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Full text of "Le Nouveau Testament"

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Digitized by the Internet Archive 
In 2010 with funding from 
University of Ottawa 


http://www.archive.org/details/lenouveautestame00stap 


LE 


NOUVEAU TESTAMENT 


OUVRAGES DU MÊME AUTEUR 


Jésus de Nazareth et le développement de sa pensée sur lui-même. 
4 vol. in-80 (épuisé). 


Les idées religieuses en Palestine à l’époque de Jésus-Christ. 2° - 
édition, 1878. Paris, librairie Fischhacher. 1 vol. in-12 . . 3 fr. 50 


Le plus ancien manuserit du Nouveau Testament. Brochure in-80, 

Paris, Ilibrairie Fischbacher, 1880 +. «4 . . . CNRS CR 

La Palestine au temps de Jésus-Christ, d’après le Nouveau Testament, 

l'historien Flavius Josèphe et les Talmuds. 4° édition, 1886. Paris, librairie 

Fischbacher.{i; vol. in:80. πο 4%, à 2°. 2? COCOON 
(Cet ouvrage « été traduit en anglais). 


Le Château de Taley (Loir et Cher) 1888. Paris, librairie Fischbacher, 
LENOIR ES nn 0 5e 0e none 0 OS OS 


Tirage sur papier à la cuve . . . 


50 Kilomètres 


CÉSARÉER 


____ Voyages de Jésus-Christ 


Nouveau Testament, trad, par Edm. Stapfer. Paris, Librairie Fischbacher, 


LA PALESTINE 


AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST 


NOUVEAU TESTAMENT 


TRADUIT SUR LE TEXTE COMPARÉ 


MEILLEURES ÉDITIONS CRITIQUES 


PAR 


EDMOND STAPFER 


Docteur en Théologie, Pasteur de l'Église réformée de France, Maître de Conférences à la Faculté 
de Théologie protestante de Paris. 


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PARTS 
LIBRAIRIE FISCHBACHER 


(SOCIÉTÉ ANONYME) 


33, RUE DE SEINE, 93 


1389 


Droits réservés 


A 


MES ANCIENS ÉLÈVES 


DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE PROTESTANTE 


DE PARIS 


Mes chers amis, 


Cette traduction vous appartient comme à moi; nous 


l'avons faite ensemble. Je vous la dédie. 


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LE 


NOUVEAU TESTAMENT 


INTRODUCTION 


SOMMAIRE : L'origine du Nouveau Testament. — Les plus anciens manuscrits. 
— Les variantes du texte. — Les dernières éditions critiques. — Quel texte 
nous avons traduit. — De la division en chapitres et en versets. — De 
l’ordre dans lequel sont rangés les livres du Nouveau Testament. — Des 
citations de l'Ancien Testament dans le Nouveau. — Comment nous avons 
essayé de traduire. — Les livres faciles et les livres difficiles. — Deux 
manières de traduire, — Les notes et les préfaces. — Les variantes de tra- 
duction et de ponctuation. — Les éclaircissements et les remarques géogra- 
phiques et historiques. 


APPENDICE : Liste des manuscrits grecs du Nouveau Testament en lettres onciales 
et des manuscrits des anciennes versions. 


On appelle le Nouveau Testament un recueil d’écrits composés 
par les premiers chrétiens, et datant presque tous de la seconde 
moitié du premier siècle. Ils sont au nombre de vingt-sept. On 
pourrait définir ce recueil: la collection des plus anciens documents 
du christianisme. Il faut remarquer cependant que certains d’entre 
eux, comme le quatrième évangile ou la seconde Épître de Pierre, 
ont été écrits après des livres chrétiens qui ne sont pas dans le 
Nouveau Testament, par exemple après l'Épître de Clément Romain 
aux Corinthiens. 

Le recueil, tel que nous le possédons, s’est formé peu à peu et le 
plus naturellement du monde. On sait que le culte de l'Église 


2 LE NOUVEAU TESTAMENT 


primitive était calqué sur celui de la synagogue. Donc, à chaque 
assemblée de ce culte les chrétiens avaient, dès l’origine, l'habitude 
de lire des fragments de: la Loi et les Prophètes. Les livres de 
l’ancienne alliance étaient, pour eux comme pour les Juifs, la 
Parole de Dieu. Or, lorsque, dans une Église, à Corinthe, par 
exemple, on avait reçu une ou plusieurs lettres de Paul, l’usage 
s'établit immédiatement de lire des fragments de ces épîtres au 
culte public aussitôt après l’ Ancien Testament. Bientôt, aux lettres 
recues directement et adressées à l'Église même, vinrent s’ajouter 
les copies des lettres reçues par les communautés voisines. Plus 
tard des Évangiles ou des fragments d'Évangiles vinrent à leur 
tour accroître la collection. Ce fut surtout après la mort des apôtres, 
et lorsque la tradition orale courut le risque de s’altérer et de se 
perdre, qu’on éprouva le besoin de fixer par l'écriture les récits de 


la Passion, les discours de Jésus-Christ, les paraboles, qui jusque-là - 


avaient passé de bouche en bouche, conservés par la seule mémoire. 
C’est ainsi que chaque Église forma, indépendamment des autres, 
un recueil de livres de la nouvelle alliance. Chacune avait le sien 
et, naturellement, il y avait entre les diverses collections des diffé- 
rences. Aucune entente préalable n'avait présidé au choix des 
ouvrages. Ce ne fut qu'au bout de quatre cents ans environ que le 
recueil sous sa forme actuelle fut définitivement arrêté. Avant cette 
époque les communautés chrétiennes ajoutaient des livres ou en 
retranchaient à leur convenance. 1] nous reste de ces temps primitifs 
un certain nombre de listes de livres du Nouveau Testament. Il en 
est qui en renferment plus de vingt-sept. Le Pasteur d'Hermas, 
les Épîtres de Clément Romain, l'Épître de Barnabas ont long- 
temps joui d’une grande faveur. Plusieurs Pères de l'Église les 
considéraient comme Écriture sainte. 

Nous n'avons pas à faire ici l'histoire de la formation du recueil 
des livres du Nouveau Testament, ce qu’on appelle l’histoire du 
Canon. Notons seulement un fait: les livres qui étaient générale- 
ment admis s’appelaient incontestés. Les livres qui restaient en 
discussion s’appelaient contestés. Ce sont ces derniers qui ont été, 
au quatrième et au cinquième siècle, l’objet d'un triage; les uns 
pour être définitivement exclus; les autres pour être élevés au 
rang d'incontestés, et, à partir de ce moment, le Nouveau Testa- 


ment ne subit plus aucun changement. Il fut tel que nous le possé- 


INTRODUCTION ΠῚ 


dons. Nous aurons l’occasion, dans les courtes préfaces que nous 
placerons en tête de chaque livre, d'indiquer au lecteur si ce livre 
était contesté ou incontesté. 

Deux des plus anciens manuscrits qui nous soient parvenus 
portent les traces des longues hésitations des Églises. Ils ne se 
terminent pas avec l’Apocalypse de Jean; l’un, qui est du qua- 
trième siècle, continue par le Pasteur d'Hermas et l'Épître de 
Barnabas et l’autre, qui est du cinquième siècle, renferme les 
Épîtres de Clément Romain aux Corinthiens. 

L'autorité des livres du Nouveau Testament fut de bonne heure 
très grande. Elle naquit spontanément de l'habitude de les lire au 
culte public aussitôt après les Écritures de l'Ancien Testament ét 
ce mot, les Écritures, appliqué aux livres du Nouveau fut proba- 
blement employé dès le commencement du second siècle. D'ail- 
leurs parmi ces ouvrages les uns rapportaient les seuls faits de la 
vie de Jésus qui fussent connus et rappelaient les seules paroles de 
lui qui eussent été conservées, d’autres émanaient d’apôtres 
vénérés, et on s'explique fort aisément la faveur et le respect dont 
ces documents primitifs furent immédiatement entourés. La 
collection complète, après avoir reçu différents noms, fut défini- 
tivement appelée : La Nouvelle Alliance. Jointe à l’Ancien Testament 
elle forme ce que nous nommons la Bible (en grec: Ta Biblia, 
c’est-à-dire : les livres). Quant au terme : le Nouveau Testament, 1] 
n’est que la traduction fautive du latin Novum Testamentum qui 
signifie proprement : Nouvelle Alliance. 

Nous ne possédons pas de manuscrits du Nouveau Testament 
antérieurs au quatrième siècle. Les écrits originaux des divers 
auteurs ne nous ont pas été conservés. Il ne reste aucune trace de 
leur existence et même toutes les copies faites pendant trois cents 
ans ont été perdues. Du quatrième siècle il en reste deux, aussi 
anciennes l’une que l’autre et dont l’origine est la même. Quelques- 
unes de leurs parties ont même été écrites par le même scribe. 
L'un de ces manuscrits a été découvert le 4 février 1859 par 
Tischendorf au couvent de Sainte-Catherine au pied du mont Sinaï 
en Arabie. Il se trouve maintenant à la Bibliothèque de Saint- 
Pétersbourg et renferme le Nouveau Testament tout entier. C’est 
lui qui, après l’Apocalypse, contient l'Épître de Barnabas et une 
partie du Pasteur d'Hermas. On l’appelle le manuscrit du Sinaï ou 


4 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Codex Sinaiticus. L'autre est à la Bibliothèque du Vatican à Rome. 
Il s’y trouve depuis fort longtemps sans qu'on puisse préciser à 
quelle époque exacte il y ἃ été placé. Il devait être primitivement 
complet, mais la fin du Nouveau Testament, à partir du milieu de 
l'Épiître aux Hébreux, a été déchirée à une date inconnue. On 
l'appelle le Codex Vaticanus où manuscrit du Vatican. Du cinquième 
siècle il nous reste aussi deux manuscrits, l’un est à Londres, il y 
a été apporté d'Alexandrie au milieu du dix-septième siècle et 
porte le nom de Codex Alexandrinus. Mutilé dans ses premières 
pages, il ne commence qu’au chapitre vingt-cinquième de Mat- 
thieu, mais il est complet à la fin et, nous le disions plus haut, 1] 
renferme les Épîtres de Clément de Rome après l’Apocalypse. De la 
seconde, qui est apocryphe, il ne reste que des fragments. Enfin, 
nous avons à Paris un manuscrit également du cinquième siècle; 
un Palimpseste. On appelle ainsi un codex dont l'écriture pri- 
mitive a été effacée au moyen âge. Le parchemin, ainsi remis à 
neuf, servait à transcrire un autre ouvrage. Ce procédé était en 
usage à une époque où le parchemin était rare et cher. Notre 
Yodex de Paris a servi à transcrire les œuvres d’un Père de 
l'Église, Éphrem le Syrien. A l’aide de puissants réâctifs chi- 
miques on parvient à faire reparaître les caractères effacés et à 
lire, au moins en partie, le texte primitif; mais cette lecture est 
très difficile et reste douteuse pour plusieurs passages. La consul- 
tation de ce Codex appelé Codex d'Éphrem est donc extrêmement 
délicate. 

Ces quatre manuscrits sont les seuls connus qui renferment le 
Nouveau Testament tout entier (sauf les parties mutilées). D’autres 
copies très importantes, datant des sixième, septième, huitième et 
neuvième siècles, nous offrent le Nouveau Testament par fragments 
soit qu'ils aient été, eux aussi, mutilés, soit qu'on n'ait voulu pri- 
mitivement copier qu'une partie du Saint Livre. Les uns n’ont 
que les Évangiles; les autres n’ont que les Épîtres de saint Paul ; 
d’autres les Actes des apôtres et les Épiîtres ‘atholiques. Ils sont 
tous en lettres onciales, sorte d'écriture droite, carrée, majuscule, 
la seule en usage alors. Nous renonçons à décrire ici toutes ces 
copies; mais les personnes que cette question intéresse trouveront 
à la fin de cette introduction et sous forme d’appendice la liste de 
tous les anciens codices en lettres onciales, avec la date de leur 


αν he son 


INTRODUCTION 


©? 


découverte, la nature de leur texte, l’époque de leur publication, 
l'indication de leur contenu. Nous avons joint à cette liste celle des 
plus anciennes traductions du Nouveau Testament, ouvrages fort 
utiles à consulter lorsqu'on s'occupe de reconstruire le texte grec 
primitif. 

Au dixième siècle fut inventée l'écriture cursive, plus simple et 
plus commode que l’écriture onciale. Cette invention facilita beau- 
coup la confection des copies du Nouveau Testament et celles-ci 
devinrent extrêmement nombreuses. Il n’est guère de bibliothèque 
publique en Europe qui ne renferme une ou plusieurs de ces copies 
en lettres cursives postérieures au dixième siècle. 


Lorsqu'on compare les divers manuscrits, même les deux pre- 
miers le Vaticanus et le Sinaïticus, écrits par les mêmes copistes et 
qui sont comme deux frères jumeaux, on remarque dans les textes 
qu'ils nous offrent d’assez sensibles différences; et ce n’est que par 
une étude patiente, attentive, très minutieuse de tous les anciens 
documents qu’on arrive à reconstruire approximativement, toujours 
avec des doutes et de nombreuses chances d’erreur, le texte pri- 
mitif. Ce travail de reconstruction n’a été sérieusement entrepris que 
de nos jours. La traduction du Nouveau Testament qu’on lit dans 
les Églises protestantes de langue française et qui est une révision 
d’une version écrite au seizième siècle, a été faite sur un texte 
défectueux, sur celui d’un des premiers Nouveaux Testaments 
grecs imprimés et pour la publication duquel l'éditeur avait pris 
sans discernement les manuscrits grecs qu'il avait trouvés dans 
la Bibliothèque de Bâle; la plupart étaient de la fin du moyen âge. 
ΤΙ fallait les revoir, les corriger; on ne le fit pas. On les imprima 
tels quels. Puis on les réimprima et il en fut ainsi jusqu’à nos jours. 
Quelques traducteurs modernes ont essayé çà et Ἰὰ de retoucher 
légèrement ce texte sans autorité. Ils commettaient une erreur. 
Il ne faut pas le corriger, mais le remplacert. Sans doute ce 
Nouveau Testament grec traditionnel n'offre pas desdifférences 
essentielles pour la foi avec les textes critiques modernes. Le 
nombre des variantes importantes est très restreint et, à tout 


1 C’est ce texte qui s’appelle texte recu. Expression fâcheuse que nous évitons 
à dessein. 


6 LE NOUVEAU TESTAMENT 


prendre, le texte sacré nous est parvenu dans un merveilleux état de 
conservation. Cependant lorsqu'il s’agit des livres saints rien n’est 
sans importance, et puisque Dieu n’a pas permis que nous eussions 
les écrits originaux, tout traducteur doit se faire un devoir de 
conscience de prendre pour base de son travail un texte se rappro- 
chant le plus possible de celui que les écrivains sacrés ont primi- 
tivement composé. 

Les savants qui s'occupent de cette importante question doivent 
d'abord comparer les manuscrits et les classer en familles. Certaïns 
d’entre eux offrent les mêmes différences, et ce premier classe- 
ment est facile. On distingue deux grandes familles, celle des 
copies qui ont pour origine l'Égypte et en particulier Alexandrie, 
on l’appelle famille alexandrine, et celle des copies faites en Asie 
Mineure et à Constantinople qu’on appelle byzantine. La pre- 
mière est considérée comme la meilleure, la plus autorisée. Ce 
premier classement terminé, les critiques relèvent toutes les 
variantes et cherchent par la comparaison, et aussi par l’examen 
du texte lui-même, à s’en expliquer la provenance. Les unes 
viennent de l’inexpérience des copistes; telle erreur est involon- 
taire; telle autre a été, au contraire, commise intentionnellement. 

Après les manuscrits et à côté d’eux, il faut interroger les 
anciennes traductions. Deux d’entre elles sont du second siècle 
et ont des leçons importantes. Enfin les citations des Pères de 
l'Église sont l’occasion de plus d’un rapprochement curieux. 
Ceux-ci, dont les écrits sont antérieurs à nos plus anciens manus- 
crits, avaient sous les yeux des copies aujourd’hui perdues et les 
passages de ces copies, cités par eux dans leurs écrits, offrent 
parfois de remarquables différences avec ceux de nos manuscrits 
ou, au contraire, viennent confirmer leurs leçons douteuses. On 
comprend combien ce travail est délicat et minutieux. 

Trois éditions critiques ont été faites de nos jours d’après les 
principes les plus rigoureux de la science moderne. La première 
en date est celle du savant anglais Tregelles. La deuxième, parue 
en Allemagne, est due à Tischendorf et enfin la troisième, 
imprimée il y a quelques années en Angleterre, a été préparée 
par deux savants professeurs de l’Université de Cambridge 
MM. Westcott et Hort. Un théologien allemand M. Gebhardt a eu 


l’heureuse idée de réunir sous un même coup d'œil dans une 


chti nié 


INTRODUCTION 7 


récente édition du Nouveau Testament grec les trois textes de ces 
trois publications critiques. Partout où Tregelles, Tischendorf, 
Westcott et Hort sont d'accord, nous sommes certains d’avoir le 
meilleur texte possible dans l’état actuel de la science. Partout où 
ils diffèrent — (et Gebhardt relève toutes ces différences) — nous 
sommes en présence de variantes très autorisées et dont le tra- 
ducteur doit tenir compte chaque fois qu’elles sont assez impor- 
tantes pour ne pas disparaître d’elles-mêmes dans la traduction. 
Le travail de Gebhardt a servi de base à notre version. Elle est 
faite sur le texte commun des trois meilleures éditions critiques 
actuelles du Nouveau Testament. Quant aux variantes nous avons 
choisi entre elles, après en avoir recherché la cause dans les plus 
anciens manuscrits. Celle que nous n’avons pas adoptée est tou- 
jours notée au bas de la page et précédée d’une des formules 
suivantes : Quelques anciens manuscrits, plusieurs anciens manuscrits, 
un des plus anciens manuscrits (c’est-à-dire soit le Sinaïticus, soit Le 
Vaticanus) ou encore: quelques anciennes autorités, plusieurs anciennes 
autorités (cette dernière expression indique que nous avons recouru, 
outre les manuscrits, au témoignage des anciennes versions, dont 
nous donnons plus loin la liste, et à celui des Pères de l'Église). 
La formule : quelques anciens manuscrits indique que la leçon du 
texte a en sa faveur un plus grand nombre de copies que celle de 
la variante, mais moins anciennes, et la formule : plusieurs anciens 
manuscrits indique que la lecon du texte a pour elle des copies 
moins nombreuses, mais plus anciennes. Grâce à ces indications 
très simples nous offrons au public français une traduction dont le 
texte est entièrement conforme aux légitimes exigences de la eri- 
tique moderne. 


Nous avons introduit dans notre version la division tradition- 
nelle en chapitres et en versets. Elle n’est pas ancienne cependant; 
elle date, pour les chapitres, du moyen âge seulement, et pour les 
versets, du seizième siècle. Les manuscrits n’en portent acune trace 
et il va sans dire que les auteurs sacrés n’ont jamais songé à pra- 
tiquer sur leurs écrits d'aussi bizarres coupures. Nous ne contestons 
assurément pas l'utilité et même la nécessité d’une division du 
texte. Les recherches, sans elle, seraient impossibles. Oui, il en 
faut une; mais celle en chapitres et en versets est très mal faite. 


ὃ LE NOUVEAU: TESTAMENT 


Et d'abord, pourquoi deux sortes de coupures? Une seule suffirait ; 
un simple partage en paragraphes, un peu plus longs que nos 
versets actuels, serait tout ce qu'il faut pour rendre les recherches 
très faciles. Le manuscrit du Vatican nous offre précisément un essai 
de ce genre; et il est bien certain qu'un système de paragraphes 
renfermant chacun cinq ou six lignes serait mieux entendu que notre 
division en chapitres et en versets. Ceux-ci sont trop courts; ceux-là 
sont trop longs. Aussi qu’arrive-t-il? Le lecteur est souvent empêché 
de comprendre le texte par les coupures mêmes qui y ont été intro- 
duites, et il se trouve que ces chapitres et ces versets sont une des 
mesures les plus funestes qui aient jamais été prises à l'égard des 
livres saints. Le temps n’est pas bien éloigné où l’imprimeur allait 
conseiencieusement à la ligne après chaque verset et faisait ainsi 
de chacun d’eux un développement distinct. Il semblait que les 
lettres des apôtres fussent des collections de sentences détachées. 
Il devenait très difficile, pour le lecteur ordinaire, de saisir le 
lien logique qui relie entre elles les différentes parties des épîtres; 
d'autant plus qu'après avoir lu une série de ces phrases détachées, 
dont chacune formait une sentence distincte, il s’arrêtait, parce 
qu'il avait fini «son chapitre». Le lendemain il en lisait un autre 
et la pensée d'ensemble de la lettre de l’apôtre lui échappait com- 
plètement. Il faut ajouter que l’habitude des prédicateurs de 
choisir pour textes de leurs sermons des versets détachés de ce 
qui les précède et de ce qui les suit a aussi fortement contribué à 
dénaturer dans l'esprit des fidèles la vraie physionomie des écrits 
du Nouveau Testament et à leur persuader que ces livres étaient 
des listes de préceptes et se composaient d'articles de Code. 
L'inconvénient de ce morcellement est moindre, sans doute, 
pour les discours de Jésus dans les Évangiles, parce que le Christ, 
comme tous les Rabbis de son temps, a souvent parlé en sentences, 
mais pour les Épiîtres de saint Paul on ne saurait exagérer ce qu'il 
a de fâcheux. Changer des lettres comme l'Épîtr > aux Galates où 
les Épîtres aux Corinthiens, ces pages d'une inspiration si profonde, 
où l’apôtre entraîne son lecteur d’un mouvement si rapide et si 
sûr, les changer en une collection de proverbes, est une véritable 
profanation! Le lecteur qui voudra se convaincre que ce mot de 
profanation n'est pas trop fort n’a qu’à essayer de mettre en versets 
une page quelconque des Adieux d’'Adolphe Monod; il verra ce 


INTRODUCTION 9 


qu'aura de déplorable le résultat ainsi obtenu. Qu'il divise aussi 
en chapitres une méditation de Vinet; puis qu’il lise chaque jour 
un de ces chapitres, ni plus, ni moins; et qu'il se demande, au 
bout de quelques jours et lorsqu'il aura fini, s’il a une idée quel- 
conque de l’ensemble de ce qu’il a lu. Quant aux livres historiques, 
les Évangiles et les Actes des Apôtres, découpés en versets, le 
lecteur, qui voudra se rendre compte de la transformation que ces 
livres ont subie, n’a qu'à pratiquer cette opération sur une page de 
Tacite ou de Thucydide. Il comprendra immédiatement ce que 
sont devenus les récits des Évangélistes entre les mains de ceux 
qui les ont mutilés en les partageant. 

Et cependant nous avons conservé ces divisions. La puissance 
des usages reçus nous à paru sur ce point invincible. Une tradition 
plus de trois fois séculaire s’est imposée à nous. Mais nous avons 
rejeté les chiffres dans la marge, comme on le fait toujours main- 
tenant, et nous prions le fidèle de nos Églises, auquel nous 
avons fait cette concession, de ne tenir aucun compte dans sa 
lecture pas plus des chiffres des versets que de ceux des chapitres. 
Cette double annotation ne doit lui servir que pour retrouver un 
passage. 


L'ordre dans lequel sont rangés les livres du Nouveau Testa- 
ment fut de bonne heure très arbitraire. Jamais les Églises ne 
les placèrent dans l’ordre chronologique et d’ailleurs elles l’igno- 
raient certainement. Les Évangiles composés après les Épîtres 
furent cependant toujours placés avant elles. Cela se comprend 
puisque la vie de Jésus-Christ a précédé la rédaction des lettres 
de ses apôtres; mais l’ordre actuel: Matthieu, Marc, Luc, Jean, 
ne repose sur rien de réel. S'il fallait le refaire nous placerions 
certainement l'Évangile de Marc le premier; celui de Matthieu 
n'aurait que la deuxième place. Quant aux Épîtres de Paul elles 
ne sont pas rangées par ordre de date, mais par ordre de longueur. 
L’'Épître aux Romains étant la plus longue ouvre la sérié; le billet 
à Philémon la ferme. Cet arrangement est fort ancien; il est celui 
des premières listes qui nous soient connues et qui datent du 
milieu du second siècle. Disons-le franchement, il est singulière- 
ment puéril; mais consacré par l'habitude, ici dix-huit fois sécu- 
laire des fidèles, il ne peut pas, à notre avis, être modifié. Nous 


40 LE NOUVEAU TESTAMENT 


avouons cependant avoir longtemps hésité à le suivre et nous ne 
nous y sommes décidé, comme pour les chapitres et les versets, 
que pour faciliter les recherches. Nous essaierons de parer à son 
inconvénient en indiquant toujours dans la préface de chaque lettre 
la date probable de sa composition. Si la tradition reçue n’était 
pas ici un véritable esclavage, Le classement par la date serait à 
adopter, car, lorsqu'on publie la correspondance d’un écrivain quel- 
conque, on la publie toujours dans l’ordre chronologique. Nous 
avons aussi laissé les épîtres dites catholiques après l’Épître aux 
Hébreux suivant l’usage de nos Nouveaux Testaments modernes, 
mais, dans les anciens manuscrits, ces épîtres sont toujours réunies 
aux Actes des Apôtres. 

D'ailleurs une des raisons qui nous ont fait renoncer à rien 
changer à l’ordre ordinaire est l’extrême difficulté de ces recon- 
structions chronologiques. Pour quelques livres nous pouvons sans 
doute affirmer péremptoirement qu'ils ont été écrits avant tels 
autres; mais le nombre en est restreint, et la conjecture garde tou- 
jours ici une trop large place. Si nous savions avec certitude la date 
exacte de toutes les lettres de Paul peut-être n’hésiterions-nous 
pas à nous insurger contre la tradition; le classement actuel déroute 
le lecteur et le classement véritable lui permettrait de suivre de 
lettre en lettre le développement de la pensée de l’apôtre. Ne plus 
séparer l'Épître aux Éphésiens de l’Épître aux Colossiens, joindre à 
celle-ci la lettre à Philémon, placer l’Épître aux Romains après les 
Épîtres aux Corinthiens, et celle aux Galates avant, mettre les deux 
épîtres aux Thessaloniciens en tête de toute la liste, et celle aux 
Philippiens à la fin, tout cela était bien tentant et aurait été bien 
facile; mais ensuite, où placer les Épiîtres à Timothée et à Tite qui 
sortent du cadre connu de la vie de saint Paul, et auxquelles il est 
impossible d’assigner une date précise? où mettre l'Épître aux 
Hébreux ? les épîtres catholiques? Devant ces questions insolubles, 
le plus sage était de s'abstenir, de laisser le Nouveau Testament tel 
quel et de ne pas remplacer l'arbitraire par l'arbitraire. 

Avant de terminer ce que nous avons à dire du texte, nous 
devons faire remarquer au lecteur que les citations des livres de 
l'Ancien Testament faites par les écrivains du Nouveau ne s'ac- 
cordent pas toujours avec le texte des traductions en langue fran- 


çaise qu'il a entre les mains. Ces différences tiennent à diverses 


INTRODUCTION 11 


causes. 1] arrive fréquemment, par exemple, que les auteurs du 
Nouveau Testament ne citent pas d’après l'original hébreu sur 
lequel ont été faites nos versions, mais d’après la traduction 
grecque commencée à Alexandrie vers le troisième siècle avant 
l’ère chrétienne, achevée cent ans plus tard et connue sous le nom 
de traduction des Septante. Or le texte de cette version diffère 
souvent d'une manière très sensible de l'original hébreu. Ces 
divergences peuvent venir, pour un certain nombre de passages, 
de ce que les auteurs de cette version avaient sous les yeux un 
autre texte hébreu que celui qui nous a été conservé, mais dans 
la plupart des cas elles viennent tout simplement de ce que les 
Septante ont mal traduit. Or les écrivains du Nouveau Testament 
ne se sont pas toujours rendu compte de ces fautes, et ils ont repro- 
duit de confiance plusieurs contre-sens de la traduction grecque. 
Il leur arrive aussi de citer inexactement, parce qu'ils citent de 
mémoire. Nous ne pouvions indiquer toutes ces erreurs dans nos 
notes {; elles auraient été trop chargées. Le lecteur, en cherchant 
dans l’Ancien Testament les passages que nous indiquons au bas 
des pages, fera de lui-même le travail de comparaison qui lui 
révélera les divergences qui existent entre la citation et le véri- 
table texte. 

Il est aussi quelques passages, cités comme Écriture sainte dans 
le Nouveau Testament et qui ne se retrouvent pas dans l’Ancien. 
(Par exemple : ἔν. de Matth. 2, 38: ἔν. de Jean 7, 38; [τὸ Ép. aux 
Corinth. 2, 9, etc., etc.) Il ne faut pas en être surpris. Nous savons 
positivement que la notion actuelle d’un canon fermé n’existait pas 
au premier siècle, et que 165 chrétiens d’alors considéraient comme 
Écriture sainte et inspirée des livres qui ne sont pas aujourd’hui 
dans nos Bibles. C’est ainsi que l’auteur de l'Épître de Jude 
emprunte une citation au livre d'Énoch (Jude, verset 14 et suiv.) et 
une autre ἃ l’Assomption de Moïse (v. 9). Ces livres nous les con- 
naissons; ce sont des écrits pseudépigraphes qui ont été composés 
peu de temps avant Jésus-Christ. 


Le principe qui nous a guidé dans notre traduction est celui-ci : 


1 On les trouve d’ailleurs très soigneusement indiquées dans la version du 
Nouveau Testament d’Albert Rilliet. 


12 LE NOUVEAU TESTAMENT 


faire sur le lecteur français d’aujourd’hui l'impression que l’ori- 
ginal a faite sur le lecteur grec d’autrefois. Assurément ce n'est 
qu'un idéal, mais le devoir du traducteur est de chercher à s’en 
approcher le plus possible. D'ailleurs, tout en restant fidèle à ce 
principe, nous avons interprété différemment les différents livres. 
Ceux-ci se partagent au point de vue philologique en deux classes : 
les livres faciles à traduire: les livres difficiles à traduire. Les livres 
faciles sont : les quatre Évangiles, une partie des Actes, les Épiîtres 
de Jean et lApocalypse. Les livres difficiles sont : une partie des 
Actes, les Épiîtres de Paul, l'Épître aux Hébreux, et les Épiîtres de 
Jacques, de Pierre et de Jude. Pour les livres faciles la version 
littérale est souvent la plus fidèle. Leur langage est si simple, si 
clair, que le traducteur n’a qu’à suivre le texte de très près pour en 
donner une bonne interprétation; ces livres d’ailleurs sont bien 
traduits dans presque toutes nos versions françaises. Pour les mal 
traduire, il faudrait, en vérité, le faire exprès. Nous avons con- 
servé, chaque fois que la fidélité nous l’a permis, les expressions 
consacrées par l’usage. Certaines formes archaïques du style évan- 
gélique très belles et très simples ont été modifiées dans quelques 
versions contemporaines sans aucun autre motif plausible de la part 
du traducteur que le plaisir de changer et de faire nouveau. Nous 
avons done conservé, partout où nous l’avons pu, la forme reçue 
des paroles du Christ et des apôtres. Dans les Évangiles, en parti- 
culier, il est un nombre considérable de versets, souvent cités, que 
chacun sait par cœur, et dont la forme connue est scrupuleusement 
exacte. Nous nous sommes gardé d’y toucher. Mais il va sans dire 
que nous avons modifié sans hésitation tout passage mal traduit et 
que nous avons été obligé de lui donner une forme nouvelle, plus 
conforme à l'original. Nous croyons donc offrir au publie une tra- 
duction très exacte et qui cependant ne se sépare des versions 
reçues que là où cela est absolument nécessaire. Les uns trouve- 
ront que nous ne nous sommes pas assez écarté de ces versions 
reçues; les autres que nous nous en éloignons trop. Les lignes qui 
précèdent répondent aux uns et aux autres. 

Nous ne nous sommes nullement astreint à rendre toujours et 
partout un même mot grec par un même mot français. Notre langue 
nous offre parfois des synonymes qui n'existent pas en grec: mais 
nous avons toujours traduit de la même manière les passages sem- 


INTRODUCTION 


τῷ 
C2 


blables des trois premiers Évangiles. Il y a là des identités de texte 
qu'il faut respecter et nous devons dire que bien peu l’ont fait 
parmi nos devanciers. La version traditionnelle, dite d'Ostervald, 
se permet ici d’étranges libertés. 

On reprochera, nous le savons, un certain manque d’unité à 
cette version. On nous dira : vous n’avez pas partout suivi le même 
système de traduction; tantôt vous usez à l’égard du texte d’une 
assez grande indépendance; tantôt, au contraire, vous le serrez de 
si près que votre travail sené la traduction. Nous répondons 
d’avance que ces divergences sont voulues. Il est très vrai que 
notre système de traduction varie suivant les écrivains et parfois 
chez le même écrivain, suivant que nous interprétons telle ou telle 
partie de son œuvre. Ce procédé est, en particulier, très sensible 
dans les épîtres. Il est des passages très difficiles où nous avons 
cru devoir serrer le texte de très près. Notre préoccupation pre- 
mière a été de rendre fidèlement la pensée de l’auteur et de 
répondre à cette question: que dit-il? Quant à cette autre ques- 
tion : que veut-il dire? nous avons parfois essayé d’y répondre dans 
des notes et quand la traduction restait obscure, mais nous ne 
l’avons fait que lorsqu'il n’y a aucun doute sur la véritable pensée 
qui se cache derrière ces obscurités de forme. Lorsque, au con- 
traire, les exégètes se divisent sur ce que veut dire l’auteur, nous 
n’avons point mis de note, ne voulant insérer dans notre œuvre 
aucune opinion discutable. Donc, pour tout passage dont l’exé- 
gèse est controversée, nous avons purement et simplement traduit 
le texte en le suivant de très près. De là, des parties de notre 
traduction qui sont presque littérales. Nous n'avons pas hésité 
devant un devoir de fidélité et de sincérité. Pour tout autre passage, 
par exemple pour les récits dans les livres historiques ou pour les 
exhortations morales dans les épîtres, là où la pensée de l’auteur 
n’éveille aucun deute, nous avons usé d’une certaine liberté d’in- 
terprétation. Nous nous sommes souvenu que pour ces passages, sur 
le sens desquels tout le monde est d'accord, littéralisme est souvent 
synonyme d’infidélité, et c’est par respect pour le texte que nous 
l’avons ainsi rendu. 

Nous nous sommes surtout efforcé, pour les Épîtres, de faire com- 
prendre le but que poursuit l’auteur dans l’ensemble de sa lettre, 
et de faire ressortir l’idée dominante de son écrit. Beaucoup de 


14 LE NOUVEAU TESTAMENT 


personnes ne connaissent les épîtres que par fragments, par phrases 
détachées — nous avons dit tout à l’heure pourquoi — elles appren- 
dront, nous l’espérons, en étudiant notre traduction, que pour bien 
connaître une épître il faut la lire d’un bout à l’autre tout entière. 

Nous ajoutons enfin pour ceux qui nous diraient: vous avez 
emprunté telle expression à la traduction de celui-ci ou de celui-là, 
que nous ne sommes pas de ceux qui croient que pour faire une 
version originale et vraiment nouvelle des livres saints il est 
nécessaire de ne tenir aucun compte des versions des autres. Nous 
avons étudié avec soin toutes les bonnes traductions françaises 
que nous avons pu nous procurer. Nous avons considéré cette 
étude non seulement comme un droit, mais aussi comme un devoir. 
Parmi les versions modernes quelques-unes ont des parties excel- 
lentes et nous nous serions cru coupable de ne pas profiter des 
remarquables travaux de nos devanciers. 


Nos notes sont de six sortes: 1° Nous renvoyons le lecteur 
aux passages cités de l’Ancien Testament. Nous nous sommes 
expliqué plus haut sur ces citations. 2° Nous notons les variantes 
des manuscrits. Nous en avons également parlé en traitant, dans 
les premières pages de cette introduction, du texte que nous 
avons traduit. 3° Nous signalons les variantes de traduction; 
il est, en effet, un certain nombre de passages susceptibles de 
deux interprétations. Nous avons inséré dans le texte celle 
qui nous a paru la meilleure, et en note la moins probable. 
4° Nous relevons aussi les variantes de ponctuation. Le texte 
des anciens manuscrits n'offre aucun signe de ponctuation. 
Chaque éditeur est donc appelé à en placer lui-même les signes. 
Parfois une phrase comporte deux et même trois sens complète- 
ment différents, suivant qu’on la ponctue de telle ou telle manière; 
et les trois éditions critiques, qui ont servi de base à notre travail, 
offrent à cet égard de notables divergences. Nous avons indiqué 
celles qui valaient la peine de l’être et nous y avons ajouté les 
variantes que nous avons découvertes nous-même et celles qui 
nous ont été indiquées par d’autres travaux critiques. D° Nous 
insérons des notes explicatives et des éclaircissements. Nous nous 
sommes expliqué plus haut sur leur nature. 6° Enfin nous donnons 


4 


çà et là quelques détails géographiques et historiques, mais le 


| 
É 


INTRODUCTION 45 


moins possible. Nous n’avons inséré que les remarques absolument 
indispensables à l’intelligence du texte; et nous les avons rédigées 
très brièvement. Nous avons même renoncé à toute explication 
exigeant des développements étendus, par exemple des détails 
sur la synagogue, sur le Temple, sur les Pharisiens et les Saddu- 
céens. Il est impossible de décrire soit ces monuments avec les 
cultes qui y étaient célébrés, soit ces partis avec leur histoire, 
sans écrire de véritables livres. Nos notes auraient été plus longues 
que notre traduction; et quant à les définir en trois ou quatre 
lignes, comme on le fait dans certaines versions contemporaines, 
nous n'avons pu nous y résigner. Ces quelques lignes sont néces- 
sairement incomplètes et par suite erronées, et nous ne pouvons 
que renvoyer les personnes qui désireraient des détails sur ces 
sujets importants à notre ouvrage : La. Palestine au temps de 
Jésus-Christ. Ce livre forme une introduction complète à la 
lecture du Nouveau Testament et s’est trouvé être d’avance les 
véritables notes de la présente version. 

Cependant nous avons dû çà et là insérer une explication histo- 
rique et géographique. Nous l’avons fait chaque fois que, sans elle, 
le texte resterait une véritable énigme. ἃ cette occasion, nous ne 
saurions trop nous élever contre la clause de certaines sociétés 
bibliques ainsi conçue: Nous publions les saintes Écritures sans 
notes ni commentaires. Sans commentaires, d'accord, mais sans 
notes! quel avantage peut-il y avoir à priver le lecteur de tout 
secours et à l’empêcher de comprendre certains passages inintelli- 
gibles s'ils ne lui sont expliqués? Qu'on supprime tout commen- 
taire donnant l'opinion personnelle de l’éditeur, rien de plus raison- 
nable ; mais des explications géographiques et historiques ne sont 
pas des commentaires. D'ailleurs les sociétés bibliques qui ont 
inséré dans leurs statuts cette clause : sans notes ni commentaires, 
ne publient pas de notes, en effet, et cela est très fâcheux, mais 
elles ne se privent nullement de publier des commentaires, et, ce 
qui est plus grave que de les insérer au bas des pages, elles les 
impriment dans le texte même. Car enfin qu'est-ce que les en-tête 
des chapitres sinon de véritables commentaires imposant au lecteur 
certaines interprétations, l’informant que tel Psaume est messia- 
nique, que tel passage des Prophètes se rapporte à Jésus-Christ, 
que le Cantique des Cantiques est un cantique d'amour de l'Église 


16 LE NOUVEAU TESTAMENT 


pour Christ, que le printemps et l’amour y sont le symbole de l’espé- 
rance chrétienne, que Christ y décrit les beautés de l'Église, ete., etc. 
Ainsi les sociétés bibliques observent l’article de leur règlement là 
où il serait bon de ne pas l’observer, et elles le violent là où 1] est 
déplorable de le violer! 

Nous nous sommes généralement abstenu de tout commentaire 
subjectif. Nos notes et préfaces n’exposent point les diverses opi- 
nions de la science contemporaine sur les différents livres du Nou- 
veau Testament. Nous avons écarté autant que possible toute 
question critique non encore résolue et dont la solution provoque 
des débats contradictoires, et nous nous sommes borné le plus 
souvent à recueillir et à exposer ce qui est incontestable et incon- 
testé dans les travaux des théologiens de nos jours. On ne trouvera 
donc pas dans ce livre de discussions sur l’authenticité de tel 
évangile ou de telle épître; mais il est certains résultats de la cri- 
tique qui sont absolument avérés; ceux-là nous les signalons à nos 
lecteurs. Il n’est plus permis aux laïques éclairés de nos Églises 
de croire que l'Évangile selon saint Matthieu a été écrit tel quel 
par l’apôtre de ce nom, que l'Épître aux Hébreux est de saint 
Paul, que l’Apocalypse est nécessairement du même auteur que le 
quatrième Évangile et que la deuxième Épître de Pierre est au- 
thentique. Ce sont là des questions de fait sur lesquelles il serait 
contraire à la vérité de garder plus longtemps le silence. 

Nous avons supprimé toute division du texte, tous sommaires de 
chapitres et autres coupures pratiquées d'ordinaire dans les Nou- 
veaux Testaments modernes. Nous avons toujours trouvé ces divi- 
sions inutiles et même fâcheuses. Peu de personnes les lisent, et 
nous n'avons jamais remarqué qu’elles contribuassent à l’intelli- 
gence des livres saints. Nous nous sommes seulement permis de 
nombreux alinéas, et il n’y en a pas trace dans les manuscrits. 
Nous avons beaucoup multiplié ces alinéas surtout dans les Évan- 
giles, Le texte en est rendu plus clair et plus facile à lire. Mais 
si nous n'avons pas introduit de sommaires dans le texte, nous les 
avons remplacés par les préfaces et les notes. Les unes et les autres 
sont très brèves et réduites à l'indispensable. Il est évident d’ail- 
leurs que si notre traduction était adoptée pour l'usage ecclésias- 
tique, nous ferions, pour cette édition populaire, le sacrifice des 


préfaces et de toutes les notes qui ne sont pas rigoureusement 


INTRODUCTION 17 


nécessaires. Nous supprimerions les remarques purement philolo- 
giques et les variantes de texte ou d’interprétation quand elles 
sont insignifiantes, et nous ne les avons relevées dans ce premier 
travail que dans le désir d’être complet. 

Nous demandons à Dieu, en terminant, de bénir cette publica- 
tion. Qu'elle serve à faire mieux connaître le Saint Livre et à le 
faire mieux aimer. Si cette version y contribuait en quelque me- 
sure, nous ne regretterions certes pas les longues années de travail 
qu’elle nous ἃ coûté. Le but que nous nous sommes proposé en 
l’entreprenant serait pleinement atteint. 


τῷ 


NA re no 


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νὴ Ὁ 4 ὑοῦ 
À Se Haies an, RER R Me: 


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APPENDICE ἃ L'INTRODUCTION 


LISTE DES MANUSCRITS GRECS DU NOUVEAU TESTAMENT EN LETTRES ONCIALES 
ET DES MANUSCRITS DES ANCIENNES VERSIONS 


Nous publions, pour les personnes qui voudraient étudier de 
plus près la question si intéressante de la reconstruction approxi- 
mative du texte du Nouveau Testament, la liste des manuscrits 
en lettres onciales, dont aucun n’est postérieur au dixième siècle. 
Nous rangeons ces manuscrits en quatre catégories: ceux des 
Évangiles, ceux des Actes et des Épîtres catholiques, ceux des 
Épîtres de Paul et de l’Épître aux Hébreux et enfin ceux de 
l’Apocalypse. | 

La première colonne intitulée : Désignation, porte des lettres de 
l'alphabet (françaises ou grecques et l’une hébraïque). Ces lettres 
servent dans les éditions critiques à nommer les manuscrits. Ce 
sont des signes convenus entre savants; ils remplacent le nom du 
Codex, parce qu’il serait trop long de toujours le transcrire. La 
seconde colonne porte le nom véritable du manuscrit avec la 
date approximative de sa rédaction. La troisième intitulée: Texte, 
indique si le manuscrit est de la famille alexandrine ou de la 
famille byzantine ou si, au contraire, il a une origine occidentale 
et est gréco-latin. La quatrième colonne est celle du, Contenu, la 
cinquième celle du Dépôt et la sixième indique si le Codex a été 
publié, par qui et en quelle année. 


Manuscrits des Évangiles en lettres onciales. 


DÉSIGNATION 


Voir Actes, 

Ep. cath., 

Ep. de Paul 
et Apoc. 


“ἃς 
Voir Actes, 
Ep. cath., 
Ep. de Paul 

et Apoc. 


B 

| Voir Actes, 
Ep. cath., 
et Ep. de Paul, 


| C 

| Voir Actes, 
Ep. cath., 

| Ep. de Paul 
et Apoc. 


D 
| Voir Actes. 


NOMS ET DATES 


Codex Sinaïticus 
IVe siècle. 


Codex 
Alexandrinus 
Ve siècle. 


Codex Vaticanus 
IVe siècle. 


Codex d'Epbhrem 
Ve siècle. 


Codex Bezæ 
ou 
Cantabrigiensis 
VIe siècle. 


Codex Basiliensis 


Alexandrin. 


Alexandrin. 


Alexandrin. 


Alexandrin, 


Græco-latin 
(origine occid.) 


E Ville siècle. Byzantin. 
_ Codex Boreeli AUTRE 
FE ΓΑ an Te CE0TE Byzantin. 

Ἐ 


| Voir Actes, 


Codex Coislin 
Ve ou VIP siècle, 


Alexandrin. 


—————————————— À —…—— ———— À —————…—…”…”…— | ————————"—”"— 
——————— | ——————————— 


CONTENU DÉPOT 
: Saint- 
Tout. Pétersbourg. 
Les trois-quarts. 
Manquent : 
ἔν. de Matth. I ES 
à XXV et ἕν. del Londres. 
Jean VI: 50 
à VIT : 52. 
Tout. Rome. 
Fragments. 
(37 chapitres Re 
manquent) ir 


(Palimpseste). 


Tout. Cambridge. 


Tout sauf Év. de 
Luc. II, 4-15 Bâle. 
et XXIV, 47-53. 


Fragments. Utrecht, 


9 versets. Paris. 


et Ep. de Paul. 


(τ 


Codex Harleien 
ou Wolflii A. 
Xe siècle, 


Codex Wolflii B. 
IXe siècle, 


Byzantin, 


Fragments, Londres. 


Byzantin. 


Fragments, Hambourg. 


PUBLIÉ PAR 


Tischendorf 
(1862). 


Woide (1786). 
Cowper 
(1861). 


Maï et Vercel- 
lone (1857). 
2e édit. (1868). 


Tischendorf 
(1843). 


Kipling (1793). 
Scrivener 
(1864). 


Tischendorf. | 
(1846). 


Fragments. 
Wolff (1723). | 


Fragments. 


Wolf (1793). | 


APPENDICE A L'INTRODUCTION 


DÉSIGNATION | NOMS ET DATES 


Tischendorfian. I] 


1 Débris de 
Voir Actes. 7 manuscrits 
du 
Veau VIIe siècle. 


IP 


Codex Cyprius 
IXe siècle. 


Codex Regius 
VIII siècle. 


Campianus 
Fin dulXe siècle. 


Purpureus 
Fin du VIe siècle, 


16e vol. Musei 
Ib dans Britannici. 
la 8e édit. de | IVe ou Ve siècle. 
Tischendorf. 


Quelques feuilles 
du IX: siècle. 


VIITe ou 
IXe siècle. 
IXe siècle. 


VIe siècle. 


VIe siècle. 


IXe siècle. 


TEXTE CONTENU 


Fragments 
de 190 versets 
(Palimpseste). 


Alexandrin. 


Le même que Nb (Voir plus bas). 


Byzantin. Tout. 


Tout sauf 
65 versets. 
(Fin spéciale 
pour l'Évangile 
de Marc). 


Alexandrin. 


Alexandrin. 97 versets. 


16 versets 
de l'Evangile 
de saint Jean, 
(Palimpseste). 


16 versets 
de l'Evangile 


Byzantin. 
de saint Jean. 


Le Magnificat 


et le Benedictus. 


Le Nunc dimittis. 


Le Magnificat. 


DÉPOT 


Saint- 
Pétersbourg. 


Paris. 


Londres : 91 v. 
Vienne : 18v. 
Rome : ἀϑν. 


Total 97v. 


Londres. 


Moscou. 


Wolfenbüttel. 
Oxford, 


Vérone. 


Le Magnificat, 
le Benedictus 
et 


le Nune dimittis. 


Le Magnificat, 
le Benedictus 
et 


le Nunc dimittis. 


Saint-Gall. 


PUBLIÉ PAR 


Tischendorf 
(1855). 


Tischendorf | 
(1846). 


Tischendorf. | 


Matthæi 
(1785). 
Paul | 

de Lagarde 


à 
Berlin (1861). 


Tischendorf |! 
(1855). | 


Bianchini 
(1740). 


Ὁ LE NOUVEAU TESTAMENT 


DÉSIGNATION | NOMS ET DATES TEXTE CONTENU DÉPOT PUBLIÉ PAR 


--------------- ----- ὦ - 5“. —  —_______——————…—…"…"— - ———————— - ὁ 


Le Magnilicat, : 
re es le Benedictus aint- 
Of IX siècle. et Pétershourg. 
le Nune dimittis. 


91 fragments 


Codex net Knittel (1762). 
1 GER Alexandrin. | 486 versets des | Wolfenbüttel. | rischendorf 
Vie quatre Évangiles. (1860). 
Se © (Palimpseste). 


12 fragments 


Ἐ ue renfermant Kittel (1762). 
uelpherby- : 235 verset - A ; 
Q nee Β. Alexandrin. d vannes Wolfenbüttel. Tischendorf 
Ve siècle. de Luc etde Jean. (1860). 
(Palimpseste). 
EF Fragments 
ou VIII siècle. dette Nantes 
τῷ vangiles. 
W (Palimpseste). 
PRES 916 versets 
odex Nitriensis Sn de l'Evangile ; 
R Fin du VIe siècle. Alexandrin. de Luc. Londres. 
(Palimpseste). 
Codex 
S GONE 304. Byzantin. Tout. Rome. 
année 949. 
| 


Georgi (1789) 
le fragment 
de Jean. 

Does 177 versets 
Æ Borgianus 1 Alexandrin, | % SRE © | - Rome. 
Ve siècle. I 


Alford (1859) 
le fragment 
et de Jean. de Luc. 
Tischendorf 
(1870) le tout. 


"LS À 85 versets 
Autre partie du PARC TE ee ᾿ 
ou Codex Borgianus| Alexandrin, des ἜΝ ἴα L L Pt LS 
re Ve siècle de Luc (1870). 
Tvwoi EU et de Jean. 
ἊΝ Fragments Saint Tischendorf 
Er VIe siècle, de l'Évangile ,, Saint- ist rendot 
TRE RE Pétersbourg. (1870). 
Fragments 
r SAN. de l'Evangile Saint- Tischendorf 
(s e gibcle “Ὁ , Ξὴλ 
1} VIe siècle. de Matthieu. | Pétershourg, (1870). 
21 versets. 
Fragments 
des Evangiles Tischendorf 
TA VIIe siècle, de Matthieu, 810). 
Mare et Jean. (ITU), 
21 versets, 


APPENDICE A L'INTROLDUCTION 23 


DÉSIGNATION | NOMS ET DATES TEXTE CONTENU DÉPOT PUBLIÉ PAR 


————————_——— | —————————————————— | ——— | | ———————…— | — 


ἘΠ Nanianus 1 Byzantin. Tout. Venise. 
Xe siècle. 


à 4 Mosquensis Byzantin. | Presque tout. Moscou. 
IXe siècle. 


23 versets ΞΕ » 
Wa Codex Reg. | Ajexandrin. | de l'Évangile Paris. | Tischendorf | 
VIII siècle. ue (1846). 
Ἔ 90 versets Ἢ + | 
We VIIIe siècle. ane πμῦ Tischendorf. 


νὰ [Χ5 siècle. ἐπ re Cambridge. | Scrivener. 


Évangile de 
à Jean IN: 944. | (ON 


Monacensis 
Ξ fin du IX ou Nombreux : 
Ξ yzanti Pres τας inich. 
X commencement | Byzantin. fragments. QUE 
du 


Xe siècle. | 


ἜΠΟΣ Évangile Tischendorf | 

3 arberini , de Jean XVI, 3 ISCHENGOTT | 

Y vers le Alexandrin. à XIX, A. Qt (1846). 
γΠΠ5 siècle. 137 versets. 


-- --τττὸ.τὸὃ»᾽  τ---Ἐ-Ἐ-Ἐ-Ἑ-““Ἐ | ———— | ————————————— -.--... ττ-ς-ς-ς-  --Ά.ςὸ.- - ------᾽---- 


290 versets 


Codex de l'Evangile | 

ΤΆ Dublinensis Alexandrin. de Matthieu Dublin. [Barrett (1801). 

Vie siècle. en 22 fragments 
(Palimpseste). 


Oxford. | 


Codex Évangile ΕΣ RE Ν x 

Γ Tischen- de Luc entier Saint- Tischendorf | 
dorfianus IV Byzantin. | οἱ 531 versets | Pétersbourg. (1855). 
81 des autres |Elles y ont été > 
vangiles. portées par 
AE Tischendorf 
en 1859. 

Δ ὕες Tout sauf | 
même. que ee Évangile de | Saint-Gal. |Rettig (1836). 
Se mit RAGE) (88e 
de PAL > IXe siècle. à 35. | 


——_—_—_—_——————— |“ ——— | — | ——— 


Codex 40 versets Tischendorf | 

Tischen- : Σ ἘΠ ΠΕ ΕΞ (1846) et avec 

dorfanus 1 | Alexandrin. τῇ Re ἀν Πρ. suppléments | 
VIIe siècle. (1851). 


24 LE NOUVEAU TESTAMENT 


DÉSIGNATION | NOMS ET DATES TEXTE CONTENU | DÉPOT PUBLIÉ PAR 
b VIe ou VIIe Fragments de | 
(©) siècle. Matth. et Marc. 
ER Fragments de 
9° VIS siècle. Matth. et Jean. 
VIIe ou Fragments 
d ἧς 5 
Θ VII siècle. de Luc, 
O° VE siècle. Fragments Saint- Tischendorf 


f te Sèc Fragments de 
© VI siècle. Matth. et Marc. 


PEUR Fragments 
.» e à 
Os VIe siècle. de Jean, 


b Ne οῃ Χο seche Fragments 
Θ ou SIÈGE de Matthieu. 


de Matthieu, = (1870), 


| 
14 versets 


(1) Le ci des Evangiles Tischendorf 
ne AE de Matthieu (1846). 


et de Luc. 


Codex Évangiles 
A © Tischen= Byzantin, [de Lucetde Jean| Oxford. 
dorfianus TT, en entier. 
Codex +5 
Zacvnthius 342 versets Londres. Paul 
_ VIII siècle. de l'Evangile | (Bibliothèque | ὁ Lagarde 
- (peut-être de Luc. | | de la Société | (Berlin, 4861) 
VIe siècle) (Palimpseste). biblique). 
Codex ἘΞ ἔν ὙΥῖ | 
TI Petropolitanus _Tout sau χὰ Saint- | 
IXe siècle, 11 versets. Pétersbourg. | 


Découvert 
par Gebhardt | 
Codex Græcus Evangiles EL RARE 


x | 
purpureus de Matthieu (Rae | 
2 Rossanensis ee de Marc. (Calabre) 

ressemble à N) {Le reste est édité de 
perdu), ARCS 
Gieseke 


et Devrient 
Leipzig (1880). 


APPENDICE A L'INTRODUCTION 


Manuscrits des Actes des Apôtres et des Épitres catholiques 


en lettres onciales. 


DÉSIGNATION | NOMS ET DATES 


Voir Évang., 
Ep. de Paul 
et Apoc. 


Sinaïticus 
IVe siècle. 


A 
Voir Évang., 
Ep. de Paui 

et Apoc. 


Codex 
Alexandrinus 
Ve siècle. 


B 
Voir Évang. 
et Ep. de Paul. 


Codex 
Vaticanus 
IVe siècle. 


C 


Voir Évang., 
Ep. de Paul 
et Apoc. 


Codex 
d'Ephrem 
Ve siècle. 


D Codex Bezæ 
ou 
Cantabrigiensis 


Voir Évang. VIe siècle 


Codex 
E Laudianus 
Fin du VIe siècle. 


Codex Coislin 
VIe ou VIIe 


Fa 
Voir Évang. 
et Ep. de Paul. 


VIle siècle. 


TEXTE 


Alexandrin, 


Alexandrin. 


Alexandrin. 


Alexandrin. 


Græco-latin 
(origme 


occidentale). 


(Origine 


occidentale). 


Alexandrin. 


CONTENU 


Tout. 


Tout. 


Tout. 


Tout sauf 
la deuxième 
épitre de Jean 
et dix chapitres 
des Actes. 
(Palimpseste). 


Les Actes 
en entier. 
Les Epitres 


cath. manquent. 


La traduction 
latine de 3e Ep. 
de Jean 11-15 

a seule été 
conservée, 


Les Actes sauf 
XX VI: 29 à 
XXVII, 26. 
Les Epitres 

cath. manquent. 


5 versets des 


Une feuille 
in-0ctavo 
renfermant 
Actes IL, 45 
à IL, 8. 


Pétershourg. 


Londres. 


Rome. 


Paris. 


Cambridge. 


Oxford. 


Pétershourg. 


PUBLIÉ PAR 


Tischendorf 
(1862). 


Woïde (1186). 
Cowper (1861). 


Maï 
et Vercellone | 
(1857). | 


2e édit. (1868). 


Tischendorf | 


843). 


Kipling (1793). 
Scrivener 
(1864). 


Hearne (1715). 


Tischendorf | 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


DÉSIGNATION 


I 


Voir Évang. 


K 
Voir Épitres 
de Paul. 


(autrefois G) 
Voir Epitres 
de Paul. 


PF 
| Voir Épitres 
de Paul. 


ἐς 
Voir Evang., 
Actes, 
Ep. cath. 
et Apocal. 


Voir Évang., 
Actes, 
Ep. cath. 
et Apocal. 


| Voir Évang., 
Actes 
Οἱ Ep, cath. 


Voir Evang., 
Actes, 
Ep. cath. 
et Apoc. 


| NOMS ET DATES 
Ι 


ΤΕΧΤΕ 


Mutinensis 
Actes 
du IX° siècle. 
(Epîtres 
du XIIe siècle, 
en lettres 
cursives.) 


Byzantin. 


Codex Tischen- 
dorfianus II 
Débris de 
7 manuscrits du 
Ve au VII siècle. 


Alexandrin, 


Codex 
Mosquensis 


Byzantin. 
IXe siècle. 


Codex Angelicus 
(Biblioth. 
Angelicæ) 

Fin du IX: siècle, 


Byzantin. 


Codex. 
Porphyrianus 
IXe siècle. 


CONTENU 


Presque tout. 


Fragments : 
Actes XX VIII : 
8-17 
Actes IL: 6-17 
Act. XXVI: 7-18 
Act. XI : 39-46 
(Palimpseste). 


Les Epitres 
cath. en entier. 
Les Actes 
manquent. 


Les Actes 
depuis VII, 10 
jusqu’à la fin. 

Epitres cath. 
en entier. 


Tout 
(Palimpseste). 


en lettres onciales. 


Codex Sinaïticus 


IVe siècle. Alexandrin. 


Codex 
Alexandrinus 
Ve siècle, 


Alexandrin. 


Codex Vaticanus 


1Ve siècle. Alexandrin. 


Codex d'Ephrem, 


άλρλτν Alexandrin, 
Ve siècle, : 


Tout. 


Tout sauf de 
Ile Corinth. IV, 13 
ἃ XI, 6. 


Tout sauf 
la fin de l'Epitre 
aux Hébreux 
à partir de IX, 14 


et les Pastorales. 


Manquent 
la 2e Epitre aux 
Thessaloniciens 
et 42 chap. 
des autres En. 
‘Palimpseste). 


DÉPOT 


Modène. 


Saint- 


Pétersbourg. 


Moscou. 


Pome. 


Saint- 


Pétershourg. 


Saint- 


Pétersbourg. 


Londres. 


Rome, 


Paris. 


PUBLIÉ PAR 


Tischendorf 
(1855). 


Tischendorf, 


RE TRE PERTE TE EL EE EEE TEE EE RE ET ER TEE EE TPE LME PISE PEN 


Manuscrits des Épîtres de saint Paul et de l’Épître aux Hébreux 


Tischendorf 
(1862). 


Woide (1786). 
Cowper (1861). 


| 
| 
| 
Ι 
| 


Maï 
et Vercellone 


(1857). 


2e édit, (1868). 


Tischendorf 
(1843). 


tel 


ED, 7 7. 


APPENDICE A L’INTRODUCTION Def 


DÉSIGNATION | NOMS ET DATES TEXTE CONTENU DÉPOT PUBLIÉ PAR | 


Ἶ . Tout sauf 
Græco-latin. |Ep. aux Romains 
Claromontanus | (Alexandrie [1:1 à Tet 27-30. 
VIe siècle. 1 pourorigine). [et I Corinth. XIV, 
13 à 22. 


Tischendorf 


Codex ἥν 2. 
Sangermanensis |  Byzantin. PRE D 6 
à e D). 


Xe siècle. Pétersbourg. 


ὧδ Ἐπ Codex Coislin Tischendorf 
Voir Evang., | Vie ou VIIe Alexandrin. 10 versets. (1846). 

Actes siècle. 5 
et Ep. cath. 


Scrivener 


LRESIRE Alexandrin. | Presque tout. | Cambridge. (1859) 


IX siècle. 


Boernerianus | Græco-latin. liege TN 
Fin du IX siècle. (1791). 


9 feuilles 5 
' 12 ue Montfaucon | 
14 feuilles Rd dans la | 
Alexandrin. (en tout. 2 feuilles 1. pipliotheca 
56 versets). à Saint- Coisliniana. | 
Pétershourg. Ὦ “| 


Codex Coislin 
VIe siècle. 


Codex Tischen- 
dorfian. 1] 
VIe siècle. 


Ξ ἧς AIR mais manuscrit ᾿ 
Mosquensis Byzantin. Dre Moscou. 


Voir Actes es 
Χο siècle. en trois endroits. 


οἱ Ep. cath. 


2 LE Codex Angelicus Bat Tout jusqu'à : 
Voir Actes |FindulXesiècle.|  PYÆNUR. Hébreux ΧΠῚ,10. ‘0m: 
et Ep. cath. 


Hébreux E, 1 | 
Codex Ruber à IV, 3 Tischendorf | 
Xe siècle. et XI!, 20 (1855). 
à XII, 25. 


Douze versets 
Fragmenta des Hébreux X : 
Mosquensia aa Moscou. 
VIe siècle, 99 ἃ 91 
et 35 à 38. 


P 
S Codex + 
Voir Actes, 1 Porphyrianus Τοῦῖ Sant 
Ep. cath. IXe siècle. (Palimpseste). | Pétersbourg. 
et Apocal. 


Tischendorf. | 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


Manuscrits de l’Apocalypse en lettres onciales. 


|| DÉSIGNATION | NOMS ET DATES TEXTE CONTENU DÉPOT PUBLIÉ PAR | 
| N 
| Voir Évang., Codex Sinaïticus à Saint- Tischendorf 
| Τὰ ἢ IVe siècle. Alexandrin. Tout. Pétersbourg. (186). | 
et Ép. de Paul. 
A | 
|| Voir Évang., Codex Woiïde (1786). 
Ϊ Actes, Alexandrinus | Alexandrin. Tout. Londres. Cowper 
| Ep. cath. Ve siècle. (1861). 
et Ep. de Paul. 
Tischendorf 
Codex Vaticanus (1846). 
12; Fin. Byzantin. Tout. Rome. Mai (1858). | 
du VIILe siècle. Tischendorf | 
(1869). 
C Tout sauf 
Voir Evang., [Codex d'Ephrem z 8 chapitres Ξ Tischendorf, 
_ Actes, Ve siècle Alexandrin. entièrement Paris. (1843) 
Ep. cath. ὶ ἢ perdus ς : 
let Ep. de Paul. (Palinpseste). 
| 
ἊΣ P Codex Tout Saint- τὰ πον 
Voir Actes, | Porphyrianus το τ έαν | Pétersboure. | TSCIEROONE) 
Ep. cath. IXe Siècle (Palimpseste). | :6rS20S: 
let Ép. de Paul. 
1 


Telle est la liste des manuscrits en lettres onciales qui sont 


connus. Nous disons connus, car les bibliothèques des nombreux 


couvents 


de l'Orient renferment certainement bien des trésors 


encore inexplorés. Le lecteur aura remarqué que le dernier ma- 


nuscrit des Evangiles n’a été découvert qu’en 1880. Ce n’est 


d’ailleurs qu'en 1859 que Tischendorf a trouvé son précieux Sinaï- 


ticus. Qui sait si un jour, bientôt peut-être, la Bibliothèque du 


Phanar à Constantinople ou celle de quelque monastère grec ne 


nous donnera pas un manuscrit plus ancien encore que tous ceux 


que nous connaissons ? 


APPENDICE A L'INTRODUCTION 29 


LES MANUSCRITS DES ANCIENNES VERSIONS 


Voici, après les manuscrits grecs, la liste des manuscrits des 
plus anciennes traductions en langue latine et syriaque dont nous 
avons dit plus haut l’importance en parlant de la reconstruction du 
texte : 


Anciennes versions latines. 


Quelques-uns des livres du Nouveau Testament furent traduits 
de très-bonne heure en latin. On donne le nom d’Zfala ou de 
Vetus Itala à celle de ces versions qui l’emporta sur les autres et 
qui était généralement en usage au quatrième siècle avant l’appa- 
rition de la révision de saint Jérôme. Le sens du mot Jfala, qui 


est employé par saint Augustin, est d’ailleurs inconnu. 


NOMS ET DATES 


L’Itala, version latine, d'origine afri- 
caine, faite au plus tard au milieu du 
second siècle. 


Manuscrits des Évangiles : 


a. Vercellensis (IVe siècle) se trouve à 
Vercelli. 

b. Veronensis (IVe ou Ve), à Vérone. 

e. Manuscrit de Colbert, à Paris. 

d. Manuscrit de Th. de Bèze (VI-), à 
Cambridge. 

e. Palatinus (IVe et Ve), à Vienne. 

f. Brixianus (VIe), à Brescia. 

ff: et ff? codd. Corbeienses (autrefois 
à Corbeil en Picardie, très anciens). 

g1 et g? Sangermanensis (comme E 
des Ep. de Paul, très ancien). 

h. Claromontanus (IVe ou Ve), à Rome. 

i. Vindobonensis (Ve ou VI-), à Vienne. 

7. Sarzamensis (Ve) (découv. en 1872). 

k. Bobbiensis (IVe ou Ve). 

L. Rhedigerianus (VII*), à Breslau. 

m. Extraits de Maï (1843) (VI+ ou VIe). 

1. Sangallensis (IVe ou Ve), à St-Gall. 

. p. Autres fragments à St-Gall (115) 

Monacensis, à Munich (VI:). 

. Mediolanus, à Milan (Ve ou VI:). 

. Le latin de A (v. manuscrits grecs) 


= 


O2 RQ © 


CONTENU 


Tous les manuscrits renferment les 
Evangiles. 


Les Actes des Apôtres sont dans d, m, 
e (ce dernier est la version latine des 
Actes de E). 


Les Epîtres catholiques sont dans ff et 
m des Evangiles. 


Les Epiîtres de Paul sont dans m» des 
Evangiles, dans d. e, 7, g de D,E, 
F, G, décrits dans notre liste des 
manuscrits grecs et dans 


gue. Cod. Guelpherbytanus (VIe) trouvé 
à Wolfenbüttel, et 


r. Frisingensis (Ve ou 15), à Munich. 


| L’Apocalyvpse se trouve dans un seul 


manuscrit : m des Evangiles. 


La seconde EÉpitre de Pierre et l’Epitre 
de Jude ne se trouvent dans aucun 
des manuscrits de l’Ztala. 


30 LE NOUVEAU TESTAMENT 


En tout 32 manuscrits (40 en comptant la même copie plus 
d’une fois). 

Avec les extraits des Pères, ces manuscrits sont tout ce qui nous 
a été conservé des versions latines antérieures à saint Jérôme. 

a, b, c et à sont les plus anciens et sont écrits dans le vieux 
latin africain primitif. Leur accord avec D et avec la Syriaque de 
Cureton est remarquable. On suppose que f et les autres manus- 
crits sont écrits dans le vieil africain, corrigé dans le nord de 
l'Italie, et que ce sont eux qui constituent l’Itala de saint Augustin. 
Tischendorf estimait beaucoup 1; et g. D'ailleurs les questions rela- 
tives à l’autorité des divers manuscrits de l’Itala ont été jusqu'ici 
imparfaitement étudiées. 


Anciennes versions syriaques. 


NOMS ET DATES ÉDITIONS CONTENU 
La Peschito. Trèssouvent publiée: Le Nouveau Testament 


pour la première fois | en entier sauf la 2e Epitre 


Traduction en syriaque RS ν 
en 1555; pour la der- | de Pierre, la 2e et la 3e de 


de la fin du second siècle. 


nière en 1829. Jean, l’Épitre de Jude et 
Très grand nombre de l’Apocalvpse. : 
manuscrits. Manquent également : 


ἕν. de Jean VII, 53 à VIN, 
11. — Évang. de Matthieu 
XXVII, 35. — Actes VIII, 
37 ; XV, 34; XXNIIT, 29, 
Are Épître de Jean V, 7. 


La Syriaque de Gureton. Imprimée en 1848. Fragments : Évang. de 
: Me Rééditée en 1858 avec | Matth. 1, 4 à VIII, 22: 
Un seul manuscrit du | : ÿ RTL PEU SE k 

ICS ᾿ | . | traduction anglaise lit- | X, 32 à XXIII, 95. Ev. de 

Ve siècle découvert pau ral M ΧΥΙ 17 #: ἌΜΕ 

“ει. 3 κ᾿ 2e o ὌὋ . = . L . τὶ 

Cureton est au British | érale rc Mon ox dise 


Jean 1, 1 à 42; 111, 6 à VII, 
37; XIV, 108192: 46 à 18: 
19 à 23 et 26 à 29. Év. de 
Luc II, 48 à III, 16; VII, 
33 à XV, 21; XVII, à 
XXIV, 44. | 


En tout 1786 versets. 


Museum à Londres. 

Date inconnue; semble 
sensiblement postérieure 
à la Peschito. 


APPENDICE A L'INTRODUCTION PS | 


NOMS ET DATES 


La Philoxénienne. 


Traduction syriaque ab- 
solument servile et dont 
la Peschito est la base, 
faite en 508 aprés J.-C., 
dit-elle elle-même, pour 
Philoxénos évêque de Hié- 
rapolis (488 à 518). 

Plusieurs manuscrits. 


La 
Syriaque de Jérusalem. 


(Ve ou VIe siècle). Un 
seul manuscrit connu (Va- 
tican). 11] est daté de 1030 
après J.-C. 

Le nom de cette version 
vient de ce que sa langue 
rappelle celle du Talmud 
de Jérusalem. 


La Syriaque Karkaphen- 
sienne. 


Version en usage chez. 


les syriaques de Karkuf, 
ville de la Mésopotamie ; 
étroit rapport avec la 
Peschito. Un manuscrit 
au Vatican daté de 980 
après J.-C. 


ÉDITIONS 


Publiée: les Évan- 
siles en 1788; les Actes 
et les Épîtres catholi- 
ques en 1799; les Épi- 
tres de Paul en 1808. 


Publiée en 1861-1864, 
à Vérone. 


CONTENU 


Tout le Nouveau Testa- 
ment sauf l'Apocalypse. 


Lectionnaire c'est-à-dire 
Évangiles du dimanche et 
de la semaine pour les huit 
semaines après Pâques et 
ceux du samedi et du di- 
manche pour le reste de 
année. Les lectures de la 
semaine sainte etles Évan- 
giles de la résurrection. 


Le Nouveau Testament 
dans l’ordre suivant : 

Actes des Apôtres, Épi- 
tre de Jacques, 116 Ép. de 
Pierre, re de Jean, 14 
Épîtres de Paul. Les Évan- 
giles. 

Le reste manque. 


Les critiques consultent aussi les plus anciens manuscrits de la 
Vulgate latine, traduction ou révision faite par saint Jérôme sur la 
demande du pape Damase à la fin du quatrième siècle. 


Les plus importants parmi ces manuscrits sont : 
am. Codex amiatinus (à Florence) (541). 
fuld. Codex fuldensis (abbaye de Fulda dans la Hesse-Cassel) (546). 
tol. Codex toletanus (à Tolède) (vm° siècle). 

for. Codex forojuliensis (à Friuli) (στὸ siècle). 


+2 LE NOUVEAU TESTAMENT 


per. Fragments de l’Evangile de Luc (à Pérouse). 
harl. Codex harlejen (vu° siècle). 


Il faut noter encore les versions en langue copte. On appelle de 
ce nom, dont l’origine est incertaine, la langue parlée par les 
chrétiens égyptiens des premiers siècles. 

Il y avait trois dialectes coptes : 

1° le Sahidique ou Thébaïque ; 

20 le Bahirique ou Memphitique ; 

3° le Bashmurique. 

Des traductions de livres du Nouveau Testament en Thébaïque 
et en Memphitique furent faites de bonne heure, peut-être avant 
la fin du second siècle. ᾿ 

Voici la liste des manuscrits de la version memphitique : 


Manuscrits des Évangiles. 


5 à la Bibliothèque Bodléienne à Oxford. 
D au British Museum à Londres et des fragments. 


ni 


à la Bibliothèque de la Société biblique à Londres. 
1 à la Bibliothèque du comte de Crawford. 

2 à celle de Lord Zouche à Parham en Écosse. 

8 à la Bibliothèque nationale à Paris. 


2 à la Bibliothèque publique de Berlin. 


« 


4 à celle du Vatican. 


Manuscrits des Actes, des Épitres catholiques et des Epiîtres de Paul. 


à la Bibliothèque Bodléienne ἃ Oxford. 


.,» 
»- 


1 au British Museum à Londres, 

9 à la Bibliothèque de Lord Zouche à Parham en Écosse. 
> à la Bibliothèque nationale à Paris. 

3 à la Bibliothèque publique de Berlin. 


3 à celle du Vatican. 


APPENDICE A L'INTRODUCTION 33 


Manuscrits de l’Apocalypse. 


1 à la Bibliothèque Bodléienne à Oxford. 
1 à la Bibliothèque du comte de Crawford. 

2 à celle de Lord Zouche à Parham en Écosse. 

2 à la Bibliothèque nationale à Paris. 

4 à Rome (dans diverses bibliothèques). 

Le texte de cette version memphitique a une très grande impor- 
tance critique. 

La version thébaïque et surtout la version bashmurhique ont 
moins d'importance ; celle-ci fut faite à la fin du troisième ou au 
commencement du quatrième siècle et n’est qu'une adaptation de 
la thébaïque. 


Il nous reste à signaler : 


I. La version gothique faite par Ulphilas (318-388) dont nous 

avons trois manuscrits : 

1° le Codex Argenteus (à Upsal) contenant des fragments des 
Évangiles dans l’ordre suivant : Matthieu, Jean, Luc, Marc (188 
feuilles). I1 date du cinquième ou sixième siècle et à été publié en 
13854. 

2° Le Codex Carolinus (le même que P et Q, le Guelpherbytanus). 
Il renferme 40 versets de l'Épître aux Romains (publié en 1762). 

9° des fragments (palimpseste) de 5 manuscrits qui sont à la 
Bibliothèque ambroisienne à Milan, publiés en 1819. Ce sont des 
passages des Évangiles et des Épîtres de Paul. 

En 1843, nouvelle édition complète (Leipzig). 


II. La version arménienne (V° siècle). Elle n’a point de valeur 
critique, parce que ses manuscrits sont modernes et ont été révisés 
en 1224-1270 (date de la soumission de l’Église arménienne à 
Rome) sur la Vulgate latine. 

Elle ἃ été publiée en 1666. 

Le Nouveau Testament a été réédité en 1789. 

La Bible entière en 1805. 

On en ἃ publié aussi une belle édition à Venise en 1816. 


34 LE NOUVEAU TESTAMENT 


III. La version éthiopienne (qui date au plus tôt du quatrième 
siècle, au plus tard du sixième ou septième siècle). 

Nous n’en possédons pas de manuscrits antérieurs au quinzième 
siècle. 

L’Ancien Testament en ἃ été traduit sur les Septante; le Nou- 
veau sur le grec, mais par un homme qui n’en avait qu’une con- 
naissance imparfaite. 

Les Psaumes ont été imprimés à Rome en 1513; le Nouveau 
Testament également à Rome en 1549. II se trouve aussi dans 
la Polyglotte de Walton (mais le texte qu’elle en donne est fautif) 
et dans la Polyglotte de Brunswick (1753). 

Enfin la Société biblique de Londres a publié le Nouveau Testa- 
ment éthiopien (1826-1850). 


IV. La version géorgienne ou ibérienne qui est du sixième 
siècle. Elle a été publiée à Moscou en 1743. Des fragments en ont 
été publiés à Berlin en 1844 et à Saint-Pétersbourg 1816-1818. 


V. La version slave qui est de la fin du neuvième siècle. Elle 
a été faite par Cyrille et Méthodius et apportée en Russie en 980. 
Le plus ancien manuscrit complet, renfermant toute la Bible, est 
de 1499. 
On l’a imprimée pour la première fois en 1581. 


VI. Les versions anglo-saxonnes du Nouveau Testament et 
d’une partie de l’Ancien, faites du huitième au onzième siècle. 
Nous disons les versions, car plusieurs traducteurs y ont travaillé. 

Elles ont été publiées par Mill et Marshall en 1665 (en parallèle 
avec la gothique). 


Une autre édition moins bonne a paru à Londres en 1842. 


VII. Une version franque de saint Matthieu : 
Un manuscrit du neuvième siècle est à la Bibliothèque de Saint- 
Gall. 
Elle a été publiée en 1827 par Schmeller. 


Elle ἃ été probablement faite sur le latin. 


VIII. Deux versions perses des Evangiles. 
Elles n'existent qu'imprimées. La première est dans la Poly- 
glotte de Walton avec une traduction latine de Samuel Clarke. 


APPENDICE A L'INTRODUCTION 3) 


Faite probablement sur la Peschito, elle peut servir à en cor- 
riger le texte. 

La deuxième a été faite sur le grec vers le quatorzième siècle. 
Sa publication commencée en 1652 à Cambridge a été achevée en 


1657 à Londres. 


IX. De nombreuses versions arabes. 

1° En 719, Jean, évêque de Séville, traduisit la Bible en arabe. 
Tischendorf a rapporté d'Orient plusieurs manuscrits de versions 
arabes. 

2° Le Nouveau Testament ἃ été traduit en entier en 1272 
(988 de l'ère des martyrs) et imprimé à Leyde en 1616. Cette 
version est excellente, mais a été révisée sur l'Égyptienne. Le 
Nouveau Testament se trouve dans la Polyglotte de Paris (1657) et 
a paru à Rome avec la Peschito en 1703. La dernière édition en ἃ 
paru à Londres en 1727 par les soins de la Société pour la propa- 
gation du christianisme. 


Ecrivains ecclésiastiques des premiers siècles qui citent les livres du Nouveau 
Testament dans leurs écrits ow qui font allusion à leurs auteurs et que 
nous nommons dans nos préfaces. 


Témoignages de la première moitié du second siècle : Papias. 

Du milieu du second siècle : Polycarpe, Justin martyr, Hege- 
sippe, Hermas. 

. De la fin du second siècle : Irénée, Clément d'Alexandrie, Ter- 

tullien. 

De la première moitié du troisième siècle: Hippolyte, Origène. 
Du milieu du troisième siècle : Cyprien. 

De la fin du troisième siècle: Méthodius. 

Du commencement du quatrième siècle: Eusèbe de Césarée, 
Athanase. 

Du milieu du quatrième siècle : Basile le grand, Cyrille, Hilaire 
de Poitiers. 

De la fin du quatrième siècle : Jérôme, Épiphane, Ambroise de 
Milan, Chrysostome, Augustin. 


PÉVANCGILE 


SELON 


SAINT MATTHIEU 


PRÉFACE 


Les quatre Évangiles portent dans tous les anciens manuscrits 
ces titres : selon Matthieu, selon Marc, selon Luc, selon Jean. Aujour- 
d’hui cette manière de parler, signifierait : Évangile écrit d’après 
l’enseignement de Matthieu, de Marc, de Luc ou de Jean, et 
n'impliquerait pas nécessairement que les Évangiles ont été com- 
posés par ces écrivains; mais, dans le cas particulier qui nous 
occupe, ce serait une erreur que de donner un tel sens au mot : 
selon. L'Église primitive en le choisissant, entendait dire que 
l'Évangile, quel que soit l’homme qui le raconte; est toujours 
l'Évangile de Jésus-Christ. C’est Jésus-Christ qui nous ἃ donné 
l'Évangile : c’est Jésus-Christ seul qui en est l’auteur. Mais il ne 
l’a pas écrit lui-même ; ses disciples ont rédigé son Évangile et 
l'expression selôn Matthieu, Marc, Luc ou Jean signifie bien 
que ce sont Matthieu, Marc, Luc et Jean qui ont mis par écrit 
l'Évangile de Jésus-Christ. 

Ces quatre Évangiles n’ont jamais été contestés dans l'Église pri- 
mitive. Les trois premiers racontant souvent les mêmes faits, sont 
appelés Évangiles synoptiques, et il ne nous reste en réalité sur la 
vie de Jésus-Christ que deux sortes de documents ; le premier 


38 LE NOUVEAU TESTAMENT 


formé par les trois premiers Évangiles, le second par le quatrième. 
Ce sont deux types d'informations fort différents et qu'il faut soi- 
gneusement distinguer. Nous n’en avons pas d’autres; nous ne 
pouvons ajouter aucune foi aux Évangiles dits apocryphes. Ils sont 
tous de composition tardive et n’ont jamais mérité aucun crédit. 
Quant aux autres Évangiles authentiques auxquels Luc fait allu- 
sion aux premières lignes de son récit (ἔν. de Luc 1, 1) et qui 
ont été nombreux, ils ont été perdus. 

Le premier des quatre que nous possédons porte le nom de 
Matthieu, un des douze apôtres de Jésus-Christ. Et, en effet, 
l’antiquité chrétienne tout entière a considéré cet apôtre comme 
l’auteur du premier Évangile. Une telle opinion, exprimée sous 
cette forme, est une erreur. Ce n’est pas l’apôtre Matthieu qui a écrit 
notre premier Évangile. L’apôtre Matthieu avait écrit en hébreu 
un recueil des discours de Jésus-Christ. Ce fait nous est formelle- 
ment attesté par Papias, un des plus anciens écrivains chrétiens, qui 
vivait dans la première moitié du second siècle. Ce Papias, dans 
un ouvrage malheureusement perdu, mais dont Eusèbe, dans son 
Histoire ecclésiastique, cite quelques fragments, s’exprimait ainsi: 
Matthieu avait réuni et ordonné les discours du Seigneur en langue 
hébraïque et chacun les traduisait comme il pouvait. On ἃ prétendu 
quelquefois que notre Évangile ne serait autre qu’une traduction 
en grec de l’œuvre de Matthieu. Mais 1] est de toute évidence que 
le premier livre du Nouveau Testament est un écrit original. Il a des 
particularités de style qui excluent formellement toute idée de 
traduction et la manière dont l’Ancien Testament y est cité le 
démontre aussi sans réplique. De plus, notre premier Évangile est, 
comme ceux de Marc et de Luc, un écrit ne portant aucune trace 
de la rédaction d’un apôtre témoin oculaire des faits qu’il raconte. 
Enfin ce livre est anonyme et son auteur ne se donne nulle part 
pour l’apôtre Matthieu. Aujourd’hui les critiques sont unanimes à 
considérer notre premier Évangile comme un ouvrage pour la 
rédaction duquel son auteur a eu diverses sources à sa disposition 
et avant tout le recueil des discours de Jésus-Christ rédigé en 
hébreu par l’apôtre Matthieu. Ce recueil, reproduit par notre 
auteur dans son Évangile, est donc parvenu jusqu’à nous et c’est à 
bon droit que nous continuons d'écrire le nom de Matthieu en tête 
du premier des livres du Nouveau Testament. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU — PRÉFACE 39 


Le but du rédacteur est de démontrer aux Juifs que Jésus est le 
Christ. De là ses allusions fréquentes aux antiques prophéties. Il 
écrivit son livre peu de temps avant la catastrophe de l’an 70, et 
en Palestine. Il n’y a aucune témérité à préciser davantage et à 
dire que l’ouvrage fut composé à Pella, sur la rive gauche du 
Jourdain, là où les chrétiens s'étaient réfugiés pendant la guerre 
juive qui éclata en 66. 

L'auteur de l'Évangile selon Saint Matthieu ne raconte pas les 
faits dans un ordre rigoureusement chronologique. Nous divisons 
son écrit en quatre grandes parties. La première raconte les faits 
qui ont précédé le ministère de Jésus-Christ (1 : 1 à 4: 12). Après 
avoir donné la généalogie des ancêtres du Christ à partir d’Abra- 
ham (1 : 1 à 18), il raconte sa naissance et son enfance, (1 : 18 à 
ch. 3); puis le ministère de Jean-Baptiste (3 : 1 à 13); le baptême 
et la tentation (3 : 13 à 4 : 12). 


Dans la seconde et dans la troisième partie, l’auteur expose le 
ministère de Jésus-Christ, d’abord en Galilée et hors de Palestine, 
ensuite en Judée et à Jérusalem. Cette division se retrouve iden- 
tique, dans les deux autres synoptiques. 


La seconde partie (ministère de Jésus-Christ en Galilée et hors de 
Palestine), s’étend de 4 : 12 au ch. 19. Elle s’ouvre par le récit 
de l’établissement de Jésus à Capharnaüm, la vocation des premiers 
disciples et le sermon sur la montagne (4 : 12 à ch. 8). Viennent 
ensuite, sans aucun ordre chronologique, des récits de miracles et 
des entretiens avec les Pharisiens (ch. 8 à ch. 9 : 35), l’envoi des 
douze en mission (9 : 35 à 11 : 2), l'opposition des incrédules et 
des adversaires (11 : 2 à ch. 13) une série de paraboles sur le 
Royaume de Dieu (ch. 13 : 1 à 53), de nouvelles manifestations 
hostiles et quelques récits de miracles (18 : 53 à 16 : 13); l’afür- 
mation solennelle de la messianité de Jésus et des devoirs de ses 


disciples (16 : 13 à ch. 19). 


La troisième partie (ministère de Jésus-Christ en Judée et à 
Jérusalem) commence au chapitre 19 et se termine au chapitre 26. 
Elle s'ouvre par des entretiens de Jésus sur divers sujets (ch. 19 
et 20). L'auteur nous rapporte ensuite l'arrivée à Jérusalem 


40 LE NOUVEAU TESTAMENT 


(ch. 21 : 1 à 23), les discussions dans le Temple (ch. 21 : 23 à 
ch. 24) ; le discours sur la ruine de Jérusalem et sur la fin du 
monde et les paraboles sur le jugement dernier (ch. 24 et 25). 


La quatrième partie raconte la Passion et la Résurrection. Elle 
commence avec le chapitre 26 et s'achève avec l'Évangile. Le 
repas de la Pâque nous est rapporté tout d’abord (ch. 26 : 1 à 30) ; 
puis l’arrestation, le jugement et la crucifixion (26 : 50 à ch. 28), 
et enfin le chapitre 28 renferme le récit de la résurrection. 


L'ÉVANGILE 


SELON 


SAINT MATTHIEU 


TABL 


1 Littéralemen 
2 Ou : Hesrôm 
3 Ou : Boos. 


E GÉNÉALOGIQUE DE JÉSUS-CHRIST 1, 
FILS DE DAVID, FILS D’'ABRAHAM 


Abraham engendra Isaac; 

Isaac engendra Jacob; 

Jacob engendra Juda et ses frères ; 

Juda engendra Pharès et Zara qu'il eut de 
Thamar ; 

Pharès engendra Esrôm ? ; 

Esrôm ? engendra Aram ; 

Aram engendra Aminadab ; 

Aminadab engendra Naasson ; 

Naasson engendra Salmon ; 

Salmon engendra Boës, qu'il eut de Rachab; 

Βοὸ ὁ engendra Jobed, qu'il eut de Ruth; 

Jobed engendra Jessaï ; 

Jessaï engendra David, le roi; 


t: Livre de génération de Jésus-Christ. 


4, 1 


19 


σι 


10 


11 


13 


14 


16 


DS 


19 


1 Ou : Achas. 
2 Ou : Hézéchias. 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


David engendra Salomon, qu’il eut de la 
femme d'Urie; 

Salomon engendra Roboam ; 

Roboam engendra Abia; 

Abia engendra Asaph; 

Asaph engendra Josaphat ; 

Josaphat engendra Joram ; 

Joram engendra Ozeia ; 

Ozeia engendra Joatham ; 

Joatham engendra Achazt; 

Achaz 1 engendra Ezéchias ? ; 

Ezéchias ? engendra Manassé; 

Manassé engendra Amon; 

Amon engendra Josias; 

Josias engendra Jéchonias et ses frères (c'était 
au temps de la déportation à Babylone). 


Après la déportation à Babylone : 

Jéchonias engendra Salathiel ; 

Salathiel engendra Zorobabel ; 

Zorobabel engendra Abioud ; 

Abioud engendra Eliakeïm ; 

Eliakeïim engendra Azôr ; 

Azôr engendra Sadok ; 

Sadok engendra Acheïm ; 

Acheïm engendra Elioud ; 

Elioud engendra Eléazar ; 

Eléazar engendra Matthan ; 

Matthan engendra Jacob; 

Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de 
laquelle est né Jésus, dit le Christ. 


PT OO TS 0 OUT 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 43 


En tout donc, d'Abraham jusqu’à David : quatorze générations. 
— De David jusqu’à la déportation à Babylone : quatorze généra- 
tions. — De la déportation à Babylone jusqu'au Christ: quatorze 
générations. 


Voici comment Jésus-Christi vint au monde? : Marie”, sa 
mère, après avoir été fiancée à Joseph et avant qu'ils eussent vécu 
ensemble, se trouva enceinte par l'Esprit saint. 

Or Joseph, son mari, était un juste“. Ne voulant pas lui faire 
affront, il résolut de rompre avec elle sans bruitÿ. 

Comme il était en cette pensée, un ange du Seigneur lui apparut 
en songe et lui dit: « Joseph, fils de David, n'hésite pas à rece- 
voir chez toi, ta femme, Marie, car ce qu'elle ἃ conçu est de 
l'Esprit saint. Elle mettra un fils au monde et tu lui donneras le 
nom de Jésus; c’est lui, en effet, qui sauvera 5 son peuple de ses 
péchés. » (Or tout cela arriva afin que fût accompli ce que le Sei- 
gneur avait dit par le prophète en ces mots : 

« Voici la vierge sera enceinte; elle mettra un fils au monde; 
Et on lui donnera le nom d'Emmanuel?7» 
ce qui signifie : Dieu avec nous.) 
Joseph, à son réveil, agit d’après les ordres de l'ange du 


1 Quelques anciennes autorités omettent le mot Jésus. Sur le sens du mot 
Christ, voir note sur Jean 1, 41. 

2 On peut, d’après une autre ponctuation, faire de cette phrase la conclusion 
de ce qui précède et traduire alors après le mot générations : Telle fut donc la 
généalogie (ou : la génération) de Jésus-Ghrist, puis commencer ainsi le para- 
graphe suivant: Marie, sa mère, etc. 

3 Ce nom devrait s’orthographier Maria, Mariam ou Marian. Nous avons 
adopté l’orthographe usuelle. 

4 Un juste. Ce mot signifie en français moderne: Un honnête homme. 

5 Chez les Juifs de ce temps-là, la rupture des fiançailles était considérée comme 
un véritable divorce. On vient de voir que le fiancé s'appelait déjà le mari. 

6 Jésus est un mot hébreu (Jeshoua) qui signifie sauveur. De là cette remarque: 
C’est lui, en effet, qui. etc. 

7 Ésaïe 7, 14. 


47, 1 


18 


19 


19 
ε9 


ἘΘ 


10 
11 


Lily LE NOUVEAU TESTAMENT 


Seigneur : 1l reçut sa femme chez lui; et il ne la connut point 
avant qu'elle eût mis au monde un fils auquel il donna le nom de 
Jésus. 


Jésus étant né à Bethléem, dans la Judée, aux jours du roi 
Hérode!, des mages arrivèrent d'Orient à Jérusalem. «Où est, 
demandèrent-ils, le nouveau-né, roi des Juifs? Nous avons vu son 
étoile en Orient et nous sommes venus pour l’adorer. » 

En entendant de telles paroles, le roi Hérode fut troublé et, 
avec lui, toute la ville de Jérusalem; il convoqua tous les chefs 
des prêtres et scribes du peuple et s’informa d’eux où devait naïtre 
le Christ. Ils lui répondirent : «A Bethléem dans la Judée. » (Voici, 
en effet, ce qui a été écrit par le prophète : 

«Et toi, Bethléem, terre de Juda, [de Juda, 
Tu n'es certainement pas le plus petit des chefs-lieux 
Car de toi sortira un conducteur 

Qui paîtra mon peuple, Israël?. ») 

Là dessus, Hérode fit appeler les mages en secret et s’informa 
auprès d'eux de l’époque où l'étoile avait paru. Puis il les envoya 
à Bethléem. «Allez, leur dit-il, prenez des informations exactes 
sur cet enfant et, quand vous l’aurez trouvé, faites-le moi savoir, 
pour que, moi aussi, j'aille l’adorer. » 

Sur ces paroles du roi, ils partirent; et l'étoile qu’ils avaient 
vue en Orient les précédait jusqu’à ce que, parvenue au-dessus 
du lieu où était l’enfant, elle s'arrêta. A la vue de l'étoile, ils 
se réjouirent d'une grande joie. Ils entrèrent dans la maison, 
ils virent l'enfant avec Marie sa mère; et, se prosternant, 15 
l’adorèrent. Ensuite, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent en 
présent de l'or, de l’encens et de la myrrhe. 


1 Hérode le Grand, qui mourut la même année. Ses fils se partagèrent ses 
Etats; lun d'eux fut Hérode Antipas, appelé dans les Evangiles Hérode tout 
court. C'est Hérode Antipas qui fit mettre à mort Jean-Baptiste et c’est devant 
lui que comparut Jésus le jour même de sa condamnation. 

3 Michée, 5, 1. 


3 Cette tournure : Se réjoutrent d’une joie, est un hébraïsme. 


ES 
Qt 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 


Ayant été miraculeusement avertis en songe de ne pas revenir 
vers Hérode, 115 regagnèrent leur pays par un autre chemin. 


Après leur départ, un ange du Seigneur apparut en songe 
à Joseph et lui dit: «ELève-toi! prends l'enfant et sa mère, et 
fuis en Égypte où tu resteras Jusqu'à ce que je te reparle; car 
Hérode va rechercher l'enfant afin de le faire périr.» Cette nuit 
même, Joseph se leva, prit l'enfant et sa mère et partit pour 
l'Égypte. Il y resta jusqu’à la mort d'Hérode. (C'était afin que fût 
accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces mots : 

«J'ai rappelé mon fils d'Égypte! ».) 


Quant à Hérode, se voyant joué par les mages, il se mit fort en 
colère, et envoya tuer tous les enfants de Bethléem et de ses envi- 
rons âgés de deux ans et au-dessous suivant l’époque dont il s'était 
informé auprès des mages. (C’est alors que fut accompli ce qui 
avait été dit par le prophète Jérémie en ces mots : 

«Une voix α été entendue dans Rama, 

Des pleurs et de longs sanglots ; 

C’est Rachel pleurant ses enfants, 

Et elle ne veut pas étre consolée parce qu'ils ne sont plus ?.») 


Quand Hérode fut mort, un ange du Seigneur apparut en 
songe à Joseph en Égypte et lui dit: «Lève-toi, prends l’en- 
fant et sa mère et retourne dans le pays d'Israël; car ceux qui 
en. voulaient à la vie de l’enfant sont morts. » 

Joseph se levant donc prit l’enfant et sa mère et rentra dans le 
pays d'Israël. Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée 
à Ja place d'Hérode son père, il appréhenda d’y aller. Miraculeuse- 
ment averti en songe, il partit pour la province de Galilée et, y 
étant arrivé, il habita une ville appelée Nazareth. (C'était fin que 
fut accompli ce qui ἃ été dit par les prophètes : Π| sera appelé 
Nazaréen 5). 

z'Osée 11, 1. 


2 Jérémie 31, 15. 
5. Ce passage ne se trouve pas dans l'Ancien Testament. 


15: 2 


10 


18 


19 


10 


11 


A6 LE NOUVEAU TESTAMENT 


En ces jours-là, parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de 
la Judée. I] disait : « Repentez-vous !, car le Royaume des cieux est 
proche. » (C’est Jean que le prophète Ésaïe a annoncé quand il a dit: 

« Une voix crie dans le désert : 
Préparez la voie du Seigneur ; 
Aplanissez ses sentiers ?. ») 

Il avait un vêtement de poil de chameau, et une ceinture de 
cuir autour des reins. Sa nourriture était des sauterelles et du miel 
sauvage. 

Alors accouraient à lui et la ville de Jérusalem et toute la Judée 
et toute la région du Jourdain. Tous étaient baptisés par lui dans 
le fleuve, en confessant leurs péchés. 

Mais, voyant beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens venir à 
son baptème, il leur dit : « Engeance de vipères, qui vous a appris 
à fuir la colère à venir? Produisez donc un fruit digne de la 
repentance *; et ne prétendez pas dire en vous-mêmes : nous avons 
pour père Abraham; car, je vous le dis, Dieu peut faire surgir 
des pierres que voici des enfants à Abraham. Déjà la cognée touche 
la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon 
fruit sera coupé et jeté au feu. Moi je vous baptise avec l’eau 1 
pour la repentance ὅ, mais celui qui doit venir après moi est plus 
puissant que moi et je ne suis pas même digne d’être le porteur 
de ses sandales; lui vous baptisera avec l'Esprit samtS et le feu. 
Il ἃ le van dans la main, et il nettoiera son aire, et rassemblera 
son froment dans le grenier 7, mais la paille, il la brülera au feu 
inextinguible. » 


1 On peut traduire aussi : Convertissez-vous. 

2 Ésaie 40, 3. 

3 On peut traduire aussi : de la conversion. 

4 On peut traduire aussi : avec de l’eau où dans de l’eau. Le grec n’a pas d’ar- 
1016 devant le mot eau. 

δ On peut traduire aussi: pour la conversion. 

6 Ou: dans l'Esprit saint, Il est à remarquer que le grec n’a pas non plus 
d'article devant le mot Esprit, 


7 Quelques anciens manuscrits lisent : dans son grenier. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 47 
LE 


Ce fut alors que Jésus vint de la Galilée au Jourdain, vers Jean 
pour être baptisé par lui. Mais Jean s’en défendait vivement : 
«C'est moi, disait-il, qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est 
toi qui viens à moi! » Jésus lui répondit par ces paroles : « Laisse- 
moi faire pour l'heure présente, car c’est ainsi qu'il nous convient 
d'accomplir toute justice. » 

Alors il le laissa faire. 

Jésus, ayant été baptisé, sortit aussitôt de l’eau, et voilà que les 
cieux furent ouverts !, et il vit l’Esprit de Dieu descendre sous la 
figure d'une colombe et venir sur lui. En même temps une voix 
vint des cieux disant: «Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé en 
qui je me complais?. » 


Jésus ensuite fut conduit par l’Esprit dans le désert pour y être 
tenté du diable. Lorsqu'il eut jeûné pendant quarante jours et 
quarante nuits, 1] finit par avoir faim. «Si tu es Fils de Dieu, lui 
dit le tentateur en s’approchant, dis que ces pierres deviennent 
des pains. » Mais Jésus lui fit cette réponse : «Il est écrit: «Ce 
n'est pas de pain seulement que vivra l’homme, mais de toute 
parole qui sort de la bouche de Dieu ?.» 

Alors le diable le mena avec lui dans la ville sainte et le plaça 
sur le faîte du Temple. «Si tu es Fils de Dieu, lui dit-il, jette- 
toi en bas! car il est écrit : 

«A ses anges il donnera des ordres à ton égard ; 
Ils te soutiendront de leurs mains 
De peur que ton pied ne se heurte contre une pierre #. » 

Jésus lui répondit : «Il est également écrit : « Tu ne tenteras point 
le Seigneur ton Dieu.» 

Le diable le mena encore avec lui sur une montagne d’une 


1 Plusieurs manuscrits ajoutent : pour lui. 

? Je me complais. Le verbe grec est au passé, mais il exprime un état per- 
manent, il faut donc le rendre par le présent. 

5 Deut. 8, 3. 

£ Psaume 91, 11 et suiv, 

5 Deut. 6, 16. 


16 


11 


δ᾽ ὧι 


— 


4, 9 
10 


16 


> 
=] 


48 LE NOUVEAU TESTAMENT 


immense hauteur et lui montra tous les royaumes du monde et 
leur gloire et lui dit: «Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à 
mes pieds, tu m'adores.» Jésus lui répondit : «Arrière, Satan ! 1 
car il est écrit: «Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est à lui 
seul que tu rendras un culte?.» Alors le diable 16 laissa; et voilà 
que des anges s’approchèrent et ils le servaient. 


Ayant appris que Jean avait été livré, Jésus se retira en Galilée ; 
et, ayant quitté Nazareth à, il vint s'établir à Capharnaüm, ville du 
rivage “ sur les confins de Zabulon et de Nephthali5. (C'était afin 
que füt accompli ce qui avait été dit par le prophète Ésaïe : 

« Terre de Zabulon et terre de Nephthak 4 
Sur le chemin de la mer, au dela du Jourdain, 
Galilée des païens ! 
Le peuple assis dans les ténèbres 
A vu une grande lumuière 1 [mort 
EE sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l'ombre de la 
Une lumière s’est levée ! 6») 

Dès lors, Jésus commença à parler en publie et à dire : «Repen- 

tez-vous?; car le Royaume des cieux est proche. » 


Marchant le long de la mer de Galilée, 1] vit deux frères, Simon 
(celui qu’on appelle Pierre) et André son frère, jetant leur filet 
dans la mer; car ils étaient pêcheurs; et il leur dit: « Venez à ma 
suite, et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.» Eux aussitôt, 
laissant les filets, le suivirent. Continuant son chemin, il vit 
deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, 
dans leur barque avec Zébédée leur père, raccommodant leurs 


1 Grec : Satanas, forme syriaque du mot hébreu Satan. 

2 Deut. 6, 13, 

3 Plus exactement : Nazar«a. 

4 Le rivage du lac de Tibériade, appelé aussi la mer de Tibériade, 
Ὁ Plus exactement : Zaboulôn et Nephthalim. 

6 Ésaie 9, 1 et suiv, 

7 On peut traduire aussi: Gonvertissez-vous, 


2 À. 


el 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 49 


filets!; il les appela. Eux aussitôt, laissant la barque et leur 
père, le suivirent. 


Jésus parcourait toute la Galilée; enseignant dans leurs syna- 
gogues, prêchant l'Évangile? du Royaume, et guérissant toute 
maladie et toute infirmité parmi le peuple, et sa renommée se 
répandit dans la Syrie entière. On lui apporta tous les malades, 
tous ceux qui étaient atteints de souffrances et de douleurs quel- 
conques, des démoniaques, des lunatiques ὁ, des paralytiques et 1] 
les guérit. Et de grandes multitudes le suivirent venant de la 
Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et de l’autre 
rive du Jourdain. Voyant ces multitudes, 1] gravit la montagne, 1] 
y fit sa demeure #; ses disciples s’approchèrent de lui; et, ouvrant 
la bouche, il les enseignait, disant : 

« Heureux les pauvres en esprit5, parce que le Royaume des 
cieux est à eux !» 

«Heureux ceux qui sont dans l'affliction, parce qu'ils seront 
consolés! » 

« Heureux ceux qui sont doux, parce qu'ils auront la terre en 
héritage 6! » 

« Heureux ceux qui Ont faim et soif de la justice, parce qu'ils 
seront rassasiés ! » 

« Heureux les miséricordieux, parce qu'ils obtiendront miséri- 
corde ! » | 


1 On peut traduire aussi : arrangeant leurs filets, c’est-à-dire les mettant en 
ordre. 

2? Ou : La Bonne Nouvelle. 

3 Voir note sur Matth. 17, 15. 

4 On traduit d'ordinaire : il s’y assit; mais le verbe grec employé ne signifie 
pas seulement s'asseoir, il a souvent le sens de s'établir, faire sa demeure (voir 
Actes 18, 11); ce sens nous paraît ici préférable ; il est confirmé par l’imparfait : 
il enseignait. Nous retrouverons la même signification de ce verbe grec, Evang. 
de Jean 6, 3. et Luc 24, 49. 

5 Cette expression peut signifier : Heureux ceux qui ont conscience de leur 
pauvreté, de leur indigence spirituelle; ou encore (d’après le parallèle Luc 6, 
20) : Heureux ceux qui ont l'esprit de pauvreté. Les deux interprétations nous 
paraissent également plausibles. 

6 Plusieurs anciens manuscrits insèrent la phrase : Heureux ceux qui sont 
doux, etc., avant: Heureux ceux qui sont dans l’affliction, etc, 


».Ἱ 


Co 


9 


10 


11 


13 


17 


50 LE NOUVEAU TESTAMENT 


« Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront 
Dieu ! » 

«Heureux les pacifiques, parce qu'ils seront appelés fils de 
Dieu! » 

« Heureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, parce 
que le Royaume des cieux est à eux!» 

« Heureux serez-vous quand on vous outragera et vous persé- 
cutera et qu’on dira faussement toute sorte de mal de vous à cause 
de moi. Réjouissez-vous, soyez transportés de joie, parce que 
votre récompense sera grande dans les cieux !; c’est ainsi, en effet, 
qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. » 


« Vous êtes le sel de la terre; si le sel s’affadit, avec quoi lui 


rendra-t-on sa saveur? Il n’est plus bon à rien, sinon à être jeté 


dehors et foulé aux pieds par les passants. » 

« Vous êtes la lumière du monde; une ville ne peut être cachée 
quand elle est située sur une montagne. On n’allume pas une 
lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le pied- 
de-lampe et elle luit à tous ceux qui sont dans la maison, Qu'’ainsi 
votre lumière luise devant les hommes, afin qu'ils voient vos 
bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. » 


«Ne pensez pas que je sois venu détruire la Loi ou les Pro- 
phètes; je ne suis pas venu pour détruire, mais pour accomplir ? ; 
car 16 vous le dis en vérité: jusqu'à ce que le ciel et la terre 
aient passé, il ne disparaîtra de la Loi, ni la plus petite 
lettre *, ni un seul petit trait“ qui n'ait reçu sa pleine réalisation. 
Et celui qui annuleraÿ un de ces commandements, même le 
moindre et enseignera les hommes à le faire, sera réputé le moindre 


1 On peut lire aussi d'après une autre ponctuation: Vous êtes heureux ! Quand 
on vous oulragera el vous persécutera et qu'on dira faussement toute sorte de 
mal de vous ἃ cause de moi, réjouissez-vous, soyez transportés de joie... ete. 

? Accomplir. Le verbe grec signifie littéralement remplir et a, à Ja fois, le 
sens d'accomplir et le sens de compléter. 

3 Littéralement: pas un iola, la plus petite lettre de l’alphabet grec. 

4 Trait. Voir note sur Luc 16, 17. 

5 Ou : violera. 


Le 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU δ᾽ 


dans le Royaume des cieux; mais celui qui les pratiquera et les 
enseignera, celui-là sera réputé grand dans le Royaume des cieux. » 

«Aussi je vous le dis: Si votre justice n’est pas supérieure à 
celle des Scribes et des Pharisiens vous n'entrerez point dans le 
Royaume des cieux. » 

«Vous avez entendu qu'il a été dit aux hommes d'autrefois : «Tu 
ne tueras point !;» celui qui aura tué? sera passible du jugement ὃ. 
Eh bien, je vous dis, moi: Quiconque se met en colère contre son 
frère sera passible du jugement. Celui qui dira à son frère : Raca #, 
sera passible de la justice du Sanhédrin®. Celui qui lui dira : fou, 
sera passible de la Géhenne ὁ du feu. » 

« Lors donc que tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te 
souviens que ton frère ἃ quelque chose contre toi, laisse là ton 
offrande, devant l'autel, et va d’abord te réconcilier avec ton 
frère; et puis, viens présenter ton offrande. » 

«Mets-toi d'accord avec ton adversaire, promptement, pendant 
que tu es encore en chemin avec lui, de peur que cet adversaire 
ne te livre au juge, et le juge à celui qui exécute ses sentences7, 
et que tu ne sois jeté en prison. Tu n’en sortiras pas, je te le dis en 
vérité, que tu n'aies payé jusqu'au dernier quadrant$.» 

« Vous avez entendu qu'il ἃ été dit: « Tu ne commettras point 


1 Exode 20, 13. 

2 Cest-à-dire : aura commis un meurtre. 

5 ]1 s’agit sans doute ici du jugement du tribunal ordinaire, celui de la syna- 
gogue. 

£ Raca, mot qu’il faut prendre dans le sens de l’hébreu Rék (Juges 9, 4); 
c’est une insulte dont la signification exacte est inconnue. 

5 Le Sanhédrin, conseil composé de 70 membres, était la plus haute juri- 
diction chez les Juifs, pour les choses politiques, civiles et religieuses. 

6 Géhenne, mot dérivé de Gé-Hinnôm, vallée située au sud de Jérusalem, où 
avait été célébré le culte de Moloch. Elle était réputée infâme et son nom ser- 
vait à désigner symboliquement le lieu de punition après la mort. 

7 Littéralement : à l’agent, à celui qui exécute les sentences. Cet Homme était 
appelé en hébreu le Hazzan ; il était chargé de la garde de la synagogue et c'était 
lui qui appliquait aux condamnés les sentences prononcées par les Juges, qui 
étaient eux-mêmes chefs de la synagogue (voir.le passage parallèle Luc 12, 58, 
où cet homme est appelé Réclamateur, et aussi Luc 4, 20). 

8 Le quadrant valait un peu moins d'un centime, exactement 0c,915. Cette 
phrase signifie : Tu resteras en prison jusqu'à ce que tu aies payé le dernier 
centime de l’amende à laquelle laura condamné le Juge. 


20, 5 


12 
LD 


12 
Co 


5, 98 


30 


31 


σι 
19 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


d’adultère!.» Eh bien, je vous dis, moi: quiconque regarde une 
femme avec convoitise 2 a déjà, dans son cœur, commis l’adultère 
avec elle. » 

«Si ton œil droit est pour toi une cause de chute, arrache-le et 
jette-le loin de toi. Il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres 
périsse et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la Géhenne*. 
Et si ta main droite est pour toi une cause de chute, coupe-la et 
jette-la loin de toi; il vaut mieux pour toi qu'un de tes membres 
périsse et que ton corps tout entier n’aille pas dans la Géhenne #.» 

«Il ἃ été dit: «Celui qui répudie sa femme doit lui remettre un 
acte de divorce.» Eh bien, je vous dis, moi : quiconque répudie sa 
femme — excepté pour cause d’infidélité — l’expose à commettre 
un adultère et celui qui épouse une femme divorcée, commet un 
adultère. » 

« Vous avez encore entendu qu'il ἃ été dit aux hommes d’autre- 
fois : « Tu ne te parjureras pas, mais tu t'acquitteras envers le Ser- 
gneur de tes serments$.» Eh bien, je vous dis, moi, de ne prêter 
aucune sorte de serment; ne jurez point «par le ciel»7, car il est 
le trône de Dieu; «par la terre», car elle est l’escabeau de ses 
pieds ; « par Jérusalem», car elle est une ville du Grand Roi. Ne 
jure pas non plus «sur ta tête», car tu ne peux faire blanc ou 
noir un seul de tes cheveux. Que votre langage soit: oui, oui; 
ou : non, non. Ce qu’on ajoute vient du Malin. » 

« Vous avez entendu qu'il a été dit: « Οὐ} pour œil, dent pour 
dent.» Eh bien, je vous dis, moi: ne résistez point au méchant; 
au contraire, si quelqu'un te frappe à la joue droite, présente-lui 
aussi l’autre. Si quelqu'un veut t’appeler en justice et t’enlever ta: 


1 Exode 20, 14. 

? Grec: pour convoiter. Plusieurs anciens manuscrits lisent pour la convoiter, 

3 Une cause de chute. Voir note sur Matth. 18, G. 

4 Géhenne, voir la note du verset 22. 

5 Deut. 24, 1. 

6 Lévit. 19, 12; Deut. 23, 21. 

7 Nous plaçons ces mots et les suivants entre guillemets, parce que Jésus cite 
ici quelques-unes des formules de serment en usage de son temps. 

8 Du malin Esprit, du Diable, 

9 Exode 21, 24. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 53 


tunique, abandonne-lui aussi le manteau; et si quelqu'un veut te 
faire faire une corvée d’un mille, fais-en deux pour lui. » 

«A qui te demande, donne; de qui veut t’emprunter, ne te 
détourne pas. » 

« Vous avez entendu qu'il ἃ été dit : « Tu aimeras ton prochain et 
tu haïras ton ennemi?.» Eh bien, je vous dis, moi: aimez vos 
ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous 
deveniez fils de votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever 
son soleil sur les mauvais et sur les bons, et descendre la pluie sur 
les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment 
quelle récompense avez-vous? Les publicainsÿ ne le font-ils pas 
aussi? Et si pour vos frères seuls, vous avez un bon accueil #, en 
quoi dépassez-vous l'ordinaire? Les païens ne le font-ils pas aussi?» 

« Soyez donc, vous, parfaits comme votre Père céleste est par- 
fait. » 


« Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes 
pour en être regardés; autrement il n°y ἃ pas pour vous de 
récompense de votre Père qui est dans les cieux. » 

« Quand donc tu feras l’aumône, ne fais pas sonner de la trom- 
pette devant toi, comme font les hypocrites$ dans les synagogues 
et dans les rues pour être glorifiés des hommes. En vérité, je vous 
le dis, ils ont reçu leur récompense. Pour toi, quand tu fais l’au- 
mône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, en 
sorte que ton aumône se fasse dans le secret, et ton Père, qui 
voit dans le secret, te donnera ce qui t'est dù. » 

«Lorsque vous prierez, ne soyez pas comme ces hypocrites $ qui 


1 Le mille, mesure itinéraire (1500 mètres environ). Il s’agit ici des services 
publics pour lesquels on met un homme en réquisition. 

? Lévitique 19, 18. 

3. Les publicains, voir note sur Matthieu 9, 10. 

4 Littéralement : Si vous ne suluez que vos frères. 

5 La justice comprenait les principales bonnes œuvres des Juifs : l’aumône, la 
prière et le jeûne. 

5 On peut traduire aussi : les comédiens. Le mot hypocrite, qui n’est autre 
que le terme grec transporté en français, signifie avant tout : comédien, acteur, 
histrion. 


ἤν 
CN | 


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=] 


© 


54 LE NOUVEAU TESTAMENT 


aiment, faisant leur prière, à stationner debout dans les synagogues 
et dans les angles des places publiques pour être bien en évidence. 
En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense, Toi quand 
tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, prie ton Père qui 
est là, dans le secret, et ton Père, qui voit dans le secret, te don- 
nera ce qui t'est αὖ.» 

<En priant, ne multipliez pas les paroles, comme font les païens; 
ils s'imaginent, en effet, que c’est à force de paroles qu'ils se 
feront exaucer. Ne les imitez point; car votre Père sait de quoi 
vous avez besoin avant que vous le lui demandiez. Voici donc 
comment vous devez prier : 

«Notre Père, qui es dans les cieux!» 

«Que ton nom soit sanctifié ! » 

«Que ton Règne vienne! ! » 

«Que ta volonté soit faite sur la terre comme dans le ciel!» 

«Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien ? ! » 

«Et remets-nous nos dettes comme nous-mêmes remetlons les 
leurs à nos débiteurs. » 


«Et ne nous induis pas en tentation ὃ, mais délivre-nous du 
Malin “. » 


1 Ou: Que ton Royaume arrive ! Un seul et même mot grec se traduit en 
français par Règne, Royaume ou Royauté. Voir notes sur Matth. 16, 98 et sur 
Jean 18, 36. ᾿ 

5 Ce mot quofidien, consacré par l'usage, ne rend pas l'original. L’adjectif 
grec, employé par l’évangéliste, vient du mot subsistance, combiné avec la pré- 
position pour et se traduirait littéralement : pour subsistance, c’est-à-dire néces- 
saire à notre subsistance, avec l’idée de suffisance, en opposition à celle dé 
superflu. On pourrait donc traduire: donne-nous le pain qui nous est néces-' 
saire et suffisant pour vivre, où ce qu’il nous faut de pain pour vivre. On peut 
cependant trouver au terme grec une autre étymologie et le faire venir d’un verbe 
qui signifie survenir. 11 faudrait alors traduire littéralement notre pain du jour 
survenant, c’est-à-dire notre pain de demain, la pensée du Seigneur serait : 
assure-nous aujourd'hui notre pain de demain. Nous préférons la première de 
ces deux étymologies, quoique la seconde soit grammaticalement plus probable; 
1° parce qu’elle ἃ pour elle une analogie dans les Proverbes 80, 8; 2° parce 
que Jésus-Christ, qui dit ailleurs de ne pas se soucier du lendemain, ne peut 
nous recommander ici de nous préoccuper du pain du lendemain, 

8. On peut traduire aussi : Épargne-nous l'épreuve. Voir note sur Épiître de 
Jacques 1, 13. 

# Du Malin ou du Méchant, c'est-à-dire du Diable. 


ὧτ 
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ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 


« Si, en effet!, vous remettez aux hommes leurs offenses, votre 
Père céleste vous remettra aussi les vôtres; mais si vous ne remettez 
point aux hommes leurs offenses?, votre Père, non plus, ne vous 
remettra pas vos offenses. » 

« Quand vous jeünez, ne prenez pas, comme les hypocrites, un 
air accablé; ils se font des visages tout défaits, afin que leur jeûne 
attire les regards. En vérité, je vous le dis: 115 ont reçu leur 
récompense! Toi, quand tu jeünes, parfume ta tête et lave ton 
visage afin que les hommes ne s’aperçoivent pas que tu jeûnes, 
mais seulement ton Père qui est là, dans le secret, et ton Père, qui 
voit dans le secret te donnera ce qui t'est dù. » 


«Ne vous amassez point de trésors sur la terre où le ver et la 
rouille rongent et où les voleurs pénètrent“ et dérobent. Mais 
amassez-vous des trésors dans le ciel, où il n’y a ni ver, ni rouille 
qui rongent, ni voleurs qui pénètrent 6 et dérobent. Car là où est 
ton trésor, la sera aussi ton cœur.» 


«La lampe du corps est l'œil; si ton œil n’a rien qui le trouble, 
ton corps entier sera dans la lumière; si ton œil est en mauvais 
état, ton corps entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui 
est en toi est ténèbres, combien seront profondes ces ténèbres ! » 


«Nul ne peut servir deux maïtres; ou bien, en effet, il haïra 
l’un et aimera l’autre; ou bien il s’attachera au premier et mépri- 
sera le second. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamôn 5.» 

« Voilà pourquoi je vous dis de ne pas vous inquiéter : pour votre 
vie de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez$; pour 
votre corps de quoi vous vous vêtirez. La vie n'est-elle pas plus 


1 La phrase qui termine l’oraison dominicale dans la liturgie de l’Église : car 
c'est à toi qu’appartiennent, aux siècles des siècles, le règne, la puissance et la 
gloire, ne se trouve pas dans les plus anciens manuscrits du Nouveau Testament, 

2? Quelques anciens manuscrits omettent leurs offenses. 

3 Voir note sur le verset 2. 

Ὁ Littéralement : percent. Voir note sur Luc 12, 39. 

5 Mamôn, mot de la langue syriaque que parlait Jésus et qui signifie ici 
richesse, La richesse, dans ce passage, est personnifiée (voir Luc 16, 9). 

5 Un des plus anciens manuscrits omet ow de ce que vous boïrez. 


44, 6 


ι9 
CO 


29 


29 
30 


91 


t 


56 LE NOUVEAU TESTAMENT 


que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Regardez les 
oiseaux du ciel; ils ne sèment ni ne moissonnent, ni ne recueillent 
en des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous 
pas beaucoup plus qu'eux? Qui de vous peut, par toutes ses préoc- 
cupations, ajouter une seule coudée à la durée de sa vie. Et quant 
au vêtement, pourquoi vous en inquiéter? Observez comment crois- 
sent les lis des champs. Ils ne travaillent ni ne filent. Cependant, 
je vous le déclare, Salomon lui-même dans toute sa gloire, n’était 
pas vêtu comme l’un deux. Si donc cette herbe des champs qui 
existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, Dieu la revêt 
de la sorte, combien plutôt vous-mêmes, hommes de petite foi!» 

«Donc, ne vous inquiétez pas, disant: «Que mangerons- 
nous?» ou: «que boirons-nous?» ou : «comment nous vêtirons- 
nous?» Oui, tout cela les paiïens s’en enquièrent. Or, votre Père 
céleste sait bien que vous avez besoin de tout cela. Cherchez pre- 
mièrement le Royaume? et sa justice ? et toutes ces choses vous 
seront données par surcroît. » 

«Donc, ne vous inquiétez pas du lendemain; le lendemain aura 
soin de lui-même“. A chaque jour suflit sa peine.» 


«Ne jugez point pour que vous ne soyez point jugés; car en 
telle forme que vous jugez vous serez jugés, et la mesure que vous 
faites aux autres sera votre mesure. Pourquoi regardes-tu la paille 
qui est dans l’œil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton 
œil, tu ne la remarques pas? Et comment dis-tu à ton frère: 
«laisse-moi ôter cette paille de ton œil» et cela quand il y a une 
poutre dans le tien! Hypocrite 5, Ôte d’abord de ton œil la poutre 
et alors tu verras 6 à ôter la paille de l’œil de ton frère! » 


1 La vie est considérée ici comme une ligne plus ou moins longue; personne 
ne peut lui ajouter seulement une coudée (0,45). 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Royaume de Dieu. 

3 Sa justice ne signifie pas ici la justice du Royaume, mais la justice de Dieu 
ou du Père céleste, dont il est parlé au verset précédent. 

4 Littéralement : sera inquiet pour lui-même. 

5 Voir note sur 6, 2, 

6 Nous prenons ici {u verras dans le sens de tu songeras; mais on peut tra- 
duire aussi au sens propre : {u verras de manière à pouvoir ôler. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 57 


« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, et ne répandez pas 
vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les foulent aux 
pieds et que, se tournant contre vous, 115 ne vous déchirent. » 


« Demandez et il vous sera donné; cherchez et vous trouverez ; 
frappez, et il vous sera ouvert; car quiconque demande reçoit, et 
qui cherche trouve, et à celui qui frappe on ouvrira. Quel est 
celui d'entre vous, quand son fils lui demandera du pain, qui lui 
donnera une pierre? et quand il lui demandera du poisson, lui 
donnera-t-il un serpent? Si donc, tout mauvais que vous êtes, 
vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus 
votre Père qui est dans les cieux, en donnera-t-il de bonnes à ceux 
qui les lui demandent? » 


«Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le 
leur aussi : c’est «la Loi et les Prophètes 1». 


« Entrez par la porte étroite, parce que large est la porte? et spa- 
cieuse la voie qui mènent à la perdition, et nombreux sont ceux 
qui entrent par elle! et parce que étroite est la porte ὃ et resserrée 
la voie qui mènent à la vie, et petit est le nombre de ceux qui la 
trouvent! » 


« Prenez garde aux faux prophètes qui viennent à vous, déguisés 
en brebis # et, au dedans, sont des loups rapaces. Vous les recon- 
paîtrez à leurs fruits. Est-ce sur des épines que l’on cueille le 
raisin? sur des chardons 5 les figues? Ainsi tout bon arbre donne 


1 La Loi et les Prophètes, nom que donnaient les Juifs d’alors à leurs Livres 
saints. Voir note sur 22, 40. 

? Un des plus anciens manuscrits omet La porte, il faut lire alors : large et 
spacieuse est la voie qui, etc. 

3 Plusieurs anciens manuscrits omettent la porte, il faut lire alors : étroile 
et resserrée est la voie. etc. 

£ Littéralement en vêtements de brebis. 

5 Ou: sur des ronces. Le mot grec tribule (dont les botanistes se servent en 
français) désigne une variété quelconque d’une plante à trois épines. 


61 


7 


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10 
11 


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10 


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εῷ 


58 LE NOUVEAU TESTAMENT 


de bons fruits; et le mauvais arbre donne de mauvais fruits. Un 
bon arbre ne peut donner de mauvais fruits, ni un mauvais arbre 
donner de bons fruits. Tout arbre qui ne donne pas de bons fruits 
est coupé et jeté au feu. Donc, vous les reconnaîtrez à leurs 
fruits. » 


«Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : « Seigneur ! Seigneur! » 
qui entreront dans le Royaume des cieux, mais celui qui fait la 
volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront 
en ce jour-làt: «Seigneur! Seigneur! n'est-ce pas en ton nom que 
nous avons prophétisé? en ton nom que nous avons chassé les 
démons? en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles?» 
Et alors je leur dirai hautement : «Je ne vous ai jamais connus!» 

«hetirez-vous de mot vous qui commettiez l’iniquité ?. » 

«Celui donc qui entend? de moi ces paroles et les met en pratique 
c'est l'homme sage qui ἃ bâti sa maison sur le roc; et la pluie est 
tombée, et les fleuves sont arrivés, et les vents ont soufilé et ont 
fondu sur cette maison, et elle n’est pas tombée parce qu’elle était 
fondée sur le roc. » | 

«Et celui qui entend de moi ces paroles et ne les met pas en 
pratique, c’est l’homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable, 
et la pluie est tombée, et les fleuves sont arrivés et les vents ont 
soufflé et ont fondu sur cette maison, et elle est tombée, et sa ruine 
a été grande. » 

Jésus avait achevé de parler; les multitudes étaient extrême- 
ment frappées de son enseignement; en effet, 11 le donnait comme 
ayant autorité 4 et non comme leurs Scribes. 


Quand il descendit de la montagne, de grandes troupes le sui- 
virent. 


1 En ce jour-là, le jour du jugement dernier, 
2 Psaume 6. 9. 
5 Ou : écoute. 


EOu : comme ayant puissance. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 59 


Survint un lépreux qui s’approcha et se prosterna devant lui : 
«Seigneur, dit-il, si tu le veux, tu peux me guérir !.» Jésus 
étendit la main, le toucha et dit: «Je le veux, sois guéri?»; et à 
l'instant il fut guéri de sa lèpre. Jésus ajouta : «Garde-toi de 
parler de ceci à personne; mais va te montrer au prêtre et offre 
le don prescrit par Moïse; que ce leur soit un témoignage *.» 


Comme il entrait dans Capharnaüm, un centurion“ s’approcha 
de lui, lui adressant cette prière : « Seigneur, mon serviteur est 
dans ma maison, étendu sur son lit, paralytique et en proie à de 
cruelles souffrances. » Jésus lui répondit : «J'irai, et je le guérirai. » 
Alors le centurion reprit : «Seigneur, je ne suis pas digne que tu 
entres sous mon toit, mais donne seulement un ordre et mon servi- 
teur sera guéri. Car moi (qui ne suis pourtant qu'un subordonné) 
j'ai sous mes ordres des soldats, et si je dis à l'un: «va-t'en» — 
ils’en va; à l’autre: «viens» — il vient; à mon esclave: « fais 
cela» — il le fait.» Jésus fut dans l'admiration de ce langage; et 
s'adressant à ceux qui le suivaient : «Je vous le dis en vérité, chez 
personne, même en Israël, je n’ai trouvé une foi aussi grande? 
Je vous déclare que plusieurs viendront de l'Orient et de l'Occi- 
dent et se mettront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le 
Royaume des cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés 
dehors dans les ténèbres. Là seront les pleurs et le grincement des 
dents. » Ensuite Jésus dit au centurion: «Va et qu'il te soit fait 
comme tu as cru. » Et, à cette heure même, le serviteur fut guéri. 


Arrivé à la maison de Pierre, Jésus vit la belle-mère de celui-ci 


1 Grec: me purifier; m'ôter ma souillure. La lèpre était considérée comme 
une souillure, 

2? Grec : sois purifié (même remarque). 

3 Ou : une attestation. Le sacrifice offert par le lépreux guéri servait d’attesta- 
tion officielle, et le malade pouvait ensuite rentrer dans la société, dont il avait 
été banni tout le temps de sa maladie. 

4 Le centurion était un officier romain qui commandait à cent soldats. 

5 Un des plus anciens manuscrits lit : Je vous le dis en vérité, même en Israël 
je n'ai pas trouvé une foi aussi grande! 

ὁ C'est-à-dire les possesseurs naturels du Royaume, le peuple élu, les Juifs. 


=] 


10 


11 


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27 


60 LE NOUVEAU TESTAMENT 


couchée ; elle avait la fièvre. Il lui toucha la main et la fièvre dis- 
parut; aussi se leva-t-elle et se mit-elle à les servir. 


Le soir venu, on lui apporta beaucoup de démoniaques, et d’un 
mot 1] chassait les Esprits. Il guérit aussi tous ceux qui étaient 
malades, afin que fût accompli ce qu'avait annoncé le prophète 
Ésaïe disant : 

«C'est lui qui a pris nos infirmités 
Et porté nos maladies. » 


Voyant de nombreuses troupes autour de lui, Jésus donna 
l’ordre de passer sur l’autre rive. 

Alors un Scribe, s'avançant, lui dit: «Maître, je te suivrai par- 
tout où tu iras. » Jésus lui répond : «Les renards ont des tanières 
et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de l’homme n’a 
pas où reposer sa tête. » « Seigneur, lui dit un autre des disciples, 
permets-moi d'aller d’abord ensevelir mon père.» «Suis-moi! lui 
répond Jésus ?, et laisse les morts ensevelir leurs morts! » 


Il monta dans la barque, suivi de ses disciples. Soudain une 
grande tempête s’éleva sur la mer, à tel point que la barque était 
couverte par les vagues. Lui, 1l dormait. Les disciples s’appro- 
chèrent de lui et le réveillèrent. « Sauve-nous, Seigneur, lui dirent- 
ils, nous périssons !» Il leur répondit : « Pourquoi vous effrayez- 
vous, hommes de peu de foi?» Alors il se leva, fit des menaces 
aux vents et ἃ la mer, et il se fit un grand calme. Ces hommes 
dirent alors remplis d’admiration : « Qui est-il # pour que lui obéis- 
sent et les vents et la mer? » 


Quand il fut arrivé à l’autre bord, dans le pays des Gadaréniens, 
vinrent à sa rencontre deux démoniaques, sortant des sépuleres. 
IIS étaient si dangereux que personne n'osait passer par ce chemin. 


1 Esaïie 53, 4. 
? Un des plus anciens manuscrits omet Jésus et lit: Lui dit-il. 
% On peut traduire aussi : d’où est-il? 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU ΟΊ 


«Qu'y a-t-il entre nous et toit, fils de Dieu??» se mirent-ils à 
crier. « Es-tu venu ici pour nous torturer avant le temps.» Or, il 
y avait, dans l'éloignement, un nombreux troupeau de pourceaux 
qui paissaient. Les démons lui adressaient cette demande: «Si 
tu nous chasses, envoie-nous dans ce troupeau de pourceaux. » 
— «Allez!» leur dit Jésus. Alors ils partirent et entrèrent dans 
les pourceaux; et voilà que, d’une course impétueuse, le troupeau 
tout entier se précipita dans la mer et périt dans les flots. Les gar- 
deurs prirent la fuite; 115 allèrent à la ville tout raconter, et ce qui 
était arrivé aux démoniaques. Là dessus, la ville entière sortit au 
devant de Jésus, et, quand ces gens le virent ils le prièrent de s’é- 
loigner de leur pays. 


Montant dans une barque, Jésus repassa l’eau et vint dans sa 
ville ὁ. 

On lui présenta un paralytique étendu sur un lit. Voyant leur 
foi ?, il dit au paralytique : « Courage! mon enfant, tes péchés sont 
pardonnés. » 

Il y avait là quelques Scribes. «Cet homme blasphème», se 
dirent-ils en eux-mêmes; mais Jésus vit6 leurs pensées et dit: 
« Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs? Lequel est le plus 
facile de dire : «Tes péchés sont pardonnés » ou de dire : « Lève- 
toi et marche?» Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme 
a, sur la terre, le pouvoir de pardonner des péchés “..... lève-toi, 
dit-il au paralytique, emporte ton lit et retourne dans ta maison.» 

Il se leva et s’en alla en sa maison. 


1 Voir note sur Jean 2, 4. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : Jésus, Fils de Dieu. 

5. Le temps où les mauvais Esprits, d’après la théologie de l’époque, devaient 
étre précipités dans le lieu de tortures des peines éternelles (voir note sur 
Luc 8, 31). 

4 La ville où il avait élu domicile, Capharnaüm. 

5 Leur foi, la foi de ceux qui le lui présentaient. 

6 Littéralement voyant; quelques anciens manuscrits lisent: connaissant 
leurs pensées. 

7 Phrase incomplète. Les paroles qui suivent l’achèvent, mais avec une autre 
tournure grammaticale, 


29, 8 


34 


4, 9 


19 


σι 


=] 


10 


62 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Les multitudes, voyant cela, furent saisies de crainte et rendirent 
gloire à Dieu de ce qu'il avait donné une telle puissance aux 
hommes. 


Jésus, parti de là, vit, en passant, un homme, appelé Matthieu, 
assis au bureau du péaget!. Il lui dit: «Suis-moi.» Matthieu se 
leva et le suivit. 


Jésus étant à table dans la maison de Matthieu, il arriva que 
beaucoup de publicains? et de pécheurs, étant survenus, s’y 
trouvèrent avec lui et avec ses disciples. Ce que voyant, les Pha- 
risiens dirent à ses disciples : « Pourquoi votre Maître mange-t-il 
avec les publicains et les pécheurs?» Jésus les entendit : «Ge ne 
sont pas, dit-il, les gens bien portants qui ont besoin de médecin; 
ce sont les malades. » Allez apprendre le sens de cette parole : 

«Je veux miséricorde et non pas sacrifice # ;» 
car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » 


Alors les disciples de Jean s’approchèrent de lui et lui deman- 
dèrent : « Pourquoi, lorsque nous et les Pharisiens nous jeûnons, 
tes disciples ne jeûnent-ils pas? » 

Jésus leur répondit : « Les amis de l'époux ὃ peuvent-ils s’attrister 
durant le temps que l'époux est avec eux? Des jours viendront où 
l'époux leur sera enlevé, ils jeüneront alors. » 


1 Ou : bureau des impôts, des contributions. 

2 Les publicains (publicani en latin) étaient les employés du bureau des impôts 
et en particulier du péage. Ceux de bas étage étaient spécialement appelés péagers. 

3 Pécheurs, c'est le mot de l'original grec; mais ce mot ne désigne pas ici des 
gens dont la vie était coupable, Les pécheurs étaient, dans la langue du temps, 
soit des païens proprement dits, soit des Juifs n’observant pas la loi de Moïse, et 
prenant, à son égard, les libertés des païens. Le mot grec serait donc assez exac- 
tement rendu par paiens. Voir Galates 2, 15, où se trouve l'expression : ces 
pécheurs de paiens. 

4 Osée 6, 6. Voy. Matth. 12, 7. 

5 Ou: Les enfants des noces. Littéralement : les fils de la chambre nuptiale. 
On désignait de ce nom les amis de l'époux, parce qu'ils étaient spécialement 
chargés de préparer la chambre nuptiale, Le mot fils est pris ici dans le sens 
hébraïque de gens, amis, personnes. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 63 


«Personne ne met un morceau d’étoffe neuve! à un vieux 
vêtement; car ce morceau emporte une partie du vêtement qu'il 
recouvre et fait une plus grande déchirure. Ce n’est pas non plus 
dans de vieilles outres que l’on verse du vin nouveau; sans quoi 
les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues. 
Mais on verse le vin nouveau dans des outres neuves, et tous deux 
se conservent. » 


Il leur parlait encore lorsqu'un chef de synagogue ? entra et 
se prosterna devant lui. « Ma fille, dit-il, vient de mourir; mais 
viens, pose ta main sur elle, et elle vivra.» Jésus se leva et le 
suivit avec ses disciples. 

Or une femme, malade d’une perte de sang depuis douze années, 
s’approcha par derrière et toucha la frange de son vêtement. 
Car elle se disait à elle-même : «Si seulement je touche son vête- 
ment, je serai guérie ὃ.» Jésus se retournant et la voyant, lui dit: 
« Courage, ma fille, ta foi t'a guérie7.» Et à l'instant même la 
femme fut guérie 7. 

Parvenu à la maison du chef, Jésus dit, en voyant les joueurs 
de flûteS et la foule qui se livrait à de bruyantes lamentations ° : 
«Retirez-vous, cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. » 
On se moquait de lui; mais quand on eut renvoyé tout le 
monde, 1l entra, saisit la main de la jeune fille, et elle se réveilla 1. 

Le bruit s’en répandit dans tout le pays. 


1 Littéralement : de drap écru. 

? Les mots de synagogue ne sont pas dans le texte; mais nous savons par les 
récits semblables des Évangiles de Marc et de Luc, qu’il s’agit bien ici d’un chef 
de synagogue (voir Marc 5, 22 et Luc 8, 41). 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : s’approcha. 

4 De son vêtement de dessus, de son manteau. Voir note sur Luc 8, 44. 

5 Ou : je serai sauvée. Le même verbe grec signifie sauver et guérir. 

5 Quelques anciens manuscrits omettent Jésus. 

T Ou : sauvée. Voir la remarque de la note 5. 

8 Les Juifs faisaient jouer de la flûte aux funérailles par des musiciens funèbres 
rétribués pour ce service, semblables à ceux des Arabes de nos jours. 

9. Ces lamentations bruyantes étaient de commande aux enterrements chez les 
Juifs; on louait des pleureurs et des pleureuses. 

10 On peut traduire aussi: elle ressuscita, ou: elle se leva. 


16, 9 


18 


19 


31 


33 
34 


36 
37 


10, 1 


9 


64 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Comme Jésus partait de là, deux aveugles le suivirent, criant et 
disant : «Aïe pitié de nous, fils de David! » 

Il entra dans la maison, les aveugles vinrent l'y trouver : «Croyez- 
vous, leur dit Jésus, que j'aie la puissance de faire cela?» — Ils 
répondirent: «Oui, Seigneur!» — «Qu'il vous soit fait selon votre 
foi!» dit-il alors en leur touchant les yeux. Et leurs yeux s’ou- 
vrirent. Jésus ajouta d’un ton sévère : «Veillez à ce que nul ne le 
sache ! » | 

Mais eux, s’en étant allés, publièrent sa renommée dans tout ce 


pays. 


Après leur départ, on lui présenta un muet? qui avait un démon. 
Et le démon ayant été chassé, le muet parla. Les multitudes disaient 
dans leur admiration: «On n'a jamais rien vu de semblable en 
Israël!» Quant aux Pharisiens, ils disaient : «C’est par le Prince 
des démons qu’il chasse les démons !» 


Jésus cependant parcourait toutes les villes et tous les villages, 
enseignant dans leurs synagogues, préchant l'Évangile du Royaume? 
et guérissant toute sorte de maux et d'infirmités. 

Voyant les multitudes, il fut ému de compassion *, car elles étaient 
comme des brebis sans berger, épuisées et gisantes çà et là. Alors 
il dit à ses disciples : « La moisson est grande et les ouvriers en 
petit nombre. Priez done le maître de la moisson d'envoyer des 
ouvriers dans sa moisson. » Et avant réuni ses douze disciples, 1} 
leur donna puissance sur les Esprits impurs pour les chasser, et 
sur toute maladie et toute infirmité pour la guérir. 

Voici les noms des douze apôtres : le premier est Simon appelé 


1 Ou : un sourd-muet. 

2 Ou: la Bonne nouvelle du Royaume. 

3 Étymologiquement : Ses entrailles s'émurent. Le verbe que nous traduisons 
tantôt par avoir pitié, tantôt par avoir compassion , être ému de compassion, 
vient étymologiquement d’un mot grec qui signifie entrailles, Son sens véritable 
est : s’émouvoir jusqu'aux entrailles. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 65 


Pierre, et André, son frère ; — Jacques, fils de Zébédée, et Jean, 
son frère ; — Philippe et Barthélemi; — Thomas et Matthieu le 
publicain; — Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée!; — Simon le 
Cananite? et Judas l’Iskariôteÿ, — celui-là même qui le trahit. 

Tels sont les douze que Jésus envoya en mission après leur avoir 
donné ces instructions : « Ne prenez pas un chemin menant chez les 
païens, et n'entrez pas dans les villes des Samaritains; allez de 
préférence vers les brebis perdues de la maison d'Israël. Allez 
dire dans vos prédications que le Royaume des cieux est proche. 
Rendez la santé aux malades, ressuscitez des morts, guérissez“ des 
lépreux, chassez des démons. » 

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement, » 

«Ne vous munissez ni d'or, ni d'argent, ni de monnaie quel- 
conque dans vos ceintures ὅ, ni de sac pour la route 6, ni de second 
vêtement”, ni de chaussures, ni d’un bâton”®, car l’ouvrier est 
digne de sa nourriture. Dans toute ville, dans tout village où 
vous entrerez, informez-vous qui est digne de vous recevoir, et 
demeurez chez lui jusqu'à votre départ. En entrant dans la 
maison, saluez-la, et si vraiment c’est une digne maison, que votre 
paix 1 vienne sur elle. Si elle n’est pas digne, que votre paix re- 
vienne à vous. » | 

«Si l’on ne vous reçoit pas et si l’on n’écoute pas vos paroles, 
sortez de cette maison ou de cette ville, en secouant la poussière 
de vos pieds. En vérité, je vous le dis, il y aura, au jour du juge- 


1 Quelques anciennes autorités lisent au lieu de Thaddée : Lebbée. 

? Cananite, mot hébreu qui veut dire zélateur. On donnait ce nom aux plus 
ardents parmi les patriotes. 

5. L’'Ishariôte signifie l’homme de Kariôte, village de Judée, 

£ Voir note sur Matthieu 8, 2. 

5 Les anciens mettaient leur argent dans leur ceinture, 

$ Le sac était la besace du voyageur qui renfermait tout ce qui lui était néces- 
saire en chemin. 

7 Grec: ni de deux tuniques. La tunique était le vêtement de dessous. Voir 
note sur Marc 6, 9. 

$ Œest-à-dire de chaussures de rechange. 

? Un bâton de défense, 

10 C'est-à-dire votre salut de paix, qui a consisté à dire: La paix soit sur 

ette maison. Voir Luc 10, 5; voir aussi Jean 14, 27 et 20, 19, 


co 


10 


41 


13 


14 


10, 16 


66 ; LE NOUVEAU TESTAMENT 


ment, moins de rigueur pour la terre de Sodome et de Gomorrhe 
que pour celte cité. » 

« Voici que Je vous envoie comme des brebis au milieu de loups. 
Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les 
colombes. » 

«Soyez sur vos gardes avec les hommes, car ils vous livreront 
aux tribunaux 1 et ils vous flagelleront dans leurs synagogues?. Et, 
à cause de moi, vous serez traduits devant des procurateurs et des 
rois pour être en témoignage à eux et aux païens ὃ. Quand on vous 
livrera, ne vous inquiétez nullement ni de ce que vous direz, ni 
comment vous le direz; car ce que vous devrez dire vous sera 
donné au moment même; ce ne sera pas vous qui parlerez, mais 
l'Esprit de votre Père qui parlera en vous. » 


QUn frère livrera son frère à la mort et un père son enfant. 


Des enfants se soulèveront contre leurs parents et les feront mourir, 
et vous serez en haine à tout le monde à cause de mon nom. 
Mais celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. » 

«Quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une 
autre; car, je vous le dis en vérité, vous n’aurez point achevé de 
parcourir les villes d'Israël que le Fils de l’homme sera venu. » 

«Un disciple n'est pas au-dessus de son maître, ni un esclave 
au-dessus de son seigneur. Il suflit au disciple d’être comme 
son maître et à l’esclave comme son seigneur. S'ils ont appelé 
Beelzéboul 1 le maïtre de la maison, combien plutôt encore ceux de 
sa famille. Ne les craignez donc point, car il n’y a rien de caché 
qui ne doive être révélé, ni de secret qui ne doive être connu. Ge 
que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce 
que vous entendez à l'oreille, prèêchez-le sur les toits 5. » 

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer 


1 Littéralement : aux sanhédrins. Voir note sur Matth. 5, 22. 


2? La peine du fouet ou de la bastonnade était prononcée et appliquée par la 
synagogue, qui était la première des autorités ecclésiastiques. 

3 Le sens de cette expression un peu obscure est sans doute: pour rendre 
votre témoignage devant eux et devant les paiens. : 

4 Beelzébout ou : Béelzebul. Voir note sur Mare 8, 22. 

» C'est-à-dire du haut des loits, Voir note sur Luc 12, 3. 


5. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 67 


l’âme. Craignez plutôt Celui qui peut faire périr et l’âme et le corps 
dans la Géhenne !. » 

«Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as?! Et l’un d’eux 
ne tombe pas sur la terre sans votre Père! Jusqu'aux cheveux de 
votre tête, tous, ils sont comptés! Ne craignez donc point; vous 
êtes de plus de valeur que bien des passereaux !» 

«Qui donc me confessera ὃ devant les hommes, je le confesserai 
moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux. Qui me reniera 
devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui 
est dans les cieux. » 

«Ne pensez pas que je sois venu répandre la paix sur la terre; 
je ne suis pas venu répandre la paix, mais jeter le glaive. Je suis 
venu mettre la division entre l’homme 

«.. Et son père, 
La fille et sa mère, 
La belle-fille et sa belle-mère 

Et l’homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison #.» 

«Qui aime sou père ou sa mère plus que moi n’est pas digne 
de moi. » 

« Qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de 
moi. » ἱ 

«Qui ne prend pas sa croix et ne marche pas à ma suite n’est 
pas digne de moi. » 

«Sauver sa vie, c’est la perdre! Perdre sa vie à cause de moi, 
c'est la sauver ! > 

«Qui vous reçoit me reçoit, qui me reçoit, reçoit Celui qui m'a 
envoyé. Qui reçoit un prophète à titre de prophète recevra la 
récompense d'un prophète”. Qui reçoit un juste à titre de juste 


1 Géhenne. Voir note sur Matth. 5, 22. 

? L’as, monnaie du temps qui valait un peu plus de trois centimes et demi; 
exactement 3c, 66. 

5 C'est-à-dire se déclarera pour moi. 

1 Michée 7, 6. 

Ὁ C'est-à-dire recevra la récompense qu'on mérite en accueillant un pro- 
phèle. 


34 
90 


90 
97 


38 


C9 
o 


40 
4 


10, 42 


11... 


10 


68 LE NOUVEAU TESTAMENT 


recevra la récompense d’un justel. Qui aura donné à boire, ne 
fut-ce qu'un verre d’eau froide à l’un de ces petits qui sont là, à 
titre de disciple, je vous le dis en vérité, ne perdra point sa récom- 
pense. » 

Après avoir achevé de donner ces instructions aux douze disci- 
ples, Jésus partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs 
villes ?. 


Jean, ayant appris dans sa prison les œuvres du Christ, lui 
envoya dire par ses disciples: «Es-tu celui qui doit venir? ou 
devons-nous en attendre un autre?» 

Pour leur répondre, Jésus leur dit: «Allez annoncer à Jean ce 
que vous entendez et voyez : des aveugles voient, des estropiés 
marchent, des lépreux sont guéris“, des sourds entendent, des 
morts ressuscitent, des pauvres entendent l'Évangile 5. Heureux 
est celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute 6.» 

Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean aux mul- 
titudes : «Au désert, qu'êtes-vous allés voir? Esi-ce un roseau 
agité par le vent? Qu’êtes-vous allés voir? Est-ce un homme aux 
vêtements efféminés?7? Mais ceux qui portent des vêtements effé- 
minés sont dans les demeures des rois. Qu'êtes-vous allés voir ὃ 
Est-ce un prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu'un prophète. 
C'est celui dont il est écrit : 


1 C'est-à-dire recevra la récompense qu'on mérite en accueillant un juste. 

2 Leurs villes, c’est-à-dire Les villes du pays. 

3 Celui qui doit venir, un seul mot dans l'original; c'était un des noms du 
Messie. 

4 Grec : purifiés. Voir note sur Matth. 8, 2. 

5 Ou: la Bonne Nouvelle est annoncée à des pauvres. 


6 Littéralement : qui ne sera pas scandalisé en moi, c’est-à-dire que la vue 
de mes œuvres ne délournera pas de moi, Voir note sur Matthieu 13, 57, 18, 6 
et suivants. 

7 Un des plus anciens manuscrits lit: Pourquoi êles-vous allés? voir un 
homune aux vêlements efféminés ? | 


) 


8 Les deux plus anciens manuscrits lisent : Pourquoi êles-vous allés? voir un 


prophèle? 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 69 


« Voici que j'envoie mon messager pour te précéder 
Et préparer ton chemin devant toit». 

« En vérité, je vous le dis, parmi ceux que les femmes ont en- 
fantés, nul ne s’est levé plus grand que Jean-Baptiste; mais le 
plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » 

« Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu'à maintenant le Royaume 
des cieux est pris par violence et les violents s’en emparent. » 

«Tous les prophètes et la Loi ont exercé, jusqu’à Jean, leur 
ministère prophétique, et si vous voulez admettre cette parole, 
lui-même est Élie qui doit venir. Que celui qui a des oreilles 
entende ?, » 

«A qui assimilerai-je cette génération-ci : Elle est semblable à 
des enfants assis sur la place publique, qui crient à leurs cama- 


rades : 
«Nous vous avons joué de la flûte 


Et vous n'avez pas dansé ; 
Nous avons entonné des chants lugubres 
Et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine. » 

«Jean est venu en effet, pratiquant l’abstinence du manger et du 
boire, et on dit : «Il est possédé d’un démon. » Le Fils de l’homme 
est venu, mangeant et buvant comme tout le monde, et on dit: 
« Voilà un amateur de bonne chère, un buveur de vin, un ami des 
publicains et des pécheurs *. » 

«A la sagesse, les œuvres qu’elle accomplit rendent justice 5.» 


Il commença alors à faire des reproches aux villes dans lesquelles 
il avait fait le plus grand nombre de ses miracles, pour ne pas 
s'être repenties ὃ : « Malheur à toi, Chorazein ! Malheur à toi, Beth- 


1 Malachie 8, 1. 

2 Ou : écoute. 

3 Ces mots : comme tout le monde, sont sous-entendus dans le texte. 

4 Des publicains et des pécheurs. Voir note sur Matth. 9, 11. 

5 Littéralement : La sagesse a été justifiée par ses œuvres, c’est-à-dire la 
sagesse divine qui appelle les hommes au salut accomplit des œuvres excellentes 
qui la justifient, qui lui rendent justice, qui la font reconnaître pour la vérité. 
La même pensée est exprimée Jean 7, 17, 

5 Ou : converties, 


44, 


16 


11. 


18 
19 


20 


24 


26 


27 


28 
29 


30 


12: ἢ 


70 LE NOUVEAU TESTAMENT 


saïda 1: car si les miracles faits au milieu de vous l'avaient été 
dans Tyr et dans Sidon?, elles se seraient depuis longtemps re- 
penties, en se revêtant d’un sac et dans la cendre. Aussi, je 
vous le dis, il y aura moins de rigueur pour Tyr et pour Sidon, 
au jour du jugement, que pour vous. Et toi, Capharnaüm, crois-tu 
que tu seras élevée jusqu'au ciel? Tu seras abaissée # jusqu’à la 
Demeure-des-morts®, parce que si dans Sodome avaient été faits 
les miracles faits au milieu de toi, elle serait encore debout aujour- 
d'hui. Aussi, je vous le dis, il y aura moins de rigueur pour la 
terre de Sodome, au jour du jugement, que pour toi.» 


En ce temps-là, Jésus prononça ces paroles : «Je te bénis, à Père, 
ὁ Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses 


à des sages 6 et à des savants et de ce que tu les ἃ révélées à de 


petits enfants. Oui, Père, je te bénis de ce que tel a été ton bon 
plaisir 7. » 

«Tout m'a été confié par mon Père, et personne ne connaît le 
Fils, excepté le Père, et personne ne connaît le Père, excepté le 
Fils et celui à qui il plait au Fils de le révéler. » 

«Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et c'est 
moi qui vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous et apprenez 
de moi, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous 
trouverez du soulagement pour vos âmes; car mon joug est doux ὃ 
et mon fardeau est léger. » | 


En ce temps-là, — un jour de sabbat, — Jésus passa par les 


blés. Ses disciples avaient faim ; ils se mirent à cueillir des épis et, 


1 Villages voisins de Capharnaüm et dont l'emplacement est inconnu. 

? Villes païennes de la Phénicie. 

3 C'est-à-dire assises dans la cendre, Voir Luc 10, 13. 

4 Quelques anciens manuscrits lisent : {uw descendras. 

5 Grec : jusqu'au Hadès ; en hébreu : le Scheol, mot qui signifie simplement 
demeure souterraine des morts. 

6 Sage est pris ici, comme chez les Grecs, dans le sens de philosophe, Voir 
les deux premiers chapitres de la première Épiître aux Corinthiens. 

7 On peut traduire aussi : 1] en est ainsi, parce que tel a été ton bon plaisir. 

8 On peut traduire aussi: Apprenez de moi que je suis doux et humble de 
cœur. 

9 Littéralement : bon, propre à l'usage. 


Mirti Li. ΨΥ - 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 11 


à manger. » Les Pharisiens les virent. « Voilà tes disciples, dirent- 
ils à Jésus, qui font ce qu'il n’est pas permis de faire un jour de 
sabbat. » Il leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David 
lorsqu'il eut faim, et ce que firent ses compagnons? — comment 
il entra dans la maison de Dieu et mangea les pains de proposi- 
tion 1, qu'il n’était permis de manger ni à lui, ni à ses compa- 
gnons, mais aux prêtres seuls? N’avez-vous pas aussi lu dans la 
Loi que, le jour du sabbat, les prêtres violent dans le Temple le 
repos sabbatique et cependant sont innocents?? Or, je vous le 
dis, il y ἃ ici quelque chose de plus grand que le Temple, Si vous 
saviez ce que signifie : 
«Je veux miséricorde el non sacrifice, 5» 

vous n'auriez pas condamné des innocents : le Fils de l’homme 
est maître du sabbat. » 


ΠῚ partit de là et se rendit dans leur synagogue. Il s’y trouvait 9 10 


un homme qui avait une main paralysée“; pour avoir un prétexte 
à accusation, ils lui posèrent une question : «Est-il permis, dirent- 
ils, de guérir les jours de sabbat? » Il leur répondit: «Si l’un de 
vous n’a qu'une brebis et que, le jour du sabbat, cette brebis tombe 
dans une fosse, est-ce qu'il ne la prendra pas, est-ce qu'il ne la 
retirera pas? De quel prix cependant n'est pas un être humain en 
comparaison d’une brebis ? Donc, il est permis les jours de sabbat 
d'être bienfaisant. » Là-dessus, il dit à l'homme: « Étends ta 
main. » Il l’étendit et elle redevint aussi saine que l’autre. 

Quant aux Pharisiens, ils sortirent et allèrent se concerter entre 
eux sur les moyens de le perdre. 


Jésus l’apprit et partit de là. Beaucoup le suivirent ; il les guérit 
tous et, par des menaces, il leur interdit de le faire connaître. 


1 Les pains consacrés dont il est parlé Exode 29, 33; 1 Chron. 9, 32 et 
23, 29, Voir sur le fait même auquel Jésus fait allusion : I Sam, 21, 1 à 0. 

? Voir Nombres 28, 9 et suiv. 

3 Osée, 6, 6. Voy. Matth. 9, 13. 

4 Littéralement : wne main sèche. 


1 


14 


15 
16 


12 


12, 17 
18 


19 


72 LE NOUVEAU TESTAMENT 


(C'était pour que fût accompli ce qu'avait dit le prophète Ésaïe : 
« Voici mon serviteur, celui que j'ai élu, 
Mon bien-aimé, celui en qui mon âme s’est complu; 
Je mettrai mon Esprit sur lui 
Et il annoncera le jugement aux nalions ; 
Il ne disputera pas: il ne criera pas; 
On n'entendra pas sa voix dans les places publiques : 
Il ne brisera pas le roseau froussé 
Et il n'éteindra pas la mèche encore fumante. 
Jusqu'à ce qu'il ait fait triompher sa cause 1 
Et les nations espéreront en son nom°?.») 


On lui présenta alors un démoniaque aveugle et muet; 1] le 
euérit de sorte que le muet parlait et voyait. Et la multitude était 
toute transportée et disait: «Celui-à n'est-il point le Fils de 
David 53» Les Pharisiens, l’entendant, dirent : «Celui-là ne chasse 
les démons que par le prince des démons, Beelzéboul‘, » 

Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Tout Royaume 
divisé contre lui-même tombe en ruines; nulle ville, nulle maison 
divisée contre elle-même ne subsistera. Or, si Satan chasse Satan, 
il est divisé contre lui-même, comment alors son Royaume subsis- 
tera-{-il? Et si, moi, je chasse les démons par Beelzéboul, par qui 
vos fils® les chassent-ils? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos 


juges ! Mais si c’est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, 


le Royaume de Dieu est donc venu jusqu'à vous.» 

«Comment quelqu'un peut-il entrer dans la maison du guerrier et 
lui ravir ce qu’il possède s’il n’a tout d’abord chargé de liens le 
guerrier, Ce n'est qu'alors qu'il pourra piller sa maison. » 


1 Littéralement : jusqu’à ce qu'il ait mené le jugement au triomphe. 

2 Ésaie 42, 1 à 4. 

3 Le Fils de David, un des noms donnés au Messie, qui devait descendre du 
roi David, 

4 Beelzéboul. Voir note sur Marc 8, 22, 

5 Vos fils, c’est-à-dire ceux de votre parti, 

6 Littéralement : ses objets; peut-être ses armes, puisqu'il s'agit d’un 
cuerrier, 


᾿ 
. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 73 


«Qui n’est point avec moi est contre moi, et qui n’amasse point 
avec moi, disperse. C’est pourquoi je vous dis ceci : tout péché, 
tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème 
contre l'Esprit ne sera point pardonné. Si quelqu'un prononce un 
mot contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais si quel- 
qu'un parle contre l'Esprit saint, il ne lui sera pardonné ni dans 
ce siècle, ni dans l’autre 1.» 

« Dites l’arbre bon et son fruit bon, ou dites l’arbre mauvais et 
son fruit mauvais, car au fruit on connaît l’arbre. » 

« Engeance de vipères! Comment, étant méchants, pourriez- 
vous dire de bonnes choses; c’est de l’abondance du cœur que la 
bouche parle?. De son bon trésor l’homme bon tire de bonnes 
choses; de son mauvais trésor l’homme mauvais tire de mau- 
vaises choses. » 

« Je vous le déclare, au jour du Jugement les hommes rendront 
compte de toute parole oiseuse 4 qu’ils auront dite. Par tes paroles, 
en effet, tu seras justifié et par tes paroles condamné. » 


«Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens vinrent lui 
dire: «Maître, nous voulons voir un signe ὅ de toi.» Il répondit 
par ces paroles : « Mauvaise et adultère génération ! elle demande 
un signe ! et nul signe ne lui sera donné, sinon celui du prophète 
Jonas. De même, en effet, que Jonas fut trois jours et trois nuits 
dans le ventre de la baleinef, de même le Fils de l’homme sera 
trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.» 


1 Cest-à-dire ni dans ce monde, ni dans le monde à venir. Le présent siècle 
chez les Juifs désignait l’économie présente, le monde actuel, par opposition au 
monde à venir, qui s'appelait le siècle à venir. 

2 Ou : La bouche ne dit que ce dont le cœur est plein, On peut aussi inter- 
préter ce proverbe sous cette forme : La bouche verse le trop-plein du cœur. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Les bonnes choses. 

4 Le grec dit bien oïseuse, mais le mot analogue en hébreu signifie à la fois 
inutile et impie, et c’est peut-être dans ce dernier sens qu’il faut prendre ici ce 
terme, comme dans Épître aux Éphésiens 5, 11, où stérile veut dire pernicieux. 
Jésus n'aurait pas seulement condamné les paroles légères et inconsidérées, 
mais aussi les paroles coupables et impies. 

5 Un signe, un miracle. 

5 La baleine, ou plutôt : monstre marin quelconque. 


30, 12 


33 


34 


90 


37 


38 
39 


40 


13, 


D Ὡς 


74 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Lors du jugement, les hommes de Ninive se lèveront ! avec 
cette génération et la condamneront, car, eux, ils se repentirent 3 
à la prédication de Jonas. Et voici, sous vos yeux, plus que Jonas! 
Lors du jugement, la reine du Midi se lèvera avec cette géné- 
ration et la condamnera , car cette reine vint des extrémités de 
la terre pour écouter la sagesse de Salomon. Et voici, sous vos 
yeux, plus que Salomon !» 


«Lorsque l'Esprit impur est sorti d’un homme, il erre par des 
lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve pas. ΠῚ dit 
alors: «Je retournerai dans ma maison, d’où je suis parti»; 1] 
y revient et la trouve vide, nettoyée et parée. Là-dessus, il va 
s'associer sept autres Esprits plus méchants que lui-même; ils y 
pénètrent et y demeurent; et le dernier état de cet homme de- 
vient pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération 
mauvaise ! » 


Comme il parlait encore à la foule, sa mere et ses frères, qui se 
tenaient dehors, demandèrent à l’entretenir #. Il répondit à celui 
qui le lui disait: «Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » 
Puis, étendant la main sur ses disciples, il ajouta : « Voici ma 
mère et mes frères! Car faire la volonté de mon Père, qui est 
dans les cieux, c’est être mon frère, c’est être ma sœur, c’est 
être ma mère ! » 


Ce même jour, Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la 
mer et on se rassembla en si grand nombre autour de lui qu'il 
monta dans une barque et y prit place pour parler de là à toute la 
multitude restée sur le rivage. 

ΠῚ leur dit beaucoup de choses en paraboles : 


1 Ou : ressuseciteront. 
2 Ou : ils se convertirent. 


3 Ou : ressuscitera. 
4 Quelques anciens manuscrits ajoutent ici cette phrase: Quelqu'un lui dit : 
voilà ta mère et tes frères qui se tiennent dehors et demandent à l'entretenir. 


C'est le verset 47, 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 75 


« Voilà que le semeur est sorti pour semer. Il jette sa semence 
et des grains sont tombés le long du chemin et les oiseaux sont 
venus et les ont mangés.» 

«D’autres sont tombés sur un sol pierreux, où il n’y avait pas 
beaucoup de terre, et ils ont immédiatement poussé, parce que la 
terre était sans profondeur. Mais le soleil s’est levé et ἃ brülé la 
plante qui, n'ayant point de racine, s’est desséchée, » 

« D’autres grains sont tombés parmi les épines et les épines ont 
grandi et les ont étouffés. » 

«D’autres sont tombés dans la bonne terre et ils ont donné du 
fruit, tel grain en a produit cent, tel autre soixante, tel autre 
trente. Que celui qui a des oreilles entendef !» 

Ses disciples s’approchèrent et lui dirent: «Pourquoi leur par- 
les-tu en paraboles?» Il leur répondit : «Parce qu’à vous il est 
donné de pénétrer les mystères du Royaume des cieux, mais à 
ceux-là, non point. Car à celui qui a, il sera donné, et il sera dans 
l'abondance; mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il ἃ lui sera 
Ôté. C’est pour cela que je leur parle en paraboles, c’est parce que 
tout en voyant, ils ne voient point; tout en entendant, ils n’en- 
tendent ni ne comprennent. En eux s’accomplit la prophétie 
d’Ésaïe, qui dit : 

« De vos oreilles vous entendrez et vous ne comprendrez point ; 

De vos yeux vous regarderez et vous ne verrez point ; 

Car le cœur de ce peuple s'est épaissi ?, 
Leurs oreilles sont devenues sourdes 
Et leurs yeux se sont fermes, 
De peur que leurs yeux ne voient, 
De peur que leurs oreilles n’entendent, 
De peur que leur cœur ne comprenne, 
De peur qu'ils ne se convertissent, 
De peur que je ne les quérisse*.» 
«Heureux vos yeux, à vous, parce qu'ils voient; heureuses vos 


1 Ou : écoute. 

2 Le cœur de ce peuple s’est épaissi, expression hébraïque qui signifie ici le 
cœur de ce peuple est devenu insensible. 

3 Ésaïe 6, 9 et suiv. 


4, 13 


] 


8 


14 


16 


13, 17 


18 
19 


t2 
CO 


26 


28 


76 LE NOUVEAU TESTAMENT 


oreilles, parce qu’elles entendent! car !, je vous le dis en vérité, 
nombre de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez 
et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas 
entendu. » 

«Pour vous donc, écoutez le sens de la parabole du semeur : 

«Chaque fois qu'un homme entend la parole du Royaume et ne 
s’en pénètre pas, survient le Malin ? et il enlève ce qui a été semé 
dans son cœur; voilà celui qui ἃ reçu la semence le long du 
chemin. » 

«Celui qui l’a reçue sur un sol pierreux, c’est l’homme qui entend 
la parole et qui tout d’abord l’accueille avec joie. Mais il n’a pas 
de racine en lui-mème ; il n’est que pour un temps; une afiliction 
ou une persécution survenant à cause de la parole, 11 y trouve 
aussitôt une occasion de chute. » ; 

«Celui qui ἃ reçu la semence parmi les épines, c’est l’homme qui 
écoute la parole, mais les sollicitudes de ce monde et la séduction 
de la richesse étouffent la parole et la rendent stérile. » 

« Celui qui ἃ reçu la semence dans la bonne terre, c’est l'homme 
qui écoute la parole et s’en pénètre; celui-là porte des fruits et en 
donne, tantôt cent, tantôt soixante, tantôt trente. » 


Il leur proposa une autre parabole, « Voici, dit-il, une similitude 
du Royaume des cieux : Un homme avait semé du bon grain dans 
son champ; mais pendant que ses gens dormaient, son ennemi vint 
semer de l'ivraie * au milieu du froment et s’en alla. » 

«Lorsque l'herbe poussa et porta du fruit, on vit paraître 
l’ivraie. » 

«Les serviteurs 1 s’adressèrent au maître de la maison ; ils lui 
dirent : « Seigneur, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans 
ton champ ? D'où provient donc l’ivraie? » 11 leur répondit: « C’est 


1 Quelques anciens manuscrits omettent car. 

2 Le Malin, le Mauvais Esprit, c'est-à-dire le Diable, 

3 L'ivraie (zizanie), mauvaise herbe; probablement le Lolium temulentum 
des botanistes, 


4 Grec : Les esclaves. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU #8 


un ennemi qui ἃ fait cela.» Ils lui dirent alors: «Veux-tu 
que nous allions l’arracher? » — «Non, répondit-il, de peur qu'en 
arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le froment. 
Laissez-les croître l’un et l’autre jusqu'à la moisson ; au temps de 
la moisson, je dirai aux moissonneurs : arrachez d’abord l’ivraie et 
liez-la en gerbes pour la brüler ; quant au froment, vous le recueil- 
lerez dans mon grenier. » 


Il leur proposa une autre parabole : « Le Royaume des cieux est 
semblable à un grain de sénevé ? qu’un homme prend et sème dans 
son champ. C’est bien la plus petite de toutes les semences, et 
quand il a pris sa croissance, il est plus grand que les plantes pota- 
gères; il devient un arbre, tellement que les oiseaux du ciel vien- 
nent faire leurs nids dans ses branches. » 


Il leur raconta une autre parabole : « Le Royaume des cieux est 
semblable à du levain qu’une femme prend et qu'elle cache dans 
trois mesures de farine jusqu'à ce que le levain ait partout pénétré. » 

Toutes ces choses, Jésus les dit en paraboles aux multitudes; 1] 
ne leur parlait qu'en paraboles (afin que fût accomplie la parole du 
prophète à : 

« J’ouvrirai ma bouche pour parler en paraboles ; 
Je révélerai des choses restées cachées depuis la création *. ») 


Lorsqu'il eut congédié la foule et fut rentré dans la maison, ses 
disciples vinrent le trouver et lui dirent: «Explique-nous la para- 
bole de l'ivraie dans le champ. » 

ΠῚ leur répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de 
l’homme. » Ι 

« Le champ, c'est le monde. » 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Les serviteurs (grec : les escluves) lui 
dirent alors. 


? De sénevé ou de moutarde. 
3 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent: Esaie. 
4 Psaume 78, 2. 


99, 13 


90 


33 


36 


90 


13, 39 


4% 


78 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Le bon grain, ce sont les enfants du Royaume. L’ivraie, ce 
sont les enfants du Malin 1. » 

«L'ennemi qui l’a semée, c’est le diable. » 

«La moisson, c’est la fin du monde?; les moissonneurs, ce sont 
les anges. » 

«De même donc qu’on arrache l'ivraie et qu'on la brüle dans le 
feu, de même, à la fin du monde, le Fils de l’homme enverra 
ses anges et ils arracheront de son Royaume tous les scandales ὃ 
et tous ceux qui opèrent l'iniquité et ils les précipiteront dans 
l’ardente fournaise. Là seront les pleurs et le grincement des 
dents. C'est alors que les justes, dans le Royaume de leur Père, 
resplendiront comme le soleil. — Que celui qui a des oreilles en- 
tendef !» 


«Le Royaume des cieux est semblable à un trésor enfoui dans 
un champ. L'homme qui le trouve le tient caché et puis, débor- 
dant de joie, il s’en va vendre tout” ce qu'il a et il achète ce 
champ. » | 

«Le Royaume des cieux est encore semblable à un marchaad en 
quête de belles perles et qui, en ayant trouvé une d’un grand prix, 
est allé vendre tout ce qu'il avait et a acheté cette perle. » 


«Le Royaume des cieux est encore semblable à un filet que l’on 
a jeté en mer et qui ἃ ramassé des poissons de toutes sortes. 
Quand il ἃ été plein, les pêcheurs l’ont tiré à eux; puis, s’asseyant 
sur le rivage, ils ont mis tous ceux qui étaient bons dans des 
jarres et ils ont jeté les mauvais. Il en sera de même à la fin du 


1 Du Malin Esprit, du diable. 

? Littéralement : {x consommation du siècle, c’est-à-dire, dans la langue du 
temps, la fin de l'économie présente, lu fin du monde. 

5 C'est-à-dire {ous ceux qui sont un sujet de scandale, qui tendent des pièges, 
les séducteurs. 

4 Ou : écoute. 

5 Quelques anciennes autorités omettent tout et lisent : vendre ce qu'il a. 

5 Le sens du mot que nous traduisons par mauvais est ici indéterminé, 
Jésus-Christ fait peut-être allusion à l’usage des pêcheurs de son temps, de reje- 
ter les poissons réputés impurs et par suite interdits par la Loi, 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 79 


monde ! : les anges viendront séparer les méchants du milieu des 
justes et ils précipiteront ces méchants dans l’ardente fournaise. 
Là seront les pleurs et le grincement des dents. » 
«Avez-vous compris tout cela?» — «Oui, répondirent-ils. » 
Alors il leur dit : « Ainsi donc tout scribe instruit sur le Royaume 
des cieux est semblable à un homme, chef de maison, qui tire de 
son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes, » 


Quand Jésus eut achevé de raconter ces paraboles, il partit de 
là et revint chez ses compatriotes. Il se mit à enseigner dans leur 
synagogue, ce dont ils furent extrêmement surpris; ils disaient : 
« D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles? N'est-ce pas là 
le fils du charpentier? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie? Et 
Jacques, et Joseph, et Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères? 
Ses sœurs ne demeurent-elles pas toutes avec nous? D'où lui 
vient donc tout cela? » 

Pour eux il était une occasion de chute?. 

Alors Jésus leur dit : « Un prophète n’est sans honneur que dans 
sa patrie® et dans sa maison. » Aussi ne fit-il là que peu de mi- 
racles, à cause de leur incrédulité. 


C'est vers ce moment que le tétrarque Hérode # entendit parler 
de Jésus. « Cet homme, dit-il, à ses courtisans, c’est Jean-Baptiste ! 
Il est ressuscité d’entre les morts! De là, ces puissances miracu- 
leuses qui agissent en lui ! » 

Hérode, en effet, avait arrêté Jean, l’avait garrotté et jeté en 
prison : et cela à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Phi- 


1 La fin du monde. Noir note sur le verset 99. 

? Littéralement : 118 se scandalisaient en lui. C'est-à-dire sa prédication pro- 
voquait ces remarques sur sa famille, qui les empêchaient de croire en lui. De 
la sorte, Jésus lui-même leur était un piège qui les faisait tomber, un scandale. 
Sa prédication, qui aurait dû les sauver, les faisait, au contraire, le critiquer. 
Voir note sur Matth. 11, 6 et 18, 0 et suiv. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent : sa propre patrie. 

: Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand. Voy. note sur Matth. 2, 1. 


50, 13 


07 


08 


14, 


EE 


οι 


10 
1 


18 10 


80 LE NOUVEAU TESTAMENT 


lippe!, et parce que Jean lui disait : «Il ne t'est pas permis d’avoir 
cette femme-là.» Hérode eüt bien voulu le mettre à mort, mais il 
avait peur du peuple, lequel tenait Jean pour prophète, 

Or, au jour anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d'Hé- 
rodiade ayant dansé au milieu de la salle, avait tellement plu au 
tétrarque qu'il lui avait juré, par serment, de lui accorder tout ce 
qu'elle lui demanderait. « Donne-moi, lui avait-elle dit alors, 
poussée par sa mère, ici même, sur un plat, la tête de Jean- 
Baptiste.» Le roi en avait été attristé; cependant à cause de son 
serment, à Cause aussi des convives, il avait commandé de la lui 
donner et d'aller décapiter Jean dans la prison. Sa tête avait été 
apportée sur un plat et donnée à la jeune fille, qui l'avait remise 
à sa mère. Les disciples de Jean étaient venus prendre son come 
et l’ensevelir; puis ils étaient allés en informer Jésus. 


Ayant appris cet événement, Jésus partit de là en barque pour 
se retirer à l'écart dans quelque endroit solitaire. Mais les troupes, 
l'ayant su, sortirent des villes et le suivirent à pied, et en débar- 
quant il vit une foule immense, il en eut compassion ? et 1] guérit 
leurs malades. 

Sur le soir, les disciples s’approchèrent de lui et lui dirent: 
« L'endroit est désert et l’heure est déjà avancée, renvoie donc les 
foules, afin que les uns et les autres aillent dans les villages acheter 
de quoi se nourrir.» Mais Jésus leur dit: «Il n’est pas néces- 
saire qu'ils s'en aillent; donnez-leur vous-mêmes à manger. » 
«Mais, répondirent-ils, nous n'avons ici que cinq pains“ et deux 
poissons.» Il dit: «Apportez-les-moi 1c1», et, après avoir corh- 
mandé que la multitude s’assit sur l'herbe, il prit les cinq pains et 
les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la béné- 
diction, puis il rompit les pains, les donna aux disciples et les disci- 


1 Quelques anciennes autorités omettent Philippe. 

2 Voir note sur Matth. 9, 36. 

3 Deux anciens manuscrits lisent : mais il leur dit. 

4 Les pains, chez les Juifs, étaient ronds et plats; ils servaient d’assiettes ; au 
commencement du repas, on remettait un pain à chaque convive. Cinq pains 
représentaient la nourriture de cinq personnes, 


É VANGILE SELON SAINT MATTHIEU 81 


ples aux foules. Tous mangèrent, tous furent rassasiés, et on em- 
porta les morceaux qui restaient : douze paniers pleins. Quant au 
nombre de ceux qui avaient mangé, il était de cinq mille hommes 
environ, sans compter des femmes et des enfants. 


Aussitôt après!, il pressa les disciples de remonter dans la 
barque? et de le précéder sur la rive opposée, tandis qu'il ren- 
verrait les multitudes. Quand 11 les eut renvoyées, il gravit la 
montagne afin de prier dans la solitude. Le soir vint et il était seul 
en ce lieu. 

Pendant ce temps la barque, déja au milieu de la mer”, était 
battue des flots, ayant le vent contraire. Or, à la quatrième veille 
de la nuit#, il vint à eux en marchant sur la mer. Quand les 
disciples le virent, marchant sur la mer, ils furent bouleversés. 
«C’est un fantôme», dirent-ils, en jetant des cris de terreur. Mais 
aussitôt 11 leur parla, il leur dit: « Rassurez-vous; c’est moi, soyez 
sans crainte.» Pierre alors s’adressa à lui: «Si c'est toi, Sei- 
gneur, commande que je vienne à toi sur les flots. » — « Viens», 
dit Jésus. 

Descendant de la barque, Pierre marcha sur les flots et alla 
vers Jésus; mais quand 11 sentit le vent6 il fut pris de peur et 
commença à s’enfoncer, alors il s’écria : « Seigneur, sauve-mol. » 
Jésus étendit immédiatement la main et lui dit en le saisissant : 
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté? » 

Ils entrèrent dans la barque et le vent cessa. Alors ceux qui 
s'y trouvaient se prosternèrent devant lui, disant : «Tu es vraiment 
Fils de Dieu. » 


1 Quelques anciennes autorités omettent aussitôt après. 
? Un des plus anciens manuscrit lit : une barque. 


3 Quelques autorités très anciennes ajoutent ici : éloignée de plusieurs stades 
de la terre. 


# Cest-à-dire vers trois heures du matin. La nuit se partageait en quatre 
veilles, chacune de trois heures, à part de six heures du soir. Voir note sur 
Marc 13, 35. 


5 Un des plus anciens manuscrit lit : quand ils le virent. 
ὃ Plusieurs anciens manuscrits ajoutent après le mot vent le mot violent, 


90, 14 


21 


12 
τὸ 


90 


91 


32 33 


ὃ. LE NOUVEAU TESTAMENT 


14,34 35 Ayant passé l’eau, ils arrivèrent au pays de Gennesaret. Les 

gens de l'endroit, l'ayant reconnu, firent prévenir tout le voisinage 

36 οἱ lui présentèrent tous leurs malades, le priant de les laisser seule- 

ment toucher la frange de son vêtement. Et tous ceux qui la 
touchèrent furent guéris. 


15, 4 Alors des Pharisiens et des Scribes qui arrivaient de Jérusalem 
2  s’approchèrent de Jésus et lui dirent : «Pourquoi tes disciples 
transgressent-ils la tradition des anciens? [15 ne pratiquent pas 
l’ablution des mains lorsqu'ils prennent leur repas. » Il leur répondit 

ainsi : «Et vous, pourquoi transgressez-vous, au profit de votre tra- 

4 dition, le commandement de Dieu? En effet, Dieu a dit ? : « Honore 

ton père et ta mère» et: «qu’il soit puni de mort, celui qui mau- 


Qt 


dira son père! *» Mais vous, voici ce que vous enseignez : celui qui 
dira à son père ou à sa mère: «Je déclare offrande à Dieu ce 
dont tu voudrais être assisté par moi,» ne sera pas tenu d’ho- 
6  norer son père ou sa mère. Et c'est ainsi, qu’au profit de votre 
tradition, vous avez réduit à néant la parole de Dieu°. Hypo- 
crites$! C’est bien à vous que s'applique la prophétie d’Ésaïe : 
8 «C’est des lèvres que ce peuple m'honore! 
Quant à son cœur, il est fort loin de moi ! 
9 C’est en vain qu'ils me rendent un culte; _ [nes ?2» 
Ils enseignent des doctrines qui ne sont que des ordonnances humai- 
10 Il appela à lui la multitude. « Écoutez et comprenez» leur dit-il; 
1 «Ce qui rend l’homme impur$ ce n’est pas ce qui entre dans la 


1 Littéralement: de son manteau. Voir sur le mot frange note sur Luc 8, 44. 

? Plusieurs anciens manuscrits lisent : ὦ donné un commandement, disant. 

5 Littéralement : qu'il meure de mort, c’est un hébraïsme. 

Plusieurs anciens manuscrits ajoutent: ou sa mère. (Exode 20, 12 et 
21, 17.) 

Un des plus anciens manuscrits lit : la loi de Dieu; quelques autres lisent : 
le commandement de Dieu, 

6 Ou: Comédiens! Voir note sur Matth. 6, 2. 

7 Ésaïe 29, 13-14. 

8 Ge qui lui fait contracter une impureté, suivant les idées pharisiennes du 
temps qui interdisaient tel ou tel aliment, telle ou telle boisson, 


PR lt re 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 83 


bouche ; ce qui rend l’homme impur, c'est ce qui sort de la bouche. » 
Les disciples s’approchèrent alors et lui dirent : « Sais-tu que les 
Pharisiens, en entendant ces paroles, ont été a. 1,» Il leur 
répondit : «Toute plante que n'a point plantée mon Père céleste 
sera déracinée. Laissez-les; ce sont des conducteurs aveugles !? 
Quand un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux 
dans une fosse». Pierre, reprenant, lui dit: «Explique-nous la 
parabole 5. » — « Étes-vous encore, vous aussi, sans intelligence? » 
leur répondit-l. «Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre 
dans la bouche va au ventre et, de là, est rejeté en quelque lieu 
secret? mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et voilà ce 
qui rend l’homme impur! Pensées mauvaises, homicides, adul- 
tères, fornications, vols, faux témoignages, calomnies viennent en 
effet du cœur; oui, voilà ce qui rend l’homme impur! Quant à 
manger sans avoir pratiqué l'ablution des mains, ce n'est point 
contracter une impureté. » 


Jésus partit de là et se retira du côté de Tyr et de Sidon #. 

Une Chananéenne de ces contrées vint à lui en s’écriant : 
«Seigneur, Fils de David, aie pitié de moi, ma fille est cruellement 
tourmentée par un démon. » Il ne lui répondit pas un mot. Ses 
disciples intervinrent pour le prier de renvoyer cette femme; — 
«elle nous poursuit de ses cris», disaient-ils. Alors il prit la pa- 
role : «C’est seulement aux brebis perdues de la maison d'Israël 
que j'ai été envoyé. » Mais la femme vint se prosterner devant lui, 
disant : «Seigneur, viens à mon secours. » Alors il répondit : 
«II n’est pas bon de prendre le pain des enfants et de le Jeter 
aux chiens. » Elle répliqua : «Si, Seigneur, car les chiens mangent 


1 Voir sur le mot scandalisés note sur Matth. 18, G. 

? Plusieurs anciens manuscrits lisent : des aveugles, conducteurs d'aveugles. 

3 La comparaison dont les Pharisiens ont été scandalisés, 

4 Deux villes païennes en Phénicie, hors de la Palestine. 

5 Les apôtres, en disant: Renvote-ia, demandent-ils au Seigneur de les dé- 
barrasser de cette femme, en lui accordant ce qu’elle demande, ou simplement 
de la chasser sans lui répondre. Le texte laisse cette question indécise. 

5 Quelques anciennes autorités lisent : {1 n’est pas permis. 


15, 98 


90 


91 


16, 1 


δά LE NOUVEAU TESTAMENT 


quelques-unes des miettes qui tombent de la table de leurs maitres. » 
— «Ὁ femme ! ta foi est grande! reprit alors Jésus, qu'il te soit fait 
comme tu veux.» Et à cette heure même sa fille fut guérie. 


Parti de là, Jésus longea la mer de Galilée. 

Puis il gravit la montagne et y demeura 1. 

Et des troupes nombreuses arrivèrent vers lui, ayant avec elles 
des paralytiques, des aveugles, des sourds-muets, des estropiés et 
beaucoup d’autres que l’on déposa à ses pieds. Il les guérit. De 
sorte que les multitudes étaient dans l'admiration de voir les 
sourds-muets parler, les estropiés se guérir ?, les paralytiques mar- 
cher, les aveugles voir. Et elles rendaient gloire au Dieu d'Israël. 

Jésus, cependant, appela ses disciples et leur dit : «J'ai compas- 
sion ? de cette multitude; voici déjà trois jours qu’ils ne me quittent 
pas, et ils n’ont pas de quoi manger. Je ne veux pas les renvoyer 
à jeun, de peur qu'ils ne défaillent sur la route. Les disciples lui 
repartirent: « Où donc trouver, en ce lieu solitaire, un assez 
grand nombre de pains“ pour rassasier une foule pareille? » — 
« Combien de pains avez-vous?» leur dit Jésus. — «Sept, répondi- 
rent-ils, et quelques poissons.» Il donna ordre à la foule de s’as- 
seoir par terre. Puis il prit les sept pains et les paissons, et rendant 
grâces, les rompit et les donna aux disciples; et les disciples les 
donnèrent à la foule. Tous mangèrent; tous furent rassasiés οἱ 
des morceaux qui restèrent on emporta sept corbeilles pleines. 

Quatre mille hommes furent ainsi nourris, sans compter des 
femmes et des enfants. 

Quand il eut congédié les multitudes, il monta dans la barque 
et se rendit au pays de Magadan 5. 


Pour le mettre à l'épreuve, les Pharisiens et les Sadducéens 


1 Voir note sur Matth, 5, 1, 

? Un des plus anciens manuscrits omet les estropiés se guérir. 
3 Voir note sur Matth. 9, 80, 

! Voir sur le mot pain la note sur Matth. 14, 17. 

? L'emplacement de Magadan est inconnu. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 89 


vinrent lui demander de leur faire un signe! qui vint du ciel. Il 
leur fit cette réponse : «[Le soir, il vous arrive de dire: «Il fera 
beau, car le ciel est rouge », et le matin : « Aujourd’hui il y aura 
un orage, car le ciel est d’un rouge sinistre.» Vous savez donc 
juger l’aspect du ciel, et les signes du temps où vous êtes vous 
ne le pouvez pas ! ?] Race mauvaise et adultère* qui demande un 
signe! — Un signe! il ne lui en sera pas donné d’autre que celui 
de Jonas! » Et les laissant, il s’en alla. 


Les disciples, en passant l’eau, oublièrent de prendre des pains. 
Or, Jésus leur dit: «Faites bien attention, prenez bien garde 
au levain des Pharisiens et des Sadducéens. » — «C’est parce que 
nous n'avons pas pris de pains!» pensèrent et se dirent entre 
eux les disciples. Jésus, le sachant, leur dit : «Comment pouvez- 
vous penser ici aux pains que vous n’avez pas, hommes de peu 
de foi? Est-ce que vous ne comprenez pas encore? est-ce que vous 
ne vous souvenez plus des cinq pains pour les cinq mille hommes 
et du nombre de paniers que vous avez emportés? ni des sept 
pains pour les quatre mille hommes et du nombre de corbeilles que 
vous avez emportées? Comment ne comprenez-vous pas quand je 
dis : Prenez bien garde au levain des Pharisiens et des Saddu- 
céens, que je ne vous parle pas de pains?» Ils comprirent alors : 


il ne leur avait pas dit de se garder du levain qu'on met dans le 


pain ὅ, mais de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens. 


Étant allé aux environs de Césarée de Philippe ὃ, Jésus inter- 
rogea ses disciples : « Que dit-on qu’est le Fils de l’homme?» Ils 


1 Ou: un miracle. 

? Ce passage, que nous plaçons entre crochets, manque dans plusieurs des 
plus anciens manuscrits. 

3 Cest-à-dire ici impie. 

1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : que vous n'avez pas pris. 

5 Au lieu de : se garder du levain qu'on met dans le pain, quelques anciens 
manuscrits lisent : se garder du levain des Pharisiens et des Sadducéens. 

6 Ville située au nord du lac, habitée par le tétrarque Philippe, un des fils 
d’Hérode le Grand. 


9, 16 


ςο 


4 


10 


11 


13 
14 


16, 45 


18 


19 


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CO 


86 LE NOUVEAU TESTAMENT 


répondirent : «Les uns disent : c’est Jean-Baptiste ; les autres : c’est 
Élie; d’autres : c’est Jérémie, ou : c’est l’un des prophètes. » — «Et 
vous, continua-t-il, qui dites-vous que je suis?» Simon Pierre 
répondit par ces mots : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » 

Jésus alors lui adressa ces paroles : « Heureux es-tu, Simon 
Bar-Jona!, parce que ce n’est ni la chair ni le sang ? qui t’ont révélé 
cela; mais mon Père qui est dans les cieux. Eh bien, moi, je te 
dis : Tu es Pierre et sur cette pierre j'édifierai mon Église et les 
portes de la Demeure-des-morts * ne prévaudront point contre elle. 
Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux et tout ce que tu 
lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras 
sur la terre sera délié dans les cieux “. » 


En même temps, il recommanda à ses disciples de ne dire à 


personne qu'il était, lui, le Christ. 

A partir de ce moment, Jésus-Christ” commença à expliquer à 
ses disciples qu'il lui fallait: — aller à Jérusalem; — beaucoup 
souffrir de la part des Anciens, des chefs des prêtres et des Scribes ; 
— être mis à mort; — ressusciter le troisième jour. Le tirant 
alors à l'écart, Pierre se mit à le reprendre : «Que Dieu ait pitié 
de toi, Seigneur! non, il ne larrivera rien de tout cela.» Mais 
lui, se retournant vers Pierre : « Va-t’en! Arrière de moi! Satan! » 
lui dit-il; «tu m'es un scandale 6, parce que tes pensées ne sont 
pas de Dieu, mais des hommes. » 

Jésus dit alors à ses disciples: «Si quelqu'un veut venir à ma 
suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il porte? sa croix et qu'il me 
suive. Celui qui voudra sauver sa vie, la perdra; et il trouvera la 


1 C'est-à-dire fils de Jon«. 

? C'est-à-dire ce qui est mortel, terrestre. En d’autres termes : personne sur 
la terre ne Pa révélé cela. Voir Galates 1, 16. 

3 En grec: les portes du Hadès; en hébreu : du Schéol ; la Demeure des 
morts dont les portes sont fermées de manière à résister à tous les efforts. Les 
portes de la Demeure des morts signifient donc ici la puissance de la mort. 
L'Église fondée sur un rocher sera inébranlable, éternelle, Voir note sur Matth. 
11, 23, 

4 Lier et délier ont ici le sens de fermer et d’ouvrir. 

5 Plusieurs anciens manuscrits omettent Christ. 

5 C'est-à-dire un piège. Tu me tends un piège, 

7 Ou: qu'il prenne. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 87 


vie, celui qui l’aura perdue à cause de moi. À quoi servira-t-il à 
un homme de gagner le monde entier s’il perd sa vie? Qu'est-ce 
qu'il donnera en échange de sa vie? Le Fils de l’homme doit 
venir dans la gloire de son Père et accompagné de ses anges et 
alors il rendra à chacun selon ses œuvres. En vérité, je vous le 
dis, quelques-uns sont ici présents qui ne goüteront point la mort 
avant d’avoir vu le Fils de l’homme venant en sa Royauté !. » 


Six jours après, emmenant avec lui Pierre, Jacques et Jean, son 
frère, Jésus les conduisit sur une haute montagne, à l'écart, Et 
alors, devant eux, il fut transfiguré : sa face resplendit comme le 
soleil; ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voilà 
que leur apparurent Moïse et Élie, s’entretenant avec lui. Pierre 
alors, s'adressant à Jésus, lui dit: «Seigneur, qu'il nous est bon 
d’être ici! si tu veux, je dresserai? trois tentes, une pour toi, 
une pour Moïse, une pour Élie...» Il parlait encore, lorsqu'une 
nuée lumineuse les enveloppa, et que de cette nuée sortit une voix 
disant: «Celui-ci est mon Fils, le bien-aimé en qui je me com- 
plais ?. Écoutez-le.» Quand les disciples entendirent cette voix, ils 
tombèrent sur leur face, frappés de terreur. Mais Jésus s’approcha et, 
les touchant, leur dit : «Levez-vous et soyez sans crainte. » Levant 
alors les yeux, ils ne virent plus personne que lui, Jésus“, seul. 

Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette 
recommandation : «Ne parlez à personne de cette vision jusqu’à 
ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d’entre les morts.» Les 
disciples lui demandèrent: «Pourquoi les Scribes disent-ls: Il 
faut, avant tout, qu'Élie vienne?» Il leur répondit: «Oui, Élie 
doit venir et rétablir toutes choses. Eh bien, je vous le déclare, 
Élie est déjà venu; et ils ne l’ont pas reconnu; ils ont, au con- 
traire, fait de lui tout ce qu'ils ont voulu. De même le Fils de 
l’homme doit souffrir par leurs mains. » 


1 Ou: en son Règne, ou: en son Royaume. Il n’y a qu’un seul mot grec pour 
ces trois mots français : Règne, Royaume et Royauté. Voir note sur Jean 18, 36. 

2? Plusieurs anciens manuscrits lisent : nous dresserons. 

3 Je me complais, Voir note sur Matth. 3, 17. 

4 Plusieurs anciens manuscrits omettent lui et lisent : personne que Jésus seul. 


28 


[Se 


ζῶ 


ΕΣ 7: 


88 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Les disciples comprirent alors que c'était de Jean-Baptiste qu'il 
leur parlait. 


Lorsqu'ils eurent rejoint la multitude, un homme s’avança vers 
lui et, se jetant à genoux, lui dit: «Seigneur, aie pitié de mon 
fils; 11 est lunatique!, et ses souffrances sont grandes, car il lui 
arrive souvent de tomber dans le feu, souvent aussi dans l’eau. 
Je l'ai apporté à tes disciples et ils ont été impuissants à le guérir. » 
Jésus alors prononça ces paroles : « Ὁ génération incrédule et per- 
verse, jusqu'à quand serai-je avec vous? jusqu'à quand vous 
supporterai-je ? Apportez-moi l'enfant ici. » ΠῚ lui fit des menaces; 
et le démon sortit de lui. Cet enfant, dès ce moment, fut guéri. 

Les disciples, s’approchant alors de Jésus, lui dirent en particu- 
lier : « Pourquoi, nous, avons-nous été impuissants à chasser ce 
démon? » Il répondit: «A cause de votre peu de foi, car je vous 
le dis en vérité, si vous aviez de la foi gros comme un grain de 
sénevé ?, vous diriez à cette montagne : « Transporte-toi d'ici là» 
et elle s'y transporterait; rien ne vous serait impossible $. » 


Pendant qu'ils séjournaient en Galilée, Jésus leur dit: «Le Fils 
de l’homme va être livré entre les mains des hommes, ils le tue- 
ront; le troisième jour 1] ressuscitera.» Ces paroles les affligèrent 
extrèmement. 


Quand 115 arrivèrent à Capharnaüm, ceux qui recevaient les 


didrachmes * s’adressèrent à Pierre et lui dirent: «Est-ce que 


votre maître ne paye pas les didrachmes? » — «Il les paye» ré- 
pondit-1l. Et quand il entra dans la maison, Jésus le prévint en lui 
disant: «Quel est (on avis, Simon? de qui les rois de la terre per- 


1 Les anciens, dans leur ignorance des sciences médicales, attribuaient un cer- 
tain nombre de maladies à l’influence néfaste de la lune. 

