de cet état de choses, nous a fourni
de ce fait une explication qui nous a frappé. ‘L'Histoire
naturelle ne reçoit pas d'attention chez nous, nous dit-il,
parce que chez nous elle ne mène à rien. Il n’y a pas de
carrière chez nous pour les naturalistes ! ” Et cela est vrai.
—Il y a bien, dans tous nos collèges, des professeurs d’his-
toire naturelle, mais l’enseignement qu'ils ont à donner
étant absolument élémentaire, il n’y a pas besoin de ‘“pro-
fessionnels ” pour s’en acquitter. N'importe quel professeur
intelligent suffit à la tâche, et la moindre préparation le
met en état d'enseigner sa matière. Sans compter que
l'élément ecclésiastique est seul appelé à donner l’ensei-
gnement dans nos collèges.
Par contre, chez la population de langue anglaise des
Etats-Unis et du Canada, où il existe de nombreux établis-
sements d'éducation supérieure, l’enseignement des sciences,
5.—Novembre 1915.
66 LE NATURALISTE CANADIEN
la tenue des musées et des laboratoires fournit à de nom-
breux spécialistes une carrière honorable et profitable. Si
l'on ajoute à ce fait que nos concitoyens de langue anglaise
font peu de place, dans leurs programmes d’étude, aux
lettres,aux langues classiques et à la philosophie, on voit
qu'il leur reste du temps pour s’occuper à fond des études
scientifiques. Il y a donc chez eux, tout naturellement,
beaucoup de professeurs de sciences naturelles, et par suite
beaucoup de spécialistes et d'amateurs.
Nous somimes bien d'avis que l’on devrait, dans nos pro-
grammes d'études, et étant donné notre situation particu-
lière sur ce continent, faire plus large place aux sciences
naturelles. Le Vaturaliste canadien en a exprimé souvent
le vœu, au cours de sa longue existence, et nous ne voulons
pas revenir aujourd’hui sur le sujet,—sinon pour dire que
nous n’aurons pas chez nous de ‘professionnels ”” des
sciences naturelles, c'est-à-dire des spécialistes, des natura-
listes enfin, tant qu’il ne se donnera qu’un enseignement
aussi élémentaire des sciences naturelles dans nos maisons
d'éducation secondaire. Et nous ne voyons luire encore,
avouons-le, aucun indice qui nous permette d’espérer quel-
que changement prochain en la matière.
Il faut donc en prendre notre parti, et ne pas s'attendre
à voir surgir souvent, parmi nous, des naturalistes de pro-
fession.—Mais pourquoi n’y aurait-il pas chez nous un
certain nombre d’ amateurs” des sciences naturelles? Si
l’on savait un peu combien l'étude en est attrayante et
même passionnante! Sans compter que, s’il y avait des
‘amateurs, on en verrait bien quelques-uns passer de
fois à autre au rang des spécialistes.
Pour attirer là-dessus l'attention de la jeunesse étudiante,
pour obtenir qu’au moins un certain nombre de jeunes
cens étudient un peu plus à fond les sciences naturelles
inscrites au programme scolaire, et dans l'espérance que
PRIX D'HISTOIRE NATURELLE 67
de temps en temps il y en aura quelques-uns qui... seront
pris à l’appât et deviendront au moins des ‘amateurs?
sérieux: nons avons pensé à ‘fonder’ des prix spéciaux
d'histoire naturelle dans les institutions qui nous inté-
ressent de plus près: le séminaire de Québec, notre A/»a
Mater, et le séminaire de Chicoutimi où nous avons passé
les vingt-cinq meilleures années de notre carrière.
D'après une entente qui s’est établie facilement entre
les autorités de ces maisons et nous-même, nous leur con-
fions un capital dont l’intérêt permettra de décerner chaque
année, durant un siècle: à Québec, deux prix de $15 et de
$10, et à Chicoutimi, un prix de $15.
Personne ne pouvant prévoir ce que deviendront les
conditions économiques d’ici à cent années, 1l n’a pas paru
opportun d'engager pour plus longtemps la responsabilité
des institutions avec lesquelles nous avons fait ces arran-
geiments.—Espérons d’ailleurs que, vers l’an 2016, il se
trouvera bien quélque nouvel... excentrique pour continuer
ces prix, suivant les conditions de l’époque et en substi-
tuant—bien entendu—son nom au nôtre dans cette fon-
dation.
Il nous aurait été agréable d'étendre à tous les collèges
de la Province le bénéfice de ces prix annuels. Mais la
modestie relative de ces récompenses ne nous a pas paru
justifier l’organisation un peu complexe de concours
appropriés qui serait nécessaire pour une attribution aussi
étendue.— Par exemple, nous voulons espérer que les
autres institutions d'éducation secondaire de la Province
trouveront facilement, parmi leurs anciens élèves et amis,
quelque autre fondateur de prix d'histoire naturelle.
Nous laissons, et pour cause, à nos successeurs dans le
fauteuil de direction du Vaturaliste canadien, le soin de
signaler dans les pages de l’avenir les résultats qu'aura pu
avoir notre humble initiative d'aujourd'hui. Nous la
e8 LE NATURALISTE CANADIEN
trouverions bien récompensée, pour notre part, si elle pro-
voquait de temps en temps la vocation de quelque natu-
raliste de valeur parmi nos compatriotes canadiens-français.
———— | 00! ——
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
(Continuëé de la page 50.)
(PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES)
@eum rivale L.
Rivière-du-Loup. Marais. Benoite à fleurs pourpres, à dis-
tribution plutôt boréale, que nous ne trouvons à l’ouest de
la Province que dans un coin frais du mont Saint-Hilaire,
où elle parait être un reliquat de la flore glaciaire.
Fernald mentionne un hybride de cette espèce avec G. 77a-
crophyllum, trouvé au Bic (Rimouski) : G. pulchrum Fer-
nald.
élaux maritima L.
var. obtusifoliàa Kernald.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Le Glaux maritime se
trouve sur tous les rivages salés de l'hémisphère boréal. Ses
caractères halophytiques sont très marqués. D'après Olsson-
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 69.
seffer (44), il peut tolérer dans ses tissus un maximum de
2.7% de chlorure de sodium. La plante américaine différant
quelque peu dans la forme de ses feuilles du type eurasien,
Fernald en fait une variété à part. Commune sur le rivage
du Saint-Laurent dans le comté de Témiscouata. Stérile, elle
mime Arenaria peploïdes, et ce mimétisme tient surtout aux
caractères halophytiques communs aux deux plantes.
Glyceria nervata Trin.
Rivière-du-Loup. Marais, au voisinage des tourbières.
Commune.
Gnaphalium sylvaticum I.
Environs du lac Pratt. Malgré sa distribution très res-
treinte : Gaspésie, Provinces Maritimes, nord du Maine, qui
semblerait indiquer une plante introduite d'Europe, nous
pensons que Macoun a raison de considérer cette espèce
comme indigène (45). Parait extrêmement locale dans le
Témiscouata.
Habenaria bracteata (Willd.) R. Br.
Lac Saint-Hubert. Cet Æabenaria, très commun dans
l’ouest de la Province, est plutôt rare dans l’est. Fernald écrit
qu'il ne l’a pas rencontré plus au nord et plus à l’est que le
Maine. Témiscouata est probablement sa limite extrême au
nord en cette partie de la Province. Mentionnée déjà par
Thomas.
Habenaria dilatata (Pursh) Gray.
Saint-François de Whitworth. Au bord des chemins. Dans
l'ouest de laProvince ne se retrouve plus que dans les tour-
bières. Oka (Fr. M.-Victorin).
44. Olsson-Seffer, Bof. Gaz., 47, 108.
45. Macoun, J., loc. cit., II, 238.
70 LE NATURALISTE,CANADIEN
Habenaria Hookeri Torr.
Rivière-du-Loup; lac Saint Hubert. Commune dans les
bois riches.
Habenaria hyperborea R. Br.
Rivière-du-Loup. Bois. Les dimensions géantes que cette
espèce atteint ici (plus de 3 pieds) sont un étonnement pour
ceux qui, Comme nous, connaissent la forme humble et
souffreteuse sous laquelle elle se montre sur nos collines mon-
térégiennes: Mont-Royal, Saint-Bruno, Saint-Hilaire, etc.
C’est que cette Orchidacée, malgré les préférences tropicales
de sa famille, aime les basses températures et les hautes alti-
tudes. Elle se plaît aussi dans les marais froids caractérisés
par le cèdre et le méleze.
Habenaria obtusata (Pursh) Richards.
Rivière-du-Loup. Voisinant avec les Listères. Cette es-
pèce est surtout boréale-alpine et descend rarement dans la
plaine du Saint-Laurent. Commune dans la région apala-
chienne et dans les Laurentides.
Nous avons trouvé (Rivière-du-Loup) un spécimen anor-
mal portant une seconde feuille bien développée vers ie mi-
lieu de la hampe.
Habenaria orbiculata (Pursh) Torr.
Lac Saint-Hubert. Fréquente dans les bois riches.
Halenia deflexa (Sm.) Griseb.
Rivière-du-Loup (Pointe-à-Persi). Apparemment com-
mune depuis le comté d'Aroostook (Maine) jusqu'à Saint-
Laurent, et vers l’est jusqu'au golfe et à Terre-Neuve
(Fernald). Comté de Mégantic (Fr. M.-Victorin).
Hedysarum boreale Nutt.
Saint-Simon (Rimouski), tout près de la ligne de sépara-
tion de ce comté d'avec celui de Témiscouata. Sur les con-
glomérats calcaires. Plante calcicole. Se trouve probable-
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 74
ment dans les stations analogues sur le rivage de Trois-Pis-
toles. Rivière Restigouche, Bic, rivières de la Gaspésie
(Fernald ).
Heracleum lanatum Michx.
Rivière-du-Loup; île du Gros-Pèlerin. Très abondante
dans la région du bas Saint-Laurent, ainsi qu'aux environs
de Québec. Semble plutôt locale dans l’ouest de la Province.
Hieracium Canadense Michx.
Cacouna (Bord des chemins) ; Saint-Simon (Rimouski),
(sables maritimes).
Cette espèce polymorphe pourrait bien être quelque peu
composite. Les spécimens de Saint-Simon ont la glabréité
et la succulence des halophytes; ceux de Cacouna diffèrent
beaucoup de la forme qui nous est familière dans l'ouest de
Québec.
Hieracium pilosella L
Rivière-du-Loup. Près du pont Dion. La Piloselle est le
fléau des Provinces Maritimes. Elle semble s'avancer rapi-
dement à travers notre Province (46). Abondante déjà dans
les comtés de Beauce, Portneuf, Québec, etc.
Hierochloë odorata (L.) Wahlemb.
Rivière-du-Loup(Anse-à-Persi). Cette Graminée à odeur
de vanille est l’une des espèces que l’on dénomme vulgai-
rement ‘ Foin d’odeur”’. Abondante près de la côte, sur
les montagnes de la Gaspésie, et près des Grands Lacs.
Distribution générale subalpine.
Hippuris vulgaris L.
Lac Témiscouata. Forme émergée. Sur les hauts
fonds à l’entrée de la Madawaska.
46. Marie-Victorin, Fr., /mmigration végelale. Nat. Can. 40, 86.
72 LE NATURALISTE CANADIEN
Iris setosa Pall.
var. Canadensis Foster.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Cet Iris est particulier
au bas Saint-Laurent et à la côte de l’Atlantique. Dans
l’Anse-à Persi, il croît entremêlé à l’/r2s versicolor, si
commun dans toute la Province. Quoique les fleurs soient
à peu près de même nuance, les deux espèces sont fort
distinctes. 7745 selosa est plus petit, son système foliaire
beaucoup plus réduit (adaptations halophytiques), et des
six pièces du périanthe, trois sont réduites à des onglets,
tandis que les trois autres sont très largement orbiculaires
(= Zris Kookerii Penny).
Iris setosa typique ne se trouve qu’en Asie.
Iris versicolor L.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Voir note sous /r2s
setosa. Penhallow, qui confond les deux espèces, est amené
cependant par la diversité des habitats à soupçonner une
distinction spécifique possible.
Isoetes ambigua A. Br.
Lac Pratt. Cette jolie espèce se trouve partout dans ce
petit lac jusqu’à une profondeur d'environ dix pieds. Elle
doit sans doute à la limpidité parfaite des eaux de pouvoir
opérer sa fonction photosynthétique dans de telles con-
ditions.
Les espèces du genre /soetes sont très difficiles à iden-
tifier et demandent l'expérience d’un spécialiste. Il faut
d’abord que les spécimens soient en état, c’est-à-dire que
les macrospores soient à maturité. Pour ce qui est de Z.
ambigua, nous avons dû faire deux voyages au lac Pratt, et
faire déterminer la plante au Jardin botanique de New-
Vork. La première récolte avait fait croire à une forme
non encore décrite ; mais des spécimens plus avancés per-
mirent de faire la détermination présente.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA Ts
La nomenclature concernant cette espèce est assez em-
brouillée. Le status en est actuellemeut comme suit,
d’après M. N. L. Britton:
Zsoetes ambigua À. Br.: Engelm. Trans. St. Louis Acad.
Sci. 14: 380. 1882.=7. Braunirt Durieu, 1864, non Unger
1851.
Juncus Balticus \Willd.
var. littoralis Engelm.
”
Rivlère-du-Loup; Trois-Pistoles. Commun dans l’ha-
bitat halophytique.
Juncus bufonius L.
Cacouna. Prairies salées, avec Spergularia Canadensrs
et Spergularia salina.
Juncus brevicaudatus (Engelm.) Fernald.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi); Cacouna. Nous remar-
quons que ce jonc, commun dans toute la Province, mais
autrefois confondu avec d'autres espèces, affectionne les
terrains mouillés ou fraîchement remués: labours, fossés,
remblais, etc.
Juncus filiformis L.
Tadoussac. Bords du lac. Commun partout dans la
province de Québec. Se distingue facilement des espèces
voisines par sa très longue feuille involucrale, généra-
lement plus longue que la tige elle-même.
Juniperus communis L.
var. depressa Pursh.
Rivière-du-Loup; N.-D. du Portage Peu fréquent
dans le comté de Témiscouata, mais très abondant dans
l’Islet et Kamouraska, comme l’on peut s’en rendre compte
74 LE NATURALISTE CANADIEN
en voyageant sur le chemin de fer Intercolouial. Les
larges buissons déprimés sont caractéristiques. (=.
sibirica Burgsd.) Aussi en Europe et en Asie.
Juniperus horizontalis Moench.
N.-D. du Portage; Cacouna. Rochers de la côte. Espèce
longtemps confondue avec /. sabina d'Europe. Se tient
le long des rivages, rampant sur les rochers qu’elle recouvre
quelquefois entièrement.
-
Kalmia angustifolia L.
Rivière-du-Loup. Tourbières et collines de quartzite.
Beaucoup plus luxuriante, feuilles plus développées dans
ce dernier habitat. A remarquer encore l’équivalence des
deux habitats mentionnés.
Lathyrus maritimus (L.) Bigel.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). L/une des plantes les
plus familières de l'habitat halophytique, la Gesse mari-
time accompagne presque partout au bord de la mer
l’'Élyme des sables.
Ses caractères anatomiques sont plus ou inoins gouver-
nés par la nature spéciale de l'habitat. Le tissu palissadé
des feuilles est très développé, occupant près de la moitié
de l'épaisseur du limbe. Cellules épidermiques de la tige
de 6.2. Vaisseaux de la racine de grandes dimensions
relatives (47).
Lathyrus palustris L.
var. pilosus (Cham.) Ledeb.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Prairies humides en
dehors de la région saumâtre.
47. Starr, Anatomy of dune plants. Bot. Gaz., 54, 205.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 75
Lathyrus pratensis L.
Rivière-du-Loup. Bord des chemins. Bien établie.
Cette plante, naturalisée d'Europe, est nouvelle pour la
province de Québec. (48)
Ledum Groenlandicum Oeder.
Rivière-du-Loup. Commune sur les collines de quartzite
et dans les tourbières.
Lepidium apetalum Willd.
Rivière-du-Loup. Talus des chemins de fer.
Ligusticum Scothicum L..
Rivière du-Loup. Cette Ombellifère halophytique est
commune sur toute la côte, depuis la Rivière-du-Loup,
vers l’est. On l’appelle vulgairement le ‘ Persil de mer.”
Il suffit d'en mâcher les feuilles pour se convaincre que ce
nom n’est pas usurpé. Nous avions cru que l’Anse-à.Persi
devait son nom au Zzousticum. M. Eug. Rouillard y voit
plutôt une corruption de ‘ Anse-au-Pourcille”” (marsouin).
Le Persil de mer suit la côte de l'Atlantique jusque vers la
latitude de New-York. Aussi en Europe.
Dimonium Carolinianum (Walt.) Britton.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi); Cacouna. Cette plante,
que les Anglais nomment ‘ Lavande de mer ” à cause de
la couleur de ses petites fleurs, est l’unique Plombaginacée
qui se rencontre dans notre Province. C’est une halophyte
bien caractérisée. Sa racine, qui peut devenir très grosse,
contient du tannin. Une section mince, traitée au moyen
d’une solution de caféine à 17, donne une réaction colloi-
dale caractéristique. M. J.-F. Clavenger, démonstrateur
au laboratoire de l’université McGill, nous fait observer
48. Marie-Victorin, Fr., /Zmmigration végétale. Nat. Can., 40, 86.
76 LE NATURALISTE CANADIEN
que, dans Zzmontium Carolinianum, le tannin semble moins
étroitement combiné avec les autres substances que dans
certaines plantes hydrophiles examinées à ce point de vue,
comme Calla palustris et Nymbhæa rubrodisca.
Il est à rapprocher de ce fait que M. Clavenger n’a pu
déceler, dans aucune autre des halophytes de la côte témis-
couatienne, la présence du tannin. Sa/sola Kaïi, Merten-
sta maritima, Salicornia Europea var. prostrata, Spergu-
laria Canadensis, ne réagissent aucunement sous l’action de
la caféine, -des’ sels tdetfer (Fe ?1C1 SURESOMIRRe RS
bichromate de potasse (KCr ? OT).
Nous observons que la croissance de Zzmonium Caroli-
rianum est extrêmement lente. Des échantillons récoltés
au même endroit à trois semaines d'intervalle se trou-
vaient à peu près au même point de développement. La
plante était en pleine floraison à Cacouna vers le milieu
d'août. Bic, Mont-Louis. (Fernald.)
Linaria minor (1) Desf.
Lac: Témiscouata., Sur la voie! ferrée MCette nette
Linaire, introduite d'Europe, ne paraît pas avoir été signa-
lée encore dans notre Province. Elle est pourtant d’occur-
rence assez fréquente dans le Nouveau-Brunswick.
Linnaea borealis L.
var. Americana (Forbes) Roehder.
Rivière-du-Loup. Bois. Commune.
Listera convallarioides (Sw.) Torr.
Rivière-du-Loup; Lac Saint-Hubert. Remarquable par
son lab:lle développé; semble plus boréale dans sa dis
tribution que Z. cordata. C'est aussi une espèce exclusi-
vement américaine.
Listera cordata (L.) R. Br.
Rivière-du-Loup; Lac Saint-Hubert; Lac Témiscouata.
Cette jolie petite Orchidacée, dont la distribution semble
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 77
embrasser l'hémisphère boréal, est rare ou absente aux
environs de Montréal.
Lebelia Kalmii L.
Lac Témiscouata. Rochers siluriensdurivage. Plante
ealcicole. Assez abondante dans sa station.
Lonicera coerulea I.
Ce Chèvrefeuille eurasien présente en Amérique deux
formes extrêmes récemment séparées par Fernald et
Wiegand (49). Nous les avons récoltées toutes deux dans
le Témiscouata.
var. V/losa (Michx.) T. & G.
Rivière-du-Loup. Fortement pubescente. C’est la forme
boréale. Le type de Michaux fut récolté au iac de Cygnes,
l'une des sources de la rivière Mistassini. Bic; Pointe-
au-Père. (Fernald.)
var. calvescens Fernald & Wiegand.
Rivière du Loup. Glabre ou presque. Pius répandue
au sud que la variété précédente. Type: Goose Pond,
Terre-Neuve, 1910.
Il est à remarquer qu’à la Rivière-du-Loup, où les deux
variétés cohabitent, la première est confinée aux tour-
bières, habitat physiologiquement froid.
Lychnis alba Mill.
Saint-François de Whitworth. Champs cultivés. Res-
semble à Sz/ene noctiflora, mais porte cinq styles. Intro-
duite d'Europe.
Lycopodium annotinum L.
Saint-François de Whitwoith. Commune,
49. Fernall & Wiegand, Rhodora, XII, 209-211.
78 LE NATURALISTE CANADIEN
Lycopodium clavatum L.
Rivière-du-Loup. Commune.
Lycopodium complanatum LI.
Rivière du-Loup; environs du lac Témiscouata. Dans
ce dernier endroit, les pédoncules étaient uniformément
monostachyés, rappelant la var. Â1bbei Haberer, qui
néanmoins diffère aussi de la forme typique par ses carac-
tères végétatifs. Bois de conifères. Peu abondante.
Lycopodium obscurum L.
Rivière-du-Loup. Commune.
Lysimachia punctata L.
Rivière-du-Loup. Pâturages. Nous avons déjà donné
quelques notes sur cette Lysimaque nouvellement arrivée
en cette Province et qui a dû être introduite de France à
une date lointaine. (50)
Luzula campestris (L.) DC.
var. multifiora (Ehrh). Calak.
Cacouna (Fontaine-Claire). Prairie humide au bord de
la mer.
Melampyrum lineare Lam.
Rivière-du-Loup. Collines de quartzite. Fréquente sur
les argilites et les rochers magnésiens, ainsi que dans les
tourbières. (Fernald.) Nous trouvons le Mélampyre aussi
commun dans le Témiscouata que sur le gneiss laureutien.
Nous avons dit ailleurs (51) que l’association Danthonie-
Mélampyre suggérait l’idée d’une symbiose possible. Cette
association se rencontre encore ici et fortifie la présomption.
50. Marie-Victorin, Fr., /Zmmigration végétale, Nat. Can., 40, 86.
51. Marie-Victorin, Fr., Les Galets. Bull. Soc. Géogr. Québec, VII, 21.
BIBLIOGRAPHIE 79
Mentha arvensis L.
var. glabrata (Benth.) Fernald.
Trois-Pistoles. Embouchure de la rivière. Variété
boréale propre à l'Amérique et plus répandue que la forme
typique.
Menyanthes trifoliata 1.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Prairies tourbeuses.
En fleur le 9 juillet. Commune.
Mertensia maritima (L.) S. F. Gray.
Rivière-du-Loup. Rivages maritimes. Assez commune
dans son habitat jusque dans la Gaspésie. Bic, Pointe-au-
Père, Petit-Métis, Sainte-Anne-des-Monts, Tourelle, Mont-
Louis, etc. (Fernald.)
Cette Borraginacée halophytique, glabre, glauque, d’un
vert bleuâtre, ne ressemble à aucune autre plante de cette
famille. L'influence prépondérante de l'habitat est ici
évidente.
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
—— 00! —
PUBLICATIONS REÇUES
—(U. S. National Museum )
Contributions from the U.S. National Museum. Vol. 19. Æ/ora of
New Mexico, by E. O. Wooton and P. C. Standley. Washington, 1915.
Ce beau volume, de 794 pages in-8°, contient la description succincte
d'environ 3000 espèces, ave des clefs dichotomiques pour les reconnaître.
Et encore il n'yest question que des plantes phanérogames et des crypto-
games vasculaires.
À Monograph of the Aolluscan fauna of the Orthaulax pugnax zone
of the Oligocene of Tampa, Florida, by W, H. Dall. Washington, 1915.
174 pages de texte, 26 planches hors texte.
8c LE NATURALISTE CANADIEN
Annuaire de l'Université Laval pour l'année académique 1915-
1916. No. 59, Québec, 1915.
Plusieurs pages très intéressantes de cette publication contiennent la
description abrégée des précieuses collections d'histoire naturelle du
musée de l'Université.
— Summary Reportofihe Geological Survey Department of Mines,
19147. Ottawa, 1915.
— Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen.
48e année. Année 1912. Rouen, 1913. à
Ce volume ne contient que 140 pages, mais l’on y trouve nombre
sl'observations et de renseignements scientifiques d’un grand interêt.
—Seventh Annual Report of the Quebec Society for the Prolection 07
Plants from Insects and Fungous Diseases, 1914-1915. Quebec, 19175.
L'entomologiste, en notre Province, doit regarder ces rapports annuels
de la Société de protection des Plantes comme des manuels à consulter
pour ainsi dire tous les jours, surtout s’il a à s'occuper du côté écono-
mique de la science.
—The Ohio State University Bulletin. Ohio Biological Survey.
Bulletin 5. Vol. Il, No. 1.
The Ascomyates of Ohio, B. Fink & C. Andrey Richards. June1915.
Etude technique sur les champignons de l'Ohio.
— Annals of the Missouri Bolanical Garden, 1, 4.— Nov. 1914.
Cette livraison s'ouvre avec la description d’une nouvelle espèce de
Craterellus trouvée au Labrador: €. borealis Burt.
— Proceedings of the Indiana Academy of Science. 1913.
Ce volume contient des travaux intéressant bon nombre de branches
scientifiques diverses, depuis l’hygiène jusqu'à l'étude des champignons.
—(U. S. National Museum.) Æepor/ for the year ending June 30,
1914. Washington, 1915.
(Ministère des Mines. Canada.) :
J. A. Dresser, Serpentine et roches connexes de la partie méridionale
de Québec. Ottawa, 1914.
D D Cairnes, District d'Atllin, C.-A.,et Description de l'exploitation
minière des Filons. Ottawa 1914.
H.S. Poole, Æapport sur le lerruin houiller de Pictou, N.-Æ.
Ottawa. 1914.
Porter & Durley, Wecherches sur les Charbons du Canada, au point de
vue de leurs qualités économiques, faites à l'université MeGill. Vel. II.
Ottawa, 1915.
— Ropport sommaire de la Division de la Commission géologique du
ministère des Mines pour 1910. Ottawa. 1912.
=
LE
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Décembre 1915
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No 6
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A. Huard
L'ENTOMOLOGISTE FABRE
Le 12 octobre dernier, le cable transatlantique annonçait
la mort, arrivée la veille, de Henri Fabre, le célèbre ento-
mologiste vulgarisateur. Ce simple fait de la peine que l’on
a prise de traiter le décès d’un entomologiste comme un
événement digne d'être annoncé d’un bout du monde à
l’autre, et cela en un temps comme celui que nous vivons
ces années-ci, montre que Fabre, entré dans la gloire dès
son vivant, est regardé comme l’un des plus grands hommes
du siècle. |
Henri Fabre, né en 1823, dans l'Aveyron, France, est
décédé dans sa 92e année, _ La mort chrétienne qu’il a eu
le bonheur de faire nous a vivement réjoui.
Eu souvenir des quelques relations que nous avons eues
avec le grand entomologiste et à cause de la gloire qu’il a
valu à l’étude des insectes, nons voulons consacrer même
toute cette livraison à un aperçu de sa carrière. L'article
que nous allons utiliser pour cette fin a paru dans /4 Croix
(Paris) du 18 octobre. Nous le ferons suivre d’un article
nécrologique écrit par le curé même de la paroisse de
M. Fabre.
6.— Décembre 1915.
82 LE NATURALISTE CANADIEN
L'HOMÈRE DES INSECTES
J.-H. Fabre
…Celui que Victor Hugoappela “l’Homère des insectes ”?
vient de fermer pour jamais son regard ‘‘d’observateur
inimitable” et dort, à l’ombre des noirs cyprès, dans. le
petit cimetière de Sérignan, près du Ventoux à la cime
blanche.
*
*X *
J.-H. Fabre était né d’une famille de paysans, dans un
pauvre village du Rouergue.
“Tavais de 5 à 6 ans. Pour alléger d’une bouche le
pauvre ménage, on m'avait confié aux soins de l’aieule pa-
ternelle: une sainte femme portant l’originale coiffure des
montagnardes ruthénoises. La maison, isolée parmi les
genêts et les bruyères, sans voisin aucun bien loïn à la
ronde, de temps à autre visitée par les loups, était, pour
elle, l’orbe du monde. A part quelques villages des alen-
tours où le jour de foire on conduisait les veaux, le reste
n’était connu, et très vaguement, que par oui-dire. Là,
dans la solitude, au milieu des oies, des bœufs et des mou-
tons, s'éveillèrent mes premières lueurs intellectuelles.
Mon œil, toujours en éveil sur la bête et sur la plante,
allait à la fleur, allait à l’insecte, comme la piéride va au
chou et la vanesse au chardon.”
Le marmouset regardait, s’informait, invité par une
curiosité dont l’atavisme n’explique pas le secret: en lui se
développait le germe d’une aptitude inconnue de sa famille,
en lui s’allumait une étincelle étrangère au foyer des as-
cendants.
Il retourna au village, à la maison paternelle:
(Avec les 7 ans, l'heure est venue d’aller à l’école.
Je ne pouvais rencontrer mieux : le maître est mon parrain.
r à Ta
L'ENTOMOLOGISTE FABRE 83
‘Comment appellerai-je la salle où je devais faire con-
naissance avec l’alphabet? … Le terme juste ne se trouverait
pas : la pièce servait à tout : c'était à la fois école, cuisine,
chambre à coucher, réfectoire et, par moments, poulailler.
On ne songeait guère, en ce temps-là, aux palais scolaires!”
Que va-t-il apprendre à pareille école ?
“Tout au plus quelques morceaux d'histoire sainte. Et
l’histoire, la géographie? Nul n’entendit jamais parler de
cela. Que nous importait que la terre fût ronde ou cubi-
que! La difficulté de lui faire produire quelque chose n’en
restait pas moins la même.
‘ Et la grammaire? Le maître s’en souciait fort peu,
et nous encore moins! Substantif, indicatif, subjonctif et
autres termes dn jargon grammatical nous eussent bien
surpris par leur nouveauté et leur rébarbative tournure.
Et l’arithmétique?.. On en faisait quelque peu, mais pas
sous ce nom savant: on appelait cela le calcul.
‘“ Après tout, notre maître était un excellent homme à
qui, pour bien mener l’école, il ne manquait qu’une chose:
le temps. Il nous consacrait le peu de loisir que lui lais-
saient ses nombreuses fonctions.
“Notre maître était barbier. De sa main légère, qui
savait si bien embellir nos pages d’écriture d’un oiseau
tirebouchonné, il rasait les notabilités de l’endroit : le maire,
le curé, le notaire.
‘ Notre maître était sonneur de cloches. Un mariage, un
baptême, une cérémonie quelconque suspendait la classe.
Il fallait carillonner. Une menace d’orage nous donnait
vacances : 1l fallait mettre en branle la grosse cloche pour
écarter la foudre et la grêle.
‘Notre maître était chantre au lutrin. De sa voix puis-
sante il remplissait l’église quand il chantait, à vêpres, le
Magnificat.
‘“ Notre maître remontait et réglait l'horloge du village.
84 LE NATURALISTE CANADIEN
C'était sa fonction d'honneur. Un coup d’œil donné au
soleil pour s'informer, à peu près, de l’heure, il montait au
clocher, ouvrait une grande cage de plancheset se trouvait
au milieu des roùages d’un grand tourne-broche Cont il
était seul à connaître les secrets.
A telle école, que deviendront mes goûts naïssants ?
En ce milieu ils doivent périr, étouffés pour toujours. Eh
bien! non: le germe est vivace, il me travaille les veines
et n’en sortira plus. Il trouve aliment partout, jusque sur
la couverture de mon alphabet de deux sous. Ily alà une
rustique image de pigeons que je médite avee bien plus de
Zéleique je ne tas de anB. C7
À 10 ans, on le met au collège de Rodez.
‘Mes fonctions de clergeon, dans la chapelle de l’établis-
sement, me valent la gratuité de l’internat. Nous sommes
quatre à surplis blanc, à calotte et soutane rouges. Le plus
jeune de tous, je suis là comme simple figurant. Je fais
nombre, ne sachant jamais bien au juste quand il faut agi-
ter la sonnette et déplacer le missel. Des tremblements
me prennent lorsque, venus deux de ce côté-c1, deux de ce.
côté-là, nous nous assemblons avec génuflexion au milieu du
chœur, pour entamer, à la fin de l'office, le Domine salvum
Jac regeri. Muet de timidité, je laissais faire les autres.
‘Puis, brusquement, adieu les études, adieu Tityre et
Ménalque. La malchance s’abat sur nous. Le pain me-
nace de manquer à la maison. Et, maintenant, petit, à la
grâce de Dieu! Dans ce lamentable désarroi, l'amour de
l'insecte devait sombrer? Nullement. Le souvenir me
reste de certain hanneton des pins rencontré pour la pre-
mière fois. Ses panaches antennaires, son élégant semis
de taches blanches sur fond marron furent un rayon de
soleil dans les noires misères de la journée.
‘“ La bonne fortune m’amène à l'Ecole normale primaire
L'ENTOMOLOGISTE FABRE 85
de Vaucluse, où je trouve nâtée assurée, châtaignes sèches
et pois chiches. Frotté d’un peu de latin et d'orthographe,
j'ai quelque avance sur mes condisciples. J'en profite pour
débrouiller mes vagues connaissances de la plante et de la
bête. Tandis qu’autour de moi s’épluche uné dictée, j'exa-
mine, dans le mystère de mon bureau, le fruit du laurier
rose, la coque du mufñlier, le dard de la guêpe, l’élytre du
scarabée.
‘““Avec cet avant-goût des sciences naturelles, glané;,
vaille que vaille, à la dérobée, je sortis de l’école, plus
passionné quetjamais d'insectes et de fleurs. À
“Et cependant il fallait y renoncer! Le gagne-pain de
l'avenir, l'instruction à compléter largement l’exigeaient de
façon impérieuse. L'histoire naturelle ne pouvait me con-
duire à rien. L/enseignement de cette époque la tenait à
l'écart comme indigne de s’associer au latin classique.
Les mathématiques me restaient ; très simples d'outillage :
un tableau noir, un bâton de craie, quelques livres.
“Bref, on ‘m'envoie enseigner la physique et la chimie
au collège d’Ajaccio. Cette fois, la tentation est trop forte.
La mer pleine de merveilles, la plage où le flot jette de si
beaux coquillages, le maquis à myrtes, arbousiers et lentis-
ques, tout ce paradis superbe de nature lutte avec trop
d'avantages contre le cosinus. Je succombe. Deux parts
sont faites de mes loisirs. L’une revient aux mathémati-
ques, base de mon avenir universitaire; l’autre se dépense
en herborisations, en recherches des choses de la mer. ”
A Ajaccio, Henri Fabre rencontre Moquin-Tandon, l’il-
lustre professeur de Toulouse, qui vient étudier la flore du
pays.
‘ Ce n’était pas le nomenclateur à mémoire infaillible
mais le vrai naturaliste aux larges idées, le philosophe qui
monte des petits détails aux grands aperçus, le littérateur,’
le poète qui sait, sur la vérité nue, jeter le magique man-
teau de la parole imagée.
86 LE NATURALISTE CANADIEN
‘_— Laissez là vos mathématiques, me dit-il, personne
ue prendra intérêt à vos formules. Venez à la bête, à la
piante, et, si vous avez, comme il me semble, quelque ar-
deur dans les veines, vous trouverez qui vous écoutera.
‘ La veille de son départ, il me montra, dans l’eau d’une
assiette, l'anatomie d’un escargot. À mesure, venaient l’ex-
plication et le croquis des organes étalés. ”
Désormais, le flambeau est allumé ; la carrière est ouverte;
nous verrons avec quelle ardeur inlassable et quelle patiente
ténacité le patriarche, dont le président de la République
vint, en 1913, saluer les 00 ans, a su y marcher glorieuse-
ment.
Beaucoup d’Avignonnais se souviennent des fameux
couts libres fondés par J.-H. Fabre, dans l’ancien couvent
de Saint-Martial.
Abandonnant les ‘terminologies barbares” et le ‘“jar-
gon” de ceux ‘qui ne voient le monde que par le petit
côté”, échappant au chaos des systèmes, à la sécheresse
des classifications, au fatras d’une science incohérente et
inaccessible, il voulait démontrer qu’il était possible de
faire aimer aux esprits les plus simples cette histoire .na-
turelle que les méthodes officielles d'alors réduisaient à une
étude aussi fastidieuse que stérile, et où la lettre ‘‘étran-
glait la vie ”.
En effet, on vit rarement enseigner avec autant de sim-
plicité et de pittoresque et avec une méthode aussi ori-
ginale.
“Vous éventrez la bête, disait-il aux sectaires de la
science, et moi je l’étudie vivante; vous en faites un
objet d'horreur et de pitié, et moi je la fais aimer; vous
travaillez dans un atelier de torture et de dépècement,
- j'observe sous le ciel bleu, au chant des cigales ; vous sou-
L'ENTOMOLOGISTE FABRE 87
mettez aux réactifs la cellule et le protoplasme, j'étudie
l'instinct dans ses manifestations les plus élevées ; vous
scrutez la mort, je contemple la vie.”
Rien de plus vrai. Aussi Darwin, dans son livre sur
l'Origine des espèces, l'a-t-il appelé avec admiration:
‘ l'observateur inimitable ”.
Son laboratoire est en pleins champs: c’est le bois des
Issards, le plateau des Angles, un chemin creux de Car-
pentras, mieux encore, son ‘ harmas ” de Sérignan. Dès
l'aube, par les matins frileux, à l’heure où l’abeille ‘met
la tête à la lucarne de sa demeure pour s'informer du
temps”, il est devant une feuille de térébinthe, l’œil armé
de la loupe, suivant les lentes manœuvres du puceron, dont
le suçoir ‘distille savamment ce venin qui fait gonfler
la feuille et produit ces énormes boursouflures, ces galles
difformes et monstrueuses où les jeunes passeront leur som-
mel. ?
Il s'éveille la nuit ‘pour ne pas manquer le moment où
la nymphe rompt son maillot ”, où l’aile du criquet ‘com-
mence à pousser”, sortant de son étui pour s’étaler ‘en
somptueuse voilure, comme la lingerie de la princesse des
contes de fées, contenue dans un grain de chènevis ”.
L'observation pure ne lui suffit pas, car elle ne fournit
qu’un ‘‘aperçu des choses”. Il est le premzer qui ait su
faire intervenir l’expérimentation dans cette étude délicate
de l’insecte.
Il a le génie de le faire parler, de lui poser des questions
et de le forcer ainsi à trahir ses plus intimes secrets.
Pourquoi, par exemple, le fAz/anthe, qui saisit, sur les
fleurs, l’abeille pour en nourrir ses larves, s’attarde-t-il à lui
pressurer le jabot? Pour en faire sortir tout le miel,
dont il fait aussitôt pantagruélique ‘“ripaille”’, au lieu de
le réserver pour ses petits. L’expérimentation a démontré
* à M. Fabre que, par une “inversion” bien singulière, le
88 LE NATURALISTE CANADIEN
miel, qui est le régal ordinaire du pAz/anthe, est un mortel
poison pour ses larves.
Aussi, d’un amas confus de clichés, que les petits savants
passaient aux poètes, il a fait une véritable science, dont
les données, fournies par lui, seront peut-être éternelles.
Avec quel amour il nous décrit chacun de ‘‘ces petits
êtres auprès desquels on passe sans les voir, au milieu des
pierres, des ronces, des feuilles mortes” !
Une de ses trouvailles les plus célèbres, c’est celle qui -
concerne le cerceris, sorte de guêpe qui ne se nourrit
que du suc des fleurs, mais dont la larve demandé des
chaïirs fraîches et succulentes où palpite encore la vie.
Cette guêpe dépose son œuf dans un terrier creusé dans
le sol et dont elle ferme l'entrée pour ne plus la franchir
jamais. Comme la plupart de ses congénères, avec l’œuf,
elle a enfermé le gibier qui devra nourrir la larve dès l’ins-
tant de son éclosion.
Mais voici la passionnante énigme: si le gibier est mort,
il se desséchera ou se pourrira avant l’éclosion; sl est
vivant, il écrasera d’un seul mouvement la débile larve
qu’un rien [meurtrit. Fabre a trouvé la clé du mystère.
Quand elle a rencontré sa victime, la guêpe l’a terrassée
et lui a plongé son dard, non pas en quelque point dont la
blessure pourrait amener la mort, mais exactement au
siège des ganglions nerveux, dont le mécanisme invisible
commande les mouvements. En un clin d'œil, elle a su
dissocier le système nerveux de la vie végétative d'avec le
système de la vie de relation. L’insecte va continuer à
vivre, avec cette étrange prérogative, due précisément à
son immobilité, de pouvoir conserver assez longtemps la
vie sans prendre aucune nourriture.
Et pour rendre le transport encore plus facile et l’immo-
bilité plus parfaite, elle ajoute aux manœuvres précédentes
le mâchonnement. Elle emploie ‘‘le procédé connu dans
L'ENI1OMOLOGISTE FABRE 89
les laboratoires de physiologie expérimentale : la compres-
sion du cerveau. Elle agit comme un Flourens qui.
pesant sur la masse cérébrale, abolit du coup intelligence,
vouloir, sensibilité, mouvement”. ‘C'est terrible en
même temps qu'admirable; c'est effrayant de science!”
*k
* _*
Toutes ces choses mystérieuses, il les décrit en poète, cet
amoureux de la nature à qui la contemplation sert de
nourriture, et qu’on surprit un jour, entre Nimes et Beau-
caire, ‘‘après avoir échangé ses derniers liards contre un
petit volume de poésies de Reboul, étourdissant sa faim en
s'enivrant des vers du poète ouvrier ”. Il trouve des expres-
sions exquises pour évoquer à nos yeux les petits œufs fra-
giles, fines perles d’ambre ou de nickel, délicieux coffrets,
petits pots d’albâtre translucide qu’on dirait dérobés à la
vaisselle des fées.
I] nous fait assister à la scène finale d’une sombre épopée
en nous décrivant l’agonie du guêpier, lapproche de
l'hiver. C’est d’abord une sorte d’indifférence et d’inquié-
tude qui plane ‘sur la cité”, présage ou pressentiment
d’une catastrophe prochaine. Voici que les nourrices, ‘‘effa-
rées, farouches, agitées ”, prennent les jeunes en aversion,
{les neutres extirpant les larves les traînent hors du guê-
pier””, puis c’est ‘‘la débâcle finale, les infirmes et les
moribonds, démembrés, vidés, disséqués en tas dans les
catacombes par les asticots, les mille-pieds et les cloportes.
Les teignes, enfin, entrant en scène, s’attaquent à l’habi-
tation elle-même, rongent et font crouler le plancher des.
étages, jusqu’à ce que tout soit réduit à quelques pincées
de poussière et à quelques loques de papier gris.
Fabre est véritablement 1s poète de la science. Je ne
connais guère que les Géorgiques de Virgile, les Zrttres
sur la botanique de J.-J. Rousseau, ou Za vie des abeilles
90 LE NATURALISTE CANADIEN
de Maeterlinck qui puissent être comparées aux dix mer-
veilleux volumes de ses Souvenirs entomologiques, sans
parler du délicieux volume de poésies provençales publié
chez Roumanille, sous le titre trop modeste d'Œuvrettes
provençales.
*k
*X *
Naturaliste, poète, Fabre est encore philosophe. Rien
qu’en étudiant la bête, a-til dit lui-même, ‘‘on découvre
plus de choses que dans toutes les philosophies.”
Quand on a constaté les prodiges de prévoyance, de
précautions, de science employée ‘pour sauvegarder la
descendance d’un ver”; quand on a admiré la sûreté et la
précision du sphex, le ‘‘transcendant anatomiste’’, ‘“l’infail-
lible paralyseur” ; quand, effrayé par l’incroyable fécon-
dité “d’une mouche grise qui porte 20,000 gerimes dans
ses flancs ”’, on a reconnu que chaque espèce a ses rivaux,
dont la mission est de maintenir l'égurlibre, en dévorant
l'excédent; quand, par l'expérimentation, on s’est assuré
que l’insecte est incapable de diriger à son gré ses merveil.
leux talents, qu’ ‘il maçonne, tisse, chasse, poignarde,
paralyse, sans se rendre le moindre compte des moyens et
du but”, une question se pose :
Quelle:est la source de cet instinct qui, ‘‘au moment
voulu ”, à la minute précise dont l’échéance semble déter-
minée comme par des arrangements préélablrs, dicte invin-
ciblement à l’insecte ses prescriptions mystérieuses et
inflexibles ?
Sur la clarté diffuse qui s'échappe de la nature, l’athé-
isme jette le voile sombre du doute où du blasphème, le
transformisme se contente de déplacer le plan des ténèbres.
L'ermite de Sérignan, dont l'âme zzactuelle dédaigne de
chercher ce que l’opinion voudrait que l’on pensât, pour
constater lumineusement ce qui est, faisait à un visiteur
cette magnifique réponse :
L'ENTOMOLOGISTE FABRE OI
‘“ Après mes 87 ans d'observations et de réflexions, je ne
puis pas dire que je crois en Dieu: 7e le vois. Sans lui, je
ne comprends rien: sans lui, tout est ténèbres.
‘Non seulement, j'ai conservé cette conviction, malgré
toutes mes études, mais je l’ai aggravée ou améliorée,
comme vous voudrez.
‘Toute époque a ses lubies. Je considère l’a/héisme
comme la /xbze de notre époque. C’est l’nfluenza du
temps présent. ”
Et familièrement, il ajoutait: “On m’arracherait la peau
plutôt que la croyance en Dieu. ”
Tous les grands penseurs, quoi qu’on dise, furent ou
devinrent spiritualistes, tous les grands “voyants” virent
Dieu dans son œuvre.
Espérons, pour Henri Fabre, qu'après avoir vu Dieu dans
son œuvre, il le contemple aujourd’hui, face à face, dans
cette lumière sans déclin que réclamaient pour lui, dans la
petite église de Sérignan, où il s'arrêta, mardi, pour la der-
nière fois, ses humbles compatriotes et ses illustres amis.
J. AUROUZE,
docteur ès lettres.
LES DERNIERS JOURS DE L'ENTOMOLOGISTE FABRE
SA MORT CHRÉTIENNE
Je ne puis croire que ce soit avec intention que l’on a
passé sous silence, dans la plupart des journaux, les sen-
timents religieux et patriotiques du grand homme qui fut
M. Fabre. ‘Je ne suis ni un impie, ni un sectaire, disait-
il parfois, et j'ai vu trop de merveilles pour ne pas lever les
yeux vers l’Auteur de tout cela.”
Aussi, dès la première atteinte de faiblesse, fit-il appeler
92 LE NATURALISTE CANADIEN
le curé de sa paroisse de Sérignan; au reste, depuis quel-
ques mois, il réclamait souvent ses visites, et il les voulait
longues.
On y parlait du bon vieux temps sans doute, des visites
faites à la montagne de Sérignan à l’heure où sortent les
insectes, c’est-à-dire au lever du soleil, à l’heure où ils ont
l'humeur tapageuse, vers 9 et 10 heures, après le déjeuner.
Il aimait à raconter qu’il s'était perdu dans le petit village
de Sérignan, mais nous savons que les coteaux boisés du
pays n'avaient point de détours inconnus du naturaliste.
Il connaissait les retraites des plus mauvais scorpions et la
résidence des cétoines ou des scarabées. Quand on lui
parlait de Paris, il disait: ‘J'y ai passé.—Et qu'y avez-
vous vu de plus intéressant pour vous? —L'ours Martin.
— Mais enfin, qu’avez-vous contemplé avec le plus de
plaisir ?—L’omnibus qui m’a reconduit ici.” Il vivait de
souvenir dans sa chambre, entouré de soins attentifs
par sa famille, et spécialement par Mlle Aglaé, sa
fille aînée, et par une religieuse dont il appréciait lesgran-
des qualités, le dévouement et la gaieté.
C’est dans cette modeste chambre, dans la pleine soli
tude de son harmas qu’il vivait et recevait. De son regard
vlf et pénétrant, il avait vite discerné à qui il avait affaire.
S1 son visiteur ou sa visiteuse n’était qu’une tête vide,
venue par curiosité, pour essayer de s’illuminer près du
maître, celui-ci avait vite fait, par un silence obstiné, de
faire voir que le mieux était de se retirer. S'il fallait
absolument répondre aux questions insidieuses et répétées
alors, bien volontiers, il décochait le trait malicieux et bien
français qui enlevait totalement l’envie d’insister encore
Je ne voudrais pas citer des exemples, je craindrais, en le
faisant, de rappeler à certaines personnes les fines et mor-
dantes saillies qu’elles s'étaient attirées en insistant. Ce
qui l’egayait surtout et faisait passer bien vite les heures
L'ENTOMOLOGISTE FABRE 93
pour lui, c’étaient les causeries littéraires; depnis le vieux
Rabelais, ‘si riche en sel gaulois”, jusqu’à Jean La Fon-
taine, ‘un artiste pour le style, mais qui n’y connaissait
rien en bêtes”. (“J'aurais volontiers discuté avec lui”,
disait-il.
Tout cela est plus ou moins connu, surtout de ses inti-
mes. Mais pourquoi, quand on a parlé de cette gloire
française et provençale, avoir laissé dans l'ombre ses qua-
lités de cœur, ce bon accueil à tout venant, surtout aux
soldats revenus du front, blessés ou convalescents? Il pre-
nait leurs mains dans les siennes, écoutait leurs récits avec
une attention émue, et souvent des larmes tomhaient de
ses yeux.
Il ne voulait pas laisser partir ces braves sans leur offrir
un verre de son vin, il fallait, ‘“‘turta lou go”, prendre ce
vin qui n'avait qu’un défaut, celui de s’en aller trop vite.
Du pays boche, on lui avait demandé l’autorisation de
traduire ses œuvres, et malgré la somme offerte, il répondit
il y a deux ans: ‘“ La langue allemande a trop de dureté
et ternirait mon œuvre. Je m’y oppose absolument.” Il
aimait aussi à parler de la religion et jamais pour s’en
moquer ou la déprécier, tout au contraire. Il se faisait lire
l'Evangile par sa religieuse. Le passage de la rencontre
des disciples d'Emmaüs avec Notre-Seigneur avait pour
lui uu attrait spécial, il se le faisait relire. Il aimait à
s’entretenir de saint Paul qu'il avait lu en latin, en grec et
en français, et qu’il admirait et aimait tout en l'appelant,
sans manque de respect, ‘‘ un brasseur d’affaires ””, ‘ l’apôtre
qui taille à coups de hache ”.
Quand Mgr l’archevêque d'Avignon venait le voir, il le
recevait avec plus d’égards que d’autres grands, car il
voyait en lui le représentant de la religion catholique.
Dans cette dernière après-midi de sa vie, il n’a voulu et
n’a reçu auprès de lui, outre sa famille, que sa reli-
94 LE NATURALISTE CANADIEN
gieuse, le curé de sa paroïsse et son médecin. Il reçut les
sacrements avec l’attention et le soin qu’il savait mettre
aux grandes choses, et à plusieurs reprises ensuite et avec
effusion il serra la main de son curé, et c’est ainsi que,
sans souffrance, avec une entière lucidité d’esprit jusqu’à
la dernière minüte, il passa cette dernière journée sur la
terre.
Quand on chassa des écoles les religieuses de Sérignan,
il fut leur plus ardent défenseur. Jamais, chaque année,
il n’oublia son offrande pour le denier du culte et pour les
écoles libres de sa paroisse.
Lacordaire a dit quelque part que s’il fallait élever une
statue à la poussière de l’homme, il l’élèverait, plutôt qu’à
la poussière de son esprit, à la poussière de son cœur.
Or, chez M. Fabre, le cœur était à la hauteur de l’esprit.
C'était à dire pour compléter sa gloire.
13 octobre 1915.
F. PLISSONNEAU,
curé à Sérignan (Vaucluse).
M. HENRI FABRE MEURT A ORANGE
Le célèbre entomologiste s'éteint à l’âge de 92 ans.
Orange, France, 12 oct.—M. J.-Henri Fabre, entomolo-
giste, est mort. Il était né à Saint-Léons (Aveyron), en 1823.
Il a publié de nombreux ouvrages de science élémentaire
et de vulgarisation: Histoire de la bûche, Récits sur la vie”
des plantes, Ravageurs, Récits de l’oncle Paul sur les
insectes nuisibles, une Botanique, la Plante, Souvenirs
entomologiques, etc.
BIBLIOGRAPHIE 95
“Toute sa vie, Fabre fut un croyant que la science n’a
jamais éloigné de Dieu, dont il a constaté l’action provi-
dentielle, action qui se manifeste aussi bien dans les cor-
puscules infimes que dans les êtres supérieurs.
“ Nous avons appris avec joie que le grand savant a fait
dans les dernières heures de sa vie, qui fut noble, féconde
et sage, le dernier pas vers l’acceptation entière de la
doctrine catholique, et reçu avec grande piété les derniers
sacrements. ??
(Ze Pèlerin.)
——— 00! —
PUBLICATIONS REÇUES
—y7e Rapport annuel duministère de la Marine et des Pécheries. 1913-
I4. PÊÈCHERIES.
11 y a toujours quelque chose d’intéressant à glaner, dans ce Rapport
annuel, pour le naturaliste. Nous signalerons, dans le dernier Rapport,
des articles sur les Stations biologiques, sur l’ostréiculture, la piscicul-
ture, et sur le musée des Pêcheries d'Ottawa. Pour ce qui est de ce der-
nier sujet, M. A. Halkett, conservateur de ce Musée, donne une liste de
toutes les espèces de poissons canadiens représentées en ce musée, avec
quelques observations sur chacune. Nous nous demandons pourquoi on
ne fait pas un tirage spécial de ce Rapport, qui mérite mieux que de res-
ter enfoui dans un livre bleu.
—(U. S. National Museum.) P. Bartsch, Xeport onthe Turton collection
of South African Marine Mollusks . .. contained in the U.S. National
Museum. Washington, 1915.
— Report of the Commissioner of Education. (1913-14.) Vol. I. Was-
hington, 1915.
Idem. Vol. II. Washington, 1915.
—(Proc. of the Calif. Acad. of Sciences.)
Fauna of the Type Tejon.
List of the Amphibians and Reptiles of Utah.
—Almanach Rolland, agricole, commercial et des familles, pour 1916.
50e année. L’ex., 15 cts; franco, 2o cts. Cie J.-B. Rolland & Fils, 53,
rue Saint-Sulpice, Montréal.
Volume de 256 pages, contenant une foule de reuseignements, tarif des
postes, lois de chasse et de pêche, etc.
N
96 LE NATURALISTE CANADIEN
— Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia.
Vol. 67, p. II. Philadelphia, 1915.
Nous n’avons pas été peu surpris de trouver, au nombre des mémoires
qui composent ce volume, un travail en langue française, Cette étude,
qui est de M. Stanislas Meunier, a pour titre : «Théorie du gneiss et des
terrains cristallophylliens en général.»
— Histoire de la Seigneurie de SL-Ours.
1ère partie. Les origines de la famille et de la Seigneurie, 1330-1785.
(Par l’abbé A. Couillard-Després.) Montréal, 1915. Vol. gd-in-8° de 346
pages. Prix : fr.65, chez l’Auteur, à Saint-Ours-sur-Richelieu, P. Q.
L'auteur, déjà bien connu par la publication antérieure de plusieurs
travaux d'histoire, entreprend'avec le volume dont on vient delire le titre,
ut ouvrage qui paraît devoir être étendu. La plupart de ces trois cents
pages sont émaillées de noms et de dates, et cela est une preuve de la
peine qu'il a fallu se donxer pour les établir. Aussi nous félicitons gran-
dement l’écrivain de l’importante contribution à notre histoire nationale
qu’il vient de commencer, et nous comptons qu'il saura la mener à bonne
fin.
[oh ©
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Janvier 1916
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 7
Directeur-Propriétaire : Le chanoine V.-A. Huard
UNE ‘ SUPPOSITION ” D'OISEAUX
Le Sixième rapport annuel de la Commission de la Con-
servation, publié à Ottawa en 1915 en un fort volume in-
8°, contient un memoire, aussi intéressant qu’opportun,
sur la protection des oiseaux aquatiques du golfe Saint-
Laurent. Ce travail a pour auteur M. John M. Clarke,
directeur du musée de l'Etat à Albany, N..V. Il est illus-
tré par plusieurs belles planches hors texte, dont l’une
porte comme indication du sujet les mots suivants : QUEL-
QUES MARGAUX, Ile Bonaventure, comté de Gaspé ”.—Or
il est facile de constater, à première vue, que les oiseaux
présentés là connue des Margaux sont en réalité des
Perroquets de mer.
Qui a commis la bourde scientifique que nous venons
d'exposer ? |
L'erreur grossière dont il s’agit a eu pour conséquence
que notre estimable confrère québecquois, /e Bulletin de la
Société de Géographie de Québec, a reproduit, en sa livrai-
son de janvier-février, la même gravure et donc la même
hérésie ornithologique.
Et puis—ce qui prouve encore une fois que l’on ne sait
7.—Janvier 1916.
O8 LE NATURALISTE CANADIEN
jamais où l’on aboutira lorsque l’on quitte le droit chemin
— voilà que la Société de Géographie écrit (en quoi elle a,
certes, raison) Margaux, qnand la Commission de Conser-
vation écrivait Margaulx ! Où allons-nous !..