2 De sénevé ou de moutarde. 

3 Plusieurs manuscrits ajoutent ici: mais ce genre de démons ne s'expulse 
que par la prière et le jeûne (c’est le verset 21). 

1 On appelait didrachme l'impôt annuel de deux drachmes (1 fr, 80 ce. environ) 
dû au temple pour les frais du culte par tout Israélite âgé de vingt ans et plus. 


Te 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 89 


çoivent-ils l'impôt ou le cens? de leurs fils ou des étrangers. » 

Pierre répondit: «des étrangers». «Donc, reprit Jésus, les fils 90,17 
sont libres ; cependant pour ne pas les scandaliser!, va à la mer 97 

et jette l'hameçon. Le premier poisson qui se prendra, tire-le de 

l'eau, ouvre-lui la bouche, tu y trouveras un statère?; prends-le 

et donne-le-leur pour moi et pour toi.» 


À ce moment, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : «Qui 1,18 
est le plus grand dans le Royaume des cieux?» Alors Jésus appela 9 
à lui un enfant, le plaça au milieu d'eux et leur dit: «Je vous le 2 
dis en vérité, si vous n’avez été changés et n'êtes devenus sem- 
blables aux enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des 
cieux, Qui donc se fera humble comme cet enfant sera, lui, le 4 
plus grand dans le Royaume des cieux; et qui recevra, en mon ὃ 
nom *, un enfant comme celui-ci, me reçoit. » 

«Mais celui qui aura été une occasion de chute # pour l’un de ces ὁ 
petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui pendit 
au cou une de ces meules que tournent les ânes ὅ, et qu'on le pré- 
cipität dans les profondeurs de la mer. Malheur au monde à cause 7 
des scandales! Il faut bien qu'il arrive des scandales; mais malheur 
à l'homme par qui le scandale arrive!» 

«Si ta main ou ton pied sont pour toi une occasion de chute7, 8 
coupe-les et jette-les loin de toi; il t’est meilleur d'entrer dans la 
vie mutilé ou estropié, que d’être jeté, avec tes deux mains et tes 
deux pieds, dans le feu éternel 8, Si ton œil est pour toi une occa- 9 


1 Voir sur scandale et sur scandaliser note sur Matth, 18, 6. 

? Le statère valait quatre drachmes ou deux didrachmes. 

5 En mon nom, c’est-à-dire à cause de moi, par égard pour moi. 

4 Grec: qui aura scandalisé; mais ce verbe signifie ici non pas choquer, 
froisser, blesser; mais : tendre un piège dans lequel on tombe. 

5 Littéralement : une meule d'âne, on appelait ainsi la meule trop grosse 
pour être tournée par un homme, parce qu’on se servait d’un âne pour la mou- 
voir. 

5 Nous faisons sur ce mot scandale la même remarque que sur le verbe scanda- 
liser. Le scandale est, en grec, le piège qui fait tomber, Voir note sur Matth. 
13, 41. 

7 Grec : te scandalisent (même remarque). 

8 Éternel ou: à venir. Voir note sur Matthieu 25, 46 et sur Jean 3, 15. 


18, 10 


11 


18 


19 


20 


90 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; il t'est meilleur 
d'entrer borgne dans la vie, que d’être jeté, avec tes deux yeux, 
dans la géhenne ! du feu. » 

«Gardez-vous de mépriser un seul de ceux qui sont les petits! 
car, je vous le dis, leurs anges, dans les cieux, voient sans cesse 
la face de mon Père qui est dans les cieux ?. » 

«Que pensez-vous de ceci : Si un homme ἃ cent brebis et que 
l’une d'elles vienne à s’égarer, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt- 
dix-neuf autres dans les montagnes, pour aller chercher celle qui 
s'est égarée ; et s’il arrive qu'il la retrouve, en vérité je vous le dis, 
il ἃ plus de joie au sujet de celle-là qu'au sujet des quatre-vingt- 
dix-neuf autres qui ne se sont point égarées. » 

« De même ce n'est pas la volonté de votre Père ὁ qui est dans 
les cieux que périsse un seul de ceux qui sont les petits. » 


«Si ton frère a péché contre toi*, va le trouver et reprends-le, 
toi, seul avec lui. S'il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne 
t'écoute pas, amène avec toi une ou deux personnes, afin que 
tout soit décidé d’après l'avis de deux ou trois témoins. Puis, s’il 
refuse de les écouter, dis-le à l’église. Et, s’il refuse aussi d'écouter 
l’église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. » 

«Je vous le dis en vérité : tout ce que vous aurez lié sur la terre 
sera lié dans le ciel; et tout ce que vous aurez délié sur la terre 
sera délié dans le ciel ÿ, » 

«Je vous répète, en vérité 6, que si, sur la terre, deux d’entre 
vous s'accordent pour demander une chose quelconque, ils l’obtien- 
dront de mon Père qui est dans les cieux. Là, en effet, où deux ou 
trois sont réunis en mon nom, je suis présent au milieu d'eux. » 


1 Géhenne. ΝΟΥ. note sur Matth. 5, 22. 

- Plusieurs manuscrits (mais ce ne sont ni les plus anciens ni les plus auto- 
risés) ajoutent ici: Car le Fils de l'homme est venu pour sauver ce qui était 
perdu (c'est le verset 11). Voir Luc 19, 10. 

3 Votre Père. Quelques anciens manuscrits lisent : de mon Père. 

t Les deux plus anciens manuscrits omettent les mots contre toi. : 

Ὁ Lier el délier, Voir note sur Matth. 16, 19. 


5 Quelques anciens manuscrits omettent : en vérité, 


LR nef GR “er ,Συ 2 PT 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 91 


Alors Pierre, s’approchant, lui dit: «Seigneur, si mon frère 
pèche contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je? sera-ce 
jusqu’à sept fois? » Jésus lui répondit: «Je ne te dis pas jusqu'à 
sept fois, mais jusqu à soixante-dix fois sept fois. À ce sujet, voici 
à quoi est semblable le Royaume des cieux : Un roi voulut faire 
rendre compte à ses serviteurs 1, Quand il eut commencé à compter, 
on lui en présenta un, débiteur de dix mille talents 3. Comme il 
n'avait pas de quoi les rendre, son maitre ordonna qu'on le 
vendit, lui, sa femme, ses enfants, tout ce qu'il possédait, pour 
l’acquittement de sa dette. Ce serviteur, tombant à ses pieds, se 
prosterna devant lui et lui dit: «Sois patient envers moi, et je te 
rendrai tout.» Le maître eut alors pitié’ de son serviteur, 11 le 
laissa aller et lui fit remise de sa dette. En sortant, ce serviteur 
rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers#, et 
alors, le tenant à la gorge jusqu'à l’étrangler, 11 lui dit: «Rends 
ce que tu dois!» Son compagnon, tombant à ses pieds, le supplia 
en disant : «Sois patient envers moi et je te rendrai»; mais lui ne 
voulut pas; 11 s’en alla et le jeta en prison jusqu’à ce qu'il eût 
payé sa dette. Voyant ce qui se passait, les autres serviteurs en 
furent profondément affligés; et ils vinrent raconter à leur maître 
tout ce qui était arrivé. Alors le maitre fit appeler celui qui avait 
ainsi agi et lui dit: «Serviteur méchant! Je t'ai remis ta dette 
parce que tu m'as supplié. Ne te fallait-il pas avoir pitié toi aussi 
de ton compagnon, comme moi-même j'avais eu pitié de toi? » Et 
son maître, irrité, livra cet homme aux bourreaux, jusqu'à ce 
qu'il eût payé toute sa dette. » 

«Ainsi vous fera mon Père céleste si chacun de vous ne par- 
donne pas à son frère de tout son cœur. » 


3 Grec: esclaves. 

4 Le talent, monnaie fictive, valait 5280 francs, une somme de dix mille talents 
représentait donc près de 53 millions de notre monnaie. 

Ὁ Voir note sur Matth. 9, 56. 

5 Un denier valait 0f,88, et cent deniers, 88 francs. 


19/24 


92 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Quand Jésus eut achevé ces discours, il quitta la Galilée et se 
rendit sur la frontière de la Judée, de l’autre côté du Jourdain. De 
grandes multitudes le suivirent et, il y fit des guérisons. 

Les Pharisiens vinrent à lui et, pour le mettre à l’épreuve, ils 
lui dirent : «Est-il permis de répudier sa femme pour un motif 
quelconque?» Il répondit par ces paroles : «N'avez-vous pas lu 
que, à l’origine, le Créateur! «a fait un couple, mâle et femelle ? ? » 
et il a dit: «A cause de cela l'homme laissera son père et sa mère 
pour s'attacher à sa femme et ils seront deux dans une seule 
chair ?,» Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, 
ce que Dieu ἃ uni, qu'un homme ne le sépare point.» — «Alors 
pourquoi, dirent-ils, Moïse a-tl prescrit de donner à la femme un 
acte de divorce et de la répudier ? » Il répondit : «C’est à cause de 
la dureté de vos cœurs que Moïse vous a permis de répudier vos 
femmes. Mais, à l’origine, il n'en était pas ainsi. Or, je vous le 
dis : qui répudie sa femme, si ce n’est pour infidélité, et en épouse 
une autre, commet un adultère.» Les disciples lui dirent: «Si 
telle est la condition de l’homme vis-à-vis de la femme, il vaut 
mieux ne pas se marier.» Il leur dit: «Tout le monde n’est pas 
capable de cette résolution, mais seulement ceux à qui cela est 
donné. Il y a des eunuques qui sont tels dès leur naissance, dès 
les entrailles de leur mère; il en est d’autres que les hommes ont 
faits eunuques ; et enfin il y en ἃ qui se sont faits eunuques eux- 
mêmes 1 en vue du Royaume des cieux. Que celui qui ἃ la force 
d'en arriver là, y arrive!» 


Alors on lui amena des enfants pour qu'il leur imposât les 
mains en priant. Comme les disciples blämaient ceux qui les lui 


1 Plusieurs anciens manuscrits, au lieu de : le Créateur, lisent: Celui qui les 
a faits. 

2 Genèse 1, 27. 

3 Genèse 2, 24, 

1 C'est-à-dire qui ont volontairement renoncé au mariage. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 93 


amenaient, Jésus leur ! dit: « Laissez les enfants et ne les empê- 
chez point de venir à moi, car c'est à ceux qui leur ressemblent 
qu'appartient le Royaume des cieux.» Puis 11 leur imposa les 
mains et partit de là. 


S’approchant de lui, quelqu'un lui dit: «Maître, que dois-je faire 
de bon pour avoir la vie éternelle? » Il lui répondit : « Pourquoi 
m'interroges-tu sur ce qui est bon ? Unseul être est bon. Si tu veux 
entrer dans la vie, observe les commandements. » — « Lesquels? » 
dit-il. Jésus répondit : «Ceux-ci: « Tu ne seras point meurtrier ; tu 
ne seras point adultère; tu ne seras point voleur ; tu ne rendras point 
de faux témoignage ; honore ton père et ta mère?» et: «tu aimeras 
ton prochain comme toi-méme $. » Le jeune homme lui dit: « Tout 
cela je l'ai observé; que me manque-t-il encore?» Jésus lui ré- 
pondit: « 81 tu veux être parfait, va vendre ce que tu possèdes, 
donnes-en le prix à des pauvres : tu auras alors un trésor dans 
les cieux “; viens ensuite et suis-moi. » Le jeune homme, enten- 
dant ces paroles ὅ, s’en alla tout triste, car il avait beaucoup de 
biens. 

Jésus dit alors à ses disciples : « Je vous le dis en vérité, un riche 
entrera difficilement dans le Royaume des cieux. Oui, je vous le 
répète, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une 
aiguille 6 qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.» Ces 
paroles consternèrent les disciples : «Qui donc pourra être sauvé? » 
dirent-ils. Jésus leur répondit en les regardant: « Aux hommes, 
cela est impossible; mais à Dieu, tout est possible. » 

Pierre s’adressa alors à lui et lui dit: «Et nous, nous avons 
tout quitté; nous t’avons suivi; qu'y aura-t-il pour nous?» Jésus 
leur répondit : «Je vous le dis en vérité, lorsque, dans le Renou- 


1 Quelques anciennes autorités omettent : leur. 

2 Exode 20, 12-16, 

3 Lévit. 19, 18. 

Ὁ Plusieurs anciens manuscrits lisent : dans le ciel. 

5 Quelques anciens manuscrits omettent : ces paroles. 

5 Le trou d'une aiguille. Voir note sur Marc 10, 95. 

7 Quelques anciennes autorités lisent : Royaume des cieux. 


14, 19 


94 LE NOUVEAU TESTAMENT 


vellement de toutes choses! le Fils de l’homme, siégera sur le trône 
de sa gloire, vous aussi, vous, qui m'avez suivi, vous siégerez sur 

19,99 douze trônes, jugeant les douze tribus d'Israël; et quiconque, à 
cause de mon nom, aura quitté des frères, des sœurs, un père, une 
mere, des enfants, des terres, des maisons, recevra beaucoup 
plus et possédera la vie éternelle. » 


30 «Plusieurs des premiers seront derniers et des derniers premiers ; 

20, 1 voici, en effet, à quoi est semblable le Royaume des cieux : Un 

maître de maison sortit de très grand matin, afin de louer des 

2 ouvriers pour sa vigne. 1] convint avec ces ouvriers d’un denier 2 

pour la journée et les envoya à sa vigne. En sortant de nouveau 

vers la troisième heure”, il en vit d’autres qui restaient sur la place 

4 publique sans rien faire. Et il leur dit : «Allez, vous aussi, ἃ ma 
5 vigne, et je vous donnerai ce qui est juste.» Ils y allèrent. 

«Il sortit également vers la sixième heure, puis vers la neuvième, 

ὁ etfit de même. Étant enfin sorti vers la onzième heure, il en 

trouva encore d’autres qui restaient là et il leur dit: « Pourquoi 

7 restez-vous ici toute la journée à ne rien faire?» Ils répondirent : 

« Parce que personne ne nous ἃ loués, » et il leur dit: «Allez, vous 

aussi, à la vigne. » 


©2 


8 «Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : « Ap- 
pelle les ouvriers et remets-leur le salaire, en commençant par les 
9. derniers et finissant par les premiers.» Ceux de la onzième heure 
10 86 présenterent alors et reçurent chacun un denier. Les premiers 
vinrent à leur tour, et ils pensaient qu'ils recevraient davantage ; 


‘ 


mais ils ne reçurent, eux aussi, qu'un denier chacun. » 
11 «En le prenant, ils murmuraient contre le maître de la maison : 
12 ils disaient : « Ceux-ci, les derniers, ont fait seulement une heure 


? Grec: la Palingénésie, c'est-à-dire le renouvellement de toutes choses qui 
doit venir. 

2 Un denier, 0f,88. 

3 La journée chez les Juifs était divisée en douze heures et commencait à six 
heures du matin, La première heure étant six heures, la troisième correspondait 
ἃ neuf heures, la sixième à midi, la neuvième à trois heures, la onzième à cinq 
heures du soir, 


TT I UT. ΨΥ 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 95 


et tu les égales à nous qui avons porté le poids du jour et de la 
chaleur ? » 

«Il répondit à l’un d’eux : «Mon ami, je ne te fais aucun tort ; 
n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier ? Prends ce qui est à toi 
et va. Je veux donner à ce dernier autant qu'a toi. Ne m'est-il 
pas permis ! de faire de mes biens ce que je veux. Pourquoi vois-tu 
de mauvais œil que je sois bon?» — «Ainsi les derniers seront 
premiers et les premiers derniers. » 


Jésus, montant à Jérusalem ?, prit, en particulier, les douze et, 
chemin faisant, il leur dit: « Voilà que nous moutons à Jérusa- 
lem ; le Fils de l’homme y sera livré aux chefs des prêtres et aux 
Scribes, qui le condamneront à mort; puis ils le livreront aux 
païens, pour qu'il soit bafoué, flagellé et crucifié ; et le troisième 
jour il ressuscitera. » 

Alors s’approcha de lui la mère des fils de Zébédée et ceux-ci 
avec elle, et elle se prosterna pour lui faire une demande. II lui 
dit: «Que veux-tu?» Elle lui répondit : «Ordonne que, dans 
ton Royaume, mes deux fils que voici siègent l’un à ta droite, 
l’autre à ta gauche. » Jésus repartit : « Vous ne savez ce que vous 
demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire moi- 
même?» — «Nous le pouvons» lui dirent-ils. — Et 1 répliqua : 
«Oui, ma coupe, vous la boirez; mais quant à siéger à ma droite 
ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder, ces places sont 
à ceux pour qui mon Père les a préparées. » 

Les dix autres qui avaient entendu furent indignés contre les 
deux frères. Alors Jésus les appela et leur dit: «Vous savez que 
les princes des nations en sont les dominateurs, que les grands 
exercent sur elles un pouvoir impérieux. Il n’en sera pas ainsi? 
parmi vous ; au contraire, qui voudra devenir grand parmi vous 
sera votre serviteur; qui voudra être le premier parmi vous sera 
votre esclave, comme le Fils de l’homme, qui n’est pas venu pour 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : ow ne m’est-il pas permis. 
? Quelques anciennes autorités lisent : allant monter. 
3 Quelques anciens manuscrits lisent : 1! n’en est pus ainsi. 


18 


19 


20, 29 30 


LS 


96 LE NOUVEAU TESTAMENT 


être servi, mais pour servir et donner sa vie comme rançon pour 


plusieurs. » 


À leur sortie de Jéricho, Jésus fut suivi d’une grande foule. Et 
voici que deux aveugles, assis le long du chemin, entendant 
dire que c'était Jésus qui passait, se mirent à crier : « Aie pitié de 
nous, Seigneur !, Fils de David!» La foule les menaçait pour 
les faire taire, mais ils crièrent plus fort: «Aïe pitié de nous, 
Seigneur, Fils de David! h Jésus s'arrêta, les appela et leur 
dit: «Que voulez-vous que je fasse pour vous?» Ils lui répon- 
dirent : «Seigneur, que nos yeux soient ouverts! » Ému de com- 
passion ?, Jésus toucha leurs yeux. Et subitement ils virent, et ils 
le suivirent. 


Quand 115 furent près de Jérusalem et furent arrivés à Bethphagé, 
aux environs du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples, 


en leur disant: «Allez à ce village qui est devant vous, et vous 


trouverez tout de suite une ânesse attachée et son ânon avec elle. 
Déliez-les et amenez-les-mot. Et si l’on vous dit quelque chose, 
vous répondrez : «Le Seigneur en a besoin »; on les enverra im- 
médiatement. » 
(Or, tout cela eut lieu afin que füt accomplie la parole du pro- 
phète : 
« Dites à la fille de Sion : 
Voici que ton Roi vient à toi, 
Plein de douceur, monté sur une ânesse 
Et sur un non, le petit d'une béle de somme ὃ. ») 
Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. 
Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon; ils placèrent sur eux leurs man- 
teaux et Jésus s’assit dessus. La plus grande partie du peuple 
étendait ses vêtements sur le chemin ; d’autres coupaient des bran- 


1 Quelques anciens manuscrits omettent Seigneur. 
2 Voir note sur Matth, 9, 36. 
3 Zacharie 9, 9. 


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LA d- 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 97 


ches aux arbres et en jonchaient la route. Et toute cette multitude, 
ceux qui le précédaient et ceux qui le suivaient, criait : «Hosanua 
pour le Fils de David 1! 

«Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur 3» 

Hosanna au plus haut des cieux!» 

A son entrée dans Jérusalem, la ville entière fut en émoi; on 
disait: «Qui est celui-ci?» et les multitudes répondaient : «C'est 
le prophète Jésus de Nazareth de Galilée. » 

Jésus entra dans le Temple ὅ, et il en chassa tous les vendeurs et 
tous les acheteurs ; il renversa les tables des changeurs, ainsi que 
les sièges des marchands de colombes, et il leur dit: « Il est écrit : 

«Ma maison s'appellera maison de prière *. » 

«Eh bien! vous en faites 

…......... une caverne de brigandsÿ. » 

Dans le Temple, aveugles et estropiés s’approchèrent de lui, et il 
les guérit. 

Voyant les merveilles qu’il accomplissait et les enfants crier 
dans le Temple et dire: «Hosanna pour le Fils de David!» les 
chefs des prêtres et les Scribes furent indignés: «Est-ce que tu 
entends ce que ceux-là crient?» lui dirent-ils. «Oui, leur répondit 
Jésus, n’avez-vous donc jamais lu cette parole : 

« Dans la bouche des petits enfants et des nourrissons qu'on allaite, 
Tu l'es préparé des louanges 5, » 

Puis il les quitta et sortit de la ville pour aller à Béthanie, où il 

passa la nuit. 


Le matin, en revenant à la ville, il eut faim, et voyant sur le 
chemin un figuier isolé, il s'en approcha ; mais il n'y trouva rien, 


1 Cette exclamation correspond exactement à: Vive le fils de David. Hosanna 
est un mot dérivé de l’hébreu et signifiant: Sauve, je te prie. 

2 Psaume 118, 26. 

5 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent: de Dieu Voir sur ce mot: Le 
Temple, note sur Jean 2, 14. 

4 Ésaïe 56, 7. 

Jérémie 7, 11. 

5 Psaume 8, 3. 


«! 


9, 21 


10 
11 


19 


13 


14 


16 


47 


18 19 


21, 


27 


98 LE NOUVEAU TESTAMENT 


il n’y avait que des feuilles. II lui dit alors: «Que jamais fruit ne 
paisse de toi désormais!» A l'instant même le figuier sécha. A 
cette vue, les disciples s’étonnèrent et ils dirent: «Comment ce 
figuier s'est-il instantanément desséché? » Jésus leur répondit par 
ces paroles : «En vérité, je vous le dis: si vous aviez de la foi et 
que vous ne doutiez point, non seulement vous feriez ce que j'ai 
fait à ce figuier, mais quand même vous diriez à cette montagne : 
Soulève-toi et jette-toi dans la mer, cela s’accomplirait. Tout ce 
que, dans la prière, vous demanderez avec foi, vous le recevrez. » 


Quand 11 fut entré dans le Temple, les chefs des prêtres et les 
Anciens du peuple vinrent à lui, pendant qu'il enseignait, et lui 
dirent : «En vertu de quelle autorité fais-tu ces choses? et qui t'a 
donné cette autorité?» Jésus leur répondit par ces paroles : «Je 
vous ferai, MOI aussi, une question, une seule, et si vous me ré- 
pondez, je vous dirai en vertu de quelle autorité je fais cés choses. 
Le baptême de Jean, d’où venait-il? du ciel ou des hommes? » Or 
ils faisaient, à part eux, ce raisonnement : «Si nous répondons : 
du ciel, — il nous dira : Pourquoi donc ne l’avez-vous pas cru? 
Et si nous répondons : des hommes, — nous avons à craindre la 
multitude, car tous tiennent Jean pour prophète. » Alors ils ré- 
pondirent ainsi à Jésus : «Nous ne savons.» Et lui, il leur dit à 
son tour : «Je ne vous dis pas, moi non plus, en vertu de quelle 
autorité je fais ces choses. » 


«Que pensez-vous de ceci : un homme avait deux fils. Il s'adressa 
au premier et lui dit : « Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma 
vigne.» Celui-ci répondit: «J'y vais, seigneur» — et n'y alla 
pas. Venant ensuite à un autre fils, le père lui parla de même. 
Gelui-là répondit: «Je ne veux pas» — et plus tard, touché de 
repentir, il y alla. Lequel des deux a fait la volonté de son père ὃ» 
— «C'est le dernier » répondirent-ils 1, 


! Plusieurs anciens manuscrits lisent ainsi ce passage : ΠῚ s'adressa au pre- 
mier et lui dit: Mon enfant, va travailler aujourd'hui à ma vigne; celui-ci 


+. ψ ὃν ad 


PRE ΔΑ, 


| ΡῈ 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 99 


Et Jésus ajouta : «En vérité, je vous le dis, les publicains et les 
femmes de mauvaise vie vous précèdent dans le Royaume de 
Dieu. Jean, en effet, est venu à vous dans la voie de la justice et 
vous ne l'avez pas cru. Les publicains et les femmes de mauvaise 
vie l'ont cru; et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas 
repentis, vous n’avez pas fini par le croire. » 


« Écoutez une autre parabole : Il y avait un homme, un maitre 
de maison, qui avait planté une vigne; après l'avoir entourée d’une 
haie, y avoir creusé une cuve et construit une tour, 1] la loua à des 
vignerons et fit une absence. Lorsque vint la saison de la récolte, 
il envoya ses serviteurs ! aux vignerons pour recueillir le produit 
de sa vigne. Or les vignerons s’emparèrent de ces serviteurs 1, ils 
battirent celui-ci, ils tuèrent celui-là, ils en lapidèrent un troisième. 
Le maître alors leur en envoya d’autres, plus nombreux que les 
premiers ; les vignerons les traitèrent de même. Enfin, il leur en- 
voya son fils, disant : « Ils respecteront mon fils. » Mais quand ils 
virent le fils, ils se dirent à part eux : «Celui-là, c’est l'héritier ; 
allons ! tuons-le et nous aurons son héritage ! » S’étant donc empa- 
rés de lui, 115 le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien, 
lorsque le maitre de la vigne arrivera, que fera-t-il à ces vigne- 
rons?» On lui répondit : «Il fera périr misérablement ces miséra- 
bles et il louera la vigne à d’autres vignerons qui lui en rendront 
les fruits à la saison. » 

Jésus leur dit: «Est-ce que vous n’avez jamais lu dans les Écri- 
tures : 

«La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient, 
Celle-la même est devenue la tête de l'angle; 
C’est l'ouvrage du Seigneur, 
Ouvrage admirable à nos yeux ?. » 


répondit: Je ne veux pas, et plus tard, touché de repentir, il y alla. Venant 
ensuite à son autre fils, il lui parla de même. Celui-ci répondit : J'y vais, 
Seigneur, et n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté de son père? — 
C’est le premier, répondirent-ils. 

1 Grec : ses esclaves. 

? Psaume 118, 22, 23. 


33 


22,12 


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12 


100 LE NOUVEAU TESTAMENT 


« Voilà pourquoi je vous dis que le Royaume de Dieu vous sera 
enlevé et qu'il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. 
Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera et celui sur qui elle 
tombera, elle le mettra en poussière !. » 

En entendant ces paraboles, les chefs des prêtres et les Pharisiens 
comprirent que c'était d'eux qu'il parlait. Ils cherchaient bien à 
l'arrêter, mais ils redoutaient la multitude, parce qu'elle tenait 
Jésus pour prophète. 


Il reprit la parole, et continuant de raconter des paraboles, il 
leur dit : « Voici une similitude du Royaume des cieux : un roi, qui 
célébrait les noces de son fils, envoya ses serviteurs? prévenir 
les conviés de s’y rendre; mais ils ne voulurent pas venir. D’au- 
tres serviteurs ? furent, une seconde fois, envoyés avec cet ordre : 
dites ceci aux conviés : voici mon festin préparé; mes bœufs et 
les animaux engraissés sont tués; tout est prêt; venez aux noces. » 

«Mais les conviés n’en tinrent nul compte et ils s’en allèrent, 
celui-ci à sa campagne, celui-là à ses affaires. Quant aux autres, 
ils s'emparèrent des serviteurs 4, les outragèrent et les tuèrent. Se 
mettant en colère, le roi envoya ses troupes exterminer ces meur- 
triers et incendier leur ville. II dit ensuite à ses serviteurs “ : «Le 
festin de noces est prêt, mais ceux qui y avaient été invités n’en 
ont pas été dignes. Parcourez donc les carrefours; et tous ceux que 
vous trouverez, appelez-les au festin de noces. » Les serviteurs ἡ 
s'en allèrent alors par les rues, rassemblèrent tous ceux qu'ils 
rencontrerent, bons et mauvais, de sorte que la salle fat remplie 
de convives. » 

« Étant entré pour voir ceux qui étaient à table, le roi vit là un 
homme qui n'avait point revêtu la robe nuptialeÿ. Mon ami, lui 


1 Quelques anciens manuscrits omettent cette phrase : celui qui tombera sur 
celte pierre s’y brisera et celui sur qui elle tombera, elle le mettra en poussière. 

2 Grec : esclaves. 

3 Grec : déjeuner; mais ici ce mot est pris dans le sens général de repas. 

4 Grec: esclaves. 

5 En Orient, la coutume était de remettre à chaque convié, en l’invitant, la 
robe de fête qu'il devait revêtir, 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 101 


demanda-t-1l, comment es-tu entré ici sans avoir de robe nuptiale? 
Il eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux gens de service: 
« Liez-le, pieds et mains, et jetez-le dehors, dans les ténèbres; Ià 
seront les pleurs et le grincement des dents.» — Beaucoup, en 
effet, sont appelés ; peu sont élus, » 


Alors les Pharisiens, en s’en allant, se concertèrent pour le 
prendre au piège par ses propres paroles, et ils lui envoyèrent 
leurs disciples, accompagnés des Hérodiens?, qui lui dirent : 
« Maître, nous savons que tu es véridique et que tu enseignes en 
toute vérité la voie de Dieu, sans avoir souci de qui que ce soit, 
sans regarder à la figure des uns ou des autres. Dis-nous donc 
quel est ton avis: Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à 
César? Mais Jésus, connaissant leur malice, répondit: «Pour- 
quoi me mettez-vous à l'épreuve, hypocrites“! montrez-moi la 
monnaie de l'impôt.» Ils lui présentèrent un denier. «De qui est 
celte image? demanda-t-il, de qui cette inscription? » Ils répon- 
dirent : «de César». Alors il leur dit: «Rendez donc à César ce 
qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » 

Cette réponse les surprit et ils le laissèrent, ils partirent. 


Ce même jour, des Sadducéens, disant qu'il n'y ἃ point de 
résurrection, vinrent lui poser une question. «Maître, dirent-ils, 
Moïse ἃ dit: « Si quelqu'un meurt sans laisser d'enfants, que son 
frère épouse sa veuve et suscite à celui-ci une postérité5,» Or, parmi 
nous, il y a eu sept frères. Le premier s’est marié et est mort sans 
avoir de postérité; 1l ἃ laissé sa femme à son frère. Pareillement 
le second, puis le troisième, jusqu’au septième. Enfin, après eux 
tous, la femme est-morte. Duquel des sept, ayant été la femme de 
tous, sera-t-elle donc l'épouse à la résurrection ? » 


1 On peut traduire aussi : pour le prendre au piège dans une discussion. 

? Les Hérodiens, partisans de la famille des Hérodes. 

3 César, c’est-à-dire l’empereur romain qui prélevait un impôt sur le peuple 
juif, 

# Voir note sur Matth. 6, 2. 

Ὁ Quelques anciens manuscrits lisent : demanda Jésus. 

6 Deut. 25, 5. 


13, 22 


15 
10 


22, 29 


102 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Jésus leur répondit par ces paroles : « Vous êtes dans l’erreur, 
parce que vous ignorez et les Écritures et la puissance de Dieu. 
Les ressuscités, en effet, ne se marient pas et ne donnent pas en 
mariage, mais ils sont dans le ciel comme des anges!. Et quant à 
la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu cette parole que Dieu 
vous a dite : «Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de 
Jacob ?.» Or ce n’est point de morts, c'est de vivants qu'il est Dieu. » 

Les multitudes qui entendaient étaient extrêmement frappées 
de son enseignement. 


Apprenant qu'il avait fermé la bouche aux Sadducéens, les 
Pharisiens se réunirent; et l’un d’eux, un légiste, lui demanda 
pour le mettre à l'épreuve: «Maïtre, quel est, dans la Loi, le 
grand commandement?» Jésus lui dit: « Tu aimeras le Seigneur 
ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée 5.» 
C'est le grand et le premier commandement. Il y en a un second 
qui lui est semblable: «Tu aimeras ton prochain comme toi- 
méme “.» De ces deux commandements dépendent ® «la Loi» tout 
entière, ainsi que «les Prophètes » 5. 


Les Pharisiens se trouvant rassemblés, Jésus leur posa cette 
question : «Quelle est votre opinion sur le Christ? de qui est-il 
fils?» Ils lui dirent: «de David.» «Comment donc, reprit-il, 
David inspiré l’appelle-t-1l «Seigneur » quand il dit : 

«Le Seigneur a dit à mon Seigneur, 
Siège à ma droite 
Jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds 7? » 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : anges de Dieu, 

2 Exode 8, G. 

3 Deut. 6, 5. 

4 Lévit. 19, 18. Voy. Matth. 19, 19. 

Ὁ Littéralement : ὦ ces deux commandements sont suspendus... 

5 «La Lois, c'est-à-dire les cinq livres dits de Moïse et «les Prophètes », 
c'est-à-dire la seconde partie de la Bible des Juifs de Palestine au premier sièele, 
Ge recueil, outre les trois grands prophètes, Ésaie, Jérémie, Ezéchiel, et les 
douze petits prophètes, comprenait les livres de Josué, des Juges, de Samuel et 
des Rois, 

7 Psaume 110, 1. Voir Actes 2, 34 et suiv. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 103 


Si David l'appelle «Seigneur » comment donc est-il son fils?» — 
Nul ne put lui répondre un mot et, depuis ce jour-là, personne 
n'osa plus le questionner. 


Jésus alors, parlant à la multitude en même temps qu’à ses 
disciples, dit: «C’est dans la chaire de Moïse que sont assis les 
Scribes et les Pharisiens; observez donc tout ce qu'ils vous disent 
et faites-le. Mais n’imitez pas leurs œuvres!, car ils disent et ne 
font pas. Ils lient en faisceau de pesants fardeaux et ils en chargent 
l'épaule des hommes; mais eux ils ne veulent pas les remuer du 
bout du doigt. Toutes leurs actions 1ls les font pour être vus des 
autres ; en effet, 1ls portent d'énormes phylactères ? et leurs franges * 
sont interminables; dans les festins ils aiment la première place #, 
dans les synagogues les premiers sièges, sur les places publiques 
les salutations, et que chacun leur donne le nom de Rabbi 5.» 

«Quant à vous, ne vous faites pas appeler : Rabbi; car un seul 
est votre maitre, et pour vous, vous êtes tous frères. Et ne donnez 
à personne sur terre le nom de père : car un seul est votre Père : 
le Père céleste. Qu'on ne vous appelle pas non plus directeurs, 
car vous n'avez qu'un seul directeur : le Christ. Le plus grand 
parmi vous sera votre. serviteur. Qui s’élèvera lui-même sera 
abaissé; qui s’abaissera lui-même sera élevé. » 

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! parce que 
vous fermez la porte du Royaume des cieux au visage des hommes. 
Vous, vous n’entrez pas, et ceux qui viennent pour entrer vous ne 
les laissez pas entrer 6. » 


1 Littéralement : ne faites pas selon leurs œuvres, 

? Les Phylactères, bandes de parchemin ou de métal que les Juifs de ce temps 
portaient sur le front ou au bras gauche et sur lesquelles étaient écrits des pas- 
sages de la Loi. Voir Deut. 6, 8. 

5 Ces franges ou plutôt ces houppes, portées par les Juifs aux quatre coins de 
leurs manteaux, étaient prescrites par la Loi (Nombres 15, 37 et suiv.) et ser- 
vaient à les distinguer des païens. 

Ὁ. Littéralement : Le premier lit. On sait que les anciens prenaient leurs repas 
à demi-étendus sur des lits. 

5 Rabbi, mot araméen qui signifie maitre. 

5 Plusieurs manuscrits sans autorité insèrent ici une phrase empruntée à 
Marc 12, 40 et à Luc 20, 47. Cette phrase forme le verset 14 dans les éditions 


+ 


45, 22 
46 


- 


1 
11 


12 


13 


23, 15 


19 
σι 


104 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites 1! parce que 
vous parcourez terres et mers pour faire un seul prosélyte: et, 
lorsqu'il l'est devenu, vous en faites un fils de la Géhenne ?, deux 
fois pire que vous.» 

«Malheur à vous, guides aveugles ! qui dites: «Si quelqu'un 
jure par le Temple, ce n’est rien du tout; mais si quelqu'un jure 
par l'or du Temple, il est engagé. » Insensés et aveugles ! lequel 
est donc le plus grand, ou de l'or ou du Temple qui sanctifie l'or? 
Et encore : «Si quelqu'un jure par l'autel, ce n'est rien du tout; 
mais si quelqu'un jure par l'offrande qui est sur l'autel, il est 
engagé. » Aveugles, lequel est le plus grand ou de l'offrande, ou 
de l’autel qui sanctifie l’offrande? Qui jure par l'autel, jure et par 
l'autel et par tout ce qu'il porte. Qui jure par le Temple, jure et par 
le Temple et par Celui dont il est la demeure. Qui jure par le ciel, 
jure et par le trône de Dieu et par Celui qui y est assis. » 

«Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites * ! parce que 
vous acquitiez la dime, et de la menthe, et de l’aneth, et du cumin 
et que vous laissez de côté ce qu'il y ἃ de plus grave dans la Loi : 
la justice, la pitié, la bonne foi! 11 fallait faire ceci et ne pas 
omettre cela. Guides aveugles ! qui retenez au filtre le moucheron 
et qui engloutissez le chameau !» 

«Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que 
vous purifiez le dehors de la coupe et du plat quand ils sont remplis 
au dedans de rapines et d'immondices! Pharisien aveugle, purifie 
d'abord l'intérieur de la coupe et du plat", afin que le dehors 
devienne pur aussi.» 

«Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que 
vous êtes pareils à des sépulcres blanchis ! 115 ont, à l'extérieur, 
une belle apparence; mais au dedans, 115 sont remplis d’ossements 


ordinaires du Nouveau Testament : Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypo- 
criles ! parce que vous dévorez les ressources des veuves, en affectant de prier 
longuement. Voilà pourquoi le jugement aura pour vous plus de rigueur. 

1 Voir note sur Matth. 6, 2. 

2? Géhenne. Voir note sur Matth. 5, 22. 

3 Voir note sur Matth. 6, 2. 

t Quelques anciennes autorités omettent ef du plat. 


nc Le ils Ml 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 105 


de morts et de toute sorte de pourriture. Vous de même; à lexté- 
rieur vous paraissez justes aux hommes; mais, au dedans, vous 
êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité. » 

«Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que 
vous élevez des tombeaux aux prophètes, que vous ornez les 
sépulcres des justes et que vous dites : «Si nous eussions été là du 
temps de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices dans 
le meurtre des prophètes.» Et par là, vous vous rendez à vous- 
mêmes le témoignage que vous êtes bien les fils des meurtriers des 
prophètes. Ainsi, vous, vous comblez la mesure de vos pères ! 
Serpents! Engeance de vipères! comment éviterez-vous la con- 
damnation de la Géhenne1? C’est pour cela que moi-même je vous 
envoie prophètes, sages et docteurs?. Les uns vous les tuerez, 
vous les crucifierez; les autres vous les flagellerez dans vos syna- 
gogues; vous les traquerez de ville en ville, afin que retombe sur 
vous tout sang innocent versé sur la terre depuis le sang d’Abel 
le juste jusqu'au sang de Zaccharie, fils de Barachie*, que vous 
avez massacré entre le Temple et l'autel ! Je vous le dis en vérité, 
c’est sur cette génération-ci que tout cela retombera !» 

«Jérusalem ! Jérusalem ! qui tues les prophètes et qui lapides 
ceux qui te sont envoyés #, combien de fois ai-je voulu rassembler 
tes enfants, comme la pouleÿ rassemble ses poussins 5 sous ses 
ailes, et tu ne l’as pas voulu?! Eh bien, votre demeure vous est 
laissées, Car je vous le déclare, vous ne me verrez plus, jusqu'à 
ce que. vous disiez : 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur”. » 


1 Géhenne. Voir note sur Matth. 5, 22. 

2 Littéralement : scribes. 

3 Voir II Chron. 24, 20 et suiv. 

4 Grec : qui lui sont envoyés. 

5 La poule ou l'oiseau. 

5 Ses poussins ou ses petits. 

7 Grec : vous ne l'avez pas voulu. 

8 Quelques anciens manuscrits lisent : votre demeure vous est laissée déserte; 
voir, sur le sens de la leçon que nous avons adoptée, note sur Luc 13, 35. 

9 Psaume 21, 26. Voir Matth. 18, 26. Voir Matth. 28, 9. 


98, 23 


30 
37 
38 


99 


24, 1 


ἘΘ 


CO 


σι 


=] 


106 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Jésus sortait du Temple et s'éloignait, lorsque ses disciples 
vinrent lui en faire remarquer les diverses constructions. Alors il 
leur parla ainsi: «De tout ce que vous voyez là, je vous le dis en 
vérité, 1l ne restera pas pierre sur pierre. Tout sera renversé. » 

Puis il alla s'asseoir sur le mont des Oliviers, les disciples s’ap- 
prochèrent de lui et, le prenant à part, l’interrogèrent : « Dis-nous 
quand ces choses arriveront et quel sera le signe de ton avènement 
et de la fin du monde. » 

Jésus leur répondit par ces paroles : «Veillez à ce que personne 
ne vous séduise; car plusieurs viendront en prenant mon nom, ils 
diront : «Je suis, moi, le Christ» et ils séduiront bien des hommes. 
Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres; gardez- 
vous de vous en troubler; car il faut que cela arrive; mais ce ne 
sera pas encore la fin.» 

«Se soulèvera, en effet, nation contre nation, royaume contre 
royaume. Il y aura, ici et là, des famines et des tremblements de 
terre. Tout cela ce seront les douleurs de l’enfantement qui com- 
mencent. » 

«On vous livrera alors aux tourments; on vous mettra à mort; 
vous serez, à cause de mon nom, en haine à toutes les nations. 
Et alors beaucoup seront pris au piège?; ils se trahiront les uns 
les autres, ils se haïront entre eux. Plusieurs faux prophètes sur- 
giront et séduiront un grand nombre d'hommes. Et conime l’iniquité 
augmentera, l'amour du plus grand nombre se refroidira; mais 
celui-là sera sauvé qui aura persévéré jusqu'à la fin.» 

«Cet Évangile du Royaume ὃ sera prêché par toute la terre et 
attesté à toutes les nations. Et c’est alors que viendra la fin, » 

«Quand vous verrez «l'abomination de la désolation», comme 
dit le prophète Daniel 4, installée dans le Lieu Saint (comprends 


1 Littéralement : de la consommation du siècle (du siècle présent, de léco- 
nomie actuelle, c’est-à-dire du monde), Voy. Matth. 28, 20. 

2 Grec : seront scandalisés. Nous avons expliqué ce mot, Voir note sur Matth, 
18, versets ὁ et suiv. | 

3 Ou: cette Bonne Nouvelle du Royaume. 

# Daniel 9, 27. 


dé vel of ὧδ... τ 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 107 


bien, lecteur! ), que ceux qui seront dans la Judée fuient aux mon- 
tagnes; que celui qui sera sur le toit! n'en descende point pour 
emporter ce qui est dans sa maison; que celui qui sera dans les 
champs ne revienne pas sur ses pas pour prendre son manteau. 
Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaite- 
ront en ces jours-là !» 

«Priez pour que votre fuite n’arrive ni en hiver, ni en un jour 
de sabbat, car 1] y aura alors une grande tribulation, telle qu'il n'y 
en ἃ pas eu de semblable depuis le commencement du monde 
jusqu’à présent, et qu'il n'y en aura plus jamais. Et si ces jours 
n'avaient pas été abrégés, nulle vie? ne serait sauvée; mais, à 
cause des élus, ces jours seront abrégés. » 

«Si l’on vous dit alors: «Voici le Christ est ici!» ou: «Le 
voilà! » ne le croyez pas. Car 1] surgira de faux Christs, et de faux 
prophètes, faisant de grands signes et prodiges, afin de séduire, 
si possible, même les élus. Ainsi, je vous ai prévenus 5.» 

«Si donc quelqu'un vous dit: « Voilà qu’il est dans le désert!» 
n'y allez pas. «Le voilà dans l'intérieur de la maison!» ne le 
croyez pas. Tel, en effet, l'éclair part d'Orient et brille jusqu'à 
l'Occident, tel sera l'avènement du Fils de l'homme. Partout où 
sera le cadavre, s’assembleront les vautours #. » 

«Immédiatement après ces jours de tribulation, le soleil s’obs- 
curcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont 
du ciel, les puissances des cieux seront ébranlées. C’est alors 
qu'apparaïîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme, et alors se 
frapperont * la poitrine toutes les tribus de la terre, et elles verront 
le Fils de l'homme arrivant sur les nuées du ciel, en puissance et 
grande gloire, et il enverra ses anges, lesquels, au son éclatant de 
la trompette, rassembleront ses élus des quatre Vents de l'horizon 5, 
d'une extrémité du ciel à l’autre extrémité. » 


1 Sur le toit ou sur La terrasse. Voir note sur Luc 17, 31. 

2? Grec: nulle chair. C’est un hébraïsme. 

5 Littéralement : je vous ai prédit. 

# Voir sur le sens de cette phrase note sur Luc 17, 37. 

Ὁ Un des plus anciens manuscrits omet alors avant se frapperont. 

ὁ Nous ajoutons au texte ces mots : de l'horizon, parce que les quatre vents 
signifiaient chez les Juifs les quatre points cardinaux. 


10, 24 


30 


91 


24, 


32 
33 
34 


90 
90 


98 


99 


108 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Que le figuier vous serve de comparaison : quand ses branches 
deviennent tendres et que ses feuilles poussent, vous savez que l'été 
est proche ; de même quand vous verrez toutes ces choses, sachez 
qu'il! est proche, qu’il est aux portes. En vérité, je vous le dis, 
cette génération ne passera pas que tout cela n'arrive. Le ciel et 
la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. De ce jour 
et de l'heure nul ne sait rien, ni les anges des cieux, ni le Fils?; 
personne, excepté le Père, seul. » 

«Tels les jours de Noé, tel l'avènement du Fils de l’homme : de 
même, en effet, que, dans les jours précédant le déluge, les gens 
mangeaient, buvaient, se mariaient, mariaient les leurs, jusqu’au 
moment où Noé entra dans l'arche; de même qu'ils ne comprirent 
rien jusqu'à ce que survint le déluge qui les emporta tous, de 
même en sera-t-il ὁ de l'avènement du Fils de l’homme. 

Deux hommes seront alors dans un champ : l’un sera pris; 
l’autre sera laissé. Deux femmes seront à tourner la meule : l’une 
sera prise; l’autre sera laissée. Veillez donc, parce que vous ne 
savez pas quel jour viendra votre Seigneur. Sachez ceci: si le 
maître de la maison connaissait l'heure de la nuit à laquelle doit 
venir le voleur, il veillerait, il ne laisserait pas forcer 4 sa maison. 
Eh bien ! vous, soyez prêts, parce que c'est à une heure où vous 
n y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » 

«Quel est, par conséquent, le serviteur ÿ fidèle et prudent que 
son maître a mis à la tête de ses gens pour donner à chacun sa 
nourriture au moment voulu? C’est celui que le maître, à son 
arrivée, trouvera agissant ainsi. Heureux ce serviteur 5! En vérité, 
je vous le dis, le maître l’établira sur tous ses biens. Mais si le 5 
serviteur, étant mauvais, dit en son cœur : « Mon maître tarde», 
et qu'il se mette à battre ses compagnons de service, à manger et 
à boire avec les ivrognes, son maître surviendra au jour où ce 


1 Ji, c'est-à-dire Le Fils de l'homme, 

2 Plusieurs anciennes autorités omettent ni Le Fils. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : de même en sera-t-il aussi de, ete. 
4 Grec: percer. Voir note sur Luc 12, 39. 

» Grec : esclave. 

6 Un des plus anciens manuscrits lit : ce serviteur. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 109 


serviteur ne sy attend pas et à une heure qu'il ignore, et il le 
déchirera à coups de verge! et lui donnera le même lot qu'aux 
hypocrites ?. Là seront les pleurs et le grincement des dents. » 


«Alors le Royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui 
allèrent, leurs lampes à la main, à la rencontre de l'époux. Cinq 
d’entre elles étaient folles, cinq étaient sages. Folles, car, en pre- 
nant leurs lampes, elles n'avaient pas emporté d’huile avec elles; 
mais les sages avaient pris, avec leurs lampes, de l'huile dans des 
vases. » 

« L'époux tardant à venir, elles s’assoupirent toutes et s’endor- 
mirent. Au milieu de la nuit un cri retentit : « Voici l'époux ! sor- 
tez au-devant de lui! » Alors toutes ces vierges se levèrent et 
apprêtèrent leurs lampes, et les folles dirent aux sages: « Nos 
lampes s’éteignent ; donnez-nous de votre huile. » Les sages répon- 
dirent : «Il n’y en aurait peut-être pas assez pour nous et pour 
vous ; allez plutôt à ceux qui en vendent et vous en achetez. » 

«Or, pendant qu’elles allaient en acheter, l'époux vint, et celles 
qui étaient prêtes entrèrent avec lui au festin de noces ; et la porte 
fut fermée. » 

«Enfin arrivent aussi les autres vierges, en disant : « Seigneur ! 
Seigneur! ouvre-nous! » mais il leur répondit : « En vérité, je vous 
le dis, je ne vous connais pas.» Donc, veillez, parce que vous ne 
savez ni le jour ni l'heure.» 


«Tel encore le Royaume des cieux ὃ, tel un homme qui, partant 
pour un voyage, appela ses serviteurs “ et leur confia ses biens. A 
celui-ci, il donna cinq talents5; à celui-là, deux; à ce troisième, 
un seul ; à chacun suivant sa capacité personnelle. Aussitôt après, 
il partit. Celui qui avait reçu δ les cinq talents alla les faire valoir 


1 Il le déchirera à coups de verge. Voir note sur Luc 12, 46. 

2? Voir note sur Matth. 6, 2. 

3 Ces mots: Tel encore le Royaume des cieux sont sous-entendus dans le texte, 
4 Grec: esclaves. 

5 Le talent, monnaie fictive, valait soixante mines ou 5280 francs. 

6 Au lieu de : Aussitôt après il partit, Gelui qui avait reçu on peut traduire 


51, 24 


4.9. ὍΘ RTC 


10 


14 
15 


16 


24 


110 LE NOUVEAU TESTAMENT 


et en gagna cinq autres. De même celui qui en avait deux en gagna 
deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’uv, alla faire un 
trou dans la terre et il y enfouit l'argent de son maitre. » 

«Après un long temps écoulé, le maïtre revint et il fit rendre 
compte à ses serviteurs. Celui qui avait reçu les cinq talents se 
présenta, en apportant cinq autres. «Seigneur !, dit-il, tu m'as 
confié cinq talents; en voici cinq autres que j'ai gagnés. » Le 
maître lui dit: «Bien, serviteur bon et fidèle; c’est dans peu de 
chose que tu t'es montré fidèle, c’est sur beaucoup que je t'éta- 
blirai. Entre dans la joie de ton seigneur. » 

«S’approchant aussi, celui qui avait reçu les deux talents, dit : 
«Seigneur , tu m'as confié deux talents ; en voici deux autres que 
J'ai gagnés.» Son maître lui dit: «Bien, serviteur bon et fidèle; 
c'est dans peu de chose que tu t’es montré fidèle, c’est sur beau- 
coup que je t’établirai. Entre dans la joie de ton seigneur. » 

«Mais celui qui avait reçu un seul talent vint à son tour et dit: 
Seigneur, je savais que tu es un homme dur, tu moissonnes là où 
tu n’as pas semé, tu ramasses sur l’aire où tu n’as pas étendu de 
gerbes; et, plein de crainte, je suis allé enfouir en terre ton talent. 
Le voilà; tu es en possession de ce qui t’appartient. » Mais son 
maître lui répondit par ces paroles : «Mauvais serviteur ! pares- 
seux ! tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé et que 
je ramasse sur l'aire où je n'ai pas étendu de gerbes. Il te fallait 
en conséquence placer ton argent chez les banquiers, et, à mon 
retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt, Donc, ôtez- 
lui le talent et donnez-le à celui qui a les dix. Car à tout homme 
qui ἃ il sera donné, et il sera dans l'abondance; mais à celui qui 
n'a pas, même ce qu'il ἃ lui sera Ôté. Quant au serviteur inutile, 
jetez-le dehors, dans les ténèbres, — là seront les pleurs et le 
srincement des dents. » 


d'après une autre ponctuation: 71] partit. Immédiatement celui qui avait 
reçu, etc. 

1 Cest un même mot grec que nous traduisons tantôt par maitre, tantôt par 
seigneur, suivant les exigences de la langue française, 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU il 


«Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et, avec lui, 
tous les anges, il s’assiéra sur son trône de gloire. Devant lui 
seront rassemblées toutes les nations ; et il séparera les uns d’avec 
les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs; il 
placera les brebis à sa droite, les boucs à sa gauche, » 

«Après quoi, le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, 
les bénis de mon Père! entrez en possession du Royaume qui vous 
a été préparé depuis la création du monde; car j'ai eu faim, et 
vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à 
boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli; nu, et vous m'avez 
vêtu; malade, et vous m'avez visité; en prison, et vous êtes venus 
près de moi. » ; 

« Les justes alors lui répondront par ces paroles: « Seigneur, 
quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et que nous t'avons 
nourri? Avoir soif et que nous t’avons donné à boire? Quand est-ce 
que, te voyant étranger, nous t’avons recueilli; que, te voyant 
dans la nudité, nous t’avons vêtu ἢ Quand est-ce que nous t'avons 
vu malade ou en prison et que nous sommes venus près de toi? » 

«Et le Roi leur fera cette réponse : «En vérité, je vous le dis, 
toutes les fois que vous avez fait cela à un seul des plus petits 
parmi mes frères que voici, c’est à moi que vous l'avez fait.» 

« Puis il dira à ceux qui seront à sa gauche: «Allez loin de 
moi, maudits, dans le feu éternel! préparé pour le diable et ses 
anges. Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger; 
j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire; j'étais étranger 
et vous ne m'avez pas recueilli; nu et vous ne m'avez pas vêtu; 
malade et en prison et vous ne m'avez pas visité. » 

Alors ils répondront, eux aussi, par ces paroles: «Seigneur, 
quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim, avoir 501, être 
étranger ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne {’avons 
pas assisté ? » 

Mais il leur fera cette réponse : «En vérité, je vous le dis, toutes 


1 On peut traduire aussi : feu à venir. Voir note sur Jean 8, 15. 


31, 2 


36 


25, 46 


ἣν 


ὧτ 


119 LE NOUVEAU TESTAMENT 


les fois que vous n'avez pas fait cela à un seul de ces plus petits 
que voici, c’est à moi que vous ne l'avez pas fait. Et ceux-là s’en 
iront à un châtiment éternel et les justes à une vie éternelle 1.» 


Quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples : 
«Vous savez que dans deux Jours aura lieu la Pâque, et le Fils de 
l’homme va être livré pour être crucifié. » 

Alors s’assemblèrent les chefs des prêtres et les Anciens du peuple 
dans la cour? du Grand-Prêtre appelé Kaïphe ὃ, et ils tinrent conseil 
sur les moyens de s'emparer de Jésus par ruse et de le tuer. Toute- 
fois 1ls disaient : «Rien pendant la fête, il pourrait y avoir un 
soulèvement du peuple. » 


Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. 
Comme il était à table, une femme portant un vase d’albâtre 4 rem- 
pli d’un parfum de grand prix, s’approcha de lui et répandit ce 
parfum sur sa tête. Ge que voyant, les disciples s’indignèrent. «A 
quoi bon cette perte?» dirent-ils. «On aurait pu vendre cela fort 
cher et en donner le prix à des pauvres. » 

Mais Jésus, le sachant, leur dit : «Pourquoi faites-vous de la 
peine à cette femme? C’est une bonne œuvre qu'elle ἃ faite pour 
moi: car les pauvres, vous les avez toujours avec vous, tandis 
que moi, vous ne m'avez pas pour toujours. Si elle a répandu sur 
mon corps ce parfum, elle l’a fait pour m'ensevelir. En vérité, Je 
vous le dis : Partout où sera prêché cet Évangile — dans le monde 
entier — on racontera aussi, en mémoire d'elle, ce qu'elle ἃ fait. » 


1 On peut traduire aussi: ὦ un châtiment à venir et les justes à une vie ἃ 
venir. Voir note sur Jean 3, 15. 

? La cour intérieure de son palais, l’atrium, probablement entouré de porti- 
ques, suivant la coutume générale en Orient, 

3 Ou plus exactement : Kaïaphas, 

τ Un vase d'albâtre, petite fiole hermétiquement fermée qui servait à conser- 
ver les parfums et dont on ne pouvait s'approprier le contenu qu'en la brisant. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 115 


C'est alors que l’un des douze, appelé Judas l’Iskariôte !, alla 
trouver les chefs des prêtres et leur dit: «Que voulez-vous me 
donner ? je vous le livrerai. » Ils lui payerent trente sicles d'argent ?. 
À partir de ce moment, 11 chercha une occasion favorable pour le 
livrer. 


Le premier jour des Azymes”, les disciples vinrent à Jésus et 
dirent : «Où veux-tu que nous te préparions le repas pascal? » 
«Allez à la ville, leur répondit-il, chez un tel et parlez-lui ainsi : 
le maître te fait dire : mon temps est proche; c'est chez toi que je 
célèbre la Pâque avec mes disciples. » 

Les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné et ils pré- 
parèrent la Päque. 


14, 26 


19 


Le soir venu, il se mit à table avec les douze “, et il dit pendant 90 91 


qu'ils mangeaient : «En vérité, je vous le dis, un de vous me 
livrera. » Extrêmement affligés, ils se mirent chacun à lui deman- 
der : «Est-ce moi, Seigneur ? » Il leur répondit par ces paroles : 
«Celui qui ἃ mis la main au plat avec moi”, celui-là même me 
livrera. Le Fils de l'homme cependant s’en va, selon qu'il est écrit 
de lui; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme 
est livré! Mieux vaudrait pour cet homme-là ne jamais être né!» 
Judas, celui qui le livra, s’adressa alors à lui: « Est-ce que c’est 
moi, Rabbi6» — «Tu las dit», répondit Jésus. 


1 L'Iskariôte, Voir note sur Matth. 10, 4. 

? Le sicle d'argent valait 3 fr. 50 c. Trente sicles valaient donc 105 francs ; 
mais, d’après le poids du métal, 30 sicles ne devaient pas représenter beaucoup 
plus de 80 francs au titre actuel. Si, d'autre part, on tient compte de la valeur 
relativement élevée de l’argent au premier siècle, on trouve que le prix auquel 
Judas vendit Jésus équivalait à une somme de 5 à 600 francs. 

5 Des Azymes, c’est-à-dire des pains sans levain, le premier jour de la fête. 

Ὁ Plusieurs anciens manuscrits ajoutent disciples, 

5 Celui qui a mis la main au plat avec moi, c’est-à-dire celui qui a mangé 
avec moi. Un seul plat servait pour tous et chacun à son tour y trempait son 
pain, Cet usage, ancien déjà au premier siècle, était général en Orient, et c’est 
ainsi qu'aujourd'hui encore les Arabes prennent leurs repas. 

5 Rabbi, mot araméen qui signifie maître. 


ε9 
9 


26, 26 


90 
91 


114 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain! et, ayant pro- 
noncé la bénédiction, 11 le rompit et le donna aux disciples en 
disant: «Prenez, mangez, ceci est mon corps.» Prenant ensuite 
une coupe, il rendit grâces, la leur donna et dit : « Buvez-en tous; 
car ceci est mon sang, le sang de l'alliance ?, lequel, en faveur de 
plusieurs, est répandu pour la rémission des péchés. Et désormais, 
Je vous le dis, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu'en ce 
jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon 
Père. » 


Après le chant des Psaumes?, ils partirent pour le mont des Oli- 
viers. Jésus leur dit alors : «Cette nuit, je vous serai à tous une 
occasion de tomber “. Il est écrit en effet : 

«Je frapperai le berger et les brebis du troupeau seront dispersées *, » 
«Mais, après ma résurrection, je vous précéderai en Galilée. » 
Pierre lui adressa ces paroles: «Quand tous viendraient à 

faillir à cause de toi, pour moi je ne succomberai jamais!» 

Jésus lui répondit: «En vérité, je te dis que, durant cette nuit, 

avant qu'un coq chante, tu me renieras trois fois ! » Pierre lui ré- 

pliqua : « Me fallüt-il mourir avec toi, non, je ne te renierai pas ! » 

Tous les disciples parlèrent de même. 


Alors Jésus vint avec les disciples en un lieu appelé Gethsé- 
mané 7 et leur dit: « Asseyez-vous ici pendant que je me retirerai 
là et que je prierai. » 


L'Ou: prit un pain. Voir note sur Matth. 14, 17. 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : de la nouvelle alliance. 

3 Pendant le repas pascal les Juifs chantaient les Psaumes 113 et 114 et 
après le repas les Psaumes 115 à 118. 

1 Grec : vous serez tous scandalisés en moi, c'est-à-dire mon arrestation fera 
que vous m'abandonnerez. Voir sur le sens de scandalisés note sur Matth. 18, G. 

5 Zaccharie 13, 7. 

6 Grec : se scandaliseraient en toi, je ne me scandaliserai jamais, moi, c’est- 
à-dire je ne l'abandonnerai jamais, ma foi me préservera de toute chute. Voir 
note sur Matth. 18, G. 

7 Gethsémané, en hébreu : Guet-chemanim, signifie pressoir à huile. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 115 


:----.....-.. ---- 


Puis, prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il com- 
mença à être dans la tristesse et dans l’angoisse ; il leur dit alors : 
«Mon âme est accablée de tristesse jusqu’à la mort. Restez ici et 
veillez avec moi! » Puis, s'étant un peu avancé, il se prosterna la 
face contre terre, et il pria en disant : «Mon Père!, si cela est 
possible, que cette coupe passe loin de moi! Toutefois, non pas 
comme je veux, mais COMME {u veux. » 

Il retourna près des disciples et il les trouva qui dormaient et il 
dit à Pierre : « Ainsi vous n'avez pas eu la force de veiller une 
seule heure avec moi? Veillez et priez, afin de ne pas succomber ? 
à l’épreuve ὃ; certes, l'esprit est prompt#, mais la chair est faible. » 

De nouveau, une seconde fois, il s’éloigna et pria, en disant : 
« Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que 
ta volonté soit faite ! » 

Il revint encore vers eux et les trouva qui dormaient ; leurs yeux, 
en effet, étaient appesantis. Il les laissa, s’en alla de nouveau et 
pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. 

Puis il vint aux disciples et leur dit: « Dormez maintenant; re- 
posez-vous ; voici que l'heure approche et le Fils de l’homme va 
être livré entre les mains des pécheurs 5. Levez-vous ! allons ! le 
voici ! il approche celui qui me livre! » 


Il parlait encore, lorsqu’arriva Judas, l’un des douze, et avec 
lui, envoyée par les chefs des prêtres et les Anciens du peuple, une 
foule nombreuse armée d’épées et de Fâtons. Le traître était con- 
venu avec eux d’un signal ; il leur avait dit: «Celui auquel je don- 
nerai un baiser, ce sera lui; vous vous en saisirez. » Il s’approcha 
aussitôt de Jésus et, en lui disant: «Salut, Rabbi6! », il l’'embrassa 


1 Quelques anciens manuscrits omettent mon. 

2 Littéralement : entrer dans. 

3 Ou : La tentation. 

£ Prompt; nous avons conservé ce mot consacré par l’usage. Le terme grec 
signifie ici plein d’ardeur. 

Ὁ Pécheurs signifie ici paiens. Voir sur le sens fréquent de ce mot, dans le 
Nouveau Testament, note sur Matth, 9, 10. 

5 Rabbi c’est-à-dire Maître. 


37, 26 
38 


39 


42 


48 


49 


26, 50 


97 


116 LE NOUVEAU TESTAMENT 


avec effusion. « Mon ami, lui dit Jésus, pourquoi es-tu ici?» Ils 
s’avancèrent alors et, mettant la main sur lui, ils le saisirent. 

Aussitôt un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la main, tira 
son épée, frappa le serviteur ! du Grand-Prêtre et lui coupa l'oreille. 
Jésus lui dit alors : «Remets ton épée à sa place, car tous ceux 
qui prennent l'épée périront par l'épée. Crois-tu qu'il me serait 
impossible d’invoquer mon Père, qui enverrait à mon secours, 
maintenant même, plus de douze légions d’anges ; mais comment 
s’accompliraient les Écritures, où il est annoncé qu'il en doit être 
ainsi ? » 

Ce fut à ce moment que Jésus dit à cette troupe : « Pour vous 
emparer de moi, vous êtes venus comme contre ? un brigand, avec 
des épées et des bâtons. Tous les jours, assis dans le Temple, 
Jj'enseignais et vous ne m’avez pas arrêté. » 

(Tout cela arriva pour accomplir ce qu'avaient écrit les pro- 
phètes). 

L'abandonnant alors, tous les disciples prirent la fuite. 


Ceux qui avaient arrêté Jésus le conduisirent chez Kaïphe”, le 
grand-prêtre, où s'étaient réunis les Scribes et les Anciens. 

Pierre pourtant le suivait de loin. Il alla jusqu'à la cour “ du 
Grand-Prêtre, y entra et s’assit parmi les gens de service pour voir 
comment cela finirait. 

Les chefs des prêtres et le Sanhédrin ® {out entier cherchaient 
contre Jésus quelque faux témoignage qui le fit condamner à mort; 
mais ils n'en trouvaient pas, bien que plusieurs faux témoins se ἡ 
fussent présentés. Enfin, il en survint deux qui parlèrent ainsi: 
« Cet homme a dit: «Je peux renverser le Temple de Dieu et en 
trois Jours le rebâtir. » Le Grand-Prètre se leva et lui dit : « Tu ne 


1 Grec: l’esclave. 

? On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Pour vous emparer de 
mot êles-vous venus comme contre, οἷο, 

8 Plus exactement : Kaiaphus. 

4 La cour, l’atrium. Voir note sur Matth. 26, 3. 

» Le Sanhédrin, Voir note sur Matth. 5, 99, 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 117 
RS τ ἐ “Ὁ ὃ UP 
réponds rien à ce que ces gens-ci déposent contre toil?» Mais Jésus 
gardait le silence. Le Grand-Prêtre lui dit :? « Par le Dieu vivant, 
je t’adjure de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. » Jésus 
lui répondit : « Tu l’as dit; et, de plus, je vous le déclare, désor- 
mais vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite de la 
Puissance ὅ et venant sur les nuées du ciel. » Alors le Grand-Prêtre 
déchira ses vêtements : «Il ἃ blasphémé! dit-il, qu'avons-nous 
encore besoin de témoins? vous venez vous-même d'entendre le 
blasphème ! Quel est votre avis?» Ils répondirent : «Il mérite la 
mort. » 

Dès ce moment ils lui crachèrent au visage et lui donnèrent des 
coups de poing; d’autres des coups de bâton ὁ, en disant : « Faisle 
prophète, Christ, en nous nommant celui qui t'a frappé.» 


Pierre cependant était dehors, assis dans la cour. Une servante, 
s'étant approchée, lui dit: « Toi aussi tu étais avec Jésus de Galilée, » 
Et lui de le nier devant tout le monde. « Je ne sais pas, dit-il, de 
quoi tu parles. » Comme il repassait la porte, une autre servante 
l’aperçut et s'adressant à ceux qui étaient présents : «Celui-ci 
était avec Jésus de Nazareth. » I] le nia de nouveau : « Je jure que 
je ne connais pas cet homme. » Un moment après, ceux qui 
étaient là vinrent à Pierre et lui dirent : « Certainement, tu en es, 
toi aussi; ta prononciation te trahit. » Il se livra alors à des im- 
précations ; il jura qu'il ne connaissait pas cet homme. Soudain un 
coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole qu'avait dite Jésus : 
«Avant qu'un coq chante, tu me renieras trois fois. » Il sortit et, 
dehors, il pleura ὅ amèrement. 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: Ne réponds-tu rien? 
Qu'est-ce que ces gens-ci déposent contre toi? 

2? Quelques anciens manuscrits, au lieu de: lui dit, lisent: prononça alors 
ces paroles. 

3 La Puissance de Dieu. Voir Luc 22, 69. 

4 On peut traduire aussi : D’autres des soufflets, des coups donnés la main 
ouverte, par opposition aux coups de poing donnés la main fermée; mais cette 
interprétation est moins probable, Voir Jean 18, 22. 

5 Plus exactement : 1] sanglota. 


63, 26 


1 
Le 


27. 1 


“ἃ 


10 


118 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Le jour s’étant levé, tous les chefs des prêtres et les Anciens du 
peuple tinrent conseil sur les moyens de mettre Jésus à mort. Et 
l’ayant chargé de liens, ils l’'emmenèrent et le livrèrent à Pilate 1, 
le procurateur. 


En voyant qu'il était condamné, celui qui l'avait livré, Judas, 
poussé par le remords, rapporta aux chefs des prêtres et aux An- 
ciens les trente sicles d'argent, disant: «J'ai péché en livrant un 
sang innocent 2.» [ls répondirent : «Que nous importe? c'est ton 
affaire.» Jetant alors les pièces d'argent dans le sanctuaire, Judas 
partit et il alla se pendre. Mais les chefs des prêtres ramassèrent la 
somme, disant: «Il n’est pas permis de la verser dans le Korban*, 
puisque c’est le prix du sang. » Et après en avoir conféré ensemble, 
ils en achetèrent le «Champ-du-Potier » pour la sépulture des étran- 
gers. De là le nom de « Champ-du-Sang» qu’on lui donne encore 
aujourd’hui. (C’est ainsi que fut accomplie la parole du prophète 
Jérémie : «Et àls ont recu les trente pièces d'argent, priæ de celui 
qui avait été évalué, évalué par les enfants d'Israël, et ils les ont 
données pour le champ du potier, ainsi que me l'avait ordonné le 
Seigneur #.») 


Jésus comparut devant le procurateur, et celui-ci l'interrogea : 
«C’est toi qui es le Roi des Juifs?» demanda:t-il. Jésus lui répondit : 
«Tu le dis.» Mais lorsque les chefs des prêtres et les Anciens l’ac- 
cusèrent, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit : «Est-ce que tu 
n’entends pas tout ce dont ils {accusent ?» Jésus ne lui répondit 
sur aucun point, ce dont le procurateur fut extrêmement surpris. 

Or à chaque fête il avait coutume de remettre en liberté un pri- 


1 Pontius Pilatus, procurateur de Judée, c’est-à-dire représentant du gouver- 
nement de l’empereur romain. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : un sang juste. 

3 Le Korban, le trésor du Temple, où l’on mettait les offrandes. Voir note sur 
Marc, 

4 Ces paroles ne se trouvent pas dans le livre de Jérémie, mais dans celui de 
Zaccharie, chap, 11, vers, 12 et suiv. L'erreur de l'auteur peut s'expliquer par 
les passages Jérémie 32, 6 et suiv. et 18, 2. 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 119 


sonnier, celui que le peuple choisissait. Il y en avait un fameux, 
détenu à ce moment, du nom de Bar-Abbas!, Alors Pilate, qui 
savait que c'était par une haine jalouse que les chefs des prêtres et 
les Anciens lui avaient livré Jésus, leur dit, pendant qu'ils étaient 
rassemblés : «Lequel voulez-vous que je vous délivre? Bar-Abbas 
ou Jésus, celui qu'on appelle Christ? » 

(Tandis qu'il siégeait ainsi à son tribunal, sa femme lui envoya 
dire ceci : «Qu'il n’y ait rien entre toi et ce juste; car j'ai eu au- 
jourd'hui, dans mon sommeil, un affreux cauchemar à son sujet. ») 

Les chefs des prêtres et les Anciens persuadèrent à la foule de 
demander Bar-Abbas et de perdre Jésus. 

Le procurateur reprit sa question : «Lequel des deux voulez- 
vous que je vous délivre? » — « Bar-Abbas ! » répondirent-ils. 


Pilate leur dit : «Et Jésus, celui qu'on appelle Christ, qu'en 


ferai-je donc?» Ils répondirent tous: «Qu'il soit crucifié! » — 
« Mais qu'a-t-il fait de mal? » dit encore Pilate. Et ils n’en criaient 
que plus fort : «Qu'il soit crucifié! » Voyant qu'il n’obtenait rien 
et que, au contraire, le tumulte augmentait, Pilate demanda de 
l'eau, se lava les mains devant la foule et dit: «Je ne suis pas 
responsable du sang de cet homme?, à vous d’en répondre ! » Et 
tout le peuple répliqua par ces mots: «Le sang de cet homme! 
qu'il retombe sur nous et sur nos enfants ! » 

Pilate leur délivra alors Bar-Abbas. Quant à Jésus, l'ayant fait 
flageller, il l’abandonna au supplice de la croix. 


Les soldats du procurateur, emmenant Jésus dans le prétoire, 
assemblèrent autour de lui toute la cohorte ?. Ils lui ôtèrent ses 
vêtements, l’affublèrent d’un manteau militaire 4 de couleur rouge. 
Puis, tressant une couronne avec des épines, ils la lui mirent 
sur la tête, ainsi qu'un roseau dans la main droite ; après quoi, se 


1 Bar-Abbas. Voir note sur Luc 23, 18. 

2? On peut traduire aussi: de ce sang-là. 

3 La cohorte, qui était la dixième partie d’une légion, se composait tantôt de 
425, tantôt de 600 hommes, 

# Un manteau militaire, grec : une chlamyde. C'était le manteau d’officier ; 
il était toujours de couleur rouge. 


16, 27 
17 


18 


19 


20 


27, 30 
31 


40 


43 


4, 


190 LE NOUVEAU TESTAMENT 


mettant à genoux devant lui, ils le bafouaient en disant: « Salué, 
le roi des Juifs 1» Ils crachaient sur lui ; 115 lui prenaient le roseau 
et lui en donnaient des coups sur la tête. Quand ils eurent fini de 
se moquer de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vète- 
ments et l’'emmenèrent pour le crucifier. 


En s’en allant, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé 
Simon; et ils l’obligèrent à porter la croix de Jésus. 

Ils arrivèrent à un endroit nommé Golgotha, c’est-à-dire place 
du Crâne!. Ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel, et l'ayant 
goûté, il refusa de le boire. 

Après l'avoir mis en croix, les soldats se partagèrent ses vête- 
ments, en les tirant au sort?. 

Ils s'étaient assis et le gardaient. 

Au-dessus de sa tête ils avaient placé une inscription indiquant 
son crime : CELUI-CI EST JÉSUS, LE ROI DES Juirs. 

On crucifia avec lui deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa 
gauche. Les passants l’injuriaient ; 1ls lui disaient, en gesticulant 
de la tête : «Toi qui détruis le Temple, et en trois jours le rebâtis, 
sauve-toi donc toi-même si tu es fils de Dieu!» —et : — « Descends 
de la croix! » Les chefs des prêtres, avec les Scribes et les Anciens, 
se moquaient aussi de lui et disaient: «Il en ἃ sauvé d’autres et 
il ne peut pas se sauver lui-même!» — «Ah! il est roi d'Israël! 
que maintenant il descende de la croix et nous croirons en lui! » 
— «7 ἃ mis sa confiance en Dieu! que Dieu maintenant le délivre ! 
ἜΘ ET ον »ΡῦυΈο» τ. OBS 

— «En effet, il a dit: Je suis fils de Dieu “. » 

De même, les brigands que l’on avait crucifiés avec lui l'in- 
sultaient. 


1 En latin: locus Calvariæ ; en français : le Calvaire. 

2 Cette phrase : Afin que s'accomplit ce qui avait été prédit par le prophète: 
«Ils se sont partagé mon vêlement et ils ont tiré ma robe au sort,» insérée ici 
dans les versions ordinaires du Nouveau Testament, ne se trouve pas dans les 
bons manuscrits. Elle ἃ été empruntée par un copiste à Jean 19, 24. 

8 Psaume 22, 9. 

4 Nous séparons par des traits ces diverses exclamations de la foule, 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 321 


Depuis la sixième jusqu'a la neuvième heure, des ténèbres se 
firent sur tout le pays. 

Vers la neuvième heure Jésus jeta un eri et dit d’une voix forte : 

«Helei! Helei! Lema sabachthaneï??» 

C'est-à-dire : 

« Mon Dieu! Mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné ? ὅν 

Quelques-uns de ceux qui étaient là l’entendant : « Il appelle Élie, 
celui-là ï » dirent-ils. L'un d’entre eux courut aussitôt prendre une 
éponge, la trempa dans du vinaigre, et l’attachant à un roseau, il 
lui donna à boire. Mais les autres disaient : «Laisse donc! voyons 
si Élie viendra le délivrer. » 

Jésus, jetant de nouveau un grand cri, rendit l'esprit. 

Et voilà que le rideau du Temple * se déchira en deux depuis le 
haut jusqu’en bas; la terre trembla ; les rochers se fendirent; les 
tombeaux s’ouvrirent; plusieurs des saints qui étaient morts 
ressuscitèrent en leurs corps; et scrtant de leurs tombeaux après 
la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville sainte et appa- 
rurent à plusieurs. 

Voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, le cen- 
turion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus, furent frappés d’épou- 
vante et dirent : «Cet homme-là était véritablement fils de Dieu. » 

Or 1| y avait là plusieurs femmes qui regardaient de loin 
c'étaient celles qui, depuis la Galilée, avaient suivi Jésus afin de le 
servir. Parmi elles, Marie-Magdeleine ὅ, Marie, mère de Jacques 
et de Joseph 6, ainsi que la mère des fils de Zébédée. 


Sur le soir arriva un homme riche, originaire d’Arimathée, 
nommé Joseph. Il était, lui aussi, un disciple de Jésus. ΠῚ alla 


1 Depuis midi jusqu’à trois heures. 

? Nous orthographions ces mots d’après les meilleurs manuscrits, On peut 
aussi écrire les deux premiers: Heli! Heli! ou Heloi! Heloi! et les deux der- 
niers : Lama zaphtanei. 

3 Psaume 22, 2, 

1 Le rideau du Temple, Le rideau qui, dans le sanctuaire, séparait le Lieu 
Saint du Lieu Très Saint. 

5 Ou : de Magdala, 

5 Joseph, Quelques anciens manuscrits lisent: José. 


45, 27 


40 


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5% 


59 


56 


58 


27, 59 
60 


61 


66 


28, 1 


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4 


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0 


».] 


199 LE NOUVEAU TESTAMENT 


trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Pilate ordonna de le 
lui remettre. Et Joseph, prenant le corps, l’ensevelit dans un 
linceul blanc et le déposa dans un sépulcre neuf, qu’il avait taillé 
dans le roc, et qui lui appartenait. Il roula une pierre énorme 
contre la porte du tombeau et s’en alla. 

Or Marie-Magdeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face 
du sépulcre. 


Le lendemain (qui était le jour après la « Préparation ») ! les chefs 
des prêtres et les Pharisiens se rendirent ensemble chez Pilate et 
lui dirent: «Seigneur, nous nous sommes souvenus que, de son 
vivant, cet imposteur disait : « Après trois jours, je ressusciterai. » 
Ordonne donc que la tombe soit soigneusement surveillée jusqu'au 
troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent voler le corps 
et ne disent ensuite au peuple : Il est ressuscité des morts. Im- 
posture dernière qui serait pire que la première. » Pilate leur ré- 
pondit : « Vous avez des gardes ; allez, surveillez comme vous l’en- 
tendez. » Alors ils allèrent s'assurer du sépulcre, en scellant la 
pierre en présence de la garde. 


Le sabbat passé, à l’aube du premier jour de la semaine, 
Marie-Magdeleine et l’autre Marie vinrent pour regarder le sépulcre. 

Tout à coup il se fit un violent tremblement de terre : c'était un 
ange du Seigneur qui descendait du ciel; il s’'approcha de la pierre, 
l’éloigna en la roulant et s’assit dessus. Son aspect était foudroyant ; 
ses vêtements blancs comme la neige. Tremblants d'épouvante 
devant lui, les gardes étaient comme morts. Mais l’ange s’adres- 
sant aux femmes leur dit: «Pour vous, soyez sans crainte; vous 
cherchez, je le sais, Jésus, le crucifié. Il n'est pas ici, car, ainsi 
qu'il l'avait dit, il est ressuscité. Venez, regardez la place où il 
était couché; et allez vite dire à ses disciples qu'il est ressuscité 
des morts ; il vous précède en Galilée; là vous le verrez; c’est moi 


qui vous le dis. » 


1 C'est-à-dire le Sabbat, La veille, vendredi, était le jour dit « de la Préparation, » 


ÉVANGILE SELON SAINT MATTHIEU 193 


Elles sortirent immédiatement du tombeau!, tremblantes et 
remplies de joie, et coururent porter la nouvelle à ses disciples. 

Et voilà que Jésus s’avança à leur rencontre et leur dit: « Sa- 
lut! » 

Elles s’approchèrent, embrassèrent ses pieds, et l’adorèrent. 

Alors Jésus leur dit: «Soyez sans crainte; allez dire de ma 
part à mes frères de partir pour la Galilée, là ils me verront. » 


Quand elles se furent éloignées, quelques-uns des gardes vinrent 
à la ville et apprirent aux chefs des prêtres tout ce qui était arrivé. 
Ceux-ci se réunirent avec les Anciens, et après en avoir conféré, 
ils donnèrent une grosse somme aux soldats avec cet ordre : « Vous 
direz que ses disciples sont venus pendant la nuit et qu'ils l'ont 
volé pendant que vous dormiez. Si le procurateur devait entendre 
parler de cette affaire, nous nous chargeons de le convaincre et 
nous vous mettrons à couvert.» Les soldats prirent l'argent et agi- 
rent d’après ces instructions. Et le bruit qu'ils répandirent parmi 
les Juifs dure encore aujourd’hui. 


Cependant les onze disciples se rendirent en Galilée, sur la mon- 
_tagne que Jésus leur avait désignée. Le voyant, ils l’adorèrent. 
Mais quelques-uns doutèrent. Jésus alors s’approcha d'eux et leur 
parla ; il leur dit : «A moi a été donnée toute puissance au ciel et 
sur terre; allez ? faire de toutes les nations mes disciples, les bap- 
tisant au nom du Père, et du Fils, et du saint Esprit et leur ensei- 
gnant à garder tout ce que je vous ai commandé. Voici, je suis 
avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde.» 


1 Elles sortirent immédiatement du tombeau. Les tombeaux des Juifs étaient 
ordinairement des grottes ou cavernes taillées dans le rocher, de niveau avec le 
sol, dans lesquelles on pouvait entrer et dont on pouvait sortir de plain-pied. 

2 Quelques anciennes autorités lisent: allez donc. 

3 Grec : jusqu’à La consommation du siècle, c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’éco- 
nomie présente. Le siècle désigne ici le monde actuel, le siècle présent, par 
opposition au siècle à venir. Voir note sur Matth. 13, 99, 


8, 28 


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L'ÉVANGILE 


SELON 


SAINT MARC 


PRÉFACE 


Les Évangiles de Mare et de Lue sont les seuls livres du Nou- 
veau Testament qui ne passaient pas dans l'Église primitive pour 
avoir été écrits par des apôtres. Or la règle qui, au quatrième siècle, 
a présidé au rejet de certains livres et à l’admission de certains 
autres, semble avoir été celle-ci: ne conserver que ce qui a été écrit 
par les apôtres. Tous les livres du Nouveau Testament actuel, sauf 
les Évangiles de Marc et de Luc, furent considérés comme remplis- 
sant cette condition. Et quant à ces deux écrits, on ne les garda 
que parce qu’ils passaient pour avoir été rédigés le premier sous la 
direction de Pierre, le second sous celle de Paul. 

L'Église chrétienne a toujours désigné pour l’auteur du deuxième 
Évangile, Jean, surnommé Marc, fils d’une femme nommée Marie, 
et cousin de Barnabas (Coloss. 4: 10). Il habitait Jérusalem, et dans 
la maison de sa mère où se réunissaient les premiers chrétiens, il 
voyait souvent l’apôtre Pierre (Actes 12:12). Ce fut cet apôtre qui 
convertit le jeune homme à la foi nouvelle (I Pierre 5:13). Après 
avoir accompagné Paul et Barnabas dans leur première mission, 
puis Barnabas seul, et être plus tard revenu auprès de Paul (Coloss. 
4:10 ; Philémon 24 ; 2 Tim. 4: 11) il fut, d’après une tradition una- 


126 LE NOUVEAU TESTAMENT 


nime et considérée comme certaine, le compagnon et l’interprète de 
Pierre. Papias s'exprime ainsi: Marc, disait le presbytre Jean, 
ayant été l'interprète de Pierre a soigneusement mis par écrit ce qui 
lui était resté dans la mémoire des actes et des discours du Seigneur, 
mais sans ordre. Car Marc n'avait lui-même ni vu, ni entendu, ni 
suivi le Seigneur ; mais il a seulement entendu Pierre, qui, uniquement 
préoccupé des besoins de son enseignement, ne mettait pas d'ordre dans 
ses récits. On n’a aucune objection sérieuse à élever contre ces 
paroles de Papias. 

S'il reproche à Marc d'écrire sans ordre il veut sans doute dire 
qu'il ne classe pas, comme Matthieu par exemple, les faits et 
les discours par ordre de matière, mettant ensemble plusieurs para- 
boles, ensemble plusieurs miracles. D’après notre manière moderne 
de parler, Marc écrit, au contraire, avec beaucoup d’ordre, car 1] 
nous donne les faits dans leur suite chronologique. Son style est vif, 
rapide, pittoresque. 

La fin de son Évangile est malheureusement perdue et la con- 
clusion actuelle qui commence au verset 9 du chapitre 16 a été 
faite plus tard par un chrétien qui ἃ résumé les récits des autres 
Évangiles (voir pour plus de détails note sur 16 : 9 et suiv.). 

La date de la composition de l'Évangile de Marc est incertaine. 
On peut la placer approximativement vers l’an 65. 

Il se divise en trois parties. Comme Matthieu et comme Lue, il 
raconte successivement, le ministère de Jésus-Christ en Galilée et 
hors de Palestine, le ministère de Jésus-Christ en Judée et à Jéru- 
salem, et enfin la Passion et la Résurrection. Ces trois parties sont 
précédées d’une courte introduction qui renferme en quelques 
lignes le ministère de Jean-Baptiste, avec la mention du baptême 
de Jésus et de la tentation (1 : 1 à 14). 

La première partie (ministère de Jésus-Christ en Galilée et hors 
de Palestine) s’étend de 1 : 14 au chapitre 10. Nous y distinguons 
quatre phases, les mêmes, à peu de chose près, que nous retrou- 
verons chez Luc. La première va jusqu’au moment où les Phari- 
siens se déclarent décidément hostiles (1 : 14 à 3 : 7). La seconde 
s'achève avec l’envoi des douze en mission (8 : 7 à 6 : 7). La 
troisième se termine au moment où Pierre va confesser la messia- 
nité de son maître (6 : 7 à 8 : 27) οὐ la quatrième nous mène jus- 
qu'au départ pour la Judée (8 : 27 à 10 : 1). 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 07 


Dans la seconde partie (ch. 10 à ch. 14) Marc raconte d’abord le 
voyage à Jérusalem (ch. 10), puis l’arrivée à Béthanie et l'entrée 
dans la ville sainte (11 : 1 à 27), les discours et les enseignements 
dans le Temple (11 : 27 à ch. 13 : 1), le discours sur la fin du monde 
et la ruine de Jérusalem (ch. 13). 

La troisième partie (Passion et Résurrection) commence avec le 
chapitre 14 et comporte les phases suivantes: le repas de la Pâque 
(14 : 1 à 26): l’arrestation, le jugement et la crucifixion (14 : 26 à 
ch. 16 : 2). Avec le chapitre 16 verset 2 commence le récit de la 
résurrection brusquement interrompu. 


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Paris, Librairie Fischbacher 


Nouveau Testament, trad. par Edm. Stapfer. 


LE PAYS DE L'ÉVANGILE 


L'ÉVANGILE 


SELON 


SAINT MARC 


COMMENCEMENT DE L'ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST 1 


Ainsi qu'il est écrit dans le prophète Ésaïe : 
« Voici j'envoie mon messager pour te précéder 
Et te préparer le chemin ? ; 
Une voix crie dans le désert : 
Préparez la voie du Seigneur *, 
Aplanissez ses sentiers 4,» 
Jean parut dans le désert, donnant et prêchant un baptême de 


1 Ou : de la Bonne Nouvelle de Jésus-Ghrist. Plusieurs anciens manuscrits 
ajoutent fils de Dieu. Ces mots: Commencement de l'Évangile de Jésus-Ghrist, 
forment le titre du début de l'Évangile de Marc. On peut cependant, en ponctuant 
autrement le texte, traduire ainsi les premiers versets : Le commencement de 
l'Évangile de Jésus-Christ se fit selon cette parole écrite dans le prophète 
Ésaie : 

« Voici j'envoie mon messager pour te précéder 
Et le préparer le chemin ; 
Une voix crie dans le désert : 
Préparez la voie du Seigneur * 
Aplanissez ses sentiers.» 

Jean parut dans le désert, donnant et préchant, etc. 

2 Cette première phrase ne se trouve pas dans Ésaïe, mais dans Malachie 83, 1. 
Voy. Matth. 11, 10. 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Une voix crie: Préparez 
dans le désert la voie du Seigneur. 

4 Ésaïe 40, 8, Voy. Matth. 8. 8. 


* Ou: Une voix crie: Préparez dans le désert. 


1, 1 


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10 


12 13 


16 
17 


130 LE NOUVEAU TESTAMENT 

D REP ER nie à ERP ρσστ τς 
repentance 1 pour la rémission des péchés. Tout le pays de Judée 
et tous les habitants de Jérusalem accouraient à lui et ils étaient 
baptisés par lui dans le Jourdain, en confessant leurs péchés. 

Jean avait un vêtement de poils de chameau et une ceinture 
de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de 
miel sauvage. 

Il disait dans sa prédication : «Il va venir, après moi, celui 
qui est plus puissant que moi! Je ne suis pas même digne, en 
me baissant, de délier la courroie de ses sandales. Moi, je vous 
ai baptisés d’eau ; mais lui vous baptisera avec l'Esprit samt?, » 


Or, ce fut en ces jours mêmes que Jésus arriva de Nazareth en 
Galilée et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. 

Soudain, comme il sortait de l’eau, il vit les cieux ouverts et 
l'Esprit en forme de colombe descendre sur lui, et des cieux vint 
une voix : (Tu es mon Fils bien-aimé, en toi je me complais.» 


Et l'Esprit aussitôt entraina Jésus au désert; et il fut quarante 
jours dans le désert, tenté par Satan, et il fut parmi les bêtes, et les 
anges le servaient. 


Après que Jean eut été livré, Jésus se rendit en Galilée et y 
précha l'Évangile“ de Dieu: «Les temps sont accomplis; le 
Royaume de Dieu est proche ; repentez-vous et croyez à l'Évan- 
gile 5. Ὁ 

Comme 1] longeait la mer de Galilée, il vit Simon et son frère 
André jetant leurs filets dans la mer, car ils étaient pêcheurs. Jésus 
leur dit: «Venez après moi et je vous ferai devenir des pêcheurs 


1 Ou: de conversion. 

2 Ou : dans l'Esprit saint. Voir note sur Matth. 8, 11. Quelques anciens ma- 
nuscrits lisent : vous baptisera d'Espril saint. 

3 Je me complais, Voir note sur Matth. 8, 17. 

# Ou: La Bonne Nouvelle, 

ὅ Ou: convértissez-vous et ayez foi en la Bonne Nouvelle. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 131 


d'hommes.» Sur-le-champ ils abandonnèrent les filets et le sui- 
virent. S'étant avancé un peu plus loin, il vit, dans leurs barques, 
Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère, qui raccommodaient 1 
leurs filets. Il les appela aussitôt; et ceux-ci, laissant leur père 
Zébédée dans la barque avec les hommes de service, partirent à 
sa suite. 


Ils arrivèrent à Capharnaüm. Il commença immédiatement à 
entrer les jours de sabbat dans la synagogue et à y enseigner ?; et 
ils étaient extrêmement frappés de son enseignement; car il le don- 
nait comme ayant autorité *, et non comme les Scribes. 

Il y avait à ce moment même dans leur synagogue un homme 
possédé d’un esprit impur ; 1l s’écria: «Qu’y a-t-il entre nous et 
toi*, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous perdre”; je sais 6 
qui tu es : le Saint de Dieu!» Jésus alors le menaça : «Tais-toi ! 
sors de cet homme !» Agitant violemment le possédé, l'Esprit impur 
sortit de lui en poussant un grand cri. Tous les assistants, terrifiés, 
s'interrogeaient les uns les autres : « Qu'est-ce que ceci? Voilà un 
enseignement nouveau! il commande avec autorité? même aux 
Esprits impurs$, et ils lui obéissent.» Sa renommée se répandit 
promptement et partout aux environs, dans la Galilée entière, 


En sortant de la synagogue, ils se rendirent tout d’abord, 
accompagnés de Jacques et de Jean, dans la maison de Simon et 


1 Qui raccommodaient. Voir sur ces mots la note sur Matth. 4, 21. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : à enseigner les jours de sabbat dans la 
synägogue. 

3 Ou : comme ayant puissance. 

1 Οὐ a-t-il entre nous et toi? Cette expression équivaut ici à: que nous 
veux-tu? Noir Évang. de Jean 2, 4, où la même question signifie laisse-moi 
faire. 

5 On peut, d’après une autre ponctuation, mettre cette phrase sous forme in- 
terrogative : Es-tu venu pour nous perdre? 

5 Quelques anciens manuscrits lisent : nous savons. 

7 Ou : avec puissance. 

$ On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Voilà un enseignement 
nouveau en fait d'autorité... il commande même aux Esprits impurs… etc. 

Quelques anciens manuscrits lisent au singulier : 11 se rendit tout d’abord, 
accompagné. 


18, ἴ 
19 


20 


28 


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1, 


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90 


98 


45 


452 LE NOUVEAU TESTAMENT 


d'André. La belle-mère de Srmon était couchée ; elle avait la fièvre. 
On s’empressa de le dire à Jésus. Alors, s’approchant d’elle, il la 
prit par la main et la fit lever. La fièvre disparut et elle se mit à 
les servir. 


Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui apporta tous les 
malades et les démoniaques. La ville entière se pressait à la porte. 
Il guérit plusieurs malades atteints de maux divers ; il chassa aussi 
beaucoup de démons et il défendait aux démons de parler, parce 
qu'ils savaient qui il était. 


S’étant levé de grand matin, avant le jour, il alla dans un lieu 
solitaire et là 1] priait. Simon et ceux qui étaient avec lui se mirent 
à sa recherche. Quand ils l’eurent trouvé, ils lui dirent : « Tout le 
monde te cherche. » Il leur répondit : «Allons dans les villages voi- 
sins, afin que j'y prèche aussi, car c’est pour cela que je suis 
sorti.» Il alla donc prècher dans leurs synagogues et dans toute 
la Galilée, en chassant les démons. 


Un lépreux vint à lui et, se jetant à ses genoux, lui adressa cette 
prière : «Si tu le veux, tu peux me guérir!.» Il en eut compas- 
sion ?; 1l étendit la main et le toucha en disant : «Je le veux, sois 
guéri.» La lèpre disparut à l'instant ; cet homme fut guéri. Jésus 
le congédia immédiatement, en lui donnant cet avertissement 
sévère : «Garde-toi de parler de ceci à personne ; mais va te mon- 
trer au prêtre et offre pour ta guérison ce que Moïse a prescrit ; 
que ce leur soit un témoignage ὃ.» | 

Mais, à peine parti, le lépreux se mit à répandre la nouvelle et 
a la proclamer ; de sorte que Jésus ne pouvait plus même paraître 
publiquement dans une ville; mais il se tenait dehors dans des en- 
droits déserts, et on venait à lui de toutes parts. 


Quelques jours après, il retourna à Capharnaüm. 


1 Voir note sur Matth. 8, 2 et 3. 
2 Voir note sur Matth. 9, 30. 
3 Que ce leur soit un témoignage. Voir note sur Matth. 8, 4. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 133 


On apprit qu'il était dans telle maison, et on y accourut en 
si grand nombre qu'il n’y avait plus de place même devant la 
porte. 

Il leur annonçait la parole, lorsque survinrent des gens lui 
amenant un paralytique, porté par quatre hommes. Comme il leur 
était impossible de parvenir jusqu'à lui à cause de la foule, ils 
démolirent le toit! au-dessus de la place où il se trouvait; et, 
l'ouverture faite, ils descendirent le grabat sur lequel était couché 
le paralytique. Jésus, voyant leur foi?, dit à ce paralytique : «Mon 
enfant, tes péchés sont pardonnés. » 

Il y avait là quelques Scribes qui se tenaient assis et ces pensées 
leur montaient au cœur: «Comment cet homme peut-il parler 
ainsi? Il blasphème! Qui peut pardonner des péchés que Dieu 
seul ?» Jésus connut aussitôt, par son esprit, qu’ils faisaient inté- 
rieurement ces réflexions, et il leur dit: «Pourquoi de telles 
pensées dans vos cœurs? Lequel est le plus facile de dire, à ce 
paralytique : «Tes péchés sont pardonnés »; ou de lui dire : «Lève- 
toi, emporte ton grabat et marche!» Or, afin que vous sachiez que 
le Fils de l’homme ἃ sur la terre le pouvoir de pardonner des 
péchés 5...» s'adressant au paralytique : «A toi, je dis : Lève-toi! 
emporte ton grabat et retourne dans ta maison. » 

Et l’homme se leva, prit immédiatement son grabat et sortit 
devant tout le monde; tous en étaient stupéfaits et glorifiaient 
Dieu : «Jamais, disaient-ils, nous n’avons rien vu de pareil!» 


De nouveau, il se dirigea vers la mer. Toutes les multitudes 
venaient à lui, et il les enseignait. En passant, il vit Lévi, fils d’AI- 
phée, assis au bureau du péage“, Il lui dit: «Suis-moi!» et il se 
leva et le suivit. “ 


1 Le toit plat et formant terrasse, comme dans toutes les maisons d’alors. 
L’escalier qui y conduisait était extérieur. Voir note sur Luc 17, 31. 

? Leur foi. Voir note sur Matth. 9, 2. 

3 Phrase incomplète. Voir note sur Matth. 9, G. 

4 Voir note sur Matth, 9, 9. 


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10 


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19 
14 


16 


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[Re] 


434% LE NOUVEAU TESTAMENT 


Jésus était à table dans la maison de Lévi, et il arriva que 
beaucoup de publicains! et de pécheurs? s’y trouvèrent avec lui 
et avec ses disciples; car ils étaient nombreux et ils l'avaient 
suivi, ainsi que les Scribes* d’entre les Pharisiens. Ceux-ci, le 
voyant manger avec les publicains et les pécheurs, dirent à ses 
disciples : «Pourquoi mange-t-il* avec des publicains et des pé- 
cheurs?» Ce qu'ayant entendu, Jésus leur dit: «Ce ne sont pas 
ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, ce sont les 
malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des 
pécheurs. » 


Les disciples de Jean et les Pharisiens jeünaient. Ils vinrent lui 
demander : « Pourquoi les disciples de Jean et ceux des Pharisiens 
pratiquent-ils le jeûne,ftandis que tes disciples ne le pratiquent pas ? 

Jésus leur répondit : «Les amis de l’époux ὅ peuvent-ils jeüner 
pendant que l'époux est avec eux. Tout le temps que l'époux est 
avec eux, ils ne peuvent jeüner. Des jours viendront où l’époux 
leur sera enlevé; ils jeüneront dans ces jours. » 

«Personne ne eoud un morceau d'étoffe neuve à un vieux 
vêtement : autrement le morceau neuf emporte une partie du vieux 
vêtement qu'il recouvre et fait une plus grande déchirure. Per- 
sonne, non plus, ne verse du vin nouveau dans de vieilles outres : 
autrement le vin fera éclater les outres, et il sera perdu, les outres 
aussi. » 


ΠῚ arriva — un jour de sabbat — que Jésus passa par les blés7. 
Ses disciples se mirent, chemin faisant, à cueillir des épis: « Vois 
donc », lui dirent les Pharisiens, «pourquoi font-ils ce qu'aux jours 


1 Voir note sur Matth. 9, 10. 

2 Voir note sur Matth. 9, 10. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent : des Scribes. 

4 Mange-t-il. Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : οἱ boit-il. 
5 Les amis de l'époux. Voir note sur Matth. 9, 15. 

6 Littéralement : de drap écru. 


7 Quelques anciens manuscrits lisent : que Jésus passa le long des blés, 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 135 


de sabbat il n’est pas permis de faire?» Il leur répondit : « N’avez- 
vous jamais lu ce que fit David quand il fut contraint par la néces- 
sité et qu'il eut faim, et ce que firent ses compagnons ? Comment, 
sous le grand-prêtre Abiathar, 1l entra dans la maison de Dieu et 
mangea les pains de proposition !, qu'il n’est permis qu’aux prêtres 
de manger, et en donna à ceux qui étaient avec lui? » Et il ajouta : 
«Le sabbat ἃ été fait pour l’homme? et non pas l’homme pour le 
sabbat5. C’est pourquoi le Fils de l’homme est maître aussi du 
sabbat. » 


Une autre fois, il entra dans une synagogue, où se trouvait un 
homme qui avait la main paralysée“. Ils 5 l’observèrent pour voir 
si, un jour de sabbat, il le guérirait ; ils voulaient un prétexte à 
accusation. Jésus alors s’adressa à l’homme dont la main était 
paralysée : « Lève-toi au milieu de nous tous!» Puis il leur dit: 
«Aux jours de sabbat. est-il permis de faire le bien ou de faire le 
mal ? de sauver une vie ou de la perdre 6?» Ils gardèrent le silence. 
Alors, jetant sur eux un regard de colère, affligé d’un tel aveugle- 
ment de cœur, il dit à l’homme : «Étends ta main!» Il l’étendit et 
sa main fut guérie. 

Quant aux Pharisiens, ils sortirent et allèrent immédiatement se 
concerter avec les Hérodiens 7 sur les moyens de le perdre. 


Jésus se retira, avec ses disciples, du côté de la mer; et une 
foule considérable, venue de Galilée et de Judée, l'y suivit. C'était 
une multitude immense, arrivant de Jérusalem, de l’Idumée, des 
terres situées au delà du Jourdain, des environs de Tyr et de Sidon, 
qui, à la nouvelle de ce qu'il faisait, venait à lui. 


1 Voir note sur Matth. 12, 4. 

2 Grec: à cause de l’homme. 

3 Grec: à cause du sabbat. 

4 Grec: desséchée, atrophiée. 

» Ils, c’est-à-dire évidemment les Scribes et les Pharisiens. 
ὁ Littéralement : ou de tuer. 

7 Les Hérodiens. Voir note sur Matth. 22, 16. 


95, 2 


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D] = 


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136 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Il dit alors à ses disciples de lui procurer une barque à cause 
de la foule qui risquait de l’étouffer. Il en guérissait, en effet, un 
grand nombre, et alors tous ceux qui avaient quelque mal se 
précipitaient sur lui, afin de le toucher. Quant aux Esprits impurs, 
lorsqu'ils le voyaient, 1ls tombaient devant lui et s’écriaient : «Tu 
es le Fils de Dieu»; et, par de sévères menaces, 11 leur interdisait 
de le faire connaître. 


Ensuite il gravit la montagne; 11 appela ceux qu'il lui plut de 
désigner lui-même et ils vinrent à lui. Alors il en choisit douze, 
auxquels il donna le nom d’apôtres!, pour être avec lui et pour 
recevoir mission de prêcher, avec le pouvoir de chasser les démons. 
Voici les douze qu'il choisit? : Simon, à qui il donna le nom de 
Pierre; — Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, 
auxquels il donna le nom de Boanergès*, c’est-à-dire fils du 
tonnerre; — André; — Philippe; — Barthélemy; — Matthieu ; 
— Thomas; — Jacques, fils d'Alphée ; — Thaddée; — Simon le 
Cananite“; — Judas l'Iskariôte®, celui-là même qui le trahit. 


Ensuite il entra ὁ dans une maison et la foule y accourut encore 
à tel point qu'ils ne pouvaient pas même manger. Ceux de sa 
parenté, l’ayant appris, vinrent pour l’emmener avec eux. On 
disait, en effet, qu’il avait perdu l'esprit. 

Quant aux Scribes, ceux qui étaient descendus de Jérusalem, 
ils disaient : «Il ἃ en lui Beelzéboul? », et: «C’est par le prince 
des démons qu'il chasse les démons. » 

Alors il les appela à lui et leur dit en paraboles : «Comment 


1 Plusieurs anciens manuscrits omettent : auxquels il donna le nom d'apôtres. 

2? Plusieurs anciens manuscrits omettent : Voici les douze qu’il choisit. 

3 Ce mot Boanergès n'offre aucun sens. Jésus a dû dire Bené-Régès, terme 
qui a été complètement dénaturé par les copistes, qui ne savaient pas l’hébreu. 

4 Le CGananite, Voir note sur Matth, 10, 4. 

5 L’'Iskariôte. Voir note sur Matth. 10, 4. 

6 Plusieurs anciens manuscrits lisent : 118 entrèrent. 

7 Beelzeboul ou Beelzeboub, un des noms du Diable ou chef des démons au 
temps de Jésus-Christ, 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 137 
S.à, 
Satan peut-il chasser Satan 1 Si un royaume est divisé contre lui- 
même?, ce royaume ne peut subsister. Si une maison est divisée 
contre elle-même ὃ, cette maison ne pourra subsister ; de même si 
Satan se livre bataille à lui-même et se divise, il ne peut subsister, 
il touche à sa fin. » 

«Nul ne peut entrer dans la maison du guerrier et piller ce 
qu'il possède 4, s’il n’a tout d’abord chargé de liens le guerrier ; 
ce n’est qu'alors qu'il pourra piller sa maison. » 

«En vérité, je vous le dis, toutes sortes de péchés seront par- 
donnés aux fils des hommes, ainsi que les blasphèmes aux 
blasphémateurs ; mais celui qui blasphème contre l'Esprit, qui 
est saint, ne reçoit point de pardon, n'en recevra jamais, mais 1] 
est® coupable d’un éternel péché. » (C'était parce qu'ils disaient : 
« Il a en lui un Esprit impur).» 


Ce fut alors qu'arrivèrent sa mère et ses frères, qui, se tenant 
dehors, le firent demander. Quantité de gens étaient assis autour 
de lui, lorsqu'on lui dit: «Voilà dehors ta mère et tes frères 5 qui 
te cherchent.» Il répondit ainsi: «Qui est ma mère et qui sont 
mes frères?» Puis il regarda ceux qui étaient assis en cercie autour 
de lui et dit: «Voici ma mère et mes frères ; faire la volonté de 
_ Dieu, c’est être mon frère, c'est être ma sœur, c’est être ma mère.» 


De nouveau il se mit à enseigner au bord de la mer. Il se ras- 
sembia autour de lui une multitude si prodigieuse qu'il monta 
dans une barque où 1] s’assit, et il se tint sur la mer, tandis que 
la foule restait à terre au bord de l’eau. 

ΠῚ leur enseignait beaucoup de choses en paraboles et il leur 
disait dans son enseignement : 

« Écoutez! Voilà que le semeur est sorti pour semer. Il jette 


1 Satan. Voir note sur Marc 4, 15. 

2 Grec : divisé en lui-même. 

3 Grec : divisée en elle-mêrre. 

4 Ce qu’il possède. Voir note sur Matth. 12, 29. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : 1] sera. 

5 Quelques anciens manuscrits ajoutent : ef {es sœurs, 


3 4 


1 


10 
11 


138 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sa semence, et il est arrivé qu'un grain est tombé le long du chemin 
et les oiseaux sont venus et l’ont mangé. » 

«Un autre est tombé sur un sol pierreux, où il n’y avait pas 
beaucoup de terre, et il a immédiatement poussé, parce que la 
terre était sans profondeur. Mais le soleil, en se levant, ἃ brülé la 
plante, qui, n'ayant point de racines, s’est desséchée. » 

Un autre grain est tombé parmi les épines; et les épines ont 
grandi et l’ont étouffé, de sorte qu'il n’a point donné de fruit. » 

«D'autres grains sont tombés dans la bonne terre, et ceux-là, 
montant et croissant, ont donné du fruit, tel grain en a produit 
trente, tel autre soixante, tel autre cent. » Et il ajouta : «Que celui 
qui ἃ des oreilles pour entendre, entende!!» 

Lorsqu'il fut seul, ceux qui l’entouraient l’interrogèrent avec les 
douze sur les paraboles. Il leur dit: «A vous il est donné de 
pénétrer le mystère du Royaume de Dieu; mais à ceux-là, ceux 
du dehors, tout arrive sous forme de paraboles, afin que tout en 
regardant parfaitement, ils ne voient point, tout en entendant 
parfaitement, ils ne comprennent point, et cela pour qu'ils ne se 
convertlissent pas et qu’il ne leur soit point pardonné. » 

Et il ajouta: «Ne comprenez-vous pas cette parabole 33 Com- 
ment donc comprendrez-vous toutes les paraboles? Le semeur 
sème la parole. Les uns sont le long du chemin où la parole est 
semée, et quand ils l’ont entendue, Satan * vient aussitôt et enlève 
la parole semée en eux. » | 

«Les autres sont semblables ; 11 est des grains qui sont semés 
sur un sol pierreux ὁ : ceux-là quand ils entendent la parole, l’ac- 
cueillent aussitôt avec joie, mais 1ls n’ont pas de racine en eux- 
mêmes; ils ne sont que pour un temps; une afiliction on une 
persécution survenant à cause de la parole, ils y trouvent aussitôt 
une occasion de chute.” » 


1 Ou : Pour écouter, écoute. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Vous ne comprenez pas 
celle parabole; comment, etc. 

3 Grec: Satanas, forme syriaque du mot hébreu Satan. 

4 Dans cette par abole, la semence représente tantôt la parole elle-méê ime, tantôt 
celui qui la reçoit, 

Ὁ Voir note sur Matth, 18, G et suiv. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 139 


«D’autres sont semés parmi les épines : ceux-là ont écouté 
la parole, mais les sollicitudes du siècle présent, la séduction de 
la richesse et les passions diverses font invasion, étouffent la 
parole et la rendent stérile. » 

«Enfin il y ἃ ceux qui sont semés sur la bonne terre : ils 
écoutent la parole, ils la reçoivent et donnent des fruits, l’un trente, 
l’autre soixante, l’autre cent. » 


Il leur dit aussi : «Est-ce qu'on apporte la lampe pour la mettre 
sous le boisseau ou sous le lit? N'est-ce pas pour la mettre sur le 
pied-de-lampe? Rien n’est caché que ce qui doit être manifesté ; 
rien n’est secret que pour être mis au jour. Si quelqu'un ἃ des 
oreilles pour entendre, qu'il entendet ! » 


Il leur dit aussi : «Faites attention à ce que vous entendez ; la 
mesure que vous faites aux autres sera votre mesure, et il y sera 
ajouté. Car à celui qui a, il sera donné, et à celui qui n’a pas, même 
ce qu'il ἃ lui sera Ôté. » 

Il dit aussi: «Il se passe pour le Royaume de Dieu ce qui se 
passe lorsqu'un homme jette la semence sur la terre. Qu'il dorme 


ou qu'il veille, nuit et jour, la graine germe, la plante grandit, sans 
qu'il sache comment. D'elle-même la terre donne son fruit : c’est 


d'abord une herbe; c'est ensuite un épi; c’est enfin le blé remplis- 
sant cet épi. Et quand la terre ἃ ainsi donné son fruit, il y met 
aussitôt la faucille, car est arrivée la moisson. » 


Il dit aussi: «A quoi assimilerons-nous le Royaume de Dieu? Ou 
par quelle parabole le représenterons-nous ? Il est comme un grain 
de sénevé?, la plus petite de toutes les semences lorsqu'on la sème 
sur la terre, mais qui monte lorsqu'il est semé et qui devient plus 
grand que toutes les plantes potagères et pousse de si vastes bran- 
ches que, dans leur ombrage, les oiseaux du ciel peuvent faire 
leurs nids. » 


1 Voir note sur le verset 9. 
2 De sénevé ou de moutarde. 


48, 4 
19 


20 


40 
41 


4 


140 LE NOUVEAU TESTAMENT 
CPR SRE à τς OR QE RS 

C'est par un grand nombre de paraboles de ce genre qu'il leur 
annonçait la parole, dans la mesure où ils pouvaient comprendre. 
Il ne leur parlait qu'en paraboles; puis, en particulier, il expli- 
quait tout à ses disciples 1. 


Ce même jour, le soir venu, il leur dit : « Passons à l’autre rive. » 

Ils renvoient la foule, et l'emmènent dans la barque où il se 
trouvait ; d’autres barques les accompagnaient. 

Un grand tourbillon de vent s’éleva; les vagues se jetaient 
dans la barque avec une telle force que déjà elle se remplissait. 
Et lui, à la poupe, la tête sur le coussin ?, il dormait. Ils le réveil- 
lèrent et lui dirent : « Maître, est-ce que tu ne te soucies pas que 
nous périssions ? » Alors il se leva ÿ, il fit des menaces au vent et 
il dit à la mer : « Silence ! apaise-toi !» Et le vent tomba, il se fit 
un grand calme. Puis il leur dit : « Pourquoi vous effrayer 4? N’avez- 
vous point encore de foi5?» Et, frappés de terreur, ils se disaient 
l’un à l’autre: «Qui donc est cet homme pour que le vent et la 
mer lui obéissent ? » 


Ils allèrent de l’autre côté de la mer, dans le pays des Gérasé- 
niens. Au moment même où il débarquait, vint à sa rencontre, sor- 
tant des sépulcres 5, un homme possédé d’un esprit impur. II fai- 
sait sa demeure dans les tombeaux, et personne ne pouvait plus le 
lier même avec une chaîne. Plusieurs fois on l’avait enchaîné ; on 
lui avait mis les fers aux pieds ; mais il avait rompu les chaînes et 
brisé les fers, et nul n’avait la force de s’en rendre maître. Il ne 
cessait nuit et jour d’errer parmi les sépulcres et sur les monta- 
gnes , en jetant des cris et en se meurtrissant contre les rochers. 


1 Grec: ses propres disciples, c'est-à-dire, sans doute, les douze apôtres. 

? Le coussin, d'ordinaire placé à la poupe du bateau. 

3 Ou: il se réveilla. 

1 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent ainsi et lisent : Pourquoi vous effrayer 
ainsi ? 

Ὁ Plusieurs anciens manuscrits lisent : Comment n'avez-vous point de foi ? 

5 Les sépulcres, c’est-à-dire les cavernes taillées dans le roc ou formées natu- 
rellement et qui servaient de sépultures. Voir note sur Matth. 28, 8. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 141 


De loin, il aperçut Jésus ; 1l courut se prosterner devant lui et lui 
dit, en criant de toutes ses forces : «ΟὟ a-t-il entre moi et toit, 
Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Au nom de Dieu, je t’en conjure, ne 
me torture point. » (En effet, Jésus lui disait : «Esprit impur, sors 
de cet homme.») Puis 1] l'interrogea: «Quel est ton nom?» — 
«Mon nom, répondit-il, est Légion, car nous sommes nombreux. » 
Et cette Légion le suppliait de ne pas l’expulser du pays. Or il y 
avait là, paissant sur la montagne, un grand troupeau de pour- 
ceaux, et les esprits impurs lui adressaient cette demande : « En- 
voie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux ». 
Jésus le leur permit. Alors ils partirent et entrèrent dans les pour- 
ceaux, et, d’une course impétueuse, le troupeau se précipita dans 
la mer; il y en avait environ deux mille; 115 se noyèrent dans 
les flots. Les gardeurs prirent la fuite et allèrent répandre la nou- 
velle dans la ville et dans les campagnes. Les habitants vinrent 
voir ce qui s'était passé. Ils s’approchèrent de Jésus et aperçurent 
assis, avec ses vêtements, et plein de bon sens, le démoniaque, 
celui, qui avait eu la Légion; cela leur fit peur. Les témoins ocu- 
laires leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux 
pourceaux. Les habitants prièrent alors Jésus de quitter leur pays. 

Comme il montait dans la barque, l'homme qui avait été délivré 
des démons lui demanda la permission de rester avec lui. Jésus 
n’y consentit pas, mais lui dit : « Va dans ta maison, vers les tiens ; 
apprends-leur les grandes choses que le Seigneur t'a faites et 
comme il a eu pitié de toi.» Cet homme partit et se mit à publier 
dans la Décapole les grandes choses que Jésus lui avait faites, et 
tous étaient dans l'admiration. 


Lorsque Jésus, ayant repassé l’eau dans la barque, fut de retour 
de l’autre côté, une foule considérable s’assembla autour de lui; 
et comme il était au bord de la mer, arriva un chef de synagogue, 
du nom de Jaïrus, qui, en l’apercevant, alla se jeter à ses pieds et 
lui adressa d’instantes prières : «Ma petite fille, lui dit-il, est à 


1 Voir note sur Jean 2, 4. 


667, 5 


13 


14 


“0 


90 


149 LE NOUVEAU TESTAMENT 


toute extrémité; viens, impose-lui les mains, afin qu’elle soit 
guérie ! et qu'elle vive.» Jésus partit avec lui, suivi d’une multi- 
tude nombreuse qui le pressait de tous côtés. 

Or il y avait là une femme, malade d’une perte de sang depuis 
douze années; elle avait beaucoup souffert entre les mains de 
plusieurs médecins ; elle y avait dépensé tout son avoir et cela 
n'avait servi à rien; au contraire, son état avait plutôt empiré. 
Elle avait entendu parler de Jésus, et venant dans la foule, par 
derrière, elle toucha son vêtement ?; car elle disait : « Si seulement 
je touche ses vêtements, je serai guérie*.» Immédiatement tarit 
la source du sang qu'elle perdait : elle sentit en son corps qu'elle 
était guérie de son infirmité; et, en même temps, Jésus, ayant 
senti en lui-même la vertu * qui sortait de lui, se retourna vers la 
foule et dit : « Qui a touché mes vêtements?» Ses disciples lui ré- 
pondirent : «Tu vois la foule te presser de tous côtés et tu deman- 
des : «Qui m'a touché?» Mais il regardait tout autour de lui pour 
voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, toute craintive et 
tremblante, ayant conscience de ce qui lui était arrivé, vint se 
jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Et lui, 1l lui dit: «Ma 
fille, ta foi t'a guérie* ; va en paix et sois délivrée de ton infirmité. » 

QI parlait encore lorsque survinrent des gens du chef de la syna- 
gogue: (Ta fille est morte, lui dirent-ils, pourquoi fatiguer da- 
vantage le maïître?» Mais Jésus, sans tenir compte de cette parole, 
dit au chef de synagogue: «Ne crains point, crois seulement 6. » 
Puis il ne permit à personne de l'accompagner, si ce n’est à Pierre, 
à Jacques et à Jean, frère de Jacques. 

Is arrivent à la maison du chef de synagogue. Là, Jésus à le 
spectacle de tout un tumulte de gens pleurant tout haut et pous- 
sant des cris’. Il entre et leur demande : « Pourquoi ce tumulte et 


1 Ou : sauvée. 

2 Son vélement de dessus, son manteau. 

8 Ou : sauvée, 

# Ou: La force, la puissance. 

» Ou: sauvée. 

ὁ On peut traduire aussi: aie seulement confiance ou : aie seulement de la foi. 
Voir note sur Évang. de Jean 14, 1. 

7? Voir note sur Luc, 8, D2. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 14 


C9 


ces pleurs? L'enfant n'est pas morte, mais elle dort.» Et on se 
moque de lui. Mais Jésus, faisant sortir tout le monde, ne prend 
avec lui que le père, la mère et les disciples qui l’accompagnaient ; 
puis il entre là où était l’enfant,. 

I lui saisit la main en disant: Talitha Koum1, ce qui signifie : 
« Jeune fille, je te le dis, réveille-toi ?. » La jeune fille se leva sou- 
dain et se mit à marcher ; en effet, elle avait douze ans. Ils furent 
sur-le-champ frappés d’une profonde stupeur. Il leur recommanda 
expressément de n'en parler à personne ; puis il dit de donner à 
manger à la jeune fille. 


Jésus partit de là et retourna dans son pays; ses disciples le 
suivirent. 

Le sabbat étant arrivé, il se mit à enseigner dans la synagogue. 
Et beaucoup parmi ses auditeurs étaient extrèmement surpris et 
disaient : « D'où lui viennent ces choses ? Qu'est-ce donc que cette 
sagesse qui lui est donnée? et que ces grands miracles accomplis 
par ses mains ? N'est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie, frère 
de Jacques, de Josès, de Judas, de Simon? Et ses sœurs ne demeu- 
rent-elles pas ici, avec nous? » 

Pour eux 1] était une occasion de chute‘. 

Alors Jésus leur dit : «Un prophète n’est sans honneur que dans 
sa patrie, dans sa parenté, dans sa maison. » Et il ne put faire 
parmi eux aucun miracle, excepté quelques guérisons de malades 
par l'imposition des mains. Il s’étonnait de leur incrédulité et 
parcourait, en enseignant, les villages d’alentour. 


Ayant réuni les douze, il commença à les envoyer en mission, 
deux à deux, leur donnant puissance sur les Esprits impurs. I] leur 
ordonna de ne rien emporter pour la route; un bâton seulement”; 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent ces mots : T'aleitha Koum. 

5 On peut traduire aussi : lève-toi ou encore : ressuscite. 

3 C'est-à-dire à Nazareth ou Nazara. 

4 Littéralement : Jls se scandalisaient en lui. Voir note sur Matth. 13, 97. 
5 Un bâton de défense. 


40, 8 


[ae] 


ἤν 


σι 


12 


19 
11 


19 


14 


144% LE NOUVEAU TESTAMENT 


ni pain, ni 880 1, ni monnaie quelconque dans la ceinture ?; pour 
toutes chaussures, leurs sandales, et de ne pas prendre de second 
vêtement ἡ. 

Et il leur disait: « En quelque maison que vous entriez, de- 
meurez-y jusqu'à ce que vous partiez de l'endroit ; et si quelque 
part on ne vous reçoit ni ne vous écoute, sortez de là, secouant, 
en témoignage contre eux, la poussière attachée à vos pieds. » 

Ils partirent donc, prêchant qu'on devait se repentir“; et ils 
chassaient beaucoup de démons et, faisant des onctions d'huile à 
beaucoup de malades, ils les guérissaient. 


Le roi Hérode? l’apprit; (en effet, le nom de Jésus était déjà 
célèbre) et il dit: «Jean-Baptiste est ressuscité d’entre les morts! 
de là ces puissances miraculeuses qui agissent en cet homme!» Les 
uns disaient: «C'est Élie!» d’autres: «C’est un prophète sem- 
blable à l’un de ceux d'autrefois!» Mais Hérode, qui entendait 
tout cela, disait: «C’est celui que j'ai décapité! c’est Jean! c’est 
lui qui est ressuscité ! » 

En effet, cet Hérode avait fait arrêter Jean, l'avait fait garrotter 
et emprisonner : et cela à cause d’'Hérodiade, la femme de son 
frère Philippe, que lui, Hérode, avait épousée. Car Jean lui avait 
dit: «Il ne t'est pas permis d’avoir la femme de ton frère.» De 
sorte qu'Hérodiade était acharnée à sa perte; elle voulait sa mort; 
cependant elle ne pouvait l'obtenir, parce qu'Hérode avait du 
respect pour Jean qu'il savait être un juste et un saint; il veillait 
sur lui; sur plusieurs points sa parole l'inquiétait 6, et volontiers 
il 'écoutait. AL 

Mais Hérodiade rencontra un jour opportun; ce fut lorsque 


1 Voir note sur Matth. 10, 10. 

2 Voir note sur Matth. 10, 9. 

3 Grec: Ne pas vêlir deux tuniques, c'est-à-dire ne pas se munir, outre sd 
tunique, d’une tunique de rechange, 

4 Ou: se convertir. 

5 Le roi Hérode, nom populaire du tétrarque Hérode Antipas, fils d'Hérode 
le Grand. Voir note sur Matth. 2, 1. 

ὁ Au lieu de: sur plusieurs points sa parole l’inquiétait, plusieurs anciens 
manuscrits lisent : ef dans beaucoup d'affaires il agissait d'après son conseil. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 145 


Hérode, à l'anniversaire de sa naissance, donna un banquet à 
ses dignitaires, à ses ofliciers et aux principaux personnages de 
la Galilée. Dans la salle entra la fille même d’Hérodiade, et elle 
dansa et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit alors à la jeune 
fille : « Demande-moi ce que tu voudras et je te le donnerai.» 
Il lui en fit le serment : «Tout ce que tu demanderas, je te le don- 
nerai, füt-ce la moitié de mon royaume!» La jeune fille sortit et 
dit à sa mère : «Que demanderai-je? » La mère répondit : «La tête 
de Jean-Baptiste.» Rentrant en toute hâte auprès du roi, la fille 
lui fit ainsi sa demande: «Je veux qu'à l'instant même tu me 
donnes sur un plat la tête de Jean-Baptiste.» Le roi fut accablé 
de tristesse; cependant, à cause de son serment, à cause aussi des 
convives, il ne voulut pas la refuser. Et immédiatement il fit ap- 
peler un exécuteur! et lui donna ordre de rapporter la tête de Jean. 
Cet homme alla donc décapiter Jean dans sa prison, et, rapportant 
la tête sur un plat, il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la 
donna à sa mère. Ce qu'ayant appris, les disciples de Jean vinrent 
prendre son corps et l’ensevelirent dans un tombeau. 


De retour auprès de Jésus, les apôtres lui rendirent compte de 
tout : de ce qu'ils avaient fait et de ce qu'ils avaient enseigné. Il 
_ leur dit alors : « Venez à l'écart, vous aussi, dans quelque endroit 
solitaire et reposez-vous un peu.» (En effet, il y avait une telle 
foule d’allants et de venants qu'ils n'avaient pas même le temps de 
manger.) 

Ils partirent donc dans la barque pour se retirer dans quelque 
endroit solitaire, à l'écart. Mais plusieurs les virent s'éloigner et 
les reconnurent, et de toutes les villes ils accoururent à pied là où 
ils allaient et y arrivèrent avant eux. 

En débarquant, il vit une foule immense ; il en eut compassion ?, 
parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger, et il se mit à 
leur donner de nombreux enseignements. L'heure s’avançait beau- 


1 Un exécuteur, c'est-à-dire un des soldats de sa garde chargés d’exécuter les 
condamnés à mort. 
2 Voir note sur Matth. 9, 36. 


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30 
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92 


6, 36 


49 


146 LE NOUVEAU TESTAMENT 


coup et ses disciples, s’approchant, lui dirent : « L'endroit est dé- 
sert et déjà il se fait tard. Renvoie-les, afin qu'ils aillent aux envi- 
rons dans les maisons de la campagne et dans les villages acheter 
chacun quelque chose à manger.» Mais Jésus leur répondit : 
« Donnez-leur vous-mêmes à manger.» — «Pour leur donner à 
manger, répliquèrent-ils, nous faudra-t-il aller acheter des pains 
pour deux cents deniers ! ! » Jésus reprit: «Combien de pain avez- 
vous? Allez voir.» Après s’en être informés: «Cinq?, dirent-ils, 
et deux poissons. » Alors il leur commanda de les faire tous asseoir, 
en divers groupes, sur l’herbe verte. Ils se rangèrent à terre par 
bandes de cent et de cinquante. Puis Jésus, prenant les cinq pains 
et les deux poissons, leva les yeux au ciel, prononça la bénédiction, 
rompit les pains et les donna aux disciples pour qu'ils les servis- 
sent à la foule; il partagea aussi, entre tous, les deux poissons. 
Tous mangèrent, tous furent rassasiés, et on emporta douze paniers 
pleins de restes de pain et de poissons. Quant au nombre de ceux 
qui avaient mangé, il était de cinq mille hommes. 


Aussitôt après, il pressa ses disciples de remonter dans la barque, 
de prendre les devants et de se rendre, sur la rive opposée, à 
Bethsaïda, tandis que lui, il renverrait la foule. Quand il l'eut 
congédiée, il s’en alla sur la montagne, pour y prier. Le soir vint : 
au milieu de la mer était la barque; à terre, Jésus, demeuré seul. 

Les voyant qui se fatiguaient à ramer, car le vent leur était con- 
traire, il vint à eux, vers la quatrième veille de la nuit*, en mar- 
chant sur la mer, et il voulait les dépasser ; quand ils le virent, mar- 
chant sur la mer, ils crurent que c'était un fantôme et jetèrent des 
cris. Tous, en effet, le voyaient et étaient bouleversés. Mais aus- 
sitôt il leur parla; il leur dit: «Rassurez-vous; c’est moi; soyez 
sans crainte, » 

Il monta avec eux dans la barque et le vent cessa. Leur stu- 


1 Deux cents deniers représentaient une somme de cent quatre-vingts francs 
environ. 

2 Cinq pains. Voir note sur Matth. 14, 17. 

3 Voir note sur Matth. 14, 95 et sur Marc 18, 39, 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 147 


peur allait grandissant; car ils n'avaient pas même compris le 
miracle des pains, tellement leur cœur était aveuglé 1. 


Ayant passé l'eau, 115 arriverent au pays de Gennésaret, et ils 
abordèrent. A leur sortie de la barque, Jésus fut immédiatement 
reconnu. Alors toute la contrée fut en mouvement; on se mit à 
lui apporter les malades sur leurs grabats, partout où l’on apprenait 
sa présence. Et partout où il entrait, villages, villes ou bourgades, 
on déposait les malades sur les places publiques, et on le priait 
de les laisser seulement toucher la frange de son vêtement?; et 
tous ceux qui la touchaient étaient guéris ὃ. 


Les Pharisiens et certains Scribes qui arrivaient de Jérusalem 
se réunirent près de lui. Ils avaient vu quelques-uns de ses 
disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire 
non purifiées par des ablutions “. — {En effet, les Pharisiens et, 
en général, les Juifs ne mangent pas sans avoir pratiqué des ablu- 
tions sur les mains, y compris le poignet5, conformément aux 
traditions des Anciens. Lorsqu'ils reviennent du marché, ils ne 
mangent pas avant de s'être plongés dans l’eau 7. Ils ont égale- 
ment une foule d’autres pratiques qu’ils observent par tradition : 
des ablutions de coupes, de vases de terre et de vases de cuivre). 
— Les Pharisiens et les Scribes posèrent donc une question à 
Jésus : «Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des 
Anciens et prennent-ils leur repas avec des mains impures? Il 


1 Voir note sur Marc 8, 17. 

? Littéralement : de son manteau. Noir sur le mot frange note sur Luc 8, 44, 

5 Ou : étaient sauvés. 

Ὁ On appelait, en effet, manger avec des mains impures ou profanes, manger 
sans avoir accompli les purifications traditionnelles, L’évangéliste va d’ailleurs 
nous l’expliquer lui-même. 

5. Au lieu de: y compris le poignet, quelques anciens manuscrits lisent : de 
fréquentes ablutions sur les mains. 

6 Ou: de la place publique. 

7 Voir note sur Luc 11, 38; au lieu de: avant de s'être plongés dans l'eau, 
les deux plus anciens manuscrits lisent: avant de s'être aspergés d’eau. 

$ Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : ef de lits. 1] s’agit ici des lits ou 
divans sur lesquels s’étendaient les convives. 


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148 LE NOUVEAU TESTAMENT 


leur répondit: «C’est bien à vous, hypocrites !, que s'applique la 
prophétie d'Ésaïe : 
«Cest des lèvres, est-il écrit, que ce peuple m'honore! 
Quant à son cœur, il est fort loin de moi! 
C'est en vain qu'ils me rendent un culte! [humaines ? !» 
Ils enseignent des doctrines qui ne sont que des ordonnances 

« Vous laissez de côté le commandement de Dieu et vous observez 
la tradition des hommes!» Puis 1] ajouta : «Ah! que vous savez 
bien violer le commandement de Dieu pour observer votre tradi- 
tion! Ainsi Moïse a dit: « Honore ton père et ta mère.» et: «Qu'il soit 
puni de mort*, celui qui maudira son père ou sa mère “». Mais vous, 
voici ce que vous enseignez : Si un fils dit à son père ou à sa 
mère : «Je déclare Korban”, c’est-à-dire offrande à Dieu, ce dont 
tu voudrais être assisté par moi», 1l a la permission 6 de ne plus 
rien faire ni pour son père ni pour sa mère. Et voila comment, 
par la tradition que vous enseignez, vous réduisez à néant la 
parole de Dieu! Et combien d’autres choses pareilles vous faites!» 
De nouveau, il appela à lui la multitude : « Écoutez-moi tous, leur 
dit-il, et comprenez! Il n’est rien d'extérieur à l’homme qui, entrant 
en lui, puisse le rendre impur”, c'est, au contraire, ce qui sort 
de l’homme qui le rend impur$. » 

Lorsque, rentré dans la maison, il fut loin de la foule, ses disciples 
l'interrogèrent sur cette parabole. Il leur répondit : « Eh quoi ! vous 
aussi, vous êtes sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien ὃ 
de ce qui est extérieur ne peut, en entrant dans l’homme, le 
rendre impur, puisque cela n'entre pas dans son cœur, mais dans 


1 Voir note sur Matth. 6, 2. 

2 Ésaïe 29, 13-14 (voir aussi Ézéchiel 33, 31). Voy. Matth. 15, 8-9. 

3 Littéralement : qu’il meure de mort; c’est un hébraïsme, 

4 Exode 20, 12 et 21, 17. Voy. Matth. 15, 4. 

5 Korban, mot hébreu qui signifie offrande. 

5 Littéralement : vous ne le laissez plus rien faire. 

7 C'est-à-dire : lui faire contracter une impureté. 

5. Le verset 16: Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende, 
manque dans les meilleurs manuscrits. 

9 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Vous ne comprenez pas 
que rien, etc. 


: δ 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 149 


son ventre, puis s'en va en quelque lieu secret, ce qui montre que 
tous les aliments sont également purs 1?» Il dit aussi: « Ce qui 
sort de l’homme, voilà ce qui le rend impur! car c’est de l’intime 
du cœur des hommes que sortent les pensées mauvaises : fornica- 
tions, vols, homicides, adultères, rapacités, méchancetés, trom- 
perie, impudicité, envie?, calomnie, orgueil, démence. Toutes 
ces mauvaises choses sortent du dedans et rendent l’homme impur. » 


Parti de là, Jésus se rendit vers les frontières de Tyr et de Sidon à. 

Il voulait, dans la maison où il entra, rester inconnu; mais il ne 
lui fut pas possible de demeurer caché, car aussitôt qu’elle apprit 
sa présence, une femme, dont la fille était possédée d'un Esprit 
impur, entra auprès de lui et se jeta à ses pieds. Cette femme, 
syro-phénicienne de naissance, était païenne“. Elle lui demanda 
de chasser de sa fille le démon. Il lui répondit : «Laisse d’abord se 
rassasier les enfants; il n’est pas bon de prendre le pain des 
enfants et de le jeter aux chiens. » Elle répliqua en disant : «Si, 
Seigneur, même les chiens mangent, sous la table, quelques-unes des 
miettes des enfants.» Alors 11 lui dit : «A cause de cette parole, 
va ! le démon est sorti de ta fille! » Elle retourna chez elle et trouva 
l'enfant reposant sur son lit; le démon était chassé. 

Il reprit sa route, partit des environs de Tyr et revint par Sidon 
vers la mer de Galilée en traversant le territoire de la Décapole. 

On lui amena un sourd qui parlait difficilement et on le pria 
d'étendre la main sur lui. Il le conduisit hors de la foule, à l'écart, 
lui mit les doigts dans les oreilles, et toucha sa langue avec de la 
salive; puis, levant les yeux au ciel, il poussa un soupir et lui dit : 
«Ephphatah 5»; (ce mot signifie: ouvre-toi). Les oreilles de ce 


1 Littéralement : ce qui purifie tous les aliments. 

? Littéralement : œil mauvais. 

5 Quelques anciennes autorités omettent : et de Sidon. Voir note sur Matth. 
15, 21. 

4 Dans le texte: était grecque. Ge mot désigne ici non la nationalité de cette 
femme, puisqu'elle était syro-phénicienne, mais sa religion. 

5. Ce mot n’offre aucun sens; mais il se trouve dans tous les manuscrits et nous 


7, 36 


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1 


450 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sourd s’ouvrirent, et sa langue attachée se délia sur-le-champ ὅ : il 
parlait distinctement. Il leur recommanda de n’en rien dire à 
personne; mais plus il le leur recommandait, plus ils le publiaient 
partout; plus aussi était profonde leur surprise: Ils disaient : 
«Tout ce qu'il ἃ fait est parfait! les sourds, il les fait entendre! 
les muets, il les fait parler!» 


ΠῚ arriva encore une fois, vers cette époque, que la foule étant 
très nombreuse et n'ayant pas de quoi manger, Jésus appela les 
disciples et leur dit : «Jai compassion ? de cette multitude; voici 
déjà trois jours qu'ils ne me quittent pas et ils n'ont pas de quoi 
manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, ils tomberont en défail- 
lance sur la route; quelques-uns d’entre eux sont venus de loin. » 
Ses disciples lui répondirent : «Où pourrait-on, au milieu de ce 
désert, trouver des pains pour les rassasier?» — «Combien de 
pains avez-vous?» leur demanda Jésus. — «Sept», dirent-ils. ἢ 
donna ordre à la foule de s'asseoir par terre. Prenant ensuite les 
sept pains et rendant grâces, il les rompit et les donna à ses disci- 
ples pour qu'ils en fissent la distribution; et ils les distribuèrent 
à la multitude. Ils avaient encore quelques poissons. Jésus les 
bénit aussi et les fit distribuer #. Tous mangèrent et furent ras- 
sasiés. Des morceaux qui restèrent on emporta sept corbeilles; 
or ils étaient quatre mille environ. Ensuite Jésus les congédia. 


Immédiatement après, il monta dans la barque avec ses disciples 
et se rendit dans le pays de Dalmanutha, où survinrent les Phari- 
siens qui se mirent à discuter avec lui, lui demandant un signe 5 
venant du ciel; c'était pour le mettre à l'épreuve. Quant à lui, il 


avons dû le transcrire tel qu'ils l'ont dénaturé. Le mot prononcé par le Ghrist 
est Eltpelah. 

1 Plusieurs anciens manuscrits omettent : sur-le-champ. 

2 Voir note sur Matth. 9, 36. 

3 Voir sur le mot pain la note sur Matth. 14, 17. 


4 Au lieu de: les fit distribuer, un des plus anciens manuscrits lit: les leur 
distribua. 


5 Ou: un miracle. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 451 


dit en soupirant du plus profond de son cœur : « Pourquoi cette 
race-là demande-t-elle un signe? Je vous le dis en vérité !, à cette 
race-là il ne sera point donné de signe!» Il les laissa, remonta 
dans la barque et passa sur l’autre rive. 

Or ils oublièrent de prendre des pains ; ils n’en avaient qu’un 
seul avec eux dans la barque ; et comme Jésus leur adressait cette 
recommandation : « Faites bien attention, prenez bien garde au 
levain des Pharisiens et à celui d'Hérode », — ils se communiquè- 
rent leurs pensées : «C’est parce que nous n'avons pas de pains?!» 
Jésus, le sachant, leur dit: «Comment pouvez-vous penser aux 
pains que vous n’avez pas? N’avez-vous donc encore ni compréhen- 
sion, ni intelligence? Votre cœur est-il toujours aveuglé#? Vous 
avez des yeux, vous ne voyez pas! Vous avez des oreilles, vous 
n'entendez pas! Vous n'avez pas de mémoire! Quand j'ai rompu 
lés cinq pains pour les cinq mille hommes, combien de paniers 
pleins de morceaux avez-vous emportés?» — «Douze», répon- 
dirent-ils. — «Et quand j'ai rompu les sept pains pour les quatre 
mille hommes, combien de corbeilles avez-vous remplies de mor- 
ceaux et avez-vous emportées?» — «Sept», répondirent-ils. — 
Il reprit : « Est-ce que vous ne comprenez pas encore ? » 


Ils arrivèrent à Bethsaïda ; on lui amena un aveugle et on le 
pria de le toucher. Prenant cet homme par la main, il le condui- 
sit hors du village. Puis il lui mit de la salive sur les yeux, posa 
les mains sur lui et lui demanda s’il commençait à voir“. Celui-ci 
regarda et répondit : «J’aperçois des hommes, parce que je vois 
comme des arbres qui marchent.» Alors Jésus posa encore une fois 
ses mains sur les yeux de l’aveugle, qui regarda : 1] était guéri; il 
apercevait distinctement toutes choses. Jésus le renvoya dans sa 
maison en lui disant : « Ne rentre pas dans le village. » 


1 Quelques anciens manuscrits omettent : vous et lisent : Je le dis en vérité. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : parce qu’ils n’ont point de pains. 

3 Aveuglé, littéralement : endurei. Le mot cœur est pris ici dans le sens du 
mot intelligence. 

Ὁ Quelques anciens manuscrits lisent : ef Lui demanda: Commences-tu à voir? 


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192 LE NOUVEAU TESTAMENT 


8, 27 Jésus s’en alla, accompagné de ses disciples, vers les villages voi- 
sins de Césarée de Philippe 1. 
Durant la route, il interrogea ses disciples ; il leur dit: «Qui 
28 dit-on que je suis? » [ls lui répondirent : «Les uns, que tu es Jean- 
Baptiste ; les autres, Élie; d’autres encore, l’un des prophètes. » 
99 «Mais vous, reprit-il, qui dites-vous que je suis?» Pierre répondit 
30  parces mots: «Tu es le Christ. » Il leur défendit expressément de 
91 parler de lui à qui que ce soit. Puis il commença à leur apprendre 
qu’il lui fallait, lui, le Fils de l’homme: — beaucoup souffrir; 
— être rejeté par les Anciens, les chefs des prêtres et les Scribes; 
392 — être mis à mort; — ressusciter au bout de trois jours. Il 
exposait tout cela très clairement. Le tirant alors à l'écart, Pierre 
93 se mit à le reprendre. Mais lui, se retournant et regardant ses 
disciples, reprit sévèrement Pierre, lui disant : «Va-t'en! Arrière 
de moi, Satan! parce que tes pensées ne sont pas de Dieu, mais 
des hommes. » 
34 Ayant appelé à lui la foule, ainsi que ses disciples, il leur dit : 
«Si quelqu'un? veut venir derrière moi et me suivre, qu'il renonce 
35 ἃ lui-même, qu'il porte sa croix et qu'il me suive. Celui qui 
voudra sauver sa vie, la perdra; et il sauvera sa vie, celui qui 
35 l'aura perdue à cause de moi et de l'Évangile“. A quoi servira-t-il 
37 ἃ un homme de gagner le monde entier s'il perd sa vie? Qu'est-ce 
ss qu'il donnera en échange de sa vie? De celui qui, au sein de cette 
génération adultère ὃ el pécheresse, aura eu honte de moi et de mes 
paroles, le Fils de l’homme aura honte à son tour, quand il vien- 
9, 4  dra dans la gloire de son Père avec les saints anges!» Il ajouta : 
«En vérité, je vous le dis, quelques-uns sont ici présents qui ne 
goûteront point la mort avant d'avoir vu venir, en puissance, le 
Royaume de Dieu. » 


1 Césarée de Philippe. Voir note sur Matth. 16, 13. | 
2 Au lieu de: si quelqu'un, plusieurs anciens manuscrits lisent : quiconque. 

8 Ou : qu'il prenne. | 

t Ou : de la Bonne Nouvelle. 

5 Adultère a ici le sens de impie. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 153 


Six jours après, emmenant seuls avec lui Pierre, Jacques et Jean, 
Jésus les conduisit sur une haute montagne, à l'écart. Et alors, 
devant eux, il fut transfiguré : ses vêtements devinrent resplen- 
dissants et d’une éblouissante blancheur. Nul foulon ici-bas ne 
saurait en produire une semblable. Élie leur apparut; avec lui était 
Moïse ; et ils s’entretinrent avec Jésus. Pierre alors, s'adressant à 
Jésus, lui dit: «Rabbit, qu'il nous est bon d’être ici! Dressons trois 
tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Élie...» Il ne 
savait que dire; ils étaient, en effet, terrifiés. Une nuée survint 
qui les enveloppa, et de cette nuée sortit une voix : «Celui-ci est 
mon Fils, le bien-aimé, écoutez-le!» Immédiatement ils regar- 
dèrent autour d'eux, et ne virent plus personne ; Jésus seul était 
avec eux. 

Comme ils descendaient de la montagne, il leur ordonna de 
ne raconter à personne ce qu'ils venaient de voir, si ce n’est lors- 
que le Fils de l’homme serait ressuscité d’entre les morts. Ils retin- 
rent ces mots : «ressuscité d’entre les morts», et se demandaient, 
à part eux, ce qu'ils signifiaient ; et ils l’interrogèrent : «Comment 
les Scribes ? disent-ils: «Il faut, avant tout. qu'Élie vienne 3» 
Il leur répondit: «Élie viendra avant tout et rétablira toutes 
choses ; d'où vient alors qu'il est écrit du Fils de l’homme : il doit 
beaucoup souffrir et être méprisé 3? Eh bien, je vous le déclare, 
Élie est venu et ils lui ont fait tout ce qu'ils ont voulu, confor- 
mément à ce qui est écrit de lui.» 


De retour auprès des disciples, ils les trouvèrent entourés d’une 


1 C'est-à-dire maitre. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : les Pharisiens et les Scribes. 

3 La concision de cette phrase la rend obscure. Nous l’avons reproduite litté- 
ralemènt. On peut la traduire aussi, d’après une autre ponctuation: Qu'est-il 
écrit du Fils de l'homme? qu'il doit beaucoup souffrir et être méprisé. Jésus 
veut dire ceci : Ges deux prédictions 4° qu’Élie doit venir et rétablir toutes choses 
et 2° que le Messie doit souffrir, ne vous semblent pas pouvoir subsister ensemble, 
Vous êtes dans l'erreur ; elles s’accompliront toutes deux. La première est déjà 
en partie accomplie : Élie est venu et a souffert. C'était Jean-Baptiste; et mainte- 
nant le Fils de l’homme va souffrir à son tour. Voir le passage parallèle Matth. 17, 
41 et 12. 


9 


10 


1 


[he] 
[2] 


90 


154 LE NOUVEAU TESTAMENT 


foule considérable; des Scribes discutaient avec eux. Dès que la 
multitude aperçut Jésus, chacun fut en émoi; on accourut à lui, 
on le saluait. Il les interrogea : «Qu'est-ce que cette discussion ?» 
L'un de ceux qui était dans la foule répondit : «Maître, je t'ai ap- 
porté mon fils; un Esprit muet le possède, et partout où il s’ern- 
pare de lui, il le renverse par terre; alors l'enfant écume, grince 
des dents et devient tout raide!. J'ai demandé à tes disciples de le 
chasser : ils n’en ont pas eu la force. » — «O0 génération sans foi, dit 
Jésus en leur répondant, jusqu'à quand serai-je au milieu de vous? 
Jusqu'à quand vous supporterai-je ? Apportez-moi l’enfant.» On le 
lui apporta. Mais à peine eut-il vu Jésus que l'Esprit lui donna des 
convulsions, et, tombant par terre, il se tordait en écumant. Jésus 
interrogea son père: «Combien y a-t-il de temps que cela lui 
arrive?» — «Depuis sa première enfance »; répondit-il; «et sou- 
vent l’Esprit l’a jeté tantôt dans le feu, tantôt dans l’eau pour le 
faire périr; si tu peux y faire quelque chose, aie pitié de nous?, 
et viens à notre secours. » Jésus lui répondit: «Tu me dis: si tu 
peux ! Tout est possible à celui qui croit.» Aussitôt le père de 
l'enfant s’écria: «Je crois! Viens en aide à mon incrédulité ! » 
Jésus, voyant la foule accourir, fit des menaces à l'Esprit impur : 
il lui dit : «Esprit sourd et muet, c'est moi qui te l’ordonne, sors 
de cet enfant et désormais n’y rentre plus!» L'Esprit jeta un cri 
et sortit, en agitant violemment l'enfant, qui devint comme mort ; 
aussi un grand nombre disaient-ils : IT est mort.» Mais Jésus le 
prit par la main, le releva; il revint à lui. 

Quand Jésus fut entré dans une maison, ses disciples lui deman- 
dérent en particulier : « Pourquoi, nous, avons-nous été impuis- 
sants à expulser cet Esprit?» Jésus leur répondit: «Il est d’une 
espèce, qui ne peut absolument se chasser que par la prière #. » 


Partis de là, ils traversèrent la Galilée, et 1l voulait que personne 


1 Littéralement : 1 se dessèche. 

2 Voir note sur Matth. 9, 36. 

8. On peut traduire aussi : Tout m'est possible en faveur de celui qui croit. 
Quelques anciens manuscrits ajoutent ici : οἱ par le jeûne. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 455 


ne le sût, car il instruisait ses disciples; il leur disait: «Le Fils 
de l’homme sera livré ! entre les mains des hommes; ils le tueront ; 
puis, une fois mis à mort, après trois jours, il ressuscitera.» Mais 
ils ne comprenaient pas ce langage et ils craignaient de l’interroger, 


Ils arrivèrent à Capharnaüm; et quand 1l fut à la maison, il leur 
demanda : « De quoi vous entreteniez-vous pendant la route?» Ils 
gardèrent le silence; car ils avaient discuté en chemin sur celui 
d'entre eux qui était le plus grand. Jésus s’assit, appela les douze 
et leur dit: «Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit? le 
dernier de tous et le serviteur de tous.» Puis il prit un enfant, 
le plaça au milieu d'eux, et, après l'avoir embrassé, 11 leur dit : 
«Qui reçoit en mon nom un enfant tel que celui-ci me reçoit. 
Et qui me reçoit, reçoit non pas moi, mais Celui qui m'a envoyé. » 


«Maître, lui dit Jean, nous avons vu un homme chasser # des 
démons en ton nom, et comme il ne nous suit pas ”, nous l’en avons 
empêché.» Jésus répondit : «Ne l’en empêchez point, car per- 
sonne, après avoir, en mon nom, fait un miracle, ne peut aussitôt 
mal parler de moi. En effet, qui n'est pas contre nous est pour 
nous. Et quiconque, en mon nom et parce que vous êtes au Christ, 
vous aura donné à boire un verre d’eau, je vous le dis en vérité, 
ne perdra point sa récompense. » 

«Quant à celui qui aura été une occasion de chuteS pour l’un 
de ces petits qui croient 7, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui 
attachât au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu'on 
le jetât dans la mer. » 

«Si ta main est pour toi une occasion de chute”, coupe-la; il 


1 Grec : est livré. 

2 Grec : il sera. 

3 En mon nom. Voir note sur Matth. 18, 5. 

4 Plusieurs anciens manuscrits lisent: Un homme qui ne nous suit pas 
chasser, etc. 

5 C'est-à-dire n’est pas avec nous, n'est pas des nôtres. 

6 Grec: qui aura scandalisé. Voir note sur Matth. 18, 0, 

7 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent: en moi. 

8 Voir note sur Matth. 18, 6. 

9 Grec: te scandalise. Voir note sur Matth. 18, 0. 


40 


9, 45 


47 
ἀδ 


49 50 


10, 1 


[Re] 


108 


156 | LE NOUVEAU TESTAMENT 


t'est meilleur d'entrer mutilé dans la vie, que d'aller avec tes 
deux mains dans la GéhenneT, dans le feu inextinguible?. Si ton 
pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le; il t’est meilleur 
d'entrer estropié dans la vie que d'être jeté avec tes deux pieds 
dans la Géhenne. Si ton œil est pour toi une occasion de 
chute, arrache-le; il t'est meilleur d'entrer borgne dans le Royaume 
de Dieu que d'être jeté, avec tes deux yeux, dans la Géhenne où : 
«Leur ver ne meurt pas et le feu ne s'éteint pas“.» 
Car tous seront salés 5 par le feu. Le sel est bon: mais si le sel 
devient insipide, avec quoi l’assaisonnerez-vous? En vous-mêmes 
ayez du sel, et, entre vous, vivez en paix. » 


Jésus, partant de là, se rendit sur les frontières de la Judée et 
de l’autre côté du Jourdain. De nouveau, des multitudes se ras- 
semblèrent autour de lui; de nouveau, suivant sa coutume, il les 
enselgnait. 

Les Pharisiens vinrent à lui et lui demandèrent: «Est-il permis 
à un mari de répudier sa femme?» C'était pour le mettre à 
l'épreuve. Il leur répondit par ces paroles : «Qu'est-ce que Moïse 
vous ἃ prescrit?» — «Moïse, dirent-ils, a permis d'écrire un acte 
de divorce et de la répudier.» Alors Jésus reprit: «C’est à cause de 
la dureté de vos cœurs qu'il vous ἃ écrit ce commandement. Mais 
au commencement du monde Dieu «a fait un couple, mâle et fe- 
melleS», «à cause de cela l’homme laissera son père et sa mère? et 


1 La Géhenne. Voir note sur Matth. 5, 22. 

2? Les mots: où leur ver ne meurt pas et le feu ne s'éteint pas, et qui for- 
ment le verset 44, manquent dans les meilleurs manuserits. 

5 Même remarque sur les mots qui forment le verset 46 que sur ceux qui 
forment le verset 44. 

4 Ésaïe 66, 24. 

? Le mot salés a ici le sens biblique de consacrés. Chacun, comme les victimes 
offertes en sacrifice, sera salé, c’est-à-dire sera consacré à Dieu, et cela par le feu, 
c’est-à-dire par l'épreuve. 

6 Genèse 1, 27. 


7 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : pour s'attacher à sa femme. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 157 


ils seront deux dans une seule chair !». Ainsi ils ne sont plus 
deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu ἃ uni, qu'un 
homme ne le sépare point, » 

Dans la maison, les disciples l’interrogèrent encore sur le même 
sujet. « Qui répudie sa femme, leur dit-il, et en épouse une autre, 
commet un adultère à l'égard de la première. Et si une femme qui 
a quitté son mari en épouse un autre, elle commet un adultère. » 


Comme on lui apportait des enfants pour qu'il les touchât, les 
disciples blâmaient ceux qui les lui apportaient., Jésus le vit et s'en 
indigna. Il leur dit: «Laissez les enfants venir à moi; ne les en 
empèêchez pas; car c’est à ceux qui leur ressemblent qu’appartient 
le Royaume de Dieu. En vérité, je vous le dis, qui ne recevra 
pas, comme un enfant, le Royaume de Dieu, n’y entrera pas.» 
Puis 1l les embrassa et, posant les mains sur eux, il les bénit. 


Comme il se mettait en route, quelqu'un courut à lui, se jeta à 
ses genoux et lui fit cette question : «Bon maître, que dois-je faire 
pour acquérir la vie éternelle?» Jésus lui dit: «Pourquoi m'ap- 
pelles tu bon? nul n’est bon, si ce n'est Dieu seul! Tu connais les 
commandements: «Tu ne seras point adultère; tu ne seras point 
meurtrier; tu ne seras point voleur ; tu ne rendras point de faux 
témoignage; tu ne commettras point de fraude; honore ton père 
et ta mère ?.» Il répondit : «Tout cela, maître, je l'ai observé dès 
ma jeunesse.» — Jésus, le regardant, l’aima et lui dit: «Une 
chose te manque, va vendre ce que tu as; donnes-en le prix aux 
pauvres; tu auras alors un trésor dans le ciel; viens ensuite et 
suis-moi.» Ce langage l’affligea; il s’en alla tout triste. car il 
avait beaucoup de biens. 

Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : « Combien 
difficilement entreront dans le Royaume de Dieu ceux qui ont des 
richesses!» Ces paroles surprenaient les disciples. Jésus reprit 


1 Genèse 2, 24. 
2 Exode 20, 12 à 16. Voy. Matth. 19, 18. 


13 
14 


16 


ἽΝ 


18 
19 


90 


99 


158 LE NOUVEAU TESTAMENT 


alors en ces termes : «Qu'il est difficile, mes enfants !, d’entrer 
dans le Royaume de Dieu! Il est plus facile à un chameau de 
passer par l'ouverture d’une aiguille ? qu’à un riche d'entrer dans 
le Royaume de Dieu.» Ils furent absolument consternés : «Qui 
pourra être sauvé?» se dirent-ils l’un à l’autre. Jésus leur répondit 
en les regardant : «Aux hommes, cela est impossible; mais non à 
Dieu ; car tout est possible à Dieu. » 

Pierre se mit alors à lui dire: «Et nous, nous avons tout 
quitté ! nous t’avons suivi!» Jésus répondit : (En vérité je vous 
le dis, personne, à cause de moi et à cause de l'Évangile 5, ne 
quittera une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, 
des enfants, des terres, sans qu'il ne reçoive le centuple dès main- 
tenant, en ce temps présent, des maisons, des frères, des sœurs, 
des mères, des enfants, des terres, avec des persécutions et, dans le 
siècle à venir, la vie éternelle 4». 

«Mais plusieurs des premiers seront derniers et les derniers 
premiers. » 


Ils étaient en chemin, montant à Jérusalem. Jésus marchait en 
avant des disciples effrayés; ceux qui le suivaient étaient dans la 
terreur. 

De nouveau il réunit les douze et se mit à leur dire ce qui allait 
lui arriver: « Voilà que nous montons à Jérusalem; le Fils de 


! Quelques anciens manuscrits, après mes enfants, ajoutent: à ceux qui se 
confient dans les richesses. 

2 Grec : «l'ouverture de l'aiguille». La présence de l’article devant le mot 
aiguille ἃ fait supposer à certains commentateurs que Jésus désignait ici une 
des portes de la ville de Jérusalem, porte qui aurait été si étroite qu’un cha- 
meau n'aurait pu y passer et que l’on aurait appelée, à cause de son étroitesse, læ 
porte du trou de l'aiguille. Dans les autres Evangiles (Matth. 19, 24, Luc 18, 
29), Particle est omis devant le mot aiguille. On peut alors prendre l’expression 
trou d’une aiguille au pied de la lettre et l’image proverbiale employée par le 
Christ se comprend aisément, le chameau étant le plus grand animal connu en 
Palestine, au premier siècle. Dans notre langage moderne, nous dirions pour 
exprimer une impossibilité du même genre : il est plus facile à un éléphant de 
passer par le trou d'une aiguille, On a quelquefois proposé de traduire : il est 
plus facile de faire passer un cable par le trou d'une aiguille, mais cette traduc- 
tion serait fautive, 

3 Ou de la Bonne Nouvelle. 

4 Éternelle. Voir note sur Jean 9, 15, 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 159 


l'homme y sera livré aux chefs des prêtres et aux Scribes qui le 
condamneront à mort; puis ils le livreront aux païens qui se 
joueront de lui, lui cracheront au visage, le flagelleront et le 
tueront et, après trois jours, 11 ressuscitera. » 


Jacques et Jean (les fils de Zébédée) s’approchèrent de lui et lui 
dirent : «Maitre, nous voudrions que tu nous accordes ce que nous 
allons te demander.» Il répondit : «Que voudriez-vous que je 
vous accorde ?» — «Promets-nous, reprirent-ils, que nous siége- 
rous, au jour de ta gloire, l’un à ta droite, l’autre à ta gauche. » 
Jésus repartit: «Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez- 
vous boire la coupe que je bois? ou être baptisés du baptème dont 
je suis baptisé?» — «Nous le pouvons», lui dirent-ils. — Et 
Jésus répliqua : « La coupe que je bois, vous la boirez ; le baptême 
dont je suis baptisé, vous en serez baptisés. Mais quant à siéger à 
ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; ces 
places sont à ceux pour lesquels elles ont été préparées. » 

Les dix autres qui avaient entendu commençaient à s’indigner 
contre Jacques et Jean; Jésus alors les appela et leur dit: «Vous 
savez que ceux qui passent pour régner sur les nations, en sont les 
_dominateurs, et que les grands, dans ces nations, exercent sur elles 
un pouvoir impérieux. [1 n’en est pas ainsi parmi vous. Au con- 
traire, qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur ; 
qui voudra devenir le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. 
Car le Fils de l’homme n'est pas venu pour être servi, mais pour 
servir et donner sa vie comme rançon pour plusieurs. » 


Ils arrivèrent à Jéricho. Lorsqu'il sortit de la ville avec ses dis- 
ciples et une foule nombreuse, un aveugle, Bartimée (fils de Timée) 
mendiait, assis sur le bord de la route. Entendant dire querc'était 
Jésus de Nazareth, il se mit à crier: «Fils de David, Jésus, aie 
pitié de moi!» Beaucoup le menaçaient pour le faire taire, mais 
il n’en criait que plus fort: «Fils de David, aie pitié de moi!» 
Jésus s'arrêta. «Appelez-le», dit-il. On appela cet aveugle, on lui 
dit: «Prends courage, lève-toi, il t’appelle. » IT se dressa aussitôt, 


34, 10 


98 


99 


49 
50 


16, 51 


1 1 


19 


9 


10 


11 


160 LE NOUVEAU TESTAMENT 


rejeta son manteau et s’avança vers Jésus. Jésus alors lui adressa 
ces paroles : «Que veux-tu que je fasse pour toi?» L’aveugle ré- 
pondit : «Que j'y voie! Rabbouni!!» — « Va, lui dit Jésus, ta foi 
l’a sauvé?.» Et subitement il vit, et il suivit Jésus dans le chemin. 


Quand ils furent près de Jérusalem, de Béthanie et de Beth- 
phagé”, du côté du mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses 
disciples, en leur disant : «Allez à ce village qui est devant vous; 
et tout de suite, à l'entrée, vous trouverez un ânon attaché, que 
personne n’a jamais monté. Détachez-le et l’amenez. Si l’on vous 
demande pourquoi vous faites cela, répondez : Le Seigneur en a 
besoin et on l’enverra immédiatement ici. » 

Ils partirent et, au détour du chemin, ils trouvèrent l’ânon ὁ 
attaché tout contre une porte extérieure; ils le délièrent. Quel- 
ques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : «Que faites-vous? 
Pourquoi détachez-vous cet änon?» Ils répondirent ce que Jésus 
leur avait dit; et on les laissa faire. Ils amenèrent donc l’ânon, 
sur lequel 115 placèrent leurs manteaux, à Jésus, qui s’assit sur lui. 
Sur le chemin, un grand nombre étendirent leurs vêtements et 
d'autres des rameaux coupés dans les champs. Et ceux qui le 
précédaient et ceux qui le suivaient criaient : « Hosanna 6! » 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur 7! » 
«Béni soit le Règne$ qui commence, le Règne de notre père 
David! Hosanna au plus haut des cieux ! » 

Il entra à Jérusaiem et pénétra dans le Temple. Il promena 
autour de lui son regard sur toutes choses, et comme l'heure 
s'avançait, il partit avec les douze pour Béthanie. 


1 Mot syriaque qui a le même sens que Rabbi, maitre. 

2 Ou: guéri. 

5 Quelques anciennes autorités omettent : et de Bethphagé. 

4 Plusieurs anciens manuscrits lisent : un ânon. 

5 Quelques anciens manuserits lisent : {out contre la porte extérieure, 
ὁ Voir sur Hosanna note sur Matth. 21, 9. 

7 Psaume 118, 20, 

δ Ou: le Royaume. 

 Littéralement : qui vient. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARCG 161 


Le lendemain, comme 115 sortaient de Béthanie, il eut faim. 
Apercevant de loin un figuier couvert de feuilles, il y alla pour 
voir s’il n’y découvrirait pas quelque fruit; mais quand il s’en fut 
approché, il n’y trouva que des feuilles. En effet, ce n'était pas 
encore le moment des figues!. Alors il s’adressa à l'arbre et lui 
dit: «Que personne ne mange désormais de ton fruit!» Ce mot fut 
entendu des disciples. 


Quand ils furent arrivés à Jérusalem, Jésus entra dans le Temple? 
et se mit à chasser les vendeurs et les acheteurs ; il renversa les 
tables des changeurs, ainsi que les sièges des marchands de co- 
lombes; de plus, il ne laissait personne, portant un objet quel- 
conque, passer par le Temple. Et voici ce qu’il enseignait : « N’est- 
il pas écrit : 

«Ma maison s’appellera, pour tous les peuples, maison de prière 5» 

Et vous, vous en avez fait 
ΝΠ 0 1... . une caverne de brigands.» 

En Πρ, les chefs des prêtres et les Scribes cherchaient 
par quels moyens ils le feraient périr. En effet, ils avaient peur de 
_ lui à cause du peuple, qui, tout entier, était extrèmement frappé 
de son enseignement. 


Quand venait le soir, ils sortaient 5 de la ville; or, en repassant 
le matin, ils virent le figuier desséché jusqu'à la racine 6. Se souve- 
nant de ce qui s’était passé, Pierre dit à Jésus: «Rabbi7, voici le 
figuier que tu as maudit ; il s’est desséché. » Jésus alors, s'adressant 
à tous, leur dit: «Ayez foi en Dieu! En vérité, je vous le dis : Si 


1 Ce passage est incompréhensible. Nous le traduisons littéralement, sans pré- 
tendre l’expliquer. 

2? Voir sur ce mot : le Temple, note sur Jean 2, 14. 

3 Ésaïe 56, 7. Voy. Matth, 21, 13. 

4 Jérémie 7, 11. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : il sortait. 

5 Littéralement : depuis la racine. 

7 C'est-à-dire Maitre. 


14 


16 
17 


18 


20 


12, 1 


162 LE NOUVEAU TESTAMENT 


quelqu'un dit à cette montagne, sans aucune hésitation dans son 
cœur, et en croyant à l’accomplissement de sa parole : « Soulève-toi 
et jette-toi dans la mer», cela lui sera accordé. C’est pourquoi je 
vous dis: Croyez que vous recevrez tout ce que vous demandez 
dans votre prière, et tout vous sera accordé. En outre, quand vous 
vous mettez à prier, pardonnez ! à toute personne contre qui 
vous pourriez avoir quelque chose, afin que votre Père qui est dans 
les cieux vous pardonne? aussi vos offenses 5. » 


Ils étaient retournés à Jérusalem; et comme 11 allait et venait 
dans le Temple, les chefs des prêtres, les Scribes et les Anciens 
s’approchèrent de lui et lui dirent: «En vertu de quelle autorité 
fais-tu ces choses ? ou # qui t’a donné l'autorité de les faire ? » Jésus 
leur répondit : «Je vous ferai, moi aussi, une question, une seule. 
Répondez-moi et je vous dirai en vertu de quelle autorité je fais 
ces choses : Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes? 
Répondez-moi.» Or ils faisaient, à part eux, ce raisonnement : 
«Si nous répondons : Du ciel, il dira : Pourquoi donc ne l’avez- 
vous pas cru? Répondrons-nous alors : Des hommes?....» [οἱ ils 
avaient à craindre la foule’; car tout le monde tenait Jean pour un 
prophète. Alors ils répondirent ainsi à Jésus : «Nous ne savons. » 
Jésus répliqua : «Je ne vous dis pas, moi non plus, en vertu de 
quelle autorité je fais ces choses. » 


Puis il se mit à leur parler en paraboles : 
Un homme avait planté une vigne; après l'avoir entourée 
d'une haie, y avoir creusé une cuve et construit une tour, il la 


1 Littéralement : remetlez, tenez quitte de. 

2 Littéralement : remette, tienne quitte de. 

3 La phrase qui vient ici dans nos versions ordinaires et qui forme le ver- 
set 26: Si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous 
pardonnera pas non plus vos offenses, manque dans les meilleurs manuserits. 
Elle a été empruntée à Matth. 6, 15. 

1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Æ{ qui t'a donné, etc. 


5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Le peuple. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 163 


loua à des vignerons et fit une absence. La saison venue, il envoya 
un serviteur 1 aux vignerons pour recueillir de leurs mains une 
partie duproduit de sa vigne. Or ceux-ci s’emparèrent de lui, le 
battirent et le renvoyèrent les mains vides. Le maitre alors leur 
envoya un autre serviteur!. Celui-là, ils le blessèrent à la tête et le 
traitèrent avec mépris. Il en envoya un autre: celui-là 115 le tuè- 
rent ; plusieurs autres : ils battirent ceux-ci et tuèrent ceux-là. Il 
avait encore un fils unique, un bien-aimé. Il le leur envoya le der- 
nier, disant: «Ils respecteront mon fils.» Mais ces vignerons se 
dirent de l’un à l’autre : « Celui-là c’est l'héritier; allons! tuons-le 
et l'héritage sera à nous!» Et s'étant emparés de lui, ils le 
tuèrent et le jetèrent hors de la vigne. Que fera le maitre de 
la vigne? Il viendra, il fera périr les vignerons et donnera la vigne 
à d’autres. N’avez-vous pas Ju ce passage de l’Écriture : 

« La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient, 

Celle-la méme est devenue la tête de l'angle, 

C'est l'ouvrage du Seigneur, 

Ouvrage admirable à nos yeux?!» 

Ils cherchaient à l'arrêter; car 115 comprenaient bien que c’était 

eux qu'il avait en vue dans cette parabole ; mais ils redoutèrent la 
multitude. Alors ils le laissèrent et partirent. 


Ensuite ils lui envoyerent quelques Pharisiens et Hérodiens ὃ 
pour le prendre au piège par ses propres paroles. 

Ils arrivent et lui disent: «Maïître, nous savons que tu es véri- 
dique ; que tu n’as souci de qui que ce soit; sans regarder à la 
ligure des uns et des autres, tu enseignes en toute vérité la voie 


de Dieu. Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à César 42 Le. 


payerons-nous ou ne le payerons-nous pas?» Connaissant * leur 
perfidie, 11 leur dit: «Pourquoi me mettez-vous à l'épreuve? 


1 Grec : un esclave. 

2 Psaume 118, 22, 23. Voy. Matth, 21, 42. 

5 Voir note sur Matth. 22, 10. 

£ Voir note sur Matth. 22, 17. 

Ὁ Quelques anciens manuscrits lisent : Voyant. 


2,12 


10 


11 


15 


12, 16 


17 


18 
19 


23 


164% LE NOUVEAU TESTAMENT 


Apportez-moi un denier, que je le voie.» Ils lui en apportèrent un. 
— «De qui est cette image? demanda-t-il; de qui est cette in- 
scription?» Ils lui répondirent : « De César!. » Alors Jésus leur dit : 
« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » 
Et il les surprit extrêmement. 


Ensuite des Sadducéens (ceux qui disent qu'il n’y a point de 
résurrection) vinrent lui poser une question : «Maître, dirent-ils, 
voici ce que Moïse nous ἃ prescrit : «Si le frère de quelqu'un meurt 
laissant sa femme sans enfants, celui-ci devra épouser la veuve, 
pour susciter à son frère une postérité.» Or il y a eu sept frères. 
Le premier a pris femme et est mort sans laisser de postérité. Le 
second a épousé la veuve et est mort aussi sans avoir de postérité. 
De même du troisième; des sept aucun n'a laissé de postérité ; 
enfin, après eux tous, la femme aussi est morte. Eh bien, à la 
résurrection *, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse? Les sept, 
en effet, l'ont eue pour femme. » 

Jésus leur répondit: «N'êtes-vous pas dans une erreur qui 
provient de ce que vous ignorez et les Écritures et la puissance de 
Dieu? En effet, ceux qui ressuscitent d’entre les morts ne se ma- 
rient ni ne donnent en mariage, mais ils sont dans les cieux comme 
des anges. Et quant aux morts, quant à leur résurrection, n’avez- 
vous pas lu dans le livre de Moïse, au passage où il est question du 
buisson, en quels termes Dieu lui a parlé : «Je suis, dit-il, le Dieu 
d'Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob#.» Or ce n’est point 
des morts, c’est des vivants qu'il est Dieu. Vous êtes done dans 
une grande erreur. » 


Un Scribe s’approcha; il avait entendu leur discussion, et, 
remarquant° qu'il leur avait parfaitement répondu, il lui demanda : 


1 César. Voir note sur Matth, 22, 17. 

2 Deut. 265, 5. 

3 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : lorsqu'ils ressusciteront. 

4 Exode 8, 6. Voy. Matth. 22, 32. 

5 Littéralement : sachant, ou d'après quelques anciens manuscrits : voyant. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 165 


« Quel est parmi les commandements le premier de tous?» Jésus 
répondit: «Voici le premier: «Ecoute, Israël, le Seigneur notre 
Dieu est l'Unique Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de 
tout ton cœur, de toute ton dme, de toute ta pensée, de toute ta 
force!» ; voici le second: « Tu aimeras ton prochain comme toi- 
méme ?.» Aucun autre commandement n’est plus grand que ceux- 
Ja.» — «Très bien, maitre, lui dit le Scribe; tu es dans la vérité 
lorsque tu dis qu'Il est Unique et qu'il n’y en a pas d’autre que 
Lui, et lorsque tu dis que l'aimer de tout son cœur, de toute son 
intelligence, de toute sa force, et qu'aimer son prochain comme 
soi-même l'emporte sur tous les holocaustes et tous les sacrifices. » 
Jésus, remarquant la sagesse de ses paroles, lui dit: «Tu n’es pas 
loin du Royaume de Dieu. » 
Personne n’osait plus le questionner. 


Alors Jésus, prenant la parole, enseigna dans le Temple en ces 
termes : «Comment les Scribes disent-ils que le Christ est fils de 
David? David lui-même a ainsi parlé par l'Esprit saint : 

«Le Seigneur a dit à mon Seigneur : 
Siège à ma droite 
Jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds À.» 

David lui-même l'appelle « Seigneur » ; d'ou vient alors qu'il est 
son fils ? » 

La foule, qui était nombreuse, prenait plaisir à l'écouter. 


Voici encore ce qu'il disait dans son enseignement : «Méfiez- 
vous de ces Scribes qui se complaisent à se promener en robes 


τ 


solennelles, à recevoir des salutations sur les places publiques, à 
occuper les premiers sièges dans les synagogues, les premières 
places® dans les festins, qui dévorent les ressources des veuves, 


1 Deut. 6, 4 et suiv. Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : voilà le premier 
commändement. 

? Lévit. 19, 18. Voy. Matth. 22, 37 et suiv. 

5 Ou: qu’il est Un. 

4 Psaume 110, 1. Voir Matth. 22, 44 et Actes 2, 34 et suiv. 

5 Les premières places. Voir note sur Matth. 23. 6. 


29, 12 


C9 
19 


37 


38 


39 


12, 


13, 


A 


44 


τῷ 


"ἢ" 


100 LE NOUVEAU TESTAMENT 


et qui affectent de prier longuement. C’est pour ces hommes-là 
que le jugement aura le plus de rigueur. » 


Il s'était assis vis-à-vis du tronc et il regardait comment chacun, 
dans la foule, y mettait son offrandet, Nombre de riches don- 
naient beaucoup; survint une veuve pauvre qui mit deux lèptes 3 
(ce qui fait un quadrant). Il appela ses disciples et leur dit: «En 
vérité je vous le dis: Cette veuve pauvre ἃ mis dans le tronc plus 
que tous les autres. Car tous les autres ont puisé dans leur superflu 
pour donner ; mais celle-ci ἃ pris sur son indigence; elle ἃ donné 
tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour vivre 5.» 


Comme Jésus sortait du Temple, un de ses disciples lui dit: 
«Regarde, maitre; quelles pierres ! quelles constructions ! » — «Tu 
vois, lui dit Jésus, ces grands édifices : 1l n’en restera pas pierre 
sur pierre; {out sera renversé. » 

Puis il alla s'asseoir sur le mont des Oliviers en face du Temple ; 
et là Pierre, Jacques, Jean et André l’interrogèrent en particulier : 
«Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe qu'elles 
vont toutes s’accomplir ? » 

Jésus alors se mit à leur dire : «Veïllez à ce que personne ne 
vous séduise : plusieurs viendront en prenant mon nom, disant : 
C'est moi‘! et ils séduiront bien des hommes. Quand vous en- 
tendrez parler de guerres et de bruits de guerres, ne vous alarmez 
point; 1l faut que cela arrive; mais ce ne sera pas encore la fin. » 

«Se soulèvera, en effet, nation contre nation, royaume contre 
royaume; il y aura ici et là des tremblements de terre; il y aura 
des famines. Ce seront les douleurs de l’enfantement qui com- 
mencent! » 


1 Son offrande. Littéralement : de la monnaie de cuivre. Mais on entendait 
aussi par là la monnaie d’or ou d'argent, de même qu’en français le mot argent 
appliqué à la monnaie désigne les pièces de cuivre ou d’or comme celles d'argent. 

2? Le lèpte valait à peu près un demi-centime. Le quadrain ou quadrant repré- 
sentait exactement 0c,915. | 

3 Littéralement : {oute sa vie, c’est-à-dire toute sa fortune. 

4 Moi qui suis le Christ. Voir Matth. 24, ὃ. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 167 


« Quant à vous, prenez garde à vous-mêmes! On vous livrera aux 
tribunaux}; dans les synagogues, vous serez frappés de verges 2, 
et à cause de moi vous comparaîtrez devant des procurateurs et 
des rois, pour leur être en témoignage ὃ.» 

«Il faut d’abord que l'Évangile soit prêché dans toutes les 10, 13 
nations. » 

«Quand vous serez ainsi emmenés et livrés, ne vous préoccupez 11 
pas d'avance de ce que vous aurez à dire; mais parlez suivant ce 
qui vous sera donné au moment même; ce ne sera pas vous qui 
parlerez, ce sera l'Esprit saint. » 

«Un frère livrera son frère à la mort et un père son enfant; des 49 
enfants se soulèveront contre leurs parents et les feront mourir; et 15 
vous serez en haine à tout le monde à cause de mon nom. Mais 
celui qui aura persévéré jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. » 

«Quand vous verrez «l’abomination de la désolation 5» installée 44 
au lieu où elle ne doit pas être (comprends bien, lecteur !), que 
ceux qui seront dans la Judée fuient dans les montagnes, que celui 4; 
qui sera sur le toit6 ne descende point7, ne rentre point pour 
emporter quelque chose de sa maison; que celui qui sera dans les 460 
champs ne retourne point sur ses pas pour prendre son manteau. 
 Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront 47 
_en ces jours-là! » 

«Priez pour que tout cela n'arrive pas en hiver. Car ce seront 18 49 
des jours d’une tribulation telle qu’il r’y en ἃ pas eu de pareille 
depuis la création, depuis que Dieu commença à créer jusqu’à 
présent, et qu'il n’y en aura plus jamais. Et si le Seigneur n'avait 90 
pas abrégé ces jours, nulle vie$ ne serait sauvée; mais à cause 
des élus, de ceux qu'il a choisis, il ἃ abrégé ces jours. » 


1 Voir notes sur Matth. 19, 17 et 5, 22. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : on vous livrera aux tri- 
bunaux et aux synagogues; vous serez frappés de verges, etc. Sur frappés de 
verges, voir note sur Matth. 10, 17. 

3 Expression obscure dans le texte. Voir note sur Matth. 10, 18. 

# Ou: la Bonne Nouvelle. 

5 Daniel 9, 27. 

5 Sur le toit ou sur la terrasse. Voir note sur Luc 17, 31. 

7 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent, dans la maison. 

δ Grec : nulle chair; c’est un hébraïsme. 


13, 21 


39 


90 


168 LE NOUVEAU TESTAMENT 


CSI l'on vous dit alors: «Voyez! le Christ est ici!» ou: 
«Voyez! il est la!» ne le croyez pas. IT surgira de faux Christs et 
de faux prophètes opérant signes et prodiges afin, si possible, de 
séduire les élus. » 

« Vous, soyez sur vos gardes: je vous ai tout prédit. » 

«Cependant, ces jours-là, après cette tribulation, le soleil 
s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles 
tomberont du ciel; les puissances qui sont dans les cieux seront 
ébranlées. Et c’est alors qu'on verra le Fils de l’homme arrivant, 
au sein des nuées, en grande puissance et gloire; c’est alors 
qu'il enverra les anges et rassemblera les élus des quatre vents 
de l’horizon!, depuis l'extrémité de la terre jusqu'à l'extrémité 
du ciel. » 

« Que le figuier vous serve de comparaison : Quand ses branches 
deviennent tendres et que ses feuilles poussent, vous savez que 
l'été est proche; de même quand vous verrez arriver ces choses, 
sachez qu'il? est proche, qu'il est aux portes. » 

«En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que 
tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles 
ne passeront point. » 

«De ce jour ou de l’heure, nul ne sait rien; ni les anges dans le 
ciel, nile Fils; personne, excepté le Père. » 

«Soyez sur vos gardes; soyez vigilants; puisque vous ne savez 
pas quand viendra le moment. Lorsqu'un homme part pour un 
voyage, qu'il laisse sa maison, qu'il donne pouvoir à ses servi- 
teurs*, à chacun son travail, il recommande au portier de veiller. 
Veillez donc — (puisque vous ne savez pas quand viendra le maître 
de la maison, si ce sera le soir, ou au milieu de la nuit, ou au 
chant du coq, ou le matin 4) — de peur qu'arrivant à l’improviste 


1 De l'horizon. Voir note sur Matth. 24, 31. 

? Il, c'est-à-dire le Fils de l’homme. 

8 Grec: esclaves. 

4 Nous avons ici les noms des quatre veilles de la nuit chez les Juifs. La pre- 
mière, qui durait de ὁ heures à 9 heures, s'appelait Le soir; la deuxième, de 
9 heures à minuit, s'appelait le milieu de la nuit; la troisième, de minuit à 
3 heures, le chant du coq, et enfin la quatrième, de 3 heures à ὁ heures, le 
malin. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 169 


il ne vous trouve endormis. Or, ce que je vous dis à vous, je le 
dis à tous: Veillez!» 


Deux jours après, c'étaient la Pâque et les Azymes1. 

Les chefs des prêtres et les Scribes cherchaient un moyen de 
s'emparer de Jésus par ruse et de le tuer; ils disaient cependant : 
« Rien pendant la fête, le peuple pourrait se soulever. » 


Jésus était à Béthanie dans la maison de Simon le lépreux. 
Comme il était à table, il vint une femme portant un vase d’al- 
bâtre? rempli d’un très précieux parfum (de l'huile de nard pur); 
et, brisant le vase d’albâtre, elle en répandit le contenu sur la tête 
de Jésus. Or il s’en trouva quelques-uns qui en furent, à part eux, 
indignés : «A quoi bon perdre ainsi ce parfum?» — «On aurait pu 
vendre ce parfum-là plus de trois cents deniers et en donner 
le prix aux pauvres.» Ils étaient exaspérés contre cette femme. 

Mais Jésus dit: «Laissez-la; pourquoi lui faites-vous de la 
peine? C'est une bonne œuvre qu'elle a faite pour moi. Car les 
_ pauvres vous les avez toujours avec vous ; et quand vous le voulez, 
vous pouvez leur faire du bien; tandis que moi vous ne m'avez 
pas pour toujours. Elle ἃ fait ce qu'elle ἃ pu. A l’avance, elle ἃ 
parfumé mon corps pour la sépulture. En vérité, je vous le dis, 
partout où sera prêché l'Évangile — dans le monde entier — on 
racontera aussi, en mémoire d’elle, ce qu’elle a fait. » 


Cependant Judas l'Iskariôte“, un des douze, alla trouver les 
chefs des prêtres pour le leur livrer. Ses paroles les mirent dans 
la joie, et ils lui promirent de lui donner de l’argent. Il chercha 
alors une occasion pour le livrer. 


1 Les Azymes, c’est-à-dire les pains sans levain. 
2 Voir note sur Matth. 26, 7. 

3 Trois cents deniers, environ : 270 francs, 

Ὁ L’Iskariôte. Voir note sur Matth. 10, 4. 


81, 13 


[Se] 


Qt 


=] 


9 


10 
11 


14, 


AY 


12 


13 


14 


170 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Le premier jour des Azymes', le jour où l’on sacrifie la Pâque ?, 
les disciples dirent à Jésus : «Où veux-tu que nous allions te 
préparer ce qui est nécessaire pour le repas pascal?» — «Allez à 
la ville» leur répondit-il en y envoyant deux d’entre eux; «vous 
rencontrerez un homme portant une cruche d’eau; vous le suivrez 
et voici comment vous parlerez au propriétaire de la maison où 
il entrera : Le maïtre dit: «Où est la chambre qui m'est destinée 
et où je mangerai la Päâque avec mes disciples. » Lui-même alors 
vous montrera une chambre haute’, grande, garnie de tapis, 
toute prête. C’est la que vous ferez pour nous les préparatifs. » Les 
disciples partirent, allèrent à la ville, trouvèrent toutes choses 
comme il les leur avait dites, et préparèrent la Pâque. 


Le soir venu, il s’y rendit avec les douze. 

Pendant qu'ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : 
«En vérité je vous le dis, l’un de vous — qui mange avec moi — 
me livrera.» Ils devinrent tout tristes et lui demandèrent l’un 
après l’autre: «Est-ce moi?» Il leur répondit: «C’est l’un des 
douze, c’est celui qui met la main au plat avec moi “. Car le Fils 
de l’homme s’en va, selon qu'il est écrit de lui, mais malheur à 
cet homme par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux vaudrait 
pour cet homme-là ne jamais être né!» 


Pendant qu'ils mangeaient, 1l prit du pain * et, ayant prononcé 
la bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant : « Prenez! 
ceci est mon corps. » Prenant ensuite une coupe, il rendit grâces, 
la leur donna et ils en burent tous. «Ceci est mon sang, leur 
dit-1l, le sang de l'alliance, lequel est répandu pour plusieurs. En 


1 C'est-à-dire le premier jour de la fête, où l’on mangeait des pains sans 
levain. 

2 C'est-à-dire l'agneau pascal. 

3 Chambre de l’étage supérieur. Voir note sur Actes 1, 15, 

4 La main au plat. Voir note sur Matth. 26, 23. 

5 Ou Un pain. Voir note sur Matth, 14, 17. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 171 


vérité, je vous le dis, je ne boirai plus jamais du fruit de la 
vigne jusqu'en ce jour où je le boirai nouveau dans le Royaume 
de Dieu. » 


Après le chant des Psaumes!, ils partirent pour le Mont des 
Oliviers, et Jésus leur dit: «Tous, vous rencontrerez une occa- 
sion de tomber ?, car il est écrit : 

«Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées ὅ ; » 

« Mais après ma résurrection je vous précéderai en Galilée. » 

Pierre lui dit: «Quand même tous viendraient à faillir, moi, 
jamais “ ! » Jésus lui répondit : « En vérité je te dis que toi-même, 
aujourd'hui, durant cette nuit, avant qu'un coq chante deux fois, 
tu me renieras trois fois.» Pierre cependant insistait toujours 
plus : « Me fallüt-il mourir avec toi, non, je ne te renierai pas! » 
Et tous parlèrent de même. 


Ils vinrent en un lieu du nom de Gethsémané ὅ, et Jésus dit à 
ses disciples : «Asseyez-vous ici pendant que je prierai. » 
Puis 11 prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et 1] commença à 


être dans l’abattement et dans l’angoisse; et il leur dit: « Mon 
âme est accablée de tristesse jusqu’à la mort. Restez ici et 


veillez!» Puis, s'étant un peu avancé, 1] se prosternait la face 
contre terre, priant pour que cette heure, si cela était possible, 
passât loin de lui. Il disait: «Abba 6! Père! tout t'est possible à 
toi! Écarte loin de moi cette coupe; cependant, non pas ce que 
je veux, mais ce que tu veux. » 

Il revint et il les trouva qui dormaient, et il dit à Pierre : 
«Tu dors, Simon! n’as-tu pas eu la force de veiller une seule 


1 Voir note sur Matth. 26, 30. 

? Grec: Vous serez scandalisés, Voir note sur Matth. 26, 31. 
5 Zaccharie 13, 7. 

1 Voir note sur Matth. 26, 32. 

? Gethsémané. Voir note sur Matth. 26, 26. 

5 Le mot Abba signifie Père. 


97 


"Ὧν 
Co 


ἀλ 


472 LE NOUVEAU TESTAMENT 


heure? Veillez et priez pour ne pas succomber! à l'épreuve 5. 
Certes l'esprit est prompt, mais la chair est faible 5. » 

Il s’éloigna de nouveau et pria, répétant les mêmes paroles ; 
puis il revint encore“ et les trouva qui s'étaient endormisÿ; leurs 
yeux en effet étaient appesants, et ils ne savaient que lui ré- 


_ pondre. 


La troisième fois qu'il revint, il leur dit: « Dormez maintenant; 
reposez-vous ; c’est assez, l'heure est venue! Le Fils de l’homme va 
être livré entre les mains des pécheurs6! Levez-vous ! Allons! 
Voici celui qui me livre! Il approche!» 


Au même instant, pendant qu'il parlait encore, arrive Judas?, 
l’un des douze, et avec lui, envoyée par les chefs des prêtres, les 
Scribes et les Anciens, une troupe armée d'épées et de bâtons. Le 
traître était convenu avec eux d’un signal. Il leur avait dit : 
«Celui auquel je donnerai un baiser, ce sera lui. Vous vous en 
saisirez et l’'emmènerez sûrement. » Donc, en arrivant, il s’appro- 
cha de Jésus et l’appelant : « Rabbi 5», 11 l'embrassa avec effusion. 
Eux alors mirent la main sur lui et le saisirent. 

Mais un de ceux qui étaient présents, tirant l’épée, frappa le 
serviteur * du Grand-Prêtre et lui coupa l'oreille. 

Jésus alors prononça ces paroles : «Pour vous emparer de moi, 
vous êtes venus1, comme contre un brigand, avec des épées 
et des bâtons. Tous les jours, j'étais au milieu de vous, dans le 
Temple, j'enseignais et vous ne m'avez pas arrêté. Mais 1] en est 
ainsi pour que soient accomplies les Écritures.» L'abandonnant 
alors, tous les disciples prirent la fuite. 


1 Littéralement: venir dans. 

2 Ou Lu tentation. 

3 Voir note sur Matth. 26, 41. 

4 Plusieurs anciens manuscrits omettent encore. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : encore endormis. 

6 Voir note sur Matth, 26, 45. 

7 Quelques anciens manuscits ajoutent l'Iskariôte. 

8 Maître. 

9 Grec : l’esclave. 

10 On peut, d’après une autre ponctuation, mettre cette phrase sous forme inter- 
rogative : étes-vous venus... οἷο, Ὁ 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 173 


Seul, un jeune homme le suivait; il n'avait sur le corps qu’un 
léger vêtement!. On saisit ce jeune homme, mais il s’échappa 
tout nu, abandonnant son vêtement. 


On conduisit Jésus chez le Grand-Prêtre, où tous s’assem- 
blèrent en même temps, les chefs des prêtres, les Anciens, les 
Scribes. 

Pierre, qui le suivait de loin, parvint jusque dans l’intérieur 
de la cour? du Grand-Prêtre. Là, 1l s’assit auprès du feu, mêlé 
aux gens de service et se chauffant. 

Les chefs des prêtres et le Sanhédrin ὁ tout entier cherchaient 
contre Jésus un témoignage qui le fit condamner à mort, mais ils 
n'en trouvaient pas. Plusieurs, en effet, déposaient mensongère- 
ment contre lui; mais leurs assertions étaient contradictoires. Il 
en surgit enfin quelques-uns qui portèrent à sa charge ce faux 
témoignage : «Nous lui avons entendu dire ceci: «Je puis, moi, 
renverser ce Temple fait de main d'homme, et, en trois jours, 
j'en bâtirai un autre qui ne sera pas de main d'homme.» Mais ici 
même leurs dépositions ne concordaient pas. 

Alors le Grand-Prêtre se leva au milieu de l’assemblée et posa 


cette question à Jésus : «Ne réponds-tu rien à ce que ces gens-ci 


déposent contre toi?» Jésus gardait le silence ; 1] ne répondit rien. 
Le Grand-Prèêtre lui posa une seconde question ainsi conçue : 
«Es-tu le Christ, le Fils de Celui qui est béni?» Jésus répondit : 
«Je le suis; et vous verrez le Fils de l’homme siégeant à la droite 
de la Puissance ὅ et venant avec les nuées du ciel. » Alors le Grand- 
Prêtre, déchirant ses vêtements: «Qu’avons-nous encore besoin 
de témoins? dit-il; vous avez entendu le blasphème6! Quel est 


1 Le mot grec que nous traduisons par léger vêtement, «sindon » (en sanscrit : 
sindhu), ἃ un sens très incertain. 

2 La cour, l’atrium. Voir note sur Matth. 26, 3. 

3 Voir sur le Sanhédrin note sur Matth. 5, 22, 

£ On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Ne réponds-tu rien? 
Qu'est-ce que ces gens-ci déposent contre toi? 

5 La Puissance de Dieu. Voir Luc 22, 69. 

ὁ On peut lire aussi, d'après une autre ponctuation : Avez-vous entendu le 
blasphème? 


60 


61 


14, 


15, 


65 


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72 


174 LE NOUVEAU TESTAMENT 


votre avis?» Tous le déclarèrent coupable et le condamnèrent à 
mort. 

Alors ils se mirent, quelques-uns, à cracher sur lui, à lui 
couvrir le visage d’un voile et à lui donner des coups de poing. 
«Fais le prophète!» lui disaient-ils. Quant aux gens de service, 
ils le reçurent à coups de bâton 1. 


Pierre était en bas, dans la cour ; survint l’une des servantes du 
Grand-Prètre. Voyant Pierre qui se chauffait, elle lui dit en le 
regardant : «Toi aussi tu étais avec Jésus de Nazareth.» Et lui de 
le nier: «Je ne sais pas, dit-il, et ne comprends pas de quoi tu 
parles. » Il s’en alla et sortit dans le vestibule?. Mais la servante 
l'aperçut : «Celui-là en est», répéta-t-elle à ceux qui étaient pré- 
sents. De nouveau Pierre nia. Un moment après, ceux qui se 
trouvaient là recommencèrent à parler à Pierre : «Certainement 
tu en es; car tu es aussi Galiléen. » Il se livra alors à des impré- 
cations: «Je ne connais pas, je le jure, cet homme dont vous 
parlez.» Soudain un coq chanta pour la seconde fois. Et se sou- 
venant de la parole que lui avait dite Jésus : «Avant qu'un coq 
chante deux fois, tu me renieras trois fois», Pierre se mit à 
pleurer *. 


Dès le matin, les chefs des prêtres, auxquels s'étaient joints les 
Anciens et les Scribes, le Sanhédrin (out entier, qui avaient tenu 
conseil, chargèrent Jésus de liens, l’emmenèrent et le livrèrent à 
Pilateÿ, qui l’interrogea : «C’est toi qui es le Roi des Juifs?» 
Jésus répondit ainsi : «Tu le dis.» Les chefs des prêtres cependant 
formulaient contre lui des accusations en quantité. Pilate l’inter- 
rogea une seconde fois : «Tu ne réponds rien ! Vois tout ce dont 


1 Voir note sur Matth. 26, 67. 

? Plusieurs anciens manuscrits ajoutent ici: οὐ un cog chanta. 

3 Voir note sur Matth. 26, 75. Le sens du verbe que nous traduisons par se 
mit est ici fort douteux. On peut lui donner plusieurs sens divers et traduire : 
A celte pensée, Pierre pleura ; ou encore : Se voilant la face, Pierre pleura. 