Sinous en appelons aux auteurs pour savoir quelle
orthographe adopter enfin, nous voyons que M. Dionne,
notre ornithologue classique, n’a pas cru devoir mentionner
cette dénomination peu élégante de “Margau ”. Pro-
vancher, lui, daus le travail sur nos oiseaux qu’il publiait
dès le 6e volume du WVaturaliste canadien, en 1874, a fort
bien mentionné le nom vulgaire, ‘ Margau ”, du Cormeran
ordinaire. Il dit même, à ce sujet, ce qui suit :
‘ Ce Cormoran, qui est très commun dans le Golfe tout
l'été et où il fait sa ponte, y est généralement désigné sous
le nom de Aargau, et cette appellation ne date pas d’hier,
puisqu'on la voit mentionnée dans les récits de nos pre-
miers historiens. “En un canton de l’île aux Oiseaux
“ (route du Canada), dit Sagard, étaient des oiseaux sé
{ tenant séparés les uns des autres et très difficiles à pren-
‘“ dre, pour ce qu’ils mordaient comme chiens, et les
‘“appelait-on Aargaux.”
Mais enfin, pour revenir au sujet de cette note, le Cor-
moran, vulgairement dit Margau, est le Phalacrocorax car bo
(Linn.) Leach, tandis que les oiseaux de la planche donnéé
par la Commission de la Conservation et parle Pu/letin de là
Société de Géographie est le Æyratercula arctica (Linn.)
Schaffer. Qui ne voit l'énorme différence ! On la verra encore
mieux, si nous disons que le premier atteint jusqu’à 40 pou-
ces de longueur, tandis que le second ne dépasse guèré 13
pouces. C'est celui-ci, vulgairement nommé Perroquet de
mer, qui a le joli nom de Macareux.
Nous souhaitons que la Commission de la Conservation
ne commette plus d'erreurs aussi regrettables et ne nous
présente plus lé Macareux (Perroquet de mer) sous le nom
"
AU DOMAINE LAIRET 79
de“ Margau ” (Cormoran ). Eu tout cas, pour réparer son
erreur, on ne saurait trop clamer que ce n’est pas du tout
un 2halacrocorax que représente cette belle gravure de la
page 118 de son volume de 1915, mais bien un Æra{ercula,
le Fratercula arctica, autrement dit: le Perroquet de
mer, |
ee OO e———
L'ORNITHOLOGIE
AU DOMAINE LAIRET EN 1915
M. le Directeur du Vafuraliste:canadien,
- Une. petite chronique, relativement aux oiseaux vus et
observés au Domaine Lairet en 1915, sera peut-être chose
intéressante pour vos. lecteurs et pour vous-même.
En faveur de ceux qui-ne le savent pas, il faut dire, tout
d’abord, que le Domaine Laïret, traversé par la petite
rivière de ce même nom, est une fort jolie place de campa-
gne, quoique renfermée dans les limites de la cité de Québec.
C'est un endroit assurément propice à l'habitation des
oiseaux, grâce à une foule de grands arbres qui sont encore
çà et là dressés sur le terrain, surtout grâce à de nombreux
-arbrisseaux de toute espèce qui bordent les deux côtés de
la rivière.
De bonne heure, au printemps, apparaissent naturelle-
ment les Moineaux et les Corneilles. Pauvres sujets pour
commencer. On ne peut dire ici: A tout seigneur tout
honneur. Les seigneurs n’apparaîtront qu’à la fin. C'était
chose facile pour les Moineaux de se montrer, puisqu'ils
hivernent dans le pays, partout où ils sont. On en pet
“dire autant des Corneilles. Plusieurs nous restent en hivér,
100 LH NATURALISTE CANADIEN
et les autres qui ont émigré, n'étant pas moins rustiques,
nous reviennent bravement en mars et avril.
Je vous entends medire: Paulo majora canamus. Très
bien. Mais qu’il me soit permis d’inscrire les noms techni-
ques de ces deux espèces : chose qui est dans l’ordre, n’est-
ce pas? et que vous désirez que je fasse pour toutes les
espèces suivantes.
Donc la Corneille, le Common Crow des Anglais, est,
dans le langage savant, le Corbeau d'Amérique, Corvus:
Americanus, Aud.;.et le Moineau, Æ/ouse Sparrow, est le
Moineau domestique, Passer domesticus, Briss.
Puis, avant de lâcher les Moineaux, je tiens à mention-
ner une observation que j'ai faite, et qui, à mon sens, est
très importante. Quoique je les aie vus constamment, tout
l'été, dans le chemin de Charlesbourg et dans les arbres
attenant à ce chemin, j'ai été frappé du fait que je ne les
ai pas vus empiéter sur le terrain des autres oiseaux, à quel-
que distance de la route, et le long de la rivière Lairet.
Or, j'appelle ceci une circonstance des plus fortunées.
Car on sait que cestyrans de Moineaux, querelleurs
et babilleurs, ont la mauvaise réputation de chasser leurs
congénères de tous les lieux où ils ont pris pied... Ils au-
raient donc laissé le champ libre, ici au Domaine Lairet, à
plusieurs petites espèces qui, autrement, auraient déguerpi.
Voilà un problème intéressant, n’est-1l pas vrai? Ils’agit
de savoir si les Moineaux, d’une manière générale, exercent
leur empire, ou plutôt leur tyrannie d'exclusion, unique-
ment dans les villes et villages, dans les grands chemins
et dans les bocages avoisinant routes et habitations où ils pul-
lulent, comme je les vus moi-même, antérieurement, chasser
les Hirondelles des gouttières des maisons, et les Fauvettes
des arbres des jardins. Dans l’affirmative, on pourrait
espérer que, en dehors de ces lieux funestes où règnent les
Moineaux, les autres espèces de petits oiseaux auraient
AU DOMAINE LAIRET IOI
donc la liberté de se maintenir et de se multiplier, ainsi quela
chose est arrivée, cette année, au Domaine Lairet, à ma
grande surprise ‘et satisfaction. :Car j'avais bien peur
d’abord que les: Moineauxne fissent la guerre à toutes les
petites tribus ailées des alentours et ne les fissent dispa-
raître; ce qui, n’arrivant point, m’a causé une déception
sur le bon bord, comme disait une petite fille.
: Quoi qu'il en soit, après les Corneilles, je ne tardai pas à
voir arriver le Rossignol, notre cher petit Pinson chanteur
du Canada, Song Sparrow, Melospiza melodia, Baird, si
gai, si:vif, si pétillant, inférieur, dit-on, à son congénère
d'Europe, mais dont nous faisons tout de même nos délices,
nous Cauadiens. |
Est-il vrai que ce chantre, aimé des Canadiens, tend à
disparaître de plus en plus autour des habitations, à cause
des féroces Moineaux qui lui font la guerre? Sans pou-
voir affirmer qu’il a été commun, je puis dire que je l’ai
vu et entendu constamment pendant tout le cours de
la saison. Plusieurs couples avaïent : dû établir domicile
dans les bocages avoisinant ma:demeure. Il se taisait
assez vite le soir; mais le matin, oh! comme: il était à
l’œuvre de bonne heure, avant le lever du soleil, dès les
premières lueurs de l’aurore! Ouvrant ma fenêtre à quatre
heures, même à trois heures du matin, j'étais toujours sûr
d’être salué et délecté par les notes cristallines de son
joyeux gazouillement.
Mais il ne chante pas que le matin et le soir. A toute
heure de la journée, perché sur un piquet ou sur une
branche, il fait retentir l’air de ses mélodieuses roulades.
“Son chant, dit Nuttall, produit sur notre oreille un effet de
plus en plus harmonieux. Tour à tour gai et rêveur, ses
notes semblent être tantôt un cri de joie à l’approche des
beaux jours de l'été, et tantôt un adieu plaintif à la belle
saison qui s’en va L'oiseau prélude ordinairement par
102 LE NATURALISTE CANADIEN
ces notes: Ash, Ash, thé, tè, Ashéti, Ashétri, qu'il accoms :
page de quelques trilles tremblantes.”’ Bref, notre Rossi-
gnol est réputé à juste titreun des meilleurs, sinon le meil-.
leur de tous nos oiseaux musiciens. Il rivalise fort bien
avec la Flûte, lé Metle et le Goglu. |
Il fut bientôt suivi du Pinson domestique, l’Oiseau gris
ordinaire, CAzpping Sparrow, Spizella socialis, Bovap., qui:
fut très commun et qui m’amusa beaucoup; car du haut
de ma galerie, au 2e étage, laissant tomber sur le sol des
miettes de pain, j'en voyais accourir plusieurs pour pren-
dre part à cette aubaine. Loin de se jeter sur le pain avec:
avidité, et en se battant les uns les autres, comme auraient
fait les Moiïineaux, ils y allaient plutôt délicatement, avec
réserve et respect, comme des petites gens connaissant bien
le savoir-vivre. Ils se dandinaient longtemps avant d’avoir
achevé leur pâture. Ils y revenaient même après l'avoir
abandonnée.
Eu fait de Pinsons, j'en mentionnerai encore un troi-
sième, le Pinson de montagne, 7ree Sparrow, Spisella mon-
ticola, Baird. Il est moins beau et moins attrayant que
les autres, gazouillant peu, se tenant plusieurs en com-
pagnie, et se livrant à des ébats très modérés; mais il a le
mérite d'être resté en place plus longtemps que toutes les
autres espèces. Cär, à la fin de novembre, j'envoyais encore
quelques individus parmi les branches desséchées de mes
arbres: paraissant engourdis par le froid, se blottissant à
l'abri du vent et se gouflant les plumes pour se réchauffer.
Ce Piuson est remarquable par le gris cendré à sen près
uniforme de E partie inférieure de son corps.
L'abbé F.-X. BURQUE.
(A suivre.)
—— :00 :—-
HISTÉRIDES CAPTURÉS À OTTAWA 103
HISTÉRIDÉS CAPTURÉS À OTTAWA
ET DANS LES ENVIRONS
Les Histéridés forment une famille des plus caractérisées
parmi les coléoptères. Ils sont tous de faible taille, variant
de 1. 3 min. à 7 mm. de longueur; et d’un noir. brillant.
Leurs élytres tronqués laissent les deux derniers segments
de l'abdomen exposés. Les pattes sont courtes, rétractiles
et élargies. Dès qu'on saisit ces insectes, la tête s'enfonce
dans le prothorax, les autennes se cachent dans un sillon
du prosternum, les pattes se replient sous le corps: ils pa-
raissent comimne morts. Très probablement Linné leur a
donné le nom d’‘“‘Hister” (du latin histrio =mimique) à
cause de l'instinct qu'ont ces insectes de feindre la mort
lorsqu'ils sont troublés. La plupart vivent daus les décom-
positions animales ou végétales, soit à l’état larvaire soit à
l’état adulte.
Une monographie de cette famille serait des plus néces-
saires, mais aussi des plus laborïeuses—vu le peu d’atten-
tion que les quelques rares naturalistes canadiens ont apr
porté à ce groupe. L'abbé Provancher, dans sa ‘* Petite Fau-
ne entomologique”’ publiée en 1877, mentionne douze
espèces comme appartenant à uotre région. Depuis quel-
ques années, je m'occupe un peu d’entomologie, et les His-
téridés ont été pour moi d’un intérêt tout particulier. Pour-
quoi? je ne sais. Ce n’est certes pas à cause du plaisir
qu'offre au nerf olfactif l'habitat de ces dépurateurs de la
nature. J'ai capturé à Ottawa et dans les environs vingt-
six espèces, qui m'ont été déterminées par M. Schwarz, du
Bureau d'Eutomologie de Washington. C'est ici le lieu de
remercier cet éminent coléoptérolowue, qui a eu la bienveil-
lance d'identifier bon nombre de mes captures.
La famille des Histéridés comorend deux tribus parta-
gées en 7 geureset comptant 26 espèces.
104 LE NATURALISTE CANADIEN
HISTRINI —
HIsTER Linné.
3477—Harrisii Kirby.
3480—interruplus Beauvais.
3482—mmuntis Erichson.
3484—cognatus Leconte. .
3490—abbreviatus Fabricius.
3486—/fœdatus Leconte.
3494—depurator Say...
3505—sedecimstrialus Say.
3507—bimaculatus Linné.
3508—Americanus Payk..
3510—#ubrlis Leconte.
PHELISTER Er.
3515—subrotundus Say.
PLATYSOMA Payk.
3519— Carolinus Payk.
3520—/Zeconter Maxs.
3524—coarctatus Leconte.
3525—punctigerum Leconte.
EPIERUS Er.
3533—7egularis Beauv,
DENDROPHILUS Leach.
3551—punclulatus Say.
SAPRINI —
SAPRINUS Er.
3571—rotundatus Kugel.
3583 —/ugens Er.
3585—Pennsylvanicus Payk.
3590—assimilis Payk.
UN OISEAU RARE 105
3592—conformis Leconte.
3614— sphaeroides Leconte.
3617—/fraternus Say.
PLEGADERUS Er.
3633—transversus Say.
Les espèces suivantes sont mentionnées dans la ‘ Petite
Faune entomologique”’—peut-être les trouverai-je dans mon
nouveau champ d'observation : Æ/1ster planipes, .margint-
collis, attenuatus, et Saprinus distinguendus.
FRÈRE GERMAIN, (1)
des Ecoles Chrétiennes.
Académie De La Salle,
Trois-Rivières, P. Q.
LUE
UN OISEAU RARE
M. Raoul Lavoie, l’un de notre petite phalange de natu-
ralistes, nous écrivait le 29 décembre dernier :
‘ Depuis si longtemps que je voyage dans tous les che-
mins de la province de Québec, ce n'est que ce matin
que j'ai eu la bonne fortune de voir un vol de cinq
Gros-Bec à couronne noire, /Zesperiphona vespertina
Bonap., 3 mâles et 2 femelles, Ils étaient dans les hautes
branches des érables, près du chemin où nous pass'ons.
C'était à Saint-Pacôme (Kamouraska), dans un endroit
qu’on appelle le Lac Saint-Pacôme. Ils voletaient d’une
branche à l’autre à la manière des Bouvreuils; et le bril-
lant soleil de 10 h. du matin faisait ressortir le magnifique
plumage jaune des mâles et le noir éclatant de leur cou-
ronne.—C'est la première fois que je constate la présence
de cet oiseau en bas de Québec, depuis vingt-cinq ans que
je voyage dans cette région.”
1. Nous souhaitons ici la bienvenue, et avec grand plaisir, à un nou-
veau collaborateur. RED.
106 LE NATURALISTE CANADIEN
LA FLORE DU,TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
_ (Continuëé de la page 79.)
(PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES)
Microstylis unifolia (Michx) BSP.
Ile du Gros-Pèlerin.
Mitella nuda L. |
Rivière-du-Loup. Bois. Remplace la Mitrelle à deux
feuilles qu’on ne voit pas dans le Témiscouata. La Mi-
trelle nue se rencontre aux environs de Montréal, mais
elle y est fort rare et méconnue : Maisonneuve (Fr. Anselme).
Mollugo verticillata.
Lac Témiscouata.
Montia lamprosperma Cham.
Tadoussac. Rochers humides. Espèce boréale-arctique,
généralement confondue avec 47. fontana, dont elle se
distingue surtout par des caractères tirés de la graïîne. (Fig.
11). Sainte-Anne-des-Monts (Allen); Bic, Rivière Dart-
mouth, Rivière Bonaventure (Fernald).
Myosotis arvensis L.
Rivière-du-Loup. Plante introduite. Grande-Rivière,
Gaspé. ‘(Fernald.) |
LA FLORE. DU: TÉMISCOUATA 107
Myosotis laxa Lehm. LR Tr
Rivière-du-Loup. - Espèce indigène. Bic, Pointe-au-
Père, et dans toute la Gaspésie.
Myrica Gale L. é
Rivière-du-Loup (Pointe à Persi). Ne semble pas redou-
ter le voisinage de la mer. Commun au bord des eaux
douces.
Nemopanthes mucronata (L.) Trel.
Rivière-du-Loup (Mont Pilote).
Œnothera muricata L.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi); Saint-Simon (Rimous-
ki). Déloge ici Œnothera biennis si commune au sud de
la Province. Penhallow confond (Æ. bzennis avec Œ. mu-
ricata et c’est pourquoi il cite la première comme très
répandue sur le rivage du Témiscouata. Œ. muricata est
l’une des espèces les mieux marquées de ce genre si poly-
morphe sur lequel les expériences de Hugo de Vries ont
tant attiré l’attention du monde savant.
Mgr Léveillé, dans sa monographie du genre ŒÆnothera,
fait rentrer (Æ. muricata avec plusieurs autres dans la
“race” Dzennis d'une espère globale : ŒÆ. communs
Léveillé, laquelle se trouve à inclure ainsi: @Œ. biennis, Œ.
muricata, Œ. Hookert, Œ. strigosa, Œ. Darviflora, Œ.
Oakesiana, Œ. cructata, Æ, Lamarckiana etses mutations, .
Œ, Japonica. Cette réduction d'espèces paraît à beaucoup
un peu hâtive. La question des mutations n’est pas fermée
et le genre Œnothera donne encore lieu à de nombreuses
expériences d'où sortira, espérons-le, quelque lumière.
Les champions de l’école opposée, l’école multiplicatrice,.
vont même jusqu’à prétendre que (Æ. biennrs est une espèce
composite qu’il faudra résoudre en plusieurs autres.
108 LE NATURALISTE CANADIEN
Œnothera pumila L.
Riviere-du-Loup. Locale dans l'Est. Bic, Rimouski.
(Fernald.)
Parnassia Caroliniana Michx.
Lac Témiscouata. Rochers siluriens du rivage. Locale
et calcicole.
Pedicularis palustris L.
Cacouna ; Rivière-du-Loup. Prairies A 2 | Cette
Pédale. que tous les auteurs nous décrivent comme
essentiellement glabre, se trouvait dans ces deux stations
abondamment pubescente. Parasite sur les racines des gra-
minées, au moins en Europe. ,.Linné croyait la Pédicu-
laire des marais vulnéraire ; d’autres l’ont signalée comme
astringente et même très. efficace, dans le traitement des
ulcères. Elle est très peu employée aujourd’hui (52).
Picea Mariana (Mill. ) BSP.
Rivière-du-Loup (Mont Pilote). Isolée sur les collines
de quartzite. Commune ailleurs.
Pinus Banksiana Lamb.
Rivière-du-Loup. Colllines de quartzite. (Ces collines
siliceuses au profil si curieux qui caractérisent le éambrien
dans les comtés de Kamouraska, Témiscouata et Rimouski,
sont elles-mêmes caractérisées par la présence à leur som-
met du Pin Gris. En dehors de là, il est rare sur la rive
sud et Fernald ne le trouve qu’aux environs du Bic. Com-
mun sur la côte nord. Ile de Cacouna (Penhallow).
(Fig. 12).
52. Héribaud-Joseph, Fr., Les /’lantes parasites de la Flore d'Au-
vergne.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 109
Ÿ Louis PREFONTAINE.
Fig. 12.—-Pinus Banksiana Lamb.
Le Pin gris, caractéristique des conditions xérophytiques qu'offrent
les collines de quartzite de la région de Témiscouata.
‘110 "LE NATURALISTE CANADIEN
Plantago boreale Lange.
Tadoussac. (Crevasses du gneiss laurentien à quelque
40 pieds au-dessus de la haute;mér. (Ceci n’est probable-
ment qu’une forme extrêmement réduite du 2. decipiens
Barneoud. La plante fructifiée peut ne mesurer que deux
pouces de hauteur. La racine ést grosse relativement et
paraît faire fonction d’organe de réserve; les feuilles sont
petites et aciculaires: : Si 2 Boreale n’est pas distinct spé-
cifiquement de ?. decipiens, on peut le considérer comme
la forme xérophytique de. cette «espèce, ordinairement ha-
lophytique. Sur les rochers élevés où il croît, ?. boreale
est soustrait entièrement à l’action des chlorures marins,
et c’est pourquoi la carnosité des feuilles est presque nulle.
Î
Plantago decipiens Barneoud.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi). Espèce exclusivement
maritime, très variable dans ses dimensions. Prospère sur
les vases, sur les rochers. Commune depuis la Rivière-du
Loup, vers l’est.
({
Poa eminens J. S. Presl.
Rivière-du-Loup ( Anse à Persi). Ce Paturin géant est
essentiellement halophytique et porte de grandes et très
belles inflorescences blanchâtres. (Commune dans son ha-
bitat.
Polygonum aviculare L. var. vegetum Ledeb.
Rivière-du-Loup ( Anse à Persi)}. Variété halophytique
de l’ubiquiste Renouée des oiseaux. L’azote provenant
de la décomposition des varechs semble fixer au bord de la
mer cette singulière association d'espèces communes autour
des habitations: Se//aria media, Polygonum aviculare,
Atriplex patula.
‘BIBLIOGRAPHIE *:$EI
Polygonum sagittatum L. )
Rivière-du-Loup (Anse à PRra L'habitat halophytique
paraît déformer quelque peu cette plante fauiilière : ‘réduc-
tion de taille, coloration des feuilles, etc. Bic, New-Cärlisle,
Gaspé ( Fernald ).
Populus balsamifera L. |
Lac Témiscouata. Un dés arbres caractéristiques de la
région. f
“
Potamogeton epihydrus Raf.
Lac Pratt. (= 2. Nuttalli Cham. & Schl. Vo.
Potamogeton heterophyllus Schreb:
Lac Témiscouata. Variable ét très commune.
Potentilla anserina L.
Rivière-du-Loup, ét partout commune sur les rivages.
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(À suivre.)
Vi
PUBLICATIONS REÇUES
—43e Rapport annuel du ininistère de la Marine et des Pécheries
10-11. PÊÉCHERIES. Ottawa, 19r2.
A signaler dans ce volume; une étude sur les travaux des Stations
biologiques du Canada, un Rapport sur l’ostréiculture au Canada en
1910, et le Rapport annuel de M. Halkett sur le Musée des pêcheries du
Canada.
— Proceedings of the American Association for the Advancement of
Science. Washington. 1915
— Une heure à l'Exposilion antialcoolique. Précis publié par les
Clercs de Saint-Viateur. Montréal (1915.)
112 LE NATURALISTE CANADIEN
—(The Biological Board of Canada.)
Contributions to Canadian Biology, being studies from the Biological
Stations of Canada, 1911-14. Fase. I. Marine Biology. Fasc. II. Fresh
Water Fish and Lake Biology. Ottawa, 1915.
Investigations into the Natural History of the Herring inthe Atlantic
waters of Canada, 1914. Preliminary Report No. 1. By Johan Hjort.
Ottawa, 1915. |
— Rapport sur les travaux relatifs aux Archives publiques pour l'année
1913. Ottawa, 1915.
—(Archives publiques.) Documents relatifs à l’histoire constitution-
- nelle du Canada. 1791-1818. Ottawa, 1915.
— Fermes expérimentales, 1914. Vol. I. Ottawa, 1915.
— Rapport de l’Astronome en chef pour l'année 1910-11. Ottawa. 1915.
—(Commission géologique.) Géologie de la côte et des fles entre les
détroits de Géorgie et de la Reine-Charlotte, par J. A. Bancroft. 1915.
J.J. O'Neil, Montagnes de St. Hilaire (Belœil) et de Rougemont.
(Québec). 1915.
— Contributions à la Biologie du Canada basées æur les travaux des
Stations biologiques du Canada, 1911-1914. Fasc, I. Piologie des mers.
Ottawa, 1915. :
Contient des mémoires de grande valeur pue la science canad'enne.
—(Ministère des Mines, Canada.)
Rapport sommaire de la Division des Mines Au ministère a Mines.
1913. Ottawa, 1915.
Notes géologiques pour la Carte du Bassin de Gaz et de Pétrole de la
rivière Sheep, Alberta, par D. B. Dowling. Ottawa, 1915.
Porter et Durley, Recherches sur les Charbons du Canada au point de
vue de leurs qualités économiques. Vol. III. Ottawa, 1915,
— Commission de la Conservation, Canada.
Rapport de la sixième Assemblée annuelle. 1915.
Les travaux qut nous intéressent le plus dans ce volume sont les mé-
moires suivants : ‘‘ Protection des Oiseaux aquatiques du Golfe Saint-
Laurent,” par J.-M. Clarke, et ‘‘ La protection des Oiseaux,’ par C.-G.
Hewitt.
—(Bureau of Biological Survey, Washington.) North American Fauna
No. 38. A Review of the American Moles, H. H. T. Jackson. Was-
hington, 19:5. À
— Elementos de Tecnica microscopica y de Histologia vegetal, por el
Prof. Is. Ochoterena. Fasc. I. San Euis Potosi. 1914.
—(Ministère des Mines, Canada.)
Recherches sur les Charbons du Canada au point de vue de leurs qua-
lités économiques, par Porter & Durley. Vol. I. Ottawa, 1914.
Monumental ouvrage en six volumes, abondamment pourvu de gra-
vures et de cartes hors texte.
ÊE
NATURAYISTE CANADIEN
Québec, Février 1916
VOL. XLIL (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 8
ENCORE UNE PLAIE !..
LA BRULURE
(Bacillus amylovorus)
La brûlure, connue par les Anglais sous le nom de
‘ Pear Blight ”, est la plus terrible desimaladies ravageant
les vergers des Etats-Unis et d'Ontario. Or, comme ce
fléau existe aussi dans la province de Québec, nous nous
faisons un devoir d’en parler aux lecteurs du NATURALISTE
CANADIEN qui, à leur tour, en parleront à leurs amis.
Causes de la brûlure :
La brûlure est une maladie bactérienne attaquant et
faisant mourir les arbres fruitiers. Or, qu’est-ce qu’une
maladie bactérienne? Une maladie bactérienne est une
maladie causée par l’action nocive d’une bactérie. Et, une
bactérie, qu'est-ce que c’est? Une bactérie est un organisme
végétal, d’une petitesse extrême, incapable de se nourrir par
lui-même, mais comptant pour se développer sut la nourri-
ture toute prête qu’il tiouve dans les tissus des plantes. Or, les.
plantes, tout comme les animaux, ne peuvent résister à cet
8.- Février 1916.
114 LE NATURALISTE CANADIEN
envahissement d'organismes étrangers. Elles luttent pen-
dant quelque temps ; mais, rongées de tous côtés, elles
succombent, deviennent malades et meurent. C’est le cas
de la brûlure. Voilà pour la cause.
Origine et distribution de la brûlure :
La brûlure est d’origine américaine. On la constate
aujourd’hui non seulement sur tous les points de la répu-
blique voisine, maïs aussi dans Ontario, surtout dans le
district de Niagara, renommé pour la culture de ses fruits.
Nous avons constaté la brûlure dans les vergers d'Oka.
Elle y a déjà causé des dommages assez considérables.
Existe-t-elle ailleurs? Je serais porté à répondre affirma-
tivement.
La brûlure n’est pas connue en Europe.
Arbres fruitiers susceplibles d'être attaqués :
La brûlure exerce ses ravages surtout sur les poiriers.
C'est pour cette raison que les Anglais lui ont donné le
nom de ‘ Pear Blight”.
La brûlure attaque aussi les coings, les ps et
peut-être aussi les pruniers.
Elle existe sur différentes plantes indigènes, telles que
pommier et aubépine.
Cycle évolutif de la brAlure :
Les bactéries hivernent dans l’écorce de l’arbre, entre
la partie saine et la partie malade, Eu d’autres termes,
les germes de la maladie passent l'hiver 1à où la maladie
s’est arrêtée iorsque les froids de l’automne sont survenus.
Ils sont massés à cet endroit et attendent, pour redevenir
actifs, le départ de la végétation. Au printemps, donc, les
bactéries deviennent actives, se distribuent avec la sève,
envahissent de nouveau les cellules de la plante hôte,
lesquelles sont tuées et désorganisées. Elles sécrètent en
ENCORE UNE PLAIE 115
même temps un liquide qui suinte, exsude à travers les
pores de l’écorce. Ce liquide nouvellement sorti de l’épi.
derme est blanchâtre, ressemblant à du lait. Cependant,
une fois exposé à l'air, il devient brun, ambré, élastique,
gommeux. Il contient des millions de bactéries capables
de propager la maladie. Il est aussi légèrement sucré.
Conséquemment, ilattire à lui plusieurs espèces d'insectes.
Ces derniers, se nourrissant sur ce liquide, se souillent de
germes, lesquels se collent à leurs maudibules, à leurs
pattes, etc. En quête de nectar, ils iront ensuite visiter
les fleurs, y laisseront quelques germes qui, trouvant le
milieu favorable, se multiplient rapidement, passent dans
le pédoncule, de là dans les rameaux, branches et tronc.
Ce sont les fourmis qui, surtout, transportent les germes
de la brûlure dans les fleurs. D’autres insectes, tels qu’a-
beilles sauvages et domestiques, y mettent aussi leur ‘nez’.
Un autre groupe d’insectes qu’on appelle ‘‘suceurs ”
peuvent aussi inoculer les germes de la brûlure dans les
jeunes pousses, rameaux et fruits.
Symptômes de la brûlure :
(a) Brâlure du tronc.