4 Le Sanhédrin. Voir note sur Matth. 5, 22. 

ὕ Pilate, Voir note sur Matth, 27, 2. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 175 


on t’accuse!» Mais Jésus ne répondit plus rien, ce dont Pilate 
fut très surpris. 

A chaque fête, il remettait en liberté un prisonnier, celui qu'on 
lui demandait. Or il y en avait un nommé Bar-Abbas 1, emprisonné 
avec les séditieux qui, dans une émeute, avaient commis un 
meurtre. La foule, étant donc montée au tribunal, se mit à deman- 
der ce qu’on lui accordait toujours. Pilate alors, qui comprit que 
c'était par une haine jalouse que les chefs des prêtres lui avaient 
livré Jésus, fit à la foule cette proposition: «Voulez-vous que je 
vous délivre «le Roi des Juifs»? Mais les chefs des prètres 
poussèrent la foule à demander de préférence la mise en liberté 
de Bar-Abbas. Pilate se fit entendre de nouveau: «Que ferai-je 
donc? de celui que vous appelez «le Roi des Juifs»? Ils crièrent 
encore: «Crucifie-le!» — «Qu'a-t-1l donc fait de mal?» reprit 
Pilate. Mais ils n’en criaient que plus fort : «Crucifie-le !» Pilate 
alors, voulant contenter la multitude, lui délivra Bar-Abbas, et, 
après avoir fait flageller Jésus, il l’abandonna au supplice de la 
Croix. 


Les soldats emmenèrent Jésus à l’intérieur de la cour, c’est-à- 
dire dans le prétoire, où ils réunirent toute la cohorte ὁ. Ils l'ha- 
billèrent d’un manteau couleur de pourpre “ et lui mirent une cou- 
ronne d'épines qu'ils avaient tressée. Puis ils lui rendirent leurs 
hommages : «Salut! Roi des Juifs!» Avec un roseau ils lui don- 
naient des coups sur la tête ; ils crachaïient sur lui, et, se mettant 
à genoux, ils se prosternaient devant lui. Quand ils eurent fini de 
se moquer de lui, ils lui ôtèrent le manteau de pourpre et lui remi- 
rent ses vêtements *. 


Ils l'emmenèrent pour le crucifier et ils obligèrent un passant, un 
certain Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui 


1 Bar-Abbas. Voir note sur Luc 28, 18. 

? Plusieurs anciens manuscrits lisent: que voulez-vous donc que je fasse, etc. 
5 La cohorte. Voir note sur Matth. 27, 27. 

4 Voir note sur Matth. 27, 28. 

Ὁ Quelques anciens manuscrits lisent: ses propres vêtements. 


42 


176 LE NOUVEAU TESTAMENT 


revenait des champs, à porter sa croix. Ils le conduisirent ainsi à 
Golgotha, c’est un endroit dont le nom signifie: Le Crâne 1. 

Là ils lui donnèrent du vin mêlé de myrrhe; mais il n’en prit 
pas. 

Is le crucifièrent, puis se partagèrent ses vêtements, en tirant au 
sort la part de chacun. 

C'est à la troisième heure qu ils le crucifièrent?, et l'inscription 
indiquant son crime était ainsi Conçue : LE ROI DES JuIrs. 

Avec lui deux brigands furent crucifiés, l’un à sa droite, l’autre 
à sa gauche *. 

Les passants l’injuriaient ; ils lui disaient, en gesticulant de la 
tête : «Ohé! toi qui détruis le Temple et le rebâtis en trois jours, 
sauve-to1 toi-même en descendant de la croix !» 

Les chefs des prêtres avec les Scribes se moquaient aussi de lui et 
se disaient l’un à l’autre: «Ilen a sauvé d’autres et il ne peut pas 
se sauver lui-même!» — «Que «le Christ», que «le Roi d'Israël» 


descende maintenant de la croix, afin que nous voyions et que nous 


croyions!» Ceux mêmes que l’on avait crucifiés avec lui l’insul- 
taient. 

Quand fut venue la sixième heure #, des ténèbres se firent sur 
tout le pays jusqu’à la neuvième heure. 

À la neuvième heure, Jésus jeta un cri et dit d’une voix forte : 

«Héloï ! Héloï! lema sabachthaneiS!» 
ce qui signifie : 
Mon Dieu! Mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné? » 

Quelques-uns des assistants l’entendant : «Le voilà qui appelle 
Élie», dirent-ils. 1] y en eut un qui courut tremper une éponge 
dans de vinaigre et, l’attachant à un roseau, il lui donna à 


1 Voir note sur Matth. 27, 33. 

2 Neuf heures du matin. 

3 La phrase qui forme le verset 28 dans nos versions ordinaires manque dans 
tous les bons manuscrits : ainsi s’accomplit la parole de l'Écriture : il a été 
compté parmi les impies. Voir Luc 22, 37. 

4 Midi. 

5 Trois heures après midi, 

6 Voir note sur Matth. 27, 46. 

7 Psaume 22, 2, 


He MES 


ι ἢ 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 177 


—_— 


boire, en disant: «Laissez! et voyons si Élie va venir le 
descendre ! » | 
᾿ Jésus cependant, ayant jeté un grand cri, expira. 37, 15 
Et le rideau du Temple se déchira en deux depuis le haut 38 
jusqu'en bas. 
. Voyant comment 1] avait expiré, le centurion, qui se tenait en 39 
face de lui, dit : «Cet homme-là était véritablement Fils de Dieu. ». 
Il y avait là également des femmes qui regardaient de loin. 40 
Parmi elles, Marie Magdeleine ?, Marie, mère de Jacques le Petit 
el de Josès, et Salomé, qui le suivaient et le servaient lorsqu'il était 41 
en Galilée; plusieurs autres encore qui étaient montées avec lui à 
Jérusalem. 


Déjà 11 se faisait tard, et comme c'était un jour de «Prépara- 4 
tion » ?, c’est-à-dire une veille de sabbat, Joseph, celui qui est 48 
d'Arimathée, membre estimé du Grand-Conseil 4, et qui lui aussi 
attendait le Royaume de Dieu, alla hardiment se présenter à Pilate 
et lui demanda le corps de Jésus. Surpris qu'il fût mort sitôt, Pilate ὦ 
fit appeler le centurion et lui demanda s’il était mort depuis long- 
temps. Informé par le centurion, il donna le corps à Joseph. Celui-ci, 45 46 

ayant acheté un linceul, descendit le corps de la croix, l’enveloppa 
du linceul et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, puis il 
_ roula une pierre contre la porte du tombeau. 

Or, Marie Magdeleine et Marie, mère de Josès, regardaient où 47 

on le mettait. 


Quand le sabbat fut passé, Marie Magdeleine, Marie, mère de 1, 16 


Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller embaumer 
le corps de Jésus. 


De très grand matin, le premier jour de la semaine, elles se ren- 


ι9 


1 Laissez, c’est-à-dire: laissez-le ou: laissez-moi fuire. 
? Ou: de Magdalu. 

5 La «Préparation». Voir note sur Matth. 27, 62. 
C'est-à-dire, sans doute, du Sanhédrin. 


16, 3 


19 
20 


178 LE NOUVEAU TESTAMENT 
NU NÉ GE ER 
dent au sépulcre ; le soleil se levait. «Qui donc, se demandaient- 
elles, nous roulera la pierre et l’ôtera de l’entrée de la tombe ? » 
Elles regardent et s’aperçoivent que cette pierre, qui était énorme, 
a été enlevée. 

Alors elles entrèrent dans le tombeau et virent, assis à droite, 
un jeune homme revêtu d’une robe blanche. Elles furent saisies 
de terreur. « Ne vous effrayez pas, leur dit-il; vous cherchez Jésus 
de Nazareth, le crucifié ; il est ressuscité; il n’est pas ici. Voyez 
la place où on l’avait déposé. Et maintenant allez dire à ses dis- 
ciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée; là vous le verrez, 
comme il vous l’a dit. » 

A leur sortie du tombeau, elles prirent la fuite. Elles étaient 
toutes tremblantes et hors d'elles, et ne dirent rien à personne. 
Car'elles avaient peurt. 2. ON CO COS 


1 Le récit n’est pas achevé et la fin véritable de l'Évangile de Marc ne se trouve 
dans aucun manuscrit connu. Les deux plus anciens s’arrêtent brusquement aux 
derniers mots que nous venons de traduire. La plupart des autres renferment 
une conclusion qui ne faisait pas primitivement partie de l'Évangile et qui est 
d’un autre auteur. Elle est ainsi concue : 

Ressuscité de grand matin le premier jour de la semaine, il apparut tout 
d'abord à Marie-Magdeleine, de laquelle il avait chassé sept démons. Celle-ci 
alla l’annoncer à ceux qui avaient été avec lui et qui étaient dans le deuil 
et dans les larmes. Eux, l’entendant dire qu'il vivait et qu’elle l'avait vu, 
ne la crurent pas. Ensuite il apparut sous une autre forme à deux d’entre 
eux qui étaient en chemin et se rendaient à la campagne. Ils vinrent éga- 
lement l’annoncer aux autres; mais ils ne les crurent pas non plus. Enfin il 
apparut aux onze pendant qu'ils étaient à table; il leur reprocha leur incré- 
dulité et la dureté de leur cœur , parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui 
l'avaient vu ressuscité1. Et il leur dit: «Allez dans tout le monde, prêchez 
l'Evangile? à toute créature. Qui croira et recevra le baptême sera sauvé; 
qui ne croira pas sera condamné. Et voici les miracles® qui accompagneront 
ceux qui auront cru: en mon nom ils chasseront des démons ; ils auront le 
don des langues; ils manieront des serpents 4, et les poisons qu'ils pourront 
boire ne leur feront point de mal. Ils imposeront les mains à des malades 
el ils les quériront.» Le Seigneur 5, après avoir ainsi parlé, fut enlevé au ciel 
et s’assil à la droite de Dieu. Quant à eux, ils partirent et prêchèrent partout, 
le Seigneur agissant avec eux et confirmant la parole par les miracles® qui l'ac- 
compagnatent. 


1 Quelques anciens manuscrits ajoutent d'entre les morts. 

2 Ou: la Bonne Nouvelle, 

3 Littéralement : Les signes. 

4 Quelques anciens manuscrits lisent ÿs prendront des serpents. 
5 Quelques anciens manuscrits ajoutent Jésus, 

$ Littéralement : Zes signes. 


ÉVANGILE SELON SAINT MARC 179 


Il y a encore une autre conclusion de l'Évangile renfermée dans un manuscrit 
du huitième siècle, qui est à la Bibliothèque nationale à Paris! ; la voici : 

On trouve ailleurs encore ceci : « Elles annoncèrent immédiatement tout ce 
qui leur avait été prescrit à ceux qui étaient avec Pierre. Ensuite Jésus lui- 
mème envoya par eux d'Orient en Occident la sainte et incorruptible prédica- 
tion du salut éternel.» D'ailleurs ce manuscrit renferme aussi la fin tradition- 
nelle, car il continue en ces termes : Mais on trouve encore ceci après: «car 
elles avaient peur» «Ressuscité de grand matin, etc.» 

Suit la fin que nous avons transcrite plus haut. 

Enfin, saint Jérôme (mort en 430) propose une troisième manière de terminer 
l'Évangile de Marc. Voici comment il s'exprime dans son second dialogue contre 
les Pélasgiens, au paragraphe 15 : 

Dans quelques manuscrits, surtout dans les exemplaires grecs de Marc, 
on lit à la fin de cet Évangile: « Quand les onze furent à table, Jésus leur 
apparut et il leur reprocha l’incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils 
n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. Et ils s’excusaient en disant : 
C'est à cause de ce siècle d’iniquité et d’incrédulité que, au milieu des esprits 
impurs, on ne peut saisir la véritable vertu de Dieu. C’est pourquoi révèle 
maintenant ta justice.» 


1Le manuscrit L ou Codex Regius Voir l'Appendice à l’Introduction, page 21. 


L’'ÉVANGILE 


SELON 


AIN T LUE 


PRÉFACE 


_ Le troisième Évangile et les Actes des Apôtres ont été écrits par 
un chrétien appelé Luc pour l'instruction d’un ami inconnu du 
nom de Théophile. Luc avait été disciple de Paul. Celui-ci l'avait 
trouvé à Troas dans son deuxième voyage missionnaire et l’avait 
emmené avec lui en Europe. Nous le retrouvons plus tard auprès 
de Paul dans le troisième voyage de l’apôtre. ΠῚ l’accompagne à 
Césarée et à Rome (Coloss. 4: 14; Philémon 24; 2 Timoth. 4:11). 

D'origine païenne, Luc était médecin ; il écrivait le grec avec fa- 
cilité. Son Évangile se distingue des deux premiers par son Carac- 
tère critique. L'auteur fait œuvre d’historien; il choisit ses sources; 
il dispose habilement son récit; il fait provision de documents. Il a 
été heureux dans ses recherches et dans ses efforts, car son Évan- 
gile nous apporte, comparé à ceux de Matthieu et de Marc, plus 
d’un tiers de matière nouvelle. Ces parties nouvelles se rencontrent 
_ surtout dans le grand fragment qui commence au verset 51 du 
chapitre 9 pour se terminer au verset 29 du chapitre 19 et qu’on 
appelle, nous dirons tout à l’heure pourquoi, le récit de voyage. 


182 LE NOUVEAU TESTAMENT 


L'Église a toujours cru que l'Évangile de Luc avait été écrit sous 
l’influence de la prédication de Paul. Elle ne s’est pas trompée. 
Jésus-Christ nous y apparaît comme le second Adam, le Messie 
de l'humanité entière. 

Il est intéressant de remarquer que Luc, dans un sentiment de 
piété, insiste davantage sur ce qui unit que sur ce qui divise, 
Cette tendance est surtout sensible dans le Livre des Actes. Lue 
oublie les disputes ; il concilie ; il ne songe qu’à la cause commune 
servie par tous. Il est d’ailleurs d’une admirable sincérité histo- 
rique, prenant son bien où il le trouve et acceptant les sources 
les plus diverses, pourvu qu’elles lui semblent bien authentiques. 

L'Évangile selon saint Luc a été écrit après l'an 70, peu de 
temps avant les Actes, qui sont aussi de cette époque. 

On peut diviser cet écrit en cinq parties. Après une courte pré- 
face (1: 1à5), Luc raconte, comme Matthieu, les faits qui ont 
préparé le ministère de Jésus-Christ : la naissance de Jean-Bap- 
tiste, celle de Jésus lui-même, le ministère du précurseur, le bap- 
tême du Christ. Il termine ce long préambule par une généalogie 
des ancêtres du Christ, dans laquelle il remonte jusqu’au premier 
homme, Adam, et par le récit de la tentation (1 : 5 à 4 : 14). 

L'histoire du ministère de Jésus en Galilée forme la seconde 
partie ; il commence 4 : 14 et va jusqu'à 9 : 51. Il comporte diverses 
phases qui nous rappellent celles que nous avons distinguées dans 
l'Évangile de Mare. La première se termine quand les Pharisiens 
deviennent décidément hostiles (4: 14 à 6 : 12); la seconde, lors- 
que Jésus envoie les douze en mission (6 : 12 à 9: 1). La troisième 
s'achève avec le départ de Jésus pour Jérusalem (9 : 1 à 51). - 

La troisième partie de l'Évangile est appelée le récit de voyage, 
parce que tous les faits qui y sont racontés se passent dans un 
voyage de Jésus montant à la ville sainte pour y être erucifié. De 
loin en loin, Luc interrompt son récit des faits et sa rédaction des 
enseignements du Christ, pour rappeler à ses lecteurs que Jésus est 
en voyage : Îl traversait villes et villages en enseignant et S'avançant 
vers Jérusalem (13 : 22), ou bien: Dans son voyage, Jésus traversa ἴα 
Samarie et la Galilée (17 : 11). Au chapitre 19, verset 29, Jésus 
arrive à Bethphagé et à Béthanie, le voyage est achevé. 

Alors commence la quatrième partie, où Luc raconte l'entrée 
à Jérusalem 19 : 29-47), les enseignements dans le Temple 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 183 


(19 : 47 à 21 : 5) et rapporte le discours sur la ruine de la ville 
et la fin du monde (21:5 à 22:1). 

La cinquième et dernière partie renferme les récits de la Passion 
et de la Résurrection (chap. 22, 23 et 24); elle comprend le récit 
du repas de la Pâque (22:1 à 59), l’arrestation, le jugement 
et la crucifixion (22 : 39 à 23 : 6) et enfin la résurrection 
(chap. 24). Luc s'arrête, après avoir mentionné d’un mot l’ascen- 
sion, sur laquelle il reviendra en détail au premier chapitre des 
Actes. 


L'ÉVANGILE 


SELON 


SAINT LUC 


6, 
CHER THÉOPHILE !, 


PUISQUE PLUSIEURS AUTRES ONT ESSAYÉ DE RÉDIGER UN RÉCIT 
DES FAITS ACCOMPLIS PARMI NOUS, TELS QUE NOUS LES ONT 
TRANSMIS CEUX QUI EN ONT ÉTÉ, DÈS L'ORIGINE, TÉMOINS OCULAIRES 
ET QUI SONT DEVENUS MINISTRES DE LA PAROLE, J'AI CRU DEVOIR, 
| MOI AUSSI, APRÈS M'ÊTRE SOIGNEUSEMENT INFORMÉ DE TOUT, 
DEPUIS LE COMMENCEMENT, TEN ÉCRIRE UNE NARRATION SUIVIE, 
POUR QUE TU RECONNAISSES LA SOLIDITÉ DES ENSEIGNEMENTS QUE 
TU AS REÇUS. 


Aux jours d'Hérode?, roi de Judée, vivait un prêtre nommé 


1 Grec : excellent Théophile. Ge mot excellent, qui ailleurs (par ex. Actes 
23,26; 24,3; 26,25) marque la dignité de celui auquel on s'adresse et le 
respect qu’on lui témoigne, est ici synonyme de cher, très cher. On peut remar- 
quer que Luc, à la première phrase du Livre des Actes, appelle son correspon- 
dant Théophile tout court, sans lui conférer ce titre d’excellent. Il ne s’agit 
donc ici que d’un terme d’amitié. On trouve d’ailleurs, chez les auteurs grecs, 
des exemples du mot excellent employé dans le sens de cher ou très cher. 

? La première phrase de l’auteur, que nous avons imprimée en caractères 
majuscules et à part, parce qu’elle forme la dédicace de son livre, est écrite dans 


16 


17 


186 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Zaccharie. Il était de la classe d’Abia 1 et sa femme était d’entre 
les filles d’Aaron. Son nom était Élisabeth. Tous deux étaient 
justes devant Dieu, marchant irréprochables dans tous les com- 
mandements et toutes les ordonnances du Seigneur. Ils n'avaient 
point d'enfants; parce qu'Élisabeth était stérile; et tous deux 
étaient avancés en âge. 

Or, le tour de sa classe étant venu de remplir devant Dieu les 
fonctions sacerdotales, il lui échut par le sort (qui était le mode 
usité entre les prêtres) d'entrer dans le sanctuaire du Seigneur 
pour y offrir l’encens. 

Pendant cette heure de l’encens, la foule du peuple restait au 
dehors et priait. 

Or, à la droite de l’autel de l’encens?, apparut à Zaccharie 
un ange du Seigneur, debout devant lui. À sa vue Zaccharie fut 
troublé, et la crainte le saisit. <Ne crains point, Zaccharie, lui 
dit l'ange; car ta prière a été exaucée et ta femme Élisabeth 
t'enfantera un fils ; tu lui donneras le nom de Jean. Il sera ta joie 
et ton allégresse, et beaucoup se réjouiront de -sa naissance. 
Devant le Seigneur, en effet, il sera grand; il ne devra jamais 
boire ni vin, ni cervoise*; et, tout rempli de l'Esprit saint dès les 
entrailles de sa mère, il ramènera au Seigneur leur Dieu, de 
nombreux enfants d'Israël. Lui-même, dans l'esprit et la vertu 
d'Élie, se mettra en marche devant le Seigneur, afin de faire 
revivre dans les enfants le cœur même des aïeux, de ramener les 
rebelles à la sagesse des justes, et de préparer au Seigneur un 
peuple bien disposé. » — «A quoi reconnaïtrai-je cela, dit à l'ange 
Zaccharie, car je suis moi-même un vieillard, et ma femme est 


le style grec classique le plus pur, A partir du verset 5, au contraire, Luc s’ex- 
prime dans une langue incorrecte et mêlée d’hébraïsmes, Π est évident qu'il 
utilise, dès ce verset 5, un de ces documents anciens auxquels il vient de faire 
allusion, document rédigé primitivement en langue hébraïque ou syriaque, soit 
qu'il le traduise lui-même littéralement, soit qu'il en copie une traduction, 

1 Les prêtres étaient partagés en vingt-quatre classes. Gelle d’Abia était la 
huitième. Voir I Chron. 24, 10. 

2 C’est-à-dire où brülait l’encens. 

3 Sorte de bière très commune en Palestine au premier siècle. En hébreu, 
Schechar; en latin, Cervisia. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 187 


avancée en âge.» L'ange lui répondit par ces paroles: «le suis 19,1 
Gabriel qui me tiens devant Dieu. Et j'ai été envoyé pour te parler 

et t’annoncer cette Bonne Nouvelle!. Et à cause de ton manque de 20 
foi en mes paroles, qui s’accompliront en leur temps, voilà que 

tu seras muet et ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses 
arriveront. » 

Le peuple cependant attendait Zaccharie, et s’étonnait de le voir 91] 
s’attarder dans le sanctuaire. Lorsqu'il sortit, il lui fut impossible 92 
de leur parler ; on comprit qu’il avait eu une vision dans le sanc- 
tuaire. Lui-même le leur faisait entendre par signes. 

Laccharie resta sourd-muet ?. Quand la période de ses fonctions 29 
fut terminée, il retourna en sa maison; ce fut alors que sa femme 24 
Élisabeth devint enceinte. Pendant cinq mois elle vécut dans le 
secret de sa demeure. « Voilà, disait-elle, ce qu'a fait pour moi le 20 
Seigneur en ces jours où il m'a regardée pour mettre fin à mon 
opprobre parmi les hommes. » 


Le sixième mois, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de 9 
| Galilée, appelée Nazareth, vers une vierge, fiancée à un homme de 97 
la famille de David, nommé Joseph. Le nom de la vierge était 

 Marieÿ. L'ange, étant entré où elleétait, lui dit: «Salut! unegrâce 98 
[ἃ été faite; le Seigneur est avec toi!» ἃ ces paroles, Marie fut 99 

toute troublée; et elle se demandait ce que pouvait être une sem- 
blable salutation. « Ne crains point, Marie, reprit l'ange, car tu 30 
as trouvé grâce près de Dieu. Sache que tu vas concevoir en ton 31 
sein et enfanter un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. Il sera 32 
grand; on l’appellera : Fils du Très-Haut ; à lui le Seigneur Dieu 
donnera le trône de David son père; il régnera à jamais sur la 38 
maison de Jacob et son règne n’aura point de fin. » Alors Marie dit 34 


1 Littéralement : févangéliser ces choses. 

? Sourd-muet et non pas seulement muet. Le mot grec signifie proprement 
privé d’un sens (le plus souvent de l’ouie), et il sert d'ordinaire à désigner un 
sourd-muet ; que Zaccharie devint muet, la suite du récit l'indique assez et qu'il 
devint sourd, cela est clairement montré par le verset 62, où l'on s'adresse à 
lui par signes. Ἴ 

5 Voir note sur Matthieu 1. 18. 


39 


47 


188 LE NOUVEAU TESTAMENT 


--- — -- Re 


à l’ange : «Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point 
d'homme? » Et l’ange lui répondit par ces paroles : « L'Esprit saint 
viendra sur toi, et une puissance du Très-Haut t’enveloppera de 
son ombre, C’est pourquoi l'Étre saint qui doit naître sera appelé 
Fils de Dieu!. Sache également qu'en sa vieillesse, ta parente 
Élisabeth, elle aussi, a conçu un fils, et que celle que l’on appelait 
stérile en est déjà à son sixième mois. Rien n'est impossible à 
Dieu.» Alors Marie dit : « Voici la servante du Seigneur. Qu'il me 
soit fait suivant ta parole. » | 
Et l’ange la quitta. 


En ces jours-là, Marie se hâta de partir, se dirigeant vers le 
pays des montagnes. Elle alla dans une ville de Juda. 

En entrant dans la maison de Zaccharie elle salua Élisabeth. 
Et dès qu'Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l'enfant 
qu'elle portait tressaillit, et elle-même fut remplie d’Esprit saint. 
«Tu es bénie entre les femmes, s’écria-t-elle en élevant la voix, et 
le fruit de tes entrailles est béni! D'où me vient que la mère de 
mon Seigneur vienne me visiter? Aussitôt que ta voix, quand tu 
m'as saluée, ἃ frappé mon oreille, l'enfant ἃ tressailli de joie dans 
mon sein. Bienheureuse celle qui ἃ cru à l’accomplissement de 
ce qui lui ἃ été dit de la part du Seigneur!» 

Et Marie dit : 

«Mon âme magnifie le Seigneur, 

Et mon esprit est transporté de joie en Dieu mon Sauveur, 

Parce qu'il ἃ abaissé son regard sur l'humilité de sa servante. 

Voilà que désormais toutes les générations m’appelleront la bien- 

[heureuse, 

Parce que le Tout-Puissant m'a fait de grandes choses! 

Son nom est saint, 
Sa miséricorde se répand de génération en génération 
Sur ceux qui le craignent. 


1 On peut lire aussi, d'après une autre ponctuation : C’est pourquoi l'Être qui 
doit naître sera appelé saint, lui, Fils de Dieu. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 189 


Il a déployé! la force de Son bras, 
Il a dissipé les pensées des cœurs des superbes, 
Il a jeté bas de leurs trônes les puissants, 
Et il a exalté les humbles; 
Il a comblé de biens les affamés, 
Et il a renvoyé les riches à vide; 
Il a secouru Israël son serviteur, 
Il s’est souvenu de sa miséricorde, 
Ainsi qu’il l'avait dit à nos pères, 
A Abraham et à sa postérité pour toujours. » 
Marie séjourna environ trois mois avec Élisabeth, et retourna 
ensuite en sa maison. 


Parvenue au terme de sa grossesse, Élisabeth enfanta un fils. 
Ayant appris que le Seigneur faisait ainsi éclater par elle sa misé- 
ricorde, ses voisins et ses parents partagèrent sa 1016. 

Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l'enfant. 
Ils lui donnaient le nom de Zaccharie, celui de son père, quand 
sa mère prit la parole: «Non, dit-elle, il se nommera Jean.» 
— «Mais, lui dirent les autres, personne dans ta famille ne porte 
ce nom.» Et l’on demanda au père, par signes, comment il 
voulait le nommer. Alors, se faisant apporter des tablettes, 
Zaccharie écrivit ceci: «Jean est son nom.» Tout le monde 
fut surpris. Aussitôt la bouche de Zaccharie s’ouvrit, sa langue 
se délia et il se mit à parler et à bénir Dieu. Chacun dans le 
voisinage fut saisi de crainte et, dans la région des montagnes 
de Judée, il ne fut bruit que de toutes ces choses. Chacun en 
les apprenant les recueillait dans son cœur et disait: «Que 


sera donc cet enfant? » En effet, la main du Seigneur était avec 
lui. 


1 Ce verbe et les suivants sont au passé dans [6 texte et nous les rendons par 
le même temps en français; mais dans la pensée de l’auteur ces verbes expriment 
des faits présents et même à venir. La poésie hébraïque a toujours pérmis ces 
substitutions de temps, dont les livres prophétiques de l'Ancien Testament offrent 
de fréquents exemples. 


oÙ 


ιϑ 


100 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Quant à Zaccharie, son père, il fut rempli d’'Esprit saint et il 
prophétisa en ces termes : 
«Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël! 
Car 1] ἃ visité son peuple et opéré sa rédemption; 
Il nous a suscité un Sauveur puissant! 
De la maison de David, son serviteur. 
(Ainsi qu'il l'avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes 
qui jadis ont vécu.) 
Il nous délivre de nos ennemis, 
Et de la main de tous ceux qui nous haïssent; 
Il montre sa miséricorde envers nos pères; 
Il se souvient de sa sainte alliance ; 
Du serment par lui juré à notre père Abraham; 
Il nous donne enfin à nous, délivrés de la main de nos ennemis, 
De le servir sans crainte, [de notre vie; 
De marcher devant lui dans la sainteté et la justice tous les Jours 
Et toi, enfant, tu seras appelé Prophète du Très-Haut; 
Car tu iras devant le Seigneur; 
Tu marcheras devant lui pour lui préparer les voies; 
Tu donneras à son peuple la science du salut, 
Tu lui diras que ses péchés lui sont remis; 
Que notre Dieu a des entrailles de miséricorde ?, 
Qu'il nous ἃ regardés du haut des cieux, 
Que le soleil d'Orient se lève; 
Qu'il illuminera ceux qui sont assis dans les ténèbres et l'ombre 
[de la mort ; 
Qu'il dirigera nos pas dans un chemin de paix. » 
L'enfant grandissait et son esprit se fortifiait, et jusqu'au jour de 
sa manifestation à Israël, les déserts furent sa demeure. 


Vers cette époque, parut un édit de César-Auguste ordonnant le 
recensement de tous les habitants de la terre. Ce recensement 


1 Littéralement : 11] nous «a suscité une corne de salut, expression figurée 
désignant une puissance qui sauve. 
? Littéralement : Par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 191 


fut le premier !, et Cyrénius était alors légat impérial en Syrie. Tout 
le monde allait se faire enregistrer ; et chacun en son lieu d’ori- 
gine. Joseph (qui était de la maison et de la famille de David) 
partit, lui aussi, de Nazareth, ville de la Galilée, pour monter au 
pays de Judée et se rendre à la cité de David, appelée Bethléem, 
afin d'y être inscrit avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. 

Or il advint, pendant qu'ils étaient en cet endroit, que le 
moment d’enfanter arriva; et elle mit au monde son fils 
premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une crèche, 
parce qu’il n’y avait pas pour eux de place à l'hôtellerie. 

Il y avait, en ce même lieu, des bergers qui vivaient dans les 
champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit. 
Un ange du Seigneur leur apparut, et une gloire du Seigneur res- 
plendit autour d'eux; et ils furent saisis d’une grande crainte. 
L'ange leur dit: «Ne vous effrayez point, car je vous apporte 
la Bonne Nouvelle d'une grande joie?, qui sera pour tout le 
peuple : Aujourd'hui, en la cité de David, vous est né un Sau- 
veur ; c'est le Christ, le Seigneur. Et, pour vous, voici quel sera 
le signe : vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans 
une crèche à. » 

Soudain s’unirent à l’ange des multitudes appartenant à l’armée 

du ciel. Et tous louaient Dieu et disaient : 
«Gloire à Dieu au plus haut des cieux 
Et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté“ !» 

Quand les anges s’éloignèrent, remontant au ciel, les bergers 

se dirent l’un à l'autre : « Allons jusqu’à Bethléem , voyons ce qui 


1 Le premier. Le mot le n’est pas dans le texte grec; et l’on pourrait 
traduire ainsi: Ce recensement fut premier (dans le sens de : fut capital, fut 
important). Nous trouverons cette même signification du mot premier dans le 
passage : Éphésiens, 6, 2. 

? Littéralement : je vous évangélise une grande joie. 

3 Quelques anciens manuscrits omettent ef couché. 

1 C'est-à-dire aux hommes qui sont les objets de la bienveillance divine, 
Le texte traditionnel : Bonne volonté envers les hommes, n’a pas en sa faveur 
les meilleurs manuscrits. Mais le sens reste le même; car La bonne volonté, 
la bienveillance dont il est ici parlé est celle de Dieu. Il s’agit des hommes en qui 
Dieu prend plaisir. 


5. 2 


CS SN τῶϊ 


10 


11 


19 


13 


14 


2, 16 


26 


τ 
1 


28 


192 LE NOUVEAU TESTAMENT 


est arrivé, ce que le Seigneur nous ἃ fait connaître. » Étant partis 
en toute hâte, ils trouvèrent Marie, Joseph et le petit enfant 
couché dans la crèche. Quand ils l’eurent vu, ils firent connaitre 
ce qui leur avait été dit de cet enfant. Chacun, en écoutant les 
bergers, était émerveillé de ce qu'ils racontaient. 

Quant à Marie, elle conservait toutes ces paroles et les repassait 
en son cœur. 

Les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de ce 
qu'ils avaient entendu et vu, toutes choses en parfait accord avec 
ce qui leur avait été dit. 


Lorsque huit jours après, l'enfant fut circoncis, on lui donna le 
nom de Jésus, celui que l’ange lui avait donné avant qu'il eût été 
conçu dans le sein maternel. 


Quand furent achevés les jours que la Loi de Moïse consacre 
à la purification, on porta l’enfant à Jérusalem pour le présenter 
au Seigneur (en exécution de ce qui est écrit dans sa Loi: 
« Tout enfant mâle premier-né sera dit consacré au Seigneur  ») 
et pour offrir en sacrifice (selon la prescription de la Loi du 
Seigneur) «soit une couple de tourterelles, soit deux jeunes colom- 
bes?.» 

Or, à Jérusalem, il y avait alors un homme qui se nommait Si- 
méon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation 
d'Israël, et sur lui reposait l'Esprit saint; et cet Esprit saint lui 
avait révélé qu'il ne verrait point la mort avant qu'il eût vu l'Oint 
du Seigneur ὃ. 

Poussé par l'Esprit, il vint au Temple, et comme les parents de 
l’enfant Jésus l'y apportaient afin de se conformer, en ce qui le con- 
cernait, à l’usage légal, ce fut lui qui le reçut dans ses bras, et 
il bénit Dieu et dit : 


1 Exode 13, 2, 15. 

2 Lévitique 12, 8. 

3 Ou le Christ du Seigneur. 

# Lui, et non un prêtre quelconque. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 493 


«Maintenant, ὃ mon Maître, tu laisses ton serviteur s’en aller 
| En paix, suivant ta parole; 
Car mes yeux ont vu ton salut; 
Salut que tu as préparé à la face de tous les peuples, 
Lumière qui se révélera aux nations 
Et gloire de ton peuple d'Israël !» 

Le père et la mère de l'enfant s’émerveillaient de ce que l’on 
disait de lui. Siméon les bénit aussi et dit à Marie, sa mère : «Sache 
que cet enfant est au monde pour être la chute et le relèvement de 
plusieurs en Israël et pour être un signal de contradiction, et ton 
âme, à toi-même, sera transpercée par un glaive; c'est ainsi que 
paraïtront au jour les sentiments de bien des cœurs. » 

Il y avait là également une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, 
de la tribu d’Aser. Elle était toute chargée d’années. Après avoir, 
depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était devenue 
veuve. Agée alors de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait point 
le Temple, servant nuit et jour le Seigneur dans les jeûnes et dans 
les prières, Elle aussi, survenant en cette même heure, rendit gloire 
à Dieu et parla de l'enfant à tous ceux qui attendaient la rédemp- 
tion de Jérusalem. 


Quand furent accomplies toutes les prescriptions de la Loi du Sei- 
gneur, ils rentrèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L'en- 
fant grandissait et se fortifiait; il était plein de sagesse et la grâce 
de Dieu était sur lui. 


Chaque année, à la fête de Pâque, ses parents allaient à Jérusa- 
lem. Ils y montèrent pour la fêle, comme de coutume, lorsqu'il 
eut atteint l’âge de douze ans. Les jours consacrés à la solennité 
étant passés, ils s'en revinrent. Or l'enfant Jésus était resté ἃ Jéru- 
salem. Ses parents ne s’en aperçurent point. Supposant qu'il était 
avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de marche, 
le cherchant parmi ceux de leur parenté et parmi leurs connais- 


1 C'est-à-dire le signal d’une formidable opposition ; on refusera de le suivre. 


15 


510 


97 


98 


39 
40 


49 


EE 


οι 


104 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sances. Ne l’ayant point trouvé, ils retournèrent à Jérusalem, le 
cherchant toujours. Ce fut au bout de trois jours qu'ils le trouvè- τς 
rent, dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et 
les interrogeant. Tous ceux qui l'entendaient étaient confondus de 
son intelligence et de ses réponses. ἃ sa vue, ses parents furent 
très surpris, et sa mère lui dit: « Mon enfant, pourquoi as-tu agi 
de la sorte à notre égard? Voilà que ton père et moi nous te cher- 
chions dans une grande angoisse.» — «Pourquoi me cherchiez- 
vous? » leur répondit-il. «Ne saviez-vous pas qu'il faut que je 
sois aux affaires de mon Père.» Ses parents ne comprirent pas 
cette parole qu'il leur adressa. Descendant avec eux, il retourna 
à Nazareth; il leur était soumis; sa mère conservait toutes ces 
choses en son cœur; et Jésus progressait en sagesse, en stature 
et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. 


En l’an quinze du règne de Tibère César, — Ponce-Pilate étant 
procurateur de la Judée, — Hérode, tétrarque de la Galilée, — 
Philippe, son frère, tétrarque de l'Iturée et des terres de la Tra- 
chonite, — Lysanias, tétrarque de l’Abilène, — sous le pontilicat 
de Hanne et de Kaïphe?, la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils 
de Zaccharie, dans le désert. 

Et Jean s’en alla dans toute la région du Jourdain, prèchant un 
baptème de repentance * pour la rémission des péchés, ainsi que 
cela est écrit au livre des paroles du prophète Ésaïe : 

«Une voix crie dans le désert : 
Préparez la voie du Seigneur !, 
Aplanisses ses sentiers ; 
Toute vallée sera comblée : 
Toute montagne el toute colline seront abassées ; 
Les voies tortueuses seront changées en droits chemans ; 


1 On peut traduire aussi : qu'il faut que je sois dans la maison de mon Père. 
2 Plus exactement : de Hannas et de Kaïiaphas. 

5 Ou: de conversion. 

4 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: Une voix crie : Préparez 


dans le désert lu voie du Seigneur. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 195 


Et les voies rocailleuses en routes unies : 
Et toute chair ! verra le salut de Dieu?» 

Aux foules qui accouraient pour être baptisées par lui, il disait : 
« Engeance de vipères, qui vous ἃ appris à fuir la colère à venir? 
Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et n’allez pas 
dire en vous-mêmes : Nous avons pour père Abraham; car je vous 
le dis, Dieu peut faire surgir, des pierres que voici, des enfants à 
Abraham. Déjà la cognée touche la racine des arbres. Tout arbre 
donc qui ne produit pas de bon fruit, sera coupé et jeté au feu. » 
— «Qu'avons-nous à faire?» lui demandèrent alors les multitudes. 
Il leur répondit par ces paroles: «Que celui qui possède deux 
tuniques ὁ en donne une à celui qui n’en ἃ pas et que celui qui ἃ 
des aliments pour se nourrir fasse de même.» Des publicains ὁ 
vinrent pour être baptisés et lui dirent aussi: « Maitre, qu'avons- 
nous à faire?» — « N’exigez rien de plus, leur répondit-il, que ce 
qui vous ἃ été prescrit.» Des soldats aussi le questionnèrent : « Et 
nous, qu'avons-nous à faire?» A eux il dit : « Ne faites violence à 
personne; ne faites tort à personne; contentez-vous de votre paye. » 

Le peuple était en suspens; et chacun se demandait, dans le secret 
de son cœur, si Jean n'était pas peut-être le Christ. Pour répondre 
ἃ tous, Jean dit: «Moi, je vous baptise d’eau; mais il va venir 
celui qui est plus puissant que moi; je ne suis pas même digne de 
délier la courroie de ses sandales; lui, vous baptisera avec l'Esprit 
saint et le feu ὅ. Il ἃ le van dans la main pour nettoyer son aire et 
rassembler le froment dans son grenier; mais la paille il la brülera 
au feu inextinguible. » 

C’est ainsi qu'il annonçait la Bonne Nouvelle au peuple 6 par des 
exhortations nombreuses et variées. 

Le tétrarque Hérode, cependant, ayant élé repris par lui tant 


1 Toute chair, expression hébraïque qui signifie fout homme. 

2 Ésaie 40, 3 à 5. (Voir Matth. 3, 3 et Marc 1 et suiv.) 

3 La tunique était le vêtement de dessous, celui de dessus s’appelait le man- 
teuu. 

4 Publicains, voir note sur Matth. 9, 10. 

5 Voir note sur Matth. 8, 11. 

5 Littéralement : il évangélisait le peuple. 


10 
11 


17 


12 
ε9 


196 ©ULE NOUVEAU TESTAMENT 


au sujet d'Hérodiade, femme de son frère, qu'au sujet des mille 
crimes qu'il avait commis, ajouta encore celui-ci à tous les autres : 
il fit jeter Jean en prison. 


Or tout le peuple ayant reçu le baptème, et Jésus aussi ayant 
été baptisé, il advint que le ciel s’ouvrit, pendant qu'il priait, et 
que l'Esprit saint descendit sur lui sous une forme corporelle, sous 
la figure d’une colombe; et une voix vint du ciel: «Tu es mon 
Fils bien-aimé, en toi je me complaist. » 


Jésus, en ce commencement, avait environ trente ans et passait 
pour être le fils de Joseph, 

Fils d’'Héli, 

Fils de Maththath?, 
Fils de Lévi, 

Fils de Melchi, -. 
Fils de Jannaï, 
Fils de Joseph, 

Fils de Mattathias”. 
Fils d’Amos, 

Fils de Naoum, 
Fils d’Eslei, 

Fils de Nangaï, 
Fils de Maath, 

Fils de Mattathias, 
Fils de Semeein, 
Fils de Josech, 

Fils de Joda, 

Fils de Joanan, 

Fils de Rèsa, 

Fils de Zorobabel, 
Fils de Salathiel, 
Fils de Nèrei, 

1 Je me complais. Voir note sur Matth. 8, 17. 


2 Ou : Matthat. 
3 Ou : Maththathias. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 197 
I 

Fils de Melchei, 98, 3 
Fils d’Addei, 

Fils de Kosam, 

Fils de Elmadam, 

Fils de Her, 

Fils de Jésus, 29 
Fils d'Éliézer, 

Fils de Jorem., 

Fils de Maththath1, 

Fils de Lévi, 

Fils de Siméon, 30 
Fils de Judas, 

Fils de Joseph, 

Fils de Jonam, 

Fils d'Éliakim, 

Fils de Méléa, 31 
Fils de Menna, 

Fils de Mattatha, 

Fils de Natham ?, 

Fils de David, 

Fils de Jessaï, 99 
Fils de Jobed 5. 

Fils de Boos, 

Fils de Sala #, 

Fils de Naasson, 

Fils d’Aminadab 5, 33 
Fils d’Admein 5, 

Fils d’Arni?, 

Fils d’'Esrom$, 


1 Ou : Matthat. 

? Ou: Nathan. 

3 Ou: Jobel. 

4 Ou : Salmon. 

Ὁ Quelques anciens manuscrits omettent fils d’ Aminadab. 
5 Quelques anciens manuscrits omettent fils d’Admein. 

7 Ou: d’Aram. 

$ Ou: d'Esron. 


198 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Fils de Pharès, 
Fils de Judas, 
3, 34 Fils de Jacob, 
Fils d'Isaac, 
Fils d'Abraham, 
Fils de Thara, 
Fils de Nachor, 
35 Fils de Serouch, 
Fils de Ragau, 
Fils de Phalek, 
Fils de Eber, 
F Fils de Sala, 
26 Fils de Kainam !, 
Fils d’Arphaxad, 
Fils de Sem, 
Fils de Noé, 
Fils de Lamech, 
37 Fils de Mathousalem. 
Fils d'Enoch, 
Fils de Jaret 3, 
Fils de Meleleël ?, 
Fils de Kainam#, 
38 Fils d’Enos, 
Fils de Seth, 
Fils d'Adam, 
Fils de Dieu. 


4, 1 Jésus, rempli de l'Esprit saint, revint des bords du Jourdain ; 
2 l'Esprit le poussait au désert. Il y passa quarante jours; il était 
tenté par le diable, Durant ces quarante jours, il ne mangea rien, 

3 et quand ils furent achevés, il eut faim. Le diable lui dit: «Si tu 


1 Ou: de Kainan. 
2 Ou: Jared. 

3 Ou : Maleleël, 

4 Ou: de Kainan. 


À 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 199 


es Fils de Dieu, dis à cette pierre de se changer en pain»; et 
Jésus lui répondit: «Il est écrit: «Ce n'est pas de pain seulement 
que vivra l’homme À. » 

Puis le diable l’emmena, et lui montrant en un instant tous 
les royaumes de la terre: «Je te donnerai, lui dit-il, toute cette 
puissance et la gloire de ces royaumes, car elle m'a été livrée, 
et je la donne à qui je veux. Donc, prosterne-toi en adoration 
devant moi et tout cela est à toi.» Et Jésus lui fit cette réponse : 
« Il est écrit: « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c'est à lui seul 
que tu rendras un culte?,» | 

Le menant à Jérusalem, le diable le plaça sur le faite du Temple 
et lui dit: «Situ es Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas, car il 
est écrit : 

« A ses anges il donnera l’ordre de te garder 
Et de te soutenir de leurs mains, 
De peur que ton pied ne se heurte contre une pierre.» 

Jésus lui répondit par ces mots: «Il est dit: « Tu ne tenteras 
point le Seigneur ton Dieu“. » 

Toute espèce de tentation étant achevée, le diable s’éloigna de 
lui, jusqu’à une autre occasion ὅ. 


Puissant par l’Esprit$, Jésus retourna en Galilée; sa renommée 
se répandit dans toute la contrée; 1] enseignait dans les synagogues 
du pays et tous célébraient ses louanges. 

Étant allé à Nazareth 7, où il avait été élevé, il entra dans la 
synagogue le jour du sabbat, selon sa coutume, et il se leva pour 


1 Deut. 8, 8. 

2 Deut. 6, 13. 

3 Psaume 91, 11 et suiv. 

4 Deut. 6, 16. 

5 Et non pas: pour un temps, comme on traduit généralement. 

6 Littéralement : En la puissance de l'Esprit, c’est-à-dire possédant l’Esprit 
saint qui le rendait puissant. 

7 Plus exactement : Nazara. 


10 


11 


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20 


900 LE NOUVEAU TESTAMENT 


faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Ésaïe. Il 
l’ouvrit ! et trouva un passage où il était écrit : 
«L'Esprit du Seigneur est sur moi ; 
ILm'a consacré par son onction pour annoncer l Évangile aux pauvres?, 
Il m'a envoyé pour annoncer aux captifs leur délivrance, 
Aux aveugles qu'ils vont recevoir la vue, 
Pour renvoyer les opprimés affranclus, | 
Pour annoncer une année de faveur ® de la part du Seigneur #.» 

Τ| ferma le livre, le rendit au servant ὃ et s’assit. Tout le monde, 
dans la synagogue, avait les yeux fixés sur lui. Il commença ainsi : 
«Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez 
d'entendre...» Tous lui rendaient témoignage et étaient ravis des 
paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. «N'est-ce pas là, 
disait-on, le fils de Joseph?» — « Vous irez jusqu'à m’appliquer 
ce proverbe, reprit-il : Médecin, guéris-toi toi-même. Tout ce que 
tu as fait à Capharnaüm et dont nous avons entendu parler, fais-le 
donc également ici même dans ta patrie. » 

Puis il ajouta: «Je vous le dis en vérité, nul prophète n’est 
accepté dans sa patrie. Il y avait, aux jours d’Élie, ce que je vous 
dis là est la vérité, beaucoup de veuves en Israël, lorsque le ciel 
fut fermé pendant trois ans et demi, et qu’il y eut une grande 
famine sur toute la terre ; et cependant Élie ne fut envoyé à aucune 
d'elles, mais bien à une veuve de Sarepta, dans le pays de Sidon. 
Il y avait aussi, en Israël, beaucoup de lépreux au temps du 
prophète Élisée, et cependant aucun d'eux ne fut guéri 6. Celui qui 
fut guéri ce fut un Syrien : Naaman. » 

Ces paroles remplirent de colère tous ceux qui étaient dans la 
synagogue. Ils se levèrent et ils le chassèrent hors de la cité; puis 


1 7ὶ l’ouvrit. Le verbe grec signifie dérouler. Les livres des anciens, écrits sur 
une peau préparée, formaient des rouleaux que l’on développait successivement 
pour lire. 

2 Ou: pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. 

3. Allusion à l’année du Jubilé, qui chez les Juifs revenait tous les cinquante ans. 

4 Ésaïe 61, 1 et suiv. 

5 Ce servantou agent s'appelait en hébreu le Hazzan et était chargé de prendre 
soin des manuscrits de la Loi et des Prophètes. Voir note sur Matth. 5, 95. 

5 Grec : purifié. Voir note sur Matth, 8, 2, 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 201 


ils le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur 
ville avait été bâtie, pour le jeter en bas. Mais lui, passant au 30, 4 
milieu d'eux, s’en alla et descendit à Capharnaüm, ville de Galilée. 91 


Il y enseignait aux jours de sabbat. Et 1ls étaient extrêmement 938 
frappés de son enseignement, car sa parole était pleine d'autorité 1. 

Dans la synagogue il y avait un homme possédé de l'Esprit 33 
d’un démon impur. Il se mit à jeter de grands cris: &Ah! qu'y 84 
a-t-il entre nous et toi?, Jésus de Nazareth? Tu es venu pour nous 
perdre *; je sais qui tu es: le Saint de Dieu!» Jésus alors le 35 
menaça : «Tais-toi, dit-il, sors de cet homme!» Le renversant 
par terre au milieu de l'assemblée, le démon sortit de lui sans lui 
faire aucun mal. Tous furent terrifiés, et ils se parlaient les uns 36 
aux autres: «Qu'est-ce donc, disaient-ils, que cette parole? Il 
commande avec autorité et puissance aux Esprits impurs, et ils 
sortent ! » Dans tout le pays environnant il n’était bruit que de lui. 37 


Ea sortant de la synagogue, 1l entra dans la maison de Simon. 38 
Or, la belle-mère de Simon était malade d’une forte fièvre. On 
implora Jésus en sa faveur #. Il se pencha vers elle, commanda à 39 
Ja fièvre, et la fièvre disparut. Immédiatement cette femme se leva 
et se mit à les servir. 


Après le coucher du soleil, tous ceux qui avaient des malades, 40 
quels que fussent leurs maux, les lui amenèrent. Imposant les 
mains à chacun d'eux, Jésus les guérit. Des démons sortaient 41 
aussi d’un grand nombre, en s’écriant : «Tu es le Fils de Dieu! » 

Mais il les menaçait et leur défendait de parler ainsi; car ils 
savaient qu'il était le Ehrist. 


Lorsqu'il fit jour, 1l sortit et s’en alla dans un lieu solitaire. 42 


1 Ou: de puissance. 

2 Voir note sur Marc 1, 24 et sur Jean 2, 4. 

3 On peut, d’après une autre ponctuation, mettre cette phrase sous forme 
interrogative : Es-tu venu pour nous perdre? 

# On peut traduire aussi : on consulta Jésus à son sujet. 


Δ 


1 


11 


202 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Les multitudes se mirent à sa recherche; elles arrivèrent jusqu’à 
lui et elles le retenaient, ne voulant point qu'il les quittât. Mais il 
leur dit : «Il me faut annoncer dans d’autres villes aussi l'Évangile 1 
du Royaume de Dieu, car c’est pour cela que j'ai été envoyé. » 

Et il prêchait dans les synagogues de la Galilée. 


Un jour, qu'il se tenait sur le rivage du lac de Gennézareth, la 
foule se pressait autour de lui pour entendre la parole de Dieu. Il 
vit deux barques qui stationnaient près du bord ; les pêcheurs en 
étaient descendus et lavaient leurs filets. Montant alors dans l’une 
de ces barques, 1] pria Simon, à qui elle appartenait, de l’éloigner 
un peu de terre. Puis il s’assit; et de la barque?, il instruisait les 
multitudes. 

Lorsqu'il eut fini de parler, il dit à Simon : « Pousse au large, et 
vous lancerez vos filets pour la pêche. » Simon lui fit cette réponse: 
«Maître nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; 
toutefois, sur ta parole je jetterai le filet.» Ce qu'ils firent; et ils 
ramenèrent une telle quantité de poissons que les filets se déchi- 
raient. Alors 115 appelèrent à leur aide ceux de leurs camarades 
qui étaient dans l’autre barque; ceux-ci arrivèrent et les deux 
barques furent remplies au point qu’elles s’enfonçaient. A cette 
vue, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus disant : « Éloigne- 
toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » Un senti- 
ment d’effroi l'avait, en effet, saisi, ainsi que tous ses COMpagnons, 
en présence de cette pêche et des poissons qu'ils venaient de 
prendre. Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, 
qui étaient les camarades de Simon. « Ne crains point, dit Jésus à 
Simon, désormais tu seras pêcheur d'hommes.» Là-dessus, rame- 
nant les barques à terre, ils quittèrent tout et le suivirent. 


Une autre fois, comme il était dans une ville, survint un homme 
couvert de lèpre. Voyant Jésus, il se prosterna, tout suppliant, la 
face contre terre, disant: «Seigneur, si tu le veux, tu peux me 


1 Ou: la Bonne Nouvelle. 
? Quelques anciens manuscrits lisent: dans la barque. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 203 


guérir !. » Jésus étendit la main, le toucha et dit : «Je le veux, sois 
guéri ?.» La lèpre disparut à l’instant. Jésus lui recommanda de 
n’en parler à personne : «Retire-toi, lui dit-il, va te montrer au 
prêtre, et offre pour ta guérison ce que Moïse a prescrit; que ce 
leur soit un témoignage *. 

Sa renommée se répandait de plus en plus ; d'immenses multi- 
tudes accouraient pour l’entendre et pour se faire guérir de leurs 
maladies. Quant à lui, il se tenait retiré dans les lieux solitaires et 
il y priait. 


Voici ce qui arriva, un des jours où il était à enseigner, ayant 
assis devant lui des Pharisiens et des Docteurs de la Loi venus des 
bourgs de Galilée et de Judée et de la ville de Jérusalem : La puis- 
sance du Seigneur était là pour guérir, lorsque survinrent des 
gens portant sur un lit un homme qui était paralysé. Ils cher- 
chèrent à le faire entrer et à le placer devant Jésus; et ne trouvant 
pas moyen de pénétrer à cause de la foule, ils montèrent sur la 
maison # et descendirent le malade avec son petit lit par la toiture, 
au milieu de l’assemblée et devant Jésus. Voyant leur foi 5, celui-ci 
dit à l'homme: «Tes péchés te sont pardonnés. » 

Alors les Scribes et les Pharisiens se mirent à faire leurs 
réflexions : «Qui donc, disaient-ils, est celui-ci qui profère des 
blasphèmes? Qui peut pardonner des péchés que Dieu seul?» 
Connaissant leurs raisonnements, Jésus leur adressa ces paroles : 
« Pourquoi ces pensées dans vos cœurs? Lequel est le plus facile, 
de dire: tes péchés te sont pardonnés, ou de dire: lève-toi et 
marche? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme ἃ sur 
la terre le pouvoir de pardonner des péchés 6...» s'adressant au 
paralytique : «À toi, je dis: Lève-toi, emporte ton petit lit et, va 
dans ta maison ! » 


1 Grec : me purifier. Voir note sur Matth. 8, 2. 

2 Grec : sois purifié. Voir note précédente. 

5 Que ce leur soit un témoignage. Voir note sur Matth. 8, 4. 
ὁ Sur le toit plat et formant terrasse. Voir note sur Marc 2, 4. 
5 Leur foi. Voir note sur Matth. 9, 2. 

5 Phrase incomplète. Voir note sur Matth. 9, 0. 


43, 5 
14 


1 


47 


5, 95 


26 


20% LE NOUVEAU TESTAMENT 


Aussitôt, se levant devant eux, il emporta le petit lit sur lequel 
il était couché et retourna en sa maison glorifiant Dieu. 

Transportés d'enthousiasme, tous se mirent aussi à glorifier 
Dieu et, tout effrayés, ils disaient: «Quelle incroyable chose nous 
avons vue aujourd'hui!» 

Après cela, il sortit, et aperçut, assis au bureau du péage, 
un publicain? du nom de Lévi. I] lui dit: «Suis-moi»; et lui, 
abandonnant tout, se leva et le suivit. | 

Lévi lui donna un grand festin en sa maison. Se trouvaient à 
table, entre autres convives, un grand nombre de publicains 3, 
Cela fit murmurer les Pharisiens et leurs Scribes : «Pourquoi, 
dirent-ils aux disciples, mangez-vous et buvez-vous avec des 
publicains et avec des pécheurs?» Jésus alors leur adressa ces 
paroles : «Ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui ont 
besoin de médecin, ce sont les malades. Je ne suis pas venu 
appeler à la repentance 1 des justes, mais des pécheurs. » 

Ils lui dirent : «Les disciples de Jean se livrent. fréquemment 
aux jeûnes et aux prières; ceux des Pharisiens font de même; et 
les tiens mangent et boivent 5. » 

Jésus leur répondit: «Pouvez-vous faire jeüner les amis de 
l'époux 5 pendant que l'époux est avec eux? Des jours viendront 
où l’époux leur sera enlevé, ils jeüneront dans ces jours. » 

Il leur dit aussi une parabole: «Personne, dans un vêtement 
neuf ne déchire un morceau pour le coudre à un vêtement vieux; 
autrement 1l aura déchiré le vêtement neuf et aura mis au vieux 
vêtement un morceau neuf qui ne s'accorde pas. Personne non 
plus ne verse du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement 
le vin nouveau fera éclater les outres; il se répandra et les outres 


1 Péage. Voir note sur Matth, 9, 9. 

2 Publicain. Voir note sur Matth. 9, 10. 

3 Avec des publicains et des pécheurs. Voir note sur Matth. 9, 40.. 

4 Ou à la conversion. 

5 On peut traduire aussi, d’après une autre ponctuation: Æt pourquoi les 
tiens mangent-ils et boivent-ils? 

6 Les amis de l'époux. Voir note sur Matth. 9, 15. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 20 


σι 


seront perdues. Mais on doit verser le vin nouveau dans des outres 
neuves. » | 

«Quand on vient de boire du vin vieux, on n’en demande jamais 
du nouveau : Le vieux, dit-on, c’est le bon.» 


Il arriva — un jour de sabbat! — que Jésus passa par des 
blés; ses disciples cueillaient les épis et, les froissant dans leurs 
mains, en mangeaient les grains. « Pourquoi faites-vous, dirent 
quelques-uns des Pharisiens, ce qu’au jour du sabbat il n'est pas 
permis de faire?» Jésus leur répondit par ces paroles : «N’avez-vous 
pas lu ce que fit David quand il eut faim et ce que firent ses com- 
pagnons? Comment il entra dans la maison de Dieu, prit les pains 
de proposition ?, en mangea et en donna à ceux qui étaient avec 
lui, quand il n’est permis qu'aux prêtres seuls d'en manger 3» — 
«Le Fils de l’homme, ajouta-t-il, est maître aussi du sabbat. » 


Un autre jour de sabbat, il entra dans la synagogue et il y 
enseigna. 1] s’y trouvait un homme dont la main droite était para- 
lysée?. Les Scribes et les Pharisiens l’observaient pour voir si, 
un jour de sabbat, il le guérirait, et pour tirer de là quelque 
prétexte à accusation. Quant à lui, il connaissait leurs pensées. 
«Lève-toi, dit-il, à l’homme dont la main était paralysée, et 
tiens-toi debout au milieu de nous tous! » L'homme se leva et se 
tint debout. «Je vous le demande, leur dit alors Jésus, est-il 
permis aux jours de sabbat de faire le bien ou de faire le mal? 
de sauver une vie ou de la perdre?» Ayant sur eux tous promené 
son regard, il dit à l'homme: «Étends ta main.» Il le fit et sa 
main fut guérie. 

Quant à eux, 1ls étaient fous de rage, et ils parlaient entre 
eux de ce qu'ils pourraient bien faire à Jésus. 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent: wn jour de subbat second-premier ; 
le sens de cette expression est inconnu. 


2 Voir note sur Matth. 12, 4. 
3 Grec : était sèche. 


ι9 


ΛΔ 


6 


10 


11 


206 LE NOUVEAU TESTAMENT 


En ces jours-là, il se retira sur la montagne pour prier et passa 
la nuit à prier Dieu. 

Quand il fit jour, il convoqua ses disciples; et 1l choisit douze 
d’entre eux, auxquels il donna le nom d’apôtres; ce furent Simon, 
qu'il nomma Pierre, et André son frère; — Jacques et Jean; — 
Philippe et Barthélemi; — Matthieu et Thomas; — Jacques, fils 
d’Alphée, et Simon (celui qu’on appelle le zélateur 1): Judas, frère 
de Jacques, et Judas l'Iskariôte?, qui fut un traître. 


Descendant de la montagne, avec eux, il s'arrêta sur un terrain 
uni. Là se trouvait, avec une foule considérable ὃ de ses disciples, 
une multitude immense de peuple, venue pour l'entendre et se 
faire guérir de ses maux, de toute la Judée, de Jérusalem et du 
littoral de Tyr et de Sidon. Ceux qui étaient tourmentés par des 
Esprits impurs en étaient délivrés et chacun dans la foule cherchait 
à le toucher, parce qu'il sortait de lui une vertu * qui les guérissait 
(ous. 

Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: 

«Heureux êtes-vous, à pauvres, parce qu'à vous appartient le 
Royaume de Dieu! » 

«Heureux, ὃ vous qui avez faim maintenant, parce que vous 
serez rassasiés ! » | 

«Heureux, Ô vous qui pleurez maintenant, parce que vous 
rirez ! » 

« Heureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront, vous 
réprouveront, vous outrageront, prôscriront votre nom comme 
maudit à cause du Fils de l'homme! En ce jour-là réjouissez- 
vous ÿ et sautez de joie! parce que votre récompense sera grande 


1 Le zélateur ou le Cananite. Voir note sur Matth. 10, 4. 

2 L'Iskariôte, Voir note sur Matth, 10, 4. 

3 Plusieurs anciens manuscrits omettent considérable. 

4 Ou: une force, une puissance. 

5 On peut lire aussi, d'après une autre ponctuation : Vous êtes heureux ! Lors- 
que les hommes vous haïront, vous réprouveront, vous outrageront, proseri= 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 207 


dans le ciel; car c'est de même façon que leurs pères traitaient les 
prophètes. » 

«Malheur à vous cependant, riches, parce que vous avez au- 
jourd’hui votre consolation! » 

« Malheur à vous qui maintenant avez tout à satiété, parce que 
vous aurez faim ! » 

« Malheur à vous qui maintenant riez, parce que vous tomberez 
dans le deuil et les larmes! » 

« Malheur! lorsque tous les hommes diront du bien de vous, 
car C'est de même façon que leurs pères traitaient les faux pro- 
phètes! » 


« Quant à vous qui m'écoutez, voici ce que je vous dis : Aimez 
vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent; bénissez ceux 
qui vous maudissent; priez pour ceux qui vous font injure. Si 
quelqu'un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre; et 
contre celui qui t’enlève ton manteau ne défends pas même ta 
tunique 1. » 

(A qui te demande, donne; et à qui s'empare de ce qui est à 
toi, ne réclame rien. » 

«Gomme vous voulez que les hommes agissent envers vous, 

agissez vous-mêmes ? pareillement envers eux. Si vous aimez ceux 
_ qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? les pécheurs ὃ aussi 
aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui 
vous en font à vous-mèêmes, quel gré vous en saura-t-on? Les 
pécheurs ὃ le font aussi. Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez 
recevoir quelque chose, quel gré vous en saura-t-on? Les pécheurs 
aussi font des prêts aux pécheurs pour recevoir un jour le même 
service. Vous cependant aimez vos ennemis; faites du bien et prêtez 
sans espérer quoi que ce soit. Et votre récompense sera grande et 


ront votre nom comme maudit à cause du Fils de l'homme, en ce jour-là 
réjouissez-vous… etc. 


1 C’est-à-dire le vêtement de dessous. Voir note sur Luc 3, 11. 
2 Quelques anciennes autorités omettent vous-mémes. 
* Les pécheurs. Voir note sur Matth, 9, 10, 


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208 LE NOUVEAU TESTAMENT 


vous serez fils du Très-Haut, parce qu'il est bon pour les Gr 
et pour les méchants. » 
«Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. » 


«Ne jugez point et vous ne serez point jugés; ne condamnez 
point ef vous ne serez point condamnés. Pardonnez, et il vous 
sera pardonné. Donnez, et il vous sera donné; 1l sera versé dans 
votre sein! une bonne mesure, pressée, tassée, débordante, car 
la mesure que vous faites aux autres sera votre mesure. » 


Il leur dit aussi une parabole: «Un aveugle peut-il conduire 
un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous deux dans une fosse?» 


«Le disciple n’est pas au-dessus du maître; il sera parfait 
quand il sera pareil à son maître. » 


« Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère? 
Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas! 
Comment peux-tu dire à ton frère : «Mon frère, laisse-moi ôter 
cette paille qui est dans ton œil», ne voyant pas toi-même la poutre 
qui est dans le tien? Hypocrite?, ôte d’abord de ton œil la poutre 
et alors tu verras? à ôter la paille de l’œil de ton frère!» 


QUn arbre qui produit de mauvais fruits n’est pas bon; et, à 
l'inverse, un arbre qui produit de bons fruits n’est pas mauvais; 
car c’est par son fruit que chaque arbre se fait connaître. Sur des 
épines on ne cueille pas de figues; sur des ronces on ne vendange 
pas de raisin, » | 

«Du bon trésor de son cœur l’homme bon tire le bien; de son 
mauvais trésor l'homme mauvais tire le mal; car c’est de l’abon- 
dance du cœur que la bouche parle ἡ.» 

1 Cest-à-dire dans les plis de votre manteau. Geux-ci servaient, en effet, à 
porter certains fardeaux et, en particuher, les grains de toutes sortes, 

2 Voir note sur Matth. 6, 2. : 


5 Voir note sur Matth. 7, ὃ. 
4 Voir note sur Matth. 12, 34. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 209 


«Pourquoi m'appelez-vous : «Seigneur! Seigneur!» et ne 
faites-vous pas ce que je dis? Quiconque vient à moi, entendant 
mes paroles! et les mettant en pratique, je vais vous montrer à 
qui il ressemble. Il ressemble à un homme qui, en construisant 
une maison, a creusé très avant et a établi ses fondations sur le 
roc. L'inondation est survenue; le torrent ἃ fait irruption sur 
cette maison et il n’a pas eu la force de l’ébranler, parce qu'elle 
était bien construite. » 

«Quant à celui qui entend? et ne met pas en pratique, il res- 
semble à un homme qui a bâti sa maison sur la terre sans fonda- 
tions. Sur elle le torrent a fait irruption; soudain elle s’est écroulée ; 
et la ruine de cette maison a été grande. » 


Quand il eut achevé tous ces discours adressés au peuple, Jésus 
entra dans Capharnaüm. 

Or un centurionÿ avait, malade et près de mourir, un serviteur“ 
qui lui était très cher. Ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya 
quelques Anciens d’entre les Juifs, pour lui demander de venir et 
de guérir son serviteur “. Ceux-ci, ayant abordé Jésus, le prièrent 
avec de grandes instances: « 1] mérite, lui dirent-ils, que tu lui 
accordes cela, car il aime notre nation et c’est lui qui nous ἃ 
bâti la synagogue 5. » 

Jésus était parti avec eux; comme il n'était plus qu'à une 
petite distance de la maison, le centurion envoya de ses amis lui 
dire : «Seigneur, ne prends pas tant de peine, car je ne suis pas 
digne que tu entres sous mon (toit, et c'est pour cela que je ne 

_me suis pas moi-même jugé digne d'aller à toi. Mais donne un 
ordre et mon serviteur sera guéri. Car moi (qui ne suis pourtant 
qu’un subordonné) j'ai sous mes ordres des soldats, et si je dis à 


1 Ou: écoutant mes paroles. 

2 Ou: écoute. 

3 Un centurion. Voir note sur Matth. 8, 5. 
4 Grec : esclave. 

5 Évidemment la synagogue de Capharnaüm, 


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210 LE NOUVEAU TESTAMENT 


l’un : «Va-t’en », il s’en va; à l’autre : « Viens», il vient; à mon 
esclave : «Fais cela», il le fait.» Jésus fut dans l’admiration de 
ce langage; et se tournant vers la foule qui le suivait: «Je vous 
le déclare, dit-1l, même en Israël, je n'ai pas trouvé une foi aussi 
grande. » 

De retour à la maison, les envoyés du centurion trouvèrent le 
serviteur ! en pleine santé. 


Le lendemain 1] se dirigea vers une ville appelée Naïn; avec lui 
allaient un grand nombre de ses disciples et une foule considérable. 
Comme il arrivait à la porte de la cité, il se trouva que l’on portait 
en terre un mort?; c'était un fils unique dont la mère était veuve. 
Une grande quantité d'habitants de la ville étaient avec elle. En 
la voyant, le Seigneur fut touché de compassion * envers elle et 
lui dit: «Ne pleure point!» Puis il s’approcha et toucha le cer- 
cueil. Les porteurs s’arrêtèrent, et il dit: «Jeune homme, je te 
l’ordonne, lève-toi! » Et le mort se dressa sur son séant et se mit 
à parler. 

Jésus le rendit à sa mère. 

La crainte les saisit tous et ils glorifiaient Dieu: « Un grand pro- 
phète, disaient-ils, a surgi parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » 
Le bruit de ce qui s'était passé se répandit partout en Judée et 
dans tout le pays environnant. 


Les disciples de Jean ayant rapporté tout cela à leur maitre, 
celui-ci en désigna deux, et les envoya dire au Seigneur : « Es-tu 
celui qui doit venir“, où devons-nous en attendre un autre)» 

S'étant donc présentés à Jésus, ces hommes lui dirent : «Jean- 
Baptiste nous ἃ adressés à toi pour te dire : «Es-tu celui qui doit 
venir ou devons-nous en attendre un autre?» Or, en cet instant 


1 Grec: l’esclave, 
2 À cette époque, les morts étaient transportés à visage salée: dans des 
cercueils non fermés. 
3 Voir note sur Matth, 9, 90. 
1 Celui qui doit venir. Voir note sur Matth, 11, 3. 


κ᾿ 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 911 


même, Jésus guérissait nombre de malades, d’infirmes, de pos- 
sédés 1; à beaucoup d’aveugles il faisait don de la vue. Alors il fit 
aux messagers celte réponse : «Allez annoncer à Jean ce que vous 
avez vu et entendu : des aveugles voient, des estropiés marchent, 
des lépreux sont guéris?, des sourds entendent, des morts res- 
suscitent, des pauvres entendent l’Évangileë, Heureux est celui 
pour qui je ne serai pas une occasion de chute . » 

Quand les messagers furent partis, Jésus se mit à parler de Jean 
aux multitudes : «Au désert, qu'êtes-vous allés voir? Est-ce un 
roseau agité par le vent? Qu'êtes-vous allés voir? Est-ce un 
homme aux vêtements efféminés? Mais ceux qui se revêtent de 
riches habits et qui vivent au milieu des délices vivent dans les 
palais des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir? Est-ce un prophète? 
Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. C'est celui dont il est écrit: 

« Voici que j'envoie mon messager pour te précéder 
Et préparer ton chemin devant toi.» 

«Je vous le déclare, parmi ceux que les femmes ont enfantés, 
oul n'est plus grand que Jean 5. Mais le plus petit dans le Royaume 
de Dieu est plus grand que lui. » 

«En se faisant baptiser du baptème de Jean, tout le peuple qui 
l'écoutait, même les publicains ont reconnu la justice de Dieu; 
mais en ne se faisant pas baptiser par lui, les Pharisiens et les 
légistes ont rejeté le dessein de Dieu à leur égard. » 

«A qui donc assimilerai-je les hommes de cette génération-ci? 
et à qui ressemblent-ils? Ils ressemblent à des enfants assis sur 
la place publique qui se crient les uns aux autres : 

«Nous avons joué de la flûte 

Et vous n'avez pas dansé; 

Nous avons entonné des chants lugubres 
Et vous n'avez pas pleuré. » 


— 


1 Littéralement : d’Esprits mauvais. 

2 Grec: purifiés. Voir note sur Matth. 8, 2. 

3 Ou : La Bonne Nouvelle est annoncée à des pauvres. 

£ Voir note sur Matth. 11, 6. 

5 Malachie 3, 1. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent: plus grand prophète que Jean. 


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212 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Et, en effet, Jean-Baptiste est venu s’abstenant de manger 
du pain et de boire du vin; et vous dites: «Il est possédé d’un 
démon.» Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant comme 
tout le monde, et vous dites : « Voilà un amateur de bonne chère, 
un buveur de vin, un ami des publicains et des pécheurs ?. » 

«À la sagesse, justice est rendue par tous ses enfants $. » 


Un des Pharisiens le pria de venir manger chez lui. Jésus, 
étant donc entré dans la maison du Pharisien, se mit à table 4. 

Or, une femme de la ville qui vivait dans le péché, ayant appris 
qu'il était à table dans la maison de ce Pharisien, apporta un 
vase d’albâtre 5 rempli de parfum. Elle se plaça derrière lui, en 
pleurant6, et se tint à ses pieds, qu'elle arrosa d’abord de ses 
larmes et qu'elle essuya ensuite de ses cheveux, à ses pieds 
qu'elle baisa longtemps et qu'elle oignit de son parfum. 

Voyant cela, le Pharisien qui l'avait invité pensait en lui-même: 

«Si cet homme était prophète, 1l saurait qui est cette femme qui 
le touche; et ce qu’elle est: une pécheresse. » 

Jésus alors s'adressant à lui: «Simon, j'ai quelque chose à te 
dire. » — « Parle, maître », répondit Simon. — «Un certain créan- 
cier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents deniers; 
et le second cinquante. Ni l’un ni l’autre n’ayant de quoi le payer, 
il fit à chacun d'eux remise de sa dette. Lequel des deux l’aimera 
le plus?» Simon fit cette réponse : «Celui, je suppose, auquel il ἃ 
renus davantage. » — «Tu viens de juger en toute droiture», reprit 
Jésus; puis, se tournant vers la femme et parlant toujours à Simon: 


1 Ces mots : comme tout le monde, sont sous entendus dans le texte. 

2 Voir sur les mots publicains et pécheurs note sur Matth. 9, 10. 

3 Les enfants de la sagesse sont ceux qui écoutent la voix de la sagesse divine ; 
ils reconnaissent cette sagesse pour ce qu’elle est véritablement; ils lui rendent 
justice. 

4 Littéralement : se coucha à table, suivant la coutume des anciens, qui 
s’'étendaient sur des lits pour prendre leurs repas, Les pieds étaient done à la 
même hauteur que le reste du corps. Ce détail importe à l'intelligence du récit 
qui va suivre. εν 

5 Un vase d’albâtre, Voir note sur Matth. 26, 7. 

6 Plus exactement : en sanglotant. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 919 


« Tu vois cette femme? Quand je suis entré dans ta maison tu ne 
m'as pas apporté d’eau pour mes pieds, mais elle, c'est avec ses 
larmes qu’elle les ἃ arrosés, c’est avec ses cheveux qu'elle les ἃ 
essuyés. Tu ne m'as pas donné de baiser ; mais elle, depuis l’ms- 
tant où elle est entrée n’a cessé d’embrasser mes pieds. Sur ma 
tête, tu n’as pas fait d’onction d'huile; mais elle, ce sont mes 
pieds qu’elle ἃ oints de parfum. A cause de cela, je te le déclare, 
ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle ἃ beaucoup 
aimé. Celui à qui on pardonne peu, aime peu.» Puis il lui dit à 
elle : « Tes péchés te sont pardonnés. » — « Qui est cet homme qui 
va jusqu’à pardonner des péchés? » se demandèrent entre eux les 
convives. Lui, cependant, dit à la femme : «Ta foi t’a sauvée; va 
en paix!» 


Ensuite, il alla de ville en ville et de village en village prêchant 
et annonçant l'Évangile ! du Royaume de Dieu. Avec lui étaient 
les douze et quelques femmes qui avaient été délivrées de mauvais 
Esprits, ou guéries de maladies : Marie, celle qu’on appelle Magde- 
laine ?, de laquelle étaient sortis sept démons; Jeanne, femme de 
Chouza, intendant d'Hérode; Suzanne, et beaucoup d’autres qui 
l’assistaient de leurs biens. 


Comme il s’assemblait une foule énorme et que de toutes les 
villes on venait à lui, il dit cette parabole : 

«Le semeur est sorti pour semer sa semence; 1] jette sa semence, 
et des grains sont tombés le long du chemin; on les a foulés aux 
pieds; et les oiseaux du ciel les ont mangés. » 

« D’autres sont tombés sur des pierres; ils ont levé, puis séché ; 
ils n'avaient pas d'humidité. » 

«D’autres grains sont tombés au milieu des épines, et en même 
temps ont crû les épines; et elles les ont étouffés. » 

« D’autres sont tombés dans la bonne terre; ils ont levé; 115 ont 


1 Ou: La Bonne Nouvelle. 
2? Cest-à-dire du village de Magdala. 


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914 LE NOUVEAU TESTAMENT 


porté du fruit au centuple.» Cela disant, il s’écriait: «Que celui 
qui ἃ des oreilles pour entendre, entende!!» 

Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. II 
répondit: «A vous il est donné de pénétrer les mystères du 
Royaume de Dieu, mais les autres ne les connaissent que par des 
paraboles, afin qu'ils voient sans voir et entendent sans com- 
prendre. » 

« Voici le sens de cette parabole : 

«La semence, c’est la parole de Dieu. Le long du chemin sont 
ceux qui ont écouté?; mais ensuite vient le diable, qui enlève de 
leurs cœurs la parole, de peur qu'ils ne croient et ne soient 
sauvés. » 

«Sur des pierres sont ceux qui, après avoir écouté ! la parole, 
l'ont accueillie avec joie; mais ils n’ont pas de racine; ils ont la 
foi momentanément et, au moment de l'épreuve, ils se retirent. » 

«La semence tombée parmi les épines représente ceux qui ont 
écouté la parole, et puis ils sont partis, et chez eux elle demeure 
stérile, étouflée par les soucis, par les richesses et par les plaisirs 
de la vie. » 

«La semence tombée dans la bonne terre représente ceux qui 
retiennent dans un cœur excellent et bon la parole par eux en- 
tendue, et portent du fruit avec persévérance. » 


«Personne, quand 11 allume une lampe, ne la recouvre d’un 
vase ou ne la pose sous un lit; on la place au contraire sur un 
pied-de-lampe, afin que ceux qui entrent voient la lumière. Car 
rien n'est caché qui ne doive être découvert, rien n’est secret qui 
ne doive être connu et mis au jour. Prenez donc garde comment 
vous écoutez. Car à celui qui aura, 1l sera donné, et à celui qui 
n'aura pas, même ce qu'il croit avoir lui sera Ôté. » 


Sa mère et ses frères, étant venus le trouver, ne pouvaient, à 
cause de la foule, pénétrer jusqu'à lui. On l'en prévint : «Ta mère 


1 Ou: pour écouter, écoute. 
? Ou: entendu. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC M5 


et tes frères sont là dehors, qui voudraient te voir.» Il répondit 
par ces paroles: «Ma mère et mes frères, ce sont ceux-là, qui 
écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique. » 


Il monta, un jour, dans une barque avec ses disciples. «Faisons 
la traversée du lac», leur dit-il. [ls partirent. Tandis qu’ils navi- 
euaient, Jésus s’endormit; et un tourbillon de vent s’abattit sur le 
lac; la barque s’emplissait d’eau; ils étaient en danger. Les disciples 
allèrent à lui, le réveillèrent, lui disant: «Maître, maître, nous 
périssons!» Il se leva, se mit à menacer le vent et les flots 
soulevés. Ils s’arrêtèrent; il se fit un calme. Il leur dit alors: 
« Où est votre foi?» Terrifiés, ils l’admiraient et se disaient l’un à 
l’autre : «Qui donc est cet homme qui commande aux vents et 
aux flots, et à qui ils obéissent?» 


Ils abordèrent au pays des Géraséniens?, situé en face de la 
Galilée. Comme Jésus descendait à terre, vint à sa rencontre un 
homme de la ville, possédé par des démons. Il était depuis fort 
longtemps sans vêtements; il vivait en dehors de tout domicile; et 
demeurait dans les sépulcres #. Apercevant Jésus, il tomba à 
ses pieds en jetant des cris, et dit de toutes ses forces : « Qu’y a-t-il 
entre moi et toi 4, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut? Je t'en conjure, 
ne me torture point. » En effet, Jésus commandait à l'Esprit impur 
de sortir de cet homme dont depuis très longtemps il s'était emparé. 
On l’attachait avec des chaînes, on lui mettait des fers aux pieds 
pour le retenir; il rompait tous les liens et le démon le poussait 
vers les lieux déserts. Jésus l’interrogea. « Quel est ton nom?» lui 
dit-il. — Il répondit: «Légion. » Une quantité de démons étaient, 
en effet, entrés dans cet homme. Ceux-ci supplièrent Jésus de ne 
pas ordonner qu'ils allassent à l’abime ὅ, mais de leur permettre 

1 Ou: il se réveilla. 

? Un des plus anciens manuscrits lit: Gerguéséniens (de même verset 37), 

3 Voir note sur Marc 5, 2. 

4 Voir note sur Jean 2, 4, 

5 L’abime, c’est-à-dire le lieu de tortures réservé, d’après la théologie juive 


de ce temps-là, au diable et à ses anges ou mauvais Esprits. Voir note sur 
Matth. 8, 29. 


A, 8 


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916 LE NOUVEAU TESTAMENT 


d’entrer dans un nombreux troupeau de pourceaux qui étaient là 
paissant sur la montagne. Il le leur permit. Les démons sortirent 
alors de l’homme et entrèrent dans les pourceaux et, d’une course 
impétueuse, le troupeau se précipita dans le lac et s’y noya. Voyant 
ce qui était arrivé, les gardeurs prirent la fuite et allèrent répandre 
la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les habitants sor- 
tirent pour voir ce qui s'était passé. Ils s’approchèrent de Jésus; 
ils trouvèrent assis à ses pieds, avec ses vêtements, et plein de bon 
sens, l’homme de qui les démons étaient sortis. Cela leur fit peur. 
Les témoins oculaires leur racontèrent comment le démoniaque 
avait été guéri. Tout ce peuple du pays des Géraséniens! pria alors 
Jésus de s'éloigner d'eux. En effet, ils étaient frappés de terreur. 
Il remonta donc dans la barque et s’en retourna. L'homme qui 
avait été délivré des démons lui demandait la permission de rester 
avec lui. Mais Jésus le congédia et lui dit: «Retourne en ta mai- 
son, et raconte tout ce que Dieu t’a fait.» Cet homme partit, pu- 
bliant par toute la ville ce que lui avait fait Jésus. 


A son retour, Jésus fut reçu par la foule; tous étaient ἃ l’at- 
tendre. À ce moment un homme nommé Jaïrus, qui était chef de 
la synagogue, vint se jeter à ses pieds, le suppliant d'entrer dans 
sa maison, parce que sa fille unique, âgée de douze ans environ, 
se mourait. | 

Il y allait pressé par la foule, lorsqu'une femme, malade d’une 
perte de sang depuis douze années, qui avait dépensé en médecins 
tout son avoir ?, sans qu'aucun d'eux eût pu la guérir, s’approcha 
par derrière et toucha la frange de son vêtement ὃ, Sa perte de 
sang s'arrêta immédiatement. Jésus demanda : «Qui est-ce qui 
m'a touché?» Tous s’en défendirent. «C’est la foule, maître, qui 
te presse, qui t’accable », lui dirent Pierre et ceux qui étaient avec 


1 Géraséniens, Voir note sur le verset 26. 

? Quelques très anciens manuscrits omettent qui avait dépensé en médecins 
tout son avoir. 1] faut alors traduire ainsi les mots qui suivent: sans que per- 
sonne eût pu la guérir. 

3 La frange de son vêtement de dessus, de son manteau. Ces franges, ordonnées 
par la Loi, se portaient aux quatre coins du manteau (Nombres 15, 38). 


- 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 91 


luit. Jésus reprit: «Quelqu'un m'a touché, car j'ai senti qu’une 
vertu? sortait de moi.» Se voyant découverte, la femme, toute 
tremblante, vint se jeter à ses pieds et déclara devant tout le monde 
pourquoi elle l'avait touché, et comment elle avait été immédiate- 
ment guérie. Et lui, 1l lui dit: «Ma fille, ta foi l’a guérie3; va 
en paix. » 

Comme il parlait encore, arriva quelqu'un de chez le chef de la 
synagogue disant: « Ta fille est morte, ne fatigue pas davantage le 
maître.» Jésus, entendant ces paroles, dit à Jaïrus : «Ne crains 
point, crois seulement #, et elle sera sauvée.» Arrivé à la maison, 
il ne permit à personne d'entrer avec lui, sinon à Pierre, à Jean 
et à Jacques, ainsi qu'au père et à la mère de l'enfant. Tous ceux 
qui étaient là pleuraient à haute voix et se lamentaient sur elles. 
I! leur dit : « Ne pleurez pas, elle n’est pas morte, mais elle dort. » 
Et on se moquait de lui; on savait bien qu’elle était morte. Jésus, 
alors, lui saisit la main et prononça ces paroles: «Mon enfant, 
réveille-toi 7! » Et son esprit revint. Elle se leva aussitôt, et Jésus 
commanda de lui donner à manger. Ses parents étaient transportés ; 
mais 1l leur ordonna de ne dire à personne ce qui était arrivé. 


_ Ayant réuni les douze, 1] leur donna force et puissance sur tous 
les démons et le pouvoir de guérir des maladies. Puis il les envoya 
en mission pour prêcher le Royaume de Dieu et faire des gué- 
risons. Voici ce qu'il leur dit: « N’emportez rien pour la route, 
ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, n'ayez pas même deux vête- 
ments ὃ, En quelque maison que vous entriez, demeurez-y, et que 


1 Un des plus anciens manuscrits omet ef ceux qui étaient avec lui. 

? Ou: une force, une puissance. 

3 Ou : sauvée. 

ὁ On peut traduire aussi: Aie seulement confiance, ou : Aie seulement de la 
foi. Voir note sur Jean 14, 1. 

5 Ou : guérie. 

5 Cest-à-dire montraient bruyamment leur douleur suivant la coutume du 
temps. 

7 On peut traduire aussi : lève-toi, ou encore : ressuscite. 

8. On peut traduire aussi : Et sa respiration revint. 

° Grec : deux tuniques; c'est-à-dire ne prenez pas de tunique de rechange. 


46, 8 
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ζο 


.1 


O0 


10. 


11 


13 


16 


918 LE NOUVEAU TESTAMENT 


e— 


ce soit de là que vous partiez!. Quant à ceux qui ne vous rece- 
vront pas, sortez de leur ville en secouant, en témoignage contre 
eux, la poussière de vos pieds ?. » 

Is partirent et c'est de village en village qu’ils allaient, partout 
évangélisant et partout guérissant. 


Le tétrarque Hérode apprit tout ce qui se passait, et il était 
rendu fort perplexe par ce qu'on disait de Jésus. Pour les uns, 
Jean était ressuscité d’entre les morts; pour les autres, Élie était 
apparu; pour ceux-ci, un des anciens prophètes était revenu à 
la vie. « J'ai fait couper la tête à Jean, disait Hérode; qui est donc 
cet homme dont j'entends dire de pareilles choses? » Etil était dési- 
reux de le voir. 


A leur retour, les apôtres racontèrent à Jésus tout ce qu'ils 
avaient fait. Il les prit avec lui et il se retira à l'écart dans une 
ville appelée Bethsaïda. Mais les multitudes l’apprirent et le sui- 
virent. Il les accueillit en leur parlant du Royaume de Dieu et en 
rendant la santé à ceux qui avaient besoin d’être guéris. Le jour 
cependant commençait à baisser, et les douze, s’approchant, lui 
dirent : «Gongédie les foules, afin qu’elles aillent dans les villages 
d’alentour et dans les maisons de la campagne trouver logement 
et nourriture; nous sommes ici dans un désert.» Mais Jésus leur 
répondit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » — «Nous n’avons 
ici, répliquèrent-ils, que cinq pains * et deux poissons, à moins que 
nous n’allions acheter de quoi nourrir tout ce peuple!» Or il \ 
avait là à peu près cinq mille hommes. Jésus dit alors à ses 
disciples : « Faites-les asseoir par rangées de éinquante. » Ainsi 
lirent-1ls; et tout le monde s’assit. Puis Jésus, prenant les cinq 
pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, prononça sur 
eux la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples pour 


1 C'est-à-dire tout le temps que vous resterez dans l’endroit, demeurez dans 
la même maison. Voir 9, 7. 

? Plusieurs anciens manuscrits lisent : même la poussière de vos pieds. 

5 Cinq pains. Voir note sur Matth. 14, 17, 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 919 


qu'ils les servissent à la foule. Tous mangèrent, tous furent ras- 
sasiés ; et on emporta les morceaux qui restaient; il y en avait 
douze paniers. 


Comme 1] était un jour à prier dans un lieu solitaire, les disciples 
le rejoignirent et il leur fit cette question : «Parmi ces foules, qui 
dit-on que je suis?» Ils lui répondirent ainsi : «Jean-Baptiste ; 
d’autres : Élie; d’autres encore : un des anciens prophètes revenu 
à la vie.» — «Et vous, continua-t-il, qui dites-vous que je suis?» 
Pierre répondit par ces mots: «Le Christi de Dieu.» Il leur 
défendit avec les plus rigoureuses recommandations de le dire à 
personne, ajoutant qu'il lui fallait, lui, le Fils de l'homme : — 
beaucoup souffrir; — être rejeté par les Anciens, les chefs des 
prêtres et les Scribes ; — être mis à mort; — ressusciter le troisième 
jour.» 

A tous il disait: «Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il 
. renonce à lui-même, que chaque jour il porte ? sa croix, etqu’il me 
suive. Celui qui voudra sauver sa vie, la perdra; et il sauvera sa 
vie, celui qui l’aura perdue à cause de moi. À quoi servirait-il à un 
homme de gagner le monde entier, si c’est en se perdant lui-même 
et en consommant sa ruine? De celui qui aura eu honte de moi et 
de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte à son tour quand 
il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges. 
Je vous dis la vérité: Quelques-uns sont ici présents qui ne 
goüûteront point la mort, avant d’avoir vu le Royaume de Dieu. » 


Huit jours environ après avoir ainsi parlé, Jésus emmena avec 
lui Pierre, Jean et Jacques, et s’en alla prier sur la montagne. 
Tandis qu'il priait, l'aspect de son visage changea et ses vêtements 
devinrent d’une blancheur resplendissante, Deux hommes étaient 
là qui s'entretenaient avec lui; c’étaient Moïse οἱ Élie apparaissant 
en grande gloire; ils parlaient de sa sortie du monde ὃ qu'il devait 


1 Ou : l'Oint de Dieu, c’est à-dire le Messie attendu. 
? Ou : il prenne. 
5 Ces mots du monde sont sous-entendus dans le texte. 


11: 9 


18 


10) 


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290 LE NOUVEAU TESTAMENT 


accomplir à Jérusalem. Cependant Pierre et ses compagnons 
avaient succombé au sommeil. C’est à leur réveil qu'ils virent sa 
gloire et les deux hommes qui se tenaient près de lui. Au moment 
où ceux-ci se séparaient de Jésus, Pierre lui dit: «Maître, qu'il 
nous est bon d’être ici! dressons trois tentes, une pour (oi, une 
pour Moïse, une pour Élie! » Il ne savait ce qu’il disait. Pendant 
qu'il parlait, survint une nuée qui les enveloppa. Les disciples 
furent frappés de terreur quand ils les virent entrer dans la nuée. 
Or, de cette nuée sortit une voix disant : «Celui-ci est mon Fils, 
l'élu, écoutez-le ! » Quand la voix se tut, Jésus se trouva seul. Ses 
disciples gardèrent le silence sur ce qu'ils avaient vu, et, à ce 
moment-là, n’en racontèrent rien à personne. 


Lorsque le lendemain ils descendirent de la montagne, une nom- 
breuse multitude vint à la rencontre de Jésus et voilà que du sein 
de la foule un homme s’écria : « Maître, je t’en supplie, jette un 
regard sur mon fils ; c’est mon seul enfant; et il y a un Esprit qui 
s'empare de lui: tout à coup 1] lui arrache un cri, lui donne des 
convulsions, le fait écumer et quand il se décide à le quitter, c’est 
pour le laisser tout brisé. J'ai prié tes disciples de le chasser, cela 
leur ἃ été impossible. » — «Ὁ génération incrédule et perverse, dit 
Jésus en lui répondant, jusqu'à quand serai-je au milieu de vous 
et vous supporterai-je? Amène ici {on fils.» L'enfant s’approchait, 
quand le démon le jeta contre terre et lui donna des convulsions. 
Mais Jésus, menaçant l'Esprit impur, guérit l'enfant et le rendit à 
son père. Tous furent confondus de la grandeur de Dieu. 

Comme tout le monde s’émerveillait de tout ce que Jésus faisait, 
il dit à ses disciples : «Pour vous, mettez bien dans votre mé- 
moire 1 les paroles que voici : « Le Fils de l’homme ? va être livré 
entre les mains des hommes. » Les disciples ne comprirent pas ce 
langage ; il était voilé pour eux, afin qu'ils n’en sentissent pas la 
portée, et c'était un sujet sur lequel ils avaient peur de l’interroger. 


1 Littéralement : dans vos oreilles. 
2 On peut traduire aussi: Pour vous, mettez bien dans votre mémoire ces 
paroles (les paroles du peuple admirant le Ghrist), car le Fils de l’homme, ete. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 9291 


Entre eux une discussion s’éleva : lequel était le plus grand. 
Jésus, qui connaissait les pensées de leur cœur, prit un enfant, le 
plaça près de lui, et leur dit: «Qui reçoit en mon nom! cet 
enfant-la, me reçoit; et qui me recoit, reçoit Celui qui ma 
envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui- 
là qui est grand! » 

Jean prit la parole : « Maïtre, dit-il, nous avons vu un homme 
chasser des démons en ton nom, et nous l’en avons empêché, 
parce qu'il ne te suit pas avec nous. » — « Ne l’en empèchez point! 
répondit Jésus; car celui qui n’est pas contre vous est pour 
VOUS. » 


Cependant les jours où il devait être enlevé de ce monde? 
… approchaient et, d’un visage ferme, il partit pour Jérusalem, 
envoyant devant lui des messagers. Ceux-ci étant entrés, en s’en 
allant, dans un village * de la Samarie pour lui préparer un loge- 
ment, on refusa de le recevoir, parce que c'était vers Jérusalem 
qu'il tournait ses pas. «Seigneur, dirent les disciples présents, 
Jacques et Jean, veux-tu que nous disions au feu du ciel de 
descendre et de réduire en cendres ces gens-là!» Jésus se tourna 
vers eux et les réprimanda; et ils allèrent dans un autre village. 


Pendant qu'ils étaient en chemin, quelqu'un lui dit: «Je te 
suivrai partout où tu iras. » Jésus lui répondit : « Les renards ont 
des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids; mais le Fils de 
l’homme n’a pas où reposer sa tête. » À un autre il dit: « Suis-moi. » 
Celui-ci lui répondit : « Permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon 
père ; » mais Jésus reprit : « Laisse les morts ensevelir leurs morts. 


1 En mon nom. Voir note sur Matth. 18. 5. 

5 Littéralement : Les jours de son assomption. 

3 Littéralement : IL afjermit son visage pour aller à Jérusalem. 
4 Quelques anciens manuscrits lisent: wne ville, 


60 


9, GI 


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11 


229 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Pour toi, va annoncer le Règne de Dieu.» Un autre encore lui dit : 
«Je te suivrai, Seigneur; mais permets-moi d’abord de prendre . 
congé de ma famille !. » À celui-là Jésus répondit : « Quiconque en 
posant la main sur la charrue regarde en arrière, n’est pas propre 
au Royaume de Dieu. » 


Le Seigneur, après cela, désigna encore ? soixante et dix autres 
disciples, et il leur donna mission de le précéder deux par deux 
dans toute ville, dans tout endroit où lui-même devait aller. I leur 
disait : «La moisson est grande et les ouvriers en petit nombre; 
priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa 
MOISSON. » 

«Allez; voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu 
de loups. » 

«N’emportez ni bourse, ni sac, ni chaussures, et en chemin ne . 
saluez personne *. Dans toute maison où vous entrerez que votre 
première parole soit: «Paix à cette maison!» Et s’il s’y trouve 
quelque enfant de paix #, sur lui reposera votre paix; sinon elle 
reviendra à vous. Demeurez dans cette maison-là, mangeant et 
buvant ce qui s’y trouvera, car l’ouvrier est digne de son salaire. » 

«Ne pérégrinez pas de maison en maison.» 

«Dans toute ville où vous entrerez, et où l’on vous recevra, 
mangez ce qui vous sera offert; guérissez les malades qui sont 
dans la ville, et dites-leur : «Le Règne de Dieu s’est approché de 
vous.» Dans toute ville où vous entrerez et où l’on ne vous recevra 
pas, sortez sur les places publiques et dites : « La poussière même 
de votre ville qui s’est attachée à nos pieds, nous la secouons pour 
vous la rendre$; sachez cependant ceci: «Le Règne de Dieu « 


1 On peut traduire aussi : permels-moi d’abord de régler les affaires de ma 
maison. 

? Un des plus anciens manuscrits omet encore. 

5 C'est-à-dire ne vous attardez pas à faire des salutations aux uns et aux autres. 
Les salutations en Orient étaient longues, compliquées et fastidieuses. 

1 Littéralement : fils de paix, c’est-à-dire quelqu'un qui soit digne de votre 
salut de paix. Voir Matth. 10, 12. 

Ὁ C'est-à-dire votre salut de paix, votre bénédiction. 

Ὁ Ces mots lu rendre sont sous-entendus dans le texte. 


ÉVANGILE SELONÏSAINT LUC 293 


approche!» Je vous déclare qu’en ce jour-là il y aura moins de 
rigueur pour Sodome que pour cette ville-là. Malheur à toi Cho- 
razein, malheur à toi Bethsaïda?, car, si les miracles faits au 
milieu de vous l'avaient été dans Tyr et dans Sidon?, elles se 
seraient depuis longtemps repenties® en se revêtant d'un sac οἱ 
assises dans la cendre. Aussi y aura-t-il au jugement moins de 
rigueur pour Tyr et pour Sidon que pour vous. Et toi, Capharnaüm, 
crois-tu que tu seras élevée jusqu'au ciel? Tu seras abaissée 
jusqu’à la Demeure-des-morts #. » 

«Qui vous écoute, m'écoute; qui vous méprise, me méprise; or 
qui me méprise, méprise Celui qui m’a envoyé. » 


Les soixante-dix revinrent pleins de joie; ils disaient: « Seigneur, 
les démons mêmes se soumettent à nous en ton nom.» Il leur 
répondit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair ! Oui, 
je vous ai donné la puissance de fouler aux pieds et des serpents 
et des scorpions et toutes les forces de l’Ennemiÿ, et aucun mal ne 
vous arrivera. Toutefois ne vous réjouissez pas de ce que les 
Esprits vous sont soumis; réjouissez-vous de ce que vos noms 
sont écrits dans les cieux ! » 

En ce moment même, :1l dit dans un transport de joie venu de 
V'Esprit saint : «Je te bénis, ὁ Père, ὁ Seigneur du ciel et de la 
terre, de ce que tu as caché ces choses à des sagesé et à des 
savants, et de ce que tu les as révélées à de petits enfants. Oui, 
Père, je te bénis de ce que tel ἃ été ton bon piaisir7. Tout 8. m'a 
été confié par mon Père, et personne ne sait qui est le Fils excepté 
le Père, et qui est le Père excepté le Fils et celui à qui il plait au 
Fils de le révéler. » 


1 En ce jour-là, au jour du jugement. Voy. Matth. 10, 15 et 11, 22. 

2 Voir note sur Matth. 11, 21. 

3 Ou: convertics. 

4 La Demeure-des-morts. Voir note sur Matth. 11, 23. 

5 L'Ennemi par excellence, le diable. 

5 Sages. Voir note sur Matth. 11, 25. 

7 On peut traduire aussi : 11 en est ainsi, parce que tel a été ton bon plaisir. 

$ Avant le mot fout, quelques anciens manuscrits ajoutent : Et s'étant tourné 
vers les disciples, il dit : 


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[2] 
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9294 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Puis, se tournant vers les disciples, il leur dit en particulier : 
«Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez! Je vous déclare, 
en effet, que nombre de prophètes et de rois ont voulu voir ce 
que vous, vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous 
entendez, et ne l'ont pas entendu. » 


Voulant le mettre à l'épreuve, un légiste se leva et lui dit: 
«Maitre, que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle? » — «Qu'y 
a-t-il décrit dans la Loi? lui demanda Jésus; qu'est-ce que tu y 
lis? «Le légiste lui fit cette réponse : « Tu aimeras le Seigneur ton 
Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de toute 
ta pensée et ton prochain comme toi-méme!.» — « Parfaitement 
répondu!» dit Jésus; «fais cela et tu vivras.» Mais le légiste, 
voulant se justifier lui-même, dit à Jésus: «Qui donc est «mon 
prochain?» ; Jésus reprit alors : 

« Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho; il tomba entre 
les mains de brigands qui le dépouillèrent et partirent, le laissant 
couvert de blessures et à moitié mort. Or un prètre descendait, 
par hasard, par la même route; il vit l’homme, et il passa outre. Un 
Lévite fit de même; arrivé à l'endroit, il vit, et il passa outre. Mais 
un certain Samarilain, qui était en voyage, arriva près de l’homme 
et fut, en le voyant, touché de compassion ?; il s’approcha de lui, 
il banda ses plaies après y avoir versé de l'huile et du vin, puis 
il le plaça sur sa propre monture, l’amena dans une hôtellerie, et 
lui donna des soins. Le lendemain, il tira deux deniers 4, les 
remit à l’hôtelier et lui dit: «Tu prendras soin de cet homme; et 
ce que tu dépenseras de plus, moi-même, à mon retour, je te le 
rembourserai.» Lequel de ces trois te paraît avoir été le prochain 
de celui qui était tombé entre les mains des brigands ὃ.» — «C’est 
celui qui ἃ été compatissant envers lui», répondit le Légiste. 
Jésus lui dit alors: «Va et agis de même, toi aussi. » 


1 Deut. 6, 5 et Lévit. 19, 18. 

2 Voir note sur Matth. 9, 80. 

3 Il tira de sa bourse ou de sa ceinture. 

4 Deux deniers, 1 fr. 80 ο, de notre monnaïe, 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 9295 


Dans un village où Jésus entra pendant qu'ils étaient en route, ce 
fut une femme nommée Marthe qui le reçut dans sa maison. Elle 
avait une sœur appelée Marie, qui, assise aux pieds du Seigneur, 
écoutait sa parole. Marthe cependant était absorbée par toutes sortes 
de soins; elle s'arrêta pour dire : «Seigneur, n’as-tu aucun souci 
de ce que ma sœur m'a laissée servir toute seule? dis-lui donc de 
m'aider.» Mais le Seigneur! lui fit cette réponse: «Marthe, 
Marthe, tu t’inquiètes, tu te troubles pour une multitude de choses; 
une seule chose est nécessaire?, Marie ἃ choisi la bonne part qui 
ne lui sera point ôtée. » 


Quelque part, un jour. Jésus était en prière. Quand il eut fini, 
l’un de ses disciples lui dit : « Seigneur, enseigne-nous à prier, de 
même que Jean l’a enseigné à ses disciples.» Il leur répondit : 
«Quand vous priez, dites : 

«Père, que ton nom soit sanctifié! » 

« Que ton Règne vienne ὁ!» 

« Donne-nous chaque jour notre pain quotidien“ ! » 

«Et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes nous faisons 
remise à quiconque nous doit. » 

« Et ne nous induis pas en tentation ὅ.» 

Il leur dit encore : « Je suppose que l’un de vous ait un ami et 
qu’au milieu de la nuit il aille le trouver pour lui dire: «Ami, 
prête-moi trois pains δ, car voilà un de mes amis qui m'arrive de 
voyage, et je n’ai rien à lui offrir. » De l’intérieur, l’autre lui répond : 
«Ne m'importune pas, ma porte est déjà fermée, mes enfants sont 
couchés comme moi; je ne puis me lever pour te donner quoi que 


1 Au lieu de : Le Seigneur, quelques anciens manuscrits lisent : Jésus. 

2 Plusieurs anciens manuscrits et de très anciennes autorités, au lieu de: 
une seule chose est nécessaire, lisent : 11 n’est besoin que de peu de choses, ou 
plutôt d'une seule. 

3 Ou : que ton Royaume arrive ! Voir note sur Matth. 6, 10 et 16, 28 et sur 
Jean 18, 36. 

# Quotidien. Voir note sur Matth. 6, 11. d 

5 On peut traduire aussi: Épargne-nous l'épreuve. Voir note sur Épitre de 
Jacques 1, 13. 

$ Trois pains. Voir note sur Matth. 14, 17. 


38, 10 


FE, 8 


12 
13 


16 


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18 


_296 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ce soit.» Eh bien, je vous le déclare, — quand même il ne se 
lèverait ni ne lui donnerait rien en tant qu'ami, — il se lèvera du 
moins à cause de son insistance importune, et lui donnera ce dont 
il a besoin. Et moi aussi je vous dis : « Demandez et il vous sera 
donné; cherchez et vous trouverez; frappez et 1l vous sera ouvert; 
car quiconque demande reçoit; et qui cherche trouve; et à celui qui 
frappe on ouvrira.» Est-il un père parmi vous, quand son fils lui 
demandera du pain, qui lui donnera une pierre! ou du poisson 
et qui, au lieu de poisson, lui donnera un serpent ! Quand son fils 
lui demandera un œuf, lui donnera-t-il un scorpion! Si donc, tout 
mauvais que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos 
enfants, combien plus votre Père, qui donne du ciel, donnera-t-il 
l'Esprit saint à ceux qui le lui demandent! » 


Un jour il chassait un démon, un démon muet. Il arriva que 
le démon étant sorti, l’homme muet parla; et les multitudes 
étaient dans l'admiration. Cependant quelques-uns des assistants 
dirent : «C’est par Béelzeboul?, le prince des démons, qu’il chasse 
les démons. » | 

D’autres, pour le mettre à l’épreuve, lui demandèrent un signe ὃ 
qui vint du ciel. 

Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit: «Tout royaume 
divisé contre lui-même 4 tombe en ruines, et ses maisons s’écroulent 
l’une sur l’autre. Si donc Satan est divisé contre lui-même f, 
comment son royaume subsistera-t-il? Vous dites que c'est par 
Beelzéboul que je chasse les démons : mais si, moi, je chasse les 
démons par Beelzeboul, par qui vos fils les chassent-ils? C'est 
pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges! Si, au contraire, c'est 
par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le Royaume de 
Dieu est donc venu jusqu'à vous. » 


1 Un des plus anciens manuscrits et quelques anciennes autorités omettent 
du pain, qui lui donnera une pierre ! ou, et lisent: quand son fils lui deman- 
dera du poisson qui, au lieu de, etc. 

2 Béelzeboul. Voir note sur Marc 8, 32. 

3 Ou : un miracle. 

4 Grec : divisé en lui-même. 

Vos fils, c’est-à-dire ceux de votre parti. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 997 


«Lorsque le guerrier, armes en main, garde l'entrée de sa de- 
meure, ce qu'il possède est en sûreté. Mais s’il survient un guerrier, 
supérieur en forces, qui le terrasse, il lui arrache cette armure 
dans laquelle il se confiait, et il jette çà et là ses dépouilles. » 


«Qui n’est point avec moi est contre mot, et qui n’amasse point 
avec moi, disperse. » 


Lorsque l'Esprit impur est sorti d’un homme, 1] erre par des 
lieux arides, cherchant du repos et n’en trouvant pas, il dit: «Je 
retournerai dans ma maison, d’où je suis parti. Il y revient et la 
trouve nettoyée et parée. Là-dessus il va prendre sept autres 
Esprits plus méchants que lui-même; ils y pénètrent et y de- 
meurent. Et le dernier état de cet homme devient pire que le 
premier. » 


Pendant qu'il parlait ainsi, du milieu de la foule, une femme 
éleva la voix : « Heureuses, dit-elle, les entrailles qui te portèrent, 
heureux le sein qui t’allaita!» Mais lui, 1} dit: « Heureux plutôt 
ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent!» 


Comme le peuple s’amassait en foule, il se mit à dire: «Cette 
génération est une mauvaise génération! elle demande un signe 7 
et nul signe ne lui sera donné, sinon le signe de Jonas. » 

«De même, en effet, que Jonas devint un signe pour les Nini- 
vites, de même, pour cette génération-ci, en sera-t-il du Fils de 
l'homme. Lors du jugement, la reine du Midi se levèra?, avec 
les hommes de cette génération, et les condamnera, car cette reine 
vint des extrémités de la terre pour écouter la sagesse de Salomon ; 
et voici, sous vos yeux, plus que Salomon! Lors du jugement 
les hommes de Ninive se lèveront # avec cette génération et la 
condamneront; car eux, ils se repentirent“ à la prédication de 
Jonas ; et voici, sous vos yeux, plus que Jonas!» 


1Ou: un miracle. 

2 Ou : ressuscitera. 

3 Ou : ressusciteront. 

4 Ou: ils se convertirent. 


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PSS 
ΌΘ 


298 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Personne n’allume une lampe pour la cacher ou la mettre sous 
le boisseau, mais on la met sur le pied-de-lampe, afin que ceux 
qui entrent voient la lumière. » 

«La lampe de ton corps, c’est ton œil. Quand ton œil n'a rien 
qui le trouble, ton corps entier est dans la lumière; si ton œil 
est en mauvais état, ton corps est dans les ténèbres. Veille en 
conséquence à ce que la lumière qui est en toi ne soit point 
ténèbres. Et si ton corps entier est dans la lumière, sans aucune 
partie dans les ténèbres, tout sera, pour toi, dans la lumière, 
comme lorsque rayonne sur toi la clarté d’une lampe. » ! 


Il parlait encore lorsqu'un Pharisien le pria de venir manger 
chez lui; il entra et se mit à table. Le Pharisien remarqua avec 
surprise qu'il n’avait pratiqué aucune ablution ? avant le repas. Le 
Seigneur lui dit alors : 

«Aujourd'hui, vous autres Pharisiens, vous purifiez le dehors 
de la coupe et du plat, quand le dedans intime de vous-mêmes 
est plein de rapines et d’iniquités! Insensés! est-ce que celui qui ἃ 
fait le dehors n’a pas fait aussi le dedans? Donnez plutôt en au- 
mônes le contenu des coupes et des plats”, et aussitôt tout vous 
sera pur. » 

«Mais malheur à vous, les Pharisiens, parce que vous acquittez 
la dime et de la menthe, et de la rue, et de toute espèce de 
légumes, et que vous négligez la justice et l'amour de Dieu. Ce 
qu'il fallait, c’est faire ces choses, sans omettre les autres ! » 

«Malheur à vous, les Pharisiens, parce que vous aimez, dans 
les synagogues les premiers sièges, sur les places publiques les 
salutations ! » 

«Malheur à vous, parce que vous êtes comme les sépulcres 
dissimulés aux regards, et sur lesquels on marche sans le savoir ! » 


1 Grec: déjeuner, le repas du matin. 

2 Littéralement : qu'il ne s'était pas plongé dans l’eau. Les Pharisiens rigides 
et les Esséniens prenaient, avant de manger, un bain en signe de purification. 

3 Ces mots: des coupes et des plats, sont sous-entendus dans le texte. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 229 


Là-dessus, un des légistes lui dit: « Maître, en parlant ainsi, tu 
nous fais injure à nous aussi. » Jésus reprit alors : 

«A vous aussi, les légistes, malheur! parce que vous chargez 
les hommes de fardeaux insupportables, et vous-mêmes vous ne 
touchez pas ces fardeaux du bout du doigt! » 

«Malheur à vous, parce que vous élevez des tombeaux aux 
prophètes que vos pères ont tués; donc, vous êtes témoins! et 
vous approuvez les œuvres de vos pères : eux, 1ls ont commis les 
meurtres, vous, vous élevez les tombeaux. Voilà aussi pourquoi la 
sagesse de Dieu ἃ dit: Je leur enverrai prophètes et apôtres; les 
uns ils les tueront, les autres ils les persécuteront, afin qu’à cette 
génération il soit demandé compte du sang de tous les prophètes, 
répandu depuis la création du monde, à partir du sang d’Abel 
jusqu’au sang de Zaccharie égorgé entre l'autel et le sanctuaire; 
oui, je vous le déclare, c’est à cette génération qu'il en sera de- 
mandé compte. Malheur à vous, les légistes, parce que vous avez 
pris la clef de la science! Vous-mêmes vous n'êtes pas entrés, et 
ceux qui venaient pour entrer, vous les en avez empêchés! » 

Quand il fut sorti de là, les Scribes et les Pharisiens entreprirent 
de le harceler de toutes leurs forces, de le faire parler sur toutes 
sortes de sujets, en lui tendant des pièges et en cherchant à sur- 
prendre quelqu'une de ses paroles. 


Il se rassembla, cependant, une si énorme quantité de monde 
qu'on se foulait les uns les autres. Il se mit alors à dire à ses 
disciples : « Avant tout gardez-vous ? du levain des Pharisiens qui 
est l'hypocrisie, 1] n’y ἃ rien de caché qui ne doive être révélé, ni 
de secret qui ne doive être conau. Aussi, tout ce que vous aurez 
dit dans les ténèbres sera répété 1 dans la lumière, et ce que vous 


1 C'est-à-dire vous remplissez le rôle de témoins des crimes de vos pères. 

3 On peut traduire aussi, d’après une autre ponctuation: Il se mit alors à 
dire avant tout à ses disciples: Gardez-vous du levain... etc. 

3 On peut traduire aussi : En retour, tout ce que vous aurez dit. Le verset 2 
s’appliquerait alors uniquement à l'hypocrisie des Pharisiens. Elle sera dévoilée, 
mais en retour, vous, mes amis, dont la voix ne retentit encore que dans des 
cercles obscurs, sachez que vos paroles seront bientôt partout répétées. 

Ὁ Littéralement : sera entendu. 


45, 11 


46 


125 où 


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© 


10 


11 


12 


16 


230 LE NOUVEAU TESTAMENT 


aurez dit à l'oreille en chambres closes sera prêché sur les toits 1.» 

QEt alors je vous dis ceci, à vous, mes amis : «Ne craignez pas 
ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire 
de plus. Je vais vous dire qui vous devez craindre : Vous devez 
cramdre celui qui, après avoir envoyé la mort, a le pouvoir de 
jeter dans la Géhenne ?; oui, je vous le déclare, c’est celui-là que 
vous devez craindre. » 

«Cinq passereaux ne se vendent-ils pas deux as3? Et il n’en 
est pas un seul qui soit oublié devant Dieu! Jusqu’aux cheveux 
de votre tête, tous ils sont comptés! Ne craignez point; vous, 
êtes de plus de valeur que bien des passereaux. » 

«Quiconque, je vous le déclare, me confessera # devant les 
hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges 
de Dieu. Qui m'aura renié devant les hommes, sera renié devant 
les anges de Dieu. À quiconque prononcera un mot contre le Fils 
de l’homme, 1] sera pardonné; mais à celui qui blasphémera contre 
le Saint-Esprit, il ne sera pas pardonné. » 

«Quand on vous traînera dans les synagogues, devant les 
magistrats, devant les autorités, ne vous inquiétez nullement ni 
de ce que vous direz pour votre défense ni comment vous parlerez. 
Car le saint Esprit vous enseignera, à l’heure même, ce qu'il faudra 
que vous disiez. » | 


«Maître, lui dit quelqu'un de la foule, dis à mon frère de par- 
tager avec moi notre héritage, » Il lui répondit : « Qui m'a constitué 
Juge entre vous, ou faiseur de partages?» Puis il s’'adressa aux 
autres : «Soyez bien attentifs à vous garder de toute avarice 5, 
car, en quelque abondance qu'on soit, la vie ne dépend pas de ce 
qu'on possède. » 

Puis il leur raconta une parabole : «Le champ d’un homme 


1 C'est-à-dire du haut des toits plats en forme de terrasse et peu élevés au- 
dessus du sol. Voir Matth. 10, 27. 


? La Géhenne. Voir note sur Matth. 5, 22. 
3 As. Voir note sur Matth. 10, 29. 
4 C’est-à-dire se déclarera pour moi. 


? Ou: cupidité, rapacité. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 231 


riche avait beaucoup rapporté; et 1] songeait en lui-même : Que 
ferai-je? car je n’ai pas où serrer ma récolte. Ce que je ferai, 
dit-il, le voici: J’abattrai mes greniers; j'en construirai de plus 
grands; et j'y ramasserai tous mes produits et tous mes biens. 1» 
Et puis je dirai à mon âme : «Mon âme, tu as là en réserve beau- 
coup de biens, pour beaucoup d'années; repose-toi, mange, bois 
et te réjouis!» Mais Dieu lui dit: « Insensé! c’est cette nuit-ci 
que ton âme te sera redemandée. Et ce que tu t'es préparé, à qui 
sera-t-il? Ainsi en sera-t-il de celui qui thésaurise pour lui-même 
et qui n’est pas riche pour Dieu 3.» 

«Voila pourquoi, ajouta-t-il, s'adressant à ses disciples, je 
vous dis de ne pas vous inquiéter : — pour votre vie de ce que 
vous mangerez, — pour votre corps de quoi vous vous vêtirez. 
La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vête- 
ment. Observez les corbeaux; ils ne sèment, ni ne moissonnent ; 
ils n’ont ni cellier, ni grenier; et Dieu les nourrit. Combien 
ne valez-vous pas plus que les oiseaux? Qui de vous peut, par 
toutes ses préoccupations, ajouter une coudée à la durée de sa 
vie? Si donc vous ne pouvez même les moindres choses, pourquoi 
vous inquiéter des autres. Observez comment croissent les lis; ils 
ne travaillent ni ne filent#. Cependant, je vous le déclare, Salomon 
lui-même dans toute sa gloire n’était pas vêtu comme l’un d’eux. 
Si donc, dans un champ, l'herbe qui existe aujourd’hui et qui 
demain sera jetée au four, Dieu la revêt de la sorte, combien 
plutôt vous-mêmes, gens de petite foi ! » 

«Ne vous préoccupez donc pas de ce que vous aurez à manger, 
ou de ce que vous aurez à boire, et ne vous en tourmentez pas 
l'esprit. Oui, tout cela les paiens du monde s’en enquièrent; 


1 Quelques anciens manuscrits et quelques anciennes autorités, a lieu de: 
tous mes produits et tous mes biens, lisent : fout mon blé et tous mes biens. 

? Ou : Par rapport à Dieu, c’est-à-dire qui ne s’amasse pas un trésor auprès 
de Dieu, en employant pour Dieu ses richesses. 

5 Voir note sur Matth. 6, 27. 

4 Quelques anciennes autorités lisent: observez les lis; comment ils ne 
filent ni ne tissent. 

? Le mot que nous traduisons par : ne vous en tourmentez pas l'esprit, a un 


17, 12 
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t2 
[Be] 


29 


90 


939 LE NOUVEAU TESTAMENT 


12,31 mais, vous, votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez 
seulement son Royaume et ces choses vous seront données par 
surcroît. » 

32 «Ne crains point, petit troupeau; car il a plu à votre Père de 

33 vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et le 
donnez en aumônes. Faites-vous des bourses inusables ; faites-vous 
un trésor qui ne vous fasse point défaut dans les cieux, dont le 

34 voleur n’approche pas, que le ver ne détruise pas. Car là où est 
votre trésor, là sera aussi votre cœur. » 


3 36 «Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées 1. Que vous 
soyez semblables à des hommes qui attendent leur maître reve- 
nant du festin de noce, afin de lui ouvrir aussitôt qu'il arrivera et 

37 dès qu'il frappera. Heureux ces serviteurs ? que le maïtre, en arri- 
vant, trouvera veillant de la sorte; je vous le dis en vérité, c’est 
lui qui se ceindra, qui les fera asseoir à table ὅ et qui, passant de 

38 l’un à l’autre, se mettra à les servir. Qu'il rentre à la seconde 
veille“, qu'il rentre à la troisième, heureux seront ces serviteurs, 
s’il les trouve veillant ainsi! » 

39 « Sachez ceci : Si le maître de la maison savait à quelle heure 
doit venir le voleur, 11 veillerait et ne laisserait pas * forcer ὃ sa 

40 maison. Vous aussi, soyez prêts, parce que c'est à une heure où 

41 vous n'y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Pierre lui 
demanda : «Est-ce pour nous, Seigneur, que tu dis cette parabole 

42 ou également pour tout le monde?» Le Seigneur lui répondit : 


sens indéterminé. 1] signifie probablement : ne soyez pas toujours flottants 
entre l'espoir et la crainte. 

1 C’est-à-dire relevez les plis de vos robes flottantes, serrez-les autour de vos 
ceintures ; ayez aussi une lumière à la main comme le voyageur qui ἃ une 
longue marche à faire et des ténèbres à traverser. 

2 Grec: esclaves. 

3 Littéralement : coucher à table, suivant le mode usité chez les anciens. 

4 Voir sur le mot veille, note sur Marc 13, 35. 

5 Quelques anciens manuscrits omettent il veillerait et lisent: 1] ne laisserait 
pus. 
6 Grec : percer sa maison. Les voleurs, pour forcer une maison, perçaient 
les murs très minces et faits d'argile séchée des pauvres habitations des gens 
de la campagne. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 233 


« Quel est l’administrateur fidèle et prudent que le maître établira 
sur ses domestiques pour donner à chacun, au moment voulu, sa 
mesure de froment? C’est celui que le maître, à son arrivée, trou- 
vera agissant ainsi; heureux ce serviteur !! En vérité, je vous le 
dis, le maître l’établira sur tous ses biens. Mais si ce serviteur ! 
dit en son cœur : «Mon maître tarde à venir», et qu’il se mette à 
battre valets et servantes, à manger et à boire, et à s’enivrer, son 
maître surviendra au jour où ce serviteur ! ne s’y attend pas et à 
une heure qu'il ignore et il le déchirera à coups de verge ?, et lui 
donnera le même lot qu'aux infidèles. Ce serviteur qui connais- 
sait la volonté de son maître et n’a rien préparé ni agi selon sa 
volonté, recevra plusieurs coups. Quant à celui qui n’a pas connu 
cette volonté et a fait des choses qui méritent des coups, il en 
recevra peu. À quiconque beaucoup a été donné, beaucoup sera 
demandé; et de celui à qui on a beaucoup confié, il sera exigé 
davantage.» 


« Je suis venu mettre le feu sur la terre! Ah! que je voudrais 
qu'il fût déjà allumé! Il est un baptême dont je dois être baptisé, 
et dans quelle angoisse je suis jusqu'à ce qu'il soit accompli! 
Croyez-vous que je sois venu donner la paix à la terre? Non, vous 
dis-je, c'est la division. Car, désormais, cinq personnes étant dans 
une maison, elles seront partagées : trois contre deux et deux 
contre trois. Seront divisés : un père contre son fils et un fils 
contre son père ; une mère contre sa fille et une fille contre sa 
mère ; une belle-mère contre sa belle-fille et une belle-fille contre 
sa belle-mère.» 


1 Grec : esclave. ὃ 

5 Il le déchirera à coups de verge; littéralement : 11 le coupera en deux. Ce 
mot désigne un supplice qui était usité chez les anciens (Égyptiens, Grecs, Ro- 
mains, etc). Voir aussi 2 Samuel 12, 31; 1 Chron. 20, 3; Hébreux 11, 37. 
Mais d’après le verset suivant, où il est question du lot que doit recevoir le ser- 
viteur, on ne saurait entendre par ce mot, dans ce passage du moins, un supplice 
entraînant la mort. Qu'il s’agisse au contraire de coups à recevoir, cela est clai- 
rement indiqué par le verset 47. 

$ Littéralement : Je suis venu jeter un feu sur la terre. Quant à la seconde 
partie de la phrase, on peut la traduire aussi: Qu'est-ce que je veux puisqu'il 
est déjà allumé? 


AG 


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13, 1 


[Re] 


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934 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ΠῚ disait aussi aux multitudes : «Lorsque vous voyez, au cou- 
chant, un nuage apparaître, vous dites aussitôt: la pluie arrive, 
et elle arrive en effet. Lorsque c’est le vent du midi qui souffle, 
vous dites : il fera chaud; et il en est ainsi. Hypocrites!, vous 
savez apprécier l’aspect de la terre et du ciel, comment ne savez- 
vous pas apprécier aussi? le temps où vous êtes, et pourquoi ne 
jugez-vous pas aussi par vous-mêmes de ce qui est juste ? » 


«Pendant que tu vas devant un magistrat avec ton adversaire, 
tâche, en chemin, de sortir d'affaire avec lui, de peur qu'il ne te 
traine devant le juge, et que le juge ne te livre au réclamateur ?, et 
que le réclamateur ne te Jette en prison. Tu n'en sortiras pas, je 
te le déclare, que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole 4. » 


Vers cette même époque, quelques-uns vinrent lui raconter ce 
qui s'était passé au sujet des Galiléens dont Pilate avait mêlé le 
sang à celui de leurs sacrifices. Voici ce qu'il leur répondit: 
«Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs 
que tous leurs compatriotes, parce qu'il leur est arrivé ce malheur? 
Non, je vous le déclare; mais si vous ne vous repentez pas”, 
vous périrez tous semblablement. Comme ces dix-huit personnes 
sur qui s’écroula la tour près du Siloam6, et qui furent tuées, 
croyez-vous que leur dette dépassât celle de tous les autres habitants 
de Jérusalem? non, je vous le déclare, mais si vous ne vous re- 
pentez pas”, vous périrez tous pareillement. » 


Il leur raconta cette parabole : « Un homme avait un figüer 


1 Voir note sur Matth. 6, 2. 

? Plusieurs anciens manuscrits lisent: Comment n’appréciez-vous pas aussi. 

3 Le Réclamateur. Nous traduisons littéralement le mot gree, qui signifie : 
celui qui réclame , qui perçoit. Ce mot désignait le personnage chargé par Île 
juge de réclamer aux débiteurs l'argent qu’ils devaient et de jeter en prison les 
débiteurs insolvables. (Voir le passage parallèle Matth, 5, 25.) 

# Grec: jusqu'au dernier lèpte. Le lèpte valait un peu moins de la moitié 
d’un centime de notre monnaie actuelle. 1 

5 Ou: Si vous ne vous convertissez pas. 

6 C'est-à-dire prés du réservoir de Siloam. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 235 


planté dans sa vigne!; il vint y chercher du fruit, mais n’en 
trouva point. « Voilà trois ans, dit-il alors au vigneron, que je 
viens chercher du fruit sur ce figuier, et que je n’en trouve point; 
coupe-le; pourquoi épuise-t-il la terre inutilement? » — «Seigneur, 
lui répondit le vigneron, laisse-le encore cette année ; je bêcherai 
tout autour, je mettrai du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit 
dans l’avenir ; sinon, tu le couperas. » 


Un jour de sabbat, il enseignait dans une des synagogues. Une 
femme était là, possédée d’un Esprit qui la tenait infirme ? depuis 
dix-huit ans. Elle était toute courbée, et ne pouvait absolument pas 
se redresser. Quand Jésus la vit, il l’appela et lui dit : « Femme, 
tu es délivrée de ton infirmité», et il lui imposa les mains. Immé- 
diatement elle redevint droite. 

Cette femme rendait gloire à Dieu, lorsque le chef de la syna- 
gogue se mit à parler avec indignation de ce que Jésus guérissait 
pendant le sabbat. «Il y ἃ six jours pendant lesquels on doit tra- 
vailler, disait-il à la foule : Venez, ces jours-là, vous faire guérir ; 
mais le jour du sabbat, non point.» — « Hypocrites ὁ, dit le Seigneur 
en lui répondant, est-ce que chacun de vous, le jour du sabbat, 
ne détache pas du râtelier son bœuf ou son âne pour les mener 

boire? Et cette femme, qui est une fille d'Abraham, que, depuis 
dix-huit années, Satan tenait garrottée, ne fallait-1l pas, le jour du 
sabbat, la délivrer de sa chaîne?» Ces paroles couvrirent de 
confusion tous ses adversaires. Quant à la foule, elle était dans 
la joie de toutes les choses glorieuses qu'il accomplissait. 


Alors il disait: «A quoi est semblable le Royaume de Dieu, et 
à quoi le comparerai-je ? Il est semblable à un grain de sénevé ὁ 


1 On appelait vigne chez les Juifs un verger où croissaient, avec la vigne, toute 
sorte d'arbres fruitiers. Le vigneron ne prenait pas seulement soin de la vigne, 
mais de tout le verger. 


? Littéralement : ayant un Esprit d'infirmité. 
3 Voir note sur Matth. 6, 2. 
4 De sénevé ou: de moutarde. 


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1 


936 LE NOUVEAU TESTAMENT 


qu'un homme ἃ pris et ἃ jeté dans son jardin; il ἃ crû, il est 
devenu un arbre et les oiseaux du ciel ont fait leurs nids dans ses 
branches. » 


13,20 A Il dit encore: «A quoi comparerai-je le Royaume de Dieu ? Il est 
semblable à du levain qu’une femme prend, et qu’elle cache dans 
trois mesures de farine, jusqu'à ce que le levain ait partout 
pénétré. » 


52 Il traversait villes et villages en enseignant, et s’avançait vers 
Jérusalem. 
93 Quelqu'un lui dit: «Seigneur, sera-ce un petit nombre seule- 


2% ment qui sera sauvé?» Il répondit à lui et aux autres : «Efforcez- 
vous d'entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le 

25 déclare, chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Quand le 
maître de maison se sera levé et aura fermé la porte, quand vous, 
restés dehors !, vous vous mettrez à frapper et à dire : «Seigneur, 
ouvre-nous», quand il vous répondra: «Je ne sais d'où vous 

og êtes», alors vous vous mettrez à dire: «Nous avons mangé et bu 
devant toi, et c'est sur nos places publiques que tu as enseigné. » 

27 Et il dira: «Je vous déclare que je ne sais d’où vous êtes : 

«Éloignez-vous de moi, vous tous, ouvriers d’iniquité?. » 

98 «C’est là que seront les pleurs et le grincement des dents, alors 
que vous verrez dans le Royaume de Dieu et Abraham, et Isaac, 
et Jacob, et tous les prophètes, et que, vous-mêmes, vous vous 

99 verrez chassés dehors. De l'Orient, de l'Occident, du Nord, du 
Midi, on viendra et on se mettra à table dans le Royaume de Dieu. 

30 Et il se trouvera des derniers qui seront premiers, et il se trouvera 
des premiers qui seront derniers. » 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : car beaucoup, je vous le 
déclare, chercheront à entrer, et ils n'y parviendront pas quand le maître de la 
maison sera levé et aura fermé la porte. Alors vous, restés dehors, vous vous 
mettrez à frapper et à dire: Seigneur, ouvre-nous, et il vous répondra, ete. 

2 Psaume 6, 9. 


« 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 237 


À ce moment-là ! quelques Pharisiens vinrent lui dire : « Éloigne- 
toi, pars d'ici, Hérode veut te mettre à mort. » Il leur répondit: 
« Allez dire à ce renard, qu'aujourd'hui et demain je chasserai des 
démons et guérirai des malades, et que le troisième jour tout pour 
moi se terminera. Mais il faut qu'aujourd'hui, demain et le jour 
suivant je sois en marche, car il n’est pas admissible qu’un pro- 
phète périsse hors de Jérusalem. » 

«Jérusalem! Jérusalem! qui tues les prophètes et qui lapides 
ceux qui te sont envoyés ?, combien de fois ai-je voulu rassembler 
tes enfants comme la poule ὃ rassemble sa couvée sous ses ailes, et 
tu ne l’as pas voulu“! Eh bien, votre demeure vous est laissée ὃ! 
Je vous déclare que vous ne me verrez pas jusqu’à ce qu’il arrive 
que vous disiez 6 : 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur 7! » 


Jésus était entré dans la maison d’un des principaux Pharisiens 
pour y prendre un repas; c'était un jour de sabbat. Aussi chacun 
l'observait-il, car il y avait là, devant lui, un homme hydropique. 
Jésus s’adressa aux légistes et aux Pharisiens. « Est-il permis, oui 


ou non, de guérir le jour du sabbat?» leur demanda-t-il. Ils gar- 
. dèrent le silence. Alors il toucha de la main l'hydropique, le guérit 


et le congédia. Puis, s'adressant toujours à eux, 11 dit : « Lequel 
d’entre vous, si son fils ou son bœuf vient à tomber dans un puits” 


1 Littéralement : À celte heure-là. Plusieurs anciens manuscrits lisent: Ce 
jour-là. 

2 Grec: qui lui sont envoyés. 

5 La poule, ou: l’oiseau. 

4 Grec : et vous ne l'avez pas voulu. 

5 C'est-à-dire : Elle est désormais remise à votre garde, Cest à vous seuls à 
la défendre, puisque vous n’avez pas voulu de moi; vous êtes abandonnés à vous- 
mêmes. 

ὁ Plusieurs anciens manuscrits omettent qu’il arrive et lisent jusqu’à ce 
que vous disiez. 

7 Psaume 118, 26. 

8. Plusieurs anciens manuscrits omettent s'adressant et lisent: Puis 11 leur dit. 

° Les puits peu profonds que l’on creusait pour l’arrosement des champs et 
dont le bord était à fleur de terre. 


31, 


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14, 6 


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938 LE NOUVEAU TESTAMENT 


un jour de sabbat, ne l’en retire aussitôt?» A cela 1ls ne surent 
que répondre. 


Ayant remarqué que les convives choisissaient les premières 
places !, 1l leur raconta une parabole : «Quand tu seras invité par 
quelqu'un à des noces, dit-1l, ne va pas t’installer à la première 
place?, de peur qu’un personnage plus considérable que toi, se 
trouvant parmi les invités, celui qui vous a conviés l’un et l’autre 
ne vienne te dire : « Donne-lui ta place» et que tu n’aies alors la 
confusion d'aller occuper la dernière place. Tout au contraire, 
quand tu seras invité, va te mettre à la dernière place, et alors, 
quand arrivera celui qui t'a invité, il te dira : « Mon ami, monte 
plus haut. » Ce sera pour toi un honneur devant tous les convives; 
car quiconque s'élève lui-même sera abaissé, et quiconque s’abaisse 
lui-même sera élevé. » 

Il disait aussi à son hôte : «Quand tu donnes à déjeuner ou à 
diner, ne convoque ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes 
riches voisins, de crainte qu'ils ne {invitent à leur tour et ne te 
rendent ce qu'ils auront reçu de toi. Tout au contraire, quand tu fais 
un festin, appelles-y des pauvres, des infirmes, des estropiés, des 
aveugles. Heureux seras-tu, parce qu'ils n’ont pas de quoi te 
rendre ce festin ; et il te sera rendu à la résurrection des justes. » 

À ces mots, un des convives lui dit : « Heureux qui sera du 
banquet dans le Royaume de Dieu! » — « Un homme, lui dit Jésus, 
donna un grand diner, et y convia beaucoup de monde. A l'heure 
du repas, il envoya son serviteur à dire aux invités: « Venez, parce 
que tout est prêt.» Mais tous, comme de concert, commencèrent à 
s’excuser, «J'ai acheté un champ, dit le premier, il est de toute 
nécessité que j'aille le voir. Je t’en prie, tiens-moi pour excusé. » 
— «J'ai acheté cinq paires de bœufs, dit un autre, et je vais les 
essayer. Je t’en prie, tiens-moi pour excusé. » — « J'ai pris femme, 
dit un autre encore, donc je ne puis venir. » 


1 Littéralement : les premiers lits (les lits usités aux repas), 
? Littéralement : l’étendre sur le premier lit, 
ὃ Grec : esclave. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 939 


Le serviteur ! revint et raconta cela à son maitre. Se mettant 
en colère, le maître de maison dit alors à son serviteur 1: « Par- 
cours à la hâte les places publiques et les rues de la ville, et amène 
ici les pauvres, les infirmes, les aveugles, les estropiés. » 

Quand le serviteur 1 lui dit: « Seigneur, on ἃ fait ce que tu as 
ordonné », et il y a encore de la place, le maître lui répondit : « Va 
dans les chemins et le iong des haies et contrains les gens d'entrer, 
afin que ma maison soit pleme. Je vous le déclare, en effet, 
aucun de ces hommes qui étaient «les invités» ne prendra part à 
mon festin. » 


Il était suivi de foules immenses ; il se tourna vers elles et leur 
dit : «Si quelqu'un vient à moi et ne haït pas et son père et sa mère, 
et sa femme et ses enfans, et ses frères et ses sœurs, plus encore : 
sa propre vie, 1l ne peut être mon disciple. » 

«Celui qui ne porte pas sa croix, et ne marche pas à ma suite, 
ne peut être mon disciple. » 

«Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne 
réfléchisse d’abord, ne calcule la dépense, ne voie s’il a de quoi 
l'achever? Il craindrait, après avoir jeté les fondements, de ne 
pouvoir achever. Tous ceux qui verraient cela se moqueraient de 
lui. «Le voilà, diraient-ils, l’homme qui a commencé à bâtir et qui 
a été dans l'impossibilité d'achever ! » 

«Quel est encore le roi, sur le point de faire la guerre à un 
autre roi, qui ne réfléchisse d’abord, qui n'examine s'il est ca- 
pable, avec dix mille hommes, de marcher à la rencontre de celui 
qui s’avance sur lui avec vingt mille? S'il en est incapable, alors 
que l'ennemi est encore loin, il lui envoie une ambassade avec des 
propositions de paix. » 

«Ainsi donc?, quiconque ne renonce pas à tout ce qu'il possède 
ne peut être mon disciple. » 


1 Grec : esclave. 

2 Ainsi donc, c’est-à-dire que chacun de vous fasse de même, qu’il sache que 
pour être mon disciple il faut renoncer à tout et que, avant de s’engager à mon 
service et de me suivre, il fasse le compte de ses forces et de ses ressources, 
comme l’homme qui bâtit une tour et le roi qui commence une guerre. 


941, 14 


12 
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[io] 
(ut) 


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940 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Le sel est bon; mais si le sel s’affadit, avec quoi lui rendra-t-on 
sa saveur 1? ΠῚ n’est plus propre à rien, ni pour la terre, ni pour 
le fumier. On le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour 
entendre, entende ?. » 


Les publicains et les pécheurs ὃ s’approchaient tous de lui pour 
l'entendre. Les Pharisiens et les Scribes en murmuraient : «Get 
homme , disaient-ils, fait accueil à des pécheurs ὃ, et mange avec 
eux. » Alors il leur répondit par cette parabole : «Si l’un de vous ἃ 
cent brebis et qu’il en égare une, ne laisse-t-il pas dans le désert“ 
les quatre-vingt-dix-neuf autres, pour aller chercher celle qui s’est 
égarée, jusqu'à ce qu'il l'ait retrouvée ? Et quand il l’a retrouvée, il 
la met, tout joyeux, sur ses épaules ; et s’en allant en sa maison, 
il appelle ses amis et ses voisins et leur dit : « Réjouissez-vous avec 
moi ὅ, car j'ai retrouvé ma brebis perdue.» C'est ainsi, je vous le 
déclare, qu'il y aura de la joie dans le ciel; il Υ en aura davantage 
pour un seul pécheur repentant6 que pour quatre-vingt-dix-neuf 
justes qui n’ont pas besoin de repentance 7. » 


«Soit encore une femme qui possède dix drachmes$. Si elle en 
perd une, est-ce qu’elle n’allume pas une lampe, ne balaye pas 
la maison, ne la cherche pas soigneusement jusqu’à ce qu'elle 
l'ait retrouvée? Et quand elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies 
et ses voisines et leur dit: «Réjouissez-vous avec moi°, car j'ai 
retrouvé la drachme que j'avais perdue. » C’est ainsi, je vous le 
déclare, qu’il y a de la joie en présence des anges de Dieu ! pour 
un seul pécheur repentant 11.» 


1 On peut traduire aussi: avec quoi assaisonnera-t-0n ? 

? Ou: pour écouter, écoute. 

3 Voir, sur ces mots publicains et pécheurs, note sur Matth. 9, 10. 
lt Dans le désert, c'est-à-dire seules. 

5 Ou: félicitez-moi. 


6 Ou: se convertissant. 
7 Ou: de conversion. 
8 La drachme ou le denier valait 90 centimes, 


9 Ou : félicilez-moi. 
10 C'est-à-dire c’est un sujet de joie pour les anges de Dieu. 
1 Ou: se convertlissant. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 241 


Il dit encore : « Un homme avait deux fils; le plus jeune dit à 
son père : «Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. » 
Et le père leur partagea son bien. » 

« Peu de jours après, le plus jeune fils, rassemblant tout ce qu'il 
avait, partit pour un pays lointain, et là 1] dissipa sa fortune dans 
une vie de débauche. Il avait tout dépensé quand survint, en ce 
pays-là, une très rude famine. Il commença à être dans l’indi- 
gence, et il alla se mettre au service de l’un des habitants du 
pays, qui l’envoya dans ses champs pour paître des pourceaux. 
Là, 1] désirait avidement se rassasier! des siliques? que man- 
geaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. » 

«Rentrant alors en lui-même, il dit: «Combien de gens à gages 
ont chez mon père en abondance de quoi se nourrir, tandis que 
moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai et j'irai vers mon père 
et je lui dirai: «Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi! Je ne 
suis plus digne d’être appelé ton fils! Traite-moi comme l’un de tes 
mercenaires. » 

« Il se leva donc et retourna vers son père. » 

«Comme il était encore loin, son père le vit; il fut ému de 
compassion ὃ ; il accourut et, se laissant tomber à son cou, il le 
baisa longuement. Le fils lui dit: «Père, j’ai péché contre le ciel et 
contre toi! je ne suis plus digne d’être appelé ton fils!» Mais le 
père dit à ses serviteurs“: «Apportez vite” une robe de fête, la 
plus belle, et l’en revêtez! mettez un anneau à sa main! des 
chaussures à ses pieds! et puis amenez le veau gras et le tuez! 
faisons festin et réjouissance ! parce que mon fils que voici était 
mort, et il est revenu à la vie ! il était perdu, et il est retrouvé!» 
Ils commencèrent à se réjouir. » 

«Or le fils aîné était dans les champs ; comme il revenait et 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent: il désirait avidement se remplir le 
ventre des siliques… etc. 


2? La silique est une gousse longue et plate, fruit du caroubier et de l'arbre 
de Judée. 


3 Voir note sur Matth. 9, 36. 
4 Grec : esclaves. 
5 Plusieurs anciens manuscrits omettent vite. 


16 


41 12,15 


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949 LE NOUVEAU TESTAMENT 


approchait de la maison, il entendit de la musique et des danses ; 
il appela un des domestiques et lui demanda ce que c'était. «Ton 
frère est de retour, lui répondit celui-ci, et ton père a tué le veau 
gras, parce qu'il l’a recouvré sain et sauf.» Alors il se mit en 
colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et se mit à l'en 
prier; mais lui, répondant à son père, lui dit: «Voilà tant et tant 
d'années que je te sers; je n’ai jamais désobéi à tes ordres, et tu 
ne m'as jamais donné un chevreau pour faire fête avec mes amis ; 
et quand est revenu ton autre fils, qui a dévoré son bien avec 
des femmes de mauvaise vie, pour lui tu as tué le veau gras! » — 
«Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce 
qui est à moi est à toi; mais il fallait bien faire grande fête et 
réjouissance, parce que ton frère que voilà était mort, et il est 
revenu à la vie ! il était perdu, et il est retrouvé ! » 


Il disait aussi aux disciples : « Un homme riche avait un éco- 
nome; cet économe lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. 
Π l’appela et lui dit: « Qu'est-ce que j'entends dire de toi ἢ Rends 
compte de ton administration ; car il n’est plus possible que tu 
administres désormais. » — «Que ferai-je?» se dit en lui-même 
l'économe, «puisque mon maitre me retire la gestion de ses biens. 
Travailler la terre, je n’en ai pas la force; mendier, j'en aurais 
honte. Je vois ce que je ferai pour que, destitué de mes fonctions, 
il se trouve des gens qui me reçoivent dans leurs maisons.» Il 
convoqua l’un après l’autre chacun des débiteurs de son maitre. » 

«Αἰ premier il dit: «Combien dois-tu à mon maitre?» — 
«Cent mesures? d'huile», répondit. — «Voici ton billet, 
reprit l’économe, assieds-toi vite et écris : «cinquante ὃ». Ensuite 
il dit à un autre: «Et toi, combien dois-tu?» Celui-là répondit : 
«Cent mesures“ de froment.» «Voici ton bullet, reprit encore 
l’économe, et écris: «quatre-ving{s ». 


1 Un économe ou un intendant. 

2 Littéralement: cent baths d'huile. Le bath valait 38 litres 88 centilitres. 

3 On peut traduire aussi: assieds-toi et écris vite: «cinquante.» 

4 Grec : cent corus de froment. Le corus valait, d’après les évaluations les 
plus probables, 67 litres 20 centilitres. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 943 


«Le maitre loua l’économe infidèle de ce qu'il avait agi avec 
habileté; parce que les enfants de ce siècle sont, dans leur monde, 
plus avisés que les enfants de la lumière, Et moi, je vous dis : 
Du Mamôn de l'iniquité? faites-vous des amis qui, lorsqu'il 
viendra à manquer, vous reçoivent dans les éternels tabernacles. 
Qui est fidèle dans une très petite chose, l’est également dans une 
grande ; qui est injuste dans une très petite chose, l’est également 
dans une grande. Si donc vous n'avez pas été fidèles dans le 
Mamôn injuste #, qui vous confiera le véritable 5? Et si vous n’avez 
pas été fidèles dans le bien d’un autref, qui vous donnera ce qui 
est à vous 7 ? » 

«Aucun domestique ne peut servir deux maîtres; ou bien, 
en effet, il haïra l’un et aimera l’autre; ou bien il s’attachera 
au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez servir Dieu et 
Mamôn.» 

Les Pharisiens qui aiment l'argent entendaient tout cela et 
tournaient Jésus en dérision. « Vous, leur dit-il, vous voulez vous 
faire passer pour justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos 
cœurs. Ce qui, d’après les hommes, est élevé, est, devant Dieu, 
une abomination. » 


1 Sous-entendu : ne le sont dans le leur. 

2 C'est-à-dire avec les richesses iniques ou, plutôt, mauvaises. Mamôn , mot 
syriaque, signifie richesse. « Le Mamôn d’iniquité» ou «les richesses injustes » 
ne signifie nullement, dans la pensée du Christ, que la richesse soit mauvaise en 
soi. Ce terme « Mamôn d’iniquité » était le terme populaire et courant au premier 
siècle: chez les Juifs pour dire : les richesses, quelle que fût leur provenance et 
en quelques mains qu’elles fussent, parce que, dans ce temps-là, le bien était 
souvent mal acquis. Jésus-Christ veut donc dire simplement: employez l’argent 
que vous avez, à vous faire des amis parmi les pauvres. 

3 Cest-à-dire lorsque l’argent vous manquera. 

4 C'est-à-dire dans les richesses de ce monde. 

5 Qui vous confiera les vraies richesses, les richesses éternelles. 

5 Les richesses de ce monde ne nous appartiennent pas vraiment, elles sont à 
«un autre », c’est-à-dire à Dieu. 

7 Ce qui est ἃ vous, c’est-à-dire les richesses éternelles, parce qu’elles vous 
sont normalement destinées. Quelques anciens manuscrits et quelques anciennes 
autorités lisent : ce qui est à nous. 


8, 16 


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11 


15 


16, 16 


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18 


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27 


944 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Jusques à Jean, la Loi et les Prophètes ; depuis, l'Evangile! du 
Royaume de Dieu est annoncé et tous s’efforcent de s’en emparer. » 


«Plus facilement passeront le ciel et la terre que ne tombera un 
seul petit trait? de la Loï. » 


«Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre commet un 
adultère; et celui qui épouse une femme répudiée par son mari com- 
met un adultère. » 


QIl y avait un riche qui était vêtu de pourpre et de lin, et qui 
menait tous les jours joyeuse et splendide vie. Un pauvre nommé 
Lazare gisait à sa porte, couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu 
se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais? les chiens 
eux-mêmes venaient lécher ses ulcères. 

QOr il arriva que le pauvre mourut, et qu'il fut transporté par 
les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et fut 
enseveli. Étant dans la Demeure-des-morts#, et en proie aux 
tourments, il leva les yeux; il vit de loin Abraham et, dans son 
sein, Lazare. Alors il éleva la voix; il dit: «Père Abraham, aie 
pitié de moi; et envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son 
doigt pour rafraîchir ma langue, car je suis torturé dans ces 
flammes.» — «Mon enfant, lui répondit Abraham, souviens-toi 
que, en ta vie, tu as reçu tes biens; Lazare, dans la sienne, ἃ eu 
des maux. Ici maintenant il est consolé, et toi tu es torturé. En 
outre, un abîime immense est établi entre nous et vous, de sorte 
qu'il serait impossible à qui le voudrait soit d'aller vers vous 
de là où nous sommes, soit de venir vers nous de là où vous 
êtes.» 

QI reprit: «Père, envoie donc, je t'en supplie, Lazare dans 


1 Ou: La Bonne Nouvelle. 

2 Le mot trait désigne ici les petits signes ou crochets des lettres hébraïques. 

3 Mais, c’est-à-dire non seulement le riche ne lui donnait rien, mais encore 
les chiens venaient mettre le comble à sa misère en léchant ses plaies. 

4 Grec: Dans le Hadès. Voir note sur Matth. 11, 23. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 945 


la maison de mon père; car J'ai cinq frères; il leur attestera 
ces choses afin qu'ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu 
de tourments.» Mais Abraham lui répondit: «Ils ont «Moïse et 
les Prophètes »1; qu'ils les écoutent!» — «Non, père Abraham, 
continua. l’autre, mais si, de chez les morts, quelqu'un va vers 
eux, ils se repentiront?. » Abraham lui dit alors : «S'ils n’écoutent 
ni « Moïse, » ni «les Prophètes, » quand même quelqu'un ressusci- 
terait d’entre les morts, ils ne seraient pas persuadés. » 


Il dit à ses disciples : 

«Qu'il n'arrive pas de scandales ὃ, la chose est impossible, mais 
malheur à celui par qui le scandale arrive! 11 vaudrait mieux pour 
lui qu'on lui attachât au cou une meule de moulin, et qu'on le jetât 
à la mer, que de scandaliser * un de ces petits. » 


« Prenez garde à vous: si ton frère a péché, reprends-le et s’il 
se repent#, pardonne-lui. Et s'il ἃ péché contre toi sept fois en 
un jour, et que sept fois en un jour, il se tourne vers toi et te 
dise : «Je me repens», pardonne-lui. » — « Augmente-nous la foi, 
dirent les apôtres au Seigneur, et le Seigneur leur répondit: «Si 
vous aviez de la foi gros comme un grain de sénevé ὅ, vous diriez 
à ce sycomore : « Déracine-toi, et plante-toi dans la mer», il vous 
_obéirait. » 


«Quand votre serviteur 6 rentre des champs, après le labour ou 
le pâturage, lequel de vous lui dira: «Viens vite te mettre à 
table 7.» Ne lui dira-t-1l pas au contraire: « Prépare-moi à diner, 
ceins-toi, et me sers jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après quoi, 


1 « Moïse et les Prophètes» ou «La Loi et les Prophètesy. Voir note sur 
Matth. 22, 40. 

2 Ou : ils se convertiront. 

3 Voir sur le mot scandale et sur le verbe scandaliser notes sur Matth. 18, 
6, 7, 8. 

4 Ou: se convertit. 

5 Ou : de moutarde. 

6 Grec : esclave. 

7 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : lequel de vous lui dira 
aussitôt : Viens te mettre à table. 


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19 


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17, 


946 LE NOUVEAU TESTAMENT 


tu mangeras et boiras toi-même. » Et parce que ce serviteur 1 fait 
ce qui lui était commandé, son maître lui doit-il quelque recon- 
naissance? De vous, 11 en est de même: quand vous aurez fait tout 
ce qui vous est commandé, dites ceci: « Nous sommes des serviteurs ? 
inutiles; ce que nous avons fait nous avions le devoir de le faire. » 


Dans son voyage à Jérusalem, Jésus traversa la Samarie et la 
Galilée *. Comme il arrivait à l'entrée d’un village, se présentèrent 
ἃ lui dix lépreux qui, restant à une certaine distance, élevèrent la 
voix : «Jésus! maître! dirent-ils, aie pitié de nous!» Il les vit et 
leur dit: «Allez vous montrer aux prêtres.» Et il arriva pendant 
qu'il y allaient, qu'ils furent guéris#. 

L'un d’entre eux, se voyant guéri, revint sur ses pas, rendant à 
grands cris gloire à Dieu; puis il se prosterna aux pieds de Jésus, 
la face contre terre, lui rendant grâces. C'était un Samaritain. 
Alors Jésus prononça ces paroles : «Est-ce que les dix n’ont pas 
été guéris’? Les neuf autres où sont-ils? Il ne s’en est trouvé 
aucun qui soit revenu pour rendre gloire à Dieu, sinon celui-ci: 
un étranger!» Puis S’adressant à lui: «Lève-toi; va, ta foi t'a 
sauvé 6!» 


Les Pharisiens lui ayant demandé quand viendrait le Royaume 
de Dieu, il leur répondit ainsi : «Le Royaume de Dieu ne vient pas 
avec des marques extérieures. On ne dira pas: il est ici! ou: il est 
là ! car sachez-le : le Royaume de Dieu est au milieu de vous 7. » 


Puis il dit aux disciples : «Il viendra un temps où vous désirerez 
voir un des jours du Fils de l’homme, un seul, et vous ne le verrez 
pas. On vous dira : «Le voici!» — «le voilà! » N'y allez pas; ne le 


1 Grec : esclave. 

2 Grec: esclaves. 

3 On peut traduire aussi : passa entre la Samarie et la Galilée. 
4 Grec: ils furent purifiés. Voir note sur Matth. 8, 2, 

5 Grec: n'ont pas été purifiés? Voir note sur Matth. 8, 2. 

5 Ou: guéri. 

7 On peut traduire aussi: au dedans de vous. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 247 


cherchez pas. Tel, en effet, l'éclair resplendissant à une extrémité 
du ciel brille jusqu’à l’autre, tel, en son jour, sera le Fils de 
l'homme. » 

«Mais il lui faut d’abord beaucoup souffrir, et être rejeté par 
cette génération-ci. » | 

«Ainsi étaient les choses aux jours de Noé, ainsi seront-elles 
aux jours du Fils de l’homme. Les hommes mangeaient, buvaient, 
se mariaient ou mariaient leurs enfants, Jusqu'au moment où 
Noé entra dans l’arche, et où le déluge survint et les extermina 
tous. C’est encore ce qui est arrivé aux Jours de Lot: les hommes 
mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, plantaient, bâtis- 
saient; et au moment où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu 
et de soufre tomba du ciel et les extermina tous. Ainsi en sera-t-il 
le jour où le Fils de l'homme sera révélé. » 

«Que celui qui sera, ce jour-là, sur le toit ?, et qui aura quelque 
objet dans la maison, ne descende pas pour l'emporter. Que celui 
qui séra aux champs fasse de même et ne revienne pas sur ses 
pas. Souvenez-vous de la femme de Lot!» 

«Qui cherchera à sauver sa vie la perdra, et qui la perdra, la 
rendra vraiment vivante ÿ. » 

«Cette nuit-là, je vous le déclare, de deux hommes qui seront 
dans ur lit, l’un sera pris, et l’autre laissé. De deux femmes qui 
moudront ensemble, l'une sera prise, et l’autre laissée #. » — «Où 
sera-ce Seigneur?» demandèrent les disciples. Il leur répondit : 
« Où sera le corps, là aussi les vautours se rassembleront, 5 » 


1 Deux anciens manuscrits et plusieurs anciennes autorités omettent en son 
jour. 

2 Ou: sur la terrasse. Les toits étaient plats; entourés d’une balustrade, ils 
servaient de terrasses. On pouvait descendre du toit par un escalier extérieur et 
sortir sans passer par l’intérieur de la maison. 

3% Littéralement : l’enfantera vivante. 

4 Le verset 36 manque dans tous les bons manuscrits. Voir Matth. 24, 40. 

Ὁ Le corps, dont il est ici parlé (le cadavre dit ailleurs le Seigneur, Matth. 24 
28) désigne la nation juive. Ge corps de la nation juive, avec ses institutions et 
ses tendances actuelles, devra se décomposer définitivement et être remplacé 
par une création nouvelle. Les vautours représentent le châtiment de Dieu 
fondant sur une telle société. Lors du siège, les Romains s’abattirent, comme des 
vautours, sur le pays. Jésus-Christ trouve là l’application spéciale d’une maxime 


94, 17 


18, 


12 


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10 
11 


948 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Il leur raconta une parabole pour leur montrer qu'il faut prier 
toujours, et ne point se lasser : «Dans une certaine ville, dit-il, il y 
avait un juge qui n'avait ni crainte de Dieu, ni égards pour les 
hommes. Or, dans cette même ville, il y avait une veuve qui 
venait à lui et lui disait: «Fais-moi justice de mon adversaire. » 
Pendant longtemps, il ne le voulut pas. » 

«Enfin il se dit à lui-même: «Bien que je n’aie ni crainte de 
Dieu, ni égards pour les hommes, comme il est certain que cette 
veuve-làa m'est à charge, je lui ferai justice, de peur qu'elle ne 
finisse par se livrer à quelque violence. » Vous entendez, ajouta 
le Seigneur, ce que dit ce juge inique !. Et Dieu ne ferait point 
justice à ses élus qui crient à lui nuit et jour? Il tarderait à les 
secourir ? Il leur fera prompte justice, je vous le déclare; mais le 
Fils de l’homme, à son retour, trouvera-t-il la foi sur la terre?» 


Il raconta aussi la parabole suivante à quelques-uns très con- 
vaincus, à part eux, qu'ils étaient justes, et qui méprisaient les 
autres: «Deux hommes montèrent au Temple pour prier; l’un 
Pharisien et l’autre publicain. Le Pharisien, debout, priait ainsi en 
lui-même?: «Ὁ Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis 
pas comme le reste des hommes, gens rapaces, iniques, adultères, 
de ce que je ne suis pas comme ce publicain-la. Je jeûne deux fois 
par semaine; je donne la dîme de tout ce que j’acquiers. » Quant 


au publicain, il se tenait à distance, il n’osait pas même lever les 


yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant; «Ὁ 
Dieu, aie pitié de moi qui suis un pécheur! » Celui-ci, je vous 
le déclare, rentra dans sa maison justifié, plutôt que l’autre ὃ; car 
quiconque s'élève lui-même sera abaissé, et quiconque s’abaisse 
lui-même sera élevé.» 


proverbiale, maxime que nous lisons Job 39, 33. «Partout où il y a un cadavre, 
bientôt s’y rassemblent les vautours, » 

1 Littéralement: juge de l’iniquité. C’est un hébraïsme comme Mamôn de 
l'iniquité (voir Luc 16, 9), qui signifie : Mamôn inique, injuste. 

? Un des plus anciens manuscrits omet en lui-même. 

3 On peut traduire aussi : plus justifié que l'autre. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 249 


On lui apportait même les tout petits enfants pour qu'il les tou- 10, 18 
chât. Voyant cela, les disciples blämèrent ceux qui les lui appor- 

taient. Mais Jésus appela ces enfants : «Laissez, leur dit-il, les 10 
enfants venir à moi, et ne les en empêchez pas, car c’est à ceux qui 

leur ressemblent qu'appartient le Royaume de Dieu. En vérité, je 47 
vous le dis, qui ne recevra pas, comme un enfant, le Royaume de 

Dieu, n’y entrera pas. » 


Un chef de synagogue! lui posa une question: «Bon maître, 4e 
lui dit-il, que dois-je faire pour acquérir la vie éternelle?» Jésus 19 
lui dit: « Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n’est bon que Dieu 
seul ! Tu connais les commandements: « Tu ne seras point adultère; 90 
tu ne seras point meurtrier ; tu ne seras point voleur ; tu ne rendras 
point de faux témoignages; honore ton père et ta mère?.» 

Il répondit: «Tout cela je l’ai observé dès ma jeunesse.» Sur 9] 
cette réponse, Jésus reprit: «Une chose te manque encore; 99 
vends tout ce que tu as; distribues-en le prix à des pauvres; tu 
auras alors un trésor dans les cieux; viens ensuite et suis-moi. » 

À ces mots, l’autre devint tout triste, car il était fort riche. Voyant 95 94 
. sa tristesse, Jésus dit: «Combien dificilement entreront dans le 
Royaume de Dieu ceux qui ont des richesses ! Il est plus facile à 95 
un chameau de passer par l'ouverture d’une aiguille ὁ qu’à un riche 
d'entrer dans le Royaume de Dieu. » 

« Qui donc pourra être sauvé ? » dirent-ils en l’entendant. Jésus ορ 97 
répondit: «Ce qui est impossible aux hommes, est possible à 
Dieu.» — «Et nous, dit Pierre, c’est après avoir laissé tous nos 98 
biens, que nous t’avons suivi ! » Il leur répondit: «Je vous le dis 99 
en vérité: personne, ἃ cause du Royaume de Dieu, ne quittera une 
maison, une femme, des frères, des parents, des enfants,qu'il ne 230 


1 Les mots de synagogue ne sont pas dans le texte; mais ce terme, un chef, 
sans autre désignation, indique, selon toute probabilité, le président d’une syna- 
gogue. Voir note sur Matth. 9, 18. 

? Exode 20, 12-16. Deut. 5, 16 et suiv. 

3 L'ouverture d’une aiguille. Voir note sur Marc 10, %5. 


9250 LE NOUVEAU TESTAMENT 


reçoive dès le temps présent bien davantage, et dans le siècle à 
venir la vie éternelle. » 


Prenant à part les douze, il leur dit: « Voila que nous montons à 
Jérusalem et tout ce que les prophètes ont écrit du Fils de l’homme 
va s’accomplir : il sera livré aux païens, bafoué, outragé, couvert 
de crachats ; après l’avoir flagellé, ils le tueront, et le troisième 
jour il ressuscitera. » A cela les disciples ne comprirent rien ; le 
sens de ces paroles leur était caché; ils ne saisissaient pas ce qui 
leur était dit. 


ΠῚ approchait de Jéricho. Un aveugle, assis au bord du chemin, 
mendiait. Entendant le bruit d’une foule en marche, il demanda 
ce que c'était. On lui répondit: «C'est Jésus de Nazareth qui 
passe. » Alors il s’écria : «Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !» 
Ceux qui étaient en avant le menaçaient pour le faire taire, mais 
lui n’en criait que plus fort: «Fils de David, aie pitié de moi!» 
Jésus s’arrêta et donna l’ordre de le lui amener. Quand l’homme 
fut près de lui, il lui demanda : «Que veux-tu que je fasse pour 
toi?» — «Seigneur, que j'y voie! » répondit l’aveugle. Alors 
Jésus lui dit: «Vois! ta foi t’a sauvé!! » Immédiatement il vit, 
et il suivit Jésus en glorifiant Dieu. Tout le peuple, à ce spec- 
tacle, célébra les louanges de Dieu. 


Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville. Il s’y trouvait un 
personnage du nom de Zacchée : c'était un chef de publicains, un 
homme riche. Il cherchait à voir qui était Jésus; mais, étant 
de petite taille, cela lui était impossible, à cause de la foule. 

Alors il courut en avant et, pour voir Jésus, monta sur un 
sycomore au pied duquel il devait passer. Arrivé en cet endroit, 
Jésus leva les yeux sur lui: «Zacchée, dit-il, hâte-toi de 
descendre ; car aujourd’hui c’est dans ta maison qu'il faut que je 
m'arrête, » 


1 Ou: l’a guéri. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 951 


Cet homme descendit à la hâte et le reçut plein de joie. Mais 
tous ceux qui voyaient cela murmuraient. «Il va demeurer chez 
un pécheur !, » disaient-ils. Quant à Zacchée, il se tenait devant le 
Seigneur et lui disait: «La moitié de mes biens, Seigneur, je la 
donne aux pauvres, et si j'ai fait tort à quelqu'un de quoi que ce 
soit, je lui en restitue quatre fois autant.» Alors Jésus dit, en se 
tournant vers Zacchée : «Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, 
parce que cet homme est, lui aussi, un fils d'Abraham. Car le 
Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui est perdu. » 


On l’écoutait ; alors il continua en racontant une parabole ; et 
comme il était tout près de Jérusalem et qu'on croyait que le Royaume 
de Dieu allait tout à coup apparaître, voici ce qu'il dit: «Un 
homme de grande naissance avait à se rendre dans un pays éloigné 
pour recevoir l'investiture d’un royaume et revenir ensuite. Il appela 
dix de ses serviteurs?, leur remit dix mines?, en leur disant: «Faites 
valoir ceci jusqu'a mon retour. » 

«Les concitoyens de cet homme le haïssaient et, après son 
départ, ils envoyèrent des délégués pour dire en leur nom: « Nous 
ne voulons pas que cet homme règne sur nous. » 

«Cependant, quand il revint, il avait reçu le pouvoir royal; 
. alors il fit appeler ses serviteurs #, ceux à qui il avait donné l’ar- 

gent, pour savoir comment chacun l’avait fait valoir. Le premier 
se présenta et dit: «Seigneur, ta mine en a produit dix.» — 
«Bien, bon serviteur “, lui répondit son maiïtre, pour avoir, en si 
peu de choses, été fidèle, tu auras la puissance sur dix villes. » 

«Le second s’approcha et dit : «Ta mine, Seigneur, en a produit 
cinq.» — «Eh bien, toi, répondit le maitre à celui-là, tu com- 
manderas à cinq villes. » 

«Un autre encore s’approcha et dit : «Seigneur, voicita mine 
que J'ai tenue enveloppée dans un linge. Je te craignais, en effet, 


1 Un pécheur. Voir note sur Matth. 9, 10. 

2 Grec : esclaves. 

5 La mine valait cent drachmes, 88 francs de notre monnaie. 
4 Grec : esclave. 


10 


1 


43 


14 


16 


17 


19, 22 


29 


τῷ 
Or 
19 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


car tu es un homme terrible ; tu t’empares de ce que tu n’as pas 
fondé ; tu moissonnes ce que tu n'as pas semé. » — «De ta propre 
bouche je tire ton jugement!, mauvais serviteur ?, répondit le 
maitre; ah! tu savais que je suis un homme terrible, m’empa- 
rant de ce que je n’ai pas fondé, moissonnant ce que je n'ai 
pas semé! et pourquoi n’as-tu pas placé mon argent dans une 
banque ; à mon retour, je l'aurais retiré avec un intérêt.» Puis 
s'adressant à ceux qui étaient là : «Otez-lui la mine et donnez-la 
à celui qui en a dix.» — «(Seigneur, lui dirent-ils, il a dix 
mines...) » — «Je vous le déclare, à tout homme qui ἃ, il sera 
donné; mais à celui qui n’a pas, même ce qu'il a lui sera ôté. 
Quant à mes ennemis, à ceux qui n'ont pas voulu que je régnasse 
sur eux, amenez-les 1c1 et égorgez-les devant moi. » 
Jésus parla ainsi, puis 1l partit devant, montant à Jérusalem. 


Quand ils furent près de Bethphagé et de Béthanie, du côté du 
mont appelé Bois d’oliviers, Jésus envoya deux des disciples, en 
leur disant : «Allez à ce village qui est devant vous ; à l'entrée, 
vous trouverez un ànon attaché, que personne n’a jamais monté. 
Détachez-le et l’amenez. Si l’on vous demande pourquoi vous le 
détachez, vous ferez cette réponse : «Le Seigneur en a besoin. » 

Les messagers partirent et trouvèrent l’ânon, ainsi qu’il le leur 
avait dit. Tandis qu'ils le détachaient, ses maîtres leur dirent : 
«Pourquoi détachez-vous cet ânon?» — «Parce que le Seigneur 
en ἃ besoin », répondirent-ils. 

Is conduisirent donc l’ânon, sur lequel ils jetèrent leurs man- 
teaux, à Jésus, qu'ils firent monter sur lui. Quand 1] fut en marche, 
ils étendirent leurs vêtements sur la route, et lorsqu'il s’approcha 
de la descente du mont des Oliviers, la multitude des disciples se 


1 On peut lire aussi, en accentuant autrement le verbe grec : je tirerai ton 


jugement. 


2 Grec : esclave. 
3 Cette parenthèse n’est pas achevée. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 953 


mit tout entière à jeter des cris de joie et à louer Dieu au sujet de 
tous les miracles qu'ils avaient vus. Ils disaient : 

« Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur 1!» 
«Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux!» Quelques 
Pharisiens qui étaient dans la foule lui dirent : «Maitre, réprime tes 
disciples. » Il leur répondit par ces paroles : «Je vous déclare que 
si ceux-ci se taisent, les pierres crieront ! » 

Il approcha de la ville; quand il la vit, il pleura? sur elle, en 
disant : «Si tu avais reconnu, toi aussi, du moins en ce jour 5, ce 
qui te pourrait apporter la paix “; mais, à l’heure présente, tout 
cela est voilé à tes regards. Des jours viendront sur toi où tes 
ennemis t’entoureront d’une palissade, t’enfermeront comme dans 
un cercle et te serreront de toutes parts; ils te briseront contre 
le 5015, toi et tes enfants qui sont dans ton sein, et ils ne laisseront 
pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas reconnu le 
temps de ta visitation 5. » 


Jésus entra dans le Temple 7 et se mit à en chasser les vendeurs. 
«Il est écrit, leur dit-il : 
«Ma maison est une maison de prières$ » 
Et vous en avez fait 
RPM αἰγ στα, dtune caverne: debrigands®?s 


Chaque jour, dans le Temple, il enseignait. Les chefs des prêtres 
et les Scribes cherchaient à le faire périr, ainsi que les principaux 
personnages de la nation. Mais ils ne trouvaient pas le moyen de 


1 Psaume 118, 26. 

2 Plus exactement : il sanglota. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : en ce jour qui t'appartient. 
6 Plusieurs anciens manuscrits lisent : {a paix. 

5 Ou: ils t’abaisseront au niveau du sol. 

6 C'est-à-dire le moment où tu as été visitée par Dieu. 

7 Voir note sur Jean 2, 14. 

8 Ésaïe 56, 7. 

9 Jérémie "7, 11. 


43 


4% 


45 
40 


47 


ἀδ 


20, 1 


[he] 


1 


10 


11 


14 


15 


95% LE NOUVEAU TESTAMENT 


le faire, à cause du peuple, qui, tout entier, était suspendu à ses 
lèvres. 


Un de ces jours-là, comme il instruisait le peuple dans le Temple 
et lui annonçait l'Évangile !, survinrent les chefs des prêtres? 
et les Scribes, réunis aux Anciens, qui lui tinrent ce langage : 
« Dis-nous en vertu de quelle autorité tu fais ces choses, ou qui 
est celui qui (ἃ donné cette autorité? » Il leur fit cette réponse : 
«Je vous poserai, moi aussi, une question : répondez-moi; le 
baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes?» Or ils faisaient, 
à part eux, ce raisonnement: «Si nous disons: du ciel, 1] 
répliquera : «Pourquoi alors ne l’avez-vous pas cru?» Si nous 
disons: des hommes, tout le peuple nous lapidera; car il est 
convaincu que Jean était un prophète.» Ils répondirent donc qu'ils 
ne savaient d’où venait ce baptême. Et Jésus leur répondit à son 
tour : « Je ne vous dis pas, moi non plus, en vertu de quelle auto- 
rité je fais ces choses. » 


Puis il se mit à raconter au peuple cette parabole : « Un homme 
planta une vigne, la loua à des vignerons et fit une longue 
absence. La saison venue, il envoya un serviteur aux vignerons, 
chargé de recevoir le produit de la vigne. Les vignerons, après 
l'avoir battu, le renvoyèrent les mains vides. Le maître alors leur 
envoya un autre serviteur”. Celui-là, ils le battirent aussi, le 
traitèrent avec mépris et le renvoyèrent les mains vides. Il leur 
en envoya un troisième. Celui-là ils le couvrirent de blessures 
et le jetèrent dehors. — «Que dois-je faire? » dit alors le maître 
de la vigne. «Je leur enverrai mon fils, mon bien-aimé; sans 
doute, ils le respecteront.» Mais quand les vignerons le virent, 
ils firent entre eux ce raisonnement : «Gelui-là c’est l'héritier ; 
tuons-le pour que l'héritage soit à nous.» Alors ils le jetèrent hors 


1 Ou: la Bonne Nouvelle. : 

2 Au lieu de: les chefs des prêtres, plusieurs anciens manuscrits lisent: les 
prètres. 

3 Grec : un esclave. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 955 


de la vigne et le tuèrent. Que leur fera donc le maître de la 
vigne? Il viendra, il fera périr ces vignerons et donnera la vigne 
à d’autres. » — «Que cela n'arrive pas:» dirent-ils à ces paroles. 
Mais lui, les regardant en face, ajouta: « Qu'est-ce donc que ce 
passage de l’Écriture : 
«La pierre qu'ont rejelée ceux qui bâtissaent ; 
Celle-là méme est devenue la tête de l'angle.» 

«Quiconque tombera sur cette pierre s’y brisera; et celui sur 
qui elle tombera, elle le mettra en poussière. » 

Les Scribes et les chefs des prêtres cherchèrent à mettre immé- 
diatement la main sur lui; car ils comprenaient bien que c'était 
eux qu'il avait en vue dans cette parabole; mais ils redoutaient le 
peuple. 


Ils le surveillèrent et lui envoyèrent d’habiles espions qui 
faisaient semblant d’être de bonne foi; leur but était de sur- 
prendre une parole de lui qui leur permit de le livrer aux autorités 
ef au pouvoir du procurateur. Ils lui posèrent une question: 
«Maître, nous savons que tu es droit dans ta parole et dans ton 
enseignement, que lu ne fais acception de personne, que, tout au 
contraire, tu enseignes en toute vérité la voie de Dieu. Nous est-il 
permis, oui ou non, de payer un tribut à César ?? » Devinant leur 
ruse, Jésus leur dit: Montrez-moi un denier.. De qui porte-t-il 
l'image et l'inscription? » — « De César », répondirent-ils. — « Eh 
bien, leur dit-il alors, rendez à César ce qui est à César et à Dieu 
ce qui est à Dieu. » 

ΠῚ leur fut ainsi impossible de surprendre une parole de lui en 
présence du peuple, et tout étonnés de cette réponse, ils garderent 
le silence. 


Survinrent ensuite quelques Sadducéens (ceux qui aflirment qu'il 
n'y ἃ point de résurrection); ils lui posèrent aussi une question : 


1 Psaume 118, 22. 
? César. Voir note sur Matth. 22, 17. 


16, 20 


18 


19 


“ 


[2] 
©ù 


30 


C9 
=] 


956 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Maitre, dirent-ils, voici ce que Moïse nous a prescrit: « δὲ le frère 
de quelqu'un meurt laissant une femme sans enfants, celui-ci devra 
épouser la veuve, pour susciter à son frère une postérité 1.» Or, il y 
a eu sept frères. Le premier ἃ pris femme et est mort sans enfants. 
Le second ἃ épousé la veuve; puis le troisième; tous les sept; 
aucun n'a laissé d'enfants; et tous sont morts. Enfin, la femme 
aussi est morte. Eh bien, à la résurrection, duquel d’entre eux 
cette femme sera-t-elle l'épouse? Les sept, en effet, l'ont eue 
pour femme. » 

Jésus leur répondit: «Les enfants de ce monde se marient 
et donnent en mariage; mais ceux qui ont été jugés dignes 
de participer au monde à venir et à la résurrection d’entre les 
morts, ne se marient, ni ne sont donnés en mariage; car ils ne 
peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, et ils sont fils 
de Dieu étant fils de la résurrection. Or que les morts ressuscitent, 
Moïse l’a montré au passage du buisson, quand il appelle le Ser- 
gneur, le Dieu d'Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Or 
ce n'est point de morts, c’est de vivants qu'il est Dieu. Pour lui 
ils vivent tous. » 

Quelques Scribes intervinrent pour dire: «Maïtre, tu as parfaite- 
ment répondu. » 

Personne n'osait plus lui poser une seule question. 


Il leur demanda alors: «Comment dit-on que le Christ est Fils 
de David, quand David dit lui-même au livre des Psaumes : 
« Le Seigneur a dit à mon Seigneur : 
Siège à ma droite ; 
Jusqu'à ce que j'aie mis tes ennemis sous tes pieds 3,» 
Ainsi David l'appelle Seigneur, comment donc est-il son fils ? » 


Devant tout le peuple qui entendait, il dit aux disciples : 
«Soyez sur vos gardes avec les Scribes qui se complaisent à se 


1 Deut. 25, 5. 
2 Psaume 110, 1 (Actes 2, 34 et suiv.). 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 957 


promener en robes solennelles, qui aiment à recevoir des saluta- 
tions sur les places publiques, à occuper les premiers sièges dans 
les synagogues, les premières places 1 dans les festins, qui dévorent 
les ressources des veuves, et qui affectent de prier longuement. 
C'est pour ces hommes-là que le jugement aura le plus de rigueur. » 


Tout en regardant, il vit des riches qui mettaient leurs offrandes 
dans le tronc. Il vit aussi une veuve indigente qui y mit deux 
lèptes ?, et il dit : «En vérité, je vous le déclare, cette veuve pauvre 
a donné plus que tous. Car tous ceux-là, pour leurs offrandes, ont 
puisé dans leur superflu; mais celle-ci a pris sur son indigence, 
elle ἃ donné tout ce qu'elle possédait, tout ce qu'elle avait pour 
vivre 5. » 


Quelques-uns faisaient remarquer, à propos du Temple, les 
pierres magnifiques et les offrandes dont 1] était orné. « Des jours 
viendront, dit-il, où de ce que vous voyez, il ne restera pas ici “ 
pierre sur pierre ; tout sera renversé, » 

Alors ils le questionnèrent: «Maître, lui dirent-ils, quand donc 
ces choses arriveront-elles? et quel sera le signe qu’elles vont 
avoir lieu?» 

Il répondit : «Prenez garde de vous laisser séduire; car plu- 
sieurs viendront en prenant mon nom, disant: «C’est moi’! » et: 
«Le moment approche! ». Ne marchez pas à leur suite. Quand 
vous entendrez parler de guerres et de révolutions, n’en soyez pas 
effrayés. Il faut, en effet, que cela arrive d’abord; mais ce ne 
sera pas tout de suite la fin. » 

Il continua ainsi : - « Se soulèvera nation contre nation, royaume 
contre royaume; il y aura de vastes tremblements de terge; ici et 


1 Les premières places, voir note sur Matth. 23, 0, 

2 Lèpte. Voir note sur Marc 12, 42. 

5 Littéralement : toute la vie qu'elle avait, c’est-à-dire toute la fortune qu’elle 
avait. 

Ὁ Plusieurs anciens manuscrits omettent ici. 

Ὁ. Moi qui suis le Christ. Voir Matth. 24, 5. 


17 


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11 


ἣν D = 


925$ LE NOUVEAU TESTAMENT 


là des famines, des pestes, d’effrayantes choses et de grands pro- 
diges au ciel. » 
21, 42 «Mais, avant tout, on mettra la main sur vous, et l’on vous ; 
persécutera. Vous serez livrés aux synagogues, jetés en prison; 
et, à cause de mon nom, traînés devant des rois et des procura- 
13 teurs. Cela vous arrivera pour que vous rendiez témoignage. 
14  Gravez bien dans vos cœurs que vous n'aurez pas à vous 
15 préoccuper de votre défense, car Je vous donnerai, moi, un lan- 
gage et une sagesse auxquels tous vos adversaires ne pourront ni 
16 résister ni répliquer. Vous serez livrés par vos pères et vos mères, 


par vos frères, par vos parents, par vos amis; ils feront mourir 
17 nombre d’entre vous; et vous serez en haine à tout le monde à 
18 cause de mon nom. Et cependant pas un cheveu de votre tête ne 
19 doit périr; c’est par votre patience que vous sauverez vos vies !. » 
20 «Lorsque vous verrez des armées camper autour de Jérusalem 
A et l’investir, sachez alors qu’approche sa désolation. Que ceux qui 
seront dans la Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui 
seront au milieu du pays en sortent, que ceux qui seront dans 
22 les contrées voisines n’y rentrent pas. Ces jours-là, en effet, seront 
23 des jours vengeurs où s’accomplira tout ce qui est écrit. Malheur 
aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront 
en ces jours-là! car il y aura sur la terre une calamité immense 


94 et une colère contre ce peuple; les hommes tomberont sous le 
tranchant du glaive, ils seront emmenés captifs dans toutes les 
nations, Jérusalem sera foulée aux pieds par les païens, jusqu’à ce 
que les temps des païens soient aussi accomplis. » 

οὔ «Il y aura des prodiges dans le soleil, dans la lune et dans les 


étoiles ; 1l y en aura sur la terre: angoisse des peuples jetés dans ἰ 


1 Littéralement : que vous acquerrez vos vies, c’est-à-dire c’est par votre 
patience à attendre la venue du Fils de l’homme que vous sauverez vos vies. La 
traduction traditionnelle : possédez vos âmes par votre patience est fautive. Le 
verbe grec ne signifie pas posséder, mais acquérir, et si le mot que nous tradui- 
sons par vie peut aussi se rendre par âme, ce sens ici serait inacceptable, Il 
s’agit de la vie présente, que les chrétiens de la première Eglise auront à sauver 
lorsque Jérusalem sera assiégée. — Plusieurs anciens manuscrits lisent : par 
votre palience sauvez vos vies. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 959 


l'incertitude par le mugissement de la mer et des flots; des 
hommes expirant de terreur dans l'attente de ce qui va arriver au 
monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Et c’est 
. alors qu'on verra le Fils de l’homme arrivant, au sein d’une nuée, 
en puissance et grande gloire. Quand ces choses commenceront à 
arriver, regardez en haut, levez la tête, parce qu'approchera votre 
délivrance. » 

Il se servit d’une comparaison : « Voyez le figuier, et tous les 
arbres. Dès qu'ils commencent à pousser, vous savez de vous- 
mêmes, en les voyant, que l’été est proche. De même quand vous 
verrez arriver ces choses sachez que le royaume de Dieu est 
proche. En vérité, je vous le dis, cette génération ne passera pas 
que tout cela n'arrive. Le ciel et la terre passeront, mais mes 
paroles ne passeront point. » 

« Veillez sur vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne s’appesan- 
tissent dans la bonne chère, dans les excès de boisson, dans les 
soucis de ce monde, et que ce jour-là ne vous surprenne Inopiné- 
ment. Car il surviendra comme un filet sur tous ceux qui habitent 
la surface de la terre!. Soyez donc vigilants en tout temps, et 
priez afin que vous soyez rendus dignes d'échapper à toutes ces 
choses qui vont arriver et de subsister en présence du Fils de 
l'homme.» 


Le jour, il restait au Temple et y enseignait. Mais il allait passer 
les nuits hors de la ville sur la montagne appelée « Bois d’Oliviers », 
et tout le peuple. de grand matin, venait au Temple pour l’en- 
tendre. 


La fête des Azymes?, que l’on appelle la Pâque, approchait. 


1 On peut traduire aussi, d’après une autre ponctuation: ef que ce jour-là 
ne vous surprenne inopinément comme un filet. Gar il surviendra sur tous ceux 
qui habitent lu surface de lu terre. 

? Les Azymes, c’est-à-dire les pains sans levain. Voir note sur Actes 12, 3, 


99 
90 


97 


1, 22 


12 


22, 


18 


960 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Les chefs des prêtres et les Scribes cherchaient un moyen de se 
défaire de Jésus; car ils redoutaient le peuple. 

Ce fut alors que Satan entra en Judas surnommé l’Iskariôte , 
qui était du nombre des douze; il alla s'entendre avec les chefs 
des prêtres et avec les chefs des gardes? sur ce qu'il y avait à 
faire pour le leur livrer. Pleins de joie, ils convinrent de lui donner 
de l’argent. Il s’engagea, et dès lors chercha une occasion de le 
leur livrer à l'insu de la multitude. 


Vint le jour de la fête où il fallait sacrifier la Pâque*”. Jésus 
envoya Pierre et Jean en leur disant : «Allez préparer ce qui nous 
est nécessaire pour le repas pascal.» — «Où veux-tu, lui dirent-ils, 
que nous le préparions?» Il leur répondit : «En entrant dans la 
ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau. 
Vous le suivrez dans la maison où il entrera; et voici ce que vous 
direz au propriétaire de cette maison : «Le maître te fait dire : Où 
est la chambre où je mangerai la Pâque avec mes disciples. » Get 
homme alors vous montrera une chambre haute“, grande, garnie 
de tapis. C’est là que vous ferez les préparatifs.» Ils partrent et 
trouvèrent toutes choses comme il les leur avait dites et préparèrent 
la Pâque. 


Quand vint l'heure, il se mit à table, et les apôtres avec lui. Il 
leur dit: «J'ai désiré — d’un grand désir’ — manger cette 
Pâque avec vous avant de souffrir. Je vous le déclare, en effet, je 
ne mangerai plus semblable Pâque, jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse 
dans le Royaume de Dieu. » 

Tenant une coupe, il rendit grâces. «Prenez-la, dit-1l, et parta- 
gez-la entre vous; car désormais, je vous le déclare, je ne boirai 
plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le Royaume de 
Dieu. » 


1 L'Iskariôte. Voir note sur Matth. 10, 4. 

2 Les chefs des gardes étaient les Lévites chargés de la police du Temple. 
3 C'est-à-dire l’agneau pascal. 

1 Chambre de l'étage supérieur. Voir note sur Actes 1, 13. 

Ὁ C'est-à-dire : J’ai vivement désiré, Cest un hébraïsme. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 9261 


Prenant du pain 1. il rendit grâces, il le rompit et le leur donna 
en disant: «Ceci est mon corps qui est donné pour vous; faites 
ceci en mémoire de moi.» 

Après le repas, il prit de même la coupe, en disant : «Cette 
coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour 
vous. Et voilà cependant avec moi, à cette table, la main de celui 
qui me livre! car le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été 
déterminé, mais malheur à cet homme par qui il est livré!» Ils se 
mirent à se demander de l’un à l’autre lequel d'entre eux devait 
faire cela. 

Il s’éleva aussi un débat sur celui d’entre eux qui devait être 
estimé le plus grand. «Les rois des nations, leur dit Jésus, en 
sont les dominateurs; et ceux qui exercent sur elles un pouvoir 
impérieux sont appelés «leurs bienfaiteurs». Pour vous, n’agissez 
point ainsi : au contraire, que le plus grand d’entre vous se fasse 
comme le plus jeune?, et que celui qui est le chef se considère 
comme le serviteur. Lequel passe pour le plus grand? Celui qui 
est à table ou celui qui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? 
Moi, pourtant, je suis, au milieu de vous, comme celui qui sert.» 

«Quant à vous, vous m'êtes demeurés fidèles’ dans mes 
épreuves. » 

«Mon Père m'a adjugé un Royaume“; eh bien, moi, Je vous 
l’adjuge à mon tour, afin que, dans ce Royaume qui sera le mien, 
vous mangiez et buviez à ma table, afin aussi que vous y siégiez 
sur des trônes jugeant les douze tribus d'Israël. » 

«Simon! Simon! voilà que Satan vous ἃ réclamés pour vous 
passer tous au crible comme du froment. Moi, cependant, j'ai prié 
pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, quand tu seras 
un jour changé, fortifie tes frères.» — «Avec toi, Seigneur, lui 
dit Pierre, je suis prêt à aller en prison, à la mort!» — «Pierre, 


1 Ou: un pain. Voir note sur Matth. 14, 17. 

2 Le plus jeune. Dans les confréries juives, les travaux humbles et pénibles 
étaient réservés aux plus jeunes membres. Ce mot est donc synonyme de : servi- 
teur des autres. é 

3 Littéralement : vous avez persévéré avec mot. 

4 Ou : une Royauté. 


19, 22 


99 


40 


4 


962 LE NOUVEAU TESTAMENT 


lui répondit Jésus, je te déclare qu'aujourd'hui même un coq 
n'aura pas achevé de chanter que, trois fois, tu n’aies nié me 
connaître. » 

Il continua : «Lorsque je vous ai envoyés sans bourse, sans 
sac!l, sans chaussures, vous a-t-il manqué quelque chose?» — 
«Rien, répondirent-ils.» — «Mais à présent, leur dit-il, que celui 
qui a une bourse la prenne; et un sac, de même; que celui qui n’a 
pas d'épée vende son manteau pour en acheter une; car, je vous le 
déclare, il faut que cette parole de l'Écriture s’accomplisse en moi ? : 

«Et al a été compté parnu les impies *.» 

«En effet, ce qui me concerne tire à sa fin. » — «Seigneur, dirent- 

ils, voici deux épées.» — «Cela suflit, » leur répondit Jésus. 


Il sortit, et, selon sa coutume, il se dirigea vers le mont des 
Oliviers. Les disciples le suivirent. 

Arrivé en ce lieu, 1l leur dit : «Priez pour ne pas succomber à 4 
l'épreuve °. » 

Il s’éloigna d'eux, à la distance d’un jet de pierre environ; il 
se mit à genoux, et voici ce qu'il disait dans sa prière : « Père, si 
tu voulais écarter loin de moi cette coupe! toutefois que ce ne soit 
pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. » 

Alors il lui apparut un ange venu du ciel, qui le fortifia. 

Étant en agonie, plus ardente était sa prière. Sa sueur était 
comme de grosses gouttes de sang et tombait jusqu'à terre. 

Après avoir prié, il se releva et vint à ses disciples. Il les 
trouva qui s'étaient endormis dans l’accablement de leur douleur 6. 
«Pourquoi dormez-vous, leur dit-il, levez-vous, priez pour ne pas 
succomber à l'épreuve 7.» 


1 Sans sac. Voir note sur Matth. 10, 10. 

2 C'est-à-dire se réalise à mon sujet, 

3 Éisaie 53, 12. 

4 Littéralement : entrer dans. 

5 Ou: à la tentation. Voir note sur Jacques 1, 13. 

5 Les mots dans l’accablement sont sous-entendus dans le texte. 
7 Voir plus haut les deux notes sur le verset 40, 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 263 


ΠῚ parlait encore, lorsqu'arriva toute une foule, en avant de 
laquelle marchait le nommé Judas, un des douze. 1] s’approcha de 
Jésus pour lui donner un baiser. «Judas! lui dit Jésus, c’est par 
un baiser que tu livres le Fils de l’homme!» Voyant ce qui allait 
se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : «Seigneur, si 
nous frappions de l'épée?» Et l’un d’entre eux frappa le serviteur ἢ 
du grand-prêtre et lui coupa l'oreille droite. Mais Jésus prit la 
parole : «Restez-en là!» dit-il?, et touchant l'oreille de l’homme 
blessé, il le guérit. 

Jésus dit ensuite à ceux qui étaient venus à lui, chefs des 
prêtres, chefs des gardes du Temple et Anciens : «Vous êtes 
venus # comme contre un brigand, avec des épées et des bâtons. 
Tous les jours j'étais avec vous dans le Temple, et vous n'avez 
pas mis la main sur moi. Mais cette heure-c1 est vôtre, cette 
heure où les ténèbres règnent. » 

Ils s'emparèrent de lui, l'emmenèrent et le conduisirent à la 
demeure du grand-prêtre. 

Pierre suivait de loin. 

Au milieu de la cour ὃ ils allumèrent du feu, ils s’assirent tout 
autour, et Pierre aussi s’assit parmi eux. Une servante le vit assis 
à la clarté du foyer, et, le regardant attentivement elle lui dit : 
«Et celui-là, il était avec lui!» Et Pierre, reniant Jésus, dit à 
cette femme : «Je ne le connais pas.» Un instant après, un autre 
dit en le voyant: «Toi aussi, tu en es!» — «Non, je n'en suis 
pas», dit Pierre à cet homme. Après un intervalle d’une heure 
environ, un autre devint tout à fait aflirmatif : «Il est certain, 
dit-il, que celui-ci était avec lui, car c’est également un Galiléen. » 
Mais Pierre dit à cet homme : «Je ne comprends pas ce que tu 
dis.» À l'instant même, pendant qu'il parlait encore, un coq 
chanta. Le Seigneur se retourna et regarda Pierre. Alors Pierre se 


1 Grec : l’esclave. 

2 On peut traduire aussi: Laissez ces hommes me saisir, dit-il. 

5 Voir note sur le verset 4, 

4 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Étes-vous venus. etc. 
5 De la cour, de l’atrium. Voir note sur Matth. 26, 5. 


41, 22 


48 


61 


23, 


66 


[os 


4 


964 LE NOUVEAU TESTAMENT 


souvint de la parole du Seigneur; il se rappela comment il lui 
avait dit: «Avant qu’un coq chante aujourd’hui, tu me renieras 
trois fois.» Il sortit, et, dehors, il pleura 1 amèrement. 


Ceux qui gardaient Jésus se faisaient un jeu de lui donner des 
coups ; ils lui avaient couvert le visage d’un voile et puis ils l’in- 
terrogeaient : «Fais le prophète! quel est celui qui t'a frappé? » 
et ils proféraient beaucoup d’autres injures contre lui. 


Quand 11 fit jour, s’assembla le corps des Anciens du peuple, 
avec des chefs des prêtres et des Scribes. Ils firent comparaitre 
Jésus par devant leur Sanhédrin et lui parlèrent ainsi: «Si tu es le 
Christ, dis-le-nous. » Il leur répondit : «Quand même je vous lé 
dirais, vous ne me croiriez pas. Et si je vous interrogeais, vous ne 
me répondriez pas. À partir de maintenant le Fils de l’homme 
siégera à la droite de la puissance de Dieu.» Ils dirent tous : 
«C'est donc toi qui es le Fils de Dieu? » — « Vous dites vous-mêmes 
que je le suis», leur répondit Jésus. — «Qu’avons-nous encore 
besoin de témoignage, dirent-ils ; le témoignage, nous venons 
nous-mêmes de l’entendre de sa propre bouche. » 


Tous alors se levèrent en foule et le conduisirent à Pilate 5. 
Leur premier chef d'accusation fut: «Nous avons trouvé cet 
homme excitant notre peuple à la révolte, l’'empêchant de payer le 
tribut à César, et se disant le Christ-roi.» Pilate l’interrogea : 
«C’est toi qui es le roi des Juifs?» lui demanda-t-il, Jésus répondit 
ainsi : «Tu le dis.» Pilate, s'adressant aux chefs des prêtres et à la 
foule : «Chez cet homme je ne trouve rien de coupable », leur dit-il. 
Eux pourtant insistaient avec force, disant: « ΠῚ agitait le peuple, 
il parcourait toute la Judée, en enseignant; et c'est après avoir 
commencé par la Galilée qu'il est arrivé jusqu'ici. » À ces paroles, 


1 Voir note sur Matth, 26, 75. 
2 Pilate. Voir note sur Matth. 2'7, ὃ. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 965 


Pilate demanda! si l’homme était Galiléen; et, apprenant qu'il 
était sujet d'Hérode?, 1] l’envoya à celui-ci, lequel se trouvait à 
Jérusalem ces jours-là. 