Lorsqu'un arbre est attaqué par la brûlure, l’écorce de
la partie atteinte devient d’un bleu sombre, s’enfle, se ride
et se fendille. Sous la pression de la main, on dirait qu’elle
est remplie de bulles d’air. Au printemps, vers l’époque
de la floraison, un liquide brunâtre (mentionné ci-haut)
suinte à travers l'écorce et coule parfois le long du tronc.
Si on enlève l'écorce, on constate que le cambium est
rayé, bariolé de rouge. Il y a aussi dans le tissu malade
une surabondance d’eau. Il est même facile, sous la
pression de la main, d’en extraire des gouttes.
Bref, la maladie sur le tronc ou les grosses branches
constitue une espèce de chancre.
116 LE NATURALISTE CANADIEN
(b) Pralure des fleurs.
L'infection des fleurs a lieu durant la floraison et l’on
constate la maladie une couple de semaines plus tard, alors
que les petits fruits, à peine formés, se noircissent et
meurent.
(c) Brâlure des rameaux.
Les gourmands, les rameaux, etc., attaqués par la brû-
lure, uoircissent, deviennent imbibés d’eau; des petites
gouttes, du liquide mentionné plus haut, apparaissent sur
l'écorce, laquelle, graduellement, se ride et meurt. La
maladie pénètre alors dans les feuilles. Ces dernières,
devenant brunes et comime grillées, ont donné le nom à la
maladie. Les feuilles tuées par la brûlure ne tombent pas
sur le sol, mais demeurent dans l'arbre parfois tout l'hiver.
Elles nese rident, ni ne s'enroulent. Cela est dû à un liquide
spécial sécrété par les bactéries, durcissant le pédoncule et
le pirenchyme, leur donnant, pour ainsi dire, un certain
degré d’élasticité.
(d) Brlure du fruit.
Les bactéries peuvent entrer dans le fruit soit par le
pédoncule, soit par les piqûres d’un insecte portant les
germes de la maladie. La chair du fruit attaqué jaunit,
se durcit, et la pelure se ride et noircit De même que
les feuilles, les fruits tués par la brûlure ne tombent
pas sur le sol.
RÉSUMÉ
Voici les symptômes les plus caractéristiques de la brû-
lure :
1° Au printemps, vers l’époque de la floraison, abon-
dance d’ean dans le tissu malade. Le cambium est rayé
de rouge, l'écorce est enflée, spongieuse.
2° Les feuilles noircissent, restent suspendues à leur
ENCORE UNE PLAIE 117
pédoncule, qui ne casse pas comme celui d’une feuille morte
naturellement.
3° Gouttes d’un liquide ambré suintant à travers
l'écorce.
4° Décoloration de l'écorce envahie par les bactéries.
Elle prend une teinte bleue.
Moyens de contrôle.
La brûlure étant de nature bactérienne, les fongicides,
par le fait même, ne sont d'aucune utilité dans le traitement
de la maladie.
Le seul moyen de contrôle consiste à enlever, en temps
opportun, les chancres et les parties atteintes par la
maladie.
En hiver, les bactéries étant massées au même endroit,
faire une visite dans le verger et enlever, en ayant soin de
couper au moins quatre ou cinq pouces de bois sain, toutes
les parties atteintes par la brûlure.
En été, deux semaines après la floraison, faire une nou-
velle visite et enlever les fleurs, les rameaux, les gour-
mands, etc., attaqués par la maladie. En été il est séces-
satire de couper, afin d’être sûr d’enlever toutes les bac-
téries, douze à quinze pouces plus bas que la maladie. Il
vaut mieux en couper trop long que trop court.
Cette visite doit se faire une fois par semaine, surtout
si la saison est chaude et humide : car, c’est en de telles
circonstances que la maladie se développe le plus faci-
lement et le plus rapidement.
Les rebuts doiveut être brûlés, surtout ceux enlevés en
hiver.
Point important.
Désinfecter les outils, avant de faire une nouvelle coupe,
avec du sublimé corrosif (bichlorure de mercure) à raison de
1 partie de sublimé dans 500 parties d’eau.
118 LE NATURALISTE CANADIEN
Le sublimé se vend dans les pharmacies, sous forme de
petites tablettes. Dans ce cas, une tablette suffit pour une
pinte d’eau.
Pour s’en servir, le mettre dans une petite bouteille, et,
à la place du bouchon, mettre un morceau d’éponge.
Quand le moment de l’employer est arrivé, il suffit de
passer l’éponge imbibée sur la lame de l'outil.
N'oublions pas le sublimé.
FIRMIN LÉTOURNEAU, B. S$S. AÀ.,
professeur d'Entomologie.
Institut Agricole d'Oka.
re 00
L'ORNITHOLOGIE
AU DOMAINE LAIRET EN IOIS5 (1)
(Continuéë de la page 102)
Après les Pinsons, les Grives. J’en ai quatre à men-
tionner: deux que j'ai vues et entendues, et deux que je
n’ai qu’entendues.
Je me disais: Le Merle ne viendra-t-il pas dans ces
parages? Il est venu. Deux ou trois couples y ont nichéet
couvé. C’est la Grive erratique, American Robin, Merula
migratoria, Sw. & Rich. Charmante vision que celle de
cet aimable oiseau qui se plaît dans le voisinage des
hommes, et qui cependant se défie d’eux. Tard le soir et de
bonne heure le matin, on l’entend chanter d'un air inquiet
et passionné. Son chant fortet pénétrant semble vibrer de
tendresse maternelle et d’anxiété à l’égard des chères espé-
rances qui sont dans le nid. Arrive-t-il que ses œufs sont
1 ERRATUM. Page 100, livraison précédente, ligne 21, /#7e: batai
leurs au lieu de babilleurs.
AU DOMAINE LAIRET 119
enlevés ou ses petits détruits, oh! c’est alors qu’il fait
pitié de l’entendre. Ce sont des cris déchirants et de
longues et douloureuses lamentations.
“Le Merle, dit notre éminent ornithologiste canadien
M. C.-E. Dionne, dans son illustre ouvrage Zes Orseaux
de la Province de Québec, est un des premiers oiseaux qui
nous arrivent du Sud au printemps, pour ne nous quitter
que très tard À l’automne. Vers la mi-avril, dès l’aurore
d'un beau matin, on le voit, perché sur une branche, d’où
il lance au loin, avec force et vivacité, ses joyeuses notes qui,
sans être ni belles ni mélodieuses, n’en sont pas moins
agréables à l'oreille. Qui ne l’a vu, au printemps, par-
courir en sautillant les terres fraîchement remuées des
champs et des jardins, et recherchant les larves, et surtout
les jvers de terre, dont il se nourrit, et qu’il retire adroite-
ment de leur trou sans les rompre ? ”
N’ai-je pas entendu la Æ7ñ4e, cette Grive extraordinaire
qui chante, ou plutôt qui siffle si fort et si bien? Entendons-
nous. Si vous voulez parler de la vraie Æ/ñte, qui est la
Grive des bois, Wood Thrush, non, je ne l’ai pas entendue.
Mais s’il est question de l’autre qui lui ressemble, qui est
la Grive ‘solitaire, Æermit Thrush, Turdus solitartus,
Wilson, oh! oui, je l’ai entendue plusieurs fois, mais sans
la voir.
La confusion est facile entre les deux espèces, teilement
facile que non seulement le peuple et les amateurs, mais
les auteurs eux-mêmes s’y trompent, y compris l’abbé Pro-
vancher. Or la première, dont le chant l'emporte beaucoup
sur celui d2 la seconde, est extrêmement rare dans le pays,
tandis que l’autre y est relativement assez commune. Et,
d’un autre côté, on n’a point tort d'appeler Æ/A£e aussi la
Grive solitaire, dont le chant rappelle si bien celui de la
Grive des bois.
“La Grive des bois, dit M. C.-E. Dionne, possède un
120 LH NATURALISTE CANADIEN
chant qui ne se compose que de quelques notes; mais ces
notes sont si douces, si pleines de mélodie, qu’elle s'élève
par elles au-dessus de tous les musiciens ailés de nos bois.
C'est ordinairement vers le soir que, perchée sur les
branches les plus élevées d’un arbre, elle fait retentir les
bois de sa mélodieuse voix.”’—"‘Sa voix, dit Audubon, est
si puissante, si distincte, si claire et si moelleuse, qu'il est
impossible qu’elle frappe l'oreille sans que l’esprit ne soit
en même temps ému. Je ne puis comparer ses effets à ceux
d'aucun instrument, car je n’en connais pas d’aussi mélo-
dieux. Elle s’enfle peu à peu, devient plus sonore, puis
jaillit en gracieuses cadences, et retombe enfin si douce et
si basse qu’on dirait qu’elle va mourir. ”
Eh! bien, il faut dire la même chose, quoique d’une
manière un peu restreinte, de notre //#/e commune, la
Grive solitaire. J'en ai pour garant le témoignage de mes
propres oreilles, appuyé sur l’autorité des auteurs.
Si le chant de cette Grive, dit M. C.-E. Dionne, n’est
point comparable à celui de la Grive des bois, il a cependant
uu attrait tout particulier. Quand le matin, dès l’aurore,
comme le soir au déclin du jour, la Grive solitaire lance
ses joyeuses notes, on croit entendre les premières roulades
de la Grive des bois. Sa voix, quoique peu forte, est claire
et rappelle le timbre argenté de la flûte. Voilà pourquoi
on donne le nom de Flûte à cet oiseau.”
Un autre auteur, Samuel, affirme qu’elle chante très
bien et presque à l’égal de la Grive des bois. “Les habi-
tudes, dit-il, le chant et les caractères généraux de cette
Grive sont presque exactement semblables à ceux de la
Grive des bois. Son chant lui ressemble tellement que j'ai
toujours cru, en l’entendant, que c'était celui de la Grive
des bois.”
Une autre Grive, assez remarquable, que j'ai entendue
sans la voir, est la Grive de Wilson, Wz/son's 7 hrush,
Le
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 197
ÆHylocichla fucescens, Ridgw. La particularité de cette
Grive est un cri fort, pzou, composé d’une seule note,
qu'elle fait entendre souvent et qui ressemble, à s’y tromper,
au cri plaintif d’un petit poulet qui a perdu sa mère et qui
la cherche. Or, cette Grive se tient cachée, au bord des
ruisseaux et des rivières, dans l’ombre des buissons les
plus épais. Voilà pourquoi il est difficile de l’apercevoir.
Je l'ai peut-être vue passer rapidement comme un trait, à
travers les branches; mais je n’en suis pas sûr, et quo'que je
l’aie entendue presque tous les jours, j'aime autant dire
que je ne l'ai jamais vue. L'abbé Provancher n’a pas
mentionné cette espèce. Outre son 204 éclatant de petit
poulet, elle a un chant doux et délicat qui n’est pas à
dédaigner. ‘ Le chant de cette Grive, dit M. Dionne, rap-
pelle celui de la Grive des bois; mais il est loin d’être
aussi varié et aussi riche en mélodie.”
L'abbé F.-X. BURQUE.
(A suivre.)
ot des — ir à
——— 00 :
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
(Continué de la page 111.)
(PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES)
Potentilla fruticosa L..
Lac Témiscouata. Partout sur les bords. Très joli ar-
brisseau de la flore arctique-alpine, laquelle, comme l’on
122 LE NATURALISTE CANADIEN
sait, est remarquablement uniforme dans l'hémisphère
boréal. Dans le nord de la Nouvelle-Angleterre, la Poten-
tille frutescente est, paraît-il, envahissante et nuisible, et
Fernald dans ses notes lui épingle l'étiquette: ‘“ Common ”.
Fig. 11.—/Wontia lamprosperma Cham.
(Cette vignette devrail se trouver à la page 10€)
Macoun (53) écrit: Common on the rocky margins of the
rivers and lakes from Labrador and Newfoundland to the
Pacific, and northward to the Arctic Sea. Besides being
freqnent in Eastern Canada at low altitudes, it becomes
53. Macoun, J'MIOC CIE AL ATATE
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 123
truly alpine in the Rocky Mountains and is found almost
at the snow line. Also in Groenland.
En dix années d’herborisation nous n'avons jamais ren-
contré cette plante daus l’ouest de la Province. Moyen,
dans sa ‘“ Flore du Canada ”, exprime par un ‘“!” qu’il l’a
trouvée dans l’île de Montréal. Provancher n’en avait
aucune connaissance personnelle. Nous croyons que si
elle existe aux environs de Montréal, elle doit y être fort
locale.
La Potentille frutescente est une xérophyte assez bien ca-
ractérisée par la petitesse des feuilles etleur pubescence
soyeuse. Ainsi fortement armée contre la transpiration
rapide et la dessiccation qui en résulte, elle peut braver les
climats arctiques et les marais froids où la puissance d’ab-
sorption des racines est ralentie, tout autant que les situa-
tions arides sur les rochers.
L'écorce de ce petit arbuste s’enlève par pellicules à la
manière de Spzraea opulifolia (bois à 7 écorces). Il serait
intéressant de savoir si cette décortication, caractéristique
chez certaines espèces, joue un rôle écologique quelconque.
Penhallow (54) dit avoir trouvé cette espèce près de
l’Anse à Persi, Rivière-du-Loup. La station semble détruite
aujourdhui.
Potentilla palustris (L.) Scop.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi). Plante hydrephile à
vaste distribution géographique. Cacouna, Bic. (Fernald.)
Potentilla pectinata Raf.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi). Sur les ardoises cam-
briennes et les alluvions du littoral depuis cette localité
jusqu’au Golfe. Bic, Pointe au Père, Rivière Blanche, Tou-
relle, Mont-Louis, etc. (Fernald.) Cet auteur, dans ‘“Gray’s
Manual”, ne reconnaît pas cette espèce comine distincte de
54. Penhallow, D. P., loc. cit., p. 440.
124 LE NATURALISTE CANADIEN
P. Pennsylvanica, mais nous croyons qu’il y a assez de diffé-
rence dans la forme générale de la feuille et surtout dans
la distribution géographique pour les séparer. (C’est ce
que fait Britton dans la nouvelle édition de ‘‘l’Illustrated
Flora.” (55)
Potentilla tridentata Ait.
Rivière-du-Loup; Cacouna. Plante à distribution subal-
pine, abondante sur les rochers exposés et les alluvions au
bord de la mer dans tout l’est du Canada. A l’intérieur du
continent, on ne la rencontre plus que sur les bords des
grands Lacs ou sur les sommets des montagnes. Aux en-
virons de Montréal, nous n’en connaissons qu’une station
de quelques pieds carrésau sommet du mont Saint-Hilaire.
Il s’agit évidemment d’un reste de la flore glaciaire.
Prenanthes Mainensis Gray.
Rivière-du-Loup (Ause à Persi) Croissant dans la
prairie saumâtre avec ?. trrfoliata et P. racemosa.
Il n’est plus guère possible de douter que ?. Mainensis
soit un hybride entre ?. érzfoliata et P. racemosa. La des-
cription originale de Gray se lit ainsi: About two feet high,
leafy up to and into the panicle; leaves nearly those of 2.
racemosa, but thinner and less glaucous; the radical ovate,
commonly with abrupt or rounded base; upper subtending
clusters of the interrupted narrowthyrsus: heads all droo-
ping both before and after anthesis, resembling those of the
following species (7. zzrgata Michx.). Shore of the St.
John’s River, at St. Francis, North Maine, Prengle. Gro-
wing with ornear ?. racemosa.—And a looser form of the
latter ‘very common on the St. John’s River”, Goodale,
in somewhat between the two; so that this may be a
hybrid between ?. racemosa and P. serpentarta. (56) Rap-
55. Britton & Brown, /{{ustraled Flora, XI, 251.
56. Gray, Asa, Synoptical Flora, 1, 433. 1886.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 125
pelons qu'à cette époque, 1886, ?. trifoliata était comprise
dans ?. serpentartia.
Lorsqu'une étude provisoire nous eût fait reconnaître,
dans le paquet de Prenanthes de l’Anse à Persi, trois formes
apparemment distinctes, nous voulûmes profiter de l’au-
baine pour récolter ces plantes en quantité et en faire une
étude approfondie. Malheureusement, nous eûmes le désa-
grément de trouver dès le lendemain la prairie fauchée par
un riverain évidemment bien intentionné, mais placé à un
autre point de vue !
Les quelques notes qui vont suivre sont dérivées de
l'étude comparative de 15 individus de ?. racemosa, de 20
de 2. trifoliata, et de 8 de P. Matïnensrs.
1° Nous observons d'abord une réduction de taille con-
sidérable, effet sans doute du milieu semi-halophytique.
P. racemosa, qui peut atteindre près de 2 im., ne dépasse pas
ici 30 cm.; 2. /rifoliata, qui va facilement jusqu’à 1.50 m.
et exceptionnellement jusqu’à 3 m., a ici son maximum à
32 CIN.
L'observation familière aux éleveurs, qu’un produit
hybride est généralement plus vigoureux que chacun des
deux progéniteurs, se vérifie très clairement ici, ainsi que le
montrera le tableau de la page suivante.
La série des spécimens n’est pas assez considérable pour
montrer bien nettement une courbe de Quetelet; mais l’on
voit néanmoins que dans la même station ?. Marinensis,
espèce hybride, dépasse de 637 la taille moyenne des
espèces-mères. Pour expliquer cette Inxuriance s1 fré-
quente des hybrides, Tishler et Jost (57) ont récemment
invoqué l’hypothèse d’une influence toxique qu’une espèce
exercerait sur l’autre.
Il est à remarquer aussi que le fruit de ?. Marnensrs
est légèrement plus long que celui de ?. racemosa, et
57. Tischler & Jost, Arch Zellsforchung, 1, 33-151, 1908.
126 LE NATURALISTE CANADIEN
beaucoup plus long que celui de ?. {r1fol1ata, même chez
les individus géants.
TABLEAU COMPARATIF DE LA TAILLE
DE
P. racemosa, P. tr1fohata et P. Matnensis
nt 3 ACEMOSA | trifoliata Mainensis
en IT Thel É
Cent. Nombre | Produit | Nombre | Produit || Nombre | Produit
AR Rs EM 5 4 5 4 5
1 5 2 30 _- —
l Z ——— — ——
(7 2 34 2 34
18 2 36 - —
19 2 33 2 38
20 - — 4 80
21 2 42 I 21
22 - — I 22
23 & x 4 92
24 3 72 I 24
25 . — - —
26 - — 2 52
27 I 27 = — I 27
28 - — ] 28
29 - — ñ 29 I 29
30 I 30 _ — - —
31 = = = — = _
32 - — I 32 I 32
SE) = ECTS F GT a M
34 “ es = F a
35 à Fr + Le : Se
36 à = = — I 36
37 en = Æ a de
38 2. un = =. I 38
39 y SF = LS 1 39
40 - — - — - =
Total 15 309 20 A52 8 283
Moyenne 20.6 22.6 35:37
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.) | LL
PUBLICATIONS REÇUES 127
PUBLICATIONS REÇUES
— Rapport sommaire de la Commission géologique du ministère des
Mines pour 1912. Ottawa, 1915.
Les chapitres relatifs à la paléontologie, à l'anthropologie et à la bio-
logie du Canada sont particulièrement intéressants.
—P.-J. Roy, M. S.R. C.
Les Conseillers au Conseil souverain de la Nouvelle-France. Ottawa,
1915.
La Famille Viennay-Pachot. Yévis, 1915. (Tiré à 100 ex.)
La Famille Foucaull. Tévis, 1915.
—Canadian Institute. General Index lo Publications. 1852-1912.
Toronto, 1914. Prix : $5.00.
Volume gd in-8° de 518 pp., dont l'intérêt est très grand au point de
vue de l’histoire et de la science canadienne. Il est inutile d’insister sur
l’énorme travail que sa préparation a dû coûter.
—(Ministère de l'Agriculture, Canada.)
Rapport du Directeur général vélérinaire, 1914. Ottawa, 1915.
— Fermes expérimentales. Ottawa, 1915.
Les Rapports de M. Gussow, botaniste officiel, et de M. Hewitt, entomo-
logiste officiel, renferment toujours des renseignements de grande im-
portance au point de vue économique.
—(Bulletin of the University of Kansas, sept. 1915.) Science Bulletin,
IX; 1-27:
A signaler : ‘‘ A preliminary report on the Infasoria of Kansas,” par
Inez Smith.
—Archivos do Museu Nacional do Rio de Janeiro. Vol. XVI. 1911.
Ce grand volume, abondamment illustré, contient une partie de la
faune des poissons du Brésil (e/eutherobranchios aspirophoros), par M.
Alipio de Miranda Ribeiro.
— Proceedings of the Academy 2 Natural Sciences of Philadelphia.
1914, part 3; 1915, part 1.
Dans le volume de 1915, nous remarquons les travaux suivants : ‘‘ À
new classification ef the Ophiuroidea,” H. Matsumoto ; ‘‘ A new hypo-
thesis concerning butterflies,” Ad. M. Fielde.
— Report of the Commissioner of Education for the year ended June
30, 1915. Washington, 1915.
Des 35 chapitres qui composent ce volume compact, nous avons par-
couru d’abord celui qui a pour titre: ‘‘ Educational Work of American
Museums," On comprend comment il se fait qu’il y ait si grand nombre
de naturalistes aux Etats-Unis, quand on voit avec quel soin les enfants
des écoles sont familiarisés avec les musées. Le chapitre qui traite de
128 LE NATURALISTE CANADIEN
l'Education au Canada a aussi retenu notre attention. La question
scolaire bilingue dans Ontario y est exposée assez longuement.
— Cours élémentaire de Cosmographie, par l'abbé H. Simard, Québec.
1916, 2e éd.
Joli volume cartonné qui, dans le style sobre et clair de l’auteur,
expose ‘‘la partie élémentaire «le la science des astres.” Tout lecteur
prendrait grand intérêt à parcourir ee manuel qui traite de phénomènes
si attachants et dont beaucoup nous touchent de si près.
— Proceedings of the Indiana Academy of Science. 1914. Indianapolis,
1915.
Beaucoup de mémoires sur les différents sujets scientifiques.
— Transactions of the Kansas Academy of Science. Vol. 27. Topeka.
1915.
A signaler : une étude sur l'état présent de la question du cancer.
— Report of the Botanical Club of Canada for 1906-7 and 1907 &, by
A. H. MacKay. Ottawa. 1900.
— Bibliographic Index of American ordovician and silurian fossils.
Washington. 1915.
Deux volumes in-8°, de 1522 pp.
L'auteur de cette monumentale compilalion est M. Ray S. Bassler, con-
servateur de la section de paléontologie, U. S. National Museum.
— Proceedings of the U. S. National Museum. Vol. 48. Washington.
1915.
Ce volume ne paraît rien contenir qui intéresse particulièrement notre
faune canadienne. ;
—(New Vork State Museum.)
gzoth Report ofthe State Entomologist on Injurious and other iusects
of the State of New Vork, 1914. Albany, 1915. (19 planches hors texte.}
Entre autres articles, nous remarquons dans ce volume une Liste des
Coccide du N. Y. Stite Museum, et la troisième partie d'une étude sur
les insectes producteurs de galles. Ce travail est d’une hante valeur
scientifique.
— Annals of the Missouri Botanical Garden, Vol. II, Nos 3 & 4. Nov.
1915.
Parmi d’autres travaux, signalons des études techniques sur les cham-
pignons de l'Amérique du Nord, et, dans le No. 3, une monagraphie des
espèces nord-américaines du genre Sexecto.
— (Canada. Department of Mines.)
Petroleum and Natural Gas Resources of Canada. Vol. II. Descriptio®
of occurrences. By Fred. G. Clapp &c. Ottawa. 1915.
—(Bo'etin del Instituto Geologico de Mexico. No. 32. Mexico. 1913.)
La Zona Megaseismica Acambay-Tixmadeje, conmovida el 19 now-
de 1912, estudiada por Fern. Urbina y Heriberto Camacho.
Vol. in-4°, abondamment illustré.
ÊE
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Mars 1916
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 9
Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard
LE CHRYSOPE OÙ LA
‘MOUCHE AUX YEUX D'OR”
Nous avons, comme protecteurs des plantes, deux mis-
sions à remplir : d’abord celle d'étudier avec soin les in-
sectes, les champignons, les plantes nuisibles et les ma-
ladies contre lesquelles les bonnes plantes ont besoin d’être
protégées, puis celle d'étudier les insectes, et les remèdes
qui sont propres à aider l’homme dans son œuvre de pro-
tection des plantes.
Aujourd’hui nous venons causer avec les lecteurs du
Naturaliste canadien d’un insecte utile, qui est l’ennemi
acharné de toute une classe d'insectes nuisibles qui font
beaucoup de tort à une multitude de nos plantes utiles.
Cet insecte de l’ordre des névroptères, de la famille des
Hémérobides, appartient au genre Chrysope dont une dou-
zaine d’espèces se rencontrent dans la province de Québec.
En voici une forte jolie description donnée dans une
livraison de Za Nature, revue scientifique française, No.
du 4 avril 1914, par M. René Merle:
9.—Mars 1916.
130 LE NATURALISTE CANADIEN
‘Les Mouches aux yeux d’or, quel joli nom pour un
insecte et comme ïil est gracieusement porté par les
Chrysopes ou Hémérobes, ces petits névroptères au corps
d’un vert d’émeraude pâle, aux ailes transparentes et iri-
sées, nervées de vert, et surtout aux yeux, vivants bijoux,
passant par tous les tons de l'or bruni à l’'émeraude et du
lapis au plus rouge rubis! Cette vivante merveille ne
se contente pas d’être belle, elle est bonne aussi pour nous,
humains, en nous apportant l’aide le plus efficace.”
D'après Provancher (faune canadienne), les larves des
Chrysopes vivent à l’air libre sur les plantes, se nourrissent
de pucerons (aphides) ou de larves de Kermès. L’insecte
parfait attache ses œufs à des pédicelles longs et grêles qu’il
fait adhérer aux brindilles et aux feuilles des arbres.
Le Chrysope et ses œufs.
Les Chrysopes, qu’on appelle aussi “ Mouches aux ailes
de dentelle”, ont le corps mou, tendre, sont tous de cou-
leur verte plus ou moins foncée. Il n’est pas rare qu’ils
entrent le soir dans les appartements. Ils ont la faculté
d'émettre une odeur très désagréable qui suffit souvent
pour déceler leur présence, lors même qu’on ne les voit pas
encore. Les larves, pour subir leurs métamorphoses, se filent
un cocon de soie serrée qu’elles cachent dans les fissures des
écorces des arbres.
Ces insectes se rencontrent principalement en juin et
juillet dans les prairies. Leur vol est lent et pénible. Leurs
larves’ sont carnivores et vivent de pucerons, de larves de
Kermès et de Charançons. L’insecte parfait ne consomme
pas autre chose que les sucs des plantes, et ne saurait en-
LE CHRYSOPE OU LA ‘ MOUCHE AUX YEUX D'OR’ 131
dommager celles-ci d’une manière appréciable. L’œuf
éclôt sept jours après avoir été pondu. L’éclosion opérée,
la larve vit douze jours. En sortant de l’œuf elle se met
à chasser et attaque des pucerons de deux fois son volume.
Elle en dévore trente à quarante par heure. Ces larves
ont une vilaine apparence. Elles ont le corps aplati,
ridé, poilu, et leur tête est armée de très fortes mandibules.
Au bont de douze jours, elles se servent de leur fillière que,
contrairemeut aux chenilles qui l’ont dans leur bouche, elles
portent à leur extrémité inférieure, pour se filer un cocon
presque sphérique qui donnera passage à l’insecte parfait par
une ouverture fermée d’une sorte de couvercle. La larve
est tellement vorace que, vers le temps où elle va se changer.
en chrysalide, elle dévore un puceron par minute, De là
son surnom de ‘Lion des pucerons ” qu’on lui a donné.
Une fois renfermée dans son cocon, elle y demeure seize
jours et eu sort insecte parfait, qui devient presque instanta-
nément beaucoup plus gros que le cocon qui le contenait.
Ses ailes s’allongent, s'irisent, son corps se colore, ses yeux
se dorent, et il s'envole, laissant le cocon vide mais saturé
de la mauvaise odeur qui s’exhale, tel que dit plus haut,
de cette bestiole. Sept jours dans l’œuf, douze jours comme
larve, seize jours passés dans le cocon : cela constitue un
cycle de cinq semaines pour compléter l’existence de cet
insecte. Lorsqu'on sait que chaque femelle pond quarante
œufs par nuit, on peut se rendre compte de la fécondité de
ce genre d’insectes et combienil mérite notre considération,
étant donné l’aide efficace qu'il nous apporte pour détruire
les Aphis, les Kermès et les Charançons.
Respectons-le donc en proportion de son utilité.
J.-C. CHAPAIsS.
1 32 LE NATURALISTE CANADIEN
L'ORNITHOLOGIE
AU DOMAINE LAIRET EN 1915
(Continué de la page 121.)