Pour Hérode, voir Jésus, fut une grande joie. Il y avait long- 
temps qu'il souhaitait de le connaître; il avait entendu parler de 
lui; et il espérait lui voir faire un miracle. Aussi l’interrogea-t-il 
longuement; mais Jésus ne lui répondit rien. — Quant aux chefs 
des prêtres et aux Scribes, ils étaient là debout l’accusant sans 
relâche. — Alors Hérode ne fit plus aucun cas de Jésus; ses 
soldats et lui le raillèrent, et il le renvoya à Pilate après l’avoir 
affublé d’une robe blanche. 

Hérode et Pilate, qui avaient vécu jusque-là en inimitié, de- 
vinrent amis, à dater de ce jour. 


Réunissant les chefs des prêtres, les magistrats et le peuple, 
Pilate leur dit : « Vous m'avez présenté cet homme comme excitant 
le peuple à la révolte, et voilà qu'après enquête faite en votre pré- 
sence, Je ne l'ai trouvé en rien coupable de ce dont vous l’accusez. 
Hérode, non plus, car il nous l’a renvoyé. Aïnsi il n’a rien fait qui 
mérite la mort 5. Je vais donc, apres l'avoir fait frapper de verges “, 
lui rendre la liberté 5.» Alors tous, d’une seule voix, se mirent à 
crier : «A mort celui-là! délivre-nous Bar-Abbas 6! » (C'était un 
homme qui avait été incarcéré pour avoir commis un meurtre à la 
suite d’une émeute qui avait eu lieu dans la ville.) 


Pilate, qui désirait délivrer Jésus, leur parla de nouveau. Ils 20 


lui répondirent par des cris: «Crucifie-le! crucifie-le!» Pour la 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : Entendant ce mot de «Galilée», Pilate 
demanda, etc. 

5 Hérode-Antipas, celui qui avait mis à mort Jean-Baptiste. 

+ Plusieurs anciens manuscrits lisent : σα je vous ai renvoyés à lui et il ne 
lui a rien fait qui montre qu'il mérite la mort. 

4 Frapper de verges. Le mot grec est plus vague et signifie simplement: infli- 
ger une peine correctionnelle; mais cette peine ne pouvait être que la flagella- 
tion ou la bastonnade. 

5 Le verset 17 manque dans tous les manuscrits autorisés. ΠῚ est ainsi conçu : 
À chaque fête il était obligé de leur relâcher un prisonnier. 

5 En hébreu : Zar-Abba ou Baur-Rabban. Cest-à-dire : fils du Rabbi. 


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266 LE NOUVEAU TESTAMENT 


troisième fois, 1l leur demanda : «Mais quel mal a-t-il fait, cet 
homme? Je ne le trouve coupable de rien qui mérite la mort. Je 
vais donc, après l'avoir fait frapper de verges!, lui rendre la 
liberté.» Mais ils insistaient, ils demandaient à grands cris qu’on 
le crucifiât, et ce furent leurs cris qui l’emportèrent. Pilate pro- 
nonça une sentence conforme à leur demande. II mit en liberté, 
à leur requête, celui qui avait été incarcéré pour émeute et pour 
meurtre, et il abandonna Jésus à leur volonté. 


Comme ils l’'emmenaient, ils rencontrèrent un certain Simon de 
Cyrène qui revenait des champs, et 115. le chargèrent de porter la 
croix derrière Jésus. 

Une immense multitude de peuple le suivait, ainsi que des 
femmes qui se lamentaient et le pleuraient. Se tournant vers elles, 
Jésus dit: «Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais 
pleurez sur vous et sur vos enfants; voici, en effet, que viennent 
des jours où l’on dira : « Heureuses les stériles; heureuses les en- 
trailles qui n’ont point enfanté, et les mamelles qui n'ont point 
allaité!» On se mettra alors 

CA dire aux montagnes : Tombez sur nous! 
Et aux collines : Recouvrez-nous 51» 
Car si le bois vert est ainsi traité, qu’arrivera-t-il au bois sec ?» 

On emmenait aussi deux autres hommes, des malfaiteurs, pour 
les mettre à mort avec lui. 


Is arrivèrent à l'endroit qui porte le nom de Crâne ὅ, Là on le 
crucifia, ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à sa droite, l’autre à 
sa gauche. 

Jésus disait: «Père! pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils 
font! » 

Ses vêtements furent partagés après avoir été tirés au sort, 

Le peuple se tenait tout autour et regardait. 


1 Voir note sur le verset 16. 
2 Osée 10, 8. 
3 Crâme., Voir note sur Matth, 27, 33. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 267 


Quant à ceux qui étaient les chefs de la nation, ils se moquaient, 
disant : «Il en ἃ sauvé d’autres; qu’il se sauve lui-même sil est 
le Christ, l’Élu de Dieu.» Les soldats aussi le raillaient; ils 80, 23 
s’approchaient, ils lui offraient du vinaigre, ils lui disaient : «Situ 37 
es le Roi des Juifs, sauve-toi! » 

Au-dessus de lui, il y avait une inscription : CELUI-Cr EST LE 38 
Ror Des Juirs. 

Un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : «N’es-tu pas 99 
le Christ? Sauve-toi et nous avec toi!» Mais l’autre éleva la voix 40 
pour le reprendre : «Est-ce que, toi non plus, tu ne crains pas 
Dieu, lui dit-il; toi qui subis le même supplice; et pour nous ce 4 
n’est que justice; nous recevons ce qu'ont mérité nos actes; mais 
celui-ci n’a rien fait de mal.» Et il disait : « Jésus, souviens-toi de 49 
moi quand tu viendras en ton Royaume !.» — «En vérité, je te 48 
le dis, lui répondit Jésus, aujourd'hui tu seras avec moi dans le 
Paradis. » 

Il était déjà la sixième heure euviron et, le soleil s’étant éclipsé, 4 
des ténèbres se firent sur tout le pays jusqu’à la neuvième heure 3. 
Le rideau du Temple * se déchira par le milieu; et Jésus dit, en 45 46 
jetant un grand cri: «Père, 

«Je remets mon esprit entre tes mains “.» 

. En disant cela, 1] expira. 


Voyant ce qui se passait, le centurion glorifia Dieu, disant: 47 
« Certainement cet homme était juste 5!» 

Et tous ceux qui avaient assisté en foule à ce spectacle et 48 
avaient été témoins de ce qui était arrivé, s’en retournaient en se 
frappant la poitrine. Quant à ceux qui l'avaient connu, ils se 49 
tenaient tous à distance, ainsi que des femmes qui l'avaient suivi 
depuis la Galilée, et ils regardaient. 


1Ou: en ta Royauté, 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Le soleil s’obscurcit et des ténèbres se 
firent sur tout le pays jusqu'à la neuvième heure. Sur le sens des expressions 
sicième heure et neuvième heure, voir note sur Matth. 27, 45. 

3 Voir note sur Matth. 27, 51. 

4 Psaume 31, 6. 

5 C'est-à-dire ici : éfait innocent. 


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9268 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Survint un membre du Grand-Conseil ! appelé Joseph. C'était 
un homme juste? et bon, qui ne s'était associé ni aux projets ni 
aux actes des autresÿ. (Il était d’Arimathée, ville des Juifs.) Lui 
aussi attendait le Royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et 
demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, 
l’ensevelit dans un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé 
dans le roc, où personne encore n'avait été placé. 

C'était un jour de Préparation et un sabbat allait commencer ἡ, 

Des femmes, celles qui étaient venues avec Jésus de Galilée, 
ayant accompagné Joseph, virent le tombeau et comment y fut 
placé le corps; puis elles s’en retournèrent préparer des aromates 
et des parfums. 


Selon le commandement, elles se tinrent en repos le jour du 
sabbat. Mais le premier jour de la semaine, de très grand matin, 
elles se rendirent au tombeau, portant avec elles. les aromates 
qu'elles avaient préparés. 

Elles s’aperçurent que la pierre avait été éloignée de l'ouverture 
du sépulcre. Elles entrèrent et ne trouvèrent pas le corps du 
Seigneur Jésus. Elles en étaient consternées; mais voilà que deux 
hommes se présentèrent à elles, vêtus de robes resplendissantes. 
Et comme, tout effrayées, elles inclinaient leurs visages vers la 
terre, ils leur dirent : «Pourquoi cherchez-vous parmi les morts 
celui qui est vivant? Il n'est pas ici; tout au contraire, il est 
ressuscité. Souvenez-vous comment il vous a parlé quand il était 
encore en Galilée. I faut, disait-il, que le Fis de l'homme soit 
livré entre les mains des pécheurs’, qu'il soit crucifié et qu'il 


1 Voir note sur Marc 15, 43. 

2 Juste a ici le sens d’honnèête, Voir Matth, 1, 19. 

3 Grec: de ceux-ci. Sans doute de ses collègues du Sanhédrin. 

4 Grec: un sabbat allait luire; c’est-à-dire qu’on était au vendredi soir, Ia 
veille d’un sabbat, à l'heure où la nuit tombait et où on allumait la lumière dite & 
lumière du sabbat. 

5 Voir sur le mot pécheur note sur Matth. 9, 10. 


ÉVANGILE SELON SAINT LUC 269 


ressuscite le troisième jour.» Elles se souvinrent alors de ses 
paroles. 

De retour du tombeau, elles annoncèrent tout cela aux onze 
et à tous les autres. C’étaient Marie Magdeleine, Jeanne, Marie 
mère de Jacques, et quelques autres avec elles qui racontèrent 
cela aux apôtres. Et leurs dires leur firent l’effet d’une absurdité 
et ils ne les crurent pas. 


Ce même jouri, deux d’entre les disciples s’en allaient à un 
village situé à soixante stades? de Jérusalem, nommé Emmaüs, 
et 115 s’entretenaient ensemble de tout ce qui venait de se passer. 
Tandis qu'ils s'entretenaient ainsi et discutaient, Jésus lui-même 
s’approcha et se mit ἃ marcher avec eux. Mais une force empé- 
chait leurs yeux de le reconnaitre . 

«Quelles sont, leur dit-il, ces paroles que vous échangez l’un 
et l’autre tout en marchant?» Ils étaient pleins de tristesse et l’un 
d'eux, appelé Cléopas, lui répondit. «Tu es bien seul, lui dit-il, et 
bien étranger à Jérusalem si tu ne sais pas ce qui y est arrivé ces 
Jours-ci. » — «Quoi donc? », leur demanda-t-il. Ils lui répondirent : 
« L'affaire de Jésus de Nazareth qui fut un prophète puissant en 
. œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les 

chefs des prêtres et nos magistrats l'ont livré pour le faire con- 
 damner à mort et l’ont crucifié. Nous, nous espérions qu'il était 
celui qui doit délivrer Israël. Mais, avec tout cela, voici le troi- 
sième jour que ces choses sont arrivées! » 

De plus, certaines femmes qui sont des nôtres nous ont fort 
effrayés. Elles sont allées de grand matin au tombeau et n’y ont 
pas trouvé son corps; et elles sont venues nous dire qu’elles ont 
même vu une apparition d'anges. Ces anges leur ont dit qu'il 
est vivant. Alors quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau ; 
ils ont trouvé toutes choses comme les femmes avaient dit; mais, 
lui, ils ne l’ont pas vu.» 

1 Le verset 12 manque dans tous les bons manuscrits. 

2? Le stade valait, croit-on, 190 mètres environ. Soixante stades faisaient donc 


11 kilomètres 400 mètres. 
5 Littéralement : Leurs yeux étaient forcés de ne pas le reconnaître. 


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43 


44 


970 LE NOUVEAU TESTAMENT 


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«Ὁ insensés! leur dit-il alors, ὃ cœurs lents à croire tout ce 
qu'ont dit les prophètes? Ne fallait-il pas que le Christ souffrit ces 
choses et entrât dans sa gloire? » Et commençant par Moïse et par 
tous les Prophètes, il leur expliquait dans toutes les Écritures ce 
qui le concernait. 

Ils approchaient du village où ils se rendaient et lui faisait sem- 
blant d'aller plus loin. Mais ils le retinrent, « Demeure avec nous, 
lui dirent-ils, car il se fait tard; le jour est déjà sur son déclin. » Il 
entra pour demeurer avec eux. Comme ils étaient ensemble à table, 
il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. 
Leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent, mais lui-même avait 
disparu de devant eux. «N'est-ce pas, se dirent-ils l’un à l’autre, 
que notre cœur était tout enflammé en nous-mêmes", lorsqu'il nous 
parlait dans le chemin et qu'il nous ouvrait le sens des Écritures.» 

Ils se levèrent à l’heure même, retournèrent à Jérusalem et trou- 
vèrent réunis les onze et ceux qui étaient des leurs; ceux-ci leur 
dirent : «Le Seigneur est vraiment ressuscité et il est apparu à 
Simon,» Quant à eux, ils racontèrent ce qui s'était passé dans le 
chemin, et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain. 


Pendant qu'ils parlaient, Jésus parut au milieu d'eux et leur 
dit: «La paix soit avec vous?!» Troublés, épouvantés, ils 
croyaient voir un Esprit. « Pourquoi vous troublez-vous, leur dit-1l, 
et pourquoi ces hésitations qui montent dans vos cœurs? Voyez 
mes mains et mes pieds, c’est bien moi. Touchez-moi; regardez- 
moi; un Esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j'en ai. » 
Comme dans leur stupéfaction et leur joie ils ne croyaient point 
encore, il leur demanda : «Avez-vous ici quelque chose à manger?» 
Ils lui présentèrent un morceau de poisson grillé. I le prit et le 
mangea devant eux. 

Il ajouta: «Voilà ce que je vous disais quand j'étais encore 


1 Quelques anciens manuscrits et plusieurs anciens auteurs omettent en nous= 
mêmes. : 

? Quelques anciens manuscrits omettent et leur dit: La paix soit avec vous, 
Voir sur ces mots, notes sur Jean 14, 27 et 20, 19. 

5 Le verset 40 manque dans tous les bons manuscrits. 


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ÉVANGILE SELON SAINT LUC 971 


avec vous et vous parlais. Je vous disais qu'il fallait que füt 
accompli tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, dans 
les Prophètes et dans les Psaumes.» Et la-dessus il leur ouvrit 
l'intelligence pour qu'ils comprissent les Écritures. «C’est ainsi, 
leur dit-il, qu'il est écrit que le Christ souffrira et ressuscitera 
d'entre les morts le troisième jour, et que la repentance! et la 
rémission des péchés seront prêchées en son nom parmi toutes les 
nations, à commencer par Jérusalem. Vous, vous êtes témoins de 
ces choses. Et moi, j'enverrai sur vous ce que mon Père a promis. 
Vous demeurerez donc dans la ville?, jusqu'à ce que vous ayez 
été revêtus d’une force d’en haut. » 


Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il 
les bénit. Et, tandis qu'il les bénissait, il se sépara d'eux et fut 
élevé au ciel5. Ils tombèrent en adoration“, puis, le cœur plein 
de joie, ils retournèrent à Jérusalem, où ils étaient constamment 
dans le Temple, bénissant Dieu ὅ. 


1 Ou: La conversion. 

2 La ville de Jérusalem. 

3 Quelques anciens manuscrits omettent et fut élevé au ciel. 

4 Quelques anciens manuscrits omettent [15 tombèrent en adoration. 

5 Au lieu de : bénissant Dieu, quelques anciens manuscrits lisent: louant 
Dieu; d’autres : louant et bénissant Dieu. 


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Dressée par J.Hansen 


Nouveau Testament, trad. par Edm. Stapfer. Paris, Librairie Fischbacher. 


JÉRUSALEM ET SES ENVIRONS 


AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST 


L’'ÉVANGILE 


SELON 


SAINT JEAN 


PRÉFACE 


Les Eglises des premiers siècles ont toutes admis le quatrième 
Évangile dans leur Nouveau Testament ; ce livre ἃ toujours été au 
rang des éncontestés et aucune d’elles n’a douté que Jean, l’apôtre, 
n’en fût l’auteur. 

Écrit après tous les autres livres du Nouveau Testament, cet 
Evangile en est le couronnement magnifique; et si les divers 
ouvrages qui forment ce recueil étaient rangés dans l’ordre chro- 
nologique, il devrait être placé le dernier de la série. 

Il date certainement de la fin du premier siècle ou du commen- 
cement du second. Les plus anciens témoignages nous permettent 
de remonter jusqu’à. cette époque, en même temps qu’ils nous 
indiquent Éphèse comme l'endroit où il ἃ été écrit. Or nous savons 
positivement que Jean, l’apôtre, a exercé un long ministère à 
Éphèse, et qu’il y est mort vers l’an 100, très avancé en âge. Il 
est donc tout naturel que la tradition chrétienne lui ait toujours et 
partout attribué le quatrième Évangile. 

Dans le livre lui-même, l’auteur garde l’anonyme, mais cet ano- 
nymat est singulièrement transparent. Sans se trahir une seule fois 

18 


974 LE NOUVEAU TESTAMENT 


et tout en restant invisible, il montre clairement qu'il est l’un des 
douze et, parmi les douze, le bien-aimé du Maître. Or nous savons, 
par les autres Évangiles, que les trois apôtres préférés étaient 
Pierre, Jacques et Jean. Pierre ne peut être l’auteur du quatrième 
Évangile, puisque, d’une part, il y est nommé plusieurs fois et que, 
de l’autre, l’auteur garde l’anonyme. Nous pourrions songer à 
Jacques, s’il n’était pas mort peu de temps après la fondation de 
l'Église, assassiné par l’ordre d’Hérode Agrippa 1 (Actes 12 : 1). 
Il ne reste donc que Jean. 

Sans entrer dans aucune des questions soulevées sur l’authenti- 
cité et l’historicité du quatrième Évangile, ajoutons aux constata- 
tions que nous venons de faire quelques remarques de fait, sur 
lesquelles tout le monde est d'accord. 

Le 21° chapitre est un appendice ajouté par des amis de l’auteur 
et rédigé pour montrer que Jésus-Christ n'avait pas dit que Jean 
ne mourrait pas. Il s'agissait de rassurer les fidèles dont la foi 
venait d’être ébranlée par la mort du vieil apôtre. Ce chapitre 
n’a pu être rédigé qu'aussitôt après cette mort. Donc, Jean vivait 
encore lorsque l'Évangile fut écrit. 


Remarquons encore qu’à chacune des lignes de eë livre, nous 


entendons le témoin oculaire qui a vécu dans l’intimité du Maître, 
que ce témoin connaît fort bien la tradition synoptique et ne craint 
pas de s’écarter d’elle et de donner parfois des récits tout nou- 
veaux et fort différents des siens. Quel autre qu’un apôtre se 
serait permis ces libertés ?° 

Enfin, si le quatrième Évangile n’est pas de Jéan, il est un 
écrit pseudépigraphe. Or, il ne présente aucun des caractères 
qu’offrent les travaux de ce genre, si communs alors, et dont les 
auteurs mettaient leur composition sous l’autorité d’un grand nom 
d'autrefois. Un auteur pseudépigraphe aurait déclaré en toutes 
lettres qu'il était l’apôtre Jean. 

Nous n'avons plus qu’à indiquer succinctement le plan suivi 
par l'écrivain. Il veut prouver que Jésus est le Christ, le Fils de 
Dieu (20 : 31). Après le prologue, dans lequel il résume ce qu'il 
se propose d'établir dans la suite (1: 1-19), il divise son récit 
en deux parties. La première (1 : 19 à 13 : 1) expose parallèlement 
les succès croissants et les revers croissants de la prédication du 
Christ, succès par le témoignage que lui rend Jean-Baptiste 


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ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 275 


(1: 19-35), succès par sa propre prédication (1: 55-56: 1); revers 
_ après la guérison du malade de Béthesda et la multiplication des 
_ pains (ch. 5 et 6), revers quand Jésus est en face des Juifs qui 
 complotent déjà sa mort (7 : 1 à 10: 22); puis nouveaux succès qui 
eux-mêmes hâtent le dénouement, en excitant les Juifs contre lui 
{10: 22-13: 1). Dans la seconde partie, nous avons le récit du 
dernier repas (13 : 1-31), les discours d’adieux aux apôtres (13: 31 
à 18: 1), l'arrestation, le jugement, la crucifixion (ch. 18 et 19), 
la résurrection (20 : 1-30) et l’indication du but du livre (20: 30 
et 31). Le chapitre 21, nous l’avons dit, est un appendice. 


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L’ÉVANGILE 


SELON 


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Au commencement était la Parole; et la Parole était avec Dieu 1: 
et la Parole était Dieu. 

Cette Parole était au commencement avec Dieu 1. Toutes choses 
sont nées par elle, et absolument rien de ce qui existe n’a pris nais- 
sance sans elle. En elle il y avait vie?, et la vie était la lumière 
des hommes. Et la lumière éclaire dans les ténèbres; et les 
ténèbres ne l'ont pas acceptée “. 


Il a paru un homme, envoyé de la part de Dieu; il s’appelait 
Jean; cet homme est venu pour être témoin. Il est venu témoigner 
en faveur de la lumière, pour que tous devinssent croyants par lui. 
Il n’était pas lui-même la lumière ; mais il était là pour témoigner 
en faveur de la lumière. 


1 Le mot que nous traduisons par avec signifie proprement vers; mais tra- 
duire : la Parole était vers Dieu, serait ici une faute. Le sens véritable est : La 
Parole était dirigée vers Dieu et en relation avec Dieu. 

2 Quelques anciens manuscrits lisent: En elle il y a vie. 

8 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Toutes choses sont nées 
par elle et absolument rien n’a pris naissance sans elle. Ce qui a été créé en 
elle, était vie (ou : est vie) et la vie était la lumière des hommes. On peut tra- 
duire aussi : Ce qui a été créé était vie en elle (ou : est vie en elle). 

Ou: ne l'ont pas saisie. 


10 
11 


13 


14 


19 


978 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Elle existait, cette parfaite lumière qui éclaire tout homme 
venant au monde!. Elle existait dans le monde; et le monde avait 
pris naissance par elle et le monde ne l'avait pas connue ?. Elle est 
venue dans sa propre demeure *, et les siens ne l’ont pas accueillie; 
mais à tous ceux qui l'ont accueillie, elle a accordé le privilège de 
devenir enfants de Dieu; elle l’a accordé à ceux qui ont cru en 
son nom. Ceux-là ne sont pas nés au sens physique par la volonté 
de la chair et de l’homme, mais ils sont nés de Dieu. 


Oui, la Parole est devenue chair, et elle a dressé sa tente au 
milieu de nous, et nous avons contemplé sa gloire, la gloire par- 
faite d'un Fils unique envoyé par son Père, tout rempli de grâce 
et de vérité. 

Jean lui rend son témoignage dans ce cri qu’il a jeté : «C'était 
de lui que je disais : Celui qui doit venir après moi, m’a devancé, 
parce qu'il ἃ été avant moi.» En effet, de sa plénitude nous 
avons tous reçu, et grâce après grâce. Car la Loi a été donnée 
par Moïse; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. 
Personne n'a jamais vu Dieu; le Fils unique “ qui est dans le 
sein du Père ὅ, voilà celui qui l’a expliqué. 


Voici quel fut le témoignage de Jean lorsque les Juifs envoyèrent 
de Jérusalem des prêtres et des lévites lui poser cette question : 


1 Au lieu de: Elle existait, celte parfaite lumière qui éclaire tout homme 
venant au monde. On peut traduire aussi: Gette parfaite lumière qui éclaire 
tout homme venait dans le monde. 

2? Ou: Κα le monde a pris naissance par elle, et le monde ne l’a pas connue. 

3 Littéralement : dans ce qui lui appartenait en propre. 

4 Quelques manuscrits très anciens et très autorisés lisent : le Dieu Fils 
unique qui est dans le sein du Père..., 

5 Cette traduction : dans le sein du Père, tout en étant littérale, rend impar- 
faitement le texte grec, où la préposition dans exprime le mouvement. Le sens 
véritable est: qui est incliné sur le sein du Père ou: qui a accès aw sein du 
Père. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 979 


«Qui es-tu?» II s’expliqua formellement et sans réserve; il s’ex- 
pliqua ainsi: «Je ne suis pas, moi, le Christ.» — «Qui donc?» 
lui demandèrent-ils alors. «Serais-tu Élie?» — Il répondit: «Je 
ne le suis pas. » — «Es-tu le Prophète? » — Et il répondit: «Non.» 
— Ils lui dirent alors: «Qui es-tu? pour que nous rendions 
réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même?» 
— «Moi, répondit-il, je suis 

«Une voix qui crie dans le désert : 

Aplanissez la voie du Seigneur ! » 
comme l’a dit le prophète Ésaïe. » 

Les envoyés étaient des Pharisiens. Ils continuèrent à l’inter- 
roger : «Pourquoi donc, lui dirent-ils, baptises-tu, si tu n’es ni le 
Christ, ni Élie, ni le Prophète?» La réponse de Jean fut celle-ci : 
« Moi, je baptise avec l’eau?; mais, au milieu de vous, se tient 
quelqu'un que vous ne connaissez pas. C’est celui qui doit venir 
après moi; je ne suis pas digne de délier la courroie de sa san- 
dale! » 

Ceci se passait à Béthanie, au delà du Jourdain, là où Jean 
baptisait. 


Le lendemain, Jean voit Jésus qui s’avance vers lui, et il dit : 
« Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde! c’est de lui 
que j'ai dit: «Après moi vient un homme qui m'a devancé, parce 
qu'il ἃ été avant moi.» Moi, je ne le connaissais pas, mais c’est 
pour qu'il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser avec 
l'eau 3.» 

Jean rendit encore ce témoignage : «J'ai vu, dit-il, l'Esprit 
descendre du ciel sous la figure d’une colombe et demeurer sur 
lui. Moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé bap- 
tiser avec l’eau ? m'a dit lui-même : «C’est l’homme sur lequel tu 


1 Ésaïe 40, 3. On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : «Je suis 
Une voix qui crie : 
Aplanissez dans le désert la voie du Seigneur.» 
? Ou: avec de l’eau. Le texte n’a pas d'article avant le mot eau. On peut 
traduire aussi : dans de l’eau. Noir note sur Matth. 3. 11. 


20, 1 
21 


22 


23 


24 25 


28 


99 


1, 34 


40 


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48 


980 LE NOUVEAU TESTAMENT 


verras l'Esprit descendre et demeurer, qui baptise avec l'Esprit 
saint.» Or je l'ai vu et j'ai rendu ce témoignage : «C’est lui qui 
est le Fils de Dieu. » 


Le lendemain Jean était de nouveau au même endroit avec deux 
de ses disciples et, arrêtant son regard sur Jésus qui passait, il dit : 
«Voici l’agneau de Dieu!» Les deux disciples entendirent ces 
paroles et suivirent Jésus. 

Celui-ci, s'étant retourné et s'étant aperçu qu'ils le suivaient, 
leur dit: «Qui cherchez-vous?» — Ils lui répondirent: «Rabbi 
(ce mot veut dire: maître), où demeures-tu?» — « Venez, leur 
dit-il, et vous le verrez. » 

Alors ils allèrent avec lui, virent où il demeurait et restèrent 
auprès de lui ce jour-là; c'était vers la dixième heure ?. 

André, le frère de Simon Pierre, était l’un de ces deux qui, sur 
le mot de Jean, s'étaient mis à suivre Jésus. Il fut le premier à 
trouver son propre frère Simon et lui dit: «Nous avons trouvé 
le Messie (ce mot se traduit : Christ #).» Il l’amena à Jésus qui, 
arrêtant sur lui son regard, lui dit: «Tu es Simon, le fils de 
Jean 5, tu seras appelé Képhas (ce qui veut dire Pierre). » 

Le lendemain, Jésus résolut de partir pour la Galilée. 11 trouva 
Philippe et lui dit: «Suis-moi!» Philippe était de Bethsaïda, de la 
même ville qu'André et Pierre. Il trouva Nathanaël et lui dit : 
«Celui dont ἃ parlé Moïse dans «la Loi», dont ont parlé «les 
Prophètes 5 », nous l’avons trouvé! C'est Jésus de Nazareth, le fils 
de Joseph.» Nathanaël lui répondit : «Peut-il venir quelque chose 
de bon de Nazareth?» — «Viens et vois», lui répliqua Philippe. 

Apercevant Nathanaël qui s’avançait vers lui, Jésus dit de lui : 


1 Ou: dans l'Esprit saint. Voir note sur Matth. 3, 11. 

2 Vers quatre heures de l’après-midi. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent : Il trouva d'abord son propre frère. 
‘Ou: Oint. Le mot Ghrist n’est autre que le grec du mot français : Ont. 
Le texte traditionnel: fûts de Jonas, est moins ancien et moins autorisé, 
6 Voir sur la « Loi et les Prophètes» note sur Matth. 22, 40. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 281 


« Voici un véritable Israélite, un homme qui est sans fraude!» — 
«D'où me connais-tu?» lui demanda Nathanaël. Jésus lui répondit 
par ces paroles : «Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais 
sous le figuier, je t'ai vu. » — « Rabbi, répliqua Nathanaël, tu es le 
Fils de Dieu! tu es le Roi d'Israël!» Jésus reprit en ces termes : 
« Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, voilà que tu 
crois! Tu verras de plus grandes choses que celles-la.» Et il 
ajouta : «En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel 
ouvert et les anges de Dieu montant et descendant sur le Fils de 
l’homme. » 


Le troisième jour, il y avait un repas de noce à Cana en Ga- 
lilée. La mère de Jésus s’y trouvait, et Jésus également avait été 
invité avec ses disciples. Le vin étant venu à manquer !, la mère 
de Jésus dit à celui-ci: «Ils n’ont plus de vin?.» — «Femme, 
lui répondit Jésus, qu'y a-t-il entre toi et moi“? mon heure 
n'est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Faites 
ce qu'il vous dira. » 

Or, il y avait là six urnes de pierre disposées pour les ablutions 
qui sont en usage parmi les Juifs. Chacune d’elles contenait deux 
ou trois métrètes ὅ, «Remplissez d’eau les urnes», dit Jésus aux 
serviteurs. Ils les remplirent jusqu’au bord. «Puisez-y maintenant, 
leur dit Jésus, et portez-en à l’ordonnateur du repas 6.» Ils lui en 


1 Au lieu de: Le vin étant venu à manquer, un des plus anciens manuscrits 
lit : on n’avait plus de vin, parce qu’on avait fini le vin du repas de noce. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : ΠῚ n’y a plus de vin. 

3 Ce mot femme, dans la langue que parlait Jésus et d’après les conventions 
sociales de son temps, équivalait à celui-ci: ma mère. 

4 Cette expression : Qùw’y a t-il entre toi et moi? qui se retrouve souvent 
dans le grec profane, répond toujours au français : Laisse-moi faire; je n'ai 
pas: besoin de ton concours. Les démoniaques ont souvent prononcé la même 
parole. (Voir, par ex., Luc 8, 28.) On pourrait aussi donner à cette expression 
ce sens: Qu’'y a-t-il pour toi et pour moi? Cest-à-dire : Que demandes-tu de 
moi? Une formule de politesse identique est encore en usage chez les Arabes. 
D'ailleurs, quelle que soit l'interprétation de ces mots, ils n’impliquent nulle- 
ment une rupture entre Jésus-Christ et sa mère. 

5 Le métrète était exactement de 38 litres 88 centilitres. 

5 Grec : l’architriclin, ce n’était pas celui qui présidait le repas, assis à table 


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11 


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289 LE NOUVEAU TESTAMENT 


portèrent. Quand celui-ci eut goûté l’eau devenue vin, — n’en 
sachant point la provenance, comme la savaient les serviteurs 
qui avaient puisé l’eau, — il appelle l'époux et lui dit: «Tout le 
monde offre d’abord le bon vin à ses convives et, quand ils sont 
en ébriété, 11 leur en donne de qualité inférieure; quant à toi, tu 
as réservé le bon vin jusqu’à maintenant. » 

Tel fut, à Cana en Galilée, le commencement des miracles faits 
par Jésus. 

Ainsi 1l manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. 


Après cela, il descendit à Capharnaüm, avec sa mère, ses frères 
et ses disciples. Il n’y demeura que peu de jours. La Pâque des 
Juifs était proche et il monta à Jérusalem. 

Dans le Templef, il trouva les marchands de bœufs, de brebis, 
de colombes, les changeurs installés. Se faisant alors un fouet avec 
des cordes, il les chassa tous du Temple? ainsi que les brebis et 
les bœufs ; il répandit sur le sol la monnaie des changeurs et ren- 
versa leurs tables et, quant aux marchands de colombes, il leur dit : 
« Emportez tout cela et ne faites pas de la maison de mon Père 
une maison de trafic.» 

Ses disciples se souvinrent qu'il est écrit : 

«Le zèle de ta maison me dévore 5. » 

Cependant les Juifs s’adressèrent à lui; ils lui dirent : «Quel mi- 
racle nous montres-tu pour agir de la sorte? » Jésus leur répondit 
par ces paroles : «Renversez ce Temple et en trois jours je le 
relèverai!» — «Il ἃ fallu, reprirent les Juifs, quarante-six ans 
pour bâur ce Temple et toi tu le relèverais en trois jours!» Mais 
lui, il parlait du Temple de son corps; et lorsqu'il fut ressuscité 
d'entre les morts, ses disciples se souvinrent de ce langage, et ils 
crurent alors à l'Écriture et à la parole dite par Jésus. 


avec les convives, mais celui qui dirigeait les serviteurs, celui que nous appelons 
aujourd’hui le maître d’hôtel. 

1 Le Temple, c’est-à-dire ici la cour du Temple, immense enceinte qui entou- 
rait le sanctuaire et était une sorte de place publique. 

? C'est-à-dire de l’enceinte sacrée. 

ἡ Psaume 639, 10. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 983 


Pendant qu'il était à Jérusalem, à la fête de Pâque, un grand 
nombre, à la vue des miracles qu'il faisait, crurent en son nom. 
Mais lui, Jésus, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait 
tous. 

Π n'avait pas besoin en effet que tel ou tel témoignage vint le 
renseigner sur qui que ce soit; il savait par-lui-même ce qu'il y 
avait en chacun. 


Parmi les Pharisiens se trouvait un homme du nom de Nico- 
dème. C'était l’un des chefs des Juifs 1. 11 vint à Jésus pendant la 
nuit. «Rabbi 3, lui dit-il, nous savons que tu es venu de la part de 
Dieu comme docteur, car nul ne peut faire les miracles que tu 
fais, si Dieu n’est avec lui. » 

Jésus alors lui adressa ces paroles : «En vérité, en vérité, je te 
le dis, personne, s’il ne naît de nouveau, ne peut voir le Royaume 
de Dieu.» Nicodème lui dit : «Comment un homme qui est vieux 
peut-il naître! peut-il retourner dans le sein de sa mère et naître 
une seconde fois? » 

Jésus répondit : «En vérité, en vérité, je te le dis, personne, 
s'il ne naît d’eau et d'Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de 
Dieu“. Ce qui est né de la chair est chair; ce qui est né de 
l'Esprit est Esprit. Ne t’étonne pas de ce que je t’aie dit: il faut 
que vous naissiez de nouveauÿ. Le vent6 souflle où il veut; tu 
en entends le bruit, mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va. 
Ainsi en est-il de tout homme né de l'Esprit. » 

Nicodème l’interrogea : «Comment, dit-il, cela se peut-il faire? » 

Jésus alors lui adressa ces paroles : «Tu es le docteur d'Israël 
et tu ne sais pas ces choses! En vérité, en vérité, je te le dis, 


1 Sans doute membre du Sanhédrin. Voir note sur Matth. 5, 22. 

2 C'est-à-dire Maître. 

3 Littéralement : s’i ne naît d'en haut; mais ici cette expression signifie : 
s’il ne naît de nouveau ou plus exactement encore : à nouveau. 

4 Un des plus anciens manuscrits lit: Royaume des cieux. 

> Que vous naïissiez de nouveau, Voir note sur le verset 3. 

5 Grec : l’esprit. Il désigne ici le vent. 


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984 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ce que nous savons, nous le disons; ce que nous avons vu, 
nous l’attestons; et vous n’acceptez pas notre témoignage. Si, 
quand je vous ai parlé des choses de la terre, vous ne croyez pas, 
comment croiriez-vous si je vous parlais des choses du ciel? Nul 
n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de 
l'homme qui est au ciel!. Et de même que, dans le désert, Moïse 
a élevé le serpent, de même il faut que le Fils de l’homme soit 
élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ?. » 

«Dieu, en effet, ἃ tant aimé le monde qu'il a donné son Fils 
unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il 
ait la vie éternelle *. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le 
monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé 
par lui. » 

«Qui croit en lui n’est point jugé; qui ne croit point est déjà 
jugé parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Voici 
quel est le jugement : la lumière est venue dans le monde et les 
hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que 
leurs œuvres étaient mauvaises. Quiconque, en effet, commet le 
mal hait la lumière et ne vient pas vers la lumière, de crainte que 
ses œuvres ne soient découvertes et condamnées. Quant à celui 
qui pratique la vérité, il vient vers la lumière, afin que ses 
œuvres deviennent manifestes, parce que c’est en Dieu qu’elles sont 
accomplies. » 


Après cela, Jésus et ses disciples se rendirent en Judée. Il y 
demeurait avec eux et il baptisait. Jean baptisait également à 


1 Plusieurs anciens manuscrits omettent qui est au ciel. 

2 Le grec n’a pas l’article et dit : Une vie éternelle, ce qui se présentera sou- 
vent dans cet Évangile, sans que nous croyions nécessaire de l'indiquer chaque 
fois au lecteur, Remarquons aussi que si le mot que nous traduisons par éter- 
nelle a bien ce sens dans le grec, c’est-à-dire dans la langue originale des Évan- 
giles, cependant son correspondant hébreu ou syriaque, c’est-à-dire le terme 
dont Jésus-Christ s'est servi, a simplement le sens de : ὦ venir. Les Juifs disaient: 
«la vie à venir, le siècle à venir», par opposition à: «la vie présente, le siècle 
présent,» sans que la durée de ce siècle ou de cette vie fût fixée. (Voir 
Matth. 25, 46.) 

3 Voir la note du verset 15 sur ces mots: la vie éternelle. 


4 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 285 


Ainon, près de Salim, parce qu'il γ avait là beaucoup d’eau. On y 
venait alors recevoir le baptème. En effet, Jean n'avait pas encore 
été mis en prison. 

Or, à la suite d'une discussion des disciples de Jean et d’un 
Juif à propos de la purification, ceux-ci vinrent à Jean et lui 
dirent: «Rabbit, celui qui était avec toi au delà du Jourdain, 
celui dont tu as été le témoin, voici qu'il baptise et que tout le 
monde vient à lui. » 

Jean répondit par ces paroles: «Un homme ne peut rien 
prendre? qui ne lui soit donné du ciel. Vous-mêmes vous me 
rendez le témoignage que j'ai dit: «Je ne suis pas, moi, le 
Christ; mais je suis envoyé devant lui.» L’époux c’est celui qui a 
l'épouse; l'ami de l’époux qui se tient près de lui et l'écoute, est 
réjoui d'une grande joie par la voix de l’époux. Cette joie-là est 
pleinement mienne. Lui, il faut qu’il croisse; moi, que je diminue. » 

« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous. Celui qui vient 
de la terre * est de la terre et parle de la terre; celui qui vient 
du ciel est au-dessus de tous “; il atteste ce qu'il a vu et entendu 
et personne n'accepte son témoignage. Celui qui accepte son 
témoignage confirme que Dieu est véridique. Car ce sont les 
paroles de Dieu que prononce celui que Dieu ἃ envoyé, parce 
_ que ce n’est pas avec mesure® que Dieu donne l'Esprit. Le Père 
aime le Fils, et ἃ tout remis entre ses mains. Qui croit au Fils ἃ 
la vie éternelle5; qui refuse de croire au Fils ne verra pas la 
vie; mais la colère de Dieu demeure sur lui. » 


Ayant su que les Pharisiens avaient ouï dire qu'il faisait plus de 
disciples et baptisait plus que Jean (quoiqu'il ne baptisät pas lui- 

1 C'est-à-dire Maître. 

2? Prendre, c’est-à-dire ici s’arroger. 

3 Littéralement : celui qui est de la terre. 


4 Quelques anciens manuscrits omettent esé au-dessus de tous. Il faut lire 
alors : celui qui vient du ciel atteste, etc. 


Ὁ C'est-à-dire parcimonieusement. 
5 Voir note sur le verset 15. 


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986 LE NOUVEAU TESTAMENT 


même; c’étaient ses disciples qui baptisaient), le Seigneur! quitta 
la Judée et repartit pour la Galilée. 

ΠῚ lui fallait alors traverser la Samarie. 

ΠῚ arriva donc à une ville de ce pays nommé Sychar, près de 
la terre que Jacob avait donnée à son fils Joseph. 

Là se trouvait le puits de Jacob. 

Fatigué par le voyage, Jésus s’assit sur le puits; 1] était environ 
la sixième heure ?. 

Survint pour puiser de l’eau une femme de la Samarie. 
« Donne-moi à boire», lui dit Jésus. (Ses disciples étaient allés à 
la ville pour acheter des vivres.) La femme samaritaine lui répon- 
dit: «Comment me demandes-tu à boire, toi, qui es Juif, à moi 
qui suis Samaritaine? » (Les Juifs, en effet, n'ont point de rapports 
avec les Samaritains ".) Jésus alors lui adressa ces paroles : «81 tu 
savais le don de Dieu, et quel est celui qui te dit: «Donne-moi 
à boire», tu lui ferais toi-même une telle demande, et il te donne- 
rait de l’eau vive. » 

«Seigneur, lui dit la femme“, tu n'as rien pour puiser, et le 
puits est profond. D'où as-tu cette eau vive? Es-tu plus grand 
que notre père Jacob, lequel nous ἃ donné ce puits, et qui y a 
bu lui-même ainsi que ses fils et ses troupeaux 3» 

Jésus lui répondit par ces paroles : «Quiconque boit de l’eau 
que voici aura soif de nouveau; mais celui qui boira de l’eau que 
je lui donnerai n'aura plus jamais soif; au contraire, l’eau que 16 
lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant en vie 
éternelle ὃ,» 

«Seigneur, reprit la femme, donne-moi cette eau-là, pour que 
je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour puiser. » 

«Va appeler ton mari, lui dit Jésus, et reviens ici. » 


1 Au lieu de: Le Seigneur, quelques anciens manuscrits lisent : Jésus. 

2? Environ midi. 

3 Quelques anciens manuscrits et de très anciennes autorités omettent: les 
Juifs, en effet, n'ont point de rapports avec les Samaritains. 

4 Les deux plus anciens manuscrits omettent La femme et lisent : lui dit-elle, 

Ὁ C'est-à-dire: d’où jaillit une vie éternelle. 


1 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 28 


La femme répondit ainsi: «Je n'ai pas de mari.» Jésus repartit: 
«Tu as raison de dire: «je n'ai pas de mari»; en effet, tu as eu 
cinq maris et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari; en 
cela, tu as dit vrai.» 

«Seigneur, lui dit la femme, je vois que tu es prophète. Nos 
pères ont adoré sur cette montagne-c1; et vous dites, vous, qu'à 
Jérusalem est le lieu où il faut adorer. » 

«Femme, crois-moi, lui dit Jésus, il vient une heure où ni sur 
cette montagne-ci, ni à Jérusalem vous n’adorerez le Père. Vous 
adorez, vous, ce que vous ne connaissez pas; nous, nous adorons 
ce que nous connaissons, parce que le salut vient des Juifs. Mais 
il vient une heure, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs 
adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont de tels adora- 
teurs que demande le Père; Dieu est esprit, et il faut que ceux qui 
l'adorent, l’adorent en esprit et en vérité. » 

«Je sais, repartit la femme, qu'il va venir un Messie » — (ce 
mot signifie Christ) !, — «Quand il viendra, il nous apprendra 
tout. » 

Jésus lui dit: «Je le suis, moi qui te parle.» 

En ce moment, arrivèrent ses disciples ; 115 furent surpris de ce 
qu'il parlait à une femme. Aucun d'eux pourtant ne [ui dit: 
«Que lui demandes-tu?» ou : « Pourquoi t’entretiens-tu avec elle? » 

Quant à celle-ci, laissant là sa cruche, elle partit pour la ville et 
dit aux uns et aux autres : «Venez voir un homme qui m'a dit 
tout ce que j'ai fait; ne serait-ce pas le Christ?» 

Ils sortirent de la ville, et ils allaient vers Jésus. 

Dans l'intervalle, les disciples insistaient auprès de lui et lui 
disaient : «Rabbi?, mange. » 

«J'ai pour me nourrir, leur répondit-il, un aliment que vous 
ne Connaissez pas. » 

Les disciples s’interrogeaient l’un l’autre : «Quelqu un lui a-t-il 
apporté à manger ? » 


1 Christ voir note sur Jean 1, 42. 
? Maître. 


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33 


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38 


46 


9288 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Ma nourriture, reprit Jésus, c’est de faire la volonté de Celui 
qui m'a envoyé, c’est d'accomplir son œuvre. Vous dites, n'est-ce 
pas, qu’il y ἃ encore quatre mois avant la moisson. Eh bien! 
moi, je vous dis: levez les yeux et regardez ces campagnes, elles 
sont blanches pour la moisson. Déjà le moissonneur reçoit son 
salaire?, et ramasse du fruit pour la vie éternelle, afin que le 
semeur se réjouisse en même temps que le moissonneur. [Οἱ se 
vérifie cette parole : autre est le semeur, autre le moissonneur. Je 
vous ai envoyé moissonner là où vous n’aviez point travaillé. 
D’autres ont travaillé et vous, vous êtes entrés dans leur travail à. » 

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui d’après le 
témoignage porté par cette femme: «Il m'a dit tout ce que j'a 
fait.» Aussi ces Samaritains vinrent-ils le prier de s’arrêter chez 
eux. 

Jésus y passa deux jours ; et un bien plus grand nombre encore 
crurent en lui, après avoir écouté sa parole. «Ge n’est plus sur 
ton récit que nous croyons, disaient-ils à la femme; car nous 
l'avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu'il est vraiment 
le Sauveur du monde.» 


Après ces deux jours, Jésus partit de là et s'en alla en Galilée. 
Il est vrai qu’il avait lui-même déclaré que «dans sa propre patrie 
un prophète est sans honneur ». Cependant quand il y arriva, les 
Galiléens l’accueillirent à cause de tout ce qu'ils lui avaient vu 
faire à Jérusalem pendant la fête à laquelle eux aussi avaient 
assisté. 

Jésus se rendit aussi de nouveau à Cana de Galilée, où il avait 
changé l’eau en vin. 

Or, il y avait à Capharnaüm un oflicier royal dont le fils était 


1 Ces mots : encore quatre mois avant la moisson peuvent se scander dans 
le texte grec et forment un vers iambique. 

2 On peut lire aussi, d'après une autre ponctuation : elles sont déjà blanches 
pour ἴω moisson. Le moissonneur reçoit son salaire. 

3 C'est-à-dire vous avez joui des fruits de leur travail. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 289 


malade. Cet officier ayant appris que Jésus, venant de Judée, était 
arrivé dans le pays, alla le trouver et le pria de descendre à 
Capharnaüm pour guérir son fils, qui était mourant. Jésus lui 
dit: «A moins d’avoir sous vos yeux des miracles et des prodiges 
vous ne croyez pas!» — « Viens, Seigneur, reprit cet oflicier du 
roi, avant que mon enfant meure!» — Jésus lui répondit : « Va, 
ton fils vit.» Cet homme crut à la parole que lui avait dite Jésus 
et s’en alla. 

Il était déjà en route lorsqu'il rencontra ses serviteurs! qui lui 
annoncèrent que son enfant était vivant. Il leur demanda à quelle 
heure l'enfant s’était senti mieux. «Hier, répondirent-ils, à la 
septième heure ? la fièvre l’a quitté.» Le père constata que c'élait 
à cette heure même que Jésus lui avait dit: «Ton fils vit.» Dès 
lors il devint croyant, ainsi que tous ceux de sa maison. 

C'était un nouveau miracle, le second que fit Jésus à son retour 
de Judée en Galilée. 


Après cela, vint une fête ὁ des Juifs et Jésus monta à Jérusalem. 
Or, il s’y trouve près de la Porte-des-Brebis une piscine (le mot 
hébreu est Bethzatha “); elle ἃ cinq portiques sous lesquels étaient 
étendus une multitude de malades : aveugles, estropiés, perclus ὅ. 
ΠῚ y avait là un homme dont la maladie remontait à trente-huit 
ans. Le voyant couché et sachant qu'il était là depuis longtemps, 
Jésus lui dit: « Veux-tu être guéri? » — «Seigneur, lui répondit le 
malade, je n'ai personne pour me jeter dans la piscine lorsque 


1 Grec : esclaves. 

2 Une heure de l'après-midi. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent : Après cela vint la fête des Juifs, c’est- 
à-dire la fête par excellence, la Pâque. 

4 On (d’après d’autres manuscrits) : Béthesda. 


Le passage qui forme dans les versions ordinaires la fin du verset 3 et le 
verset 4 ne se trouve dans aucun manuscrit autorisé : 115 attendaient l'agitation 
de l’eau; à certains moments, en effet, un ange descendait dans la piscine et 
mettait l’eau en mouvement, et le premier qui entrait dans la piscine après 
ce bouillonnement de l’eau était guéri, quelle que fût sa maladie. 


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47, 4 


QD D = 


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990 LE NOUVEAU TESTAMENT 


l’eau vient à bouillonner !. Pendant que j'y vais, un autre y descend 
avant moi.» Jésus lui dit: «Lève-toi, prends ton grabat et 
marche.» Cet homme fut immédiatement guéri?; 1l prit son 
grabat; il marchait. 

Or ceci se passait en un jour de sabbat. 

Alors les Juifs s’adressèrent à l’homme guéri : «C'est le jour du 
sabbat; il ne t'est point permis d’emporter ce grabat.» Il leur 
répliqua : «Celui-là mème qui m'a guéri m'a dit: «Prends ton 


grabat et marche.» — «Quel est cet homme, lui demandèrentls, 


qui (᾽ἃ dit de le prendre et de marcher?» Mais l'homme guéri * ne 
savait pas qui c'était; Jésus, d’ailleurs, s'était retiré parce qu'il y 
avait foule en ce lieu. 

Quelque temps après Jésus rencontra cet homme dans le Temple 
et lui dit : «Te voilà guéri; ne pèche plus de peur qu'il ne t’arrive 
quelque chose de pire.» Cet homme s’en alla dire aux Juifs que 
c'était Jésus qui l'avait guéri. Et c'est parce que Jésus agissait de la 
sorte le jour du sabbat, c’est pour cela même que les Juifs le pour- 
suivaient. Mais lui, il leur dit: « Mon Père jusqu'à présent agit, et 
moi aussi j'agis *. » | 

Là-dessus, les Juifs cherchaient d'autant plus à le faire mourir; 
non seulement parce qu'il annulait le sabbat, mais parce qu'en 
outre il disait que Dieu était son propre Père, se faisant l’égal de 
Dieu. 

Jésus alors leur adressa ces paroles : «En vérité, en vérité, je 
vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même; il ne fait que 
ce qu'il voit faire au Père. En effet, tout ce que le Père fait, 
le Fils aussi le fait également; car le Père aime le Fils et lui 
montre tout ce qu'il fait; et il lui montrera des œuvres plus 
grandes que celles-ci, pour que vous soyez remplis d’admiration. 


1 ΤΠ s’agit évidemment ici d’une source intermittente, ayant le plus d'efficacité 
au moment où elle jaillit. 

2 Quelques anciens manuscrits omettent immédiatement. 

3 Quelques anciennes autorités lisent : l’homme malade. 

4 C'est-à-dire : Mon action est incessante comme celle de mon Père et ne 
s'arrête pas plus que la sienne, le jour du sabbat. À chaque instant il agit, et j’agis 
aussi. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 9291 


De même, en effet, que le Père ressuscite les morts et vivifie, de 24, 5 
même le Fils vivifie qui il veut. Car le Père ne juge qui que ce soit; 99 
mais il ἃ remis au Fils tout le jugement afin que tous honorent le 93 
Fils comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils 
n’honore pas le Père qui l’a envoyé. » 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma 2 
parole et croit à Celui qui m'a envoyé, possède une vie éternelle 
et ne comparait point en jugement: de la mort il est passé à la 
vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, il vient une heure, et elle 
est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, 
et ceux qui l’auront entendue vivront. Car, comme le Père a la 96 
vie en soi, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en soi, etilluia 97 
donné la puissance d'exercer un jugement, parce qu'il est fils 
d'homme. Ne vous étonnez pas de cela; car il vient une heure! 98 
où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, eten 2 
sortiront; ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour vivre, 

et ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour être jugés ?. » 

«Je ne puis, moi, rien faire de moi-même; comme j'entends, 30 
je Juge, el mon jugement est Juste, parce que je ne cherche pas 
ma volonté, mais la volonté de Celui qui m'a envoyé. » 

«Si c'est moi qui me rends témoignage à moi-même, mon 31 
témoignage n'est pas véridique. Il en est un autre qui me rend 389 
témoignage, et le témoignage qu'il me rend est, je le sais, 
véridique. » 


ε9 
Qt 


« Vous vous êtes adressés à Jean, et il a rendu témoignage ἃ la 88 
vérité. Quant à moi, ce n’est pas le témoignage qui vient d’un 84 
homme que j'accepte, mais j'en parle afin que vous soyez sauvés. 

Il était lui le flambeau qui brûle et qui brille et, à sa clarté, vous 35 
vous êtes plu un moment à vous réjouir. » 

«Quant à moi, j'ai le témoignage qui est plus grand que celui 56 
de Jean; car j'ai les œuvres que le Père m’a donné d'accomplir; 


1 On peut traduire aussi: Ne vous éfonnez pas de ceci : il vient une heure... 
etc., ou encore: Vous étonnez-vous de ceci qu’il vient une heure... etc. 

2? Grec: en résurrection de vie et: en résurrection de jugement. 

5 Quelques anciens manuscrits lisent : vous le savez. 


5, 37 


4 


σι 


299 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ce sont ces œuvres mêmes, celles que je fais, qui rendent témoi- 
gnage de moi et attestent que le Père m'a envoyé. » 

«De plus, le Père qui m’a envoyé a, lui aussi, rendu témoignage 
de moi. Vous n'avez jamais ni écouté sa voix ni contemplé sa face, 
et sa parole vous ne l’avez pas demeurant en vous, PU τοὺ vous 
ne croyez pas à celui qu'Il ἃ envoyé. » 

«Vous scrutez les Écritures, parce que vous pensez y trouver la 
vie éternelle, et elles aussi, elles me rendent témoignage. » 

« Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie ! » 

«La gloire qui vient des hommes, je ne l’accepte pas; mais je 
vous connais pour n'avoir pas l'amour de Dieu en vous : moi, qui 
suis venu au nom de mon Père, vous ne me recevez pas! Qu'un 
autre se présente en son propre nom, et vous le recevrez! » 

«Comment pourriez-vous croire, vous qui recevez votre gloire 
les uns des autres et ne recherchez pas la gloire qui vient de Dieu 
seul?? Ne pensez pas que, devant le τ ce Soit MOI qui vous 
accuserai. Votre accusateur c'est Moïse en qui vous mettez votre 
espoir. Car si vous croyiez à Moïse, vous croiriez à moi-même; 
en effet, c'est de moi que parlent ses écrits; mais si vous ne croyez 
pas à ce qu'il ἃ écrit, comment croirez-vous à mes paroles ?» 


Ensuite Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée (ou de 
Tibériade). ΠῚ était suivi d’une foule immense, attirée par les mi- 
racles qu'il opérait sur les malades. Il gravit la montagne et y fit sa 
demeure * ainsi que ses disciples. 

C'était aux approches de la fête juive de la Pàâque. 

Ayant levé les yeux, Jésus aperçut l'immense foule qui venait 
à lui, et dit à Philippe : «Où achèterons-nous des pains # pour leur 
donner à manger?» (II lui parlait ainsi pour le mettre à l'épreuve; 
car, lui, 1l savait ce qu'il allait faire.) «Pour que chacun en 


1 Cest-à-dire : je constate seulement que vous n'avez pas l'amour de Dieu 
en vous, puisque moi qui suis venu, etc. 

? On peut traduire aussi: de Celui qui seul est Dieu. 

5 Ily fit sa demeure. Voir note sur Matth. 5, 1. 

4 Voir note sur Matth, 14, 17. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 993 


eût tant soit peu, lui répondit Philippe, deux cents deniers! de 
pains seraient insuflisants.» L'un des disciples (c'était André, le 
frère de Simon Pierre) dit à Jésus : «Il y a ici un petit garçon 
qui ἃ cinq pains d'orge et deux poissons; mais pour une pareille 
foule qu'est-ce que cela?» — «Faites asseoir ces gens», dit Jésus. 

En ce lieu-là, l'herbe était abondante. 

Les hommes s’assirent au nombre d'environ cinq mille. Jésus prit 
alors les pains, prononça l’action de grâces et les distribua à ceux 
qui étaient assis ; 1l fit de même avec les poissons; ils en eurent 
autant qu'ils en voulaient. Quand tous furent rassasiés, il dit à 
ses disciples : «Ramassez, pour que rien ne se perde, les morceaux 
qui sont restés. » Ils les ramassèrent donc; et, avec ces morceaux 
des cinq pains d'orge, avec ce superflu du repas, ils remplirent 
douze paniers. 

Tous ces gens, s’apercevant qu'il avait fait un miracle?, 
disaient: «C’est vraiment là le prophète qui doit venir dans le 
monde.» Sachant alors qu'ils allaient l'enlever de force pour le 
faire roi, Jésus se retira de nouveau, lui seul, dans la montagne. 


Quand vint le soir, ses disciples redescendirent vers la mer; ils 
montèrent dans une barque et entreprirent la traversée dans la 
direction de Capharnaüm. Il faisait déjà nuit 4, Jésus ne les avait 
pas encore rejoints, et la mer s’enflait au soufile d’un grand vent. 
Les disciples avaient parcouru environ vingt-cinq ou trente 
stades ὅ, quand ils aperçurent Jésus, marchant sur la mer et s’ap- 
prochant de la barque. L'’épouvante les saisit, mais Jésus leur dit : 
«C’est moi, soyez sans crainte.» [15 voulurent alors le recevoir 
dans la barque, et tout aussitôt elle se trouva à terre, là où ils 
allaient. 


1 Deux cents deniers : Voir note sur Marc 6, 37. 

? Quelques anciens manuscrits lisent : des miracles. 

# Un des plus anciens manuscrits, au lieu de : se retira, lit: s'enfuit. 

4 Au lieu de: Il faisait déjà nuit, quelques anciens manuscrits lisent: La 
nuit les surprit. 

5 Le stade valait environ 190 mètres; de 25 à 30 stades faisaient donc de 
4 kilomètres 750 mêtres à 5 kilomètres 700 mètres. Le lac de Tibériade a de 
20 à 24 kilomètres de longueur et de 12 à 16 de largeur. 


16 


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19 


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20 


6, 22 


[Se] 
-1 


204 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Le lendemain, les multitudes, restées de l’autre côté de la mer, 
remarquèrent que Jésus n’était pas entré avec ses disciples dans la 
seule et unique barque qui füt là, et que ceux-ci étaient partis seuls. 

D'autres bateaux cependant arrivèrent de Tibériade près de 
l'endroit où, à la suite de l’action de grâces du Seigneur, tous 
avaient élé nourris. 

Les multitudes, qui finirent par se convaincre que, de même 
que ses disciples, Jésus n’était plus là, montèrent dans ces embar- 
cations pour aller le chercher à Capharnaüm. Et l'ayant en effet 
trouvé sur l’autre rive, elles lui demandèrent: «Rabbit, quand 
es-tu venu Ici? » 

Jésus leur répondit par ces paroles: «En vérité, en vérité, je 
vous le dis, vous me cherchez non pas à cause des miracles que 
vous avez vus, mais à cause des pains dont vous avez été nourris 
et rassasiés. Travaillez à acquérir, non l'aliment qui périt, mais 
l’aliment qui subsiste en vie éternelle, et que le Fils de l'homme 
vous donnera, le Fils de l’homme que le Père, que Dieu ἃ marqué 
de son sceau. » 

«Que devons-nous faire, lui dirent-ils, pour travailler aux 
œuvres de Dieu?» | 

Jésus leur répondit par ces paroles : «L'œuvre de Dieu est 
d’avoir foi en celui qu'Il ἃ envoyé. » 

Alors ils lui demandèrent: «Quel est le miracle ? que tu fais 
afin que nous le voyions et que nous ayons foi en toi? Quelle est 
l’œuvre que tu accomplis? Nos pères ont mangé la manne dans 
le désert comme cela est écrit: 

QE leur donna à manger un pain qui vient du ciel*. » 

«Le pain qui vient du ciel, leur répondit Jésus, en vérité, en 
vérité, je vous le dis, Moïse ne vous l’a pas donné: mais c’est 
mon Père qui vous donne le pain qui vient du ciel, le pain véri- 


1 Rabbi, c’est-à-dire Maître. 

2? Le mot miracle peut se traduire aussi par signe. Il a évidemment ce sens 
spécial ici : Quel est le signe que tu nous présentes ? 

8 Psaume 78, 24 (Exode 16, 15). 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 995 


table. Le pain de Dieu est, en effet, celui qui descend du ciel et 
qui donne la vie au monde. ». 

«Seigneur, lui demandèrent-ils, donne-nous toujours ce pain-là. » 

Jésus leur dit alors: «C’est moi qui suis le pain de la vie. 
Celui qui vient à moi n'aura Jamais faim; celui qui croit en moi 
n'aura jamais soif. Mais je vous l’ai dit: Bien que vous m’ayez 
vu!, vous ne Croyez pas. » 

«A moi viendra tout ce que le Père me donne, et celui qui vient 
à moi je ne le repousserai point au dehors; car je suis descendu 
du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui 
m’a envoyé. Or, la volonté de Celui qui m'a envoyé, c’est que je ne 
perde rien de ce qu’il m'a donné, mais que je ressuscite tout au 
dernier jour. Oui, la volonté de mon Père c'est que quiconque 
contemple le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi-même 
je le ressusciterai au dernier jour. » 

Cependant les Juifs murmuraient contre cette parole de lui : 
«C’est moi qui suis le pain descendu du ciel.» — «Est-ce que ce 
n’est pas là Jésus, le fils de Joseph, disaient-ils, Jésus dont nous 
connaissons le père et la mère? Comment cet homme peut-il 
dire: «je suis descendu du ciel?» 

Jésus leur répondit par ces paroles: «Ne murmurez pas entre 
vous; nul ne peut venir à moi, sans être attiré par le Père qui 
m'a envoyé, et c'est moi qui ressusciterai celui-là au dernier jour. 
Il est écrit dans les prophètes : 

« {ls seront tous enseignés de Dieu?.» 

«Quiconque ἃ entendu le Père * et a appris*, vient à moi. Non 
que quelqu'un ait vu le Père, sauf celui qui est de la part de 
Dieu 5. lui, il a vu le Père. » 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : vous ayez vu. 

2 Ésaïe 54, 13. 

3 Grec: a entendu du Père, de la part du Père, comme dans le chap. 1, 
v. 14, où nous avons traduit : envoyé par le Père. 

4 À appris, C'est-à-dire : s’est laissé instruire par lui, l’a compris. 

5 Un des plus anciens manuscrits lit: ait vu Dieu. 

5 C'est-à-dire: qui vient de la part de Dieu. 


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996 LE NOUVEAU TESTAMENT 


éternelle. Je suis, moi, le pain de la vie. Vos pères ont mangé la 
manne dans le désert; puis ils sont morts. Voici le pain descen- 
dant du ciel, afin qu'on en mange et qu'on ne meure point!. Je 
suis, moi, le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange 
de ce pain?, il vivra éternellement. Et le pain que je donnerai 
pour la vie du monde, c’est ma chair. » 

Il y eut alors un débat entre les Juifs; ils disaient : «Comment 
cet homme peut-il nous donner à manger sa chair?» 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, reprit Jésus, si vous ne 
mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, 
vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Qui mange ma chair et 
boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier 
jour. Car ma chair est une vraie nourriture, et mon sang est un 
vrai breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang de- 
meure en moi et moi en lui. De même que Celui qui est vivant, 
le Père, m'a envoyé et que, moi, je vis par le Père*, de même 
aussi celui qui me mange vivra par moi “. Tel est le pain descendu 
du ciel°. Il n'en est pas de lui comme de la manne dont se 
nourrirent vos pères, lesquels sont morts ensuite. Celui qui mange 
ce pain-ci vivra éternellement. » 

Telles furent les paroles de Jésus enseignant dans la synagogue 
à Capharnaüm. 

Après les avoir entendues, plusieurs de ses disciples dirent : 
«C’est dur à accepter ce qu'il dit là ! Qui peut écouter ces paroles ? » 

Sachant en lui-même les murmures de ses disciples à ce sujet, 
Jésus leur dit: «Cela vous scandalise 7! Et si vous voyiez le Fils 
de l’homme montant là où il était auparavant! C’est l'Esprit qui 


1 On peut traduire aussi: Tel est le pain qui descend du ciel, que, en en 
mangeant, on ne meurt point. 

2 Quelques anciens manuscrits lisent : de mon pain. 

3 Par le Père, à cause du Père; mais on peut traduire aussi: en raison du 
Père, c’est-à-dire parce que le Père et le Fils ont les mêmes attributs et qu'ils 
sont uns. 

4 Ou: en raison de moi, c’est-à-dire en tant qu'ù sera un avec moi. 

5 Ou: Voici le pain descendu du ciel. 

6 Ces mots : La manne, sont sous-entendus dans le texte. 

7 Voir sur le mot scandaliser note sur Matth. 18, G. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 907 


vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites 
sont esprit et sont vie. Mais il en est parmi vous quelques-uns qui 
ne croient pas!» (Des le commencement, en effet, Jésus savait 
quels étaient ceux qui ne croyaient point, et quel était l’homme 
qui le livrerait.) «Voilà pourquoi, ajoutait-il, je vous ai dit que 
nul ne peut venir à moi, à moins que cela ne lui soit donné par 
le Père. » 


Ce fut alors qu’un grand nombre de ses disciples se retirèrent ; 
ils ne furent plus de sa suite; ils ne marchaient plus avec lui. 

«Et vous, voulez-vous aussi vous en aller?» dit Jésus aux 
douze. Simon Pierre lui répondit: «Seigneur, à qui irions-nous? 
tu as des paroles de vie éternelle, et nous, nous avons cru et nous 
avons reconnu que tu es le Saint de Dieu!.» Jésus reprit: 
«N'est-ce pas moi qui vous ai choisis tous les douze? eh bien, 
l’un de vous est un démon ? !» 

Il parlait de Judas, fils de Simon, l’Iskariôte ÿ. C'était lui, en 
effet, qui devait le livrer, lui, l’un des douze. 


Jésus, après ces choses, parcourait la Galilée, ne voulant pas 
voyager en Judée, où les Juifs cherchaient à le faire périr. 

La fête juive dite des Tabernacles approchait cependant, et ses 
frères lui dirent : «Pars de ce pays-ci, transporte-toi en Judée, 
afin que les disciples que tu y comptes voient, eux aussi, les 
œuvres que tu accomplis. On n’agit pas en cachette quand on veut 
se faire connaître ; si réellement tu fais ces choses, manifeste-toi 
toi-même au monde!» (En effet, ses frères non plus ne croyaient 
pas en lui.) 5 

Jésus leur répondit: «Mon temps, à moi, n’est pas encore 
venu; pour vous, que le monde ne peut haïr, le moment est 


1 Le texte traditionnel : que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, ne se 
trouve pas dans les meilleurs manuscrits. 

? Grec : l’un de vous est un diable! 

5 C'est-à-dire l’homme de Kariôth (village de la Judée). Voir note sur 
Matth. 10, 4. 


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998 LE NOUVEAU TESTAMENT 


toujours opportun; mais le monde me hait, moi, parce que je 
rends de lui le témoignage que ses œuvres sont mauvaises. Rendez- 
vous à la fête!; quant à moi, je ne vais pas à cette fête?, parce 
que mon temps n’est pas encore accompli. » 

Cela dit, il demeura en Galilée. 

Puis, lorsque ses frères furent partis pour la fête, lui-même s’y 
rendit aussi, mais ce n’était pas d’une façon ostensible, c'était 
comme en cachette. 


Pendant la fête, cependant, les Juifs s’informaient de lui: 
QOù donc est-il», demandait-on. Dans la foule, une quantité de 
bruits couraient sur lui: «C’est un homme de bien», disaient 
ceux-ci. « Nullement, c’est tout le contraire», disaient ceux-là, al 
égare la foule»; mais personne, par crainte des Juifs, n’osait 
s'exprimer tout haut sur son compte. 

On était déjà au milieu de la fête, lorsque Jésus monta au 
Temple; 11 se mit à enseigner au grand étonnement des Juifs. 
«Comment, disaient-ils, cet homme est-il si instruit 4, lui qui n’a 
pas étudié? » 

Jésus leur répondit par ces paroles: «Mon enseignement 
n'est pas de moi”, mais de Celui qui m’a envoyé. Si quelqu'un 
veut faire sa volonté, il saura si mon enseignement est de Dieu © 
ou si je parle de mon chef. L’homme qui parle de son chef poursuit 
sa gloire propre; mais l’homme qui poursuit la gloire de celui qui 
l’a envoyé, est véridique, lui, et il n’y a en lui aucun manque de 
droiture. N'est-ce pas Moïse qui vous ἃ donné la Loi? Et aucun de 
vous ne la met en pratique! Pourquoi cherchez-vous à me tuer?» 


1 Grec : Montez à lu fête. On disait: Monter à Jérusalem, monter au Temple, 
parce que Jérusalem et le Temple étaient bâtis sur des montagnes, 

2? Plusieurs anciens manuscrits lisent : je ne vais pas encore à cette fête. 

3 Deux anciens manuscrits omettent comme et lisent : c'était en cachette, 

4 Littéralement : comment sait-il les lettres? c’est-à-dire comment est-il 
lettré? La traduction ordinaire : comment connaît-il les Écrituwres? est fautive. 
Il faut remarquer toutefois que l'instruction dont parlent ici les Juifs se rap- 
portait avant tout à l’étude des Écritures. 

5 Cest-à-dire ne vient pas de moi. 

ὁ Cest-à-dire vient de Dieu. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 299 


La foule répondit: «Tu es possédé d’un démon; qui est-ce qui 
cherche à te tuer ? » 

Jésus répliqua par ces paroles: «Une seule œuvre ! accomplie 
par moi, vous ἃ tous surpris ?. Moïse vous ἃ donné la circoncision 
(elle n’a pas été instituée par Moïse, elle vient des patriarches), 
cette circoncision vous la pratiquez le jour du sabbat. Eh bien, si 
on peut, pour ne pas violer la loi de Moïse, pratiquer la circonci- 
sion le jour du sabbat, pourquoi vous irriter contre moi pour 
avoir, ce même jour de sabbat, rendu un homme entièrement 
sain? Ne jugez pas sur l’apparence; jugez au contraire suivant la 
justice. » 


Parmi les habitants de Jérusalem quelques-uns disaient : « N'est-ce 
point cet homme que l’on cherche à faire périr? Le voici qui parle 
en toute liberté, et on ne lui dit rien! Les autorités ὃ auraient-elles 
vraiment reconnu qu'il est le Christ? Nous savons pourtant d’où 
est celui-ci; or quand le Christ vient, personne ne sait d’où il est 4. » 

Alors Jésus, qui enseignait dans le Temple, s’écria: «Vous me 
connaissez! vous savez d’où je suis! mais je ne suis pas venu de 

moi-même. Il y en ἃ un qui réellement m'a envoyéf, et Celui-là 
vous ne le connaissez pas! Moi je le connais, parce que je viens 
de lui et que c’est lui qui m'a envoyé.» 

Là-dessus, ils cherchèrent à l'arrêter; personne toutefois ne 
porta la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue. 

Dans la foule un grand nombre crurent en lui. «Lorsque le 


1 11 s’agit sans doute ici de la guérison du malade de Béthesda , chapitre 5, 
1 et suiv. 

? Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : voilà pourquoi. On peut alors tra- 
duire : j'ai accompli une seule œuvre et voilà pourquoi vous êtes surpris. On 
peut. aussi, d’après une autre ponctuation, placer ces deux mots au cômmence- 
ment de la phrase suivante : Voilà pourquoi Moïse vous a donné la circon- 
cision. 

5 Littéralement : les chefs, c'est-à-dire les membres du Sanhédrin qui exer- 
çaient la justice. 

4 Nous conservons ici le temps présent qui est dans le grec, mais le sens est 
évidemment futur : quand le Christ viendra, personne ne saura d'où il est. 

C'est-à-dire de mon propre chef. 

5 C'est là ma vraie origine. 


[Re] 
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300 LE NOUVEAU TESTAMENT 
RP ES νι RE 
Christ viendra, disaient-ils, fera-t-il plus de miracles que n'en ἃ 
fait cet homme-là 12» 

Les Pharisiens entendirent ces rumeurs de la foule; aussi, de 
concert avec les chefs des prêtres, envoyèrent-ils des agents pour 
l'arrêter. 


Jésus dit alors: «Je suis encore avec vous pour un peu de 
temps; après quoi je retourne à Celui qui m’a envoyé. Vous me 
chercherez et vous ne me trouverez pas et, au lieu où je suis?, 
vous ne pouvez venir. » 

Les Juifs se demandaient entre eux: «Où donc va-t-il aller, 
que nous ne le trouverons pas? Va-t-il aller chez les disséminés , 
parmi les païens et instruire les païens 4? Qu'est-ce que ce mot 
qu'il ἃ prononcé : «vous me chercherez et vous ne me trouverez 
pas; et au lieu où je suis® vous ne pouvez venir. » 

Durant le dernier jour de la fête, qui en est le plus solennel, 
Jésus, se tenant debout, s’écria : «Si quelqu'un ἃ soif, qu'il vienne 
à moi6 et qu'il boive! Comme dit l’Écriture: 

«Du sein de celui qui croit en moi jailliront des fleuves d'eau vive7. » 

Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient 
cru en lui. En effet, il n’y avait pas encore d'Esprit, parce que 
Jésus n’était pas encore glorifié. 


1 Deux anciens manuscrits et quelques anciennes autorités lisent: que n’en 
fuit. 

? Où je suis, c’est-à-dire où je serai. On peut traduire aussi, d’après une 
autre ac centuation du mot grec qui en fait un autre verbe : au lieu où je vais, vous 
ne pouvez venir. 

3 On appelait disséminés (littéralement ceux de la dispersion) les Juifs qui 
habitaient à l'étranger, hors de Palestine, en terre païenne. Voir Épitre de 
Jacques 1, 1 et pr emière Épitre de Pierre 1, : 

4 Le mot que nous rendons deux fois par paiens signifie Les Grecs. Ύtait le 
terme usité chez les Juifs pour désigner les païens, parce qu'ils parlaient géné- 
ralement la langue grecque; mais tous n'étaient pas de nationalité grecque. Voir 
Épître aux Romains 1, 16. 

5 Voir note sur le verset 34. 

6 Deux des plus anciens manuscrits omettent à moi et lisent: ἊΝ il vienne 
οἱ qu'il boive ! 

7 Ce passage ne se trouve pas dans l'Ancien Testament. Il est possible cepen- 
dant qu’il soit une réminiscence de Zaccharie 14, 8. (Voir aussi Ésaïe 58, 11). 

# Quelques anciens manuscrits lisent : qui croyaient en lui. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 301 


Dans la multitude, ceux qui avaient entendu ces paroles disaient: 
«C'est vraiment le prophète!» d'autres: «C’est le Christ!» 
d’autres encore: «Est-ce que le Christ doit sortir de la Galilée? 
Est-ce que l'Écriture ne dit pas que le Christ sortira! de la 
famille de David et du village de Bethléem d’où était David? » 

On était donc dans le peuple fort divisé à son sujet. Un certain 
nombre d’entre eux voulaient l'arrêter; mais aucun ne porta la 
main sur lui. 


Les agents retournèrent auprès des chefs des prêtres et des 
Pharisiens. «Pourquoi ne l’avez-vous pas amené!» demandèrent 
ceux-ci. À quoi les agents répondirent: «Jamais homme n’a 
parlé comme parle cet homme?.» — «Vous êtes-vous aussi laissé 
séduire? » leur dirent les Pharisiens. «Est-ce qu'il y ἃ un seul 
personnage ayant autorité qui ait cru en lui? Est-ce qu'il y ἃ un 
seul Pharisien? Il n’y ἃ que cette maudite populace qui n'entend 
rien à la Loi!» 

Nicodème, un des leurs, celui qui était venu à Jésus tout 
d'abord, leur dit: «Est-ce que notre Loi juge un homme sans 
qu'il soit entendu et sans qu’on se soit rendu compte de ses actes ? » 
Is lui répondirent ainsi: «Serais-tu, toi aussi, de la Galilée? 
informe-toi, et tu verras que de la Galilée ne surgit pas de pro- 
 phète. » 


Jésus 4 leur parla de nouveau disant: «Je suis la lumière du 


1 Grec: vient. Le présent pour le futur. 

2 Un des plus anciens manuscrits et quelques anciennes autorités lisent : 
Jamais homme n’a ainsi parlé. 

5 Quelques anciens manuscrits et quelques anciennes autorités omettent celui 
qui était venu à Jésus lout d’abord. 

Ὁ Le récit suivant, qui forme dans les traductions ordinaires du Nouveau Tes- 
tament le dernier verset du chapitre ‘7 et les onze premiers versets du cha- 
pitre 8, manque dans tous les plus anciens et les meilleurs manuscrits: 


40, 7 


43 44 


42, 8 


Après quoi, chacun d'eux retourna à sa maison; quant à Jésus, 11 alla 53, ΤΙ: 4, 8 
9 


au mont des Oliviers. Au point du jour, il revint au Temple. [Tout le peuple 
accourait à lui. Jésus s'était assis et enseignait], lorsque les Scribes et les 
Pharisiens lui amenèrent une femme qu'on avait surprise en adultère et la 
placèrent au milieu de tout le monde. Maître, dirent-ils à désus, cette femme 
a été saisie en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse [nous] a 


“ 


9 


ά 


D 


10 
1 


302 LE NOUVEAU TESTAMENT 


monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres; mais il 
aura la lumière de la vie.» 

Alors les Pharisiens lui dirent: «C’est toi-même qui témoignes 
de toi-même, ton témoignage n’est pas valable. » 

Jésus leur répondit par ces paroles : «Bien que je sois à moi- 
même mon propre témoin, mon témoignage est valable, parce 
que je sais d'où je suis venu et où je vais. Vous, vous ne 
savez ni d'où je viens, ni où je vais. Vous, vous jugez selon la 
chair, moi, je ne juge personne. Et s’il m'arrive de juger, mon 
jugement est véritable ?, parce que je ne suis pas seul, mais avec 
moi est le Père ὃ qui m'a envoyé, et il est écrit dans votre Loi que 
le témoignage de deux personnes est valable. Or il y ἃ moi qui me 
rends témoignage à moi-même, et il y a le Père qui m'a envoyé, 
et qui, lui aussi, me rend témoignage. » — «Ton père, lui disaient- 
ils alors, où est-il? » — « Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père, 
répondit Jésus; si vous me connaissiez, vous connaîtriez égale- 
ment mon Père. » 

ΠῚ prononça ces paroles dans le Trésor *, lorsqu'il enseignait au 
Temple. Personne ne l’arrêta, parce que son heure n'était pas 
encore venue. 


ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, quel est ton avis? [Ils parlaient 
ainsi pour le mettre à l'épreuve et avoir un prétexte à accusation.] Quant 
à Jésus, il s'était baissé et il écrivait sur le sol avec son doigt. Geux qui 
l'interrogeaient ayant persisté, il se releva et [leur] dit : «Que celui d’entre 
vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier.» Puis se penchant de 
nouveau, il continua d'écrire sur le sol. Mais, en entendant cette réponse, ils 
sortirent un ἃ un, à commencer par les plus âgés. Et [Jésus] resta seul 
avec ἴα femme, toujours là, au milieu. Alors il se leva et 1 lui dit : « Femme, 
où sont-ils [tes accusateurs]? Est-ce qu'aucun ne l'a condamnée?» — « Auèun, 
Seigneur», répondit-elle. Jésus lui dit: «Moi non plus, je ne te condamne 
pas. Va et [désormais] ne pèche plus ?! 

1 Selon la chaïr, d'une manière charnelle; c’est-à-dire votre jugement 
repose sur des considérations superficielles et erronées. 

2 C'est-à-dire absolument juste. 

3 Un des plus anciens manuscrits omet le Père et lit: Celui qui m'a envoyé. 

4 Dans le Trésor, c'est-à-dire près des troncs destinés à recevoir les offrandes 
des fidèles et placés, au nombre de treize, à l’entrée de la cour dite «cour des 
femmes ». 


1 Plusieurs manuscrits ajoutent : ef ne voyant personne que la femme. 
2 Los mots que nous avons insérés entre crochets manquent dans les manuscrits lés plus autori- 
sés parmi ceux qui renferment ce passage, 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 303 


I1 leur dit encore : «Je m'en vais; vous me chercherez et vous 
mourrez dans votre péché. Au lieu où je vais, vous ne pouvez 
venir.» — «Est-ce qu’il se donnera la mort; se demandaient les 
Juifs, puisqu'il dit : «Au lieu où je vais, vous ne pouvez venir!» 
Jésus reprit: «Vous, vous êtes d’en bas; moi, je suis d’en haut; 
vous, vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde. 
Aussi vous ai-je dit que vous mourrez dans vos péchés; car si 
vous ne croyez pas que c'est moi... vous mourrez dans vos 
péchés. » 

«Qui donc es-tu?» demandèrent-ils. 

Jésus leur répondit: «Avant tout, je suis ce que je vous dis?. 
J'ai, sur vous, beaucoup à dire, j'ai beaucoup à juger, mais Celui 
qui m'a envoyé est véridique, et ce que j'ai entendu auprès de lui, 
je le proclame dans le monde. » 

Comme ils ne comprenaient pas qu'il leur parlait du Père, 1] 
ajouta : «Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous 
reconnaîtrez que c'est moi ...... vous reconnaitrez que je ne fais 
rien de moi-même, mais que je parle d’après les enseignements 
du Père. Celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé 
_seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » 

Pendant qu'il parlait ainsi, plusieurs crurent en lui. 


Or, à ces Juifs qui avaient eu foi en lui, Jésus disait: « 51 vous 
demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples; 
vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres. » 

Hs lui répliquèrent : « Nous sommes du sang d'Abraham et nous 
n'avons jamais été les esclaves de qui que ce soit. Comment 
dis-tu : « Vous deviendrez libres. » 

Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, qui- 


1 Sous-entendu : qui suis celui qui doit venir, le Messie, le Sauveur. Voir 
la même expression 13, 19. 

2 On peut traduire aussi: Je suis précisément ce que je vous dis. Ge passage 
est difficile à traduire; mais l'interprétation ordinaire : ce que je vous dis depuis 
le commencement, nous paraît fautive. 

3 Même note que sur le verset 24, 


28 


29 


90 


8, 35 


41 


PS 
ES 


304 LE NOUVEAU TESTAMENT 


conque commet le péché est l’esclave du péché; or ce n'est pas 
pour toujours que l’esclave demeure dans la maison, le Fils y 
demeure toujours; si donc le Fils vous affranchit, vous serez 
véritablement librest. Je sais que vous êtes de la descendance 
d'Abraham; mais, parce que ma parole n'a pas prise sur vous ?, 
vous cherchez à me faire périr. Ce que j'ai vu auprès du Père, 
moi, Je le dis; ce que vous avez appris de votre père, vous, vous 
le faites. » 

Ils répondirent par ces paroles : «Notre père à nous, c'est 
Abraham. » 

«Si vous étiez enfants d'Abraham, leur dit Jésus, vous feriez 
les œuvres d'Abraham ὃ; au lieu de cela, vous cherchez à me 
mettre à mort, moi, un homme qui vous ai dit la vérité, que j'ai 
entendue auprès de Dieu. Cela, Abraham ne l’a pas fait. Vous, 
vous faites les œuvres de votre père. » 

«Nous ne sommes pas le produit de quelque fornication, répli- 
quèrent-ils, nous avons un seul Père : Dieu. » 

«Si Dieu était votre Père, reprit Jésus, vous m'aimeriez! car 
de Dieu je suis sorti et je viens; ce n’est pas, en effet, de 
moi-même que je suis venu; mais c’est lui qui m'a envoyé. 
Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage? parce que vous 
ne pouvez entendreÿ ma parole. Vous avez le diable pour père, 
et c’est aux convoitises de votre père que vous voulez obéir. 
Dès le commencement, celui-là fut homicide, et il ne se tient 
pas5 dans la vérité, parce qu'il n'y ἃ point de vérité en lui. 


1 C'est-à-dire : Le pécheur est esclave; étant esclave, il n’a pas plus de droit 
à demeurer dans la maison de Dieu et à participer à l'héritage céleste qu’un 
esclave sur la terre n’a ce droit dans la maison de son maître. Le Christ seul 
qui est le Fils a droit à demeurer dans la maison du Père, et lui seul peut 
octroyer à l’esclave du péché l’affranchissement qui le rend véritablement libre ; 
il deviendra ainsi fils à son tour. 

2 Littéralement : ne fait pas de progrès en vous. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Si vous êtes enfants d'Abraham, faites 
les œuvres d'Abraham. 

4 C'est-à-dire mon enseignement. 

5 C'est-à-dire comprendre. 

6 Il ne se tient pas. Le verbe grec est au passé; mais ce passé signifie: ü 
ne s'est pas placé et il ne reste pas; il faut donc le rendre par le présent. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 305 


Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fond, étant 
menteur et père du mensonge. Quant à moi, c'est parce que je 
dis la vérité que vous ne me croyez pas. Qui de vous me con- 
vaincra de péché? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous 
pas? Celui qui est de Dieu, entend! les paroles de Dieu. Voici 
pourquoi vous, vous n'entendez pas?: c’est que vous n'êtes pas 
de Dieu. » 

Les Juifs lui répondirent par ces paroles : «N’avons-nous pas 
raison de dire que tu es un Samaritain et un possédé du démon?» 
«Je ne suis pas un possédé du démon, répliqua Jésus, mais j'ho- 
nore mon Père, et vous, vous me déshonorez. Pour moi, je ne 
cherche pas ma gloire; il est quelqu'un qui la cherche et qui juge. 
En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, 
il ne verra jamais la mort. » 

«Nous sommes maintenant convaincus, lui dirent les Juifs, que 
tu es possédé du démon. Abraham est mort ainsi que les prophètes, 
et toi, tu dis: «Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera 
jamais la mort. » Es-tu plus grand que notre père Abraham qui est 
mort? que les prophètes, qui sont morts? Qui prétends-tu être?» 

Jésus répondit : «Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est 
rien. C’est mon Père qui me glorifie, mon Père dont vous dites 
qu'il est votre Dieu ὃ, et que vous ne connaissez pas; pour moi, 
je le connais entièrement. Et si je disais que je ne le connais 
pas entièrement“, je serais comme vous, un menteur; mais je le 
connais entièrement # et je garde sa parole. Abraham votre père ἃ 
tressailll de joie dans l'espoir de voir mon jour; il l’a vu et 1] ἃ 
été dans la joie. » 

«Tu n’as pas encore cinquante ans, repartirent les Juifs, et tu 
as vu Abraham!» 

Jésus leur dit: «En vérité, en vérité, je vous le dis, avant 
qu'Abraham fût, moi, je suis. » 


1 C'est-à-dire comprend. 

2 C'est-à-dire vous ne comprenez pas. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent : dont vous dites : il est notre Dieu, 
4 Grec: je le suis, ce que nous exprimons par : je le connais entièrement. 


20 


45, 8 


σι 
Qt 


98 


8, 59 


10 
11 


Los) 


306 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se 
cacha et sortit du Temple. 


Il vit, en passant, un aveugle de naissance. Ses disciples l’inter- 
rogèrent : «Rabbi, lui dirent-ils, est-ce le péché de cet homme, ou 
celui de ses parents, qui l’a fait naître aveugle? » 

Jésus répondit : «Ni lui, ni ses parents n’ont péché, mais il est 
aveugle ! pour que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. 
Il faut, pendant qu'il est jour, que j'accomplisse ? les œuvres de 
Celui qui m'a envoyé. La nuit arrive, où personne ne peut tra- 
vailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du 
monde. » 

Ayant ainsi parlé, il cracha à terre; et, formant de la boue 
avec sa salive, il étendit cette boue sur les yeux de l’aveugle; puis 
il lui dit: «Va te laver à la piscine de Siloam # (mot qui signifie : 
Envoyé).» L’aveugle alla se laver et revint voyant clair. | 

Les voisins et les gens qui auparavant l'avaient remarqué, 
quand il demandait l’'aumône, disaient: «N'est-ce pas là l’homme 
qui était assis et mendiait?» — «C'est bien lui», répondaient les 
uns. — «Nullement! aflirmaient les autres, c'est quelqu'un qui 
lui ressemble.» Lui, il disait: «C’est bien moi.» On lui demanda 
alors: «Comment tes yeux se sont-ils donc ouverts?» Il répondit : 
«Celui que l’on nomme Jésus ἃ fait de la boue; 11 l’a étendue sur 
mes yeux ; puis il m'a dit: « Va te laver à Siloam.» J’y suis allé ; 
je me suis lavé et j'y vois.» Ils lui demandèrent: «Et lui, où 
est-il?» — «Je n’en sais rien », répondit-1l. 

On conduisit aux Pharisiens cet aveugle guéri. Or c'était un 
jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les 
yeux. Les Pharisiens lui demandèrent à leur tour comment il avait 
recouvré la vue. «Il m'a mis de la boue sur les yeux, leur répondit-il; 
je me suis lavé et J'y vois. » 


1 Ces mots: Ji est aveugle, sont sous-entendus dans le texte. 

2 Quelques anciens manuscrits lisent: que nous accomplissions. 

3 Les mêmes manuscrits lisent: qui nous « envoyés. 

4 Nous orthographions ce mot d’après les plus anciens et les meilleurs manu- 
scrits. La forme traditionnelle Siloé est plus moderne. Voir Luc 18, 4. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 307 


Là-dessus quelques-uns de ces Pharisiens dirent : «Cet homme 
n’est pas de Dieu, puisqu'il n’observe pas le sabbat.» Mais 
d’autres : «Comment un pécheur? peut-il faire de tels miracles? » 
Ils étaient en désaccord. Alors ils s’adressèrent de nouveau à 
l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il (ἃ ouvert les yeux? » 
— «C'est un prophète», répondit-il. 

Ne croyant pas que cet homme avait été aveugle et qu'il avait 
recouvré la vue, les Juifs mandèrent son père et sa mère, et ils leur 
posèrent ces questions : «Est-ce bien là votre fils que vous dites 
être aveugle de naissance? Comment se fait-il qu’il y voie mainte- 
nant?» Ses parents répondirent par ces paroles : «Nous savons 
que c’est là notre fils; nous savons qu'il est né aveugle ; mais coin- 
ment il se fait qu'il y voie maintenant, nous ne le savons pas; 
quel est celui qui lui ἃ ouvert les yeux, nous ne le savons pas. 
Interrogez-le; 1l est d'âge à s'expliquer lui-même.» Les parents 
parlèrent ainsi par crainte des Juifs. Ceux-ci, en effet, avaient déjà 
décidé que quiconque reconnaîtrait que Jésus était le Christ, serait 
chassé de la synagogue. C’est pour cela que les parents dirent : 
« Il est d'âge à répondre, interrogez-le. » 

Alors les Pharisiens appelèrent pour la seconde fois l’homme qui 
avait été aveugle. «Rends gloire à Dieu! lui dirent-ils, nous 
savons que cet homme est un pécheur!#» Et lui, il répondit : 
«S'il est un pécheur*, je ne sais; je sais une chose: j'étais 
aveugle et maintenant je vois ! » — «Que t'a-t-1l fait? reprirent-ils ; 
comment t’a-til ouvert les yeux?» Il répondit: «Je vous l'ai 
déja dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l’en- 
tendre encore? Voulez-vous, vous aussi, devenir ses disciples? » 
Alors ils l’accablèrent d’injures, disant : «C’est toi qui es son 
disciple; nous sommes, nous, disciples de Moïse; nous savons 
que Dieu ἃ parlé à Moïse; quant à cet homme, nous ne sawons d’où 


.1 Littéralement : de la purt de Dieu. 

? Le mot pécheur signifie ici un homme qui n’observe pas la Loi, qui ne se 
laisse pas diriger par les Pharisiens, un homme qui ne pratique pas les rites du 
Judaïsme. Voir note sur Matth. 9, 10. Saint Paul (Galates 2, 15) emploie la 
même expression dans le même sens. 

5 Un pécheur. Noir note sur le verset 16. 


16, 9 


17 


18 
19 


9, 30 


99 


40 


41 


10, 1 


308 LE NOUVEAU TESTAMENT 


il est.» — «Voici qui est fort étonnant, reprit l’aveugle guéri, 
vous ne savez d'où il est, alors qu'il m'a ouvert les yeux! Nous 
savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs!; si, au contraire, 
quelqu'un craint Dieu et fait sa volonté, c’est celui-là que Dieu 
écoute. Jamais on n’a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les 
yeux d’un aveugle-né. Si cet homme n'était pas de Dieu?, il ne 
pourrait rien faire.» — «Tu es né dans le péché des pieds à la 
tête, lui répliquèrent-ils, et tu nous fais la leçon!» Et ils le jetèrent 
dehors. 

Jésus apprit qu'ils l'avaient ainsi chassé, et l’ayant rencontré, il 
lui dit : «Crois-tu au Fils de l’homme 3?» I] lui répondit par ces 
paroles : «Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui?» Jésus 
lui dit: «Tu l'as vu; celui qui te parle, c’est lui.» — «Je crois, 
Seigneur », dit alors cet homme en se prosternant devant lui. 

Et Jésus dit: «C'est pour un jugement“ que je suis venu dans 
ce monde; c'est pour que les aveugles voient et que ceux qui 
voient deviennent aveugles.» Ceux des Pharisiens qui étaient 
présents entendirent ce mot : «Et nous, demandèrent-ils, sommes- 
nous aussi des aveugles?» Jésus leur répondit: «Si vous étiez 
aveugles, vous ne seriez point coupables; mais comme vous 
dites à l'heure présente : «nous voyons», votre culpabilité reste 
entière 6. » 


«ÆEn vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la 
porte dans le bercail? des brebis, mais y monte de quelque autre 
côté, est un voleur et un brigand. Celui qui entre par la porte est 


1 Les pécheurs. Voir note sur le verset 16. 

? Grec: de la part de Dieu. 

8 Plusieurs anciens manuscrits lisent: Fils de Dieu. 

# Pour un jugement, c’est-à-dire pour provoquer une crise, une séparation 
des hommes en deux classes, les voyants et les aveugles. 

5 Littéralement : vous n’auriez point de péché. 

6 Littéralement : votre péché reste. 

7 Littéralement : La cour, l’enclos, ce que nous appelons aujourd’hui Le pare. 
On y réunissait les brebis de plusieurs troupeaux qui y passaient la nuit sous la 
garde d’un portier, pendant que les bergers dormaient, 


A 2 SE, PCT ANR EEE 


nd à 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 309 


berger des brebis. A celui-ci le portier! ouvre, et les brebis en- 
tendent? sa voix. Il appelle par leur nom les brebis qui lui appar- 
tiennent et les fait sortir. Quand il ἃ fait sortir toutes les siennes, 
il marche devant elles et ses brebis le suivent parce qu’elles con- 
naissent sa voix. Elles ne suivront point un étranger ; au contraire, 
elles fuiront loin de lui, car elles ne connaissent point la voix des 
étrangers. » 

Telle est la parabole que leur dit Jésus; mais eux, ils ne com- 
prirent pas de quoi il leur parlait. Jésus reprit donc : « En vérité, 
en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont 
venus avant moi * sont des voleurs et des brigands, mais les brebis 
ne les ont pas écoutés. C’est moi qui suis la porte; si quelqu'un 
entre par moi, il sera sauvé. Il entrera, il sortira, il trouvera sa 
pâture. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire. 
Moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu’elles aient 
l'abondance. » 

«Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour les 
brebis. Quant au mercenaire, quant à celui qui n’est pas berger, à 
qui les brebis n’appartiennent pas, s’il voit venir le loup, il aban- 
donne les brebis et prend la fuite; alors le loup les ravit et les 
disperse. Il agit ainsi parce qu’il est mercenaire et qu'il n’a nul 
soin des brebis. C’est moi qui suis le bon berger. Je connais mes 
brebis et mes brebis me connaissent, de la même façon que le Père 
me connaît et que, moi, je connais le Père; et je donne ma vie 
pour les brebis. » 

«J'ai d’autres brebis, qui ne sont pas de ce bercail. Celles-là 
aussi il faut que je les amène. Elles entendront ὁ ma voix, et il y 
aura un seul troupeau, un seul berger. Voici pourquoi le Père 
m'aime: il m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre 
de nouveau. Personne ne me l’ôte, mais c’est moi qui la donne de 


1 Le portier ; voir la note précédente. 

? Ou : écoutent. 

3 Un des plus anciens manuscrits, au lieu de : reprit donc, lit: dit donc. 
6 Plusieurs anciens manuscrits omettent avant moi. 

5 Sauvé ἃ ici le sens spécial de sauf, à l'abri, gardé par moi. 

5 Ou: écouteront. 


3, 10 


4 


-1 


Ξ 
1 


18 


10, 19 
90 
91 


«“ 


310 LE NOUVEAU TESTAMENT 


moi-même; j'ai le pouvoir de la donner; j'ai le pouvoir de la re- 
prendre; tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père. » 

Ces paroles furent l’occasion de nouvelles divisions entre les 
Juifs. «C’est un possédé, disaient-ils pour la plupart, c’est un fou ; 
pourquoi l’écoutez-vous ?» D'autres disaient : «Ce ne sont pas les 
paroles d’un possédé; est-ce qu’un démon peut rendre la vue aux 
aveugles? » 


C'était l'hiver et l’on célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicacef. 
Dans le Temple, sous le portique de Salomon, Jésus se promenait?. 

Les Juifs firent cercle autour de lui et lui dirent: «Jusqu'à 
quand nous tiendras-tu l'esprit en suspens? Si tu es le Christ, 
dis-le-nous franchement. » 

«Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas, répondit Jésus. Les 
œuvres que je fais au nom de mon Père, rendent témoignage 
de moi, mais vous ne croyez pas parce que vous n'êtes pas 
de mes brebis. Mes brebis à moi entendent ma voix; je les con- 
nais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle; elles ne 
périront jamais, et nul ne les ravira de ma main. Mon Père 4 qui 
me les a données est plus grand que tous les hommes, et nul ne 
peut ravir ce qui est dans la main du Père. Moi et le Père nous 
sommes uns. » 

De nouveau les Juifs apportèrent des pierres pour le lapider. 

Jésus leur dit: «J'ai fait devant vous, de par le Père, beau- 
coup d'œuvres excellentes ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez- 
vous?» — «Ce n'est pour aucune œuvre excellente que nous te 
lapidons, répliquèrent les Juifs, mais parce que tu blasphèmes, et 
que, {oi qui n'es qu'un homme, tu te fais Dieu. » 


1 Fête que les Juifs célèbrent encore aujourd’hui, le 25 du mois de Kisleu (en 
décembre), en souvenir de la consécration nouvelle du Temple faite par Judas 
Macchabée en 165 avant Jésus-Christ. 

2? Dans la première cour du Temple ou cour des païens; des portiques couverts 
régnaient le long des murs à l’intérieur de cette cour, 

3 Ou: écoutent. 

1 Un des plus anciens manuscrits lit: le Père. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 311 


Jésus leur répondit : «N'’est-il pas écrit dans votre Loi : 
«Moi, j'ai dit: vous êtes dieux, » 

«Eh bien, votre Loi a appelé «dieux» ceux auxquels s’adressait 
la parole de Dieu (et l'Écriture est indiscutable?), et moi que le 
Père ἃ consacré ὃ et a envoyé dans le monde, vous m’accusez de 
blasphème, parce que j'ai dit : je suis Fils de Dieu! » 

«Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez 
point. Mais si je les fais (quand même vous n’auriez aucune foi en 
mes paroles), croyez du moins à mes œuvres; qu’elles vous fassent 
savoir, qu'elle vous fassent reconnaître que le Père est en moi, 
et que moi je suis dans le Père. » 

«Encore une fois # ils s’efforcèrent de mettre la main sur lui, 
mais 1l leur échappa et retourna sur l’autre rive du Jourdain, à 
l'endroit où Jean avait baptisé tout d’abord, et il y séjourna. Des 
multitudes vinrent à lui et l’on disait: «Jean, il est vrai, n’a fait 
aucun miracle; mais tout ce qu'il a dit de celui-ci était vrai.» 

Là, un grand nombre eurent foi en lui. 


Il y avait un malade, nommé Lazare, qui était de Béthanie, le 
village de Marie et de Marthe, sa sœur. Ce fut cette Marie qui 
répandit un parfum sur le Seigneur, et qui lui essuya les pieds 
avec ses cheveux. Lazare, qui était malade, était son frère. 

Les sœurs envoyèrent dire à Jésus : «Seigneur, voilà celui que 
tu aimes qui est malade.» — «Cette maladie n’est pas à la mort, 
dit Jésus en l’apprenant, mais elle est pour la gloire de Dieu, et 
afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle. » 

Or, Jésus aimait Marthe et sa sœur et Lazare. Lors donc qu'il 
eut appris la maladie de celui-ci, il demeura deux jours encore 
dans le lieu où il se trouvait 5. 


‘1 Psaume 82, 6. 

? Littéralement : ne peut être déliée. 

3 Grec : a sanctifié. Ce verbe a certainement ici, comme dans la langue 
hébraïque, le sens de consacrer. Sanctifier ne signifie pas rendre saint, mais 
dans ce passage : mettre à part pour le service de Dieu, consacrer. Voir 177, 
17 et 19. 

# Un des plus anciens manuscrits omet encore une fois. 

5. La fin de cette phrase peut s’interpréter de deux manières : Il ne resta plus 


34, 10 


39 
36 


37 
98 


30 


n 


o 6 


ΤΗΣ 


18 
19 


312 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Après quoi, il dit aux disciples : « Retournons en Judée. » — 
«Rabbi, lui répondirent-ils, les Juifs te cherchaient tout dernière- 
ment pour te lapider, et tu veux aller de nouveau vers eux!» — 
«Ν᾽ a-t-il pas douze heures à la journée, répliqua Jésus; si quel- 
qu'un marche pendant le jour, il ne trébuche pas, parce qu'il voit 
la lumière de ce monde; mais s'il marche pendant la nuit, il tré- 
buche, parce que la lumière n’est pas en lui f. » Il parla ainsi; puis 
il ajouta : «Notre ami Lazare s’est endormi, mais je pars pour le 
réveiller.» — «S'il dort, Seigneur, il sera sauvé», dirent les 
disciples. Or Jésus avait parlé de sa mort; mais ils avaient cru, 
eux, qu'il parlait du sommeil ordimaire. ΠῚ leur dit alors nettement : 
«Lazare est mort. Et je me réjouis, à cause de vous, et afin que 
vous croyiez, de ce que je n'étais pas là. Mais allons auprès de lui. » 
Sur ce mot, Thomas (celui qu'on appelle Didyme?), s'adressant 
à ses condisciples : CEt nous aussi, dit-il, allons-y afin de périr 
avec lui» 

Lorsque Jésus arriva, Lazare, depuis quatre jours, était ense- 
veli dans le tombeau. Comme Béthanie n’était éloignée de Jéru- 
salem que d'environ quinze stades ὃ, beaucoup de Juifs s'étaient 
rendus auprès de Marthe et de Marie pour les consoler de la mort 
de leur frère. 

Marthe, cependant, dès qu’elle eut appris que Jésus approchait, 
alla au-devant de lui. Marie resta assise à la maison. «Seigneur, 
dit Marthe à Jésus, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas 
mort; et, je sais, encore en ce moment, que tout ce que tu de- 
manderas à Dieu, Dieu te le donnera.» Jésus lui répondit : «Ton 
frère ressuscitera. » — «Je le sais, lui dit Marthe, il ressuscitera à 
la résurrection, au dernier jour.» Jésus lui dit: «Je suis, moi, la 
résurrection et la vie. Qui croit en moi, füt-il mort, vivra, et 


que deux jours dans le lieu où il se trouvait, ou bien : àl resta pourtant deuæ 


jours encore dans le lieu où il se trouvait. 


1 C'est-à-dire : 11 n’a plus de lumière pour l’éclairer. 

2 Thomas, nom araméen, signifie Jumeau; le mot grec Didyme a le même 
sens. Voir 20, 24 et 21, 2. 

3 Le stade était de 190 mètres environ. Quinze stades faisaient donc un peu 
moins de trois kilomètres. 


ἃ 


ENORME 


RÉ RES LEE 


Ne = 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 313 
EE -- ὁ ήλη ησ : 2ἈἠῥὄῸώ.ῪΥ .ς00ὃῳ0(0.. 
quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela? » — 
«Oui, Seigneur, répondit-elle, je crois que tu es le Christ, le Fils de 
Dieu, celui qui doit venir ! au monde. » 

Après ces paroles, elle s’éloigna et alla appeler sa sœur. «Le 
maître est là et il t’appelle», lui dit-elle en secret. 

A ces mots, Marie se lève à la hâte et se rend vers Jésus. 

Celui-ci n’était pas encore entré dans le bourg; il était à 
l'endroit où Marthe l’avait rencontré. 

Voyant Marie se lever si vite et partir, les Juifs qui étaient avec 
elle dans la maison et cherchaient à la consoler, la suivirent. Ils 
croyaient qu'elle allait au tombeau pour y pleurer. 

Parvenue au lieu où était Jésus, Marie, en l’apercevant, se jeta 
à ses pieds : «Seigneur, lui dit-elle, si tu avais été ici, mon frère 
ne serait pas mort. » La voyant pleurer, et voyant pleurer les Juifs 
qui l’accompagnaient, Jésus frémit? en lui-même et se troubla. 
«Où l’avez-vous déposé?» demanda-t-il. On lui répondit: 
«Seigneur, viens et vois.» Jésus pleura. «Voyez comme il 
l’aimait!» dirent alors les Juifs. Il y en avait cependant quelques- 
uns qui disaient: « Ne pouvait-il pas empêcher qu'il mourût, lui, 
qui ἃ ouvert les yeux de l’aveugle? » 

Frémissant# de nouveau en lui-même, Jésus s'approche du 
sépulcre. C'était une caverne “, sur l'entrée de laquelle une pierre 
était placée. « Otez la pierre», dit Jésus. — « Seigneur, dit Marthe, 
la sœur du mort, il sent déjà mauvais! c’est le quatrième jour! » 
Jésus lui répond : « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la 
gloire de Dieu!» 


1 Celui qui doit venir. C’est un des noms que l’on donnait alors au Messie 
attendu. Voir Matth. 11... 

? Le mot que nous traduisons par frémit exprime d'ordinaire un sentiment 
d’irritation et littéralement ce passage devrait se traduire : Jésus se sentit indi- 
gné dans son esprit. 

3 Littéralement : Indigné. Voyez la note précédente. 

# Nous traduisons littéralement le mot que nous avons déjà rencontré 
Matth. 21,13; Marc 11,17 ; Luc 19, 46, et que nous trouverons encore Hébreux 
11, 38; Apocal. 6, 15. Cette caverne, d’après ce qui nous est dit de la pierre 
qui en fermait l'entrée, devait être un caveau creusé verticalement dans le roc 
et dans lequel on descendait par des marches. Mais d'ordinaire, les tombeaux 
des Juifs étaient creusés horizontalement. 


96, 11 


35 36 


38 


99 


40 


11, 41 


43 


44 


45 


46 


48 


49 


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[Sa] 


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314 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Donc, on enleva la pierre. 

Alors Jésus, tournant son regard vers le ciel, dit : «Père! je te 
rends grâces de ce que tu m’as écouté! Pour moi, je savais que 
tu m'écoutes toujours; mais je parle ainsi à cause de ce peuple qui 
m'environne, pour qu'il croie que c’est toi qui m'as envoyé.» Et 
quand il eut dit ces mots, 1] cria d'une voix forte : «Lazare! sors 
et viens!» Le mort sortit, les pieds et les mains liés par des ban- 
delettes, et le visage enveloppé d’un suaire. «Déliez-le, dit Jésus, 
et laissez-le aller. » 

A la vue de ce qu'il avait fait, plusieurs des Juifs qui étaient 
venus voir Marie, crurent en lui. Mais quelques autres s’en 
allèrent trouver les Pharisiens et leur racontèrent ce qu'avait fait 
Jésus. 

Les chefs des prêtres et les Pharisiens convoquèrent alors une 
assemblée 1, «Que faire? disaient-ils, cet homme opère de nombreux 
miracles; si nous le laissons continuer, tout le monde croira en 
lui; puis viendront les Romains qui en finiront et avec notre ville 
et avec notre nation.» L'un d’entre eux, Kaïphe? qui, en cette 
année, était le grand-prêtre, leur dit: «Vous n’y entendez rien; 
vous ne réfléchissez pas qu'il vaut mieux pour vous qu'un seul 
homme meure pour le peuple et que toute la nation ne périsse pas. » 
Il parlait de la sorte, non de lui-même, mais parce que, grand- 
prêtre cette année-là, il prophétisait que Jésus allait mourir pour 
la nation et non seulement pour la nation, mais afin de rassembler 
dans l'unité les enfants de Dieu dispersés. 

Donc, dès ce jour, ils arrêtèrent la résolution de mettre Jésus 
à mort. 

Aussi celui-ci ne se montrait-il plus en public parmi les Juifs ὃ. 
Il s’en alla même dans le pays voisin du désert, à une ville nommée 
Éphraïm; et il y séjourna avec les disciples. 


1 Grec: un sanhédrin, Ge mot sans article indique une assemblée quelconque 
plutôt que le Sanhédrin lui même, Voir note sur Matth. 5, 22. 


2 Plus exactement : Kaïaphas. 


3 On peut traduire aussi: Ne se montrait plus avec sécurité parmi les Juifs. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 910 


Cependant la Pâque des Juifs approchait et, dans la contrée, 
un grand nombre montaient, avant la fête, à Jérusalem, pour y 
procéder à des purifications. Aussi cherchaient-ils Jésus et, se 
rencontrant au Temple, ils se demandaient les uns aux autres : 
« Pensez-vous qu'il s’abstiendra de venir à la fête? » Or les chefs 
des prêtres et les Pharisiens avaient donné cet ordre: «Que si 
quelqu'un savait où était Jésus, il le déclarât, afin qu'on le fit 
arrêter. » 


Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare 
qu'il avait ressuscité des morts. On lui fit là un festin et Marthe 
servait; Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui. Quant 
à Marie, elle prit une livre d’un parfum de nard pur, de très haut 
prix, et elle en oignit les pieds de Jésus, les essuyant avec ses 
cheveux. La maison fut remplie de l’odeur de ce parfum. 

L'un des disciples, Judas l’Iskariôte!, celui qui devait le livrer, 
dit: «Pourquoi ne pas avoir vendu ce parfum? Il vaut trois cents 
deniers ? qu'on aurait donnés à des pauvres. » 

Il ne parlait pas ainsi, parce qu'il se souciait des pauvres, mais 
parce qu'il était un voleur, et que, tenant la bourse commune, il 
se chargeait de ce qu’on y mettait. 

Jésus répondit : « Laisse-la, afin qu’elle réserve ce parfum pour 
le jour de ma sépulture“. Les pauvres, vous les avez toujours 
avec vous; tandis que moi vous ne m'avez pas pour toujours. » 

Une foule énorme de Juifs avaient appris la présence de Jésus, 
et 1ls arrivèrent non seulement à cause de lui, mais aussi pour 
voir Lazare qu'il avait ressuscité des morts. Aussi les chefs des 
prêtres songèrent-ils à faire périr Lazare lui-même, parce qu'une 


1 Voir note sur Matth. 10, 4. 

? Trois cents deniers font 270 francs de notre monnaie. 

5. Littéralement : 11 portait, c’est-à-dire ici : il en avait la responsabilité et, 
étant un voleur, il détournait l’argent à son profit. 

4 C'est-à-dire: Qu’elle garde le reste, ce qu’elle n’a pas encore répandu. Ce 
texte est le plus ancien et le plus autorisé. 


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9% 


316 LE NOUVEAU TESTAMENT 


quantité de Juifs les abandonnaient à cause de cet homme, et 
croyaient en Jésus. 


Le lendemain une multitude immense, venue pour la fête, ayant 
appris que Jésus venait à Jérusalem prit en main des branches de 
palmier et sortit au-devant de lui. « Hosanna{! criait-on, 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur?» , 
Béni soit le roi d'Israël!» Jésus trouva un ânon et s’assit dessus, 
accomplissant cette parole de l’Écriture : 
«Sois sans crainte, fille de Sion, 
Voici ton Roi qui t'arrive 
Assis sur le petit d'une ânesse?. » 

Ses disciples, tout d’abord, ne s’en rendirent point compte. 
Mais quand Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent que ces choses 
avaient été écrites de lui, et qu'ils les lui avaient faites. La multi- 
tude qui était avec lui attestait donc qu'il avait appelé Lazare du 
tombeau et l’avait ressuscité des morts; et c'était la rumeur d’un 
tel miracle, opéré par lui, qui faisait aussi accourir la foule à sa 
rencontre. Quant aux Pharisiens, ils se disaient entre eux : «Vous 
le voyez! Vous n’y gagnez rien! Voilà que tout le monde court 
après lui!» 


Parmi ceux qui étaient venus pour adorer Dieu pendant la fête, 
se trouvaient quelques Grecs. Ils abordèrent Philippe qui était de 
Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : «Seigneur, nous 
désirons voir Jésus.» Philippe alla en parler à André; et tous 
deux ensemble allèrent le dire à Jésus. , 

Celui-ci leur adressa alors ces paroles : «L'heure est venue où 
le Fils de l’homme doit être glorifié. » 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de froment 
tombant en terre ne passe par la mort, il demeure seul; mais qu'il 
vienne à mourir, il porte beaucoup de fruits. » 


1 Hosanna. Voir note sur Matth. 21, 9. 
2 Psaume 118, 26. 
8 Zaccharie 9, 9. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 317 


«Qui aime sa vie la perdra; et qui hait sa vie en ce monde, la 
conservera en vie éternelle !, » 

«Qu'il me suive, celui qui veut me servir! et là où je suis, 
mon serviteur sera aussi Si quelqu'un me sert, mon Père 
l'honorera. » 

«Maintenant mon âme est troublée; et que dirai-je? Dirai-je ? : 
« Père, préserve-moi de cette heure?» mais, c’est pour cela? que 
je suis arrivé à cette heure! Père, glorifie ton nom!» 

Du ciel il vint alors une voix : «Je l’ai glorifié et je le glorifierai 
encore!» — « C’est le tonnerre», dit la foule qui était présente et 
qui entendait. Il y en avait qui disaient : «C’est un ange qui lui 
a parlé.» 

Jésus reprit ainsi : «Ce n’est pas pour moi, mais pour vous 
que cette voix a retenti. Maintenant a lieu le jugement de ce 
monde; maintenant le prince de ce monde va être chassé dehors ; 
et moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tous les hommes 
à moi.» 1] disait cela pour indiquer de quelle mort il allait 
mourir *. 

« La Loi nous apprend que le Christ demeure éternellement, lui 

répondit la foule; comment donc dis-tu: «Il faut que le Fils de 
_ l’homme soit élevé de terre? » Quel est ce «Fils de l’homme » ? 
_ Jésus leur répondit : « Pour un peu de temps encore la lumière est 
avec vous. Marchez pendant que vous avez la lumière, de peur 
que les ténèbres ne vous surprennent. Celui qui marche dans les 
ténèbres ne sait où il va. Pendant que vous avez la lumière, ayez 
foi en la lumière, afin de devenir des fils de lumière. » 

Ainsi parla Jésus, puis il s’éloigna et se cacha d’eux. 


1 C'est-à-dire la changera dès à présent en vie éternelle, impérissable, La 
traduction ordinaire : pour la vie éternelle, ne rend pas suffisamment l’idée con- 
tenue dans le texte. 


3 Ce second Dirai-je est sous-entendu dans le texte. 


3 Pour cela, c’est-à-dire à la fois pour ce trouble qu’il éprouve à la pensée de 
sa mort prochaine, et pour que cette mort d’un seul soit la vie de plusieurs. 
D'ailleurs, on peut aussi traduire : Mais voici pourquoi je suis venu : c’est pour 
cette heure même. 


Ὁ L'expression Mourir de mort est un hébraïsme. 


90 


12, 37 
38 


99 


918 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Ils ne croyaient pas en lui qui avait fait tant de miracles en leur 
présence; c'était afin que fût accomplie la parole du prophète 
Ésaïe qui a dit : 

« Seigneur, qui a cru à ce que nous faisons entendre? 
Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé 1? » 
Aussi bien, croire leur était impossible, puisque Ésaïe a dit 
encore : 
«Il a aveuglé leurs yeux 
Et τ a endurci leur cœur, 
Afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux ; 
Et qu’ils ne comprennent pas de leur cœur; 
Qu'ils ne se convertissent pas 
Et que je ne les quérisse pas?.» 

Voilà ce qu'a dit Ésaïe quand il ἃ vu sa gloire et qu'il a parlé 
de lui. Et pourtant, même parmi ceux qui exerçaient l'autorité, 
beaucoup avaient foi en lui; mais, à cause des Pharisiens, ils n’en 
convenaient pas, pour ne pas être chassés de la synagogue, préfé- 
rant en cela la gloire humaine à la gloire de Dieu. 


Jésus éleva la voix : «Qui croit en moi, s’écria-t-il, ne croit pas 
en moi, mais en Celui qui m'a envoyé, et qui me voit, voit Celui 
qui m'a envoyé. Moi, qui suis lumière, je suis venu dans le monde 
afin que quiconque croit en moi ne demeure point dans les ténèbres. 
Quant à celui qui entend mes paroles et ne les garde point, ce 
n'est pas moi qui le juge; car je ne suis pas venu pour juger le 
monde; mais pour sauver le monde. Qui me rejette et ne reçoit 
pas mes paroles ἃ déjà son juge; ce juge, c’est la parole même 
que j'ai dite, elle le jugera au dernier jour. Ce n’est pas, en effet, 
de moi-même que j'ai parlé; mais c’est le Père, dont je suis 
l’envoyé, qui m'a lui-même commandé de parler et qui m'a 
prescrit ce que j'avais à dire. Et je sais que son commandement 


1 Ésaïe 53, 1. Voir Romains 10, 16. 
* Esaïe 6, 9 et suiv. Voir Matth, 13, 14 et suiv.; Actes 28, 26 et suiv, 


Os. MARÉES. SD de ne à 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 319 


c'est la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme 
le Père me les a dites. » 


Avant la fête de Pâque, sachant que pour lui l'heure était venue 
de passer de ce monde au Père, Jésus, après avoir aimé ceux qui 
étaient siens dans le monde, mit le comble à son amour pour eux. 

Pendant un repas, alors que le diable avait déjà jeté dans le 
cœur de Judas, fils de Simon, l'Iskariôte, de le livrer, sachant que le 
Père avait tout remis entre ses mains, sachant qu'il était issu de 
Dieu et qu’il retournait à Dieu, Jésus se leva de table, ôta ses 
vêtements, prit un linge et se ceignit. Après quoi, versant de l’eau 
dans le bassin ?, il se mit à laver les pieds de ses disciples et à les 
essuyer avec le linge dont 1] était ceint. 

Il vint donc à Simon Pierre qui lui dit: «Toi, Seigneur, à moi? 
_ me laver les pieds?» Jésus lui répondit par ces paroles : «Ce que 
Je fais tu ne le sais pas maintenant, tu le sauras plus tard.» — 
«Jamais, lui dit Pierre, non, jamais, tu ne me laveras les pieds !» 
— «Si je ne te lave, répliqua Jésus, tu n'as point de part avec 
moi 3.» — Simon Pierre dit alors : «Seigneur! non seulement les 
pieds, mais aussi les mains et la tête!» —- «Celui qui s’est baigné, 
ajouta Jésus, n’a plus besoin que de se laver les pieds 1; dans tout 
le reste 1l est entierement pur; et vous, vous êtes purs; non pas 
tous cependant.» Il connaissait, en effet, celui qui allait le livrer ; 
voilà pourquoi il dit: «Vous n'êtes pas tous purs. » 

Après leur avoir lavé les pieds il reprit ses vêtements, se remit 


1 Littéralement : Les aima au comble, c’est-à-dire leur donna ume preuve 
suprême de son amour, et cela, en leur lavant les pieds. La traduction ordinaire : 
les aima jusqu'à la fin est fautive. 

2 Grec: dans le niptère; c'était le bassin servant aux ablutions, soit des 
mains, soit des pieds (pelvis en latin). 

5. «Avoir part avec», expression hébraïque qui marque la participation de 
linférieur aux honneurs et à la gloire de son supérieur, 


4 Un des plus anciens manuscrits lit : n’a plus besoin de se laver ; 11 est entiè- 
rement pur. 


1, 13 


=] 


10 


11 


13, 13 


19 
20 


[a] 
ει 


320 LE NOUVEAU TESTAMENT 


à table et leur dit?: «Comprenez-vous ce que je vous ai fait? 
Vous m'appelez Maïtre, Seigneur, et vous dites bien, car je le 
suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur, moi, le 
Maitre, vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux 
autres. Car je vous ai donné un exemple pour que, vous aussi, 
vous fassiez comme je vous ai fait. » 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n'est pas plus 
grand que son Seigneur, ni un apôtre? plus grand que celui qui 
l'envoie. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que 
vous les mettiez en pratique. — (Je ne parle pas de vous tous. 
Ceux que j'ai choisis, je les connais; mais il faut que cette parole 
de l'Écriture s’accomplisse : 

«Celui qui mangeait à ma table a levé le talon contre mot *.» 

«Je vous le dis dès aujourd’hui et avant l'événement, afin, quand 
il aura lieu, que vous croyiez que c’est moi...) — En vérité, en 
vérité, Je vous le dis, recevoir quelqu'un que j'aurai envoyé, c’est 
me recevoir ; et me recevoir, c’est recevoir Celui qui m’a envoyé. » 


Après qu'il eut dit ces paroles, Jésus fut troublé en son esprit et 
il fit cette déclaration : «En vérité, en vérité, je vous le dis, l’un 
d’entre vous me livrera. » Les disciples se regardaient les uns les 


autres, ne sachant duquel il parlait. 

L'un d'eux était couché sur le sein de Jésus” — c'était celui 
qu'aimait Jésus. 

Simon Pierre lui fait signe et lui dit: « Demande-lui de qui il 
parle.» L'autre, se penchant aussitôt sur la poitrine de Jésus, [αἱ 
demande : « Seigneur, lequel est-ce?» Jésus répond : «Celui pour 


1 On peut lire aussi d’après une autre ponctuation : après leur avoir lavé les 
pieds, il prit ses vêtements, se mit à table et leur dit encore. 

2? Apôtre signifie étymologiquement : envoyé. 

3 Psaume 41, 10, 

1 Sous-entendu : qui suis celui qui doit venir, qui suis le Sauveur. Voir la 
même expression 8, 24. 

Ὁ Cest-à-dire était à table à côté de Jésus. Les Juifs, comme tous les anciens, 
étaient, non pas assis à table, mais à demi-couchés, le bras gauche appuyé sur 
un coussin et soutenant la tête. Chacun avait donc la tête rapprochée de la poi- 
trine de celui qui était à sa gauche. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 321 


lequel je vais tremper ce morceau de pain et auquel je le donne- 
rai.» Et Jésus, trempant un morceau de pain, le donne à Judas, 
fils de Simon, l'Iskariôte. 

Quand cet homme eut pris ce morceau, Satan entra en lui. 

Jésus lui dit alors : «Ce que tu fais, fais-le au plus tôt.» Aucun 
de ceux qui étaient à table ne comprit pour quel objet il lui 
parlait ainsi. Comme Judas était porteur de la bourse commune, 
quelques-uns pensèrent que Jésus lui disait soit d'acheter ce qu'il 
fallait pour la fête, soit de donner telle ou telle chose aux pauvres. 
Donc, à peine Judas eut-il pris ce morceau de pain, qu'il sortit 
brusquement. Il faisait nuit. 


Quand il fut parti, Jésus dit : «C’est maintenant que le Fils de 
l'homme est glorifié et que Dieu est glorifié en lui. Dieu le glori- 
fiera lui aussi 1, en lui-même, et c’est bientôt qu'il le glorifiera. Mes 
enfants, je ne suis plus que pour peu de temps avec vous! vous 
me chercherez ; et ce que j'ai dit aux Juifs, je vous le dis aussi à 
vous-mêmes à l'heure présente : où je vais vous ne pouvez venir. » 

«Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns 
les autres. Oui, aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai 
aimés. Tous reconnaïtront que vous êtes mes disciples à l'amour 
que vous aurez les uns pour les autres. » 

« Seigneur, lui demanda Simon Pierre, où vas-tu ? » — «Au 
lieu où je vais, répondit Jésus, tu ne peux me suivre présentement ; 
tu me suivras plus tard. » — «Et pourquoi donc, Seigneur, lui 
dit Pierre, ne puis-je te suivre dès maintenant. Je donnerai ma 
vie pour toi! » — «Tu donneras ta vie pour moi! » répliqua Jésus, 
«en vérité, en vérité, Je te le dis, un coq ne chantera pas avant 
que trois fois tu ne m'’aies renié ! » 


« Que votre cœur ne se trouble point ; ayez foi en Dieu, ayez 


1 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent au commencement de cette phrase 
Si Dieu est glorifié en lui et lisent: Si Dieu est glorifié en lui, Dieu le 
glorifiera lui aussi, etc. 

21 


- 


97, 13 
98 


29 


30 


36 
37 


38 


1, 14 


14, 


10 


12 


15 


922 LE NOUVEAU TESTAMENT 


aussi foi en moi!; 1l y a plusieurs demeures dans la maison de 
mon Père, sinon Je vous l’aurais dit; je vais vous préparer une 
place?; et quand je m'en serai allé et vous aurai préparé une 
place, je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin que là où je 
suis, vous y soyez aussi. Et vous savez le chemin de l'endroit où 
Je vais.» 

Thomas lui dit: «Seigneur, nous ne savons où tu vas, 
comment saurions-nous le chemin? » 

Jésus lui dit: «Je suis, moi, le chemin, la vérité et la vie. 
Personne ne vient au Père que par moi. Si vous m'avez connu, 
vous connaîtrez aussi mon Père et dès à présent vous le connaissez 
et vous l'avez vu.» 

Philippe lui dit: «Seigneur, montre-nous le Père, cela nous 
suftit. » | 

Jésus lui dit: &ll y a si longtemps que je suis avec vous 
et tu ne m'as pas connu, Philippe! Qui m'a vu ἃ vu le Père. 
Comment peux-tu dire: Montre-nous le Père? Ne crois-tu pas que 
je suis, moi, dans le Père, et que le Père est en moi. Les paroles 
que je vous dis, ce n’est pas de moi-même que je les prononce. 
C'est le Père, demeurant en moi, qui fait ces œuvres. Croyez- 
moi, Croyez parce que je suis“, moi, dans le Père et que le Père 
est en moi; Sinon, croyez à cause de ces œuvres. » 

«En vérité, en vérité, je vous le dis, les œuvres que je fais, 
qui croit en moi les fera, lui aussi, et en fera de plus grandes, 
parce que je m’en vais auprès du Père et que tout ce que vous 
demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié 


1 Croyez en, ayez foi en, confiez-vous en: ces trois manières de rendre le 
verbe grec sont également bonnes, et, dans le cours de notre traduction, nous 
avons employé tantôt l’une, tantôt l’autre; mais ici on peut aussi traduire : Vous 
avez foi en Dieu et vous avez foi en moi, ou encore: Vous avez foi en Dieu, 
ayez aussi foi en moi, l'indicatif et l’impératif se rendant en grec de la même 
manière, L'interprétation par deux impératifs nous paraît la meilleure. 

3 Grec: parce que je vais vous préparer une place. Dans la pensée de l'au- 
teur, ces mots font probablement suite à: ayez aussi foi en moi. Jésus-Christ 
aurait dit : ayez aussi foi en moi, parce que je vais vous préparer une place, 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Et comment. 

4 On peut traduire aussi : Croyez que je suis, 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 323 


dans le Fils. Si vous me demandez? quelque chose en mon nom, 
moi, je le ferai. Si vous m’aimez, gardez mes commandements; et 
moi, je prierai le Père et il vous donnera un autre Conseiller ?, afin 
qu'il soit pour toujours avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde 
ne peut recevoir parce qu'il ne le voit ni ne le connaît ; mais vous, 
vous le connaissez parce qu’il demeure avec vous, et il sera en 
vous 5. | 

Je ne vous laisserai pas orphelins; je reviens à vous. Encore 
un peu de temps, et le monde ne me verra plus; mais vous, vous 
me verrez“, Car je vis, moi, et vous aussi, vous vivrez. En ce 
jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes 
en moi, et que je suis en vous. Qui retient mes commandements 
et les garde, celui-là est celui qui m'aime. Et celui qui m’aime sera 
aimé de mon Père, et moi je l’aimerai et je me manifesterai à lui. » 

Judas (qu'il ne faut pas confondre avec l’Iskariôte) lui dit : 
«Seigneur, qu'est-il arrivé pour que tu veuilles te manifester à 
nous et non pas au monde?» 

Jésus lui répondit par ces paroles: «Si quelqu'un m'aime, 1] 
gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui 
et nous ferons chez lui notre demeure. Celui qui ne m'aime pas, 
ne garde pas mes paroles; et la parole que vous entendez n’est 
pas mienne, mais de Celui qui m’a envoyé, du Père, » 

«Je vous ai parlé de ces choses pendant que je demeurais avec 
vous; mais le Conseiller 5, l'Esprit saint que le Père enverra en 
mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout 
ce que je vous ai dit.» 


Quelques anciens manuscrits omettent me et lisent : si vous demandez. 
Grec: Paraclet; ce mot peut se traduire de plusieurs manières. Il désigne 
proprement celui qui intércède pour l’accusé devant le tribunal ; celui qui assiste 
dans une action judiciaire (en latin advocatus); il intercède, il conseille, il con- 
sole, il instruit, il défend, et alors il est tour à tour intercesseur, conseiller, 
consolateur, docteur et défenseur. Nous avons rendu le mot Paraclet par inter- 
cesseur dans le passage Ire Épitre de Jean 2, 1. Ici on peut rendre ce terme par 
soutien, assistant ou conseiller. 

8 Plusieurs anciennes autorités lisent : 11 est en vous. 

+ On peut aussi traduire au présent : ne me voit plus, mais vous, vous me 
voyez. 

5 Voir note sur le verset 16. 


1 
2 


18 


19 


14, 27 


30 
31 


15: 


4 


σι 


994. LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; ce n’est pas 
comme le monde la donne, que, moi, je vous la donne !; que votre 
cœur ne se trouble pas, qu’il ne faiblisse pas. » 

«Vous avez entendu que je vous ai dit: «Je m'en vais et je 
reviens à Vous.» Si vous m'aimiez, Vous vous réjouiriez de ce que 
je vais auprès du Père, parce que le Père est plus grand que moi. 
Et je vous ai parlé maintenant, avant l'événement, afin que vous 
croyiez? lorsqu'il arrivera. Je ne vous parlerai plus guère, car 
le Prince du monde vient, et en moi il n’a rien; mais il vient 
afin que ὅ le monde sache que j'aime le Père et que j’agis suivant 
les ordres du Père. Levez-vous, sortons d'ici 4.» $ 


«Moi, je suis le véritable cep de vigne et mon Père est le 
vigneron. Tout sarment qui ne porte pas de fruit en moi, 1] le 
retranche et tout sarment qui en porte il l’'émonde, afin qu'il en 
porte davantage. Vous, vous êtes déja émondés, à cause de la 
parole que je vous ai annoncée. » 

«Demeurez-en moi et moi je demeurerai en vous. De même 
que le sarment ne peut porter de fruit de lui-même, et qu'il lui 
faut demeurer uni au cep de vigne, de même vous n’en pourrez 
porter si vous ne demeurez pas en moi. » 

«Moi, je suis le cep de vigne; vous, vous êtes les sarments. 
Qui demeure en moi, et moi en lui, porte, lui, beaucoup de fruit, 
parce que, sans moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne de- 
meure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment, et il se des- 
sèche, et on ramasse ce sarmentÿ, et on le jette au feu et il brûle. » 


1 Nous traduisons littéralement; mais le sens véritable de cette phrase est : je 
vous dis adieu; je vous fais mes adieux; ce n’est pas comme on les fait dans le 
monde que, moi, je vous les fais. En hébreu : donner la paix, signifiait donner le 
salut de paix, saluer. V. Matth, 10, 12; Luc 10,5. V. aussi Jean 20, 19. Il arrive 
parfois aux apôtres d'employer le mot paix pour le mot salut. V. Romains 8, 6. 

? Ou: que vous ayez confiance. 

5 C’est-à-dire : 4 n’a aucun pouvoir sur moi, mais il vient afin que, etc. 
Les mots 1] vient sont sous-entendus dans le texte. 

4 On peut lire aussi d’après une autre ponctuation : mais afin que le monde 
sache que j'aime le Père et que j'agis suivant les ordres du Père, levez-vous, 
sortons d'ici. 11 ne faut pas alors sous-entendre les mots : il vient âprès mais. 
Voir Ja note précédente. 

Ὁ Quelques anciens manuscrits lisent : ces sarments. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 990 


«Si vous demeurez-en moi, et que mes paroles demeurent en 
vous, ce que vous voudrez, demandez-le, et vous l’aurez. » 

«En ceci mon Père est glorifié que vous portiez beaucoup de 
fruits, et alors vous deviendrez mes disciples. » 

«De même que le Père m'a aimé, de même je vous ai 
aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commande- 
ments, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai gardé 
les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. 

«Je vous ai parlé ainsi afin que ma joie soit la vôtre, et que 
votre joie soit dans sa plénitude. » 

«Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, 
comme je vous ai aimés. Nul amour n'est plus grand que l'amour 
de celui qui donne sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous 
faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus servi- 
teurs !, parce que le serviteur ? ne sait pas ce que fait son maître; 
je vous ai dit: «mes amis», parce que tout ce que j’ai appris de 
mon Père, je vous l'ai fait connaître. » 

«Ce n’est pas vous qui m'avez choisi; c’est moi qui vous ai 
choisis et vous ai mis à votre place afin que vous alliez porter 
du fruit, et que votre fruit demeure, et afin que tout ce que vous 
demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Voilà ce que 
je vous commande, et c’est pour que vous vous aimiez les uns les 
autres. » 


«Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous?., Si 
vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartient; 
comme vous n'êtes pas du monde, mais que je vous ai choisis du 
monde 4, à cause de cela le monde vous haiït. Souvenez-vous de la 
parole que je vous δὶ dite : «Le serviteur ÿ n’est pas plus grand que 
son maître.» S'ils m'ont perséculé, ils vous persécuteromt aussi. 
S'ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais toutes 


1 Grec : esclaves. 

2 Grec : l’esclave. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent: qu’il m'a haï le premier. 
4 Grec: hors du monde, en vous tirant du monde. 

» Grec : l’esclave. 


7,15 


16 


18 


16. 


4 


t 


326 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ces choses ils vous les feront à cause de mon nom, parce qu'ils ne 
connaissent pas Celui qui m'a envoyé. » 

«Si je n'étais point venu et ne leur eusse point parlé, ils ne 
seraient point coupables!; mais maintenant leur culpabilité? est 
sans excuse. Qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n'avais pas 
fait au milieu d'eux des œuvres que nul autre n’a faites, ils ne 
seraient pas coupables !; mais maintenant leurs yeux ont vu et 
néanmoins ils ont haï et moi et mon Père; mais c’est afin que 
s’accomplisse ὃ la parole écrite dans leur Loi : 

«lls me haïrent sans sujet.» 

«Quand sera venu le Conseiller que je vous enverrai de la 
part du Père, l'Esprit de vérité qui procède du Père, lui, rendra 
témoignage de moif; et vous aussi, vous me rendez témoignage 7, 
parce que, depuis le commencement, vous êtes avec moi. » 

«Je vous parle ainsi pour vous préserver de toute chute 8, On 
vous expulsera des synagogues; et même elle approche, l'heure où 
tous ceux qui vous mettront à mort croiront rendre un culte à 
Dieu. Ils feront cela parce qu'ils n’auront connu ni le Père, ni moi. 
Je vous parle ainsi pour que, leur moment venu°, vous vous 
souveniez que je vous ai dit ces choses; je ne vous les ai pas dites 
dès le commencement parce que j'étais avec vous. » 


«Maintenant je m'en vais auprès de Celui qui m'a envoyé et 
aucun de vous ne me demande : «Où vas-tu?» mais parce que je 
vous ai ainsi parlé votre cœur s’est rempli de tristesse. Cependant, 
c’est la vérité que je dis, il est bon pour vous que je m'en aille; 
car, si je ne m'en vais, le Conseiller 1° ne viendra pas vers vous. 


1 Grec: 118 n'auraient point de péché. Voir 9, M. 

2 Grec: leur péché. 

3 C'est-à-dire cela arrive afin que s'accomplisse. 

4 Psaumes 35, 19 et 69, 5. 

Ὁ Voir note sur 14, 16. 

6 C'est-à-dire me servira de témoin. 

7 C'est-à-dire vous êles mes témoins. 

8 Littéralement : pour que vous ne soyez pas scandalisés. Voir sur le verbe 
scandaliser note sur Matth. 13, 57, et sur le mot scandale note sur Matth. 18, 7. 

9. Plusieurs anciens manuscrits lisent : le moment venu. 

10 Voir note sur 14, 16. 


Li 
* 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 327 


Si je m'en vais, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il con- 
vaincra le monde! en ce qui concerne le péché, la justice et le 
jugement : le péché en tant qu'ils ne croient pas en moi?; la 
justice en tant que je m'en vais auprès du Père, et que vous ne me 
verrez plus; le jugement en tant que le Prince de ce monde est 
jugé #. » 


«J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne les 
pouvez pas encore porter; quand il sera venu, lui, l'Esprit de 
vérité, 1l vous dirigera dans toute la vérité, car il ne parlera pas 
de son propre fonds, mais tout ce qu’il aura entendu il le dira et il 
vous annoncera l'avenir. C’est lui qui me glorifiera, parce qu'il 
prendra de ce qui est à moi et il vous l’annoncera. Tout ce qu'a 
le Père est aussi à moi; voilà pourquoi je vous dis : «Il prend de 
ce qui est à moi, et il vous l’annoncera. » 


«Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus, puis 
encore un peu de temps, et vous me verrez. » 

Alors quelques-uns de ses disciples se demandèrent l’un à 
l’autre: «Qu'est-ce qu'il nous dit : «Encore un peu de temps, et 
vous ne me verrez pas, puis encore un peu de temps, et vous me 
verrez»; et: «je m'en vais auprès du Père». — Que signifient, 
disaient-ils, ces mots : «Un peu de temps». Nous ne savons de 
quoi il parle. » 

Jésus comprit qu'ils désiraient l'interroger, et il leur dit: 
« Vous vous demandez l’un à l’autre ce que j’ai voulu dire par ces 
mots : «Encore un peu de temps, et vous ne me verrez pas, puis 
encore un peu de temps, et vous me verrez. » En vérité, en vérité, 


1 71 convaincra le monde d’erreur ou de tort. 

? Le péché du monde qui consiste à me rejeter sera compris plus tard quand 
le Saint-Esprit sera venu. 

3 La justice du Christ que son retour auprès du Père et le don du Saint- 
Esprit, conséquence de ce retour, démontreront. 

# Le jugement du diable; le Saint-Esprit montrera que la victoire remportée 
par le Prince de ce monde, le jour de la crucifixion, est, en réalité, sa défaite, 
sa condamnation, son jugement. 

5 Grec : connut (par sa toute-science), 


8, 16 


10 


11 


16 


17 


90 


16. 21 


12 
L9 


94 


Le] 
"] 


1 32 


328 LE NOUVEAU TESTAMENT 


je vous le dis, vous, vous pleurerez et vous gémirez; quant au 
monde, il se réjouira. Vous, vous serez dans la douleur; mais 
votre douleur sera changée en joie. La femme passe par la douleur 
pendant qu'elle enfante, parce que, pour elle, l'heure est venue. 
Mais quand l'enfant est né, elle oublie son angoisse, tant est 
grande sa joie d’avoir mis un homme au monde. Vous, de même, 
vous passez maintenant par Ja douleur; mais je vous reverrai, et 
votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira ! votre joie. Et, en ce 
jour-là, vous ne m’interrogerez plus sur rien. » 


«En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque 
chose au Père en mon nom, il vous le donnera. Jusqu'ici vous 
n'avez rien demandé en mon nom. Demandez et vous recevrez 
afin que votre joie soit dans sa plénitude. » 

«Je vous ai parlé de ces choses en termes figurés; il vient une 
heure où je ne vous parlerai plus en termes figurés, mais où je 
vous communiquerai clairement ? ce qui concerne le Père. En ce 
jour-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis pas que 
je prierai le Père pour vous, car le Père lui-même vous aime, 
parce que vous m'avez aimé, et que vous avez Cru que je Suis Issu 
du Père. Je suis issu du Père, et je suis venu dans le monde; 
maintenant je quitte le monde, et je vais auprès du Père. » 

«C’est maintenant, dirent les disciples, que tu parles claire- 
ment #, que tu n’emploies pas de termes figurés. C’est maintenant 
que nous voyons que tu sais toutes choses, et que tu n'as besoin 
d'être interrogé par personne. Voilà pourquoi nous croyons que 
tu es issu de Dieu. » 

«Vous croyez pour le moment, leur répondit Jésus; mais il 
vient une heure, elle est même déjà venue, où vous vous disper- 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : ravit. 

9. C’est-à-dire en termes propres, sans figures. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : de Dieu. Le verset se traduit littéra- 
lement: sorti d'auprès du Père (ou d'auprès de Dieu). Ce passage signifie 
qu'il viendra un temps où l’union des disciples avec le Ghrist sera si intime que 
sa médiation elle-même deviendra inutile. 

t C'est-à-dire en termes propres, non figurés. 


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ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 929 
a  Φ ὁΦὅΦὅΦΟΦὌΌὅῦῬΘϑο “᾿ς  ς οὐ Θοθο. 
serez chacun de son côté, et où vous me laisserez seul. Mais je 
ne suis pas seul parce que le Père est avec moi. Je vous ai amsi 
parlé afin que vous ayez la paix en moi; dans le monde, vous 
passez par l'angoisse; mais prenez courage, j'ai vaincu le monde. » 


Ainsi parla Jésus. Puis, levant les yeux au ciel, 1l dit : 

« Père, l'heure est venue; glorifie ton Fils, afin que le Fils te 
glorifie en donnant, selon le pouvoir que tu lui as donné sur 
toute chair 1, la vie éternelle, à tous ceux que tu lui as donnés. 
Or voici l’éternelle vie: Te connaître, toi, le seul vrai Dieu et 
celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » 

«Moi, je t'ai glorifié sur la terre; j'ai accompli l'œuvre que 
tu m'avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi, toi, Ô 
Père, auprès de toi-même, de la gloire que j'avais, avant que le 
monde füt, auprès de toi.» 

«J'ai révélé ton nom aux hommes que tu m'as donnés du 
monde?. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé 
ta parole. Maintenant ils ont reconnu que tout ce que tu m'as 
donné vient de toi, parce que les paroles que tu m’as données, je 
les leur ai données, et ils les ont reçues, et ils ont reconnu véri- 
tablement que je suis issu de toi, et ils ont cru que c’est toi qui 
m'as envoyé. » 

«C’est pour eux que je prie; ce n’est pas pour le monde que je 
prie, mais pour ceux que tu m'as donnés parce qu'ils sont à toi — 
(or tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi) 
— et que j'ai été glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde, 
mais eux sont dans le monde, et moi je viens à toi. Père saint! 
garde-les en ton nom, le nom que tu m’as donné, afin qu'ils 
soient uns comme nous. Quand j'étais avec eux, c’est moi qui les 


1 Terme hébraïque que nous rencontrons fréquemment et qui signifie: tous 
les hommes. 

? Grec: hors du monde, en les tirant du monde. 

3 C'est-à-dire : garde-les dans la connaissance de ton nom de Père. 

4 Le nom que tu m'as donné à révéler (voy. le verset 6). La traduction tra- 
ditionnelle : garde en ton nom ceux que tu m'as donnés provient d’un texte sans 
autorité. 


33, 16 


"ἃ 


10 
11 


17,43 


330 LE NOUVEAU TESTAMENT 


gardais en ton nom, le nom que tu m'as donné, et je les ai pré- 
servés et aucun d'eux ne s'est perdu, excepté le fils de la perdition, 
afin que l'Écriture fût accomplie. Maintenant je viens à toi, et je 
parle ainsi, étant encore dans le monde, afin qu'ils aient en eux la 
plénitude de ma joie.» 

«Je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine, 
parce qu'ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du 
monde. Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que 
tu les préserves du mal. Ils ne sont pas du monde, comme moi je 
ne suis pas du monde. Consacre-les ! dans la vérité?. Ta parole 
est la vérité. » | 

« De même que tu m'as envoyé dans le monde, je les ai, moi 
aussi, envoyés dans le monde, et je me consacre moi-même pour 
eux afin qu'ils Soient, eux aussi, consacrés en vérité #. » 

«Ce n’est pas seulement pour eux que je prie, mais aussi pour 
ceux qui croient en moi par leur parole, afin que tous ils soient un, 
comme toi, Père, es en moi, et moi en toi, qu'eux aussi soient en 
nous, pour que le monde croie que c’est toi qui m'as envoyé. » 

«Et moi, la gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée, afin 
qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et {oi en moi, 
que cette unité soit parfaite ὅ, et que le monde reconnaisse que c’est 
toi qui m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. » 

«Père! ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, 
moi, ils y soient avec moi, afin qu'ils voient la gloire que tu m'as 
donnée, parce que tu m'as aimé avant la création du monde. » 

«Père juste! le monde ne t’a pas connu; mais moi je t'ai connu, 
et ceux-ci ont reconnu que c’est toi qui m'as envoyé. Et je leur 
ai fait connaître ton nom; et je le leur ferai connaître, afin que 
l’amour dont {tu m'as aimé soit en eux, et que je sois moi aussi en 
eux.» 


1 Grec : sanctifie-les. Voir note sur 10, 36. 

2 On peut traduire aussi : par la vérité. 

3 On peut traduire aussi : Ta parole est vérité. 4 

4 Grec: et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'ils soient eux aussi 
sanctifiés en vérité. Voir note sur 10, 36. 

5 Littéralement : qu’ils soient consommés en un. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 553 


Après avoir ainsi parlé, Jésus sortit avec ses disciples et tra- 
versa le torrent de Kédron!. Là se trouvait un jardin ? dans lequel 
il entra, et eux avec lui. Judas, celui qui le livrait, connaissait cet 
endroit, parce que Jésus y était souvent venu avec ses disciples. 


Ayant pris une escouade de soldats et accompagné d’agents . 


fournis par les chefs des prêtres et les Pharisiens, Judas arriva 
donc en cet endroit avec des lanternes, des torches et des armes. 

Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : 
«Qui cherchez-vous?» — «Jésus de Nazareth», lui répondirent- 
ils. — Jésus leur dit“: «C’est moi.» 

Au milieu d’eux se tenait Judas, celui qui le livrait. 

Mais à peine Jésus avait-il dit: «C’est moi», qu'ils firent un 
mouvement en arrière et tombèrent sur le sol. Il leur demanda 
une seconde fois: «Qui cherchez-vous?» — «Jésus de Nazareth», 
dirent-ils. — Jésus reprit : «Je vous ai dit que c'est moi; si donc 
c'est moi que vous cherchez, laissez ceux-ci s’en aller.» (C'était 
afin que fût accomplie la parole qu'il avait dite: «De ceux que tu 
m'as donnés, je n’en ai perdu aucun.») 

Simon Pierre, cependant, avait une épée, et la tira. Il en frappa 
le serviteur? du grand-prèêtre et lui coupa l'oreille droite. — Ce 
serviteur ὅ se nommait Malchus 5. — «Remets ton épée dans le 
fourreau », dit alors Jésus à Pierre; «la coupe que m'a donnée 
le Père, ne la boirai-je pas ? » 


Cependant la cohorte, le tribun et les agents des Juifs se sai- 
sirent de Jésus et le garrottèrent. Ils commencèrent par le mener 


1 En hébreu: le Quidrôn. Plusieurs anciens manuscrits lisent : le {orrent des 
cèdres, et d'autres anciennes autorités : du cèdre. 

2 Plus exactement : un verger. 

3 Littéralement : La cohorte, c’est-à-dire un détachement de soldats romains 
commandés par le tribun lui-même. 

# Quelques anciens manuscrits omettent Jésus et lisent : JU leur Εἴ. 

5 Grec: esclave. 

5 Son nom véritable était sans doute Malek. 


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4 


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18, 14 


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19 
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DD LE NOUVEAU TESTAMENT 


chez Hanne !, beau-père de Kaïphe ?. (Kaïphe était le grand-prêtre 
de l’année, et c'était lui qui avait ouvert aux Juifs cet avis: «Il 
vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple. ») 


Simon Pierre et un autre disciple avaient suivi Jésus. Cet autre 
disciple, étant de la connaissance du grand-prêtre, entra en même 
temps que Jésus dans la cour. 

Quant à Pierre, il était resté dehors contre la porte. L'autre 
disciple, qui était de la connaissance du grand-prêtre, sortit pour 
parler à la portière et le fit entrer. Cette servante, qui gardait la 
porte, dit alors à Pierre: «N'es-tu pas toi aussi des disciples de 
cet homme?» — «Non; pas moi », répondit-il. I faisait froid; les 
esclaves et les hommes de service, groupés autour d’un brasier 
allumé par eux, se chauffaient; et Pierre, se tenant au milieu 
d'eux, se chauffait aussi. 


Le grand-prêtre cependant interrogea Jésus sur ses disciples et 
sur son enseignement. Jésus lui répondit : «C’est ouvertement que 
j'ai parlé au monde; j'ai toujours enseigné dans la synagogue et 
dans le Temple, là où se réunissent tous les Juifs, et je n’ai rien dit 
en cachette. Pourquoi m'interroges-tu? demande à mes auditeurs 
de quoi je leur ai parlé. Eux savent bien ce que j'ai dit. » 

A ces mots, un des hommes de service qui se tenait à côté de 
Jésus, lui donna un coup de bâton “ en lui disant : «Est-ce de la 
sorte que tu réponds au grand-prêtre. » Jésus s’adressa à cet 
homme : «Si j'ai mal parlé, prouve ce que j'ai dit de mal”; si j'ai 
bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » 

Hanne l’envoya, tout garrotté, à Kaïphe, le grand-prètre. 


1 Plus exactement Hannas; en hébreu : Hanan. 

2 Plus exactement : Kaïaphas. 

3 La cour, l’atrium. Voir note sur Matth. 26, 3. 

4 On peut traduire aussi: lui donna un soufflet ; mais cette interprétation est 
moins probable. Voir Marc 14, 65 et Matth. 26, 67. £ 

5 Littéralement : Rends témoignage du mal; c’est-à-dire prouve-le par un 
témoignage régulier ; fais ta déposition comme témoin. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 333 


Cependant Simon Pierre se tenait là et se chauffait. «N'’es-tu 
pas, toi aussi, de ses disciples? » lui dit-on. Il le nia. «Moi? 
dit-il, non pas.» Un des serviteurs! du grand-prêtre, parent de 
celui à qui Pierre avait coupé l'oreille, lui dit : «Est-ce que, moi- 
même, je ne t'ai pas vu, avec lui, dans le jardin?» Encore une 
fois Pierre nia, et à ce moment un coq chanta. 


De chez Kaïphe, ils menèrent Jésus au prétoire; le jour se 
levait. Eux-mêmes n’entrèrent pas dans le prétoire afin de ne pas 
contracter de souillure? et de pouvoir manger la Pâque ὅ. 

Pilate 4 vint donc à eux dehors. 

«Quelle accusation, dit-il, portez-vous contre cet homme?» 
Ils lui répondirent par ces paroles: «Si ce n’était pas un mal- 
faiteur, nous ne te l’aurions pas livré.» Pilate leur répliqua : 
« Prenez-le, et jugez-le vous-mêmes, suivant votre Loi.» — « Nous 
n’avons pas le droit, répondirent les Juifs, de mettre personne à 
mort.» (C'était afin que fût accomplie la parole que Jésus avait 
dite pour indiquer de quelle mort il allait mourir.) 

Pilate rentra donc dans le prétoire, fit venir Jésus et lui dit: 
«Tu es le Roi des Juifs?» — «Est-ce de toi-même que tu dis 
cela, répondit Jésus, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi?» — 
«Est-ce que je suis Juif, moi!» répliqua Pilate, «c'est ta nation, 
ce sont les chefs des prêtres qui t'ont livré à moi; qu'as-tu fait?» 
Jésus répondit : «Ma Royauté n’est pas de ce monde. Si ma 
Royauté était de ce monde, mes sujets combattraient pour moi, 
pour que je ne fusse pas livré aux Juifs; mais ma Royauté n'est 
pas d'ici6.» Alors Pilate lui dit: «Ainsi donc tu es Roi!» Jésus 


1 Grec : esclaves. 

2 De souillure légale en marchant sur une terre païenne. 

5 Le repas pascal, 

4 Pilate. Noir note sur Matth. 27, 2. 

® Ma Royauté. Le mot grec est le même que nous avons traduit ailleurs par 
le Royaume ou par le Règne ; mais le Royaume de Jésus se développe ici-bas, il 
est de ce monde, et c’est sa Royauté, sa dignité royale qui n’est pas de ce monde, 
qui n’est pas terrestre. 


6 On peut traduire aussi : mais, pour le moment, ma Royauté n’est pas d'ici. 


90 


97 


18, 38 


9) 


40 


19/41 


19 


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4 


334 LE NOUVEAU TESTAMENT 


répondit : «Tu le dis, je suis Roiït. Voici pourquoi je suis ne, 
voici pourquoi je suis venu dans le monde: pour rendre témoi- 
gnage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix.» — 
«Qu'est-ce que la vérité?» lui dit Pilate. 

Sur ce mot, il revint dehors vers les Juifs et leur dit: «Moi, je 
ne trouve en lui aucune matière à condamnation. Il est d’usage 
que je vous délivre quelqu'un à la fête de Pâque, voulez-vous que 
je vous délivre le «Roï des Juifs?» 15 recommencèrent à crier? : 
«Pas celui-là, disaient-ils, mais Bar-Abbas ὁ.» 

Ce Bar-Abbas était un brigand. 

Pilate ordonna alors de saisir Jésus et de le flageller #. 


Les soldats, ayant tressé une couronne avec des épines, la lui 
posèrent sur la tête et l’affublèrent d’un manteau couleur pourpre; 
puis ils s’avançaient vers lui et disaient: «Salut! le «Roi des 
Juifs!» Etil lui donnaient des coups de bâton 5. 

Encore une fois, Pilate revint dehors. «Je vais vous l’amener, 
leur dit-il, pour que vous sachiez que je ne trouve aucun motif 
de le condamner. » 

Et Jésus parut dehors, portant la couronne d'épines et le 
manteau couleur pourpre. 

« Voilà l’homme», leur dit Pilate . 

Dès qu'ils le virent, les chefs des prètres et leurs gens se mirent 
à crier: «Crucifie-le! crucifie-le!» — «Prenez-le vous-mêmes, 
leur dit Pilate, et crucifiez-le! Quant à moi je ne trouve en lui nulle 
matière à condamnation.» — «Nous avons une Loi, répliquèrent 
les Juifs, et de par cette Loi, il faut qu'il meure pour s'être fait 
Fils de Dieu. » 


1 On peut traduire aussi : Ainsi donc tu es un Roi! Jésus répondit: C'est toi 
qui dis que je suis un Roi; ou encore : Tu le dis parce que je suis Roi. 

2 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent ici tous et lisent: Ils recommen- 
cèrent tous à crier. 

3 En hébreu : Bar-Abba ou Bar-Rabban. Voir note sur Luc 23, 18. 

4 C'est-à-dire: Le condamna à la peine du fouet. 

5 Voir note sur 18, 22. 

6. C’est-à-dire : Voilà votre homme, parole de mépris et destinée à exciter le 
mépris. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 999 


Pilate, entendant ces paroles, fut de plus en plus effrayé. 

Rentrant encore une fois dans le prétoire, il dit à Jésus: «D'où 
es-tu ? » 

Mais Jésus ne lui fit point de réponse. 

« Tu ne me parles pas? reprit Pilate, ignores-tu que J'ai le 
pouvoir de te délivrer et le pouvoir de te crucifier.» — «Tu 
n'aurais contre moi aucun pouvoir, répondit Jésus, s’il ne L’était 
donné d’en haut. Voila pourquoi celui qui me livre à toi est cou- 
pable d’un plus grand péché. » 

Là-dessus, Pilate cherchait à le délivrer; mais les Juifs lui 
criaient ces paroles : «Si tu délivres cet homme, tu n’es pas parti- 
san de César, car quiconque se fait Roi se pose en adversaire de 
César. » 

Pilate, entendant un tel langage, fit venir Jésus au dehors, et 
prit siège au tribunal, à l'endroit appelé «Pavé en mosaïque» 
(en hébreu Gabbathat). C'était le jour de la Préparation ? de la 
Pâque, et vers la sixième heure ὅς. Pilate dit aux Juifs: «Voilà 
votre Roi.» Ceux-ci se mirent à crier: «A mort! à mort! 
crucifie-le! » — « Votre Roi! leur dit Pilate, je le crucifierais!» — 
«Nous n'avons d'autre Roi que César», répondirent les chefs 
. des prêtres. 

Ce fut alors que Pilate le leur abandonna pour être crucifié. 


Ils s’emparèrent de Jésus et lui, portant lui-même la croix, vint 
au lieu qu’on appelle Crâne (en hébreu Golgotha) Ἢ. 

C'est là qu'ils le crucifièrent et avec lui deux autres, un de chaque 
côté, et au milieu, Jésus. Pilate rédigea aussi une inscription el 
la fit placer sur la croix; il y était écrit: Jésus DE ΝΆΖΑΒΕΤΗ; 
LE ROI DES JUIFS. 

Cette inscription, beaucoup de Juifs la lurent parce que le lieu 


1 Ce mot hébreu ne signifie pas «Pavé en mosaique», mais : élévation, 
éminence. 

? La Préparation, voir note sur Matth. 27, 62. 

3 Vers midi. 

4 Voir note sur Matth. 27, 33. 


10 


13 


20 


31 


990 LE NOUVEAU TESTAMENT 


où Jésus fut crucifié était près de la ville. Elle était rédigée en 
hébreu, en latin et en grec. Alors les chefs des prêtres juifs dirent 
à Pilate : CN'inscris pas : CLE ΒΟῚ DES JUIFS»; mais : «CET HOMME 
A DIT: QJE SUIS LE ROI DES Juirs.» — «Ce que j'ai écrit, je l’ai 
écrit», répondit Pilate. 


Après avoir mis Jésus en croix, les soldats s’emparèrent de ses 
vêtements dont ils firent quatre parts; une pour chaque soldat. 

Restait la tunique, une tunique sans couture, tout entière d’un 
seul tissu depuis le haut. «Ne la déchirons pas, se dirent-ils, mais 
irons au sort à qui l'aura ». (C'était afin que fût accomplie 
l'Écriture 1 : 

« 7|5 ont partagé mes vêtements entre eux 
Et sur ma robe ils ont jeté le sort ?. ») 

Donc, les soldats firent ainsi. 

Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère, la sœur de sa 
mère, Marie, femme de Clopas, et Marie Magdeleine. Jésus, 
voyant sa mère et, pres d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa 
mère: «Femme, voilà ton fils.» Puis il dit au disciple: « Voilà 
ta mère.» À partir de ce moment le disciple la prit chez lui. 

Après cela, Jésus sachant que désormais tout était achevé d'ac- 
complir 5, dit, afin de parfaire cet accomplissement de l'Écriture 6 : 
«J'ai soif. » : 

Il y avait là un vase plein de vinaigre. On y trempa une 
éponge qui fut fixée à une tige d’hysope, et on l’approcha de sa 
bouche. Quant il eut pris le vinaigre, il dit: «Tout est accompli 7» 
et, ayant baissé la tête, il rendit l'esprit. 

C'était le jour de la Préparation et pour que les corps ne res- 
tassent pas en croix pendant le sabbat, — un sabbat qui devait 


1 Plusieurs manuscrits ajoutent qui dit. 

2 Psaume 22, 19. 

3 Ou: Marie de Magdalu. 

# Voir sur le mot femme note sur Jean 2, 4. 

Ὁ Littéralement : que tout était consommé. 

ὁ Littéralement : dit afin que l'Écriture fût consommée. 
7 Littéralement : c’est consommé. 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 991 


être tres solennel, — les Juifs demandèrent à Pilate de faire briser 
les jambes des suppliciés et de les faire enlever. Les soldats vinrent 
donc et brisèrent les jambes du premier crucifié, puis du second. 
Arrivant à Jésus, 115 s’aperçurent qu'il était déja mort, et alors 
ils ne lui brisèrent pas les jambes. Seulement un des soldats lui 
perça le côté d’un coup de lance, et il en sortit immédiatement du 
sang et de l’eau. 
Celui qui l’a vu l’a attesté et son attestation est véridique. Lui, 
il sait qu'il dit vrai, afin que, vous aussi, vous croyiez. (Car cela 
arriva afin que fût accomplie l’Écriture : 
«Aucun de ses os ne sera brisé, » 
et un autre passage dit encore : 
«Îls regarderont celui qu’ils ont percé?.») 


Après cela, Joseph (celui qui est d’Arimathée), — il était disciple 
de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, — demanda à Pilate 
la permission d'enlever le corps de Jésus. Pilate la lui donna. II 
vint donc enlever le corps?. Avec lui se trouvait aussi Nicodème 
(celui qui était allé trouver Jésus pendant la nuit au commence- 
ment); il apportait une composition de myrrhe et d’aloès, une 
centaine de livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et l’envelop- 
. pèrent dans des bandes de linge avec les parfums, suivant le 
mode d’ensevelissement usité chez les Juifs. 

Il y avait dans le lieu où il avait été crucifié un jardin et, dans 
ce jardin, un sépulcre neuf, où personne n’avait encore été placé. 
Ce fut donc là, à cause de la Préparation ὅ des Juifs, et parce que 
ce sépulcre était tout proche, qu'ils déposèrent Jésus. 


Le premier jour de la semaine, Marie Magdeleineô se rend de 
grand matin, avant le jour, au sépulcre et voit la pierre enlevée. 


1 Exode 12, 46; Psaume 34, 21. 

? Zacharie 12, 10. 

3 Un des plus anciens manuscrits lit: on vint donc l'enlever. 

# Cest-à-dire sans doute dans des bandes de linge imprégnées de parfum. 
5 Le jour de la Préparation de la Pâque. Voir note sur Matth. 27, 62. 

5 Ou: de Magdala. 


22 


32, 19 


36 


97 


99 


40 


4 


20, 2 


& © 


Qt 


10 


16 


398 LE NOUVEAU TESTAMENT. 


Alors elle court trouver Simon Pierre et l’autre disciple (celui que 
Jésus aimait) et leur dit : «On a enlevé le Seigneur de son tom- 
beau, et nous ne savons où on l’a placé. » 

Pierre sort alors avec l’autre disciple, et tous deux ensemble se 
mettent à courir pour aller au sépulcre; mais l’autre disciple 
courait devant et plus vite que Pierre. Il arrive le premier; il se 
penche, voit les linges posés à terre (toutefois il n’entra point). 

Arrive alors Simon Pierre qui le suivait : lui, il entre dans le 
tombeau. Il regarde ; les linges étaient là; le suaire, qui avait été 
sur la tête, n’était pas placé avec les linges, mais roulé à part à 
un autre endroit. 

Alors l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier au tom- 
beau, y entra aussi; et il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, 1ls ne 
comprenaient pas l’Écriture où il est dit: «Qu'il faut qu'il res- 
suscite d’entre les morts 1.» 

Les disciples retournèrent chez eux. 


Mais Marie était restée près du tombeau, à l'entrée, et pleurait. 

Tout en pleurant, elle se pencha et regarda dans le sépulcre. 

Elle y voit deux anges en vêtements blancs, s’asseyant à la place 
où était le corps de Jésus, l’un du côté de la tête, l’autre du côté 
des pieds. Ils lui disent: «Femme, pourquoi pleures-tu?» Et elle 
leur répond : «Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et que je ne 
sais où on l’a placé. » 

Ayant dit cela, elle se retourne et, derrière elle, elle voit Jésus 
qui était là, debout. (Elle ne savait pas que c'était Jésus.) Jésus lui 
dit: «Femme, pourquoi pleures-tu? Qui cherches-tu ?» Elle, le 
prenant pour le jardinier, lui répond : «Seigneur, si c’est toi qui 
l'as emporté, dis-moi où tu l'as placé, et j'irai le chercher. » 

Jésus lui dit: «Marie!» Elle se retourne et lui dit en hébreu : 
«Rabbouni !?» (ce qui veut dire : Maître !). 

1 L'auteur ne cite pas ici un passage de l'Écriture, mais il rappelle un certain 
nombre de paroles de l’Ancien Testament, dans lesquelles les premiers chrétiens 
voyaient des prédictions de la résurrection de Jésus (Psaume 16, 10. Voir 


Actes 2, 27 et suiv. et aussi 13, 34 et 35). 
2 Ou d’après d'anciens manuscrits : Rabbounei, 


"“Ψ, 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 339 


Jésus lui dit: «Ne me touche point! car je ne suis pas encore 
monté vers le Père, mais va vers mes frères et dis-leur: «Je monte 
vers mon Pere et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » 

Marie Madeleine va porter la nouvelle aux disciples: «J'ai vu 
le Seigneur, et voilà ce qu'il m'a dit.» 


Le soir de ce même jour, le premier de la semaine, les portes 
du lieu où les disciples étaient rassemblés étant fermées, par 
crainte des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu d’eux, et leur dit : 
«La paix soit avec vous!!» et, en disant cela, il leur montra ses 
mains et son Côté. 

Les disciples se réjouirent, voyant le Seigneur. 

IL leur dit encore une fois : «La paix soit avec vous!! Comme 
le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie.» En disant cela, 
il souffla sur eux et leur dit : «Recevez l'Esprit saint ?. À ceux 
auxquels vous remettrez les péchés, 115 seront remis; à ceux aux- 
quels vous les retiendrez, ils seront retenus. » 


Un des douze, Thomas, appelé Didyme ὃ, n’était pas avec eux, 
lorsque vint Jésus. Les autres disciples lui dirent : «Nous avons 
vu le Seigneur.» Il leur répondit : «Si je ne vois pas dans ses 
mains la marque des clous, si je ne mets pas le doigt à la place 
des glous“, si je ne mets pas la main dans son côté5, je n’en 
croirai rien.» 


Huit jours après, les disciples étaient réunis dans la même 
chambre, Thomas avec eux ; Jésus vint, les portes étant fermées. 
Il se tint au milieu d'eux et dit: «La paix soit avec vous 6. » 

Ensuite il dit à Thomas: «Porte ici ton doigt et regarde mes 


1 C'est-à-dire : Je vous salue. Voir note sur 14, 27 (voir aussi Luc 24, 36). 

5. Le mot Esprit dans le texte grec n’est pas précédé de l’article et le sens 
littéral est : Recevez de l'Esprit saint, une effusion de l'Esprit saint. 

3 Voir note sur 11, 16. 

# Plusieurs anciens manuscrits lisent : dans la marque des clous. 

Ὁ C'est-à-dire dans la plaie du côté. 

5 Voir note sur le verset 19. 


17, 20 


18 


19 


20, 98 
29 


90 
91 


2]. 1 


340 LE NOUVEAU TESTAMENT 


mains; avance aussi ta main, mets-la dans mon côté, et ne deviens 
pas incrédule, mais croyant!» 

Thomas lui répondit par ces paroles: «Mon Seigneur et mon 
Dieu!» — «Parce que tu m'as vu, tu as cru!» lui dit Jésus; 
« Heureux ceux qui, sans avoir vu, sont croyants! » 


Jésus a fait encore, en présence des disciples, beaucoup d’autres 
miracles qui ne sont pas consignés dans ce livre. Ceux-ci le sont, 
afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et 
que, le croyant, vous ayez la vie en son nom. 


Après cela, sur le bord de la mer de Tibériade, Jésus se mani- 
festa encore aux disciples. Voici comment : Simon Pierre, Thomas 
appelé Didyme?, Nathanaël de Cana en Galilée, les fils de Zébédée 
et deux autres disciples étaient ensemble. «Je vais pêcher», leur 
dit Simon Pierre. «Nous y allons avec toi» répondirent les autres. 
Is partirent et montèrent dans la barque. 

Cette nuit-là ils ne prirent rien. 

Le matin venu, Jésus était là debout sur le rivage. Les disciples 
cependant ne savaient pas que c'était Jésus. «Enfants, leur dit-il, 
n’avez-vous rien à manger?» — Ils lui répondirent: «Non.» — 
«Jetez le filet, dit Jésus, à droite de la barque, vous trouverez. » 
[Is le jetèrent et ils n’avaient plus la force de le retirer tellement il 
était plem de poissons. 

Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: «C'est ke 
Seigneur!» A cette parole: «C'est le Seigneur», Simon Pierre 
qui n’était pas vêtu remit sa tunique et se jeta à l’eau. Quant aux 
autres disciples ils vinrent avec la barque, et comme ils étaient 


1 L'Evangile se termine ici. Le dernier chapitre est un appendice. 


2 Voir note sur 11, 16, 


ÉVANGILE SELON SAINT JEAN 341 


peu éloignés de terre, — environ de deux cents coudées, — ils 
traînaient le filet plein de poissons. 

Une fois descendus à terre, ils voient du charbon préparé, du 
poisson dessus et du pain. Jésus leur dit : «Apportez quelques-uns 
des poissons que vous venez de prendre. » 

Simon Pierre monta alors dans la barque et tira à terre le filet. 
Il était plein de gros poissons; il y en avait cent cinquante-trois et 
malgré ce grand nombre le filet ne se déchira pas. «Venez 
manger !», dit Jésus aux disciples. 

Aucun d’eux n’osait lui poser cette question: «Qui es-tu?» 
Ils savaient que c'était le Seigneur. 

Jésus s’approche; prend le pain et le leur donne, ainsi que le 
poisson. 

C'était la troisième fois, depuis sa résurrection d’entre les morts, 
que Jésus se manifestait? à ses disciples. 


Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon Pierre: «Simon, 
fils de Jean“, m’aimes-tu plus que ceux-ci?» — II lui répondit : 
«Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime.» Jésus lui dit: «Fais paître 
mes agneaux. » 

Il lui dit une seconde fois : «Simon, fils de Jean, m’aimes-tu?» 
Il lui répondit: «Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. » Jésus 
lui dit : «Sois le pasteur de mes brebis. » 

Il lui dit pour la troisième fois : «Simon, fils de Jean, M’aimes- 
tu?» Pierre fut attristé de ce qu’il lui disait pour la troisième fois : 
«M'aimes-tu?» et lui répondit : «Seigneur, tu sais tout; tu sais 
que je t'aime 5. » 

1 Littéralement : déjeuner, faire le repas du matin. 

2 Grec: se manifesta. 

3 Voir note sur le verset 12. 

# Fils de Jean. Voir note sur 1, 43. 

5 Dans les versets 15, 16, 17, nous avons rendu par aimer deux verbes grecs 
différents, dont l’un exprime un sentiment particulièrement tendre et affectueux 
et pourrait se traduire en français par chérir. Voici comment il faut, si l’on tient 
compte de cette nuance, interpréter tout ce passage : Quand ils eurent mangé, 
Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci? » 


Il lui répondit : « Oui, Seigneur, tu sais que je te chéris.» Jésus lui dit : «Fais 
paître mes agneaux.» Il lui dit une seconde fois : «Simon, fils de Jean, 


9, 21 


13 


14 


16 


47 


21,18 


19 


542 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Jésus lui dit: «Fais paître mes brebis. En vérité, en vérité, je 
te le dis, lorsque tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même et tu 
allais où tu voulais; mais quand tu seras vieux, tu étendras les 
mains, un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. 
(II dit cela pour indiquer par quel genre de mort Pierre devait 
glorifier Dieu); et après avoir ainsi parlé, il ajouta : «Suis-moi. » 

Pierre, se retournant, voit le suivre le disciple que Jésus 
aimait, celui qui, pendant le repas, s'était penché sur sa poitrine 
et lui avait dit: «Seigneur qui est celui qui te livrera?» Le 
voyant, Pierre dit à Jésus: «Seigneur, et celui-ci, que lui 
arrivera-t-il» Jésus lui répond: «Si je veux qu'il attende 
jusqu’à ce que je vienne, que t'importe? Toi, suis-moi. » 

Alors le bruit se répandit parmi les frères que ce disciple-là ne 
mourrait pas. Cependant Jésus n’a pas dit à Pierre : «Il ne mourra 
pas; » mais : (851 Je veux qu'il attende jusqu'à ce que je vienne, 
que t'importe 1. » 

C'est ce disciple-là même qui atteste ces choses et qui les ἃ 
écrites, et nous savons que son témoignage est véridique. 

Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus ἃ faites. Si on 
les écrivait l’une après l’autre, je crois que le monde entier ne 
pourrait contenir les livres qu'on écrirait?. 


maimes-tu ?» Il lui répondit : «Oui, Seigneur, tu sais que je te chéris.» Jésus 
lui dit: «Sois le pasteur de mes brebis.» 11 lui dit pour la troisième fois: 
«Simon, fiis de Jean, me chéris-tu?» Pierre fut attristé de ce qu'il lui disait 
pour la [roisième fois : «Me chéris-tu ? » Il répondit : «Seigneur, tu sais tout, 
tu sais que je te chéris.» 
1 Un des deux plus anciens manuscrits omet que t’importe. 

? Un des deux plus anciens manuscrits omet toute cette dernière phrase à 

partir de : /l y ὦ encore beaucoup d'autres choses, etc. 


LES ACTES DES APOTRES 


PRÉFACE 


Les Actes des apôtres forment le second volume d’un ouvrage 
dont le troisième Évangile est le premier. L'identité d'auteur n’est 
mise en doute par personne. 

L’épigraphe du livre est dans un mot de Jésus aux apôtres 
avant de remonter au ciel: Wous recevrez une grande force, quand 
le saint Esprit descendra sur vous, δέ vous serez mes témoins à 
Jérusalem, dans toute la Judée, en Samarie et jusqu'au bout du 
monde (Actes 1: 8). L’historien développera ces paroles et en 
montrera la vérité dans son récit. 

Il commence par Jérusalem et, après avoir rappelé comment 
Judas a été remplacé par Matthias (1: 15 à 26), il raconte le 
miracle de la Pentecôte et les premières conquêtes des apôtres, 
en même temps que leurs premières difficultés, leurs luttes et leurs 
souffrances. Son but est de faire ressortir le caractère universaliste 
du christianisme et, à partir du chapitre 8°, verset 4, il montre 
l'Évangile porté de Judée en Samarie et de Samarie#chez les 
païens (ch. 8: 4 à ch. 15). 

Une décision de l’assemblée de Jérusalem (ch. 15) régularise 
l’entrée des païens dans l'Église, entrée dont l’histoire de l’eu- 
nuque (ch. 8 : 26 et suiv.) et celle de Cornélius (ch. 10) avaient 
été les prémices. 


344 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Enfin, Luc restreint son sujet et se borne à raconter les missions 
de Paul et ses voyages. 

Son premier voyage nous est rapporté aux chapitres 13 et 14. 
Paul et Barnabas évangélisent l’île de Chypre et ensuite le pays 
des Galates. 

Dans un second voyage (ch. 15: 36 à 18: 23), après avoir par- 
couru la Galatie et l’Asie-Mineure, Paul passe en Macédoine et en 
Grèce. Il se rend à Corinthe où il séjourne cette première fois un 
an et demi. Cette ville est l’extrême limite de ses courses mission- 
naires. 

Après un court séjour à Antioche, Paul commence son troisième 
voyage (18 : 23 à 21 : 17). Il débute par un séjour de trois ans à 
Éphèse. De là il se rend encore en Macédoine, puis à Corinthe où 
il passe trois mois. Enfin il monte à Jérusalem. 

Son arrestation nous est ensuite racontée (21 : 17 et suiv.). Après 
une captivité de deux années à Césarée, Paul est envoyé à Rome 
sur sa demande. La traversée est retardée par un naufrage (ch. 27). 
Arrivé enfin dans la capitale de l'empire, Paul y est emprisonné 
au prétoire et y attend son jugement (ch. 28). 

Ici le récit de Luc s'arrête brusquement. L'auteur avait sans 
doute atteint son but: montrer que l'Évangile rejeté par les Juifs 
est accueilli par les païens, et que l’universalisme évangélique 
répond bien à la volonté divine. Cependant personne n’a pu, 
jusqu'ici, expliquer d’une manière satisfaisante l’absence totale 
de conclusion au livre des Actes des apôtres. 

L'Eglise a toujours placé cet écrit au nombre des Re incon- 
testés. Mais il a été moins connu et moins lu que les autres parties 
du Nouveau Testament. Au culte public on s’attachait surtout à 
la lecture, soit des Évangiles, soit des Épîtres et les Actes étaient 
un peu négligés. Irénée, à la fin du second siècle, est le premier 
des Pères qui fasse clairement mention des Actes des apôtres et 
Chrysostôme, au quatrième siècle, se plaignait de ce que plusieurs 
ignoraient non seulement le nom de l’auteur, mais l'existence 
même du livre. 

Un examen attentif nous montre que Luc, pour écrire les 
Actes, a suivi la même méthode que dans la rédaction de son 
ivangile, Il a consulté plusieurs documents, a choisi entre eux et 
n'a négligé aucune source d'informations. Le lecteur remarquera 


PRÉFACE 345 


l’emploi du pronom de la première personne du pluriel nous, qui 
est brusquement introduit au verset 10 du chapitre 16, et qui con- 
tinue jusqu’au verset 17. Il reparaît ensuite du verset 5 au verset 
15 du chapitre 20, puis dans les 18 premiers versets du chapitre 21, 
dans tout le chapitre 27 et jusqu’au verset 17 du chapitre 28. On 
peut en conclure que Luc avait rejoint Paul à Troas (Actes 16: 10), 
qu'il l’accompagna en Macédoine, mais resta à Philippes pendant 
que Paul se rendait à Corinthe. Plus tard, Paul repassant à 
Philippes, à la fin de son troisième voyage, reprit Luc avec lui, et 
celui-ci ne le quitta plus qu’à son arrivée à Rome. 

Les Actes ont été écrits peu après le troisième Évangile, c’est-à- 
dire entre l’an 70 et l’an 80. 


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LES ACTES DES APOTRES 


Dans mon premier récit !, Théophile, j'ai raconté depuis le com- 
mencement tout ce que Jésus ἃ fait et enseigné jusqu’au jour où, 
après avoir donné, par l'Esprit saint, ses ordres aux apôtres qu'il 
avait choisis, 1l fut enlevé au ciel. 

Déjà, après sa passion, il s'était montré à eux vivant, leur avait 
donné de nombreuses preuves de sa résurrection, leur était apparu 
pendant quarante jours, leur avait parlé des choses du Royaume 
de Dieu. 

Un jour qu’ils étaient réunis, il leur ordonna de ne pas quitter 
Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis... «Ce 
dont vous m'avez entendu parler, leur dit-il; car Jean baptisait 
d’eau, mais vous, vous serez baptisés d’Esprit saint? dans peu de 
Jours. » 

Les apôtres, tout en l’accompagnant, lui posaient des questions : 
«Seigneur, lui demandèrent-ils, est-ce maintenant que tu vas 
rétablir la royauté en Israël?» Il leur répondit: «Vous n'avez 
pas à savoir les époques ou les moments que le Père a fixés de sa 
propre autorité ; mais vous recevrez une grande force quand le 
saint Esprit descendra sur vous, et vous serez mes témoins à 
Jérusalem, dans toute la Judée, en Samarie et jusqu'awbout du 
monde. » 


1 Le livre des Actes des apôtres a été écrit par Luc etile « premier récit » 
auquel il fait ici allusion est le troisième Évangile, Voir la préface. 

2 D'Esprit suint ou avec de l'Esprit saint, ou encore: dans l'Esprit saint, 
voir note sur Matth. 3, 11. 


D νὼ» 


-- 


10 


af 


13 


14 


348 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Pendant qu'il prononçait ces paroles et pendant qu'ils le 
regardaient, 11 fut enlevé et une nuée vint le dérober à leurs 
yeux. 

Comme ils considéraient attentivement le ciel pendant qu'il 
s'en allait, deux hommes en vêtements blancs se présentèrent à 
eux : «Galiléens, leur dirent-ils, pourquoi restez-vous là à regar- 
der au ciel? Ce Jésus qui vient d'être enlevé au ciel du milieu de 
vous, en reviendra de la même manière que vous l’avez vu y 
monter. » 


Ils retournèrent alors de la montagne appelée Bois d’Oliviers à 
Jérusalem, qui est tout près, à la distance d’un chemin de sabbat®, 

Rentrés dans la ville, ils montèrent à la chambre haute ?, où ils 
se tenaient d'ordinaire. C’étaient : 

Pierre, Jean, Jacques et André, —- Philippe et Thomas, — 
Barthélemy et Matthieu, — Jacques, fils d’Alphée, Simon le 
Zélote et Judas, fils de Jacques. 

Eux tous, avec persévérance et d’un seul cœur, s’y adonnaient à 
la prière avec les femmes, avec Marie, mère de Jésus, et avec les 
frères de celui-ci. 


Un de ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères (cent 
vingt personnes environ étaient ensemble réunies) et voici ce 
qu'il dit : 

«Mes frères, il fallait que s’accomplit l'Écriture, la prédiction de 
l'Esprit saint faite par la bouche de David sur Judas (celui qui 
s'est chargé de conduire ceux qui ont arrêté Jésus), parce qu'il 
était au nombre des nôtres et qu'il avait reçu sa part de notre mi- 
nistère — (cet homme, après avoir acheté un champ avec le salaire 
de son crime, s’est jeté, la tête la première; son corps s’est brisé 


L Un kilomètre environ. 

2 Salle supérieure de la maison, qui en était toujours la plus grande pièce. 
On construisait parfois la chambre haute sur le toit, qui était en forme de ter- 
rasse, I] suffisait de couvrir cette terrasse. 

3 On appelait Zélotes les Juifs particulièrement zélés pour le triomphe de la 
cause nationale. 


LES ACTES DES APÔTRES 349 


par le milieu ; ses entrailles se sont répandues ; ce fait est si bien 
connu de tous les habitants de Jérusalem, que dans leur langue ils 
appellent ce champ Acheldamach, c’est-à-dire champ du sang!) — 
en effet, il est écrit au livre des Psaumes : 
tee” Que sa demeure devienne un désert! 
Que personne n'y habite?!» 


«Qu'un autre obtienne sa charges.» 

Donc, il faut qu'un des hommes qui nous ont accompagnés 
pendant tout le temps, depuis que le Seigneur Jésus ἃ commencé 
jusqu'à ce qu'il ait cessé d’être avec nous, en prenant depuis le 
baptème de Jean jusqu'au jour où il nous ἃ été enlevé, devienne 
avec nous témoin de sa résurrection. » 

Ils en proposèrent deux : Joseph dit Bar-Sabbas, surnommé 
Justus, et Matthias; puis ils firent cette prière : «Toi, Seigneur, 
qui connais tous les cœurs, montre-nous lequel de ces deux frères 
tu as choisi pour qu’il occupe la place de ministre et d’apôtre que 
Judas ἃ quittée pour aller à la place qui est la sienne. » Ensuite 
on tira au sort. Le sort tomba sur Matthias, qui fut alors associé 
aux onze apôtres. 


Quand arriva le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble 
réunis, et tout à coup il se produisit, venant du ciel, un bruit sem- 
blable à un violent coup de vent, bruit qui remplit toute la maison 
où ils se trouvaient ; il leur apparut alors, séparées les unes des 
autres, des langues ressemblant à des flammes; il s’en posa une 
sur chacun d’eux; et ils furent tous remplis d’Esprit saint et com- 
mencèrent à parler en langues étrangères, selon que l'Esprit leur 
donnait de s'exprimer. 


1 Cette seconde parenthèse est probablement une remarque de l’auteur du 
livre des Actes et ne semble pas devoir faire partie du discours de Pierre. Les 
mots « en effet il est écrit», etc., continuent la phrase qui précède la parenthèse : 
«il avait reçu sa part de notre ministère ». 

2 Psaume 69, 26. 

3 Psaume 109, 8. 


19, 1 


PS 


17 


390 LE NOUVEAU TESTAMENT 


A Jérusalem se trouvaient alors en séjour des Juifs!, des 
hommes pieux venus de tous les pays qui sont sous le ciel. 

Quand ce bruit se fit entendre, ils accoururent en foule et chacun 
fut stupéfait d'entendre parler sa propre langue. Ils étaient tous? 
confondus d’étonnement et disaient : «Tous ces hommes qui sont 
là et qui parlent, ne sont-ils pas Galiléens? Comment donc chacun 
de nous les entend-il s'exprimer dans sa langue maternelle? 
Parthes, Mèdes, Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la 
Judée et de la Cappadoce, du Pont et de l'Asie, de la Phrygie et de 
la Pamphylie, de l'Égypte et du territoire de la Lybie cyrénaïque, 
étrangers de passage, venus de Rome! tant Juifs que prosélytes !.… 
Crétois!.., Arabes! nous les entendons parler dans nos langues 
des grandes choses que Dieu a faites !» Ils étaient tous confondus, 
ne savaient que penser; les uns se demandaient: «Qu'en advien- 
dra-t-il? » D'autres se moquaient, en disant qu'ils étaient pris de 
vin. 

Pierre alors s’avança avec les onze, éleva la voix et s'exprima 
ainsi : 

«Habitants de Judée et vous qui êtes en séjour à Jérusalem, 

«Sachez bien ceci, prêtez l'oreille à mes paroles : ces hommes 
ne sont point ivres, comme vous le supposez, car il n’est que la 
troisième heure du jour #, mais 1l arrive ce dont ἃ parlé le prophète 
Joël : 

«1 arrivera pendant les derniers jours, dit Dieu, 

Que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; 

Et vos fils et vos filles prophétiseront ; 

Vos jeunes gens auront des visions 

Et vos vieillards auront des songes ; 

Oui, sur mes serviteurs el sur mes servantes, en ces jours-là, 

Je répandrai de mon Esprit et ils prophétiseront. 


1 Juifs, c'est-à-dire ici professant la religion juive. C’étaient des Juifs 
«de la dispersion». Voir note sur Jacques, 1, 1. 

2 Quelques anciens manuscrits omettent tous. 

3 On peut, d’après une autre ponctuation, mettre cette phrase sous forme 
interrogative : comment les entendons-nous … parler dans nos langues, ete. 

4 Neuf heures du matin. 


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LES ACTES DES APÔTRES 901 


Je ferai paraitre des prodiges la-haut dans le ciel 

Et des miracles ici-bas sur -la terre, 

Du sang, du feu et des tourbillons de fumée, 

Le soleil se changera en ténèbres 

Et la lune en sang, 

Lorsque approchera le grand et glorieux À jour du Seigneur ; 

Et quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé 3.» 

« Hommes d'Israël, écoutez ces paroles : Jésus de Nazareth, cet 
homme dont Dieu a légitimé la mission devant vous, en faisant 
par ses mains et sous vos yeux des miracles, des prodiges et des 
signes, comme vous le savez parfaitement, cet homme qui ἃ été 
trahi — (et c'était un dessein arrêté par Dieu, une détermination 
prise d'avance par lui) — que des mains impies ont crucifié, que 
vous avez mis à mort, Dieu l’a ressuscité en anéantissant les hor- 
reurs de la mort, puisqu'il ne pouvait pas rester en sa puissance. 
Et, en effet, David dit de lui : 

«Je voyais toujours le Seigneur devant moi”, 

Car il est à ma droite pour que je ne sois pas ébranlé ; 

Voilà pourquoi mon cœur a été dans la joie 

Et ma langue a chanté mon bonheur ; 

Aussi mon corps reposera-t-il plein d'espérance ; 

Car tu ne laisseras pas mon âme dans la Demeure-des-morts ; 

Et tu ne permettras pas que ton Saint voie la corruption ; 

Tu m'as fait connaître les sentiers de la vie, 

Tu me rempliras de joie par ta présence “. » 

«Mes frères, permettez-moi de vous dire en toute liberté que, 
lui, le patriarche David, est mort, qu'il a été enseveli, que son 
tombeau est encore aujourd'hui au milieu de nous. Mais il était 
prophète, il savait que Dieu lui avait juré, sous la foi du serment, 
qu’un de ses descendants occuperait son trône ; c'est donc\la résur- 
rection du Christ qu’il a prévue et annoncée, disant : 


1 Quelques anciens manuscrits omettent ef glorieux. 

? Joël 2, 28-32. 

5 Quelques anciens manuscrits lisent : mon Seigneur devant moi. 
Ὁ Psaume 16, 8-11. 


19, 2 


29 
30 


91 


97 


ὃ 


99 


42 


352 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«1 n'a pas été laissé au séjour des morts 
Et son corps n'a pas vu la corruption !. » 

«Κι bien, ce Christ, c'est le Jésus que Dieu ἃ ressuscité et nous , 
en sommes tous témoins. Puis il a été élevé à la droite de Dieu, 1] 
a reçu du Père la promesse de l'Esprit saint, et alors il l’a répandu 
comme vous le voyez et l’entendez. David, lui, n’est pas monté au 
ciel, il dit même : 

«Le Seigneur a dit à mon Seigneur 
Assieds-toi à ma droite 
Jusqu'à ce que je te donne tes ennemis pour marchepied ?. » 

«Sois donc bien convaincue, maison d'Israël tout entière, que 
Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous, vous avez 
crucifié. » 

Touchés jusqu’au fond du cœur par ces paroles, ils dirent à 
Pierre et aux autres apôtres : «Frères, que devons-nous faire ? » 
Et alors Pierre : « Repentez-vous*; que chacun de vous se fasse 
baptiser au nom de Jésus-Christ pour la rémission de ses péchés, et 
vous recevrez le don du saint Esprit, car la promesse est pour vous, 
pour vos enfants, pour tous ceux qui sont au loin en aussi grand 
nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. » 

Il les conjurait par beaucoup d’autres paroles encore, et il les 
exhortait en disant : « Échappez à cette génération perverse! » 

Ceux donc qui accueillirent sa prédication reçurent le baptème, 
et, ce jour-là, trois mille âmes environ furent admises. 


Ils étaient assidus à suivre l’enseignement des apôtres et à vivre 
en communion fraternelle quand ils rompaient le pain et quand ils 
priaient. | 

Ils étaient respectés de tout le monde; les apôtres faisaient en 
grand nombre des prodiges et des miracles“, et tous les croyants 


1 Psaume 16, 10. 

2 Psaume 110, 1. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent: repentez-vous, leur dit-il. On peut 
traduire aussi convertissez-vous. 

4 Quelques anciens manuscrits ajoutent: à Jérusalem, tous étaient Saisis d'un 
profond respect, 


LES ACTES DES APÔTRES 323 


vivaient ensemble. Ils mettaient tout en commun !; ils vendaient 
leurs propriétés et leurs biens, et en partageaient le produit entre 
tous, en proportion des besoins de chacun. 

Tous ensemble, chaque jour, étaient assidus au Temple et, dans 
leur maison, 1ls rompaient le pain, ils prenaient leurs repas d’un 
cœur pur et joyeux, louant Dieu et se faisant aimer de tout le 
peuple. Le Seigneur ajoutait chaque jour à l'église? ceux qui 
étaient sauvés. 


Pierre et Jean montaient un jour au Temple pour la prière de 
la neuvième heure; or, il y avait un homme estropié de naissance 
que, tous les jours, on apportait et on déposait à la porte du Temple 
dite «La Belle», pour demander l’aumône à ceux qui entraient. 

Voyant Pierre et Jean qui allaient pénétrer dans le Temple, il 
s’adressa à eux pour recevoir une aumône. 

Pierre arrêta sur lui son regard, ainsi que Jean : «Regarde- 
nous, lui dit-il. » Lui les fixait attentivement, s’attendant à recevoir 
quelque chose. Mais Pierre continua : «Je n'ai ni argent ni or, 
mais ce que j'ai, je te le donne; au nom de Jésus-Christ de 
Nazareth, marche!» En même temps il lui prenait la main droite 
et le levait; immédiatement ses pieds et ses chevilles devinrent 
fermes; d’un saut il se mit debout; il marchait! et il entra avec eux 
dans le Temple, marchant, sautant et louant Dieu. 

Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu, chacun le recon- 
naissait ; c'était bien lui, l’homme qui demandait l’aumône assis 
à «La Belle Porte» du Temple; complète était la stupéfaction 
comme l’enthousiasme de ce qui lui était arrivé. 

Cet homme ne quittant pas Pierre et Jean, c’est vers eux, au 
portique dit de Salomon, qu’accourut tout le peuple, confondu de 
surprise. 

Voyant cela, Pierre s’adressa ainsi à la foule : 


1 Un des plus anciens manuscrits lit : Tous les croyants mettaient tout 
ensemble et en commun. 

? À l’église. Littéralement: ensemble, en un même lieu ou un même corps. 

3 Trois heures après midi. 


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304 LE NOUVEAU TESTAMENT 


« Hommes d'Israël, 

«Pourquoi vous étonnez-vous de ce qui vient de se passer? 
Pourquoi nous regardez-vous avec cette insistance, comme si c'était 
nous, par nos propres forces ou par notre piété, qui avions fait 
marcher cet homme? Le Dieu d'Abraham, d’Isaac et de Jacob !, 
le Dieu de nos pères ἃ glorifié son serviteur Jésus que vous, vous 
avez livré et que vous avez renié devant Pilate, et cela, quand 
lui, 1] voulait le relâcher! Oui, vous avez renié le Saint et le 
Juste, et vous avez demandé la grâce d’un meurtrier , vous avez 
tué l’auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d’entre les morts, et 
nous, nous sommes ses témoins. C’est par la foi en son nom 
que ce nom ἃ guéri l'homme que vous voyez et connaissez; la 
foi qui agit par lui ἃ donné à cet homme, et en votre présence 
à (ous, une guérison complète. » 

«Je sais d’ailleurs, frères, que vous avez fait tout cela dans 
votre ignorance et vos magistrats aussi. Dieu ἃ accompli de cette 
maniere ce qu'il avait prédit d'avance par la bouche de tous les 
prophètes, savoir que son Christ devait souffrir. Repentez - vous 
donc et convertissez-vous? pour que vos péchés soient effacés 
et alors pourront venir de la part du Seigneur des temps de ra- 
fraichissement, et 1] vous enverra celui qu'il vous ἃ destiné, Jésus- 
Christ, que le ciel doit recevoir jusqu'à l’époque du rétablissement 
universel dont Dieu a parlé autrefois par la bouche de ses saints 
prophètes. » 

«D'une part, Moïse a dit : « Le Seigneur notre Dieu vous susci- 
tera d’entre vos frères un prophète semblable à moi, vous l'écouterez 
dans tout ce qu'il vous dira, et quiconque n’écoutera pas ce 
prophèle, sera exterminé du milieu du peuple “.» D'autre part, 


1 Quelques très anciens manuscrits lisent: Le Dieu d'Abraham, le Dieu 
d’'Isaac, le Dieu de Jacob. 

? Le premier verbe, que nous traduisons par repentez-vous, signifie aussi 
convertissez-vous, et le second, que nous traduisons par convertissez-vous, signifie 
aussi changez-vous. 

5 Quelques anciens manuscrits lisent: Le Seigneur votre Dieu, et d'anciennes 
autorités : Le Seigneur Dieu sans pronom. 

# Deutéronome 18, 15, 18 et suiv. Voir aussi Genèse, 17, 14. 


LES ACTES DES APÔTRES 309 
tous les prophètes, depuis Samuel et ses successeurs, ont parlé 
et ont annoncé ces jours-là. Vous êtes les fils des prophètes et les 
héritiers ! de l'alliance que Dieu a conclue avec nos pères, disant 
à Abraham : « Toutes les familles de la terre seront béntes en ta 
postérité ?.» Pour vous, les premiers, Dieu a suscité son serviteur 
et l’a envoyé vous bénir en détournant chacun de vous de ses ini- 
quités. » 

Pendant qu'ils parlaient au peuple, survinrent les prêtres”, le 
capitaine du Temple et les Sadducéens, fort ennuyés de ce qu’ils 
enseignaient le peuple et lui annonçaient la résurrection d’entre les 
morts en lui parlant de Jésus. 

Ils les firent arrêter et jeter en prison, et comme il était déja 
tard, ils les y laissèrent jusqu'au lendemain. 

Cependant plusieurs de ceux qui avaient entendu le discours de 


Pierre devinrent croyants, et le nombre des frères fut porté à 
cinq mille environ *. 


Le lendemain se réunirent, à Jérusalem, les magistrats, les 
Anciens, les Scribes, le grand-prêtre Hanne5, KaïpheS, Jean, 
Alexandre, tous ceux qui étaient des grandes familles sacerdotales. 
Ils firent comparaître Pierre et Jean et leur posèrent cette ques- 
tion : «Par quelle autorité ou au nom de qui avez-vous agi 7?» 
Alors Pierre, plein d’Esprit saint, leur dit : 

« Magistrats du peuple et Anciens, 

« Puisque nous sommes interrogés aujourd’hui à propos du bien 
que nous avons fait à un homme malade, puisque vous voulez savoir 
comment 1l ἃ été guéri, sachez vous tous, et que le peuple d'Israël 
tout entier sache aussi, que c'est au nom de Jésus-Christ de 
Nazareth, crucifié par vous, ressuscité d’entre les morts par Dieu ; 


1 Ces mots les héritiers sont sous-entendus dans le texte. 
? Genèse 12, 3; 22, 18. 

Deux anciens manuscrits lisent : les chefs des prêtres. 
Quelques anciens manuscrits omettent environ. 

Plus exactement : Hannas ou Hanan. 

Plus exactement : Kaïaphas. 

Littéralement : Avez-vous fait cela? 


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22 


900 LE NOUVEAU TESTAMENT 


oui, c’est par lui que cet homme est là devant vous en bonne 
santé. Ce Jésus est 

«La pierre rejetée par vous, les constructeurs, 

Et devenue la pierre angulaire !. » 

«Il n’y ἃ de salut en aucun autre; car, sous le ciel, 1l n’a pas 
été donné d'autre nom aux hommes par lequel nous devions être 
Sauvés. » 

Quand ils virent l'assurance de Pierre et de Jean, qu'ils savaient 
être des gens du peuple, sans instruction aucune, ils furent très 
surpris. Ils les reconnaissaient pour avoir été avec Jésus, et 
voyant debout à côté d'eux l’homme qu'ils avaient guéri, ils 
n'avaient rien à répliquer. 

Alors ils leur ordonnèrent de sortir du Sanhédrin?, puis 115 déli- 
bérèrent : «Que faire à ces gens? se disaient-ils, car pour tous les 
habitants de Jérusalem il est évident qu'ils ont fait un miracle 
remarquable et il nous est impossible de le nier. Cependant, pour 
que l'affaire ne se répande pas davantage dans le peuple, interdi- 
sons-leur avec menaces de jamais parler à homme quelconque en 
ce nom-là. » 

Ils les firent rappeler et leur défendirent absolument de parler 
et d'enseigner au nom de Jésus. Mais Pierre et Jean leur répon- 
dirent ainsi : « 51] est juste devant Dieu de vous écouter plus que 
Dieu, jugez-le; quant à nous, nous ne pouvons pas ne pas parler 
de ce que nous avons vu et entendu. » 

Ils les relâchèrent néanmoins, après avoir réitéré leurs menaces, 
ne trouvant aucun moyen de les punir, à cause du peuple, car 
tout le monde glorifiait Dieu de ce qui était arrivé: en effet, 
l'homme qui avait été guéri par ce miracle était âgé de plus de 
quarante ans. 

Lorsqu'ils furent libres, ils se rendirent auprès des leurs et leur 
racontèrent tout ce que les chefs des prêtres et les Anciens leur 
avaient dit. Quand ils l’eurent appris, ils élevèrent unanimes leurs 


1 Psaume 118, 22. 
2 Le Sanhédrin., Voir note sur Matth. δ. 99, 


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LES ACTES DES APÔTRES 397 


voix à Dieu: «Ὁ Maître, dirent-ils, Toi qui as fait le ciel, la terre, 
la mer et tout ce qui s’y trouve! Toi qui as dit par l'Esprit saint, 
par la bouche de notre père, ton serviteur David : 

«Pourquoi les nations ont-elles tremblé de colère, 

«Et les peuples ont-ils formé des desseins inutiles ? 

« Les rois de la terre se sont soulevés 

«Et les magistrats se sont ligqués ensemble 

«Contre le Seigneur et contre son Oint, » 
«— (en effet, Hérode et Ponce-Pilate avec les païens et le peuple 
«d'Israël se sont véritablement ligués dans cette ville même contre 
«ton saint serviteur Jésus, que tu as oint pour faire tout ce que 
«ta main et ta volonté avaient décidé d'avance), — à présent, 
«Seigneur, ale l’œil ouvert sur leurs menaces et donne à tes ser- 
«viteurs 1 d'annoncer ta Parole en toute assurance, lorsque tu 
«étendras ta main pour opérer des guérisons, des miracles et des 
« prodiges par le nom de ton saint serviteur Jésus?. » 

Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient rassemblés trembla, 

tous furent remplis du saint Esprit et RE avec assu- 
rance la Parole de Dieu. 


La multitude des croyants n'avaient qu’un cœur et qu'une âme; 
personne ne disait rien posséder qui lui fût propre, mais ils mettaient 
tout en commun. Les apôtres rendaient avec une grande énergie 
leur témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus-Christ, et une 
grande grâce reposait sur eux tous; car ils n'avaient pas un seul 
indigent : tous ceux qui étaient propriétaires de terres ou de mai- 
sons les vendaient, apportaient le prix de leur vente et le dépo- 
saient aux pieds des apôtres. On le distribuait ensuite à chacun 
selon ses besoins. C’est ainsi qu’un lévite, Chypriote de naissance, 
Joseph, surnommé par les apôtres Bar-Nabas (ce qu’on peut tra- 
duire fils de la prédication), possédait un champ qu'il vendit; il 
en apporta l'argent et le déposa aux pieds des apôtres. 


1 Grec : esclaves. 
2 Cette prière ne forme qu’une seule phrase, et les mots: à présent, Seigneur, 
font suite aux premières paroles : Toi qui as fait le ciel, etc... Toi qui as dit. 


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398 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Mais un homme nommé Ananias, d'accord avec sa femme Sap- 
phira, vendit une propriété, mit de côté une partie du prix de 
vente, sa femme le sachant, et apportant le reste, le déposa aux 
pieds des apôtres. 

«Ananias, lui dit Pierre, pourquoi Satan s'est-il emparé de ton 
cœur, Jusqu'à te faire mentir à l'Esprit saint, et te faire mettre de 
côté une partie du prix de ton champ? Si tu ne l’avais pas vendu, 
ne (6 serait-il pas resté? et, si tu le vendais, ne pouvais-tu pas à 
ton gré disposer de sa valeur? comment as-tu pu former un pareil 
projet dans ton cœur? ce n’est pas à des hommes que tu as menti, 
c'est à Dieu. » 

A l’ouïe de ces paroles, Ananias tomba et expira. 

Tous les auditeurs furent frappés d’épouvante; cependant les 
plus jeunes, s'étant levés, l’arrangèrent pour l’ensevelir, puis 115 
l’emportèrent et l’enterrèrent,. 

Il s'était écoulé trois heures environ, lorsque sa femme entra, ne 
sachant pas ce qui était arrivé. Pierre s’adressa à elle : «Dis-moi 
si c'est à ce prix-là que vous avez vendu votre champ?» Elle 
répondit: «C’est à ce prix-la.» Mais Pierre: «Eh quoi! vous 
vous êtes concertés pour tenter l'Esprit du Seigneur! Voici les pas 
de ceux qui ont enseveli ton mari s’approchent de cette porte; ils 
vont t’emporter ! » 

A l'instant même elle tomba à ses pieds et expira; les jeunes 
gens qui rentraient la trouvèrent morte, ils l’'emportèrent et l’en- 
terrèrent à côté de son mari. | 

L'Église tout entière et tous ceux qui apprirent ces faits furent 
frappés d’épouvante. 


Cependant il se faisait, dans le peuple, par les mains des apôtres, 
des miracles et des prodiges en grand nombre. Ceux-ci se tenaient 
d'habitude tous ensemble sous le portique de Salomon. 

Aucun des autres! n’osait entrer en rapport avec eux, mais le 


1 Les autres. c’est-à-dire les indifférents ou les adversaires. 


LES ACTES DES APÔTRES 399 


peuple leur montrait une grande admiration; des croyants toujours 
plus nombreux, des hommes et des femmes en foule s’attachaient 
au Seigneur; c'était au point qu'on portait les malades jusque 
dans les rues, qu’on les déposait sur de petits lits et sur des 
grabats afin que, Pierre venant à passer, son ombre au moins 
couvrit quelqu'un d'eux. Même des villes voisines, la foule accou- 
rait à Jérusalem, amenant des malades et des personnes tour- 
mentées par des Esprits impurs : tous étaient guéris. 


Cependant le grand-prètre et tous ceux de son parti (le parti des 
Sadducéens) se mirent en mouvement. Poussés par la jalousie, ils 
firent arrêter les apôtres et les jetèrent dans la ptison publique. 

Mais un ange du Seigneur ouvrit, pendant la nuit, les portes de 
la prison, les fit sortir et leur dit: «Allez vous montrer au Temple 
et annoncez au peuple toutes ces paroles de vie.» À ces mots, ils 
entrèrent au Temple dès le point du jour et reprirent leur enseigne- 
ment. 

Cependant le grand-prêtre et ses partisans convoquerent le 
Sanhédrin! et tout le sénat des Israélites, puis ils envoyèrent 
chercher les apôtres à la prison. Leurs agents s’y rendirent donc et 
ne les y trouvèrent pas; ils revinrent et rapportèrent le fait en ces 
termes : « Nous avons trouvé la prison fermée avec grand som et 
les sentinelles se tenant aux portes; nous avons ouvert et, dedans, 
nous n’avons trouvé personne.» A l’ouïe de ces paroles, le capi- 
taine du Temple et les chefs des prêtres se demandèrent avec 
inquiétude où étaient les apôtres et ce que tout cela deviendrait. 
Là-dessus, quelqu'un vint leur dire : «Les hommes que vous avez 
‘fait mettre en prison sont installés au Temple et enseignent le 
peuple.» Le capitaine du Temple partit alors avec ses agents et 
les amena, mais sans employer la force, car ils avaientpeur du 
peuple qui aurait pu les lapider. 

Ils les amenèrent donc et les introduisirent dans le Sanhédrin. 

Le grand-prêtre les interrogea : «Ne vous avons-nous pas 


1 Le Sanhédrin. Voir note sur Matth. 5, 22. 


16 


[Re] 
[na] 


40 


360 LE NOUVEAU TESTAMENT 


expressément interdit, leur dit-il, d'enseigner en ce nom-là, et 
voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement et 
que vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme!» 
Mais Pierre et les apôtres répondirent par ces paroles : «1] faut 
obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes; le Dieu de nos pères ἃ 
ressuscité Jésus que vous, vous avez fait mourir en le pendant à 
une croix. Dieu, par sa droite !, l’a élevé à la dignité de Chef et 
de Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des 
péchés, et nous, nous sommes témoins de ces choses, ainsi que le 
saint Esprit donné par Dieu à ceux qui lui obéissent. » 

Ce langage les exaspéra; ils voulaient les faire mettre à mort; 
mais un des membres du Sanhédrin, un des Pharisiens, appelé 
Gamaliel, un légiste qui était estimé de tout le peuple, se leva et 
demanda qu'on fit sortir un instant les apôtres, puis 1l dit : 
«Israélites, prenez bien garde à ce que vous allez faire à ces 
hommes; il y à quelque temps s’est levé Theudas qui prétendait 
aussi être quelque chose, et quatre cents hommes environ se 
joignirent à lui; il fut tué et tous ceux qui s'étaient ralliés à lui 
ont été mis en déroute et réduits à rien. Après lui, à l’époque 
du recensement, s’est levé Judas le Galiléen, et il a attiré bien des 
gens à lui; celui-là aussi ἃ péri, et tous ceux qu'il avait ralliés à 
lui ont été dispersés. Eh bien, je vous dis ceci : Cessez vos pour- 
suites et laissez aller ces hommes; car si cette entreprise ou cette 
œuvre vient des hommes, elle tombera d'elle-même; si, au con- 
traire, elle vient de Dieu, vous ne pourrez l'arrêter et vous risquez 
de vous trouver avoir combattu contre Dieu.» Ils se rangèrent à 
son avis et, ayant rappelé les apôtres, ils leur firent donner la 
bastonnade, puis leur défendirent de prêcher au nom de Jésus et 
les relàcherent. 

Les apôtres se retirèrent de devant le Sanhédrm pleins de joie 
d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de 
Dieu ?; et tous les jours, dans le Temple et dans leur maison, ils 


1 C'est-à-dire par sa puissante volonté. 
2 Les mots: de Dieu ne sont pas dans le texte; mais lorsqu'un Juif disait «le 
nom » sans ajouter de Dieu, ces mots étaient toujours sous-entendus. 


+ 
. 


4 


LES ACTES DES APÔTRES 361 


ne cessaient d'enseigner et d'annoncer l'Évangile! de Jésus- 
Christ. 


En ce temps-là, le nombre des disciples augmentant toujours, 
les Hellénistes ? se plaignirent de ce que leurs veuves étaient moins 
bien traitées dans les distributions quotidiennes que celles des 
Hébreux ?. 

Les douze convoquèrent alors une réunion de tous les disciples 
et leur dirent: «Il n'est pas convenable que nous négligions la 
prédication de ia parole de Dieu pour faire le service des tables. 
Choisissez donc parmi vous, frères, sept hommes, pleins d’Esprit 
saint, sages et considérés, que nous chargerons de ce service et, 
quant à nous, nous nous occuperons exclusivement de la prière et 
du ministère de la parole. » 

Cette proposition plut à tout le monde et les élus furent 
Étienne, homme plein de foi et d'Esprit saint, Philippe, Procore, 
Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas d’Antioche, un prosélyte. 

On les présenta aux apôtres qui prièrent en leur imposant les 
mains. 


La parole de Dieu se répandait de plus en plus, le nombre des 
disciples augmentait considérablement à Jérusalem; une foule de 
prêtres, entre autres, embrassèrent la foi. 


Étienne, plein de grâce et plein de force, aa dans le peuple 
des prodiges et de grands miracles. 

Cependant quelques membres de la synagogue dite des Affran- 
chis®, des gens de Cyrène et d'Alexandrie, et d’autres venus de 
Cilicie et d’Asie s’émurent et commencèrent à discuter avec lui, mais 
sans pouvoir résister à sa sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait. 


1 Ou : La Bonne Nouvelle. 

? Les Hellénistes étaient les Juifs ayant vécu hors de Palestine et parlant le 
grec : les Hébreux étaient les Juifs ayant vécu en Palestine et parlant l’araméen 
ou pme, langue de la même famille que l’hébreu. 

3 Les Affranchis descendaient des Juifs amenés à Rome comme esclaves, puis 
affranchis. 


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362 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Alors ils subornèrent des individus qui dirent : «Nous l'avons 
entendu prononcer des paroles blasphématoires contre Moïse et 
contre Dieu.» [ls soulevèrent le peuple, les Anciens et les Scribes, 
et, survenant à l'improviste, ils s'emparèrent de lui et l’amenèrent 
au Sanhédrin, Là 115 produisirent de faux témoins qui dirent: «Cet 
homme ne cesse de tenir des discours contre le Lieu saint et 
contre la Loi. Nous l'avons entendu dire que Jésus, cet homme 
de Nazareth, détruira ce Lieu et changera les institutions que 
nous tenons de Moïse. » 

Tous ceux qui siégeaient au Sanhédrin avaient les yeux fixés 
sur Étienne, et, quand ils le regardaient ainsi, il leur semblait voir 
un ange. 

«Tout cela est-il vrai?» lui demanda le grand-prêtre. 

Étienne dit alors : 

«Mes frères et mes pères, écoutez ! 

«Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, en Mésopo- 
tamie, avant son établissement à Charran, et lui dit: «Sors de ton 
pays et de ta famille et va dans le pays que je te montrer.» 1] 
sortit alors du pays des Chaldéens et s'établit à Charran. De là, 
après la mort de son père, Dieu le fit passer dans ce pays-ci que 
vous habitez maintenant. » 

«Il ne lui donna aucune propriété dans ce pays, pas même de 
quoi poser le pied, mais il promit de le mettre, lui et ses descen- 
dants, en sa possession, quoiqu'il n’eût pas d'enfant. Voici comment 
Dieu parla : «Ses descendants demeureront dans un pays étranger, 
on les fera esclaves’ et on les persécutera pendant quatre cents ans 
et la nation qui les fera esclaves c'est moi qui la jugerai, dit Dieu, 
et ensuite ils partiront et me rendront un culte dans ce lieu-ci ?.» 

«Puis Dieu fit avec Abraham l'alliance de la circoncision. C'est 
ainsi qu'ayant engendré Isaac, Abraham le circoncit le huitième 
jour, de même Isaac Jacob, et Jacob les douze patriarches. » 

«Les patriarches, jaloux de Joseph, le vendirent pour le faire 
emmener en Égypte.» 


1 Genèse 12, 1. 
3 Genèse 15, 13 et suiv. 


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4 


LES ACTES DES APÔTRES 303 


« Mais Dieu était avec lui, 11 le tira de toutes ses épreuves, il lui 
donna de la sagesse et lui fit trouver grâce devant Pharaon, roi 
d'Égypte, qui l’établit gouverneur d'Égypte et de toute sa maison. » 

«Il survint une famine dans toute l'Égypte et en Chanaan, la 
détresse était grande, et nos pères ne trouvaient pas de quoi se 
nourrir. Mais Jacob apprit qu'il y avait du blé en Égypte et il y 
envoya nos pères une première fois. Au second voyage, Joseph 
se fit reconnaître par ses frères et Pharaon apprit quelle était l’ori- 
gine de Joseph . » 

«Alors Joseph envoya chercher son père Jacob et toute sa 
famille, en tout soixante-quinze personnes. Jacob descendit en 
Égypte et y mourut; nos pères aussi; on les transporta à Sichem 
et on les déposa dans le tombeau qu’Abraham, à prix d'argent, 
y avait acheté des fils d'Emmor. » 

« Lorsque approcha le moment où devait s’accomplir la pro- 
messe solennellement faite par Dieu à Abraham, le peuple s’accrut 
et se multiplia en Égypte jusqu'au «règne d'un autre roi qui 
n'avait pas connu Joseph®.» Celui-ci traita notre peuple par la 
ruse et persécuta nos pères jusqu'à leur faire exposer leurs enfants 
pour leur ôter la vie. » 

«C'est alors que naquit Moïse; il était d’une divine beauté; 
trois mois il fut élevé dans la maison de son père. Quand il fut 
exposé, la fille de Pharaon le recueillit et l’éleva comme son 
propre fils. Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; 
1! était puissant en paroles et en œuvres. » 

«Quand 11 eut quarante ans accomplis, 11 lui monta au cœur 
le désir de visiter ses frères les enfants d'Israël. Il en vit mal- 
traiter un et, prenant son part, 1l vengea le tort qui lui était fait 
en frappant l'Égyptien. Il pensait faire comprendre à ses frères 
que Dieu, par ses mains, voulait les délivrer; mais ils me com- 
prirent pas. Le lendemain il se présenta à eux pendant qu'ils 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : quelle était son origine. 

2 Exode 1, 8. 
__ % Il faut entendre par cette expression les connaissances scientifiques des 
Égyptiens. 


10, 7 


264 LE NOUVEAU TESTAMENT 


se querellaient et comme 1] les exhortait à se réconcilier en leur 
disant: «Vous êtes frères, pourquoi vous maltraitez-vous?» celui 
qui faisait tort à son prochain le repoussa par ces mots: «Qui 
donc t'a nommé notre chef et notre juge? Voudrais-tu me tuer, 
moi aussi, comme {Εἰ gyptien que tu as tué hier?» À cette parole, 
Moïse prit la fuite et alla vivre en étranger dans le pays de Madian, 
où il engendra deux fils. » 

«Quarante ans plus tard, un ange lui apparut au désert du mont 
Sinaï dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse le vit et, tout 
surpris de cette apparition, 1] s’approchait pour la considérer de 
plus près, lorsque la voix du Seigneur se fit entendre : «Je suis le 
Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham et d’Isaac et de Jacob 3.» 
Tremblant de peur, Moïse n’osa pas regarder davantage. Alors le 
Seigneur lui dit: «Ote de tes pieds tes chaussures, car le lieu où 
tu te trouves est une terre sainte; j'ai regardé et j'ai vu la misère 
de mon peuple en Égypte, et j'ai entendu ses gémissements et je suis 
descendu pour le délivrer. Viens maintenant pour que je t'envoie 
en Égypte “.» 

«C'est ce Moïse qu'ils avaient renié en disant: «Qu donc t'a 
nommé notre chef et notre juge?» que Dieu a envoyé comme 
chef et comme libérateur avec l’aide de l’ange qui lui était apparu 
dans le buisson. C’est lui qui les ἃ délivrés en faisant des prodiges 
et des miracles en Égypte, sur la mer Rouge et au désert pendant 
quarante ans. C'est ce Moïse qui ἃ dit aux enfants d'Israël : 
«Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète semblable à 
moi,» C'est lui qui était au milieu de l'assemblée au désert avec 
l'ange qui lui parlait sur le mont Sinaï et avec nos pères. C’est 
lui qui reçut, pour vous? les transmettre, des oracles de vie. C’est 
à lui que nos pères n’ont pas voulu obéir. C’est lui qu'ils repous- 


1 Exode 2, 14. 

2 Exode 3, 6. 

3 Exode 3, 5, 

4 Exode 3, 9, 10. 

5 Exode 2, 14. 

6 Deutéronome 18, 15. 

7 Plusieurs anciens manuscrits lisent : pour nous les transmettre, 


PATRONS 


- er "pe 


- 


LES ACTES DES APÔTRES 305 


sèrent pour tourner leurs cœurs vers l'Égypte, disant à Aaron: 
«Fais-nous des dieux qui nous conduisent ; car ce Moïse, qui nous 
α fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qui lui est 
arrivé !, » 

«En ces jours-là, ils fabriquèrent un veau et ils offrirent un 
sacrifice à cette idole et célébrèrent une joyeuse fête à ces œuvres 
de leurs mains. Alors Dieu les abandonna et les livra au culte de 
l’armée du ciel, comme il est écrit dans le livre des Prophètes : 

«M'avez-vous offert des victimes et des sacrifices 

Au désert pendant quarante ans, ὁ maison d'Israël, 

Quand vous transportiez le tabernacle de Moloch 

Et l'étoile de votre dieu Romphan, [elles? 3 

Ces idoles que vous avez fabriquées pour vous prosterner devant 

Eh bien, je vous déporterai au delà de Babylone *.» 

«Nos pères avaient au désert le tabernacle du témoignage, comme 
l’avait ordonné celui qui avait dit à Moïse de le faire sur le modèle 
qu'il avait vu. Nos pères, l’ayant reçu à leur tour, l'introduisirent 
avec Josué dans le pays conquis sur les peuples chassés par Dieu 
devant eux. » 

«Il en fut ainsi jusqu'au jour de David qui trouva grâce devant 
Dieu et demanda à élever une demeure à la maison“ de Jacob. 
Ge fut Salomon qui lui bâtit une maison. » 

«Mais le Très Haut n’habite point dans ce qui est fait de mains 
d'hommes, comme le dit le prophète : 

« Le ciel est mon trône, 

La terre est mon marchepied ; 

Quelle maison m'édifierez-vous, dit le Seigneur, 
Ou quel sera mon lieu de repos? 

N'est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses 5? » 


1 Exode 32, 1. 

? On peut lire d’après une autre ponctuation : pendant quarante ans, 
ὁ maison d'Israël? Vous avez transporté le tabernacle de Moloch et l'étoile... 
pour vous prosterner devant elles. 

5 Amos 5, 25 et suiv. 

ὁ Plusieurs anciens manuscrits lisent : aw Dieu de Jacob. 

5 Esaïe 66, 1 et suiv. 


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900 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Têtes dures! cœurs et oreilles incirconcis! vous résisiez tou- 
jours à l’Esprit saint, comme l'ont fait vos pères! Lequel des pro- 
phètes vos pères n’ont-ils pas persécuté! Ils ont tué ceux qui 
annonçaient la venue du Juste, que vous avez trahi et dont vous 
avez été les meurtriers! Cette Loi que vous aviez reçue sur 
les ordres des anges, vous ne l’avez pas gardée!...,..» 

Ces paroles leur mirent la rage au cœur et ils grincèrent des 
dents contre Étienne; mais lui, plein d’Esprit saint, les yeux fixés 
au ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu, 
et il dit: «Voila que je vois les cieux ouverts et le Fils de 
l'homme debout à la droite de Dieu !» 

Alors ils poussèrent de grands cris, se bouchèrent les oreilles, 
se précipitèrent tous ensemble sur lui et l’entrainèrent hors de la 
ville, où ils le lapidèrent. 

Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune 
homme nommé Saul et, pendant qu'ils le lapidaient, Étienne 
priait et disait: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit.» Puis il se 
mit à genoux et s’écria à haute voix: «Seigneur ne leur demande 
pas compte de ce péché!» En prononçant les paroles, il s'en- 
dormit. 

Saul avait approuvé ce meurtre. 


Ce même jour, une cruelle persécution sévit sur l’Église de Jé- 
rusalem; tous les frères, sauf les apôtres, se répandirent dans 
toutes les parties de la Judée et de la Samarie. 

Cependant quelques pieux prosélytes ensevelirent Étienne et 
célébrèrent ses funérailles avec éclat. 

Quant à Saul il ravageait l'Église, il pénétrait dans les maisons, 
il en arrachait hommes et femmes et les faisait jeter en prison. 


Ceux qui avaient été dispersés allèrent çà et là annoncer 
la Bonne Nouvelle de la parole 1, 
Ainsi Philippe, qui s'était rendu dans la ville de Samarie?, } 


1 Littéralement : évangélisant la parole. 
2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : dans une ville de Samarie. 


LES ACTES DES APÔTRES 367 


prècha le Christ. La population fut unanime à subir l'influence des 
paroles de Philippe, lorsqu'elle l’entendit et qu’elle vit les miracles 
qu'il faisait: des Esprits impurs sortrent du corps d’un grand 
nombre de possédés, en jetant de grands cris ; plusieurs paraly- 
tiques et plusieurs estropiés furent guéris. 

Ce fut une grande joie dans cette ville. 


Or, il y avait auparavant dans cette ville un homme nommé 
Simon, magicien de profession, qui en imposait au peuple de Sa- 
marie et se faisait passer pour un grand personnage. Tous, petits 
et grands, s'étaient attachés à lui et disaient: «C’est lui qui est 
la Puissance de Dieu, «la Grande», comme on l'appelle. » 

S'ils s'étaient ainsi attachés à lui, c’est que depuis longtemps 
ses sorcelleries leur en imposaient. Mais quand ils eurent été 
amenés à la foi par Philippe, qui leur annonçait l'Évangile du 
Royaume de Dieu et de la personne de Jésus-Christ, tous, hommes 
et femmes, se firent baptiser. 

Simon, lui-même, devint croyant, et, quand il fut baptisé, 1l 
ne quitta plus Philippe; le spectacle des miracles et des prodiges 
étonnants qu'il opérait le remplissait d’admiration. 

À Jérusalem, les apôtres apprirent que la Samarie avait accueilli 
la Parole de Dieu, et Pierre et Jean y furent délégués. S'y étant 
rendus, ils prièrent pour les croyants, afin qu'ils reçussent l’Es- 
prit saint (en effet, il n’était encore descendu sur aucun d'eux, ils 
n'avaient été que baptisés au nom du Seigneur Jésus); alors Pierre 
et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l'Esprit saint. 

Quand Simon vit que l'imposition des mains des apôtres conférait 
l'Esprit, il leur offrit de l'argent : « Donnez-moi ce pouvoir, à moi 
aussi, dit-il, afin que ceux à qui j'imposerai les mains reçoivent 
l'Esprit saint. » — « Périsse ton argent avec toi, lui répliqua Pierre, 
puisque tu as cru que le don de Dieu s’achète! Tu n'as ni part ni 
héritage dans tout ceci, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu. 
Repens-toi ! donc de cette mauvaise pensée, et prie le Seigneur de 


1 Ou: Convertis-toi. 


6, 8 


10 


11 


12 


13 


12 
QT 


26 


33 


308 LE NOUVEAU TESTAMENT 


te pardonner ce dessein de ton cœur. Car, je le vois, tu es tout 
rempli de venin!, tu es esclave de l'iniquité. » — «Priez vous- 
mêmes le Seigneur pour moi, répondit Simon, afin qu'il ne 
m'arrive rien de ce que vous avez dit. » 

Pierre et Jean, après avoir ainsi rendu leur témoignage et 
annoncé la Parole du Seigneur, regagnèrent Jérusalem, en évan- 
gélisant plusieurs villages du pays des Samaritains. 


Cependant un ange du Seigneur parla à Philippe : « Lève-toi, 
lui dit-il, et rends-toi vers le sud sur la route qui descend de 
Jérusalem à Gaza; cette route est déserte. » 

Il se leva et 1l partit. 

Or, un Éthiopien, un eunuque, officier de la candace?, reine 
d'Éthiopie, et gardien de tous ses trésors, venu adorer? à Jérusa- 
lem, s’en retournait, et, assis sur son char, il lisait le prophète 
Ésaïe. : 

L'Esprit dit à Philippe : « Approche-toi de ce char ; rejoins-le. » 

Philippe s'empressa de le faire, et entendant l’Éthiopien lire le 
prophète Ésaïe, il lui dit: «Comprends-tu ce que tu lis?» — 
«Comment le pourrai-je, répondit celui-ci, si quelqu'un ne me 
dirige?» Puis il invita Philippe à monter et à s’asseoir à côté de 
lui. 

Or voici quel était le passage de l’Écriture qu'il lisait : 

«1| a été conduit comme une brebis à la mort; 
Comme un agneau muet devant celui qui le tond, 
Il n’a pas ouvert la bouche! 

Dans son humihiation son jugement a été levé; 
Mais qui racontera sa génération? 

Car sa vie a été retranchée de la terre. » 


1 Littéralement : tu es dans un fiel amer, ce qui signifie en style biblique : 
élre empoisonné. 

2 Candace ou candaoce était, à cette époque, le titre de la royauté féminine 
d'Éthiopie, 

3 Adorer, voir note sur Actes 24, 11. 

ει Ésaie 53, 7 et suiv. 


LES ACTES DES APÔTRES 369 


L'eunuque, s'adressant à Philippe : «Je te prie de me dire, lui 
demanda-t-il, qui le prophète désigne ici ἢ Est-ce lui-même? Est-ce 
quelqu'un d'autre?» Philippe prit alors la parole et, commençant 
par ce passage, il lui annonça l'Évangile de Jésus. 

Chemin faisant, ils rencontrèrent de l'eau. « Voilà de l’eau, dit 
l'eunuque, qui empêche que je ne sois baptisé?!» Il fit arrêter le 
char: Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l'eau et 
celui-ci fut baptisé. 

Lorsqu'ils furent sortis de l’eau, l'Esprit du Seigneur enleva Phi- 
lippe, l'eunuque ne le vit plus, et poursuivit son chemin plein de joie. 
Philippe, en effet, se trouvait être à Azot, d’où il partit, évangéli- 
sant toutes les villes qu’il rencontra jusqu’à son arrivée à Césarée. 


Saul, ne respirant toujours que menaces et carnage contre les 
disciples du Seigneur, s’adressa au grand-prèêtre et lui demanda des 
lettres pour les synagogues de Damas, afin de pouvoir, s’il y trou- 
vait des membres de la secte, hommes et femmes, les amener 
garrottés à Jérusalem. 

Pendant ce voyage, comme il approchait de Damas, tout à 
coup, autour de lui, brilla une lumière venue du ciel; 1] tomba 
_ par terre et entendit une voix, lui disant: «Saul' Saul' pourquoi 
me persécutes-tu ? » — «Qui estu, Seigneur?» répondit-il, et 
lui: «Je suis Jésus que tu persécutes, mais relève-toi, entre dans 
la ville, et on te dira ce que tu dois faire. » 

Ses compagnons de voyage restaient là, stupéfaits, entendant 
bien la voix, mais ne voyant personne. 

Saul se releva de terre, rouvrit les yeux, mais ne vit rien. On 
dut le tenir par la main pour le mener à Damas, et, pendant trois 
jours, il resta aveugle et ne prit aucune nourriture, 

Or il y avait à Damas un disciple du nom d'Hananias, à qui le 
Seigneur dit en vision : «Hananias!» — «Me voici, Seigneur », 
répondit-il. — «Lève-toi, lui dit le Seigneur, va dans la rue dite la 


1 La phrase qui forme le verset 37 dans les traductions ordinaires manqué 
dans tous les plus anciens et les meilleurs manuscrits. Elle est ainsi conçue : 
Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur. cela est possible. L’eunuque répon- 
dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. 


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9370 LE NOUVEAU TESTAMENT 


rue Droite, et cherche dans la maison de Juda un nommé Saul de 
Tarse, car 1l est en prières, et il ἃ vu un homme du nom d’Hananias 
entrer auprès de lui et lui imposer les mains pour lui rendre la 
vue. » 

Hananias répondit: «Seigneur, j'ai entendu dire à bien des per- 
sonnes quel mal cet homme ἃ fait à tes fidèles à Jérusalem, et il 
vient ici avec pleins pouvoirs, reçus des chefs des prêtres, d’enchai- 
ner {ous ceux qui invoquent ton nom.» Mais le Seigneur lui dit : 
«Va, car cet homme est un instrument que je me suis choisi pour 
porter mon nom devant les païens, les rois et les enfants d'Israël. 
Je lui ferai connaître tout ce qu'il devra souffrir pour mon nom.» 

Alors Hananias alla ; il entra dans la maison et, imposant les 
mains à Saul, 1l lui dit: «Saul, mon frère, le Seigneur m'a envoyé, 
Jésus, qui t'est apparu sur le chemin par lequel tu es venu, pour 
que tu recouvres la vue et que tu sois rempli d’Esprit saint.» 
Aussitôt 11 tomba de ses yeux des sortes d’écailles; il recouvra la 
vue, se leva et fut baptisé, puis il mangea, et il reprit des forces. 

IT passa quelques jours avec les disciples de Damas, et il prècha 
immédiatement dans les synagogues, disant que Jésus est le Fils 
de Dieu, Tous ses auditeurs étaient confondus. «N'est-ce pas, 
disaient-ils, l’homme qui persécutait à Jérusalem ceux qui invo- 
quaient ce nom et qui est venu ici pour les conduire garrottés aux 
chefs des prêtres ? » 

Quant à Saul, 1] mettait chaque jour plus de force à confondre 
les Juifs résidant à Damas, et à prouver que Jésus est le Christ. 

Il se passa plusieurs jours, au bout desquels les Juifs s’enten- 
dirent entre eux pour le mettre à mort. Saul eut connaissance de 
ce complot; on gardait les portes jour et nuit pour parvenir à le 
tuer. Alors les disciples, le prenant une nuit, le descendirent par- 
dessus le mur dans un panier. 

Arrivé à Jérusalem, il essaya d'entrer en rapport avec les 
disciples; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu'il fût lui- 
même un disciple. Ge fut Barnabas! qui le prit avec lui, le mena 


Ou: Bar-Nabas. Voir 4, 36. Désormais nous écrirons ce mot : Barnabas; 
c'est l'orthographe usuelle. 


LES ACTES DES APÔTRES 9371 


aux apôtres et leur raconta comment, dans le chemin, 1l avait vu 
le Seigneur, que celui-ci lui avait parlé, et enfin comment, à 
Damas, il avait franchement prêché au nom de Jésus. Dès lors il 
allait et venait avec eux dans Jérusalem et parlait avec assurance 
au nom du Seigneur. 

Il avait aussi des entretiens et des discussions avec les Hellé- 
nistes; mais ceux-ci cherchaient à lui ôter la vie. Les frères, l’ap- 
prenant, le conduisirent à Césarée et le firent partir pour Tarse. 


L'Église, dans toute la Judée, toute la Galilée, toute la Samarie, 
était en paix, s'édifiait, marchait dans la crainte du Seigneur et, 
par l'assistance du saint Esprit, le nombre de ses membres 
augmentait. 


Il arriva que Pierre, dans une visite à tous les fidèles, se rendit 
aussi auprès de ceux qui habitaient Lydda. Il y trouva un homme 
nommé Enée, qui depuis huit ans n'avait pas quitté son lit; il 
était paralysé. « Enée, lui dit Pierre, Jésus-Christ te guérit ; lève- 
toi et arrange ton lit toi-même», et immédiatement il se leva. 
Tous les habitants de Lydda et de la plaine de Saron le virent, et 
ils se convertirent au Seigneur. 


A Joppé, il y avait parmi les disciples une femme nommée Tabi- 
{πὰ (mot qui signifie Dorcas{). Elle se consacrait aux bonnes 
œuvres et faisait beaucoup d’aumônes; et il arriva, ces jours-là, 
qu'elle tomba malade et mourut. 

On fit sur elle les ablutions d’usage?, puis on la déposa dans 
la chambre haute. 

Les disciples, ayant appris que Pierre était à Lydda, — Lydda 
est dans le voisinage de Joppé, — lui envoyèrent deux hommes 
pour le prier de se rendre auprès d'eux sans tarder. 

Pierre se mit en route et partit avec eux. 


1 Dorcas, mot grec signifiant gazelle. 
? Littéralement : l'ayant lavée. Il s’agit bien ici des ablutions auxquelles on 
soumettait le corps aussitôt après le décès. 


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12 LE NOUVEAU: TESTAMENT 


Quand il arriva, on le conduisit à la chambre haute; là toutes 
les veuves l’entourèrent et lui montrèrent en pleurant des vête- 
ments et des manteaux que faisait Dorcas quand elle était encore 
avec elles. 

Pierre fit sortir tout le monde, se mit à genoux et pria; puis, 
se tournant vers le corps, il dit: «Tabitha, lève-toi!» Celle-ci 
ouvrit les yeux et, voyant Pierre, elle s’assit. IT lui tendit alors la 
main et la fit lever; puis il appela les fidèles et les veuves et la 
leur rendit vivante. Ce fait fut connu dans toute la ville de Joppé 
et plusieurs personnes crurent au Seigneur. 

Quant à Pierre, il resta plusieurs jours à Joppé chez un tanneur 
nommé Simon. 


Il y avait à Césarée un homme nommé Cornélius, centurion 
d’une cohorte appelée Italia! ; il était pieux, vivait dans la crainte 
de Dieu, ainsi que tous les siens 5, faisait beaucoup d'aumônes au 
peuple et priait Dieu sans cesse. 

Cet homme eut une vision; il vit distinctement vers la neuvième 
heure du jour un ange de Dieu qui entrait chez lui et lui disait : 
«Cornélius !» ΠῚ le regarda tout effrayé. «Qu’y a-t-il, Seigneur ? » 
lui répondit-il. «Tes prières et tes aumônes, lui dit l’ange, sont 
montées jusqu'à Dieu, et il en a été fait mention devant lui. Et 
maintenant envoie des hommes à Joppé, et fais venir ici un certain 
Simon, surnommé Pierre; il demeure chez Simon le tanneur, dont 
la maison est près de la mer. » 

Quand l'ange qui lui avait parlé fut parti, Cornélius appela deux 
de ses domestiques et un soldat pieux de ceux qui étaient attachés 
à sa personne; il leur raconta tout et les envoya à Joppé. 

Le lendemain, comme ils étaient en route et s’approchaient de 
la ville, Pierre monta sur la terrasse de la maison vers la sixième 
heure #, pour y prier. Il eut faim et demanda à manger. 


1 C’est-à-dire l’Italienne. 

2 Vivait dans la crainte de Dieu, ainsi que tous les siens. On appelait «un 
craignant Dieu» un païen converti au Judaïsme, Voir note sur le verset 35. 

5 Trois heures après midi. 

4 Vers midi. 


LES ACTES DES APÔTRES 979 


Pendant qu'on lui préparait quelque chose, il eut une extase, il 
vit le ciel ouvert et un objet ressemblant à une grande nappe 
nouée aux quatre coins en descendre et s’abaisser vers la terre ; 
à l’intérieur de la nappe il y avait des quadrupèdes de toute espèce, 
des reptiles de la terre et des oiseaux du ciel. «Lève-toi, Pierre, 
lui dit une voix, tue et mange.» Mais Pierre répondit: «Nulle- 
ment, Seigneur, car jamais je n'ai rien mangé de souillé! ni 
d'impur.» Alors une voix s’adressa à lui une seconde fois: 
« N’appelle pas souillé ce que Dieu à purifié. » 

Cela se répéta par trois fois et aussitôt après l’objet remonta au 
ciel. 

Pendant que Pierre méditait, incertain du sens de la vision 
qu'il venait d’avoir, les hommes envoyés par Cornélius et qui 
s'étaient informés de la maison de Simon se présentèrent à la 
porte d’entrée et appelèrent pour savoir si: «Simon, surnommé 
Pierre, demeurait là.» 

À ce moment même l'Esprit dit à Pierre, qui était à réfléchir 
sur la vision : « Voici trois hommes? qui te demandent, lève-toi, 
descends, et pars avec eux sans scrupule, car c'est moi qui les 
ai envoyés.» Alors Pierre descendit: «Me voici, dit-il à ces 
hommes, je suis la personne que vous demandez; quel motif vous 
amène?» Ils répondirent: «Cornélius, centurion, homme juste et 
craignant Dieu *, auquel toute la population juive rend un bon 
témoignage, a reçu d’un saint ange l’ordre divin de te faire venir 
dans sa maison et d'écouter tes paroles. » 

Alors Pierre les fit entrer et leur donna l'hospitalité. 

Le lendemain, il se mit en route et partit avec eux, et quel- 
ques-uns des frères de Joppé l’accompagnèrent. 

Le jour suivant, ils arrivèrent“ à Césarée. 

Cornélius les attendait et avait réuni ses parents et ses amis 


1 De souillé, de profane. Manger des mets interdits par la Loi s’appelait 
contracter «une soutllure» ou «une impureté». Voir note sur Marc "7, 1 et suiv. 

? Quelques anciens manuscrits lisent: Voici des hommes, et l’un des plus 
anciens : Voici deux hommes. 

3 Homme juste et craignant Dieu. Voir note sur le verset 2. 

# Quelques anciens manuscrits et d'anciennes autorités lisent : {1 arriva. 


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974 LE NOUVEAU TESTAMENT 


intimes. Au moment où Pierre entra, Cornélius, qui était allé à sa 
rencontre, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva. 
«Lève-toi, lui dit-il, comme toi, je ne suis qu'un homme», et il 
entra en s’entretenant avec lui. 

Trouvant un grand nombre de personnes réunies, il leur dit : 
«Vous savez qu'il est défendu à un Juif de se mettre en rapport 
personnel avec un homme d’une autre nation ou d'entrer chez lui; 
mais, pour ce qui me concerne, Dieu m'a appris à ne regarder 
aucun homme comme souillé! ou impur. Voilà pourquoi, étant 
appelé, je suis venu ici sans objection; je demande donc pour 
quel motif vous m'avez fait appeler. » 

Cornélius répondit: «Il y a quatre jours, j'avais jeûné jusqu'à 
cette heure-ci, et, à la neuvième heure?, j'étais chez moi à prier, 
quand tout à coup un homme portant un vêtement éblouissant se 
présenta à moi et me dit: «Gornélius, ta prière a été exaucée et il 
a été fait mention devant Dieu de tes aumônes. Envoie donc à Joppé 
et fais venir Simon surnommé Pierre, il demeure dans la maison 
de Simon le tanneur, près de la mer.» Immédiatement j'ai 
envoyé vers toi; tu as eu la bonté de venir, et maintenant nous 
sommes tous en présence de Dieu, prêts à entendre tout ce que le 
Seigneur [ἃ ordonné de nous dire. » 

Pierre prit alors la parole : «En vérité, dit-il, je reconnais que 
Dieu ne fait point acception de personnes, mais que, chez tous les 
peuples, celui qui le craint et qui pratique la justice* lui est 
agréable. Il ἃ envoyé sa Parole aux enfants d'Israël, en leur 
faisant précher l'Évangile de paix par Jésus-Christ, le Seigneur de 
tous ; vous savez ce qui s’est passé dans toute la Judée, ce qui 
avait d’abord commencé en Galilée à la suite du baptême prèché 
par Jean; vous savez comment Jésus de Nazareth, oint par Dieu 


1 Ou: profane. Voir plus haut verset 44. Le contact même d’un païen était 
pour un Juif une «souillure ». 

2 Trois heures après midi. 

3 Celui qui craint Dieu et qui pratique la justice; noms donnés aux païens 
convertis au Judaïsme, et spécialement aux prosélytes dits «de la justice». Voir 
note sur le verset 2. Sur l'expression : pratiquer lu justice, voir note sur 
Matth. 6, 1. 


LES ACTES DES APÔTRES 379 
d'Esprit saint et de puissance, allait de lieu en lieu en faisant le 
bien, en guérissant {ous ceux qui étaient sous l’empire du diable, 
parce que Dieu était avec lui (nous avons été témoins de tout ce 39, 10 
qu'il ἃ fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem); ceux-ci l'ont 
mis à mort, ils l'ont pendu à une croix. Mais Dieu l’a ressuscité 40 
le troisième jour et ἃ permis qu’il se montrât non à tout le peuple, 41 
mais aux témoins qu'il avait choisis d'avance, c’est-à-dire à nous 
qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les 
morts. Et il nous ἃ ordonné de prècher au peuple et d’attester 42 
que c'est lui qui ἃ été désigné par Dieu pour juger les vivants 
et les morts. C’est de lui que tous les prophètes rendent ce té- 48 
moignage : le pardon des péchés sera accordé par son nom à 
quiconque croit en lui. » | 

Pendant que Pierre parlait encore de ces choses, l'Esprit saint 44 
descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole, et les croyants 45 
circoncis qui avaient accompagné Pierre étaient confondus de voir 
que le don du saint Esprit s’étendait aussi aux païens. En effet, 46 
ils les entendaient parler en langues étrangères et glorifier Dieu. 

Pierre dit alors : «Peut-on interdire l’eau du baptême à ceux 57 
qui ont reçu l'Esprit saint aussi bien que nous?...» etil ordonna 4 
qu'ils fussent baptisés au nom de Jésus-Christ. 

Ceux-ci le prièrent de rester quelques jours avec eux. 


Les apôtres et les frères de Judée apprirent que les païens aussi 41.11 
avaient accepté la Parole de Dieu, et Pierre, à son retour à Jéru- 
salem, fut blâmé par les fidèles circoncis : «Tu es entré chez des 
incirconcis, lui dirent-ils, et tu as mangé avec eux ! » 

Mais Pierre leur raconta, en suivant l’ordre des faits, tout ce 4 
qui s'était passé : «J'étais, leur dit-il, dans la ville de Joppé, et Ὁ 
pendant que je priais j'eus une extase et une vision m’apparut ; 
c'était un objet descendant du ciel, ressemblant à une grande 
nappe nouée aux quatre coins et qui vint jusqu'a moi. Ayant ὦ 
regardé à l’intérieur, l'ayant bien examinée, j'y vis les quadrupèdes 
de la terre, les animaux sauvages, les reptiles et les oiseaux du 
ciel, et j'entendis une voix qui me disait: «Lève-toi, Pierre, tue 


[Re 


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11; 


10 


11 


10 


17 


19 


90 


370 LE NOUVEAU TESTAMENT 


et mange»; je répondis : «Nullement, Seigneur, parce que jamais 
rien de souillé? ni d’impur n’est entré dans ma bouche». Une 
voix, venant du ciel, s’adressa à moi pour la seconde fois: 
«N’appelle pas souillé? ce que Dieu ἃ purifié. » Gela se répéta par 
trois fois, puis tout remonta au ciel. » 

«Εἰ voilà qu'a ce moment même trois hommes se présentèrent 
à la porte de la maison où j'étais; ils m'étaient envoyés de 
Césarée. L'Esprit me dit d'aller avec eux sans aucun scrupule. 
Les six frères que voici m'accompagnèrent et nous entrâmes dans 
la maison de Cornélius. » 

«Celui-ci nous raconta comment il avait vu dans sa maison l’ange 
se tenant devant lui et lui disant: «Envoie à Joppé et fais venir 
Simon, surnommé Pierre, il te dira des choses par lesquelles tu 
obtiendras le salut, toi et tous les tiens. » Lorsque je commençai 
leur parler, l'Esprit saint descendit sur eux, comme sur nous à 
l'origine; et je me souvins de ce mot du Seigneur, quand il disait : 
«Jean baptisait d’eau, mais vous, vous serez baptisés d’Esprit 
saint.» Si donc Dieu leur a accordé le même don qu’à nous, pour 
avoir cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je moi pour oser 


ὧν» 


m'opposer à Dieu?» 

A l’ouiïe de ces paroles, ils se calmèrent, et 115 rendirent gloire à 
Dieu : «Ainsi, disaient-ils, Dieu a aussi accordé aux païens la 
repentance® pour qu'ils aient la vie.» 


Ceux qui avaient été dispersés par là persécution, à la suite de 
la mort d'Étienne, allèrent jusqu’en Phénicie et atteignirent Chypre 
et Antioche, n’annonçant la parole à personne qu'aux Juifs. Mais 
quelques-uns d’eux qui étaient Chypriotes et Cyrénéens, arrivés à 
Antioche, parlèrent aussi aux Hellénistest et leur annoncèrent 
l'Évangile du Seigneur Jésus. La main du Seigneur fut avec eux 


1 Ou: de profane. 

2 Ou: profane. 

3 Ou: la conversion. 

4 Quelques anciens manuscrits lisent : auæ Grecs. Voir sur le mot Hellénistes 
note sur Actes 6, 1. 


LES ACTES DES APÔTRES 311 


et grand fut le nombre de ceux qui crurent et se convertirent au 
Seigneur. Le bruit en parvint aux oreilles des membres de l’Église 
de Jérusalem et ils envoyèrent Barnabas jusqu’à Antioche. 

Lorsque, à son arrivée, il vit la grâce de Dieu, il s’en réjouit et 
il les exhorta tous à rester, d’un cœur convaincu, fidèles au 
Seigneur, parce qu'il était homme de bien, plein d’Esprit saint 
et de foi; et un grand nombre de personnes s’unirent au Seigneur. 

Barnabas se rendit ensuite à Tarse, y chercha Saul, le trouva 
et l’amena à Antioche. 

Durant une année entière ils restèrent ensemble dans l’Église 
et instruisirent un grand nombre de personnes. 

Ce fut à Antioche qu'on donna pour la première fois aux 
disciples le nom de chrétiens. 


En ce temps-là, des prophètes se rendirent de Jérusalem à 
Antioche. L'un d'eux, nommé Agabus, se leva et annonça par 
l'Esprit qu’une grande famine régnerait sur toute la terre; elle 
arriva, en effet, sous Claude !. Les disciples décidèrent d'envoyer, 
chacun selon son pouvoir, un secours aux frères demeurant en 
Judée; ce qu'ils firent en le remettant aux Anciens par l’entremise 
de Barnabas et de Saul. 


Vers la même époque, le roi Hérode ? se mit à persécuter quel- 
ques-uns des membres de l’Église. Il fit trancher la tête à Jacques, 
frère de Jean. Voyant le bon effet qu’il produisait ainsi sur les 
Juifs, il ordonna aussi d’enfermer Pierre. On était à la semaine 
des Azymes ὅ. 

ΠῚ le fit arrêter et mettre en prison, et chargea quatre escouades, 
de quatre soldats chacune, de le surveiller. Son intention était de 
le juger après la Pâque et en présence de tout le peuplé. Pierre 


1 Claude, un des empereurs romains, régna de l'an 4 à l’an 54 après Jésus- 
Christ. 


? Hérode Agrippa Ier, petit-fils d'Hérode le Grand. 
3 La semaine des Azymes ou des pains sans levain. Les Juifs donnaient ce 
nom à la semaine de Pâque. Voir Matth. 26, 17. 


26 


4 


12: Ὁ 


1 


318 LE NOUVEAU TESTAMENT 


était donc gardé dans la prison et l’Église adressait à Dieu de 
ferventes prières pour lui. 

Or, la nuit qui précéda le moment fixé par Hérode pour sa 
comparution, Pierre dormait entre deux soldats, retenu par une 
double chaïne et, devant la porte, des sentinelles gardaient la 
prison. Tout à coup apparut un ange du Seigneur; le cachot 
devint resplendissant de lumière. Cet ange, touchant Pierre au 
côté, le réveilla et lui dit: «Lève-toi vite!» et les chaînes tom- 
bèrent de ses mains. «Mets ta ceinture, lui dit ensuite l’ange, 
et chausse tes sandales.» Pierre le fit. Il ajouta : « Enveloppe-toi 
de ton manteau et suis-moi. » Pierre sortit et le suivit sans croire 
à la réalité de ce que l’ange lui faisait faire; 1] s’imaginait avoir 
une vision. 

Cependant ils passèrent la première garde, puis la seconde et 
arrivèrent à la porte de fer qui donne sur la ville. Cette porte 
s'ouvrit d'elle-même devant eux; ils sortirent; ils marchèrent dans 
une rue et, à cet instant, l’ange s’éloigna de Pierre, qui revint 
à lui et se dit: «Je vois maintenant que le Seigneur m'a réel- 
lement envoyé son ange, qu'il m'a arraché aux mains d'Hérode 
et à l’avide impatience du peuple juif. » 

Après réflexion, 1l se rendit à la maison de Marie, mère de Jean 
surnommé Marc!, où plusieurs personnes étaient assemblées et 
priaient. Il frappa à la porte d'entrée; une servante, nommée 
Rhode, alla écouter. Elle reconnut la voix de Pierre; transportée 
de joie, au lieu d'ouvrir, elle rentra en courant et annonça que Pierre 
était là, devant la porte. On la traita de «folle». Elle affirma qu’elle 
disait vrai. «C’est son ange», dit-on alors. Pierre cependant con- 
üinuait à frapper ; on ouvrit enfin; on le vit; la joie fut immense. 
Il leur fit de la main signe de se taire et leur raconta comment le 
Seigneur l'avait tiré de prison, puis il ajouta : « Annoncez ces 
choses à Jacques et aux autres frères. » Ensuite il sortit et s'en 
alla dans un autre endroit. 


1 Jean surnommé Mare, l'auteur du second Évangile. Voir la préface de 
l'Evangile selon saint Mare, 


ἷ 
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ῳ. a φ 
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LES ACTES DES APÔTRES 379 


Le jour venu, l'inquiétude fut grande parmi les soldats; ils ne 
savaient ce que Pierre était devenu. Hérode le fit rechercher et, ne 
le trouvant pas, il mit les gardes à la question et ordonna leur 
exécution; puis il quitta la Judée et alla demeurer à Césarée. 

Les gens de Tyr et de Sidon avaient des difficultés avec lui; 
ils vinrent ensemble le trouver et, ayant gagné à leur cause 
Blastus, son chambellan, ils sollicitèrent un arrangement parce 
que leur pays tirait sa subsistance de celui du roi. 

Un jour fut fixé et Hérode, revêtu d’une tunique royale, siégea 
sur son trône et harangua le peuple avec une grande solennité. 
Le peuple s’écria : «C’est un dieu qui parle et non un homme. » 
A l'instant même un ange du Seigneur frappa Hérode parce qu'il 
n'avait pas donné gloire à Dieu; et, rongé par les vers, il expira. 

Cependant la parole de Dieu! se répandait de plus en plus. 


Barnabas et Saul, leur mission remplie, revinrent de Jéru- 
salem 3, ramenant avec eux Jean surnommé Marc ὅ. 


Il y avait alors à Antioche, dans l’église de cette ville, comme 
prophètes et docteurs, Barnabas, Syméon dit Niger, Lucius de 
_ Cyrène, Menahem, frère de lait du tétrarque Hérode, et Saul. Un 
. jour qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeünaient 
l'Esprit saint leur dit: «Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour 
l’œuvre à laquelle je les ai appelés.» Alors, après avoir jeüné et 
prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir. 

Paul et Barnabas, ainsi envoyés par le saint Esprit, descen - 
dirent à Séleucie, où ils s’embarquèrent pour l’île de Chypre. 

Arrivés à Salamis, 1ls annoncèrent la parole de Dieu dans les 
synagogues des Juifs. Ils avaient Jean * pour les aider. 

Ayant traversé toute l’île jusqu'a Paphos, ils rencontrèrent un 
certain personnage, un Juif, magicien et faux prophète dont le 


1 Un des plus anciens manuscrits et d'anciennes autorités lisent : parole du 
Seigneur. 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : revinrent à Jérusalem. 

3 Jean surnommé Marc. Voir plus haut le verset 12. 


18, 12 
19 


20 


4 


ot 


193,27 


10 


380 LE NOUVEAU TESTAMENT 


nom était Bar-Jésus. Il était auprès du proconsul Sergius Paulus 
qui, lui, était un homme sensé. Celui-ci fit appeler Barnabas et 
Saul et demanda à entendre la parole de Dieu. Mais le magicien 
Elymas (c'est ainsi que se traduit son nom), leur fit opposition 
et chercha à détourner le proconsul de la for. 

Alors Saul, nommé aussi Paul, plein d’Esprit saint, le regarda 
en face et lui dit: « Être tout rempli d’astuce et de fraude, fils du 
diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu pas de pervertir les 
droites voies du Seigneur? La main du Seigneur va maintenant 
te frapper; tu seras aveugle; pendant quelque temps tu ne verras 
pas le soleil. » Immédiatement il se trouva enveloppé d’épaisses 
ténèbres et, marchant çà et là, il cherchait quelqu'un pour le 
conduire. 

Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, devint croyant; 
il était très frappé de la doctrine du Seigneur. 


Embarqués à Paphos, Paul et ses compagnons arrivèrent à 
Perge en Pamphylie ; là, Jean se sépara d'eux et revint à 
Jérusalem. Mais eux traversèrent le pays depuis Perge et arri- 
vèrent à Antioche de Pisidie. Ils se rendirent à la synagogue le 
jour du sabbat et y prirent place. 

Après la lecture de «la Loi » et des « Prophètes », ! les présidents 
envoyèrent leur dire: «Frères, si vous avez quelques paroles 
d’exhortation à adresser au peuple, parlez!» Alors Paul se leva, 
fit un signe de la main et dit : 

«Hommes d'Israël, et vous qui craignez Dieu?! Écoutez: . 

«Le Dieu de notre nation ἃ élu nos pères, il ἃ relevé le peuple 
pendant son séjour à l'étranger en Égypte ; il l'en ἃ fait sortir 
à bras levé; pendant environ quarante ans, il s’est accommodé à 
eux dans le désert5, il ἃ anéanti sept peuples dans le pays de 
Chanaan, et a mis leur territoire en sa possession. » 


1 « La Loi et les Prophètes ». Voir note sur Matth. 22, 40. 

? Grec: «Les craignant Dieu», nom donné aux païens convertis au Judaïsme, 
Voir Actes 10, 2. 

3 Quelques anciens manuscrits lisent : àl les ὦ nourris dans le désert. 


LES ACTES DES APÔTRES 381 


« Ensuite, pendant quatre cent cinquante ans environ !, il leur a 
donné des Juges jusqu’au prophète Samuel. » 

«C’est alors qu'ils ont demandé un roi et Dieu leur a donné 
pour quarante ans Saül, fils de Kis, de la tribu de Benjamin. 
L’ayant détrôné, il a élevé à la royauté David, dont il a fait l’éloge 
en disant: «J'ai trouvé David, fils de Jessé, il est selon mon cœur, 
et al fera toutes mes volontés 3.» 

«C'est de sa famille que Dieu, comme 1] l'avait promis, ἃ fait 
sortir Jésus, un Sauveur pour Israël. Jean avait prêché d'avance, 
avant sa venue, un baptême de repentance à tout le peuple 
d'Israël. Jean disait pendant qu'il remplissait sa carrière : «Je ne 
suis pas, moi, celui pour lequel vous me prenez. Mais, voici, 1l 
vient après moi celui dont je ne suis pas digne de détacher les 
sandales. » 

«Mes frères, vous qui descendez de la famille d'Abraham, et 
vous qui êtes ici et qui craignez Dieu’, c’est à nous5 qu'un 
message de salut a été adressé. Car les habitants de Jérusalem et 
leurs magistrats, ayant méconnu ce Jésus, ont accompli par là 
même, en le jugeant, les paroles des prophètes lues chaque sabbat ; 
ils ne trouvaient aucun motif de le faire mourir, et ils ont 
demandé à Pilate de le mettre à mort. Quand ils eurent accompli 
tout ce qui avait été écrit sur lui, ils le descendirent de la croix 
et le mirent dans un tombeau. » 

«Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Il est apparu pendant 
plusieurs jours à ceux qui étaient montés avec lui de la Galilée à 
Jérusalem et qui sont maintenant ses témoins auprès du peuple. 


1 On peut lire aussi d’après une autre ponctuation: οἱ a mis leur territoire 
en sa possession pour Une période de quatre cent cinquante ans environ. 
Ensuite il leur a donné, etc. 

2 Ce passage ne se trouve pas tel quel dans l'Ancien Testament. Al se com- 
pose de paroles tirées des passages suivants: 1 Sam. 16, 1 et 13; Psaume 89,21 
et Ésaïe 44, 98. 

3 Ou: de conversion. 

4 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: Pour qui me prenez- 
vous? Je ne suis pas, moi (sous-entendu celui qui doit venir). 

δ᾽ Qui craignez Dieu. Voir le verset 16. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : c’est à vous. 


26 


90 51 


13, 32 


94 


382 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Voici donc la Bonne Nouvelle que nous vous annonçons : La pro- 
messe faite à nos pères, Dieu l’a tenue pour nous, leurs enfants, 
en ressuscitant Jésus. Voilà pourquoi il est écrit dans le Psaume 
second : 

Cire τ΄ εἰπε ον: πὶ THSESITORNURIS 

Et moi, je t'ai engendré aujourd'hui 1.» 

«Et sur sa résurrection d’entre les morts, sur ce fait qu'il ne 
tombera pas en corruption, voici ce qui est dit : 

«Je vous donnerai les grâces saintes et certaines promises à David ?.» 

Voilà encore pourquoi il est dit ailleurs : 

«Tu ne permettras point que ton Saint voie la corruption ÿ. » 

«Eh bien, David, après avoir servi à son époque aux desseins de 
Dieu, est mort, ἃ été réuni à ses pères et ἃ vu la corruption. 
C’est celui que Dieu a ressuscité qui n’a pas vu la corruption. 
Sachez donc, mes frères, que, par lui, la rémission des péchés 
vous est annoncée. Tout croyant trouve en lui la jusüfication de 
tout ce dont la Loi de Moïse n’a pu vous justifier. Prenez donc 
garde qu'il ne vous arrive ce qui est dit dans les prophètes : 

«Regardez, contempteurs, soyez étonnés et disparaissez, 

«Parce que je ferai une œuvre, de vos jours, 

«Une œuvre que vous ne croiriez pas si on vous la racontait.» 

Lorsqu'ils sortirent, on les pria de recommencer leur prédication 
le sabbat suivant. A l'issue de la réunion, une grande foule de 
Juifs et de prosélytes pieux suivirent Paul et Barnabas qui s’entre- 
tinrent avec eux et les exhortèrent à rester attachés à la grâce de 
Dieu. 

Le sabbat suivant presque toute la ville se réunit pour entendre 
la parole du Seigneur”. Mais les Juifs, voyant cette foule, furent 
pleins de jalousie ; ils s'opposèrent à tout ce que disait Paul et se 
mirent à le contredire et à l'injurier. Paul et Barnabas leur dirent 


{ Psaume 2, 7. Un ancien manuscrit et d'anciennes autorités lisent : il est 
écrit dans le Psaume premier. 

2 Ésaie 55, 3. 

5 Psaume 16, 10. 

* Habacuc 1, 5. 

Ὁ Plusieurs anciens manuscrits lisent : La parole de Dieu. 


LES ACTES DES APÔTRES 389 


alors en toute franchise: «Nous devions commencer par vous 
prêcher la parole de Dieu, mais puisque vous la repoussez et que 
vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, nous 
allons nous tourner vers les païens, car voici ce que le Seigneur 
nous ἃ commandé : 

«Je l'ai établi pour étre la lumière des païens, 

«Pour répandre le salut jusqu'aux extrémités de la terre. » 

Les païens furent dans la joie de les entendre parler ainsi ; ils 
glorifièrent la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés 
à la vie éternelle devinrent croyants. 

La parole du Seigneur se répandit dans tout le pays ; mais les 
Juifs excitèrent les dames les plus considérables de la ville ratta- 
chées au Judaïsme et les principaux habitants; ils provoquèrent 
une persécution contre Paul et Barnabas, et ils les bannirent de 
leur territoire. 

Ceux-ci secouèrent sur eux la poussière de leurs pieds et se 
rendirent à Iconium ; quant aux disciples, 115 étaient pleins de joie 
et d'Esprit saint. 


Il arriva qu'à Iconium, ils se rendirent ensemble à la synagogue 
_ juive et y parlèrent de ‘telle sorte que Juifs et Grecs ? devinrent 
croyants en grand nombre. 

Mais les Juifs restés incrédules excitèrent et indisposèrent la 
population païenne contre les frères. Ceux-ci prolongèrent alors 
leur séjour, pleins de courage et se confiant au Seigneur qui 
rendait témoignage à la prédication de sa grâce en leur donnant 
de faire des miracles et des prodiges. 

Cependant la population de la ville se divisa, les uns furent pour 
les Juifs, les autres pour les apôtres; et comme les Juifs et les 
païens, d'accord avec les autorités, parlaient de les maltraiter et de 
les lapider, les apôtres, l'ayant appris, se réfugièrent dans les villes 


1 Esaïe 49, 6. 
2? Ces Grecs fréquentant la synagogue étaient des païens déjà convertis au 
Judaïsme, des «craignant Dieu ». 


41, 


48 


49 


[δ] 
= 


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12 


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5 


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6 


13 


Ὁ 


. 14 


14, 7 


16 


17 


384 LE NOUVEAU TESTAMENT 


de Lycaonie, à Lystre, à Derbé et aux environs, et ils y annon- 
cèrent l'Evangile. 


Or, 1l y avait à Lystre un homme paralysé des jambes, estropié 
de naissance ; toujours assis, il n’avait jamais marché. Cet homme 
écoutait Paul parler et lui, arrêtant sur lui son regard, vit qu'il 
avait la foi pour être guéri. Il lui dit alors à haute voix : « Lève- 
toi droit sur tes pieds ;» il se leva d’un saut ; il marchait! 

Le peuple, voyant ce que Paul avait fait, se mit à pousser des 
acclamations, et à s’écrier en langue lycaonienne : «Les dieux 
sous forme humaine sont descendus vers nous»! Barnabas fut 
appelé Zeus, et Paul Hermès, parce que c'était lui qui portait la 
parole ?. 

Le prêtre de Zeus, qui avait un temple à l’entrée de la ville, 
amena des taureaux et apporta des guirlandes devant les portes ὃ, 
et, d'accord avec le peuple, il allait offrir un sacrifice. 

Mais les apôtres Barnabas et Paul, apprenant cela, déchirèrent 
leurs vêtements, et se jetèrent au milieu de la foule en s’écriant : 

«Lycaoniens 1! 

«Pourquoi faites-vous cela ? Nous sommes de même nature que 
vous, nous ne sommes que des hommes, nous vous prêchons 
l'Évangile qui vous dit de renoncer à ces idoles inutiles, de 
vous tourner vers le Dieu vivant, créateur du ciel, de la terre, de 
la mer, et de tout ce qu'ils renferment. Il a laissé, dans les 
siècles passés, toutes les nations païennes suivre leurs propres 
voies ; et cependant il s’est fait connaître à vous par ses bien- 
faits; c’est lui qui vous donne la pluie du ciel, les saisons avec 
leurs fruits, la nourriture et toutes les joies du cœur dont vous 
êtes comblés. » 


1 Ou: pour étre sauvé. 

2 Zeus, nom grec de Jupiter; Hermès, nom grec de Mercure, le messager et 
l'interprète des dieux dans la mythologie païenne. 

3 Les portes du temple de Zeus. 

4 Lycaoniens. Voir note sur Actes 19, 95. 


LES ACTES DES APÔTRES 38) 


Malgré ces paroles, ce ne fut pas sans peine qu'ils empêchèrent 
le peuple de leur offrir un sacrifice. 


Cependant, survinrent d’Antioche 1 et d’Iconium des Juifs qui 
gagnèrent le peuple et Paul fut lapidé, trainé hors de la ville et 
laissé pour mort. Quand les disciples vinrent l’entourer, il se releva 
et rentra dans la ville. 

Le lendemain, il partit avec Barnabas pour Derbé. Ils y annon- 
cèrent l'Évangile et y firent de nombreux disciples, puis retour- 
nèrent à Lystre, à Iconium et à Antioche!, affermissant l'esprit 
des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi et leur appre- 
nant que c'est par beaucoup de tribulations qu’on entre dans le 
Royaume de Dieu. 

Ils firent nommer des Anciens dans chaque Église, puis ils les 
recommandèrent par des jeûnes et des prières au Seigneur en qui 
ils avaient cru. | 

Ils traversèrent ensuite la Pisidie, vinrent en Pamphylie et, 
après avoir annoncé la parole à Perge, ils descendirent à Attalie. 

De là ils firent voile pour Antioche, où ils avaient été livrés à 
la grâce de Dieu pour l’œuvre qu'ils venaient d'accomplir. A leur 
arrivée, ils convoquèrent l’Église et racontèrent les choses que Dieu 
avait faites par eux. «Il a ouvert aux païens, dirent-ils, la porte 
de la foi. » 


Ils faisaient un assez long séjour auprès des disciples lorsqu’arri- 
vèrent de Judée des gens qui donnaient aux frères cet enseigne- 
ment: «Vous ne pouvez être sauvés, si vous ne vous faites pas 
circoncire selon les rites du Mosaiïsme.» Il s’ensuivit entre Paul 
et Barnabas d’une part, et ces gens de l’autre, une discussion, 
une altercation très vive. 

Il fut décidé que Paul et Barnabas iraient à Jérusalem avec 
quelques-uns des leurs s'entendre avec les apôtres et les Anciens 
sur ce sujet. 


1 Antioche de Pisidie. 


18, 14 


28 
1, 15 


2 


[os] 


15, 3 


EE 


10 


11 


386 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Délégués par l’Église, ils traversèrent la Phénicie et la Samarie, 
racontant la conversion des païens, et causant ainsi une grande 
joie à tous les frères. 

A leur arrivée à Jérusalem, ils furent accueillis par l’Église, les 
apôtres et les Anciens et leur racontèrent les choses que Dieu avait 
faites par eux. Mais quelques membres du parti des Pharisiens, 
devenus croyants, protestèrent et dirent qu'il fallait faire circoncire 
les païens et leur enjoindre d’observer la loi de Moïse. 

Les apôtres et les Anciens se réunirent pour étudier la question. 
La discussion fut longue; Pierre enfin se leva et dit ceci : 

«Mes frères, vous savez que, depuis longtemps déjà, Dieu 
m'a choisi parmi vous pour que les païens entendissent de ma 
bouche la prédication de l'Évangile et devinssent croyants. Ce 
Dieu qui lit dans les cœurs leur a rendu témoignage et leur ἃ 
donné l'Esprit saint comme à nous. Il n’a fait aucune différence 
entre eux et nous, il a purifié leurs cœurs par la foi. Pourquoi 
donc maintenant tentez-vous Dieu, pourquoi mettez-vous sur 
les épaules des disciples un joug que nos pères ni nous-mêmes 
n'avons pu porter? C'est par la grâce du Seigneur Jésus que 
nous croyons être sauvés et c’est exactement ce qu'ils croient 
aussi. » | 

Alors tout le monde se tut et on écouta Barnabas et Paul 
faisant le récit des miracles et des prodiges que Dieu avait faits 

par eux auprès des païens. 

Quand ils eurent cessé de parler, Jacques s’exprima ainsi : 

«Mes frères, écoutez-moi: Siméon! vous a raconté comment 
Dieu, une première fois, a pris soin de choisir parmi les païens un 
peuple qui portât son nom; et cela s'accorde avec les paroles des 
prophètes, car 1l est écrit : 

[ David qui est tombée ; 

«Après cela je reviendrai, et je dresserai de nouveau la tente de 

«Oui, je la redresserai et je réparerai ses ruines, 

«Pour que le reste des hommes cherchent le Seigneur, 


1 Cest-à-dire Simon Pierre, 


x #4 St 


+ 
mé 


, FL Pie 


D ER 


LES ACTES DES APÔTRES 387 


« Ainsi que tous les païens sur lesquels mon nom est invoqué, 

[éoute éternité. » 
«Dit le Seigneur qui fait ces choses, et elles lui sont connues de 
«Mon avis est donc de ne pas créer de difficultés aux païens qui 
se convertissent à Dieu, mais écrivons-leur de s’abstenir des 
souillures des idoles?, de la fornication *, des animaux morts par 
suffocation et du sang. Car Moïse a, de temps immémorial, ses 
prédicateurs dans chaque ville, et il est lu dans les synagogues tous 
les jours du sabbat. » 

Alors les apôtres et les Anciens, d'accord avec toute l'Église, 
décidèrent de choisir quelques-uns d’entre eux et de les envoyer à 
Antioche avec Paul et Barnabas ; ce furent Judas surnommé Bar- 
Sabbas et Silas, tous deux fort estimés de leurs frères. Voici la lettre 
qu'ils leur remirent : 


LES APÔTRES ET LES FRÈRES LES ANCIENS AUX FRÈRES D'ANTIOCHE 
DE SYRIE ET DE CILICIE, AUTREFOIS PAÏENS. 


SALUT. 


Ayant appris que certains des nôtres“, sans aucun mandat de 
notre part, vous ont troublés par leurs paroles et vous ont bouleversé 
l'esprit, nous avons décidé à l'unanimité de vous envoyer des 
délégués qui accompagneront nos bien-aimés Barnabas et Paul, ces 
honvmes qui ont risqué leurs vies pour le nom de notre Seigneur 
Jésus-Christ. Nous vous avons donc envoyé Judas et Silas qui vous 
diront la méme chose de vive voix ; savoir qu’il a semblé bon à l'Esprit 
saint et à nous, de ne pas vous imposer d’autres charges que celles 
qui sont indispensables, c'est-à-dire vous abstenir des viandes 
offertes en sacrifice aux dieux, du sang, des animaux morts par 
suffocation et de la fornication Ÿ, toutes choses dont vous ferez bien 
de vous garder. 

ADIEU. 

1 Amos 9, 11 et suiv. 

2 C'est-à-dire des viandes offertes en sacrifice aux dieux. Voir verset 29. Voir 
aussi 1 Corinthiens 8 et Romains 14. 

5 C'est-à-dire des mariages mixtes entre païens et chrétiens. 


Ὁ Plusieurs anciens manuscrits ajoutent venus d'ici. 
Ὁ Voyez plus haut note sur le verset 20. 


18, 15 
19 
90 


21 


12 
[nai 


23 


15, 


91 


16, 


90 


92 


94 


30 


97 
33 


99 


40 


4 


388 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Les délégués prirent donc congé de l'Église et se rendirent à 
Antioche. Ils rassemblèrent tous les frères et leur remirent la 
lettre. Sa lecture les remplit de joie et de courage. Judas et Silas, 
prophètes eux-mêmes, encouragèrent les frères dans de longs 
discours et les affermirent. 

Quelque temps après, ils retournèrent avec les vœux des frères 
auprès de ceux qui les avaient envoyés. 


Cependant Paul et Barnabas restaient à Antioche, prèchant 
l'Evangile et enseignant avec plusieurs autres la Parole du 
Seigneur. 


Quelque temps plus tard, Paul dit à Barnabas : «Retournons 
visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la 
Parole du Seigneur pour voir en quel état ils se trouvent. » Bar- 
nabas proposa d'emmener aussi Jean, surnommé Marc!, Mais Paul 
n’était pas d’avis d'emmener celui qui les avait quittés en Pam- 
phylie et ne les avait pas accompagnés dans leur œuvre. Ge dis- 
sentiment fut si grave qu'il se séparèrent, et Barnabas, emmenant 
Marc, s’embarqua pour l'ile de Chypre. 


Quant à Paul, il choisit Silas et partit, recommandé par les 
frères à la gràce du Seigneur ; il parcourut la Syrie et la Gilicie, 
en fortifiant les Églises. 

Il arriva aussi à Derbé et à Lystres et y trouva un disciple 
appelé Timothée, fils d'une Juive devenue croyante, mais dont 
le père était Grec. Les frères de Lystres et d’Iconium avaient 
bonne opinion de lui. Paul voulut l'emmener avec lui; il le prit 
donc et le circoncit, à cause des Juifs de l'endroit; car tout le 
monde savait que son père était Grec. 

Dans toutes les villes où 115 passaient, 115. faisaient connaître et 
recommandaient d'observer les décisions prises par les apôtres et 
les Anciens de Jérusalem. C’est ainsi que la foi des Églises s’affer- 
missait et que leur nombre augmentait tous les jours. 


1 Jean, surnommé Mare, Voir note sur ch. 12 verset 12. 


ἢ 


LES ACTES DES APÔTRES 389 


Ils traversèrent la Phrygie et le pays des Galates (le saint 
Esprit les avait empêchés de prêcher la Parole en Asie). 

Arrivés du côté de la Mysie, ils se proposaient d'entrer en 
Bithynie, mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas. 

Ils traversèrent alors rapidement la Mysie et descendirent à 
Troas ; Paul y eut une vision pendant la nuit; un Macédonien se 
présentait à lui et lui disait en le suppliant : «Passe en Macédoine 
et viens à notre aide.» 


Immédiatement après que cette vision lui eut apparu, nous 
cherchâmes à partir pour la Macédoine; nous comprenions que 
Dieu nous appelait à y prêcher l'Évangile 1. 

Embarqués à Troas, nous marchâmes, vent arrière, sur l’île de 
Samothrace; le lendemain sur Néapolis et, de là, nous nous ren- 
dîimes à Philippes, la première ville de la province de Macédoine 
et une colonie. 

Nous restämes quelques jours dans cette ville. Le jour du 
sabbat nous sortimes des portes et nous nous rendimes au bord de 
la rivière, où nous supposions qu'on se réunissait pour la Prière 2, 
Nous primes notre place, et nous nous entretinmes avec les femmes 
qui y étaient rassemblées. 

Il y en avait une appelée Lydie, marchande d’étoffes de pourpre 
de Thyatire, une prosélyte*, qui nous écouta. Le Seigneur lui 
toucha le cœur, de sorte qu’elle fit attention à ce que disait Paul. 
Quand elle eut été baptisée avec sa famille, elle nous invita en 
disant : «Si vous me croyez fidèle au Seigneur, entrez dans ma 
maison; demeurez-y;» et elle nous en pria instamment,. 


1 Le lecteur remarquera cette substitution subite de la première personne du 
pluriel à la troisième personne du singulier. L’auteur ne rapporte plus des faits 
dont il a entendu parler, il est témoin oculaire de ce qu’il raconte. Voir, sur ce 
sujet, la préface. 

2 Littéralement : où nous supposions qu'il y avait une Prière. On appelait 
« Prière» le lieu de réunion des Juifs dans les villes où ceux-ci étaient trop peu 
nombreux pour bâtir une synagogue. Cette assemblée se tenait d'habitude en 
plein air et dans le voisinage d’une rivière dont l’eau servait aux ablutions. 

3 Une prosélyte: littéralement : une craignant Dieu. Voir note sur 10, 2. 

4 Sa famille ou sa maison. Ce terme comprenait non seulement les parents 
et les enfants, mais aussi les serviteurs et les esclaves habitant la maison. 


6, 16 


=] 


10 


19 


14 


16, 16 


26 


97 


29 


30 


390 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Il arriva, comme nous allions à la Prière!, qu'une esclave, 
possédée d’un Esprit devin, se présenta à nous. Elle faisait gagner 
beaucoup d'argent à ses maïtres en annonçant l'avenir. Elle se 
mit à nous suivre, Paul et nous. «Ces hommes-là, criait-elle, 
sont des serviteurs? du Dieu suprême, ils vous annoncent le 
chemin du salut. » Elle fit cela plusieurs jours; enfin Paul, impa- 
tienté, se retourna et dit à l'Esprit : «Je t’ordonne, au nom de 
Jésus-Christ, de sortir de cette femme.» A l'instant même, il sortit. 

Cependant les maîtres de cette esclave, se voyant enlever le gain 
sur lequel ils comptaient, se saisirent de Paul et de Silas, les trai- 
nèrent sur la place publique devant les magistrats et les amenèrent 
aux préteurs. «Ces hommes-à, dirent-ils, troublent notre ville; 
ce sont des Juifs, et ils prêchent des coutumes qu'il ne nous est 
permis ni d'accepter ni de suivre, puisque nous sommes Romains!» 

La populace se souleva aussi contre eux, et les préteurs leur 
firent arracher leurs vêtements et les condamnèrent à recevoir la 
bastonnade. On les frappa cruellement, puis on les jeta en prison, 
et il fut recommandé au geôlier de les garder en lieu sûr. Celui-ci, 
pour obéir à cet ordre, les mit dans le cachot le plus reculé et 
engagea leurs pieds dans les ceps. 

Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient, chantaient les 
louanges de Dieu, et les prisonniers les écoutaient, quand tout à 
coup se produisit un tremblement de terre si violent que la prison 
fut ébranlée jusque dans ses fondements ; toutes les portes s’ou- 
vrirent instantanément, et les liens de tous les prisonniers se relà- 
cherent. 

Le geôlier, réveillé en sursaut et voyant ouvertes les portes 
de la prison, tira son épée et voulut se donner la mort, croyant 
que les prisonniers s'étaient échappés. Mais Paul lui parla: 
«Ne te fais point de mal, lui cria-til, nous sommes tous ici.» 
Alors le geôlier demanda de la lumière, entra précipitamment dans 
le cachot et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas ; 
puis 11 les fit sortir et leur dit: « Seigneurs, que faut-il que je fasse 

1 La Prière : Voir note sur le verset 13. 

2 Grec: des esclaves. 


LES ACTES DES APÔTRES 991 


pour être sauvé?» Ils lui répondirent : «Crois au Seigneur Jésus 1 
et tu seras sauvé, toi et ta maison?.» Et ils lui annoncèrent la 
Parole de Dieu ὃ, à lui et à tous ceux de sa famille. 

Le geôlier les prenant avec lui à l'heure même, pendant la nuit, 
lava leurs plaies et se fit immédiatement baptiser, lui et tous les 
siens. Puis 11 les conduisit dans son logement et leur donna à 
manger; il était transporté de joie, et tous les siens l’étaient avec 
lui, d'avoir cru en Dieu. 

Le jour venu, les préteurs envoyèrent les licteurs dire au geô- 
lier : «Relâche ces hommes!» Le geôlier rapporta ces paroles à 
Paul : «Les préteurs me font dire de vous relâcher ; partez donc 
et allez en paix.» Mais Paul répondit aux licteurs: «Ils nous 
ont fait frapper en public et sans jugement, nous, des citoyens 
romains, puis 115. nous ont jetés en prison, et maintenant ils nous 
font sortir en cachette! Non, non, il faut qu'ils viennent eux- 
mêmes et nous raccompagnent! » Les licteurs répétèrent ces paroles 
aux préteurs. Ceux-ci, apprenant qu'ils étaient romains, prirent 
peur; ils vinrent les apaiser, les raccompagnèrent et les prièrent 
de quitter la ville. Quant à eux, à leur sortie de prison, ils se 
rendirent chez Lydie, ils y virent les frères, leur adressèrent 
quelques exhortations et partirent. 


Ils traversèrent Amphipolis et Apollonie et arrivèrent à Thessa- 
lonique, où les Juifs avaient une synagogue. 

Selon sa coutume, Paul s’y rendit et, durant trois sabbats, il 
discuta avec eux, expliquant et démontrant, d’après les Écritures, 
que le Christ devait souffrir et ressusciter d’entre les morts, «et 
ce Christ, disait-il, c’est le Jésus que je vous annonce.» Paul et 
Silas gagnèrent quelques Juifs qui se rallièrent à eux, un grand 


1 On peut traduire aussi : Ate foi au Seigneur Jésus ou : Aie confiance dans 
le Seigneur Jésus. Voir note sur Jean 14, 1. 

2 Ta maison ou : ta famille. Voir note sur le verset 15. 

5. Plusieurs anciens manuscrits lisent : la parole du Seigneur. 

4 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : et c’est, disait-il, celui 
que je vous annonce, le Ghrist Jésus. 


31, 16 
22 


39 


34 


90 


90 


37 


38 


99 
4 


4, 17 


4 


17, 


σι 


[Φ»}) 


-1 


10 


11 


16 


392 LE NOUVEAU TESTAMENT 


nombre de Grecs «craignant Dieu» ! et beaucoup de femmes de 
la meilleure société. 

Mais les Juifs, pleins de jalousie ?, recrutèrent une bande de va- 
gabonds, de ces vauriens toujours prêts à faire du bruit, et mirent 
le trouble dans la ville. Ils assaillirent la maison de Jason et y 
cherchèrent Paul et Silas pour les mener à l'assemblée populaire. 

Ne les trouvant pas, ils trainèrent Jason et quelques frères de- 
vant les politarques #, en criant : «Geux qui ont bouleversé le 
monde entier sont dans la ville, Jason les a reçus: tous ces gens-là 
sont en révolte contre les édits de l'Empereur’; ils ont un autre roi 
qu'ils appellent Jésus.» La foule et les politarques qui entendaient 
ces paroles en furent fort émus, et ils ne laissèrent aller Jason et 
les autres qu'après avoir exigé d’eux une caution. 


Sans tarder, la nuit suivante, les frères firent partir Paul et Silas 
pour Bérée; en y arrivant, ils se rendirent à la synagogue des 
Juifs. Ceux-ci étaient mieux élevés que ceux de Thessalonique ; ils 
accueillirent très volontiers la prédication de la Parole, et tous les 
jours ils étudiaient les Écritures pour y vérifier ce qu’on leur disait. 
Beaucoup devinrent croyants, ainsi que des femmes grecques du 
meilleur monde et un grand nombre d'hommes. 

Mais quand les Juifs de Thessalonique apprirent que Paul avait 
annoncé la Parole de Dieu à Bérée, ils y vinrent pour mettre le 
trouble dans le peuple. Alors les frères firent immédiatement 
partir Paul dans la direction de la mer: Silas et Timothée restèrent 
à Bérée. 

Ceux qui accompagnèrent Paul le menèrent jusqu'à Athènes, et 
ils s'en retournèrent, chargés par lui de mander à Silas et à 
Timothée de venir le rejoindre le plus tôt possible. 


Paul, qui les attendait à Athènes, se sentait indigné jusqu'au 


1 «Craignant Dieu». Voir note sur Actes 10, 2. 
2 ]1 s’agit ici des Juifs restés incrédules. 

3 Chez lequel demeuraient Paul et Silas. 

t Les magistrats. 

» L'Empereur. Voir note sur ch. 25, verset 8. 


LES ACTES DES APÔTRES 393 


fond de l’âme de voir la ville remplie d’idoles. Cependant il s’en- 
tretenait dans la synagogue avec les Juifs et les prosélytes, et sur la 
place publique, tous les jours, avec les premiers venus. 

. Entre autres, il fut entrepris par quelques philosophes épicuriens 
et stoïciens. «Que veut donc dire ce radoteur?» disaient les uns. 
«C’est, paraît-il, un prêcheur de nouveaux dieux», disaient les 
autres, parce que Paul leur annonçait l'Évangile de Jésus et la 
résurrection 1. 

Ils le prirent avec eux et le conduisirent à l’Aréopage, en lui 
disant : «Pouvons-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine 
que tu enseignes? car tu nous racontes là des choses étranges; 
nous désirons bien savoir ce que tout cela signifie.» (Tous les 
Athéniens et les étrangers domiciliés dans la ville ne s’occupaient 
qu’à dire ou à apprendre des nouvelles). 

Alors Paul, debout au milieu de l’Aréopage, s’exprima ainsi : 


« Athéniens, 


«En tout, je vous trouve le plus religieux des peuples. Comme, 
en effet, je regardais, en passant, vos objets sacrés, j'ai trouvé un 
autel sur lequel était écrit: A un Dieu iNconnu. Ce que vous 
. honorez sans le connaître, moi, je viens vous le révéler. » 

«Le Dieu qui ἃ fait le monde et tout ce qu'il renferme, étant 
maître du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de 
main d'homme, et il ne saurait être servi par des mains humaines 
comme s'il avait besoin de rien, lui qui donne à tous la vie, le 
souffle et toutes choses. C’est lui qui a fait naître d’un seul homme 
toutes les nations, et les ἃ fait habiter sur la surface de la terre, 
fixant à chacune la durée de son existence et les limites de son 
domaine. C’est lui qui leur a donné de le chercher pour voir si 
elles parviendraient à le trouver et à le toucher ?...... quoiqu'il 
ne soit pas loin de chacun de nous. Car c'est en lui que nous 
vivons, que nous nous mOuvens, que nous existons, comme l'ont 
dit quelques-uns de vos poètes : 


1 Grec: leur évangélisait Jésus et la résurrection. 
? 11 faut évidemment sous-entendre ici : elles n’y sont point parvenues, 


47, 17 


18 


19 


20 


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18. 


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4 


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394 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«De sa race nous sommes! 1» 

«Étant de la race de Dieu nous ne devons pas croire que la 
Divinité ressemble à l’or, à l'argent, à la pierre sculptés par l'art 
et le génie de l’homme. Oubliant done des siècles d’ignorance, 
Dieu maintenant invite partout tous les hommes à se repentir?, car 
il a fixé un jour où il doit juger le monde avec justice, par un 
homme qu’il a désigné pour cela, et qu’il a accrédité auprès de 
tous en le ressuscitant d’entre les morts °......» 

Quand ils entendirent parler de «résurrection des morts», les 
uns se mirent à plaisanter, les autres dirent : «Nous t’écouterons 
là-dessus une autre fois. » 

C’est ainsi que Paul sortit de leur assemblée. 

Quelques hommes cependant se joignirent à lui et devinrent 
croyants, entre autres Denys, membre de l’Aréopage; il y eut 
aussi une femme du nom de Damaris et d’autres avec eux. 


Après cela, Paul partit d'Athènes et vint à Corinthe. 

Il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, et 
récemment arrivé d'Italie avec sa femme Priscille#, chassé de Rome 
comme tous les Juifs par un édit de Claudeÿ. Il se réunit à eux 
et comme ils étaient du même métier que lui, il demeura chez eux 
pour y travailler. [15 étaient, de leur état, fabricants de tentes. 

Chaque sabbat il parlait à la synagogue, et il gagnait des Juifs 
et des Grecs. 


Quand Silas et Timothée arrivèrent de Macédoine, Paul se con- 
sacrait uniquement à la prédication, aflirmant aux Juifs que Jésus 
était le Christ. Mais ceux-ci s’opposaient à lui et l’insultaient; alors, 
secouant sur eux la poussière de ses vêtements, il leur dit : «Que 


1 Moitié d’un vers hexamètre emprunté au poète Aratus de Tarse (Phænom, 5). 
Un vers semblable se lit aussi dans l’'Hymne à Jupiter de Cléanthe. 

2 Ou: à se convertir. 

3 On peut lire aussi, d'après une autre ponctuation : qu'il a désigné pour 
cela en l’accréditant auprès de tous et qu'il a ressuscité d'entre lès morts... 

4 Priscille, Ailleurs, par exemple Romains 16, 3, ce nom est écrit : Priscæ, 

5 Claude, Voyez note sur 11, 28. 


} 


ἰόν 


LES ACTES DES APÔTRES 395 


votre sang retombe sur votre tête! J'en suis innocent et désormais 
je m’adresserai aux païens !. » 

Il sortit de la salle et se rendit chez un certain Titius Justus, 7, 18 
homme «craignant Dieu?», dont la maison était contiguë à la 
synagogue. Crispus, le chef de la synagogue, crut au Seigneur 8 
avec toute sa maison, et plusieurs des Corinthiens qui entendaient 
Paul devenaient croyants et se faisaient baptiser. 

Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision: «Sois sans 9 
crainte, parle au contraire, ne cesse de parler, car je suis avec 10 
toi; personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal, parce 
que j'ai un grand peuple dans cette ville. » 

Paul alors s’établit à Corinthe pendant un an et demi, et il y 11 
prêcha la parole de Dieu. 


Pendant le proconsulat de Gallion en Achaïe, les Juifs, tous 42 
d'accord, se soulevèrent contre Paul et l’amenèrent devant le 
tribunal : «Cet homme, dirent-ils, excite les gens à rendre à Dieu 43 
un culte contraire à la Lot. » 

Paul ouvrait la bouche pour répondre, quand Gallion, s'adressant 14 
aux Juifs: «S'il s'agissait de quelque crime ou de quelque méfait, 15 
leur dit-il, j'accueillerais vos plaintes comme il convient, ὁ Juifs! 
mais s’il s’agit de vos discussions sur une doctrine, sur des noms 
propres, sur votre Loi particulière, regardez-y vous-mêmes; je ne 
veux pas juger ces questions-là. » Et il les renvoya du tribunal. 16 

Tout le monde alors tomba sur Sosthènes, le chef de la syna- 17 
gogue, et l’on se mit à le battre devant le tribunal. Gallion ne 
s’en soucia nullement. 


Paul resta encore longtemps à Corinthe; puis il prit congé des* 18 
frères et s’embarqua pour la Syrie avec Priscille ὁ et Aquilas, après 
s'être fait raser la tête à Kenchrées; car il avait fait un vœu. 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: Moi, qui suis innocent, 
m'adresserai désormais auæ paiens. 

2 «Craignant Dieu» Voir note sur 10, 2. 

3 Priscille. Voir note sur le verset 2. 


19, 


23 


28 


[os] 


3 


396 LE NOUVEAU TESTAMENT 


On débarqua à Éphèse; Paul y laissa ses compagnons et se 
rendit à la synagogue, où il s’entretint avec les Juifs. Mais quand 
ils lui demandèrent de prolonger son séjour, il n’y consentit pas et 
leur dit en prenant congé d'eux: «Je reviendrai une autre fois 
chez vous, s’il plaît à Dieu. » 

Il partit d'Éphèse, débarqua à Césarée et, après être monté à 
Jérusalem ! pour saluer l’Église, il descendit à Antioche, 


Il en repartit après un court séjour et traversa successivement 
le pays des Galates et la Phrygie pour fortifier tous les disciples. 


Cependant un certain Juif, du nom d’Apollos, né à Alexandrie, 
un homme éloquent, arriva à Éphèse ; il connaissait à fond les 
Écritures. On l'avait instruit dans la doctrine du Seigneur; c'était 
une âme ardente qui prèchait et enseignait avec soin ce qui con- 
cerne Jésus, bien qu'il ne connüt que le baptême de Jean. 

Quand il commença à parler librement dans la synagogue, 
Priscille et Aquilas qui l’entendirent l’emmenèrent avec eux et lui 
exposèrent plus exactement la doctrine de Dieu. 

Lorsqu'il se proposa de passer en Achaïe, les frères l’y encou- 
ragèrent et écrivirent aux disciples de lui faire bon accueil. 

Une fois arrivé, il se rendit, par la grâce de Dieu, très utile 
aux croyants; car il réfutait vigoureusement les Juifs en public, 
leur démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ. 


Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, qui venait de par- 


+ . - : ᾿ SR x 
courir les parties les plus élevées du pays, descendit à Ephèse et 


y trouva quelques disciples. Il leur demanda : «Avez-vous reçu 


l'Esprit saint, quand vous êtes devenus croyants?» — «Nous 
n'avons pas entendu parler d’un Esprit saint, » lui répondirent-ils. 
ΠῚ reprit alors: «Quel baptême avez-vous done reçu?» — «Le 


1 Ces mots : à Jérusalem sont sous-entendus dans le texte. 


LES ACTES DES APÔTRES 397 


baptème de Jean, » répliquèrent-ils. Mais Paul: «Jean ἃ baptisé; 
c'était un baptême de repentance !, et il disait au peuple de croire 
en celui qui devait venir après lui, c'est-à-dire en Jésus.» Appre- 
nant cela, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus; Paul 
leur imposa les mains, et l'Esprit saint descendit sur eux; ils se 
mirent à parler en langues étrangères et à prophétiser. Ils étaient 
douze en tout environ. 


Paul se rendit à la synagogue, et il y prêcha en toute franchise 
sur le Royaume de Dieu. Pendant trois mois il s’efforça, par ses 
discours, de convaincre les Juifs. Mais quelques-uns restèrent 
endurcis, incrédules, et se mirent à décrier l’enseignement de Paul 
devant la foule; alors il se sépara d’eux, et tous les jours il réunit 
à part ses disciples dans un endroit qu'on appelait: «École de 
Tyrannus ». Cela dura deux ans, de sorte que tous les habitants de 
l'Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur. 


Dieu faisait par les mains de Paul des miracles extraordinaires; 
au point qu'on mettait sur les malades le linge ou les vêtements 
qu’il avait portés, et ils étaient guéris de leurs maladies et délivrés 
des mauvais Esprits. 

Alors quelques exorcistes juifs ambulants essayèrent d’invoquer 
le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui étaient au pouvoir des 
mauvais Esprits. Ils disaient : «Je vous adjure par ce Jésus que 
prêche Paul.» (C’étaient les sept fils d’un archiprêtre juif, Skevas, 
qui faisaient cela.) Mais le mauvais Esprit leur répondit : «Je 
connais Jésus, et je sais qui est Paul; et vous, qui êtes-vous?» 
Et puis, sautant sur eux, l’homme qui était possédé du mauvais 
Esprit en terrassa deux et eut si bien le dessus qu'ils durent 
s'enfuir de la maison sans vêtements et tout blessés. 

Le fait fut connu de tous les Juifs et de tous les Grecs qui 
habitaient Éphèse, et tous furent frappés de stupeur; on magnifiait 
le nom du Seigneur Jésus. Plusieurs de ceux qui étaient devenus 
croyants venaient confesser et reconnaitre leurs pratiques. Ceux 


1 Ou: de conversion. 


Δ 


1 


15 


47 


19 


? 


19, 20 


27 


398 LE NOUVEAU TESTAMENT 


qui s'étaient livrés à la magie vinrent en foule, apportèrent leurs 
livres et les brülèrent publiquement. On en estima la valeur; elle 
se trouva être de cinquante mille pièces d'argent. | 

C'était ainsi que la parole du Seigneur gagnait en force et en 
autorité. 


Après ces événements, Paul forma le projet de se rendre à Jéru- 
salem en traversant la Macédoine et l’Achaïe. — «Quand j'aurai 
fait cela, disait-il, il faudra aussi que je voie Rome.» Puis 1] 
envoya en Macédoine deux de ses aides, Timothée et Éraste, mais 
lui-même resta encore quelque temps en Asie. 


Ce fut vers cette époque que la diffusion de l'Évangile fut l'oc- 
casion de troubles assez sérieux. Un orfèvre, du nom de Démé- 
trius, fabriquait des réductions en argent du Temple d’Artémis 1. 
Ses ouvriers trouvaient à ce travail un profit considérable. Il les 
réunit un jour, avec tous les ouvriers du même état, et leur dit : 


«Ephésiens ?, 


«Vous savez que cette industrie fait notre fortune, et vous voyez 
et entendez dire que non seulement à Éphèse, mais dans presque 
toute l’Asie, ce Paul a gagné et entrainé une foule de gens, en 
disant que les dieux faits de main d’homme ne sont pas de vrais 
dieux. Ce ne sont pas seulement nos intérêts qui vont être en 
souffrance, c’est le Temple même de notre grande déesse Artémis 
qui ne compte plus pour rien, et bientôt il ne sera plus question de 
la majesté de celle que toute l’Asie, que le monde entier adore. » 

Ces paroles les rendirent furieux et ils se mirent à crier: « Vive 
la grande Artémis d'Éphèse! » 

L’agitation gagna la ville entière. 

Toute la foule se porta au théâtre en y entraînant Caïus et 
Aristarque, les Macédoniens qui accompagnaient Paul. Lui-mème 

1 Artémis, nom grec de la déesse Diane. 


2? Le mot que nous rendons par Éphésiens où habitants d'Ephèse (ou ch. 14, 
verset 45, par Lycuoniens) signifie proprement hommes. 


LES ACTES DES APÔTRES 399 


voulait se montrer au peuple, mais les disciples le retinrent. Il y 
eut même des Asiarques ! de ses amis qui le firent prier de ne pas 
se présenter au théâtre. Chacun criait de son côté; aussi l’assem- 
biée était-elle très confuse et le plus grand nombre ne savait pas 
même pourquoi on s'était réuni. 

Enfin, on fit sortir de la foule un certain Alexandre que les 
Juifs voulaient mettre en avant. Cet Alexandre, ayant fait signe 
de la main, se préparait à prendre devant le peuple la défense 
des siens. Mais la foule s’aperçut qu'il était juif, et alors elle se 
mit à crier d’une seule voix pendant près de deux heures : « Vive 
la grande Artémis d'Éphèse ! » 

Le chancelier de la ville parvint enfin à l’apaiser, et prononça ces 
paroles : | 


« Habitants d'Éphèse ?, 


«Quel homme au monde ignore que votre ville d’Éphèse ne soit 
la gardienne du Temple de la grande Artémis et de sa statue tombée 
du ciel? Cela est incontestable; il faut donc que vous restiez 
calmes et ne fassiez rien avec précipitation. Vous avez amené là 
ces hommes, mais ils ne sont coupables ni de sacrilège ni de blas- 
phème envers votre déesse. Si Démétrius et ses ouvriers ont à se 
plaindre de quelqu'un, il y ἃ des tribunaux, il y a des proconsuls, 
qu'on se fasse assigner! S'il s’agit d’autres choses, on peut les 
examiner dans une assemblée légalement convoquée. Autrement 
nous risquons d'être accusés de sédition pour ce qui s’est passé 
aujourd'hui, car nous n’avons aucune bonne raison à donner pour 
expliquer notre rassemblement. » 

Làa-dessus, il congédia l’assemblée. 

Quand la tranquillité fut rétablie, Paul convoqua les disciples, 
leur fit ses adieux et partit pour la Macédoine. 


1 Les Asiarques étaient à la fois prêtres et magistrats; élus par leurs conci- 
toyens, ils étaient chargés d'importantes fonctions dans les grandes villes de la 
province d'Asie, 

3 Voir note sur le verset 25, 


31; 19 


99 


96 
37 


38 


39 
40 


4 
1, 20 


20, 2 


400 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Il parcourut cette province et, après avoir longuement exhorté 
les fidèles, il passa en Grèce et s’y arrêta trois mois. Les Juifs 
lui tendirent un guet-apens au moment où 1] allait s’embarquer 
pour la Syrie; il se décida alors à retourner par la Macédoine, et 
il fut accompagné jusqu’en Asie par Sopater, fils de Pyrrhus de 
Bérée, par les Thessaloniciens Aristarque et Secundus, par Caïus 
de Derbé et Timothée et par les Asiates ! Tychique et Trophime. 

Ces frères prirent les devants et nous attendirent à Troas. 

Nous-mêmes nous partimes de Philippes après les fêtes de 
Pâques et, après une traversée de cinq jours, nous les rejoignimes 
à Troas, où nous passâmes sept jours. 


Le premier jour de la semaine, comme nous étions réunis pour 
rompre ensemble le pain, Paul, qui voulait partir le lendemain, 
s’entretint avec l’assemblée et prolongea son discours jusqu’à près 
de minuit. Il y avait plusieurs lampes dans la chambre haute où 
nous étions réunis. Un jeune homme, nommé Eutychus, assis sur 
le bord de la fenêtre, s’endormit profondément pendant le long 
discours de Paul, et, emporté par le sommeil, il se laissa tomber 
du haut du troisième étage en bas. Quand on le releva, il était 
mort. Mais Paul descendit, se pencha sur lui, le prit dans ses bras : 
«N'ayez aucune inquiétude, dit-il, son âme est encore en lui.» 
Ensuite il remonta, il rompit le pain et il mangea, puis il reprit 
longuement la parole jusqu’au point du jour, où il partit. Quant 
au jeune garçon, on le ramena plein de vie; ce fut pour tous une 
immense Joie. 


Quant à nous, nous avions pris les devants; nous nous étions 
embarqués pour Assos, où nous devions reprendre Paul; c’est lui 
qui l'avait ainsi décidé; il préférait faire la route à pied. Quand il 
nous eut rejoints à Assos, nous le primes à notre bord, et nous nous 
rendîmes à Mitylène. Partis de là, toujours par mer, nous passions 
le lendemain en vue de Chios, le surlendemain nous touchions à 


1 L’Asiale était l’homme né en Asie; il ne faut pas le confondre avec 
l’'Asiarque (19, 31), qui était un magistrat de la province d'Asie. 


LES ACTES DES APÔTRES 401 


Samos, et enfin, le jour suivant, nous abordions à Milet. Car Paul 
avait résolu de dépasser Éphèse sans s’y arrêter, afin de ne pas 
perdre de temps en Asie. Il se hâtait pour être à Jérusalem, si 
possible, le jour de la Pentecôte. 


Cependant, de Milet il envoya à Éphèse et fit appeler les Anciens 
de l'Église ; quand ils furent réunis auprès de lui, il leur dit : 

« Vous savez, depuis le premier jour de mon arrivée en Asie, 
ce que j'ai sans cesse été pour vous; vous m'avez vu servir le 
Seigneur avec une grande humilité, dans les larmes, et au milieu 
des épreuves qui me venaient des Juifs et de leurs emhüches; 
vous savez que je ne vous ai rien caché de ce qui pouvait vous être 
utile, que je vous ai prêché, que je vous ai instruits en public et 
en particulier, conjurant Juifs et Grecs de se convertir à Dieu et 
de croire en notre Seigneur Jésus !, » 

«Et maintenant voilà que, lié par l'Esprit, je vais à Jérusalem ; 
je ne sais ce qui m'y arrivera; je sais seulement que, de ville en 
ville, l'Esprit saint m'avertit et me déclare que des chaînes et des 
tribulations m'y attendent. Mais peu m'importe; je fais volontiers 

le sacrifice de ma vie, pourvu que j’achève ma course, que je 
_ termine le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus: rendre 
témoignage à l'Évangile de la grâce de Dieu. » 

«Ὁ vous tous, au milieu de qui j'ai vécu, annonçant le Royaume, 
Je sais que vous ne verrez plus mon visage. Je proteste donc au- 
jourd’hui que je suis innocent de la perte de ceux qui périront. 
Car je n’ai rien négligé pour vous faire connaître tout le conseil 
de Dieu.» 

« Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau, au sein duquel 
l'Esprit saint vous a placés comme Surveillants?; paissez l'Église 
de Dieu ὁ qu’il a acquise par son sang. Je sais qu'après mon départ 
des loups rapaces se glisseront parmi vous et n’épargneront pas le 


1 Quelques très anciens manuscrits lisent : notre Seigneur Jésus-Christ, 

5 Surveillants. Voir note sur 1 Tim. 3, 1. 

3 Quatre anciens manuscrits lisent : l'Église du Seigneur ; mais les deux plus 
anciens et tous les autres lisent : l’Église de Dieu. 


26 


16, 20 


17 
18 


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29 


21, 


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38 


CS 


4 


σι 


402 LE NOUVEAU TESTAMENT 


troupeau. Du milieu de vous se lèveront des hommes prononçant 
des discours pervers pour entraîner les disciples à leur suite. Veillez 
donc, vous souvenant que pendant trois années, nuit et jour, je 
n'ai cessé d’exhorter chacun avec larmes. » 

«Et maintenant je vous recommande à Dieu! et à la parole de 
sa grâce, à lui qui peut vous édifier et vous assurer un héritage 
parmi {ous ceux qui lui sont consacrés. » 

«Je n’ai désiré ni l'argent, ni l'or, ni le vêtement de personne. 
Vous savez que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux de 
mes compagnons. Je vous ai toujours montré comment il faut, par 
le travail, avoir encore de quoi secourir les indigents, et se souvenir 
des paroles du Seigneur Jésus quand il ἃ dit: «Il y a plus de 
bonheur à donner qu'à recevoir. » 

Il paria ainsi, puis il se mit à genoux, et 1] pria avec eux tous. 
On n’entendait qu’un long sanglot. Ils se jetaient à son cou et 
l’embrassaient. 

C'était la parole de Paul : « Vous ne verrez plus mon visage», 
qui les avait le plus aflligés. 

Ils le conduisirent au bateau. 


Nous étant enfin séparés, nous reprimes la mer et marchant, 
vent arrière, nous arrivions bientôt à Cos; le lendemain nous étions 
ἃ Rhodes, le troisième jour à Patare. Là nous trouvions un navire 
qui faisait voile pour la Phénicie et qui nous prit à son bord. 
Bientôt l’île de Chypre était en vue, mais, la laissant sur notre 
gauche, nous marchions sur la Syrie et nous arrivions à Fyr. 
C'était là que le navire devait laisser son chargement. 

Nous allâmes voir les disciples et restèmes sept jours avec eux. 
Dirigés par l'Esprit, ils disaient à Paul de ne pas monter à Jéru- 
salem; mais, notre séjour achevé, nous nous mimes en route pour 
le départ. Tous, avec leurs femmes et leurs enfants, nous condui- 
sirent hors de la ville; et là, agenouillés sur le sable du rivage, 
nous priâmes ensemble et nous nous dîimes adieu. 


1 Un des plus anciens manuscrits et d'anciennes autorités lisent : au Seigneurs 


LES ACTES DES APÔTRES 403 


Nous montämes ensuite à bord et les frères retournèrent chez eux. 

Notre traversée se termina par le trajet de Tyr à Ptolémaïde; 
nous allâmes y saluer les frères et restâmes un jour avec eux; le 
lendemain nous partions pour Césarée. 


À notre arrivée, nous nous rendimes chez l’évangéliste Philippe, 
qui était l’un des sept diacres. C’est chez lui que nous demeurèmes. 
Il avait quatre filles non mariées, qui étaient prophétesses. 

Nous y étions depuis plusieurs jours lorsque arriva de Judée un 
prophète du nom d’Agabus. Il vint à nous, prit la ceinture de Paul 
et, s'attachant les pieds et les mains, 1] dit : « Voici ce que déclare 
l'Esprit sant : L'homme à qui appartient cette ceinture sera ainsi 
lié à Jérusalem par les Juifs et livré par eux aux mains des païens,. » 

A ces paroles les gens de l'endroit et nous, suppliâmes Paul de 
ne pas monter à Jérusalem. Mais il nous répondit : «Que faites- 
vous là 1 à pleurer? et à me fendre le cœur? Je suis prêt, quant 
ἃ moi, non seulement à me laisser enchaïîner, mais à mourir à 
Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus.» Comme nous ne 
pouvions le persuader, nous n'insistèmes pas davantage et nous 

dimes : «Que la volonté du Seigneur se fasse ! » 
. Ces quelques jours passés, nous fimes nos préparatifs de départ, 
et nous montâmes à Jérusalem. 

Quelques-uns des disciples de Césarée nous y accompagnèrent 
et nous conduisirent chez un ancien disciple, un Chypriote, nommé 
Mnason, qui devait nous donner l'hospitalité. 


Les frères, à notre arrivée à Jérusalem, nous firent un fort bon 
accueil. 

Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques; tous 
les Anciens s’y étaient rassemblés. On se donna le salut de paix, et 
Paul raconta en détail ce que Dieu avait fait dans le monde païen 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : Que faites-vous là, dit-il, à etc, 
3 Plus exactement : à sangloter. 


G Pr À 


10 


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21, 90 


21 


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19 
ΠΝ 


29 


404 LE NOUVEAU TESTAMENT 


par son ministère. Les Anciens, l’entendant, rendaient gloire à 
Dieu. 

Cependant ils lui dirent: «Tu vois, frere, que les Juifs devenus 
croyants ! se comptent par milliers, et tous sont d’ardents zélateurs 
de la Loi. Or, on leur a raconté que tu prêches l’apostasie de la 
Loi de Moïse à tous les Juifs disséminés parmi les païens, les dé- 
tournant de circoncire leurs enfants et de marcher selon les rites 
d'Israël, Qu'y a-t-il donc à faire? Il est de toute évidence qu'une 
foule énorme se rassemblera, car on apprendra ton arrivée ?. Fais 
ce que nous allons te dire: Nous avons ici quatre hommes qui ont 
contracté un vœu. Prends-les, purifie-toi avec eux, supporte les 
frais pour qu'ils puissent se faire raser la tête; chacun saura alors 
que ce qu’on ἃ raconté de toi n’est rien et que toi aussi tu pratiques 
la Loi et l’observes. » 

«Quant aux païens devenus croyants, nous avons décidé (et nous 
le leur avons fait dire) qu’ils devaient s'abstenir des viandes offertes 
en sacrifice aux dieux, du sang, des animaux morts par suffoca- 
tion, et de la fornication . » 

Paul alors se mit en la compagnie de ces hommes et dès le 
lendemain il se purifia avec eux, puis il entra dans le Temple pour 
indiquer d’avance le jour où les rites de purification seraient 
achevés et où chacun d’eux ferait offrir le sacrifice. 

Les sept jours allaient expirer, quand les Juifs d'Asie l’aperçu- 
rent dans le Temple, ameutèrent toute la foule et mirent la main 
sur lui: «Au secours ! enfants d'Israël! crièrent-ils, le voilà, l’homme 
qui déclame partout, devant tout le monde, contre le peuple, 
contre la Loi, contre ce saint Lieu! Il vient de plus d'introduire 
des païens dans le Temple; c’est un profanateur du sanctuaire ! » 
— On avait vu, en effet, Trophime d’Éphèse dans la ville avec lui, 
et on croyait que Paul l'avait introduit dans le Temple. — 


1 Un des plus anciens manuscrits lit : Tu vois, frère, que ceux qui sont 
levenus croyants... etc. 

2 Deux très anciens manuscrits et plusieurs anciennes autorités omettent ces 
mots : Une foule énorme se rassemblera, car. et lisent: Qu'y a-t-il donc ἃ 
faire? IL est de toute évidence qu'on upprendra ton arrivée. 

3 C'est-à-dire des mariages mixtes entre paiïens et chrétiens. 


LES ACTES DES APÔTRES 405 
Toute la ville fut bientôt en émoi; le peuple accourut de tous 
côtés, on s’empara de Paul, on l’entraîna hors du Temple, dont 
les portes furent immédiatement fermées, et on se mettait en 
devoir de le tuer, lorsque le tribun de la cohorte fut informé que 
Jérusalem tout entière était en émeute. 

Il prit immédiatement quelques soldats et centurions et descen- 
dit? en courant vers les Juifs, qui, voyant le tribun et les soldats, 
cessèrent de frapper Paul. Le tribun s’approcha, le fit saisir, donna 
ordre de le lier de deux chaînes et demanda qui il était et ce qu'il 
faisait. Mais les bruits les plus divers se croisaient dans la foule et 
le tumulte l'empêchant de rien savoir de positif, il donna ordre de 
mener Paul à la Forteresse ?. 

Quand ils furent sur l'escalier, la presse était telle que les 
soldats furent obligés de le porter. Une foule énorme le suivait en 
criant : «A mort!» 

Au moment d'entrer dans la Forteresse, Paul dit au tribun: 
«M'est-il permis de te parler?» — «Tu sais le grec? lui répondit, 
tu n'es donc pas le Juif d'Égypte qui a dernièrement soulevé et 
entraîné avec lui au désert quatre mille sicaires?» Paul repartit : 
«Je suis un Juif de Tarse, je suis citoyen d’une ville importante 
de Cilicie, permets-moi, je te prie, de parler au peuple.» 

Le tribun le lui permit. 

Paul alors, debout sur ies marches de l'escalier *, fit signe au 
peuple de la main. Un grand silence s’établit et il prononça en 
langue hébraïque les paroles suivantes : 


«Mes frères et mes pères, 


«Ecoutez ce que j'ai maintenant à vous dire pour me justifier » 


— (quand on l’entendit parler en hébreu, on redoubla d’atten- 


ion) — il continua : «Je suis un Juif, né à Tarse, en Cilicie, mais 


1 «IL descendit» l'escalier qui conduisait directement de la Tour Antonia dans 
le parvis des Gentils ou cour des païens, la grande cour du Temple. Ce fut sur 
les marches de cet escalier que Paul se tint pour parler au peuple (verset 40). 

? La Forteresse ou la Tour Antonia, où siégeait la garnison romaine de Jéru- 
salem. 

3 Voir note sur le verset 32. 


30, 21 


99 


94 


40 


1, 22 


PR, τ 


406 LE NOUVEAU TESTAMENT 


j'ai été élevé dans cette ville-ci, j'ai fait mes études aux pieds de 
Gamaliel, dans toute la rigueur de la Loi de nos pères!; j'ai été 
plein de zèle pour la cause de Dieu, comme vous l’êtes tous 
aujourd’hui. Cette secte, je lai persécutée à mort; jai chargé de 
chaines, j'ai jeté en prison hommes et femmes, comme peuvent 
l’attester le grand-prêtre et le Sanhédrin tout entier. Car c’est d'eux 
que j'ai reçu des lettres pour nos frères de Damas, et j'y allai pour 
amener prisonniers à Jérusalem ceux que j'y trouverais et les faire 
punir. J'étais en chemin et j’approchais de Damas, quand tout à 
coup, vers midi, une vive lumière venue du ciel brilla autour de 
moi, je tombai par terre et j'entendis une voix qui me disait : 
«Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? » — Je répondis : «Qui 
es-tu, Seigneur?» — La voix me dit : «Je suis Jésus de Nazareth 
que tu persécutes. » — Ceux qui étaient avec moi avaient vu la 
lumière, mais n’avaient pas entendu la voix de celui qui me par- 
lait. Je dis alors : «Que dois-je faire, Seigneur?» et le Seigneur me 
répondit : «Relève-toi, rends-toi à Damas, et là on te dira tout ce 
que tu as l’ordre de faire. » — Gomme je n’y voyais pas (la lumière 
m'avait ébloui), mes compagnons me prirent par la main et me 
menèrent à Damas. Un certain Hananias, homme pieux et fidèle à 
la Loi, estimé de tous les résidents juifs, vint se présenter à moi 
et medit: «Saul, mon frère, regarde », — et immédiatement je le 
vis. Puis il me dit: «Le Dieu de nos pères t’a prédestiné à con- 
naître sa volonté, à voir le Juste et à entendre les paroles de sa 
bouche; car tu seras son témoin auprès de tous les hommes, témoin 
de ce que tu as vu et entendu. Et maintenant pourquoi tarderais-tu? 
Lève-toi, reçois le baptême et purifie-toi de tes péchés en invo- 
quant son nom.» De retour à Jérusalem, comme j'étais en prière 
au Temple, je tombai en extase, et je le vis qui me disait : « Hâte- 
toi de partir, sors au plus vite de Jérusalem, car ils n’accepteront 
pas le témoignage que tu me rends.» Et je lui dis : «Seigneur, il 
savent eux-mêmes que j'ai fait emprisonner et flageller dans les 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: J'ai été élevé dans cette 
ville-ci aux pieds de Gamaliel; j'ai fait mes études dans toute la rigueur de 
la loi de nos pères. 


LES ACTES DES APÔTRES 407 
OM GE - τοῦς τσ δὰν 
synagogues ceux qui croient en toi, et quand ils ont versé le sang 
d'Étienne, ton témoin, j'étais là, présent, j’applaudissais, je gar- 
dais les vêtements des bourreaux» ; et il me dit: « Va, car je t’en- 
verrai au loin vers les païens....., » 

On l'avait écouté jusque-là, mais, à ce mot, les clameurs recom- 
mencèrent: «À mort, cet homme! il ne faut pas lui laisser Ja vie!» 
Ils vociféraient, ôtaient leurs vêtements, faisaient voler la pous- 
sière. 

Le tribun commanda alors de le faire entrer dans la Forte- 
resse et de le mettre à la question pour savoir la vraie cause de 
tous ces cris contre lui. Comme on l'avait déjà attaché au poteau 
pour recevoir les coups de lanières, Paul dit au centurion qui 
commandait: «Vous est-il permis de flageller un citoyen romain 
qui n'est pas même condamné? » 

À ces paroles, le centurion alla en référer au tribun: « Que 
vas-tu faire? lui dit-il, cet homme est citoyen romain. » 

Le tribun vint à Paul et lui dit: «Réponds-moi, es-tu citoyen 
romain?» — «Oui», lui dit Paul. Le tribun repartit: «Moi, j'ai 
dépensé une somme considérable pour avoir ce titre.» — «Et 
moi, lui répliqua Paul, je l’ai par ma naissance.» Les exécuteurs 
s'écartèrent immédiatement, et le tribun commença à avoir peur, 
voyant qu'il avait fait mettre aux fers un citoyen romain. 

Le lendemain, voulant savoir positivement quels griefs articu- 
laient les Juifs, il lui fit ôter les fers et donna ordre de convoquer le 
haut sacerdoce et le Sanhédrin en entier; puis il amena Paul et le 
fit comparaître devant eux. Paul, regardant en face le Sanhé- 
drin, dit: 


«Frères, - 
«C'est en toute bonne conscience que je me suis conduit devant 
Dieu jusqu’à aujourd’hui... » 
Le grand-prêtre Hananias ordonna alors aux assistants de souffle- 
ter Paul sur la bouche. «Dieu te frappera à ton tour, muraille 


1 Otaient leurs vêtements pour le lapider. 


90, 22 


29 


90 


1, 23 


23, 


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14 


408 LE NOUVEAU TESTAMENT 


blanchie!» répondit Paul en se tournant vers lui, «tu sièges pour 


me juger selon la Loi, et c’est au mépris de la Loi que tu ordonnes 


de me frapper!» — «Quoi! tu injuries le grand-prêtre de Dieu ! » 
dirent les assistants. Mais Paul: «Je ne savais pas, frères, que ce 
füt le grand-prêtre, car 11 est écrit: «Tu n'insulteras pas le chef 
de ton peuple. 1» 

Paul, sachant que l'assemblée était composée en partie de 
Sadducéens, en partie de Pharisiens, s’écria en plem Sanhédrin : 
«Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens, c’est pour mon 
espérance, c’est pour la résurrection des morts qu'on me met en 
jugement ! » 

Ces paroles provoquèrent une scission entre les Pharisiens et 
les Sadducéens et l’assemblée se divisa. En effet, les Sadducéens 
nient la résurrection, l'existence des anges et des Esprits; les Pha- 
risiens admettent tout cela. Il s’ensuivit une discussion tumultueuse ; 
certains Scribes du parti pharisien se levèrent, prirent la défense 
de Paul et dirent: «Nous ne trouvons rien à reprocher à cet 
homme... Si un Esprit lui ἃ parlé! un ange, peut-être ? !».… 

La dispute s’envenimait, et le tribun craignait que Paul ne fût 
mis en pièces; il donna ordre à une escouade de soldats de 
descendre dans la salle, d’arracher Paul de leurs mains et de le 
reconduire à la Forteresse. 

La nuit suivante, le Seigneur lui apparut et lui dit: «Courage ! 
comme tu as été mon témoin à Jérusalem, 1] faut aussi que tu sois 
mon témoin à Rome!» 


Le lendemain matin, les Juifs formèrent entre eux un complot 
et s’obligèrent par vœu à ne manger ni boire tant qu'ils n'auraient 
pas tué Paul. Ils étaient plus de quarante à avoir fait cette conju- 
ration. 

Is allèrent trouver les chefs des prêtres et les Anciens et leur 
dirent: «Nous nous sommes obligés par vœu, sous les plus 


1 Exode 22, 28. Cette citation forme dans le texte grec un vers iambique. 
? On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Qui sait si un Esprit ou 
un ange ne lui a point parlé? 


4 
Ὶ 


LES ACTES DES APÔTRES 409 


terribles anathèmes, à ne rien manger que nous n'ayons tué Paul. 
Jntervenez donc, avec le Sanhédrin, auprès du tribun pour obtenir 
une nouvelle comparution, comme si vous vouliez étudier plus à 
fond son affaire. Quant à nous, nous sommes prêts; nous le tuerons 
dans le trajet. » 

Mais le fils de la sœur de Paul entendit parler de ce guet-apens, 
se rendit à la Forteresse, y entra et révéla tout à Paul. Celui-ci fit 
alors appeler un des centurions : « Mène ce jeune homme au tribun, 
Jui dit-il, il a quelque chose à lui communiquer. » 

Le centurion l’emmena donc chez le tribun et lui dit: «Le 
prisonnier Paul m'a fait appeler et m'a prié de t’amener ce jeune 
homme, qui ἃ quelque chose à te dire, » 

Le tribun prit le jeune homme par la main, le conduisit à 
l'écart et lui demanda : «Qu’'as-tu à me communiquer?» — « Les 
Juifs, répondit-il, sont convenus de te prier de faire comparaître 
Paul demain devant le Sanhédrin, comme s'ils voulaient étudier 
plus à fond son affaire. Garde-toi de le faire ; c’est un guet-apens; 
ils sont plus de quarante qui se sont obligés par vœu à ne manger 
ni boire avant de l’avoir tué. Ils sont tout prêts ; ils n'attendent 
que ton consentement.» Le tribun renvoya le jeune homme en 
lui défendant de parler à personne de ce qu'il venait de lui 
apprendre. 

Puis il fit appeler deux centurions : «Tenez prêts, leur dit-il, à 
partir de la troisième heure de la nuit!, deux cents soldats, 
soixante-dix cavaliers et deux cents hommes du train? pour 
aller jusqu'à Césarée, » 


1 Neuf heures du soir, 

3 Hommes du train. Le mot grec est dexiolabe, c’est-à-dire : celui qui tient 
dans la main droite. Ce mot ne se trouve chez aucun auteur grec et est inconnu 
de toute l'antiquité classique. On en est réduit, pour le traduire, à des conjec- 
tures. On ἃ essayé de le rendre par archer, frondeur ou lancier, parce que ces 
soldats tenaient leur arme dans la main droite, mais la langue grecque avait des 
mots pour désigner ces différents corps de troupes, et Luc, qui savait fort bien le 
grec, ne les ignorait certainement pas. D’ailleurs la garnison à cheval de la 
forteresse Antonia se composait, dit Luc lui-même, de soixante-dix cava- 
liers, sans indiquer de quelle arme, et tous accompagnaient Paul. Une seule 
conjecture est plausible. Lysias, trouvant ce chiffre de soixante-dix cavaliers trop 


15, 23 


16 


19 
20 


21 


t2 
re) 


23, 2% 
95 


24, 1 


410 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Il commanda aussi de se pourvoir de montures pour Paul, afin 
de le mener sain et sauf au procurateur Félix. En même temps 
il écrivit à celui-ci une lettre, dont voici la teneur : 


« CLAUDIUS LYSrAS À SON EXCELLENCE LE PROCURATEUR FÉLIX. 


SALUT. 


«Cet homme a été arrété par les Juifs, et ils allaient le tuer, 
quand j'arrivai avec la troupe et le leur enlevai ; j'avais appris 
qu'il était citoyen romain. Voulant connaître le motif de leurs accu- 
sations, je le conduisis au Sanhédrin ; voici ce que je trouvai: des 
poursuites sur des questions relatives à leur Loi et aucun grief qui 
méritdt la mort ou la prison. Mais on m'a dénoncé un complot contre 
cet homme; je te l'ai donc envoyé sans retard et j'ai prévenu 
les accusateurs qu'ils eussent aussi à prendre la parole contre lui ? 
devant 101.» 

Les soldats exécutèrent ces ordres; ils prirent Paul et le condui- 
sirent de nuit jusqu'à Antipatris. Le lendemain, ils laissèrent les 
cavaliers continuer le chemin avec lui et rentrèrent à la Forteresse. 

Ceux-là, arrivés à Césarée, remirent la lettre au procurateur et 
lui présentèrent Paul. Il la lut et s’informa de quel pays il était. 
Apprenant qu'il était de Cilicie : «Je t’entendrai, dit-il, quand tes 
accusateurs seront arrivés. » Puis il ordonna de le garder dans le 
prétoire d’'Hérode. 


Cinq jours après arriva le grand-prêtre Hananias, accompagné de 
quelques Anciens et d’un avocat, un certain Tertullus ; 115 vinrent 
dénoncer Paul au procurateur. On le fit appeler, et Tertullus com- 
mença son accusation en ces termes : 


faible, leur adjoignit deux cents hommes du train des équipages, les seuls qu’il 
eut à sa disposition, et Luc les appelle dexiolabes parce que d’ordinaire les sol- 
dats du train tenaient par la main droite un cheval de rechange non monté. Ils 
wétaient dans l’escorte de Paul que pour faire nombre et tenir en respect les 
Juifs qui auraient été tentés de faire un coup de main. 

1 Quelques anciens manuscrits omettent sans retwrd, ajoutent formé par euæ 
et lisent: mais on m'a dénoncé un complot formé par eux contre cet homme, 
je te l'ai donc envoyé, etc. 


9 


2 Quelques anciens manuscrits omettent contre lui. 


LES ACTES DES APÔTRES 411 


«Excellent Félix, 


« Nous jouissons d’une paix profonde, grâce à toi, grâce aussi 
aux réformes faites au sein de ce peuple, et dues à ta sollicitude 
en tout et partout; nous en éprouvons une bien vive reconnais- 
sance!. Mais je ne veux pas te retenir trop longtemps; je te prie 
seulement de nous écouter un instant avec ta bonté habituelle. Get 
homme est une peste; il excite des séditions parmi les Juifs dans 
le monde entier; il est chef de l’hérésie des Nazaréens; nous 
l'avons trouvé essayant de profaner le Temple; alors nous l'avons 
arrêté?. Tu peux, en l'interrogeant sur ces faits, apprendre de sa 
bouche tout ce dont nous l’accusons. » 

Les Juifs s’associèrent à ces paroles et déclarèrent qu'elles 
étaient exactes. 

Sur un signe du procurateur, Paul prit ensuite la parole : 

«Voilà plusieurs années que tu administres ce peuple, Je le 
sais; aussi est-ce avec une grande confiance que je viens me 
défendre moi-même. Tu peux constater: — qu'il n’y ἃ pas plus 
de douze jours que je suis arrivé à Jérusalem pour y adorer*; — 
que personne ne m'a vu discuter avec quelqu'un dans le Temple ; 
— que je n’y ai point fait d'attroupement; — pas davantage dans 
les synagogues ou dans la ville; — et qu'ils ne peuvent pas prouver 
ce dont ils m’accusent maintenant *.» 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : dues à ta sollicitude; 
nous en éprouvons. en tout et partout, une bien vive reconnaissance. 

2 La phrase qui forme le verset 7 dans les traductions ordinaires du Nouveau 
Testament manque dans tous les bons manuscrits. Elle est ainsi conçue: Nous 
avons voulu le juger sekon notre Loi: mais le tribun Lysias, étant survenu, 
l’a arraché de nos mains avec une grande violence, en ordonnant à ses accusa- 
teurs de venir devant toi. 

3 C'est-à-dire: pour y remplir mes devoirs religieux. Gette expression: 
adorer, ou plus exactement se prosterner, impliquait l’accomplissement de tous 
les devoirs qu’un Juif fidèle devait remplir au Temple de Jérusalem. 

4 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Tu peux constater qu'il 
n'y a pas plus de douze jours que je suis arrivé à Jérusalem pour y adorer. 
Personne ne m'a vu discuter avec quelqu'un dans le Temple, je n'y αἱ point fait 
. d’attroupement, pas davantage dans les synagogues ou dans la ville, etils ne 
peuvent pas prouver ce dont ils m'accusent maintenant. 


3, 24 


10 


13 


24, 14 


20 


Ν 


" 


412 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Mais voici ce que je t’avoue : Ii y ἃ une doctrine qu’ils appellent 
une hérésie, et c’est en la suivant: — que j'adore le Dieu de mes 
pères; — que je crois à tout ce qui est écrit dans «la Loi et 
les Prophètes 1»; — que j'ai en Dieu l'espérance (et eux aussi 
ils la partagent) qu'il y aura une résurrection des justes et des 
injustes. Voilà pourquoi je m'efforce moi-même d’avoir en tout temps 
une conscience irréprochable devant Dieu et devant les hommes. » 

«Après une absence de plusieurs années, 16 suis venu faire à 
mon peuple des aumônes, lui porter des offrandes. C'est alors 
que certains Juifs d’Asie m'ont trouvé dans le Temple, occupé à 
des purifications, sans le moindre attroupement, sans le moindre 
bruit. Ils auraient dù se présenter devant toi et m'accuser, s'ils 
avaient un reproche à me faire; ou bien, que ceux 1ci présents 
disent de quel méfait ils m'ont trouvé coupable quand j'ai com- 
paru devant le Sanhédrin. Serait-ce de leur avoir dit ces mots, 
les seuls que je leur ai adressés : C’est la question de la résurrec- 
tion des morts qui me fait juger aujourd'hui par vous?» 

Félix, qui savait assez exactement de quelle doctrine 1] s'agissait, 
ajourna la cause, en disant: «Quand Lysias, le tribun, sera ici, 
j'étudierai votre affaire.» En attendant, il ordonna au centurion 
de garder Paul, mais de le traiter avec douceur et de n'empêcher 
aucun des siens de lui rendre des services. 


Quelques jours après, Félix vint avec sa femme Drusille, qui 
était juive. Il fit appeler Paul et l’entendit parler de la foi au Christ 
Jésus ?; et comme il traitait de la justice, de la tempérance, du 
jugement à venir, Félix eut peur : «En voilà assez pour le mo- 
ment, dit-il, je te ferai rappeler à la première occasion. » En outre, 
il espérait que Paul lui donnerait de l'argent, et, dans ce but, il le 
faisait venir assez souvent et s’entretenait avec lui. 


Deux années se passèrent ainsi; Félix eut pour successeur Por- 


1 «La Loi et les Prophètes». Voir note sur Matth, 22, 40, 
2? Quelques manuscrits omettent Jésus. 


LES ACTES DES APÔTRES 413 


cius Festus!, et comme il voulait faire plaisir aux Juifs, il laissa 
Paul en prison. 


Trois jours après son arrivée dans sa province, Festus monta de 
Césarée à Jérusalem. Là, le haut sacerdoce et les autorités juives 
portèrent plainte contre Paul; ils lui demandèrent avec instance 
et comme une faveur (mais dans un but hostile) de le faire reve- 
nir à Jérusalem; 1ls auraient dressé une embuscade pour le tuer 
dans le trajet. Festus répondit que Paul resterait prisonnier à Cé- 
sarée et que lui-même y retournerait bientôt. « Que les plus notables 
d’entre vous, ajouta-t-il, qui voudraient charger cet homme des- 
cendent avec moi et formulent leur accusation. » 

Il ne resta avec eux que peu de jours, huit ou dix, puis retourna 
à Césarée. 


Dès le lendemain, il siégea sur son tribunal et fit comparaître 
Paul. 

A son entrée, les Juifs, descendus de Jérusalem, l’entourèrent, 
en formulant de nombreuses et graves accusations qu'ils ne 
pouvaient prouver ; tandis que Paul se défendait, en déclarant qu'il 
n'avait commis aucune faute ni contre la Loi juive, ni contre le 
Temple, ni contre l'Empereur ?. 

Là-dessus, Festus, qui voulait faire plaisir aux Juifs, dit à Paul : 
« Veux-tu monter à Jérusalem et y être jugé sur tout cela en ma 
présence?» Paul lui répondit: «C’est devant le tribunal de l'Em- 
pereur que je comparais; c’est là que je dois être jugé; je n'ai 
fait aucun tort aux Juifs, et tu le sais fort bien. Si je suis cou- 


1 Nommé procurateur par Néron. 

2 Grec : contre César. Nous avons traduit ce mot littéralement dans les Évan- 
giles (Matth. 22, 17; Marc 12, 14; Luc 20, 22), parce que la parole du Christ : 
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, est trop connue 
sous cette forme pour qu'il soit possible de la modifier. Mais Le César était, 
au temps de Jésus, Tibère et, au temps de saint Paul, Néron; son nom de César 
doit se traduire : l'Empereur, En français, nous réservons le mot César pour 
désigner le premier de tous : Jules César, et n’appliquons jamais ce nom à ses 
successeurs, 


10 


11 


25, 12 


16 


17 


18 


41% LE NOUVEAU TESTAMENT 


pable, si j'ai mérité la mort, je ne demande pas de grâce ; si, au 
contraire, je n’ai rien fait de ce dont ils m’accusent, personne n’a 
le droit de me livrer à eux par complaisance. J’en appelle à l’'Em- 
pereur ! » 

Festus, alors, s’entretint un moment avec ses assesseurs οἱ 
répondit : «Tu en as appelé à l'Empereur, tu iras à l’Empe- 
reur. » 


Quelques jours plus tard, le roi Agrippa et Bérénice vinrent à 
Césarée saluer Festus. Ils y restèrent plusieurs jours et Festus 
exposa au roi l'affaire de Paul. «fl y a ici un homme, lui ditAl, 
que Félix a laissé prisonnier ; pendant mon séjour à Jérusalem, le 
haut sacerdoce et les autorités juives ont porté plainte contre lui et 
m'ont demandé sa condamnation. Je leur ai répondu que la cou- 
tume romaine ne permet pas de livrer un homme par complai- 
sance, sans que l’accusé ait été confronté avec ses accusateurs 
et ait eu toute facilité de se justifier de l'accusation. Ils sont 
alors venus ici et, sans perdre un moment, dès le lendemain, 16 
siégeai sur mon tribunal et je fis comparaître cet homme. Les accu- 
sateurs qui se sont présentés n'ont relevé contre lui aucun des 
crimes que je m'attendais à voir établir; il ne s’est agi entre eux 
que de subtilités relatives à leurs croyances particulières et d’un 
certain Jésus qui est mort et que Paul dit être vivant. Ne sachant 
quel parti prendre dans une discussion de ce genre, j'ai demandé 
à Paul s’il voulait aller à Jérusalem et y être jugé sur tout cela, 
Mais il en ἃ appelé pour que sa cause fût réservée au jugement de 
Sa Majesté; j'ai alors ordonné de le garder en prison jusqu’à ce 
que je l'envoie à l'Empereur. » 

Agrippa dit à Festus: «Je voulais justement entendre cet 
homme.» — «Τὰ l’entendras demain », répondit Festus. 

Le lendemain, en effet, Agrippa et Bérénice vinrent avec une 
suite brillante et se rendirent à la salle d'audience, accompagnés 
des ofliciers de l’armée et des principaux personnages de la ville, 

Sur l’ordre de Festus, Paul fut introduit. 

Festus prit la parole : 


LES ACTES DES APÔTRES 415 


«Roi Agrippa, et vous tous ici présents, 


« Vous voyez cet homme à propos duquel tous les Juifs, en 
masse, et à Jérusalem et ici, sont venus m'importuner; ils me 
crient que je ne dois pas lui laisser la vie. Moi j'ai compris qu'il 
n'avait rien fait qui méritât la mort ; lui-même, d’ailleurs, en ἃ 
appelé à l'Empereur et j'ai décidé de le lui envoyer. Mais je n'ai 
rien de bien positif à écrire à son sujet au Maître; voilà pourquoi 
je l’ai fait paraître devant vous, et surtout devant toi, Roi Agrippa, 
et, après cet interrogatoire, j'aurai quelque chose à écrire. En 
effet, 16 trouve absurde d'envoyer un prisonnier sans Indiquer les 
charges qui pèsent sur lui.» 

— «Je te donne la parole pour ta défense », dit Agrippa à Paul. 


Celui-ci fit alors un geste de la main et se défendit en ces 
termes : 


«Roi Agrippa, 


«Je m'estime heureux d’avoir aujourd’hui à me disculper devant 
toi de tout ce dont m’accusent les Juifs, car tu connais parfaitement 
tous les usages de ce peuple et les questions qui le préoccupent. 
_ Je te prie donc de m'écouter patiemment. » 

«Ce qu'a été dès l’origine ma conduite, pendant ma jeunesse, au 
milieu de mon peuple, à Jérusalem, tous les Juifs le savent ; ils me 
connaissent d’ancienne date, pour avoir appartenu, s'ils veulent 
bien en convenir, à la tendance la plus stricte de notre religion ; je 
veux dire que j'étais Pharisien. Et maintenant me voilà mis en 
cause pour avoir espéré en la promesse faite par Dieu à nos pères 
et que nos douze tribus, priant avec instance, nuit et jour, espèrent 
voir s’accomplir. Et c’est pour cette espérance-là, ὁ Roï, que des 
Juifs m’accusent! Est-ce que vous trouvez incroyable que Dieu 
ressuscite des morts ? » 

«Pour moi, j'avais cru devoir m'opposer de toutes mes forces au 
nom de Jésus de Nazareth; et c'est ce que j'ai fait à Jérusalem. 
J'ai fait jeter en prison un*grand nombre de fidèles, m'y étant fait 
autoriser par les chefs des prêtres, et quand on les mettait à mort, 


27 


1, 26 


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10 


26, 11 


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18 


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C2 


416 LE NOUVEAU TESTAMENT 


J'y Souscrivais entièrement. Il m'arrivait dans toutes les synagogues 
de sévir contre eux et de les forcer à blasphémer. J'étais tellement 
furieux contre eux que je les persécutais jusque dans les villes du 
dehors. Dans ce but, je partis pour Damas avec de pleins pouvoirs et 
une autorisation délivrée par les chefs des prêtres, lorsque, en plein 
jour, sur la route, je vis, ὁ Roi, une lumière venant du ciel, plus 
brillante que le soleil et nous enveloppant de son éclat, mes com- 
pagnons de voyage et moi. Tous nous tombâmes par terre et j'en- 
tendis une voix qui me disait en hébreu : «Saul, Saul, pourquoi 
me persécutes-tu? Il t'est dificile de regimber contre l’aiguillon. » 
Je répondis : « Qui es-tu, Seigneur?» et le Seigneur dit : «Je suis 
Jésus que tu persécutes ; mais relève-toi, tiens-toi debout; voici. 
pourquoi je te suis apparu : pour t'élire serviteur et témoin de ce 
que tu viens de voir! et de ce que tu verras encore; je te proté- 
gerai contre ce peuple et contre les païens auxquels je t'envoie, 
pour leur ouvrir les yeux, pour les convertir des ténèbres à la 
lumière, de la puissance de Satan à Dieu, pour leur obtenir, par la 
foi en moi, le pardon des péchés et une part de l'héritage promis 
à ceux qui lui sont consacrés. » Et alors, Roi Agrippa, je n'ai pas 
voulu désobéir à cette vision céleste; mais à ceux de Damas 
d’abord, ensuite à ceux de Jérusalem, puis à tous les habitants de 
la Judée et aux païens, j'ai prêché de se repentir, de se convertir 
à Dieu?, de faire des œuvres dignes de la repentance. Voilà Ὁ 
pourquoi les Juifs se sont emparés de moi dans le Temple et ont 
essayé de me tuer sur place. Mais, grâce à la protection de Dieu, 
j'ai vécu jusqu'à aujourd’hui, rendant témoignage aux petits et 
aux grands, sans rien dire en dehors de ce que «Moïse et les 
Prophètes » ont prédit devoir arriver; savoir que le Christ de- 
vait souffrir, et qu'étant le premier des ressuscités, il devait 
annoncer la lumière au peuple et aux païens.....» 


1 Un des plus anciens manuscrits lit : de ce que tu viens de me voir. 
2 Ou : de se convertir, de se lourner vers Dieu. 

3 Ou: de la conversion. 

1 «Moïse et les Prophètes» c’est-à-dire La Loi et les Prophètes. Noir note 
sur Matth. 22, 40. 


LES ACTES DES APÔTRES 417 


Paul en était là de sa défense quand Festus dit à haute voix : 
«Tu es fou, Paul; tes longues études t'ont fait perdre l'esprit. » 

Mais Paul: «Je ne suis pas fou, Excellent Festus, ce sont des 
paroles vraies et sensées que je prononce. Le roi connaît ces faits, 
aussi je m'adresse à lui avec confiance, car je suis persuadé qu'il 
n'en ignore aucun; tout cela ne s’est pas fait en cachette. Crois-tu 
aux prophètes, Roi Agrippa? Je sais que tu y crois.» 

Agrippa dit alors à Paul: «Tu vas me persuader bientôt de me 
faire chrétien!» Et Paul: «Dieu veuille que tôt ou tard non 
seulement toi, mais tous ceux qui m'écoutent aujourd'hui en 
viennent à me ressembler... excepté par ces chaînes!» 

Tous se levèrent, le roi, le procurateur, Bérénice, l'assemblée. 
En se retirant, ils s’entretenaient ensemble et se disaient que cet 
homme ne faisait rien qui méritàt la mort ou la prison. «On aurait 
pu relâcher cet homme, dit Agrippa à Festus, s’il n’en avait pas 
appelé à l'Empereur. » 


Lorsqu'il fut décidé que nous partirions pour l'Italie, on remit 
Paul et quelques autres prisonniers à un centurion de la cohorte 
Augusta ?, nommé Julius. 

Montés à bord d’un navire d’Adramyttium qui devait faire 
escale dans les ports de la province d’Asie, nous primes la mer; 
un Macédonien de Thessalonique, Aristarque, était avec nous. 

Le second jour nous arrivions à Sidon, et Julius, qui traitait 
Paul avec beaucoup de douceur, lui permit d’aller visiter ses amis 
et de recevoir leurs soins. 

Partis de là, nous suivimes les côtes de l’île de Chypre, parce 
que les vents étaient contraires, et, après avoir traversé la mer qui 
baigne la Cilicie et la Pamphylie, nous abordâmes à Myrra en 
Lycie. Là le centurion, ayant trouvé un navire alexandrin qui 
faisait voile pour l'Italie, nous fit monter à son bord. 

Après plusieurs jours d’une navigation très lente, nous arrivions 


1 Exclamation ironique. 
? La cohorte Prima Augusta Italica, 


2? 


1, 27 


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PT:DS 


10 


13 


418 LE NOUVEAU TESTAMENT 


à grand’peine à la hauteur de Cnide. Le vent ne nous permettant 
pas d'aborder, nous suivimes les côtes de l’île de Crète dans la 
direction du cap Salmoné. Après l’avoir doublé, non sans diffi- 
culté, nous arrivâämes à un endroit appelé Les Bons-Ports, près de 
la ville de Lasæa. 

Il s'était écoulé un temps considérable, et la navigation devenait 
dangereuse, l’époque du Grand Jeûne! étant déja passée. Paul 
alors donna son avis. «Je prévois, dit-il, de sérieuses avaries et de 
grands dangers, non seulement pour la cargaison et pour le bateau, 
mais pour nos personnes mêmes, si nous COntinuons notre voyage. » 
Mais le centurion avait plus de confiance en ce que disaient le 
capitaine et le pilote qu'en ce que disait Paul. D'ailleurs le port 
n'était pas bon pour hiverner, et l’avis général fut d’en repartir 
et de tâcher de gagner, pour y passer l'hiver, Phénix, port de 
Crète, exposé au sud-ouest et au nord-ouest. 

Comme 11 soufflait une brise du sud, on crut le moment favo- 
rable, on leva l’ancre et on se mit à longer de près les côtes de 
Crète. 

Mais, tout à coup, un des ouragans, appelés £uraquilon, vint 
s’abattre sur l’île. Le navire entraîné fut hors d'état de tenir tête 
au vent; on céda; on fut emporté. 

Comme nous passions sous une petite île appelée Claudé, nous 
parvinmes, mais non sans peine, à manœuvrer la chaloupe*. On 
s'en servit pour prendre quelques précautions et entourer le 
navire de câbles. Puis, comme on craignait d’être jeté sur les 
Syrtes, on plia les vergues et on s’abandonna au vent. 


1 Ge Grand Jeûne se célébrait à la fête des Expiations, vers la fin de sep- 
tembre; on était donc à l’'équinoxe d'automne. 

2 C'est-à-dire à la mettre à la mer. On profita pour faire cette manœuvre de 
l'abri momentané qu'offrait l’ilot de Claudé. 

5 On s'en servit pour prendre quelques précautions. On traduit d’ordi- 
naire après l'avoir hissée ou: après l'avoir lirée à nous comme si la cha= 
loupe était déjà à la mer et en avait été alors retirée. Cette interprétation 
est inintelligible, Les matelots mirent, au contraire, la chaloupe à la mer; cette 
manœuvre était absolument nécessaire pour entourer le navire de cäbles, 

4 Littéralement : mettre la ceinture au navire. Gette opération, très connue 
dans l'antiquité, consistait, après avoir entouré le navire de câbles, à placer, entre 


κι 


ἢ 

Ἶ LES ACTES DES APÔTRES 419 

Le second jour, la tempête était toujours aussi forte, et on 18, 27 
jeta à la mer tout le chargement; le troisième, nous nous débar- 19 
rassions nous-mêmes du mobilier du navire. On ne vit pas le soleil, 20 

on n'aperçut pas une seule étoile pendant plusieurs jours, et la 
tempête restant toujours aussi affreuse, tout espoir de salut nous 

fut dès lors interdit. 

Comme depuis longtemps personne n’avait pris de nourriture, 21 
Paul parut au milieu de tous et dit : «Il aurait fallu écouter mon 
conseil et ne pas partr de l’île de Crète; vous auriez évité ce 
désastre et cette perte. Mais maintenant je vous invite à prendre 292 
courage; aucun de vous ne périra; le navire seul sera perdu. Car 28 
cette nuit m'est apparu un ange du Dieu auquel j'appartiens et que 
j'adore, et il m'a dit: «Ne crains rien, Paul! tu dois comparaître 24 
devant l'Empereur, et Dieu t’accorde la vie de tous ceux qui 
naviguent avec toi. » Ayez donc bon courage; car j'ai cette foi en 25 
Dieu, qu'il en sera comme il m'a été dit. Il faut que nous soyons 96 
jetés sur une ile.» 

La quatorzième nuit que nous étions ainsi ballottés sur l’Adria- 27 
tique, vers le milieu de cette nuit, les matelots crurent au voisi- 
nage de la terre. Ils jetèrent la sonde, et trouvèrent vingt brasses; 28 
un peu après ils la jetèrent encore, et trouvèrent quinze brasses : 
ils craignirent d'aller donner sur des récifs; quatre ancres furent 99 
alors jetéès de la poupe et chacun attendit le jour avec anxiété. 

Comme les matelots cherchaient à s'échapper du navire et 80 
mettaient la chaloupe à la mer sous prétexte de jeter les ancres 
de l’avant, Paul dit au centurion et aux soldats : «Si ces hommes 31 
ne restent pas à bord vous ne pouvez être sauvés.» Les soldats 32 
coupèrent alors les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber. 

Paul, en attendant le jour, conseilla à tous de prendre de la 33 
nourriture. «C'est aujourd'hui le quatorzième jour, dit-il, que 
vous passez dans l'attente, à jeun, sans rien prendre. Je vous 34 
conseille donc de manger; cela est nécessaire à votre salut; aucun 


la coque et ces câbles, qui les tenaient, des pièces de bois, sortes de poutres qui 
renforçaient la coque et lui permettaient de résister aux rochers sur lesquels elle 
risquait de donner. 


21. 


28, 


90 


90 


97 
98 


99 


40 


4 


44 


ἀ 


420 LE NOUVEAU TESTAMEN! 


de vous ne perdra un cheveu de sa tête.» En disant cela, il prit 
du pain, le rompit, en rendant grâces à Dieu devant tous, et se 
mit à manger. Tous reprirent alors courage et mangèrent aussi. 

Nous étions en tout deux cent soixante-seize à bord. 

Quand on eut fini, on allégea encore le navire en jetant tout le 
blé à la mer. 

Lorsque le jour parut, personne ne reconnut la terre, mais on 
entrevoyait une baie avec une plage et on résolut d'essayer d'y 
mettre le navire à l’abri?. On coupa donc les câbles des ancres 
qu'on laissa se perdre dans la mer, on lâcha les amarres des gou- 
vernails, on hissa la voile d’artimon qu'on offrit au vent et on 
gouverna vers la plage. 

On tomba sur une langue de terre battue des deux côtés par la 
mer; là, le navire échoua. La proue, qui s'était enfoncée dans le 
sable, resta immobile; la poupe, au contraire, se disloquait à chaque 
coup de mer. 

Les soldats proposèrent alors de tuer les prisonniers de peur 
qu'ils ne s’échappassent à la nage. Mais le centurion, qui voulait 
sauver Paul, les empêcha de le faire; il ordonna à ceux qui sa- 
vaient nager de se jeter les premiers à l’eau et de gagner Ja 
terre; aux autres de se mettre sur des planches, sur des épaves 
de toutes sortes ; et c’est ainsi que tous réussirent à se sauver à 
terre. | 


Une fois hors de danger, nous apprimes que cette île s'appelait 
Malte. Les indigènes nous accueillirent avec une humanité peu 
ordinaire; ils allumèrent un grand feu et nous y réunirent tous, 
car la pluie tombait, et il faisait froid. 

Comme Paul prenait une poignée de bois sec et la jetait dans le 
brasier, la chaleur en fit sortir une vipère qui s’attacha à sa 
main, Quand les indigènes virent l'animal qui pendait à sa main, 


1 Un des plus anciens manuscrits lit: Nous étions en tout environ soivante= 
seize à bord. 


? Quelques anciens manuscrits lisent : d'y fuire échouer le navire. 


LES ACTES DES APÔTRES 491 


ils se dirent entre eux : «Certainement c’est un meurtrier que cet 
homme; à peine échappe-t-il à la mer et la Justice divine ne veut 
pas lui laisser la vie!» Mais lui secoua l’animal dans le feu et ne 
ressentit aucun mal. Eux s’attendaient à le voir enfler ou tomber 
mort tout à coup. Pendant longtemps ils attendirent, et voyant 
qu'il ne lui arrivait rien de fâcheux, ils changèrent d'avis et dé- 
clarèrent qu’il était un dieu. 

Il y avait, près de cet endroit-là, des terres appartenant au prin- 
cipal personnage de l’île, un certain Publius; il nous recueillit et 
nous traita pendant trois jours avec beaucoup d’hospitalité. 

Or le père de ce Publius était retenu au lit par des accès de 
fièvre et la dyssenterie. Paul entra chez lui, fit la prière, lui 
imposa les mains et le guérit, Là-dessus, tous les autres habitants 
malades de l’île vinrent aussi et furent guéris. Aussi nous ren- 
dirent-ils toutes sortes d'honneur et, à notre départ, ils nous four- 
nirent ce dont nous avions besoin. 


Trois mois plus tard, nous prenions passage sur un navire 
alexandrin, à l'enseigne des Dioscures !, qui avait hiverné dans le 
port de l’île. Puis nous gagnions Syracuse et nous y passions trois 
jours; de là, longeant toujours la côte, nous touchions à Reggio. 
Le lendemain le vent du sud se leva, et, en deux jours, nous étions 
à Pouzzoles. | 

Nous y trouvâmes des frères qui nous engagèrent à rester 
une semaine avec eux. Ensuite nous nous mimes en route pour 
Rome. 

Les frères de cette ville, qui avaient eu de nos nouvelles, vinrent 
à notre rencontre jusquà «Forum d’Appius» et jusqu'à «Les 
Trois Tavernes». A leur vue, Paul rendit grâces à Dieu et prit 
courage. 


Quand nous fümes arrivés à Rome, Paul eut la permission de 
rester seul avec le soldat qui le gardait. 


1 Les Dioscures, c’est-à-dire Castor et Pollux, 


5, 28 
6 


10 


14 


16 


492 LE NOUVEAU TESTAMENT 


28, 17 Trois jours après, cependant, il convoqua les Juifs de Rome 
les plus considérés, et quand ils furent réunis, il leur dit: 
«Mes frères, je n'avais rien fait de contraire à notre peuple et 
aux institutions de nos pères, lorsqu'on m'a arrêté à Jérusalem et 
18 livré entre les mains des Romains. Ceux-c1, après avoir examiné 
ma cause, voulaient me relâcher, parce que rien ne pouvait moti- 
19 ver ma condamnation à mort. Mais les Juifs, s'y étant opposés, Je 
me vis forcé d’en appeler à l'Empereur, sans cependant vouloir 
20 me plaindre de mes compatriotes. Voilà pourquoi je vous ai de- 
mandés; je voulais vous voir et vous parler, car c’est à cause de 
l'espérance d'Israël que je porte cette chaîne. » 
21 Ils lui répondirent : « Nous n’avons pas reçu de lettres de Judée 
à ton sujet, et aucun de nos frères n’est venu nous faire de 
22 rapport ni nous dire du mal de toi. Cependant nous voudrions bien 
apprendre de toi ce que tu penses; car, à notre connaissance, ce 
93  parti-là rencontre partout de l'opposition, » Alors ils prirent jour 
ensemble et un plus grand nombre encore vint le trouver chez lui. 
Du matin au soir il leur exposait ce que c'était que le Royaume 
de Dieu et les suppliait en leur démontrant par la «Loi et les 
Prophètes !» tout ce qui concerne Jésus. 
Les uns se laissèrent convaincre par ses paroles, les autres 


Lo 
= 


restèrent incrédules. 
95 Comme ils se séparaient sans avoir pu se mettre d'accord, Paul 
leur dit ce simple mot: «L'Esprit saint ἃ admirablement parlé 
26  quandil a dit à vos pères par le prophète Ésaïe : 
« Va vers ce peuple et dis-lui : 
Vos oreilles entendront et vous ne comprendrez pas : 
Vos yeux regarderont et vous ne verrez pas, 
97 Car le cœur de ce peuple s'est endurci ; 
Ils ont fait la sourde oreille : iis ont fermé les yeux, 
Pour que leurs yeux ne voient pas, que leurs oreilles n'entendent pas, 
Que leurs cœurs ne comprennent pas 


Pour se convertir et que je puisse les quérir ?. » 


1 « La Loi et les Prophètes ». Voir note sur Matth, 22, 40. ΐ 
2 Esaie 6, 9 et suiv. Ἷ 
4 


LES ACTES DES APÔTRES 493 


«Sachez donc que ce salut de Dieu ἃ été envoyé aux païens ; 
ceux-là l'écouteront!1» 

Paul demeura deux ans entiers dans un appartement qu'il avait 
loué à ses frais; il pouvait y recevoir tous ceux qui venaient le 
voir; il prêchait le Royaume de Dieu; 1] enseignait ce qui con- 
cerne le Seigneur Jésus-Christ ? sans difficultés et en toute liberté. 


1 Le verset 29 des traductions ordinaires manque dans tous les bons ma- 
nuscrits. Il est ainsi conçu: Lorsqu'il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, discu- 
tant vivement entre eux. 

? Un des plus anciens manuscrits omet Christ et lit: le Seigneur Jésus sans 
difficultés, etc. 


98, 28 
30 


91 


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ÉPITRE AUX ROMAINS 


PRÉFACE 


Il ne nous reste que treize lettres portant le nom de Paul. Nous 
savons qu'il en avait écrit davantage. Il fait allusion (1 Cor. 5: 9) 
à une épître perdue et (Coloss. 4:16) à une missive adressée aux 
Laodicéens. Il est vrai que l’on identifie souvent celle-ci avec 
l'Épître aux Éphésiens; mais il est évident que saint Paul ne 
s’est pas borné, dans sa carrière apostolique, à écrire une quin- 
zaine de lettres. Sa prodigieuse activité nous est trop connue 
pour qu'il nous soit possible de l’admettre. Il est probable qu'il 
entretenait avec ses Églises une vaste np nn à dont les 
treize lettres parvenues jusqu’à nous ne sont qu’un mince débris. 
(Voir sur ce sujet la fin de notre Préface à la deuxième Épître 
aux Thessaloniciens.) 

La première des lettres de Paul que nous rencontrons dans le 
Nouveau Testament est l'Épître aux Romains. Elle est aussi la 
plus importante. Son authenticité n’a jamais été contestée. Elle ne 
peut pas l'être. Le témoignage unanime de l’Église primitive est 
aussr explicite que possible et la lettre elle-même nous offre à cha- 
cune de ses phrases la pensée, le raisonnement, le style du grand 
apôtre. 

La date de sa composition n’est pas moins certaine. Paul nous 
dit clairement qu'il a écrit cette lettre ἃ Corinthe à la fin du 
séjour de trois mois qu’il y fit, en terminant son troisième voyage 


426 LE NOUVEAU TESTAMENT 


missionnaire (Romains 15: 19-25; Actes 20: 3). Il vient d'achever 
la collecte dont il s’était chargé, il va en porter le montant à Jéru- 
salem et se propose ensuite d’aller à Rome. Avant de s’y rendre, 
il veut préparer le terrain et annoncer sa visite aux fidèles de cette 
ville. Pour entrer en rapport avec eux, il leur adresse cette épître 
magistrale où il leur fait connaître le fond même de son Evangile 
et les caractères distinctifs de son apostolat. 

La lettre aux Romains a été écrite en mars 58; elle est posté- 
rieure non seulement aux deux Épîtres aux Thessaloniciens, mais 
encore aux deux Épîtres aux Corinthiens et à l'Épître aux 
Galates. 

Paul, malgré le caractère dogmatique de son Épître, poursuit, 
en l’écrivant, le même but pratique qu’il se propose dans toutes 
ses lettres. | 

Dans les huit premiers chapitres, il traite de la substitution de 
la foi à la loi comme moyen de salut. 1] développe cette première 
thèse, en établissant successivement les points suivants : 1° le 
péché est universel; la grâce de Dieu l’est aussi (1 : 18 à 3 : 51); 
2% Abraham a été le précurseur des croyants justifiés par la foi 
(8 : 31 à ch. 5); 3° par ce salut, l'humanité tombée avec Adam 
dans le péché et dans la mort est relevée et sauvée (ch. 5) ; 4° cette 
doctrine de la foi justifiante, loin d'encourager le péché, implique 
la mort au péché et le véritable affranchissement de l’âme (ch. 6, 
7, 8), et il termine par un cantique d’actions de grâces. 

Dans les chapitres 9, 10 et 11, Paul aborde une seconde thèse 
qu'il développe avec non moins de force que la première. Il montre 
que les païens remplacent Israël dans la nouvelle économie reli- 
gieuse. S'ils sont substitués aux Juifs, c'est parce que ceux-ci 
rejettent l'Évangile. Ils le rejettent: 1° parce que Dieu l’a ainsi 
voulu dans ses décrets éternels (ch. 9); 2° parce que les Juifs 
restent opiniâtrement incrédules et s’ôtent toute excuse (ch. 10); 
3° parce que la sagesse de Dieu saura bien faire sortir de cet en- 
durcissement même le salut final des Juifs et leur faire miséricorde 
(ch. 11). 

Telle est la partie dogmatique de l'Épiître; l’apôtre qui l'a com- 
mencée par la description de la condamnation de l'homme (ch. 1), 
la termine en affirmant la miséricorde infinie de Dieu (ch. 11). 

Les exhortations morales viennent ensuite (ch. 12, 13, 14). Paul 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 497 


. 


y traite diverses questions : la consécration à Dieu, la solidarité et 
la charité fraternelles (ch. 12), la soumission aux autorités, l'amour 
mutuel (ch. 13); la tolérance des forts envers les faibles, des fai- 
bles envers les forts (ch. 14 et 15: 1 à 14). Puis viennent des 
considérations personnelles, et au verset 33, l’apôtre écrit l’adieu 
final: Le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen. 
Le chapitre 16 qui vient ensuite est tout entier consacré à des 
salutations. Celles-ci se terminent par un second adieu final au 
verset 20: La grâce de notre Seigneur Jésus soit avec vous. Mais quel- 
ques mots sont encore ajoutés, et les versets 25, 26 et 27 forment 
une troisième finale, cette fois définitive. 
Comment expliquer ces trois finales ? 
Si nous comparons les plus anciens manuscrits, nous remar- 
quons entre eux d'assez notables différences. 
Plusieurs insèrent, à la fin du chapitre 14, Les versets 25, 26, 27 
du chapitre 16, et ils s’y trouvent, en effet, à une place très 
naturelle. 
L'un des plus anciens manuscrits, l’Alexandrinus (voir Appen- 
dice à l’Introduction, page 26) répète deux fois ces versets; la 
première fois à la fin du chapitre 14 et la seconde à la fin du 
chapitre 161. 
_ Pendant les premiers siècles cireulaient des copies de l'Épître 

aux Romains, s’arrêtant à la fin du chapitre 14. Marcion, par 
exemple, ignorait les chapitres 15 et 16. Irénée, non plus, n’en 
a jamais eu connaissance. 

Une supposition naturelle, et que font aujourd'hui tous les 
critiques, se présente alors à l’esprit: Paul, à cause de l’impor- 
tance de cette lettre, dut en faire faire plusieurs copies et 
les adressa à diverses Églises. Ces copies s’arrêtaient toutes, 
soit à la fin du chapitre 14, soit au verset 14 du chapitre 15 ; 
puis, chacune avait son Post-Scriptum particulier. L’exemplaire 
envoyé à Rome avait pour Post-Scriptum le chapitre 15, où Paul 
parle aux Romains de son projet de visite (15, 14 à 33). 

Le chapitre 16, au contraire, n’a pu faire primitivement partie 
de l’exemplaire destiné aux Romains. Paul n’était jamais allé à 
Rome et n’y avait que peu de connaissances. Les nombreuses 


1 Ce que fait aussi le manuscrit L. (Voir Introduction, page 27). 


Bts Mile it : 


428 LE NOUVEAU TESTAMENT 


salutations que renferme ce chapitre 16 s’adressent aux fidèles 
d’une Église fondée par Paul, où il avait longtemps séjourné, où 
il comptait de nombreux amis. Cette Église ne peut avoir été 
que celle d'Éphèse, où l’apôtre venait de passer trois années. Ce 
n’est pas une supposition, c’est une certitude, car nous voyons 
mentionnés en tête de la liste les noms de Prisca et d’Aquilas, qui, 
chassés de Rome, s'étaient précisément établis à Éphèse (Actes 18: 
18 et 19). C’est donc aux fidèles d'Éphèse que le chapitre 16 a 
été adressé. Il se trouvait à la fin de la copie de l’Épître aux 
Romains destinée aux Éphésiens, et c’est à Éphèse que s’est 
rendue la diaconesse Phœbé, chargée de porter la lettre de 
l’apôtre (16, 1). 


ÉPITRE AUX ROMAINS 


PauLz, SERVITEUR ! DE JÉSUS-CHRIST, ÉLU APÔTRE, CHOISI POUR 
PRÊCHER L'ÉVANGILE DE DIEU, 

(Évangile promis d'avance par ses prophètes dans les saintes 
Écritures et concernant son Fils né, quant à la chair, de la race 
de David, et, quant à l'Esprit de sainteté, déclaré avec puissance 
Fils de Dieu, par sa résurrection d’entre les morts, Jésus-Christ 
notre Seigneur) ; 

(Nous avons reçu de sa grâce la mission d'amener en son nom 
à l’obéissance de la foi tous les païens), 

(dont vous faites aussi partie, vous élus de Jésus-Christ). 

À TOUS LES BIENS-AIMÉS DE DIEU, FIDÈLES ÉLUS QUI SONT A 
Roue. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE 
. ET PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST 2. 


Je commence en rendant grâces pour vous tous à mon Dieu par 
Jésus-Christ de ce que votre foi est renommée dans le monde 
entier. Le Dieu, que je sers de toute mon âme en prèchant l'Evan- 


1 Grec : esclave. 

8 Les mots que nous avons imprimés en lettres majuscules formentW’adresse 
de l’Épitre et la salutation. Paul commence ainsi toutes ses lettres. Dans celle-ci 
l'adresse est interrompue par trois parenthèses successives, qui forment une 
sorte de préface de l’Épitre. Dans la première, Paul dit ce qu'est l'Évangile et 
définit le Christ; dans la seconde, il expose la mission qu’il a reçue; dans la 
troisième, il rappelle à ses lecteurs qu’ils font partie de ceux auprès desquels 
il doit exercer son apostolat. Il est impossible de rendre autrement qu’en une 
seule et longue phrase cette entrée en matière de l’apôtre. L’Épiître, proprement 
dite, ne commence qu’au verset 8. 


1, 1 


12 


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15 


18 


19 


20 


430 LE NOUVEAU TESTAMENT 


gile de son Fils, m'est témoin que sans cesse Je fais mention de 
vous dans mes prières, lui demandant toujours que je puisse une 
fois enfin réussir, par sa volonté, à venir chez vous. J'ai, en effet, 
le plus grand désir de vous voir, pour vous communiquer quelque 
don spirituel propre à vous affermir ; je veux dire, pour que, chez 
vous, nous nous encouragions mutuellement, vous et moi, par la 
foi qui nous est commune. 

Je ne veux pas vous laisser ignorer, mes frères, que souvent j’ai 
formé le projet d'aller chez vous (j'en ai été empêché jusqu’à 
présent), afin de recueillir aussi quelques fruits parmi vous comme 
parmi les autres païens. 

Je me dois aux Grecs et aux étrangers, aux savants et aux 
ignorants. 

J'ai donc, pour ma part, grande envie de vous prêcher l’Évan- 
gile à vous aussi, habitants de Rome! Car je n’ai pas honte de 
l'Évangile; il est une puissance de Dieu donnant le salut à tout 
croyant, au Juif d'abord, puis au païen. Il s’y révèle, en effet, 
une justice de Dieu, qui vient de la foi, qui est accordée à la foi, 
comme 1] est écrit : 

«Le juste vivra par la foi 5.» 


Il y ἃ une colère * de Dieu qui se révèle du haut du ciel contre 
toute impiété et toute iniquité d'hommes qui méchamment étout- 
fent la vérité, car ce qu'on peut savoir sur Dieu est à leur portée, 
Dieu le leur ἃ fait connaitre. 

En effet, les perfections invisibles de Dieu, son éternelle puissance 
et sa divinité, éclatent aux yeux depuis la création du monde, pour 
quiconque sait regarder ses œuvres. De la sorte ils sont inexcu- 
sables; car enfin, ayant conscience de Dieu, ils ne lui ont ni rendu 
gloire, ni rendu grâces comme à leur Dieu; au contraire, 1ls se sont 


1 Paul entend par «justice de Dieu» la justice que l'homme obtient par le 
secours de Dieu. Gette justice, ou plutôt cette justification, Dieu l'accorde à ceux 
qui ont la foi. Il les justifie. 

2 Habacuc 2, 4. On peut traduire aussi : Le juste par la foi vivra. 

3 C'est-à-dire un châtiment. 


ÉPÎITRE AUX ROMAINS 431 


perdus dans des raisonnements sans valeur; leur cœur inintelligent 
a été plongé dans les ténèbres. 

Ils se sont dits sages et ils ont été imsensés, ils ont substitué 
à la gloire du Dieu immortel des images représentant l’homme 
mortel, les oiseaux, les quadrupèdes, les reptiles. 

Voilà pourquoi Dieu les ἃ livrés à toutes les passions de leurs 
cœurs et à une impureté telle qu'eux-mêmes 115 déshonorent leurs 
corps. Oui, c’est pour avoir substitué à la vérité de Dieu le men- 
songe, pour avoir servi, avoir adoré la créature au lieu du 
Créateur, — (Béni soit-il à jamais! Amen!) —., c’est pour cela que 
Dieu les a livrés à des passions infâmes : Les femmes ont remplacé 
les relations naturelles par des actes contre nature ; les hommes 
de même ont abandonné leurs relations naturelles avec la femme, 
se sont pris de passions furieuses les uns pour les autres, ont 
commis entre hommes des infamies et ont reçu en leurs personnes 
le salaire que mérite leur égarement; et comme ils ne se sont pas 
souciés de savoir qui était Dieu, Dieu les ἃ livrés à un esprit 
d'aveuglement, et 115 font ce qu'il ne faut pas faire. 

Ils ont tous les vices, toutes les méchancetés, toutes les malices, 
toutes les rapacités !; ne respirant qu'envie, meurtre, discorde, 
ruse, mauvaise foi; délateurs, calomniateurs, impies?, insolents, 
orgueilleux, présomptueux, ingénieux au mal, enfants rebelles, 
inintelligents, parjures, durs, impitoyables. 

Ces gens-là connaissent le décret de Dieu qui condamne à mort 
ceux qui commettent de tels actes, et non seulement ils les 
commettent, mais ils approuvent ceux qui s’y livrent. 


Donc, tu es sans excuse, ὁ homme, qui que tu sois, de ju- 
ger autrui; car, en le-jugeant, tu te condamnes toi-même, et, en 
effet, tout en le jugeant, tu te conduis comme lui; et la sentence 
de Dieu sur ceux qui se conduisent ainsi est, nous le savons, con- 
forme à la vérité. 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : foutes Les méchancetés, toutes les rapa- 
cités, toutes les malices. 

? Littéralement : qui détestent Dieu; le même mot grec, accentué différem- 
Τὴ ent, signifie aussi : que Dieu déteste. 


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17 


432 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Penses-tu, toi qui juges ceux qui se conduisent ainsi et qui en 
fais autant, penses-tu échapper à la sentence de Dieu? Et son 
inépuisable bonté, et sa tolérance, et sa patience les méprises-tu? 
Ignores-tu que la bonté de Dieu t'invite au repentir 1? 

Par ton endurcissement et par l’impénitence de ton cœur, tu 
t’amasses un trésor de colère pour le jour terrible où se révélera 
le juste jugement de Dieu 

« Qui rendra à chacun selon ses œuvres ? » 

Aux uns qui, en persévérant dans l’œuvre bonne, cherchent 
la gloire, l’honneur et l’immortalité : la vie éternelle ! 

Aux autres qui, par esprit de parti, s'opposent à la vérité et 
se laissent aller à l’iniquité : la colère et l’indignation! 

Malheur, désespoir sur toute âme d’homme qui fait le mal, sur 
celle du Juif d’abord, sur celle du païen ensuite! 

Gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au Juif d’abord, 
au païen ensuite ! 

Car Dieu n’a pas égard aux personnes; tous ceux qui auront 
péché sans avoir eu de Loi, périront sans avoir eu de Loi, et ceux 
qui auront péché en ayant eu une Loi, seront jugés par cette Loi. 

En effet, ce ne sont pas ceux qui entendent lire une Loi qui 
sont justes aux yeux de Dieu; mais ceux qui la pratiquent seront 
déclarés justes. Et quand les païens qui n’ont pas de Loi font 
naturellement ce que la Loi commande, tout en n'ayant pas de 
Loi, ils sont eux-mêmes leur propre Loi; ils montrent que 
l’œuvre commandée par la Loi est écrite dans leur cœur, c’est leur 
conscience qui l’atteste et ce sont leurs pensées qui tantôt les 
accusent, tantôt même les absolvent ὃ. 

On le verra le jour où Dieu, selon l'Évangile que je prèche, 
jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes. 

Toi tu te nommes un Juif, tu te reposes sur la Loi, tu es fier 


L Au repentir ou : à La repentance, à La conversion. 

2 Psaume 62, 13. 

3 On peut placer les versets 14 et 15 entre parenthèses. Avec cette ponctuas 
tion, le verset 16 se trouve continuer directement le verset 13. — On verra, aw 


jour du jugement, que ceux-là seuls qui auront pratiqué la Loi seront considérés 


comme justes. 


ÉPÎITRE AUX ROMAINS 433 


de ton Dieu, tu connais sa volonté, instruit par la Loi tu sais 
peser le pour et le contre, tu te sens capable d’être un guide pour 
les aveugles, une lumière pour ceux qui sont dans les ténèbres, 
un directeur pour les ignorants, un maïtre pour ceux qui sont 
encore enfants, car tu as dans la Loi l'expression de la sagesse et 
de la vérité; et quand tu instruis ainsi les autres tu ne t’instruis 
pas toi-même! tu prêches de ne pas voler, et tu voles! tu dis de 
ne pas commeltre d’adultères, et tu en commets! tu as les idoles 
en abomination, et tu commets des sacrilèges! tu es fier d’avoir 
une Loi, et tu outrages Dieu en la violant ! 
[païiens à cause de vous 1.» 
«Le nom de Dieu, comme dit l’Écriture, est déshonoré par les 
La circoncision est utile, sans doute, tant que tu pratiques la 
Loi; si tu la violes, tu es comme si tu n'étais pas circoncis. Si 
l'incirconcis observe les ordonnances de la Loi, tout incirconcis 
qu'il est, ne sera-t-il pas considéré comme circoncis? Et l'incirconcis 
de naissance qui observe la Loi ne te jugera-t-il pas, toi, qui la 
violes, possesseur de la lettre de la Loi et de la circoncision 2 ὃ 
On n’est pas Juif par l'extérieur ; la vraie circoncision n’est pas 
celle qui se voit sur le corps; mais le vrai Juif c’est celui qui l’est 
intérieurement, le vrai circoncis l’est dans son cœur, il ne l’est 
pas à la lettre, il l’est en esprit; voilà le Juif qui est approuvé 
sinon des hommes, du moins de Dieu! 


Quelle est donc la prérogative du Juif, ou quelle est l'utilité de 
la circoncision? Elle est grande à tous les égards : Il y a d’abord ὃ 
que Dieu ἃ confié aux Juifs ses oracles. Comment donc? s'il en 
est qui ont manqué de foi, leur mfidélité annulera-t-elle la fidélité 
de Dieu 4? C’est impossible, il faut que Dieu soit véridique, 

« Tous les hommes dussent-ils étre des menteurs ὃ,» 

1 Ésaïe 52, 5. 

3 On peut, d’après une autre ponctuation, lire ce verset sans point d’interro- 
gation : ef l’incirconcis de naissance qui observe la Loi te jugera, etc. 

3 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent car et lisent : car il y a d’abord, etc. 

# On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Quw’est-ce donc si quel- 


ques-uns ont manqué de foi? leur infidélité, etc. 
5 Psaume 116, 11. 


28 
29 


Q ND = 


10 


11 


434 LE NOUVEAU TESTAMENT 


comme il est écrit : 
«Tes paroles doivent étre reconnues justes 
Et tu dois gagner ta cause quand on te juge !.» 

Mais de ce que notre injustice met en relief la justice de Dieu, 
que conclurons-nous? que Dieu sera injuste en laissant agir sa 
colère? (je parle là comme font les hommes) c’est impossible; 
autrement comment Dieu jugerait-il le monde ? 

Et si mon manque” de foi a fait apparaître dans toute sa 
gloire la véracité de Dieu, pourquoi donc serai-je jugé comme 
pécheur? et pourquoi (comme nos calomniateurs le répandent et 
nous accusent de le dire) ne ferions-nous pas le mal pour qu'il en 
sorte du bien? Je condamne ceux qui parlent ainsi ὃ. 

Que dire alors? qu'avons-nous à mettre en avant? absolument 
rien ‘. Nous avons déjà montré que les Juifs comme les Grecs, 
tous sont sous l’empire du péché, comme il est écrit : 

QI n'y a pas de juste, pas un seul : 
Personne n’est intelligent, 


1 Psaume 51, 0. 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : 114 en effet, si mon manque, etc. 

3 Voici, dans ce passage un peu obscur, quelle est la suite logique du raisonne- 
ment de l’apôtre : La fidélité ou la justice de Dieu subsiste, malgré linfidélité ou 
l'injustice des Juifs. Celle-ci fait même ressortir davantage la première ; elle la 
met en relief. L’injustice des hommes servant ainsi à mettre en relief la justice 
de Dieu, Dieu aurait-il tort de punir les hommes de leur injustice ? Il serait 
absurde de le prétendre. En partant d’un tel principe, on ôterait à Dieu ses 
droits de juge et d’arbitre du monde. Raisonner ainsi, dit Paul, c’est parler 
à la manière des hommes, c’est-à-dire se mettre à un point de vue entière- 
ment faux; c’est dire: Dieu m'a promis le salut ; si je le mérite par ma con- 
duite, il n'y aura aucune gloire pour Dieu à me l’accorder, car il y sera obligé. 
Je vais donc violer la Loi, pour qu'il ait la gloire de tenir sa parole, sans que je 
l'y oblige moi-même ; alors éclatera la véracité de ses promesses. Du mal que je 
ferai sortira le bien, Voilà, dit Paul, les absurdités que mes adversaires m’attri- 
buent. Certes, les promesses faites par Dieu aux Juifs subsistent, mais elles 
s'appliquent à l’ensemble de la nation; chaque Juif reste personnellement 
responsable de sa conduite. 

4 L'expression grecque que nous traduisons par absolument rien, peut signifier 
aussi : non pas absolument, c’est-à-dire nous avons quelque chose à mettre en 
avant. L’apôtre au verset 1 parle, en effet, des prérogatives du Juif. Il ἃ donc 
quelque chose à mettre en avant, savoir ses prérogatives; mais la suite de son 
argumentation, où il déclare que Juifs et Grecs sont également sous l'empire du 
péché, justifie notre traduction. Malgré ses prérogatives, le Juif n’a absolument 
rien à mettre en avant, 


ÉPÎITRE AUX ROMAINS 43 


Personne ne cherche Dieu ; 

Tous se sont fourvoyés et. corrompus ensemble ; 

I n'y en a pas un qui fasse le bien, pas un seuli. 

Leur gosier est un sépulcre béant ? ; 

Leur langue leur sert à tromper ; 

Le venin de l'aspic est sur leurs lèvres ὃ; 

Leur bouche est pleine de malédiction et d'amertume ‘; 

Ils ont le pied léger pour répandre le sang, 

La désolation et le malheur sont sur leur chemin : 

La voie de la paix, ils l'ignorent” ; 

La crainte de Dieu, ils ne l'ont pas devant les yeux.» 

Or nous savons que tout ce que dit la Loi, elle le dit à 
ceux qui sont soumis à la Loi, pour que toute bouche soit fermée, 
et que le monde entier soit sous le coup du jugement de Dieu. 
Car les œuvres de la Loi 

« Ne justifient devant lui aucune créature? ; » 
la Loi ne donne que la connaissance du péché. 

Mais maintenant il a été révélé une justice de Dieu, indé- 
pendante de la Loi; la Loi et les Prophètes en parlent. Cette justice 
qui vient de Dieu par la foi en Jésus-Christ s'adresse à tous les 
croyants; et cela sans distinction; car tous les hommes ont péché 
et sont privés de la gloire de Dieu. 

Dans sa grâce, ils sont gratuitement justifiés, au moyen de la 
Rédemption faite par Jésus-Christ. 

Dieu l'avait destiné à être, par sa mort sanglante, une victime 
propitiatoire pour ceux qui croiraient 5, ef il ἃ ainsi montré sa 


1 Psaume 14, 1-3. 

3 Psaume 5, 10. À 

3 Psaume 140, 4. 

4 Psaume 10, 7. 

5 Ésaie 59, 7 et suiv. 

5 Psaume 36, 1. 

7 Psaume 143, 2. 

8 Une justice de Dieu. Nous avons déjà expliqué ce terme. Voir note sur 
1, 17. Il s’agit de la justification accordée par Dieu à ceux qui ont la foi,-c’est-à- 
dire qui sont dans les conditions religieuses et morales qu’il approuve. 

9 On peut traduire aussi: Dieu l'avait destiné à être une victime propitia- 
toire pour ceux qui croiraient en son sang. 


4 


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436 LE NOUVEAU TESTAMENT 

justice. (Dans son indulgence il n’a pas tenu compte des péchés 
antérieurs). Il a, dis-je, montré de nos jours sa justice, pour qu'on 
βὰς qu'il est juste et qu'il justifie celui qui ἃ la foi en Jésus. 


Où est, après cela, le motif de s’enorgueillir? il est exclu. Par 
quelle institution? celle des œuvres; non, mais par celle de la foi. 

Nous pensons donc que l’homme est justifié par la foi mdépen- 
damment des œuvres de la Loi. Dieu ne serait-il que le Dieu des 
Juifs? n'est-il pas aussi le Dieu des païens ? Oui, des païens aussi, 
puisqu'il n’y ἃ qu'un Dieu qui justifiera les circoncis par la foi et 
les incirconcis par la foi. 


Est-ce que nous annulons donc la Loi par la foi? Nullement. 
nous la confirmons au contraire. 
Quel avantage pouvons-nous dire que notre premier père Abraham 
a obtenu par lui-même? Si ce sont ses œuvres qui l'ont justifié, 
il peut être orgueilleux ; mais il ne le peut pas devant Dieu. Que 
dit l'Écriture : «Abraham eut foi en Dieu, et cela lui fut compté 
pour justice !. » Or le salaire de celui qui ἃ fait de bonnes œuvres 
n'est pas considéré comme une grâce, mais comme une dette. 
Quant à celui qui n’a pas fait de bonnes œuvres, mais qui ἃ 
foi en Celui qui justifie le pécheur, sa foi lui «est comptée pour 
Justice». 
David aussi parle du bonheur de celui que Dieu considère 
comme juste indépendamment de ses œuvres : 
«Heureux ceux dont les fautes sont pardonnées 
Et dont les péchés sont effacés. 
Heureux celui dont le Seigneur ne porte pas en compte le péché ?.» 
Cette béatitude ne s’adresse-t-elle qu'aux circoncis? ne s’ap- 
plique-t-elle pas aussi aux incirconcis ὃ 
Quand nous disons pour Abraham que «sa foi lui fut comptée 


1 Genèse 15, 6. 


3 Psaume 32, 1, 2, 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 437 


pour justice,» comment lui fut-elle complée? avant ou après sa 
circoncision? Ce n’est pas après, c’est avant sa circoncision! Et il 
a reçu le signe de la circoncision comme le sceau de la justice que 
sa foi lui avait obtenue quand il n’était pas circoncis; c’était pour 
qu'il fût le père de tous les incirconcis qui auraient la foi, et 
qu'elle leur füt comptée pour justice. 

I devait être aussi le père des circoncis qui non seulement le 
seraient, mais qui marcheraient sur ses traces, en ayant la foi 
qu'il avait, lui, notre père Abraham, avant sa circoncision. 

En effet, ce n'est pas une Loi qui a assuré à Abraham et à ses 
descendants la possession du monde, c’est la justice que procure 
la foi. 

Si c'est une Loi qui assure cette possession, alors la foi est 
inutile et la promesse est annulée. (La Loi ne produit que la colère, 
et là où il n'y a pas de Loi, il n’y ἃ pas non plus de violation.) 

Voici pourquoi la possession vient par la foi: c’est pour qu’elle 
soit l'effet d’une grâce, et que la promesse soit assurée à tous les 
descendants, non pas seulement à ceux qui ont reçu la Loi, mais à 
ceux qui ont eu la foi d'Abraham; il est notre père à tous (ainsi 
que cela est écrit: «Je ἐ αἱ rendu père de plusieurs peuples!»), il 
l'est devant le Dieu en.qui il a cru, qui rend la vie aux morts et 
qui appelle à l'existence ce qui n'existe pas. 

Contre toute espérance, il ἃ été plein d'espérance, il ἃ cru et 
il est devenu « le père de plusieurs peuples®» (selon cette parole : 
« Telle sera ta postérité»). Sa foi n’a pas faibli; il n’a pas fait 
attention à son extrême vieillesse (il était presque centenaire) ni à 
l’âge trop avancé de Sarra. Il ne douta pas de la promesse de 
Dieu; il ne fut pas incrédule ; au contraire, fortifié par sa foi, il 
donna gloire à Dieu, convaincu que Celui qui a promis est assez 
puissant pour remplir sa promesse. Voilà pourquoi «elle lui fut 
comptée pour justice { ». 


1 Genèse 17, 5. 
2? Genèse 17, 5. 
3 Genèse 15, 5. 
4 Genèse 15, G. 


10, 4 
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13 


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10 


438 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Or ce n’est pas pour lui seul que ce mot est écrit: «cela lui fut 
compté», c’est aussi pour nous; cela doit nous être «compté» 
également à nous qui croyons en celui qui a ressuscité des morts 
notre Seigneur Jésus-Christ, lui qui «a été livré à cause de nos 
péchés!» et a été ressuscité à cause de notre justification. 


Étant ainsi justifiés par la foi, soyons en paix avec Dieu par 
notre Seigneur Jésus-Christ, qui, de plus, nous ἃ donné, par notre 
foi, accès à cette grâce que nous possédons; aussi mettons-nous 
notre orgueil à espérer la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons 
encore notre orgueil dans les afflictions sachant que l’affliction 
produit la patience, que par la patience nous supportons l'épreuve, 
que de l'épreuve naît l'espérance. Or l'espérance ne trompe pas, 
parce que l'Esprit saint, reçu par nous, fait abonder l'amour de 
Dieu dans nos cœurs ?. 

En effet, nous étions encore faibles, et Christ, au temps 
marqué, est mort pour des impies. On donnerait diflicilement sa 
vie pour un juste (oui, il pourrait arriver que l’on consentit à 
mourir pour un homme de bien), mais la preuve de son amour 
pour nous Dieu l’a donnée, en ce que Christ est mort pour nous 
quand nous étions encore pécheurs. À plus forte raison, serons- 
nous sauvés de la colère par celui dans le sang duquel nous avons 
été justifiés. En effet, si, quand nous étions ennemis, Dieu nous ἃ 
réconciliés par la mort de son Fils, à plus forte raison, étant 
réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie. Bien plus, nous avons 
encore sujet de mettre notre orgueil en Dieu par notre Seigneur 
Jésus-Christ, qui nous ἃ maintenant obtenu la réconciliation. 

Par conséquent, de même que par un seul homme* le péché 
est entré dans le monde et par le péché la mort, et que la 
mort s’est ainsi étendue à tous les hommes, parce que tous ont 


péché 4. 


1 Allusion à Ésaïe 53, 5 et 12. 

2 Cest-à-dire la certitude que Dieu nous aime. 
3 Adam. 

t Phrase non achevée. 


ÉPITRE AUX ROMAINS 439 


Avant la Loit, le péché était dans le monde; or, en l’absence de 
Loi, le péché n’est pas imputé et cependant la mort a exercé son 
règne depuis Adam jusqu'à Moïse, même sur ceux qui n’avaient 
point péché dans les mêmes conditions qu’Adam. 

Adam était l’image de celui qui devait venir 2. Toutefois, il n’en 
est pas de même de la faute d’une part et du don de la grâce de 
l’autre. Car si la faute d’un seul homme ἃ entraîné la mort de 
beaucoup, à plus forte raison la grâce de Dieu et le don de cette 
grace, le don d’un seul homme, Jésus-Christ, en ont enrichi 
beaucoup. 

Il n’en est pas de même non plus des conséquences du premier 
péché d’une part 1 et du don de l’autre; car la sentence qui suivit 
une faute unique ἃ entrainé une condamnation, et le don de la 
grâce qui suivit des fautes nombreuses ἃ entrainé un acquittement. 
Si, en effet, à la suite d’une seule faute et par le fait d’un seul 
homme, la mort ἃ exercé son règne, à bien plus forte raison ceux 
qui reçoivent la grâce immense de Dieu et le don de la justice 
participeront-ils au Royaume et à la vie par le fait d’un seul 
homme aussi, Jésus-Christ. 

Ainsi donc, de même qu'une seule faute a entraîné la con- 
damnation de tous les hommes, de même un seul acte de justice 
a entrainé pour tous les hommes la justification qui donne la 
vie; et de même que la désobéissance d’un seul homme en ἃ 
rendu pécheurs un grand nombre, de même l’obéissance d’un seul 
en rendra justes un grand nombre. 

Quant à la Loi, elle est intervenue pour multiplier les fautes, 
mais là où le péché ἃ abondé, la grâce ἃ surabondé, et alors, 
comme le péché ἃ régné par la mort, de même aussi la grâce 


1 Littéralement : Jusqu'à la Loi. 


3 On peut traduire aussi : Une imuge de ce qui devait arriver. Toutefois, 
dit ensuite l’apôtre, le parallélisme entre Adam et sa faute, d’une part, et Jésus- 
Christ et son œuvre, de l’autre, n’est pas absolument rigoureux, et il va le 
montrer. 

3 La faute d'Adam. 


τ Littéralement : de ce qui vient par un seul pécheur. 


16 


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(ge) 


Δ 


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440 LE NOUVEAU TESTAMENT 


régnera par la justice pour la vie éternelle par Jésus-Christ notre 
Seigneur. 


Et maintenant comment conclure? En disant que nous persis- 
terons à pécher pour faire abonder la grâce? Non, certes. Nous 
qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ? 
Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus- 
Christ, c'est en sa mort que nous l'avons été? Nous avons été 
ensevelis avec lui par le baptème en sa mort, et de même que 
Christ a été ressuscité des morts par la gloire du Père, de même 
nous devons vivre d’une vie nouvelle. Si nous sommes étroitement 
unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi 
par une même résurrection; nous savons que notre vieil homme 
a été crucifié avec lui, afin que ce corps de péché soit détruit, et 
que nous ne soyons plus esclaves du péché. Celui qui est mort! 
est déclaré juste et est délivré du péché. Si nous sommes morts 
avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, car 
nous savons que Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la 
mort n’a plus de pouvoir sur lui. 

Il est mort, en effet, et c'est à cause du péché qu'il est mort 
une fois pour toutes; puis il est revenu à la vie, et c’est pour Dieu 
qu'il vit. De même considérez-vous aussi comme morts au péché 
et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ. Que le péché ne 
règne donc pas dans votre corps mortel, n'obéissez pas à ses 
passions ; ne livrez pas vos membres au péché; n’en faites pas 
les instruments du vice, mais donnez-vous à Dieu, vous qui étiez 
morts et qui vivez, consacrez vos membres à Dieu, faites-en des 
instruments de justice. Le péché n’aura plus de pouvoir sur vous, 
car vous n'êles pas sous la Loi, mais sous la grâce. 