Une quatrième Grive que j'ai à mentionnerest la Grive-
Chat, ou Grive de la Caroline, Catbird, Galeoscoptes Caro-
Zinensis, Cabauis. J'en ai vu et entendu plusieurs indi-
vidus. Labbé Provancher dit que ‘cette Grive est à peu
près inconnue dans les environs de Québec”. M. Dionne
dit qu’elle est ‘peu commune aux alentours de Québec.”?
Mais il ajoute qu’il l’a rencontrée assez souvent sur les
bords de la rivière Lairet et dans les environs de Sainte-Foy.
Elle a un cri triste et lugubre qui a le malheur de res-
sembler, à s’y méprendre, au miaulement du chat domes-
tique, ce qui lui a valu son nom. Mais outre ce cri en-
nuyeux, elle a un chant particulier, très faible, plein de
grâce et de douceur. ‘Ses trilles, dit M. Dionne, offrent
des variations et des tons plus doux que la plupart de ceux
de nos chantres des bois.” Elle affectionne les endroits
humides et ombrageux, dans les taillis, sur les bords des
rivières et des ruisseaux.
Nous avons plusieurs espèces de Fauvettes dans notre
Province; mais ce sont presque toutes des espèces rares.
Il n’est donc pas surprenant que j’en aie une seule à men:
tionner : celle que l’abbé Provancher qualifie de ‘la plus
commune et la plus élégante de toutes nos Fauvettes : ”
la fauvette jaune, Pefrit Oiseau jaune (pour la distinguer de
l’Orseau jaune proprement dit, qui est le Chardonneret),
Yellow warbler, Dendroica æstiva, Baird.
Ce qu’en dit M. Dionne est tout à fait délicieux. ‘ Cette
jolie Fauvette, une des plus communes, est aussi la plus
familière, puisqu'elle semble faire ses délices au milieu de
AU DOMAINE LAIRET 133
nous... Douée d’une grande activité, elle est sans cesse oc-
cupée à rechercher des insectes, faisant en même temps re-
tentir l’air de sa joyeuse chanson... Elle redoute l'approche
de l’homme; la présence de ce dernier près de son nid la
rend inquiète ; elle devient plus agitée et fait entendre conti-
nuellement son petit cri plaintif D2z/ fzé, tant que le danger
dure. ”
Oui, c’est bien cela; j'ai pu aisément le constater. Car
elle a été très commune dans les massifs d'Aubépines
(Senelliers) dont le rivage est garni, et je l’ai eue sous les
yeux tout l'été. Spectacle charmant que celui du va-et-vient
continuel de ce joli Petit Oiseau jaune qui, tout en sau-
tillant de branche en branche, nous flatte l’oreille de son
court, mais très doux gazouillis.
Ce serait la plus petite espèce à mentionner si je n’eusse
vu l’Oiseau-Mouche, notre bijou en fait d'oiseaux, notre
Colibri, le seul que nous ayons: Colibri à gorge de rubis,
Ruby throated Hummingbird, Trochilus colubris, Linn.
Je ne l’ai pas vu souvent, trois ou quatre fois seulement,
attiré sans doute par quelques fleurs en pots qui étaient là
sous les arbres‘ car hélas! il n’y avait pas de jardin pour
le fixer. Je ne puis me refuser le plaisir de citer ce qu’en
dit si bien M. Dionne :
“Notre Colibri est le plus petit et le plus brillant de
tous nos oiseaux. D'une extrême agilité, il semble ne
point connaître le repos et voltige sans cesse d’une fleur à
l’autre, pour se nourrir du suc qu’elles renferment ou des
petits insectes qui s'y trouvent, et qu’il retire avec sa
langue extensible et filiforme. Doué d’une grande puis-
sance dans le vol comparativement à sa petite taille, il se
transporte d’un endroit à un autre avec une vitesse vrai-
ment étonnante ; ses petites ailes se meuvent avec tant de
rapidité qu’elles produisent une espèce de bourdonnement,
même lorsqu'il passe.”
134 LE NATURALISTE CANADIEN
Lecteurs qui voudriez lire quelque chose de bien beau
au sujet de l’Oiseau-Mouche, permettez-moi de vous ren-
voyer à la page 253 de l’ouvrage de M. C.-E. Dionne, où
vous trouverez deux ou trois pages d'Audubon que cite
amoureusement uotre ornithologiste canadien. Maïs si
vous désirez voir de vos yeux le tableau admirable que peut
formerune collection d’au delà de 160 spécimens de Colibris,
appartenant à toutes les parties du monde et réunis sous
un seul cadre, je vous dis avec enthousiasme: allez voir
cette merveille, une des plus grandes merveilles de l’univers,
chez M. Dionne, à sa résidence privée, 69, rue Saint-Joseph»
dans Saint-Roch de Québec. Je vous promets double jouis-
sance: d’abord celle de contempler cette réunion d’incom-
parables bijoux dont les couleurs vives, éclatantes (sans
parler des plumages aux formes les plus variées et les plus
élégantes) surpassent la magnificence de toutes les pierres
précieuses ; et puis celle de voir avec quel amour et quelle
admiration et quels transports de joie contenue le passionné
collectionneur nous parle de ses chers petits êtres qui sont
pour lui d’un prix inestimable. Et il a mille fois raison.
Je crois que la collection de M. Dionne, celle des Oiseau x-
Mouches, et celle des plus beaux oiseaux exotiques dans
tous les genres, est une des plus magnifiques du monde
entier.
Je veux maintenant exposer à vos veux le Jaseur du
Cèdre, notre Petit Récollet, Cedar W'axwing, Ampbelis ce-
drorurm, Gray. Soudainement, un matin du mois de mai,
je vis arriver une bande de ces jolis, très jolis petits oiseaux.
Graude fut ma surprise aussi bien que ma joie. Car je vis
qu'ils étaient venus pour rester. Il y en eut une assez nom-
breuse colonie, Pas farouches du tout. Bien souvent, je
pus les voir de très près, posés sur ma corde à linge, à pro-
ximité de ma galerie. Je me donnai même ie plaisir de
les aider dans la construction de leurs nids. Je mettais sur
AU DOMAINE LAIRET 135
la corde des bouts de ficelle molle, des petits paquets de
ouate ou de guenilles légères comme de la vieille dentelle;
et ils n'étaient pas lents à s'en emparer. Je les voyais
s'enfoncer dans le buisson avec ces matériaux favoris.
D'où leur vient le nom de Récollets? L'abbé Provan-
cher répond: “C'est sans doute leur huppe qui, par sa
ressemblance avec le capuchon des Récollets, a porté le
peuple à leur appliquer le nom de ces bons Franciscains.??
L'abbé Provancher continue: ‘Ce Jaseur se rencontre
souvent par bandes. Lorsqu'il trouve une occasion
favorable de satisfaire sa gourmandise, il ne paraît pas
redouter l’approche de l’homme. Si on le force à s'éloigner,
on le voit revenir une minute après. Nous en avons vu,
plus d’une fois, s’abattre sur des pommiers, au temps de la
floraison, et dévorer les fleurs.” Ici, point de déprédations.
Ils firent bombance aux dépens des insectes, des fleurs et
des fruits des senelliers.
Voici ce qu’en dit M. Dionne: ‘Le Jaseur du cèdre a
un caractère mélancolique et silencieux, ne faisant entendre
pour tout chant que cette faible note: 27, 21, 22... Au prin-
temps et en été, lorsque les fruits ne sont pas mûrs, cet
oiseau se nourrit d'insectes ailés qu’il capture au vol à la
façon des Moucherolles. Perché sur la branche la plus
élevée d’un arbre, on peut le voir, tournant lentement la
tête de tous côtés, inspectant les alentours, afin de décou-
vrir qnelque proie; et dès qu’un insecte se montre, il se
lance à sa poursuite, suivant dans l’espace toutes les si-
nuosités que trace cet insecte dans sa fuite pour échapper à
son ennemi. Aussitôt qu'il s'en est emparé, il retourne se
poser d2 nouveau sur la même branche. ”
Ce tableau est exquis, tant il est vivant. Telles sont
exactement les mœurs de cet oiseau que j'ai moi-même
observées. J'ajouterai une autre observation que j'ai faite.
C'est que le Xécollet ne souffre pas d'être dérangé tant soit
136 LE NATURALISTE CANADIEN
peu dans son nid. S’aperçoit-il que son nid est découvert,
voit-il quelqu'un s’en approcher seulement pour le regarder,
c'en est assez: il abandonne les œufs qu’il a là et s’en va
s'établir ailleurs. On ne connaît pas d’oiseau, me dit M.
Dionne, qui soit aussi sensible que le Jaseur du cèdre sous
ce rapportt.
L'abbé F.-X. BURQUE.
(A suivre.)
ms 00
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES.)
(Continué de la page 126.)
2° Nous n'avons pas observé les feuilles radicales dont
Gray fait état dans sa description citée plus haut. Mais
nous notons que les feuilles caulinaires inférieures sont
longuement rétrécies en un pétiole ailé, lequel atteint
jusqu’à 10 cm. Ces feuilles ont une tendance à la lobation,
tendance qui n'arrive le plus souvent à affecter qu’une
moitié de la feuille, marquant ainsi l’action dominante des
caractères élémentaires de ?. racemosa sur ceux de
P, trifoliata. (Fig. 13)
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 137
P. TRIFOLIATA P. MAINENSIS P RACEMOSA
Fig. 13.—Etude comparative de Prenanthes trifoliata, de Prenanthes
racempsa, et de leur hybride Prenanthes Mainensis.
138 LH NATURALISTE CANADIEN
DESCRIPTION DE LA FIG. 13
En haut, les feuilles ; en bas, les bractées correspondantes. Il est à
remarquer que la feuille de ?”. Mainensis emprunte son con-
tour général à ?. racemosa et sa lobation à 2. #rifoliata.
La pubescence de la bractée de ?P. Mainensis est
aussi évidemment intermédiaire par rap-
port à celle de ?. {rifoliata et de P.
racemosa. Feuilles x 1 ; brac-
tées x 8.
3° Comme dans les espèces-mères, les feuilles sont
munies de dents glanduleuses.
4° La couleur des fleurs ligulées est nettement intermé-
diaire entre le pourpre pâle de 2. racemosa et le jaune
paille de ?. {rifoliata.
5° Les bractées intérieures des capitules ont la même
forme que celles des espèces-mères ; mais, tandis que dans
P. trifoliata ces bractées sont rigoureusement glabres, et
que dans ?. racemosa elles sont recouvertes de longs poils
rubanés terminés par une petite glande sphérique, la
plante hybride nous montre une pubescence analogue à
celle de ? racemosa, mais très clairsemée, résultat évident
de la fusion de deux caractères opposés.
La bractée de ?. Mainensis est terminée par une pointe
obtuse quelque peu fimbriée, portant une série de poils
cloisonnés très différents de ceux dont nous avons parlé
plus haut ; ils sont beaucoup plus courts et formés d’une
seule file de cellules hyalines. Les bractées de 2. racemosa
et de 2. trifoliala présentent à peu près cette particularité.
Enfin, les bractées dans 2. racemosa et P. Marinensis
sont couvertes de papilles tronconiques, inclinées vers la
pointe de cette bractée. Chaque cellule portant une papiile,
celles-ci sont très nombreuses: en chiffres ronds, environ
10,000 par millimètre carré. Aucun des 20 échantillons
de 2. trifoliata de l’Anse à Persi ne présentait ces papilles.
Nous en avons trouvé cependant en nombre plus restreint
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 139
et de forine différente sur un échantillon géant récolté sur
les îles Pèlerins.
Ces quelques observations suggèrent que dans le croi-
sement dont il s’agit les caractères suivants se comportent
suivant la loi de Mendel: capitules dressés vs capitules
pendants, bractées papilleuses vs bractées lisses, inflores-
cence simple vs inflorescence paniculée.
Nous ne croyons pas que 2. Mainensis ait été avant ce
jour récolté chez nous, et qu'il puisse y être très fréquent,
étant donné la distribution géographique et l'habitat dif-
férent des espèces-mères. Ce n'est qu’exceptionnellement
que la même station réunira les conditions xérophytiques
couvenant à ?. /rifoliata et l'humidité que recherche
PF. racemosa.
Prenanthes racemosa Michx.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi) Voir notes sous l’es-
pèce précédente. Ile de Cacouua et rivage (Penhallow).
Prenanthes trifoliata (Cass.) Fernald.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi). Cette xérophyte no-
toire, que nous trouvons aussi sur les rochers secs de Ta-
doussac et des îles Pèlerins, se trouve ici dans un habitat
d'occasion qui confirme encore la similitude des habitats
xérophytiques et halophytiques. “Rare ou inconnue à
l’est du Saguenay; très rare dans la Gaspésie; Douglas-
town ” (Fernald). Inconnue dans l’ouest du Québec.
Primula farinosa L.
var. macropoda Fernald.
Rivière-du-Loup (Pointe à Persi). Situations exposées.
Calcicole (d'après Fernaid) et remarquable par son revête-
ment farineux.
Pucciniella angustata (R. Br.) Randet Redfeld.
Rivière-du-Loup (Ause à Persi) Graminée halophy-
140 LE NATURALISTE CANADIEN
tique qui, en insérant ses longues racines fibreuses entre
les feuillets des argilites, contribue à leur désagrégation.
Commune sur le littoral.
Pyrola asarifolia Michx.
Rivière-du-Loup. Bois. Etablie sur les alluvions de
l'Anse à Persi. Locale dans les bois de l’intérieur. Fer-
nald la considère comme commune dans les districts cal-
caires, sur les graviers calcaires ou argileux, depuis la
vallée de Saint-Jean jusqu’à Gaspé.
Pyrola elliptica Nutt.
Rivière-du-Loup. Bois. Entremêlée à ?. asarifolia.
Pyrola minor L.
Rivière-du-Loup. Bois élevés.
Pyrola secunda L.
Rivière-du-Loup. Bois.
Ranunculus acris L.
Partout.
Ranunculus aquatilis L.
var. Capillaceus DC.
Lac Témiscouata (Grande-Anse). Abondante en cet en-
droit. La Renoncule aquatique dépend principalement du
substratum pour sa nourriture et non uniquement de l’eau
comine on l'avait prétendu. Sa racine possède des poils
absorbants et n’est pas simplement un organe de fixation.
(58)
Ranunculus Cymbalaria Pursh.
Rivière-du-Loup (Anse à Persi). Renoncule halophy-
tique, commune dans son habitat.
58. Pond, Raymond H., 74e biological relafions of aquatic plants to
the substratum. U. S. Fish Commission, Report for 1913.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 141
Ranunculus repens L.
Rivière-du-Loup. Bois, où elle affecte une forme quelque
peu déroutante. D'ailleurs très polymorphe. Passant
pour indigène dans l’ouest de l’Amérique, elle serait,
paraît-il, introduite dans l'Est où on la trouve surtout près
des habitations. Nous la rencontrons cependant dans
Témiscouata, en des lieux fort sauvages, ce qui est de
nature à éveiller des doutes sur cette assertion.
Ranunculus septentronalis Poir.
Rivière-du-Loup. Abondante dans les bois marécageux.
Le long des tributaires du Saint-Jean et dans la Gaspésie.
Bic, Tourelle (Fernald).
Rhinanthus Crista-Galli L.
Rivière-du-Loup. Paraît introduite dans l'Est et indigène
au nord. Comme beauccup de plantes parasites, elle noircit
facilement en se desséchant. Parce que parasite, elle est
redoutée eu Europe. ‘La Rhinanthe à petites fleurs
(Rhinanthus minor Ehrh.=X. Crista-Galli 1.) ne descend
pas dans la plaine, mais elle est très nuisible aux pâtu-
rages des montagnes: partout où elle abonde, les Grami.
nées sont maigres, courtes et s’arrêtent dans leur dévelop-
pement.
La première preuve scientifique du parasitisme des Mé-
lampyres et des Rhinanthes a été donnée en 1847 par De-
caisne, professeur au Muséum et directeur au Jardin bota-
nique de Paris. Ce savant observateur, frappé de la beauté
sauvage de ces plantes, en avait essayé plus d’une fois,
mais en vain, la culture en parterre. L'idée du parasi-
tisme se présente dès lors à son esprit comme seule capable
de rendre compte à la fois de ce double fait : le dépérisse-
ment inexplicable de ces plantes après leur germination et
leur pernicieux voisinage si souvent constaté par les culti-
142 LE NATURALISTE CANADIEN
vateurs. L'observation directe lui montra effectivement
que les Mélampyreset les Rhinanthes se fixent aux racines
des Graminées par de nombreux suçoirs; ces suçoirs ou
ventouses sont disposés sur les radicelles du parasite et se
juxtaposent étroitement sur les racines des Graminées qui
les entretiennent au préjudice de leur santé; le point de
contact est indiqué par une ampoule. (59)
Ribes hirtellum Michx.
var. Saxosum (Hook.) Fernald.
Ile du Gros-Pèlerin. Après bien des aventures, le nom
de notre arbuste boréal se lit maintenant comme ci-dessus.
Ce Groseillier cohabite sur les quarzites des îles Pèlerins
avec l’iburnum pauciflorum Pylaie. Ile de Cacouna (Pen-
hallow).
Rosa blanda Aït.
Lac Témiscouata. Bords rocheux. Très abondant. En
pleine floraison le 16 juillet 1913. C’est, par excellence, la
rose des rivages. Tige dépourvue d’épines. Pointe à Persi
(Penhallow).
Rosa nitida Willd.
Lac Saint-Hubert. Bas-fond, à l'extrémité du lac. Espèce
hydrophile. D'après Fernald, ce Rosier n’était pas ‘connu,
dans l'est, au nord du système hydrographique du Saint-
Jean. -Nous le trouverons assez fréquemment aux environs
de Montréal.
Rubus chamaemorus L.
Rivière-du-Loup (Tourbières). Plante de l'Amérique
subarctique, commune sur le plateau laurentien, et dont
59. Héribaud-Joseph, Fr., Zes plantes parasites de la Flore d'Au-
vergne, p. 45.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 143
la distribution géographique au sud du Saint-Laurent est
résumée comme suit par Fernald: ‘Région côtière du
Maine, du sud du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-
Angleterre; points culminants des montagnes Blanches
du New-Hampshire et des pics adjacents du Maine, in-
connue sur les autres montagnes de la Nouvelle-Angleterre;
locale dans les tourbières du Témiscouata et de Rimouski;
sommet de ‘La Table”, Saint-Fabien, Pointe-au-Père ”
(60), Isle-Verte (Provancher et Penhallow).
Le fait que la Ronce Müûrier, plante des rochers arc-
tiques, ne se retrouve dans Témiscouata et Rimouski que
dans les tourbières vient à l’appui de cette hypothèse émise
dépuis assez longtemps déjà et dont la bibliographie est
considérable, à savoir la similitude physiologique des deux
habitats. On suppose que les facteurs principaux de cette
similitude sont: diminution de l’évaporation causée par
la basse température; drainage insuffisant; absence de
certaines formes bactériennes. (61)
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
—— :00 :——
PUBLICATIONS REÇUES
— Annuaire statistique. 2e année. Québec. 1915. Publié par le Secré-
tariat de la Province.
Cet ouvrage est déjà bien connu dans le pays, et contient une foule
de renseignements utiles à beaucoup de personnes. Le gouvernement
de Québec a fait une œuvre bien louable en fondant cet Annuaire, dont
60. Fernald, M. L., Soil Preferences of Alpine FPlants. Rhodora, IX,
150.
61. Cooper, W., 74e Climax Forest of Isle Royale, Lake Superior,
and its development. Bot. Gaz., 55. Feb. 1913.
144 LE NATURALISTE CANADIEN
la préparation si soignée fait beaucoup d'honneur à son auteur, M. G.-E.
Marquis, chef du Bureau de Statistiques.
— (Commission of Conservation. Canada.) A//itudes in the Dominion
of Canada (Second edition), by J. White. Ottawa, 1915.
Volume de 604 pages in-8°.
— Annuaire du Canada. 1910. 1912. 1913.
— Actes de la Société linnéenne de Bordeaux. Tome 68. Bordeaux. 1914.
Grand volume de près de 600 pages.
— (Ministère des Mines. Canada.)
Rapport sommaire de la Commission géologique. 1913. Ottawa, 1915.
Région de la Carte du Lac Kewagama, Québec, par E. Wilson. Ot-
tawa. 1915.
— Guide de l’Arboriculteur. De la culture du pommier, du poirier,
du pruuier et du cerisier. Par J.-H. Lavoie, I. F. Québec. 1915.
Cette brochure de 96 pages in-8°, abondamment illustrée, a été publiée
par le Service d’arboriculture de Québec. Il y est traité des arbres
fruitiers, nommés dans le sous-titre, de façon claire, simple et très pra-
tique. Les deux derniers chapitres sont consacrés aux principales ma-
ladies végétales et aux principaux insectes nuisibles.
—(Smithsonian Institution.) Xepori on the progress and condition
of the U.S. National Museum for the year ending lune 30, I915.
Washington. 1916.
—Boletin de la Sociedad Geografica de Lima. Ano 1914, trim. I, 2.
Ano 1915, trim. I, 2.
— Bulletin of the Illinois State Laboratory of Natural History. Ur-
bana, Ill. Vol. X-XI, 1915.
Le vol. XI, art. IT, sept. 1915, contient une étude très étendue, et
brillammext illustrée, intitulée: ‘‘ An ecological study of prairie and
forest Invertebrates ””, par Chs C. Adams.
—48e Rapport annuel de la Direction des Pécheries, 1914-15. Ottawa.
A signaler : les articles sur les Stations de biologie maritime du Ca-
nada, et sur le Musée des Pêcheries.
—Enquêtes sur l'histoire naturelle du Hareng dans les eaux atlan-
tiques du Canada. 1914. Rapport préliminaire No. 1 par Johan Hjort.
Ottawa. 1915.
Les Enquêtes dont il s’agit sont faites par la Commission biologique
du Canada, et dirigées par M. Hjort, spécialiste de Norvège.
— Rapport sommaire de la Commission géologique du ministère des
Mines, 1913. Ottawa 1915.
Les chapitres sur la botanique et la zoologie sont d’un intérêt parti-
culier.
— (Division de l’'Entomologie. Ottawa.)
Report of the Dominion Entomologist. 1915.
Report from the Division of Entomology. 1914.
—(Scientific contributious from the Entom. Branch, Ottawa.)
J. M. Swaine, Vexw species of the family Ipidæ. P. II.
a
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Avril 1916
Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard
LES COLLECTIONS DE PROVANCHER
Comme tout naturaliste sérieux, l'abbé Provancher avait
formé des collections d'histoire naturelle. Que sont deve-
nues ces collections après sa mort, arrivée en 1892? Nous
pensons que le Vaturaliste canadien n'a jamais donné ce
renseignement, et nous voulons aujourd’hui réparer cette
omission.
Après le décès de l’abbé Provancher, nous entrâmes
nous-même en négociation avec la succession, pour acquérir
en bloc la bibliothèque et les collections de notre vénérable
maître etami. Sous l'inspiration de M. N.-E Dionne. alors
conservateur de la Bibliothèque de la Province, le gouver-
nement de Québec fit de son côté des propositions d’achat,
lesquelles, étant plus avantageuses que les nôtres, furent
acceptées. Par suite de cette acquisition, la bibliothèque
de l’abbé Provancher fait aujourd’hui partie de la bibli-
othèque de la Législature.
Quant à sa riche collection de Mollusques et à sa
collection d’Insectes, elles sont conservées telles quelles
au musée de l’Instruction publique dont nous sommes le
directeur. De cette façon, il est donc arrivé que, sans
10.— Avril 1916.
146 LE NATURALISTE CANADIEN
en avoir fait l'acquisition, nous pouvons en tirer tout le
parti que nous voulons.— Pour ce qui est de la collec-
tion entomologique, nous avons au musée de l’Instruction
publique deux collections de l’abbé Provancher: l’une qui
fut acquise, en 1877, par le ministère de l’Agriculture, et
qui fut le premier noyau du Musée lui-même; l’autre, qui
fut achetée en 1893 après la mort de son propriétaire, et
qui a été la dernière qu’il avait constituée.— Entre temps,
l'abbé Provancher avait vendu une collection d’insectes au
collège de Lévis, qui la conserve soigneusement.—Nous
avons soin de laisser telle qu’elle est la collection acquise
en 1893, parce qu'elle est la plus conforme aux ouvrages
entomologiques de l'abbé Provancher et permet davantage
de les utiliser.
Quant à nous, persounellement, nous avons pu du moins
acquérir l’herbier de l’abbé Provancher, qui est précieux
moins par les collections qu’il contient que par le souvenir
qu'il constitue. Depuis longtemps M. Provancher s'était
désintéressé de la botanique, absorbé qu'il était par ses
grands travaux sur notre faune entomologique, qu’il a dû
même laisser inachevés.—Cet herbier se compose de huit
cartons gd in-4°, numérotés, dont nous avons possédé sept
seulement. Pour ce qui est du huitième, qui porte le No 4,
nous n'avons jamais pu rentrer en possession de ce volume,
couservé dans certaine institution, laquelle prétend, par la
plus abracadabrante interprétation d’une parole de l’abbé
Provancher, que ce volume prêté lui a été donné vérita-
blement… Quoi qu’il en soit, nous avons cru devoir der-
nièrement faire don de l’Herbier Provancher à l’Université
Laval, où il sera à jamais conservé en souvenir de notre
Linné canadien-français. Et nous comptons bien que,
quelque jour, le volume IV viendra reprendre sa place dans
la collection botanique constituée par l’abbé Provancher,
et que nous regrettons amèrement de voir présentement,
en une certaine mesure, morcelée et dispersée.
AU DOMAINE LAIRET 147
L'ORNITHOLOGIE
AU DOMAINE LAIRET EN 1915
(Continué de la page 136.)
Après le Xécollet qui ressemble aux Moucherolles, voici
un Moucherolle vrai, le Tyran de la Caroline, 77z4r1 ou
Batteur de Corbeaux, Kingbird, Tyrannus Carolinensis,
Baird, ‘‘le plus gros et le plus commun de tous nos Mou-
cherolles ”, dit M. Dionne. Cependant il n’a pas été com-
mun au Domaine Lairet. Je l’ai fort bien observé, en difré-
rentes fois, dans la cime des ormes, et de là s'élançant en
zigzag à la chasse des insectes, ou en droite ligne, furieux,
avec de grands cris, à la poursuite des corneilles; mais
c'était en vérité le même individu qui semblait venir de
quelque distance où il avait son nid.
Il justifie parfaitement son titre de Barteur de corbeaux.
“Qui ne l’a pas vu, dit l'abbé Provancher, fondre sur la cor-
ueille, la poursuivre très loin au vol, et même s'attacher à
son dos ”, en la criblant de coups de bec, soit pour l’éloigner
de sa progéniture, soit pour venger l'enlèvement deses petits.
Et rien de plus risible que les cris de paon poussés par la
coruneille, ainsi poursuivie, qui se sauve tant bien que mal
en faisant d’inutiles plongeons. Qui le croirait, cependant ?
Ce même Tyran, qui chasse les corneilles, est lui-même
chassé par le petit oiseau-mouche, qui ne l’endure pas dans
son canton et finit toujours par l’éloigner.
Le Tritri, en éloignant les corneilles des basses-cours
et en consommant beaucoup d’insectes, rend un double
service aux cultivateurs. (C’est donc un oiseau très utile.
Un autre oiseau, qu’il m’a fait un plaisir extrême de ren-
contrer au Domaine Laïret, est le Pic doré, Pivart aux ailes
jaunes, Flicker, Colaptes auratus, Swain. On l'appelle aussi
Poule de bois, et on prétend qu’il anuonce la pluie pour le
148 LE NATUKRALISTE CANADIEN
lendemain lorsqu'il crie plus fort que de coutume. Il est
aussi élégant dans son vol et son maintien que brillant par le
beau jaune doré de ses ailes et les magnifiques taches de sa
gorge et de sa poitrine. «Le ?rvart, dit M. Dionne, est un
des plus élégants, en même temps qu’un des plus beaux
oiseaux de nos bois». C'est folie pure que de tuer un si
bel oiseau, comme font trop souvent les enfants et les
jeunes chasseurs qui veulent absolument tuer quelque
chose. J'en ai tué moi-même étant jeune; maïs je confesse
ma propre folie que je répare maintenant par mon admi-
ration et mon amour envers ce noble Pic aussi utile que
beau. Un couple au moins a dû couver dans mon voisi-
nage. Très souvent je l’ai vu passer et repasser, ne restant
pas longtemps à la même place, ayant toujours l’air d’un
personnage affairé qui ne s'arrête qu’un instant, explorant
vite un arbre, piquant un ver, et nous informant de sa pré-
sence par son ramage fort et strident lorsqu'il part.
Une ou deux fois j'ai vu le Pic chevelu, Pigwe-bors,
Harry W'oodpecker, Picus villosus, Linn. Il ne faisait que
passer. Son nid n’était pas dans mon voisinage. Tout à
sou affaire, il se cramponnait à l'écorce des ormes, la frap-
pait de son bec pour en faire sortir les insectes et les vers.
et tout d’un coup il s’envolait au loin sans mot dire, ou en
poussant à peine un petit cri. ‘Ce Pic, dit M. Dionne
est peu farouche et se laisse souvent approcher de près;
mais il a soin de toujours se tenir du côté opposé de l’arbre;
et si on traverse de son côté, il passe immédiatement de
l’autre, tout en continuant à rechercher des larves
d'insectes”.
C'est le temps de mentionner le Martin Alcyon, A/artin-
pêcheur, Belted Kingfisher, Ceryle Alcyon, Bonap., qui a
avec les Pics plusieurs points de ressemblance. ‘Tout le
monde connaît le Martin-pêcheur, dit M. Dionne; en effet
il n’y a pas de rivières, de lacs, d’écluses de moulins où on
AU DOMAINE LAIRET 149
ne rencontre au moins un couple de ces oiseaux. On le
voit presque toujours perché sur une branche sèche située
au-dessus du courant ; attendant là, immobile, qu’un poisson
se montre à la surface du liquide. Dès qu’il en aperçoit
un, il va, d’un vol rapide, le chercher sous l’eau et vient le
déguster sur sa branche. D'autres fois il cherche sa proie en
voltigeant au-dessus de l’eau, et dès qu’il la voit, il se préci-
pite sur elle.” Ce bel oiseau est très remarquable par sa
tête portant uue longue crête et par son plumage d’un blanc
terne avec taches blanches qui le fait ressembler à un Geaï.
Sans être commun, je l’ai vu passer et repasser plusieurs
fois, suivant le cours de la rivière Lairet, faisant retentir
l’air de son long cri de crécelle, et s’arrêtant sur des chicots
ou des branches sèches pour guetter les petits poissons et
les petites grenouilles dont il est friand.
Un autre splendide oiseau que je fus extrêmement sur-
pris et joyeux d’apercevoir, deux ou trois fois, sur la grève
de la petite rivière, est le Quiscale versicolore, Mainate
bronzé, Purple Grackle, Quiscalus versicolor, VNieïllot,
tout à fait remarquable par son beau plumage lustré, à
reflets métalliques de bleu d'acier, dé bronze, de cuivre, de
vert et de pourpre, et par son bel œil entouré d’un cercle
d’or. |
Je n’ai pas encore mentionné d’Hirondelles: est-ce que
je n’en ai point vu? En vérité, je n’en ai vu qu’une .seule
espèce, l’ Hirondelle bleue, Purple Martin, Progne purpur ea
Baie. Un couple de cette belle espèce, non dérangé sans
doute par les moineaux, couva certainement tout près de
ma résidence; car j'en vis la couvée tantôt sur la couver
ture de ma galerie, tantôt sur ma corde à linge, les jeunes
en train de voler, et les parents, pleins de sollicitude, vol:
tigeant autour de leurs petits, soit pour leur donner la
becquée, soit pour les encourager à s’élancer dans l'air.
“ Cette Hirondelle, dit M. Dionne, est douée d’un grand
150 LE NATURALISTE CANADIEN
courage : elle montre beaucoup de ténacité à conquérir ce
qu’elle croit être son bien. Elle a beaucoup d’antipathie
pour les oïiseaux de proie, les corneilles, les chats, les
chiens, etc., qu’elle poursuit de ses cris bruyants”. En
effet, c’est une espèce criarde.
Passant aux oiseaux de proie, les Rapaces proprement
dits, je dirai qu’un soir, au coucher du soleil, en octobre,
j'aperçus un gros oiseau au vol lourd et silencieux. Il
vint gauchement se poser dans un orme au bord de la
rivière. Je reconnus le Grand Duc de Virginie, Great
horned Owl, Bubo V’irginianus, Bonap. Après quelques
instants, il se transporta sur un arbre plus petit, tout près
du chemin de Charlesbourg. Il revint de là à sa première
place. Je n’avais pas de fusil. Mais le Rapace avait été
vu par quelqu'un mieux armé. Je vis une jeune fille, sortie
de la maison voisine, s’avancer doucement au milieu des
buissons, épauler son arme et tirer. Trop tard malheu-
reusement ; car comme le coup partait, l’oiseau était déjà
parti. Je le vis revenir encore une couple de fois. (C'était
un jeune, en quête de pâture le long de la rivière. Quand.
il s’'éloignaïit, il se dirigeait du côté de la montagne.
Ce hibou est de grande taille, a une grosse tête, avec de
gros yeux de chat et des aïigrettes auriculaires très appa-
rentes, en forme de cornes. «C’est le plus remarquable de
nos Hibous, dit M. Dioune, par sa grande taille, ses grands
yeux jaunes, ainsi que par sa grosse tête ornée de deux
touffes de plumes. . . Il est nocturne. Et le cri de 4ox
hou, qu’il fait entendre pendant la nuit, est vraiment
sinistre. . . Il se tient caché, pendant le jour, dans l’épais-
seur des bois où il sommeille... Il est très friand des
oiseaux de basse-cour, et il cause souvent des torts consi-
dérables aux cultivateurs. ” Maïs ce n’est que le soir et la
nuit que ses ravages sont à craindre.
J'ai deux Rapaces diurnes à mentionner: l’Autour à tête
noire et un Epervier.
AU DOMAINE LAIRET 151
L'Autour à tête noire, Awlour commun, American
Goshawk, Astur atricapillus, Bonap. Plusieurs fois je
vis ce Rapace voltiger en longs cercles concentriques,
cherchant à dévorer, guærens quem devoret, soit une vo-
laille, soit un petit oiseau. C’est le vrai A/angeur de poule,
encore plus que la Buse à queue rousse. Il est bien connu
et très redouté pour ses attaques hardies et ses rapines au
milieu des basses-cours. ‘Il est intrépide et vorace, dit
M. Dionne; il exerce plus de rapines dans les basses-cours
et parmi les perdrix qu'aucun autre oiseau de proie; il
poursuit sa victime jusque sous les yeux du fermier dont
la présence ne le dérange nullement.” Aux Etats-Unis, à
Fort Kent, Me, où j'étais curé, un de ces brigands, sous
mes yeux, fondit un jour comme une flèche sur une de mes
poules: mais frappant une clôture de fil de fer qu’il ne put
apercevoir assez vite, il tomba étourdi. Je m'en emparai
et le gardai vivant plusieurs jours. Ensuite je le tuai et je
l’empaillai.
L’Epervier que j'ai vu, quoique je l’aie aperçu plusieurs
fois se faufilant rapidement à la façon d’un voleur, parmi
les branches et les buissons, je ne l’ai pas vu assez distinc-
tement pour déterminer si c’est l’Epervier brun, le vrai
Emérillon, Sharp-shinned Hawk, qui m'est apparu; ou le
Faucon des pigeons, que l’on nomme aussi Æméri/llon,
Pigeon Hawk; ou le Faucon Epervier, Sparrow-Hawk.
En tout cas, je me disais chaque fois: Tiens! voilà un
ÆEmérillon. J'incline à croire que c’est la deuxième espèce,
le Faucon des pigeons, Falco columbartius, Linn., qui a visité
le Domaine Lairet. Ce petit Faucon, au dire de M. Dionne,
est très hardi. ‘Il attaque souvent des oiseaux de plus
forte taille que la sienne; il terrasse même une perdrix;
il mange aussi de jeunes poulets.” Il se nourrit générale-
ment de petits oiseaux, de petits mammifères, de gros in-
sectes, et de pigeons quaud il en peut attraper.
152 LE NATURALISTE CANADIEN
Entre les Eperviers et les Hirondelles peuvent trouver
place les Engoulevents. Je voudrais pouvoir dire que.je
les ai vus en abondance, comme on les voit en certaines
saisons et en certains endroits de la province de Québec,
où ils sont ordinairement très communs. Malheureusement,
je dois à la vérité de dire que je n’en ai aperçu que de rares
individus volant dans l'air à la fine course, le soir, au soleil
couchant, faisant la chasse aux insectes ailés qui constituent
leur unique nourriture.
Il ne s’agit ici que de l'espèce Engoulevent popetué,
Cordeiles popetue, Baird; E. de Virginie, C. l’irgimianus,
Aud.; E. d'Amérique, C. Americanus, Wilson; notre
fameux A/angeur de maringouins, Night Hawk; car
l’autre espèce, Engoulevent criard, le WA1p-poor-wull, est
excessivement rare.
Voici le tableau que fait M. Dionne de notre Jangeur
de maringouins: “Tout le monde connaît cet Engoule-
vent aux habitudes nocturnes qui se montre le soir, au cré-
puscule, et même, durant les journées sombres, de bonne
heure dans l'après-midi. On peut le voir voltiger toute
la nuit, jetant de temps à autre son cri aigre et perçant.
À l’aurore, il va se reposer dans les taillis, les troncs d arbres
vermoulus, ou tout autre endroit obscur.”
L'abbé F.-X. BURQUE.
(A suivre.)
00
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 153
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES. )
(Continué de la page 143.)
Rubus trifiorus Richards.
Lac Témiscouata. Rochers siluriens du rivage. Forme
à tiges rampantes très allongées et à feuilles distancées.
Rumex mexicanus Meisn.
Rivière-du-Loup; Cacouna (Fontaine Claire). Au bord
de la mer, sur le sable. Ce grand Rumex qui ne craint pas
les chlorures nous donne encore un exemple de la corré-
lation qui existe entre l'habitat halophytique et la réduc-
tion du système foliaire. Mont-Louis(Fernald). C’est pro-
bablement cette espèce que Penhallow appelle X. sa/cz/o-
lius et qu’il dit être très commune sur le rivage. (62)
Rumex obtusifolius L. |
N.-D. du Portage. Commune au bord de chemins. Natu-
ralisée d'Europe. Feuilles obtuses et très grandes.
Ruppia maritima L.
var. subcapitata Fernald & Wiegand.
Cacouna. Variété nouvelle. (63) Semblable à la variété
62. Penhallow, D. P., loc. cit.
63. Fernald & NÉ Rhodora XVI : 126.
154 LH NATURALISTE CANADIEN
rostrata ; pédoncule après l’anthèse de .04-1.5 ci. de lon-
gueur; podogynes de 1-6mm, de longueur; carpelles de 2-
3 mm. de longueur à maturité, ovoides-semilunulés, gon-
flés à la base et munis d'un bec proéminent et suboblique.
(Sept-Iles, Robinson, 1907.)
Sagina nodosa (I,.) Fenzl.
Rivière-du-Loup (Pointe-à-Persi). Sur les basses falaises
d’ardoises. Ne tolère le calcaire qn’à faible dose. Cacouna,
Bic, et vers l’est. (Fernald.)
Sagina procumbens I.
Cacouna. Pâturages. Formant des gazons serrés.
Sagittarlia arifolia Nutt.
Lac Témiscouata. Sur les hauts-fonds à l’entrée de la
Madawaska. (Ces hauts-fonds sont le couronnement d’un
barrage glaciaire qui supporte une association de plantes
hydrophiles.
Sagittaria latifolia Willd.
forma diversifolia (Engelm.) Rob.
Lac Pratt. Locale dans l'Est jusque dans la Gaspésie.
Port Daniel (Fernald). R
Salicornia Europaea L.
var. prostrata (Pall.) Fernald.
Rivière-du-Loup; Cacouna. Prairies saumâtres. Assez
commune le long de la côte sud de la péninsule gaspésienne :
Carleton, New Carlisle, Douglastown, Gaspé Bassin. Bic.
(Fernald.)
La Salicorne, comme son nom l'indique, est une plante
des terrains salés. La consistance charnue de la tige ainsi
que la manière dont elle est articulée lui donnent une res-
semblance frappante avec les membres de certains Arthro-
podes, insectes ou crustacés. ‘La Salicorne passe souvent
au rouge à l’automne et donne aux rivages qu’elle recouvre
une coloration brillante. Il est à remarquer que la Xockza
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 155
scoparia, si répandue dans nos jardins depuis quelques
années et qui tourne aussi au rouge à l'automne, habite
également, à l’état de nature, les rivages marins.
Salix humilis Marsh.
Rivière-du-Loup (Mont Pilote).
Salsola Kali L.
Rivière-du-Loup. Rivage de la mer. Nous observons
que de grosses touffes de Soude ne sont enracinées dans le
sable que par une racine simple d’une extrême ténuité, de
diamètre beaucoup plus restreint que celui de l’une quel-
conque des tiges qu’elle nourrit.
Salsola pestifer A. Nelson.
Lac Témiscouata. Sur la voie ferrée. C’est le Chardon
de Russie, mauvaise herbe si envahissante dans l’ouest du
Canada. Ici peu abondante et souffreteuse. Commence à
se montrer dans la Province. Près Montréal. (Fr. Rolland.)
Sanguisorba Canadensis L..
Rivière-du-Loup. Prairies basses. Pourquoi cette
Rosacée, si commune dans la partie moyenne de la Province,
fait-elle presque complètement défaut autour de Montréal ?
Sanicula Marilandica L..
Bois aux environs du lac Témiscouata. Ile de Cacouna
(Penhallow).
Saxifraga Aizoon Jacq.
Rivière-du-Loup (Grande Chute). Fissures des falaises
d’argilites. Déjà récoltée il y a longtemps au même endroit
par Thomas. Plante rare.
Scirpus Americanus Pers.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Ce Scirpe, bien qu’oc-
cupant dans sa distribution générale toute l'Amérique
tempérée, dans les eaux douces ou salées, semble faire défaut
sur la rive sud du Saint-Laurent. Fernald écrit: “Rare
156 LE NATURALISTE CANADIEN
west of the Gulf St. Lawrence. I have no records from
the South Shore”. Notons que c’est l'espèce commune
aux environs de Montréal.
Scirpus campestris Britton.
var. paludosus (Nelson) Fernald.
N.-D. du Portage; Trois-Pistoles. Rivages marins.
Cacouna, Bic, embouchure de la rivière Darmouth, Gas-
pésie. (Fernald.)
Cette halophyte se retrouve à l’intérieur du continent
dans les sols alcalins. Inconnue dans l’ouest de la Province.
Scirpus Clintonii A. Gray.
Lac Témiscouata. Pointes Rocheuses. (Croissant en
compagnie de Carex Œdert Retz. Nouvelle pour la pro-
vince de Québec. C’est une occupante des rocs et des
graviers du Saint-Jean et des rivières du Maine. Le Scirpe
de Clinton est très petit, ses épillets sont isolés. Ressemble
à première vue à un ÆZ/eocharis. (Fig. 14.)
Scirpus Hudsonianus (Michx) Fernald.
Cacouna. Prairies humides. (=Æriophorum alpinum
L.) Nous croyons que Fernald a raison de séparer cette
plante du genre Æriophorum qui, par cette utile mutilation,
devient un groupe plus naturel. (64) Morphologiquement
intermédiaire entre Scirpus et Eriophorum, la Linaigrette
des Alpes a causé bien des tracas aux taxinomistes. Palla
voulut trancher la difficulté en créant le genre 772chophorum
qui devait renfermer Æ. a/pinum et une autre forme bo-
réale: Scirpus cæspitosus. Tel que limité par Palla (65),
le genre 772chophorum avait une forte base morphologique :
aigrettes ligulées, dépourvues de barbes. Malhenreusement,
il se trouve que Sczrpus Clintont (que nous venons de dé-
LS
couvrir au lac Témiscouata) réunit à un tel degré les
64. Fernald, M. L., Vorth American Species of Eriophorum. Rho-
dora VII : 131. 3
65. Palla, Bot. Zeitung liv. ab. 1, 145, 151. 1896.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 157
Fig. 14.—Scirpus Clintonii Gray.
Petit Scirpe de la flore du Saint-Jean, nouveau pour notre flore.
A.—Epillet et bractée involucrale.
B.—Akène et aigrette.
158 LE NATURALISTE CANADIEN
caractéristiques du genre Scirpus tel qu’accepté par Palla,
et celles du genre 77zcophorum établi par le même, qu’il
devient évident que ces caractères ne sont pas concomi-
tants et que, par conséquent, 7r2ckophorum n’est pas fon-
dé en nature.
Fernald conclut que la plante qui fait le sujet de cette
discussion est un Sczrpus plutôt qu’un Æriophorum. Mais
comme les règles du Congrès International de Vienne
exigent la rétention du plus ancien nom spécifique, et que,
d'autre part, 1l y a déjà un Scrrpus alpinus Schleicher, il est
nécessaire d'adopter le nom de Michaux(Æ. Audsonianum
Michx) qui fut donné à une plante clairement identique au
type linnéen de l’Ærzophorum alpinum.
Fr. M.-VICTORIN,
” des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
—— ‘00 :
LES COLKHOPTERES DU CANADA
Quelques notes bibliographiques, et distribution géographique
des différentes espèces.
PARTIE II
(Continué de la page 63.)
70e genre
GEOPINUS, Lec.
La faune canadienne n’a qu’une seule espèce comme re-
présentant de ce genre. Elle est de taille moyenne et robus-
te, ce qui lui permet de creuser facilement dans les endroits
humides et sablonneux. La surface de cet insecte est polie
et glabre, ce qui s’adapte bien à sa vie souterraine. Elle
peut être prise en tournant rapidement un billot, particu-
lièrement en terre de sable.
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 159
L'auteur suivant traite de ce genre :
Blatchley.— Coleoptera of Indiana, 1910, p. 174.
Geopinus incrassatus :
Dej. Spec. Col. 4, p. 21. (1828.)
Habitat: Québec, Ontario, Territoires du Nord-Ouest, Al-
berta, Manitoba.
71e genre
NOFHOPUS, 'Lec.
Une seule espèce dans notre faune; elle est de taille assez
large et de couleur noire. Je ne connais pas ses mœurs.
L'auteur suivant traite de ce genre:
Blatchley.— Coleoptera of Indiana, 1910, pp. 174, 175.
Nothopus grossus :
Say, (zabroïdes Lec.). Trans. Am. Phil. Soc. 4, p. 430.
(1834.)
Habitat: Québec, Territoires du Nord-Ouest, Colombie-
Anglaise, Alberta, Manitoba.
72e genre
CRATACANTHUS, Dei.
Une seule espèce dans notre faune. Elle a à peu près
les mêmes mœurs que les Lebia.
C. dubrus.
Beauv. Ins. p. 108. Tab. 15, fig. 7.
Habitat : Québec.
73e genre
PIOSOMA, Lec.
Une seule espèce dans notre faune. Elle se rencontre
dans les mêmes endroits que les Harpalus.
P. setosum.
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 4. p. 375.
Habitat : Québec, Territoires du Nord-Ouest, Saskatchewan,
Manitoba, Alberta.
160 LE NATURALISTE CANADIEN
74e genre
AGONODERUS, Dei.
Ces coléoptères, assez petits, de couleur fauve avec taches
noires, sont assez peu nombreux en espèces ; tous n’en
comptons que cinquante dans notre faune. On les rencon-
tre sous toutes sortes de débris dans les jardins et les champs
en culture. Quelques-unes des espèces hivernent à l’état
d’adulte, et on les capture en grand nombre dès les
premiers beaux jours ensoleillés du printemps. On les
trouve aussi en grand nombre près des lumières électri-
ques.
Les ouvrages suivants traitent de ce genre et des genres
Bradycellus et Stenolophus :
Leconte.— Votes on the Species of Agonoderus, Erady-
cellus and Stenolophus inhabiting America, North of Mext-
co, in Proc. Phil. Acad. Nat. Sc. (1868), pp. 373-382.
Synoptic Table, in Bill. Brook. Ent. Soc. 6. (1883),
PP-+ 13, 59, 53-
Les espèces suivantes se rencontrent dans notre faune :
A. 2nfuscatus.
Dei. Spec.:Col./4p. 54.
Habitat: Ontario.
A. lineola.
Fab. (Carabus.) Ent. Syst. 1. p. 155.
Habitat : Ontario, Québec.
A. pallipes.
Fab. Syst. Klen. I. p. 200.
Habitat: Québec, Ontario, Manitoba, Territoires du Nord-
Ouest, Alberta.
A. partiartus.
Say, Trans. Am. Phil. Soc. 2. p. 90
Habitat: Ontario.
A. pauperculus.
Dej. Spec. Col. 4. p. 453. |
Habitat: Ontario. J05.-I. BEAULNE.
(A suivre.)
LE 28
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Mai 1916
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 1
Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard
L'ORNITHOLOGIE
AU DOMAINE LAIRET EN I9OI5
(Continué de la page 152.)
Enfin, me voici arrivé aux deux espèces les plus remar-
quables et les plus intéressantes dont j'ai à vous entretenir,
les deux espèces qui, par leur importance particulière,
m'ont inspiré l’idée d'écrire cette chronique, afin de pou-
voir en parler comme étant le couronnement de tout ce
qui précède. La première est le Goëland marin, la deux-
ième est le Gros-Bec à tête noire. Vous avez vu ces deux
oiseaux au Domaine Lairet? me dira-t-on avec un petit air
d'incrédulité. — Permettez que je me rengorge pour vous
dire avec un petit air de triomphe: Maïs oui, je les ai
vus !
Occupons-nous d’abord du premier.
Vers la fin d'octobre, un soir, à la nuit tombante, j’aper-
çus un;oiseau mort, un gros, qui flottait sur la rivière, em-
porté par le courant de la marée haute. J'en fus intrigué.
Le lendemain matin, il était encore 1à, vis-À-vis de ma
demeure. En revenant avec la marée basse, il s'était
accroché dans les branches. Malheureusement, il se trou-
11.—Mai 1916.
162 LE NATURALISTE CANADIEN
vait de l’autre côté. Je l’étudiai longtemps avec ma lu-
nette. Je résolus de l'avoir à tout prix. Avisant deux
petits garçons qui passaient par hasard, du bon côté, vis-à-
vis de moi, je leur criai: Garçons, voulez-vous gagner dix
sous ?—Oui, Monsieur. — Venez ici. — Ils vinrent. Je leur
montrai l’oiseau, et leur dis: Jetez-le moi de ce bord-ci, et
je vous jetterai votre argent. — S'emparant d’une patte
pour me tirer l’oiseau, la patte leur resta dans les mains.
L'oiseau était déjà en décomposition. Sur mon conseil,
ils le prirent par les deux cuisses à la fois, et leur nouvelle
tentative réussit.
J'emportai mon trophée. Je n’avais cure de son état
pitoyable, même de son odeur. Evidemment, j'avais une
pièce rare entre les mains. C’est tout ce que je considérais.
J'en étais fier, et j'avais hâte de l'identifier. Le comparant
avec un spécimen de Goëland argenté que j'ai en ma pos-
session, je vis que c'était un Goëlaud, maïs un /annant!!!
Car il mesurait 30 bons pouces de longueur, et me donnait
au delà de 50 pouces d'envergure. Mes livres établissant
que le plus gros de nos Goëlandsest le Zarus marinus, je
me disais: voilà donc mon espèce !
Mais, d’un autre côté, la description des livres ne con-
cordait pas avec le sujet. De cou blanc, point! De man-
teau noir sur le dos, point! La couleur générale était à peu
près celle d’un brun d’ardoise, ou bleuâtre ou grisâtre.
Que signifiait cette anomalie ou cette particularité? Je me
trouvai en face d’un problème à résoudre. Mon sujet
n’était pas encore identifié.
Ne pouvant songer à l’empailler, à cause de son état
avancé de décomposition, j’en détachai au moins les 2/-
mas, avant de rejeter le corps; puis j’allai aussitôt consul-
ter le Musée du Parlement, pour voir si j'y découvrirais
le type modèle de mon espèce. Je ne le trouvai point. Je
«courus chez M. C.-E. Dionne, le distingué et affable cura-
À À
1 i ! 4 L «a
AU DOMAINE LAIRHT 163
teur du Musée de l’Université Laval; je lui décrivis mon
oiseau ; je lui en montrai les ailes; il me dit et m’assura
positivement que mon sujet était bel et bien le Zarus ma-
rinus, Linn., Goëland à manteau noir, Great black-backed
Gull. Mais voyez donc, lui dis-je, le cou n’est pas blanc,
et le dos n’est pas noir! —Oh! me répondit-il, c’est que la
description qui vous a seule occupé est celle de l’adulte
en son plumage d'été; le plumage des jeunes est différent ;
même le plumage des adultes n’est pas le même en hiver
qu’en été; et en toutes lettres j’en fais la remarque dans
mon ouvrage. — En effet, l'ouvrage de M. Dionne contient
cette distinction ; et ainsi, à mon grand bonheur, fut résolu
mon problème.
Il convient de remarquer ici que cette différence de plu-
mage entre jeunes et adultes, entre coloration d'été et colo-
ration d'hiver, se voit également, d’une façon très pronon-
cée, chez le Goëland argenté, Zarus argentatus, Brunn.,
que M. Dionne me fit voir en ces différents états. Je pour-
rais bien, sans scrupule, mentionner le Goëland argenté
parmi les oiseaux du Domaine Lairet: car j'ai vu cette
espèce, en quantité, au-dessus de la rivière Saint-Charles,
entre les deux ponts Dorchester et Drouin, à proximité de la
rivière Lairet, à toutes les époques où l’éperlan est abon-
dant. Mais passons.
« Le Goéland marin, dit M. Dionne, est le plus gros et
le plus puissant de sa famille; et comme il est très vorace,
on comprend qu’il exerce beaucoup de déprédations parmi
les jeunes oiseaux de mer et les œufs de ces derniers. »—
« Dans les hautes régions de l’air, dit Audubon, bien loin
au-dessus des redoutables écueils qui bordent les côtes:
désolées du Labrador, plane fièrement sur ses ailes qu’on
dirait immobiles ce Goéland tyran, semblable à l'aigle,
tant son vol est calme et majestueux. Déployant son
immense envergure, il se meut en larges cercles, sans
164 LH NATURALISTE CANADIEN
perdre de vue les objets au-dessous de lui; rauques et puis-
sants, ses cris retentissent et portent l’épouvante en bas,
parmi les multitudes emplumées. »
Comment un tel monstre a-t-il pu arriver jusqu’au Do-
maine Lairet? N'oubliez pas qu’il y est arrivé mort. Il
faut croire qu’il se sera aventuré jusque dans le port de
Québec avec les autres Goëlands, qu’il aura été tiré par un
chasseur incapable de le ramasser, et que sa carcasse, em-
portée et ballotée par les flots, aura dérivé dans la rivière
Saint-Charles, et de là dans la rivière Lairet, au gré de la
marée. L'autorité d'Audubon me justifie d’avoir pensé
tout d’abord que j'avais un aigle entre les mains, quand
j'aperçus ce grand oiseau à «immense envergure.» Mais
l'illusion fut vite dissipée quand je vis que c'était un pal-
mipède. Donc le Goëland marin a été vu au Domaine
Lairet! Un chasseur que je rencontrai chez M. Dionne
m'assura qu’il avait déjà tué un individu de cette espèce,
en bas de Québec.
La seconde espèce extraordinaire dont j'ai à vous entre-
tenir est le Gros-Bec à tête noire, Evening Grosbeak, Hes.
periphona vespertina, Bonap. J'écris son nom avec facilité,
mais il n’en fut pas de même dans le commencement. On
va voir que ce splendide oiseau me causa beaucoup de
peine pour l'identifier à ma satisfaction.
C’est le dernier, mais ce n’est pas le moindre. 7%e last,
but not the least. On pourrait plutôt dire maintenant:
A tout seigneur tout honneur, puisque je l’ai réservé pour
le bouquet. Car ne vous y trompez point. Il ne s'agit
pas ici du Gros-Bec des pins, espèce pourtant très remar
quable; ni du Gros-Bec à gorge rose, espèce encore plus-
remarquable; mais du Gros-Bec à tête noire ou à couronne
noire, espèce éminemment belle et remarquable, que l’abbé
Provancher n’a pas connue, puisqu'il ne la mentionne pas.
Vous en jugerez bientôt par vous-même.
AU DOMAINE LAIRET 165
Un beau matin, au commencement du mois de novem-
bre, je me promenais sur ma galerie, en face de la rivière.
Le temps était calme, le ciel pur, le soleil radieux. Tout-
à-coup un vo/zer (passez-moi ce mot canadien, bien préfé-
rable au mot équivoque volée), un vo/ter de magnifiques
petits oiseaux, aux couleurs éclatantes, fit son apparition
et s'arrêta juste en face de ma demeure, dans les buissons
du rivage, alors dénudés de leurs feuilles. Il y en avait
au moins une quinzaine, peut-être une vingtaine.
Oh! oh! m'écriai-je, voilà du beau et du nouveau! Je
n'avais jamais vu réunion de si beaux oiseaux. Je distin-
guai du noir, du jaune, de l’olive, du rouge et du blanc.
iCe qui me frappa le plus fut un triangle blanc à la partie
nférieure des ailes, et un superbe croissant jaune orange à
la partie inférieure du dos. La tête était à multiples cou-
leurs. Ils étaient un peu moins gros que des merles. Plu-
sieurs individus, des femelles évidemment, avaient des
livrées moins éclatantes.