Mais quoi? Devons-nous pécher parce que nous ne sommes pas 
sous la Loi, mais sous la grâce? Oh! nullement. Ne savez-vous 
pas que si vous vous asservissez à quelqu'un et lui obéissez, vous 


1 Celui qui est mort, soit qu'il ne s'agisse ici que de la mort du corps, soit 
qu'il s'agisse de la mort au péché. Le sens reste douteux. 


[ 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 441 


devenez ses esclaves? soit du péché qui mène à la mort, soit de 
la soumission qui mène à la justice. Grâces soient rendues à Dieu 
de ce qu’autrefois, esclaves du péché, vous vous êtes soumis de 
cœur au type de doctrine qui vous a été offert! Mais du moment 
que vous avez été délivrés du péché, vous êtes devenus esclaves 
de la justice (j'emploie cette expression usuelle : esclaves, à cause 
de votre faiblesse naturelle) ; de même, veux-je dire, que vous 
avez mis vos membres au service de l'impureté et de l’iniquité 
pour violer la Loi, de même vous devez mettre maintenant vos 
membres au service de la justice pour vous sancüfier. Lorsque 
vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la 
justice. Quel avantage en retiriez-vous? Un avantage qui vous fait 
honte aujourd’hui !; cela vous menait à la mort. Mais maintenant, 
délivrés du péché et esclaves de Dieu, l'avantage que vous retirez, 
c'est la sanctification qui mène à la vie éternelle. Le salaire du 
péché, c’est la mort; mais le don de la grâce de Dieu, c’est la vie 
éternelle en Jésus-Christ notre Seigneur. 


Ignorez-vous, frères (je parle à des personnes connaissant la 
Loi), que celle-ci tient l’homme en son pouvoir aussi longtemps 
qu'il est en vie? La femme mariée, par exemple, est liée par une 
. loi à son mari s'il est vivant; si son mari vient à mourir, le lien 
légal qui lattachait à lui est rompu. Ainsi elle méritera le nom 
d’adultère si, du vivant de son mari, elle se donne à un autre; 
mais, après la mort de son mari, elle est affranchie de toute obli- 
gation légale, il n'y a plus d’adultère si elle se donne à un autre. 

Il en est de même de nous, mes frères; nous avons été mis à 
mort? relativement à la Loi par le moyen du corps du Christ pour 
appartenir à un autre, à celui qui est ressuscité des morts, afin que 
nous portions des fruits pour Dieu. Car lorsque nous vivions encore 
selon la chair, les passions coupables, excitées par la Loi, exer- 
çaient leur activité dans les membres de notre corps, et nous por- 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : L'avantage que vous en 
retiriez, ne vous fait-il pas honte aujourd'hui? 
? Grec : Il en est de même de vous, mes frères; vous avez été mis à mort, etc. 


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12 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


tions des fruits pour la mort. Mais maintenant le lien légal a été 
rompu; nous sommes morts à cette Loi qui nous retenait captifs, 
pour que nous servions Dieu dans la nouveauté de l'Esprit et non 
dans la vétusté de la lettre. 


Eh bien, comment conclure ? en disant que la Loi c’est le péché? 
Non certes, mais que par la Loi seule je connais le péché. Par 
exemple, je n'aurais rien su de la convoitise, si la Loi n’avait dit : 
«Tu ne convoiteras pas 11» et c’est le péché qui, saisissant l’oc- 
casion de ce commandement, ἃ fait naître en moi toutes sortes de 
convoitises, car sans Loi le péché n'existe pas. 

Je vivais sans Loi autrefois, mais le commandement me fut 
donné, le péché vint à naître, et moi je mourus. Et il est arrivé 
ceci : le commandement qui devait me mener à la vie, ce com- 
mandement-là même m'a conduit à la mort. Oui, le péché ἃ saisi 
l’occasion du commandement, m'a séduit et m'a tué par ce 
commandement même. Quant à la Loi, elle est sainte, et le 
commandement lui-même est saint, juste et bon. 

Mais alors c’est une bonne chose qui est cause de ma mort? 
Nullement, c’est le péché; il s’est servi d’une bonne chose pour 
m'apporter la mort, et alors il a montré ce qu'il était, il est 
apparu on ne peut plus coupable, ce péché qui se sert ainsi du 
commandement. 

Oui, nous savons que la Loi elle-même est spirituelle; mais c'est 
moi qui suis charnel, vendu et asservi au péché. Je ne sais pas 
même ce que je fais : car je ne fais pas ce que Je veux ; au con- 
traire, ce que je déteste, voilà ce que je fais. Et alors si je fais ce 
que je ne veux pas, Je rends témoignage à la Loi, je la reconnais 
bonne, et, dans ce cas, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché qui 
habite en moi. Je sais, en effet, qu'en moi, je veux dire en ma 
chair, il n’habite rien de bon : vouloir le bien est, il est vrai, à ma 
portée, mais l’accomplir, non. Car je ne fais pas le bien que je veux, 
mais le mal que je ne veux pas, voilà ce que je fais. Eh bien, si je 


1 Exode 20, 17. 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 443 


fais ce que je ne veux pas, ce n'est plus moi qui agis, mais le péché 
qui habite en moi. Voici donc la situation où je me trouve : quand 
ma volonté est de faire le bien, c'est le mal qui est là. Mon être 
intérieur ! adhère avec joie à la Loi de Dieu; mais je découvre 
dans mes membres une autre loi en guerre avec la loi de ma rai- 
son et qui m'asservit à la loi du péché qui est dans mes membres. 
Malheureux que je suis! qui me délivrera de ce corps de mort?! 
Grâces soient à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! 

Ainsi je me soumets, moi-même, par la raison, à la Loi de 
Dieu, mais, par la chair, je suis soumis à la loi du péché. 


ΠῚ n’y ἃ donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui 
sont en Jésus-Christ, parce que la Loi de l'Esprit de vie nous ἃ 
-affranchis, en Jésus-Christ, de la loi du péché et de la mort. Ge qui 
était impossible à la Loi, la chair lui ôtant toute force, Dieu l’a 
fait en envoyant son propre Fils, à cause du péché, prendre une 
chair de péché semblable à la nôtre ; il a condamné le péché dans 
la chair même, afin que le décret de la Loi s’accomplit en nous, 
en ceux qui ne marchent pas selon la chair, mais selon l'Esprit. 

Ceux qui sont selon la chair s’attachent à ce qui est de la chair; 
ceux qui sont selon l'Esprit, à ce qui est de l'Esprit ; or l’attache- 
ment pour la chair mène à la mort, l'attachement pour l'Esprit, à 
la vie et au salut“, parce que l'attachement pour la chair est une 
inimitié contre Dieu, puisqu'il ne se soumet pas à la Loi de Dieu 
(et même il ne le peut pas). Ceux qui sont dans la chair ne peuvent 
plaire à Dieu; mais vous, vous n'êtes pas dans la chair, mais dans 
l'Esprit, si toutefois l'Esprit de Dieu habite en vous. — Si quel- 
qu'un n’a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. — Si 
Christ est en vous, vôtre corps est, il est vrai, soumis à la mort 
à cause du péché, mais votre esprit l’est à la vie à cause de la 


1 C'est-à-dire: ma raison, 

? De ce corps de mort, littéralement: du corps de cette mort, c’est-à-dire, 
cause de cette mort, instrument de cet état de mort. 

3 Littéralement {’a affranchi. 

# Grec: à la paix; mais ce mot signifie souvent dans le grec du Nouveau 
Testament 16 salut. Voir à ce sujet note sur Évangile de Jean 14, 27. 


1 


10 


16 
17 


18 


ἀλλ LE NOUVEAU TESTAMENT 


justice. Si l'Esprit de Celui qui ἃ ressuscité Jésus des morts habite 
en vous, lui qui a ressuscité Jésus des morts donnera aussi la vie à 
vos corps mortels au moyen de son Esprit qui demeure en vous. 

Ainsi, mes frères, nous sommes obligés non envers la chair 
pour vivre selon la chair 1... 

Si vous vivez selon la chair, vous devez vous attendre à 
mourir. Si, au contraire, vous tuez par l'Esprit l’activité du corps, 
vous vivrez, parce que tous ceux qui se laissent conduire par 
l'Esprit de Dieu, sont fils de Dieu, et que vous n’avez point reçu 
un esprit de servitude pour craindre encore, mais que vous avez 
reçu un Esprit d'adoption, par lequel nous nous écrions : Abba! 
Père ! | 

Cet Esprit atteste lui-même à notre esprit que nous sommes 
enfants de Dieu, et si nous sommes enfants, nous sommes aussi 
héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ, si nous parti- 
cipons à ses souffrances pour participer aussi à sa gloire. 

J'estime, en effet, que les souffrances d'à présent ne sont rien 
en comparaison de la gloire qui doit un jour se révéler pour nous. 
Car la création attend avec impatience cette révélation ? des fils 
de Dieu, parce que ce n’est pas de son propre gré qu'elle a été 
assujettie à la fragilité ; elle l’a été au gré de celui qui l’a assu- 
jettie, et elle espère être affranchie, elle aussi, de la servitude de 
la corruption et passer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu. 

Nous savons, en effet, que jusqu'à présent la création tout 
entière gémit, elle est dans les angoisses de l’enfantement ὃ; et ce 
n'est pas elle seulement, c’est nous aussi qui avons reçu comme 


1 Phrase non achevée. 


Ω 


2? Gelte révélation, sous entendu : glorieuse, c’est-à-dire cette glorification. 

3 Le mot gloire que Paul a écrit à la fin du verset 17, l’amène à parler des 
perspectives glorieuses de la vie à venir. A son avis, les souffrances de la vie 
présente ne sont rien en comparaison de la gloire à venir. Ge qui le lui fait 
croire, c’est l’attente impatiente de la création entière qui soupire après la glori= 
fication de ceux qui sont aujourd'hui enfants de Dieu, et cette attente impatiente 
de la création vient de ce que son existence présente est essentiellement fragile; 
elle n'accepte pas volontiers cette fragilité ; c’est Dieu qui l’y ἃ soumise; aussi 
soupire-t-elle après l’affranchissement. Telle est l'opinion de l’apôtre, ce qu'il 
estime, et il appuie cette opinion sur ce que chacun sait; chacun sait que la 
nature entière gémit et passe par les angoisses de l’enfantement., 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 445 


prémices l'Esprit et qui gémissons en nous-mêmes, attendant 
l'adoption, c’est-à-dire la délivrance de notre corps. Car c’est en 
espérance que nous sommes sauvés; Or une espérance dont on voit 
l’objet n'est plus une espérance; ce qu’on voit, pourquoi l'espérer 
encore? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, C'esi 
que nous attendons avec persévérance. 

De plus, l'Esprit supplée aussi à notre faiblesse ; nous ne savons 
pas, en effet, ce qu'il faut demander dans nos prières, mais l'Esprit 
lui-même intercède pour nous par des soupirs et sans paroles. 
Or, Celui qui scrute les cœurs connait les désirs de l'Esprit, parce 
que celui-ci intercède pour les fidèles selon les vues de Dieu; et 
nous savons que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, 
de ceux qui sont élus d’après son décret ; nous savons que ceux 
qu’il a connus d'avance, ont été aussi prédestinés par lui à repro- 
duire l’image de son Fils qui sera ainsi l’ainé de plusieurs frères ; 
et ceux qu'il ἃ prédestinés, il les a aussi appelés; ceux quil ἃ 
appelés, il les ἃ aussi justifiés; ceux qu'il ἃ justifiés 1] les ἃ aussi 
glorifiés. 

Que dire de plus? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? 
Lui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré à la mort 
pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas toutes choses 
. avec lui? Qui osera accuser les élus de Dieu? Serait-ce Dieu qui 
les «justifie?» « Qui les condamnera??» Serait-ce Jésus-Christ, qui 
est mort? plus encore, qui est ressuscité, qui est assis à la droite 
de Dieu, qui intercède pour nous? ? Qui nous arrachera à l'amour 
du Christ? Sera-ce la tribulation? ou l’angoisse? ou la persécu- 
tion? ou la faim ? ou le dénuement ? ou les périls ? ou le glaive? 

[mort tout le long du jour ; 

(« À cause de toi» , comme dit l’Écriture, «nous sommes mis à 

On nous considère comme des brebis pour la boucherie», 


1 Ésaïie 50, 8 et suiv. 

2 Ibid. 

5 On peut traduire aussi: qui osera accuser les élus de Dieu? Dieu les 
justifie. Qui les condamnera? Jésus-Christ est mort, plus encore il est ressus- 
cité, il est assis à la droite de Dieu, il intercède pour nous. 

4 Psaume 44, 29. 


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ἀλθ LE NOUVEAU TESTAMENT 


Mais, dans tous ces combats, nous restons plus que vainqueurs, 
grâce à Celui qui nous ἃ aimés! Oui, je suis certain que ni la mort 
ni la vie, ni les anges ni les dominations !, ni le présent ni l'avenir, 
ni les puissances, ni les forces d’en haut ni les forces d’en bas, ni 
une création quelconque ?, ne pourra nous arracher à l’amour de 
Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur ! 


Je parle en vérité, devant Christ, je ne mens point (ma con- 
science éclairée par l'Esprit saint me l’atteste) en disant que 
j'éprouve une grande tristesse, une continuelle peine de cœur et 
que je voudrais être anathème et séparé du Christ pour mes frères, 
pour ceux de ma race et de mon sang, je parle des Israélites qui 
ont eu le privilège de l'adoption, de la gloire promise, des alliances, 
de la législature, du vrai culte, des promesses, qui ont eu les 
patriarches et dont est sorti, selon la chair, le Christ qui est au- 
dessus de tous! (Dieu en soit éternellement béni! Amen.) 

Je ne veux cependant pas dire que Dieu ait manqué à ses pro- 
messes. Pour être issu d'Israël, on n’est pas toujours vrai Israélite; 
pour être de la race d'Abraham, on n'est pas toujours de ses 
vrais enfants, mais: QC'est d'après Isaac que ta race sera 
nommée #.» Cela signifie que les enfants par le sang ne sont pas 
nécessairement les enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants 
par la promesse qui comptent comme la vraie race; car c’est d’une 
promesse qu'il est question dans ce passage : « Vers ce temps-là je 
viendrai et Sarra aura un fils 5» ; et ce n’est pas tout, il y a aussi 


1.1] s’agit ici des dominations malfaisantes, c’est-à-dire des démons, par oppo- 
sition aux anges. 

2. On peut traduire aussi: ni aucune créature au monde. 

3 On peut ponctuer ce verset dans le texte grec de deux autres manières : 
4° Mettant un point après Le Christ, la fin du verset se traduit ainsi: Que le 
Dieu qui est au-dessus de toutes choses en soit éternellement béni. Amen. — 
20 En supprimant le point qui est après: au-dessus de tous, la fin du verset 
devrait alors être traduite ainsi: Le Ghrist qui est au-dessus de tous Dieu éter- 
nellement béni! Amen. 

4 Genèse 21, 12. 

Ὁ Genèse 18, 10, 


| 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 447 


Rébecca qui fut enceinte des œuvres d’un seul homme, Isaac, 
notre père; eh bien, avant que ses jumeaux fussent nés, avant 
qu'ils eussent fait ni bien, ni mal, — pour que fut bien établi le 
décret de Dieu basé sur un choix qui ne dépend pas des œuvres, 
mais uniquement de Celui qui appelle!, — Rébecca apprit que 
« l'ainé servirait le plus jeune ? », car il est écrit: 

« J'ai aimé Jacob 

Et j'ai haï Ésaü 3.» 

Que faut-il en conclure? qu'il y a de l'injustice en Dieu? c'est 
impossible, puisqu'il dit à Moïse : » J'aurai pitié de celui dont il me 
plaira d'avoir pitié et j'aurai compassion de celui dont il me plaira 
d’avoir compassion “.» Ainsi rien ne sert de vouloir et de s’agiter, 
c'est Dieu qui fait miséricorde. En effet, l’Écriture dit à Pharaon : 
« Voici pourquoi je (αἱ suscité : Pour montrer en toi ma puissance 


el proclamer mon nom sur toute la terre 5. » Aïnsi, il a pitié de qui 


il veut, il endurcit qui il veut. 


Tu me diras alors: — pourquoi donc se plaint-il encore? qui 
donc peut résister à sa volonté? — Mais toi, ὁ homme, qui es-tu 
donc pour discuter avec Dieu? [fait ainsi ?» 


« Est-ce que le vase d'argile dit au potier $: Pourquoi m'as-tu 
Est-ce que le potier n’a pas le droit avec la même masse de 


_terre de faire deux vases l’un pour un noble usage, l’autre pour 


un usage vulgaire? Et s'il plait à Dieu de montrer sa colère et de 
faire connaître sa puissance! Et s’il a eu la grande patience de 
supporter des vases de colère fabriqués pour la perdition! Et si 
cela fait ressortir les richesses de sa gloire à l'égard des vases de 
miséricorde préparés d'avance pour la gloire! Je parle ici de nous 
qu'il a appelés et parmi les Juifs et même parmi les païens. C’est 
ce qu'il dit dans Osée : 


1 Celui qui appelle, c’est-à-dire Dieu lui-même. 
? Genèse 25, 23. 

3 Malachie 1, 2 et suiv. 

4 Exode 33, 19. 

> Exode 9, 16. 

5 Ésaïe 45, 9, 29, 16. 


43 


1% 


12 
Lo 


90 
91 


10,1 


2 


3 


448 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«J'appellerai mon peuple celui qui n'était pas mon peuple, 

Et bien aimée celle qui n'était pas bien aimée 1. 

Et là où on leur disait : Vous n'êtes pas mon peuple, 

On les appellera fils du Dieu vivant ?.» 

Ésaie s’écrie aussi à propos d'Israël : 

«Quand le nombre des fils d'Israël serait comme le sable de la mer, 
Un petit reste seulement sera sauvé, [éerre $ ; ». 
Car le Seigneur achèvera promptement d'exécuter sa sentence sur la 

Et comme l'avait déjà dit Ésaïe : 

«Si le Seigneur des armées * ne nous avait laissé une postérité, 

Nous serions devenus comme Sodome, 

Nous aurions été semblables à Gomorrhe 5. » 

Que faut-il en conclure? que les païens qui ne cherchaient pas 
la justice ont obtenu la justice, celle qui vient de la foi; et les 
Israélites qui cherchaient dans la Loi un principe de justice n'y 
sont pas arrivés; pourquoi donc? parce qu'ils ne le cherchaïent 
pas par la foi, mais comme devant venir des œuvres de la Loi; 
ils se sont heurtés à «la pierre d’achoppement ὃν, suivant ce mot 
de l’Écriture : 

« Voici je place en Sion une pierre d'achoppement, 

Une pierre qui fait tomber ; 

Mais celui qui aura confiance en elle ne sera pas déçu.» 


Frères, le désir de mon cœur et la prière que j'adresse à Dieu 
pour eux, c’est qu'ils soient sauvés. Je leur rends le témoignage 
qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais c’est un zèle ignorant, car c'est 
parce qu'ils ont ignoré la justice de Dieu et qu'ils ont voulu établir 
leur propre justice qu'ils ne se sont pas soumis à la justice de 


1 Osée 2, 25. 

Osée 2, 1. 

Ésaïe 10, 22 et suiv. 

Le mot des armées est en hébreu dans le texte : Sabaoth. 
5 Ésaïie 1, 9. 

ὁ Ésaie 8, 14, 28, 16. 

7 Ésaïe 28, 16. 


+ © 1 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 449 


Dieu. En effet, la fin de la Loi c’est Christ donnant la justice à 
quiconque ἃ foi en lui. 

Voici comment Moïse définit la justice obtenue par la Loi: 
«L'homme qui fera ces choses aura la vie par elles!.» Mais la 
justice obtenue par la foi parle ainsi: «Ve dis pas en ton cœur : 
Qui montera au ciel?? » (le dire serait vouloir en faire descendre 
Christ), ou: «Qui descendra dans l’abime??» (le dire serait 
vouloir faire remonter Christ de chez les morts); au contraire, que 
dit-elle : « Tout près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton 
cœur?» (il s’agit ici de la parole de la foi que nous prêchons); et 
alors si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus et si tu crois 
dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé; 
parce que la foi du cœur mène à la justice, la confession de la 
bouche mène au salut. L’Écriture dit en effet : 

«Quiconque aura foi en lui ne sera pas décui.» 

Ainsi, point de différence entre le Juif et le Grec : tous ont un 
seul et même Seigneur, riche pour tous ceux qui l’invoquent, car : 

« Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.» 

Mais comment l’invoqueront-ils s'ils n’ont pas cru en lui? 
comment croiront-ils s'ils n’en ont pas entendu parler? comment 
en entendront-ils parler si personne ne le leur prêche? comment 
_ira-t-on le leur prêcher, s’il n’y a point d’envoyés? Aussi est-il 
écrit : 


1 Lévitique 18, 5. 

2 Deutéronome 30, 11-14. 

3 Voilà encore un passage très obscur et pour lequel une explication est 
nécessaire. Paul veut montrer que dans l’Ancien Testament la justice nouvelle, 
obtenue par la foi, ἃ été décrite, qu’elle y parle elle-même, et il cite deux 
passages qui sont deux questions que l’on ne doit pas poser. Paul donne, entre 
parenthèses, l'interprétation de ces questions, Poser la première, ce serait vou- 
loir faire descendre le Christ sur la terre, comme s’il n’y était pas encore venu. 
Mais il est venu; il n’a plus à y descendre. Poser la seconde question, ce serait 
vouloir faire ressusciter le Christ, comme s’il n’était pas déjà ressuscité, Donc, en 
interdisant de poser ces questions, l’Ancien Testament affirme la venue de Jésus- 
Christ sur la terre et sa résurrection, c’est-à-dire affirme la justice nouvelle 
par la foi. 

4 Ésaie 28, 16. 

5 Joël 2, 32. 


29 


4, 10 


10, 16 


17 
18 


19 


11 τ 


[Se 


450 LE NOUVEAU TESTAMENT 


QQu'ils sont beaux... 
Les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles 71 » 
Mais ils n’ont pas tous voulu écouter la Bonne Nouvelle; aussi 
Ésaïe dit-il : 
«Seigneur, qui a ajouté foi à ce que nous avons fait entendre? ? » 
Donc, la foi se produit après qu'on ἃ entendu, et l’on entend 
quand la parole de Christ est prêchée. Mais je me dis: Peut-être 
n’ont-ils pas entendu prêcher? eh bien, c'est tout le contraire : 
« Dans la terre entière a retentr leur voix, 
Et jusqu'au bout du monde leurs paroles ?. » 
Je me dis encore: Peut-être Israël n’a-t-1l pas compris? 
Eh bien ! Moïse ἃ dit le premier : 
«Je vous rendrai jaloux d’un peuple de rien; 
Contre un peuple inintelligent je vous mettrai en colère 4.» 
Ésaïe va plus loin encore et il dit : 
«Ils m'ont trouvé ceux qui ne me cherchaient pas ; 
Ils n'ont découvert ceux qui ne s’informaient pas de moi», 
tandis qu’en parlant d'Israël 1] dit : 
«Tout le long du jour j'ai tendu les bras 
A un peuple désobéissant et récalcitrant S. » 


Je demande maintenant si «Dieu α rejeté son peuple ?» Non 
certainement; moi-même suis un Israélite, descendant d'Abraham, 
de la tribu de Benjamin. «Dieu n'a pas rejeté le peuple? » 
qu'il ἃ autrefois préféré. Ne savez-vous pas ce que dit l'Écriture 
dans l’histoire d'Élie, et comme celui-ci se plaint à Dieu d'Israël : 
«Seigneur, ils ont tué tes prophètes, renversé tes autels, moi seul 


1 Ésaie 52, 7. 

2 Ésaie 53, 1. 

3 Psaume 19, 9. 

4 Deutéronome 32, 21. 

5 Ésaïe 65, 1. 

6 Éisaïe, 65, 2. 

7 Allusion à Psaume 94, 14. 


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“τ πρόπαν 


0 


ÉPÎITRE AUX ROMAINS 451 


a survécu οἱ ils en veulent à ma vie! 1» Mais que lui dit l’oracle : 
«Je me suis réservé sept mille hommes qui n’ont pas fléchi le genou 
devant Baal? » Eh bien! il y a de même aujourd’hui une réserve 
par suite de l'élection qui est une grâce. 

Mais, si elle est une grâce, elle nest donc pas le fruit des 
œuvres, autrement la grâce ne serait plus une grâce. Qu'est-ce à 
dire? Israël n’a pas obtenu ce qu'il cherche, les élus l'ont obtenu; 
et le reste s’est endurci selon qu'il est écrit : 

« Dieu leur a donné un esprit d’'engourdissement, 

Des yeux pour ne pas voir, 

Des oreilles pour ne pas entendre jusqu'à aujourd’hui ὁ,» 
et David dit: 

« Que leur table leur soit un filet, un piége, 

Une trappe, un châtiment ; 

Que leurs yeux soient obscurcis pour ne pas voir, 

Que leur dos soit à jamais courbé #.» 

Je demande alors si c’est pour tomber qu'ils ont ainsi bronché ὃ 
Non certainement, mais leur faute a eu pour résultat l'annonce du 
salut aux païens de manière à provoquer leur émulation. Si, par 
leur faute, ils ont enrichi le monde, si, par un moment de retard, ils 
ont enrichi les païens, que sera leur entrée en masse dans l'Église ? 
C’est à vous, païens, que je parle : tout en étant apôtre des païens 
je couvre mon ministère de gloire en m'’efforçant de provoquer 
l’émulation de ceux de ma race et d’en sauver quelques-uns. Car, 
si leur rejet a eu pour résultat la réconciliation du monde, que 
sera leur admission ? ce sera vraiment une résurrection. 

Si les prémices sont saintes, toute la masse l’est aussi; si la 
racine est sainte, les rameaux le sont aussi. 

Si quelques rameaux ont été retranchés, si toi, olivier sauvage, 
as été greffé à leur place, si tu as été mis en communication avec 
la racine et la sève de l'olivier, garde-toi bien de t'enorgueillir 


1 I Rois, 19, 10. 

MhRois,v19, 18. 

3 Ésaie 29, 10 ; Deutéronome 29, 4. Ésaie 6,9 et suiv. 
+ Psaume 69, 23 et suiv. 


4, 11 


9 


10 
11 


12 


18 


459 LE NOUVEAU TESTAMENT 


aux dépens des branches coupées. Si tu t’enorgueillis, souviens-toi 
que ce n'est pas toi qui portes la racine, c'est la racine qui te porte. 
— Mais les rameaux, diras-tu, ont été coupés pour que 16 sois 
greffé. — D'accord, ils ont été coupés faute de foi; toi tu 
resles-là par ta foi; garde-toi de te vanter, tremble au contraire; 
si Dieu n’a pas épargné les rameaux naturels, 1l pourrait ne pas 
t’épargner non plus. Remarque donc et la bonté et la sévérité de 
Dieu : sévérité pour ceux qui sont tombés, bonté pour toi, si toute- 
fois tu te maintiens dans cette bonté, autrement toi aussi tu seras 
retranché ; et quant à eux, s'ils ne persistent pas dans leur incré- 
dulité, ils seront greflés; Dieu a bien le pouvoir de les greffer de 
nouveau, Car si {oi, tu as été coupé sur un olivier sauvage de sa 
nature et as été greflé, contrairement à ta nature, sur l'olivier 
franc, à plus forte raison, eux, qui appartiennent à l'olivier franc 
de sa nature, pourront être greffés sur leur propre tronc. 

Pour que vous ne preniez pas de vous-mêmes une trop haute 
opinion, frères, je ne veux pas vous laisser ignorer une chose 
restée jusqu'ici secrète : l’aveuglement d’une partie d'Israël durera 
jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée dans l'Église et, 
après cela, tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : 

«De Sion viendra le Libérateur 

Et il éloignera de Jacob l’imprété. 

Telle est l'alliance que je conclurai avec eux, 
Quand j'effacerai leurs péchés 1.» | 

A regarder à l'Évangile, ils sont ennemis de Dieu à cause de vous, 
ἃ regarder à l'élection ils sont des bien-aimés à cause de leurs pères. 

Dieu ne se repent jamais ni des grâces qu'il accorde ni de l'appel 
qu'il adresse. 

De même que vous autrefois vous désobéissiez à Dieu et que 
maintenant vous avez obtenu miséricorde par suite de leur déso- 
béissance, eux de même ont maintenant désobéi à cause de la 
miséricorde qui vous est accordée et afin de l'obtenir maintenant? 
à leur tour. Car Dieu a enveloppé tous les hommes dans la déso- 


1 Esaïe, 59, 20 et suiv.; 27, 9; 31, 33 et suiv. 
2 Plusieurs anciens manuscrits omettent maintenant, 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 453 


béissance pour leur faire à tous miséricorde. Ὁ profondeur de la 
richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses juge- 
ments sont insondables! que ses voies sont impénétrables! car : 
Qui a connu la pensée du Seigneur ; 
De qui a-t-il pris conseil?1 » 
et encore : 
« De qui est-il l'obligé? 
Et qui doit recevoir de lui en retour ?? » 
Tout vient de lui! Tout est par lui! Tout est pour lui! Gloire 
à lui dans l'éternité ! Amen. 


Je vous exhorte donc, frères, au nom du Dieu des compassions, 
à lui offrir vos personnes en sacrifice vivant, saint, acceptable; ce 
serait de votre part un culte raisonnable. 

Ne suivez pas les errements de notre siècle ; au contraire, que 
votre esprit se transforme en se renouvelant, de manière à bien 
vous pénétrer de ce qu'est la volonté de Dieu: volonté qui est 
bonne, acceptable, parfaite ὅ. 

Ainsi je vous dis à tous, m'autorisant de la grâce qui m'a été 
accordée, de ne pas vous exagérer votre valeur, mais de rester 
dans les limites d’une juste appréciation, chacun selon la mesure 
de foi que Dieu lui a départie; car de même que notre corps, qui 
est un, a plusieurs membres et que tous les membres n’ont pas la 
même fonction, de même, tous, tant que nous sommes, nous ne 
faisons qu’un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres 
les uns des autres, possédant des dons divers chacun selon la grâce 
qui lui a été accordée; l’un a le don de prophétie, en proportion de 
sa foi; l’autre a, dans son ministère, le don du diaconat; ici c’est 
un docteur qui a le don de l’enseignement; là un prédicateur qui 
a ke don de la parole; le bienfaiteur doit donner avec générosité ; 
le supérieur, présider avec zèle; celui qui est chargé des œuvres 
de miséricorde, remplir ses fonctions avec joie. 


1 Ésaïe 40, 13. 
2. Job 41, 2. 
3 On peut traduire aussi : il veut ce qui est bon, acceptable, parfait. 


39 
36 


[Re] 


12, 9 


19 


20 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


PS 
Qt 
Æ 


Que votre amour soit sans hypocrisie. Ayez horreur du mal; 
soyez fermement attachés au bien. Comme des frères, soyez pleins 
d'affection les uns pour les autres; estimez-vous; ayez des préve- 
nances réciproques. Ne ralentissez pas votre zèle, ayez de l’ardeur 
d'âme, mettez-vous au service du Seigneur. Soyez joyeux dans 
l'espérance, patients dans l’affliction, persévérants dans la prière. 
Subvenez aux besoins des fidèles. Exercez l'hospitalité avec em- 
pressement. Bénissez vos persécuteurs!, oui, bénissez, ne mau- 
dissez pas. Soyez heureux avec les heureux, pleurez avec ceux qui 
pleurent. Vivez ensemble en bonne intelligence. Gardez-vous de 
l’orgueil; marchez avec ceux qui sont humbles. 

«6 vous croyez pas meilleurs que vous ne l’étes?.» 

Ne rendez à personne le mal pour le mal. 

«Intéressez-vous à ce qui est bien aux yeux de tous les hommes*. » 

Autant que possible et, dans la mesure où cela dépend de vous, 
vivez en paix avec tout le monde. 

Ne vous vengez pas vous-mêmes, mes bien aimés; laissez faire 
la colère dont il est écrit: « La vengeance est à moi, ‘c'est moi qui 
rétribuerai, dit le Seigneur “.» Aïnsi donc : 

«δὲ ton ennemi a faim donne-lui à manger, 
S'il a soif donne-lui à boire; 
En faisant cela tu entasseras sur sa tête des charbons ardents 5.» 

Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sache vaincre le mal 
par le bien. 


Que tout le monde se soumette aux puissances régnantes ; car il 
n’y ἃ pas de puissance qui ne vienne de Dieu; les puissances qui 
existent sont instituées par Dieu; et, de la sorte, celui qui fait de 
l'opposition aux puissances résiste à l’ordre établi par Dieu, et 


1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : bénissez les persécuteurs. 
2 Proverbes 8, 7. 

3 Proverbes 8, 4, 

4 Deutéronome 32, 35. 

5 Proverbes 25, 21 et suiv. 


ÉPÎITRE AUX ROMAINS 455 


ceux qui résistent ainsi s'attirent un jugement sévère. En effet, 
ceux qui gouvernent ne sont pas à redouter pour les bonnes actions, 
mais pour les mauvaises. Veux-tu ne pas avoir à redouter l’auto- 
rité? Fais le bien et tu recevras ses éloges. Car elle est au service 
de Dieu pour toi, pour ton bien; mais si tu fais le mal, tremble, 
car ce n'est pas pour rien quelle porte l'épée; elle est au service 
de Dieu pour le venger et montrer sa colère à ceux qui font le mal. 
Il faut donc se soumettre, non seulement par crainte de cette 
colère, mais par devoir de conscience. 

Voilà encore pourquoi vous avez des impôts à payer; en effet, 
ceux qui gouvernent sont des fonctionnaires de Dieu employés 
particulièrement à remplir l'office qu'il leur a confié. 

Donnez donc à chacun ce qui lui est dù : à qui l'impôt, l'impôt; 
à qui la redevance, la redevance; à qui le respect, le respect; à 
qui l'honneur, l'honneur. 

Ne contractez de dettes envers personne, sauf la dette de 
l’amour mutuel. En effet, celui qui aime les autres ἃ accompli la 
Loi, car les commandements : «Tu ne seras point adultère, tu ne 
seras point meurtrier, tu ne seras point voleur, tu ne convoiteras 
point?» ou nimporte quel autre, se résument d’un seul mot, 
celui-ci : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» L'amour 
ne fait point de mal au prochain; l'amour est donc l’accomplisse- 
ment de la Loi. 

Je dis cela, parce que vous savez dans quel temps nous vivons! 
vous savez que l'heure est venue de nous réveiller du sommeil! 
car le salut est maintenant plus proche de nous que lorsque nous 
sommes devenus croyants. 

La nuit s’avance; le jour approche ; laissons donc là les œuvres 
de ténèbres et revêtons les armes de la lumière. 

Marchons honnêtement comme on marche en plein jour; point 
d'orgies, point d’excès, point d’impuretés, point de débauches, 
point de disputes, point de jalousies; revêtez, au contraire, le 


1 C'est-à-dire par crainte du châtiment. 
? Exode 20, 13 et suiv. 
5 Lévitique 19, 18. 


3. 13 


10 


11 


13 


14 


14, 1 


τ 


-1 


456 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Seigneur Jésus-Christ, et ne vous préoccupez pas de la chair pour 
ne pas en réveiller les passions. 


Accueillez celui dont les convictions sont mal affermies, sans 
discuter ses opinions. Celui-ci ἃ des convictions qui lui permettent 
de manger de tout; celui-là, mal affermi, ne mange que des 
légumes. Eh bien, celui qui mange de tout ne doit pas mépriser 
celui qui ne mange pas de tout, et celui qui ne mange pas de tout 
Juger celui qui mange de tout, car Dieu l’a aussi accueilli. Qui 
es-tu toi, pour juger le serviteur d'autrui? s’il marche droit, s’il 
bronche, c'est l'affaire de son maître; mais il ne bronchera pas 
car son maître est puissant pour le soutenir. 

Celui-ci considère, en effet, un jour comme plus sacré qu'un 
autre, celui-là considère tous les jours comme égaux : que chacun 
ait ici une conviction bien entière et personnelle. Celui qui fait 
attention au jour le fait à cause du Seigneur; celui qui mange de 
tout le fait à cause du Seigneur, puisqu'il rend grâces à Dieu, et 
celui qui ne mange pas de tout le fait à cause du Seigneur et rend, 
lui aussi, grâces à Dieu. 

En effet, aucun de nous ne vit pour lui-même, et aucun ne 
meurt pour lui-même, car si nous vivons, nous vivons pour le 
Seigneur; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit 
donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au 
Seigneur; et c'est pour cela que Christ est mort et est ressus- 
cité, c'est pour être le Seigneur des vivants et des morts. 

Pourquoi donc, toi, juges-tu ton frère et pourquoi donc, Loi, 
méprises-tu ton frère, quand nous devons tous comparaître devant 
le tribunal de Dieu? En effet, 11 est écrit : 

Aussi vrai que je vis, dit le Seigneur, 
Devant mor fléchira tout genou 
Et toute langue louera Dieu ?.» 


1 Plusieurs anciens manuscrits omettent en effet. 
? Esaïie 45, 29. 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 457 


Par conséquent, chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi- 
même. 

Ne nous jugeons donc plus les uns les autres, mais décidez plutôt 
que vous ne placerez jamais devant votre frère une pierre d’achoppe- 
ment, que vous ne Jui donnerez jamais une occasion de tomber. 
(Je sais, je suis convaincu en Jésus mon Seigneur que rien n’est 
impur en soi, sauf cependant si quelqu'un pense que telle ou telle 
chose est impure, alors pour lui elle est impure). Si prenant telle 
nourriture tu attristes ton frère, tu n’agis plus avec charité. Ne va 
pas, à cause de ta nourriture, perdre celui pour lequel Christ est 
mort; ne faites pas calomnier ce que vous avez de bon. 

On ne réalise pas le Royaume de Dieu par ce qu'on mange et 
par ce qu’on boit, mais par la Justice, par la paix, par la joie 
dans l'Esprit saint. Celui qui sert le Christ de cette manière est 
agréable à Dieu et estimé des hommes. 

Recherchons donc tout ce qui peut contribuer à la paix et à 
l'édification mutuelle. 

Ne va pas, pour une question de nourriture, ruiner l’œuvre de 
Dieu. 

Tout est pur, c'est vrai; mais un homme fait le mal quand, par 
la nourriture qu'il prend, il devient une cause d’achoppement; et 
. il fait le bien quand il ne mange pas de viande, quand il ne boit 
pas de vin, quand il ne fait rien qui risque de faire tomber son 
frère. Toi tu as ta conviction, garde-la pour toi seul sous le regard 
de Dieu. Heureux celui qui ne prononce pas son propre jugement 
par ce qu'il approuve! Celui qui, en ayant des doutes, mange de 
tout, est condamné, parce qu'il agit sans conviction; tout ce qu’on 
ne fait pas avec conviction est un péché 1. 

Nous devons, nous les forts, supporter les faiblesses de ceux 
qui sont moins forts que nous, et nous ne devons pas n’ävoir de 
complaisance que pour nous-mêmes. Que chacun de nous tâche de 
plaire à son prochain pour lui faire du bien et pour l’édifier, car 


1 C’est ici que le Codex Alexandrinus insère une première fois les ver- 
sets 25, 26 et 27 du chapitre 16. Voir la préface à cette Epitre. 


9 
[he 


23 


15. 


1 


10 


11 


458 LE NOUVEAU TESTAMENT 


le Christ n’a pas cherché ce qui lui plaisait à lui, mais, comme il 
est écrit : 


«Les outrages de ceux qui l'outragent sont tombés sur moi 1.» 


Or tout ce qui a été écrit d'avance l’a été pour notre instruc- 
tion, afin que la patience et la consolation que nous puisons dans 
les Écritures conservent en nous l'espérance. 
Que le Dieu de patience et de consolation vous donne d’être 
d'accord entre vous comme le veut Jésus-Christ afin que, d’un seul 
cœur et d’une seule voix, vous donniez gloire à Dieu le Père de 
notre Seigneur Jésus-Christ. | 
Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a 
accueillis, pour la gloire de Dieu. 
J'affirme, en effet, que Christ est devenu le serviteur de 
ceux de la circoncision pour montrer la véracité de Dieu, pour 
confirmer les promesses faites à leurs pères, et quant aux païens, 
ils glorifient Dieu de sa miséricorde, comme il est écrit : 
«C’est pourquoi je te célébrerai parmi les païens 
Et je louerai ton nom?» ; | 

et ailleurs il est dit : 
«Réjouissez-vous, païens, avec son peuple * », 

el encore : 
«Louez le Seigneur, vous toutes les nations ; 
Célébrez-le, vous tous les peuples “.» 

Ésaïe dit aussi : 

« 7] paraîtra le rejeton de Jesse, 
Celui qui s'élèvera pour dominer sur les païens : 
Les païens espéreront en lui”. » | 

Que le Dieu de l’espérance vous comble de toute la joie et de 
toute la paix que donne la foi pour que vous soyez riches d’espé- 
rance par la puissance de l'Esprit saint. 


1 Psaume 69, 10. 

2 J[ Samuel 22, 50; Psaume 18, 50. 
5 Deutéronome 32, 43. 

4 Psaume 117, 1. 

5 Ésaie 11, 10. 


ÉPITRE AUX ROMAINS 459 


Je suis convaincu, mes frères, je le suis tout le premier, que 
vous êtes pleins de bonté, doués de beaucoup d'intelligence, 
capables de vous avertir les uns les autres. Cependant je vous ai 
parlé sévèrement dans quelques passages et comme pour raviver 
vos souvenirs: je l’ai fait en vertu de la grâce que Dieu m'a 
accordée d’être le ministre de Jésus-Christ auprès des païens, ofli- 
ciant pour l'Évangile de Dieu, afin que les païens lui soient une 
offrande agréable, étant sanctifiée par l'Esprit saint. 

Je puis donc me glorifier en Jésus-Christ de tout ce qui regarde 
la cause de Dieu. Car je n’oserais jamais parler de choses que 
Christ n’aurait pas faites par mon ministère pour la soumission 
des païens, soit par mes paroles soit par mes actes, par la puissance 
des miracles et des prodiges, par la puissance de l'Esprit de 
Dieu; c’est au point que j'ai rempli de l'Évangile du Christ le 
cercle immense qui va depuis Jérusalem jusqu'à l'Illyrie, et je me 
suis fait un devoir d'honneur de ne pas prêcher l'Évangile là où 
le nom de Christ avait déjà été prononcé pour ne pas bâtir sur un 
fondement posé par autrui. Mais, comme il est écrit : 

« Ceux auxquels il n'avait pas été annoncé le verront, 

Et ceux qui n’en avaient pas entendu parler le comprendront ?.» 

C’est pour cela que j'ai été si souvent empêché de venir chez 
vous; mais aujourd'hui je n’ai plus rien à faire dans ces contrées-ci, 
et comme j'ai depuis plusieurs années un très grand désir d'aller 
vous voir et que je dois aller en Espagne, j'espère vous faire une 
visite en passant, puis vous me fournirez les moyens d'aller là-bas 
après que j'aurai satisfait, en partie du moins, le besoin que j'ai 
de vous voir. 

Pour le moment je vais à Jérusalem porter un secours aux 
fidèles, car la Macédoine et l’Achaïe ont bien voulu organiser 
une collecte en faveur des fidèles de Jérusalem qui sont dans 
la pauvreté; elles l'ont bien voulu, dis-je; mais aussi bien, le 
leur doivent-elles; car si les païens ont eu leur part de leurs 


1 Ésaïe 52, 15. 


14, 15 


16 


21 


25 


19 
1 


16, 


30 


91 


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460 LE NOUVEAU TESTAMENT 


biens spirituels, elles doivent à leur tour les assister de leurs biens 
matériels. 

Quand j'aurai terminé cette affaire et que je leur aurai soigneuse- 
ment remis la somme, je me rendrai en Espagne en passant par 
chez vous; et je sais que je viendrai chez vous accompagné des 
plus riches bénédictions de Christ. 

Mais je vous demande, frères, au nom de notre Seigneur Jésus- 
Christ et de l'amour qui unit nos esprits, de lutter avec moi et 
pour moi dans vos prières à Dieu, afin qu'il me délivre des incré- 
dules de Judée et que la mission que je vais remplir à Jérusalem 
soit favorablement accueillie des fidèles. Et alors je pourrai aller 
chez vous dans la joie et, s’il plaît à Dieu, me reposer avec vous. 


LE DIEU DE PAIX SOIT AVEC VOUS TOUS. AMEN. 


Je vous recommande notre sœur Phœbé, diaconesse de l’église 
de Kenchrées, pour que l'accueil que vous lui ferez en notre 
Seigneur soit digne des fidèles, et que vous l’assistiez dans toute 
affaire où elle pourrait avoir besoin de vous. Elle ἃ rendu service 
à plusieurs personnes, à moi en particulier. 

Saluez Prisca et Aquilas, mes collaborateurs en Jésus-Christ, 
qui, pour me sauver la vie, ont exposé la leur, et je ne suis pas [6 
seul à les en remercier, mais encore toutes les Églises des païens. 
Saluez aussi l’Église qui s’assemble dans leur maison. 

Saluez mon cher Épénète, le premier-né de l'Asie en Christ: 

Saluez Marie, elle s’est donnée beaucoup de peine pour vous. 

Saluez Andronicus et Junias, mes parents et mes compagnons 
de captivité; ils sont distingués entre les apôtres et même ont été 
en Christ avant moi. 

Saluez Amplias; il m'est cher dans le Seigneur. 

Saluez Urbanus, notre collaborateur en Christ, ainsi que mon 
cher Stachys. 

Saluez Apellès, qui est un honnête homme en Christ. 

Saluez les gens de la maison d’Aristobule. 


ÉPÎTRE AUX ROMAINS 461 


Saluez Hérodion, mon parent. 

Saluez les gens de la maison de Narcisse qui sont au Seigneur, 

Saluez Triphaina et Tryphosa, ouvrières dans l’œuvre du Seigneur. 

Saluez ma chère Persis, elle ἃ bien travaillé pour le Seigneur. 

Saluez Rufus, homme distingué dans le Seigneur, et sa mère 
que j'appelle ma mère. 

Saluez Asyncrytus, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas et les 
frères qui sont avec eux. 

Saluez Philologus et Julie, Nérée et sa sœur, Olympas et tous 
les fidèles qui sont avec eux. 

Saluez-vous les uns les autres d’un saint baiser. 

Toutes les Églises du Christ vous saluent. 

Je vous invite, frères, à prendre garde à ceux qui sèment des 
divisions et des scandales 1 contre la doctrine que vous avez apprise. 
Évitez-les; car ces gens-là ne servent pas notre Seigneur Christ, 
mais leur ventre, et, par leurs flatteries et leurs beaux discours, ils 
séduisent les cœurs des simples. Votre docilité est maintenant par- 
tout connue, je me réjouis donc de vous, mais je veux que vous 
soyez sages pour le bien et innocents devant le mal. Le Dieu de 
paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. 

LA GRACE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS SOIT AVEC VOUS. 


Timothée, mon collaborateur, vous salue, ainsi que Lucius, 
Jason, Sosipater, mes parents. 

Moi, Tertius, qui ai écrit cette lettre?, je vous salue aussi en 
notre Seigneur. 

Gaïus, qui me donne l'hospitalité, ainsi qu’à toute l'Église, vous 
salue. 

Éraste, le receveur de la ville, et le frère Quartus vous saluent ὃ. 


1 Des scandales, c’est-à-dire littéralement : des pièges qui peuvent faire 
tomber. Voir note sur Matth. 18, 6, 7, 8. 

2 Voir note sur Galates 6, 11. 

5 Plusieurs manuscrits sans autorité insèrent encore ici une salutation finale 
ainsi conçue: QUE LA GRACE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST SOIT AVEC 
VOUS TOUS. AMEN. Cette phrase forme le verset 24 des traductions ordinaires du 
Nouveau Testament. 


11, 16 


16 


17 


20 


19 
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29 


462 LE NOUVEAU TESTAMENT 


A Celui qui peut vous fortifier dans la foi en mon Évangile et 
en l’enseignement de Jésus-Christ, conformément à la révélation 
du mystère caché durant des siècles, mais aujourd’hui dévoilé et 
publié dans des écrits prophétiques par l'ordre du Dieu éternel, 
pour amener tous les païens à obéir à la foi, au Dieu qui seul est 
sage soit gloire par Jésus-Christ à jamais! ! Amen. 


1 Littéralement : dans les siècles! Quelques anciens manuscrits lisent: dans 
les siècles des siècles! 


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PREMIÈRE ÉPÎITRE 


AUX CORINTHIENS 


PRÉFACE 


Paul fonda l’Église de Corinthe pendant le séjour d’un an 
et demi qu'il fit dans cette ville à la fin de son second voyage 
missionnaire de 53 à 4 (Actes 18 : 11: 2 Cor. 1 : 19). L'Église fut 
tout de suite nombreuse. Elle s’était surtout recrutée dans les 
basses classes (1 Cor. 1 : 26; 6: 11; 8: 10; 12 : 13). 

Après le départ de Paul, Apollos continua l’œuvre commencée ; 
puis arrivèrent de Jérusalem d’autres missionnaires, dont les uns 
prêchèrent la doctrine de Pierre, les autres l’enseignement du 
Christ historique sans se couvrir de l’autorité de tel ou tel apôtre. 
Divers partis se formèrent alors dans l’Église. 

Vers la fin du séjour de trois ans que Paul fit à Éphèse, c’est-à- 
dire vers la Pâque de l’an 57, trois membres de l’Église de Corinthe : 
Stephanas, Fortunatus et Achaïcus (1 Cor. 16 : 17), tous #trois «de 
la maison de Chloé » — ou «fils de Chloë» — (1 Cor. 1: 11), 
lui furent envoyés en députation; ils étaient porteurs d’une lettre 
de l'Église consultant l’apôtre sur certaines questions, objets des 
plus vifs débats (mariage et célibat, viandes sacrifiées aux idoles, 
don des langues, résurrection des corps, ete.). Ces trois messagers 
apprirent en outre à Paul, de vive voix, que les Corinthiens étaient 


464 LE NOUVEAU TESTAMENT 


divisés en quatre partis, les uns se réclamant de Paul, les autres 
d’Apollos, les autres de Pierre, d’autres enfin prétendant ne relever 
que du Christ sans l'intermédiaire d'aucun apôtre. Paul leur écrivit 
alors notre première épître aux Corinthiens, qui est en réalité la 
seconde lettre qu’il leur adressait, car il leur avait déjà écrit une 
lettre d’avertissements qui a été perdue (1 Cor. 5, 9). 

Il commence par leur parler des partis qui les divisent et 1] 
assigne à chacun sa vraie place (ch. 1, 2, 8, 4); puis il leur fait de 
vives remontrances sur un scandale (mariage illicite ou inceste) 
qu’ils osent tolérer parmi eux. Il passe ensuite aux procès que les 
chrétiens ont entre eux (ch. 5 et 6). Enfin il répond successivement 
aux questions qui lui sont posées dans la lettre d’eux qu’il a reçue : 
le mariage (ch. 7), les viandes sacrifiées aux idoles (ch. 8). Il relève 
la dignité de son apostolat (ch. 9 et 10). Il insiste sur l’attitude que 
chacun doit prendre dans l'Église, sur la manière de célébrer la 
sainte Cène, sur l’unité du corps de l'Église et la diversité de 
ses membres, sur le don de la charité et sur le don des langues 
(ch. 11, 12, 13, 14). Il discute les objections faites à la résurrection 
des corps (ch. 15), et termine en annonçant son prochain départ 
d'Éphèse et son arrivée à Corinthe (ch. 16). 

L’allusion à la fête de Pâque, qui se trouve ch. 5, v. 7 et 8, 
montre bien que c’est au moment de cette fête et, comme nous 
l’avons dit, en l’an 57, que cette épître a été écrite. Vers la Pen- 
tecôte, Paul partit, en effet, pour Corinthe en passant par la 
Macédoine. 

La première épître aux Corinthiens nous fait pénétrer dans la 
vie intérieure des Églises apostoliques. Elle nous initie aux dif- 
cultés que rencontrait l’apôtre Paul et au caractère très particulier 
des questions qui troublaient les communautés d'alors. 

L'authenticité de cette épître est absolument certaine et d’ailleurs 
n’a jamais été attaquée. Il va sans dire que les chrétiens des 
premiers siècles l’ont toujours rangée au nombre des écrits incon- 


testés. 


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PREMIÈRE ÉPÎTRE 


AUX CORINTHIENS 


PAUL, ÉLU, PAR LA VOLONTÉ DE DIEU, APÔTRE DE JÉsUs-CHRist , 
ET LE FRÈRE SOSTHÈNES, À L'ÉGuise De Dieu qui Est A CORINTHE, 
AUX SANCTIFIÉS EN JÉSUS-CHRIST, AUX FIDÈLES ÉLUS, ET À TOUS 
CEUX QUI INVOQUENT LE NOM DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST DANS 
TOUT CE PAYS, QUI EST LE NÔTRE COMME LE LEUR !, 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE ET 
PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. 


Je ne cesse de remercier Dieu ? de la grâce qu'il vous a accor- 
dée en Jésus-Christ. Vous avez été, par lui, comblés de richesses ; 
vous avez reçu beaucoup d'instruction et d'intelligence, et le témoi- 
gnage du Christ a été bien solidement établi au milieu de vous. 
Aussi ne vous manque-t-il aucun don de la grâce, à vous qui 
attendez l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ. 

Dieu, de son côté, vous fortifiera jusqu’à la fin, et vous serez 
irréprochables le jour de notre Seigneur Jésus-Christ. 

Ah! il est fidèle, le Dieu qui vous a appelés à la communion 
avec son fils Jésus-Christ notre Seigneur. 


Je vous conseille cependant, mes frères, au nom de notre Sei- 
gneur Jésus-Christ, d’être tous d'accord dans vos paroles ; qu'il 


1 On peut traduire aussi : en tout pays, et leur Seigneur comme le nôtre. 
? Plusieurs anciens manuscrits lisent : Je ne cesse de remercier mon Dieu. 


30 


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466 LE NOUVEAU TESTAMENT 


n’y ait pas de scission entre vous; soyez tous bien unis d’esprit et 
de sentiment. 

Qu'ai-je appris, en effet, mes frères, par les fils de Chloé 12 
qu'il y a de la discorde parmi vous. Je m'explique : Voici ce qu’on 
vous entend dire: «Moi, je suis du parti de Paul!» -— « Moi, de 
celui d’Apollos!» — «Moi, de celui de Képhas?!» — «Moi, de 
celui de Christ!» — Est-ce que le Christ est divisé ? Est-ce que 
Paul a été crucitié pour vous? Est-ce que vous avez été baptisés 
au nom de Paul? Je rends grâces” de n’avoir baptisé aucun de vous 
— (sauf toutefois Crispus et Caïus) — pour que personne ne puisse 
dire que vous avez été baptisés en mon nom. J'ai bien baptisé 
aussi la maison ὁ de Stephanas; à cela près, personne d'autre que 
je sache. 

Christ ne m'a pas fait apôtre pour baptser, mais pour prêcher 
l'Évangile, pour le prêcher sans aucune des habiletés de la 
philosophie, afin de ne pas rendre inutile la croix du Christ. 

La prédication de la croix, en effet, est folie pour ceux qui 
vont périr ; pour nous, les sauvés, elle est une puissance de Dieu, 
car 1l est écrit : 

«Je perdrai la sagesse des sages, 
Et la prudence des prudents je la rendrai vaine *.» 

Où est le philosophe? où est le docteur de la Loi? où est le rai- 
souneur mondain? Dieu n’a-t-1l pas changé en folie la sagesse de 
ce monde ? Puisque Dieu ἃ permis, dans sa sagesse, que le monde 
ne parvint pas avec sa philosophie à le connaître, il a bien voulu 
par une prédication appelée folie, sauver les croyants : les Juifs 
exigent des miracles, les Grecs veulent de la philosophie; nous, 
nous prêchons Christ crucifié; il est pour les Juifs un scandale ὃ ; 


1 Le mot Les fils est sous-entendu dans le texte. On peut traduire aussi : ceux 
de la maison de Ghloë. Il s’agit de Stephanas, de Fortunatus et d’Achaïcus, qui 
avaient apporté à Paul, avec une lettre de l’Église, des nouvelles de ce qui se 
passait à Corinthe. Voir 16, 17. 

2 Képhas, c’est-à-dire Pierre. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : Je rends grâces à Dieu, ete. 

t La maison ou la famille. Voir note sur Actes 16, 15. 

5 Ésaie 29, 14. 

6 Voir sur le sens du mot scandale, note sur Matth. 18, 7. 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 467 


il est pour les païens une folie; mais pour les appelés, soit Juifs, 
soit Grecs, il est Christ, puissance de Dieu, sagesse de Dieu. 

Ah ! cette «folie» de Dieu, elle est plus sage que ce qui vient 
des hommes; cette «faiblesse» de Dieu, elle est plus forte que ce 
qui vient des hommes! 

Voyez, mes frères, comment vous avez été appelés : il n’y ἃ pas 
parmi vous beaucoup de philosophes, comme on les appelle, ni 
beaucoup d'hommes influents ou de haute naissance; mais Dieu ἃ 
choisi ce qui est insensé selon le monde pour confondre les philo- 
sophes, il ἃ choisi ce qui est faible selon le monde pour confondre 
les forts; oui, ceux d’une condition inférieure, les méprisés, Dieu 
les ἃ choisis; ceux qui n'étaient rien pour réduire au néant ceux 
qui étaient quelque chose, afin qu'aucun être mortel ne puisse 
s'enorgueillir en sa présence. 

Par lui, vous appartenez à Jésus-Christ, qui, grâce à Dieu, 
est devenu notre «philosophie», je veux dire notre justice, notre 
sanctification et notre rédemption, afin, comme dit l'Écriture, 

«Que celui qui veut se glorifier se glorifie 
au sujet du Seigneur !. » 

Et moi, frères, quand je vins à vous, je ne vins pas vous annon- 
_ cer le témoignage de Dieu ? avec le prestige de l’éloquence ou de 
la philosophie. Parmi vous, je n'ai jugé savoir qu’une seule chose: 
Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié. Aussi ai-je passé tout ce 
temps dans la faiblesse, la crainte, la plus grande humilité. Mes 
discours, mes prédications ne tiraient pas leur valeur des argu- 
ments de la philosophie, mais ils la tiraient des démonstrations de 
l'Esprit et de la puissance divine, afin que votre foi ne reposàt 
pas sur la philosophie des hommes, mais sur la puissance de Dieu. 

Nous avons bien notre philosophie, mais nous ne la prêchons 
qu'aux hommes d'âge mür*, C’est une philosophie qui n'est pas 
celle de ce siècle, n1 celle des princes de ce siècle qui vont passer. 


1 Jérérnie 9, 93. 
? Quelques anciens manuscrits lisent : vous annoncer le mystère de Dieu. etc. 


3 Littéralement: aux adultes, par opposition aux petits enfants dont Paul 
parlera plus loin : 3, 1, 


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11 


468 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Nous prèchons une philosophie divine, jusqu'ici mystérieuse et 
cachée, et que Dieu avait décrétée avant les siècles et cela pour 
notre gloire. Aucun des princes de ce siècle ne l’a connue (s'ils 
l’eussent connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire), 
mais, comme dit l'Écriture : 

«Ce qu'aucun œil n'a vu, ce qu'aucune oreille n'a entendu, 

Ce qui n’est monté au cœur d'aucun homme, 

Ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment…. 1 

C’est à nous que Dieu ? l’a révélée par son hs car |’ Esprit 
sonde tout, même les profondeurs de Dieu. 

Quel homme sait ce qui se passe dans un homme? Ce n’est que 
l'esprit de cet homme qui est en lui-même. De même ce qui est 
en Dieu, personne ne le sait que l'Esprit de Dieu. Nous, nous 
n'avons pas reçu l'esprit du monde, mais l'Esprit qui vient de 
Dieu (pour que nous sachions les grâces que Dieu nous ἃ faites). 
Ce qu'il nous révèle, nous ne l’exprimons pas dans les termes 
qu’enseigne la philosophie humaine, mais dans ceux qu'enseigne 
l'Esprit; nous sommes attentifs à exprimer ce qui est spirituel en 
style spirituel. 

L'homme qui n’a que ses facultés naturelles n'accepte pas les 
choses de l'Esprit de Dieu. Il les taxe de folie, 1l ne peut les 
connaître, parce qu’elles demandent à être jugées avec l'Esprit. 
L'homme spirituel”, au contraire, juge de tout et n'est jugé par 
personne. 

«Qui connaît, en effet, la pensée du Seigneur 
... Pour l'instruire 2» 
Nous, nous avons la pensée de Christ. 

Quant à moi, frères, je n'ai pu vous parler jusqu'à présent 

comme à des hommes spirituels, mais je vous ai parlé comme à 


1 Citation non achevée, Ce fragment de phrase n’est pas dans l'Ancien Testa- 
ment. Cependant on peut lui trouver quelque analogie avec Ésaïe 64, 3. 

2 Un des plus anciens manuscrits et d'anciennes autorités lisent: Gar c'est à 
nous que Dieu... etc. à 

8 L'homme spirituel est le même que l’homme d'âge mûr, l'adulte, dont 
l’apôtre ἃ parlé 2, G. 

4 Ésaïe 40, 43. 


PREMIÈRE ÉPIÎTRE AUX CORINTHIENS 469 


des hommes charnels, comme à de petits enfants en Christ. Je vous 
ai donné du lait, et non une nourriture solide; vous n’eussiez pu 
la supporter. Vous ne le pourriez pas encore; vous êtes toujours 
charnels. 

Il y ἃ entre vous de la jalousie et des querelles ; n'est-ce pas la 


preuve que vous êtes charnels et que vous agissez dans des vues 


purement humaines? Quand vous dites, l’un : «Moi, je suis pour 
Paul» ; l’autre : « Moi, je suis pour Apollos», n'est-ce pas à la 
manière des hommes que vous agissez? Qui est donc Apollos ? 
qui est Paul? Ce sont des serviteurs par lesquels le Seigneur vous 
a amenés à la foi, chacun selon la tâche qui lui ἃ été confiée. 
Moi j'ai planté, Apollos a arrosé, mais c’est Dieu qui ἃ donné la 
croissance. Celui qui plante n’est rien, celui qui arrose n’est rien, 
Dieu qui donne la croissance est tout. Celui qui plante et celui qui 
arrose sont sur la même ligne, et chacun recevra sa propre ré- 
compense suivant son propre travail. Nous sommes les collabora- 
teurs de Dieu; vous êtes le champ auquel Dieu travaille; la maison 
qu'il construit. 

En architecte prudent et dans la mesure de grâce que Dieu 
m'a accordée, j'en ai posé le fondement; un autre continue la 
construction. Chacun doit prendre garde à la manière dont il 
construit. Quant au fondement, personne ne peut en poser un 
autre que celui qui est déjà en place, c’est-à-dire Jésus-Christ. 
Sur ce fondement, que chacun élève sa construction, en or, en 
argent, en pierres précieuses, en bois, en foin, en paille, son 
œuvre sera mise en lumière; on la connaîtra, le jour du Seigneur; 
le feu la révélera; oui, le feu prouvera ce que vaut l’œuvre de 
chacun. Celui dont l’œuvre, dont la construction restera debout !, 
recevra son salaire. Celui dont l'œuvre sera consumée, la perdra ; 
lui-même sera sauvé, mais comme on l’est à travers le feu. 

Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu et que 
l'Esprit de Dieu demeure en vous? Si quelqu'un détruit le sanc- 
tuaire de Dieu, Dieu le détruira lui aussi; car le sanctuaire de Dieu 


1 On peut traduire aussi, d’après une autre accentuation : reste debout. 


Δ 


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10 


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470 LE NOUVEAU TESTAMENT 


est sacré et vous l’êtes, vous aussi. Que personne ne se fasse 
d'illusion; si l’un d’entre vous croit être ce que notre siècle appelle 
sage, quil commence par être fou pour devenir sage. Car la 
sagesse de ce monde est une folie devant Dieu ; comme il est écrit : 

«Celui qui surprend les sages dans leurs ruses 1...» 
el encore : 

«Le Seigneur connaît les raisonnements des sages ; 
Il sait qu'ils sont vains ?.» 

Ainsi, que personne ne mette son orgueil dans des hommes, car 
tout est à vous, Paul, Apollos ou Képhas, le monde, la vie ou la 
mort, le présent ou l’avenir, tout est à vous, vous à Christ, Christ 
à Dieu. 

On doit donc nous considérer comme ministres de Christ et 
comme administrateurs des desseins cachés de Dieu. D'ailleurs, 
ce qu'on demande à des administrateurs, c’est de les trouver 
fidèles. 

Pour moi, il m'importe peu d’être jugé par vous ou par un tri- 
bunal humain. Je m'interdis aussi de me juger moi-même; ma 
conscience, certes, ne me reproche rien; mais ce n’est pas là ce 
qui me justifie, mon vrai juge est le Seigneur. 

Ne portez donc pas de jugement prématuré; attendez que le 
Seigneur vienne; 11 jettera la lumière sur les choses cachées dans 
l'ombre ; il mettra en plein jour les volontés des cœurs; alors 
chacun recevra de Dieu l'éloge qu'il mérite. 

Si j'ai fait l'application de ces principes à Apollos et à moi- 
même, frères, c’est à cause de vous; pour que vous appreniez, 
par notre exemple, à ne pas dépasser de justes limites ὃ et que vous 


1 Citation non achevée, Job. 5, 13. Paul ne cite que les mots dont il a besoin. 
Psaume 94, 11. 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : pour que vous appre- 
niez par notre exemple à pratiquer la maxime : «ne pas dépasser de justes 
limites ». Paul citerait ici un proverbe familier à ses lecteurs, dont le sens htté- 
ral est: «rien au delà de ce qui est écrit!» C'est-à-dire : il ne faut jamais 
dépasser la limite où il convient de s’arrêter, soit qu'il fasse allusion à la Sainte 
Écriture : N’en faites pas plus que ce que commande l’Écriture elle-même, soit 
qu'il veuille simplement dire : Sachez garder la mesure; prenez exemple sur 
nous qui la gardons, 


τ 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 471 


cessiez de vous enfler l’un au-dessus de l’autre et aux dépens d’un 
tiers. 

Qui donc t'accorde un privilège? que possèdes-tu que tu n’aies 
reçu? Si tu as reçu, pourquoi te vanter comme si {u n'avais pas 
reçu? Vous êtes donc déjà rassasiés! vous êtes donc déjà assez 
riches! vous êtes donc entrés sans nous dans le Royaume! Ah! 
que je voudrais que vous y fussiez entrés pour qu'il nous füt pos- 
sible d'y entrer avec vous! 

Je pense, en effet, que Dieu a fait de nous autres apôtres les 
derniers des hommes et, pour ainsi dire, de malheureux condam- 
nés à mort, puisque nous sommes donnés en spectacle, comme 
à l’amphithéâtre, au monde, aux anges et aux hommes. Nous 
sommes des fous à cause de Christ, vous, des sages en Christ! nous 
sommes faibles, vous êtes forts! vous êtes honorés, nous sommes 
obscurs! Jusqu'à cette heure, nous souffrons la faim, la soif, le dé- 
nüment, nous sommes insultés, nous menons une vie errante, nous 
travaillons sans relâche de nos mains ; on nous maudit, et nous 
bénissons ; on nous persécute, et nous supportons ; on nous injurie, 
et nous exhortons ; nous sommes, pour ainsi dire, les balayures 
du monde, le rebut de tous jusqu'à présent ! 

Je ne vous écris pas cela pour vous faire honte, mais je vous 
avertis comme mes enfants bien-aimés. Car eussiez-vous des mil- 
liers de maitres en Christ, vous n'avez pas plusieurs pères : c’est 
moi qui suis votre père en Jésus-Christ par la prédication de l’Évan- 
gile. Je vous en conjure donc, suivez mon exemple; c'est dans ce 
but que je vous envoie Timothée, qui est mon fidèle et bien-aimé fils 
dans le Seigneur ; il vous rappellera quelle route je suis en Jésus- 
Christ?, et comment j'enseigne partout dans toutes les Églises. Cer- 
taines gens ont eu l’orgueil de prétendre que je ne viendrai plus 
vous voir. Je viendrai bientôt, au contraire, s’il plait au"Seigneur, 
et je connaîtrai les orgueilleux, non à ce qu'ils disent, mais à ce 


1 Littéralement : au monde, aussi bien anges qu'hommes. Ges deux mots 
anges et hommes sans article dans le texte résument ce «monde» auquel lPapôtre 
est donné en spectacle. 


? Quelques anciens manuscrits lisent : je suis en Christ. 


7, 4 


16 17 


18 


19 


[Re 


6 


472 LE NOUVEAU TESTAMENT 


qu'ils font. Car le Royaume de Dieu ne se fonde pas avec des pa- 
roles, mais avec des actes. Que préférez-vous? que je vienne chez 
vous avec une verge ou avec amour et dans un esprit de douceur? 


On dit partout qu’il y a chez vous un cas de fornication, et de 
fornication telle qu'on n’en voit pas parmi les païens : Quelqu'un 
vivrait avec la femme de son père! Et vous vous laissez enfler 
d’orgueil! et vous ne portez pas plutôt le deuil! et vous n'avez 
pas chassé de votre sein celui qui ἃ commis une telle action! 
Eh bien, moi, absent de corps, mais présent en esprit, j'ai déjà 
jugé comme si j'étais présent celui qui a péché de la sorte: Au 
nom de notre Seigneur ! Jésus, vous et mon esprit étant réunis, 
avec le pouvoir de notre Seigneur Jésus, je livre un tel homme 
à Satan pour la mortification de sa chair, afin que son esprit soit 
sauvé au jour du Seigneur Jésus. 

Il n’est pas beau, votre sujet d’orgueil! Ne savez-vous pas 
qu’un peu de levain fait lever toute la pâte? Jetez donc le vieux 
levain pour être une pâte nouvelle; aussi bien devez-vous être 
sans levain, puisque notre agneau pascal, Christ, ἃ été immolé. 
Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, du levain de 
méchanceté et de perversité, mais avec les pains azymes de la 
pureté et de la vérité. 

Je vous ai écrit dans ma lettre? de ne point avoir de relations 
avec les impurs. Je ne parlais pas absolument des impurs qui 
vivent dans le monde, ou des rapaces, avares ou idolâtres, çar 
pour cela il vous faudrait sortir du monde. Mais je vous ai écrit de 
ne point avoir de relations avec celui qui, se nommant votre frère, 
serait ou impur, ou rapace, ou idolâtre, ou calomniateur, ou 
ivrogne, ou avare, de ne pas même vous mettre à table avec un 
homme pareil! Est-ce à moi de juger les gens du dehors? Ce sont 
ceux du dedans, n'est-ce pas, que vous avez à juger? Ceux du 


1 Quelques anciens manuscrits lisent: au nom du Seigneur. 
5. Une première lettre aux Corinthiens qui n’est pas parvenue jusqu’à nous. 


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PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 473 


dehors Dieu les jugera. «Retranchez le coupable du milieu de 
vous !/1» | 


Osez-vous bien, quand vous avez une affaire entre vous, en 
appeler au jugement des païens et non à celui des fidèles? Ne 
savez-vous pas que les fidèles jugeront le monde? Et si le monde 
doit être jugé par vous, seriez-vous incapables de rendre des juge- 
ments de moindre importance? Ne savez-vous pas que nous juge- 
rons des anges? Et nous ne jugerions pas des questions d'intérêt ! 
Quand vous avez entre vous des questions d'intérêt, vous vous 
adressez à ceux que l’Église méprise; et vous les constituez Juges ?! 
Ainsi, je le dis à votre honte, 1] n'y ἃ pas parmi vous un seul 
homme intelligent qui soit capable d’être juge entre ses frères! Mais 
un frère est en procès avec un-frère et cela devant des infidèles! 

C'est déjà un bien grand dommage que vous ayez des procès 
entre vous. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt l'injustice? 
Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller? mais c’est 
vous-mêmes qui êtes injustes, spoliateurs, et cela envers des frères! 
Ne savez-vous donc pas que les injustes ne seront point héritiers 
du Royaume de Dieu? 

Ne vous y trompez pas: n1 impurs, ni idolâtres, ni adultères, 
ni débauchés efféminés et infâmes, ni voleurs, ni rapaces, ni 
ivrognes, ni Calomniateurs, ni avares ne seront héritiers du 
Royaume de Dieul Et cela vous l’étiez, quelques-uns, mais vous 
avez été purifiés; mais vous avez été sanctifiés; mais vous avez 
été justifiés, au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de 
notre Dieu! 


«Tout m'est permis ἢ», — mais tout n’est pas opportun. «Tout 
m'est permis», — mais, mOi, je ne me laisserai dominer par rien. 


1 Deutéronome 17, 7. ᾿ 

2 On peut traduire aussi: Adressez-vous aux plus humbles de l'Eglise et 
constituez-les luges. 

3 «Tout nest permis ». Paul cite ici une parole qu’il avait prononcée devant 
les Corinthiens et que ceux-ci répétaient, y trouvant l’excuse de leurs excès. 


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LE NOUVEAU TESTAMENT 


Les aliments sont pour l'estomac et l'estomac pour les aliments, 
mais Dieu mettra fin à l’un comme aux autres. 

Le corps n'est pas pour l’impureté, mais pour le Seigneur et le 
Seigneur pour le corps. 

Dieu a ressuscité le Seigneur et il nous ressusèitera aussi par 
sa puissance. 

Ne savez-vous pas que vos corps sont membres de Christ? Arra- 
cherai-je donc les membres du Christ, pour en faire les membres 
d'une prostituée? À Dieu ne plaise! Ne savez-vous pas que celui 
qui s’unit à une prostituée est un même corps avec elle? car il est 
dit: «/ls seront deux dans une chair.» Celui qui s’unit au 
Seigneur est un même esprit avec lui. 

Fuyez l’impureté! Tout autre péché que l’homme commette, se 
fait hors du corps; celui qui se livre à l’impureté pèche contre son 
propre corps. Ne savez-vous pas que vos corps sont le temple du 
saint Esprit qui est en vous, et que vous tenez de Dieu, et que 
vous n'êtes plus à vous-mêmes 5 ἢ Car vous avez été achetés à un 
grand prix. Glorifiez donc Dieu dans vos corps. 


Voici ma réponse * aux divers sujets de votre lettre : 

L'homme fait bien de renoncer au mariage “. Cependant, pour évi- 
ter tout dérèglement, que chaque homme ait sa femme, que chaque 
femme ait son mari; que le mari remplisse ses devoirs envers sa 
femme, et la femme envers son mari. Le corps de la femme ne lui 
appartient pas, il est à son mari. De même le corps du mari ne 
lui appartient pas, il est à sa femme. Ne refusez pas d’être l’un à 
l’autre, sauf d’un commun accord et momentanément pour vaquer 
à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne se serve 
de votre incontinence pour vous tenter. En parlant ainsi, je vous 


1 Genèse 2, 24.. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : ef que vous tenez de 
Dieu? Et vous n'êles plus à vous-mêmes. j 

3 Ces mots : voici ma réponse, sont sous-entendus dans le texte. 

4 Littéralement : de ne pas Loucher de femme. H s’agit ici du mariage. 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 


LE 
5 
οι 


fais une concession, je ne vous donne pas d'ordre. Je voudrais ! 
que tous les hommes fussent comme moi : mais chacun reçoit de 
Dieu son don particulier, l’un celui-ci, l’autre celui-là. 

Je dis aux hommes non mariés et aux veuves : il est bon que 
vous restiez ainsi, comme moi. Mais si vous ne pouvez vous 
astreindre à la continence, mariez-vous. Car il vaut mieux se 
marier que de brüler. 

À ceux qui sont mariés, j'ordonne ceci (non pas moi, mais le 
Seigneur) : que la femme ne se sépare point de son mari (si elle 
s'en trouvait séparée, qu'elle reste sans se remarier ou qu’elle se 
réconcilie avec lui); que le mari ne répudie point sa femme. 

Aux autres je dis (moi, non le Seigneur) : si un frère ἃ pour 
femme une païenne et qu'elle consente à vivre avec lui, qu'il ne 
divorce pas. Et si une femme ἃ pour mari un païen et qu'il con- 
sente à vivre avec elle, qu'elle ne divorce pas. Car la femme a 
rapproché des fidèles son mari païen; le frère a rapproché des 
fidèles sa femme païenne; si cela n’était pas, vos enfants seraient 
hors de l'Église, tandis qu'ils sont au nombre des fidèles. Si la 
partie païenne veut se séparer, qu'elle se sépare! dans ce cas, le 
frère ou la sœur ne sont pas liés, quoique Dieu vous ? ait appelés 
à vivre en paix. Sais-tu, en effet, femme, si tu ne sauveras pas 
ton mari? Sais-tu, mari, si tu ne sauveras pas ta femme? 


En général, chacun doit garder la part que le Seigneur lui ἃ 
faite, rester là où il était quand Dieu l’a appelé. C'est à ce que 
j'ordonne dans toutes les Églises. As-tu été appelé circoncis? ne 
dissimule pas ta circoncision; as-tu été appelé incirconcis? ne te 
fais pas circoncire. La circoncision n'est rien, l'incirconcision n'est 
rien, mais l'observation des commandements de Dieu #.… 

Chacun doit rester là où il était quand 1] ἃ été appelé. As-tu 
été appelé esclave? ne t'en soucie pas, et alors même que tu 


1 Littéralement : Je veux que tous les hommes soient comme moi. 
2 Plusieurs anciens manuscrits lisent: nous. 


3 Phrase inachevée, Paul veut dire sans doute l'observation des commande- 
ments de Dieu est tout. 


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476 LE NOUVEAU TESTAMENT 


pourrais te libérer, reste plutôt esclave, car l’esclave appelé au 
Seigneur est l’affranchi du Seigneur, et de même, l’homme libre 
appelé est l’esclave de Christ. Vous avez été achetés un grand 
prix; ne devenez pas esclaves des hommes, et que chacun, mes 
frères, reste devant Dieu là où il était quand il a été appelé. 


Pour ceux ou celles qui sont vierges, je n’ai point reçu d'ordre 
du Seigneur; mais je donne mon opinion comme étant, par la 
miséricorde du Seigneur, digne de confiance. Je crois qu'il vaut 
mieux, puisque la crise finale est imminente, oui, je crois qu'il 
vaut mieux pour l’homme rester comme il est. Es-tu engagé avec 
une femme? ne cherche pas à rompre; n’as-tu aucun engagement? 
ne cherche point de femme. Si cependant tu te maries, ce n’est pas 
un péché; et si une vierge se marie, ce n'est pas un péché. Mais 
ceux qui font cela auront des souffrances dans cette vie, et moi je 
voudrais les leur épargner. 

Je vous assure, frères, que le temps est court; voici ce qui reste 
à faire : que ceux qui ont des femmes soient comme n'en ayant pas; 
ceux qui pleurent comme ne pleurant pas; ceux qui se réjouissent 
comme ne se réjouissant pas; ceux qui achètent comme ne possé- 
dant pas; ceux qui usent de ce monde, comme n'en usant abso- 
lument pas; car la figure de ce monde passe! 1 

Je voudrais que vous n’eussiez pas de soucis mondains : or, 
l’homme non marié a le souci des affaires du Seigneur; il cherche 
à plaire au Seigneur. L'homme marié a le souci des affaires de ce 
monde ; il cherche à plaire à sa femme. Il y a la même différence 
entre la femme mariée et la vierge : la vierge a le souci des affaires 
du Seigneur, afin d’être sainte de corps et d’esprit?; mais la femme 
mariée a le souci des affaires de ce monde; elle cherche à plaire à 


1 La figure de ce monde passe, expression devenue proverbiale, qui signifie 
ici: le monde visible va bientôt passer. Paul vient de parler de la crise finale qui 
est imminente et du temps qui est court jusqu'à l'avènement de Jésus-Christ. 

2 On peut lire aussi, d’après quelques anciens manuscrits et une autre ponc= 
tuation : il cherche à plaire à sa femme et il est partagé. La femme non ma 
riée et la vierge ont le souci des affaires du Seigneur, afin d'être saintes de 
corps et d'esprit. 


= 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 477 


son mari. Je vous dis cela dans votre intérêt, non pour vous tendre 
un piège; je vous le dis en vue des convenances et de ce qui est le 
plus propre à vous attacher sans distraction au culte du Seigneur. 

Si cependant quelqu'un pense qu’il y a des inconvénients pour 
sa fille à passer l’âge du mariage, et s'il croit devoir agir en con- 
séquence, qu’il fasse ce qu'il voudra! Ce n'est pas un péché, qu'on 
se marie! Mais celui qui a pris dans son cœur une résolution 
inébranlable sans subir aucune contrainte, maître de faire ce qu'il 
veut, oui, qui ἃ décidé dans le fond de son cœur de garder sa 
fille vierge, fait bien. Ainsi celui qui marie sa fille fait bien, celui 
qui ne la marie pas fait mieux. 


Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant. Si 
le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier avec qui elle 
veut, seulement que ce soit dans le Seigneur. Cependant elle est 
plus heureuse si elle reste comme elle est; c’est mon opinion; et je 
crois!, moi aussi, avoir l'Esprit de Dieu. 


Sur la question des viandes offertes en sacrifice aux idoles, tous, 
nous le savons, nous sommes éclairés. (Ëtre éclairé rend orgueil- 
leux, c’est l’amour qui édifie ?); — si quelqu'un s’imagine être éclairé 
sur quelque chose, il n’est pas encore éclairé comme 1] faudrait 
l'être, mais si quelqu'un ἃ de l’amour pour Dieu, Dieu est éclairé 
sur Jui —).. | 

Ainsi donc sur la question : Peut-on manger des viandes offertes 
en sacrifice aux idoles? nous savons qu'il n’y a pas d’idoles au 
monde, et qu'il n y a qu'un seul Dieu, qu'il n y en ἃ pas d'autre. 

Il y a bien de prétendus dieux qui seraient les uns au ciel, les 
autres sur la terre, et il y aurait ainsi plusieurs dieux et plusieurs 
seigneurs, mais nous n'avons qu'un seul Dieu, le Père, d’où tout 


1 Un des plus anciens manuscrits lit : car je crois, etc. 

2 On traduit d'ordinaire: la science enfle, l'amour (ou la charité) édifie; 
traduction passée en proverbe, qui est littérale sans doute, mais inexacte, 
L’apôtre n’a point condamné la science. En employant le verbe étre éclairé, 
nous croyons rendre exactement sa pensée dans ce passage. 


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478 LE NOUVEAU TESTAMENT 


vient et pour lequel nous sommes; nous n'avons qu'un seul 
Seigneur Jésus-Christ, par lequel tout existe et, nous aussi, nous 
sommes par lui. 

Mais tous ne sont pas éclairés; quelques personnes ont gardé 
leurs anciennes idées sur l’idole; elles croient manger d’un sacrifice 
fait à une idole réelle, et, par suite de cette faiblesse, leur conscience 
perd sa pureté. Or, ce n’est pas la manière dont nous nous nour- 
rissons qui nous rendra agréables à Dieu; que nous mangions de 
ceci, que nous ne mangions pas de cela, nous n’y perdons, nous 
n'y gagnons rien; mais prenez garde que votre force mème ne 
soit la pierre d’achoppement des faibles; si l’on te voit, toi qui es 
éclairé, à table dans un temple païen, celui dont la conscience est 


faible ne sera-t-il pas porté à manger de la viande sacrifiée aux 


idoles? et il se perd alors, parce que toi tu es éclairé, cet homme 
faible, ce frère pour lequel Christ est mort! En étant ainsi cou- 
pables envers des frères, en blessant leur conscience qui est faible, 
vous vous rendez coupables envers Christ lui-même. Voilà pour- 
quoi, si la viande que je mange scandalise 1 mon frère, je renoncerai 
pour toujours à manger de la viande, afin de ne pas scandaliser 
mon frère. | 


Ne suis-je pas libre? ne suis pas apôtre? n'ai-je pas vu Jésus 
notre Seigneur? N'êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur? 
Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, au moins le suis-je pour 
vous, Car le sceau de mon apostolat c'est vous qui l’êtes dans, le 
Seigneur, et mon apologie auprès de ceux qui me mettent en cause, 
la voila. 

N’aurions-nous pas le droit de manger et boire à vos frais? 
N'aurions-nous pas le droit de mener partout avec nous une femme 
sœur comme les autres apôtres, comme les frères du Seigneur, 
comme Képhas? Barnabas et moi, sommes-nous seuls à ne pas avoir 
le droit de nous dispenser de travailler? Qui a jamais fait son ser- 


1 Sur le mot scandalise, voir note sur Matth. 18, 0, 7, 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 479 


vice militaire à ses propres frais? Plante-t-on une vigne pour n’en 
pas manger le fruit? Fait-on paître un troupeau sans se nourrir 
de son lait? Est-ce que je ne vous indique là que les usages du 
monde? La Loi même ne dit-elle pas la même chose? Dans la 
Loi de Moïse 1] est écrit : « Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule 
le blé.» Est-ce que Dieu s'occupe des bœufs? Ne dit-il pas cela 
exclusivement pour nous? Oui, c’est pour nous que cette parole a 
été écrite. Elle signifie que celui qui laboure la terre et celui qui 
bat le blé doivent le faire avec l'espérance d’en avoir leur part. 

Nous avons semé chez vous la semence spirituelle, serait-ce 
beaucoup de cueillir quelque chose de votre temporel? Si d’autres 
se sont donné ce droit sur vous, ne l’aurions-nous pas à plus forte 
raison? Eh bien, nous n'avons pas usé de ce droit; au contraire, 
nous supportons tout pour ne créer aucun obstacle à l'Évangile du 
Christ! Ignorez-vous que ceux qui font le service sacré sont nourris 
par le Temple? que ceux qui sont occupés à l'autel sont les com- 
_mensaux de l’autel? De même le Seigneur ἃ ordonné à ceux qui 
annoncent l'Évangile de vivre de l'Évangile. Eh bien, moi, je n’ai 
usé d'aucun de ces droits. 

Je n'écris pas cela pour que vous m'en fassiez jouir désormais, 
car j'aimerais mieux mourir que de me laisser enlever ce sujet de 
. gloire. En effet, ce n’est pas prêcher l'Évangile qui est mon 
sujet de gloire. C’est une obligation qui m'est imposée et malheur 
à moi si je ne prêche pas l'Évangile! Ah! si je le prêchais de 
mon propre mouvement, j'aurais un mérite, mais si Je le prèche 
par ordre, c’est un ministère qui m'est confié. Quel est alors mon 
mérite? c'est qu'en évangélisant je prèche l'Évangile gratis, de 
sorte que je n'use pas des droits que j'ai au nom de l'Évangile. 

Étant libre de tous, je me suis fait esclave de tous, pour en gagner 
un plus grand nombre. Je me suis fait Juif pour les Juifs, afin 
de gagner les Juifs; à ceux qui sont sous l'autorité de la Loi, je 
me suis présenté comme étant sous l'autorité de la Loi (quoique 
je ne fusse pas sous cette autorité), afin de gagner ceux qui sont 


1 Deutéronome 25, 4. 


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16 


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27 


480 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sous l’autorité de la Loi. Avec ceux qui ne sont pas sous l’autorité 
de la Loi, j'ai été sans Loi (quoique je ne fusse pas hors de la vraie 
Loi de Dieu, étant dans la Loi de Christ), afin de gagner ceux qui 
ne sont pas sous l’autorité de la Loi. Pour les faibles, j'ai été 
faible afin de gagner les faibles. J’ai été tout à tous pour en sauver 
un certain nombre de toutes les manières. Et tout cela je le fais 
à cause de l'Évangile, afin d'en avoir ma part. 

Ne savez-vous pas que dans les courses du stade tous courent, 
mais qu'un seul remporte le prix? Courez de manière à le rem- 
porter. Ceux qui doivent concourir aux jeux s'imposent de rigou- 
reuses abstinences ; et c’est pour recevoir une couronne périssable ; 
nous, faisons de même pour une couronne impérissable. Pour 
moi, voici comment je cours: je ne vais pas à l’aventure; voici 
comment je me bats: je ne frappe pas dans le vide; mais je 
meurtris mon corps et je le rends esclave, de peur qu'après avoir 
fait le héraut pour les autres je ne sorte de la lice rejeté. 


Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que nos pères ont 
tous été sous la nuée, qu'ils ont tous passé à travers la mer, que 
tous, en Moïse, ont reçu le baptême dans la nuée et dans la mer, 
que tous ont mangé du même aliment spirituel, que tous ont bu 
du même breuvage spirituel (en effet ils buvaient à un rocher spi- 
rituel qui les suivait, ce rocher c'était le Christ). Cependant la 
plupart d’entre eux ne furent point agréables à Dieu, puisque le 
désert était jonché de leurs corps. Ces événements sont des figures 


prophétiques pour nous afin que nous ne convoitions point le mal, 


comme eux l’ont convoité. 

Ne devenez pas idolâtres comme quelques-uns d’entre eux, 
ainsi qu'il est écrit : « Le peuple s’assit pour manger et boire et ls 
se levèrent pour danser.» Ne vous adonnez pas à l’impureté, 
comme quelques-uns d’entre eux s’y sont adonnés, et, en un seul 
jour, il en tomba vingt-trois mille. Ne tentez pas le Seigneur, 
comme quelques-uns d’entre eux l'ont tenté, et les serpents les 


1 Exode 32, 6. 


se τ ανιολδη) μὴ, -c. 5. 


+ PIE «À ΚΑ nid "7 » 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 481 


firent périr; ne murmurez pas comme quelques-uns d’entre eux 
ont murmuré et l’exterminateur les fit périr. Ces événements sont 
des figures prophétiques, ils ont été écrits pour notre instruction 
à nous qui vivons à la fin du monde. 

Que celui donc qui croit être debout, prenne garde de tomber! 
Vous n'avez été exposés à aucune épreuve surhumaine, et Dieu 
est fidèle, il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au delà de 
vos forces, mais, avec l'épreuve, il vous enverra le moyen d'en 
sortir et de pouvoir la supporter. Pour ces raisons, mes biens- 


aimés, fuyez l'idolâtrie. 


Je vous parle comme à des personnes raisonnables, Jugez vous- 
mêmes de ce que je dis. La coupe de bénédiction que nous bénis- 
sons n'est-elle pas une communion avec le sang du Christ? Le 
pain que nous rompons n'est-il pas une communion avec le corps 
du Christ? Il n’y ἃ qu’un seul pain; de même, si nombreux que 
nous soyons, nous ne formons qu'un seul corps; car tous nous 
avons notre part de ce seul pain. Voyez chez le peuple d'Israël; 
ceux qui mangent des victimes sacrifiées sont, n'est-ce pas, en 
communion avec l'autel? Que veux-je dire? que la viande sacrifiée 
aux idoles ait quelque valeur? que l'idole ait quelque valeur? 
. Certes non, mais les sacrifices des païens ! 

«Sont faits aux démons et non à Dieu? », 
et je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. 


Vous ne pouvez pas boire à la fois à la coupe du Seigneur et à la - 


coupe des démons; vous ne pouvez prendre part à la table du 
Seigneur et à la table des démons. Voudrions-nous irriter le Sei- 
gneur ? Sommes-nous plus forts que lui? 


«Tout est permis» Ὁ, mais tout n'est pas opportun; «tout est 
permis», mais tout n'édifie pas. Que personne ne cherche son 


1 Les mots des paiens sont sous-entendus dans le texte; ils se trouvent d’ail- 
leurs exprimés dans quelques anciens manuscrits. 

2 Deut. 32, 17. 

3 Toul est permis. Voir note sur 6, 12. 


51 


10, 10 


13 


14 


47 


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19 


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24 


10, 95 


4 


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482 LE NOUVEAU TESTAMENT 


propre intérêt, mais celui d'autrui. Tout ce qu’on vend à la bou- 
cherie, mangez-le sans faire d'enquête par motif de conscience, car 
«La terre et tout ce qu’elle contient sont au Seigneur »1.: 

Si un des païens vous invite et que vous vouliez y aller, tout ce 
qui vous est offert, mangez-le sans faire d'enquête par motif de 
conscience. 

Mais si quelqu'un vous dit : «Ceci a été offert en sacrifice », 
alors n’en mangez pas à cause de celui qui vous avertit, et aussi à 
cause de la conscience : la conscience, dis-je, non la vôtre, mais 
celle d'autrui. — Mais pourquoi ma liberté serait-elle critiquée 
par une autre conscience que par la mienne? Si je mange avec 
actions de grâces, pourquoi serais-je blämé pour une chose dont je 
rends grâces?? — Soit donc que vous mangiez, que vous buviez, 
que vous fassiez quoi que ce soit, faites tout à la gloire de Dieu. 

Ne scandalisez ni les Juifs, ni les Grecs, ni l'Église de Dieu; 
comme moi qui, en tout, m'accommode à tout le monde, ne 
cherchant pas ce qui m'est agréable à moi, mais ce qui l’est au 
plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés. Imitez mon exemple, 
comme moi celui de Christ. 


Je vous loue de ce que vous vous souvenez de moi en toutes 
choses, et de ce que vous observez les instructions que je vous ai 
transmises. Cependant je veux que vous sachiez ceci : 

Le chef de tout homme, c’est le Christ; le chef de la femme, 
c'est l’homme; le chef du Christ, c'est Dieu. Tout homme qui prie 
ou prophétise la tête couverte, déshonore son chef, et toute femme 


1 Psaume 24, 1. 

2? Paul se pose ici à lui-même deux questions qui sont deux objections à ce 
qu'il vient de dire. La réponse, qu’il ne donne pas, n’est pas douteuse. En théorie, 
Ja liberté chrétienne n’est génée par rien. « Tout est permis »; mais en pratique, 
et en face d’une conscience timorée, le devoir envers le prochain prime tout. 

3 La tête couverte, déshonore son chef. I n’y a en grec qu'un seul mot pour 
désigner la tête (partie du corps) et le chef (le supérieur). Le chef de tout 
homme, c’est le Ghrist; dit Paul, Le chef de la femme, c’est l’homme; le chef 
du Christ, c’est Dieu; et pour dire Le chef il a employé le mot La tête dont ila 
besoin quand il recommande ensuite à l’homme de prier La tête découverte et à 
la femme de prier la têle voilée. 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 483 


qui prie ou prophétise la tête sans voile, déshonore son chef; c’est 
exactement comme si elle était rasée. Si une femme ne met pas de 
voile, alors qu'elle se coupe aussi les cheveux; et s’il est honteux 
pour une femme de se couper les cheveux ou de se raser la tête, 
qu'elle mette donc un voile! 

L'homme ne doit pas se voiler la tête, parce qu'il est l’image et 
la gloire de Dieu; mais la femme est la gloire de l’homme. L'homme 
n'a pas été tiré de la femme, mais la femme de l’homme, et 
l'homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme 
à cause de l’homme. Voici pourquoi la. femme doit porter sur la 
tête la marque de sa dépendance : à cause des anges. 

Néanmoins, dans le Seigneur, la femme n'existe pas sans 
l'homme, ni l’homme sans la femme. Car si la femme ἃ été tirée de 
l’homme, l’homme naît de la femme, et tout vient de Dieu. 

Jugez-en vous-mêmes; est-il convenable qu'une femme prie Dieu 
sans être voilée? Un sentiment naturel ne vous enseigne-t-il pas 
qu'il est honteux à l’homme de laisser croître ses cheveux? tandis 
que si la femme les laisse croître c’est un honneur, car la cheve- 
lure lui ἃ été donnée en guise de voile. 

Si quelqu'un aime ces sortes de discussions, nous n'avons pas 
cette habitude, et les Églises de Dieu non plus. 


En vous faisant cette recommandation, je ne vous loue pas non 
plus ! de ce que vos réunions, loin de vous faire du bien, vous font 
du mal. 

D'abord, on me dit que lorsque vous vous réunissez en assemblée, 
il y ἃ des divisions parmi vous. Je le comprends jusqu’à un cer- 
tain point; il faut bien qu'il y ait divers partis parmi vous, pour 
qu’on reconnaisse ceux d’entre vous qui tiennent bon. Mais quand 
vous vous réunissez, ce n'est pas le vrai repas du Seigheur que 
vous prenez; quand vous vous mettez à table, chacun commence 
par prendre la nourriture qui lui appartient, et alors l’un souffre de 
la faim et l’autre mange avec excès. N’avez-vous pas vos maisons, 


1 Deux anciens manuscrits lisent : Je vous fais cette recommandation en ne 
vous louant pas non plus, etc. 


6, 11 


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12,41 


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484 LE NOUVEAU TESTAMENT 


s'il ne s’agit que de manger et de boire? ou bien méprisez-vous 
l'Église de Dieu? voulez-vous insulter les indigents? que dois-je 
vous dire? faut-il vous louer? sur ce point-là je ne vous loue pas. 

Pour moi, j’ai reçu, de la part du Seigneur, ce que je vous ai 
transmis, savoir que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, 
prit du pain et, qu'après avoir rendu grâces, il le rompit et dit: 
«Ceci est mon corps qui est pour vous, faites ceci en mémoire de 
moi.» Après le repas il prit, de même, la coupe, en disant : «Gette 
coupe est la nouvelle alliance en mon sang, faites ceci, toutes les 
fois que vous boirez, en mémoire de moi.» Car toutes les fois 
que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous 
annoncez la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne. C’est pour- 
quoi celui qui mangerait le pain ou boirait la coupe du Seigneur 
indignement, se rendrait coupable envers le corps et le sang du 
Seigneur. Que chacun s’examine donc soi-même et qu'ensuite il 
mange du pain et boive de la coupe; car celui qui mange et qui 
boit, mange et boit son propre jugement s’il ne reconnaît pas le 
corps du Seigneur. Voilà pourquoi il y a parmi vous beaucoup de 
gens débiles et malades, et que plusieurs personnes meurent. Si 
nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés; Mais 
les jugements du Seigneur sont des châtiments qui nous préservent 
d’être condamnés avec le monde. 

Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour un 
repas, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu'un a faim, qu'il 
mange chez lui, afin que vos réunions ne tournent pas à votre 
condamnation. Je réglerai le reste à mon arrivée, 


Sur la question de l'inspiration, je ne veux pas. frères, vous 
laisser dans l'ignorance. 

Vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous vous laissiez 
entrainer, comme au hasard, vers les idoles muettes. Je vous 
apprends donc que personne, dirigé par l'Esprit de Dieu, ne dit: 

«Maudit Jésus», et personne ne peut dire : «Seigneur Jésus» 
que par l'Esprit saint. 


PREMIÈRE ÉPÎITRE AUX CORINTHIENS 485 


Il y ἃ différents dons de la grâce, mais l'Esprit est le même. I] 
y ἃ différentes fonctions, mais le même Seigneur. Il y a différentes 
manières d'agir, mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous. 
En chacun l'Esprit se manifeste par le don le plus utile à tous. En 
effet, à l’un l'Esprit donne une parole de sagesse; à l’autre le 
même Esprit donne une parole de science; le même Esprit donne 
à un autre la foi; à un autre le même Esprit accorde le don de 
guérison; un autre opère des miracles; un autre prophétise; un 
autre distingue les esprits; l’un parle certaines langues; l’autre 
interprète ces langues. Tout cela est l'ouvrage d’un seul et même 
Esprit, distribuant à chacun ses dons comme il lui plaît. 


Il y ἃ un seul corps et plusieurs membres, et tous les membres, 
malgré leur nombre, ne forment qu'un corps; eh bien, il en est de 
même pour le Christ. Car nous avons tous été baptisés d’un seul 
et même Esprit pour ne former qu'un corps. Juifs ou Grecs, 
esclaves ou libres, c’est un seul et même Esprit qui ἃ étanché 
notre soif. 

Or le corps n’est pas formé d’un seul membre, mais de plusieurs. 
Si le pied disait: comme je ne suis pas une main, je ne fais pas 
partie du corps, en ferait-il moins partie pour cela? Et si l'oreille 
disait : comme je ne suis pas un œil, je ne fais pas partie du corps, 
en ferait-elle moins partie pour cela? Si le corps entier était l'œil, 
où serait l’ouïe? s’il était l’ouïe, où serait l’odorat? Mais Dieu ἃ 
disposé les membres dans le corps, chacun comme il ἃ voulu. Si le 
tout ne formait qu'un membre, y aurait-il un corps? Il ÿ ἃ donc 
plusieurs membres et un seul corps. L’œil ne peut dire à la main: 
je n’ai pas besoin de toi; ni la tête aux pieds: je n’ai pas besoin de 
vous. 

Il y ἃ plus : les membres que l’on croit les plus faibles sont très 
nécessaires. Ceux que l’on croit les moins respectables, sont au 
fond ceux que nous respectons le plus; ceux qui ne sont pas 
décents, sont le plus décemment traités; ceux qui sont décents 
par eux-mêmes, n’en ont pas besoin. Dieu ἃ ainsi arrangé le corps, 
faisant respecter davantage ce qui n'est pas respectable en soi, 


10 


1 


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13, 


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[Se] 


486 LE NOUVEAU TESTAMENT 


pour éviter les divisions entre les membres et leur donner un souci 
réciproque les uns des autres. Si un membre souffre, tous les 
membres souffrent avec lui; si un membre reçoit des honneurs, 
tous les membres en ont de la joie. 

Vous, vous êtes le corps de Christ et, chacun pour sa part, un 
de ses membres; et ceux que Dieu a placés dans l’Église sont 
premièrement les apôtres, secondement les prophètes, troisième- 
ment les docteurs, ensuite ceux qui font des miracles, puis ceux 
qui ont le don de guérison, le don des œuvres de charité, des 
soins administratifs, ou le don de parler en langues de toutes sortes. 
Tous sont-ils apôtres ? tous prophètes? tous docteurs? tous font-ils 
des miracles? tous ont-ils le don de guérison? tous parlent-ils en 
langues étrangères! tous savent-ils les interpréter? 

Ambitionnez les plus grands de tous les dons! 


Je vais, cependant, vous montrer un chemin qu'il faut suivre de 
préférence. 

Quand je parlerais toutes les langues des hommes, quand je 
parlerais même toutes celles des anges, si je n’ai point l'amour, 
je ne suis qu'un airain sonnant ou une Cymbale retentissante. 
Quand j'aurais le don de prophétie, quand je connaîtrais tous les 
mystères, quand je posséderais toute science, quand j'aurais la foi 
parfaite pour transporter les montagnes, si je n'ai pas l'amour, je 
ne suis rien ! Je distribuerais tous mes biens, je livrerais mon corps 
aux flammes ?, si je n’ai pas l'amour, cela ne me sert de rien! 

L'amour est patient; l'amour est bienveillant; l’amour ne con- 
naît ni l'envie, ni la présomption, ni l’enflure ; il n’est pas malhon- 
nête; il n’est pas égoïste; il ne s'irrite pas ; 1l ne pense pas à mal; 
il ne se plaît pas à l'injustice; il se plaît au contraire à la vérité; 
il souffre tout; 1l croit tout; il espère tout; 11 supporte tout. 

L'amour n’a pas de décadence. Les prophéties? elles dispa- 
raîtront ; les langues? elles cesseront; la science? elle disparaîtra ; 


1 Etrangères, voir note sur 14, 2. 
2 Trois des plus anciens manuscrits et d’ancien nes autorités lisent: Je 
livrerais mon corps afin d'en tirer gloire... ete. 


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PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 487 


car notre science est limitée et notre don de prophétie est limité 
et quand le parfait viendra, ce qui est limité disparaîtra. Lorsque 
j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un 
enfant, je raisonnais comme un enfant; quand je suis devenu 
homme, J'ai laissé là les façons de l'enfant. Aujourd’hui, nous 
voyons au moyen d’un miroir 1, confusément; alors, nous verrons 
face à face. Aujourd'hui, ma science est limitée; alors, je connaîtrai 
.comme j'aurai été connu. En somme, il reste la foi, l'espérance, 
l'amour, trois grandes choses: mais la plus grande des trois est 
l'amour ; proposez-vous l’amour ! 


Ambitionnez aussi les dons spirituels, surtout le don de pro- 
phétie. 

Celui qui parle en langue étrangère? ne parle pas aux hommes, 

mais à Dieu, car personne ne le comprend; par l'inspiration de 
l'Esprit, il dit des mystères; tandis que celui qui parle comme 
prophète s'adresse aux hommes, il les édifie, les exhorte et les 
console. 
_ Celui qui parle en langue étrangère n’édifie que lui-même, 
tandis que celui qui parle comme prophète édifie l'Église. Je veux 
bien que vous parliez tous en langues étrangères, mais je préfère 
que vous parliez comme prophètes. Le prophète est plus grand que 
celui qui parle en langues étrangères, sauf le cas où celui-ci s’in- 
terprète lui-même, pour que l'Église soit édifiée. 

En quoi vous serai-je utile si, par exemple, je viens chez vous, 
freres, et que je vous parle en langues étrangères sans vous parler 
d'après une révélation comme prophète ou selon mon savoir 


1 Ou: à travers un miroir. 

? Langue étrangère. Le mot étrangère ne se trouve pas dans le texte et l’ex- 
pression que nous adoptons faute de mieux : parler en langue étrangère, ne 
rend que très imparfaitement ce que l’apôtre entend par : parler en langue. Il 
s’agit ici d’un don spécial qui semble avoir consisté soit à pousser des exclama- 
tions, soit à prononcer des mots, soit enfin à dire des phrases entières, mais qui 
wétaient pas intelligibles sans interprétation. Il ne faut pas confondre ce : «parler 
en langue» ou: «en langues » avec le don des langues dont il est question au 
chapitre 2 des Actes des Apôtres. 


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14, 7 


10 
11 


488 LE NOUVEAU TESTAMENT 


comme docteur? Il en est comme de ces instruments de musique 
inanimés, la flûte, la cithare; s'ils ne rendent pas un son distinct, 
comment reconnaître ce qui est joué sur la flûte de ce qui est 
joué sur la cithare? Et si la trompette rend un son confus, qui se 
préparera au combat? De même, si votre langue ne donne pas de 
sons nettement articulés, comment savoir ce que vous dites? vous 
ne ferez que frapper l'air ! 

Il y a, on le dit du moins, tant de langues différentes dans le 
monde, et pourtant chacune ἃ sa signification; mais si je ne sais 
pas le sens de tel idiome, je serai un étranger pour celui qui le 
parle, et celui qui le parle sera un étranger pour moi. Il en est de 
même de vous, puisque vous ambitionnez le don d'inspiration, 
cherchez à y exceller pour l'édification de l’Église. 

Celui donc qui parle en langue étrangère doit prier pour qu’il 
lui soit donné de s’interpréter; car si je prie en langue étrangère, 
je prie par une inspiration de l'Esprit, mais mon bon sens reste 
stérile. Que ferai-je alors? Je prierai par l'inspiration de l'Esprit, 
je prierai aussi avec mon bon sens; je chanterai par l'inspiration 
de l'Esprit, je chanterai aussi avec mon bon sens. Si tu rends 
gloire à Dieu par l'inspiration de l'Esprit, comment veux-tu que 
celui qui occupe la place du simple auditeur réponde Amen à ton 
action de grâces, puisqu'il ne sait pas ce que tu dis? Ton action de 
grâces est sans doute excellente, mais les autres n'en sont pas 
édifiés. Je parle plus de langues étrangères que vous tous, et j'en 
bénis Dieu, mais, dans l'Église, j'aime mieux dire cinq paroles 
avec mon bon sens pour instruire les autres que dix mille paroles 
en langues étrangères. ' 

Mes frères, ne soyez pas enfants dans vos jugements, ne restez 
enfants que s’il s’agit du mal; dans vos jugements, soyez virils. Il 
est écrit dans la Loi : 

«C’est dans d'autres langues, 
C'est par la bouche d'étrangers 
Que je parlerai à ce peuple, 
Et, même ainsi, ils ne m'écouteront pas, dit le Seigneur 1.» 


1 Ésaie 28, 11, 12. 


PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 489 


Il s'ensuit que les langues étrangères ne sont pas un signe pour 
les croyants, mais pour les incrédules, et que la prophétie n’en est 
pas un pour les incrédules, mais pour les croyants. Si, par 
exemple, l'Église est tout entière réunie dans le même endroit, et 
que tous parlent en langues étrangères, les simples curieux ou les 
incrédules qui entreront ne vous croiront-ils pas tous fous? Si, au 
contraire, tous prononcent des prophéties, l’incrédule ou le simple 
curieux qui entre se voit repris par tous, jugé par tous; les secrets 
de son cœur sont dévoilés; il se jettera la face contre terre, 1] 
adorera Dieu, et il avouera que «Dieu est certainement au milieu 
de vous» ?. 

Que faire alors, mes frères? Quand vous êtes réunis, vous 
avez l’un un cantique, l’autre une leçon, l’autre une révélation, 
l’autre une langue étrangère, l’autre une interprétation; eh 
bien que tout se fasse pour l'édification. S'agit-il d’une langue 
étrangère? que deux frères, trois au plus, prennent la parole 
et l’un après l’autre, ensuite qu’un seul interprète. S'il n'y ἃ pas 
là d’interprète, que les frères se taisent dans l'assemblée, qu'ils se 
parlent à eux-mêmes et à Dieu. De même pour les prophéties : 
que deux ou trois prennent la parole et que les autres jugent. 
. Cependant si un frère, assis à sa place, reçoit une révélation, celui 
qui parle doit se taire. Vous pouvez tous prophétiser, mais chacun 
_à son tour, pour que tout le monde soit instruit et tout le monde 
édifié. Le prophète est maître de l'esprit prophétique qui l'anime; 
Dieu n’est pas le Dieu du désordre, mais le Dieu de la paix. 

Que vos femmes gardent le silence en public, comme cela se fait 
dans toutes les communautés des fidèles ὃ; elles n’ont pas la per- 


1 Cette phrase est difficile à comprendre. L’apôtre, en disant que les langues 
étrangères sont un signe pour les incrédules, semble contredire cesqu'il ἃ dit 
plus haut et ce qu’il va dire immédiatement après. 


2 Zaccharie 8, 23. 


3 On peut traduire les versets 31, 32, 33, 34 de deux autres manières, d’après 
deux autres ponctuations : 1° pour que tout le monde soit instruit et tout le 
monde édifié — (le prophète est maître de l'esprit prophétique qui l'anime; 
Dieu n’est pas le Dieu du désordre, mais le Dieu de la paix), — comme cela se 
fait dans toutes les communautés des fidèles. Que vos femmes gardent le silence 


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490 LE NOUVEAU TESTAMENT 


mission de parler; elles doivent rester soumises, comme dit la Loi. 
Si elles désirent s’instruire sur quelque détail, qu’elles interrogent 
leurs maris chez elles; il n’est pas convenable qu’une femme parle 
en public. Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est partie, ou 
bien n'est-elle parvenue qu'à vous seuls? 

Si quelqu'un croit être un prophète ou un homme inspiré, il 
doit reconnaître que ce que je vous écris là est un commandement 
du Seigneur !. Si quelqu'un veut l’ignorer, qu'il l'ignore! 

En résumé, mes frères, ambitionnez le don de prophétie et 
n’empêchez pas qu’on parle en langues étrangères, mais que tout 
se passe convenablement et avec ordre. 


Je vous rappelle, mes frères, l'Évangile que je vous ai prêché, 
que vous avez aussi accepté, dans lequel vous avez aussi persévéré, 
et qui aussi vous sauvera si vous le retenez dans les termes mêmes 
où je vous l'ai prêché; autrement votre foi aurait été vaine. 

Car je vous ai transmis avant tout ce que J'ai reçu, savoir que 
Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, 
qu'il a été enseveli, qu'il est ressuscité le troisième jour, conformé- 
ment aux Écritures, qu'il est apparu à Képhas, ensuite aux douze. 
Ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois, dont la 
plupart vivent encore aujourd'hui, et quelques-uns sont morts; 
ensuite il est apparu à Jacques; ensuite à tous les apôtres; enfin 
après eux tous, il m'est apparu à moi comme à l’avorton ! 

Car, moi, je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne 
d’être appelé apôtre, parce que J'ai persécuté l'Église de Dieu. 
Mais, par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et la grâce qu'il 
n'a faite n’a pas été stérile; au contraire, j'ai plus travaillé qu'eux 
tous; non pas moi cependant, mais la grâce de Dieu qui est avec 


en public, elles n'ont pas la permission de parler, ete. 2 Dieu n’est pas le 
Dieu du désordre, mais le Dieu de la paix; il en est ainsi dans toutes les com= 
munautés des fidèles. Que vos femmes gardent le silence en PURE, elles n'ont 
pas la permission. etc. 


1 Plusieurs anciens manuscrits omettent commandement et lisent : est du 
Seigneur. 


PREMIÈRE ÉPÎITRE AUX CORINTHIENS 491 


moi. Ainsi donc, que ce soit moi, que ce soit eux, voilà ce que 
nous prêchons, et voilà ce que vous avez cru. 


Eh bien, si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, 

comment certains d’entre vous disent-ils qu'il n’y a pas de résur- 
rection des morts? S'il n’y a pas de résurrection des morts, Christ 
non plus n'est pas ressuscité, et si Christ n’est pas ressuscité, vaine 
est notre prédication, vaine votre foi!, Il se trouve même que 
nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu, car nous avons 
témoigné contre lui en disant qu'il a ressuscité le Christ qu’il n’a 
pas ressuscité puisque, en effet, les morts ne ressuscitent pas. Si 
les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n’est pas ressuscité. 
Si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est illusoire, vous êtes 
encore dans vos péchés et, par suite, ceux qui se sont endormis 
en Christ ont péri. Si notre espoir dans le Christ ne dépasse pas 
la vie présente, nous sommes les plus à plaindre de tous les 
hommes. 

Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, le premier de 
ceux qui se sont endormis. 

Eu effet, par un homme est venue la mort, par un homme 
aussi la résurrection des morts; car de même qu'en Adam tous 

- sont mortels, de même dans le Christ tous recouvreront la vie; 
mais chacun à son rang: le premier, le Christ, puis ceux du 
Christ à son apparition; ensuite il y aura la fin, quand il remettra 
la royauté à Dieu le Père, après avoir anéanti toute domination, 
toute autorité, toute puissance. 

Il doit régner, en effet, 

«Jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds ?.» 

Le dernier ennemi anéanti sera la mort, car 
QIl αἰ tout mis sous ses pieds». 

Mais quand il dira que tout est soumis, il faudra évidemment 

excepter Celui qui lui aura tout soumis; et quand tout lui sera 


1 Deux très anciens manuscrits lisent : vaine notre foi. 
2 Psaume 110, 1. 
3 Psaume 8, 7. 


11, 15 


15, 29 


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41 


492 LE NOUVEAU TESTAMENT 


amsi soumis, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui 
a tout soumis, pour que Dieu soit tout en tous. 

Autrement que feraient ceux qui se font baptiser pour les 
morts? Si, en tout cas, les morts ne ressuscitent pas, pourquoi 
se font-ils baptiser pour eux? et pourquoi nous, nous exposons- 
nous à tout moment? Tous les jours je vois la mort en face, aussi 
vrai, mes frères, que vous êtes mon sujet de gloire en Jésus-Christ 
notre Seigneur! Si j'ai lutté contre des espèces de bêtes fauves à 
Éphèse, à quoi cela me sert-il? Si les morts ne ressuscitent pas, 

«Mangeons et buvons, car demain nous mourrons 31} 

Ne vous y trompez pas : 

«Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs *.» 

Revenez à votre bon sens, sérieusement, et ne péchez pas. Car 
certains d’entre vous sont dans l'ignorance sur Dieu, je le dis à 
votre honte! 


— Mais, dira quelqu'un, comment les morts ressusciteront-ils? 
Avec quel corps reviendront-ils#? — Insensé, ce que tu sèmes 
n’est vivifié qu'après avoir traversé la mort. Ce que tu sèmes n'est 
pas le corps qui sera un jour, mais un simple grain, par exemple 
de froment ou de n'importe quelle plante. Puis Dieu lui donne le 
corps qu'il lui ἃ plu de lui donner, et à chaque semence un corps 
particulier, Toute chair n’est pas une même chair; autre est la 
chair des hommes, autre la chair des bêtes, autre la chair des 
oiseaux, autre des poissons. Il y a des corps célestes et des corps 
terrestres; autre est la gloire des célestes, autre des terrestres; 
autre est la gloire du soleil, autre la gloire de la lune; autre la 
gloire des étoiles; une étoile même diffère en gloire d’une autre 
étoile. 


1 Allusion à une coutume dont parlent aussi quelques Pères de l'Église : si un 
catéchumène mourait avant d’avoir reçu le baptême, un des fidèles était rebaptisé 
à son intention. 

2 fisaïie 22, 43. ἱ 

8. Cette phrase forme dans le texte grec un vers iambique. L’apôtre cite sans 
doute ici un auteur inconnu. 

4 Ces verbes sont au présent dans le texte : ressuscitent-ils? reviennent-ils? 


PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 493 


Il en est de même de la résurrection des morts: semé corrup- 
tible, le corps ressuscite incorruptible; semé humble, il ressuscite 
glorieux; semé faible, 1l ressuscite fort; semé corps matériel, il 
ressuscite corps spirituel; s'il Υ ἃ un corps matériel, il y a aussi 
un corps spirituel; c'est ainsi qu'il est écrit: «Le premier homme 
Adam devint une âme vivante !», le dernier Adam est devenu un 
esprit vivifiant. 

Mais ce n’est pas le corps spirituel qui existe d’abord, c’est le 
corps matériel; ensuite le spirituel. Le premier homme était « de 
terre, de poussière ?», le second homme est du ciel. Tel celui qui 
est «de poussière », tels ceux qui sont de poussière; et tel celui 
qui est du ciel, tels seront ceux du ciel; et comme nous avons 
porté l’image de celui qui est «de poussière », nous porterons aussi 
l’image de celui qui est du ciel. 


Voici ce que j'aflirme, mes frères : la chair et le sang ne peuvent 
avoir en héritage le Royaume de Dieu, ta corruption n’a pas en 
héritage l’incorruptibilité. 

48 vais vous dire une chose restée jusqu’à présent secrète : Tous 
nous ne MOurrons pas, mais tous nous serons transformés, en un 
. instant indivisible, en un clin d'œil, au son de la dernière trom- 

pette. Car la trompette sonnera, les morts ressusciteront incorrup- 
tibles, et nous, nous serons transformés. Il faut, en effet, que ce 
corps corruptible revête l'incorruptibilité et que ce corps mortel 
revête l’immortalité; et quand ce corps corruptible aura revêtu 
l'incorruptibilité # et que ce corps mortel aura revêtu l'immortalité, 

alors s’accomplira ce qui est écrit : 
«La mort a été absorbée dans la victoire“! 
Où est, 0"mort, ta victoire ? 
Où est, 6 mort, ton aiguillon ὃ ? 

1 Genèse 2, 7. 

2 Ibid. 

3 Quelques très anciens manuscrits omettent ce corps corruptible aura revêtu 
l’incorruptibilité et lisent après revête l’immortalité: ΕἸ quand ce corps 
mortel aura revêtu l’immortalité, etc. 

4 Ésaïe 25, 8. 

5 Osée 13, 14. 


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49% LE NOUVEAU TESTAMENT 


(l’aiguillon de la mort c’est le péché, et la puissance du péché, la 
loi). Rendons grâce à Dieu qui nous a donné la victoire par notre 
Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, 
inébranlables, faites sans cesse des progrès dans l’œuvre du Sei- 
gneur, sachant que votre peine n’est pas vaine dans le Seigneur. 


Pour la collecte en faveur des fidèles, vous suivrez, vous aussi, 
les indications que j'ai données aux Églises de Galatie; le premier 
jour de chaque semaine, chacun de vous mettra quelque chose de 
côté chez lui, et réunira ainsi ce qu'il peut donner pour que la 
vollecte ne se fasse pas seulement à mon arrivée. 

Quand je serai là, j’enverrai au moyen d’une lettre ! ceux que 
vous aurez choisis porter vos offrandes à Jérusalem? ; s’il convient 
que j'y aille moi-même, ils feront le voyage avec mor. 

Je viendrai chez vous en passant par la Macédoine; je ne ferai, 
en effet, que la traverser, mais chez vous 1] est possible que Je 
n'arrête et même que je passe l'hiver pour que vous me conduisiez 
là où j'irai. Je ne veux pas, cette fois, vous voir seulement en 
passant, et J'espère rester quelque temps avec vous, s’il plaît au 
Seigneur. Mais je resterai ὃ à Éphèse jusqu’à la Pentecôte, car une 
porte d'activité s’y est ouverte pour moi toute grande, et les oppo- 
sants sont nombreux. | 


Si Timothée vient, ayez soin qu'il n'ait rien à craindre au milieu 
de vous, car il travaille à l’œuvre du Seigneur, tout comme moi. 
Que personne donc ne le méprise, et reconduisez-le en paix pour 
qu'il vienne auprès de moi, car je l’attends avec les frères. 

Quant à notre frère Apollos, je l’ai vivement engagé à aller chez 
vous avec les autres frères; mais il ne veut décidément pas aller 
maintenant; 1] ira quand il en aura le loisir. 


1 D'une lettre qui les recommande. 

? On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: Quand je serai là, j'en- 
verrai ceux que vous aurez choisis par lettre, porter vos offrandes à Jérusalem. 
9. On peut lire aussi, d’après une autre accentuation : mais je reste à 
Ephèse, etc. 


PREMIÈRE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 4935 


Veillez, soyez fermes dans la foi, soyez virils, soyez forts. Faites 1344, 16 
tout dans un esprit d'amour. ᾿ 


Encore une prière, mes frères! Vous connaissez la famille de 15 
Stephanas; elle est la première de l’Achaïe qui ait cru, elle s’est 
dévouée au service des fidèles; eh bien, ayez de la déférence pour 46 
des personnes semblables et pour quiconque agit et travaille avec 
elles. Je suis heureux de la visite de Stephanas, de Fortunatus et 17 
d’Achaïcus; ils ont suppléé à votre absence; car ils ont tran- 18 
quillisé mon esprit et le vôtre. Sachez apprécier de tels hommes! 


Les Eglises d'Asie vous saluent. 19 

Aquilas et Prisca vous envoient bien des salutations dans le 
Seigneur ainsi que l'Eglise qui s’assemble dans leur maison. 

Θ 


Tous les frères vous saluent. 20 

Saluez vous les uns les autres d’un saint baiser. 

Je vous salue en écrivant moi-même : 21 
Pau !. 


Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème! 99 
Maran athà 3. 


LA GRACE DU SEIGNEUR JÉSUS SOIT AVEC VOUS. 93 
Je vous aime tous en Jésus-Christ ©. 94 


1 Voir note sur Galates 6, 11. 

? Ces deux mots sont en langue syriaque et signifient : Le Seigneur vient. 115 
servaient aux chrétiens à se reconnaître entre eux. était un signe de rallie- 
ment. Ils s’adressaient ces courtes paroles les uns aux autres pour s’encourager 
dans leurs espérances. - 

5 Cette courte phrase forme un post-scriptum venant après la salutation 
d'usage que nous avons imprimée en caractères majuscules. 


SECONDE ÉPITRE 


ΠΧ CO Τ ET ENS 


PRÉFACE 


* Paul écrivit la seconde Epître aux Corinthiens de Philippes 
vers le mois de septembre de l’an 57 (2 Cor. 2: 12 et 13; 8: 1; 
7:22). | 

Notons succinctement les faits qui s’étaient passés entre notre pre- 
mière et notre deuxième lettre. Stéphanas, Fortunatus et Achaïcus 
étaient partis porteurs de notre première épître. Timothée les avait 
suivis de près (1 Cor. 16 : 10), et, revenu auprès de Paul, l'avait 
informé que les Corinthiens n’étaient pas pacifiés et méconnais- 

saient l’autorité de l’apôtre. 
_ Celui-ci leur envoie immédiatement Tite, qui était très pro- 
bablement porteur d'une épître aujourd’hui perdue. Paul, en 
effet, dans notre deuxième aux (Corinthiens (qui serait, en réa. 
lité la quatrième) fait allusion à une lettre écrite dans l’angoisse et 
les larmes (2 Cor. 2: 4), à une lettre qu’il a regretté un instant 
d’avoir écrite (2 Cor. 7: 8), à une lettre où 1] craint d’avoir été 
trop loin dans ses reproches. Or ces allusions ne se rapportent en 
rien à notre première aux Corinthiens. Il n’y a donc aucune 
témérité à supposer une lettre très sévère après le départ de 


32 


498 LE NOUVEAU TESTAMENT 


laquelle Paul était resté troublé et impatient du retour de Tite. 
Ne le voyant pas revenir, il va au-devant de lui, il le rencontre à 
Philippes. Les nouvelles qu’il lui donne sont excellentes. La lettre 
sévère a produit l'effet voulu; les Corinthiens sont rentrés dans 
l’ordre (2 Cor. 2: 12-13; 1 : 4-7; 2: 14; 7 : 5-7). La majorité est 
redevenue fidèle à l’apôtre; une minorité seule garde son hostilité. 

Paul écrit alors notre deuxième aux Corinthiens qui se divise en 
deux parties bien tranchées : la première (ch. 1 à ch. 10), où il 
s'adresse à la majorité de l’Église et se montre envers elle plein 
de sollicitude, d’affection, de ménagements. La seconde (ch. 10 à 
la fin), où il parle avec une vivacité extrême et une mordante 
ironie à la minorité restée rebelle. 

Le passage (6: 14 à 7: 2), — nous le faisons remarquer dans 
une note, — est d’un ton tout à fait étranger au reste de l’épître et 
rompt le fil du discours de Paul. Cette page est probablement 
quelque feuillet détaché d’une autre lettre perdue qu’un copiste 
inattentif aura intercalé dans la nôtre. 

Comme la première aux Corinthiens, la seconde est d’une authen- 
ticité indéniable et indéniée. Les Églises des premiers siècles l’ont 
toujours considérée comme incontestée. | 

Aucune autre lettre de l’apôtre ne nous le fait mieux com- 
prendre et mieux aimer. Il se montre à nous avec la sublime 
originalité de son puissant génie et les émotions si tendres et si 
profondes de son cœur, au milieu même des luttes les plus tra- 
giques et des épreuves les plus douloureuses de son apostolat. 


SECONDE ÉPÎTRE 


ΓΕ ΧΕ ΝΟ EH T'E NS 


PAUL, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST PAR LA VOLONTÉ DE DIEU, ET 
LE FRÈRE TIMOTHÉE, A L'EGLISE DE DIEU QUI EST À CORINTHE ET 
A TOUS LES FIDÈLES QUI SONT DANS L'ACHAÏE ENTIÈRE, 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE 
ET PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. 


Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, Père 
des miséricordes et Dieu de toute consolation, qui nous console 
dans toutes nos afflictions, pour que nous puissions, à notre tour, 
consoler les autres dans toutes leurs afilictions, les consolant comme 
Dieu nous a consolés. Car si les souffrances du Christ débordent 
sur nous, par le Christ aussi déborde notre consolation. 

Sommes-nous affligés ? c’est pour votre consolation et votre salut ; 
sommes-nous consolés ? c’est aussi pour votre consolation que vous 
trouvez en supportant patiemment des souffrances semblables à 
nos souffrances, et notre espérance à votre égard est inébranlable 1, 


1 Les meilleures éditions critiques de ce verset ὁ diffèrent sur la place de 
plusieurs mots, ainsi que sur leur insertion ou leur omission. Le désordre des 
manuscrits est tel qu’il est impossible de reconstruire un texte satisfaisant, Nous 
avons suivi pour ce passage la leçon adoptée par Tischendorf, qui se borne à 
reproduire les deux plus anciens manuscrits. 


1,1 


O2 


(æ] 


10 


11 


13 


14 


15 


16 


17 


18 


19 


20 


500 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Nous savons qu'ayant votre part de souffrances, vous aurez aussi 
votre part de consolations. 


Nous ne vous laisserons pas ignorer, frères, que nous avons été 
persécutés en Asie; nous avons été absolument accablés; nos 
forces étaient à bout, au point que nous désespérions même de 
conserver la vie. Nous en avions fait à part nous le sacrifice pour 
apprendre à ne pas nous confier en nous-mêmes, mais en Dieu qui 
ressuscite les morts. C’est lui qui nous a arrachés à ce grand 
danger de mort; il nous y arrachera encore, oui, nous l’espérons, 
il nous y arrachera à l'avenir. Vous aiderez à cette délivrance par 
vos prières; ainsi, plusieurs personnes nous auront obtenu ce 
bienfait, et plusieurs personnes en feront l’objet de leurs actions de 
gràces,. 

Notre gloire à nous c'est le témoignage que nous rend notre 
conscience de nous être conduits dans le monde, et surtout à votre 
égard, avec la sainteté et la sincérité que Dieu demande, nullement 
par la sagesse mondaine, mais par la grâce de Dieu.. Nous ne vous 
écrivons pas autre chose que ce que vous lisez et connaissez ; et 
j'espère que vous reconnaîtrez jusqu’à la fin (une partie d’entre 
vous l’ont déjà reconnu) que nous faisons votre orgueil et que 
vous ferez le nôtre le jour du Seigneur Jésus. 

Dans cette conviction, je voulais aller d’abord chez vous pour 
vous faire une double faveur: je me serais rendu de chez vous 
en Macédoine; puis de Macédoine je serais revenu chez vous, et 
vous m'auriez aidé pour le voyage de Judée. Ai-je pris cette réso- 
lution avec légèreté? est-ce que, dans mes projets, je n’écoute que 
mes caprices? est-ce que je dis tantôt oui, tantôt non? Ah! je le 
déclare, par la fidélité de Dieu, la parole que nous vous avons 
adressée n’a pas été tantôt oui, tantôt non; le Fils de Dieu, Jésus- 
Christ, que nous vous avons prêché, Sylvanus, Timothée et moi, 
n’a pas été tantôt oui, tantôt non; mais il ἃ été oui. Toutes les 
promesses de Dieu sont oui en Jésus-Christ et nous prononçons 


1 Quelques anciens manuserits lisent: pour vous faire un double plaisir. 


SECONDE ÉPIÎITRE AUX CORINTHIENS 501 


x 


par lui le mot Amen à la gloire de Dieu. Celui qui nous rend 
ainsi, vous et nous, fermes pour le Christ, et qui nous a oints, c’est 
Dieu. Il nous ἃ aussi marqués de son sceau, et il ἃ mis, à titre 
d’arrhes, son Esprit dans nos cœurs. 

Mais si je ne suis pas revenu à Corinthe, j'en prends Dieu 
à témoin, sur mon âme, c'est pour vous épargner; non que 
nous dominions sur votre foi; mais nous voulons contribuer à 
votre Joie; quant à la foi, vous y restez fermes! Je me suis donc 
décidé à ne pas revenir une seconde fois chez vous pour vous 
attrister (car si je vous attristais, que deviendrais-je, n'ayant pour 
m'égayer que celui que j'aurais attristé?); et je vous ai écrit!. Je 
vous ai écrit pour qu'à mon arrivée ceux qui devaient me donner 
de la joie ne me fissent pas de chagrin; j'étais convaincu, et cela 
de vous tous, que ma joie est aussi la vôtre à tous. 

J'étais profondément affligé, j'avais le cœur serré, je pleurais 
en vous écrivant, non que je voulusse vous faire de la peine, 
mais vous montrer l’amour sans bornes que j'ai pour vous. 

Si l’un de vous en particulier a été une cause de tristesse, ce 
n’est pas moi personnellement, non je ne veux pas l’accabler, c’est 
vous tous, en un sens, qu'il a attristés. Ce blâme général est pour 
lui un châtiment suffisant; aussi vous faut-il au contraire lui 
accorder sa grâce et le consoler de peur qu'il ne succombe à un 
trop grand chagrin. Prenez donc, je vous prie, une décision chari- 
table à son égard; car j'avais un but en vous écrivant, je voulais 
vous mettre à l'épreuve et voir si vous m'obéissiez en toutes choses. 
Si vous lui accordez sa grâce, il a aussi la mienne; et, quant à moi, 
si je l'accorde, c’est à cause de vous, c’est en présence du Christ 
que je l'accorde, et pour que nous ne fassions pas les affaires de 
Satan dont les desseins nous sont bien connus. 


J'étais allé à Troas pour annoncer l'Evangile du Christ, le 
Seigneur m'y ouvrait une porte, et cependant je n'y ai pas eu 
l'esprit en repos parce que je n’y ai pas rencontré mon frère Tite, 


1 Paul fait ici allusion à une lettre qui n’est pas parvenue jusqu’à nous. Voir 
la préface. 


10 


11 


19 


16 


17 


[Re] 


οι 


502 LE NOUVEAU TESTAMENT 


aussi ai-je pris congé des frères, et suis-je parti pour la Macé- 
doine. 


Grâces soient à Dieu qui nous fait sans cesse triompher en 
Christ et qui, en tout lieu, répand par nous sa connaissance comme 
on répand un parfum. Car le parfum de Christ c’est nous qui le 
sommes pour Dieu et parmi les sauvés et parmi ceux qui vont 
périr; pour ceux-ci cette odeur vient de la mort et va à la mort, 
pour ceux-là elle vient de la vie et va à la vie; — (à cette tâche qui 
sufira?) — nous ne sommes pas, en effet, comme le grand 
nombre, nous ne frelatons pas la parole de Dieu, mais c'est avec 
sincérité, mais c’est telle qu’elle vient de Dieu, c'est devant Dieu, 
c’est en Christ que nous la prêchons. 


Nous recommençons, n'est-ce pas, à faire nous-mêmes notre 
éloge ? Aurions-nous peut-être besoin, comme certains individus, 
de lettres de recommandation pour vous ou de votre part? notre 
lettre, c’est vous; écrite dans nos cœurs, reconnaissable et lisible 
pour tout le monde; on sait bien que vous êtes une lettre de Christ 
rédigée par nous, écrite non à l'encre, mais par l'Esprit du Dieu 
vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, 
sur vos cœurs |. 

Une pareille assurance en Dieu, c’est du Christ que nous la 
tenons; par nous-mêmes nous sommes incapables de rien conce- 
voir, de rien tirer de notre propre fonds, toute notre capacité vient 
de Dieu, qui nous a rendus capables d’être ministres d’une Nou- 
velle Alliance, qui n’est pas de lettre, mais d'esprit; car la lettre 
tue, et l'esprit vivifie. 

Si le ministère de la mort, gravé en lettres sur la pierre, a été 
si entouré de gloire que les enfants d'Israël ne pouvaient fixer le 


1 Sur vos cœurs. Paul ἃ dit tout à l'heure: dans nos cœurs, parce que, 
comparant l’Église de Corinthe à une Lettre, il emploie cette image successive 
ment sous deux formes : 19 cette lettre, lui servant de recommandation, est écrite 
dans son cœur; elle lui ἃ été remise en quelque sorte par les Gorinthiens, et 
2 c’est lui l’apôtre qui a écrit cette lettre de Christ dans le cœur des Corin- 
thiens, lorsqu'il leur a annoncé l'Évangile. 


SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 509 


visage de Moïse, tellement 11] resplendissait d’un éclat maintenant 
anéanti, combien le ministère de l'Esprit ne sera-t-il pas plus 
glorieux? Si le ministère de la condamnation a été glorieux, le 
ministère de la justice sera beaucoup plus glorieux encore; on 
peut même dire, dans un sens, que ce qui ἃ été glorifié autrefois 
ne l’a pas été, en comparaison d’une gloire supérieure. Si, en 
effet, ce qui est anéanti a été glorieux, à plus forte raison ce qui 
est éternel sera glorieux. 

Cette espérance que nous avons nous remplit de hardiesse et 
nous ne faisons pas comme Moïse «qui se voilait la face!» pour 
cacher aux regards des enfants d'Israël la fin d’un éclat périssable. 

Leur intelligence s’obscurcit. et aujourd'hui encore ce voile est là 
quand on leur lit l’Ancienne Alliance; ils ne voient pas avec évi- 
dence que le Christ seul l’abolit. Oui, aujourd’hui encore, quand on 
leur lit Moïse, il y ἃ un voile sur leur cœur. «Lorsqu'ils se conver- 
tissent au Seigneur, ce voile est enlevé? ». 

C'est le Seigneur qui est l'Esprit; là où est l'Esprit du Seigneur, 
là est la liberté; et nous tous qui, le visage découvert, contemplons 
dans un miroir la gloire du Seigneur, nous nous transformons à 
son image; sa gloire devient la nôtre, comme cela doit se faire 
par l’Esprit du Seigneur “. 


Voilà pourquoi, chargés par la miséricorde de Dieu d’un pareil 
ministère, nous ne faiblissons pas; au contraire nous repoussons 


bien loin tout procédé secret et honteux, nous ne recourons pas à 


la ruse, nous ne falsifions pas la parole de Dieu, mais nous publions 
ouvertement la vérité, et ainsi nous nous recommandons nous- 
mêmes à toute conscience d'homme, et cela à la face de Dieu. 
(S'il reste encore un voile sur notre Évangile, c’est pour ceux 
qui vont périr que ce voile existe, pour les incrédules dont le dieu 


1 Exode 34, 99. 

3 Exode 34, 34. 

3 Sa gloire devient la nôtre. La traduction ordinaire : nous nous transfor- 
mons à son image de gloire en gloire est fautive. 

4 On peut traduire aussi : comme cela doit se faire de la part du Seigneur de 
l'Esprit. 


10 
1 


12 
19 


14 


17 
18 


σι 


(=) 


10 


1 


10 


50% LE NOUVEAU TESTAMENT 


de ce monde ἃ aveuglé les pensées, afin qu'ils ne soient point 
illuminés des splendeurs du glorieux Évangile du Christ, qui est 
l’image de Dieu.) 

Car nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, mais Jésus-Christ 
le Seigneur; et nous-mêmes nous sommes vos serviteurs ! à cause 
de Jésus. En effet, le Dieu qui ἃ dit: « Que des ténèbres jailhisse 
la lumière? », ἃ fait aussi jaillir la lumière dans nos cœurs, pour 
que nous fassions resplendir la connaissance de la gloire de Dieu 
sur la face de Christ. 

Nous portons ce trésor dans des vases d'argile pour prouver que 
la puissance débordante de sa vertu vient de Dieu et non pas de 
nous; nous sommes toujours surchargés, jamais écrasés; tour- 
mentés, jamais désespérés; persécutés, jamais vaincus; jetés à 
terre, jamais morts; nous portons partout dans notre corps le 
martyre de Jésus, pour que, dans notre corps, se montre aussi sa 
vie. Nous sommes toujours livrés vivants à la mort à cause de 
Jésus pour que, dans la mort de notre chair, se montre aussi sa 
vie. Ainsi la mort exerce son pouvoir sur nous et la vie agit en 
vous. 

Nous avons le même Esprit de foi que dans ce passage de 
l'Écriture : | 

«J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé #. » 

Nous croyons, nous aussi, voilà pourquoi nous parlons, sachant 
que celui qui ἃ ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera avec 
Jésus et nous fera paraître avec vous devant lui. Tout cela à cause 


_de vous et afin que la grâce de plus en plus abondante multiplie les 


actions de grâces d’un plus grand nombre d’entre vous pour la 
gloire de Dieu. 


Aussi nous ne faiblissons pas; au contraire, si notre être 
extérieur tombe en ruines, notre être intérieur se renouvelle 


1 Grec : Vos esclaves. 

2 Allusion à Genèse 1, 3. 

3 (’est-à-dire pour que nous éclairions la face de Christ de telle sorte que les 
hommes voient briller sur elle la gloire divine et reconnaissent Jésus-Christ 
pour leur Sauveur. 

4 Psaume 116, 10. 


οι 


SECONDE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 50 


de jour en jour; car un moment de légères afflictions nous vaut 147, 4 
une somme immense, incalculable de gloire éternelle, à nous qui 18 
ne regardons pas aux choses visibles, mais aux invisibles, parce 
que les choses visibles ne durent qu'un temps, les invisibles sont 
éternelles. 

Nous savons, en effet, que si notre maison sur la terre, si notre 1,5 
tente vient à être détruite, nous avons un édifice fait par Dieu, 
une maison que la main de l’homme n'a point construite, qui est 
éternelle, qui est dans les cieux. Et alors nous soupirons dans 
cette demeure-ci, ayant un immense désir de revêtir celle qui 
vient du ciel, par-dessus l'autre!, si toutefois nous avons déjà 3 
un vêtement, si ce n'est pas? dans la nudité que nous sommes 
trouvés ὅ. Oui, nous qui vivons dans une tente, nous soupirons, nous 


[Re] 


4 
sommes accabiés, parce que nous ne voulons pas être dépouillés de 
notre vêtement, mais mettre l’autre par-dessus “, afin que tout ce 
qui est mortel soit absorbé par la vie. 

Celui qui nous ἃ formés à cet avenir c’est Dieu, et il nous a 5 
donné, à titre d'arrhes, l'Esprit. Nous sommes donc, en tout 6 
temps, pleins de courage (nous savons bien que demeurant dans 
le corps, nous demeurons loin du Seigneur, car nous marchons 7 

par la foi et non par la vue); nous sommes, dis-je, pleins de 8 
courage, et nous aimerions mieux sortir du corps et aller demeurer 
près du Seigneur. Voilà encore pourquoi nous faisons tous nos 9 


efforts, que nous en sortions, que nous y restions, pour lui être 
agréables. Nous tous, en effet, devons comparaître devant le 10 
tribunal du Christ pour y recevoir, chacun ce qu’il a mérité, 
d’après ce qu'il ἃ fait, — pendant qu'il avait un corps, — soit en 

bien, soit en mal. 


1 Littéralement : de survétir celle qui vient du ciel. 

2 On peut traduire aussi : puisque nous aurons déjà un vêtement et que ce 
n’est pas dans la nudité que nous serons trouvés. 

3 Saint Paul parle dans la supposition où le jour du Seigneur trouverait les 
chrétiens de son temps encore vivants, et il veut dire : si le jour de l’avènement 
du Christ nous trouve vêtus de notre domicile terrestre, de notre corps, c’est-à- 
dire encore vivants, alors arrivera ce qu’il souhaite au verset 2 : nous revêtirons 
par-dessus notre corps, c’est-à-dire sans mourir, le domicile céleste. 

4 Littéralement : éfre survétus. 


5, ἬΠῚ 


14 15 


10 


18 


19 


21 


506 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Sachant ainsi qu'il faut craindre le Seigneur, nous cherchons à 
en persuader les hommes; quant à Dieu, il nous connaît bien, et 
J'espère que, au fond de vos consciences, vous nous connaissez 
bien aussi. Nous ne voulons pas vous recommencer notre éloge, 
mais vous fournir l’occasion de faire valoir notre mérite et d’avoir 
à répondre à ceux pour lesquels l'apparence est tout et la réalité 
n'est rien !; (si, en effet, nous sommes des «exaltés?», c'est pour 
glorifier Dieu; si nous sommes pleins de bon sens, c'est pour votre 
bien;) ce qui nous retient ?, c’est l’amour du Christ; étant d'avis 
que si un seul est mort pour tous, alors tous sont morts, et lui il 
est mort pour tous afin que les vivants ne vivent plus pour eux- 
mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. 

Aussi ne connaissons-nous plus personne selon la chair; si nous 


avons connu un Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus . 


aujourd'hui; de plus, si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle 
créature; les vieilles choses sont passées ; voyez, tout est devenu 
nouveau; et tout cela vient de Dieu qui nous ἃ réconciliés 4 avec 
lui par Christ et nous ἃ confié le ministère de la réconciliation; 
et. en effet, Dieu a réconcilié le monde avec lui en Christ, en ne 
tenant plus compte des péchés des hommes et en nous chargeant 
de prêcher la réconciliation. C’est donc pour Christ que nous 
remplissons les fonctions d’ambassadeurs, comme si Dieu lui-même 
vous exhortait par nous; c’est pour Christ que nous vous prions : 
réconciliez-vous avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a 
fait péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de 
Dieu. 


1 Littéralement : qui se glorifient dans ce qui est visage et non dans ce qui 
est cœur. 

2 Ce reproche d’exallation était fait à l’apôtre par ses adversaires. Voir plus 
loin 11, 1. 

3 Ce qui nous retient, c’est-à-dire ce qui nous empêche de nous faire valoir 
nous-mêmes. La traduction ordinaire: L'amour du Ghrist nous presse est 
fautive. 

4 On peut lire aussi d’après une autre ponctuation: de plus, si quelqu'un est 
une nouvelle créature en Christ, les vieilles choses sont passées. Voici, toutes 
ces choses nouvelles sont venues de Dieu qui nous a réconciliés, etc, 


L 


SECONDE ÉPIÎITRE AUX CORINTHIENS 507 


Nous sommes ses collaborateurs; aussi vous exhortons-nous à 

ne pas recevoir inutilement cette grâce de Dieu; (car il dit : 

«Au temps favorable, je l'ai exaucé, 

Au jour du salut, je t'ai secouru !» : 
eh bien, le voici ce temps particulièrement « favorable», le voici ce 
«jour du salut.») 

Nous tâchons de ne jamais scandaliser personne et dene donner 
aucune prise à la critique dans notre ministère; au contraire nous 
nous faisons respecter comme ministres de Dieu par une grande 
patience dans les afflictions, dans les détresses, dans les angoisses, 
sous les coups, dans les cachots, dans les émeutes, dans les 
fatigues, dans les veilles, dans les jeûnes; par la pureté, la 
science, la bienveillance, la douceur, un esprit saint, un amour 
sincère, une prédication véridique, une puissance de Dieu! 
nous servant des armes offensives et défensives de la justice; 
tantôt honorés, tantôt vilipendés; tantôt diffamés, tantôt consi- 
dérés; tenus pour imposteurs bien que véridiques; pour obscurs 
quoique bien connus; pour mourants et voilà que nous vivons; 
pour gens que Dieu châtie et pourtant nous ne mourons pas; pour 
tristes, nous qui sommes toujours dans la joie ; pour pauvres, nous 
qui enrichissons les autres; pour dénués de tout, nous qui possé- 
dons tout! 

Notre bouche s’est ouverte pour vous, Corinthiens, notre cœur 
s'est élargi; vous tenez une grande place dans ce cœur, et vous 
ne nous en faites aucune dans le vôtre! Ah! rendez-nous la 
pareïlle (je vous parle comme à mes enfants), faites-nous une 
large place! 


(Ne marchez pas de concert avec les incrédules?; la justice 
peut-elle s’accorder avec l’iniquité? la lumière s'entendre avec les 


1 Ésaïe 49, 8. 

2 Ce passage 6, 14-7, 2 rompt l’unité de la pensée de Paul; le 2e verset du 
chapitre "77 continue le 13° verset du chapitre 6. Faites-nous une large place! 
accueillez-nous. Nous plaçons donc entre parenthèses et à part la fin du cha- 
pitre 6 et le 1er verset du chapitre 7. 


19 


Qt 


10 


14 


18 


τ 


4 


σι 


». 


508 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ténèbres? le Christ peut-il s'unir à Béliar!? le croyant partager 
avec l’incrédule? un temple de Dieu peut-il frayer avec des idoles? 
car nous sommes, nous, un temple du Dieu vivant, selon cette 
parole de Dieu : «J’habiterai au milieu d'eux, et j'y marchera, 
je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ?. » C’est pourquoi 

«Sortez du milieu d'eux et séparez-vous, dit le Seigneur; 

Ne touchez pas à ce qui est impur 

EE moi je vous recevra ?. 

Je serai donc pour vous un Père 

Et vous serez pour moi des fils et des filles, 

Dit le Seigneur tout-puissant “.» 

Ayant de pareilles promesses, bien-aimés, purifions-nous de 

toute souillure de la chair et de l'esprit, achevant notre sanctifica- 
tion dans la crainte de Dieu.) 


Ν 


Accueillez-nous; nous n'avons fait tort à personne; nous 
n'avons nui à personne; nous n'avons exploité personne; 
je ne dis pas cela pour vous faire un reproche, car, je l'ai déjà 
dit, vous êtes dans nos cœurs à la vie et à la mort. J'ai une 
grande confiance en vous; je suis tout fier de vous; je suis 
extrêmement consolé, je nage dans la joie, si grandes que 
soient nos afflictions. 

En effet, à notre arrivée en Macédoine, nous n'avons pas eu 
un moment de repos, nous étions éprouvés de toutes manières : 
combats au dehors, inquiétudes au dedans. Mais le Dieu qui relève 
ceux qui sont abattus nous a relevés par l’arrivée de Tite, par son 
arrivée et surtout par le bien qu’il avait reçu de vous; car il 
nous ἃ parlé de votre ardeur, de votre chagrin, de votre zèle pour 
moi; et j'en ai eu une immense joie. 

Si ma lettre vous ἃ fait de la peine, je ne le regrette pas; Je 


τ Béliar, mot dénaturé par les copistes. Paul ἃ dû écrire: Bélial; c'était, dans 
la théologie juive de ce temps-là, l’un des noms du Diable. 

2? Lévitique 26, 11 et suiv. et Jérémie 9, 33. 

8 Ésaie 52, 11. Soph. 8, 19 et suiv. 

4 Jérémie 31, 9 et 38, II Samuel 7, 14. 


. 
Γ 
, 


_ 


SECONDE ÉPITRE AUX CORINTHIENS 509 


l’avais d’abord regretté (je vois bien que ma lettre vous ἃ fait de la 
peine, du moins momentanément) ; aujourd'hui je suis heureux, 
non certes de votre chagrin, mais du repentir qu’il a produit. Vous 
avez été attristés selon Dieu, pour que nous ne vous causions 
aucun tort. La tristesse selon Dieu produit une repentance qui 
conduit au salut et qu'on ne regrette jamais; la tristesse selon le 
monde amène la mort. Voyez plutôt: Votre tristesse selon Dieu, 
quel empressement elle a provoqué en vous; bien plus, quelles 
excuses, quelle indignation, quelle crainte, quelle ardeur, quel 
dévouement, quelle sévérité! De toutes façons, vous avez tenu à 
vous montrer vous-mêmes innocents dans cette affaire. 

Du reste, si je vous ai écrit à ce sujet, ce n’était ni à cause de 
l’offenseur, ni à cause de l’offensé, c'était afin que votre dévoue- 
ment pour nous éclatät parmi vous à la face de Dieu. Voilà ce 
qui nous a consolés. 

À cette consolation s’est ajoutée une immense joie : la vue de 
la joie de Tite; vous lui avez tous mis l'esprit en repos. Si je vous 
avais un peu vantés devant lui, je n'ai pas eu à le regretter; 
vous savez que nous vous avons toujours dit la vérité; eh bien, 
l’éloge de vous que j'avais fait à Tite s’est trouvé de même être la 
vérité. Son affection pour vous est d’autant plus grande qu'il se 
souvient de votre déférence à tous et de la modestie respectueuse 
de votre accueil. Je suis heureux de l’entière confiance que je puis 
avoir en vous. 


Nous voulons vous informer, frères, de la grâce que Dieu a 
accordée aux Églises de Macédoine : très éprouvées et afiligées, 
d’une extrême pauvreté, elles ont, avec une profonde joie, répandu 
à profusion les richesses de leur libéralité. Selon leurs moyens, 
j'en suis témoin, même au dela de leurs moyens, spontanément, 
allant jusqu'aux supplications pour recevoir de nous la faveur de 
les laisser participer à ce service destiné aux fidèles, et, dépassant 
notre attente, elles se sont données elles-mêmes au Seigneur 
d'abord, puis à nous par la volonté de Dieu. 

Aussi avons-nous engagé Tite à aller achever chez vous, comme 


9, 7 


10 


11 


10 


20 


510 LE NOUVEAU TESTAMENT 


il l'avait commencée, cette œuvre de charité. D'ailleurs, vous êtes 
partout les premiers, par la foi, par l’éloquence, par la science, 
par l’ardeur du zèle, par l’amour que vous nous témoignez |; 
soyez aussi les premiers dans cette œuvre de charité. Ce n’est pas 
un ordre que Je vous donne, je vous cite seulement ie zèle des 
autres pour éprouver la sincérité de votre amour. — (Car vous 
connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ qui, étant riche, 
s'est fait pauvre pour vous, afin de vous rendre riches par sa 
pauvreté.) — C’est donc un simple avis que je vous donne, et 
vous n'avez pas besoin d'autre chose, vous qui avez non seule- 
ment commencé l’œuvre les premiers, mais qui, les premiers, 
l’avez décidée, et cela dès l’année dernière, 

Maintenant donc, achevez votre œuvre, et apportez à la 
terminer, selon vos moyens, l’ardeur que vous avez mise à la 
vouloir. Quand on donne de bon cœur, on est bien venu: d’après 
ce qu'on ἃ, non d’après ce qu'on n’a pas; car il n’est pas question 
de se mettre dans la gêne pour mettre les autres à l'aise; la règle 
c’est l'égalité. Aujourd'hui votre superflu servira à leurs besoins ; 
et un jour leur superflu servira à son tour à vos besoins, 
ainsi s’établira l'égalité, comme il est écrit : « Celui qui avait beau- 
coup ne surabondait pas, et celui qui avait peu ne manquait de 
rien ?.» 

Grâces soient rendues à Dieu d’avoir mis au cœur de Tite le 
mème empressement pour vous; Car il a accueilli ma prière. Son 
zèle, du reste, est plus ardent encore, et il part de lui-même pour 
aller vous voir. Avec lui, nous envoyons un frère, loué par 
toutes les Églises de ce qu'il a fait pour l'Évangile, bien plus, 
délégué par elles pour nous accompagner dans notre voyage avec 
le produit de la collecte que nous avons faite pour la gloire du 
Seigneur lui-même et aussi de bon cœur. 

Nous tenons à éviter qu'on puisse dire du mal de nous à propos 
de l’abondante collecte que nous venons de faire. 


‘ Un des plus anciens manuscrits lit: que nous vous témoignons. 
? Exode 16, 18. 


SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 511 


«Vous voulons étre irréprochables 
non seulement 
Devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes !. » 

Avec eux, nous envoyons aussi un autre de nos frères, dont nous 
avons éprouvé le zèle plusieurs fois, en diverses occasions, et qui 
en ἃ d'autant plus aujourd’hui qu'il est plein de confiance en vous. 
Quant à Tite, 1l est mon collègue et mon collaborateur auprès de 
vous; quant à nos frères, ils sont les envoyés des Églises, la gloire 
de Christ. Prouvez donc et votre charité et l’éloge que j'ai fait de 
vous; prouvez-les à la face des Églises! 

Quant au secours destiné aux fidèles, il est bien superflu que je 
vous en écrive?; car je sais votre bonne volonté, et je m'en fais 
gloire auprès des Macédoniens : « L’Achaïe, leur dis-je, est prête 
depuis l’année dernière», et votre zèle ἃ été un stimulant pour la 
plupart. Et maintenant je vous envoie les frères pour que l’éloge 
que j'ai fait de vous ne reçoive pas en cela un démenti, et que vous 
soyez prêts comme je l'ai dit. Car enfin, si les Macédoniens arrivent 
avec moi et ne vous trouvent pas prêts, quelle honte pour nous 
(et permettez-moi d'ajouter, pour vous) qu'une telle confiance! 
J'ai donc jugé nécessaire de prier les frères de prendre les devants 
auprès de vous, pour vous faire organiser d'avance la libéralité 
annoncée, qu'elle soit prête, qu'elle soit une vraie libéralité et non 
une lésinerie. 

Écoutez ceci : Celui qui sème chichement, récoltera chichement 
et celui qui sème libéralement, récoltera aussi libéralement. Que 
chacun donne ce qu'il a décidé en son cœur de donner, sans 
chagrin, sans contrainte; 

« Dieu aime celui qui donne joyeusement * ». 


Dieu peut vous combler de toutes ses grâces, de sorte qu'ayant 


1 Proverbes 3, 4. 

? Ce verset, dont le sens est d’ailleurs très clair, est cependant incompréhen- 
sible; on ne s'explique pas comment Paul qui vient de parler longuement du 
«secours destiné aux fidèles », déclare, comme s’il n’en avait encore rien dit, 
qu’il lui est «superflu d'en écrire ». 

5 Proverbes 22, 9 (voir aussi Exode 25, 2). 


10, 


10 


11 


19 


= 


512 LE NOUVEAU TESTAMENT 


toujours et en tout votre suflisance, vous ayez encore du superflu 
pour toutes les bonnes œuvres, selon qu'il est écrit : 
QI a répandu, il a donné aux pauvres, 
Sa justice demeure à toujours 1, » 
Celui qui fournit 
La semence au semeur, 
Et le pain dont il se nourrit ?» 
vous fournira, vous multipliera la semence et augmentera «les 
fruits de votre justice 5.» 

Vous serez ainsi comblés de richesses pour de grandes libéra- 
lités qui nous feront rendre, à nous, des actions de grâces à Dieu. 
Car l’accomplissement de cette œuvre sainte n’aura pas seulement 
pour effet de subvenir aux besoins des fidèles, mais encore il y 
aura un excédent qui consistera en ferventes actions de grâces 
rendues à Dieu. Ils le glorifieront parce que ce secours leur aura 
prouvé votre soumission, votre adhésion à l'Évangile du Christ, 
votre libéralité, votre communion avec eux et avec tous. Ils 
prieront pour vous, ils éprouveront de l'affection pour vous en 
voyant les grâces dont Dieu vous a comblés! Ah! grâces à Dieu 
pour son ineffable don ! 


C’est moi Paul qui vous demande au nom de la douceur et de la 
bonté du Christ, — oui, moi qui ai, «chez vous, des dehors si 
modestes» et qui, «de loin, suis si hardi avec vous *», — c’est moi 
qui vous prie de ne pas m'obliger, à mon arrivée, de vous traiter 
avec la ferme hardiesse dont je me propose d’user envers certaines 
gens qui pensent que nous nous conduisons d’après des considéra- 
tions charnelles,. 

Sans doute nous vivons dans une chair mortelle, mais notre 
combat n’est pas charnel, nos armes de guerre ne sont pas 


1 Psaume 112, 9. 

2 Ésaie 55, 10, 

3 Osée 10, 12. 

{ Paul cite ici les paroles de ses adversaires. | 


SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 913 


charnelles; au contraire elles sont divinement puissantes pour 
détruire des forteresses, pour renverser des raisonnements, pour 
abattre toute hauteur qui s'élève contre la science de Dieu, pour 
assujettir toute pensée au joug du Christ, et nous sommes prêts à 
punir toute désobéissance, aussitôt que votre obéissance à vous 
sera parfaite. 

Ah! ce sont les dehors que vous regardez? Eh bien, si quel- 
qu'un croit être du parti de Christ, qu'il soit bien persuadé d’une 
chose : s’il est du parti de Christ, nous en sommes nous aussi! 

Et quand j'aurais été un peu trop fier du pouvoir que nous 
tenons du Seigneur (pour vous édifier, non pour vous ruiner), 
je n'aurais pas à en rougir, pour ne pas avoir l'air de vouloir 
vous «effrayer par mes lettres». — «Ses lettres, dit-on, sont 
sévères, sont énergiques, mais, quand il est là, c’est un homme 
faible, et sa parole est bien peu de chose.» — Que celui qui 
parle ainsi soit bien convaincu de ceci: le langage que nous 
tenons de loin dans nos lettres, nous le tiendrons de près dans 
nos actes. 

- Nous ne sommes pas assez osés pour nous confondre ou nous 
comparer avec certaines gens qui font leur propre éloge. Ceux-là 
se mesurent à leur propre mesure, ils se comparent à eux-mêmes ; 
. ils sont peu intelligents. 

Nous, nous ne nous vanterons pas sans mesure; nous resterons 
dans le ressort, dans le champ d’action dont Dieu nous a tracé la 
limite et qui nous ἃ permis, entre autres, de parvenir jusqu'à vous. 
Nous n’étendons pas trop notre domaine, comme nous le ferions si 
nous n’étions pas arrivés jusqu'à vous, car c'est Jusque chez vous 
que nous sommes allés prècher l'Évangile du Christ. Nous ne nous 
vantons pas sans mesure en nous parant des travaux d'autrui; nous 
espérons, au contraire, que votre foi se développera assez pour 
que nous puissions agrandir considérablement notre domaine en 
partant de chez vous et en suivant toujours nos limites; et alors 
nous irons évangéliser au dela de chez vous, sans jamais nous 
vanter du champ d'action d’un autre et des travaux qu'il ἃ 
terminés. 


33 


19 


14 


10 


10, 17 
18 


PS 


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"1 


9 


δ14 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Celui qui veut se glorifier doit se glorifier dans le Seigneur 1.» 
Ce n’est pas celui qui se loue lui-même, qui aura bien soutenu 
l'épreuve, mais celui que le Seigneur loue. 


Ah! que je voudrais vous voir supporter un moment mes 
«folies ?»; mais, oui, vous me supportez, parce que je vous aime 
avec jalousie, avec une sainte jalousie; et je vous ai fiancés à un 
seul époux, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge 
pure. 

Mais j'ai bien peur que, semblables à Eve séduite par les ruses 
du serpent, vos pensées ne soient corrompues et n'aient perdu 
leur candeur pour Christ. Si, en effet, on vient vous prêcher un 
autre Jésus que le nôtre, si on vous fait accepter un Esprit 
différent de celui que vous avez reçu, où un Évangile différent de 
celui que vous avez accueilli, vous supportez cela parfaitement! Je 
crois, cependant, que je ne suis nullement au-dessous de ces archi- 
apôtres? ! Si je parle comme un homme du peuple, je ne suis pas 
sans instruction; et je vous l’ai bien montré en tout et pour tout. 

Aï-je fait une faute en m'humiliant moi-même pour vous 
élever, je veux dire en vous annonçant l'Évangile de Dieu gratis? 
J'ai dépouillé d’autres Églises, j'ai accepté d’elles un salaire pour 
pouvoir vous servir et quand j'étais chez vous, m'étant trouvé 
dans la gène, je ne vous en ai pas importunés; ce sont les frères 
venus de Macédoine qui m'ont donné ce qui me manquait. Je me 
suis gardé jusqu’au bout de vous être à charge, et je m'en gardera 
à l'avenir. Je prends Christ à témoin que cette gloire-là ne me 
sera pas enlevée dans les pays d’Achaïe! Pourquoi? parce que Je 
ne vous aime pas? Ah! Dieu le sait! Mais j'agis et j'agirai toujours 
ainsi pour Ôter tout prétexte à ceux qui ne veulent qu'un prétexte 
pour se dire mes égaux dans ce détail auquel ils tiennent tant! 


1 Jérémie 9, 29, 
2 Terme employé par les adversaires de Paul. 


3 Archiapôtres; expression ironique dont Paul se sert pour désigner ceux 
qui prétendaient avoir plus de titres que lui à l’apostolat. 


4 


Ces hommes-là ce sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, 18, ΤΊ 
ils se déguisent en apôtres de Christ; ce n’est pas étonnant; Satan 44 
se déguise bien en ange de lumière, il n’est donc pas surprenant 15 
que ses ministres se déguisent en ministres de justice; leur fin sera 
digne de leurs œuvres. 

Je le répète, personne ne doit me croire «fou»; ou bien, conve- 16 
nons-en, Je suis « un fou », alors laissez-moi chanter un peu ma gloire. 

Ce que je vais dire, je ne le dirai pas selon le Seigneur, je parlerai 17 
comme «ἀπ fou»; J'ai la prétention de chanter ma gloire; il y 18 
en ἃ tant qui chantent la leur, chantons aussi la nôtre! 

Vous qui êtes si sages, vous savez être indulgents pour les 19 
fous; vous avez une étonnante palience avec ces gens qui vous 90 
asservissent, qui vous mangent, qui vous pillent, qui vous 
regardent de haut en bas, qui vous frappent au visage ! Je suis 91 
honteux de le dire, mais nous nous sommes montrés bien faibles. 

Si ces gens-là se mettent en avant, moi, dans «ma folie», je 
le fais comme eux; ils sont Hébreux? moi aussi je le suis; 22 
ils sont Israélites? moi aussi je le suis; ils sont de la race 
d'Abraham? moi aussi j'en suis. Ils sont ministres de Christ? 93 
(ici « ma folie» dépasse toute mesure), je suis bien plus; oui, 

bien plus qu'eux par mes immenses travaux, par les innombrables 
Coups que j'ai reçus, par mes emprisonnements multüpliés, par les 
mille morts que j'ai souffertes. Cinq fois les Juifs m'ont appliqué 94 
leurs «quarante coups moins un»; trois fois j'ai été bâtonné, une 9; 
fois j'ai été lapidé, trois fois j'ai fait naufrage; j'ai passé toute une 
nuit et un jour dans l’abime; et les voyages sans nombre, et les 90 
dangers en passant les fleuves, et les dangers du côté des voleurs, 
et les dangers du côté des Juifs, et les dangers du côté des païens, 
et les dangers dans les villes, et les dangers dans la solitude, et les 
dangers sur mer, et les dangers chez les faux frères, et leslabeurs, 97 
et les fatigues, et les veilles répétées, et la faim, et la soif, et les 
jeûnes prolongés, et le froid, et le dénûment! Et, sans parler du 98 
reste, mes préoccupations quotidiennes! le souci de toutes les 
Églises! Qui vient à faiblir que Je n’en souffre? Qui vient à tomber 929 
sans que J'en aie la fièvre ! 


SECONDE ÉPIÎTRE AUX CORINTHIENS 515 


11, 


12, 


90 


4 


Qt 


10 


11 


516 LE NOUVEAU TESTAMENT 


S'il faut me vanter, c'est de mes souffrances que je me van- 
terai : Le Dieu et Père du Seigneur Jésus (Béni soit-il à jamais!) 
sait que je ne mens pas. À Damas, le gouverneur du roi Arétas 
faisait garder la ville pour m'’arrêter, et c'est par une fenêtre, dans 
un panier, qu'on me fit descendre le long des murailles, et c’est 
ainsi que je parvins à m échapper. 

Me vanter! ah! j'ai tort; cependant j'en viens aux visions et 
aux révélations du Seigneur: Je connais un homme en Christ qui, 
il y a de cela quatorze ans (est-ce avec son corps, est-ce hors de 
son Corps, je n'en sais rien, Dieu le sait), fut enlevé jusqu’au 
troisième ciel; et je sais que cet homme (avec son corps ou sans 
son corps, je n'en sais rien, Dieu le sait) fut enlevé jusqu'au 
paradis et entendit des choses ineffables, qu’un homme ne doit pas 
répéter. Je me vanterai de cet homme-là; mais de moi-même je 
ne me vanterai pas, sauf toutefois de mes souffrances; et cependant 
si je voulais me vanter, je ne serais nullement «fou», je dirais la 
vérité; mais je m'en abstiens pour que personne ne me pense 
supérieur à ce qu’il voit et entend quand je suis présent. 

D'ailleurs, pour que l'extraordinaire grandeur de ces révélations 
ne me jetât pas dans l’orgueil, il m'a été donné une écharde 
enfoncée en ma chair, c’est un ange de Satan, occupé à me 
souffleter, pour m'empêcher de w’enorgueillir. Trois fois j'ai prié 
le Seigneur de l’éloiÿner de moi, et il m'a dit : «Ma grâce te suflit, 
car la grandeur de ma puissance se montre surtout dans l'infirmité.» 

Je me vanterai donc bien plus volontiers de mes souffrances !, 
afin que la puissance du Christ repose sur moi. C'est pourquoi 
je me complais dans les souffrances, dans les insultes, dans les « 
nécessités, dans les persécutions, dans les angoisses pour Christ, 
car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ! 

Je viens de faire le fou; vous m'y avez forcé; c’est vous qui 
auriez dù faire mon éloge. En rien je n'ai été inférieur aux 


archiapôtres?, et cependant je ne suis rien. 


1 Au lieu de: de mes souffrances, un des plus anciens manuscrits lit: des 
souffrances. 


2? Archiapôlres. Voir note sur 11, ὃ, 


κ᾿ 


\ 


1 


SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS 51 

Les signes de l’apôtre, miracles, prodiges, actes de puissance 
surnaturelle, je les ai opérés dévant vous, avec une patience qui ne 
s'est Jamais lassée. En quoi avez-vous été moins favorisés que les 
autres Eglises, si ce n’est que je ne vous ai pas importunés de mes 
besoins? Pardonnez-moi cette injustice-la. Voici Ja troisième fois 
que je suis sur le point de venir chez vous, et cette fois-ci encore 
Je ne vous importunerai pas. Ge que je recherche, ce ne sont pas 
vos biens, c'est vous-mêmes. Ce ne sont pas les enfants qui doivent 
thésauriser pour les parents, ce sont les parents pour les enfants. 
Quant à moi, je dépenserai volontiers tout ce que j'ai, et je me 
dépenserai moi-même pour le bien de vos âmes, quand même 
vous m'aimeriez d'autant moins que je vous aime davantage. 

— «D'accord», dit-on, je ne vous ai pas été «directement à 
charge», mais comme je suis «un fripon», je vous ai «pris de 
l'argent par ruse». — Est-ce que je vous ai fait exploiter par 
aucun de ceux que je vous ai adressés? J'ai prié Tite d'aller chez 
vous, et j'ai envoyé avec lui le frere que vous savez; est-ce que 
Tite vous aurait exploités? n’avons-nous pas marché selon le même 
esprit et dans les mêmes traces? 

Vous croyez toujours que nous voulons vous faire notre éloge !; 
c’est devant Dieu, c'est en Christ que nous parlons; et tout cela, 


. mes bien-aimés, pour votre édification. Ah! je crains bien qu'à 


mon arrivée Je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous, 
vous ne me trouviez tel que vous ne voudriez pas. Je crains qu'il 
n'y ait parmi vous des disputes, des jalousies, des colères, des 
rivalités, des calomnies, des bavardages, de l’insolence, du 
désordre; je crains qu'a mon arrivée, mon Dieu ne m'humilie 
encore à votre sujet, et que Je n'aie à pleurer sur plusieurs de vous 
qui auront été pécheurs et qui ne se seront pas repentis de l’im- 
pureté, de la corruption, des débauches auxquelles ils se seront livrés. 

Pour la troisième fois j'arrive chez vous. « Sur la déposition de 
deux ou de trois témoins se décidera toute affaire?.» À mon second 


1 On peut, d’après une autre ponctuation, mettre cette phrase sous forme 
interrogative : Croyez-vous toujours que nous voulons vous faire notre éloge? 
2 Deutéronome 19, 15. 


42, 12 


15 


17 
18 


19 


193, 


10 


518 LE NOUVEAU TESTAMENT 


séjour j'ai déclaré, et aujourd’hui, de loin, je déclare de nouveau 
à ceux qui ont péché et à tous que si je viens encore à vous, je 
serai sans pitié. 

Puisqu'il vous plait de tenter si c'est vraiment Christ qui 
parle en moi, vous verrez que, pour vous, il n'est pas faible, et 
qu’au contraire il fait éclater sa puissance parmi vous. Sans doute 
il ἃ été crucifié dans sa faiblesse, mais il est vivant par la 
puissance de Dieu, et nous, de même, nous sommes faibles comme 
lui, mais nous vivrons avec lui et pour vous par la puissance de 
Dieu. 

Examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous êtes dans la foi, 
mettez-vous vous-mêmes à l'épreuve; peut-être ne reconnaissez- 
vous pas que Jésus-Christ est en vous? Mais alors l'épreuve tourne 
contre vous! J'espère en tout cas vous amener à reconnaître 
qu'elle ne tourne pas contre nous! Cependant nous demandons 
instamment à Dieu que vous ne fassiez rien de mal, car nous ne 
tenons pas à montrer que l'épreuve tourne pour nous !; nous dési- 
rons seulement que vous fassiez le bien, dût-on nous considérer 
comme manquant à notre devoir?! Car nous n'avons aucun 
pouvoir contre la vérité, nous n’en avons que pour la vérité, et 
nous sommes joyeux de passer pour faibles, si vous, vous êtes 
forts. Aussi demandons-nous ceci à Dieu : que vous arriviez à la 
perfection. 

Si je vous écris tout cela de loin, c’est parce que je ne veux pas 
avoir, de près, à sévir et à user du pouvoir que je tiens du 
Seigneur (pour vous édifier et non pour vous ruiner). : 

Enfin, frères, soyez joyeux, tendez à la perfection, acceptez les 
exhortations, soyez tous d'accord, vivez en paix, et le Dieu d'amour 
et de paix sera avec vous. 


1 C'est-à-dire que la puissance de Jésus-Christ est en nous pour nous donner 
la force de sévir contre vous. Paul demande avant tout que les Gorinthiens se 
conduisent bien et que lui nait pas à sévir, dût-on trouver qu'il manque à son 
devoir, dût-on dire qu’il est faible, que Jésus-Christ n’est pas en lui et que 
l'épreuve, l'examen intérieur tourne contre lui. 


2 Ou plus exactement : comme vaineus dans l'épreuve ! 


: sh ᾿ + +1 , ἐν» ΩΝ ῃ 
‘he à 
, 
᾿ SECONDE ἘΡΙΤΒΕ AUX CORINTHIENS 519 
CT | 
_ Saluez-vous les uns les autres d’un saint baiser. 49, 13 


Tous les fidèles vous saluent. 
_ QUE LA GRACE DU SEIGNEUR Jésus-Cnrisr, L'AMOUR DE DIEU 43 
ET LA COMMUNION DU SAINT-ESPRIT SOIENT AVEC VOUS TOUS. 


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ÉPITRE AUX GALATES 


PRÉFACE 


L'’épître aux Galates n’est pas adressée, comme les autres lettres 
de Paul, à une seule Église, mais à plusieurs, à toutes les commu- 
nautés de la Galatie. 

La province romaine qui portait ce nom comprenait la Lycaonie, 
la Pisidie et une partie de la Phrygie. C’est là que se trouvaient 
les Églises de Derbé, de Lystre, d’Iconium, d’Antioche de Pisi- 
die, et c’est à elles que notre épître a été écrite. Paul Les avait 
fondées dans son premier voyage missionnaire (Actes 13 et 14). 
Il les visita une seconde fois au début de son second voyage 
(Actes 16: 1-7). 

Ces communautés étaient soumises à la parole de l’apôtre qui 
leur enseignait qu'il n'était pas nécessaire de passer par le 
Judaïsme pour devenir disciple du Christ et que, ni la circoncision, 
ni l'observation de la Loi ne leur étaient demandées. L'assemblée 
de Jérusalem (Actes 15) venait précisément d'approuver cette 
doctrine. Mais Paul, de retour à Antioche, avait eu une dispute 
avec Pierre (Galates 2: 11 et suiv.) sur cette question même. 
Barnabas s'était mis du côté de Pierre. Des émissaires venus de 
Jérusalem avaient encouragé et fortifié l'opposition contre Paul, 
et celui-ci était resté isolé. Ces émissaires, pour ruiner l'autorité 
de l’apôtre, se hâtèrent de se rendre en Galatie, et y organisèrent 


559) LE NOUVEAU TESTAMENT 


une contre-mission dont le succès fut prodigieux. Les Galates 
crurent naïvement que Paul avait une prédication incomplète, 
qu'il n’était pas l'héritier direct de la pensée du Christ, qu'il 
fallait se faire juif en se faisant chrétien. C’est dans ce courant 
d'idées que Paul trouva les Galates lorsqu'il les visita pour la 
troisième fois (Actes 18 : 23). 

Partout, il se sent personnellement accusé. Sa dogmatique est 
condamnée; son apostolat est décrié. Il essaye de ramener ses 
anciens disciples; il échoue. Alors il retourne à Éphèse et, à peine 
arrivé, dicte pour eux (ou écrit lui-même, voir note sur 6 : 11) la 
lettre foudroyante qu'on va lire. 

Avec elle, nous entrons dans le vif de la question débattue, et, 
par elle, nous connaissons à fond les luttes engagées. ΠῚ s’agit de 
la circoncision. Paul déclare que, si on la pratique, le Christ ne 
sert plus de rien. Dans ses autres lettres il débute par des actions 
de grâces, ici, dès les premiers mots, il exprime son indignation 
et sa douloureuse surprise. 

Sa lettre a trois parties. Dans la première, il relève ses droits à 
l’apostolat, car on les conteste tout d’abord (ch. 1 à ch. 3, 6). Dans 
la deuxième, il montre qu’il n’est pas en contradiction avec l’An- 
cien Testament, comme on l’en accuse (ch. 8, 6 à ch. 5). Dans la 
troisième enfin, il montre que son Évangile n’est pas immoral et 
n’ouvre pas une voie au péché, comme on le prétend, car la liberté 
chrétienne a pour mobile intérieur l'amour qui est la vraie obéis- 
sance à la loi de Dieu (ch. 5 et 6). 

Quel fut l’effet produit par cette lettre? Nous ne le savons pas 
exactement. Cependant le passage 1 Cor. 16 : 1 nous montre Paul 
accepté de nouveau en Galatie, car il y organise une collecte pour 
les pauvres. 

L'Épiître aux Galates fut écrite en 54, au commencement du 
séjour de trois ans que Paul fit à Éphèse. Elle à toujours été 
incontestée. Il en est d’elle comme des Épîtres aux Romains et aux 
Corinthiens; son authenticité est d’une certitude historique indiscu- 
table. 


ÉPITRE AUX GALATES 


PAUL, APÔTRE (NON PAR LA GRACE DES HOMMES Οὐ PAR UNE 
INSTITUTION HUMAINE, MAIS PAR LA GRACE DE JÉSUS-CHRIST ET DE 
Dieu LE PÈRE QUI A RESSUSCITÉ JÉSUS D'ENTRE LES MORTS) ET 
TOUS LES FRÈRES QUI SONT AVEC MOI, AUX ÉGLISES DE GALATIE. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU LE PÈRE ET 
PAR NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST !, — QUI S'EST DONNÉ LUI-MÊME 
POUR NOS PÉCHÉS AFIN DE NOUS DÉLIVRER DE CE MONDE PERVERS OÙ 
NOUS VIVONS, CONFORMÉMENT A LA VOLONTÉ DE NOTRE DIEU ET 
PÈRE, AUQUEL SOIT LA GLOIRE AUX SIÈCLES DES SIÈCLES! AMEN. — 


J’admire que si vite vous vous détourniez de celui qui vous ἃ 
appelés par la grâce de Christ, pour adopter un autre Évangile ! Un 
autre! il n’y en ἃ point; il n'y ἃ que certains brouillons qui veulent 
pervertir l'Évangile du Christ?! 

Eh bien, écoutez : Si jamais quelqu'un, füt-ce moi, füt-ce un 
ange du ciel, venait vous évangéliser autrement que je ne l'ai 
fait, qu’il soit anathème! Je viens de le dire, et je vous le répète : 
Si quelqu'un prêche autre chose que ce que vous avez appris, 
qu'il soit anathème ! 


1 Quelques anciens manuscrits lisent : par Dieu notre Père et par le Sei- 
yneur Jésus-Christ. 

2 On peut lire aussi d’après une autre ponctuation: Un autre! il n'y en a 
point, il n'y a que..... (phrase inachevée). Quels sont ces brouillons qui 
veulent pervertir l'Évangile du Christ ? 


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524 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Est-ce la faveur des hommes que je cherche ou celle de Dieu? 
Est-ce aux hommes que je veux plaire? Ah! si j'en étais encore 
à plaire aux hommes, je ne serais pas serviteur! de Christ! 


Je vous déclare, mes frères?, que l'Évangile qui vous ἃ été 
prêché par moi n’est pas d'origine humaine. Ce n'est pas même 
des hommes que je l’ai reçu ou appris, c’est d’une révélation de 
Jésus-Christ. 

Vous avez entendu parler de ma vie passée, quand j'étais 
dans le Judaïsme. Vous savez que je persécutais à outrance 
l'Église de Dieu, que je la ravageais. Vous savez que je surpassais 
dans mon Judaïsme bon nombre de ceux de mon âge et de ma 
race; j'étais plus que fanatique de mes traditions nationales. 

Mais quand Celui qui m'a choisi dès le sein de ma mère et qui 
m'a appelé par sa grâce, jugea bon de me révéler intérieurement 
son Fils, pour que je fusse son évangéliste parmi les païens, sur-le- 
champ, sans prendre conseil de personne ὃ, sans aller à Jérusalem, 
auprès de ceux qui étaient apôtres avant moi, je-me relirai en 
Arabie, puis je revins à Damas. 

Ensuite, trois années plus tard, j'allai, 1l est vrai, à Jérusalem, 
pour faire la connaissance de Képhas“; et je passai quinze jours 
auprès de lui; mais je ne vis aucun des autres apôtres, si ce 
n’est Jacques, le frère du Seigneur. Ce que je vous écris, j'aflirme 
en présence de Dieu que ce n’est pas un mensonge! 

Je me rendis ensuite dans les provinces de Syrie et de Gilicie; 
mais j'étais personnellement inconnu des Églises de Christ qui 
sont en Judée; elles avaient seulement entendu dire ceci ΡΣ 
«Notre ancien persécuteur prêche maintenant la foi que naguère 
il voulait détruire»; — et on rendait gloire à Dieu à mon sujet. 

Ensuite, quatorze années plus tard, je montai de nouveau à Jéru- 
salem, avec Barnabas; je pris aussi Tite avec moi. {Ὑ montai sur 


1 Grec : Esclave. 

2 Quelques anciens manuscrits lisent : Je vous déclare, en effet, mes frères. 

3 Littéralement : «Sans m'adresser à ce qui est de chair et de sang ». Naim 
Matth. 16, 17. 

4 Képhas, c’est-à-dire l’apôtre Simon Pierre, 


ÉPÎITRE AUX GALATES 595 


une révélation ; je leur communiquai l'Évangile tel que je le prêche 
aux païens. J’eus des entretiens particuliers avec les plus consi- 
dérés d’entre eux, de peur que mes courses passées ou présentes 
ne fussent inutiles. Eh bien, on n'exigea pas même que Tite qui 
m'accompagnait, et qui était Grec, se fit circoncire. Cependant, 
par égard pour les intrus, les faux frères qui s'étaient glissés parmi 
nous pour espionner la liberté dont nous jouissons grâce à Jésus- 
Christ et qui voudraient nous remettre en esclavage 1... Nous ne 
leur avons pas cédé, nous ne nous sommes pas soumis un seul 
instant, afin que la vérité de l'Évangile fût maintenue pour 
vous. 

Quant à ceux que l’on considérait comme des personnages (ce 
qu'ils étaient jadis peu m'importe, Dieu ne fait pas acception de 
personnes)... ceux, dis-je, qui étaient considérés comme des per- 
sonnages ne m'apprirent rien de plus. Au contraire, voyant que 
l'évangélisation des non-circoncis m'était confiée, comme l'était à 
Pierre celle des circoncis (car Celui qui a donné à Pierre la force 
d'être apôtre des circoncis m'a donné aussi à moi la force d’être 
apôtre des païens), connaissant, dis-je, la grâce qui m'avait été 
accordée, Jacques, Képhas et Jean, qui passaient pour les colonnes 
de l'Église, nous donnèrent la main, à Barnabas et à moi, en signe 
d'union, afin que nous fussions, pour les païens, ce qu'ils étaient 
pour les circoncis. Ils nous prièrent seulement de nous souvenir 
des pauvres; aussi me suis-je empressé de le faire. 


Quand Képhas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu'il 
avait évidemment tort. En effet, avant l’arrivée de certains indi- 
vidus, envoyés par Jacques, il mangeait avec les païens; après leur 
arrivée, il se tint à l'écart, il s’isola, parce qu'il avait peur des 
partisans de la circoncision. Les autres Juifs firent les hypocrites 


1 Phrase restée inachevée. On peut supposer cependant une parenthèse 
s’ouvrant au verset 2 après ces mots : J’y montai sur une révélation, et se fer- 
mant à la fin du verset 3, après les mots : Se fit circoncire. Paul reprendrait 
alors au commencement du verset 4 la suite de sa phrase: Cependant, si je 
Mmontai à Jérusalem, ce fut par égard pour les intrus....., ete. Avec cette 
ponctuation, la phrase est achevée. 


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δο0 LE NOUVEAU TESTAMENT 


avec lui, si bien que Barnabas lui-même fut entrainé dans cette 
hypocrisie. 

Alors, quand je vis qu'ils ne marchaient pas dans le droit 
chemin de la vérité de l'Évangile, je dis à Képhas devant 
tout le monde: «Si toi qui es Juif, tu agis comme les païens et 
non comme les Juifs, comment peux-tu obliger les païens à faire 
comme les Juifs? Nous autres, nous sommes Juifs de naissance; 
nous ne sommes pas des pécheurs ! comme tous ces païens….? » 
Sachant cependant que l’homme n’est pas justifié par les œuvres 
de la Loi, mais qu'il l’est uniquement par la foi en Jésus-Christ, 
nous avons cru en Jésus-Christ pour être justifiés par cette foi. 
Ce n’est pas par les œuvres de la Loi, parce que les œuvres de la 
Loi «Ne justifient aucune créature.» 

S'il se trouve alors que nous, qui cherchons notre justification 
en Christ, nous sommes aussi des pécheurs, Christ aura été (ce qu'à 
Dieu ne plaise) un ministre de péché! Si je rebâtis ce que j'avais 
abattu, je me constitue moi-même prévaricateur! Pour moi, c'est 
par égard pour la Loi que je suis mort à la Loi, afin de vivre à 
Dieu. J'ai été crucifié avec Christ; je ne vis plus, c’est Christ qui 
vit en moi. Le reste de vie que je traîne en la chair, je le vis 
dans la foi au Fils de Dieu “ qui m'a aimé et s’est livré pour moi. 
Je ne veux pas anéantir la grâce de Dieu, et si la justice s'obtient 
par la Loi, alors Christ est mort pour rien! 

O Galates insensés! qui est-ce donc qui vous a ensorcelés, vous 
sous les yeux desquels on ἃ fait passer l’image de Jésus-Christ 
crucifié ! : 


Je ne vous poserai qu'une question: Est-ce pour avoir 


1 Pécheurs. Voir note sur Matth. 9, 10, 


2 Paul cite ici les paroles qu’il a adressées naguère à Pierre, puis il reprend 
la rédaction de sa lettre, mais il est impossible de dire où se termine sa citation. 
Nous l’arrêtons ici, mais nous aurions pu tout aussi bien l'arrêter plus loin, à la 
fin d’une des phrases qui suivent. 


3 Expression empruntée à Psaume 143, 2. 


: Quelques anciens manuscrits lisent : dans La oi en Dieu et en Christ qui 
m'a aimé... etc, 


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ÉPITRE AUX GALATES 


observé la Loi que vous avez reçu l'Esprit, ou est-ce pour avoir 
entendu prêcher la foi? Que vous êtes donc fous! Vous avez com- 
mencé par l'Esprit, et puis vous finissez par la chair! Tant d’expé- 
riences pour rien! Et encore si c'était pour rien! Celui qui vous 
confère l’Esprit-et qui fait des miracles parmi vous, agit-il ainsi 
parce que vous observez la Loi ou parce que vous avez entendu 
prècher la foi? 


Souvenez-vous qu'Abraham «eut foi en Dieu et cela lui fut 
compté pour justhice!». Sachez donc que ceux qui ont la foi 
pour principe sont fils d'Abraham. L'Écriture a prévu que Dieu 
Justifierait les païens par la foi, et elle a d'avance annoncé cette 
bonne nouvelle à Abraham : «Toutes les nations seront bénies 
en toi?.» Ainsi ceux qui ont la foi sont bénis avec Abraham 
le croyant. Ceux qui en restent aux œuvres de la Loi sont 
sous le poids d’une malédiction, car il est écrit: «Maudit est 
quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le Livre de la 
Loi de manière à le pratiquer *.» 

De plus, 11 est bien évident que personne n’est justifié devant 
. Dieu par la Loi, puisque : 

«Le juste vivra par la foi.» 

Or la Loi ne se base pas sur la foi, mais : «Celui qui pratiquera 
ces commandements aura la vie par eux.» Christ nous a rachetés 
de la malédiction de la Loi, en devenant malédiction pour nous, 
(puisqu'il est écrit: « Maudit est quiconque est pendu au boisS»), 
afin que la bénédiction accordée à Abraham passât aux païens par 
Jésus-Christ, et que nous obtenions par la foi l'Esprit promis. 


Mes frères, quand un contrat est passé en bonne forme (je parle 


1 Genèse 15, 0. 
5. Genèse 12, 3. 
3 Deut. 27, 26. 
4 Habacuc 2, 4. On peut traduire aussi : Le juste par la foi vivra. 
D, Lévit. 18, 5. 
6 Deut. 21, 23. 


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19 


528 LE NOUVEAU TESTAMENT 


des usages du monde), personne ne peut l’annuler ou le modifier 
par addition. Or, c’est à Abraham que les promesses ont été faites 
et à sa postérité. Il n’est pas dit: «ef à ses postérilés», comme 
s'il s'agissait de plusieurs personnes, mais, Comme pour parler 
d’une seule: «et à ta postérité.» Il s’agit de Christ. Eh bien, je 
dis ceci: Dieu ayant passé un contrat en bonne forme, la Loi 
venue quatre cent trente ans plus tard, ne peut le casser; elle ne 
peut annuler la promesse. Si on obtient l'héritage par une Loi, 1] 
ne vient plus d’une promesse. Or ce qu’Abraham ἃ reçu de Dieu, 1l 
l'a reçu par une promesse. 

Alors, pourquoi la Loi? elle a été ajoutée à la promesse à cause 
des transgressions, jusqu’à la venue de «la postérité» au sujet de 
laquelle les promesses avaient été faites. Elle a été promulguée 
par des anges et par le ministère d’un médiateur. Or, un média- 
teur ne dépend pas d’un seul parti. Dieu au contraire est un?. 

Y aurait-il alors une contradiction entre la Loi et les pro- 
messes ? Pas le moins du monde. Ah! sans doute, s'il avait été 
donné une Loi capable de produire la vie, alors la justice 
viendrait de la Loi. L'Écriture a au contraire tout enfermé 
sous le péché, afin que la promesse füt réalisée, pour les croyants, 
par la foi en Jésus-Christ. Avant la venue de la foi, la Loi nous 
tenait prisonniers et nous gardait; nous attendions la foi qui devait 
être révélée. La Loi a été pour nous ce qu'est un pédagogue; elle 
nous ἃ conduits au Christ, pour que nous fussions justifiés par la 
foi. Maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis 
au pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus- 
Christ. Oui, vous qui avez tous été baptisés pour être à Christ, 
vous êtes revêtus de Christ, Il n'y ἃ plus là ni Juif, ni païen; ni 
esclave, ni libre; ni homme, ni femme; vous êtes tous un en Jésus- 
Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes par conséquent de la 
famille d'Abraham, vous héritez en vertu de la promesse. 

1 Genèse 22, 18 et suiv. 

2 Voici le sens probable de cette phrase : Un médiateur suppose deux partis 
entre lesquels il est placé. Comme ces partis peuvent se contredire, une loi don 


née par un médiateur est imparfaite, tandis que la promesse qui a précédé la loi 
vient de Dieu seul, volonté unique ; elle est done au-dessus de la loi. 


I 


ÉPÎTRE AUX GALATES 590 


Eh bien, voici ce que j'aflirme : tant que l'héritier est mineur, 
il ne diffère en rien de l'esclave, Il possède tout l'héritage, et 
cependant 1l est sous des tuteurs et des administrateurs jusqu’au 
temps marqué par le père. De même nous, tant que nous étions 
mineurs, nous étions esclaves des prescriptions du monde. Quand 
le temps fut accompli, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né 
sous la Loi, pour racheter ceux qui étaient sous la Loi, et pour 
que nous jouissions des privilèges de fils. Et c'est parce que vous 
êtes fils, que Dieu ἃ envoyé en nos cœurs l'Esprit de son Fils, 
s’écriant : Abba! c’est-à-dire Père! Vous n'êtes donc plus esclaves, 
vous êtes fils, et si vous êtes fils, vous êtes aussi héritiers, grâce 
à Dieu 1. 


Autrefois, ne connaissant pas Dieu, vous serviez des êtres qui ne 
sont pas dieux, mais maintenant que vous connaissez Dieu, bien 
mieux ! que vous êtes connus de Dieu, comment retournez-vous à 
ces pauvres et misérables commencements, dont vous voulez de 
nouveau devenir esclaves? Vous observez certains jours, et les 
lunaisons, et les époques des fêtes, et certaines années?! ah! j'ai 


bien peur pour vous de n'avoir travaillé chez vous en pure perte! 


Faites comme moi; Car moi, j'ai fait comme vous; frères, Je 


vous en supplie, jusqu'ici vous ne m’aviez fait aucun tort. Vous 


savez comme j'étais malade la première fois que je vous ai annoncé 
l'Évangile ; et vous ne m'avez pas méprisé, vous ne m'avez pas 
repoussé, quand ma chair passait ainsi par l’épreuve; au contraire, 
vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, comme Jésus-Christ ! 
Qu'est devenue votre joie d'alors? Je vous rends témoignage que, 
si vous l’aviez pu, vous vous seriez arraché les yeux pour me les 
donner. Et me voilà devenu votre ennemi, parce que je vous ai 
dit la vérité ! 

Il y a des gens pleins de zèle pour vous, mais non en vue du 


1Grec: Tu n’es donc plus esclave, tu es fils, et si tu es fils, tu es aussi 
héritier, grâce à Dieu. 


? On peut aussi, d’après une autre ponctuation, mettre ce verset sous forme 
Interrogative : Observez-vous… etc. ? 


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230 LE NOUVEAU TESTAMENT 


bien; ce qu'ils veulent c’est vous détacher de moi, pour que vous 
les aimiez seuls. S’aimer en vue du bien, c’est une belle chose; 
mais il faut que cela dure, et ne pas seulement m'aimer quand 
je suis là. 

Oh! mes enfants, vous que j'enfante de nouveau dans la dou- 
leur jusqu'à ce que Christ soit formé en vous, que je voudrais 
être près de vous dans ce moment, et changer de langage, car je 
suis bien inquiet de vous! 


Dites-moi, vous qui voulez être sous la Loi, n'entendez- 
vous pas la lecture de la Loi? Il y est écrit qu'Abraham avait 
deux fils, l’un de sa servante, l’autre de sa femme libre. Celui 
de la servante était né selon l’ordre de la nature, celui de 
la femme libre à la suite de la promesse. Tout cela est allégo- 
rique: ces femmes sont deux alliances, l’une, celle du mont 
Sinaï, a enfanté pour la servitude; c’est Agar. (Le mot Agar 
désigne, en effet, le mont Sinaï en Arabie.) Elle correspond à la 
Jérusalem actuelle qui est en servitude avec ses enfants. Mais la 
Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère à nous. Il est écrit, 
en effet : 

« Réjouis-tor, femme stérile, qui n'as point enfanté! 
[douleurs maternelles, 
Pousse des cris de joie, élève la voix, toi qui n'as pas senti les 
Car les enfants de la femme abandonnée sont plus nombreux 
Que ceux de la femme mariée 1.» 

Et nous, mes frères, nous sommes? les vrais descendants 
d'Isaac, les enfants de la promesse. Mais comme alors le fils né 
selon l’ordre de la nature persécutait celui qui était né selon 
l'Esprit, il en est encore ainsi aujourd'hui. Mais que dit l'Écriture : 
«Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante ne doit pas 
hériter avec le fils de la femme libre*.» Ainsi, mes frères, nous ne 
sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre. 