Ravi d’admiration, enthousiasmé à la vue de ce spectacle,
je courus chercher ma lunette et mes jumelles pour mieux
distinguer les traits caractéristiques de cette espèce. Les
chers petits étaient en migration. Ils étaient pressés et
paraissaient avoir faim. Sans cesse en mouvement, ils se
répandirent partout sur les buissons, et même sur le sol,
becquetant à qui mieux mieux la curée de cet endroit.
Oh! combien j'aurais voulu en tenir un. Si j’eusse eu
un fusil, bien sûr j'aurais eu la cruauté d’en abattre un ou
deux pour en faire un souvenir. Plût à Dieu que la
fameuse recette du grain de sel sous la queue eût été moins
légendaire et plus praticable: je l’aurais certainement
essayée. Mais j'en fus doublement empêché, d’abord par
le manque de foi, ce qui ne surprendra personne, et ensuite
par le fait que les petits oiseaux étaient de l’autre côté de
la rivière! Il m'aurait fallu tirer le sel de loin avec une
166 LE NATURALISTE CANADIEN
arme. Or, je n'avais pas plus le moyen de tirer du sel que
du plomb!
Le spectacle dura environ un quart d'heure. Tout-à-
coup, les chers petits émigrants s’envolèrent et disparurent
dans leur course, droit vers le sud.
Je me mis à fouiller mes livres pour l'identification.
Mais bernique, je ne trouvai rien. J’allai vous trouver, M.
le Rédacteur, et en même temps consulter le Musée du
Parlement. Démarche infructueuse. Je me tournai vers
M. C.-E. Dionne et le Musée de l'Université Laval. C'est
là que je fus fixé, tant par l'autorité de M. Dionne que par
plusieurs spécimens empaillés que j'aperçus, à ma grande
joie, dans les vitrines: car je reconnus, tout de suite, letype
idéal qui m'était resté gravé dans l'esprit Mon oiseau
était donc le Gros-Bec à tête noire, espèce très rare, et j'ai
joui pendant un quart d'heure du plaisir ineffable de voir
le spectacle encore plus rare d’une bande aussi considé-
rable en vol de migration; privilège extraordinaire dont
M. Dionne lui-même n’a jamais joui, comme il me l’avoua
candidement.
Qu'on juge de la rareté de cet oiseau par ces paroles de
M. Dionne: «Le premier qui, à ma connaissance, a fait
son apparition dans les environs de Québec, fut tué le 11
mars 1890 à la Jeune-Lorette. Plus tard, le 24 novembre
1903, quatre individus ont été tués à l’Ange-Gardien ; et, en
décembre, trois autres ont été abattus à Sainte-Foy. »
M. Dionne pouvant disposer d’un spécimen empaillé de
cette espèce, j'en fisimmédiatement l’acquisition. Et main-
tenant j'ai chez moi, sur mon horloge, ce souvenir tangible
pour corrober et rafraîchir à tout instant le souvenir imma-
tériel que garde ma mémoire d’une si rare et si magnifique
apparition, qui, n'est-ce pas? fut un événement mémorable
au Domaine Lairet.
P. S.— Je voudrais bien pouvoir dire que j'ai vu d’au-
tres espèces réputées communes, telles que le Chardonneret,
AU DOMAINE LAIRET 167
le Geai, le Goglu. Malheureusement, ils n'ont pas fré-
quenté mes parages. Du moins, je ne les ai pas remarqués.
Au sujet du Goglu, ce charmant oiseau, encore plus
aimable par son chant sonore que par ses vives couleurs, je
me demande avec tristesse, hélas! s’il a pu survivre à la
guerre d’extermination qu’on lui a faite, depuis nombre
d'années, dans les environs de Québec. La race en est-
elle exterminée? On m'a dit qu’ils étaient nombreux jadis,
mais qu’une foule de chasseurs, armés de lignettes, de tré-
buchets, de gaules munies d’un crin en nœud coulant au
petit bout, à force de les traquer partout pour les prendre
et les vendre en qualité d’oiseaux chanteurs en cage, les
ont tellement décimés qu’il n’en doit plus rester beaucoup,
si toutefois il en reste encore quelques-uns.
En terminant cette chronique, je désire protester de
toutes mes forces, et je suis sûr que vous protesterez avec
moi, contre une pratique aussi stupide et aussi désastreuse.
L'abbé F.-X. BURQUE.
Erratum: Livraison d'avril, page 149, ligne 9e, lisez:... et par son
plumage d’un bleu terne etc.
00
168 LE NATURALISTE CANADIEN
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DÉS ESPÈCES RECUEILLIES
PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES.
(Continuë de la page 158.)
Scirpus nanus Spreng.
N.-D. du Portage. Petit Scirpe peu apparent sur la vase
des grèves maritimes, et pour cela, probablement, peu
récolté. Rivière Saguenay (Burgess).
Scirpus pedicellatus Fernald.
Lac Pratt. Grand Scirpe d’un beau vert pâle, voisin de
Scirpus atrocinctus, espèce méconnue encore, mais qui
paraît très fréquente dans notre province.
Scirpus rubrotinctus Fernald.
Rivière-du-Loup. Marais. Commune. Se distingue assez
bien sur le terrain des autres Scrpus similaires par le
rouge foncé des gaines. (—S. wcrocarpus Presl.)
Scirpus rufus (Hudson) Schrad.
Rivière-du-Loup (Pointe-à-Persi). Petit Scirpe gazon-
nant abondant dans les terrains saumâtres.
Scleranthus annuus L.
Cacouna. Champs cultivés près de la mer. Peu fré-
quente.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 169
Selaginella selaginoides (L.) Link.
Lac Témiscouata. Rochers siluriens du rivage. Déjà
signalée en cette région par Northrop. Rare et locale.
Senecio aureus L.
Saint-François de Whitworth. Commune à travers la
chaine apalachienne qui traverse le comté de Témiscouata.
Vers la mi-juillet, les fleurs voyantes du Séneçon doré sont
la note dominante de la flore dans la partie la plus élevée
du comté.
Senecio aureus I, est une espèce compréhensive dont on
a déjà détaché S. Balsamitæ, S. discoideus, S. obovatus et
d’autres. Commune depuis les eaux du Saint-Jean jusqu’à
Percé (Fernald).
Senecio Balsamitae Muhl.
Lac Témiscouata. Pointes rocheuses. Très variable
suivant l'habitat. Dans la station indiquée il est petit et
laineux. Sur les alluvions ombragées il devient, paraît-il,
glabre et plus feuillé.
Senecio discoideus (Hook.) Britton.
Rivière-du-Loup; N.-D. du Portage. Beau Séneçon à
distribution boréale. Semble rechercher les rochers cal-
caires. Aussi dans les prés. Saint-Fabien, Bic, Sainte-Anne-
des-Monts, Carleton (Fernald).
Senecio pseudo-Arnica Less.
Cacouna; Trois-Pistoles; N.-D. du Portage; Ile du
Gros-Pèlerin. Rivages graveleux, Cette énorme Com-
posée est l’une des plantes les plus remarquables du bas
Saint-Laurent. Habite les rivages maritimes depuis le
Maine jusqu’à la mer Arctique et l'Alaska.
Nous avons dans cette Composée des modifications halo-
phytiques; feuilles charnues, cutinisées, pubescentes-lai-
170 LE NATURALISTE CANADIEN
neuses, obovales-spatulées (forme fréquente chez les espèces
maritimes).
Bic, Pointe-au-Père, et depuis Métis jusqu’à Tourelle.
(Fernald.)
Senecio vulgaris L.
Rivière-du-Loup. Très commune autour des habita-
tions.
Shepherdia Canadensis (1) Nutt.
Saint-Simon (Rimouski), tout près de la ligne de sépara-
tion d’avec le comté de Témiscouata. Hauteurs cambriennes.
Champs. Calcicole, de distribution étendue, maïs locale.
Bic, côtes et rivières gaspésiennes (Fernald); Lachevro-
tière, Ile d'Orléans (Saint-Cyr); Québec (Maclagan) (66);
Ottawa (Fr. Rolland).
Sisyrinchium angustifolium Mill.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Lieux saumâtres.
Smilacina stellata (L.) Desf.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Sur les alluvions de
l’ancien rivage. Commune dans son habitat.
Solidago Canadensis L.
Partout.
Solidago hispida Muhl. |
Lac Témiscouata; Rivière-du-Loup. C’est la Verge
d’or dominante de la région. Commune surtout sur les
schistes des bords des rivières. Cette plante nous est
inconnue à l’ouest de la Province. L'espèce est très
variable et, dans une étude toute récente (66 bis), Fernald
a reconnu outre la forme typique quatre variétés bien dis-
tinctes, dont trois sont nouvelles.
66. Macoun J., loc. cit., III: 421.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 171
Solidago hispida Muh]., var. tonsa Fernald, n. var.
Nos spécimens ont servi à M. Fernald pour la séparation
de cette variété nouvelle. C’est une forme glabre que
nous avons trouvée à la Rivière-du-Loup, en haut des
Grandes-Chutes. Suit la description.
Caulibus glabris vel sparse puberulis; foliis glabris vel
glabratis vel subtus ad nervos pilosis margine eciliatis vel
sparse ciliatis, basilariis oblanceolatis vel anguste obovatis
1-2. 5 cm. latis plerumque subacutis, caulinis 7-20 infra
inflorescentiam basilariis similibus gradatim minoribus,
superioribus 1-6 cm. longis 2-8 mm. latis; panicula thysi-
formi densa; involucro 3-5 mm. longo.
Terre-Neuve (Fernald, Wiegand, Kittredge); Anticosti
(Macoun) ; Rivière-du-Loup (Fr. M.-Victorin, No. 588);
Nouveau-Brunswick, Chutes Nepisiguit (Fowler).
Fernald remarque que dans sa forme extrême cette
variété mime So/zdago erecta Pursh, espèce du Sud, mais
s’en distingue par le jaune brillant des rayons, et la cou-
leur plus verte des bractées de l’involucre.
Solidago rugosa Mill.
Rivière-du-Loup. Tourbières.
Solidago sempervirens L.
Ile du Pèlerin du Milieu. Abondant en cet endroit, et
d’une remarquable carnosité en raison de la salinité de
l'habitat. (C'est le seul So/:dago halophytique de notre
flore. Cette station est à notre connaissance la plus occi-
dentale encore relevée sur le Saint-Laurent. Passe pour
répandu dans la Gaspésie. Extrêmement difficile à sécher.
Penhallow mentionne ce So/zdago comme très abondant
dans l’Anse-à-Persi. Nous pouvons affirmer avec certitude
qu’il a complètement disparu de cet endroit.
Solidago uliginosa Nutt.
Rivière-du-Loup. Tourbières.
172 LE NATURALISTE CANADIEN
Sonchus arvensis L.
Ile du Gros-Pèlerin; Saint-Simon (Rimouski). Sables
maritimes, très abondante. |
Sparganium angustifolium Michx.
Lac Pratt; Lac l'émiscouata. Rubanier essentiellement
aquatique, à feuilles excessivement longues et étroites.
Sparganium diversifolium Graebn., var. acaule (Beeby) Fer-
nald & Kames.
Lac Pratt. Revêt des formes plus ou moins luxuriantes
en cet endroit. La nouvelle édition de l’///ustrated Flora
donne rang spécifique à cette variété. M. Fernald ne lui
reconnaît pas de caractères permettaut la séparation des
deux espèces.
Spartina glabra Muhi.
Rivière-du-Loup; Cacouna, etc. Cette Spartine joue,
un rôle écologique important sur la côte témiscouatienne,
où elle occupe presque seule les grèves plates sujettes à la
marée. Ses rhizomes entrelacés contribuent à fixer les
vases, et les colonies de cette plante, même quand le chaume
a disparu, forment des îlots proéminents que le battement
quotidien de la marée ne réussit pas à entamer.
Spartina Michauxiana Hitchce.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). ‘Herbe à liens”. S'ac-
commode également bien de l’eau douce et de l’eau salée.
Commune dans toute la vallée du Saint-Laurent.
Spartina patens (Aït.) Muhl.
Ile du Pèlerin du Milieu. Etablie dans une anse. Par
ailleurs semble peu répandue sur la côte témiscouatienne.
Joue sur certaines parties du littoral le rôle dévolu ici à
S. glabra. Cacouna (Fernald).
ER TT
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 173
Spergularia Canadensis (Pers.) Don.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi); N.-D. du Portage;
Cacouna. Bonne-Espérance (Allen); Anticosti (Macoun); Bic
(Fernald). Plante halophytique toujours glabre.
Spergularia salina J. C. Pres.
Cacouna. Prairie saumâtre. Glabre ou pubescente-
glanduleuse. La nomenclature des Spergulaires halophy-
tiques a passé par bien des vicissitudes. Fernald et
Wiegand ont traité cette question dans ÆAodora (67).
D'après cette étude, on peut dresser le tableau suivant des
espèces du bas Saint-Laurent :
Graines grosses, 1-1. 33 mm. de longueur ; capsule sub-
globuleuse-ovoïde, deux fois la longueur du calice.
Partie libre des stipules très courte, tronquée ou api-
culée. Planteglabre. %$S. Canadensis (Pers.)G. Don.
Graines petites, o. 5-0. 8. mm. de longueur; capsule
conique-ovoide égalant ou dépassant très peu le
calice; partie libre des stipules longuement acu-
minée. Plante glabre ou pubescente.
Graines glanduleuses-papilleuses ; bractées su pé-
rieures de l’inflorescence rudimentaires ou
nulles. S. salina J. C. Presl.
Graines unies; bractées supérieures généra-
lement présentes.
CS. Zezosperma (Kindb.) Schmidt.]
Spiranthes Romanzoffiana Cham.
Cacouna (prairies humides); Lac Témiscouata; Ile du
Gros-Pèlerin. Cette Spiranthe au parfum si délicat, que
l’on rencontre partout dans la vallée du Saint-Laurent, est
très variableïetise-pose comme un continuel point d’inter-
rogation sous les pas de l’herborisant. M. Oakes Ames,
67. Fernald M. L., Some new or unrecorded Compositae chiefly from
Northeastern America. Rhodora XVII : 2.
174 LE NATURALISTE CANADIEN
qui a écrit une monographie du genre (68), a disséqué les
fleurs de centaines de spécimens provenant de stations
différentes, et n’a pu arriver à établir des lignes de démar-
cation sérieuses. Et cependant l’espèce paraît bien com-
posite.
Stellaria borealis Bigel.
Lac Saint-Hubert. Bois et clairières. Associée à Galium
Kamtischaticum. Affecte deux formes bien différentes
suivaut qu’elle croît à l'ombre ou au soleil.
Stellaria humifusa Rottb.
Saint-Jean-Baptiste de l’Ile-Verte. Battures. Commune
au bord des eaux salées. Feuilles charnues.
Stellaria media (L.) Cyrill.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Le Mouron des oiseaux
est l’une des plantes les plus familières autour des habi-
tations, particulièrement là où coulent les eaux ménagères.
Au bord de la mer, il se tient sur la ligne des varechs en
décomposition, voisinant avec ÆAériplex patula I, var.
hastata, et Polygonum aviculare X,. var. vegetum Ledeb.,
toutes plantes des lieux azotés.
Streptopus amplexifolius (L.) DC.
Rivière-du-Loup. Bois. Ile de Cacouna (Penhallow).
Géant en certains endroits. Rare ou absent dans l’ouest
de la Province.
Tofieldia glutinosa (Michx) Pers.
Lac Témiscouata. Rochers siluriens du rivage. Assez
abondante. Espèce américaine à distribution boréale-
alpine.
68. Fernald & Wiegand, Rhodora XII: 157.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA K75
Triglochim maritima L.
Rivière-du-Loup (Anse-à-Persi). Remarquable plante
halophile. On ne la trouve guère qu’au bord des eaux
salées, bien que Fernald affirme l’avoir rencontrée sur la
rivière Saint-Jean à plus de cent milles de son embouchure
(69). Ressemble à ?/antago decipiens Barneoud. D’après
Glsson-Seffer (70), peut tolérer 2.17 de chlorure de sodium
dans ses tissus. La plante présente les particularités ana-
tomiques suivantes: cellules épidermiques à membrane
externe assez épaisse ; stomates légèrement enfoncés; tissu
palissadique périphérique formé de cellules courtes, traversé
par des canaux aérifères assez petits relativement à ceux
très grands qui se rencontrent dans le parenchyme central,
incolore. C’est, comme l’a fait remarquer Warming, une
structure de plante hygrophile qui contraste avec ce qu’on
observe d'ordinaire dans les plantes des marais salés. (71)
Triglochim palustris L.
Cacouna (Fontaine-Claire);, Saint-Simon (Rimouski).
Prairies humides. Assez commun dans l’Est. Jamais ren-
contré dans la région de Montréal. Encore plus lacuneuse
que l’espèce précédente; les canaux aérifères du centre
sont énormes et occupent presque toute cette région.
Trillium cernuum L.
Rivière-du-Loup. Rare apparemment dans le T'émis-
couata.
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
(A suivre.)
69. Ames Oakes, Orchidaceae, Fasc. 1. Boston, 1905.
70. Fernald, M. L. Rhodora, XIII, 113.
71. Olsson- Seffer, Por, Gaz. 47 : 108.
176 LE NATURALISTE CANADIEN
PUBLICATIONS REÇUES
— Rapport d'enquêles sur les pêcheries des baies d'Hudson et de James
et leurs tributaires. 1914. Ottawa. 1915.
L'un de ces Rapports très intéressants est celui de M. Nap.-A. Comeau,
le fameux trappeur de Godbout, côte Nord.
— Rapport sommaire de la Commission géologique du ministère des
Mines. 1914. Ottawa, 1916.
Une partie considérable de ce Rapport concerne les collections d’his-
toire naturelle du gouvernement d'Ottawa, et les explorations de spé-
cialistes en diverses parties du Canada.
—(Ministère de l'Agriculture. Ottawa.)
Le Service de l’Entomologie a distribué dernièrement une série de
brochures importantes :
Chenilles à tente, J.-M. Swaïine. 1913.
Les Altises, par A. Gibson. 1913.
La destruction des Sauterelles dans l'Est du Canada, par A. Gibson.
1915.
La Légionnaire, par A. Gibson. 1915.
Les Vers gris, par À. Gibson. 1915.
La Mouche de Hesse et la Mouche à scie du blé de l'Ouest, par N.
Criddle. 1915.
— Bulletin of the Geological Institution of the University of Upsala.
1915.
— Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia.
Vol 167. ÆPMIUTOT6:
A noter dans ce volume :
Alexander, New or little known crane-flies from the U.S. and Canada.
Fowler, Fishes from eastern Canada. Il n’est question dans ce travail,
pour ce qui est de la province de Québec, que des deux espèces de Truites :
Salvelinus fjontinalis Mite. et S. alpinus marstoni Garm.
s
— Noces d'argent du Mérite agricole à l'Exposition provinciale de
Québec, 1er sept. 1915.
Brochure de grand luxe, et du plus grand intérêt pour l’histoire de
notre agriculture.
—(Ministère des Mines, Canada.)
Musée commémoratif Victoria. Bulletin No 1. 1913. Ottawa. 1915.
Ce bulletin est la traduction française de l'édition anglaise publiée en
1913. C’est une contribution précieuse à l’histoire naturelle du Canada.
— Rapport du Surintendant de l'Instruclion publique de la province
de Québec, pour l’année 1914-15.
—15e Rapport annuel de l'Association canadienne antituberculose. 1915.
LE
NATURALISTE CANADIEN
Québec, Juin 1916
VOL. XLII (VOL. XXII DE LA DEUXIÈME SÉRIE) No. 12
Directeur-Propriétaire: Le chanoine V.-A. Huard
CHRONIQUE ORNITHOLOGIQUE
MARGAU et GROS-BEC
En parcourant le No. de janvier dernier du Vaturaliste,
j'ai remarqué une note au sujet de l'oiseau appelé A/argau,
où il est dit que ce nom vulgaire s’applique au Cormoran.
Peut-être est-ce le cas dans certaines localités, attendu
que le peuple désigne souvent plusieurs espèces d’oiseaux
sous un même nom vulgaire. Toutefois on voudra bien me
permettre de donner ici mon opinion, basée sur des rensei-
gnements obtenus en diverses circonstances, au sujet du
Margau—|lequel, à mon avis, n’est point le Cormoran, mais
bien le Fou de Bassan. En effet, ce dernier oiseau m'a
toujours été nommé du nom de Margau par un bon nown-
bre de p rsonnes que j'ai vues, qui ont fréquenté ow
demeuré dans les parages où cet oiseau se voit.
Lors d’un voyage fait à Gaspé, Percé et dans la baie des
Chaleurs, où le Fou de Bassan se montre commun, on me
l’a toujours désigné sous le nom de /argau, ou quelque-
fois sous celui de Æou, tout simplement par allusion à
quelques-unes de ses singulières habitudes, et les marins
du bateau sur lequel je me trouvais le nommaïent ainsi,
12.—Juin 1916.
178 LE NATURALISTE CANADIEN
Le Dr Schmidt, dans son ouvrage sur l’île d’Anticosti,
à la page 293, le nomme également Margot. Le Dr a
demeuré pendant plusieurs années sur l'Ile. Aïnsi cet
oiseau est donc connu là aussi sous cette dénomination.
Quant au Cormoran, je ne lui connais pas de nom vul-
gaire ; on l’appelle Cormoran. Voilà ce que je sais de
l'application de ce nom vulgaire.
Je profite en même temps de l’occasion de cette note,
pour signaler ici la présence plus qu’ordinaire d’un oiseau,
le Gros-Bec à couronne noire, ! qui a toujours été considéré
comme rare dans la Province, quoiqu'il ne le fût pas ailleurs.
Mais depuis sept à huit ans il devient chaque hiver de plus
en plus commun. En effet, depuis cette date, on m'a
apporté chaque année plusieurs individus pour être natu-
ralisés pour des amis ou pour des musées en voie de for-
mation. Mais l'hiver dernier, et surtout cette année, j'en ai
recu un bon nombre qui ont été tués dans différentes
paroisses, telles qu’à Saint-Pascal, à Montmagny, dans
celles des alentours de Québec, puis à Trois-Rivières, à
Victoriaville, etc., de sorte que j'ai lieu de croire qu’il est
devenu d’une distribution générale cette année; et d’après
des renseignements que j'ai pu obtenir, ces oiseaux se
voyaient par petites bandes de quatre à dix individus
Ænviron.
Espérons que ce bel oiseau continuera de nous visiter
chaque hiver, afin de remplacer dans la forêt et dans nos
bocages ceux qui les désertent lorsque la belle saison est
passée.
Un fait qui me paraît intéressant à noter, c’est que j'ai
toujours trouvé dans l’estomac de cet oiseau les graines
d'une seule seule espèce d’arbre, une dicotylédonée, que
1. Voir, au sujet de cet oiseau, la note de M. Raoul Lavoie, publiée à
.la page 105 de notre livraison du mois de janvier dernier. N. C.
CHRONIQUE ORNITHOLOGIQUE 179
je crois être celles d’une Acérinée. Maïs je ne puis, pour le
moment du moins, en déterminer l’espèce. Quelque fût
l'endroit où il a été tué, j'ai invariablement trouvé la
même espèce de graine. Ceci prouve une préférence toute
particulière de cet oiseau pour cette graine, et en même
temps que cette dernière doit être commune.
On sait que les oiseaux granivores, et celui-ci en est un,
font entrer dans leur nourriture plusieurs espèces de
graines et souvent, à l’occasion, des insectes ; mais ce Gros-
Bec me paraît faire exception à cette 1ègle, au moins pour
ce que j'ai constaté par ceux que j'ai montés.
Québec, 10 avril 1916. C.-E DIONNE.
— Sur le même sujet du Gros-Bec à couronne notre, le Fr.
Marie-V’ictorin nous avait écrit ce qui suit à la date du
Q Mars :
Sous le titre de: ‘Un oiseau rare”, M. Raoul Lavoie
signale l’apparition dans notre Province du Gros-Bec à
couronve noire (//esperiphona vespertina Bonap.)
On me permettra de sortir un instant du domaine de la
botanique pour informer les lecteurs de cette revue que,
durant la dernière semaine de février et les premiers jours
de mars, les nombreux arbres, qui font le charme de la ville
de Longueuil, ont été habités par une légion de ces jolis
oiseaux qui ont excité une grande curiosité chez les ama-
tuers toujours nombreux dans les banlieues des grandes
villes.— L'on a pu observer ici que cet oiseau se nourrissait
des samares sèches dont les Frênes rouges (Æraxinus
Pennsylvanica) sont encore garnis en hiver.
On en voyait à la fois 50 à 60 sur le même arbre; on
pouvait presque les toucher de la main. Il est à remarquer
que la visite des Gros-Bec a coïncidé avec le plus gros
froid de l’hiver.
Trois spécimens ont été apportés pour le musée du
Collège, et deux sont déjà montés.
180 LE NATURALISTE CANADIEN
Ces oiseaux ont aussi été vus à Boucherville, à six milles
d’ici.
Fr. M.-VICTORIN,
Collège de Longueuil.
—Le 20 mars, le Rév. F. Crête, c. s. v., de l’Institution
des Sourds-Muets, de Montréal, nous écrivait :
Le Vaturaliste de Janvier cite le passage de 5 Gros-Bec à
couronne noire (//esperiphona vespertina), à Saint-Pacôme
(Kamouraska).
Le fait est digne de remarque, assurément, car c’est un
visiteur rare et accidentel qui nons vient de l’ouest (assure
M. Chs. W. Nash, biologiste de la province d’'Ontario.)
Cette année, pourtant, on le rencontre assez fréquemment
dans diverses parties de notre Province. Jamais, croyons-
nous, il ne s’est trouvé en telle abondance dans nos parages.
Outre le cas cité plus haut, 12 ont été tués en Joliette en
janvier et (février; on en voit souvent à Rigaud; 9 furent
pris vivants au moyen d’une vulgaire ‘‘lignette ” placée
sur le toit d’une maison au cœur même de la ville.
Qu'est-ce qui peut bien nous valoir l’honneur de cette
visite ?
EF. CRÉTÉ CS Re
——. 00: —
D'AUTRES SOUVENIRS DE PROVANCHER
“Votre article du Vafuraliste (mois d'avril), à propos des
collections de l’abbé Provancher, m'a fort intéressé. Pour
compléter vos renseignements sur les objets scientifiques
recueillis ou préparés par le fondateur de notre seule revue
scientifique française, je prends la liberté de vous faire con-
naître que notre musée possède aussi une ‘relique” du
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 181
bon abbé Provancher : c’est une table faite de tous les bois
du Canada et envoyée autrefois à une Exposition de Paris.
Le Père Carrier a été assez heureux pour se procurer ce
souvenir historique, que nous considérons comme une des
meilleures pièces de notre musée. Notre scolasticat, à
Québec, a eu aussi la bonne chance d’acheter l’autel de
l’oratoire privé de M. Provancher. J'ai cru vous faire
plaisir en vous rappelant ces détails que vous connaïssiez
probablement déjà.” (1)
Philéas Vanier, c: s. c.
Collège de Saint-Laurent, près Montréal.
——— :00 ;——
LA FLORE DU TÉMISCOUATA
RAPPORT SUR UNE NOUVELLE EXPLORATION BOTANIQUE
DE CE COMTÉ DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
CHAPITRE QUATRIÈME
LISTE ANNOTÉE DES ESPÈCES RECUEILLIES
PHANÉROGAMES ET CRYPTOGAMES VASCULAIRES.
(Continué de la page 175.)
Trisetum spicatum (L.) Richter.
Rivière-du-Loup. Sur les berges d’argilites. Aussi au
bord des chemins ombragés. S’accommode bien des situa-
tions calcaires, d’après Fernald.
1. Nous sommes content de savoir que le musée du Collège de Saint-
Laurent possède cette pièce remarquable d’ébénisterie, qu’il nous sou-
vient d'avoir admirée bien des fois, jadis, chez l'abbé Provancher.—#. C .
182 LE NATURALISTE CANADIEN
Utricularia intermedia Hayne.
Lac Saint-Hubert. Fréquente dans les eaux peu pro-
fondes, où elle se reproduit le plus souvent asexuellement.
Fleurs rares.
Vaccinium Vitis-Idaea L.
var. minus Lodd.
Rivière-du-Loup (collines de quartzites, et rochers bas
près du rivage); Cacouna; Ile du Gros-Pèlerin.
Plante boréale-alpine, à peu près confinée au bouclier
Laurentien. Sur la rive sud du Saint-Laurent elle ne
paraît pas s'éloigner de la côte, à moins qu’elle ne s’éta-
blisse dans les tourbières, sur les montagnes de la Gaspésie
et sur les points culminants des Adirondacks.
L'on sait que beaucoup de plantes alpines peuveut se
maintenir dans les tourbières des basses altitudes, les tour-
bières constituant un habitat physiologiquement froid et
sec.