1 Ksaïie 54, 1. 
2 Quelques anciens manuscrits lisent : Æ££ vous, mes frères, vous êtes. ete: 
3 Genèse 21, 10, 


ÉPITRE AUX GALATES D31 


Christ nous a libérés; restez fermes dans cette liberté et ne 
reprenez pas le joug de l'esclavage. C’est moi, Paul, qui vous le 
dis: Si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de 
rien. Je déclare encore une fois à tout homme qui se fait circoncire 
que cet acte l’oblige à observer toute la Loi. Vous êtes absolument 
séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la 
Loi; vous êtes déchus de la grâce. Nous, par l'Esprit, nous atten- 
dons de la foi l'espérance de la justification. Car, en Jésus-Christ, 
peu importe circoncision Ou non-circoncision; ce qui importe c’est 
la foi devenant active par l'amour. 

Vous couriez si bien! Qui donc vous a arrêtés, détournés de la 
vérité? Ah! ce conseil ne vient pas de Celui qui vous ap- 
pelle!..... 

Un peu de levain fait lever la pâte tout entière. .... J’ai la con- 
fiance — dans le Seigneur — que vous reviendrez à penser comme 
Ms: 24. 

Quant à celui qui vous trouble, il portera la peine de tout ceci, 
quel qu'il soit..... 

Et moi, mes frères, je n'ai qu’à prêcher la circoncision, on ne 


me persécutera plus! mais alors la croix et son scandale sont 


anéantis!..... 

Ah! Je les voudrais plus que circoncis, ceux qui vous 
troublent !1.... 

Vous, mes frères, c'est à la liberté que vous avez été appelés; 
mais que cette liberté ne vous entraîne pas vers la chair. Vous 
devez, en vous aimant, vous servir les uns les autres. Toute la 
Loi se résume d’un seul mot: « Tu aimeras ton prochain comme 
toi-même ?.» Et si, les uns les autres, vous vous mordez et vous 
dévorez, prenez garde, les uns par les autres vous vous perdrez. 


1 Nous séparons ces dernières phrases par des points de suspension, parce 
qu’elles ne se relient pas logiquement les unes aux autres. Brèves et décousues, 
elles attestent une grande rapidité de rédaction. 

?-Lévitique 19, 18. 


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92 LE NOUVEAU TESTAMENT 

Marchez, vous dis-je, sous la direction de l'Esprit et résistez aux 
passions de la chair. La chair, en effet, conspire contre l'Esprit, 
et l’Esprit contre la chair; tous deux sont en lutte pour que vous 
ne fassiez pas ce que vous voudriez faire. Mais si l'Esprit vous 
conduit, vous n'êtes plus sous le joug de la Loi. Les œuvres de la 
chair sont faciles à reconnaître; c’est la fornication, l’impureté, la 
débauche, lidolâtrie, la sorcellerie, les haines, les disputes, 
l'envie, la colère, les querelles, les factions, l’esprit de parti, les 
jalousies, l'ivresse, les orgies et autres choses semblables, et, je 
vous le déclare d’avance (je vous en ai déjà prévenus), ceux qui 
agissent ainsi n'auront pas en héritage le Royaume de Dieu. Le 
fruit de l'Esprit, au contraire, est l’amour, la Joie, la paix, la pa- 
tience, l’indulgence, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. 
Pour ceux qui vivent ainsi, il n'y a pas de Loi. Ceux qui sont à 
Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs. 
Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi avec l'Esprit. 

Ne devenons pas vains et vaniteux en nous provoquant les uns 
les autres, et en nous portant mutuellement envie. Mes frères, lors 
même que vous surprenez un homme en faute, vous qui êtes 
dirigés par l'Esprit, corrigez-le avec douceur; veille sur toi-même, 
que tu ne sois pas tenté, toi aussi. Supportez mutuellement le 
poids de vos fautes et accomplissez ainsi la loi du Christ; car 
s’imaginer valoir quelque chose, quand on n'est rien, c’est se faire 
illusion à soi-même. Que chacun examine ses propres actes, et 
alors il gardera ses motifs de vanité pour lui seul, et il ne les 
gardera plus pour autruit. Chacun, en effet, aura son propre 
fardeau à porter. 

Celui à qui l’on enseigne la Parole de Dieu, doit faire part de 
tous ses biens: à celui qui enseigne. 

Ne vous y trompez pas, on ne se moque pas de Dieu; ce que 
l’homme sème, il le récolte. Celui qui sème dans sa chair, récol- 
tera ce que produit la chair: la mort; celui qui sème dans 


1 (C'est-à-dire il n’en parlera pas à autrui, il lès gardera pour lui, il renoncera 


à s’en vanter, 


ÉPITRE AUX GALATES 639 


l'Esprit, récoltera ce que produit l'Esprit: la vie éternelle. Ne nous 
lassons pas de faire le bien et, le moment venu, nous récolterons, 
si nous avons tenu bon. Maintenant que nous en avons l’occasion, 
faisons du bien à tout le monde, et surtout à nos frères dans la foi. 

Remarquez ces grands caractères, ils sont de ma main! 

Des gens qui veulent plaire par la chair, voilà ceux qui vous 
forcent à vous faire circoncire, et seulement pour n'être pas per- 
sécutés au nom de la croix du Christ. Car ces circoncis n’observent 
pas la Loi, mais ils veulent vous faire circoncire pour tirer gloire 
de votre chair, Pour moi, Dieu me garde de me glorifier, sauf de 
la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. Par lui le monde est cru- 
cifié pour moi, comme je le suis pour le monde. Il ne s’agit ni 
d’être circoncis, ni de ne pas l'être, mais d’être créé à nouveau. 
Sur tous ceux qui observeront cette règle, paix et miséricorde, 
ainsi que sur l’Israël de Dieu! 

Qu'’à l'avenir personne ne me fasse de la peine, car je porte sur 
mon corps les stigmates de Jésus. 


LA GRACE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST SOIT AVEG VOTRE 
ESPRIT, FRÈRES. AMEN. 


1 D’ordinaire, Paul dictait ses lettres. Nous savons même quel nom portait le 
secrétaire qui écrivit l’ Épitre aux Romains, il s'appelait Tertius (Romains 16, 22). 
L’apôtre a-t-il fait une exception pour l'Épitre aux Galates? L’a-t-il rédigée tout 
entière de sa main, ou n’a-t-il pris la plume que vers la fin? La question 
reste douteuse. En tout cas, il traça lui-même les mots de ce verset 11 et sans 
doute aussi les phrases suivantes, et fit des lettres plus grandes que celles de son 
secrétaire habituel. De là cette expression : «remarquez ces grands caractères ; 
ils sont de ma main. » On a supposé que Paul, ayant été élevé à Jérusalem, Phari- 
sien rigide, c’est-à-dire opposé à tout ce qui était grec, n'apprit pas dans son 
enfance et sa jeunesse à écrire le grec, et plus tard éprouva quelque peine à 
former les caractères de eette langue. Ge serait Jà le motif qui lui faisait dicter 
ses Épiîtres, et lorsqu'il ajoutait quelques mots de sa main, à la fin de la lettre, 
il était obligé, à cause de son inhabileté, de faire ses lettres un peu grandes. Quoi 
qu’il en soit, son écriture se distinguait par quelque trait qui lui était spécial. 
C'est ainsi que, 2 Thess. 3, 17, il signe lui-même et fait remarquer que c’est son 
écriture. De même, à la fin de la première Épître aux Corinthiens (16, 21), il 
salue et signe lui-même, et la dernière phrase : Je vous aime tous en Jésus- 
Christ, venant après l’adieu ordinaire : Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec 
vous, est sans doute un post-scriptum qu’il ajouta de sa main. 


-τ--ο-«-Ὸ-ς-.----- 


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ἱ ἐν ΠΗ ΠῚ ΟΝ 


ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS 


PRÉFACE 


Ce titre : Épître aux Éphésiens, n’est pas exact. Les mots du pre- 
mier verset: à Éphèse (nous le remarquons dans une note), ne se 
trouvent pas dans les deux plus anciens manuscrits et quelques écri- 
vains ecclésiastiques, comme Origène et Basile le Grand, nous in- 
forment qu'ils manquaient dans leurs exemplaires de l’épître. De 
plus, la lecture de la lettre montre qu’elle est encyclique. Il n’y est 
nulle part fait mention de l’ Église d’ Éphèse: pas une seule salutation 
à la fin; pas une seule de ces allusions personnelles si fréquentes 
dans les autres épîtres. Paul s’adresse à des chrétiens qui ne l’ont 
jamais vu. 1] ἃ seulement entendu parler d’eux (1 : 15); or, les 
Éphésiens l'avaient vu; il avait passé trois ans à Éphèse. Notre 
épître est donc une lettre encyclique ou catholique destinée à plu- 
sieurs Églises d'Asie. Il nous est resté quelques copies de l’exem- 
plaire conservé par la communauté d’Éphèse. Celles-là portent les 
mots : à Éphèse. Quant à nos deux plus anciens manuscrits, ils ont 
été copiés sur des exemplaires autres que celui des Éphésiens. 
Tout lecteur attentif de cette épître dite aux Éphésiens est 
frappé des étonnantes ressemblances qu’elle offre avec l’Épître aux 
Colossiens. Ce sont les mêmes idées, les mêmes développements et 
parfois les mêmes mots. Ces deux épîtres sont deux sœurs jumelles 
et ont été écrites à quelques jours seulement de distance. Elles 
offrent cependant quelques différences. L'Épître aux Colossiens ἃ 
un caractère polémique que n’a pas l'Épître aux Éphésiens. Dans 
celle-ci l’apôtre insiste surtout sur l'Église, dans celle-là sur la 


536 LE NOUVEAU TESTAMENT 


personne du Christ. Quant aux conseils pratiques, ils sont les 
mêmes dans les deux lettres, parce que Paul s'adresse à deux 
catégories identiques de lecteurs. 

Le style de l’apôtre dans ces deux épîtres n’est pas le même 
que celui de ses autres lettres. Les phrases ici sont longues et 
diffuses. Le premier chapitre des Éphésiens, en particulier, est 
semé d’incidentes, rempli de parenthèses, chargé de conjonctions, 
qui embarrassent la marche de la pensée et déroutent le lecteur. 
Aussi les deux Épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, surtout 
la première, tout en ne renfermant point de passages obscurs, 
offrent cependant de grandes difficultés de traduction. 

Comme la plupart des lettres de Paul, la lettre aux Éphésiens ἃ 
deux parties, l’une dogmatique, l’autre morale. Celle-ci commence 
au verset 17 du chapitre 4, après une conclusion à la première 
partie renfermée dans les 16 premiers versets de ce quatrième 
chapitre. 

Le lecteur remarquera que, dans la partie dogmatique, Paul ne 
prend plus son point de départ dans la conscience humaine, comme il 
le fait dans les Épîtres aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates; 
mais qu’il prend ce point de départ en Dieu lui-même et en son 
décret éternel. C’est une conception nouvelle qui atteste le déve- 
loppement graduel de la pensée de l’apôtre. Déjà certains passages 
de l’Épître aux Romains (ch. 9, 10, 11) nous montraient la pensée 
de Paul s’élevant peu à peu jusqu’à embrasser le plan tout entier 
des révélations divines. Il a mis d’abord en opposition la Loi et 
l'Évangile, le judaïsme et le paganisme, maintenant il voit un 
plan de Dieu qui se développe dans l’histoire, et il nous montre 
l’unité dernière de ses révélations. 

L'Épître aux Éphésiens offre quelque ressemblance avec la pre- 
mière lettre de Pierre. Nous en parlerons dans notre préface à 
cette dernière épître. 

Elle ἃ été écrite par Paul dans sa prison de Césarée en 99 ou 60. 
(Voir, pour de plus amples détails sur la date de sa composition 
et sur l’endroit où elle a été rédigée, nos préfaces aux Épîtres aux 
Colossiens et à Philémon.) 


ARTE 


ÉPITRE AUX ÉPHÉSIENS 


PAUL, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST PAR LA VOLONTÉ DE DIEU, AUX 
FIDÈLES ET AUX CROYANTS EN JÉSUS-CHRIST QUI SONT [A ÉPHÈèsE]| 1. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE 
ET PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. 


Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, car il 
nous a comblés par Christ et dans les cieux de toutes sortes de 
bénédictions spirituelles; 11 nous ἃ élus en lui avant la création 
du monde, pour nous sanctifier et nous rendre irréprochables devant 
lui. Dans son amour?, il a décidé d'avance que nous serions ses 
enfants par Jésus-Christ; tel ἃ été son bon plaisir, telle sa volonté. 
Honneur en soit à la grâce magnifique qu'il nous a faite en son 
bien-aimé ! 

C’est en lui, par son sang, que nous avons la Rédemption, la 
rémission des péchés, tant est riche sa grâce, celle qu'il ἃ 
répandue sur nous, en nous donnant toute sagesse et toute intel- 
ligence ; il nous ἃ dévoilé le secret de sa volonté, ce dessein qu'il 
avait formé à part lui (et qu'il devait faire éclater le moment venu) 
de-tout réunir en Christ, seul chef, ce qui est sur la terre, comme 
ce qui est dans le ciel. 


1 Ces mots, que nous plaçons entre crochets, ne se trouvent pas dans les deux 
plus anciens manuscrits et étaient déjà rejetés par des autorités plus anciennes. 

2? On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : ….irréprochables devant 
lui, dans l'amour. Il a décidé d'avance que... etc. 


1, 


t 


co 


0 


“Ὁ τ ET 


14 


2.119 


D38 LE NOUVEAU TESTAMENT 


C’est aussi par le Christ que nous appartenons à Dieu, dé- 
signés à cela d'avance, prédestinés par Celui qui fait tout à son 
gré et à sa volonté, pour que nous servions à le louer et à le glo- 
rifier, nous qui les premiers avons espéré en lui. C’est aussi par 
le Christ que vous avez entendu la parole de vérité, l'Évangile qui 
vous sauve; enfin c’est par lui que vous avez cru et que vous avez 
été marqués du sceau de l'Esprit saint promis, gage de notre héri- 
tage futur et de la Rédemption de ceux qui appartiennent à Dieu. 
Honneur en soit à sa gloire! 


Voilà pourquoi, moi, qui ai entendu parler de votre foi au 
Seigneur Jésus et de votre amour? pour tous les fidèles, je ne 
cesse de rendre grâces pour vous et de vous nommer dans mes 
prières. Je demande au Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, au 
Père de gloire, de vous donner un esprit de sagesse et de révélation ; 
que vous appreniez à le connaître; qu'il éclaire les yeux de vos 
cœurs; que vous sachiez à quelle espérance il vous appelle; quelle 
est la richesse et la gloire de l'héritage offert par lui aux fidèles ; 
quelle est la grandeur, l’immensité de la puissance qu’il exerce en 
nous les croyants, quand il fait agir la vertu de sa force. Il ἃ fait 
agir cette force en Christ, en le ressuscitant des morts, en le 
plaçant à sa droite dans les cieux, au-dessus de toute autorité, 
puissance, pouvoir, souveraineté, ou de tout autre titre à donner, 
non seulement dans ce monde, mais aussi dans l’autre ; 

«En mettant tout à ses pieds ἡ.» 
en le donnant comme chef suprême à l'Église, qui est son corps, 
qui est le tout, qu'il remplit partout et de toutes manières. 


Vous aussi, vous étiez morts par les fautes, par les péchés aux- 
quels vous vous êtes autrefois livrés sous l'influence de notre siècle 


1 Littéralement : que nous avons été faits héritiers. 

2 Quelques anciens manuscrits omettent de votre amour et lisent : votre foi 
au Seigneur Jésus el envers tous les fidèles; appliquée aux fidèlès, la foi dait 
alors signifier la confiance. 

3 Psaume 8, 7. 


ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS 999 
mondain, sous l'influence de celui qui commande aux puissances 
qui sont dans l'air, je parle de cet Esprit qui agit aujourd'hui 
dans les hommes rebelles. Oui, nous tous, nous cédions autrefois à 
nos passions charnelles, nous obéissions à tous les caprices de la 
chair et des sens, et nous étions naturellement enfants de colère ! 
comme les autres hommes. 

Mais Dieu, dans la richesse de sa miséricorde et au nom du 
grand amour dont il nous aimait, nous ἃ fait revivre avec le 
Christ, nous que nos fautes avaient déjà fait mourir (c’est par 
grâce que vous êtes sauvés); il nous a ressuscités, et nous a assigné 
une place dans les cieux par Jésus-Christ. Ainsi montre-t-il à tous 
les âges à venir l'extraordinaire richesse de sa grâce, par la bonté 
qu’il a eue pour nous en Jésus-Christ; car c’est par la grâce que 
vous êtes sauvés, au moyen de la foi; et cela ne vient pas de 
vous, c'est un don de Dieu. Ce n'est pas l'effet de vos œuvres, 
et personne n’a à s’en glorilier; car nous sommes son ouvrage ; 
nous avons été créés en Jésus-Christ pour faire de bonnes œuvres, 
et Dieu nous a rendus d'avance capables de les pratiquer. 


Souvenez-vous donc qu'autrefois, vous, païens de naissance, 
ceux qui s’appelaient les circoncis, parce qu'ils l’étaient de main 
d’homme dans leur corps, vous appelaient les incirconcis ; sou- 
venez-vous, dis-je, que vous étiez alors sans Christ, privés du droit 
de cité en Israël, étrangers aux alliances et aux promesses, n'ayant 
ni espérance ni Dieu dans le monde. Maintenant, au contraire, 
étant en Jésus-Christ, vous qui étiez autrefois éloignés, vous vous 
êtes rapprochés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est notre 
paix ; il a réuni les deux peuples, il a abattu le mur de séparation, 
il ἃ fait disparaître leur inimitié en anéantissant par sa mort?, la 
Loi, les ordonnances, les commandements ; de la sorte il æformé en 


1 On peut traduire aussi : ef nous, enfants par naissance, étions soumis ἃ la 
colère comme les autres hommes. Paul, par cette expression, enfants par 
naissance, désignerait spécialement les Juifs, 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : il ὦ fait disparaître 
leur inimitié par sa mort, en anéantissant la Loi, les ordonnances. etc. 


C9 


15 


2, 


10 


18 
49 


[he] 


Ὁ Ὁ) 


(9) 


9 


540 LE NOUVEAU TESTAMENT 


lui-même, avec les deux hommes, un seul homme nouveau, il a fait 
la paix, et, tous deux, réunis en un seul corps, il les ἃ réconciliés 
avec Dieu par la croix, sur laquelle il fit mourir en sa personne 
leur inimitié. [Il est venu vous annoncer 
«La paix» à vous «qui étiez au loin comme à ceux qui étavent près». 
Car, grâce à lui, nous pouvons avoir, tous les deux, accès auprès 
du Père dans un même Esprit. Vous n'êtes donc plus nt étrangers, 
ni intrus, vous êtes concitoyens des saints et membres de la 
famille de Dieu; vous avez été édifiés sur le fondement posé par 
les apôtres qui sont aussi prophètes?, fondement dont la pierre 
angulaire est Jésus-Christ. L'édifice entier, solidement élevé sur 
elle, deviendra un saint temple dans le Seigneur; et c’est sur elle 
que vous aussi avez été élevés pour servir à Dieu d'habitation 
spirituelle. 


Voilà pourquoi, moi Paul, prisonnier de Jésus-Christ, pour 
vous païens “.. Vous savez quelle charge Dieu, dans sa grâce, m'a 
conférée auprès de vous, et comment c’est une révélation qui m'a 
initié au mystère; je viens de vous en dire quelques mots. Vous 
pouvez comprendre, en les lisant, l'intelligence que j'ai de ce 
mystère du Christ. Dans les autres âges, les hommes ne l’ont pas 
connu, tel que l'Esprit vient de le révéler aux saints apôtres du 
Christ5, qui sont aussi prophètes. Le voici: les païens héritent avec 
nous, ils font partie avec nous du même corps; ils ont leur part de 
la même promesse faite en Jésus-Christ et par l'Évangile, et j'en ai 
été fait ministre; c’est un don de la grâce de Dieu qui m'a été 
accordé par sa puissante intervention. Oui, cette grâce m'a été 
faite, à moi le moindre des fidèles, d'annoncer aux païens l’inson- 
dable richesse du Christ, et d'éclairer tout le monde sur la vraie 


1 Isaïe 57, 19. 

2 Le mot prophète est certainement pris ici dans le sens de prédicateur, évan- 
séliste. 

3 Quelques anciens manuscrits omettent Jésus et lisent: prisonnier du Christ. 

4 Phrase inachevée. | 

5 On peut mettre une virgule après saints et lire: aux saints, apôtres du 
Christ... etc. 


Ὁ 
4 
k 
: 


δε. 


ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS 541 


nature du mystère caché de toute éternité en Dieu, créateur de 
l'univers. Il faut que maintenant les puissances et les pouvoirs qui 
règnent dans les cieux apprennent de l'Église à connaître l’infinie 
sagesse de Dieu. C’est là l'éternel dessein que Dieu avait formé en 
Jésus-Christ notre Seigneur. C’est en lui, c’est par la foi en lui que 
nous nous approchons de Dieu avec courage et confiance. 

Voilà pourquoi ! je vous prie de ne pas perdre courage à cause 
des tribulations que j'endure pour votre bien. Elles sont plutôt 
pour vous un sujet de gloire. Voila pourquoi aussi je me mets à 
genoux devant le Père (qui donne son nom à tout ce qui est famille, 
soit dans le ciel, soit sur la terre ?), pour qu'il vous accorde, dans 
sa glorieuse richesse, d’être puissamment forüufié par son Esprit 
dans votre être intérieur; qu'il fasse que le Christ habite dans 
vos cœurs, par la foi; que vous preniez racine dans l'amour; 
qu’en lui, vous ayez votre fondement; que vous arriviez à 
comprendre, avec tous les fidèles, quelle en est la largeur, la 
longueur, la profondeur, la hauteur ; que vous connaissiez l'amour 
du Christ qui dépasse toute connaissance, et qu'enfin vous soyez 
remplis de toute la plénitude de Dieu. 

A celui qui peut faire, pour nous, beaucoup plus, infiniment plus 
que tout ce que nous demandons et comprenons, grâce à sa puis- 
sance qui agit en nous, à lui soit gloire dans l'Église et en Jésus- 
Christ de génération en génération et aux siècles des siècles. Amen. 


Je vous exhorte donc, moi qui suis prisonnier dans le Seigneur, 
à vivre d’une manière digne de l’appel qui vous a été adressé, 
avec une entière humilité, avec douceur, avec patience; supportez- 
vous avec amour les uns les autres, efforcez-vous de conserver 
l’unité de l’esprit par le lien de la paix. 


1 Il est possible que par ces mots: voilà pourquoi, Paul reprenne et conti- 
nue la phrase imachevée du verset 1, et alors les versets 2 à 13 ne seraient qu'une 
vaste parenthèse. 

2 En grec, le mot patria, famille, vient de pater, père. 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : habite dans vos cœurs, 
Par la foi et avec amour; que vous preniez racine en lui; qu’en lui, vous ayez 
votre fondement, etc. 


10 


10 


17 


19 


LE NOUVEAU TESTAMENT 


σι 
ra 
ὋΣ 


ΠΠ n’y ἃ qu'un corps, qu'un Esprit, comme il n'y ἃ qu'une espe- 
rance, celle de l’appel qui vous ἃ été adressé. Il n’y ἃ qu'un 
Seigneur, qu'une foi, qu'un baptême, qu'un Dieu, Père de tous, 
au-dessus de tous, qui agit par tous, qui est en tous. 

Mais à chacun de nous a été donnée la grâce selon la mesure 
de la libéralité du Christ. Voilà pourquoi 1] dit : 

«ll est monté dans les hauteurs, Il a emmené des captifs, 
Il a fait des présents aux hommes.» 

Que suppose ce mot: «il est monté»? Que d'abord il était 
descendu dans des régions inférieures, sur la terre. Celui qui est 
descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les 
cieux, afin de tout remplir. C’est lui aussi qui ἃ donné aux uns 
d’être apôtres; à d’autres, d'être prophètes ; à d’autres, d’être évan- 
gélistes; à d’autres, d’être pasteurs et docteurs, et leur ministère 
doit servir aux progrès des fidèles, à l'édification du corps du 
Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous arrivés à l'unité de la foi 
et de la connaissance du Fils de Dieu, à une virile maturité, à 
la hauteur de la parfaite stature du Christ. 

Il veut que nous ne soyons plus des enfants, entraînés par tous 
les courants, emportés par tout vent de doctrine, joués par les 
hommes, trompés par leurs ruses qui égarent. Il veut que fidèles, 
avec amour, à la vérité, nous grandissions à tous égards, pour 
attemdre celui qui est la tête, le Christ. C’est de lui que le corps 
entier bien proportionné, bien lié, solidement pourvu de nom- 
breuses jointures, tire son développement, chaque membre selon 
ses forces, pour s'édifier lui-même et croître dans l'amour. J 


Voici donc ce que je vous demande, ce dont je vous conjure au 
nom du Seigneur : ne vivez plus comme vivent les païens dont la 
raison est égarée, dont l'intelligence est obscurcie, qui sont étran- 
gers à la vie de Dieu, par suite de l'ignorance où ils sont, et de 
l’endurcissement de leur cœur. Is ont perdu tout sens moral, ils 


1 Psaume 68, 19. 


Je Le 7 Léo Pen ns A bas 


ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS 543: 


se sont livrés à la débauche, à la pratique de toute sorte d'impureté 
et à l’avarice. Mais vous, ce n’est pas ainsi qu'on vous ἃ enseigné 
le Christ, puisque vous en avez entendu parler et qu'on vous ἃ 
appris à son école (et c’est la vérité en Jésus) à vous défairef, 
comme l'exige votre conduite passée, du vieil homme corrompu 
par de trompeuses passions, à renouveler votre esprit, votre intelli- 
gence, à revêtir le nouvel homme créé à l’image de Dieu dans une 


. justice et une sainteté inséparables de la vérité. 


Ainsi donc renoncez au mensonge; «Que chacun dise la vérilé 

à son prochain ?», car nous sommes membres les uns des autres. 
«Dans la colère ne péchez pas * » ; 

que le soleil ne se couche pas sur votre colère ; n'offrez aucune 

prise au Diable. 

Que le voleur ne commette plus de vol, qu'il occupe plutôt ses 
mains à quelque bon travail pour qu'il puisse donner à celui qui 
est dans le besoin. 

Que votre bouche ne prononce jamais de mauvaises paroles, 
mais, à l’occasion, dites quelques bonnes paroles édifiantes qui 
fassent du bien à ceux qui les entendent. 

N’attristez pas le saint Esprit de Dieu, dont vous avez reçu le 
sceau pour le jour de là délivrance. 

Que tout ce qui est amertume, violence, colère, crierie, médi- 
sance, soit banni d’entre vous, et aussi tout ce qui est méchanceté. 

Soyez bons les uns pour les autres, pleins de tendresse, par- 
donnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en 
Christ. 

Devenez donc imitateurs de Dieu, comme des enfants bien- 
aimés; et appliquez-vous à l’amour à l'exemple du Christ qui vous 
a aimés et qui s’est lui-même livré pour nous“ «o/ffrande et sacri- 
fice, parfum d'une odeur agréable à Dieuÿ ». 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : ef qu'on vous a appris 
à son école quelle est la vérité en Jésus, savoir à vous défaire. etc. 
? Zacharie 8, 16. 
3 Psaume 4, 5, 
Ὁ Un des plus anciens manuscrits et d’anciennes autorités lisent: pour vous. 
5 Exode 29, 18. 


29 


=] 


20 


D44 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Que ni la débauche, ni une impureté quelconque, ni l’avarice 
ne soient même nommées parmi vous, comme il convient à des 
fideles. Point de paroles indécentes, point de niaiseries, point de 
plaisanteries, ce n’est pas convenable. Prononcez plutôt des actions 
de grâces. 

Vous savez, en effet, vous reconnaissez que ni débauché, ni 
impur, ni avare (l'avare est un idolâtre), ne possèdent d’héritage 
dans le Royaume du Christ et de Dieu. 

Que personne ne vous trompe par de vaines paroles: c'est 
bien à cause de ces vices que la colère de Dieu frappe les 
hommes rebelles. N'ayez donc rien de commun avec eux. Car 
autrefois vous étiez ténèbres, aujourd’hui vous êtes lumière dans 
le Seigneur. 

Vivez comme des enfants de lumière. (Le fruit de la lumière 
c'est tout ce qui est bonté, justice, vérité.) Examinez ce qui est 
agréable au Seigneur, ne vous associez pas aux œuvres stériles des 
ténèbres; faites mieux : condamnez-les ouvertement. Ce que les 
païens font en secret, on a honte mème de le dire. Mais tout ce 
que l’on condamne ouvertement est dévoilé, mis en pleine lumière, 
car tout ce qu’on dévoile, on le met en pleine lumière. C’est pour 
cela qu'il dit: «Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, 
et le Christ l'éclairera®.» 

Veillez donc avec le plus grand soin sur votre conduite; n’agissez 
pas en insensés, mais en hommes sages, profitant des occasions, 
car les temps sont mauvais. Ainsi ne devenez pas déraisonnables, 
et comprenez ce que veut le Seigneur. £ 

« Ne vous enivrez pas?» ..... le vin mène à l'intempérance; 
soyez au contraire remplis de l'Esprit. 

Parlez-vous en psaumes, en hymnes, en chants spirituels, 
chantez et psalmodiez du fond du cœur au Seigneur. 

Rendez toujours grâces de tout au nom de notre Seigneur 
Jésus-Christ à Dieu notre Père. 


1 Ce passage ne se trouve pas dans l'Ancien Testament. 
? Allusion à Proverbes 28, 31. 


L 


_ 40 
ἡ 


« 


ÉPÎITRE AUX ÉPHÉSIENS 545 
Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Christ. 


Que les femmes soient soumises, chacune à son mari, comme 
au Seigneur. Car le mari est le chef de la femme, comme le 
Christ est le chef de l'Église, lui, le Sauveur du corps; de même 
que l'Église est soumise au Christ, de même les femmes doivent 
se soumettre en tout à leurs maris. 

Vous, maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé 
l'Église et s’est lui-même livré pour elle, pour la sanctifier par sa 
parole après l'avoir purifiée et lavée dans l'eau, afin de faire 
paraître à ses yeux cette Église, brillante de beauté, sans tache, 
ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. De même 
aussi, les maris doivent aimer leurs femmes, car elles font partie 
d'eux-mêmes !, et celui qui aime sa femme s'aime lui-même. Per- 
sonne ne se met à haïr son corps; on le nourrit au contraire; on 
en prend soin, et c'est ainsi que le Christ en use envers l’Église, 
envers nous qui sommes les membres de son corps. «A cause de 
cela l’homme laissera son père et sa mère et s'attachera à sa femme, 
et ils seront deux dans une chair ?.» Ce passage est bien mysté- 
rieux; moi, je l'explique en l’appliquant à Christ et à l'Église. En 
tout cas, chacun parmi vous doit aimer sa femme comme soi- 
même, et la femme doit respecter son mari. 

Vous, enfants, obéissez à vos parents selon le Seigneur; c’est 
justice : «Respecte ton père et ta mère!» Voilà un commandement 
capital à cause de cette promesse : «afin d’étre heureux et de vivre 
longtemps sur la terre.» 

Et vous, qui êtes pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez- 
les en les instruisant et les avertissant selon le Seigneur. 

Vous, qui êtes esclaves, obéissez à ceux qui sont vos maîtres 
sur la terre, dans la crainte, dans l'humilité, dans la droiture de 
votre cœur, comme au Christ, et non pas seulement quand ils ont 


1 Littéralement : Les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres 
corps. 
? Genèse 2, 24. 
5 Exode 20, 12. 
35 


90 31 


[2] 


ὡϑ 


13 


18 


216 LE NOUVEAU TESTAMENT 


l'œil sur vous, comme si vous n’aviez à satisfaire que des hommes, 
mais, esclaves de Christ, faites la volonté de Dieu de toute votre 
âme. Servez-les avec affection !, comme s’il s'agissait du Seigneur 
et non pas d'hommes, et sachez, que chacun sera récompensé par le 
Seigneur selon le bien qu'il aura fait, qu'il soit esclave ou qu'il 
soit libre. 

Et vous, maîtres, agissez de même envers eux, laissez là les 
menaces, Car vous savez que leur maitre et le vôtre est dans les 
cieux, et qu'il n’a pas égard à la condition des personnes. 


Enfin, cherchez votre force dans le Seigneur, dans sa vertu, 
dans sa puissance. Revèêtez l’armure de Dieu afin de pouvoir résister 
aux manœuvres du Diable. Car nous avons à combattre, non 
contre des adversaires de chair et de sang, mais contre les chefs, 
les souverains, les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre 
les mauvais Esprits des régions célestes. Prenez donc l’armure 
de Dieu afin de pouvoir résister dans les mauvais jours et rester 
debout après avoir triomphé de tout. Tenez ferme; 

«Que la vérité soit la ceinture de vos reins ?. » 
«Que la justice soit votre cuirasse*.» 
[gile de paix.» 
« Que vos pieds aient pour chaussures la préparation à suivre lÉvan- 

Par-dessus tout, prenez le bouclier de la foi; avec lui vous 
pourrez éteindre tous les traits enflammés du Malin”. Saisissez 
aussi «le casque du salut $» et «l'épée de l'Esprit?», c'est-à-dire 
la Parole de Dieu. 

Priez Dieu ardemment, suppliez-le en toute occasion et par l'Esprit. 

Montrez là de la vigilance, beaucoup de persévérance; priez 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : faites La volonté de Dieu : 
Servez-les de toute votre âme, avec affection, etc. 

2 Ésaïe 11, 5. 

3 Ésaie 59, 17. 

4 Lsaïe 52, 7. 

Ὁ Grec: du Mauvais, du Méchant, c’est-à-dire du Diable, Voir Matth. 6, 18, 
6 Ésaïe 59, 17. 

7 saïe 49, 2. 


γ΄ 


pour tous les fidèles, ainsi que pour moi; qu'il me soit donné, 19, 6 
0 quand j'ouvre la bouche, de parler courageusement, de faire 
connaître le mystère de l'Evangile ! (moi, son ambassadeur, et qui 20 


suis aux fers); oui, que j'en parle avec assurance, comme je 
le dois. 


ÉPÎTRE AUX ÉPHÉSIENS 


οι 
PS 
1 


Pour que vous sachiez, vous aussi, où j'en suis et ce queje fais, 91 
le bien-aimé frère Tychique, un fidèle ministre du Seigneur, vous 
dira tout. Je vous l'envoie dans ce but; vous saurez par lui où 22 
nous en sommes, et 1] consolera vos cœurs. 

La paix soit avec les frères, et l'amour, uni à la foi, accordé par 23 
Dieu notre Père et par le Seigneur Jésus-Christ. 


LA GRACE SOIT AVEC TOUS CEUX QUI AIMENT NOTRE SEIGNEUR 24 
JÉSUS-CHRIST ΝΕ MANIÈRE INALTÉRABLE. 


1 Quelques anciens manuscrits omettent de l'Evangile. 


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ÉPITRE AUX PHILIPPIENS 


PRÉFACE 


Cette lettre est une des dernières de Paul qui nous soient par- 
venues. Il l’a écrite de Rome pendant cette captivité de deux 
années dont parle Luc à la dernière phrase du livre des Actes 
(28 : 30 et 31), en l’an 62 ou 65. 

Son authenticité est hors de toute contestation. 

Le but de l’apôtre, en écrivant ces quelques pages, était 
de remercier les Philippiens du secours qu'ils lui avaient fait 
parvenir par un des leurs, Épaphrodite (2: 25; 4: 10). Celui-ci, 
après un long séjour auprès de l’apôtre, séjour pendant lequel 1] 
avait été gravement malade (2: 27), retourne à Philippes, porteur 
de notre lettre. 

Paul n’y donne pas d'instructions dogmatiques. Il laisse 
parler son cœur ef témoigne à ses chers Philippiens, dans un 
langage d’une grande simplicité, sa tendre et profonde, affection. 
Il leur exprime sa reconnaissance ; il leur expose tour à tour 
ses craintes et ses espérances; ses tristesses et ses joies. Cette 
épître est un entretien suprême de l’apôtre se montrant à ses amis 
avec toutes 165 richesses de sa pensée et les incomparables délica- 
tesses de son cœur. 

Les deux premiers chapitres (1, 1 à 3: 2) forment comme 


550 LE NOUVEAU TESTAMENT 


une première épître où, après avoir décrit sa situation à Rome 
et les progrès qu'y fait l'Évangile, l’apôtre parle de lui-même 
et de son espoir d'obtenir un prompt élargissement. Puis il 
s'adresse aux Philippiens eux-mêmes, 11 leur propose pour 
modèle le Christ «qui s'est soumis jusqu'à mourir, mourir même 
sur une croix!» et termine par quelques détails sur Timothée et 
sur Épaphrodite. Ces détails semblent indiquer que la lettre 
va finir. Ils rappellent ceux que Paul insère d'ordinaire en ache- 
vant ses épîtres. Mais il reprend ensuite sa lettre et la complète 
par de nouveaux développements (3: 2 et suiv.). 

Il commence cette seconde partie par des avertissements d’une 
sévérité extrême adressés aux partisans de la circoncision ; puis, 
revenant à lui-même, il affirme l'assurance de son salut, repo- 
sant sur ce fait unique que Jésus-Christ s’est emparé de lui. Nous 
reconnaissons dans cette page admirable l’apôtre de la justification 
par la foi. La lettre se termine -enfin par des conseils directs 
adressés à quelques membres, hommes ou femmes, de la commu- 
nauté de Philippes et, dans les dernières lignes, Paul revient à 
l'expression de sa reconnaissance pour le don qu’il ἃ reçu. Il 
est remarquable qu’il emploie ici des termes assez recherchés, les 
uns tirés de la langue poétique et dont les poètes seuls se 
servaient, les autres empruntés à la terminologie spéciale du 
commerce et de la banque. (Voir sur la fondation de l'Église de 
Philippes : Actes 16 : 11 à 40.) 


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À 


ÉPÎTRE AUX PHILIPPIENS 


Pauz ET TIMOTHÉE, SERVITEURS ! DE JÉSUS-CHRIST, A TOUS LES 
FIDÈLES EN JÉSUS-CHRIST QUI SONT A PHILIPPES AINSI QU'AUX 
CONDUCTEURS DE L'ÉGLISE? ET AUX DIACRES. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE 
ET PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. 


Je rends grâces à mon Dieu chaque fois que je me souviens de 
vous. Sans cesse, dans toutes mes prières, je le prie pour vous 
tous avec joie, parce que vous êtes restés fidèles à l'Évangile 
depuis le premier jour jusqu'à maintenant. Je suis persuadé que 
celui qui ἃ commencé cette bonne œuvre en vous la mènerà à 
bonne fin jusqu’au jour de Jésus-Christ. En pensant ainsi de vous 
tous, je ne fais que vous rendre Justice, car je vous porte dans mon 
cœur. Que je sois en prison, que je défende et prêche l'Évangile, 
vous prenez tous une si vive part à la grâce qui m'est faite! 

Dieu m'est témoin que j'éprouve pour vous tous la tendresse 
de Jésus-Christ! Et je demande ceci: que votre amour aille 
toujours en grandissant, et qu'il vous donne de l'intelligence et 
toute sorte de discernement, que vous appréciez toutes choses 
à leur juste valeur, que vous arriviez purs et irréprochables à la 


1 Grec : esclaves. f 
2 Conducteurs de l'Église. Nous avons traduit ailleurs le même mot du 
texte original par Surveillants (Actes 20, 28). Voir note sur I Tim. 8, 1. 


1 


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D OÙ à ὧδ 


1 


10 


18 
19 


552 LE NOUVEAU TESTAMENT 


journée de Christ, riches des fruits de la justice qui viennent de 
Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. 


Je veux que vous sachiez, mes frères, que ma position ἃ été 
plutôt un avantage pour l'Évangile. En effet, on ἃ parfaitement 
su dans tout le prétoire et dans le public que j'étais prisonnier 
pour la cause de Christ, et la plupart de nos frères rassurés, grâce 
au Seigneur, sur ma détention, ont plus de hardiesse, moins de 
crainte pour annoncer la parole de Dieu. 

Il en est, sans doute, qui prèchent le Christ par jalousie et 
pour faire de la polémique, mais d’autres le font dans des 
dispositions bienveillantes. Ceux-ci sont pleins d'affection, parce 
qu'ils savent que je suis chargé de défendre l'Évangile; ceux-là 
ont un esprit de parti, ils annoncent le Christ sans loyauté; ils 
pensent aggraver ma situation de prisonnier. Qu'importe après 
tout? Avec ou sans arrière-pensée, Christ est de toutes manières 
annoncé, et je m'en réjouis et m'en réjouirai toujours. Car je 
sais que 

« Cela tournera à mon salut ᾽ν, 
grâce à vos prières et au secours de l'Esprit de Jésus-Christ. 

J'ai la conviction, j'ai le ferme espoir de n'être en rien confondu ; 
au contraire, je serai plein de hardiesse, et, maintenant comme 
toujours, mon corps, que je vive ou que je meure, servira à la 
gloire de Christ. Pour moi, Ghrist est ma vie et mourir est un 
avantage | 

Si, d’un autre côté, ma vie se prolonge, je verrai fructifier 
mon œuvre; aussi ne sais-je lequel préférer. Je suis arrêté entre 
deux désirs contraires : d’un côté celui de partir et d'être avec 
Christ, c’est de beaucoup ce que je préférerais ; de l’autre, celui 
de rester dans cette vie, et à cause de vous c’est nécessaire. Aussi 
ai-je la confiance, la certitude que je resterai, que je resterai avec 
vous {ous pour vos progrès dans la joie et dans la foi; et ainsi 
mon retour auprès de vous vous fournira l’occasion de rendre 
gloire à mon sujet à Jésus-Christ. 


1 Job 13, 16. 


_ 


ÉPITRE AUX PHILIPPIENS 553 


Seulement que votre conduite soit digne de l'Évangile du Christ ; 
que je vienne vous voir ou que je reste absent, il me faut apprendre 
que vous restez fermes, tous dans le même esprit, luttant d’un 
commun accord pour la foi de l'Évangile, ne vous laissant inti- 
mider en rien par les adversaires; celte fermeté sera un signe 
évident de ruine pour eux, de salut pour vous, et cela de la part 
de Dieu. Car 1] vous aura fait la grâce, à propos de Christ, non 
seulement de croire en lui, mais aussi de souffrir pour lui et de 
soutenir le même combat que vous m'avez vu soutenir et que, 
vous le savez, je soutiens encore. 

S'il y ἃ donc quelque consolation en Christ, s'il y ἃ quelque 
encouragement à s'aimer, si c'est quelque chose que la communion 
d'esprit, quelque chose que la tendresse et la compassion, mettez 
le comble à ma joie, en vivant en bonne intelligence, en étant 
animés du même amour, en ne faisant qu'un cœur et qu’une âme. 

N’agissez jamais par esprit de parti ou par vaine gloire, mais 
que l’un, en toute humilité, regarde l’autre comme lui étant 
supérieur et que chacun, au lieu de songer à son propre intérêt, 
songe à celui des autres. 

Ayez les sentiments qui animaient Jésus-Christ: il était dans 
la même condition que Dieu et il n’a pas considéré cette égalité 
avec Dieu comme un butin à garder pour lui, mais il s’est 
dépouillé lui-même, il ἃ pris la condition de l’esclave; il est 
devenu semblable aux hommes, 11 s’est montré homme dans 
toute son apparition; il s’est humilié lui-même, il s’est soumis 
jusqu'à mourir, mourir même sur une croix! Aussi Dieu l’a-t-il 
élevé bien haut et lui a-t-il donné un nom qui l'emporte sur tous 
les noms, afin qu’au nom de Jésus «Fléchissent tous les genoux» 
dans le ciel, sur la terre, sous la terre et que « Toute lañgue con- 
fesse! » que Jésus-Christ est le Seigneur pour la gloire de Dieu 
le Père! 


1 Allusion à Ésaïe 45, 23. 


10 
1 


554 LE NOUVEAU TESTAMENT 


“τς = — = — --.-.-..- 


Mes bien-aimés, vous avez toujours été soumis; travaillez donc 
à votre salut avec crainte et en tremblant, et non seulement comme 
lorsque j'étais au milieu de vous, mais plus encore aujourd’hui 
que je suis absent. Car c'est Dieu qui fait naître en vous et la 
volonté et l’action, suivant son bon plaisir. Faites tout sans mur- 
murer et sans hésiter, pour devenir irréprochables et purs, des 
«enfants de Dieu parfaits...» au milieu «... d’un siècle dépravé 
et corrompu... !»; vous y apparaissez comme les astres dans le 
monde, retenant la parole de vie, et je serai fier à la journée de 
Christ, car je n'aurai pas inutilement parcouru ma carrière, et je 
n'aurai pas «...travaillé inutilement ?». Si même 16 dois verser 
mon sang et être offert en sacrifice pour le service de votre foi, 
je dis: «Quelle joie! quelle joie!» avec vous tous; vous aussi 
dites : «Quelle joie! quelle joie!» avec moi. 


J'espère cependant, avec l’aide du Seigneur Jésus, vous envoyer 
bientôt Timothée, pour avoir de vos nouvelles et être, moi aussi, un 
peu tranquillisé. Je n’ai personne ici qui pense comme moi et qui 
puisse s'intéresser sérieusement à ce qui vous concerne. Tous 
songent à leurs propres intérêts et non à ceux de Jésus-Christ. 
Quant à lui, vous savez qu’il a été mis à l'épreuve et qu’il s’est con- 
sacré avec moi au service de l'Évangile, comme un fils avec son 
père. J’espère vous l'envoyer aussitôt que je verrai quelle tournure 
prennent mes affaires. 

J'ai de plus la confiance qu'avec l’aide du Seigneur j'arriverai 
moi-même incessamment. 

En attendant, j'ai cru nécessaire de vous envoyer Épaphrodite, 
mon frère, mon collaborateur, mon compagnon de luttes qui est 
venu, député par vous, pourvoir à mes besoins. D'ailleurs il 
désirait ardemment vous revoir tous, et il était désolé que 


1 Expressions qui se retrouvent dans le cantique de Moïse. Deut. 32, 5. 


2 Ésaie 49, 4. 


ÉPIÎITRE AUX PHILIPPIENS 


QT 


vous eussiez appris sa maladie. Il ἃ été malade, en effet, et 
a vu la mort de près. Mais Dieu ἃ eu pitié de lui, et 
non seulement de lui, mais aussi de moi, pour que je n’eusse 
pas tristesse sur tristesse. Je vous l'envoie donc avec d'autant 
plus d’empressement que vous aurez la joie de le revoir et que 
moi, J'aurai un chagrin de moins. Ainsi, accueillez-le dans le 
Seigneur avec une joie entiere, et rendez honneur à des hommes 
comme lui, car c'est pour l’œuvre de Christ ! qu'il ἃ été à la mort; 
il a exposé sa vie pour prendre votre place dans les services que 
vous ne pouviez me rendre, étant absents. 

Enfin, mes frères, soyez joyeux dans le Seigneur; cela ne 
m'ennuie pas de vous répéter la même chose, et pour vous c'est 
plus sûr. 


Attention aux chiens?! attention aux mauvais ouvriers! atten- 
tion à tous ces mutilés! c’est nous qui sommes les vrais circoncis, 
nous qui adorons selon l'Esprit de Dieu, qui tirons notre gloire de 
Jésus-Christ et ne mettons pas notre confiance dans des distinctions 
charnelles; et cependant je pourrais le faire si je le voulais! Des 
distinctions charnelles!.j'en ai plus que personne, moi, circoncis le 
huitième jour, de la race d'Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu 
fils d'Hébreux, pratiquant la Loi jusqu'à être Pharisien, acharné 
jusqu’à persécuter l’Église, irréprochable observateur des justices 
légaies ! 

C’étaient là pour moi des titres; mais je suis arrivé, à cause 
du Christ, à les considérer comme rien. Oui, tout cela n’est 
plus rien pour moi, quand je songe à toute l'importance qu'il 
y ἃ à connaitre Jésus-Christ, mon Seigneur. À cause de lui, 
j'ai tout perdu; pour gagner Christ, j’ai tenu tous mes avantages 
pour des ordures; pour m'unir à lui, j'ai renoncé à ma Justice 
légale ; j'ai la justice que donne la foi en Christ, justice selon 
Dieu fondée sur la foi; mon but est de le connaitre lui et toute 


1 Deux anciens manuscrits lisent : l’œuvre du Seigneur. 
? Aux chiens de circoncis; Paul va les appeler : «ces mutilés ». 


97, 2 


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9 


10 


[he] 


556 LE NOUVEAU TESTAMENT 


la valeur de sa résurrection; mon but est de participer à ses 
souffrances; j'ai pris sur moi l'image de sa mort, espérant 
atteindre, moi aussi, à la résurrection d’entre les morts ! 

Ce n’est pas que je me sois encore emparé du prix, que je sois 
déjà arrivé à la perfection; mais je le poursuis, espérant aussi 1 
m'en emparer, car Jésus-Christ s’est emparé de moi. Non, mes 
frères, je ne prétends pas, moi, m'être emparé du prix; seule- 
ment, j'oublie ce qui est en arrière, je m'élance vers ce qui 
est devant moi, je cours au but, pour remporter le prix auquel 
Dieu m'a appelé d’en haut en Jésus-Christ. Tels doivent être 
les sentiments des plus avancés?; et si sur quelque détail vous 
étiez d’un autre avis, Dieu vous l’expliquera. Mais du point où 
nous sommes arrivés, allons toujours en avant. Imitez-moi, mes 
frères, et regardez ceux qui marchent en me prenant pour modèle. 

Il y en a plusieurs dont Je vous ai souvent parlé, — et je 
vous en reparle les larmes aux yeux, — qui marchent en ennemis 
de la croix du Christ. Ils finiront par la perdition; leur Dieu c’est 
leur ventre; ils se vantent de leurs infamies; ils ne pensent qu'aux 
choses de la terre. 

Pour nous, notre patrie est dans les cieux, d’où nous attendons, 
pour Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ; 1l transformera notre 
misérable corps et le rendra semblable à son corps glorieux, car 
il possède le pouvoir de se rendre maître de tout. Ainsi done, 
mes frères, mes bien-aimés que je chéris, vous, ma Joie et ma 
couronne, restez fermement attachés au Seigneur, mes bien-aimés. 

Je demande à Evodia et à Syntyché de vivre en bonne intelli- 
gence sous le regard du Seigneur. Et quant à toi, mon vrai col- 
lègue ὃ, je te supplie de les supporter. Elles ont lutté pour l’Évan- 


1 Un des plus anciens manuscrits omet aussi. 

2 Des plus avancés ; littéralement des adultes, des hommes mûrs. Voir I Gorin- 
thiens 2, 6. 

3 En grec: Syzyge, ce mot est peut-être un nom propre. Dans ce cas, Paul 
s’adresserait à un nommé Syzyge, et luirappellerait que son nom signifie collègue. Il 
fait de même dans sa lettre à Philémon, verset 11, rappelant que Onésime signifie 
utile. 


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ÉPITRE AUX PHILIPPIENS 597 
ns το PRE 
gile avec moi, et aussi avec Clément et mes autres collaborateurs, 
dont les noms sont dans le livre de vie. 


Soyez toujours joyeux dans le Seigneur, je le répète: soyez 
Joyeux. 

Que tout le monde connaisse votre douceur. 

Le Seigneur est proche!; ne vous inquiétez de rien, mais, 
pour tout, priez; priez en rendant grâces et en exposant vos 
besoins à Dieu, et la paix de Dieu, qui surpasse toute com- 
préhension, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. 

Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai, tout ce qui est respec- 
table, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui 
est aimable, tout ce qui est honorable, tout ce qui est une vertu, 
tout ce qui est un éloge doit être l’objet de vos pensées. 

Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous m'avez entendu 
dire, ce que vous m'avez vu faire, mettez-le en pratique, et le 
Dieu de paix sera avec vous. 


J'ai été extrêmement heureux dans le Seigneur de cette reflo- 
raison tardive de votre amitié? et de ce qu'enfin vous avez pu 
penser à moi. Vous y songiez bien, mais vous n’aviez pas d’occa- 
sion. Si je dis cela, ce n’est pas pour parler de ma pauvreté ; 
j'ai appris à me contenter de ce que j'ai. Je sais être dans le 
besoin; je sais aussi avoir du superflu. Je suis initié à tout et 
partout ; à être rassasié comme à avoir faim, à avoir le superflu 
comme à manquer du nécessaire. Je puis tout en Celui qui 
me fortifie. 

Vous n’en avez pas moins bien fait de prendre votre part de 
ma détresse. D'ailleurs vous savez, vous, les Philippiens, qu'au 
commencement de l’évangélisation, quand j'ai quitté la Macé- 
doïine, il n’y eut aucune Église, sauf la vôtre, qui se mit 


1 C'est-à-dire : Le retour de Jésus-Christ est imminent, mais on peut traduire 
aussi : Le Seigneur est près, c’est-à-dire : Le Seigneur se tient près de vous, ne 
vous inquiétez de rien. 

2 Allusion au don de l’Église de Philippes qu'Épaphrodite avait porté à l’apôtre. 
(Voir 2, 25). 


4, 4 


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10 


DD8 LE NOUVEAU TESTAMENT 


en rapport avec moi et m'ouvrit un compte courant !. Ainsi, à 
Thessalonique, vous m'avez envoyé une fois, deux fois même, ce 
dont j'avais besoin. Ce n’est pas que je recherche les présents ; 
mais Je recherche le profit qui en résulte pour vous?. J'ai tout ce 
qu'il me faut, je surabonde même, je suis riche depuis que j'ai reçu 
ce que vous m'avez envoyé par Épaphrodite, délicieux parfum, sa- 
crifice accepté et approuvé de Dieu! Mon Dieu, selon sa richesse, 
pourvoira glorieusement et en Jésus-Christ à tous vos besoins. 
Qu’à notre Dieu et Père soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen. 

Saluez en Jésus-Christ tous les fidèles. 

Les frères qui sont avec moi vous saluent. 

Tous les fidèles vous saluent, particulièrement ceux de la 
maison de l'Empereur *. 


LA GRACE DU SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST SOIT AVEC VOTRE ESPRIT. 


1 Un compte-courant; littéralement ; Un compte de Doit et Avoir. Paul em- 
ploie ici un terme technique, emprunté à la langue des affaires; nous sommes 
obligé, pour être exact, de nous servir dans notre traduction du terme français 
correspondant. 

? Qui en résulte pour vous; littéralement : abondant pour votre compte. 
Cette phrase est presque intraduisible. Le terme le profit ne rend pas la pensée 
de Paul, qui emploie en grec un mot signifiant le fruit. Voici ce qu'il veut 
dire: Les Philippiens lui ont ouvert un compte courant. Il reçoit d’eux des 
biens matériels; eux reçoivent de lui la nourriture spirituelle. Lorsque les 
Philippiens font à l’apôtre un présent, celui-ci en est heureux. Ge n’est pas 4} 
recherche les cadeaux; mais les recevoir est pour lui une preuve que les 
Philippiens sont riches en biens spirituels, que l'Évangile a porté des fruits 
parmi eux, et que ces biens spirituels, ces fruits abondent à leur compte. 

5. L'Empereur. Voir note sur Actes 25, 10. 


ÉPITRE AUX COLOSSIENS 


PRÉFACE 


La ville de Colosses (ou Colasses) était en Phrygie. Paul l'avait 
visitée dans son troisième voyage missionnaire (Actes 18: 23; 
19 : 1), mais il n’avait fait que la traverser. Le vrai fondateur de 
l'Église avait été Épaphras (Coloss. 1 : 7; 4: 12) et la plupart des 
fidèles de Colosses n'avaient jamais vu l’apôtre (Coloss. 2: 1). 

Épaphras venait d'apporter à Paul dans sa prison d'excellentes 
nouvelles de l'Église (Coloss. 1 : 4, 8). Cependant quelques faux 
docteurs l’inquiètent. Ce sont des sortes d’Esséniens, des ascètes, 
scrupuleux dans les observances pharisaïques et rendant un culte 
aux anges. Ils divisent ceux-ci en classes; ils se livrent sur leur 
hiérarchie à des spéculations sans fin et qui ne reposent sur rien. 
Ils croient cette science supérieure à celle des apôtres, et l’opposent 
à la foi des simples... 

L'apôtre se préoccupe du danger que court la doctrine de la 
personne même du Christ, dont l'importance risque de dispa- 
raître, et il écrit aux Colossiens une lettre où 1] insiste sur tout 
ce qui concerne cette doctrine. Le Christ réalise la plénitude de 
la vie divine; cette vie se continue sur la terre par l’Église qui 
est unie au Christ, comme le corps l’est à l’âme. 

Ici, comme ailleurs, l’apôtre traite successivement les questions 


60 LE NOUVEAU TESTAMENT 


dogmatiques et les questions morales. Il aborde celles-ci au cha- 
pitre 3, mais, en les traitant, il continue ses développements dog- 
matiques et combat toujours l’ascétisme. 
L’authenticité de l’Épître aux Colossiens n’a jamais été con- 
: Ρ IE 
testée dans l’Église antique, pas plus que celle de l’Épître aux 
Ephésiens. Nous avons montré, dans notre préface à cette dernière 
P ; à ᾽ 


les étroits rapports qu'offrent ces deux lettres, et comment elles 


ont été écrites ensemble. Les mêmes messagers les ont portées, 
Tychique et Onésime, ce dernier chargé de la lettre à Philémon. 

Ces trois épîtres (aux Éphésiens, aux Colossiens et à Philémon) 
ont été écrites par Paul pendant sa captivité de deux ans à 
Césarée, et non pas pendant celle de Rome. La ville de Colosses 
ayant été détruite par un tremblement de terre en 60 ou 61 au 
plus tard, nos trois lettres sont nécessairement antérieures à cette 
date, et il faut les placer soit en l’an 59, soit au commencement de 
l’an 60. Or il est impossible de faire arriver Paul à Rome avant 
le printemps de l’an 61; la lettre aux Colossiens, et par suite les 
deux autres, sont donc certainement parties de Césarée. 


ÉPITRE AUX COLOSSIENS' 


PAUL, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, PAR LA VOLONTÉ DE DIEU, Er 
LE FRÈRE TIMOTHÉE AUX FRÈRES EN CHRIST, FIDÈLES ET CROYANIS, 
QUI SONT ἃ COLOSSES 2. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE. 


Nous rendons sans cesse des actions de grâces pour vous au Dieu 
et” Père de notre Seigneur Jésus-Christ dans nos prières; car on 
nous ἃ raconté votre foi en Jésus-Christ et l’amour que vous 
éprouvez pour tous les fidèles, votre espérance enfin qui sera 
récompensée dans le ciel. On vous a parlé autrefois de ces choses 
quand on vous ἃ annoncé la vérité évangélique. 

L'Évangile est au milieu de vous, comme, du reste, dans le 
monde entier. Il y porte des fruits, 1l y gagne du terrain comme 
il l’a fait chez vous depuis le jour où vous avez appris à connaître 
la vérité, c’est-à-dire la grâce de Dieu. C’est Épaphras, notre 
bien-aimé compagnon de service, qui vous a instruits; ce fidèle 
ministre du Christ auprès de nous“ nous ἃ fait connaître les 
sentiments d'amour que l'Esprit vous inspire. Et alors nous, depuis 
le jour où nous avons appris tout cela, nous ne cessons de prier 


1 Plusieurs des plus anciens manuscrits lisent : aux Colassiens. 

2 Plusieurs des plus anciens manuscrits lisent : à Colasses. 

3 Plusieurs anciens manuscrits omettent ef et lisent : à Dieu, au Père, etc. 
+ Plusieurs anciens manuscrits lisent : auprès de vous. 


36 


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1, 10 


13 
14 
15 


16 


17 
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20 


562 LE NOUVEAU TESTAMENT 


pour vous; nous demandons à Dieu que vous appreniez à con- 
naître tout à fait sa volonté, avec cette entière sagesse et cette 
intelligence que donne l'Esprit. 

Vous vivrez ainsi d'une manière digne du Seigneur, vous le 
satisferez entièrement. Vous porterez toute espèce de bons fruits, 
vous ferez des progrès dans la connaissance de Dieu. Vous serez 
admirablement fortifiés par sa glorieuse puissance; vous serez 
remplis de patience, de persévérance, de joie. Vous rendrez des 
actions de grâces! à notre Père qui vous ἃ mis à même d’avoir 
un jour votre part? de l'héritage des fidèles dans la lumière, qui 
nous ἃ arrachés au pouvoir des ténèbres, qui nous ἃ transportés 
dans le Royaume de son Fils bien-aimé; car par lui nous sommes 
rachetés, délivrés de nos péchés. 

Il est une image du Dieu invisible, 1l est né le premier 
de tous les êtres créés; c’est en lui, en effet, que tout ἃ été 
créé, tout ce qui est dans le ciel, tout ce qui est sur la terre, 
ce qui est visible et ce qui est invisible, les trônes, les seigneuries, 
les autorités, les puissances, tout a été créé par lui et.pour lui. Il 
est avant toutes choses et toutes choses subsistent en lui. Il est la 
tête du corps, c’est-à-dire le chef de l’Église; il est le principe; il 
est le premier-né d’entre les morts, afin d’être partout à la pre- 
mière place. En effet, c’est en lui que Dieu ἃ voulu que sa pléni- 
tude entière résidàt; c’est par lui qu'il ἃ voulu tout réconcilier 
avec lui-même, et ce qui est sur la terre et ce qui est dans le ciel; 
par lui# 1] ἃ rétabli la paix au moyen du sang versé sur la 
CrOIX. 

Autrefois vous lui étiez étrangers, vous étiez ses ennemis par vos 
pensées et vos mauvaises œuvres; aujourd'hui le Christ vous ἃ 
réconciliés par la mort de son corps, de sa chair, pour vous faire 
comparaître devant lui, saints, sans tache et sans reproche; si du 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Vous serez remplis de 
patience et de persévérance; vous rendez avec joie des actions de grâces, ete. 

2 Quelques anciens manuscrits lisent : qui nous a mis à mêmé d’avoir un 
jour notre part. 

5 Plusieurs anciens manuscrits omettent par lui. 


a 4 λα ci. "ARE à 


"3 


+ A 


ÉPÎTRE AUX COLOSSIENS 563 


moins vous restez attachés à la foi, fermes, inébranlables, sans 
vous écarter de l'espérance apportée par l'Évangile que vous avez 
entendu, Évangile prêché à toute créature sous le ciel, et dont 
moi, Paul, je suis devenu le ministre. 


Je suis maintenant dans la joie en souffrant pour vous; et ce 
qui manquait encore aux souffrances du Christ, je le complète moi- 
même pour le bien de son corps, je veux dire de l’Église dont je 
suis devenu le ministre. C’est Dieu qui m'a confié cette charge; 
Je dois vous annoncer le plein accomplissement de la parole de 
Dieu, le mystère caché de tout temps! et à tous les peuples, 
mais qu'il ἃ aujourd'hui révélé à ses fidèles. Dieu ἃ voulu leur 
faire connaître toute la glorieuse richesse de ce mystère à l'égard 
des païens, c’est-à-dire: Christ en vous, l'espérance de la 
gloire : 

Nous le prêchons; nous exhortons, nous instruisons chaque 
homme avec une entière sagesse, pour présenter à Dieu chaque 
homme devenu parfait eu Christ, C’est à cela que je travaille, pour 
cela que je lutte, grâce à sa force qui agit puissamment en moi. 
Je tiens à ce que vous sachiez toute la grandeur de ce combat 
que je livre pour vous, pour les Laodicéens, pour tous ceux qui 
ne me connaissent pas de vue, j'y tiens pour réconforter leurs 
cœurs, pour que l’amour les unisse, pour qu'ils aient une intel- 
hgence riche et complète, qu'ils connaissent le mystère de Dieu, 
de Christ?, où sont «..... cachés tous les trésors? » de la sagesse 
et de la science. 

Je vous dis cela pour que personne ne vous trompe par de 
spécieux raisonnements. Si je suis absent de corps, je suis cepen- 
dant avec vous en esprit, heureux de voir votre bon ordre et 
la. fermeté de votre foi en Christ. Comme vous avez appris à 


1 Paul entend par «onystére» dans ses diverses épîtres, ce que nous appelons 
un secret, c’est-à-dire une chose qui reste plus ou moins longtemps cachée, 
inconnue . 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : du Dieu Christ. 

3 Allusion à Ésaïe, 45, 3. 


10 


11 


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18 


564 LE NOUVEAU TESTAMENT 


conuaître le Christ, Jésus, le Seigneur, vivez ainsi en lui, greffés, 
édifiés sur lui, affermis dans la foi, telle qu'on vous l’a enseignée, 
et montrez beaucoup de reconnaissance. 

Faites attention à celui qui voudrait vous accaparer avec de 
la philosophie, trompeuse illusion, enseignement purement humain, 
tout élémentaire et mondain, qui n’est pas selon Christ. Car c’est 
en lui que réside réellement toute la plénitude de la divinité. Et 
vous, vous êtes remplis de lui, le chef de toute autorité et de tout 
pouvoir. 

En lui aussi vous avez été circoncis; je ne parle pas de la 
circoncision que font les hommes, mais de celle du Christ, du 
dépouillement de votre corps charnel. 

Vous avez été ensevelis avec lui au moyen du baptême, où 
vous êtes aussi ressuscités avec lui, par la foi en la puissance de 
Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. 

Vous étiez morts par vos péchés, et par votre incirconcision 
charnelle, et il vous a fait revivre avec lui; il nous ἃ pardonné 
tous nos péchés, il a effacé l’acte qui était contre nous, dont les 
clauses nous étaient contraires, il l’a mis de côté en le clouant 
sur la croix, il ἃ dépouillé les autorités et les puissances, 1} les 
a victorieusement données en spectacle, il ἃ triomphé d'elles par 
le Christ ! | | 


Que personne ne vienne donc vous critiquer pour un mets, une 
boisson, un jour de fête, de nouvelle lune ou pour des sabbats, 
tout cela n’est que l’ombre de ce qui devait venir; la réalité est 
en Christ. Ne vous laissez pas enlever votre prix par ceux qui 
font les humbles, rendent un culte aux anges, spéculent sur des 
rêveries, que leurs idées charnelles remplissent d’un vain orgueil, 
et qui ne s’attachent pas au chef, dont le corps entier pourvu de 
nerfs et de muscles, et soutenu par eux, prend le développement 
que Dieu lui donne. 

Si vous êtes morts avec Christ aux enseignements élémentaires 
et mondains, pourquoi, comme si vous viviez encore dans le 
monde, vous faites-vous des règlements: «Ne touche pas ceci, 


ÉPITRE AUX COLOSSIENS 565 


ne goûte pas cela; n’approche pas de ceci; tout cela te souillera 

si tu en fais usage. » 

« Ce sont les hommes qui enseignent et commandent ces choses !. » 
Elles ont sans doute un certain air de sagesse, c’est un culte 

volontaire, plein d’humilité et de dureté pour le corps, mais elles 

n’ont aucune valeur et ne servent qu'à satisfaire les sens. 


Si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses 

qui sont en haut, où le Christ est 

« Assis à la droite de Dieu ? ; » 
pensez aux choses qui sont en haut et non à celles qui sont sur la 
terre, car vous êtes morts et votre vie est cachée avec le Christ en 
Dieu; et quand, un jour, le Christ qui est votre vie* aura paru, 
vous, vous apparaitrez avec lui dans la gloire. 

Mortifiez donc vos membres, ceux qui sont de la terre, la 
débauche, l’impureté, la luxure, les passions coupables et l’ava- 
rice (elle est une idolâtrie). Voilà ce qui attire la colère de Dieu, 
et voilà ce que, vous aussi, vous avez fait autrefois; oui, vous 
avez vécu dans ces désordres. Mais aujourd'hui vous devez vous 
défaire de tout ce qui est colère, emportement, méchanceté, 
médisance ; ne prononcez plus de mots inconvenants; ne vous 
dites pas de mensonge l’un à l’autre; débarrassez-vous du vieil 
homme et de ses œuvres, et revêtez-vous du nouvel homme, qui 
se renouvelle à l’image de son Créateur et arrive à comprendre 
l'état où il n’y ἃ ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni 
étranger ni barbare, ni esclave ni homme libre, mais où Christ 
est tout et en tous. 

Vous, les élus de’ Dieu, les fidèles, les bien-aimés, montrez des 
cœurs pleins de pitié, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience. 
Supportez-vous les uns les autres; pardonnez-vous mutuellement 
quand l’un de vous ἃ à se plaindre de son prochain; faites comme 


1 Ésaïe 29, 13. 
2 Psaume 110, 1. 
3 Quelques anciens manuscrits lisent : notre vie. 


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566 LE NOUVEAU TESTAMENT 


le Seigneur! qui vous ἃ pardonné. Par-dessus tout, montrez de 
l'amour ; c’est lui qui réunit toutes les perfections. 

Que dans vos cœurs règne la paix du Christ; vous y avez été 
appelés pour ne former qu’un seul et même corps. 

Soyez reconnaissants. 

Que la parole du Christ demeure en vous dans toute sa richesse. 

Instruisez-vous, avertissez-vous les uns les autres avec une 
grande sagesse. 

Que des psaumes, des hymnes, des chants ἜΡΙΝ montent 
à Dieu de vos cœurs reconnaissants ? 

Quoi que vous fassiez, que vous PE que vous agissiez, 
faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâces par lui 
à Dieu le Père. 

Vous, femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient 
quand on est au Seigneur. 

Vous, maris, aimez vos femmes et ne vous irritez pas contre elles. 

Vous, enfants, obéissez en tout à vos parents, car cela est 
agréable au Seigneur. 

Vous, pères, ne tourmentez pas vos enfants, de peur qu'ils ne 
se découragent. 

Vous, esclaves, obéissez en tout à ceux qui sont vos maitres sur 
la terre; ne les servez pas seulement quand ils vous voient, 
comme si vous n’aviez à plaire qu'a des hommes; mais servez-les 
en toute simplicité de cœur et en craignant le Seigneur. Dans 
tout ce que vous faites, travaillez de toute votre âme, comme 
s'il s'agissait du Seigneur et non des hommes. Vous savez que 
vous recevrez du Seigneur en récompense l'héritage céleste. 
Soyez les esclaves de Christ le Seigneur. Celui qui aura fait le 
mal sera puni pour ce mal; il n'y aura point d’acception de 
personnes. 

1 Quelques anciens manuscrits lisent : comme le Ghrist:; un des plus anciens 
lit: comme Dieu. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Que la parole du Ghrist 
demeure en vous dans toute sa richesse et avec une grande sagesse; instruisez- 


vous, averlissez-vous les uns les autres par des psaumes, des hymmes et des 
chants spirituels pleins de reconnaissance, chantant à Dieu dans vos cœurs. 


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ÉPITRE AUX COLOSSIENS 557 


Vous, maitres, fournissez à vos esclaves ce qui est juste, 
équitable; vous savez que vous avez, vous aussi, un maître au ciel. 

Dans vos prières montrez de la persévérance, de la vigilance, 
de la reconnaissance. En même temps, priez pour nous, que Dieu 
nous ouvre une porte, que nous parlions, que nous prêchions le 
mystère du Christ. C’est pour lui que je porte la chaîne; demandez 
que 16 le fasse connaître comme 16 dois l’annoncer. 

Conduisez-vous avec prudence envers ceux du dehors, et pro- 
fitez bien des moments opportuns. 

Que vos paroles soient toujours aimables, pleines de saveur, 
de manière à savoir répondre à chacun comme il faut. 


Vous apprendrez tout ce qui me concerne personnellement par 
Tychique, mon bien-aimé frère, mon aide fidèle, mon collègue! 
dans l’œuvre du Seigneur. Je vous l’envoie tout exprès pour cela, 
pour que vous sachiez où en sont nos affaires, et qu'il console 
vos cœurs. Avec lui est notre fidèle et bien-aimé frère, Onésime, 
l’un de vos compatriotes. Ils vous informeront de tout ce qui se 
passe [ΟἹ]. 


Vous avez les salutations d’Aristarque, mon compagnon de 
prison, et celles de Marc, le cousin de Barnabas (vous avez reçu 
des avis à son sujet; quand 11 viendra vous voir, faites-lui bon 
accueil), celles de Jésus dit Justus. Ce sont les seuls circoncis qui 
aient travaillé avec moi pour le Royaume de Dieu ; ils ont été pour 
moi une véritable force. 

Vous avez aussi les salutations de votre compatriote Épaphras ; 
c’est un serviteur ? de Jésus-Christ ; il lutte sans cesse pour vous 
dans ses prières, pour que vous persistiez dans votre parfaite et 
entière soumission à toute la volonté de Dieu. Je lui rends le 
témoignage qu'il est plein de sollicitude pour vous ainsi que pour 
les frères de Laodicée et de Hiérapolis. 


1 Grec: esclave avec moi. 
2 Grec: esclave. 


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10 


11 


13 


4, 11 


16 


17 


268 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Vous avez les salutations de mon bien-aimé Lue, le médecin, et 
celles de Démas. 

Nous saluons nos frères de Laodicée ainsi que Nymphas et 
l'Église qui s’assemble dans leur maison 1. 

Quand vous aurez lu cette lettre, ayez soin qu'elle soit lue aussi 
de l'Église de Laodicée et lisez à votre tour celle qu’on vous 
enverra de Laodicée. 

Dites à Archippe: Prends garde de bien remplir le ministère 


que tu as reçu de la part du Seigneur. 
Je vous salue en écrivant moi-même : 


PAUL. 


N'oubliez pas que je suis en prison. 
LA GRACE SOIT AYEC VOUS. 


1 Quelques anciens manuscrits lisent: dans sa maison. 


PREMIÈRE ÉPITRE 


AUX THESSALONICIENS 


PRÉFACE 


Les deux lettres aux Thessaloniciens sont les premières de Paul 
qui nous aient été conservées, celles qu’il faudrait chronologique- 
ment placer en tête de sa correspondance. 


L’apôtre avait fondé l’Église de Thessalonique dans son second 


_ voyage missionnaire (Actes 17 : 1 à 10). IL avait été obligé d’aban- 


donner très promptement cette jeune communauté et de la laisser 
encore mal affermie. Les Thessaloniciens avaient à souffrir de la 
part des Juifs de la synagogue de leur ville qui attaquaient le 
ministère de l’apôtre; de plus, leur doctrine était encore incom- 
plète et leur vie chrétienne peu développée. Ceux qui étaient 


_ sortis du paganisme n'avaient pas accepté dans toute sa rigueur la 


discipline évangélique. (I Thess. 4: 3 à 9). D'autre part, l’attente 
de la venue prochaine du Christ détournait les Thessalonigeiens du 
travail (4: 11); la mort de quelques-uns d’entre eux, survenue 
avant ce retour impatiemment attendu, avait troublé leur foi 
(4: 13). Paul savait ces choses, et pendant son séjour à Athènes 
(Actes 17 : 15 et suiv.), inquiet de ne recevoir aucune nouvelle des 
Thessaloniciens, il leur avait envoyé Timothée (1 Thess. 3: 1), 
puis il était parti pour Corinthe (Actes 18: 1). 


570 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Timothée l’y rejoignit, lui donna des nouvelles et confirma 
l’apôtre dans la pensée qu'il était nécessaire d'écrire aux Thessa- 
loniciens. Paul leur adressa immédiatement la lettre suivante, 
écrite rapidement, sans plan logique, où il ne traite aucune 
question de dogmatique. Cette lettre peut nous donner une idée 
assez nette de ce qu'était la prédication orale de l’apôtre à cette 
époque. 

La première aux Thessaloniciens a donc été écrite de Corinthe 
en l’an 53. Le style de Paul dans cette lettre est le même que 
dans ses grandes épîtres aux Romains, aux Corinthiens, aux Ga- 
lates, et elle a toujours fait partie, dans l’Église primitive, des 
livres incontestés du Nouveau Testament. 


PREMIÈRE ÉPITRE 


AUX THESSALONICIENS 


PAUL, SILVANUS ET TIMOTHÉE À L'EGLISE DES THESSALONICIENS 
EN DIEU LE PÈRE ET EN JÉSUS-CHRIST LE SEIGNEUR. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES. 


Nous rendons constamment grâces à Dieu pour vous tous ; nous 
vous nommons dans nos prières ; et nous rappelons sans cesse, en 
présence de Dieu notre Père, les œuvres de votre foi, les travaux 
de votre charité et la persévérance de votre espoir en notre Seigneur 
Jésus-Christ. 

Nous savons, frères bien-aimés de Dieu, que vous avez été élus ; 
car nous ne Vous avons pas évangélisés seulement avec des paroles, 
mais avec une vraie puissance, avec l'Esprit saint, avec une forte 
conviction. Vous savez bien ce que nous avons été au milieu de 
vous et pour votre bien, et vous êtes devenus nos imitateurs et 
ceux du Seigneur, en accueillant sa parole dans un moment de 
grande affliction avec la joie que donne l'Esprit saint. 

Aussi êtes-vous devenus un modèle pour tous les croyants de 
la Macédoine et de l’Achaïe. Car c’est de chez vous que la parole 
du Seigneur s’est fait entendre; et ce n’est pas seulement en 
Macédoine et en Achaïe, c'est partout que votre foi en Dieu ἃ été 
connue; aussi n'avons-nous pas besoin d'en parler. Chacun 


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572 LE NOUVEAU TESTAMENT 


raconte en parlant de nous comment vous nous avez reçus à 
notre arrivée, comment vous vous êtes convertis à Dieu, aban- 
donnant les idoles pour le servir, lui, le Dieu vivant et vrai, et 
pour attendre du haut des cieux son Fils qu'il a ressuscité des 
morts, Jésus, celui qui nous délivre de la colère à venir. 

Vous savez bien vous-mêmes, frères, que notre arrivée chez vous 
n’a pas été stérile: après avoir été persécutés, après avoir été 
insultés à Philippes, vous le savez, nous avons eu une grande 
confiance en notre Dieu, et nous vous avons prêché son Évangile 
au milieu de bien des luttes. C’est que notre prédication ne reposait 
ni sur l'erreur, ni sur des motifs impurs, ni sur la fraude; mais 
Dieu nous ayant jugés dignes de nous confier l'Évangile, nous par- 
lons non pour plaire aux hommes, mais à Dieu qui sonde nos cœurs. 

Jamais, en effet, nous n’avons employé la flatterie en vous par- 
lant, vous le savez ; jamais non plus nos motifs n’ont été intéressés, 
Dieu nous en est témoin. Nous n'avons pas recherché non plus les 
honneurs des hommes, ni chez vous, ni chez d’autres, et cependant, 
étant apôtres de Christ, nous aurions pu nous imposer à vous. Eh 
bien, au contraire, nous avons été pleins de douceur au milieu de 
vous. Comme une mère qui soigne tendrement ses enfants, nous 
étions disposés, dans notre affection pour vous, à vous donner non 
seulement l'Évangile de Dieu, mais nos vies elles-mêmes, tellement 
vous nous étiez devenus chers. Vous vous rappelez, frères, nos 
efforts et nos peines; c’est en travaillant nuit et jour pour n'être à 
charge à aucun de vous que nous vous avons prêché l'Évangile de 
Dieu. Vous êtes témoins, et Dieu aussi, de la piété, de l'équité et 
de l'intégrité avec lesquelles nous avons agi envers vous, croyants; 
comme un père le ferait pour ses enfants, nous vous avons, vous 
le savez, exhortés, encouragés, conjurés de vivre d’une manière 
digne de Dieu qui vous appelle à son Royaume et à sa gloire. 

Voilà aussi pourquoi nous rendons sans cesse grâces à Dieu de 
ce que, recevant de nous, de notre bouche, la parole de Dieu, 
vous l’avez acceptée, non comme une parole d'hommes, mais, ce 
qu'elle est réellement, comme une parole de Dieu; et elle se montre 
eflicace en vous, les croyants. 


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PREMIÈRE ÉPITRE AUX THESSALONICIENS 573 


En effet, vous êtes devenus, frères, les imitateurs des Églises de 
Dieu qui, en Judée, sont à Jésus-Christ; car vous avez eu à souffrir 
de la part de vos compatriotes ce qu’elles ont eu à souffrir de la 
part des Juifs, de ceux qui ont aussi mis à mort le Seigneur Jésus 
et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui déplaisent à 
Dieu, sont ennemis de tous les hommes, qui nous empêchent 
de parler aux païens pour les sauver, et qui mettent sans cesse 
le comble à leurs péchés; mais la colère de Dieu les a atteints, et 
définitivement. 


Quant à nous, frères, privés de votre présence pendant quelque 
temps, mais près de vous par le cœur, nous avons ardemment, 
immensément désiré revoir vos visages. Nous avons voulu une ou 
deux fois revenir chez vous (je parle de moi Paul), et Satan s’y est 
opposé. 

— (Qui, eu effet, est notre espérance, qui, notre Joie, qui, 
la couronne dont un jour nous serons fiers? n'est-ce pas vous ? 
vous aussi, ne serez-vous pas tout cela en présence de notre 
Seigneur Jésus, lors de son apparition? Oui, c'est vous qui êtes 
notre gloire et notre joie!) — 

Aussi nous n'y tenions plus; nous nous sommes alors décidés à 
rester seuls! à Athènes, et à vous envoyer Timothée, notre frère, 
qui est ministre de Dieu dans l'Évangile du Christ, pour vous 
fortifier, pour vous engager, dans l'intérêt de votre foi, à ne pas 
vous laisser ébranler par les épreuves de ce temps-ci. 

Vous savez vous-mêmes que nous y sommes destinés. Quand 
nous étions chez vous, nous vous avons, en effet, prédit qu'il nous 
fallait être éprouvés et, vous le savez, c’est ce qui est arrivé. 

Voilà pourquoi, n’y tenant plus, j'ai envoyé savoir des nouvelles 
de votre fidélité; je craignais que le Tentateur ne vous eût tentés, 
et que notre peine n'eüt été perdue. Mais Timothée vient d'arriver 
de chez vous, et il nous a apporté de bonnes nouvelles de votre 
foi et de votre amour; 11 nous ἃ dit le bon souvenir que vous con- 


1 Paul emploie ici le pluriel, mais il ne s’agit que de lui seul. 


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LE NOUVEAU TESTAMENT 


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servez de nous et votre désir de nous revoir, désir qui est aussi 
le nôtre. 

Aussi votre foi nous a-t-elle fortifiés, frères, au milieu de nos 
afflictions et de nos épreuves. Dans ce moment, nous ne vivons que 
parce que vous êtes attachés au Seigneur. Comment pouvons-nous 
assez remercier Dieu de toute la joie que vous nous faites éprouver 
devant lui, nous qui lui demandons instamment, jour et nuit, de 
faire que nous vous revoyions et que nous allions compléter ce 
qui manque encore à votre foi! Veuille Dieu notre Père et le 
Seigneur Jésus aplanir le chemin qui mène chez vous; et veuille 
le Seigneur augmenter et faire abonder votre amour les uns pour 
les autres et pour tous les hommes (comme aussi le nôtre pour 
vous), pour que vos cœurs se fortifient et soient d’une irrépro- 
chable sainteté, en présence de Dieu notre Père, à l'apparition de 
notre Seigneur Jésus au milieu de tous ses saints 1! 


Enfin ?, frères, nous vous demandons, nous vous prions, au nom 
du Seigneur Jésus, de faire toujours plus de progrès (vous en faites 
déjà), car vous avez appris de nous comment on doit se conduire 
pour plaire à Dieu. Vous savez quels préceptes nous vous avons 
donnés de la part du Seigneur Jésus. 

Ce que Dieu veut, c’est votre sanctification; que vous vous 
absteniez de toute impureté ; que chacun de vous sache avoir sa 
femme à lui, purement et honnêtement et sans les passions désor- 
données des païens qui ne connaissent pas Dieu. 

în affaires, ne faites aucun tort, ne causez aucun préjudice à 
votre frère; car le Seigneur fait justice de tout cela, comme nous 
vous l'avons dit et certifié autrefois. 

Dieu ne nous ἃ pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification. 

Celui donc qui repousse ces paroles ne repousse pas un homme, 
mais Dieu qui vous ἃ donné à vous son Esprit saint ÿ. 


l Quelques anciens manuscrits ajoutent Amen. kR 
2 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent donc et lisent : Enfin donc. frères. 
ὁ Quelques anciens manuscrits ajoutent aussi et lisent: qui vous a donné ἃ 


vous «ussi son Esprit saint. 


PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS Ὁ 


Quant à l'amour fraternel, vous n’avez pas besoin qu’on vous en 
écrive, car vous-mêmes vous ayez appris de Dieu à vous aimer 
les uns les autres; et vraiment vous le faites, pour tous les frères, 
dans la Macédoine entière. Nous vous exhortons, frères, à le 
faire de plus en plus, à tenir à honneur de vivre en paix, à vous 
occuper de vos propres affaires, à travailler de vos mains, 
comme nous vous l'avons recommandé, pour que votre conduite 
soit respectée par ceux du dehors, et que vous n’ayez besoin de 
personne. 


Nous ne voulons pas, frères, vous laisser dans l'ignorance tou- 
chant ceux qui se sont endormis, afin que vous ne soyez pas tristes 
comme les autres qui n'ont pas d'espérance. Si nous croyons que 
Jésus est mort et qu'il est ressuscité, de même nous devons croire 
que Dieu ramènera les morts par Jésus et avec lui. Nous vous 
disons ceci d’après une parole du Seigneur : Nous qui vivons, qui 
sommes réservés pour voir l'apparition du Seigneur, nous ne 
devancerons pas ceux qui se sont endormis. Car le Seigneur lui- 
même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la 


trompette de Dieu, descendra du ciel; alors ceux qui sont morts 


en Christ ressusciteront d’abord. Puis, nous, les vivants, les 
réservés, nous serons enlevés en même temps qu'eux, vers les 
nues, pour aller à la rencontre du Seigneur dans l'air; et ainsi nous 
serons toujours avec le Seigneur. Fortifiez-vous donc les uns les 
autres dans ces pensées-là. 

Quant à l’époque, à la date, vous n'avez pas besoin, frères, 
qu'on vous en écrive. Vous savez parfaitement vous-mêmes 
que le jour du Seigneur doit arriver comme un voleur qui vient 
la nuit. C’est au moment où les gens diront : «paix! sécurité ! » 
qu'une ruine subite les surprendra, comme les douleurs de l’en- 
fantement surprennent une femme enceinte, et ils n’échapperont 
pas. 

Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, et ce jour 
ne vous surprendra pas comme nous surprend un voleur. Vous 


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LE NOUVEAU TESTAMENT 


êtes tous des fils de lumière, des fils du jour ; nous ne le sommes ni 
de la nuit ni des ténèbres. Ne dormons donc pas comme font les 
autres, mais soyons vigilants et sobres. Ceux qui dorment, dorment 
pendant la nuit; ceux qui s’enivrent, s’enivrent pendant la nuit. 
Quant à nous, fils du jour, vivons sobrement, «mettons la cuirasse » 
de la foi et de l'amour «et le casque» de l'espérance «du salut». 
Dieu ne nous ἃ pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du 
salut par notre Seigneur Jésus-Christ, mort pour nous, afin que, 
veillant ou dormant, nous vivions toujours avec lui. Fortifiez-vous 
donc les uns les autres; édifiez-vous réciproquement, et d’ailleurs 
vous le faites déjà. 


Nous vous demandons encore, frères, d’avoir des égards pour 
ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans ce qui est 
du Seigneur et qui vous avertissent. Montrez-leur une affection toute 
particulière à cause de leurs fonctions. 

Vivez en paix entre vous. | 

Nous vous engageons, frères, à avertir ceux qui se laissent aller 
au désordre, à relever les découragés, à soutenir les faibles, à 
être patients envers tous. 

Prenez garde à ce que personne ne rende le mal pour le mal, 
mais appliquez-vous toujours à ce qui est bien, soit entre vous, 
soit avec tout le monde. 

Soyez toujours dans la joie; priez sans cesse ; soyez reconnais- 
sants de tout : voilà ce que Dieu veut de vous en Jésus-Christ. 

N'éteignez pas l'Esprit; ne dédaignez pas les inspirations pro- 
phétiques. 

Examinez tout; retenez ce qui est bien. 

Abstenez-vous de toute espèce de mal. 

Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie parfaitement; que 
votre esprit, votre âme, votre corps, tout votre être se conserve 
irréprochable pour l'apparition de notre Seigneur Jésus-Christ. 
Il est fidèle, Celui qui vous appelle ; 1l fera cela. 


1 Ésaie 59, 17; voir Éphésiens 6, 14, 17. 


PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS 077 


= Frères, priez pour nous. 
τς Saluez tous les frères d’un saint baiser. 
Je vous conjure, au nom du Seigneur, de faire lire cette lettre 


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τὰ tous les frères. 


LA GRACE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST SOIT AVEC VOUS. 


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SECONDE ÉPITRE 
AUX THESSALONICIENS 


PRÉFACE 


Cette seconde lettre suivit de près la première. Dans celle-ci 
Paul avait insisté sur le prochain retour de Jésus-Christ (1 : 10; 
2:12; 19; 3: 13 et surtout 4: 13 à 5: 4). IL en était résulté un 
malentendu. Les Thessaloniciens avaient conclu des paroles de 
l’apôtre que tout travail était devenu inutile, puisque les derniers 
jours étaient arrivés. 

Paul apprit ces nouvelles et il écrivit sa deuxième Épiître aux 
Thessaloniciens, toujours de Corinthe et vers le temps de sa com- 
parution devant Gallion (Actes 18 : 12 à 18; II Thess. 3: 2). 

Un seul passage de cette lettre renferme quelques obscurités 
(2: 3-13). Il faut y voir une description de ce qui doit arriver 
dans les derniers temps. Les expressions: L'homme de l’iniquité, 
le fils de la perdition (2: 3) désignent l’Antéchrist, personnage 
qui, d’après la théologie juive de ce temps, devait paraître avant 
16 Christ. Or, dit Paul, sa venue est retardée; il ne paraîtra 
qu'après la destruction de l’empire romain. 

Ce qui l'empêche de paraître (2: 6), c’est l’empire romain qui 
subsiste toujours. Celui qui l'arrête encore (2: T), c’est l’empéreur 


580 LE NOUVEAU TESTAMENT 


de Rome. L’Antéchrist ne viendra donc qu'après la fin de l’em- 
pire; et, après l’Antéchrist, paraîtra le Christ qui anéantira 
l’Antéchrist. Que les Thessaloniciens ne croient donc pas que 
l'apparition de Jésus-Christ soit imminente. 

Le reste de la lettre n'offre aucune difficulté d’interprétation. 
Paul nomme dans la suscription ses deux compagnons, Silvanus 
(ou Silas) et Timothée. L’un d’eux lui servit sans doute de secré- 
taire; car ce n’est qu’à la fin (3: 17) que Paul prit la plume pour 
signer, donnant ainsi à ses lecteurs un spécimen de son écriture, 
attestant l’authenticité de sa lettre. Le style de cette épître est le 
même que celui de la première, et elle a toujours été incontestée 
dans l’Église primitive. 

Remarquons ce mot de Paul : Je signe ainsi toutes mes lettres. Or 
il ne nous reste de lui, antérieurement au jour où 1] traçait ces 
lignes, qu’une seule épître : la première aux Thessaloniciens. Nous 
avons là la preuve évidente que l’apôtre écrivait ou plutôt dictait 
beaucoup de lettres, et qu’une faible partie de sa correspondance 
est seule parvenue jusqu’à nous. 


SECONDE ÉPITRE 


AUX THESSALONICIENS 


Pau, SILVANUS ET TIMOTHÉE A L'EGLISE DES THESSALONICIENS 
EN DIEU NOTRE PÈRE ET EN JÉSUS-CHRIST LE SEIGNEUR. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE 1 
ET PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. 


Nous devons sans cesse rendre grâces à Dieu à votre sujet; 
frères, ce n’est que juste, car votre foi s'accroît beaucoup, et votre 
amour les uns pour les autres augmente tellement que nous nous 
 félicitons de vous auprès des Églises de Dieu; nous leur parlons 
de votre patience et de votre foi dans toutes les persécutions et les 
afilictions que vous avez eues à supporter. 

Il y a là comme un présage du juste jugement de Dieu; un jour 
vous serez jugés dignes de son Royaume pour lequel vous souffrez. 
Car enfin 1l est juste devant Dieu qu'il fasse souffrir à leur tour 
ceux qui vous font souffrir, et qu'il vous donne du repos avec nous 
à vous qui souffrez. Ὁ 

Cela sera quand le Seigneur Jésus descendra du ciel avec les 
anges de sa puissance ; 

«Entouré de flammes de feu, il fera justice ?» 


1 Deux anciens manuscrits omettent notre et lisent : Dieu le Père. 
2? Esaïe 66, 16. 


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582 LE NOUVEAU TESTAMENT 


de ceux qui méconnaissent Dieu et qui n’obéissent pas à l'Évangile 
de notre Seigneur Jésus. Leur châtiment sera la destruction éter- 
nelle, 

«Loin de la face du Seigneur 

Et de son éclatante puissance !», 
quand il viendra pour être, en ce jour-là, glorifié au milieu de ses 
fidèles et admiré par tous ceux qui auront été croyants; car vous 
avez cru à notre témoignage. 

Voilà aussi pourquoi nous prions sans cesse pour vous; nous 
demandons que notre Dieu vous trouve dignes de son appel; qu'il 
vous remplisse, dans sa puissance, de bonnes dispositions et 
d'œuvres de foi?. C’est ainsi que le nom de notre Seigneur Jésus- 
Christ sera glorifié en vous, et vous en lui, par la grâce de notre 
Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. 


Quant à l'apparition de notre Seigneur Jésus-Christ et à notre 
réunion à lui, frères, nous vous en supplions, n'allez pas vite vous 
monter l’imagination, ne vous laissez pas troubler par de fausses 
inspirations, ou par des paroles ou par de prétendues lettres de 
nous, vous annonçant que nous sommes arrivés au jour du Seigneur. 
Ne vous laissez tromper par rien ni par personne : il n'arrivera 
rien avant qu'ait eu lieu la grande apostasie et que se soit révélé 
l’homme de l’iniquité, le fils de la perdition, le grand adversaire 
«s’élevant au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu*» et qu'on 
adore, jusqu'à s'installer dans le temple de Dieu et se présenter 
comme étant Dieu lui-même. - 

Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais cela quand j'étais 
encore auprès de vous? Vous savez bien ce qui l'empêche de 


1 Ésaie 2, 10. Ge membre de phrase se retrouve dans ce passage de l'Ancien 
Testament (traduction des Septante) avec le sens que nous lui avons donné. 
Cependant on peut traduire d’une autre manière la phrase de Paul et lire après 
les mots: destruction éternelle : «par un effet de la présence du Seigneur et de 
son éclatante puissance.» À 

? On peut traduire aussi : Qu'il accomplisse dans sa puissance, ses bonnes 
dispositions à votre égard et l’œuvre de la foi. 

3 Voir les trois passages suivants : Ésaie 14, 14; Daniel 11, 36; Ézéchiel 28, 2. 


SECONDE ÉPIÎITRE AUX THESSALONICIENS 583 


paraître et pourquoi 1] ne se révélera que lorsque son heure sera 
venue. L'iniquité exerce déjà sa mystérieuse action; elle éclatera 
quand celui qui l’arrête encore aura disparu. Alors se révélera 
l'impie que le Seigneur Jésus 

«Tuera du souffle de sa bouche!» 
et anéantira par l'éclat de son apparition. 

Quant à l'apparition de l’impie, elle se fera par la puissance de 
Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes, de prodiges 
menteurs et une foule de séductions coupables pour les hommes 
qui vont périr, qui n'ont pas voulu accepter et aimer la vérité 
qui les eût sauvés. Voilà pourquoi Dieu leur envoie un formidable 
penchant pour l'erreur qui les fait croire au mensonge, afin que 
tous ceux qui n’auront pas cru à la vérité et se seront complus 
dans le mal tombent sous son jugement. 


Quant à nous, frères chéris du Seigneur, nous devons rendre à 
Dieu, pour vous, de continuelles actions de grâces de ce qu'il vous 
a choisis depuis le commencement pour vous sauver par la sancti- 
fication de l'Esprit et par la foi en la vérité; il vous a ? appelés à 
cet état par notre prédication de l'Évangile, afin que vous prissiez 
part à la gloire de notré Seigneur Jésus-Christ. 

Restez donc fermes, frères, el retenez les enseignements que 
nous vous avons donnés soit de vive voix, soit dans notre lettre. 

Que notre Seigneur Jésus-Christ lui-même et que Dieu notre 
Père, qui nous ἃ aimés et nous ἃ donné dans sa grâce une conso- 
lation éternelle et une douce espérance, consolent vos cœurs et 
vous affermissent en toute bonne œuvre et en toute bonne parole. 


Enfin, priez pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur se 
répande, qu'elle soit partout glorifiée comme chez vous, et que 
nous soyons délivrés des hommes intraitables et méchants; car 
tous n'ont pas la foi. 


1 Ésaie 11, 4. 
5. On peut, d'après quelques anciens manuscrits, ajouter le mot œussi et lire 
ΠῚ vous a aussi appelés, 


9 


10 


13 


14 


16 


17 


D 2 


0 


10 


11 


13 


14 


16 


δά LE NOUVEAU TESTAMENT 


Le Seigneur est fidèle; il vous forufiera et vous préservera du 
Malin!. Nous avons la confiance en vous dans le Seigneur, que 
vous faites et que vous ferez ce que nous vous recommandons. 
Veuille le Seigneur former vos cœurs à l'amour de Dieu et à la 
patiente attente du Christ! 


Nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur 
Jésus-Christ?, de vous éloigner de tout frère qui se conduit d’une 
manière déréglée et ne suit pas l’enseignement que vous avez reçu 
de nous?. Vous savez vous-mêmes ce qu'il faut faire pour nous 
imiter, Car nous n'avons pas vécu parmi vous d'une manière 
déréglée; nous n’avons mangé gratis le pain de personne, mais 
nous avons jour et nuit péniblement et laborieusement travaillé 
pour n'être à charge à aucun de vous; et ce n'était pas parce que 
nous n’en avions pas le droit, mais c'était pour vous donner un 
exemple à imiter. Quand nous étions au milieu de vous, nous vous 
donnions cette règle : celui qui refuse de travailler ne doit pas non 
plus manger. Nous apprenons, en effet, qu'il y a parmi vous des 
personnes qui se conduisent d’une manière déréglée, qui ne tra- 
vaillent point et perdent leur temps à des futilités. Nous invitons 
et nous exhortons ces personnes-là par notre Seigneur Jésus- 
Christ à travailler paisiblement et à manger un pain qui soit le 
leur. 

Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien. 

Si quelqu'un ne se soumet pas à ce que nous vous disons dans 
cette lettre, notez-le, n'ayez point de rapport avec lui #, pour qu'il 
soit couvert de honte. Cependant ne le traitez pas comme un 
ennemi, mais avertissez-le comme un frère. 

Que le Seigneur de paix vous donne lui-même la paix, toujours, 
de toutes manières. 


1 C'est-à-dire du Diable. Voir note sur Évangile de Matthieu 6, 13. 

2 Deux anciens manuscrits lisent : du Seigneur Jésus-Christ. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : qu'il a reçu de nous. 

t Quelques anciens manuscrits lisent: nolez-le pour n'avoir point de rap- 
porl...etc. 


L 


L'an ce 


AM LEE: 


LS 


SECONDE ÉPÎITRE AUX THESSALONICIENS 585 


_ Que le Seigneur soit avec vous tous. 
Je vous salue en écrivant moi-même : 47,3 


PauL. 


_ Je signe ainsi toutes mes lettres; c’est mon écriture. 


LA GRACE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST SOIT AVEC vous 18 
TOUS. 


1 Voir note sur Galates 6, 11. 


: 

LE] # 

“Ἢ εἰ: 
ΤῊ ΤΉ: 
si 

ee ὦ 


112,54: ie 
itir ANSE 


LES DEUX ÉPIÎTRES A TIMOTHÉE 


ET 


L'ÉPITRE À TITE 


PRÉFACE 


On donne aux trois lettres que nous insérons ci-après ce nom 
commun : les Pastorales, parce qu’elles s'adressent à des hommes 
chargés de conduire des Églises et leur indiquent les devoirs qu'ils 
ont à remplir auprès d’elles. 

Ces trois lettres ont toujours été attribuées à Paul par l’Église 
antique. Elles étaient éncontestées. Les hérétiques seuls les reje- 
taient, mais pour aucune raison critique sérieuse; ils ne les 
condamnaient que pour des motifs dogmatiques. 

Les Pastorales ont laissé au second siècle, däns les écrits 
des Pères d’alors, des traces de leur existence; 115. n’en font 
cependant aucune citation formelle, sauf Polycarpe quig dans son 
Épître aux Philippiens, reproduit, mais sans indiquer le passage, 
1 Tim. 6: 7-10. Il est donc certain qu'entre 130 et 150, nos trois 
épîtres étaient partout répandues et lues dans les assemblées chré- 
tiennes. 

Nous ne pouvons leur assigner une place dans le cadre connu 
de la vie de Paul. Quand les a-t-il écrites? à quel moment de son 


DS88 LE NOUVEAU TESTAMENT 


ministère les placer? Cette question restera, croyons-nous, tou- 
jours sans réponse. Les données nécessaires pour la résoudre 
manquent entièrement. 

Dans ces trois lettres, dont la parenté intime est évidente, et qui 
ne peuvent être que d’un seul et même auteur, nous trouvons des 
conseils semblables sur la manière dont Timothée et Tite doivent 
se conduire dans l’Église. 

Dans la première à Timothée, Paul recommande d’abord à son 
disciple de s'opposer aux fausses doctrines (1 : 3 à 12) et de garder 
la foi traditionnelle (1 : 12 à 2). Il lui donne ensuite des direc- 
tions relatives à la vie ecclésiastique (ch. 2), à la conduite des 
pasteurs et des diacres (chap. 3) et sur la répression des hérésies 
(ch. 4). Le chap. 5 est consacré à la conduite des pasteurs envers 
les vieillards, les veuves, les Anciens, les esclaves, et le dernier à 
des avertissements sur les faux docteurs et à des exhortations 
personnelles. 

Dans la seconde à Timothée, après avoir rappelé à son disciple 
l'Évangile dont il ne doit pas avoir honte et s’être proposé à lui 
en exemple (chap. 1), l’apôtre lui donne de nouveau des conseils 
sur son ministère et sa conduite dans l’Église (ch. 2). Il lui prédit 
des épreuves pour l’Église, lui annonce sa mort prochaine et lui 
dit qu’il attend impatiemment sa visite (ch. 3 et 4). On peut appeler 
cette seconde lettre à Timothée le testament de Paul. Des pas- 
sages comme ch. 1: 5 à 17 et 4: 6 à 22 portent la marque indé- 
niable de leur origine. Paul seul a pu tenir un tel langage, et ces 
lignes ont été tracées par lui bien peu de temps avant sa mort. 

Dans l’Épître à Tite, Paul reprend les sujets qu'il ἃ déjà traités 
dans les deux lettres à Timothée. Il commence par des conseils 
sur le choix des Anciens (ch. 1), puis donne à son disciple des 
directions sur les devoirs à remplir envers les vieillards, les jeunes 
gens, les esclaves (ch. 2), et termine (ch. 3) par des exhortations 


pratiques d’un caractère général. 


PREMIÈRE ÉPITRE A TIMOTHÉE 


PauL, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, PAR ORDRE DE DIEU NOTRE 
SAUVEUR ET DE JÉSUS-CHRIST NOTRE ESPÉRANCE, A TIMOTHÉE, MON 
VÉRITABLE ENFANT DANS LA FOI. 


GRACE, MISÉRICORDE ET PAIX TE SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU 
NOTRE PÈRE ET PAR JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR. 


Comme je t’ai recommandé, à mon départ pour la Macédoine, de 
rester à Éphèse afin d’ordonner à certaines gens de ne pas enseigner 
de fausses doctrines, de ne pas s'occuper de contes et d’intermi- 
nables généalogies qui provoquent les discussions au lieu de favo- 
riser le plan de Dieu basé sur la foi... 

Le but de cet ordre c’est l'amour venant d’un cœur pur, d’une 
bonne conscience, d’une foi sincère. Certaines gens s’en sont 
détournés et se sont perdus dans ce qui n’est que du bavardage. 
Ils veulent être docteurs de la Loi, sans comprendre ni ce qu'ils 
disent ni ce qu'ils affirment. Nous ne nions pas que la Loi ne soit 
bonne, mais pour celui qui sait en faire usage, qui est convaincu 
qu’elle n’est pas faite pour le juste, mais pour ceux qui n’en 
veulent pas, qui la rejettent, pour ceux qui sont impies et pécheurs, 
irréligieux et profanes, parricides, meurtriers, impurs, débauchés 
infâmes, qui commettent des rapts; menteurs, parjures, ou qui 
violent d’une manière quelconque la saine instruction. 


1 Phrase non achevée. 


DO + 


10 


16 


17 


18 


290 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Voilà ce qu'enseigne le glorieux Evangile du Dieu bienheu- 
reux, Evangile que je suis chargé de prècher. 


Je remercie celui qui m'a donné ma force, Jésus-Christ notre 
Seigneur, de ce qu'il m'a jugé digne de confiance, de ce qu'il m'a 
appelé au ministère, moi l’ancien blasphémateur, l’ancien per- 
sécuteur, l’ancien insulteur. Mais 11 ἃ eu pitié de moi parce que 
j'étais un ignorant, j'avais agi dans l’incrédulité, et la grâce de 
notre Seigneur ἃ surabondé ainsi que la foi et l'amour pour Jésus- 
Christ. 

Il est un fait certain et absolument digne de foi, c'est que Jésus- 
Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, 
moi, le premier. Mais voici pourquoi il ἃ eu pitié de moi: Jésus- 
Christ voulait montrer en moi tout le premier sa grande patience, 
il voulait que je servisse d'exemple à ceux qui croiront en lui et 
obtiendront la vie éternelle. Au Roi de l’univers, immortel, invi- 
sible, au Dieu unique, soient honneur et gloire aux siècles des 
siècles ! Amen. 


Voici la recommandation que je t’adresse, Timothée, mon enfant, 
m'autorisant des prophéties dont tu as été l’objet: accomplis-les 
en faisant en bon soldat cette belle campagne, ayant confiance et 
bonne conscience. 

Certains l’ont perdue et leur foi a fait naufrage. Parmi eux se 
trouvent Hyménée et Alexandre, que j'ai livrés à Satan, pour 
leur apprendre à ne pas blasphémer. 


Je t’exhorte, avant tout, à faire faire des prières, supplications, 
intercessions, actions de grâces pour tous les hommes, pour les 
rois, pour {ous ceux qui sont au pouvoir, afin que nous puissions 
vivre paisiblement, tranquillement, en toute piété et honnêteté. 
C’est une bonne chose et qui est agréable à Dieu, notre Sauveur, 
qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la 
connaissance de la vérité. ἘΠ) 

I n'y a, en effet, qu'un seul Dieu; il n’y ἃ aussi qu'un seul 


ὶ 
4 
Ὶ 


PREMIÈRE ÉPITRE A TIMOTHÉE 291 


médiateur entre Dieu et les hommes, un homme, Jésus-Christ, 
qui s'est donné en rançon pour tous; ce fait s’est passé au temps 
marqué. Quant à moi, j'ai été désigné pour en être le héraut et 
l'apôtre (je dis la vérité, je ne mens pas) et pour enseigner aux 
païens la foi et la vérité. 

Je veux donc que, partout, les hommes prient, qu'ils lèvent au 
ciel des mains pures, sans colère, sans arrière-pensées. 

Les femmes, de même; et qu’elles aient une tenue convenable ; 
qu'elles se fassent une parure de leur pudeur et de leur modestie; 
ni tresses, n1 or, ni perles, ni vêtements coûteux, mais seulement 
de bonnes œuvres; voilà ce qui convient à des femmes qui font 
profession de piété. La femme doit se laisser instruire en silence et 
avec une entière soumission. Je ne permets à la femme ni d’en- 
seigner, ni de s’émanciper de l’autorité de l’homme; qu'elle garde 
le silencé. Car c’est Adam qui fut créé le premier, puis ce fut le 
tour d'Eve; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme 
qui s’est laissé séduire et a commis la faute. Cependant elle sera 
sauvée par la maternité, si elle persiste sagement dans la foi, 
dans la charité, et dans la sanctification. 


Il est un fait certain : si quelqu'un ? aspire à la charge de con- 
ducteur d’une église ὅ, il convoite une belle tâche. Eh bien, il faut 
que le conducteur d’une église soit irréprochable; qu'il ne soit le 
mari que d’une femme; qu'il soit sobre, modéré, modeste, hospi- 
talier, capable d'enseigner; qu'il n'aime ni le vin, ni les querelles; 
au contraire, qu'il soit doux et pacifique; qu'il ne tienne pas à 


1 On peut traduire aussi, d’après une autre ponctuation : qu’ils lèvent, purs, 
les mains au ciel, etc. 

2. On peut, d’après une autre ponctuation, lire ainsi la fin du chapitre 2 et le 
commencement du chapitre 3 : dans la foi, dans la charilé et dans la sanctifi- 
cation : c’est un fait certain. Si quelqu'un aspire, etc. 

5 Conducteur d'une église, littéralement Surveillant. Nous avons rendu 
ce mot littéralement dans le passage: Actes 20, 98, et par Conducteur de l’église: 
Philippiens 1, 2 et Tite 1, 7 (dans le passage I Pierre 2, 95, où il a un sens spé- 
cial, nous l’avons traduit par gardien). Ce terme désignait probablement celui 
qui était à la tête du troupeau, et que nous appelons aujourd’hui le pasteur. 


14 


16 


592 LE NOUVEAU TESTAMENT 


l'argent; qu'il dirige bien sa propre maison; que ses enfants soient 
obéissants et parfaitement élevés (si on ne sait pas diriger sa 
propre maison, comment se charger du soin de l’église de Dieu!); 
qu'il ne soit pas nouvellement converti, de peur que l’orgueil ne le 
fasse tomber au pouvoir du Diable. Il faut encore qu'il jouisse de 
la considération de ceux du dehors, de peur qu'il ne donne prise 
aux reproches, et ne tombe dans le piège du Diable. 


Les diacres de même doivent être respectables; qu'ils ne soient 
point de mauvaise foi; qu'ils ne se livrent pas à des excès de 
boisson; qu'ils ne soient pas bassement intéressés; qu'ils gardent 
dans une conscience pure le mystère de la foi. Qu'on commence 
par les prendre à l'essai; ensuite qu’on les admette comme diacres, 
s’il ne s’est élevé aucune plainte. 


Les femmes?, de même, doivent être respectables, non médi- 


santes, sobres, fidèles en toutes choses. 

Les diacres ne doivent être maris que d’une femme; bien diriger 
leurs enfants et leurs propres maisons. Ceux qui ont été de bons 
diacres finissent par arriver à un rang honorable et par acquérir 
beaucoup d'assurance dans la foi en Jésus-Christ. 


Je t’écris tout cela — et cependant j'espère aller bientôt te 
trouver — parce que, si je tardais, je veux que tu saches la con- 
duite que tu dois tenir dans la maison de Dieu, qui est l’église du 
Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité. Il est grand, 
sans contredit ὅ, le mystère de la piété : 

«Celui qui ἃ été manifesté en chair, 
A été légitimé par l'Esprit, 
A été vu des anges, 


1 « Aujugement du Diable », dit le texte, c’est-à-dire au jugement que le Diable 
amène sur ceux qui tombent en son pouvoir. 

2 Les femmes c'est-à-dire évidemment ici: leurs femmes, les femmes des 
diacres, 

3 On peut traduire aussi, d’après une autre ponctuation : Qui est l’église du 
Dieu vivant. Il est la colonne et le fondement de la vérité, et il est grand, 
sans contredit, Le mystère de la piété, etc. 


PREMIÈRE ÉPIÎITRE À TIMOTHÉE 593 


À été prêché aux païens, 
A été cru dans le monde, 
À été élevé dans la gloire !. » 


L'Esprit dit clairement que, dans les derniers temps, un cer- 
tain nombre abandonneront la foi pour s'attacher à des Esprits 
séducteurs et à des doctrines de démons, d’hypocrites menteurs, 
qui portent sur leur conscience même la marque de la flétrissure, 
qui proscrivent le mariage, qui ordonnent de s'abstenir d’aliments 
créés par Dieu pour être pris avec actions de grâces par les croyants 
qui ont reconnu la vérité. En effet, tout ce que Dieu a créé est 
bon; on ne doit renoncer à aucun aliment, pourvu qu'on le prenne 
avec actions de grâces, car alors la parole de Dieu et la prière le 
sanclifient. 

C’est en exposant ces choses aux frères que tu seras un bon 
ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne 
doctrine que tu as suivie jusqu'à présent. 

Quant aux contes profanes et aux radotages, repousse-les. 

Exerce-toi à la piété; les exercices du corps ont peu d'utilité, 
mais la piété est utile à tout, puisqu'elle a la promesse de la vie 
présente et celle de la vie à venir. C’est là un fait certain et 
absolument digne de foi. Si, en effet, nous nous donnons tant de 
peine et si nous livrons un si rude combat c’est que nous avons 
placé notre espérance en un Dieu vivant qui est le Sauveur de 
tous les hommes, surtout des croyants. 

Voilà ce que tu dois prescrire et enseigner. 


Que personne ne te méprise à cause de ta Jeunesse; au contraire, 
sois un modèle pour les croyants par tes paroles, par ta conduite, 
par.ta charité, par ta foi, par ta chasteté. 

En attendant que j'arrive, occupe-toi de la lecture?, de la 


1 Ce passage est très-probablement une citation; c’est pourquoi nous le 
plaçons entre guillemets. Sa forme rhythmique permet de supposer que nous 
avons là un fragment de cantique. Paul en rappellerait le contenu à Timothée. 

2 La lecture des saintes Écritures. 


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594 LE NOUVEAU TESTAMENT 


prédication, de l’enseignement. Ne néglige pas le don de la grâce 
que tu possèdes, que tu as reçu quand les Anciens prophétisaient 
et t’imposaient les mains. Occupe-toi de ces choses, donne-toi 
à ces choses, afin que tout le monde soit frappé de tes progrès. 
Veille sur toi-même et sur ton enseignement. Mets-y de la per- 
sévérance, car en agissant ainsi tu te sauveras toi-même et tu 
sauveras Ceux qui t’écoutent. 


Ne te montre pas dur pour l’homme âgé; au contraire, exhorte-le 
comme un père, les jeunes gens comme des frères, les femmes 
âgées comme des mères, les jeunes femmes comme des sœurs, avec 
une parfaite pureté. 


Aie des égards pour les veuves; je parle de celles qui sont 
réellement veuves. Mais quant à une veuve qui ἃ des enfants ou 
des petits-enfants, c'est à ceux-ci à apprendre les premiers à 
s'acquitter envers leur famille de leurs devoirs de piété filiale et à 
payer leurs parents de retour; car cela est agréable à Dieu. 

La femme qui, au contraire, est réellement veuve, absolument 
seule au monde, a appris à mettre son espérance en Dieu et ne cesse 
ni la nuit ni le jour ses prières et ses supplications, tandis que celle 
qui court après les plaisirs est une vivante qui est morte. Rappelle- 
leur ces choses pour qu’elles soient à l’abri de tout reproche. Si 
quelqu'un néglige les siens, et, en particulier, les membres de sa 
famille, 1} a renié la foi et il est pire qu'un incrédule. 

Une veuve, pour être mscrite sur le registre, doit être âgée de 
soixante ans au moins, n'avoir eu qu'un mari, se recommander 
par quelques œuvres excellentes, comme d’avoir élevé des enfants, 
exercé l'hospitalité, lavé les pieds des fidèles, secouru les malheu= 
reux, pratiqué toutes sortes de bonnes actions. 

Quant aux veuves encore jeunes, ne les admets pas, car 
lorsque Pattrait du plaisir les détache du Christ, elles veulent se 
remarier, et elles s'exposent au reproche de manquer à leur pre- 
mier cogagement. En même temps elles prennent l'habitude de 
ne rien faire, de courir les maisons et non seulement de ne rien. ἶ 


PREMIÈRE ÉPÎITRE A TIMOTHÉE 595 


faire, mais de jaser, de s'occuper de tout, de dire ce qu'il ne faut 
pas dire. | ) 

Je veux donc que les jeunes veuves se remarient, qu’elles aient 
des enfants, une maison à diriger, et ne donnent aucune prise aux 
médisances de l'adversaire, car déjà quelques-unes ont déserté 
pour suivre Satan. 

Si donc, parmi les croyants, un homme, une femme a dans sa 
famille des veuves, il doit les secourir; celles-ci ne doivent pas 
être à la charge de l’Église, qui doit se consacrer aux veuves abso- 
lument seules au monde. 


Juge dignes d'un double honneur les Anciens qui ont bien rempli 
leurs devoirs, en particulier ceux qui se chargent de la prédication 
et de l’enseignement. L'Écriture dit en effet: «Tu ne muselleras 
point le bœuf qui foule le blé», et l’ouvrier mérite son salaire 2, 

N’accueille point d'accusation contre un Ancien, sauf dans le cas 
où il y aurait «deux ou trois témoins ὁ». Reprends devant tout le 
monde ceux qui sont en faute, pour inspirer aussi de la crainte 
aux autres. Je te conjure devant Dieu, devant Jésus-Christ et 
devant les anges élus de suivre ces conseils sans préjugé, sans rien 
faire par esprit de parti. 

Ne te décide pas trop vite à imposer les mains à quelqu'un, et 
ue te rends pas solidaire des torts d'autrui; toi-même reste pur. 


Renonce à ne boire que de l’eau; prends au contraire un peu de 
vin à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions. 


Certaines personnes sont si évidemment en faute qu'on les juge 
tout de suite; d’autrés ne se dévoilent que plus tard. Il en est de 
même des bonnes œuvres; elles sont en évidence, et celles qui ne 
sont pas telles tout de suite ne peuvent pas resler cachées. 


1 Deutéronome 25, 4. 

5 Cette parole est peut-être üne citation tirée de l’enseignement de Jésus- 
Christ (Matth. 10, 10 et parall.). 

3 Deutéronome 19, 15. 


14, 5 


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13 


596 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Ceux qui portent le joug de la servitude doivent considérer leurs 
maîtres comme dignes de tout respect afin qu’on ne calomnie ni le 
nom de Dieu, ni notre enseignement. Ceux qui ont des maitres 
croyants ne doivent pas les mépriser sous prétexte qu'ils sont 
leurs frères, mais les servir d'autant mieux que ceux qui reçoivent 
leurs bons soins sont des croyants, sont des bien-aimés. 

Tels seront tes enseignements et tes exhortations. 


Si quelqu'un enseigne d’une autre manière et s’écarte des saines 
doctrines de notre Seigneur Jésus-Christ et de l’enseignement qui 
favorise la piété, c’est un orgueilleux, c’est un ignorant, il ἃ la 
maladie des discussions oiseuses et des disputes de mots, d’où 
naissent les jalousies, les querelles, les calomnies, les soupçons 
injustes, les interminables discussions de gens à l'esprit faux, qui 
sont toujours à côté de la vérité, et considèrent la piété comme une 
affaire d'argent. Oui, sans doute, la piété est une affaire et une 
excellente affaire pour celui qui est content de son sort. Car nous 
n'avons rien apporté dans le monde, et nous n'en pouvons rien 
emporter. Sachons nous contenter d’avoir de quoi nous nourrir et 
nous couvrir. Ceux qui veulent devenir riches se laissent tenter, 
tombent dans le piège et ont une quantité de désirs déraisonnables 
et pernicieux qui entraînent les hommes à leur ruine et à leur 
perte. Car la racine de tous les maux c’est l’amour de l'argent ; 
quelques-uns s’y sont abandonnés, se sont détournés de la foi et 
se sont créé à eux-mêmes de cruels remords. 

Pour toi, homme de Dieu, fuis ces choses, et recherche la jus- 
tice, la piété, la foi, l'amour, la patience, la douceur. 

Combats le bon combat de la foi, empare-toi de la vie éternelle 
en vue de laquelle tu as reçu ta vocation, et tu as fait ta belle 
déclaration devant de nombreux témoins. 


Je te recommande !, en présence du Dieu qui donne la vie à 


l Quelques anciens manuscrits omettent {e et lisent : Je recommande... ete: 


+" 


PREMIÈRE ÉPÎTRE A TIMOTHÉE 597 


toutes choses et de Jésus-Christ, qui a rendu témoignage devant 
Ponce-Pilate dans une si belle déclaration, d'observer ces com- 
mandements sans tache et sans reproche jusqu'à la venue de notre 
Seigneur Jésus-Christ que nous montrera, au temps marqué, le 
bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois, le Seigneur 
des seigneurs, le seul Être immortel, Celui qui habite une lumière 
inaccessible, que personne n'a vu ni ne peut voir; à lui soit à 
jamais honneur et puissance. Amen. 


Aux riches de ce monde tu recommanderas de ne pas être orgueil- 
leux, de ne pas compter sur des richesses instables, mais sur Dieu 
qui nous fournit largement tout ce dont nous avons besoin. Recom- 
mande-leur de faire du bien, de s'enrichir de bonnes œuvres, 
d’être généreux, charitables, économisant ainsi un beau fonds pour 
l'avenir afin d'acquérir la véritable vie. 


Timothée, garde bien ton dépôt, évite les discussions inutiles et 
profanes, les objections de ce qu’on appelle à tort science. Certaines 


gens, en affectant de s’y adonner, se sont éloignés de la foi. 


LA GRACE SOIT AVEC VOUS. 


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SECONDE ÉPIÎTRE À TIMOTHÉE 


PAUL, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST PAR LA VOLONTÉ DE DIEU, POUR 
ANNONCER LA PROMESSE DE LA VIE QUI EST EN JÉSUS-CHRIST, A 
TIMOTHÉE SON ENFANT BIEN-AIMÉ. 


GRACE, MISÉRICORDE, PAIX TE SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU 
NOTRE PÈRE ET PAR JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR. 


Je rends grâces au Dieu que je sers, comme mes ancêtres, avec 
une conscience pure (car je te nomme sans cesse, nuit et Jour, 
dans mes prières! et. ‘quand je me souviens de tes larmes, J'ai un 
ardent désir de te revoir, ce serait pour moi le comble de la joie), 
me rappelant combien ta foi est sincère. Cette foi animait autrefois 
{a grand’mère Loïs, puis ta mère Eunice; je suis convaincu qu’elle 
t’anime aussi. 

Voilà le motif pour lequel je te recommande d'entretenir le don 
que Dieu t'a fait dans sa grâce, quand je t'ai imposé les mains; 
car Dieu ne nous ἃ pas donné un esprit de timidité, mais de force, 
d'amour, de sagesse. 

. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notres Seigneur, 
ni de moi, prisonnier pour lui; sache souffrir avec moi pour 
l'Évangile par la puissance que Dieu te donne; lui qui nous ἃ 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: car je te nomme sans 
cesse dans mes prières, quand je me souviens de tes lurmes, j'ai, nuit et jour, 
un ardent désir... etc. 


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699 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sauvés et nous ἃ adressé un saint appel. Ge n'est pas à cause de 
nos œuvres; C'est une décision de sa liberté, une grâce qu'il nous 
a accordée en Jésus-Christ de toute. éternité et qui s’est montrée 
de nos jours par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ, 
qui ἃ anéanti la mort et mis en pleine lumière la vie et l'im- 
mortalité par l'Évangile, dont j'ai été fait le héraut, l’apôtre et 
le docteur !. 

Voilà encore le motif pour lequel je souffre ce que Je souffre, 
mais sans en avoir honte; car je sais en qui j'ai cru et je suis per- 
suadé que Celui-là a le pouvoir de garder mon dépôt jusqu'au 
grand jour. Conserve dans l'esprit de foi et d'amour qui s'inspire 
de Jésus-Christ le modèle des saines instructions que tu m'as 
entendu te donner. Garde le précieux dépôt avec l’aide de PEsprit 
saint qui demeure en nous. 


Tu sais que tous ceux d'Asie, entre autres Phygelles et Hermo- 
gène, m'ont abandonné. 

Que le Seigneur fasse descendre sa grâce sur la famille d’Onési- 
phore, car il m'a souvent fortifié et n’a pas eu honte de la chaîne 
que je porte. Au contraire, dès son arrivée à Rome, 1l s’est mis 
avec empressement à ma recherche et a fini par me trouver. Que 
le Seigneur lui donne de rencontrer sa grâce au grand jour! Et 
tous les services qu'il ἃ rendus à Éphèse, tu les connais mieux 
que personne. 


Pour toi, mon enfant, cherche la force dans la grâce qui est en 
Jésus-Christ; et ce que tu m'as entendu dire en présence de plu- 
sieurs témoins, transmets-le à des croyants, à des hommes qui 
soient capables à leur tour d'en enseigner d’autres. 

Prends ta part de souffrances comme un bon soldat de Jésus- 
Christ. Personne, partant pour la guerre, ne va s’embarrasser des 
affaires de la vie civile, s'il veut plaire à celui qui l’a enrôlé; et 
jamais athlète ne remporte la couronne, qui n’a pas lutté suivant 


1 Plusieurs anciens manuscrits ajoutent des paiens et lisent : Le docteur des 
paiens. 


SECONDE ÉPÎTRE A TIMOTHÉE 601 


les règles. Le laboureur doit commencer par travailler pour un 
jour faire la moisson. Pense bien à ce que je dis là, et c’est le 
Seigneur qui te donnera de tout comprendre. 

Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité des morts, descendant 
de David, d’après mon Évangile, Évangile pour lequel j'endure 
de telles souffrances que je suis enchaîné comme un malfaiteur; 
mais la parole de Dieu n’est pas enchaïînée! 

Voici pourquoi je supporte tout: c'est à cause des élus, c’est 
pour qu'ils obtiennent le salut qui est en Jésus-Christ, avec une 
gloire éternelle. Un fait est certain : si nous mourons avec lui, 
nous vivrons aussi avec lui; si nous persévérons, nous serons dans 
son Royaume avec lui; si nous le renions, lui aussi nous reniera; 
si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier 
lui-même. 

Voilà ce que tu dois rappeler en conjurant, en présence de Dieu, 
de renoncer aux disputes de mots, qui ne servent à rien et sont la 
ruine de ceux qui les entendent. 

Fais des efforts pour te montrer à Dieu ouvrier éprouvé, qui n’a 
point à rougir, qui suit fidèlement la parole de la vérité. 

Évite les conversations vaines et profanes; car, avec elles, 
on fera d'énormes progrès dans l'impiété, et la parole devien- 
dra une vraie gangrène qui étendra partout ses ravages. Voilà 
ce qui est arrivé à Hyménée et à Philète: ils se sont détournés 
de la vérité, ils disent que la résurrection a déjà eu lieu, et ils 
détruisent la foi d’un certain nombre de personnes. Cependant 
l'édifice dont Dieu a posé l’inébranlable fondement se dresse 
portant cette inscription : «Le Seigneur connaït les siens l»; et: 
«Quiconque invoque le nom du Seigneur? doit se détourner de 
l'iniquité ». 

Dans une grande maison, il n’y a pas seulement des vases d’or 
et d'argent, il y en a aussi de bois et de terre; les uns ont un 
noble usage, les autres en ont un vulgaire. Eh bien, celui qui veille 
sur sa pureté, qui s'éloigne de ces gens-là, sera un vase destiné à 


1 Nombres 16, 5. 
2 Lévit. 24, 16. 


18 


19 


20 


21 


9 
(Sp) 


10 
11 


602 LE NOUVEAU TESTAMENT 


un noble usage, sanctifié 1, utile à son maitre, propre à toute bonne 
œuvre. 

Fuis les passions de la jeunesse, recherche la justice, la foi, 
la charité, la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un 
cœur pur. 

Repousse les questions absurdes et déraisonnables, tu sais qu’elles 
engendrent des querelles. 

Or, le serviteur? du Seigneur ne doit pas être querelleur, mais au 
contraire doux envers tout le monde, savoir enseigner, savoir 
supporter le mal, savoir ramener par la douceur ceux qui le 
contredisent, dans l'espoir que Dieu leur donnera de changer 
d'avis, de reconnaitre la vérité, de revenir à leur bon sens, d’échap- 
per aux pièges du Diable qui les tient esclaves et leur fait faire 
tout ce qu'il veut. 


Sache bien que, pendant les derniers jours, il y aura des moments 
très difficiles. Les hommes seront égoïstes, avares, prétentieux, 
arrogants, médisants, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, 
durs, déloyaux, calomniateurs, intempérants, impitoyables, indiffé- 
rents, traîtres, emportés, vaniteux, aimant moins Dieu que leurs 
plaisirs, se donnant des airs de piété et reniant tout ce qui fait la 
force de la piété. Évite ces gens-là. Il y a, entre autres, ceux qui se 
glissent dans les familles, qui s'emparent de misérables femmes, 
chargées de péchés, travaillées par toutes sortes de passions, voulant 
toujours apprendre et ne pouvant jamais arriver à connaître la 
vérité. De même que Jannès et Jambrès s’opposèrent à Moïse, de 
même ces hommes s'opposent à la vérité, ils ont l'esprit faux, et 
leur foi ne résiste pas à l'épreuve. Mais ils n'iront pas plus loin, 
car leur folie sera bientôt évidente pour tout le monde, comme l'a 
été celle de ces deux imposteurs. | 

Toi, tu m'’es attaché par l’enseignement, la conduite, les projets, 
la foi, la patience, l'amour, le support, les persécutions, les 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : sera un vase sanetifié 
pour un noble usage, utile à son maitre, ete, 


2 Grec: esclave. 


SECONDE ÉPÎITRE A TIMOTHÉE 693 


souffrances, telles que je les ai endurées à Antioche, à Iconium, 
à Lystres! Que de persécutions j'ai eu à subir! et chaque fois le 
Seigneur m'a délivré ! 

Tous ceux qui voudront mener une vie pieuse en Jésus-Christ 
seront persécutés. Quant aux méchants et aux charlatans, 115 tom- 
beront toujours plus bas, aussi bien les séducteurs que les égarés. 

Toi, persévère dans ce que tu as appris et reconnu certain, 
n'oublie pas qui t’a instruit et que, depuis ton enfance, tu connais 
les saintes Écritures qui peuvent, par la foi en Jésus-Christ, te 
faire comprendre le salut. Toute Écriture est inspirée de Dieu et 
utile pour! enseigner, pour avertir, pour corriger, pour former 
à la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à 
toute bonne œuvre. 

Je te conjure, en présence de Dieu et de Jésus-Christ qui doit 
juger les vivants et les morts, et au nom de son avènement et de 
son Royaume, de prêcher la parole, d’insister à propos et hors de 
propos, de reprendre, d'exhorter, de censurer, toujours avec 
patience et toujours en instruisant; car il viendra un temps où on 
ne supportera plus une saine instruction, mais chacun suivra son 
goût particulier, ou s’entourera en quantité de ces docteurs qui 
savent chatouiller agréablement les oreilles, et alors on se détour- 
nera de la vérité et on s’attachera à des fables. 

Pour toi, sois sobre de toutes ces choses, apprends à souffrir, 
remplis tes devoirs d’évangéliste, donne-toi complètement à ton 
ministère. 

Quant à moi, je suis bien près du sacrifice, je touche au moment 
du départ; j'ai combattu le bon combat, j'ai achevé la course, j'ai 
gardé la foi. Il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de la 
justice; le Seigneur, le juste juge, me la donnera au grand jour, 
et. non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui @nt désiré 
son avènement. 


Tâche de me rejoindre bientôt, car Démas m'a abandonné par 


1 On peut encore traduire : Toute Écriture, inspirée de Dieu, est aussi utile 
pour, etc. 


16 


47 


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604 LE NOUVEAU TESTAMENT 


amour pour le monde; il est allé à Thessalonique, Crescens en 
4,11  Galatie!, Tite en Dalmatie. Luc seul est avec moi. 
Prends Marc et amène-le avec toi, car il m'est utile dans mon 


12 ministère. Quant à Tychique, je lai envoyé à Éphèse. 

15 Lorsque tu viendras, apporte-moi le manteau que j'ai laissé à 
Troas chez Carpus; les livres aussi; surtout les parchemins. 

14 Alexandre, le forgeron, m'a témoigné une très grande malveil- 


15 lance; que le Seigneur « Lui rende selon ses œuvres!? » Garde-toi 
aussi de lui; il s’est montré très opposé à mes paroles. 

16 Lors de mon premier plaidoyer personne n'est venu à mon 
aide; ils m'ont tous abandonné (qu’il ne leur en soit pas tenu 

17  compte!); mais le Seigneur m'a soutenu et m'a donné des forces ; 
j'ai pu prêcher d’une manière très complète; les païens m'ont tous 

18 entendu, et j'ai été délivré «de la queule du lion». Le Seigneur 
me délivrera de toute fâcheuse affaire et me sauvera dans son 
céleste Royaume; à lui soit la gloire aux siècles des siècles. Amen. 


19 Salue Prisca, Aquilas et la famille d’Onésiphore. 
20 Éraste est resté à Corinthe; j'ai laissé Trophime malade à Milet. 
21 Tâche de venir avant l'hiver. 
Eubulus te salue, ainsi que Pudens, Linus, Claudie, et tous les 
frères. 
99 Le Seigneur soit avec ton esprit. 


LA GRACE SOIT AVEC VOUS. 


τ Au lieu de en Galatie, quelques anciens manuscrits lisent : en Gaule. 
2 Allusion à Psaume 28, 4. 
3 Daniel 6, 20. 


ÉPITRE À TITE 


PAUL, SERVITEUR ! DE DIEU, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, — POUR 
ANNONCER LA FOI DES ÉLUS DE DIEU, POUR FAIRE CONNAITRE LA 
VÉRITÉ CONFORME Α LA PIÉTÉ ET DONNER L'ESPÉRANCE DE LA VIE 
ÉTERNELLE, PROMISE DEPUIS UN TEMPS IMMÉMORIAL? PAR LE DIEU 
VÉRIDIQUE, RÉVÉLÉE AU TEMPS MARQUÉ PAR SA PAROLE DONT IL A 
DONNÉ L'ORDRE DE ME CONFIER LA PRÉDICATION, LUI, NOTRE DIEU 
SAUVEUR, — A TITE, MON VÉRITABLE ENFANT DANS LA FOI QUI NOUS 
EST COMMUNE. 


GRACE ET PAIX TE SOIENT DONNÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE ET 
PAR JÉSUS-CHRIST NOTRE SEIGNEUR. 


Voici pourquoi je tai laissé en Crète: pour que tu règles ce 
qui reste à régler et que, dans chaque ville, tu installes des Anciens 
aux conditions que je t'ai indiquées: être sans reproche, mari 
d’une seule femme, avoir des enfants croyants, qui ne soient ni 
indisciplinés, ni accusés de vivre dans le désordre. 

Oui, le conducteur d’une Église ὃ doit être sans reproche, étant 
l’intendant de Dieu; il ne doit être ni insolent, ni colèré; n’aimer 
ni le vin ni les querelles; ne pas être bassement intéressé; mais 


1 Grec : esclave. 

3 JLittéralement : avant les temps éternels, expression hyperbolique pour dire: 
de tout temps. 

3 Littéralement : Le Surveillant. Voir note sur 1 Timothée 8, 1, 


4,1 


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41 


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6 7 


606 LE NOUVEAU TESTAMENT 


être hospitalier, aimer à faire le bien; être modéré, juste, pieux, 
sobre, attaché à la parole authentique, conformément à la doctrine 
reçue, pour être capable, lui aussi, d’exhorter par un sain 
enseignement et de réfuter les contradicteurs. 


Car ils sont nombreux, surtout parmi les circoncis, les indisci-" 


plinés, les bavards, les trompeurs auxquels il faut fermer la 
bouche. Ces gens-là mettent le désordre dans des familles entières, 
enseignant ce qu'il ne faut pas enseigner et cela par honteux intérêt. 
Un des leurs ἃ été leur propre prophète quand il a dit: 
«..Crétois, toujours menteurs, vilaines bêtes, ventres paresseux...» 
Voilà un jugement mérité; voilà le motif de les reprendre sévère- 
ment, pour qu'ils aient une foi saine, qu'ils ne s'occupent pas de 
contes judaïques et de commandements d'hommes abandonnant la 
vérité. 

Tout est pur pour ceux qui sont purs; quant aux corrompus 
et aux incrédules, rien ne leur est pur; leurs pensées et leurs 
consciences sont corrompues. Ils prétendent connaître Dieu, et 
leurs œuvres le renient; ils sont abominables, rebelles, incapables 
de rien faire de bien. 


Mais, toi, prèche comme le demande un sain enseignement : 

Que les hommes d’un âge mür doivent être sobres, mesurés, 
sérieux, sains dans leur foi, leur charité, leur patience. 
Que les femmes âgées doivent aussi avoir un extérieur respectable, 
n'être ni médisantes, ni adonnées à la boisson; qu’elles doivent être 
bonnes conseillères; qu’elles apprennent aux Jeunes femmes à aimer 
leurs maris et leurs enfants, à être sérieuses, chastes, bonnes ména- 
gères?, soumises, chacune à son mari, pour qu'on ne dise point 
de mal de la parole de Dieu. 

Exhorte aussi les jeunes gens à être sérieux, et donne toi-même 
à tous égards le modèle de toutes les vertus, de la pureté dans 


1 L'apôtre cite ici un vers hexamètre du poète Épiménide de Grète. 
2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: chastes, ménagères, 
bonnes, etc. 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: à être sérieux à tous 
égards, el donne toi-même le modèle de toutes Les vertus... ete. 


ÉPÎTRE A TITE 607 


l’enseignement, de la dignité, d’une prédication saine et irré- 
prochable, et l'adversaire aura la confusion de ne pouvoir dire 
aucun mal de nous. 

Aux esclaves tu diras d’être soumis à leurs maîtres, qu’en tout 
ils cherchent à leur plaire !, qu'ils ne les contredisent pas; qu'ils 
ne détournent rien, mais qu'ils se montrent en tout parfaitement 
fidèles, et ainsi ils feront honneur en tout à la doctrine de Dieu 
notre Sauveur. 

Car la grâce de Dieu qui sauve tous les hommes ἃ été révélée; 
elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux plaisirs du monde, 
à vivre sagement, justement et pieusement dans le monde présent, 
et à attendre la réalisation de notre bienheureuse espérance, l’appa- 
rition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Il 
s'est lui-même donné pour nous afin de nous racheter de tout 
péché et «de se créer un peuple particulier?» et zélé pour les 
bonnes œuvres, 

Voilà ce que tu dois dire, enseigner, recommander avec une 
pleine autorité; que personne ne te méprise. 


Rappelle aux fidèles qu'ils ont à se soumettre aux autorités, aux 
puissances, à leur obéir, à être prêts à faire le bien; à ne dire de 
mal de personne, à être paisibles, indulgents, à se montrer doux 
envers tout le monde. 

Nous aussi étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, 
esclaves de toutes sortes de plaisirs et de passions, vivant dans la 
méchanceté et la jalousie, ne méritant que la haine et nous haïssant 
les uns les autres. Mais quand ἃ paru la bonté, l'amour pour les 
hommes de Dieu notre Sauveur, nous avons été sauvés, non 
parce que nous avions accompli des œuvres de justice, mais 
parce qu'il est miséricordieux; il nous a purifiés, régénérés, 
renouvelés par l'Esprit saint qu'il ἃ libéralement répandu sur 
nous par Jésus-Christ notre Sauveur. C'est ainsi que justifiés 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : {uw diras d’être en lout 
soumis à leurs maîtres, qu'ils cherchent à leur CRUE . fc. 
2 Ézéchiel, 37, 23; Exode, 19, 5 etc. 


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608 LE NOUVEAU TESTAMENT 


par sa grâce, nous devenons, en espérance, héritiers de la vie 
éternelle. Le fait est certain, et je veux que tu les en persuades, 
afin que ceux qui ont cru en Dieu se mettent à faire de bonnes 
œuvres. Voilà ce qui est bon et utile aux hommes. 

Quant aux sottes questions, aux généalogies, aux querelles et 
aux discussions sur la Loi, écarte-les; tout cela est frivole et 
inutile. 

Tu rompras après deux avertissements avec celui qui fomente 
des divisions; ces gens-là, sache-le, sont coupables, pervertis et 
se condamnent eux-mêmes. 

Dès que je t’aurai envoyé soit Artémas, soit Tychique, tâche de 
me rejoindre à Nicopolis, car je me suis décidé à y passer l’hiver. 

Tu auras bien soin de Zénas, le docteur de la Loi, et d’Apollos, 
quand ils partiront; qu'il ne leur manque rien. Les nôtres aussi 
doivent apprendre, dans les cas urgents, à pratiquer de bonnes 
œuvres et ainsi à ne pas rester stériles. 

Tous ceux qui sont avec moi te saluent. 

Salue les croyants qui nous aiment. 


LA GRACE SOIT AVEC VOUS TOUS. 


ÉPITRE A PHILÉMON 


PRÉFACE 


L'adresse de cette lettre nous apprend qu’elle a été écrite à un 
nommé Philémon; or, nous comprenons, d’après Coloss. 4: 9-17, 
que Philémon devait être un riche personnage de Colosses ou des 
environs immédiats de cette ville. Très zélé à répandre l'Évangile 
(Ép. à Philém., verset 5), il avait une église dans sa maison, c’est-à- 
dire que celle-ci servait de centre à une congrégation chrétienne. 
Appia était sans doute la femme de Philémon. Quant à Archippe, 
il était (Coloss. 4: 17) un des ministres ou des diacres de l’Église 
de Colosses et devait faire partie de la famille de Philémon; peut- 
être était-il son fils. 

Paul avait rencontré en prison un esclave fugitif qui venait 
d’être arrêté. Cet esclave avait volé son maître en s’enfuyant. Il 
s'appelait Onésime. Or il se trouva que cet Onésime appartenait à 
Philémon et que c'était de chez Philémon qu'il s’était enfui. Paul 
l'avait converti au christianisme et lui avait persuadé de œetourner 
auprès de son maître. Notre épître est la lettre de recommandation 
dont Onésime était porteur pour Philémon. Elle nous montre Paul 
dans l'intimité. Ce n’est plus le lutteur et le dogmaticien qui nous 
ÿ apparaît, mais l'ami ne parlant que de ce qui lui tient à cœur 
au moment même. 


Ce billet devrait être placé dans le Nouveau Testament immé- 


39 


Le 2? | 
4 


610 LE NOUVEAU TESTAMENT 
diatement après la lettre aux Colossiens. Tychique était porteur 
de celle-ci comme Onésime de celui-là, et tous deux partirent 
ensemble de Césarée pour Colosses (Coloss. 4: 7-10). Nous disons 
de Césarée, car Paul écrivit ces lettres, comme celle aux Éphé- 
siens, pendant ses deux années de captivité à Césarée en 59 ou 
60 au plus tard. 

L’attitude prise par l’apôtre en face de l'esclavage est très 
nette. Lorsqu'un esclave devient chrétien, il n’est pas affranchi de 
fait. Son maître, même un maître chrétien, a encore des droits 
légaux sur lui. Mais l’esclave et le maître sont frères « δὲ selon 
la nature et selon le Seigneur » (verset 17). Par suite, le maître 
chrétien, tout en ayant le droit strict de garder son esclave, doit 
cependant l’affranchir. Je suis certain, dit Paul (verset 21), 
que tu iras au delà de ce que je te demande, c’est-à-dire que tu 
l’affranchiras. | 

L’épître à Philémon a toujours fait partie, dans l’Église des 
premiers siècles, du recueil incontesté des lettres de Paul. 


ÉPITRE À PHILÉMON 


PAUL, PRISONNIER DE JÉSUS-CHRIST, ET LE FRÈRE TIMOTHÉE A 
PHILÉMON, NOTRE BIEN-AIMÉ ET NOTRE COLLABORATEUR, A NOTRE 
SOEUR APPIA, A ARCHIPPE, NOTRE COMPAGNON D'ARMES, ET A 
L'ÉGLISE QUI S'ASSEMBLE DANS TA MAISON 1. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT ACCORDÉES PAR DIEU NOTRE PÈRE 
ET PAR LE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. 


Je rends sans cesse grâce à mon Dieu quand ton souvenir se 
présente à moi dans mes prières. J'apprends, en effet, ta foi au 
Seigneur Jésus et ton amour pour tous les fidèles, et je demande 
que ta foi se communique et porte des fruits et que tu saches ce 
qui pour nous ? est le bien, en vue de Christ! Ton amour, en effet, 
nous ἃ causé beaucoup de joie et de consolation, car les cœurs 
des fidèles ont été tranquillisés par toi, frère. 

Aussi aurais-je le droit en Christ de te prescrire en toute con- 
fiance ce que tu dois faire; mais je préfère m'adresser à toi au nom 
de cet amour, et en mon nom, au nom de Paul, un vieillard, et, 
dans ce moment, un prisonnier de Jésus-Christ. 

Je l'adresse donc une prière pour mon fils, que j'ai engendré 
dans les fers, pour Onésime. Il s'appelle Utileë, et il ne te servait 


1 Ta maison, la maison de Philémon. 
? Quelques anciens manuscrits lisent : pour vous. 
3 Le mot Onésime signifie en grec : utile. 


D À 


D ὧ À 


1] 


9 


10 
11 


612 LE NOUVEAU TESTAMENT 

à rien autrefois. À l’avenir il nous servira beaucoup à tous les deux. 
Je te le renvoie, lui, c’est-à-dire la meilleure partie de moi-même. 
Je voulais le retenir auprès de moi, pour qu’au lieu de te servir, 
il me servit pendant que je suis prisonnier pour l'Évangile; mais 
je n’ai rien voulu faire sans ton avis, afin de ne pas t’obliger à lui 
faire du bien, et de te laisser entièrement libre. Peut-être n’a-t-il 
été séparé de toi un moment qu'afin que tu le retrouves à jamais 
non plus comme esclave, mais comme frère bien-aimé au lieu 
d’esclave; oui, bien-aimé de moi d’abord et plus encore de toi et 
selon la nature et selon le Seigneur ! 

Si donc tu me considères comme ton ami, reçois-le comme 
moi-même. S'il t'a fait quelque tort, s’il te doit quelque chose, 
passe-le à mon compte. 

Moi, Paul, — j'écris ceci de ma main — je te rembourserai, 
sans te rappeler que tu es mon débiteur et que tu l'es de ta propre 
personne. Allons, frère, fais-moi ce plaisir dans le Seigneur! 
Tranquillise mon cœur en Christ! 


Je t’écris convaincu de ton obéissance, certain même que tu 
iras au delà de ce que je te demande. 

En même temps, prépare-toi à me recevoir; Car J'espère vous 
être rendu, grâce à vos prières. 

Épaphras, mon compagnon de chaînes en Jésus-Christ, te salue 
ainsi que Marc, Aristarque, Démas, Luc, mes collaborateurs. 


LA GRACE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST SOIT AVEC VOTRE 
ESPRIT. 


ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 


PRÉFACE 


A 


Le but de l’auteur de l’épître aux Hébreux est de montrer la 
supériorité de la nouvelle Alliance sur l’ancienne. Il commence 
par comparer les organes dont Dieu s’est servi pour établir et 
pour maintenir l’une et l’autre de ces Alliances, et montre que ceux 
de la nouvelle sont plus grands que ceux de l’ancienne (ch. 1 à 
ch. 8). 

Voici comment il développe cette première partie: Dieu s’est 
révélé par les prophètes, maintenant par son Fils. Ce Fils est 
supérieur aux anges. Si donc le transgresseur de la Loi, transmise 
par les anges, est puni, à bien plus forte raison le sera celui qui 
n'aura pas accepté 16 salut apporté par le Fils. Si celui-ci a été 
abaissé, c’est pour notre salut (ch. 1 et 2). 

Le Fils est aussi supérieur à Moïse; il faut donc ne pas endurcir 
son cœur à sa voix et demeurer ferme dans la foi en lui (ch. 3, 
4, 5:1à 11). Ici l’auteur, pensant que ses lecteurs, si peu avancés 
qu'ils soient, doivent apprendre cependant de plus hautes vérités, 
leur parle de la sacrificature éternelle de Jésus selon l’ordre de 
Melchisédek (5 : 11 à ch. 8). Le Fils, grand-prêtre selon l’ordre 
de Melchisédek, est supérieur au grand-prêtre selon l’ordre de 
Lévi; donc, le sacerdoce lévitique est abrogé (ch. 7). 


614 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Dans sa seconde partie, qui commence au chapitre 8, l’auteur 
met en parallèle les deux Alliances elles-mêmes. Il développe les 
raisons de la supériorité du ministère du Fils sur le ministère des 
Lévites (ch. 8: 1 à 10 : 19). 

Jusqu'ici il n’a traité que des questions dogmatiques. Cependant 
il a parfois interrompu ses développements pour adresser à ses 
lecteurs des avertissements et des exhortations (2 : 1 à 18; 3: Τὰ 
4::13;: 5: 11:à 6:20). À partirode 10: 19, il me wtraiteranels 
que des questions morales. Que les fidèles demeurent fermes dans 
leur attachement au Fils, grand-prêtre de la nouvelle Alliance; 
leur foi a déjà été celle des croyants de l’ancienne Alliance 
(ch. 11); qu'ils y persévèrent au milieu des souffrances, redoutant 
l’incrédulité et servant Dieu dans la crainte (ch. 12). L'auteur 
termine enfin par des conseils d’un caractère spécial (ch. 13). 

Telle est cette épître. Nous compléterons l’analyse que nous 
venons d’en faire par des notes qui éclairciront encore les obscu- 
rités du texte et permettront à nos lecteurs de s'orienter facilement 
dans l’étude de ces quelques pages. 

Qui les a écrites? L'Église primitive a été fort divisée sur cette 
question. Le second siècle ne parle que de treize épîtres de Paul. 
ΤΙ connaît l'Épître aux Hébreux, mais ne l’attribue pas à l’apôtre 
des Gentils. Irénée et Hippolyte déclarent qu’elle n’est pas de 
Paul. Tertullien la croit de Barnabas. Clément d'Alexandrie admet 
bien que Paul l’a écrite, mais en hébreu et c’est Luc qui l'aurait 
traduite. Origène ne se prononce pas. Dieu seul, dit-il, sait qui 
l’a écrite. Eusèbe la croit rédigée par Paul, mais il admet aussi 
que c'était en hébreu, et, d’après lui, c’est Clément de Rome qui 
l'aurait traduite. Α partir du quatrième siècle l’Église l’attribue 
décidément à l’apôtre Paul. 

De nos jours, tous les doutes sont levés. L’épître aux Hébreux 
ne peut pas avoir été écrite par Paul. Rédigée certainement en 
grec et non en hébreu, elle est d’une langue beaucoup plus pure 
et plus correcte que celle de l’apôtre des Gentils. Si quelques-unes 
des idées de son auteur ne sont pas sans analogie avec celles de 
Paul, d’autres offrent au contraire avec celles-ci des différences 
caractéristiques. D'ailleurs, l’auteur dit formellement qu'il appar- 
tient à la seconde génération chrétienne (2: ὃ: 18: 7). Paul qui 
déclarait tenir son Évangile d’une révélation directe du Christ et 


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ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 615 


qui s’écriait: Ce n'est pas des hommes que je l'ai appris! (Ga- 
lates 1 : 12), n'aurait jamais écrit: Le salut, annoncé d’abord par le 
Seigneur, nous fut ensuite confirmé par ceux qui l'avaient entendu de 
lui (Hébreux 2 : 3). Cette preuve est sans réplique. 

L'auteur était un Juif «de la dispersion »; il a connu les écrits de 
Philon dont il reproduit parfois les idées. Il était, vraisemblable- 
ment, alexandrin. Ils n’est pas possible de préciser davantage. 
Ajoutons cependant que le nom d’Apollos est celui qu’on peut 
prononcer avec le plus de probabilité. L'idée que nous nous faisons 
de l’écrivain de notre épître répond assez, en effet, au portrait 
d’Apollos, tel que nous le donne Luc (Actes 18: 24-28). 

Le lieu de la composition est inconnu. La date est facile à fixer 
approximativement. Les principaux apôtres sont morts, dit claire- 
ment l’auteur (13 : 7); l’épître a donc été rédigée après l’an 64, 
car, avant cette année, Pierre et Paul vivaient encore; mais le 
Temple de Jérusalem subsiste toujours (9 : 1 et suiv.). Il faut 
donc placer la rédaction de cette lettre avant l'an 10, et c’est entre 
64 et 70 que l'Épître aux Hébreux ἃ été écrite. 


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ÉPITRE AUX HÉBREUX 


C'est à plusieurs reprises et de plusieurs manières que Dieu ἃ 
autrefois parlé à nos pères par les prophètes; et, de nos jours, 
qui sont les derniers, il nous ἃ parlé, à nous, par un Fils, qu'il a 
fait héritier de toutes choses et par lequel il a aussi créé le monde. 

Étant un reflet de sa gloire et une empreinte de son essence, 
soutenant toutes choses par sa puissante parole, ce Fils a accompli 
l’œuvre de la purification des péchés et «s’est assis à la droite...?» 
de la majesté divine dans les régions célestes, devenu d'autant 
supérieur aux anges que le nom dont il ἃ hérité est plus éminent 
que le leur. Auquel des anges, en effet, Dieu a-t-il jamais dit : 

Gsm... LU.es mon Fils: 

Je l'ai engendré aujourd'hui * », 
et ailleurs : «Je serai son Père, et il sera mon Fils.» Et lorsque, 
dans un autre passage, il introduit le premier-né dans le monde, 
il dit : 


1 L'adresse, qui renfermait probablement le nom de l’auteur, a été perdue, et 
nous ne savons qui ἃ écrit cette épître. 

2 Emprunté à Psaume 110, 1. 

3 Psaume 2, 7. 

4 II Samuel 7, 14. 


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618 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«Que tous les anges de Dieu l'adorent 1.» 
Quant aux anges, il en dit ceci : 
«... Celui qui fait de ses anges des esprits 
Et de ses serviteurs une flamme de feu 2...» 
Il dit, au contraire, du Fils : 
« Ton trône, 6 Dieu, est éternel. 
Le sceptre de ta royauté est un sceptre de droiture. 
Tu as aimé la justice et tu as haï l'iniquité. 
Voilà pourquoi, ὁ Dieu, ton Dieu l'a oint 
D'une huile de réjouissance, de préférence à tes égaux $. » 
Et ensuite : 
«C’est toi, Seigneur, qui, au commencement, as fondé la terre 
Et les cieux sont l'œuvre de tes mains. 
Ils périront, toi tu restes. 
Ils vieilliront tous comme un manteau, [ils se transformeront, 
Tu les plieras comme une couverture, comme un manteau *, et 
Mas toi tu restes le même 3 
Et tes années ne finiront pas.» : 
Auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : 
«Assieds-toi à ma droite [marchepied 5?» 
Jusqu'à ce que j'aie mis les ennenus sous tes pieds comme un 
Les anges ne sont-ils pas tous des esprits subalternes, employés 
au service de Dieu, pour ceux qui doivent hériter du salut? Voilà 
pourquoi nous devons apporter une attention toute spéciale à ce 
que nous avons entendu, pour ne pas le perdre par notre négli- 
gence. Si, en effet, la parole apportée par des anges a reçu sa 
sanction, si toute transgression et toute désobéissance ont été 
punies comme elles le méritaient, comment échapperions-nous si 
nous néglisions un si grand salut, salut qui d’abord fut annoncé 


1 Psaume 97, 7. 

2 Citation non achevée. Psaume 104, 4 (l’auteur ne cite que les mots dont il 
a besoin). 

3 Psaume 45, 7 et suiv. 

4 Quelques anciens manuscrits omettent comme un manteau. 

5 Psaume 102, 26-98. 

5 Psaume 110, 1. 


ÉPÎITRE AUX HÉBREUX 619 


par le Seigneur, et qui nous fut ensuite confirmé par ceux qui 
l'avaient entendu de lui, et dont Dieu appuyait le témoignage par 
des signes , des prodiges, toutes sortes de miracles et par son 
Esprit saint qu'il répartissait selon sa volonté? car ce n’est pas 
aux anges quil ἃ soumis le monde à venir dont nous parlons !. 


On lit quelque part cette déclaration : 

« Qu'est-ce que l'Homme que tu te souviennes de lui? 
Ou le Fils de l'homme que tu l'en occupes ? 

Tu l'as mis pour quelque temps au-dessous des anges, 
Tu l'as couronné de gloire et d'honneur ?, 

Tu as tout mis sous ses pieds ! 5» 

Ce terme: «tu lui as tout soumis» indique que Dieu n'a rien 
laissé en dehors de son pouvoir. Cependant nous ne voyons pas 
encore que «out lui soit soumis». Nous voyons seulement que 
Jésus «mis pour quelque temps au-dessous des anges» ἃ été, à 
cause de ses souffrances et de sa mort, «couronné de gloire et 
d'honneur». C'était par une grâce de Dieu, afin de subir la mort 
pour tous les hommes. Il était digne, en effet, de Celui par lequel 
et à cause duquel tout ἃ été créé, de Celui qui voulait conduire à 


la gloire un grand nombre de fils, d'élever par des souffrances : 
jusqu’à la perfection l’auteur de leur salut. Tous, et celui qui sanc- 


tifie et ceux qui sont sanctifiés, ont un même Père; voilà pour- 
quoi Jésus ne dédaigne pas d'appeler ceux-ci ses «frères » quand 
il dit : 

« d’annoncerai ton nom à mes frères : 

Au mulieu de l'assemblée, je te louerai #. » 


1 La pensée de l’auteur dans cette première page de son épiître peut se résumer 
ainsi : le Fils est supérieur aux anges; si la Loi mosaïque, apportée par les anges, 
a reçu sa sanction, à plus forte raison devons-nous nous soumettre à la Loi nou- 
velle et accepter le salut, la vie dans le monde à venir apportée par Jésus-Christ, 
annoncée par les apôtres et qui ne relève pas des anges, dispensateurs exclusifs 
de la Loi ancienne. 

? Quelques anciens manuscrits ajoutent après honneur : tu l'as établi sur les 
œuvres de tes mains. 

3 Psaume 8, 5-7, 

4 Psaume 22, 98. 


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620 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Et ailleurs : 
«Je mettrai ma confiance en lui. » 
Ailleurs encore : 
«Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés ?.» 


Puisque les «enfants» ont lous en partage la chair et le sang, 
lui en a eu aussi sa part pour détruire par sa mort celui qui 
est le maitre de la mort, je veux dire le Diable, et pour déli- 
vrer ceux que la crainte de la mort rendait esclaves toute leur 
vie. Car assurément ce n’est pas aux anges qu'il porte secours, 
c’est à la race d'Abraham. Par suite, il le fallait entièrement 
semblable à «ses frères», afin d’être, pour leurs rapports avec 
Dieu, un grand-prêtre compatissant et digne de foi, pour faire 
l’expiation des péchés du peuple. C'est parce qu'il a souffert, 
c'est parce qu’il a été éprouvé qu'il peut secourir ceux qui sont 
éprouvés ὃ. 


En conséquence, mes saints frères, vous qui êtes appelés à aller 
au ciel #, fixez les yeux sur l’apôtre et le grand-prêtre de la foi 
que nous professons, sur Jésus, qui était « fidèle » à celui qui l'avait 
institué, comme «Moïse l'était dans toute sa maison °». — (Mais 
Jésus a été jugé digne de surpasser Moïse en éclat de toute la 
distance qui sépare une maison de son constructeur. (Toute 
maison ἃ un architecte; Celui qui a tout construit c'est Dieu.) 
Moïse, lui, a été fidèle «DANS toute sa maison, comme un ser- 
viteur6», par le témoignage qu'il a rendu à ce qui devait être 
révélé plus tard; Christ l'était comme un fils, «SUR sa maison »; 
et sa maison à lui c'est nous, si toutefois nous persistons ferme- 


1 11 Samuel 22, 3. 

2 Éisaïe 8, 18. 

3 Dans ce second paragraphe 2, 6-18, l’auteur explique pourquoi Jésus-Christ, 
supérieur aux anges, a cependant été abaissé au-dessous des anges et livré aux 
souffrances et à la mort. 

4 On peut traduire aussi: appelés du haut du ciel. 

» Nombres 12, 7. 

6 Nombres 12, 7. 


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4 


ÉPÎITRE AUX HÉBREUX 621 


ment, jusqu'à la fin! dans l’assurance et l'espérance qui font 
notre gloire 3.) 


— Ainsi, comme le dit l'Esprit saint : 7, 3 
«Si vous entendez aujourd'hui sa voix, 
N'endurcissez pas vos cœurs, comme au jour de la révolte 8 
Et de la provocation dans le désert, 
Quand vos pères m'ont provoqué et m'ont mis à l'épreuve, 9 
Eux qui avaient vu mes œuvres pendant quarante ans! 
Voilà pourquoi je me suis irrité contre cette génération 10 


Et 7 αἱ dit : leurs cœurs s’égarent toujours. 
Ils n'ont point reconnu mes voies ; 
Et voici le serment que j'ai fait dans ma colère : 11 
- Jamais ils n'entreront dans mon repos 3! » 
Que personne de vous, mes frères, prenez-y garde, n’ait un 19 
mauvais Cœur, ne soit incrédule, ne se sépare du Dieu vivant. 
Mais exhortez-vous les uns les autres, tous les jours, tant que l’on 13 
peut dire: «aujourd'hui», et qu'aucun de vous ne se laisse séduire 
et <endurcir» par le péché. Car nous n'avons notre part du 14 
Christ que si nous gardons notre assurance première, fermement, 
jusqu’à la fin, aussi longtemps qu’on peut dire : 15 
« δὲ vous entendez aujourd'hui sa voix 


N'endurcissez pas vos cœurs, comme au jour de la révolte.» 

Lesquels, après avoir entendu, «se sont révoltés»? N'est-ce pas 46 
tous ceux que Moïse avait conduits hors d'Égypte? Et contre qui 17 
« Dieu s’irrita-t-il pendant quarante ans »? N'est-ce pas contre ceux 
qui péchaient et dont «les corps jonchaient le désert»? Et à qui 18 
Ξ Gura-t-1l qu'ils n'entreraient pas dans son repos? » N'est-ce pas à 
ceux qui désobéissaient? Nous voyons, en effet, que leur incrédulité 19 
les empêcha d’y entrer. 


1 Un des plus anciens manuscrits omet fermement, jusqu'à la fin. 

2 Nous plaçons entre parenthèses et entre deux tirets ce parallèle entre Jésus- 
Christ et Moïse, parce qu'il constitue une remarque incidente de l’auteur. La 
phrase: Ainsi, comme le dit l'Esprit saint, etc., continue directement l’exhor- 
tation pratique des deux premiers versets de ce chapitre. 

5 Psaume 95, 7-11 (Exode 17, 7 et Nombres 14, 22 et suiv.). 

4 Nombres 14, 29. 


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622 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Prenons donc garde: elle dure encore, la promesse «d'entrer 
dans son repos», et alors, qu'aucun de vous ne vienne à en perdre 
le bénéfice; oui, la Bonne Nouvelle nous en ἃ été annoncée à 
nous comme aux autres; mais, à eux il n’a servi de rien d’en- 
tendre la parole, parce que, tout en l’entendant, 115. ne se la sont 
pas appropriée par la foi. Et nous, c’est si nous avons eu la foi 
que «nous entrerons dans le repos», dont il a dit: 

« Voici le serment que j'ai fait dans ma colère, 
Jamais ils n'entreront dans mon repos!» 

Il a parlé ainsi et cependant ses «œuvres» étaient achevées de- 
puis la création du monde (en effet, il ἃ dit quelque part à propos 
du septième jour : «Dieu se reposa de toutes ses œuvres le septième 
jour !;») et puis, dans le passage ci-dessus :l dit de nouveau : 
«Jamais ils n’entreront dans mon repos!» Cest parce que l’en- 
trée dans le repos est réservée à un certain nombre, et que ceux 
qui en avaient les premiers reçu la Bonne Nouvelle n’y sont pas 
entrés à cause de leur désobéissance, c’est pour cela qu'il fixe de 
nouveau un jour: «aujourd'hui» et il le fait dans un passage de 
David, bien longtemps après, nous l’avons cité plus haut: 

« Si vous entendez aujourd'hui sa voix, 
N'endurcissez pas vos cœurs.» 

Si, en effet, Josué leur avait donné le repos, Dieu ne parlerait 
pas plus tard d’un autre jour. Donc, il reste un repos, un sabbat 
pour le peuple de Dieu et celui qui «entrera dans son repos se 
reposera de ses œuvres» comme Dieu des siennes ?. 

Empressons-nous donc «d'entrer» dans ce «repos» pour qu'au- 
cun de nous ne tombe en donnant, comme les autres, l'exemple 
de la désobéissance. Car elle est vivante, la parole de Dieu, et 


1 Genèse 2, 2. 

2 Voici quel est dans ce paragraphe le raisonnement de l’auteur : Dieu, en 
se reposant le septième jour après la création, a promis un repos semblable à ses 
enfants. Or ce repos n’a pas été réalisé, comme on pourrait le croire, par la con- 
quête de la terre promise sous Josué, car, longtemps après cet événement, dans le 
Psaume 95, Dieu répète sa promesse. C’est donc aux chrétiens qu’elle a été 
faite, c’est eux qui entreront dans le repos, si toutefois ils n’endureissent pas 
leurs cœurs, 


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ΕΡΙΤΒΕ AUX HÉBREUX 623 


puissante, et plus acérée qu'aucune épée à deux tranchants, elle 
pénètre jusqu'à diviser et l’âme et l'esprit et les jointures et les 
moelles, elle juge des sentiments et des intentions du cœur; 
aucune créature ne se dérobe devant elle; tout est à nu, tout est 
à découvert aux yeux de Celui à qui nous avons affaire. 


Eh bien, puisque nous avons un tel grand-prêtre, qui a pénétré 
jusqu’au fond des cieux, qui s'appelle Jésus, le Fils de Dieu, 
soyons fermes à confesser notre foi! Et, en effet, nous n’avons 
pas un grand-prêtre qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au 
contraire, 1l ἃ été tenté en toutes choses exactement comme nous, 
et 1] est resté sans péché. Approchons-nous donc avec assurance 
du trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce 
en un temps bien opportun pour être secouru. 

Tout grand-prêtre, pris parmi les hommes, est établi pour le 
bien des hommes, pour régler leurs relations avec Dieu; dans ce 
but, 1] offre des oblations et des sacrifices pour les péchés; il peut 
être indulgent pour les ignorants et les égarés, puisque lui aussi 
est sujet à la faiblesse. Aussi est-il tenu à des sacrifices expiatoires 
aussi bien pour lui-même que pour le peuple. De plus, on ne 
s’arroge pas soi-même cette dignité; c’est Dieu qui vous y appelle, 
comme 1] fit pour Aaron. Ainsi le Christ: il ne s’est pas arrogé 
lui-même la gloire d’être grand-prêtre, mais Dieu lui a dit: 

na 117 es mon Fils: 

Je t'ai engendré aujourd’hui 1» 
et dans un autre passage : 

«Tu es prétre à tout jamais 

Selon l’ordre de Melchisédek?. » 

Lui qui, pendant sa vie sur la terre, ἃ offert, à celui qui pouvait 
le délivrer de la mort, des prières et des supplications en jetant de 
grands cris et en versant des larmes, lui qui a été exaucé à cause 
de sa piété (il était Fils, et cependant par ses souffrances il a appris 
l’obéissance), arrivé alors au plus haut point de la perfection, il 


1 Psaume 2, 7. 
2 Psaume 110, 4. 


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624 LE NOUVEAU TESTAMENT 


est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d'un saiut 
éternel, ayant été proclamé par Dieu grand-prêtre «selon l'ordre 
de Melchisédek». 


C'est un sujet sur lequel nous avons beaucoup à dire et des 
choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes lents à com- 
prendre. Il y a longtemps que vous devriez être des maîtres, et 
vous avez encore besoin qu'on vous apprenne les premiers élé- 
ments des révélations de Dieu; vous en êtes à avoir besoin de lait 
au lieu d’une nourriture solide. Celui qui en est encore au lait ne 
comprend pas un enseignement complet; il n’est qu'un enfant. 
La nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux qui ont 
acquis par la pratique un sens exercé à discerner le vrai du faux. 

Laissons donc les commencements? de ce qu'il y ἃ à dire sur le 
Christ, mettons-nous à ce qu’il y a de plus achevé, ne recom- 
mençons pas à poser les principes fondamentaux: renoncement 
aux œuvres mortes, foi en Dieu, doctrine des baptêmes, imposition 
des mains, résurrection des morts, jugement éternel. Tout cela 
nous le ferons, si Dieu le permet. Car il est impossible que ceux 
qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont 
eu part à l'Esprit saint, qui ont goûté l'excellente parole de Dieu 
et les richesses du monde à venir et qui retombent , soient ramenés 
ἃ la repentance par une seconde régénération, eux qui, pour leur 
propre compte, remettent en croix le Fils de Dieu et le vouent aux 
outrages! En effet, une terre, arrosée par des pluies fréquentes et 


1 Littéralement: ne comprend pus le discours de la justice, c’est-à-dire 
celui qui dit justement, complètement, ce qu’il y a encore à dire. 

? L'auteur vient de dire à ses lecteurs : Vous avez encore besoin qu'on vous 
apprenne les premiers éléments de la Révélation, et ici il leur annonce au con- 
traire qu’il va laisser ces éléments et leur donner un enseignement plus achevé. 
Plus loin il explique (versets 7 et suiv.), par une image, pourquoi il agit ainsi : 
de même que la terre bien arrosée produit toujours des plantes, bonnes ou mau- 
vaises, de même le fidèle ne peut rester stationnaire, Il faut qu’il fasse des pro- 
grès. S'il n’en fait pas, il tombera dans le mal, il fera une chute et, dans la pen- 
sée de l’auteur, on ne peut se relever d’une chute (versets 4 et suiv.). Voilà 
pourquoi il donne à ses lecteurs, tout arriérés qu'ils sont, un en seignement 
complet, 


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ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 6925 


produisant des plantes utiles à ceux pour lesquels elle est cultivée, 
a part à la bénédiction de Dieu. Mais si elle ne rapporte que «des 
épines et des chardons !», on l’abandonne, on la déclare presque 
maudite, on finit par y mettre le feu. 

Cependant, bien-aimés, malgré ce langage, nous croyons pour 
vous à tout ce qu'il y a de mieux, à ce qui mène au salut. Dieu est 
trop juste pour oublier votre activité, l'amour que vous avez 
montré pour son nom, les services passés et présents rendus par 
vous aux fidèles. Nous désirons bien que chacun de vous montre 
jusqu’au bout le même zèle à affermir de plus en plus son espé- 
rance de manière à ne pas vous relâcher, mais à imiter ceux que 
leur foi et leur persévérance ont mis en possession de l'héritage 
promis. 

Quand Dieu fit sa promesse à Abraham? (comme il ne pou- 
vait prêter serment au nom d’un plus grand que lui, «él préta ser- 
ment sur son propre nom»), 11 dit: «Certes je te comblerai de 
bénédictions ; certes je multiplierai beaucoup tes descendants ?». Et 
alors, sa persévérance lui obtint ce qui lui avait été promis. Les 
hommes, en effet, prêtent serment sur un plus grand qu'eux, et 
leur serment est une garantie, il met fin à toutes leurs discussions. 
Eh bien, Dieu, voulant expressément montrer à ceux qui devaient 
recevoir l'héritage promis que sa volonté est immuable, intervint 
par un serment, et il l’a fait pour que, par deux choses immuables #, 
par lesquelles 11 était impossible que Dieu mentit, nous ayons un 
puissant encouragement qui soit notre refuge, nous saisissions 
l'espérance qui s'offre à nous. Oui, cette espérance nous la tenons 
comme l'ancre de notre âme, ferme et solide, «elle pénètre dans le 
sanctuaire, derrière le voile5 », là où Jésus notre précurseur est 


1 Allusion aux passages suivants : Genèse 3, 17 et suiv., Ésaïe 5ÿ 2-6, Osée 
10, 8. 

2 L'auteur cite ici à ses lecteurs, pour les encourager, l'exemple de la persé- 
vérance d'Abraham, se confiant en la fidélité de Dieu. Et plus loin (chap. 11) il 
leur citera tous les hommes de Dieu de l’ancienne Alliance. 

3 Genèse 22, 16 et suiv. 

4 Ces deux choses sont probablement la parole évangélique d’une part et le 
serment fait à Abraham de l’autre. 

5 Lévit. 16, 2. 


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626 LE NOUVEAU TESTAMENT 


entré pour nous quand il est devenu grand-prêtre «à lout jamais 
selon l'ordre de Melchisédek ». 


En effet, ce Melchisédek!, «roi de Salem, prêtre du Dieu Tres- 
Haut? », qui alla au-devant d'Abraham, revenant de vaincre les 
rois, et le bénit, qui reçut d'Abraham «la dime de tout», dont le 
nom signifie d’abord roi de justice («roi de Salem», qui vient 
ensuite, veut dire roi de paix), qui est sans père, sans mère, Sans 
généalogie, dont les jours et la vie n’ont ni commencement, ni 
fin, qui est absolument assimilé au Fils de Dieu, reste «prêtre à 
perpétuité ». | 

Voyez maintenant comme il doit être grand, celui auquel 
Abraham lui-même?, le patriarche, a donné une dime prise sur. 
les prémices de son butin. Or, la Loi ordonne à ceux des enfants 
des Lévites qui reçoivent la prètrise de lever la dîime sur le peuple, 
c’est-à-dire sur leurs frères, bien qu'ils soient également issus 
d'Abraham, et voilà que celui qui n'est pas de leur famille a levé 
la dîime sur Abraham et ἃ béni celui qui avait reçu les promesses! 
Mais, de l’aveu de tous, c’est l’inférieur qui est béni par le supé- 
rieur; de plus, ce sont ici des hommes mortels qui perçoivent la 
dime, là c’est quelqu'un dont il est attesté qu'il possède la vie; et 
Lévi lui-même, pour ainsi dire, lui qui doit percevoir la dime, 
l’a payée dans la personne d'Abraham, car il était encore dans 
les reins de son père quand Melchisédek alla au-devant de ce 
patriarche. 

Si l'on avait pu réaliser la perfection par le sacerdoce lévitique 
(car la législation donnée au peuple ἃ pour base ce sacerdoce), 
pourquoi fallait-il qu'il parût un autre «prétre» «selon l'ordre de 
Melchisédek »? pourquoi pas selon l’ordre d’Aaron? Au changement 
de l’ordre du sacerdoce correspond nécessairement un changement 


1 L'auteur, par ces mots: Æn effet, ce Melchisédek, commence le parallèle 
qu'il a annoncé (5, 11) entre Jésus-Christ et Melchisédek. 

2 Genèse 14, 18 et suiv. 

3 Plusieurs anciens manuscrits omettent lui-même. 


ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 627 


de Loi; et celui auquel s'appliquent ces paroles, appartient à une 
autre tribu dont aucun membre n’a servi à l'autel. Il est notoire, 
en effet, que notre Seigneur est issu de Juda, et Moïse n'a jamais 
parlé de prêtres de cette tribu. Et tout cela devient plus évident 
encore quand c’est «à l'instar de Melchisédek» que parait un autre 
«prétre» nommé en vertu de sa vie impérissable et nullement 
par une loi ou un commandement charnel. Voici, en effet, le 
témoignage qui lui est rendu : 

« Tu es prêtre à tout jamais 

Selon l’ordre de Melchisédek!1 » 

La Loi ancienne a été abrogée parce qu'elle était impuissante et 
inutile. Elle n’a rien amené à la perfection et, à la place, est intro- 
duite une meilleure espérance par laquelle nous nous approchons 
de Dieu. Et il y a eu un serment de prêté; les prêtres étaient con- 
sacrés sans que personne prêtàt serment, mais lui ἃ été consacré 
avec le serment de Celui qui ἃ dit : 

«Le Seigneur a juré et il ne s'en repentira pas ; 
Tu es prétre à tout jamais 1.» 

Par là même, Jésus est devenu le garant d'une meilleure alliance. 
De plus, il y ἃ eu une succession de prètres, parce que la mort 
les empêchait de continuer leurs fonctions. Mais lui, qui est 
nommé «à tout jamais», possède le sacerdoce intransmissible. 
Et voilà pourquoi il peut sauver parfaitement ceux qui, par lui, 
s'approchent de Dieu, puisqu'il vit toujours pour intercéder en 
leur faveur. 

Qu'il était bien le grand-prètre qu’il nous fallait, saint, inno- 
cent, sans tache, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des 
cieux!. qui n’est pas tous les jours obligé comme les autres 
grands-prêtres d'offrir des sacrifices pour ses propres péchés 
d’abord, pour ceux du peuple ensuite — (cela il l’a faitune fois 
pour toutes en s’offrant lui-même), — car la Loi institue grands- 
prêtres des hommes pleins de faiblesse; or la parole du ser- 
ment prêté après la Loi institue un Fils arrivé pour jamais à la 
perfection ! 


1 Psaume 110, 4. 


43, 7 


16 
47 


28 


[De] 


Qt 


10 


628 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Voici maintenant, après tout ce que nous venons de dire, le 
point capital: Ce grand-prêtre que nous avons est tel qu’«il s’est 
assis à la droite!» du trône de la majesté divine, dans les cieux, 
comme ministre du sanctuaire et du vrai «tabernacle, dressé par le 
Seigneur ?» et non par un homme. Tout grand-prêtre est institué 
pour offrir des dons et des sacrifices; 11 faut donc que celui-là ait 
aussi quelque chose à offrir. S'il était sur la terre, 11 ne serait pas 
même prêtre — (puisqu'il s’y trouve ceux qui offrent les dons selon 
la Loi et qui servent ce qui n’est que la copie, l'ombre des réalités 
célestes, d’après l’avis donné à Moïse lorsqu'il allait dresser le taber- 
nacle: « Aie soin, lui fut-il dit, de tout faire d’après le modèle qui l'a 
été montré sur la montagne νὴ, — mais il a maintenant obtenu un 
ministère d'autant supérieur qu'il est médiateur d’une plus excel- 
lente Alliance dont la promulgation repose sur de meilleures pro- 
messes. En effet, si la première Alliance avait été irréprochable, il 
n'aurait pas été question de la remplacer par une seconde. Or c’est 
bien un reproche qu'il fait quand il dit: 

« Voici qu'il vient des jours, dit le Seigneur, [Juda , 

Où je contracterai avec la maison d'Israël et avec la maison de 

Une nouvelle Alliance. 
Elle ne ressemblera pas à l'Alliance que je fis avec leurs pères 
Le jour où je les pris par la main 
Pour les faire sortir du pays d'Égypte ; 
Comme ils ne sont pas restés fidèles à mon Alliance, 
Moi, de mon côté, je les ai négligés, dit le Seigneur. 
Voici l’Alliance que je contracterai avec la maison d'Israël : 
Après ces jours-ci...…. 
Je meltrai mes lois dans leur esprit 
Et je les graverai dans leur cœur; 


1 Emprunté à Psaume 110, 1. 
2 Nombres 24, G. 
3 Exode 25, 40. 


LE Ἐν OS Hi 


ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 629 


Je serai leur Dieu 

Et ils seront mon peuple, 

Et aucun d'eux n'aura à instruire son concitoyen 

Ou son frère en lui disant : 

«Sache qui. est le Seigneur. » 

Car tous me connaîtront 

Depuis le plus petit jusqu'au plus grand... 

Aussi serai-je plein de miséricorde pour leurs iniquités 

Et ne me souviendrai-je plus de leurs péchés1.» 

En appelant cette Alliance-là «nouvelle» 11 a déclaré la pre- 

mière vieillie; or ce qui a vieilli, ce qui est suranné est près de 
disparaitre. 


La première Alliance avait-elle aussi des règles pour le culte et 
un sanctuaire terrestre. On avait, en effet, construit un taber- 
nacle; dans sa première parlie se trouvaient le candélabre, la 
table et les pains de proposition. On l’appelait Lieu Saint. Puis, 
derrière le second voile, la seconde partie appelée: Lieu Très- 
Saint. Là, se trouvaient l’autel d’or pour les parfums et l'arche de 
l'Alliance entièrement recouverte d’or; dans l’arche, un vase d’or 
renfermant la manne, la verge d’Aaron qui avait fleuri et les 
tables de l'Alliance; au-dessus, les Chérubins de la gloire couvrant 
de leur ombre le propitiatoire : ce n’est pas le moment de parler 
de tout cela en détail. 

Tout étant ainsi disposé, les prêtres qui célèbrent le culte 
entrent constamment dans la première partie; mais dans la 
seconde le grand-prêtre seul et une seule fois dans l’année, et 
jamais sans y porter du sang qu'il offre et pour lui-même et pour 
les péchés du peuple. L'Esprit saint montre par là que l’entrée 
du Lieu Très-Saint n’était pas ouverte tant que subsistat la pre- 
mière partie du tabernacle, et celle-ci est un symbole pour le 
temps présent où l’on fait encore des offrandes et des sacrifices 
incapables de mener celui qui les fait à la perfection qu'exige 


1 Jérémie 31, 31-34. 


11, 8 


43 


D = 


11 


13 


14 


18 
19 


630 LE NOUVEAU TESTAMENT 

mom me Re το ες ΘΘᾳ66.60. 
sa conscience. Ce sont des prescriptions purement charnelles et qui 
ne sont imposées, comme tout ce qui concerne la nourriture, la 
boisson, les diverses ablulions, que jusqu’à l’époque de la réforme. 

Mais Christ est survenu, grand-prêtre des biens à venir et tra- 
versant le tabernacle plus grand et plus parfait!, que la main de 
l’homme n’a pas construit (je veux dire qui n'est pas de cette 
création-ci); il est entré une fois pour toutes dans le Lieu Très- 
Saint, non avec du sang de boucs et de veaux, mais avec son 
propre sang, et il a accompli une éternelle rédemption. Car si le 
sang de boucs et de taureaux, si la cendre d'une génisse dont on 
asperge ceux qui sont souillés, les sanctifie et leur donne la pureté 
charnelle, combien plus le sang du Christ, qui, avec son esprit 
éternel, s’est lui-même offert à Dieu sans défaut, purifiera-t-il 
votre conscience? des œuvres mortes pour que vous serviez un 
Dieu vivant. 

Et voilà pourquoi il ἃ fait par sa médiation un nouveau Testa- 
ments; sa mort est venue racheter les péchés commis sous le 
premier, et, par elle, les élus ont reçu l'éternel: héritage qui 
leur avait été promis. En effet, quand on parle de testament, 1] 
faut que la mort du testateur soit constatée. Un testament n'est 
valable qu'à la mort; il est de nul effet pendant la vie du testa- 
teur. Aussi le premier contrat a-t-il été inauguré avec du sang. 
Quand Moïse eut exposé à tout le peuple la Loi entière, tous les 
commandements, il prit le sang des veaux et des boues avec de 
l’eau, de la laine rouge et une branche d’hysope, il aspergea le 
livre et tout le peuple, en disant: «Voici le sang de l’Alhance que 
Dieu m'a chargé de faire avec vous “.» Il aspergea aussi de sang 
le tabernacle et tous les objets servant au culte. En général, on 
purifie tout avec du sang, d’après la Loi; sans effusion de sang, 
il n’y ἃ pas de pardon. 


1 C'est-à-dire traversant les cieux, pénétrant jusqu’au fond des cieux. Voir 
4, 14. 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent: notre conscience. 

3 Le même mot grec signifie alliance et testament; ici il faut nécessairement 
le traduire par testament. Partout ailleurs nous l'avons rendu par alliance. 

1 Exode 24, 8. 


ÉPITRE AUX HÉBREUX 6351 


Eh bien, puisque l’image des réalités célestes est purifiée de cette 
manière-là , il fallait que ces réalités mêmes le fussent par des 
sacrifices plus importants encore. Aussi Christ n'est-il pas entré 
dans un sanctuaire fait de main d'homme, dans une imitation 
du vrai sanctuaire, mais dans le ciel même, afin de se présenter 
pour nous devant la face de Dieu. Et il n’y est pas entré pour 
se sacrifier plusieurs fois lui-même, à la manière du grand-prêtre 
qui, chaque année, entre dans le sanctuaire avec du sang étran- 
ger. S'il avait fait cela, il aurait dû souffrir plusieurs fois depuis 
le commencement du monde; non, il ne s’est montré qu’une fois, 
à la fin du monde, pour annuler le péché par son sacrifice. De 
même qu'il faut que les hommes meurent une fois, puis vient leur 
jugement, de même le Christ ne s’est offert qu'une fois « Pour 
anéantir une quantité de péchés! », puis il reviendra, non plus à 
cause du péché, mais pour donner le salut à ceux qui l’attendent. 


En effet, la Loi, ne contenant que l’ombre des biens à venir, 
et non l’image réelle des choses, ne peut jamais par ses sacrifices 
toujours les mêmes et offerts sans cesse chaque année donner la 
parfaite pureté à ceux qui y prennent part. Autrement n’aurait-on 
pas cessé de les offrir, car ceux qui les offraient, une fois purifiés, 
n'auraient plus eu conscience de leurs péchés? Mais, au contraire, 
ces sacrifices eux-mêmes ravivaient chaque année le souvenir des 
péchés. Car il est impossible que du sang de taureaux et de 
boucs effacent des péchés. Voilà pourquoi le Christ dit en entrant 
dans le monde : 

«Tu n'as pas voulu de sacrifice, ni d’offrande, 
Tu m'as formé un corps; 
Ni les holocaustes, ni les offrandes pour le péché ne l'ont fait plaisir. 
J'ai dit alors : « Voici je viens 
(Dans le volume il est question de moi) 
Pour faire, 6 Dieu, ta volonté 3.» 


1 Emprunté à Ésaie 53, 12. 
? Psaume 40, 7-9. 


23, 9 


19 
(62 


19 


10, 8 


10 


11 


47 
18 


632 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Après avoir commencé par dire : «Tu n'as voulu ni sacrifices, ni 
oblations, ni holocaustes, ni offrandes pour le péché, et tu n’y as 
pas pris plaisir,» (Tout cela cependant est offert d’après la Loi,) 
il ajoute: « Voici je viens pour faire ta volonté.» 11 supprime le 
premier point pour établir le second, et c’est grâce à cette volonté 
que nous sommes sanctifiés une fois pour toutes, nous qui le 
sommes par le sacrifice du corps de Jésus-Christ. 

De plus, chaque prêtre se présente tous les jours et oflicie, 
offrant des sacrifices, souvent les mêmes et qui ne peuvent pas 
effacer les péchés. Lui, au contraire, n’a offert qu'un seul sacri- 
fice pour les péchés, puis 

«S’est assis» pour toujours «ἃ la droite de Dieu» ; 
et désormais il attend [un marchepied1». 

« Que ses ennemis soient renversés, soient sous ses pieds, comme 

C’est par une offrande unique qu'il a donné pour toujours la 
parfaite pureté à ceux qu'il sanctifie. D'ailleurs, l'Esprit saint nous 
l’atteste, car, après avoir dit: 

« Voici l'alliance que je contracterai avec eux 
Quand le moment sera venu, dit le Seigneur, 
Je mettrai mes lois dans leur cœur, 
Je les graverai dans leur esprit...» 

Il ajoute ? : [éniquités 5.» 
«Je n'aura plus aucun souvenir de leurs péchés et de leurs 
Or, à où il y ἃ pardon, il n’est plus question de sacrifice pour 

le péché. 


Ainsi, mes frères, puisque nous avons la ferme assurance que 
nous entrerons dans le sanctuaire, grâce au sang de Jésus — 
(car il ἃ inauguré pour nous un chemin nouveau et réel à travers 
le rideau, c'est-à-dire par son corps) — puisque nous avons un 
grand-prêtre préposé à la maison de Dieu, approchons-nous avec 


1 Psaume 110, 1. 
2. Ces mots il ajoute sont sous-entendus dans le texte. 
3 Jérémie 81, 33 et suiv. 


ÉPITRE AUX HÉBREUX 633 


un cœur sincère, avec une foi pleine et entière, le cœur et la 
conscience puriliés de tout mal, et le corps lavé d’une eau pure; 
continuons, sans fléchir, à confesser notre espérance (car il est 
fidèle, Celui qui ἃ fait la promesse!). Ayons l'œil les uns sur les 
autres pour nous exciter à l'amour et aux bonnes œuvres; ne 
désertons pas nos réunions, comme quelques-uns en ont pris 
l'habitude, mais fortifions-nous-y, et cela d'autant plus que vous 
voyez approcher le grand jour. 

Si, après avoir fait connaissance avec la vérité, nous péchons 
exprès, 1l ne reste plus de sacrifice pour les péchés; il ne reste que 
la terrible attente du jugement et un feu dévorant qui doit con- 
sumer les rebelles. Celui qui ἃ violé la Loi de Moïse meurt sans 
miséricorde «sur la déposition de deux ou trois témoins 1». Com- 
bien sera plus terrible le châtiment dont sera jugé digne celui 
qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu et regardé comme vil «le 
sany de l’Alliance?», — ce sang qui l'a sanctifié, — qui aura 
outragé l'Esprit de la grâce? Nous connaissons celui qui a dit : 

«A moi la vengeance, moi je rendrai ἃ mon tour», 
et ailleurs : 
«Le Seigneur jugera son peuple 4.» 

Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant! 

Souvenez-vous des premiers temps où, après avoir été éclairés, 
vous avez dü soutenir de nombreuses et douloureuses luttes; ici, 
exposés publiquement aux insultes et aux afilictions, là, sympathi- 
sant avec ceux que l’on traitait ainsi. Vous avez eu compassion 
des prisonniers, vous vous êtes résignés avec joie à la confiscation 
de vos biens, sachant que vous possédez ailleurs une fortune qui 
vaut mieux et vous restera toujours. Ne perdez donc rien de 
votre confiance; une récompense immense y est attachée. Ce 
qu'il vous faut, c’est de la patience, pour qu'après avoir fait la 
volonté de Dieu, vous remportiez ce qui vous est promis. Encore 


1 Deutéronome 17, 0. 

2 Exode, 24, 8. 

3 Deutéronome 32, 35 et suiv. 
4 Psaume 135, 14. 


93, 10 
2% 


25 


36 


97 


10, 


11, 


38 


1 


5 


634 LE NOUVEAU TESTAMENT 


QUn bien; un bien petit espace de temps. 
Celui qui doit venir arrivera et ne tardera point, 
Et mon juste vivra par la for : 
Mais s'il recule, mon âme ne trouve pas en lui de plaisir 1.» 
Quant à nous, nous ne sommes pas de ceux qui reculent pour 
se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leurs âmes! 


Or, la foi est la ferme conviction de choses qu'on espère, 
l'absolue certitude de faits qu'on ne voit pas. C’est parce que les 
hommes d'autrefois ont eu cette foi là que leur éloge nous ἃ été fait. 

C'est par la foi que nous reconnaissons qu’une parole de Dieu 
a formé le monde et, de la sorte, ce que nous voyons n'est pas 
provenu de choses existantes ?. 

C’est par la foi qu'Abel offrit à Dieu un meilleur sacrifice que 
Caïn, sacrifice qui le fit déclarer juste, Dieu approuvant «ses 
offrandes*>» et, par elle, lui qui est mort parle encore. 

C’est à cause de sa foi qu'Énoch fut enlevé de manière à ne 
pas voir la mort et «on ne le trouva plus parce que Dieu l'avait 
enlevé». En effet, avant son enlèvement, on fait de lui cet 
éloge : «il était agréable à Dieu “». Or, sans la foi, il est impossible 
de lui être agréable, car celui qui s'approche de Dieu doit croire 
que Dieu existe et qu'il est un rémunérateur pour ceux qui le 
cherchent. 

C’est par la foi que Noé, averti de choses qu'on ne voyait pas 
encore , construisit avec une pieuse prévoyance une arche pour 
sauver sa famille; par elle, il condamna le monde et devint 
héritier de la justice que produit la foi. 

Cest par la foi qu'Abraham, appelé à partir pour le pays 
qu'il devait recevoir en héritage, obéit, et il partit sans savoir où 
il allait. 


1 Ésaïe, 26, 20; Habacuc, 2, 3 et suiv. 

2 C'est-à-dire : Le monde ἃ été tiré du néant. Dieu n'a pas eu seulement à 
arranger la matière, mais à la créer. 

3 Genèse 4, 4 et suiv. 

4 Genèse 5, 24. 


ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 635 
7 Re 
C’est par la foi qu'il vint s'établir dans la terre promise, comme 
en pays étranger, vivant sous la tente, avec Isaac et Jacob, héri- 
tiers, comme lui, de la même promesse; car il attendait la cité aux 
solides fondements dont Dieu est l'architecte et le constructeur. 
C’est par la foi que Sarra, elle aussi, reçut, malgré son âge, la 
force de donner le jour à un fils, parce qu’elle avait cru à la 
véracilé de celui qui le lui avait promis; et c’est aussi pour cela 
que d'un seul homme, et d’un homme au dernier terme de la 
vieillesse, naquit une descendance semblable pour le nombre 
«aux étoiles du ciel et aux grains de sable qui couvrent le bord de 
la mer» et qui sont innombrables. 

Dans cette foi ils moururent tous, sans avoir recu les choses 
promises, les ayant seulement vues et saluées de loin et se 
reconnaissant «étrangers et voyageurs sur la terre?2». Ceux qui 
tiennent ce langage montrent bien qu'ils cherchent une patrie; 
et s'ils avaient songé à celle dont ils étaient sortis, ils avaient tout 
le temps d'y retourner; mais non, c’est une meilleure patrie 
qu'ils désirent, je veux dire une patrie céleste; aussi Dieu n’a 
point honte d'eux; il se fait appeler leur Dieu, car il leur ἃ pré- 
paré une cité. 

C'est par la foi qu'Abraham, mis à l'épreuve, offrit Isaac, 
offrit son fils unique, lui qui avait reçu les promesses, lui auquel 
il avait été dit: «C’est d'après Isaac que ta race sera nommée à » ; 
il pensait que Dieu a le pouvoir même de ressusciter les morts, 
aussi le recouvra-t-il de telle manière qu'il est un symbole“. 

C’est par la foi”, et en vue de l’avenir, qu'Isaac bénit Jacob et 
Ésaü. 

C’est par la foi que Jacob bénit, en mourant, chacun des fils 
de Joseph et qu'«il se prosterna devant le sommet de son bâton 5». 


1 Genèse 15, 5 et 22, 17. 

2 Genèse 23, 4 et Psaume 39, 13. 

3 Genèse 21, 12. 

4 Isaac, ayant été comine ressuscité des morts, est le symbole, le type du 
Christ ressuscité. 

5 Plusieurs anciens manuscrits lisent : C’est aussi par la foi. 

5 Genèse 47, 31. 


9, 11 


21 


11. 


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ῷ 


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36 


636 LE NOUVEAU TESTAMENT 


C’est par la foi que Joseph, aux approches de la mort, fit men- 
tion de l’exode des enfants d'Israël et ordonna ce qu’on ferait de 
ses restes. 

C’est par la foi que Moïse, à sa naissance, fut caché trois 
mois par ses parents, parce qu'ils avaient vu que leur enfant était 
beau et qu'ils ne se laissaient pas effrayer par le décret du roi. 

C'est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça au nom 
de fils de la fille de Pharaon, aimant mieux partager les souf- 
frances du peuple de Dieu que d’avoir du péché une jouissance 
momentanée, considérant l’opprobre du Christ comme une plus 
grande richesse que tous les trésors de l'Égypte; et cela parce 
qu'il regardait à la rémunération. 

C'est par la foi qu'il quitta l'Égypte sans redouter la colère du 
roi, car il tint ferme comme s’il voyait Celui qui est'invisible. 

C'est par la foi qu'il établit la Pâque et l’aspersion du sang, 
pour que l’exterminateur ne touchât pas les premiers-nés des 
Israélites. 

C'est par la foi qu'ils traversèrent la mer Rouge comme on 
marche sur la terre sèche, tandis que les Égyptiens qui essayèrent 
de passer furent engloutis. 

C’est par la foi que les murs de Jéricho tombèrent après qu’on 
en eut fait le tour pendant sept jours. 

C’est par la foi que Rahab, la femme de mauvaise vie, ne périt 
pas avec les incrédules, parce qu'elle avait accueilli les espions 
avec bonté. 

Que dire encore? le temps me manquera si je parle de Gédéon, 
de Barak, de Samson, de Jephté, de David, de Samuel, des pro- 
phètes qui, par la foi, ont conquis des royaumes, ont exercé la 
justice, ont obtenu des promesses, ont fermé la gueule des lions, 
ont éteint l’ardeur du feu, ont échappé au tranchant de l'épée, 
ont triomphé de la maladie, ont été vaillants à la guerre, ont 
repoussé les invasions étrangères. Des femmes ont recouvré leurs 
morts par la résurrection; les uns ont été livrés à la torture, 
refusant d'être délivrés, pour obtenir une résurrection meilleure ; 
les autres ont eu à subir les moqueries, la flagellation, et même 


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ÉPITRE AUX HÉBREUX 637 


les fers et le cachot; on les a lapidés, on les a torturés, on les 
a sciés, on les a tués avec des épées; ils ont été çà et là, 
n'ayant pour se couvrir que des peaux de brebis ou de chèvres, 
manquant de tout, opprimés, maltraités, eux dont le monde 
n’était pas digne, errants dans les déserts, les montagnes, les 
cavernes, les antres de la terre. Et tous ils ont été loués pour 
leur foi, et cependant ils n’ont point vu les promesses s’accomphir. 
Dieu avait en vue quelque chose de meilleur pour nous, et ils ne 
devaient pas arriver sans nous à la perfection. 


Eh bien, nous aussi, puisque nous avons autour de nous une 
si grande nuée de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau et 
du péché qui nous circonvient si facilement, courons avec persé- 
vérance dans la carrière ouverte devant nous, les yeux fixés sur 
l’auteur et le consommateur de la foit, sur Jésus, lequel, regar- 
dant à la joie placée devant lui, a enduré la croix et, pour en 
avoir méprisé la honte, «S’est assis à la droite?» du trône de 
Dieu. Considérez celui qui a supporté de la part des pécheurs une 
telle opposition contre lui pour que vos âmes ne se découragent 


pas, pour que vous ne faiblissiez pas. 


Vous n’avez pas encore eu à résister jusqu'au sang dans votre 
lutte contre le péché, et vous auriez oublié l’exhortation qui vous 
est adressée comme à des fils : 

«Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur 

Et ne te décourage pas quand il te reprend, 

Car le Seigneur châtie celui qu’il aime 

Et il frappe de ses verges tout fils qu’il reconnait comme sien *. » 

Si vous avez des châtiments à endurer, c’est que Dieu vous 
traite comme des fils, car quel est le fils que son père ne châtie 
pas? Si vous êtes dispensés du châtiment dont tous les fils ont 
leur part, vous êtes illégitimes, vous n'êtes pas de vrais fils. De 


1 Le consommateur de La foi, c’est-à-dire celui qui la porte à sa perfection. 
2 Emprunté à Psaume 110, 1. 
3 Proverbes 3, 11 et suiv. 


37, 11 


38 
99 


40 


4 12 


[Se] 


Qt 


638 LE NOUVEAU TESTAMENT 


———_—_—_———….…—…—…—….…—….…—.…—….….…—…—…"—…—…—…——…—..….—. 


plus, nos pères par le sang nous ont châtiés, et nous les avons 
respectés; ne devrons-nous pas à bien plus forte raison nous 
12,10 soumettre à notre Père spirituel pour avoir la vie? Ceux-là nous 
châtiaient pour quelques jours et comme bon leur semblait; lui 
le fait pour notre bien, pour que nous ayons notre part de sa 
11 sainteté. Tout châtiment, il est vrai, ne paraît pas être au premier 
moment un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus lard il fait 
recueillir en paix par ceux qui en ont subi l'épreuve, le fruit qui 
12 s'appelle la justice. Ainsi donc, 
«Relevez ces mains qui tombent 
Et ces genoux qui fléchissent À», 
1547: 
«Mettez vos pieds dans les chemins dronts ?» 
pour que ce qui boite ne soit pas renversé, mais plutôt guéri. 
14 «Cherchez à étre en paix» avec tout le monde; cherchez la 
sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Veillez 
15 ἃ ce que personne ne se prive de la grâce de Dieu, à ce qu «{ 
ne pousse aucune plante vénéneuse qui pourrait faire du mal*», 
qui pourrait empoisonner plusieurs d'entre vous. Que personne 
16 ne soit impur ou profane comme Ésaü, qui cvendit», pour un 
simple repas, «ses droits de prenner-né°». Et vous savez que 
17 lorsqu'il voulut plus tard recevoir la bénédiction de son pere, 
il fut repoussé ; il ne put faire accueillir sa repentance, quoiqu'il 
l’eût demandée avec larmes. 
18 Vous ne vous êtes pas approchés d’une montagne qu'on püt 


- 


1 Ésaïe 35, 3. 


2 Proverbes 4, 26. Ces mots : Mettez vos pieds dans les chemins droits, for- 
ment dans le texte grec un vers hexamètre. ἐν 


3 Emprunté à Psaume 34, 15. 


4 Deutéronome 29, 18. ᾿ 
> Genèse 25, 91. 4 
6 Le mot montagne manque dans les manuscrits les plus anciens et les plus À 


autorisés; il est évidemment sous-entendu. Cependant on peut traduire aussi: 
Vous ne vous êles pas approchés d’un feu ardent qu'on pût toucher, ni de l'obs- 
curilé, etc. 


= RDS τι 


ÉPÎTRE AUX HÉBREUX 639 


toucher, «que le feu embrasât, ni de l'obscurité, des ténèbres, de la 
tempête, du bruit de la trompette, de la voix des commandements», 
que les auditeurs demandèrent instamment à ne pas entendre 
plus longtemps. Car ils ne pouvaient supporter cette injonction : 
« Méme l'animal qui touchera cette montagne sera lapidé?». Et ce 
spectacle était si effrayant que Moïse dit : «Je suis épouvanté et 
tremblant *». Mais vous vous êtes approchés de la montagne de 
Sion et de la ville du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, du 
chœur des myriades d’anges, de l'Église de vos aïnés inscrits aux 
cieux, de Dieu, juge de tous, des esprits des justes arrivés au 
but, de Jésus, médiateur d’une Alliance nouvelle, et du sang de 
propitiation qui parle mieux que celui d’Abel. 

Prenez garde de refuser d'entendre Celui qui vous parle. Car 
s'ils n’ont pas échappé, ceux qui refusaient d'entendre Celui qui 


86 révélait sur la terre, à bien plus forte raison n’échapperons- 


nous pas si nous repoussons Celui qui se révèle du haut des 
cieux, dont la voix faisait autrefois trembler la terre et qui fait 
aujourd'hui cette déclaration : [aussi le ciel.» 

«Je ferai trembler une fois encore non seulement la terre, mais 

Ces mots: «une fois encore» indiquent la transformation du 
monde visible qui sera ébranlé, tandis que le monde inébranlable 
est éternel. Ainsi, puisque c'est un Royaume inébranlable que 
nous avons reçu, soyons pleins d'une reconnaissance telle que 
nous rendions à Dieu avec piété et avec respect un culte qui lui 
soit agréable. « Car notre Dieu est un feu dévorant*.» 


Continuez à vous aimer comme des frères; n’oubliez pas l’hos- 
pitalité; car, en la pratiquant, quelques-uns, sans le savoir, ont 
reçu chez eux des añges. | 

Souvenez-vous des prisonniers comme si vous étiez des leurs, 


1 Deutéronome 4, 11 et suiv. 
3 Exode 19, 12 et suiv. 

3 Deutéronome 9, 19. 

# Aggée 2, 6. 

5 Deutéronome 4, 24. 


t9 
+] 


1 


10 


640 LE NOUVEAU TESTAMENT 


et des malheureux, en songeant que vous aussi vous vivez dans 
ce COrps. 

Respectez tous le mariage; ne déshonorez pas le lit nuptial ; 
les débauchés et les adultères, Dieu les jugera ! 

Ne soyez pas de ceux qui tiennent à l'argent; contentez-vous 
de ce que vous avez; car lui-même ἃ dit: «Je ne te laisserai pas, 
certainement je ne l’abandonnerai pas!»; aussi pouvons-nous 
dire avec confiance : 

«Le Seigneur me vient en aide; je ne m'effrayerai de rien; 
Que pourra me faire un homme 2?» 

Souvenez-vous de vos directeurs, qui vous ont prêché la 
parole de Dieu; représentez-vous la fin de leur carrière et imitez 
leur foi! Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et éternelle- 
ment ! 

Ne vous laissez pas entrainer par toutes sortes de doctrines 
étrangères; car il est bon que la grâce donne de la fermeté au 
cœur, et que ce ne soient point des aliments qui n'ont point profité 
à ceux qui en usent. 

Nous avons un autel dont ceux qui célèbrent le culte dans le 
tabernacle n’ont pas le droit de manger la victime. Les corps des 
animaux, immolés pour le péché, dont le sang est porté dans 
le sanctuaire par le grand-prêtre «sont brülés hors du camp». 
Voilà pourquoi Jésus aussi, pour sanctifier le peuple par son 
propre sang, ἃ souffert hors de la porte. « Sortons alors du 
camp» et allons à lui en portant son opprobre. Car nous 
n’avons pas ici de cité permanente, mais nous cherchons celle 
qui est à venir. } 

«Offrons» donc sans cesse «ἃ Dieu» par lui «τῶι sacrifice de 
louanges$», je veux dire «le fruit de lèvres?» confessant son 


1 Deutéronome 31, 6 et Josué 1, 5. 
2 Psaume 118, €. 

3 Lévitique 16, 27. 

4 La porte de la ville de Jérusalem. 
5 Lévitique 4, 12. 

5 Psaume 50, 14, 25. 

7 Emprunté à Osée 14, 2 


ÉPITRE AUX HÉBREUX 041 


nom. De plus, n'oubliez ni la bienfaisance, ni la libéralité, voilà 
les sacrifices auxquels Dieu prend plaisir. 

Obéissez à vos directeurs et acceptez leurs avis; car ils veillent 
sur vos âmes comme devant en rendre compte; et il faut qu'ils 
le fassent avec joie et sans avoir à se plaindre, car ce serait à 
votre préjudice. 

Priez pour nous, car nous sommes certains d’avoir une bonne 
conscience, étant décidés à bien nous conduire en toutes choses. 
Je vous demande surtout de le faire pour que je vous sois plus 
tôt rendu. 

Que le Dieu de paix «qui a retiré!» des morts notre Seigneur 
Jésus, devenu par le sang «d’une Alliance éternelle?» le souve- 
rain «berger des brebis 1», vous rende capables de toutes sortes 
de bonnes œuvres afin que vous fassiez sa volonté, et qu’il accom- 
plisse en nous ce qui est agréable à ses yeux par Jésus-Christ, 
auquel soit la gloire aux siècles des siècles! Amen. 


Veuillez, je vous en prie, frères, faire bon accueil à ces quel- 
ques paroles d’exhortation, car je ne vous écris qu'une lettre 
assez brève 5. 

Vous savez que notre frère Timothée a été relâché; s’il arrive 
assez tôt, je vous verrai avec lui. 

Saluez tous vos directeurs et tous les fidèles. 

Ceux qui sont venus d'Italie vous saluent. 


LA GRACE SOIT AVEC VOUS TOUS. 


1 Emprunté à Esaïe 63, 11. 
? Emprunté à Jérémie 32, 40. 
3 On peut traduire aussi: Gar je η αἵ eu que fort peu de temps pour vous écrire. 


41 


16, 13 


17 


18 


19 


22 


NON CN TT 4 


EN CN ΩΣ 


ÉPITRE DE JACQUES 


PRÉFACE 


Cette lettre adressée «aux douze tribus de la dispersion» a été 
écrite à Jérusalem. 

Elle n’a été connue ni de Papias, πὶ de Justin Martyr, ni d'Hé- 
gésippe, c’est-à-dire des plus anciens parmi les auteurs chrétiens. 
Cependant Clément de Rome et Hermas, aussi anciens qu'eux, 
semblent y faire allusion dans leurs écrits. Clément d'Alexandrie 
est le premier des Pères qui s’en soit positivement servi. Origène 
l’a révoquée en doute; Eusèbe l’a suspectée; Jérôme l’a rejetée; et 
ce n'est qu'à partir du quatrième siècle qu’elle fut définitivement 
admise dans le Nouveau Testament. 

Rien de plus simple que le christianisme de cette épître. Émi- 
nemment pratique, elle ne discute pas des idées, elle combat des 
vices. L'Évangile, dit-elle en résumé, est l’accomplissement de la 
loi morale; les rites mosaïques sont remplacés par lui. Cette loi 
morale c’est la parole de Dieu au dedans de nos cœurs, et elle est 
une loi de liberté. 

Ces quelques pages sont remplies de réminiscences des discours de 
Jésus-Christ et en particulier du sermon sur la montagne (1 : 2, 4, 
ΝΠ 5790..39..28.,.95.. 2:413-16:,9::17,; 18: 4:4535:.2%40, 
12, 15, 16) et l’auteur ne puise pas ces paroles dans nos Évangiles, 


64% LE NOUVEAU TESTAMENT 


mais dans la tradition orale. Le passage sur les riches (6: 1 et 
suiv.) désigne clairement les Sadducéens aristocrates et orgueilleux 
qui ont fait périr Jésus. 

Cette lettre est certainement le reflet de la vie intérieure de la 
première Église de J érusalem, et nous serions tenté de dire que 
nous sommes ici en présence d’un des plus anciens livres du Nou- 
veau Testament et peut-être du plus ancien de tous, si le pas- 
sage 2: 14-26, où Jacques parle de la foi qui sans les œuvres 
est morte, ne nous montrait pas qu'il a certainement connu l'Épître 
de Paul aux Romains. Il se place sans doute à un autre point de 
vue que Paul, et il est facile de prouver qu’il n’y a aucune con- 
tradiction entre sa pensée et celle de l’apôtre des Gentils. Mais il 
a connu la doctrine de celui-ci, et l'influence du langage et des 
idées de Paul est sensible dans plusieurs passages de la lettre de 
Jacques. 

Il y ἃ aussi une parenté certaine entre l’Épître de Jacques et la 
première épître de Pierre, mais ici c’est l’Épître de Jacques qui 
est la première. Il faut donc placer la date de la rédaction de 
notre lettre avant celle de la première de Pierre et après celle de 
l’Épître aux Romains qui est de l'an 58. L'Épître de Jacques fut 
sans doute rédigée vers l’an 60 et, en tout cas, avant 70, date de 
la ruine de Jérusalem. 

Il n’y ἃ aucun motif de douter que son auteur ne soit Jacques, 
le frère même du Seigneur, le chef de la première Église de 
Jérusalem. On a objecté, il est vrai, le style de cette lettre, qui 
est d’un grec relativement pur, et l’on ἃ dit que Jacques, à sup- 
poser qu’il sût le grec, ce qui est fort douteux, ne l’écrivait cer- 
tainement pas avec cette pureté. Mais, dans notre conviction, la 
plupart des auteurs chrétiens de ce temps-là se servaient de secré- 
taires. Paul dictait ses lettres. Nous croyons que l'Évangile de 
Jean ἃ aussi été dicté. Nous montrerons la même chose pour la 
première Épître de Pierre. Pourquoi Jacques n’aurait-il pas eu 
son secrétaire, qui se sera trouvé parler et écrire le grec d’une 
manière relativement pure? Car un fait est hors de doute; des 
hommes comme Pierre, Jacques et Jean ne pouvaient, dans la 
supposition la plus favorable, savoir le grec que très imparfaite- 
ment, et cependant il était absolument nécessaire qu'écrivant des 
lettres, ils les rédigeassent dans cette langue. Leurs lettres ne 


ἡ Ἢ AU ἘΠ RENTE  Ὑ AP STE RS σήν ΡΥ TA UT 
Vers PAPE NE TNT ee D εν το 2 à 


ΡΨ 

ÉPÎTRE DE JAGQUES 645 ἣ 
LI 

pouvaient se répandre dans l’empire et exercer quelque influence 

sur les communautés chrétiennes que si elles étaient écrites dans 

l’idiome universel d'alors, celui que tout le monde comprenait. Il 
leur fallait, par conséquent, avoir des secrétaires et des interprètes; ᾿ 
done, ils en eurent. 1 
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ÉPITRE DE JACQUES 


JACQUES , SERVITEUR! DE Dieu ET Du SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST 
AUX DOUZE TRIBUS DE LA DISPERSION ?, SALUT. 


Regardez comme un grand bonheur, mes frères, d’être en but 
à diverses épreuves; car, en mettant votre foi au creuset, elles 
produisent, vous le savez, la patience; patience qui doit être par- 
faitement mise en pratique, pour que vous soyez parfaits, accom- 
plis, ne laissant absolument rien à désirer. 

Si l’un de vous manque de sagesse, qu'il s'adresse à Dieu, qui 
donne à tous, volontiers et sans reproches, et la sagesse lui sera 
donnée. Mais qu’il demande avec confiance, sans douter; celui qui 
doute ressemble aux vagues de la mer quand le vent les soulève 
et les agite. Qu'une telle personne ne s’attende pas à obtenir quoi 
que ce soit du Seigneur. L'homme irrésolu est inconstant dans 
toutes ses entreprises. 


Que le frère humble songe avec orgueil à sa noblesse et le 
riche à sa bassesse; car il passera comme la fleur de l'herbe; le 
soleil se lève avec sa chaleur ardente et 


1 Grec, esclave. 

2 On appelait « de la dispersion» les Juifs vivant hors de Palestine et dissé- 
minés dans l’empire; mais l’expression: les douze tribus de la dispersion est ici 
allégorique. L’auteur ne s'adresse qu'aux Juifs devenus chrétiens. 


3 Humble signifie ici de basse condition. 


[Re] 


PS 


1 


10 


16 17 


18 


19 


648 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«il sèche l'herbe, et sa fleur tombe», 
et la beauté de son aspect disparaît; ainsi se flétrira le riche au 
milieu de sa carrière! 


Heureux l’homme qui supporte patiemment l’épreuve; car 
lorsqu'il aura fait ses preuves, il recevra la couronne de vie que 
Dieu a promise à ceux qui l’aiment. 

Que personne ne dise dans une tentation? : «C’est Dieu qui 
me tente», car Dieu, qui ne peut être tenté par le mal, ne tente 
lui-même personne. Lorsqu'on est tenté, c’est qu’on est entraîné 
et séduit par sa propre convoitise; ensuite, la convoitise, qui ἃ 
conçu, donne naissance au péché; et, enfin, le péché, parvenu à 
sa plus haute puissance, enfante la mort. 


Ne vous y trompez pas, mes freres bien-aimés, tout don excel- 
lent et tout présent parfaitÿ viennent d'en haut, descendent 
d’auprès du Père des lumières, chez lequel il n’y ἃ aucun chan- 
gement, pas l'ombre d’une variation. Il nous ἃ enfantés, parce 
qu'il l’a bien voulu, au moyen de la parole de vérité, pour que 
nous fussions, en quelque sorte, les prémices de ses créatures. 
Sachez-le bien, mes frères bien-aimés! 


Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à 
se mettre en colère, car la colère de l'homme n'accomplit pas la 
justice de Dieu. Enlevez donc toute souillure et tout reste de 
méchanceté, et recevez avec douceur la parole plantée en vous 
et qui peut sauver vos âmes. Seulement mettez cette parole en 
pratique, et ne vous bornez pas à l’écouter; vous tomberiez dans 
une grave erreur. 

Effectivement, celui qui se borne à écouter la parole et ne la 


1 Ésaie 40, 7. 

? Ou: «dans une épreuve», car il n’y a dans la langue grecque qu'un seul 
mot pour exprimer les deux idées d’épreuve et de tentation. 

3 Dans le texte grec, ces mots : tout don excellent et tout présent parfait, 
forment un vers hexamètre. 


ÉPÎTRE DE JACQUES 649 
a -ἴΞἕ οτος τος 
met pas en pratique ressemble à cet homme qui, après avoir vu 
dans un miroir les traits de son visage et après s'être regardé, 
s’en est allé et ἃ immédiatement oublié comment il est. 

Celui, au contraire, qui considère attentivement la Loi par- 
faite, la Loi de la liberté, qui prolonge sa contemplation, qui en 
arrive ainsi non à écouter pour oublier, mais à observer et à 
mettre en pratique, celui-là trouvera le bonheur dans son activité 
même. 


Si quelqu'un croit servir Dieu, qui ne tient pas sa langue en 
bride 1 et qui se trompe lui-même, son service de Dieu est illu- 
soire. Une manière de servir notre Dieu et Père, pure et sans 
tache à ses yeux, est de veiller sur les orphelins et les veuves 
dans leur détresse et de se garder soi-même immaculé du monde. 


Mes frères, point d’acception de personnes en la foi de notre 
Seigneur Jésus, le Christ de gloire?. Si, par exemple, il entre 
dans votre synagogue* un homme ayant un anneau d'or au 
doigt et revêtu d'habits brillants, et qu'il y entre aussi un pauvre 
aux vêtements sordides, et que vous regardiez celui qui porte de 
brillants habits et lui disiez: — «Toi, assieds-toi ici à cette 
place d'honneur»; — et que vous disiez au pauvre: — «Toi, 
reste là debout»; — ou bien: — «Assieds-toi plus bas que mon 
marchepied»; — n'est-ce pas là faire des distinctions entre 
frères et vous établir juges dans de mauvais sentiments ? 

Écoutez, mes frères bien-aimés : Dieu n'a-t-il pas choisi ceux 
que le monde appelle: «les pauvres», pour les faire riches en 
foi et héritiers du Royaume qu'il ἃ promis à ceux qu'il aime? Et 


1 L'auteur fait sans doute allusion ici à ces « docteurs » qu’il nommera plus 
loin (3, 1) et qui croyaient servir Dieu par leurs discussions religieuses et leurs 
controverses théologiques. 

2 On peut traduire, d’après une autre ponctuation : Ne faites-vous point 
d’acception de personnes en la foi de notre Seigneur Jésus, le Christ de 
gloire ? 

5.1] ne peut s’agir ici que de l'assemblée des premiers chrétiens et nullement 
de la synagogue juive; le mot synagogue veut dire étymologiquement convoca- 
tion, congrégation, assemblée, 


24, 1 


19 
ot 


26 


10 


11 


12 
13 


650 LE NOUVEAU TESTAMENT 


puis, vous faites affront au pauvre! Ne sont-ce pas les riches qui 
vous tyrannisent et qui vous traînent devant les tribunaux? Ne 
sont-ce pas eux qui blasphèment le beau nom qu’on prononce 
en vous nommant !? 

Sans doute, si vous accomplissez la Loi royale que nous donne 
l'Écriture: «Tu aëmeras ton prochain comme toi-méme ?», vous 
faites bien, mais si vous faites acception de personnes, vous com- 
mettez un péché, et la Loi vous condamne et vous déclare trans- 
gresseurs | 

En effet, quelqu'un qui a observé la Loi tout entière (sauf un 
commandement pour lequel il a failli) est coupable comme s'il 
les avait tous violés. Car celui qui a dit: «Tu ne commettras pas 
d'adultère#» ἃ dit aussi: «Tu ne commettras pas de meurtre“ » 
et alors si tu ne commets pas d’adultère, mais que tu commettes 
un meurtre, tu deviens transgresseur de la Loi. 

Parlez et agissez comme devant être jugés par une Loi de 
liberté. Le jugement est sans miséricorde pour celui qui n'a 
pas fait miséricorde. La miséricorde n’a rien à craindre du juge- 
ment ?. 


Mes frères, à quoi sert-il à quelqu'un de dire: «j'ai la foi», 
s'il n'a pas les œuvres. La foi peut-elle le sauver? Je suppose 
qu'un frère ou une sœur se trouve dans le dénuement et quil 
leur manque le pain quotidien, et voici l’un de vous qui leur dit: 
— «Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous» — et cela 
sans leur donner ce qu'il leur faut pour vivre, à quoi cela sert-1l? 
Eh bien, il en est de même de la foi, si elle n’a pas d'œuvres, 
elle est morte en soi. | 

Cependant on pourrait dire: — «Toi, tu as la foi»; — moi, 
j'ai aussi des œuvres; montre-moi ta foi sans les œuvres; quant 


1 Le nom de Christ, d’où vient le nom de Chrétien (Christianus). 

“ Lévitique 19, 18. 

 Exode 20, 14. 

t Exode 20, 13. 

Ὁ Littéralement : triomphe du jugement, c'est-à-dire l’affronte, sa cause 
étant gagnée d’avance, 


es A οὐ κω... ων, ter 2 


ÉPÎITRE DE JACQUES 651 


à moi, C'est par mes œuvres que je montrerai ma foit, Tu as la 
foi en un Dieu unique? tu as raison; eh bien, les démons ont 
aussi cette foi-là, et cependant ils tremblent 2. 

Veux-tu comprendre, ὁ homme creux, que la foi sans les œuvres 
est stérile? N'est-ce pas pour des œuvres qu'Abraham notre Père 
fut déclaré juste, lorsqu'il offrit sur l'autel son fils Isaac? Tu vois 
que la foi et les œuvres agissaient chez lui de concert, et que les 
œuvres ont porté la foi à sa perfection. C’est ainsi que s’est 
accomplie l'Écriture qui dit: « Abraham eut foi en Dieu et cela lui 
fut compté pour justice “», et il reçut le nom d'ami de Dieu. 
Vous voyez bien qu’un homme est considéré comme Juste pour 
des œuvres et non pas seulement pour sa foi. 

De même encore est-ce que Rahab, la femme de mauvaise vie, 
n’a pas été considérée comme juste pour des œuvres, quand elle 
a donné asile aux messagers et les ἃ fait partir par un autre 
chemin? De même que le corps sans esprit est mort, de même la 
foi sans œuvres est morte. 


Ne soyez pas nombreux à vous ériger en docteurs, mes frères, 
vous savez que nous serons jugés d'autant plus sévèrement *. 
Nous bronchons tous et de bien des manières, et si quelqu un ne 
bronche pas dans ses paroles, c’est un homme parfait, capable 
de tenir en bride son corps tout entier. 

Quand nous mettons un mors dans la bouche des chevaux 


1 Voici le sens probable de la pensée de l’auteur : On n’a pas les œuvres sans 
avoir la foi; par conséquent, un de mes adversaires pourrait me dire à moi, qui 
ai les œuvres: «Tu as la foi». Je lui réponds: «Sans doute, je l'ai, mais j'ai aussi 
les œuvres que tu n’as peut-être pas; tu ne saurais en tout cas me prouver que 
tu as la foi sans me montrer des œuvres; moi, c’est par mes œuvres que je te 
prouverai ma foi. » | 

2 Cette foi ne les sauve pas, elle les frappe de terreur, elle produitgen eux un 
effet tout opposé à celui qu’elle devrait produire, preuve que la foi seule ne suffit 
pas et que les œuvres sont nécessaires au salut, 

3 On peut, d’après une autre ponctuation, faire cette phrase-là aussi interro- 
gative : « Vois-tu que.» etc., et alors il faut placer un point d'interrogation après 
le mot perfection. 

4 Genèse 15, 6. 

5 La fin de la phrase est sous-entendue : «si nous avons été docteurs», — la 
responsabilité de celui qui se charge d’enseigner étant plus grande. 


19, 2 


26 


1,8 


19 


Co 


16 


052 LE NOUVEAU TESTAMENT 


pour nous en faire obéir, nous conduisons en même temps leur 
corps tout entier. Voyez aussi les navires: qu’ils sont grands! 
combien sont violents les vents qui les agitent! et c’est avec un 
tout petit gouvernail que le pilote les mène à volonté dans toutes 
les directions. 

Il en est de même de la langue, petit membre qui a de grandes 
prétentions! Un bien petit feu peut embraser une bien grande 
forêt! La langue aussi! est du feu; elle est le monde de l'iniquité, 
la langue, installée parmi nos autres membres, souillant le corps 
tout entier, enflammant le cours de la vie et enflammée elle- 
même par le feu de la géhenne?! 

Toute espèce d'animaux sauvages, d'oiseaux, de reptiles, de 
poissons peuvent être domptés ou ont été domptés par l'espèce 
humaine, mais la langue, il n’est pas d'homme qui puisse la 
dompter; mal impossible à arrêter, elle est pleine d’un venm 
mortel. Avec elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et avec 
elle nous maudissons les hommes créés à l’image de Dieu. De la 
même bouche sortent bénédiction et malédiction! 11 ne doit pas 
en être ainsi, mes frères! La source donne-t-elle par la même 
ouverture de l’eau douce et de l’eau saumâtre? Un figuier, mes 
frères, peut-il donner des olives? Une vigne, des figues? Une 
source d’eau salée ne peut pas davantage donner de l’eau douce. 

L'un de vous est-il sage et intelligent? Qu'il le prouve par des 
faits, par une bonne conduite, par la douceur de sa sagesse. 
Mais si vous avez la passion des disputes et de l’amertume dans 
le cœur, n'allez pas vous glorifier de votre sagesse, vous agiriez 
contre toute vérité, vous mentiriez*. Cette sagesse-là ne vient 
pas d'en haut; au contraire, elle est terrestre, sensuelle, diabo- 
lique; car là où règnent la passion des disputes, là règnent aussi 
le désordre et toutes sortes de mauvaises choses. 


1 Quelques anciens manuscrits omettent aussi. Si l’on accepte cette omission, 
on peut lire, d’après une autre ponctuation : « Un bien petit feu, la langue, peut 
embraser une bien grande forêt ! Elle est du feu, elle est le monde. » ete. 

2 «Le feu de la géhenne ». Voy. sur le mot géhenne note sur Matth. 5, 22. 

ἢ Quelques anciens manuscrits lisent : «N'’allez pas vous glorifier de votre 
sagesse οἱ mentir contre la vérité.» 


ÉPITRE DE JACQUES 653 


La sagesse qui vient d'en haut est d’abord pure, ensuite paci- 
fique, modérée, conciliante, pleine de compassion et de bons 
procédés, sans duplicité, sans hypocrisie. Ce fruit, la justice, est 
semé au moyen de la paix par ceux qui répandent la paix. 


D'où viennent vos guerres? d'où viennent vos querelles? 
n'est-ce pas de vos passions qui combattent dans vos membres? 
Vous convoitez et vous ne possédez pas; vous êtes meurtriers, 
vous êtes jaloux, et vous ne pouvez pas obtenir; vous vous que- 
rellez et vous vous disputez; vous ne possédez pas!, parce que 
vous ne savez pas demander : vous demandez et vous ne recevez 
pas, parce que vous demandez mal et pour fournir un aliment à 
vos passions. Idolâtres?! ne savez-vous pas que l'amour du 
monde, cest l'inimitié contre Dieu? Celui donc qui veut être 
l'ami du monde est constitué l'ennemi de Dieu. 


Prenez-vous pour des paroles en l'air les paroles de l'Écri- 
ture? le Dieu jaloux réclame l'Esprit qu'il nous ἃ donné”; de 
plus il nous accorde une grâce supérieure à celle du monde. 
Voilà pourquoi il est écrit : 

« Dieu résiste aux orgueilleux 
Et il fait grâce aux humbles *.» 

Soumettez-vous donc à Dieu; résistez au diable, et il fuira 
loin de vous. 

Approchez-vous de Dieu et il s’approchera de vous. Purifiez 
vos mains, vous qui êtes pécheurs! Sanctifiez vos cœurs, vous 
qui êtes irrésolus! 

1 Quelques anciens manuscrits lisent : ef vous ne possédez pas. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : «Un aliment à vos pas- 


sions, idolätres! Ne savez-vous pas, etc. » 
3 On peut lire, d’après une autre ponctuation : « Prenez-vous pour des paroles 


en l’air les paroles de l’Écriture: «le Dieu jaloux réclame l'Esprit qu’il nous α 


donné? » Mais ce passage : Le Dieu jaloux, etc., ne se trouve pas dans l'Ancien 
P © J ? ? 
Testament. D'ailleurs, queile que soit la ponctuation, ces versets 5 et 6 sont 
» T ; 
presque incompréhensibles dans le texte grec ; nous les avons rendus par à peu 
près et nous ne garantissons nullement la justesse de notre interprétation. L’opi- 
nion la plus plausible est que ce passage de l’épître ne nous est parvenu qu’altéré. 
1 Proverbes 3, 34, 


417, 3 


18 


1, 4 


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μῶν 


or 


13 


17 


19 


CO 


654 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Souffrez de votre misère, soyez tristes, versez des larmes, que 
votre rire se change en pleurs et votre gaité en chagrin; humiliez- 
vous devant le Seigneur et il vous élèvera. 


Ne médisez pas les uns des autres, frères. Celui qui médit 
d’un frère ou qui juge son frère, médit de la Loi et juge la Loi. 
Or, si tu juges la Loi, tu n’observes plus la Loi, tu te mets au- 
dessus d’elle. Un seul est législateur et juge: Celui qui a le 
pouvoir de sauver et de perdre; mais qui es-tu, toi, pour juger 
ton prochain? 


Et maintenant à vous autres, qui dites: — «Aujourd’hui ou 
demain nous irons dans telle ville, nous y passerons! un an, 
nous ferons des affaires et nous gagnerons de l'argent», — 
sans savoir ce que sera demain. (Qu'est-ce, en effet, que votre 
vie? Vous n'êtes qu'une vapeur visible un moment, puis dispa- 
raissant.) Que vous feriez mieux de dire: «Si ie Seigneur le 
veut, nous serons en vie et nous ferons ceci ou cela.» Vous vous 
enorgueillissez dans votre vaine ostentation; cette sorte d'orgueil 
est mauvaise. | 

Celui qui sait faire le bien et ne le fait pas, commet un péché. 


Et maintenant à vous, les riches: Pleurez! Hurlez sur les 
malheurs qui vous attendent! Vos richesses sont pourries! vos 
étoffes sont mangées aux vers! Votre argent et votre or sont 
tout rouillés! Cette rouille sera une preuve contre vous et, comme 
un feu, elle mangera vos chairs! C’est pendant les derniers jours 
que vous avez amassé vos trésors*! Eh bien, le salaire des 
ouvriers qui ont moissonné vos campagnes et dont vous les avez 


1 Quelques anciens manuscrits et d’anciennes autorités lisent : passons-y 
un an. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : sans savoir ce que 861) 6 
votre vie demain. Gar vous n'êtes qu'une vapeur... etc. : 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : sera une preuve contre 
vous el elle mangera vos chairs ! C’est pendant les derniers jours que vous 
avez, comme un feu, amassé vos trésors ! 


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: 


ÉPITRE DE JACQUES 655 


frustrés, crie, et les voix des moissonneurs sont venues jusqu'aux 


oreilles du Seigneur des armées!. Vous avez vécu dans les 


délices sur la terre, vous avez joui, vous vous êtes repus et cela 
le jour même où vous allez être égorgés! Vous avez condamné, 
vous avez assassiné le Juste qui ne vous résistait pas! 


Patientez donc, frères, jusqu'a l'apparition du Seigneur. Voyez 
l’agriculteur, il attend le précieux fruit de la terre, il patiente 
jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies d'automne et celles du prin- 
temps. Patientez, vous aussi; fortifiez vos cœurs, car l'apparition 
du Seigneur est prochaine. Ne vous plaignez pas les uns des 
autres, frères, pour ne pas être jugés. Voici le juge; 1] se tient à 
la porte. 

Prenez pour modèles, frères, dans la souffrance et dans la 
patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. Nous 
appelons heureux, voyez-vous, ceux qui ont tenu bon. Vous 
avez entendu parler de la constance de Job, et vous avez vu ce 
que le Seigneur lui ἃ donné à la fin; car il est plein de com- 
passion et de miséricorde ?. 


Surtout, mes frères, ne prêtez pas de serment, ni par le ciel, 
ni par la terre, ni sous une forme quelconque. Dites seulement : 
Oui, Oui; OU: non, non; pour n'encourir aucun Jugement. 


Un de vous est-il dans la peine? qu'il prie. Un de vous est-il 
dans la joie? qu'il chante des psaumes. Un de vous est-il malade ? 
qu'il fasse appeler les Anciens de l'Église; que ceux-ci prient sur 
lui, après lui avoir fait une onction d'huile au nom du Seigneur; 


1 Ces mots des armées sont en hébreu dans le texte : du Seigneur Sabaoth. 

2 On peut lire aussi d’après une autre ponctuation : Nous appelons heureux, 
voyez-vous, ceux qui ont tenu bon — (Vous avez entendu parler de la con- 
stance de Job et vous avez vu quelle « été la fin du Seigneur) — nous les appe- 
lons heureux parce que le Seigneur est plein de compassion et de miséricorde, 
D’après cette manière de ponctuer la fin du Seigneur signifie la mort du 
Seigneur Jésus-Christ et le second nous les appelons heureux est sous-entendu 
dans le texte. 


53 


10 
41 


13 
14 


5, 15 


16 


17 


18 


20 


656 LE NOUVEAU TESTAMENT 


et la prière faite avec foi sauvera le malade, le Seigneur le réta- 
blira, et, s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés. 


Confessez-vous réciproquement vos péchés, et priez les uns 
pour les autres, afin que vous guérissiez; car la prière d’un juste 
est bien puissante quand elle est fervente. Élie était un homme 
aussi faible que nous tous, et il demanda dans une prière qu'il 
ne plût pas; et il ne plut pas sur la terre pendant trois ans et 
demi. Puis, quand il eut prié encore, le ciel donna de la pluie, et 
la terre fit germer ses fruits. 


Mes frères, si l’un de vous s’est laissé égarer loin de la vérité, 
et qu'un autre le ramène, qu'il sache que celui qui ramène un 
pécheur du chemin où il se perd, sauvera une âme de la mort et 
couvrira un grand nombre de péchés. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE PIERRE 


PRÉFACE 


Cette épître est encyclique et, comme on dit aujourd’hui, catho- 
lique; elle s'adresse sans distinction à toutes les Églises d'Asie 
Mineure. 

Ses destinataires étaient des païens convertis au christianisme 
(1 : 14, 18; 2:9, 10; 3: 6; 4: 3). L'auteur les appelle «les expa- 
triés de lu dispersion» (À : 1). « Expatriés », soit parce qu’il consi- 
dère le ciel comme leur vraie patrie, soit parce que tout fidèle 
n'habitant pas la Terre Sainte était regardé alors comme en exil. 
Quant aux mots «de la dispersion», il les emploie uniquement parce 
que ses lecteurs sont loin de Jérusalem, et on ne doit pas entendre 
par ce terme les Juifs disséminés. 

Pierre écrit en vue d’une persécution imminente (1 : 6; 2:12, 20; 
3: 13, 14, 15, 16-18; 4: 12, 13-17; 5: 8-10). Il traite successive- 
ment de l’espérance chrétienne, du salut et de la nécessité de se 
sanctifier. Dans la première partie il développe les privilèges de 
la foi; dans la seconde 1] se renferme dans lies exhortations pra- 
tiques : Qu'ils rompent entièrement avec le paganisme, qu'ils 
désarment leurs adversaires par la pureté de leur conduite, qu'ils 
soient soumis aux autorités. 

L’antiquité tout entière a attribué cette épître à l’apôtre Pierre; 


42 


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658 LE NOUVEAU TESTAMENT 


elle a toujours été incontestée. Papias l’a connue; Polycarpe ct 
Justin Martyr s’en servaient, et il n’y aucune objection sérieuse à 
élever contre son authenticité. 

Elle rappelle les lettres de Paul aux Éphésiens et aux Romains. 
Pierre reproduit en partie les chapitres 12 et 13 de l’Épître aux 
Romains; il emprunte à Paul plusieurs de ses expressions particu- 
lières, ce qu'on appelle sa terminologie. Enfin, il a eu sous les 
yeux l’Épitre de Jacques. Une comparaison attentive établit aisé- 
ment un rapport de dépendance qui est évident. Et cependant notre 
auteur a aussi ses expressions originales et caractéristiques. 

Il nous dit au verset 12 du chapitre 5: C’est par Silvanus, 
frère, à mon avis, fidèle, que je vous écris ces quelques lignes. Ces 
paroles peuvent signifier : je charge Silvanus (ou Silas) de vous 
porter cette lettre, mais il est aussi très naturel d’y voir l'indication 
du personnage qui a servi de secrétaire à l’apôtre. Silvanus (ou 
Silas), l’ami et le compagnon de Paul, aurait rédigé cette épître 
sous la direction de Pierre. Qu’y a-t-il de surprenant alors à ce 
que le disciple de Paul ait employé la terminologie de son maître 
et à ce qu’il se soit servi de l'Épître de Jacques dént l'autorité 
était certainement très grande dans son entourage immédiat ? 

La première Épître de Pierre a été écrite à Rome (5: 13) lorsque 
l’apôtre s’y trouvait avec Marc, l’auteur du second Évangile, 
Babylone était, on le sait, le nom symbolique de la capitale de 
l’empire. 

Quant à la date de la composition de cette épiître, elle est 
impossible à fixer. Il est certain seulement qu’elle est postérieure 
à l’an 60. 


2 


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PREMIÈRE ÉPITRE DE PIERRE 


PIERRE, APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, AUX EXPATRIÉS DE LA DISPER- 
SION DE PONT, DE GALATIE, DE CAPPADOCE, D'ASIE ET DE BITHYNIE, 
QUE DIEU NOTRE PÈRE À ÉLUS, SELON UNE DÉTERMINATION PRISE 
D'AVANCE, QU'IL A SANCTIFIÉS PAR L'ESPRIT, POUR OBÉIR A JÉSUS- 
CHRIST ET ÊTRE PURIFIÉS PAR L'ASPERSION DE SON SANG. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT DE PLUS EN PLUS DONNÉES. 


Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, de 
nous avoir régénérés dans sa grande miséricorde pour que nous 
ayons, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, une 
vivifiante espérance, celle d’un héritage incorruptible, immaculé, 
inaltérable, réservé dans ies cieux à vous que la puissance de 
Dieu garde par la foi pour le salut qui est prêt à paraitre et 
paraîtra au moment suprême. 

Vous en êtes transportés de joie, quoique vous soyez, pendant 
quelque temps encore, attristés de diverses épreuves. S'il le faut, 
c'est afin que l'épreuve par laquelle passe votre foi, bien 
plus précieuse que celle de l’or (et cependant cette matière péris- 
sable est éprouvée au feu), tourne à votre louange, votre gloire, 
votre honneur, lorsque paraitra Jésus-Christ, que vous aimez sans 
l'avoir vu; et, croyant en lui sans le voir encore, vous êtes 
transportés d’une joie ineffable et glorieuse, parce que vous rem- 
porterez la récompense de votre foi, le salut de vos âmes. 


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1, 10 


19 


660 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Ce salut a été le sujet des recherches et des investigations des 
prophètes qui ont prédit la grâce à vous destinée; ils cherchaïent 
quelle époque et quelles circonstances indiquait l'Esprit de Christ 
qui rendait en eux un témoignage prophétique aux souffrances 
destinées au Christ et à la gloire dont elles seraient suivies. Et 
il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour 
vous qu'ils étaient dispensateurs de ces choses, que vous ont 
maintenant annoncées par l'Esprit saint, envoyé du ciel, ceux 
qui vous ont prèché l'Évangile, et au fond desquelles les anges 
mêmes désirent plonger leurs regards. 


Ainsi donc, ceignez vos reins (je parle au figuré), et soyez 
sobres; placez votre espérance tout entière dans la grâce? qui 
vous sera apportée lorsque paraîtra Jésus-Christ. 

En enfants obéissants, ne suivez pas les errements de vos pas- 
sions premières, quand vous étiez dans l'ignorance; mais, comme 
l'a dit le Saint qui vous ἃ appelés, soyez saints, vous aussi, dans 
toute votre conduite, car il est écrit : « Vous serez saints, car moi je 
suis saint°»; et Si vous invoquez comme Père celui qui, sans faire 
acception de personne, juge chacun selon son œuvre, marchez 
dans la crainte de Dieu tout le temps de votre pèlerinage; car 
ce n'est pas, vous le savez, par des choses périssables, par de 
l'argent cu par de l'or que vous avez été rachetés de cette 
manière de vivre si vaine que vous avaient léguée vos pères, 
mais par un sang précieux, semblable à celui d’un agneau sans 
tache et sans défaut, le sang de Christ, prédestiné avant la créa- 
tion du monde, et manifesté à cause de vous à la fin des siècles. 

ar lui vous avez foi en Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts 
et l’a glorifié, de sorte que votre foi est aussi une espérance en 
Dieu. 


1 Littéralement : ceignez les reins de votre pensée, c’est-à-dire soyez dans 
l’état d'âme d'un homme dont les reins sont ceints. Le passage Job 38, 3, ex- 
prime la même idée : ceins Les reins comme un vaillant homme. Voir Luc 12, 35. 

? On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : soyez parfaitement 
sobres; placez votre espérance dans la grâce. etc. 

3 Lévitique 11, 44; 19, 2; 20, 7, 26, 


PREMIÈRE ÉPITRE DE PIERRE 661 


Après avoir sanctifié vos âmes par l’obéissance à la vérité et 
en vue d’une sincère affection fraternelle, aimez-vous ardemment 
les uns les autres et de tout cœur, vous qui êtes nés de nouveau 
non d'un germe corruptible, mais d'un germe incorruptible, 
d'une parole vivifiante de Dieu, d’une parole qui ne passera pas. 
Car : 

« Toute chair est comme l'herbe, 

Et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe ; 

L'herbe sèche et sa fleur tombe, 

Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. » 

Cette parole est celle dont la Bonne Nouvelle vous a été 
annoncée. 

Débarrassez-vous donc de toute méchanceté, de toute fausseté, 
dissimulation, jalousie et médisance; semblables à des enfants 
nouveau-nés, désirez vivement le lait pur (je parle au sens spirituel}, 
afin de croître par lui pour le salut, si : 

« Vous avez goûté que le Seigneur est doux 2,» 

Approchez-vous de lui «pierre» vivante, «rejetée» par les 
hommes, mais aux yeux de Dieu, «choisie», «précieuse?» , 
et alors vous, comme des pierres vivantes, édifiez-vous vous- 
mêmes en maison spirituelle, formez un saint clergé, qui 
offre des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus- 
Christ. 

On lit en effet dans l’Écriture : 

« Voici que je place en Sion une pierre, 

Une pierre d'angle choisie et précieuse, 

Et celui qui aura confiance en elle ne sera pas déçu.» 
Ainsi donc à vous, croyants, l'honneur; quant aux incrédules : 


1 Ésaïe 40, 6, 7, 8. 

2 Psaume 34, 9. 
3 Voy. pour ces mots : pierre, rejetée, choisie, précieuse, Psaume 118, 22 et 
Esaie 28, 16. 

4 Ésaïe 28, 16. 


19 
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1 


662 LE NOUVEAU TESTAMENT 


«La pierre rejetée par les constructeurs 
Est devenue la principale pierre d'angle, » 
ei : 
«Une pierre d'achoppement, 


Un roc qui fait tomber ?» ; 

Is s'y heurtent pour n'avoir pas cru à la parole et c'est à cela 
qu'ils sont destinés. Mais vous, vous êtes œune race élue, un 
clergé royal, une nation sainte *, 

Un peuple que Dieu s’est acquis 

Pour que vous annonciez les mérites» 
de Celui qui vous ἃ appelés des ténèbres à son admirable lumière; 
vous qui, autrefois, «ne formiez pas un peuple 5 », vous êtes main- 
tenant: Cun peuple de Dieu7», vous qui: «n'aviez pas obtenu 
maiséricordeS, vous avez maintenant «obtenu miséricorde? ». 


Mes bien-aimés, je vous exhorte comme des étrangers et des 
expatriés: Gardez-vous des passions sensuelles qui font la guerre 
à l'âme; conduisez-vous bien au milieu des païens, et alors, voyant 
que ces choses dont ils vous accusent à tort, vous traitant de 
malfaiteurs, sont, examinées de près, de bonnes œuvres, ils ren- 
dront gloire à Dieu au jour de sa «visitation 1». 


Soumettez-vous, à cause du Seigneur, à toutes les autorités 
instituées par les hommes; au roi, comme au souverain; aux 
gouverneurs, comme délégués par lui pour châtier les malfaiteurs 
et approuver les gens de bien. C’est la volonté de Dieu que, par 


- 


1 Psaume 118, 22. 

2 Ésaïe 8, 14. 

; Emprunté à Ésaïe 43, 20. 

4 Emprunté à Exode 19, ὁ. 

5 Ésaïe 48, 21. 

5 Emprunté à Osée 2, 25. 

1 Ibid. 

8 Jbid. 

9 Ibid. 

10 Le jour de la visitation de Dieu (terme fréquemment employé dans l'Ancien 
Testament) est le jour où Dieu vous appelle, s'adresse à vous (par l’épreuve on 
autrement), en un mot vous visite, 

1 Le «roi» désigne ici, sans nul doute, l'empereur romain, 


Lid 


PREMIÈRE ÉPITRE DE PIERRE 663 


votre bonne conduite, vous imposiez silence aux insensés qui 
vous méconnaissent. Comportez-vous en hommes libres, non en 
hommes dont la liberté n’est qu'un voile qui cache le vice, mais 
en serviteurs! de Dieu. Soyez respectueux pour tout le monde, 
aimez les freres, craignez Dieu, respectez le roi?. 


Domestiques, soyez en toutes choses soumis à vos maîtres avec 
crainte, non seulement à ceux qui sont bons et humains, mais 
aussi à ceux qui sont méchants. C’est une grâce d’endurer des 
peines et de souffrir injustement par motif de conscience et pour 
Dieu. Quel est votre mérite, si, après avoir commis une faute, 
vous supportez patiemment les soufflets? Mais si, après avoir fait 
le bien, vous supportez patiemment la souffrance, voilà qui est 
une grâce aux yeux de Dieu; et c'est à cela que vous avez été 
appelés. Car le Christ aussi ἃ souffert pour vous; il vous a laissé 
un exemple pour que vous suiviez ses traces; 

«Lui qui n'a pas commis de péché 

Et dans la bouche duquel il ne s’est trouvé aucune fraude.» 
Outragé, il n’a pas rendu l’outrage; maltraité, il n'a pot fait 
de menaces; il ἃ remis sa cause à Celui qui juge avec justice, et 
c’est lui «qui a porté.nos péchés “» en son corps sur le bois, afin 
que, morts au péché, nous vivions pour la justice; c’est lui dont 
«les plaies vous ont guéris5». Vous alliez «(ἃ et là comme des 
brebis» et maintenant vous êtes revenus vers le berger et le 
gardien? de vos àmes. 

Et vous, femmes, soyez, de même, soumises, chacune à votre 
mari, afin que ceux d’entre eux qui seraient rebelles à la parole 
soient gagnés, en dehors de la parole, par la conduite de leurs 
femmes, considérant que cette conduite est chaste et réservée. 


1 Grec, esclaves. 

2 Voir la note du verset 13. 

3 Ésaie 53, 9. 

1 Allusion à Ésaie 53, 4. 

5 Allusion à Ésaie 53, 5. 

6 Allusion à Ésaie 53, G. 

7 Littéralement : le surveillant. Voir note sur 1 Tim. 3, 1, 


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66% LE NOUVEAU TESTAMENT 

Cherchez non la parure du dehors, qui consiste à s’entrelacer les 
cheveux avec art, à porter des bijoux d’or, à mettre de riches 
vêtements, mais la beauté cachée du cœur, le charme impéris- 
sable d’un esprit doux et tranquille; voilà la vraie richesse devant 
Dieu. Tel était l’ornement des saintes femmes d'autrefois, espé- 
rant en Dieu, soumises chacune à son mari, Sarra, par exemple, 
qui obéissait à Abraham et l’appelait «son Seigneur !», Sarra, 
dont vous êtes devenus les enfants en faisant le bien sans crainte, 
sans aucune appréhension. 

Et vous, maris, de votre côté, traitez vos femmes comme un 
être plus éclairé doit traiter un être plus faible; ayez pour elles 
des égards comme pour des cohéritières de la grâce de vie?, afin 
que vos prières ne soient pas troublées. 

Enfin, ne soyez tous qu'un cœur et qu'une âme, fraternels, 
compatissants, humbles, ne rendant pas le mal pour le mal, 
l’outrage pour l'outrage, au contraire bénissant, car, pour 
hériter d’une bénédiction, vous avez été appelés à bénir. Et en 
effet : 

«Que celui qui veut aimer la vie 

Et voir des jours heureux 

Garde sa langue du mal 

Etses lèvres du mensonge, 

Qu'il se détourne du mal et fasse le bien, 

Qu'il aspire à la paix, qu'il la recherche ; 

Parce que le Seigneur a les yeux sur les justes 

Et ses oreilles sont attentives à leurs prières, 

Mais la face du Seigneur regarde ceux qui font le mal*.» 

Et puis, qui peut vous faire du mal, si vous vous appliquez à 
faire le bien? Si même il vous arrivait de souffrir pour la justice, 
soyez-en heureux ! 


1 Genèse 18, 12. 

2 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : «Trailez vos femmes 
comme doit le faire un être plus éclairé, ayez pour elles des égards comme 
élant plus faibles que vous et comme élant cohéritières, ete. » 

8 Psaume 84, 13, 14, 15, 16. 


en πον 


PREMIÈRE ÉPITRE DE PIERRE 665 


« Seulement n'ayez d'eux aucune espèce de crainte 
Et ne vous laissez pas troubler; » 
mais «craignez saintement » dans vos cœurs Christ «le Seigneur?». 


Ayez une apologie toujours prête pour ceux qui vous demandent 
compte de vos espérances, mais faites-la avec douceur et modestie, 
forts de votre bonne conscience, afin que ceux qui diffament 
votre bonne conduite en Christ aient à rougir de leurs calomnies; 
car il vaut mieux souffrir en faisant le bien (si telle est la volonté 
de Dieu) qu'en faisant le mal. 

Christ aussi a souffert pour les péchés une fois pour toutes 
— un juste pour des injustes! — afin de nous amener à Dieu, 
ayant été mis à mort quant à la chair, étant revenu à la vie 
quant à l'Esprit. 

Étant Esprit, il est allé prêcher aux esprits en prison, qui ont 
été rebelles autrefois, du temps où Noé construisait l'arche lorsque 
Dieu prolongeait sa patience. 

Dans cette arche, peu de personnes, huit seulement, furent 
sauvées et ce fut à travers l’eau; or cette eau vous sauve, vous 
aussi, sous la forme du baptème, qui en est l'image correspon- 
dante {je n'entends pas par baptème une simple ablution débar- 
rassant le corps de ses souillures, mais l'alliance qu'une bonne 
conscience fait avec Dieu); ce baptème-là vous sauve par la résur- 
rection de Jésus-Christ, qui est à la droite de Dieu, depuis qu'il 
est monté au ciel et qu'il s'est soumis anges, puissances et domi- 
nations. 

Ainsi donc, Christ a souffert dans la chair; faites-vous une 
arme de cette pensée-la; car celui qui a souffert dans sa chair 
en ἃ fini avec le péché et ne doit plus, pendant le temps qui lui 
reste ici-bas, vivre selon les passions des hommes, mais selon la 
volonté de Dieu. 

Assez longtemps vous avez fait la volonté des païens, en vivant 
dans la débauche, les mauvais désirs, l’ivrognerie, les excès de 


1 Ésaïie 8, 12. 
2 Expressions empruntées à Esaïe 8, 13. 


[Re] 
19 


Co 


4 


1 


666 LE NOUVEAU TESTAMENT 


table, les orgies et le culte impie des idoles. 115. trouvent étrange 
que vous ne vous plongiez plus avec eux dans cette fange et dans 
ces infamies, et ils vous outragent : ils rendront compte à Celui qui 
est prêt à juger les vivants et les morts. 

Et, en effet, en vue de ce jugement, l'Évangile a été annoncé 
aussi aux morts, afin qu'après avoir été jugés et condamnés à la 
mort du corps comme pécheurs, ils puissent trouver la vie divine, 
la vie de l'Esprit !. 


La fin de toutes choses approche. Soyez donc sages et sobres 
pour pouvoir prier. 

Avant tout, ayez les uns pour les autres un ardent amour, car 

«L'amour couvre une multitude de péchés 5». 

Exercez entre vous l'hospitalité sans vous plaindre. 

Que chacun mette au service des autres le don qu'il a reçu, 
comme le doivent de bons administrateurs des diverses grâces de 
Dieu. Que celui qui enseigne, enseigne comme étant l’oracle de 
Dieu; que celui qui exerce les fonctions de diacre, les exerce 
comme employant une force dispensée par Dieu, afin que, en 
toutes choses, Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appar- 
tiennent la gloire et la puissance aux siècles des siècles! Amen, 


Mes bien-aimés, ne soyez pas surpris de l'incendie qui s'allume 
au milieu de vous pour vous éprouver, comme s'il vous arrivait 
quelque chose d’étrange; mais réjouissez-vous d’avoir part aux 
souffrances du Christ, afin de vous réjouir encore, et avec chants 
de triomphe, au jour de la révélation de sa gloire. Si l'on vous 
outrage au nom de Christ, vous êtes heureux; car l'Esprit de 
gloire, l'Esprit de Dieu repose sur vous. Qu’aucun de vous ne 
soit puni? comme meurtrier, comme voleur, comme malfaiteur, 


1 Littéralement : après avoir été jugés, comine hommes, quant à μα chair, ils 
vent, comme Dieu, quant à lesprit. 
? Proverbes 10, 12. 
᾿ Littéralement : n'ait à souffrir. 


PREMIÈRE ÉPÎTRE DE PIERRE 667 
comme surveillant indiscret de ceux du dehors!, mais si quel- 
qu'un souffre comme «chrétien», qu'il n’en rougisse pas; 
qu'il glorifie Dieu au contraire de porter ce nom-là; car 
le moment est venu où le jugement va commencer par la 
maison de Dieu. S'il commence par nous, quelle sera la fin 
de ceux qui n’obéissent pas à l'Évangile de Dieu, et si : 

«Le juste ne sera sauvé qu'à grand'peine, 

L'impie, le pécheur? que deviendra-t-il3?» 
Que ceux donc qui souffrent selon la volonté de Dieu recom- 
mandent leurs âmes au fidèle Créateur, en faisant ce qui est bien. 


J'adresse maintenant mes exhortations aux Anciens parmi vous, 
moi, un Ancien comme eux et un témoin des souffrances du 
Christ, moi, qui aurai ma part aussi de la gloire qui doit être 
révélée : 

Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde; faites- 
le“ non par contrainte, mais volontairement”, non par vil 
intérêt, mais par dévouement, non en dominateurs de ceux qui 
vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du 
troupeau; et quand le souverain pasteur paraîtra, vous remporterez 
la couronne de la gloire qui ne se flétrit Jamais. 


Quant à vous, jeunes gens, soyez soumis aux Anciens, et, 
d’ailleurs, montrez tous de l'humilité dans vos rapports mutuels, 


Car : 
«Dieu résiste aux orqueilleux 
Et il fait grâce aux humbles 5.» 


1 C'est-à-dire se permettant de critiquer les institutions politiques ou sociales 
du monde païen. 

2 On peut lire aussi, d’après un autre texte : celui qui est impie et pécheur, 
que deviendra-t-il? 

5 Proverbes 11, 31. 

4 Plusieurs anciens manuscrits lisent : veillez sur lui, non par contrainte, etc. 

> Plusieurs anciens manuscrits ajoutent : selon Dieu. 

5 Proverbes 3, 34. 


10, 4 


17 


18 


19 


4 


10 


1 


008 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Humiliez-vous denc sous la main puissante de Dieu pour qu'il 
vous élève, quand le temps sera venu, 

« Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis !», 
car c’est lui qui prend soin de vous. 

Soyez sobres; soyez vigilants; votre adversaire, le Diable, 
comme un lion rugissant, rôde, cherchant quelqu'un à dévorer. 
Résistez-lui, fermes en la foi, sachant que vos frères répandus 
dans le monde, éprouvent les mêmes souffrances que vous 
éprouvez. 

Le Dieu de toute grâce qui vous a appelés en Christ à sa gloire 
éternelle, après un peu de souffrances, vous perfectionnera lui- 
même, vous affermira, vous fortifiera?. A lui soit la force aux 
siècles des siècles! Amen. 


C’est par Silvanus, frère, à mon avis, fidèle que je vous écris 
ces quelques lignes, pour vous exhorter et vous attester que c'est 
à la vraie grâce de Dieu que vous vous êtes attachés. 

L’élue“ qui est à Babylone vous salue ainsi que Mare, mon fils. 

Saluez-vous les uns les autres du baiser d'amour. 


PAIX A VOUS TOUS QUI ÊTES EN CHRIST. 


1 Psaume 55, 93. 

2 Après vous fortifiera, quelques anciens manuscrits ajoutent: vous consolidera, 

3 Un des plus anciens manuscrits et quelques anciennes autorités lisent: À lui 
soit la force à jamais! Amen. 

4 C'est-à-dire l’Église formée d’élus. 4 


ὄγίῃ, PS RUE A ΤῈ 9, 


SECONDE ÉPITRE DE PIERRE 


PRÉFACE 


La lettre ainsi intitulée n’est pas de l’apôtre dont elle porte le 
nom. C’est un fait aujourd'hui hors de toute contestation, une 
de ces certitudes définitives sur lesquelles personne n’a plus un 
doute quelconque à élever. 

Les preuves de cette inauthenticité abondent. Nous n’en citerons 
que quelques-unes. 1° Le second chapitre est presque entièrement 
copié sur l’épître de Jude. Il suffit de comparer les deux textes 
pour se convaincre que la lettre de Jude est l'original. Or, celle-ci 
a été écrite après la mort de l’apôtre Pierre. D'ailleurs, Pierre 
l’apôtre n'aurait pas copié la lettre d’un autre. 2° Le style de la 
seconde Epître de Pierre n’a aucun rapport avec celui de la pre- 
mière. 3° L'auteur cite les Épîtres de Paul en les appelant « Écri- 
tures » (3, 16). Or, les lettres de l’apôtre des Gentils n'étaient pas 
encore Écritures saintes du vivant de saint Pierre. 4° Ilrépond à 
ceux qui s’étonnent que le Christ ne soit point encore de retour 
et en tirent un argument contre le christianisme. Or, des argu- 
ments de ce genre ne se produisirent que longtemps après la mort 
des apôtres. 5° Enfin, l’auteur, malgré le soin qu’il prend de se 
faire passer pour l’apôtre Pierre, se trahit au verset 2 du chapitre 3 
en parlant à ses lecteurs de ce qui leur a été enseigné par «leurs 


670 LE NOUVEAU TESTAMENT 


apôtres». Ce n'est pas un des apôtres qui aurait lui-même ainsi 
parlé de son propre enseignement. 

Ce sont surtout les preuves externes qui sont accablantes. Il n’y 
a aucune trace de la deuxième Épître de Pierre pendant tout le 
second siècle. Irénée et Clément d'Alexandrie ne connaissent 
qu'une lettre de Pierre (notre première). Toutes les Églises syriaques 
ignorent aussi la seconde. Origène, qui la connaît, la tient pour 
douteuse. Eusèbe la rejette et la met au nombre des livres contestés. 
Jérôme lui-même ne l’admet qu'avec peine. 

Elle a été écrite dans la seconde moitié du deuxième siècle. Le 
lieu de sa composition est inconnu. 

Mais, hâtons-nous de le dire et d’insister sur ce fait: notre 
épître, tout en étant inauthentique, ne constitue nullement ce que 
nous appelons aujourd’hui un faux. Le faux en littérature n'existait 
pas dans les premiers siècles du christianisme. La seconde Épître 
de Pierre a été rédigée par un chrétien pieux et absolument sin- 
cère, qui, non seulement ne se faisait aucun scrupule de s’inti- 
tuler: Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, mais 
encore mettait, n’en doutons pas, une réelle humilité à cacher aïnsi 
son vrai nom sous celui d’un maître vénéré. Écrire une lettre 
d’apôtre était, à cette époque, une sorte d'exercice religieux que 
se permettaient seuls les plus avancés dans la foi et dans la vie 
chrétienne, et le procédé littéraire mis en usage par l'auteur de 
notre épiître, si anormal qu’il nous paraisse, n'avait de son temps 
rien que de très naturel et même de très louable. Les chrétiens 
d'aujourd'hui peuvent done, tout en sachant que cette lettre n est 
pas de Simon Pierre, la lire avec fruit et avec édification. 


SECONDE ÉPITRE DE PIERRE 


SYMÉON PIERRE, SERVITEUR! ET APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, À CEUX 
QUI ONT HÉRITÉ PAR LA JUSTICE DE NOTRE DIEU ET DU SAUVEUR 
JÉSUS-CHRIST, D'UNE FOI AUSSI PRÉCIEUSE QUE LA NÔTRE. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT DE PLUS EN PLUS DONNÉES PAR LA 
CONNAISSANCE DE DIEU ET DE JÉSUS NOTRE SEIGNEUR. 


Dans sa divine puissance, Jésus-Christ nous ἃ dotés ? de tout ce 
qui mène à la vie et à la piété, en nous faisant connaitre Celui qui 
nous a appelés, par sa gloire et par sa vertu*, et nous a, par elles, 
dotés des plus grandes et des plus précieuses promesses, pour vous 
rendre participants par elles de la nature divine, après vous avoir 
arrachés au monde, à ses passions et à sa corruption. — Faites 
donc de votre côté tous vos efforts pour produire avec votre foi 
la vertu“; avec la vertu, la science; avec la science, la tempé- 
rance; avec la tempérance, la patience ; avec la patience, la piété; 
avec la piété, la fraternité; avec la fraternité, l'amour. 

Posséder et développer en vous ces qualités vous empêèchera 
d’être oisifs, vous fera faire des progrès dans la connaissance de 


1 Grec, esclave. 

2? On peut, d’après une autre ponctuation, faire une seule phrase des versets 
2et3etlire: de Jésus, notre Seigneur, qui dans sa divine puissance nous ὦ 
dotés, etc. . 

5 Quelques anciens manuscrits lisent : à sa propre gloire et à sa vertu. Vertu 
a ici le sens d’action ou d’activité (voir verset 5). 

£ Vertu a ici, comme au verset 3, le sens d’activité ou d’action. 


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12 


16 


17 


672 LE NOUVEAU TESTAMENT 


notre Seigneur Jésus-Christ. Celui auquel elles manquent est un 
homme à courte vue, un aveugle, il a oublié qu'il a été purifié de 
ses anciens péchés. 

C'est pourquoi, mes frères, faites d'autant plus d'efforts pour 
rendre sûres votre vocation et votre élection. En agissant ainsi, 
vous ne broncherez jamais, et, de la sorte, l’entrée dans l'éternel 
Royaume de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera 
largement assurée. 

Voilà pourquoi j'aurai toujours soin de vous remettre ces choses 
en mémoire. 


Vous les connaissez déja, je le sais, et vous êtes pleins de fer- 
meté dans votre foi en la vérité d'aujourd'hui; mais je consi- 
dérerai comme un devoir, aussi longtemps que je vivrai, de 
vous tenir en éveil par mes avertissements. Je sais que je serai 
tout à coup appelé à plier ma tente?; c'est notre Seigneur Jésus- 
Christ qui me l’a déclaré. Mais je ferai mon possible pour qu'après 
ma mort vous conserviez toujours le souvenir de ce que je vous 
ai dit. 

Ce ne sont pas des fables adroitement fabriquées que nous 
vous avons racontées en vous faisant connaître la puissance de 
notre Seigneur Jésus-Christ et en vous parlant de son avénement; 
non, nous avons été témoins oculaires” de sa majesté. En effet, 1l a 
reçu de Dieu son Père tout honneur et toute gloire lorsqu'une voix, 
écho de la gloire suprème, lui parla ainsi : «Voici mon Fils bien- 
aimé, c'est en lui que je me complais'.» Et cette voix, nous l'avons 
entendue comme elle venait du ciel quand nous étions avec lui sur 
la montagne sainte. 

Et nous tenons pour d'autant plus certaines les paroles des 
prophètes; vous ferez bien d'y faire attention comme à un flam- 


1 Littéralement : aussi longtemps que je serai dans celte tente. 

2 (C'est-à-dire : à mourir, à sortir de cette vie. Voir le verset précédent. 

Ces mots: fémoins oculaires sont au pluriel dans le texte; mais il va sans 
dire que l’auteur ne parle que de lui seul, 

Je me compluis. Voir note sur Matth, 8, 17. 


SECONDE ÉPÎTRE DE PIERRE 673 


beau brillant dans un endroit obscur, en attendant que le jour 
luise et que l'étoile du matin se lève dans vos cœurs. Avant tout, 
sachez ceci: aucune des prophéties de l'Écriture n’est affaire 
d'interprétation privée; car jamais prophétie n’a été inspirée par 
le caprice d’un homme, mais c’est poussés par l’Esprit saint que 
des hommes ont parlé de la part de Dieu. 


Il y a eu cependant aussi de faux prophètes parmi le peuple, et, 
parmi vous, 1l y aura de même de faux docteurs qui introduiront 
des hérésies de perdition, qui renieront le maïtre qui les a rachetés, 
qui s'attireront une ruine subite. 

Bien des gens les suivront dans leurs orgies et, à cause d’eux, 
la voix de la vérité sera calomniée. Dans leur cupide avidité, ils 
viendront vous exploiter avec de fallacieux discours, mais il y a 
bien longtemps que leur sentence ne paresse pas; et leur perdi- 
tion ne s'endort pas. 

Car si Dieu n’a pas épargné les anges qui avaient péché, s’il les 
a emprisonnés dans les ténèbres, précipités dans l’abime, gardés 
pour le jugement, s’il n’a pas épargné l’ancien monde, s’il n’a pré- 
servé que sept personnes avec Noé, ce prédicateur de la justice, 
s'il ἃ envoyé le déluge sur un monde impie, s’il a réduit ea 
cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, s’il les a anéanties!, 
s’il les a condamnées, s’il en a fait un exemple pour les impies 
de l’avenir, s’il ἃ sauvé le juste Lot, excédé de l'infâme con- 
duite de ces abominables (car ce juste demeurait au milieu d’eux 
et ce qu'il voyait et entendait journellement, leurs ignobles 
actions mettaient son âme droite à la torture), c’est que le 
Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux et réserver 
les iniques pour le jour du jugement, tout en les châtiant déja, 
surtout ceux que leurs passions impures mènent aux jouissances 
charnelles, et qui méprisent l’autorité?. 

Les audacieux! les insolents! ils insultent les gloires*, et n'en 


1 Plusieurs anciens manuscrits omettent s’il les ὦ anéanties. 
2 L'autorité du Seigneur, 
3 C’est-à-dire ceux qui sont dans la gloire. 


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16 


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20 


674 LE NOUVEAU TESTAMENT 


tremblent pas! quand des anges, leurs supérieurs en force et en 
puissance, ne portent pas contre elles, en présence du Seigneur, de 
jugement insultant! Mais eux, comme ces bêtes brutes qui naissent 
à une vie purement physique, pour être prises et détruites, ils 
insultent ce qu'ils ignorent! ce sera, perdus comme elles, qu'ils 
périront, et ainsi ils recevront ! le salaire de leur iniquité, puisqu'ils 
trouvent leur plaisir dans des débauches d’un jour! 

Êtres tarés et flétris! ils se délectent de leurs fourberies ?, quand 
ils font bonne chère avec vous! Ils ont les yeux bouflis de passions 
adultères; ils sont insatiables de péchés; ils séduisent les âmes 
chancelantes; ils ont un cœur exercé à la cupidité; ce sont des 
enfants de malédiction; ils ont abandonné le droit chemin; ils se 
sont égarés; 115 ont suivi la voie de Balaam, fils de Bosor, qui 
s’éprit d’un inique salaire et fut dûment convaincu de sa scéléra- 
tesse: un animal muet se mit à parler d’une voix humaine et 
arrêta la démence du prophète. 

Ce sont des fontaines sans eau; des brouillards qu'emporte un 
ouragan; le gouffre des ténèbres leur est réservé! Beaux parleurs, 
aussi vides que pompeux, ils séduisent par les passions de la chair, 
par la débauche, ceux qui venaient à peine d’échapper aux gens 
infectés d'erreur“; 1ls leur promettent la liberté, quand ils sont 
eux-mêmes esclaves de la corruption! (car on est esclave de ce 
qui vous domine). 

Si, en effet, après avoir échappé aux souillures du monde par 
la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s’y 
laissent reprendre, et que ces souillures les dominent, leur der- 
nière condition est pire que la première. Il leur aurait mieux 
valu ne pas avoir connu la voie de la justice que de se détour- 


1 Littéralement : recevant. Un des plus anciens manuscrits, au lieu de rece- 
vant, lit : étant lésés dans, ce qui n’a pas de sens. 

2 Le même manuscrit et plusieurs anciennes autorités lisent, au lieu de ils se 
délectent de leurs fourberies : ils se délectent dans leurs agapes (du mot agapè, 
amour). Les agapes étaient les repas pris en commun par les premiers chré- 
tiens, et dans lesquels on célébrait la sainte Cène. 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: ceuæ qui venaient à 
peine d'échapper, savoir les gens infectés d'erreur. 


SECONDE ÉPITRE DE PIERRE 675 


ner, après l'avoir connue, du saint commandement qui leur a été 
transmis. Il leur arrive ce que dit si bien le proverbe : 

«Le chien retourne à ce qu’il a vomi 1» 
et celui-ci: « Truie lavée va se vautrer dans la fange. » 


Voila déjà la seconde lettre que je vous écris, mes bien-aimés; 
dans celle-ci, comme dans la première, je tâche de réveiller vos 
bons sentiments; je vous rappelle les prédictions des saints pro- 
phètes, et les préceptes de notre Seigneur et Sauveur transmis par 
vos apôtres. 

Sachez surtout ceci: pendant les derniers jours viendront des 
moqueurs pleins d'ironie, qui ne se laisseront conduire que par 
leurs propres passions, et qui diront: «Eh bien! que devient 
la promesse de son apparition? Depuis que nos pères sont 
morts, tout continue à se passer comme depuis le commencement 
du monde!» Ils affectent d'ignorer qu'il y ἃ eu autrefois des cieux 
et une terre sortis de l’eau, et formés au moyen de l’eau sur la 
parole de Dieu; par suite, le monde d’alors périt submergé dans 
l’eau. Quant aux cieux et à la terre actuels, 115 sont conservés sur 
cette même parole de Dieu, et réservés pour le feu qui s'allumera 
le jour du jugement et de la destruction des impies. 

Il est une chose que vous ne devez pas oublier, bien-aimés, c'est 
qu'un jour, devant le Seigneur, est comme mille années et que 
« Mille années sont comme un jour? ». 

Le Seigneur n’est pas en retard pour l'exécution de sa promesse; 
certaines personnes croient qu'il y a du retard; mais il use de 
patience envers vous *, voulant que personne ne périsse, mais que 
tous arrivent à la repentance. Le jour du Seigneur viendra comme 
un voleur; alors les cieux disparaïtront avec fracas; les éléments 
embrasés se fondront, et la terre et tout ce qu'elle renferme sera 
consumé,. ζ 

Puisque tout doit se fondre ainsi, quelle sainte conduite, quelle 


1 Proverbes 26, 11. 
2 Allusion à Psaume 90, 4. 
3 Quelques anciens manuscrits lisent : à cause de vous. 


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10 


17 


676 LE NOUVEAU TESTAMENT 


piété ne devez-vous pas montrer, attendant et hâtant la venue du 
jour de Dieu (c'est à cause de ce jour que les cieux se seront fondus 
dans le feu, et que les éléments embrasés se seront dissous). Quant 
à nous, nous attendons, selon sa promesse !, des cieux nouveaux 
et une terre nouvelle où la justice habitera ! 

C'est pourquoi, bien-aimés, pleins de cette attente, faites des 
efforts pour qu'il vous trouve en paix, sans tache, sans reproche; 
considérez la patience que montre notre Seigneur comme chose fort 
propre à notre salut, ainsi que notre bien-aimé frère Paul, selon 
la sagesse qui lui ἃ été donnée, vous l’a aussi écrit; il le fait d’ail- 
leurs dans toutes les lettres où il parle de ces sortes de choses, 
lettres dans lesquelles certains passages sont difficiles à com- 
prendre, dont les ignorants et les esprits mobiles tordent le 
sens, comme, du reste, les autres Écritures, pour leur propre 
perdition. 

Vous voilà prévenus, bien-aimés; soyez donc sur vos gardes, 
de peur que, entraînés, vous aussi, par les séductions de ces misé- 
rables, vous ne veniez à déchoir, à perdre votre fermeté. Croissez 
dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sau- 
veur Jésus-Christ. 


À LUI SOIT LA GLOIRE MAINTENANT ET JUSQU AU JOUR DE 
L'ÉTERNITÉ |! 


2 Un des plus anciens manuscrits lit : selon ses promesses. 


PREMIÈRE ÉPITRE DE JEAN 


PRÉFACE 


La première Épître de saint Jean rappelle le style et les idées 
du quatrième Évangile. Les deux ouvrages sont du même auteur 
anonyme, et l’épître a été écrite avant l'Évangile. 

Il est impossible de l’analyser. Les pensées se succèdent sans 
ordre logique, et souvent le dernier mot qui vient d’être écrit 
sert de matière à un développement nouveau. 

L'idée dominante de cette lettre est, d’une part, la réalité de 
l'incarnation de la Parole de vie dans la personne du Christ et, 
de l’autre, la communion avec le Christ se manifestant par 
l’amour des disciples les uns pour les autres. 

L'auteur écrit pour combattre : 1° ceux qui prétendent ne plus 
connaître le péché (1 : 8, 10), et 2° ceux qui nient que le Christ 
soit venu en chair (2: 22; 4: 2 et surtout les premières phrases de 
l’épiître). 

Cet écrit, connu de la plus haute antiquité chrétienne, ἃ toujours 
été incontesté. - 

Il a été composé à Éphèse , et, puisqu'il est certainement du 
même auteur que le quatrième Évangile, il a été rédigé par l’apôtre 
Jean, ou plutôt dicté par lui, à la fin du premier siècle et peu de 
temps avant l'Évangile lui-même. 


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Ce qui existait dès le commencement, ce que nous avons 
entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons 
contemplé et que nos mains ont touché, quant à la Parole de la 
vie — (car la vie s’est manifestée, et nous l'avons vue, nous 
l’attestons, et nous vous annonçons cette vie éternelle qui était 
auprès du Père et s'est manifestée à nous), — ce que nous avons 
vu et entendu, nous vous l’annonçons pour que, vous aussi, vous 
soyez en Communion avec nous; et notre communion à nous est 
avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ, et nous vous écrivons 
ceci pour que notre joie soit complète. 


Voici le message que nous avons appris de lui et que nous 
vous annonçons : Dieu est lumière, et il n'y ἃ point de ténèbres 
en lui. Si nous nous disons en communion avec lui et que nous 
marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne prati- 
quons pas la vérité. Si, au contraire, nous marchons dans la 
lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes 
en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus son 
fils nous purifie de tout péché. 


1 Il est vraisemblable que cette épitre avait une adresse qui ἃ été perdue. 
Nous avons fait la même supposition pour l’épître aux Hébreux. 


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680 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Si nous nous disons sans péché, nous nous trompons nous- 
mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos 
péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner ces péchés et 
nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons 
pas péché, nous faisons de lui un menteur, et sa parole n’est pas 
en nous. 

Mes enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez 
point, et si quelqu'un ἃ péché, nous avons, auprès du Père, un 
intercesseur !, Jésus-Christ, le juste. Il est, lui, une propitiation 


pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi 


pour ceux du monde entier. 


Et voici comment nous savons que nous l'avons connu : c'est 
quand nous observons ses commandements. Celui qui dit : je l'ai 
connu, et qui n’observe pas ses commandements, est un menteur, 
et la vérité n’est pas en lui. En celui qui observe sa parole, 
l'amour de Dieu est véritablement parfait. 

Voici comment nous reconnaissons que nous sommes en lui: 
celui qui prétend demeurer en lui, doit marcher, lui aussi, comme 
Jésus ἃ marché. 


Mes bien-aimés, je ne vous écris pas un commandement nou- 
veau, mails un Commandement ancien, celui que vous aviez dès 
le commencement. Ce commandement ancien c’est la parole que 
vous avez entendue. Cependant c'est aussi un commandement 
nouveau que je vous écris; cela est vrai et pour lui et pour 
vous, parce que les ténèbres se dissipent, et que la vraie lumière 
brille déjà. 

Celui qui se dit dans la lumière et qui hait son frère, continue 
à être dans les ténèbres. Celui qui aime son frère reste dans la 
lumiere, et il n'y ἃ en lui aucun motif de tomber. Mais celui qui 


1 En grec: Paraclet, Ge mot, que nous avons déjà rencontré (Évangile de 
Jean 14, 26; 15, 26; 16, 7) et traduit par Conseiller, a bien ici le sens d’inter- 
cesseur, en latin advocatus, mais notre mot français : avocat, ne le traduit que 
très imparfaitement, 


dis : 1 à lle fée hs 


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LA PREMIÈRE ÉPITRE DE JEAN ΟΊ 


hait son frère est dans les ténèbres, marche dans les ténèbres, 
et ne sait où il va, parce que les ténèbres l'ont rendu aveugle, 


Je vous écris, enfants, parce que vos péchés vous ont été par- 
donnés à cause de son nom. Je vous écris, pères, parce que vous 
avez connu celui qui est dès le commencement. Je vous écris, 
jeunes gens, parce que vous avez vaincu le Malin. Je vous ai 
écrit, enfants, parce que vous avez connu le Père. Je vous ai 
écrit, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le com- 
mencement. Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes 
forts, et que la Parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez 
vaincu le Malin!. 

N'aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quel- 
qu'un aime le monde, l'amour du Père n’est pas en lui: car tout 
ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise 
des yeux et l’ostentation dans la vie, ne vient pas du Père, mais 
ent du monde. Or le monde passe, et sa convoitise aussi; mais 
celui qui fait la volonté de Dieu subsiste éternellement. 


Mes enfants, nous sommes à la dernière heure; vous avez 
entendu annoncer la venue d’un Antechrist; sachez qu'il y ἃ 
maintenant plusieurs Antechrists; et ainsi nous savons que nous 
sommes à la dernière heure. Ils sont sortis du milieu de nous, 
mais ils n'étaient pas des nôtres; car s'ils avaient été des nôtres, 
ils seraient restés avec nous, mais C'était afin de montrer que 
tous ne sont pas des nôtres. 

Quant à vous, vous avez une onction venant du Saint, et vous 
le savez tous?. Je ne vous ai pas écrit, parce que vous ne con- 
naissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et parce 
qu'aucun mensonge ne vient de la vérité. Qui est menteur si ce 
n'est celui qui nie que Jésus est le Christ? Voilà l’Antechrist, 
celui qui renie le Père et le Fils. Quiconque renie le Fils n’a pas 
non plus le Père; celui qui confesse le Fils ἃ aussi le Pere. 


1 Le Malin, c'est-à-dire le Diable, 
2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : οὐ vous savez toutes choses. 


14 


17 


18 


19 


τῷ 


682 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Quant à vous, ce que vous avez entendu dès le commence- 
ment doit demeurer en vous. Si ce que vous avez entendu dès 
le commencement demeure en vous, vous demeurerez, vous aussi, 
dans le Fils et dans le Père. Et voici la promesse qu'il nous ἃ 
faite lui-même : la vie éternelle. 


Je vous ai écrit cela en vue de ceux qui vous égarent. Quant 
à vous, l’onction que vous avez reçue de lui reste en vous, et 
vous n'avez pas besoin qu'on vous instruise; mais, comme son 
onction vous instruit de toutes choses et qu'elle est vraie, qu'elle 
n'est pas un mensonge, vous demeurerez en lui comme elle vous 
l’a enseigné. 

Désormais, mes enfants, demeurez en lui, afin que, s'il vient 
à paraître, nous soyons pleins d'assurance et que, lors de son 
avènement, nous n'ayons pas à nous éloigner de lui, couverts de 
honte. Si vous savez qu'il est juste, reconnaissez aussi que celui 
qui pratique la justice est né de lui. 


Voyez quel amour le Père nous ἃ témoigné afin que nous fus- 
sions appelés enfants de Dieu; et nous le sommes. Si le monde 
ne nous connait pas, c’est que, lui non plus, il ne l’a pas connu. 

Mes bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et 
ce que nous serons n'a pas encore été manifesté, mais nous 
savons ceci: quand ce que nous serons sera manifesté, nous 
serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. 
Quiconque fonde sur lui une telle espérance, se purifie lui-même 
comme lui est pur. 


Quiconque commet le péché, viole la Loi: le péché c'est la 
violation de la Loi. Vous savez qu'il est apparu pour enlever les 
péchés, et qu'il n’y ἃ point de péché en lui. Quiconque demeure 
en lui ne pèche pas. Quiconque pèche ne l’a pas vu et ne l'a pas 
connu. | 

Mes enfants, que personne ne vous égare! Celui qui pratique 
la justice est juste, comme lui est juste. Celui qui commet le 


s À. 


AR LS Re nm | à 2 =, PAS ani ss D 


LA PREMIÈRE ÉPITRE DE JEAN 683 


péché est enfant du Diable, car le Diable pèche depuis le com- 
mencement. Voici pourquoi le Fils de Dieu est apparu : pour 
détruire les œuvres du Diable. Quiconque est né de Dieu ne 
commet pas de péché, parce que la semence! de Dieu demeure 
en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu'il est né de Dieu. 


Voici comment se font reconnaître les enfants de Dieu et les 
enfants du Diable: quiconque ne pratique pas la justice n’est pas 
né de Dieu, et celui qui n'aime pas son frère non plus. Car voici 
le message que vous avez entendu dès le commencement : aimons- 
nous les uns les autres, et ne soyons pas comme Caïn qui était 
fils du Malin ? et qui égorgea son frère. Pourquoi l’égorgea-t-il? 
parce que ses œuvres étaient mauvaises et celles de son frère 
justes. 

Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. Nous, 
nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce 
que nous aimons les frères. Celui qui n'aime pas demeure dans 
la mort. Quiconque haït son frère est un homicide, et vous savez 
qu'aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui. 

Voici comment nous avons reconnu son amour : à Ce qu'il a 
donné sa vie pour nous, et, nous aussi, nous devons donner 
notre vie pour les frères. Si quelqu'un possède les biens de ce 
monde et que, voyant son frere dans le besoin, il lui ferme son 
cœur, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui? 

Mes enfants, n’aimons pas par nos paroles et avec notre langue, 
aimons par nos actes et en vérité. Et voici comment nous recon- 
naîtrons que nous sommes de la vérité et comment, en sa pré- 
sence, nous tranquilliserons notre cœur : c'est que, si notre cœur 
nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et il sait 
tout ὃ. 


1 Par ce mot: semence, l'auteur entend ici le principe vital, le germe de vie 
divine qui fait de nous des enfants de Dieu. 

2 Du Malin, c’est-à-dire du Diable. 

3 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: Ef voilà comment nous 
reconnaitrons que nous sommes de la vérité; et, en sa présence, nous persuade- 
rons à notre cœur que si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand, etc. 


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684 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous sommes 
pleins d'assurance pour nous approcher de Dieu, et tout ce que 
nous Jui demandons, il nous l'accorde, parce que nous observons 
ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. 
Et voici son commandement : que nous croyions au nom de son 
fils Jésus-Christ, et que nous nous aimions les uns les autres, 
comme il nous l’a commandé. Celui qui observe ses commande- 
ments demeure en Dieu et Dieu en lui, et nous reconnaissons 
qu'il demeure en nous, à l'Esprit qu'il nous ἃ donné. 


Mes bien-aimés, ne croyez pas à n'importe quel Esprit; mais 
examinez les Esprits pour savoir s'ils viennent de Dieu, car un 
grand nombre de faux prophètes sont apparus dans le monde. 
Voici comment vous reconnaîtrez l'Esprit de Dieu : Tout Esprit 
qui reconnait Jésus pour le Cbrist venu en chair est de Dieu, et 
tout Esprit qui ne reconnait pas Jésus n’est pas de Dieu, mais il 
est l'Esprit de lAntechrist dont vous avez entendu annoncer la 
venue, et il est déjà maintenant dans le monde. 

Pour vous, mes enfants, vous êtes de Dieu, et vous avez vaincu 
ces Esprits-là, parce que celui qui est en vous est plus grand que 
celui qui est dans le monde. Quant à eux, ils viennent du monde; 
voilà pourquoi ils parlent selon le monde, et le monde les écoute ; 
nous, nous venons de Dieu; celui qui connaît Dieu nous écoute; 
celui qui ne vient pas de Dieu ne nous écoute pas. C'est ainsi 
que nous distinguons l'Esprit de la vérité de l'Esprit de l'erreur. 

Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, parce que 
l'amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et 
connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu : car Dieu 
est amour. Voici comment Dieu ἃ manifesté son amour pour 
nous : Dieu ἃ envoyé son Fils unique dans le monde pour que 
nous eussions la vie par lui. Voici en quoi consiste l'amour : ce 
n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous ἃ 
aimés et qui ἃ envoyé son Fils, comme une propitiation pour nos 


péchés. 


LA PREMIÈRE ÉPÎTRE DEJEAN 685 


Mes bien-aimés, si Dieu nous à ainsi aimés, nous aussi nous 
devons nous aimer les uns les autres. Personne n'a jamais vu 
Dieu; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en 
nous et son amour est parfait en nous. Voici comment nous 
reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous: à ce 
qu'il nous ἃ donné de son Esprit. Et nous, nous avons vu et 
nous attestons que le Père ἃ envoyé le Fils comme Sauveur du 
monde. Celui qui reconnaît que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu 
demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons connu l’amour 
que Dieu manifeste en nous, et nous y avons cru. Dieu est amour, 
et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu 
demeure en lui. 

Voici comment l'amour devient parfait chez nous, afin que 
nous soyons pleins d'assurance au Jour du jugement : tel qu'il 
est lui, tels nous sommes nous dans ce monde !. La crainte n’est 
pas dans l’amour; au contraire, l'amour parfait bannit la crainte, 
parce que la crainte suppose une punition, et celui qui craint 
n'est pas parfait dans l'amour. Nous devons aimer, parce qu'il 


nous ἃ aimés le premier. Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il 


haïsse son frère, il est un menteur, car celui qui n’aime pas son 
frère qu'il a vu, ne peut pas aimer Dieu qu'il n’a pas vu. Et 
voici le commandement que nous tenons de lui: Que celui qui 
aime Dieu aime aussi son frère. 


Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu, et qui- 
conque aime Celui qui l’a fait naître, aime aussi celui qui est né 
de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les 
enfants de Dieu : quand nous aimons Dieu et que nous observons 
ses commandements. Car voici en quoi consiste l'amour de Dieu : 
que nous observions ses commandements. Et ses commandements 
ne sont pas pénibles, car tout ce qui est né de Dieu triomphe du 


1 C'est-à-dire: Notre amour sera devenu parfait et nous n’aurons rien à 
craindre du jugement lorsque, dans ce monde où nous sommes encore, nous 
serons semblables à Jésus-Christ. 


17 


18 


1 


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10 


11 
12 


686 LE NOUVEAU TESTAMENT 


monde, et voici la victoire qui triomphe du monde: notre foi. Qui 
est-ce qui triomphe du monde, sinon celui qui croit que Jésus est 
le Fils de Dieu? 

C'est lui, Jésus-Christ, qui est venu au moyen de l’eau et du 
sang; non pas avec l’eau seule, mais avec l’eau et le sang; et 
c’est l'Esprit qui en rend témoignage, parce que l'Esprit est la 
vérité; car ils sont trois à rendre témoignage, l'Esprit, l’eau et 
le sang, et tous trois sont d'accord. 

Si nous acceptons le témoignage des hommes, le témoignage 
de Dieu est supérieur; car voici le témoignage de Dieu: il ἃ 
rendu témoignage à son Fils. Celui qui croit au Fils de Dieu ἃ 
ce témoignage en lui-même; celui qui ne croit pas Dieu en fait 
un menteur, parce qu'il ne croit pas au témoignage que Dieu ἃ 
rendu à son Fils. Et voici ce témoignage: Dieu nous ἃ donné la 
vie éternelle et cette vie est dans son Fils. Celui qui ἃ le Fils ἃ la 
vie; celui qui n’a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. 


Je vous ai écrit cela pour que vous sachiez que vous avez la 
vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu. Voici 
l’assurance que nous avons en lui: si nous demandons quelque 
chose selon sa volonté, il nous écoute. Si nous savons qu'il nous 
écoute, quelles que soient nos demandes, nous le savons, parce 
que nous obtenons ce que nous lui avons demandé, 

Si quelqu'un voit un de ses frères commettre un péché qui ne 
soit pas un péché mortel, il priera, et Dieu donnera la vie à ce 
frère; il la donnera à ceux qui n’ont point commis de péché 
mortel. Il y a un péché mortel; ce n’est pas pour ce péché que 
Je parle de prier. Toute iniquité est un péché, et il y ἃ un péché 
qui n’est pas mortel. 

Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais 
celui qui est né de Dieu veille sur lui-même, et le Malint n’a 
aucune prise sur lui. Nous savons que nous sommes venus de 
Dieu et que le monde entier est au pouvoir du Malin!. Mais 


1 Le Malin, c'est-à-dire le Diable, 


LA PREMIÈRE ÉPIÎTRE DE JEAN 687 


nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu et nous ἃ donné 
l'intelligence pour que nous connaissions le véritable; et nous 
sommes dans le véritable, dans son Fils Jésus-Christ. C'est lui 
qui est le Dieu véritable et la vie éternelle. 

Mes enfants, gardez-vous des idoles. 


A4, 5 


DEUXIÈME ET TROISIÈME 


ΕΗ DÉCTE ÈN 


PRÉFACE 


Les deux billets qui suivent ont été écrits par «/’Ancien ». 

L'adresse du premier est énigmatique; nous nous expliquons à 
son sujet dans une note. Quant au second, il est adressé à un 
certain Graïus, ami de l’auteur. 

Ces deux courtes lettres sont restées longtemps inconnues. Elles 
n'apparaissent qu’à la fin du second siècle et ont été contestées 
jusqu’à saint Jérôme. Elles ne sont pas dans les listes des livres 
du Nouveau Testament que le second siècle nous ἃ transmises. 
Tertullien, Cyprien, Irénée ne connaissaient que la première 
Épître de Jean. On contestait la seconde et la troisième parce 
qu’on doutait qu’elles fussent de l’apôtre, et qu’on les attribuait à 
un certain «Jean l'Ancien» ou «Jean le presbytre» dont parle 
Papias!. Mais ce Jean l'Ancien qui était-il? N’était-il pas précisé- 
ment l’apôtre qui dans sa vieillesse se donnait ce nom de Jean 
l'Ancien ou Jean le vieillard? Il n’y ἃ aucun motif sérieux d’en 
douter, cependant les témoignages font défaut et on ne peut 
acquérir ici une certitude entière. 


1 Voir page 126, notre préface à l'Evangile de Marc. 


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DEUXIÈME ÉPITRE DE JEAN 


L'ANCIEN à L'ÉLUE CYRIA À ET À SES ENFANTS (que j'aime véri- 
tablement) — et ce n’est pas moi seul qui les aime, mais aussi 
tous ceux qui ont connu la vérité — (je les aime à cause de la 
vérité qui demeure en nous et qui sera éternellement avec nous). 


GRACE, MISÉRICORDE ET PAIX, VENANT DE DIEU LE PÈRE ET DE 
JÉsus-Curisr, LE Fizs Du PÈRE, SOIENT AVEC NOUS DANS IA 
VÉRITÉ ET DANS L'AMOUR. 


J'ai été bien heureux de trouver quelques-uns de tes enfants 
marchant dans la vérité, comme nous en avons reçu le com- 
mandement du Père. Et maintenant, je te demande, Cyria (non 
comme si Je t’écrivais un nouveau commandement, mais celui-là 
même que nous avons reçu dès le commencement), de nous 
aimer les uns les autres. Voici en quoi consiste cet amour : mar- 
chons selon ses commandements. Et voici en quoi consiste ce 


1 Le mot grec Cyria signifie dame ; on pourrait donc le traduire ainsi, et dans ce 
cas l’«Ancien» s’adresserait à une dame élue, c’est-à-dire à une dame chrétienne, 
sans nous dire son nom. On peut aussi supposer, d'après certains termes de 
l'épitre, que ce nom est allégorique et désigne une Église, les enfants dont il est 
parlé en seraient les membres. Enfin, on peut faire du mot élue un nom propre 
et traduire : L’Ancien à la dame Éclecté, Ces trois hypothèses sont également 
plausibles. La plus généralement adoptée est celle qui fait de «la dame» le nom 
allégorique d’une Église. 


ι9 


19 


692 LE NOUVEAU TESTAMENT 


commandement : marcher (comme vous l'avez appris dès le com- 
mencement), marcher dans l'amour 1. 


ΠῚ s'est répandu dans le monde un grand nombre de séducteurs 
qui ne reconnaissent pas que Jésus-Christ est venu en chair : oui, 
voilà le séducteur! voila l’Antechrist! Faites attention à vous 
pour ne pas perdre le fruit de vos efforts?, mais pour recevoir 
une pleine récompense. Celui qui va plus loin, qui ne reste pas 
attaché à la doctrine du Cbrist, n’a point Dieu; celui qui reste 
attaché à cette doctrine, a le Père et a le Fils. 

Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne 
le recevez pas dans votre maison et ne lui donnez pas le salut 
de paix. Car celui qui le lui donne prend part à ses mauvaises 
œuvres. 


Je n’ai pas voulu, ayant bien des choses à vous dire, vous les 
faire savoir avec l'encre et le papier; mais comme j'espère aller 
vous voir, je vous entretiendrai de vive voix, pour que notre 
Joie 1 soit complète. 


Les enfants de ta sœur l'élue te saluent. 


1 L'auteur émet ici successivement ces deux pensées : 1° pour nous aimer les 
uns les autres, accomplissons la loi de Dieu; 2 pour accomplir la loi de Dieu, 
imons-nous les uns les autres. 

2 Plusieurs anciens manuscrits lisent : de nos efforts. 

3 Le Schalôm des Hébreux, c’est-à-dire le salut qui consistait à dire : La paix 
soit avec vous! Voir note sur Matth. 10, 12. 1 

# On peut lire aussi, d’après un autre texte : votre joie. 


TROISIÈME ÉPITRE DE JEAN 


L'ANCIEN AU BIEN-AIMÉ GAïus (que j'aime véritablement). 


Mon bien-aimé, je fais des vœux pour que tu prospères en 
toutes choses et que la santé de ton corps soit aussi bonne que 
celle de ton âme. J'ai été, en effet!, bien heureux de voir des 
frères venir et rendre témoignage de la vérité qui est en toi; je 
veux dire rendre témoignage que tu marches dans la vérité. Je 
n'ai pas de plus grande joie que d'apprendre que mes enfants 
marchent dans la vérité. 


Mon bien-aimé, tu te montres fidèle dans ce que tu fais pour 
les frères, et ce sont des étrangers. Ils ont rendu témoignage à 
ton amour devant toute l’Église. Tu feras bien de pourvoir à leur 
voyage d’une manière digne de Dieu; car c’est pour le «nom?» 
qu'ils sont partis sans rien recevoir des païens. Aussi devons-nous 
accueillir de tels hommes, afin de nous mettre à l’œuvre avec 
eux pour la vérité. 


J'ai écrit quelques mots à l'Eglise, mais Diotréphès,, qui affecte 
d’être leur chef, n'accepte rien de nous. Aussi, quand je viendrai, 
Je signalerai les actes qu'il commet, comment il se répand contre 


n des plus anciens manuscrits omet en effet. 
e nom par excellence, c’est-à-dire le nom de Dieu. Voir note sur 
Actes 5, 41. 


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10 


19 


69% LE NOUVEAU TESTAMENT 


nous en mauvais propos, et cela ne lui suflit pas, car non seule- 
ment il n’accueille pas les frères lui-même, mais il défend de les 
accueillir, et ceux qui seraient désireux de le faire, il les chasse 


de l'Église. 


Mon bien-aimé, n'imite pas le mal, mais le bien. Celui qui 
fait le bien est de Dieu. Celui qui fait le mal n’a pas vu Dieu. 


Quant à Démétrius, tous, et la vérité elle-même, lui rendent un 
bon témoignage. Nous aussi nous lui rendons un bon témoignage, 
et tu sais que notre témoignage est véridique. 


J'aurais bien des choses à t’écrire; mais je ne veux pas te les 
faire savoir avec l’encre et la plume. J'espère te voir bientôt et 
nous nous entretiendrons de vive voix. 


LA PAIX SOIT AVEC TOI. 
Les amis te saluent. Salue les amis chacun en particulier. 


ÉPITRE DE JUDE 


PRÉFACE 


L'auteur de cette lettre s'appelle «Jude, serviteur de Jésus-Christ 
et frère de Jacques». Or nous savons par les Évangiles qu'il ἃ 
eu dans l’entourage immédiat de Jésus-Christ trois Jude ou Judas ; 
d’abord l’Iskariôte, ensuite Jude l’apôtre, et enfin Jude le frère 
de Jésus. Ces deux derniers, qu’on a souvent confondus, sont 
pourtant deux personnages bien distincts. Il est question de Jude 
l’apôtre dans les passages suivants: Jean 14: 22; Luce 6: 16; 
Actes 1 : 13. On l’appelait parfois Lebbée ou Thaddée (Matth., 10: 5; 
Marc 3:18). C’étaient des surnoms. Il est question de Jude, frère 
du Seigneur, dans Matth. 13: 55; Marc 6: 3, et la tradition 
chrétienne a conservé le souvenir très net d’un Jude qui n’avait 
pas été apôtre, mais frère de Jésus-Christ. C’est à lui que se 
rattache la courte-lettre qui suit. 

Elle ἃ été fortement contestée dans l’Église primitive. Le second 
siècle l’a totalement ignorée. Quelques Pères l’admettaient dans 
leur Nouveau Testament, ce sont Tertullien, Clément d’Alexan- 
drie et Origène, mais Eusèbe la rejetait formellement. 

Cette épître est encyclique. Elle s’adresse «à ceux qui sont aimés 
en Dieu le Père, qui sont gardés pour Jésus-Christ, qui sont élus». Jude 
nous indique au verset 3 le but qu'il se propose : à] vient prier ses 


Ta Lt. 


696 LE NOUVEAU TESTAMENT 


lecteurs de défendre la foi qui a été une fois pour toutes transmise 
aux fidèles. Il le fait en les mettant en garde contre certains per- 
sonnages qu’il appelle des émpies. Nous ne pouvons savoir de qui 
il veut parler, car s’il les condamne, il ne les définit pas. 

La date de la rédaction de cette épître est également impossible 
à fixer. Les apôtres sont morts (v. 17). Il semble d’après certaines 
expressions que l'Église a déjà une tradition. Cet écrit est done 
au nombre des derniers du Nouveau Testament qui aient été com- 
posés. Il faut remarquer que l’auteur cite comme inspirés deux 
écrits apocryphes, le livre d'Hénoch (verset 14) et l’Assomption 
de Moïse (verset 9). 


ÉPITRE DE JUDE 


JUDE, SERVITEUR 1 DE JÉSUS-CHRIST ET FRÈRE DE JACQUES, À 
CEUX QUI SONT AIMÉS EN DIEU LE PÈRE, QUI SONT GARDÉS POUR 
JÉSUS-CHRIST, QUI SONT ÉLUS. 


MISÉRICORDE, PAIX ET AMOUR VOUS SOIENT DE PLUS EN PLUS 
DONNÉS. 


Bien-aimés, je mettais beaucoup de soin à vous écrire concer- 
nant notre salut commun?, quand je me suis trouvé forcé de 
vous adresser cette lettre pour vous prier de défendre la foi qui a 
été une fois pour toutes transmise aux fidèles. Car il s’est faufilé 
parmi nous certains personnages (des impies dont la sentence est 
déjà écrite et depuis longtemps) qui changent en orgie la grâce 
de notre Dieu, et qui renient notre seul maitre et Seigneur Jésus- 
Christ. 


Je veux vous rappeler (et c'est inutile, car vous savez tout) : 
que le Seigneur, ayant délivré le peuple du pays d'Égypte, fit 
périr la seconde fois ceux qui furent incrédules; que les anges 
qui n'ont pas su conserver leur rang et ont déserté leurs propres 
demeures, ont été mis par lui en réserve pour le jugement du 


1 Grec: Esclave. 

? Jude avait donc écrit une première lettre que nous n’avons pas. Cependant 
on peut traduire aussi : J'avais un grand désir de vous écrire concernant notre 
salut commun, lorsque je me suis trouvé dans la nécessité de le faire et de 
vous adresser cette lettre, etc. 


11 


13 


14 


16 


698 LE NOUVEAU TESTAMENT 


grand jour, dans les ténèbres et retenus par des chaines éternelles ; 
que Sodome, Gomorrhe et les villes voisines qui se prostituèrent 
comme ceux dont je parle et coururent aux crimes contre nature, 
sont devant nous comme un exemple, subissant la peine du feu 
éternel. 

Malgré cela, ceux dont je parle font de même; dans leurs 
rêveries, ils souillent la chair, méprisent l’autoritét, insultent 
les gloires?! Or, même l’archange Michel, quand il discutait avec 
le Diable et lui disputait le corps de Moïse*, n’osa pas l’insul- 
ter, en prononçant son jugement, il lui dit seulement : «Que le 
Seigneur te punisse !» Eh bien, ceux dont il s’agit insultent tout 
ce qu'ils ne connaissent pas, et ce qu'ils savent naturellement 
comme des bêtes brutes, ils s’y perdent! 

Malheur à eux! car ils sont entrés dans la voie de Caïn! Ils se 
sont jetés, pour de l'argent, dans l'erreur de Balaam! Ils ont 
péri dans la révolte de Coré! 

Ces gens-là sont un écueil dans vos agapes'; ils s’y gorgent 
sans pudeur; ils ne pensent qu'à se repaitre°! Nuages sans eau 
emportés çà et là par les vents! Arbres de fin d'automne sans 
fruits! deux fois morts! déracinés! Flots sauvages de la mer, 
jetant l’écume de leurs turpitudes! Astres errants, auxquels le 
gouffre des ténèbres est réservé pour l'éternité! 

C'est d'eux qu'a prophétisé Hénoch, le septième patriarche 
depuis Adam, quand il ἃ dit: «Voilà que le Seigneur vient avec 
ses saintes myriades, pour prononcer un jugement contre tous, el 
pour convaincre tous les impies de toutes les œuvres d'impiété 
qu'ils ont commises et de toutes les dures paroles qu'ils ont pro- 
noncées contre lui, eux, ces pécheurs impies ὃ.» Ce sont des mécon- 


1 L'autorité du Seigneur. 

2 C'est-à-dire ceux qui sont dans la gloire. 

3 Allusion à un livre apocryphe, intitulé: L'Assomption de Moise, que lisaient 
les Juifs et les chrétiens de ce temps-là. 

# Voir sur agapes note sur deuxième Ep, de Pierre 2, 13. 

5 On peut lire, d’après une autre ponctuation : ils s’y gorgent, ils ne pensent 
qu'à se repaitre sans pudeur. 

ὁ Hénoch 1,9. Le livre d'Hénoch est aussi un de ces livres apocryphes que 
lisaient les Juifs et les chrétiens. 


ÉPITRE DE JUDE 699 


tents, toujours à gronder, guidés par leurs passions, dont la 
bouche est pleine d’emphase, qui flattent les gens par intérêt ! 


Mais vous, bien-aimés, rappelez-vous les paroles prononcées 
par les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. Ils vous 
disaient qu'aux derniers temps paraïtraient des railleurs, guidés 
par leurs passions impies. Eh bien, il s’agit de ceux-là, de ces 
auteurs de schismes, de ces êtres sensuels, n'ayant pas l'Esprit. 

Mais vous, bien-aimés, édifiez-vous vous-mêmes sur le fonde- 
ment de votre très sainte foi; priez, dirigés par l'Esprit saint; 
maintenez-vous vous-mêmes dans l'amour de Dieu; attendez que 
la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ vous donne la vie 
éternelle. 

De ceux qui hésitent, réprimandez les uns!, sauvez les autres 
en les arrachant du feu; ayez des autres une pitié mêlée de 
crainte, haïssant jusqu'au vêtement souillé par la chair. 


A celui qui peut vous préserver de toute chute et vous faire 
comparaître devant sa gloire irréprochables et joyeux, au Dieu 
unique, notre Sauveur par Jésus-Christ notre Seigneur, appar- 
tiennent la gloire, là grandeur, la force et la puissance de toute 
éternité, -maintenant et dans tous les siècles! Amen. 


« 1 Plusieurs anciens manuscrits lisent : De ceux qui hésitent, ayez pitié des 
uns, sauvez les autres, etc. 


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L'APOCALYPSE 


PRÉFACE 


Cet ouvrage est un spécimen d’un genre de composition reli- 
gieuse assez fréquent pendant les siècles qui ont immédiatement 
précédé et immédiatement suivi l’apparition du christianisme. Le 
livre de Daniel dans l’Ancien Testament est une Apocalypse; le 
dernier livre du Nouveau Testament en est une autre. Son auteur 
s’est d’ailleurs constamment inspiré du livre de Daniel. 

Quel est cet auteur? Les anciens chrétiens, Papias par exemple, 
ont dit: c’est l’apôtre Jean. Mais cette opinion ne s’est point 
établie, et l'Église d'Orient des premiers siècles a tout entière 
rejeté l’Apocalypse. Elle ne plaçait pas ce livre dans son Nouveau 
Testament (voir, dans l’appendice à notre Introduction, page 80, la 
liste des livres du Nouveau Testament d’après la traduction syriaque 
appelée la Peschito). Plus tard, Origène hésitait à l’admettre. 
Denys d'Alexandrie le repoussait. Au quatrième siècle, Eusèbe le 
déclare contesté; Chrysostome ne prêchait jamais sur l’Apocalypse. 
Ce n’est donc pas sans beaucoup d’opposition que cet ouvrage ἃ 
été admis dans le Nouveau Testament. 

Si, pour découvrir son auteur, nous nous en rapportons à l'écrit 
lui-même, nous apprenons qu’il s'appelle « Jean, serviteur de Dieu.» 
Nulle part il ne s'appelle apôtre et lorsqu'il parle des douze (2, 2; 
18,20; 21, 14), ce n’est jamais pour se compter parmi eux. 

Mais, d’autre part, il rappelle, par son style et par quelques- 
unes de ses idées, l’écrivain du quatrième Évangile, et il y ἃ une 
parenté évidente entre les deux écrits. Il est donc possible que 


702 LE NOUVEAU TESTAMENT 


l'auteur de l'Apocalypse soit l’apôtre Jean; cependant, comme le 
nom de Jean était très commun au premier siècle, on ne peut 
acquérir ici une entière certitude, 

C’est à Patmos, qui n’était nullement un désert, comme on l’a 
souvent dit, mais une île fort peuplée alors et très commerçante, 
que «Jean, serviteur de Dieu» a eu les Révélations qu’il nous 
raconte. 

Nous n'avons pas à donner ici une analyse de l’Apocalypse. 
L'exposition de son contenu a souvent été faite. Quant au sens 
à donner à ces Révélations, on sait combien il a été et est 
encore discuté. Rappelons seulement que l’auteur annonce «ce qui 
doit arriver bientôt » (1, 1). Il est donc inutile de chercher l’accom- 
plissement des prophéties de ce livre dans un avenir éloigné. Il 
s’agit d'événements contemporains de l’auteur ou à peu près. 

La date précise de la composition de l’Apocalypse est difficile à 
fixer. Certains passages du livre ont été rédigés au temps de Néron 
ou peu après, car au chapitre 17, verset 9, 10, l’auteur déelare aussi 
clairement que possible qu’il écrit sous le sixième empereur romain. 
D'autre part, il est probable que plusieurs parties de l’ Apocalypse 
se rapportent à la persécution ordonnée par Domitien. La rédaction 
du livre aurait donc été reprise sous cet empereur, et l'Église, en 
enseignant que l’Apocalypse entière date de Domitien, ne se serait 
trompée qu'en partie. 

Nous ne saurions entrer dans plus de détails, car ces questions 
d'auteur et de date ne sont pas encore entièrement résolues, et nous 
ne notons dans nos préfaces que les faits acquis à la science, 

Telle qu’elle est, et malgré ses obscurités, l’Apocalypse de 
Jean est un des plus beaux livres du Nouveau Testament. Quand 
on place cet ouvrage dans son milieu historique, quand on y 
voit un tableau des persécutions subies par l’Église du premier 
siècle et de sa lutte contre l’empire romain, une protestation de la 
vérité contre le mensonge, la victoire du bien sur le mal, l’afir- 
mation sereine du triomphe final de Dieu qui ne peut être vaineu, 
on y trouve ce que les chrétiens y ont toujours trouvé, une source 
abondante d’édification pour l'âme croyante et l'écho suprême des 


antiques prophéties d'Israël. 


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L'APOCALYPSE 


RÉVÉLATION DE JÉSUS-Crrisr QUE DIEU LUI À ACCORDÉE pour 
MONIRER À SES SERVITEURS! CE QUI DOIT ARRIVER BIENTÔT, ET QUE 
LE CHRIST A TRANSMISE EN ENVOYANT SON ANGE À SON SERVITEUR 
JEAN, QUI ATTESTE, COMME TÉMOIN OCULAIRE, LA PAROLE DE 
Dieu ET LE TÉMOIGNAGE DE JÉsus-Curisr. 


Heureux celui qui lira,? heureux ceux qui entendront la 
parole* de cette prophétie et qui observeront ce qui y est écrit, 
car le temps est proche! 


JEAN AUX SEPT ÉGLISES D'ASIE. 


GRACE ET PAIX VOUS SOIENT DONNÉES PAR CELUI QUI EST, QUI 
ÉTAIT ET QUI VIENDRA, ET PAR LES SEPT ESPRITS QUI SONT DEVANT 
SON TRÔNE, ET PAR JÉSUS-CHRIST, LE TÉMOIN FIDÈLE, LE PREMIER-NÉ 
DES MORTS, LE PRINCE DES ROIS DE LA TERRE. 

A celui qui nous aime, et nous ἃ lavés de nos péchés dans son 
sang, et qui ἃ fait de nous un Royaume, qui ἃ fait de nous des 
prêtres de Dieu son Père, à lui la gloire et la force aux siècles 
des siècles ! Amen “. 

« Le voici, il vient sur les nuées et tout œrl le verra; ceux mêmes 


τ Grec, à ses esclaves. 

2 ]1 s'agit ici de la lecture publique faite à l’Église assemblée. 

3 Plusieurs anciens manuscrits lisent : les paroles. 

4 Plusieurs anciens manuscrits lisent: ef la force à jamais! Ainen. 


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10 


11 


704% LE NOUVEAU TESTAMENT 


qui l'ont percé le verront, et toutes les tribus de la terre se lamente- 
ront à cause de lui.» — «Oui, amen! Je suis l’Alpha et l'Oméga 3», 
dit le Seigneur Dieu, «Celui qui est, qui était et qui viendra, le 
Tout-Puissant. » 


Moi, Jean, votre frere et votre compagnon dans les tribulations, 
dans la royauté et la ferme attente de Jésus, je me trouvai dans 
l'ile qu'on appelle Patmos, à cause de la parole de Dieu et du 
témoignage de Jésus. Je tombai en extase, le jour du Seigneur *, 
et jJ'entendis derrière moi une voix éclatante comme le son d’une 
trompette qui disait: «Ce que tu vas voir, écris-le dans un livre, 
et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, 
à Thyatires, à Sardes, à Philadelphie, à Laodicée. » 

Et je me retournai pour chercher la voix qui me parlait et, 
m'étant retourné, je vis sept chandeliers d'or; au milieu était 
Qun étre qui ressemblait à un fils d'homme “, revêtu d'une longue 
robe, et ceint» à la hauteur de la poitrine «d'une ceinture d’or 5. 
Sa téte et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, 
comme de la neigeS, ses yeux étaient comme la flamme, ses pieds 
comme le cuivre? » rougi dans une fournaise ardente. «Sa voix 
ressemblait à la voix des grosses eaux$.» À la main droite il avait 
sept étoiles; de sa bouche sortait un glaive aigu à deux tran- 
chants, et son aspect était celui du «soleil quand 11 brille dans 
tout son éclat *.» 


1 Ce verset est composé d'expressions empruntées à divers passages de l’An- 
cien Testament. Voir en particulier Dan. 7, 13; Ésaïe 40, 5; Zach. 12, 10 et 
suiv.; Genèse 12, 3, etc., etc. 

? Alpha, première lettre de l’alphabet de la langue grecque, dans laquelle le 
livre de l’Apocalypse a été écrit. Oméga, dernière lettre de cet alphabet. Voy. 
chap. 21, verset 6. 

3 C'est-à-dire un dimanche. 

# Daniel "7, 13. 

5 Daniel 10, 5. 

6 Daniel 7, 9. 

7 Daniel 10, 0. 

3 Daniel 10, 6, et Ézéchiel 1, 24. 

Mots empruntés à Juges 5, 31. 


L'APOCALYPSE 705 


A sa vue, je tombai comme mort à ses pieds, et il posa sa main 
droite sur moi, disant : «Ve crains point, je suis le Premier et le 
Dernier !» le vivant; j'ai été mort, et voilà que maintenant je vis 
aux siècles des siècles, et je tiens les clefs de la mort et de la 
Demeure-des-Morts?. Écris donc ce que tu as vu et ce qui est 
et ce qui doit arriver après, écris le mystère des sept étoiles que 
tu as vues dans ma main et des sept chandeliers d’or. Les sept 
étoiles sont les anges des sept Églises, et les chandeliers sont les 
sept Églises. 


A l'ange de l'Église d’'Éphèse écris : 


Voici ce que dit celui qui tient les sept étoiles dans sa main 
droite et qui marche au milieu des sept chandeliers d'or : 

Je sais tes œuvres, et ton labeur, et ta patience, et que tu ne 
peux supporter les méchants; et tu as mis à l'épreuve ceux qui 
se disent apôtres et qui ne le sont pas, et tu les as trouvés men- 
teurs, et tu as de la patience; et tu as tout supporté pour mon 
nom, et tu ne t'es point lassé. Mais j'ai contre toi que tu t'es 
relâché de ton premier amour. Souviens-toi donc d’où tu es tombé, 
et repens-toi, et reviens à tes premières œuvres; sinon je viens 
à toi, et je change ton chandelier de place, si tu ne te repens pas. 
Pourtant tu as en ta faveur que tu hais les œuvres des Nico- 
laïtes que moi aussi je hais. 

Que celui qui ἃ des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 
Églises : Au vainqueur je donnerai à manger «de l'arbre de vie 
qui est dans le Paradis de Dieu.» 


. À l’ange de l'Eglise de Smyrne écris : 


1 Expressions empruntées à Ésaie 44, 9,6; 48,12. Voir aussi Daniel 10, 9, 12. 
3 Dans le texte grec : du Hadès. Voir note sur Matth. 11, 25. 
3 Genèse, 2, 9; 3, 3; Ézech. 31, 8. 


4, 2 


10 


11 


12 


13 


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16 


17 


706 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Voici ce que dit «le Premier et le Dernier !», qui était mort et 
qui est revenu à la vie: 

Je connais tes tribulations et ta pauvreté (pourtant tu es riche), 
et les injures de gens qui se disent Juifs sans l'être et qui ne 
sont autre chose qu'une synagogue de Satan. Ne t’effrave pas de 
ce que tu vas souffrir; voilà que le Diable va jeter plusieurs 
des vôtres en prison pour que vous soyez éprouvés, et vous passe- 
rez par une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, 
et je te donnerai la couronne de vie! 

Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 
Églises : Le vainqueur n'aura rien à souffrir de la seconde mort. 


A l'ange de l'Eglise de Pergame écris: 


Voici ce que dit celui qui tient le glaive aigu à deux tran- 
chants : 

Je sais que là où tu habites est le trône de Satan; et tu 
gardes mon nom, et tu n'a pas renié ma foi, en ces jours où 
Antipas, mon témoin fidèle, a été tué chez vous, là où Satan 
habite. Mais j'ai contre toi quelque chose : tu as là des gens qui 
| rofessent la doctrine de Balaam, qui enseigna à Balac à jeter le 
scandale ? devant les fils d'Israël, à manger des viandes consacrées 
aux idoles et à forniquer ἡ. C'est ainsi que tu as des tiens qui 
professent la doctrine des Nicolaïtes. Repens-toi donc“; sinon je 
viens à {oi sans retard, et je combattrai contre eux avec le glaive 
de ma bouche. 

Que celui qui a des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 
Églises : Au vainqueur je donnerai de la manne cachée, et je don- 
nerai une pierre blanche, et sur-cette pierre un nom nouveau est 
écrit que nul ne connait, sauf celui qui la reçoit. 


1 Ésaïe 44, 0. 

2? Sur le mot scandale, voir note sur Matth. 18, G et 7. 

ὁ Allusion aux mariages mixtes entre païens et chrétiens. Voir Actes 15, 29. 
! Quelques anciens manuscrits omettent done. 


L'APOCALYPSE 707 


A l’ange de l’Église de Thyatires écris : 


Voici ce que dit le Fils de Dieu, celui qui a «les yeux comme 
la flamme et les pieds comme le cuivre!» : 

Je sais tes œuvres, et ton amour, et ta foi, et tes services, et £a 
patience, et tes dernières œuvres plus nombreuses que les pre- 
mières. Mais j'ai contre toi que tu laisses faire la femme Jézabel, 
qui se dit prophétesse et qui séduit mes serviteurs ?, et leur 
enseigne à forniquer ἢ et à manger des viandes consacrées aux 
idoles. Et je lui ai donné du temps pour qu'elle se repente, et 
elle ne veut pas se repentir de sa fornication. Et voilà que je la 
jette sur un lit de souffrances; et aux complices de ses adultères 
J'envoie une grande tribulation, s'ils ne se repentent pas de 
leurs œuvres. Et je ferai mourir ses enfants, je les tuerai, et 
toutes les Églises apprendront que 


«Je suis, moi, celui qui sonde les reins et les cœurs *» 
el 


«Je rendrai à chacun» de vous «selon ses œuvres». 
Quant à vous autres de Thyatires qui ne professez pas cette 
doctrine et qui n'avez pas connu «les profondeurs de Satan», 
comme ils disent, je ne vous impose pas d'autre fardeau. Seule- 
ment ce que vous avez, tenez-le bien jusqu'à ce que je vienne. 
Et le vainqueur, et celui qui garde mes œuvres jusqu’à la fin, 
«Je lui donnerai pouvoir sur les nations 
Et il les gouvernera avec une verge de fer 
IL les brisera comme des vases d'argileS ». 
Ainsi que j'en ai reçu moi-même le pouvoir de mon Pere, et 
je lui donnerai l'étoile du matin. 
Que celui qui ἃ des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 


1 Daniel 10, 6. 

2 Grec, esclaves. 

5 Voir la note du verset 14. 

£ Jérémie 11, 20; 17, 10; Psaume 7, 10. 
5 Psaume 62, 13. 

5 Psaume 2, 8 et suiv. 


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708 LE NOUVEAU TESTAMENT 


A l’ange de l'Eglise de Sardes écris : 


Voici ce que dit celui qui ἃ les sept Esprits de Dieu et les 
sept étoiles : 

Je sais tes œuvres; tu passes pour être vivant, mais {u es 
mort. Sois vigilant et fortifie ce qui reste, ce qui est près de 
mourir; Car Je n'ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon 
Dieu. Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu la 
parole, et garde-la, et repens-toi. Si tu n'es pas vigilant, Je 
viendrai comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure Je 
viendrai à toi. Tu as cependant quelques personnes à Sardes qui 
n'ont pas souillé leurs vêtements; elles marcheront avec moi en 
robes blanches, car elles en sont dignes. Le vainqueur sera ainsi 
paré de vêtements blancs, et je n’ce/ffacerai» pas son nom du 
«livre de viel», et je confesserai son nom devant mon Père et 
devant ses anges. 

Que celui qui ἃ des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 
Églises ! 


A l'ange de l'Église de Philadelphie, écris : 


Voici ce que dit le Saint, le Vrai, qui ἃ 
.... (la clef de David, 
Qui ouvre el personne ne fermera , 
Que ferme el personne n'ouvrira ? ». 
Je sais tes œuvres; voici, j'ai ouvert devant toi une porte que 
personne ne peut fermer, parce que, malgré ta faiblesse, tu as 
gardé ma parole et n'as pas renié mon nom. Voici, je te donne 
des membres de la synagogue de Satan, qui se disent Juifs et qui 
ne le sont pas, mais qui mentent. Je ferai qu'ils viennent et se 


l Psaume 69, 29. Et aussi Exode 32, 32 et suiv. 
* Esaïe 22, 22. Plusieurs anciens manuscrits lisent : «qui ferme et personne 
n'ouvre ». 


L'APOCALYPSE . 709 


prosternent à tes pieds, et qu'ils sachent que je t’ai aimé. Parce 
que tu as gardé ma parole d'attente !, moi aussi je te garderai de 
l'heure de l'épreuve qui va venir sur le monde entier, pour 
éprouver les habitants de la terre. Je viens bientôt: Tiens bien ce 
que tu as, pour que personne ne prenne ta couronne. Le vain- 
queur, je le ferai colonne dans le Temple de mon Dieu, et il n’en 
sortira plus, et j'écrirai sur cette colonne le nom de mon Dieu et 
le nom de la ville de mon Dieu, le nom de la nouvelle Jérusalem 
qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, ainsi que mon nom, 
mon nouveau nom. 

Que celui qui ἃ des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 
Églises ! 


A l’ange de l'Eglise de Laodicée écris : 


Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et vrai, le principe de 
la création de Dieu : 

Je sais tes œuvres; tu n’es ni froid, ni chaud. Que je te vou- 
drais ou froid ou chaud! mais, puisque tu es tiède, puisque tu 
n'es ni chaud, ni froid, je vais te vomir de ma bouche. Tu 
te dis: «Je suis riche, je me suis enrichi, je n'ai besoin de 
rien», et tu ne vois pas que tu es malheureux et misérable, et 
pauvre, et aveugle, et nu. Je te conseille d’acheter de moi de 
l'or passé au feu pour devenir vraiment riche, et des vête- 
ments blancs pour te couvrir et cacher la honte de ta nudité, 
et un collyre pour oindre tes yeux afin que tu voies. Ceux que 
j'aime, je les réprimande et les châtie. Aie donc du zèle, et 
repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un 
entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je 
mangerai avec lui et lui avec moi. Le vainqueur, je lui donnerai 
de s'asseoir avec moi sur mon trône, de même que, moi aussi, 
j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. 


1 C'est-à-dire : tu as attendu avec patience mon retour et cru à la parole qui 
l'annoncçait. 


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710 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Que celui qui ἃ des oreilles écoute ce que l'Esprit dit aux 


Après cela, Je regarda, et voici, une porte était ouverte dans 
le ciel, et la première voix que j'avais entendue me parler comme 
le son d’une trompette, me dit: «Monte ici et je te montrerai ce 
qui doit suivre. » 

Immédiatement je tombai en extase !: Et voici un trône était 
dans le ciel, et sur le trône quelqu'un assis. Et Celui qui y 
était assis avait l'éclat d’une pierre de jaspe et de cornaline; et, 
en cercle autour du trône, un arc-en-ciel brillant comme l’éme- 
raude; et, en cercle autour du trône, vingt-quatre trônes, et sur 
ces vingt-quatre trônes des vieillards assis, vêtus de robes blanches 
etsur leurs têtes des couronnes d’or; et du trône sortent des éclairs 
et des voix, et des coups de tonnerre; et, devant le trône, brülent 
sept lampes ardentes qui sont les sept Esprits de Dieu; et, devant 
le trône, était comme une mer transparente semblable à du cristal ; 
et, au milieu du trône et autour du trône, quatre animaux ayant 
des yeux partout, devant et derrière. 

Et le premier animal ἃ la forme d'un lion, et le deuxième 
animal, la forme d'un veau, et le troisième animal ἃ comme un 
visage humain, et le quatrième animal ἃ la forme d’un aigle aux 
ailes ouvertes. Et les quatre animaux ont chacun six ailes et sont 
couverts d'yeux autour du corps et sous le corps?, et ils ne 
cessent de dire Jour et nuit: « Saint, saint, saint est le Seigneur 
Dieu Tout-Puissant*» qui était, qui est et qui viendra. 

Et quand les animaux rendent gloire, et honneur, et actions de 
grâces à Celui qui est assis sur le trône et qui vit aux siècles des 
siècles, les vingt-quatre vieillards se prosternent devant Celui qui 


! On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : Je te montrerai ce qui 
doit arriver. Immédiatement après je tombai en extase. ; 

? Ou, d'après une autre ponctuation : «ont chacun six ailes autour du corps 
el sont couverts d'yeux sous le corps.» 

8 Ésaïe 6, 3. 


L’'APOCALYPSE “11 


est assis sur le trône et adorent Celui qui vit aux siècles des 
siècles, et ils mettent leurs couronnes au pied du trône, disant: 
«Tu es digne, ὁ notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la 
gloire et l'honneur et la puissance, parce que tu as créé toutes 
choses, et par ta volonté elles sont et ont été créées! 


Je vis ensuite, à la droite de Celui qui était assis sur le trône, 
un livre écrit des deux côtés, fermé de sept sceaux; et je vis un 
ange d’une force extraordinaire qui s’écriait d'une voix éclatante : 
«Qui est digne d'ouvrir le livre et d'en rompre les sceaux?» Et 
personne ne put, ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre, 
ouvrir le livre ni le regarder. Et je versai bien des larmes, parce 
que personne n'était jugé digne d'ouvrir le livre ni de le regar- 
der. Et l’un des vieillards me dit: «Ne pleure point, voici, le lion 
de la tribu de Juda, le rejeton de David ἃ réussi à ouvrir le livre 
et à rompre les sept sceaux. » 

Et je vis, debout, au milieu du trône et des quatre animaux, et 
au milieu des vieillards, un agneau qui semblait égorgé; il a sept 
cornes et sept yeux qui sont les sept Esprits de Dieu envoyés par 
toute la terre. Et il vint, et il prit le livre de la main droite de 
Celui qui était assis sur le trône. Et quand il le prit, les quatre 
animaux et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant 
l'agneau, et chacun avait une harpe et des coupes d’or pleines de 
parfums (les prières des saints), et ils chantaient un cantique 
nouveau et disaient: «Toi, tu es digne de prendre le livre et d'en 
ouvrir les sceaux; car tu as été égorgé, et, avec ton sang, {u as 
acheté pour Dieu des élus! de toute tribu, de toute langue, de 
tout peuple, de toute race, et tu en as fait pour notre Dieu 
un Royaume, et tu en as fait des prêtres, et ils régneront sur la 
terre?! » 

Et je regardai, et j'entendis comme la voix d’une foule d’anges 
réunis autour du trône et des animaux et des vieillards, et il y en 


1 Au lieu de: fu as acheté des élus, quelques anciens manuscrits lisent: fu 


nous «a achetés. 
2 Au lieu de : ils régneront, plusieurs anciens manuscrits lisent : ils règnent. 


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719 LE NOUVEAU TESTAMENT 

avait des myriades de myriades, des milliers de milliers qui 
disaient d’une voix éclatante: «Digne est l'agneau égorgé de 
recevoir la puissance, et la richesse, et la sagesse, et la force, et 
l'honneur, et la gloire, et la bénédiction!» 

Et j'entendis toute créature dans le ciel, sur la terre, sous la 
terre, sur la mer, J'entendis tout ce qu'ils contiennent qui disait : 
«A Celui qui est assis sur le trône et à l’agneau soient la béné- 
diction, et l'honneur, et la gloire, et la force aux siècles des 
siècles !» 

Et les quatre animaux dirent: «Amen. » 

Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent. 


Et je regardai quand l'agneau ouvrit ie premier des sept sceaux !, 
et j'entendis un des quatre animaux qui disait d’une voix de ton- 
nerre: «Viens»; et 16 regardai et voici un cheval blane, et celui 
qui le montait tenait un arc, et 1] lui fut donné une couronne, et 
il partit en vainqueur pour remporter la victoire. 

Et quand 11 ouvrit le deuxième sceau, j'entendis le deuxième 
animal, disant: «Viens»; et il parut un autre cheval, il était roux, 
et à celui qui le montait 11 fut donné d'enlever la paix de la terre 
et de faire que les hommes s’égorgent les uns les autres, et il lui 
fut donné une grande épée. 

Et quand 11 ouvrit le troisième sceau, j'entendis le troisième 
animal, disant: «Viens»; et je regardai, et voici un cheval noir, 


et celui qui le montait avait une balance à la main. Et j'entendis 


comme une voix au milieu des quatre animaux disant: QUn 
chœnix? de froment, un denier*; trois chœnix d'orge, un 
denier; l'huile et le vin, n'y touche pas!» 

Et quand il ouvrit le quatrième sceau, j'entendis la voix du 


1 On peut traduire aussi : «l'un des sept sceaux. » 

* Le chœnix équivalait à un peu plus d’un litre. 

* Le denier valait 0,88 centimes. 

# Cest la prédiction d’une famine: le froment et l'orge seront très chers; 
l'huile et le vin hors de prix. 


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L’'APOCALYPSE 715 


quatrième animal, disant: «Viens»; et je regardai, et voici un 
cheval jaune, et celui qui le montait s'appelait la Mort et la 
Demeure-des-morts 1 le suivait et il leur fut donné puissance de 
tuer le quart de la terre par le glaive, par la faim, par la maladie 
et par les bêtes féroces. 

Et quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l’autel les 
âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu et 
pour le témoignage qu'ils avaient rendu. Et ils s’écriaient et 
disaient d’une voix éclatante : « Jusques à quand, ὁ Maître, saint 
et véridique, ne feras-tu point justice et ne redemanderas-tu 
point notre sang à ceux qui demeurent sur la terre?» Et il leur 
fut donné à chacun une robe blanche, et il leur fut dit de patienter 
encore un peu, jusqu à ce que leurs compagnons de service et 
leurs frères qui devaient être tués comme eux, fussent venus 
compléter leur nombre. 

Et je regardai quand il ouvrit le sixième sceau, et il y eut un 
vaste ébranlement; et le soleil devint noir comme un sac de crin; 
et la lune prit une couleur de sang; et les étoiles tombèrent du 
ciel sur la terre, comme les fruits verts d’un figuier agité par un 
violent coup de vent; et le ciel se retira comme un livre 
qu'on roule; et toutès les montagnes et toutes les îles furent jetées 
hors de leur place; et les rois de la terre, et les grands, et 
les tribuns militaires, et les riches, et les forts, et tous les 
esclaves, et tous les hommes libres se cachèrent dans les cavernes 
et dans les rochers des montagnes, et dirent aux montagnes et 
aux rochers: «Tombez sur nous et cachez-nous ? du regard de 
Celui qui est assis sur le trône, et de la colère de l'agneau, car il 
est venu, le grand jour de sa colère, et qui peut subsister? » 


Et après cela, je vis quatre anges placés aux quatre angles de 
la terre, retenant les quatre vents de la terre afin qu'il ne souffle 


1 Dans le texte grec : le Hadès, c’est-à-dire la puissance de la mort. Voir note 
sur Matth. 16, 18. 
2 Allusion à Osée 10, 8. 


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714% LE NOUVEAU TESTAMENT 


pas de vent ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre. 

Et je vis un autre ange qui s'élevait de l'Orient, d’où vient le 
soleil, 11 tenait le sceau du Dieu vivant, et il s’écriait, parlant 
d'une voix éclatante aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir 
de sévir sur la terre et la mer: «Ne sévissez ni contre la terre, 
ni contre la mer, ni contre les arbres, avant que nous ayons 
marqué au front les serviteurs ! de notre Dieu.» Et j'entendis le 
nombre de ceux qui étaient marqués. Cent quarante-quatre mille 
étaient marqués, appartenant à toutes les tribus des enfants 
d'Israël: de la tribu de Juda, douze mille marqués; de la tribu 
de Ruben, douze mille; de la tribu de Gad, douze mille; de la 
tribu d’Aser, douze mille; de la tribu de Nephthali, douze mille; 
de la tribu de Manassé, douze mille; de la tribu de Siméon, 
douze mille; de la tribu de Lévi, douze mille; de la tribu d’Is- 
sachar, douze mille; de la tribu de Zabulon, douze mille; de la 
tribu de Joseph, douze mille; de la tribu de Benjamin, douze 
mille marqués. 


Après cela je regardai et voici une foule immense que personne 
ne pouvait compter, de toute race, de toute tribu, de tout peuple, 
de toute langue, se tenant devant le trône et devant l'agneau, 
vêtus de robes blanches, portant des palmes à la main, et 
s'écriant d'une voix éclatante: «Le salut vient de notre Dieu 
assis sur le trône, et de l'agneau. » 

Et tous les anges se tinrent en cercle autour du trône et des 
vieillards et des quatre animaux, et ils se prosternèrent devant le 
trône la face contre terre et adorèrent Dieu, disant: « Amen. La 
bénédiction, et la gloire, et la sagesse, et l’action de grâces, et 
l'honneur, et la puissance, et la force à notre Dieu aux siècles des 
siècles! Amen. » 

Et alors un des vieillards, me parlant, me dit: «Ceux qui sont 
vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d’où sont-ils venus?» Et je 
lui dis: «Mon Seigneur, c'est toi qui le sais.» Et il me dit: 


1 Grec, esclaves. 


L'APOCALYPSE 749 


«Ceux-là sont venus de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs 
robes et les ont blanchies dans le sang de l'agneau; voilà pour- 
quoi ils sont devant le trône de Dieu et ils l’adorent nuit et jour 
dans son Temple, et Celui qui est assis sur le trône établira 
sa demeure au-dessus d'eux. 

Qlls n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, 

Ils ne souffriront plus ni du soleil, ni de la chaleur!» 
car l'agneau qui est au milieu du trône «les fera paitre et les con- 
duira aux eaux, sources de la vie?» et 

« Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux * ». 


Et quand 1] 4 ouvrit le septième sceau, il se fit, dans le ciel, un 
silence d'environ une demi-heure. 

Et je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu, et sept 
trompettes leur furent données. 

Et un autre ange s'avança et se tint près de l'autel et il portait 
un encensoir d'or; et 1] lui fut donné une quantité de parfums pour 
les offrir avec les prières de tous les saints sur l'autel d’or, qui 
est en face du trône. Et la fumée des parfums s’éleva, avec les 
prières des saints, de la main de l'ange devant Dieu. Et l’ange 
prit l’encensoir et le remplit des charbons embrasés de l’autel et 
les jeta sur la terre, et ils produisirent des coups de tonnerre et 
des voix, et des éclairs, et un grand ébranlement. 

Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent 
à en sonner. 

Et le premier sonna: et une grêle mêlée de feu et de sang 
tomba sur la terre; et le tiers de la terre fut brülé, et le tiers des 
arbres fut brülé, ét toute herbe verte fut brülée. 

Et le deuxième ange sonna : et comme une grande montagne 
incandescente fut lancée dans la mer, et le tiers de la mer fut 


1 Ésaïe 49, 10. Voir aussi Psaume 121, G. 
2 Allusion à Psaume 238, 1 et suiv. 

3 Ésaïe 25, 8. 

4 «IL», c’est-à-dire l'agneau. 


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710 LE NOUVEAU TESTAMENT 


changé en sang; et le tiers des créatures vivantes qui sont dans 
la mer mourut; et le tiers des navires fut détruit. 

Et le troisième ange sonna : et il tomba du ciel une grande étoile, 
brûlant comme un flambeau, et elle tomba sur le tiers des rivières 
etsur les sources d'eaux. Et le nom de cette étoile est : «Absinthe», 
et le tiers des eaux se changea en absinthe, et beaucoup d'hommes 
moururent, parce que ces eaux étaient empoisonnées. 

Et le quatrième ange sonna : et furent frappés le tiers du 
soleil, et le tiers de la lune, et le tiers des étoiles, afin que le 
tiers de leur lumière s’éteignit, le tiers de la lumière du jour, et 
de même pour la nuit. 

Et je regardai, et j'entendis un aigle qui volait au zénith et 
disait d’une voix éclatante: Malheur! malheur! malheur aux 
habitants de la terre, à cause des autres coups de trompette des 
trois anges qui ont encore à sonner! 


Et le cinquième ange sonna: et je vis une étoile tomber du 
ciel sur la terre, et lui fut donnée la clef du puits de l’abîme. 

Et elle ouvrit le puits de l’abime, et 11] sortit du puits de la fumée 
comme la fumée d’une grande fournaise; et le soleil et l’air furent 
assombris par la fumée du puits; et de cette fumée sortirent des 
sauterelles qui assombrirent la terre; et 11 leur fut donné une 
puissance semblable à la puissance des scorpions de la terre; et 
il leur fut dit de ne faire de mal ni à l'herbe de la terre, ni à la 
verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui ne 
sont pas marqués au front du sceau de Dieu; et 1l leur fut donné 
de ne pas les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois; et 
ce tourment ressemblait au tourment du scorpion quand il s'at- 
taque à l'homme; et, en ces jours-là, les hommes chercheront la 
mort, et ne la trouveront point; et ils désireront mourir, et la 
mort les fuira. 

Et ces sauterelles ressemblaient à des chevaux équipés pour la 
guerre; elles avaient sur la tête comme des couronnes qui auraient 
été en or; et leurs visages étaient comme des visages d'hommes; 
et leurs cheveux comme des cheveux de femme; et leurs dents 


L'APOCALYPSE 71 


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comme des dents de lions; et elles avaient des cuirasses comme 
des cuirasses de fer; et le bruit de leurs ailes était comme le bruit 
de chars attelés de nombreux chevaux s’élançant au combat; et 
elles avaient des queues armées de dards comme les scorpions; et 
dans ces queues était leur pouvoir de faire du mal aux hommes 
pendant cinq mois. Elles avaient à leur tête un roi, l'ange de 
l'abime, qui s'appelle en hébreu Abbadon!, et en grec Apollyon?. 

Le premier «malheur» est passé; voici il vient encore deux 
«malheurs» après celui-là. 

Et le sixième ange sonna: et j'entendis sortir une voix des 
quatre cornes de l'autel d’or qui est devant Dieu; elle disait au 
sixième ange qui tenait la trompette: «Délie les quatre anges 
enchainés sur le grand fleuve l'Euphrate», et furent déliés les 
quatre anges qui étaient prêts pour l'heure, et le jour, et le mois, 
et l’année, afin qu'ils missent à mort le tiers des hommes. 

Et leur armée comptait deux cents millions de cavaliers; J'en- 
tendis le chiffre. Et voici comment les chevaux m apparurent, et 
ceux qui les montaient: ceux-ci avaient des cuirasses couleur de 
feu, d'hyacinthe et de soufre; et les têtes des chevaux étaient 
comme des têtes de lions, et de leurs bouches sortaient du feu, et 
de la fumée, et du soufre. Par ces trois plaies fut mis à mort le 
tiers des hommes, par le feu, et par la fumée, et par le soufre 
qui leur sortaient de la bouche; car la puissance de ces chevaux 
est dans leurs bouches et dans leurs queues. En effet, leurs 
queues ressemblent à des serpents: elles ont des têtes et c'est 
avec elles qu'ils font du mal. 

Et le reste des hommes, qui n'avaient pas été mis à mort par ces 
plaies ne se repentirent point des œuvres de leurs mains, et ne 
cessèrent pas d’adorer les démons et les idoles d'or, et d'argent, et 
d'airain, et de pierre, et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni 
entendre, ni marcher ; et ils ne se repentirent ni de leurs meurtres, 
ni de leurs sorcelleries, ni de leur fornication, ni de leurs rapines. 


1 Ce mot hébreu signifie La destruction, 


2 Ce mot grec signifie Le destructeur. 


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718 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Et je vis un autre ange d’une force extraordinaire qui descen- 
dait du ciel, entouré d’un nuage, la tête ceinte de l’arc-en-ciel , 
le visage comme le soleil, les pieds comme des colonnes de feu; 
il tenait à la main un petit livre ouvert, et 1] posa le pied droit 
sur la mer, le gauche sur la terre, et, d’une voix terrible comme 
le rugissement du lion, 11 jeta un cri; et quand 1] jeta ce cri, les 
sept tonnerres firent retentir leurs voix. Et quand les sept ton- 
nerres eurent parlé je voulus écrire, mais j'entendis une voix du 
ciel me dire: «Tiens secret ce qu'ont dit les sept tonnerres et ne 
j'écris point. » 

Et l’ange que je voyais debout sur la terre et sur la mer «leva 
la main droite vers le ciel, et jura par Celui qui vit aux siècles des 
siècles!, qui a créé le ciel et ce qu'il renferme, et la terre et ce qu’elle 
renferme, et la mer et ce qu’elle renferme?» , qu'il n’y aurait plus de 
délai, mais qu'au jour où retentirait la voix du septième ange 
sonnant de la trompette, s'accomplirait le mystère de Dieu, comme 
il l'avait annoncé à ses serviteurs les prophètes. | 

Et la voix que j'avais entendue venant du ciel me parla de 
nouveau : (Va, dit-elle, prends le petit livre ouvert dans la main 
de l'ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre». Alors 
j'allai vers l'ange et lui demandai de me donner le petit hvre. 
«Prends-le, me dit-il, et le dévore; dans tes entrailles 1l te sera 
amer; mais dans {a bouche tu le trouveras doux comme du miel. » 
Et je pris le livre de la main de l’ange, et je le dévorai. Dans ma 
bouche il fut doux comme le miel, mais quand il fut dévoré, 
quand il fut dans mes entrailles, il me fut amer. Et on me dit: 
«1] faut que tu prophétises encore sur beaucoup de peuples, de 
races, de langues et de rois. » 


Et on me donna une mesure de la forme d’un bâton et on 
me dit: 


1 Emprunté à Daniel 12, 7. 
2 Emprunté à Psaume 146. 6. Voir aussi Exode 20, 11, etc., etc. 
$ Grec, esclaves. 


L'APOCALYPSE 719 


«Lève-toi et mesure le Temple de Dieu, et l'autel, et l’espace 
occupé par ceux qui adorent dans le Temple. Et la cour exté- 
rieure du Temple, n'en tiens pas compte, et ne la mesure point, 
car elle ἃ été donnée aux païens, et ils fouleront aux pieds la 
ville sainte pendant quarante-deux mois. Et je donnerai une 
mission à mes deux témoins qui prophétiseront pendant douze cent 
soixante jours, revêlus de sac. » 

Ils sont «les deux oliviers» et les deux chandeliers «debout 
devant le Seigneur de la terre»; el si quelqu'un essaye de leur 
faire du mal, un feu sort de leur bouche et dévore leurs ennemis; 
oui, si quelqu'un essaye de leur faire du mal, c’est ainsi qu'il doit 
périr. Ils ont le pouvoir de fermer le ciel, et d'empêcher la pluie 
de tomber les jours où ils prophétisent; et ils ont le pouvoir de 
changer l'eau en sang, et de frapper la terre de telle ou telle plaie 
et aussi souvent qu'ils le voudront. Et quand ils auront fini de 
rendre leur témoignage, la bête qui monte de l'abime leur fera la 
guerre, les vaincra et les luera; et leurs corps resteront sur la 
place de la grande ville qui s'appelle symboliquement «Sodome», 
et «Égypte» et où leur Seigneur ἃ été crucifié. 

Et des gens de tout peuple, de toute tribu, de toute langue et 
de toute race verront leurs corps pendant trois jours et demi, et 
ils ne permettront pas qu'on donne à ces corps la sépulture. Et 
les habitants de la terre seront dans la joie de leur mort, ils 
5 adresseront des félicitations, et s’enverront? des présents, parce 
que ces deux prophètes ont fait le tourment des habitants de la 
terre. 

Mais, au bout de trois jours et demi, l'Esprit de vie venu de 
Dieu entra en eux, ils se retrouvèrent sur leurs pieds, et une 
grande terreur saisit ceux qui les virent. Et j'entendis une grande 
voix venant du ciel et leur disant: «Montez ici»; et ils mon- 
(èrent au ciel sur les nues, à la vue de leurs ennemis. Un ter- 
rible tremblement de terre se fit en ce moment, et le dixième de 


1 Emprunté à Zacharie 4, 3 et 14. 


2 Un des plus anciens manuscrits lit ce verbe au présent : ef s’envoient, 


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720 LE NOUVEAU TESTAMENT 


la ville tomba, et sept mille hommes périrent dans ce tremblement, 
et les autres, effrayés, rendirent gloire au Dieu du ciel. 

Le second «malheur» est passé; voici venir bientôt le troi- 
sième. 


Et le septième ange sonna: et il y eut de grandes voix dans 
le ciel qui disaient: «Le Royaume du monde est remis ἃ notre 
Seigneur et à son Christ, et il régnera aux siècles des siècles 1.» 

Et les vingt-quatre vieillards, assis devant Dieu sur leurs trônes, 
tombèrent sur la face et adorerent Dieu, disant: «Nous te ren- 
dons grâces «Seigneur Dieu Tout-Puissant?», qui es et qui as été, 
de ce que tu t’es emparé de ton grand pouvoir et as inauguré ta 
Royauté; et les nations élaient en fureur, mais (ἃ colère est 
venue; et il est venu le moment de juger les morts et de donner 
leur récompense à tes serviteurs”, les prophètes, et aux saints, οἱ 
à ceux qui craignent ton nom, aux petits et aux grands, et de 
perdre ceux qui perdent la terre. » 

Alors s'ouvrit le Temple de Dieu dans le ciel, et on aperçut 
l'arche de l'Alliance dans son Temple, et il y eut des éclairs et des 
voix, et des coups de tonnerre, et un grand ébranlement, et une 
forte grêle. 


Et un grand prodige parut daus le ciel: une femme, vêtue du 
soleil, ayant la lune sous les pieds, et autour de la tête une cou- 
ronne de douze étoiles; elle était enceinte et jetait des cris dans 
le travail et les douleurs de l’enfantement. 

Et il parut dans le ciel un autre prodige: c'était un énorme 
dragon rouge, à sept têtes et à dix cornes; sur les têtes, sept 


1 Ces mots en italiques sont tirés de trois passages combinés : Psaume 2, 6, 
Daniel 2, 44 et "7, 27. 

2 Voir chap. 4, verset 8. 

Grec, esclaves. 

! Geux qui craignent le nom de Dieu, Cest par ce terme que les Juifs dési- 
gnaient les prosélytes païens. Voir Actes 10, 2, 


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L'APOCALYPSE 721 


diadèmes; ei sa queue entrainait le tiers des étoiles du ciel et les 
Jetait sur la terre. Et ce dragon se dressa devant la femme qui 
allait enfanter, afin de dévorer son enfant quand elle l'aurait mis 
au monde. 

Et elle mit au monde un fils, un enfant mâle, destiné «à gou- 
verner toutes les nations avec une verge de fer!»; et cet enfant 
fut enlevé vers Dieu et vers son trône. Et la femme s'enfuit au 
désert, où Dieu lui ἃ préparé une retraite, et où elle sera nourrie 
pendant douze cent soixante jours. 

Alors eut lieu dans le ciel un combat: Michael et ses anges 
combattant le dragon. Et le dragon combattit avec ses anges, et 
ils ne furent pas les plus forts, et il n’y eut plus de place pour 
eux dans le ciel. Et il fut précipité, le grand dragon, le Serpent 
antique, qui s'appelle le Diable et Satan, le séducteur du monde 
entier, 1l fut précipité sur la terre et ses anges avec lui furent 
précipités. Et j'entendis une grande voix dans le ciel disant: 
«Maintenant le salut et la puissance et la Royauté sont à notre 
Dieu et le pouvoir à son Christ, car il ἃ été précipité de haut en 
bas, l’accusateur de nos frères qui ne cessait nuit et jour de les 
accuser devant notre Dieu. Et ils l'ont vaincu eux-mêmes, à cause 
du sang de l'agneau et à cause de la parole de leur témoignage, 
et ils ont poussé le sacrifice de leur vie jusqu'à la mort.» «Réjous- 
sez-vous donc, ὁ cieux?,» et vous leurs habitants! malheur à la 
terre et à la mer! car le Diable est descendu vers vous, plein de 
rage, sachant que ses jours sont comptés. 

Et quand le dragon se vit précipité sur la terre, il poursuivit 
la femme qui avait mis au monde l'enfant mâle. Mais la femme 
reçut les deux ailes du grand aigle pour s'envoler au désert dans 
sa retraite, où elle est nourrie loin de la vue du serpent, «une 
période, et des périodes, et une demi-période *.» Et le serpent vomit 
de sa bouche après la femme de l’eau, une sorte de fleuve pour 


1 Emprunté à Psaume 2, 9. Voir plus haut chap. 2, verset 27. 
? Emprunté à Psaume 96, 11. 
3 Emprunté à Daniel 7, 95 et 12, 7. 


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LE NOUVEAU TESTAMENT 


la noyer et l'emporter ; mais la terre vint au secours de la femme; 
elle s’entr’ouvrit et absorba le fleuve que le dragon avait vomi 
de sa bouche. Et le dragon, furieux contre la femme, s'en alla 
combattre le reste de sa race qui observait les commandements 
de Dieu et étaient fidèles au témoignage de Jésus; et il se ünt 
sur le sable de la mer. 


Et je vis sortir de la mer une bête qui avait dix cornes et sept 
têtes, et sur les cornes dix diadèmes, et sur chacune des têtes un 
nom blasphématoire. 

Et la bête que je vis ressemblait à un léopard; ses pieds étaient 
comme ceux de l'ours, et sa bouche comme celle du lion; et le 
dragon lui donna sa force, et son trône, et sa grande puissance. Et 
l’une ? de ses têtes avait comme reçu un coup mortel; mais cette 
blessure mortelle avait été guérie. Et la terre entière tomba en 
admiration derrière cette bête, et tous les hommes se mirent à 
adorer le dragon, parce qu'il avait donné le pouvoir à la bête; 
et ils adoraient la bête disant: «Qui est semblable à la bête, et 
qui peut combattre contre elle?» Et il lui fut donné «une bouche 
proférant des discours pleins d'orgueil®» et de blasphème, et 1] lui 
fut donné le pouvoir d'agir ainsi pendant quarante-deux mois. Et 
elle ouvrit la bouche pour vomir des blasphèmes contre Dieu, des 
blasphèmes contre son nom, contre son tabernacle, contre ceux 
qui demeurent dans le ciel. Et il lui fut donné de faire la guerre 
aux saints et de les vaincre, et la puissance lui fut accordée sur 
toute tribu, tout peuple, toute langue et toute race. Et tous les 
habitants de la terre l’adoreront, tous ceux dont le nom n'est pas 
écrit depuis le commencement du monde dans le livre de vie de 
l'agneau qui ἃ été égorgé. 

Que celui qui ἃ des oreilles entende ! 


1 Un manuscrit et quelques anciennes autorités lisent: 16 je me tins sur le 
sable de la mer. 


? On peut traduire aussi : 1} la première de ses têtes. 


3 Emprunté à Daniel 7, 8. 


L'APOCALYPSE 723 


QCelui qui fait des captifs est caphf à son tourl»; celui qui 
frappe de l'épée? périra par l'épée. C’est ici que se montrent la 
patience et la foi des saints. 


Et je vis une autre bête sortir de la terre; elle avait deux 
cornes semblables à celle d'un agneau, et elle parlait comme un 
dragon; et elle exerçait toute la puissance de la première bête en 
sa présence; et elle faisait que la terre et ses habitants adoraient 
la première bête (celle dont la blessure mortelle avait été guérie). 
Elle faisait de grands prodiges, jusqu'à faire descendre le feu 
du ciel sur la terre sous les yeux des hommes. Et elle séduisait 
les habitants de la terre par les prodiges qu'il lui était donné de 
faire en présence de la bête. Elle disait aux habitants de la terre 
de faire une image en l’honneur de la bête (de cette bête qui ἃ 
reçu un coup d'épée et qui a repris vie), Il lui fut donné 
d'introduire le souffle de vie dans l’image de la bête, si bien que 
cette image parla et fit que tous ceux qui ne l’adoreraient pas, 
elle, l'image de la bête, fussent mis à mort. Et elle fit que tous 
les hommes, petits et grands, riches et pauvres, libres et esclaves, 
portaient un signe sur leur main droite ou sur leur front; que 
personne ne pouvait acheter ni vendre s’il ne portait le signe de 
la bête, soit son nom, soit le chiffre de son nom. 

Ici est la sagesse! Que celui qui ἃ de l'intelligence calcule le 


chiffre de la bête; car c'est le chiffre d’un homme; voici son 
chiffre : 666 “. 


Et je regardai, et je vis l’agneau debout sur le mont Sion, et 
avec lui cent quarante-quatre mille personnes qui avaient son 
nom et le nom de son Père écrits sur leurs fronts. 


? Emprunté à Jérémie 15, 2. Voir aussi Genèse 9, 6. 
? Quelques anciens manuscrits omettent «est captif à son tour» et lisent i 
«celur qui fait des captifs, celui qui frappe de l'épée», etc. 
3 Un signe ou une marque, un caractère. 
# On trouve dans quelques anciens manuscrits ce chiffre écrit en lettres : six 
cent soixante-six. 


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LE NOUVEAU TESTAMENT 


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Et j'entendis une voix venant du ciel; c'était comme le bruit 
des grandes eaux et comme le bruit d’un fort coup de tonnerre; 
et la voix que j'entendais était aussi comme le son des harpes 
quand elles sont jouées par des barpistes. Et la voix chantait un 
cantique nouveau devant le trône et devant les quatre animaux, 
et devant les vieillards. Et personne ne pouvait apprendre ce can- 
tique, si ce nest les cent quarante-quatre mille rachetés de la 
terre. Ceux-làa ne se sont point souillés avec des femmes; car 115 
sont vierges; ceux-là suivent l'agneau partout où il les conduit; 
ceux-là ont été rachetés d’entre les hommes comme des prémices 
consacrées à Dieu et à l'agneau; et dans leur bouche il ne s’est 
point trouvé de mensonge; car ils sont sans tachef. 


Et je vis un autre ange qui volait au zénith, tenant l'Évangile 
éternel pour l’annoncer à tous ceux qui habitaient la terre, et à 
toute race, tribu, langue et peuple. I] disait d’une voix éclatante : 
«Craignez Dieu, et rendez-lui gloire, car l'heure de son jugement 
est venue, et adorez Celui qui ἃ fait le ciel, et la terre, et la mer, et 
les sources d'eaux. 

Et un autre ange encore, un second, le suivit, disant: «Ælle 
est tombée, elle est tombée la grande Babylone?» qui a enivré toutes 
les nations du vin de feu de sa fornication. » 

Et un autre ange encore, un troisième, le suivit, disant d’une 
voix éclatante: «Celui qui adorera la bête et son image, qui 
prendra le signe” de la bête sur son front ou sur sa main, 
boira du vin brülant de Dieu, du vin pur apprèté dans la coupe 
de sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre devant 
les saints anges et devant l'agneau; et la fumée de leur tourment 
monte aux siècles des siècles, et ils n'ont de repos ni Jour ni 
nuit, ceux qui adorent la bête et son image, et qui prennent sur 
eux le signe de son nom!» 


1 Plusieurs anciens manuscrits omettent car et lisent: ils sont sans lache. 
? Emprunté à Esaïe 21, 9. Voir aussi Jérémie 51, 7 et suiv. 
δ Ou: le caractère, la marque. Voir chap. 13, versets 16 et 17. 


L'APOCALYPSE 795 


C'est ici que se montre la patience des saints qui gardent les 
commandements de Dieu et la foi de Jésus! 

Et j'entendis une voix venant du ciel qui disait: « Écris: Heu- 
reux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur!» — 
«Oui, dit l'Esprit, c’est pour qu'ils se reposent de leurs travaux: 
car leurs œuvres les suivent. » 


Et je regardai et, voici, un nuage blanc, et sur ce nuage était 
assis Ccomme un fils de l’homme!» ayant sur la tête une couronne 
d'or et dans la main une faux aiguë. Et un autre ange sortit du 
Temple criant d’une voix éclatante à celui qui était assis sur le 
nuage: «Lance fa faux et moissonne, car l'heure est venue de 
moissonner; la moisson de la terre est müre!» Alors celui qui 
était assis sur le nuage lança sa faux sur la terre, et la terre fut 
moissonnée. 

Et un autre ange sortit du Temple qui est dans le ciel, tenant 
lui aussi, une faux aiguë. Et un autre ange sortit de l'autel, 1] 
avait pouvoir sur le feu, et il appela d’une voix éclatante celui 
qui tenait la faux aiguë et lui dit: «Lance ta faux aiguë οἱ 
vendange les grappes de la vigne de la terre, car ses raisins 
sont mürs.» Et l’ange lança sa faux sur la terre, et il ven- 
dangea la vigne de la terre, et il jeta tout dans la grande cuve 
de la colère de Dieu. Et la cuve fut foulée aux pieds hors de la 
ville, et le sang qui sortit de la cuve monta jusqu'à la hauteur 
des freins des chevaux, sur un espace de seize cents stades. 


Et je vis un autre prodige dans le ciel, un grand, un merveil- 
leux prodige : sept anges ayant en main les sept dernières plaies 
par lesquelles doit se consommer la colère de Dieu. Et je vis 
comme une mer cristalline, mêlée de feu, et ceux qui avaient été 
vainqueurs de la bête, et de son image, et du chiffre de son nom, 
placés sur cette mer cristalline, tenaient les harpes de Dieu. Et ils 


1 Emprunté à Daniel 7, 13. 


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1 
18 


19 


1, 


15, 


16, 


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726 LE NOUVEAU TESTAMENT 


chantaient le cantique de Moïse 1, le serviteur ? de Dieu, et le can- 


tique de l'agneau en disant : 
[Tout-Puissant 5 


«Grandes et merveilleuses sont tes œuvres, Seigneur Dieu 

Justes et vraies sont tes voies #, 6 roi des nations”! 

Qui ne craindrait$, à Seigneur, qui ne glorifierait ton nom ? 

Car toi seul es saint 

Et toutes les nations viendront se prosterner devant toi7, » 
car tes jugements se sont manifeslés. 

Et après cela Je regardai, et le Temple du tabernacle céleste du 
témoignage s'ouvrit, et les sept anges ayant en main les sept 
plaies en sortirent vêtus de lin pur et éclatantS et ceints sur la 
poitrine de ceintures d’or. Et l’un des quatre animaux donna aux 
sept anges sept coupes d’or pleines de la colère du Dieu qui vit 
aux siècles des siècles; et le Temple se remplit de la fumée de la 
majesté et de la puissance divine, et personne ne pouvait entrer 
dans le sanctuaire tant que les sept plaies des sept anges ne 
s'étaient pas accomplies. Et j'entendis une grande voix qui sortait 
du Temple et disait aux sept anges : «Allez verser sur la terre les 
sept coupes de la colère de Dieu. » 


Et le premier ange partit et versa sa coupe sur la terre, et un 
ulcère mauvais et pernicieux frappa les hommes qui portaient le 
signe® de la bête et qui adoraient son image. 

Et le deuxième versa sa coupe dans la mer, et la mer se 
changea en sang, comme le sang d’un mort, et tous les êtres qui 
vivent dans la mer moururent. 


1 Le cantique de Moïse se trouve au livre de l’Exode, chap. 15. 

2 Grec, esclave. 

3 Psaume 111, 2; 139, 14. 

# Psaume 145, 17; Deutéronome 32, 4. 

Au lieu de: roi des nations, quelques anciens manuscrits lisent : soi des 
siècles. 
6 Jérémie 10, 7. 
7 Psaume 86, 9. 
# Plusieurs anciens manuscrits lisent : vêtus d'une pierre pure et éclatante. 
% Le signe, voir notes sur 18, 16 et 17 et sur 14, 9. 


L'APOCALYPSE 727 


Et le troisième versa sa coupe sur les fleuves et sur les sources 
d'eaux; et elles se changèrent en sang et j'entendis l’ange des 
eaux qui disait: «Tu es juste, Être saint, qui es et qui étais, 
d’avoir ainsi jugé, car ils ont versé le sang des saints et des pro- 
phètes, et tu leur as donné du sang à boire: ils en sont dignes. » 
Et j'entendis l’autel qui disait: «Oui, « Seigneur, Dieu Tout- 
Puissant! », tes jugements sont vrais et justes. » 

Et le quatrième versa sa coupe sur le soleil, et il fut donné au 
soleil de brüler les hommes comme un feu. Et la grande chaleur 
brüla les hommes, et ils blasphémèrent le nom de Dieu qui ἃ le 
pouvoir de frapper de telles plaies, et ils ne se repentirent pas 
pour lui rendre gloire. 

Et le cinquième versa sa coupe sur le trône de la bête, et le 
royaume de la bête fut plongé dans les ténèbres, et les hommes se 
mordaient la langue de douleur et blasphémaient le Dieu du ciel 
à cause de leurs souffrances et de leurs ulcères, et ils ne se repen- 
tirent pas de leurs œuvres. 

Et le sixième versa sa coupe dans le grand fleuve l’Euphrate, et 
ses eaux se desséchèrent pour préparer la voie aux rois venant de 
l'Orient. Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche 
de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois Esprits impurs 
semblables à des grenouilles. Ce sont des Esprits de démons fai- 
sant des miracles, qui vont trouver les rois de toute la terre et les 
rassemblent pour la bataille du grand jour du Dieu Tout-Puissant. 
— (« Voici, je viens comme un voleur: Heureux celui qui veille 
et qui garde ses vêtements, de peur qu'il ne soit réduit à courir 
nu, et qu'on ne voie sa honte. ») — Ils les rassemblent, dis-je, 
dans le lieu qui est appelé en hébreu Harmagédon ?. 

Et le septième versa sa coupe dans l'air et une grande voix 
sortit du Temple près du trône et dit: «C'en est fait!» et il y eut 
des éclairs, des voix, des coups de tonnerre, et un grand ébranle- 
ment comme jamais il n’y en avait eu depuis que l'homme est 


1 Voir chap. 4, verset 8. 
2 Ou en deux mots : Hur Magédon. (δ mot désigne la montagne de Megiddo, 
le mont Thabor, en Palestine, 


4, 16 


10 


11 


13 


14 


17 
18 


17, 


19 


οι 


"1 


728 LE NOUVEAU TESTAMENT 


sur la terre; non, on ne vit jamais un aussi terrible ébranlement. 
La grande ville se brisa en trois morceaux, et les villes des 
nations s’écroulèrent, et la grande Babylone revint en mémoire 
devant Dieu pour lui faire boire la coupe du vin. brülant de sa 
colère. Et toutes les îles s'enfuirent, et les montagnes disparurent, 
et des grêlons énormes du poids d’un talent tombèrent du ciel sur 
les hommes, et les hommes blasphémèrent Dieu, à cause de la 
plaie de la grêle; car c'était une terrible plaie. 


Et l’un des sept anges qui tenaient les sept coupes s’approcha 
de moi et me dit: «Viens; je vais te montrer le jugement de la 
grande prostituée, qui est assise sur de grandes eaux, avec 
laquelle ont forniqué les rois de la terre, et qui ἃ enivré les habi- 
tants de la terre du vin de sa fornication. » 

Et il m’emmena en esprit dans un désert, et je vis une femme 
assise sur une bête écarlate, couverte de noms de blasphème, 
ayant sept têtes et dix cornes. Et cette femme était vêtue de 
pourpre et d’écarlate, couverte d’or, de pierres précieuses et de 
perles; elle tenait à la main une coupe d’or pleine des abomina- 
tions et des impuretés de sa fornication. Et sur son front était 
écrit un nom, un mystère: «La grande Babylone !, la mère des 
prostituées et des abominations de la terre!» Et je vis la femme 
enivrée du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus; Θ je 
fus frappé, à sa vue, d'un étonnement extrême. 

Et l’ange me dit: Pourquoi t’étonnes-tu? Je vais l'expliquer le, 
mystère de la femme et de la bête qui la porte, la bête à sept 
têtes et à dix cornes. La bête que tu as vue ἃ été et n’est plus, et 
elle va remonter de l’abime, puis aller à la perdition. Et les habi- 
tants de la terre, dont le nom n'est pas écrit dans le livre de vie 
depuis la création du monde, seront frappés d’étonnement en 
voyant reparaitre la bête qui ἃ été et qui n'est plus. (C'est ici 
qu'il faut un esprit intelligent!) Les sept têtes sont sepl mon- 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : éfail écrit un nom: « Mys- 
tère, la grande Babylone, etc.» 


L'APOCALYPSE 729 


tagnes sur lesquelles la femme est assise; elles sont aussi 
sept rois; cinq sont tombés; l’un vit; l’autre n’est pas encore 
venu; et quand 1] sera venu, il doit durer peu de temps. Et la 
bête qui a été et qui n'est plus est elle-même un huitième roi, 
et, en même temps, elle est du nombre des sept, et elle va à la 
perdition. Et les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui n’ont 
pas encore reçu la royauté, mais qui reçoivent pour une heure 
une puissance égale à celle des rois, et l’exercent avec la bête, 
Ils n’ont tous qu'un même avis et mettent au service de la bête 
leur puissance et leur force. Ils combattront contre l’agneau, et 
l'agneau les vaincra; car il est le Seigneur des seigneurs et le Roi 
des rois; et les appelés, et les élus, et les fidèles qui sont avec 
lui les vaincront aussi. 

Et il me dit: Les eaux que tu as vues, sur lesquelles la pro- 
stituée est assise, sont des peuples, des nations, des races et des 
langues. Et les dix cornes que tu as vues, et la bête elle-même 
haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et 115 mangeront 
ses chairs, et ils la brüleront. Car Dieu leur ἃ mis au cœur d’exé- 
cuter sa volonté, d'exécuter une volonté unique, de donner leur 
Royaume à la bête jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient 
accomplies. Et la femme que tu as vue est la grande ville qui 
exerce la royauté sur les rois de la terre. 

Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange qui avait 
une grande puissance, et la terre était illuminée de sa gloire, et il 
cria d'une voix formidable: «Ælle est tombée, elle esi tombée, la 
grande Babylone?, elle est devenue une demeure de démons, un 
refuge d’Esprits impurs, un refuge d'oiseaux immondes et détes- 
tés, parce que toutes les nations ont bu du vin de feu de sa for- 
nication, et que les rois de la terre ont forniqué avec elle, et que 
les marchands de la terre se sont enrichis de son opulence. » 

Et j'entendis une autre voix qui venait du ciel et disait: «Sortez 


1 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : il doit durer peu de 
temps, et il est la bête qui a élé et qui n’est plus. Et elle-même est un huitième 
roi, etc. 

2 Emprunté à Ésaïe 21, 9. 


10, 17 


15 
14 


18, 


ot 


10 


11 


12 


19 


14 


730 LE NOUVEAU TESTAMENT 


d'elle, ὃ mon peuple, pour ne pas vous rendre complices de ses 
péchés et pour n'être pas atteints par les plaies qui vont la frapper. 
Ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu 
de ses iniquités. Faites-lui ce qu'elle ἃ fait aux autres; payez-la au 
double de ses œuvres, versez-lui à boire le double de la coupe 
qu'elle ἃ versée aux autres. Autant elle ἃ eu de gloire et d'opu- 
lence, autant donnez-lui de tourment et d'afiliction. «Je suis assise 
en reine, dit-elle en son cœur, je ne suis pas veuve, et je ne con- 
naïîtrai jamais le deuil.» Voilà pourquoi toutes ses plaies vien- 
dront en un même jour, mort, et désolation, et famine, et destruc- 
tion par le feu, car puissant est le Seigneur Dieu qui l’a jugée.» 

Et l’on verra pleurer et se lamenter sur elle les rois de la terre 
qui ont forniqué avec elle et ont eu leur part de son opulence. A 
la vue de la fumée de son embrasement et se tenant à distance 
par crainte de ses tourments: «Malheur! malheur! diront-ils, 
Quoi! la grande ville! Babylone! la puissante ville! en une heure 
est venu {on jugement ! » 

Et les marchands de la terre pleureront et se désoleront sur elle, 
car personne n’achète plus leurs marchandises : marchandises d’or 
et d'argent, et pierres précieuses, et perles, et fin lin, et pourpre, 
et soie, et écarlate, et bois de thuia, et objets en ivoire, et objets 
en bois précieux, et en bronze, et en fer, et en marbre; et cin- 
name, et amome, et parfums, et huiles aromatiques, et encens, et 
vin, et huile, et fleur de farine, et froment, et bœufs, et brebis, et 
chevaux, et chars, et corps et âmes d’'hommes!, Et toute cette 
moisson de choses que convoitait ton âme s’en est allée loin de toi, 
et toutes ces choses brillantes et magnifiques sont perdues pour toi, 
et tu ne le trouveras plus jamais. Les marchands de toutes ces 
choses qui se sont enrichis par elles, se tenant à distance par 
crainte de ses tourments, pleurant et se désolant: « Malheur! mal- 
heur! diront-ils, Quoi! la grande ville vêtue d’écarlate, et de 
pourpre, et de fin lin, parée d'or et de pierres précieuses et de 
perles! En une heure ont péri tant de richesses ! » 


1 Corps et âmes d'hommes signifie ici esclaves (hommes asservis dans leur 
corps et dans leur âme). 


L'APOCALYPSE 731 


Et les pilotes et les marins qui venaient vers elle, et les matelots, 
et tous ceux qui trafiquent de la mer, s’arrêtant à distance, se 
répandent en cris à la vue de la fumée de son incendie: «Quelle 
ville, disent-ils, égalait la grande ville?» et 115 jettent de la pous- 
sière sur leur tête et se répandent en cris, en pleurs, et en lamen- 
tations. «Malheur! malheur! disent-ils, O grande ville qui enri- 
chissait de ses trésors lous ceux qui avaient des vaisseaux sur 
la mer; en une seule heure elle a été changée en désert!» 

Réjouis-toi de sa ruine, ὁ ciel; et vous, les saints, et les apôtres, 
et les prophètes, réJouissez-vous, car Dieu ἃ vengé votre cause sur 
elle. » : 

Et un ange d'une force extraordinaire prit une pierre grosse 
comme une meule et la lança dans la mer en disant: «C’est avec 
cette violence que sera précipitée Babylone, la grande ville, et on 
ne la retrouvera plus jamais. Et la voix des joueurs de harpe, et 
des musiciens, et des joueurs de flûte et de trompette ne résonnera 
plus dans tes murs; ni artisan, ni métier ne se trouvera désor- 
mais chez toi; le bruit de la meule ne s’y fera point entendre; la 
lumière de la lampe n’y brillera plus jamais; et la voix du fiancé 
et celle de la fiancée ne s’y feront plus entendre; car tes mar- 
chands étaient les grands de la terre, et ce sont tes enchantements 
qui ont égaré toutes les nations, et c'est là qu'on ἃ trouvé le 
sang des prophètes, et des saints, et de tous ceux qui ont été 
égorgés sur la terre. 

Après cela, j'entendis dans le ciel une grande voix comme celle 
d’une multitude innombrable disant: «Alleluia! Salut, et gloire, 
et puissance à notre Dieu, car ses jugements sont vrais et justes, 
et il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa 
prostilution, et il a vengé le sang de ses serviteurs versé par sa 
main!» Et une seconde fois, ils dirent: «Alleluia! la fumée de 
son incendie monte aux siècles des siècles! » 

Alors les vingt-quatre vieillards et les quatre animaux se 
prosternèrent et adorèrent Dieu, assis sur le trône, disant: 
«Amen! alleluia!» 

Et une voix sortit du trône qui disait : « Louez notre Dieu, vous 


17, 18 
18 


19 


93 


24 


19 


Δ 


19, Ὁ 


1 


10 


11 


16 


732 LE NOUVEAU TESTAMENT 


tous qui êtes ses serviteurs! et qui le craignez?, petits et grands. » 

Et j'entendis une voix comme celle d’une multitude innom- 
brable, et comme la voix des grandes eaux, et comme le bruit de 
forts coups de tonnerre disant: «Alleluia! car le Seigneur notre 
Dieu, le Tout-Puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous, 
et livrons-nous à l’allégresse, et rendons-lui gloire, car voici 
l'heure des noces de l'agneau, et son épouse s’est parée, et il lui 
a été donné de revêtir une robe de fin lin, brillant du plus pur 
éclat. » (Le fin lin symbolise les actes de vertu des saintsÿ.) 


Et il me dit: «Écris: Heureux les invités au festin des noces 
de l’agneau.» Et il me dit: «Ce sont là les véritables paroles de 
Dieu.» Et je me prosternai à ses pieds pour l’adorer, et il me dit: 
«Garde-toi de le faire! je suis un serviteur comme Loi“, et tes 
frères qui gardent le témoignage de Jésus. Adore Dieu. » (En effet, 
le témoignage de Jésus c'est l'esprit de la prophétie.) 


Et je vis le ciel ouvert, et voici, un cheval blanc; et celui qui 
le montait s'appelle fidèle et véridique, et il juge et combat avec 
justice. 

Ses yeux étaient une flamme ardente et, sur sa tête, plusieurs 
diadèmes. Il portait écrit un nom que nul ne connaît que lui- 
même, et il était vêtu d’un manteau teint de sang, et son nom 
est: «La Parole de Dieu.» Et les armées du ciel le suivaient 
sur des chevaux blancs, revêtus d’un fin lin, blanc et pur. Et 
de sa bouche sort une épée aiguë dont il doit frapper les nations: 
Et il les «gouvernera avec une verge de fer», et il foule Ja 
cuve du vin brülant de la colère du Dieu Tout-Puissant. Et 
sur son manteau et sur sa cuisse est écrit le nom: Roi des rois 
et Seigneur des seigneurs. 


1 Grec, esclaves. 

2 «Qui le craignez.» Noir note sur 11, 18, 

* On peut traduire aussi : Le fin lin est l'apanage des saints. 
1 Grec, esclave comme tot. 


Ὁ Emprunté à Psaume 2, 9. Voir 2, 27. 


L'APOCALYPSE 733 


Et je vis un ange debout dans le soleil, et il cria d’une voix 
éclatante à tous les oiseaux qui volaient au zénith: «Venez, 
assemblez-vous pour le grand festin de Dieu; venez manger la 
chair des rois, et la chair des tribuns, et la chair des forts, et la 
chair des chevaux et de leurs cavaliers, et la chair de tous, 
hommes libres et esclaves, petits et grands!» 


Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées réunies 
pour faire la guerre à celui qui était assis sur le cheval et à son 
armée. Et la bête fut saisie, et avec elle le faux prophète qui avait 
fait des miracles devant elle, par lesquels 1] avait séduit ceux qui 
avaient accepté le signe ? de Ja bête et qui avaient adoré son 
image; tous deux furent jetés vivants dans l'étang de feu ardent 
et de soufre. Et les autres furent tués par le glaive qui sortait de 
la bouche de celui qui était assis sur le cheval, et tous les oiseaux 
se rassasièrent de leur chair. 


Et je vis descendre du ciel un ange, tenant à la main la clef de 
l’abime et une grande chaine. Et il saisit le Dragon, le Serpent 
antique, c'est-à-dire le Diable, Satan, et le lia pour mille ans, et le 


précipita dans l’abime, et en ferma l'entrée sur lui, et la scella d'un 


sceau pour qu'il n’égarât plus les nations jusqu'à ce que les mille 
ans fussent accomplis. Après cela, il doit être délivré pour quel- 
que temps. 

Et je vis des trônes, et sur eux s’assirent des personnages qui 
furent chargés d'un jugement. | 

Et je vis les âmes de ceux qui avaient été frappés de la hache 
à cause du témoignage de Jésus et de la parole de Dieu, et les 
âmes de ceux qui n avaient adoré ni la bête ni son image et qui 
n'avaient pointreçu son signe ? nisur leur front ni sur leurs mains. 
Et ils vécurent et régnèrent mille ans avec le Christ. (Les autres 
morts ne vécurent pas avant que les mille ans fussent accomplis.) 

C’est la première résurrection. 

Heureux et saints ceux qui participent à la première résurrec- 


1 Le signe, voir note sur 18, 16 et 17. 


17, 19 


18 


19 


20 


de 


[Re] 


20 


10 


11 


734 LE NOUVEAU TESTAMENT 


tion. Sur eux la seconde mort n’a point de pouvoir; mais ils seront 
prêtres de Dieu et du Christ et régneront mille ans avec lui. 

Et quand les mille ans seront accomplis, Satan sera délivré de 
sa prison, et il en sortira pour égarer les nations aux quatre 
coins de la terre, Gog et Magog, et les conduire au combat, 
armées aussi nombreuses que le sable de la mer. Et elles se répan- 
dirent sur la surface de la terre, et assiégèrent le camp des 
saints, la cité aimée; mais le feu du ciel? descendit sur elles et 
les dévora ; et le Diable qui les séduisait fut jeté dans l'étang de 
feu et de soufre, où sont aussi la bête et le faux prophète, et ils 
y seront tourmentés nuit et jour aux siècles des siècles. 


Et je vis un grand trône blanc et Celui qui y était assis. A sa 
vue le ciel et la terre s’enfuirent, et il n'y eut plus nulle part de 
place pour eux. : 

Et je vis les morts, grands et petits, comparaissant devant le 
trône, et des livres furent ouverts. On ouvrit aussi un autre livre, 
le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs œuvres, 
d'après ce qui était écrit dans ces livres. Et la mer rendit les morts 
qu'elle renfermait; et la Mort et la Demeure-des-morts ὅ rendirent 
les morts qu'ils renfermaient, et tous furent jugés selon leurs 
œuvres. Puis la Mort et la Demeure-des-morts furent jetés 
dans l'étang de feu; cet étang de feu est la seconde mort. Et 
ceux dont les noms ne sont pas trouvés écrits dans le livre de 
vie sont jetés dans l'étang de feu. 5 

Et je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle; car le premier 
ciel et la première terre avaient disparu, et il n°y avait plus de mer. 


1 Gog et Magog, noms empruntés à Ézéchiel, chap. 38 et 39. Ces mots, qui 
désignaient d’abord deux massifs du Caucase, furent ensuite employés pour dési- 
gner les populations scythiques de la mer Noire et de la mer Caspienne. 

? Quelques anciens manuscrits ajoutent ici les mots: d'auprès de Dieu et 
lisent : mais le feu du ciel descendit d'auprès de Dieu sur elles...etc. 

5 En grec: le Hadès. Nous rappelons que ce mot, dans le Nouveau Testament, 
désigne ce que les Hébreux appelaient le Scheol, c’est-à-dire le Séjour ou la 
Demeure des morts, 


ἣ 
À 
| 
ἃ 


᾿ 


L'APOCALYPSE 739 


Et je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle descendre du 
ciel d'auprèes de Dieu, vêtue comme une fiancée parée pour son 
époux. Εἰ Jentendis une grande voix qui sortait du trône, 
disant: «Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! et il 
babitera avec eux; et «les hommes seront son peuple, et Dieu lui- 
méme sera avec eux?», «el il essuiera toute larme de leurs yeux*;» 
et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni douleurs, ni cris, 
ni peine, car tout ce qui était ἃ disparu. » 

Et Celui qui était assis sur le trône dit: « Voila que je renou- 
velle toutes choses ‘.» Et il dit: «Écris, car ces paroles sont sûres 
et vraies»; et il me dit: «C’en est fait! Je suis l’Alpha et 
l’'Oméga ὅ, le commencement et la fin. Celui qui ἃ soif, je le ferai 
boire gratuitement à la source de vie. Le vainqueur possédera 
toutes ces choses: et «je serai son Dieu et il sera mon fils$.» Quant 


aux timides, et aux incrédules, et aux abominables, et aux meur- 


triers, et aux fornicateurs, et aux auteurs de maléfice, et aux 
idolâtres, et à tous les menteurs, leur part c’est l'étang ardent de 
feu et de soufre, la seconde mort. 

Et l’un des sept anges qui avaient tenu les sept coupes pleines 
des sept dernières plaies, vint à moi et me parla: «Viens, dit-il, 
je vais te montrer la fiancée, l'épouse de l'agneau.» Et 1] me 
transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me 
montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’aupres 
de Dieu, pénétrée de la gloire de Dieu. Son éclat était celui 
d'une pierre précieuse, une pierre de jaspe cristallin. Elle avait 
une grande et haute muraille percée de douze portes, et sur les 
portes douze anges, et des noms écrits qui sont les noms des douze 
tribus des enfants d'Israël, ἃ l'Orient, trois portes; et au Nord, 


1 Au lieu de: qui sortait du trône, un ancien manuscrit lit: qui sortait 
du ciel. 

2 Emprunté à Ézéchiel 37, 27. 

3 Emprunté à Ésaïe 25, 8. 

4 Emprunté à Ésaïe 43, 19. 

5. Alpha, première lettre de l'alphabet grec, langue dans laquelle Apocalypse 
a été écrite. Oméga, dernière lettre de cet alphabet. Voir chap. 1, verset ὃ, 

5 Emprunté à /acharie 8, 8. 


2, 21 


[ae] 


cn 


"ἡ 


10 


13 


21, 


22, 


14 


15 


736 LE NOUVEAU TESTAMENT 


trois portes; et au Midi, trois portes; et à l'Occident, trois portes ; 
et la muraille de la ville avait douze assises de pierre, et sur elles 
les douze noms des douze apôtres de l'agneau. Et celui qui me 
parlait tenait une mesure, un bâton en or, pour mesurer la ville, 
ses portes et sa muraille. Et la ville formait un carré, la longueur 
égale à la largeur. Et la ville mesurée avec le bâton avait douze 
mille stades; la longueur, la largeur et la hauteur étaient égales. 
Et 1] mesura la muraille, elle avait cent quarante-quatre coudées 
(c'est d'une mesure ordinaire que l'ange se servait). Et Ja 
muraille était construite en jaspe, et la ville était d’un or pur 
semblable à un verre transparent. Les assises de la muraille. de 
la ville étaient ornées de pierres précieuses de toute espèce: la 
première de jaspe, la seconde de saphir, la troisième de calcé- 
doine, la quatrième d’émeraude, la cinquième de sardoive, la 
sixième de cornaline, la septième de chrysolithe, la huitième de 
béryl, la neuvième de topaze, la dixième de chrysoprase, la 
onzième d'hyacinthe, la douzième d’améthyste. Et les douze 
portes étaient douze perles; chaque porte composée d'une seule 
perle. Et la place de la ville était en or pur comme du verre 
transparent. Et je n'y vis point de Temple, car le « Seigneur Dieu. 
Tout-Puissant!» en est le Temple ainsi que l’agneau. Et la ville n’a 
besoin ni de soleil, ni de lune pour l'éclairer, car la gloire de 
Dieu l’éclairait et son lustre était l'agneau. Et les nations mar- 
cheront à sa lumière, et les rois de la terre lui feront hommage de 
leur gloire; et ses portes ne se fermerc ‘ jamais le jour; quant à 
la nuit, 11 ny en aura plus; et l'on y portera les richesses 
et les trésors des nations; et il n'y entrera jamais rien de pro- 
fane, personne qui se livre à l’abomination et au mevsonge; 
seuls ceux qui sont inscrits au livre de vie de l'agneau. 

Et l'ange me montra le fleuve de vie, transparent comme le 
cristal, sortant du trône de Dieu et de l'agneau. Au milieu de la 
place de la ville? et sur les bords du fleuve, des deux côtés, se 


1 Voir chapitre 4, verset 8. 
* On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation: sortant du trône de Dieu 
el de l'agneau au milieu de la place de la ville. Et sur les bords du fleuve... etc. 


L'APOCALYPSE 731 


trouve l'arbre de vie, qui produit douze espèces de fruit, qui 
donne chaque mois une de ces espèces, et les feuilles de cet 
arbre servent à la guérison des nations; et il n’y aura plus d’ana- 
thème; et là sera le trône de Dieu et de l'agneau, et ses 
serviteurs! l’adoreront et verront sa face, et son nom sera écrit sur 
leurs fronts. Et la nuit ne sera plus; et on n'aura besoin ni de la 
lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil, parce que le 
Seigneur Dieu les éclairera, et ils régneront aux siècles des 
siècles. 


Et il me dit: «Ces paroles sont süres et vraies. Et le Seigneur, 
le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange pour 
montrer à ses serviteurs! ce qui doit arriver bientôt. » 

« Et voici je viens bientôt. » 

«Heureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce 
livre. » 


Et c'est moi, Jean, qui vis et entendis ces choses et, après 
‘les avoir vues et entendues, je tombai aux pieds de l'ange, qui 
me les montrait, pour l'adorer. Et il me dit: «Garde-toi de le 
faire! Je suis un serviteur comme toi?, et comme tes frères les 
prophètes, et comme ceux qui gardent les paroles de ce livre. 
Adore Dieu!» ,» 

Et il me dit: «Ne scélle pas les discours de la prophétie de 
ce livre, car le temps est proche!» 

«Que l'injuste devienne plus injuste encore! que celui qui est 
souillé se souille encore! que le juste pratique encore plus la 
justice! que le saint se sanctifie encore : » 

* Voici je viens bientôt; et j’apporte avec moi ma rémunération. 
«Je la décernerai à chacun selon ses œuvres “.» Je suis l’Alpha et 


1 Grec, esclaves. 

2 Grec, un esclave comme toi. 

3 C'est-à-dire : publie-les. 

# Emprunté à Psaume 62, 13. Voir aussi Ésaïe 40, 10 et 62, 11. 


Es 


οι 


1 


10 


11 


22 


22, 14 Heureux ceux qui lavent leurs robes pour avoir droit à l'arbre 


738 LE NOUVEAU TESTAMENT 
l’'Oméga!, le premier et le dernier, le commencement et la fin. 


de vie, et pour passer par les portes et entrer dans la ville. 

15 Dehors, les chiens, et les artisans de maléfices, et les fornicateurs, 
et les meurtriers, et les idolâtres, et quiconque aime et commet le 
mensonge 5! 

16 Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses 
dans les Églises. Je suis la tige et le rejeton de David, l'étoile 
brillante du matin. 

17 «Viens», disent l'Esprit et l'épouse. — Que celui qui entend 
cet appel dise aussi: «Viens.» Que celui qui ἃ soif vienne. Que 
celui qui le veut reçoive gratuitement de l’eau qui donne la vie. 


18 (Je déclare ceci à quiconque entend les paroles de la prophétie 
renfermée en ce livre: Si quelqu'un y ajoute quoi que ce soit, 
19 Dieu le frappera des plaies décrites en ce livre. Et si quelqu'un 
retranche quoi que ce soit aux discours du livre de cette prophétie, 
Dieu lui ôtera sa part de l'arbre de vie et de la ville sainte, décrits 


en ce livre.) 


20 «Oui, je viens bientôt», dit celui qui atteste ces choses. 
— «Amen! viens, Seigneur Jésus !#» 


21 LA GRACE DU SEIGNEUR JÉSUS SOIT AVEC LES FIDÈLES ἡ. 


1 Voir notes sur 1, 8 et sur 21, 0, - 

2 Un des plus anciens manuscrits lit: quiconque commet et aime le mensonge. 

5 On peut lire aussi, d’après une autre ponctuation : «Owi, je viens bientôt, 
cnen», dit celui qui atteste ces choses. «Viens, Seigneur Jésus.» 

# Au lieu de : soit avec les fidèles, plusieurs anciens manuscrits lisent : 501} 


uvec Lous. 


TABLE 


DES LIVRES DU NOUVEAU TESTAMENT 


Pages 
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ἘΠΕ τ ΗΑ INTRODUCTION - ©. 2 en. .. ὅτ .., 7". .1Ὁ 
Préface à l'Évangile selon Saint Matthieu. . . . . . τ . 37 
L'EVANGILE ISELON SAINT MATHIEU 109} 291610. 230 srouter se, τσ 
Préfice"a l'Evangile ‘selon Sainti Mare. 216 1108 59 ou ions 2 27495 
T'EVANGILE! SELON! SAINTOMARG y. 0h sure | ἢ τη &2 53042 , 4.499 
Préfice à l'Évangile selon Saint Luc . . . . . . . {8} 9188 
CE SELON AIMER UE 22.0 0. 0 , . à 9185 
Préfice. à l'Évangile selon Saint Jean. 41. 1/4. «4... . 1 973 
ΠΗ Ge SELON SAINT JEANT Σ à en + ls. 4. 40977 
ἘΠ au Acles dés Apôtres 1 LU , : ς 1... 21084 
D RER DPORRESS 7 4 + : Q . 0, 1... SNS 
Ἐπ σοὶ litre aux Romains. . . τ. τ . . . . : 919 
DNS 2 Ὁ ae D ρου EU RL ENS 000 
Préface à la première Épitre aux Corinthiens . . . . . . . 463 
PREMIÈRE ÉPiTRE AUX CORINTHIENS. 4 «τη . . . . 465 
Préface à la seconde Épitre At COTON UC UE PSE NES 
SECONDE ÉPÎTRE AUX CORINTHIENS . + τ - + . τ : . 499 
Préface à l'Épitre aux Galates . . . . . . . . . . . . 021 
ἘΠ τις CE 0 ποι mu ae οὐ Ce 
Préface à l’Épitre aux Éphésiens . . : . . . . . . . . 535 
PUSENSe τ je on du. ΠΥ 90} 
Préface à l'Épitre aux Philippiens . . . . τ . τ . . . . O4 


Parme ον ρου QD A RER RES 


740 LE NOUVEAU TESTAMENT 


Préface à l’Epitre aux Colossiens 

ÉpPirre AUX COULOSSIENS. . : . . . . 

Préface à la première Epiître aux Thessaloniciens 
PREMIÈRE ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS 

Préface à la seconde Epitre aux Thessaloniciens 
SECONDE ÉPÎTRE AUX THESSALONICIENS. . 

Préface aux deux Épitres à Timothée et à l'Épitre à Tite 
PREMIÈRE ÉPITRE ἃ TIMOTHÉE . . . . - . . 
SECONDE ÉPÎTRE A TIMOTHÉE . 

ÉPirRE A TITE 

Préface à l’Épitre à Philémon 

ÉPITRE ἃ PHILÉMON . 

Préface à l'Épitre aux Hébreux . 

Épirre AUX HÉBREUX . . 

Préface à l'Épitre de Jacques. 

ÉPÎTRE DE JACQUES . 

Préface à la première Epitre de Pierre 

PREMIÈRE ÉPIÎTRE DE PIERRE. 

Préface à la seconde Épitre de Pierre. 

SECONDE ÉPÎTRE DE PIERRE . . . 

Préface à la première Épitre de Jean . 

PREMIÈRE ÉPÎITRE DE JEAN. . . . 

Préface à la deuxième et à la troisième EÉpitre de Jean . 
DEUXIÈME ÉPÎTRE DE JEAN. : 

TROISIÈME ÉPÎTRE DE JEAN 

Préface à l'Épitre de Jude 

EPÎTRE DE JUDE 

Préface à l’Apocalypse . 

L’APOCALYPSE 


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