D'après Fernald, cette petite Vacciniacée préférerait les
sols potassiques (72). Les riverains appellent les fruits de
cette plante ‘ Pommes de terre ””, et ont dénommé “Ile aux
Pommes” une petite île en face de Trois-Pistoles.
Vaccinium Pennsylvanicum Lam.
Rivière-du-Loup (Tourbières). Commune. Forme ty-
pique. Calcifuge.
Vaccinium Pennsylvanicum L.
var. angustifolium (Aïit.) Gray.
Rivière-du-Loup (Tourbières). Forme à feuilles exces-
sivement réduites, que Fernald nous dit n'avoir rencontrée
72. Chermezon, Æecherches anatomiques sur les plantes litiorales. Ann.
Sci, Nat. Sér. IX : 262-263.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 183
que dans la zone alpine des monts Albert et ‘ La Table ”
(73). De fait, les grandes tourbières de la Rivière-du-Loup
supportent une remarquable association de plantes des
hautes altitudes.
La nouvelle édition de l’///ustrated Flora réunit, sous
V”. angustifolium Ait., ce que nous appelons . Pennsylva-
nicum et sa var. angustifolium. Nous observons en effet
toutes les formes intermédiaires dans les tourbières de la
Rivière-du-Loup, mais la forme extrême est si remarquable
qu’elle mérite mention.
Vaccinium Pennsylvanicum Lam.
var. nigrum Wood.
Rivière-du-Loup (Tourbières). Variété à distribution
plutôt méridionale. Paraît rare dans l’Est du Québec, puis-
que Fernald ne la trouve pas dans la Gaspésie.
Veronica longifolia L.
Cacouna. Echappée des jardins.
Viburnum cassinoides L.
Cacouna. Collines de quartzites. Fréquente en dehors
du calcaire. Saint-Fabien, Pointe-au-Père, et vers l’est.
(Fernald.)
Viburnum paucifiorum Pylaie.
Ile du Gros-Pèlerin. Cette espèce habite les ravins frais
des montagnes du Nord, et sa présence est un indice de
conditions équivalant à l'habitat boréal. Les riverains du
Témiscouata connaissent l’existence de cet arbuste sur les
îles Pèlerins, et la récolte qu’ils font de ses fruits est le seul
motif qui les atttire sur ces rochers déserts. Le nom de
73. Fernald, M. L, Soi! Preferences of Alpine Plants. Rhodora IX :
150.
184 LE NATURALISTE CANADIEN
Pimbina qu’ils lui donnent s'applique, en d’autres parties
de la Province, à l’zburnum opulus 1.
Provancher a écrit (74), au sujet de cette espèce, quelques
notes intéressantes: ‘Il y avait déjà plus de deux ans que
nous avions remarqué cette plante sur le ‘chemin des
Caps”, dans les Laurentides, et nous avions cru de suite
que c'était l’espèce acerifolium, lorsqu'au mois d'octobre
dernier nous trouvant au même endroit, nous remarquâmes
que les fruits, au lieu d’être noirs étaient d’un beau rouge
pourpre, assez semblables à ceux du ?#mbina ; nous en
goûtâmes et nous ne trouvâmes presque pas de différence
avec ces derniers. L’échantillon desséché que nous en
avions dans notre herbier ne montrant pas en effet d’étami-
nes saillantes ni d'appendices stipulaires, nous pûmes donc
nous convaincre que c'était bien l'espèce pauciflorum de
Pylaie MM. Torrey et Gray qui la décrivent d’après des
notes à eux fournies par un M. McRae, de Montréal, et
M Tuckermasn, de Boston, disent qu’ils n’en connaissent pas
les fruits, les autres botanistes qui ont décrit la plante
gardent tous le silence à cet égard, nous pouvons donc
affirmer avec certitude que les fruits sont tels que nous
les décrivons plus haut (ovales-oblongs, d’un beau rouge,
juteux). Les cymes étant pauciflores, et quelques fleurs
manquant encore par avortement, nous avons rarement
trouvé plus de 3 à 4 fruits à chaque cyme.”
Viola renifolia Gray.
var. Brainerdii (Greene) Fernald.
Rivière-du-Loup; Lac Saint-Hubert. Bois. La violette
à feuilles réniformes appartient à la flore des bois froids,
particulièrement des cédrières. La forme typique à feuilles
pubescentes sur les deux faces ne se rencontre que dans la
partie méridionale de sa distribution: Michigan, Pensyl-
74. Provancher, abbé L., Ælore canadienne, p. 288.
LA FLORE DU TÉMISCOUATA 185
vanie, etc. La forme du Témiscouata, de la Gaspésie, du
Labrador, est une variété à feuilles luisantes et glabres,
dont la distribution est boréale-alpine. D’après Fernald
(75), au nord du détroit de Belle-Isle elle est abondante
sur les falaises exposées, en compagnie de plantes arctiques
notoires: Poa alpina L., Salix vestita Pursh, Cerastium
alpinum L., Saxifraga cæspitosa 1. Dans les montagnes
de la péninsule gaspésienne, elle atteint l’altitude de 1100
mètres sur les calcaires arides et exposés, en compagnie de
Carex rupestris AI, Dryas integrifolia Vah]l., Pediculartis
flammea 1... Campanula uniflora 1.
Dans les montagnes du Colorado, cette forme glabre se re-
trouve à de hautes altitudes, 2500 mètres, et de là, sur les
hauteurs, jusqu’au nord de la Colombie-Anglaise. La var.
Bratner dt, que Brainerd lui-même s’est refusé à reconnaître
spécifiquement, doit donc être considérée comme une va-
riété géographique de la très intéressante lola renifolia.
Woodsia ilvensis (L.) R. Br.
N.-D. du Portage. Au flanc des falaises d’ardoise expo-
sées au vent de la mer. Dans l’Est, commune sur les ardoi-
ses, les quartzites et les calcaires. Rivière-du-Loup, Bic,
Capucin, Grosse-Roche, Rivière Sainte-Anne-des-Monts,
etc. (Fernald.) Fréquente sur le gneiss laurentien au nord
de Montréal.
Zannichella palustris L.
Cacouna (Fontaine-Claire). Paraît peu répandue sur le
rivage de Témiscouata. Les stations de Fernald sont toutes
dans la Gaspésie : Sainte-Anne-des-Monts, Ile Bonaventure,
et vers l’est. Habitat de Zos{era marina.
75. Fernald, M. L., Viola renrfolia and Viola Brainerdii. Rhodora
XIV : 87.
186 LE NATURALISTE CANADIEN
Zizia aurea (L.) Koch.
Lac Témiscouata. Rochers siluriens au bord du lac.
Commune dans la vallée du Saint-Jean, et le lac Témiscoua-
ta semble être sa limite au nord. Nous ne croyons pas que
l’on ait auparavent signalé cette plante dans l’est de la Pro-
vince.
Zostera marina L.
Cacouna (Fontaine-Claire). Nous ne la trouvons pas
dans l’ Anse à Persi, où sa place est prise par Spartina glabra
pour je ne sais quelle raison écologique.
Cette plante, sous le nom de ‘ Mousse de mer ”, fait l’ob-
jet d’un certain commerce.
Provancher dit en parlant de la Zostère: ‘Dans les pays
du nord, on se sert de cette plante pour couvrir les maisons,
pour confectionner des matelas, des paillassons, etc. On dit
même qu’employée en matelas, elle agit hygiéniquement et
peut fortifier des individus débiles.” (76) Nous ignorons
où Provancher a puisé ce dernier détail et n’osons pas en
garantir l’exactitude.
La biologie de la Zostère a fait l’objet de récentes
études au Danemark. D'après Ostenfield (77), bien que la
plante demande l’eau salée, elle prospère aussi bien là où le
pourcentage de chlorure de sodium est très faible (3/5 7
--3 1/3 7) que là où il est très élevé. Elle n’envahit que les
lieux où l'eau est relativement calme, et descend à de plus
grandes profondeurs en eau claire qu’en eau trouble, pou-
vant aller jusqu’à 11 mètres là où l’eau est très transparente.
Très variable, la forme des feuilles paraît affectée davan-
tage par la nature du fond; sur le sable ferme, elles sont
76. Provancher, abbé L.., #ore Canadienne, p. 626.
77. Ostenfield, Æeport of Danish Biological Station, p.62. Copenhague.
1908,
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 187
courtes et étroites, tandis que, sur la vase elles AA Eent
et s’allongent jusqu’à atteindre deux mètres. >
Zygadenus chloranthus Richards.
N.-D. du Portage; Trois-Pistoles. Cette liliacée est une
plante du calcaire, abondante pour cette raison dans la pé-
ninsule gaspésienne, les montagnes-Rocheuses et les Praïi-
ries. Dans l’ouest de la province de Québec, elle ne nous
est pas connue. Rivière-du-Loup, Bic, Petit-Métis, Sainte-
Anne-des-Monts, etc. (Fernald.)
Fr. M.-VICTORIN,
des Ecoles chrétiennes.
RE
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA
Quelques notes bibliographiques, et distribution géographique
des différentes espèces.
PARTIE II
(Continué de la page 160.)
75e genre
DISCODERUS, Lec.
Les espèces de ce genre se ressemblent de près, et sont
très difficiles à classifier.
Les auteurs suivants traitent de ce genre:
Horn.—Bull. Brook. Ent. Soc. 6. p. 52. 1883.
Blatchley.— Coleoptera of Indiana (1910), p. 178.
Nous avons deux espèces de notre faune.
D. paralellus.
Hald. Proc. Acad. Nat. Sc. Phil. 1. p. 301.
Habitat: Colombie-Anglaise, Québec.
188 LE NATURALISTE CANADIEN
D. 1mpotens.
Lec. Journ. Ac. "Nat. Sc. Phil. 4.4p. 14.(x858)
Habitat: Québec.
76e genre
GYNANDROPUS, Dei.
Petits coléoptères très rares. Ils se rencontrent sous les
écorces dans les endroits plus ou moins humides. Une
seule espèce dans notre faune.
G. hylacrs.
Say. l[rans. Ar. Phil. Soc. \2.p. 31.
Habitat: Québec.
77e genre
HARPALUS, Latr.
Coléoptères très nombreux en espèces, et de taille assez
forte. Ils se trouvent partout sous les billots et les déchets,
sous les pierres, principalement le long des champs en
culture. La plupart des espèces sont considérées comme
utiles; cependant, l’espèce caliginosus, très abondante
certaines années, fait beaucoup de dommage aux semis de
graines de trèfle et de mil. Il arrive souvent qu’on en
voit entrer au vol, le soir, dans les appartements où il y a de
la lumière. Les grosses lumières électriques parsemées
dans nos parcs publics les attirent beaucoup.
Les auteurs suivants traitent de ce genre:
Leconte.— Votes on 1he Species of Harpalus Inhabiting
America, North of Mexico, in Proc. Phil. Acad. Nat.
SC. p. 98-104. (1855.)
Blatchley.— Coleoptera of Indiana, p 179-187 (1910).
Les espèces suivantes se rencontrent dans la faune cana-
dienne :
1. vulpeculus.
Say. Trans. Am.Bhil Soc 2p00
Habitat: Québec, Ontario.
LES COLÉOPTÈRES DU CANADA 189
1. erraticus.
Say. Trans. Am. Phil. Soc. 2. p. 27.
Habitat: Québec, Ontario, Territoires du Nord-Ouest,
Alberta, Manitoba.
AH. amputatus.
Say. Tians. Am. Phil. Soc. 4. p. 432.
Habitat: Québec, Ontario, Territoires du Nord-Ouest,
Alberta, Colombie-Anglaise, Manitoba, Territoire du
Yukon.
Æ. viridæneus.
Beauv. Ins. p. 108. tab. 7. fig. 8. o.
Habitat : Nouvelle-Ecosse, Québec, Ontario, Territoires
du Nord-Ouest, Manitoba, Alberta, Terre-Neuve.
1. caliginosus.
Fab. Syst. Elen. 1. p. 188.
Habitat: Québec, Ontario.
À. faunus.
Say. Trans. Am. Phil. Soc. 2. p. 28. (1823.)
Habitat: Ontario.
A. vagans.
Lec. Proc. Phil. Acad. Nat. Sc. p. 102. (1865.)
Habitat : Québec, Ontario.
Æ. Pennsylvanicus.
DeGeer. Ins. 4. p. 108.
Habitat : Québec, Ontario, Manitoba, Alberta, Territoires
du Nord-Ouest.
H. compar.
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist.Æ p. 395.
Habitat: Québec, Ontario.
1. erythropus.
Bet Spec. Col. 4. p. 258:
Habitat: Québec, Ontario.
19O LE NATURALISTE CANADIEN
1. megacephalus.
Lec.Bnn-Lvyc Nr Eist /A\pieor
Habitat: Québec, Ontario, Labrador.
IT. fulvilabris.
Mann: 00
Habitat: Alaska, Saskatchewan, Ontario, Terre-Neuve,
Labrador.
À. jallax.
Lec:
Habitat: Ontario, Nouvelle-Ecosse.
A. pleuriticus.
Kby. Faun. Bor. Am. 4. p. 41.
Habitat: Nouveau-Brunswick, Québec, Ontario, Territoires
du Nord-Ouest, Manitoba, Alberta, Terre-Neuve.
FH. herbivagus.
Say: Trans \ Am. (Phil. Soc2/\p:00:
Habitat: Labrador, Québec, Ontario, Manitoba, Alberta,
Territoires du Nord-Ouest et ceux de la baie d'Hud-
son, Terre-Neuve.
1. somnulentus.
DejSpec Col14p: Tr:
Habitat: Alaska, Manitoba.
{. ventralis.
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 4. p. 390.
Habitat: Territoires du Nord-Ouest, Alberta, Manitoba.
1. opacipennis.
Hald. Proc. Acad: Nat. Sc. Phil. «'p'60n
Habitat: Ontario.
1. mtidulus.
Chand. Bull. Mosc. 4. p. 788. (1843.)
Habitat: Québec.
IT. ellipsis.
Lec. Ann. Lyc. Nat. Hist. 4. p. 400.
Habitat: Territoires du Nord-Ouest, Manitoba, Alberta.
BIBLIOGRAPHIE 1OI
F7. cautus.
Dej. Spec. Col. 4. p.. 367:
Habitat: Ontario, Territoires du Nord-Ouest, Alberta,
Manitoba, Colombie-Anglaise.
Jos.-I. BEAULNE.
(A suivre.)
PUBLICATIONS REÇUES
— Contributions à la Biologie du Canada basées sur des études faites
dans les Stations biologiques du Canada. Fasc. II. Poissons d’eau
douce et Biologie des lacs. 1911-14. Ottawa, 1916.
Voilà une addition de toute première valeur à l’histoire naturelle du
Canada, et dont nous avons déjà parlé à l’occasion de l’édition de langue
anglaise. Mais il est bien regrettable qu'il n’y ait au précieux volume
aucune sorte d’index pour faciliter les recherches.
— (Ministère des Mines. Canada.)
F.G. Speck, 7ème décoratif de la Double Courbe dans l’art des
Algonquins du Nord-Est. Ottawa. 1915.
O.-E. Leroy, apport préliminaire sur une partie de la côte princi-
pale de la Colombie-Brilannique et les îles voisines. Ottawa, 1915.
J. Keele, Dépôts d'argile et de schistes du Nouveau-Brunswick.
Ottawa, 1915.
E. W. Kawkes. ZLa fête ‘‘des invités” des Esquimaux de l'Alaska
Ottawa, 1915.
—Pascal Poirier. Voyage aux Iles-Madeleine.
Cette jolie plaquette de 30 pages in-16, avec carte de l’archipel, est un
fort agréable récit de voyage, où M. le Sénateur Poirier trace un tableau
abrégé de la condition de ces îles Madeleine, au point de vue historique,
religieux, éducationnel et industriel.
— Bibliography of Canadian Entomology for the year 1914, by Prof.
C. J. S. Bethune. Ottawa, 1916.
—(Commission of Conservation. Canada.)
Dictionary of Altiludes in the Dominion ot Canada (2nd edition), by
James White. Ottawa, 1916.
250 pages de noms et de chiffres ! Cela ne se lit pas, mais peut être
bien utile à consulter à l'occasion.
— Fish and how to cook it. Issued by the Dept. of the Naval Service
Ottawa, 1914.
Une petite brochure illustrée, qui contient.d'importants avis.
—(Département des Mines. Canada.)
192 LE NATURALISTE CANADIEN
A general Summary of the Mineral production of Canada, during
the year 1911. J. McLeish. Ottawa. 1912.
Rapport sommaire de la Division de la Commission géologique du
ministère des Mines pour l’année 1910. Ottawa. 1912. /dem, pour l’an-
née 1911. Ottawa. 1913.
Reconnaissance à travers les montagnes Mackenzie (Yukon et Terri-
toires du Nord-Ouest), par J.Keele. Ottawa, 1914.
Preliminary Report on the Mineral production of Cauada during the
year 1911. J. McLleish. Ottawa . 1912.
Rapport sur la géologie de la montagne Brome, Québec, par J.A. Dres-
ser. Ottawa. 1912.
H.S. de Schmid, Mica, its Occurrence, Exploitation, and Uses. Otta
wa, 1912. 2nd ed.
Adams et Barlow, Géologie des régions d'Haliburton et Bancroft.
Ont. Trad. par Em. Dulieux. Ottawa, 1911.
A. P. Coleman, L'industrie du nickel, particulièrement dans la région
de Sudbury, Ont. Ottawa. 1915.
J. Meleish, Lapport annuel de la production minérale du Canada
durant l'année civile 1913. Ottawa, 1915.
H. Ries, Dépôts d'argile et de schistes des provinces de l'Ouest, III.
Ottawa, 1915.
J. W. W. Spencer, Les Chutes du Niagara. Ottawa, 1915.
D. D. Cairnes. District de Wheaton (Vukon).Ottawa, 1915.
H.S. de Schmid, Znvestigation of a reported discovery of Phosphate
in Alberta. Ottawa, 1916.
Description of the Laboratories of the Mines Branch of the Dept. of
Mines. Ottawa, 1916.
A0:
TABLE DES MATIERES
DU VOLUME XLII
Pages
PMRTAUNÉE made SERRE. ANR NUE rene le I
RelChrienne lustres MAR ArECC. OOR a ocniauste 2
La Flore du Témiscouata (Fr. M.-Victorin)...........,,..........
Chapitre IV—Liste annotée des espèces recueillies (swz/e)
A ae dre ee CIS à» « 6, 18, 34, 51, 68, 106, 121, 136, 153, 168, 181
Les Coléoptères du Canada (Jos.-I. Beaulne.) (Suwz/e)
D ele a SR RE et ce: 1920) 45; 50, E09, 107
Bibliographie ortradet vs 16, 32, 48, 63, 79, 95, 111, 127, 143, 176, 191
A la Société royale......® RL, CESSE ARE NE 17
Histoire abrégée de la Punaise. RE ci OO ONE en 33
Propos d'actualité... - A2 PRE se de SMS Se 49
Prix d'histoire naturelle: #84. 2... EE ce 65
L'entomologiste Fabre 270347... ISA SSII SP RE 81
UE aupposition /" d'oRaenit. CR... seu Visas 97
L'ornithologie au Domaine Lairet en 1915 (Abbé Burque)
PAL E CU LEVÉ SC TP... 00) 1101132 47 RO
Histéridés capturés à Ottawa et dans les environs (Fre Germain).. 103
MATOS AHITATE au ae de EU. lee cils etant RSA 105
Hneore ane plaie! ...(F. Letourneaue . ......1......0 4... 113
Le Chrysope ou la ‘‘ Mouche aux yeux d'or’’ (J.-C. Chapais)..... 129
es collections de Erovanchet:. "22. .....40.1.. Nr, 145
Chronique ornithologique (C.-E . Dionne).. RARE Se NT ER 177
D'antres souvenirs de Provancher.......... 3...) 180
194
TABLE ALPHA BF PIORR
DES PRINCIPAUX NOMS DE FAMILLES, DE GENRES ET
D'ESPÈCES MENTIONNÉS DANS CE VOLUME
Abies CR aeet OR 27 1 CRITONOMIA EEE
ACER uen e ee cale EU NS AO 2 Chlænitis ER rErrEe
APOHOErUS EN --e MI601| NCHTyYSOPIER IAE EEE
ABEOY TON LL A AN AUTRE 24 | Cimex lectularius
Alectoria se re: ERERENETEERS 110] CIS NANTERRE
ATEN LP AMEN UE Re 251 0Cladoma Re EPS
ANS US Me clerc AABTÉE 251INCæloplenroin-te°2re
ATODECUTAS ER RER ETC LIe RE 25 | Colaptes auratus Swain
Ampelis cedrorum Gray...... 1340 MC 0tTA NC EAN
AMApDHaMsSE Er ER EURE R ELEC 27 \NComoselinnneErRe re
Anemone.. LPS 27MIMCorallortza tes
Anomoglossus ......... ..... 61 | Cordeiles Americanus..
Antennaria ..... ik 27 | Cordeiles popetue
ADENES ANT RUEL UE ES LME SUR 29 | Cordeiles VS
ATADAS MIEL NEO RE Rep ER 27 |NCCRAUSE ECC
AÉETATIA 4 ef (AO LE CNS 27 | Corvus Americanus Aud.
A ÉCISI AS ASE ie ee ele 0.280 MCORVTAAlIS EC"
STE CR nn le nceeiee 29 340 TACANTNUsS TEE ERrE
ASHIMATTICAPIIUS MENACE 1514) Crapns. 001000
ATIDIe UE een mtaoet + 24 ICE on. 00
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Bacillus amylovorus..... ... 113 Ce
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Blepharostoma......... ..... 10 | Dendroica æstiva Baird
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BrACHylODUS RME ERENS ARRETE 61: |MDICTANENAEEE
Brachynus eee 30, 45.) Dicrattitm PP RPERPer
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BÜbONATEINIANNS" CN UE 1501 |MDINOSANTIAN PACE
CARTE ANIME ER ERA 351 MDiscoderns PA PPEPEEEE
Calida sr tt neE As 1341. Draba PS EPRPRRee
CAMEMOHE TE EE IUL LAN ESS 36 | Drepanocladus ........
Galoplacartre SPECTRE D, 110] Fleocharis "Peer
Campantla me VERRA PER AGNIMElYINNS, EL EPP
Capsellales te Den LARMES pr 7 20 PEMPELTEIN, CORTE
Career ne RE RE RE ES 36 |" Englenoidina "21"
Castilleqa ner eu TER 39! TE DpIerAS M." CERTES
Cataprosans ie LE PPERCERARRN EUR 40 | Kpilobium ......
Cerastiuin... ..
Cércernts ren
LE NATURALISTE CANADIEN
AU MPA ET - 40 | Epipactis...
ARENA 88 | Equisetum : A
Ceryle Alcyon Bonap........ Mir48 INMETISeETON. |: PP
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TABLE ALPHABÉTIQUE
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OS LE... 57
HOBAMALSNS IS: PRES. 7
Fraterculaarctica(Linn.)fchaf-
LS TNE RÉNSRAPANE : EERESS 98
RE Re ou elle à Dee e 57
Fraxinus Pennsylvauica...... 179
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Galeoscoptes Carolinensis Ca-
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CGI EE ASS CORP RER PS CE 57
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SAanSiSOTbA 40.221600 155
SAMU ES Eee ee ee 155
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Scleranthus...... HE INIS
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SOHECILO: Are Se conne 169
Shepherdidhi tr ue 170
Sisyrinchium . 170
Smilacina
Solidago
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Stegosaurus
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Thuidium
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Trochilus colubris Lins..
Tyrannus Carolinensis Baird .
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CANADIEN
BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTES
SE RAPPORTANT A L'HISTOIRE NATURELLE
DU CANADA
fondé sn 1868 par l’abbé Provancher
QUEBEC
RUE PORT-DAUPHII
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En Imprimerie | aRLAMME & PROULX, :4, rue Garneau, Québec.
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SOMMAIRE DE CETTE LIVRAISON
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Une Chienmmeïillustre: 4. . ..2 2 Ma ER EE 2
La Flore du Témiscouata, Fr. M.-Victorin (Swzze)....... ET RASE 6
Les Coléoptères du Canada (Jos.-I. Beaulne) (Swzfe.).............. HE
Publications rectues #60... . 75e RSR RE 16
Le NATURALISIE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par
_ livraison de 16 ou 20 pages in-8°. L L
Le prix de l'abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, est
d'UNE PIASTRE par année.—Pour la France et les autres pays
de l'Union pustale, IX FRANCS.
Les reçus d'abonnement seront renfermés dans -la livraison sui-
vant la date où l’on aura payé.
On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les personnes qui
souscrivent au journal durant l’année reçoivent les nnméros parus
depuis le commencement du volume.
La direction entend laisser aux correspondants du journal l’en-
tière responsabilité de leurs écrits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l’admi-
uistration du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-
propriétaire, M. le chanoine V .-A. Huard, à l’ Archevêché, Québec.—
Téléphone 1519.
AGENCE DU “NATURALISTE’” -
Paris.—MM. R. Roger & F. Chernoviz, Editeurs.
99, Boulevard Raspail, Paris.
En vente au bureau du Waturaliste :
— Labrador et Anticosti, par l'abbé Huard, 520 p. in 80, $f1.25 ; franco
$1.45 pour tous pays.
—L' Apôtre du Saguenay, par l'abbé Huard, 3e édition, 55 ets franco.
—Le Naturaliste canadien, Volumes ou numéros détachés.
—Les Coléoptères, Les Mollusques, de Provancher.
AMERICAN ENTOMALOGICAL CO.
55 Stuyvesant Ave., b:voklyn, N. Y.
Prix- Liste No 6 d'insectes d’ Amérique < utres continents et C'a-
talogue illustré de fournitures entomologiques, in 80, ?k p. : expé-
dié pour 10 cts, à retenir sur le premier achat.
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Nouveautés. — Prix modérés.—Articles soignés.
Geo. Franck, Manager
14
Vol XLII (xxir de la 2e série) No. à Québec, Août 1915
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y 4 LA SE RAPPORTANT A L’'HISTOIRE NATURELLE
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Imprimerie LAFLAMME & PROULX, 34, rue Garneau, Québec.
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SOMMAIRE DE CETTE LIVRAISON
ANASOCIÉEE TOVAlE" SRE. |. NE Re a 1
. La Flore du Témiscouata, Fr. M.-Victorin (Szzfe)........:2 18
Les Coléoptères du Canada (Jos.-T. Beaulne) (Syzfe )........ ..... 29
Publications FÉCHEST + ARE. : Sa PET SE AA |
: EI AE NE 2 EI ED ES RES
LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
.son Ge 16 ou 20 pages in-8°.
r Le prix de l’abonnement pour le Canada et les Etats-Unis, est d’'UNE
t PIASTRE par année. — Pour la France et les autres pays de l’Union
à postale, SIX FRANCS.
Les reçus d’abonnement seront renfermés dans la livraison suivant la
. date où l’on aura payé.
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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTEX
SE RAPPORTANT A L’HISTOIRE NATURELLE
DU CANADA
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Huard, à l’Archevêché de Québec. — Prix spécial à la douzaine.
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LES ETAPES D’UNE CLASSE AU PETIT SEMINAIRE DE
QUEBEC, 1859-1868, par l’abbé D. Gosselin, curé de Charlesbourg, P. Q.
—In-12 de 292 pages, illustré. — Prix: 75 sous, chez l’auteur et chez
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BULLETIN DE RECHERCHES, OBSERVATIONS ET DECOUVERTES
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
son de 16 ou 20 pages in-8°.
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
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postale, SIX FRANCS.
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date où l’on aura payé.
On ne peut s’abonner pour moins d’un an. Les personnes qui sous-
crivent au journal durant l’année reçoivent les numéros parus depuis le
commencement du volume.
La direction entend laisser aux correspondants du journal l’entière
responsabilité de leurs écrits.
Toutes les communications, relatives à la rédaction ou à l’administra-
tion du NATURALISTE, doivent être adressées au directeur-propriétaire,
M. le chanoine V.-A. Huard, à l’Archevêché, Québec: — Téléphone 1519.
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—L’Apôtre du Saguenay, par l’abbé Huard, 3e édition, 55 cts franco.
—Le Naturaliste canadien, Volumes ou numéros détachés.
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Vol in-12 de 130 pages, illustré de 122 vignettes: — Prix 25 sous,
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MANUEL DES SCIENCES USUELLES.
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QUEBEC, 1859-1868, par l’abbé D. Gosselin, curé de Charlesbourg, P. Q.
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QUEBEC, 1859-1868, par l’abbé D. Gosselin, curé de Charlesbourg, PA
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Le Chrysope ou la ‘Mouche aux yeux d’or”’,(J.-C. Chapais)... .. 129
L’ornithologie au Domaine Lairet en 1915 (Abbé Burque) Syz/e... 132
La Flore du Témiscouata (Fr. M.-Victorin) Szzle..............,.… 136
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LE NATURALISTE CANADIEN paraît à la fin de chaque mois, par livrai-
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et A.-O. Pruneau, Québec.
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